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BOSTON PUBLIC LIBRARY.
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in 2012
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LE GRAND
CTIONNAIRE
GEOGRAPHIQUE,
H ISTORIQUE
£ T
CRITIQUE.
P. G. Le Mercier* Imprimeur-Libraire , rue S. Jacques.
J. L. N Y o n ? Libraire , Quai des Auguftins.
A. B o u d e t > Imprimeur du Roi , rue S. Jacques.
C. J. B. B auche , Libraire , Quai des Auguftins.
Ch. Saillant, Libraire , rue S. Jean de Beauvais.
P. N. De Lormel, Imprimeur-Libraire , rue du Foin.
Chez ï P h. Vincent, Imprimeur-Libraire , rue S. Severin.
P. A. LePrieur, Imprimeur du Roi , rue S. Jacques.
M.Lambert, Imprimeur-Libraire , rue des Cordeliers*
N. Desaint, Libraire , rue du Foin.
P. E. G. D u r A n d , rue S. Jacques.
J. Th. Hérissant, fils, rue S. Jacques^
N. A. Del al ain, me S.Jacques.
LE GRAND
DICTIONNAIRE
GÉOGRAPHIQUE,
HISTORIQUE
E T
CRITIQUE,
Par M. BRUZEN DE LA MARTINIERE,
Géographe de Sa Majcflé Catholique PHILIPPE V.
Roi des Efpagnes ôC des Indes.
Nouvelle Édition, corrigée Sz amplement augmentée;
TOME Q U ATRIÉME.
M-P
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A PARIS,
CHEZ LES LIBRAIRES ASSOCIÉS.
M, D- CC LXVIII
AVEC APPROBATION ET PRIVILEGE DU ROI,
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LE GRAND
DICTIONNAIRE
GÉOGRAPHIQUE,
HISTORIQUE ET CRITIQUE,
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MAA
MAC
AACHA , félon D. Calmet dans fort
dictionnaire , ou Maachati , ou
Beth-Maachath , petite province
de S) rie , a l'orient Se au feptentrion
des fources du Jourdain fur le chemin
de Lamas. Abd ou Abclu étoit dans
te pays, ce qui fait que cette ville étoit
appellée Abd- Beth ■ Mâcha. Jofué ,
f. 13. dit que les Israélites ne voulurent pas détruire les
Maachatéens , mais qu'ils les laifferent dans le pays au
milieu d'eux. On lit dans le fécond livre des Rois , c. 10.
qi e le roi de Maacha donna du fecours aux Ammonites
centre David -, Se au chapitre 20 du même livre , on y
trouve que Séba fils de Bochri , s'enferma dans Abela ville
du pays de Maachati. Le partage de la demi-tribu de Ma-
11a fie au-delà du Jourdain , s'érendoit jusqu'au pays de
Maacha. Jofeph dans fes antiquités , /. 7. c. 6, en parlant
des rois avec lesquels les Ammonites fe liguèrent , dit que
le troifiéme fut le roi du pays de M/^«ç, par où il entend
le roi de Maacha. * Dent. 3. 14. & Jofué, 11 , 1 j.
MAALATA. Voyez. Malatha.
MAALO. Voy.z. Mello.
M AAMETER, ville de Perte qu'on appelle aufii Ba-
ïrouche. C'eft ainfi qu'écrit Tavernier dans fon voyage
de Perte , /. 3. p. 401. & non pas Barfourche , comme
l'écrit M. Corneille , qui cite néanmoins ce voyageur. La
ville de Maameter eftfituéeà 77 deg. 3; min. de longitude,
& à 36 deg. jo min. de latitude.
M A ARA DES SIDONIENS. Les uns l'entendent d'une
ville , ainfi que D. Calmet dans fon dictionnaire-) les au-
tres d'une caverne ou d'une prairie dans le pays des Sido-
riens. Mais il vaut mieux l'entendre avec Junius du fleuve
Magoras , qui tombe dans la Méditerranée entre Sidon
& Bérythe , fuivant Pline , f. j. c. 18. On peut fort bien
prononcer l'hébreu par Magora au lieu de Maara. Ce
qu'il y a de certain ,c'elt que depuis il y a eu dans ces quar-
tiers une ville forte nommée Marra. Voyez. Casarda.
M A AR AT , ville de la tribu de Juda. Le livre de Jofué ,
i.\K- v, ff>. en fait mention. Voyez. Mareth,
MAARSARES. Ko^Baarsare*.
MABAR. D:Herbelot, dans fa bibliothèque orientale K
rapporte que c'eit un pays des Indes fitué au troifiéme cli-
mat , félon les géographes arabes. Ce mot fignifie en
arabe p.ijjuge , comme c'étoit le paflage des Indes à la
Chine. On pourroit fcxipçonnerque c'eftle Malabar ; mais
les géographes le placent entre le huitième Se Je douzième
degré de latitude feptentrionale.
MABARTHA , dont parle D. Calmet dans fon diction-
naire , eft le nom que ceux du pays donnoient du rems de
Jofeph, dans tes antiquités, /. j; c. 4. à la ville de Si-
chem , autrement Neopolis , Neapolïs ou Naploufs. Voyez.
NEAPOLïS Se SlCHEM.
MABEDIÉ , ville d'Arabie , félon l'hiftorien de Timur-
Bec, /. j . c. 38. Elle ne doit pas être loin du Tigre.
MABRA , félon Corneille dans fon dictionnaire , lieu
d'Afrique au royaume d'Alger dans la province de Con-
ftantine fur le golfe de Bonne, au couchant de la ville de
ce nom. M. Baudrand cherche en ce lieu l'ancienne Aphro-
difium.
MABUC, c'eft le nom fyrien. Les Sarazins nommoienc
ce lieu Membich. Suivant Métaphrafte que cire Surius dans
la vie des Saints , on appelloit ainfi une ville des Hiéra-
politains. * De imag. D. N. J. C. Ortel. Thcfaurui.
1. MAC^E, peuples d'Afie dans l'Arabie heureute fur le
golfe Perfique. Ptolomée , /. 6. c. 7. Se Strabon , /. 6.
p. -765. les placentdans le même lieu. Les Grecs appelloient
ces peuples mô.ko.1. Arrien nomme leur pays Maceta Ma-
xêT*. Etienne le géographe les met entre la Carmanie Se
l'Arabie. * Ortel. Thefaurus.
1. MAG£&Maces .peuples d'Afrique au voifinagede
la Cyrénaïque. Hérodote , La,- c. ij$. dit que le Cinyps"
traverfoit leur pays Se s'y déchargeoit dans la mer. Pline ,
/. 5. c. ;. les place après les Nafamons & les Asbyftes Pto-
lomée , /. 4. c. 3. qui les, appelle Ua.na.iot Iv^'n-cti , Macœi
Syrtitx , les met au deiTous des NycpiiSe des EUoni. Voyez.
Maget^e. e.
MACALLA ou Macella , ville d'Italie. Arifiote , lihi
de audit, mirabilib. dit quelle étoit éloignée de Crorone
de 120 fiades. Lycophron.en faifant mention de cette
ville , te contente de la nommer. Tzetzes ajoute qu'on y
Tome IV, Partie l A
MAC
MAC
voyoit un tertre & un temple dédié à Philoélete. Ceft la
même ville qu'Etienne appelk Macç Ha. Voyez. Macella.
*Oue\.Tht:jaurus.
MAC AN , ville de CorafTane. On ht dans 1 hiftoire de
Timur Bec , /. 3. c. 1 8. qu'elle eft fituée à 95 deg. 30 min.
de longitude , 8c à 37 deg. 35 »lin- de latitude.
MACANIT,£, peuples de la Mauritanie Tingitane,
Ptolomée, /. 4. c. 1. place les u**mÏt*i, Macanïu, fous
\tsBaeuau.\)\on,h'Jf-R»m- l- 75 -V- 8/<*- nomme ces
peuples Maceiwitœ 8c leur pays Macennhïde. Il dit que les
Macénniu habitoient aupiès de la Mauritanie inférieure ,
8c que le «ont Atlas étoit dans le pays Macennian, Les
Bacuetes & les Macénites, peuples baibares ,dit Antonin ,
itiner. demeuroient fur le bord de la mer dans la Mauri-
tanie Tingitane.
1, MACAO. Ce mot fignifie un port en langue chi-
noife.
2.M AC AO, ville de la Chine dans la province de Quang-
tung au département de Quangcheu première métropole
de la province. Elle elt de 3. deg. 10. min. plus occidentale
quePéking par les 22. deg. 19 min. de lar. Elle eu bâtie
dans une petite pénimule ou plutôt fur la pointe d'une ifle
nommée Hoeicheu. Sa figure eft à peu près comme celle
d'un bras. Elle eft baignée par la mer , fi ce n'elt du côté ou.
elle tient au relie de lifte , par une gorge fort étroite où
l'on a bâti une muraille de feparation*
Selon les letrres edif. 1. 1. p. 93. la ville de Macao peut
être regardée comme une place forte. Ses murailles font
bonnes j fon terrem elt fort avantageux. Elle elt fournie
de qi antiré de canons , mais la garniibn eft mal entretenue.
Les maifons font bâties a 1 Européenne, quoiqu'un peu
baffes. Gemelli Careri prétend que. les églifes , par rapport
au pays , peuvent palier pour très-belles, fur-tout celle
des Jéfuires. Elle a un portail magnifique , orné de belles
colomnes. On conferve dans cette égfife une relique de
S. François Xaviei. Ceft l'os du bras droit depuis l'épaule
jusqu'au coude. Les églifes de S. Auguftin , de S. François,
de S. Laurent & de la Mifericorde font bâties régulière-
ment cV alïez proprement ornées.
Toutes les rues de la ville font pavées , la pierre ne man-
que pas a Macao On y compte un peu plus de cinq mille
Portugais 8c plus de quinze mille Chinois. Il y a près d'un
ficelé &demi que les Portugais jetterent les fondemensde
cette ville Gemelli Careri dit que lorsqu'ils alloient de
Malacca trafiquer à la Chine , leurs vaiflèaux furpris de
la rempê:e, périfibient fouvent faute d'un bon port dans
les ifles qui font aux environs de Macao. Ils demandèrent
quelque place de fureté pour pouvoir hiverner , jusqu'à ce
que la faifon leur permit de retourner chez eux. Les Chi-
nois leur accordèrent leur demande: ils leur donnèrent cet
a igle de terre , plein de rochers , & qui n'étoit habité que
par des voleurs qu'il falloir chaffer de ce pofie. Les Portu-
gais en vinrent à bout-, 8c, après avoir gagné les Mandarins,
iL. bâtirent de folides maifons & conftruifirent même des
forrs. Il y en a un à l'entrée du port : on l'appelle le fort
delà Barre, ce fort a une muraille qui va joindre l'her-
mitage des pères Auguftins fur la montagne. Sur cette mê-
me montagne eft un autre fort plus gtand , on le nomme
le fort de la Montagne. 11 y a un troifiéme fort fur un en-
droit très- élevé, on l'appelle le fort de noflra Senhorada
Guia , ou Notre Dame de la conduite.
Avant que cette conceffion eût été faite aux Portugais
(a) ,'û y avoit dans l'endroit où ils ont bâti la ville de
Macao, un temple où l'on révéroit une idole nommée
Ama; 8c comme il y avoit un port , que les Chinois ap-
pellent Gao dans leur langue , d' Ama 8c de Gao , on
avoit fait le nom Amaçao , quoique dans la règle on eût dû
dire Ama^ao ( b ). Ferrarius s'eft trompé dans fon diction-
naire géographique , lorsqu'il a dit que Macao apparrenoit
au roi de Portugal , & que cette ville fut affiégée' 8c prife
en 1668. par l'empereur de là Chine. 11 eft certain que de-
puis fa fondation elle n'a fourlert aucune révolution , &
que ce n'eft qu'une colonie de Portugais établis par une
ancienne conceffion de l'empereur , à qui cette nation
paye un tribut annuel , outre la douanne des marchandifes
8c le droit fur les vaiflêaux , comme les Maures 8c les An-
glois; aucune barque ne peut entrer ni fortir fans la per-
miffion des Chinois qui gardent l'entrée du port. Ce petit
rocher qui n'a pas plus de trois milles de tour , ne fournit
pas de provisions feulement pour un jour ; on y apporte
tout des habitations des Chinois, qui ont renfermé les
Portugais comme dans une prifon , ayant eu foin de fer-
mer ce petit efpace de terre qui eft entre les deux mers par
une bonne muraille , 8c une porte qu'ils ouvrent quand il
leur plaît ; par ce moyen ils peuvent les affamer auffi fou-
vent qu ils en ont envie. ( a ) Allas Sintnjis. ( b ) Gemelli
Careri,
Les Chinois ont laifle aux Portugais dans Macao l'admi-
niftration de la juftice, 8c les Chrétiens lei.r payent pour
cette perrniflion un tribut de fix cens tacs tous les ans:
chaque taes valant environ fix livres : outre cela ils payent
au Mandarin, que Ion nomme Oupou, la taxe des vais-
feaux qui eft plus ou moins forte , félon la grandeur ; mais
le plus petit paye mille taes. La ville élit un juge pour le
civil 8c le criminel -, mais il n'a aucun pouvoir fur les Chi-
nois qui y font établis. Le roi de Portugal y nomme un
capitaine généial pour le commandement.
Il y a à Macao un eveque qui a le foin du fpiritue!. Tous
ces officiers 8c commandans font payés par la ville , qui
donné une pièce de huit par jour au capitaine gênerai, 8c
trois mille tous les trois ans ; lcvêq*.e en a cinq cem ; les
capitaines quinze , 8c les folda s à propor ion ; cet argent
fe prend des dix pour cent qu on exige de toutes les mar-
chandifesdes Portugais, & des deux oour cent lur 1 argent.
Quoique ce foit le roi de Portugal qui nomme le capitaine
général, il ne lui alloue pas un liai d d'appointement. Ou-
tre toutes ces chaires dont eft accablée cere pauvre viile ,
elle doit encore loger 8c régaler les Mandai ins qui vien-
nent de Quangrung , ce qui va a une gia; de dépenfe<
Comme tousies habitans de Macao font le commerce de
la mer, c'eft de-la queaépend tout le revenu de cette ville.
Quand le commerce du Japon floi iffoit , cecte ville étoit
fi riche qu'elle auroit pu paver les rues avec de l'argent:
mais après le mailacte de tant eie Chrétiens, le ci afic île
Nârîgà Sake fut entièrement interdit aux Portugais fur
peine de mort. Voila ce qui fit tomber Maeao dans la pau-
vreté où on la voit aujourd'hui ; il ne lui relie que cinq
vaifieaux pour trafiquer , & ils ne lâpportentpas trois cens
pour cent comme ils faifoienr en revenant du Japon : mais
un très-petit profit, qui diminuera encore par l'établiue-
ment de la nouvelle compagnie des Indes , à eau le de plu-
sieurs ports où ils ne pourront plus entrer, 8c de certaines
marchandifes qu'on leur défendra de porter.
On trouve encore dans les lettres édifiantes que lors-
qu'on a mouillé au dehors de Macao , on ne voit de tous
côtés que des ifles qui font un grand cercle ; 8c l'on ne dé-
couvre que deux ou trois forterefles fur des hauteurs, 8c
quelques maifons qui font au bout de la ville. On diroit
même que les forts 8c les maifons tiennent à une terre fore
élevée, qui borne la vue de ce côté-là. Mais entre cette
terre qui fait une ifle afiez grande 8c Macao , il y a un beau
port , 8c la ville s'étend par dedans le long du rivage. Il y
a d'anciennes relations qui la nomment Lampacaoi
MACAPA , fort de l'Amérique méridionale au Brefil ,
fur le bord occidental de la rivière des Amazones vis-à vis
l'ifle de Caviana. Les Portugais à qui ce fort appartient,
l'ont transporté deux lieues au nord de l'ancien. Le canal
de la rivière qui dans cet endroit a plus de 1 2 lieues de
large , eft rétréci par de petires ifles à l'abri desquelles on
navige avec plus de fureté. De la dernière de ces ifles à
Macapa on compte encore plus de deux lieues. Le fol de
Macapa eft élevé de trois toifes au-deflùs du niveau de l'eau*
Latitude feptenttionale , 3 min.* Voyage de l'Amérique
par M. de la Condamine.
MACAR , fleuve d'Afrique aux environs de Carthage.
Voyez Bagrada 2.
1. MAC ARA , ville de Sicile. Orrelius dans fon thréfor ,
après Héraclide , dit que M^cara fut enfuite nommée Mi-
ma. Fazel veut qu'anciennement on l'ait appellée Machari;
8c que de fon tems on la nommoit vulgairement Citta-
della. Cicéron , contre Verres , écrit Macbara.
1. MACARA , ifle de l'Afie Mineure fur la côte de
Lycie , félon Etienne le géographe.
MACAREj'E, ville de l'Arcadie. Son nom grec étoit
Meticaptaî". Les Romains , à ce que dit Etienne le géogra-
phe , la nommèrent Beat a. Paufanias -, Àrcaa. I. S. c. 3.
écrit Maxafiaç , 8c afllire dans fon liv. 8. chap. 16. qu'on
voyoit les ruines de cette ville à deux ftades du fleuve
Alphée.
MACARENA , en grec Max*p»'»i. Onélius , dans fou
MAC
MAC
rf éfor , croit que c'eft une contrée de l'Afie. Etienne le
géographe y place le fleuve Maxates , auffi-bien que la trei-
zième Alexandrie.
i. MACARESE , nom que l'on a donné à un étang de
l'Italie dans l'Etat de l'Eglife , près de la côte de la mer ,
dans le Patrimoine de faint Pierre. Son nom latin , ou
plutôt fon nom italien eft Matarefa. On compte quatre
milles de Fiumïcïno à cet étang , & douze milles de cet
étang à Palo ; c'eft le fentiment du perc Labat dans fon
voyage d'Italie , t. 8. p. 72. Il peut avoir trois milles de
longueur , & un'mille dans l'endroit le plus large. Il eft
allez profond Se fort poiffonneux. Vis-à-vis de fon entrée >
ou du canal par lequel il communique à la mer , il y a une
petite ifleou groffe motte de terre fur laquelle il ferait aifé
de foire une batterie fermée , ou un fortin qui défendroit
aifément l'entrée. Cornélio Mayer ingénieur Hollandois
avoit propofé d'en faire un port , dans lequel on auroit fait
paffer une partie du Tybre par un canal qu'on auroit tiré
au-deflus ou au deffous de la ville de Porto , par le moyen
duquel on auroit ouvert un commerce très-commode en-
tre la ville & la mer : outre qu'on auroit de beaucoup di-
minué la force du Tibre & les ravages qu'il fait quand il
déborde. Ce projet fut examiné à bien des reprifes, <Sc à
la fin on le jugea Se poffible & avantageux ; mais en même
tems on le trouva d'une trop grande dépenfe pour la
Chambre Apoftolique. D'ailleurs on eut peur que l'ou-
verture des terres Se les évacuations qu'il faudrait faire ne
produififTent des vapeurs épaifTes Se infectées qui corrom-
praient l'air ,& cauferoient des maladies contagieufes, Se
peut être mortelles.
2. MACARESE , fujvant Corneille dans fon diction-
naire , eft un château en Italie dépendant du Patrimoine
de faint Pierre. Il eft fitué fur un lac de même nom entre la
ville de Porto Se l'embouchure de l'Arone.
MACAREY, ifle de l'Amérique feptentrionale nom-
mée entre les Lucaies.Herrera la met à la hauteur de vingt
degrés : mais on eft perfuadé qu'il fe rrompe. Cette ifle
eft environnée d'une mer fort peu profonde , Se pleine de
plufieurs bancs. * Laët , Defcription des Indes occident,
ïiv. i. c. 16.
i. MAC ARIA, ville de l'ille de Cypre, félon Prolomée,
/. 5. c. 14. Il la place au nord de l'ille fur la côte , entre
AphroAïfiumSe Ceraunia. Niger , à ce que dit Ortelius,
la nomme Jalines. Voyez, Cypre I.
2. MACARIA , fontaine célèbre à Marathon , félon
Paufanias ,/. i.c. 32.
3. MACARIA. Strabon , /. S.p. 361. donne ce nom à
une plaine de la Meffénie dans le Péloponnefe.
4. MACARIA, ifle du golfe Arabique, félon Ptolo-
mée , 7.4. c. 8. qui dit qu'elle fe nommoit auffi Ifle For-
lunée.
MACARIE. Voyez. Macaria.
MACARMEDA. Marmol , dans fa defcription de l'A-
frique tt. 2. /. 4. c. 23. dit que c'eft une ancienne ville d'A-
frique dans la province de Fez propre. On en voit les
ruines à fept lieues de Fez du côté du levant. Elle fut bâtie
par les Africains de la tribu de Cinhagie dans une fort belle
plaine fur le bord d'une petite rivière. Cette ville , dont
les murs font encore debout , fut détruite dans les guerres
deSayd, & ne s'eft jamais repeuplée depuis. Cependant
le pays eft fort bon Se abondant en bled Se en pâturages ;
mais il eft poffédé par des Arabes qui n'aiment pas à fe
renfermer dans des villes. Quelques hiftoriens difent que
Macarméda a été fondée par le roi Jofeph qui bâtit Ma-
roc : mais a la ftrudture des murs on voit bien que c'eft un
ouvrage plus ancien , Se fait par les Africains -, car pres-
que tous les conquérans de l'Afie ont eu une différente
façon de bâtir. Marmol croit que c'étoit une ville des Her-
piditam , que Ptolomée , /. 4. c. 2. place au pied des mon-
tagnes Cnicorkbiu
MACARON-NESOS , en grec M*xap&>mVoç. C'étoit
le nom de la citadelle de Thébes en Béotie , félon Héfy-
chius. Hérodote en parle dans Thalie , Se Ifacius à Lyco-
phton dit que la ville de Thébes portoit le même nom.
Voyez. Oasis & Thébes 2*
MACARON. Voyez Crète.
MACARSKA. Baudrand dans fon édition de 170J ,
dit que c'eft une petite ville de Dalmatie dans la Primorie,
dont elle eft la principale fur la côte du golfe de Venife au
pied d'une montagne , entre Spalato Se Narenta près du
détroit de Mortaro , vis-à-vis de l'ifle de Brazza. Elle a
un affez bon port , Se eft le fiége d'un évêque fuffragant de
l'archevêché de Spalato.
MACARTA, ville d'Afie dans l'Osroene. Elle étoit le
fiége d'un évêché fuffragant d'Edeffe métropole.
MACAS. C'étoit autrefois une ville confidérable de
l'Amérique méridionale au Pérou , dans l'audience de
Quito; on l'appelloit Sevilla-del-Oro : elle étoit capitale
d'un gouvernement au nord de celui de Jaen. Cen'eft plus
aujourd'hui qu'un hameau; Le nombre des naturels du
pays a été confidérablement diminué par les travaux des
mines Se par les maladies épidémiques , fur-tout par là
petite vérole inconnue parmi eux avant l'arrivée des Euro-
péens. * Voyage de M. de la Condamine dans l'Amérique.
MACASSAR ,Macaçar, ou Mancaçar , comme
on le nomme dans le pays. C'eft un royaume des Indes
dans la partie méridionale de la grande ifle de Célébes. On
écrit encore Macazar.
Gervaife , hiftoire du royaume de Macaffar , p. 1. &
fuiv. dit que dans fa longueur, qui fe prend du feptentrion
au midi , il peut avoir environ fix-vingr lieues ; & il n'en
a gueres moins de quatre-vingt dans fa plus grande lar-
geur , qui eft celle que l'on donne communément à cette
ifle.
Quoiqu'il ait toujours paffé pour un des plus puiffans
royaumes des indes , il n'y a gueres plus de cent dix ans
qu'il ncs'étendoit encore que depuis le quatrième jusqu'au
fixiéme degré de latitude méridionale ; car les royaumes de
Mandar Se de Bouguis , qui le bornoient du côté du fep-
tentrion , n'ont été unis à la couronne de Macaffar que
dans ce tems-là. Le prince qui regnoit alors , paffionné
pour la gloire , fe propofa , dès fa plus tendre jeuneffe , la
conquête entière de l'ifle. Le fucecs de fes premières cam-
pagnes le flata de cette efpérance : mais une mort impré-
vue arrêta le cours de fes victoires. Non content du grand
nombre de concubines qu'il avoit , il voulut enlever la
femme d'un des premiers ïeigneursde fa cour -, mais le mari
l'épia un jour qu'il donnoit à fa maîtreffe le divertiflemenc
de la pêche , fe jetta fur lui Se le poignarda.
Ce prince infortuné laiffa en mourant deux fils auffi
braves que lui. L'aîné qui s'appelloit Craén Sombanco n'é-
toit encore que dans fa vingt-deuxième année quand il
monta fur le thrône. Il fe mit auffi-tôt à la tête d'une puis-
fante armée , Se en moins d'un an acheva la conquête des
provinces de Mandar & de Bouguis. Il retourna à Macas-
far chargé de leurs dépouilles , Se cinq princes qu'il avoic
faits pi ifonniers firent l'ornement de fon triomphe.il pou-
voit en même tems s'emparer du royaume de Toraya ;
mais l'amour des plaifirs l'emportant chez lui fur celui de
la gloire , il s'abandonna à toutes fortes de débauches.
Les Hollandois,à qui il avoit permis de s'établir dans Ces
Etats , Se qui cherchoient l'occafion de pouvoir s'y forti-
fier , profitèrent de fa mauvaife conduite. Us engagerenc
la province de Bouguis à fe révolter ; Se à la fin ce mal-
heureux prince fut contraint de s'accommoder avec eux à
des conditions deshonorantes. Après un traité fi honteux
il ne penfa plus qu'à fe divertir , Se s'étant épuifé par l'ex-
cès d'une vie voluptueufe , il finit fes jours comme la plu-
part des rois des Indes , qu'on voit aller rarement jusqu'à
quarante ou cinquante ans.
Daén-Ma-allé fon frere, Se père des deux jeunes prin-
ces Loii\s-D aên Ronron Se Louis Dauphin Daén Toulôlo ,
que le roi de France Louis XIV. fit élever à Paris dans le
collège des Jéfuites, devoit naturellement, Se félon les loix
de l'Etat fuccéder à la couronne de Macaffar ; mais il y
avoit déjà quelques années que les Hollandois ,qui
l'appréhendoient , parce qu'il étoit plus politique que
fon frere , avoient trouvé moyen de le rendre fufpect ,
Se de l'éloigner de la cour.
Craén Bifet , fils unique de Sombanco , fe prévalut de
l'abfencede Daén-Ma-allé , &fefit proclamer roi. Il ne
fut pas plutôt fur le thrône qu'il déclara la guerre au roi
de Toraya. Il remporta une victoire fignalée qui lui as~
fura toutes les conquêtes qu'avoient fait avant lui fes an-
cêtres , 8c qui lui donna toute cette partie de l'ifle de Cé-
lébes , qui s'étend depuis la ligne équinoxiale jusqu'au fi-
xiéme degré de latitude méridionale.
Comme ce pays eft au milieu de la Zone torride, il y
fait extrêmement chaud. Il ne ferait peut être pas poffible
d'y vivre, fi ces chaleurs n'écoient modérées par des pluies
Aij
4
MAC
MAC
allez abondantes qui tombent j ou 6 jours devant Se après
les pleines lunes , & rafraichiffent la terre. Il tombe auffi
de la pluie pendant les deux mois que le foleil y parte en
parcourant les fignes du zodiaque. Ce mélange de pluies &
de chaleurs , joint aux vapeurs qu'exhalent continuelle-
ment les mines d'or & de cuivre qui font en allez grand
nombre dans le pays, y excite presque tous les jours au
coucher du foleil des tonnerres furieux.
L'air feroit fans doute très-mal fain , s'il n'étoit purifié
par les vents du Nord , qui y régnent la plus grande partie
de l'année. Si tôt qu'ils cèdent, ce qui n'arrive que très-
rarement , tout lé pays eft affligé de perte , de petite vé-
role & de plusieurs autres maladies contagieufes.Mais aurti
quand les vents continuent de fouffler de même force ,
tout le monde fe porte bien -, la plupart des hommes y
jouilTent d'une famé parfaite jusqu'à l'âge de cent ou de
fix-vingt ans.
De toutes les provinces qui compofent ce royaume, il
n'y en a point qui n'ait quelque avantage particulier qui la
rend néceiiàire aux autres. Celles où l'on ne voit que des
rochers & des montagnes inaccelîibles , des plaines inha-
bitables , des chemins fi difficiles que les chevaux Se les
éléphans même ont de la peine à s'y foutenir , ne lairtent
pas , toutes ingrates qu'elles paroiflent , de contribuer au-
tant que les autres à la richefle du pays; car dans quel-
ques-unes il y a des carrières d'où on tire de très-belles
pierres , ce qui ne fe trouve presque en aucun autre en-
droit des Indes, Dans d'autres il y a des mines d'or , de
cuivre Se d'étain. Les mines Se les rivières de la province
deTroja fournifient une afiez grande quantité de poudre
d'or.
Les forêts font remplies d'ébéniers , de bois de Calam-
bone , de calamba, de fandale, & d'autres espèces dont
on fe fért pour teindre en verd Se en écarlate. Mais le bois
le plus commun , c'eft celui de charpenre Se de menuife-
rie -, car il ne fe vend pas davanrage que celui qui s'achète
en France pour brûler. De-là vient qu'on y bâtit des vais-
feaux à meilleur marché , qu'en aucun port d'Europe. On
trouve encore dans les forêts des bambous , ce font des
cannes fort droites , qui peuvent avoir quatre ou cinq toi-
les de hauteur Elles font fi folides Se fi dures , quand elles
font en maturité , que les naturels du pays en font des ca-
bannes , de petits bateaux Se des flèches. Leurs branches
font armées de longues épines venimeufes qui en défen-
dent les approches. Lorsqu'elles commencent à germer on
les coupe par tranches , Se on s'en fert dans les meilleurs
ragoûts.
Il y a d'autres provinces que la nature femble n'avoir
fait que pour le plaifir des ^habifans. Les campagnes font
couvertes de citroniers Se d'orangers, les oifeaux chantent
toute l'année ; il y a des fruits murs dans toutes les faifons,
La campagne Se les jardins ne font jamais fans fleurs. La
plus belle de toutes ces fleurs eft celle qu'on nomme Boit-
gna Gêné Maura : elle a quelque choie du lis j mais fon
odeur eft plus doues Se fe fait fentir de plus loin. Les na-
turels du pays en. tirent une eflence admirable, dont ils
fe parfument pendant leur vie , Se qui fert à les embaumer
après leur mort. Sa tige peut avoir deux pies : elle eft pro-
duite par une grofie racine fort amére , Se dont on fe fert
pour la guérifon de plufieurs maladies , fur-tout des fièvres
pourpreufes Se peftilentielles.
Parmi les oifeaux qui y naifient , ou que la beauté du
pays y attire des ifles voifines , il y en a quelques uns qui
ne fe voient point en Europe. On y a auffi des bœufs , des
vaches , des chèvres , des cerfs , des fangliers ôc des liè-
vres. Il n'y a point de tigres , de lions, d'éléphans, ni de
rhinocéros ; mais les finges y font fi forts , fi méchans ôc
en fi grande quantité, qu'on en feroit très-incommodé ,
fi la nature n'y avoit fait naître une espèce de ferpens qui
leur donne continuellement la chafie. Quelques-uns de
ces ferpens font d'une grofieur prodigieufe , de avalent un
finge tout entier , quand ils peuvent l'attraper.
. On a dans ce pays , & en grande abondance , les can-
nes de fucre , le poivre , le bétel & l'arek. Ces peuples
ont reconnu fans doute que leur terre n'etoit pas propre
pour la noix mufeade , ni les autres épiceries , puisqu'ils
n'ont point coutume d'en planter -, mais ils ne biffent pas
d'en avoir autant qu'il leur en faut pour leurs befoins , Se
pour en vendre même aux marchands étrangers; car, mal-
gré la vigilance des Hollandois , les Macaflarois tirent des
ifles de Bouton Se d'Amboine , lacharge de quatre on cinq
grands vaifieaux de toutes fortes d'épiceries. Le ris eft ad-
mirable Se beaucoup meilleur qu'en aucun autre endroit
des Indes: il y en a de blanc Se de noir. Tous les fruits y
font d'un goût plus fin Se plus exquis que par tout ailleurs.
Les meilleurs de tous font les mangues, les oranges, les me-
lons d'eau , les figues. A la vérité la vigne ne profite point
dans tout le Macaflar ■■, auffi n'y boit-on point de vin. Mais
la providence a fuppléé à ce défaut par le grand nombre
de palmiers qui croiflent dans le pays : la liqueur que Ton
tire de ces arbres eft fans exagération auffi agréable que les
meilleurs vins de France , quoiqu'elle ne foit pas tout-à-
fait fi faine. On voit de vaftes plaines couvertes de coton-
niers ; Se le coton que produisent ces arbres eft un des plus
fins des Indes , quoiqu'il y croifle auffi un coton plus gros
& plus commun.
Tout le royaume n'eft arrofé que par une feule rivière ,
qui du feptentrion au midi le traverfe par le milieu , depuis
un bout jusqu'à l'autre. Son embouchure eft dans le détroit
de Macaflar > environ le cinquième degré de latitude méri-
dionale. Elle a dans cet endroit plus d'une demi-lieue de
large ; plus haut elle peut avoir trois cens pas , & par- tout
ailleurs elle n'eft pas plus large que la Seine l'eft à Paris.
Elle mouille les murailles deMANCAssARA , qui eft la ca-
pitale du royaume. Elle fe répand dans le pays par une in-
finité de bras , qui l'enrichifient beaucoup , à caufe de la
facilité qu'ils donnent au commerce. Entre plufieurs fortes
de poiflbns , il y a dans de certains endroits qui ne font pas
habités des firénes d'une prodigieufe grandeur. Leurs na-
geoires de devant , que la nature a taillées en forme de
mains , n'ont rien de différent de celle qui fe voit à Paris
dans la bibliothèque de l'abbaye de fainte Geneviéve.Quoi-
que monftrueufes , elles ne font pas à beaucoup près fi
dangereufes que les crocodiles , dont cette rivière eft par-
tout infectée , principalement quinze ou feize lieues au-
deflus de fon embouchure. Le lit de cette rivière eft afiez
profond pour porter les plus grands vaifieaux ; mais il eft
fi inégal qu'une barque de cinquante tonneaux ne peut pas
naviger plus d'une demi-lieue fans y échouer. Les Macas-
farois fe donnent bien de garde d'y faire entrer leursgrands
vaifieaux ; ils ont des ports fins Se commodes dans plu-
fieurs provinces.
Il n'y a peut-être point de peuples dans les Indes qui
naiflent avec de plus grandes dispofitions que les Macafla-
rois , pour réuffir dans les armes , les feiences Se les arts. Ils
comprennent aifémentles chofesles plus difficiles : ils rai-
fonnent afiez jufte , & n'oublient presque jamais rien de
tout ce qu'ils ont une fois appris ; mais ils manquent de
bons maîtres qui fâchent mettre en œuvre tous ces riches
talens de la nature.
Les qualités du corps répondent à celles de refont: ils
font grands Se robuftes -, ils aiment le travail Se font capa-
bles de réfifter à la fatigue. Leur teint n'eft pas fi bafané
que celui des Siamois ; mais ils ont le nez beaucoup plus
plat. Ce nez qui les défigure à nos yeux, eft une beauté
chez eux. Si-tôt qu'ils font venus au monde, on les couche
nuds fans langes Se fans maillot dans un petit panier d'o-
fier : leurs nourrices ont foin presqu'à toutes les heures du
jour de leur applatir le nez , en appuyant doucement la
main deffus , & en le frotant avec de l'huile ou de l'eau
tiède. On leur frote de même toutes les autres parties du
corps', dans la penfée que cela contribue à les faire croître
Se à les rendre plus agiles Se plus fouples. De-là vient fans
doute qu'il n'y a ni boffus, ni boiteux chez eux, Se qu'ils
ont tous hommes Se femmes la taille afiez dégagée. On
les fevre un an après leur naifiance. On s'imagine qu'ils
auroient moins d'efprit, fi on les laifibit tetter plus long-
tems.
Les enfans de qualité , d'abord qu'ils ont atteint l'âge
de cinq ou fix ans , font mis en penfion chez un parent,
ou un ami de la famille , de peur que les carefies de la
mère n'amollifient leur courage , Se qu'une tendrefie réci-
proque ne les retienne à la maifon , lorsqu'ils font en âge
d'aller à la guerre.A fept ou huit ans on envoyé les garçons
à l'école chez les Agguis , quiibnt les prêtres du pays. Ces
Agguys donnent leçon deux fois le jour,une heure le matin
& ufté heure l'après midi : ils leur apprennent à compter,
, à expliquer l'alcoran , à lire Se écrire. Leurs caractères ap-
prochent afiez des lettres arabefques. Deux ans fuffifent
pou* rendre un écolier favant , parce que ces Agguys font
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gens extrêmement féveres. De crainte que l'oifiveté né
corrompe les bonnes inclinations des enfans , on les tient
incelTamment occupés. Au fortir de l'école on les applique
au travail , & il n'y en a point qui n'apprenne quelque
métier. Us font des boucliers d'ofier , des nattes ôc des cor-
beilles; & outre cela ils ont encore leurs heures réglées
pour apprendre à danfer, pour s'exercer à la courfe , ôca
Les enfans du menu peuple font occupés à la pêche, à
l'agriculture , à battre le fer , à couperdu bois , aux ouvra-
ges de menuifcrie ôc d'orfèvrerie , ou à faire des tiiTus d'or,
de foie ôc de coton.
L'éducation des filles cft toute différente. Elles font éle-
vées dans la maifon paternelle , d'où elles ne fortent pres-
que jamais quand elles font de qualité. Leurs mères leur
apprennent à lire, à écrire , à coudre, à broder, à filer
de la foie ôc du coton , dont elles font elles-mêmes leurs
habits , car il n'y a point de tailleurs dans le pays : ce font
les femmes qui habillent les hommes ôc qui s'habillent el-
les-mêmes. Les filles de baffe naiffance fortent plus fou-
vent , mais ce n'eft jamais avant le jour ni après ie foleil
couché. Les unes s'occupent à faire de la toile ôc des étof-
fes de moindre prix qu'elles débitent dans leurs boutiques :
les autres vont travailler aux champs, vendre au marché
des legumes , &c.
Les viandes, dont les Macaffarois ufent le plus commu-
nément font le bœuf, le cabri & la poule. Us les mangent
plus fouvent bouillies que rôties, parce qu'ils font entrer
dans le potage ôc les étuvées quantité de poivre ôc de doux
de gérofle , qui en relèvent le goût ôc leur rendent l'appé-
tit que la trop grande chaleur leur fait perdre fort fouvent;
mais ils aiment encore mieux le poiîlon ôc le fruit. Ils ne
font guéres que deux repas par jour: entre les repas ils
mangent du bétel ôc de l'arek ; ils prennent du tabac , &
boivent du forbec. Us prennent encore du caffé , du thé &
du chocolat qu'on leur apporte des Philippines. Us man-
gent toujours en famille : ils le traitent fouvent les uns les
autres , ôc leurs feftins font affez réjouiffans , car ils ont
l'imagination fort vive. Us ne fe fervent ni de cuillers , ni
?de fourchettes , ni de ferviettes , ni de napes ; chacun
mange le riz avec les mains.
S'ils ne font pas propies à table, ils le font dans leurs
habits , plus qu'aucune autre nation des Indes. Les gens de
qualité font vêtus d'une longue camifolc ou verte qui leur
descend presque jusqu'au genou. Elle efl ordinairement
d'un brocard d'or ou d'argent , ou d'un drap de belle écar»
late que les Hollandois leur apportent d'Europe. Les bou-
tons qui la ferment par devant font d'orfèvrerie , les man-
ches en font fort étroites , ôc fe boutonnent jusqu'au poi-
poigner. La culotte qu'ils portent deffous efl femblable aux
nôtres. Leur ceinture efl; d'un brocard d'une couleur dif-
férente de celle de la camifole; elle efl fort large , & les
deux bouts qu'ils laiffent pendre jus^u'au-deffous du ge-
nou , font brodés d'or ou d'argent à la hauteur d'un pied.
Quand ils vont en ville , ils mètrent par deffus tout cela
une petite vefle de Mouffeline. Leur ci it efl paffé du côté
droit dans leur ceinture ; fa poignée ôc fon foureau font
presque toujours d'or maiïif; Se à l'autre côté ils portent
dans la largeur de cette même ceintnre un petit couteau ,
du tabac, du bétel & leur bourle , parce qu'ils n'ont point
de poches. Les foldats , quand ils vont en campagne,
porrent avec le ait un labre qu'ils paffent auffi du côté
droit dans leur ceinture. Leurs habits font de coton ou de
foie , félon le plus ou le moins de folde ou de revenu
qu'ils peuvent avoir.
Le chapeau efl en horreur chez eux , comme chez tous
les mahométans ; ôc le turban y efl en fi grande vénéra-
tion , qu'ils ne s'en fervent par respect qu'aux jours dé
fêtes ôc de réjouiffances publiques. Us portent ordinaire-
ment un petit bonnet qui a la figure d'une forme de cha-
peau. L'étoffe dont il elt fait efl blanche ôc plus ou moins
précieufe , félon la qualité des perfonnes ; il y a autour un
petit bord d'or , d'argent ou de foie. Leur turban n'eft
point fermé comme celui des Turcs ; ce n'eft qu'une large
bande d'étoffe ou de toile qu'ils ajuflent autour de leur
tête. Celui des prêtres ôc des perfonnes avancées en âge
efl blanc -, les jeunes gens les portent rouges , ou verds ,
ou rayés. Les prêtres ont de longues barbes; les autres la
rafent, mais ne coupent jamais leurs cheveux.
C'efl une propreté ôc même une obligation indispenfa-
ble que d'entretenir les ongles dans une teinture rouge ,
ï
qu'ils commencent de leur donner dès l'enfance , ôc de les
couper une ou deux fois par femaine. Us font auffi curieux
dépeindre leurs dents, quelquefois en noir, quelquefois
en verd , ôc le plus fouvent en rouge. Si- tôt qu'ils ont at-
teint l'âge d'onze ou douze ans l'opérateur efl appelle. Il
fait coucher l'enfant fur le dos , lui met un bâillon de
bois dans la bouche ; il fépare avec une petite lime toutes
les dents de la mâchoire d'en haut les unes des autres ; il
les rend toutes égales j$c les polir. Enfuite il frotte les dents
de l'enfant avec du jus de citron , qui les rend fusceptibles
de la couleur qu'il doit leur donner.
Les femmes font encore plus propres que les hommes
dans leurs habits , quoiqu'elles ne fuient pas tout-à fait fi.
magnifiques : leur chemife efl faite d'une belle moufleline;
elle leur defeend jusqu'au genou ; les manches en font forr
étroites , mais fi courtes qu'elles ne paffent pas le coude.
Le col en efl fi étroit ôc fi bien arrangé que le fein ne pa-
roît point. Elles portent deffous un petit pantalon fait de
brocard d'or , d'argent ou de foie , félon la différence des
conditions : il efl femblable à celui des hommes , fi ce
n'efl qu'il efl plus long & qu'il paffe autour du gras de la
jambe. Il ne fe peur rien-voir de plus beau que la broderie
dont les extrémités de ce Pantalon font enrichies. Elles
ont par deffus un jupon femblable à celui des Françoifes;
il n'eft que de roile ou de quelque étoffe commune , quand
elles demeurent au logis ; mais, quand elles fortent les jours
de fête , elles en prennent un de mouffeline. Elles n'ont
point d'autre coëfture que leurs cheveux. Peu d'enu'elles
ont des bagues ou des pierreries ; il n'y a guères que les
hommes qui en portent. Pour collier elles n'onr qu'une
petite chaîne d'or qu'ils leur donnent le lendemain de leurs
noces , pour les faire fou venir qu'elles font leurs premières
efclaves.
Le nombre des domeffiques cft fixé par la qualité des
perfonnes. Il n'eft pas permis aux roturiers d'en avoir. La
nobleffe efl extrêmement fiere. Ce rang s'acquiert de diffé-
rentes façons. Celle que l'on y confidére davantage efl at-
tachée à certaines terres concédées par les rois, & qui font
inaliénables. Ces anciens nobles èv leurs descendans s ap-
pellent Daéns. Us marchenr immédiatement après les
princes du fang, ôc leur nombre n'efl pas grand.
Il n'en efl pas ainfides Car es qui les fuivenr. Le toi en
fair autant qu'il lui plaît. Pour peu qu'ils ayent de faveur ,
ils obtiennent aifément de la cour l'érection de leur vil-'
lage en titre de Caré. Leurs enfans y fuccédent ôc fonc
Car es comme leurs pères.
Les Lolos , qui font la troifiéme claffe , font ennoblis
par des lettres particulières.
Le gouvernement de Macaffar efl puremenr monarchi*
que. Les rois qui y régnent depuis près de neuf cens ans, y
ont toujours été abfolus , craints ôc refpeétés. La couronne
y efl héréditaire ; mais les frères fuccédent à l'exclufion des
enfans. Cependant , malgré le pouvoir abfolu des rois ,
le Cracn Caron-rvn , ou premier miniflre d'état, ne laiffe
pas défaire bien des choies fans leur panicipation. 11 eft
le maître de la police : c'efl lui qui fait le choix des inten-
dans des ports , des gouverneurs des villes ôc des provin-
ces , des juges fouverains ôc des juges fubalternes : enfin de
la plus grande partie des officiers du royaume: il fe con-
tente d'en donner la liiîe au roi & de lui en demander la
confirmation, qui ne lui efl jamais refufée. Le roi ne fe
réferve que la connoiffance des affaires de fa maifon ôc la
discipline de fes troupes. C'efl lui-même qui entend les
comptes des revenus de l'érat , qui en ordonne la diflri-
bution , ôc qui recompenfe de fa propre main les fervices
qui lui fonr rendus par fes foldars.Une ou deux fois le mois
il les fait paffer en revue , ôc il n'y en a guères qu'il ne
connoiffe par leur nom.
Outre les garnifons des ports de mer ôc des places fron-
tières , il y a du moins dix mille hommes de troupes , tanc
infanterie que cavalerie , tous gens choifis , qui font en
tout tems prêts à le fuivre. 11 ne leur donne aucune folde ;
il les entretient feulement d'habits, d'armes , de poudre
& de plomb. Il leur aflîgne certains mois pour vaquer à
leurs affaires domeffiques. En tems de guerre ils fond
entièrement défrayés aux dépens du roi, ôc récompenfés
à proportion de leur valeur ôc de leurs fervices. Si on
remporte quelque victoire , le butin fe partage de bonne
foi en trois lots égaux : le premier efl réfervé pour le
roi ; le fécond pour les princes & les principaux ofïi-
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ciers de l'armée ; & le troisième fe distribue aux foldats.
Par rapport à l'adminiftration de la juftice , les princçs
8c les Daéns font toujours renvoyés au roi qui feul a droit
de connoître des affaires civiles 8c criminelles qui les re-
gardent. Le roi affemble alors fon confeil compofé de fon
premier miniftre , des princes du fang & des premiers offi-
ciers de fa couronne. L'inftrucciondu procès criminel a dû
fe faire auparavant par le gouverneur de la ville , le pré-
vôt des marchands & les principaux habitans du lieu où le
crime a été commis.
Le prévôt des marchands eft le juge ordinaire de tous
les différends qui naiffent dans le commerce : fi néanmoins
il s'agit d'une affaire où le public foit intérefle , elle elL por-
tée au confeil du roi. Il y a un prévôt des marchands dans
toutes les villes & tous les ports du royaume. 11 eft ordi-
nairement fort riche , parce qu'en bien des endroits il eft
le feul juge , 8c que d'ailleurs c'eft la coutume de lui faire
quelques préfens , quand on a gagné fon procès. Il n'en
reçoit point qu'il n'ait rendu fon jugement , & il ell rare
qu'il fe laifle corrompre. Il eft le maître abfolu de la po-
lice i il met le prix à tout ce qui fe vend : il règle les poids
& les mefures , &c.
Il n'y a point d'avocats ni de procureur ; chacun expli-
que le fujet qui le fait plaider ; & le défaut de fincérité ,
quand il eft reconnu , eft une raifon fuffifante pour être
condamné.
Les affaires criminelles ne font pas à beaucoup près en
fi grand nombre que les civiles , parce que la loi du Ta-
lion eft régulièrement obfervée : chacun fe fait juftice à
foi même \ on rend fort exactement les coups de bâton
qu'on reçoit ; & fans appréhender d'être recherché par la
iuftice , on peut tuer les voleurs 8c les adultères , qui font
trouvés en flagrant délit.
On prend de grandes précautions dans les mariages ; on
les célèbre avec pompe 8c cérémonie , parce qu'on penfe
que c'eft l'action la plus importante de la vie civile , &
l'acte de religion le plus faim. A peine un garçon a-t'il at-
teint l'âge de trois ou quatre ans , que fon père penfe déjà
à le marier : il voit chez fes païens, ou dans fon voifinage
s'il n'y a point quelque fille de même âge & d'une condition
égale à la fienne , qu'il puifie lui faire époufer. Quand il en
a trouvé , il va voir la mère ; car elle eft chargée du foin
d'inftruire 8c de pourvoir fes filles , comme le père eft
chargé de l'éducation des garçons. Si fa recherche eft bien
reçue , il convient avec elle de la dot qu'il doit donner à
fon fils ; car on marie les filles pour rien. Le père retour-
ne chez lui , & envoyé à la future époufe des préfens ré-
glés par l'ufage ; il prend enfuite le futur époux par la main
& vient le préfenter à la future époufe. Après quoi le no-
taire eft mandé , 8c on pafle un acte par lequel la mère
s'oblige de donner fa fille quand elle fera nubile. Les futurs
conjoints demeurent féparés jusqu'à ce que l'un 8c l'autre
ayent atteint l'âge de quinze à feize ans. Le mariage fe cé-
lèbre alors avec toutes les formalités & les cérémonies qui
font d'ufage dans le pays.
Quoique le mariage des Macafiarois foit fort folemnel ,
il n'eft pas pourtant indiffoluble , pas même après fa con-
fommation. Quand le mari eft mal fatisfait de fa femme,
& qu'il la croit infidèle , car l'adultère eft la caufe la plus
ordinaire du divorce , il va trouver fon Agguy , pour fe
plaindre de la mauvaife conduite de fa femme ; il lui dé-
couvre fes foupçons ou les autres raifons qu'il a de la ré-
pudier. Lorsque l'Agguy les approuve , le mari va au juge
féculier qui prononce fur la féparation , 8c en règle les
conditions. Une femme répudiée peut fe marier à qui bon
lui femble , ou plutôt à celui qui en veut ; mais il lui feroit
honteux de fe marier dans le lieu où elle a été répudiée.
Il n'y a guères qu'un fiécle & demi que les Macafiarois
croient encore payens ; enfin dégoûté de l'Idolâtrie , le
roi réfolut avec fon conleil d'embraffer une autre reli-
gion. Ils envoyèrent en même tems des ambafl'adeurs au
gouverneur Portugais de Malaca 8c au roi d'Achem dans
l'ille de Sumatra , qui étoit Mahométan , déterminés à
Tuivre la religion de ceux dont les millionnaires viendroient
les premiers. Les Mahométans étant arrivés les premiers
les Macafiarois embraflérent leur religion , à laquelle ils
font fuperititieufement attachés.
Le roi de Macafiar devenu ainfi Mufulman , crut qu'il
étoit de fon devoir 8c de la gloire de fes états, d'engager
les princes (es voifins 8c fes tributaires à fe faire Mahomé-
tans comme lui. Les propofitions qu'il leur en fit , furent
très- mal reçues , car ils étoient déjà prévenus en faveur de
la religion Chrétienne, Tous fe déclarèrent ouvertement
les ennemis jurés de la religion de Mahomet, 8c pour mar-
quer plus ouvertement la haine qu'ils avoient pour elle en
fa perfonne , ils refuferent de lui envoyer les tributs qu'ils
avoient coutume de lui payer tous les ans. Ce fut ce qui
donna lieu à une guerre des plus fanglantes 8c à l'établis-
fement de la religion Mahométane dans la plus grande
partie de l'ifle. Tous ces princes , après avoir courageufe-
ment défendu leur liberté pendant plufieurs années , fu-
rent à la fin vaincus par les rois, de Macafiar , 8c la pre-
mière loi que leur impoferent les vainqueurs , fut de fe
faire circoncire.
2.MACASSAR0U Macaçar, [ le détroit de] C'eft un
bras de mer dans les Indes orientales , entre l'ifle de Bor-
néo à l'occident 8c l'ifle de Célébes à l'orient. La ville de
Macaçar donne le nom à ce détroit.
3 . M AC ASSAR , ou Macaçar, ouMancaçara. Cette
ville , fuivant Gervaife , p. 75. eft fur la côte occidentale
de l'ifle de Célébes. La capitale eft le fejour le plus ordinai-
re des rois de Macafiar.Elle eft la plus grande, la plus belle
8c la mieux fortifiée de l'ifle.Elle feroit encore plus forte fi
les Hollandoisn'avoient point ruiné les premières fortifica-
tions que lesPortugaisy avoient faites long-tems avant qu'ils
en fuffent chaffés. Elle eft fituée un peu au-defius de l'em-
bouchure de la rivière , environ le $ dcg. de lat. mérid.
bâtie dans une plaine très-fertile & abondante en riz, en
fruits,en fleurs & en toutes fortes de légumes.Les murailles
delà ville font battues d'un côté par les eaux de cette grande
rivière , qui , fe détachant de fon lit par de petits canaux
fouterrains, va humecter &rafiaichirlcs racines des arbres
& des plantes , des jardins de la ville 8c de la campagne.
Les rues font fort larges 8c très propres , quoiqu'elles
ne foienr pas pavées , patee qu'elles font naturellement
toutes fablées. Les arbres dont elles font bordées des deux
côtés font fort touffus , 8c les habitans ont un grand foin
de les entretenir, parce qu'ils donnent de l'ombre à leurs
maifons , 8c qu'ils font la commodité des paflans pen- *
dant la chaleur du jour.
Il n'y a que le palais du roi & quelques mosquées qui
foient de pierre. Toutes les autres maifons ne font faites
que de bois. Cependant elles ne laiffent pas d'être fort
agréables , car ces bois font de différentes couleurs , celui
d'ébenne y domine toujours ;8c ils font tous travaillés avec
tant d'art , 8c fi bien affemblés les uns avec les autres , qu'il
femble que toute la maifon ne foit faite que d'une feule
pièce de bois de diverfes couleurs. Le plus grand de ces
bâtimens ne pafie pas ordinairement quatre ou cinq toi-
fesde long fur une ou deux de large. Les Fenêtres en font
fort étroites. La couverture eft ordinairement faite de gran-
des feuilles très - ép^iffes que la pluie ne perce point.
Presque toutes ces maifons font élevées 8c foutenues
en l'air fur de grandes colonnes d'un bois fi dur , qu'il pa-
roît incorruptible. Mais ce qu'il y a de plaifant , c'eft qu'on
n'y monte qu'avec une échelle, que chacun a grand foin
de tirer en haut quand il eft entré , de peur que les chiens
n'y montent après. Car comme les habitans font de tous
les Mahométans les plus fuperftitieux , ils fe croiroient
fouillés. Il faut qu'ils courent à la rivière , dès qu'un chien
les a touchés. Sur le toit de la maifon qui eft bas 8c
fort plat , il y a toujours trois croiflans. Les deux qui tien-
nent les extrémités , font droits , celui du milieu eft
renverfé.
Il y a un grand nombre de boutiques où on trouve tout
ce qu'on peut defirer. On voit auïîi de grandes places pu-
bliques , où fe tiennent les marchés deux fois par jour; le
matin avant le lever du foleil , 8c le foir une heure avant
qu'il fe couche. On n'y voit que des femmes , 8c un hom-
me n'oferoit y paroître fans fe rendre méprifable , fans
s'attirer la raillerie de tout le monde , &; s'expofer à être
lapidé par les enfans. On eft perfuadé que les hommes font
réfervés pour des occupations plus férieufes 8c plus im-
portantes. C'eft un plaifir d'y voir aborder presqu'en mê-
me tems de tous les bourgs 8c villages circonvoifins de jeu-
nes filles chargées , les unes de poiflbn d'eau douce , qu'on
prend dans un gros bourg nommé Galez.on * où la pêche
eft établie , 8c fitué à cinq ou fix lieues de la ville fur le
bord de la rivière ; les autres chargées de marée , de raies ,
de foies 8c de plufieurs autres poiffons de mer qui ne font
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point connus en France. Il en vient auffi d'un gros vil-
lage qu'on appelle Bantaïm , éloigné de la ville de deux
lieues feulement , pour y vendre des fruits , du vin de pal-
me , des volailles , de la chair de bœuf 8c de buffle , car la
boucherie n'en: point féparée du marché. Les Macauarois
ont fait autrefois grand fcrupule de manger du bœuf; mais
ils s'y font inlènfiblcmcnt accoutumés. Ils croyenr aujour-
d'hui que c'eft bien affez de s'abftenir de la chair de porc ,
dont la loi de Mahomet leur défend l'ufage.
On ne voit point de gibier dans ces marchés , parce
qu'il n'y a que le roi & les princes du fang royal qui ayent
droit de chafler indifféremment en tous lieux ; 8c les fei-
gneurs particuliers ne peuvenr chafler ailleurs que fur leurs
terres Les uns 8c les autres font fort jaloux de ce droit ; 8c
l'on punit févérement ceux qui entreprennent de chafler
fur les terres d'autrui.
7
enfuite une partie de l'Epire & une partie de la Thrace.
Premièrement donc , félon M. de Tourreil , FUm. fur la
i. Philipp. la Macédoine étoit bornée au nord par la
Migdonie 8c par la Pélagonie; à l'orient par la Bottiée 8c
parla Piérie ; au midi ; par les montagnes de TheiTalie ,
8c au couchant , par les Lynceftes.
On croit communément que la Macédoine fut peuplée
par Cethim fils de Javan , 8c que toutes les fois que le
texte hébreu ^ comme dans la Cenefe ,10,4, porte Ce-
thim , il faut l'entendre de la Macédoine. Voyez. Cethim,
Tire-Live, /. 40. c. 3. dit qu'on la nomma premièrement
Pœonie , à caufe fans doute des peuples P&ows , qui habi-
toient vers le mont Rhodope ; qu'elle fut enfuite appellée
Emathie;& enfin Macédoine.Ce dernier nom lui fut donné
par un certain Macedo, dont l'origine 8c l'hiftoire font fort
incertaines. Selon Juftin , elle fut connue fous le nom
Avant les guerres dont le fuccès accrut fi fort le royaû- ÛJErnaihie avant que d'être appellée Macédoine. Pline fai
me de Macafiar , 8c avant la perte qui arriva il y a environ
un demi-fiécle , deux chofes qui onr extrêmement dimi-
nué le nombre des habitans de cette ville, on trôuvoit,
tantdans l'enceinte de fes murailles que dans les villages
qui lui font contigus , cent foixante mille hommes , tous
gens bienfaits 8c capables de porter les armes, mais il n'en
refte plus aujourd'hui qu'environ quatre-vingt mille.
MACATU17E , peuples d'Afrique dans la Pentapole ,
félon Ptolomée > /. 4. c. 4. 11 dit qu'ils habitoient fur les
montagnes Velpi.
MACBENA , ville delà tribu de Juda. Elle fut bâtie
dit D.Calmet, ou fondée par Sue. * I. Paralip. ch. 2. v. 45.
MACCALA, ^jk-cMassala.
C(
Etienne le <jeograpne en rau mcimun cv cite 1 neopompe.
MACCES.dont il elt parlé dans le III. livre des Rois,
c. 4. v. 9. eft apparemment une ville de la tribu de Dan.
Dom Calmet foupçonne que c'eft la même que Machtès,
ou la Dent Macheliere, marquée dans les Juges, c. 15.
19. 8c dans Sophonie . c. 1 , 11. hahtatores PiU, l'hé-
breu , hub'uaturts Machtej. Ortéiius avoir cru que Maccés
étoit le nom d'une contrée de la Syrie.
MACCHIA. Baudrand dans fon édition de 170J. dit
que c'eft un bourg d'Italie au royaume de Naples dans la
Capitanate aux confins du comté de Moliffe, 8c au cou-
chant de la ville de Volturara. Ce bourg aie titre de prin-
cipauté. Un prince de ce nom fut un des principaux au-
teurs des troubles qui arrivèrent dans la ville de Naples
le 2j de feptembre 1701.
MACCHIDA. Voyez. Maceda.
entendre qu'elle porta le nom de Piérie, 8c Euftathe veut
qu'elle ait eu celui de Macétie d'une de fes provinces ap-
pellée Macétia. Il eft bonde remarquer encore que la Ma-
cédoine eu quelquefois confondue avec la TheiTalie.
Selon M. de Tourreil , Remarq.Jur La z Oiymh. p. 97.
la Macédoine étoit un royaume héréditaire 5 mais fi peu
confidérable que fes premiers rois ne dédaignoient pas de
vivre fous la protection , tantôt d'Athènes , tantôt de
Thèbes. Les Athéniens du temsde Perdiccas , un des pré-
déceffeurs de Philippe , regnoient plus que lui dans fort
royaume. Nicias , que Démofthéne met au nombre àes
héros de l'ancienne Athènes , commanda un jour à Per-
diccas de s'oppoier à la jonction des Theflaliens avec les
font les prô-
nons voyons en-
l'cntrée de la
Macédoine , pour avoir embraiTé l'alliance de Lacédé-
mone ÔcdArgosau mépris de la leur , 8c refufé de fe
joindre à eux dans une autre expédition ; refus qui fie
échouer leur entreprife 8c défener leur armée Perdiccas
devint enfin leur Tributaire , ce qui dura depuis qu'ils eu-
rent établi une colonie dans Amphipolis , fous la con-
duite d'Agnon fils de Nicias , environ quarante-huit ans
avant la guette du Peloponèfe , jusqu'à ce que Brafidas ,
général de Lacédémone , vers la cinquième ou fixiéme an-
née de cette guerre , fouleva contre eux tout ce canton , 8c
les éloigna des frontières de Macédoine.
Lorsque Philippe eur conquis une partie de la Thrace
avec une partie de l'Illyrie , le royaume de Macédoine
commença à devenir célèbre dans l'hiftoire. 11 s'érendoit
alors depuis la mer Adriatique jusqu'au fleuve Strymon.
MACC1 , en grec MetKxoi , peuples de la Lybie inté- Mais il étoit réfervé à Alexandrele Grand, fils de Philippe,
rieure , félon Ptolomée , /. 4. c. 6. Cet ancien géographe d'ajouter à la Macédoine , non feulement la Grèce en'iere,
les place au pied du mont Girgiris. Quelques éditions de
ce même auteur écrivent Mancï. Seroit-ce les Maces ,que
Silius Italiens, /. 3. v. 27J. furnomme Chiyphii.
MACCLESF1ELD. Selon l'état ptéfent de la grande
Brer.-îgne ,r. i.p. 46. eft une petite ville d'Angleterre en
Cheshire. Elle n'a rien de remarquable que le droit de te-
nir marché public avec une forêt de même nom , qui eft
unedes plus grandes de la province.
MACCOCAL1NGI , anciens peuples de l'Inde fur-
nommés Brachmanes , comme bien d'autres. Pline , /. 6.
c. 17. en fait mention.
MACCURiE , en grec Mctw^cti , peuples de la Mau-
ritanie Céfarienne, fuivant Ptolomée , /. 4. c. z. qui les
place avec les Nacuenfu 8c les Myccni , au pied des Mon-
tagnes Garaphi.
MACE , en grec MaVji , ville des Celtes , félon Etienne
le géographe, qui n'en dit pas allez pour nous faire con-
ncr.ie de quelle ville il entend parler.
MACEDA ou Makeda , Ville de la tribu de Juda,;
dont il eft parlé dans Jofué, 15, 41. Cette ville eft à huit
milles d'Eleuthéropolis vers l'orient, dit Eufebe : Jofué
s'avança de Lebna vers M acéda, Jofué , 10, 29. c'eft la
remarque que fait D. Calmet fur cette ville. Jofephe , /.
$.c. 1. la nomme Ma.iyiS'a. , Macchida.
MACEDOINE. Cellarius dans fa géographie ancienne.*
/. 2. c. 13. rappoi e que c'eft un royaume entre la Grèce
& l'ancienne Thrace. Les limites de ce royaume n'ont pas
toujours été lès mêmes. Sous les premiers rois elles étoient
affez étroites. Ce ne fut que fous Philippe que la Macé-
doine commença à s'aggrandir. Il y joignit la Theffalie , ôi
mais encore toute l'Afie 8c une partie de l'Afrique. Voyez.
Grèce.
Ptolomée, /. 3. t. 13. borne la Macédoine du côté du
nord par la Dalmatie , par la Myfie fupérieure 8c par la
Thrace ; 8c au couchant par la mer Ionienne , depuis Dyr-
racbium 8c Epidammim jusqu'au fleuve Pepylychnus.
Aujourd'hui la Macédoine a des limites extrêmement
étroites. Elle eft bornée au feptentrion par la Servie 8c par-
la Bulgarie ; à l'orient par la Romanie , proprement dire .<
8c par l'Archipel ; au midi par la Livadie , 8c à l'occident
par l'Albanie. J'ai donné au mot Grèce une table àes dif-
férentes parties de la Macédoine , auffi-bien que le rap-
port que ces différentes parties ont avec les anciennes pro-
vinces de la Macédoine.
La Macédoine a eu l'avantage d'être un des pays aux-
quels S. Paul annonça en perfonne l'Evangile. Dom Cal-
met , dans fon dictionnaire , dit , ainfi qu'on lit dans \e$
Actes , 16,9. Cet Apôtre fut invité à y aller prêcher par
1 Ange de cette province, qui lui apparut à Troade. De-
puis cette apparition , faint Paul ne douta plus que Dieu
ne l'appellât à prêcher dans la Macédoine, 8c la bénédi-
ction que le Seigneur répandit fur fa prédication , le con-
firma de plus en plus dans fon fentiment. 11 y fonda les
Eglifes de* ThelTaJonique 8c de Philippes ; & il eut la con-
folation de les voir floriffantes , nombreufes 8c abondan-
tes en toutes fortes de grâces & de dons fpirituels.
Les Turcs appellent la Maccdoine Macdonia , ils la
nomment auffi FiliA Vïlaieti , àcaufe , dit M. d'Her-
belot dans fa bibliothèque orientale , de la ville de Philip-
polis , qui en eft comme la capitale;
MAC
MAC
MACEDONIUM Mare , c'eft-à dire la mer de Ma-
cédoine. Tite-Live donne ce nom à la mer qui baigne le
cap de Canafto. C'eft aujourd'hui la mer de Theflaloni-
que.
MACEDONICUS Sinus. Voyez. Pelasgicus &
Therm^eus Sinus.
MACEDONUM Portus. Pline , /. 6. c. 2;. met ce
porc dans la Carmanie fur le golfe Perfique , auprès du
ïieu nommé Alexandri Ar&.
MACELATH , un des campemens des Israélites. Il en
eft fait mention dans le livre des nombres , c. 3 3. v. 15 &
26. où on lit MaiceXctô, que faint Jérôme "écrit Ceeleiba.
Voyez, Maceloth.
MACELIUM. Cédréne , cité par Ortelius , dit que M«-
k(mov efl un lieu près du mont Argée , au voifinage de la
ville de Céfarée en Cappadoce. Sozomcne cV Callifte li-
fent MeutîlXov ; 8c Xylander jage que c'eft MarceUi fon-
dus. C'eft auiTi le Marcellum de Sozomene.
MACELLA , en grec Mï«Mï. Ortelius , dans fon
thréfor , dit que c'eft une ville d'Lalie , félon Etienne le
géographe. Barri en fait une ville épiscopale dans la Ca-
labre , 8c prétend que c'eft aujourd'hui Strongili , à trois
milles de la mer. Il ajoute qu'un certain écrivain la nomme
"Iyropolis. Seroit-ce Tyrus ? Lycophron lit indifïéum-
ment Macella &c M.icalla. Tite-Live % %6. c. 2 1. & Po-
lybe , /. 1 c. 24, font mention de cette ville, 8c la placent
dans la Sicile. Ptolomée , /. 3. c. 4. la met aufli dans cette
ifle entre Acres. 8c Schera, dans l'intérieur des terres. Cia-
conius , in lib. Columna roftratœ, , rapporte ce fragment
d'une ancienne infeription : Macel. . . . ugnando ce-
tit ', ce qui veut dire Macellum pugnando cepit ; car il efl
queftion que Duillius, qui effectivement fe rendit maître
de cette ville. Voyez. Macalla. D. Matthaeo Egitio ,
dans une lettre à l'abbé Lenglet du Frcsnoi , dit Ma-
cella , & ajoute : d'autres croyent que Petilia e(l Strangoli,
près du fleuve Ncaetus , petite ville épiscopale qui a porté
Je nom de Mzcella & de Tyropolis,
MACELOTH , que les Septante, mim. 33 , 2j , 16.
écrivent MclmPw. Cétoit un des campemens des Israélites
dans leur voyage du défert , & c'eft apparemment le
même lieu que Malathis , qu'Eu febe & faint Jérôme met-
tent environ à vingt milles d'Hébron dans la partie méri-
dionale de Juda. Foye-z Malatha. Ptolomée , /. $.c. 17.
met Muliattba près d'Eluza ou Luza. Voyez, de Luza.
Ortelius croit que Maceloth 8c Macelath font le même
lieu. * D.Calmet, Dictionn.
MACEPRACTA , village dans la Méfopotamie , félon
Ammicn Marcellin ,/. 24. c. ïi. éd. Valefiï. Il dit qu'on
y voyoit des ruines d'une muraille qui avoit été bâtie pour
mettre l'Affyrie à couvert des irruptions des étrangers. Il
ajoute que l'Euphrate fe partageoit en deux branches au-
près de ce village , que l'une fe rendoit dans la contrée de
Babylone , 8c que l'autre, nommée Mahamalcha ,c'eft-
à-dire le fleuve des rois , couloir du côté de Ctéfiphonte.
Zozime , Hérodote & Pline dilent à peu près la même
chofe. Ce derniet écrit , /. 4. c. 16. que l'Euphrate fe par-
tage auprès du Village Maflice. Ainfi Majfwe efl la même
chofe que Maccprabla.
1. M ACER ATA , ville d'Italie dans l'état de l'Eglife
dans la Marche d'Ancone , fur une montagne près de
Chiento , cinq lieues au deflïisde fon embouchure , à en-
viron dix milles de Recanati 8c deTolentin ,à quinze de
Lorette , 8c à pareille diflance de la mer Adriatique. On
croit qu'elle fut bâtie des ruines de Helvïa Ricina , ville
détruite par les Goths, Macérata efl aflez grande 8c bien
peuplée. C'efl le fiége d'un évêque fuffragant de l'arche-
vêché de Fermo , & auquel efl uni l'évêché de Tolentin
depuis l'an 1 586. Il y a aufli une petite univerfité. * Bau-
drand, èàn. 1705.
2. MACERATA , bourg d'Italie dans l'état de l'E-
glife au duché d'Urbin , entte la ville de Macérata &
celle de faint Léon.* Baudrand, édit. 170J.
3. MACERATA , bourg d'Italie au royaume de Na-
ples dans la terre de Labour, environ à une lieue de Ca-
poucen allant vers Naples. * Baudrand ' édit. 170J.
MACElU/E , nom latin de Maisieres. T. Voyez.cz
mot.
MACERIAS. Voyez Magetrobia 8c Amagetq-
briga. Confultez ce dernier.
M ACES. Voyez. Mac.£ , peuples d'Afrique.
MACESTUS , en grec Mcuttçcç , ruifleau de la Myfie
Afiatique. Il fe jette dans le Rhyndacus. Pline , /. j c. 3 2.
8c Strabon , /. 1 2.p. 576. parlent aufli de ce ruifleau. Or-
telius croit que Maceftus pourroit être le même que Me-
giftus. Voyez Rhinda eus I.
MACET^E cV Macetia. Voyez. Macédoine.
MACHACACA ouMachicaca , c'efl le même que
Machasaco.
MACHAMALA , montagne d'Afrique dans le royau-
me de Serra Lione près des ifles Bannanes. Les rivières de
Capar&deTambalines ont leur fource dans cette mon-
tagne , qui efl remarquable par une merveille de la na-
ture. On y voit une grande roche de crillal , où font di-
verfes pyramides de même matière , renverfées 8c comme
fufpenduesen l'air. Quand on les touche avec un bâton,
elles rendent un fon ftmblable à celui d'une cloche. On
croit que c'eft une congélation faite par la chaleur du fo-
ieil qui a fondu le pied de la roche , 8c fait demeurer ces
poini.es fuspendues en l'air. On trouve dans cette monta-
gne trois fortes de finges ; & il y en a d'une efpéce qu'on
nomme Baris. On les piend lorsqu'ils font petits, ëcon
les apprivoife fi bien , qu'ils rendent presque autant de
fervices qu'un esclave. Car ils marchent ordinairement
tout droit comme les hommes ; ils pilent du millet dans
un mortier ; ils vont puifer de l'eau dans une cruche ; ils
témoignent de la douieur par leurs cris lorsque la cruche
vient a tomber ; ils tournent la broche , 8c ils font mille
petits tours d'adrelîe qui diverrifient. * Dapper , descrip-
tion de l'Afrique , pag. 247 & 249.
MACH^ERUS j en grec Max«<po?ç. Voyez. Mache-
ronte.
MACHAGENI , M*x*?wol , félon Ptolomée , /. 6. c.
14. 8c Macbetegi , fuivant l'exemplaire delà bibliothèque
Palatine. Cétoit un peuple de la Scythie, en deçà de l'I-
maus. Voyez. Scythe.
MACHANAUM. PVy<^ Manaim.
MACHAON, Voyez, Matisco.
M ACHAO VILLA , lieu où les Lombards 8c les Saxons
campèrent pendant quelque tems , dans Pinvafion qu'ils
firent dans la gaule ver;, le fixiéme fiécle. Voyez. Matisco.
MhCHkKk.Voyez Machara I , 8c Mactorium.
MACHhTl.Voyez. Maacha.
M ACHECOU , Machecol 8c Machecolac , en la-
tin Macbecum 8c Macbicollum , petite ville ou gros bourg
de France dans la Bretagne , diocèfe Se recette de Nantes.
On l'appelle aufli Sainte Croix de Machecou. C'eft le chef-
lieu du duché de Retz (a) ,8c il a fuccédé à l'ancienne
bourgade de Retz qui ne fubfifte plus. Il eft fitué fur la
rivière de Tenu qui fe perd dans la Loire , après avoir
reçu l'écoulement du lac de Grand-Lieu. Ses anciens fei-
gneurs qu'on connoit depuis Garfîle 8c Gouelin fon frère ,
qui vivoient en 1138. portoit le nom de Machecou. On
trouve la fuite de leur généalogie dans Auguflin du Pax. Il
remarque qu'après la mort de Jean de Machecou, tué au
fiége de la Roche-Derien en 1 347. il trouvoit la terre de
Machecou unie à la baronnie de Retz , fans qu'il fut à
quel titre. Elle n'en a pas été féparée depuis. Les armes
des feigneurs de Retz étoient tiois chevrons , peut-être de
gueules en champ d'argent , telles qu'on en voit (b) au
tombeau d'Alix duchefie de Bretagne , femme de Pierre le
Mandera ( a ) Piganiol , Defcription de la France, t. 5,
p. 228. ( b ) Nouvelle H'tfl de Bretagne.
MACHED-RABA , manière de forterefle en Terfe,
dans un défert , à cinq journées de la ville d'Anna fur la
route d'AIcp à Ispahan. Elle cft fur une butie , au pied de
laquelle on trouve une fontaine , qui fait comme unbaflin,
ce qui eft fort rare dans les déferts. Ce font de hautes mu-
railles , avec quelques tours qiiarrées , & au-dedans de mé-
chantes hutes où les habitans tiennent du bétail. Comme
il ne fe trouve point de fourage dans ce lieu-là , ils font
obligés d'en aller chercher fur les bords de l'Euphrate,
dont à la vérité ils ne font pas fort éloignés. * Tavernier$
voyage de Perfe , t. 1. 1. 3. p. 3 16.
M ACHEL A, félon Ortelius qui cite Guillaume de Tyr,
ou bien Meciîela , village de la Meufe fuivant l'hiftorieni
anonyme des Croifades. On croit que c'eft aujourd'hui
Mechelcn , village à un grand mille au-deflbus de Ma-
liricht.
MACHELONES.%^ Macrones.
MACHENLETH, ohMacleneth, bourgade delà
Grands
MAC
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Grande Bretagne, dans la principauté de Galles en Mont-
gomeryschire. Cambden , Brkannia , femble la prendre
pour Magltna , cité des Ordovices , où les Romains tin-
rent garnifon du tems de l'empereur Honorius.
i. MACHERET ou Mâchera y , dans la Champa-
gne au diocèfe de Troies , n'elt point une abbaye comme
l'a marqué le dictionnaire univerfel de la France , Se
la Martiniere après lui ; c'eft une maifon de l'ordre de
Grammont où il n'y a jamais eu d'abbaye que Gram-
iTiont feul , qui ne l'eft que depuis l'an 13 11. Elle eft
fifuée fur le territoire de la paroifle de faint Juft , du côté
de Séfanne . Ce prieuré fut fondé en titre d'hermitage dans
les bois de Macheret par Henri I du nom , comte de
Champagne , & par les Seigneurs de Dampierre , de Plan-
ci Se de faint Juft. Les religieux de la Charité fur Loire
qui habitoient le prieuré de faint Juft , cédèrent à ces Gram-
montins, peu après leur établiffeinent , une partie de leur
territoire dont on peut voir le titre chez Desguerrois , à
l'an 1 168. On les appelloit alors les Bons Hommes de
Macheray. Leur vie patfoit pour être aflez femblable à
celle des Chartreux , excepté leurs vêtemens qui étoient
noirs. Desguerrois rapporte à l'an 1 237. que Gui de Dam-
pierre feigneur de faint Jult Se de Planci, tenant beaucoup
de biens de fes ancêtres » vint un jour dans leur monafterc
à main armée , tua le prieur Se coupa la gorge à tous les
moines en plein midi , s'empara de tous leurs titres Se de
leurs biens; ce qui fut caufe qu'on l'excommunia, Se qu'à
la fin , fe repentant de fon crime , il reftitua tout ce qu'il
avoit enlevé , & rétablir des religieux du même ordre dans
ce prieuré. Il y a dans cette maifon plufieurs reliques , Se
notamment il y en a de confidénblesde faint Eutrope évê- *
que de Sainte , tirées du prieuré des Bons Hommes d'ifle-
lès-Troies, d'où Nicolas de Renepont prieur de Macheret
les fit transporter. Le prieuré de Macheret eft préfente-
nient habité par fix religieux réformés. On croit qu'avec la
menfe du prieur il vaut environ 6000 liv» de rente.* No-
tes manu] entes de M. l'abbé le Bœuf,
2. MACHERET , bois de France dans la maîtrife des
eaux & forêts d'Alençon. 11 contient 205 arpens.
M ACHERONTE ou Mach^rus (a), ville Se châ-
teau au delà du Jourdain dans la tribu de Ruben , au
nord Se à l'orient du lac Asphaltite , à deux ou trois lieues
du Jourdain , pas loin de l'embouchure de ce fleuve dans
la mer Morte. Ce château avoit été fortifié par les As-
monéens. Cabinius le démolit (b). Ariftobule le fortifia
de nouveau (c ). Hérode le Grand lerenditbeaucoupplus
fortqu'aupara-«*nr. Il y avoit dans cet endroit ou dans le
voifinage une fource d'eaux chaudes, très- utiles pour la
fanté. Saint Jean Baptifte fut mis en prifon Se décapité à
Macheronrc ( d ) par les ordres d'Hérode Anripas. (a) D.
Caimet , Difti ( b ) Jojephe , Antiq. 1. 14. c. 10. (c) Ibid,
Antiq.l. 14. c. 11. (d) Jofepbe , Antiq. 1. 18. e. 7. Matt.
14. 1. 2. Sec. Se Marc , 6. 16. 17. Sec.
MACHEKOUX . abba.ye. Voyez. Marcheroux.
MACHIA , ifle de l'Archipel , au voifinage de celle
d'Amorgos 5 felor. Pline , /. 4. c. 1 2.
MACHIAN , l'une des ifles Moluques, dans l'Océan
oriental. Elle a environ fept lieues de tour. Il y a dans
cette ifle une montagne ronde aflez haute. Les habitans
étoient fous la domination du roi de Ternate, qui leschar-
geoit beaucoup. Elle éroit après Bachian , la plus fertile
des Moluques. Elle pouvoit fournir aflez de fagu pour fes
habitans & même pour en faire quelque part à fes voi-
fîns. * Htft de la conquête des Moluques, t. 3. p. 23.
MACHIAN A (l'ifle de), ifle de l'Amérique méri-
dionale au Brefil , au nord de l'ifle de Marayo , & à l'eft
de celle de Caviana , à quelques minutes au fud de la li-
gne équinoxiale. Aujourd'hui cette ifle eft déferre : an-
ciennement elle étoit habitée par la nation des Arouas.
Le terrein eft entièrement noyé , Se presque inhabitable.
Voyage en Amcrkq te par M. de la Condamïne.
MACHIAS. C'eft le nom de la colonne , qui fert à
tnefurer l'accroiflement du Nil.
MACHICO. Petite ville de l'ifle de Madère , à l'ex-
trémité fud-oueft de l'ifle. L'ancrage y eft excellent fui-
douze , quinze , dix-fept & vingt brafles. Quoique fon
nom ne paroiiTe pas fur la plupart des cartes , on apprend
cependant des géographes qu'elle a une fort belle églife
avec un couvent de Bernardines.Son nom lui for donné par
Gonfalyo Zarco , en mémoire de Macham qui y eft mort.
9
MACHïCORE , grand pays de l'ifle de Madagascar.
Il s'étend depuis la terre d'Yuouronhehoc jusqu'à Car-
canofli. Il eft borné au nord par le pays de Coucha -, du
côté de l'eft Se de l'eit-fud-eft, par la rivière de Man-
dretei Se par les pays des Manamboulles Se d'Alfiflach ;
du côté du midi , par le pays des Ampatres Se par celui
des Mahafales;& du côté du couchant, par les pays de
Houlouue Se de Vouronhehoc. Sa longueur eft égale à
celle de la rivière d'Yonghelahé ,. Se peut avoir foixante-
dix lieues de l'eft-nord-eftà l'ouefl-fud-oueft, & autant du
nord au fud. Il y a envion cinquante lieues depuis Yon-
ghelahé jus%faux provinces d'Ampatre & de Mahafale.
Tout ce pays des Machicores a été ruiné par les guerres :
il ne reconnoiflbit autrefois qu'un feigneur , qui étoit pa-
reillement maître des pays de Chonca , de Manaboule— >
d'Alfiflach Se de Mahafale : il fe nommoit Dian Baloua-
len y c'eft-à-dire maître décent mille parcs. Le pays Se les
enviions étoient floriffans Se riches fous fa domination-
mais après fa mort, fesenfansfe maflacrerent la plupart
les uns les aurres. Dian Manhelle& les Zaffeenrenavoulle
s'enrichirent; mais les autres , favoir , Dian Sorats , Dian
Raual , Dian Rahotci , Dian Mananghe,& quelques au-
tres demeurèrent ruinés. Depuis ce teins les terres n'ont
presque plus éré cultivées ; les habitans ne vivent aujour-
d'hui que de racines Se de bœufs fauvages , Se la crainte
de leurs ennemis les oblige de fe tenir cachés dans le»
bois.
Dian Baloualen avoit laiflé plufieurs enfans. L'aîné que
l'on appelloit Dian Mandreandanghits , voulut attaquée
Dian Manhelie ; maisjil fut tué dans le combat qu'il livra ;
fon corps fut coufu dans la peau d'un taureau , transporté
dans les bois du côte de la mer , & mis fur la fourche d'un
grand arbre , dans le lieu le plus épais de la forer. Son fils
nommé Dian Raual offrit au vainqueur une grofle rançon
pour le corps de fon père ; mais il ne put l'obtenir. Il ne fut
pas plus heureux par la voie des armes : on le tua dans
une embuscade en 16; 3. * Flacourt , Hift. de l'ifle de
Madagascar..
MACH1NG, ville de la Chiite , dans la province de
Huquang , au département de Hoangcheu, cinquième
métropole de la province. Elle eft de 3 deg. 10. min. plus
occidentale que Peking , fous les 3 1 deg. 38 minutes.
* Atlas Sinenfis:
MACHIONTE. Voyez. Chalonitis.
MACHIR , lieu de la Paleftine , félon Ortelius. Il cite
le cinquième chapitre des Juges ; mais dans ce chapirre il
eft feulement queftion de Macbir , chef Se prince de la
famille des Machérites.
MACHL/EI, en grec ua.x^ctlci , peuples de l'Inde,
félon Lucien , in Baccho. Il dir que ces peuples s'éten-
doient le long du fleuve Indus jusqu'à la mer , qu'à la gau-
che en descendant il y avoit un petit bois facré rout cou-
vert de pampres & de lierres, qui ftifoient un ombrage
très-agréable. Dans ce bois, ajoute t-il , il y avoir trois
fontaines d'une eau claire & argentine : l'une confacrée à
Pan , l'autre à Silène , Se la troifiémé aux Satyres. Les jeu-
nes gens buvoient de la première , les vieillards de la fé-
conde , Se les enfans de la rroifiéme. On s'y affembloit tous
les ans à certain jour pour ce fujer.
MACHLESNA. Ko^Cydarus.
MACLOVlUM , Se Macloviopolis , nom latin de
faint Malo , ville épiscopale de Bretagne.
MACHLUBA , ancien village de l'ifle deMalthe, à
quelques lieues de h Valette ; Se dont il ne refte plus au-
jourd'hui qu'un petit cloître , appelle S. Matbeo délia Ma~
cluba , avec une petite églife qui ell auprès. Aujourd'hui
on ne reconnoit point d'autres traces du village. Soit qu'il
ait été abimé , foit qu'il ait fauté en l'air par quelque ou-
verrure de rerrequi s'eft faite en cet endroir-là : on n'y voie
plus qu'un grand creux ou précipice de quarante ou cin-
quante toifes de profondeur , Se d'environ cinq cens pas
de circuir. Au fond de ce précipice , il y a un jardin d'arbres
fruitiers Se d'autres plantes. Quant à Péglife de S. Matbeo
délia Macluba , on y voit venir tous les ans fur des âneâ
une grande foule de monde , que la dévotion y attire;
Quelques merciers Se payfans y accourenr d'ordinaire ,
avec des tourniquets Se plufieurs marchandifes qu'ils dis-
pofent Se étalent tout à l'entour , ou fe placent fur des
rochers dans l'efpérance du gain Se du prix, qui eft afli-
gné à celui qui fe trouve le mieux aflbrti : ce prix con-
Tom. IV B
MAC
10
fille en certains gâteaux faits de chenevis Se de quelques
autres graines , avec du miel, de la farine & d'autres chofes
femblables. Il n'y a point de maifon aux environs de ce
quartier-là. * De la Croix, Rel. d'Afrique, t. 4. p. 194.
MACHLYENSES , peuples de Scythie , auprès des
Palus Méotidcs, félon Lucien, inToxari.
MACHLYES , en grec M^te; , anciens peuples
d'Afrique aux environs des Syrtes, & dans le voifinagedes
Lotophages , félon Hérodote , Melpom. 1. 4. p. 178. qui
ajoute que ces peuples setendoient jusqu'à la rivière Tri-
ton. Pline ,/. 7. c. 2. fait au/fi mention d'eux Al les place
au-deffus des Nafamones , fur la foi de Calrrphanes , il
dit que ces peuples avoient les deux Ccxes, Se fur la foi
d'Ariitote, que leur mammelle droite étoit comme celle
d'un homme & la gauche comme celle d'une femme.
MACHMAS ou Michmas , ville de la Paleftine ,
à l'orient de Béthaven. Eufébe dit que Mackmai étoit
de fon rems un grand lieu , à neuf milles , ou à trois lieues
de Jérufalem vers Rama. Il efl auiîî parlé de ce lieu ,
dans Ifaïe , c. 10. v. 28. où S.Jérôme lit Magmas. Jo-
fephe , Annq. 6. 5. écrit Max/** , Machma. Ortelius dit
que Breirenbach appelle ce lieu Barra , <Scque Brochar-
dus l'appelle Bira. Voyez, ce mor à Bir. , on dit aulïï
El-Bir. * /. Keg. 13. 6.
MACHMES. Voyez. M azyf.s.
MACHMETHATH , ville de la demi -tribu de
Manaffé , au deçà du Jourdain , fur les frontières d'E-
phraïm&de Manaffé, à la vue & vis-à-vis de Sichem.
* Jojué , 16. 6. 17. 7.
MACHOIRE , lieu nommé la Mâchoire . Voyez. Le-
chi.
MACHORB.£, port de l'Arabie Heureufe du côté
de l'orienr , félon Ortelius. Pline , /. 6. c. 28. fait men-
tion de ce port.
MACHOU , groffe bourgade d'Ethiopie au royaume
de Sennar , fur le bord occidental du Nil dans la pro-
vince de Fungi. M. Poncet fe trompe , en la plaçant fur
le bord oriental. Il fe contredit lui-même ,• car dans un
autre endroir de fa relation il dit qu'il traverfa le fleuve
( le Nil ) pour aller à Dongola , qui efl , ajoute-t-il , fur
le bord oriental. Ce fleuve forme en cet endroit deuxifles
remplies de palmiers , de fené Se de coloquintes. Machou
eil le commencement du pays des Barbarins.
MACHOVILLA , ville de la Gaule Narbonnoife ,
félon Paul Diacre , /. 3. c. 8.
MACHRES , ouMahara , village d'Afrique dans
la province de Tripoli propre. Il efl: fitué à l'embou-
chure du golfe de Capes , à rreize milles de rifle de Zer-
bi. On y a bâti une citadelle pour la garde du golfe. *Corrié
Diétionn.
MACHTES.F"^ Lechi & Pila I.
MACHUREBI Se Machures, peuples delà Mauri-
tanie Céfarienne. Ptolomée , /. 4. c. 2. les nomme m«-
£fcp/2o/. Pline, /. j. c. 2. écrir Macurebii , Se les mec
dans la Mauritanie Tingitane.
MACHURIBI , en grec Ma^ap/jSo/ , peuples de la Ly-
bie intérieure , félon Ptolomée , /. 4. c. 6,
MACHUSII , peuples de la Mauritanie Céfarienne.
Lecir nom grec étoit uaxwioi. Ptolomée , /. 4. c. 2. les
place à l'orient des Telad/t/îi , Se les étend jusqu'à l'em-
bouchure du fleuve Cb'malaph.
MAO ou Mazi , peuples voifins de l'Arachofie, fé-
lon Pline , /. 6. c. 23.
MACICRATIS , ville d'Egypte , félon Ortelius qui
cite la chronique d'Eufébe. Il dit qu'elle fut fondée par
les Athéniens. Voyez. Naucratis.
MACIDOS. C'efl ainfi que portoient quelques an-
ciennes éditions de Pomponius Mêla *, mais les dernières
éditions, /. 2. c. 2. n. 6$. écrivent Madytos.11 y en a qui
croyent que c'eft le Madi de Ptolomée , qui fe trguve
feulement dans l'exemplaire de la bibliothèque Palatine,
qu'a fuivi l'interprète latin. Il ne fe trouve point dans
les exemplaires grecs ordinaires. Etienne le- géographe &
Xénophon écrivent m<*<JW -, & Leunclavius veut que
ce lieu s'appelle aujourd'hui Maitos.
MACIE, ville de la Chine dans la province de Kian-
gfi. Elle efl à l'orient de la ville d'Iaocheu. Le P. Mar-
tini dans fon atlas Chinois ne fait aucune mention de
cette ville , qui ne fe trouve pas non plus dans nos meil-
leures cartes.
MAC
MAC1NIUM. Voyez Macynia.
MACISTIA. Voyez. Macistus.
MACISTUM , ville de l'Arcadie , félon Pline , /. 4.
c. 6.
1. MACISTUS, ville de la Triphylie dans le Pélo-
ponnèfe. Elle efl aufîï appellée Flatamflus par Strabon ,
/. 8. p. 34;. qui nomme le territoire de cette ville Ma-
cijïïa. Voyez Magistus Se Mecistus.
2i MACISTUS , montagne de l'ine de Lefbos , félon
Pline , /. j. c. 3 1.
MACNA , ville de l'Arabie Heureufe. Ptolomée,
/. 6.C.7. la place dans les terres entre Tapara Se Ane aie.
MACOCO ou Anzico , grande contrée d'Afrique ,
au nord de la rivière de Zaïre. Elle efl bornée au nord
par le royaume de Mujac ; au nord-efl par le royaume
de Gingiro ; à l'orient par le royaume de Nimeamamie ;
au midi par le pays des Jagos & par la rivière de Zaïre ;
Se à l'occident par le pays de Bokkemeale. Le royaume de
Macoco efl à deux ou 300 lieues de la côte de Congo Se
de Lovango. Les habitans s'appellent Monfoles ou ivleti-
tas. Ce font des anthropophages , auflï-bien que les Ja-
gos , & peut-être que les Jagos tirent leur origine de ces
Monfoles , félon Dapper , Defer de l'Afriq p. 539. Quoi
qu'il en foit, le roi dAnzico commande a treize royau-
mes, Se pane pour le plus puiflant prince de l'Afrique;
on le nomme le Grand Maaco. On prétend que l'on tue,
p. 355. tous les jours dans fon palais deux cens hommes *
foit criminels , foit esclaves de tribut. On apprête la chair
de ces malheureux pour le dîner du roi Se de fes courti-
fans , comme fi c'étoit du boeuf Se du mouton. C'efl par
un rafinement d'une délicateffe barbare qu'on fait cette
cruelle boucherie -, car on ne manque dans le pays ni de
bêtes , ni d'autres proviflons.
Le roi de Macoco a un train fuperbe , Se un palais
fomptueux pour le pays. Les richeffes de ce prince eon-
fiflent en esclaves, en Simbos ou coquilles de Lovando,.
en boesjes ou coquillages des Indes , en quelques petites
pièces d'étoffe ou femblables bagatelles , qu'on ellime
dans ce pays- là autant qu'on ellime l'or Se l'argent en
Europe. Il efl obligé d'entretenir aux frontières de fes états
du côté du nord , un grand nombre de foldats pour ga-
rantir fon royaume des courfes des peuples voifins.
On trouve dans le pays deux fortes de bois de fandal ,
du rouge & du blanc, p. 338. C'efl ce dernier qu'on elli-
me le plus. Les habitans en font un onguent pour fe frot-
ter le corps Se pour fe conferver la famé. Ils le réduifent
en poudre Se le mêlent avec de l'huile de piflme. On y a
des mines de cuivre , beaucoup de rhinocéros , de lions
Se d'autres bêtes féroces.
Les habitans font vigoureux Se leftes. A les voir grim-
per fur les montagnes , on les prendroit pour des chè-
vres. Les femmes ne font pas mal faites. En général ils fe
foucient peu de ia vie , ce qui les rend intrépides dans
leurs entrepri fes. Ils font francs: leur brutalité les rend
néanmoins fuspects aux Européens. On n'ofe entrer en
commerce avec eux. Ils ne mangent guères autre chofe
que de la chair humaine. On en tient boucherie publique.
11 fe trouve des esclaves qui ennuyés de la vie s'offrent à
leurs maîtres pour être égorgés. On n'enterre point les
morts; le ventre des vivans leur fert de tombeau. Les
gens du commun , hommes Se femmes , vont nuds de-
puis la ceinture jusqu'en haut , Se ne portent point de
fouliers. Mais ceux qui veulent fe diltinguer , onr des
bonnets rouges ou noirs, faits de velours de Portugal,
avec de longues robes de foie ou de drap. Ils prennent au-
tant de femmes qu'ils veulent , & fouvent ne fe mettent"
point en peine de nourrir les enfans. 11 fe trouve même
àcs mères qui , des que leurs enfans font nés , les tuent
Se les mangent. Ils n'ont ni champs , ni héritages , ni de-
meures fixes ; ils errent comme les Arabes ; ils ne fement
ni ne moiffonnent , Se ne vivent que de vol Se de car-
nage. Us mènent des esclaves de Nubie Se de leur pays
dans le royaume d'Angole, & en échange ils en rem-
portent les coquillages dont il a été parlé ci-deffus , avec
du fel , de la foie, des verres, des couteaux , &c
Leurs armes font de petits arcs , mais forts j.pour les
renforcer Se en même tems pour les embellir , ils les cou-
vrent de peaux de ferpens. La corde efl un rejetton d'ar-
bre femblablt au rofeau : elle cil fouple , mince Se ne le
rompt jamais. Les flèches font courtes , légères Se d'un
MAC
MAC
bois extrêmement dur. Ils ont des haches de guerre qui
Servent à deux ufages : un des bouts eft aigu Se tranchant
comme une coignée , l'autre eft plat comme un marteau.
Le manche qui eft enchaffé au milieu , eft de la moitié
plus court que le fer : il eft arrondi par le bout comme
une pomme , & garni d'une peau de ferpent. Ils fe cou-
vrent du plat de leur hache comme d'unécu , Se remuent
cet inftrument avec tant d'agilité , qu'ils parent toutes les
flèches qu'on leur tire. Ils portent aufli des poignards Se
des boucliers.
Le foleil eft leur première divinité ; ils le représentent
fous la figure d'un homme. Us adorent aufli la lune fous
la figure d'une femme. Us ont encore une infinité d'ido-
les : chacun à la tienne. Ils leur font des facrifices , lors-
qu'ils vont à la guerre.
MACODAMA , ville maritime de l'Afrique propre,
fur la petite Syrte , félon Ptolomée , /. 4. c. 3. C'eft une
des Macomades d'Antonin qui en connoït trois en Afri-
que , & il y a apparence que c'eft aujourd'hui la ville de
Mahomette.
MACOLlCUM , ville de l'Hybernie dans les terres ,
félon Ptolomée , /. 2. c. 2. Mercator prétend que c'eft au-
jourd'hui un lieu nomméMalck dans les cartes modernes.
MACOMACA. Voyez. Calvmacvma.
MACOMADA ou Macomadia, lieu fur la grande
Syrte , félon l'itinéraire d'Antonin. La conférence de
Carthage en fait une ville épiscopale de la Numidie. On
y lit , p. 260» édit. de Dupin : Aurelïus cpiscopns ecclefim,
Catholicœ civitatïs Magomagienfis, où Magomagir.nfis eft
pour Macomadienfis , La notice des évêques d'Afrique
fait auifi mention d'un évêque de Macomadia , qu'elle
nomme, p. 65 S. Vardalius Macomadienjis. Voyez. Ca-
1UMACUMA.
MACOMENA , village près de Jérufalem , félon
Guillaume de Tyr , cité par Ortelius.
MACOMER , château Se village de l'ifle de Sardai-
gne dans fa partie feptentrionale Se à l'orient d'Alghieri.
On croit que c'eft l'ancienne Macopjifa. * Baudrand ,
édition 1705.
MAÇON. Voyez. Mascon.
MACOPIN , nom que l'on donne depuis peu à une
partie de la rivière des Ilinois , comprife depuis la ri-
vière de Chécagon jusqu'aux Miamis.
MACOPSISA, ville de Sardaigne. Ptolomée , /. $.c.
3. marque Muxo-^ia-a., Mac opfifa dans les terres. .
MACORABA , ville de l'Arabie Heureufe. Ptolomée,
1.6. c. 7. place MaKopdjia. , Macoraba dans les terres,
entre Bx.ma Se Sata.
MACORIS , rivière de l'ifle Espagnole , qui fe dé-
charge dans la mer à la côte du fud , à fix ou fept lieues
de San-Domingo. C'eft la plus navigable Se la plus pois-
fonneufe des rivières de cette ifie. On ajoute qu'elle eft
pour le moins aulîi large que la Charente à Rochcfort,
mais fon cours n'eft pas fort long. * Le Pi. de Cbarle-
voix y Hift. de S. Domingue ,Li<
i.MACOUBA, rivière de l'Amérique dans une des
Antilles. Elle donne fon nom à un bourg Se à une pa-
roiffe de la bande du nord de la Martinique. Elle tombe
comme les autres des montagnes voifines , Se court entre
deux falaifes escarpées Se coupées presqu'à plomb. On
trouve fous les falaifes de grandes voûtes comme des
arcades naturelles , avec des trous ronds de leurs ceintres ,
qui percent fort avant Se paroiffent comme des tuyaux
de cheminée. Cette rivière a environ quarante pieds de
large & deux pieds d'eau.
2. MACOUBA , bourg Se paroiffe de l'Amérique dans
l'ifle de la Martinique à la bande du nord. L'églife parois-
fiale eft dédiée à fainte Anne -, elle eft deffervie par les
Jacobins. Le père Labat qui en a été quelque tems curé ,
trouva qu'en i(594.elle étoit compofée de deux cens vingt-
neuf communians , foixante-dix-huit enfans, &fixcens
quatre-vingt-feize Nègres grands & petits. Il îfy avoit que
cinq habitations où l'on fît du fucre ; plufieurs des autres
s'occupoient à la culture du roucou , de l'indigo & du
cacao. 11 y avoit un nombre de différens ouvriers Se plu-
fieurs autres qui ne s'occupoient qu'à la culture dû ma-
nioc , «à la nourriture des beftiaux Se des volailles , qui
n'étoit pas le moins confidérable du commerce , puisqu'il
vient du fond de la terre. Le nom de Macouba lui
pourroit venir de la quantité de poiflbns que l'on y
I t
pêche , que l'on nomme indifféremment Teflar ou Ma-
coubas. Ils ont la tête large & charnue , leur corps eft
presque rond ; leur peau eft noire Se fort fine , Se leur
chair eft blanche , graflê Se délicate.
MACOURIA , rivière de l'Amérique feptentrionale ,
à l'oueft de Cayenne , Se qui ne peut avoir un cours fort
long. Il y a à l'embouchure de cette rivière un banc de
fable qui s'étend fort au large dans la mer , Se fur le-
quel il n'y a que peu d'eau. C'en eft aflez pour des ca-
nots , mais non pour des barques , ni pour des vaiffeaux ,
cependant cela fuffit pour le commercé qui fe fait le
long de cette côte qui eft remplie d'habitans qui ont des
fucreries , ou d'autres manufactures. * Voyage du Che-
valier des Marchais , t. 3. p. 200.
MACPHELA. Ce terme hébreu fignifie Double , fé-
lon D. Calmet , Diïi. de la Bible , 8c l'auteur de la Vul-
gate l'a pris dans ce fens ; en parlant de la caverne qu'Abra-
ham achera auprès d'Ephron dans le territoire de la ville
d'Hébron , pour y enterrer Sara fa femme. Mais d'autres
croient avec aflez dé raifon , que Macphela en cet endroit-
là eft le nom du champ où étoit fituée cette caverne , ôc
qu'il faut rraduire Speluncam duplicem par la caverne
qui cfi à Macphela ; c. 2 3 . 8. Se plus bas , c. 1 7. Ager
in quo eratfpelunca duplex , par le champ. ...où étoit la
caverne Macphela. Un homme favant dans la langue ara-
be nous a averti qu'en cette langue Macphela fignifie fer-
mé, muré. 11 croit que la caverne Macphela étoit uri
tombeau creufé dans le roc , & fermé exactement , ou
même muré de peur que l'on y entrât , ou que les voleurs
ne s'y retiraflent , ou qu'enfin on ne la violât, ou qu'or»
ne la profanât en quelqu'autre manière. On voit encore
dans l'orient des tombeaux àinfi fermés Se murés. Cette
conjecture eft certainement fort probable. Ainfi il faudroic
traduire la caverne fermée , au lieu de la caverne Mac-
phela. Saurin parle de cette caverne dans fes discours
hiftoriques , critiques , théologiques Se moraux fur les
événemens les plus mémorables de l'ancien Se du nouveau
reftanaent. Dans cet ouvrage qui eft rempli d'une érudi-
tion aufli profonde que fage Se choifie , il dit , 1. parti.
Disc 11. p. 154. edit.fol. Abraham demanda aux princi-
paux desHétiensdefe joindre à lui pour perfuader Hé-
phron qu'il lui cédât un champ dans lequel étoit une ca-
verne que le texte hébreu appelle Macpela. Soit que
c'eût été-là un nom propre , ce qui paroît fe prouver pan,
le verfet 17. du vingt-troifiéme chapitre de la Genèfe i
dans lequel le champ où étoit cette caverne eft appelle
Macpela, foit qu'elle ait été double, félon la fignifica-
tion de ce mot. Les mouvemens que les favans fe font
donnés pour trouver les raifons qui auroient fait appeller
cette caverne Double , ne nous paroiffent pas devoir être
rangés parmi les foins les plus importans qu'ils ont pris
à cette occafion.
Si l'on pouvoit , pôurfuit-il , ajouter foi aux relations
des voyageurs , nous aurions des fecours pour nous for-
mer une idée exacte de la caverne de Macpela, Plufieurs
prétendent l'avoir vue, Se nous en font des deferiptions
circonftanciées. Mais ces relations , presque toujours fu-
fpeétes , doivent l'être particulièrement dans ce qui con-
cerne ces lieux que l'Ecriture fainte rend mémorables.
Que ne prétend-t on point faire voir à ceux qui entre-
prennent le voyage de la Paleftine ? & que ne leur pro-
duit-on point pour les dédommager de leurs fatigues ?
1. MACRA , lieu de la Macédoine , félon Tite-Live ,"
/. 32. c. 1 3. Il dit qu'on l'appelloit auffi Come.
2. MACRA , rivière d'Italie , qui féparoit I'Etrurîe de
la Ligufie. Pline,/. 3. c. f. en fait mention. Ptolomée ,
h$.c.x. appelle cette rivière Maxpa'Ma, Macralla. C'eft
aujourd'hui le Magra.
3. MACRA , lieu d'Italie , félon Strabon , /. 5. p. 222.'
Il dit que plufieurs écrivains le prenoient pour la borne
entre l'Etrurie Se la Ligurle.
4. MACRA , ifle du Pont-Euxin dans le golfe de Car-
cine, félon Pline, /. 4. c. 13. Ce nom lui venoit fans
doute de fa longueur.
y. MACRA , ville de Macédoine. Elle a été aufli nom»
mée Orthagoria. Son ancien nom étoit Stagira»
Voyez, ce mot.
MACR/E , lieu au voifinage d'Athènes, où Erichto-
nius , à ce qu'on difoit , avoit été englouti par la terre 3
félon le témoignage d'Euripide , in Ion. cité par One-
B i;
MAC
12
Sius. C'étoit une caverne dans le rocher de Cecrops , fé-
lon Paufanias m Atticis.
M ACR^EUM , montagnes de la Troade , félon Etiea -
ne le géographe , cité par Orrelius.
MACRALES , peuple d'Italie , l'un des cinquante
trois peuples de l'ancien Latium , qui ne fubfiftoient dé-
jà plus , Se dont il ne reftoit plus aucune trace du teras
de Pline, /. 3. c. r.
MA CRAN. Voyez. Mecran.
MACRA*NESUS,ou Macris. Voyez. Hélène i.
MACRANI , bourg ou petite ville des Volsques , fé-
lon Caron dans fes origines \ il eft cité par Ortélius.
1 . M ACRAS , nom d'un champ dans la Cœléfyrie ,
félon Strabon , /. 16. p. 75- y. Il étoit limitrophe d'un
canton nommé Marfyas dans la même contrée , félon
Niger cité par Ortélius. Ce champ fe nommoit MarzÀ.
2. MACRAS , ou Macrai,ou même Acrai , lieu
près de Syracufe où campa Dion , félon Plutarque , in
D'ion.
MACRE. Voyez. Macres 2.
MACRENI , peuple de l'iûe de Corfe. Ptolomée, /.
3. c. 2. place les Mautpwo) , Macrenii, dans la partie fep-
tentrionale de l'i/le , au-defTous des Licmini , Se audeflus
des Opini.
1. MACRES , petite ville de la Turquie en Afie, fur
la côte méridionale de l'Anatolie, au fond d'un golfe , à
l'entrée duquel l'iile de Rhodes eft fituée , & que les an-
ciens appelloient Glaucus Sinus. Il prend maintenant le
nom de golfe de Macres, fi nous en croyons Baudrand.
De l'Ifle l'appelle golfe de Macri. Berthelot ne fait de
cette prétendue ville qu'une mauvaife bourgade , nom-
mée Macari.
2. MACRES , ou Magra. Voyez. Cinyps i.
1. MACRI , village de la Turquie en Europe dans la
Romanie , fur le détroic des Dardannelles , auprès de
Rodofto. C'étoit anciennement une ville appellee Ma-
crontichos , parce qu'elle étoit à l'extrémité de la longue
muraille , que les empereurs de Conftantinople aboient
bâtie depuis la Propontide jusqu'à la mer Noire , afin de
garantir la capitale des infultes des barbares , qui venoient
fouvcnt jusqu'aux portes. Baudrand parle mal à propos à
ce fujet de l'ifthme de Corinthe , avec lequel cette mu-
xaille n'a rien de commun. * Baudrand retlifJ.
2. MACRI , bourg de l'Archipel dans l'iile de Samos ,
fur la côte de la Natolie. On croit qu'il eft fur les ruines
de la Y anormus des anciens. Voyez, ce mot , n. 2. * Bau-
drand retTifiê.
j. MACRI , lieu dans la Mauritanie Céfarienne , fé-
lon l'itinéraire d'Antonin. Il le met fur le chemin de Sitifi
à Céfarée, entre Cellas &Sabi, à vingt-cinq mille pas
de la première , Se à même diftance de la féconde. La ta-
ble de Peutinger , au lieu de Macri , lit Magri. La notice
d'Afrique dans la Mauritanie Sitifenfe, fait mention d'un
évêque nommé Emeritys Macrenfis , Se la conférence
de Carthage parle d'un autre évêque appelle Maximas
Macrenfis .
1. MACRI A , ifie des Rhodiens , félon Pline , /. j. c.
3i.
2. MACRIA, montagne de l'Ionie chez les Te», fé-
lon Paufanias , in Achaic. I. 7. e. 5. Il dit qu'il y avoit des
bains dans cette montagne.
MACRIADES , écueil dans la Propontide , dans le
voifinage de Cyzique , félon Ortélius , qui cite Apollo-
nius .1.1.
MACRI/E. Voyez Machlyes.
MACRIANENSES. Voyez. Macri i.
MACRIANENSIS , fiége épiscopal d'Afrique dans
la Mauritanie Sitifenfe ; la conférence de Carthage four-
nit Félix Macrianenfu , ôc la notice d'Afrique , Reflua-
nts. * Harduin. CollcdE conc.
MACRIANENSIS-MAJORIS, fiége épiscopal d'A-
frique dans la Byzaccne. Fcrox fon évêque fouscrivir au
concile de Carthage , tenu l'an 397-, & la conférence de
Carthage fait mention de Pomponius Macnanenfis-Ma-
joris , évêque Donatilte. Harduin. Collect. conc.
MACRIE/E. Voy cz.Macrohv.s.
1. MACRIS, iilede la merde Pamphilie , félon Pli-
ne , /. 4. c. 12.
2. MACRIS , ifie dans la mer de Rhodes , félon PH-
ae , /. $<*c. 31.
MAC
3 . MACRIS , ifie de la mer Ionienne , félon Tite-
Live , /. 37. c. 1 3. Ce fut dans les ports de cette ifie que
Polyxénidas fe rendit , pour attaquer avec avantage la
flotte des Romains à fon partage.
1. MACROBII , peuples d'Ethiopie fur l'Océan At-
lantique, félon Denysle Périégete , v. 559 , & c. 33. Ils
habitoient principalement I'Erythea. Voyez ce mot. On
croit qu'ils étoient Phéniciens d'origine. * Solinus , c. 16.
2. MACROBII , nom que l'on donna aux habitans de
l'ifle de Méroé , félon Pomponius Mêla, /. 3. c. 10. Il
prétend qu'on les appella de la forte , parce qu'ils vivoient
très-vieux. Sénéque , Pline & Solin mettent aufii des peu-
ples nommés Macrobii dans l'Ethiopie orientale.
MACROBIORUM Insul^ , ifles du Gange , félon
Ortélius qui cite Glycas.
MACROCEPHALI , peuples d'Afie , voifins de la
Colchide , félon». Etienne le géographe. Ils étoient ainfi
nommés à caufe de la longueur extraordinaire de leur
tête. Pline , /. 6. c . 4. Se Pomponius Mêla , /. 1 . c. 1 9. v.
80. les placent au voifinage de la ville Cerafus. Théo-
phrafte , de aère & aquis , fait auffi. mention de ces peu-
ples. Voyez. Macrones.
MACROCREMINI , montagnes aux environs des ri-
vières Iftrus & Tyra , félon Pline , /. 4. c. 24.
MACRONES , peuples du Pont , fur les bords du
fleuve Abfarus , Se dans le voifinage du fleuve Sydenus,
félon Pline , /. d. c. 4. & c. 40. Euftathe les dit plus orien-
taux que les Bécbiri , & Xénophon les place dans le voi-
finage des Scythini. Strabon , /. 12. Se Etienne nous ap-
prennent que de leur tems ces peuples fe nommoienc
~2.£.vvoi , Sanni ; ôe on lit Sami dans la traduction latine
de Strabon par Xylander , mais il y a apparence quec'cft
une faute d'impreiîîon. Euftathe ajoute que de fon tems
ces peuples étoient auffi appelles Sanni ,- mais plus ordi-
nairement t'Çô.voi , Tzani. Pintaut croit qu'Arrien les ap-
pelle Macbelones , ôc qu'Apollonius , /. Ar^on. 1. les
nomme Macriea , ôc qu'on leur donna ce nom , parce
qu'ils étoient une colonie des Eubéens ; car l'Eubée avoie,
été aufii appellee Macris. Mais il eft confiant que Xéno-
phon ôc Arrien , Pont. Eux.perip. p. 11. font deux peu-
ples différens des Macrones ôc des Sanni.
MACRONISI , ifie de Grèce , dans l'Archipel , félon
La Guilletiere , Athènes ancienne & nouvelle , l. 1. pag.
106. Les Italiens l'appellent ifolalonga ; ce qui fignifie la
même chofe que le mot grec Macronifi. Au nord-eft de
cette ifie on trouve des bancs de fable très dangereux. Sa
longueur qui eft de deux lieues , court de l'eft-nord-efl à
l'oueft-fud-oueft , mais fa largeur n'eft pas de plus d'une
demi-lieue. On la nommoit autrefois ifie a" Hélène , parce
qu'Hélène y aborda à fon retour d'Ilion. Elle n'eft habi-
tée que par des Caloyers qui y demeurent , Se qui y vivent
avec beaucoup d'auftérité. Ce font des religieux de faine
Bafile.
i.MACRONTICHOS, c'eft-à-dire longue muraille.
C'étoit une ville de la Thrace , félon Pline , /. 4. c. 1 1.
Elle étoit bâtie fur l'ifthme même, ôc de cette ville qui
étoit fur la côte de la Propontide , jusqu'au golfe Me-
lanis , on avoit tiré une muraille, qui féparoit la Cher-
fonnèfe du continent. Les anciens, félon Procope, JEdijic.
I. 4. c. 10. avoient bâti fur^ifthme une muraille qui pou-
voit être prife fans peine , ôc qui étoit aufii baffe , que fi
elle n'eût été faite que pour enclore un jardin. Ils avoient
élevé aux deux côtés de l'ifthme deux moles fi foibles ôc
fi méprifabîes, qu'ils fembloient plus propres à faire en-
trer l'ennemi qu'à le repouffer.. Us s'imaginoient cepen-
dant que ces murailles ôc ces moles étoient imprenables ,
& fur cette imagination , ils n'avoient élevé aucune for-
tificafion dans la Cherfonnèfe, quoiqu'elle eût le chemin
de trois journées en longueur. Juftinien qui veilloit avec-
une application continuelle au bien de fes fujets, fit abat-
tie entièrement la vieille muraille , fans en biffer le moin-
dre veftige, ôc en fit élever au même endroit une autre
d'une hauteur & d'une largeur fort raifonnable. Au-deffus
des créneaux il fit faire une galerie voûtée , afin que les
foldars fu fient à couvert -, ôc au deffus de cette gaflerie , il
fit faire un autre rang de créneaux , afin de doubler le
nombre des foldats. Aux deux bouts il fit confiruire deux
moles ,& il les fit élèvera une hauteur égale à celle des
murailles. Il fit nettoyer les foffés , 5c les fit creufer d'une
largeur ôc d'une profondeur extraordinaires. Il y mit de
■ft
AC
MAD
plus une gnrnifon nombrcufe , Se capable de garder la
grande nui i aille »& de repouffer ceux à qui il prendroit
envie de l'attaquen,
2. MACRONTICHOS , c'étoit le nom d'une autre
grande muraille , àùffi bâtie dans la Thrace. Procope en
parle, Mdific* l. 4. c. 9. II dit que , pour garantir l'ifthme
de la Thrace des courfes des ennemis , l'empereur Ana-
ftafe avoit fait bâtir à quarante milles de Conftantinople
une muraille longue de l'efpacede deux journées de che-
min , & qui touchoient d'une mer à l'autre. Ce prince
s'imagina avoir pourvu à la fureté des maifons qui étoient
dans cette enceinte. Mais ce qu'il avoit fait , fut trouvé
plus incommode qu'utile , & la muraille , pour avoir trop
d'étendue , n'eut pas allez de folidité. Il falloit un nom-
bre prodigieux de foldats pour la garder , Se de quelque
côté que'viniïcnt les ennemis , ils en prenoient une p€(ftie
& chaflbient l'autre. L'empereur Juftinien fit réparer
tous les endroits des murailles qui étoient tombés par ter-
re ; Se de plus , pour la fureté de la garnifon , il fit bou-
cher les portes par où l'on alloit d'une tour à l'autre ; &
il fit faire une porre par en bas Se un degré à chaque tour.
Ceux qui gardoient ces tours, fermoicntles portes quand
il étoir néceflaire, Se , fe tenant à couvert , ils méprifoient
les efforts des ennemis. Evagrius,/. 3. Nicéphore, /. \6.
c. 34. Se Suidas, in Avaçàa-to? , parlent auiîi de cette mu-
raille.
3. MACRONTICHOS , autrement les Jambes , en
latin Criera , Se en grec IkIùh. Grandes murailles qui joi-
gtioieht là ville d'Athènes au Piree. Selon Plutarque , in
Cimone ; elles furent véritablement bâties après Cimon ;
mais ce fut lui qui des fruits de la victoire qu'il avoit
remportée fur les Perfes , fit jecter les premiers fonde-
mensdeces murailles, avec beaucoup de travail & une
grande dépenfe. Car comme le terrein où l'on étoit obli-
gé dé les alïcoir , fe trouvoit au milieu des eaux Se des
marais, il fallut deflecher Se confolider les marais , à force
de cailloux Se de grofiè pierres de taille qu'on y jettoit , Se
faire ainfi-ecs fondations à pierres perdues. Selon Thucy-
dide,/, t. p. lo^on appella aulïï une de ces murailles la
muraille du FWFe , Se l'autre la muraille de Phalere. La
première étoit longue de quarante ftades , Se la dernière
de trente-cinq.
MACROPOGONES , peuples de la Sarmatie Asiati-
que aux environs du Pont-Euxin , félon Strabon, /. ir.
p. 492. Ces peuples laiffoient croître leur barbe ; carie
mot grec Màutf)Q7rœyw0 , fignifie longue barbe.
MACROPROSOPI. Voyez Hipi-iotrosopi.
MACROS. Voyez. Bagrada.
MACR.OS. Voyez. Macodama.
M ACRYES. Voyez Machly? s.
MACR1NIUM. Voyez Macynia.
MACTARUM , ou Macïari , ville de l'Afrique pro-
pre. Il ne faut point confondre cette ville avec celle de
Matari ou Mattari. Dans la notice épiscopale d'A-
frique de la province deByfacène, on trouve deux fiéges
presque de même nom ; favoir , Maclaritana , n°. j. Se
Mattàfitana > n°. 50. Se dans la conférence de Carthage
il paroît deux différens éveques de ces fiéges , favoir:
Comparât er episcopus Mallaritanus , donatifte , & Culta-
fius episcopus pleins Mataritan& , catholique , encre les
cvêquesqui affilièrent au concile de faint Cypricn , tou-
chant le baptême des hérétiques : il eft fait mention de
Marcus à Mattari , qui étoit évêque de Maffarum, fi
on lit comme il y a dans faint Cyprien ; mais qui auroit
été évêque de Mattari , fi on lifoit comme lit S. Au-
guftin ?
Pline , /. y. c, 4. parle d'une ville nommée Matterenfe
oppidum , qu'il met dans les terres, Se Caffiodore , de
Divinis Inflituttonih, c. 29. fait mention d'un Victor Mar-
tariter.us , évêque d'Afrique 3 Martaritanus eft peut-
être mis pour Mattaritanus.
MACTOIllUM , ville ancienne de la Sicile , au-deffus
de celle de Gela , félon Hérodote, /. 7. c. 153. Aretius
prétend que c'eit la ville de Ma char a , dont parle Cicé-
ron , c\:que c'elt aujourd'hui la petite ville de Mazarino.
Mais Fazelln'cft point de ce fentiment. Fulvius , au lieu
de Matharertftrs , lit dans Cicéron , Imacharenfcs. Voyez
MACHARA Se, ÏMACHARENSKS.
MAÇU . rbrtèreffe de la Chine dans la province de
Suchuen. Elle eft de quinze degrés quarante minutes plus
Î3
occidentale que Péking , fous les 27 deg. 44 min. de lati-
tude. * Atlas Sinenfis.
MACUAouMacum, bourg ou petite ville d'Ethio-
pie fous l'Egypte , félon Pline, /. 6. c. 29.
MACUN AH , ville du pays nommé Habafchah , c'eft-
à-dirc des Abyffins ou de l'Ethiopie , félon d'Herbelot ,
Biblioth. orient. Elle eft fituée fur la mer rouge , à l'orient
de la ville Calgiun.
MACYNIA , ville de l'Etolie , félon Strabon, /. 10.
p. 45 1. & 460. qui la place au pied du mont Taphiafus.
Il écrit indifféremment Mautwia Se Mcwlvw. Au lieu de
Macynia on ttouve Macyna dans Plutarque , in moralib.
Se dans Pline , /. 4. c . 2. ©n lit Macynia , ville d'Etolie ,
Se Macynium , montagne de la même contrée.
MACZARAT , alfûdân, nom des cafesou habitations
des Nègres. C'eft une maifon grande , fpatieufe Se force
à leur manière. Ils s'y retirent pour fe garantir des in-
curfions de leurs ennemis. Edriffi en fait fouvent mention
dans le premier climat de fa géographie. Mais il femble
qu'il faille plutôt lire Macforat, ou que le mot Maczarat
foit ufité par corruption dans le pays de ces Nègres , qui
habitent l'intérieur de l'Afrique fur le Niger ou Nil occi-
dental. * D'Herbelot , Biblioth. orient.
MACZUA ou Matzua , ifle de la mer Rouge fur la
côte occidentale près du port d'Arkiko. Elle appartient à
préfent aux Turcs, qui font maîtres du port d'Arkiko.*
Ludolfi, Hiftor. /Ethiop. 1. 1. n°. 29. 2. Voyez Mazua.
MADABA , Madeba , Medaba ou Medara, ville
de la Paleftine au-delà du Jourdain , dans la partie méri-
dionale de la tribu de Ruben , Jofué , 1 3. 16. Les Moa-
bites s'en emparèrent , Ifaïe, \6. 2. Eufébe dit que Me-
daba n'étoit pas loin d'Efebon ou Chesbon. Les habitans
de Médaba ayant tué Jean Gaddis , frère de Judas Ma»
chabée, comme il alloit au pays des Nabathéens, Jofephe,
antiq. 1. 13. c. 1. /. Mach. 9. 16. er fuiv. bientôt après1
Simon Se Jonathas fes frères vengèrent fa mort fur les
fils de Jambri , qui menoient une fille de Médaba dans la
maifon d'un homme de qualité du pays qui l'avoit épou-
fée. * D. Calmet , Dictionn.
MADJEl. Voyez Media Se Medie. Confultez ce
dernier.
MADAGASCAR , ifle le long des côtes orientales de
l'Afrique. C'eft la plus grande que l'on connoifïè dans
l'univers ( a ). Elle tient depuis les 1 1 degrés 1 2 minutes,
jusqu'à 25 deg. 50 min. de latitude méridionale, ce qui
fait 336" lieues françoifes de longueur (b). Elle a 120
lieues dans fa plus grande largeur , & elt fituée nord-
nord eft Se fud-fud-oueft. Sa pointe au fud s'élargit vers
le cap de Bonne-Efpérance -, mais celle qui eft au nord efl
beaucoup plus étroite Se fe courbe vers la mer des Indes.
L'on croit qu'elle a 800 lieues de tour. Elle a été vifitée
de toutes les nations de l'Europe qui navigent au-delà de
la ligne, Se particulièrement des Portugais, des Anglois,
desHollandois Se des François. Les premiers l'appellerent
ifle de S. Laurent , parce qu'ils l'avoient découverte le
jour de la fête de ce faint en 1492. Les autres nations l'ont
nommée Madagascar ; les François lui donnèrent pour-
tant en i66j. le nom d'ifle Dauphine, 8e les natutels du
pays la nomment MadécafTe. Les anciens géographes l'ont
auffi connue , quoiqu'aflèz imparfaitement. Voyez Cerne
1 . (a). Flacourt , Hift. de l'ifle de Madagascar , c. 1 . ( b )
Renncfort , Hift. des Indes orientales, c. 23.
Toute la côte de l'eft courr au nord-nord-eft Se fud-
fud-oueft, depuis la pointe d'Itapete dite Fitorah jusqu'à
la baie d'Antongil ; Se de la baie d'Antongil jusqu'au
bout de l'ille , la côte court droit au nord. * Flacourt ,
cap. 1 .
Depuis la pointe d'Itapere jusqu'aux Caremboulles , la
côte court à Poueft en faifant une efpéce de quart de
cercle. Le long de cette côte font l'anfe Dauphine , nom-
mée par les gens du pays Tolonghare, l'anfe de Ranou-
fouthi nommée par les Portugais l'anfe aux Gallions, Se
l'anfe de Caremboulle nommée par les Hollandois leur
Cimetière , parce qu'un gros vaifleau qui leurappartenoir,
fit naufrage dans cet endroit , Se que la plus grande par-
tie de l'équipage fut mafîacré dans la province de |Ca-
remboulle.
La pointe d'Itapere eft fituée fous les 2 y deg. 6 min.
de latitude méridionale ; la pointe de l'anfe où eft le fort
Dauphin eft fous les 25 deg. 10 min. de latitude méri-
/
i4 MAD
dionale, à deux lieues de la pointe d'Itapere; & î'ânfc
Dauphine fe trouve entre ces deux poinres.La variation de
l'aimant eft au nord-oueft 19 degrés. Depuis l'anfe Dau-
phine il peut y avoir cinquante lieues jusqu'à l'anfe de
Caremboulle qui eft fous les 25 deg. 30 min. de lar. mér.
Enfin , depuis Caremboulle jusqu'à la bouche de la
rivière Sacalite , la côte s'étend au nord-oueft depuis la
Sacalite jusqu'au 1 7 degré de latitude méridionale , elle
va presque au nord en déclinant un peu au nord-quart de
nord-eft ; ôc depuis le 17 deg. jusqu'au 14 la côte s'étend
au nord qui eft le bout de l'ifle. Toute cette côte eft entre-
coupée de belles ôc grandes rivières , de baies & d'anfes ,
où il y a de très-bons ports.
L'Intérieur de l'ifle eft plein de montagnes hautes ôc
droites. Il ne laide pas d'y avoir des plaines fpacieufes ,
des pâturages très-gras , des rivières ôc des étangs où le
poiflbn abonde j des fontaines agréables dont l'eau eft
peut-être la meilleure de l'univers , & de grands bois
toujours verds. Dans plufieurs endroits les citroniers ôc
les grenadiers fe mêlentavecd'autres arbres qui produifenc
des fleurs femblables à celles du jasmin d'Espagne , ôc ce
mélange forme naturellement des berceaux qui furpaffent
route l'adreffe & la régularité de l'art. Ces beaux lieux fe
rencontrent fur-tour à quelques milles de la mer , & le
fable délié que le vent y porte eft propre à les entre-
tenir dans leur beauté. On fe plaint pourtant de ce que
dans la plupart des bois il y a des foffes où l'amas des feuil-
les ôc des branchages , des eaux de pluie ôc de fource , en-
gendrent une pourriture qui corrompt l'air , ôc rend les
habitations voifines un peu malfaines aux étrangers.
Cette ifle fe divrfe en plufieurs provinces ôc régions ,
habitées par diverfes nations qui ont toutes un même
langage , mais qui font de différentes couleurs, de diffé-
rentes mœurs ôc presque toutes fans religion. Il faut en
excepter les peuples que l'on nomme Zafferamini ou Rhai-
mima qui habitent la bande du fud. Ils font entichés de
quelques fuperftitions de la religion Mahométane. Il y
en a d'autres vers la bande du nord , qui fe difent Zaffehi-
brahim , c'eft-à-dire lignée d'Abraham , ceux-ci tiennent
quelque chofe du Judaïsme , ôc ne connoiffent point
Mahomet.
Depuis la baie d'Antongil en venant vers le fud, tout le
pays le long de la côte a été découvert par les François
jusqu'à la baie de S.Auguftin,comme aufli toutes les terres
qui font dans le milieu de l'ifle , depuis le pays des Vohits-
Ânghombes , qui font fous le dix-neuviéme degré jus-
qu'au bout du fud ■-, ainfi on a découvert toutes les pro-
vinces fuivantes :
Vohits-Anghombes, Anachimoufi ,
Eringdranes , Matatanes
Antavares ou Mananzari , Alhffach pays de la vigne ,
Ambohitfmenes , La vallée d'Amboulle ,
Enghallenvoullon , Anoflî ou Androbeizaha ,
Noflîhibrahim ou ifle Ste Ampatres ,
Marie , Caremboulles ,
Lamanouf , Machicores ,
Journboin , Mahafalles ,
Itomampo , Jouronhehoc ,
Manamboulle , Houlouue ,
Icondre , Siueh.
Toutes ces provinces font aflez grandes \ la moindre
eft comme la Brie. Machicore la plus grande de toutes a
environ 70 lieues de longueur &.40 de largeur. Les plus
peuplées font les Vohits-Anghombes ôc les Eringdranes.
Ces pays font en perpétuelle guerre les uns contre les au-
tres. Ces guerres ont pour prétextes de vieilles querel-
les, &pourcaufe véritable, le defirde fe piller les uns
les autres & de s'enlever des beftiaux.
Divers petits tyrans qui ont ufurpé l'autorité s ou par
force ou par adreffe , gouvernent ces provinces. Les en-
fans fuccedent aux pères , ôc la même famille tient ainfi
les habitans de fa contrée fous un joug continuel.
Les principales rivières de cette ifle font ,
Franshcre , Vohitsmenes ,
Manampani ou Mana- Mandreiei ,
tengha , Yqnghelahé , ou de S. Au-
Mangharac , guflin.
Mananzari,
La quantité des bœufs ôc des vaches que l'on trouve
dans l'ifle de Madagascar eft prodigieute. On y voit des
MAD
bœufs de trois espèces. Les uns ont des cornes comme
ceux de France , d'autres les ont pendantes , ôc d'autres
n'en ont point. Tous portent entre les épaules une boffe
de graiffe en forme de loupe , ce qui les avoit fait prendre
par quelques voyageurs pour des chameaux.
Les moutons ont une queue qui traîne de demi-pied
par terre. Il y a des cochons domeftiques , des cochons
fauvages ôc beaucoup de cabris. On y rencontre aflez
fouvent un animal de la nature du loup ôc encore plus
vorace. Les habitans le nomment farafe -, ils le craignent
extrêmement , ôc entretiennent dans leurs cafés du feu
jour ôc nuit pour lui faire peur. Il y a des endroits peu-
plés de finges fort méchans. Les chiens , les porcs-épis 3
ôc les chars fauvages y font en grande quantité i ces der-
niers font aufli peureux que nos lièvres.
}gs couleuvres font communes dans cette ifle ; on en
voit de la groffeur de la cuiflè , mais elles ne font au
cun mal. Il y a aufli des caméléons.
Dans les rivières ôc les étangs on pêche de toutes fortes
de poiflbn d'eau douce ; ôc fur les côtes de la mer on prend
des raies, des foies, des dorades, des rougets,. des tur-
bots & des bonites. Les huitres y font grandes comme la
main , mais un peu douces.
Il y a quantité de perdrix rouges ôc grifes ; elles font
d'environ la moitié plus petites que celles de France , ôc
moins fucculentes. Les tourterelles , les ramiers ôc les
séroquets gris font aflez communs. Ces derniers fur-tout ,
orsqu'iîs font jeunes , ont un goût exquis -, les canards ÔC
es farcelles s'y trouvent en abondance. On voit aufli
des faifans , des poules pintades , des poules communes ,
des poules d'Inde dont la race y a été portée d'Europe , ôc
des oifeaux aufli grands que des cygnes , on les nomme
flamans , ils ont les pâtes rouges , ôc volent extrêmement
haut. Les mouches à miel ôc les vers à foie y travaillent
fur presque tous les arbres.
On trouve à Madagascar une noix qui fenr toutes for-
tes d'épiceries , de la groffeur de la muscade , plus brune
ôc plus ronde ; cette noix eft très commune. Le poivre eft
en petite quantité vers le fort Dauphin , parce qu'il n'eft
pas cultivé ; il vient par grapes fur des aroiifleaux rem-
pans , ôc les grains font fort éloignés les uns des autres.
Le raifin n'arrive pas à maturité , non plus que le bled ;
l'orge ôc l'avoine viennent mieux. Les arbres nommés ta-
marins portent un fruit de la longueur d'une grande
écorcede fèves. Il y a des racines rouges ôc blanches très-
bonnes à manger. Le riz blanc croît en abondance , quand
il eft cultivé dans les marais ; le rouge produit beaucoup
furies montagnes. Entre les arbriffeaux , on en remarque
un dont la feuille eft femblable à celle du philariat , ôc
propre à chaffer les humeurs malignes du corps humain.
Outre les citrons , les oranges ôc les grenades qui font
d'un goût charmant , l'ananas peut paffer pour un fruit
merveilleux. Il fort de terre comme un artichaud , ôc a la
figure d'une pomme de pin , fa peau eft moins dure que
celle du melon ; il eft plus agréable que les meilleurs
fruits de France i il en faut pourtant manger avec modéra-
tion, à caufe de fon froid exceflif.il y a des bananes comme
au Cap-verd , des lamothes femblables aux petits pruneaux
violets, des vontaques qui ont l'écorce comme des cale-
baffes. Le tabac eft très- violent ôc en grande quantité. Tout
ce que la terre produit fe peut recueillir deux fois l'an-
née , excepté les cannes de fucre, qui doivent êtrelaiffécs
deux ans fur pied pour parvenir à une groffeur utile. *
Rennefort , c. 2 j .
On remarque quatre fortes de miels à Madagascar ;
favoir , le miel d'abeilles nommées Voatenteles , le miel
des mouches vertes nommées Sih ; le miel des fourmis
de deux fortes , celui que les fourmis ailées font dans le
creux des arbres , & celui que d'autres fourmis plus gros-
fes font dans des mottes de terre élevées en pointes du-
res ôc percées de divers trous ; tous ces miels font très-
agréables au goût. Il y a aufli le T'entête facotidre , que
font de certaines mouches nommées Sacondro , qui fe
convertiffent après en papillons verds, jaunes ôc rouges.
Ce miel fe fait fur les feuilles d'un arbriffeau appelle Sa-
condro ; il- eft bon à manger : c'eft un remède excellent
pour les maladies de poitrine ôc pour l'âiihme.* Flatonrta
Hili.de Madagascar, c. 39.
Il fe fait à Madagascar différentes huiles , dont les
hommes ôc les femmes fe fervent , foit pour fe graiffer
MAB MA
la tête Se le corps, foit pour remèdes. L'huile de Palma- pend fur leur tête. Communément ils n'ont pour cacher
Chrijïi entr'autres, eftimée un grand remède contre la leur nudité, qu'un petit morceau de toile par devant,
goutte , eft fort en ufage. Les hommes Se les femmes en Se un autre par derrière , ou une ceinture dont les deux
prennent le fruit pour fe noircir les dents : il approche du bouts pendent,
maron d'Inde. E'if ie deMadagascar n'eft pas peuplée à proportion de fon
La gomme de Tacamaca , l'encens & le benjoin fe étendue. On n'y compte pas plus de feize cens mille per-
trouvent en abondance à Madagascar. L'ambre-gris fe re- fonnes. Tous les habitans font noirs , excepté ceux d'une
cueille fur la côte. C'eft le frai d'un poiflon ; il fe durcit petite province au-deffus des Maratanes ; Se la plupart
au foleil, Se elt jette fur le fable. Si on en voit de gran- des Grands , qui font descendus des Arabes , Se qui cort-
des pièces , c'eft l'affemblage fortuirdu frai de pluiieurs fervent encore quelque chofe de leur teint , quoiqu'il
de ces poiffons. Puisque parmi les animaux terreftres il y fe noircilie infenfiblement par l'habitude qu'ils ont avec
en a qui nous fournifient la civette Se le musc: il n'eft les véritables originaires. Les Arabes qui s'emparèrent de
pas difficile de croire qu'un poiffon puiffe donner un par- Madagascar au commencement du quinzième fiécle, éta-
fiirn. * Kenmfort , c. 27. blirent des commandans dans tous les quartiers de cette
On trouve du talc dont on garnit les fenêtres au défaut ifie , Se fixèrent le lieu principal de leur domination au-
de verre -, des mines de charbon, de falpêtre , d'acier Se deffus des Matatanes. C'eft ce qui fait que leurs descen-
de fer , dont les Nègres font des rafoirs , des fagaies Se dans , que l'on appelle les Lavaleffes , font encore blancs»
des inftrumens à couper le bois. ou du moins nommés tels •, car ils le font de moitié moins
Quant aux minéraux Se aux pierreries , on en trouve que la plus noire Bohémienne qui foit en France,
dediverfes fortes , comme dhryftaux , topafes , grenats , Les habitans de Madagascar font grands , agiles; & ont
améthiftes , gyrafoles Se aigues-marines. La pierre fan- une démarche fiere. Ils prennent quelquefois un air riant ,
guine y eft très-commune. On a aulii des agathes , des Se cachent une forte paillon avec autant d'art que les plus
caffidoines Se de diverfes efpéces de jaspe. * Flatourt , grands fourbes des nations les plus diffimulées. Ils ont
cap. 37. des loix. On perce les mains aux voleurs, Se l'on coupe
Il y a dans cette ifle des villes , des bourgs Se des vil- la tête aux meurtriers. C'tft le rohandrian ou le grand de
lages ; des nobles Se des esclaves Les villes font au moins la province qui juge avec les maîtres de village. Il ne
de mille cafes,entourrées defoUésde 6 pieds de profondeur prend rien pour les fentences des criminels : il croit ga-
& d'autant de largeur, paliliadées en dedans fur la crête du gner affez en purgeant fon pays d'un fcélérat. Mai» dans
foffé. Le donac ou la mailbn du feigneur eft conftruite les caufes civiles , félon la conféquence des procès , les
de planches , élevée de la hauteur d'un homme Se cou- parties amènent des bêtes , qui demeurent au grand pour
Verte de feuilles. Quand le foleil eft couché , les habi- fon droit. Le vaffalfuit toujours fon feigneur à la guerre ;
tans de la ville les plus alertes viennent tous les foirs au- il fuit, quand il voit qu'il fuit , ou qu'il a été tué-. Il fouffre
tour du donac faire des poltures Se des cris de joie. Ils la mort fans murmure, lorsqu'il ne peut s'en défendre,
battent de toute leur force la terre de la plante-des pieds , ik Ce préfente avec fermeté aux coups qui le doivent faire
6e entrent dans des emportemens qui les feroient croire mourir. Si le grand eft vainqueur , il eft cruel ; il exter-
poflédés. Ils racontent en hurlant les grands exploits des mine ordinairement la race de fon ennemi : s'il efi vaincu
ancêtres de leur feigneur ; ils exaltent fa valeur , Se en Se que fon ennemi lui laiffe la vie , le chagrin le prend
prédifent des merveilles. Les femmes danfent en rond au quelquefois jusqu'à fe faire mourir. Ils font capables'
l'on d'un infiniment fait d'une grofi'e canne , fur laquelle d'apprendre & d'exercer les arts & les feiences , Se il y a
il y â des fils tirés qui fervent de cordes. Elles en jouent même peu de métiers en Europe dont ils n'ayenr l'idée
presque toutes; elles fe l'appuient fur la mammellegau- & l'ufage jusqu'à un certain degré.. Cependant ils font
che; qu'elles font entrer. dans une demi-calebaffe qui eft affez généralement pareffeux : pour la moindre infirmité
attachée au bout de l'inltrument. Elles touchent les cordes ils fe repofent , Se demeurent enfuite long-tems fans rien
delà main droite en chantant. * Renefurt , c. 28. faire. Quand ils font quelque chofe , ils travaillent très-
Les autres habitations font fcmblables à celles du Cap- lentement , le tems ne leur coûte rien. Ils écrivent en.
verd , Se fi baffes qu'on ne peut y demeurer debout. Les caractères arabesques , de la droite à la gauche. Ils s'ap-
bourgs font entonnés de pieux ; les villages n'ont ni pieux pliquent à Pathologie, Se font des prédictions par des
ni foffés , Se font ambulatoires. Quatre Nègres élèvent points nombres , qui fe rapportent affez à la nomancie Se
une café fur leurs épaules Se la transportent où ils veu- à la roue de Pythagore.
lent. Ils vivent de la même manière que dans les villes. Les femmes de Madagascar font foumifes aux loix des
Quand ils fe rendent vifite de feigneurie en feigneurie , le hommes. Il s'en eft vu pourtant qui , par leur courage Se
vifité prête à celui qui le vifite celle de [es femmes en qui leurs belles qualités , fe font tirées de cet ordre. On fait
il trouve le plus d'agrément. mention entr'autres d'une Diane Rena, qui avoir conquis
Les richefïès des habitans de Madagascar confiftent en toute l'ifle. En général elles font belles & bienfaites ; elles
troupeaux , que les hommes gardent , Se en plantages de ont les yeux beaux , les dents blanches Se la peau fort
riz Se de racines que les femmes fement. L'or Se l'argent douce. La galanterie & la tendreffe ne leur font point in-
né fervent qu'à l'ajuftement. La manière de femer eft connues , Se leurs maris font fort complaifans.
particulière. Les femmes portent un bâton avec lequel Pour le mariage on ne fait point d'information touchant
elles font-un trou dans la terre , où elles biffent tomber les mœurs des filles ;■ tant qu'elles ont été libres , il leur
les grains de riz-, s'ils tombent à côté , elles les pouffent a été permis dedispofer de leurs faveurs. Un grand aqua-
dedans avec le doigt du pied. Elles plantent les racines rre femmes ordinairement logées féparément ; car il fe-
de même avec le bâton. roit difficile qu'elles s'accordaffent fur un intérêt auffi
On fait à Madagascar des pagnes ou tapis de coton fenfible que celui de l'affection de leur mari. Quand un
de plufieurs couleurs , avec des fils paffés au travers d'au- homme veut fe marier , il demande la fille à (es païens,
très fils étendus comme la trame du rifferan. L'ouvrier ne Se pour l'obtenir il leur donne des bœufs , des moutons ,
va pas fort vite & n'a pas de métiers dreffés comme les des menilles d'or Se d'argent, ou autre chofe fe.lon fon
nôtres ; mais des bâtons à terre , qu'il élevé & qu'il baiffe. pouvoir. Tout lui doit être rendu fi fa femme vieflt à le
La nourriture de ces infulaires eft ordinairement du quitter. Il n'y a point de cérémonie de religion pour le
lait de vache , du riz Se des racines. Ils rôtiffent quelque- mariage.
fois des morceaux de bœuf avec la peau nettoyée comme Les enterremens fe font avec plus ou moins d'appareil,
celle du cochon que l'on mange en France. Ils ont de félon la qualité Se la fortune du mort. On l'enveloppe
trois fortes de vins; le plus commun eft celui qu'ils font de fes pagnes; on le met dans un cercueil fait de deux
avec du miel ; il a le goût de vin d'Espagne , Se on le nom- troncs d'arbres bien joints. Si c'eft un grand , on porte le
me Sich. Le vin de cannes de fucre , qu'on appelle Jouach cercueil dans une maifon de bois qu'on appelle Emonou-
ou Jouaparc , eft un peu amer ; le vin de bananes, a ques , & fous laquelle on l'enterre: fi c'eft un homme du
le goût un peu aigre. commun , on le met entre des pieux. On laiffe auprès du
L'habillement le plus pompeux pour ces infulaires , c'eft mort une pipe , du tabac , du feu , des pagnes Se des cein-
le pagne qu'ils portent fur leurs épaules. Ils en ont un tures ; & il eft fervi quelque tems des mêmes mets dont
autre qui les couvre de la ceinture aux genoux. Ils por- il ufoit pendant fa vie.
tent des fandales de cuir , & une manière de panier qui Les habitans de Madagascar comptent comme les né-
ï 6
MAD
M AD
•dons de l'Europe depuis un jusqu'à dix. Ils ajoutent l'unité
&le refie des autres nombres jusqu'à vingt, & de vingt
jusqu'à cent, &c. Il y a des écrivains qui ont avancé que
ces peuples ne favoient compter que jusqu'à dix; mais ils
îi'étoient pas bien informés. A la vérité quelques Nègres
des montagnes ou du pays des Machicores , qui ne plan-
tent ni ne cultivent , ne lavent point compter. Les poids
dont on fe fert , font comme les nôtres ; ils ne patient
point la dragme ou gros. On ne fe fert ni de l'once ni de
la livre. Les poids ne font que pour pefer l'or & l'argent ,
Je refte ne fe pefe point. * Flacourt , c. 28.
Quant au commerce ou trafic qu'ils ont entr'eux , il ne
fe fait que par échange. Ils n'ont aucun ufage de raon-
noie ; les merceries Se verotteries que les Chrétiens leur
portent , leur en tiennent lieu. Quand ils vont dans un
pays éloigné acheter des bœufs , du coton , de la foie ,
des pagnes , du fer , des zagaies , des haches, des couteaux
Se autres chofes femblables , ils échangent du cuivre pour
de l'or , de l'argent & du fer , Se font ainfi leur trafic. S'ils
ont quelques pièces de monnoie d'or ou d'argent , il les
font fondre pour en faire des menilles ou braflelets. Us
n'ont pas encore la connoifiance du commerce ; c'eft
pourquoi ils négligent de ramafier la plupart des chofes
que leur pays produit. Ils eltiment plus une menille de
cuivre que la plus belle pierre brute ; Se ils fe moquent
des étrangers qui leur difent de leur en apporter. Dans la
plus grande partie du pays on mange la cire avec le miel ,
les bœufs , les moutons , les cabris avec leurs cuirs. Vers
le nord de l'ifte , on jette la foie Se on mange le vers ,
quand il eu: en fève. On brûle ordinairement l'ambre-gris
dans les facrifices; Se vers le fud on ne daigne pas le cher-
cher ni le ramafier fur le rivage de la mer. Celui qui a
befoin de coton porte du riz ou mené du bétail au lieu où
on cultive lecotoa ; Se celui qui a du coton Se a befoin
de riz , va vendre fon coton dans les endroits où il y a du
riz. Il n'y a ni foire, ni marché-, la foire & le marché font
où il y a abondance ; chacun y va ou y envoyé pour faire
fa provifion. * Re/tnefort , c. 28.
Les habicans de Madagascar , félon Flacourt, c. 30.
n'ont point de temples , ni d'autre divinité connue qu'un
infecte qui efi une efpéce de grillon : mais leur circonci-
sion & quelques autres pratiques dénotent que -des Juifs
ou des Mahométans y ont abordé 1 Se laifie quelques ve-
rtiges de leur religion.
MADA1N, ville d'Afie dans l'Iraque Babylonienne ou
Chaldée, Elle efi fituée fur le Tigre au midi de Bagdad ,
dont elle n'efi éloignée que d'une journée de chemin. Les
tables arabiques lui donnent foixante & douze degrés de
longitude, Se trente- trois degrés dix minutes de latitude
Septentrionale ; mais il y a faute , Se il faut lire foixante
Se dix-neuf degrés au lieu de foixante Se douze. Quelques
géographes arabes écrivent qu'elle àj tiré fon nom de Ma-
dain , frère de Madian, qui étoient tous deux enfansd'Is-
maè'l. Mais il ell plus vraifemblable que le nom de Ma-
dain , qui fignifie en arabe deux villes , lui a été donné ,
ou à caufe de fa grandeur , ou parce qu'elle étoit bâtie fur
les deux bords du Tigre , Se paroiflbit comme deux villes
qui n'étoient jointes que par un pont ; c'eft ainfi que la
capitale de l'Egypte fut nommée Mesraim ou Misraim ,
aufii bien que l'Egypte même , au nombre duel, à caufe
qu'elle s'étendoit fur les deux rives du Nil. Nos géogra-
phes modernes prétendent que cette ville eft-1'ancienne
Ctéfiphonte ; mais les hiftoriens Perfiens veulent que Scha-
bur ou Sapor , furnommé Dhoulaktaf , l'ait fondée fous
le nom de Madain , Se que Khosroes , furnommé Nus-
chiruan , l'ait augmentée notablement , Se embellie d'un
fuperbe palais qui a pafle pour l'ouvrage le plus magni-
fique de tout l'Orient. Ce palais , que les Orientaux ap-
pellent Thack Kefra en arabe , ou Thack Khosru en per-
fien , c'eft-à-dire la voûte ou le dôme de Khosroes ,
fut pillé avec la ville l'an feiziéme de l'hégire par Sâad,
général du Khalife Omar , après qu'il eût remporté la
vidoire fur les Perfans dans la fameufe journée de Ca-
défie. Les Arabes trouvèrent dans ce pillage le trône , la
couronne , le tapis , & retendait royal des rois de Perfe ,
qui étoient d'un prix inefiimable , avec des magazins de
camphre odoriférent que l'on brûloir pour éclairer Se
parfumer en même tems ce palais. Et Ben-Schohnah rap-
porte que les Mufulmans furent fi furpris à la vue de tant
de lichettes , qu'ils s'écrièrent : Voici l'effet des promejjes
que Dieu nous a faite s par la bouche de fon Prophète ; car
quelques - uns de leurs docteurs ont écrit que Mahomet ,
frapant avec une malle de fer , une roche qu'il falloit bri-
fer pour continuer le retranchement qu'ils faifoit faire
contre fes ennemis , excita un feu fi lumineux , qu'il fit
voir aux habitans de Médine les voûtes du palais de Ma-
dain , Se qu'il leur en promit la conquête. Kondemir rap-
porte dans la vie d'Abugiafar Almanfor fécond Khalife
de la maifon des Abbaflides , que ce prince ayant entrepris
de bâtir Bagdad Se fon château , commanda que l'on dé-
molît le palais de Khosroes , pour en employer les pier-
res à la ftruéture de fa nouvelle ville. Son vifir l'en
difiuada , Se lui dit que la démolition d'un ouvrage fi fo-
lide ne fe pouvoit faire fans un miracle qui étoit réfervé
au Prophète , Se que l'on pourroit lui reprocher un jour
qu'il n'auroit pas eu aflez de puiflance pour faire un nou-
veau bâtiment fans en ruiner un ancien. Almanfor ne
laiflapas, nonobstant cet avis , de perfifier dans fa réfo-
lution , Se employa un très-grand nombre d'ouvriers pour
exécuter fes ordres » mais ce fut inutilement ; car la dé-
penfe Se la difficulté croifibient tous les jours de telle
forte , qu il s'ennuya à la fin de la longueur de cette en-
treprife , Se défendit que l'on continuât ce travail. Son vi-
fir lui dit alors qu'il n'étoit plus tems d'abandonner ce qu'il
avoit commencé ; car en le faifant , la poftérité auroit fu-
jet de.direqu'Almanfor, avec tout fon pouvoir n'auroit
pu renverfer ce qu'un autre prince avoit élevé. Un poëte
perfien fit un difiique fur ce palais , dont voici le fens:
Voyez la récompenfc que l'on reçoit d'un ouvrage excel-
lent , puisque le tems qui confume toutes chofes , a épar-
gné jusqu'à préfent le palais de Khosroes. * D'Herbtlot .
Biblioth. orient.
MADAMS. On appelle ainfi dans les Indes orientales ,
du moins dans le royaume de Maduré , un bâtiment 'drefie
fur les grands chemins pour la commodité des pafïans. Ce
bâtiment fupplée en quelque manière aux hôtelleries donc
on ignore l'ufage. Dans certains madams on donne à man-
ger aux brames ; dans d'autres on leur donne de la canje ;
on appelle ainfi l'eau où l'on fait bouillir le riz : il y en a
d'autres où l'on donne le petit lait ; communément on n'y
trouve que de l'eau Se du feu , il faut porter le refte. On
ne voyage pas commodément dans ce pays-là , Se cepen-
dant ce n'eft pas encore ce qu'il y a de plus rude. La cha-
leur exceflive du climat incommode plus que tout le refie.
On ne fait gueres de voyage que l'épiderme du vifage ne
foit tout-à-fait enlevé : on s'en confole aifément ; car il en
renaît bientôt une autre à la place. * Lettres édifiantes ,
t. 12. p. 113.
MADARA, village d'Afrique en Barbarie au pays de
Tunis , entre Bonne Se les ruines de Carthage. On a cm
quec'étoit l'ancienne Madaure. Voyez, ce mot.
MADARAVAN , ville d'Afrique au royaume de Fez
dans la province de Fez , à trois lieues du grand Atlas fur
le bord du Bourregreg du côté du nord. Elle a été bâtie par
Abdulmumen fécond roi de maroc , à caufe de quelques
mines de fer que l'on trouve aux environs. Elle étoit fort
peuplée du tems de ce prince, &ily avoit des palais Se
des mosquées; mais les Béramérinis l'ayant détruite en la
guerre qu'ils firent aux Almohades , les habitans allèrent
s'habituer à Salé. Les murailles étoient encore debout du
tems de Marmol , Afriq. t. 2. /. 4. c. 10. mais on y fai-
foit quantité de brèches , & il n'y refioit plus que quel-
ques mosquées. Entre cette ville & la montagne font de
grands bois remplis de lions. Les Chaviens fréquentent
fort en ces quartiers-là l'été , à caufe de l'eau Se des pâtu-
rages.
MADARSUMA. Voyez. Madasumma.
MADASARA , ville de l'Arabie Heureufe , félon Pto-
lomée , /. 6. c. 7.
MADASUMMA, ville d'Afrique propre. Antonin la
metfurla route à'Aqu& RegU kSitfes, à ijoco pas du
premier lieu, & à 18 mille pas du fécond. L'édition de
Zurita porte Madarsuma. Primulien évêque de ce lieu
aflîfiaà la conférence de Carthage, Se eft qualifié Epis-
coptf.r Ma ndassumitanus ; & dans la notice épiscopale
d'Afrique on trouve entre les évêques de la Byzacène le
fiége de Madassuma , qui étoit alors vacant.
MADAURA, ancienne ville d'Afrique dans l'Afrique
proprement dite ; c'étoit la patrie d'Apulée. La Madaure
d'Apulée Se le Madurus de Ptolomée étoient dans la Nu-
midie.
MAD
MAD
inidie. La notice épiscopale d'Afrique met Pudentius Ma-
daurenfis entre les évêques de Numidie Apulée qui dit
dans un pafïage , Mctamorpb. I. ii.Se de Platon. Pbil. l.
3. qu'il etoit né à Madaure , dit dans un autre , in apolog.
qu'il étoit demi Numide & demi Gétule, parce que , dit-il,
fa patrie étoit fituée aux confins de la Numidie Se de la
Gétulie. Cependant le Madurus de Ptolomée étoit bien
loin de la Gétulie Se des Gétules , à moins qu'on n'en-
tende les Gétules dont les ancêtres dépendoient de .Juba
roi de Numidie r& qui ayant reçu quelques bienfaits de
Caius Marius , quittèrent le parti de Juba pour embras-
fer celui de Céfar. Il ne conviendroit gueres à la faine
géographie de transporter la Madaure d'Apulée aux fron-
tières de la Gétulie proprement dite. Madame devoir
n'être pas fort éloignée de Tagaite , patrie de S. Auguftin ,
car il dit lui-même dans Ces confeffions, /. 2. c. 3. Cette
année-là on me fit revenir de Madaure , ville voifine du
lieu de ma naifïance , où l'on m'avoit envoyé d'abord pour
apprendre les lettres humaines Se les principes de l'élo-
quence; & il y eut de l'interruption à mes études pendant
que mon père, qui n'étoit qu'un fîmple bourgeois de Ta-
gaft e Se des moins accommodés, mais à qui fon courage &
l'envie qu'il avoit de m'avancer faifoit faite plus qu'il ne
pouvoit , travailloit à faire le fonds néceffaire pour m'en-
voyer à Carthagc où il falloit aller pour les achever. Ce
Saint écrit Madauris à l'ablatif pluriel. /Ethicus , Cosmog.
dit de même Madauros à Paccufatif pluriel. On difoit
aufll Medaura. Une ancienne infeription rapportée par
Gruter,p. 600. n. 10. porte Joservil. Medaurianus.
Cette ville avoit anciennement appartenu à Siphax , com-
me Apulée le témoigne dans fon Apologie. Les Romains
la donnèrent enfuite à Mafiniffe , Se avec le rems elle de-
vint une colonie très-floriflante , parce que des foldats vé-
térans s'y établirent. Cette ville de Madaure n'a rien de
commun avec le Matarenfe oppidum de Pline. * fjiflor.
A fric, bell. c. 25. & 3 2.
MADDALA, pour Magdalena.
MADDENI. Voyez. Madena.
1. MADELEINE , (La) bourg de France en Poitoui
élection de Loudun.
2. MADELEINE , ( La ) abbaye de France au diocèfe
de Chat très. Ce font des Chanoines réguliers de la Con-
grégation de France. On en rapporte la fondation à Char-
lemagne.
3. MADELEINE, (La) prieuré de France en Nor-
mandie dans la ville de Rouen. Il eft double : il y a des
hommes Se des filles , Se les uns Se les autres font de l'or-
dre de faint Auguftin , Se deftinés à fervir les pauvres de
l'Hôtel-Dieu. Il a été uni à la congrégation de France
vers l'an 163-4. Le roi qui y nommoit , l'a uni à cette con-
grégation qui lui préfente trois fujets , dont le roi en choi-
sît un. On neconnoît point d'acte qui prouve l'exiftence
de cette maifon avant le douzième fiécle.
• 4. MAGDELEINE , ( La ) léproferie de France en
"Normandie, à un quart de lieue de la ville de Séez au
midi. Le fief du lieu y cft attaché , Se elle a droit de foire
le jour de la fête de la fainte fa patrone. Ce droit lui fut
accordé par Guillaume comte de Ponthieu vers l'an
1 150 , Se elle fut unie à l'hôpital de Séez par un arrêt du
confeil en 165)5.
5. MADELEINE de Chessy , (La) prieuré de Fran-
ce au diocèfe de Paris.
6. MADELEINE fur Heudre ( La ) ville de France en
Normandie au Diocèfe d'Evreux.
7. MADELEINE , ( La ) prieuré de France en Nor-
mandie près de Vernon. Il dépend de l'abbave de Bernai.
8. MADELEINE, ( Le Cap de la) cap de l'Amé-
rique dans la nouvelle France. Il eft à l'embouchure de
la rivière de Meifiabirofine ,à deux lieues de la ville des
Trois - Rivières.
9. MADELEINE, ( La prairie de la ) terre de
l'Amérique feptentrionale au Canada, au gouvernement
de Montréal , vis-à-vis de Ville-marie , qui eft la ville
même de Montréal. Il y a un fort bon port à trente pas
du grand fleuve de S. Laurent; il s'y eft donné un com-
bat très- rude fous les ordres de M. Callieres , pour
lors gouverneur de Montréal.
10. MADELEINE , (Rivière de la ) ou de Gua-
deloupe en Amérique dans la Louifiane. Elle prend fa
fource dans les montagne; qui féparent la Louifiane du
17
nouveau Mexique , & après un cours d'environ cent lieues
nord-oueft fud-eft , elle fe rend dans la mer au fud-oueffc
de la baie de S. Louis. Cette rivière arrofe de belles cam-
pagnes remplies de bœufs fauvages , Se fréquentés de plu-
fieurs peuples errans dont les plus confidérables font les
Kinocofl'es.
1 1. MADELEINE , ( Rivie-re de la ) autre rivière
dans la Louifiane. Elle fe dégorge dans le golfe de Mexi-
que, entre la rivière de Cénis Se le Miiîiilipi ; après un
cours de foixante à foixante-dix lieues dans de belles prai-
ries. Le haut de fon cours eft bordé de peuples , la plu-
part fedentaires -, mais le bas 11 'eft fréquenté que par des
peuples fauvages , errans , vagabonds, Se très-cruels. Ou
la nomme ordinairement petite rivière de la Madeleine ,
pour la diitinguer de l'autre dont il eft parlé dans l'article
précédent,
1 2. MADELEINE eft encore une grande rivière de l'A-
mérique feptentrionale , qui prend fa fource dans le nou-
veau royaume de Grenade, d'où elle coule au nord jusqu'à
une ville de la province de fainte Marthe nommée Ten-
crife ,où elle fe joint avec la Cauca. Enrichie par les eaux
de cette rivière qui elt confidérable , elle continue de cou-
ler fur le même rhumb de vent fous le nom de Riogrande ,
faifant la réparation de Carthagène Se de celle de fainte
Marthe, jusqu'à fon embouchure dans la mer du nord.
MADENA Regio , pays d'Afie dans l'Arménie , donc
il eft le meilleur canton , au jugement de Sextus Rufus.
Le même auteur dit dans un autre endroit: Marc-An-
toine étant entré dans la Médie que l'on appelle préfen-
tement Madena, porta la guerre chez les Parthes. Marcits
Antonius Mediam ingrejjits , qita mine Madena appella-
tur , bellum Partbis intulit. Cuspinicn croit qu'il faut lire
Mygdonia au lieu de Madena. Procope appelle Maddent
les 5arazins fujets des Homérites, au rapport d'Ortelius,
Tbefaur.
MADENSIS , fiége épiscopal d'Afrique. On trouve
dans la notice épiscopale d'Afrique entre les évêques de
Numidie , Petrus Madenjîs , Se la notice de l'empire faic
mention deMADENSiA castra , mais dans la Tripo-
litaine. Elle nomme aufli Madenfis Limes dans la même
province.
MADERASPATAN.Toy^ Madras.
MADERE, ( L'ifle de ) ifle de l'Océan Atlantique. Le9
Espagnols la nomment Madera , Se les Portugais Ma-
deira , c'eft-à-dire bois ou forêt , parce qu'elle étoit toute
couverte d'arbies & de forêts , lorsque les Portugais la
trouvèrent. Elle elt environ à treize lieues de Porto frnto9
Se à foixante des Canaries, fous le 30 degré 31 min. de
latitude feptentrionale , entre le détroit de Gibraltar Se
les Canaries. Elle eft en forme de triangle , Se a , fuivanc
Sanut , 140 lieues d'Italie de circuit, ou 33 d'Allemagne,
ij de longueur de l'orient à l'occident , Se fix de lar-
geur. Ovington dans fon voyage de Surate nous apprend
qu'en 1 344 , un gentilhomme Anglois nommée Machan ,
voulant paner de Briftol en France , fut jette dans cette ifle.
II y prit terre ; mais la trouvant fins habitans & fans cul-
ture, il tomba dans une mélancolie dont il mourut. Ce-
pendant les matelots regagnèrent la côte de Barbarie , Se
firent à quelques Portugais le récit de leur voyage , en
s'offrant de les y conduire. On profita de ces inflructions.
Se le prince Henri y envoya une colonie fous la conduite
de Jean Gonzalès Se Triftan Vaz. Etant arrivés à cetre
ifle , ils voulurent abbattre une partie des bois dont elle
étoit toute couverte. Mais comme il auroit été trop long
de couper les arbres , ils y mirent le feu. Cet embrafe-
ment , dit-on , dura plusdefept ans, Se rendit la terre
fi fertile , que dans les commencemens elle produifoic
foixante pour un -, que les vignes avoient plus de grapes
que de feuilles , Se que plufieurs de cesgrapes avoient deux
ou trois palmes de long. On jouit à Madère d'un air tempé-
ré Se d'un ciel toujours pur Se ferain. * Ovington, Voyages.
Cette ifle fut divifée au commencement en quatre par-
ties , qui font Mancbico , Santa Cruiz. , Funcbal , Se Ca-
méra de Lobos , c'eft-à-dire chambre des loups , qui fut
ainfi nommée , parce qu'au tems de la découverte de cette
ifle , on n'y trouva point d'autre place qui ne fut plantée
d'arbres , qu'une grande caverne en forme d'une cham-
bre voûtée, autour de laquelle il y avoit desveftiges de
loups de mer. La principale ville eft Funchal , qui eft le
fiége de l'évêque Se la refidence du gouverneur. Il y a fix
Tom. IV. C
18
MAD
M AD
paroifles , trois monafières d'hommes , trois de filles , &
un magnifique collège de Jéfuites. L'églife de ces pères
eft une des plus belles de l'ifle. Les jours de fête on y fait
le fervice divin avec beaucoup d'appareil ; la veille on
met un grand nombre de lumières autour du clocher dès
que le foleil fe couche ; cette illumination offre à une
certaine diftance un fpetfacle furprenant. Funchal eft le
feul lieu de commerce d'où l'on transporte dans les pays
étrangers les vins & les fucres du pays dont la qualité eft
très-eftimée. La contrée voifmeeff pleine de fertiles mon-
tagnes qui offrent un coup d'œil auffi agréable que celui
des vallées ; mais les unes Se les autres font bien déchues
de leur première fertilité ; car au lieu de foixante pour un
qu'elles rendoient autrefois , préfentement elles rendent à
peine trente pour un , fouvent même on eff obligé de
laiffer la terre trois ou quatre ans fans y rien femer. Il y a
une montagne près de la ville de Funchal d'où il fort une
fi grande quantité d'eau , que bien fouvent elle caufe une
inondation qui renverfe Se entraîne les ponts , les églifes,
les maifons & les autres bâtimens.
Une autre ville moins confidérable , qui eft appellée
Manchico , a une églife fous le titre de fainte Croix , Se
un couvent de Bernardines.
Il y a , fuivant Mocquet , dans toute cette ifle beaucoup
de châteaux Se de maifons de plaifance. L'évêché comprend
trente-fix églifes paroiffiales , cinq cloîtres , quatre hôpi-
taux Se 8z hérmkages. L'an 1625, on compta dans cette
ifle jusqu'à 6096 maifons , Se le nombre en a été
beaucoup augmenté depuis. Le clergé de cette ifle eff
nombreux & fort riche. Ceux qui descendent de Maures
ou de Juifs ne font point admis aux ordres facrés.
L'ifle eft arrofée par fept ou huit rivières Se plufieurs
ruifleaux qui descendent des montagnes. Quoique ces mon-
tagnes foient hautes Se escarpées, elles ne laiffent pas d'être
euhivéescomme des plaines. Le bled y peut croître jusqu'au
fommet; mais le raifin n'y vient pas fi heureufement.
La principale production de cette ifle elt la vigne , dont
le plant a été apporté de Candie , & qui donne trois ou
quatre fortes de vins. L'un reflemble par fa couleur à ce-
lui de Champagne , Se n'eft pas eftimé -, l'autre eff un vin
blanc qui eff beaucoup plus fort que le premier ; le troifié-
me eff délicieux, Se s'appelle Malvoifie; le quatrième a la
couleur de vin d'Alicante , mais il lui eft fort inférieur en
goût : on ne le boit jamais que mêlé avec les autres fortes
de vins ausquels il donne de la couleur & la force de fe
conferver. Le vin de Madère a cela de fingulier, que la
chaleur du foleil le rend meilleur , quand on l'y expofe
dans le tonneau dont on a ôté le bondon. On recueille
dans toute l'ifle environ vingt huit mille pièces de vin,
dont huit mille font bues dans le pays , le refle fe trans-
porte ailleurs; la plus grande partie va aux Indes occi-
dentales , & fur tout aux Barbades.
Comme on ne recueille pas affez de bled dans l'ifle pour
la nourriture de fes habitans , on y prend des mefures as-
fez juffes pour prévenir la famine ; c'eff d'obliger les vais-
feaux qui y abordent , d'aller chercher une certaine quan-
tité de grains aux ifles Açores : on ne leur permet point
de commercer dans l'ifle avant qu'ils fe foient acquittés de
cette efpéce de corvée.
Le pays porte beaucoup de limons , dont on fait une
excellente confiture. On en charge même tous les ans
deux ou ttois petits bâtimens pour la France. Les oran-
ges Se les bananes y font auffi en grande abondance.
Le fucre que l'on fait dans cette ifle fe transporte rare-
ment ailleurs , parce qu'il peut à peine fuffire pour fesbe-
foins. On y trouve une grande quantité de pêches , d'a-
bricots , de prunes , de cerifes , de figues Se de noix. Les
marchands d'Angleterre qui s'y font établis, y ont apporté
des grofeilles , des noifettes & d'autres fruits femblablcs,
qui y viennent parfaitement bien.
Parmi les arbres dont on fait le plus de cas , il y en a
quelques-uns qui produifent la gomme , Se de ces der-
niers l'arbre qui produit lefang de dragon eft celui qu'on
effime le plus. Il y a aiifluine certaine espèce de Gayac ,
nommé Palosfatita , ou bois faint , qui n'eff pas fi bon
que celui qui croît aux Antilles. On y trouve encore de
groffes grenades d'un aigre tirant fur le doux.
Cette ifle abonde en animaux domeffiques Se en toute
forte de gibier. On trouve fur les montagnes des fangliers ,
Se presque dans toutes les campagnes des perdrix , des ra-
miers Se des cailles. On n'y voit aucune forte d'animaux
venimeux ; il ne s y trouve ni ferpens , ni crapauds , quoi-
qu'ils foient très -communs dans les Indes. Les lézards
feulement y font en grand nombre , Se caufent beaucoup
de dommage aux raifins Se aux autres fruits.
Les habitans font beaucoup plus honnêtes & plus trai-
tables que ceux des Canaries , Se trafiquent fort amiable-
menr avec toutes fortes de nations. La fobriété eff leur
vertu favorite, Se les garantit des fièvres que leurs excès
dans les plailirs de l'amour leur cauferoient, &leurren-
droienr très-dangereu fes. Leur habillement eff toujours
noir. Perfonne ne va fansépée, ni fans poignard; lesfer-
viteurs les ont a leur côté dans le tems même qu'ils fer-
vent leurs maîtres a table. Les maifons n'ont rien de ma-
gnifique : elles font toutes en plates-formes ; les fenêtres
n'y ont point de vitres; on les laiiïe ouvertes pendant le
jour pour y fane entrer de nouvel air , Se on les ferme
la nuit avec des volets.
1. M ADLRE , rivière de l'Amérique méridionale ; les
Portugais l'ont appellée Rio da Madeira , ou rivière du
bois , a caufe de la quantité d'arbres déracinés qu'elle cha-
rie dans le tems de fes debordemens. Parmi fes différentes
fources,la plus éloignée eff voifine des mines de Pctofi ,
Se peu diitante de l'origine du i îlcomayo , qui va fe jetter
dans le grand fleuve de la Plata. Faifanr un demi-cercle
veislefud, ellepiend fon cours du côté du nord , tra-
verfe les millions des Moxeso, où elle eff appellée Ma-
moré ; Se va fe rendre dans l'Amazone au - défions de
l'embouchure du Rio Negro. En 1741, les Portugns re-
montèrent ceue rivière jusqu'aux environs de Sama Cruz
de la Sierra , ville episcopale du haut Pérou par les 17
deg. &demi de huit, aufirale. * Carte du cours de ï 4~
maz,one , par M. de la Condaminc.
MADERNO, ruines d'une ancienne ville dlralie au
duché de Caffro dans les é'ats du duc de Parme fur la ri-
vière deFiore, un peu au deffous des ruines de Caffro.
Cetre ancienne ville étoit de l'Eu une, & s'ap^dioii Tu-
deRjTudernum ou Sudernum. Léandre écrit Muder-
NO. * Baudrani , édir. 1705.
MADGIAR. C'eff le nom que les Arabes donnent au
pays de la Hongrie.
1. MADIA , ville d'Afie dans la Colchide, félon Pto-
lomée, /. 5 . c. 1 5. II la met dans les terres.
1. MAÔIA ou Magia , nvieie de Suifle au bailliage de
Locarno en Italie. Elle a fa fource au mont S. Gothard ,
d'où ferpentant vers le midi oriental Se fe chargeant en
chemin de plufieurs ruifleaux, elle baigne la vallée qui en
pren.l le nom de Val Madia , ou Val Magia. Les Al-
lemands qui nomment Meyn cette rivière , appellent
cette vallée Mevnthal.
i. MADIA ( Val ) ou Magia , ou Meinthal , pays de
IaSuiffeaux confins du Milanez. C'eft le quatrième Se
dernier bailliage des douze Cantons en Lombardie. II
confine d'un côté au Milanez . 6c de l'autre au haut
Valîais Se au canton d'Uri. Ce n'tff qu'une longue vallée
étroite, ferrée entre de hautes montagnes , exarrofée dans
toute fa longtieur par une rivière qui lui donne l'on nom ,
Se qui de-la paffe à Locarno. Les principaux endroi s de
ce bailliage font la ville de Magia , firuée fur la rivière de
ce nom , avec le bourg de Gevio fur la même rivière. Ses
principaux villages font Laizera , Bugnasco , Prolio ,
Rouana , Sec Ce bailliage faifoit autrefois partie de celui
de Locarno , Se les deux cnfemble compofoienr une belle
terre que les nobles Rusca de Côme poffédoient, avec
titre de comté. Dans la fuite ce comté fut partagé. Le Val
Madia fut détaché de Locarno ; Se ces deux terres vin-
rent en la puiffance des ducs de Milan dans le XV. fiécle.
Au reffe , ce bailliage & les trois autres font pofledés en
commun parles douze premiers Cantons qui y envoient
tour à tour des baillis de deux en deuxans.L'an 1 jn.Maxi-
milien Sforce, duc de Milan, ayant chaffé d'Italie les Fran-
çois par le confeil du pape Jules II. Se par le fecours des
Vénitiens , des Suifles Se des Grifons , crut ne pouvoir
mieux témoigner fa reconnoiffance à ces Républiques ,
qu'en leur faifant part d'une portion de fon duché. Ainfi
il donna ces quatre bailliages aux Suifles, Se la Valteline
aux Grifons. Trois ans après, lavoir en 1 ; 1 y , François
I. roi de France ayant battu les Suifles à la journée de Ma-
rignan , fit la paix avec eux , Se leur confirma la dona-
tion de ces bailliages ; la même chofe a été faite dans la
MAD
MAD
fuite par ceux qui ont pofledé le Milancz. Les baillis que
l'on envoie-la , ôc que les habitans appellent commiflai-
res , ont une autorité abfolue pour le civil & pour le cri-
minel. Ils mènent toujours avec eux un interprète pour
parler à ces peuples qui font Italiens de langue , auiïi-bien
que de mœurs, & unhuifiierde leur nation qui leur ferc
de garde. Ils ont un procureur fiscal , un intendant des
péages, ôc un lieutenant qui remplit leur place en leur
abfence. De ces trois officiers les deux premiers fontehoi-
fis par les Cantons , ôc le troisième par les baillis. Tous les
ans les douze Cantons envoyent chacun un député , qui
vont enfemble fin." les lieux pour recevoir les comptes des
baillis , pour donner les péages à fermes , & pour y pren-
dre connoiflance des affaires les plus importantes. Ces
députés n'y manquent pas d'occupation ; car la plus
grande partie du pays eft remplie par un petit peuple très-
fcélérat. En 159^ entr'autres, il s'y commit unefi grande
quantité de vols ôc d'homicides , que les Cantons furent
contraints d'y envoyer des troupes pour y rétablir la fu-
reté. * Etat & délices de la Suijfe , t. 3 . p. 216.
1. MADIAN, pays d'Afiedans le voifinage de la Pa-
lestine , à l'orient de la mer morte , au midi du pays de
Moab, Euftb. ôc Huronym. Loc. Hebr. Il y a appa-
rence qu'il fut peuplé par Madan ôc par Madian, troi-
fiéme & quatrième fils d'Abraham & de Cethura , Genef.
2.J. 2. Les Madianitesdont il eft parlé dans le livre des
nombres , c. 22. 4 , 7 , 25 , 1 j ôc 3 1 , 2. ôc dont les filles
engagèrent les Ifraëlites dans le crime & dans l'adoration
de Phégor , étoienr des descendans de Madian , fils d'A-
braham» Les Madianires, qui furent battus par Adad , fils
de Baclad roi d'Idumée , dont il eft parlé dans la Genéfe ,
c. 36. 35. & ceux qui opprimèrent les Ifraëlites fous les
Juges ôc qui furent défaits par Gédéon , Jud. G. 1.2. &
[eq. ôc 7. 1. 2~ d>~c. étoient auifi de ces descendans de Ma-
dian . fils d'Abraham ôc de Cethura. Leur capitale étoit
nommée Madjan.
2. MADîAN , ville d'Afiedans le pays de même nom
dont elle éroh capitale , à l'orient de la mer morte. Elle
étoit fur l'Arnon , & au midi de la vilie d'Ar , ou Aréo-
polis On en voyoit encore des refies du rems de S. Jérôme
Se d'Eufébe. * D. Calmet , Didionn.
3. MADIAN , paysd Afie dans l'Arabie à l'orient de la
mer Rouge , ôc qui félon les apparences fut peuplé par
Madian fils de Chus , puisque Séphora femme de Moyfe ,
laquelle étoit Madianite , eft cependant appellée Chufîte ,
Nitm. 1 2. in Hebr. ôc qu'Habacuc , /. 3. 7. in Hebr. met
les Madianites avec les Chufites , comme fynonymes , ou
du moins comme voifins. C'eft dans ce pays que Moyfe
fe fauva , ôc qu'il époufa Séphora , fille de Jéthro , Exod,
2- ij.&c. Ce font ces Madianites qui tremblèrent , lors-
qu'ils apprirent que les Hébreux avoient paffé la mer
Rouge à pied fec , Habac. 3. 7. * D. Ctlmet , Didionn.
4. MADIAN ou Madyan , capitale du pays de même
nom , a lorient de la mer Rouge. Voyez, Madyan.
MADIANIT/E , en françois les Madianites , peuples
d'Afie, où ils habitoient deux pays très-difiérens l'un de
l'autre, l'un fur la mer Morte , l'autre fur la mer Rouge ,
vers la pointe qui fépare les deux grands golfes de cette
mer,, félon D. Calmet dans fes cartes.
M AD1ENA , Maftirn, ville d'Arabie fur la mer Rou-
ge. C'étoit la capitale , & peut être l'unique ville du peu-
ple Madianite de ce canton-là. Jofephe , Antiq. I. 2. c. j.
en fait mention. EMenne le géographe en nomme les ha-
bitans Madreni , uetSfmoi. C'eft une faute, il faut lire
M*JWo«, Madieni Ildit auffiMANDiANiTyE pour MA-
DIANITE.
MADlGOUBBA , bourgade des Indes dans le royau-
me de Carnate, au paysd'Andevarou. Les pères Jéfuites
y ont bâti une églife avec la permiflion du prince. * Let-
tres édif. t. 16. p. 237.
MADIN/EI, ancien peuple de Sicile, félon Diodore
de Sicile,/. 1 6. ciré parOrtelius, Thefaur.
i.MADION ou Masdion , Masdio , Mafum Diony-
fii, Masdiuthim , monafière d'hommes , ordre de faint
Benoît, fous l'invocation delà fainte Vierge. Il eft fitué
dans la Saintonge au diocèfe de Saintes , environ à quatre
lieues d'Archiac dans la paroiffe de fainr Germain de
Seudie. La petite rivière de Seudre arrofele bas du rocher
fur lequel ce monafière étoit autrefois placé- On ignore
le tems ôc les auteurs de la fondation de ce monafière , ôc
il a été détruit par les Calvinifies. C'eft encore un titre
d'abbaye valant deux cens livres de rente.
2. MADION , principauté d'Afiedans l'ifledejav**
au nord- eit de Mataran. C'étoit autrefois une fouverai-
neté; mais aujourd'hui le prince eft vaffal de Mataran.
MADISAN1TES , golfe d'Afie au golfe Perfique , dont
il fait partie fur la côte de l'Arabie Heureufe , félon Pto-
lomée , /. 6. c. 7. D'autres exemplaires portent Mesani-
tes , qui eit plus jufie. Etienne le géographe dit auifi Ms-
tr«j/miî, Mefanites. Dion Caiiuis , /. 68. y place une ifie
appellée Mess ana ; ôc Nicéphore Califte, /. 9. c. 19. p.
784. après Philofiorge dit que l'embouchure du Tigre ôc
de l'Euphrate forme une ifie habitée par un peuple ap-
pelle Meseni.
MADOCE , ville de l'Arabie Heureufe , félon Pto-
lomée , /. 6. c. 7. dans fa partie méridionale.
MA DON , ville du pays de Chanaan. Johab roi de
Madon , fe ligua avecJabin roid'Afor, ôc avec plufieurs
autres contre Jofué , 1 1. i. & 11. 19. mais il fut pris ôc
tué , ôc fa ville fut détruite ôc pillée. On ne fait pas quelle
étoit la fituation de cette ville de Madon , Ôc il n'en eft
parlé que dans Jofué. Dom Calmet dans fon didionnairè ,
croit qu'il faut lire Maron , au lieu de Madon. Oncon-
noit un lieu nommé Maronie, dans la Syrie, à trente
milles d'Antioche , au nord du mont Liban. Maron fe
lit dans l'hébreu de Jofué , c. 12. v. 20, * Huronym, in
vita Malachi.
MADONIA, Madroniœ, Montes , anciennement Ne-
brodes , Nevrodes Mons , montagnes de Sicile. Elles
font dans la vallée de Démona , ôc s'étendent en long en-
tre Traina à l'orient ôc Termine à l'occident. * Baudrand,
édition 1705.
MADRA , royaume d'Afrique dans la Nigritie. Il a le
royaume deBorno au feptentrion , celui de Gorhan au
levant , celui de Semen au midi , ôc celui de Dauma au.
couchant. La capitale eft à 45 deg. 10 m. de longitude,
& à 1 1 deg. 20 min. de latitude lëptentriohale.
MADRAN , en latin Madranum , village d'Allema-
gne dans la Catinthie , entre Wfilach &Saltzbourg. Quel-
ques auteurs le prennent pour l'ancien Magiftrica , bourg
du Norique. * Baudrand , Didion. édit. 170J.
MADRAS ou Madraspatan ? que les Indiens nom-
ment Gennrpattenam. Ville des Indes fur la cô:e de Co-
romandel , à une lieue au nord de S. Thomé. Cette ville
qui eft fort belle , appartient aux Anglois. Elle s'eft corn-
fidérablement augmentée depuis par la ruine de S. Thomé,
des débris de laquelle elle s'eft accrue. Elle eft ceinte de
murailles. Il y a un fort quarté , mais fans ouvrages exté-
rieurs: on l'appelle le fort faint George. On y voit une
féconde ville habitée par les Arméniens Ôc par les mari-
chands des nations étrangères -, ôc enfuite une troifiéme
où réfident les Indiens -, cette dernière eft beaucoup plus
grande que la première , quoiqu'elle en foit comme le
fauxbourg. On compte dans les trois villes près de cent
mille âmes. Les Anglois , à ce qu'on dit , en tirent plus de
foixante mille pagodes de droits ; ce qui fait trente mille
piftoles. Les Millionnaires catholiques , qui font quelque-
fois obligés d'aller à Madras i fe louent fort de la poli-
tefie des Anglois , & des marques d'amitié qu'ils en ont
reçues. * Lettres édifiantes, t. 15. p. 25.
MADRE, rivière de la Turquie en Afie dans la Na-
tolie. C'efi le Méandre des anciens. Voyez, ce mot, »". i„
MADREBOMBE , rivière -d'Afrique. Voyez. Scher-
BRO.
MADRENI. Voyez.MAmtn a.
1. MADRID , ville d'Espagne dans la nouvelle Ca-
ftille , ôc la réfidence ordinaire des rois d'Espagne. On
croit afiez communément que c'eft là Mantua Carpeta-
norum des anciens, & on lui donne ordinairement ce
nom dans le pays , lorsque l'on parle latin. Cependant
d'autres prétendent qu'elle s'eft accrue des ruines de Villa.
Manta , qu'ils croyenr être un refte de Mantoue des Car-
petains. Ce n'étoit' autrefois qu'une bourgade inconnue ôc
rrès-peu confidérable, qui appartenoit en propre aux ar-
chevêques de Tolède i mais depuis que l'empereurCharles
V. & fes fucceffeurs l'ont choifie pour y faire leur féjour
ordinaire , elle eft devenue la première ville d'Espagne j
& a en quelque façon enlevé à Tolède le nom de ca, Laie
de cette vafte monarchie. Elle eft grande, extrêmement
peuplée , fituée fur une hauteur ôc bordée de collines dif
Tome IV. C ij
AD
MAD
côté des portes Foncaral ôc Alcala, à fix lieues de cette
univerfité , à fept de l'Escurial , ôc à neuf de Puerto de
Guadarama. Tous ces lieux ont des montagnes très-éle-
vées , dont on voit de loin les fommets couverts déneige.
La ville de Madrid n'a ni fortifications , ni fofies ; elle n'eft
fermée que par de très-mauvailes murailles , que les pro-
priétaires des maifons flruéesaux dernières extrémités de
la ville font & entretiennent pour fermer leur terrein du
côté des champs. On y voit néanmoins quelques portes;
mais elles n'ont rien qui réponde à la grandeur de la ville :
elles font fermées de nuit, excepté celle de Ségovie. Elles
font gardées par des commis bien armés pour empêcher
les fraudes Ôc la contrebande. Une partie de ces commis
eft à cheval & l'autre a pied , & l'un d'eux fe détache pour
accompagner les marchandifes aux bureaux des droits
d'entrée & de fortie ; car ils ne les perçoivent pas eux-
mêmes. * AI moires communiqué}.
Les rues de Madrid , que l'on appelle Callc , font pres-
que toutes larges , longues & droites ; mais afiez mal pro-
pre > & pavées de médians petits cailloux , qui les rendent
fort incommodes. Les plus belles font la calle Major, la
calle de Tolède, la calle d'Atocha , ôc la calle d'Alcala.
Il y a auflî divèrfes belles places publiques , entr'aimes
celle deSan-Domingo ,1a calle Anchade San-Bernardo,
deSan-Geronimo, los Carios del Perral Anton Martin,
où il y a un grand hôpital , de celle de la Sebada , où fe
tient le marché aux chevaux. La plus grande ôc la plus
belle eft celle où l'on célèbre la fête des rameaux : on l'ap-
pelle la Plaça Mayor. Elle eft au milieu de la ville ; fa
longueur eft de434pieds, fa largeur de 334 pieds , &
fon circuit de 1536. Il y loge plus de quatre mille per-
fonnes dans cent trente-fix maifons , dont elle efl envi-
ronnée. Ces maifons font toutes femblables. Elles font
les plus hautes de Madrid : chacune a cinq étages , avec
un balcon à chaque rang de fenêtres. Tontes ces maifons
font foutenues par des pilaftres , qui forment autour de
la place une longue ôc belle galerie , où l'on peut fe pro-
mener à couvert. Ce font des négocians qui habitent ces
maifons. Les marchands drapiers en occupent la plus
grande partie. Dans le milieu de la place fe tient le marché
de Madrid. Les hommes y vont faire leurs provifions pour
les befoins du ménage ; car les femmes ne s'en mêlent
point. Les rues ôc les places de Madrid font Ornées d'une
infinité de belles fontaines, de marbre & de jaspe, ôc
embellies de ftatuts. Les plus grandes fourniflent d'eau à
une grande partie de la ville. Les eaux en font très-bonnes
& très-légères.
L'air ett aufli très-pur 6c très fubtil à Madrid ; maïs
froid dans certains tems , à caufe du voifinage des mon-
tagnes.
Les pierres n'y font pas chères , parce qu'on les tire à
cinq, fix ou fept lieues de-là. Les maifons font belles,
fpacieufes , commodes , bâties de brique ôc de plâtre , Ôc
entrelacées de bois. Elles ont presque toutes une cour ; les
hôtels des grands ôc quantité d'autres ont des portes co-
cheres. Ce qui fert d'ornement font de grandes fenêtres
de menuiierie bien façonnées , & les balcons garnis d'une
jaloufic fouvent colorée. Les femmes fortent plus fré-
quemment qu'on ne le prétend dans les pays étrangers ; &
quand elles font au logis , elles fe mettent au balcon pour
regarderles paflansek refpirer l'air après le foleil couché.
On trouve plufieurs maifons fans vitres, non parce que le
verre y eft rare , comme on le fuppofe , mais parce que ,
fuivant la coutume , les locataires font mettre le vi-
trage à leurs frais, ôc lorsqu'ils délogent, ils ont foin de
l'emporter.
Quand on bâtit une maifon , le premier étage qu'on
élevé appartient au roi, qui peut le vendre ou louer , à
moins que le propriétaire ne prenne le parti de l'acheter.
Les grandes maifons ont ordinairement douze , quinze ôc
vingt pièces de plein pied à chaque étage ; ôc il y a un ap-
partement pour l'hiver , de un pour l'été. Quelques-uns
en ont pour chaque faifon de l'année.
Hors de la ville on voit une petite vallée au milieu de
laquelle patte le Mançanarès.Ce n'eftni un ruiiTeau, ni une
rivière , ôc fi l'on veut s'y baigner , il faut y creufer une
fofle. Ccft - là que Philippe II. fir bâtir un magnifique
pont , que les connoifieurs trouvent aufli beau que le
Pont- neuf fur la Seine à Paris ; on l'appelle Tucme de Se-
govia. Ce pont large , grand ôc fuperbe n'eft d'ordinaire
mouille cTeait qu'au pied de quelques piles : ce qui a fait
dire: Que ce feroit un beau pont, s'il avoit une rivière.
Il paroit d abord allez fingu lier qu'on ait bâti un tel pont
dans un lieu qu'un enfant peut pafler à pied fec en été.
Mais il ne faut pas s'imaginer que Philippe IL ne l'ait fait
bâtir que pour fervir à traverfer ce ruifi'eau. 11 y a de l'ap-
parence qu'il n'entreprit cet ouvrage , qu'afin qu'on pût
pafler plus commodément le fond de la vallée. D'ailleurs
le Mançanaiès n'eft pas toujours fi petit ; il grofiit quel-
quefois en hiver fi confidérablcment par les torrens qui
s y jettent, qu'ils couvrent les campagnes voifines; ôc
roule alors fes eaux avec tant de rapidité , qu'il entraîne
tout ce qu'il trouve en fon chemin. Ce pont a onze cens
pas de longueur fur vingt-deux de largeur dans l'espace de
fept cens pas ; le refte eft plus étroit de la moitié. Il eft
tout bâti de pierres de taille , ôc bordé des deux côtés
d'une muraille à hauteur d'appui , fur laquelle, de trois en
trois pas , on voit de grof.es boules de pierre , fupporrées
par des quarrés de même matière. Cet ouvrage a coûté
plufieurs centaines de milliers de ducats. Il y a appaicnce
qu'on lui a donné le nom cie pont de Ségovie , parce qu'il
femble avoir été bâti a 1 imitation de cet ancien & fuperbe
aqueduc , qui fubftfte encore a Ségovie. Le Mançanarès
qui coule fous ce magnifique pont , n'entre point dans la
ville-, il pafle a côté , vis a-vis du palais royal,
A l'une des extrémités de la ville ut le palais du roi. Il
eft fitue uu midi fur une eminence , qui a fa pente du
côté de la rivière, & une glande teuafie. L'aile du palais
a la vue fur la cami agne , fur le Mançanarès ôc les char-
mantes promenades qui régnent le long de fes bords, ce
qui forme un afpcâ des plus agréables. Les avenues de
ce palais foni très belles. Au-devant de la façade on trou-
ve une grande place ; deux pavillons termineur la façade *
ôc trois grandes portes d'aichitedture afiez fimple con-
duifentàdeux grandes cours. Au fond eft l'escalier qui
mené à l'apparttment du roi ôc de la reine. Il y a auffi plu-
fieurs autres cours conftruites toutes en quarré , & envi-
ronnées d'un rang de colonnes qui foutienntnt les galeries.
Ces fortes de portiques font à la mode en Espagne ; on
dit qu'ils ont pris cet ufage des Maures. La plupart des
grandes maifons font bâties de cette manière. On va en
caroffe jusqu'aux portes du palais , ce qui e fi presque im-
poiEble , quand il y a des feux de joie ou autres fêtes , à
caufe de la grande affluence du peuple. Autrefois un pe-
tit nombre de hallebardiers fe tenoient aux portes. Il s'en
falloit beaucoup que le roi n'eût une garde proportionnée
à fa puifiance& à fa fplcndeur. La raifon que l'on en don-
noit ne fouffae point de réplique. On difoit qu'un mo-
narque qui règne fur le cœur de fes fujets, n'a pas befoin
d'avoir une garde. Mais depuis l'avéncment de Philippe
V. il y a dans la grande place deux corps de gardes ; l'un ,
pour une compagnie de cent hommes de gardes espagno-
les , & l'autre , pour un pareil nombre de gardes walo-
nes ,qui gardent enfemble les dehors du palais. Les portes
extérieures des appartemens font gardées par les halle-
bardiers , & les intérieures par les gardes du corps du roi,
dont il y a trois compagnies, chacune de deux cens hom-,
mes ; favoir , espagnole , italienne ôc flamande. Les por-
tiques des cours font occupés par des boutiques de mer-
ciers ôc clincaillcrs; & divers confeils qui étoient dans les
appartemens qui donnent fur ces cours , ont été transfé-
rés depuis peu d'années au palais de la rcine-mere, vis-à-
vis de Nueftra Senora de Almudena , de même que la
tréforerie Ôc les conradoreries.
Les appartemens font beaux ; les chambres ôc les gale-
ries font ornées de ftatues rares ôc de buftesbien travaillés.
On voitauiîi de tous côtés de riches & excellens tableaux
de la main des meilleurs maîtres. Il y en a un enn 'autres
de Michel Ange qu'on dit avoir coûté quinze mille pifto-
les à Philippe IV. Il repréfente Notre Seigneur dans le
jardin des Oliviers. Les chambres font encore parées de
très belles tapifieries ôc de meubles magnifiques, en un
mot , dignes de la grandeur du maître. Enrre les falles on
remarque celle àcs armes , qui eft à l'autre bout de la
grande place , vis-à vis le palais. Elle eft longue de cent
pas, toire peinte ôc garnie de tous côtés d'un grand nom-
bre de garde-robes , où l'on voit les armes de Cha: les V.
de Philippe II. de Philippe III. & de Philippe IV Les
unes font argentées , les autres dorées , &: quelques-unes
eifelées. Elles font accompagnées d'une infinité de pifto-
MAD
Jets , d'épèes de diverfes façons , de harnois de chevaux ,
ëe d'armes antiques , comme dards , flèches > Sec. On y
voir fix hommes a cheval , armés de routes pièces Se parés
d'émeraudes. Ce l'ont des préfens que Philippe II. reçue
du duc de Savoyc , Se de divers aunes princes. Les armes
chinoifes de fer émaillé , la botte d'un duc de Saxe pres-
que aum* grofle qu'un homme , Se l'épée du fameux Ro-
land, ne font pas les pièces les moins cuiieufes. Au-des-
fous de cette fallc font les écuries, où l'on entretient or-
dinairement cent chevaux d'Andalonfic. La grande cha-
leur qu'on fent en ce pays-là, oblige les Espagnols à don-
ner peu de jour à leurs appartemens , afin d'en fermer
l'entrée aux ra,ons du fclcil.On a obfervé cette pratique
dans la conftruction du palais; de-là vient qu'on y trou-
ve plufieurs appartemens dont les pièces font un peu ob-
feures. Tout ce palais eft bâti d'une pierre fort blanche, à
la réferve de deux pavillons de la façade qui font de bri-
que. Les fenêtrages font de marbre fin , Se les vitres de
crvflal : Se tous les appartemens font accompagnés d'une
infinité de balcons dotés , qui font un très-bel efret. La
chambre d'audience eft dorée depuis le bas jusqu'au lam-
bris , & le foyer en eit de jaspe. Les jardins font fermes
de murailles , Se donnent du côté de la ville qu'on nom-
me la I'riora. Us font un peu bornés , mais jolis.
La bibliothèque , qui n'en elt pas éloignée , a fon en-
trée pour le public vis-à-vis los Cafios del Perral. Elle s e-
tend jusqu'au coin de la calle del Teforo , Se cotoye toute
cette rue qui aboutit au palais. Outre les galeries qui font
très-vaftes , il y a plufieurs beaux appartemens garnis d'ar-
moiries & de caifles bien ordonnées Se exécutées , tou-
tes fermées à la clef , mais dont l'intérieur eft vifible par-
les glaces & les fils de laiton. Elle contient une quantité
prodigieufe de rout ce qu'il y a de plus curieux en livres
ôc mamiferits ; Se parmi un grand nombre de pièces rares,
il y en a une qui mérite l'attention d'un chacun. C'ait une
table repréfentanr une ville avec fes fortifications régu-
lières , fes attaques Se défenfes , tour en argent. Il y a
plufieurs bibliothécaires pour donner les livres que les
particuliers demandent , Se pour que le tout foit toujours
bien arrangé. C'eft à Philippe V. que l'on doit ce noble
établiflèmenr.
On descend de-là dans le F; ado Nucvo. C'eft un grand
quai largepoury promener cinq carofifes de front, qui com-
mence a peu de di fiance de la porte de la Floride , Se abou-
tit au pont de Ségovie; les côtés plantés fervent aux pié-
tons. Le bord de ce quai qui donne à la rivière eft de huit
à neuf pieds d'élévation de briques & pierres larges au-
defius , avec des boules de diihnce en diftanee Se de même
espèce qui fervent d'ornement, auiïi-bien que trois fon-
taines de dihérens goûts avec des baftïns. Ii y a vers le mi-
lieu un grand escalier double de pierres bleues pour des-
cendre a la rivière , 8e 1 on voit près du pont de Ségovie
une chapelle bien folide Se de bon goût , dédiée à nueftra
Sehora del Puerto, avec "un logement pour un chapelain
Se ceux qui en dépendent. A côté de cette chapelle on
voit nombre d'arbres tirés au cordeau , avec des allées qui
conduisent à une belle fontaine qui eft directement dans le
milieu. Cet embcllifîemcnr éternifera le nom du marquis
de Badillo corregidor de Madiid. Il ne s'eft pas contenté
d'orner le dedans par des fontaines , il a augmenté les
agrémens de dehors le long de la rivière du côté de la
Fuente de las Damas. C'eft une promenade charmante
qui fe nomme ainfi , Se qui eft furie chemin du Pardo ,
autre maifon royale à deux lieues de la ville. Le pont de
Tolède , qui ne cède ni en beauté , ni en grandeur à celui
de Ségovie, eft encore fon ouvrage. Le quartier des gar-
des du corps l'eftauffi. Il eft à la porte del Conde Duque,
conftruit de briques Se pierres ,a quatre pavillons, avec
une chapelle magnifique ; il eft afiez grand pour conte-
nir huit cens hommes ; & les écuries, qui font fuperbes,
mille chevaux. Outre ce quartier , il y en a encore deux.
L'un , pour un bataillon des gardes espagnoles ; 6Y l'autre ,
pour un des gardes Walone^,
Outre le palais du roi , il y a aux portes dé Madrid deux
autres maïfons royales, qui peuvent être regardées comme
desmaifons de plaifance , la Cafa del Campo & Buen
Retiro. La première fe voit du palais royal , de l'autre
côré du Mançanarès , à une portée de fufil de la ville , Se
à cinq ou fix cens pas du pont de Ségovie. C'eft un eu-
droit délicieux , de grande étendue, fei&ié de murailles ,
2.1
mais l'édifice en eft un peu négligé. On voit à l'entrée du
jardin la ftatue de bronze de Philippe III. achevai, Se
tour armé. Elle eft placée fur un grand pié d'eftal de
marbre. On la compare pour la beauté à celle de Henri
IV. for le pont-neuf à Paris. Plus avant on trouve une
fontaine de bronze , qui repréfente un château très-bien
fortifié, avec du canon Se des foldats qui le gardent , Se
rout cela jette de l'eau. Le parc eft le long de la rivière
qui baigne fes murailles. C'eft la ménagerie du roi. 11 y â
de belles allées qui conduiiènt à trois ou quatre étangs
aflèz grands. II y en a un bordé de grands chênes , Se tour»
revêtu de murailles. On y tient d'ordinaire une petite
gondole , dans laquelle le roi prend , quand il veut , le
divertifièment de la promenade fur l'eau. C'eft une foli-
tude des plus charmantes.
Le Buen Retiro eft à une autre extrémiré de la ville»
fur le penchant d'une colline près de Prado Viéjo. Voyez.
Buen Retiro.
La Floride eft une autre maifon fituée à peu près com-
me le palais pour la vue. Elle appartenoit au marquis de
Calîel Rodrigo , gouverneur des Pays-Bas en 1668. On
y voit plufieurs jardins en rerrafle , embellis d'un très-
grand nombre de ftatues apportées d'Italie , Se faites de la
main des meilleurs maîtres.
On voit dans Madrid divers autres bâtimens confidé-
rables, comme églifes, couvens , hôpitaux Se hôtels de
grands feigneurs. L'Amirante de Caftille a auprès de Buen
Retiro une maifon qui eft petite , mais ornée de jets d'eau»
de tableaux anciens Se nouveaux , & de ftatues de la
main des plus habiles mairies. Le marquis de Liche , fils
de LouisdeHaio, premier miniftre de Philippe IV. a bâti
près du palais royal une maifon qui furpaffe tous les édi-
i. ces des particuliers , pour la grandeur Se les richeffes.
Elle feroir encore plus belle , fi Philippe IV. n'eût ordonné
au marquis de retrancher une partie des bâtimens qu'il
devoir élever fuivant fon defièin. La même choie étoit ar-
rivée au duc de Lerme fous Philippe III.
La prifon , en espagnol Carctl de Corte , eft belle. Elle
eft à l'extrémité de la rue d'Atocha Mais l'hôtel de ville ,
ou Cuba del Ayuntamiento , qui a aufli des cachots Se ap-
partemens pour lesprifonniers , lafuipafiede beaucoup.
Il eft orné d'un portail fuperbe compofé de trois portes,
Se s'élève en fronton par deflus le toit : au - defl'us de la
porte du milieu il y a une fenêtre avec un balcon. Ce por-
tail eft fourenu jusqu'à ce balcon par quatre rangs de co-
lonnes , chargés d'un fécond ordre au-deflus. Le fronton
porte les armes du roi d'Espagne : il finit en figure trian-
gulaire , Se les trois angles font chargés chacun d'une
ftatue qui repréfente une vertu. Celle qui eft au-deilus
des autres repréfente la juftice. Le bâtiment eft maflif,
long & large; a deux étages, Se toutes les fenêtres font
fermées de barreaux de fer , qui fervent autant pour l'or-
nement que pour la fureté ; car ils font dorés & bien tra-
vaillés. Au-devant des prifons fe voit une fontaine affez
belle , dont le jet façonné en quarré , foutenu par un pi-
lier , eft chargé d'une ftatue. Quatre têtes d'animaux ver-
fenr l'eau dans un baflîn qui eft fait en angles faillans Se
rentrans. Les fontaines de Madrid font presque toutes or-
néesde ftatues , ou de quelques groupes de figures. Les
plus belles fe trouvent à la place de Sebada , à la Puerta
del Sol , Se à la place de Saint Domingue. Le jet de la
première eft un pilier quarré fort épais , façonné en deux
ordres , comme deux étages ornés. A chaque étage on
voit aux quatre côtés les armes d'Espagne. Entre le pre-
mier ordre Se le fécond paroilTenr à chaque façade deux
animaux qui jettent l'eau dans quatre peri.s baifins pofés
au-defius de quatre petits piliers, d'où elle coule dans le
grand baflm qui eft quarré Au-deflus de l'ordre d'en-
haut , s'élève une façon de dôme , qui fupporte une ftarue
de femme avec un petit enfant. La fontaine de la porte
du foleil eft d'un delîein femblable , mais d'une autre ar-
chitecture. Son jer eft un pilier exagone fort épais. Au-
defius du pilier font placées quatre figures de harpies , qui
jettent l'eau par les tettafies dans quatre baifins faits en
coquille, fur lesquels elles font pofées, & de ces baifins
l'eau tombe à grands flots dans le grand baflin qui eft rond.
Le pilier s'élève en pointe au-deflus des harpies , Se fup-
porte une ftatue que l'on nomme Maria bianca : la place
où eft cette ftatue n'eftpas grande , Se fe trouve au centre
d'une croifée que forment quatre belles rues qui y abou-
MAD
22.
tiffent , Se la Callc-raayor eft en face. La fontaine de la
place de San-Domingo a aufiï fes ornemens ; fon jet , qui
eft fort élevé , fe termine en dôme , 8c le dôme eft fur-
monté d'une itatue. De l'endroit où le dôme commence
l'eau coule de la gueule de plusieurs têtes d'animaux dans
de petits bafîîns faits en coquille , & plus bas encore par
d'autres têtes dans le grand baiîîn. On voit fur le jet les
armes d'Espagne : la place où eft cette fontaine n'eft pas
fi belle que les autres ■-, elle eft élevée 8c allez inégale. Il y
a fur une autre place tout auprès , qu'on nomme Plaz.uela
de San-Domingo , une fontaine nouvellement faite , plus
unie , mais de bon goût.
Lesmaifons confacrées au fervice de Dieu , comme les
églifes Se les couvens , ne le cèdent ni en magnificence ,
ni en richeffe aux édifices profanes. L'églife de Nueftra
Senora d'Atocha par corruption , & proprement d'An-
tiochia , eft des plus confidérables. Elle eft à un quart de
lieue de la ville dans l'enceinte d'un vafte couvent de Do-
minicains , où l'on va par une très-belle allée couverte.
C'eft-là que les rois font chanter le Te Deum , lorsque
quelque heureux événement en donne occafion. A côté de
la nef de l'églife on découvre une chapelle ornée de plus
de cent groffes lampes d'or 8c d'argent qui brûlent nuit
6c jour. C'eft dans cette chapelle que l'on voit une figure
miraculeufe delà Vierge. Elle eft noire , 8c tient un petit
Jcfus entre les bras. Dans les gtandes fêtes elle eft magnifi-
quement vêtue 8c couverte de pierreries. On voit autour
de fa tête un foleil dont les rayons éblouiffent -, & les ri-
cheffes que l'on y voit , font dignes de la magnificence des
rois , qui ont une tribune dans cette chapelle avec une
jaloufie au-devant. Les religieux du couvent où eft cette
chapelle mènent une vie fort auftere : l'une de leurs ob-
fervanecs confifte à ne jamais mettre le pied hors de la
maifon.
L'églife de Nueftra Senora de Almudena eft auiîî des
plus belles , 8c la Vierge qui y eft a fait de grands miracles.
On raconte entr'autres, qu'anciennement les habitansde
Madrid étant preftes par les Maures qui les aflïégeoient , &
réduits à la famine, laVierge leur envoya une grande quan-
tité de bled qu'on trouva dans une tour ; ce qui fur caufe
de leur délivrance. On ajoute que l'on déterra dans cette
tour l'image de la Vierge , où S. Jacques l'avoit apportée
de Jérufalem. On bâtir une chapelle fous fon invocation ;
& on y peignit en fresque cette merveilleufe avanture.
L'autel , la baluftrade 8c toutes les lampes font d'argent
maffif.
La chapelle de faint Ifidore eft la plus belle de toutes.
On dit que ce Saint qui eft patron de Madrid n'a été qu'un
pauvre laboureur. 11 faut remarquer que l'Espagne a un
autre Saint de même nom , qui a été archevêque de Sé-
ville , 8c on ne doit pas les confondre. Le dôme de cette
chapelle eft orné en dehors des figures des douze Apôtres.
Quand on y eft entré.on voit au milieu le tombeau du Saint,
au deffus duquel eft une couronne de marbre,quirepréfen-
te des fleurs au naturel , fupportée par quatre colonnes de
porphyre-, le tout eft parfaitement bien travaillé. Les mu-
railles de la chapelle font incruftées de marbre de diverfes
couleurs avec des colonnes de même. Il y a beaucoup de
peintures toutes d'une grande beauté. Le dôme eft fort
éclairé ,^ l'or & l'azur y brillent de toutes parts. Philippe
IV. fit bâtir cette chapelle , & on prétend qu'elle lui coûta
près de quatre millions. Dans l'églife ancienne qui joint
celle-ci , fe voit une autre chapelle de marbre blanc , or-
née de plufieurs figures en relief auiïî de marbre. On y die
tous les jours une meffe pour Je repos de Pâme de Phi-
lippe IV. Il n'y a pas long-rems qu'on voyoit dans la cour
de la maifon un laurier fi prodigieux , qu'on n'auroit pu
trouver dans aucune forêt un arbre plus haut que celui-là :
c'étoit une merveille de la nature. Les chanoines qui de-
meurent dans cette maifon font très-richement rentes.
Dans l'églife de Saint Sébaftien on remarque une chai-
fe magnifique qui fert à la Fête-Dieu ; elle eft de velours
çramoifi en broderie d'or , garnie de doux d'or 8c cou-
verte de chagrin. Le tour eft orné de grandes glaces , &
l'impériale eft chargée d'une faconde petit clocher , rem-
pli de clochettes d'or. Quatre prêtres la portent , lorsque
quelque perfonne de qualité fouhaite de recevoir le Via-
tique. On le porte ordinairement le foir avec beaucoup
de cérémonie. Le S. Sacrement eft fuivi de plus de mille
perfonnes de la cour, éclairé de mille flambeaux de cire
MAD
blanche, 8c accompagné de plufieurs inftrumens. On s'ar-
rête dans les grandes places qui fe trouvent en chemin ,
tandis que le peuple qui eft à genoux , reçoit la bénédi-
ction , & que les muficiens chantent 8c jouent de la gui-
tarreoude ia harpe. C'eft la reine Marie-Anne d'Autri-
che , féconde époufe de Philippe IV. qui a fait faire cette
chaife. Cette même reine a fait bâtir à Madrid un hôpital
pour les filles enceintes ; ces malheureufes peuvent y aller
accoucher , & l'on a foin d'elles 8c de leurs enfans. Phi-
lippe IV. a fondé auili une maifon où l'on retire les en-
fans trouvés. Quand on y met un enfant , on prend des
adminiftrateurs un certificat qui coûte deux Patagons. Ce
certificat fert pour retirer l'enfanr quand on veur. Tous
ces enfans font cenfés bourgeois de Madrid , 8c même ,
ce qu'il y a de plus fingulier , ils font réputés gentilshom-
mes , car ils peuvent entier dans un ordre de chevalerie
qu'oji appelle Habito.
L'hôpital de Anton Martin dans Madrid eft très bien
fervi : on y entretient tous les jours un bon nombre de
perfonnes. Il eft deftiné à recevoir ceux qui font attaqués
du mal de Naples. Les religieux qui y demeurent ont foin
des malades. Une églife de Notre-Dame, qui eft dans
fon enceinte , eft éclairée de vingt-quatre lampes d'ar-
gent. Outre cet hôpital, il y en a un autre près la porte
d Atocha, qu'on nomme l'hôpital général qui eft vafte.
Le collège des Jéfuites eft un édifice remarquable. Le roi
Philippe IV. en a fait une académie, 8c lui adonné dix
mille écus de rente.
2. MADRID, château royal dans Pifle de France , à
la tête du bois de Boulogne , qui lui fert de parc 8c fur la
rivière de Seine de l'aune côté. Ce château eft un des ou-
vrages de François premier , qui , félon Corneille 8c
Piganiol , le fit bâtir fur le modèle du palais royal de
Madrid en Espagne. Mais c'eft une erreur manifefte ;
ces deux édifices n'ont aucune reffemblance. La forme
de cet édifice eft un quatre long. On veut qu'il ait au-
tant de fenêtres qu'il y a de jours en l'année. Il confifte
dans un grand corps de bâtiment de trois étages , fans
compter le rez de chauffée. Au pourtour du rez de Chaus-
fée 8c du premier étage , règne une galerie formée par des
arcades foutenues par des colonnes couplées. Ces arcades
ont un ornement affez fingulier •■, c'eft une espèce de
fayance, qui , lorsque le foleil y donne , jette beaucoup
d'éclat. Ce corps debâtiment eft flanqué de deux grands
pavillons qui forment des avant-corps fur chacune des
deux faces. A chacun des angles de ces pavillons font
d'autres petits pavillons quarrés , 8c au milieu des faces
des deux grands , font deux tours rondes couvertes eh
dôme d'un petit campanille. Ce château eft entonné d'un
forte , 8c placé au milieu d'une grande esplanade , aux
angles de ^laquelle on voit de petits pavillons quarrés ou
guérites de pierre •, il eft à une lieue & demie à l'occident
de Paris. * Piganiol , Description de la France , tom. 3.
pag. r-72.
1, MADRIGAL , ville d'Espagne dans la vieille Ca-
ftille au voifinage d'Olmedo , à quatre lieues de Médina
del Campo. Elle eft fituée dans une plaine fertile en bled
8c en vin très-excellent. Cette ville eft célèbre par la nais-
fance de deux favans hommes: le premier eft Alphonfe
de Madrigal , évêque d'Avila , furnommé Toftat. 11 étoit
d'un favoir fi profond , que , quoiqu'il n'ait vécu que
quarante-trois ans , il a écrit vingt-fept gros volumes va-
folio. L'autre eft Juan de Pineda , Franciscain , qui a écrie
fur la monarchie eccléfiaftique. * Délices d Espagne ,
tom. 1. p. 212.
2. MADRIGAL , ville de l'Amérique méridionale ,
éloignée de la ville de Popayan de trente-cinq lieues pres-
que vers le midi. Les Indiens l'appellent CHAPANcm-
Ca. Elle eft dans une contrée rude 8c pierreufe , où l'on
ne feme aucun froment , & où il n'y a point de pâturages
pour les troupeaux. Le maïs ne laiffe pas d'y venir affez
bien deux fois l'année. On y a rrouvé des mines d'or. Les
Indiens qui habitent les lieux rudes, font fort difficiles à
dompter. * Laet , Indes occident. 1. 9. c. 17.
MADRIGALEJO, petit village d'Espagne dans l'Es-
tremadure , entre Truxillo& Gtiadaloupe. Il étoit presque
inconnu il y a deux fiécles -, il devint célèbre par la mort
de Ferdinand le Catholique. Ce prince ajoutant rrop de
foi à des Aftrologues , qui lui avoient prédit qu'il mour-
roic dans Madrigal , ne voulut jamais entrer dans cette
MAD
ville delà Cafiille , &il l'évitoit avec foin. Mais comme il
rraînoit fon mal de lieu en lieu , cherchant du foulage-
ment Se craignant la mort , il vint mourir dans un village
de même nom , ou du moins presque le même.* Délices
d'Espagne, t. 2. p 374.
MADR1GALESCO , petit village d'Espagne dans la
vieille Cafiille au pied des montagnes Sierras de Cogollo*
Il ne faut pas le confondre avec Madrigalejo.
MADROGAN , que d'autres nomment Banamata-
pa , ville d'Afrique , capitale du pays de Monomotapa.
C'eft une grande ville à fix journées d'un palais nommé
Simboë , Se à vingt milles de Sofala vers le couchant. Les
maifons font de bois ou de terre , blanchies par dedans Se
par dehors, ce qui leur donne un air de propreté. Les toits
font larges Se finiffent en pointe comme une cloche. Plus
les perfonnes font qualifiées , plus leurs maifons font hau-
tes. Le palais impérial eft fort grand :on y entre par quatre
grandes portcs,où les gardes de l'empereur font tour à tour
ientinelle. Les dehors font fortifiés de tours, Se les dedans
font divifés en plufieurs chambres fpacieufes, garnies de
tapifferies de coton ,cù la variété des couleurs- le dispute à
l'éclat de l'or. Le plancher , les poutres Se les foliveaux
font dorés , ou même couverts de plaques d'or. Des chai-
fes dorées , peintes & émaillées , Se des chandeliers d'y-
voire fuspendus avec des chaînes d'argent embelliffent ces
fomptueux appartemens. L'empereur fe fait fervir à ge-
noux dans un grand filence. Il a quantité d'officiets qui
n'approchent de fa perfonne qu'avec un extrême respect.
Ils font tous vêtus de toile de coton ou d'étoffes de foie
de différentes couleurs , avec des ceintures enrichies de
pierreries , & de grands couteaux à manche d'or , cifelé ,
émailié Se garni de pierreries. * Dapper , Description de
l'Afrique, p. 390,
MADRUZZO ou Madruce , en latin Madrucium ,
bourg de l'évêché de Trente , entre la ville de Trente Se
celle de Riva. Madruzzo a titre de baronnie , Se a donné
le nom à deux cardinaux , l'oncle & le neveu , qui ont été
cvêques de Trente. * Baudrand , DicL. édit. 17c/.
MADUATENI , peuple de Thrace. Ce nom ne fe
trouve que dans Tite-Live , /. 38. c. 40. Onelius, Thef.
le tient pour fuspeét ; il conjecture qu'il faut lire M^€do-
Bithyni.
MADUI , ancien peuple entre les Belges , félon He-'
dor Boece de qui Meyer l'a emprunté. Ortelius , Thef.
a raifon de dire qu'il ne connoît point d'auteurs anciens
qui en ayent parlé avant ces deux chroniqueurs.
MADURE ou Madura, ifle de la mer des Indes,
entre les ifies de Java Se de Bornéo , mais bien plus près
de la première , par les travers de la pointe de laquelle
elle gît presque nord-eft , Se dont elle n'eft féparée que
par un canal de demi-lieue. Cette ifle eft de forme lon-
gue , très-fertile & fi abondante en riz , qu'elle en fournit
à fes voifins qui vont le chercher. Le fond en eft fi gras ,
qu'on aurait de la peine à en trouver un meilleur dans
toute la Hollande ; mais il eft fi fouvent couvert d'eau ,
que les hommes & les buffles qui le labourent , enfoncent
quelquefois jusqu'aux genoux. La même chofe leur arrive
quand ils font la récolte du riz.
Cette ifle eft presque inacceflîble aux grands vaiffeaux ,
àcaufedesbas fonds dont elle eft environnée. Ses habitans
ïcflemblent entièrement à ceux de Java , tant par leurs ru-
fesSe leurs autres qualités , que par leurs vêtemens, par-
leurs armes , &c. Ils vivent la plupart des pirateries
qu'ils exercent avec de petits bâtimens , fans que leurs
voifins ofent s'y oppofer , parce que Madure eft leur gre-
nier , Se qu'ils craignent de fe le voir fermer.
Les Hollandois que les Javans avoient maltraités près
de Cidaïo , arrivèrent au mois de décembre 1 696. à la
vue de l'ifle de Madura. L'approche de quelques piro-
gues armées , fur lesquelles étoient le roi & le grand-
prêtre de l'ifle , leur ayant fait craindre une furprife , ils
envoyèrent quelques volées de canon fur la pirogue du
roi , qui eut les bras emportés : Se presque tous ceux qui
l'accompagnoient tombèrent morts les uns fur les autres.
Cette action les empêcha d'être reçus dans l'ifle. * Pre-
mier Voyage des Hollandois aux Indes Orientales , t. 1.
pag. 405.
1. MADURE , royaume des Indes orientales , au mi-
lieu des terres dans la grande peninfule qui eft en-deçà
du Gange. Il eft borné au nord par les terres de Mayffur
2$
8c celles qui appartiennent au gouverneur de Gingi ; à
l'< «eut par les états du roi de Tanjaor ; au midi par la
mer méridionale des Indes ; Se à l'occident par les états
des princes de Malabar. Ce royaume eft aufli grand que
le Portugal , Se fon revenu eli d'environ huit millions.
On y compte foixante-dix Palleacarens ; ce font des gou-
verneurs abfolus dans leurs petits états , Se qui ne font
tenus qu'a payer une taxe que le roi de Maduré leur im-
pofe. Ce prince peut mettre aifément fur pied vingt mille
hommes d'infanterie Se cinq mille de cavalerie. Il a près
décent éléphans qui lui font d'un grand fecours pourla
guerre. * Lettres édifiâmes, t. ii"p. 9. & t. ij. p. 60.
Dans le royaume de Maduré , comme ailleurs , on
trouve des riches Se des pauvres , des gens d'une haute
naiffance, Se d'autres dont la haï (Tance eft vile Se obscure.
Mais dans ce 'royaume les pauvres font peut-être en plus
grand nombre qu'ailleurs. On voit une infinité de mal-
heureux mourir de faim , d'autres contraints de vendre
leurs enfans& de fe vendre eux-mêmes, afin de pouvoir
vivre. Il y en a qui travaillent toute la journée comme
des forçats , Se gagnent à peine de quoi fubfifter ce jour-
là même. On voit une multitude de veuves qui n'ont
pour tout fonds Se revenu qu'une espèce de rouet à filer.
On trouve plufieurs perfonnes , tant hommes que fem-
mes , dont l'indigence eft fi grande , qu'ils n'ont pour fe
couvrir qu'un méchant morceau de toile tout en lam-
beaux , Se qui n'ont pas même une natte pour fe coucher.
Les maifons des payfans d'Europe font des palais en com-
paraifon des miférables taudis où la plupart de ces mal-
heureux font logés. Trois ou quatre pots de terre font tous
les meubles de leurs cabanes. Plufieurs Chrétiens y pas-
lent les années entières fans fe rendre à l'églife , faute
d'avoir la petite provifion de riz ou de millet néceffaïre
pour vivre durant le voyage. * Lettres édifiantes , t. 12.
pag. 59. &fuiv.
Généralement parlant, c'eft un crime aux particuliers
de ce pays d'être riches. Il n'y a point d'aceufation à la-
quelle on prête plus volontiers l'oreille , ni de crime
plus févérement puni. De -là vient que les riches ca-
chent avec foin leur argent , Se que fouvent avec de
grandes richefles , ils ne font ni mieux logés , ni mieux
vêtus , ni mieux nourris que les plus indigens. Mais fî
d'un côté on affecte à Maduré de paraître pauvre au mi-
lieu des richefles , d'un autre côté on y eft très-jaloux des
diftinctions Se du rang que donne la naiffance. Il n'y a
guères de nation qui ait tant de délicateffe que celle-ci fur
ces fortes de prérogatives. Tout le peuple eft partagé
en plufieurs caftes , c'eft-à-dire en plufieurs claffes de per-
fonnes qui font du même rang Se d'une égale naiffance ,
qui ont leurs ufages, leurs coutumes & leurs loix parti-
culières; car on peut bien acquérir par de belles actions
de l'honneur Se des richefles, mais la nobleiïè ne s'acquiert
pas de même. C'eft un pur don de la naiffance •-, le roi ne
peut la donner , Se les particuliers ne peuvent l'acheter.
Le roi n'a aucun pouvoir fur les caftes , il ne peut pas lui-
même paffer à une cafte fupérieure. Celle du prince qui
regnoit en 171 3. éroit des plus médiocres. On voit fou-
vent des conteflations Se des disputes entre les caftes. Il
y a telle cafte fi baffe Se fi méprifable , que ceux qui en
font , n'oferoient regarder en face un homme d'une cafte
fupérieure. S'ils le faifoient , ils auraient droit de les
tuer fur le champ.
A l'égard du rang que tiennent les Européens, il n'eft
point réglé \ Se rien n'eft plus faux que ce que Robbe
avance dans fa géographie , de la prétendue eftime que
les Indiens leur portent. Cette eftime eft telle qu'un Chré-
tien de la lie du peuple 's'accu foi t un jour comme d'un
grand péché, d'avoir appelle un autre Chrétien Fils de
Prangui , c'eft-à-dire fils d'Européen ou de Portugais.
Toute l'attention des miflîonnaires eft de cacher à ces peu-
ples qu'ils font ce qu'on appelle Pranguis. Le moindre
foupçon qu'ils en auraient , mettrait un obftacle infur-
montable à la propagation de la foi.
Les hommes ont divers emplois ; les uns fervent le
prince , les autres cultivent la terre ; ceux-ci s'appliquent
au commerce , ceux-là travaillent aux arts méchaniques ,
Se ainfi du refte. Mais on ne voit ni financiers , ni gens
de robe. Les intendaus ou gouverneurs font chargés tout
à la fois & de l'adminiftration de la juflice , & de la levée
des deniers Se du gouvernement militaire. La juftice f«
^4 MAD
rend fans fracas & fans tumulte. La plupart des affaires ,
fur tout celles qui font de moindre importance , fe termi-
nent dans le village ; chacun plaide fa caufe , & les prin-
cipaux font l'office de juge. On n'appelle guercs de leurs
fentences , principalement fi ces juges font , comme il
arrive presque toujours , des premiers de la cafte. Quand
on a recours au gouverneur , pour l'ordinaire il met les
deux parties à l'amende ; il fait le moyen de les trouver
coupables toutes deux.
Le dedans de l'état efl communément aflez paifible.
Les gouverneurs lèvent de tems en tems des foldats , fé-
lon les befoins où ils fe trouvent. Le roi envoyé quelque-
fois des corps d'armée dans les provinces ; mais ce n'eft
guères que pour foumettre quelque feigneur rebelle , qui
refufe de payer le tribut, ou pour châtier ceux qui font
des injuftices trop criantes. Pourvu que le coupable ait de
l'argent ôc qu'il veuille bien en venir à une compofition
honnête , on lui fait bon quartier ; du refte à lui permis
de fe dédommager par de nouvelles vexations dont il
accable le pauvre peuple. Ces feigncurs dont je parle ,
font comme de petits fouverains , qui commandent ab-
folument fur leurs terres ; ils font héréditaires , au lieu
que les gouverneurs ôc les intendans fe révoquent ôc fe
reftituent au gré du prince. Tel gouverneur n'eft pas qua-
tre jours en place , ôc dans ce peu de tems il ne laiflé pas
de s'enrichir, s'il eft habile. On met fouvent ces gouver-
neurs à la qneftion pour leur faire rendre gorge , après
quoi , quelques vexations qu'ils ayent commifes , on ne
laifle pas de les rétablir dans leurs charges.
On n'eft pas fort févére par rapport à l'exercice de la
juftice criminelle. J'ai dit plus haut qu'on étoit coupable
quand on étoit riche ; je puis dire pareillement , fans tom-
ber dans aucune contradiction , que , dès qu'on eft riche ,
on eft innocent.
La levée des deniers publics eft la fonction des in-
tendans. Comme la taille eft réelle , ils eftiment le champ
ôc le taxent comme il leur plaît. Ils trouvent tant de
fortes d'expédiens pour chicaner le laboureur , que quel-
quefois il ne retire aucun fruit de toutes les peines ; ôc
que la récolte fur laquelle il fondoit fes espérances , pafle
toutes en des mains étrangères. Outre la taille Se plufieurs
autres droits qu'on levé fur le peuple, il y a quantité de
péages , de cette forte d'impôt s'exige avec beaucoup de
rigueur.
Pour ce qui eft des femmes elles font moins les compa-
gnes que les esclaves de leurs maris. Le fty le ordinaire eft
que le mari tutoyé fa femme , Se que la femme ne parle
jamais à fon mari , ni de fon mari , que dans les termes les
plus refpeétueux. Elle n'eft jamais admife a fa table : elle
le fert , comme fi elle étoit fon esclave , Se fes en fans ,
comme fi elle éroit leur fervante. Delà il arrive que les
enfans s'accoutument peu-à-peu à la regarder comme telle,
à la traiter avec mépris Se quelquefois à la fraper. D'ail-
leurs la belle mère eft une rude maîtreffe ; elle fe décharge
toujours fur fa bru de tout le travail domeftique. Cepen-
dant les femmes ne laiflent pas de réduire aflez fouvent
leurs maris, ens'enfuyant de la maifon Se fe retirant chez
leurs païens, qui prennent leur parti. La femme ne re-
tourne point à la maifon , que le mari lui-même ou fes
païens ne viennent la chercher. Lorsqu'elle s'eft rendue à
leurs prières, on donne un feftin au mari; on le récon-
cilie avec fa femme , Se elle le fuit dans fa maifon.
Les femmes s'occupent dans le domeftique à aller cher-
cher de l'eau , à ramafler du bois , à piler le riz , à faire
la cuifinev à tenir la maifon & la cour propres , à faire de
l'huile & autre chofe de cette nature. L'huile fe fait du
fruit d'un arbrifleau nommé par quelques - uns de nos
arboriftes Talma Cbrifti. On fait cuire ce fruit légère-
ment , on fexpofe deux ou trois jours au foleil ; on le
pile jusqu'à le réduire en pâte , on délaye enfuite cette
pâte dans l'eau , en verfant deux mefures d'eau fur deux
mefures du fruit qu'on a pilé , Se on fait bien bouillir le
tout. Quand l'huile fumage , on la tire avec une cuiller ,
ou par inclination. On lave enfuite lefédiment dans l'eau,
Se l'on en tire encore un peu d'huile.
La manière dont on pile le riz a quelque chofe de fin-
gulier. Le riz naît revêtu d'une peau rude & dure , comme
celle de l'orge. Dans cet état il fe nomme Nellon ; on le
fait cuire légèrement dans l'eau ; on le fait fécher au fo-
leil ; on le pile à plufieurs reprifes ; Se quand on l'a pilé
MAD
pour la première fois , il fe dégage de fa grofie peau. La
féconde fois qu'on le pile , il quitte la pellicule rouge qui
eft au deflbus , Se fort plus ou moins blanc , félon l'espèce
de nellon ; car il y ena de plus de trente fortes. Quand il
eft ainfi pilé , il s'appelle Arifi. Deux litrons de bon nel-
lon rendent un litron à'AriJîXl ne fort pas farineux & con-
caflè , comme notre riz d'Europe ; mais il eft beau Se en-
tier. Au refte le riz des Indes n'a pas la propriété de gon-
fler comme celui d'Europe. Les Indiens le fouhaiteroient
fort. Ils font étonnés lorsqu'on leur raconte le peu de riz
qui fuffit en Europe pour remplir une marmite.
Le tems que les femmes ont de refte après le travail du
ménage , elles l'employent à filer: Se c'elt-la leur occupa-
tion ordinaire. Elles ne font aucun travail à l'aiguille. Il y
a de certaines caftes où il n'eft pas permis aux femmes de
filer , d'autres où elles ne s'occupent qu'à faire des pa-
niers Se des nattes ; Se celles-ci ne peuvent pas même pi-
ler le riz. Dans d'autres elles ne peuvent pas aller quérir
de l'eau ; c'eft la fonction d'une esclave ou bien des maris.
En général le bel ufage ne permet pas aux femmes d'ap-
prendre à lire Se à écrire ; on laifle ce foin aux esclaves
des pagodes , afin qu'elles puiflent chanter les louanges
du démon Se les cantiques impurs dont fes temples re-
tentiflent.
DansleMaduré l'eau eft Jaboiflbn ordinaire ; ce n'eft
pas qu'on n'y faflè des liqueurs qui enyvrent : mais il n'y a
que les perfonnes de la lie du peuple qui en nfent : les
honnêtes gens en ont horreur. La principale de ces li-
queurs eft celle qui découle des branches de palmier. On
fait auffi avec une certaine écorce & de la caflbnade de
palmier une eau-de-vie qui prend feu comme celle d Eu-
rope. Le vin dont les miffionnaires fe fervent pour la niefle,
vient d'Europe. Ils le cachent avec foin de crainte qu'on
ne le leur enlevé. Le riz eft la nourriture la plus commu-
ne. Ceux qui font à leur aife lui font un court-bouillon ,
ou bien une fauce de viande , de poifion, ou de légumes.
Quelquefois ils le mangent avec des herbes cuites, ou
bien avec une espèce de petites fèves ; mais tout cela s'ap-
piête à l'indienne , c'eft-à-dire fort mal. On le mange en-
core avec du lait ; quelquefois on fe contente d'y jetter un
peu de beurre fondu. Comme tout !e monde n'a pas du
riz , on y fupplée par le millet dont on a cinq ou fix for-
tes , toutes inconnues en Europe. Il vient d'affez beau fro-
ment fur certaines montagnes ; mais il n'y a guères que les
Turcs Se les Européc ns qui en tifent. Les Turcs en font
une galette en forme de gaufre. Les Européens qui
font fur la côte en font du pain ou du biscuit „ comme
du biscuit de mer.
Ce royaume n'eft pas autrement garni d'arbres fruitiers:
on n'y voit presque aucuns de ceux que l'on a en Europe.
La banane & la figue d'Inde y font communes ; mais ces
dernières difiérent beaucoup de nos figues par la figure ôc
le goût. II y a des mangles du côté des montagnes , des ates
Se des goyaves dans les jardins. On voit des treilles qui
fe chargent allez de raifins ; mais les oifeaux Se les
écureuils ne les laiflent guères venir à maturité.Quant aux
légumes , la terre y porte des citrouilles , des concom-
bres , ÔVc. On n'y connoît point l'ofeille ; elle eft rem-
placée par le tamarin. Il y a des ciboules , des choux , des
raves Se des laitues. On ne voit ni chênes , ni ormes , ni
pins , ni noyers. 11 y a autant Se plus de différence entre les
arbres de ce royaume ôc ceux de l'Europe , qu'il y en a
entre les habitans des deux pays. On peut dire à peu près
la même chofe des fleurs , à la réferve des tubérenfes, des
rournefols, des jasmins ôc des lauriers-rofes.
On trouve dans les montagnes des éléphans , des tigres,
des loups , des linges , des cerfs , des fangliers , &c. mais
on laide le gibier affez en repos , quoique la criafie foit
permife à tout le monde. Les feigncurs chaflent néan-
moins de tems en tems par divertiflement. Ils ont auffi la
chafle à l'oifeau , mais rarement. Quelques princes ont
des éléphans privés ôc des chevaux. Les chevaux qui nais-
fent dans le pays font petits & foibles ; on les a à bon
marché. On fait venir des pays étrangers, ceux qui fer-
vent dans les aimées , Se ils coûtent cher. Il y a apparen-
ce que ce climat n'eft pas favorable à ces fortes d'ani-
maux. Il faut des foins infinis pour les conferver. Comme
il n'y a point de prairies dans ce royaume , ôc qu'on n'y
recueille ni foin , ni avoine , on ne donne aux chevaux que
de l'herbe verte , qui même eft quelquefois difficile à
trouver.
MAD
MAD
trouver. Au lieu d'avoine, on leur donne une espèce de
lentille qu'on fait cuire. Les bœufs fonr de grand ufage:
on ne niefure les richeffes d'un chacun que par -le nombre
qu'il en a. Ils fervent au labourage ôc aux voitures. La
plupart ont une groffe boffe fur le cou. On les attelle aux
chars fur lesquels on place les idoles, que l'on rraîne en
pompe par les rues. On ne fait à Maduré ce que c'eft que
caroffe ; les grands feigneurs fe font porter en palan-
quin 5 mais ils doivent en avoir la pei million du prince.
C'eft un crime digne de mort que de tuer un bœuf, une
vache, ou un buffle. Il y a apparence que c'eft dans la
vue de favorifer la multiplication de ces animaux , que
la défenfe en a été faite. Us n'y multiplient que médio-
crement , & font fujets à de fréquentes maladies. La chè-
vre , le mouton , la poule font les viandes d'ufage. On a
une espèce de poule dont la peau eft toute noire , aufli-
bien que les œufs ; cependant elles ne font pas moins
bonnes que les autres. On mange aufli du poiffon, mais
on le fait fécher au foleil , & on ne le mange gueres qu'il
ne foit tout-à-fait gâté ôc corrompu. Ils le trouvent alors
excellent, parce qu'il eft plus propre à corriger ce que le
riz a d'infipide. Il y a dans le pays des ânes femblablesà
ceux d'Europe , ôc ils ferveur aux mêmes ufages. On a en-
core quantité d'autres animaux , des chiens extrêmement
laids, des chats domeftiques , des chats fauvages , une es-
pèce de chat qui produit le musc, des rats de plufieurs
espèces , des ferpens de diverfes fortes , des mouches
vertes qui luifent pendant la nuit, des fourmis auffi de di-
verfes fortes ôc des mouches à miel ; mais on ne fe donne
pas la peine de leur bâtir des ruches! On ne manque pour-
tant ni de cire ni de miel , parce qu'on en tire des ruches
que les abeilles fauvages fe bâtifient elles-mêmes fur les
montagnes.
L'habi' que portent les millionnaires dans le Maduré eft
une fimple toile de coton qui n'eft ni rouge ni jaune ■■, mais
dont la couleur tient de l'un & de l'autre. En voyage ils
portent ordinairement à la main un vafe de cuivre ; com-
me on ne trouve pas de l'eau par tour, ôc que celle qu'on
trouve n'eft pas toujours potable, ils (ont obligés d'en
avoir presque toujours avec eux, pour fe rafraîchir fous
un ciel aufli brûlant. Leur chauffure eft extraordinaire; c'eft
une espèce de foque affez femblable à celle dont fe fervent
en France quelques religieux de faim François : à la vérité
celles-ci s'attachent avec des courroies , au lieu que les
foques des Indes ne tiennent que par une cheville de bois,
qui fe mer entre l'orteil ôc le fécond doigt du pied. Cette
manière de fe chauffer n'eft pas particulière aux million-
naires ; le roi & les grands feigneurs ufent de foques
comme eux. Il y a cette différence , que les foques du roi
ôc des feigneurs font d'argent , ôc que celles des million-
naires font de bois. Les naturels du pays fe fervent de fan-
dales ; ce n'eft qu'une fimple femelle de cuir , fans empei-
gnes ôc qui tient aux pieds par des courroies. Elles font in-
commodes ■■, le fable ôc les pierres s'y gliflent aifément &
caufent beaucoup de douleur.
Les modes ne changent guère; , fur-tout pour la ma-
nière de s'habiller. Les gens du commun s'entourent le
corj)S d'une fimple toile de coton ; ôc il arrive fouvent
que les pauvres ont bien de la peine à avoir un morceau
de cette toile pour fe couvrir. Les grands feigneurs s'ha-
billent affez proprement , félon leur goût & eu égard à la
chaleur du climat. Ils le couvrent d'une robe de toile & de
coton fort blanche & même très-fine , transparente ôc qui
leur descend jusqu'aux talons. Ils ont un haut de chauffes
ôc des bas de couleur rouge d'une pièce , & qui ne vonr
que jusqu'au cou de pied. Ils font chauffés d'une espèce
d'escarpins de cuir rouge brodé , dont les quartiers de der-
rière fe plient fous les talons. Ils portent des pendans d'o-
reilles d'or ou de perles -, la ceinture eft d'une étoffe de
foie brodée d'or ; les braffelers font d'argenr. Ils portent
au cou des chaînes d'or ; les dames ont à peu près le même
habillement . cv on ne les diftingue des hommes , que par
la manière différente dont elles ornent leurs rêtes.
Comme chaque miffion comprend une grande érendue
de pays, où les néophytes font disperfés , les miffionnai-
les ont plufieurs églifes dam lesquelles ils entretiennent
des caréchiites, qui inftruifent les Chrétiens &c les Caté-
chumènes ôc qui gagnent tous les jours quelques idolâ-
tres à J. C. Les converfions font plus ou moins nombreu-
fes à proportion du nombre des catéchiiks , que l'on a
-#ié J>
le moyen d'entrerenir. Soixante oii quatre-vingt francs
fuffifent pour l'entretien d'un catéchifte. Les millionnaires
parcourent ces églifes, Ôc font dans chacune quelque fé-
jour pour adminiitrer les facremens aux fidèles ôc baptifer
les catéchumènes. Us ont auprès de chaque églife une ca-
banne , ôc quelquefois un petit jardin ; c'eft-là qu'ils fe
retirenr. Pendant leurs voyages , qui font fréquens , ils
vont loger chez les Chrétiens , s'il y en a dans le lieu , ou
chez les gentils qui veulent bien les recevoir , ou dans les
M a dams publics.
z. MADURÉ , ville des Indes orientales ôc la capitale
du royaume de même nom. Elle eft environnée d'une
double muraille; chaque muraille eft fortifiée à l'antique
de plufieurs tours quarrées avec des parapets , ôc garnies
d'un bon nombre de canons. La fortereffe dont la forme
eft quarrée , elt entourrée d'un folié large ôc profond avec
une escarpe & une contrescarpe très-forre. Il n'y a point de
chemin couvert à l'escarpe. Au lieu de glacis on voit quatre
belles rues qui répondent aux quatre côtés de la fortereffe.
On en peut faire le tour en moins de deux heures. Les mai-
fons qui bordent ces rues ont de grands jardins du côté de
la campagne, qui eft belle ôc fertile. L'intérieur de la for-
tereffe fe divife en quatre parties; celles qui font à l'o-
rient Ôc au midi , contiennent le palais du roi. C'eft un
labyrinthe de rues , d'étangs , de bois , de fales , de ga-
leries , de colonnades ôc de plufieurs maifons fermées çà
ôc là. Quand on y a une fois pénétré , il n'eft pas aifé d'efx
trouver l'iffue. Lorsque les rois de Maduré y faifoient leur
féjour , on n'y rrouvoit que des femmes & des eunuques.
Le fameux Troumoulanaiken , qui a le plus contribué aux
embslliffemensdece palais, y tenoit plufieurs milliers de
femmes renfermées. Les fales publiques où l'on donne au-
dience , étoient magnifiques. A l'entrée fe rrouvoit une
grande galerie foutenue par vingt groffes colonnes de
marbre noir bien travaillées. De-là on paffoit dans une
grande cour , où l'on voyoit quatre corps de logis qui
répondoient aux quarte parties du monde ; chaque corps
de logis avoir au milieu un dôme fort élevé ôc chargé
d'ouvrages de fculpture. Ces quatre dômes étoient réunis
par huit galeries dont les angles étoint flanqués de rou-
relles. On prétend que ce palais a été bâti fur les deffeins
d'un Européen. On y voit effectivement divers ornemens
de notre architecture mêlés avec l'architeéture indienne.
* Lettres édifiantes , t. i r. p. 6r.
Dans la féconde partie de la fortereffe eft le temple de
Chocanaden , c'eft l'idole qu'on adore au Maduré. A l'o-
rient du pagode fonr plufieurs beaux portiques. Au nord
d'un de ces portiques fe voit un char magnifique deftiné
à porter l'idole en triomphe le jour de fa fête. Le pagode
eft environné d'une triple muraille ; & entre chaque mu-
raille font plufieurs belles allées de grands arbres , unies
ôc fablées. On trouve quatre grandes tours à l'entrée des
quatre principales portes du pagode. Lès brames préten-
dent qu'elles ont coûté des fommes immenfes. Texéira
rapporte qu'il y a à Maduré des tours dorées , on n'en
voit point de cette espèce. Le refte de l'espace intérieur
de la fortereffe eft partagé en plufieurs rues , en étangs ôc
en places publiques*
La rivière qui paffe auprès de Maduré , feroit belle, il
on ne la faifoir pas couler dans de grands étangs ; qui la
lariffent ; elle dégénère presque en ruiffeau. Au-deffous de
la ville on a fait un canal qui va du nord au Aid , ôc fe jette
dans cinq beaux étangs à l'oueft de Maduré. Il y a dans
ce- étangs d'autres canaux , qui conduifent l'eau dans les
foffés , lorsqu'on le fouhaite.
A l'orient de la fortereffe on voit trois autres chars de
triomphe ; ils font magnifiques , quand on les a ornés.
Le plus grand ne peut être tiré » à ce que difenr les In-
diens , que par plufieurs milliers de perfonnes. Cela n'eft
pas fin-prenant ; la machine eft énorme, on y fait monter
jusqu'à 400 perfonnes dont les fonctions font différentes ;
de groffes poutres forment cinq étages, ôc chaque étage a
plufieurs galeries. Quand cette machine eft couverte de
roiles peintes, de pièces de foie de diverfes couleurs,
de banderoles , d'étendards , de parafols , de fefitohs de
fleurs repréfentées fous différentes figures, ôc que tout
cela fe voit au milieu de la nuit à la clarté de mille flam-
beaux , on ne peut nier que, le fpecLacle n'en foit agréable.
Le char eft traîné au fon des tambours , des trompettes ,
des hautbois & de plufieurs autres inftrumens , & il eft
Tom. IV. D
2,6
MAD
MAE
traîné fi lentement , qu'on mec trois juins à faire le tour
de la forcèrent. Tels font les honneurs que cette aveugle
gentilite rend aux dânons.
Du côté du nord , au-dertiis de la forterefle > dans la
rue qui va eft & ouell, étoient autrefois les éghfesdes
Chrétiens. Une de ces églifes avoit été fondée par le père
de Nobil&us; l'autre, qufétoit plus ancienne , étoit fous
l'invocation de Noue Dame& deffervie par des Jéfuites.
Ces églifes furent renverfees, lorsque la ville fut prife ôc
ruinée en partie par le roi de Maylfur. On en a bâci une
nouvelle dans un des fauxbourg", auprès de la rivière , qui
s'appelle Vaighei. Maduré a beaucoup perdu de fon an-
cienne fplendeur depuis l'irruption des Mayffuriens , Se
depuis que les derniers rois ont transporté leur cour à
Trichirapali , qui par-là eft devenue la capitale du royau-
me. La latitude de Maduré eft à peu près de 10 deg. 2,0
min. & fa longitude de 97 deg. 3 2 min.
MADURNUM Voyez. Adurnum.
MADUKUS. Pcolomée dit que MaSbpoç étoit une ville
de l'Afrique propre. Voyez. Madaura.
MADUS , ancienne ville de lifte de la Grande Bre-
tagne. Il en eft fait mention dans le premier fragment de
la table de Peuringer -, & Cambden , Britann. l'explique
par Maydston.
MADUSSAMA. Voyez. Madasumma.
MADYAN , ville d Afie dans 1 Arabie , fur la côte
orientale de la mer Rouge. C'eft une ville ruinée. Elle
étoic fituée fur le côté oppofé à Tabuc , dont elle étoit
éloignée d'environ fix journées de chemin. C'eft a Madyan
qu'étoit le puits fameux dont Moyfe abieuva les trou-
peaux deSchoaïb: Madyan eft aulli le nom de la tribu de
laquelle étoic iffu Schoa.'b , &c enfuice la ville donc nous
lybe , excerpt. i. 10. t. 38. écrit ce nom de Mutai par une
diphtongue WidS'oio , & Strabon par un c fimple , Médoi ;
ce qu'Ortehus defapprouve , parce que , dit-il , il faut di-
ftinguer Medi peuple de la Thrace , & Me ii , les Medés ,
nation d'Afie,
fVLEDO-BlTHYNI. Voyez. Mjedi , ci-defius.
MvELTEl. Voyez. \Aaota.
MyEGORES. Voyez. Metor.es.
M AELSTRAND ou Marstrand , place forte de la
Noiwcge dans le gouvernement de Bahus & au pays de
Vickes , fur un rocher escarpé en forme de presqu'ifie ,
avec un château allez bon à l'embouchure du Wener dans
la mer de Danematck , ou le Schager Rack. Elle apparte-
noit autrefois aux Danois qui l'avoient bâtie , & qui la
cédèrent en i6j8. aux Suédois qui en onc joui depuis. Les
Danois s'en étoienc emparés en 1676. mais ils la rendi-
rent aux Suédois par le traité de paix fait a Fontainebleau
en ICÎ79. * Baudrand, Dictionn. edit. 1705,
MAELSTROM , gouffre de l'Océan feptcntrional fur
la côte cle N 01 Wege -, quelques t'ns le non, ment en latin
Umbilicus maris. 11 eli au nord du gouvernement de
Drontheim fur la côte , entre la petite ifte de Wero au
midi & la partie méridionale de l'iftt de Lofïouren ou
Loffout aunoid . par les 68 deg. 10 à ij min. de lati-
tude , ik le 28 deg. de longitude. On voyageur François
qui vivoit vers le milieu du liécle palié , «N: qui s'appelloit
la Martiniere , dit dans un nouveau voyage du fepten-
trion : Ce Maelftrom eit un tournant d'eau ie plus- grand
de couce la mer de Noiwege , où les navires pétillent a la
dnîance de cinq , de fix , ou de fept lieues des cô.es. Ceux
qui en ont la connoùTance & qui lavent la route, s'en éloi-
gnent de huit ou dix lieues , courant au large pour éviter
de mer,
parlons prit ce même nom , ce qui eft artefté par la parole un grand nombre de rochers ik. de pareils toui nans
du Très-Haut , qui dit : Le chef ou le gouverneur de Ma- qui le rencontrent en divers endroits. D'autres voyageurs
dyan eft frère de Schoaïb. Selon Ibn Saïd , la largeur de dilent qt.e ce tournant eft formé par un gouffre où les
la mer Rouge, en ce lieu la, eft d'environ cent mule pas. eaux s'aby ment en tournoyant , & entraînent avec elles
Il y a auprès de Madyan un château nommé Mafamiyah , tous les vauleaux , de quelque grandeur qu'ils foienr , qui
bàifurla côce occidencale de cecce mer. * Abui-jcdu
Deferip. de 1 Arabie , p. 303.
MAD YTA , (génitif arum pluriel) Nous dirions en
françois Madytes , fiége épiscopal fous le patriarchat de
Conuantinople. 11 rcconnoiiloit d'abord Heraclee pour
métropole , mais il en fuc détaché , & devint lui-même
métropole. La notice du vieux Andronic Paléologuc porte
qu'elle tint d'abotd le foixante-huiciéme rang , & qu'elle
eut enfuite le quatre-vingtième. Celle de Nilus Doxapa-
trius dit au foixante- quatrième rang Mudyta ab Hcru-
clea avulfa»
MADYTOS.Voyez. Macidos.
IAALA. Voyez. MaIA.
M/EANDLR. Voyez. Méandre I.
M./EANDRIA , ville d'tpue , félon Pline, le fetil an-
cien qui l'ait nommée.
MjEANDRIjnI. Didis de Crétenomme ainfi un peu-
ple d'Afie , apparemment voilin du Méandre.
M/£ANDROf OlIS , ville de Magnéûe , dit Etienne
le géographe. Mai*ify*7ie\iç ,Mu-yvwriei; UohKt Je crois que
c'eft une bévue de fon abréviateur, tk que cette ville dont
Phlégon a parlé dans fes olympiades , n'eu autre choie
que Magnésie fur le Méandre. Voyez Magnésie 2.
MALATAL , ancien peuple de l'ifle de la Grande Bre-
tagne. Zonare & Dion Caihus dans la vie de Séveie en
font mention. Ils étoient auprès du mur qui coupoic l'ifle
onc le malheur de le trouver élans la fphere de leur cour-
billon. Un vaifleau qui y eft engagé fuie malgré l'arc du
pilote le fil de l'eau qui le porte par une ligne fpirale vers
le centre où il disparoir. L'eau qui revient fix heures
après, fore comme une montagne de ce gouhre, ik rap-
porte avec elle les débris du vaiileau entièrement fiacauë
par les roches qui l'ont en quelque façon broyé. Entre ce
flux ëc ce reflux ii y a , difent ces voyageurs , un intervalle
que les matelots des environs lavent prendre , & pendant
cet état où le gouffre eft dans une espèce d'équilibre , &c
qu'il n'attire ni ne repoufle les eaux , ils peuvent y pafter
fans danger ; mais dans le teins que le gourire eft en fu-
reur , pour parler ainli , il fait un bruit épouvantable que
l'on entend à quelques lieues de-là.
Nous avons remarqué au mot Charybde qu'il y avoir
bien à rabattre delà peinture que les poètes, les hifto-
riens «Se les voyageurs en ont faite en différens tems„ Il en
eft apparemment de même du Maeljhum. François Néri
Italien, qui voyageoit en NoiWcge après le chirurgien la
Martiniere , dit qu'il n'y a aucun gouffre en cet endroit-là,
mais feulement un courant de mer qui fait grand bruit en
montant tous les jours durant fix heures ; après lesquelles
il eft plus calme pendant le même espace de tems. Il
ajoute que tant que ce calme dure , les petites barques
peuvent aller d'une ifle à l'autre fans courir aucun dan-
ger , tk que le bruit que fait ce courant n'eft caufé que
en deux parties. Lloyd croit que leur pays eft aujourd'hui par de petites ifles ou rochers qui repouflent les vagues ,
la Lothiane en Ecofle , ce qui n'eft guères vraifemblable
Cambden die que c'eft le Northumberland.
M/£CEN AS. Vairon au liv. VIL de fon ouvrage fur la
langue latine , dérive ce nom d'un nom de lieu.
M/ECIA, nom d'une famille d'Italie, qui choie fon nom
d'un certain château , félon Feftus. M. Dacier dans fes
notes ajoute que ce château s'appelloit M^cium cas-
trum , & étoi: près de Lanuvium.
M^EDI , peuple de Thrace aux frontières de la Macé-
doine. On les nommoit MjEdo Bithyni , au rapport d'E-
tienne legéographe.Ptolomée, /. 3. c. 1 1 .appelle leur pays
M^EDicA.Tite Live, (. 26. c. 15. nomme le peuple Mj£di ,
le pays Mjîdica la Médique dont la capitale étoit , félon
lui, Jamphokina. Il parle , l. 4&. c. 22. encore de Pe-
tra , autre ville de ce peuple. Pline , /. 4. c 1 1. les met
au bord du Strymon , au voifinage des Daifelates. Po-
tantôt au feptentrion , taneôt au midi , de manière que ces
vagues paroiflent tourner en rond. Peuc être que cette
réduction eft plus conforme à la vérité que le fracas poé-
tique qui eft attribué au Maelftrom dans beaucoup de
vovageurs, & fur tout dans le Qiriofas Antiqitaruti ; li-
vré allemand qui en donne une idée fore effrayante,
M^EMARSUS. Etienne le géographe dit par occafion ,
au fujet du peuple Agathyrsi , MxmarJttJ urbs lftn*
Ce partage n'eft pas aflez net pour rien déterminer.
M/FNALA. Voyez. M^nalus.
M./ENALES. Voyez, Macrales.
M^ENALIA, ville d'Afie dans la Galarîe, félon Etien-
ne le géographe, Thucydide en parle auifi quelque part.
Orrelius le cite fans dire dans quel livre.
MiEN Al IU M , nom commun à une montagne & à un
canton del'Arcadie, félon Paulanias, in Arcadic. c. 36,
MAE
M^ENALIUS MONS , montagne du Péloponnèfe
dans l'Arcadie. C'eft la même que M^nalus. Voyez, ce
mou
MjENALUS. montagne du Péloponnèfe dans l'Arca-
die. Strabon , /. 8. p. 3 38. & Pline , /. 4. c. 6. en font men-
tion , Se Virgile, eclog. 8. v. 11. dit :
M&nalus argutumque nemus pinosque loquentef
Semper habet : femper Tafterum ille audit amorcs*
11 dit aufli au pluriel , eclog, 10. v. 5$.
Interea mixtis lujîrabo Mxnala Nymphis.
Cette montagne avoir plufieurs bourgs ; entr'autres >
'Aléa, Pallantium , Helifiori , Dipxa , &c. dont les ha-
bitaus furent rafiemblés dans la ville de Mégalopolis. En-
tre ces bourgs , il y en avoit un nommé M«£nalum Op-
pidum , dont Pauianias , in Arcad. c. 36. dit qu'on ne
voyoit plus que les ruines. Le Scholiafie de Pindare, in
Clymp. 9. verf. 88. dit que Mœnalum , Ma.1va.X9v, eft une
monragne tk ville d'Arcadie-.
M./ENARI/E Insulte , iiles de la mer Méditerranée >
près de l'ifle de Majorque, vis-à-vis de Palma, félon Pline.
Le R. P. Hardouin croit que la mer les a détruites.
MA.NOV>k. Voyez. Manoba.
M/ENOBORA , ancienne ville du peuple Mastieni >
félon Etienne le géographe. Voyez, Mastia Se Mastia-
MI.
M/ENOMENA.Cenomeftgrec,Ma/i.'o/*efa, & Pto-
lomée le donne aux montagnes de Sardaigne , que Tite-
Live&Florus ont nommées Insani Montes. Ortelius
croit qu'on les nomme préfentement Cakelle.
MvÉON. Voyez. M/eotis Palus.
M/EON ES, peuple de la Méonie. Pline dit que les
Méons occupèrent quelque tems le bord du Palus Méo-
tide.
i.M^EONIA, contrée de l'Afie Mineure. Voyez. Ly-
die.
2. MyEONIA , ville de l'Afie Mineure dans la pro-
vince de Méonie, avec laquelle il ne faut pas la con-
fondre. Elle éioit fituée , fuivanr Pline , /. 5. c. 29. au
pied du Tmolus ; mais du côté oppofé à celui où étoit
Sardes : Et ipfi , dit-il , in radite ïrnoli Cogamo flumini
adpofîti Mxonii , Tripolitani. La notice d'Hiérocles ôc celle
de Léon le Sage placent Mmvia. , la ville de Méonie dans
la Lydie. Une autre notice , au lieu de Mwow'a , on lit Ma/o-
v'tet. * Cellarins , Geogr. antiq. 1. 3. c. 3.
M/EONII , habitans de la Lydie. Siliusltalicus nomme
Mxe/iia gens , les Lydiens établis dans l'Etrurie. C'eft à
l'occafion de leur ville Vetulonia.
Mxon'uque decus quondam Vetulonia Gémis.
M/EONUS ou M^onos , rivière d'Afie dans la Ly-
die au canton de F Achats , félon Etienne le géographe.
M/E017E , peuple Scythe au bord du Palus Méotide.
C'efl Pline ,/. 4. c. 12. qui les nomme ainfi. Hérodote ,
/. 4. c. 23. les appelle M/eeive , m«;»t«(. Tous les peuples
qui habitoieni autour de cette mer éroienr compris fous le
nom général de MytoTici , félon Pomponius Mêla , /. 1.
c . 1 9. Ils donnoient le nom à cette mer , félon Pline.
M/EOTALIMNOS & M^otalmnos , Maiord^i/xvoe ,
Se U<uàraXy.voi , noms corrompus dans le lexique de Pha-
Vorin pour Ma/&>V/ç aI/jlv» , Maotis Talus.
M/EO TIS PALUS. Voyez. Le Palus Méotide.
M/EPA ; Mafai* , ville de la grande Arménie , félon
Ptoloméc , /, j. c. 13,
Mi£PHA , ville de l'Arabie Heureufe , félon Ptolo-
mée , /. 6. c. 7. Il la qualifie de Métropole. Elle n'efi point
différente de la ville deMEPHRA, dont parle Ammien
Marcellin.
M^PHATH , village de l'Arabie Heureufe , félon
Ptolomée , /. 6. c. 7. Quelques exemplaires portent Me-
thath.
M/ERAS , lieu du Péloponnèfe dans l'Arcadie , félon
Paufanias , in Arcadic.
MAERSEN , village fur la gauche du Vecht , à une
lieue & demie d'Utrecht. * Ditl.géog. des Pays-Bas.
MAES , nom que les Flamands donnent à la Meufe ;
MAG 2.7
delà les noms de Maeseck.Maesland ,Maestricht»
&c. qui ont tous le nom de la Meufe pour origine.
MAESECK , ville de l'Evcché de Liège fur la rive
gauche de la Meufe , à cinq lieues au-deflbus de Maftrichr,
& trois lieues au-deflus de Ruremonde. Elle fut prife par
les François le ij mai 1672. * Dillionn. géograph. des
Pays-Bas.
MitSlA. -j
MUSEUM. \ Voyez. M&sin.
M^SIUS. J
MAESLAN D , petit pays dans le Brabant hollandois J
entre Bois-le-Duc & la feigneurie de Ravenftein. * Dift.
géograph. des Pays-Bas.
MAESLANT-SLUYS ou Maes-Sluys , gros village
de Hollande dans le Delfland, à deux lieues de Delft,
proche de la Meufe , à une grande lieue de la Brille , la
rivière entre deux. * Dicl. géograph. des Pays-Bas.
MAESTRICHT, ^«.Mastricht.
M^ESOCA. Voyez. Mausoca.
MyESOLIA , ancien pays de l'Inde en-deçà du Gange,
félon Ptolomée. Ce peuple eft nommé M^soli par Àr«
rien , in Indic.
M/ETONA , ancienne ville de la Perfe proprement
dite , ou Perfide » félon Ptolomée , /. 6. c. 4. Etienne le
géographe la nomme Métone.
M/ETONIUM , ancienne ville de la Sarmatie en Eu-
rope , félon Ptolomée , /. 3. c. 5. C'eft aujourd'hui Roha-
tih , bourg de la Ruifie rouge près de Léopold.
M/EVIUS & Meulus. Selon Vibius Sequcfter , c'eft la
même chofe que Vesevus ou Vesuvius. Voyez, ce mou
MACEA , fontaine de Sicile au territoire de Syra-
eufe , fefon Pline . /. 3 . c. 8.
1 . MAGADOXO ou Macdoscho , rivière d'Afrique.
Elle prend fa fource vers le nord du royaume des Machi-
das , elle traverfe enfuite le royaume de Magadoxo , & va
fe jerter dans la mer d'Oman , auprès de la ville de même
nom. D'Herbelot dit qu'elle prend fa fource au pied des
montagnes de la lune , auffi-bien que le Nil . qu'elle dé-
borde au folftice d'été de même que le Nil d'Egypte &
celui des Nègres ; de forte que c'eft comme un troifiéme
Nil. * Biblioth. orient.
2. MAGADOXO , royaume d'Afrique fur la côté
orientale. ïl efl borné au nord par le royaume d'Adel , à
l'orient par la côte Déferte , au midi par les terres de la
république de Brava , & à l'occident par le royaume des
Machidas. * De l'ifle , Atlas.
3. MAGADOXO , ville d'Afrique fur la côte orienta-
le, capitale du royaume de même nom, ôc à l'embou-
chure de la rivière de Magadoxo. Elle eft habitée , fui*
vaut d'Herbelot , par des Mahométans , qui s'y établi-
rent du tems des khalifes d'Egypte. Cette ville eft grande
& belle , environnée de murailles avec un palais au cen-
tre. Elle eft à cent treize lieues de Mélinde. Latitude fep-
tentrionale 3 deg. j8 min. * Biblioth. orient.
MAGALA, lieu où les Ifraélites , I. Reg. 17. zo.
étoient campés , lorsque David combattit Goliath.
MAGALA CivitAs. H paroît qu'il y a eu une ville
d'Espagne de ce nom , fi l'on s'en rapporte à une an-
cienne infeription rapportée par Morales. * Ortelius,
Thefaur.
MAGALONENSIUM Civitas , ancienne ville de
la Gaule Narbonnoife. Voyez. Maguelone I.
M AGARAVA, montagne d'Afrique dans le royaume
de Trémecen. Elle s'étend l'espace de quatorze lieues le
long de la côte de la mer Méditerranée ; & fur fa pente
elle a deux villes , favoir Mazagran & Moftagan. Elle
porte le nom des Bereberes qui l'habitent. Parmi ces peu-
ples il y a plufieurs braves gens qui font riches en bleds
& en troupeaux ; mais ils fuivent les pâturages , comme
les Arabes , fans avoir de demeure fixe. Ils parlent un
arabe corrompu -, ce qui a fait croire à quelques auteurs
que ces peuples éroienr Arabes. Mais ce font des Bere-
beres delà rribu desZénétes, de la lignée de Magaroas ,
& des dépendances de Moftagan. Cette montagne s'étend
jusqu'à la rivière de Chilof , qui fépare cette province de
celle de Tenez. * Marmol , Du royaume de Trémecen,
pag. 588.
MAGAR1ASSUS , village d'Afie dans la Cappadoce.
11 en efi fair mention dans la vie de faint Théodofe abbe,
par Siméon le Méuphrafte.
totn. TV. Dij
2,8
MAG
MAG
MAGARIS , ville de l'Inde en-deçà du Gange , félon
Ptolomée , l.j.c. i.
MAGARMELITANUS , fiége épiscopal d'Afrique.
On trouve dans la conférence de Carthage , Secundiis epis-
copusptebis Magramelitana ,8c dans la notice épiscopale
d'Afrique , Jiduts Vagarmelitànm , entre les évéques de
la Numidie. Ce même évêque Secundus pourroir bien
être le même qui foi.fcrivit au libelle deLeporius en ces ter-
mzs:S<cundus épiscopm eccléftdAquenfis five Megarmitana.
MAGARSOS , ville d'Afie dans la Cilicie , félon Pli-
ne, l. 5. c. 27. U la met auprès de Mallos & de Thar-
fe, peur être fur une colline de même nom, qu'Etienne
Je géographe place auprès de Mallos.
MAGASE, ancien peuple de l'Ethiopie fous l'Egypte ,
félon Pline , /. 6. c. 29.
MAGAVA, montagne de .l'Aile Mineure dans la Ga-
latie , non loind'Ancyre , félon Tite-Live.
MAGAZA. Voyez. Mazaga.
MAGDALA , MAGDALUM , MAGDOLUM ou
Migdol. Ces termes lignifient une tour, & fe trouvent
quelquefois feuls, & quelquefois joints à un autre nom
propre.
i.MAGDALA.villedela Paleftine proche la Tibé-
riade & de Chammatha. On lit dans le Talmud de Jéru-
falem ( a ) qu'un certain pafteur , homme avancé en âge ,
dit au rabbin qu'il fe fouvenoit d'avoir vu les habitans de
Magdala aller un jour de fabbat à Chammatha , traverfer
cette ville & s'avancer jusqu'au pont du Jourdain. Sur
quoi le rabbin avoit permis aux mêmes habitans de Mag-
dala de faire le même chemin un jour de fabbat. De ces
paroles (b)on peut conclure que Magdala étoit au-delà
du Jourdain , du même côté que Gadara, & qu'elle n'é-
toit éloignée de cette dernière ville que du chemin qu'il
étoit permis de faire dans un jour de fabbat. 11 eft dit dans
faint Matthieu , c . 1 5. 39. que Jefus fe rendit aux confins
de Magdala. Quelques maiiufcrits cependant , au lieu de
Magdala, écrivent Magedan. Eufébc , in Onomafl. dit
que de fon tems le pays autour de Gérafa s'appelloit m«-
jdiifrw. ». Voyez. Magedo , qui eft peut-être la même ville.
(a) Erttbin. fol. 23 , 4. ( b ) Lightfoot , Centur. chorogr.
C 7. D. Decad. chorogr. c. j.
2. MAGDALA , ville de la Paleftine au voifinage de
Jérufalem. Il eft dit dans le Talmud , fol. 7; , 2. que le
feribede Magdala préparoit les chandelles chaque foirde
fabbat , & qu'il alloit à Jérufalem , qu'il faifoit la prière ,
qu'il retournoit , & qu'il allumoit les chandelles avant que
le fabbat fût commencé. Il n'en faut pas davantage pour
voir que Magdala éroit peu éloignée de Jérufalem , puis-
que le feribe faifoit tout cela dans un fi court espace de
tems. Les glofiaires ajoutent que cette ville s'appelloit
Magdala Zéb ùm , cv' qu'elle fut détruite à caufe des adul-
tères qui s'y commettoient. * Ligh'foot , Hor. Hebr.
MAGDALEL , ville de la tribu de Nephthali, Jofuc ,
19, 38. Ce mot MAGDALELfignifiela Tour de Dieu. C'eft
l'interprétation que lui donne D. Calmet.
^ i.MAGDALENA,( f.l Rio de la) c'eft-à-dire ri-
vière de la Magdeléne, rivière de l'Amérique méridionale
au royaume de la nouvelle Grenade. Elle fe grolht des
rivières de Carara , Pati , Guali , Se de quelques autres ;
enfuite elle fe ped elle même dans la rivière de Sainte-
Marthe, dans la province de Sainte-Marthe, félon An-
toine Herrera , cité par Baudrand , édit. 1682.
2. MAGDALENA. Confultez Fornello.
3. MAGDALENA , en François baie de la Magdeléne,
baie de l'Amérique feptentrionale , au midi de la Cali-
fornie, à l'orient de la baie de faint Martin, vers les 25
degrés de latitude nord, & les 263 degrés de longitude.
* De ilfle , Atlas.
MAGDAL-GAD , ville de la tribu de Juda, .7*/^, 15,
37. Ce mot Magdal Gad lignifie la Tour de Gad. C'elt
l'interprétation que lui donne D. Calmet.
MAGDALONUM. Voyez. Matalone.
MAGDALSENNA , ville à fept milles de Jéricho vers
le feptentrion , fuivant Eufébe , in loch , cité par Dora
Calmet.
MAGDALUM. Moyfe dit que les Ifraélites étant for-
tis d'Egypte,, ExoJ. 14. 2. le Seigneur leur dit d'aller cam-
per vis a-vis Pjoilairoth , entre Magdalum & la mer vis-
à-vis Béelfephon. On ne fait fi c'etoit une ville ou une
fimple tour. Les prophètes parlent allez fotivent de Mag-
dalum dans labaile Egypte , oppofée à la ThébaVde. L'iti*
néraued Antonin marque Magdalum à douze milles de
Pelufe. * je. en:. 1 3 , 2. & 14. Ez,ech. 29 , 10.
MAGDALUS. Voyez. Magcchos.
MAGDEBOURG , ville d'Allemagne au cercle de la
Balle Saxe, dans le duché de même nom dont elle eft la
capitale. Elle eft fituée fur le bord de l'Elbe ,333 deg. jo
mm. de longitude , & à 62 deg. 18 min. de latitude , fé-
lon lkrtius ; mais Bcrtius fe trompe , c\. nos cartes lui don-
nent 29 deg. ;o min. de longitude , & ; 2 deg. 1 8 min. de
latitude , entre Halberftat qui en eft éloigné de neuf mil-
les , & Wittemberg qui en eft à douze. Cette ville qui eft
bien fortifiée , eft auflï très confidérable à caufe du grand
commerce que lui procure l'Elbe , fur laquelle grande
quantité de vaifieaux marchands partis de Hollande , de
Hambourg & d'autres lieux maritimes remontent jusque-
là , & fe rangent le long d'un grand quai. Cetie rivière
forme devant la ville une iflequi a des fortifications faites
de terre , quelques maifons & de grands chantiers ou ma-
gazins de bois de fapins. Ce bois , qui eft propre a con-
ftruire des vaifieaux , lé transporte à Hambourg, où di-
vers étrangers fe rendent pour l'acheter. L'ifie eft jointe à
la campagne & à la ville par deux ponts , dont le pre-
mier eft défendu par un fort bâti de pierres de taille. *
Mémoires communiqués.
Quelques auteurs croient que cette ville eft fort an-
cienne. Plufieurs veulent que ce foit le Mefuium de Pto«
lomée. Jean Pomarius qui a fait un fommahe des chroni-
ques de Magdcbourg, où il étoit curé d'une paroifle,
prétend que Drufus, général Romain , avoit jette les fon-
demens de cette ville dans l'endroit où le cloître de Ste
Magdeléne a été placé depuis -, & que l'ancienne tour de
brique, qu'on voit encore près de- là , eft un reftedes for-
tifications romaines. Mais cet Analifte auroit eu de la
peine à montrer , par le témoignage de quelqu'auteur an-
cien, que la domination des Romains fe foit étendue pour-
lors jusque-là. Quoi qu'il en foit, le même Pomarius eft:
porté à croire que cette ville tire fon nom de celui de Ma-
gada, fous lequel Venus étoit connue & adorée en ces
quartiers , d'autant que d'anciennes annales afturent que
cette Déefie y avoit un temple fameux , qui fut refpeété
parles Huns & les Wendes ou Wandales , lorsqu'ils ra-
vagèrent ce pays , Se fubfilia même jusqu'au tems de Char-
lemagne. Mais Bertius & d'autres rejettent cette étymo-
logic , Se veulent que Magdebourg ait pris fon nom de
deux mots germaniques Magd & Burg , dont le ptemier
fignifie une vierge , Se qu'elle ait été ainfi appellée par
l'impératrice Edithe qui l'avoir reçue en prefent denoces,
de l'empereur Othon fon mari , Se qui lui procura en-
fuite la plupart des avantages dont elle a joui depuis. De-
là viennent les noms de Parthenopyrga, de Parthe-
nope, Se de Parthenotous , que lui donnent certains
auteurs qui ne veulent jamais s'exprimer que d'une ma-
nière favante.Quoi qu'il en foit du nom , la place ou l'ha-
bitation avoit fubfifté.pluficurs fiécles auparavant ; Char-
lemagne qui y avoit fait quelque féjour & en avoit trouvé
lafituation commode, l'avoit fort embellie. Ce prince y
avoit fait bâtir une magnifique églife fous l'invocation de
faint Etienne , après avoir fait renverler le fameux tem-
ple de Vénus , dont j'ai déjà parlé ; il y avoit aulfi élevé
une forterciïe pour tenir en bride les Saxons de ces quar-
tiers. Mais tous les ouvrages de ce grand prince ayant été
détruits après fa mort par lesWendes, qui ravagèrent ce
lieu à diverfes fois, ce fut uniquement dans le bonheur
que cette place eut de faire partie du douaire d'Edithe .
qu'elle trouva le principe de la grandeur où elle eft par-
venue. Othon, à la confidération de cette princelTe, lui
donna une plus grande enceinte Se de rrès-grands privi-
lèges , la revêtit de murs , y établit des foires , & y trans-
féra l'évêché que fon père Henri I. avoit mis à Wallers-
lcben. Il y avoit d'abord fondé un magnifique monaftère
de l'ordre de fainr Benoît ; mais il le transféra enfuite fur
une montagne voifine, pour faire place à l'églife cathé-
drale dont il commença l'édifice , qui fut achevé après fa
mort par l'évêque Geron fon exécuteur teftamentaire,
auquel il laifia de grandes fommes à cette intention. Cet
empereur avoit même obtenu du pape que l'évêché feroit
érigé en fiége archiépiscopal , Se qu'il auroit fous lui les
évêchés de Merfebourg , de Meificn , de Zeirs , de Ha-
veiberg , Se de Brandebourg. Après la mort d'Othon ,
MAG
MAG
Magdebourg , voulant honorer la mémoire de ce prince,
qu'elle avoit lieu de confidérer comme fon fondateur ,
lui fit drefler vis a vis de la maifon de ville une ftatue
cqueftre , accompagnée de celles de fes deux femmes,
Ediihccv Adélaïde, &deplufieurs figures d'hommes ar-
més , qui tiennent les armoiries de fes principaux do-
maines héréditaires. Ce monument fublilte encore ; il eft
enfermé dans une espèce de loge percée d'une manière
à laiilér voir de tous côtés ce qu'elle contient.
11 elt clair que cette ville ne fur pas d'abord fujette à
fon archevêque pour le temporel , ôc qu'elle relia foumife
immédiatement aux empereurs ; mais ces princes lui per-
■ mirent enfuite de fe gouverner elle même, félonies loix
néanmoins qu'elle avoit reçues de leurs prédécefleurs , ôc
moyennant qu'elle reconnût toujours la haute fouverain-
netédu chef de l'empire ; dans la fuite elle s'eft foumife
en partie à la jurisdidtion temporelle de fes archevêques,
qu'elle regardoit pourtant plutôt comme les premiers com-
miflaires impériaux , que comme fes véritables fouverains.
Auflï a-t'clle toujours eu quelque démêlé avec eux ôc le
chapitre ; ôc enfin du tems de fes derniers archevêques .
elle avoit presque retiré à elle toute l'autorité dont ils
s'étoient emparés. Joachim- Frédéric de Brandebourg,
fut obligé de lui céder par convention le droit de dispofer
de toutes les charges féculieres , ôc même de quantité de
polies eccléfialliques , ne fe réfervant de jurisdiction que
dans les caufes matrimoniales. Encore ne devoit-il en
connoître que conjointement avec un certain nombre de
confeillers eccléfiaftiques ôc laïques nommés par elle.
Comme il y avoit déjà eu beaucoup de disputes au fujet
d'une porte de la ville qui eft proche de la cathédrale , ce
même archevêque confentit aulïî que les bourgmellres en
enflent les clefs , pourvu qu'ils s'obligeaflent de la lui ou-
vrir à quelque heure qu'il voulut entrer dans la ville, ou
en fortir.
Le fiége épiscopal , qui fut transféré de Wallersleben
dans cette ville , eft le même qui avoit été établi par l'em-
pereur Charlemagne à Schieder ou Styde fur l'Emmer ,
dans le comté de Schwalembourg , qu'on nomme aujour-
d'hui le comté de la Lippe. L'empereur Henri I. Pavoic
transféré de-là à Wallersleben , d'où Othon I. fon fils ,
Iota pour le placer à Magdebourg , & le fit ériger en ar-
chevêché , comme nous l'avons dit. L'archevêque obtint
même dans la fuite le titre de primat de Germanie ; mais
il n'a jamais été reconnu en cette qualité par les trois éle-
cteurs eccléfialliques , ni par l'archevêque de Saltzbourg.
Adalbert, qui fut tiré du monaflère de faintMaximin de
Trêves, fut le premier archevêque de Magdebourg l'an
? 968. Norbert inftituteur de l'ordre de Prémontré , ôc le
treizième archevêque de cette ville , accompagna l'em-
pereur Lothaire jusqu'à Rome , Ôc vint à bout de termi-
ner les différends d'Innocent ôc d'Anaclet qui fe dispu-
toient la chaire de faint Pierre. Ce fervice lui valut le ti-
tre de primat de Germanie que fes fuccefleurs ont con-
firmé.Albert de Brandebourg , fils puîné de l'électeur Jean
I. fut fon quarante-deuxième archevêque. Ce prélat , qui
avoit été facré en 1 5 1 3. eut le chagrin de voir Luther pu-
blier fa nouvelle doctrine dans Magdebourg même, ôc ne
manqua pas de s'oppofer fortement à fon progrès. Ce-
pendant, pour avoir la paix , il permit l'an 1 j 36. à la no-
blefle ôc au peuple des diocèfes de Magdebourg ôc d'Hal-
berflat le libre exercice de la nouvelle religion , a condi-
tion que les chapitres , les monaflères ôc cloîtres fubfifte-
roient en leur premier état. Jean-Albert de Brandebourg,
fon coufin , lui ayant fuccédé en 1545. les habitans » qui
avoient presque rous embrafle les opinions de Luther ,
chaflerent les chanoines , & furent foutenus par Jean-
Fredéric électeur de Saxe, ce qui fit mettre cette ville au
ban de l'empire. Sigismond, fils de Joachim IL électeur
de Brandebourg , quarante-cinquième archevêque , prit
goût pour la confeffion d'Ausbourg , ôc voulut abolir en-
tièrement les cérémonies de Péglife catholique dans fon
diocèfe -, mais il mourut en 1556. lorsqu'il travailloit for-
tement à cette entreprife. Son fuccefieur Joachim -Frédé-
ric de Brandebourg , déjà évêque de LIavelberg ôc de Le-
bus , fut poflulé la même année par le chapitre. Mais ce
prince, ayant ouvertement embraffé la réformation & s'é-
tant marié , ne put obtenir de l'empereur les régales de
cet archevêché , ce qui ne l'empêcha pas de refier en pos-
fiflîon jusqu'à l'an 1 j?8. où il fuccéda à fon père Jean-
29
George dans l'électorat de Brandebourg Il fit auflî tor bo-
itiller l'on rilsChnltian-Guillaume pour cei te prclat Lire Ce>
lui-ci fe maria aulli , ôc relia néanmoins en pollèiiion de
cet archevêché , jusqu'à ce que les troupes impériales le
firent piï.onnier en 1651. ôc l'emmenèrent à Ncuitadt en
Autriche , où il abjura la religion protellame. Le chapi-
tre avoit déjà quelques années auparavant élu a fa place
Jean-Auguite fils de l'électeur de Saxe. D'un autre côté
l'empereur Ferdinand IL avoit obtenu des bulles du pape
pour cet archevêché en faveur de l'archiduc Léopold fon
fils , après avoir fait défenfe au chapitre de procéder à
aucune élection. Néanmoins Jean-Auguite trouva moyen
de fe mettre en pofleflîon , ôcy fut confirmé- quelques an-
nées après par l'empereur même. Il fut le dernier arche-
vêque de Magdebourg , parce qu'il fut ftipulé par le
traité deWeftphalie qu'après la mort cet archevêché fe-
roit poflédé en fief perpétuel de l'empire par l'cleéteur
de Brandebourg, en compenfation de la Poméranie cité-
ricure&de rifle de Rugen , que ce dernier cédoit aux
Suédois. Ainfi depuis l'an 1666. auquel Jean-Auguite
mourut , Magdebourg ôc le reflc de l'archevêché qui
fut fécularifé , font en puiflance de cet électeur.
Au refte , cette ville a beaucoup fouffert par les guer-
res & divers autres accidens. En 1 o 1 3 . elle fut presqu'en-
tiérement ruinée par Boleflas , roi de Pologne. En 1 1 80.
un incendie, qui commença pendant les fêtes de Pâques ,
la réduifit presque en cendres. En 12 14. l'empereur Othon
IV. vint camper devant elle avec une armée nombreufe ,
ôc en détruifit les dehors ôc les fauxbourgs oit étoient les
églifes de faint Pierre , de faint Jacques ôc de fainte Ca-
therine , qui après leur rétabliffement furent renfermés
dans la nouvelle enceinte. Les mouvemens qui furent les
fuites des opinions nouvelles, y ont auflî caufé de gran-
des délblations , en l'expofant plufîeurs fois au ban de
l'empire & à de longs fieges ; favoir , en 1 547. lorsqu'elle
eut charte les chanoines , fe fiant fur l'appui de Jean-
Frédéric électeur de Saxe : en 1/49. lorsqu'elle eut refufé
de recevoir l'intérim de Charles V, le nouveléledteur de
Saxe, Maurice, qui avoit eu la commiflîon de la contrain-
dre , lui fit fourbir un fiége de quinze mois. Mais celui
qu'elle foutint en 163 1. contre les Impériaux qui étoient
fous la conduite du comte de Tilli, lui fut bien plus fu-
neite ; car ayant eu le malheur d'être prife d'aflaut , elle
fut abandonnée à la fureur du foldat qui y commit tous
lesdéfordres imaginables ■-, fix grandes églifes paroiffiâles
ôc celles de plufieurs cloîtres , dont la plupart étoient
couvertes de plomb ôc quelques-unes même de cuivre ,
du moins en partie , furent entièrement ruinées ; ôc de
toutes lès maifons particulières, il n'en échapa aux flam-
mes que cent trente-neuf. Magdebourg a été fort long-
tems à fe remettre de ce malheur -, préfenrement elle ell
en auflî bon état qu'elle ait jamais été.
La cathédrale de cette ville eft un bel édifice, dont
l'Archevêque Albert I. jetta les fondemens en 1 210. Car
celle qu'Othon avoit fait bâtir, ôc la principale paroifle
avoient été détruites par le feu. Cette féconde cathédrale
qui n'a pas été placée fur les fondemens de la première ,
a été conftruite avec des proportions peu ordinaires. Elle
devoir avoir quatre tours d'une égale hauteur ; mais i! n'y
en a que deux qui ayent été achevées ■■, lesdeux autres n'ont
que la moitié de l'élévation qu'elles dévoient avoir. La
hauteur de la voûte du milieu eft égale à la largeur de
tout le vaifleau, ôc fa longueur eft égale à la hauteur des
tours qui font finies. Derrière le grand autel du chœur fc
voyent les tombeaux de l'empereur Othon ôc de l'impéra-
trice Edithe , dont les ofiemens ont été retirés des ruines
de l'ancienne cathédrale. Sur le devant du même chœur
eft une belle ftatue de marbre qui repréfente faint Mau-
rice patron de cette églife , tenant d'une main un écu avec
l'aigle de l'empire , Se de l'autre un étendard qui eft celui
dont les habitans , ou les milices de la ville fe fervent ,
lorsqu'ils ont à marcher contre l'ennemi. Cette cathé-
drale eft dédiée à ce Saint , parce que la première l'avoit
été en conféquencé du vœu qu'Othon I. fon fondateur
avoit fait avant la bataille qu'il donna aux Hongrois près
du Lech l'an 650. au cas qu'il pût remporter la victoire.
Il y a proche de la chaire du prédicateur une chapelle que
l'on nomme communément la chapelle d'Orhon , parce
que cet empereur y eft repréfente avec l'impératrice Edi-
the, en bas- relief au- dcflïis d'un autel. Othon y tient de
3°
MAG
MAG
la main droite une espèce de table chargée de dix neuf
petites tonnes , qui marquent que ce prince avoit employé
dix-neuftonnesd'oralaconftrucT:ion de la première ca-
thédrale. L'orgue eft un très-bel ouvrage. Son plus grand
tuyau en; long de trente deux pieds , & fi gros, qu'un hom-
me peut à peine l'embraser.
Sur le grand marché fe voit la ftatue de Roland ou Ru-
land, telle que Charlcmagne la failbit mettre dans les
villes qu ilfondoit ou qu'il reftauroit. A l'oppofire eft celle
d'un grand cerf que le peuple dit avoir été tué par Roland.
Maison ne fait pointau jufte pourquoi ces ftatues portent le
nom deRuIand.Plufieurs difent qu'elles l'ont,parce qu'elles
repréfentent un neveu de Charlemagne, appelle Roland
ou Ruland , qui lui avoit rendu de très-grands fervices
dans la Saxe ôc ailleurs. Ils ajoutent que ce vaillant ca-
pitaine fut furpris ôc tué par les Gascons , lorsqu'il rame-
noit fon armée vicLorieufe d'Espagne. D'autres préten-
dent que ce font les ftatues de cet empereur même , d'au-
tant qu'elles tiennent de la main droite une épée ôc de la
gauche l'aigle de l'empire , ôi que d ailleurs on ne trouve
aucune hiftoire ancienne de Germanie, qui fafle mention
des victoires remportées par quelque capitaine nommé
Roland. Enfin d'autres les regardent fimplement comme
une marque de jurisdiétion impériale , avouant qu'ils ne
favent pas ce qui peut leur avoir procuré le nom qu'elles
portent. Néanmoins je crois qu'il n'eft pas impofliblede
le deviner , ôc qu'on pourroit rencontrer aflez jufte , en
prenant ce nom pour un terme compofé du mot Land ,
qui figniiîe pays , ôc de Rulen ancien mot faxon , qui fi-
gnifioit gouverner , régler : un figne de jurisdi&ion ne
pouvoic , ce femble , avoir de nom mieux approprié ou
plus convenable à fon ufage. On doutera peut-être que le
mot Kukn ait été de l'ancien Saxon , parce qu'il n'eft plus
en ufage dans la langue get manique ; mais deux raifons le
prouvent. En premier lieu, le terme fe trouve avec lefim-
ple changement de terminaifon dans la langue angloife ,
qui a confervé une grande quantité de mots faxons : en fé-
cond lieu la langue faxonne d'aujourd'hui, n'ayant plus
pour la fignification dont il s'agit ici qi:e des termes em-
pruntés des autres langues , fait aflez voir qu'elle a perdu
celui qu'elle avoit de fon propre fonds.
MAGDEBOURG, ( le Duché de ) pays d'Allemagne
au cercle de la Bafle-Saxe. C'étoit autrefois le diocèfe ÔC
l'état fouverain de l'archevêque de Magdebourg \ c'eft à
préfent un fimple duché , depuis qu'il a été fécularifé en
faveur de l'électeur de Brandebourg qui en jouir. Il eft
borné par la vieille Marche de Brandebourg au fepten-
trion , par la moyenne Marche à l'orient , par les princi-
pautés d'Anhalt &d'Halberflat au midi, Ôc par le duché
de Brunswic à l'occident. Cet archevêché, qui eft très-con-
fidérable par fon revenu ôc par la dignité de primat de
Germanie , a été long-tems pofledépar des princes de la
maifon de Brandebourg. C'eft fous leur régence que la
confefiîon d'AugsbGiug s'y eft introduite-lLa été fécularifé
par les traités de paix de Weftphalie , qui en aflurerent la
polîelfion à l'électeur de Brandebourg , après la mort de
Jean-Augufte de Saxe fon dernier archevêque , ou plutôt
adminiftrateur. Il fait donc aujourd'hui partie des états
du roi de Prufle , à titre de duché féculier. Néanmoins
le chapitre fubfifle encore à Magdebourg capitale de ce
nouveau duché. Les villes qu'il renferme , font :
Magdebourg , capitale , Saltz ,
Bergen , monaftère, Wolmerftadt,
Burg ou Borch , Kalbe ,
Staffurt ou Stasfurt , Loburg.
Le duché de Magdebourg comprend aufli un petit can-
ton fur la rivière deSaale, nommé der Saale Kreift, où
font ,
Halle , Giebigenftein , & Pètersberg.
Weutin , Lebeguin ,
MAGDHIELou Magdiel, lieu delà Paleftineà cinq
milles de Dora , tirant vers Ptolémaïde , félon Dom
Calmer , Diction, qui croit que c'eft Mageddo , ou Mag-
dolos. Saint Jérôme écrit Magdhiel; les Septante M*y-
«TaA/wX -, ôc Pagnin , Migdahel.
MAGDOLOS ou Magdolus , ville d'Egypte. Jéré-
mie , c. 46. en parle , auffi bien qu'Hérodote , /. 2. c.
1/9. & Etienne. L'itinéraire d'Antonin femble la placer
aux environs du Delta , du côté de l'orient à douze mil-
les de Pelufe. Ortclius , Thejaur. croit que Magdolos
eft la même ville que Magdalum , dont il eft parlé dans
l'Exode , 14. 2 , où au lieu de Magdalum , Pagnin écrit
Migdol. On lit Mctyiïaxlruv fur une médaille de l'empe-
reur Antonin Pie , in Goltz.. Thefaur. D. Calmet juge
que Magdolos ôc Mageddo font la même ville.
i.MAGDUNUM, ancienne ville de la Gaule Aqui-
tanique dans le voifinage d'Orléans fur la Loire. Il en eft
fait mention dans la vie de faint Lifard folitaire. Voyez.
Mehun fur la Loire. * Adrian. Valef. notir. Gall.p. z i2„
2. MAGDUNUM , ancienne forterefle aux confins du
Berri fur la rivière d'Yeure. Aimoin , /. 3. hifl. Francicœ i
dit que de fon tems ce château fe nommoit Cafirum Me-
diolanenfe ; ôc que du tems de Grégoire de Tours il étok
appelle Magdunum. Voyez. Mehun fur Yeure.
MAGEDAN , ou Majedan , ou Medan , lieu de la
Paleftine dans le canton cie Dalmanutha Saint Marc , 8.
10. dit que Jefus-Chrift, s'érant embarqué fur la mer de
Tibériade avec fes disciples, vint à Laimanutl.a. Saint
Matthieu , 15.39, rapportant le même événement , dit
que le Sauveur alla à Magedan ; ôc plufieurs manuscrits
de faint Marc lifent de même. Le grec de faint Matthieu
porte Magdala, Le fyriaque, l'arabe ôc plufieurs exem-
plaires grecs portent Magdan ; il s'agit de favoir où font
fituées Magedan & Dalmanutha. Brocard , Defcr. Terra
[and. c. 3. a cru que Magedan ou Medan , étoit la fourec
du Jourdain nommé Dan ,au pied du mont Liban. Il eft
certain , voyez. Rtland. PaUft. t. 1. c. 41. p. 265. qu'aux
environs du lac Phiala , qui eft la vraie fource du Jour-
dain , il y a pendant tout l'été un grand nombre de Sara-
zins , d'Arabes ôc de Parthes , qui y font une foire , ôc
qui y demeurent à caufe de la beauté du lieu & de la
commodité du commerce \ ce qui lui fait donner le nom
de Medan , c'eft à-dire foire en arabe. Hégeflppe , pag.
108. donne à cet endroit le nom de Melda ou Meldan,
qu'il intetptéte/oîVc ou marché. De Meldan on peut faire
Delmana, ou Delmanata , ou Delmanutha. Ainfi Me-
dan , Magedan , Delmana ôc Delmanutha ne feront que
la même chofe ; ôc'ù faudra dire que Jefus-Chrift , ayant
pafle le lac de Tibériade , s'avança vers les fources du
Jourdain , ôc alla à Medan.
Eufebe& faint Jérôme placent Magedan aux environs
de Gérafa au-delà du Jourdain. Ils difent que de leur tems
ce canton s'appelloit encore Magedene : or Gerafa étoic
au-delà ôc à l'orient de la mer de Tibériade. Cellarius &
Lightfootfuivent la leçon qui porte Magdala , au lieu de
Magedan. Ils placent Magdala'au voifinage de Gadare & de
Tibériade , à l'orient du lac de Genefareth , ôc difent que
c'eft au voifinage de cette ville de Magdala qu'étoit celle
de Dalmanutha. Hammon ôc quelques autres prétendent
que S. Marc a voulu parler de la ville de Magedo , nom-
mée Magedan dans Zacharie, 12. 11. fameufepar la mort
des rois Ochofias, IV. Reg. 9. 27. ôc Jofias, IV. Reg. 23.
29. qui y furent mis à mon. Jefus Chrift n'alla pas jusqu'à
Magedo ; mais jusqu'aux confins de Magedan, comme por-
te le texte de faint Marc. Dom Calmet , de qui j'emprunte
cet article , avoit fuivi dans fon commentaire fur faint
Mathieu > 15. 39. le fentiment de Cellarius ôc de Light-
foot ; mais après fa découverte touchant Medan , ou la
foire qui fe tient auprès de Phiala , il a préféré l'opinion
qui y place Dalmanutha.
MAGEDO, ou Mageddo, ou Megiddo, ville delà
tribu de ManafTé , Jofué , 11. 17. cékbre par la défaite du
roi Jofias , vaincu ôc bleité à mort par Nechao, roi d'E-
gypte. Hérodote , /. 2. c. 159, parlant de cette victoire dit :
Que Ncchos ou Necho la remporta à Magdolos. Il eft;
parlé des eaux de Mageddo dans le livre des Juges, c. ;. 1 9.
MAGELLA, ancienne ville d'Italie en Sicile, félon
Tite-Live. On croit que e'eft aujourd'hui Mongellino
dans la vallée de Noto.
MAGELLAN , ( Détroit de ) dans l'Amérique Méri-
dionale. Ce fameux détroit , qui a été découvert par Fer-
dinand Magellan Portugais, ôc en a pris le nom , eft, félon
Acofta , fur 42 d. ou environ de la Ligne vers le Sud , ôc a
de long 90. ou 1 co. lieues au plus , d'une mer à l'autre , &
une lieue feulement de large où il eft le plus étroit. On
avoit perfuadé au Roi d'Efpagne d'y bâtir une forterefle ,
afin de fermer le pafîage de la mer du Sud aux autres Na-
tions. La mer y eft fi profonde en quelques endroits , qu'on
n'en peut trouver le fond ; en d'autres elle n'a que 1; ou
18 brades. Des cent lieues que ce détroit a de long , la
MAG
MAG
iner du Sud en occupe trente , ôc la mer du Nord foi-
xante ôc dix \ ce que l'on connoît par une réparation ma-
nifeftc entre leurs eaux , ôc par une certaine réeiproea-
tion des marées. Dans cet efpace de trente lieues , le
détroit eft moins large , ôc tellement fermé de côté ôc
d'autre par de hautes montagnes , toujours couvertes de
neige , qu'il femble de loin que leurs lbmmets fe tou-
chent. Ainfi l'embouchure du détroit ne fauroit être dis-
cernée fans peine par ceux qui v viennent de l'Queft. Il
eit fort profond dans ce même efpace , ôc la côte de cha-
que côté y eft fort droite , de manière que les ancres y
peuvent difficilement tenir. Les Espagnols donnèrent di-
vers noms aux lieux qui font entre le détroit , lorsque Ma-
gellan le découvrir. La plus grande partie de ces noms
font abolis , excepté ceux des deux caps qui font fur l'une
ôc l'autre mer. Celui qui eft fur celle du Nord à la droite
quand on y entre , elt appelle Qtbo de las Virgines , par-
ce qu'il fut découvert le jour de fainte Urfule , ôc celui
qui s'avance dans la mer Auftrale , eft nommé encore au-
jourd'hui Cabo Dejfcado , c'eft-à-dire Cap Defiré.
Fardinand Magellan, ayant fait voile le i4d'Août 1720,
de la baie faint Julien où il avoit hiverné , alla dans la ri-
vière de fainte Croix , d'où étant parti dans le mois d'Octo-
bre , il courut le long de la côte vers le Sud , ôc , ayant
effuyé de rudes tempêtes , ôc furmonté de grandes diffi-
cultés , il arriva enfin au Cap qu'il nomma des Vierges.
Là , ayant découvett un grand canal qui entroit dans le
continent , il y envoya deux navires pour ledécouvrir. L'un
ne rapporta rien de certain , ôc l'autre donna beaucoup
d'efpérance que ce détroit étoit ouvert aux grands bâti-
mens. Ayant mis pied à terre , environ à une lieue de l'em-
bouchure du détroit , il y trouva une petite loge , ôc
plufieurs fépulcres de Sauvages. Il y trouva auffi une gran-
de baleine ôc plufieurs os répandus fur le rivage, ce qui lui
donna lieu de croire que ces lieux étoient fujets à de gran-
des tempêtes. Vers la fin d'Octobre il pafia le cap de Saint
Severin , fur 52 degrés ôc 55 fcrupules au Sud de la
Ligne. Comme les Espagnols virent plufieurs feux la nuit
dans le continent , ils en appellereut cette partie Terra
del F uego , ôc , ayant enfin franchi tout le détroit , ils
arrivèrent fur les derniers jours de Novembre dans la mer
.Auftrale. Magellan mourut peu après ce voyage.
Garfias de Loyala entra dans le même détroit au mois
d'Av. i 525,5c lepaffaaffezheureufement fur la fin de Mai.
11 y vit des Sauvages de fort grande taille , ôc les nomma
Géants & Patagons. Alors la longueur , les partages étroits ,
les divers reculs , les ports ôc les rades de ce détroit furent
remarqués plus exactement. Après avoir franchi les fé-
conds partages , il trouva un port qu'il nomma S. George ,
&enfuite un autre qui fut appelle Porto Frio , à caufe
du grand froid que lui ôc fes gens y endurèrent , ôc dont
plufieurs moururent.
Simon de Alcazova fut le troifiéme Espagnol qui en-
treprit d'aller au même détroit. Il partit de l'irte de Go-
mera au commencement d'Octobre 1534, ôc arriva le
7 de Janvier fuivant à 25 lieues du détroit , où il entra
peu de tems après ; mais , par la mutinerie de fes gens ,
il fut contraint de retourner au port des Lions où il périt
malheuieufement.
Enfin trois navires , envoyés en 1539 , par I'Evêque de
Plaifancé , partirent d'Espagne au mois d'Août , ôc vi-
rent le détroit le 20 de Janvier 1540 , l'un des rrois le paf-
fa heureufement ôc arriva à Araquipa. L'autre fut brifé ,
ôc le troifiéme s'en retourna en Espagne fans rien faire ,
après qu'il tut hiverné dans le détroit même au port de
las Zonas , qui fut ainfi appelle à caufe du grand nombre
de renards qu'on trouva dans ces terres.
Depuis ce tems jusqu'en 1578, perfonne n'ofa entre-
prendre de parter de la mer du Sud dans celle du Nord ,
jusqu'à ce que le chevalier François Drake , Anglois fort
expert dans la marine , étant parti d'Angleterre avec peu
de navires au commencement d'Avril 1577 , arriva au
Bréfil fur les trente- trois degrés au Sud de la Ligne, ôc
entra fur là fin de Juin au port S. Julien , d'où il fit voile
le 17 d'Août , ôc atteignit le détroit de Magellan le 20 de
ce même mois. Y étant entré il trouva trois ifles ; il nom-
ma l'une , fainte Elifabeth , l'autre faint Barthelemi , ôc la
troifiéme faint George. Il paffa affez heureufement le dé-
troit au commencement de Septembre , ôc mouilla l'an-
cre fous une ifie qui en ferme presque l'embouchure vers
3*
la mer du Sud. Ayant envoya fâ chaloupe, il fit vifiter foi-
gneufement le canal qui s'ouvre du côté du Nord < ôc
xencontia dans cette ifie un canot de Sauvages fait d ccorce
d'aibres , ôc coufu dune manière fi induftrieufe avec des
courroies de peaux de loups marins , qu'il y entroit fort
peu d'eau par les jointures. Ce canot avoit les deux bouts
recourbés en manière de croilTant. Ces Sauvages étoient
de médiocre grandeur , ôc avoient le vifage peint de rou-
ge. Il trouva dans la même ifie une petite cabane faite dé
gazons & couverte de peaux d'animaux , dans laquelle il y
avoit du feu , de l'eau dans des vaifleaux faits d'écor-
ces femblables à celle des canots , de la chair de loups
marins , des moules ôc autres provifions de même na-
ture. Le 6 de Septembre les Anglois entrèrent dans la
mer du Sud , où une fi furieufe tempête les agita pendant
50 jours , qu'ils furent emportés jusques fur la hauteur
de 57 degrés d'élévation du pôle Antarctique , ôc con-
traints par la violence des vents de regagner la grande mer.
Delà la même tempête les porta jusques fur la hauteur dé
55 degrés vers le fud de la Ligne , entre plufieurs ifles au-
près desquelles ils s'arrêtèrent jusqu'à ce qu'elle s'appai-
sât. Ces ifles qu'ils nommèrent Elisabethides , font la
partie de la terre Auftrale que l'on croyoit autrefois con-
tinent. Elles font divifées par des canaux , qui, à caufe de
leur largeur ôc profondeur paroifioient autant de golfes.
Ils y rencontrèrent des Sauvages avec leurs petits canots
qui alloient de l'une à l'autre de ces ifles , ôc portoient leurs
enfants fur leur dos. Le vent étant devenu moins violent
fur la fin d'octobre , ils prirent leur route vers le nord.
Thomas Candish étant parti d'Angleterre pour la même
entreprife au mois de Juillet 1586, avec trois navires,
fut porté fur la fin de Dec. au continent de l'Amérique
fur 40 degrés de la Ligne vers le Sud , & arriva dans un
port qu'il nomma Port Dcfîré. En étant forti le 6 de Jan-
vier , il entra dans le détroit de Magellan , où , s'étant url
peu avancé , il prit un Espagnol , qui avec vingt-trois au*
très étoit refté de quatre cens que le roi d'Efpagne avoit
envoyés en ce lieu pour y bâtir quelques villes. Le lende-
main il franchit les premiers partages étroits, qui , fuivant
fon rapport.font à quatorze milles anglois de l'embouchure
du détroit. De-là s'étant avancé dix milles jusqu'aux ifles
de Penguins , il tourna vers le fud-oueft , ôc vifita Philip-
peville ou Ciudad del Rey Phelipe , qui avoit été bâtie
peu d'années auparavant auprès d'une rade affez fûre par
Pedro Sarmiento , lorsque celui-ci avoit été envoyé par
dom Francisco de Toledo viceroi du Pérou , pour pour-
fuivre Drake vers le détroit de Magellan. Thomas Can-
dish nomma cette ville Port famine , parce que la plu-
part de ceux que Sarmiento y avoit laifles y étoient morts
de faim. Il en fit voile le 14 de Janvier , Ôc ayant parte le
cap le plus auftral . de tous qu'il nomma cap Froxvarâ
fur 54 dégrés de la Ligne , il mouilla l'ancre le 21 dans
une baie qui elt au côté du détroit, & la nomma la baie
d'Elifabeth. A deux lieues delà il trouva une rivière qui
descend du continent , où il fit entrer une chaloupe qui ,
étant montée environ à trois milles, trouva une contrée
champêtre ôc verte des deux côtés du rivage. De-là ils
entrèrent dans le canal nommé S. Jérôme par les Espa-
gnols à cinq lieues de la rivière. Enfin le 24 de Février
ils parterent dans la mer du Sud. Le même Candish tâ-
cha d'y parter une autrefois en 1591 ; mais il ne put en
venir à bout ôc mourut dans ce voyage.
Le chevalier Richard Hawkins entreprit la même cho»
fe en 1593. Après avoir couru la côte du Brefil & la
rivière de la Pîata , il fut porté par le vent contraire à une
terre inconnue , ôc qui apparemment étoit une partie du
continent auftral , fi tant elt qu'il y ait là quelque terré
continue , presque fur cinquante degrés de la Ligne vers
le Sud. 11 courut le long de cette côte au Nord-eft envi-
ron foixante lieues , ôc vit une fort belle contrée , où
beaucoup de feux qu'on apperçut la nuit , firent juger qu'il
y avoit aurti beaucoup dhabitans. Enfuite il découvrit
un cap qu'il nomma point Tramontaïn. A douze ou quin-
ze milles de ce cap vers l'e/t , il trouva une ifie devant la
terre ferme ; ôc , comme elle étoit d'un afpect. fort verd ,
il l'appella Fair IJland , c'eft à-dire belle ifie , ôc toute
cette terre Haxv\(ins Maid-Land. Le vent étant devenu
favorable , il entra heureufement dans le détroit de Ma-
gellan qu'il paffa. Après avoir couru toute la côte du Chi-
li , ôc presque toute celle du Pérou , il fut pris dans la
32,
MAG
MAG
mer Auftrale , par les Espagnols , auxquels il apprit beau-
coup de chofes qui leur étoient encore inconnues tou-
chant la partie auftrale du détroit , & leur fit connoître
que toutes les terres qui le touchent vers le fud , ne font
que des ifles entrecoupées par divers canaux.
Après les Espagnols & Jes Anglois , les Hollandois com-
mencèrent la navigation par le détroit de Magellan en
1598, avec deux flottes équipées par divers marchands.
La première , qui étoit de cinq navires, partir de Hollan-
de le mois de Juin , 6c arriva avec tous fes vaiflaux au
mois d'Avril de l'année fuivante au détroit même. L'hi-
ver commençant déjà à fe faire fenrircn ces quartiers-là ,
ils allèrent premièrement aux ifles des Pinguins , & mouil-
lèrent l'ancre le 1 3 dans une large baie que les Anglois
avoient déjà appellée baie aux Moules , à caufe de la
grande quantité que la mer en fournit dans ce lieu. Au
côté droit de cette baie il y a une rivière qui s'y jette &c
une ifle couverte d'arbres , de foire qu'on s'y fournit d'eau
& de bois fort commodément. Enfuite, ayant couru fud-
oueft & peu après nord-oueft , ils furent contraints de
tourner voiles , & de jetter l'ancre dans une baie qui eft
au côté feptentrional du détroit , & qu'ils appellerent
baie verte. Dans cette baie qui cil à 54 degiés de la ligne
vers le fud , il y a trois ifles éparfes où l'on peut mettre les
navires à fec & les radouber. Pendant qu'ils demeurèrent
dans cette baie ils envoyèrent une chaloupe a une de ces
ifles ; ceux qui la montoienr firent la rencontre de i'ept
canots de Sauvages , qui , ayant gagné aura - tôt la terre
les couvrirent d'une grêle de pierres , & les contrai-
gnirent des en retourner. Les Sauvages, devenus alots plus
hardis , rentrèrent dans leurs canots cV pourfuivirent les
Hollandois jusqu'à ce que cinq des leurs eurent été tués à
'coups de mousquet. Ces Barbares étoient nuds , hauts de
dix ou onze pieds t de couleur rouge avec les cheveux
épars. Ils avoient pour armes des dards d'un bois extrê-
mement dur , auxquels des pointes de boiscrochues étoient
liées avec des nerfs d animaux. Les Hollandois fortirent
de cette baie qu'ils appellerent Coi des baie du nom de
celui qui cemmandoit la flotte , & , ayant paflé le détroit,
entrèrent le 3 Septembre dans la mer Aultrale » d'où la
tempête les repoufia enfuite dans ce même détroit.
L'autre flotte des Hollandois . compofée de quatre na-
vires , fous la conduite d'Olivier de Noort , après beau-
coup de dangers , arriva fur la fin de Septembre IJ99.
au port que les Anglois avoient nommé Port Déliré.
De-là ces vaiflèaux , étant entrés le 4 Novembre dans le
dérroit , ils en franchirent les premiers paflages étroits le
22 du même mois, &, après avoir mouille fous les ifles des
Pinguins , ils entrèrent enfin dans la mer du Sud le dernier
jour de Février de l'an 1600. Pendant qu'ils luttoient con-
tre les vents dans le détroit, ils rencontrèrent quelques
Sauvages qui leur apprirent que le continent vis-à-vis de
la plus petite ifle des Pinguins vers le nord , étoit appelle
Colli & habité par la nation des Enoos ; que la petite ifle
étoit appellée Talka, & la grande , qui en eft proche, Tal-
kamme ; qu'il y avoit dans cette dernière grande quan-
tité de penguins efpece d'oifeaux , dont les peuples de ces
quartiers prenoient les peaux pour couvrir leurs épaules j
que ces mêmes peuples avoient la poitrine latge & rele-
vée ; que les uns fe peignoient le front de certaines cou-
leurs , & les autres tout le vifage -, que les femmes fe cou-
poient les cheveux autour du front , & qu'au contiaire
les hommes les portoient longs ; que le milieu du pays
étoit habité par les Tirumencos, nation d une taille gigan-
tesque & ennemie de toutes les autres qui vivoit de
chair humaine , quoiqu'elle eût abondance de venaifon 6c
d'autres vivres.
George Spilberg Hollandois entreprit une autre navi-
gation par ce détroit fous les auspices de la compagnie des
Indes. Il fit voile de Hollande au mois d'Août de l'an
1614. 6c après avoir été fouvent repouflé par les tempê-
tes , il franchit les premiers paflages étroits le 3 d'Avril
1615. Le 17 du même mois il prit de l'eau , du bois &
les autres chofes nécefiaires dans la baie de Cordes, & en-
tra dans la mer du Sud le 6 de Mai. C'eft celui de tous
qui a parte le détroit en moins de temps.
Les difficultés que tous les navigateurs conviennent qu'il
y a à paflTer ce dérroit , ont engagé quelques marins à
eflayer fi vers le midi ils ne rrouveroient point un pafla°c
moins long ôc moins dangereux. Braur prit fa route plus
au fud , &r donna fon nom au paflage qui eft à l'orient
de la petite ifle des Etats Depuis on a trouvé la nouvelle
mer du Sud au midi de la terre de Feu , où le paflage
de la mer du Nord dans l'ancienne mer du Sud eft très-
libre ; puisqu'on y eft toujours en pleine mer. Cela a fait
négliger le détroit de Magellan comme fujet à trop de
périls &c de contre tems. Ce détroit ne laifle pas d'être im-
portant à la géographie , parce que fa pofition fert à
d'autres déterminations avantageufes aux navigateurs.
Voici quelques obfervations de M. de l'ifle que j'insère
ici avec plaifir.
SUR LA LONGITUDE
DU DÉTROITDE MAGELLAN
Par M. de l'I s l e.
On fait qu'il eft très -important à la navigation de
s'aflurer de la longitude des lieux fréquentes par nos vais-
feaux. On ne peut pas disconvenir non plus qu il ne l'oit
très avantageux de profiter de toutes lesoccafions que l'on
aura de rectifier les connoiflanees que nous en avons ,
non- feulement par les obfervations aftronomiques , mais
aufli par dauties voies. En ehet , les obfervations faites
par deux navigateurs fur le vaifleau le làint Louis, que
j'ai rapportées élans les mémoires de l'académie de 1710.
font von 300 lieues d'erreur dans la carte de Pitergos fur
ladillance du détroit de Magellan aux roches ou ifles de
Triftan de Cugne , que cette tireur auroit caufé la perte
du vaifleau , fi heureuftment ces rochers n'eunenr ete ap- •
perçus de jour , 6c que cette grande différence de lelcime
des officiers avec une carte dont tous les navigateurs fe
fervent , avoit fait prendre mal-a -propos à l'équipage ces
ifles pour une nouvelle découverte.
J'ai avancé dans le même mémoire que dans les meil-<
leures cartes cette diftance étoit encoie trop grande de
170 lieues, entre autres dans la carte des variations de
M. Halley , dans laquelle l'embouchure de la rivière de
Gailégue à la partie orientale du détroit de MageHan ,
étoit marquée de dix degrés plus à l'occident qu'il ne
falloit. J'ai appuyé cette correction , non-feulement pat
l'eftime de ces Meflieurs , mais aufli par une obfervation
faite par le P. Mascardi à la vallée de Bucalene au Chili ,
dont la diftance étant connue à la rivière de Gailégue,
j'en ai conclu fa longitude par rapport à Paris , & fa dif-
tance du cap de Bonne Efpérance. M. Halley dans les trans-
actions philofophiques du mois de Décembre 1714. ne
convient pas de cette coireétion , 6c dit qu'il ne comprend
pas qu'il ait pu fe tromper de dix degrés pour la longi-
tude du détroit de Magellan. Il dit que les 1350 lieues
que le vaifleau le S. Louis à faites depuis le détioit de Ma-
gellan jusqu'au cap de Bonne- Efpérance , confhme au
lieu d'aftoiblir ce qu'il a établi fur la longitude du cap de
Bonne-Efpérance , & fur celle du détroit de Magellan ;
mais il faut remarquer que quoique la route de ce vais-
feau ait été en général eft nord-eft , ce vaifleau n'a pu
fuivre précifément ce rumb de vent pendant une fi longue
traverfe , tirant quelquefois plus au nord , & d'autres fois
plus à l'eft , 6c que l'eftime de ces Meflieurs ne donne que
8y degrés 50 min. entre ces deux terres , ce qui revient ,
comme j'ai dit , à un degré & demi près , au réfultat des ob-
fervations du P. Mascardi. M. Halley rend compte de ce
qui l'a déterminé à donner cette longitude au détroit de
Magellan : c'eft premièrement l'éclipfe de lune du 18
Septembre 1670. dont le commencement a été obfervé
par Jean Wood au port de faint Julien, juftement à huic
heures de nuir , 6c à quatorze heures 2.1 minutes par M.
Hevelius à Dantzick , dont la longitude eft connue par
rapport à Londres , d'où il conclut la différence des mé-
ridiens entre Londres 6c ce port de 76 degrés. Seconde-
ment , l'eftime du capitaine Strong dont il a le journal
qui donne 45 degrés de longitude , entre le détroit de
Magellan , 6c l'ifle de la Trinité , dont M. Halley dit aufli
favoir la longitude par rapport à Londres ; d'où il con-
clut que la partie orientale du détroit de Magellan eft de
7j degrés plus occidentale que Londres , comme il l'a
marqué dans fa carte ■-, qu'enfin les courans portent les
vaiflèaux à l'oueft vers les côtes d'Amérique , ce qui faîc
paroître ces terres plus orientales qu'elles ne font en effer.
J'oppofe
MAG
MAG
J'oppofe à ces raifons , i°. Que 1 obfervation faite par
îe P. Mascardi , ôc que le PtRiccioli dit avoir été exacte ,
paroît préférable à celle que M. Halley rapporte de Jean
Wood , quoique bon navigateur, z9. Que les courans qui
portent a l'oueft vers la côte de l'Amérique , ne vont tout
au plus que jusqu'au trentième degré de latitude méri-
dionale , ce qu il y a des endroits où le courant eft tout
contraire , portant a 1 eft , comme je l'ai rapporté dans les
mém. de 17 10. a l'occafion du voyage de M. Bigot de la
Camé. Enfin , que le P. Feuillée ayant obier vé exactement
en 1709 plulicurs immerfions du premier Satellite de Ju-
piter , a la Conception , ôc à Valparaife , villes du Chili ,
voifincs de Bucalenc ; ces oblervations , comparées , avec
celles qui furent faites en méme-tems à Paris , confirment
non-feulement en général celle du P. Mascardi , mais au-
torife encore davantage la longitude que j'avois donnée
au détroit de Magellan ; au lieu que , félon l'hypothèfe
de M. Halley , la partie orientale de ce détroit étant fup-
pofée de 75 degrés plus occidentale que Londres, ôc par
conféquent 77 ôc demi plus que Paris , comme le P.
Feuillée trouve feulement 7^ deg. & demi entre Paris Ôc
la Conception , il s'enfuivroit de-là que leimée du dé-
troit de Magellan , du côté de la mer du Nord , feroit
plus occidentale de deux degrés que la Conception fur
les côtés de la mer du Sud , ce qui elt contre toute vrai-
fcmblance, * Mémoires de l'académie des jciences , année
\j\6. p. 110.
MAGELLANIQUE , ( La terre ) c'eft ainfî que l'on
appelle la pointe la plus méridionale de l'Amérique au
midi du Bréfil ôc du Paraguai , à l'orient ôc au midi du
Chili , & au nord du détroit de Magellan. Ce pays a
beaucoup de côtes , ôc commence dès 1 embouchure de la
rivière de la Plata , s'étend jusqu'au détroit , ôc depuis
l'extrémité du détroit du côté de la mer du Sud jusqu'à
Rio Sinfundo , vis-à vis de l'ifle de Chiloé. Les Espagnols
le regardent comme une dépendance du Chili, a laquelle
il ne manque rien pour être aulîi Fréquentée que le relie,
finon quelque befoin de s'étendre. Les bornes de ce pays
du côté des terres ne font pas fort dillindtement connues.
Quant aux côtes , on n'en connoît du côté de la mer du
Nord que quelques baies , ou ports , où des navigateurs
ont relâché en partant , foit pour quelque befoin , ioit
pour attendre le vent. Depuis le cap S. Antoine , qui en
elt fa partie la plus avancée vers l'orient , la côte va vers
le fud ouelt plus ou moins ôc eit hachée d'anlés , de baies
ôc de caps. Voici l'ordre où l'on les trouve. Après le cap
DOS CORRIENTES , OU d'ArENAS GoRDAS Clt AnGRA
dos Arras : de-là jusqu'à la baie Anegada , eft une côte
balle dans les enfoncemens de laquelle fe peuvent retirer
les petites caravelles de la côte qui ne tirent que fix ou
fept palmes d'eau. Il y a en cet endroit les Basses ôc le
cap de S. André , enfuite une chaine de récifs le long
de la côte , qui à caufe de cela elt nommée Costa de
Baxas. Entre la baie Anégada qui elt par le quarantième
degré de latitude fud , jusqu'à la Baie sans Fond ou
de S. Matthias , il y a une côte déferte , terre balle ôc
le cap nommé Aparcellado , ou pointe de terre baffe.
De cette baie jusqu'à la baie de los Camarones elt
le cap Redondo nommé par les Portugais Punta de
Marco, parce qu'ils prétendent que c'elt-là que finit la
démarquation de la rivière de Portugal. Au midi de ce
cap elt le port des Lions , enfuite Ancon de Sardi-
nis , Se le cap de sainte Héiéne. La rivière de los
Camarones tombe au quarante cinquième degré de la-
titude fud dans la baie de même nom fermée au midi
par le cap de Matas. La côte court enfuite vers le midi
jusqu'au cap Blanc ou de Barreiras Blancas. A
peu de diltance de-là font le Port désiré , lisle des
Penguins ôc Spiring Bay : enfuite on trouve le port
ôc la rivière de S. Julien , le Morne & la baie de S.
Yves , la rivière de fainte Croix , la rivière de Galle-
gos , la baie des Sardines ôc le cap des Vierges ,
à l'entrée du détroit. Le cap Victoire le termine à
l'autre bout au couchant , ôc en remontant vers le nord ,
dans la mer du Sud , on trouve les quatre- vingt ifles de
Sarmiento. La rivière de los Apostolos , le Puerto
DE NUESTRA SENORA , RlO DE LOS MARTYRES , le
cap d'Ochavaria, le cap S. André, ou de très
Montes. Le cap Carco ou de Gaiera, Rio Gal-
legos , les ifles de Chonos , de Guacane ôc de Guafo ,
3?
les rivières de S. Domingo & de Sinfondo. On connoîc
peu les habitans de cette valle contrée. On appelle Pam-
pas un grand peuple qui en occupe la partie feptentrio-
nale , ôc Patagons , ceux qui habitent au midi entre la
mer du Nord , le détroit ôc la mer Pacifique. Les Ces-
sares dont nous parlons amplement en leur lieu ,
font à l'orient de la fource de la rivière de S. Domin-
gue. Les P u É c h e s ôc les P o y a s n'en font pas fore
éloignés.
MAGELLI, ancien peuple d'Italie dans la Ligurie ,
felon-Pline , /. 5. c. j.
MAGEMPURI , peuple de la Lybie , félon Vibius Se-
quefter.
1. MAGETH. Stace , Archdleid. 1. 2. dit ,
Qjio Mage ta fua Gxfa citent , quo turbine Cafium.
Sauramata.
Ortclius croit que c'eft un peuple d'Afrique , ôc peut-
être le même que Mac^e ou Maces. Voyez, ce mot.
2. MAGET/E, ancien peuple de 1 Arabie heureufe ,
félon Ptolomée , /. 6. c. 7.
1. MAGETH , ville de la Paleftine au-delà du Jour-
dain , ôc qui fut prife par Judas Machabée. Elle elt nom-
mée Maked dans le grec. C'eit fuivant D. Calmet , Dicl.
la même que Machat , dont il eft fait mention dans
Jofué , 13. 11. 15. & 12. j\
2. MAGETH , en grec Mctyîtèç ancienne ville d'Es-
pagne dans la Bétique , fuivant Tzetzes, Chil. 8. num nj.
MAGETIANA. Voyez. Mogetiana.
MAGETROBIA. Voyez. Amagetobrica.
MAGGARITANUS episcopatus. Voyez. Narag-
GARRITANUS.
MAGGEDAN. Voyez. Magdolos ôc. C^sarée I.
MAGGIANOS, ou Maianos , accufatifde Maggia-
ni ou Maiani ; ce nom fe trouve dans Juftin , au qua-
rante-unième livre ; mais c'eft une faute , il faut lire avec
Bongars ôc Ortclius, Margianos.
MAGHIAN,eft une des plus illuftres villes de l'Ye-
men , à trois (tarions de diftance de Zabid ;' elle a deux
grandes mosquées d'aflemblée. Sa fituation eft dans une
plaine ; elle clt comprife entre les villes de la région ma-
ritime ôc fituée entre le nord ôc l'orient de Zabid , à fix
ftations d'éloignement de Sanaa. D'Aden à la ville de
Maghian , dit le Cherif Edrifi , il y a fix ftations ; de Ma-
ghian à la ville de Chayvan vingt-cinq parafangues.*^#/-
féda , Desc. de l'Arabie Heureufe.
MAGI. Etienne le géographe nomme ainfî un peuple
de la Médie -, Hérodoj^e de même , /. i.c. 101. S. Clé-
ment d'Alexandrie, Stromat. I. 6. fait mention du pays des
Mages dans la Perfe ôc de trois montagnes qui y étoient.
Pline , /. 6. c. 16. ôc Solin , difent qu'ils avoient une for-
terefie nommée Passagard^e. Ortelius croit que les
Mages qui vinrent adorer Jefus-Chrift , étoientde ce peu-
ple là. Le vulgaire dit qnec'étoient des rois venus d'A-
rabie. Cela ne fe contredit point. L'Arabie s'étendoit fore
avant dans l'orient , ôc ils l'avoient paffée pour venir de
la Médie à Jérufalem.
1. MAGIA, ville d'Illyrie , félon Etienne le géogra-;
phe. Voyez. Mogetiana.
2. MAGIA , rivière de Suiffe. Voyez. Madia 2.
MAG1DA ou Masinda , félon les divers exemplaires
de Ptolomée, ville de la Carmanie auprès de l'embou^
chute du fleuve Saros.
MAGIDUS. Voyez., Matylus,
MAG1NA, place delà Pannonie ou du Noriqne, fé-
lon la notice de l'empire Jett. 58. Elle avoir fa flotte , ÔC
celui qui la commandoit ,commandoit auffi celle d'Are-
lape. Prœfetius cla/fis Jrelapet/fîs & Ma^inenfis.
MAGINDANÂ, ville de l'Arabie Heureufe au pays
des Gerréens , félon Ptolomée, /. 6. c. 7.
MAGINI. Voyez.M&etm.
MAGINTUM, ou
MAGIONIUM , ou
MAGIOV1NIUM , ou
MAGIOVINTUM , félon les divers exemplaires d'An*
ronin , dans fon itinéraire, ancien lieu de l'ifle de Breta-
gne entre Lallodorum ôc Durocobrivx , à dix-fept mille
pas de la première, ôc à douze mille pas delà féconde.
Cambden a prérendu que c'étoit Ashwell , bourgade aux
confins d'Herrfordshire en tirant vers Cambridge. Gale
remarque que le nom même s'y rapporte aflfez , fur-tout fi
tom. IV. E
34
MAG
MAG
on lit Magioninium , qui alors fignifiera le bourg des
Frênes : car Mag donc les Latins ont fait Magiu , fignifie
une petite ville , un bourg , Se Onen lignifie Frêne. Cela
convient au nom moderne & a la qualité du terroir qui
poulie des frênes en quantité : ajoutez à cela que l'on y a
trouvé des monnoies romaines , & qu'il y reite des traces
des anciens foffés. D'un autre côté , ajoute Gale , cela
s'accorde mal avec la diftance qui eft beaucoup trop gran-
de entre Ash-well Se Lallodorum , Se feroit de dix mille
pas plus que ne marque Antonin ; Se celle que l'itinéraire
a marquée ramené à Dunftable. Il y a là deux chemins ro-
mains qui Ce coupent obliquement , & dont l'un vient de
l'eft , l'autre du fud , Se au-defibus du bourg il y a une
grande plate- forme entourrée d'un foffé allez profond. Les
habitans l'appellent Maiden Bovtr. Je n'ofe , dit Gale,
affiner ce que nos ancêtres entendoient par Maiden ,■ mais
lemotdeiWg femble être reconnoilïable dans celui de
Bowr ; Se d'ailleurs il y a bien d'autres lieux ausquels le
nom de Maiden eft commun ,Sc qui tous fe trouvent fur
des routes militaires. De ce nombre font Maiden Caille ,
auprès de Dumovaria » un autre Maiden Caflle auprès
de Lavatra , Se même le grand chemin qui va de Galla-
cum à l'ancien rempart , eft appelle Maiden - Way. Si
néanmoins dans une fi grande incertitude quelqu'un vou-
loit dériver Magiovintum ou Magiovinium des mots bre-
tons Mae s Se Gwin, le terroir couleur de craie, Se les cam-
pagnes blanchâtres qui environnent la ville , s'accordent
allez avec cette idée , Se femblent autorifer cette étymo-
logie. J'ajouterai ceci feulement , dit Gale , que la diftan-
ce entre Lallodorum Se Dunftable convient beaucoup
mieux au nombre de milles déterminé par Antonin, que
la diftance entre Lactodorum & Ash-well ; quoique , à di-
re vrai , elle ne s'y accorde pas tout-à fait & à la rigueur.
L'anonyme de Ravenne , /. 5 . dont la géographie eft pres-
que toute tirée des itinéraires , met avant Virolanium ou
Verolamium , Verulam , un lieu qu'il nomme Jacio
Duima , ou même deux lieux diftingués , dont l'un s'ap-
pelle Jacium Se l'autre Dulma. Que ce foit un nom ou
plufieurs , on ne peut deviner ce que c'étoit , à moins
qu'on ne life avec Gale Statio Dulma , comme le même
auteur dit ailleurs Statio Deventia , Se alors Statio Dulma
reflemblera beaucoup à Dunftable.
MAGISTRICE , contrée des Taurisques qui font près
des Alpes , félon Etienne le géographe. Lazius croit que
c'eft préfentement Madran dans la Carniole. Magis-
trica , Se non pas Magistrice , étoit , félon Etienne ,
une ville du Norique au rapport de Baudrand , Si. non
une contrée.
MAGISTUS, uiyiçoç, ou Magistum , udyiçov , an-
cienne ville du Péloponnèfe , Si l'une des fix que les
Eléens bâtirent , félon Hérodote , /. 4. c. 148. Se appa-
remment l'une de celles qu'ils avoient détruite de ion
tems , comme il le rapporte.
MAGn\£ , Mcv)ut&i, peuple de l'Arabie Heureufe,
félon Ptolomée , /. 6. c. 7. Il y a en marge Mauchb.
Voyez, Malicha.
MAGIUM VINIUM. ^«.Magiovintum.
1. MAGLIANO, ville d'Italie dans la terre de Sa-
bine , fur la cime d'une montagne auprès du Tibre (a).
C'eftla réfidence de l'évêque de la Sabine, qui eft toujours
un des fix plus anciens cardinaux. Elle eft affez peuplée
( b ) , quoique petite , Se eft fituée à vingt milles de Ro-
me , à quatre Se au-deffus de Citta Caftellana. Le nom
latin eft Manliana ou Manlianum. (a) Baudrand , Dict.
( b ) Leander , Defc. di tut. Irai.
2. MAGLIANO, maifon de campagne en Italie dans
la Toscane , à quatre lieues d'Orbitelle vers le nord. *
Leander , Defcr. di tut. Irai.
3. MAGLIANO, château d'Italie dans le patrimoine
de faim Pierre , à cinq milles au-deffus de Rome près du
Tibre. C'eft un lieu très-agréable. * Leander , Defcr. di
tut. Irai.
4. MAGLIANO , (a ) château d'Italie au royaume de
Naples dans l'Abruzze ultérieure fur une colline,à fix mil-
les du lac de Celano. Il eft remarquable (b) par la grande
victoire que Charles d'Anjou , roi des deux Siciles , y
remporta en 1268. fur Conradinduc deSuabe (a) Lean-
der, Defcr. di tut. Ital. (b) Baudrand, édition de l'an-
née 1705.
MAGLOVA , place de l'ifle de Bretagne. Il en eft fait
mention dans les notices de l'Empire, fetl. 6z. Cambden
croit que le nom moderne eft Machlenit.
MAGMAS. Voyez. Machmas.
MAGNA , uàyva., ifle delaLybie, félon Etienne le
géographe , qui dit que les Lybiens l'appellent Samatho ,
Safiaâw , mot qu'il explique paiM/>«%i, grande ; ainfi
le nom Magna eft latin , Se n'eft pas le nom propre , mais
une épithéte de cette ifle.
MAGNA GRACIA. Voyez, au mot Grèce , l'article
Grande Grèce.
MAGNA LRBS. Voyez, Ninoe.
MAGNATA. Voyez. Nagnata.
MAGNA VACCA. Voyez, Caprasia.
MAGNE, en latin Magnacum , bourg de France dans
la Saintonge , élection de Saint Jean d'An^cly. Il y a un
chapitre compofé d'un doyen , d'un chantre , de trois cha-
noines , & de deux femi prébendes.
MAGNELAY , marquifat de France en Picardie , au
midi de Montdidier. Il fut érigé en pairie fous le nom
d'Halluinen 1587. en faveur de Charles de Tiennes j en
16 11. pour Henri de Nofoaret, comte de Candale, Se en
1 620. pour Charles , maréchal de Schomberg. Ce dernier
étant mort fans enfans en 1656. la pairie a été éteinte.
MAGNES. Voyez. Magnésie.
1, MAGNÉSIE, province de la Macédoine, annexée
à la Theflalie , félon Mine , /. 4. c ■ 9. Strabon , lib. 9. la
met hors de la Theflalie , à laquelle elle fut fouvent join-
te. Scylax , en parlant des peuples de cette contrée dit
qu'ils habitoient le long de la mer, & qu'ils avoienr les
Perrhabi, nation grecque , pour voifins dans les terres.
Ptolomée n'a pas donné une table particulière des villes
de ces peuples: il les mêle avec une partie des villes de la
Pclasgiotide, Se avec celles de la partie inférieure de la
Phthiotide. Voici les villes , les montagnes Se lespromon-
toires que le père Briet place dans la Magnéfie.
Plieras , aujourd'hui Sidé- Pegagfte ,
ro , Jérufat ou Jénifar , Tempe ,
Ofla , montagne , Bœbeïs , marais , aujour-
Olympe , montagne , d'hui Efero ,
Pelion, montagne, Magnéfie , promontoire,
Melibsa , aujourd'hui Cabo S.Gre-
Iolcos , gorio ,
Demetrias , aujourd'hui Sepias, promontoire , au-
Dimitriada , jourd'hui Queatumo.
* De regno Macedonico , part. 2. 1. 3.
2. MAGNÉSIE , ville de la Macédoine dans la pro-
vince de Magnéfie. Apollonius , /. 1. v. J84. écrit Mag-
nesa , pour la commodité du vers. Paufanias , in Achai-
cii , c. 7. met Magnefia au nombre des trois villes que Phi-
lippe , fils de Démétrius , appella les clefs de la Grèce. Il
la dit aufli fituée au pied du mont Pelée. Il y en a qui
nomment Démétriade Magnéfie. Ils veulent que Démé-
rriade ait eu ce nom , par la même raifon que Pline La
appeilce Pegafa ; favoir parce qu'elle s'accrut des ruines
de Pégafe , de Magnéfie , Se de divers autres lieux. Il eft
vrai que Démétriade fut une ville corrfidérable Se affex
forte pour tenir les Theffaliens en bride; mais elle é.toic
éloignée du mont Pelée. * Cellarius , Geogr. an 1. 1. 2. c. 15.
x . MAGNÉSIE , en latin Magnesia ou Magnésium,
promontoire de la Macédoine dans la partie feptenttionale
de la Magnéfie fur le golfe de Thermée. Ortelius dit que
quelques-uns le nomment aujourd'hui Cabo Verlichi.Selon
le père Briet , c'eft Cabo San Gregorio.
4. MAGNÉSIE, Magnesia ad M/eandrum , ville
de l'Afie Mineure dans l'Ionie fur le Méandre, d'où elle
tiroir fon furnom d'AD M^andrum , qui la diftinguoit
deMagnefia ville de Lydieau pied du montSypile.Diodore
de Sicile ,l.i.c.f 1. fait mention de cette ville. Il dit que
A rtaxercès donna trois villes àThémiftocle, Se que Matfvn-
o-Iol h) tu Ma/ai •S'fu ,'c'eft-à dire Magnéfie fur le Méandre ,
étoit de ce nombre. Suivant Pline,/, j. c. 29. c'étoit une
colonie des Magnéfiens de Theflalie; Se il ajoute qu'elle
étoit éloignée d'Ephefe de quinze mille pas, & deTrallesde
trois mille pas davantage. Elle n'étoit pas précifément fur
le Méandre ; la rivière Letheus en étoit plus près que ce
fleuve, comme nous l'apprend Strabon , /. 14. pag. 6^-j,
Prima, dit- il, ab Epbcjo efi Magnefia, Acolica urbs ,
cognomentofuper Mxandrum. Vicina efi enim Wiflumini ;
fedvicinierurbi amriu Leih.ua , aui ex monte Ephtfiorum
MAG
MAG
Pattyaorfus ,in Mxandruminfluit. Scylax donne à Ma;-
gnéfie le tirre de ville grecque. Patercule , /. i. c. 4. lui
donne celui de colonie des Lacédémoniens. Dans la vie
d'Homère , Hérodote , c. 1. la dit plus ancienne que ce
fameux poëte; mais il ne la place pas, comme Strabon ,
parmi les villes de l'^Eolide. Je la mets , après Pline , dans
l'Ionic ; ôc Strabon lui-même n'eft pas abfolument con-
traire à cette opinion ■■, puisqu'il la place in Méditer ranci s
loniét Maritime. Souvent on l'appelle Magnisia , fans
y joindre le furnom ad M&andrum , parce qu'elle écoit
beaucoup plus confidérable que Magnéfia ad Sipylum ,
qui avoit befoin de ce furnom. C'eft ainfi qu'on en a ufé
dans les médailles qui appartiennent à ces deux villes. La
première eft ordinairement fans furnom , ôc la féconde en
a toujours un. Une des médailles de Magnéfia porte cette
infeription : MArNETON EBAOmH TH2 A2IAS , c'eft-à-
dire Magneutm feptima Afi& j>- car il y avoit un ordre par-
mi les villes des provinces.
La ville de Magnéfia a été épiscopale fous la métropo-
le d'Ephefe. * CéUarius, Geograph. anr. 1. 3. c. 3.
j.MAGNESIA ad Sipylum , Magnésie ou Mana-
chie, ville de l'Afie Mineure dans la Lydie au pied du
mont Sypilc. La victoire que les Romains remportèrent
fur Antiochus auprès de cette ville, la rendit célèbre, ôc
illullra la montagne au pied de laquelle elle eft bâtie. Sous
l'empire de Tibère Ôc du tems de Strabon , cette ville fut
ruinée par des tremblemens de terre , félon Strabon , /.
12. Elle fut rétablie à chaque fois.
Après la prife de Conltantinople par le comte de Flan-
dres , Jean Ducas Vatace , gendre & fucceffeur de Théo-
dore Lascaris , établit le fiége de fon empire à Magnéfie >
ôc y régna pendant trente-trois ans. Les Turcs fe rendi-
rent les maîtres de cette ville fous Bajazet ; mais Tamer-
land qui le fît prifonnicr à la fameufe bataille d'Angora ,
après avoir pillé Prufe ôc les villes des environs , fe ren-
dit à Magnéfie, & y fit transporter toutes les richeiies des
villes de Lydie.
La guerre de Sicile étant finie entre le comte de Valois
ôc Frédéric roi de Sicile , fils de Pierre d'Arragon , les
Catalans qui avoient fervi fous Frédéric , pafferent dans
les troupes d'Andronic , empereur de Conftantinople,
qui étoit en guerre avec les Turcs. Roger de Flot , vice-
amiral de Sicile , pafla en Afie à la tête des troupes cata-
lanes, & battit les Mahométans en 1304 ôc 1305. Mais
les desordres ôc les violences que commettoient les Cata-
lans contre les Grecs, ayant obligé ceux de Magnéfie,
foutenus d'Ataliote gouverneur , de fe foulever contre la
garnifon catalane & de l'égorger. Roger qui y avoit laide
fes tréfors , vint mettre le fiége devant la place , qui fe
défendit fi bien , qu'il fut contraint de fe retirer.
Amurat II. choifit Magnéfie pour y pafièr en repos le
refte de fes jours , après avoir mis fur le trône des Otto-
mans fon fils Mahomet II. Cependant les guerres que lui
fusciterent en Europe le roi deLiongrie & Jean Hunniade,
l'obligèrent de quitter fa folitude ; car fon fils étoit trop
jeune pour foutenir un fi grand fardeau. Amurat pnfi'a le
canal de la mer Noire , ôc marcha contre les princes
Chrétiens. Le roi de Hongrie fut tué , ôc Hunniade fut
mis en fuite.
Après cette fignalée victoire, lesvifirs obtinrent que le
fultan reprendroit le foin des affaires , ôc Mahomet fe
retira à Magnéfie. Les Turcs firent des environs de cette
place une petite province dont Magnéfie étoit la capi-
tale , ôc où Corcut , fils de Bajazet II. a régné. Le grand
Solyman II. fit auffi fa réfidenec à Magnéfie jusqu'à la
mort de fon père. Sultan Selim s'en rendit le maître , ôc
en chafla un autre Corcut , prince Ottoman. * Toumefort,
Voyage du Levant, p. 196.
Cette ville , pag. 195. eft fituée dans un pays aflez plat,
terminé par une grande plaine bornée au fud par le mont
Sipylus. Le plus haut fommet de cette montagne refte au
fud-eft de Magnéfie , «Se cette ville n'eft guères plus gran-
de que la moitié de Prufe. Il n'y a ni belles églifes , ni
beaux caravanferais dans Magnéfie ; & l'on n'y fait com-
merce qu'en coton. La plupart de fes habitans font Maho-
métans. Les Juifs qui y font en plus grand nombre que les
Grecs ôc les Arméniens , y ont trois fynagogues. 11 y a
fur une petite colline un château que les Turcs n'ont pas
beaucoup de foin d'entretenir , ôc qui commande telle-
ment à la ville , qu'il en peut être regardé comme la cita-
5/
délie. Trois méchantes pièces de canon en compufent
toute l'artillerie. Ce fort étoit apparemment plus coi.ndé'-
rable autrefois , puisque la colline fur laquelle il eu fuué
étoit environnée de trois murailles flanquées de tours,
dont il refte encore quelques débris. Le ferait eft aulli né-
gligé ; il tombe en ruine , ôc tout fon ornement confutc
en quelques vieux cyprès. * P. Lucas, Voyages, r. 1. p. 1 41.
6. MAGNESIE, belle plaine aux environs de la ville de
même nom au pied du mont Sipyle. Cette plaine , quoique
d'une beauté furprenante , eft presque toute couverte de ta-
maris, ôc n'eft bien cultivée que du côté du levant. La ferti-
lité en eft marquée par une médaille du cabinet du roi j
d'un côté c'eft la tête de Domitia , femme de Domiticn ;
de l'autre un fleuve couché , lequel de la main droite tient
un rameau , ôc de la gauche une corne d'abondance. Du
haut du mont Sipylus la plaine paroît admirable , ôc l'on
découvre avec plaifir tout le cours de la rivière. Ceft dans
ces vaftes campagnes que ces grandes armées d'Agefilaiis
ôc deTilTapherne, ôc celles de Scipion ôc d'Antiochus le
font disputées l'empire de l'Afie. Paufanias allure qu'Age-
filaiis battit l'armée des Perfes le long de l'Hermus ; ôc
Diodore de Sicile rapporte que ce fameux général de La-
cédémoniens descendant du mont Sipylus , alla ravager
tous les environs de Sardes. Xénophon prétend que la ba-
taille fe donna le long du Pactole qui fe jette dans l'Her-
mus. A l'égard de la bataille de Scipion ôc d'Antiochus ,
elle fe donna entre Magnéfie ôc la rivière d'Hermus , que
Tite-Live , ôc Appien appellent le fleuve de Phrygie.
Cette grande action qui donna une fi haute idée de la
vertu romaine en Afie , fe paffa fur le chemin de Magné-
fie à Thyatire , dont les ruines font à AckiiTar ou Châ<-
teau Blanc. Scipion avoit fait avancer fes troupes de ce
côté-là ; mais comme il apprit qu'Antiochus étoit ve-
nu camper avantageufement autour de Magnéfie , il fie
palier la rivière à fon armée , ôc obligea les ennemis de
forcir de leurs retranchemens ôc de combattre. On voyoii ,
dit Florus , dans l'armée de ce roi des éléphans d'une gran-
deur épouvantable , qui brilloient par l'or , l'argent , l'y-
voire ôc la pourpre dont ils étoient couverts. Cette ba-
taille qui fut la première que les Romains gagnèrent en
Afie , leur aflura le pays jusqu'aux guerres de Mithridate. *
Tournefort , voyage du Levant, pag. 19;.
MAGNI , en grec uàjvoi , peuple de Perfe , felor»
Strabon , /. 15. à moins qu'il ne faille lire udyoï. .
NAGNIA. Voyez, Maina 2.
MAGNIANA , ville de la Haute-Pannonie , félon Pto-
lomée , /. 2. c. 15. Voyez. Mogetiana.
MAGNICA ou Magnice , fleuve d'Afrique , donc
l'embouchure eft à 27 degrés 40 min. de latitude méri-
dionale. Les Portugais l'appellerent d'abord Rio dos Lagos$
mais l'an 1745. Laurent Marches lui donna le nom de
Rio do Spirito Sanclo. On dit quelle prend fa fource du
lac Goyame , ôc qu'après quelques lieues de chemin elle
fe divife en deux bras , dont le méridional conferve le
nom de Magnice , & fe va jetter dans un golfe tout con-
tre le cap des Poiffons. Il reçoit trois rivières dans fon
fein , un peu avant que de fe décharger dans la mer : La
première eft celle qu'on nomme de S. Chriftophe , parce
qu'elle fut découverte le jour de la fête de ce faint ; mais les
habitans la nomment Nagoa : la féconde porte le nom du pi-
lote Laurent ; elles fortent toutes deux des monts de laLune,
qui font dans la province de Toroa : la troifiéme qui fe
nomme Arroë , vient du côté du nord ôc des montagnes où
font les mines d'or deMonomotapa. Le bras feptentrional
porte le nom de Cuama , Quama ou Covanga , qui eft
celui d'un château que les Turcs ont bâti fur fes bords ;
un peu au-deiïus de cette fortereffe les habitans appellent
ce fleuve Sambreré. Il eft beaucoup plus grand ôc plus
profond que l'autre bras du Magnice , parce qu'il eft groflî
par les eaux de fix grandes rivières qui font Panhames ,
Luangoa , Arruya , Maniono , Inandire , ôc Rucnie , qui
traverfant les terres du Monomotapa , enrichiffent leur
fablon dans les mines d'or de ce royaume. Ce fleuve fe
décharge dans la mer par fept embouchures , où il y a
autant d'ifles fort peuplées. Dans l'année 1500. Les Por-
tugais bâtirent un fort près des embouchures du Cuama ,
pour réduire les Caffres fous leur joug ; ôc depuis ils font
demeurés maîtres abfolus du pays. * Dapper , Defcr. de
l'Afrique , pag. 395.
MAGNI CAMPI , étendue de terre en Afrique aux
Tome IV. E ij
36
MAG
MAG
enviions de la ville d'Utique.Tite-Live , /. 30. c. 8. en fait
mention.
MAGNIEL , bois dans Pifle de France , maîtrife de
Chevilly. Il contient J94 arpens.
MAGNILOCUS , en françois Manlieu , bourg 8c
abbaye de France en Auvergne au diocèfe de Clermont
Air la rivière de Dore , vers le pays de Forez. L'abbaye
fe trouve décrite dans la vie de S. Bonnet. * Topogr. des
Saint s , p. 622.
MAGNI-SIAH , ville d'Afie dans la province de Ser-
han ou Saroukan , au pied d'une montagne arrofée de
plufieurs ruifiéaux. Les eaux en font metveilleufes , &
l'air eft. fort doux , même en hiver. Les Orientaux
lui donnent 60 degrés de longitude & 40 de latitu-
de. Tout cela reflemble beaucoup à la Magnésie du
mont Sipyle. Voyez, ce mot. * D' Herbelot ■■, Biblioth.
orient.
MAGNOAC ( a ) , petit pays fur les confins du pays
d'Aftarac , 8c qui fait aujourd'hui partie de celui d'Ar-
magnac. C'étoit anciennement une des quatre vallées qui
compofoient la baronnie de la Barthe. Les feigneurs de
la Barte 8c d'Aure pofféderent ce pays jusqu'à la fin du
quatorzième fiécle ( b ). Ce fut alors que Jean de la Bar-
the, feigneur d'Aure 8c de Magnoac , mourant fans en-
fans , donna tous fes biens à Jean II. comte d'Armagnac ,
& depuis ce tems là la vallée de Magnoac a été poffédée
par ceux qui ont joui du comté d Armagnac. Le lieu prin-
cipal eft Château-Neuf de Magnoac \ 8c c'eft un des ar-
ehidiaconés de l'Archevêque d Auch. (a) Pigjniol , Def-
cript. delà France , tom. 4. p. 469. ( b ) I^onguertit > Defcr.
de la France , part. 1. p. 201.
MAGNOPOLIS. Voyez. Eupatoria I.
MAGNOTES. (Les) Voyez, Maina 2.
MAGNUS , Magna, 8c Magnum, adjectif latin ,
qui figniRc grand 8c grande.
Les anciens appelloient Magnum Promomorium ou le
grand Promontoire , le cap d'Afrique nommé Deyp.at
Uneyn par les Africains , & Cabo de One par Mar-
mol. Ils donnoient le même nom au cap de Lisbonne
dans la Lufitanie. Ptolomee appelle de même un cap
de la Sicile : mais le grec porte m«k/w , c'eft-à-dire lon-
gum , long.
Ils appelloient Magnum Ofl'utm ou la grande embou-
chure , l'une des bouches du Gange ; 8c Magnum littus ,
le grand rivage , un lieu de l'Arabie Heureufe , & un au-
tre de l'Ethiopie.
Ils donnoient le nom de Magrii C impi à des plaines
d'Afrique au voifinage d'Utique i de Magnus Campus ou
le grand champ , à une plaine de la Paleftine ; ils nom-
moient Magnus Portus ou le grand port , une ville de
la Lybie intérieure , 8c un port de l'ifie de Bretagne vis-
à-vis de l'ifle de Wigth , 8c un troifieme port fitué dans
l'Efpagne Tarraconnoife. Magnum Sinus ou le grand
golfe , ell le nom que Ptolomee donne à une partie de
l'Océan Oriental.
MAGNUS PADUS. Voyez, Spineticum Ostium ,
& lifez Spina.
MAGNY (a) , petite ville de l'ifle de France dans le
Vexin François , fur la route de Paris à Rouen , & à
quatorze lieues de chacune de ces villes. L'églife paroif-
fiale elt dédiée à Notre-Dame {b ). Il y a des Benédi&ins ,
des Cordeliers , des Urfulines 8c un hôtel-Dieu pour les
malades. Son teiritoire eft arrofe d'une petite rivière &
produit de bon bled. On y tient un grand marché tous les
mercredis 8c les famedis. Il y a une haute juftice avec une
élection qui eft une branche de l'élection de Chaumont ,
qui dépend de la généralité de Rouen , & qui reflbrtit
à la cour des aides de Normandie (a) Piganiol , Defcr.
de la France , part. 3. p. 88. (b) Corn. Dict. Mémoires
drejjésfur les lieux. Le P. Briet croit que Magny eft une
ancienne ville, 8c qu'en examinant les diftances de l'iti-
néraire d'Antonin , elle doit être le Petromantalum de cet
ancien.
MAGO , ville de la petite îfle Baléare , félon Pline ,
1. 3. c j. Pomponius Mêla, /. 2. c. 7. dit demêiw.CaJïella
funt in minore Jamno & Mago. Ce même lieu eft nommé
Magona dans une lettre de S. Sever , publiée au cinquième
tome des annales de Baronius. C'eft ptéfentement Port-
Mahon dans l'ifle de Minorque.
MAGOA , ville de la Perfide vers la Sufiane , félon
Pline , /. 6. c. 27. qui la place fur l'Aduna rivière qui ve*
noit de la Sufiane.
MAGODIA , contrée d'Arabie , félon S. Epiphane qui
en fait venir les Mages. On peut voir ce qu'en dit Baro-
nius au premier tome de fes annales.
MAGCEDENSES ou Magœdensium Civitas , ville
d'Afie dans la Pamphylie. Il en eft parle au cinquième con-
cile de Conftantinople ; c'étoit un fiége épiscopal nom-
mé Magidi 8c Magydus dans les notices de Léon le
Sage 8c d'Hiérocles.
MAGOG. Voyez, Gog.
MAGOMAG1ENSIS Plebs , ou Macomadiensis ,
diocèfe d'Afrique dans la Numidie. Voyez. Macomadia.
MAGON , rivière des Indes , où elle fe perd dans le
Gange , félon Arrien , in Indicis.
MAGONTIACUM , félon Tacite & Ammien Mar-
cellin ; Mocontiacum , félon Ptolomee \ Magoncia ,
félon Eutrope : nous difons aujourd'hui Mo gu n ti a.
Voyez. Mayence.
MAGORA , ville de l'Ethiopie fous l'Egypte , félon
Pline , /. 6. c. 29.
MAGORAS. Voyez, Tauyras.
MAGORUM Sinus , Ma>«i> k&atw , golfe de l'Arabie
Heureufe , félon Ptolomee, /. u.c. 7.
MAGOSA. Voyez. Masoga.
MAGOT1ENSE Concilium. Ce concile fouventeité
au recueil de Gratien eft le concile de Mayence -, car
pour le mieux défigner, il y eft dit qu'il fut tenu dans le
cloître de S. Aubin -, or ce cloître eft encore dans un
fauxboug de cette ville.
1. MAGRA, (La) ou la Macra , rivière d'Italie.
Elle a fa fource dans les montagnes de l'Apennin, coule
dans la vallée de Pontremoli où elle fe groiiit par la jon-
ction d'une petite rivière. Avant que de fe rendre a Fila-
terra , elle s'accroît des eaux de la rivière Crama. Elle tra-
verfe enfuite la vallée à laquelle elle donne le nom , &
dans fa courfe elle reçoit les rivières de Villa f ranca ,
de Zauaglione , de Tauarone , d'Ulella & de Votra \ après
quoi elle arrofe la ville de Sarzana , 8c va enfin fe perdre
dans la mer auprès du cap del Corvo. * Magin } Cartes
de l'Italie.
2. MAGRA , ( La vallée de ) vallée d'Italie dans la
Toscane Son nom latin eft Vallis Macr& , 8c les Ita-
liens l'appellent V.dle di Magra. Elle efl fituée entre l'A-
pennin au feptentrion ; les états de Parme , de Modéne ,
& de Mafia à l'orient , la mer de Gènes au midi ; & les
états de la république de Gènes à l'occident. Sa longueur
n'a guéres plus d'onze lieues, fa largeur eft de fix. Elle
appartient au grand duc de Toscane , à la réferve du
marquifat de Fosdinovo quia fun fouverain particulier,
& de la ville de Minucciano , avec deux ou trois villages
qui appartiennent a la république de Lucques. La ville de
Pontremoli ell la capitale. Ses autres principaux lieux fonc
Villa Franca & Ulella.
3. MAGRA , rivière de Barbarie au royaume de Tri-
poli. Elle fe rend dans la Méditerranée près de la ville
de Lebeda. C'eft celle que Ptolomee a connue fous le
nom de Cnyphus , 8c qu'Hérodote ainfi que Pline ont
appelle Cinyps.
1. MAGRADA ou Magrida , rivière d'Afrique au
royaume de Tunis. Elle s'appelloit autrefois Catade.
On croit que c'eft une branche de la rivière Guadilbar-
bar. Mais la Malagrada qui eft le Bagradas des An-
ciens , ne peut-être une branche de la rivière de Guadil-
barbar , 8c ces deux rivières n'ont rien de commun. Après
qu'elle a arrofe le pays de Choros , elle va fe jetter dans
la mer auprès de Mar.fa. * Dapper , Defcription de l'A-
frique, pag. 189.
2. MAGRADA. Voyez. Menlascus.
MAGRAMMUM , ville de l'ifle Taprobane félon Pro«
lomée , /. 7. c. 4. il la qualifie de Métropole , 8c la place
dans les terres.
MAGRAN , montagne d'Afrique au royaume de Ma-
roc, dans la province de Tedla. Elle eft bordée au couchanc
de celle Scgême , & s'étend de ce côté-là depuis la mon-
tagne du Grand-Athlas qui regarde la province de Farca-
la vers le midi jusqu'à celle de Dedez , fur la frontière àes
déferts de la Libye. Les habitans logent fous des fuites d'é-
corces d'arbres qu'ils changent de tems en tems pour fui-
vre les pâturages , à caufe qu'ils ont grand nombre de gros
MAG
MAG
6c de meiui bétail. Ils font moins braves que les ZcniiguCs
quoiqu'ils ayent autrefois vécu en liberté. On les nomme
ordinairement Mugaroas. Ils étoient gouvernés ancien-
nement par un chèque qui les falloir obéir , ainfi ils ont
fort fouvent repouffé leurs ennemis par le fecours des Nu-
mides. Le cherif Hamet les fournit dans la première jour-
née de Tafilet , ôc depuis ils furent fujets à fon frère &
à fon neveu, Comme ils n'ont point de demeure fixe , ils
errent tout l'été par ces montagnes avec leurs femmes ôc
leurs ënfans , & fe placent à un endroit tout l'hiver , fai-
fant leurs cabanes fort baffes à caufe du. froid. Il elt fi grand
en ce pays-la , que le haut de leur montagne e(l couvert
de neiges toute l'année. Leurs cabanes cependant ne font
couvertes que de branchages ; mais pour empêcher que
leur bétail n'ait froid la nuit , ils font de grands feux tout
à l'entour , ôc y lai fient deux ou trois portes pour fe fau-
ver en cas de befoin. Cette montagne eft pleine de lions
qui attaquent les hommes auffi bien que les troupeaux. *
Marrnol , Afrique . t. i. 1. 3.C.7J.
MAGRI Locus , en grée Mc/^pa toW. Ptolomée , /. 4.
r. j. place ce lieu dans la Marmarique , au pays des Au-
giles ôc des Nafamones.
MAGRI , ifle de la mer Méditerranée. Voyez. Ma-
cris.
MAGROM ou
MAGRON , village de la Paleftine affez près de Gabaa.
Saiil fe retira avec 6co hommes dans la caverne de Rem-
non au voifinage de Magron , /. Rcg. 14. 2. * D. Cal-
met , Dict.
MAGSTAT , bourgade de Lorraine au voifinage de
Mariait Sanfon a cru que c'étoit X Amagetobriga des
anciens.
MAGUA. C'étoit le nom d'un des cinq royaumes qui
compofoient lifte Espagnole , lotsque Chriftophe Colomb
en fit la découverte. Magna dans le langage du pays li-
gnifie le royaume de la l'iaine , ôc celui ci comprenoit
en effet ce qu'on a depuis appelle la Vega Real, la plai-
ne royale, ou du moins il en comprenoit le milieu Se la
meilleure partie ; cette plaine a 80 lieues de long ôc dix
dans fa plus grande largeur.La plaine du cap François en elt
la partie feptentrionale. Barthelemi de Lcscafas affure qu'il
y coule plus de trente mille rivières, parmi lesquelles il y
en a douze aufli larges que l'Ebre ôc le Guadalquivir :
cela elt exagéré ; mais il elt vrai que cette plaine paroît
comme un grand jardin , tout coupé de rivières ôc de ruif-
feaux d'une eau vive ôc charmante.
MAGUALBARl , rivière d'Afrique , la même que Rio
Galinhas. Voyez, Galinhas.
1. MAGUANA elt un autre royaume de l'ifie Espagno-
le , qui renfermoit la province de Qbao toute remplie de
mines d'or , &c presque tout le cours de l'Artibonite la plus
grande des rivières de l'ifie.
2. MAGUANA ( S.Jean de). Voyez. Sanjouan.
MAGUARI (cap de) cap de l'Amérique méridiona-
le au Brefil , au nord de l'ifie de Marayo à l'embouchure
de la rivière de Muju que d'autres appellent Para. Ce
cap e(l éloigné de plus d'un demi-degré de celui de Tigio-
ca. Il eft très-dangereux , même aux plus petits batimens,
étant couvert de bancs de fable qui s'étendent fort loin au
large. Voyage en Amérique par M. de la Condamine.
MAGÛDA , lieu de la Méfopotamie , félon Ptolomée,
l. 5. c. 18. Il le met dans une lifie de villes ôc de villages
fur l'Euphrare.
1. MAGUELONE , Magalo , Magalona & Ma-
GAlone , ville ruinée dans le bas Languedoc. Elle étoit fi-
tuée au midi de Montpellier dans une ifieou péninfule de
l'étang de Manguelone fur la côte méridionale de cet
étang , qui eft à l'orient de celui de Thau ( a ) Infula Ma-
galo , & il y a apparence que c'eft ainfi qu'il fe nommoit
originairement. On a fans doute dans la fuite dit Maga-
toNA , d'où l'on a fait le nom vulgaire Maguelone ,
autrement Magalone , comme de Narboneon a fait Nar-
bona , de Rarcinone , Barcinona ôc Rarcilona , ôc d'Qlifî-
pone , Olifïpona. Il n'eft fait aucune mention de Maguelo-
ne dans les anciens géographes (b) , ni dans aucun écrit
avant la domination des Wifigoths ; c'en: pourquoi nous
pouvons leur attribuer l'origine de cette ville ôc de fon
évêché inconnu -avant la fin du fixieme fiecle , & le règne
de Recaréde. Ce fut fous ce roi des Wifigoths que Géné-
iius comparut l'an jS^ , au troifiéme concile de Tolède au
37
nom de Eol'ce éyêque de Maguelone , les évêques de ce
fiége , que quelques-uns veulent marquer avant Bocce ,
n étant appuyés fur aucun témoignage certain. Sanfon a
cru que Maguelone avoit été appcllec autrefois Agatho"-
polis , Ôc qu'elle étoit la même chofe que l'ifie marquée
par Ptolomée , ôc qu'il dit avoir porté le même nom que
la ville d Agde , Agathe , qui étoit voifine de cette ifie ôc
de celle de Blascon , aujourd'hui nommée communément:
Brèscou -, mais Ptolomée ne parle point en cet endroit d'une
ville ; il marque feulement une ifie plus proche dAgde
que Brescou , ce qui ne convient nullement à Maguelone \
ainfi il faut que l'ifie d'Agde , Agathe , ait été jointe à la
terre ferme après le tems de cet ancien géographe , étant
d'ailleurs certain que la mer s'efi retirée de toutes les côtes
de Languedoc. De Valois , net. Gall. p. 3 1 2 , prétend
qu'il pourroit bien fe faire que Maguelone fût Aloriis in-
jula & urbs Majjilienfiupi , dont fait mention Etienne le
géographe après Arremidore , en ces termes : h>wkvn<j-oc
y.eti?roXiç Ua.Tira.'Kia.ç. (a) De Valois , not. Gall. pag. 3 12 , (b)
Longuerue , Dcfcr. de la France, part. 1. p. 249.
Quatre notices des provinces ôc des villes de la Gaule
font mention de Maguelone. L'une la nomme civitas Ma*
galoncnfis , ôc la met la dernière des villes de la première
Narbonnoife : les autres lui donnent le fixieme rang , & la
nomment civitas Megalonenfium ou Magoloncnfium. La
divifion des diocèfes faite par le roi Wamba lui donne le
fécond rang après la métropole.
Maguelone qui étoit venue au pouvoir des Sarrazins après
la ruine de la monarchie des Wifigoths , fut prife ôc dé-
truite par Charles Martel l'an 737 , ce qui obligea l'évê-
que avec fon clergé, ôc la plupart des habitans, à fe retirer
en terre ferme à une petite ville ou bourgade nomméSofian-
tion ou Sufiantion > qui eu marquée dans l'itinéraire deBour-
deaux à Jérufalemj fait fous Confiantin le Grand ôc dans
la carte de Peutinger. Ce lieu nommé Sufiantion a été en-
tièrement détruit. Catel dans fes mémoires de Languedoc *
affine que de fon tems,on voyoit encore les ruines deSuftan-
tion à mille pas du grand chemin qui va de Montpellier à
Nïmes 3ôc à pareille diliance de la ville de Montpellier ,
près des villages deCafielnau ôc de Clapiers. Sufiantion a eu
long-tems ôc depuis le dixième fiécle , fes comtes qui ne
relevoient d'aucun autre feigneur. Ce furent ces comtes de
Sufiantion qui donnèrent aux évêques de Maguelone l'ifie
où étoit leur ancien fiége épiscopal , ôc outre cela ils leur
donnèrent des biens en terre ferme. Ces prélats ayant de-
meuré à Sufiantion environ près de trois cens ans , l'évê-
que Arnauld rebâtit vêts l'an 1060 , Maguelone ôc l'églife
cathédrale , au lieu où elle avoit été dans l'ifie -y il y réta-
blit fa réfidence du tems de Raymond comte de Sufian-
tion , & de la comteffe Adèle fa mère. A l'égard du comte
Raymond , il quitta auffi Sufiantion , & alla demeurer à
Mauguio , place fituée fur l'étang de Thau , laquelle eft
appellée en latin dans les anciens livres Melgorium ôc
en françois Melguel , où étoit la plus célèbre monnoie
de ce pays là ; de forte que dans les anciens titres de la
province ôc des pays voifins , il eft marqué que les
payemens fe dévoient huefolidis Melgorienfibus , en fols
de Melgoire ou Melguel , c'efi-à-dirc de Mauguio. Ces
comtes étoient feigneurs temporels de l'évêché de Ma-
guelone , de forte que Pierre comte de Melgoire dans fa
chartre de l'an 1085 , donne le comté de Sufiantion , ôc le
temporel de l'évêché de Maguelone au pape Grégoire VII,
ôc à fes fucceffeurs , ce que ce comte croyoit pouvoir
faire, parce qu'il renoit fon comté librement &en franc-
alcu , in allodutm , ôc non en fief d'aucun autre prince
ou feigneur. Les papes remirent la propriété de ce comté
aux héritiers du comte Pierre. Beatrix qui descendoit des
comtes de Mauguio dont elle fut héritière , époufa Ber-
nard Pelet feigneur d'Alais , dont elle eut une fille nom-
mée Hermefende qui époufa Ravmond fils & héritier du
comte de Touloufe , à qui la comteffe Béatrix avoit faic
l'an 1 1 72 , une donation de tous fes biens ; ôc Hermefende
mourant l'an 1176 , confirma par fon teftament cette
donation en faveur de fon mari Raymond ôc du comte
de Touloufe.
Depuis ce tems-là les comtes de Touloufe furent auffi
comtes de Mauguio , ôc fe firent reconnoître pour fei-
gneurs de fief par le feigneur de Montpellier dont les pa-
pes furent mécontens , de forte que durant la guerre des
Albigeois le pape Innocent III envoya ordre l'an 1209 à
MAG
MAH
fcs légats de fe faifit du comté de Mauguio , comme étant
un patrimoine de 1 Eglife Romaine.
Le même pape Innocent III donna l'an 121 j à Guil-
laume Raymond évêque de Magnelone & à fon églife le
comté de Mauguio , moyennant une redevance de vingt
marcs d'argent par an ; cependant le comte de Touloufe
ayant fait l'a paix avec le pape & le roi , fe mit en pofief-
fïon du comté de Mauguio , cela attira l'excommunica-
tion de Grégoire IX . ôc au comte de Touloufe ôc aux ha-
bitans de Mauguio qui avoient pris fon parti. Ce diffé-
rend dura plufieurs années , & jusqu'à la mort du comte
dciTouloufe. Alors faint Louis, prelïé par les follicitations
de Clément IV , fit remettre l'évêque de Magnelone en
polTeflîon du comté de Melgoire , que les papes foutenoient
être un fief de l'églife Romaine.
Les évêques ont joui des biens Se des droits qui leur
avoient été conteftés i mais les prétentions des papes fur
le comté de Mauguio ont été anéanties après la mort
de S. Louis. Les évêques ont toujours eu leur fiége ôc
leur églife cathédrale dans l'ifle de Magnelone jusqu'à l'an
1 j 36 , ôc ce fut pour lors feulement que le pape Paul III
transféra le fiége épiscopal de ces prélats dans la ville de
Montpellier , parce qu'on n'y pouvoir plus demeurer en
fureté , à caufe des incurfions des pirates Maures ôc Sar-
razins qui y faifoient fouvent des descentes ; de forte que
ce lieu de Magnelone en plufieurs anciens titres eft , au
rapport de Catel , appelle le port Sarrazin. Le chapitre
de l'églife cathédrale qui étoit régulier ôc de l'ordre de
S. Auguftin , fut féculaiifé par le même pape dans
le tems de cette tranflation. * Lotiguerue , p. 250.
2. MAGUELONE , étang du Languedoc , ainfi nom-
mé de la ville de Magnelone qui étoit fur fa côte méri-
dionale. Comme les villages de Latte ôc de Peraut fe trou-
vent auffi fur fes bords , on l'appelle quelquefois l'étang de
Latte & l'étang de Peraut. Il s'étend le long de la côte de-
puis le port de Sette jusqu'auprès du fort de Pecais. Il
communique à l'occident avec l'étang de Thau. Il fe dé-
charge dans la mer Méditerranée par plufieurs endroits.
MAGUIBA , rivière d'Afrique dans la Guinée. Voyez.
Nugnez.
M A G U I L A , petite ville d'Afrique en Barbarie au
royaume de Fez. Elle eft bâtie fur la pointe de la monta-
gne de Zarhon qui regarde l'orient du côté de Fez ; les Ro-
mains la fondèrent. Elle a fur la montagne une grande
contrée d'oliviers , ôc au bas une belle plaine qu'on arrofe
de plufieurs fontaines qui fortent des environs. Elle rap-
porte beaucoup de bled , de chanvre , de camomille, de
carvi d'Alhegna ôc de moutarde. Ses habitans font com-
merce déroutes ces chofes , auffi font-ils à leur aife. Ce-
pendant ils n'ont que de méchantes maifons , & les mu-
railles de la ville font ruinées en plufieurs endroits.'" Mar-
mot , Afrique , t. 2.1. 4. c. 32.
MAGULABA , ville de l'Arabie Heureufe , félon Pto-
lomée , /. 6. c. 7. qui la place entre Jula ôc Sylxum.
MAGUNIHIE,baronnie d'Irlande dans la province de
Munfter. Elle eft fituée dans le milieu du comté de Kerry
dont elle eft une des huit baronnies. Etat préfent de l'Ir-
lande , pag. jo.
MAGÛR. Voyez. Nargur.
M AGURA, en grec Mctyapa, petite ville de la Lybie in-
térieure. Ptolomée , /.4 c 6. en parle , ôc la marque fur
la côte entre Tagama & Ubrix.
MAGUSA , ville de l'Ethiopie fous l'Egypte , fuivant
Pline , /. 6. c. 29.
MAGUSiEI. Eufébe dans fa préparation évangélique ,
/. 6. parle d'un peuple ainfi nommé ôc qui étoit de la Per-
fe, Il dit qu'ils époufoient indiftinctement leurs filles ,
leurs foeurs ôc leurs mères , ôc S. Clément en fait auffi
mention , in recogn.
MAGUSiEI Hf.rculis Fanum , temple d'Hercule à
l'embouchure de l'Efcaut. Il en eft fait mention dans une
Ancienne • infeription trouvée à Befteappel en Zélan-
de. La voici telle que le rapporte Ortelius , Thefaur. qui
l'a bien examinée.
H e r c u l 1.
Magusano.
M. P R I M I I u S.
T E R T I U S.
V. S. L. M.
Le nom Se la figure de cet Hercule ftunommé Magu*
fait! fe retrouvent fur une médaille de Poftume en bronze»
Trebcllius Pollion nous apprend que cet empereur com-
manda fur la frontière du Rhin , ôc fut fait préfident de
la Gaule par l'empereur Valérien.
MAGUSTANA , ville de la grande Arménie, fuivanc
Ptolomée.
MAGUSUM , ville de l'Arabie Heureufe , & l'une de
celle que les Romains détruifirenr félon Pline , /. 6. c. 28.
MAGUSA , Ma'î«£t, ville de l'Arabie Pétrée , félon
Ptolomée , /. 5. c. 17.
MAGYDIS. Voyez. Matylus.
MAGYDUS , ville épiscopale d'Afic dans la Pamphy-
lie , la même que Magœdensis Civitas.
MAGYNI ouMagini , nation Scythe, dont Tibulle,
/. 4. ehg. I. fait mention dans ce vers 146.
Çhjaque Htbrus Tanaïsque Getas rigat atqtte Magynos ,
Ce peuple eft peu connu d'ailleurs.
MAHA , peuple de l'Amérique feptentrionale dans la
Louifiane au nord du Miffouri ôc des habitations les plus
feptcntrionalcs des Padoucas , ôc à l'oueft des Tintons par
les 4f degrés de latitude feptentrionale , ôc à deux cens
lieues de l'embouchure du Miffouri dans le Miffiffipi. Les
Maha font errans ; il y en a plufieurs" familles établies au-
près des Aiaouez.
MAHAFALLES , province de l'ifk de Madagascar dans
la partie méridionale. Elle eft bornée au noid par les Ma-
chicures , à l'orient par les Ampatres au midi par la mer
des Indes , ôc à 1 occident tlle a les ifies Nafumentb ; cette
province eft remplie de bois. Les habitans ne cultivent
point la terre , fi ce n'eft le grand ôc quelques-uns de fes
païens. En récompenfe ils font riches en bétail dont ils
tirent leur nourriture , auffi bien que du laitage ôc des ra-
cines qui croifient en quantité dans les bois. Ils n'ont au-
cuns villages ni aucune demeure fixe ; ils changeur de de-
meure à mefure que les pâturages manquent dans une
étendue de trente-cinq ou quarante lieues de pays qu'ils
ont à eux. Ils font leurs hutes ou cabanes dans les bois ,
éloignées les unes des autres , fuivant les parcs où ils reti-
rent leurs belliaux. Les femmes font de bonnes pagnes de
coton & de foie , ôc d'une efpece d'écorce qu'ils appellent
Try , qui approche de la douceur de la foie , mais qui ne
dure pas tant que le coton.
Il y a dans cette province un arbre nommé Anadzahé
qui eft monftrueufement gros ; il eft creux dedans , ôc fon
vuide eft ordinairement de douze pieds de diamètre ; il
eft rond , il fe termine en voûte, au milieu de laquelle il
y a comme un cul de lampe , ôc cette voûte a vingr cinq à
trente pieds de hauteur. Il y a une porte qui a quatre pieds
de haut , ôc trois de large : le refte du corps de l'arbre eft
épais d'un bon pied. L'arbre en rout peut avoir trente cinq
pieds de haut. Il n'a que quelques petites branches en
quelques endroits fur fon fommet Par fa figure , il refiem-
ble à une tour pyramidale ; c'eft une merveille de la na-
ture. * Flacourt , Hiftoire de Madagascar , p. 1 3.
MAHAGEN , ville de l'Arabie Heureufe , où elle fé-
pare deux provinces de ce pays-là , fçavoir Jemamah ôc
Temamah. Elle eft fituee dans une plaine fertile à l'orient
feptentrional de la ville de Zébid , de laquelle elle n'eft
éloignée que de deux journées. Le géographe Perfien la
met dans le premier climat , ôc dit qu'elle eft petite , mais
fort peuplée. Edriffi qui la ptace dans la fixieme partie du
même climat , écrit qu'elle eft à fept journées de Sanâa
capitale de l'Icmen, & à huitd'Aden ; cV'que le petite pays
nommé Dahés s'étend entre ces deux villes. * D 'Herbelot %
Biblioth. orient.
MAHALEU , ville d'Egypte , capitale de la Garbie 9'
l'une des deux provinces du Deltha. Le fieur Lucas , dans
fon voyage fait en 17 14 , &c. t. 1. /. 4. p. 277 , qui la dé-
crit , dit qu'elle eft (ans contredit une des plus belles de
l'Egypte , ôc qu'elle lui parut la mieux bâtie & la plus gran-
de après le grand Caire. Les bazarda y font très- beaux ôc
fort commodes , ôc on y fait un grand commerce en toi-
les de lin ôc de coron. On y fait auffi beaucoup de fel ar-
moniac dont le débit eft fort confidérable 11 y a dans ccre
ville des fours à faire éclore les poulets par la chaleur.
Un très-beau canal du Nil arrofe les maifons de Maha-
leu , ôc les Turcs qui habitent cette ville ont eu foin d'y
bâtir un pont de brique . fur lequel on pafie pour aller
dans une très-belle campagne qui eft de l'autre côté,
MAHAM ou Petchi ( le royaume de ) eft dans la Cot
MAH
rée. Il y avoit autrefois trois pays dans la Corée qui por-
roient le nom de Han. Le premier étoit appelle Mahan ,
le fécond Chinhan , &le troifieme Pienchin. Celui de
Mahan étoit le plus occidental ôc occupoit une grande
étendue de pays. Le fécond étoit fitué du côté de l'orient ,
ôc Te troifieme au milieu. Dans les commencemens ces
pays ne faifoient point partie du royaume de Tchaofien ,
ni de celui de Kaoli : ils avoient leurs rois particuliers. Le
dernier des rois de Tchaofien ayant été chaiïé de fes états
par un ufurpareur , fc fauva dans le pays de Maham , où
il vint à bout de fe faire proclamer roi ; mais lorsque fa
poftérité fut éteinte , les Maham rétablirent un roi de
leur nation. Ils envoyèrent fouvent des tributs aux Chi-
nois , de même que les deux aunes Royaumes. Il paroît
qu'il faut comprendre dans ces pays plufieurs ifles voifi-
nes. Dans la fuite ils furent fournis par les Petci ôc les
Sinlo.
Les rois de Petci descendoient , comme ceux de Kaoli ,
des rois de Fougu , pays fitué dans la partie fcptentrioriale
de la Corée , ôc qui étoit précifément au nord du royau-
me de Kaoli , à l'occident des Nieutche , ôc à l'orient des
Tartarcs Sienpi. Ces princes font fort anciens ; mais ils
nous font inconnus. On leur donne , comme à plufieurs
fouverains de ces cantons , une origine fabuleufe. Ils
avoient beaucoup d'officiers qui gouvernoient fous eux :
les habitans de ce pays cultivoient les Sciences : ils avoient
adopté la doctrine des Samenéens -, mais on ne voyoit
point parmi eux de Bonzes. Taofu-Kieoutai avoir dans ce
pays un temple où l'on alloit facrifler. L'an 66q les rois
de Petci fe fournirent aux Tam , ôc leur pays fut réduit
en Province. Les Chinois s'emparèrent par la fuite de
cette province , ôc y rétablirent la famille royale qui s'étei-
gnit presqu'auffirôt , ôc les Sinlo , les Pohai ôc les Moko
partagèrent ce royaume enn'eux. * Hifi. générale des
Huns par M. de Guignes , t. i. p. 141 ôc fui v.
MAHAN ou Makhan , ville de Pcrfe dans le Kho-
raffan auprès de Meru Schagehan. Lorsque les Seigiuci-
des eurent paffé l'Oxus , une famille d'entr'eux qui fe di-
foit descendue d'Oguzkhan s'y arrêta ôc y commanda jus-
qu'à l'irruption de Genhiskan , alors Soliman Schah qui
descendoit de Caïkhan chef des Oguziens , voyant fon
pays ruiné , l'abandonna ôc vint à Akhlath ou Khelath ,
ville d'Arménie où il s'établit. D'Herbelot fait cet article
double , une fois fous le titre de Makhan ôc Mahan ,
ôc l'autre fous celui de Mahan ôc Makhan. Il dit dans
ce dernier ce qu'on vient de lire ; ôc dans l'autre il avoit
déjà dit que cette ville donnoit fon nom à une grande
plaine qui s'étend entre les villes de Bavurd Se de Meru
dans le Chorafan. Ben Arabschiah écrit que Tamerlan la
ruina avec toutes les bourgades qui la peuploient , lors-
qu'il fit fon irruption dans cette province. C'eft de ce
lieu que fortit Soliman Schah père d'Ortogrul ôc ayeul
d'Othmftn fondateur de la dynaftie des Othmanides ou des
Othotr.ans. * D'Herbelot , Biblioth. orient.
MAHAN AIM ou Manaim (a ) , ville des Lévites de
la famille de Merari dans la tribu de Gad , fur le torrent
dlabok (b). Ce nom de Mahanaïm lignifie les deux
camps. I e patriarche Jacob lui donna ce nom 1 parce qu'en
cet endroit il eut une vifion des anges qui venoient au-
devant de lui ( c ). Mahanaïm fut le fiége du Royaume
d'Ifbofeth après la mort de Sai.il ; ce fut au même en-
droit que David fe retira pendant la révolte d'Abfalon
(d) ;ôcce fils rebelle fut vaincu ôc mis à mort afiez près
de cette ville.Elleeft quelquefois nommée dans la vulgate
(e) fimplement Caftra , le camp, {a) D. Calmet , Diét.
( b ) Jofué , 2 1 , 3 8 , 29 , 30. & I. Par. 6. 80. (c) Genefe ,
32. i.(d) U.Reg.i, 9, 12, 17&18. (e) Genef. 32,
21. & IIReg. Ii,9,i2,2i&i7,24,i9,32.
MAHANASAR. L'hiiloriende Timur-Bec , /. 3. c. 19.
nomme ainfi trois bourgs de Perfe fur la mer Caspienne ,
à quatre lieues de la ville d'Amol. Ce lieu eft, félonies
géographes du pays , à quatre-vingt huit degrés huit min.
de longitude , ôc à trente-fept degrés cinquante min. de la-
titude.
MAHAOLA , royaume d'Afrique dans l'Abyfïînie, fé-
lon Corneille , qui le met tout proche de celui de Zeth.
MAHARAZ ou Machres , place maritime d'Afrique
dans la Barbarie , au pays de Tripoli , félon Marmol ,
Afrique , tom. 2 , lib. 6 , cap. 39. Elle eft forte, ôc a été
bâtie par les rois de Tunis à l'embouchure du golfe de C«-
MAH 39
pez , pour le garantir des pirates Chrétiens qui avoient
coutume de venir ravager toute cette côte. Les habkans
n'ont ni terres labourables ni troupeaux : ce font des pau-
vres mariniers ou pêcheurs qui vont en courfe avec les na-
vires turcs. Il y a parmi eux quelques tiflèrans qui fonr de
la toile ôc des faies à la moresque. Ils parlent la langue
africaine des Bercberes , comme ceux des ifles de Gelves où
elt leur principal trafic , ôc d'où ils ne font éloignés que de
dix-huit lieues.
MAHIGHIR , canal d'Afie dans l'Tndouftan , entre
Pendgir ôc Cabul. Il a cinq lieues de long, ôc futereufé
par les ordres de Timur-Bec , félon l'hifiorien de ce prin-
ce. /. 4. c. 5.
MAHMOR. Voyez. Mamore.
MAHMOUDAÎ3AD , plaine d'Afie dans la Géorgie ,
félon l'hiftorien de Timur-Bec , /. 3. c. 50.
MAHO , ville de la Chine dans la province de Quei-
cheu , au département de Tucho , huitième métropole de
la province. Elle eft plus occidentale que Pékin de neuf
degrés 58 minutes par les 26 degrés 31 min.de latitude.
Atlas Si tien fis.
MAHOMETE , ville d'Afrique fur la côte de Barba-
rie , au pays de Tunis. C'eft la même que5 Hamamet.
MAHON. Voyez. Port-Mahon.
MAHOUZA , ville d'Afie dans l'Iraque arabique , fi-
tuée afiez près de Bagdat ; car c'eft fans doute cette ville
que d'Herbelot , dans fa bibliothèque orientale , entend
par Babylone. Cosrocs fils de Cobad ôc furnommé Nous-
chirvan , y établit une colonie des habitans d'Antioche
qu'il avoit conquife , ôc cela fut caufe qu'elle en porta
quelque tems le nom , mais elle reprit enfuite celui de
Mahouza.
MAHRAH , contrée de l'Arabie Heureufe. Son nom
qui fignifie la Porte du Défert, marque fa fituation. Elle
eft à trente journées de Hadgre ; il n'y a ni palmiers ni
terres cultivées. Les habitans n'ont pour tout bien que des
chameaux. Leur langue eft barbare ôc très-difficile à ap-
prendre. On élevé parmi eux d'excellens dromadaires. Il
y croît de l'encens que l'on porte dans les autres pays,
* Abulfeda , Defcr. de l'Arabie.
1. MAHU . ville de la Chine dans la province de Su-
chuen où elle a le rang de huitième métropole. Elle eft de
treize degrés dix-neuf minut. plus occidentale que Pékin ,
fous les vingt-neuf degrés cinq minutes de latitude. On l'a
bâtie fur la rive feptentr. d'une rivière qui porte le même
nom , ôc dans le voifinage d'un lac aulfi nommé Mabu.
Elle n'a aucune ville fous fa dépendance , cependant elle
a plufieurs bourgs ôc diverfes fortereffes dans fon voifinage.
Son fondateur fut l'empereur Hiaouvu -, ôc l'époque de fa
fondation eft marquée au tems que ce prince paffa dans
le pays , lorsqu'il entreprit fon expédition contre l'Inde.
Il la nomma Jangco. Depuis la famille Tanga elle porte
le nom qu'elle a aujourd'hui.
Mahu , en langue chinoife , fignifie le lac du Cheval.
On prétend qu'on vit autrefois dans le lac voifin de cette
ville un cheval qui avoit la figure d'un dragon , ôc que c'eft
ce qui a fait donner le même nom à la ville , au lac & à la
rivière. * Atlas Sinenfis.
2. MAHU , lac de la Chine, dans la province de Su-
chuen. Voyez, l'article précédent.
3. MAHU , rivière de la Chine dans la province de
Suchuen. Voyez. Mahu ville.
MAHURAH ouMahourat , ville d'Afie dans I'In-
douftan , à peu de diftance de celle de Cambaye. Les Per-
fans l'appellent Scheér Barahema , c'eft-à-dire la ville des
Brachmanes où habitoient les Bramines. Un auteur dit que
Mabura eft la même queMAssouRAT , qu'on appelle
aujourd'hui par abréviation Sou rat. * Corn. Diét. D'i/<?r-
belot , Biblioth. orient.
MAIA ,• ville d'Afie dans la province de l'Hellespont ,
félon Etienne le géographe.
MAIACARI , ( La rivière ce ) rivière de l'Améri-
que méridionale dans la France équinoxiale. Elle fe dé-
gorge dans la mer du Nord , à vingt-deux lieues au fepten-
trion du cap Nord. Elle coule d'occident en orient , ôc fon
cours eft d environ quatorze lieues depuis fa fource jusqu'à
fon embouchure.
MAIAGU AN A , ifle de l'Amérique feptentrionale au
nord de l'ifle Espagnole entre les ifles Lucayes.
MAIANDARA. Voyez. Malandara.
MAI
40
MAIANI. Voyez. Maggianos.
MAIDA, petite ville d'Italie au royaume de Naples ■
dans la Calabre ultérieure au pied du mont Apennin fut
l'Amato , & à huit milles de Nicaftro au midi en allant
vers Monteleone. Voyez. M al an 1 us. * Baudrand ,
édit. I70J-
MEIDENBEATH, bourg d'Angleterre dans la province
de Barck. Il a droit de tenir marché public. Etat préfent de
la Gr. Bret. t. 1.
MAIDSTONE, en latin Madus ôc Vagniacum, ville
d'Angleterre au pays de Kent ; c'eft une des meilleures
villes de Kent , félon l'auteur de l'état préfent de la Gran-
de Bretagne, t. 1. p. 76. On y tient marché public ,
elle envoie fes députés au parlement , & on y tient
les arfifes. Cependant Baudrand ôc Corneille n'en font
qu'un bourg à deux lieues de Rochefter fur le Medwai.
Ce dernier dit que les archevêques de Cantorbcri y ont un
palais commencé pat Ufford l'un de ces prélats , ôc achevé
par Simon Iftip.
MAIED , ifle d'Afie dans l'Océan oriental furla côte de
la Chine. Elle eft à quatre journées de navigation de l'ifle
de Soborma. Les géographes orientaux mettent Maïed au
nombre des ifles qu'ils nomment Gezair Almoagiat ;
c'eft la plus grande ôc la plus fertile de toutes , ainfi il y
a toujours dans Ces ports un grand nombre de vaiffeaux
chinois qui viennent y trafiquer. Elle eft à l'orient de l'ifle
de Dhalah , dont elle n'eft éloignée que de trois journées
de navigation , félon ce qu'écrit Edriflï. * D'Herbelot ,
Biblioth. orient.
MAIELLANICATES , montagne d'Italie au royaume
de Naples dans l'Abruzze citérieure , près de la rivière
de Pescaire vers Popoli , ôc à quatre milles d'Aqnila à l'o-
rient. * Baudrand , édit. 1705.
MA1ENCE. Voyez. Mayence.
MAIENFELD. Voyez. Meyenfeld.
MAIENNE , ( La ) ou Le Maine , rivière de France ,
en latin Meduana. Elle a fa fource à Linieres aux confins
du Maine *: de la Normandie , ôc a tout fon cours dans
la feule généralité de Tours. Elle reçoit la Sarte & fe jette
dans la Loire à deux lieues au-defïous du pont de Ce en
Anjou. Cette rivière eft navigable par elle-même depuis
fon embouchure jusqu'à trois lieues au-deflus , Se paréclu-
fes jusqu'à Château-Gontier , ôc de-là jusqu'à Laval. Cette
navigation fert pour amener à Laval &c dans le pays des
environs des vins d'Anjou , de Blois , de Gascogne , des
ardoifes d'Angers , des pierres de tuf de Saumur , des pier-
res de moulage deTouraine & du Poitou , 8c autres grofles
marchandifes. Les voituriers fe chargent à leur retour de
fer , de verres 8c de bois de merrain. Le cardinal Maza-
rin avoit eu le deflein de continuer à rendre cette rivière
navigable jusqu'à Maïenne-, mais la mort de ce miniure
empêcha l'exécution de ce projet , qui feroit d'une très-
grande utilité , non feulement pour tout le pays , mais
encore pour les provinces de Normandie & de Bretagne.
* Piganiol de la Force , Defcr. de la France , t. j. p. 454.
MAIENNE , ville de France dans la provincedu Mai-
ne. On l'appelle ordinairement Maïenne la Juhée ou
1A Juhel , en latin Meduana Jitcbelli. Elle elt fur la ri-
vière de Maïenne , Se a pris fon furnom de Juhel premier
du nom , feigneur de Maïenne , qui fit bâtir le château de
cette ville , place autrefois confidérable. Ce Juhel eft ap-
pelle en latin Jithellus , Jitchellus , Joshelus , Gihellus ,
Joshellits 8c Judicael, qui eft le vrai nom , dont Juhel eft
la contraction. Cette ville étoit autrefois fi confidérable
par fes fortifications 8c par l'aflktte de fon château fur la
croupe d'un roc , qu'elle étoit regardée comme impre-
nable. Elle fe défendit en 1424 , durant trois mois contre
l'armée angloife , commandée par le comte de Salisberi ,
& après avoir foutenu quatre aflauts , elle fe rendit par
compofition. La ville 8c le fauxbourg font fort* peuplés;
il y a deux paroifles deflervies par un nombre confidéra-
ble de prêtres habitués , plufieurs couvens & quelques
maifonsde piété. On y trouve divers tribunaux , la barre
ducale, l'élection , le grenier à fel , la maîtrife des eaux 8c
forêts , la maréchautfée , l'hôtel de ville. La terre 8c fei-
gneurie de Maïenne étoit une baronnie à laquelle
Claude de Lorraine , premier duc de Guife , ayant joint
Sablé & la Ferté-Bernard , elle fut érigée en marquifat
par François I , l'an 1544, 8c en duché-pairie l'an 1 J73 ,
en faveur de Charles de Lorraine , lieutenant général de
MAI
la ligue. Cette érection fut faire pour lui & fes fucces-
feurs , tant mâles que femelles. Cette terre ayant paffé de-
puis dans la maifon de Gonzague-Mantoue , Charles de
Gonzague fécond du nom, duc de Mantoue, la vendit
en 1 6; 4, au cardinal Mazat in-, elle eft actuellement pos-
fédée par Paul-Jules de la Porte , duc de Mazarin , fils
d'Armand- Charles de la Porte , duc de Mazarin , 8c
d'Honence Mancini , nièce du cardinal Mazarin. * Figa-
nïol de la Force , Defcr. de la France , t . j . p. 49 1 .
MAIGNAC, ville & première baronnie de la Ba fie-
Marche , à deux petites lieues à l'orient du Dorât , ôc à
cinq lieues à l'occident de la Sonteraine.
MA1GNANE, ( la ) bourg de France dans l'Anjou.
MAIGNINE , ifle d'Afie dans la mer de Marmora fur
la côte de la Natolie devant le golfe de Polimeure. Elle
eft fort petite , ôc eft à trente milles de Burfe au couchant.
Baudrand , édit. 1705, dit que le nom latin eft Besbri-
cus, & Corneille dit qu'on la nomme auiTi Calonio.
1. MAILLAC , en latin Caftrum de Mailliaco , bourg
de France dans le Berri , fur la rivière de Benaife , au
diocèfe de Bourges, & dans l'élection de Blanc.
x. MAILLAC , fontaine d'eau minérale en France,
dans le Languedoc.
MAILLE , petite ville de France en Tourraine , à
deux lieues de Tours, au bord feptentrional de la Loire.
Il y a un bon château , une collégiale , deux paroifles , un
monaftère de religieufes de faint Auguftin , & un d'Hos-
pitalières. Elle a donné le nom à la grande maifon de Mail-
lé , connue depuis le quinzième fiécle. C'étoit un comté,
avant qu'elle fût érigée en duché-pairie fous le nom de
Luines en 1619.
MAILLEBOIS , en latin Molli Boscum , feigneurie
de France dans le Timerais , au diocéfe de Chartres &
dans l'élection de Verneuil. Elle fut érigée en marquifat
par Louis XIV. en faveur de M. Desmarets , controlleur
général des finances , qui l'avoir acquife. Ce miniftre en
fit porter le nom 8c le titre à fon fils aîné , lieutenant
général des armées du roi,& maître de la garderobe. Jean-
ne le Baveux , fille du baron de Tilleres , porta cette fei-
gneurie à Robert d'O huitième du nom , qu'elle avoit
époufé avant l'an 1314, 8c François d'O , furintendant
des finances , mort en IJ94, la pofTédoit encore. Il v a
une collégiale bien entretenue , avec une paroifie du titre
de fainte Geneviève.
MAILLERAYE , ( la ) château de France en Nor-
mandie , au pays de Caux fur le bord de la Seine , fix
lieues au deflous de Rouen , entre Jumiege & Caudebec.
Il eft orné d'une grande baluftrade de pierres fur le canal
de la rivière , ôc accompagné de jardins, de grandes ave-
nues d'arbres , & d'une large route à travers la forêt de
Brotone. Il y a dans fon enceinte une chapelle deflervie
par quatre Capucins , qui ont un hospice joignant cette
chapelle. La terre de la Maillcraye comprend en feigneu-
rie ôc patronage les paroifles de Gerbeville , de Blietuit
& de Vatteville, qu'on trouve vers le rivage de la Seine.
* Armoires dreffés fur les lieux en 1704.
MAILLEZAIS, en latin Malliaarm Tïclonum ,
ville de France en Poitou , dans une ifle que forment la
Sevré Niortoife 8c l'Autize. Elle étoit autrefois épisco-
pale ; mais les marais dont elle eft environnée , en ren-
dent l'air fi mal fain , qu'on a transféré l'évéché à la Ro-
chelle. Bouchet , dans fes annales en parle en ces termes :
L'anfixiéme du règne du roi Robert , qui fut l'an de notre
falut mille cr trois , Guillaume , duc de Giiicnne , & Ado-
malefa femme , au mois de Juin affemblcrcm à Poitiers
l'évêque dudit lieu , nommé Gilbert , l'archevêque de Bour-
deaux , nommé Gombaut , Çr autres évêques , & fondè-
rent en leur préjence t abbaye dr monaftère de Maillezaif,
qui de préfent eft l'un des trois évêchés dudit pays de Poi-
tou : laquelle fondation fut confirmée par le p./pe Sergïus ,
quatrième du nom , quatre ans après ou environ. Le duc
de Guienne donna à cette abbaye entr'aimes biens qui lui
appartenoient , la ville de fainte Marie de l'Ermenaud ,
près de Fontenai-le Comte , où il y avoit un château 8c un
prieuré qui fut uni à la menfe épiscopale , lorsque Mail-
Iezais fut érigée en éveché. Pierre , religieux de cette ab-
baye , compofa une chronique contenant plufieurs remar-
ques curieufes 8c utiles, dont l'original fe trouve parmi
les manuscrits de meflieurs du Pui , qui font à la biblio-
thèque du roi. Ce fut le pape Jean XXII, qui érigea l'ab-
baye
MAI
MAI
baye de Maillezais en évêché l'an 1 5 17 , & Geoftroî de
Rouville , qui en étoit abbé , en fut le premier évoque.
Louis XIV obtint en 1648, des bulles du pape Innocent
X , pour transférer à la Rochelle l'évêché de Maillezais .
Voye^. La Rochelle. * Piganiol de la Force , Defcr. de
la France, t. j. p. 119.
1. MAILLI , terre & feigneuriede France dans le Bou-
lenois ; elle s'appelloir autrefois Montcaurel. Elle a
«té érigée enmarquifat en faveur du marquis de Nèfle.
2. MAILLI , bourg de France en Picardie dans l'éle-
ction de Péronne. lia titre de marquifar , & a donné le
nom à une des plus illuftres & des plus anciennes mai-
sons de la province.
3. MAILLI , bourg de France en Champagne , diocèfe
ôc élection de Rheims.
4. MAILLI-LA-ViLLE , bourg de France en Bourgo-
gne , dans l'Auxerrois fur l'Ionne , que l'on y paffoit au-
trefois fur un pont qui eft rompu.
5. MAILLLLE-CHATEAU , ville de France en Bour-
gogne dans l'Auxerrois , au couchant de l'Ionne fur des
rochers & éminences. C'eft le fiége d'une châtellenie
loyale , Se il y a mairie Se police.
1. MAINÂ , port, bourg, fortereffe Se pays de Grèce
dans la Morée.
i . M A1NA , ( Le port de ) eft fitué dans la partie oc-
cidentale du golfe Colochine , nommé par les anciens
golfe de Lacédémone , Lacoriïcus Sïtiits. Il y a à fon en-
trée trois écueils ; il eft d'ailleurs très mauvais, Se à peine
y a-t'il affez de fond pour des chaloupes ; aux environs
font quantité de baffes & de bancs de fable. * La Gtàile-
tiere , A<hènes ancienne Se nouvelle, p. 29.
3. MAINA , ( Le bourg de ) eft autour du port ; il
eft ouvert de tous côtés, comme le font toutes les habi-
tations des Magnotes , ce qui eft général pour route la
Grèce , où il y a peu de villes qui ayent une enceinte com-
plctte de murailles. On compte près de fept heures de
chemin de Bytilo à Maina , Se Corotta eft à moitié. De
Mainaa la pointe de Matapan , on ne compte que deux
heures. Quelques géographes , entr'autres Baudrand ,
croyent que Maina eit la ville de Leuches des anciens ,
mais comme le remarque l'auteur cité , ils fe font bien
égarés. Leuétres étoit fur le golfe de Coron , & c'eft
préfentement le bourg d'Iftechia ; au lieu que Maina eft
dans le golfe de Colochine.
La Ginlletiere croit que le Château de Maina eft
l'ancienne Messa. Il eft fur la hauteur de la côte. Sui-
vant les mémoires hiftoriques Se géographiques de la
Morée par le père Coronelli , les Turcs bâtirent autrefois
une fartefeffe , qu'ils appellerait Turcotogli Olimio-
nas , que les Grecs interprètent Castro de Maini,
Se les Turcs Monige, Se que leur deffein étoit de tenir
en bride leshabitans de la Zaconie. Ce père ajoute qu'en
1570. le capitan du golfe Quirini étant parti de Candie ,
& s'étant rendu à Corfou avec vingt quatre galères , il y
fut informe qu'on avoit bâti ce fort pour ce deffein , Se ré-
folut de l'aller attaquer. Il donna avis de fon entreprife
aux Magnotes , qui le fécondèrent avec zèle. Après un
combit fanglant , le capitan demeura maître du fort *
qu'il fit auffitôt démolir. La Guilleviere ,quiy futcçnt ans
après cette deftruction, parle de ce château comme d'une
chofe exiftante. Il dit qu'à l'afpcct d'une côte escarpée ,
qu'on appelloit Thyrides , c'eft-à-dire fenêtres , il juftifia
qu^ Maina étoit autrefois Meffa , & vit aifément d'où ve-
noit le nom de Tyrides : Car , pourfuit-il , regardant cette
fituation de notre vaiffeau , nous vîmes quantité de grottes
taillées dans la hauteur des rochers , Se dispofées d'une
manière qui reffemble à une longue fuite de fenêtres.
4. MAINA , ( brazzo di ) contrée de Grèce dans la
Morée , où elle occupe la partie méridionale du fameux
pays de Lacédéijjone. Le Brazzo di Maina eft renfermé
entre deux chaînes de montagnes qui s'avancent dans la
mer , tirant à peu près du nord au fud , Se forment le cap
de Matapan , nommé par les anciens le promontoire de
Tenare ; de forte que ce cap fait à l'oueft le golfe de Co-
ron , autrefois golfe de Meflene , Se à l'eft le golfe de Co-
lochina , appelle par les anciens le golfe Laconique. On
préfume qu'il y a près de trente mille habitans dans le
Brazzo di Maina. Ils font nommés Mainotes ou Ma-
gnotes. Pour ce qui regarde les mœurs , on n'a jamais
parlé fi diverfement d'aucun peuple. Quelques uns le font
41
pafTer pour brutal , perfide Se naturellement porté au bri-
gandage. L/autres le confiderent comme la véritable po-
ltérité de ces Grecs magnanimes, qui ont préféré leur li»
bette a leur propre vie , Se qui , par bien des actions hé-
roïques , ont donne de la terreur Se du refpect aux autres
nations. Ainfi leurs pattifans foutiennent que les vio-
lences Se la férocité des Magnotes font l'effet du jufte res-
ientiment , où ils font portés tous les jours par les barba-
res perlècutions que leur font également fournir les Turcs
Se les corfaires Chrétiens. Quoi qu'il en foit , de tous les
peuples de la Grèce , il ne s'eft trouvé que les Epirotes ,
aujourd'hui les Albanois , & les Magnotes , déplorable s
reftes des Lacedemoniens , qui ayent pu disputer le ter-
rem aux Turcs, Les Albanois ont fuccombé dès l'an 1466.
que mourut Scanderbeg , leur prince , Se dans la disper-
fion qui fe fit alors de fes fujets Se de fes troupes , une
bonne partie fe retira parmi les Magnotes , qui les recu-
rent avec joie , & leur donnèrent des habitations dans
leurs montagnes escarpées.
Pour la religion , ils confervent encore celle des autres
Grecs i ils ont parmi eux beaucoup de Calogers , qui font
des moines de l'ordre de faint Bafile , Se beaucoup de pa-
pas , qui font les prêtres ; mais les autres Grecs jugent fi
mal de leur piété > qu'ils ont coutume de fe dire en riant :
Si tu veux devenir un nouveau faint , va-t-en demeurer
avec les Magnotes. Ils ont une vénération particulière
pour la fainte Vierge , faint George Se faint Dimitrio ,que
route la Grèce tient pour fon protecteur. Sur les fom-
mets des montagnes , on voit une infinité de petites cha-
pelles , la plupart dédiées au prophète Elie , qu'ils recon-
noilTent pour le premier qui ait embrafl'é la vie monafti-
que. Toute la côte de la mer eft pleine de grottes taillées'
dans le roc. Elles fervent presque toutes d'hermitages à
ces calogers , qui font comme autant de fentinelles , pour
découvrir de ces hauteurs les vsifTeaux qui font en mer.
Quand cela arrive, ils courent dans les bourgades voifi-
nes avertirles capitaines de chaloupes, & exciter le peu-
ple au pillage , ou à s'en garantir. Les calogers des autres
quartiers de la Grèce peuvent, fans contrevenir aux règles
de leur initiait , faire négoce de vins , de fruits , de miel „
d'huiles , Se généralement de toutes les récoltes qui vien-
nent de leur propre culture & du travail de leurs mains.
Mais les calogers Se les papas du Brazzo font métier Se
marchandife d'aller en courfe avec leurs pirates, & pour
exeufer ces actes dhoftilité , iisdifent, en s'embarquant ,
qu'ils vont recueillir Jadixme du butin pour les droits de
l'églife. 11 s'en trouve pourtant cte fort pieux Se de très-
au Itères.
Le grec vulgaire des Magnotes eft plus corrompu qu'ail-
leurs ; car faifant inceffamment trafic de ce qu'ils ont pris
en courfe , Se traitant journellement , tantôt avec une
nation , tantôt avec une autre , ils fe font fort artachés à
la langue Manque , c'eft-à-dire à une méchante expreifion
italienne , qui n'employé jamais que l'infinitif de chaque
verbe pour tous les rems Se modes de la conjuguaifon ,
& qui avec cette locution eftropiée , ne laiflc pas d'être
généralement entendue fur toutes les côtes du Levant.
Le plus grand trafic des Magnotes eft celui des esclaves.
Ils font des captifs par-tout ; ils enlèvent des Chrétiens
qu'ils vendent aux Turcs , Se prennent des Turcs qu'ils
vendent aux Chrétiens.
Leurs tv.aifons n'ont qu'un étage. On y monte par un
degré de trois ou quatre pierres , pofées à fec l'une fur
l'autre , la porte y ferr de fenêtre, Au milieu de la cham-
bre ils élèvent un échafaud de bois où ils couchent tour
habillés. Les délicats & les malades y ajoutent quelques
paillaffes. On descend de cet échaffaut à droite Se à gau-
che par deux échelles , dont l'une répond à une cheminée,
où ils font la cuifine , Se l'autre à l'étable de leurs chè-
vres. Comme ils fe fe haïffent les uns les autres , Se
que d'ordinaire leur plus proche voifin eft leur plus
grand ennemi , il y a toutes les nuits quelqu'un de la fa-
mille qui fait fentinelle fur le toit de la maifon. Sans cela
le voifin trouve le moyen de lever adroitement quelques
tuiles , Se de fe faire un paffage pour tirer un coup de fu-
fil fur ceux qui dormenr. Il s'en eft trouvé qui ont fait
un trou fous la maifon de leur ennemi , Se qui l'ayant
rempli de poudre, comme un fourneau , ont fait fauter
en l'air route une famille. Ils portent toujours un poi-
gnard fur leur poitrine y Se fourré par le bout dans la
Tom. IV. F
MAI
42
ceinture. Leur bonnet eft une calotte de fer ou un pot en
tête, pour fe garantir des coups de fabre que. le voifin
^eur prépare au coin d'une haie ou au détour d'une rue.
Quelques-uns portent ce bonnet publiquement , d'autres
le cachent fous leur calpé , ou bonnet d'étoffe à la grec-
que.* La Guillctiere , Athènes ancienne 8c nouvelle , p.
zS.Sc Corn. Diction.
Leurs grandes querelles arrivent au mois d'avril , à
caufe des pois chiches qu'ils recueillent en ce tems-là.
Cet! leur mets ordinaire , 8c c'eft à qui pourra le pre-
mier piller le champ de fon voifin.
Depuis la prife de Candie , en 1 669. dans la crainte de
voir opprimer leur liberté , la plupart de ces Mainotesou
Magnotes ont cherché d'autres habitations. Les Génois en
ont reçu cinq ou fix cens familles en Corfe , &c le grand
duc de Toscane a donné des terres dans fes états à quan-
tité d'autres. Les poftes que les Turcs ont fortifiés dans le
Ikazzo , font gardés chacun par un aga, qui y commande
quelques Janiffaires.
MA1NBRAY ou Mayenbray , village de France fur
la petite rivière de Fonvens , en Franche-Comté , proche
delà ville de Rey. C'eft, félon quelques-uns , le lieu de
Magetobria ou Amagetobria , dont parle Céfar
dans fes commentaires. Robe a fait une differtation fort
curieufe fur ce fujet. Sanfon n'eft pas de ce fentiment ;
car il croit que Y Amagetobriga eft aujourd'hui Magfiat.
Voyez, ce nom. * Corneille , DicL
MAINE , ( Le ) province de France. II. eft borné au
levant par le Perche , au nord par la Normandie , au cou-
chant par l'Anjou 8c la Bretagne , au midi par la Tou-
raine 8c le Vendomois. Sa longueur du levant au cou-
chant eft de trente-cinq lieues , fa largeur du midi au
nord de plus de vingt , 8c fon circuit de quatre-vingt-dix.
*■ Piganiolde la Force ,DcCct. de la France, t. 5. p. 453.
Le nom du Maine, auffibien que celui du Mans , fa
capitale , vient des peuples Celtiques Cenomani, nom-
més auffi Aulerci , nom qui leur étoit commun avec quel-
ques-autres peuples d'entre les Celtes. Les François fe
rendirent maîtres de ce pays peu après leur arrivée dans
les Gaules , 8c ce fut dans la ville du Mans que Clovis fit
tuer un de fes païens nommé Regnomer , comme nous
l'apprenons de Grégoire de Tours, qui ne dit point que
ce prince Regnomer fût fouveràin de cette ville, ni qu'il
y fût établi , comme quelques modernes l'ont deviné. Le
Maine fous la féconde race fut fouvent défolé par les
Normands; & enfin vers le dixième fiécle , fous le règne
de Louis d'Outremer, il vint au pouvoir du comte Hu-
gues , qui prétendoit être descendu de Charlemagne , 8c
laiffa ce comté héréditaire à fa poftérité. Son arrière pe-
tit-fils Herbert , dit le Jeune , étant mort fans enfans , eut
pour fucceffeur fon neveu Hugues, fils de fa fœur , la-
quelle avoit époufé en Italie le marquis Azon ; mais Hu-
gues vendit fon comté a fon coufin le comte Hélies , fils
de fa tante paule & de Jean , feigneur de. la Flèche. Ces
comtes du Maine , étant entre le duc de Normandie 8c le
comte d'Anjou , furent fouvent attaqués par l'un ou par
l'autre ; de forte qu'ils ont été quelquefois forcés de re-
cevoir la loi du duc , quelquefois du comte. Enfin Foul-
ques, comte d'Anjou, qui fut depuis roi deJérufalem,
unit le comté du Maine au fien en époufant Hérimburge ,
fille 8c héritière du comte Hélies. Foulques eut pour hé-
ritier fon fils Gcoffroi , furnommé Plantageneft , dont le
fils Henri fut roi d'Angleterre & duc de Normandie , à
caufe de fa mère Mathildc.
Philippe Augufte conquit le Maine fur Jean fans terre ,
fils de Henri 8c petit-fils de Mathilde , & faint Louis don-
na le Maine 8c l'Anjou en partage à fon frère Charles , qui
fut depuis roi de Sicile 8c comte de Provence. Charles II.
fon fils donna le Maine avec l'Anjou en dot à fa fille Mar-
guerite ,, qui époufa Charles fils de France , comte de Va-
lois , dont le fils Philippe parvint à la couronne. Enfuite
fon fils le roi Jean donna le Maine avec l'Anjou à fon fils
Louis I. duc d'Anjou , qui le laiffa à fon fils Louis II.
roi titulaire de Sicile , & Louis IL laiffa le Maine à Char-
les, le plus jeune de fes fils. Charles fon fils eut le comté
du Maine après fon père, 8c mourut en poffeffion de la
plupart des états de fon oncle le roi René , après avoir
inftitué fon héritier univerfel Louis XI. roi de France 8c
feS fucceffeurs.
Depuis ce tems-là le Maine eft demeuré uni à la cou-
MAI
ronne , ayant néanmoins été quelquefois donné en app>
nage aux enfans de France, comme à Fîenri III. avan-
qu'ilfutroi, & à fon frère François, qui mourut avant
lui. Ceux qui ont poffédé le pays du Maine , n'ont jamais
eu que le titre de comte, celui de duché ayant été feule-
ment donné à l'Anjou. * Longuerue , Defcription de la
France , 1 . part. p. 9J.
On trouve dans-cette province des terres labourables »
des coteaux chargés de vignes du côté du Château du Loir,
des prairies , des collines agréables , des forets,, des étangs
8c plulîeurs rivières, dont les principales font la Maïenne,
l'FIuisne , la Sarte , 8c le Loir.
Il > a des mines de fer dans les paroiffes d'Andouillé ,
de Chailon , de Sillé & de Bourgon, &c environ une dou-
zaine de forges. Il faut qu'il y ait eu autrefois des mines
d'or 8c d'argent dans cette province , ou tout au moins
qu'on crût qu'il y en avoit , puisque l'article LXX. de la
coutume du Maine porte que la fortune d'or trouvée en
mine appartient au roi , & la forturft d'argent trouvée en
mine appartient au comte , vicomte de Beaumont & baron.
Les eaux minérales de Baignols au bas Maine, 8c
celles de Linieres font ferrugineufes , 8c ont quelque
réputation dans la province.
On trouve auffi dans le Maine deux carrières de mar-
bre; l'une à faint Berthevin, à une lieue de Laval fur le
chemin de Bretagne. Le marbre en eft jaspé , rouge 8c
blanc. L'autre dans la paroiffe d'Argentré à deux lieues de
Laval , fournit du marbre tour noir , du jaspé noir 8c
blanc , 8c du jaspé noir , bleu & blanc. Il y a auffi des
carrières de pierres blanches à Bernai , à Ville-Dieu , 8c à
Vouvré. On trouve enfin dans cette province quelques
ardoilieres , mais l'ardoife en eft fort groiîïcre. "* Figanïol
de la Force.
On dit en proverbe qu'un Manceau vaut un Normand
8c demi. La Fontaine dit :
Auprès du Mans , pays de Sapience,
Genspefant l'air, fine fleur des Normands.
La province du Maine à fa coutume particulière , &eft
du reffort du parlement de Paris. Il y a un préfidial , qui
eft au Mans ; huit fiéges royaux qui font :
Château du Loir ,
Memers ,
Beaumont,
Fresnai , Laval ,
Sainte Sufanne , Bourg nouvel.
Longosné ,
Quant aux finances le Maine eft de la généralité de
Tours. On y trouve une juftice royale pour les traites ,
établies à Laval. Quatre élections ;
Château du Loir.
Le Mans , Maïenne
Laval ,
Dix-huit greniers à fel,
Le Mans , Memers ,
Laval , Eresnay ,
Château du Loir , Beaumont,
La Ferte-Bernard , Loué ,
Sillé le Guillaume, Bouloire ,
Bonneftable , Sablé ,
Cinq maîtrifes des eaux 8c forêts -,
Erné,
La Gravelle ,
Conneré ,
Malicornc ,
Montdoubleau,
Ballon.
Le Mans , Château du Loir , Maïenne ;
Memers , & Laval.
Il y a un lieutenant de mar échauffée au Mans , avec
un affeffeur , un promueur du roi 8c un greffier , qui font
fous le prévôt général d'Angers.
Les gens de la campagne dans cette province s'adon-
nent au labourage des terres 8c au commerce de leurs
denrées ; ceux des villes s'appliquent aux manufactures »
dont les plus confidérables font la fergeterie , la tifferte ,
&îa birncbijjerie des toiles 8c de la cire. Celle de fergeterie
rapportoit autrefois confidérablement , mais elle eft fort
diminuée dans les élections de Laval 8c de Maïenne ,
parce que les laines y font trop dures pour y être em-
ployées à la fabrique des étoffes. 11 s'en fait encore dans
MAI
MAI
l'élection du Mans , Se les étamines de ce nom font con-
nues Se recherchées dans toiu le royaume. On dit que la
manufacture des toiles fut établie à Laval vers l'an 1 299.
par quelques ouvriers Flamands qui avoient fuivi Bea-
trix , femme de Gui de Laval neuvième du nom , Se qui
enfeignerent leur fecret à ceux du pays, lesquels trouvè-
rent enfuite celui de blanchir ces toiles. Cette manufa-
cture occupoit autrefois jusqu'à vingt mille ouvriers ;
mais il n'y en a pas aujourd'hui le quart. Dans la fuite , à
l'exemple de Laval , on établit des manufactures de toiles
au Mans , à Maïcnne Se dans l'élection de Château du
Loir. Mais on n'y fait que de groffes toiles , que l'on
vend toutes écrues , au lieu que celles de Laval font fi-
nes Se blanchies.
Il y a dans le Maine plufieurs verreries. Les plus confi-
dérables font celles de Gaftines , de Mardi & de faine
Denvs d'Orques.
Le Maine fe divife en haut Maine , qui eft vers le Mans
Se du côté du midi , Se en bas Maine , qui eft vers le
feptentrion du côté de la Normandie ; à quoi on ajoute
le comté de Laval , qui eft proprement la partie occiden-
tale du haut Maine.
Les villes Se lieux les plus confidérables de cette pro-
vince font :
Le Mans, Gorron , Laffay ,
Laval , Mamers , Montfort ,
Maïenne , Montdoubleau, Ballon,
Château du Loir , Fresnay , Bonne/table ,
Sillé , La Ferté - Ber- Sainte Sufanne ,
Saint Calais , nard , La Sufe,
Ambrieres, Sablé, Vibrais,
Evron, Entrasme , Gravelle.
Ernée , Beaumont ,
MAINEVILLE, bourg de France en Normandie, à
neuf lieues de Rouen , à trois de Lions Se de Mortemer ,
à deux de Gournai Se d'Etrepagni , à une d'Udicourt
& de Boucheviller. La paroiffe , qui eft fous le titre
des faints Gervais Se Procais, portoit autrefois le nom de S.
Jean-Baptifte. On tient à Maineville un marché tous les
famedis fous des halles couvertes , Se tous les ans une
foire à la S. Simon S. jude. La mai fon feigneuriale eft au
pied de la forêt de Lions , au-deffus d'un moulin à eau ,
fur un ruiffeau qui va tomber dam la perite rivière d'Etré-
pagny , entre Baifu Se Neaufïe. On fait des dentelles dans
le bourg de Maineville , Se fon territoire produit des grains
& des fruits. * Corn. Dict. Mém. drejfésfur les Lieux.
i.MAINLAND (l'Islede), iiîe iituce au nord de
TEcoiTe entre celles de Schetland. Elle s'étend en longueut
l'efpace de foixante milles , & dans fa plus grande largeur
jusqu'à feize. Ses côtes font les plus fertiles & les plus peu-
plées ; les parties méditerranées font montagneufes Se
pleines de lacs Se de marais. Il y a deux petites villes ; fça-
voir, Lerwich Se Scollowai ; celie-la à l'orient , Se
l'autre au couchant de l'ifle. Lerwich eft la plus confi-
déiable à caufe de fon commerce , Se l'on y compte jus-
qu'à trois cens familles ; mais Scolloway eft la plus an-
cienne , & il y a un château à quatre étages. Ce que cette
iile a de commun avec les autres ifles de Schetland , fe
nouveau mot Schetland. Elle eft à la couronne Britan-
nique.
2. MAINLAND , l'une desOrcades. Fov^Pomona.
MAINSAT, prieuré de France au diocèfe de Limo-
ges , frontière d'Auvergne. Il fut fondé par Guillaume duc
d'Aquitaine , l'an 912 , fous le titte de S. Laumer , dont
les reliques y avoient été apportées dès l'année précé-
dente j ce prieuré fut dans la fuite fournis à S. Laumer de
Blois , mais ce fut contre l'intention du fondateur , qui
avoit prétendu que ce monaftere fût une abbaye , Se
«voit même obtenu qu'elle ne dépendrait que du Saint
Siège.
MA1NTENON , bourg de France avec un château fur
la rivière d'Eure , à quatre lieues de Chartres , dans une
Vallée entre deux montagnes. 11 y a une églife collégiale
fous le titre de S. Nicolas ; le chapitre eft compofé d'un
doyen Se de fix chanoines , une paroiffe bâtie en 1687 par
Louis le Grand , Se dédiée fous l'invocation de S. Pierre.
Le doyen du chapitre eft le curé du château. Il y a , outre
cela à Maintenon , un prieuré commendataire fous le titre
de faime Marie ^ à la nomination de l'abbé de Marmou-
45
tier. Le territoir produit des grains , Se H y a quelques vi-
gnes Se des prairies. Deux choies ont rendu ce nom célè-
bre. 1 . Ce fut près du bourg de Maintenon que Louis XIV
fit faire de prodigieux travaux en 1684 Se les années dri-
vantes , pour conduire une partie des eaux de la rivière
d'Eure à Verfailles. Ces travaux ont été célébrés par un
poëme de l'abbé Régnier Desmarais. 11 commence par es
quatrain.
Quels'ouvrages nouveaux s'élevant dans les airs,
A leur vafte grandeur font céder toute chofe !
C'eft ainfi que Louis dans la paix fe repofe ,
Et jouit du loifir qu'il donne à l'univers.
On les abandonna en 1 688 à caufe de la guerre qui fur»
vint alors , & ils font reftés inutiles. On y voit encore un
magnifique aqueduc d'une prodigieufe longueur qui tra-
verfe l'Eure Se la prairie.
La terre de Maintenon appartenoit au feiziéme fiecle à
la rnaifon de Cotereau , qui y commença le château ou
font les armes. Cette terre paffa à Jacques d'Angennes ,
(leur de Rambouillet , par lfabelle de Cotereau , & fut le
partage de Louis leur ftxiéme fils. Ses descendans la ven-
dirent à Louis XIV vers l'an 1679. Ce roi l'érigea en mar-
quifat , Se en fit préfent à Françoife d'Aubigné , qui paf
les qualités de fon efprit , Se par les foins qu'elle avoit eu9
de l'éducation des enfans du roi Se de la marquife de Mon-
tespan , s'étoit acquis l'eftime Se la confiance de ce monar*»
que. Elle fçut fe les conferver fans aucune diminution du-
rant trente- fix années , quoiqu'elle fût plus âgée que lui.
Elle prit le titre de marquife de Maintenon fous lequel elle
devint très-célèbre. Elle étoit veuve de Paul Scarron , fa-.
meux par fes poéfies burlesques.'* Mémoires du tems.
MA1NUNGEN, ville d'Allemagne en Franconie . au
milieu du comté dé Henneberg fur la Verre. C'eft la réfi-
dence ordinaire d'une branche de la maifon de Saxe - Go-
tha , Se le chef-lieu d'un petit état dont elle jouit, dans
lequel on trouve
Masfeld château Se bailliage ,
Wafungen , petite ville & bailliage fur la Werre ;
Salczungen , petite ville avec des falines.
* Habiter , Geogr. p. 484.
MAINXE , bourg de France dans l'Angoumois, éleo»
tion de Coignac.
MAIOCARIRUM , lieu de la Méfopotamie. Il en eft
fait mention dans la notice de l'Empire , [elt. z6.
MAJOMA ou Majuma , port de mer de la Palefîine»
Voyez, Gaza,
M AJOR ADA , ville de l'ifle Espagnole , bâtie au milieu
des mines d'or , qui ayant été bientôt fermées faute d'ou-
vriers, cette ville ne fubfifta pas long-tems.
i, MAIORQUE. C'eft ainfi qu'on doit écrire ce nora
pour le prononcer comme s'il y avoit Muyorqite , Se appro-
cher de la double /. des Espagnols qui écrivent Mallorca ,
Se prononcent ces deux //. mouillées comme nous faifons
dans meilleur , mouiller , fille , Sec. iile de la Méditerranée .
Se l'une de celles que les anciens ont connues fous le nom
de Baléares. Voyez, ce mot. Us ont connu celle-ci fous le
nom de Balearis Major. Elle eft entre l'ifle d'ivica au
couchant , Se celle de Minorque au levant. Elle a environ
cent dix mille pas de circuit , Se eft naturellement divifée
en trois parties. 11 femble que la nature fe foit jouée agréa-
blement dans la dispofition de tout ce terrein. Elle eft ter-
minée à fon nord par des montagnes affez hautes , dont
tous les fommets font autant de rocs escarpés quis'entr'ou-
vrent en une infinité d'endroits. Il fort de ces ouvertures ,
ôe de ces fentes des oliviers fauvages en fi grand nombre ,
qu'ils y compofoient une efpecc de forêt. Les habitansin-
duftrieux ont pris foin d'enter ces oliviers fauvages. Ils en
ont fi bien choifi les greffes , qu'il n'y a guèr'es de meilleures
olives que celles qui en proviennent , ni de meilleure huile
que celle qu'on en fait. Ces rochers & ces arbres entremê-
lés , forment de près Se de loin un coup d'œil charmant.
On voit au bas de ces montagnes de fort belles collines ,
où règne un vignoble très-bien expofé , qui fournit d'ex-
cellent vin en abondance. Au bas de ce vignoble commen-
ce une belle plaine qui produit d'auffi bon froment que
celui de la Sicile. Cette diverfiré de terrein a donné lieu à
un auteur Espagnol d'appliquer aux Maïorquins ce paffa-
ge du pfeaume ; Affu&ufrumenti , vini & oleifuimnk
ïom. JV. F ij
•s
MAI
44
ùplicau funt. Le ciel y eft très-beau , Se les vues y font
agréablement diverfifiées de cous côtés. 11 n'y a nulle riviè-
re , mais on y trouve un grand nombre de belles fontaines
&'des puits dont l'eau eft excellente. A deux lieues de fa
capitale on voit un ruiffeau qui devient quelquefois comme
un torrent , Se qui quelque tems après eft à fec. Au milieu
de fon lit on découvre un puits que l'on voit auffi à fec
en certains tems , Se » lorsque ce ruiffeau ne coule plus , ce
puits fe remplit par intervalles , Se regorge avec abondance
pendant quelques heures, & quelquefois pendant des jours
entiers. Les habitans de Majorque font robuftes , & ont
l'esprit délicat. Il y a dans cette ifle de beaux édifices , tant
anciens que modernes , & fur- tout d'une extrême magni-
ficence. Les Maïorquins font de très-bons hommes de mer.
L'i/le n'eft féparée deMinorque que par un détroit. Quoi-
que fon nom fignifie qu'elle doit être grande , ce n'eft
qu'une grandeur relative à celle de Minorque ; car on voit
par le circuit que nous avons déterminé , qu'elle n'eft pas
auffi grande qu'on la fait ordinairement fur lescartes.C'eff en
cette ifie qu'on fait la plupart des réaies Se doubles réaies
qui ont cours dans le monde. Ses habitans réfiftent vigoureu-
fement aux corfaires de Barbarie qui les attaquent fouvenr.
Les lieux les plus confidérables font , Maïorque ,Alcu-
dia , Arta , Hingua , Manacor , Soller , Se Pollcncia.
2. MAÏORQUE. Les Espagnols écrivent Mallorca ,
en quoi de l'ifle les a fagement imités. Les Latins Pont
connue fous le nom de Palma qui a été abandonné
en faveur de celui de l'ifle même , dont elle eft la ca-
pitale. Elle eft fituée dans un enfoncement dont l'ou-
verture eft au fud-oueft de l'ifle. Elle eft grande , allez peu-
plée , Se le fiége d'un évêché érigé depuis qu'elle a été re-
prife fur les Maures. Elle renferme environ dix mille ha-
bitans , une partie eft bâtie fur un terrein uni , Se l'autre
fur un terrein élevé. Il y a huit pottes , & la ville eft en-
tourée d'un folfé très-profond,èV bien fortifiée à la moder-
ne. Les maifons y font grandes , bâties de pierres de taille ,
& l'architecture en eft affez régulière. On y compte jus-
qu'à vingt-deux églifes , fans parler de quantité de cha-
pelles Se d'oratoires. La cathédrale a cinq cens quatre-
vingt-fix pas de longueur , Se deux cens foixante-douze de
largueur. Elle a trois grandes voûtes , outre l'efpace qu'oc-
cupent les chapelles des côtés ; ces voûtes font foutenues
par fept belles Se fortes colomnes : le chœur eft presque
au milieu , Se on fait grand cas de fon architecture. Toute
l'Eglife eft éclairée par diverfes croifées , dont les vitrages
méritent l'attention des curieux par ladiverfité Se la fineffe
de leurs couleurs. On y entre par trois fuperbes portes ,
au-deffus d'une desquelles s'élève un clocher d'une ftructure
admirable. Le roi Jacques I en eft le fondareur, Se Jacques
II , fon fils , y a fon tombeau. Les églifes paroiffiales Se
celles des couvents font auffi très belles. * Vayrac , Etat
préfent de l'Espagne , t. i . p. 45 2. & feq.
Il y a un hôpital général où l'on entretient quantité de
malades , d'enfans Se autres perfonnes abandonnées ; un
autre où l'on pourvoira la fubfiftance de plufieurs pauvres
vieillards qui font hors d'état de gagner leur vie ; un rroi-
fiéme pour les prêtres malades ; un quatrième pour reti-
rer les orphelins ; un cinquième pour les orphelines ; &
enfin un fixiéme pour les lépreux. Ces deux derniers font
dans le fauxbourg. Outre ces hôpitaux , il y a encore
trois maifons de Piété , dans l'une desquelles on reçoit des
filles de bonne famille dont les pères font pauvres ; on
leur donne une bonne éducation , Se on les garde jusqu'à
ce qu'elles Trouvent un honnête établiffement. La féconde
eft pour des filles qu'on veut garantir de la féduction ; on
les élevé dans tous les exercices de vertu jusqu'à ce
qu'elles fe marient , ou qu'elles entrent en religion. On
renferme dans la troifiéme les femmes de mauvaife vie.
^ Le palais royal dans lequel le capitaine général fait fon
féjour eft fupeibe , Se défendu par de fortes tours Se par
de bons foffés. La maïfon de la Contratt aûon peut aller de
pair avec les plus belles de L'Europe. C'eft où fe traitent les
affaires du commerce.
Les rues font larges Se les places fpacieufes , fur-tout
celle qu'on appelle le Born. Elle eft environnée d'édifices
fuperbes , Se ornées de belles galeries , dans lesquelles les
gens de diftinction fe placent lorsqu'il y a des courfes de
taureaux , des tournois ou autres fpectacles. Le Mole eft
vafte , Se toutes fortes de vaiffeaux y peuvent entrer fans
danger.
MAI
Le capitaine général , conjointement avec l'audience
royale , a le gouvernement abfolu de tout le royaume , Se
juge par appellation de toutes matières militaires , civiles
& criminelles , fans qu'aucun tribunal puiffe prendre con-
noiflancedes fentences qu'il prononce, excepté lesconfeils
fuprémes que les rois Catholiques ont établis à Madrid
pour la révifion des procès jugés dans les jurisdictions des
royaumes Se provinces qui compofent la monarchie d'Es-
pagne.
La ville eft gouvernée par fïx jurats qu'on élit tons les
ans , trois jours avant la Pentecôte , l'un desquels doit
être gentilhomme : l'élection fe fait dans le grand confeil
en préience du capitaine général. Ils s'affembient tous
les jours dans la maïfon - de - ville pour y traiter des
affaires qui regardent le bien public , la provifion des den-
rées , les droits des privilèges , des franchifes , Se autres
chofes qui concernent l'adminiftration politique de tout
le royaume ; de forte que non-feulement ils font obligés
d'avoir foin de la police de la ville , mais même de celle
de toute 1 ifle. Ils peuvent faire des ftatuts Se des établnTe-
mens du confentement du roi ou du capitaine général , Se
pour cet effet ils font en droit de convoquer le confeil
général , lequel eft compofé de tous les états de l'iiie ,
c'eft-à-dire , des gentilshommes , des bourgeois , des mar-
chands , des artifans Se da, fyndics des villes. Les jours fo-
lemnels ils font vêtus d'une longue robe couleur de pour-
pre , qu'on appelle Gramdlla. Lorsqu'ils affilient à quel-
que fonction publique , ils font précédés par deux maffiers
vêtus d'une tunique rouge Se portanr des mafles d'argent.
Le premier jurât eft gentilhomme , Se le fécond Se le troi-
fiéme font bourgeois , le quatrième Se le cinquième fons
marchands , Se le fixiéme artifan.
La juftice ordinaire s'exerce par un bayîe Se un viguicr,
I a jurisdiction du ba) le s étend dans la ville fur toutes les
caufesde cenfives , & dans toute l'ifle il eft juge en fecoi.de
inftance. Le viguier connoît des désordres publics, comme
concubinages , vols, brigandages , Sec. Dans les matietes
civiles il eft juge en première inftance des différends qui
s'élèvent entre les habitans de la ville ; mais fa junsdiétion
ne s'étend pas au delà des fauxbourg";. Ces deux officiers
n'exercent leur emploi que pendant une année. Ils ont cha-
cun un aflefleur que le roi nomme.
Outre les jurats , il y a d'autres officiers qui ont tous
pair au gouvernement & à la police de la ville ; i°. Un
procureur royal qui connoît des caufes du fife , des droits
royaux , Se généralement de tout ce qui concerne le do-
maine du roi > dont il eft le juge ordinaire , aidé de l'avo-
cat fifcal. Il connoît auflî des naufrages , des droits allo-
diaux , des limites . des dunes Se de plufieurs autres cho-
fes qui regardent les revenus du roi. Il a l'infpedtion fur
tous les officiers qui font la régie du domaine. Il a des
lieutenans à Minorque , à Iviça Se en plufients villes qui
lui doivent rendre compte de tout ce qu'ils font. Il com-
mande dans le royaume pendant l'abfence du capitaine gé-
néral. Dans le rribunal où il préfide , il y a un maître
des comptes , un tréforier régent de la tréforerie , un
aide du maître des comptes , un procureur fiscal doma-
nial , plufieurs écrivains év officiers inférieurs. 20. Un chan-
celier qui décide fur la compétence lorsqu'il y a conflir de
jurisdiction entre les juges eeelefiaftiques & féculiers. 30»
Un Almotaz.en ou juge des poids Se mefures. Il a foin de
la propreté des rues «Se des places publiques ; c'eft propre-
ment un juge de police. 40. Des confuls Se defenfeurs de la
marchandée ■> leur jurisdiction regarde les affaires mariti-
mes , la contractation , les changes , les marchandifes , les
frets des navires, Se autres choies qui ont rapport au com-
merce. Ils jugent fommairement, fans miniftère d'avocac
ni de procureur , les procès qui font portés devant eux •>
l'exécution de leur lentence eft prompte & rigoureufe. Ils
n'ont d'autre code que le livre du confulat > ils ont pour
afleffeurs deux prudhemmes qui opinent avec eux. Dans
les affaires qui dépendent de la dispofition du droit com-
mun ou municipal , ils décident fuivant l'avis de deux avo-
cats. Ils tiennent leurs audiences dans la maifon de la Con-
tractation , Se ont fous eux un écrivain &r deux maffiers qui
font obligés d'affilier a leurs audiences & de les accompa-
gner dans leurs fonctions publiques avec leurs maffes d'ar-
gent. Ils font élus la veille de la S. Jean , en préfence du
capitaine général & des jurats. On peutappeller de leurs
fentences pardevant un magiftrat qu'on appelle juge d'ap-
MAI
MAI
pellations , lequel ert obligé , de même que les confuls . de
Jjugér fommaireraent , félon le ftyle du livre de la contracta*
tion \ 6e ou ne peu: appeller de fes fentences , fi ce n'eft à
l'audience royale , en cas de déni de jullice fculemenr. j°»
Un exécuteur quiconnoït judiciairement de toutes les cau-
fes qui regardent les revenus de la ville, les impofitions
Se autres choies qui en dépendent. Ses fentences font fans
appel, fi ce n'elt pardevant lui-même en révifion de pro-
cès , 6c pour lors il t Il obligé d'appeller les jurats pour dé*
cider conjointement avec lui. 6°. Les Clavarios chargés du
recouvrement des rentes de la ville. L'un elt pris de l'état
militaire , Se l'autre de la bourgeoifie. Le premier doit être
originaire de la ville de Maïorque , Se le fécond de quel-
que ville de l'ifle. y°. Le préfet de la menfe nummaire
elt le chef d'une banque où les habirans de l'ifle mettent leur
argent en dépôt , avec droit de le retirer quand il leur
plaît , fans qu'il leur en coûte aucun frais ni intérêt. Il a
fous fes ordres deux payeurs qu'on nomme Libros , 6c un
caiffier. 8°. Les morberos ou magiftrats de la fanté furent
établis en 1475 , à l'occafion d'une pelle univerfelle , dont
le royaume fut affligé'. L'un d'eux doit être gentilhomme,
l'autre bourgeois , 6c le rroifiéme marchand. Ils doivent
veiller afin que la pelte 6c autres maladies contagieulês ne
s'intrbduifent point dans l'ifie ^ c'elt pourquoi ils font en
droit de procéder contre les bayles des lieux lorsqu'ils ne
les avertirent pas des maladies qui y régnent. Dans les
encans publics on ne peut vendre ni linge ni habits fans
leur permiffion , laquelle ils ne doivent jamais donner
fans avoir fait examiner par le médecin de la Morbcrie
fi ceux auxquels cela appartenoit font morts de maladie
contagieufe. Les navires étrangers qui arrivent ne peuvent
être déchargés fans avoir obtenu une attestation des mor-
beros , qui porte expreflëment que l'équipage elt exempt
de mal contagieux. Lorsque ces navires viennent d'en-
droits fufpeéts de pefte 6c d'autres maux qui fe commu-
niquent aifément , les morberos leur font faire la quaran-
taine dans un lazaret , & fi après ce rems ou un plus long
il relie de grands foupçons de contagion , ils font brûler
la cargaifon du navire. Le royaume paye un médecin 6c
un chirurgien pour affilter les morberos dans leurs vifites
6c leurs informations. 90. Les adminiftratcurs ont foin de
faire venir d'ailleurs , 6c de distribuer dans l'ifle des grains
étrangers , lorsque l'ifle n'en produit pas afiez. io°. Le
cequiero préfide à la distribution de l'eau , tant pour la
boiflbn des habitans , que pour l'arrofement des champs ,
des prés , des enclos 6c des jardins. Il peut condamner à
des amendes pécuniaires ceux qui violent les loix établies
pour la distribution des eaux ; mais il faut qu'il appelle
des adjoints du corps des jardiniers , (ans quoi fes fenten-
ces ne feroient pas exécutées. Cet office fut établi en 1556
par le roi D. Pedro. Le mot de cequiero vient de ceqitia ,
qui fignifie une rigole pour conduire les eaux. ii°. Le
maître de Gayeta a l'infpeétion fur les esclaves Maures,
qu'il elt en droit de châtier lorsqu'ils commettent quel-
que faute notable ; mais comme à préfent il y a peu d'es-
claves dans l'ifle , cet emploi eSt presque fans exercice.
12°. Le mayol enfin prend garde que les enfans ne com-
mettent des désordres dans les rues ni dans les places pu-
bliques. C'elt proprement un chajfe-coquin. Il fe promené
dans les rues avec un grand fouet à la main , pour châtier
les libertins 6c les vagabonds qu'il rencontre en faifant
fes rondes.
Comme l'ifle de Maïorque efl continuellement expofée
aux incurfions des Africains , le royaume entretient vingt
compagnies d'infanterie , cinq de cavalerie 6c deux de ca-
noniers pour la défenfe de la capitale , 6c quatre régimens
pour celle des villes 6c fortereffes de toute l'ifle. Douze
compagnies font la garde 6c fentinelle fur les remparts &
dans les tours de la capitale. Deux font deitinées pour
s'oppofer au débarquement des ennemis , Se pour pour-
fuivre les malfaiteurs -, deux montent la garde au château
de Belver 6c à la forterefle de faint Charles ; une occupe
le poite de Romani , 6c une autre celui de Gréells. La
première compagnie de cavalerie accompagne le capitaine
général 6c les juges de la cour , lorsqu'ils font leurs tour-
nées dans l'ifle , 6c dans toutes les autres occafions où
leur affiftance eft néceflaire. Outre cela , deux cavaliers
doivent fe rendre aux pofles de Romani 6c de Gréells ,
6c pour juflifier qu'ils ont rempli leur devoir , ils portent
un bâton blanc au corps-de-garde , le remettent à l'offi-
4*
cier qui y commande, 6c en prennent un noir. Il y a quatre
ter cios ou bataillons pour la défenfe des villes , des ports,
des fortereffes & des tours de toute l'ifle , lesquels doi-
vent toujours être prêts à marcher lorsqu'ils fonteomman*
dés, fans compter un corps de cavalerie que les villes Se
les villages doivent fournir , lequel n'ell pas réglé , mais
qu'on augmente 6c diminue à proportion du befoin qu'on
en a. Le capitaine général elt le juge ordinaire de toutes
ces troupes, affifté d'un affefieur qu'il prend du corps de
la milice.
Il y a outre cela un tribunal de Pinquifition , Se un évê-
que fuffragant de Valence , & non de Tarragone , comme
dit Baudrand , édit. 170J. Sa cathédrale regarde la mer
qui en elt fi proche , que les matelots peuvent entendre la
melTe fans fortir de leurs navires. * Corn. Dict.
2. MAÏORQUE , ( Le Royauîvîe de) petit royaume
qui comprenoit les ifles de Maïorque , de Minorque t
d'Iviça 6c quelques annexes , tantôt plus , tantôt moins ,
comme on va voir. Les Maures s'étant établis en Espagne »
afilijettirent ces ifles, 6c y établirent un royaume. Quelques
prifes faites de part 6c d'autre ayant brouillé Jacques I „
roi d'Arragon 6c le roi de Maïorque , les Catalans p reliè-
rent Jacques de taire la conquête de cette ifle , Se d'en
chaffer les Infidèles. Ce prince convoqua les états à Barce-
lone en 1 228 , 6c y réfolut cette guerre. L'entreprife s'exé-
cuta l'année fuivaiue ; Jacques y alla en perfonne , affiégea
la capitale, la prit daflaut , l'abandonna au pillage, prit
le roi Maure 6c fon fils âgé de treize ans , acheva la con-
quête de l'ifle , Se fe rembarqua le premier Novembre
pour repafler en Catalogne. Après fon départ , les habi-
tans fe révoltèrent , il y retourna l'année d'après , les ré-
duiSit entièrement , Se ajouta l'ifle de Minorque à fon
domaine. Jacques I mourut l'an 1 276 , âgé de foixante-
huit ans : il en avoir régné foixante-deux, dix mois Se quin*
ze jours. Ses trois fils étoient D. Pédre qui lui fuccéda
pour l'Arragon ; D. Jacques II , roi de Maïorque , Se D.
Sanche , archevêque de Tolède , qui mourut entre les
mains des Maures. Il avoit formé à Jacques fon fécond
fils , du confentement de D. Pédre, fon fils aîné, un royau-
me compofé des ifles Maïorque , Minorque , Se Iviça ,
avec les comtés de Rouffillon , de Cerdagne Se de Con-
flans , à condition de relever, lui Se fes fuccefleurs, de la
couronne d'Arragon , Se d'affiiter aux états de la Catalo-
gne quand ils feroient convoqués. Après la mort de Jac-
ques II , en 1 502 , fon fils Jacques III s'éranr fair religieux
de l'ordre de S. François , D. Sanche, frère de ce religieux
fut fait roi de Maïorque , alla trouver le roi d'Arragon
à Girone , 6c lui fir hommage de rous fes états. L'an 1345
D. Pédre IV , roi d'Arragon , voulut dépouiller le roi de
Maïorque. Celui ci qui s'appelloit Jacques , Se qui éroic
le cinquième de ce nom , refolut de lui faire tête , Se alla
au-devant de lui avec quatre mille hommes d'infanterie &
trois mille chevaux : mais les fiens l'abandonnèrent Se il fur
fait prifonnier. D. Pédre acheva de fubjuguer l'ifle en fore
peu de tems -, 6e, fur ce que le pape Clément VI lui en-
voya le cardinal de Rhodes pour l'exhorter à traiter fa-
vorablement le roi de Maïorque, il témoigna de la dispofi-
tion à mettre le différend en arbitrage. Le roi de France s'en
mêla Se envoya quelques ttoupes au fecours de Jacques ;
mais les Arragonois s'étant faifis des partages des Pyrénées ,
en défendirent l'entrée au comte de Cominge qui com-
mandoit les François. Alors le roi d'Arragon, perfuade qu'il
n'avoir plus rien à craindre , aceufa Jaeques d'avoir fait
une ligue contre lui avec les rois de France Se de Caftille ,
les Génois Se les Pifans , & , fous ce prétexte , il confisqua
fes états. Jacques fe retita dans le Rouffillon où D. Pédre
le fuivir avec une armée. L'archevêque d'Auch , commis
par le pape pour ménager un accommodement entre les
deux rois , propofa à D. Pédre que Jacques fe remettroic
entre fes mains avec roure fâ famille , pourvu qu'il don-
nât parole qu'il le traiteroir fans aucune indigniré. Jac-
ques fe jerta aux pieds du roi d'Arragon , mais toutes fes
foumiffions n'empêchèrent point que D. Pédre ne fît pu-
blier la réunion du royaume de Maïorque à fes érars. Jac-
ques , n'en avant pu rien obtenir , fe retira à Berghe qu'on
lui avoit affigné pour fa demeure ; Se , ayant manqué une
entreprife fur le comté de Cerdagne , il alla en Guienne
chercher un afyle.
L'an 1 349 , il vendit à Philippe de Valois roi de Fran-
ce , tout le droit qu'il avoit fur la ville de Montpellier Se
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MAI
MAK
fin fon reflbit, moyennant fix vingt mille écus d'or qui
lui fervirent à équiper une flotte avec laquelle il pafla dans
ï'ifle de Maïorque. Lorsqu'il y fut descendu, Gilbert Cu-
villier qui en étoit gouverneur vint au-devant de lui avec
vingt mille hommes de pied & huit cens chevaux. Le com-
bat fut opiniâtre , le roi Jacques y perdit la vie , & un fol-
dat lui ayant coupé la tête la mit au bout d'une pique. Le
prince fon fils Jacques VI fut blefle 8c demeura prifonnier.
On le mena dans le château neuf de Barcelone , où tous les
foirs on l'enfermoit dans une cage de fer. Sa prifon dura
jusqu'en 1362, qu'ayant fait faire de faufles clefs , il poi-
gnarda Ces gardes 8c Nicolas Rouira , gouverneur de ce
château , après quoi il fe fauva à Naples où il époufa la
reine Jeanne , veuve de Louis. L'an 1375 , Henri roi
de Caltille, le voyant chaffé du Rouflillon , voulut fe fer-
vir de lui pour arrêter les progrès de D. Pédre roi d'Arra-
gon. Henri fit en forte que le roi de Navarre lui donna
partage fur fes terres pour entrer dans ce royaume : mais
cette armée fe diflipa fans combattre, parce que l'Arragon-
nois lui coupa les vivres & l'affama. Jacques en mourut de
chagrin. Après fa mort , fa fœur lfabelle céda tous les
droits qu'elle avoit fur le royaume de Maïorque , les com-
tés de Rouflillon 8c de Cerdagne à Louis duc d'Anjou
qui aflembla de nombreufes troupes pour s'en mettre en
porteflion : mais D. Pédre y accourue aufli-tôt , 8c garda fi
bien cous les partages ,que Louis ne put entrer par aucun
endroit. Depuis ce tems Ï'ifle de Maïorque eft demeurée
unie à l'Arragon , avec lequel elle a été unie à la Caftille ,
8c aux autres parties qui compofent la monarchie d'Espa-
gne. * Mariana , hift. Hispan. 8c divers Mémoires.
i, MAIRA , ( La ) petite rivière d'Italie au Piémont.
Elle a fa fource au pied des Alpes fur la frontière du Dau-
phiné , d'où , coulant par le marquifat de Saluées , elle fe
rend dans le Pô un peu au-deflbus de Montcallier,
2. MAIRA , ( La ) ou la Mera , rivière de Suifle. Elle
a fa fource dans la Caddée au pays de Pergel , au mont
Maiols , ou plutôt au Mont-Seae , félon Scheuchzer,
carte de la Suifle , aflez près d'une des fources du Rhin ,
d'où, coulant vers le midi occidental entre des montagnes,
elle fe groflït d'une autre fource qui vient de Gaudenz ,
elles fe joignent à Caiaccia. Elle circule de là vers le cou-
chant , fe recourbe vers le midi , arrive à Chiavenne , & ,
enflée de quelques ruifleaux , elle fe perd enfin dans le lac
de Côme dans fa partie la plus feptentrionale.
1. MAIRE. ( Le) C'eit le nom d'un marchand d'An-
vers. On a appelle Détroit de le Maire à caufe de
lui , un détroit au fud de celui de Magellan. Ces détroits
font devenus inutiles , depuis que l'on fait que la Terre de
Feu elt entre ces détroits & la mer ; on fait le tour 8c on
évite les longueurs 8c les dangers du venteontraire» des cou-
rans , 8c du voifinage des terres.
2. MAIRE ou Maires. Honoré Bouche nomme In-
fula de Maires une ifle de Provence. Le dictionnaire de
la France porte que Maire, en latin Madra , elt un
port de la même province , 8c qu'il en elt fait mention
dans l'itinéraire d'Antonin.
MAIRE L'EVESCAULT , en latin Mariacum Epis-
copale , lieu de France dans le Poitou. Clotaire I le
donna vers l'an jj8 à S. Junien pour y bâtir un mona-
ftère dont il fut abbé. 11 y eut pour fuccerteur S. Ane-
mond , qui y mourut. Ce n'eft plus qu'un prieuré dépen-
dant de l'abbaye de Noaillé depuis l'an 830.
MAIS , nom d'une rivière de l'Inde , entre le fleuve
Indus 8c le Gange, félon Ortelius, Thefaur. qui cite un
des périples d'Arrien.
1. MAISIERES , en latin Maceri^c , ou Maifîeresfur
'jluthie , village ou bourg de France en Picardie en Pon-
thieu. Haimon qui en étoit le feigneur vers l'an 644 , le
donna avec la terre à S. Furcy. 11 y vint mourir vers l'an
650 , & le lieu s'efl appelle depuis Froheins , par cor-
ruption du nom de Fourshem qui veut dire la maiibn
de Fourcy : fon corps fut transféré enfuite à Péronne.
* Baillet , Topogr. des Saints.
2. MAISIERES , en latin MacerijE , ou Maifieresfur
Oife , lieu de France dans la haute Picardie , vers les con-
fins du Vermandois &c du Tiérasche. C'eft le lieu de
la naiffance de faint Humbert de Maroilles. * Baillet , To-
pogr. des Saints.
3. MAISIERES , Macert^ï , abbaye d'hommes en
France , de l'ordre de Cîteaux , filiation de la Ferté dans
la Bourgogne , au diocèfe de Châlons fur Saône , 8c k
deux lieues au fud-eft de Beaune , fondée l'an 1 1 3 2. Voyez.
Mezieres.
4. MAISIERES en Brenne, lieu de France au diocèfe
de Tours vers les limites du Berri. On le nomme aufli au-
trement Mazeres ou Mezeires. *.B#j7/ef , Topogr. des
Saints.
MAISON DIEU , ( La ) abbaye de France. Voyez.
Noiulac.
MA1SONCELLE . bourgade 8c prieuré de France dans
le Maine , élection de Laval.
MAlbONN AIS , bourg de France dans le Poitou , dio-
cèfe de Limoges.
MAISONS , château de France dans Ï'ifle de France ,
au bord de la Seine , a quatre lieues au-deflous de Taris ,
8c une lieue au deflus de faint Germain en Laye. Ce châ-
teau elt magnifique. La beauté de fon architecture 8c de
fa lculpture , aufli bien que celle des écuries qui font un
grand corps de bâtiment féparé , font du deliein du fa-
meux François Manlard. René de Longueil , furintendant
des finances , n'a rien épargné pour en faire une maifon
propre a loger commodément un grand prince. Ce châ-
teau , qui joint la forêt de S. Germain , elt accompagné
de plulieuis pavillons détachés, 8c de plufieurs longues
étendues d'arbres. Ses grandes portes de fer font des chefs-
d'œuvres. Le territoii'e produit d'allez bon vin , 8c l'on y
recueille aufli de bons fruits. Il y a un bac de partage fut
la Seine devant le château , 8c un moulin à eau bâti fur
de grandes arches de pierres , faites en forme de pont.
* Corn. Dict. Mémoires drejfésjur les lieux.
MAJSSUR ou Maissour , royaume des Indes , borné
au Nord par le Carnate , au midi par le Maduré, & au
couchant par les terres du Samorin , 8c des autres princes
du Malabar , qui le bornent du côté de la mer.
Ce petit état eit de tous ceux que le Mogol n'a pas
fubjugués , celui qui elt devenu le plus confiderable par
les conquêtes que fes princes ont faites de plufieurs for-
tereflts , foir dans le royaume de Maduré , , foit dans le3
autres états voilins. On lui donne près de quinze millions
de rente •■, il elt en état de mettre fur pied des armées de
trente mille hommes d'infanterie , & de dix mille de ca-
valerie. Les états de Maiffur s'étendent depuis le commen-
cement de 1 onzième degré de latitude fepientrionale , jus-
qu'à la fin du treizième 8c au-delà.
Les Maiflliriens font devenus redoutables à leurs voifins
par la manière cruelle 8c ignominieufe dont ils traitent
les prifonniers de guerre : ils leurs coupent à tous le nez -y
on met enfuite les nés coupés dans un vafe de terre ,• on
les fale pour les garder & les envoyer à la Cour. Les offi-
ciers 8c les foldats font récompenfés à proportion du
nombre de prifonniers qu'ils ont traités avec cette inhu-
manité. Chirangapatnam eft la capitale de ce royaume.
Voye^ GiRANGAPATNAM.
MAITABIROTINE , rivière de l'Amérique fepten-
trionale dans le Canada , où elle tombe dans la bande du
nord du fleuve S. Laurent , auprès de la ville deT, ois Ri-
vières. Cette proximité la fait appeller par plufieurs , Ri-
vière des trois Rivières, ils la compofent même de
trois rivières qui viennent l'une de l'autre. M. de la Pothe-
rie croit qu'elle a communication avec le courant de la
rivière de Saguenay , dont elle n'eft fé parée , félon lui ,
que par un portage. Plufieurs nations des Sauvages voifins
de la baie d'Hudfon descendent par cette rivière , & ap-
portent les plus belles pelleteries du Canada.
M AIT A S Campus , campagne auprès de Con-
ilantinople. Cedréne 8c Curcpalate en font mention.
* Ortel. Thef.
MAITTAVONIUM , lieu de la Gaule , félon Ortelius
qui cite l'itinéraire d'Antonin. L'édition de Surita porte
Mautavonium : quelques manufciits ont Matabonio ,
& Mautavonio ; d'autres difent Amplement Mauto. Ce
lieu doit être entre Forum Julii , Fréjus , 8c Aqiu Sextia ,
Aix en Provence.
MAJUCENSlS , fiége épiscopal d'Afrique dans la
Mauritanie. La notice épiscopale d'Afrique le meta la tête
des évêchés de cette province qui n'avoient point alors
d'évêques.
MAJUMA. Voyez. Gaza.
MAKANNA , petit royaume d'Afrique dans la Ni-
gritie , à l'elt de la rivière de Falemé , 8c au midi de
MAL
MAL
Barhbuk. Dambanna eft le principal lieu de ce royaume ,
qui d'ailleurs n'eft pas fort connu des Européens. * Cours
des rivières de Falemé & du Sénégal , levé fur les lieux
■par M. Compagnon.
MAL , bourg de l'Afie Mineure dans la Galatie , au
diocèfe d'Ancyre , à treize ou quatorze lieues de la ville.
C'eft où étoient les reliques Se le culte de Paint Valens , de
faint Théodote PAubergifte , Se d'autres martyrs. * Baillet)
Vie des Saints , 1 8 Mai.
MALA ou Malla , vallée de l'Amérique méridionale
au Pérou , à trois lieues de celle de Chilea ; elle eft pres-
que toute couverte de forêts épaifles , Se traverfée d'une
petite rivière. Acofta la met à treize lieues de la ville de
los Reyes , & dit qu'il s'y trouve une forte de figuier qui
pouffe & produit fon fruit du côté qui regarde le fud Se
les montagnes , lorsque l'été eft dans ces montagnes ; Se
qu'il le produit de l'autre , quand il eft Pété dans la plaine.
*Laet ,lnd. occid. 1. io. c. 24.
MALABAR ( La côte de ). Quelques-uns compren-
nent fous ce nom toute la partie occidentale de la pres-
qu'ifle de l'Inde en-deçà du Gange , depuis le royaume de
■Baglanaau feptentrion, jusqu'au cap Comorin au midi;
mais d'autres la commencent feulement à l'extrémité fep-
rentrionale du royaume de Canara , Se la terminent , com-
me les premiers , au cap Comorin. Dans ce dernier fens
elle ne renferme que le royaume de Canara , l'état du Sa-
morin Se celui de Travahcor. On y remarque entr'autres
les ports fuivans :
£• Onor,
Royaume de j Barcelor,
Canara. j Mangallor,
{_ Cananor.
C Calicut ,
Etat du Sa- j Tanor,
morin , y Cranganor ,
(_ Cochin.
Ç Coilan ,
Etat de Tra- j Reytura ,
vancor. J Tangapatan ,
C Periapatan.
En prenant la côte de Malabar dans fa plus grande éten-
due , on y comprend la côte des rovaumes de Concan , du
pays de Balagate & du royaume de Vifapour , dont les
ports les plus confidérables font :
Royaume de
Concan.
Pays de Bala-
gate.
Daman .
Baçaim ,
Bombaim,
Chaoul ,
Dabul.
Zanguifar ,
Dobetelle ,
Aldea ,
Valdepatan,
Chopra.
Royaume de Vi- S Mourmougon ,
fapour. £ Dangoli ou Coroval.
Le Malabar peut paner pour le plus beau pays des In-
des au-deçà du Gange. On y voit une infinité de villes ,
des bois confidérables , des toufes de cocotiers , de pal-
miers Se d'autres arbres , fous lesquels on fe promené à
couvert des ardeurs du foleil. Les cocotiers, qui font tou-
jours verds Se chargés de fruits, fe trouvent ordinaire-
ment dans les endroits les plus bas , proche le rivage , où
les brifans de la mer vont arrofer leurs racines , fans que
v l'eau falée leur nuife. Des campagnes de riz , des prairies ,
des pâturages , de grandes rivières, de gros ruifleaux , des
torrens d'eaux claires, contribuent à la beauté du pays.
Cependant les rivières , ni toutes los eaux douces n'ont
pas allez de profondeur pour porter de grands bâtimens.
Dans les terres on trouve de grands étangs , des rivières ,
des bafllns , Se d'autres eaux pour fe baigner Se pour tou-
tes fortes d'ufages. Ces eaux nourriflent une quantité pro-
digieufede poiflbns. La terre, comme les arbres, con-
ferve une perpétuelle verdure , parce que ce climat n'eft
fujet ni à la gelée , ni à la neige , ni à la grêle. * Voyage
de la Comp. aux Indes orient, t. 6. p. 424. & fuiv.
47
Presque tout le long de cette côte , les rois , les prin-
ces , la noblefle , & une partie du peuple même ont quel-
que idée de la majefté du vrai Dieu , Se font en même
tems livrés à l'idolâtrie & aux fuperftitions les plus ridi-
cules. Ils croient que Dieu récompenfera ou punira les
hommes félon leurs bonnes ou mauvaifes œuvres, & que,
comme le gouvernement du monde ne lui laifiêroit ni re-
pos , ni plaifir , il en donne la direétion à d'autres dieux ,
qui ont un empire fuprême avec lui.
Sous ces dieux fouverains , ils en établiflent un grand
nembre d'autres d'un ordre inférieur , à qui ils donnent
des titres , attribuent des qualités , ôc rendent des hon-
neurs. Ces dieux fupérieurs ôc inférieurs font repréfentés
fous de monftrueufes figures. Ils leur mettent fur la tête
des couronnes d'argille, de métal, ou de quelque autre
matière Se dorée. Les pagodes où font ces dieux , ont
des murailles épaifles , bâties de grofies pierres brutes , ou
d'argille. On trouve de pareils édifices dans les villes , les
bourgades, fur les chemins Se le long des promenades,
La plupart brûlent leurs morts dans un trou qu'ils font
exprès.
Outre ces Malabares idolâtres , il y a fur toute la côte
beaucoup de Chrétiens, tant Malabares qu'Européens; un
grand nompre de Mahométans, de Maures , de Juifs , de
marchands de Malaca, de Bengale, de Coromandel , de
Ceilan, de Cambaie , de Perfe , des côtes de la mer *
Rouge , &c.
Les Malabares Chrétiens difent que l'Apôtre S. Tho-
mas a prêché l'Evangile dans ce pays , fur la côte de Co-
romandel , dans la Chine Se à Méliapour , qu'on nomme
aulli S. Thomé. Ces mêmes Chrétiens ont corrompu l'an-
cienne dodhine ; ils admettent deux perfonnes en J. C. Se
joignent au neftorianisme quantité d'autres erreurs.
Les prêtres des idoles & les religieux laiflent croître leurs
cheveux , Se ne les attachent point. Ils portent fur la
tête un morceau de toile de coton , qui y fait un tour ou
deux. La plupart font nuds depuis la ceinture en haut , Se
ont une toile qui les entoure depuis la ceinture jusqu'aux
genoux. Ceux qui veulent parler pour les plus graves,
font descendre cette toile jusqu'à la cheville du pied. Us
ont des anneaux d'or aux oreilles , Se portent tous autour
du cou , ou autour de la partie du corps qui eft nue, une
petite corde ou gros fil , par où l'on diilingue qu'elle eft
leur cafte. Leurs conditions font différentes , auflî-bien
que la vie qu'ils mènent. Les uns s'entretiennent du feul
fervice qu'ils rendent aux idoles ; d'autres font marchands
Se courtiers -, d'autres exercent la médecine, Se d'autres
font foldats. Ce ne font pas feulement les gens du com-
mun qui honorent les bramines, ils font auflî fort efti-
més des princes & de la noblefle. Ils ont la liberté de vi-
firer les princeffes en l'abfence de leurs maris, qui pour
la plupart tiennent à honneur qu'un bramine ait com-
merce avec leurs femmes.
L'ordre établi pour la fuccefllon à la couronne a quel-
que chofe de fingulier. L'aînée des fœurs du roi porte le
titre de reine ; ce font Ces enfans qui font princes & prin-
cefles , Se c'eft l'aîné qui monte fur le trône après la more
du roi fon oncle. La reine eft ainfi la perfonne la plus
confidérable de l'état après le roi ; car fes femmes , ni fes
concubines ne participent pas à fa grandeur, & leurs en-
fans ne fuccedenr point à la couronne. Si l'aînée des fœurs
du roi n'a point d'enfans ni de l'un , ni de l'autre fexe ,
la fuccefllon pafic aux autres fœurs , ou au défaut dtf
fœurs aux plus proches païens , toujours à la ligne fémi-
nine par préférence. Les fils n'héritent point , parce que
leur état eft incertain , les bramines de la cour ayant tou-
jours commerce avec leurs mères. Il en eft de même par-
mi le peuple. Cela vient de ce que les *mmes font en
quelque manière communes , Se que l'on n'eft certain de
l'état des enfans que du côté de leur mère. Ils n'héritent
point du mari de leur mère , quoiqu'il puiffe être fou-
vent leur père ; en récompenfe ils héritent des frères de
leur mere , Se fuccédent à leurs biens , à leur commerce s
Se à leurs dignités. ,
Les Malabares font divifés en deux ordres de perfon-
nes -, les Nairs ou Nairos, Se les Poliars. Les premiers
portent les armes; les autres font artifans, laboureurs ou
pêcheurs. Les Nairos font fort fiers de leur noblefle, Ils
ne fe marient point ; ils voient les femmes des autres au-
tant qu'il leur plaît ; de forte que les femmes lubriques
48
MAL
MAL
onc beau jeu dans ce pays-là. Il n'y a que les Nairos qui
peuvent porter les armes. Le refte du peuple n'ofe même
converfer avec eux. Si un Poliar rencontre un Nairos
fur fon chemin , il fe retire à côté avec beaucoup de
refped.Les uns ni les'autres ne dépenfent pas beaucoup en
habits : ils n'ont qu'un morceau d'étoffe de foie à fleurs
ou de toile de coton , qu'ils fe tournent trois ou quatre
fois autour du corps , depuis la ceinture jusqu'aux talons ,
ou feulement jusqu'aux genoux. Les hommes ont des
cheveux longs , aufîi noirs que du jais , bien unis par der-
rière , par devant & aux côtés de la rêre , Se lies avec
un cordon fur le haut un peu vers le derrière. Les fem-
mes ne lient point leurs cheveux avec un cordon ; elles
les unifient , Se y font un nœud d'une manière fort adroi-
te , d'où ils leur pendent par derrière ôV aux côtés de la
tête, avec quelques boucles 01: frifures Les hommes &
les femmes porrent quanrité de bracelets d'or, d'argent,
d') voire, de cuivre & d'autre métal. Les bouts des oreil-
les leur pendent jusqu'aux épaules-, plus il y a de nous,
pinson en fait d'état-, tout le monde fe garnit leso/cilles
de quelques orne mens. Les riches y mettent des pierre-
ries. Les femmes mariées ne font regardées que comme
on regarde ailleurs les concubines , à caufe de la facilité du
divorce.
Presque toutes les maifons , ou du moins la plupart
font fort baffes & conftruires d'argilleou de terre. Il) en
a fort peu de pierres. Elles font couvertes de paille , ou
de branches de palmiers Se de cocotiers. Les muis & le
pavé font enduits de fiente de vache. Les portes des'mai-,
fous font fi balles , qu'on ne peut y entrer qu'en fe baif-
fanr. Il y a peu de fenêtres , mais beaucoup de petits
trous fans vitres , par où les chambres reçoivent la lu-
^miere. Les chambres n'ont ni cheminées , ni lits. On fait
Ja cuifine à l'air , Se l'on fe couche fur des nattes éten-
dues par terre ,-ce font-là presque tous les meubles des In-
diens: le relte ne confiite qu'en des pots où l'on cuit les
vivres , & en des écuelles de bois Se des cuilliers faites de
noix de cocos.
Les Malabares ont leur langue particulière. II y en a
beaucoup , fur tout dans les cours des rois Se les villes
marchandes , qui parlent portugais Se hollandois.
A l'égard des chofesque la côte de Malabar produit ,
elles font en grand nombre. Il y a des cocotiers en quan-
tité : 1 arbre trifte Se l'arbre fenfitify croiffent, de même
que l'herbe nommée dutroa ou datura , le cardamome ,
le riz blanc Se noir , le kitferi , le catiang , le poivre ,
l'oignon, le borreborri , les caramboles, les ananas, le
tamarin , Sec. La mer & les rivières fourniflent d'excel-
lent poiffon, Se fur la terre, outre la plupart des ani-
maux connus en Europe , il y en a plufieurs particuliers
au pays.
MALABRIGO , port de l'Amérique méridionale , au
Pérou dans l'audience de Lima. Son nom , qui ne veut
dire que mauvais abri , marque affez qu'on n'y eit pas
à couvert des vents. Il elt a onze lieues du port Cherepe
& à cinq de Pascamayo , en allant au fud elt, vers Tru-
iillo. A deux lieues de Malabrigo , ou environ, il y a
une baie fabloneufe , dont la côte eit fort baffe , qui s'é-
tend jusqu'à Malabrigo , Se où l'on trouve quelques bas
fonds ; de forte qu'on doit toujours avoir la fonde à la
main pour venir à l'ancrage , Se fe tenir à cinq ou fix bras-
fes d'eau. Lorsque vous approchez d'une petite montagne,
au-deffus du vent , vous n'en avez que quatre braffes Se
demie , vous voyez alors une fente fur cette montagne ,
Se après l'avoir amenée au fud , il faut mouiller. 11 en
tombe de rudes bouffées , qui caufent d'ordinaire de gros-
fes Lames. Si vous y venez tout droit de la haute mer ,
vous verrez une autre petite baie au fud & à l'extrémité
de la première. La côte au nord eit raboteufe Se crevaffée,
& au milieu on voit une montagne ronde qui elt la mar-
que du Havre. De Malabrigo au port de Guanchaco,
qui elt fous le huitième degré de latitude méridionale , il
y a quatorze lieues. * Supplément aux voyages de Woodes
Roger s, pag. 38.
1. MALACA , ancienne ville d'Espagne dans la Béti-
que , fur la Méditerranée. Ptolomée , /. z. t. 4. la nomme
UctXctxct. Pline , /. 3. c. I. la nomme aufïi Malaca ; Se dit
qu'elle appartenoit aux alliés du peuple Romain. Ma-
laca citm ftuvto ,f céderait) um. Il y avoir une rivière. An-
tonhi dans fon itinéraire , décrit une route de Caitulon à
Malaca , Se une autre de Malaca à Gades. Il compte deux
cens quatre-vingt-onze milles dans la première , Se cent
quarante-cinq pour la féconde ; il met Malaca à douze
mille pas de Ménoba , & à vingt-un mille pas de Siuel ou
Suel. Strabon , /. 3. p. 156 , dit que c'étoit une colonie
des Charhaginois , Se une ville de grand commerce , pour
les habitans de la côte qui elt à l'oppofite , Se que l'on y
faloit beaucoup de vivres II la met a autant de diltance
de Calpé , qu'il y en avoir de Calpé à Gades. Le nom mo-
derne de la ville elt Malaga. Voyez, ce mot. Celui de la
riviereellGuADALMEDiNA. L'une & l'autre font du royau-
me de Grenade.
2. MA LAÇA , ville dlralie . félon Fhavorin , Lexic.
i.MALACCA , ou Malaca , ou Maiaquf. , grande
péninfuie des Indes au midi du royai me de Siam , entre le
golfe de Siam à l'orient , Se le golfe de Bengale Se it dé-
troit de Malaca à l'occident. On eflime que la longuèut'
de cette péninfuie , le long de la côte, ell d'environ 270
lieues. Le terrein en ell humide tk bourbeux. Il fournie
cependant des bleds , divers animaux & d'excellens fruirs ,
quoiqu'en affez peti-c quantité. Dan; cette étendue de
terre font compris (ept royaun es-, fçavoir,
Ligor, Pahang Malaca Queda ,
Patane , Ihor , Pcra ,
^Voyage de la compagnie aux hidi s orientales , t. 2 p. 207.
2. MALACCA ou Malaca, rm'aumc'îes Indes orien-
tales dans la presqu'ifle de Malacca , dans fa panie occi-
dentale , & fur le détroit de même nom. Cet état releva
anciennement du royaume de Siam ; mais dans la fuite
un nommé Mamudes , originaire d'Arabie , s'en empa-
ra. Sa largeur elt de huit à dix lieues , ëc fa longueui de
trente. * Voyage de la comp g. aux Indes orient, t. 2. p.
207 & 238.
Les habitans ont le teint couleur de cendre. Us portent
les cheveux longs , font fort adonnés aux plaifirs charnels ,
Se fe regardent comme les gens du monde les plus lenfés.
Auffî peut-on dire qu'ils font fort intelligens. Ils aimenc
beaucoup la po'éfie , Se compofent quantité de chantons
d'amourettes Se de comédies. Us fe porrent à cet exercice
par une inclination naturelle & par l'efpérance dont ils fe
flattent d'acquérir une réputation immortelle.
On convient que leur langue elt compofée des meilleurs
termes , & des expreflions les plus énergiques de toutes les
langues des peuples des Indes qui les environnent, Se on
la regarde comme la plus belle Se la plus agréable de tou-
tes les langues d'Orient ; de forte que ceux qui ne la fça-
vent pas ne font propres qu'à demeurer dans leur pays , Se
font regardés avec mépris.
3. MALACCA ( Le détroit de ) dans les Indes , entre
la péninfuie de Malacca qui lui donne fon nom , & l'iflc de
Sumatra. Il communique du côté du feptenrrion au golfe
de Bengale , Se du côté du midi à la mer qui fépare l'ifle
de Sumatra de celle de Bornéo. Les Portugais nomment ce
détroit le détroit de Sincapour.
4. MALACCA , capitale du royaume du même nom ,
dans la partie méridioi aie de la péninfuie de Malacca (a ) ,
fur le détroit auquel elle donne fon nom. On prérend qu'il
y a environ deux fiécles & demi que l'endroit où cette
ville eft fituée , étoit une campagne inculte où il n'y avoir
que fept ou huit cabanes de pécheurs ; qu'avec le rems
d'aunes pêcheurs de Pégu , de Siam Se de Bengale s'y étant
auifi habitués, y bâtirent une ville où ils établirent des
loix , Se en quelque forte une nouvelle langue , afin de
n'avoir rien de commun avec leurs voifins. Ils nommèrent
cetre ville Malacca , Se en peu de tems elle s'accrut telle-
ment,pat le grand concours d'étrangers qui s'y rendirent de
toutes parts , qu'elle devint enfin la capitale d'un royau-
me (b). Les Portugais s'en emparèrent fous la conduite
du général Albuquerque , non fans beaucoup de fang ré-
pandu -, mais elle leur fut enlevée en 1640 par les Hollan-
dois après une réfiltance de fix mois. ( a ) Voyage de la.
compagnie aux Indes orientales , t. 2. (b) Gemelli Careri ,
Voyage du tour du Monde, t. 3. p. 323.
Les anciens ont cru que Malacca étoit une iffe, à caufe
de la grande quantité de canaux qui coupent fon terrein.
Les modernes mieux inftruits nous apprennent le contrai-
re (a). Il s'y rend une rivière qui enfuire fe jette dans la
mer. En baffe marée l'eau en eft douce , Se faumache quand
la mer a monté : cette rivière a cent pieds de lare,e. Le
flux Se reflux y font rapides (b). Elle traverfe la vile de
Malaca
MAL
MAL
Malacaquieft habitée par des Chrétiens Pcrtugals,des gen-
tils de différents endroits , des Mantes Se des Chinois que
l'on appelle au Chapeau. Cela eft caufe que le gouver-
neur , lorsqu'il a quelques ordres à donner , eft obligé de
les faire mettre en ces quatre langues , fans compter la
hollandoife.Les maifonsfont debois ;lesmurs&: les toits
de la plus grande partie font couverts de nattes , elies
font environnées de tant de palmiers Se d'autres arbres >
que de loin on croit que c'eft plutôt une forêt qu'une
ville. On y compte environ cinq mille habitans % dont
la plus grande partie confifte en Portugais Catholiques.
Cependant l'exercice de la religion Catholique y eft défen-
du , & ceux qui profeflent cette religion font contraints
de s'enfoncer dans lepaiiTeur des bois pour y faire l'office
divin. Il y a dans la ville des mosquées pour les Maures ;
un temple dédié aux idoles de la Chine , Se exercice public
de toutes fortes de fectes. ( a ) Voyage de la compagnie ,
t. 3, p. z8j. (b) Voyage du tour du Monde , t. 3. p. 324.
La forterefle qui eft fur la droite entrant dans le canal ,
peut avoir un mille de circuit. Elle eft flanquée de fix pe-
tites tours garnies de canons , avec un fofle du côté de la
mer , auffi-bien que du côté du canal. On y entre par
deux portes ; l'un? du côté de la rivière , Se l'autre du cô-
té du midi. Le gouverneur de la ville en eft le comman-
dant. Sa garnifon confifte en deux cens quinze hommes
Se fix cavaliers. Une petite colline s'éleve au milieu de la
forterefle, & c'eft-là que les Jéfuites avoient leur maifon
Se leur Eglife , dans le tems que les Portugais étoient
maîtres de Malacca. Depuis que les Hollandois s'en font
emparés , ils ont abattu les dortoirs , Se n'ont confervé
que l'ég lifepour l'exercice de leur religion , avec une tour
où ils arborent leur pavillon. Outre cette églife il y avoit
celle de la Miféricorde, mais elle fert présentement de
magazin.
Cette ville , fituée à deux deg. 20 min. de latitude ,
jouit toujours d'un parfait équinoxe. Son climat eft très-
tempéré , Se fon terroir aflez fertile-, parce qu'il ne fe pafle
pas de jour qu'il ne foit arrofé de quelque grande pluie.
11 produit presque tous les fruits qu'on voit à Goa ; mais
les cocos y font trois fois plus grands.* Leiu édif» t.2.p. 76.
Le gouvernement hollandois de Malacca ne s'étend pas à
plus de trois milles autour delà ville, parce que les gens du
pays, qui font des fauvages , ne font pas d'humeur de
îubir le joug. On les appelle Manancavos. Voyez, ce
mot. * Voyage du tour du monde , t. 3. p. 323. & fuiv.
Le port de Malacca eft fort bon, & il s'y fait un grand
commerce , tant de l'Orient que de l'Occident. On y
trouve dans les bazars les plus belles marchandifes du Ja-
pon , de la Chine , de Bengale , de la côte de Coroman-
del , de Perfe & d'autres royaumes. Ce n'eft pas fon feul
avantage; la ville commande à tous les navires qui pas-
fent par fon détroit ; Se elle les oblige de payer l'ancrage ;
foit qu'ils entrent dans le port , foit qu'ils panent. Les
vaifleaux espagnols & portugais payent cent pièces de huit
chacun , Se les autres moins. Les Hollandois ufent de
cette rigueur envers ces deux nations, parce qu'ils difent
avoir payé la même fomme, lorsque les Portugais étoient
maîtres de Malacca. Les Anglois feuls font exemts de
cette douanne.
De Ceilan à Malacca il y a 340 lieues espagnoles. La
route eft oueft quart au fud-oueft , Se on rafe les côtes
de Bengale & de Pégu , qui eft un pays haut. L'ifle de Su-
matra eft à la droite, Se la péninfule de Mala à la gau-
che. De Malacca à la Chine on prend d'abord fon cours
à l'oueft - nord - oueft , Se enfuite au nord& au nord-
quart-de-nord-oueft. Il y a 380 lieues d'Espagne.* Voyag.
de la Compagnie des Indes orient, t. 2. p. 238.
La ville de Malacca eft célèbre dans l'hiftoire eccléfia-
ftique par les prédications Se les travaux apoltoliques de
faint François Xavier , qui en a été le patron après fa
mort. * Baillet , Topogr. des Saints.
MALADES ,( Mont aux ) prieuré d'hommes de l'or-
dre de faint Auguftin en France , dans la Normandie au
diocèfe Se près de Rouen , du côté du levant , au haut
d'une montagne. On y confervé un bras de faint Vincent ;
l'églife eft fous l'invocation de faint Jacques. Le prieur
jouit de fix mille livres.
MAL/ETA , ville de l'Inde en-deçà du Gange , félon
Ptolomée , l.j.c.ï. qui la donne au peuple Poruari.
MALAGA, ville d'Espagne au royaume de Grenade
49
fur la Méditerranée , à fept lieues Se au midi d'Antequc-
ra. Elle eft confidérablc , Se les anciens l'ont connue fous
le nom de Malacca. Voyez ce mot , «. i, C'eft le fiége
d'un évêché ; Se elle tire beaucoup de luft re de l'impor-
tance Se de la bonté de fon port Se de fes fortifications.
Les auteurs du pays difent que les Phéniciens l'ont bâtie
plus de huit cens ans avant la venue de Notre Seigneur.
Nous avons déjà rapporté ce qu'en dit Strabon. Elle eft
fituée fur le rivage de la mer, à vingt deux lieues de Gi-
braltar , au pied d'une montagne aflez escarpée , qui
laiflè juftement aflez d'espace entre elle Se la mer pour
y bâtir une ville. Son port eft grand -, le mole qu'on y a
conftruit , eft revêtu d'un beau quai long de fept cens pas
Se large à proportion , avec de gros piliers de pierres où
l'on attache les navires. Il y a toujours grand abord de
monde , Se d'ordinaire deux ou trois cens bâtimens à
l'ancre , ce qui fait que la ville eft fort marchande , fort
riche Se fort peuplée , quoique médiocrement grande.
Tous les automnes , en tems de paix , il vient un très-
grand nombre de vaifleaux marchands des pays étran-
gers , pour charger les fruits exquis & les vins délicieux
qu'on recueille en abondance, Se les transporter en An-
gleterre & aux Pays-Bas. La ville eft belle; on y voit de
très-beaux bâtimens, entr'autres l'églife cathédrale. Cette
place étant vis-à-vis de l'Afrique, Se par conféquent ex-
pofée aux attaques des Maures, on l'a très-bien fortifiée,
Se on y entretient à grands frais un arfenal pourvu de
toutes les munitions de guerre néceflaires , non-feulemenc
pour défendre la ville , mais aufli pour rafraîchir Se pour
renforcer les garnirons de quelques places que les Es-
pagnols ont en Afrique. Outre une bonne enceinte de
murailles & les remparts, Malaga eft encore défendue
par deux châteaux qui la commandent , Se pofés l'un
fur l'autre. Le premier eft au fommet de la montagne nom-
mée Giblalfarro , d'où l'on découvre toute la ville Se
fort avant dans la mer; l'autre fitué au-deflbus, eft ap-
pelle Alcazzava , bâti au-deflus de la ville fur le pied de la
montagne. Tous ces ouvrages la rendent 11 forte , que ,
lorsque Ferdinand V. conquit le royaume de Grenade ,
il ne put la prendre que par famine. L'auteur des délices
de l'Espagne, p. 517. nomme Guadalquiverejo la pe-
tite rivière qui coule auprès de Malaga. Les anciens la
nommoient du même nom que la ville , Se de l'ifle l'ap-
pelle Guadalmedina. L'auteur des délices dit que
c'eft la Saduca de Prolomée.
L'évêché de Malaga eft ancien. Le premier évêque donc
on _ait connoiflance eft Patrice qui aflifta au concile d'illi-
beris en 300,, Depuis ce tems-la on ne trouve point fes
fucce fleurs dans l'hiftoire , Ci ce n'eft Sévère qui vivoit en
580. Delui jusqu'à l'invafion desMaureson a une fuite d e-
vêques. Henri IV ayant repris Malaga fur les infidèles en
1484 , fit ériger leur mosquée en cathédrale , Se le cardi-
nal Gonçales de Mendoza la confacra. Pierre de Tolédç
chanoine de Séville en fut le premier evêque après la
reftauration. Ce diocèse s'étend fur 108 paroifles , & l'é-
vêque jouit de vingt mille ducats de revenu. Son chapitre
eft compofé de fept dignitaires, fçavoir , trois archidia-
cres , Un chantre , un écolâtre , un thréforier , un doyen ;
de vingt - quatre chanoines , de douze prébendiers , de
douze femi-prébendiers Se de douze acolytes. L'évêque de
Malaga eft fuffragant de Grenade. * Vayrac , état préfenc
de l'Espagne , 1. 4. t. 2. p. 374.
Quelques François difent Malgue au lieu de Malaga*
MALAGINA. Cédréne nomme ainfi un lieu, &Or-
telius, Thefaur. croit qu'il étoit de l'Arménie.
MALAGON , lieu d'Espagne dans la nouvelle Caftille,
à quatorze lieues de Tolède. * Davity.
MALAGRA , ancien bourg de la presqu'ifle de Roma-
nie fur la côte près de Sefto , félon Baudrand , qui dit que
c'eft l'AcoRAdes anciens. D'autres écrivent Melagra ,
d'autres Malgara.
MALAGUETTE (La côte de) ou Maniguette,
côte d'Afrique dans la Guinée , le long de la mer. De
l'ifle a eu tort de la faire commencer au cap de la Ver-
ga ; elle ne commence qu'à Rio Sanguin , jusqu'au cap
des Palmas. Elle eft partagée en plufieurs fouverainetés »
dont la principale eft le royaume de Sanguin. Elle eft ai-
rofée de quantité de rivières Se de gros ruifleaux , aux
embouchures desquels il y a des villages qui portent les
noms de ces mêmes rivières. Ainfi en fuivant la côte de
Tom. IV G
yo
MAL
MAL
l'oueft à l'eft , on trouve les rivières Se les villages de
Sestre-Crou, de Broua , de Baffon , deZiNO , de
VAPPO,de Batow, du Grand Sestre ou grand Paris, du
pecit Scftre ou petit Paris, de Goyane. Le nom de Paris
le trouve en ce pays la , parce qu'en 1366 , les Dieppois
s'établirent au grand-Seftre , il y bâtirent un comptoir au-
tour duquel les naturels du pays s'établirent en h grand
nombre , & firent un bourg fi confidérable , que les Nor-
mands lui donnèrent le nom de grand Paris. Les Nègres
du pays confervent encore chèrement le fouvenir des Fran
cois , Se ont retenu quelques mots de notre langue. Leur
langue naturelle eft , dit-on , la plus difficile de toute l'A-
frique; on y manque d'interprètes , mais on eft dédomma-
gé par la facilité qu'ils ont de s'expliquer par des fign'es ,
Se par quelques mots françois qu'ils difent encore dans
l'occafion. Ils ont appris àcs François le fecret de tremper
le fer , Se ils l'ont perfectionné. Leur trempe eft meilleure
que celle des plus habiles taillandiers de l'Europe. Ces
peuples font forts , grands Se vigoureux , ils n'ont pas l'u-
fage de fe couvrir la tête ; ils fupportent , fans en être
incommodés , les plus grottes pluies & le ibleil le plus ar-
dent. Les hommes Se les femmes font plus nuds qu'en au-
cun autre lieu de la Guinée , ils n'ont tout au plus qu'un
fort périt chiffon fur ce qui diftingue un fexe de l'autre.
Usnourriffent quantité de beftiaux Se de volailles de tou-
tes efpeces ■■, beaucoup moins pour eux que pour traiter ,
car ils en mangent rarement & vivent presque toujours de
poiflbn , de légumes Se de fruits qu'ils ont en abondance ,
Se d'une excellente qualité. Leur pays qui eft bas , uni ,
gras & fort coupé de ruifleanx , de rivières & de fontaines ,
eft extrêmement fertile & propre à produire tout ce qu'on
en veut retirer. Il eft mal fain pour les étrangers , ils y
font expofés à de longues Se dangereufes maladies,& avant
que de s'accoutumer à cet air groffier & pefant, beaucoup y
perdent la vie. Outre les rivières Se les rafraîchiflèrnens
qui font à très-vil prix fur cette côte , on en tire de l'y-
voire , des efclaves & de l'or en poudre , Se fur-tout de la
maniguette ou malaguette , qui eft la marchandife la plus
ordinaire qui donne le nom au pays. C'eft une graine à
peu près de la grofleur du chenevi , d'une fuperficie près-
que ronde , mais anguleufe> d'une couleur rougeâtre avant
que d'être mure , plus foncée quand elle a toute fa plus
grande maturité , Se noire quand elle a été mouillée , Se
qu'on l'a embarquée en bon état -, cela la fait fermenter Se
lui ôte beaucoup de fa bonté ; fon goût doit être piquant
Se approche a fiez de celui du poivre. Quelques écrivains ,
comme Lemeri Se Pomi , difent qu'elle a pris fon uom
d'une ville d'Afrique appellée Mélcga. Ils ont entendu par-
là le même lieu où les François avoient fait des établifle-
mens. Mais Malaguette ou Maniguette n'eft le nom , ni
d'une ville, ni d'un bourg, ni d 'un village . mais d'une
graine que quelques-uns appellent poivre de Guinée; Se les
François ont nommé côte de Maniguette ou de Malaguette ,
la côte où ils alloient chercher cette graine. On en trouve
par toute la côte , bien en-de-ça de la rivière de Seftre , &
bien au delà du cap de Palmes ; mais le pays qui eft entre
ces deux bornes en eft beaucoup mieux founi que tous les
paysvoifins. * Divers Mémoires.
MALALITANA Civitas. Ortelius , Thefaur.
trouve qu'il en eft fait mention dans la vie de S. Grégoire
pape , /. i.c. 11. il croit qu'il faut lire Malacitana , nom
formé de M A l a c a. Ce lieu avoir un évêque nommé
Janvier.
MALAMANTUS , fleuve de l'Inde. Il fe perd dans
le Cophene , félon Arrien , va Indicis.
MALAMOCCO, Metaumacum , Metamaucum ,
petite ville d'Italie dans l'état de Venife au Dogat , dans
une ifle de même nom , avec un port , dans les Lagunes de
Venife, devant l'embouchure de la Brentc. C'elV l'idée
qu'en donne Baudrand. Corneille dit après le journal
d'un voyage de France & d'Italie ; Malamoceo eft une
ville épiscopale d'Italie, dont le fiége fut transféré à Chiog-
gia : elle étoit autrefois fameufe à caufe que le doge de la
république de Venife y faifoit fa réfidence : aujourd'hui ,
pourfuit-il , elle eft célèbre pour être le port de cette
fuperbe ville qui n'en eft éloignée que de fix milles. De
faint Didier, dans fon livre intitulé, La ville & la ré-
publique de Venife , dit plus Amplement en parlant des ou-
vertures ou ports par lesquels on pafTe de la mer dans les
lagunes : Le troifiéme eft le port de Malamoque avec la
village de ce nom , où arrivent tous les grands vajfieaux ,
à caufe que l'eau y eft plus profonde qu'aux autres ports ,
Se que la rade y eft très-bonne & capable d'en contenir un
fort grand nombre.
MALANA , lieu maritime à l'extrémité du pavs du
peuple Oritâ. , félon Arrien, in Indicis.
MALANDARA , Maiandara , ou Maramdara ,
ancien lieu d'Afie dans la Cappadoce , fur la route deSe-
baftopolis à Céfaréc , entre Scanatum Se Armaxa , à
trente-huit mille pas de la première , Se à vingt- huit mille
de la féconde , félon Antonin , dans fon itinéraire.
MALANGIT^. Voyez. Melangit/e.
MALANGO , ville de l'Inde en- deçà du Gange. Ptoîo-
mee , l. y.c. 1. dit que c'étoit la réfidence du roi Bafaro-
nages.
MALANGOU , horde des Tartares. Il en eft parlé
dans l'hiftoire de Timur-Bec, /. 3. c. 9.
MALANIUS , ville d'Italie , félon Etienne le géogra-
phe qui cite Hécatée. Elle étoit dans les terres Se dans le
pays des Oenotriens. Gabriel Barri croit que c'eft aujour-
d'hui Maida , ville de la Calabre ultérieure. * Ortel. The-
faur.
MALAO. Fojk^Maleos.
MALASSAIS , royaume d'Afrique dans la haute Ethio-
pie , attez près des frontières de l'Abiflinie. * Baudrand
Si Corneille.
MALAT , montagne de l'Amérique feptentrionale au
Mexique , dans la province de Seiton. C'eft un des plus
grands volcans de routes les Indes. Outre cinq bouches
qu'il y a au bout de cette montagne , elle en a deux au
milieu beaucoup plus grandes que toutes les autres. Elles
vomiffent le feu avec une furie furprenante; ce n'eft tou-
tefois que par intervalles. Quelquefois il n'en fort que de
la fumée ; Se d'aunes fois , fur-tout quand il règne un cer-
tain vent , ce font des pierres ardentes. Pendant qu'elles
font pouffèes au-dehors , on entend un bruit terrible au-
dedans. * Vincent le blanc , Voyag. Corn. DicF.
MALATHA , château de l'idumée. Le jeune Agrippa,
félon Jofeph , Antiquit. I. 1 8. c. 8. s'y retira pendant quel-
que tems , après qu'il eut dépenfé tout fon bien a Rome.
Dom Calmet , Dïcl. de la bible , croit que Malatha eft
la même place que Maceloth , dont il eft parlé au livre
des Nombres , c. 3 1. v. 25. & 16. Eufebe parle fou vent
de Malatha dans fon livre des lieux hébreux ; Se, en com-
parant les divers endroits où en il fait mention, il paroît
que cette ville étoit dans la partie méridionale des pays de
Juda , environ à vingt milles d'Hebron. Voyez aulfi Mo-
LADA & MOLATHA.
MALATHIA , ville d'Afie en Turquie , dans l'Aladu-
lie,fur la rivière d'Arzu. C'eft la Mélitene des anciens.
Il y a un archevêque du rite grec , félon Baudrand , qui
écrit Malatiah. D'Herbelot , Btblioth. orient, dit : Ma-
lathie , ville capitale de la petite Arménie : les anciens
l'ont appellée Mélita ou Mélitene ; elle eft fituée à
61 degrés de longitude , Se à .39 degrés 8 minutes de la-
titude. Cet auteur ajoute : Les Arabes qui conquirent cette
province fur les Grecs, la perdirent l'an 1 38 de l'hégire ,
fous le khalifat d'Al-Manfor : l'empereur Conftantin Co-
pronyme la reprit Se la fit démolir,- mais le même Al-
Manfor envoya l'an 1 40 fon neveu Abderaman , fils de
l'Iman Ibrahim , avec foixanre Se dix mille hommes , s'en
remit de nouveau en poffeffion , Se en releva les murail-
les. Ben Schounah , hiftorien , dit dans la vie d'Alman-
for , que lorsque Conftantin Copronyme eut démoli la
ville de Malathia , il en fit transporter les habitans Armé-
niens Se Géorgiens à Conftantinople , afin de repeupler
cette capitale. Les Grecs ôrerenr une féconde fois Mala-
thia aux khalifes , mais elle fut reprife par Mafibud , ful-
tan de la branche des Selgiucides , qui s'étoit établie dans
le pays de Roum , ceft-à-dire dans la Natolie. tes Turcs
Othmanidcs avant leur grandeur , tenoient les pays de
Mélitene Se d'Aklat au tems de Soliman Schah Se d'Or-
togrul. Zein Eddin Mohammed qui étoit natif de cette
ville, eft furnommé Almalathi. Les Turcs appellent ordi-
nairement l'Arménie Mineure Malathia Vilaieti , à
caufe que cette ville en eft la capitale. Il ne faut pas la
confondre avec celle de l'article fuivant.
MALATIA , ville d'Afie fur l'Euphrate à 72 deg. de
longitude , Se à 37 de latitude ; elle dépend de la Syrie ,
Se en eft frontière , félon le traducteur François de l'his-
MAL
MA L ft
to're dcTimur-Bec , /. 5. c. 7. Je dis que fi ces indices
font vrais , elle eft différence de Malathia ; parce que l'une
eft fur l'Euphrate , ôc que l'autre eft fut une autre ri-
vière ; qu'il y a deux degrés de différence dans leur lati-
tude.
MALATIAH ou Malathia, ville de la Turquie en
Europe dans la Romanic , fur la côte de la mer Noire, a
environ i<j lieues du détroit de Conftanrinople.
MALATIS , ville de la Paleftine , félon Ortelius , Tbe-
faar. qui cite S. Jérôme dans ion livre de Lotis Hebraicis.
Voyez Malatha.
MALATOUR , anciennement Mars-la Tour, en
latin Martïs Tunis , ville de France au pays Meffin. Elle
cil le chef-lieu d'un territoire , dont l'étendue eft fort pe-
tite , ôc qui confine avec celui de Gorze. Elle avoit autre-
fois pluficurs feigueurs propriétaires , qui jouiffoient du
domaine utile , mais qui ont reconnu la feigneurie directe
des éveques de Metz , dont on voit les actes ôc les re-
connoiffances depuis l'an 13 17 jusqu'en 1500. Les ducs
de Lorraine prétendoient à la fouveraineté de Malatour ,
& étoient maures , comme étant les plus forts. De forte
que durant long-tems les feigneurs de ce lieu n'ont pas
reconnu les éveques de Metz. La coutume même de Nan-
ci y avoit aufTi été reçue depuis long-tems. Ces différends
ont été vuidés par le neuvième article du traité de Vin-
cennes , qui porte que le duc renonce en faveur du roi
à tous droits de fouveraineté ôc de propriété ou autres ,
fur le lieu de Malatour, ôc ce qui en dépend; laquelle fou-
veraineté ôc propriété appartiendront à l'avenir, fans con-
tredit , à fa majefté , tant fuivant fes anciens droits & pré-
tentions, qu'en tant que befoin feroit , en vertu de la re-
nonciation ôc ceifion du duc. * De Lon guérite , Defcr. de
Ja France, 1. part. p. 202.
MALA-VALLE. Voyez. Malevale.
MALAVERT , petite ville de Perfe à 12 lieues d'Ispa-
han , en tirant à l'orient. Son territoire produit les meil-
leures piflaches du monde , ôc comme il eft fort étendu ,
il y en vient en telle abondance , qu'il en peut fournir
toute la Perfe ôc toutes les Indes. * lavemier , Voyage
.de Perfe , tom. 1 . 1. 1 . c. j.
MALAVILLE , bourg de France dans l'Angoumois ,
élection de Cognac.
M A L A U S E , marquifat de France dans le Quercy ,
près de la Garonne , fur les frontières de l'Agenois.
M ALAYE , ville des Indes dans l'ifle de Ternate , l'une
des Moluqties, Elle appartient aux Hollandois qui l'ont
fortifiée. * Mandejlo , Voyage des Indes.
MALAZIAR , ville d'Afie au Curdiftan , au bord du
lac de Van. On la nomme auiTi Alichgherd.
MALBAYE ou Malebaye , paroiffe de l'Amérique
feptentrionale au Canada , fix lieues plus bas que la baie
de S. Paul.
MALBODIUM ou Malobodium , lieu dont il eft
parlé dans la vie de fainte Aldegonde. C'eft Maubeuge
qui fubfiftoit déjà dès ce tems la. * Ortel. Tliefaur.
MALBORGHETTO , village de la Carinthie aux
frontières du Frtoul , fur la rivière de Fella , au-deflus
de Ponteva Impériale. C'étoit anciennement Burgium ,
ville du Norique. * Baudrand , édit. \~jo^.
MALCECA , ancien lieu d'Espagne fur la route de
Cordoue à Mérida , entre Caxiliana ôc Salacia , à feize
mille pas de la première , ôc à douze mille pas de la fé-
conde. C'eft préfentemenc Marateca , village de Por-
tugal dans l'Estrémadure.
MALCHIN , prononcez Malkin , ville d'Allemagne
en baffe Saxe , au duché de Meckelbourg dans la Van-
dalie , à l'entrée de la rivière de la Pêne dans le lac de
Cummcrow. Cette ville donne le nom à un lac que la
même rivière traverfe au-deffus , ôc on le nomme Mal-
■chinsche-Sée, c'eft-à-dire le lac de Malchin.Elle eft entre
les villes de Suite au nord , de Demnin au nord-eft , de
Treptow à l'orient , de Waren au midi , ôc de Guftro"W
au couchant.
MALCHUBII. Voyez. Marchubii.
MALCOTE , ancien peuple de la Libye intérieure ,
félon Ptolomée , /. 4. c. 6.
MALDEN ou Maldon , ville d Angleterre dans la
province d'Effex , fur le Chelmer ôc le Blackwater à dix
ou douze milles de Colcheller ôc dans la même diftance
de la mer. Voyez. Camulodunum l>
MALDIVES , ifies des Indes orientales , en-deça du
Gange , dans la grande mer des Indes. Elles commencent
à 8 deg. de la ligne Equinoctiale du côté du nord , ôc ri-
niffent à quatre degrés du côte du fud. Leur longueur eft
ainfi de 200 lieues , mais elles n'ont que 30 à 35 lieues
de largeur. Elles font éloignées de la terre ferme , ôc à
cinquante lieues du cap Comorin. * Voy. de Fr. Tyrard ,
part. 1. c. 10.
Ces ifles ont été divifées par les Portugais en treize,
provinces , qu'ils nomment Atollons. La divifion eft na-
turelle , félon la fituation des lieux. Chaque Atollon eft:
féparc des auttes , ôc contient une grande multitude de
petites ifles. Rien n'eft plus admirable que de voir cha-
cun de ces Atollons environné d'un grand banc de pierres ,
qui forme comme une muraille tout autour. Ces Atollons
font ou ronds ou ovales. Ils ont chacun environ trente
lieues de tour ; les uns un peu plus , les autres un peu
moins. Ils font tous de fuite & s'étendent du nord au fud,
fans fe toucher ni les uns ni les autres. Il y a entre deux
des canaux de mer , les uns larges , les autres étroits. Quand
on eft au milieu d'un Atollon , on voit ce grand banc de
pierres , qui environne ôc défend les ifies contre l'impé-
tuofité des flots de la mer ; mais c'eft quelque chofe d'é-
pouvantable que de voir les vagues fe brifer avec furie
contre ce banc : le fallain ou bouillon eft plus gros qu'une
maifon ; ce qui fait comme une montagne blanche , prin-
cipalement quand la mer eft haute.
Au-dedans de ces enclos fe trouve une infinité d'ifles ,
tant grandes que petites. Ptolomée , /. 7. c. 4 , en parlant
de ces ifies , qu'il met devant celle de Taprobane , dit que
de fon tems on vouloit qu'elles fuffent au nombre de treize
cens foixante-dix-huit. Les habitans du pays prétendent
qu'il y en a jusqu'à douze mille ; Ôc le roi des Maldives
marquoit ce nombre dans fes titres. Il fe difoit N. Sultan 9
roi de treiz.e provinces dr de douz.e mille ifles. Quoi qu'il
en foit . il eft confiant que le nombre en eu. grand, Il dimi-
nue pourtant tous les jours , par les courants ôc les gran-
des marées. Si on regarde le dedans d'un de ces Atollons ,
toutes les ifies qu'il contient ôc la mer qui eft entre-deux ,
ne font qu'une baffe continuelle : le tout femble n'avoir
été autrefois qu'une feule ifie. La mer y eft pacifique , ôc a
peu de profondeur. Elle n'a pas vingt braffes dans les en-
droits les plus profonds , ôc presque par-tout on voit le
fond ; de forte que quand la mer eft baffe , il feroit facile
d'aller fans bateau dans toutes les ifies d'un même Atol-
lon , fi deux chofes n'y mettoient obftacle. Les Paimo-
nes , fotte de grands poiffons qui dévorent les hommes
quand ils les rencontrent , ôc les rochers tranchans &
aigus qui font au milieu de la mer , ôc qui ne petmettent
guères qu'on marche deffus.
Entre ces ifies , il y en a beaucoup qui ne font point
habitées -, les unes ne font couvertes que d'arbres ôc d'her-
bes \ d'autres n'ont aucune verdure ôc ne font que pur fa-
ble mouvant -, d'autres font fubmergées aux grandes ma-
rées , ôc fe découvrent quand la mer eft baffe. Enfin il y
en a qui font toutes couvertes de gros crables Se d'écré
vifles de mer , ou bien d'une quantité d'oifeaux qu'on nom-
me Pinguy. Les ifles qui ne font point habitées , paroiffent
toutes blanches de loin , comme fi elles étoient couvertes
de neige. C'eft l'effet de la blancheur du fable , dont elles
font formées. La plupart de ces ifies n'ont point d'eau
douce : celles qui font couvertes , foit qu'elles foient
habitées ou non , n'en manquent point.
Ces treize Atollons ont chacun leur nom. Les voici
fuivant leur ordre , en commençant a la pointe du nord
qui en eft la tête,&qui eft fous les huit degrés de latit. fep-
tentrionale , précifément à la même hauteur que Cochin
Tilladou Matis , Ariatollon ,
Milla dove Madone , Poulisdous,
Padypolo , Molucque ,
Malos Madou , N illandous ,
Addou & Poua Mollucquc.
Collo Madus,
Adou Matis,
Maie Atollon,
Souadou ,
Ces deux derniers, quoique féparés comme les autres ;
ne font cependant comptes que pour un, parce qu'ils font
fort petits.
Un grand bâtiment ne fauroit tenter de paffer les
Tom. IV. G ij
î
MAL
MAL
canaux quiféparent Ces Mes, fans courir risque de fe perdre,
principalement ia nuit ; car quoique plufieurs l'oient affez
profonds pour le paffage, d'espace à autre,on rencontre des
baffes & des roches , que les habitans du pays feuls ont l'a-
dreffe d'éviter. Un autre inconvénient vient des courants ,
qui portent tantôt à l'eft , tantôt à l'oueft , entre les ca-
naux des ifles 8c en divers endroits de la mer : communé-
mcntilscourent fix mois d'un côté & fix mois de l'autre.Ce
cours n'eft pourtant pas tellement réglé , qu'il ne varie ja-
mais. C'eft ce qui trompe. Les vents font aufli ordinaire-
ment fixes que les courans , foit du côté de l'eft , foit de
l'oueft ; mais ils varient encore davantage , prenant
quelquefois au nord , quelquefois au fud. Il y a princi-
palement quatre de ces canaux qui font navigables pour
les grands bâtimens. On les fuit pourtant le plus qu'on
peut; mais les Maldives font fituées de telle façon au mi-
lieu de la mer , 8c elles font fi longues , qu'il eft mal aifé
de les éviter. Les courans y portent les navires malgré eux ,
quand les calmes ou les vents contraires les furprennent.
S'il n'y avoit qu'une ouverture à chaque Atollon , il
ne feroit pas poffible de paffer de l'un à l'autre à caufe de
l'impétuofité des courans. L'auteur de la nature y a pour-
vu , en ménageant plufieurs entrées , qui font que malgré
les courans on peut aller d'un Atollon à l'autre en toute
faifen. Chaque Atollon eft ouvert en quatre endroits qui
répondent aux ouvertures de fes deux voifins. Par exem-
ple , il y a une ouverture du côté de l'eft , laquelle eft près-
que oppofée directement à l'entrée de l'autre Atollon ; 8c
du côté de l'oueft il y en a une autre , qui eft de même vis-
à-vis de celle de PAtollon voifin ; de forte que fi le cou-
rant va de l'eft à l'oueft , on ne peut pas traverfer directe-
ment d'entrée en entrée : mais dans ce cas , on fort par
l'entrée de l'eft , qui eft alors le deffus du courant , 8c en le
fuivanr de biais on gagne l'entrée à l'oueft de l'autre Atol-
lon. De même on peut revenir promptement , fans atten-
dre le changement de faifon -, mais alors il faut forcir par
l'ouverture de l'eft , qui eft oppofée à celle d'où l'on eft
parti : on va en biaifant 8c l'on entre dans l'autre Atollon
par l'ouverture de l'oueft. Quand le courant eft changé 8c
qu'il porte de l'oueft à l'eft , il faut faire le contraire ; c'eft-
à-dire fortir par le deffus du courant , 8c entrer par l'ou-
verture de l'autre Atollon , qui eft au bas du courant à
l'eft.
Toutes les entrées des Atollons font fcmblables pour
leur pofition , mais elles différent pour la grandeur. Les
unes font affez larges , les autres fort étroites. La plus lar-
ge n'a tout au plus que deux cens pas ; 8c il y en a qui
n'en ont que trente & encore moins. A chaque côté de
ces entrées , dans tous les Atollons , il y a une ifle.
Par la pofition de ces ifles , on peut juger que la cha-
leur y eft exceffive. Les jours y font égaux aux nuits en tout
tems , 8c les nuits très-fraïches & amènent toujours une
rofée abondante. Cette fraîcheur eft caufe que l'on fup-
porte plus facilement la chaleur du jour , que les herbes
poufient 8c les arbres produifent malgré l'ardeur dufolcil.
L'hiver commence au mois d'Avril & dure fix mois, 8c
1 été commence au mois d'Octobre. Ce ne font pas les ge-
lées qui font l'hiver : car il n'y gèle point , ce font les
pluies continuelles. Les vents font auiîi fort impétueux en
ce tems là du côté de l'oueft ; au contraire il ne pleut ja-
mais l'été , 8c les vents font alors du côté de l'eft.
On tient que les Maldives ont été autrefois peuplées par
les Chingulais , c'eft le nom que l'on donne aux habitans
de l'ifle de Ceylan. Les habitans des Maldives ne reffem-
blent guères néanmoins aux Chingulais qui font noirs 8c
aflez mal faits , au lieu que les premiers font bien propor-
tionnés & ne différent guères d'avec les Européens que par
la couleur qui eft olivâtre. Ce changement peut venir du
lieu & de la longueur du tems : peut-être aufli vient-il des
étrangers 8c des Indiens qui fe font établis dans le pays
après avoir fait naufrage. En effet, le peuple qui habite
depuis Malé jusqu'à la pointe du nord , fe trouve plus poli
& plus civilifé , parce que c'eft le paffage le plus fréquenté
par les étrangers. Du côré du fud , vers la pointe d'en bas ,
les peuples font plus greffiers en leurs manières & leur lan-
gue : leurs corps ne font pas fi bien formés , 8c font d'une
couleur plus noire.
Généralement parlant , les habitans des Maldives font
fort fpiriruels. Ils s'appliquent à toutes fortes d'ouvra°es ;
en quoi ils excellent : ils font grand cas de l'aftrologie. Ce
font des hommes prudens & avifés , fins dans le commer-
ce , vaillans 8c courageux , adroits à manier les armes ; ÔC
parmi eux il règne une grande police.
Les Maldives font très fertiles. 11 y vient du mil 8c du
riz , des racines de plufieurs fortes , des arbres qui ne por-
tent point de fruit , 8c d'autres qui en donnent beaucoup.
La banane entr'autres eft délicieufe ; le coco eft plus
commun qu'en aucun lieu du monde. En un mot , il y a
une grande abondance de toutes chofes , & tout y eft à
bon marché.
La religion des habitans eft celle de Mahomet : il n'y en
a point d'autre, fi ce n'eft parmi les étrangers qui s'éta-
bliffent dans ces Ifles ; encore le plus fouvent font-ce des
Indiens de Sumatra , des Malabres 8c des Arabes , qui font
tous Mahométans.
A l'égard du gouvernement, il eft monarchique, abfolu &
fort ancien. On dillingue quatre fortes de perfonnes. î. Le
roi 8c la reine , les princes 8c les princeffes du fang. i. Ceux
qui poffédent des offices & dignités que le roi diftribue.
3. Les nobles. 4. Le commun peuple.
MALDON. Voyez. Maiden.
MALDRA , nom latin de la Maudre , petite rivière
de l'ifle de France.
MALDUNENSE Monasterium , monaftere d'An-
gleterre, nom latin de Malmesbury. Voye z, ce mot.
MALE , ifle des Indes, l'une des Maldives dont elle eft'
la principale. Elle eft à peu près au milieu de toutes les
autresifles, 8c peur avoir une lieue & demie de tour. Il n'y a
aucune ville clofedanscetteiflequielt remplie deçà & delà
de maifons , foit des kigneurs 8c des gentilshommes , foie
du commun peuple. Ces maifons font diftinguées par rues
8c par quartiers avec un affez bel ordre. L'if.e de Maie eft
la plus fertile de toutes les Maldives; c'eft auffi la plus ha-
bitée 8c la plus mal faine. Les habitans dirent pour raifon
que de toute antiquité les rois des Maldives y ayant fait
leur féjour, beaucoup de perfonnes s'y font établies;<.;u'on y
enterre chacun en particulier -, de forte que toute l'ifle étant
remplie de ces corps , le foleil qui eft fort ardent donnant
deflus , il s'en élevé des vapeurs mal faines. Ainfi les eaux
y font fort mauvaifes , 8c on en va quérir pour le roi 8c
pour fa maifon dans une aiure ifie où l'on n'enterre per-
fonne. Le palais du roi eft conftruit de pieues , composé
de plufieurs logemens a un feul étage, fans beaucoup d'ar-
chitecture. 11 et environné de vergers 8c de jardins, où
font des fontaines 8c des réfervoirs d'eau enclos de mu-
railles , 8c pavés par le bas de grandes pierres polies. Ces
lieux font gardés fans ceffe , parce que le roi s'y lave ainfi
que les reines Ce palais nommé Gandoïr ( ou Gandour )
eft d'une giande étendue. Il y a autant de cours que de lo-
gemens , 8c au milieu de chacune eft un puits garni de
fort belles pierres blanches. C'eft dans l'une de ces cours
que iont les deux magafins du roi. 11 fait mettre fes canons
dans l'un , 8c de> armes de toutes fortes dans l'autre. A
l'entrée du palais eft un corps-de-garde avec quelques pie-
cesde canon,c\C plufieurs espèces d'armes. Le portail eftfaic
comme une tour quarree , 8c fur le haut des joueurs d'in-
ftrumens jouent &c chantent dans les jours de fête. De-là
on trouve une première fale où fe tiennent les foldats ,
8c plus avant on en trouve une autre pour les feigneurs 8c
les gens de qualité. Perfonne , de quelque condition qu'il
foit , homme , femme ou fille n'oie paffer plus avant , à
l'exception des officiers demeftiques. Le pavé de ces fales
eft élevé de trois pieds de terre , 8c planchéié d'un bois
fort poli , 8c proprement aflèmblé. C'eft pour remédier
aux fourmis qu'on l'exhaufle de la forte. Ces fales font ta-
piffées , 8c le roi y vient pour s'entretenir d'affaires avec
ceux qui s'y rendent pour faire leur cour. Les principaux
de l'ifle de Maie font obligés de venir tous les jours falucr
le roi après-midi, 8c s'arrêtent dans la féconde fale.La no-
bleffe des autres ifics vient aufli fouvent à la cour , & ne
paroït jamais devant le roi fans lui apporter quelqueo prér
fens. Dans les chambres des reines, des princeffes 8c des
grandes dames , il n'y a point d'airre clarté que celle des
lampes qui y demeurent toujours allumées. Elles fe reti-
rent en un endroit de ces chambres où elles font enfer-
mées de quatre ou cinq rangs de tapifferic , qu'il faut le-
ver avant qu'on arrive où elles font ; mais il n'y a homme
ni femme , foit domellique , foit de dehors, qui ofe lever
la dernière tapifferie fans touffer auparavanr , 8c dire qui
c'eft \ alors elles appellent ou. renvoient , félon qu'il leu«
MAL
MAL
plaît d'être vues ou de ne pas l'être. * Pirard , Voyages ,
i. part. c. 1 1 & 1 1.
i. MALEA. Voyez, Malée promontoire,
2. MALEA , cap de l'ifle de Lesbos , vis-à-vis de Mi-
tylène , félon Thucydide , /. 3. C'eft peut-être le même
lieu de Malée, où Pline, /. 19. c. 45. dit qu'il croît des
éponges , & qui doit avoir été , félon lui , vers l'Helles-
ponf.
5. MALEA , montagne de la Taprobane. Proloméc ,
/. 7. c. 4 , y met la fource de deux rivières qui font , le
Soanas , l'Azanos , ou félon d'autres exemplaires ,
i'Axanas &: le Baraces.
MALEAS , (Les 5 Peuple de l'Inde dans la prèsqu'ifie
cn-deça du Gange , dans les montagnes de Balagate , aux
confins du Malabar Se du royaume de Maduré. Les Chré-
riens de S. Thomas font les principaux d'entre ces peuples ,
& Angamaïe eft la plus confidérable de leurs places , félon
Corneille.
1. MALEE , promontoire du Péloponéfe, dans la La-
conie , où il fait l'angle qui unit la côte méridionale avec
la côte orientale. Les auteurs Grecs , Polybe , /. ; . c. 1 o 1 .
Scylax , Feripl. Stephan. 6c Ptolomée , l'ont nommée
communément Malea , Ud^U . Pline le Jeune, /. 10.
Epïfl. 16. dit auflî en grec, uWf MaAear. Le feul Strabon ,
/. i.p. 2j. /. 8. p. 363. 378. 389. dit MaXicti au pluriel.
Hérodote, /. i.p. 82. dit d'une manière ambiguë fj.txf'
MuMocv ; il dit ailleurs , /. 4. c. 179. KaW Ma*.w au fingu-
lierjles Latins ont dit Malea, entr'autres Tite-Live, /.
34. c. 3 2. & Pomponius Mêla , /. 2. c. 3 . Virgile , A^ntid.
I. $. v. 193. dit :
Ionienne mari , Male&qiie fieqnacibus undis.
Il fait la féconde fyllabe brève ; Ovide & Stace la font
longue. Le premier dit dans fes élégies amoureufes, Arnor.
1. 1. eleg. xi. y. 20.
Ouo lateant Syrtes , qiiove Malea finit.
L'autre dit , Tbebaid. I. 7. v. 16.
Et rauca, circumtonat ira Malea.
Le même Stace a fait auflî la même fyllabe brève dans fes
Silves ,l.i. carm. 3. v. 97.
Si Malea, credenda ratis , Siculosqiie per <&ftus ,
Sit via.
La mer eft fort orageufe auprès de ce cap. C'en1 ce
qui fait dire à Malherbe dans fon ode pour la reine mère
du roi pendant fa régence.
Ce n'eft point aux rives d'un fleuve ,
Où dorment les vents & les eaux ,
Que fait fa véritable preuve ,
L'art de conduire les vaifleaux.
11 faut dans la plaine falée,
Avoir lutté contre Malée ;
Et près du naufrage dernier ,
S'être vu deflbus les Pléiades ,
Eloigné des ports &: des rades ,
Pour être cru bon marinier.
Strabon , /. 8. fait mention d'un proverbe qui fait con"
noître combien ce cap étoit réputé dangereux. Doublant
le promontoire de Malée , oubliez, votre maifon. Properce
dit dans une de fes élégies, /. 3. eleg. ij.v. $.
Flamma fer incenfas citius fedetur arifias ,
Fluminaqite ad fontis fmt redit lira caput ,
Et placidum Syrtes portum & bona littora nantis ,
l'r&beat hosphiofœva Malea Juo.
Lvcophron ayant parlé de Malée , v. 94. Tzetzes fon
commentateur dit , qu'à caufe de fa figure , on l'avoit
aufli nommé Tafxçtààç wm , c'efl-à-dhe les mâchoires de
l'âne ; mais il s'eft trompé en confondant le cap Malée
avec in cap voifin nommé par les Grecs , ovs TvàOov, Onu-
gnatort , la mâchoire d'âne. Le nom moderne efl Cabo
Malio , ou même Cabo Malio di sant Angelo.
S3
Bteidcnbach dit que les mariniers François rappellent les
ailes de faint Michel.
2. MALEE , en grec Maxict, ifle entre les Ebudes , fé-
lon Ptolomée, /. 2. C'eft préfentement l'ifle de Mul.
MALEG , ( le ) rivière d'Ethiopie dans l'Abifllnie.
Elle prend fa fource dans le mont Gança au royaume de
Damot, d'où coulant vers' le couchant dans des vallées
bordées de hautes montagnes , elle fe recourbe vers le
nord , & va le grofiîr des eaux de l'Anguet , autre ri-
vière avec laquelle elle prend un cours parallèle à celui
du Nil dans le pays de certains peuples peu connus , nom-
més Boren Galla. Enfuite pourfuivant fa courfe vers le
nord, elle arrofe des peuples Ethiopiens nommés Schan-
kala , qui n'ont point d'établiflement fixe , mais qui errant
çà Se là le long de fes bords , dans une vafle étendue de
pays d'environ une centaine de lieues , Se fe recourbant
vers le nord oriental, elle va fe joindre au Nil dans le-
quel elle perd fes eaux Se fon nom. * Ludoljf. Carte de
LAbifiinic.
MALEGUETTE. Voyez, Malaguette.
MALEK , ifle d'Afie au bas de l'Euphrate , félon l'hi-
ftoire de Timurbec , /. 5. c. 38.
MALEMBA , royaume d'Afrique dans la baffe Ethio-
pie , au midi du royaume de Metamba. 11 eft borné au
nord par la petite Ganghele , au nord-oueft par la pro-
vince de Bondo , au midi par le lac Saxia que traverfe la
rivière de Coanza. On ne fait pas trop quels peuples il a
pour voifins à l'orient. La Coanza dont la fource efl in-
connue , coupe ce pays d'orient en occident , Se en laifl'e
au midi une lifiere.
MALEMIR Chal , village de Perfe dans le Fars, en-
tre la rivière d'Abchob Se le fleuve Cavedan, félon l'hi-
florien de Timurbec , /. 3. c. 24.
MALEMORT, bourg de France en Provence fur la
Durance , à trois lieues au-deflus de Cavaillon , à cinq
d'Avignon , 6e à fept d'Aix. * Baudrand , édit. 170J.
MALENA , lieu d'Afie dans l'Atarnitide , félon Héro-
dote, Erato.
MALENAIRE , abbaye d'hommes , ordre de Cîteaux,
en Portugal au diocèfe de Lisbonne.
MALENOUE, Mainoue, ou Malnoe , en latin
Mala Noda , abbaye de filles dans l'ifle de France au dio-
cèfe de Paris , ordre de faint Benoît. Elle fut fondée en
1171 ; on la nomme aulli Notre-Dame ee Footel ,
6e le Bois aux Dames. Voyez. Malnoue.
MALEOS. Voyez. Malée 2.
MALEPAIRE , forêt de France en Anjou. Elle fut
donnée dans l'onzième fiécle à l'abbaye de faint Aubin
d'Angers par Agnès , dame de Clairvaux en Anjou , fem-
me de Renaud de Maulevrier.
MALER, lac de Suéde. Voyez. Mêler.
MALERITUM ouMalrito. Barri a cru que c'étoit
la même chofe que Temfa , 6c Cluvier ne s'éloigne pas
beaucoup de ce fentiment. Voyez, Temsa.
MALES , ville d'Afrique dans laByzacene , au pied de
quelques montagnes. Procope en parle au fécond livre de
la guerre des Vandales. * Ortclius , Thefaur.
MALESTROIT , lieu de France dans la Bretagne (a )
au diocèfe de Vannes , à fix lieues de cette ville , 6c à dou-
ze de Rennes fur la rivière de l'Ouft (b). Ce lieu n'a
point de commerce , & n'eft remarquable que parce que
c'eft une baronnie. (a) Baudrand , édit. de i7°J« (^)
Figaniol de la Force , Defcr. de la France , t. $. p. 236.
MALET, boisdeFrance. Il eft de deux cens rrente-
fix arpens trente-cinq perches , dans la maîtrife des eaux
6c forêts de Laon.
MALETHUBALUS , montagne d'Afrique dans la
Mauritanie Céfarienne, félon Ptolomée, /. 4. c. 2.
MALETUM , nom d'un lieu dont parle Paul le Dia-
cre. Lazius croit que c'efl M a lz an dans le Trentin .
MALEVAL, en italien Malavalle , vallée d'Italie
dans la Toscane. Elle n'étoit qu'un affreux défert , que
l'onappelloitETABLE de Rode en iiyj, lorsque faint
Guillaume vint y fixer fon domicile. Elle quitta depuis ce
nom pour prendre celui de Malavalle. Elle eft dans le
territoire de Sienne au diocèfe de Groffero, à une lieue
& demie environ de diflance égale entre les villes de
Châtillon, de Pescaire, de Buriano & de Scailino. Le
pape Grégoire IX. fit bâtir fur fon tombeau vers l'an
1 2 3 $ , une églife de fon nom , au lieu de la petite chapelle
MAL
5*4
qu'on y avoit dreffée , il s'en fit depuis une abbaye , d'où
on prétend qu'eft venu le nom de Guillemins , plutôt que
de la perfonne de ce Saint;& ce fur depuis ce tems-là qu'on
ôta le nom d'Etable de Rode à l'abbaye , pour lui don-
ner celui de Maleval. L'abbaye fut mife en commende
l'an 1564 -, «Se les abbés commendataires y ont tait depuis
tant de dépenfe , qu'ils font venus à bout défaire de cet
affreux défert un fejour très-agréable. * Bailla , Topogr.
des Saints, p. 288.
MALEVENTUM. Voyez. Benevent i.
MALEVILLE , bourg de France dans le Rouergue ,
élection de Viilefranche.
1. MALEUS, montagne de l'Inde. MartianusCapella
dit , /. 6. c.de India , qu'elle eft au-delà de la ville de
Paliborhra , que l'hiver l'ombre tombe vers le fepten-
trion , & que l'été elle tombe vers le midi , ce qui cit alter-
natif tous les fix mois. Dans ce lieu , continue t'il , le
pôle arclique n'eft vifible que durant quinze jours en tou-
te l'année. Les hommes y font bafaaés. Pline Se Solin en
parlent aufll.
1. MALEUS. Voyez. Malée 2.
3. MALEUS Sinus , le golfe de Malée. Florus , /. 3.
c. 6. parlant de la guerre des Pyrates , dit : Ils n'exerçoient
leurs brigandages qu'entre l'ifle de Crète Se la ville de
Cyrenes , l'Epire , l'Achaïe & le golfe de Malée , qu'ils
avoient nommé le golfe d'Or , à caufe des riches prifes
qu'ils y faifeient ; Simtmque Maleum quod àfpoliis aurcitm
ïpfivocavere , latrocinabanmr. Ce golfe ékoit fans doute
près du cap Malée.
MALEZAT , forêt de France en Bourgogne. Elle eft
de cent quatre-vingt-huit arpens dans la maïtrife d'Autun.
MALGEIA , nom latin de M auge , petit pays de
France dans le bas Anjou. * Corn. Dict.
MALGRANGE , maifon royale des ducs de Lorraine,
&c aujourd'hui du roi Stanislas , au voifinage de Luneville.
MALGUE , quelques François nomment ainfi Mala-
ga , ville d'Espagne.
MALHBERG , feigneurie d'Allemagne dans la Suabe
au margraviat de Bade , entre l'Ortnaw Se le Brisgaw. Elle
a été long-tems pofiedée par les feigneurs de Geroldfeck.
Gautier Se Henri fils de Gautier de Geroldfeck l'eurent en
partage avec les feigneurs de Lahr. Leur poftérité finie
l'an 1339, en Henri qui n'eut point d'enfans d'Urfule
d'Eberftein. Adélaïde fa fœur , comteffe de Sawerden ,
ayant hérité de ces feigneuries , vendit celle de Malhberg
êe une partie de celle de Lahr au margrave de Bade, vers
le commencement du XVi. fiécle. * D 'Audifret , Géogr.
tome 5.
MALHEURS (la rivière des ) , rivière de l'Améri-
que feptenttionale dans la Louifiane. Elle eft large Se rapi-
de , Se M. de la Sale penfa s'y noyer dans fon premier
voyage aux Cénis. Il paroit que c'eft la même rivière que
l'on a depuis nommée rivière des Cenis & rivière
de la Trinité.
M ALHOMINIS, peuple fauvage de l'Amérique fep-
tentrionale dans la nouvelle Fiance. Voyez. Malomines.
MALHOMINICAN , rivière de l'Amérique fepten-
trionale dans la Louifiane au pays des Nadoueffi. Elle fort
d'un lac des Outaouacs , Se après un cours de vingt lieues
elle fe rend dans la rivière de Bon-Secours au pays des
Nadoueffi de l'eft. On la nomme auffi rivière de Baque-
ville , nom que les Normands lui ont donné.
MALI. Voyez. Malli.
1. MALIA ouMalias, ancienne place d'Espagne. Ap-
pien , in lbericis,p. 196. dit qu'il y avoit une garnifon
de Numantins. Les Maliens ayant égorgé la garnifon } fe
donnèrent à Pompée.
2. MALIA. Voyez. Mania i.
M AL1ACA , ville d'Espagne dans l'Afturie , félon Pto-
lomée ,/. 2. c.6.
MAL1ACHI , MaX/'a^o;. Prolomée nomme ainfi deux
ifies du golfe Arabique. Quelques exemplaires portent
Meleachi; c'eft l'ifle de Malchu , dont parle Pline,
/. ). c. 29. Elles font fur la côte d'Arabie.
MAL! ACUS Sinus, le v.olfe Maliaque , ancien nom
d'un golfe de Grèce dans l'Archipel. Il eft ainfi nommé
par Tite-Live , /. 35. c. 43 & 35. c. 29. par Thucydide ,
/. 8 Se par Polybe, KoXrrcç u>\>ituç, Melieus Sinus; il prenoit
ce nom d'une campagne appellée Ager Malïenfis par
Tite-Live. Ce champ cil: nommé Métis ( gen. Melidis)
MAL
par Hérodote, légat. i3.m«A/ç. Paufanias , /. 42. c. 4.
appelle le même golfe Lamiacus Sinus , à caufe de La-
mia ville voifine. Le golfe Lamiaque a, dit il, /. 7. c 198.
un fond de vafe près des Thermopyles , Attic. c. 4. Vi-
bius Sequefier dit que le fleuve Achelous fe dégorge dans
le golfe Maliaque -., c'eft une faute , comme nous avons
remarqué dans fon lieu. Le golfe Maliaque eft aujourd'hui
appelle le Golfe de Zeiton. Quelques uns ont dit par-
abus que c'étoit le golfe de Volo , c'eft une erreur ; ce golfe
de Volo eft le Sinus Felasgicus des anciens.
M ALIANDE. Pline dit , /. 5. c. 3 2. que c'étoit un des
anciens noms de la Bithynie. LeR. P. Hardouin foupçon-
ne qu'au lieu de ce mot il faut lire Maryandine. On lie
dans une chronique grecque que la Bithynie étoit ancien-
nement nommée Maryandine. Le peuple de Marian-
dine faifoit partie de la Bithynie, comme nous le difons
dans l'article particulier de ce peuple.
M ALI AN A , ville del'Arachofie , félon Ptolomée, /. 6.
chap. 20.
MALIANENSIS, fiége épiscopal d'Afrique dans la
Mauritanie Céfarienne. La notice épiscopale poire Me-
lianenfis. C'eft une faute , il faut lire Maliarn m fis , &
même Mall'unmfis par une double LL. Il s'agit ici de la
Malliana à' Amomn , itiner. Saint Auguftin dans une let-
tre à Deuteiius, epifr. 236. parle de Victorin , diacre de
Malliana , de la fecte des Manichéens. Il fait aufiî men-
tion de la ville de Mullïana. Viétor , l'un des évêques de
la conférence de Carthage, p. 273. édit. Du Pin, y eft
qualifié epu copia plcbis Malianenfis.
MALIAS. Voyez.MAiiA 1.
MALIATTHA , ville ancienne ou village de l'Arabie
Pétrée , félon Ptolomée , /. 5. c. 17. Car dans fa lifte il ne
diftingue point les villes d'avec les villages.
MALIBA , ville de l'ifle en -deçà du Gange, félon
Ptolomée, /. y. c. 1.
MALICHA , ville de l'Arabie Heureufe au pays des
Nabathéens , dont elle ell la capitale , félon Arrien , pe-
ripl. On trouve dans Ptolomée, /. 6. c. 7. un peuple de
l'Arabie Heureufe nommé Magit^î ou Malich^e , fé-
lon les différens exemplaires.
MALICHA. Voyez, l'article précédent.
1. MALICORNE, bois de France dans la maïtrife
d'Argentan. Il a quatre- vingt dix-huit arpens.
2. MALICORNE , bourgade de France dans le Maine,
élection de la Flèche , à trois lieues de cette ville Se à fept
du Mans , au confluent des rivières de Fibou , Lobié & la
Sarte. Il y a un château. Cette fituation fit d'abord noiTir
mer cette terre Condé. Ses premiers feigneurs s'appel-
loient Malicornant. On foupçonne que ce nom leur avoit
été donné à caufe que quelqu'un d'entr'eux fonnoit mal
du cor de chaffe. Leur château porta ce même nom pen-
dant que le bourg étoit appelle Condé , enfuite il le lui
donna La terre de Malicorne relevé de Sablé , Se on
trouve ces particularités dans l'hiftoire de la maifon de
Sablé. On y apprend aufli que ces feigneurs y fondèrent
un prieuré pour l'abbaye de faint Aubin d'Angers , & on
les trouve connus depuis l'onzième fiécle. Baudrand en
fait une ville.
MALICUT , ifle des Indes fur les côtes de Malabar au
nord , Se à trente-cinq lieues des Maldives. Elle eft en-
vironnée de bancs dangereux , Se n'a que quatre lieues
de tour. L'air y eft fort fain Se fort tempéré , Se le terroir
y abonde en toutes fortes de fruits -, il produit fur -tout
beaucoup d'arbres de cocos Se de bananes. Cette ifle dé-
pend du roi de Cananor , Se la pêche y eft fort bonne. Les
habitans parlent le même langage & fuivent les mêmes
coutumes que ceux des Maldives. * D avili Se Corneille ,
DicLion.
MALIEUS ou Melieus Sinus. C'eft le même que
Maliacus.
MALIGNI , bourg de France dans la Champagne ,
dans l'élection de Saint Florentin.
MALINE ( La ) , rivière de l'Amérique feptentrionale.
Elle a fa fourcedans les montagnes des Kanoatinos , entre
la Louifiane au levant , & le nouveau Mexique au cou-
chant. On la nomme aufll la rivière de Bâti & la rivière de
faime Thérèfe. Bâti eft le nom que lui donnent les Amé-
ricains;les Espagnols lui ont donné celui de fainte Thérèfe,
Se les François l'ont appellée la Maline. Elle a fon cours
du nord au fud-fud eft, Se enfuite au fud eft. Sur fes bords
AL
MAL
?y
on trouve à l'orient les Etiopen , les Merouan , & les
Toaux , peuples écrans» Elle va fe perdre au pays des
Quelair.oucchcs dans le golfe du Mexique.
M AUNES fur la Dylle ou Tylle, ville des Pays-Bas
dans le Brabant , ôc capitale de la province à laquelle elle
donne fon nom. Il y a archevêché , ôc un confeil fouve-
rain ou fénat. Cette ville eft nommée Maîines par les
i rançois , Mechelen par les Flamands , ôc Machel par les
Allemands. Mechlima , qui eft le nom latin qu'on lui
donne aujourd'hui , ne diffère guèces de celui que lui don-
nent les anciens écrivains. Le MS. du martyrologe de
Cambrai écrit Maflinas , d'autres lifent Màghiînia , Ma-
glinia , Machela , Melina ôc Melinia. Benjamin , in Ma-
ximilian. t. inner. affine que cette ville fut anciennement
nommée Sa lin te , ôc du Vivier , Jac. de Viviario , /. i. c.
lo. prétend que le véritable nom eft Walinium ; mais ni
l'un ni l'autre ne cite les auteurs, de forte que leur opi-
nion ne paroït fondée que fur des conjectures. Parmi les
diverfes étymologics du nom de Malines , la plus raifon-
nable eft fondée fur une chartre de Pépin, datée de Paris
l'an 75 3 , & dans laquelle il donne à fon Parent Adon ter-
rain in Bratuspjiini medio , ubi Scalda Tylam excipit ,
didam Francis Maflinas , quod nobis; ajoute cette chartre,
fonat maris lincam.* Grammaycamiq. urbis Mechlinienfts.
La valeur de fes habitans , fuivanr une chartre de fes
privilèges , lui fit donner vers l'an ijgo , le furnom de
Belliqueiije. En 1450 , lorsque le pape lui accorda un jubi-
lé , elle fut furnommée X Heur enfle Malines. Le parlement
qui y fut établi environ l'an 1474» lui fit donner le fur-
nom de Prudente , comme la propreté de fes places ôc la
magnificence de fes habitans la firent appeller Malines la
Belle.On la nomme encoreMalines \a.Viergc, parce quejus-
qu'aux guerres du dernier fiécle elle n'avo'it jamais été prife.
Amand de Ziriczée veut que Malines aie été autrefois au
bord de la mer. Il fe fonde fur les annales d'Utrecht ,
qui portent que S. Servat fit retirer la mer du pays des
Tungres ; & il y en a qui affurenr que l'on trouve dans
la terre des mats de navires , des planches goudronnées
& divers autres débris de vaiffeaux. Quoi qu'il en foit ,
la fituation la plus certaine c'eft celle que lui donne la
chartre de Pépin , qui place cette ville au milieu du Bra-
bant , au confluent de la Dyle ôc de l'Escaut. Cependant
quoiqu'elle fut au milieu du Brabant , elle ne lailfoit pas
d'avoir fon territoire féparé , ainfi que nous l'apprend la
vie de S. Rumold. Aujourd'hui elle eft encore fituée au
milieu du Brabant , à quatre milles d'Anvers , ôc à pareille
dilfanec de Bruxelles & de Louvain. Philippe le Bon donna
au territoire de Malines le titre de province ; elle a le der-
nier rang entre les dix-fept provinces des Pays Bas.
La chronique de Cambrai fait mention de la ville de
Malines , ôc donne à entendre qu'originairement elle étoit
bâtie au delà de la rivière par rapport au monaftère de S.
Rumold. On y lit ces paroles : Apud Maflinas qitoque
monajicrium eft canonicorum , ubi quiescit pretioflus mar-
tyr Rumoldus génère Scotus , qui vit am heremiticam ducens
jnibi martyrijatits eft. Or , fi S. Rumold menoit la vie he-
rémitique , la ville étoit donc au-delà de la rivière ; ôc û
le monaftère étoit apud Maflinas , il n'étoit donc pas
dans la ville. Ce fut vers l'an 930 que la crainte des dépré-
dations des Barbares obligea d'étendre les murailles de la
ville au-delà de la Dyle. Il eft confiant que du tems deNot-
ger , évêque de Liège , le côté qui prend depuis la porte
de Stanvwyck , anciennement appellée la porte de Liège,
j.isqu'à la porte de Meckerspol , étoit fortifié d'une mu-
raille ôc d'un foffé , & que l'autre côté avoit feulement
une enceinte de bois; mais avant l'année 1300 , ce côté
fe trouvoit fortifié comme l'autre. Depuis on y a ajouté
divers ouvrages.
Suivant la chartre de Pépin, qui donna en 753. la
ville de Malines à titre de fief, il paroït que les rois de
France avoient alors le domaine direét du pays ; ôc qu'il
n'y a aucun doute que les rois fuccefièurs de ce prince ou
les empereurs , &c enfuite les ducs de Lorraine , n'ayent
joui du même droit. Ils y établirent des comtes en différens
tems, mais ils cédèrent avant l'an 100c. Néanmoins l'em-
pereur Frideric , par un diplôme du 10 Janvier de l'année
1490 , érigea le domaine de Malines en comté noble &
perpétuel. Charles V ne prit point dans fes titres celui
de comte de Malines -, on en ignore la raifon.
Charles IV , duc de Bourgogne , & fouverain des Pays-
Bas , établit à Malines en 1 tfi, un confeil ou parlement ,
à l'imitation de celui de Pans. Il futeompofé de 35 mem-
bres , au nombre desquels étoient compris le duc ôc
fon chancelier , ôc ces juges connoifioient des appella-
tions de diverfes provinces. Jusqu'en 1503 , ce confeil
fuivoit ordinairement le fouverain ; mais il fut rendu fé-
dentaire à Malines par Philippe roi de Caftille , qui en
changea la forme & les ftatuts.
Le fénat eft compofé d'un fchout, qui adminiftre la jufti-
ce au nom du prince, ôc le repréfente en quelque manière.
Il eft chargé d'arrêter ôc d'aceufer les criminels , de leur
faire fubir la peine prononcée par le fénat,de veiller fur les
officiers de juftice ; & par un privilège du duc Jean , il
peut , du confentement du fénat , convertir la peine des
homicides en une amende pécuniaire , ôc remettre ou faire
payer les amendes ordinaires, dont latroiuéme partie tour-
ne à fon profit. Les autres officiers font deuxconfuls ou
bourgmettres , fix échevins ou fénateurs qui jugent les
affaires des bourgeois , à la charge d'appel , Se qui font
chargés de veiller à la confervation des privilèges de la
ville. Ces échevins font affiliés de jurats , dont le nombre
a fouvent varié. Il eft fixé aujourd'hui à quatre , leur
fonction confifie à veiller qu'il ne foit fait aucun tort aux
bourgeois. Il y a encore deux fyndics ôc deux fecrétaires.
Le tréfor public étoit autrefois adminiftré par deux no-
bles & deux fujets tirés du corps des métiers. Aujourd'hui
deux membres de la nobleffe avec un bourgeois ftatuent
fur les charges extraordinaires , de le trésorier paye fur
leurs ordonnances.
Du tems du paganisme , on adoroit à Malines une idole
fous le nom de Nachker , c'elt-à- dire le maître de la nuit ,
ôc ce nom fe conferve encore dans celui de Neckers'pol ,
auprès de cette ville. On croit communément que S.
Willebrod commença à jetter quelques femences de l'é-
vangile ; mais il eft certain que S. Lambert ôc S. Hubert,
évêques de Liège , y établirent la religion Chrétienne, ôc
que le chapitre de la métropolitaine doit fon origine ou
du moins fes premiers accroiffemens a S. Rumold. Le
nombre des chanoines n'a pas Toujours été le même : il
s'efi augmenté jusqu'au nombre de feize , outre douze
prébendes fondées en nyo par ArnouldScllarius , cha-
noine ôc écolâtre de cette églife. A la téte'de ce chapitre
il y a un prévôt qu'on nommoit anciennement abbé , ôc
un doyen.
L'archevêché de Malines n'eft pas ancien. L'églife col-
légiale de faint Rumold avoit premièrement été foumife à
la jurisdicb'on des évêques de Liège , &c enfuite à celle
des archevêques de Cambrai. En 1 JJ9 elle fut érigée en
métropole par le pape Paul IV , qui établit , à l'inftance
de Philippe II , roi d'Espagne , un archevêque avec un
titre de primat des Pays-Bas , ôc d'abbé d'Afffigcm ; ôc
pour former la menfe archiépiscopale , on prit la moitié
des revenus de cette abbaye. On lui donna pour fufffagans
les évêchés fuivans :
En r Anvers ,
Brabant. t Bois le Duc.
- Gand ,
) Bruges,
|^ Ypres.
£ Ruremonde.
En
Flandres
En
Gueldres.
Antoine Perrenot de Granvelle , déjà évêque d'Arras ,
premier miniftre de Philippe II , roi d'Espagne , fut le pre-
mier archevêque de Malines en 1 55 9.
Depuis l'érection de cet archevêché , il s'efi tenu trois
conciles provinciaux : le premier à Malines en 1 J70 , fous
Martin Rithove , évêque d'Yprcs , qui y préfidoit en l'ab-
fence du cardinal de Granvelle qui étoit à Madrid : le fé-
cond fut tenu à Louvain fous le même évêque d'Ypres ,
en IJ74 ; le troifieme à Malines en 1607 , par l'archevê-
que Hovius.
On compte , foit au-dedans de cens ville , foit au-de-
hors , fept églifes paroiiliales : celle de S. Rumold dans
l'églife métropolitaine , dont le bâtiment cit vafie & beau.
Il fut commencé en iifo , & fini feulement en 1454; la
grande tour fut commencée en 1 45 z , des offrandes des
pèlerins qui y avoient gagné les indulgences du jubilé en
145-1. La féconde paroiffe eft la collégiale de Notre-Da-
me ,- au-delà de la Dyle. En 1643. Disme deBriamont ,
chanoine de la métropolitaine , fonda le chapitre qui eft
S 6
MAL
MAL
de dix chanoines , avec un prévôt ôc un dsyen. Ce dernier
eft le curé. Le nombre des habitans de Malines s'étant
accru confidérablement , on rie vers le commencement du
XlII.fiécle deux paroilTes des chapelles de S. Jean & de S.
Pierre. Dans la fuite on Ht encore deux paroiiies des cha-
pelles de fainte Marguerite Se du faim Esprit dans le faux-
bourg de Neckerspol. Enfin , le fondateur du prieuré de
Hanswyck , & qui étoit en même-tems curé du village de
Mufenen , obtint que l'églife de Notre-Dame de Hans-
vyck feroit féparée de l'églife de Mufenen , ôc unie au
prieuré de chanoines réguliers qu'il avoir fondé.
Les couvens d'hommes font en grand nombre , ôc dans
•la plupart il y a noviciat. Celui des Récollets fut fondé en
1 23 1 par Walter Barthout , feigneur de Malines. En 1 2j 2 ,
les Hermites de faint Auguftin s'établirent à Malines avec
l'approbation du pape Alexandre IV. Des Carmes chaffés
de la Terre-Sainte furent reçus à Malines en 1254, & fe
bâtirent un couvent des Aumônes que leur fit Jean Ber-
thout. Les frères Alexiens y furent appelles en 1 305 , pour
prendre foin des enterremens. Les Capucins s'y établirent
«n 1 y 96 , les Jéfuites en 16 1 1 , les pères de l'Oratoire en
1630 , les Carmes Déchauffés en i6jo, ôc les Domini-
cains en 1 6 j 1 .
Il y a aufli plufieurs monaftères de filles. Le plus confi-
dérable eft celui des Béguines. Elles demeurèrent d'abord
dans la rue à laquelle elles ont donné leur nom. Comme
elles s'accrurent beaucoup avec le tems , une partie fut
transportée en 1 249 , hors de la ville . près la porte d'An-
vers , où elles ont bâti le grand Béguinage qui reffemble
à une petite ville. Il eft tout entouré de murailles , ôc
on y compte ;usqu'à fept cents Béguines. Le monaftèrede
Bleyenberg appartient à des chanoineffes régulières de S.
Auguftin , fondées , à ce qu'on croit , dès le tems de S.
Rumold. La prévôté de Liliendael.de l'ordre de Prémontré,
fondéeeni23 1 -,1c prieuré deMuyfen.de l'ordre de Cîteaux,
fondé en 1 5 80 ; le prieuré de Béthanie , où font douze
chanoineffes de l'ordre de S. Auguftin, fondées en 1 42 1 5 ce-
lui de Thabor. de la même règle, fondé le 4 Janvier 1459.
Ces cinq monaftères ont tous été fitués à la eampagne >
.mais les religieufes , laffes de fe voir exposées aux fureurs
de la guerre , fe font établies dans la vilie. Les autres mo-
naftères font le Ter Siecken , ôc ceux des feeurs Noires ou
de l'hôpital de Galilée , des Urbaniftes ou Riches Claires ,
des Pauvres Claires, des Carmélites ôc desUrfulines.
L'églife de fainte Elifabeth de Pitzenborch eft une com-
menderie qui appartient aux chevaliers Teutoniques. Elle
dépend du bailliage de Coblentz , & elle doit fa fondation
aux feigneurs deBerthout.
11 fe fait à Malines un grand commerce en grains , en
couvertures de lit , en fil . mais principalement en den-
telles , qui font renommées par toute l'Europe.
MALINOPOLIS , ville d'Afie, vers laPhrygie ou la
Bithynie, comme il paroît par la lettre des évêques de ee
canton la à l'empereur Léon. Elle eft dans le recueil des
conciles.
M ALIOTVE , Scythes près du Bosphore , félon le fcho-
liafte d'Apollonius , Argon. I. 3.
MALIPIERO ou Marpiero , ( L'ifle de > fon vrai
nom eft l'ifle de Santo Vito ( a ). L'autre eft proprement
le nom d'une illuftre famille Vénitienne. Elle eft fituée ,
félon Cotovic ( b ) , à deux cents pas de la ville de Corfou
du côté du nord. Elle eft pleine d'oliviers & de divers ar-
bres , ôc nourrit un grand nombre de fangliers. ( a ) Corn.
Dict. ( b ) Itinéraire d'Antonin.
MALIPPALA ou Manipala, ville de l'Inde en- de-
çà du Gange , félon Ptolomée , l.y.c.i. Les exemplaires
varient entre ces deux orthographes.
MALLA. Voyez. MaspHa.
MALLABA , ville de l'Arabie Heiueufe , félon Ptolo-
mée , /. 6. c. 7. Quelques exemplaires portent Mall ada.
Voyez, ce mot.
MALLADA , ville de Perfe, félon Etienne le géogra-
phe , qui cite Martien. C'eft apparemment la même que
Ptolomée , /. 6. c 7. donne à l'Arabie Heureufe. Elle
étoit , félon lui , fur le Sein Perfique , ôc la principale du
peuple Leanit^c.
MALLjETA ou Mal^ta . ville de l'Inde en-deçà du
Gange , félon Ptolomée ,l.j.c. 1 .
MALLE. Voyez. Maspha.
MALLEENS, ( Les) peuples des Indes dans les mon-
tagnes de Malabar , félon Davity. Ils n'ont rien de com-
mun avec les Malliens d'Alexandre.
MALEGONDE , bourgade de France en Guienne , fur
une rivière produite par une fontaine qui a flux ôc reflux ,
environ à deux lieues de Tarascon.
Corneille , de qui eft cet article » l'a pris d'un At-
las qu'il ne nomme point. Mais il eft difficile de com=
ptendre qu'une bourgade de la Guienne puiffe être à deux
lieues de Tarascon. C'eft un myftère géographique qu'il
auroit bien dû expliquer.
MALLEN , bourgade d'Espagne dans la Vieille Caftille.
Voyez. Manliana I.
MALLEO ou Malus Léo. Quelques-uns nomment
ainfi en latin la ville de Mauleon. * Corn. Dict.
MALLER AY , bourg de France dans le Bourbonnois- ,
élection de Moulins , à neuf lieues de cette ville. On y
distingue la paroiffe ôc le donjon.
MALLERETou Maleret, bourg de France dans la
haute Marche , élection de Gueret , à 4 lieues de Fillérin.
MALLERSDORF , abbaye dhommes , ordre de S.
Benoît , dans la baffe Bavière , entré User ôc le Danube ,
au fud oueft de Straubing.
MALLI , en françois les Malliens , ancien peuple
des Indes , voifin des Oxydraques , vers la fource de 1 In-
dus. Strabon dit,/. 15. p. 701. Les Malliens ôc les Oxy-
draques font de grandes nations. Les Malliens font le
peuple chez qui Alexandre risqua d'être tué en attaquant
une place. Cet auteur ôc Etienne le géographe écrivent
Maliens , MaAoî , par un fimplex. Quinte - Curse, /. 9,
c. 4. dit que cet exploit d'Alexandre arriva chez les Oxy-
draques. Arrien raconte fort au long leurs guerres ôc le
fiége de leur ville en fon fixiéme livre des guerres d'A-
lexandre. Elle étoit voifine du fleuve Hydraot , ôc peu
éloignée de fa jonction avec l'Acéfine.
MALLIA AQUA ou Malia par une / fimple. On lit
dans Catulle ^carm. 68. v. 54.
Cum tuniiim arderem quantum Trinacria rupes
Lymphaque ?» Oettis Malia Thermopylis.
Turnebe croit que ce mot eft pour Manlia , ce qui lui
a fait naître cette pensée , c'eft que le nom de Manlius , à
qui ce petit poème eft ndreffé , y eft fouvent répété. Mais
il n'eft point- là queftion de ce nom. Cette eau Malia ,
doit avoir été une fontaine bouillante pour quadrer avec
1 Etna. Son nom s'accorde bien avec celui du golfe Ma-
liaque, qui étoit voifin du mont Oeta ôc des Thermopy-
les dans la Theffalie.
i.MALLlACUM , nom latin de Maille enTouraine.
2. MALLIACUM, nom latin de MARiiVoyez, ce mot,
MALLI^E, lieu d'Italie chez lesBiutiens entre Nicc-
teta ôc la fameufe colomne d'où l'on paffoit en Si-
cile , à vingt-quatre mille pas de la première , & à qua-
torze mille pas du lieu de l'embarquement. * Anton. Itin.
MALLlG , bourg d'Angleterre dans la province de
Kent. Il a droit de tenir marché public. Etat préfent de
la Gr. Bret. t. 1.
1. MALLO , bourgade de l'AnatoIie entre Tarfe Se
Laiazzo, Voyez. Mallus.
2. MALLO , ville d'Irlande dans la province de Muns-
ter , au comté de Corck. Elle envoie fes députés au par-
lement. Etat préfent de l'Irlande , p. 48.
MALLOEÂ , ancienne place de la Perrhsbie , félon
Tite - Live. Cet hiftorien marque , /. 31. g. 41 , que
cette ville fe rendit aux Etoliens dans la guerre qu'ils fi-
rent à Philippe. Elle fut prife par Ménippe , l'un des
capitaines d'Antiochus , /. 16. c. 10. reprife par Philippe ,
c. 1 3 . ôc enfin par les Romains qui la mirent au pillage ,
/. 42. c. 6j.
MALLON ou Mallen , ancien bourg d'Espagne au
royaume de Navarre , aux confins de l'Arragon , fur la
rivière de Quejes , à ttois ou quatre lieues au-deffus de
Tudelle , félon Baudrand , éd. i70j\
MALLORA , petit rocher d'Italie dans la Toscane,
fur la côte devant le port de Livourne , dont il n'eft qu'à
trois milles. Il eft fi bas , qu'à peine l'appeiçoit-on dans
un beau tems : cependant il fait la bonté de la rade de
Livourne , ôc on prétend qu'il a été autrefois plus grand.
Ce fut proche de-là qu'il y eut un grand combat naval
entre les Pi fans ôc les Génois. * B.uuirûnd , éd. 1705.
Cette ifle a été appellée Lamellum par Platine , cité
par Ortelius.
MALLORCA
MAL
MAL
MALLORCA. Voyez. MaÏorque.
i. MALLOS. Voyez, Mallus 2.
2. MALLOS , Ville de l'Ethiopie fous l'Egypte , feloiî
Pline , /. 6. c. 29.
MALLOTES & M allotide. Voyez. Mallus 2.
1. MALLUS , montagne des Indes au pays des Mai-
liens , félon Pline , /. 6. c. 1 7.
2. MALLUS , ville d'Afie dans la Cilicie Se dans les
terres affez près du fleuve Pyrame , que l'on remontoir pour
y arriver par eau quand on venoit de la côte. Pompo-
nius Mêla , /. 1. c. 1 3. dit auffi que cette ville étoit fur-
cette rivière. Quinte Cuise , /. 3. c. 7. dit qu'Alexandre
pafla la rivière fur un pont pour arriver à Mallos.
Etienne femble donner le nom de Mallus ou Mallos ,
au pays même , dont le véritable nom étoir la Mallo-
tide , comme il paroît par un palïage de Strabon , /. 14.
p. Gj6. Cette ville de Mallus n'étoit pas précifément au
bord du Pyrame , mais fort près fur une hauteur , félon le
même , p. 67 ç. Elle avoir été bâtie par Amphiloque Se
Mopfus fils d'Apollon > & de la nymphe'Manto. De-là
venoit cet oracle , dont parle Dion Caffius , /. 12. p. 820.
dans la vie de Commode , où il dit que l'oracle d'Amphi-
loque répondit par des fonges. Or i! dir que cet oracle
étoir à Mallus -, ville de Cilicie. Strabon donne le fnrnom
de Mallotes au grammarien Crates , fous lequel Panétius
avoir , difoit-on , étudié * Scylac. Peripl.
3. MALLUS , rivière du Péloponnèfe dans PArcadie ,
où elle fe jette dans l'Alphée. Le génirif de ce mot eft
Malluntis. Paufamas , 1. 8. c. 35.
MALMEDI , en latin Mallemundarium , abbaye
d'Allemagne fur les frontières du pays de Liège Se de Lu-
xembourg , à 4 lieues de Limbourg vers le midi , fur la
petite rivière de Recht. Elle cil accompagnée d'une pe-
tite ville , Se occupée par les Bénédictins. Elle eft ordinai-
rement unie avec l'abbaye de Stavelo , avec laquelle elle
forme un petit E:at où l'abbé elt fouveram Se prince de
l'empire. Cette abbaye a été fondée dans le fepnémefié-
cle par S. Remacle , éveque de Macftricht , Se enfuite
abbé de Stavelo. Voyez Stavelo. Acla j j. Septembris.
MALMESBURI , bourg d'Angleterre en Wiltshirefur
î'Avon. 11 eft moins remarquable par fon état préfent >
que par la fameufe abbaye nommée Maldunum. Cette
abbaye fut bâtie vers lan 660 , par Maidulphe , folitaire
Se philofophe Irlandois Saint Adelme , après y avoir été
religieux dès les commencemens , la gouverna ea qualiré
d'abbé depuis l'an 671 jusqu'en 70J. Après fa mort ,qui
arriva en 709 , fon corps y fut reporté , Se fort religieu-
fement gardé jusqu'au iems de la révolution anglicane ,
fous Henri VIII. L'abbaye fat alors ruinée & changée en
une paroiffe proteftante. Ce même lieu eft célèbre à caufe
de Guillaume de Malmefburi , auteur du douzième fié-
cle , moine Bénédiclin de cette abbaye , dont on a une
hiftoire eccléfiaftique d'Angleterre Ce bourg eft la patrie
du fameux Hobbes. Il y naquit le 5 Avril 1 j8S , Se mou-
rut le 4 Décembie 1679 à Hardowic , chez le comte
de Devonshire fon patron. * Baillet , Topogr. des
Saints.
MALMIR. C'eft le même lieu que Malemir.
i. MALMISTRA , rivière d'Afie. Baudrand dir qu'on
la nomme auffi Cornui. Voyelles articles Adena 2, Se
Cornui.
2. MALMISTRA , ville fituée fur une rivière de même
nom en Afie , dans la Caramanie. Baudrand , édit. 1705,
lui donne pour noms latins Malmistra , Ma-
MISTRA , MAMESTRA , MAMISTA , MoPSUESTIA &
Mopsus. li fe trompe. Dans une ancienne lifte grecque
des villes qui ont changé de nom , on lit Kttf*Çàxx* K1X1-
xictç »' vî!v Mct/juç* , c'eft-à-dire Caftaballa de Cilicie à
préfent Mamifta. Or , la notice de Hiérocles met fous
Anazarbe métropole , Mopfueftie Se Caftaballa , comme
deux villes épiscopales , dont les fiégcs étoient très-diffé-
rens. La notice de Léon le Sage , met Cartabala. A cela
près , cette ville eft encore ie fiége d'un évêque grec. On y
diftingne la vieille ville Se la neuve; la rivière les fépare.
Elle eft encore affez peuplée , Se eft fituée entre les ruines
de Tarfe & d'Adena.
MALMODIUM ou Malbodium , noms latins de
Maubeuge.
MALMOE ou Malmuyen , ville de Suéde dans la
Sehone , fituée fur le détroit du Sund , vis-à-vis de Kop-
*7
penhague , à quatre lieues de Landskroon & de Lundtn*
Cette ville eft petite , mais fort peuplée. On en rapporte
la fondation au commencement du quatorzième fiécla
fous le règne de Magnus Schmeek. Les Flamands l'appel-
lent Ellebogen , c'eft à-dire Coude t parce qu'elle eft dans
une manière de recoin. On y voit un bon château qui y
fut bâti dès l'an 1434. La ville de Malmoe a été fous la
domination des rois de Danemarck jusques en i6;8
qu'elle fut cédée par le traité de Roschild à la couronne
de Suéde qui la poffede depuis ce tems-là. Les Danois
l'affiégcrent inutilement en 1676 & 1677, les fortifica-
tions en ont été démolies , & on en a fait une ville de
commerce. * D'Audifret , Geogr. t. 1.
MALMUNDARIUM , non latin de Malmedi.
MALNOUE, Malnoda, abbaye de filles au Dio'céfe %
Se à quatre lieues de Paris , près de Lagny , fondée en
1 171 : elle eft de l'ordre de S. Benoît. On l'a réunie depuis
quelques années à l'abbaye de Bon-Secours , du même-
ordre , dans le fauxbourg S. Antoine à Paris.
_ MALOBODIUM , nom latin de Maubeuge , félon
Baudrandi
MALOCHAT , petite ville de la Mauritanie Tingi-
tane dans les terres , félon Ptolomée , /. 4. c. 1.
MALODES , montagne dans l'Espagne Tarragonnoife.
Fcftus Avienus , après avoir parlé de Baicelone Se de Cy-
pfela, ville qui ne fubfiftoit déjà plus de fon tems , conti-.
nue à décrire la côte Se dit , Ora. mar. p. /34 Se fuiv*
rofi Littus illud quod jacere diximus
Trattu fupino , fe Malodes exferit
Mon s , mter undas extumemfcopuli duo
Geminusque vertex.
Car c'eft ainfi que je crois qu'il faut lire au lieu de
Se Malodes exferit
Mon s inter undas .... Tument Sco *
Geminusque ver *.
comme on lit dans la plupart des éditions.
MALODUNUM, nom latin deMALDON.
MALCETA , rivière du Péloponnèfe dans l'Arcadie ;
félon Pâufàniàs.
MALOGNITI , petite rivière de l'ifte de Candie. Elle
coule dans la partie méridionale du territoire de Candie
où elle fe rend dans la mer près du château Priotifià ,
félon Boschini , cité par Baudrand, édit. 170J.
MALOIGNE , abbaye de chanoines réguliers , & an-
ciennement de Bénédiétins dans les Pays-bâs , au comté
de Namur , quoique du diocèfe de Liège entre la Sambré
Se la Meufe , à la droite de la première , à une lieue au-
deffus de Namur.
MALOIS , lieu ainfi nommé par Etienne le géographe
qui en parle fur la garantie de Thucydide , /. 3. Il y avoit
un temple d'Apollon. Ce lieu eft nommé Malus , ( au
génitif Maluntis ) par Strabon , /. 1 3. pag. 602. 11 étoir.
près de l'ifte de Tenedbs , entre PaUscepfîs Se Acheium \
Se le Carefe , rivière , en descendoit. Straboii fait enten-
dre que c'étoit un lieu élevé.
MALOMINES , petite nation de l'Amérique fepten-
crionale dans la Nouvelle Fiance. Elle ne confifte que
dans une bourgade établie fur une rivière qui fe jette dans
là baie des Puants du coté de l'oueft. On l'appelle la rivière
des Folles Avoines , nom qu'on donne communément à
cette nation , parce qu'elle fe nourrit ordinairement de
folle avoine , dont toutes les rivières Se les lacs de ce
canton font couverts. On prétend que ce bled eft auffi
fain Se auffi nourriffant que le riz.
MALOMONS , nom latin de Maumont, château de
France en Limoufin.
MALOS. Voyez Mallus I.
MALOTHA. Ortelius , Tbcfaur. conjecture que Stra-
bon , /. 16. nomme ainfi un village de l'Arabie Heureufe.
MALOUINS. ( Les ) On appelle ainfi les habitans dé
S. Malo , ville maritime de France en Bretagne. Les Ma-
louins font très-bons hommes de mer.
MALOWOUDA , rivière de la petite Tartârie. Elle fe
rend dans la mer de Zabache , dans fa partie occidentale ,
à quinze lieues du lac de Suka Morzi , vers l'orient , felort
Guillaume le Vaffeur. On croit que c'eft VAgarus , fleuve
delà Sarmatie européenne. * Baudrand, édit. 1705.
1. MALPAS , moncagne de France dans le Languedoc*
Tom. IV. H
MAL
*8
On l'a percée pour y faire paner le canal de Languedoc.
2. MALPAS , bourg d'Angleterre dans le Theshirc. On
y tient marché public. Etatpréf. delà Gr. Bret. t. 1.
MALPH1TANUM. Oppidum. Voyez. Amalphi.
MALSANE , moWmi, ville de l'Arabie Heureufe , fé-
lon Etienne le géographe.
MALTA. Voyez. Malthe.
MALTACIA. Ortelius l'oupçonne que PIfle de Malthe
a été ainfi nommée par Antonin. En effet , dans l'itiné-
raire maritime, éditions des Juntes Se d'Aide, on lit In-
Sula MaltacijE fest , Se Phalacron. Cet endroit a
été rbrteonompu par les copiftes. 11 faut lire Melita ,
Icesia et 1hai.acr.on ; alors il eft queftion de trois ifles ,
& tous ces noms font connus.
MALTANA ou Maltanum , port de mer de la Tos-
cane. Le même intineraire le met entre Graviscx &
OuifiHana.
MALTECOR.E , peuple de l'Inde , félon Pline , /. 6.
c. 20.
MALTHACE , ifle voifine de celle de Corfou , fé-
lon Pline, /. 4. c. 11. Ptolomée , /. 3. c. 14. la nomme
aulfi uatâaxn.
1. MALTHE , en latin Melita , ifle de la mer Médi-
terranée , entre les côtes d'Afrique Se l'ifle de Sicile , qui
n'en eft éloignée que de quinze lieues au feptentrion. Elle
a à l'orient la mer Méditerranée qui regarde l'ifle de Can-
die , au midi la ville de Tripoli en Barbarie ; Se à l'occi-
dent les ifles de Pantalarée , de Linofe Se de Lampadoufe.
* Ver tôt , Hift. de Malthe , t. ?. 1. 9.
Du côté du midi , on ne trouve que de grands écueils
êe des rochers fans cales ni ports ; mais vers le levant,
on rencontre d'abord la cale de Marza Scala ; Se en re-
tournant à droite vers le fud-oucft celle de Marza Sirac-
co , qui peut contenir plufieurs vaifleaux. En continuant
fa route vers le Lebesche , Se entre le midi Se le couchant,
on trouve deux grands golfes , l'un appelle Antiféga, Se
l'autre Mufiarro * Se à l'extrémité de l'ifle de ce côté ,
vers le ponant , cil l'anfe Meleca , fort propre pour fe
mettre à la rade : elle n'ell féparée de l'ifle de Goze que
par un canal d'environ quatre milles de trajet. Au milieu
de ce canal font fituées les petites ifles de Comino Se de
Cominote. Si on continue de ranger la côte Se en appro-
chant de l'endroit de rifle qui eft oppofé à la Sicile , on
trouve la cale de S. Paul , ainfi nommée parce que le
vaifleau qui portoit à Rome S. Paul prifonnier , y fut
jette par la tempête. La cale de S. George, tournée du
côté du nord , n'eit pas éloignée de celle de S. Paul ; en-
fin , en avançant vers l'endroit de l'ifle qui regarde dire-
ctement le cap de Paffaro , on rencontre deux grands
ports ; dont l'un , qui eil à main gauche , s'appelle Marza
Miuet.au milieu duquel on voit une petite ifle , proche
de laquelle les vaifleaux qui viennent du levant , ou d'en-
droits fuspeds , font la quarantaine ; l'autre ertapellé Am-
plement Marza ou le grand Port , qui eft au levant. Ils
font tous deux féparés par une langue de terte , fur la-
quelle , comme je le dirai plus bas , on a conftruit le
fort de S. Elmc , qui défend l'entrée des deux ports. Il y
a dans le grand Port deux langues de terre parallèles ,
qui s'avancent dans la mer en forme de deux doigts , &
qui ont plus de longueur que de largeur. Le château S.
Ange , eft fur celle de ces pointes qui approche le plus
près de l'embouchure du port. L'autre pointe de terre
eft appellée l'ifle de la Sangle , quoique ce ne foit qu'une
presqu'ifle. On y a auffi confiant un fort avec un bourg.
Enfin , derrière ce fort de la Sangle , on rencontre un
autre port defiiné autrefois à recevoir les vaifleaux étran-
gers , que leur commerce ou la crainte des Corfaires
obligeoit de relâcher dans l'ifle. * Vertot , Hifi. de Mal-
the , liv. 12.
Suivant la tradition du pays , cette ifle avoit été an-
ciennement fous la domination d'un prince Africain , ap-
pelle Battus. Les Carthaginois s'en empâtèrent depuis ■>
& lorsque les chevaliers de S. Jean de Jérufalem en fu-
rent mis en poffeifion , on y trouvoit encore fur des mor-
ceaux de marbre des colonnes brifées , des inscriptions
en langue punique. Les Romains , pendant les guerres de
Sicile , en chafferent les Carthaginois. Lorsqu'ils s'en fu-
ient rendus maîtres , ils y mirent un gouverneur avec
titre de préfet ou prince , Upureç , comme il eft nommé
MAL
dans les a&es des Apôtres , c. 28. 7. aufli bien que dans
une ancienne infeription où on lit HPirms, mEaitaion
Elle dependoit cependant du prêteur de Sicile. * Cella-
rïus , Geogr. ant. 1. 2. p. 12.
S. Paul ayant fait naufrage fur les côtes de Malthe
(a) 1 y fut très-bien reçu avec fes compagnons. On leur
donna le couvert & on leur alluma du feu pour les fé-
cher. Mais S. Paul, ayant pris un fagot de farment pour
le jetter au feu ( b) , une vipère qui s'y étoit cachée ayant
fenti la chaleur , le jetta à la main de Paul , qui ians s'ef-
frayer la jetta dans le feu. Les allifians fe diioient l'un à
l'autre : Il faut que cet homme foit un homicide , puis-
qu après avoir échapé du naufrage 4 la vengeance divine
le pourfuit encore. Us s'attendoient à tout moment de
le voir tomber mort ; mais confidérant qu'il ne lui en étoit
rien arrivé, ils commencèrent à le regaidtr comme une
divinité. ( a ) D. CAmet , Dict» ( 6 ) Au. 28. 1 Se 2.
Publius , gouverneur de l'ilie , les reçut ik les traita
fort bien pendant trois jours. Comme l'on père étoit ma-
lade de ne vie & de dyilenrerie , S. Paul i'alla voir , lui
impofa les mains Se le guérit. Alors tous ceux de T. fie qui
avoient des malades les lui amenèrent , & il leur rendit
la l'anté : ik lorsque S. Paul Se fa compagnie le rembar-
quèrent , ils les pourvurent abondamment de tout ce
qui étoit néceflaire pour le voyage. On allure ( a ) que
depuis l'arrivée de S. Paul à Malthe , il n'y a plus ni vi-
pères , ni aucun autre animal venimeux ; ik que ceux
même qu'on y porte d'ailleurs n'y peuvent vivre , fur-
tout dans l'endroit où S. Paul fut mordu , qui eft une
caverne , d'où l'on emporte tous les jours de la terre Se
des pierres pour chaflèr les animaux venimeux , Se pour
iervir de préfervatif & de remède contre les morfiires des
feorpions ik des ferpens. Un voyageur affine qu'on y
voit des petits enfans manier les feorpions fans danger.
Plufieurs Maltois fe convertirent à la prédication de S.
Paul (b) , ik la maifon de Publius , qui en fut le premier
évêque , fut changée en églife. S Paul y demeura trois
mois entiers, (a) 'Quiminui JEduus , B.iron. an. j8. Fro-,
mond. alii. {b ) Chryftfi. Humtl. 54. in Acla, 471.
Les Arabes s'en emparèrent vers le neuvième fiécle.'
Roger le Normand, comte de Sicile , vers l'an 1190,
fit la conquête de cette ifle fur les Barbares ; Se depuis ce
tems elle demeura annexée au royaume de Sicile , donc
elle fuiyit toujours la fortune. * Vertot , Hifi. de Malthe »
liv. 12.
Depuis la prife de Rhodes , le grand maître Villiers de
l'ifle- Adam fe trouvoit errant avec fes religieux , fans de-
meure fixe Se fans ports pour retirer fa flotte , Se pour
continuer Ces arméniens contre les infidèles , il jetta les
yeux fur l'ifle de Malthe , qui , par les différais potts qui
s'y trouvoient , étoit propre à faire la réfidence de fon Or-
dre. Il envoya des ambalTadeurs à Madrid où étoit alors
l'empereur , ik fit demander à ce prince qu'il lui plût , par
une inféodation libre ik franche de tout affujettiffement,
remettre à la Religion les ifles de Malthe & de Goze.
L'envie de devenir le reftaurateur d'un Ordre , qui , de-
puis plufieurs fiécles , s'éroit confacré à la défenfe des
Chrétiens, & l'avantage de mettre à couvert des incur-
fionsdes infidèles les ifles de Sicile Se deSardaigne, le
royaume de Naples Se les côtes d Italie , déterminèrent
Charles V. à donner à perpétuité, tant en fon nom que
pour fes héritiers &c fucceffeurs , au très révérend grand
maître de l'ordre de Malthe , & à la Religion de S. Jean ,
comme fief noble , libre Se franc , leschâteaux , places Se
ifles de Tripoli , Malthe Se Goze, avec tous leurs terri-
toires Se jurisdiétions , haute & moyenne jufiiee, Se droit
de vie & de mort , avec toutes autres maifons , apparte-
nances , exemptions , privilèges , rentes & autres droits
& immunités , à la charge qu'à l'avenir le grand maître
& les chevaliers tiendroient ces places de lui Se de fes
fueccefleurs au royaume de Sicile , comme fiefs nobles ,
francs & libres , Se fans être obligés à autre chofe , qu'à
donner tous les ans au jour de la Touflaint un faucon ;
cV que dans la vacance de l'évêché de Malthe , le grand
maître & le couvent feroient obligés de lui préfenter à lui
&à fes fucceffeurs trois perfonnes pieu fes & finalités,
dont il en choifiroit une pour remplir cette dignité , Se
que le préféré feroit honoré de la croix de l'ordre , avec
le privilège en cette qualité d'entrer au conieft.
MAL
MAL
Le pape confirma ce traite en plein confiftoire , & en
fît drelïer Se publier une bulle en date du 2; Avril 15-50,
Peu de tems après le grand maure envoya en Sicile delà
part de la Religion , le général des gale 1 es de l'ordre e< le
bailli de Manosque, en qualité d'ambailadeurs, pour prê-
ter le ferment de fidélité entre les mains du viceroi de Si-
cile. Apres s'être acquités de ce devoir, ils reçurent l'acte
dinveftiture. Le viceroi nomma enfuite fix commiflaires,
qui fe rendirent à Malthc avec les ambafiadeurs, qui fu-
rent mis en poffeilion de l'ifle , & firent ferment , au nom
de l'ordre , de conferver aux habitans Se au peuple leurs
droits , coutumes Se privilèges.
Ily eut quelques difficultés au fujet des droits de traite
pour les bleds , que l'ordre feroit venir de Sicile , & par
rapport au droit de battre monnoie. Mais ces obftacles
ayant été levés à l'avantage de la Religion , le grand maî-
tre , le confeil , Se tous les chevaliers paflêrent dans 1 i/le
le 16 d'octobre de la même année, ils fe rendirent au
bourg fitué au pied du château faim Ange , la feule place
de defenfe qu'il y eût dans l'ifle ; le grand maître s'y logea
avec le confeil , Se les chevaliers s'étendirent dans le
bourg, qui n'étoit qu'un amas de cabannes de pêcheurs.
Pour n'être pas furpris par les corfaircs , ce bourg fut fer-
mé de murailles : on y ajouta enfuite des flancs , avec des
reffauts d'espace en espace , & par rapport à 1 inégalité cv
a la pente du terrein.
Dès la première année qui fuivitcet établiflement , la
flotte Ottomane fe préfenta devant l'ifle de Malthe ; les
Turcs y firent une descente, Se tentèrent en vain de fe
rendre maîtres de Melita ou Malthc , capitale de l'ifle.
Cette attaque , à laquelle on ne s'écoit pas attendu , fit
prendre des mefures pour la fuite. On fortifia par de nou-
veaux ballions le bourg du côté qu'il étoit commandé par
le mont faint Julien , espèce de langue de terre, qui s'a-
vancoit dans la mer. On y ajoura des flancs Se des cafe-
mates; Se les foflés furent creufés Se élargis pour y faire
entrer l'eau de la mer. En moins de fix mois le bourg fut
en état de ne pas craindre un fiége ; le mont Sceberras
fut muni d'un château , garni d'artillerie , Se auquel on
donna le nom de fort S. Elme, en mémoire d'une des
tours qui défendait l'entrée du port de Rhodes, Se qui
portoit le même nom , Se fur le mont S. Julien on bâtie
un fort, qu'on nomma le fort S. Michel. * Vertot, Hift.
de Malthe. 1. 1 1.
Claude de la Sangle , grand maître de l'ordre , fit ajou-
ter de nouvelles fortifications au fort faint E!me,& au
bourg , réfidence ordinaire du couvent ; mais la plus gran-
de défenfe qu'il fit , ce fut à l'ifle de faint Michel. Cette
langue de terre qui s'avance dans la mer, étoit ouverte
de tous côtés i Se n'avait qu'un petit château pour défen-
fe. Le grand maître fit enfermer Se clore d'épaifles mu-
railles l'endroit de ce château oppbfé au rocher du Cor-
radin. On fortifia ces murailles de boulevards & de ca-
ftions ,ausque!son ajouta en differens endroits des flancs
néceffaires , Se on fit entrer l'eau de la mer dans les fos-
rés. Toutes ce'; fortifications fe firent de-z deniers du grand
maître; 8e par reconnoiffance les chevaliers donnèrent ion
nom à cette pfesqu'ifie, qui s'appeiioit auparavant l'ifle
de S. Michel, Se qu'on a appcîlée depuis i'ifle de la San-
gle. * Vcrtot , Hiftoire de Malthe , 1. 1 2.
Sous le magiftere de Jean de la Valette , l'ifle de Mal-
the fut affiégée en vain par les Turcs, qui perdirent jus-
qu'à trente mille hommes. La perte avoit été grande du
côté des chevaliers. La ville, ou ce qu'on appelloit alors
le Bourg de Malte , reflêmbloit moins à une place bien
défendue , qu'à une ville emportée d'affaut , rafée , dé-
truite après le pillage Se abandonnée par l'ennemi. Plus
de deux cens foixaire chevaliers avoient été tués en dif-
ferens aflâurs : oncomptoit jusqu'à huit mille hommes,
foldars ou habitans , qui avoient péri pendant le fiége ; Se
à peine , quand les Turcs fe retirèrent , reùoit il dans le
grand bourg & dans le château de faint Michel , en
comptant même les chevaliers , fix cens hommes portant
les atmes , Se encore la plupart couverts de blefTures. Le
grand maître confidciant tous les périls auxquels fes che-
valiers Se fon peuple de Malthe avoient été expofés par-
le dernier fiége , de concert avec le confeil de l'ordre ,
& pour s'oppofer à de nouvelles entreprifes de la part
des barbares , forma le deffein de conftruire une ville fur
le mont Sceberras , Se y pola la première pierre le jeudi
Ï9
vingt huitième du mois de Mars 1566. * Vertot , hnh,
de Malthe ,1 15.
Lierre de Monté , gtand maître de l'ordre , étant venu
à bout d'achever la conftruction de la nouvelle ville,
qui fut nommée la cité de la Valette , y transféra la ré-
fidence du couvent. * Vertot , Hift. de MaLhe , 1. 14.
Le grand Maure Alof de Vignacourt fit faiie en 1616
un aqueduc , qui conduit une fource abondaive , depuis
la cité de Malthe , appellée communément la cité No-
table, jusque dans la cité de la Valette , ouviage digne
de la grandeur des Romains. Le même giand maître fie
faire de nouvelles fortifications a la cale de faint Paul ,
de Marza-Siiacco , de Marza Scala , & dans la petite
ifle de Comin, fituée entre MaLhe Se le Goze.
La prile de l'ifle de Candie fit craindre que les Turcs
ne tournaient leurs armes contre l'ifle de Malthe. Pour
achever de la mettre en état de réfifler à tous leurs efforts,
le grand maître Nicolas Cotoner ordonna de nouveaux .
ouvrages. Le premier fut nommé la Cotonére. Il ajouta
enfuite de nouvelles fortifications à la Floriane , avec
une faufie braie Cxdeux boulevards ; l'un du côté du porc
Muzet, Se l'autre vers le grand port ; Se, afin de défendre
entièrement l'encrée du grand Port , on conftruifit un fort
royal , appelle Ricalbii , du nom d'un commandeur qui
donna a l'ordre trente mille écus pour cet ouvrage. Ni-
colas Cotoner établit encore le Lazaret dans le fort de
Marza Muzet , ouvrage que de nos jours le grand maî-
tre Manoe'l a fait revêtir de fortifications très néceffaires.
Ce dernier grand maître a fair aufll conftruire le fore
Manoe'l dans la petite ifle de Marza Muzet, dont les In-
fidèles auroient pu s'empaier aifément.
Avant que l'ifle de Malthe eût été cédée à laReligion ,'
ce n étoit qu'un rocher de pierres de tuf , qui pouvoir,
avoir fix à fept lieues de longueur , fur trois ou quatre
de largeur , Se environ vingt lieues de circuit. Ils ne trou-
vèrent fur fa fuperfkie que trois ou quatre pieds de ter-
re , encore toute pierreufe , peu propre à produire du
bled& d'autres grains ; mais abondante en figues, en me-
lons Se en autres fruits. Le principal commerce des habi-
tans confiftoit en miel , en coton Se en cumin , qu'ils
échangeoient contredes grains. On ne trouvoit dans ce te
ifle ni fontaine, ni puits ; il n'y avoit que de l'eau de ci-
terne. Le bois n'y étoit pas plus commun -, on le vendoic
à la livre , Se les habitans , pour faire cuire leur viande ,
ttoient réduits à fe fervir de fienre de vache féchée au
foleil , ou de chardons fauvages. Avec la capitale de l'ifle
appellée la cité Notable , fituée au milieu de l'ifle , il y
avoit le château S. Ange , qui défendoit le grand Port.
Au pied de ce château étoit une petite ville , appellée
communément le Bourg. Il y avoit encore quarante cafa-
lesou bourgades, compofées de plufieurs hameaux ré-
pandus dans la campagne , Se où 1 on trouvoit environ
douze mille habitans , hommes , femmes Se enfans , la
plupart pauvres Se mifi-rables , à caufe de la ftérilité du
terroir. * Vertot , Hiftoire de Malthe , 1. 9.
Malthe , par les foins Se par la valeur des chevaliers ,
eft devenue d'année en année plus floriffante. Toutes les
chofes nécetlaires à la vie y font portées en abondance.
La terre eft cultivée , autant que la qualité du terroir peut
le permettre , Se le nombre des habitans c'eft accru con-
fidérablement. On en fit l'énumération en 1662 , fous le
magiftere d'Antoine de Paule ; outre les religieux de
l'ordre , les eccléfialliques , Se ce qu'on appelle à Malthe
Familiares de l'inquifition, on trouva j 1750 habitans,
hommes , femmes Se enfans , y compris les habitans du
Goze.
En 1636, le grand maître Paul Lascaris Caficlard par-
tagea tous les habitans de Malthe en différentes compa-
gnies , ausquclles on fait prendre les armes : des cheva-
liers font prépofés pour leur apprendre à s'en fervir con-
tre les courfes Se les descentes des Turcs Se des Cor-
faires.
De l'ifle a remarqué , Mémoires de i Académie royale
des Sciences , 1720 , p. 475. que le portulan de Jacques
Colomb , celui de van Keulen , Se les autres , conve-
noient que de Malthe à Alexandrie il y a deux cens qua-
tre-vingt trois lieues de vingt au degré , en cinglant à
l'eft-fud eft-, ce qui donne fous ce parallèle quinze degrés
cinquante huit minutes entre ces deux places , à quel-
ques minutes près du réfultat des obfervations de M. de
Tem, IV, H ij
éo
MAL
MAL
Chazelles , quî mettent fix ou fept degrés moins que les rie, il n'y a , fuivant ces portulans, que; 3 lieues, en tirant
cartes ordinaires. au ^llc* un (luan: a l'oueu>ce qui donne, à peu de chofe près,
' De la même ifle de Malthe , au lien de 1 1 o lieues que la fuuation refpeclive de ces deux places , conclue par les
les cartes communes marquent jusqu'à Tripoli de Barba- obfervations du P. Feuillée, p. 697 &fniv. en cette fortes
Différence des Méridiens ,
en . en
. Alexandrie I.
'Malthe ,
.Tripoli de Barbarie.
2. MALTHE , la Cité , ou la Ville Notable ; c'en:
la capitale de l'ifle de Malthe , & l'ancienne réfidence de
ion éveque ( a ). Elle eft fituée dans le fond des terres ôc
au milieu de l'ifle , éloignée du bourg & du(grand port
d'environ fix milles. Les anciens l'ont nommée Meiita ,
du nom commun à toute l'ifle. Cétoit la feule ville qu'il
y eût anciennement ( b ). On croit que fon nom lui vient
de la grande quantité de miel qui s'y trouvoit autrefois.
( a ) Vertot , Hift. de Malthe , 1. 1 1 . ( b ) D. Calmet ,
Diction.
Une ancienne tradition veut que les Carthaginois en
fufiènt les fondateurs ; il eft au moins certain qu'ils l'onc
poffédée ; que les Romains , après avoir détruit Carthage,
s'emparèrent de cette ifle ; que les Arabes la prirent en-
fuite , ôc lui donnèrent le nom de Médine.
Diodore de Sicile , /. ;. c. 1 1 , après avoir loué la bon-
té des ports de l'ifle de Malthe , fait mention de la capi-
tale. 11 dit qu'elle étoit bien bâtie , qu'il y avoit toutes
fortes d'artifans , ôc principalement des ouvriers qui fai-
saient des étoffes extrêmement fines •■, ce qu'ils avoient
appris des Phéniciens qui avoient peuplé rifle. Cicéron ,
Verr. de Signis , c. 46. reproche à Verres de n'être jamais
entré dans la ville de Malthe , quoique , pendant trois ans,
il y eût occupé un métier à faire une robe de femme.
3. MALTHE. Corneille, Diïl. dit que c'eft une ifle
de Dalmatie , appellée Milet par les Esclavons , en latin
Melita. 11 ajoute qu'Athénée , /. 12. fait mention des
petits chiens de cette ifle. Corneille fe trompe. Cette ifle
de Dalmatie nommée Melite ou Melita par les an-
ciens , ne s'appelle point Malthe , mais Meleda.
MALTHON » ville d'Angleterre en Yorckshire fur
une rivière. On y tient marché public toutes les femaines,
& elle envoyé fes députés au parlement. * Etatpréfent de
la Grande Bretagne , t. 1 . p. 1 26.
MALTHURA. Voyez. Mareura.
i.MALVA, rivière de la Mauritanie Tingitane, fé-
lon Ptolomée , /. 4. c. 1. Antonin fait connoître qu'elle
féparoit les deux Mauritanies, favoir la Tingitane ôc la
Céfarienfe. Marmol la nomme Maluya , & Caflald ,
Mululo -, de l'ifle écrit Meluya , & dans fa carte pour la
notice eccléfiaftique d'Afrique , cette même rivière eft
nommée Malva ,aliàs Molochat, ôc Malvana. Ce
dernier nom eft pris de Pline.
2. MALVA , petite rivière de France , auprès d'Or-
léans. Il en eft parlé dans la vie de S. Liphard. C'eft la
Mauve, qui tombe dans la Loire auprès de Meun. *
Ortel. Thef.
3. MALVA , ifle des Indes entre les Molucques , à cinq
lieues de celles de Timor. Elle a de hautes montagnes , ôc
fes champs abondent en poivre , que l'on nomme Lada.
Les habitans font fort fauvages. * Corn. Diclion.
MALUA ( Vu eft voyelle ) royaume d'Afie dans l'In-
douftan , où il fait partie des états du Mogol. Il eft fitué
à l'occident de Bengale & du Halabas -, l'on y comprend
les paysde Raja-Rana , de Gualear ôc de Chiror. Mando,
ville , eft un des plus beaux ornemens de la province , qui
eft très-fertile & produit tout ce qu'il y a dans les autres
lieux des Indes. Ratipor en eft la capitale , ôc en même
tems la ville la plus marchande de toutes. Chitor eft aufli
très-fameufe , mais presque ruinée. Cette province a plu-
fieurs autres villes , où le commerce fe fait. Il y a dans ce
pays deux espèces de chauve-fouris , dont l'une reffemble
à celle de l'Europe, l'autre eft fingulicre. On en peut lire
ladefeription dans le voyage des Indes de Thevenot,?.
41. Le P. Catrou , H ft.gén. du Mogol, p. 369. obferve
que ce royaume de Malua eft divifé en onze jarcars , ou
provinces , & en deux cens cinquante petits parganas, ou
d. m.
/•
d.
m.
/
1. 51.
36 or.
27-
54-
0. or.
0. 48.
40. or.
42.
10.
0. or.
0. 43.
1. or.
10.
45-
ij. or.
Hauteur de Tôle ,'
ou latitude en
d. m. f.
jo. 7. o. fep.[
15- 54- l6- ftp>
32. Jj. 40. fep.
gouvernemens , ôc ne rend que quatre vingt dix-neuf lacqs,
fix mille deux cens cinquante roupies de revenu au Sou-
rain.ll dit Mallua en un endroit ; ôc ajoute à la page
361 , que c'eft la capitale d'un royaume qui porte le mê-
me nom. Elle eft au 26 degré de latitude , ôc au 103 deg.
;o min.de longitude. Le pays eft fertile en grains , ôc
abondant en toiles blanches ôc en toiles de couleur ; Se
à la page 2 jo , il dit qu'on y entretient fept mille che-
vaux. Ce P. écrit une fois Malua , ôc deux fois Mal-
lua. Baudrand écrit Malvay, en quoi il a été fuivi
par Corneille.
1. MALVANA , rivière de la Mauritanie Tingitane,
félon Pline , /. j. c. 2. C'eft la Malva de Ptolomée ÔC
d'Antonin. Pline dit qu elle eft navigable.
2. MALVANA , lieu des Indes dans l'ifle de Ceilan ,
fur une petite rivière à trois lieues de Colombo. C'éroic
une maifon dcplaifance, où les capitaines généraux Por-
tugais rcfidoient ordinairement. Ils y avoient un beau
palais appelle Ros a Pani ; ôc , comme on tient que l'air
y eft meilleur que dans le refte de l'ifle , on y envoyoit les
officiers Ôc les foldats convalescens pour rétablir leurs
forces. Il y avoit une églifè ôc un chapelain. Toute la
côte eft préfenrement aux Hollandois. * Ribeyro , Hift.
de Ceylan , 1. 1 . c 12. Corn. Diéhon.
1. MALVASIA , ou Malvesia , ou Malvoisie, pe-
tite ifle de la Grèce , dans la mer qui baigne la partie
orientale de la Morée. Elle n'eft éloignée de la terre
ferme que d'une portée de piftolet. On pafle de l'une à
l'autre fur un pont de pierre. Sous ce pont le canal n'a
que quatre pieds de profondeur. Le territoire de cette ifle
n'a en tout que trois milles de circuit ■-, ainfi il ne peut
contenir que la plus petite partie des vignes qui donnent
les vins appelles de Malvoifie ; la plus grande vient des
plans de même nature qui font fur la côte oppofée , ôc
qui en occupent environ huit lieues , commençant un per
au-defibus de Korion , ou de la bourgade d'agios Paulos ,
ôc finiffantaux environs de 1 orto délia botte , appelle au-
trefois Cyphanta , qui eft à quatre lieues de Malvafia
vers le Nord. On venoit autrefois de tous les endroits de
la Grèce dans cette petite ifle pour y adorer le dieu Escu-
lape. Ce culte, qui la rendoit fameufe par toute la terre , y
avoit été apporté par ceux d'Epidaure , qui étoient partis
du territoire d'Argos , pour venir fonder une colonie en
ce lieu , ôc lui avoient donné le nom de leur ancienne
habitation. Lorsque les Latins fe furent rendus maîtres de
Conltantinople , ôc eurent élevé fur le thrône impérial
d'Oiient Baudouin, comte de Flandre , l'ifle de Malvoifie,
ou l'Epidaure, fut donnée en fief à un feigneur François,
appelle Guillaume , qui avoit rendu des fervices fignalés
dans cette grande expédition ; mais le fils de celui-ci fut
contraint de la céder à Michel Paléologue, qui reprit fuç
les Latins l'empire Grec. Ce feigneur dépouillé , s'etant
échapé des mains de Paléologue , s'en alla à Venife , où il
fit une nouvelle ceflîon de les droits à la République,
difant qu'ils n'avoient pu être infirmés par la renoncia-
tion qui avoit été extorquée de lui par violence , pendant
qu'il étoit détenu en prifon. Les Vénitiens fe prévalurent
en effet des droits qui leur avoient été cédés, mirent en
mer une bonne flotte , ôc s'emparèrent de l'ifle. Ils la gar-
dèrent jusqu'en l'an 1540, auquel Soliman , empereur
des Turcs , s'en rendit maître par compofition , après
plufieurs autres tentatives à force ouverte , qui avoient
été fans fuccès. Aloyfio Badoario , qui traita avec le ful-
tan au nom de la République , eut le malheur d'en être
désavoué , ôc d'être enfuite exécuté à Venife , comme
ayant été caufe de la perte de ce domaine.
' 2. MALVASIA , ou Malvesia ôc Monembasia ,
MAL
A M
6 1
Ville fituée dans l'irte de ce nom. Elle ert au pied d'un
■rocher escarpé , au Commet duquel eit une bonne forte-
refle. Les murailles de la ville donnent fur le bord de la
nier , Si font en bon état. Celles de la forterefle font as-
fez mauvaifes; mais la fituation de ce porte le rend com-
me imprenable , parce qu'on n'y fauroit monter que par-
un fentier dangereux. Les Turcs ont rempli Se muré des
cavernes qui étoient dans l'épaifleur du roc, & à moitié
de fa hauteur , pour ôcer l'envie aux Vénitiens d'y faire
une mine.
Il ne faut pas confondre cette ville avec Epidaurus
Limera , dont les ruines fubfiltent encore à une lieue
de-la,& portent le nom de Malvasia la Vieille.Quoj-
que cette dernière foit déferre , les galères & les vaifleaux
ne laiflent pas d'aller jetter l'ancre dans fon port , dont la
bonté reconnue lui avoir fait donner par les anciens le
furnom de Limera. Parmi les ruines de cette ancienne
ville on voit encore les débris du remple d'Esculape , où
l'on venoit detous les côtés de la Grèce, pour obtenir la
guérifon des maladies les plus désefpérécs. Le port de la
nouvelle Malvafia n'ell pas fi bon que celui de l'ancienne;
néanmoins la ville ert fort peuplée. Les Grecs y ont un
archevêque , qui , félon les réglemens de l'églife orientale
faits fous Andronic Paléologue , avoit le trente -qua-
trième rang fous le patriarche de Conrtantinople. La ca-
thédrale, qui ert dédiée fous l'invocation à' Agios Geor-
gios , c'eft-à-dire de S. George , cil célèbre dans la Morée
pour les miracles qu'on afliue y avoir été faits par Fin-
terceflion du faint. Le plus illurtre de fes archevêques , fi
l'on en juge au gré des Latins , a été le favant Arsène ,
qui eut des liaifons patticulieres avec le pape Paul III.
Se fitfoumiflion à l'églife Romaine. Cette démarche le fit
excommunier par le patriarche de Conrtantinople , Se a
rendu fa mémoire odieufe parmi les Grecs , qui affinent
même qu'après fa mort il devint broucolakas > c'eft-à-dire
que le démon anima fon cadavre , & le fit errer dans les
lieux où il avoit vécu.
MALVAY. Voyez, Malua» royaume d'Afie.
MALUAM , bois de France , dans la maitrife de S.
Pons. Il eit de cent quarante-fix arpens , trente -cinq
perches.
MALVERNES , montagnes d'Angleterre , qui fépa-
rent la province de Worcefter de celle de Kereford. Elles
s'élèvent à la hauteur de fept milles. Il s'y trouve une
fontaine appellée la Fontaine facréc, à caufe de la ver-
tu qu'elle a de guérir plufieurs maladies , Se particu-
lièrement le cancer , pourvu qu'on air foin de l'appliquer
de bonne heure , & avant que le mal foit invétéré.
i. MALUNG , forterefle de la Chine dans la pro-
vince d'Iunnan , au département de Xunning , douzième
métropole de la province. Elle elt de 13 degrés 50 min.
plus occidentale que Peking , fous les 25 degrés 44 min.
de latitude. * Atlas Sinenfis.
2. MALUNG-QUENSO , montagne de la Chine dans
la province d'Iunnan , dans le voifinage de la ville de
Kiocing. Cette montagne ert fort élevée. On y a bâti une
forterefle pour la garde du pays. * Atlas Sinenjîs.
MALVOISIE. Voyez. Malvasia.
MALZIEU, ( Le ) perite ville de France dans le Gc-
vaudanau diocèfe de Mende, fur la Truyere aux con-
fins de l'Auvergne , à fix lieues de Saint Flour. * Janfon ,
Atlas.
MAMA , ville de l'Ethiopie fous l'Egypte , félon Pli-
ne , /. 6. c. 29.
MAMADEBAD, ou Mamed-Abad, ville d'Afie,
dans l'Indouftan au pays de Guzcrat , entre Broudra Se
Amédabad, félon Thevenot , Voyage des Indes, c. 18.
Il ajoute qu'il s'y fait beaucoup de toiles , Se qu'elle four-
nit le fil de coton à la plus grande partie du Guzerat Se
des autres pays voifins. Mandeflo dit , /. 1. p. 133 : cette
petite ville ert fituée à cinq lîeues de Nariad fur une ri-
vière aflez grande & fort abondante en poiflbn. Elle ert
belle Se agtéable , & a été bâtie par deux frères , qui ont
fait un fort beau château dans la partie feptenrrionale de
la ville. Ses habitans font Banians , & il s'y fait une gran-
de quantité de fil de coton, dont ils font un grand trafic.
MAMAGAN ,ifle de l'Océan oriental, l'une des irtes
des Larrons , ouIsles Marianes. Nous ne con-
noiflbns aucune ifie de ce nom parmi les irtes Ma-
rianes.
MAMALA, village de l'Arabie Heureufe , félon Pro-
longée , /. 6. c. 7. Ce lieu n'ell peut-être point différent
de Mamalis , dans l'Arabie Heureufe , duquel parle
Théophrarte , & où il dit que l'on recueille de l'encens ,
du cinnamome, de la myrrhe & delà café. *Orteljus,
Thefaur.
Quoique Gnnamvmum Se Cafia foient des espèces ap-
prochantes des caneliers ou arbres où fe prend la ca-
nelle , ce n'elt pas précifément la même chofe , c'ert pour-
quoi je conferve ies anciens noms , pour ôter toute équi-
voque.
MAMANTIS Angusti^ , le défilé de S. Marnas.
Zonare en fait mention -, Suidas parle aufll d'un lieu ap-
pelle Marnas. C'étoit un monaftere auprès de Conrtan-
tinople. * Ortclius , Thefaur.
MAMAPSON , fiége épiscopal , l'un des douze qui.
avoient pour métropole Rabba , furnommée la Moabite ,
dans le patriarchat de Jérufalem , félon une ancienne no-
tice. Un autre nomme ce même fiége Mampsis , fous
la métropole de l'Arabie Pétrée.
MAMARS1NA , ville d'Aufonie , félon Etienne le
géographe.
MAMAS ,( génitif amis, ) colline de l'Afie Mineure ,
félon Cédrene. Ortclius , Thefaur. foupçonne qu'elle
étoit vers la Galatie. Voyez. Mamantis.
MAMAUS. Voyez. Pamisus.
MAMBARI Pvegnum , royaume de l'Inde auprès du
golfe de Barigaza. C ert , dit Arrien , où commence l'In-
de en général , Se aurtî-tôt il trace les bornes de l'Inde.
Ortelius , pour avoir lu ce partage trop rapidement , a cru
qu'il y étoit queftion des bornes du royaume de Mam-
bare. Ce n'eft point cela. * Péripl. Alar. Erythrai , p. 44.
c dit. Oxen.
MAMBLIA, ville de l'Ethiopie fous l'Egypte, félon
Pline , l.6.c. 29.
MAmBOLEIUM , nom barbare né de l'ignorance des
copirtes, qui au lieu de ces mots , in agro Venetum Am-
buleio, lifoient in Acroventu Mambuleio. Voyez. Ambu-
leius Ager.
1. MAMBRÉ , nom d'une vallée delà Palertine. Abra-
ham (a) demeura aflez long-tems fous une chenaye Se
dans une vallée appellée Mambré , près d'Hébron. C«
lieu fut célèbre dans la fuite parmi les Chrétiens Se parmi
les étrangers , qui y venoient pour honorer la demeure
d'Abraham , où lui apparurent trois anges , qui lui an-
noncèrent la naiffance d'Ifaac. On y montroit encore au
quatrième fiécle le Terebinthe fous lequel on prérendoit
que le patriarche avoir reçu les trois anges ( b ). Ce Te-
rebinte étoit à quinze milles d'Hébron , Se à vingt-cinq
milles de Jérufalem (c). Jofephe (d) ne met le Tere-
binthe qu'à fix miiles d'Hébron, & il dit qu'il étoit-là dès
le commencement du monde. On afluroit cependant que
ce Terebinthe étoit né du bâton d'un des trois anges , qui
l'avoit fiché en terre, (a) Genèfe , c. 3 ;. v. 27. D. Calmet ,
Di€c.(b) Eufebe,Demon(l. J. j. c. 9. & de vitaConflantini,
1. 3. c. 52. (c) Soz,omen. 1. 41. c. 4. Ecclef. hift. (d) De
bello , 1. 5. c. 7.
Cette vallée a été diverfement nommée , fcfpa \hn ,
Elon Mamre , Vallis , Mambré , Met//.Çf» Jpj , Quer-
cus Mambré , ou Quercetum Mambré ; c'ert-à-dire
la Vallée de Mambré, le Chêne , ou la Chenaye de
Mambré. D'autres l'ont nommé le Térébinrhe. Voyez.
ce mot.
2. MAMBRE, ( Le Torrent de ) torrent d'Afie,
duquel il ert parlé dans le livre de Judith , félon la Vul-
gate. Dans ia verfion desSepranteil y a le torrent d'Ar-
bona. Voici le partage : // pajfa l'Euphrate , & vint en
Méfopotamie ; il força toutes les grandes villes qui étoient
là , depuis le torrent de Mambré jusqu'à la mer , & il fe
rendit maure depuis la Cilicie jusqu'aux confins de Japher,
qui font au midi , Sec. Cette idée qu'Holopherne pafla
l'Euphrate , Se vint en Méfopotamie , Se l'habitude de
nommer Méfopotamie le pays qui ert entre l'Euphrate Se
le Tigre , ont donné lieu à quelques-uns de chercher ce
torrent de Mambré dans ce pays-là : mais il ert quertion
ici d'un torrent en deçà de l'Euphrate, en tirant vers la
mer Se la Cilicie. Nous faifons voir ailleurs qu'il y a eu
plus d'une Méfopotamie , cv que ce nom convient à di-
vers pays finies entre des fleuves.
MAMBRI , fort d'Afie dans l'Euphratenfe. Dioclétien
6%
MAM
MAM
I avoit fait conftruire , pour brider ks Perfes qui faifoient
des courfes fur les Romains ; Juftinien le répara. Ce fort
étoit à cinq milles pas de Zénobie , ville bâtie par la reine
de même nom , félon Procope , JEdific. L i. c. 8.
MAMBUTA , ville de la Méfopotamie dans les terres,
félon Ptolomée , /. ;. c. 18.
MAMCATOU , Hordes de Tartares établis en Géor-
gie , du rems de Timur-Bec , Hifl. I. 3. c. ;?.
MAMERS , ou Memers , en latin Mamerciœ , ville
de France dans le Maine, fur la Dive. Elle paffe dans
le pays pour être une ancienne ville, & on tient qu'il y
avoit autrefois un temple fort célèbre dédié au dieu Mars,
qui fut détruit par faint Longis. Cette ville ayant été
conquife par les Normands , fut prife par le comte de
Bélesme fur la fin du onzième fiécle ; mais les Normands
la reprirent quelque tems après , ôc , ayant rétabli les ou-
vrages qui avoient été détruits pendant la guerre , ils bâ-
tirent aufli des forts tout autour de cette place , & y firent
des recranchemens ôc des lignes de communication , que
l'on appelle encore lesFofles de Robert le diable. Tous
ces ouvrages furent faits , afin de rêfifter à Hélie de la
Flèche , qui s'étoit rendu maître d'une partie du Maine.
II y a à Mamers liège royal , grenier à fel & maitrife des
eaux ôc forêts. On y compte fept cens cinquante - deux
feux. * Piganiol de la Force > Defcript. de la France ,
tom. 5. p. 496.
MAMERTINS ( Les ) , ancien peuple d'Italie dans la
Campanie. Ils pafièrent en Sicile , ôc s'établirent à Mes-
fine , où ils devinrent fi puiffans, qu'ils fe rendirent maîtres
de la ville , dont les habitans eurent plus le nom de Ma-
mertins que celui de Meflinois ; ôc comme ce pays effc
très-fertile en excellent vin , ce vin ne s'appelloit pas chez
les Romains Mejfanhtm vinum , mais Mamertinum. Po-
lybe, /. 1. remarque que les Campaniens étant venus fer-
vir en Sicile fous Agathocle , trouvèrent la fituation de
Mefline fi à leur gré , qu'ils s'y arrêtèrent. Il obferve aufli
que les Campaniens fe donnèrent le nom de Mamertins ,
après qu'ils fe furent emparés de Mefline , Sec. Plutar-
que dit dans la vie de Pompée: Les Mamertins qui habi-
toient la ville de Mefline, &c. 11 avoit dit dans la vie de
Pyrrhus, Vies des hommes illuflres , t. 4. p. 57. De tous
les barbares , ceux qui habitoient la ville de Mefline ôc
qu'on appelloit Mamertins , étoient ceux qui incommo-
doient le plus les Grecs ; car ils les avoient fait la plu-
part leurs tributaires, Se les accabloient d'impôts, étant
plus forts ôc en plus grand nombre , ôc d'ailleurs très-bel-
liqueux ; c'eft pourquoi même ils eurent le nom de Ma-
mertins , qui dans la langue latine fignifie Martiaux. Pyr-
rhus ayant pris leurs collecteurs qui levoient les impôts ,
les fit tous mourir, ôc les ayant défaits eux mêmes dans
un grand combat , il rafa toutes leurs forterelles. A caufe
d'eux on appelloit le fare de Mefline Mamertinum
F r E t u M. * Strabon , 1. 6. p. 2.6S.
MAMERTIUM , ou
MAMERTUM , ancienne ville de la grande Grèce ,
dans les terres au pays des Brutiens. Strabon , /. 6, écrit
Mamertium, ôcdïx. qu'il y avoit dans le voifmage une fo-
rêt où l'on recueiiloit d'excellente poi.;. On l'appelle au-
jourd'hui Martorano. Voyez, ce met.
MAMIA , ville métropolitaine. Ortelius , Thef. trouve
dans l'hiftoire eccléfiaftique d'Eufebe , que les réponfes
des patriarches d'Orient font mention de Flamias , fiége
épiscopal fous la métropole Mamia. Je ne connois ni
l'un , ni l'autre de ces deux fieges , ôc je n'en trouve
aucune trace dans les anciennes notices.
1 . M AM1LLA. Fabricius dans fes voyag?s , dit que l'on
a appelle ainfi en latin clans les chroniques Ceitz , ou
plutôt Zeitz , ville d'Allemagne dans la Saxe. * Or-
telius , Thef.
2. MAMILLA , ville épiscopale d'Afrique dans la By-
zacène , félon la notice de Léon le Sage. Ce fiége doit
avoir été très-différent de celui qui fuit.
MAMILLENSIS , ou Mammilensis , ou Mammil-
iensis , fiége épiscopal d'Afrique dans la Mauritanie Cé-
farienfe. Vidor , fon évêque, eft nommé dans la confé-
rence de Carthage , p. 273. édit. Dupin , ôc on voit dans
la notice d'Afrique , Pascbafius Marnmilcnfis , numéro
78.
MAMISTA , ville d'Afie dans la Cilicie. Elle fut prife
par l'empereur Phocas, au rapport de Glycas, C'eft peut-
être la même que Mamistra , dont Guillaume de Tyr
fait fouvent mention , Se que Malmistra ,dont on peut
confulter l'article.
MAMLUCS (Les) ont poflédé toute l'Egypte & une
grande partie de la Syrie. On les divife en deux branches
ou dinafties , favoir , les Mamlucs Baharites , ôc les
Mamlucs CircaJJiens.
Les Mamlucs Baharites étoient des esclaves que les Mo-
gols , fous la conduite de Batou-Kan , petit fils de Gen-
giskan , firent dans le Capthaq qu'ils avoient fournis. Plu-
lieurs marchands de Syrie achetèrent un grand nombre
de ces esclaves^Capthaqs , les amenèrent en Egypte , ôc
les vendirent à Nodgemeddin-Ayoub , prince de la fa-
mille de Saladin , ôc fultan d'Egypte. Il les fit élever avec
beaucoup de foin à Roudah, ville fituée fur le bord de la
mer , où il fit bâtir une forterefi'e. Le voifinage de la mer
qu'on appelle Barh en arabe , fit donner à cette troupe
le nom de Bahria , c'eft-à-dire Marine. De -là on a ap-
pelle cette troupe Baharites. Ils furent enfuite divifés
par bandes , & chacune portoit le nom du prince au-
quel elle avoit appartenu. On leur fit apprendre l'exer-
cice des armes , pour les élever enfuite aux premières
charges de l'état. Ils formoient proprement la garde du
fultan, ôc portoient fes armes, qui étoient d'or fin, ôc
on les diftinguoit par des barres de vermeil , des oifeaux ,
des griffons , &c. Parmi ces Mamlucs , il y en avoit qui
étoient huifliers de la chambre du fultan ; d'autres occu-
poient différentes charges , Se ceux qui fe diftinguoient le
plus dans la guerre, parvenoient aux premières dignités
de l'état. Enfin cette milice du fultan d'Egypte étoit une
école pour la guerre ôc pour le gouvernement. Ce prince ,
en élevant ainfi une milice étrangère , préparoit la ruine
de fa famille. En effet fon fils Malek-el-Moadhem , ayant
pris faint Louis prifonnier à la bataille de Manfoura, fit
la paix avec lui à la follicitation des petits Mamlucs, qui
lui repréfenterent que les grands Mamlucs avoient toute
l'autorité, & que pour pouvoir réprimer leur audace, il
falloit faire la paix. Les grands Mamlucs , indignés de voir
qu'il eût fait ainfi la paix fans leur participation, le tuè-
rent , & proclamèrent fultan un d'entr'eux , nommé Ibek,
qui commença à régner en 1254 de Jefus-Chrift. Ces
Mamlucs pofléderent l'Egypte 13e ans ôc fept mois , ôc
tenoient leur cour au grand Caire.
Les Mamlucs Circafliens étoient aufli des esclaves que
les fultans d'Egypte envoyoient acheter parmi les Cir-
ca,Tes établis à l'occident de la mer Caspienne , ôc en firent
une milice , pour contrebalancer celledes Boharites : mais
loin de remplir l'intention de leurs maîtres, ils fe réuni-
rent aux Boharites pour les accabler.LesCircafliens,voyant
que .'e thrône étoit paflè dans la nation des Boharites , ré-
foîurent de le faire paffer dans la leur. Ce fut up certain
Barkok , qui exécuta ce projet. Il fut acheté par un cer-
tain Otliman , qui le conduisit en Crimée , d'où il paffa
en Egypte , & fut vendu à l'émir Ilbogha. 11 parvint à
être un des Mamlucs des enfans du fultan. Dans la dis-
pute d'Inbegh ôc de Cortai , il fe déclara pour le pre-
mier , qui fut vainqueur Se le fit Emir. Il fe révolta en-
fuite contre fon bienfaiteur, ôc s'empara du thrône l'an
1364 de Jefus Chrift , d'autres difent 1382. Tous ceux
qui lui ont fuccédé, étoient Circafliens comme lui. Mais
Selim , ayant défait dans un combat Touman-Bai l'an
1517, conquit l'Egypte , qui , depuis ce tems a toujours
été une province de l'empire Ottoman. * Hiftoire géné-
rale des Huns , par de Guignes , 1. j. p. 110.
MAMMiEA , lieu d'Afrique dans la Byzacene. Orte-
lius croit que c'étoit une ville. Procope en parle ainfi au
fécond livre de la guerre des Vandales , c. 1 1. Lorsque Sa-
lomon fut arrivé au champ de Mammée , où les quatre
capitaines des Maures étoient campés , il y fit un retran-
chement. Il y a en cet endroit de hautes montagnes , au
bas desquelles font des plaines où les Barbares fe ran-
geoient en bataille.
MAMM^EyE Palatium , le Palais de Mammée, pa-
lais d'Italie dans le golfe de Bayes. 11 fut bâti par Alexan-
dre Sévère , qui lui donna le nom de Mammée , fa mère.
* hamprid. in Sever.
MAMM/EUS Pons , pont d'Italie fur le Téverone. Il
portoit le nom de cette même princeffe. Platine fait men-
tion de ce pont dans la vie du pape Pascal II. Il eft à
préfent nommé Ponte Mammqlo.
M AM
MAMMIDA , ville de la Perfide , ou Perfe propre-
ment dire , félon Ptolomée, /. 6. c* 4.
MAMMILLENSISi, F^s-Mamillensis.
MAMMINIZZA , bourg de Grèce dans la Morée fur
la côte occidentale , à dix ou douze milles de Patras , des
deux côtés d'une rivière , ôc à trois milles de la mer. Spon
dit dans fes voyages , t. 2. p. 4. Ce lieu étoit fans doute au-
trefois la ville d'OLENUs , ôc la rivière celle de Pirus ,
que Paùfanias , t . i.p.6. met à 80 ftades de Patras , c'eft-à-
dirc à dix milles de cette ville. Wheler ou fon traducteur
barbouillent beaucoup ce qui regarde ce lieu ; c'eft d'a-
bord une ville , & trois lignes plus bas c'eft un village j il
eft d'abord à fix lieues de Patras , enfuite à cinq lieues , ôc
on met cette féconde dil tance fur le compte de Paùfanias,
qui dit au contraire huit cens pas moins de quatre lieues.
Ce feul exemple fait voir quelles fottifes on court risque
dédire & d'imputer aux anciens, quand, à l'exemple de
Corneille ôc Baudrand , on les cite fans lesconfulter , ôc
fur la bonne foi de certains modernes.
Remarquez que le bourg auquel Spon donne ici le
nom de Mammit/yzza , eft nommé ailleurs Caminitza
par le même écrivain.
MAMMUCIUM. Voyez Mancunium»
MAMOHRE ou
MAMORE (.La ) , ville d'Afrique au royaume de Ma-
roc , dans la province de Fez propre. Jacob Almanfor la
fitbâur à quatre lieues de Salé du côté de l'orient , ôc à
demi-lieue de la côte de l'Océan , près de l'embouchure
de ia rivière de Subu , pour en défendre l'entrée ; mais
Sayol la détruifit avec plufieurs autres places de la pro-
vince , ôc on n'en voit plus aujourd'hui que les ruines.
Les campagnes d'alentour font des fables entièrement fté-
riles , fi ce n'eft auprès de la rivière , où il y a d'aflèz bons
fonds de terre que pofiedent les Arabes d'ibni Méfie So-
fian. LV.n 1 5 1 j , Emanuel , roi de Portugal , envoya une
armée navale pour conftruire une forterefie à l'embouchure
de la rivière de Subu , où font les ruines de la ville de la
Mamore. Il y avoit dans cette armée douze cens vaiffeaux,
tant grands que petits, & quelques caraques, avec huit
mille hommes de combat fans les matelots & les artifans.
La floite arriva la veille de la S. Jean à l'embouchure du
fleuve , fans y entrer à caufe qu'il étoit tard. Auiïi-tôt An-
tonio de Noragna, général de cette flotte , envoya une
caravelle mouiller l'ancre à l'endroit où l'on avoit réfolu
de bâtir la forterefie, ôc tous les autres entrèrent avec les
Vaiffeaux qui portoient l'artillerie & les gens de guerre ;il
ïi'y eut que les caraques que leur grofleut empêcha d'en-
trer. Après avoir reconnu le lieu que l'on avoir défigné ,
on trouva à propos de bâtir la forterefie plus proche de
l'embouchure , où il y avoit quelques fontaines , ôc où la
descente étoit plus facile. Quand l'infanterie eut mis pied
à terre » on drefla un château de bois que l'on porroit , ôc
ôc on travailla avec tant de diligence à la ftructure du
fort , qu'on le mit presque en défenfe en très-peu de jours
avec un fofTé à l'entour de neuf pieds de haut fur vingt de
large. Pendant ce rems le roi de Fez , ayant raffemblé fes
troupes , manda à fon frère , qui étoit feigneur de Mé-
quinez à vingt lieues de la Mamore , d'aller traverfer cette
emreprife avec le plus de gens qu'il pourroit ôc fix pièces
d'artillerie , lui promettant de le fuivre avec le refte de
fes troupes. Il ne tarda point , après cet ordre , de pren-
dre la route de la Mamore avec trois mille chevaux ôc
trente mille hommes de pied , ôc fut fuivi du roi fon
frère , qui avec un nombre infini de cavalerie ôc d'infan-
terie , le joignit à quatre lieues de la forterefie. Ils envoyè-
rent de-la leur cavalerie pour traverfer cet ouvrage, que
les I ortugais ne huilèrent pas de continuer ôc d'achever.
On l'eût défendu contre les troupes des Maures , fi le gé-
néral n'eût pas voulu fe rendre maître des fix pièces d'ar-
tillerie qu'avoient les Maures aune demi-lieue de la for-
terefie avec peu de gens pour les garder. Il envoya douze
cens foldats pour s'en faifir; cesfoldats arrivèrent avant le
jour où l'artillerie étoit, ôc, trouvant les fentinelles endor-
mies ils l'emmenèrent plus de deux traits d'arbalète avant
qu'on s'en apperçûr ; mais à la fin ayant été découverts ,
on fonna Pallarme par-tout , & le frère du roi de Fez vint
fondre fur eux avec toute la cavalerie. Ils marchoient en
fi bon ordre , qu'encore que l'ennemi voltigeât de tous
côtés pour retarder une marche , en attendant que fon in-
fanterie fût venue, ils s'ouvroient par -tout un partage
MAN £}
i'épée à la main, ayant les fix pièces d'attillerie encloies
dans leur bataillon. Lorsqu'ils furent proche de la forte-
refie , ils virent toute la campagne couverte de Maures ,
ôc l'épouvante les prit , enforte que les plus craintifs rom-
pirent leurs rangs pour fe trop hâter , ce qui donna lieu
aux Maures de percer ce bataillon , qu'ils mirent en piè-
ces. Enfuite les victorieux s'étant approchés de la forte-
refie , fe retranchèrent à l'embouchure du fleuve , ôc y
pointèrent leur canon. Le général des Portugais , à qui
les vivres ôc les munitions commencèrent à manquer ,
parce que le canon des ennemis défendoit l'entrée du fleuve
aux vaiffeaux qui en pouvoient apporter , fe tetira par
l'avis des officiers , ôc partit d'une manière fi précipitée ,
que la plupart périrent dans l'embarquement , foit par le
fer , foit dans l'eau. On y perdit plus de cent vaifleaux
avec toute l'artillerie. L'an 1614, les Espagnols armèrent
une flotte, èV s'étant rendus maîtres de l'embouchure du
fleuve, ils en chaflèrent les Anglois, qui s'en éroient empa-
rés, Ôc y firent bâtir une forterefie pour affiner Iceommerce.
les Maures font préfentement les maîtres de cette côte.
MAMORE , rivière del'Amérique méridionale. Voyez
Madère 2.
MAMORTHA. Pline dit , 1$. c. ij. que c'étoit l'art-
cien nom de Néapolis , ville de la Paleftine. Jofephe ,
debell.L 5. la nomme Marbotha ouMabartha, fé-
lon les divers exemplaires. VoyezSicmu ôc Napj.owe.
MAMPSARUS , montagne de l'Afrique propre , à la
fource du Bagradas , félon Ptolomée , /. 4. c. 3. Le même
auteur met dans le même canton un peuple nommé Mam-
psari. Quelques copiftes négligens ont écrit ce mot par
un C. Campfari* C'eft une faute, le nom de la montagne
décide.
MAMPSYSTA , nom de lieu. 11 en eft parlé dans le
code Théodofien , Tit. de conlaûone donat.
MAMUA ou Mamum, forterefie d'Afrique » dans la
province de Segelmeffe. C eft une des places que les Afri-
cains de ce pays-la élevèrent , après la deftruction de leur
ville capitale. Elle eft grande , bien peuplée, ôc a quan-
tité de marchands , tant Maures que Juifs.
MAMUCENSIS Limes. On trouve entre les officiers
deftinés à la confervation des limites en Afrique , ôc fub->
ordonnés au commandant de la province Tripolitaine *
prapofîtus lim'uis Mamucenfis. Ortelius , Thefaur. foup-
çonne que Mamm&a a donné lieu à ce nom. * Notit. di-
griitat. imp. fett. 3 ; .
MAMUGA , ville de Syrie , félon Ptolomée. Mafius
croit que le nom moderne eft Mabuga. Orrel. Tbejaur.
MAMURRARUM Urbs. Horace, /. 1. Satyr $.v.
37. fe fert de cette périphrafe au lieu du nom Formiœ, la.
ville de Formies , qui ne pouvoir entrer dans fon vers ;
& il la nomme ainfi , foit parce que les Mamurra en
éroient originaires , foit qu'ils en fuiîent propriétaires.
D'acier obferve que cette famille pofledoit de très-grands
biens.
i.MAN, ifle du royaume d'Angleterre dans la met
d'Irlande , à dix lieues de Cumberland. Céfar , /. j, c. 13.
l'appelle Mon a. Ptolomée, /. 1. ci, la nomme MwaWk,
Monaœda , & la met beaucoup plus au nord qu'elle
11 eft effectivement. Pline, /. 4. c. 16. dit Mon api a, qu'il
faut lire Monabia , félon Cambden ,Britann. ôc Orofe
dit Menavia , que quelques exemplaires changent eu
Mevania. Bededit aulfi Menavia. Elle a environ tren-
te milles en longueur , quinze dans fa plus grande lar-
geur , ôc huit dans la moindre. L'air y eft froid , ôc le ter-
roir fertile en avoine. Le bétail , le gibier ôc le poiflbn y
font en grande abondance. Elle contient cinq villes ou
bourgs, favoir ,
r Ramfay ,
Sur la côte orientale , < Laxi ,
L Douglas.
Sur la côte méridionale, | Rushin, capitale.
Sur la côte occidentale , | Peel ou Pyle.
Il y a deux châteaux j favoir, celui de Rushin, & ce-
lui de Peel. Il y avoit à Rushin un monaftere fondé en
1 H4 , par Olaw. Il y âvoit aufii dans l'ifle un évêque ,
dont le fiége avoit été érigé par le pape Grégoire IV. Sa
jurisdiclion fpirituelle s'érendoit fur les petites ifles voi-
fines : il eft à préfent de la religion Anglicane , ôc fait fa
réfidence à Balacuri. Sa jurisdiclion eft bornée à la
64 MAN
feule ifle de Man ; ôc comme il eft à la nomination du
comte de Derbi , propriétaire de l'ifle , il n'a aucune féan-
ce au parlement dans la chambre haute. L'archevêque
d'Yorclc le facre. Cette ifle a eu quelque tems titre de
royaume , Se a eu tes rois , dont la domination s'étendoit
fur les autres ifles voifines. On en peut voir la fucceflion
dans une chronique confervée & publiée par Cambden.
Les habitans ont une langue particulière , leurs loix &
leurs coutumes , & même leur monnaie; Les femmes ne
fortent jamais du logis , fans être envelopées dans le
même linge qui doit leur fervir de fuaire après leur mort.
Celles qui ont mérité la mort , font coufues dans un fac
& précipitées du haut d'un rocher dans la mer. L'ifle eft
féparée en deux parties , l'une méridionale , l'autre fep-
tentrionale. Celle ci approche allez des Ecoffois pour le
langage, & l'autre des Irlandois. On ne fait chez eux ce
que c'eft que voler ou mendier de porte en porte. Les
différends & les procès fe jugent , fans qu'il en coûte rien
aux patries pour les frais. Au milieu de l'ifle font de hau-
tes montagnes. La plus élevée eft celle de Scheafell ,
d'où , lorsqu'il fait un tems calme & fercin , on découvre
l'Angleterre , l'Ecofle & l'Irlande. L'ifie manque de bois,
& on y bruk des tourbes , comme en Hollande.
i. MAN , les Portugais écrivent Magn , Se pronon-
cenr Man, comme nous écrivons Pacn & Laon , quoi-
qu'on prononce Fa» êc Lan , mais d'un fon plus lourd.
MANAATH ou Manahath, lieu dont il eft parlé
au premier livre des Paralipomènes , t. 8. v. 6. On ne
fait où étoit ce lieu.
MANACARONHA.contréedt lifie de Madagascar,
limée de même que la contrée des Matatanes, entre ies
rivières de Mananghare & de Mananzari, du côré de la
mer. Ces pays font bornés a l'ouut par les monagnes qui
les féparent des Anachimoi.fli & des Eringdranes. Us ren-
ferment les petites provinces dluoiuhon & de Saca,
donr les habitans , voifins des Matatanes , font remplis de
leurs fuperfiii ions , & adonnés aux charmes & aux fous.
* Flacourt , Hift. de Madagascar , c. 7.
MANACCENSER1TANUS , fiége épiscopal d'Afri
que dans la Mauritanie Céfarienle , i'elun la notice épis-
copale d'Afrique, où l'on trouve Victor Manaccenjerita-
nus entre les prélatsde cette province. Ce même fiége eft
diversement expiimé dans la conférence de Carthage. On
y voit Félix tpucopm Manazenensium Regiorum.
MANACHIE , nom moderne de l'ancienne Magnéfie
du mont Sipyle. Nous avons 1 apporté fon ancien état au
mot Magnésie. Voici ce que le fieui Paul Lucasdit de fon
état préfent. Cette villeeft fiuiéeau pied d une irès-haute
montagne, & peut avoir une bonne lieue de longueur ;
elle ei\ grande ôc peuplée ; il y a fur une petite colline un
château que les Turcs n'ont pas beaucoup de foin d'entre-
tenir, & qui commande tellement la ville, qu'il en peut
ë:re regardé comme la ciadclle ; trois méchantes pièces
de canon qui ne tirent quepout faluer les pachas a leur
arrivée , en compofent toute l'artillerie. Ce fort étoit plus
coi (idérable autrefois : la ci lline fur laquelle il eft firué
étoit environnée de trois morailles flanquées de tours,
dont il relie encore quelques débris. Les Turcs qui habi-
tent cette ville , m'allurerent que les montagnes voifines
produifent plufïeurs plantes fingulieres , & qu'il y en a
une enrr'autres qui éclaire pendant la nuit comme un
flambeau. Je voudrais l'avoir vue moi même, pour juger fi
les herboriflesde ce pays ne confondent pas la plante avec
un amas de vers luifans qui s'aflemblent defliis. Quoi
qu'il en foit , on voit de très beaux bazars dans la ville
de Manachie ; les mosquées y font allez bien bâties ,
ôc l'on y trouve trois hôpitaux : l'un pour les malades ,
l'autre pour les lépreux, ôc le rroifiéme pour les fous,
à peu près comme les petites maifons de Paris. On trou-
ve hors des murs de la ville un très-beau ferrail, avec
un jaidin affez fpacieux. C'étoit autrefois le palais des
princes Ottomans , avant qu'ils fufient maîtres de la
ville de Bioufle où ils transférèrent le fiége de l'empire.
Le pays efl très abondant , & l'on y trouve tout ce qui
eft néceflaire à la vie.* Voyage de la Turquie en A(k ,
1. 1. p. 141.
MANADELI. Davity & M. Corneille, Dit}, mettent
une ville de ce nom dans l'Ethiopie au royanme de
Dancali. Elle eft peu éloignée, difent-ils, de Çorcora,
& on y compte mille feux.
MAN
MANvEANA ou Man li an a , ville de la Maurîra^
nie Céianenie, félon Ptolumée,/.4.r.2. Marmol croit
que le nom moderne eft Miliana.
MANA1M ou Mahanaim , leu de la Paleftine dont
il ett parlé en plufieurs livres de 1 écriture fainte. * Dt
Calmée , Diction.
MAN A IN , rivière de la Gedrofie , félon Tline,/. 6,
c. 23. Le P. Hardouin lit Manaïs.
MANA1T1, contrée de l'Arménie. Elle étoit confa-
crée a une divinité de même nom, félon Dion Caflïus,
/. 3 6. p. 23.
MANAMBA, rivière de l'ifle de Madagascar. Elle
descend du pays des Machicores , où il y a quantité de
bœuts fauvages. Elle court au fud, & fon cours n'a
pas plus de douze lieues. La côte commence à décli-
ner au notdouelt-quan douelL* Flacouit , Hift. de
Madagascar , c. 1 3 .
MaInAMBATOU, rivière de l'ifle de Madagascar:
elle a l'on embouchure fui la côte orientale de- hfle,
a deux lieues de Manghabia. On trouve une quairué
ptodigieulé de roches a Ion entrée.* Flacourt , Hiit.
de Madagascar, c. 2.
MANaMBONdROU, rivière de l'ifle de Mada-
gascar , dont l'embouchure fe trouve entre celles des
rivières de Sandiauinangha & de Malfianach fur licôte
occidentale de l'ifle , environ les 23 dtgtés de latitude
méiidionale. * Fiacourt , Hift. de Madagascar , c. 4.
MANAMBObLE, grand pays dans liflede Mada-
gascar , borné a l'elt par la rivière d Itomampo ; à l'eft-
nord-eit ôc au nord par les Anachimouffi > à l'oueft
par le pays d Alfisfach , où on a dts vignes & de la
l'oie en quantité ; ôc au fud par les grandes montagnes
d'où fort la rivière dYonglahé. C'eft un pays mon-
tueux, fertile en riz, fucre , ignames, légumes, & qui
abonde en gras pâturages. 11 y a des mines de fer &
d'acier. 11 elt tellement cultive , que le bois y eft fore
rare : il le faut aller chercher dans des monragnes bien
hautes. * Flacourt, Hift. de Madagascar, c. 5.
MANAMBOUVE, rivière de l'ifle de Madagascar,
Elle court vers Caramboulle & la fepare du pays des
Ampatres. Eile eft profonde, descend du pays des Ma-
chicores, & fon cours eft de quinze ou vingt lieues.
Tout le long de cette rivière il y a beaucoup de bœufe
qui font devenus fauv.iges. La Manambouue efl éloi-
gnée de Mandrerei d'environ trente lieues. La côte gît
eft & oueft. C'eft l'extrémité méridionale de l'ifle. *
Flacourt , Hift de Madagascar , c. 13.
MANANCARE , rivière de l'ifle de Madagascar, à
quatre lieues de celle de Manghafiouts. Elle eftaflez mé-
diocre. * Flacourt , Hiftoire de Madagascar , chap. 7.
1. MANANGHARE, rivière de l'ifle de Madagas-
car, à quatre lieues au nord-ert de la rivière de Maflia-
nach , fur la côte orientale de l'ifle. Elle a fept embou-
chures , mais toutes font bouchées ôc remplies de ro-
ches. Cette rivière descend du pays d'itomampo qui
efl à l'oueft , & elle fe forme de trois autres rivières
aiïez belles , favoir , de l'Ionghaïvou , de l'iromampo ,
ôc de la Mangharac , qui tomes trois perdent leur nom
en fe joignant à celle de Mananghare. * FLcourt , Hift.
de Madagascar , c. 4.
2. MANANGHARE, province de l'ifle de Mada-
gascar : elle eft fituée le long de la rivière de même
nom. Quoique fon terrein foit afiez fertile de fa nature,
il n'eft point habité préfentement, perfonne ne vou-
lant entreprendre de le cujtiver, de peur d'y attirer les
armes de divres feigneurs des provinces voifines, qui
prétendent également y avoir droit. Ainfi il fert feule-
ment de retraite aux fangliers & aux bufles qui y font
en fort grand nombre. La rivière de Mananghare des-
cend de la momagne d'Hyela du côté du fud-oueft,c\:
va fe jetter dans une autre rivière appellée Mandre-
rei. * Flacourt , Hift. de Madagascar > c. 13.
MANANGHOUROU , rivière de l'ifle de Mada-
gascar , qui descend d'une haute montagne firuée vers
le milieu de cette ifie , dans le pays des Ancianacles.
D'abord elle prend fon cours de l'occident à l'orient,
puis elle fe divife en quatre branches , dont la première
conlérve toujours le nom de Mananghourou. La fé-
conde qui s'éloigne de celle ci jusqu'à la diflance de
quatre, lieues , fe rend dans la mer, fous le nom de
Mananfauan :
MAN
MAN
Mananfatran : fon entrée eft difficile a catife de la barre
qui en eft dangereule. La troiiîéme nommée Marinbou ,
qui s'éloigne de trois lieues environ de Ja précédente ,
iroit fe rendre dans la mer à l'oppofite de la petite ifle
No/Te Ibrahim, fi elle avoit une embouchure. Simia-
me qui eft à trois lieues de cette dernière , eft grande
ôc fpacieufe à fon ouverture, ôc continue fon cours
jusque dans la mer. Elle a fept ou huit pieds de pro-
fondeur à fon embouchure. Le pays que ces quatie
rivières arrofent eft peuplé de gens femblables a ceux
de Challenboulou ouGhallenboulou , qui le difent tous
ZatTe-Ibrahim , c'eft-à-dire race d'Abraham. Outre ce
patriarche, ils reconnoilîent encore Moyfe & David, mais
ils n'ont point connoiffance des autres prophètes , ni
de Jefus-Chrift. Ils ne connoifient pas plus Mahomet.
Ils font circoncis ôc ne travaillent point le famedi. Il
n'y a point de prières ni de jeûnes chez eux , mais feu-
lement des facrifices de taureaux , de chèvres ôc de
coqs. Leurs habitations ou villages font gouvernés par
des chefs nommés Philoubei , qui vont au fecours les
uns des autres , û la guerre fe fait contre ceux qui ne
font pas de la lignée l'amre ; mais il la querelle ell
entre quelques Philoubei de cette lignée , ils les laifient
combattre, ou ne s'entremettenr que pour les accorder
à l'amiable. Le long de ces rivières, ôc fur tout de la
principale , qui conferve le nom de Mananghourou , on
trouve de belles pierres de cryltal , dont quelques-unes
font de quatre pieds de diamètre. * Flacuurt , Hilt de
Madagascar ,c. 9.
MANANHANE, rivière de l'ifle de Madagascar.
Elle eft fott poiflonneufe. Cell.ee que fignifie fon nom ;
Mananhane veut dire qui a beaucoup de vivres. *
ilucourt , Hift. de Madagascar , c. 7.
MANANPANI. Voyez. ManatengHa.
MANANSATRAN , rivière de l'ifle de Madagas-
car. C'eft une des branches de la rivière Mananghou-
rou. Elle a fon embouchure dans la mer fur la côte
orientale de l'ifle , à la hauteur du dix-ieptiéme degré
de latitude méridionale. Son entrée eft difficile à caufe
de la barre qui elt dangereule. * Flucourt , Hill. de
Madagascar , c. 9.
MANANZARI, rivière de l'ifle de Madagascar au
pays des Antauares. C'eft une grande rivière où il
peut entrer des barques. Il y a eu autrefois fur fes
bords une habitation de François , qui furent maflacrés
par les habitans du pays. Elle descend des montagnes
Ambohitsménes , c'eft-à-dire montagnes Rouges , Ôc
qui font au nord ôc à l'oueft , éloignées d'environ vingt
lieues. Le pays qa'clle arrofe elt. très-fertile : il produit
du riz, des ignames, des bœufs , des cabris , des bana-
nes i en un mot, de tout ce qui eft néceflaire à la vie.
La volaille y eft fort commune , airifî que les cannes
de fucre 5c le miel. Son embouchure eft fur la côte
orientale de l'ifle , environ à vingt-un degrés de latitu-
de méridionale. * Flacourt , Hilt. de Madagascar ,c. 8.
MANAOS, nation de l'Amérique méridionale furies
bords du Rio-Negro, félon les relations des PP. d'Acunna
ôc Frite: ils étoient autrefois très-belliqueux, ôc redou-
tés de tous leurs voifins. Ils ont long-temps réfifté aux
armes des Portugais dont à préfent ils font amis. Quel-
ques uns font encore des courfes dans les terres chez
des nations fauvages , Se les Portugais fe fervent d'eux
pour leur commerce d'esclaves.
MANAPAR , bourgade remarquable des Indes fur-
la côte de la pêcherie entre le cap de Comorin , ôc
Tutucurim. long. 98. 45. lat. 8. 27. Il y avoit autrefois à
Manapar une belle églife , mais elle fut convertie en
magafin par les Hollandois, ôc on a été obligé d'en
bâtir une autre.* Lett éd. rec. ij.
MANAP1A , ville d'Hibernie. Prolomée qui la nom-
me , met aiilli dans la même ifle un peuple nommé
Manapii. Ses interprètes croient que c'eft préfentemenc
Waterford dans l'Irlande.
i.MANAR, ifle des Indes au couchant de l'ifle de
Ceïlan , dont elle eft une dépendance , n'en étant féparée
que par un canal allez étroit. Son nom en langue
malabare lignifie rivière de fable. Cette ifle {a) a été
convertie à la foi par faint François Xavier , & arrofée
du fang de plus de fix cens martyrs que le roi de Ja-
fanapatan fit mourir peu de tems après en haine de la re-
6f
ligion Chrétienne. Cette cruauté attira contre lui les ar-
mes des Portugais. Conftantin de Bragance y pafla en
1560 , y porta le fer & le feu, démolit plufieurs bourgs
& pagodes , enleva la dtnt d'un finge , que ces idolâtres
adoraient comme une relique du dieu Budu. L'ifle de
Manar a été autrefois trè:> fameufe par la pêche des per-
les ; mais depuis ce tems leshuitres fe font épuifees ou re-
tuées , ôc il faut les aller chercher du côté de Tuticorin
fur la côte de la Pêcherie. Quoique cette perte ait dimi-
nué la richeffe des habitans de l'ifle , ils ne laifient pas d'ê-
tre toujours en très -grand nombie , ôc l'on trouve encore
de gros bourgs dans ce petit espace de terre. Les Portu-
gais y avoient établi un gouverneur ( b ) , dont le diftric"fc
sétendoit plus de dix lieues dans l'ifle même de Céïlan ,
ôc toutes les terres de Mantolteen relevoient. Le fort de
Manar n'étoit qu'un très-petit quatre , avec deux petites
redoutes aux deux angles qui font fur le bord de la mer.
Tout auprès eft un gros bourg où il y avoit plus de cent
cinquante familles Portugaifes, ôc environ deux cens des
naturels du pays. C'eft dans ce bourg que demeuroit le
capitaine. Les Hollandois ( c ) s'en rendirent les maîtres
en i6ç8 , après la mort d'Antonio Amaral de Menezès,
qui fut tué d un coup de fauconeam Ce coup étonna tel-
lement les Portugais que, quoiqu'ils fufientbien retranchés
Ôc enaiiez grand nombre, ils prirent l'épouvante, &fe fau-
verent tous à Jafanapatan. Lorsqu'on examine le lit du
détroit qui fépare Manar de la terre ferme , on trouve un
lit élevé où l'eau a fort peu de profondeur , ôc qui fcmble
un refte d'une langue de terre qui joignoit autrefois l'ifle
de CeÏJan a la prèsqu ifle d'en-deça le Gange. L'ifle où eft
la fameufe pagode de Ramanancor ôc l'ifle de Manar font
aux deux extrémités de ce lit plus élevé que le refle *
qu'une imagination indienne a faitappeller le Pont Adam.
Voyez. Pont-Adam. ( a) Le Grand , Addit. à l'hiltoire
de Céilan , par Ribeyro, p. 100. (b) Ribeyro , Hift. de
l'ifle de CeïJan , p. 93. ( c ) Le Grand , Addit. à l'hift. de
Céïlan , par Ribeyro , p. 1 00.
2. MANAR. (Le Détroit de ) On appelle ainfi le
détroit qui fépare l'ifle de Manar de celle de Céïlan.
3. MANAR. M" Sanfon dans leur carte de l'In-
de au delà du Gange , mettent fur le Menam au nord du
royaume de Siam , ôc dans l'état du roi de Pégu, une bour-
gade appellée Manar. Baudrand en fait la capitale d'un
royaume de même nom. Mais cette carre a été faite fur
des mémoires que les nouvelles découvertes convainquent
de faufleté»
MANARICIUM}lieu de la Belgique. Voyez. Man-
NARITIUM.
MANASSA. Corneille fait un article de cette ville,
tiré du voyage de Jouvin de Rochefort. Il dit que c'eft
une grande ville d'Afie. Elle n'eft point différente de Ma-
nachie , ni de Magnéfic.
MAN ASSÉ , l'une des douze ttibus du peuple de Dieu,
compoféc de la poftérité de Manafle , fils aîné de Jofeph ,
ôc petit fils du patriarche Jacob. La tribu de ManalTé ( a )
fonit de l'Egypte au nombre de trente-deux mille deux
cens hommes , propres à combattre ôc au-deflus de vingt
ans , fous la conduite de Gamaliel , fils de Phadafiïir ( h )„
Cette tribu fut partagée à l'entrée de la Terre promife.
La moitié eut fon partage au-delà du Jourdain , ôc l'autre
moitié en deçà du fleuve. La demi tribu de Manallé,qui de-
meuroit au-delà du fleuve, pofiédoit le pays de Bafan de-
puis le Jabok jusqu'au mont Liban(^ y, ôc la demi-tribu de
ManalTé de-deçà leJourdain avoit fon partage entre la tribu
d'Ephraim au midi , ôc celle d'ifiachar au nord , ayant le
Jourdain à l'orient , ôc la Méditerranée au couchant ( d).
Ces villes que poflédoient ces deux tribus, ne font point
marquées , ni dans le livre des Nombres, ni dans Jo'ié„
On y trouve feulement le pai rage des erres que Moyfe ÔC
Jofué donnèrent a ces deux demi-tribus. Voyez. Nùra,
32, 3 3. Jofué, 13 , 7>& l6> l7 (a)Genef.^i, 50,3 1.
(b) Num. 2, 20 ,21. (c)Nunt. 3* > 33. 34, &c.Jo*
Jué , i},7.(<0 Jofué, 16, 17.
MANATENGHA ou Mananpani , grande rivière
de l'ifle de Madagascar. Elle coule dans la vallée d'Am-
boule , ôc va le jetter par quatre bouches dans la mer ,• à
l'orient de l'ifle fous le tropique du capricorne , à même;
hauteur que la baie de faint AugufHn. A l'embouchure de
cette rivière il y a de grands étangs & iflets , & une fi gran-
de quantité de roches , que l'on n'a pas encore eflâyé d'f
Tom. IV. I
66
MAN
MAN
faire entrer des barques. Cette rivière descend des mêmes
montagnes d'où celle de Fanshere prend fa fource. Elle eft
formée des fources & ruifleaux qui tombent des monta-
gnes d'Encalilan , d'Hiéla & de Manghaze. Elle fe nomme
Mananpani jusqu'à une petite diftance de fon embou-
chure , où elle prend le nom de Manatengha. Elle
baigne toute la vallée d'Amboule , 8c reçoit beaucoup de
rivières & de ruifleaux qui viennent des hautes monta-
gnes au travers desquelles elle pafle. Son cours eft. droit
à Tel t. * Flatourt . Hift. de l'ifle de Madagascar ,c. 3.
MANATES, ancien peuple d'Italie dans le Latium.
Pline, /. 3- c. 5. le nomme entre les peuples à qui on di-
flnbuoic de la viande au mont Albane.
MANAZENtNSIUM Regiorum , fiége épiscopal
d'Afrique dans la Numidie , félon la conférence de Car-
thage, que fournit Fehx , évêque donatifte. On croit que
c'eft le même que Man ace enfer nantis.
MANCALOUT.K^ Manpelou.
i.MANÇANAKES (Le) , petite rivière d'Espagne
dans l'Algarria. Elleafa fource dans la Sierra Gadarama ,
qui fépare la vieille 8c la nouvelle Caltille , auprès de
Mançanares, lieu dont nous parlons enfuite. De-la , pre-
nant fon cours en ferpentant vers le midi , elle pafle à
Coïmenar Viejo , au Pardo , & , le courbant vers l'orient ,
elle pafle au fud-oueft de Madrid , & va fe jetrer dans le
Xarama , autre rivière qui fe dégorge dans le Tage au-des-
fous d'Aranjuez. Nous avons parlé ailleurs de cette ri-
vière , 8c du pont fur lequel on la paffe ; qu'on appelle le
pont de Ségovie , quoiqu'en certains tems de 1 été le
Mançanares ne foit qu'un ruifleau très foible , ce qui don-
na lieu a un voyageur de l'appeller une rivière méraphy-
fique ; un poète Espagnol n'a pas laiflé de la nommer
Ysirchiduc des fleuves.* Voyez, l'article de Madrid.
2. MANÇANARES , petite ville dEspagne dans la
nouvelle Caltille aux confins de la vieille, au pied des
montagnes de Gadarama , qui partagent les deux Caftil-
les , Se afiez près du paflage nommé Fuente Frio , & de
la fource du Mançanares, à huit lieues de Madrid. On y
trouve des beftiaux & du gibier en abondance. Elle appar-
tient au duc de l'infantado à titre de comté.
5. MANÇANARES ( El Real de ) , petite contrée
d'Espagne dans la nouvelle Caltille , dans le voifinage de
l'Escurial. Elle prend ce nom , ou de la ville de Mançana-
res , qui en eft le chef-lieu , ou de la rivière de même
nom, qui la traverfe.
i.MANCENILLE , la baie de Manccnille à la côte
méridionale de Cuba , formée par le cap de Cruz.
1. MANCENILLE . baie de l'ifle Espagnole à la côte
feptentrionale , à trois lieues de l'ett de Bayaha , & à trois
lieues a l'oueftde la Grange. On y peut mouiller à quatre
ou cinq bradés. C'eil dans cette baie que fe rend la ri-
vière d'Yaqué.
MANCHANA , ville de la Méfopotamie auprès du
Tigre , félon Ptolomée , /. j. c. 18.
MANCHARA. Ottelius foupçonne que c'eft le nom
d'un lieu dont il elt fait mention dans le livre des fecrets
attribué a Galien.
1. MANCHE ( La ) , contrée d'Espagne dans la nou-
velle Caftille , dont elle eft la partie méridionale , le long
de la Guadiana qui la traverfe. Elle eft bornée au cou-
chant par l'Eftrémadure , au midi par le royaume de Gre-
nade 8c par l'Andaloufie , au levant par la Sierra, ou
pays de la Montagne , 8c par les royaumes de Valence 8c
de Murcie , & au nord par le Tage , qui la fépare de
l'Algarrie. La Guadarména , qui fc perd dans la Guadal-
quivir , 8c la Ségura , qui arrofe le royaume de Murcie ,
ont leurs fources dans la Manche. On diltingue dans la
Manche Campo de Calatrava au couchant , Campo
de Montiel au milieu , entre celui de Calatrava & le
Déferra l'orient. Cette contrée eft devenue tres-fameufe,
parce qu'il a plu à Miguel Cervantes d'y placer la fcène
de fon roman de Dom Quichote. Les principaux lieux font
Orgaz. , petite ville «5c comté ; Confuegre , commanderie
de l'ordre de Malthe ; la Matanca , ou la Tuerie , cam-
pagne où les Maures égorgèrent beaucoup de Chrétiens
dans une bataille ; Maïagon , bourg peu confidérable ;
ÇiuAad Real 8c Calatrava , villes -, Calatrava , bourg &C
chef-lieu d'un ordre illuftre de même nom ; Miguelturra,
Elvifo 8c Almodavar del Campo , autres bourgs , dont les
deux derniers font au pied de la montagne Noire i Mon~
ticl & Villa Nova de los Infantes ; les lagunes de la Gua-
diana. Le village du TuboJ'o n'eft remarquable que par le
caprice de Cervantes , qui y a placé la Dulcinée de D.
Quichote.
2. MANCHE ( La ). On appelle ainfi cette partie de
la mer qui fe trouve reflerrée entre l'Angleterre au nord ,
& la France à l'orient & au midi , 8c qui s'étend entre
une ligne que l'on conçoit, tirée depuis l'extrémité occi-
dentale de la province de Cornouailles en Angleterre ,
jusqu'à l'ifle d'Oueflant qui eft au couchant de la Breta-
gne , & une autre ligne du port de la Rie en Angleterre
à Ambleteufe , qui cit en France. Ce qui eft au nord-ert
eft le détroic , 8c s'appelle le pas de Calais. Comme les
Anglois poflédent les ifles de Grenefey 8c de Jerfey du
côté de la France , ils prétendent que toute la Manche cft
de leur domaine. Quelques-uns l'expriment en latin par
OCEANUS BRITANNICUS.
Baudrand étend ce nom à plufieurs autres parties de
l'Océan. Ainfi il dit la Manche de Bothnie , partie de la
merBal:ique,lamêmeque l'on appelle le golfe de Bothnie.
3. MANCHE de Bristol ( La ) , bras de la mer d'Ir-
lande fur la côte occidentale de l'Angleterre, cime la
côte méridionale du pays de Galles , 8c les provinces de
l'oueft à l'embouchure de la Séverne auprès de Briftol.
4. MANCF1E de CeÏlan, (la) entre la partie méri-
dionale de la presqu'ifle en-deça du Gange 8c l'ifle de
Ce'ilan depuis le cap de Comorin jusqu'au détroit où eft
le Pont d'Adarr».
$. MANCHE de Coge , (La) petite baie de la mer
Baltique au détroit du Sud, au midi de la ville de Cop-
penhague , fur la côte orientale de la Séelande , près du
port de Coge.
6. MANCHE de Danemark , (La) partie de l'Océan
entre le Danemark, la Suéde & la Norwége.Ceuxdupavs
l'appellent la Schager Rach , les Flamands 8c les Hoï-
landois la nomment Cattegat.
7. MANCHE de l'Est, (La) Les matelots François
nomment fouvent ainfi la partie de l'Océan qui eft entre
les Pays-Bas, & les provinces méridionales de l'Angleterre,
qui s'avancent le plus à l'orient , comme font celles de
Kent , d'Effex , de Surlolck , de Norfolck 8c de Lincolne.
8. MANCHE de Finlande (La) c'eft le golfe de
Finlande , entre la Einlande au nord 8c la Livonie au midi.
9. MANCHE de France , (La) n'eft point différente
de la Manche proprement dite.
10. MANCHE d'Irlande, (La) partie de l'Océan
entre l'Irlande au couchant 8c l'Angleterre à l'orient. C'eft
ce que les matelots appellent la Manche de l'Ouest ,
par oppofition à la Manche de l'Est*
11. MANCHE de Madagascar, (La) eft entre
l'ifle de ce nom & le continent d'Afrique.
12. MANCHE du' Nord, (La) Quelques marins
nomment ainfi la mer qui eft encre l'Angleterre 8c l'Ecofle
au couchant, le Danemark 8c la Noiwege au levant, 8c
1 Allemagne. Les Hollandois la nomment Nord- Ze'e , ou
la mer du Nord.
13. MANCHE de l'Ouest, (La) ne diffère point de
ia Manche d'Irlande.
14. MANCHE de S. George , (La) partie de l'Océan
fur la côte occidentale de l'Angleterre, entre le pays de
Galles qui la borne au nord jusqu'au cap de S. David , 8c
les provinces de l'Oueft qui la reflerrent au fud , jusqu'au
cap de Cornouaille qui la fépare de la Manche de France.
C'eft la partie méridionale de la mer d'Irlande. Elle com-
prend la Manche de la Severne ou de Briftol.
15. MANCHE de S. Jean de Lua , (I>a), partie de
la mer du Nord en Amérique fur la côte de la nouvelle
Espagne , près du port de la Vera-Crux , 8c de la Forte-
refle de S. Jean de Lua , où la mer fait une courbure ou
façon de golfe.
16. MANCHE de la Saverne ou Severne , (La)
eft la même que la Manche dt Briftol.
17. MANCHE du Sond , (La) partie de la mer Balti-
que proche du Sond , entre la province de la Scoone 8c
l'ifle de Séeland.
18. MANCHE du Sud , (La) c'eft la Manche propre-
ment dite.
1. MANCHESTER , ville d'Angleterre en Lancashire,
fur le Spelden , aux confins de Cheshire. Elle furpafie Lan-
calter capitale de la province. Elle eft belle, riche 8c bien
MAN
peuplée , a un très-beau collège & une fort belle place où
le tient le marché public.Son églife collégiale avecfachaire,
qui eft remarquable , en eft un grand ornement. Elle s'en-
richit beaucoup par fes manufactures de laine , de coton &
de toile. Cette ville a titre de comré. C'eft la Mancunium
des anciens , félon quelques-uns. Voyez, ce mot.
2. MANCHESTER ou Mancester , lieu d'Angle-
terre en Waiwickshire. Ileft remarquable par fes carrières
de pierre. On croit que c'eft le Ma NDUESSEDUMd'Antonin.
Voyez, ce mox.
MANCOI. Voyez. Macci. r
MANCOUNAH , ville d'Afrique dans l'Ethiopie fur
la mer Rouge , à cinq journées de chemin de Zaleg. C'eft
le port où l'on arrive pour pafler à la ville deCaligioun
fituée dans le milieu du défert d'Ethiopie. * D'Herbelot ,
Bibl. orient.
MANCUNIUM, M amucium ou Manucium , ancien
lieu d'Angleterre. Antonin , dans fon itinéraire, le met fur
la route du rempart à Stonar , à Vallo adportum Ritupas ,
entre Cambodunum , Almombury, Se Condate, Congleton ;
à dix-huit mille pas de l'un & de l'autre. Sur quoi Gale
obferve que c'eft Manchefter ou Mancaftle qui en eil un
lieu voifin. Il y a , dit cet auteur , p. 48. en cet endroit des
ruines Se, pour ainfi dire, le cadavre d'une ville, & des
pierres chargées d'inferiptions qui font autant d'antiquités
romaines. Edouard furnommé le Vieux fortifia un château
au près de Manchefter ;firmavit caftrum apud Manceftriam:
c'eftainfiquece nom eft écrit par Alfrid , parHuntingdon,
Se ailleurs. Il dérive ce nom du mot breton Maen , qui
fignifie pierre ; car , comme dit Cambden , ce lieu eft fitué
fur une hauteur qui eft toute de pierres, Se au-deflbus de
la ville font des carrières fort célèbres. Dans une autre
route, fçavoir de Glanoventa Gebnn, à Mediolanum Mey-
vod , on retrouve ce nom de Mancunium à dix-huit mille
pas de Condare. Cette diverfité d'orthographe n'empêche
pas que ce ne foit le même lieu.
M ANCUP , ville de la petite Tartarie dans la Crimée ,
fur la montagne de Baba, près de la rivière de Cabane,
entre legolfe au couchant & Biaferai au \c\u\t* Baudrand,
Ôc Corn.
MANDA , rivière de l'Inde, en deçà du Gange , félon
Ptolomée, /. 7. c . 1.
MANDACADENI , ancien peuple d'Afie dans la
Troade, félon Pline, /. 5. c. 30. Ce n'eft que le furnom
d'une colonie de Ciliciens , qui s'étoit établie en cet en-
droit. Il les nomme Cilices Mandacadeni.
MANDAETH , village de l'Ethiopie dans le golfe
Adulique fur la mer Rouge , félon Ptolomée , /. 4, c. 7.
1 . M ANDAG AR A, ville de l'Inde enhdeçà du Gange *.
Arrien, peripl. la nomme Mandagora. On croit que
c'eft aujourd'hui Zetapor. * Vtolom. 1. 7. c. 1 .
2. MANDAGARA,villede la Médie, félon Ptolomée,
/. 6. c. 2.
MANDAGARSIS , ville de la Médie, félon Ptolomée,
/. 6. c. 1.
MANDAGORA. Voyez. Mandagara I.
MANDAGR4LUM Flumen , rivière de la Scythie
Afiatique , félon Pline cité par- Ortelius. Voyez. Man-
DRAGyEUM.
MADALIC AON , lieu de l'i/le de Java , à cinq lieues
de Japare. 11 n'eft habité que par des pêcheurs.
MANDALUM , lac de l'Ethiopie auprès du promon-
toire j4z,aniumd , félon Pline, /. 6. c. 29.
MANDANAUCENS1S. Voyez. Metaumaucensis.
1. M AND AR, province de l'Ifie des Célébes, dans la
mer des Indes , au royaume de Macaçar dont elle oc-
cupe la partie feptentrionale. La ville capitale porte le
même nom que la province. M a Mo y A en eft la fé-
conde ville. * Baudran , édit. 1705.
2. MANDAR, ville du royaume de Macaçar dans
la proviiKe de Mandar , dont elle eft la capitale. Elle
eft à environ fept journées de chemin de la ville de Ma-
caçar.
MANDAR/E, Mac<f<*pa<, partie de la ville de Cyrrhe
en Macédoine , félon Etienne le géographe.
MANDAREI , ancien peuple de la Sarmatie Alla-
tique , félon Pline , /. 6. c. 7.
MANDASUM1TANUS , ou Madasummitanus ,
ou Mandassumitanus , fiége épiscopal d'Afrique dans
la Byzacéne, Primulien fon évêque eft nommé dans la
MAN 67
conférence de Carthage, p. 279. édit. Du Pin. Se on
trouve dans la notice épiscopale d'Afrique Madassuma
entre les fiéges qui étoient alors vacans.
MANDE. Voyez Mende.
MANDEB , Mandab , ou comme l'on prononce
vulgairement , Mandel , montagne Se promontoire
d'Afrique dans l'Ethiopie , au détroit de la mer Rouge,
qui en prend le nom de Bab^al-Mandeb , ou comme
d'autres prononcent, Bee-el-Mandel. Voyez. Bab-el-
Mandel I.
MANDEI , peuple de l'Inde fur le Gange. Pline , /. 6.
c. 17. le met au voifinage du peuple Malli & du mont
Mallus.
MANDEL. Voyez. Mandeb.
MANDELA , village d'Italie dans la Sabine. Horace
dit, epift. 18. /. 1. v. 104.
Me quotics reficit gelidus Digemia rivus ,
Qitew Mandela bibit , rugofus frigore pagus.
On croit que ce village eft préfentement Poggio
MlRTETO.
MANDEMENT , en latin Manda mentum. Ce mot
dans les chartulaires ôc dans les actes du moyen âge ,
qui regardent le Dauphiné , la Provence &c autres pays
de ces cantons-là , fignifie la même chofe que , diftritl,
territoire ,jurisdiclion. Dans laBrefle , dans le Lyonnois,
dans le Dauphiné , on comprend fous le nom de Man -
dément un territoire , où eft un certain nombre de pa-
roifies qui en dépendent. C'eft ce qu'on nommeroit
ailleurs un Bailliage. Il y a des cartes où ces mande-
mens font très bien marqués.
MANDEO, petite rivière d'Espagne dans la Galice.
Elle a fa fource presqu'au milieu de la province, un
peu au-deffus de la fource de l'Ulla , pafle à Betanços,
Se fe décharge près de-là dans l'Océan vis-à-vis du port
de la Corogne. * Délices de l'Espagne , t. 1. p. 123.
MANDEPA , forterefle de Thrace , dans la province
de Rhodope. Elle fut bâtie par Juftinien. M. Confira
écrit Mundete dans fa traduction de Procope, édifie.
1. 4. c. 11.
MANDER AN de Sainte LyfTe, prieuré de France au
diocèfe de Tarbes.
1. MANDERSCHEID, petit pays d'Allemagne dans
l'électorat de Trêves , avec titre de comté. Les principaux
lieux font :
Manderscheid , Kayl , Blanckenheim , Gerolftein.
2. MANDERSCHEID ^ château , ville 8c village
d'Allemagne au pays de même nom. On diftingue le
Haut Se le Bas Manderscheid. Le haut eft fur une
côte , & c'eft la ville de ce nom ; le bas n'eft qu'un village
avec un château. Ils font féparés par une petite vallée
où coule la rivière de Lezer. Dans cet arrangement
j'ai fuivi Baudrand. La carte de l'électorat de Trêves
par Sanfon , fait une dispofition toute contraire. La
ville y eft à l'orient & à la gauche de la rivière , le
château Se le village font au couchant & à la droite.
Cette place , pourfuit Baudrand , édition 170 f. eft à
vingt milles de Trêves , en allant vers Bonne. Elle
étoit à des comtes de ce nom qui la vendirent à l'élec-
teur de Trêves.
MANDETRIUM , ville de la Dalmatie , félon quel-
ques exemplaires de Pline , /. 3. c. 22. C'eft une faute
de copiftes qui ont joint l'A/" finale de Burnum au mot
Andetrium qui eft le vrai nom.
MANDEURRE , bourg de France, en Franche-comté»
fur le Dou , au comté de Montbeliard, à une lieue de la
ville de Montbeliard. Voyez. Epamanduodurum * Bau-
drand , édit. 170J.
MANDI , petit lieu de la Morée , dans la Zaconie. On
croit qu'elle occupe la place de Mantinée. Voyez, ce
mot. * Baudrand, édit. 170J,
MANDIADINI , peuple de l'Inde, félon Arrien ,
in Indicis.
MAND1ANHVE. Voyez. Madianitve.
MANDIE , (La) petite rivière de France dans l'Anjou.
Elle fe jette dans l'Erdre à S. Denys de Candé , à fix
lieues Se au couchant d'Angers.
MANDINGUES (a), (Les) peuples d'Afrique dans
la Nigritie , à cent quatre-vingt milles de la côte ocçiden-,
Tarn. IV. I ij
68
MAN
MAN
taie , fur la rivière de Gambie , au fud du Bambouc^
Leur contrée cil appellée par les Espagnols Mandi-
Mença , Se par Marmol Mani Inga. Leur principale
ville eit Songo. Ils étoient autrefois idolâtres : ils font
maintenant fort attachés au Mahométisme. La puiffance
de leur roi s'eft étendue fi loin , que presque tous les
princes voifins étoient fes vaiTaux. Tels étoient les rois
de Burfali , des Jalofes , des Casangas , Se la plupart de
ceux qui ont leur domaine le long de la rivière de
Gambie. Mais préfentement ces princes ou chefs de
peuples dépendent peu de lui. Les Nègres de ce quar-
tier font mieux faits que ceux de Guinée. La fécon-
dité de leurs femmes les a mis en état Se même dans
la néceflité d'envoyer hors de chez eux des colonies
qui fe font établies dans beaucoup d'endroits de l'Afri-
que , & fur-tout dans ceux où il y a quelque com-
merce avantageux à faite. Les principaux établiflemens (A)
qu'ils ont faits , font dans les pays de Jaga , de Galam ,
de Bambouc Se de Barre. Ils font en très grand nombre
dans celui de Galam , & fi unis entr'eux , qu'ils com-
pofent une efpece de république , qui ne craint point
le roi de ce pays , Se ne le reconnoît que par bien-
féance. Tout le commerce y eft entre leurs mains, (a)
De la Croix , Hift. d'Afrique, t. 2. (/>) Labat , Afrique,
occident, t. 3 . Se 4.
Ils font civils , honnêtes , hofpitaliers , laborieux , Se
propres à apprendre les feiences. Néanmoins toute leur
habileté en ce genre , fe borne à fa voir lire Se écrire
la langue arabesque. Ces Mandingues font venus de
Jaga , où ils s'étoient établis en premier lieu. Ceux qui
fe trouvent dans le royaume de Bambouc , s'y font tel-
lement alliés avec les naturels du pays , qu'ils ne com-
poient plus avec eux qu'une feule nation , dans laquelle
la religion , les mœurs , Se les coutumes des Mandin-
gues régnent fi abfolument , qu'on n'y reconnoît plus
aucun veftige de celles des anciens habitans. Les Man-
dingues qui habitent le royaume de Barre , y font en
lï grande quantité , Se tellement les maîtres , que le
roi elt de leur nation , & qu'ils furpalTent de beau-
coup les naturels du pays. Ils font fort rigides obfer-
vateurs de la loi de Mahomet , c'eft chez eux que ré-
fide toute la feience qui fe trouve dans ces quartiers.
Ils tiennent des écoles publiques , où leurs marabous ,
ou docteurs enfeignent aux enfans à lire & a écrire.
Leur langue propre , qui eft la Mandmgue , & qu'ils ont
répandue dans tous les endroits où ils fe font établis ,
n'a point de caractères particuliers , de forte que , pour
l'écrire ils empruntent ceux de la langue arabesque.
Ces Nègres font fort habiles dans le commerce , Se en-
treprennent pour ce fujet de grands voyages , qui leur
donnent en même tems lieu de fignaler leur zèle pour
le Mahométisme , en l'introduifant par tout où ils
peuvent pénétrer. Ils font allez fidèles , mais fins Se
rufes. Ils s'aiment Se fe fecourent volontiers les uns les
autres , Se ne font point esclaves ceux de leur propre
nation, à moins qu'ils ne les veuillent punir pour quel-
ques crimes atroces. Il s'en faut bien que les docteurs
Mandingues fuient auifi durs fur le chapitre des femmes
que leur prophète Mahomet. Voyant que ce législateur
avoit placé en paradis fon chameau , fon chat Se plu-
sieurs autres animaux , ils ont cru devoir y admettre
auifi les femmes , Se pour leur en donner quelques afïu-
rances , ils les font circoncire d'une manière convenable
à leur fexe, & par d'autres femmes, afin que leur pu-
deur n'ait rien à fouffrir dans cette opération.
MANDO, félon d'autres Mandoa , ville de l'In-
douftan , dans la province de Malva , au midi de Ra-
tipor. Thevenot , dans fon voyage des Indes , nous ap-
prend que cette ville eft un des plus beaux ornemens
de la province.
MANDOA. Voyez. ManoÉ.
MANDONIUM, ville d'Italie, félon Plutarque. Il
dit , dans la vie d'Agis : Agefilas eut un fils nommé Archi-
damus , qui fut défait Se tué dans un combat , par les Mef-
fapiens , devant une ville d'Italie, appellée Mandonium.
Le P. Lubin croit que c'efl préfentement Casal nuevo ,
dans la terre d'Otrante ; conjecture fort légère.
MANDORI , peuple de la Libye intérieure. Ils
s'étendoient jusqu'aux Darades , félon Ptolomée , /. 4.
c. 6.
MANDOVA , rivière des Indes , dans la presqu'ifle
en-deçà du Gange. Elle a fa fource au royaume de
Vifapour , dans Jes montagnes , au pied desquelles la
capitale eft fituée. De-là ferpentant vers le fud-oueft
d'un cours presque parallèle à une longue chaîne de
montagnes, elle pafTe allez près d'Omguerry , &, après
avoir coulé encore vers le même point , elle fe courbe
vers le couchant , baigne Ponda , g. Ditauli d. &,fe
parrageant en plufieurs bras , elle forme pluiieurs iiles
dans l'une defquelles la ville.de Goa eft fituée. Elle lui
fert de port , Se fe perd enfin dans la mer de Malabar.
De l'ifle écrit Mondoa.
MANDRA. Une Mandre. Les fçavans conviennent
du fens de ce mot , qui , dans les écrivains ccclefiaftiques ,
fur tout de l'églife d'Orient, fignifie un couvent, un
monaittre. Les Grecs modernes l'emploient dans cette
Signification Se les Latins auifi. Alcuin, dans fa vingt-
feptiéme épine dir , cœleltis Mandra agmina. il dit auifi
dans la vie de S. Wiibrod , /. 2.
Cratit ideirco vigil hoc tutamine Mandras ,
Nomimbus mr.ritis ut Chrijii augeret Ovile.
Les Grecs ont formé de ce nom celui de Mandrita
pour dire un moioe , Se celui d Archi-Mandrita pour
defigner un abbé , le fupérieur d'une mandre , d'un mo-
naftere. Ein.enold, dans la vie de S. Sol » c. 9. dit Man-
drins è à ■verjo vtmtnùbus. Valafrid Strnbo , abbé de
Reichenau, dans la vie de S. Othmar, dit, t. 1. Boni
Mandrita ftudium in eo exetutus. Et S. Avit de Vienne,
dit , epifl. 2. Copoft mu'titudinis pr&pofnus fuit , cujus
officii perfonas ep:scopi Orientales arebimandritas t.ppel-
lant. Dans l'Eglife Grecque Se dans la Rufllenne les
archimandrites font des prélats très-refpeétcs Se fort
employés dans les fondions publiques dont les évêques
fe repofent fouvent fur eux.
On ne confient pas de l'origine du nom Mandra.
Dans la langue grecque , les gloflaiies appellent une
caverne, une grotte ua.S^et. Les foliaires d'Orient ont
ancienntment logé dans les grottes. Le Carmel , le mont
Liban , le mont Sinaï , Se la haute Egypte font pleins
de grottes qui ont fervi de retraite à des folitaires. Le
mot Mandre , dans le fens de monaftere convient afiez
à cette origine.
D'autres ont cru que le mot Mandre a pu également
être pris di latin Mandra, que les auteurs Latins ont
employé dans le fens de troupeau. Martial , /. y. tpiç. 22.
edit. Juvencu s'excifant envers un ami de ce qu'il ne
l'alloit pas voir»? raconte les embarras du chemin , Se
marque entr'autres la difficulté de fe faire jour à travers
une multitude de mulets.
Vixque datur longas mulorum rumpere Mandras,
Juvenal, dit , fat. 3. v. 237. aufli dans la defeription
des embarras de Rome ,
Rhedarum tranfitus arilo
Vicorum inflexu , @°ftuntis coovlcia Mandra
Eripient Jomnitm Dr use.
Il eft plus naturel de préférer l'origine grecque pour
ce mot , puisque les folitaires Orientaux , qui favoient
le grec Se point le latin , font les premiers oui ayenc
mis ce mot en ufage , pour fignifier un monafiere.
MANDRA , lieu particulier de la Paleftine fur la
route de Mafphat , vers le pays des Ammonites , félon
Jofeph , Antïq. 1. 10. c. 11.
MANDRACIUS Portus , port d'Afrique auprès de
Carthage, félon Procope , Vandal. 1. 1.
MANDR/E, lieu de Thrace au voifmage de Con-
ftantinople , félon Denys de Bysance , collett. Oxon.
t. 3. Ceft, dit-il, un lieu où il y a un bon abri, Se la
mer qui le baigne eft fort tranquille.
MANDRAG/EUM Flumen , rivière delà Scythie ,
félon Pline, /. 6. c. 17. Quelques exemplaires porrenc
MandagrvEum.
MANDRALtE , peuple de l'Inde, en-deçà du Gange ,
félon Ptolomée , / 7. c. 1. Il dit qu'ils s'étendoient
jusqu'à ce fleuve. Il leur donne pour villes : Afthagura ,
MAN
MAN
Et le long du fleuve,
Sambalaca , Paîibothra capitale ,
Sigala , Tamalites , Et Oreophanta.
Voyez. PalibothrA.
MANDRE. Voyez. Mandra.
MANDREREl, rivière de Pifle de Madagascar. Son
embouchure eft fous le vingt-fixiéme degré de latitude
méridionale ; elle eft comme un torrent fort rapide.
Elle fépare le pays de Carcanofll de celui des Ampatres.
Elle descend des montagnes , court au fud-oueft , & .
après avoir reçu plufieurs petites rivières , comme Ma-
ropia , Manamboulle & Mananghafe , elle va fe jetter
dans la mer , au fud de l'iflc. * Flacourt , Hiftoire de
Madagascar, c. 7.
MANDRI ou Mandi. Selon les divers exemplaires
de Pline, /. 7. c. 3. il dit qu'ils ne paflbient point l'âge
de quarante ans , Se qu'ils vivoient de fauterelles. Il
ajoute qu'ils couroient fort vite , que Clitarque Se Mé-
gasthéne leur comptoient trois cens villages , Se que
leurs femmes commençoient à être mères dès l'âge de
fept ans. Ce peuple étoit dans les Indes.
MANDRIA pour Mandra. Evagre nomme ainfi
lin monaftere fitué à trente ftades de Théopolis , c'ell-
à-dire d'Antioche. * Ortel. Thef.
MANDRIA. Corneille dit , petite ifle de l'Archi-
pel. Elle donne fon nom à la partie de cette mer qui
eft à fes environs, Se que les anciens appelloient mare
Myrtoum. Elle eft fituée entre l'ifle de Samo Se celle
de Lango , Se portoit autrefois le nom de Minya : cette
ifle eft petite Se déferte. Il n'eft pas vrai que la mer
où eft cçtte ifle ait été "nommée Myrtoitrn mare. La
mer de ce nom étoit fur la côte de la Grèce , de l'autre
coté de l'Archipel , comme on le peut voir au mot
Mare. Baudrand dit beaucoup mieux ; Mandria ,
ifle de l'Archipel , près de la côte de la Natolie. Elle eft
petite Se déferte , avec un vieux château ruiné , Se toute
environnée de rochers entre l'ifle de Samo au fepten-
trion , Se celle de Lero 8c de Calamo au midi , à quinze
milles de celle de Palmofa (Pathmos) au couchant en
allant vers celle d' Agathonifi (Gaitonifi).
MANDROGIA , village d'Aile , dans la Natolie.
Quelques-uns le prennent pour l'ancienne M andropolis.
Les maifons y font de terre & de chaume , Se il y a
un camp , où l'on voit cinq ou fix colonnes fort anti-
ques , qui donnent lieu de croire que ce lieu a été
plus confidérable qu'il n'eft aujourd'hui. * Spony Voyage.
MANDROPOLIS, ville de Phrygie , félon Etienne
le géographe. Tite-Live, /. 38. c. 15. en parle aufll ,
Se la met entre le Palus Caralite Se la ville de Lagos ,
à peu de di fiance de Cibyre Se de Termefle.
MANDRUENI, peuple d'Aile vers la Bachïane.
Pline, /. 6. c. 16. le nomme avec les peuples Ochani...
Comani , Maruc&i , Se Jatii. Et , comme immédiatement
après il nomme les rivières de ces mêmes pays , Se
entr'autres Mandrum , le P. Hardouin en conclut
que le peuple Mandrueni droit fou nom de cette rivière
dont il occupoit les bords.
MANDRUM Flumen. Voyez, l'article précédent.
MANDUBII, ancien peuple de la Gaule. Céfar dit,
Bell. Gall. I. 7. c. 68. Vercingentorix prit le chemin
d'Aléfia , ville des Mandubiens. Strabon , /. 4. dit de
même , que les Gaulois fe battitent contre Céfar auprès
d'Aléfia , ville des Mandubiens. On fait qu'Aléfia eft
Alife, en Bourgogne-, fur quoi Nicolas Sanfon raifonne
ainfi dans fes remarques fur la carte de l'ancienne Gaule :
Le Duesmois , où eft Alife, femble retenir quelque
chofe de l'ancien nom Mandubii ; ce quartier eft tout
engagé dans le diocèfe de Langres , Se néanmoins il
dépend du diocèfe d'Autun : cela m'a fait juger, pour-
fuit-il , ou qu'ils ont été Pagus Lingormm , pays de ceux
de Langres , ou qu'ils ont été peuple en chef, Se qu'après
la prife Se la ruine d'Alife , les parties de ce peuple
Mandubii auront été données en partie à ceux d'Autun,
en partie à ceux de Langres.
MANDUESSEDUM , ancien lieu de la Grande Bre-
tagne. Antonin le nomme fur la route du rempatt, au
port de Stonar , à vallo a& portum Riu/pas , entre Etoce-
inm Se Venons. On croit que ceft Mancester ou
Manchester, en W.uwickshire.
1. MANDUR1A , ville delà grande Grèce, au pays
69
des Salentîns. Pline, /. 2. c. 105. dit qu'auprès de
cette ville eft un lac toujours plein jusqu'aux bords Se
qui ne s'augmente point par toutes les eaux qui y
tombent , Se ne décroit point par toutes celles qui
en fortent» Tite-Live , /. 27. met aufll Manduria dans
les Salentins , Se Etienne le géographe dit Mandurium
dans la Japygie : c'eft le même lieu. Il eft préfente-
ment reconnoiffable à caufe du lac qui conferve l'an-
cien nom : on l'appelle Andoria. Voyez, ce mot. Le
nom moderne de Manduria , eft Casal nuovo ,
félon Léandre. Voyez. Mandonium.
2. MANDURIA , petite ville d'Italie au royaume
de Naples dans la Pouille. Elle eft très différente d'An-
doria , qui eft dans la Capitanate. * Baudrand , éd. ^oy.
MANEDO ou Magnedo , petite ville de Portugal
dans la province d'entre Duero Se Minho. Elle étoit
épiscopale , mais elle eft réduite en village , Se fon
fiége a été transféré à Porto. * Baudrand, éd. 170J.
MANEGA, petite ifledel'Amérique, l'une desLucayes,
dans la mer du Nord , à vingr cinq lieues de l'ifle de
la Tortue. Elle eft remplie de montagnes Se environnée
de bancs Se de roches. * Baudrand, édit. I70J.
MANEGORDUS. Voyez. Manezardus.
MANEl, ancien peuple d'Espagne , vers l'embouchure
du fleuve Bartis , félon Feftus Avienus , cité par Ortelius,
Thefaur.
MANES. Voyez. Boagrio.
MANESIUM , ville de Phrygie, félon Etienne le
géographe.
M A NETHUSA , ville de Crète. Voyez. Marathus a.
MANEZARDUS , c'eft ainfi que porte l'exemplaire
de l'itinéraire d' Antonin 5 qui eft en manuferit dans la bi-
bliothèque du Vatican. Zuritalit Manegordus. Ce lieu
étoit en Afie fur la route de Conflantinople à Ancyre , à
vingt quatre mille pas de cette dernière ville.
MANFELOU , félon d'autres Manfalu, ville delà
haute Egypte , au-deflus dti grand Caire fur le bord du
Nil. Le nom de cette ville fignifie en arabe , Lieu d'exil
de Loth , parce qu'un certain homme , appelle Loth , y
fut exilé par fon frère , qui étoit un ancien roi d'Egypte ,
félon la tradition des Coptes. Cette ville eft fameufe par
le commerce des toiles. Le grand feigneur y tient cinq
cens janiflaires , Se deux cens fpahis en garnifon , pour
empêcher les excurfions des Arabes , qui défolent tout ce
pays. * Voyage de Po/icet en Ethiopie,
MANFREDONIA , ville d'Italie au royaume de Na-
ples , dans la province de la Capitanate , 3U pied du
mont Gargan ou mont S. Ange , avec un château Se un
port fur la côte du golfe de Venife. Elle eft ainfi nommée
de Mainfroi , en latin Manfredus , bâtard de l'empereur
Frédéric II. Il la fit bâtir en 1 256 , Se lui donna fon nom.
Elle s'eft accrue des ruines de l'ancienne Siponte, qui en
étoit à un mille , Si dont l'archevêché y a été transféré.
Elle eft petite & mal peuplée , depuis qu'elle fut prife Se
pillée par les Turcs , qui s'en rendirent maîtres en 1620,
y mirent le feu , en emportèrent toutes les cloches , avec
vingt quatre pièces de canon , huit cens barils de poudre
Se force munitions de guerre. Son port, qui eft fur le golfe
particulier , auquel elle donne fon nom , eft tout gâté , 6c
ne reçoit plus que de petits bâtfmens. Manfredonia eft à
vingt-cinq milles de Nocera , Se à vingt-deux milles de
l'embouchure de l'Ofante.
MANFREDONIA. ( Le Golfe de) Voyez au mot
Golfe. Les Romains l'ont connu fous le nom de Sipon-
tinus Sinus.
MANGALIA , port de la Turquie en Europe fur la
côte occidentale de la mer Noire dans la Drobugie , en-
tre le Carahirmen , l'une des bouches du Danube , Se la
rivière de Varna. C'eft un des quatre meilleurs ports de
cette mer. * Tavemier , voyage de Perfe , /. 3. c . 7.
MANGAL1N , place d'Afie dans l'ifle de Célébes au
royaume de Macaflar. * Voyages de la Compag. Holland.
tom. 3. p. 169.
MANGALOR , ville de l'Inde fur la côte de Mala-
bar , au pays de Canara , à dix-huit lieues de Baliepâtan »
félon Dellon , Voyage des bides. Thévenot , Voyage des
Indes ,c. 1. dit: Elle eft fituée à dix degrés quelques mi-
nutes de la ligne, & appartient au roi de Banguel. Cette
ville eft petite& mal bâtie ; elle eft à douze lieues deBar-
celor. Le port de Mangalor , dit Pietro de la Valle , eft à
MAN
7°
l'embouchure de deux rivières. La plus feptentrionale s'y
rend des contrées de Benghel ( Banguel) , la plus méridio-
nale vient des contrées d Olala. Ces deux rivières forment
un golfe avant que d'entrer dans la mer ; c'elt un havre
allez fpacieux , qui a la figure d'un croiffant. La violence
du reflux le remplit d'eau falée , Se enfuite elle le dégorge
dans la mer par divers petits canaux. Ceft fur ce golfe
que Mangalor eft limée vis-à-vis de l'entrée du port. La
citadelle qui elt au fond , eft fort petite , très-foible Se
très-irrégnliere , Se mérite moins le nom de forterefle que
celui de Ample maifon d'un gentilhomme. La ville , qui
eft médiocrement grande , eft aulTi unie à lacitadelle , Se
environnée de murailles qui ne font pas de grande dé-
fenfe, & au-dedans de laquelle les maifons des habitans
font conllruites. Les Portugais étoient maîtres de cette
place, & y entretenoient garnifon ■-, mais ils l'ont retirée.
MANGANEA , lieu d'Afie , quelque part vers la Pa-
lestine. Eufebc de Céfarée en fait mention dans fon hi-
ftoire eccléfiaflique , /. 8. c, u. au fujet d'Adrien & Eu-
bule , qui arrivèrent de Manganée à Céfarée , à deffein
de vifiter les confefleurs , & y trouvèrent eux-mêmes le
martyie.
MANGANUM, lieu Se monaftere de Thrace , aux
environs de Conftantinople. Cédtene Se Nicetas en par-
lent. * Or teint s , Thefaur.
MANGANUR , ville de l'Inde en-deçà du Gange ,
félon Ptolomée, /. 7. c. r. Quelques exemplaires portent
Mastanus.
M ANGARE , petite ifle de la mer des Indes , auprès
des ifles de Java Se de Madura. * Voyage de la Compagnie
Jiollandoij'e , t. 3. p. 15 8.
MANGAROL. Quelques-uns écrivent Mangalor;
de l'Ifle écrit Mancorol , place d'Afie dans les Indes au
royaume de Cambaye .aunord-oueftdePatan, fur la côte.
MANGATE , royaume des Indes avec une ville de
même nom dans les Montagnes de Gâte , afTez près du
royaume de Cochin. Les cartes dreffées fur de nouveaux
mémoires , n'ont aucune trace de la ville , ni du royaume.
De l'Ifle met Mangale , ville dans ces mêmes montagnes,
mais plus au nord & dans le pays de Canara.
MANGAZEIA , ville de l'Empire Ruffien dans la Si-
bérie; & dans la province de Jeniscea vers le cercle po-
laire , au 10 1 deg. de longitude , fut la droite de Jeniscea.
MANGERA, ifle de la mer du Sud , entre les terres
baffes du golfe d'Amapalla & la pointe de Caswina.
Dampieren parle ainfi , Voyages , t. î.p. 1^9. Ceftune
ifle ronde, d'environ deux lieues de circuit , qui paroît
comme un grand bois. Elle eft toute entourée de rochers ,
& n'a qu'une petite baie fablonneufc du côté du nord-eft.
La terre en eft noire , peu profonde & mêlée de pierres ,
produifant néanmoins de fort gros arbres propres à la
charpente. Au milieu de l'iflc il y a une ville d'Indiens Se
une jolie églile espagnole. Les Indiens ont autour de la
ville des plantations de maïs & de quelques plantains. Ils
ont quelques coqs Si quelques poules , fans aucune au-
tre forte de volaille. Ils n'ont d'autre bête, que des chats
Se des chiens. On va de la ville à la baie par un petit
chemin escarpé Se pierreux. Il y a toujours dans cette baie
dix 01; douze canots fur le fable , Se qu'on ne met à l'eau
que quand on en a befoîn.
MANGHABIA, rivière de Pifle de Madagascar. Elle
donne fon nom à une anfe Se à un iflet , qui fe trouvent à
fon embouchure fur la côte orientale de rifle , à 24 deg.
30 min. de latitude fud. Les étrangers l'ont nommée fainte
Luce. Dans la baie il y a bon mouillage pour de grands
navires, & une chaloupe pour entrer dans la riviere.C eft-
là que les François commencèrent à s'établir. La rivière
vient de la montagne Siliua. * Flacourt , Hirt. de l'ifle de
Madagascar , c. 2.
M ANGH ARAC , tiviere de l'ifle de Madagascar : elle
fort des grandes montagnes qui féparent les Eringdrancs
d'avec le pays des Antauares & des Ambohitsmenes. Sa
fourec eft environ par les 20 deg. 3c minutes. Elle coutt
à l'ouell trois journées ou environ ; puis elle fait un de-
mi cercle, Se court à l'eft-fud-eft environ quatre journées,
Se fe joint au pays de Koutre avec l'Ionghaivou. * Fia-
Court , Hift. de l'ifle de Madagascar , c 6.
MANGHASfOUTS, ou Manghasi'es , rivière de
l'ifle de Madagascar , à quatre lieues de la rivière de Ma-
tatatù , en tirant vers le nord. Les François ont eu une
MAN
habitation fur cette rivière, qui peut pafler pourmédiew
cre ; mais dont l'abord eft difficile à une chaloupe , à caufe
des grands brifans. * Flacourt , Hiitoire de Pifle de Ma-
dagascar , c. 7.
^ MANGHISI , petite presqu'ifle de la Sicile , fur la
côte orientale de la vallée de Noto , entre Syracufe Se
Agofta. Voyez-TAPsvs. De l'ifle donne auffi ce nom à la
rivière appellée par le P. Coronelli , Jasibili.
MANGl , contrée de l'Afie, à l'extrémité orientale du
continent. Marco Polo le Vénitien , /, 2. c. $ 3. donne une
idée charmante des mœurs de Ces habitans , à qui il ne
manquoit que 1 exercice des armes , qu'ils avoient perdu
infenfiblement dans une longue paix. Il dit qu'elle étoit
fort peuplée. Le grand Kan qui la fournit, c. 64. ladi-
vifa en neuf royaumes , à chacun desquels il donna un
roi. Le Mangi eft la partie méridionale de la Chine,
comme le Cathai en eft la partie feptentrionale.
MANGON , Md}ïw , ifle du golfe Arabique , du cô-
té de l'Ethiopie , vis-à-vis de Ptolema'u Ferarum. Les
interprète^ latins de Ptolomée, 1.6. c. 7. rendent ce mot
par Magorum infjla , l'ifle des Mages.
MANGRES1A , ville de Turquie dans la Narolie,
dans l'Aidia lli fur le Madré , au pied des moniagnes.
Baudraud dit , édit. 1705. Elle eft aflez peuplée &. capi-
tale de ce pays, à trente-fix milles des ruines d'Ephéfe
au levant , & à foixante-dix de Smyrne. C'eft apparem-
ment la Magnéfie du Méandre.
MANGXI , forterefle de la Chine dans la province
d'Iunnan , au département de Lungchuen , ci'é de la pro-'
vince. Elle eft plus occidentale que Péking, de 1 3 degrés
10 minutes, par les 23 deg. ji minutes de latitude. *
Atlas Sinenfls ,
MANHARTZBERG ( Le) , contrée d'Allemagne en-
tre la haute Autuche, la Bohême , la Hongue Se le Da-
nube. C'elt la partie feptentrionale de la bafic Autriche.
On la dirtingue encore en haut & en bas Manhartzberg ,
félon le cours du Danube Le haut efl au couchant , Se a
pour principales places Srain Se Krembs ; le bas eft à l'o-
rient , Se a Corneubourg , Eggenberg , Retz Se Laba. *:
Baudrand , édit. 1705.
MAN HATE , ifle de l'Amérique feptentrionale fur la
côte de la nouvelle Yoick , entre l'ifle Longue Se le
Continent, à l'embouchure de la rivière de Hudfon.
Hudfon , navigateur Anglois , qui découvrit cette rivière
en 1 609 , lui donna le nom du peuple qui en habitoit alors
la rive droite ou orientale. Les Hollandois qui poflede-
rent enfuite ce pays , le nommèrent le nouveau Pays-
Bas , Se bâtirent dans l'ifle de Manhate une ville , qu'ils
appelletent la Nouvelle Amsterdam \ ils appellerent
Baie de Nassau , la baie où l'ifle eft fituée. Les Anglois ,
qui font préfentement les maîtres du pays , ont donné à
la rivière le nom de Hudson , à l'ifle celui de Manhat-
tam , & à la ville celui de nouvelle Yorck, qu'elle
donne à tout le pays. Voyez, au mot Yorck , l'article de
la nouvelle Yorck.
MANHEIM ( a ) , ville d'Allemagne dans le bas Pa-
latinat , au confluent du Necker Se du Rhin , à deux
milles au deflbus de Heidelberg. On croit affez commu-
nément qu'elle doit fa première origine à quelques ou-
vrages que l'empereur Valentinien fit élever dans ces
cantons-là, au rapport d'Ammien Marcellin, /. 28. c. 2.
qui dit , que ce prince fortifia la frontière le long du
Rhin,c\: qu'il eut un foin particulier de faire faire des
travaux , afin que le Necker n'endommageât point une
forrerefie qu'il avoit élevée. Il y eut pendant long- tems en
cet endroit un vieux château , que l'on appelloit autte-
foisEcHEiBERG. Ce fut-là que furies infiances de l'em-
pereur Sigismond Si du concile de Confiance , on tint
aux arrêts Bakhazar Cofla, connu fous le nom de Jean
XXIII , pape. Ce château étoit accompagné d'un vil-
lage Se d'un bureau de la douane , jusqu'à ce qu'en 1606
le 17 mars , Frédéric IV , comte Palatin du Rhin , y pofà
la première pierre d'une nouvelle forterefle. Il ne 1 acheva
point Frédéric V, fon fils continua ces travaux , & il s'en
forma une place très forte, accompagnée d'une citadelle
régulière (b). Les François s'en rendirent maîtics, Si la
démolirent en 1688. Depuis <k tems-là on en a relevé Se
augmenté les fortifications, fur tout depuis la paix de
Ryswick. (a) Zeihr , Palat. Rhen. topogr. p. 36. {b)
Hubner , Geogr. p. 450.
MAN
MAN
&1ANH0AC ou Magnoac. Voyez, ce mot*
MANî. Ce mot dans la baffe Guinée lignifie Seigneur ,
ainfi Manicongo veut dire le feigneur ou le roi du Congo.
Quelques auteurs ont cru que les états de Manicongo
étoient quelque chofe de différent du Congo \ faute de
favoir ce que veut dire ce mot de Mani.
i. MANIA, promontoire de l'ifle de Lesbos dans fa
partie méridionale au couchant , félon Ptolomée , /. j. c.
3. Strabon , /. 1 3. p. 616. nomme ce même promontoiie
Mali a , & Thucydide ,/. 3 . c. 4 & 6. M aléa ,de même
que le Malée de la Laconie.
2. MANIA , ville de la Parthie, félon Pline, /. 6. c.
1$. Le P. Hardouin croit que ce peut être la Zania de
Ptolomée , /. 6. c. 2. ou Genonia d'Ammien Marcellin ,
lib. 23.
MANI/ENA, ville de l'Inde en-deçà du Gange, fé-
lon Ptolomée , l.j.c.i.
MAN1ATH , ou Maniathe , Mo-Wôn, ancienne ville
aux confins de la Paleftine & des ammonites. Jofephe ,
Antiq. l. 5. c. 9. dit que Jephté les pourfuivit jusqu'en la
ville de Maniath , entra dans leur pays , Sec. La vulgaie
nomme ce lieu Mennit. Judic. c. 1 1 . v. 3 3.
1. M A N IC A , contrée d'Afrique dans là Cafrerie.
Il y a royaume , rivière , ville Se mines de ce même
nom.
2. MANICA( la rivière de ) , eft la même que celle
de Laurent Marquez. Elle a fa fource dans les montagnes
de Lupata , vers les 42 deg. 3© min de longitude , Se par
le 20 deg. de latitude méridionale, d'où, après avoir coulé
vers le midi quelque tems le long du royaume de Mani-
ca, 'qu'elle borne au couchant , elle fe courbe vers le
fud-eft ,Se va en ferpentant fe perdre dans un petit golfe
qui ferme l'ifle d'Inhaqua. On la nomme auffi Magnica ,
Se rivière du faint Efprit près de fon embouchure. * De
l'ifle , Atlas.
3.MANICA011 Magnica ( le Royaume de) , s'é-
tend à l'orient & au nord de cette rivière , avec une petite
lifiere au midi auprès de fon embouchure. Il a au nord les
états du Monomotapa Se le royaume de Quiteve ; au
nord-eflle royaume de Sabia ou de Sedanda'i à l'orient le
royaume d Inhambane , Se la mer des Indes ; au midi les
terres du roi de Bui. Le roi de Manica s'appelle Chi-
canga.
4. MANICA ou Magnica , ville capitale du royaume
de même nom, Se l'unique que nous lui connoiftionsi
Au midi de cette ville font des mines d'or , connues fous
le nom de Mines de Manica.
MANICABO , ville des Indes fur la côte occidentale
de l'ifle de Sumatra , entre Priaman au nord , Se Indra-
poura au midi. Il y a dans cette ville une fabrique de poi-
gnards de Java , qui font fort bien travaillés. Il croît aux
enviions beaucoup de poivre.
MANICAPATAN. Baudrand, èdit. 170;; dit, ville
de la presqu'ifle de l'Inde deçà le Gange. Elle eft fur la
côte du royaume de Golconde. Quelques géographes la
prennent pour l'ancienne Minxgara, 11 fëroit difficile de
dire ce que c'eft , à moins que ce ne foit Maningapa-
îan » qui eft non fur la côte de Golconde, mais d'O-
rixa à l'extrémité , aux confins du royaume de Ja-
grenat.
M ANICOUAG AN , rivière qui fort des montagnes
de Labrador , forme un affez grand lac qui porte le même
nom , Se plus communément celui de S. Barnabe , Se fe
décharge dans le fleuve S. Laurent du côté du nord. *
Journal dit P. Charlcvoixi
MANIEL , montagne de l'Amérflue dans l'ifle de S.
Domingue , à quinze lieues de la ville de ce nom. Son
circuit eft de huit lieues , Se elle eft fi haute Se fi escar-
pée , qu'elle eft presque inaccelfible. * Baudrand , Cor-
neille & Maty. '
1. MAN1KOUAGAN , lac de l'Amérique feptentrio-
nale dans la terre de Labrador aux confins du Canada
Se des Kiliftinous. On l'appelle auffi lac de S. Barna.be.
11 eft formé par la rencontre de plufieurs rivières dont
la principale vient des villages des Ouftigouecks. Il fe dé-
charge dans le grand fleuve de S. Laurent par la rivière
Noire. * De l'ifle , Canada.
2. MANIKOUAGAN, battures dangereufes dans le
fleuve de S. Laurent à la côte du nord.
MANILHA.r*y«. Manille.
7*
MANlLLA,abbaye d'hommes , ordre de Citeaux de
la congrégation d'Arragon au royaume de Navarre dans
le diocefe de Pampelune.
MANILLE , ville des Indes , dans l'ifle de Luçon dont
elle eft la capitale , Se en quelque manière la feule ville.
Elle eft fituée au 1 4 degré 40 min. de latitude , Se au
138 deg. de longitude , ce qui fait. qu'elle jouit d'un
equinoxe perpétuel ; mais la chaleur y eft exceflive. *
Gemelli Cirer i , Voyage , t. 5 . p. 16. Se fuiv.
Cette ville eft fituce au pied d'une file de montagnes,
fur la pointe de terre que forme la rivière qui fe rend
du lac dans la mer , Se dans l'endroit d'où Michel Lo-
pez chaffa le 19 de Juin 1 57 1 . le Raja More qui s'y
éroir fortifié. La place peut avoir deux milles de cir-
cuit Se environ un tiers de mille de longueur, Sa figu-
re eft très-irréguliere ; elle eft fort étroite au deux bouts
Se large au milieu. On y compte fix portes} fçavoir de
Los Almaz,enes , de S. Dominique , de Parian , de Suinte
Lucie , la Royale Se une Poterne. La muraille du côte
de Cavité a cinq petites tours garnies de canons de fer :
à la pointe il y a un fameux baftion qu'on appelle dél-
ia Fundi^wne , Se un peu plus loin on voil un autre
baftion. Entre ces deux ouvrages fe trouve la porte
Royale , qui eft garnie de bonne artillerie de fonte Se
qui a plufieurs ouvrages extérieurs On trouve enfuira
le baftion de Parian , qui eft vis avis le fauxbourg de
ce nom ; il eft auffi garni de plufieurs pièces de fonte.
En continuant le long de la rivière, on rencontre la tour
de S. Dominique proche du couvent des religieux de
cet ordre, Se on achevé le tour de la ville en venant
du côté du château qui termine la longueur de la pla-
ce. De cette manière la ville eft baignée au midi par
la mer; au feptentrion Se à l'orient par la rivière fur
laquelle il y a des ponrs-levis , pour entrer dans la por-
te Royale Se dans celle de Parian.
Les Maifons , quoique de bois , ne laiffent pas d'être
affez agréablles à caufe de leurs belles galeries. Les rues
font larges ; mais les frequens tremblemens de terre en
ont gâté la fymmétrie. On y voit quantité de maifons
ruinées. On compte trois mille habitans à Manille i mais
ils font tous nés -de l'union qu'ont fait enfemble les
Espagnols, les Indiens, les Chinois, les Malabares , les
Noirs , Se autres qui demeurent dans la ville Se dans les
ifles qui en dépendent.
Les femmes de diftinction font habillées à l'espa-
gnole ; mais celles du commun s'attachent de la ceinture
en bas un morceau de toile peinte , qui leur fert de
jupe : un autre morceau de la même toile leur fert de
manteau. La grande chaleur du pays fait qu'elles n'ont
befoin ni de bas ni de fouliers. Les Espagnols fonC
habillés à l'espagnole: mais ils fe fervent de hautes
fandales de beis à caufe des pluies. Il eft défendu aux
Indiens de porter des bas. Ils vont nuds-jambes. Les
gens aifés ont un domeftique qui leur porte un para-
fol ; Se les femmes fe fervent de chaifes , ou d'un ha-
mac ou palanKin, dans lequel elles font fort à leur
aife.
Quoique Manille foit petite par rapport à l'enceinte
de fes murailles Se au nombre de fes habitans , elle eft:
cependant bien grande fi on y comprend fes fauxbourgs.
Celui de Parian où demeurent les marchands Chinois,
qu'on appelle Sangleys, a plufieurs rues remplies de
boutiques pleines d'étoffes de foie, de porcelaine &
autres marchandifes. Tout le bien des bourgeois eft en-
tre les mains de ces Sangleys , qui vendent Se achètent
tout; les Espagnols Se les Indiens ne veulent pas s'en
donner la peine. Ce fauxbourg eft gouverné par un
alcade ou prévôt, à qui les Sangleys payent une fomme
confidérable, de même qu'à l'avocat fifcal leur protecteur ,
Se à quelques autres perfonnes: ils ne laiffent pas de
payer encore des tributs Se des impôts au roi.
Lorsque l'on a paffé fur le pont de la îiviere, qui
eft proche de Parian , on trouve les fauxbourgs de Ton-
do , de Minondo , de Ste Croix , de Dilao de S. Mi-
chel , de S. Jean de Bagumbaya , de S. Jacques , de
Notre-Dame de l'Hermite , de Malati, de Chia-
po , Se autres jusqu'au nombre de quinze, tous habités par
des Indiens , par des Tagalis , Sec. fous la direction d'un
alcade. Prefque toutes les maifons y font bâties fur pilo-
tis, le long de H rivière. On y va en bateau. Elles font
MAN
72,
couvertes de nipas ou feuilles de palmiers, les côtés
font garnis de cannes -, on monte dans pluficurs par
des échelles , parceque le terrein eft humide 8c plein'
d'eau. On trouve dans l'efpace qui eft entre ces faux-
bourgs , fur l'un & l'autre bord de la rivière jusqu'au
lac de Bahi , quantité de jardins , de fermes , de mai-
fons de campagne affez agréables à voir.
Le château eft fitué fur la pointe occidentale de la
ville: la merle baigne d'un côté & la rivière de l'autre.
Le foffé qui le fépare de la ville eft profond 8c fe rem-
plit d'eau lorsque la mer monte : on le paffe fur un
pont-levis. Aux deux extrémités de ce fofle , il y a deux
bons battions bien garnis d'artillerie : l'autre pointe du
triangle vers l'occident eft défendue par une tour, qui
garde l'entrée de la rivière & le port qui n'eft propre que
pour de petits bâtimens : il y a outre cela deux petits
ravelins à fleur d'eau. Quand on a paflé deux portes,
on trouve le corps de garde 8c une grande place d'ar-
mes , au bout de laquelle eft le fécond corps de garde :
on arrive enfuite à la maifon du gouverneur du château,
& enfin à une troifiéme place d'armes.
Presque toutes les éghfes de Manille font riche-
ment ornées. L'archevêque a fix mille pièces de reve-
nu. Entre les chanoines qui font au nombre de douze ,
il y en a qui ont quatre cens pièces par an 8c d'autres
cinq cens: tout cela le tire du thréfor royal. Dans la
Chapelle royale, qui eft devant le château , il y a ^ jit
chapelains pour la deffetvir. Les autres églifes 8c les
couvens d'Hommes & de filles , y font en grand nom-
bre. Il y a des Auguflins chauffés , des Jéfaites, desAu-
guftins déchauffés , des Dominicains , des religieux de
faint François: dans le monaftere de la Miféricorde on
reçoit les orphelines , filles d'Espagnols 8c de Metiz ;
celui de Ste Potentiane a été fondé par le roi pour
16 pauvres orphelines. Les femmes mariées y entrent
auiïï & les filles débauchées ; mais elles n'ont aucune
communication avec les orphelines.
Le havre de Manille eft fi fpacicux , qu'il peut conte-
nir plufieurs centaines de vaiffeaux , auffi y en a-t-il tou-
jours plufieurs , foir espagnols , foit étrangers. Les petits
bâtimens montent jusqu'auprès de la ville ; mais ceux
d'Acapulco 8c les autres gros navires en demeurent à
près d'une lieue, dans un endroit où il y a un bon
fort 8c des magazins pour les marchandifes. Le princi-
pal commerce de Manille confifte en épiceries, en
foieries de la Chine , & fur-tout en bas de foie ; en
étoffes des Indes ; en mouffelines -, toiles peintes , &c.
* Dampier, Voyage au tour du monde , tom. 1. pag.
MANILLE. [L'isle] Quelques-uns ont donné ce
nom à l'ifle dont Manille eft la capitale. Son nom eft
Luçon. Voyez. Luc on 2.
MANILLES. [ Les isi.es ] Voyez, Philippines 8c
MANIOt/E.
M ANIMI , ancien peuple de la Germanie , félon
Tacite , de Mor. Germ. qui le regarde comme faifant
partie de la nation des Lygiens, fans nous en marquer
autrement le pays. Les modernes fe font égayés à lui
en chercher un. Lazius lui donne le Manhartzberg dans
la baffe Autriche , & André Velleïus dans fa chroni-
que de Danemarck , lui fait préfent de l'ifle de Mone
dans le Danemarck. Deux ou trois lettres communes
à l'un & à l'autre nom forment une efpece de reffem-
blance qui fuffic à ces fortes de conjectures pour placer
un peuple par tout où ils le jugent à propos. Sur ce
principe ils auroient pu , avec le même fondement , le
transplanter dans le Monémugi.
MAN1NGTRE, bourg d'Angleterre dans la province
d'Effex. On y tient marché public. Etat préfent de la
Gr. Bret. t. u
MANIOL/E, ifles de l'Océan oriental. Prolomée
qui les nomme , n'en parle que fur une tradition ob-
feure. On dit , ce font fes termes , qu'il y a d'autres
ifles tout de fuite , au nombre de dix , où l'on prétend
que les vaiffeaux qui ont des doux 8c des chevilles
de fer font arrêtés , 8c que pour cette raifon ils clouent
leurs barques avec des chevilles de bois , de peur
que les pierres d'aimant qui s'y forment ne les attirent.
Elles font, dit-on, habitées par des Anthropophages
nommés Manioles. Cet on dit marqiîc que ce géogia-
MAN
phe ne comptoit pas beaucoup fur l'exactitude de ceux
d'après qui il parloit. Auffi a-t-il placé ces ifles dans
un coin où tout fe reffent de l'ignorance où l'on étoit
alors fur cette partie de l'Orient. Comme Ptolomée s'étoit
figuré fauffement que les Sines occupoient la côte oc-
cidentale d'un vafte pays imaginaire , au lieu qu'ils font
à l'extrémité orientale de notre continent , il a placé
en-deçà d'eux les trois ifles des Satyres 8c les dix1 des
Manioles , c'eft-à-dire le Japon 8c les 1 Philippines qui font
pourtant à l'orient de la Chine. Ce qu'il y a d'étonnant ,
c'elt qu'il en met la longitude de 142 dtgtés pour le mi-
lieu de ces ifles , en quoi il ne s'eft guère t rompe que
d'un degré ■> au lieu que Mrs Sanfon fe font trompés
d'environ vingt-deux.
MANISARUM. Voyez. Matusarum.
MANISSIQUE , ( La ) petite rivière de l'Amérique
feptentrionale dans la Nouvelle France. Elle tombe dans
le lac desllinois à la bande de l'eft, dix lieuCs au nord
de la rivière de Marquette.
MANLT/E , ancien peuple de l'Arabie Heureufe félon
Ptolomée /. 6. c. 7.
MANITOUALÏN {a) , ifle de l'Amérique feptentrio-
nale dr.ns la Nouvelle France , dans le lac des Hurons (b)
Elle a plus de vingt lieues de longueur fur dix de largeur.
Les Outaouas , de la nation du Talon 8c du Sable , y l.abi-
toient autrefois ; mais la crainte des Iroquois les en a fait
retirer avec les autres à Miflilimakinac. (a) Corneille,
Dicl. ( b ) Lahontan , Voyages , t. 2.
MANKANET , village d'Afrique , au fud de ta ri-
vière du Sénégal, à une lieue de Dramanet. En 171 3 ,
M. de Richebourg , commandant de Goiée , y fit bâtir
le fort de Saint Jofeph. La fituation en eft agréable , 8c
l'air excellent. L'ancrage pour les barques eft sûr 8c com-
mode , au pied d'une petite éminence , & défendu par
I artillerie 8c la mousqueterie du fort. Voyez. Drama-
net.
MANKIRMEN , bourg d'Europe fur le Borifthene.
II en eft parlé dans l'hiftoire de Timurbec , /. 3. c. jj.
MANKISCHLAK , petite ville d'Afie, au pays de
Khcwaresm fur le rivage de la mer Caspienne , au nord
de l'embouchure du bras méridional de la rivière d'A-
mu ,338 deg. 30 min.de latitude. La ville en elle-même
n'eft pas grand'chofc , puisqu'elle n'a tout au plus que
fept cens maifons bâties de terre , qui ne font que de fort
miférables cabanes ; mais fon port fui la mer Caspienne
eft magnifique , 8c l'unique qu'on trouve fur toute cette
mer. Il eft fpacieux , sûr 8c profond , 8c en toutes autres
mains qu'en celles des Tarrares, ce feroit un endroit poury
établir en fort peu detems un commerce confidérable;mai;i
à préfent il eft fort rare d'y voir arriver quelque bâti-
ment marchand. Comme les Tartaies n'aiment pas le
voifinage de la mer , cette ville n'eft habitée que par des
Turkomans , qui s'accoutument plus aifement aux incom-
modités de l'eau. Jenkinf on le nomme Mangusla ve , &
le place mal à propos à quarante-cinq degrés de latitude.
Corneille ditMANGusLE , ville d'Afie au pays des Us-
becks , près de l'embouchure de la rivière de Chrefel ,
dans la mer de Bachu , 8c cite Davity. Ces noms figni-
fient le même lieu.* Hifloire des Tartarcs , p. (Î49.
1. MANLIANA , ancienne ville de la Lufitanie an
pays des Venons , félon Ptolomée , /. 2. c. 5. Mariana
croit que c'eftMALLEN , 8c le P. Briet , Villa-Franca
fur le Tormes.
2. MANLIANA, ville d'Italie dans la Toscane , fé-
lon Ptolomée, /. 3.C. 1. qui la nomme entre Biturgia 8c
Vetulonium. Antonm en fait auflî mention , 8c la met fur
la voie Aurélienne entre Salebrone & Fcpiilorimrn , à neuf
mille pas de la première , 8c à douze mille pas de la fé-
conde. Selon le P. Briet , Manliana eft aujourd'hui Scar-
lino , bourg de Toscane. Voyez ce mot.
3. MANLIANA ou Manjîana , félon les divers
exemplaires de Ptolomée , /. 4. c. 2. ancienne ville de la
Mauritanie Céfarienfe. Marmol dit que c'eft préfente-
ment Miliana.
MANLIANUS Saltus , forêt d'Espagne. Titc-Live ,
/. 40. en fait mention.
MANLIEU , Magm-locus , abbaye d'hommes en Fran-
ce , de l'ordre de faint Benoît , dans la bafle Am c r me ,
au diocèfe&rau fud-eft deClermont , près de Saufilan-
ges,&au levant d'Jffoirc , à trois lieues fur la droite de
lAlher.
MAN
MAN
l'Allier. Elle eft fous l'invocation de faint Sébaftien. La
fondation ou le retablifiement de ce monaftere Te trouve
aiufi dans l'hiftoire de la translation de faint Sébaftien
martyr , Se de faint Grégoire pape. Dans la province d A-
quitaine au pays d'Auvergne , dans le village de Toudour
eft un monaftere fous l'invocation & les mérites de ce
glorieux martyr. Il y avoir un prêtre de même pays, re-
commendable Se en réputation par la candeur de fes
mœurs. Il fe nommoit Magnus , c'eft à- dire Grand , Se il
1 'étoit de nom Se d'effet. Il fut averti dans une vifion de
fe mettre en chemin , Se d'aller à Rome vifiter le tom-
beau de faint Sébaftien. Magnus part , vole à Rome, vi-
fite le faint tombeau , y ramaffe de la pouihere , en rem-
plit un petit fichet, Se s'en revient. Cette pouiTiere étoit
un thréfor , qui opéra bientôt des merveilles. Un jour
Magnus s'étant repofé fous un arbre , y pendit à une bran-
che ce fachet qui rît dans le moment plufieurs miracles.
Magnus jugea par ces prodiges que faint Sébaftien vouloir
être honoré en ce lieu. Magnus ne réfuta point , 6c c'eft
de lui que l'abbaye de Manlieu a pris fon nom , quoique
fon fondateur ait été faint Gênez , évêque d'Auvergne
vers l'an 6$é. Ce monaftere fe trouve au nombre de ceux
dont Louis le Débonnaire a été le fondateur ou le reitau-
rateur. On y compte trente abbés jusqu'en 1708.
Le nom latin doit être Magni locus , le lieu de Ma-
gnus, Se non pas Magnus Locus , qui fignifie grand lieu ,
puisque Magnus eft ici le nom d'un homme.
MANNACARTA, ville de l'Arabie, félon Etienne
le géographe.
MANNACAVOS ou Manancavos , peuples fau-
vages des Indes orientales dans la presqu'ifle de Malacca ,
au voilinage de la ville de ce nom. Ils font Mahomérans
Se grands voleurs. Ils haïffent fi fort les Hollandois , que
non feulement ils ne veulent point avoir de commerce
avec eux, mais ils les mafiacrent , quand ils en peuvent
attraper. Cela eft caufe , qu'à moins d'une grande pré-
caurion , on ne peut pas couper les rotas ou cannes des
Indes, quicroiflent en abondance dans les campagnes de
Malacca. Leur roi , qu'on appelle Pagarivyon , fait fa ré-
sidence à Nani , village confirme de plufieurs nattes mal
affemblées , que l'on trouve dans le plus épais du bois.
* Voyage du tour du monde , t. 3 . p. 3 3 1 .
MANNARIACUM, ou
MANNARIT1UM , lieu de la Belgique. Anronin,
dans fon itinéraire , le met dans l'ifle de Bataves fur la
route de Leyde à Strasbourg, Lugduno Argcntoratum ,
entreTrajeflum ( Rheni ) Se Carvo , à vingt- cinq milles
de la première , Se à vingt-deux de la féconde. Les exem-
plaires varient , tant pour le nom, que pour le chiffre.
Quelques-uns marquent quinze, au lieu de vingt-cinq.
On fait que Trajetïum efl Utrecht , Se Carvo eft Kavyck-
Voyez, Carvo. Si les chifres étoient certains , on pour-
roit compter fur la vraie pofuion de ce lieu , qui de-
vroit fe trouver à moitié chemin d'Asperen à la rive du
"Wahal , vis-à-vis de Bommel ; mais il n'y a dans cet en-
droit aucune trace d'antiquité. Cluvier , Se la plupart des
géographes croyent que c'eft Maurik., fur la rive gauche
du Leck , comme fi Maurik, étoit pour Manrik ; mais ce
lieu n'eft qu'à quinze milles d'Utrecht , Se à douze de
Carvo. Il n'eft pas impoflible qu'un copifte n'ait doublé
un X , Se mis XXII pour XII ; mais dans ce lieu de Man-
rik, il n'y a encore rien qui marque quelque antiquité.
Sur quoi Alting , Infer. Germ. notit- p. 9 1. dit : S'il y a un
chifre de trop dans l'itinéraire , qui empêche que ce ne
foit aullî bien dans le premier compte que dans le fé-
cond ; de forte que la diftance du lieu en queftion fera
cinq mille pas d'Utrecht , Se vingt deux deCarvon; alors
cela tombera aux mafures de Wiltcnburg Se de Wecht
lieu fameux par les antiquités que l'on en tire, Se dont
plufieurs ont été publiées. Elles prouvent que les Ro-
mains y ont été , Se ce lieu avoit un nom : eft-ce Manna-
ru'utm? Cela n'eft pas sûr ; mais il eft certain que la cor-
rection de Cluvier eft infourenable.
M ANNATI^E , ville des Gaules dans l'Armorique. Il
en eft fait mention dans le livre des notices ,fetl. 61.
MANNAY ou Manay , village de France dans le
Kivernois, élection de la Charité. Il y a beaucoupde bois,
des mines de fer , des forges Se des fourneaux. On y voit
les ruines d'un château, appelle le fief de Lamojgnon ,
fi diftingué dans la robe.
75
MANNEOS, contrée qu'Etienne le géographe ne ué-
figne point autrement , qu'en difant qu'elle étoit entre
deux fleuves , Se habitée par un peuple Arabe , nommé
Manneot^î.
MANNESTER, abbaye de France dans la haute Al-
fiice. Cétoit autrefois des religieufes de l'ordre de faint
Benoît. Ce font à préfent des chanoineffes engagées par
vœux , Se reçues par le roi. L'abbefTe eft élective. Le re-
venu de cette maifon confifte en vins , en grains & en
prairies. * DiLtion de la France.
MANNZÉE , lac d'Allemagne dans l'archevêché de
Saltzbourg, à l'orient feptentrional de cette ville. Il re-
çoit divers ruiffeaux , &les envoie par un canal de com-
munication dans un autre lac. C'eft de-la que vient X Ae-
ger , petite rivière qui va groilîr la rivière de Traun. *
Sanfon , Bavière.
MANOA el Dorado , ville imaginaire que l'on a
fuppofée dans l'Amérique fous l'équateur , au bord du
lac de Parime. On a prétendu que les Péruviens , échapés
au joug des Espagnols , fe réfugièrent en cet endroit , y
bâtirent une ville , 6c y portèrent les richeffes immenfes
qu'ils avoient fauvées. Les bruits femés touchant cette
ville ont engagé bien des gens à en tenter la conquête,
les Espagnols y ont fait durant long-tems des efforts Se
des dépenfes incroyables. Les Anglois y ont auifi perdu
leur peine.
MANOBA , ou plutôt M^enoba , ancienne ville d'Es-
pagne dans la Béciquc , avec une rivière de même nom ,
félon Pline, /. 3.C. i.Strabon, /. 3. p. 143. la nomme
de même MctivoCtt. Ptolomée la nomme Manoba ; c'eft:
une faute , félon le P. Hardouin , qui dit que cette ri-
vière s'appelle préfentement Rio Frio , & la ville Tor-
res au royaume de Grenade , que les géographes ap-
pellent Toros. Ses imprimeurs ont mis Riu Frio pour
Rio Frio.
MANOE ou Mandoé , petite ifle de Danemarck fur
la côte occidentale du duché deSlcswig, près de la ville
de Ripen , au midi oriental de l'ifle de Fanoé , Se au nord
de celle de Rom. Elle eft nommée au Ai Manu Se Man-
du. Elle avoit autrefois plus de largeur qu'elle- n'en a , Se
la mer lui a enlevé tout le terrein qui eft entr'elle Se le
canal nommé Rieperdiep. On afliire même qu'elle étoic
contigue à l'ifle de Fanoé en 1 3 1 2 , Se qu'il y avoit une fo-
rêt à l'endroit où eft aujourd'hui le lit de la rivière de
Nips , ou le nouveau Riper Tieff. 11 eft pourtant plus vrai-
fembiable que la rivière de Scotburg qui paffe à Ripen ,
avoit fon lit entre les ifies de Fanoé Se de Manoé , Se que
la forêt dont on vient de parler , étoit entre ce lit & la
Nips. Il y a pourtant une tradition qui porte qu'en 1 2 10 ,
une grande forêt nommée Apenholt ( ou Apenschow ) ,
Se qui s'étendoit depuis Ivern , village de l'ifle de Rom au
midi de l'ifle de Manoé , jusqu'à Guiddcng en terre ferme
à l'orient de Manoé , fut fubmergée par une horrible inon-
dation. On dit que ce fut en 1396 , que les ifles de Fanoé
«Se de Manoé furent détachées lune de l'autre. A préfenf
qu'elle eft fort diminuée , elle a environ huit cens toifes
de longueur, fur cinq cens de largeur , Se Ces habitans,
tant jeunes que vieux, font environ cent trente , qui s'em-
bafraflent peu de l'agriculture , Se ne s'attachent qu'à la
pêche. * Hermanides , Daniœ defer. p. 814.
MANOMBA , rivière de l'ifle de Madagascar , à de-
mi-lieue de celle de Machicore , Se à quatre lieues de
celle de Menerandre. Elle eft affez médiocre, Se descend
des petites montagnes voifines. La côte s'étend au nor'd-
oueft. * Flacourt , Hift. de Madagascar , c. 13.
MANOPOLEOS , fiége épiscopal de la Pifidie. On
trouve Sifinnius , qui en étoit évêque.
MANÔRA.FVy^: Bandera.
MANOSQUE, ville de France en Provence, fur la
Durance , dans la viguerie de Forcalquier , Se l'une des
plus peuplées de cette province. Elle doit fon origine (a)
Se fon agrandiflemene aux comtes de Forcalquier , qui
y demeuroient l'hiver. Ils y avoient un beau palais,
qui fut donné , de même que le domaine de cette ville,
à l'ordre de faint Jean de Jérufalem , (/•>) par Guignes ,
en 1 149. par Bertrand , en 1 168 , Se par Guillaume VI,
en 1206 Se en 1208 , tous comtes de Forcalquier.
Ce fut proprement ce dernier qui en céda la totalité ;
car fes prédéceflêurs n'en avoient cédé que des parties.
Il étoit aïeul dç la çomteffe Garfande , laquelle unie
Tom. IV. K
MAN
74
le comté de Forcalquicr à la Provence. Ceft dans le
château que l'on garde le corps du bienheureux Gérard
Tung , né à Martigues , inltituteur & premier grand
maître de l'hôpital de faint Jean de Jérufaleni. 11 y a
dans Manosque une commenderie de 1 ordre de Malte ,
dont le commendeur a la dignité de failli Se de grand-
croix. Il y a outre cela deux paroifles , & pluueurs
couverts d'hommes Se de filles. La ville eft fituée dans
un très-beau Se très -fertile pays. Elle fouffrit beaueoup
d'un tremblement de terre en 1708. Baudrand , éd.
de 170J. prétend que ce fut aux Templiers que cette
ville fut donnée , & qu'après l'extinction de cet ordre ,
elle fut donnée à celui de Malte. Il ajoute qu'on y
voit encore les ruines d'un couvent des Templiers.
Maty Se Corneille le copient, (a) Longuerue , Defcr.
de la France » I. part. pag. 372. (b) Piganiol de la For-
ce, Defcription de la France.
MANOT, bourg de France dans l'Angoumois.
MANOTCOUS1B1 (a), rivière de l'Amérique fep-
tentrionale , dans la baie de Hudfon. Après que Jean
Bourdon eut le premier connu la baie du nord du
Canada & qu'il y eut fait fon établiffement , les Danois
voulurent aufli avoir part aux découvertes de ce côté-
là, en 1668. Le premier endroit qu'ils reconnurent fut
la rivière de Manotcoufibi , au cinquante-neuvième deg.
de laticude nord. Elle prend fa fource dans le pays des
Atticmospicayes On l'appelle encore la rivière Da-
noise , & les Anglois la nomment Churchil. Les dis-
grâces que les Danois eurent dans ce pavs, par les mi-
feres Se les maladies , firent mourir loixante hommes ,
de foixante Se quatre d'équipage qu'ils étoient fur deux
vaiffeaux. Ils furent obligés de laitier le plus grand pour
ramener le plus petit. Cette mortalité donna de trop
mauvaifes impreflions au roi de Danemarck , pour fon-
ger davantage à l'établiflement d'une traite avec les
Sauvages. De l'Ifle (b) , nomme encore cette rivière
Munck ou rivière Danoise, Se même rivière de
Churchil. (a) La Potherie , Hiftoire de l'Amérique
feptentrionale , p. 168. {b) Carte de la nouvelle France ,
1703.
MANOTH , fortereffe de Syrie, dans le territoire
de Byblos , félon Guillaume de Tyr.
MANOU , bourg de France dans la Normandie au
diocèfc d'Evreux.
MANOUFI , cap Se province de l'ifle de Madagascar ,
félon Corneille , qui cite Flacourt ; H<lto\re de Mada-
gascar , c. 8. mais cet auteur écrit la Manoufi ,
ôe quelques lignes plus bas Lamanoufi. Quoi qu'il en
foit , cette contrée eft fur la côte occidentale de l'ifle ,
&c s'étend depuis la Mananzari jusqu'à la Manghourou.
Du cap à cette dernière rivière il y a quinze lieues ,
dans l'efpace desquelles on trouve trois petites rivières
nommées Andrasadi, Tentamamou & Tenta mami.
1. MANKALl , ancien peuple de là Libye intérieure ,
félon Ptolomée , /. 4. c. G. Il les place entre les peuples
Alitambi Se Armi^€.
2. MANR.ALI, ancien peuple de la Colchide. Ils
étoient au-deffus des Lazes , félon Ptolomée, /.-y. c. 8.
MANR.ESE, ville d'Espagne dans la Catalogne, en
latin Minorissa. Elle eft ancienne Se étoit plus confi-
dérable autrefois qu'elle ne l'eft aujourd'hui. Elle eft fi-
tuée au confluent du Cardonero Se du L.obregat , à dix
lieues de Barcelone & à cinq de Cardone.
De Marca, pag. 200. obferve que cette ville a été
autrefois nommée Bacasis, p. 282. que Louis le Débon-
naire la rétablit , p. 311. qu'elle fut envahie par Aizon ,
p. 387 & 1032. ravagée par les Sarrazins,p. 33$Y&
reconquife fur eux par Wifred le Velu , comte de Bar-
celone. Elle eft capitale d'une viguerie Se a titre de
comté. Baudrand dit qu'il y avoit autrefois à Manrefe un
évêché i il fe trompe , il n'y a jamais eu d'éveque de Man-
refe. On trouve feulement des actes où un même prélat
eft qualifié episcoput Aufanmfu 6c Manrefenjis ; cela
ne veut dire autre chofe , finon que le comté de Man-
refe faifoit une partie aflez confidérable du diocèfe de
Wic , pour être nommé à part dans les titres de l'évêque.*
Voyez. Balnz. Appendic. ad Marcam bifp.
MANS (Le) ville de France fur la Sarte, Se capitale
de la province du Maine. Elle eft fort ancienne. Pto-
lomée , /. 2. c. 8. la nomme oWJW ; la table de
MAN
PeutingeB l'appelle Subdinmtm , Ôc la place entre Julio-
magum Andmm Se Cœfaroditnum Turonum. Ortelius a été
trompé par la reffemblance des noms; il a dit que Vin-
dmum de Ptolomée , Se Vindocinum de Grégoire de
Tours , étoit une feule ville. Vindinum , ou comme lit
de Valois , nom. Gallic. pag. 64. Zuindïmtm appartient
certainement aux Cenomam , Se Vindocinum eft une
ville de la province de Chartres , aux confins de laquelle
elle fe trouve encore aujourd'hui. Dans les notices des
provinces Se des villes de la Gaule , cette ville eft tantôt
appellée civïtas Cenomannorum , cïvitas Cenomanorum
Se Cenomanni.
Le Mans eft au nord- eft fur une colline qui s'élève
au-deffus de la rivière de Sarte à main gauche. Cette
ville paffoit du tems de Charlemagiie pour une des
plus grandes Se des plus riches du royaume ; mais les
courfes des Normands dans le IX fiécle , les guerres
des comtes d'Anjou Se des ducs de Normandie , dans
le XII , Se les incendies qu'elle a foufierts en divers
temps l'ont beaucoup diminuée. Guillaume le Conqué-
rant , duc de Normandie , Se roi d'Angleterre y fie
bâtir un château qui fut démoli en 16 17. par le comte
d'Auvergne , fur les ordres de la cour , qui appréhendoic
que les princes mécontens ne s'en rendilïent les maîties.
Presque dans tous les fiécles elle a effuyé des malheurs.
Elle embraffa le parti de la Ligue , fous Henri III. &
fous Henri IV. Le maréchal de Bois Dauphin , à la
tête de cent gentilshommes , Se de vingt compagnies
d'infanterie, fe jetta dedans pour la défendre ; mais après
avoir employé vingt-cinq mille écus en fortifications aux
dépens des habitans , après avoir brûlé pour cent mille
écusde maifons, Se ruiné le plat pays pour plus de fix
cens mille livres , il fut obligé de rendre la place par
compofirion au roi Henri IV , le 2 de décembre 1589.*
Piganol , Defcr. de la France , t. 5. p. 48 j.
Si on vouloit s'en rapporter à la tradition , aux Ponti-»
ficaux Se aux regiftres qu'on garde dans les archives , lé-
glife du Mans avoit été fondée dès le tems des Apôtres
par un des foixante-douze disciples , appelle Julien , ou
par Simon le Lépreux , qui paffa à Rome , d'où ayant été
envoyé dans les Gaules , il fixa fon domicile au Mans ;
mais, comme l'a fort bien remarqué un hiltorien qui n'eft
pas fufpect , la tradition eft ordinairement incertaine,
corrompue , & par conféquent fans autorité. Liboire ,
qui vivoit fur la fin du règne de Conftantin, Se qui fut
ami de faint Martin, entre les mains de qui il mourut,
eft le premier évêque du Mans qui paroiffe dans les ma-
numens authentiques. La tradition veut à la vérité que ce
n'ait été que le quatrième ; mais en remontant aepuis lui
jusqu'au premier , il eft impoffible qu'il ait vécu fous Do-
natien , ou même fous Adrien , Se qu'il ait quitté en ce
tems l'Italie , pout venir prêcher l'Evangile en France. *
Cour -vai fier , Hift. des évêques du Mans.
L'églife cathédrale fut d'abord dédiée à Notre-Dame,
puis à faint Gcrvais , enfuite à faint Julien. A l'entrée de
cette églife vers le feptentrion , on voit une horloge d'une
invention merveilleufe , que le cardinal Philippe de Lu-
xembourg fit faire pendant fon épiscopat. On remarque
aufli dans la même églife , à droite contre le mur du
chœur en dehors, un tombeau de marbre Se d'une archi-
tecture de très-bon goût. L'épitaphe qu'on y lit , apprend
que c'eft le maufolée de Charles d'Anjou , comte du
Maine , mort le 10 avril 1472. Outre cette épitaphe , il
y en a une autre écrite fur une table de cuivre. Cette der-
nière eft en vers , & en lettres gothiques.
On trouve en outre dans cette ville une collégiale,
nommée faim Pierre de la Cour. Le roi nomme aux pré-
bendes de cette églife. 11 y a dans cette ville & dans Ces
fauxbouris feize ou dix-fept paroifles , qui renferment
trois mille deux cens feux, Se environ quatorze ou quinze
mille âmes. Les piètres de l'Oratoire ont un collège, qui
fut fondé en 1624,311 mois de Novembre. On y trouve
aufli des capucins , des dominicains , des cordeliers , des
minimes, deux magnifiques abbayes de bénédictins, un
des plus beaux féminaires de France , poffédé par les prê-
tres de la miflîon ; des bénédictines , des urfulines » des
filles de la Vifitation , & des filles de faint Dominique.
Lavilledu Mans a été la patrie de Nicolas Denyfor,
peintre Se poète françois , mort à Paris en 1 5/9 ; de Pierre
Bellon , docteur en médecine , qui vivoit au milieu du
MAN
MAN
quinzième fiécle -, de François Grudé , connu fous le nom
de la Croix du Maine ; de Mann Merfenne , minime , la-
vant théologien Se mathématicien, mort à Paris en 1648^
de Bernard Lami , prêtre de l'Oratoire , qui avoit une
telle dispofition aux fciences , qu'il les a toutes embras-
fées i de Marin Cureau de la Chambre , médecin habile,
Se l'un des quarante de l'académie françoife.
Le diocèfe du Mans eft compofé de fix cens quatre-
vingt-feize paroifles , de dix chapitres, & de vingt-deux
abbayes. L'évcque du Mans fe dit le premier fuffragant de
l'archevêché de Tours, prétend avoir droit de faire les
fondions du métropolitain en fon abfence , Se dispute la
préféance fur tous les autres de la province , ce qui lui eft
contefté. Cet évêché vaut environ vingt-fepr mille livres
de revenu. Voici la lifte des chapitres Se des abbayes de
ce diocèfe.
.L'églife cathédrale du Mans,
Saint Pierre de la Cour ,
Du Gué de Manny ,
,S. Calais ,
I S. Martin de Tro,
, S. Tugal de Laval ,
S. Michel ,
Sillé le Guillaume ,
Preuillé ,
■Trois Maries.
1S
Chapitres de
Abbayes de
rS. Vincent ,
La Couture du Mans,
S. Calais,
Evron ,
La Pelice ,
|Le Gué de Launay,
Le Pré ,
Etival ,
JBelIebranche,
{Champagne ,
jTironel ,
jPerfeigne ,
iClermont ,
JL'Espeau,
Fontaine-Daniel,
iBonlieu ,
La Virginité ,
Beaulieu,
'S. George des Bois,
Vaas ,
La Périgne ,
Lonlay.
i.MANSA. Voyez. Maksvs.
2. MANSA, village de la Gaule Narbonnoife. Feftus
Avienus , Or a marit. v.6n. le place entre Polygium
.ville , & N austhalo bourg , lieux peu connus.
Hic fat angufii îaris ,
Tenuisqite cenfu civitas Folyguim efi ,
Et Manj'a viens , oppidumque Naitfthalo.
3. MANSA , rivière d'Afrique dans la Nigritie , au
fud du Sénégal. Elle prend fa fource dans le royaume de
Makanna , d'où prenant fon cours à l'oueft, elle fe rend
dans celle de Falemé. * Court du Falemé drejjé fur les
lieux par Compagnon.
1. M ANSFELD ( a ) , petite ville d'Allemagne en Thu-
ringedansla vallée de même nom, avec un château qui
a donné fon nom à la ville Se au comté. Elle eft près de
l'ancienne Vippre à un mille d'Ifiébe , à deux de Sanger-
haufen Se d'Ascherleben. Le château duquel tirent leur
nom les feigneursde Mansfeld , Se qui a fous lui un bail-
liage, eft fur une hauteur que l'on voit de loin. On le
répara & l'aggrandit en IJ47 , Se l'on en avoit fait une
bonne place. La reflemblance de fon nom avec celui de
Man , fils de Tuiscon , de qui parle Corneille Tacite , a
donné beau jeu aux coniectureurs , pour prêter à cette
ville une antiquité de leur façon ( b ). Le château eft pré-
fentement démoli. ( a ) Zeyler , Thuting. topogr. p. 132.
( b ) Hit hier , Geogr. p. 588.
a. MANSFELD ( Le comté de ) , eft un petit état
d'Allemagne , dont les biens confinent au pays d'Anhalt.
Il eft en partie dans la Thuringe , Se partie dans la haute
Saxe proprement dite. 11 y a quatre villes , favoir ,
Mansfeld, Bornftadc , Artern, Eifleben.
La maifon des comtes de Mansfeld étoit partagée en
deux branches ; l'une catholique , portoit le furnom de
Bornftadt , Se s'eft diftinguée au fervice de l'empereur i
l'autre Luthérienne , réîidoit la plupart du tems à Ar-
tern , & prenoit le furnom d'Eifleben , qui , comme nous
dlfons en fon lieu , étoit la patrie de Luther. Cette ligne
s'éteignit le premier janvier 1710. La luccelhon étant dis-
putée par des concuri eus qui ne s'accordoient point , l'é-
lecteur de Saxe Se celui de Brandebourg en prirent cha-
cun une partie en féqueftre , jusqu'à la décifion du droic
des héritiers -, Se l'électeur de Saxe a engage à l'électeur de
Hanover la partie qui étoit entre fes mains. * Hubrier»
Géogr. p. j88.
MANSF1ELD , village d'Angleterre au pays de Not-
tingham , vers les confins de Dcibyshire, à douze milles
de Nottingham, Se à quatre-vingt-dix huit de Londres.
Cambden , fuivi par Baudrand, édit. 1705. croit que c'eft
la Manduessedum d'Antonin. Cambden eft cite mal à
propos. Cet auteur dit que Manduejjet-.um eft aujourd'hui
Manchcfter en Wai wieshire. Voyez, ce mot.
MANSIATRE, rivière de l'ifle de Madagascar. Elle
fépare le pays des Vohits Anghombes de celui des Eung-
drants. C'eft une rivière aulh grande que la Loire. Elle
va fe rendre dans une grande baie (ituée fous le vingtième
degré de latitude méridionale , fur la mer de Mozambi-
que. Elle fort du pays des Vohits Anghombes , environ à
la hauteur de 1 9 cieg. de latitude. * Flacourt , Hift? de
l'ifle de Madagascar . c. 6.
MANSIGisÉ, bourg de France dans l'Anjou, élection'
de la Flèche.
MANSION. Ce mot eft purement latin , Manjio , Se
notre langue ne la point encore adopté dans le ftyle or*
dinaire, quoique de bons auteurs s'enfuient fervis. Rien
n'empêche qu'on ne l'emploie dans la géographie de l'em-
pire Romain , lorsqu'il s'agit des grandes routes , comme
a fait Bergier dans fon excellent livre des grands che-
mins. Il faut le prendre pour demeure , féjour , Se il a dans
les écrivains latins plufieurs acceptions toutes relatives à
celle-là.
i°. Les Romains ne fortifioient pas également tous
leurs camps. Ils proportionnoient leurs travaux à lXifage
qu'ils en vouloient faire. Il y avoit des camps où ils ne
s'arrêtoient qu'une nuit ou deux , pour Laitier repolerles
troupes: ces camps étoient nommés Mansiones ; il y en
avoit d'autres où ils panoient un tems plus confidérabJe »
ôe ces camps s'appelloient Staiiva. Ceux qui étoient de*
ftinés pour y paner l'été , s'appelloient JEfiiva ; s'ils
étoient pour y paner l'hiver , Hiberna. Les ManfioneS
font quelquefois marquées dans les itinéraires.
2°. Sur les grandes routes il y avoit des lieux marqués,
où les légions ou les recrues , les généraux avec leur fuite,
les empereurs mêmes trouvoient tous leurs befoins préi
parés d'avance , foit dans les magafins publics , foit par
d'autres dispofitions , non feulement dans les villes , mais
encore en des lieux où l'on préparoit à tout événement de
quoi leur fournir ce qui étoit neceflaire pour leur fejour.
L'empereur Valens , /. 10. cod. t. 16. écrivant à un de
fes gouverneurs de province, lui preferit cet ordre en-
tr'autres : Cùm ad quamlibeturbem , manfiontmque accès-
ferit , protink' horrea infpicere te volumus , ut devotiffimif
militibus deputata. & incorruptœfpecies pr&beantur. On y
diftribuoit les provifions par mefure , comme on fait dans
les villes d'étape. Modios , dit l'empereur Valentmien ,
( L. Modios , C defitsceptor.prtpoj. & arcariis ,1. 9. ) ad
metiendum in manfiombus aneos vel lapideos cumjtxtariis
& pondérions teneri , ac per Jïngulas etiam civitates col-
locari, Quand les empereurs voyageoient eux-mêmes, les
meubles impériaux les précédoient , afin qu'ils trouvaflenC
dans les villes & dans les mandons une demeure digne
d'eux. S. Ambroife , dans fon discours fur la mort de Va-
lentinien , de obitu Vuleniiniani , dit : Ecce luterœ de in-
ftruendis manfivnibus , inveUio omamentorum regalium,
qiiA ingreffurum imper atorem fgnificant. Ce fut à là pre-
mière naanfion que la fièvre furprit Titus , comme le
Tom. IV. Kij
MAN
76
rapporte Suétone, in Tito , c. 10. Ad primant ftatimman-
fiontm febnm natlus. C'éwk dans une manfion nommée
Cxnopbrurium , entre Héraclée & Confiantinoplc, qu'Au-
rélien fut affaffiné par deux de fes domeftiques * Cum iter
faceret apud Cœnopbrurium manjionem , qtu efi inter He-
racleam & Byz.antium, malitia notariijui & manu Mu-
caporis interemptus eft. Ces manOons étoient proprement
affectées à la commodité des troupes , ou des hommes
qui étoient revêtus de charges publiques , & on leur four-
niffoit tout des deniers publics. Celui qui avoit l'inten-
dance d'une manfion» étoit nommé Manceps ou Statio-
narins. * Vopiscus , in Aureliano.
j°. Il y avoit outre cela des maniions pour les particu-
liers qui voyageoient, Se où ils étoient reçus, en payant
leur dépenfe. C'étoit proprement des auberges. C'eft de
ce mot de manfio , dégénéré en mafia , que nos ancêtres
ont formé le mot de Maison. Le mot de manfion en ce
cas veut dire un Gîte , la Couchée , un lieu où l'on cou-
che , lorsqu'on eft en voyage. Il eft différent de mutatio ,
qui n'étoit proprement qu'un lieu où l'on fe rafraichiflbit
& où l'on changeoit de chevaux ; cependant le nom de
Station étoit commun à l'un & à l'autre, parce qu'on s'y
arrêtoit également, quoique pour des tems inégaux.
40. Comme la journée du voyageur finifloit au gîte ou
à la manfion \ de la eft venu ï'ulage de compter les di-
ftances par manfion , ou , ce qui eft la même chofe , par
journées de chemin. Pline , /. 1 2. c. 14. dit : Manfionibus
otto , ftat rcgioTburtfera à monte exceljo. Les Grecs ont
rendu le mot de Manfio par celui de Stathmos , 2TA0-
MÛ2; Se lfidore de Charax a intitulé rr AfeMOI nAP0IKOI,
le livre où il marque les difiances des lieux du pays des
Parthes , quoique dans 1 ouvrage même il fe ferve de
Sch.rnej , mefure que nous expliquons en fon lieu; Se
le traducteur latin a rendu ce titre par celui de Man-
siones ParthicjE.
MANSIONILE, diminutif de Ma nsio. Ce nom
qui eft de la latinité barbare a été employé pour fig-
nifier un petit champ, accompagné d'une maifon pour
y loger le laboureur. On a dit également dans la baffe
latinité Mansionile au neutre, &Mansionilis
au masculin, Mansionillum, Mansile,
M a s n 1 l e & MESNiLLuMjde ces mots on a fait
Maisnil & Mesnii. Ce dernier eft le feul qui
foit demeuré en ufage. L'auteur de la vie de S. Rémi
de Rheims dit, Partent etiam maximam filv& in Vofago
pretio comparavit & Manjîonilia ibidem conftituit. Flo-
doard dans fon hiftoire de Rheims , /. 3. c. 16. dit :
Manfionile conabantur auferre. La chronique de Forc-
tenelle , c. 6. Fer illum manfionilem qui vocatur Pomari-
tus. La vie de S. Rigobert archevêque de Rheims , Et
non illic ut hodie villa ,fcd exiguus manfionilis fuerat. On
voit que villa Se manfionilis différoient, Se voici en
quoi : Villa étoit un affemblage de maifons où demeu-
roient plufieurs familles de gens occupés à la culture
de cette terre. Manfionilis ou manfionile étoit une mai-
fon détachée & feule , comme on en voit dans les cam-
pagnes , au lieu que villa fignifioit alors tout un villa-
ge. Voyez. Menu.
MANSLE , bourg de France dans l'Angoumois , éle-
ction de Cognac.
MANSONI, port du Japon dans l'ifie de Nipon £c
fur la côte orientale. On le confond quelquefois avec le
port de Nambou , mais ce pourroit bien n'être qu'un
petit havte dépendant de ce pott. Voyez. N a m b u.
MANSORE .petite ville d'Afrique dans la province
de Tremecen au royaume de Fez. Elle fut bâtie par Ja-
cob Almanfor entre Anafe & Rabat , Se l'on n'en voit
plus aujourd'hui que quelques ruines. Elles font dans
une agréable plaine , à demi lieue de la côte de l'Océan
fur les bords du Guit que les anciens appelloient Duo,
Se que Ptolomée met à fix degrés dix minutes de lon-
gitude , Se à trente trois degrés vingt minutes de lati-
tude, il y a à l'entour comme une forêt d'arbres frui-
tiers qui font devenus fauvages , parce qu'on a été trop
long-tems fans les cultiver. On y recueilloit force bled ,
& l'on y nourriffoit beaucoup de troupeaux , à quoi la
terre eft fort propre , ce qui rendoit cette ville d'affez
grand trafic. Le peuple fe retira dans Rabat avec tous
fes meubles , lorsque le roi de Portugal fit l'entreprife
d'Anafe , Se il n'eft peint revenu depuis. Quoique toutes
MAN
les maifons foient fondues, les murs font encore de-
bout. Les habitans du pays y ont fait des brèches , parce
qu'ils n'aiment pas à fe renfermer dans des villes. * Mar-
mol , Afrique , t. 2. 1. 4. c. 3.
MANSOURAH , grande ville de l'Inde dans la pro-
vince de Sinde à 105 degrés Se demi de longitude & à
2j & demi de latitude. Un canal de l'Inde qui l'entoure ,
en fait une efpéee d'ifle. Cette ville s'appelloit autrefois
Nubvareb. II y regnoit anciennement un Roi , qui portoit
des pendans d'oreille comme celui des Indes. Elle fut
conquife au commencement du Mahométisme : fes ha-
bitans font presque tous Mahométans. Les grandes cha-
leurs qu'il fait à Manfourah font caufe qu'il ne croît point
d'arbres dans fon terroir , hors des palmiers Se les cannes
de fucre. Il y a une forte de dattes dans ce pays auffi gros-
fes que des pommes ordinaires ; elles viennent par grap-
pes , comme les autres dattes , mais elles n'ont pas la mê-
me douceur. * Manufcrits de la bibl. du Roi.
MANSOURE (a) , ou Masoure, M assoure ,
ou la V 1 ct o r 1 e u s e , ville d'Egypte fur le bord orien-
tal du Nil , Se la réfidence du cascief de Dckalie. C'elt une
grande Se fort belle ville. Ses maifons ne font pas bâties
furie Nil , comme celles de Damiertc , il y a entre deux
une large rue où l'on lé promène. Les mosquées font nom-
breufes Se belles. Divers auteurs ont écrit que c'eft dans
cette ville' que faint Louis roi de France fut fait ptifon-
nier par le fultan Saleh negm iddin , eiiub ibn il Kamel ;
mais les meilleurs hutonem ( Z> ) marquent que ce prince
fut pris par l'émir Gemaledin dans une petite ville nom-
mée Cifel par Joinville , & par d'autres Sarmofac ou
Charmafach. Ça) Vanjleb. Relat. d'Egypte, p. 1 12. (b)
Le P. Daniel , Hift. de Louis IX. p. if 1.
M ANSUARIUS. Voyez. M a n s u s.
MANSUETIANUSPons, pont dans la Pannonie.
Antonin dans fon itinéraire dit qu'on le paffoit entre So-
p\an& Se Tricciana , à vingt-cinq mille pas de la première
place , Se à trente mille pas de la féconde. On croit que
c'eft aujourd'hui Baeolra.
MANSUIT ( Saint ) , abbaye de France dans la Lor-
raine , au diocèfe Se dans un des fauxbourgs de Toul , fur
la Mofellc. Elle eft de l'ordre de faint Benoît. Voyez.
Toul.
MANSURA. Ce mot a fignifié maifon ; de là nous
avons fait le mot Masure , Se dit de vieilles majures ,
pour fignifier une maifon tombée en ruine.
MANSUS, ouMansa,ou Mansum , lieu de la cam-
pagne où il y avoit de quoi loger Se nourrir une famille.
C'eft ce que quelques provinces de France expriment par
le mot Mas. La coutume d'Auvergne, c. zS.art. /.dit:
Pâturages fe tet minent par villages , mas Se ténemens.
Celui qui occupoit un mas ou manfus, étoit appelle ma-
nens , dont nous avons confervé dans notre langue le
mot de manant , pour dire un homme de la campagne.
Rien n'eft plus commun dans les actes du moyen âge que
le mot manfus ; on appelloit manfum regale ceux qui
étoient du domaine du roi. Les loix bornèrent à un cer»
tain nombre d'arpens ce que chaque manie devoit avoir.
Ainfi on voit des manfes nommés Mansi integri dans
les capitulaires de Charlcmagne , /. i.c. 83. dans la chic-
nique de Fontenelle & ailleurs. On trouve des demi-
manfes, Mansi medii ou dimidii dans beaucoup d'actes
rapportés par Du Cange , Se Manselli pour des manfes
qui n'avoient qu'un très-petit terrein. Il y avoit outre cela
entre ces manfes un grand nombre de différences diftin-
guées par des épithétes que l'on peut voir dans cet au-
teur. Le fermier d'un manfe étoit appelle Mansuarius.
M ANTA ( a ) , ville Se havre de l'Amérique méridio-
nale au Pérou , à fon extrémité feptentrionale , à neuf
lieues nord eft & fud-oueft de la baie de Carracas. La
terre eft haute près de la mer , Se on y voit plufieurs mon-
ticules blancs jusqu'à la rivière de Choropoto , où la côte
s'abbaiffe Se forme une efpéee de baie. Deux lieues avanr
que d'arriver à Manta , il y a une pointe baffe qu'on ap-
pelle Cames. Il faut s'en tenir à une bonne diftance , à
caufe d'une grande batture qui eft a fa hauteur. On la
reconnoît à une montagne raboteufe qui eft au-delà dans
le pavs. U y en a une autre vers le fud qui porte le nom de
Monte Christi , Se qui efi fort haute Se iabote»'e -,
au fud-ouefi la terre eft plus baffe. Si on eft au-deffus du
vent du port de Marna, & que l'on veuille y entrer, il
MAN
M AN
faut avoir toujours la fonde à la main , parce qu'il y a un
banc à l'entrée ; on voit la petite montagne qu'on appelle
Cérillo de la Cruz; on n'a qu'à l'amener , lorsqu'on fera
vis à-vis de l'extrémité de la ville ôc mouiller à fept brades
d'eau, on aura alors l'églife au fud-oueft. Du havre de
Manta au cap de S. Laurenzo , il y a huit lieues cours eft-
nord-eft cVoueft- fud-oueft. Depuis Manta la terre ert
baffe, mais s'élève vers S. Laurenzo ,qui cil fous le pre-
mier degré de latitude métidionale. Ce port de Manta (jb)
eft aflez commode pour les navires.La plupart de ceux qui
viennent de Panama, ont coutume d'y abotder , ôc vont
par terre delà à Lima. Tous leshabitans font naturels du
pays , ôc il n'y a que peu d'Espagnols parmi eux. Us ont
quelques barques, Ôc s'occupent à faire des cables & au-
tres ouvrages pour les navires. On dit qu'ily avoit autre-
fois dans cette bourgade une grofle émeraude , que les
peuples voifins venoienr adorer a grandes troupes. Acolta
témoigne que les veines de ces pierres n'en étoient pas
éloignées. Dampier , t. i.p. 246, prétend que Manta
n'eft qu'un petit village d'Indiens, en terre ferme à fept
ou huit îieuesdel'ifle de Plata. Il eft , dit il , bâti fur une
petite éminence . ôc par conféquent fi avantageufement
fitué pour être vu , qu'il fait du côté de la met une très-
beile perfpective. Cependant il n'y a que des chaumines
affez éloignées les unes des autres. Il y a une fort belle
églife , ornée de quantité d'ouvrages de fculpture. C'étoit
autrefois une habitation d'Espagnols; mais ils s'en font
tous retirés. Le terre ir eft fec ôc fablonneux , ne produi-
fant que quelques petits arbriffeaux. Les Indiens ne Cé-
ment ni ne plantent ; ils tirent des autres lieux les chofes
dont ils ont befoin , ôc font ordinairement un magafin
de provifious pour les vaiffeaux qut en ont befoin ; car
c'eft le premier établiffement où les navires puiffent tou-
cher , en venant de Panama pour aller à Lima , ou à quel-
que autre poi t du Pérou. Comme le terroir eft aride &
fablonneux, il ne produit point de maïs ; Se c'eft pour cela
qu'on n'en plante point. Entre le village ôc la mer il y a
une fort haute montagne ronde , de la forme d'un pain
de fucre , nommée Monte - Chriflo : elle eft au fud de
Minta.; c'eft un très bon fanal , ôc le meilleur qu'il y ait
fur toute la côte. Environ à un mille ôc demi de terre ,
tout vis-à-vis du village , il y a un rocher très dangereux,
parce que l'eau le courre toujours , Se que la mer , qui
n'y eft que rarement haute , ne fait point de brifans. Ce-
pendant il eft à préfent fi connu , qu'il n'y a point de
vaiflcaux qui ne l'évitent aifément. A un mille au-delà de
ce rocher , il y a fix , huit ou dix braffes d'eau , avec un
bon fond dur & fabloneux , où l'on peut mouiller en
toute fureté. A un mille de la rade du côté d'occident , il
y a un endroit peu creux , qui s'avance un mille en mer.
Depuis Manta jusqu'au cap S. Laurent le pays eft plain ,
uni ôc affez élevé, (a ) Supplément aux voyages de Ro-
ger* , p. 28. (b ) De Laet , Indes occid. 1. 10. c. 11.
MANTAILLE , ancien nom d'un château de France
en Dauphiné, dans le Viennois près de S. Rembert , à
quatre lieues de Vienne. Ce fut en ce lieu qu'après la mort
de Louis le Bcgue , Bofon fe fit proclamer roi d'Arles ou
de Bourgogne le 15 d'octobre 879. C'eft ptéfentement le
village de Mante ou Mente , à diftance à peu près égale
de Vienne ôc de Tournon. Il y a un prieuré fournis à
Clugni ; Pierre de Clugni l'appelle Mantula , ôc quel-
ques-uns même difent Mentula , peut-êrre pour le plaifir
de dire une obscénité; le nom latin eft AJantala.
1. MA NT AL A. L'itinéraire d'Antonin fournit Man-
tala , ou Mantalia , ou Mantanvï , dans la Gaule
Narbonnoife , entre le lieu ad Publicanos ôc Labisco.
.Voici la diftance de ce lieu à Vienne , félon cet itinéraire.
Mantalam ,
JLcttincum ,
Labiiconem ,
j4u<Lruth>m ,
Berguftam ,
Viennam ,
XVI mille pas.
XIV m. p.
XIV m. p.
XVI m. p.
XX m. p.
En tout quatre-vingt milles , qui font autour de vingt-
fept lieues , ôc par conféquent il y a bien loin de Mantala
d'Antonin au Mantala où fe tint le concile nommé Man-
talenfis Jynodus , ôc où Bofon fut déclaré roi.
2. MANTALA. Voyez. Mantaille.
77
MANTALUS , ville d'Afie dans la Phrygie , félon
Etienne le géographe.
MANTANA. ^«.Mantala i.
1. MANTANE , ifiede l'Amérique feprentrionale dans
l'Acadie. Elle a fix heues de circuit , & eft dans la baie
Françoife près de la rivière de S. Jean. De 1 Ifle la nom-
me Menane.
2. MANTANE, petite rivière de l'Amérique fepren-
ttionaledans la Gaspefie ; elle a fa fource dans les monts
de Notre-Dame , & tombe dans le grand fleuve de Saint
Laurent ; on la peut temonter avec des chaloupes I'efpace
de dix-huit lieues. Les fauvages, qui habirent le long de
fes bords, quand ils ont monré jusqu'à fa fource, por-
tent leurs canots fur leurs épaules environ une lieue jus-
qu'à une fontaine , d'où fort une fort grande rivière qui
vafcjetter dans le grand fleuve; par ce moyen ils font
leur trafic plus facilement. * De Laet , Indes occidenta-
les , liv. 2. chap. 9.
MaNTAHAUEN, petite rivière d'Afrique dans l'ifle
de Madagascar ; elle eft éloignée de Morombei de huit
lieues. * FLuoiot, Hift. de Madagascar , c. 7.
MANTAVON1UM, ou Mautavonium , ou Mai-
tavonium . félon les divers exemplaires d'Antonin , itin.
ancien lieu de la Gaule Narbonnoife. 11 étoit entre Vo*
coni Forum ôc Aq.tx Scxnœ , à douze mille pas de la pre-
mière, ôc à quaranre-fix mille pas de la ieconde ; c'eft à-
dire, à quatre lieues de Forum V, conn , & a un peu plus
de quinze d Aix en Provence. Quelques uns croient que
c'eft Cotignac.
MANTE , en latin Medunta , ville de France aiïdio-
cele de Charries , dans l'ifle de France > à trois lieues de
Meulan , à fix de Poifiï , ôc à onze de Paris , fur le bord
delà Seine qu'on y palfe fur un pont de pierres , compofé
de trente-neuf arches. Hadrien de Valois dans fa notice
des Gaules , prérend que le lieu nommé Petromanta-
ium dans l'itinéraire d'Antonin , eft la même chofe que
Maure , ôc il le prouve par les différentes diftances mar-
quées dans cet itinéraire, entre Fetro Mamalum Ôc les
autres places voifines: ôc l'abbé de Longuerue , que cerre
raifon ne touche point , avoue quelles conviennent allez
bien avec Mante. Mante a eu fes feigneurs particuliers &
propriétaires avant le milieu du dixième fiécle. Les com-
res du Vexin l'ayant pofledée jusqu'au règne de Philippe
I , le comte Gautier étant morr fans enfans , Mante fut
réunie à la couronne. Le fiécle fuivanr , Louis le Gros
donna Mante à Philippe fon frère, fils de Philippe I , ôc
de Bertrade de Montfort ; mais ce comre Philippe de
Mante , par une grande ingratitude, s'étant révolté con-
tre le roi fon frère , tout fon bien fut confisqué & réuni
au domaine.
11 y a plufieurs églifes , dont la plus confidérable eft
Notre-Dame , bâtie & fondée par Jeanne de France , donc
on voit le tombeau à côté du grand autel , félon Piganiol
de la Force, Defcript. delà France, t. 3. p. 89. Corneille,
guidé par des mémoires manuferits , dit que cette églife
fut rebâtie en 1087 , aux dépens de Guillaume le Bâtard ,
roi d'Angleterre. Les vitres en furent données par la reine
Blanche, mère de faint Louis. II eft remarqué dans l'hi-
ftoire de ce tems , que cette églife éroit deflervie par des
chanoines de l'abbaye de S. Victor de Paris , d'où 1 abbé de
S. Victor jouit encore du droit de déporr fut les canonicars.
Les mêmes mémoires portent que Philippe Augufte fut
abbé de Notte-Dame de Mante , ôc qu'étant parvenu à
la couronne, il donna les revenus de cette abbaye aux re-
ligieux de faint Denys , pour les récompenfer d'autres
biens qu'ils avoient cédés à fa majefté. Cette églife eft
ptéfentement une collégiale , où il y a des chanoines &
un doyen à la nomination du roi. Il y aauflî une paroiffe
dans la même églife ; celle de faint Maclou a pour curé
le doyen de Notre-Dame. Philippe Augufte mourut à
Mante le 14 juillet 1225; fon cœut ôc fes entrailles font
dans deuxbo'eresde plomb enfermées dans un caveau. Il
y a trois couvens d'hommes ; les céleftins , fondés pat
Charles V , roi de France , en 1375. Ils font hors delà
ville ; l'enclos ôc le coteau de ce monaftere font renom-
més pour leurs bons vins. Les cordeliers ôc les capucins
font à Limai , lieu peu éloigné de la mai fon des céle-
ftins. Il y a auffi trois monaftères de fille1-; des hospita-
lières , des bénédictines ôc des urfulines. On voir dans la
ville deux fort belles fontaines , que M, d'O y fit faire
78
M AN
MAN
par ordre d'Henri IV , l'an yjp. Henri IV, après que
le fiége de Rouen eut été levé , vint faire fon principal
féjour à Mante , où fe trouvèrent quatorze minières de
la communion de Genève, Ils y eurent pendant fept jours
dans le château des conférences avec le cardinal du Per-
ron. Le roi , qui y étoit prêtent ,s'en trouva fort ébranlé,
& le fit enfuite inftruire. Le même roi , s'écant fait facrer
à Chartres , revint à Mante &: y tint le premier chapitre
de l'ordre du feint Efprit , & donna le cordon bleu a
Renaud de la Beaume , archevêque de Bourges , & au
maréchal de Biron. Mante a bailliage, préfidial , élection,
grenier a tel .prévôté des maréchaux , Se hôtel de ville.
MANTEBRUM, lieu dont il elt fait mention dansle
«ode Théodofien , 1 1. Tit. de fusceptoribits.
i. M ANTEIUM, en grec Mm-tûm , ce mot veut dire un
oracle , & a été le nom commun de plufieurs lieux.
2. MANTElUM,lieu delà Cappadoce , félon Pline,
l. 6.c. 3 .
3. M ANTEIUM 5 lieu -de l'Afie Mineure auprès d'E-
phefe. * Pline , 1. 5. c. 29
4. MANTE1UM , autre lieu de l'Afie Mineure auprès
de Colophon. * Pline, 1. j. c. 29.
M ANTENEY, abbaye de France en Bourgogne , au
diocète de Bellay ; ce font des bénédictins.
MANTHE , Mante , ou Mente . prieuré de France
dans le Dauphiné. Voyez. Mantaille.
MANTHUR1CI Campi , M»6t?/:*K« ; campagne de
ï'Arcadie au Péloponnete , fclon Paufanias , /. 8. c. 44. Elle
étoit dans le territoire des Tégéates , Se s'étendoit l'efpace
de près de cinquante fiades jusqu'à la ville de Tégée. Ce
champ confervoit le nom d'un village du nombre de ceux
dont les habitans avoient été transportés dans la ville
même de Tégée, pour la peupler. Paufanias les nomme
MANTHuRENSES,M*i<9upê/ç. Etienne le géographe nomme
Manthyrée village d'Arcadie ; c'eft le même lieu.
MANTIANA Palus , grand lac de l'Arménie. Stra-
bondit , /. 1 1 .p. $ 29. 11 y a auffide grands lacs dans l'Ar-
ménie, entr'autres le lac Mantiana -, c'eft le plus grand lac
qu'il y ait après le Palus Méotide -, les eaux en font falées.
Il s'étend jusqu'à l'Atropathie ; il s'y forme aufli du tel.
Quelques-uns ont cru que c'eft le même lac que Ptolomée
nomme Mariane , Se Ortelius le juge ainfi : mais il te
trompe. Le lac Mariane de Ptolomée , félon ce géogra-
phe , étoit voiftn de la rivière de Mardus , Amardus ou
Marins ; lequel fleuve fe jettoit dans la mer Caspienne
au midi. Or le Mantiana Palus étoit éloigné de la mer
Caspienne, & par conféquent du lac Mariane , qu'on
croit être le même que le Spauta deStrabon , aujourd'hui
Spota , lequel eft au voifinage de la ville de Tauris , & à
l'orient méridional du Mantiana. Ptolomée fe trompe
en joignant le lac Mariane au fleuve Mardus , à moins
que cette communication ne foit fouterraine. Dans l'érat
prêtent où eft cette rivière , elle eft voifine , mais elle ne
communique pas. Le lac Mantiana s'appelle aujourd'hui
Actamar , ou , félon de l'Iilc , Corneille , Tavernier , le
lac de Van. Voyez, ce mot.
MANTIEN1 Montes , montagnes d'où le Gyndes
&l'Araxe prennent leurs fources. Hérodote , /. 1. c. 189.
dit du Gyndes , qu'il a fa fource dans ces montagnes , Se
fe jette dans le Tigre. Il dit de l'Araxe , /. 1. c. 202. qu'il
y a auiîi fa fource; mais l'édition de Gronovius porte
Matieni. Ortelius lit Mantieni ; Se dans l'édition citée
il y a dans le texte h McCltmo'i<ri ; mais il y a en marge m«k-
1tvo7<ji, in Mantienis.
1. MANTINÉE , ancienne ville du Péloponnete dans
Ï'Arcadie , au midi & aux confins de la Laconie. De l'au-
tre côté ceux de Mantinée confinoient avec le territoire
d'Orchomene. Paufanias dit , in Arcad. c. 1 2. Les bornes
entre ceux de Mantinée Se ceux d'Orchomene font aux
Anchifies. 11 appelle ainfi des montagnes au pied des-
quelles fe trouvoit le tombeau d'Anchife , que quelques-
uns croyoient y avoir été enterré. Strabon , /. 8. in fine ,
dit , qu'Epaminondas rendit illuftre la ville de Mantinée ,
par la victoire qu'il y remporta fur les Lacédémoniens.
Elle doit avoir été ancienne. Homère la nomme Maiti-
viw tpa.Tuv»v , l'aimable Mantinée. Paufanias , c. 8. en rap-
porte les diverfes révolutions. Les habitans fe joignirent
avec les Eléens , & prirent le parti des Athéniens contre
les Lacédémoniens. Ceux-ci animés par la vengeance pri-
rent Mautinée , la détruifirent presque enticremenr , ôc
ne ktiflérent aux habitans qui étoient échapés du carnage»
que la liberté de vivre féparément dans cinq villages qu'ils
formèrent. Les Thébains, après la bataille de Lcuctres
les rétablirent ; mais les ingrats les abandonnèrent Se fe
joignirent aux Spartiates leurs ennemis dans la bataille ,
où Epaminondas fut tué. Ils fe joignirent enfuite aux
Achéens Se au roi Antigonus , ennemis déclarés des Spar-
tiates ; Se changèrent le nom de leur ville en celui d'An-
tigonie, en lhonneurdu roi de Macédoine. Plutarqtie,
in Arato. raconte la chote un peu autrement : il dit qu»
les Achéens prirent -cette ville avec le tecours d'Antigo-
nus , qui en ayant fait mourir les principaux habitans , en
fit prêtent aux Argiens, après avoir ordonné par un dé-
cret, qu'ils nel'appelleroient point Mantinée, mais An-
tigonie. Cela éclaircit ce que dit Ptolomée , Antigonie '
que l'on appelle aufli Mantinée. L'empereur Adrien ,
au rapport de Paufanias, abolit le nom de Macédonien »
Se ordonna qu'on lui rendroit à l'avenir fon ancien nom
de Mantinée. Mantinée eft connue aujourd'hui fous le
nom de Mandi. * Harpocrat,
2. MANTINÉE. Pline , /. 4. c. j. met une autre
Mantinée au Péloponnete dans l'Algie. Elle ne fubfiftoit
déjà plus de fon tems , non plus que Tyrinthe , donc
elle étoit voifine. Il la diitingue très bien de la Mantinée
d'Arcadie ,dont il parle aufli , c. 6.
MANTINIUM, lieu de la Cappadoce. Suidas & So-
crate le fcholaltique en parlent. Ce dernier dit qu'il y
avoit en -ce lieu un grand nombre de Novatiens. * Ortel.
Thefaur.
MANT1NORUM Civitas , ancienne ville de l'ifle
de Coite fur la côte orientale , félon Ptolomée. Le grec
porte -AtaiTfW vius , Se l'interprète latin dit Man-
tinum Civ-itas. On croit avec vraitemblance que c'c(b
aujourd'hui la ville de Baftia.
MANTITTLR , ancienne ville de l'Inde en-decà dur
Gange , au pays des Caréens dans les terres, félon Pto-
lomée.
M ANTOIS , ( Le ) petit pays de l'Iile de France , aux
•environs de la ville de Mante,
MANTOLA , lieu de la Gaule dans le Dauphiné. Ce
doit être le même que Mantaille. Voyez, ce mot.
MANTOUAN ( Le) , pays d'Italie «11 Lombardie , le
long du Pô ■■) qui le coupe en deux parties. Il eft ainfi ap-
pelle de Mantoue fa capitale ; Se comprend la plus grande
partie des états , qui apparrenoient au duc de même nom,
Se ceux de quelques autres princes de fa maifon. Ses bor-
nes font au teptentrion le Véronete , au midi les duchés
de Reggio, de Modene Se de la Mirandole, à l'orient le
Ferrarois , Se à l'occident le Crémonois au duché de Mi-
lan , & le Breffan qui dépend de la République de Ve-
nifc.Son étendue du fud au nord eft fort irréguliere , car
elle eft bien de trente-cinq milles en quelques endroits,'
& en d'autres feulement de fix ou de fept ; celle de 1 eft à
l'oueft eft d'environ foixante milles dans fa plus grande
longueur.
Cette province eft fertile en bled & en pâturages; on
y nourrit quantité de bétail. On y recueille aufli du vin Se
des fruits. Le Mantouan eft divite en trois duchés, troia
principautés , Se un comté ; lavoir ,
rMantoue, r Caftiglione ,
Duchés de < Guaftalla , Princip.de/ Solferino,
LSabioneta. {. Bozolo.
Comté, < Novellara.
I. MANTOUE , ville d'Italie dans la Lombardie , fut
le Mincio , Se capitale du duché auquel elle donne le
nom. Pline , /. 3. c. 19. la place dansl'Iltrie , Se dit : Man-
tuaTuscorumtrans Padumjola reliqiia. Elle e/t fameufe
dans les écrits des anciens Se des modernes , pour avoir
donné lanaiflance à Virgile , qui en parle lui-même de la
forte , Georg. I. 3. v. 12.
Primits Idimœas referam tlbi, Mantua , palmas ,
Et viridi campo templum de marmore pot.am
Pr opter aquam , tardis ingens ubi fie. xi bus errât
Mincius, &tenerapr<ttexit arandine ripas»
Martial a dit , lib. i.epigram. 6x,
AN
MAN
Marone fefix Mantua eft.
Papinius Statius en a fait un magnifique éloge dans ce
Yers, lib. 4. Sifa. Car. 2. v. 9.
Nettat adoratas & Smyrna & Mantua lauros.
Et Silius Italiens a dit à peu près la même chofedans
ceux-ci , lib. 8. v. 545).
Mantua Mu/arum domus , atque adjydera cantti
Evetla Andirto , Smym&is annula plectris.
Cependant Virgile n'étoit pas né dans la ville de Man-
toue , mais dans un village voifin nommé Andes , au-
jourd'hui Pétula , à deux lieues de Mantoue. Un ancien
auteur delà vie de Virgile , 8c que l'on croit être Donat ,
a fondé cette opinion : Natus eft , die il , en parlant de
ce poé'te , Cn. Pumptjo Magna 0" M. Licinio Coss.
idttum Obtobrium die , m pago , qui Andes aicitur , qui
eft a Mantua non procul. Silius Italicus appuie ce fenti-
ment enappellant les vers de Virgile Camus Andinus.
Ainfi Virgile fut furnommé Mmituanus , parce qu'il
étoit né dans le voifmage de Mantoue : au lieu qu'on
devoit proprement le nommer Andinus t * Ccllar. Geogr.
ant. lib. 2. cap. 9.
Virgile.nous a donné lui-même , JEneid. lib. io.v.i 98.
& Jeq. l'origine de Mantoue. 11 dit qu'elle fut fondée
par Ocnus , fille du Tybre ik de la dcvinerefle Manto;
& qu'il la nomma du nom de fa mère. Il ajoute qu'elle
commandoit à trois peuples divifés en quatre tribus. En-
fin il fait entendre qu'elle étoit la capitale des douze villes
de la nouvelle Toscane ; mais il relevoit la gloire de fa
patrie aux dépens de Felfina , depuis appellée Boulogne ,
félon Cluvier , Ital.lib. î.c. 16.
Ni les cartes géographiques , ni les voyages , ne don-
nent point l'idée qu'il faut avoir de la fituation de Man-
toue. On repréfente ordinairement cette ville au milieu
d'un lac , dont on la fait à peu près également en-
vironnée ; ce qui n'eft point du tout ainfi. Le Mincio
trouvant un pays bas , s'élargit 8c forme une efpéce de
marais douze ou quinze fois plus long que large. Man-
toue eft bâtie fur un terrein ferme, quoique dans un
des côtés de ce marais. Quand on vient de Crémone ,
on paffe une chauffée longue feulement de deux ou trois
cens pas; & de l'autre côté, quand on va à Vérone,
le marais ou le lac eft beaucoup plus large. Il y a
quelques endroits où ces eaux font toujours courantes ;
mais en d'autres elles croupiffent 8c infectent tellement
l'air de Mantoue , que dans les chaleurs , tous ceux qui
peuvent quitter la ville en fortenr. La fituation de Man-
toue ne icffemble pas mal à celle de Péronne -, mais
Péronne , outre fon marais , a une bonne fortification ,
& Mantoue n'eft ceinte que d'un mur. Il eft vrai que
fa citadelle lui eft une forte défenfe. * Labat , Non-
veau voyage d'Italie, tom. 3. p. 10.
Cette ville eft médiocrement grande , à peu près com-
me Crémone; mais elle eft beaucoup plus riche 8c plus
peuplée. 11 y a quelques rues affez larges 8c affez droites.
Pour les maifons en général , elles font inégales ; 8c fi
l'on en excepte un fort petit nombre, tout le relie cfl mé-
diocre. Le palais ducal n'a même aucune beauté ni aucu-
ne fymmétrie extérieure : les étrangers le voient 8c le
touchent fans le connoître pour ce qu'il eft , s'ils n'en font
avertis. Il eft vrai qu'il y a quantité de galeries & d'ap-
partemens : mais c'en: tout ce qu'on en peut dire. Il
étoit magnifiquement meublé en 1650. lorsque l'armée
impériale furprit la ville , 8c pilla le palais. L'apparte-
ment du duc eft cependant affez bien meublé, 8c la
fale des antiques renferme quantité de chofes belles 8c
rares ; 8c le cabinet de curiofités eft affez rempli.
Saint Longin eft la plus précieufe relique de Mantoue ;
il y en a encore une autre qui eft très-célébre ; ce font
quelques gouttes de ce fang miraculeux qui fur trouvé
dans cette ville du tems de Léon III. 8c quia donné
occafion à l'inftinuion de l'ordre du duc de Mantoue,
appelle communément l'ordre du précieux Sang , de la
Rédemption , ou du Tabernacle. Ces deux chofes fe
gardent dans l'églife de S. André. A l'entrée de la mê-
me églife on voit une pièce extraordinaire. C'eft une
79
cloche de pics de fix pieds de diamètre, autour de la-
quelle ilya huit ouvertures faites en forme de fenêtres,
larges d'un pied , 8c hautes de trois.
Outre la cathédrale, il y a diverfes autres églifes re-
marquables ; entres autres'celles des Jéfuites, de fains
Barnabe, de f'aint Maurice, de fainte Urfule, de faint
Scbaitien 8c de fainte Barbe. La maifon de ville , le
théâtre , les manufactures , le moulin des douze Apôtres,
la fynagogue 8c la boucherie , méritent quelque atten-
tion.
Après la décadence de l'empire Romain , Mantoue
fut envahie par les Lombards , & enfuite conquife fur
eux par Charlemagne. Sous les descendais de ce prince ,
l'Italie étant devenue le partage de divers feigneurs ,
dont le gouvernement dégénéra en tyrannie , Louis de
Gonzague , vers l'an 1 3 28. fe fit donner le titre de capi-
tal! par l'empereur, chaffa le tyran de Mantoue, 8c
obtint la feigneurie de la ville qu'il venoit de délivrer.
Son petit- fils Jean François fut élevé en 1433 ,à la di-
gnité de marquis par l'empereur Sigismond. Frédéric II ,
marquis de Mantoue , fut créé duc par l'empereur Char-
les V , en 1530. L'alliance de la Fiancé fut fatale à Char-
les IV, dernier duc de Mantoue. Comme il s'étoit déclaré
pour la France dans la guerre de 1700 , il fut mis au ban
de l'empire , 8c contraint de fe retirer dans l'état de Ve-
nife, où il mourut en 1708. Sa fucceffion fut conteftée
entre les ducs de Guaitalla & de Lorraine ; mais l'empe-
reur les mit d'accord , en prenant pofleflion du duché de
Mantoue , où il mit un gouverneur. * Leandro Alberti ,
Pag- 393 > &fuiv.
2. MANTOUE , ( Le duché de ) occupe la plus gran-
de partie du Mantouan ; 8c les autres petits états qui ont
été donnés en appanage aux cadets de cette maifon , y
font enclavés çà & la , de forte qu'il eft peu poflible , &
en même tems peu néceffaire de marquer l'étendue de
cette principale partie , ce qu'on ne pourroit fans y en
mêler d'autres. Voici les principaux lieux de ce duché.
Mantoue ,
Marmirol,
La Favorite ,
Borgoforte ,
Governolo ,
Oftiglia ,
Lermido ,
Quiftello ,
Gonzague »
Luzara ,
Viadana.
L'état du duc de Mantoue confiftoit dans le Mantouan J
diminué par le partage entre les diverfes branches de fa
maifon, 8c en une partie du Montferrat, qu'il avoit héritée
de fes ancêtres , qui l'avoienteu de la maifon des Paléolo-
gucs.L'empereurn'a point touché aux parties que les bran-
ches collatérales de la maifon de Mantoue poffédoient , &
elles les poffédent encore -, mais ce que fa branche aînée ,
réduite au feu] duc Charles IV, poffédoit alors, il s'en eft
faifi malgré les plaintes des héritiers , 8c s'eft accommodé
du Montferrat avec la maifon de Savoye , qui poflédoit
déjà une partie confidérable de cette province.
1. MANTUA C^nomanorum , ville d'Italie. C'eft
la même que Mantoue.
2. MANTUA Carpetanorum , ville d'Espagne. On
dispute fi c'eft aujourd'hui Madrid ou Villamanta,
qui n'en eft pas loin.
MANTURANUM , lieu d'Italie dans la Toscane ,Or-
telius , Thefaur. Il en eft parlé dans les lettres de l'empe-
reur Louis I de ce nom , au rapport d'Antonius Mafia ,
dans fon livre de Faliscis. Ce lieu eft de l'état de l'Eglife ,
8c il en eft fouvent fait mention dans le recueil des con-
ciles. Sigonius le met fous le duché de Rome , 8c écrit
Maturanum. On trouve ce fiége épiscopal dans le con-
cile tenu à Rome l'an 6 S 8. C'eft l'évêché de Martorano.
MANUCA. Voyez. Manica.
MANY , fortereffe de la Chine dans la province de
Queicheu , au département de Sunan , troifiéme métro-
pole de la province. Elle eft de 10 deg. 40 min. plus oc-
cidentale que Péking , fous les 27 deg. jo minutes de la-
titude. * Atlas Siaenfis.
MANZALÉ (Lac de) , lac d'Egypte à demi-lieue de
Damiette , entre cette ville 8c le château de Thiné. Il a
vingt -deux lieues de long à l'eft-oueft , 8c cinq ou fix
lieues de large au nord-fud. Le fond en eft boueux 8c
plein d'herbes. 11 n'y a que quatre pieds d'eau , ou envi-
ron , en quelque endroit que ce foit , 8c il n'eft féparé de
la mer que par une langue de fable > qui a tout au plus
8o
MA N
MAP
une lieue de large. Cela n'empêche pas que ce lac n'ait
communication avec la mer. 11 l'a au nord par trois em-
bouchures , favoir , par celle de Thiné , qui eft la plus
orientale , par Eummefurrege , ôc par Dibé.
Outre cette communication avec la mer , le Nil tom-
be dans ce lac par plufieurs canaux au fud ; c'eft ce qui
fait que pendant l'automne , qui eft le tems de l'accrois-
fement du Nil , les eaux du lac Manzalé font douces. La
pêche de ce lac en; fi confidérable , qu'elle produit tous les
ans au grand feigneur 40000 écus.
Le lac Manzalé eit rempli de petites ifles couvertes de
rofeaux , de joncs ôc de brouflaillesj c'eft dans ces ifles
.que les pêcheurs portent leurs pêches , lorsqu'ils veulent
habiller , faler ôc boucanner leur poiflbn. Quant à celui
qu'ils veulent vendre frais , ils le portent à Damiette, ou
aux villes & villages qui font aux environs du lac. * Relat.
fur les pêches d'Egypte , par le P. Sicard , Jéfuite.
MANZANARES. Voyez. Mançanares.
1. MANZANILLA , petite place d'Espagne au royau-
me de Léon, à trois lieues de Léon, en allant vers Pa-
lencia. * Baudrand , édit. 1705.
2. MANZANILLA , ou Mancenille , baie de l'ifle
de faint Domingue fur la côte feptentrionale , entre la
pointe d'Icague au levant , ôc la Grange au couchant. La
rivière de S. Jago fe perd dans cette baie. Voyez. Man-
cenille.
MANZAY, prieuré de France dans le Berri , vers Is-
foudun.
MANZÉE. Voyez. Mannzée.
MAO , montagne de la Chine , dans la province de
Kiangnan , au voiûnage de la ville de Kiuyung. * Atlas
Sinenfis.
1. MAON. Voyez.Vom Mahon.
2. MAON , ville de la Paleftine dans la tribu de Jnda ,
dans la partie la plus méridionale de cette tribu. Nabal du
mont Carmel avoir de grands biens dans le défert de
Maon , & David demeura allez long-tems dans ces can-
tons - là , durant la perfécution que lui fit Saiil. D. Cal-
mer croit que Maon étoit la capitale des Maoniens , dont
il eft parlé dans l'hébreu aux Paralipomenes , l. 1. e. 1.
v. 40 & 41. ôc /. 2. e. 20. v. i.< La vulgate en ce dernier
lieu porte Ammonites , au lieu de Maonim; dans l'au-
tre paffage elle lit Habitatïones , & les Septante Mimos.
La ville de Maon , qui donnoit Ton nom au défert de
Maon , eft apparemment la même que Minois , ou
Mj-eonis , qu'Eufebe met au voifinage de Gaze, ôc que
Men^um du code Théodofien près de Berfabée , ou Ver-
fabinum. Elle eft nommée Minois dans les fouferiptions
du concile de Chalcedoine de l'an 451. Voyez. Menoî's
ou Minoïs. * D. Calmet , DicL
3. MAON , déferr de la Paleftine dans la tribu de Ju-
da. Il en eft fait mention dans le premier livre des Rois,
23» 24. Il y eft dit que David Ôc fes gens étoient dans le
défert de Maon , dans la plaine , à la droite de Jéfimon.
Plus bas , v. 25. on lit que Saiil , accompagné de tous Ces
gens , alla chercher David dans le défert de Maon , &
que David en ayant eu avis , fe retira au rocher ou à la
montagne du déferr de Maon : David demeura affez long-
tems dans ce défert , pendant que Saiil le perfécuta. Il eft
dit auflî dans le même livre , 25 , 2. que Nabal demeu-
roit dans le défert de Maon.
MAOUARANNAHR ; c'eft ainfi que d'Herbelot
écrit le nom arabe que porte aujourd'hui la Transoxane.
Greawes écrit Mawaralnahr.
1 . M APALI A ■-, ce mot fignifie des hutes , des cabanes.
Pomponius Mêla parlant des peuples d'Afrique dans la
Cyrenaïque vers l'Egypte , dit , félon la correction de
Pinto : Proximis nulu quidem urbes , ftata tamen domi-
cilia funt qux. Map alla appellantur. Ceux qui habitent le
plus près de la mer , n'ont poinr de ville à la vérité ; mais
ils ont néanmoins des demeures fixes , que l'on appelle
Mapalia. Il y avoir auparavant dans l'édition d'Olivier ,
Proximis nulU quidem urbes fiant. Tamen domicilia funt.
Pinto avoit doctement changé le mot fiant en ftata , qui
fait un plus beau fens. Car Pomponius Mêla , après avoir
parlé des mœurs de ceux qui étoient le plus au Bord de
la mer , parle de ceux qui étoient plus avant dans les ter-
res. Interiores etiam incultius , fequuntur vaçrj pecora ,
utque à pabuloduHa funt ; itafeac tuguria j'ua (promo-
vent ; atcjue ubi dics déficit , ibi noïlem agunt. Ceux qui
demeurent plus avant dans le pays , vivent d'une manière
plus fauvage ; ils fuivent leurs troupeaux çà ôc là , ôc fé-
lon qu'ils font conduits par les pâturages , ils s'y trans-
portent eux ôc leurs maifons , ôc ils patient la nuit au lieu
où le jour leur manque. Cette différence de mœurs &
d'habitation confilte donc en ce que ceux de la côte avoient
des cabanes fixes , qui reltoient toujours au même en-
droit, & c'eft ce que lignifie le mot de ftata, ce qui fait
l'oppofition bien marquée aux ufages des autres habirans
de ce pays , qui habitoient auflî des cabanes , mais qui les
changeoient de place. Comme en certaines provinces de
France les bergers ont des hutes élevées fur des roues , ôc
qu'ils mènent par-tout où le befoin de leurs troiqeaux
demande qu'ils paffent la nuit. Les Nomades , tant Scy-
thes qu'Africains , ne vivoient pas autrement. Horace dit,
/. 3. Ode 24.
Campe/Ires melius Scytha ,
Qitorumplauftravagas rite trahunt dumos ,
Vivunt.
Stant eft un mot dont la phrafe fe peut très- bien pas-
fer. Stata fait un fens néceffaire , & marque que ces
cabanes étoient fixes ; & par conféquent d.tléienres de
celles du peuple dont il parle enfuite , qui transpoitoit les
tiennes' par-tour où fes befliaux le conduifoient. On ne
peut pas dire quefiata eft inutile , Ôc que Mapalia figni-
fie allez des cabanes qui reftent toujours au même endroit.
Le contraire fe prouve par ce paffage de Pline : Numida
vero Nomades à permutandis pabulis Mapalia Jua , hec
efi domos plauftris circumferentes ; ôc par celui-ci de Tite-
Live ; FamilU aliquot cum Mapalibus , pecoribusquefuis ,
( ea pecunia illis efi , ) perjecuti funt regem. C'eft le mot
ftata qui les détermine à des cabanes fixes.
2. MAPALIA , lieu particulier d'Afrique auprès de
Carthage , quelques uns écrivenr Mappalia ; il eft re-
marquable poui avoir été le lieu de la fépulture de faint
Cyprien. On trouve dans le troifiéme concile de Car-
thage qu'il y eft fait mention de Mapalitorum diœcefis.
Ce lieu avoit pu devenir confidérable , à canfe du tom-
beau & de la mémoire de faint Cyprien. * Victor V.unf.
de perjec. Vand. 1. i.p, 6. Fleuri , Hiftoire cccléfiaffique ,
liv. 7. chap. 41.
Ce mor peut avoir deux origines différentes , félon
qu'on l'écrit avec un p, ou avec deux pp. Mapalia vient
de Mapale , qui a pour racine nha , Palea , d'où vient
auflï le nom de Pales, déeffe de la campagne, ôc ce mot
fignifie une maifon depayfan, un toit ruftique. Mappalia
par deux pp , vient du mot SeQ , Mappal , qui chez les
Hébreux ôc les Syriens fignifie ruines , desmafures. Ainfi
on peut diftinguer, félon l'orthographe , Mapalia qui fi-
gnifie des maifons champêtres , ôc Mappalia , des ruinest
des majures. Peut-être le lieu Mappalia tiroit-il ce nom
Phénicien des ruines de quelques édifices qu'il y avoit eus
en cet endroit. Quant à Mipalia pour des maifons cham»
pêtres , on a ce vers de Claudien , Stilich. Paneg. 3.
AgricoL référant jam tuta Mapalia Mauri.
Virgile avoit dit auflî , Géorgie. 1. 3.
Raris habitata Mapalia teclif.
MAPALE, la baie de Mapale. Voyez. Amapalla.
MAPETA, •tAlmna., ville de la Sarmatie Afiarique fur
le Pont Euxin , félon Ptolomée , /. $. c. 9. Quelques
exemplaires portent Mateta , Ma-rmu.
MAFHA. Voyez. Maspha.
MAPHORITvE , ancien peuple de l'Arabie Heureufe,
félon Ptolomée , /. 6. c. 7.
MAPPA ôc Mappa Mundi. Voyez. Mappemonde.
MAPPALIA. Voyez. Mapalia 2.
MAPPALIENSES. Saint Auguftin nomme ainfi les ha-
birans d'un lieu voifin de Carthage, nommé Mappalia.
Voyez. Mappaua 2.
MAPPALITORUM Dkecesis. Voyez, le même ar-
ticle.
MAPPEMONDE , carte qui repréfenre le globe de la
terre, en latin Mappa Mundi, à la lettre la carredumon-
de. Le mot Mappa dans fon origine fignifie la nappe que
l'on
MAQ
MAR
81
î'on étend fur une table où l'on mange. Nous en avons
fait le mot Nappe , Se avons confervé Y m , dans le kns
d'une carte que l'on étend comme une nappe fur une ta-
ble , & où l'on voit le globe térreftre aplati , d'où lui
vient aufli le nom de Planisphère. Voyez, ce mot. On
conçoit aifément qu'on ne peut voir que la moitié d'un
globe à la fois , c'eft ce qui s'appelle Hémisphère , c'eft-
à-dire demi-globe ; ce demi-globe fuffifoit aux anciens ,
qui même n'avoieut pas dequoi le remplir au nord, à l'o-
rient Se au midi. Ainfi leur Mappemonde n'éroit que d'un
hémisphère unique. On a vu depuis que la terre eft habi-
tée dans toute fa rondeur, & que les deux moitiés étoient
néceflaires , on a donc fait des Mappemondes de deux hé-
misphères. Dans l'un eu l'Europe , l'Ane 8e l'Afrique ; 8c
on a donné l'autre à l'Amérique , aux i/les & aux mers
qui l'accompagnent. Il refte dans l'un Se dans l'autre au
nord Se au midi de vaftes espaces que l'on ne connoît pas
encore affez. Le nord eft beaucoup plus connu , Se on a
beaucoup plus approché du pôle Arctique que de l'An-
tarctique , parce que les navigateurs , qui ont fait les dé-
couvertes, étoient tous des Européens , & ont eu plus de
raifon d'eflayêr les navigations du nord , dont ils étoienc
voifins , que celles du midi , dont ils étoient très-éloignes.
D'ailleurs les découvertes du nord fe font faites , pour
chercher un partage dans les mers de la Chine & du Ja-
pon ; au lieu que le partage du midi étant trouvé depuis
long-tems , ce qu'il peut y avoir de plus près du pôle An-
tarctique Se au midi du partage ordinaire , n'a été décou-
vert que par hazard , & avec une espèce de négligence ,
qui ne petmettoit pas défaire de grands progrès, ni de
grandes découvertes.
MAPSE , ville de la Paleftine dans l'Idumée , félon
Ptolomèe , /. j. c. 16. Hiérocles la nomme Mampsis , Se
la met dans la troifiéme Paleftine» fous Petra , métro-
pole. Elle eft nommée de même dans une ancienne notice
du patriarchat de Jérufalem, fouventeitée dans ce diction-
naire. La notice de Léon le Sage écrit Napfis , c'en: une
faute d'une iVpour une M.
MAPURA , ville de l'Inde en-deçà du Gange , félon
Ptolomèe , l.y.c. i.
MAQUEDA , ville d'Espagne dans la nouvelle Caftille
à cinq lieues de Tolède, félon l'abbé de Vairac , à deux
ou à trois de la même ville , félon D. Juan Alvarès de
Colmenar {a) ; à deux lieues , d'Efcalona félon D. Rodri-
go Mendés Silva(£). Elle eft dans une efpéce de pres-
qu'ifle que forment deux petites rivières , fçavoir l'Alber-
che Se une autre , dans un terroir bien cultivé , tout
couvert d'oliviers Se de vignes. C'eft la capitale d'un du-
ché qui appartient à la maifon de Nagera. Ces feigneurs
y ont un beau château Se un palais (c). Elle fut érigée
en duché par Charles V. en 1530. en faveur de D.
Diégue de Cardenas fils de D. Gutierre de Cardenas
grand commandeur de Léon Se de Dona-Therefe En-
ïiquez , furnommée la Sainte à caufe de fa piété exem-
plaire. Il y a trois cens feux divifés en trois paroiffes ,
un couvent d'hommes , un de filles , quatre hermires ,
un grand hôpital. D. Rodrigue Mendés Silva qui fournit
les derniers détails , dit que l'érection en duché fe fit fous
Ferdinand Se Ifabelle en faveur de D. Diégue de Carde-
nas , Se qu'Alonze VI. de Caftille la reprit fur les Maures
en 1083. Se la repeupla, (a) Délices de l'Espagne, p.
318. (b) Toblacion gêner, de Espafia , fol. ^.verfo. (c)
Vairac , 1. f . t. 3. p. 106.
M AQU IL APA, montagne de l'Amérique dans la Nou-
velle Espagne Se dans la province de Guaxaca -, elle eft du
nombre des Quelenes. Quoique ces montagnes fe fartent
aflez remarquer par le grand nombre de leurs pointes ai-
guës & de leurs têtes élevées , Se qu'il y en ait plufieurs
qui fe joignent enfemble , il n'y a pourtant que celle de
Maquilapa dont les voyageuts fartent mention , parce qu'il
faut la paiTer pour aller de Guaxara à Chiapa. Elle eft
haute Se raboteufe ,8e en une demi-journée de chemin on
arrive dans un endroit tout plat qui reflemble à un pré fin-
ie penchant de la montagne. Il y a des fontaines qui cou-
lent entre les rochers. Deux mille pas plus haut il y a une
fontaine Se une loge entourée d'arbres , qui fert d'abri aux
voyageurs furpris par la nuit ou par le vent qui y eft très-
violent & très-dangereux. Lorfqu'on eft fur le haut de cette
montagne où l'on arrive par un chemin étroit, taillé dans les
rochers, on en trouve un par où il faut parter. 11 eft à dé-
couvett du côté de la mer , Se n'a pas plus de deux cens
pas de long \ mais il eft fi haut & fi étroit , que l'on eft
tout étourdi quand on. y eft monté. D'un côté on voit la
vafte mer du Sud qui eft fi profonde Se fi baffe , que la
tête tourne -, de l'autre ce ne font que rochers & préci-
pices de deux ou trois lieues de profondeur. Le partage
n'a pas plus d'une toife de largeur en quelques endroits.
En fe détournant de quatre lieues au plus, on éviteroic
un partage fi dangereux. *Gage> Relat. des Indes Occid.
2. part. c. 10. p. 1 1 2. &c fuiv.
MAR. Voyez. Mare & Mer.
1. M ARA. Ce mot fignifie amertume. Les Ifraëîites
après leur fortie d'Egypte étant arrivés au défert d'Etham
y trouvèrent des eaux fi amères, que ni eux ni leurs be-
ftiaux n'en purent boire , c'eft pourquoi ils donnèrent à ce
campement le nom de Mara ou Amertume. Alors ils
commencèrent à murmurer contre Moïfe , en difant :
Que boirons-nous î Et Moïfe ayant crié vers le Seigneur ,
le Seigneur lui montra un bois qu'il jetta dans l'eau &c
qui l'adoucit. * D. Calmet, Dict. Exod.c. ij.v. 23.
2. MARA , ville de l'Arabie Heureufe, félon Ptolomèe t
l. 8. c. 6. Son plus grand jour eft de 14 heures 7 min. 30
fec. Elle eft plus orientale qu'Alexandrie d'une heure Se
quatre minutes. Elle a deux fois par an le foleil à fou
zénith.
MARABIN A , ancienne ville de la Cyrénaïque , entre
Phalacra 8c Auritina, félon Ptolomèe , /. 4.C. 4.
MAR.ABIUS Fluvius , ou Marubius , rivière de la
Sarmatie Afiatique , félon Ptolomèe , /. j. c. 8.
MARACANDA , ville de la Sogdiane , félon Arrien ,
Alex. /. 3. c. 30 qui dit qu'elle en étoit la capitale. Quin-
te -Curfc en parle aurti , /. 7. c, G.& 9. Strabon , /. 11.
p. 5 17. la nomme Paracœnda, au moins dans quelques
exemplaires ; car Cafaubon dit que l'on trouve dans les
manuferits Marecanda. Strabon au refte dit qu'elle fut
une de celles que ce conquérant renverfa. C'eft préfen-
tement Samarcande.
MARACAPANA , port de l'Amérique méridionale ,
presqu'à l'extrémité orientale de la province de Venezuela.
C'eft un des meilleurs ports de cette côte. Les habitans
de Cubagua y ont eu autrefois une petite forrereffe , 8c
ils y tenoient garnifon , fous prétexte de défendre la pro-
vince contre les efforts de ceux qui la viendroient atta-
quer , mais ce n'étoit en effet que pour enlever les In-
diens qu'ils faifoient esclaves. De Maracapana jusqu'à
Bariquicimete , il y a une grande plaine de près de cent
lieues de longueur : elle eft très-propre pour la charte
8c pour la pêche; mais tout ce pays a été fort dépeuplé
par les guerres : les bêtes féroces qui s'y font multipliées
en rendent le partage fort dangereux. * De Laet , Ind.
Occid. 1. 18. c. 14.
i.MARACAYBO, lac & ville de la province de
Venezuela dans l'Amérique méridionale, On confond
fouvent& mal à-propos ce lac avec le golfe de Venezue-
la , qui donne le nom à la province , 8c dont je parlerai
fous ce nom. 11 eft vrai que l'un communique avec l'autre
par une efpéce de détroit , au-deffus duquel eft bâtie la
ville de Maracaybo : mais les géographes les ont toujours
diftingués. Le lac eft presque de figure ovale, & a trente
lieues de longueur : avant que d'y entrer au fortir de la
baie, il faut paffer un banc de fable que les Espagnols
nomment la Barre , Se fur lequel la plupart des naviies
périroient , à caufe du courant qui eft très-fort , fi on n'a-
voit foin d'y entretenir un pilote pratique, pour les aidée
à y entrer 8e à en fortir. On y a auffi confhuit un fort qui
en défend le partage , avec quatorze pièces de canon Se
deux cens cinquante hommes de garnifon. Outre la ville
de Maracaybo qui eft à fix ou fept lieues au-deffous de
cette Barre, les Espagnols ont encore de l'autre côré du
lac une petite bourgade nommée Gibraltar , fituée fur
un terrein fertile , mais où l'air n'eft pas fain, 8c d'où les
habitans fe retirent presque tous dans la faifon des pluies.
C'eft aux environs de cette ville qu'on recueille le meil-
leur cacao de l'Amérique , & cet excellent tabac fi efti-
mé en Espagne fous le nom de tabac de Maracaybo.
2. MARACAYBO, une des plus riches villes que les
Espagnols aient dans cette partie du continent de l'Amé-
rique : elle eft la capitale de la province de Venezuela,,
Se eft fituée ptesqu'à l'entrée & fur le botd occidental
du lac , dont elle a pris le nom , ou à qui elle l'a donne,
Tm, IK l
8a
MAR
MAR
Les François de l'Amérique la nomment ordinairement
Maracaye. D'Anville , dans fa carte particulière de la
province de Venezuela , dreflee pour l'hiftoire de S.
Domingue du P. de Charlevoix , d'où j'ai tiré cet article ,
place cette ville au 10 degré de latitude-nord ; mais
l'hiftoiien dit qu'elle eft environ au n.Il ajoute que le
lac Maracaybo entre cinquante lieues dans les terres,
mais il y comprend fans doute le golfe de Vénéz.uéla dans
lequel il fe décharge Quoi qu'il en foit , la ville de Ma-
racaybo eft compofée de fept à huit mille habitans qui y
font grand commerce de cuirs» de cacao Se de tabac.
En 1666. deux flibuftiers François, l'Olonnois 8c le
Basque , prirent Se rançonnèrent les deux villes de Ma-
racaybo & de Gibraltar. Le butin qu'ils y firent , confi-
ftoit en joyaux , pierreries , or & argent , tabac , cacao 8c
esclaves -, & fut eftimé quatre cens mille écus , fans comp-
ter apparemment quantité d'ornemens des églifes qu'ils
avoient démolies , Se dont ils avoient emporté jusqu'aux
cloches, aux tableaux , Se aux croix qui éroient fur les clo-
chers , leur deflein étant , difoient-ils , d'en bâtir une à la
tortue, & d'y confacrer toute cette partie de leur butin,
l.'anncé fuivante, le Basque fuivi de quarante hommes feu-
lement entra de nuitàMaracaybo, fefaifir des principaux
habitans, & après les avoir enfermés dans la grande églife,
fit avertir tous leurs païens Se amis, qu'il alloit leur cou-
per la tête fi on faifoit le moindre mouvement , & fi on
ne lui comptoir fur le champ la rançon qu'il deman-
doit. Il fallut en pafler par-là , quoique le jour eût dé-
couvert la foiblcfie d'un ennemi fi infolenr. Enfin , en
1678. le fameux Grammont fit une excurfion dans le lac
Maracaybo, obligea le commandant du fort de la Barrée
a lui remettre cette place , entra dans la ville de Mara-
caybo qu'il trouva abandonnée , s'empara de plufieurs
tuvii es , força Gibraltar Se Torilha , Se s'en retoruna avec
•fiez peu de Butin.
MÀRACE , ville ancienne de l'Arabie Heureufc au
pays des Homérites. Quelques éditions portent Mada-
che. * Plin. lib. 6. cap. 7.
MARACES. Voyez. Maraci.
MARACHE, ville de l'Inde, félon Etienne le géo-
graphe.
MARACI , ancien peuple de Grèce , félon Xénophcn,
Hifi. Grœc. I. 6. init. C'eft fans doute le même peuple
que les Maraces, de Pline,/. 4. c. 3. dansl'Etolie.
MARACLEA , ville maritime de la Phœnicie auprès
cl'Antarade vers le nord , félon Guillaume de Tyr. * Qr~
lelius , Thefaur.
MARACODRA , ville de la Badt-riane , félon Ptolo-
ïnée , lib. 6. cap. 11.
MARACU , rivière de l'Amérique au Brefil dans la
Capitainerie de Maragnan qu'elle traverfe du fud au nord.
Elle a Cà fourec au pays des Tapuyes , Se fe perd dans
le golfe où eft Lifte de S. Louis de Maragnan.* De
l'ijle, Atlas.
MARADUNUM , ancienne ville épiscopale d'Afie
4ms la Lycaonie. Balfamon cité par Ortelius , Thefaur.
nomme Sévère un évêque de ce lieu , Se cite la lettre
de S. Bafile à Amphilochius.
MARjf.OTIS. Voyez. Mareotibe.
MARAGA ou Ma rata , ville de l'Arabie Heureufe,
félon Ptolomée , /. 6. c. 7.
MARAGANDA. Voyez, Maracanda dans Ptolo-
mée.
MARAGGAR1TANUS . fiege episcopal d'Afrique
dans la province proconfulaire félon la notice d'Afrique,
qui fournit Maximïnus un de fes êvéques. * Harduhi.
Collcct.. conc.
1. MARAGNAN , (La Capitainerie de ) province
de l'Amérique méridionale au Brefil, Se l'une des treize
parties ou gouvernemens de ce pays , dans fa partie fcp-
tentrionale. Elle eft bornée au couchant par la capitainerie
de Para ; à l'orient par celle de Siara ; au feptentrion par
la mer ; au midi par la nation des Tapuyes. Baudrand
qui l'érend au couchant jusqu'à la rivière des Amazones ,
y comprend le pays de Para , & fondent qu'il ne fait
point de province particulière , taxant d'erreur les cartes
récentes , qui toutes le marquent ainfi : mais il a tort
de confondre cette province avec celle du grand Para •
il eft contredit par tous les hiftoriens Portugais qui ccri-
f ent Maranhasn , Se prononcent Maragnan»
La côte de Maragnan propre , en n'y comprenant point
celle de Para , commence au couchant à la baie de Piran-
ga. De-là avançant vers l'orient on trouve l'ifie de Sipo-
tuba Se celle d'Igatapoe , Cuma village des Américains
en terre ferme, Se enfuite le golfe où eft Tille de S.
Louis de Maragnan. Il s'y jette trois rivières confidé-
rables , fçavoir , le Maracu , le Tapocoru Se le
Monv. Dans ce même golfe font quantité d'iflots , dont
le plus confidérable eft celui de Sté Anne. Entre ce
golfe Se la rivière de Preguicas dont l'embouchure eft
aflez large , le pays eft couvert de mangles forte d'ar-
bres. On trouve de fuite les rivières de Paragues , de
Paramiri, de Camussimiri Se de Barreiras Ver-
melhas où fe termine cette côte. * De t'IJle , Atlas.
2. MARAGNAN , iflc de l'Amérique dans la partie
feptentrionale du Brefil , Se dans la capitainerie à la-
quelle elle donne fon nom. Elle eft fertile Se peuplée,
& a 4J lieues de circuit. Elle eft formée par trois ri-
vières confidérables , que nous avons nommées dans l'ar-
ticle précédent. Les François s'y établirent en 161 2. bâti-
rent la ville Se lui donnèrent le nom de S. Louis de Ma-
ragnan , mais elle elt préfentement aux Portugais. On vou-
loit bâtir cette ville entie les rivières de Maracu Se deTa-
pocorou vers la pointe de leur jonction , mais on la plaça
dans rifle. Elle eft petite , mais bien forte avec un château
fur un rocher près de la côte.un bon port Se un évêché fuf-
fragant de l'archevêque de San Salvador de la B.iva. Le
gouverneur y fait fon féjour. De Laet décrit ainfi cette
ifle de Maragnan.
Elle a environ quarante-cinq lieues de tour , 8c eft
éloignée de la ligne vers le fud de 2 deg. 30 min. Trois
rivières qui fortent au fond de la baie , vis-à-vis de cerce
ifle , la ceignent de toutes parts ; de forte que d'un côté
elle eft à cinq ou fix lieues du continent ■> de 1 autre à deux
ou trois , Se des autres plus ou moins. La plus orientale
de ces rivières s'appelle Mounin [c'eft le Mony] ,: celle
du milieu fe nomme Taboucourou [ou Tapocoru], Se
la troifiéme Miary [ou Maraca]. Ces rivières rendent
l'ifie de Maragnan d'un accès fort difficile , en outre elle
eft environnée de bancs Se de baffes , tant en dehors vers
la mer , que vers l'eft Se vers l'oueft. De ce côté cette
province a quatre cens lieues fous le 2. degré 30 minutes
de latitude auftrale. Il n'y a que deux partages pour en-
trer dans la baie Se aller à l'ifie , fçavoir , entre le cap des
Arbres fecs Se la petite ifle de Sce Anne , jusqu'où feule-
ment les grands navires peuvent avancer y mais ils peu-
vent aller jusqu'à l'ifie de Maragnan par le paffage qui
eft de l'autre côté de l'ifie de Ste Anne. On ne doit pour-
tant entreprendre ce paflage qu'en certains tems de l'an-
née. * De Laet , Defcript. des Indes occid. 1. iô\ c. 16.
Il y a dans l'ifie de Maragnan vingt-fept villages de
différentes grandeurs. Les naturels du pays les appellent
Oc ou Tave. Ces villages confiltent en quatre cabanes,
jointes en quatre à la manière des cloîtres ; de forte
qu'elles renferment une grande cour dans le milieu. Elle*
font longues de trois cens pas Se quelquefois de cinq
cens , larges de vingt-cinq ou trente pieds , Se compo-
fées de troncs d'arbres Se de branches liées enfemble ,
8e couvertes depuis le bas jusqu'au haut de feuilles de
palme. On trouve deux ou trois cens habitans dans cha-
cun de ces villages, Se dans quelques-uns il y en a jus-
qu'à cinq ou fix cens, cette ifle n'eft ni étendue en plaN
nés , ni élevée en hautes montagnes : il n'y a que des
coteaux Se des collines qui ont au pied des fources fort
claires. Ces eaux produisent beaucoup de ruiffeaux Si
de torrens où les Sauvages vonc avec leurs canots.
Maragnan étant fi près de la Ligne, les nuits y font
les mêmes dans tout le cours de l'année ; Se on auroit
peine à trouver un climat plus agréable, n'y ayant pres-
que ni froid ni féchereffe immodérée. Il n'y a ni tour-
billons , ni tempêtes , point de neige, de grêle, peu de
tonnerre, fi ce n'eft au tems des pluies qui commencent
fur la fin de Février, 8e continuent jusqu'au mois de
Juin, Tout ce qui eft néceffaire pour bâtir, s'y trouve.
Quoiqu'on ne Iaiffe point repofer la terre 8e qu'on ne
la fume jamais , elle rapporte le maïs avec abondance
ttois mois après qu'on l'a femé. Les racines de manioc
y croiffent fort gtoffes Se en peu de tems , Se les melons
n'ont befoin que de deux mois pour mûrir: on en a
presque dans toute l'année j Se il en eft la même claofe
MAR
MAR
des aurrcs fruits. Le plus grand avantage que les habi-
tans de cette province retirent pour le commerce de
cette prodigieufe fertilité , c'eft le clou de gérofle dont
le terrein cil extrêmement abondant.
Les naturels du pays font de moyenne taille. Us ont
le nez plat , le corps droit Se font robuftes. On les
voit rarement malades, parce qu'ils mangent peu, Se
qu'ils jouiffent d'un air agréable & fain. Ils vivent com-
munément jusqu'à une grande vieilleffe, fans blanchir,
ni devenir chauves. Les enfans naiffent blancs ; mais les
pères & les mères les oignent d'une certaine huile mêlée
avec du roucou •, ce qui peu à peu les rend bruns Se olivâ-
tres. Les hommes fe coupent les cheveux fur le front :
les femmes fe les laiffent croître Se font foigneufes de les
bien peigner. Elles fe percent les oreilles , & y pendent
de petites boules de bois ; mais elles n'imitent point les
hommes qui fe percent la lèvre d'en bas , Se qui met-
tent dans le trou une pierre verte : quelques-uns auffi fe
percent les narines. Les hommes Se les femmes vont tout
nuds j cependant les gens mariés ou les vieillards , cou-
vrent de quelque drapeau rouge ou bleu ce que la
pudeur apprend à cacher. Ils fe peignent le corps de
différentes couleurs , & affectent le noir pour les cuiffes.
Us font fort adroits à faire avec des plumes de différen-
tes couleurs , des diadèmes , des couronnes , des colliers ,
des bracelets, Sec. L'arc Se les flèches font leurs feules
armes. Us font très-vindicatifs Se fort cruels à leurs enne-
mis. Quand ils font des prifonniers , ils les engraiffent ,
les tuent Se les mangent. Us font d'ailleurs humains à
leurs alliés , Se aux étrangers même de qui ils n'ont point
reçu d'offenfe.
MAR.AGNON, Voyez. Rivière des Amazones.
MARAGUENSIS, fiége épiscopal d'Afrique dans la
Byzacene. La notice d'Afrique met dans cette province
Boniface évêque de ce lieu-la.
MARAHENSES. Reginon appelle ainfi les Marco-
11ANS.
MARAHI , lac de l'Amérique méridionale à la droite
de l'Yupura , avec lequel il communique à fix journées
de fon embouchure quand les inondations font grandes.
Il communique aulli avec l'Yurubeth , d'où l'on entre
<3ans le Rio Negro. * Cours de l'^maz.one , par de la
Condamine.
i. MARAIS, lieu bas Se plus enfoncé que les lieux
voifins , ce qui fait que les eaux s'y affcmblent Se y crou-
pifient, ce qui rend Ces lieux humides Se mal-fains,
Il y a des marais qui font couverts d'un limon caché
fous l'herbe : de loin on les prend pour une terre ordi-
naire , Se l'on ne voit l'eau que lorsque l'on veut les
traverfer.
On appelle auffi Marais , certains lieux Amplement
humides Se bas, où l'eau ne vient que quand on creufe
un pied ou deux dans la terre.
Il y en a d'autres où l'eau couvre la terre J Se lui
fumage fans pouvoir s'écouler , parce qu'elle eff envi-
ronnée de tous cc>tés par un terrein plus élevé. Alors
c'eft un terrein perdu , à moins qu'on ne trouve la ma-
nière de les deffécher en pratiquant des canaux par où
l'eau s'écoule , Se en coupant des foffés dont la terre
fert à relever les prairies , Se qui en même tems fer-
vent à rarnaffer les eaux , auxquelles d'ailleurs on mé-
nage un cours , foit par des moulins , foit par quel-
qu'autre artifice femblable pour empêcher qu'elles les
inondent. Les Hollandois ont quantité de marais qu'ils
ont defféchés de cette manière , 6c qu'ils appellent des
P O IDERS.
Les Grecs ont deux mots pour exprimer un marais
ftoç , Elos , qui me paroît répondre allez à l'idée que
nous avons du mot françois Marais , c'eft-à-dire une
terre baffe noyée d'eau ; Se hi^vn , Limné , que les La-
tins rendent également par Palus ; Se par Stagnum , un
Marais ou un étang , c'eft-à-dire un terrein couvert
d'eau.
Les Latins ont auffi fort étendu le fens du mot Valus ,
te l'emploient à lignifier un lac. Ainfi ils ont dit le
Palus Méotide , pouï fignifier un grand lac, qui mérite
bien le nom de mer , à l'embouchure du Don.
Les marais fe forment de plufieurs manières diffé-
rentes.
Il y a des terres voifines des rivières, il arrive un
%3
débordement , l'eau fe répand , fait un féjour un peu
trop long fur les terres qu'elle abreuve , elle les af-
faiffe , la rivière rentre bien dans fon lit ; mais ce qui
s'en eft jette de côté Se d'autre n'y revient point ; Se
la terre où cet amas d'eau a croupi , devient un ma-
rais Se refte tel , à moins que l'ardeur du foleil ne
les defféche , ou que l'art ne faffe écouler les eaux.
Il arrive fouvent que dans une terre dépeuplée &
inculte les plantes fauvages naiffent en confufion : il s'y
forme un bois , une forêt , les pluies s'affemblent dans
un fonds , l'eau s'y conferve plus long-tems dans un
terrein déjà imbibé , les arbres qui le couvrent empê-
chent les rayons du foleil d'y pénétrer Se de deffécher ce
lieu. Une année pluvieufe y fait un amas d'eau que
rien ne diffipe ; Se voilà un marais fait pour bien du
tems.
Les marais qui ne confiftent qu'en une terre très-
humide peuvent être corrigés par des faignées , Se de-
venir capables de culture, comme un grand nombre de
lieux de la Hollande & de quelques cantons de la
France , où l'on a ménagé de bonnes prairies dans des
terres qui auparavant étoient entièrement noyées d'eau.
L'art vient auffi à bout de deffécher les terres que
l'eau couvre entièrement \ Se il n'a tenu qu'au gou-
vernement de Hollande de confentir que l'espace qu'oc-
cupe aujourd'hui la mer de Harlem , qui n'eft propre-
ment qu'un marais inondé , ne fe changeât en un ter-
rein couvert de maifons Se de prairies. Cela feroit dé-
jà exécuté , fi les avantages qu'on en tireroir avoienc
paru fiipérieurs à ceux que cette mer procure au pays.
Il y a des marais qu'il ne feroit , ni aifé , ni utile
de deffécher. Ce font ceux qui font arrofés d'un nom-
bre plus ou moins grand de fontaines , dont les eaux:
fc réunifiant dans une iffue commune , fe font une
route Se forment une rivière , qui fe groffiffant de di-
vers ruiffeaux, fait fouvent le bonheur de tout le pays
où elle paffe.
On appelle à Paris improprement Marais , des lieux
marécageux , bonifiés Se rèhauffés par les boues de la
ville qu'on y a portées, & où à force de fumier 011
a fait des jardinages excellens.
On appelle fur les côtes de France Marais Salan»
des lieux entourés de digues , où dans le tems de la
marée on fait entrer l'eau de la mer qui s'y change
en fel.
1. MARAIS des Joncs, ( Le ) Baudrand nomme
ainfi , par une traduction très-inutile , une inondation
de la Hollande. Le vrai nom eft Biesbos.
g. MARAIS Pontins. (Le) Voyez. Pontines.
MARAKAH , ville maritime d'Afrique au Zangue-
bard , au pays de Berberah , à trois journées par mer ,
ou à quatre vingt-dix milles du mont ou du cap de
Khakouni qu'elle a au feptentrion , Se à une journée
& demie par mer , ou à quatre journées par terre de
la ville de Nagia, qui eft à fon midi. * D'Herbelot ,
Biblioth. orient.
MARAKASCH ou Marakesch , c'eft la même
ville que Maroc.
MARAKIAH , pays maritime d'Afrique entre la
ville d'Alexandrie Se la Libye , ou , pour parler comme
les auteurs Arabes , entre Eskanderia Se Loubiah. Ce
pays pourroit , au jugement d'Herbelot , être pris pour
la Pcntapole , ou s'il eft compris dans l'Egypte , pour
la Maréotide. * D'Herbelot , Biblioth. orient.
MARALA. Voyez. Médala.
MARAMER , ville d'Afrique au royaume de Ma-
roc , dans la province Duquela,à cinq lieues de Safie,
du côté de l'orient. Elle eft environnée de vieilles mu-
railles , quoiqu'elle ne foit forte , ni par art , ni par na-
ture. On tient qu'elle a été fondée par les Goths. Il y
a plus de quatre cens habitans qui font vaffaux de Safie ,
Se qui s'enfuirent quand les Portugais s'emparèrent de
cette place; ils furent plus d'un an fans revenir, jusqu'à
ce que Junno Fernandez qui y commandoit les rappella,
en leur promettant toute fureté , pourvu qu'ils payaffent
tribut au roi de Portugal , ce qu'ils firent tant qu'il tinc
Safie en fon pouvoir. Alors on y accourut de tous côtés.
Elle eft fujette aujourd'hui au Chérif qui y tient un gou-
verneur. Toute la contrée abonde en bled , en huile Se ta
troupeaux, * Marmot, t. 2. 1. 5. c. 58.
Tom* IV. L ij
84
MAR
MAR
MaRANA ou Maranella, ruifieau d'Italie dans
l'Etat de l'Eglife Ôc dans la Campagne de Rome. Il a fa
Coince près de Frafcati , un peu au-defious de Grotta
Ferrata , d'où fe partageant en deux canaux, le plus gtand
fe jette dans le Téverone , à deux milles au deilus de
Rome , & le plus petit nommé Maranella fe rend à Rome
dans (e Tibre. * Baudrand, éd. 170J. Les anciens ont
appelle ce ruifieau Gabïufa aqua.
MARANE, ville de l'Arabie Heureufe, fur le bord
de la mer Rouge , félon Pline , /. 6. c. 28.
MARANGA , contrée de l'ancienne Perle , félon Ara-
mien Marcellin,/. 1$. c. 1. Zofime, /. 3. c. 28. en fait
un village qu'il appelle Maronsa. Peut-être y avoit-il
l'un ôc l'autre. C'eft l'endroit où fe donna la bataille
qui fit périr Julien l'Apoftat.
MARANGE , foret de France , dans l'Angoumois.
Elle a cinq cens vingt-trois arpens.
MARANGOUROU , rivière de l'ifie de Mada-
gascar, Vtjyez. Mananghourou , qui eft le vrai nom.
MARANTIN.E, peuples de l'Aiabie Heureufe, dans
un coin du golfe Arabique. Strabon , /. 16. p. 776. re-
marque qu'ils avoient été furpris ôc tués par les peu-
ples Garind/£i qui fe mirent à leur place.
1, MARANO , fortereflè d'Italie , dans l'Etat de
Venife, au Frioul.dans les Lagunes auxquelles elle donne
fon nom. Elle eft comme une petite ifle, baignée d'un
côté par les eaux de la mer Adriatique , & de l'autre
environnée d'un marais. Du côté de terre ferme elle a
de bons remparts, deux grofies tours , deux cavaliers, un
boulevard petit, mais d'une très-bonne défenfc, ôc quel-
ques courtines. Vers la mer eft une plate-forme accom-
pagnée d'ouvrages qui affinent fuffifamment la ville de
ce côté- la. D'ailleurs elle eft fi près de Venife , qu'en
cas de befoin , on y peut jerter par mer toutes les mu-
nitions néceffaires. Elle cil gouvernée par un noble Véni-
tien , qui a titre de provéditeur , & qui eft feize mois
en charge. Elle avoit été long-rems fous la domination
Vénitienne , lorsqu'un prêtre nommé Bertold de Mor-
tegliano la trouvant dégarnie de troupes le 1$ Décem-
bre 1 5 1 3 , la livra à Chryfoftôme Frangipane , capitaine
de l'empereur Maximilien. La maifon d'Autriche la garda
trente ans , après quoi Bertrand Sacchia la reprit par
furprife. Après avoir paiTé par plufieurs mains , la répu-
blique la racheta de Pierre Strozzi Florentin , qui la
Vouloit vendie aux Turcs: on lui paya trente cinq mille
ducats ôc on la fortifia plus qu'elle n'étoit auparavant.
Ferdinand, roi des Romains, fit bien des efiorts pour
s'en relTaiûr , mais en vain ; tout ce qu'il gagna , ce fut
l'avantage de pouvoir bâtir un fort dans le voifinage ,
fur la rivière de Muiar. On le nomma Marannuevo,
& enfuitc Maranuto, & la maifon d'Aurriche y en-
tretenoit garnifon , mais ce fort a été démoli. * JJolar.
part. I. p. ji.
2. MARANO, grand bourg du royaume de Naples
fur une montagne élevée, qui regarde la mer & le mont
Miïene , différent du mont de Procida , pt es de dîmes.
D. Marrhco Egi'io , dans fa lettre à Lenglet du Fres-
noy cftime que c'étoit là que Marius avoit une maifon
de plaifance , dont parle Cluvicr , qui la place fans preu-
ves fur le mont Procida. Ainfi Matano aura été formé de
P radium Marianum.
MAR ANS , gros bourg de France , dans le pays d'Au-
nis , diocèfe ôc élection de la Rochelle. Ce bourg eft aux
frontières du Poitou , dans des marais falans , près la Sevré
Niortoife , à une lieue de la mer , ôc à quatre de la Ro-
chelle ; l'on y fait un très grand commerce de bled. Ce
lieu eft très confidérable pour fa riche/Te. Il s'y tient
toutes les femaines un marché qui fournit toute la pro-
vince de farine & de bled. C'eit de-là qu'on tire le fin
minot de Bagnaux , qu'on croit être la meilleure farine
du monde , ÔC que l'on transporte jusque dans les Indes.
MARANT, ville d'Afic , dans la Perfe , ôc dans
1 Adirbeitzan aux confins de l'Iran , entre Julfa ôc Tamis.
Del'Ifle écrit Marand, & Tavernier Marante. Ce
dernier dit (a) qu'il eft célèbre pour la fépulture de la
femme de Noé. 11 ajoute , ce lieu n'eft pas grand, ôc ij
reffemble plutôt à un bocage qu'à une ville ; mais 'd'ail-
leurs il eft dans une fituation fort agréable au milieu d'une
plaine fertile & remplie de villages bien peuplés. Cette
plaine ne s'étend qu'à une lieue aux environs de Marante ,
& tout le pays d'alentour eft presque déferr. Chardin en
donne une meilleur idée. Marant eft, dk-il(£), i,ne
bonne ville compofée de deux mille cinq cens maifons , ôi
qui a tant de jardins qu ils occupent encore plus de ter-
rein que les maifons. Elle eit firuée au bas d'une petite
montagne au bout d'une plaine qui a une lieue de laige ôc
cinq de longi &qui eft la plus belle & la plus fertile : qu'on
puiilevoir. Un périt fleuve nommé Zelou-lou pal. e par le
milieu , les gens du pays le tirent en plufieurs ruifleaux
pour arrofer leurs terres ôc leurs jardins. Marant eft plus
peuplée que Nacchivan, & beaucoup plus belle : il y croît
des fruits en abondance ôc les meilleurs de toute la pro-
vince. Ce qu'il y a de particulier , c'eft qu'on y cueille de
la cochenille aux environs ; mais il y en a fort peu , ôc on
ne la peut receuillir que durant huit jours en été , lorsque
le foleil eft dans le figue du lion. Avant ce tems , comme
l'affûtent les gens du pays , elle n'eft pas en maturité , Ôc
plus tard le ver dont on la tire perce la feuille fur laquelle
il croit ôc fe perd. Marant eft a 37 degrés 50 min. de lati-
tude , ôc à 81 degrés 1 ç min. de longitude, fuivant l'ob-
fervationdes Perfans. On croit que c'eft IsMandagara
de Ptolomée. [ On lit dans Chardin Maadagat ana ,
mais c'eft une faute. ] Les Arméniens , pourfuir-il , ont
par tradition que Noé a été enterré à Marant , ôc que ce
nom vient d'un mot arménien qui fignifie enterrer. Quand
le tems eft ferein on voit de Matant le mont, où l'on
croir que l'arche s'arrêta après le déluge. ( a ) Voyage de
Perfe , I. I. c. 4. ( b ) Voyages , t. 2. p 313.
MARANTHESIJ. Une médaille de Néron rapportée
par Goltzius fait mention de M*paefljw«w Ortelius , The-
jattr , croit que ce pourroit être un nom de peuple dérivé
de Marathesium. Voyez, ce mot.
MAR ANTHIS , village d'Afrique dans la Cyréna' que,
félon Ptolomée , /. 4. c. 4. dont le grec porte Maparâ/ç na>y.n
Ortelius en fait une ville. C'eft une faute.
MARANTIUM , nom latin de Ripa Maransi ,
bourgade d'Italie en Toscane dans les terres , félon Léan-
dre.
MARAPHIS. Vyez, Maratftos 2.
M ARASA , ville d'Afrique dans la Nigritie. MM.
Sanfon la mettent au royaume de Caffena aux confins des
royaumes de Gangara, ôc de Zanfara fur le Niger. Bau-
drand la met au royaume de Gangara vers les confins de
celui de Zanfara fur le Niger ôc cite Jean Léon. Cet Afri-
cain parle bien des royaumes de Cofena, de Zanfara &
de Gangara , en autant de chapitres , /. 7. c. 11. 13. &
14. mais il ne nomme la ville de Marafa en aucun de ces
royaumes ; ainfi la cirarion de Baudrand eft fauffe. D'ail-
leurs , comme de Mie le marque très-bien , le royau-
me de Caffena , ou de Ghana , eft féparé du Zanfara par
le royaume de Zeg-zeg qui eft entre deux , ôc c'eft dans
le premier que fe trouve la ville de Marala dans fa pairie
orientale , non fur le Niger , mais au nord ôc à plus de
qtiarante-fix lieues de ce fleuve , entre une rivière qui
vient de Canum Ôc les frontières de Zeg-zeg.
MARASCH , ville de la Turquie en Afie dans la
Natolie, dans la province d'Aladuli vers l'Euphrate. C'eft
la réfiJence d'un beglieibey Turc , qui n'a que quatre fan-
giacs fous fa dépendance , * Baudrand , édit. 17OJ.
MARASDI, ville de l'Arabie Heureufe, félon Pto-
tolomée , 1.6. c. 7.
MARATou Marona, perite ville d'Aile en Syrie ,
environ à quatre-vingt milles d'Antioche au midi & au
levant d'Alep. Elle eft à préfent presque ruinée ôc réduite
en village. Baudiand la nomme en latin Marona ou
Maronias.
MARATE ( Ifle de ) , Me d'Afrique fur la côte occi-
dentale de la mer Rouge à trois lieues de la terre , ôc à
foixante-fix au nord de Mazua. Elle eft de figure ronde ,
baffe , ôc déferre , & n'a pas plus d'une lieue ôc demie
de tour. Du côté du fud-oueftqui regarde la terre , elle a
un fort bon port à couvert de toute forte de vents , fur-
tout de celui d'eft , & formé par deux longues pointes
qui s'étendent nord par eft & fud ; par eft , l'entrée en eft
fort étroite, parce qu'elle eft bouchée par une longue Ifle
fort plate , Ôc par quelques bancs de fable. Journal de
Ciftre Portugais.
M AR ATÉCA , village de Portugal dans l'Eftramadurc
près du Redaon. On croit que c'eft la Malceca de l'itiné-
raire d'Antonin.
MAR
MARATH , campement des Ifra'èlites , Jofuê t c. 21.
Les Septante écrivent Mîppu.
1. MARATH A , village du Péloponnefe dans l'Arca-
die , félon Paufanias, /. 8. c. 28.
2. MARATHA, ville de l'Osrhoëne , félon la notice
de l'Empire , feii. 1$. Je ne la crois pas différente de celle
dont parle Siméon le Métaphra/k dans la vie de S. Daniel
Stylite.
1. MARATHE , ville de Phœnicie au nord del'Eu-
there entre Balance 6c Antarade. Voyez. Marathos 2.
*D. Calma.
2. MARATHE, petite ifle dans le voifinage de Cor-
fou , félon Pline , /. 4. c. 1 2.
MARATHESIUM , ville d'Aile dans la Lydie, aux
confins de la Carie , félon Pline , /. j. c. 29. Scylax. pe-
ripl. la place entre Ephèfe 6c Magnéfie ; &c Etienne le géo-
graphe la donne aux Ephéfiens.
1. MARATHON (a), bourg de Grèce dans l'Atti-
que. Il eft fameux par la victoire fignalée que les Athé-
niens, fous la conduite de Miltiade , y remportèrent fur
les Perfes la troifiéme année de la foixante 6c douzième
olympiade. L'armée des Perfes étoit compofée de plus de
cinq cens mille hommes j 6c les Athéniens n'en avoient pu
affembler que dix mille pour cette journée. Ce lieu étoit
déjà fameux depuis que Théfée y avoir pris le taureau de
Marathon ( b ), qui avoit fait beaucoup de mal à la Tétra-
pole d'Attique , 6c qui fut facrifié par le vainqueur au tem-
ple de Delphée. Cornélius Nepos, in Miltiad. donne la
fituation de Marathon : Abefte , dit-il , aboppido circiter
milita pajfuum decem. Par le mot d'oppidum il veut parler
de la ville d'Athènes ; ainfi Marathon étoit éloigné d'Athè-
nes de dix milles du côté de la Béotie. Hérodote, /. 6.
c. 107. nous apprend encore que Marathon étoit fur la
côte; car il dit qu'Hippias, fils de Pififtrate , étant arrivé
avec fes vaiffeaux devant Marathon , y mouilla ( c ). Ce
lieu fi fameux dans l'antiquité n'eft plus qu'un petit amas
de quinze ou vingt Zeugaria, ou métairies des Athéniens,
où il y a environ cent cinquante habitans Albanois. 11 eft
éloigné de trois milles de la mer*& de fept ou huit d'Ebreo
Caftro ; ce qui répond aux foixante-quatre fiades que Pau-
fanias met de diltance entre Marathon 6c Rhammus. ( a )
De Toureil. Rem. fur la I. Philip, r. 4. p. 41. (b ) Plu-
tarch. in Thefeo. Paufan. Attic. c. 27. ( c ) Spon. Voyage
de Grèce.
2. MARATHON (Le iac de) Paufanias (a) fait
mention de ce lac , 6c dit qu'il étoit en grande partie rem-
pli de limon (/>). Les Perfes mis en fuite à la journée de
Marathon fe précipitèrent dans ce lac. Ceux qui faifoient
difficulté de s'y jetter furent paffés au fil de l'épée par les
Athéniens, (a) Attic. c. }i.(b )Cellar. Geog. ant. 1. 2.
c. 13.
3. MARATHON, ( La plaine de ) qui s'appelle
toujours Campi Marathonii. Elie a environ douze milles
de tour , & confifie pour la plus grande partie en des
champs labourés , qui s'étendent depuis les montagnes
voifines jusqu'à la mer.
4. MARATHON , petite rivière de l'Attique. Elle
divife la plaine de Marathon, 6c c'eft peut-être celle qu'on
nommoit anciennement Macaria ; elle vient du mont Par-
néthe , & paffe aujourd'hui par le milieu du bourg ou vil-
lage de Marathon , d'où elle va fe dégorger dansl'Euripe.
* Spon. Voyage de Grèce.
$. MARATHON , montagne de l'Attique. Lutatius
fur la Thébaïde de Srace , dit qu'Icare y fut tué. * Ortel.
Thef.
MARATHONIA, ville deThracepeu loin d'Abdere,
félon Etienne le géographe.
1. MARATHOS , ville de Grèce dans l'Acarnanie ,
félon le même. Comme il eff le feul des anciens qui en ait
parlé , Jacques Gronovius dans fes nottes fur Polybe ,
conjecture qu'il faut lire l'Aradie pour l'Acarnanie.
2. MARATHOS , ville de la Phœnicie, Pomponius
Mêla, /. 1. c. 12. dit, Urbs nonobscura Marathos. Pto-
lomée , /. j. c. 15. la nomme dans la Caffiotide entre An-
tarade 6c Mariame. Tzetzes , Chiliad. 1 2. n. 4;. la met
entre le Cafius & le Liban, 6c la nomme Maraphis.
C'eft préfentement Margat.
M ARATHUSA , ville de l'ifie de Crète dans les terres,
félon Pomponius Mêla , /. 2. c. 7. & Pline , /. 4. c. 1 2.
MARATHUSSA, ifie d'Afie fur la côte de l'Afie Mi-
MAR 8 y
neure, vers Ephèfe, félon Pline, /. j. c. 31. Etienne le
géographe la met plus au nord , auprès de Clazomenes.
Thucydide , /. 8. dit que Marathufe , Pela 6c Drymuffa
étoient des ifies fituées devant Clazomenes , ainfi il a fer-
vi de guide à Etienne , qui l'a copié en cela. Son nom ve-
noit de la quantité de fenouil qui y croît.
MAR ATI AN I , ancien peuple à l'orient de la mer Cas-
pienne vers la Sogdiane. Pline , /. 6. c. \6. les nomme.
Le P. Hardouin trouve dans un de fes manuferits Ma-
rotianIj & ajoute qu'il faut indubitablement lire Ma-
rutiani , 6c qu'ils prenoient ce nom de Maruca , M«p«-
ko. ville placée dans la Sogdiane fur l'Oxus, félon Ptolo-
mée. Ce père n'a pas fait réflexion que Pline nomme deux
lignes plus haut les habitans de cette ville 6c qu'il les ap-
pelle MARUCiîi ; & certainement il les diltingue des Ma~
ratïani qui reftent auffi inconnus que devant.
MARATOCUPROS .village delà Ccelofyrie auprès
d'Apamée. Les habitans étoient des brigands qui voloienc
par- tout aux environs , 6c font nommés par Ammien
Marcellin , /. 28. c. 2. Maratocupreni Grajfatores. Orte-
lius , Thefaur , a cru que Maratocupreni étoit le géni-
tif de Maratocuprenum ; c'elt un pluriel, ëc un adjectif
formé de Maraiocupros.
MARATON YMA Regio ; contrée dans laquelle Caf-
fius d'Utique dit qu'il avoit planté des vignes , & dont il
fe dit originaire. * Ortel. Thefaur.
MARATSEMERE, ville d'où fut rapportée la tuni-
que de Notre-Seigneur , fi l'on s'en rapporte à l'autorité
de Siméon le Métaphrafie alléguée par Surius dans la vie
des Saints. * Menf. Augufl. ad finem
MARATTES", peuple des Indes dont le Pays eft fitué
au fud eff des montagnes de Goa,vers la côte de Malabar.
Il faut que le roi foit bien piaffant , 6c que fes états foient
bien étendus , puisque les relations nous apprennent qu'il
peut mettre en campagne cent cinquante mille chevaux ,
6c autant d'infanterie. 11 s'en fert fouvent pour faire des
incurfions dans les états du Mogol qu'il met à contribu-
tion. Ce peuple vit dans l'idolâtrie. * Danvtlle , Carte de
l'Inde.
MARAVA, petit royaume des Indes entre les côtes
de la Pefcherie, 6c de Coromandel , borné par les royau-
mes de Tanjaour au nord , de Maduré au couchant , 8c
de Travancor au fud-oueft. Cette principauté eff tributaire
du Maduré.
MARAX, peuple de la Libye, félon Lucain , /. 4.
Cefi une faute , il faut lire Mazux. Voyez, ce mot.
MARAYO ou Joanes , ifle de l'Amérique méridio-
nale au Brefil dans fa partie feptentrionalc. Elle occupe
tout l'efpace qui fépare ce qu'on appelle communément
les deux bouches de l'Amazone. Elle elt d'une figure irré-
guliere 6c a plus de ijo lieues détour. Elle abonde en
pâturages où s'engraiffe un nombre prodigieux de gros bé-
tail qui fe confomme au Para , 6c dans toute la colonie.
* Voyage en Amérique , par de la Condamine.
MARAZANA , ville épiscopale d'Afrique dans la
Byzacene. Il en eft parlé dans un concile de Carthage
fous S. Cyprien , 6c l'on y trouve Félix ^Marrazana.
Eunomius évêque plebis Maraz.anenfis. Cet évêque étoit
Catholique & avoit pour compétiteur un Donatifte qui fe
qualifioit auffi épiscopus Maraz.anen/11 . La notice d'Afri-
que nomme dans la Byzacene Vindicianus Maraz.ianen-
fis \ Antonin , dans fon itinéraire, met Marazania
fur la route d'Aqtu regiœ à Sufcs , à quinze milles de la
première 6c à vingt-huit de la féconde.
1. MARBACH ou Marpach, petite ville d'Allema-
gne en Suabe au duché de Wurtemberg , fur le Necker ,
à l'endroit où la Mur s'y jette entre Schondorffck Heil-
bronn, à trois milles de l'une 6c de l'autre. Baudrand ,
édit. 170;. obferve qu'on y paffe te Necker fur un pont ,
6c que cette ville fut prife 6c brûlée au mois de Juillet
1693. c'eft la meme que Marpach * Zeyler, Suev. To-
pogr. p. 54.
2. MARBACH, abbave de France dans la haute Al-
face au diocèfe de Bâle. Elle eft de l'ordre de Saint An-
guftin , 6c occupée par des chanoines Réguliers non ré-
formés. Les comtes d'Eguisheim en ont été les fonda-
teurs. Elle eft en régie. Le P. Laquille dans fon hiftoire
d'Alface, /. 16. p. 180. dit, que ce monaftere fut fondé
par Manegold de Lutenbach , aidé par les libéralités
d'un gentilhomme , nommé Burchard de Gébelfwiller. *
86
MAR
MAR
Figanwl de la Force, Defc. de la Fr. r. 7. p. 392.
MARBAIS ouMarbaix, paroifle de France au dio-
cèfe de Cambray. Il y a une carrière de pierre bleue rres-
belle 8c très-propre à bâtir. Ou s'en fert pour faire des
tombeaux , 8c pour orner les édifices. Elle fe polie com-
me le marbre. v \
1. MARBELLA , ville maritime d'Espagne a l'extré-
mité occidentale du Royaume de Grenade. Ceux à qui
une reflèmblance de nom fuffit pour fonder une anti-
quité , croient qu'elle a eu pour fondateur Méherbal ( a )
Carthaginois. 11 eft plus vraifemblable de dire que c'elt
la Sai-duba des anciens. Voyez, ce qui eft remarqué à
l'article Barbesola. Les montagnes voifines.au rapport
de D. Rodigo Mendès Silva (b), ont des mines d'argent
très-fin, fon rivage abonde en très-bon poiiïbn. Il y a
480. feux, une paroiffe, 8c deux couvens d'hommes.
Leurs Majeftés Catholiques la reprirent fur les Maures
tn 1485. , 8c la firent repeupler de Chrétiens. Elle a un
port fort commode, (a) Délias de l'E 'pagne , p. 523.
(b) Poblacion gêner, de Efp.ifii > fol. 1 2 1 .
2. MARBELLA , nom d'une rivière d'Efpagne dans
l'Andaloufie. On l'appelle aufli Guadaffo. Voyez, ce mot.
MARBOZ , bourg de France en Bourgogne. Il a ti-
tre de baronnie , & fait partie du comté de Montrcvel.
Il y a un prieuré de Bénédictins. Marboz eft dans la
Brefle, & non dans la Bourgogne.
1. MA RCA. Voyez. Marche.
2. MARCA , petite ifle du golfe de Venife , à deux
lieues de Ragufe , dont elle dépend- Elle a environ qua-
tre milles de circuit. Elleavoit une ville qui étoit épis-
copale.mais la ville a été ruinée, 8c l'évêché transféré
à Trébigna. * Baitdrand , édit. 170J.
MARCALAou Carmala, ville de la petite Armé-
nie dans la Mélitène , félon Ptolomée , /. 5. c. 7.
MARCAS1UM Radulphi. Voyez. Marcheroux.
MARCAY, bourg de France en Poitou, au diocèfe
de Poitiers. Il y a dans l'étendue de fa paroifie l'abbaye
de Bonnevaux.
MARCEILLAN , ville de France dans le bas Langue-
doc , diocèfe d'Agde.
MARCEL ( faint ) , bourg & prieuré confiderablc de
France, en Bourgogne, dans la Breffe Chalonoife, fur
la Saône , à une grande lieue de Chelon, Ce prieuré eft
de l'ordre de faint Benoit , dans un excellent pays , au
bout de la belle levée qui traverfe une prairie & un lac ,
fur lequel il y a un pont de pierre confidérable. Ce fut
là où mourut le fameux Abelart. On lit fon épitaphe dans
l'églife : en voici la copie.
Hic primo jac un Petrus Abelarâus >
Francus & Monacus cluniafenfîs ,
Qui obiit anns 1142.
Nunc apud Moniales ParacUtcnfes
In territorio Trecen/ï requiescic.
V'xr pietatc infignis , feripth clariffimus ,
Ingcnii acumine , ratiomtm pondère , dicendi art* y
Omni fcieniiarum génère nullijecundus.
On dit que cette églife a été bâtie par faint Gontran,
Roi de Bourgogne. * Mémoires drejjcs fur les lieux.
MARCEL1ERE, ( La) village de France en Nor-
mandie dans le Çôte.ntîn , au bord de la rivière de Vire.
11 y a quelques carrières d'ardoife. La cure dépend du
chapitre de faint Sauveur de Coutances , dont trois cha-
noines v ont le gros de leurs prébendes.
M ARCELIEU, prieuré de France en Bourgogne , au
diocèfe de Lyon , ordre de faint Benoît.
M ARCELLA Civitas , ville d'Italie , qui avoit pour
évêque Eufebe nommé par faint Athanafe. Voyez. Mar-
cilianum. Il femble que ce foit le nom d'un lieu de
Thrace, dans l'hiftoire mêlée 22. 8c 23. Il y eft aufiî
parlé de Marceliorum Castrum. * Ortei. Thefaur.
1. MARCELLIANA, lieu d'Italie dans la Lucanie.
Antonin, dans fon itinéraire, la met fur la voie Appien-
ne, entre le lieu ad Calorem 8c Ctfariana , à vingt-cinq
mille pas de la première 8c à vingt-un mille pas de la fé-
conde. II étoit dans le voifinage d'Arina. De lifle le
nomme Marcellianum. On croit que c'eft la Polla
d'aujourd'hui.
2, MARCELLIANA , ville épiscopale d'Afrique , dans
la province proconfulaire. Au concile de Carthage tenu
fous faint Cyprien, affilia l'évêque Julien à Maictltiana
ou Marcellma , 8c on trouve dans la conférence de Car-
thage, Lucidus epiicopus plebis Marcellianenfis & Ba-
futnfïs.
MARCELL1ANENSIS. Voyez, l'article précédent.
MARCELLIANIENSIS. Dans le décret de Gratien ,
part. 1. dtfttnlt. $^-c. 10.il eft parlé de Sabinus évêque
de Marcelliana ou Marcellianum 8c de Clufium , Sa-
binum Marcellianienfis & Clufîtana urbis Amijtittm.
Sur quoi Ortelius remarque qu'il en eft auffi parlé dans
l'hiftoire mêlée, /. 22. mais que ce lieu eft vers la
Bulgarie.
MARCELLINO , petite rivière de Sicile dans la val-
lée de Noto. Elle fe jette dans la mer à cinq milles au
midi d'Augufta. De l'Ifle la nomme Fiuine di Marcellini.
MARCENAT, bois de France dans le Bouibonnois.
Il eft de mille quatre-vingt-neuf arpensdansla maîtrife
des eaux 8c forêts de Montmaraur.
MARCHAD./E. Pline parlant du golfe Arabique où
étoit Heroopolis, dit qu'il y avoit eu une ville de Cam-
bife , où l'on avoit porté les malades de fon armée. Il
dit que cette ville étoit entre les peuples Neà 8c Mar~
chadet; ïnter Nelos & Marchadas.
MARCHE. Ce mot dans la bafie latinité eft exprimé
par M A rca , Marcha 8c MARCHiA,&fie,nifie 1 mites ,
Frontières. La chartre du partage de l'empire de Charle-
magne .entre fes trois fils l'epin , Louis & Chai les porte:
( a) Plaçait etiam inter pr&diftos filios flatuere atqueprœ-
cipere ut mtllui eorttm fatris fui terminai vel
regni limites ïavadere prjfumat , neque fraudulenter in-
%redi> ad contmbandum regnum ejtis , vel Marchas
minuendas. Dans les chapitres ajoutes à la loi des Al-
lemands , on lit : ( b ) Si quis altsrum ligat C7 forts Mar-
cha eum vendit ; ipfum ad foemn revocet & quadraginta.
folidos componat ; fi eum inven'.re non potuerit Wiregil-
ditm fuum folvat. Il eft parlé de la Marche d'Espagne
datis Eghinard aux années 828. 8c 829., 8c le fçavant
Marca a donné d'excellentes recherches fur les fron-
tières de la France 8c de l'Espagne, fous le titre de
Marca H'upanica. Le pays de Brandebourg en Alle-
magne , eft divifé en Marches. La Lapon ie de même ;
nous avons en France une province qui eft connue fous
ce nom , 8c l'Italie a la Marche d'ANCONE. Les fei-
gneurs qui commandoient aux frontières étoient nom-
més Marcheus au fingulier , 8c Marchei au pluriel.
L'abbé Jean , dit dans la chronique du mont Caflin :
Max heos tamen ad incolarum tutamina dimifit. De ce
mot s'eft formé le nom de Marchis , que nous difons
aujourd'hui Marquis, & que les Allemands expriment
par Margrave. Voyez, ce mot. Dans les auteurs de la
baffe latinité Marchani 8c Marchiani , font les ha-
bitans de la frontière. On a dit aufti Marchiones des
foldats employés fur la frontière , 8c avec le tems ce
mot a été affeété aux nobles , qui après avoir eu un
gouvernement fur la frontière , qui leur donnoit ce ti-
tre, l'ont rendu héréditaire , 8c ont transmis à leurs en-
fans ce gouvernement avec le titre de marquis. Enfin
ce titre a été attaché à des feigneurs , qui n'avoient rien
de commun avec le fervice , ni avec les frontières de l'é-
tat. Voyez, Marquis. ( a ) Balaf. Capitul. col. 685. c. 2.
(b) Ibid. col. 89 c. 34.
MARCHE d'ANCONE. (La ) Voyez. Ancone.
MARCHE DE BRANDEBOURG. ( La ) Voyez
Brandebourg.
MARCHE DE LAFONIE. (La) Voyez. Laponie.
MARCHE TREV1SANE, (La) province d'Italie
dans l'état de la république de Venife. Elle a ce nom,
de ce que, dans la divifion de ce pays-la fous les Lom-
bards, l'état de Venife compris entre l'Adige,&Ia Li-
venza , ou même entre le lac de Garde & Tajamento ,
faifoit une province particulière, gouvernée par un mar-
quis , dont la réfidence ordinaire étoit à Trévife , Tnvi-
gio. Amii la Marche Trévifane, bornée alors par le
Frioul , 8c par le golfe à l'orient , par le Poléfien , le
•Ferrarois 8c le Mantouan au midi , le Brcffan 8c l'évê-
ché de Trente au couchant, 8c par l'évéché de Brixen
au nord , avoit une bien plus grande étendue qu'elle n'a
à préfenc. Elle comprenoit alors le Véronèfe , le Vicen-
tiiî , le Padouan , 8c le Dogat qui n'en font plus. Il ne
MAR
MAR
lui refte que la Marche Trévifane proprement dite, bor-
née par le Frioul à l'orient , par le golfe , le Dogat & le
PaJouan au midi , le Vicentin au couchant , le Feltrin Se
le Bellunefe au nord. Ces deux derniers cantons , fça-
voir le Feltrin Se le Bellunefe , avec le Cadorin qui eft
au nord de l'un Se de l'autre , font encore unis à la
Marche Trévifane , quoiqu'ils ayent leurs bornes très-
bien distinguées. Nous en parlons dans leur lieu. La
principale rivière de cette province > eft la Piave qui la
traverfe. Ses deux villes font ,
87
Trévigio ,
Se
Ceneda.
Elle eft entrecoupée d'un grand nombre de ruiffeaux.
Voyez. Trevise.
1. MARCHE , ( La ) province de France. Elle eft bor-
née au feptentrion par le Berri ; à l'orient par l'Auver-
gne ; a l'occident par le Poitou , & l'Angoumois -, & au
midi par le Limoufin, s'étendant jusqu'à une lieue de
Limoges. Ce pays a fait autrefois partie du Limoufin ,
ayant même toujours été jusqu'à préfent du diocèfe de
Limoges* Son nom de Marche lui vient de ce qu'il eft
fitué fur les confins ou Marches du Poitou & du Berri ;
d'où il eft auffi appelle la Marche du Limousin , dont
il a commencé à être détaché avant la fin du dixième
fiéclc. Aimoindans fon livre des miracles de faint Benoît ,
rapporte que la Marche étoit tenue dans ce tems par un
feigneur nommé Bofon , qui avoir la qualité de comte ,
Se étoit ennemi de Geraud vicomte de Limoges. II eft fair
encore en plufieurs actes mention de ce comte Bofon, Se
de fon fils Helie. Bofon III. dernier de Ces descendans,
ayant été tué en 109 1 , le comté vint à Almodie fa fœur ,
femme de Roger de Montgommeri corme de Lancaft re en
Angleterre, furnommé le Poitevin. Néanmoins, il lui
fut disputé par Hugues de Lufignan, furnommé le Dia-
ble, coufin germain de cette Almodie par fa mère .cette
dispute dura très-long-tems. Audebert iflu d'elle Se de Ro-
ger , par plufieurs degrés , ayant perdu fon fils unique ,
vendit en 11 77. ce comté à Henri IL roi d'Angleterre ,
par un acte que Roger de Hoved?n a confervé : Se fans
doute que ce monarque en gratifia enfuite Hugues IX.
de Lufignan , qui en poffédoit déjà la meilleure partie ,
lui & les descendans en ayant toujours depuis joui paisible-
ment. Il avoit quatre frères qui furent auffi très-puiffans ;
fçavoir , Geoffroi vicomte de Châtelieraur , par Clémence
fa femme; Gui qui fut roi de Jerufalem, Se enfuite de
Chypre, mort fans en fans ; Emeri fon fucceffeur, dont
descendirent les autres rois de Chypre de la maifon de Lu-
fignan, Se enfin Raoul furnommé d'Iffoudun, qui époufa
Alix comtelTe d'Eu. * Longuerue , Defcripr. de la France,
1. part. p. 144.
Hugues IX. de Lufignan comte de la Matche , fut père
d'un autre Hugues, qui époufa Ifabelle héritière d'An-
goulême , & de ce dernier descendit auffi un Hugues , qui
mourant fans enfans l'an 1303, deshérita fon frère Guy ard ,
comme étant fon ennemi capital- Il inftitua héritier des
comtés d'Angoulême, de la Marche, & de la feigneurie
de Lufignan , fon neveu Renaud de Pons , fils de fa fœur
Yoland, qui avoit époufé Renaud fire de Pons en Sain-
ronge; ce qui excita de grands différends entre Guyard,
Se ce feigneur de Pons. Mais après la morr de Guyard, le
roi Philippe le Bel , qui avoit de fon côté de grandes pré-
tentions fur toute cette fucceffion , s'en faifit , Se donna le
comté de la Marche à fon plus jeune fils Charles ; ce
prince étant parvenu à la couronne , donna la Marche
avec plufieurs villes en Auvergne, en Berri , 5c en Niver-
nois, à Louis I. duc de Bourbon , Se érigea le tout en pai-
rie. Louis donna alors au roi pour récompenfe le comté
de Clermont en Beauvoifis , lequel ne fur pas néamoins in-
corporé au domaine royal , parce que Philippe de Valois
ayant fuccedé à la couronne peu après, Charles le Bel ren-
dit le comté de Clermont à la maifon de Bourbon. Le duc
Louis donna le comté de la Marche à fon plus jeune fils
Jacques, quHe laiffaà fon fils Jean, qui époufa Cathe-
rine de Vendôme , par laquelle les princes de la maifon
de Bourbon hériierent des comtés de Vendôme Se de
Caftres. Jacques fils aine de Jean & de Catherine , eut
en partage les comtés de la Marche Se de Caftres , Se
n'eut qu'une fille nommé Eléonor , laquelle époufa Ro-
bert d'Armagnac comte de Perdiac. Leur fils Jacques d'Ar-
magnac duc de Nemours Se comte de la Marche fut con-
damné , comme criminel de lefe-majeflé , Se tous fes biens
ayant été confisqués , Louis XI. donna le comté de la
Marche à fon gendre Pierre de Bourbon , mari d'Anne
de France : leur fille Suzanne époufa îe connétable de
Bourbon: elle mourut avanr fon mari , dont tous les biens
ayant été confisqués , le comté delà Marche fut réuni à
la -couronne par François I. l'an 1531.
La Marche a environ vingt-deux lieues de longueur,
fur huit ou dix de largeur. Son climat eft tel qu'il peut
être dans une diftance presque égale de la ligne équinoxiale
au pôle. Il y a des vignobles aux environs de Bellac Se de
Dorât , Se la haute Marche eft affez fertile en bled. On a
découvert une mine de cuivre au bord de la Creufe près
de Crofant, mais perfonne n'a entrepris de la faire va-
loir. * Piganiol de la Force , Defcriptiora de la France ,
r. 6". p. 387. Se fuiv.
La province eft arrofée par la Vienne , le Cher , la
Creufe Se la Garrempe. Toute la Marche eft du diocèfe
de levêque de Limoges; mais comme Limoges eft dans
le reffort du parlement de Bourdeaux . Se la Marche dans
celui de Paris , l'évêque de Limoges a été obligé d'établir
un officiai à Gueret , dont la jurisdieftion s'étend fur toute
la haute Se la baffe Marche. Mais à caufe de la difficulté
des chemins Se de la grande étendue , on a établi un vi-
cegerent de cet officiai à Chenefâilles, qui prend auffi la
qualité d officiai , Se dont la jurisdiction s'étend fur une
partie de la haute Marche du côté de Felletin, Se fur ce
qui Ce trouve dans le pays de Combraille d'enclavé dans
le diocèfe de Limoges.
Il y a deux fénéchaux dans ce gouvernement , l'un pour
la haute , Se l'autre pour la baffe Marche; mais quand l'ar-
riere-ban eft convoqué, le feul fénéchal de la haute com-
mande toute la nobleffe , Se 1C fénéchal de la baffe ne
commande qu'à fon défaut. Toute la haute fe régit par la
coutume de la Marche rédigée en 1 yzi.
La Marche étant une des provinces qui en IJ49, don-
nèrent des fouîmes confidérables au roi Henri II. pour
s'exempter de toutes fortes d'impofitions fur le fe! , la ga-
belle n'y a point l^eu ; mais eft fujette aux autres droits
compris dans le bail des cinq groffes fermes, Se h toutes
les autres impofitions , tant ordinaires qu'extraordinaires,
de même que les autres provinces du royaume. Quoique
cette province foit petire , elle a néanmoins deux généra-
lités. La haute eft de la généralité de Moulins , Se la baffe
eft de celle de Limoges. Il y a trois élections , dont celles
de Gueret , Se de Combraille font dans la haute Marche
Se celle de Bourganeuf eft dans la baffe. II y a auffi une
maîtrife particulière des eaux Se forêts à Gueret , laquelle
s'étend fur la haute Se la baffe Marche , Se connoît de
toutes les matières attribuées à cette jurisdiction.
Le commerce de la Marche , confifte principalemenr
dans le débit des beftiaux , des tapifferies que l'on fait à
Aubuffon,à Felletin Se ailleurs, dont les manufactures
font confidérables.
La province de la Marche , eft ordinairement divifée en
haute Se baffe. Ses principaux lieux font ,
Gueret ,
La Chapelle-Taillcfer ,
bourg ,
Ahun,
Jarpage ,
Drouilles , village Se pré-
vôté royale,
Felletin ,
Aubuffon ,
Chenerailles ,
Grandmont, abbaye,
Dorar ,
Bellac ,
Bourganeuf.
1. MARCHE, bourg de Lorraine au duché de Bar,'
aux confins de la Champagne, entre les fources de la
Meufe & de la Saône, à treize lieues de Toul vers le
midi. C eft de ce bourg que le collège de la Marche à Pa-
ris prend fon nom.
3. MARCHE, ville du Pays-Bas au duché de Luxem-
bourg , dans le petit pays de Faméne , d'où vient que l'on
la nomme vulgairement Marche en Famene. Del'Ifle
dit avec le peuple Marche en Famine. Elle eft aux con-
fins du pays de Liège , entre Dînant Se la Roche. * De
l'IJle, Atlas.
4. MARCHE, (La ) ou tu Mers, province mariti-
me de l'Ecoffe feptentrionale. Elle eft fituée à l'orient de
la province de Twedale , Se au midi de celle de Lothian
88
MAR
MAR
fur la mer d'Allemagne ; elle abonde en bled 8c en pâtu-
rages. Elle a donné autrefois le tirre de comte à la fa-
mille de Dumbar , qui tiroit fon origine du fameux Gof-
patrick comte de Northumbcrland , lequel s étant retiré
en Ecoffe , lorsque les Normands conquirent l'Angleter-
re , Malcolm Canmore roi d'Ecoffe , lui donna le château
de Dumbar, Se le créa comte de la Marche. Sapoftéritê
prit enfuite le nom de Dumbar ; mais George de Dum-
bar , ayant été proferit par le roi Jacques I , le titre de
comte de la Marche , fut donné à Alexandre duc d'Al-
banie , Se enfuite à la famille de Smart & de Lénox. Le
titre étant éteint en cette famille , Guillaume III. en re-
vêtit Guillaume Douglas , frère du feu duc de Queens-
buri, & fon fils l'a poffédé après lui.
Les principaux lieux de cette province font ,
GreenloWi
Coldingham ,
Ecclcs ,
Duns ,
Aymouth ,
Erfilton.
Home,
Coldftream ,
La rivière de Lauder , donne le nom de Lauderdale
à la vallée où elle coule dans cette province. * Etat pré-
fent de la Grande Bretagne , t. 2. p. 235.
MARCHE ( les Dames , ) abbtye de filles , ordre
de Citeaux , dans le Pays B.is , fur la gauche de la Meu-
fc, une lieue & demie au défions de Namur.
MARCHENA , ville d'Espagne dans l'Andaloufie.
Elle eft ancienne, Se a été autrefois appellée , Colonia
Marcia , acaufede Lucius Marcius.que l'on croit être
fon fondateur , 6e qui commanda l'armée romaine après
la mort de Cn. Scipion. * Elle eft fituée fur une colline
au milieu d'une plaine. Du côté qui conduit a Seville ,
dont elle eft à neuf lieues , elle a un fauxbourg plus grand
que la ville même , avec un hôpital bien rente. Cette
ville eft à peu près dans la même fituation qu'Ofibne par
rapport à l'eau , n'y en ayant point d'autre que celle qu'on
tire d'une groffe fontaine , qui eft dans le fauxbourg vis-
à-vis de l'hôpital, de forte que tout le terroir des environs
eft fec , fans aucune rivière ou ruificau. Malgré cette ari-
dité ,1a campagne eft fertile en toutes choies, fur-tout en
olives. Les ducs d'Arcos poffédent cette ville à titre de
duché , l'ayant eue en échange pour le marquifat de Ca-
dix , qu'ils poffédoient anciennement. Comme ces fei-
gneurs y ont fait leur réfidence pendant long-tems , ils
fe font tellement appliqués à l'embellir , qu'elle peut
entrer en parallèle avec les villes voifines, foit pour la
beauté des édifices , pour le nombre des habitans , foit
pour l'abondance des chofes nécefl'aires à la vie. Quel-
ques auteurs ont cru qu'elle étoit l'ancienne Artégua ,
mais il y a apparence qu'ils fe trompent , y ayant des
preuves presque certaines, que les ruines de cette ville font
bien loin de-la dans le voifinage d'Alcala el Rel. * Vay-
rac , Etat ptéfent de l'Espagne, t. i.p. 246.
1. MARCHENOIRou Marchesnoir, petite ville
de France dans la Beauce , entre le Loir & la Loire , eft
une des principales du reflbrt de Châteaudun. Il y a au-
près une églife dédiée à faint Léonard, où l'on croit
que le corps de ce faint repofe. De Valois croit que ce
nom vient de Marïscus Niger , marais noir. Il y a dans
Marchénoir une commenderie de l'ordre de faint Lazare.
Piganiol de la. Force , Defc. de la France, t. 6. p. 112.
2. MARCHENOIR , forêt de France auprès de la
ville de même nom dans la Beance. Elle contient qua-
tre mille deux cens trente arpens de bois de haute futaie.
MARCHEROUX, Macheroux , Marchafmm Ra-
dulphi , abbaye d'hommes en France de l'ordre de Pré-
montré au diocèfe de Rouen , trois lieues vers le midi
de Beauvais , fondée l'an 1 1 3 2 , par Raoul du Fay. Doin
Beaunier voulut dire après Piganiol , que cette abbaye
étoit régulière , c'eft une erreur.
MARCHETEGI , peuple de la Scythie , en deçà de
l'Imaut félon Prolomée , /. 6. c. 14. 11 le place entre
lcsja/ïa , Se les Norosbes.
1. MARCHEVILLE , bourg de France au pays Char-
train.
2. MARCHEVILLE, prieuré de France au diocèfe de
Valence , il eft fimple.
MARCHEZIEU , bourg de France en baffe Norman-
die dans le Côrentin. Il eft environné de marais.
ï. MARCHIENNES, Martiana , abbaye d'hommes
de l'ordre de faint Benoît , dans l'Attois fur la Scarpe au-
deffous d'Anchin , entre Douai , Orchies Se faint Amand ,
au diocèfe d'Arias , cn latin Marcian>e ou Martia-
ux , ( a ) aux confins du Hainaut & de l'Oftrevanr , donc
elle eft féparée par la Scarpe. C étoit autrefois une terre
confidérable , qui appartenoit au bienheureux Adalbaud ,
mari de fainte Richtrude dans le VII. fiécle: cette terre
étoit dans l'Oftievant ou Auikrbant. S. Amand évêque
de Maftricht, ayant reçu cette terre de la libéralité d'A-
dalbaud 6e de Richtrude , y fit d'abord un monaftere pour
des hommes à deux lieues enviionde fon abbaye d'El-
non . & y avoit établi abbé fon disciple Jean ( Jonat. )
Sainte Richtrude, étant veuve, augmenta lesbatimcns, fé-
para par une clôture le monaftere des filles de celui des
hommes, Se en fut la première abbefie. Sa fille fainte
Clofende lui fucceda en (588. ( b ) Après la mort du vé-
nérable Jonat, le monaftere d'hommes diminua peu à
peu , celui des filles prit au contraire de grands accroif-
femens. Se les religieufes le gouvernèrent environ 333
ans. Les ravages des Normands . l'ayant détruit , Se les re-
ligieufes ayant perdu & dîflîpé presque tous leurs biens,
Baudouin comte de Flandres . aïeul du Baudouin qui eft
enterré à Hasnon , eut deffein de rétablir cette abbaye ,
il fit venir Liévm abbé de faint Waft. Les religieufes qui
reftoient , fe retirèrent ailleurs , Se firent place à des
moines qui relevèrent l'abbaye , Si y firent refleurir la
régularité monaftique. Cette abbaye eft encore fameufe
aujourd'hui , mais il n'y a point de ville , comme le pré-
tendent les auteurs du dictionnaire de la France. ( u ) Bail-
let, Topogra. des Saints , & Abrégé de l'hiftoire de L'ordre
de fant Binon, t. 1 I. 3.C. 36.11. 19. (b) Auberti Mi-
rai, origin. Cœnob. Bcig. c. 3.
2. MARCHIENNES au Pont, bourg des Pays-Bas
aux deux côtés de la Sambre , entre Fontaine- l'Evêque Se
Chaileroi , une lieue au delius de cette dernière. Les au-
teurs du dictionnaire de la France , brouillent tout a ce: e
occalion, Se difent que les alliés y avoient leurs magafins
dans le temsde la baraiile de Denain, dont le fuccès les
déconcerta. Ils confondent Marchiennes ville ou bourg
fur la Sambre , Se Marchiennes , abbaye près de la Scarpe.
MARCHOMODES, Marchomedi, Marcomedes
Se Mardomedi j c'eft ainfi que ce nom fe lit diverfemenc
dans Eutrope , /. 8. c. 2. C'eft le nom d'un des peuples
qui furent vaincus par l'empereur Trajan. Il y a bien de
l'apparence que la dernière leçon eft la bonne , comme
le conjecture doctement Orteiius, Thefaur. Se qu'il eft
compofé de deux noms géographiques combinés ; (avoir,
les Mardes Se les Médes. Il croit que ce peuple avoir les
deux noms , parce qu'il panicipoit à l'un 8e à l'autre peu-
ple. Cependant Cellarius , in Eittrop. la rejette, Se lit
Mar -corne dos , parce, dit il , que les Mardes Se les Mé-
des étoient féparés par les Hircaniens, fur quoi il cire Pli-
ne, /. 6.c. 16. Se Diodore de Sicile , /. 17. c. -G. Gla-
reanus ou Henri de Glaris croit qu'il s'agit-là des Amar-
decei de Ptolomée. Cellarius ajoute que le D dans ce mot
eft contre tous les manuscrits qui tous portent C ou Ch ,
la verfion grecque porte Msep-.oujiJW. Ces peuples étoien:
quelque part dans ï'Affy rie.
MAPvCHPURG ouMarchburg, ville d'Allemagne
au cercle d'Autriche dans labaffe Stirie fur la Drave. Voyez.
Marpurg.
MARCHTHAL, abbaye d'Allemagne dans la Sua-
be, fur la rive méridionale du Danube , au nord de Bu-
chaw & du Federféc , entre Riedlingcn Se Ehing , fur un
rocher escarpé. Les ducs de Suabe qui en ont été les fon-
dateuts , y établirent fept chanoines. Avec le rems la vie
déréglée des chanoines, ayant obligé Henri III. comte
Palatin de Tubingen à les en chaffer , il mit en leur place
des religieux de Prémontré, qui furent conduits par des
prévôts jusqu'à Henri Meermefter. Celui ci obtint en
141 8. le titre d'abbé , qui lui fut accordé par les pères
du concile de Confiance. * D'Audifret , Géogr. hifi.
t. 3-
MARCHUBII, ancien peuple à l'extrémité occiden-
tale de l'Afrique propre , tout joignant la Gétulie. Cela
convient au peuple que Ptolomée , /. 4. t. 2. nomme Mal'
chitbii MaKxvGiot Se qu'il place dans la partie orientale
de la Mauritanie Céfarienne, près de la Numidie. * Pl'v-
ne, 1. y.c. 4,
MARCI. Voyez. Marcis,
MARCIA
MAR
MAR
i. MAKCIA Coionia. Ce nom ne Ce trouve que dans
des inscriptions déterrées en Espagne à Marchena.
Voyez, ce mot.
2.MARCIA Aqua. J'en parle fuffifamment à l'article
Fucinus Lacus.
MARCIAC. Fov^Marsiac.
i.MARCIANA Castra. J^jk- Marpurg.
2. MARCIANA Civitas , ville épiscopale de la Lycie ,
félon des notices grecques: parmi les évêques de cette ville
le P. Hardouin nomme Martianus.
3. MARCIANA Nova, ville épiscopale d'Egypte. Au-
gufiinus fonévêque fouscrivit au concile de Conftantino-
pie , tenu l'an 460. * Harduin colled. conc.
MARCIANOPOLIS , ville de la Turquie en Europe
dans la Baffe Bulgarie , aux confins de la Romanie. Elle
eft, fuivant la table de Peutinger , fur la route de Duroflo-
rum à Odeffus , entre Palmau Se Paniffus , à 4; milles de
la première, &à n milles de la féconde. Le nom de
Marcianopolis lui avoir été donné en l'honneur de Mar-
cia , fœur de Trajan. C'eft aujourd'hui Preflaw. Voyez, ce
nom.
1 MARCIGLIANO, bourg d'Italie au royaume de
Naples, dans la terre de Labour, au nord de Naples en-
tre Acerra Se Nola. * Bjudrand,édk. 17OJ.
2. MARCIGLIANO Vecchio, village d'Italie dans là
Sabine fur le Tibre , à trois lieues au-deffus de Rome.
Baudrand croit que c'eft l'ancienne Crustumeria ou
Crustumerium.
MARCIGNI, en latin Marciniacum , petite ville de
France en Bourgogne , au diocèfe d'Autun , près de la
Loire. Sa fituation paroît baffe quand on y arrive , venant
de Mâcon , Se haute lorsqu'on vienr du Bourbonnois &
de la Loire. La feigneurie de la ville appartient à la dame
prieure régulière de Marcigni. 11 y a dans cette maifon
quarante filles nobles , fans compter la dame prieure. La
cure de la paroiffe de la ville, elt à la nomination de cette
dame, & lajufticey eft exercée par fes officiers. Bail'et,
Topogr. des Saints, i.pan, pag. 624. nomme cette ville
Marsigni les Nonaïns ; Se dit que ce monalkre eft de
l'ordre de Cluni aux extrémités de la Bourgogne , à une
demi-lieue de la Loire, vers le Bourbonnois Se le Beau-
jolois. Il ajoute que c'eft le lieu de la retraite Se de la mort
de la bienheureufe Raingarde , mère du bienheureux
Pierre Maurice , dit le Vénérable abbé de Cluni. Cette
ville eft la patrie d'André Du Ryer, fieur de Malezair,
que plufieurs confondent mal-à-propos avec le fameux
Pierre Du Rier de l'académie françoife. Celui dont il eft
queftion, s'étoit appliqué aux langues turque & arabe.
On a de lui une grammaire turque, imprimée à Paris en
1630. Se 1633, le Guliftan ou l'empire des rofes , com-
pote par Sadi , traduit en françois Se imprimé à Paris en
1634 m 3°. , & l'alcoran imprimé à Paris in 40. 1647. Se
in 12°. en d'autres années , &c. On vient de le réimpri-
mer m 12°. à Amfterdam chez Pierre Morrier , 1733.
Quoique cette ville foit petite , elle ne laiffe pas de faire
un gros commerce de bled. Garreau , dans fa defeription
de la Bourgogne, édition de 1734, nomme cette ville
Marcignv , Se en latin Marcigniacum. C'eft la vingt-
deuxième qui députe aux états de Bourgogne. * Piganiol
de la Force , r. 3 . pag. 5 1 8.
MARCILIANUM , fauxbourg delà ville de Consili-
num dans la grande Grèce. Il s'y faifoit un grand con-
cours de route la Lucanie. Cafliodore fait une belle
defeription de ce lieu. * Variar. 1. 8. ad Sever.
1. MARCILLAC, petite ville murée, à quatre lieues
de Rodés dans le Rouergue.
2. MARCILLAC , bourg & abbaye de France dans le
Querci , au diocèfe de Cahors, à quatre lieues de Figeac ,
fur la Celle. Elle étoit de l'ordre de faint Benoît, mais
elle a été fécularifée. On en artribuc la fondation au roi
Pépin. S. Namphafe folitaire y mourut vers l'an 800. Il
y a dans le territoire de ce bourg, une grotte de plus de
trois mille pas de profondeur , Se où l'on marche toujours
en descendant. On y trouve de tems en tems de l'eau très-
claire, tantôt plus profonde, tantôt moins, & un fable
fur lequel on trouve des rraces des pas de divers ani-
maux : ce qui donne lieu de penfer que ce fouterrain pour-
roit bien aboutir à quelque autre endroit ou ces eaux ont
une forrie , Se par où ces animaux vont chercher leur
nourriture.
89
MARCILLADA, colonie de l'Ane Mineure. C'eft
ainfi qu'on lit dans quelques exemplaires de l'itinéraire
d Antonin , Coionia Marcillada. Simler avoit cru qu'il
falloit lire Coloniam ARchelaida ; Se les éditions pof-
térieures l'onr fuivi.
MARCILLE, bourg de France dans le Maine. II y a
une verrerie.
1. MARCILLY , bourg de France en Normandie , au
diocèfe d'Avranehes.
2. MARCILLY , Marciliacum, abbaye d'hommes en
France, de l'ordre de Citeaux , filiation de Fontenay en,
Bourgogne , dans le diocèfe d'Autun , au nord eft Se près
d'Avalon. Elle eft régulière , Se fous le titre de Notre Da-
me de bon repos, fondée l'an 1239. Par Hugues IV. duc
de Bourgogne , Se le feigneur de Noyers. Sa première def-
tination étoit pour des réligieufes. Le pays eft un peu
triontueux Se a quelques vignes. Marcilly eft proprement
le nom du village qui accompagne l'abbaye. Le nom
même de l'abbaye eft, comme nous avons dit, Notre-
Dame de bon repos.
MARCINA, ville d'Italie entre Sirenufe Se Pofidonîe ,
félon Strabon , /. j. Cluvier croit que la Marcina des an-
ciens, eft ce qu'on appelle aujourd'hui Vietri, fur la
côte deSalerne; mais il fe trompe, lorsqu'il avance qu'il
y avoir autrefois un temple de Junon Argire , qui fut bâti
par Jafon. Il y a un petit port où les marchands de la
Cava font leur commerce.
1. MARCINIACUM. Voyez. Marcignu
2. MARCINIACUM , lieu de la Gaule. 11 en eft parlé
dans la vie de faint Anfelme archevêque i & Ortelius die
qu'il doit être au voifinage de Lyon. Locus circa Lug-
dunurrii
MARCIS , lieu de la féconde Belgique fur la côte que
les anciens appelloient Littus Saxonicum , félon la no-
tice de l'empire, felï. 61.
Il faut remarquer que Marcis eft à l'ablatif pluriel , &
que le nominatif peut être Marci ou Mars^e.
MARCIUM , montagne d'Italie à deux cens ftades de
Rome , c'eft-à dire XII. M. D. pas, félon Diodore de Si-
cile, l. 14. c 118. cité par Ouelius , qui doir avoir eu
quelque édition parriculiere, car celle de Rhodoman à
l'endroit cité porte Martius Campus , le Champ de
Mars, à vingt-cinq milles de la ville. Il y a plus d'exacti-
tude dans la citation qu'il fait de Plutarque. On lit ef-
fectivement dans la vie du dictateur Camille , que fur
les nouvelles que l'armée commandée par les tribuns mi-
litaires , étoit affiégée par les Latins Se par les Volsques,
il fit prendre les armes à ceux qui étoient plus en âge de
les porter, Se faifant un grand circuit autour du mont
Marcius , fans être apperçu des ennemis , il alla camper
derrière eux, &c. * Hommes Illuft. traducr.de D acier *
t. 2. pag. ijf 5*
MARCK, (La) contrée d'Allemagne dans laWeft-
phalie , avec titre de comté. Elle a au nord la Lippe qui
la fépare de l'état de Munfter , Se l'Emfer qui la divife
d'un canton qui appartient à l'électeur de Cologne, Se le
territoire de la ville impériale de Dortmund ; au levant
du duché de Weftphalie : au midi Se au fud oueft le duché
de Berg; Se les abbayes de Verden Se d Effen au couchanr.
Cette ville de Dortmund èV -ces deux abbayes font du
pays de la Marck , quoiqu'elles aient leur ibuveraineté
particulière & indépendante de celle des comtes de la
Marck. Le comré de la Marck fait partie de la fucceifion
des ducs de Juliers , Se eft poffédé par le roi de Pruffe éle-
cteur de Brandebourg. Les villes du pays de la Marck font,;
Ham, Werden, Soeft , Dortmund -, Effen.
Sanfon y met encore comme lieux conildérables ,
Unna, Swierr , Plettenberg,
Marck, Ketwich , Neuftadr,
Kamen , Luinen, Leunfchede,
Gaftrop, Iferloen, Breckcrfeld,
Boekum, Nienrad , Steyl,
Lutke Dortmund , Werdoel, Hattingen.
Ce pays eft traverfépar la Roer , par La Lenne& la
Wolme qui s'y joignent enfemble , fans parler de l'Emfer
Se de la Lippe. 11 portoir autrefois le nom d'Altena, bour-
gade fur la Lenne. Le nom qu'il porte aujourd'hui , lui
vient d'un château fitué affez près & au fud-eft de la
ville^de Ham. Son nom latin eft March'ia Comitauis. 11 ne
faut pas le confondre avec la Marche de Brandebourg,
lom, IV. M
MAR
9°
que les Allemands appellent auffi Marck ; & que nous
difons en françois la Marche. * Httbner , Gcogr. pag;04.
MARCKECK. , Mareck ou Marcheck, bourg de la
Baffe Autriche , aux confins de la Hongrie , fur la rivière,
de Mark ou March , qui venant d'Olmutz , & fe grof-
fiffant de beaucoup de ruiffeaux , coule à Radifch, fépare
enfuite la Hongrie de Ja Moravie êc enfuite de l'Autriche ,
8c va fe perdre dans le Danube, presque vis-à-vis de
Haimbourg au deffns de Preibourg. La plaine que cette
rivière traverfe en prend le nom de Marcfeld. Ce
bourg peut paffer pour une petite ville. Ottocare roi de
Bohême , qui fut auffi duc d'Autriche durant quelque
tems , fit bâtir ce lieu , & y vouloir faire une fortereffe
pour tenir les Hongrois dans le refpect. * Zeyler, Auflr.
ropogr. p. 5;.
MARCKELHEIM , ville de France dans la Haute Al-
face , diocèfe de Bàle , conléil fouverain 8c intendance
d'Alface.
MARCKFLECK , mot dont fe fervent les Allemands
pour défigner un bourg où l'on tient marché.
MARC - MORTO. C'eft ce qu'on appelloit autrefois
Portus Misenus , un peu au delà de dîmes dans le
royaume de Naples. Ce port ne peut fervir de retraite
qu'à de pecires barques.
MARCODAVA , ancienne ville de la Dacie , félon
Ptolomée. Lazius doute fi c'eft Margoszeck, ouFileck.
MARCODURUM ou Marcomagus. Ces deux noms
fignifient un même lieu qui étoit fur la Roer , rivière des
Pays Bas. Duren Se MAGEN,dit Cellarius , Ge ogr. ant.
I 2. t. 3. t. 1. p. 354. font des mots celtiques qui s'em-
ployoient également pour lignifier le paffage d'une rivière.
Tacire, Hifi. I. 4. c. 28. dit : les cohortes des habitans
de Cologne furent battues dans le tems qu'elles étoient
moins fur leurs gai des , parce qu'elles fe voyoienr éloignées
des bords du Rhin. Ce nom marque encore aujourd'hui
la pofnion de cette ancienne ville qui doit être la ville de
Duren. C'eft la même qui dans la fuite eft appellée Mar-
comagus village, dans l'itinéraire d'Antonin & dans la
table de Peutinger , fur la route de Cologne à Trêves. Ce
qui achevé de prouver que Duren eft la même ville ,
c'en1 que Reginon 8c Aimoin l'appellent Du ri a for iercjfe.
MARCOLICA , ville d'Espagne , félon Tite-Live ,
I. 4j.c. 4. Cet hiltoriendit que Marcus Marcellus quit-
tant le gouvernement d Espagne , prit la fameufe ville de
Marcolica, 8c en rapporta de grandes richeffes qu'il mit
dans le thréfor public. Comme ce fait h'eft rapporté que
d'une manière fort découfue 8c fans liaifon avec ce qui
fuit ou ce qui précède, il n'eft pas aifé de juger où cette
ville étoit placée. 11 eil d'ailleurs étonnant qu'une fameufe
ville ait été inconnue aux géographes qui ont décrit l'Es-
pagne jusqu'à en nommer les villes qui ne fubfiiloientplus.
MARCOLLES , bourg de France en Auvergne, dans
l'élection d Aurillac.
MARCOMANI ou Marcomanni , anciens peuples
de la Germanie où ils ont habité différens pays. Spener ,
Not- Germ. ant. I. 4. c. 2. croit le nom de Marcomans
formé de Marck & de Mariner , deux mots qui dans la
langue allemande fignifient des hommes établis pour la
garde & pour la défenfe des frontières. S'il eft vrai, com-
me on en convient affez, que les Helvétiens furent chaffés
par les Germains de leur première demeure à la fource
du Nécre & du Danube, il eft naturel dédire que l'ar-
mée qui les chaffa, demeura dans le pays pour empêcher
qu'ils n'y retournaffent ; 8c que de-là elle prit le nom de
■ Marcomani.
On croit que la première demeure des Marcomans
étoit entre le Rhin & le Danube, dont l'un bordoit la
Gaule , & l'autre terminoit la Rhétie , 8c qu'elle s'é-
tendoit jufqu'au Nécre. Cette opinion efl uniquement
appuyée furce que des trois pcuplesqui poffédèrent le pays,
d'où les Helvétiens avoient été chaffés, les Marcomans
étoient le peuple le plus puiffant. Leur nom en eft une
preuve ; Strabon , /. 7. Velleïus, /. 2. c. 108. 8c Tacite ,
Germ. c. 47. nous en fourniflent un autre , en appellant
Amplement Marobodus roi des Marcomans, fans nom-
mer les chefs des autres peuples qui accompagnoient les
Marcomans dans l'expédition dont ces auteurs entendent
parler. Mais il eft confiant que leur demeure ne peut fe
fixer que par conjeéture , quoiqu'avec affez de probabi-
lité. Cltivier, Germ. ant. /. 3. c. 5. a tâché de marquer
MAR
des bornes précifes du pays des Marcomans; & ce qu'il
dit eft affez vraifemblable : le voici. Le Nécre bomoit la
Marcomanie au nord; le Kocker, qui fe joint au Nécre ,
8c le Brentz qui fe jette dans le Danube , la bornoient à
l'orient ; le Danube au midi , & le Rhin a l'occident. De
cette façon les Marcomans auroient poffédé les terres
que comprend le duché de Wurtemberg , la partie du pa-
latinat du Rhin, qui efl entre le Rhin & le Nécre, le
Brisgaw , Ôc la partie du duché de Suabe , fuuée entre la
fource du Danube 8c le Brentz.
Autant efl-il difficile de dire où fut précifémenr la pre-
mière demeure des Marcomans , & de décider s'ils
s'établirent dans le pays dont les Helvétiens avoient été
dépoffedés ; autant peut-on parler avec certitude de leurs
autres expéditions , qui fe trouvent appuyées du témoi-
gnage de divers auteurs approuvés. Ccfar. de bel. Gai. I.
1. c. j 1 . nous apprend que les Marcomans parlèrent dans
la Gaule, fous la conduite d'Ariovifte > dont une partie
de l'armée -, après fa défaite , repaffa avec lui dans l'on an-
cienne demeure. On doute pourtant fi après Ariovifie
les Marcomans eurent un autre roi , ou s'ils conferverent
leur liberté jusqu'au règne de Marobodus. Il eft du moins
cerrain que ce dernier , à fou retour de la cour d'Au-
gulte , où il avoit été élevé , fut roi des Marcomans , 8c ,
qu'alarmé de l'approche des Romains qui portoient leurs
armes dans la Rhétie 8c dans la Norique , il perfuada à
fes peuples de fe retirer dans l'intérieur de la Germanie ,
8c d'y aller chercher une nouvelle demeure. Velleïus, /.
2. parle auffi de cette migration des Marcomans. On y
voit que Marobodus , à latête des Marcomans , des Sédu-
fiens ôc des Harudes , paffa dans le pays des Boïens ,
fitué au milieu de la forêt Hercynienne , qu'il s'y établit
après avoir vaincu les Boïens, 8c qu'il fournit enfuite tous
les peuples voifins , foit par la force de fes armes, foit
par la crainte qu'elles leur infpirent. Voyez. Boiens 1.
* Strabon. , 1. 7.
Lorsque Marobodus fe fût emparé du pays des Boiens,
connu alors fous le nom de Biiubumum , on ne connut
plus de Séduciens ni de Harudes \ leur nom fut confondu
avec celui des Marcomans qui fe conferva. A l'égard des
terres qu'ils avoient abandonnées , elles furent occupées
par dirrérens peuples, foit Gaulois, foit Germains.
Il y a des auteurs qui ont écrit que les Marcomans,
avant de paffer dans le pays des Boïens, demeuroient dans
la Moravie; mais cette opinion contredit abfolument
Céfar 8c Velleïus. Comment les Marcomans auroienc-ils
été menés par Ariovifte de la Moravie dans les Gaules ;
8c comment Marobodus , en paffant dans le pays des
Boïens, fe feroit-il éloigné des conquêtes des Romains,
puisque ce pays étoit alors beaucoup plus près des Ro-
mains que la Moravie ? Il convient mieux de dire qu'il
laiffa les bords du Rhin , parce que les Romains avoient
commencé à foumettre la Rhétie , 8c qu'il fe retira dans
le pays des Boïens , qui 1 éloignoit des armes des Ro-
mains , par qui le Norique n'avoit pas encore été fub-
jugué. * Spener , Not. Germ. 1. 14. c. 2.
MARCOMEDESou Marcomedi KMarchomodes.
1. MARCOPOLIS , ancienne ville épiscopale d'Afie
dans FOsrhoéne , où elle avoit le fiège d'Edeffe pour mé-
tropole, félon la notice de Léon le Sage, & celle du pa-
triarchat d'Antioche.
2. MARCOPOLIS , autre ville épiscopale du même
patriarchat. Elle avoit Sergiopolis pour métropole, félon
la notice du patriarchat d'Antioche,
3. MARCOPOLIS. Voyez San -Marco.
4. MARCOPOLIS ou'Marcopoli , ville de Grecs
à l'orient d'Athènes à l'entrée de l'Euripe. C'eft préfente-
mentun village que Spon , voyages , t. i.p. 186. appelle
Marco Poulo, près de l'Euripe. Wheler , voyage , t 2.
/. 3. p. 2j$>. après avoir parlé du port de PraJJx ( Vrafi:. )
ville ruinée , ajoute: Nous tournâmes de là un peu fur la
droite , & après avoir rodé environ trois lieues au-delà ,
nous arrivâmes à un village appelle Marcopou ; les
ruines qui font proche font voir que ça été autrefois
une place confidérable, mais il n'y refte que vingt ou
trente maifons.
MARCOPOULO. Voyez. l'article précédent.
MARCOUCI ou Marcoussis , bourg de France en-
viron à fix lieues de Paris , & au midi un peu occidental.
Il efl principalement connu pour avoir appartenu à Jeaa
MAR
MAR
de Montagu gland- maître de la mai Ton du roi , ou com*
ine on parloir en ce tems, grand-makre d'hôrel du roi.
Il étoit aufli furintendant des finances fous Charles VI.
Il fit bâtir le chœur de l'églife de faint Vandrille , par-
roifle de Marcouflis , qui s'appelle aujourd'hui l'églife de
la Magdeléne ; il voulut aufli faire bâtir la nef de même
que le chœur ; mais le prieur s'y oppofa , de peur que
cela ne préjudiciâr à fon aurorité ôc à fes droits. Il fonda
aufli un monaftere pour les Céleftins.
Comme Jean de Montagu étoit dans les intérêts de
la maifon d'Orléans, le duc de Bourgogne chercha à
s'en défaire , & l'ayant fait prendre , nomma des com-
miflaires qui rendirent leur fentence le 17 d'Oétobre
de l'an 1409. par laquelle Montagu fut déclaré criminel
de léfe majefté , ôc comme tel condamné à être décapité
dans les Halles de Paris, fon corps mis à Montfaucon ,
ôc fa tête au bout d'une lance fur les piliers des Halles ,
ce qui fut exécuté le même jour. Dubreul , dans fes an-
tiquités de Paris, au chapitre de la fondation des Cé-
leftins de Marcouflis, dit que le corps de Jean de Mon-
tagu, fut porté à Montfaucon dans un fac rempli d'epices.
Que pendant tout le tems qu'il fut attaché à ce gibet , les
Céleitins de Marcouflis donnoient tous les jours une cer-
taine fomme au bourreau de Paris pour le garder , ôc que
quatre ans après fon exécution , fa mémoire ayant été
juftifiée , fes biens qui avoient été confisqués ôc donnés au
comte Palatin duc de Bavière , frère de la reine, furent
rendus à les héritiers. Ménage , dans fon hilïoire de Sa-
blé , p. 27. relevé cette narration de Dubreul. Il con-
vient que le corps de Jean de Montagu fur dépendu le 27
Septembre de 1 an 1412-, mais il traite de fable tout ce
que Dubreul dit du lac rempli d'epices; & de lagaide
du corps par le bourreau. 11 ajoute qu'il n'eft point vrai
non plus que la mémoire de Jean de Montagu ait été juf-
tifiée , & que pour fes biens > quoiqu'il eût été condamné
fans la participation de Charles VI. ce roi en avoir donné
la confiscation à Louis duc de Guienne dauphin , & qu'ils
furent enfin rendus aux héritiers de Jean de Montagu. *
Ti^aniol de la Force, t. 3. p. ioj.
MARCO VISE, bois de France dans le Vivarez. Il eft
fingulier par la beauté ôc la prodigieufe hauteur des fa-
pins qu'il contient ; mais dont on ne fauroit faire aucun
ufage , à caufe de l'impoflibilité du transport.
MARCSUL, Marcksul ou Marksul , château ôc
bourg d'Allemagne au cercle de la Haute Saxe dans la
Thuringe fur la rivière de Werra, ôc dans le petit pays de
la maifon de Saxe Eifenach. Ce lieu eft remarquable pour
avoir été la réfidence d'une branche de cette maifon qui
en prenoit le nom, & qui eft éteinte. Il eft à un mille du
château de Wartenbourg. * Hubner , Géogr. p. 5 8j.
MARCULITANUS , fiége épiscopal d'Afrique dans
la Numidie. La notice d'Afrique met dans cette province
Januarius Marculitamis. Ortelius a bien fenti qu'il falloir
Masculitatms , quoiqu'à fon ordinaire , il n'ait propofé
la chofe que comme une conjecture. Voyez, Mascula.
MARDA ou Mardes , haute montagne de la Paleftine
auprès de la mer Morte. Elle eft nommée Marda dans
la vie de faint Euthime abbé, & Mardes dans lepré-
fpirituel de Jean Moschus. * Ortelius . Thefaur.
MARDACHE. Voyez, Marakah.
MARDAIT^E, peuple qui habitoit le mont Liban, (a)
félon Cédrene , Zonare ôc l'hiftoire mêlée. Vincent de
Beauvais les défïgnent par le nom de Pirates. (b)(a)
Ortelius , Thefaur. ( b ) Spec. hiflor. 1. 24. c. 117.
MARDANDUS, métairie ou village d'Afie dans la
Cilicie , à dix mille pas dVEgina , félon Jean Moschus ,
dansfonpréfpiriruel. Ortelius foupçonne qu'au Mzuà'JE-
gina, il faut lire sEg&.
1. MARDARA, ville du Pont-Cappadocien , félon
Ptolomée, /. 5. c. G.
2. MARDARA, ville de la petite Arménie, félon
Ptolomée, /. ;. c. 7.
Longitude. Latitude.
Selon lui la dernière eft à 6<) deg. 6 m. 39 deg. 40 m.
& la première à 7 1 deg. 30 m. 43 deg. 40 m.
Ainfi elles étoient bien loin l'une de l'autre.
MARDE, ville d'Aflyrie au bord du Tigre , félon Pto-
lomée,/. 6. c. 1. Voyez. Merdin.
MARDENE, contrée de la Perfide, félon Ptolomée,
l. 6. c. 4. Quelques exemplaires portent Mardyene,
91
MARDES. Voyez. Marda.
1. MARDI , peuple de la grande Arménie, félon Pto»
Joméc , /. 5. c. 13. mais , comme le remarque Cellarius ,
l. 3. f. 19. les autres anciens géographes les placent hors
de l'Arménie. Us étoient aux confins de l'Aimcnie & de
la Médie : peut-être n'étoient-ils point diflerens de ceux
qui fuivent immédiatement.
2. MARDI , ancien peuple de Médie. Strabon, /, r 1.
p. 524. les fait voifins des Perfes , Mardi Perfn contiguu
Ceux là font les mêmes que Pline , /. 6. c. 27. étend au-
deflus de l'Elymaïde. Ce font les mêmes que les M irdi
fubjugués par Alexandre. IL étoient aux frontiei es des Per*
fes, ôc grands décrouheurs dts pafïans, dit Arricn , in In-
dicis, c. 40. Et Mardi ( Lutrones etiam if fi) PerfaS
CoJJki Medos accolunt. Quas qiiidem gentes omnes Alexun-
der domuit. Quinre-Curfe, /. y c. 6. dir:Enfuite ayant
ravagé toute la campagne de la Perfc , ôc réduit quantité
de bourgades à fon obéiflance , il rira vers les Mardes , na-
tion belliqueufe Ôc bien éloignée de la façon de vivre
des autres Perfes. Ils creufem de*s cavernes dans les mon-
tagnes, où ils fe cachent avec leurs femmes & leurs en-
fuis, & ne vivent que de la chair de leurs troupeaux , ou
des bêtes fauvages. Les femmes , contre le naturel de leur
fexe , n'y font pas moins farouches que les hommes. El-
les ont les cheveux hérifTés, leur robe ne va que jusqu'au
genouil, ôc leur front eft environné d'une fronde qui leur
fert d'ornement de tête & d'armes tout enfemble, mais un
même torrent de fortune entraîna ces peuples comme les
autres , & le roi revint à Perfépolis trente jours après qu'il
en fut parti. Il y avoir un peuple Mardi conrigu à l'Hir-
canie ôc aux Tapyriens. Ce font les Mardi , que Proie*
mée, /. 6. c. 2. place dans la Médie. Quinte-Curfe , /. 8. c.
3 dit , que Phrataphernes fut fait fat râpe de l'Hiicanie,
des Mardes ôc des Tapyriens. Strabon , décrivant le cir-
cuit de la mer Caspienne, félon Eratojthene , met dans
cet ordre les Albamens , les Caduliens , l'Anariaque , les
Mardes ôc les Hircaniens. Il érend ces derniers jusqu'à
l'embouchure de l'Oxus. Ces Mardes étoient contigus à
l'Hiicanie , comme je viens de dire , mais ils appai tenoienc
à la Médie.
3. MARDI, ancien peuple de la Margiane. Ils s'éren-
doient , die Pline , /. 6. c. 1 6. depuis les monragnes d'Au-
triche dans la Margiane jusqu'aux Bactriens. C eft, dit-il,
une nation féroce ôc indépendante.
4. MARDI, autre peuple entre les Sarmates , fur la
cote feprentrionale du Pont-Euxin, entre les Aihxi ôc les
Cercetcs, félon Pline, /. 6. c. j. Le . P. Hardouin foup-
çonne que ce n'étoit pas le nom propre d'une nation mais
un nom commun à divers peuples qui menoient une vie
fauvage ôc libertine, ôc qui par la férocité de leurs
mœurs fe reflembloient.
i.MARDICK, lieu de France au comté de Flandres»
C'eft un amas de quelques chaumières à une lieue ôc de-
mie de Dunkerque , auquel quelques géographes donnent
la qualité de bourg. Il n'étoit connu qu'a caufe d'un fore
fitué à une lieue de ce village fur la côte , ôc qui étoic
appelle le Fort de Mardick. il ne refte que des ruines de
ce fort , ôc cependant Mardick eft plus connu que jamais
par le magnifique canal que Louis le Grand y fit faire les
dernières années de fa vie.
Dès qu'on voulut commencer à exécuter le traité de
paix conclu à Utrecht en 1713. entre la France ôc l'An-
gleterre , on s'appercut d'abord qu'en comblant le porc
de Dunkerque , on expofoit dix lieues du pays des envi-
rons à être inondées , ce qui donna lieu de propofer aux
commifiaires anglois qui étoient à Dunkerque de la parc
de la reine de la Grande Bretagne , de laifier I'éclufe de
Bergues pour tout écoulement aux eaux du pays , & de
combler enfuite le port de Dunkerque. Cette propofi-
tion fut rejettée par la reine Anne; ôc le fieur Armftrong
fon ingénieur principal , dit à M. le Blanc intendant de la
province , qu'il falloir que le traité d'Utrecht fût exécuté
dans tout fon entier-, mais que l'on pourroit faire écou-
ler les eaux du pays par Nieuporr. Comme cette der-
nière ville n'étoit pas fous la domination de la France ,
elle ne goûta pas plus cette ptopofition , que la première
avoir été goûtée de la reine Anne. L'ingénieur anglois pro-
pofa enfuire de faire écouler les eaux par Gravelines -,
mais le fieur de Moyenville directeur des fortifications
des places de ce département , ôc le fieur Armftrong ayant
T«m. IV. M i;
MAR
9a
travaille de concert , fans en pouvoir trouver les moyens ,
l'ingénieur anglois dit que l'on fit cet écoulement par où
l'on pourroit , Se que c'étoit à la France d'en trouver les
expédiens , Se non pas à l'Angleterre. Sur cette déclara-
tion , le projet que M. le Blanc Se le fieur de Moyenville
avoient fait durant ces conteftations fut envoyé à la cour ,
& fur quelques difficultés qu'elle y trouva , M. le Blanc
eut ordre de s'y rendre. Le roi ayant vu le plan Se les
profils qui lui furent préfentés , en approuva l'exécution ;
Se en conféquence de cette réfokuion , dix fept bataillons
curent ordre de camper près de Dunkerque , Se peu de
tems après l'entière démolition de la citadelle , des forts
Se des fortifications de cette ville, on augmenta ce petit
camp de huit autres bataillons.
Ce nouveau canal commence à celui de Bergues auprès
du mail , & a environ trois mille toiles de long fur vingt-
cinq ou trente de large , depuis fon commencement jus-
qu'au coude; trois cens toifes depuis le coude jusqu'à l'é-
clufe ; trois cens toifes fur vingt cinq & quarante de large
depuis l'éclufe jusqu'à fa laiffe de la haute mer; Se neuf
cens toifes fur quarante Se cinquante de lar,ge , depuis la
laide de la haute mer jusqu'à la laiflé de la baffe mer. L'é-
clufe eft dans fon espèce le plus beau morceau qu'il y ait
au monde. Elle a quarante fix toifes de long fur vingt-
trois toifes quatre pieds de large en fondation , fans y
comprendre les contreforts. Les deux bajoiers, ou côiés
de 1 éclufe , ont chacun vingt-quatre pieds d'épaiffeur , Se
la pile du milieu en a tiente. 11 y a deux paflages dans
cette éclufe , l'un de 44 pieds pour les gros vaifleaux , &
l'autre de 26 pour les autres. Le petit eft pour ne pas fa-
tiguer les portes du grand. Chacun des deux paffages a
deux doubles portes , deux du côte de la mer , & deux
du côté de la terre. Chacune pefe plus de cinquante
millier- , Se malgré leur pefanteur , elles ont été élevées
toutes afiemblées , & mifes en place avec une adreffe &
une promptitude merveilleufe. Sur les deua paffages de
Téclufe il y a deux ponts tournans pour le paffage des
voitures de Gravelines , de Dunkerque , &c. Celui du
grand paffage eft de deux pièces qui fe joignent dans le
milieu, & celui du petit n'eft que d'une feule. Il y a tou-
jours fur le radier de l'éclufe vingt ou vingt-un pieds dans
les vives eaux ordinaires, Se plus de vingt-quatre dans les
grandes vives eaux qui font ordinairement dans les équi-
noxes. Les vaiffeaux de guerre auroient pu aller & venir
dans toute l'étendue de ce canal Se même dans celui de
Bergues.au moyen d'une éclufe qu'on s'étoit propofé d'y
faire. Les talus du canal font revêtus d'un fascinage plat
de terre graffe pour les garantir du flot de l'eau , & on a
formé des digues des deux côtés de dix ou douze toifes de
large, qui font un très-bel effet à la vue. Comme ce ne
font que des fables , on a revêtu de gazon plat les talus
intérieurs pour empêcher que les vents ne les emportent.
Tel étoit le canal de MardicK , lorsque fous la minorité
de Louis XV. la cour changea de maximes. Les avanta-
ges que la France auroit tirés de ce canal, donnèrent de
l'ombrage aux puiffances maritimes. L'Angletetre fur-
« tout pour laquelle le duc d'Orléans régent de France avoit
des ménagemens extraordinaires , fit tant , que ce prince
lui facrifia enfin ce canal. Le traité conclu à la Haye enti e la
France, l'Angleterre & la Hollande le 4 Janvier 17 17,
priva la France du fruit de cet admirable travail. Il fut
accordé que le grand paffage de l'éclufe de Mardicx qui
avoit quarante-quatre pieds de largeur, feroit détruit de
fond en comble. Il faut diflinguer ici plufieurs chofes.
2.MARDICK, ( Le vieux ) village ayant fon églife pa-
roiffiale. Il eft dans lesdunas , fur le chemin de Gravelines.
3. MARDICK,(Lt petit) village entre le vieux Mar-
dicK Se DunKerque , auffi dans les dunes, mais plus près
de la mer , affez près Se au couchant de l'éclufe.
4. MARDICK,( L'ancien fort de ) au couchant & à
quelque diftance du canal qui va à la mer , Se au nord du
nouveau MardicK fur \'Eflrant% c'efl-à dire , fur le rivage
que la mer couvre & découvre Les François difentl'A/-
tfan , par corruption du mot Strand ou Strant , mot fla-
mand qui veut dire rivage ; les Anglois ont auffi ce nom ,
& le donnent à une rue de Londres , parallèle à la Ta-
mife. Ce fort eft détruit. * Piganiol de la Force , Defc.
de la France , t. 7. p. 2S0. Se fuiv.
M ARD1ENS, ( Les ) étoient un peuple errant , com-
me le font à préfent les Juifs. 11 s'en trouva beaucoup
MAR
dans l'armée deTigrane Se de Mithridate,que Luculîus
défit fur les bords de l'Arfanias , en68j. Voyez. L'Hift,
Rom. de Q/trou.
MARD1N. Voyez. Merdin.
MARDIRAT , lieu de France dans le Languedoc. Il
eft. remarquable par fes falines qui font confiderables.
MARDOCEA. Voyez. Amordacia.
MARDON1A. Voyez. Paneosia.
MARDULAmNEou Mordulamne , félon les di-
vers exemplaires de Ptolomée , /. 7. c. 4. Cétoit un pott
de la Taprobane fui la côte orientale.
1. MARDUS , rivière de la Médie , Se qui a fon em-
bouchure dans la mer Caspienne. Ptolomée donne
Longitude. Latitude.
A fon embouchure 8j d. o m. 38 d. 30 m.
A fa fource 8; d. om. 38 o m.
Ainfi fon cours doit avoir été , félon ce géographe , fur
une même longitude du fud au nord. Il lui fait parcourir
la moitié d'un d<.£.re , c'efi-a dire , environ dix ou douze
lieues de pays CLlC'qilts exemplaires portent Amardus :
mais il le joint au lac Marcïana ou Margiane. Cette de-
feription ne convient point avec 1 état naturel de cette ri-
vière : cette communication avec le lac n'eft point réelle ,
à moins qu'elle ne foit fouterraine. Cette rivière , avant
que de coulet du fud au nord, coule bien plus ïong-tems
du couchant au levant. G'eft aujourd'hui le Kifilofein.
2. MARDUS, autre rivière nommée par Denys le
Périegéte. Voyez. Margus.
MARDYENI, ancien peuple de la Sogdiane, félon
Ptolomée. Ils étoient au pied des montagnes Se à peu de
diftance de l'Oxus.
MARE , mot françois qui lignifie un creux qui fe rem-
plit d'eau en tems de pluie ; cette eau elt dormante , Se
n'a d'autre mouvement que celui que lui donnent ou le
vent ou les pieds des beftiaux qu'on y abreuve. Des vil-
lages qui n'ont ni rivière, ni ruiffeau, ni puits , font ré-
duits à avoir des mares , qui font d'autant plus incommo-
des, que dans les tems de féchereffe, il n'y refle qu'un
bourbier lorsque Feau a été diflîpée par l'ufage ou par le
foleil. La mare diffère de l'étang en ce qu'elle eft plus
petite.
MAREA, Map'», ancienne ville d'Egypte , félon Héro-
dote , /. 2. c. 18. il dit : Ceux de la ville de Marea & d'A-
pis qui habitent aux confins de l'Egypte vers la Libye
hors du Delta. Thucydide , /. 1. p. 68. dit , Inaros fils
de Pfammeticus roi des Libyens , voifins de l'Egypte,
étant pat ti de la ville de Marea qui eft au-deffus de Pha-
ros.
MAREA Palus. Fov^Mareotis.
MAREAU , bourg de France dans I'Orléanois.
MAREB ou Marebe. Voyez. Moraba.
MARECAGE, Se lieu Marécageux, terres baffes'
Se humides , qui , par l'écoulement des pluies , ou par l'in-
ondation d'une rivière voifine ,. ou par la contiguïté d'un-
vrai marais, font fujettes à être trop abreuvées d'eaux qui
ne fe vuident point ; de forte qu'elles deviennent fpon-
gieufes Se moins propres à l'agriculture que les terres plus
heureulement placées.
MARECH1A , ( La ) rivière d'Italie dans I'çtat de
PEglife. Elle tire fa fource de l'Apennin dans l'état du
grand duc proche de la fource du Tibre , d'où coulant
par le duché d'Urbin , elle paffe près de S. Léon , Se de-là
traverfant une partie de la Romagne , elle fe rend dans le
golfe de Venife près de Rimini. * Baitdrand , édit. 170J.
MARÉE , ( La ) Voyez, au mot de Mer.
MAREMMES DÉ SIENNE , ( Les ) pays d'Italie en
Toscane , dans l'état de Sienne, dont il eft la pattie méri-
dionale Se maritime. L'Ombrone rivière le partage en
deux. Le P. Labat. Voyage d'Espagne & d'Italie , /. 3.
p. 32. dit- : La Marenne de Sienne. Il ajoute qu'elle eft
très-mal peuplée , quoiqu'elle foit d'un ttès-bon rapport.
L'air y eft très- greffier Se très-mal fain. On y voit les vil-
les ou bourgs deGroffetto, Mafia , Anfcdonia , Soana ,
Buriano , Caftiglione , Se quelques autres lieux très-peu
peuplés pendant toute l'année, & qui deviennent des ci-
metières pendant la moiffon Se les autres récoltes, pour
les étrangers du haut pays , qui viennent travailler pen-
dant ces faifons.
AR
MAR
i. MARENNES, ( Les) de Sienne. Voyez. l'article
précédent.
2. MAREMNES, en latin Marina , petite ville de
France dans la Sainconge, entre la rivière de Seudre 8c le
havre de Brouage. Les huitres vertes qu'on pêche aux en-
virons ont une grande réputation. 11 n'y a dans Marennes
qu'une feule paroifle qui elt la plus grande , la plus riche,
& la plus peuplée de la province. Il y a douze gros villa-
ges qui en dépendent. C'en: à Marennes qu elt le fiége de
l'amirauté de Brouage 8c celui de l'élection. Le comte de
Soiflbns 8c l'abbefle de Saintes partagent la feigneu-
rie & y ont leurs juges. Il y a auïfi des Récollets qui
font principalement occupés à la converfion des Pro-
teltans de ce pays-là. Marennes fournit du fel ; on le fait
remonter fur la Charente jusqu'à Angoulême , d'où on
le transporte par voitures en Auvergne , en Limoufin , en
Périgord 8c dans la Marche. Ce commerce n'eft pas d'une
grande utilité à la province , parce que les droits que l'on
paye à Tonnai-Charente emportent la plus grande partie
du profit, fans compter que plufieurs feigneurs qui ont
des iiuifons fur la Charente, font en poflefllon de pren-
dre une quantité de fel pour le prix des bœufs 8c des hom-
mes qu'ils font obligés de fournir pour le tirage des ba-
teaux dans le rems que les eaux font bafles. * Pigamol de
la Fora , Defcrip. de la France , t. j. p. 6i.
MAREON Voyez. Samarhï.
MAREOTES Ncmus , ou Mareotis Regio , pays
d'Afrique à l'extrémité de la Libye 8c de l'Egypte , auprès
d'Alexandrie. Ptolomée dit M*peaT« Notice Saint Athanafe
dans fon apologie contre les Ariens ,fe£li 17. dit: rous
les prêtres de la Maréote. O» rS Ma.ptô>Tn 7rptrCvTtpoi ttm'tk ,
& enfuite, /u»ti eV t&T MapêwVw a7r0fA.wct.vTt;, qui ne demeu-
rent point dans la Maréote. Il dit auiîi dans le même ou-
vrage , fecl. 8j. La Maréote eft, comme on a dit, une
contrée du diltrict. d'Alexandrie , & dans laquelle il n'y a
jamais eu ni évéqueni chorévênue ; mais routes les églifes
de ce canton-la dépendent de l'évêque d'Alexandrie ; il y
a feulement des prêtres qui ont chacun de grands villages.
Pline, / j. c. 6. regarde la Maréotide comme partie de
la Libye , ÔC contigue à l'Egypte. Ptolomée y met le long
de la mer ,
93
Chimo , village ,
& la petite presqu'ifle , port
Plinthine:
de mer.
Plus avant dans les terres il met pour villes ou villages,
Monocaminum , Cobii , Phomotis ,
Almirre , Antiphili , 8c Palemaria , village.
Tapofirisj Hierax ,
MAREOTIS, Regio , la Maréotide. Voyez, l'article
précédent.
MAREOTIS Palus , grand lac d'Afrique auprès de
l'Alexandrie d'Egypte. Strabon,/. 1 7. parlant de cette ville,
dit : Deux mers l'arroient , l'une au nord , qui eu la mer
d'Egypte. partiede la Méditerranée, l'autreau midi que l'on
appelle lelac de Mareia ouMareotis.I1 dit encore que
les eaux de ce lac , font accrues par des canaux qui vien-
nent du Nil , tant à côté que de plus haut , de forte que
l'on peut s'y rendre par eau de toute l'Egypte. Il arrivoit
de la que les habitans d'Alexandrie avoient fur ce lac ,
un port plus riche 8c mieux pourvu que celui qui étoit du
côté de la Méditerranée. Pline, /. f. c. 10. dit: Le lac
Maréotide au midi de la ville communique par un canal
avec l'embouchure du Nil furnommée Canopique , 8c
par-là jouir du commerce de la Méditerranée. 11 contient
plufieurs ifles , 8c a trente mille pas de trajet, félon que
Caius Céfar le rapporte. D'autres difent que fa lon-
gueur eil de quarante fchénes , en comptant chaque fché-
ne pour trente ftades , 8c qu'ainfi il a cenr cinquante mille
pas de longueur & autant de largeur. Strabon , /. 17. p.
799. dit que la largeur de ce lac pane cenr cinquante fta-
des, & que fa longueur n'en a pas trois cens , c'eft à-
dire qu'il fait la longueur presque double de la largeur. Il
met huit ifles dans ce lac. Le vin qui croiflbit dans les en-
virons, étoit nommé Mareoticum Vinum\8c Srrabon ,
geogr. I. 2. v. pi, en parle avec éloge. Virgile dit de ces
vignes.
Sunt Thafu vîtes , fmt & Maréotide s alU,
Horace , lib. t.od. 37. dit qu'Antoine , dans les par-
ties de débauches avec Cléopatre , fe grifoit avec ce vin.
Du moins il le fait entendre par ces vers.
Mcniemque lymphatam Mareotico
Rcdcgu in veros timorés
Cœfar.
Au refte c'étoit ce lac , nommé proprement Mareia ,
l'origine de l'adjectif Mareotis , qui fut d^nné au pays,
& au lac même ; 8c de Mareotes que prit le nôme donc
nous avons parlé. Il y a dans Athenec , Dciprwfoph. L 1.
un paflage qui mérite d'être remarqué : le voici. Sophocle
dit que le vin Maréote ou d'Alexandrie tire cette dénomi-
nation d'une fource qui eil àAléxandrie,& que l'on appelle
Mareia , 8c d'une ville de même nom , laquelle etoit au-
trefois fort grande, & n'eit préfentement qu'un village ;
8c elle tenoit elle même ce nom de Maron , l'un de ceux
qui accompagnoient Bacchus dans fes guerres d'Afrique.
Il y a plufieurs obfervations à faire fur ce paflage. \°.
Athénée ne qualifie M.irea ou Mareia , que du nom de
xpmn fource, fontaine. Ce qui ne convient guerres a un
grand lac tel que le lac Maréotide : mais on peut dire que
Sophocle parle d'un rems bien antérieur à celui où l'on fie
le canal qui érabliflbir la communication du Nil avec
Alexandrie 8c avec ce lac , qui fut peut-érre fort augmen-
té par cerre entrée du Nil. Il elt vraifemblable qu'avant
cet accroiflement , ce lac n'étoit qu'un étang formé par
les eaux d'une (impie fource , & que la communication
avec le Nil en fit un grand lâc. Cette augmentation eft
fenfible , fi on fait attention a la diverfiré des mefures
que les anciens nous en donnent. 20. Cette ville Marea
ou Mareia, n'eit rien moins qu'imaginaire , & Héro-
dote en fait mention la nommant ville bien expreiîémenr»
3°. Arhenée nous en apprend la décadence en difantque
ce n'étoit plus qu'un village. Cela s'accorde avec Ptolo-
mée , qui place dans la Maréotide Palemaria ou Pa-
lemarea , c'eït-à-dire l'ancienne Marea ou Mareia ,
qu'il nomme village*
MARES , ancien peuple qui avoit fes troupes dans
l'armée de Xerxès , lorsqu'il pafla en Europe pour atta-
quer la Grèce. Ils portoient fur leurs têrcs des casques à
la manière de leur pays. Ils avoient des boucliers de cuir
& de petits javelots. Ils avoiem apparemment quelque
rapport avec les habitans de la Colchide ; car les Colques
8c eux étoient commandés par un même capitaine , Pha-
randare fils deTheafpe. * Hérodote , 1. 7. c. 79.
MARESA ( a) , ancienne ville de la Paleftinedans la
tribu de Juda.(/>) Elle elt auffi nommée Marescha ,
Marissa ,Moreseth 8c Morasthi. Le
prophète Miehée étoit natif de cette ville -, & dit
tems d'Eufcbe , elle étoit déferre. Ce fut auprès de
Marefa dans la vallée de Seph3ta , que fe donna la
fameuie bataille entre Afa roi de Juda , & Zara roi de
Chus ,où Afa demeura victorieux contre une armée d'un
million d'hommes qu'il mit en fuire, & pourfuivit jusqu'à
Gerarc. ( c) On lit dans les Machabées , /. 1. c. 5. v. 66.
Samaria pour Marina. Dans les derniers tems de la répu-
blique des Juifs , Marefa étoit attribuée à i'idumee ( d) »
ainfi que plufieurs autres villes de Juda. Elle étoit peu-
plée de Juifs 8c de peuples leurs alliés , du rems de Jean
Hircan ( e ). Le roi Alexandre Jannée la prit fur les Ara-
bes (/). Pompée la rendit à fes premiers habitans (g).
Gabinius la rebâtit ( h ) , 8c enfin les Parrhes la ruinèrent
pendant la guerre d'Antigone contre ( 1 ) Hérode. ( a ) D.
Calmet , Dict. { b ) Jofué , c. 1 f . v. 44. Tarai. 1. 2. c. 14.
Mich. c. 1. v. 1$. Jofeph. Anr. 1. 8. c. 3. 8c 6. ( c) Parai.
1. 2. c. 14. ( d) Joftpb. Anr. c. 17. ( e ) lbid. c. 18. (f)
Liv. 14. c. 2. ( g ) lbid. c.S.(h) lbid. c. 10. ( i ) lbid c.
*7-
MARESIA, ville d'Afie, dont parle Guillaume de Tyr.
Ortelius, Thcfdur. dit: 11 femble qu'elle ait été dans la
Cilicie.
MARESME ( La ) , petit pays d'Espagne, dans l'An-
daloufie le long du Guadalquivir au-deflbus de Séville s
félon Baudrand, /dit îyoy
MARETH , ancienne ville de la Palestine dans la tribu
de Juda. Il en elt fait mention dans le livre de Jofué ,
cap. 1 5 . v. s 9
MARETIMO , petite ifle d'Italie , fur la côte occiden-
MAR
5>4
taie de Sicile , au couchant des ifles de Levanzo & de Fa-
vagnana , à dix-huit milles de Marfalla , Se à vingt de
Trapani. Son circuit eu de quinze milles , & elle n'a qu'un
château avec quelques métairies. On en tire quantité de
miel • mais elle eft célèbre , dit Baudrand , édition de
1705. par la victoire que Catulus , général de la flot-
te romaine , y remporta fur celle des Carthaginois. Le
même auteur la nomme en latin Maritima Hiera Se
Therasia. De l'Ifle dans fa carte de l'ancienne Sicile
dit Maritima infula qiu & facra. Le mot Sacra veut
dire en latin la même chofe que Hiera en grec , & en eil
une traduction. Le nom de Maritima lui vient de ce qu'elle
crt plus avancée dans la mer , que les deux ifles qui font
entre elle & la Sicile.
MAREU , ifles baffes Se noyées d'eau dans le golfe
Arabique, fur la côte de laTrogloditique , félon Pline,
l.G.c 29. Ce font les mêmes que Ptolomée, /. 4. c. 8.
appelle uôpuvoç Niw-c/ , les ifles de Myron.
MAREUGE , & Mareujols. Voyez. Maruejols.
1. MAREU1L , bourg de Fiance dans le Poitou, fur la
rivière du Lay. C'eft là que l'on décharge les marchandi-
fes deftinées pour Nantes &pour la Rochelle. Il y a un
bureau des traites. Les foires Se les marchés qu'on y
tient font fort fréquentés.
2. MAREU1L , gros bourg de France dans le Berri ,
fur la rivière de l'A mou , à fix lieues de Bourges , Se a
trois d'iffoudun. 11 y a de fort belles forges, dont le fer
fe porte à Saumur.
3. MAREUIL , bourg de France dans l'Angoumois ,
élection de Cognac.
4. MAREUIL Les Arras , Mareolnm , abbaye ré-
gulière d'hommes , de l'ordre de faint Auguftin , dans
l'Artois au diocèfe & près d' Arras , au midi du Mont S.
Eloi. On y conferve le corps de fainte Bertille , qui vi-
Toit à la fin du feptiéme fiécle.
y. MAREUIL , lieu de France en Picardie, dans le
Vimeu fur la Somme. Il y a un prieuré fous lé titre de S.
Chriftophe. Il y a un château à l'antique , qui eft affez
beau.
MAREURA , ou Maithura , ancienne ville de l'In-
de au-delà du Gange, félon Ptolomée , /. 7. c. 2.
MARGAB, ou Morgab , rivière de Perfe dans le
Khoraffan , qu'elle traverfe. Elle fe perd enfuite dans le
Gihun C'eft' le Margus des anciens, qui donnoit fon
nom à la Margiane.
MARG^EiE & Margal^ï. Le premier nom fe trouve
dans Etienne le géographe Ma.pya.7ct/, ville d'Elide. C'eft
ce que Strabon, /. 8. p. 349. nomme MargaU , Se Ca-
faubon fonpçonne qu'il faut lire dans Strabon Margaa ,
comme dans Etienne. C'efl peut-être auffi la même que
Màrgana de l'Elide, félon Diodore de Sicile. Voyez.
Margana 2.
MARGAN (a), ville dès Indes dans le pays de Sal-
cette & dans le pays qui portoit le nom de province
de Salcettedu tems de Davity (b). Elle en étoit la ca-
pitale , & fit uéc au milieu de cette province. Il y a ,
dit il , dans cette ville un collège de Jéfuites , où l'on
enfeigne la doctrine Chtétienne aux petits enfans , une
confrérie du S. Efprit Se un hôpital pour les malades.
On y reçoit même les infidèles , & cette charité en attire
plufieursà la foi. En 1J96. on comptoir dans la ville
de Margan près de quinze cens Chrétiens dont plus de
foixante , inftruits dans les lettres , alloient catéchifer
tous les jours de fêtes aux villages circonvoifins. (a)
Corn. DicY (b) Davity , Afie.
1. MARGANA, ville de l'Inde, félon Etienne le
géographe , qui cite le périple de Marcicn. Je doute
qu'elle foit différente de Margana que Prolomée, /. 7. c, 4.
met vêts le nord de la côte occidentale de l'ifle de Tapro-
bane.
2. MARGANA , ville d'Elide , félon Diodore de Si-
cile , /. 1 j. ciré par Ortelius; mais je trouve dans l'édi-
tion latine de Rhodoman , /. 15. c. 77. Marganum.
Elle eft nommée M arcanes au pluriel par Xénophon ,
Hift. Gra.c. L 7. p. 635. & 637. Voyez. M.AKG&&.
MARGANEA &
MARGANUM. Voyez. Margana 2.
MARGARA , ville de l'Inde en-deçà du Gange près
de ce fleuve félon Ptolomée, l.j.c. 1.
MARGARETA. Voyez. Marguerite.
MAR
MARGARIASSUS , village de la Cappadoce. Simeo»
le Métaphrafte dit que c'etoit la patrie de l'abbé S.
Théodofe.
MARGARUM. Voyez. Margara.
MARGASA ou Magarsa , lieu de la Cilicie , près
du fleuve Pyrame , félon Ortelius , Thifaur. qui s'ap-
puie de l'autorité de Strabon.
MARGASI , ancien peuple de la Médie , félon Ptolo-
mée , /. 6.c. 2.
MARGASTANA , petite Ifle du golfe Perfique vers
l'embouchure de la rivière Arofis , félon Arrien , in In tic.
MARGATH , Marathos , autrefois ville , préfente-
ment village de la Turquie en Aile , dans la Syrie , fur
la côte de la mer auprès du mont Lifa entre Antio-
che & Torrofe. Les chevaliers de S. Jean de Jérufalem
l'acquirent en 1177. de Renaud {a) qui en étoit Sei-
gneur. Ils fe fortifièrent Se en firent de ce côté-la un
des plus puiffans boulevaidsde la Chrétienté en Orient.
Melcefaïs chef des Sarrazins l'affiégea en 1278. Si la prit
enfin après un long (lége Se la fit rafer. Un hiftorien
( h ) , cité par l'abbé de Vertoi , prétend que des cheva-
liers Allemands qui fe trouvèrent à la defenfe de cette
place , pour en conferver la mémoire , bâtirent depuis
dans leur pays une fortereffe fur le même plan qu ils
appellerent Mergatheim , qui après avoir appanenu
long tems à l'ordre de S. Jean eft tombée depuis entre
les mains des chevaliers Teutoniques. V^jfz. Mergen-
theim , qui efl le vrai nom de Mergatheim (a) Vcrtot ,
hiftoire de Malte , t. 1. p. 232. Se fuiv. (b) tuntaleon,
1. 3 p. 85.
MARGI Horreum. Corneille dit que c'eft le nom
latin de Guardia dans la Servie.
MARGIANE , ( La ) pays d'Afie , le long de la rivière
Margus qui lui donnoit ce nom. Ptolomée la décrit
ainfi , /. 6. c. io. Elle eft bornée au coixhanr par l'Hyr-
canie ; au nord par l'Oxus depuis fon embouchure jus-
qu'à la Bactriane ; à l'orient par la Baetriane elle-
même , le long des montagnes ; Se au midi par l'Arie Se
par les monts Sariphes. 11 y met les peuples fuivans,
Derbic.i£ , MassagetvE , Tapori
ou
Parni, Daje, Tapuri.
Les places de cette province font les fuivantes,
Ariaca , Aratha , Jafonium , Antioche ,
Sina, Argadina, Rhea, Guriane, Nicée.
Pline dit de la Margiane , qu'elle eft dnns la plus belle
expofition du monde ; que c'eft le feul pays eie ces can-
tons qui porte des vignes, qu'elle eft entourée de mon-
tagnes délicieufes , qu'elle a quinze cens ftades de tour,
que l'entrée n'en eft pas facile à caufe des deferts de fa-
ble qui ont cent vingt mille pas d'étendue. Strabon parle
de même des ëéferts qui enferment ce pays II dit :
quant à fa fertilité pour le vin, les vignes y font affez
groffes pour qu'un homme puiffe à peine en embraf-
fer une , Se il y pend des grapes de raifin de deux
coudées de long. Ce pays fait aujourd'hui partie de la
Coraffanne ou du Khoraffan.
MARG1DUNUM, ancien lieu de la Grande Bre-
tagne fur la route de Londres à Lincoln , à Londinio Lin-
dum , entre Vercmentum qui eft Charnly Se ad Ponton ,
qui eft Eaft Bridgeford , à treize mille pas de la pre-
mière , félon Antonin Se à fept mille de la féconde.
Margidumtm eft aujourd'hui VTdoiighby on the Worlds ,
bourg de Nottinghamshire , aux confins de Leiceftershire.
Il eft auprès d'une monragne , Dunum. La marne , en
latin Marga , qui fert à fertilifer la terre , fe tire en abon-
dance entre ce bourg & Barrow en Leiceflershire. On
ne peut douter que Willoughby n'ait été habité par les
Romains; cela fe prouve par quantité de monnoies romai-
nes que l'on y a déterrées , outre qu'il y a encore tout
auprès un chemin romain. Ces remarques font de M.
Gale , in Ant. Itin. p. 101.
MARGIS. Voyez.MAKcvs 2.
MARGON1CA, autrefois ville , à prérenr village de
la Liburnie en Dalmatie. Il eft firué nié' du bourg d Or-
tofcharz. Baudrand, édit. 1705. ooit que c'eft lAr-
dotium des anciens. Voyez, ce mot.
MAR
MAR
MARGOSEST , ville de la Moldavie , fur U riviè-
re de Batdalach , félon Sanfon. On y cherche la Mar-
codava des anciens.
i. MARGOT , (Le Port) port de mer 8c canton de
l'Amérique d.uis l'ifle de S. Domingue , à la bande du
nord, entre le port François & la rivière du Borgne. 11
y a dans les terres une bourgade de ce nom.
2. MARGOT ( La rivière ) petite rivière de l'A-
mérique feptcntrionale , dans la Louifiane. Elle vient du
pays des Chicachas du côté d'orient , 8c fe rend dans
la rivière de Miïîiiîipi , à quarante lieues au-deflus de la
rivière des Akanfas , 8c feize lieues au-deiïous du fort
Prud'homme.
3. MARGOT ( Le port ) , petit port de la côte fep-
tentrionale de l'ifle Espagnole , à fept lieues au vent de
la Tortue , dans lequel il y a une petite ifle d'une lieue
de circuit, qui en fait la fureté. On y trouve depuis
douze jusqu'à quatorze brades, Ce port fut long-
tems une des plus ordinaires retraites des Flibuftiei s ;
& il y a aujourd'hui une bonne paroiffe dans ce quar-
tier.
MARGOZZA , petite ville d'Italie au Milanez, au
comté d'Anghiera fur le petit lac de Margoz.z.a, qui eit
environ à deux lieues de celui d'Orta.
MARGRAVIAT , forte de comté dans l'empire
d'Allemagne. Le prince qualifié margrave jouit des droits
de la fouveraineté dans fon étar. Dans l'origine de cette
dignité, le margrave , ou le marquis, étoit un comte , qui
veilloit à la fureté des frontières. Elle ell devenue héré-
ditaire comme tant d'autre->qui n'étoientquc perfonnelles,
&c même révocable au gré du fouverain , qui en grati»
fioit les grands a fa volonté. Il y a en Allemagne les mar-
graves de
Anfpâch, Burgow,
Bade , Courlach , Branche de Bade ,
Bareut ou Culmbach, Luface, & Mifnie.
Anfpach 8c Bareut font des branches d'une même
maifon dont une autre branche pofléde le royaume de
Prude 8c l'électorat de Brandebourg 8c autres Etats.
Bade Bade 8c Bade Dourlach font auiîi des branches
d'une même maifon qui efl: Bade. Le Margraviat de
Burgow cft à la maifon d'Autriche 8c n'a point d'autre
margrave que l'empereur. Ceux de Luface 8c de Mis-
nie font à l'électeur de Saxe.
MARGUERITE, (La) félon les Espagnols à qur
elle appartient, Santa Margarita, de las Caracas ,
ifle de l'Amérique .allez près de la terre ferme 8c delà
nouvelle Andaloufie , dont elle n'elt féparée que par un
détroit de huit lieues de large. Chtiftofle Colomb la dé-
couvrit dans le troifiéme voyage qu'il fit en 1498. vers
ces parties de l'Amérique. Herrera lui donne quinze
lieues de long fur fix de largeur, 8c le P. Labat trente-
cinq à quarante de circuit ;Oviedo , trente cinq. Sa ver-
dure en rend l'afpect fort agréable. Les habitans natu-
rels y étoient anciennement en très grand nombre. Il
n'y a presque point d'eau douce , on la va chercher en
terre ferme. L'ifle eit fertile, riche en pâturage, abon-
dante en maïs 8c en fruits ; on y trouve beaucoup de
bocages. La pêche des perles l'ayant rendue fort célè-
bre , on y bâtit un château fur le cap de l'Elt nommé
Monpatre. C'eft fous ce château que les Espagnols
viennent jetter l'ancre. La principale bourgade eit vers
le milieu de l'ifle. Le village appelle Makanao n'en eit
pas fort loin. L'ifle a un gouverneur particulier. Lors-
qu'elle étoit. en fon plus grand lultre, il y avoit force
barques qu'on employoit à pêcher les perles. Les Efpag-
nols fe fervoient de Nègres qu'on leur amenoitduCap
Verd , de Guinée & d'Angola , 8c qu'ils forçoient à plon-
ger par les châtimens qu'ils leur infligeoient , lorsqu'ils
s'en acquittoient lâchement. Il falloit plonger cinq ou
fix brades pour arracher de force les huitres attachées
aux rochers du fond , & par conféquent demeurer long-
tems fous l'eau , où ces malheureux étoient fort fouvent
eftropiés par les requiens. Ces difficultés , & Pépuifement
des perles qui n'étoient pas fort abondantes ont diminué
cette pêche dont le quint appartient au roi d'Espagne ,
de qui les Indiens habitants de l'ifle obtinrent la liberté
fout avoir reçu les Espagnols fans obitacle. Les Hollan-
95
dois prirent & raferenr le château en 1616. en empor-
tèrent le canon & pillèrent la ville. Depuis ce tems les
Espagnols fe font retirés en terre ferme , 8c cette ifle
n'elt plus habitée que par des Américains & quelques
Mulâtres qui font expofés aux pillages des Flibuftiers 8c
très fouvent enlevés»
MARGUM, ville de la haute Mœfie. Ce fut là que
Carin fils 8c fuceeûeur de l'empereur Carus fut aban-
donné par fon armée 8c livré à Dioctétien. Eutrope met
Margum entre Viminatium 8c Aureus mms. Toftea Ca-
rinum » dit cet auteur , omni odio & detfjiatione viventem
apnd Margum ingenti p> -œlio vicit, proditum ab exercittt
fuo quem forttorem habebat , certe defertum inter Vimi-
natium & Aureum montem. L'abbé de Marolles dans fon
hiiloire auguite , p. 755. dit Murgue ou Murgum , Se
cite Eutrope & Eufébe. C'en1, dit-il, une ville de la
Mcefie entre Viminaxe 8c un lieu appelle Aureus mons.
1 a notice de l'empire met au département de la première
Mœfie , fecl. 30. Auxilium Margenfe Mur go , 8c Prx-
ft ih.tr & militum contra Margum , in cafiris Augufto Fia-
vianenfibuu Elle étoit apparemment fur la rivière Mar-
gis ou Margus 2.
1. MARGUS , rivière d'Afie dans un pays qui en pre-
noit le nom de Margiane. Ptolomée, /. 6. c. 10. donne
à fa fource
à fa chute dans l'Oxus
Longitude Latitude
ioj d. o m. 39 d. o m.
102 d. 4c m. 43 d. 30 m.
Il lui donne deux fources , entre lesquelles Anriochc,
furnommée de la Margiane, étoit firùée. Il fait tomber
dans ce fleuve une autre rivière qu'il ne nomme point ,
mais qui venoit des monts Sariphes.
2. MARGUS , ancien nom de laMorava , rivière de
la Servie , félon de l'ifle 8c le P. Hardouin. Elle eft
nommée Margis par Pline , liv. 3. chap. 26. qui dit
fort pofitivement qu'elle venoit de la Dardanie. C'eil fur
ces bords qu'étoient borrea Margi, les magazins du
Margus ; cependant CeUanus, geogr. ant. I. 2. c. 8. p. 573.
dans fa carte laifiè cette rivière anonyme, après y avoir
pourtant très-bien placé horrea Margi , 8c donne le nom
de Margus à un ruifleau qui tombe plus haut dans le
Danube. Mais ce ruifleau qui n'a qu'un cours très-borné,
n'a rien de commun avec la Dardanie , 8c par confé-
quent ce ne fauroit être le Margis de Pline. La table
de Peutinger fournit une route où l'on pafle le Margus. La
Morave fe partage en deux branches, dont l'une le jette
dans le Danube à Semendria , & l'autre entre Coulitz 8c
Rham. On voit bien que le Margis de Pline eit le Mos-
chius de Ptolomée, /. 3. c. 9. eitropié dans les cartes qui
accompagnent fon livre. Une des branches du Moschius
fe perdoit près de Viminacium , l'autre fe détournoit pour
fe perdre à Tricornium ; s'il étoit vrai ce que Cellarius
fuppofe , que le Moschius de Ptolomée fe jettoit auprès
de cette ville dans le Danube , en quoi il fe trompe dou-
blement ; carie mot divertitur , wrçlwçrsy qu'il explique
par/f répandre , ne fignifie point cela. 11 veut dire le dé-
tour que prenoit cette branche pour fe rendre , non past
à tricornium dont Ptolomée vient de parler , mais à Vi-
minacium , qu'il nomme immédiatement apiès. Voici le
pafllige , félon la verlion latine ordinaire :
Juxta Daniibium autem amnem civitates hœfuot ,
§ingindunum , 4J d. 30 44 d. 30
Tricornium , 46 d. 44 d. 30
Juxta quant cliver titur Moschius f.uvhts ,
Viminacium t 46 d. 30 44 d. 20
1. MARIA. Voyez.MARZA & Mareotis.
2. MARIA ( Cap de Donna ) cap de l'Amérique fep-
tentrionale , dans la partie occidentale de l'ifle S. Domin-
gue , la plus proche de la Jamaïque , 8c au midi du grand
cul-de-fac de la Mer du nord. C'elt la reflburce ordi-
naire des vaifleaux de guerre, lorsqu'ils ont befoin d'eau ,
8c de bois.
MARIABA , ville de l'Arabie Heureufe. Elle etoit ,
félon Pline, 1.6. cap. 28. la capitale de plufieurs peu-
ples ; des Sabéens & des Atramites ; mais , comme le
remarque le P. Hardouin , ce nom étoit commun à
plufieurs villes qui avoient encore d'autres noms pour
o6 MAR
les diftinguer. Celui de Mariabc vouloir dire une efpece
de métropole, une ville qui avoir la fupériorité fur les au-
tres. Ainfi Pline donne aux Calinges une Mariaba en ex-
pliquais ce nom : Calingii quorum Mariaba oppidum
fignificat dominos omnium. Le P. Hardouin dit que ce
mot n'eft plus d'ufage en ce fens-la dans l'arabe d'au-
jourd'hui. Cela fe peut ; mais dans le chaldaïque & dans
le fyriaque NHO >î10 fignifient feigne nr , maître. Pline au
même endroit parle d'une ville d'Arabie nommée aufli
Mariaba, mais on la nommoit aufli Baramalacum,
pour la diftinguer des autres Mariaba.
, 1 f Marienberg ,
M , r Voyez, s Marienbourg ,
MAR
MARI^.BERGA
MARIiEBURGUM
MARI/ECELLA
^-Marienzel.
MARLE Terra. Voyez. Mariland.
MARIAGER , petite ville du royaume de Danemarck
au Jurland. Quelques-uns écrivent Mariaker. Elle eft
fituée au diocèfe d'Arhuys , au fond d'une baie dent l'en-
trée eft au Kategat , Se qui s'enfonce vers le couchant
d'été à quatre milles au midi de l'entrée d'Albourg , Se
autant à peu près de Stevenshoofr. * Hermanid. Dun.
deferipr. p. 769.
MARIAME , ville ancienne de Phœnicie dans la
Cafliotide , félon Ptolomée , /. 5. c . 1 j. Elle elt nommée
MARiAMMEpar Arrien, de exp. Alex. I. 2. & Mariam-
mia par Etienne le géographe. Pline, /. 5. c. 23. en ap-
pelle les habitans Mariammitani. Elle étoit épiscopale,
&,comme relie, nommée entre les fiéges de la féconde Sy-
rie ; Mariammé dans la notice de Léon le Sage & Maria-
nte Ma.play.ii dans celle d'Hiérocles.
M ARI AN, uâftdv perfodijfe AmafîmJEçypti regem [cri-
bit Tatianus adversks Gr&cos. C'eft-à-dhe , Tatien dans
fon livre contre les Grecs écrir qu'Amafis roi d'Egypte
perça Maria. Cette remarque eft d'Ortelius , Thejaur.
qui avoue que ce lieu lui eft inconnu. 11 étoit pourtant
aifé, ce me femble , de l'expliquer. Le lac Maria , Marea
n'avoit anciennement aucune communication avec le Nil.
Amafis creufa un canal qui fit que leurs eaux fe commu-
niquèrent ; de voilà ce que Tatien vouloit nous appren-
dre , à ce qu'il me femble.
i.MARIANA, ville & colonie Romaine de l'ifle de
Corfe. Cellarius , /. 5. c. 13. croir que c'eft la Nic/Ea de
Corfe , nommée par Etienne le géographe & par Diodore
de Sicile , qui dit qu'elle fut fondée par les Etrusques.
Quoi qu'il en foir , ce fut Marins qui mena une colonie
dans le lieu qui fut enfuite nommé , à caufe de lui , Ma-
riana colokia, comme Sénéquc , de Confol. ad Hel.
c. 8. Se Pline , /. 3. c. 6. le marquent bien expreflement.
Antonin la met à quarante mille pas d'Aleria. Elle eft
d'ailleurs fort aifée à retrouver , puisqu'on en voit encore
aujourd'hui les ruines qui portent fon nom. Elles font dans
la partie feptentrionale de l'ifle , à trois milles de fa côte
orientale. Elle a été épiscopale, Se l'on trouve dans le con-
cile de Latran, tenu fous le pape Martin ,1'évêque Donar,
Donatus Marianenfis episcopus. Son églife cathédrale eft
encore de bout, mais en forr mauvais êtar. Son évêque
qui l'eftauflÎD'AcciA, réfide à la Baftie, ville fituée à quin-
ze lieues de-là vers le nord."* Baudrand ,éd. 170J.
2. M ARIANA. C'eft ainfi que dans le moyen âge on a
appelle la partie feptentrionale de l'ifle de Corfe , à caufe
de la ville de Mariana qui y eft fituée.
3. MARIANA Castra Se Marianus arcus , nom
latin de Camariano , village d'Italie au Milanez.
4. MARIANA Villa ou Marianum , noms latins
de Mariano dans l'Etat de l'Eglife. On tient que c'eft l'an-
cienne Ferentinum.
MARIANDYNI , ancien peuple d'Afie dans la Bi-
thynie -, Ptolomée écrit Mariandini , Il étoit aux
environs d'Héraclée, entre la Bithynie Se la Paphlagonie ,
& donnoient le nom au golfe où tombe le fleuve Sangar.
Quelques-uns ont écrit Mariandeni, & Etienne le géo-
graphe nomme Mariandynia regio le pays qu'il habi-
toit. Cetauteur Se Euftathe fur Denys le Périegéte , vers
788. croient que ce peuple prenoit fon nom d'un certain
homme dTEolie, nommé Mariandynus ,- mais Strabon dit
fur l'autorité de Théopompe , que ce Marïandynus étoit
maître d'une partie de la Paphlagonie Se envahit ce can-
ton fur les Bébrices , Se lui donna fon nom après la con*1
quête. Sur ce pied-là le pays des Bébrices Se la Mariandy-
nie auroient été fucceflivement le nom d'un même pays,
Se les Mariandyni feroient un mélange des Paphlagons &
des Bébrices. Strabon , /. 12. p. 542. ajoute que les Ma-
riandyni n'ont aucune différence qui les diftingue, mais
qu'ils reflemblent entièrement aux Bithyniens , de forte
qu'ils paroiflent comme eux venus de Thrace. Les Milé-
fiens ayant bâti Héraclée mirent fous le joug les Marian-
dins, anciens habitans.de cette contrée, Se les vendirent com-
me esclaves , mais fans les envoyer hors du pzys.*Xenopb.
Cyr. exp. 1. C. Herod. 1. 3 . c. 90.
MARIANES ( Les Isles ) ou les isles das Vêlas ;
ou les Isles des Larrons , ifles de l'Océan oriental à
l'extrémité occidentale de la mer du fud , environ à qua-
tre cens lieues des Philippines. L'espace qu'elles occupent
eft d'environ cent cinquante lieues , depuis l'ifle de Gua-
han ou Guam , qui eft la plus grande Se la plus méri-
dionale, jusqu'à Urac , qui eft la plus proche du Tropi-
que. Magellan les découvrit. Quelques auteurs écrivent
qu'on les nomma Isles des Larrons , parce que les ha-
bitans voloient dans les vaifleaux des Espagnols tout ce
qu'ils pouvoient attraper. On les nomma aufli Das Vê-
las , parce qu'il y avoir un grand nombre de barques
qui alloient à la voile & qui vinrent au devant des Espa-
gnols. Michel Lopes de Legaspi en prit pofleflïon le pre-
mier , au nom de Philippe IL roi d'Espagne en ij6f.
lorsqu'il alloit avec quatre vaifleaux Se une frégate pour
la conquête des Philippines ; mais il n'y mit point de
garnifon , Se n'y bâtit point de fort ; on n'y envoya pas
même de millionnaires, parce qu'on les croyoit inutiles
dans un pays dont les habitans s'enfuioient dans leurs
boisa l'approche d'un Espagnol. En 1665, les Jéfuires
qui y abordoient quelquefois, foit en allant à leurs mif-
fions des Philippines, foit en revenant, propoferent à la
reine douairière d'Espagne , Marie-Anne d'Autriche,
veuve de Philippe IV , Se mère de Charles IL d'y en-
voyer des prédicateurs. Elle y confentit , Se fongea à ac-
quérir ces ifles à Jefus Chrift Se à la monarchie espa-
gnole en même-tems. Le gouverneur de Manille eut or-
dre d'armer un nombre furfifant de vaifleaux Se de fol-
dats pour la conquête de ces ifles , Se emmena avec lui
des Jéfuites. Les Espagnols furent maîtres en peu de
tems de l'ifle d'YGUANA Se de celle de Serpana , Se con-
tinuant leur conquête fans beaucoup de peine , ils les fub-
juguerent toutes depuis Yguana , jusqu'à celle où eft le
Volcan. Le P. le Gobien qui a fait une hiftoire de ces ifles
les décrit ainfi : Quoiqu'elles foient fous la zone Torride,
le ciel y eft toujours beau Se fercin ; on y refpire un air
pur, Se la chaleur n'y eft jamais exceflive ; aufli ces peu-
ples vivenr très-long-tems fans être malades ; Se quand il
s'en tencontre quelqu'un , ils le guériflent avec des her-
bes dont ils favent la vertu. On ne fait en quel tems
on a commencé d'habiter ces ifles , ni de quel pays font
venus les peuples qu'on y a trouvés. Comme ils ont à
peu près les mêmes inclinations & les mêmes idées de la
noblefle que les Japonois , quelques-uns fe font imagi-
nés qu'ils venoient du Japon, qui n'eft éloigné des ifles
Marianes que de fix à fept journées. Les autres fe per-
fuadent qu'ils font fortis des Philippines avant que les
Espagnols s'en fuflent rendus les maîtres. Ce qu'il y a
de certain , c'eft que ces ifles font extrêmement peuplées.
Quoique celle de Guahan n'ait qu'environ quarante lieues
de circuit , elle renferme plus de trente mille habitans.
Voyez Guam. Il y en a un peu moins dans celle de Say-
pan , Se dans les autres à proportion. Les montagnes
chargées d'arbres presque toujours verds , & entrecoupées
d'un grand nombre de ruifleaux qui fe répandenr dans
les plaines Se dans les vallées, rendent ce pays très-agréa-
ble. On y trouve un grand nombre de villages, rant dans
les plaines que fur les montagnes; il y a jusqu'à 150 mai-
fons dans quelques-uns. Avant que les Espagnols euflent
paru dans ces ifles, les habitans féparés de toutes les na-
tions par les vaftes mers qui les environnent , ignoraient
entièrement qu'il y eût d'autres terres , & manquoient
de la plupart des chofes qui paroiflent néceflaires à la
vie. Ils n'avoienr pour tous animaux que quelques oî-
feaux fcmblables à peu près aux tourterelles, Se ils les
apprivoifoient en leur apprenant à parler , fans en faire
leur.
MAR
MAR
leur nourriture. Ce qu'il y a de furprenant , c'eft qu'ils
n'avoient jamais vu de feu , & quand ils en virent la pre-
mière fois , ils le regardèrent comme une espèce d'animal
qui s'attachoit au bois & s'en nourriffoit. Les premiers
qui en approchèrent de trop près s 'étant brûlés , en don-
nèrent de la crainte aux autres qui n'oferent plus le re-
garder que de loin , de peur , difoient-ils , d'en être mor-
dus, ou d'être bleffés par la violente refpiration de cet
animal. On leur fît connoîrre leur erreur , 8c en peu de
rems ils s'accoutumèrent à fe fervir du feu comme nous.
Ils font ba fanés ; mais leur teint eft d'un brun plus clair
que celui des habirans des Philippines. Leur taille eft
haute , & leurs cotps font bien proportionnés. Quoiqu'ils
ne fe nourriffent que de poifïbns , de racines & de fruits,
ils ont tant d'embonpoint , qu'ils en paroiffent enflés ;
mais cet embonpoint ne les empêche pas d'être fouples
ik agiles.
Les hommes font entièrement nuds , les femmes ne le
font pas tout-à-fait , 8c font confifier la beauté à avoir les
dents noires] 8c les cheveux blancs. Ainfi une de leurs
grandes occupations , c'eft de fc noircir les dents avec de
certaines herbes , & de fe blanchir les cheveux à force de
fe laver avec des eaux préparées pour cet ufage. Elles
les portent fort longs , les hommes fc les rafent presque
entièrement , 8c n'en laiffent qu'un petit floccon au haut
de la tête de la longueur d'un doigt , à la manière des Ja-
ponois.
Leurs maifons font bâties de bois de coco , & de bois
de maria, qui eft un arbre particulier à ces ifles. Il y a
dans chaque maifon quatre appartemens , féparés par des
cloifons faites de feuilles de palmiers , entrelacées en for-
me de natte, Le toît eft de la même matière. Ces appar-
temens font propres , 8c ont chacun leur ufage. On cou-
che dans le premier , on mange dans le fécond , on ferre
le fruit & les autres provifions dans le troifiéme, 8c le
quatrième lerr à travailler. Ces infulaires vivent tous dans
une indépendance abfolue. Chacun eft maître de Ces
actions, les enfans ne reconnoiffent leur père 8c leur
mère que félon qu'ils peuvent en avoir befoin.
Les hommes ont la liberté de prendre autant de femmes
qu'ils veulent , pourvu qu'elles ne foient point leurs pa-
rentes ; mais la coutume eft de n'en avoir qu'une , 8c
même le mariage n'eft point parmi eux indilToluble , il ne
dure qu'autant que les deux parties font contentes l'une de
l'autre ; mais de quelque côté que vienne la féparation ,
la femme ne perd rien de fes biens. Ses enfans la fuivent ,
& confiderent le nouveau mari qu'elle prend comme s'il
ctoit leur père. Si la mauvaife conduite d'une femme
donne fujet à fon mari de s'en plaindre , il peut ôter la
vieà l'amant i mais il ne lui eft pas permis de la maltraiter,
8c tout ce qu'il peut faire, c'eft de fe féparer d'elle. Tant
que le mariage fubfifte , la femme a toute l'autorité dans
la maifon , 6c le mari ne peut difpofcr de la moindre
chofe, à moins qu'elle n'y confente. Ce qu'il y a de plus
rigoureux, c'eft que Ci elle eft convaincue qu'il ait des atta-
chemens qui le rendent infidèle , elle l'apprend à toutes
les femmes du village qui s'avancent vers la maifon du
mari dont on fc plaint , défolent fes terres , arrachent
fes grains , dépouillent fes arbres de leurs fruits , 8c font
par-tout un dégât terrible. Elles fondent enfuite toutes
enfemble fur la maifon , & fi le mari n'a pas pris la fuite ,
elles l'y attaquent & le pourfuivent jusqu'à ce qu'elles
l'ayent contraint de l'abandonner. Une femme dégoûtée
de fon mari , n'a qu'à dire à fes parens qu'elle ne peut plus
vivre avec lui , ils vont auiîi-tôt à la maifon de ce mal-
heureux époux , la pillent , la faccagent , 8c emportent
tout ce qu'ils trouvent. Il eft encore bienheureux quand
ils ne l'abatten: point. Cet empire des femmes fur les ma-
ris , eft caufe qu'une infinité de jeunes gens ne fongent
point à fe marier. Ils louent ou achètent des filles qui leur
font données par leurs parens pour quelques morceaux de
fer, ou d'écaillé de tortue. Ils les mettent dans des mai-
fons communes à cette jeuneffe, qui vit avec elles dans un
libertinage qui fait de la peine à ceux de la nation qui ob-
fervent quelques régies.
Ces infulaires aiment fort la joie 8c le plaifir , 8c fe
raillent agréablement les uns des autres. Ils s'affemblent
même affez fouvent , fe régalent de poiffon , de fruits 8c
d'une certaine liqueur qu'ils font avec du coco râpé 8c du
riz. Ils fe divertiffent à danfer, à courir , à fauter ôc à
97
lutter » afin d'éprouver leurs forces. Ils fe plaifenr a ia-
conter les aventures de leurs ancêtres , 8c à réciter les vers
de leurs poëtes,qui font pleins de fables & d'extravagances.
Un po'ete chez eux eft un homme admirable , 8c ce titre
feul lui attire le rcfpect de toute la nation.
Les femmes ont aufli leurs parties de divertiffement où
elles viennent parées. Ces parures confiftent en des co-
quillages , de petits grains de jais , de morceaux d'é-
caille de tortue qu'elles laiflênr battre fur leur front
en forme de pendant d'oreille. Elles y entrelacent des
fleurs , 8c ont des ceintures de petites coquilles , qu'elles
regardent comme un très-grand ornement. Elles y atta-
chent de petits cocos fort proprement travaillés , 8c ajou-
tent à ces diverfes parures de certains tiffus de racines
d'arbres dont elles s'habillent ces jours-là. Ces tiffus ref-
femblent plutôt à des cages qu'à des habits , tant ils font
gtoiTicrs. Dans leurs affemblées elles fe mettent douze ou
treize en rond , debout 8c fans fe remuer. Dans cette atti-
tude elles chantent les vers fabuleux de leurs poètes avec
beaucoup de juftefte. L'accord de leurs voix ne cède rien
à la mufique la mieux concertée. De petites coquilles
qu'elles tiennent dans leurs mains font l'effet des cafta-
gnettes. Leur action vive dans leurs chants , & leurs
geftesexpreffifs , joints à la manietedont elles foutiennenc
leurs voix , ont de quoi charmer.
La vengeance eft une des partions les plus fortes de ces
peuples. Quand ils fe croient offenfés , ils font fi habilles
en l'art de diffimuler , qu'ils renferment dans leurs cœurs
toute l'aigreur du reffentiment qui les anime , en forte
qu'ils pallcnt deux ou trois ans fans en laiffer rien paroître
au dehors , jusqu'à ce qu'ils aient trouvé l'occafion de fe
fatisfaire. Alors ils fe livrent à tout ce que la vengeance
peut infpirer de plus violent. Us s'irritent aifément 8c
courent aux armes , mais ils les quittent avec la même
facilité qu'ils les ont prifes, & jamais leurs guerres ne
font de longue durée. Ils ne font pas naturellement bra-
ves , 8c quand ils fe mettent en campagne , ils jettent de
grands cris, à la manière des barbares , plutôt pour s'ani-
mer eux-mêmes, que pour effrayer leurs ennemis. Ils
marchent fans chef, fans discipline 8c fans ordre, 8c
n'ont ni arc , ni flèches , ni épées. Ils fe fervent de bâtons
faits en forme de traits ou de lances , 8c les armes n'ont
pas de fer , puisqu'ils n'en font point ufage ; mais du plus
gros os de la jambe , de la cuilTc ou du bras d'un homme»
Ces os qui fe terminent en pointe , & qu'ils travaillent
affez proprement , font fi venimeux par leur propre ver-
tu , que la moindre esquille qui en refte au corps d'un
blcffe , lui caufe la mort , avec des convulfions , des
tremblemens de tout le corps , des gr incemens de dents ,
8c des douleurs inconcevables , fans qu'on ait trouvé jus-
qu'à préfent aucun remède qui pût arrêter un poifon fi
prompt 8c fi fubtil. Ces barbares ont quantité de ces traies,
outre les pierres qu'ils fçavent lancer avec tant d'adreffe Se
de roideur , qu'elles entrent quelquefois dans le tronc
des arbres.
Ils ne portent aucunes provifions , cV demeurent quel-
quefois deux ou trois jours fans manger , uniquement at-
tentifs aux mouvemens de leurs ennemis , qu'ils tâchent
de faire tomber dans quelque piège. Ils n'ont aucunes ar-
mes défenfives , 8c ne parent les coups qu'on leur porte
que par l'agilité de leur corps. Auffi n'en viennent-ils aux
mains qu'à peine , 8c feulement pour ne pas avoir la hon-
te de fe retirer fans avoir rien fait. Deux ou trois hommes
tués, ou fort couverts de bleffures , décident de la vic-
toire. Ils prennent la fuite , & fe diflîpent en un moment,
fi-tôt qu'ils voient du fang répandu. Les vaincus envoient
promptement des ambaffadeurs & des préfens aux vièlo-
rieux , qui les infultenr 8c fe moquent d'eux par des chan-
fons infolentes 8c fatyriques.
Leur langue eft affez agréable , 8c a beaucoup de rap-
port à celle que l'on parle aux Philippines ce dans les ifles
voifines , qui eft la langue Tagale. La prononciation en
eft douce & aifée , 8c un de Ces agrémens , c'eft de trans-*
pofer les mots , 8c quelquefois même les fyllabes d'un
mot , ce qui caufe fouvent des équivoques qui plaifent
fort à ces infulaires.
Quoique dénués de toutes les commodités de la vie , 8c
plongés dans la plus profonde ignorance , ils fe regardent
comme la nation la plus fage , la pins polie & la plus fpi-
rituelle qu'il y ait au monde. Ainfi tous les autres peuples
Tom. IV. N
MAR
9*
leui font pitié , & ils n'en patient qu'avec mépris.
Il y a parmi eux trois états, la nobleflc , le peuple Se
les gens d'une condition médiocte. La noblefle tient le
peuple dans un abbaillement incroyable , Se fa fierté va fi
loin , que ceft non feulement une infamie à un noble,
mais un crime , de s'allier a une fille du peuple. Avant
qu'ils fuflent Chrétiens , tous les parens de celui qui avoit
fait , ou par intérêt , ou par amour, une fi lâche démar-
che , s'étanr afiemblcs, en lavoient la honte d'un commun
contentement dans le fang du criminel. Ceft auiïï une
chofe puniflable dans le peuple que d'approcher de la mai-
fon ou de la perfonne d'un noble. On appelle Cbameris
en ce pays les plusconfidérables de la nation. Si l'un d'eux
fouhaite quelque chofe d'un payfan , il faut qu'il le de-
mande fans s'en approcher, & il croiroit fa maifon des-
honorée , fi quelqu'un du peuple y avoit bu ou mangé.
Quoique ces inlulaires foient barbares Se grofliers , les
Chumorris ne lahTent pas d'avoir quelque politerte.
Quand ils fe rencontrent , ou qu'ils partent les uns de-
vant les autres , ils fe faluent en difant : Ail Arimno , ce
qui veut dire , Permettez-moi de vous buijer lespiedj. Si
un noble parte devant leur maifon , ils l'invitent à man-
ger , Se lui préfentent d'une d'herbe qu'ils ont toujours à
la bouche , Se qui leur tient lieu de tabac. Quand ils veu-
lent faire honneur a quelqu'un , ils partent la main fur
leur eftomac. Ils regardent comme une grande incivilité
de cracher en la préfence d'une perfonne qu'on doit ref-
peéter. Aurti crachent-ils fort rarement , Se jamais pro-
che de la maifon d'un autre, ni même le matin. La no-
blefle la plus eftimée de toutes ces ifles , efi celle de la
ville d'AGADNA , capitale de Pifle de Guahan. Comme
la fituation de ce lieu efi avantageufe , & que les eaux y
font excellentes, les familles les-plus considérables s'y font
venues établir , Se l'on y en compte plus de cinquante
pour lefquelles on a de grands égards. Les nobles ont des
fiefs qui font héréditaires ; les enfans ne fuccedent point
aux pères , mais les frères Se les neveux du défunt , dont
ils prennent le nom , ou celui du chef de la famille. Cette
coutume qui paroit bizarre, efi: fi bien établie parmi ces
peuples, qu'elle ne caufe aucun démêlé. Les principaux de
la noblerte préfidenr dans les aflemblées ; mais quoiqu'on
les refpefte Se qu'on les écoute , chacun peut prendre
tel parti qu'il veut , fans déférer à leurs fentimens ; parce-
qu'on n'eft là fournis à aucun chef, ni artujetti à aucunes
loix.
La pêche , à quoi ils s'exercent dès l'enfance , efi leur
occupation la plus ordinaire. Ils font fi fouvent dans l'eau,
qu'ils nagent comme des poirtbns Les canots dont ils fe
fervent , tant pour pêcher que pour aller d'une ifle à l'au-
tre, font d'une légèreté furprenante. Ils les calfatent avec
uneefpece de bitume & de chaux qu'ils détrempent dans
l'huile de coco. Ils trouvent ce bitume dans 1 ifie d^ Gua-
han , & l'appliquent avec une grande adrefle. Ceft injus-
tement qu'on a nommé ces ifles Iflas de los Ladrones ,
paice que loin d'être voleurs , ils font entr'eux de fi bon-
ne foi , qu'ils laiffent leurs maifons ouvertes fans que per-
fonne vole fon voifin ; ils font naturellement libéraux Se
bienfaifants ; les Espagnols l'éprouvèrent en 1638. dans
le naufrage du vaifleau nommé la Conception. Ce peu-
ple prêta toute forte de fecours à ceux qui eurent le bon-
heur de fe fauver. Le commerce qu'ils ont avec eux &
avec d'autres Européens , les a tirés de l'erreur où ils
avoient vécu iusques-là , qu'ils étoient la feule nation
qu'il y eut dans l'univers ; mais comme les fables leur plai-
fent beaucoup, leurs poê'tes leur ont fait-là deflus des
fictions qu'ils regardent comme autant de vérités , parce -
qu'elles flattent leur orgueil.
Us prérendent que toutes les nations tirent leur origine
d'une terre de Pifle de Guahan , que le premier homme
en fut formé , qu'il fut changé en pierre , & que de cerre
pierre fortirent tous les autres hommes qui allèrent s'éta-
blir en divers pays , les uns en Espagne , les autres en
Hollande , Se d'autres ailleurs ; Se que ces hommes fe
trouvant éloignés de leur pays , oublièrent leur langue en
peu de rems, Se la manière de vivre de leurs compatriotes;
ce qui leur fait croire que fi les autres peuples de la terre
articule nt quelques mots , ils le font comme les fous , fans
s'entendre les uns les autres , & fans favoir ce qu'ils difenr
puisqu'ils n'entendent pas la langue qu'ils fe parlent en-
tr'eux , Se qu'ils s'imaginent être la feulp qui foit en ufàgc
MAR
dans le monde. Ils ne laiûent pas de croire que le mon-
de a commencé. Ce qu'ils difent fur cela eft rempli de
fables qu'ils chantent dans leurs artèmblees , félon que
leurs poètes les ont compofées en vers.
Avant qu'on leur fût venu prêcher l'évangile , ils n'a-
voient aucune idée de religion : ils étoient fans temples ,
fans autels , fans prêtres Se fans facrifices ; il y avoit feu-
lement pat mi eux quelques fourbes qu'ils appelloient Ma-
canas , Se qui fe méloient de faire des Prophéties. Ils
leur faifoient accroire que par l'invocation des Atritis ,
c'eil-à dire de leurs morts , donrils gardoient les crânes
dans leurs maifons , ils lavoient commander aux élémens,
rendre la fanté aux malades , changer les faifons , Se leur
donner une pêche heureufe Se une récolte abondante.
Ces infulaires n'adorent aucune divinité , Se ne bif-
fent pas pourtant d'avoir beaucoup de fuperftitions fur
ce qui regarde les morts.
Quand quelqu'un d'eux eft prêt à expirer , on met
une petite corbeille auprès de la tête pour recueillir fon
elprit , Se on le conjure , puisqu'il fe fépare de fon
corps , de vouloir bien fe placer dans cette corbeille
pour y faire fa demeure à l'avenir , ou du moins pour
s'y repofer quand il fe donnera la peine de les venir voir.
D'autres frottent leurs morts d'huiles odoriférentes , Se
les promènent par les maifons de leurs païens , pour
leur donner la liberté de choifir une demeure qui leur
convienne , & un lieu où ils puiflent fe repofer agréa-
blement quand ils voudront revenir de l'autre monde
pour rendre vifue à leurs amis. Ils croient l'immortalité
de Pâme , Se reconnoirtent même qu'il y a un paradis
Se un enfer. Ils appellent l'enfer 'Lararaquan ou la mai-
fon du Chciyfi , nom qu'ils donnent au démon qui
tourmente ceux qui ont le malheur de tomber en
fon pouvoir. Depuis qu'on leur a fait connoitre le feu,
ils difent que le Cbayfi a une foumaife ardente , où
il brûle les âmes comme nous faifons le fer , & où il
les bat inceflamment. Leur paradis eft un lieu déli-
cieux qu'Us prétendent être fous terre , & dont ils font
confifter toute la beauté dans des arbres de coco , dans
des cannes de fucre , Se dans les autres fruits qu'ils
difent y être d'un goût merveilleux. Ce n'eft , lelon
eux , ni la vertu ni le crime qui conduit dans ces
lieux. Tour dépend de la manière dont on fort du mon-
de •, fi c'elt par une mort violente , on eft renfermé dans
le Zararaquan , Se ù c'eft par une mort naturelle ,
on va jouir dans le paradis des arbres Se des fruits qu'on
y trouve en abondance. Ces peuples font perfuadés
que les efprits reviennent après la mort , Se fe plaignent
d'être maltraités par des fpeétres qui les éliraient ter-
riblement. C 'eft ce qui leur fait avoir recours à leurs
Amtu , moins pour en obtenir quelque grâce ,
que pour empêcher qu'ils ne leur fartent du mal. La
même rai fon leur fait garder un profond filence dans
leurs pêches , Se faire de longs jeûnes , de peur que les
âmes de leurs morts ne les tourmentent ou ne les
épouvantent la nuit dans leurs fonges , auxquels ils ajou-
tent beaucoup de foi. Ils verfenr des rorrens de larmes
quand ils enterrent quelqu'un , & font des cris capables
de pénétrer de douleur les plus endurcis. Us demeurent
long tems fans manger : leur deuil dure fept ou huit
jours , Se fouvent plus. Ils le proportionnent d'ordi-
naire à l'afieétion qu'ils avoient pour le défunt, ou aux
grâces qu'ils en ont reçues. Tout ce tems fe parte en pleurs
Se en chants lugubres. Comme on élevé toujours un tom-
beau fur le lieu où le corps eft enterré , ils le chargent de
branches de palmiers , de fleurs , de coquillages Se de
tout ce qu'ils ont de plus précieux ; Se vont faire des
repas autour. La douleur des mères qui ont perdu
leurs enfans eft inconcevable. Tour leur foin eft de l'en-
tretenir : elles coupent quelques cheveux de leur enfanc
mort Se les gardent chèrement. Elles portent une corde
autour de leur cou , Se y font autant de nœuds qu'il y a
de nuits qu'elles ont perdu ce qu'elles pleurent. Si la
perfonne qui meurt eft du nombre des Lhxmorrïs , ou
fi c'ell quelque femme confidérable , alors leur affliction*
va jusqu à l'excès , & ils entrent dans une efpéce de fu-
reur & de désefpoir. Us arrachent leurs arbres, brûlent
leurs maifons, rompent leurs bateaux , déchirenr leurs
voiles , jonchent les chemins de branches de palmiers , Se
élèvent des machines lugubres en l'honneur du mort. Si
MAR
MAR
c*eft quelqu'un qui fe foit rendu recommandable , ou paï
les aimes, ou par la pêche , qui font deux profeffions fort
diftinguées parmi eux , ils couronnent fon tombeau ou
de lances eu de rames, pour faire connoître fà valeur dans
la guerre, ou fon habileté dans la pêche.Si quelqu'un fe fait
remarquer par ces deux profeffions, on entrelace les lances
& les rames,& on lui en fait une efpécede trophée.Quànd
cesinfulaiies font dans la douleur, l'habitude qu'ils fe font
faite de chanter les fables de leurs poètes dans leurs jours
de fête, leur fournit dis expreiîîons vives Se élevées. Voi-
ci à peu près ce qu'ils difent dans ces fortes d'occafions.
Jiélas ! j'ai tout perdu , il n'y a plus de vie pour moi , ce
qui m'en refle ne fera plus qu'ennui C~ qu'amertume ; le
J'oleil qui m'animoh efi éclipfé ; la lune qui m'éclairoit s'efi
obscurcie ; l'étoile qui me conduifoit a difparu. Je vais de-
meurer enfeveli dans une profonde nuit, Qr abimé dans une
mer de larmes. Jt ne verrai plus ce qui fiijmt la joie de
jnon cœur & le bonhenr de mes jours. Qiioi ! la gloire de
nos guerriers , l'honneur de notre race, le héros de notre
nation n'ejlplus ,■ il nous a quittés , que deviendrons- nous ?
& comment pourrons-nous vivre? Ces lamentations du-
rent tout le jour , Se continuent pendant la plus grande
partie de la nuit, chacun tâchant de trouver des expres-
sions touchantes, dont ils aflaifonnent les louanges qu'ils
donnent au mort. Cette nation plongée pendant plufieurs
fiécles dans des ténèbres épaiffes , s'y trouvoit encore en
1665. quand le père San-Vitores Jéfuire & fes compa-
gnons arrivèrent à ces ifles, où ils furent reçus par les habi-
ïans avec de grandes démonstrations de joie.
Cependant Gemelli Carrcri, Voyages, t. 5. p. 294.
m'apprend que ce même père reçut la couronne du mar-
tyre pour avoir baptifé une petite fille fans la permiflîon
de fon père ; Se en 1696, que ce voyageur écrivoit,on
comptoit dix miflîonnaires que les infulaires avoient fait
mourir. Ce voyageur au refte décrit ces ifles, Se voici
pour leur fituation l'idée qu'il en donne.
Depuis l'an 1677. que les Espagnols ont fait ce voyage
en partant toujours entre ces ifles , ils ont trouvé qu'elles
formoient une chaine qui s'étendoit du nord au fud , c'eft-
à-dire , depuis l'endroit où elle commence , vis-à-vis de la
nouvelle Guinée , jusqu'au 36 deg. proche du Japon. Voici
le nom qu'on a donné aux ifles qui font découvertes ,
Ygu ana , ( ou Guam , ou Guahan ) au 1 j degré.
Sarpana ou Zarpane, au 14.
Buona-Vista, au 15.
Saespara , au 15 deg. 40 min.
Anatahan, au 17 deg. 20 min.
Guagai^, au 18.
Alamag^an , au 18 deg. 18 min.
Pagon , au 18 deg. 40 min.
Le Volcan de Grica , au 19 deg. 33 min.
Tinay Se Maug , au 20 deg. 4; min..
Urrac , au 20 deg. 55 min.
99
Les trois autres volcans ,
Le premier, à 23 deg. 30 min.
Le fécond ,824 deg. o min.
Le troifieme, à 2j deg. o min.
Pattos , à 25 deg. 30 min.
La Deconoscida , à 25 deg. jo m.
Maeabrigo, à 27 deg. 40 min.
La Guadalupe , à 28 deg. 10 min.
Les trois ifles de Tecia , découvertes le 23 Décembre
[1664 , par le galion le S. Jofeph , font depuis le 34 deg.
jusqu'à 36.
Ceft ce que l'on connoiflbit de ces ifles avant que les
idées que l'on avoit de leur pofition fuflent rectifiées par
le mémoire du père Van - Hamme , qui partit pour
aller prêcher l'évangile dans la Californie , ayant rencon-
tré fur la route un Jéfuite Espagnol , nommé le P. Mora-
lez , qui avoit été long-tems miflîonnaire aux ifles des Lar-
rons, entre i'Amérique& le Japon , apprit de lui le nom ,
la grandeur , la latitude Se les diftances de ces ifles dont
nos géographes n'ont eu jusqu'à préfent qu'une connoif-
fance très-imparfaite , car nous n'avons pas une feule carte
où elles foient nommées, & placées comme il faut. Ce
font les termes du père Gouye dans fon recueil d'obferva-
tions , public ayant les cartes de de l'Ifle qui en a profité.
Mémoire du P. Moralez Jéfuite,
touchant les Istns des Larron»,
ou de Marie-Anne.
La première & la plus méridionale des ifles des Larrons,
efi Guan ou Guahan. Elle a quarante lieues de four,
fa latitude en; feptentrionale de 1 3 deg. 2 j min.
La féconde Rota ou Sarpana, à fept lieues de Guahan.
Elle a quinze lieues de tour. Latitude 14 d»
La troifieme eft Aguigan ; elle a trois lieues de tour. La-
t^^e ^ 14 deg. 43 m.
La quatrième eft Tinian , à quatorze lieues de Rota. La-
titude 14 deg. 50 fec.
Elle a quinze lieues de tour. Les Espagnols l'appellent
Buena-Vista Mari- Anna, parce qu'elle eft fort
agréable.
La cinquième eft S aip an, à trois lieues de Tinian; elle
a vingt- cinq lieues de tour , & eft toute pleine de mon-
tagnes. Latitude 1; deg. 20 m.
La fixiéme eft Anatahan , à trente lieues de Sa'' pan 5
elle a vingt lieues de tour , Se eft pleine de montagnes.
Latitude 17 deg. 20 m.
La feptiéme eft Sarigan , à trois lieues d'Anatahan , elle
a quatre lieues de tour. Latit. 17 deg. 3 j. m.
La huitième eft Guguan, à fix lieues de Sarigan , elle a
trois lieues de tour. Latit. 17 deg. 45 m.
La neuvième eft Alamagan , à trois lieues Se demie de
Guguan : elle a fix lieues de tour. Un catalogue envoyé
à Rome la met à douze lieues , ( peut-être à douze mil-
les ) de Guguan., Latit. 1 8 deg. 20 m.
La dixième eft Pagon , à dix lieues d'Alamagan , elle a
quatorze lieues de tour. On y voit trois volcans ou
montagnes qui jettent du feu. Latit. 1 9 deg. o m.
Le catalogue envoyé à Rome, la met à feize lieues
d'Alamagan.
L'onzième eft Agrigan , à dix lieues de Pagon : elle a
feize lieues de tour. Le catalogue la met à douze lieues
de Pagon. Latit. 1 9 deg. 40 m.
La douzième eft Song-Son , à vingt lieues d'Agngan t
elle a fix lieues de tour. On y voit un volcan. Le cata-
logue ne marque point combien elle eft éloignée de
Pagon , parce qu'on ne le favoit pas encore lorsqu'il
fut envoyé. Latit. 20 deg. ij m.
La treizième eftTuNAS ou Maug , à cinq lieues de Song-
Son; elle eft compofée de 3 rochers qui font féparés
l'un de l'autre , Se ont chacun environ 3 lieues de tour..
Latitude 20 deg. 35 m.
La quatorzième eftURAC,àcinq lieues de Tunas; elle
n'eft point habitée , mais en récompenfe il y a un grand
nombre d'oifeaux. Latit. 20 deg. o m.
On n'a point fait encore aucune obfervation d'eclipfe
qui put fervir à déterminer précifément la longitude de
ces ifles; mais en joignant quelques obfervations d'éclipfes
faites en Europe Se dans l'Amérique , avec l'eftime des
pilotes , on peut en avoir une connaifiance fuffifante pouc
la fureté de la navigation.
Eni'année 16491e 18 Novembre, le P. François Bref-
fani de la Compagnie de Jefus , auffi bon mathématicien ,
que zélé miflîonnaire, obferva à. Québec une éclipfe de
lune dont ,
Le commencement fut après midi, 12 h. 12 m. o fec,
Immerfion totale 13 h. 3 o m. o fec.
La fin 16 h. 2 j m. o fec.
Le P. François Ruggi , de la même Compagnie , obferva
à Panama le commencement , 1 1 h. o m. o fec.
Donc Panama eft plus occidental que Québec de
1 h. 2 y m. o fec,
moyenne différence th. 1 8 m. o fec.
Les PP. Riccioli Se Grimaldi obferverent à Bologne l 'im-
merfion totale, 18 h. 4j m. jofec.
Donc la différence entre le méridien de Bologne & celui
de Québec, S h. ijm. fofec.
Donc la différence entre le méridien de Bologne Se celui
de Panama , 6 h. 3 3 m. 50 fec.
Paris eft plus occidental que Bologne de 38 m.
Donc la différence entre les méridiens de Paris & de Pa-
nama . s h. 5j m. jo fe&.
qui valent 88 deg. 57 m. o fec.
La longitude de Paris. 22 deg. ^o m. o fee.
Tom. IK N ij
ioo MAR
MAR
Donc Panama en éloigné du premier méridien en allant
d'orient en occident , 66 deê- 27 m. o fec.
Donc la longitude de Panama 293 deg. 3 3 m. o fec.
Par les navigations des Caftillans , des Anglois, Se fur-
rout de François Drac , Porto-Nativitad eft plus occi-
dental que Panama de 28 dcg. 1;. m. o fec.
Suivant les routiers Anglois & Caftillans rapportés par
Dudley au chapitre i<5 du liv. 2 de l'Arcano del Mare.
Le cap de San-Lucar de la Californie, eft plus occidental
que Porto-Nativitad de 7 deg. 15 m. o fec.
Donc la longitude de San Lucar eft 2; 8 deg. 3 m. o fec.
Suivant le routier d'un habile pilote Anglois , que Dud-
ley rapporte au ch. 9 du livre 2 de l'Arcano del Mare.
La différence en longitude entre le cap de San-Lucar de
la Californie Se de l'ifle de Guahan , 100 deg. 53 m o f.
Donc en plaçant le premier méridien à 22 deg. 30 m. of.
A l'occident'de Paris, la longitude de Guahan eft
157 deg. 10 m. o fec.
MARIANI. Voyez. Cernetani.
MARIANO, Voyez. Marino 2.
MARIANUM Promontorium , promontoire de
rifle de Corfe , félon Ptolomée , /. 3. c. 2. qui le place à
l'extrémité de la côte occidentale, en tirant vers le midi.
Il y joint aufli une ville de même nom. Cette ville n'eft
plus aujourd'hui qu'un village nommé Cafa Barbarica,
parce que les Sarrazins , qui s'en étoient emparés , l'avoient
fortifié. Le promontoire s'appelle à ptéfent il Capo di Cafa
Barb
arica.
* Baudrand, Dicl. édit. 1682.
MARIANUS Mons , montagne d'Espagne que Ptolo-
mée, /. 2. c. 4. place dans la Bétique. On convient que
ce font les montagnes de Sierra Morena. On lit Ariani
au lieu de Mariant dans quelques exemplaires de Pline ,
/. 3. c. 1. mais le père Hardouin, Not. & entend, ad l. 3.
a cru devoir lire Arenx. montes, comme portent l'édition
de Rome 8c celle de Parme. Il ajoute que le MS. de la bi-
bliothèque royale écrit Hareni montes , Se remarque que
le nom moderne las Areas Gordas , qu'on donne au pays ,
approche fort de celui du MS.
MARIAS. Voyez. Arapotes.
bâtirent la ville de Ticinum. Dans la fuite ils furent ap-
pelles Maringi, à ce que dit Merula ; ils avoient leur
demeure aux environs d'Alexandrie de la Paille -y ils y pof-
fédoient une ville nommée Maricum \ elle eft détruite.
Il y a feulement dans ces quartiers un château appelle Pe-
tra de Maricis. * Ortelii Thefatir.
M ARICO , ville de l'ifle de Tidor , l'une des Moluques.
Cette ville eft bien peuplée & aflez bien fortifiée. * Da-
vity , ifle des Moluques, p. 829.
MARICOUR, rivière de l' Amérique feptentrionale
dans la Nouvelle Fiance. Elle prend fa fource au nord du
lac des deux décharges , & fe rend dans la baie d'Hudfon.
On l'appelle aufli la rivière de Haquin. Son premier
nom lui a été donné pour honorer les exploits d'un des
frères du fieur d'Iberville capitaine de vaifleaux , Canadien
de naiffance » qui en 1686, & en 1690. chafla les Anglois
des poftes qu'ils occupoient dans la baie d'Hudfon.
MARICUS Mons , montagne d'Italie auprès de Suef-
famtm , félon Aggenus : ( a ) il la met aux environs de la
foret de Marica ; mais il faut lire , félon les apparences ,
( b ) Mafficus mons , au lieu de Maricus mons. (a) De li-
mitib. agror. (b) Ortelii Thefaur
MARIDE. Voyez Miride.
MARIDUNUM,ville de l'ifle d'Albion. Ptolomée,
/. 2. c. 3. la donne aux Demétes. On croit que c'eft au-
jourd'hui la ville de Caermarthen , c'eft la même ville que
l'itinéraire d'Antonin nomme Muridunum , d'autres pen-
fent que c'eft Scaton.
MARIE -FRED ou Mari^fred, ville de Suéde dans
la Sudermanie , fur la côte méridionale du lacMoïlerjà
l'orient de Stregnes. * De l'ifle , Atlas.
MARI -GALANTE , ifle de l'Amérique feptentrio-
nale , l'une des ifles Antilles françoifes ; elle eft fituée
par quinze degrés cinquante minutes de latitude. Les
François ( a ) l'ont habitée en 1648. comme elle étoit
fréquentée des Indiens , tant pour la pêche que pour l'en-
tretien de quelques petits jardinages, le gouverneur de la
Guadeloupe qui avoit deffein de peupler cette ifle , y fie
bâtir un fon. Il réprima ainfi les Indiens qui vouloienc
empêcher fon établiffement , Se qui avoient tué 20 hom-
MARIB ou Mareb , ( a ) ville de l'Arabie Heureufe
dans la province de l'Iemen , à trois ftations de Sanaa , Se mes qu'il y avoit envoyés d'avance pour découvrir peu à
félon d'autres à quatre ftations, & à l'extrémité des mon- peu le pays. Cette ifle , ( b ) après avoir été faccagée deux
quatre :
tagnes d'Hadramouth. C'eft une ville ruinée ; elle étoit
autrefois le fiége des rois de l'Iemen , nommés Thebabaïs.
C'eft auprès de Marib que fe voyoit une grande Se fa-
meufe digue , dont il ne refte plus que quelques veftiges.
Plufieurs géographes ( b ) croient que cette ville eft l'an-
cienne Saba, où regnoit Balkis,que nous appelions la reine
de Saba-, Se que cette ville ayant été détruite , Marib fut
bâtie de fes ruines, ou dans fon voifinage. Suivant Al-
Moshtarec le fondateur de Saba , étoit Saba , fils d'Yos-
hahab, ou Yech-hab , fils d'Yarab, fils de Kohtan, petit-
fils de Noé. ( a ) Abulfeda , Defcr. de l'Arabie, art. 32.
( b ) D'Herbclot , Biblioth. orient.
MARlBO , Habitacuhim Maria. , ancienne abbaye du
royaume deDanemarck, dans l'ifle de Laland.au nord
d'un lac. * Hermanides , Dania; Defcripr.
MARICA Silva, forêt d'Italie dans la Campanie. Vi-
bius Se S. Auguftin , de c'wit. Dei , difent que la nymphe
Marica y fut enterrée; Se Pomponius Sabinus remarque
fur le feptiéme livre de l'Ene'i'de, que cette forêt étoit dans
le voifinage de la ville Minturnœ, , vers l'embouchure du
fleuve Liris. Tite-Live,/. Ij.c. 37. dit, Marie*, lucusy
pour Marica Silva. Tous ceux du pays avoient pour ce
bois une fmguliere vénération , ( a ) Se ils obfervoient fur-
tout avec grand foin , de n'en laifler rien fortir de tout
ce qui y étoit entré. On prétend que cette nymphe Marica
fois parles Hollandois , fut prife en 1692. par les An-
glois, qui y exercèrent d'abord de grandes cruautés-, ils
les auroient continuées, fi leur général le fieur de Co-
drington n'étoit arrivé , & en reconnoifianec de la valeur
que le fieur Auger gouverneur de l'ifle avok fait paroitre
dans la défenfe du fort, n'eût caflé l'officier qui avoit
commandé en fon abfence. Ce général laifla le gouver-
neur maître de la capitulation, & le fit transporter à la
Martinique avec fes gens. Il ruina enfuite le fort qui
étoit auprès du bourg, dont les Anglois à leur arrivée
avoient brûlé les maifons. Lorsque la paix fut faite , les
François s'établirent de nouveau dans cette ifle.
L'ifle de Mari Galante eft aflez plate Se remplie de bois,
ce qui témoigne qu'elle feroit féconde fi elle étoit culti-
vée. Les cannes de fucre, l'indigo , le tabac Se le coton y
viennent en perfection. ( c ) Ce qui y manque , c'eft l'eau ?
car, quoiqu'il y ait quelques fontaines & des étangs, de
l'un desquels il fort un ruiffeau > il arrive quelquefois que
la fécherefle eft fi grande , que toutes ces eaux tariflent ,
Se fans le fecours des citernes , les habitans fouffriroient
beaucoup. 11 y a deux paroifles , l'une à la bafle Terre
proche le fort, Se l'autre à la Cabefterre, toutes deux
deffervies par les pères Carmes. II y a aufli un juge royal
Cette ifle fut ainfi nommée par Chriftophe Colomb qui la
découvrit en 1493. du nom du vaiffeau qu'il montoit.
natur. des Antilles , pag. 22.
étoit ia même que Circc. Ce qui s'obfervoit de ne laifler ( a) Rocbefort , Hift. natur. des Antilles, pag. 22. (b)
rien fortir de tout ce qui étoit entré dans ce bois facré , Labat, Voyage aux ifles françoifes de l'Amérique, t. 1.
pag. 47. (c) Corn. DicL Mémoires mamtfcriis du P.
Labat.
MARIEN. C'étoit un des cinq royaumes qui compo-
foient l'ifle Espagnole , lorsque Chriftophe Colomb la
découvrit. Barthelemi de las Cafas ne fait point difficulté
de dire qu'il étoit plus grand & plus fertile que le Portu-
gal-, il comprenoit toute cette partie de la côte du Nord ,
qui s'étend depuis l'extrémité occidentale de l'ifle où eft le
171. ( b ) Laclant. falfx Religion. L cap de S. Nicolas , jusqu'à la rivière Yaquc ou de Monte
Cbrifto ; Se Goacanorie roi de Malien faifoit fa réfidenec
pourroit en être une preuve. Cette coutume s'etoit fans
doute établie pour compatir à la douleur que la déeffr
avoit eue de ce qu'Ulyffe l'avoit quittée ; d'ailleurs Circé
fut appellée Marica après fa mort. ( b ) Il y avoit auprès
de ce bois un marais , nommé par Plutarque Marica Pa-
in des ; c'eft dans ce marais que Marius s'étoit caché, &
que les cavaliers que Geminius avoit envoyés à fa pour-
fuite , le firent prifonnier. ( a ) PUitarque , de la traduct.
de Dacier , t. 4. p,
1. c. 21.
MARICI , peuples d'Italie. Pline , /. 3. c. 17. dit qu'ils au cap François. C'eft de fon nom abrégé que les Espa-
M A R
MAR
gnols appellent encore aujourd'hui xe port Egaric. Ce
prince fît alliance avec Colomb qui avoit débarqué dans
fes états au port de S. Nicolas, & l'engagea à s'établir fur
fes terres. Colomb y bâtit un fort dans un endroit qu'il
avoit nommé Puertoreal , Se il donna à ce port le nom
de KiNavidad, parce qu'il étoit entré dansce port le jour
de Noël. Il y laifla trente-huit hommes fous la conduite
de Rodrigue de Arana, mais l'année fuivante à fon retour
d'Espagne, il trouva fon fort démoli par les Indiens, &
tous les Espagnols tués * Le P. de Charlevoïx , Hift. de S.
Domingue, t. i.
i. MARIENBERG, ville d'Allemagne, dans la Misnie
au cercle d'Ertfbourg , près d'Anneberg. C'eft une ville
moderne: elle fut bâtie en i j 1 9. ou IJ20. par Henri duc
de Saxe. Son territoire eft très-fertile : il rapporte en
abondance tout ce qui eft; néceflaire pour la vie à l'ex-
ception du vin. Les rues de la ville font fort propres, Se
les maifons bien bâties. Les églifcs Se la maifon de ville
ont auflî quelque beauté. Les riches mines d'argent qui
font aux environs, ont occafionné la fondation & l'ac-
croiflement de cette ville. Dans l'année 1639, les Sué-
dois la pillèrent.* Zeyler , topogr. Misnia?.
2. MARIENBERG , Maris, mon s , abbaye d'hommes
ordre de faiht Benoît , dans le Tirol, vers lesfources de
l'Adige, fur les frontières des Grifons.
1. MARIENBOURG, palatinat dans le royaume de
Prude. Il eft borné au nord, partie par la mer Baltique ,
partie par le Frifch Haff Se partie par la Natangie propre;
à l'orient par la Bartonie de la Galindie ; au midi par le
cercle d'Hockerland , Se à l'occident par le Palatinat de
la Pomerelle. Ses villes Se lieux les plus confidérables font,
Marienburg, Warmftat , Brauniberg,
Elbing, Helsperg , Melfac,
Werder, Guftat, Allenftcin ,
Heubt, Seeburg , Wartemburg.
2. MARIENBOURG, (a) petite ville des Pays-Bas
dans le Hainaut , au pays d'Entre-Sambie Se Meule. Elle
a été ainfi nommée par Marie reine de Hongrie , feeur
de Charles V , laquelle la fit bâtir par l'ordre de fon frère
en 1 J42. entre deux petites rivières , dont l'une s'appelle
Blanche Se l'autre Noire, à quatre lieues de Rocroi en
Champagne. Le terrein de cette ville appartenoit origi-
nairement au prince de Liège , qui l'échangea contre la
terre Se feigneurie de Héritai, fituée entre Liège Se Ma-
fhick, & céda de plus à l'empereur les droits de régale
Se de fouveraineté qu'il avoit fur le village de Fresne.
Henri II. roi de France , ( b ) prit cette place en 1 5^4 ,
& acheva de la bâtir Se de la fortifier; mais il la rendit
a Philippe IL roi d'Espagne,par le traité deChateau-Cam-
brefis l'an 1559. Cent ans après elle fur cédée a la France
par le traité des Pyrénées -, mais Louis XIV. la jugeant inu-
tile, la fit démanteler l'an 1673. Elle fut revêtue en
itfSi. d'une fimple muraille. La plupart de fes maifons
font détruites , Se les habitans logent dans des caféines
pêle-mêle avec les foldats. Il y a dans la ville un feul cu-
ré , & deux chapelains royaux. 11 y a un couvent de qua-
rante-deux filles de l'ordre du faint Sépulcre. Les habi-
tans, tous très-pauvres, font occupés les deux tiers de
l'année au travail des forges & fourneaux , à couper du
bois , à faire du charbon , Se à laver les minéraux de fer
qu'ils envoient dans les provinces de Flandres , d'Artois,
Cambrefis , Picardie Se autres , dont ils tirent les denrées
& marchandifes néceflaires à leur fubfiftance ; c'eft-là
leur plus grand commerce , outre un petit trafic avec les
troupes , qui les fait fubfifter. Les terres n'y produifent
qu'une espèce d'orge , qu'ils nomment du grain d'épeau-
tre, Se de l'avoine. Il y a un petit bois fur la jurisdiètion
de ce lieu appartenant au roi. Deux ruifleaux paflent de
chaque côté de cette ville , traverfent le pays de Liège Se
descendent dans la Meufe à deux lieues de Givet. Marien-
bourg n'a pour toute dépendance que le village de Frefne.
( a ) Diclion. géogr. des Pays-Bas. ( b ) Longuerue , De-
feription de la France , part. 2. p. 133.
MARIENBURG ou Margenburg, ville du royau-
me de Prufi"e , autrefois la réfidence du grand maître
de l'ordre Teutonique. Elle eft fituée fur un bras de la
Viftule appelle Nagot. Les chevaliers de l'ordre Teuto-
nique en furent les fondateurs : ils Pappellerent Marien-
bourg , à caufe d'une image miraculenfe de la fainte
Vierge. Elle eft à fix lieues de Dantzic , & à quatre d'El-
IOÎ
bing.Son territoire eft fertile Se bien cultivé. Ilyaungrand
pont de bois fur le Nagot. Le château , qui fut bâti avant la
ville, en 1281. étoit regardé comme une des plus fortes
places de la Chrétienté , Se fa magnificence égaloit fa
force. 11 eft en-deçà de la rivière , & renferme une grande
quantité de bâtimens. D'un côté il eft fortifié d'un triple
fofle : de l'autre, il eft défendu deplufieurs murailles flan'
quées détours. En 1410, Uladiflas V. roi de Pologne,
prit la ville fans pouvoir réduire le château, qui fut
encore aflîégé inutilement par les Polonois en 1420; mais
en 14J7 les chevaliers qui en avoient la garde, ne pou-
vant appaifer la garnifon qui n'étoit pas payée depuis
long-tems, le rendirent au roi Cafimir,.avec Gilau &
Dirschau, pour quatre cens foixante Se feize mille flo-
rins, félon Cromerus hiftorien de Pologne, livre 24.
D'autres diminuent la fomme de près de moitié. En
1626 , les Suédois fe rendirent maîtres de la ville Se du
château fans coup férir ; quelque tems après, douze mille
Polonois s'étant approchés de cette place , les Suédois al-
lèrent à leur rencontre, leur livrèrent bataille & en tuè-
rent plus de quatre mille. Cette place retourna par ac-
cord a la couronne de Pologne. * Zeyler, topogr. Pruma%
MARIENDALE , abbaye des Pays - Bas , au duché de
Luxembourg , à deux lieues de la ville de ce nom. * Di-
ction, géogr. des Pays-Bas.
MARIENFELD, abbaye de l'ordre de Citeaux dans
l'éveche de Munfter , au confluent de la rivière de Lut-
ter , Se de l'Ems.
MARIENHOTT , abbaye de filles , ordre de Citeaux,
en Weftpbalic dans le pays d'Iflel.
MARIENSTAL, monaftere de filles en Allemagne,
dans le duché de Magdebourg, fur la rivière de Bode.
MARIENSTAT ou Mariestad , petite ville de
Suéde dans la partie feptentrionale de la Weftrogothie
fur la rive orientale du lac Vener. Cette ville a pris fou
nom de Marie- Anne, femme du roi Charles IX. qui la
fit bâtir. Il y a à Marieftad un gouverneur , Se on v tient
tous les ans quatre foires.* De l'IJle , Atlas.
MAR1ENSTERN, abbaye de religieufes, ordre de Ci-
teaux , dans la Haute Luface à quatre lieues , Se au cercle
de Bautzen.
1. MAR1ENTHAL ou Mf.rgentheim, petite ville
d'Allemagne dans la Franconie , fur le Tauber , à fix milles
de Wurtfbourg , entre Konishofen Se Weickersheim. Son
château qui eft fur une hauteur qu'on nomme le Kitsberg
étoit le lieu ordinaire de la réfidence du grand-maître de
l'ordre Teutonique , pour l'Allemagne Se l'Italie. Ce
grand maître a été fubordonné à celui de Prufle , tant
qu'il y en a eu; Cette ville fut prife par compofition en
168 1. par les Suédois, qui étoient fous la conduite du
général Guftave Horn. Mais ceux-ci ne la gardèrent pas
Jong-tems : elle fut reprife en 1643. par les François, Se
le duc de Saxe-Weymar. Après avoir beaucoup foufferc
dans ces viciflîtudes, elle eft revenue à fes anciens maî-
tres. * Zeyler , topogr. Franconia?.
2. MARIENTHAL , Vallis Maria , monaftere de l'or-
dre de Citeaux en Allemagne dans les états de Brunswick.
11 a été fondé au XII. fiécle dans une forêt à une lieue
de Helmftat, Se changé aujourd'hui en monaftere pro-
teftant.
3. MARIENTHAL, abbaye de religieufes , ordre de
Citeaux , dans la haute Luface au cercle de Bautzen , à
quatre lieues de Zittau, entre cette ville Se Gorlits.
MARIENVALT, Silva beau Maria, abbaye d'hom-
mes , ordre de Citeaux , en Wcftphalie , dans le pays
d'Eiffel.
MARIENWERDER, ville du royaume de Prufle,
au cercle de Hocketland , dans la partie occidentale de
la Poméranie, fur la rivière de Nagot, dans l'endroit où*
la Licbe fe joint à cette rivière. Il y a un château & une
églife magnifique , où l'on voit quantité de tombeaux
des grands maîtres de Prufle. En 1460 , les Polonois fur-
prirent cette ville pendant la nuit Se la pillèrent. Le roi
de Suéde la prit en 1628, Se la reftitua à la paix.*
Zeyler , topogr. Pruflîa%
1. MARIENZEL , village d'Allemagne dans la Stirie ,
fur la frontière de l'Autriche fur le torrent de Saltz. Il eft
recommendable par le nombre des pèlerins qui y vonc
en dévotion à une image de la Vierge qu'on voit dans
l'églife de l'abbaye des Bénédictins. Cette abbaye eft ap-
102 MAR
MAR
pellée la gu:S&, * our la diftingucr d'une autre qui va
faire l'articlï qj.i uit.
2. MARÎEKZEL, Maria Cellenfîs , abbaye d'hom-
mes, ordre de %. Benoît ,dans la baffe Autriche, fon-
dée en 1336, dans la forêt de Vienne. Elle eil furnorn-
mée la petite, pour ladiftinguer de la précédente.
MARIES , ( Les trois ) pèlerinage dans la Provence
au diocèfé d'Arles. Ce lieu eil en grande réputation par-
mi les Provençaux , parce qu'on croit que c'eft le lieu
où les rrois Maries , lavoir , Magdeléne , Jacobé & Sa-
lomé , débarquèrent avec la tête de S. Jacques le Mi-
neur. Ce lieu eft dans la Camargue , à l'embouchure
d'un bras du Rhône. Il y avoit autrefois un temple de
Diane d'Ephèfe.
M ARIGERI , peuple de l'Ethiopie , fous l'Egypte , fé-
lon Pline , /. 6. c. 30.
MARIGNAN , petite ville d'Italie dans le duché de
Milan , entre Milan , Pavie & Lodi , presque à égale
diftance de ces trois villes. Ce fut aux environs de cette
place que le roi François I. défit les Suiffes en 15 15.
Il en tua feize mille, 8c fit priionniet Louis Sforce duc
de Milan. * Jaillot , carte du duché de Milan.
MARIGNANE, bourg de France dans la Provence.
Les Génois y viennent enlever des vins. Ce lieu a été
érigé en marquifat dans l'année i6jo. On croit qu'il a
pris fon nom de Maiius , qui y a campé long-tems avec
fon armée. Il y a un couvent de Minimes.
MARIGNE PRES-DAON , bourg de France dans
l'Anjou , élection de Château-Gontier.
1. MARIGNY, bourg de France dans la Norman-
die , à quatre lieues de Coutances & à deux lieues
de faint Lo- Ce marquifat vaut huit mille livres de
rente , en comptant trois ou quatre paroilTes qui
en dépendent. Il fe tient tous les Mercredis un mar-
ché dans ce bourg. On y vend une grande quantité de
fil & de toile.
2. MARIGNY , château dans le duché de Bar , pa-
foiffe de Sauxures.
1. MARIGOT. Ce nom fignifie en général dans les
ifles de l'Amérique un lieu où les eaux de pluie s'affem-
blent 8c fe confervent.
2. MARIGOT , canton de l'ifle de la Guadaloupe.
Il eft ainfi nommé , parce que dans fon terrein qui eil
vers les montagnes, il y a une plaine où les eaux de
pluie forment deux petits étangs très avantageux pour les
habitations de ce quartier ; car quoiqu'il y ait une rivière,
elle devient en quelque forte inutile , à caufe des hau-
tes falaifes qui la bordent. Il y a aufli une petite foutee
d'eau ; mais elle eft fi foible , qu'à peine peut-elle fuffire
à deux habitations qui font auprès.
3. MARIGOT , bourg & paroiffe de la Guadeloupe à
la Cabeftere , dans le canton qui lui donne fon nom , &
au fud-eft de la paroiffe de Goayaves. Ce bourg n'étoit
compofé en 1696 , que d'une trentaine de maifons ou ma-
gafins. Il s'eft bien augmenté depuis. Le marquifat de
fainte Marie en dépend. L'églife paroiffiale eft à trois
cens pas du bourg. Elle eit deffervie par des Jacobins.
Le terrein des environs eil uni depuis les montagnes qui
en font à quatre mille pas jusqu'à la mer. On y trouve de
la pierre de taille 8c des bois propres à bâtir.
4. MARIGOT , bourg & paroiffe dans l'ifle de la
Martinique à la bande du nord ; elle eit deffervie par
les Jacobins. Son églife paroiffiale eft à une petite lieue
du Fond faint Jacques , 8c eft dédiée à S. Paul.
MARIGLJES. Voyez. Maringues.
MARILAND, province de l'Amérique, entre le 37
deg. j min. & le 40 de latit. feptent. Elle eft aux An-
glois , 8c bornée au midi par la Virginie, dont la rivière
de Patowmeck la fépare, au levant par l'Océan Atlanti-
que 8c le golfe de la Warç , & au nord par la nouvelle
Angleterre & par la nouvelle Yorck , qui en faifoit au-
trefois partie. Du côté du couchant, elle a le vrai mé-
ridien de la première fource de la rivière de Patowmeck.
Le golfe de Chefopeack , qui eft navigable l'espace de
foixante & dix lieues, 8c par où les vaifTeaux entrent en
Virginie 8c en Marilancf, traverfe le milieu de cette pro-
vince , & reçoit les rivières de Patowmeck , Patuxend
Anne Arondel ou Severné & Sasque Sahangui , qui font
à fon occident, & celles de Choptanke , Nantecoke,
Pocomoke & pluficurs autres qui font au levant. Quoi-
que Mariland foit un pays plat , pour la plus grande
partie , il y a en divers endroits de petites montagnes 8c
d'agréables collines , qui font que la vallée en paroit en-
core plus belle. Le terroir en eft bon 8c fertile ; & l'on
y voir les mêmes bêtes fauvages 8c domeftiques , les mê-
mes oifeaux , poiflons , fruits , plantes , racines , gom-
mes , arbres & baumes que dans la Virginie. Le tabac y eft
eftimé de plus grand débit pour les pays étrangers , &c c'eft
le plus grand trafic qui s'y faffe. Les nanuels du pays
fe divilent par tribus , fans aucune dépendance les unes
des autres , 8c chaque tribu a fon roi particulier. Ils ont
le teint bafané , les cheveux noirs, plats 8c pendans, 8c
font hardis , d'affez belle taille 8c bien faits de corps.
Ils fe fervent fort adroitement d'arcs 8c de flèches. Ils
reconnoiffent un Dieu, mais fans croire qu'il pienne
aucun foin des chofes qui fe paffenr ici bas. Ils fe met-
tent peu en peine de leurs logemens qu'ils couvrent de
l'écorce de certains arbres , 8c ils font fort mal propres
en leur manger. Les chaleurs y font modérées l'été par
les vents 8c par les pluies : 8c l'hiver y eft de peu de du-
rée. Ce que les Anglois y habirent eft divifé en dix
comtés, cinq au levant du golfe, qui font, Cecil, Dor-
chefter , Kent , Sommerfet 8c Talbot , 8c cinq au cou-
chant du même golfe , favoir , Anne Arondel , Baltimo-
re , Calvert , Charles 8c fainte Marie , où eft la cour
fouveraine.
Charles I. roi d'Angleterre , donna la province de
Mariland à milord Baltimore , de la maifon de Calvert ,
pour lui & pour fes héritiers 8c fucceffeurs. Les lettres
patentes qui furent expédiées à ce fujer en 1632. por-
tent , qu'il eft créé , pour lui 8c pour fes héritiers, vrai 8c
abfolu feigneur 8c propriétaire, rendant pointant foi 8c
hommage au roi,& à fes héritiers & fucceffeurs , comme à
fes fouverains , avec plein potwoir d'établir & d'impofer
les loix , pour la police , pour la guerre , de faire la paix
& la guerre , de donner les grâces 8c pardon , de con-
férer les honneurs , de battre monnoie , & autres pré-
rogatives de la royauté ; à condition de payer annuelle-
ment au roi , fes héritiers & fucceffeurs , 8c de délivrer
au château de Windfor , deux jours après Pâques , deux
arcs d'Indiens , 8c de plus le quint de tout l'or 8c l'ar-
gent qui fera tiré des mines du pays. Cette province eft
nommée Mariland en l'honneur de Marie de France ,
époufe de Charles I. roi d'Angleterre.
La liberté de religion ayant été promife à tous les
Chrétiens qui voudroient aller s'établir à Mariland, dans
peu de tems il s'y eft rendu beaucoup de monde. On a
bâti en plufieurs endroits , entr'autres à Calverton , à Her-
rington , 8c à Harvey-Town , qui font des commence-
mens de villes avantageusement fituées pour le com-
merce. Sainte Marie eft le lieu le plus confidérable du
pays. Le gouverneur y a fon confeil qui l'aflîfte en c©
qui regarde le gouvernement & la police. * D eferiptiort
de la Jamaïque par Thomas, p. 68.
MARIMATHA, ville de l'Arabie Heureufe. Ptolo-
rnée , /. 6. c. 7. la place entre Vodona 8c Sabe.
MARIMONT, maifon de plaifance dans les Pays-Bas
en Hainaut. Elle fut bâtie par la reine de Hongrie fœur do
l'empereur Charles V. fur la rivière de Haisne, à une
lieue 8c demie de Binche. Henri II. roi de France la fie
brûler pour fe venger de ce que cette reine en avoir ufé de
la même manière à l'égard de fa belle maifon de Folem-
bray en Picardie , entre Noyon 8c Laon. L'archiducheffe
gouvernante des Pays-Bas, mourut à Marimont le 26
Aoôt 1741. * Ditl. géogr. des Pays-Bas.
MARINA. Voyez. Cekatjï & Cernetani.
MARINAI, ou Marianari, ou Giublotin, ou
Planina , montagne de la Turquie en Europe à l'orient
de l'Albanie , au midi de la Servie 8c de la Bulgarie , &
au nord de la Macédoine. Les anciens lui donnoient le
nom de Croton ou Scardus. Le Drin, la Morave & le
Vardar , qui eft l'Accius des anciens , y prennent leur
fource. La partie occidentale de cette chaîne de monta-
gnes , eft appellée par de l'ifle, Atlas , Mont Jezera,
8c la partie orientale aboutit au mont Coftcgna. * Bau-
drand , Dict. édif. 170;.
MARINANA. Voyez. Marinian/E.
MARINBOU , rivière de l'ifle de Madagascar. Ceft
une des branches de la rivière Mananghourou ; elle n e$
MAR
MAR
éloignée que de trois ou quatre lieues de celle de Ma-
nanlàrran. Son embouchure cil précifément devant l'ifle
de l'Anfe, que forme l'ifle Noïîi Hibrahim , ou l'ifle
de fainte Marie, * FlaCo'urt , Hift. de Madagascar , c. 9.
MARINCUM, forêt de la Lombardie. C'eft dans
cette foret , félon Onuphre Se Sigonius , que fut tué Lam-
bert roi. d'Lalie. * Ortelii Thefaur.
MARINE ou Marines, gros bourg de France dans
le Vexin François, au vicariat de Pontoife. Il eft fitué
entre la ville de ce nom, Chaumont Se Magny , au mi-
lieu d'une belle campagne fertile en bons bleds , dans le
voifinage d'un bois & de la petite rivière de Viosne. Les
pères de l'Oratoire ont une mailbn dans ce bourg , qui
efl accompagnée d'un château , Se ce font eux qui en
defiervenr la cure. * Cor». Dict. Mémoires dreflés.fur
les lieux.
MAR1NGUE , petite ville de France dans l'Auvergne.
Elle n'eft guère connue que par le commerce qu'on y
fait à caufe qu'elle eft près de la rivière de l'Allier, &
que le port de Viale lur cette rivière , n'eft qu'a un quart
de lieue de Maringue. C'eft dans cette ville que les mar-
chands de bled font leurs magafins. Le duc de Bouillon
en eft feigneur. * Piganiol , Defcription de la France ,
t. 6. p. 333.
MARIN îANi€, ville de la Pannonie, félon l'itiné-
raire d'Antonin , qui la met fur la route de iovia à Sir-
mium , entre Serota Se Verei, à vingt mille pas de la pre-
mière , Se à vintg deux mille de la féconde. On lit dans
la notice des dignités de l'empire, fetl. 57. Marinante
pour Marinianx. Lazius juge que c'eft Caflra Marciana
d'Ammien Marcellin , & ajoute qu'on nomme aujour-
d'hui ce lieu Margburg. * Ortelii Thefaur.
MARINIANI, Voyez. Cernetanj.
1. MARINO ( a ) , bourg d'Italie fur le grand che-
min de Rome à. Naples avec titre de duché. Il appar-
tient au connétable de Colonne , qui y a un château
magnifique. L'églife paroifliale eft grande, belle & bien
ornée: fa façade eft fur une aflez grande place , embellie
d'une fontaine qui feroit honneur à Paris fi elle y étoit ,
Se qui fait affront à toutes celles qu'on y voit aujourd'hui.
MArino (b) eft, à ce qu'on croit, l'ancienne Feren-
tvnum ou Cuiia Ladnorum. On l'appella depuis Villa
Mariana à caufe que Marius y avoit une maifon de plai-
fance. Dans le voifinage, étoient à main droite lssmai-
fons de campagne de Murena , de Lucullus Se de Ci-
céron , Se un peu plus loin étoient celles de Pontius Se
de pluficurs autres qui avoient choifi cette agréable fitua
tion pour en faire un lieu de divertifiemenr. Au deçà ,
on voit à droite Se à gauche de très-beaux jardins qui dé-
pendent du château. (a) Labat , Voyage d'Italie, t. 8.
p. 56. (b) Corn. Diction. Journal d'un voyage de France
Se d'Italie.
2. MARINO, (La contrée de ) s'étend du levant au
couchant, entre la plage Romaine ou la mer de l'Eglife
au midi , Se la Campagne de Rome du côté du nord ,
dont elle eft féparée par la montagne de Segni. Ses au-
tres bornes font , la terre de Labour à l'orient , le Tibre
qui la féparc du patrimoine de Saint Pierre à l'occident.
Terracine Se Nettuno en font les feules places dignes
d'être remarquées. Ce pays où l'on voit de belles plai-
nes eft fort mal peuplé : cela vient de l'air mal-fainqui
y règne à caufe des marais Pontins.
3. MARINO ou Mariano, bourg d'Italie dans le
duché de Milan , environ à cinq lieues au nord de la
ville de Milan , entre les rivières Lambro Se Lura ou
Settefe , à égale diftance de l'une Se de l'autre. * Ma-
gini , Carte du duché de Milan.
MARINUM, ville d'Italie. Strabon, /. 5. p. 227. la
met dans l'Umbrie , Se elle fe nomme aujourd'hui S. Ma-
rini. Céfar Orlandius , in Sens, antiquitat. foutient que
les interprêtes de Strabon ont fait une faute en mettant
Camarimtm pour Marinum, Ortelius , Thefaur. croit
que c'eft cette ville qui eft nommée Marianum dans
Paul-Diacre, Longobard. I. 3. & où il dit, qu'il fut
tenu un concile, à moins que ce ne foit le Marinum
de la Campanie au voifinage d'Averfa, Se que Scipion
Mazella appelle Marigliano , ou plutôt Roccha di Val
di Marino dans le territoire de Trevife ; car, dit Orte-
lius , tous les évêques nommés dans ce concile étoient
de ces quartiers.
103
MARINUS LACUS , en grec A^i'ofl<*W«-* lac d'Ita-
lie dans la Toscane , au voifinage du port d'Hercule ,
félon Strabon, /. 3. Les cartes le nomment aujourd'hui
Lago d'Orbitello. * Ortelii Thefaur.
MARIO ou Monte Mario, montagne de la Cam-
pagne de Rome fur le Tibre , en latin Mont Marti ou
Mons Gandins. Elle eft fort près de la ville de Rome ,
& on y voit plufieurs belles vignes.
MARIOLA , montagne d'Espagne au royaume de Va-
lence , dans le voifinage de la ville d'Alcoy. Cette mon-
tagne eft remarquable à caufe d'une quantité extraordi-
naire de rares plantes , & de fimples ou herbes médici-
nales qui s'y trouvent ; ce qui fait que tous les ans on y
voit un grand nombre de médecins Se de droguiftes ou
herboriftes , qui vont de toutes les provinces d'Espagne
faire provîfion de ces excellens remèdes, que la main li-
bérale du fage auteur de la nature y a préparés pour les
divers maux des hommes. Sur cette montagne eft un
bourg nommé Contentayna , Se dont le nom retient quel-
ques veftiges de celui des anciens Conteftains ou Conte-
flaniens qui habitoient dans cette contrée. Voyez. Con-
testant Toute la campagne autour de ce lieu eft arro-
fée de plus de deux cens fontaines , qui la rendent très-
fertile. Elle a titre de comté. * Délices d'Espagne , t. 4.
pag- SI*--
i.MARIONISCivitas, ville de la Germanie. Ptolo-
mee , /. 1. c. n. la met dans la partie feptcntrionale ,
entre Lirimiris Se Mariants altéra. Quelques-uns jugenc s
que c'eft Lunebourg. Cluvier penfe que c'eft Hambourg.
2. MARIONIS Altéra. Ptolomée,/. 2. c. 11. donne
ce nom à une ville qu'il place dans la partie feptentrio-
nale de la Germanie , entre Mariants Civitas Se Cœnoe-
num. Ortelius , Thefaur. croit que c'eft aujourd'hui la
ville de Lubec. D'autres la prennent pour Sberir , Se d'au-
tres pour Sundis. Cluvier croit que c'eft Wismar.
MARIQUITES , peuples errans de l'Amérique mé-
ridionale dans le Brefil. De l'ifle, Atlas, les met à l'o-
rient de Fernambuc Se au nord de la rivière de faint
François. Ils font fort fauvages. Leurs femmes paroiffent
arTez belles , & combattent avec autant de courage que
les hommes. Ils errent par les forêts à la manière des bê-
tes , Se attaquent rarement leurs ennemis à guerre ouver-
te; mais s'ils les peuvent furprendre, ils les accablent 8c
fe nourriffent de la chair de ceux qu'ils font prifonnierj.
Ils courent d'une fort grande vitefie , Se ne font pas moins
légers à fuir qu'à pourfuivre. Quant à leur taille & à la
conformation de leur corps, elle eft à peuples pareille
à celle des Periguares. * Corn. Dict. Laet , 1. j. c. 4.
1. MARIS, marais de la Thrace , félon Etienne le
géographe , qui le met dans le pays de Cicones. Ce ma-
rais avoit donné le nom à la ville Maronée.
2. MARIS, fleuve de la Mœfie Européenne dans le
pays des Agathyrfi , félon Hérodote , /. 4. c. 49.
MARISBA. Dictys de Crète , /. 2. nomme ainfi une
ville amie des Troyens. Ortelius prétend qu'il faut lire
Arisba, Se que l'M appartient au mot qui précède.
MARISCA. Voyez. Transmarisca.
MAR1SCH, Merisch ou Maros, rivière de la Tran-
filvanie. Elle a fa fource dans des montagnes au nord
de cette province , Se fon cours eft d'abord du nord
au fud. Après avoir mouillé Newmarck Se Weiffen-
bourg , elle coule de l'eft à l'oueft , entre dans la Hau-
te Hongrie où elle mouille Lippa Se Chonad , & fe dé-
charge enfuite dans la Teyffe , auprès de Segedin. Cette
rivière eft le Mari fus de Strabon , le Marus de Tacite ,
Se le Maris d'Hérodote ; dans la fuite on lui donna le
nom de Marifms , Se les Hongrois l'appellent Maros. *
De l'ifle, Atlas.
MARISNIE. Voyez. Maresme.
MARISSA, ville de la tribu de Juda, la même que
Maresa, ou Maresechet , ou Morasthi. Voyez,
Maresa.
MARISUS , en grec M«/wW fleuve des Gétes , félon
Strabon , /. 7- P- 5°4- qui dit que ce fleuve fe jette dans
le Danube. C'eft peut-être le même qu'il nomme dans
un autre endroit, /. 7. p. jiî-Parisus. On croit que
c'eft aujourd'hui le Marisch. Voyez, ce mot.
MARITH/E , montagnes de l'Arabie Heureufe , fé-
lon Ptolomée , /. 6. c . 7. Elles font nommées * Marti-
mos dans les cartes des modernes. * Ortelii Thefaur.
MAR
104
MARI HMA COLONIA , ville de la Gaule Nar-
bonnoife. Ptolomée la place dans le pays des AnattU,
que Pline, /. 3. c 4. Se Pompomus Mêla, /; 1. c. ;.
nomment Avatici. Mêla ajoute qu'elle «01c batiefur la
rive de letang des Avatici. On prétend que c'eft Mar-
tigues.
MARITIM/E ALPES. Voyez. Ligusticum Mare.
MARITIME STATIONES. Stations dans l'Afrique.
Ptolomée , /. 4- c. 4. les place dans la Cyrenaïque entre
le promontoire Drepanum Se le port de Diarroea.
MAR1TIMUS CIRCUS , lieu d'Italie ainfi nommé
par Tite-Live , /. 9. c. 42.
MARIUM , ville de l'ifle de Cypre , félon Pline , /.
;.c. 3 1 . êc Etienne le géographe. Ce dernier ajoute qu'elle
fut depuis nommée Arfinoé.
MARlUS , ville libre de laLaconie , félon Paufanias,
/. 3. C. 21.
MARIZA , rivière de la Romanie. Elle a fa fource au
pied du mont Hémus , Se court du nord-oueft au fud-eft
jusqu'à Andrinople. Dans cet espace elle arrofe No-
vathelo , Bazangik & Philippopoli , Se entre fa fource Se
ces trois villes elle ferpente beaucoup, tournant tantôt au
nord -, tantôt au midi. A Andrinople elle fait un coude ,
Se coule alors du nord au fud , ferpentant encore beau-
coup fur fa route , elle mouille Trajanopolis , après quoi
elle va fe jetter dans le golfe de Mégarife auprès d'Enos ,
vis-à-vis de l'ifle Samandrachi. Cette rivière eft l'Hebre
des anciens. On dit qu'elle eft navigable depuis fon em-
bouchure jusqu'à Philippopoli. De L'ifle , Atlas.
MAR1ZAN , montagne d'Afrique dans la province de
Gutz au royaume de Fez^Elle eft fort haute Se fort froide,
Se fes habitans font Bereberes , qui vivent dans des hutes
faites de branches d'arbres , ou fous des nattes de jonc
plantées fut des pieux.
Aufli changent-ils fouvent de retraite, ne demeurant
en un lieu qu'aurant qu'il fournit de l'herbe pour leurs
troupeaux. Ce font des gens riches qui ne payent tribut à
perfonne , & qui ont de grands haras de chevaux &
d'anes< Ils font couvrir leurs âneffes par des chevaux pour
avoir des mules qu'ils vont vendre à Fez. Ce trafic eft
caufe qu'ils font tous les ans un préfent au roi , Se même
comme ils font braves , ils le vont quelquefois fervir dans
fes guerres. Ils ne craignent rien dans leurs montagnes ,
parce que les avenues en font extrêmement difficiles. Ils
font plus de quatre mille combattans en bon ordre , Se par-
mi eux il y a quelques arquebufiers Se arbalétriers -, ils vont
tous enfemble , tant Arabes que Bereberes. Les plus con-
fidérables ont des chevaux , mais ils s'en fervent aflez ra-
rement à caufe de l'âpreté de la montagne. Us n'ont ni
do&eurs ni juges , Se vivent parmi ces rochers comme des
fauvages.
MARKET-JEW , petite ville ou bourg d'Angleterre
dans la province de Cornouaille. 11 s'y tient un marché.
* Etat préfent de la Grande Bretagne , t. 1. p. 50.
MARKETRAS1N , ville d'Angleterre dans le comté
de Lincoln , félon Corneille , Dift. qui dit qu'elle eft fi-
tuée proche de la rivière d'Ankam. Cette prétendue ville
pourroit bien être quelque hameau , ou quelque petit vil-
lage : du moins l'état préfent de la Grande Bretagne ne
la met-il , ni dans le rang des villes , ni dans celui des
bourgs.
1. MARLE ou Marne, rivière de l'Amérique fep-
- tentrionale dans la Louifiane. C'eft une petite rivière dan-
gereufe. Elle fe jette dans la grande rivière Rouge au pays
des Cadodaquios , à la bande de l'oueft fur la route des
Cenis au Akanfa Se au Miiîiflîpi. Ce nom lui a été donné,
parce que le nommé de Marie ou de Marne de la com-
pagnie des fieurs Cavelier Se Joutel s'y noya en voulant
s'y baigner.
2. MARLE , petite ville de France dans la Picardie,
élection de Laon , à trois lieues de Guife fur la Serre dans
le Thiérache. Ceflun gouvernement particulier du gou-
vernement militaire de Picardie. Elle a titre de comté ,
& elle eft fiége d'un bailliage , d'une gruérie Se d'un gre-
nier à fel. Elle fait partie de la rm'irriTe des eaux Se forêts
de la Ferre à laquelle elle fut réunie vers l'an 1703. avec
celle de S. Quentin.
3. MARLE , ( Le comte de ) qui a appartenu à la mai-
fon de Coucy, parla par mariage à Robert de Bar, dont
h fille Jeanne de Bar époufa le connétable de faine Pol,
MAR
Leur fils Pierre de Luxembourg eut une fille nommée
Marie , qui époufa François de Bourbon comte de Ven-
dôme, à qui elle apporta de grands biens, & le comté
de Marie fut donné à fon petit fils Antoine roi de Navar-
re , qui le laifia à fon fils Henri IV. roi de France & de Na-
varre , par où cette terre , comme les autres biens pa-
trimoniaux de ce monarque , furent unis à la couronne.
Depuis le comté de Marie a été aliéné à la maifon de
Mazarin. * Longuerue , Defcription de la France , part. 1.
pag. 64.
MARLEBOROUGH ou Marleorough , bourg
d'Angleterre dans le Wiltshire. C'eft le Cunetio des an-
ciens. Il eft fitué fur le Kennet , & remarquable par le ti-
tre de duc qu'il a donné à l'un des plus grands héros de
notre fiécle. Il s'y tient un marché. * Etat préfent de la
Grande Bretagne, tom. 1. pag. 124.
MARLEM ou le bourg de Marlem , bourg de
France dans la Baffe Alface , entre Saverne Se Molsheim.
C'étoit autrefois une ville confidérable , même du tems de
faint Grégoire de Tours; Se il parok que les rois d'Auftra-
fie y avoient une maifon de plaifance.
MARLON, forêt de France dans la maîtrife des eaux
Se forêts de Grenoble. Elle eft de treize cent fax arpens.
1. MARLOW , Merlow ou Morlow ( a ) , petite
ville d'Allemagne au cercle de la Baffe Saxe dans le duché
de Mecklenbourg fur la Reckenits , entre Suite Se Ribe-
nits. Elle eft chef-lieu d'un petit bailliage. Micrélius .
F orner. I. i.c.65. croit que l'état ou la feigneurie de Wer-
le, qui avoit été établie dans le Mecklenbourg par les
Rugiens , comprenoit Merlow Se le pays d'alentour. En
effet il eft fait mention de Merlow dans les hiftoires qui
parlent des feigneurs des Werlé. Pontanus ( b ) , hifto-
rien de Danemarck, dit que Marguerite veuve de Nicolas
de \Pcrle , céda en 13 16. à Erich roi de Danemarck les
villes de Ribenits , de Sulten Se de Merlow qui lui avoient
été aflignées pour fon douaire, (a )Zcyler , Top. Infer.
Saxon, (b) Reritm Dan. I. 7. p. 41 j.
2. MARLO\P , bourg d'Angleterre dans le Buckin-
ghamshire. On y tient marché public. Etat préfent de la
Grande Bretagne , tom. 1.
MARLY, maifon royale fituée entre Verfailles Se S.
Germain dans un vallon , à l'extrémité d'une forêt qui
porte le même nom , Se joint le parc de Verfailles d'un
côté , & s'approche fort de l'enclos de la forêt de faine
Germain.
Le roi Louis XIV choifit la tête de ce vallon pour y
établir un endroit où il pût faire des retours de chaffe ,
à caufe d'une échapée de vue qui s'élargit dans le bas, 8e
fait découvrir les château Se ville de S. Germain à la gau-
che, élevé fur une hauteur à une lieue environ de di-
ftance, Se le cours de la rivière de Seine dans la plaine
au-deffous en une allez grande étendue , ornée de plu-
fieurs gros villages Se de différents payfages qui rendenc
cette vue des plus agtéables.
Pour profiter de cette fituation Se donner tous les
agrémens convenables à l'ufage que le roi s'éroit propofs
d'en faire , il ordonna de dispofer plufieurs bâtimens dis-
perfés avec régularité dans l'espace d'un grand Se magni-
fique jardin , fur lequel ils auraient leurs forties ; Se de
contenir le tout dans une étendue de parc fermé.
On a profité de l'espace le moins rempant vers le mi-
lieu de la descente du vallon , pour y placer un gros pa-
villon carré de vingt-une toifes , en forme de palais de-
ftiné à la perfonne du roi & à la famille royale , comme
au centre de tout , Se quatre autres pavillons féparés à
une diftance des faces des côtés de ce palais, dont l'un des
deux du côté de l'entrée principale , contient une cha-
pelle, l'autre la fale des gardes, avec chacun une petite
aile qui aboutit fur une place qui fert d'avant-cour.
Les deux autres , à pareille diftance , fontdiftribués en
appartenons pour les princes, & l'intervalle entre ces deux
pavillons étoit fermé d'un mur de même hauteur , fur le-
quel étoit peinte une belle perfpeétive par le fieur Rouf-
feau.pour cacher des offices derrière; cette perfpeétive
a été effacée pour y percer des croifées qui éclairent d'au-
tres appartenons ; ce qui ne fait plus avec les deux pa-
villons qu'un feul corps de bâtiment.
Sur les deux côtés de la largeur de la partie du jardin ,
qui fe préfenre à la face du palais , en descendant vers
le bas du vallon, ont été dispofés douze pavillons aufli
féparés
MAR
V
fépatés pour loger des feigneurs de la cour , de trente
pieds carrés , ou environ , le long des terraffes en pente
douce, qui régnent dans ces deux côtés: ces lignes de
pavillons ont cent toifes de diftance de l'une à l'autre.
Et comme il a fallu beaucoup d'autres batimens , on les
a placés dans des cours derrière , «Se ils ne fe voient pas
des jardins»
On y arrive de Verfailles , par deux différais endroits :
l'un par une grande route plantée de quatre rangs d'ar-
bres , qui conduit au port de Marly «Se à S. Germain en
Laye, dans laquelle, vis-à-vis le gros pavillon qui fert
de palais, eft une grande ouverture fermée de grilles de
fer , avec une large porte au milieu , très-ornée «Se cou-
ronnée d'un defius avec les armes du roi.
Ceft par cette grille que l'on entre dans une vafte
place , dans laquelle la garde fe met en bataille , lors-
que le roi entre & fort par ce côté. De cette place on des-
cend par une avenue en rempe de cent quinze toifes de
longueur , bordée de murs des deux côtés , qui foutien-
nent les terres des jardins qui font plus élevés , avec des
paliftades «Se deux rangs de grands arbres.
Aux deux côtés de la place d'en haut font les corps de
garde , entre lesquels il y a deux portes qui entrent dans
de grandes cours féparées, en l'une desquelles font les
écuries du roi , les remifes de carroffes; & dans le defius,
des .logemens pour ceux qui deffervent les écuries , avec
d'autres pour les officiers de la garde ; Se dans l'autre les
écuries des gardes du corps > de grands abreuvoirs & les
logemens «Se commodités convenables.
L'autre entrée eft par le parc de Verfailles -, que l'on
traverfe , & par celui de Marly qui le joint «Se qui aboutit
au petit parc qui renferme tous les jardins «Se promena-
des, dans le mur duquel eft une grande grille de fer. Cette
grille entre dans l'allée d'un bois qui conduit au haut
d'une rempe qui descend aux parterres au-devant de cette
face du palais , bordée d'arbres, de paliftades «Se bosquets
des deux côtés.
Le gros pavillon formant le palais au centre de tout,
a une terraffe qui l'environne , avec des pans dans les an-
gles , à laquelle on monte par quatre perrons , un au
milieu de chaque face, & quatre Tempes dans les pans,
il y a feize piédeftaux , deux à chaque perron ou rempes ,
fur lesquels font des grouppes d'en fans «Se des focles au
bas des marches, qui portent de riches vafes dans les-
quels on met des faix pour éclairer la nuit; ces group-
pes «Se torchères font de plomb «Se étain bronzés ; les in-
tervalles font avec des baluftrades de fer «Se de bronze ,
très-riches «Se dorées.
On entre de ces terraffes dans le corps du château
par quatre grandes portes , une à chaque face , dans au-
tant de veftibules bien décorés, qui conduifent à un ma-
gnifique falon à pan au milieu du pavillon , de quaran-
te-huit pieds de diamètre, qui eft éclairé, dans le haut,
par des ter rafles qui régnent au pourtour du fécond or-
dre , qui en foutient la coupe en forme de dôme. Il y a
une cheminée de matbre à chacun des quatre pans dans
une arcade •renfoncée , qui renferme de grandes glaces
entourées de riches bordures dorées, le reftedes déco-
rations de ce falon eft rempli de riches ornemens.
Les quatre veftibules distribuent à quatre apparte-
mens dans les angles , pour le roi , la reine , le dau-
phin «Se une princefle. Cet étage bas a vingt-trois pieds
de haut fous le plancher, au-defifus duquel en eft un
autre d'attique de quinze pieds de hauteur , diftribué à
plufieurs appartemens dans les quatre faces , ayant vue
fur les jardins , pour les grands officiers de la couronne,
qui ont le fervice. On y communique par une galerie
qui règne autour , le long de la tetralTe qui éclaire le
falon , «Se lui donne aufli du jour ; pour y monter , il
y a deux degrés , dans lesquels on entre par deux des
veftibules d'en bas.
^ Toutes les faces extérieures de ce palais font déco-
rées par des peintures à fresque , avec pilâftres d'ordre
corinthien , feints de matbre «Se ornés de bafes «Se cha-
piteaux feints d'or : divers cartouches «Se ornemens fin-
guliêrs, renfermant des bas reliefs mêlés de guirlandes de
fleurs en coloris, ornent les faces, Se le tout eft cou-
ronné d'un entablement fur lequel s'élève une balu-
ftrade au pourtour , dont les piédeftaux font feints de
MAR
Î0S
marbre , Se les baluftres couleur d'or , fur les angles
de laquelle font des grouppes d'enfans , qui accompa-
gnent des corbeilles de fleurs , en fculpture , Se des
vafes fur les tremaux ; Se dans le milieu des faces font
des frontons renfermant de grands bas relief de fujets
diftérens, couronnés par d'autres grouppes accompa-
gnés de fleurs, le tout fans combles qui paroiflent,
étant en dedans derrière les baluftrades.
Les quatre gros pavillons les plus proches du châ-
teau , ont deux pareils étages , Se , font aufli peints par
les faces extérieures , mais moins richement. La chapelle
en dedans de l'un des deux , eft décorée de pilâftres
corinthiens «Se autres architectures, Amplement blan-
chie fans aucune dorure qu'à l'autel.
Les douzes pavillons , le long des deux côtés de la
gtande partie du jardin , ont chacun deux étages moins
hauts que les autres , formant deux appartemens. Ils
font peints pareillement par les faces extérieures ,
les intervalles d'un pavillon à Vautre , font avec des ber-
ceaux de treillages qui communiquent de l'un à l'autre »
revêtus Se couverts de charmilles Se arbuftres bien fon-
dus, Se les mêmes berceaux continuent jusquàux pa-
villons près du château, Se au delà de ces pavillons
jusqu'aux bas de la descente appellée la Rivière. Tous
les autres batimens, dans les cours féparées derrière,
font aufli peints, en leurs faces, avec des cantalabres,
des cadres Se panneaux de différais marbres.
Les jardins , à commencer par le haut de la des-
cente qui arrive du coté de Verfailles , font arrangés
avec beaucoup d'induftrie , pour ménager les grandes
pentes qu'a ce vallon en fa longueur , jusqu'à l'extrémi-
té d'en bas Se en leur largeur des deux côtés , au
moyen des différentes terrafies , glacis & parties re-
haufïécs en terres pour faire de grandes planimétries ,
en forte que du perron du palais on découvre de la
tête aux pieds tous ceux qui fe promènent dans les
allées non renfermées dans des bosquets.
La rempe appellée la Rivière , qui descend au par-
terre devant le palais du côté de Verfailles , a une tête
dans le haut revêtue de marbre blanc, avec deux group-
pes de figures aux extrémités , «Se trois corps taillés ,ert
glaçons , fur lesquels font des têtes de monftres ma-
rins , qui vomiflent dans un baflin trois monftrueux
effets d'eau ; ils fournilToient aux autres baflins formant:
des nappes au deffous par gradin jusque dans le bas , ce
qui avoit donné le nom de Rivière à cette partie
par leurs divifions qui la faifoient reflembler à une eau
coulante , avec un mouvement un peu vif ; ces nappes
& baifins étoient de marbre de différentes couleurs , Se
les côtés en étoient revêtus > cette rivière a été fuppri-
mée; Se du baflin qui reçoit les effets d'eau d'en haut
jusqu'à la tête de la pièce au bas de cette rempe, il
n'y a plus qu'un tapis de gazon.
Cette pièce au bas de la rempe où l'eau d'en haut fe
communique préfentement par des conduites, s'appelle
pièce des Vues ; tous fes différents baflins , nappes Se
côtés rempans , jusqu'à la terraffe au-deffous, font re-
vêtus de marbres de toutes couleurs , le fond à la tête
formant des lignes circulaires avec un avant-corps , eft
revêtu de marbre blanc avec des glaçons taillés , Se qui
fe termine dans le milieu par deux confoles en ma-
niera de fronton , ayant entre les volutes d'en haut ,
une groffe tête de monftre avec des nageoires dévelo-
pées , Se au deflus un Neptune «Se une Amphitrite de
dix pieds de proportion , aflifes fur les rempans des,
confoles, accompagnés d'enfans «Se attributs de mari-
ne , ouvrage de Couftou le jeune.
Le monftre marin , entre les deux confoles du haut
& d'autres parties , poufle grande quantité d'eau dans
une conque marine au-deffous , d'où elle fe répand en
cascades par gradins dans le baflin d'en bas ; Se dans
les revêtemens de marbre, des deux côiés, font placés
des grouppes de Tritons qui accompagnent de grandes
coquilles qui font d'autres effets ; «Se à des pilâftres dans
les intervalles qui féparenr ces eflets, font des têtes de
vents qui pouffent des lances d'eau , avec grande ra-
pidité, dans le grand baflin qui a plufieurs iets divifés
formant des bouillons. Le tout enièmb'e fait un fpe-
ctacle de divers effets de fontaines , qui furprend , à l'a-
fpeCt du clutçau.
tem. IV. Q
io6
MAR
MAR
Cette pièce , qui termine le bas de la rempe , abou-
tit fur une tetralïc qui domine fur un parterre au-de-
vant de la face du château de ce côté. Cette ter rafle ,
en ligne droite au milieu , a un grand perron , de toute
la largeur de la pièce d eau , au-deiïus , qui descend dans
ce parterre, appuyé par les bouts de gros piedeltaux ,
fur lesquels font pofes des grouppes de figures de mar-
bre, aux côtés desquels- elle s'élargit en lignes circulai-
res le long des berceaux de treillages qui la bordent jus-
qu a une dutance, au bout de laquelle elle descend par
d'autres perrons- dans les allées du parterre , appuyés
pareillement de grouppes & de vafes.
Dans la partie au-deflous du château qui regarde la
•rivière , étoit un pareil parterre ; mais il a été détruit,
ôc l'on n'y a laiflé qu une terrafle fablee , au bout de la-
quelle eft un autre grand perron appuyé à Ces extrémités
par deux grouppes de figure de plomb & d étain bronzé,
ôc fur les côtes de ces deux parterres ou terraifes labiées ,
font quatre petits bosquets rbrmans des fales de verdure ,
dans le milieu desquels font à chacun une petite figure
de marbre fur un piedeltal , dont la plus finguliere eft
l'Aftalante antique.
De cette première ret rafle , on descend fur cette fé-
conde qui elt large , ôc lur laquelle eft un carré d'eau,
appelle les quatre Gerbes , revêtu de rocailles en fou
f>ourtour, avec quatre baflins aux quatre angles, où s é-
event ces gerbes , qui fe répandent par des nappes dans
la pièce d'eau ; il y a aux deux côté-, de cette pièce deux
bosquets avec chacun un baflin de fontaine au milieu ,
dont les arbres & verdures qui les forment font tondus
par deflus comme un pré , pour ne point ôter de vue
aux terrafles fupérieures.
Le jardin, qui s'élargit en cette partie jusqu'aux lignes
des pavillons qui le bordent , a les mêmes terrafles le
long de ces pavillons , foutenues par des glacis de gazon
qui fe dégauchiflent fuivant la pente fur laquelle les
pavillons font aflis. La première terrafle elt bordée
d'une paliflade d'appui ; la féconde eft plantée de til-
leuls , dont le tronc fournit des pouflès de feuilles
depuis le pied , tondues en forme de colomnes qui
fouriennent quatre ceint res d'arcades en chaque partie ,
ôc d'autres en diagonal , qui forment des voûtes d'ar-
têtes , fur lesquelles les branches ont été courbées. &
couchées dejeuneflé, garniffant le tout de feuilles qui
font tondues fuivant les ceintres , que l'on appelle por-
tiques , ôc un brin de la tige qui s'élève au deflus , elt
tondu en vafe , porté fur chaque colomne.
Une autre terrafle , au deflous , eft plantée de deux
rangs d'ormes, avec des charmilles formant des caillés
au pied : ces ormes font arrêtés à une certaine hauteur
uniforme , Se les têtes font tondues en rondeur fphéri-
que , formant des espèces d'orangers. A l'extrémité de
chacune de ces allées, font deux baflins avec de grofles
fontaines : routes ces terrafles aboutiflent par les côtés ,
comme celle de la tête, à un gtand espace qu'elles ren-
ferment,, ou eft une magnifique pièce d'eau , entourée
d'allées , au milieu de laquelle eft une grofle fontaine ,
dont les eaux s'élèvent à une très-grande hauteur.
Cette grande partie eft en terrafle fur une autre bafe
qui termine le jardin , dans laquelle eft une pièce d'eau,
delà forme qu'elle figure , entourée d'allées, & la hau-
teur que fait la partie fupérieure eft ouverte, & Reçoit
toutes les eaux d'enhaut qui descendent en cascades &
par nappes jusqu'en bas; cette cascade , d'une grande
étendue , eft appuyée dans les bouts, par deux baflins avec
de grofles gerbes , qui fe répandent en nappes ôc fe mê-
lent avec les eaux de la cascade. Quatre beaux group-
pes de marbre, repréfenrant des fleuves, l'accompagnent ;
ils font des fleurs Couftou l'aîné ôc Vancléves.
La pièce baffe, au-deflbus , reçoit toutes les eaux fupe-
rieures du jardin , & a plufieurs gros bouillons d eau qui
s'élèvent. L'allée qui U termine dans le bout, elt en
terrafle au-deflus du chemin qui traverfe devant pour
aller à faint Germain. Cette terrafle d'une grande éten-
due, eft avec une baluftrade de fer, en partie dorée,
cV dans les exrrémités font des gros piédeftaux de mar-
bre blanc, fur lesquels étoient pofés les deux grouppes
de Mercure Ôc de la Renommée, montés fur des che-
vaux accompagnés de trophées , ouvrage de Coisvox ;
ils ont été portés au bouc du jardin des Tuilleries à Pa-
ris ; le toi Louis XV. en a ordonné deux antres diffé»
rens , chacun d'un cheval cabré , retenu avec force par
une figure d'homme en pied , a l'inliar de ceux de Mon-
té-Cavallo à Rome.
Cette terrafle , qui termine le jardin , eft revêtue d'un
mur de pierres au-deflous de la baluitrade de fer , dé-
coré en dehors par de gros corps de pilaftres vernicu-
lés en fculptures , avec de grandes tables dans les in-
tervalles taillées de glaçons, Ôc au devant , dans la place
que laiflé le chemin , elt un baflin fupérieur qui reçoit
toutes les taux du jardin , lesquelles tombent par
trois grandes nappes dans un autre au-deflbus, qui for-
me un abreuvoir qui ferc à tous les pafagers ; il y a
trois groiies gerbes au baflin lupérieur, ôc le tout eft
revêtu de murs avec piedeltaux ôc tables taillées en
glaçons.
Au devant de cette partie eft une place entourée de
grands arbres avec une avenue de toute la largeur de
la terrafle , dans laquelle le chemin pafle ; il descend à
une autre ronde où eft un grand balim de vingt toifes
de diamètre , avec une grofle gerbe au milieu, qui eft
formée pat plus de trois cens jets , provenans de toutes
les eaux de Marly.
Les deux bosquets en dedans du parc derrière les lignes
des pavillons , font partie du jardin; l'un a gauche s'ap-
pelle bosquet detf Sénateurs, & l'autre bosquet d'Agrip-
pine : le premier eft planté de belles promenades mê-
lées de fales ; il y a un petit mail , ôc dans un bout eft
une pièce d'eau renfermée d'aibres, entourée d une ba-
luftrade de fer dorée en partie , avec une grofle fon-
taine qui s'eleve au milieu, beaucoup de parties font or-
nées de figures de marbre , dont les plus remarquables
eft un grouppe du tems par Pugeti un autre d'enfans
avec un bouc à qui ils donnent d.s raifii s par l'Al-
garde; le petit Auteur antique ôc une Diane de Fla-
mand; les autres font antiques repréfentant des féna-
teurs qui ont donné le nom au bosquet.
Le fécond a une place à fon entrée traverfée par une
allée qui va d'un bout à l'autre , plantée d'arbres & de
charmilles. Dans quatre parties de la figure de cette
place , font des fontaines avec des figures de marbre
élevées fur des piédeftaux, autour desquels tombent
des nappes d'eau dans des baflins bas fortant de delînus
les pieds des figures, & dans le fond vis-à-vis l'entrée,
qui eft plus élevé, eft la figure d'Agiippine, quia donné
le nom au bosquet , dans un baflin le long d'une allée
fupéiieure , portée fur une espèce de cuve qui répand
beaucoup d'eau en nappe , ôc en tombant fur des gra-
dins , de toute la longueur de la place , forme quatre
ou cinq chutes très-brillantes.
A un bout de l'allée, qui traverfe la longueur du
bosquet , eft une cascade champêtre qui descend fur
une pente rapide , au haut de laquelle eft un grand
baflin qui en a , dans fon milieu , un autre petit élevé de
métal doré , elle eft portée par trois tritons de même , la
rempe eft bordée par les côtés de tablettes de marbre de
couleur , avec des focles de diftances en diftances , fur les-
quels font des ftarues de marbre blanc. Ces côtés ren-
ferment plufieurs baflins formant des cascades par des
chutes d'eau, garnis de bouillons, lesquels tombent par
une nappe plus haute , dans un baflin bas ; ôc à. l'autre
extrémité de l'allée eft une fale d'arbres , dans laquelle
eft une pièce d'eau longue, arrondie par les extrémi-
tés, entourée d'une baluflrade de fer doré, avec un
grouppe de quatre nymphes aufli dorées, entre les-
quelles s'élève une belle fontaine.
Au-delà de ces bosquets , font les autres promenades
fur les hauteurs, bien traverfées d'allées pour l.es calè-
ches, ôc dans des parties font de très-grands réfervoirs,
ainfi que dans le dehors, qui reçoivent les eaux de la
rivière de Seine par la machine de Marly , ôc les
fou rn/flent à tous les effets du jardin. Cette machine en
élevé jusqu'à trois cens pouces cubes dans les tems
que toutes les roues tournent bien ôc que la rivière eft
bonne à leur donner un mouvement.
Ce palais, ces jardins, ces fontaines, &c. onf été
faits fur les defléins ôc par les foins de Manl'ard. * Ga-
briel, père , chevalier de S. Michel, ttupicLur général
des bâùmerts du roi , & premier architette de fa majefté \
& diretleur de l'académie royale d" architecture.
MAR
MAR
i, MARLY, eft le lieu de la naifi'ance de S. Thibaut
de la mai fou de Montmorency. * Baitlet , Topogr. des
Saints , pag. 61 3.
3. MARLY, ( La Machine de) deftinée à élever
îes eaux , fur la rivière de Seine , entre Marly & la
chauffée. Ceft un ouvrage unique dans fon espèce. Elle
cû compofée de quatorze roues, fepe •fur le devant 6c
autant fur le derrière. Ces roues ont chacune deux ma-
nivelles qui font attelées à treize grandes chaînes , à
fept petites 6c à huit équipages qui mènent foixante
& quatorze pompes fur la rivière , foixante 6c dix-neuf
à mi-côte, & quatre-vingt-deux au puifarc fupérieur.
Ces deux cens vingt-cinq corps de pompes font monter
les eaux fur une tour qui eft à fix cens douzes toifes de
la rivière. L'eau étant dans la tour entre dans l'aqueduc
qui a trois cens trente toifes de long , 6c de-là eft con-
duite par deux tuyaux de fer de dix huit pouces , jusqu'aux
réfervoirs de Marly , qui en font éloignés de trois
cens cinquante toifes.
1. MAR MA , ville de l'Arabie Heureufc. Pline , /. 6.
c. 28. la place fur la côte.
2. MARMA , ville de Phénicie , félon Etienne le
géographe.
MARMACES, peuples d'Ethiopie, félon Hécatée
cité par Etienne le géographe.
MARMAGNAC , bourg de France dans l'Auvergne,
élection d'Aurillac.
MARMAGNE, en latin Mare magnum , ou Mars
magnas , village de France dans le Berri fur la rivière
d'Arrou ou Yevre, à deux lieues de Bourges. Sa taille eft
mixte. Il y a une abbaye royale de hlles , nommée
Notre-Dame de Beauvoir, de l'ordre de Citeaux.
MARMANDE, ville de France dans la Guienne fur
la Garonne , à fix grandes lieues au-deffous d'Agcn , 6c
à douze au-deffus de Bordeaux. Cette ville eft affez
grande , & on y fait un commerce confidérable de
bled , de vin 6c d'eau-de vie. Le parlement de Bordeaux
y fut transféré pendant quelque tems , fur la fin du der-
nier fiécle. François Combefis , religieux Dominicain ,
diitingué par fa piété 6c par fon favoir , étoir né dans cette
ville : il mourut à Paris , le 23 de Mars 1679. Ses ou-
vrages lui avoient mérité du clergé une penfion de mille
livres par an. * Piganiol, Defcription de la France, t. 4.
pag. ;;o.
1. MARMARA, ville de la Syrie ou de l'Euphra-
tenfe. La notice des dignités de l'empire , Scc~t. 24. en
fait mention en ces termes : Cohors tertia Valeria Mar-
mara:.
2. MARMARA ou Marmora. Voyez, l'article Mer
de Marmara.
3. MARMARA ou Marmora » ifies d'Afie dans la
mer de Marmara , félon Grelot , Voyage de Cvnftanti-
nople,p. 61. à laquelle elles donnent leur nom. On les
trouve à main droite en fortant de Gallipoli, à dix
lieues environ dans Ja mer. Pour y aller il faut pren-
dre eft-quart-au-nord eft. En hiver les vaiffeaux cinglent
au fud de ces ifles , à eau fe des venrs de fud-fud-eftqui
régnent , 6c en été on fait canal pour aller à Conftan-
tinople, donc elles ne font éloignées que de cent milles.
Elles font au nombre de quatre ; deux grandes , une
moyenne & une petite , toutes fort près l'une de l'au-
tre 6c affez bien peuplées. La plus grande des quatre ,
qui eft celle de Marmara , eft la plus feptentrionale.
Elle peut avoir dix ou douze lieues de circuir. Sa ville
capitale eft Marmara , qui lui donne fon nom. Il y a
plufieurs villages , entr'autres Galioni 6c Craftio , avec
quelques couvens Se hermitages qui pafferoient en France
pour des abbayes & des prieurés. Ils font habités par
des Caloyers ou religieux Grecs , qui vivent fort fobre-
ment. La plus grande de ces ifles après Marmara , eft
Avezâa. Elle eft à l'orient de la première , a un bourg
de même nom & deux villages , dont l'un s'appelle
Aloni & l'autre Arabkyi, qui veut dire village d'Ara-
bes, parce qu'il n'eft peuplé que d'Arabes , ou de ceux
qui en descendent. La moyenne de ces ifles eft Coûta tli ,
qui a un bourg de même nom. La plus petite s'appelle
le Gadaro, elle a quelques habitations &: quelques cou-
vens de Caloyers. Ces quatre ifles , dont le climat eft
fort bon, font fituées au 38. deg. 35. min.de lat. fep-
«entrionale, & aufud-eftouà l'orient d'été d'Hcwclée,
IÔ7
Elles abondent en bled , en vin , en fruits , en coton , en
pâturages 6c en beftiaux. La pêche y eft aufli fort con-
fidérable ; mais il n'y a que les gens du lieu qui s'en fer-
veur pour leur ufage particulier , parce que Conftantino-
pie 6c les autres villes de la mer de Marmara , qui pour-
roient avoir befoin de poiffons, ont chacune une affez
bonne pêche pour fe pouvoir paffer de celle des ifles
de Marmara.
MARMARES, peuples de la Cilicie vers les fron-
tières de cette province , du côté de l'Affyrie. Ils furent
allez hardis pour attaquer Alexandre le Grand , Diodor.
Sic. /. 17. £\jjz8. qui les aflîégea dans le lieuuù ils avoient
leur retraite au milieu des rochers : mais lorsqu'ils fe vi-
rent près d'être forcés , après avoir mis le feu à leurs
maifons , ils forcirent la nuit , traverferenr le camp des
Macédoniens 6c fe fauverent dans les montagnes voi-
fines.
MARMARID^. Voyez Marmarique.
MARMARIQUE , grande contrée d'Afrique entre
l'Egypte & les Syrtes: elle n'a pas toujours eu le même
nom , 6c fes bornes ont beaucoup varié. Ptolomée , /.
4. c. 5. commence la Marmarique à la Cyrénaïque du
côté du couchant , 6c ne l'écend pas à l'orient jusqu'à
l'Egypte : il met entre deux la Libye ou le Nomus de
Libye. Agathamerus , /. 2 c. j. au contraire en décri*
vanc les provinces de l'Afrique , le long de la Méditer-
ranée, en allant du couchant au levant , nomme d'abord
la Pentapole , enfuite la Marmarique , puis l'Egypce *
6c ces deux géographes nomment ceccc contrée Uafyut-
fixii , Marmanca. Les autres écrivains ne font mention
que des peuples qu'ils appellent Marmariques. Ab Api,
dit Scylax Peripl. p. 44. eft gens Libyca , Marmarid& ,
us que ad Haptrides. De forte que, félon ce géogra-
phe , le pays des Marmarides renfernioit la Cyrénaïque
& la Pentapole , outre les terres qui fe rrouvoient entré
cette dernière province 6c la ville d'Apis. Pline , / j .
c. j. femble aulfi leur donner les mêmes bornes; car il
dit que les Marmarides habitoienr presque depuis Parϱ
tonium , ville voifine d'Apis du côté de l'orient, & s'é-
tendoienc jusqu'à la grande Syrce. Si on s'en cenoic à ces
deux écrivains , il ne feroic guère poflible de diftinguer
la Marmarique de la Cyrénaïque 6c de la Pencapolc l
mais Scrabon débrouille la difficulté , en difant que les
Marmarides joignoient l'Egypte , 3c s'écendoienc jusqu'à
la Cyrénaïque , dans un autre endroit , il dit encore ,
que les Marmarites habicoient à l'orient de la Cyrénaï-
que , 6c avançoient jusqu'au Nomus Ammoniacus,,
De cette façon la Marmarique étoit bornée au nord
par la mer Méditerranée, à l'orient par l'Egypte, au-
trement par le Nomus Ammoniacus ; 6c à l'occident
par la Cyrénaïque. Quant aux bornes du côté du midi t
elles font fort incertaines. Voici les villes que Ptolo-
mée place dans la Marmarique, 6c auxquelles il donne
le nom de Nômes.
Villes fur la côte.
Axylis Villa, Tetra parvœ portus >
Cherfomiefus magna , Antipyrgus ,
Phihia portus , Scytranius portuf ,
Paliurus , Cat&onium promontorium i
Batrachus portus, Ardanis promontorium.
Petra magna portus.
Villes dans les terres.
Leucoe , Mafuchis , Diofcoron t
Boncbyris, Mafadalis, Migo ,
Leucm. ou Alb& Abathuba, Saragina ,
Camini , Leucx. ou Albœ Alo ,
Mtnelaùs , Napa , Mazacila à
Gaphara , Tacapboris , Billa.
1. MARMARIUM, ville de l'Euboée , félon Stra-
bon, /. 12. p. 446. Se Etienne le géographe.
2. MARMARIUM, lieu aux environs de la Macé-
doine. Cédrene en fait mention, 6c Ortelius , Ibefaur.
dit que Gabius écrit Marbarium au lieu de Marmarium.
MARMAROS , comeé de la Haute Hongrie, aux
confins de la Pokucie , & au pied des monts Krapack ,
à la fource de la Teiffe. Ce corncé qui n'eft pas d'une
grande étendue , a pour bornes au couchant celui d'Ung-
Tem. IV. O ij
io8
MAR
MAR
v/m, au midi celui d'Ugogh , la Pokutie au levant, Se
le Palatinat de Rufiie au nord.
MARMAX. Ortelius , Thefaur. en fait un fleuve du
Péloponnèfe dans l'Elide, faute apparemment d'avoir lu
avec affez d'attention le partage de Paufanias qu'il cite.
On lit dans cet ancien, lib. 6. cap. 21. ces mots : On
arrive au fleuve Parthenias , fur la rive duquel eft le
fépulcre des chevaux de Marmax.
MARME. Voyez. Marma.
MARMISUM. Voyez. Marpessus.
MARMOLEJO. C'écoit autrefois, félon Baudrand,
édit, 170J. une ville de l'Espagne Bétique , & on l'ap-
pelloit Utica. Il ajoute que ce n'eft plus préfentement
qu'un village fitué fur le Guadalquivir , à une lieue au-
deflbus d'Anduxar.
MARMOLlTvE, contrée de la Galatie. Strabon,/.
12. p. 562, la met aux confins de la Bithynie. Quel-
ques MSS. au lieu de Map/tcAira lifent M<tf>y.S<rv
1. MARMOUT1ER ou Maurmunster , en latin
Mauri monaflerium , petite ville de France dans la Baffe
Alface , à une lieue de Saverne. Elle eft entourée de
montagnes, ôc ceinte d'une muraille qui a dix- huit ou
vingt pieds de haut. Le foffé eft comblé en plufieurs
endroits , & fans eau du côté de la hauteur , mais du
côté d'en bas il y en a un peu. On y voit une abbaye de
Bénédictins fondée par faint Firmin vers l'an 725. ôc
dont le revenu eft de quatorze mille livres. Cette ab-
baye occupe le tiers de la ville. Le monaftere eft en-
clos du côté de la campagne, par la muraille de la ville ,
& des autres côtés par un mur de deux pieds d'épaif-
feur , fur douze à quinze pieds de haut. L'abbaye ôc la
ville fe nommèrent d'abord Leuwarzei. Quelque tems
après , l'abbaye ayant pris le nom d'un de fes abbés , qui
s'appelloit Mmrus , la ville prit le nom de l'abbaye.
* Pigamol , Defcr. de la France , t. 7. p. 464.
2. MARMOUTIER , abbaye de France dans la Tou-
faine( a ). Saint Martin, l'année d'après fon ordina-
tion, qui avoit été faite en 371. voulant fe ménager
une retraite hors de la ville de Tours , bâtit un mona-
ftere à deux milles de la ville , félon la fituation où elle
étoit alors. 11 avoit choifi pour cet effet un def-rt
formé d'un côté , par une roche fort escarpée , ôc de
l'autre , par la rivière de Loire. On n'y entroit que par
un chemin fort étroit. 11 y fit quelques cellules de bois ,
mais le nombre de fes disciples s'étant accru jusqu'à
quatre-vingt , la plupart fe logèrent dans des trousqu'ils
^voient creufés clans le rocher. Telle fut l'origine du cé-
lèbre monaftere de Marmouticr , qui fubfifte encore
aujourd'hui, mais foMS la régie de faint Benoît, aune
petite lieue de Tours au-deçà de la Loire. Ce mona-
ftere , que l'on fait paffer pour le premier & le plus
ancien de ceux qui font en Occident , ôc qui étoit plus
confidé table que celui de Ligugey , que faint Martin
avoit bâti en Poitou , avant fon épiscopat , fut la
fource de plufieurs autres qu'il fonda depuis. Il fut ou-
tre cela un excellent féminaire d'évêques; ôc il n'y
avoit point d'églife qui ne defirât d'avoir un pafteur
tiré du monaftere de faint Martin. Comme c'étoit (b)
le monaftere le plus confidérable de ceux que fonda ce
faint , on le nomma Majus Monafterium ; d'où l'on a
fait en notre langue Marmoutier. Cette abbaye fut
détruite par les Normands en 8j 5. enfuite deffervie
par des chanoines , puis remife dans l'ordre de faint
Benoît , à la prière d'Eudes II. comte de Touraine. Le re-
venu de la inanfe abbatiale , réuni à l'archevêché de
Tours en 1737. eft de 20000. liv. , ôc celui des moines de
18000. liv. Les bâtimens ont été fuperbement rétablis
dans ces derniers tems. (a) Baillet, Topog. des Saints,
p. 295. (h) Piganiol, Defcr. de la France, r. 7. p. 18.
MARMUNSTER , abbaye. Voyez. Momenster.
MARMUSIS. Voyez. Marmolit^.
MARNE, rivière de Fiance , en latin Matrona. Elle
a fa fource dans le Baffigny ( a ) , au pied d'une mon-
tagne , environ à cinq cens pas d'une métairie nommée
la Marmotte , qui a été donnée aux Dominicains de Lan-
grès. Cette fource eft à peu près large d'une toife ,
& l'eau qui en fort de la gfoffeur du corps d'un hom-
me, fait en même -tems tourner un moulin de la mê-
me métairie. Elle a fon cours ( b> ) par les généralités de
Chalons , de Soiffons ôc de Paris. Dans cet espace ellt
reçoit les rivières de Vanori , de faint Geosme , là
Mousche , la Suize , la Blaife , le Sault , le Roignon ,
la Noyure, la Soupe, le grand ôc le petit Morin, &
chemin faifant, elle arrofe Langres , Roland- Pont , Chau-
mont, Joinville, S. Difier, Vitry, Chalons, Esper-
nay, Dormans, Château-Thierry, la Ferté-fous-Jouar-
rc , Meaux ôc Lagny , après quoi elle fe jette dans la
Seine à deux petites lieues au-deflus de Paris , un peu
au deffous de Charenton , vis-à-vis Cariéres-lès-Chai en-
ton. Le lit de cette rivière eft renfermé par des terres
baffes &: làblonneufes pour la plupart ; ce qui la rend
fort trouble dans les grandes eaux , ôc caufe plufieurs
débordements, (a ) Corn. Diét. (b) Pigamol, Defcr. de
la France, t. 4. p. 263.
MARNES ou S. Jouin de Marnes , bourg de Fiance
dans le Poitou , élection Je Thcuars. 11 y a un monaftere
d'hommes dont S. Jouin a été abbé. Voye z. S. Jouin.
MARO ou Marro , petite ville ou bourg d'Italie ,
dans la feigneurie de Gènes , fur la rivière Impériale ,
& dans la dépendance de la principauté d'Oneille à
laquelle elle elt annexée. Elle eft fituée dans la vallée d'O-
neille, ôc elle a titre de marquifat. * De l'IJle , Carte
du Piémont.
MAROA , peuples de la Louifiane.
MAROBULUM, ancienne ville de la Germanie, qui
appartenoit aux Marcomans , félon Ptolomée , /. z.e. 11,
On prétend qu'elle portok auparavant le nom de bu-
biemum que Marobodus lui fit quitter pour lui donner
le fien , ôc que c'eft aujourd'hui Prague. D'autres croient
que c'eft Budweis. Voyez. Marcomannie , ôc Bubie-
MUM.
1. MAROC , royaume d'Afrique dans la partie la plus
occidentale de la Barbarie. Il e(t borné au nord par le
fleuve d'Ommirabi ; à l'orient par le mont Atlas ; au midi
par la rivière de Sus , & au couchant par l'Océan occi-
dental. Dans cette étendue font comprifes fept provir>
ces; favoir,
Hea , Gefula , Duquéla,
Sus , Maroc , Efcura , Telda.
Ce royaume s'étend le long de la côte depuis les ha»
bitations de Meffa & l'embouchure de la rivière de Sus,
que les anciens appelloient Suriga , jusqu'à la ville d'A-
zamor , où la rivière d'Ommirabi , autrefois Cufa , entre
dans la mer ôc fait l'embouchure que les modernes ap-
pellent l'embouchure de la rivière d'Azamor. Cette riviè-
re descend d'une montagne du Grand Atlas, qu'on nom-
me Dedès ôc fépare ce royaume de celui de Fez. * Mar-
mol, du royaume de Maroc , 1. 3. p. 1.
Les forces de ce royaume font peu redoutables par
mer. Le nombre des bâtimens n'eft jamais fixé. 11 n'y en
a guéres ordinairement qu'une douzaine dont la moitié
appartient au roi ôc le refte à des particuliers. Ils ne pafïent
pas communément dix-huit à vingt pièces de canon, les
plus forts n'en ont pas plus de vingt-quatre : mais ils ont
jusqu'à deux cens hommes d'équipage. Us font la plupart
affez mal en ordre à caufe de la diferte du pays qui ne
peut fournir les munitions , les voiles , les cordages , ôcc.
En forte que fi les Maures n'en tiroient pas de tems en
rems des Anglois ôc des Hollandois, ils feroient bientôt
contraints de réduire leurs vaiffeaux à plus petit nombre.
L'entretien des bâtimens ne coûte rien au roi de Maroc ;
c'eft l'alcaïde ou gouverneur du lieu où ils font qui en
paye les officiers ôc l'équipage. S'ils font des prifes, le
roi en a une moitié , l'autre fe partage entre l'alcaïde ôc
les officiers , qui en donnent auffi quelque portion à l'é-
quipage ; mais le roi prend tous les esclaves , en payant
cinquante écus pour chacun de ceux qui ne font pas
compris dans fa moitié. Les vaiffeaux des particuliers s'é-
quipent aux frais des armateurs : ils s'en rembourfent fur
le produit àes prifes. Le roi en prend néanmoins le cin-
quième avec tous les esclaves , en donnant auffi cinquan-
te écus par tête.* S. Olon , Etat de l'empire de Maroc,
p. 14. ôc fuiv.
Les forces de terre feroient plus confidérables que celles
de mer , fi le prince favoit discipliner fes fujets , & s'il
avoit de quoi les armer. Quand il faut faire quelque ex-
pédition, le roi ordonne à fes alcaïdes de lui lever le nom-
bre de troupes qu'il y deftine. Les alcaïdes conviennent
enfuite entr eux de fournir chacun à pto^o ion de re-
tendue de foa gouvernement. On fait alors marcher de
MAR
MAR
force ceux d'entre les gens mariés qui ne s'y portent pas
de leur gré , ou on les oblige de mettre un autre homme
à leur place. On peut de trois frères en prendre deux ;
mais il faut qu'ils foient mariés ; car on ne fauroir forcer
ceux qui ne font pas établis. Ces gens ainfi levés , foit
officiers , foit foldats , foit cavaliers , font obligés de fe
nourrir , de fe monter, de s'armer ôc de s'entretenir à
leurs dépens durant toute la campagne ; & comme ils
n'ont pour la plupart ni armes à feu, ni poudre, ils
ne marchent qu'avec des épées , des lances & des bâtons.
Il y en a cependant dans chaque ville ou village un certain
nombre proportionné à la grandeur du lieu , qui doivent
toujours être armés & prêts à marcher au premier com-
mandement.
Quoique le royaume de Maroc foit divifé en fept
provinces qui font aflez grandes , il n'eft pas cependant
fort peuplé ; pareeque fon terrein eft fablonneux , fec
& ingrat dans fa plus grande partie. 11 n'eft abondant
qu'en chameaux , qui y font à bon marché ; il a beau-
coup démines de cuivre & il produit une grande quan-
tité de cire & d'amandes , dont il fe fait un grand débit
en Europe. On eitime qu'il peut y avoir trente mille ca-
banes d'adouards , qui font près de cent mille hommes
payant Garammc ; c'eft-à dire , payant annuellement au
roi un tribut de la dixième partie de tout ce qu'ils pofle-
dent , à quoi ils commencent d'être fujets dès qu'ils ont
atteint l'âge de quinze ans. Un adouard eft une efpece
de village ambulant ; car il y en a très-peu de bâtis &
de fiables en Afrique : il eft compofé de quelques fa-
milles Arabes , qui campent fous des tentes , tantôt en
un lieu, tantôt en un autre , felouque la bonté du ter-
rein les invice ôc que la fubfiftancc de leurs befiiaux ,
en quoi confifte tout leur bien , le requiert. Chaque
adouard a fon marabou ôc fe foumet à la conduire d'un
chef, qui eft élu. Chaque famille occupe une tente ou
cabane , ôc y couche péle-méle avec les bœufs , les mou-
tons , les chameaux , les poules , les chiens , «Sec. Rien
n'eft comparable à la mifère & à la malpropreté de ces
Arabes. Cependant ce font eux qui font les revenus du
roi les plus réglés ôc les plus certains. C'eft ordinaire-
ment un Noir de fa garde qui va exiger leurs tributs ,
ôc qui , quoique feul , fait jouer le bâton , comme il lui
plaît , contre les défaillans fans qu'on ofe s'en plaindre.
Quand les Arabes tranfportent leurs adouards , ils met-
tent leurs femmes avec leurs enfans fur des chameaux
dans des machines d'ofier , couvertes de toile 6c faites
en forme de niches , mais toutes rondes. Elles font ga-
ranties par-là de l'ardeur du foleil , & néanmoins elles
peuvent prendre l'air de tel côté qu'elles veulent. Si les
chameaux ne fuffifent pas pour leur bagage , ils le char-
gent fur les taureaux ôc fur les vaches , qui ont des bâts ;
ce qui ne fe pratique , je crois , nulle part ailleurs.
Quant aux autres habitans du royaume , ils font peu
braves , peu aguerris , adroits à cheval ôc à la lance ,
forts , infatigables ôc fpiriruels ; mais ils font impolis ,
jaloux, lafeifs, menteurs , fuperftitieux , hypocrites , four-
bes , cruels ôc fans foi.
Le roi prend le titre de grand cherif; c'eft-à-dire , le
premier ôc le plus puifiant des fucceiieurs de Mahomet ,
dont il prétend descendre par Ali ôc par Fatime, gendre
6c fille de ce faux prophète. Ces Arabes tiennent pour
faints , même de leur vivant , tous les innocens , les ef-
pritsfoibles & ceux qui favent faire quelques forcelleries.
Ils font bâtir fur leurs tombeaux après leur mort des
chapelles, où on va en pèlerinage , & dont on fait des
afyles inviolables pour l'impunité des crimes 6c contre
la colère du roi. Enfin lorsque quelqu'un d'entre eux
vient à mourir , les parens ôc les amis en font paroître
beaucoup de douleur ; 6c même fi c'eft une perfonne de
diftinction , ils louent des pleureufes. Avant que de met-
tre le corps en terre , on le lave , on l'envelope dans
un drap neuf, 6c on le fait porter dans une bière fui-
vie d'un grand nombre de perfonnes , qui marchent fort
vite i invoquant Dieu & Mahomet à haute voix. On
enterre enfuite le mort dans une folle étroite par en haut
& large par en bas , afin que le corps , difenr-ils , y étant
plus à l'aife , foit plus prêt au jour du jugement , ôc ne
perde pas le tems à chercher fes os ; raifon dont ils fe fer-
vent encore pour ne pas enterrer deux perfonnes dans un
tombeau. On porte encore des viandes fur ces folles , &
109
l'on enterre de l'argent & des joyaux avec les morts , ann
qu'ils puiflent s'en fervir, pour avoir en l'autre monde les
mêmes commodités qu'en celui-ci
Les Juifs, quoiqu'en grand nombre dans ce royaume,&
d'un fecours avantageux, n'y font pas plus confidérés
qu'ailleurs. On les choiffi pour les plus vils emplois : ils
n'ont que la nourriture pour tout falairc ; ôc ils font fi fu-
jets aux taxes, aux infultes & aux baltonnades, qu'on
peut les regarder comme le jouet perpétuel de l'avarice
ôc de linjuitice des grands , «5c l'objet de l'averfion de tous.
Il feroit impoffible de faire le calcul des revenus du roi
de Maroc. 11 n'a presque point de domaines. Les plus fo-
lides de fes revenus confiftent dans la dîme de tous les biens
de fes fujets, dans la taxe annuelle de fix écus par tête fur
tous les Juifs mâles, depuis l'âge de quinze ans ôc au-delTus.
Un autre revenu confidérable provient des impôts arbi-
traires qu'il exige, foit des Juifs, foit de fes autres fujets,
fans aucune autre raifon que fa volonté. Il tire auifi beau-
coup de fes alcaïdes à qui il abandonne tout le revenu de
leurs gouvernemens.
Ce font les alcaïdes qui gouvernent rout le royaume
fous l'autorité de leur prince ; car le roi n'a ni cour de jufti-
ce, ni confeil particulier , ni miniftre. Il eft lui feul l'au-
teur, l'interprète «Se le juge fouverain de fes loix, qui n'ont
d'autres bornes que fa volonté. Cette autorité, qui pavoît
6c qui eft effectivement fi despotique , ne laifle pas d'en
connoître une fupérieure, c'eft celle du moufti ôc de fes
officiers que le roi n'a pas le pouvoir de dépofer , quoi-
qu'il ait celui de les établir. Il eft fournis comme les autres
aux décrets de eette juftice , qu'il ne pourroit décliner , fi
le moindre de fes fujets l'y appelloit. Mais ils n'ont garde
d'en venir là ; la vengeance feroit fure ôc la mort inévita-
ble.
Le commerce qui fe fait dans ce royaume eft avanta-
geux aux négocians , tant du dehors que du dedans. Le
roi qui y trouve fon utilité particulière ne néglige rien
pour fe l'attirer ; ôc fes alcaïdes favent bien , par des em-
prunts qu'ils accumulent Ôc qu'ils n'achèvent jamais d'ac-
quitter, arrêter ceux que l'intérêt du gain y attire , ôc que
les premières carènes ôc apparences du bon traitement por-
tent à s'y établir. Quelque repentir que caufent à ceux-
ci les injuftices 6c les avanies fréquentes qu'on leur faic
fouffrir , il ne leur eft jamais permis de s'en tirer, à moins
qu'ils n'abandonnent leurs dettes & leur fortune.
2. MAROC, grand empire d'Afrique dans la partie la
plus occidentale de la Barbarie , formé des royaumes de
Maroc , de Fez , de Tafilet , de Sus ôc de la grande pro-
vince de Dara. Cet empire peut avoir deux cens cin-
quante lieues d'étendue du nord au fud , & cent quaran-
te de 1 eft à l'oueft. Il eft borné du côté du nord par la
mer Méditerranée ; à l'orient par la mer Atlantique ; au
midi par le fleuve Dara , «Se à l'occident par la mer Atlan-
tique. Il faut pourtanr en excepter quelques places que les
princes Chrétiens tiennent fur les côtes; du côté de la
mer Méditerranée, Ceuta, Melila ôc Oran qu'occupent
les Espagnols. Les Portugais pofledent auflï Mazagan
fur l'Océan ; de forte que l'empereur de Maroc a pre-
fentement pour places confidérables fur fes côtes.
Sur la Méditerranée ,«
Sur l'Océan.
■ Sainte Croix,
Safy,
i Salé »
La Mamorre,
LaRache,
Argile ,
-Tanger
f Zaffarine ,
VTetouan.
Cet empire fe forma dans le dernier fiécle. Le fameux
Mouley Archi , roi de Tafilet , ôc Moulla Ifmaël fort
frère 6c fon fuccefieur réunirent les royaumes de Maroc ,
de Fez , de Tafilet , ôc de Sus , 6c la vafte province de
Dara fous une même puifiance. * S. 0/o«.,état de l'em-
pire de Maroc , p. 2.
3. MAROC , province du royaume de même nom en
Afrique. Elle s'étend d'occident en orient depuis le mont
Nefife jusqu'à celui d'Animmey j du côté du nord elle
no MAR
MAR
descend jusqu'à la rivière de Tanfift , a l'endroit où elle fc
joint à celle d'Ecifelmcl -, elle forme une figure triangu-
laire au milieu de cinq aucres provinces.
La province de Maroc Ce nommoit autrefois Bocano-
Emero , ôc fa capitale étoit l'ancienne ville d'Agmet ,
d'où les Lumptunes ou Almoravides vinrent fondre dans
le pays. Ils y bâtirent enluite la ville de Maroc pour être
le fiége de leur empire & la capitale de toute la partie
Occidentale de la Mauritanie Tingirane.
Tour le pays qui eft hots des mon'agnes du grand At-
las, eft un terrein plat, abondant en froment, en orge,
en millet , ôc en toutes foires de fruits Ôc de légumes. Il
eft arrofé d'un grand nombre de ruiffeaux ÔC de fon aines
qui descendent des rochers voifins. Toutes ces fontaines
font bordées de jardins, de vergers & de quantité de pal
miets , dont les dattes fe doivent manger fraîches ôc ne
font pas bonnes fé^hes, tomme celles de Numidie. Les
montagnes font extraordinairement roides ; il n'y vient
qu'un peu d'orge qui croit fous la neige. Ln récompenié il
y a quantité d'herbe pour les troupeaux qui s y rendent
l'été ; il faut néanmoins les retirer à rems , ou les renfer-
mer dans desétabiesà caufe des neiges qui furviennent , ôc
quelquefois ils font quinze jours fans pouvoir fortir : on les
nourrir pendant ce tems de branchages ou de foin , dont
on a fait provifion.
Leshabitans des villes & des bourgs font habiles & font
un trafic qui les met à leur aife. Ils font allez bien vêtus à
leur mode. Ils ont grand nombre de che\ aux, d'arquebu-
fiers ôc d'arbalétriers a pied : mais ceux des montagnes
font comme ceux de Hea ôc de la même tribu. Voici les
principales places de cette province:
Ugiemaha, GemaadJedid, Maroc,
L'mégiague, Temraelet, Agmet,
Tazarot , Imismis , Animmey ou
Tamdegoft , Anime.
Teneza , a «uiutguu, , xuuiuc.
Montagnes.
Nefufa, aujourd'hui De- Cauchava, Guidimiva ,
rende ren ou Adren , Secfiva , Hentete ,
Cemmeele , Temmelet , Animmey.
* Marmol , du royaume de Maroc ,1. 3. p. 43.
4. MAROC , capitale du royaume de même nom.
C'eft une grande ville, la mieux fituée ele toute l'Afri-
que , dans une belle plaine , à cinq ou fix lieues du
mont Atlas, environnée des meilleures provinces de la
Mauritanie Tingitane. Elle a ère bâtie par Abu Techi-
fien , premier roi des Almoravides ou Lumptunes , envi-
ion l'an 1061. ôc 454. de l'hégire. Cette opinion eft
fondée fur le témoignage d Abdulmalic hiftoriographe de
Maroc. Quelques uns l'attribuent à Abe Dramon fils de
Moavia. Abdulmalic ajoute que Jofeph fils d'Abu Te-
chifien } acheva debârirla ville de Maroc. Il y employoic
trente mille esclaves, afin d'avancer l'ouvrage ôc d'y
placer le fiége de fon empire. On voit encore dans
quelques anciens édifices , des tables d'albâtre furies-
quelles on lit ces mots en langue arabe : Sous le règne
de Jofiph Abu Techifien. * Marmol , du royaume de Ma-
roc, 1. 3. p. 50.
La ville de Maroc eft fermée de bonnes murailles faites
à chaux ôc à fable: le mortier eft mêlé de terre graffe ,
& il eft fi dur , que quand on y donne un coup de pic ,
il en fort du feu comme d'un caillou. Quoique la ville
ait été plufieurs foisfaccagée,il n'y a pas une feule brèche ;
ce qui eft d'autant plus furprenant , que les murailles font
extrêmement hautes. Elle a vingt-quatre portes, ôc peut
contenir cent mille habitans. Tous les auteurs contem-
porains ôc ceux qui ont écrit depuis , difenr que fous le
règne des Lumptunes & des Almohades , Maroc
étoit la plus grande ôc la plus riche ville de toute l'A-
frique Marmol , p /?. y 1 . afiiue avoir vu une pièce d'al-
bâtre haute comme un homme , plantée fur un fépul-
cre ancien hors de la porte de Bibeltobul, qui porte ces
mots en arabe: Cy gît Aly fils d'Atia, qui commandai
cent mille hommes , eus dix yridle chevaux , & fis creufer
cent & un puits en un jour pour les abreuver. J'cpoufai
trois cens filles ; fus fidèle , vitlorieux , & l'un des vingt-
quatre généraux de Jacob Almanfor. Je finis mes jours à
quarante ans- Qui lira cette épitaphe, prie Dieu Qu'il me
pardonne.
Du coté du midi il y a une belle ôc grande forterefie
qui pourroit contenir plus de quatie mille maifons ;
eile eit fermée de bonnes murailles Ôi flanquée de tours >
avec un folle Ôc un ravehn. 11 n'y a qt:e deux portes ;
l'une du cô é du midi ôc qui regarde la campagne ;
l'autre du côté du nord ôc regarde la ville Celt dans
cette place qu'eft la fameuie mosquée d'Abeluimumen
roi des Aunohades.
11 s'en faut de beaucoup que la ville de Marcc foit
auffi peuplée qu'elle éiok autrefois , elle eft même fort
déchue de fon ancienne lplendeur ( . ). Elle ne contient
pas plus de vingt cinq mille habitans : lé* rues paroiflent
presque déferres; ôc perfonne ne picnd foin de réparer
les ruines des maifons , ce qui la défigure entièrement*
La forterefie ôc fa mosquée fifameufe par fa grandeur,
fes oinemens, fes portes de bronze , ôc fur-tout fes
trois pommes d'or qu'on diloit enchantées , ne font plus
rien. Moula lsma'él n'a point appréhendé les vains pro-
nouicsde malédiction contre ceux qui le:> ôteroient ; fon
avidité plus forte que la fuperftirion ordinaire aux Mau-
res , l'a déterminé a les fa»re enlever. On prétend que
ces pommes d'or avoient été miles fur cette mosquée
par une femme de ce grand Almanfor fi célèbre ôc fi
connu dans l'hiftoire par la conquête de l'Espagne. Cette
reine voulant lailTer a la poftériré un monument de fa
grandeur , lit fane c,ua;ie pommes d'or ( / ) ôc le s pofa
au haut de la tour fui le dernier chapiteau. Elles étoient
attachées l'une fur l'autre a une giofie banc de 1er.
La plus balle qui étoit la plus grande teiu.it huit me fui es
de bled : la féconde en tenoit quatie, ôc les deux au. tes
à proportion, le corps de la pomme etut de cuivre,
couvert d'une grolïe lame dor de Tibar. La femme,
dit-on, avoir vendu fes pierreries pour faire ces quatre
pièces. On croyoit qu'elles avoient été pofées fous une
telle conftellation qu'on ne pouvoir les en ôter ; ôc
que l'architecte avoit par des conjura'ions obligé certains
efpiits à en être les gardiens. On afiuroit même que
plufieurs rois qui les avoient voulu prendre , avoient
toujours été re.enus par quelque accident. Les Maures,
naturellement fuperftrieux s'éioient imaginés, qu'en ver-
tu de cette conjuration , le diable remproit le cou à
celui qui entreprendroit de les enlever. Le roi Nacer
.Buchentuf les voulut prendre pour payer fes troupes,
mais les habitans s'y oppoferent, & dirent qu'il les vendit
plutôt eux ôc leurs enfans , que d'ôter l'honneur de leur
ville. Du tems que Marmol étoit captif à Maroc , le
cherif Muley Hamet , plus avare que fuperftitieux , fit
ôter la plus haute pomme ; il la fit défaire par un orfè-
vre Juif; on vit qu'elle n'écoit pas toute d'or , & que
-le dedans étoit de cuivre. Cependant il ne laifloit pas
d'y avoir pour vingt cinq mille pilloles de pur or Com-
me le peuple murmuroit , Muley Hamet fit dorer le cui-
vre, ôc le fit remettre en fa place. Quelque tems après ,
.on vit l'orfèvre Juif pendu un matin au haut de la four.
Sur quoi les Alfaquis publièrent que c'étoient les efprits
qui l'avoient enlevé la nuit , ôc l'avoient mis-là. Depuis
le cherif ayant perdu la vie ôc la couronne , ils attri-
buèrent fon malheur à fon avidité. Jusqu'à Mouia ls-
ma'él , on n'avoit plus ofé toucher à ces pommes : ce prince
les enleva enfin , ôc en enrichit fon thréfor. (a) S. Olon ,
Etat de l'empire de Maroc , pag. 16. (b) Marmol , 1. 3.
On croit que Maroc eft 1 ancienne Bocanum Heme-
rum , dans la Mauritanie Tingitane, ou de Tanger, où
il y avoit un évêché avant la domination des Mahomé*
tans. C'eft dans cette ville que furent martyrifés les cinq
frères Mineurs, l'an 1220. du vivant même de S. Fran-
çois , leur père : mais leurs reliques furent tranfportées
en Portugal.* Baillet , Topogr. des Saints, p. 297.
MAROGA. Voyez. Marora.
M A ROGNA , petite ville de la Turquie dans la
Romanie , fur la côte près du lac Bouron. C'eft l'an-
cienne Maronea. Voyez, cemoz.
MAROHiE, peuples des Indes, félon Tlinc, l.G.c.io.
MAROIALENS1S Vicus. Grégoire de Tours,/. 7.
c. 12. fait mention de ce village : il le place dans le
territoire de la ville de Tours, vers les confins du Bcrri.
MAROIALIC<£ Thermo. Pcmius Paulinus parle
de ce lieu dans fa lettre à Aufone. Vinet ci oit que ces
bains étoient au pied des Pyrénées, AuLvue , ipJL 5.
MAR
les nomme Maraiolica ; Se Aimoin fait mention d'un
village nommé Maroilenfis ■■, mais ce pourroit bien erre
k même ehofe que le Maroialenfis viuu de Grégoire de
ToutSi Voyez 1 article précédent.* Orteiii ThctAur.
MAROILLES » Maroles , ou Marolles , en latin
MaricoU, M.irolm &c MadrioU, village des Pays-Bas
dans le Hainaut fur la petite rivière de Terlon , à une
grande lieue de Landrecies. Le terroir en eft bon , ik.
il s'y fait d'exceifens 'fromages. Il y a une célèbre abbaye
régulière d'hommes de l'ordre de S. Benoit. Son premier
fondateur a été Chombcrr, comte de Fammareins , Co-
rnes ïano - Marenfis , que Bailiet nomme Rodobert ,
& qu'il qualifie feigneur d'un canton appelle Famarc
ou Fa-mats , Famtm Martïs , à caufe peut-être de quel-
que ancien temple de Mars. Son fécond fondateur , Se
qui eft le principal , eft S. Humbert , évêque , confeffeur
de Jefus-Chrift , abbé de ce monaftère, & compagnon
de S, Arnaud, évêque de Tongres. Les comtes de Cam-
brai s'étant rendus les maîtres de ce monallète , & y
ayant mis quelques chanoines réguliers , il fut réduit dans
un fi mauvais état , que l'empereur Othon chargea Ful-
bert ♦ évêque de Cambrai, de le renouveller entière-
ment 5 & de mettre la régie parmi fes chanoines : mais
fes efforts ne fervirent pas de beaucoup. Enfin", Gérard
I. évêque de Cambrai , chalTa les chanoines , y rétablie
l'ordre monaftique , après avoir réparé , & même aug-
menté le monaiteré , &c fait rendre à fon eglife les biens
qui lui appartenoient. On conferve dans cette abbaye le
corps de S. Humbert, fon fondateur & premier abbé,
qui mourut l'an 690. le 25 Mars , & une grande partie
des olïemens de S. Quinibert , prieur de Salefe , & dont
on fait la fête le 18 Mai. Bailiet, Tupogr. des Suints ,
p. 196. place la mort de S. Humbert en 6S1.
1. MÀROLLLS & S. Aubin , bourg 'de fiance dans
le Maine . élection du Mans*
2. MAROLLES , prieuré de France au diocèfe de
Paris; il vaut environ deux mille livres de rente.
MÂRON ET GEMELLICOLLES , collines ou mon-
tagnes de la Sicile , félon Pline , /. 3. c. 8. Dans le marty-
rologe de Maurolicus il eft auffi parlé de ces deux mon-
tagnes. Celle de Maro s'appelle aujourd'hui Madonia ,
& celle de Gcmelli fe nomme monte di Mêle. Solin,c. j.p.
19. & d'autres géographes donnent à ces deux monta-
gnes un nom commun , favoir mons Nebrodes.
!. MARONEA , ville de la Thrace. Mêla , /. 2. c. 2.
dit qu'elle étoit fur le bord du Neftus , & Etienne le
géographe près de la Cherfonnefe : mais ni l'un ni l'autre
n'en marquent la vraie fituation. Hérodote, /. 7. c. io«>.
la donne en décrivant la route de Xerxcs, & ce qu'il en
dit, elt appuyé du témoignage de Ptqlomée , l. 3. c. 11.
Tous deiu la mettent environ au milieu entre le Neftus
& la Cherfonnefe. En effet, comme le dit Etienne le géo-
graphe lui même , Maronea éto'n une ville de la Ciconie,
près du lac Ifmaris. Polybe , /. j. c. 34. la place au voifina-
%<zeXJEnus\ & Tke-Live , /. 3 1. c. 3 1. joint enfemble les
JE net , les Maronites & les Thafii, Selon Pline, /. 4. c . 11.
elle s'appella anciennement Ortagurea. Sur d'anciennes
médailles on lie MAI>nNElTON;dans une autre on lit AIO
■NT^OY lOTHïOc MAPHNITON. Cette ville reconnoiffoit
le dieu Bacchus pour fon proteCteur,à caufe de l'excellence
du vin qui cioiffoit fur fon territoire : Vino , dit Pline ,
/. 14. c. j. aminuiffima claritas Maroneo , in Thraciœ ma-
r'ttima parte genito , ut aullor eft Homerus. Il fait allufion
à ce que dit Homère dans le neuvième livre de l'Odyfféc,
vers lyj.&fuiv. Cette ville s'appelle aujourd'hui Ma-
rogna. Voyez, ce mot. Cette ville étoit episcopale. Doci-
mafius , fon éveque fouscrivit au concile d'Ephefe tenu
l'an 43 1. * Ceil. geog. ant. 1. 2. c. 1 J.
2. MARONEA /ville d'Italie. Tite-Live, /. 27. c. 1. la
donne aux Samnites.
MARONENSIS, Maronanensis , fiege episcopal
d'Afrique dans la Mauritanie Sitifense, félon la notice
d'Afrique , qui fournit Juveminus Maronanenfis.
MARONES, peuples de l'Amérique méridionale
dans la France équinoxiale. Ils font à quarante-cinq
lieues au fud-eft de Cayenne , & à 15 lieues de l'em-
bouchure de l'Arabony.
1. MARONIA, lieu de l'Afrique, félon Démofthéne:
il y avoit des mines dans cet endroit. * Ortel. Thefaur.
2. MARONIA ou Maronias , ville de Syrie. Pto-
III
lomee , /. 5. c. 1 j. la place dans la Chalcidie, entre Tolmi-
deffa ëc Coara. Il y en a qui croient qu'elle fe nomme
aujourd'hui Marat. S. Malch folitaire , échapé de fes
maures avec fa compagne, fe retira dans le bourg de
Marone, où ils vécurent long-tems & très fainte-
ment enfemble. Ce bourg s'accrut dans la fuite jusqu'à
devenir une ville confidérable , à douze lieues environ
de la ville d'Antioche , vers le levant d'hiver du côté
du mont Liban. On en a fait même un évêché.*2fa//-
Ut , Topogr. des Saints , p. 296.
3. MARONIA , village dont fait mention S. Jérôme- :
il dit qu'il étoit éloigné d'Antioche d'environ trente milles
du côté de l'orient , par conféquent ce ne peut être 1*
Maroma de Ptolomée. * Ortel. Thefaur.
MARONITvE. Le cinquième concile de Conftanti-
nople fait mention de ces peuples qu'il dit être de la
province de Rhodes. Ces peuples étoient les mêmes que
ceux de Maronea. 1, * Ortel. Thefaur.
MARONITES. Ceft ainfi qu'on nomme les princi-
paux habirans du Mont Liban. Il y a fur cette montagne
environ 400 villages , occupés par cent foixante mille
Maronites , parmi lesquels il y en a vingt mille , qui por-
tent les armes pour leur défenfe. Ils font les anciens
habitans de la Phénicie. Dans le V. ficelé , ils embraffe-
rent les erreurs d'Eutiehès. Ils les abjurèrent au com-
mencement du VIII. par les foins d'un abbé , nommé
Maron , de qui ils onr pris leur nom. Il fut leur pre-
mier éveque. Ils ont perfévéré depuis dans leur union
avecl'Eglife Romaine. Les perfecutions qu'ils ont effrayées
de la part des Turcs , en ont forcé une partie de quitter
leurs habitations. Plufieurs fe font retirés a Alep, à Laodi-
cée , à A pâmée, à Jérufalem , même en Chypre , où
ils occupent plufieurs bourgs , ou villages. Ils ont un
patriarche qui prend le titre de patriarche d'Antioche,
& fait fa réfidence au monaftere de Canobin, à 10 lieues
de Tripoli , au pied du Mont Liban.
MARONSA. Voyez. Maranga.
MARONY , rivière de l'Amérique méridionale dans
la France équinoxiale qu'elle borne à l'occident. Ceil
la rivière la plus confidérable du pays; elle coule du
fud au nord ; & après un cours de foixante ou quatre-
vingt lieues , elle va fe décharger dans la mer , à environ
quarante-cinq lieues de l'embouchure de la Cayenne. Elle
forme dix petites ifles , en commençant à onze lieues de
fon embouenure jusqu'à fon embouchure même.
M ARORA , ville de la Cappadoce dans la Sargaraufé-
nc ou Sargauraféne. Ptolomée , /. 5. c. 6. la place après
Ariarathira. Ses interprêtes lifent Maroga.
1. MAROS , nom d'un lieu dont fait mention Polybe»
l.Ç).c. 28. qui dit que Timéey pilla le templede Neptune.
Un manufcrirgrec portoit Tê/uapw au lieu de M«poç ; mais
Fulvius ôc les meilleurs interprêtes lifent Tœnaro. En
effer , félon Paufanias , /. j.r. 12. il y avoit un temple
de Neptune à Thmarus.
2. MAROS , montagne de la Thrace auprès de la ville
Ismarus , fi l'on en croit Pomponius Sabinus dans fes
remarques fur le cinquième livre de l'Eneïde. Ortelius,
Thefaur. foupçonne que ce mot foit corrompu ; il croit
qu'il faut lire Ismaros au lieu de Maros.
3. MAROS. Voyez, Marisch.
MAROSTICA , bourg confidérable d'Italie dans le
Vicentin , à trois lieues de Baflano vers le fud-oueft. Le
Bofl'a paiïe au milieu , & le Silano à un mille plus loin.
II y a plufieurs églifes, une des plus remarquables eft
celle de faim Flotian. Dans celle de S. François, on
conferve le corps d'un enfant nommé Lorenzulo , qui
fut martyrifé par les Juifs avant qu'on les eût chaffés de
ce lieu. Les feigneurs délia Sc^la y ont bâti un château
fur la croupe d'une montagne ; il eft entre deux rochers
& entouré de murailles. L'air de Marofiica eft très-pur
& le pays fort beau , produifant toute^fortes de fruits
en abondance , &c entr'autres des cerifes qui font les
plus belles de l'Italie. Il y a aufli quantité de fources
ck de fontaines-, & à deux milles de cet endroit on
voit un lac dont les eaux croiffent & diminuent comme
les Lagunes de Venife. * Corn. Diét. éd. R, nouv. voyage
d'Italie.
M AROTHA ou Morovig ( a ) , bourg de l'Efclavo-
nte à l'orient de Mitrovitz , au confluent du Boszut ÔC
d'une petite rivière nommée ( b ) Valco par Lazius , qui
i la MAR
MAR
dit que ce lieu fut appelle par les Latins Manu cajfra.
(a) Dellp, Atlas. ( b ) Ortel. Thefaur.
MAROZ , bourgade de Hongrie dans le comté de
Pilier vis-à vis de Vicegrad , de l'autre côté du Danube ,
au-deffus de l'ifle de S. André. * De l'IJle , Atlas.
MAROZZO, bourg ou village d'Italie au royaume
de Naples , dans l'Abruzze citérieure , fur la côte de
la mer Adriatique, à fept ou huit milles de Termole,
entre cette ville & le fleuve Trigno. 11 y en a qui pren-
nent ce village pour l'ancienne Bucu ou Buba. * Magin ,
Carte de l'Abruzze créiïeure.
M ARPACH , petite ville d'Allemagne dans la Sotiabe,
fituée fur le Necker près de l'endroit où la Murr fe
jette dans ce fleuve, entre Heilbron & Schorndorf, à
une diftance a peu près égale de ces deux villes. Elle fait
partie de la principauté de Wurtemberg! mais le comte
Ulrich de Wurtemberg qui fut pris en 1461. a la batail le
de Heydelberg , par Fridéric , dit le Victorieux c^mte
palatin , fut obligé de reconnoîtrece prince pour feigneur
fuzerain de Marpach , & de lui en faire hommage. C'efl
la même que Marbach. * Z<yler, Topogr. Suevia;. p. 54.
MA11PESIA Cautes. Jomandes dit que ce nom fut
donné au mont Caucafe , parce que Marpefia reine des
Amazones y avoit demeuré quelque tems. Voyez. Cau-
case & Marpessa. * Ortel. Thefaur.
MARPESSA , montagne de l'ifle de Paros, félon Etien-
ne le géographe, Servius & Vibius, 11 y en a qui croient
que c'eft de cette montagne dont Virgile , Mneid. l. i. v.
471. entend parler fous le nom de Maipcfia Cames.*
Ortel. Thefaur.
MARPESSUS, ville de la Phrygie dans le mont Ida.
Paufamas , /. 10, c. 1 2. la met chez les Phocéens , à deux
cens quarante ftades d'Alexandrie de la Troade , aux
environs du fleuve Ladon. Lactance la place dans le
territoire de Troye, au voifinage de Gergithe , Se ajoute
que la Sibylle Hellefpontiaque étoit née dans cette ville.
Ortelius croit que MarpeJJtis , Marmifus Se MermeJJus
font des noms fynonymes. * Ortel. Th.
MARPOURG, ville d'Allemagne fur la rivière de
Lohn dans le Landgrax iat de Hefle , dont elle eit la capi-
tale. Cette ville fituée dans un pays très-agréable , eft: aflez
grande Se aflez bien bâtie avec un château. Ce netoit an-
ciennement qu'une forteteffe des Maniaques , Se que Pto
lomée, /. x.t. 1 1. appelle Matiacum , Se Cluvier caflel-
lum Mittiacorum. Elle a été autrefois libre Se impériale ;
mais le i landgraves de Hefle la fournirent à leur obéiffance.
Le landgrave Philippe le Magnanime fonda fon univerfité
l'an 1526. Les rues font larges (b) Se les maifons aflez
belles. Sa principale place eff fort grande & embellie d'un
hôtel de ville, dont l'architecture mérite d'être remarquée.
Le château , qui eft fur le haut d'une colline, eft féparé de
la ville par la rivière , fur laquelle il y a un fort beau pont
de pierre de taille. Dansl'autre partie eft la maifon du conv
mendeur des chevaliers Teutoniques , c'efl un bâtiment fu-
perbe Se fpacieux. Il y a aufli uneéglife confidérable ; elle
fut bâtie par Louis évêque de Munfter, fils de Henri III.
landgrave de Thuringe. Le palais du prince e/t fur un lieu
élevé dont la vue s'étend fur de grandes plaines, fur des
vallées entrecoupées de ruiffeaux, & fur des collines char-
gées de vignes , Se de diverfes forte d'arbres. ( a ) D'Audi-
fret, Géogr. anc Se mod. t, 3. p. 272. (b) Corn. Diétionh.
Atlas , pays de Hefle.
M ARPURG, ville d'Allemagne dans la baffe Stirie , en-
tre Cilley Se Gratz , dont elle eft à neuf milles fur la Drave,
au levant de Lavant-Mynd. Lazius , Rcip. Rom. I. 1 2. Ceci.
4. c. 4. croit que c'efl le caftra Maruna des anciens, ou
le caftra Matciana d'Ammien Marcellin , & dit qu'on y
trouve plufieurs antiquités. II y a deux châteaux en ce lieu j
un hors de la ville qui s'appelle le haut Marpurg , & l'au-
tre renfermé dans fon enceinte, au poffeffeur duquel eft
attaché le droit exclufif de livrer tout le bled que les bou-
langers de la ville emploient. Marpurg a eu autrefois fes
comtes particuliers, dont un nommé Bernard la vendit à
Ortocare III. margrave de Stirie , comme le rapporte La-
zius , /. 6. dans fon livre de Migratione Gentium. Cepen-
dant on trouve qu'Ulrich , dernier des comtes de ce
nom , vivoit encore en 1 240. Se qu'après fa mort les
feigneursde Scherffenberg, qui étoient fes coufins, ont
disputé long tems ce comté aux margraves de Stirie.*
Zcykr , Topogr. Stirix.
MARQUAIRE ou Marcaire , ville dés Indes, fur îà
côte de Malabar au royaume de Calecut. On l'appelle aufli
Marcaire-costÉ , Se les Portugais la nomment la terré
de Cognialy. C'efl dans cette ville que font les receveurs,
les écrivains Se autres officiers du roi de Calecut : ils y ont
un bureau où ils font la recette Se vont vifiter tous les
vaiffeaux Se les marchandifes qui arrivent au port, &le
foir ils s'en retournent a leur logis qui efl à demi-heue de-
la dans le pays. Les Portugais ont fait de grands cfiorts pour
fubjuguer cette ville & quelques autres du voifinage ,n;ais
ils n'ont pu y réuflir. La ville de Marquaire efl grande,
bien peuplée Se fort marchande. Elle eli firuée fur une hau-
teur, & la fortereffe,qui la commande Se la défend, efl en-
core plus haur. Au bas , près de la mer , eft le port. Se des
deux côtes de la riviei e on a bâti des forts qui en défendent
l'entrée. La rivière efl belle, elle porte bateau l'efpace de
plus de vingt lieues.
Tout le pays de Marquaire efl fort bon , &ileft la ré-
traite principale des pirates de ces quartiers ; c'efl aufli le
lieu où il y a le plus de Maiabres , parce qu'il efl le mieux
fortifie. Le roi de Calecut y met un gouverneur qui com-
mande a tous les Maiabres de fon état , de même qu'à tous
les pirates &corfairts des autres villes qui le îeconnoiffent
comme leur roi, car il faut qu'ils foient commandés par une
perfonnedeleur loi Se de leur nation, quoiqu'ils dépendent
du Samory. * Pyrard , Voyage aux Indes Orient, p. 246.
Se fuiv.
MARQUARDSTEIN.ville d'Allemagne dans la haute
Bavière, fur la rive droitede l'Acha, au mididulacChiem-
fée. Elle a un pont fur cette rivière.* Baudrand,edit. 1705.
Robert , Carte de Bavière , 1 7 j 1.
1. MARQUE, petite rivière des Pays-Bas dans la Flan-
dre Vallonné. Elle a fa fource près d'Orchies , pafle à
Epinoi , à Pont-à-Marque, d. à Pont-à- Bovines , d. à
Pont-à-Treflin , d. à Acq , g. à Anappes , g. à Lille d.
après quoi elle fe perd dans la Deulle à l'abbaye de Mar-
quette au-defibus de Lille. * Dill. géogr ; des Pays-Bas ,
P«iJ9-
2. MARQUE , la Marque ou Merck, abbaye de
France dans la Picardie au voifinage de Calais ; c'efl:
une abbaye d'hommes de l'ordre de S. Benoît. Elle fut
fondée en 1090 , par Euflache comte de Boulogne Se
Ide fa femme , père Se mère de Godefroi de Bouillon
comte de Jérufalem.
MARQUE-FAUT ou Marque Fauve , petite ville
de France dans le haut Languedoc , diocèfe & recette de
Rieux. il y a un couvent d'Auguflins Se un prieuré de
l'ordre de Fontevraud.
i. MARQUETTE ou MARQUETTE-tEz-LitLE , ab-
baye de France dans la Flandre Françoife aux portes de
Lille. C'efl un monaftere de filles de l'ordre de Cî-
teaux , filiation de Clairvaux. Elle fut fondée en 1 2 2 5;*.'
ou 1230 par Jeanne comteflé de Flandres, & fempe
du comte Ferdinand. Us y ont été inhumés l'un Se
l'autre.
2. MARQUETTE , rivière de l'Amérique feprentrio-
nale dans la nouvelle France. Elle fe jette à la bande
de l'efl du lac des Ilinois. Elle a pris fon nom du père
Marquette, Jéfuite miflionnaire , oui, l'un des premiers
avec le fieur Joliet , descendit une partie du Mifllflipi*
Moyennant un portage on peut communiquer par cette
rivière, de la baie deSakinan du lac des Huions, au lac
des Ilinois. L'embouchure de la rivière Marquette eft:
par les 43 degrés 49 minutes de latitude nord. Elle n'y;
paroît qu'un ruiffeau, mais vingt pas plus haut on trou-
ve un lac, qui a près de deux lieues de circuit. En en-'
riant dans la rivière, on laiffe à gauche un gros morne»
dont le haut paroît avoir' été coupé avec le pic , & fur
la droite la côte eft forr baffe , fa longueur d'une portée
de fufil. * Le P. de Charlevoix , Voyage de l'Améri-
que.
MARQUILLIÊS , bourg de France dans la Flandre
Valonne , diocèfe de Tournay. Il y a deux foires tous
les ans , Se un marché franc tous les mois.
MARQU1NA , vallée du royaume d'Espagne dans la
Biscaye ; la rivière de Deva y coule , & la ville de Pla-
centïa y eft fituée. * Délices d'Espagne , t. 1. p. 87.
i. MARQUIS , bourg de France , dans la Picardie , an
Boulonnois.
z.MARQUISJ'ai expliqué aux mots Marche & Mar-
grave,
MAR
MAR
CRAVE, la lignification primitive de cette forte de digni-
té que Ton exprime en latin moderne par Marchio,
& dans quelques vieux aéïes gaulois par le mot Mar-
chis. Ceux des princes de la maifonde Lorraine, por-
tent en quelques recueils la qualité de ducs 6c de mar-
chis , par exemple , nos Thibaus par la grâce Dieu ducs
& marchis de Loherrene , dans le codicille de Thibaut
III. l'an 13 12. On lit dans le traité entre Ferri III.
duc de Loi raine 6c Edouard comte de Bar : Nous
Eddouuars Caens de Bar faifons f avoir & connoïfjance
a tous que nous avons fais accort & convenances , à
très -haut & pmj] -nt prince notre très-chier & amey Jig-
nour & coufin Ferri duc de Loheraine & Marcha telles
comme cy-apres font eferiptes & devifées. Cet acte eft
de 1310.LetellamentduducJeanI.de l'année 1377.
porte : Je Jehan duc de Loherreine & Marchis , en bon
Cens & bonne mémoire de mon entendement , tir bonne
profpérité de mon corps, Dieu merci , Sec. Ce mot Mar-
chis fe trouve dans les actes fuivans, 6c même dans la
proreftation de Charles III. en 1641.
Quoique les noms de Marchis , Marquis ou
Margrave lignifient originairement la même choie ,
ils ont aqdis avec le tems une fignificacon bien différente.
A l'égard de Marchis , je ne connois que la mâifon de
Lorraine qui l'ait confervé;pour ce qui eft de Margra-
ve , il eit commun à plufieurs princes fouverains de l'Em-
pire , comme le margrave de Brandebourg , le mar-
grave de Al unie 6c autres. Voyez. Margrave. Ce font
des princes qui ont toutes les prérogatives attachées à la
fouveraineté ; comme de faire grâce ou julHce a la rigueur
aux criminels ; d é ablir des loix pénales ; de faire la guerre
ou la paix ; de ba"tre monnoic en leur propre nom 6c effi-
gie , &c. Quand il s'agit de ces fouveiains qui ne fe trou-
vent que dans l'Empire d'Allemagne , je voudrois con-
ferver le mot de Margrave, qui feul répond à cette
idée. Celui de marquis n'y répond pas. Marquis en
France eit un titre honorable que le fouverain conlerve à
qui il veut , fans égard à fa figmfica'ion primitive. Un
riche bourgeois achète des terres , fe fuppofe d'extraction
noble , prétend qu'un de fes ancêtres a dérogé , fair ré-
habiliter fa noblelîé imaginaire , & transmet à fon fils une
terre érigée en raarquifat. Il elt vrai que tous nos marquis
de Fiance ne font pas de cette efpéce ; mais il n'eft pas
moins véritable qu'il y en a un très-grand nombre de ce
calibre.
Parmi ceux qui font marquis d'origine , il n'y en a
point qui jouiffent des privilèges a'tachcs en Allemagne
au margraviat. Tout marquis en Fiance n'eft qu'un gen-
tilhomme titre , qui elt fujet du roi comme tout le relie
de fa noblefle.
La dignité de marquis eft inconnue en Suéde , en Da-
nemark , 6c en Pologne. On y a des comtes. Il y a des
marquis 6c des marquifâts en Italie , comme Final 6c
autres. Il y enaajffi en Espagne ;& îi eft remarquable
que le marquifai de Villena , quoique poffédé par le duc
d'Escalona, femblc l'emporter fur la dignité de duc. Le
fameux duc d'Escalona, fi connu par les indignes traite-
mens qu'il fouffrit au royaume de Nâples de la part des
Impériaux , àcaufe de fa confiante fidélité envers fon roi
légitime , fignoit feulement El Marques, Le marquis,
comme s'il eût été marquis unique , ou marquis par
excellence.
MARQUISAT , feigneurie dont le propriétaire com-
pétent prend le titre de marquis. Il y a des marquifâts qui
font des fouverainetés , 6c l'on donne improprement le
nom de marquifâts aux margraviats d'Allemagne. Il y a
des marquifâts comme ceux de France qui font poflédés
par des gentilshommes , dont la terre eft nommée ainfi
par une patente » dont eux ou leurs ancêtres ont été grati-
fiés par le roi , foit à caufe de leurs fervices , foit par une
faveur achetée à prix d'argent.
MARQUISAT DU S. EMPIRE. Voyez Anvers.
MARR , province maritime d'Ecofle , fituée pour la
plus grande partie entre le Don 6c la Dée , 6c générale-
ment allez fertile. On l'appelle autrement the Shire of
Aberdéen , du nom de fa capitale. Elle produit du fro-
ent , du feigle , de l'orge , de l'avoine , des pois 6c des
frves en abondance. Les herbes 6c les racines , foit pour
la table , foit pour l'ufage de la médecine , y viennent fore
bien. Les montagnes d'ailleurs font fertiles en pâturages.
113
Là mer 6c les rivières y abondent en poiflbns, particulière-
ment en faumons 6c en truites : on y compte jusqu'à fix
différentes espèces de truites , 6c toutes très-délica es. Le
gibier s'y trouve auffi en quantité , fur les rivières 6c dans
les montagnes. & les betes fauves font très communes
dans les forets. Il y a plufieurs carrières qui fourniflent
des pierres pour bâtir , 6c des pierres à chaux qui fervent
auffi pour engraiffer la terre. * Etat préfenh de la grande
Bretagne , t. 2 p. 267. 6c fuiv.
On trouve dans cette province une forte de pierre fra-
gile, que les habitaus appellent Elfaraïuheads. Les plus
longues font d'environ deux pouces , les plus épailies de
deux grains , 6c toutes fort minces aux bords Elles font
de diverfes formes. On en trouve quelquefois fur le gra>.d
chemin , 6c en d'autres endroits où il eit certain qu'il n'y
en avoit point une heure ou deux aupara/ant , 6c cela
arrive l'été , principalement lorsque le tems efl clair 6c
ferein. On fuppofe qu'elles fe forment en l'air par de grof-
fes exhalaifons , parce que les voyageurs en trouvent quel-
quefois dans leurs bottes ou dans leurs habits. * Etat fré-
Jent de la Grande Bretagne , p. 268.
Cette province donne le titre de comte au chef de la fa-
mille d'Erskiue , & fes principales villes font ,
Le vieux Aberdéen , Le nouveau Aberdéen ,
Se Kincardin.
1. MARRA. ^«.Casarda.
a. MARRA , ville de S/rie au voifinâge d'Ama. Elle
eft commandée par un fangiâc , & n'a rien qui mérire dê-
tre remarqué , fi ce n'eft le han où on loge. Il eft tout cou-
vert de plomb , 6c fort fpacieux : huit cens hommes y
peuvent loger a l'aile avec leurs chevaux. Au milieu de ce
han il y a une mosquée , avec une belle fontaine. On y
voit encore un puits profond de quarame-deux toiles ,
depuis le haut jusqu'à la fuperficie de l'eau. Ce han fut
bâti , il y a près de deux cens ans , par Mourab Chelebi ,
grand tef crdar , lorsqu'il fit le voyage de la Mecque. Ln-
viron à cinqi ante pas il y a un autre han a demi-ruiné ,
d.jnt /a porte eft d'une pierre noire toute d'une pit.ee %
haute de lept pans , large de quarre 6c demi , 6c d'un pan
d'épai fleur. On y voit deux croix comme celles de Malte,
gravées à demi relief, avec des rofes 6c d'autres figures.
* Thevenot , Voyage du Levant , 2. part. c. 60.
MARRAGAT/E. Voyez. Messabat^
MARRASIUM , ville ou viliage de la Perfide. Pro-
longée , L 6. c. 4. la place entre Tanagara 6c Aspadanat
Dans le livre huitième il écrit le nom de cette ville avec
une feule r.
MARRAT , bourg de France dans l'Auvergne , élec-
tion de Clermonr.
MARR A Y , bourg de France dans la Touiaine, élec-
tion de Tours.
MARRICHE , viile du pays des Pannes , entre Se-
mina 6c Tafiache , félon Ptolomée , /. 6. c. y.
MARRIS , forêt que Guillaume de Tyr , L 16. c. 19.
met aux environs de la Méfopoiamie. Il place auffi à peu
près dans le même quartier une ville qu'il nomme Mareu
MARRO , rivière d'Italie au royaume de Naples dans
la Calabre ultérieure, Elle a fa lburce dans le mont Apen-
nin , 6c fon embouchure fur la côte occidentale entre
Gtoia 6c Petre Nere. On nommoit autrefois cette rivière
Metauro* * Magin , carte de la Calabre ultér.
MARRUB1ÛM. r«>y«.MARuviuM.
MARRUCINI. Voyez, Maruceni.
1. MARS. Voyez Marsal-Quivir.
2. MARS ou Beit Mars , ancien temple d'idolâtres»
rempli d'un grand nombre de pagodes ou idoles , dans le
voifinâge de la ville d'Ispanan. Ce lieu fut converti en
Pyrée , c'eft à-dire , en un de ces temples où les adora-
teurs du feu confervoient religieufement 6c révéroient
leur feu facré. *. D'Herbelot , biblioth. orient.
1 . MA RSA ou Marc a, mot arabe qui fignifie un port.
2. MARSA ou Marça , ville d'Afrique au royaume
de Tunis dans la feigneurie de la Goulette. Metiedi ka ife
de Carvan en fut le fondateur. Il la bâtir dans l'endroit
où étoit le port de l'ancienne Carthage. Elle fut détruite
pendant les guerres des rois de Tunis , &enfuite rebâtie
par quelques pêcheurs 6c laboureurs. Il y a préfentement
un beau palais 6c des maifons de plaifance , où les bâ-
chas de Tunis vont fe divertir Tété. On tient qu'il y a près
de huit cens maifons , avec une mosquée Se un collège 3
Tom. IV. P
MAR
1 14
que Muley Mahomet , père de Muley Hascen fit bâtir.
* Dœpper , defcr. de l'Afrique , p. 1 94*
3. MARSA ( a ) , ville ancienne de la Fannonie Ce
fut près de cette ville que l'empereur Conllance , fécond
fils de l'empereur Confiant» , donna bataille a Magnen-
ce , qui avoir pris le nue d'empereur des Gaules. Zofimc
(b) nomme ce lieu Mursa. Voyez, ce mot. (./) Corn.
Diction. Vu Virdier , abrégé de Philt. rom. t. 6. ( b )
fiijiortarA. 2. c. 63.
1. MARSAC , bourg de France dans l'Auvergne , élec-
tion d'1 (foire.
2. MARSAC , bourgade de Franc, dans le Périgord.
Elle eft remarquable rar une fon aine , qui a fon flux &
reflux de même que le bias de mer qui 1 ai.e de\ an Bour-
de aux. La varia. ion qui fe trouve dans les inouvemens de
cette fontaine , eft attribuée à une communication l'ourer-
raine avec la rivière de 1 ifle cians laquelk le fuix de la
mer monre à dix lieues environ de Marfac. * Obkrva-
tion du P. Mut % Cordelur inférée da is les journaux de
Juin 1749. Or, ». Dict. André au Chêne , antiquités des
villes de France.
3. MARSAC, bourg de France dans la Saintonge,
élection de S. Jean d'Angely.
MARSACI &c Marsatii. Voyez. Masaci.
MARSAILLE, plaine du Piémont, renommée par
la bataille qui s'y donna le 4 Octobre 1693 , entre les
troupes de Fiance commandées par le maréchal de Cati-
nat , & celles de Victor Amé IL duc de Savoie , ailillé
des Espagnols & des Allemands. Huit mille des ennemis
de la France demeurèrent fur la place ; on prit leur canon
avec quatre drapeaux ou étendards, & on fit plufieurs
prifonniers , parmi lesquels il y avoir divers officiers de
marque. * Corn. Diction. Mémoires du tcm<.
M ARSAL , ville de France dans le duché de Lorraine,
diocèfe de Merz , avec titre de châtellenie , qui eft con-
tigue à celle de Vie. Marfal a été un célèbre & impor-
tant domaine de l'églife de Metz. Les ducs de Lorraine
avoienr part à cette feigneurie ; mais l'évêciue Jacques de
Lorraine , qui l'avoir eue en pattage , donna à fon églife
ce que fa maifon avoir a Mai !àl , avec le refte de fon pa-
trimoine, comme on peut le voir dans l'hiftoire des évê-
ques de Merz.
Ce lieu étoit fameux pour fes falines dès le huitième
fiecle , comme on voit par le teitament de FohaJ, ar-
chichapelain & abbé de fainr Denis gardé en original dans
les archives de cette abbaye. Cet abbé marque dans ce
teftament qu'il faifoit du fel à Marfal , & que Marfal s'ap-
pelloit hodatwm, Plufieurs croient que ce nom Bodathtm
a été changé en Mjrfailum , à caufe du fel que l'on y
faifoit en abondance. L'auteur de la chronique des évê-
quesde Metz dans le Spicilége appelle Marfal , Marcel-
lum Ôc Marfellum , ôc il y a apparence qu'il n'a pas con-
nu , ou qu'il n'a point approuvé cette étymologie.
Ces évêques de Metz commencèrent à jouir entière-
ment de la feigneurie directe & utile de Marfal ôc de fes
falines dans le douzième fiécle , fous l'épiscopa: de Jac-
ques de Lorraine. Ce fut cet évêque qui fir fermer , fous
l'empire de Frédéric II. vers l'an 1140. la ville de Mar-
fal de murailles , ôc fortifier , de manière qu'elle fut la
première place de tout l'évêché. Elle refia fous la domi-
nation des évêques de Metz , & elle y étoit encot e lors-
que Henri II. prit la protection de l'évêché. Les falines
furent inféodées au duc de Lorraine avec les autres
qui appartenoient à l'évêché ; mais la fouveraineté & le
haut domaine appartenoit toujours aux évêques.
Le roi , comme protecteur , mettoit garnifon à Mar-
falunais durant lestroubles de la ligue Charles duc de Lor-
raine s'en rendit maître , & il lui fut cédé par Henri IV.
au traité de paix conclu avec le duc l'an 1594. à Saint
Germain en Laie. Ce prince avoir acquis de fon fils le
cardinal de Lorraine , évêque de Metz , la place ôc fei-
gneurie de Marfal , moyennant un échange qui fut auro-
rift par une bulle du pape Clément VIII. qui établit l'ar-
chevêque de Befançon commiffaire pour l'exécution de la
bulle , que Henri IV. autorifa pareillement par un arrêt
de fon confeil d'état l'an 1601.
Lorsque Louis XIII. fe rendit maître de la Lorraine ,
il s'empara auffi de Marfal. Quand le duc Charles fut ré-
tabli dans fes états, l'an 1661. on lui rendit cette place
dont il avoit joui en fouveraineté avant qu'il quittât la
MAR
Lorraine. Deux ans après le duc confentit par un traité
que Marfal feroit remis au roi pour en disposer comme il
lui plairoit , à la charge que le duc de Lorraine continue-
roit a jouir du domaine ôc de la filme comme auparavant:
mais lèlon le traité de RysWick , le duc de Lorraine
devoir être remis dans fes Etais , comme le duc Charles
fon grand oncle en jouifioit , ôc non autrement.
Marfal a de bonnes fortifications, qui jointes à la fi-
tuation de la ville dans des marais de difficile abord , en
font une plate d importance. * Longutrue , Defcription
de la Fiance , pair. 2. pag 174.
1. M ARSAL A (a) , ville de Sicile dans le Val de
Mazzara fur la côe occidentale de lifte. Elle occupe la
place de l'ancienne Luib&i.m , étant fituee fur le cap de
ce même nom , qui porte aujourd'hui celui de G/pu Bo-
co , ou Lilibeo. Cette ville, qui fut fondée par les Romains
durant la gueire qu ils firent aux Carthaginois , eft bien
fortifiée (b). Elle avoir autrefois un bon port , que
l'empereur Charles V. fit gâter dans la crainte que les
Turcs ne s en cmparaf.tni (a) De L'ifie , Atlas. (/;)
Lo>n. Dict.
2. MARSALA , petite rivière de Sicile dans le Val de
Mazzara. Elle a fon cours d'orient en e>ccident , & fon
embouchure fur la côte occidentale de lifte, entre la
ville de Marfala au nord, é\: Toue Sibilliana au midi.
* JJeïlft, Atlas.
MARSAL-QUïBIR. Voyez. Marsaqui-vir.
1. MARSAN ou le Mont de Mapsan , ville de
France dans la Gascogne & , & la capitale du pays de
même nom. Cette ville a été baue par Pierre vicomte de
Mai fan, vers l'an 1140. La rivière de Midoufe , fur
laquelle elle eft fitnée, commence d'y éne navigable. Il
y a un marché qui étoit auttefois très-confidéiab!e pour
la vente des grains ; mais il ne s'y en débite plus tant de-
puis que celui de Bazas eft venu en réputation , * Figa-
mol , Defcr. de la France , t. 4. p. 576.
2. MARSAN {a) en latin , Marùanum , pays de
Fiance dans la Gascogne avec titre de vicomte. C'eft un
des anciens vicomtes motivans du duché ou comté de
Gascogne. Dès l'an 1000, il y avoit à Mat fan , un vi-
comte nommé Lobanerius , qui étoit vaffal de Bernard-
Guillaume duc de Gascogne. C'eft de ce Lobanerius
que descendoit en dioite ligne Pierre vicomte de Marfan ,
qui bâtit la ville du Mont de Marfan. Il époufa Bcatrix:
héritière du comte de Bigorre , ôc par ce mariage , le
Marfan & le Bigorre furent joints. Leur fils Centuie ( b )
n'eut de fa femme Matclle qu'une, fille nommée Stépha-
nie , qui fut mariée à Bernard , comte de Comenges. Ces
derniers n'eurent aufïi qu'une fille , appellée Pétronille ,
qui fut mariée cinq fois , & donna lieu à de grands diffé-
rends pour fa fuccefllon. i°. Elle époufa en 1192. Ga-
fton fouverain de Bearn, mort fans enfansen 121c. 20.
Elle fe maria à Don Nunnes , comte de Cerdaignc , qui
étoit fon parent , ôc qu'elle quitta fous prétexte de pa-
renté , fans avoir fait caffer fon mariage par l'Eglife. 30.
Elle époufa en 1216. Guy , fécond fils de Simon comte
de Montforr. 40. Aimar de Rançon, fon quatrième mari ,
mourut fans enfans. 50. Elle époufa en 1228. Bofon de
Mathas , feigneur de Coignac en Angoumois , de qui elle
eut une fille appellée Marie , qui époufa Galion , fouve-
rain de Bearn , neveu ou petit neveu de ce Gafton , que
Pétronille avoit époufé en premières noces. Gafion de
Bearn , après la mort de Pétronille , disputa aux descen-
dais de Guy , comte de Monfort , le Marfan ôc le Bi-
gorre. Roger , comte de Foix , décida la conteftation en
1256. Il adjugea le Marfan à Gafton, & le Bigorre à
Esquivât, petit-fils de Guy , comte de Montfort & de
Pétronille.
Il croîr beaucoup de vin dans ce pays , ôc des feigles
en quanrité. Le fénéchal du pays de Marfan , eft d'épée.
Son nom (c) n'eft employé que dans les commifiïons ,
ou dans les expéditions des fentences , & encore n'eft-ce
qu'au fénéchal : car dans les jurisdictions royales , les
commiiîîons s'expédient au nom des juges. li ne jouit
d'aucun droit, ôc n'a de fonctions que le jour qu'il eft
inftallé , & qu'il préfide à l'audience du fénéchal. Ses
gages font de trent fept livres dix fols , & font compris
dans l'état des charges de Marfan. Marfan eft un pays
abonné qui tient fes affemblées comme les pays d'état.
MAR
MAR
1 1 f
( à ) Longueriie , Description de la France , part. I. pag.
i88» (£) Piganiol, Defcr. de la France, t. 4. p. 463.
( c ) ibid. p. joj.
MARSANGUE , bois de France dans la maitrife de
Montmarault. Il a cent foixante ôc treize arpens deux
tiers.
MARSANUM. Voyez. Messapius mons.
MARSAQUEUS. On lit ce mot dans une vieille in-
feription rapportée par Goltzius.
MARSAQUI-VIR ou Marsalqui-bir , ville& port
d'Afrique dans la province de Beni-Arax au royaume de
Tremecen. Cette ville a commencé par une fortereffe
que les Romains bâtirent fur la côte de la mer Méditer-
ranée , à une lieue d'Oran du côté de l'occident. Elle eft
fur un roc qu'on ne peur miner , ôc environnée d'une
haute montagne fi âpre ôc fi escarpée , qu'on a peine à
aborder dans la ville , fi ce n'eft par le chemin d'Oran ,
où il y a un partage étroit Se inégal , appelle la Chaife.
Du côté du feptentrion , où elle eft battue des flots de
la mer , il y a deux tours carrées qui flanquent le port ,
& fuivant le mur qui eft fort épais, ôc fait de teure graffe >
on trouve une tour ronde nommée la Campanc. Tour-
nant de-là au tour de la ville » on vient à une plate-for-
me, où avant que d'arriver , on rencontre dans l'enco-
gnure des deux pans de la muraille , une autre tour car-
rée qui flanque tout cet endroit , ôc enfuitc une féconde
à l'autre encognurc qui eft plus avant , au - deflbus
de la porte de la ville , à l'endroit qu'on nomme la Folle
Mer. L'entrée de la place eft défendue par deux grandes
tours carrées où ,font les appartenons du gouverneur.
L'on parte trois portes pour entrer dans cette ville» Son
port eft le plus beau ôc le plus grand de toute l'Afrique ,
& peut contenir beaucoup de vaiffeaux &: de galères. Il
eft de tous côtés à l'abri du vent ôc de la tempête. Les
galéartes de Venife & plufieurs autres navires de l'Europe
y abordoient tous les ans avec leurs marchandifes qu'on
portoit delà dans les barques à Oran, où il y avoir
grand trafic. Ainfi il paroît que cette place n'a été bâtie
que pour la garde du port , qu'on appelloit autrefois le
Port-Grand, comme le mot arabe Marfaquivir le ligni-
fie. Ptolomée le met à 1 2. degrés 48 minutes de longi-
tude , & 34 degrés 30 minutes de latitude. L'an ijoi ,
cette place étant aux Maures , Emanuel , roi de Portu-
gal, cjmmmda aux généraux d'une flotte qu'il envoyoit
au Levant en fav:ur des Vénitiens , de la prendre en
partant , ôc d'y me:tre garnifon. La flotte étant arrivée
vers la place , eut le vent fi contraire , qu'elle fut trois
jours à tournoyer pour prendre terre. Les habitans
l'ayant découverte dans cet intervalle , firent entrer trois
cens chevaux d'Oran, ôc quantité de gens de pied pour
défendre Marfaquivir. Us ne firent aucun mouvement
jusqu'à la descente des Portugais; mais lorsqu'ils virent
qu'ils s'écartoient,& que quelques-uns étoient montés fur
la montagne pour reconnokre la place , ils fortirent en
gros, les enveloperent ôc les défirent. Il y en eut plu-
fieurs de tués , fans les prifonniers qu'on fit. Ceux qui
purent échaper fe fauverent dans les navires , qui mirent
aufli tôt à la voile. Cinq ans après Dom Diego de Cor-
douc , gouverneur des Donferelles , alla attaquer cette
même place avec une flotte de Caftille où il y avoit beau-
coup de noblerte. Il la battit vigoureufement , ôc elle
fut défendue de même. Les Maures incommodoient fort
les aflîégeans d'un canon de fer qu'ils avoient ; mais on en
pointa fi jufte un autre , que donnant dans la gueule de
celui des artlégés , il le mit en pièces & tua le canonnier.
Cela les obligea de capituler. Ils fortirent avec leurs
femmes , leurs enfans ôc leur équipage , ôc lairterent la
ville libre aux Chrétiens. Le vainqueur, qu'on fit gouver-
neur de cette place , ayant découvert par des espions
qu'il y avoit quantité d'Arabes campés dans la plaine de
Marfa Guerbin , qui n'eft qu'à deux lieues de-là , ôc qu'on
pouvoir faire un grand butin , partit de nuit avec toutes
fes troupes, laiflant bonne garnifon dans la place. En-
fuite fondant à l'improvifte fur ces Arabes, il faccagea
leurs tentes ôc fit quantité de prifonniers. Ses gendarmes
ayant voulu au retour donner l'alarme à Oran , huit cens
lances qui étoient dedans en fortirent , & voyant les
Chrétiens embarraffés du butin qu'ils avoient fait , ils les
attaquèrent de toutes parts , ôc les forcèrent de fe retirer
fur une collinem.om.mee Tinacha , où il y eut un fanglant
combat. La défaite fut grande. Quantité de noblerte y
périt , ôc les Maures ayant recouvré tout le butin, retour-
nèrent victorieux à Oran. * Marmot , royaume de Tre-
mecen, 1. j. c. 18.
MARS AT , bourg de France dans l'Auvergne, éle-
ction de Riom.
1. MARSAY ou Maïuys , bourg de France dans le
pays d'Aunis , élection de la Rochelle.
2. MARSAY , bourg de France dans le Poitou, éle-
ction de Loudun.
MARSBEC , petite rivière , ou plutôt ruiffeau de
France dans l'Artois. Corneille , Bittion. donne ce nom
au ruifleau fur lequel eft fituée l'abbave de Ham. Il die
qu'il va fe jetter dans la Lis a faint Venant. De rifle,
carte de L'Artois , ne nomme point ce ruiffeau. Il le
fait joindre un peu au- défions de l'abbaye de Ham , à
une petite rivière qui va effectivement fe jetier dans la
Lis auprès de faint Venant.
MARSDIEP (a), canal fort fréquenté entre 1 ifle de
Texel ix. la pointe feptentrionale de la Nort-Hollande.
Ce canal (b ) peut recevoir de grands vairteaux. C'eft le
principal partage de la mer d'Allemagne au Zuiderzée.
(a) Corn. DicL ( b ) Longuerue , Defcription de la
France , part. 1. p. 2.1.
MARSEILLE , ville maritime de France dans la Pro-
vence , dont elle eft la féconde ville. Sans être métropo-
litaine , elle eft la plus riche , la plus marchande , la plus
peuplée ÔC la plus ancienne , ayant été fondée cinq cens
ans avant Jefus Chrift. Ariftote , dans fon traité des Ré-
publiques , dont Athénée nous a confervé ce qui concerne
l'origine de Marfeille , aflure que cette ville fut fondée
par des marchands de Phocée en lonie , qui étoient allés-
là pour le commerce , ajoutant que le roi de cette contrée
nommé Nanus , ayant invité Euxenus ^ qui étoit le plus
confidérable de ces marchands , aux noces de fa fille ,
ôc ayant fait remplir une coupe de vin , la fille l'apporta
à Euxenus , le choififfant pour époux , & rejettant tous
ceux qui la demandoient en mariage , à quoi le roi fort
père ayant confenti, Euxenus l'époufa , ôc changea lé
nom de fon époufe qui s'appelloit Petta en celui d Arifto-
xéne. Il s'établit donc en ce pays du tems de Tarquin
l'ancien, dans la quarante-cinquième olympiade , félon
le célèbre hiftorien Timée , cité par Marcien d'Héraclée
en fa defcription du monde. On voit par le témoignage
d' Ariftote , que Marfeille fut fondée par des marchands
Phocéens , avant que la ville de Phocée fut détruite ôc
abandonnée de fes habitans. La fondation de Marfeille»
11 a doue aucun rapport avec l'hiftoire des Phocéens , qui
prefles par le fa' râpe Harpagus , fous le règne de Cyrus,
abandonnèrent leur patrie , félon Hérodote en fon pre-1
mier livre. * Longuerue , Defcr. de la France » part. 1.
P- 347«
L'Hiftorien Antiochus , qui vivoit plus de trois cens
ans avant Jefus Chrift , eft d'accord là°-deflus avec Hé-
rodote. Ifocrate, dans la harangue qu'il a faite fous le nom
d'Archidamus , avance que les Phocéens ne voulant pas
fe foumettre à la domination d'un grand roi , c'eft-à-dire
du roi de Perfe , s'en étoient allés à Marfeille. L'autorité
de cet orateur , par rapport à l'ancienne hiftoire , eft
très-foible , auflî bien que celle du grammairien Hyginus,
cité par Aulu-Gelle, qui avoit avancé que des gens du
pays de la Phocide , chartes par Harpalus , un des géné-
raux de Cyrus , les uns avoient fondé Velie , & les autres
Marfeille , fous le règne de ServiusTullius roi de Romej
mais ce Grammairien confond la Phocide , pays de la
terre ferme de Grèce en Europe, avec la ville de Pho-
cée qui eft en Afie , ôc dont les habitans ont fondé ces
colonies.
Ils nommèrent cette ville Majfalia , que les Latins
prononcèrent Ma/Jilia, ÔC les modernes Marfeille. Timée,
cité par Stephanus ôc par d'autres anciens , en a rapporré
diverfes étymologies qui ne paroifient pas vraiiembla-
bles.
Les Marfcillois fe gouvernèrent au commencement en
république , à la manière des villes grecques Snabon dit
qu'ils avoient reçu l'ariftoeratie; Se Ariftote loue leur
gouvernement au 7 chap. du liv. 6 de fes Pal'triytfs.
Les naturels du pays envieux d 1 bonheur ôc des ri-
chefles qu'acquéroient les Marfeillois , les a anr o< vent
fatigués par des hoftilicés,les contraignirent à fUre alliance
Tm, IV. P \)
116 MAR
MAR
avec le peuple Romain qui les aimoic fort -, & le cré-
dit des Marfeillois fut fi grand , qu'ils obtinrent la ré-
vocation d'un décrer du fenat , par lequel il étoit or-
donne que Phocée en Ionie feroit ruinée jusqu'aux fon-
demens, pour avoir tenu en Afie opiniâtrement le parti
de 1 impolteur Ariltonique , qui vouloir s'emparer du
royaume d'Atrale. On voit par-là que les Marfeillois
reconnoiffenr pour leurs auteurs les Phocéens d lonie ou
d'Afie , Se non pas ceux de Grèce.
Les Romains qui les protégeoient , firent la guerre aux
5al)es, qui opprimoient ces alliés de la République ; Se
c'eft Marfeille qui a donné lieu à la conquête de la Gaule
Transalpine , en ouvrant la porte aux conquérans.
Les Marfeillois furent eux-mêmes aflïégés Se pris par
Jules Céfar, parce qu'ils avoient embraiïé le parti de Pom-
pée Après avoir perdu leur puiflance , ils s'occupèrent à
amafler des richefles , Se ils s'abandonnèrent même aux
plaifirs i de forte que les mœurs de Marfeillois panèrent
en proverbe , pour marquer celles des gens perdus dans
le luxe Se la débauche , comme Athénée nous l'apprend
en fon douzième livre , où il marque que ces gens la
avoient quitté leur inclination aux armes , Se renoncé à
leurs mœurs févères Se frugales. Ils cultivèrent les fciences
pendant long-tems , Se c'efî par eux que les Gaulois fe
défirent de leur première barbarie ; ils apprirent même l'é
criture des Marfeillois. Céfar, dans le premier livre de fes
commentaires de la guerre des Gaules , dit que le regifire
des Helvétiens ou Suifles, qui fur pris par les Romains ,
étoit écrir en caractère grec , qui ne pouvoir être venu à
ce peuple que de Marfeille ville grecque. Pythéas qui
étoit de cette ville (a) ôc qui vivoit du tems d'Ale-
xandre , a été . félon Gaflendi , le plus ancien de tous
les gens de lettres qu'on ait vus en Occident. Il ei\
glorieux à la France , comme le remarque Caifini ,
Mémoires de mithcmat. & de phyfîque de l'académie
royale des fcie/icei du .} i Mars 1692. le plus grand agro-
nome de notre tems , d'avoir eu une perfonne capable
de porrer les fpéculations à un poinr de fubtiliré , où
les Grecs qui vouloient pafler pour les inventeurs de
tomes les fciences • n'avoient pu encore atteindre. Mar-
feille peut fe vanter d'avoir donné l'entrée aux fciences
dans les Gaules, d'avoir formé l'une des trois plusfameu-
fes académies du monde , & partagé fes écoles avec
Athènes & Rhodes (b). On venok à Marfeille de routes
parts pour y apprendre les belles lettres Se la philofo-
phie. La politefle y étoit fi grande , que les Romains y
faifoient élever leurs enfans. (a) Tour ne fort , Voyage du
Levanr , t. 1 . p. 3. ( b ) Tacit. in vita Agric. c. 4.
Les habitans dans la fuite quittèrent leur ancienne
langue pour le latin ; c'efr pourquoi Agathias, dans 1 hiftoi-
re de Juftinien , dit que Marfeille autrefois Grecque ,
étoit devenue barbare. Rome & l'Italie ayant été fubju-
guées dans le cinquéme fiécle par les Hérules , Marfeille
vint au pouvoir d'Euric roi des Vifigots , Se de fon fils
Alaric, après la mort duquel Théodoric roi des Oftrogots
occupa cette ville avec le pays voifin -, fes fucceueurs la
cédèrent aux rois François Mérovingiens, qui en jouirent
jusqu'au rems de Charles Martel. Alors le duc Moronte
s'en rendit le maître , Se fe mit fous la protection des Sar-
razins. Enfin, étant vivement prefle par les François, il
s'enfuit par mer ; après cela Marfeille obéit aux Carlovin-
giens ; elle fut enfuite fujette des rois de Bourgogne Se
d'Arles. Ce fut fous le règne de Louis l'Aveugle , Se le
gouvernement d'Hugues comte d'Arles , que les Sarrazins
qui s'étoient fortifiés Se établis fur les côtes de Provence,
en ruinèrent toutes les villes maritimes , Se entr'autres
Marfeille que l'évêque Drogon fur obligé d'abandonner
avec fon clergé , Se de fe rerirer à Arles pour implorer le
fecoursde l'archevêque Manafles. Ce primar donna au
clergé de Marfeille pour fa fubfif tance le revenu de l'ab-
baye de S. André dans la Camargue , avec d'autres biens.
L'aéte de cette donation, datée du 4 Janvier l'an 923. eft
dans un ancien manuferit de S. Viétor de Marfeille , où
on lir ces mots : Maffilienfi episcopo Droçoni , qui ob inva-
fionem Saracenorum ab eccle/iaeieclur, fmgultuofo plantlu
adiit , &c. Marfeille fur enfuite rétablie fous le règne de
Conrad le Pacifique. Les comtes d'Arles, qui dominoient
en tous ces pays la , rendirent au monaltère de S. Victor
& aux autres églifes de Marfeille f fous l'épiscopat d'Ho-
norat] tous les biens qu'ils avoient ufurpés.
Il y avoit alors à Marfeille des gouverneurs qu'on ap-
pelloit vicomtes , qui fe rendirent abfolus fur la fin du
dixième fiécle. Guillaume a été le premier vicomte pro-
priétaire de Marfeille ; Se on ne prouve point qu'avant
lui il y ait eu aucun iéigneur héréditaire. Guillaume
mourut l'an 1004. Se laifl'a fa vicomte à fes descen-
dais. Cesfeigneurs avoient la coutume de partager éga-
lement entre frères , fans avoir égard au droit d'aineflè ;
de forte qu'il y a eu en même tems plufieurs vicomtes à
Marfeille. Ces vicomtes s étoienr rendus fouverains »
prenant le ritre par la grâce de Dieu , Se ils ne rele-
voient que de l'Empire. Toutes les portions de la vicomte
ayant été réunies dans la perfonne de Hugues Géofroy ,
elle fut partagée de nouveau après fa mort entre fes cinq
fils,Raimond, Géofroy , Ban al, Guillaume le Gros , Hu-
gues Géofroy, Se Roncehn. Ce dernier vendit fa parr à un
bourgeois de Marfeille : mais elle fut rachetée par la
communauréde la ville ; enfuiie Raymond Géofroy ven-
dit la fienne à la même communauté. Banal n'ut qu'une
fille , nommée Bairale, qui époufa Hugues des Baux.
Elle vendit fa parr aux Marfeillois Fan 1226. La ville
acquit encore la portion d'Adalafie, qui avoir hénté après
la mort de fes trois frères de tous les biens du vicomte
Hugues Géofroy. Guillaume le Gros n'eut qu'une fille
nommée Mab.lle Se mariée a Gérard Adhemar, feigneur
fouverain de Montcil ou Montclimar. I es Marfeillois
acquirent encore fa part , devinrent ainfi fouverains, Se
leur commuante fe trouva une république libre.
Charles comte d'Anjou, frère de S. Louis,* étant
comte de Provence .voulur fubjuguer les Marfeillois dès
l'an 12JI. mais il fe contenta pour lors de quelques
légères fourni/lions & d'établir des officiers dans la vilie.
Les habitans fiers Se indomrables ayant fait quelques
infolences contre ces officiers Se contre le prince qui
étoit abfent , ils furent déclarés criminels par les juges
d'Aix , qui réunirent le domaine de Marfeille à celui
du comté de Provence. Les habitans eflrayésde la puiflance
du prince , fe fournirent ; ils obtinrent leur pardon,
en remettant à Charles la vicomte & la feigneurie de
Marfeille, qui ne fut point unie au comté de Provence,
& fut regardée comme un état féparé. La même année
Charles acquit par échange de Benoît , éveque de Mar-
feille, la part qui appattenoit à l'évêché Se à fon églife
dans la feigneurie de cette ville.
Les habitans de Marfeille voulurent encore fecouer
le joug l'an 1262. mais ils n'y purent réuifir , le joug
qu'on leur avoit impofé fut appéfanti. Ils ne biffèrent
pas de fe maintenir dans plufieurs grands privilèges , ne
contribuant en rien aux charges de la province , ne vou-
lant pas même pafler pour des terres adjacentes , ne recon-
noiflant pas les rois en qualité de comtes de Provence,
foutenant qu'ils n'étoient fujets de ces princes , que com-
me feigneurs particuliers de la ville de Marfeille, affectant
toujours le titre de libre , Se fe foumettant feulement à
la jurisdiction du lieutenant de la fénéchauflee , établi dans
Marfeille par François I. Se en cas d'appel à la jurisdiction
du parlement d'Aix.
Enfin, l'an 1660. le feu roi Louis XIV étant allé en
Provence, fubjugua les Marfeillois , les priva de leur liberté ,
fit bâtir une citadelle fur le porr au deflus de l'abbaye
de Sainr Victor, Se fit faire des fortifications à la tour
de S. Jean, qui e/ï vis à vis de la cuadclleà l'entrée du
port.
Strabon , /. 4. le plus exact des anciens géographes,
tout prévenu qu'il étoit en faveur des villes d'Afie (.'),
où l'on n'employoit que marbre Se que granit, décrit
Marfeille comme une ville très bien bâtie & d'une gran-
deur confidérable , dispofée en manière de théâtre autour
d'un port naturellement creufé dans lesrochers (b). Peur-
être même étoit-elle encore plus fuperbe avant le règne
d'Auguite, fous lequel vivoit Srabon ; car cet auteur par-
lant de Cyfique , comme d'une des plus belles villes d'Afie ,
remarque qu'elle étoit enrichie des mêmes ornement d'ar-
chitecture, qu'on avoit autrefois vus dans Rhodes , dans
Carthage & dans Marfeille. On ne trouve aujourd'hui
aucuns relies de cette ancienne magnificence. En vain
y chercheroit-on les fondemens des temples d'Apollon
Se de Diane , dont parle Srrabon. On fçait feulement
que ces édifices étoienr fur le haut de la ville. On ignore
aufli l'endroit où Pytheas fit dreifer cette célèbre aiguille
MAR
MAR
pour déterminer la hauteur du pôle de Marfeille. (a)
Tourne fort , Voyage du Levant , t. i. p. 3. (b) Eitftat. ad
Dionyf. Pcrieg. v. 75.
Marfeille avoit été bâtie fur une presqu'ifle,envirounée
de la mer , excepté dans un efpace aflez étroit, qui étoit
ferme d'une ancienne muraille. Tout a été démoli , Se on
a étendu la ville le long du port, où on a bâti de belles
maifbns avec des rues droites & fpâcieules; de forte
qu'elle s'en: beaucoup accrue en perdant fa liberté.
Ondivife Marfeille en ville vieille & en ville neuve.
La vieille elt un allez vilain endroit : elle efl fituée fur l'é-
minenceau deflus du port. Les rues font fales Se les mai-
fons mal bâties. On y remarque la majour ou la cathé-
drale qui eil allez grande , Se l'on y voir une pierre de
marbre fur laquelle on lit une infeription arabe , qui
a été traduite par plufieurs perfonnes. Voici la traduction
qu'en a faite Laurent d'Arvieux.
Dieu efl le Seigneur feul permanent.
C efl ici la fépulture de fin ferviteur & martyr ,
Qui s' étant confié en la mij encorde du Dieu Très haut
1! l'a lui a accordée en pardonnant fes fautes.
Jofepbfili d 'AbdaUath de la ville de Meitellin , décédé
Dans la Lune Zilhugé.
* Piganiol , Defcr. de la France , r. 4. p. 1 jj.
Le fieur de Rurfi,dans l'on hiftoire de la ville de Mar-
feille , croit que c'elt l'épitaphe de quelque Cacii , ou prê-
tre de Mahomet , de l'ordre des Almudènes, qui appellent
les peuples en criant du haut des mosquées. Le même au-
teur conjecture qu'elle elt du tems du comte Marnant ,
qui favorifànt les Sarrazins, qui , étant venus en Pro-
vence , leur livra les villes d'Avignon & de Marfeille. Les
Acoules font une pâroiflê à la porte de laquelle on voit
un Crucifix auquel on a grande dévotion.
La nouvelle ville eft parfaitement bien bâtie Se bien per-
cée. Elle efl féparée de l'ancienne par une des plus belles
rues qu'on puifle voir , Se qui règne depuis la porte d'Aix
jusqu'à la pore de Rome. C'elt cette même rue qu'on ap-
pelle le Cours. Elle a deux rangs d'arbres Se des maifons
des deux côtes, toutes de même fymmétrie, ornées de por-
tiques Se de gtandescolomnes avec leurs chapitaux. On
trouve dans la ville neuve de belles maifons.
Saint Victor de Marfeille elt une des plus bellesabbayes
du monde Chrétien. Son antiquité remonte jusqu'aux pre-
mières années du Chriftianifmc. Elle elt de l'ordre de S.
Benoir. On voit dans ecte abbaye deux églifes, l'une
fupérieure Se l'autre inférieure. Elles furent confacrées
par faine Léon le Grand des le cinquième fiécle. Les reli-
ques de S. Viétor que l'on y conferve lui ont donné le
nom qu'elle porte aujourd'hui à la place de celui de S.
Pierre qu'elle portoit autrefois. Elle a donné deux papes
Se plufieurs cardinaux à l'Eglife & un grand nombre d'évê-
ques à plufieurs diocèfes. Le pape Urbain V. étoit reli-
gieux de cette abba\e & il en étoit abbé lorsqu'il fut
élevé au pontificat. C'elt lui qui a achevé d'embellir
cette maifon de la manière qu'on la voit à préfent, toute
revêtue de pierres de raille , ornée de plufieurs belles
tours carrées d'une grofleur Se d'une élévation extra-
ordinaires. Il voulut être enterré dans cette abbaye: il
elt inhumé à côté du maître-autel , où quantité de lampes
brûlent continuellement. Tout le monde convient qu'il
n'y a pas en France d'abbaye qui foit à la fois plus ancienne
&pluscélcbre,niqui ait plus d'exemtions& de plus beaux
privilèges. Parmi une grande quantité de reliques que l'on
conferve dans le thréfor , on remarque la croix de S.
Andié. Elle eft revêtue d'un ouvrage d'orfèvrerie, dont
un camérierde la maifon avoit apporté le deflein d'Italie,
Se qui au goût des connoifleurs elt un morceau fini en
ce genre. Cette abbaye a été fécularifée depuis peu.
L'hôtel de ville a une belle façade. On y voit quel-
ques ornemens; mais on vante principalement l'écuûon
de Fiance, foutenu par deux Anges : il eft de la main de
Puget fameux fculpteur. L'hôpital & l'arfenal ou la fale
d'armes, font de beaux bâtimens & bien entretenus. La
corderie eft le long du port -, elle ne cède à aucun des
plus beaux endroits du parc. Il n'y a pas jusqu'aux atteliers
des voiles & des tentes des galères, à la ferrurerie , aux
magazinsdes rames où l'on ne trouve de la magnificence,
de l'ordie Se de la propreté. Tout près des atteliers font
î7
îes bafiinsoù l'on conftruit les galères. C'eft un agiéable
fpeccacle que ces confiructions , fur-tout s'il y a quelque
galet e prête a mettre à la mer. Elle eft alors foutenue
en l'air dans un grand baihn long , où on fait venir l'tau.
Quand il y en a allez la galère fe met à flot. Il n'y a
qu'a ouvrir , elle entre dans le port , Se l'eau abat aufli-
tôt tout ce qui la foutenoit.
La plaine de S. Michel eft pcopre pour faire faire
l'exercice aux troupes des galères.
La manufacture royale elt pour les étoffes d'or & d'ar-
gent. On trouve dans la fale Se dans les chambre?, plufieurs
ouvriers & ouvrières occupés à ces ouvrages. Les mé-
tiers font dans les l'aies baffes.
On fçaitque le maréchal de Vauban avoit fait le proieE
d'une nouvelle enceinte pour aggrandir Marfeille. 11 dévoie
pratiquer des places dans la ville Se repouiier l'enceinte
qui n'elt point fortifiée. 11 afluroit que par- là on 1 en-
droit Marfeille imprenable du côté de la terre. 11 avoit
aujffi projette une autre citadelle, dont le fort de Notre-
Dame de la Garde, feroit le donjon. Ce fort , dont Cha-
pelle nous a donné une défeription fi ingénieufe & fi badi-
ne, eft fur le fommet d'un rocher presque inacceilible,
Se fi élevé,qu'il commande à tout ce qui eft au voifinage.Orx
Voit de cet endroit la pleine mer , la ville Se. le port de Mar-
feille Se toutes les baftides des environs. Ces baftides
dont tout ce territoire elt couvert , font de petites maifons
de campagne , dont le grand nombre elt plus furprenanc
que la beauté.
Il y a a Marfeille une chambre de commerce. C'elt
un tribunal particulier compofe des échevins de la ville
Se d'un certain nombre de dépures, qui font les plus
gros marchands de la ville. L'intendant de jultice elt à
la tête de ce corps , qui prend connoilïance des afiaires
du commerce, Cette chambre fait une penfion de dix-
huit mille livres à l'amoalTadeur de France à la Porte,
pour foutenir les droits que donnent les capitulations
par rapport au commerce du Levant. Elle paye fix mille
livres par an a l'intendant, comme juge du commcice,
Se d'ailleurs elle fait toucher dans les Echelles du Le-
vant des appointemens confidérables aux coniuls fran-
çois Se à leurs chanceliers. Les confiais font propre-
ment des avocats d'épee , s'il elt permis de parler ainfi ,
Se les chanceliers font des notaires de la nation. La
chambre elt fouvent obligée à des dépenfes extraordi-
naires , fur-tout à Taire des préfens aux bâchas qui ar-
rivent dans les Echelles , Se à payer les avanies que les
Turcs font quelquefois aux François ; mais elle le dé-
dommage de tous ces frais , Se fait encore de gros pro-
fits fur les droits de confulat, que payent dans le Le-
vant les marchandées que l'on charge dans les villes)
où il y a des confuls François : ces droits font remis en-
tre les mains des députés de chaque Echelle , Se ces
députés en rendent compte à MM. du commerce de
Marfeille. Ils ont dispofé des confulats pendant quel-
ques années : aujourd'hui la cour y pourvoit , & la
chambre ne juge des affaires , qu'autant que lui permet
le miniltre , qui a la furintendance du commerce.
Les boutiques des marchands de corail ; les maga-
zins des droguiltes ; les rafineries de fucre ; les manu-
factures d'étoffes de foie & celles de favon , méritent
d'être vues avec foin. On ne trouve des marchands de
corail qu'à Marfeille Se à Gènes i ceux de Marfeille en
débitent beaucoup plus. Tout l'Orient elt rempli de
leurs colliers & de leurs braflelets. Ce commerce eft
très-ancien ; car Pline, /. 31. c. z. allure que-les Gau-
lois manquoient de corail chez eux pour en faire gar-
nir leurs armes, parce qu'on le transportoir tout dans
les Indes, où les prêtres enfeignoient qu'il préfervoic
de tous dangers. Celui que l'on pêchoit fur la côte de
Provence, autour des ifles d'Hières Se fur les côres de
Sicile , étoit le plus recherché On en pêche encore
dans ces quartiers là ; mais la plus grande quantité fe
prend vers les côtes d'Afrique, aupiès da baftion de
France , d'où on l'envoie à Marfeille pour le mettre
en œuvre.
Pour ce qui eft des drogues , on trouve fur le porc
de Marfeille , ce que l'on apporte de plus précieux de
Smyrne , d'Alep Se d'Alexandrie -, favoir la meilleure
feamonée , la cafTe , la rhubarbe , le ftorax en larmes ,
le ftorax liquide , la myrrhe , l'encens , le bdellium , les
n8 MAR
MAR
tamarins, le galbanum, l'opopanax, le fagapenum, le
baume blanc» le poivre, la canelle, le fel ammoniac
& une infinité d'autres chofes. Cependant Marfeille &
Venife ont beaucoup perdu depuis que les Hollandois
fe font établis fi puiflamment dans les Indes orienta-
les. Les drogues qui viennent des Indes occidentales ar-
rivent à Marfeille en droiture ou par Cadix. Ce font
l'ipecacuana , le kinkina , le gingembre , la cafle des Ifies ,
l'indigo , le roucou , le baume du Pérou , le baume
fec , celui de Copahu , &c.
On y rafine parfaitement le fucre des ifies de l'Amé-
rique: les favonneries de la ville font très-belles auiïi ,
èc continuent les huiles de Provence ôc celles qu'on tire
de Candie Ôc de Grèce,
Marfeille efi la patrie de MM. Mascaron , évêque
d'Agen ; du chevalier d'Hervieux , favant dans les langues
orientales ; de Rigore , favant antiquaire -, du Père
Feuillée Minime , favant parmi les artronômes; du P.
plumier du même ordre, ôc qui a découvert plus de
900. plantes , qui avoient échapé à plufieurs autres
voyageurs de l'Amérique.
Le port de Marfeiile eft d'une figure extrêmement
longue & fort avancée dans les terres. Il occupe presque
toute la longueur de la ville. Il n'eft pas bien large &
ne peut recevoir des vaifleaux de haut-bord. Son en-
trée eft défendue par la citadelle ôc par le fort faint
Jean. C'eft dans ce port que fe retirent les galères du
roi , où elles font à l'abri du vent de nord-oueft.
Un vaifleau venu de Seyde vers le quinze de Juin
I720. y apporta la pefle qui de-là fe répandit dans pres-
que toute la province. Cette maladie enleva dans la feule
Tille de Marfeille environ quatre-vingt mille perfonnes.
L'églife de Marfeille efi une des plus anciennes des
Gaules. Les Provençaux foutiennent même qu'elle a
été fondée par le Lazare qu'avoir refluscité notre Sei-
gneur. Ils difent que les Juifs chaflerent de Jérufalem
Lazare avec Marthe ôc Marie-Magdeléne fes fœurs ,
Marcelle leur fervante , faint Maximin , faint Celidoine
qu'on croit être l'aveugle né ôc Jofeph d'Arimathie,
disciples de Jésus Christ , qui les expoferent fur un
vaifleau fans gouvernail , fans voiles ôc fans rames ,
qu'ils arrivèrent heureufement à Marfeille , qu'ils fe fé-
parerent pour aller prêcher l'évangile dans la Provence
& que Magdelcne ôc Lazare demeurèrent à Marfeille,
dont Lazare fut le premier évêque. II y a de fort bon-
nes raifons pour prouver le contraire de cette tradi-
tion , mais il ne les faut pas aller débiter en Proven-
ce : les Provençaux ne font pas traitables fur cet arti-
cle. Le parlement d'Aix condamna au feu un livre de
de Launoy , où ce fameux critique combattoit cette
tradition. Quoi qu'il en foit , on a établi à Marfeille un
culte particulier à faint Lazare , ôc à fainte Magde-
léne , que l'on regardoit comme fa fœur. S. Victor of-
ficier des troupes fut martyrifé dans cette ville l'an 290.
S. Défendant ôc fes compagnons , que l'on croit avoir-
été de la légion Thebééne, furent martyrifés dans la
ville ou dans le territoire de Marfeille. Le bienheureux
Jean Caflien , premier abbé de faint Victor de Mar-
feille , étoit le fondateur de cette abbaye. * Baïllet ,
Topogr. des Saints , p. 297.
L'églife cathédrale de cette ville eft fous l'invocation
de Notre-Dame de la Majour , ôc fon chapitre eft com-
pofé d'un prévôt, d'un archidiacre, du facriftain Ôc
d'un capiscol , de neuf chanoines capitulans , de dix
bénéficias appelles dans les anciennes Chartres Clerici
intitulati . ôcc. Le chapitre feul a la collocation de tous
les bénéfices, ôc l'évêque n'a voix dans cette occafion
que comme chanoine.
Il n'y a dans Marfeille que quatre paroifles , dont
trois ont chapitre-, favoir , la Majour ou la cathédrale ,
fainr Martin & Notre-Dame des Acoules: outre ces pa-
roifles, il y en a trente ôc une ou trente deux dans le
diocèfe.
Marfeille a toujours reconnu Arles pour fa métropo-
le eccléfiaftique , nonobftant les prétentions contraires
de l'archevêque de Vienne, dont la ville étoit la mé-
tropole féculiere de la première Viennoife , dans la-
quelle Marfeille étoit comprife.
Environ à une lieue de la ville, il y a trois petites
ifies qui ne font proprement que des ccueils. François
I. fit bâtir fur la plus petite l'an 1/29. le château d'If,
à caufe qu'il y avoit des ifs dans cette ifle. A coté de
cette première, eft celle de Ratonneau qu'on nommoit
autrefois Lille de S. Etienne. Il y a aufli un fort qui fut
bâti par les Marfeillois en 1597. du confentement du
gouverneur de la province. Dans la troifiéme ifle , nom-
mée Pomégues, il n'y a qu'une tour. Ces trois ifles
font ftériles , ôc fans leur fituation importante elles ne
mériteroient point qu'on en parlât ; te qui démontre
qu'elles ne peuvent être les mêmes ifles que les Stoe-
chudes dont les anciens ont fait mention.
Le terroir de Marfeille eft bien cultivé Comme il
eft naturellement maigre , on prend de grandes pré-
cautions pour le fumer , & cette teire froide & plâ-
treufe échauffée par le fumier produit d'excellents rai-
fins, de bonnes olives ôc les meilleures figues du
monde.
2. MARSEILLE, bourg de France dans le Eeauvoi-
fis , il eft fitué entre Gerbcroi ôc Crevecœur , à qua-
tre lieues de Beauvais ôc à deux de Granvilliers , fur
une petite rivière qui tombe dans Terain proche Mil-
ly , ëc qui a fa fource deux lieues au-deflus de Mar-
feille où l'on tient marché tous les famedis. On y tra-
vaille beaucoup en bonneterie ôc en chaufletterie Un
quart de lieue au-deflbus de ce bourg on voit l'abbaye
de Beaupré appartenante aux Bernardins réformés ,
avec une belle églifc ôc une vafte maifon. Celle de
Lannoy qui appartient aux mêmes religieux , eft à une
lieue au deflus de ce même bourg ôc fur la même rivière.
* Mémoires drejfés fur les lieux enijcf.
j.MARSEIL-VEYRE , lieu de France dans la Pro-
vence au voifinage de Marfeille Châtelain dans fon
martyrologe univerfel , veut que le nom de ce lieu
vienne de Maffiba vêtus , vieille Marfeil;e , & non pas
de Majfdim, fpecuii , ou phare de Marfeiile , comme on
le croit" communément. Non-feulement fa fituation le
perfuade, mais encore fa tour fur un rocher au midi
de Marfeille, & d'où l'on obferve les bâtimens qui paf-
fent & ceux qui arrivent , afin de donner à la ville
le fignal du nombre ôc de la grofleur des bâtimens.
MARSELLAN , bois de France dans la maîtrife
de Tarbes -, il eft de deux cens cinquante-deux arpens
ôc demi.
MARSENSE Oppidum. Il eft fait mention d'une
ville de ce nom dans une lettre de l'Empereur Maxi-
me à l'empereur Valentinien.
MARSHFIELD , bourg d'Angleterte dans la pro-
vince de Glocefter. On y tient marché public. Etat
préfent de la Grande Bretagne, t. 1.
1. MARSI, anciens peuples d'Italie aux environs»
du lac Fucinus, aujourd'hui le lac de Celano. On
croit communément qu'ils avoient les Veflini au fep-
tentrion , les Péligni ôc les Samnites à l'orient , le La«
tium au midi ôc les Sabins à l'occident. Les anciens
leur donnoient une origine fabuleufe. Les uns les fai-
foient venir d'Afie avec Marfyas le Phrygien , qu'Apol-
lon vainquit à la flûte, comme on le voit dans ces
vers de Silius Italicus, /. 8.^. $oz.
Sed fopulis nomen pofuit metuentior bospes,
Quum fugeret Phrygios trans aquora Marfya Crenof ',
Migdoniam Pheœbi fuperatus peïlïne loton.
D'autres les faifoient descendre d'un fils d'Ulyfle ôc
de Circé. On dit qu'ils ne craignojent point les morfu-
res des ferpens , dont ils fe garantiflbient par le moyen
de certaines herbes ôc par des enchantemens. Quoi qu'il
en foit, les Marfi étoient un peuple courageux, com-
me le prouve l'hiftoire de la guerre Marfique ainfi ap-
pellée de leur nom. * Plinhts , 1. 7. c- 2.
2. MARSI, peuples de Germanie. Ils habitoient avec
les Brutleri au midi de la Frife, au nord de la Lippe
& à l'occident du Rhin. Tacite, annal. I. 1. c. 46. dit
que Cecina en vint aux mains avec eux & eut l'avanta-
ge. Il y en a qui croient que le fameux temple de Tan-
fana, que ruina Céfar, c. ji. étoit chez ces peuples.
Voyez. Masaci.
z. MARSI ou il Ducato m Marsi. C'eft, félon
Baudrand, Ditl. édit. 170; une petite contrée de l'A-
bruzze ultérieure au royaume de Naples, autour du
MAR
MAR
lac Celano. Il ajoute que cette contrée a confervé le
nom des anciens Marfes qui en étoient les habitans ;
que quelques géographes croient qu'il y avoit autrefois
une ville episcopale nommée Marfi auprès du lac Ce-
lano, 8c que l'evêché a été transféré à Piscitia.
MARS1AC, petite ville ou bourg de France dans
l'Armagnac , entre l'Armagnac , le Nègre 8c l'Aftarac.
Elle elt lituée fur la rivière Bouez. C'eit un enclave de
la rivière Verdun. Il s'elt tenu un concile dans cette
petite ville l'an 1 3 16 ; 8c un autre trois ans après.*
De l'Ifle , Atlas.
MARSIAS. Voyez. Baarsares.
i.MARSICO Nuovo, ville d'Italie au royaume de
Naples dans la principauté citérieure. Elle eu: lîtuée
vers les feurces de la rivière Agri , aux pieds de l'Apen-
nin Se aux confins de la Bafilicate. Elle elt le fiége d'un
évêché fufTragant de Salerne. On lui donne le furnom
de Nuovo pour la distinguer d'une autre ville de mê-
me nom. Voyez, l'article fuivanr. * Magïn , Carte de
la principauté ultérieure.
2. MARSICO Vetf.re , ville d'Italie au royaume de
Naples, dans la partie occidentale de la Bafilicate , vers
les iburces de la rivière Agri , à l'orient d'éré de Mar-
fteo Nuovo, dont elle n'eft éloignée que de deux lieues.
Cette ville elt petite, mal peuplée 8c déchoit de jour
en jour. ( a ) Magin , Carte de la principauté ultérieu-
re. ( b ) Corn. Dict.
i.MARSIGNI, peuples de Germanie que Tacite,
Germ. c. 43. met avec les Goihini , les Gji 8c les Ba-
ril , au deiïus des Marcomans & des Quades vers l'o-
rient d'été. Ils habitoient dans des lieux champêtres 8c
fur des montagnes. On croit que ce font les Marvingi
que Ptolomée, /. 2. c. n. place auprès de la forêt
Gabrcta 8c au deflus des Curiones.
2. MARS1GNI les Nonains , petite ville de France ,
avec un monaiterc de rehgieufes de l'ordre de Cluni ,
aux extrémités de la Bourgogne , à une demi-lieue de
la Loire, vers le Bourbonnois 8c le Baujolois. Cett le
lieu de la retraite 8c de la mort de la bienheureufc
Raingarde , mère du bienheureux Pierre Maurice , dit
. le vénérable , abbé de Cluni. * Baillet , Topogr. des
Sainrs , p. 624.
MARSIGNY. Voyez. Marcigni.
MARSILLAC, Marciliacum. Abbaye d'hommes
de l'ordre de faint Benoit en France dans le Quercy ,
au diocèfe de Cahots fur la Celle , entre Cahots 8c
Figeac , fondée par le roi Pépin. C'eit la même que
Maicillac. 2.
M ARSILLY , bourg de France dans le pays d'Aunis ,
élection de la Rochelle.
MARSLEY - HILL. C'eit le nom que les Anglois ont
donné à une colline ambulante qu'on voit dans la pro-
vince d'Hereford. En 1574,1111 tremblement de terre
détacha vingt fix arpens de terre. Un clocher , 8c plu-
fieurs arbres furent renverfés , deux grands chemins
changèrent de place , celui de Tell paifa à l'oueit , 8c
celui de l'oueit vint à l'eft ; des prés fe trouvèrent où
il v avoit des champs , & des champs où il y avoit des
prés. Pendant trois jours , on vit ces terres en mouve-
ment. Ce prodige eit atteité par les meilleurs auteurs.
Etat àt la Grande Bretagne.
i. MARSON, bourg de France dans la Touraine.
1. MARSON , bourg de France dans l'Anjou, éle-
ction de la Flèche fur le bord de la Loire.
MARS1PPUS, ville de Phénicie , félon Etienne le
géographe.
MARSO Lagoi. Voyez. Celano.
MARSOG & Angon , noms de lieux dont il eft
fan mention dans les oracles des Sibylles, /. 3.
MARSONIA , ville de la baffe Pannonie. Ptolomée,
/. t. c. 16. l'éloigné du Danube, & la place entre Bi-
balis 8c Vacoitium.
MARSONOWITZ ou Morsonovitz. Voyez, Can-
EENOS.
MARSTRAND. Voyez. Maestrand.
MARSUS , ville municipale. Il en elt parlé dans le
livre des limites. Ortelius , Thefaur. foupçonne qu'elle
pouvoit être dans le pays des Marfi.
MARSYA , ville de Phénicie, félon Etienne le géo-
graphe, qui cite Alexandre 8c Philonj fur quoi Berke-
i T9
Iius remarque qu'au lieu de Marfya , il faut lire Mur-
fyas , ville très connue, dit-il, 8c dont Strabon , /. 16.
p. 755. fait mention. Mais le partage de Strabon, dont
Berkeluis prétend fe fervir,ne dit point que Marfyas
l'oit une ville. On y lit feulement ces mots : Mer<x Je ™V
Metufttv sçjc 0 Maprtluç t%uv rim ipnvÀ Iv oïç n X*A/ç , âWsp
«xpcVoX« t« Maprua ; c'eit - à • dire qu'après Macra , on
trouvoit la contrée de Marfyas où il y avoit quelques
endroits montagneux dans lesquels étoient Chalcis,
qui étoit comme la forterefle de Marfyas. Comme on
voir, les termes de ce paliage ne peuvent faite conclure
que Chalcis fût plutôt la forteielie d une ville que celle
de la contrée. D'ailleurs , par tout où Strabon emploie
le mot de Marfyas , c'eit pour fignifier la contrée 8c
jamais la ville. Polybe, /. $. c. 4;. qui décrit cette con-
trée , ne fait point non plus mention de ville nommée Mar-
fya, Il dit que Marfyas eft une vallée allez étroite entre
le Liban 8c l'Anti-Liban, & que dans l'endroit le plus
reiTerré il y avoit d'un côté une forterefle nommée Bro-
chas, 8c à l'oppofite une autre forterefle appelléeGcm*.
MARSYABA, ville des Rhamanites. Strabon , /. 16,
p. 782. femble la placer dans l'Arabie Heureufe.
1. MARSYAS Voyez. Baarsares.
2. MARSYAS, fleuve de l'Afie Mineure, aux envi-
rons de la Phrygie ou de la Troade. Il a fa fource ,
félon Tite-Live, /. 38. c. 13. près de celle ciu Méandre
dans lequel il fe jette , 8c Pline /. y. c. 1 9. dit qu il bai-
gnoit les murs de la ville d'Apamée ; mais Maxime de
Tyr , Difftrt. 38. qui avoit été fur les lieux, foutienc
que le Méandre & le Marfyas fortoient de la même four-
ce , 8c que ce n'étoit qu'après avoir traverfé la ville Ce-
Une , qu'ils fe pana^eoienr 8c prenoient chacun leur nom.
3. MARSYAS , contrée de la Cœlefyrie. Strabon , /.
$■ c. 45. y placela forterefle de Chalcis. Voyez. Marsya.
1. MARTA , rivière d'Italie, elle fort du lac de Bulfc-
na 8c va fe jetter dans la mer auprès de Turre diCm a,. 0 ,
dans le duché de Caftro. Quelques géogr. appellent lé lac
du nom de la rivière. *Lœbat, Voyage d'Italie , t. 3. p. 35.
2. MARTA , petite ville d'Italie dans le duché de
Caltro , fur la rive méridionale du lac l'eBoIfena ,dans
l'endroit où la rivière Marta fort de ce lac. * Magin ,
Carte du duché de Caftro.
MAKTABAN. Voyez. Martavan i.
MARTAN,ifle de la mer lemen ou Océan Arabi-
que , dans la partie orientale du golfe Gioun Al-Has-
chifeh j elle regarde la ville de Haflek dans le conti-
nent de l'Arabie. * D' Herbelot , Bibliot. orient.
MARTANA, ifle de l'Italie au duché de Caftro,
dans le lac de Bolféna. Elle eft fituée à 1 orient de
celle de Bifentina, ifle du même lac, 8c au nord de la
ville Ma>ta. * Magin , Carte du duché de Caltro.
1. MARTAVAN ou Martaban , royaume d'Afie
dans la presqu'ifle de l'Inde au-delà du Gange , mis par
plufieurs géographes dans le Pégu , 8c qui prend (on
nom de fa ville capitale. Il a le royaume de Tanaflari
à l'orient & le Pégu à l'occident. Du côté de la terre
ferme , il confine avec les royaumes de Jangoma 8c
de Tangu ; 8c de l'autre côté il elt borné par le golfe de
Bengale. L'air de ce pays eft fi fain , qu'on n'y connoir
point les maux de tête , 8c l'on n'y voit point de mé-
decins. Le terroir eft fertile , on y fait ordinairement trois
récoltes. On y charge tous les ans quatorze ou quinze
navires de riz pour Cochin 8c autant pour Malaca. Il
s'y fait beaucoup d'huile de Sefame ou juioline. Les li-
moniers , les orangers , les figuiers , les poiriers , les
châtaigniers 8c autres arbres fruitiers y font communs.
Il y a des herbes odoriférantes 8c médecinales, des rofes
de diverfes façons , des pins 8c un certain bois incor-
ruptible nommé Tecca & fort eftimé dans les Indes-.
On y voit des mines de fer, de plomb, d'acier 8c de
cuivre , 8c quelques unes d'or «Se d'argent. On y trouve
des rubis , 8c c'eit le pays où croît la laque fine nom-
mée par les Perfans 8c par les Indiens/.^ Martabani.
* David , Etats du roi de Siam , p. 633.
Le commerce de toutes ces marchandifes apporte de
grands avantages au pays, qui tire encore un profic
confidérable de fes grands pots ou vafes de terre nom-
més Martavanes , dont quelques-uns contiennent jus-
qu'à deux pipes. On en ufe beaucoup dans toute l'In-
de , parce que le vin , l'eau & l'huile s'y gardent par-
MAR
120
faitement bien. Ils font auffi fore recherchés des Portu-
gais qui s'en fervent dans les navires qui vont aux Indes.
Ce royaume éroit autrefois fujet au roi de Pégu ,
mais celui de Siam s'en elt emparé, & l'a réduit en
province.
2. MARTAVAN, ville d'Afie dans la presqu'ifle de
l'Inde au delà d.i Gange , aux frontières des royaumes
de Siam 8c de Pégu, 8c la capitale de celui de Mar-
tavan auquel elle donne fon nom ; elle s'étend de le il
à l'ouelt. C'elt une belle ville , riche 8c fort peuplée ;
la commodité de fon pou contribue à fa richefle ; on y
peur entrer en toute faifon; il ne fe bouche point com-
me rant d'autres avec des amas de fable ; il elt toujours
profond 8c capable de recevoir beaucoup de vaiffeaux
& de les tenir à couvert. * Daviti , Etats du roi de
Siam , p. 6$$.
MARTEL, ville de France dans le Quercy, fituée fur
un coteau près de la Dordogne dans la vicomte de
Turcnne, elle elt le fiége d'une fénéchauflee particulière
qui redorât au préficïïal de Tulle.
MARTENA, heu fortifié dans llllyrie. Jornandes,
dit, que c'étoit la demeure des Cmandri. Au lieu de
Martena ; Lichtenau ht Materna , & Lazius , P. R.
Roman* , l. 12. Marcena. Ce dernier croit que c'elt
à préfent Marpurg en Styrie. * Qrtelii Thefaur.
MARTEND1CK, terre feigneuriale dans lifte de To-
len en Zelande. * Ditl. géogr. des Payj-Bas.
MARTENSES, peuples de l'Armorique , félon la
notice des dignités de l'Empire.
MARTHA, heu d Italie. L'itinéraire d'Antonin le
met fur la route de Rome à la plus haute Alpe par la
voie Aurélienne , entre Centum CelU 8c Forum Aurelii,
à dix milles de la première , 8c à quatorze milles de
la féconde.
MARTHAMA, ville de l'Afrique propre, félon Ap-
pien in Pumcis.
MARTHON , ville de France dans lAngoumois ,
avec château. Elle e/t fituée dans l'élection d'AngouIê-
me. Sa juitice s'étend fur treize paroifles , & elle a
foixante fiefs dans fa mouvance.
MARTHULA ou Morthula , ville de la Cappa-
doce, félon Ptolomée , /. j. c. 6. qui la place entre
Çhordule ou Chorduba,8c l'embouchure du fleuve Archas.
MARTI , bourg de France dans le gouvernement de
Calais , au diocèle de Boulogne.
i. MARTIA. Voyez. Marcia.
i. MARTIAou Martin ,-lieu d'Espagne. L'itinéraire
d'Aivonin le met fur la route de Bracara à Aflurïca ,
entre Brevis 8c Lucus Augujri, à vingt milles du pre-
mier de ces endroits , & à feize milles du fécond.
MARTI ACUS, lieu dont il eit fait mention au code
Théodofien , llb. 1 1. Tit. de metallis.
MARTIALIS. Voyez. Onoba 8c Violascensis.
MARTIANA Silva, forêt de la Germanie, félon
Ammien Marcellin , /. i. p, 102. On la nomme vul-
gairement Schivartz.-VJaldt , d'où les Latins du moyen
âge l'ont appellée Silva Nigra, 8c les François Forêt
Noire. Il y en a qui croient que c'eit la même forêt
que Ptolomée appelle Eremus Helvet'iorum. Voyez. Her-
cynia.
MARTIANOPOLIS, Voyez. Marcianopolis.
MARTIANUM , fleuve de la Pannonie ; félon Jor-
nandes, qui place une ville nommée Margum pla-
num entre ce fleuve 8c le Danube; mais un MS. dit
que Margum elt une rivière. * Ortelii Thefaur.
1. MARTIGNAC , en latin Martmucum , bourg de
France dans le Quercy , élection de Cahors.
2. MARTIGNAC. Ce mot veut dire demeure de
Martin.
1. MARTIGNÉ. C'eft en quelque manière le mê-
me nom que Martignac. Il lignifie aufTi demeure de
Martin.
2. MARTIGNÉ, bourg de France dans l'Anjou ,
élection de Saumur. On l'appelle fouvent Martignê
Brillant. 11 y a un chapitre compofé d'un doyen , &
de fix canoniçars de trois cens livres chacun.
5. MARTIGNE, bourg de France dans le Maine,
élection du Mans.
MARTIGNIANO ou Martignano, château d'Ita-
lie dans l'Etat de l'Eglife > & dans la province du Pa-
MAR
crimoine • fur un petit lac de même nom , & tout
joignant celui de Stracciacappe , à deux milles de Bac-
cane au couchant en allant vers le lac de Bracciano ,
dont il elt à pareille diltance , 8c à près de quatre de
l'Anguillare. * Bauarand , Dict.
1. MARTIGNY, en latin Marûmacum , & en alle-
mand Martinach , bourg du Bas-Vallais fur la Dranfe ,
qui fe jette dans le Rhône, à près de cent pas de ce
lieu. Il elt fitué dans une plaine entre de hautes mon-
tagnes. Martigny, dit de Longuerue , Defcriptioa de la
France, p. 506. 2. part, a pris le nom de fon fonda-
teur Martinius , qui étoit Romain , ou un homme qui
avoit un nom romain. Il ajoute qu'il devoir avoir été
fondé près de ruines à'Uclodurits , qui etoit la princi-
pale des Veragres, & une des anciennes ci' es de;, Gau-
les ; mais il y en a qui veulent que Manigny foie Oito-
ditrm même. Sous l'empire d'Auguïle , dit l'auteur de
l'Etat 8c des Délices de la SuiiTe , Martigny ou Octo-
durus avoit le privilège du Droit Latin. On voyoir , il'
n'y a pas encore long rems , dans ce lieu quelques in-
feriptions romaines , mais elles ont été déi mites par
fuperllition , ou peut-êtie par une négligence des piè-
tres qui ont fait rebâtir léglife. Auffi ne reite il plus
aucun veltige qui puifle prouver l'ancienneté de Mar-
tigny , fi ce n'elt les ruines d'une ancienne forrerefle bâ-
tie fur le penchant d'un rocher. Voici une des inferip*
tions qu'on voyoit autrefois dans léglife.
IMP. CAES. VAL.
CONSTANTIO PIO
FEL. INVICT. AUG.
DlVI. CONSTANTII. PII AUG.
FlLIO. FOR. CL. VAL. BONO
REIPUBLIC^C NATO.
Il a été un tems que les évêques du Vallais avoient
leur fiége dans Martigny ; mais comme les guerres
ruinèrent cette ville , ils le tranfporterent à Sion. De-
puis ce changement Martigny n'a plus été qu'un bourg.
Vis-à-vis de ce bourg, on voit fur la rive gai:che de la
Dranfe , fur un rocher escarpé , un château fort qui
appartient aux evêques de Sion , 8c qui ayant été fou-
vent ruiné , a été réparé par les évêques Jos de Sille-
nen , 8c Matthieu Schiner.
Le bourg de Martigny elt fitué dans un espèce de
carrefour, entre trois chemins, fi fon pafle le Rhône
on va du côté de Sion , qui elt éloigné de cinq henes ;
fi on descend le long du Rhône , on va à faint Mau-
ris qui elt à quatre lieues ; 8c fi on tire au midi vers
les Alpes, on entre dans la vallée d'Entremont qui
aboutit au grand faint Bernard. * Etat & Dilues de
la Suijfe , t. 4. p. 205.
2. MARTIGNY. Ceft le quatrième gouvernement
du Bas-Vallais. Il tire fon nom du bourg de Martigny
qui efl le chef lieu. De ce gouvernement dépendent
quelques petits villages aux environs. * Etat cr Délices
de la Suijfe, t. 4. p. 205.
MARTIGUES, ville de France dans la Provence,
c'elt une place maritime à l'occident de Marfeille, 8c
fituée entre la mer 8c l'étang de Berre , dans le dégor-
gement de cet étang, qu'on appelle auffi étang ou mer
de Martigues. Cette ville s'appelloit autrefois faint Gê-
nés , ou Gênais , en latin Q'Jrrum Sanlli Gencfi':. D'abord
faint Genès étoit à un quart de lieue de la nouvelle
ville , qui a été fondée des débris de l'ancienne , con-
fetvant néanmoins fon nom de faint Genès qui a été
en ufage jusqu'à l'an 1266. Cette ville 8c fon territoire
font pour le fpirituel de l'archevêché d'Arles , 8c les
archevêques en ont eu long tems le haut domaine ;
puisqu'en cette année 1266. Bertrand de Baux, feigneur
de Berre, d'Illr.s 8c de Châieauneuf, fit hommage à
Florent archevêque d'Arles de la terre de faint Genès ,
8c de ce qu'il avoit dans le champ pierreux de la
Crau.
Ceux de la maifon de Baux avoient eu faint Genès
de la maifon de Porcelets, à qui Raymond Bérenger
comte de Provence avoit cédé fon droit qu'il renoit de
Hugues Boardi archevêque d'Arles. Ce prélat ayant donne
pouvoir au comte Raymond Bérenger de bâtir une ville
fur la mer dans le même endroit l'an iiji. on en a
depuis
MAR
MAR
depuis bâti trois , une dans l'irte , la féconde à Jonquie-
res en terre ferme du côté du midi , Se la troifiéine ,
qui efl du côté du nord , efl nommée Ferrieres. Cha-
cune de ces trois villes a fou conful particulier , Se les
habitans font nommés les Martégaux , qui fonr bons
hommes de mer. Les villes de Jonquieres & de Ferrie-
res , font comme les fauxbourgs de celles de Martigues ,
étant fituees à les deux côtés en terre ferme. 11 y a à
l'entrée du port devant l'ifle de Martigues , une autre
petite ifle qui ell défendue par un fort nommé la Tour
de Bouc , Se autrefois d'Embouc , c'eil-à-dire , de la
bouche ou embouchure , laquelle efl tournée vers le
levant.
Martigues fut réuni au comté de Provence par
Louis d'Anjou l'an 1381. Le roi René l'ayant érigé en
vicomte , la donna à fon neveu Charles du Maine ,
qui ayant fuccédé à fon oncle au comté de Provence *
lahTa par fon teflamcnt cette vicomte à fon coufin Fran-
çois de Luxembourg qui en prit pofleffion , & s'y main-
tint malgré les prétentions contraires de Palamedes de
Fourbin , qui en avoir eu le don de Louis XL fuccef-
feur de Charles au comté de Provence. Ceux de la mai-
fon de Luxembourg fe maintinrent aufTi contre l<e prince
de Melfes, ( de la mai fon de Caracciolo dans le royau-
me de Naplesj, à qui François I. avoir donné l'an 1540.
la vicomte de Martigues, dont François de Luxembourg
fut toujours en pofleffion , Se il la laifla à fon fils Sé-
baflicn qui n'eut qu'une fille , Mary: de Luxembourg ,
qui époufa Philippe Emmanuel de Lorraine , duc de
Mcrcœur. Il n'y eut de ce mariage qu'une fille Fran-
çoife de Lorraine , femme de Céfar légitimé de Bour-
bon, duc de Vendôme, dont le petit- fils ell mort en
Espagne fans enfans l'an 17 11.
La vicomte de Martigues ayant été érigée en princi-
pauté par Henri IV. en faveur de Marie de Luxem-
bourg, duchefle de Metcœur , elle lui en fithommage
l'an IJ99. Le maréchal de Villars a acheté la princi-
pauté de Martigues l'an 17 14. deux ans après la mort
du dernier duc de Vendôme.
C'e/l à Martigues que fe dégorge dans la met le
grand étang de Berre , qui prend fon nom d'une ville
qui efl au fond de cet étang , & qui a été autrefois
eflimée une des plus fortes'places de la province.* Lan-
gtterue , Defcription de la France, part. 1. p. jji,
2. MARTIGUES , étang de France , fur la côte
de Provence , entre Marfeille & le Rhône. On lui
donne auffi le nom de mer Se de golfe , & on l'ap-
pelle indifféremment l'étang, la mer ou le golfe de
Martigues , Se l'étang de Berre. Il a quatre ou cinq
lieues de long, depuis la tour de Bouc jusqu'à Berre,
Se deux lieues de large. Cet étang efl: navigable par-
tout , Se a depuis quatre jusqu'à quatorze brades de pro-
fondeur. Il y a fur les bords quelques villages où les
allèges Se les barques vont. Les Génois chargent fou-
vent des vins à Marignane. A Berre on y charge du
fel , Se à faim Chamas on y fait quelque petit com-
merce. Le fel qui fe fait fur le bord de cet étang efl
excellent , Se en telle quantité , qu'on en fournit la
Provence , les provinces voifines & même la Savoye.
* Piganiol , Defcription de la France, t. 4. p. 77.
3. MARTIGUES, ( La principauté de ) Voyez. Mar-
tigues , n°. 1.
. MARTINENGO , ville d'Italie dans le Bergamasque ,
félon Corneille, Dtclion. qui dit quelle ell fort peuplée
Se que l'on y compte plus de trois mille habitans.
Magin ne la marque poinr dans fa carte du Berga-
masque.
MARTINI , peuples de l'Arabie Heureufe. Ptolo-
mée , /. j. c. 19. les place auprès de la Babylonie.
Quelques interprètes au lieu de Martini , lilenr
Maternï.
MARTINIQUE, (La) ifle de l'Amérique fepten-
trionale , Se la principale des Antilles Françoifes.
Avant qu'elle fut découverte , les Indiens l'appelloient
Madanina , ou Matinino. Suivant une ancienne tradirion
des Infulaires de S. Domingue , cette ifle avoit éré peu-
plée par des habitans de Marinino. Les Espagnols lui
donnèrent le nom qu'elle porte aujourd'hui. Elle a en-
viron feize lieues de longueur, fur une largeur inégale,
Se dont le circuit efl d'environ quarante lieues. Il y a
lit
beaucoup de montagnes , qui font inhabitab'és , Se fer*
vent de repaire aux bêtes fauvages , aux l'erpe; s Se au*
couleuvres, qui y font en grand nOmbi e El es l'on' cou-
vertes de beaux bois: les arbres furpadenr de beaucoup*
Se en groilèur Se en hauteur ceux de France , Se pro-
duifent des fruits Se des graines, dont les ian5licis Se
les oifeaux fe nourriflent. Les mornes Se les coteaux
font fort agréables : il y a quelques plaines ou vallons;
Le terroir en ell bon , mais pénible à cultiver. Il y
en a qui font fi droits Se fi hauts , qu'à peine y peut-
on travailler fans danger , ou du moins lans êtie obli-
gé à fe tenir d'une main à quelque fouche de tabac *
ou à quelque branche d'arbre, tandis que l'autre main
agit. * Rucbefort , Hifloire nat. des ifles Antilles, p. 134
Se fuivantes.
Cette ifle efl partagée erttrc les Indiens , naturels dii
pays Se les François. Ces derniers jetterent les fonde-
mens de cette colonie au mois de Juillet 1 63 j. fous la
conduite du fleur Desnambuc , qui les y fit pafîer dé
l'ifle S. Chriflophe, les mit en pofleffion , Se après les
avoir munis de tout ce qui leur étoit néeeflaire pour
leur défenfe Se pour leur fubfiflance, leur laifla le fleur
Dupont pour les commander en qualité de fon lieute-
nant. La partie de l'ifle qui ell habitée par les Iiidiens
ell toute comprife en un quartier qui fe nomme là
Cabeflerre. Voyez, ce mor. Le pays occupé par les Fran-
çois fut d'abord divifé en cinq quartiers > favoir ,
Là café du Pilote ,
La café Capot ,
Le Carbet,
Le fort S. Pierre ,
Le Prêcheur.
Ces quartiers Ont été augmentés. Chacun a du moins
une églife ou une chapelle , un corps de garde Se une
place d'armes , autour de laquelle on a bâti plufieurs Se
grands magafins pour ferrer les marchandifes qui vieil»
nent du dehors, Se celles du crû de l'ifle; Entre la
Cabeflerre Se la bafle terre» il y a un cul de fac , oi\
l'on trouve beaucoup de bois propre à monter le tabac.
On y va prendre auffi des rofeaux , qui fervent à pa*
liflader les cafés , Se du mahotfrand dont l'écorce lert
à plufieurs ufages de la ménagerie»
Le plupart des maifons de l'ifle font de charpente Se
fort commodes , Se les plus confidérables font fur ces
éminences que les habitans appellent Mornes.
Outre les torrens qui au tems des pluies coulent
avec impétuofité parmi toutes les ravines de cette ifle ,
on y compte jusqu'à neuf ou dix rivières aflez confi-
dérables, qui ne tariflent jamais. Elles prennent leur
fource à la pente ou au pied des plus hautes montagnes \
elles coulent enfuite dans les vallons, & après avoir
baigné les terres fe rendent dans la mer. Lorsqu'elles fe
débordenr, elles déracinent les arbres, fapent les rochers
Se défolent les champs Se les jardins, entraînant bien
fouvent dans les précipices les maifons qui fe trouvent
fur leurs chemins»
La meilleure rade de cette ifle efl entre le Carbet Se
le fort S. Pierre. Elle ell beaucoup plus affinée que cel-
les des ifles voifines : elle efl à demi entourée de monta-
gnes aflez hautes pour la mettre à couvert des vents t
Se pour tenir les vaifleaux en fureté. Entre la cafe du
Pilote & le golfe qu'on nomme le cul-de fac des Sa-
lines , il y a un rocher qui avance d'une demi - lieue
dans la mer. On le nomme le Diamant à caufe de fi
figure. Il fert de retraite à une infinité d'oifeaux , en-
tre autres aux ramiers , qui y font leurs nids. L'accès en
efl difficile , on ne laifle pas cependant d'y aller , fur-
tout dans le tems que les petits ramiers font bons à
manger. Le Carénage efl fitué du même côté que le
Diamant. Cet endroit efl auffi en forme de cul-de- fac :
on y mène les navires pour les rafraichir Se pour les
caréner. La mer y ell toujours calme i mais l'air y eft
mauvais : les matelots y font ordinairement attaqués de
fièvres , qui néanmoins ne font pas fort dangereufes.
Le nombre de fes habitans efl: fi confidérablc , qu'on
a parlé plus d'une fois d'en transporter ailleurs une
partie. La douceur du gouvernement , Se la fituatiori
avantageufê de l'ifle , ont beaucoup contribué à lac-
croiflèment de cette colonie : de plus, comme presque
tous les navires François qui vovagent à l'Amérique t
toml IV. Q
MAR
122
reconnoiffent cette terre pour y prendre les rafraîchis
femens ; il eft fouvent arrivé que des familles entières
qui croient forties de France en intention de paffer en
d'autres ifles , fe font arrêtées en celle ci pour ne point
s'expofer de nouveau aux dangers qui accompagnent
ces longs ôc pénibles voyages.
Le féjour de la Martinique feroit encore plus agréa-
ble , fi l'on n'y étoit pas fujet à une fâcheufe maladie ,
qui emporte bien du monde. On la nomme le mal de
Siam , parce qu'il a été apporté à la Martinique par le
vaiffeau du roi l'Oriflamme , qui revenant de Siam
avec les débris des établiffemens que l'on avoit faits
à Mergui Se à Bancok, avoit touché au Brefil où il
avoit gagné cette maladie , qui y faifoit de grands ra-
vages depuis fept ou huit ans. Les fymptômes de cette
maladie font autant différens , que le font les tempéra-
mens de ceux qu'elle attaque , ou les caufes qui la peu-
vent produire. Ordinairement elle commence par un
grand mal de tête Se de reins ; Se ce mal eft fuivi quel-
quefois d'une groflé fièvre, Se quelquefois d'une fièvre
interne, qui ne fe manifefte point au-dehors. Souvent
il furvient un débordement de fang par tous les conduits
du corps, même par les pores. Quelques-uns ont ren-
du par haut & par bas des paquets de vers de différen-
tes grandeurs & couleurs : à quelques uns il a paru des
bubons fous les aiffelles Se aux aines ; les uns pleins de
fang caillé noir , & les autres pleins de vers. Elle em-
porte les gens en fort peu de tems : fix ou fept jours
tout au plus, terminent l'affaire de façon ou d'autre. Il
eft arrivé à quelques perfonnes, qui ne fe fentoient
qu'un peu de mal de tête de tomber mortes dans les
rues, Se presque toutes avoient un quart d'heure après,
la chair aufli noire Se aufli pourrie que fi elles euffent
été mortes depuis quatre ou cinq jours. Les Anglois
que les Flibuftiers de la Martinique prenoient de tems
en tems , ont porté cette maladie dans leurs colonies :
elle s'eft communiquée de la même façon chez les
'Espagnols Se chez les Hollandois.
On peut aufli compter au nombre des incommodités
du pays , les bêtes rouges Se les chiques. Les bêtes rou
ges font des petits animaux qu'on trouve ordinaire-
ment dans les favancs qui font un peu féches : ils ne
font guère plus gros que la pointe d'une épingle i ils
font tous rouges , Se on peut dire tous de feu , puisque
dès qu'ils font paffés au travers du bas , & qu'ils fe font
attachés à la peau , ils y caufent une démangeaifon
épouvantable. On fe délivre de cette importunité en fe
lavant les jambes Se les pieds avec de l'eau où l'on fait
bouillir certaines herbes. La chique , que les Espagnols
appellent Nigas, eft un petit animal noir, qui paffe ai-
fément au travers des bas , Se fe loge ordinairement
fous les oncles des pieds , dans les jointures ou dans
les endroits de la peau qui font un peu élevés. La dou-
leur qu'il fait en perçant la peau , ou plutôt l'épiderme ,
eft comme une médiocre piquure de puce. Après qu'il
s'eft logé , il ronge doucement la chair autour de lui ,
où il n'excite qu'une légère démangeaifon , femblable à
un léger chatouillement , il groflit peu à peu , s'étend
ôc devient enfin comme un gros pois. En cet état il fait
des œufs qui s'éclofent , ôc font autant de petites chi-
ques, qui fe nichent autour de leur merc , s'y nour-
liflènt comme elle , & s'augmentent de telle manière ,
que fi on n'a pas foin de les tirer, elles pourriffent
toute la chair aux environs, y caufent des ulcères Se
quelquefois la cangréne -, mais quand on les fent entrer ,
eu qu'on s'en apperçoit dans la fuite , il n'eft rien de fi
facile que d'y apporter le remède. La noirceur de la
chique la fait aifément remarquer entre la chair & la
peau: on prend une épingle ou un couteau bien pointu
& on déchauffe tout doucement aux environs du trou
qu'elle a fait en entrant : on tire ainfi la peau tout au-
tour de la chique , Se quand elle paroîr à découvert &
toute entière , on la tire dehors. On remplit enfuite le
trou avec du fuif , ou bien avec de la cendre de tabac.
Mais quand on néglige les chiques , ou que les tirant
mal , on en laiffe une partie entre cuir Se chair on fe
met au hazard d'avoir des ulcères & de refier long-
tems entre les mains des chirurgiens.
La Martinique eft fertile en manioc, tabac, fucre
indigo, icucoii , cafte, olive & fine, en abricots de
MAR
S. Domingue , &c. L'on y cultive des vignes 3 que
l'on a apportées directement de France , Se qui ont
eu bien de la peine à fe naturalifer au pays , parce eue
le climat fe trouvant chaud Se humide , les grains
rnuridbient trop tôt Se les uns avant les autres ; deforte
que dans une même gtappe on trouvoit des grains
murs , d'autres en verjus Se d'autres presque encore
en fleur. Le muscat , qui étoit venu de Madère Se des
Canaries , muriflbit parfaitement. On a remarqué de-
puis qu'à mefure que les feps des vignes venues de
France vieilliffoient , leur défaut fe corrigeoit. La vigne
porte du fruit deux fois, même trois en quatorze mois»
félon la faifon féche ou pluvieufe , où elle eft cou-
pée Se le fep taillé. * Lahat , voyage aux ifles de l'A-
mérique , t. i. pag. 1 17. & fuiv.
On a femé du froment qui étoit venu de France 5
il eft venu très bien en herbe, mais la plupart des épis
fe trouvèrent vuides, Se les autres avoient très-peu de
grains. Ces grains nés dans le pays ayant été lemés,
pouffèrent à merveilles & produifirent les plus beaux
épis Se les mieux fournis qu'on puiffe s'imaginer. Les
Nègres , les engagés , les domeftiques , les ouvriers ne
mangent que de la farine de manioc ou de la caiîavc :
presque tous les Créoles , ceux même qui font riches Se
qui font fervir du pain fur leurs tables, par grandeur ou
pour les étrangers, mangent plus volontiers delà caffave
Se la préfèrent au pain.
C'a été mal à propos qu'on a débité , pendant quelque
tems , qu'il étoit défendu de ferrer du bled , Se de culti-
ver la vigne à la Martinique , parce que cela feroit préju-
diciable au commerce. La feule chofe qui empêche d'y
fcmerdubled, eft fon inutilité. Très- peu de gens y
mangent du pain de froment. Pour le vin il n'en eft
pas de même: tout le monde en boit : mais il eft impof-
fible qu'on puiffe , à la Martinique, s'appliquer à la cul-
ture de la vigne , par rapport au peu d étendue du ter-
rein que poiïede chaque habitant. On l'emploie bien
plus utilement en cannes , en cacao , en coton , en rou-
cou 8c en autres marchandifes. 11 eft confiant que le mê-
me terrein qu'on feroit obligé d'employer en bled Se en
vignes pour fournir le néceffaire de ces deux chofes à
dix perfonnes , le fournira pour cinquante Se même plus
fi on l'emploie en marchandifes du pays. D'ailleurs ,
qu'iroient faire les vaiiïeaux d'Europe à la Martinique ,
G les habitans employaient leurs terres en bled Se en
vignes ? De quoi fe chargeroient-ils en Europe j ôc que
pourroient-ils espérer des ifles 2
L'ouycou eft la boiffon la plus ordinaire dont ufent
ceux qui n'ont point de vin. Les Européens ont ap-
pris des Sauvages à la faire. On remplit d'eau , jufqu'à
cinq ou fix pouces du bord , un grand vafe de terre
grife que l'on fait dans le pays , Se qui contient quel-
quefois jusqu'à quatre-vingt pots : on y jette deux grof-
fes caffaves rompues, avec une douzaine de certaines
pommes déterre, appellées patates, coupées par quar-
tiers ; on y joint trois ou quatre pots de fyrop de can-
nes, & une douzaine de bananes bien mures & bien
écrafées. Tout ce mélange étant fait , on bouche bien
l'ouverture du canaris , & on le laiffe fermenter du-
rant deux ou trois jours : au bout de ce tems on lève
le marc, qui eft venu au-dclTus & qui a formé une
croûte. La liqueur qui eft dans le vafe reffemble pour
lors à de la bière : elle eft rougeâtre , forte , nourrif-
fante , rafraîchiflante , Se elle enyvrc aifément. Les Fran-
çois s'y accoutument facilement.
Le maby eft une autre boifïon qui n'eft guère moins
en ufage que l'ouycou. On met dans un vafe de terre
vingr ou trente pots d'eau , avec deux pots de fyrop
clarifié , une douzaine de patates rouges , Se autant d'o-
ranges aigres coupées par quartiers. Cette liqueur fe fer-
mente en moins de trente heures, & fait un vin clai-
ret , aufli agréable que le meilleur poiré que l'on boive
en Normandie. 11 rafraîchit extrêmement, du moins
en apparence : il eft bien plus agréable pour la couleur
Se pour le goût que l'ouycou ; mais il eft plus mal-
faifanr , & il enyvre davantage : il eft venteux, Se don-
ne la colique pour peu qu'on en faffe d'excès.
Voila les boiflbns dont la plus grande partie des
habitans fe fervent dans leurs repas. Il y en a d'autres
qui ne font que pour le plaifir , & dont l'on ufe plus
AR
MAR
rarement : ftivoir , le vin de pommes d'acajou & de jus plein de rofeaux-, il y avoir feulement quelqi.es mau-
d'Ananasi l'eau de- vie de cannes-', le fangris , boifTon ve-
nue des Anglois, la limonade àl'Angloifc, Se le ponche.
Le fpirituel cJt adminiftré à la Martinique , com-
me dans toutes les ifles Françoifes, par des religieux.
îl y a eu autrefois des prêtres féculiers, qui ont eu
foin de quelques paroifl'cs ; mais cela n'a pas duré.
Les religieux de différens ordres , qui avoienr accom-
pagné les babitans lorsque la colonie commença, s'y
font toujours maintenus ; Se la cour a depuis long-rems
jugé à propos de n'admettre point d'autres eccléfiafti-
qucs.En 1694. les paroiffes étoient toutes defiervies par des
Jéfuites , par des Capucins Se par des Jacobins ou Frè-
res Prêcheurs, qu'on appelle aux ifles les Pères Blancs,
comme on appelloit les Jéfuites les Pères Noirs. Les
Jéfuites ont deffervi cinq paroilTcs , qui font ,
le fort S. Pierre, le Carbet , le Prêcheur, la CafTe
Pilote , le cul-de fie à Vache. oicnt
Ils ont cédé cette dernière aux Capucins, qui et
déjà chargés de fix autres: lavoir,
la ville ou bourg du fore le cul-de fac Marin ,
Royal , deux paroiffes qui font aux
ie fort Royal , anfes Darlet.
le trou au Chat ,
Les Jacobins avoient
le Mouillage, Ste Hyacinteàlagrande Anfe,
SteAnnedu Macouba , S. Paul au Marigot,
S. Jean Baptifte de la Ste Marie au même quartier ,
Baffe pointe , la Trinité.
11 y a dans cette ifle un gouverneur général , un
intendant , un gouverneur particulier , qui fouvent eft
lieutenant particulier du premier, il y a aufïi deux lieu-
tenants de roi: l'un pour la baffe terre, & l'autre pour
la Cabeflerre. Ce dernier réfide au bourg de la Trinité.
Les principales places de la Martinique , font
le fort Royal , le fort de la Trinité ,
le fort S. Pierre, le fort de Marigot,
le fort du Mouillage. .
Il y a aufîi un confeil fouverain , ou confeil fupé-
rieur , compofédu gouverneur général , de l'intendant,
du gouverneur particulier de l'Ifle , de douze conleil-
liei s , d'un procureur général , Se des lieutenants de roi ,
qui ont droit de féance avec voix délibérative. Il s'af-
femble de deux en deux mois , Se juge en dernier l'ef-
fort toutes les caufes qui y font portées directement , &
les appels des fentences du juge royal & de fes lieute-
mns. Le gouverneur général y préfide ; mais c'eft l'in-
tendant , & en fon abfence , le plus ancien confeiller qui
xecueille les avis , & qui prononce. Quand le gouver-
neur général n'y eft pas , l'intendant préfide Se pronon-
ce. Les charges de confeillers le donnent au mérite &
quelquefois aux recommendations. C'eft le fécretaire
d'état ayant le département de la marine qui leur expé-
die leurs brevets. Ils n'ont point de gages, mais feule-
ment l'exemption du droit de capitation pour douze de
leurrs Nègres , avec quelques émolumens pour leurs va-
cations. Ces profits font peu confidérables & ces char-
ges font plus recherchées pour l'honneur que pour l'in-
térêt. On prétend qu'elles ennobliffent ceux qui meu-
rent dans l'exercice ou qui obtiennent des brevets de
confeillers honoraires, après avoir fervi vingt ans. De
tous les confeillers qui rempliffoient ces charges en
1705. il n'y en avoit que deux qui euffent étudié en
droit. Les autres étoient des notables habitans ou com-
merçans, chez qui la droiture Se le bon fens étoient
réputés tenir lieu de feience.
La valeur des habitans François , parmi lesquels il fe
trouve quantité de gentilshommes , tient les Indiens
dans le refpect. La Martinique a été attaquée par les
étrangers j l'amiral Ruiter y fit une descente en 1674.
Le Fort Royal n'avoit alors,pour toute fortification, qu'un
double rang de paliffades , qui fermoient par le bas la
langue de terre fur laquelle on a depuis bâti une bonne
fortereffe , un autre rang de paliffades avoit été planté
fur la hauteur Se deux batteries en barbette étoient dref-
fées , une fur la pointe pour défendre l'entrée du port
qu'on appelle le Carénage , Se l'autre du côté de la rade.
Le terrein où eft actuellement la ville écoit un marais
vaifes cafés fur le bord de la mer, qui fei voient de nia-
gahns pour ferrer les marchandifes quand les vaiueaux
étoient dans le carénage pendant la faifon des ouragans.
Ces magafins étoient remplis de vin & d'eau-de vie ,
quand Ruiter fit descendre fes troupes : les foldatsne
trouvant aucune réfiltance fe mirent à piller les ma-
gafins, où trouvant des liqueurs agréables, en ils burent
de- telle manière , qu'ils n'étoient plus en état de fe tenir
fur leurs pieds, lorsqu'on voulut les mener a l'afiaur.
D'ailleurs , i! y avoit heureufement dans le carénage
une flûte de S. Malo de 22 pièces de canon Se unvaif-
feau du roi de 44. commandé par le marquis d'Ambli-
mont. Ces deux vaiffeaux firent un fi terrible feu de
leur canon chargé à cartoucues , qu'ils tuèrent plus
de 900 des ennemis. Le feu des vaiffeaux ayant été
fécondé par celui des habitans qui défendoient les pa-
liffades, les Hollandois fonnerent la retraite, Se l'offi-
cier qui les commandoit fit faire un épaulement avec
des banques , pour mettre à couvert le relie de foil
monde Se lui donner le tems de fe désenyvrer. Ruiter
qui mit à terre fur le foir, fut étonné de voir plus de
ijoo de fes gens morts ou bleffés ; il renonça à fon
entreprife Se fit embarquer le refte de fon monde pen-
dant la nuit. Les Anglois attaquèrent auili la Martini-
que en 169c. Après s'être long-tems promenés aurour
de fille . Se avoir fait quelques descentes dans des quar-
tiers éloignés où ils n'acquirent pas beaucoup de gloi-
re , ils s'approchèrent du fort Saint Pierre , Se mirent
leurs troupes à terre dans un endroit appelle le fond de
Cananrille, à une petite lieue au vent du fort de Saint
Pierre. Quelques milices du pays y accoururent , retar-
dèrent le débarquement & disputèrent enfuite le ter-
rein pied à pied. Quoiqu'elles ne fuffent pas en état de
repouffer l'ennemi, puisqu'elles ne faifoient pas plus de
500 hommes, elles ne laifferent pas de l'arrêter Ci
long tems , qu'elles donnèrent le loifir au comte de
Blenac d'arriver avec le refte des troupes, Se d'empê-
cher les ennemis de pénétrer plus avant. Les Anglois
firent leur retraite avec précipiraàon cinq jours après"
leur débarquement. Ils abandonnèrent quantité d'ar-
mes, de munitions Se de bagage , plus de 500 prifon-
niers , beaucoup de déferteurs, Se laifferent cinq à fix.
cens morts fur la place.
On doit cette louange aux habitans de la Martini-
que, qu'il feroit difficile de rien ajoutera la générofité,
à l'empreffement & à la charité qu'ils témoignèrent pouc
fecourir les habitans de S. Chriftophe Se des autres if-
les dont les Anglois s étoient emparés. Chaque chef de
famille prenoit chez foi quelques-uns de ces pauvres
exilés, Se il fe régloit plutôt fur fa charité que fur fes
moyens. On fit une quête dans route Pille , Se on con-
no'ir des perfonnes à qui la déroute de S. Chriftophe a
été très-avantageufe , par le moyen des abondantes au-
mônes qui furent faites. * Labat , Voyage aux ifles de
l'Amérique, t. 1. part. 1. c. 5.
1. MARTINOPOLIS. Voyez, Turones.
2. MARTINOPOLIS , ou Martiopoiis , noms
donnés par divers auteurs à la ville de Meribourg en
Saxe , dans la province de Misnie. * Baillet Topogra-
phie des Saints p. 624.
MARTINOU ou Martinowa , ville de la petite
Pologne fur le Niefter , dans le palatinat de Ruïlie ,
environ à une lieue au-deffus de Halick. * De l'Ifle , Atl.
MARTIN-VAS, ifle fur la mer du Nord , entre la
côte des Cafres Se celle du Brefil , environ fous le 3™
degré de longitude Se fous le 20me de latitude fud.
Elle eft pleine de montagnes Se fans habitans. Ce font
les Portugais qui l'ont découverte * De l'Ifle , Atlas.
MARTIN-VAST , petite ville de France dans la
Normandie , diocèfe de Coutances , élection de Valogne.
Elle borne la forêt de Cherbourg , qui en eft à une lieue
On la nomme en latin Martini Valus.
MARTIN-VILLE, paroiffe de Fiance dans la Nor-
mandie , avec château. Elle eft fituée à trois lieues à
l'orient de Rouen , dans le voifinage de Ry , de Blain-
ville, de Préaux Se du prieuré de Beaulieu. Le châ-
teau eft très-bien bâti Se flanqué de cinq groffes Se
hautes tours, avec des foffés remplis d'eau, des jar-
dins, un grand parc fermé Se des avenues d'arbres,
Tom. IV. Q ij
MAR
12-4
Martin- Ville eft au milieu d'une belle campagne, fertile
en bons bleds. * Corn.Diâ. Mémoires drciTés fur les lieux.
i. MART1S CASTRA, lieu de la Pannonie , &
qu'Ammien Marcellin paraît mettre fur le Danube. *
Ortelii Thef.
2. MARTIS CASTRA , ville de la Myfie, félon Sozo-
méne. Lazius prétend que c'eft la ville Marotha , au-
deflus des ruines de la ville de Sirmium. * Ortelii Thef.
i. MARTIS FANUM , lieu dans une ifle déferre
du Pont-Euxin , félon Apollonius. * Ortelii Thef.
2. MARTIS FANUM, lieu d'Italie , à deux milles
de Rome. Appien, Qvilium, l. x. pag. j/3. en fait
mention.
MARTIS FONS , fontaine de la Bœotie, aux en-
virons de Thébes, félon Paufanias. * Ortelii Thef.
MARTIS LACUS , lac d'Italie dans le territoire de
Cruftuminum. Tite-Live , /. 41. c. 13. dit qu'il y tomba
une pierre du ciel.
MARTIS SILEX , lieu dans le Latium. Il en eft parlé
dans Tite-Live, /. 10. c. 47.
MARTIS TEMPLUM. Voyez. Phryxi.
MARTIS TRANS1TUS ou Trajectus , lieu de la
Sicile , félon Pindare , in Nemea , qui le place auprès
du fleuve Elorus, dans l'endroit où Chromius défit le
roi Gelon.
MARTIS VERTEX , Ammien Marcellin diftingue
deux fommets de montagne dans les Alpes Cottien-
nes. Il nomme l'un Munis vertex , & l'autre Matre-
n<& vertex. * Ortelii Thefaur.
1. MARTIS VILLA, lieu d'Italie fur la voie nom-
mée Appia. Ael. Donat dit que Terence avoit une
maifon de campagne dans cet endroit. * Ortelii Thef.
2. MARTlS VILLA, ville de Ligurie dans l'Apen-
nin. Cétoit , au rapport de Capitolinus , la pat rie de l'em-
pereur Pertinax. Ortelius Thefaur. foupçonne que ce
lieu étoit aux environs d'Alba Pompeïa, parce que Dion
écrit que cet empereur étoit originaire de cette ville ou
peut-être de fon territoire.
MARTISAY , bourg de France dans le Poitou , éle-
£tion de Loudun.
MARTIUS CAMPUS. Voyez. Tiberini.
MARTIUS NARBO. Voyez, Narbon.
MARTIUS VICUS , lieu d'Athènes , & qui eft
{innommé AREorAGUs. llluftrius en fait mention dans
la vie de Théodore l'Athée ; Aldus en parle auiFi dans
fon orthographe, fol. 5 14. * Ortelii Thefaur.
MARTOLOIS , ( Les ) font une espèce de voleurs
fameux de la Hongrie ÔC de l'Esclavonie. Je ne fais
pas quelle peut être la raifon ni l'étymologie de ce
nom : mais comme le remarque Ménage, p. 81. de fes
Orig. françoifes , il s'ell de tout tems élevé dans les
royaumes des compagnies de voleurs qui ont été nom-
més diverfement. Il cite enfuite un mémoire de du
Puy , où il remarque que ces fortes de voleurs s'appel-
loient autrefois en Cilicie Ifauri ; en Angleterre Scoti ,
& préfentement dans les Pyrénées Bandolieri , en Es-
clavonie Martolojfi, en Dalmatie Uscocchi. On pour-
roit encore ajouter les Cofaques de Pologne ôc de Mos-
covie. * Bespier , Rem. fur Ricaut.
MARTORANO , ville épiscopale d'Italie au royau-
me de Naples , dans la Calabre citérieure , aux confins
de la Calabre ultérieure , fur un ruiiîeau qui fe jette
dans le Savuto. Cette ville eft fituée à l'orient de No-
cera. Son évêché eft fuffragant de Cofenza , & fes fa-
milles nobles font , félon Corneille , Diiï. les Angeli ,
les Martirano , le Scaglioni ôc les Sorrento. * Mugin ,
Carte de la Calabre ultérieure.
MARTOREL Martorelium, ville d'Espagne dans
la Catalogne , à quatre lieues au nord eft de Villa-Fran-
cas & à égale diftance de Barcelone , au confluent de
la Noya & du Lobregat. Elle appartient aux comtes
de Benevento. On y voit deux ponts fur la rivière: il y
en a un dont les arcades font très-hautes , & il paroît
être un ouvrage antique. * Dél. d'Espace, r. 4. p. 593.
MARTORY ( Oppidum Sancti. f Ceft une petite
ville de France dans la généralité d'Auch , diocèfe ôc
élection de Comminge. Elle eft bien murée ; a quatre
poires , ôc un beau ôc bon pont de pierre , fur la Ga-
ronne , qui communique dans un grand fauxbourg. Ceft
la patrie de l'héréfiarque Vigilance, qui fe déchaînajt
MAR
contre les reliques des faints , ôc contre ceux qui les
révéroient. On l'appelloit aufii Calagoris : on lui adonné
le nom de faint Martory , ainfi prononcé par les habi-
tans du pays , au lieu de faint Martiry , dont le corps
eft dans une chapelle de l'églife paroifliale de cette vil-
le. Il eft en fi grande vénération , que le chapitre de
la cathédrale de faint Bertrand de Comminge , qui en
eft éloigné de cinq grandes lieues , eft oblige d'y venir
une fois l'an célébrer une grande méfie. 11 paioit que
c'étoit une grande route du tems des Romains : a quel-
que diftance de la ville , furie grand chemin qui va à
l'Eftelle ôc à faint Gaudans , on trouve un pilier an-
tique, bâti de petits moilons proprement piques, ÔC
pofés par aflifes négligés, qui n'ont pas plus de fix pou-
ces de longueur fur quatre d'épaifieur , au haut duquel
eft une niche afiez grande , où étoit la ftarue d'une di-
vinité itinéraire , devant laquelle les paffr.ns fai fuient
leurs prières. On en trouve encore une fembiable fur
le grand chemin qui va à Touloufe. * Mémoires urtjjés
fur les lieux.
MARTOS, autrefois ville épiscopale de l'Andalou-
fie au royaume de Cordoue , près de la rivière el i.z-
lado de Foreuna. Ceft aujourd'hui une commendtrie
de l'ordre de Calatrava , au midi du Guadalquivir , ôc
dans le voifinage de la ville d'Alcaudete. Il y a au def-
fus de la commenderie une fortereffe bâtie fur un roc.
Clufius ôc Morales veulent que Martos foit l'ancienne
Augusta Gemella , précédemment appellée Tucci.
Voyez. Tucci. Baudrand. édit. 68z. Dél.ces d Espagne ,
t. 3. p. 413.
Morales , Clufius ôc Baudrand après eux nous ap-
prennent que cette ville a été épiscopale , & que les an-
ciens l'ont appellée dugufia Gemtlla , ôc la même que
Ptolomée /. 2. c. 4. appelle Tucci , ôc qu'il donne aux
Turdules.
MARTRES , bourg de France , au diocèfe & comté
de Comenges.
MARTRES de Veyre , ( Les ) fonta'mes dans l'Au-
vergne , à huit ou dix pas de la tiviere de 1 Allier , fur
le chemin du mont d'Or à Vic-leComte , environ à
une demi- lieue de cette ville. Les eaux de cette fon-
taine font un peu tiédes , fort limpides , de laveur ai-
grette , ôc un peu vineufe.
MARTUA. Voyez. Pompelon.
MARTULANA CIVITAS, il eft parlé de cette
ville dans les martyrologes d'Ufuard ôc d'Adon , au îèp-
tiéme des ides de Juillet. Saint Brixe étoit originaire de
ce lieu. * Ortel. Thefaur.
MARTUS. Voyez. Bargus.
MARTYANA, lieu fortifié chez les Parthes. Srra-
bon , /. 11. p. 515. fait entendre que c'étoit une for-
terefle très-confidérable.
MARTYRES, ifles de l'Amérique feptentrionale ,
comptée entre les Lucaies. Ce font des rochers fit nés
du côté du fud du cap de la Floride fur la hauteur
de vingt-cinq degrés. Ils font dispofés en rang eft ôc
oueft. On leur a donné ce nom de l'image qu'ils repré-
fentent, quand on les découvre de loin en mer. Il fem-
ble en effet que ce font des hommes empalés. Ces ro-
chers dont on appelle les derniers Cabeça de los Mar-
tyres , font diffamés par divers naufrages. On juge par
leur dispofition combien on eft avancé en mer, par
ce qu'on ne peut douter qu'on ne foit entré dans le ca-
nal du détroit de Bahama, quand on a ce cap à la
main gauche vers le fud- oueft. Ce font trois mon-
ceaux de fable blanc couverts d'arbrifleaux. Celui du
milieu eft plus grand ôc beaucoup plus haut que les
deux autres. * Corn. Dicl. Lad , Defcription des Indes
Occidentales , 1. I. c. 16.
MARTYROPOLIS (a), ville de la Grande Armé-
nie , dans la partie de cette province appellée Sophané-
ne, fur le bord du fleuve Nymphius, fur la frontière
de Perfe. Cette ville fut bâtie par les foins de S. Ma-
ruthas (b), évêque de Sophanéne en Méfopotamie,
pour en faire un monument à la gloire des martyrs de
Perfe morts durant la perfécution du roi Sapor II. après
qu'il eut obtenu de l'un des rois fes fuccefièurs dans fa
première ambafiade fous l'empereur Théodofe ou fon
fils Arcade, la permiflion d'y Caire tranfporter leurs corps,
ôc d'y établir publiquement leur culte. Cavadès , roi de
MA
•*
t*$
V: rie , étant entré fur les terres des Romains , pendant
le rcgnc d'Anaftafe, la prit, fans beaucoup d'effort , par-
ce qu'elle étoit mal fortifiée &c mal gardée. L'empereur
Juftinien la fit réparer par la fuite. ( a ) ProCope, des édi-
fices de Juftinien , 1. }.c.z.(b) Baillet , Topogr. des
Saints, p. 624. (c) Procope, des édifices, delà traduction
de Coufm, 1. 3. c. 2.
MARVA, montagnes des Indes dans les états duMo-
gol Elles commencent près d'Amadabat & s'étendent plus
de foixante dix lieues vers Agra , & plus de cens vers
O.'.yen. Ces montagnes font tellement inaccclîîbles, que le
château de Gurchitto qui s'y trouve , cil eitimé imprena-
ble.* Corn. Dict. Mandcjlo , Voyages des Indes , 1. 1.
1. MARVAN , ville du Couheflan près du Hamadan.
Elle eft à 84 deg. de longitude , fous les 3 ; deg. 30 m. de
latitude.* Hift. de TimurBec. 1. 3. c. 22.
2 MARVAN ou Marvaon , château fortifié dans le
royaume de Portugal aux environs d'Elvas , à l'orient de
Caftello-do Vide ; il eft bâti entre des montagnes. Autre-
fois il y avoit dans cet endroit une ville confidérable nom-
mée MEiDUBRiGA.PVyc^. ce mot.* Délices de Portugal }
r. ;.p. 792.
MARUBîUS , fleuve de la Sarmatie Afiatique , félon
Ptolomée . /. j.c. 9.
MARUCA , ville de la Sogdiane dans les montagnes ,
aux environs du fleuve Oxus. Ptolomée, l.6.c. 12. la
place entre Oxiana & Cholbefina.
M ARUC/EI , peuples aux environs de la Margîane ou
de la Bactriane. Pline, /. 6. c. 1 6. en fait mention. Maru-
ca pouvoit être une de leurs villes. Voyez, Maruca.
MARUCENI ou Marucini, peuples d'Italie fur la
mer Adriatique , félon Ptolomée, /. 3. c. 1. qui met dans
jeurpaysl'embouchuredu fleuve Apernus &c celle duflçuve
Matrinus : il leur donne outre cela une ville dans les ter-
res , favoir Teatea. Les Auteurs Latins , au lieu de Ma-
rucini lifenc Marrutini. Voyez. Teat^e Marrucinorum.
* Strabon, 1. y. p. 241. Pline, 1. 3. c. 12
MARVEGE. Voyez. Marvejols.
M A RUEIL. abbaye de l'ordre de S. Auguftin dans le
voifinage d'Arras.
MARVEJOLS ou Marvege, ville de France dans le
Languedoc au pays de Gevaudan, dont elle eft la féconde
place. Elle eft iîtuée dans un beau vallon, arrofé par la ri-
vière deColànge, qui fe jeae dans le Lot. Elle étoit autre-
fois belle , grande & bien bâtie ( a), Scies juges royaux du
Gevaudan y tenoient leur liège ôc adminiftroient la jultice
dans le pays avec le juge de Mende établi par l'évêque.
Comme il y avoit toujours beaucoup de jaloufie entre les
deux villes, ceux de Marvejols embrafierent le Calvinisme
& le parti des Huguenots fous le règne d'Henri III. ce qui
obligea l'armée royale d'attaquer cette ville en 1586 On la
prelia il vivcment,qu'elle fut contrainte de fe rendre à dis-
crétion. Le duc de joyeufe général des Catholiques facca-
gea Marvejols, & la ruina de fond en comble , de forte
qu'elle demeura allez long-tems déferte. Cependant peu à
peu elle s'eft rétablie, eft aujourd'hui bien bâtie ( b ) , aflez
régulière & bien pavée. Elle a quatre portes, à chacune
desquelles il y a une fontaine & une églife. Celle de No-
tre-Dame de la Carce eft collégiale. La place eft belle &
grande , & ornée d'une fontaine &c de deux baflîns. C'eft
un carré long de cent vingt pas, fur foixante de large. La
ville eft marchande & allez peuplée. On y tient fix foires
par an, & l'on y voit une grande affluence de peuple &de
marchands. On a tiré un petit canal de lariviere de Colan-
ge pour l'ufage des teinturiers du fauxbourg de Barri , &
pour faire moudre divers moulins. ( a ) Longuerue , De-
fer, de la France , part. 1. p. 26j. ( b ) Piganiol , Dcfcr.
de la France , t. 4. p. 404.
MARUGGIO , bourgade d'Italie dans la terre d'Otran-
te, environ à dix milles de Tarente, en tirant vers l'orient
d'été. Il eft dans les terres & à deux milles de la mer.
MARVINGI. Voyez. Maksigm.
MARVILLE , petite ville ou bourg de Lorraine dans
le duché de Bar aux confinsdu Luxembourg François, dio-
cèfè de Metz , fur la rivière d'Oftein. Cette ville n'eft en-
tourée que d'une vieille muraille, flanquée de quelques
tours. La prévôté de Marville a appartenu autrefois aux
ducs de Luxembourg, d'où elle a pafTé par alliance dans la
mai fondes comtes de Luxembourg Ligni.Le comte Henri
de Luxembourg en céda la moitié au comte de Bar en 1 27c.
Depuis cette ville a été poflédée par ces deux comtes, de-
puis créés ducs, jusqu'à la paix des Pyrénées, qu'elle fut
cédée à la France en entier.
1. MARUND/E, peuples de Médie. Ptolomée ,/. 6.
c. 2. les place fur le lac Murtianes.
2. MARUND^, peuples de l'Inde, au delà du Gange,
félon Ptolomée, /. 7. c. 2.
MARUS. Voyez. Marisch.
MARUVIUM ou Marrubium, ville d'Italie dans le
Latium. Denys d'Halicarnafle , /. 1. p. 12. & Strabon,
/. ;. p. 241. écrivent Maruvium. Silius Italicus éctit
Marruvium. C'etoit la capitale des Maries. Il en eft fait
mention dans une infeription rapportée par Rcinefius ,
p. n^.claj. 6. en la manière fui vante: Curatori P fplen-
diàiftimx, civitatis Mars. Marri c'eft à-dire , Curatori
perpetuo fplendidijfim* civitatis Marjorum Marrubii.
Virgile eft pour la féconde orthographe, fuivant ce vers
de l'Encïde , /. 7. v. 750,
Qnin & Marrubia venit de gente Sacsrdos.
Les ruines de cette ville, font au village de S. Benoît,
fur la rive du lac Celano, dans i'Abruzze ultérieure.
MARWINE, rivière de l'Amérique, félon Corneille,
DM. qui en donne une longue defeription ; mais ce ne
peut être autre chofe que la rivière Marony. Voyez, ce
mot.
MARWOH. Voyez. MarucA.
MARYBOROUGH , ville d'Irlande dans la province
de Leinfter. Voyez. Queestcwn.
MARYCATUM , lieu de la Bithynie au nordd'Apol-
loniade, félon Métaphrafte dans la vie de S. Joannice fo-
lirairc. Ce lieu étoit fa patrie.
1 . M ARZA , nom que les Maltois ont donné à divers
ports de leur ifle.
2. MARZA. C'eft le nom du grand port de l'ifle de
Maire au levant.
MARZA-MUSEToulePoRT Musset, port de l'ifle
de Malte. En avançant vers l'endroit de l'ifle qui regarde
directement le cap Paffaro , on rencontre deux grands
ports, dont l'un qui eft à main gauche s'appelle Marza
Muzet, & l'autre Amplement Marza ou le Grand Port.
Au milieu du port Marza-Muzet, on voit une petite ifle,
proche de laquelle les vaifleaux qui viennent du Levant
ou d'endroits fuspech font la quarantaine. 11 n'eft féparé
du Grand Port que par une langue de terre , fur laquelle
eft Conftruite le fort faint Elme, qui défend l'entrée des
deux ports. * Vertot , Hift. de l'Ordre de Malte , t. 4. p.
MARZA - SC AL A , port de l'ifle de Malte, au nord-
d'eft de l'ifle. * Vertot , Hift. de l'ordre de Malte, t. 4.
pag. 452.
MARZA SIROCO , port de l'ifle de Malte , que Cor-
neille place au fud oueft de l'ifle. 11 y a effectivement dans
cette ifle un port nommé Marz.a Siroco, capable de con-
tenir plufieurs vaifleaux; mais ce port eft precifément au
fud-eft, & c'eft de-là qu'il a pris fon nom; car Marza Si-
roco lignifie , port qui eft au fud-eft. * De l'ijle , Atlas.
MARZICIERT, lieu de la Haute Médie, autrement
appellée Baaspracan, félon Curopalate , qui dans un autre
endroit écrit Matzjcïer. On lit MMipimlpyt dans Cèdre-
ne. * Ortel. Thefaur.
MARZILLA , petite ville d'Espagne au royaume de
Navarre fur le chemin de Madrid à Pampelune , à une
portée de mousquet de la rivière d'Aragon. Cette ville eft;
jolie. Elle eft fituée dans un terrein en partie fertile & en
partie ftérile. * Délices d'Espagne, t. 4. p. 675. -
MAS d'Agénois, bourg de France dans la Guienne*
diocèfe & élection de Condom. Il eft fitué fur la rive mé-
ridionaledela Garonne au-deflbusde Tonneins, à fix lieues
d'Agen , & à même diftance de Bafas.
MAS d'Aire , abbaye de France dans la Gascogne , au
pays de Chalofle , dans le voifinage d'Aiie, en tiiant vers
le midi. Elle a été fécularifée fous le pontificat de Gré-
goire IX , & la menfe conventuelle a été unie à la fin
du dernier fielec au féminaire d'Aire.
MAS d'Azil, petite ville de France au comté de Foix,
fur le torrent de la Rife, à trois lieues de Pamiers, & à
quatre de faint Lifier de Conferans. Elle eft fituée dans
un beau vallon, entouré de tous côtés de montagnes as-
né MAS
MAS
fez hautes-- des plus fertiles: les vues en font très-bel*
les , & du milieu des rues on voit par deffus les toits des
maifons, des vignobles ou des payfages qui furprennent
agréablement. La rivière fur laquelle cette ville eft bâ-
tie , arrive au pied d'une montagne des plus larges , dont
la bafe eft d'un roc vif Se escarpé jusqu'au deux tiers de
fa hauteur , Se dont le fommeteft une petite plaine entre-
coupée de prés & de bois, & de quelques métairies. Ce
roc s'ouvre des deux côtés , Se laifle à la rivière un paf-
fage vafte & libre. C'eft un antre curieux à voir , Se l'ex-
haufïement en eft fi grand , qu'une infinité d'oifeaux de
différentes espèces s'y réfugient dans toutes les faifons.
On pénétre par de petites routes à la faveur de quelques
flambeaux dans l'intérieur de ce roc, Se l'on y trouve des
chambres où l'on ne peut pas fe figurer que l'art n'ait
ajouté quelque chofe à la nature. Il y a un grand nom-
bre de chaifes qui tiennent au roc Se qui en font par-
tie , Se du haut de la voûte pendent diverfes figures ara-
besque Se bizarres que les eaux congelées y ont produi-
tes par la fucceiîîon des tems , ayant pénétré par des
fentes imperceptibles du rocher.
Cette ville n'étoit habitée que par des Calviniftes avant
la révocation de l'édit de Nantes. Ses murailles ont été
rafées. Il y a un chapitre abbatial de l'ordre de S. Be-
noît, compofé de douze chanoines, dont le prieur a
huit cens livres , le camérier (ix cens , Se les chanoines
trois cens. Ils font de la congrégation dite des Exemts.
Le revenu de l'abbé eft de quatre mille livres, * Corn.
Dicl. Mémoires manuferits.
i. MAS-GARNIER ou Granier, autrement faint
Pierre de la Cour, en latin Manfi Granefù , ou SancYi
Pétri de Carte Abbatia , abbaye de France de l'ordre de
faint Benoît, fille de faint Michel de la Clufe en Piémont.
Elle eft dans le diocèfe de Touloufe fur le bord de la Ga-
ronne , dans la rivière de Verdun. Les Calviniftes l'ayant
détruite durant les troubles de religion , les moines payè-
rent dans la petite ville de Verdun, où ils occupent Té-
glife de faint Michel qui leur eft foumife. Le revenu de
l'abbé peut monter à trois mille livres.
1. MASGARNIER, Granier ou Crenier, bour-
gade ou petite ville de France dans la rivière de Verdun,
près de la Garonne , entre Bouret au nord Se Verdun au
midi. On l'appelle auïïi le Mas Verdun. Il y aune ju-
flice royale.
j. MAS-GARNIER. Catel, après Pierre Moine de
Vaux de Ccrnay , fait mention d'un lieu de ce nom qu'il
place près de la ville de Foix. 11 dit que c'étoit un châ-
reau très fort fitué fur une montagne , Se que Roger fils
de Bernard, comte de Foix, le rendit par compofition
au comte de Montfort en 111.6. Il y attribue l'abbaye
de Mas-Garnier dont il eft pailé ci-deflus , n°. 1.
mais il a été trompé, fans doute, par la reflemblance
des noms.
MAS MUNSTER, abbaye de France dans le Suntgaw
aux confins de la Haute Alface, diocèfe de Bâle. C'eft une
abbaye de chanoineiïes de l'ordre de faint Benoît. Elle fut
fondée par Mazon , duc Se gouverneur d'Alface. Les cha-
noi nèfles font obligées à faire preuves de noblefle. Il faut
qu'elles foient originairement d'Alface. Le revenu de cette
abbaye eft de dix mille livres. Il n'y a que douze chanoi-
neiïes qui vivent en communauté avec l'abbtfle.
^ MAS-SAINTES-PUELLES. Cétoit une petite ville de
France dans le Languedoc, à fept lieues de Touloufe fur le
grand chemin de Caftelnaudary. Elle fut afliégéeen 1586.
par l'a rmée Catholique qui venoi t de prendi eMontesquiuu.
Quoique cette place ne fût point forte , elle foutint pour-
tant trois affauts. Enfin une maladie contagieufe s'étant
mife dans l'armée des afïiégeans, le maréchal de Joyeufe
fut contraint de lever le fiége. Elle n'en fut pas quitte à fi
bon marché en 1623. Elle fut brûlée Se détruite lors du
paffnge de l'armée du roi qui alloit faire le fiége de Mont-
pellier. Elle n'a point été rétablie depuis , Se à peine en
refte-t- il quelques vertiges. Elle eft connue dans l'hiftoire
pour avoir donné la naiflance à faint Pierre Nolasque ,
fondateur de l'ordre de la Merci , & à Bernard de Ro-
zergio, un des plus illuftres archevêques de Touloufe.* Pi-
ganiol, Dcfçription de la France, t. 4. p. 35 j.
MAS DE SOULIF, petite ville de France dans le
Rouergue, diocèfe de Vabrcs , élection de Milhaud.
MASACI, Marsi, Marsaci, Marsacu Se Mar-
satïi ( a ), peuples de la Germanie, compris première-
ment fous le nom des peuples Iftœvones , q îi du tems
de Céfar habitoient au delà du Rhin. Dans ia fuite ils
prirent , comme divers autres peuples , le nom de Mar-
(î , formé de celui du fils d'un de leurs dieux. Ils étoient
puiflans du tems de Tacite , Germ. cap. 1. qui les met au
nombre des peuples les plus anciens Se les plus célèbres.
Du tems de Drufus ils habitoient au bord du Rhin. ( b )
Quoiqu'aucun écrivain ancien ne marque les bornes de
leur demeure que Strabon , lib. 7. fe contente d'indi-
quer, on eft pourtant fondé à leur afligner les terres qui
fe trouvent entre le premier bras du Rhin Se l'Yflel ,
jusque vers Batavodurum. Les pays que l'on donne aux
Sicambres, aux Ufipii , aux Frifons Se aux Bructeres ne
permettent pas de placer les Marsi ailleurs;
Lorsque Drufus porta fes armes dans la Baffe-Germa-
nie , il arriva de grands changemens dans les peuples qui
habitoient cette contrée : la plus grande partie des Mar-
fes, intimidés par fes hoftilités, fe mirent fous la prote-
ction des Bructeres, qui leur permirent de fe retirer dans
l'intérieur des terres , Se d'habiter vers les fourecs de la
Lippe : le refte des Marfes conferva fon ancienne de-
meure ; mais quand Drufus eut fait la communication du
Rhin avec l'Yflel , ils fe trouvèrent féparés de la Germa-
nie , Se on commença alors à les appeller par corruption
Marfaci , Marfatii Se Marfaqiui: Hub. Leodius dit mê-
me avoir vu d'anciens exemplaires qui écrivoient Majaci
pour Marfaci. Quoi qu'il en foit , la condition des Mar-
fes qui changèrent de demeure à l'arrivée des Romains ,
fut pire que celle des Marfes qui demeurèrent fur le Rhin.
Les premiers fuient presque entièrement exterminés par
Germanicus qui vouloir venger la défaite de Varus,au
contraire les Mafaci ou Marfaci acquirent de la gloire
par les armes, (a) Spener , Not. Germ. ant. 1. 3. c. 8.
Se 1. 4. c. 1. ( b ) Ib. 1. 4. c. 3.
MASADA, lieu fortifié, que Pline , l.j. c. 17. place
auprès du lac Afphaltite. Voyez. Massada.
MASADAL1S, village delà Marmarique, félon Pro*
lomée , /. 4. c. 5. qui le place dans les terres , entre Ma-
fuchis ou Manjuchis Se Abatbuba.
MAS^€. Voyez, Fagitana.
MASjEI ou Masei, Arabes qui habitoient aux envi-
rons de la Méfopotamie , félon Pline, /. 6. c. 26. qui dans
un autre endroit les appelle Mafai. Quelques exemplai-
res portent Marxi.
MASyEMANES. Voyez, Mnas^emanes.
MAS^SYLI. Voyez. Mauritanie.
MAS/ETICA , lieu de la Sarmatie Afiatique fur le
Pont-Euxin, félon Arrien, Pcripl. PontiEuxini , p. 19.
MASAL , Maschal ou Mischal , ville de la Palefti-
ne, dans la tribu d'Afer , félon Jofué , c. 21. v. 30. Elle
fut cédp'e aux Lévites delà famille de Gerfon. Eufebe,
in Uct<rà.<;, dit qu'elle étoit joignant le mont Carrnel fur la
mer. * 7. Parai. 6. 74.
MASALEON , lieu fortifié ou faint Nicétas fut en-
voyé en exil. C'eft Métaphrafte qui nomme ce lieu de
la forte dans la vie de faint Nicétas. * Ortelït Thef.
MASALIA , contrée de l'Inde. Arrien . dans fon pé-
riple de la mer Rouge, p. 35. dit qu'elle s'étend beaucoup
dans les terres.
MASALOTH. Voyez. Arbele.
MASAN. Voyez. Mazan.
MASANDARAN ou Mazanderan.J/<?k;cMazan-
DERAN.
MASANI, peuples de l'Arabie Déferte. Ptolomée,/.
j. c. 19. les place au-deffus des Rhaabeni,
MASANORADA, ville de la Carie, félon Etienne
le géographe." Une médaille de l'empereur Tite conferve
aufiî la mémoire de cette ville.
MASARA ou Masora, ville de la petite Arménie.
Ptolomée , /. j. ç. 7. la place près de l'Euphrate , entre
Garape Se Oromandus. Voyez. Masada.
MASAT. Voyei. Massa.
MASATAT. Voyez. Massa.
MASATI, peuples de la Libye intérieure, félon Pli-
ne , /. ;. c. 1. Il femble que ce foit la même chofe que
les Malices de Ptolomée.
MASBATouMasbate, ifle de la mer des Indes &
l'une des Philippines. Elle a l'ifle de Luçon au nord ,
celle de Samar a l'orient, celle des Nègres au midi , Se
MAS
MAS
celle de Byfayas au couchant. Les Espagnols s'en rendi-
rent maîtres en i$C9. On dit qu'elle a trente lieues de
tour , qu'elle eft large de huit & longue à proportion.
Ses ports font commodes à tel vaiffeau que ce foit pour
y faire de l'eau. Elle eft habitée par deux cens Se cin-
quante familles Indiennes , qui payent un tribut en cire,
fel Se civette-, mais ceux qui demeurent dans les moi*-
tagnes font en plus grand nombre : ils font venus d'au-
tres pays. Il y a de riches mines d'or à vingt-deux carats.
On ne travaille point aujourd'hui à ces mines , à caufe
du peu d'attention qu'y font les Espagnols. Ils ont tous
les ans de la nouvelle Espagne, plulieurs centaines de
raille pièces de huit à dix pour cent de eommif-
fion -, ils fe foucienc fort peu d'aller chercher l'or dans
les mines. Les Indiens d'un autre côté , lorsqu'ils ont
un plat de riz, ne fongent pas à ce métal quelque pré-
cieux qu'il foit : s'ils en ramafient quelquefois dans les
rivières, ce n'eft que quand on les prefle pour payer le
tribut; encore n'en prennent- ils que ce qu'il faut pour
le payement. Les bords de cette ifle font enrichis d'am-
bre gris qu'y jettent les courans du canal qui s'y ter-
mine. * De l'ifle , Atlas.
MASBURGI. Voyez. Bravum.
MASCA , fleuve de l'Arabie Déferre , à ce qu'il pâ-
roît dans Xénophon, livre premier, de l'expédition
d'Alexandre. * Ortelii Thefaur.
MASCALAT, ville de l'Arabie Heureufe, aflez près
de la côte méridionale du golfe Perfique. De l'ifle ne
la marque point fur fa carte de l'Arabie. * De (Fit ,
Atlas.
MASCARE1GNE, ifle d'Afrique dans l'Océan Ethio-
pique , à l'orient de la grande ifle de Madagascar ; elle
eft à 20 deg. 30 min. de latit. mérid. Se à 7$ deg. 30
min. de longit. Cette ifle fe nomme aufli l'ifle de Bour-
bon ; elle eft presque de figure ovale , plus étendue de
l'orient à l'occident , que du feptentrion au midi , Se
peur avoir quinze lieues de longueur , fur dix de lar-
geur : fon circuit eft d'environ jo lieues: elle elt cou-
verte en plufieurs endroits de hautes montagnes ; on
en voit une qui vomit des flammes , & qui remplit les
envitons de matière bitumineufe. Son premier nom lui
a été donné par un Portugais de la maifon de Masca-
renhas , qui l'a découverte le premier. De Flacourt , gou-
verneur du fort Dauphin & des établiflemens François
dans l'ifle de Madagascar , Ta honorée du nom de l'ifle de
Bourbon en 1654. après en avoir pris pofleflion au nom
du roi. Les François n'y ont pas fait d'établiflemens d'a-
bord ; les premiers qui ont commencé à en connoîrre
l'utilité , ont été quelques François qui y furent dégra-
dés , pour avoir été les chefs d'une fédition contre le
fieur de Prouis , commandant du fort Dauphin. Ce pre-
mier eflai ayant fait connoître la bonté de cette ifle ,
Se les avantages qu'on pouvoir en tirer , l'on y a fait un
érabliflement confidérable vers 1672. Les François y ont
préfentement trois bourgades aflez confidérables avec
un gouverneur Se plufieurs magiftrats. Il y a de bonnes
rades , mais on n'y trouve point de ports âflurés con-
tre les ouragans qui défolent fouvenc ces contrées. Le
premier établiflement que nous y ayons commencé , eft
là bourgade de faiivt Paul : les autres , font celles de
faim Denys & de fainte Suzanne. Le gouverneur réfide
ordinairement à faint Denys ; c'eft à préfent l'entrepôt
des vaifleaux de la compagnie des Indes » Se le feul re-
lâche qu'ils ayent de commode pour y trouver des ra-
fraichiflemens. Elle eft ferrile en plantes * il y croîr par-
ticulièrement quantité de bon tabac , abondance d'aloes ,
du poivre blanc, de l'ébene , du riz , Se du fucre ; quantité
de palmiers 8c autres atbres fruitiers , Se espèces de bois
qui produifent des gommes odoriférentes , comme du
benjoin, &c. enfin quantité d'atbtes propres pour lcsbâ-
timens. Le caffé fauvage y eft très commun , Se ne laide
pas d'être bon. On en a fait venir de Moka; un feul a
fubfifié , Se a fourni de quoi en planter grand nombre
d'aurres qui ont fort bien réufli. L'air y eft très-chaud ,
mais des vents qui foufflent continuellement le rafraî-
chiflent , Se le rendent fort fain. Elle eft arrofée de plu-
fieurs petites rivières, ruifleaux Se fontaines, dont les
eaux font fort faines. Les rivières font très-poiflbnneufes:
il y a plufieurs montagnes : l'on y trouve une exceflîve
quantité de tortues de terre Se de mer. Les bêtes à corne ,
ï iy
que l'on y a portées y ont beaucoup multiplié, àniii ,ue
les cochons. Les cabris Se les langliers y l'ont auih en
abondance. La meilleure des viandes elt celle des lali-
gliers , ce que Ion attribue à ce quiis fe nourriflent
de tortues. H y a quantité de pei roquets, des ramiers $
de tourterelles & d'autres oifeaux ; dtfbrte que la cl afle
s'y faifoit au commencement avec Une fimple houfiihe.
Il n'y a aucun animal nuifible , ni lerpens, ni crocodi-
les, ni moucherons; en un mot, des infecîes qui ont
coutume de tant incommoder dans les autres colonies.
L'on recueille fur le livage beaucoup d'ambre gris, de
corail & de beaux coquillages; mais les fréquens Se vio-
lens ouragans qui l'infeftent , ont été caufe que cette ifle
a été fi long-tems déferte , parce qu'ils défoloient tous
les biens qui étoient fur terre. * D;vcr s mémoires.
MASCARI , bourgade de la Sicile dans le Val-Dcmo»
hé, au pied du mont Gibel, vers la fource de la petite
rivière, nommée la Bruca, entre la fortereflede Lingua
<3rofla au nord , Se la ville de Jaci vers le midi. * De
i'JJU, Atlas.
MASCATE ( a ), Ville d'Afie fur la côte du fiord-eft
de l'Arabie Heureufe , au midi des ifles de Sohar fous-
le tropique du Cancer, entre Oman Se les ruines de
Sohar , au nord occidental , Se le cap de Rafalgate au
midi oriental dans le rovaume auquel clic donne fou
nom. Cette ville eft fituee dans une petite plaine ( b ) »
ou plutôt dans une ouverture entre deux grands rochers ,
dans une place fort unie d'environ quarante pas de lar-
ge, où il n'y a qu'une feule entrée, depuis laquelle le
rocher s'élargit peu à peu des deux côtés, Se forme cette
petite plaine qui n'a que cinq cens pas de large & cinq
ou fix cens de longi Le rocher fe joint au bout de la
plaine, &, pouffant fes pointes encore plus haut qu'il
ne fait du côté de la mer , il forme un palïage étroit &
fort rude par lequel on eft contraint de monter , pour
descendre enfuite dans la plaine d'Arabie. Cette ville
n'eft compofée que de trois cens pauvres maifons , Se
qui font très-petites. Elles font bâties de cannes fore
minces, ou de perches jointes enfemble Se couvertes de
feuilles de palmes. De petites pierres avec du mortier les
foutiennent par le pied contre les pluies , qui font grof-
fes Se impétueufes dans ces quartiers. Elles font fi près
les unes des autres , que la ville en paroît plus petite
qu'elle n'eft. La rue eft un peu plus large le long du
chemin qui va de la mer à la paroifiè ou au couvent
des Auguftins , Se à la citadelle. Les Portugais ont bâti
quelques maifons dans cette rue , Se les Indiens ou Ba-
nians y ont aufli leurs tentes & leurs boutiques. Le cou-
vent des Auguftins eft accompagné d'une aflez belle
églife Se d'une maifon où douze religieux font logés
commodément.
A cinquante pas du couvent, Se vis-à-vis , s'élève le roc
fur lequel eft bâtie la citadelle qui eft regardée comme
imprenable.
Tous les habitans de Mascate font Maures , Arabes
originaires du pays, Juifs ou Païens à la réferve de trois
ou quatre maifons de Portugais qui y font mariés , &
d'un petit nombre de foldats. Les Portugais Se quelques
païens qui ont du bien négocient à Ormus & à Cino-
le , Se fur les côtes d'Arabie Se de Perfe. Les Juifs qui
font quinze ou vingt familles, font tous pauvres Se rrit-
férables, Se ne fubfiftent que par le trafic qu'ils font
des vivres qu'ils vendent. Ces Juifs parlent arabe , com-
me tous les autres habitans ; les uhs Se les autres ne
mangent que des dattes , du lait Se un peu de riz aux
bonnes fêtes. Les hommes Se les femmes font vêtus com-
me les Arabes de Fez & de Maroc; mais leurs habits
font plus fimples. Il vient aflez ordinairement à Mascate,
plufieurs Arabes , qu'on appelle en Barbarie Se en Es-
pagne Alarabes , qui demeurent en troupes à la campa-
gne fous des tentes , qu'ils transportent de tems en tems
d'un lieu à l'autre pour la commodité du pâturage de
leurs troupeaux. Comme ils croient mériter d'être plus
confidérés que ceux qui demeurent dans les bourgs & les
villes, ils veulent qu'on les diftingue des autres parleur
habit , qui eft une grande vefie blanche de poil de chè-
vre Se de lin : elle leur descend jusqu'aux talons , Se les
manches fontâufli larges que celles des religieux de faint
Benoît. Ils ont un capuchon fur la tête , la barbe grande
& beaucoup de gravite apparente dans leur démarche.
ia8
MAS
MAS
Quelques-uns portent un capuchon noir j mais ceux qui
le prennent de cette couleur ont parmi eux une dignité
particulière , ou de capitaine d'une troupe , ou d'un vil-
lage , ou de prêtre de leur fe&e. Ils portent tous une flè-
che forr menue à la main. Les femmes ont une verte
femblable à celle des hommes , faite de fil ou de foie de
plufieurs couleurs, fur-tout les plus riches, mais fans
capuchon. Dès que ces Alarabts apprennent qu'il ert ar-
rivé quelque navire àMascate, ils y viennent de leurs
villages vendre de la volaille, des chevreaux, desdatres,
ôc y achètent du riz, ôc quelque gros drap qu'on fait dans
les Indes. ( a) De l'I/îe , Atlas, (b) Corn. Dict. Ambaf-
fade de dom Gardas Figuerora.
MASCAY , abbaye de Fiance dans le Berri ; en latin
Masciachenfe Cœnobium. C'ertune abbaye fort ancienne
de Bénédictins non réformés , & dont la chronique a
beaucoup d'autorité dans l'hifloire de France , fur tout
pour les règnes de Charles Martel & de fes enfans. Le
revenu de cette abbaye , ert de cinq mille cinq cens li-
vres. Cette abbaye s'appelle Majfai. Voyez, ce mot.
MASCHANE , ville des Arabes Scénites , félon Etien-
ne le géographe.
MASC1ACUM ou Mastiacum, ville de la Nori-
que : l'itinéraire d'Antonin la met fur la route de Pons-
Oenus à Veldidena , entre Aib'ianeum ôc Veldidena ,
à vingt-fix milles de la première, & a égale dirtance
de la féconde.
MASCLIAN/4E , lieu de l'Afrique propre , félon l'i-
rinéraire d'Antonin , qui le place fur la route de Tus-
drus à Thevefle , entre Aqux regu ôc Sufetula , à dix-
huit milles de la première , & à trente-fix milles de la
féconde.
i. MASCON , en latin Matisco , ville de France dans
la Bourgogne, fur la rivière de Saône , qui la féparede
la Brefle, avec laquelle elle a communication par le
moyen d'un pont , qui a trois cens pas de long fur fix
de large ôc treize arcades. Elle appartenoit ancienne-
ment aux JEdui , comme nous l'apprenons des com-
mentaires de Céfar , qui difent qu'elle étoit fituée fut
la Saône. Strabon , Pline ôc Ptolomée n'en font aucune
mention. Il ert feulement marqué dans la notice des di-
gnirés de l'Empire, qu'il y avoit une manufacture de
flèches à Mascon. On ne fait précifément le tems où
elle fut féparé des JEdui\ mais elle étoit érigée en ci-
té, lorsque les Bourguignons s'en rendirent les maî-
tres. * Longuerue; Defcription de la France, part. i.
pag. 287.
Par le partage des états de Louis le Débonnaire , Mas-
con échut à Charles le Chauve ; fon fils Louis le Bè-
gue étant mort, les Masconnois fe fournirent à Bofon
qui fut élu roi de Bourgogne, au couronnement duquel
aflifta Gontar évêque de Mascon ; mais peu après les
Masconnois fe remirent fous l'obéiflance de Louis ôc de
Carloman , fils & fuccefieurs de Louis le Bègue. Les
comtes , dans le Xmc fiécle fe rendirent feigneurs ab-
folus fous Hugues Capet & fous fon fils Robert ; l'an
101/. il eut pour fuccefleur fon fils Guillaume , père de
Gui comte de Mascon , qui fe rendit moine à Cluni , ayant
été enfuite imité par fa femme ôc par fes enfans qui em-
braflèrent la vie monartique. Guillaume comte de Bour-
gogne fut après cela comte de Mascon. On ignore à quel
titre il eut ce comté ; on fait feulement qu'il en jouit plu-
fieurs années , ôc qu'il le laifla à fon plus jeune fils Gé-
rard, qui fur aufli comte de Vienne. Gérard eut pour
fuccefleur, fon fils Guillaume II. qui vivoit fous le règne
de Philippe Augufte , ôc laifla fon comté de Mascon à
fon fils Gérard, dont la fille unique Alix fut maii;e à
Jean fils de Robert II. comte de Dieux. Jean de Dreux
portoit aufli le nom de Braine j c'ert pourquoi quelques
écrivains l'ont confondu mal-à-propos avec Jean de Bien-
ne ou de Biicnne , roi de Jérufalem. Jean ôc fa femme
Alix vendirent l'an 1238. le comté de Mascon à faint
Louis, pour lui ôc fes fuccefieurs , ôc il demeura uni à
la couronne jusqu'au traité d'Aï ras fait l'an 1435-. par le-
quel Charles VII. céda à Philippe le Bon duc de Bour-
gogne , ôc à Ces descendais mâles ôc femelles le comté de
Masconnois.
Après la mort de Charles fils de Philippe , Louis XL
conquit le Masconnois , ôc le réunit à la couronne l'an
J476. Marie fille unique ôc héritière de Charles , i&u-
tlht que ce comté lui appauenoit; néanmoins les rois de
France en jouirent toujours.
Dans la fuite, par le traité de Madrid l'an 1526. Char-
les-Quint , mariant fa feeur Eleonor avec François I. lui
donna les comtes de Masconnois , d'Auxerrois , & de
Bar-fur-Seine , tant pour elle que pour les enfans qu'elle
auroit de ce mariage , ôc en cas qu'il n'y en eût peint ,
ces trois comtés dévoient revenir à l'empereur ôc à fes
héritiers. François premier étant forri de prifon proterta
contre l'énorme léiion qu'il avoit foufterte au traité de Ma-
drid , ôc particulièrement en ce qui concernoit la celhon
du duché de Bourgogne ôc des trois comtes d'Auxerrois,
de Masconnois , év de Bar fur Seine , étant même appuyé
de l'oppofition formelle des Bourguignons à 1 exécution
des articles qui les concernoient ; ce qui eut une telle force»
que par le traité de Cambrai conclu l'an 1529, ilfutac-
cordé que la pofleflion du duché de Bourgogne , & des
trois comtés demeureroit aux rois de France , quoique
la restitution en eût été promife par le traité de Ma-
drid , les droits de l'empereur Charles V. lui étant réfer-
vés pour les pourfuivre feulement par les voies amiables
ôc de juftice. Le traité de Cambrai a été , pour ce qui
concerne la Bourgogne, confirmé par les traités fuivans;
de forte que la pofleflion du duché ôc des trois comtés
ert demeurée à la France , fans que les rois d'Espagne
ôc les princes de la maifon d'Autriche ayent jamais re-
noncé à leurs prétentions , Ôc aux droits qu'ils s'étoienc
réfervés fur la propriété.
La ville de Mascon , ert fituée fur le penchant d'un
coteau. Son enceinte forme à peu près la figure d'un
demi cercle. Elle â environ 1300 pas de longueur, 600
de largeur ôc 3000 de circuit. Les rues y font étroites
& mal percées, ôc il n'y a presque point de places pu-
bliques. On compte dans cette ville , environ fix mille
perfonnes On n'a fait que deux baftions du côté de la
porte de faint Antoine :1e plus grand joinr la rivière, ôc
n'ert pas terrafle. Certe ville ert à quatre lieues au midi
de Tournus , à quarre à l'orient de Cluni , ôc à quatre-
vingt-dix au midi de Paris.
L'églife cathédrale elt dédiée à faint Vincent. Elle ert
étroite ôc fombre , ôc fes voûtes font aflez exhauflees. La
fonnerie de fes cloches pafle pour être une des plus har-
monieufe du royaume. La collégiale de faint Pierre n'ert
remarquable que par la noblefle de fon chapitre. Il y a
dans cette ville des Cordehers obfervantins , des Jaco-
bins, des Capucins, des Minimes ôc une maifon de prê-
tres de l'Oratoire. Il y a auflî des couvens de filles de
la Vifitation , d'Urfulines , de Carmélites ôc d'Hofpita-
lieres , qui deflervent l'Hôtel-Dieu , dont le revenu ert
de fix mille livres de rente. La maifon de la Charité n'a
qu'environ quinze cens livres de rente , ôc nourrit néan-
moins ordinairement cent vingt perfonnes.
Mascon a un gouverneur particulier ôc un lieutenant
de roi. Pour la jurtice ôc pour les finances il y a un pré-
fidial , une élection, un grenier à fel, une jurisdiotion
des traites foraines, ôcc.
La Saône forme au-deflous du pont de Mascon une
petite ifle qui ert ioute entourée d'arbrifleaux. Le milieu
forme une petite prairie , fort propre pour donner des
fêtes ôc des réjouiflances publiques. * Piganiol, Defcr.
de la France, t. 3. p 512. ôc fuiv.
On ctoit que Ï'Evêché de Mascon fut établi dans
les ptemiers lîécles de l'Eglifc : mais le premier évêque
dont on trouve le nom , ert Placidus , quiaflïfta au troi-
sième concile d'Orléans. Dans la divifion des provinces
des Gaules , Mascon fut comprife dans la première Lyon-
noife. C'ert pourquoi fon fiége episcopal a toujours été
fournis , comme celui de Chàion fur Saône , à la métro-
pole de Lyon. On rint deux conciles à Mascon fous le
règne du roi Contran. Ce fut dans le fécond , tenu en 585.
que l'on rétablit la célébration du Dimanche qui étoit mal
obiervée , Se qu'on décerna des peines contre les viola-
teurs d'une aufli fainte folemnité. Cet éveché ne vaut
qu'environ douze mille livres de revenu, ôc n'ert com-
pofé que de deux cens paroiffes , dont cent vingt-trois font
du bailliage de Mascon ; les autres font dans le Bcaujo-
lois Se dans le Lyonnois. Les diocèfes d'Autun & de Chà-
ion s'étendent fur les autres paroifles du Bailliage de
Mascon.
Le chapitre de l'églife cathédrale ert compefé de vingt
chanoines,
MAS
MAS
12,
chanoines, de vîngt-une prébendes, d'un doyen, d'un
chantre Se de quatre archidiacres. Les archidiacres four à
la nomination de l'évêque ; le doyen , le chantre & les
•chanoines font nommés par le chapitre. Aux grandes mef-
fes , le célébrant , le diacre Se le foudiacre portent la mi-
ne : à vêpres le célébrant & les deux chantres la portent
aufli. Le chapitre de l'églife collégiale de faint Pierre de
Mascon , efl: compofée d'onze chanoines , d'un prévôt Se
d'un tréforier ; ce qui fait en tout quatorze prébendes ,
parce que le prévôt en a deux. Pour être reçu dans ce cha-
pitre , il faut faire preuve de nobleffe de quatre quartiers ,
tant paternels que maternels. Le roi nomme le prévôt ,
& les chanoines font nommés alternativement par le pré-
vôt Se par le chapitre. Il n'y a dans ce diocèfe que deux
abbaves d'hommes de l'ordre de faint Benoit Se en com-
mende j favoir ,
Cluni , Se faint Rigaud.
* Piganiol , Defcr. de la France, r. 3. p. 420.
2. MASCON » paroitVe du diocèfe de Troies en Fran-
ce , fituée à demi-lieue du rivage gauche de la Seine pro-
che Nogent , à huit ou neuf de Troies. On a quelquefois
entendu de la ville de Mtscon en Bourgogne ce qui ne
convient qu'a ce village. C'eil ainli que dans la vie de
faint Loup évêque de Troies , écrite par un auteur affez
voifin de ion tems •, il efl: dit qu'au fortir de fa retraite à
Lainçon proche fa viile épiscopale , il crut devoir fe re-
tirer a Maiiscomim , Se que comme il demeuroit in prx-
dio Matisconh il y guérit une fille muette qu'on lui pré-
fenta. Lebeuf en les éclairciffemens fur la vie de faint
Loup , tome 1. de fon recueil de 1738. pag. 67. a fait
remarquer combien on fe trompoit en entendant cela de
Mascon en Bourgogne. On voit au premier tome du tré-
for des anecdotes des lettres d'un Jean de Brienne , que
Fontaine-Mascon étoit une terre du douaire de la B.
comtefle de Troies ; & comme il la tenoit en fief du comte
Thibaud fans le contentement de cette comteffe , il donna
pour cautions, fept ou huit feigneurs en noj.à Pro-
v.ns. Ainli le nom de Mascon a toujours été très-connu
en Champagne.
MASCONNOIS ( Le ) , pays de France dans la Bour-
gogne, entre le Beaujolois Si le Chalonnois , Se féparé
vers l'orient de la Breffe par la Saône. 11 a pris fon nom
•de Mascon fa capitale. Ce pays a fes états particuliers
qui font l'impofition des charges que le Masconnois doit
fupporter. Cette cotité étoit autrefois un quatorzième ;
mais aujourd'hui elle elt d'un onzième, quoique la ville de
Marfigny en ait été diilraite. Ces états font compofés de
l'évêque de Mascon qui y préfide, des députés de l'églife ,
de ceux de la nobleffe, de ceux du tiers état, Se des officiers
de l'élection unis aux mêmes états. Ces derniers n'ont
qu'une feule voix, qui efl rapportée au bureau par celui
qu'ils choififfent, après s'être retirés Se éloignés du bureau,
pourdelibérerfurcequia été propofé. Une élection en pays
d'états paroît extraordinaire : ainli il faut avertir qu'elle fut
établie pour connoître des différends qui naiffent à l'occa-
fîon des droits d'aides. Dans tous les anciens actes , les
officiers de cette compagnie font appelles élus des aides de
Masconnois. Comme les élus avoient dans tous les pays
de taille la connoiffance des conteftations qui furviennent
fur les impofitions , ceux du Masconnois , qui avoient uni -
quement été établis pour les aides, demandèrent la même
attribution , Se obtintent d'être unis aux états.
La convocation des états particuliers du Masconnois fe
fait de trois ans en trois ans ,Se quelque tems avant que
l'affemblée des états généraux de Bourgogne foit convo-
quée. Les députés des trois états du Masconnois s'y ren-
dent. Le bailli reçoit fur cela une lettre du roi , en vertu
de laquelle il écrit à la nobleffe du pays, Se les tréfo-
riersde France envoient aufli des lettres circulaires. Les dé-
putés de l'églife font alternativement nommés par le cha-
pitre de la cathédrale de Mascon, Se par celui de faint •
Pierre de la même ville. Après les députés de ces chapitres
entrent les-abbés de Cluni, de Tournus Se de Rigaud.
Lorsque ces abbés affilient en perfonne aux états , ils pré-
cédent les députés de ces chapitres ; mais ces derniers
précédent ceux qui affilient aux états , comme porteurs
de procuration de ces abbés. Le député de la nobleffe efl:
nommé par ce corps à la pluralité des voix. Celui du tiers
érat efl; nommé par les habitans des villes de Mascon , de
Tournus , de Cluni Se de faine Gengoux , chacune à leur
tour.Le député du tiers état,lorsqu'îl va aux états généraux,
efl accompagné par l'Un des officiers de l'élection, que l'é-
vêque de Mascon a droit de choifir. Les députés des trois
ordres étant nommés, ils vont au palais pour prêter fer-
menr pardevant le lieutenant général du bailliage. Lesec-
cléfiafliques y font placés à la droite du lieutenant général
& fur le même rang ,Se la nobleffe à la gauche. Les dépu-
tés du tiers état font fur les bancs des avocats. Ces députés
vont enfuite à l'affemblée des états généraux , & a leur re-
tour ils s'aflemblent pour rendre compte de ce qui s'y efl
paffé , & de ce qui intérefle le pays. Quelque tems après ils
s'aflemblent encore, après avoir recules commiffioiis pour
travailler à l'impofition. Pendant la triennaliré loisqu'il
furvient quelques affaires qui méritent délibération, on
tient ftuflitôtdes aflemblées. Toutes ces féances fe tiennent
au palais épiscopal , ou chez le grand-vicaire en l'abfence
de l'évêque. Le fyndic des états y propofe le fujet fur le-
quel on doit délibérer , Se le fecrétaire ihsère dans le
regiflre les délibérations. Quant aux impofitions , le gref-
fier de l'élection efl en poffeflion de travailler aux dé-
partemens. Le maire de Mascon a droit d'aififler à ces
aflemblées en qualité deconfeiller j car il n'a point de voix
délibérarive. La recette des deniers provenans des impo-
fitions , fe fait par deux receveurs établis par les états. Ils
ne font que par commiffion Se exercent alternativement.
* Pigamol , Defcr. de la France , t. 3. p. 446.
MASCOTUS, ville de la Libye , félon Etienne le
géographe , qui cite Hécatée. Il la met auprès des Hes-
pérides,
MASCOUTECHS ou Maskoutens , autrement na-
tion de feu , peuples de l'Amérique feptentrionale, dans
la nouvelle France , au couchant du lac des Ilinois, vers
la partie méridionale , & près de la rivière de Chekagou.
C'eit une espèce de démembrement de la nation des Mia-
mis. Il y en a aufli au bord de la rivière de Melleoki ,
vers les quarante-trois degrés de latitude nord, près de fon
embouchure dans le lac. C'eft fans fondement qu'on ap-
pelle ces fauvages la nation du feu, Se leur pays la terre
de feu. Us habitent au midi de la grande baie, autre-
ment la baie des Puants.
MASCULA , ville de Numidie. L'itinéraire d'Antonin;
la place fur la route de Thévefle à Sitifis , en paffant par
Lubenfis. Elle fe trouve ainfi entre Megefèla Se Claudi ,
à dix huit milles de la première , Se à vingt-deux milles
de la féconde. Dans la conférence de Carthage n°. 128.
Malcus efl: qualifié episcopus plebis Masciditanx. La
notice d'Afrique fait mention de Januarms Mascu-
litanus. Dans celle des évêchés d'Afrique Marculitanus
pour Masculitanus : Donatus Masculitamts fouferivit
au concile de Carthage en J2j. Se Victor d'Utique ,
/. 1. n° iy. Dupin fait mention à' 'Archimmus Mas*
culamts.
MASDORANI, peuples de l'Ane, félon Ptolomée ,
/. 6. c. 17. qui dit qu'ils occupoient la contrée voifine de
la Parthie Se de la Caramanie déferre.
MASEBI A , nom d'un lieu dont il efl parlé dans le pre-
mier livre des Paralipoménes , c. 1 1 . 46.
MASEICK. Voyez. Maeseck.
MASEMORUM Regio, peuples d'Afie aux environs
de l'Euphrate. Métaphralle en parle dans la vie de faint
Grégoire , Se les place dans la Grande Arménie. * Orte-
lii Thefaur.
1. MASENO ou Masen , rivière de la Valteline ; elle
a fa fource dans une montagne près de San Martine
On y trouve un bain d'eau minérale , connu fous le nom
de Bagni di Mafeno. Elle coule du nord au fud dans la
vallée de Mafeno , Se va fe jetter dans l'Adda , entre Desco
Se Pédemonte , * Scheuchz.er , Carre de la Valteline.
2. MASENO ou Bagni di Maseno , bains d'eau mi-
nérale dans la Valteline , à la fource de la rivière Mà-
fen qui leur donne fon nom. L'eau en efl tiède, claire ÔC
falutaire à boire : elle charrie de l'or , du fer , de l'alun ,
du nitre Se du fouffre. Elle efl d'un ufage excellent pour
la guérifon de divers maux particulièrement de ceux du
cœur Se du foie. * Etat & délices de la. Su'ijje , tom. 4.
pag. 146.
3. MASENO , vallée de la Valteline. Elle s'étend du
nord au fud des deux côtés de la rivière Mafen ou Ma-
feno, qui lui donne fon nom. * Scheucbz.er , Carte de là
Valtelinei
Tom. IV R
MAS
130
4. MASENO , village de la Valteline fur la rive gau-
che de la rivière de Mafen , un peu au-deflus de fon em-
bouchure dans l'Adda. * Se heuchz.er, Carte de la Valteline.
MASEPHA , ville de la Paleftine , dans la tribu de Ju-
da. Elle étoit au midi de Jérufalem , Se au feptentrion
d'Eleuthéropolis & d'Hébron. Les Hébreux prononcent
ordinairement Miz.pha,a.u lieu de Maspha. Voyez. Mas-
pha. * Jofué , 1538.
MASEREPHOTH. Il eft parlé des eaux de Majere-
photh dans Jofué , 1 1. 8. & 1 3 6". D. Calmet , Dicl. croit
que ce pourroit être la ville de Sarephta. La racine de
ce nom eft la même que celle de Mazxophoih. D'au-
tres croient que les eaux de Mazrephoth étoient des eaux
chaudes -, d'autres veulent que c'étoit des eaux Calées de
la mer que l'on faifoit couler dans des canaux , Se qui s'é-
vaporant par la chaleur du foleil , produifoient du fel,
ainfi qu'il fe pratique encore en quelques endroits fur les
côtes de la mer.
MASES, ville de l'Argie, félon Homère , Iliad. I. 2.
v. 363. Paufanias, /. 2. t. 36. fait entendre qu'elle ne
fubfittoit plus de fon tems , & que fon port étoit le Na-
vale des Hermions. Strabon , /. 8. p. 376. & Erienne
le géographe parlent au m de cette ville. -Ce dernier dit
qu'on la nommoit aufli Mafetus. Il ajoute qu'on don-
noit encore le nom de Mafetis à un marais, à un vil-
lage , Se à une ifle.
MASETRASE , Mesetalse ou Béni -Merasen ,
montagne d'Afrique , au royaume de Fez dans la pro-
vince de Chaus. Elle confine aux plaines d'Edecfen , qui
font fur les frontières de Temesne , & elle a dix milles
de long & quatre de large. Les maifons qui font fur cette
montagne font couvertes d'écorce d'arbres Se de limon,
Se les habitans qui ont des beftiaux les tiennent dans
des cabanes couvertes de jonc. * Dapper , Defcr. du royau-
me de Fez , p. 158.
MASEUBE ou Masloube ( a ) , petite ville de France
dans l'Armagnac au comté d'Aftarac. Elle eft fituée fur la
rive droite de la rivière nommée le Gers , au midi de Seif-
fan Se à l'orient de Ville-Franque. Le fiége ( b ) de la
juftice du comté eft dans cette ville , dont l'abbé d'Es-
cale-Dieu , eiL cofeigneur, (a) De l'JJle , Atlas, ( b ) Corn.
Diér.
MASFA, ville de l'Arabie Heureufe, dans la princi-
pauté d'Iemen , félon Corneille , Diil. qui cite Maty. Il
ajoute qu'elle eit fituée entre Mascate Se Mascalat , à
quatre lieues de l'une &de l'autre de ces places. Lescar-
tes ne connoiflent point cette ville.
MASHAM , bourg d'Angleterre dans la province
d'Yorck. On y tient marché public. Etat préfent de la
Grande Bretagne, t. 1.
MASIANI, peuples de l'Inde. Strabon, /. 15. p. 698.
les place entre les fleuves Cophen & Indus.
MAS1CES , peuples de la Mauritanie Tingitane, fé-
lon Ptolomée > /. 4. c. 1 .
MASICYTUS , montagne qui féparoit la Pamphylie
delà Lycie. Ptolomée,/. yç. 3. la met fur le bord de
la mer. Pline, /. 5. c. 27. écrit Maflycites. L'interprète
de Q. Calaber,/. 3. lit Emaficythus\Se Strabon appelle
cette montagne Climax.
MASIERE , bourg de France dans la Haute-Marche ,
aux confins du Limoufin , à deux lieues d'Uflel Se à fix
de Tillerin. La taille y eft mixte, Se les habitans y font
très-pauvres.
MASII ou Maspii , peuples de laPerfe, félon Hé-
rodote , in CHo.l. 1. c. 125.
MASIN. Voyez. Magida.
MAS1NISSENSES , peuples de la Mauritanie , félon
Ammien Marcellin, /. 29. p. 428.
MASIO, mot barbare de la bafle latinité , que quel-
ques auteurs ont employé pour Manfio. Ceft pourtant
de ce mot eftropié , que nos ancêtres on fait le mot
Maifon. Voyez. Mansio.
MAS1SA , ou Misis, autrefois Mopfueflia , bourg d'A-
fie dans la Natolie , fur le Dgeihan , anciennement Py-
ramus. Son terroir eft très-fertile. On voit tout près une
montagne nommée Dgebelul-Nour , laquelle s'étend jus-
qu'à la mer. On y trouve de fort belles hyacinthes, des
plantes aromatiques, Se des mandragores. Voyez, Mal-
mistra qui cft le nom que quelques-uns donnent à cette
lie. Voyage en Perfe, & en Turquie, par Ottcr,t, 1.
MAS
MASITHOLUS , fleuve de la Libye intérieure dans le
golfe Hesperien : Ptolomée , /. 4. c. 6. place fon embou-
chure entre PJefperi , Ceras Se Hippodromus Mthiup'u,
MASIUM ou Masius. Ptolomée, /. 5. c. 18. &
Strabon , /. 1 1. p. 527. donnent ce nom à une montagne
de la Méfopotamie , au-deflus de Ni/ibis Se de Tigra-
nocerta.
MASKESIPI, rivière de l'Amérique feptentrionale
dans la Nouvelle France. Elle fe jetic dans le lac fu-
périeuràla bande du fud , près de l'ifle de famt Michel.
MASLAY. Voyez. Massolacum.
MASMUNSTER , ville du Sungaw , fituée fur la
Doldre , dans les montagnes de Vosge , entourée de
foliés Se de murailles. 11 y a dans cette ville un chapi-
tre de religieufes , où l'on ne reçoit que des filles no-
bles. Il fut fondé en 730. par le duc Mafo , allemand,
en l'honneur de faint Leodegard, de la famille duquel
il étoit , à l'occafion de fon fils unique qui fe noya en
fe baignant dans la Doldie. On trouve encore fon tom-
beau à Masmunfter, où on lit cette infeription: Hîcja-
cet fipultus filius Régis Majonis fundatoris hujus Mo-
nafteni. Il y avoit autrefois un commerce de fil confi-
dérable dans cette ville. Le comte de Montecuculi la
prit Se la fortifia en 1633 ; mais les Suédois, qui s'en
font rendus maîtres depuis, en rafertnt les murailles,
Se la remirent entre les mains des François. Masmunller
n'eit qu'à cinq lieues de Mulhaufcn , à quatre de Bet-
fort, Se à deux &: demi de Thau. * Supplément au ma'
nuferit de la Bibliothèque de M. de. drberon , premier
Préfident au conjeilfouverain d ' Alface.
MASOBIA , lieu d'où étoit Jafiel , un des plus braves
de ceux de l'armée de David. * 1. Parai. 1 1. 45.
MASOGA , ville de l'Inde , Se la réfidence du roi Af-
facan , félon Strabon , /. 1 j. p. 698. C'eft la même que
Massaga. Voyez, ce mot.
MASONlT^£ ou MAssoNiTifi , peuples de l'Arabie
Heureufe. Ptolomée , /. 6, c. 7. les place au-deflus des
Sarita.
MASOVIE , Mazovie , Mazuren , Masaw ou Ma-
sow , province du royaume de Pologne dans la partie
nommée la Grande Pologne. Elle confine au nord avec
la Pruflè, à l'orient avec la Lithuanie, au midi avec la pe-
tite Pologne , Se au couchant avec la Grande Pologne.
Elle eft devifée en quatre parties , qui font les Palatinats
de Plosko , de Mafovie Se de Podlaquie Se le territoire de
Dobrzin. La Viftule fépare cette province en deux , Se y
reçoit les rivières de Buck Se de Narew. * Andr. Cellar.
Defcr. Polonia? , p. 388.
La Mazovie a été ainfi appellée de Mafos ou Maflaw,
coupier ou échanfon de Mieciflaw II. roi de Pologne ,
mort en 1034. Ce Mafos s'étant emparé de la meilleure
partie de la province de Plocsko , qui eft entre la Viftule,
le Narew Se le Buck , pendant l'interrègne qui fuivit la
mort de Mieciflaw , il fit porter fon nom à cette provin-
ce, qui depuis a toujours été appellée Mazovie; quoi-
que Mafos en ait été dépouillé l'an 1043. Cafimir fils de
Mieciflaw étant allé étudier à Paris , où Rixa fa mère
l'avoit envoyé , avoit pris l'habit de religieux dans l'abbaye
de Cluni , où il étoit profès fous le nom de frère Charles ,
lorsque les députés de Pologne allèrent lui marquer le
befoin qu'ils avoient de fa perfonne , pour rétablir le
royaume qui étoit en proie à tous les princes voifins. S.
Odile, alors abbé de Cluni , les renvoya au pape Benoît
IX. qui touché de leur mifere , accorda ce prince à la né-
ccflîté de l'état, Se lui permit de fe marier.Cafimir rétablie
l'ordre Se la juftice dans la Pologne , recouvra une partie
des pays envahis, Se particulièrement la Mozavie, après
deux grandes viétoires gagnées fur l'usurpateur Mafos ,
que les Laczynges , peuples de Prufle fes adhérens, cruci-
fièrent depuis par dépit. Cette province pafla en partage
dans la maifon des rois, qui lui donna un grand nom-
bre de ducs. Ils avoient maréchaux , chanceliers Se autant
d'officiers que les rois. Quelquefois même ils n'ont point
reconnu le fouverain , pareequ'ils avoient fous eux plus
de quarante-mille gentilshommes qui les foutenoient. Cet
état fut encore féparé en divers morceaux, dont chacun
portoit le titre de duché ; mais enfin , il fut réuni à la cou-
ronne de Pologne, faute de mâles , en ij2<î, fous le règne
de Sigismond I. * Corn. Dicl;. Laboureur , Traité du, *
royaume de Pologne.
MAS
MAS
Le Palatinat de Mazovie , ou la Mazovie pro-
prement dite , cil bornée au nord par le Palatinat de
Plocsko ; à l'orient par la Podlachie , au midi par le Pa-
latinat de Lublin,&à l'occident par la Villule. Elle eft
gouvernée par un palatin , qui a Tous lui fept caftellans >
favoir , ceux de
Crersko , Wizna, Zakrotzin , & Liw »
Varfovie, Vischgrod, Ziechonowicze.
Pour le fpirituel , la Mazovie eft en partie foumife à
l'évêque de Posnanie , en partie à celui de Plocsko, & en
partie à celui de Lucko. Comme cette province en; gran-
de, on l'a divifée en douze territoires , qui rirent cha-
cun leur nom du chef-lieu. Ces douzes territoires font ,
Czersko , Varfovie , Zakrotzin , Rozana ,
Wizna, Narew, Ziechonowicze, Macovie,
ZembroW , Vischgrod , Lomza , Liw.
Il eft faux que la Podlaquie fafle partie du Palatinat
de Mazovie. Le premier eft dans la petite Pologne , au
lieu que la Mazovie eu. de la grande Pologne. + Aridr.
C'ellar. Defcr. Poloniœ , p. J92.
1. MASOX, Mesox ou Misauco, village dans le
pays des Grifons, & le chef-lieu de la première des qua-
tre esquadres qui compofenc les communautés des val
lécs de M a fox 6k de Galanca, dans la Ligue Haute ou
Grife. 11 y avoir autrefois dans ce lieu un château bien
fortifié. C'étoit la réfidence des comtes du pays. 11 fut
détruit en 1526. & en ijzi. félon quelques uns. Ilétoit
fitué dans l'endroit le plus étroit de la vallée , fur une
colline clevée, &c presque inacceflible : les murs qui fub-
fiftent encore aujourd'hui ont plus de dix pieds d'épaif-
feur , ik croient flanquées de fortes tours. On pourroit
facilement reparer cette forterefl'e, qui feroit en état elle
feule de défendre l'entrée de la ville contre une armée en-
tière. * Etat & délices de la Sm/Jè , t. 4. p. 53.
2. MASOX, Masoxkr thal, Mesauxir-thai ,
ou la Communauté de la vallée de Masox. C'eft
le nom de la huitième & dernière communauté générale
de la Ligue Haute ou Grife, & que quelques-uns appel-
lent par corruption Monfaxerthal. Cette communauté eft
compofée de deux vallées, favoir, de celle de Masox,
& de celle de Galanca. Elle eft divifée en quatre par-
ties qu'on appelle esquadres , & chaque esquadre com-
prend un certain nombre de villages qui font ,
Première
esquadre /
Seconde
esquadre.
Troifiéme
esquadre ,"
Quatrième
esquadre ,'
Gabia ,
Doria ,
Lefo ,
Crémeto ,
Mafox , Mefox ou Mifauco.
Soats ,
Cabiolo ,
Loftale ,
Cama ,
Legia , &c.
Gruno,
I Roberto ,
S.Vidor,
Monticello ,
Toveda , &c.
Ste Marie,
Dasca,
I Caftaneta ,
Bufeno ,
Arvigo,
Valbella, &c.
Toute cette communauté comprend une allez grande
étendue de pays , où il y a un grand nombre d'en-
droits rténles j mais il y en a aufli plufieurs qui font très-
fertiles, qui produifent du vin Se d'autres fruits.
Cette communauté a eu des feigneurs particuliers >
avec titre de comtes. Un d'eux, nommé Jean Pierre, la
vendit en 1494. à Jean-Jacque Trivulfe de Milan , qui
dans l'année 1496. entra avec toute fa terre dans la cou-
131
fédération de la Ligue Grite ■■, ôc l'an IJ49. les h.ibitans
fe rachetèrent des mains du comte François Trivulfe ,
pour le prix de vingt-quatre mille écus d'or. * Etat & dé-
lias de la Sui[fe , t. 4. p. 3 3 .
3. MASOX , vallée dans le pays des Grifons où elle
donne le nom à la huititme Se dernière communauté
général de la Ligue Haute ou Grife. Voyez, l'article pré-
cédent. On parle mauvais italien dans cette valke. *
Etat & délices delà Sitijje, t. 4. p. 33.
1. MASPHA, Mizpha ou Masphat , ville de lai a-
leftine dans la tribu de Juda ( a ) , au midi de Jérufalemj
& au nord d'Hébron, ou d'Eleuthéropolis , environ a fix
lieues de Jérufalem. Dom Calmet , Diltiun. foupçonne
quec'eltla même ville queMafapha de la tribu de Benjamin,
( b ) qui etoit un lieu d'oraifon & de dévotion , où les Hé-
breux s'étoient fouvent aflemblés. (a ) Jofué t ij. 38. (b)
Jojué , 10. 17. 21. j. &\.Reg. 7. 16,
2. MASPHA, Mizpha & Masphath, ville de la
Paleftine dans la tribu de Gad,& dans les montagnes de
Galaad. C'eft dans cet endtoit que Laban ôc Jacob fi-
rent alliance enfemble ( a ). Jephté demeuroir à Maspha,
& il y fit alliance avec le Ifraëlites de delà le Jour-
dain , qui le choifirent pour leur chef. Il y rafiembla les
troupes avec lesquels il battit les Ammonites {b ). Cette
ville eft quelquefois attribuée au pays de Moab (c), par-
ce que les Moabites en ont de tems en teins fait la con-
quête & l'ont poflédée. ( a ) Genef. 3 1 . 49. ( b ) Judic. 1 i «
11. ôc 29. 34. (c) I. Keg. 22. 3.
3. MASPHA ou Masphé. Jofué parle des Hévéens,
qui habitoient dans le pays de Maspha, au pied du mont
Hermon , ik par conféquent vers les fources du Jourdain*
Il ajoute que l'armée de Jabin ôc de fes allies ayant été
mife en fuite, elle fe fauva jusqu'à Masphé ou Maspha,
à l'orient de la ville de Sidon ; ce qui revient à la mê-
me pofition. Jofué , 11. 3. & 8.
4. MASPHA, en général lignifie un lieu élevé, d'oà
l'on découvre de loin, une hauteur où l'on place unefen-
tinelle.
MASPHAT ou Massepha, félon la verfion des Sep-
tante , forrerefle du pays de Moab. De la caverne d'Odol-
ham, David pafla à Mafphat , où il demanda au roi de
Moab, que fon père & fa mère puflent demeurer dans le
pays. Jofeph , antiq. /. 10. c. 11; fair aufli mention de ce
lieu. Voyez. Mesphe. * I. Keg. c. 22. v. 3.
MASPII , peuple de la Perfe, félon Etienne le géogra-
phe.
MASRECA. Semla , un des rois qui régnèrent au pays
d'Edom , avant qu'il y eût un roi rétabli fur les enfans dlf-
racl , étoit de Mafreca. * I. Paralip. c. i.v. 46.
1. MASSA, terme hébreu qui fignifie tentation. On
donna ce nom au campement des Hébteux à Riphidim,
lorsque le peuple manquant d'eau , fe mit à murmurer
contre Moïfe ôc à tenter le Seigneur, comme s'ils euflenc
douté de fa préfence parmi eux.Tous les autres lieux nom-
més Mafja, dont Ortelius a fait une Lille , font des maifons
de village , où logeoit un homme attaché au Seigneur du
lieu , à qui il devoir les corvées. On a dit, avec le temps
Mafa , Mafada , Mafata, Mafagium, Maflitm ÔC Maf
fus y dans le fens d'un hameau , de quelques maifons rufti-
ques , où le Seigneur du lieu logeoit les esclaves deftinés
à l'Agriculture. Voyez. Du Cange , Gloflaire latin , Se
Caiïiodore , Epift. 8. ad Sever. fir 1 2. ad Valerianum.
Cette remarque eft de Dom Calmet, Diclion. * Exod.
17. 2. 3, 4.
2. MASSA , rivière de la Libye intérieure, félon Ptolo-'
mée, /.4.C 6. Elle doit avoir fon embouchure enrre le
Nius ôc le Daradus , ou , ce qui revient au même . entre
le cap nommé parles anciens Solventia extrema , ôc la ville
de Jarz.ua. Les interprètes de Prolomée difent que c'elt le
Masatat de Pline , /. j.c. 1. C'eft aufli le fentiment du
P. Hardouin.
Il y avoir beaucoup de lieux nommés Majfi/ avec un fur-
nom qui les diitinguoit les uns des antres. Il y avoir
3. MASSA, ville de Toscane en Italie i elle garde encore
fon nom. Elle eft fituée au midi de Sienne. Elle étoit épif-
copale dès l'an 1 228 fous le pape Céleftin III. Voyez. Mas-
sa VeternenSis.
4. MASSA , lieu d'Italie dans la Lucanie. Ortelius, Thef
dit qu'il en eft parlé dans les décrétales , &c il cite le pre-
mier livre, chapitre 19,
?$m„ IV. R ij
MAS
i 32,
5. MASSA, rivière d'Afrique dans la Guinée. Voyez.
Mava.
6. MASSA Auriana , dans le Territoire Laurcntin.
7. MASSA Auronica ou Bauronica dans la Nu-
midie.
8. MASSA Baldarioliaria , aufli dans la Numidie.
9. MASSA Camaras, dans le territoire de Curta
Lupi. J'ignore où étoit ce dernier lieu.
10. MASSA Capsis , dans le territoire de Capsa.
11. MASSA Castius , dans le territoire de Caltana
ou Caflhanea dans la Magnéfie.
12. MASSA Estaliana , dans le territoire de Corra
en Italie.
13. MASSA Festi, dans le territoire de Prenefte.
14. MASSA Gaba , dans le territoire de Gabier
15. MASSA Gargiliana, dans le territoire de Suefla.
16. MASSA Lamnas, dans le territoire nommé par
Ortelius Cartiolanum ur itorium. Il m 'eft inconnu.
17. MASSA Malliana, dans le pays des Sabins. Ce
lieu conferve fon ancien nom, & s'appelle Magliano
di Sabina , c'eft une bourgade fituée allez près du Tibie ,
au midi d'Otricoli, 6c au nord de l'entrée du ruifieau
Campano dans le Tibre.
18. MASSA Murjnas , dans le territoire qu'Orrelius
appelle Appianum Albanenfc II y avoit Arx Alban 1 fur
la voie Appienne. Seroit ce cette citadelle qui donnoit le
nom à ce territoire 3
1 9. MASSA Pictas , dans le terriroire de Gabies.
20. MASSA Statiana , dans la S 'bine.
il. MASSA Statiliana. Ortelius la met interritorio
Melturmnfit fans 1 expliquer.
22. MASSA Tacrana en Sicile, le même auteur la
place in temtorio Parannenfi.
23. MASSA Trapeas , dans le territoire de Cathane.
24. MASSA Varia. Ortelius ajoute Amplement- Sar-
dana.
25. MASSA URBANA,dansle territoire d'Antium.
Je n'ai point mis dans cet ordre Massa Candida,
parce que ce n'étoit ni un bourg ni un village , ni même
une feule maifon ; mais Amplement une compagnie de
faints Marr)rs qui , plutôt que de facrifier aux idoles ,
fe jetrerent dans une fofle pleine de chaux vive , où
leurs corps furent con fumés •, & on l'appella enfuite
la Mafle blanche. On ne fçair pas au jufte l'année
de la mort de ces faints martyrs -, on fçait feulement
que ce fut à Cannage fous la persécution de Valerien.
Prudence , Péri Stepban. 13. v. 76. décrit ainfi cet
événement.
Fama refert , foveam campi in medio patere jujfam ,
Calce vaporiferafummosprope murgines refertam,
Saxa reçu.ta. vomunt ignem , niveusqut pulvis ardet.
Urere tabla poteni , & rnortifer ex odoreflatus ,
Ad pofitam memorant aramfoveafîetiJ]e fitmma ,
Legefub hac , falis aut Micam , jecur &fu:s litarent }
ChrifticoU , aut média/ponte irritèrent in imafo/Jœ.
Frofîluere alacres curfurapido/imitltrecenùy
Gurgite pulvereo mer fou liqiior aridus voravit ,
Pr&àpitemque glubum fttndo tenus implicavit imo.
Corpora candor habet, candor vehit adftiperna mentes ,
Candida Majja dehinc dici meruit per omne feclum.
26. MASSA ou Massa Carera , petite ville d'Italie
en Toscane dans la Lunegiane. C'eft le chef-lieu du duché
de même nom , 6c autrefois la réfidence des princes de la
maifon Je Cibo. Cette ville , qui cft belle 6c peuplée , cil
fituée dans une plaine , à trois milles feulement de la mer
de Toscane, 6c a douze de Sarzane au levant. Le château
eft fort & commande la ville. Environ à une lieue de Ma/Ta,
on voit les carrières qui fourniffent le beau marbre que
l'on emploie dans les plus beaux bâtimens a Gènes 6c dans
toute l'Italie. Le prince en retire un revenu confidérable.
27. MASSA, (Leduchéde) petit pays d'Iralie en Tos-
cane & dans la Lunegiane. Il eft entre l'état du grand duc
au feptentrion , l'état de Lucques à l'orient , la mer de Tos-
cane au midi , 6c l'état de Gènes au couchant. Ce nom lui
eft venu de fa ville capùale, qui eft fous la puiffance de fon
duc de la maifon de Cibo , à qui appartient aufli la princi-
pauté de Carera, qui n'étoit ci devant qu'un marquifat.
Cet état eft venu à la maifon de Cibo parle mariage de Ri-
MAS
chardeMalaspina, héritière qui époufa Laurent Cibo du
tems du pape Jules IL De cette alliance fortitAlberic, fous
lequel le marquifat de Mafia fut érigéen principauté. Cette
maifon a donné à 1 eglife deux fouvei ains pontifes , Inno-
cent VIII. & Boniface IX. On prétend que la maifon de
Cibo eft venue de Giece en Italie, qu'un certain Edouard
Cibo s'établit à Gènes, 6c que fes fuccefleursy acquirent
de grands biens de même que dans la Toscane 6c dans le
royaume deNaples. Ce duché apafiédela maifon de Cibo
dans celle de Modene en 1740 par le mariage d'Hercule
Renaud , prince héréditaire de Modene, avec Marie- The-
refe-Françoife , fille , 6c heriiieied'Aldeian Cibo , duc de
Mafia & de Carrera. * Baudrand ,édir. 17c r.
28. MASSA ClUCCOLl , bourg d'Italie dans la Tos-
cane fur un lac de même nom , dans l'état de la république
de Lucques , a trois lieues de la ville de ce nom. On voit
encore dans ce heu les ruines d'un temple d Hercule. *
Baudrand , édition 1705.
29. MASSA LU BRENSE, ville d'Italie. Elle eft dans le
continent des Picentins, qui eft féparé de Capri par un dé-
troit d'environ deux petites lieues. L'évêque cft fuffragant
de l'archevêché de Soriente. On l'appelle aufli quelquefois
Mafia de Soriente , parce qu'elle n'eft qu'à quatre milles de
cette ville , & pour la diftinguer des autres Massa,
Elle eft fort petite Se fituée fur un rocher escarpé de
rous cô;és, ci pi esque environné de la mer. C'eft une
ville nouvelle , compofée de vingt-quatre cafales 6c bârie
feulement depuis deux cens 6c quelques années. Le re-
venu de l'évêque de Mafia Lubienf'e, aufli bien que
celui de Capri, eft fur le paflage des Cailles Ces pré-
lats ont le dixième de tout ce qu'on prend de ces oifeaux.
* D. Mat th. Egefïu. Lett. à Lenglet du Fresnoi.
30. MASSA Ouvieri , anciennement Plemmyriuni
prom ont ur i um , cap de Sicile fur la côte orientale de la
vallée de Noto , un peu au midi de la ville de Syra-
eufe. * Baudrand , édit. 1705.
31. MASSA Veternensis , ville d'Iralie dar.s la Tos-
cane. Elle eft enclavée dans le Sicnnois , au midi de la
ville de Sienne vers la mer. C'eft une ville épiscopale ,
dont l'évêché eft fuffragant de l'archevêché de Sienne. Elle
eft fituée fur une montagne.Son enceinte n'eft pas grande,
6c elle eft mal peuplée , à caufe du mauvais air. On
appelle fes habitans Mafletans. Us font fous la domination
du grand duc de Toscane. Ammien Marcellin dit que
c'étoit la patrie de Gallus, frère de l'empereur Couftantin.
Baudrand , édit. 170J.
MASSABITICA. Voyez. Gabiana.
MASSACA. Voyez. Massaga 6c Masoga.
MASSACIO . abbaye d'hommes de l'ordre des Camaî-
dules , en Italie , au diocefe de Jefi.
MASSACOYE. Voyez, Farellons.
MASSACRE, rivière du Massacre , ou rivière
de Monte Christo , rivière dans la partie de l'ifle de
Saint Domingue qui eft aux François. Son cours peut
être de dix lieues. Elle vient des montagnes qui occupent
le milieu de l'ifle ; 6c après avoir coulé environ huit
lieues du fud au nord, elle tourne à l'oueft l'efpace de
deux lieues & fe vient jetter dans la mer au port de
Mancenille , à la bande du nord de l'ifle , à quelques
lieues à l'oueft de la montagne nommée Monte Lhr'ifto ;
ce qui lui fait Couvent donner le nom de Monte Chrfto.
Les Espagnols veulent que cette rivière fépare leurs terres
de celles des François de ce côté la. On l'a appellée la
rivière de Maffacre , parce que les François 6c les Es-
pagnols en font fouvent venus aux mains fur fon rivage.
Voyei. Islf. Dauphine. * Divers mémoires.
MASS ADA , château ou fortereffe de la Paleftine dans
la tribu de Juda à l'occident de la mer Morte {a) ou
du lac Afphaltire , pas loin d'Engaddi fur un rocher escar-
pé , 6c où l'on ne pouvoit que très- difficilement monter.
Quand on eft arrivé au fommet du rocher, on trouve
une plaine affez étendue que l'on peut cultiver , Se
d'où l'on peut tirer de la fubfiftance dans le befoin.
Jonathas Asmonéen frere de Judas Machabée,& grand-
prêtre dés Juifs , avoir fortifié cette place pour fe mettre
en état de réfifter aux rois de Syrie ( h ). Hérode le
Grand , ayant remarqué l'importance de ce pofte , le
fortifia encore de nouveau 6c en fit une place impre-
nable. Et comme le lieu manquoit d'eau , il y fit faire
plufieurs citernes , & y ramaflà une quantité prodigieufe
MAS
île provifiorts , afîii que s'il lui arrivent quelque disgrâce
ou qu'il furvînt quelque révolte dans l'on pays, il y
trouvât une retraite affurée.
Apres la dernière guerre des Juifs contre les Romains,
£léazar,chefdesSicairesou Affaflîns,s'empara de Martàda»
Flavius Sylva que Tite avoit laiffé clans la Judée pour
réduire ce qui reltoit à foumettre dans la province , y
afliégea Eléazar. Celui-ci voyant qu'il ne pouvoit plus
tenir contre l'armée romaine, perluada a tous les Juifs
qu'il avoit avec lui, de fe tuer l'un Se l'autre, ôc que
le dernier qui refteroit en vie mettroit le feu au château.
Ils exécutèrent ce confeil ôc fe tuèrent volontairement
l'un l'autre. Deux femmes qui s'écoienr cachées dans
des aqueducs avec cinq jeunes enfans , racontèrent le
lendemain aux Romains ce qui s'étoit parte. Cet évé-
nement arriva l'an de Jésus-Christ ou de l'ère com-
mune 71. (a) D. Calmet , Ditt. (b) Jofcph ,De bell. Jud.
1. 7. c. 28.
MASSAI. Voyez. Scythe.
MASS/£-LIBYI. MaurireuXiCuiu, peuple de l'Afrique pro-
pre, félon Strabon, /. 17. p. 829. Il dit qu'ils étoient
voifins des Mass^esyliens , & qu'un promontoire fer-
voit de bornes entr'eux. Ce promontoire eft nommé
Triton ou Tritum par d'autres géographes. Strabon,
p. 831. lui même dit, après le cap Triton eil le pays
des Ivialfelibyens & des Carthaginois. Au relie, Cafau-
bon rejette ces Majja Libyi , & veut qu'au lieu de lire
MctrrcuÇùw avec Xylander , on life avec lui Ma,wriAi&iuv ,
qu'il dit être conforme aux manuferits. Ainfi il s'agira
ici des Maliyliens.
11 y a apparence que les noms formés du nom d'un
peuple, commQAI.jjjA-L.byi , M.ifj^Syti, Mjjja-Geu>ôc
qu< tques autres ont pris cette addition dans la langue
grecque du mot Iw<xW«, qui fignihe toucher. En ce fens
ôc fuppofez la vérité de cette remarque que je ne donne
que pour une conjecture, ce mot joint au nom d'un
peuple fignifleroit un peuple qui connue à celui qui eft
nommé \ par exemple , les M.//jœ-Syti font un peuple ainfi
nonuné a caufe des Syliens dont il étoit voifin , les Maffa-
gétes un peuple Sarmate voilîndes Gétes. On pourroit op-
pofer que les Gétes fur le Danube étoient bien éloignés des
Maffagéres. Cela eft vrai lî on prend les Maffagétes dans
des tems où les hiltoriens les placent en divers lieux de
l'Afie i mais ils peuvent avoir été voifins avant les courfes
des Maffagétes que les auteurs placent, tantôt au-delà
de l'Araxe , tantôt dans l'Arachofie,ou dans la Margiane,
ou même dans la Sogdiane. Le nom même de Marfeille
Mijjalïa s'accorde parfaitement avec ce que je viens de
propofer. Une colonie partie de Phocée dans la Grèce
Afiatique ne s'appelloit pas les Maffaliens. D'où auroient-
ils pris ce nom ? Ils abordèrent dans la Gaule au pays des
Salyensj ils s'établirent de gré ou de force auprès d'eux ôc
furent nommés Mijfxliens , du nom de leur ville qu'ils
avoient appellée MjJJltlia. On a die enfuitc Majjîlia ôc
MajJUiens.
MASSAFRA {a) , ville d'Italie au royaume de Naples
dans la terre d'Otrante , entre l'Apennin ôc lacôte du golfe
de Parente vers la fource d'une petite rivière qui fedéchar-
ge dans ce golfe. Cette ville eft petite , mais forte. Quel-
ques-uns ( b) la prennent pour l'ancienne Meffapie , dont
Leander Alberti croit que la ville de Mefagne tient la
place. ( a) Magin , Carte de la tetre d'Otrante. ( b ) Corn.
Die*.
MASSAGA , ville de l'Inde aux environs du fleuve
Gureus , félon Arrien , /. 4. c. 26. de exped. Alex, qui
ailleurs, Hilh Indic. c. 1. au lieu de Massaga écrie
Massaca. 11 ajoute que c'étoit une ville très-grande ôc
la capitale des peuples Aftacenes. 11 eft à croire que par
Maiïaga ôc par Maffaca il entend toujours la même ville.
Quinte-Curfe lit Mazaga; ôc la place vers la fource
du fleuve Indus. Strabon nomme cette ville Masoga.
' Voyez, ce mot.
MASSAGFTvT'., ancien peuple que les hiftoriens,
fur-tout les Grecs , ont placé diverfement. Il y a rout
lieu de croire que c'étoient des branches d'une feule ôc
même nation qui s'étoit étendue , ôc dont les parties
difperfées en divers lieux de l'Afie, formèrent autant
de peuples. On peut voir ci-deffus la remarque qui fuit
l'article Mass>€ Lybii. Si ma conjecture eft vraie , ils
avoient été d'abord voifins des Gétes , ôc avançant le
33
long de la mer Noire , ils furenr quelque tems entre cetre
mer & la Caspienne , ôc c'eft-là que Cyrus alla attaquer
au-delà de l'Araxe Thomiris leur reine, qui lescomman-
doit depuis ia mort du roi fon mari. Hérodote,/, i.c.zo 1.
dit, Cette nation parte pour être grande ôc brave, elle
eil fituee à l'orient , au delà du fleuve Araxe vis avis
des Ifledons. 11 n'étoit pas néceffaire de les tranlpot-
ter au delà de l'Oxus , comme a fait Vollins, in Me-
lam , /. 3. c. 5. p. 244. qui , pour foutenir Ion opinion *
aceufe Hérodote d'avoir dit l'Araxe pour 1 Oxus , quoi-
que cet hiltorien mette la fource du fleuve dont il eft
ici queftion , dans les monts Matiem ,■ ce qui ne fau-
roit convenir à l'Oxus. Le prétexte de cetre prétendue
correction , c'eft ce qu'ajoute Hérodote. Il y en a qui
difent que c'eft un peuple Scythe. Or , félon Ccllamis ,
jamais on n'a mis des Scythes en-deçà de l'Oxus. il fe
trompe, comme on voir à l'article Scythes. La raifort
qu'il allègue , c'eft que les Maffagétes fitués au-delà de
l'Araxe, n'auroient pas été a l'orient de Cyrus qui reg-
noit dans la Perfide. Cela eft vrai ; aufli l'orient où les
place Hérodote ne doit pas fe prendre par rapport à
Cyrus, mais par rapport au lieu où l'hiftorien écrivoit,
ôc par rapport aux Grecs qui dévoient le lire. D'ailleurs »
il eft faux qu'il n'y eût point des Maifagétes en- deçà
de l'Oxus.
Pomponius Mêla,/- i.c. 1. met fur le golfe Çaspien
les peuples Chomari , Alajagcta , Cadujti , Hb cani ,
fêerej, Pline , /. 6. c. 17. parlant de divers peuples qui
avoient les mêmes ufages que les Parthes, donr ils étoient
apparemment voitins , nomme entre les plus fameux S ic<ty
Majjageta s Dahx , Ejje dunes , ôcc. Ces derniers reflem«
bleui bien aux Irtedons d Hérodote. Il parou qu'ils avoient
alors parte a l'orient de la mer Caspienne. Strabon,
/.11. avoit dit avant Mêla ôc Pline, la plupart des
Scythes qui commencent a la met Caspienne font nommes
Dabœ. Les Maffagétes ôc les S.ic* font plus a l'orienr„
Diodore de Sicile, /. 2. c 45. dit : Entre les Scythes
quelques uns font furnotnmesSAcfc, d'autres A? J]>v.cres*
d'autres Arrniajp.es. Ils étoient coniigus à la Chorafmie ,
£il eft vrai ce que dit Quinte-Curfe, If; 8; c: t. que
Phratapherne qui commandoit les Chorasmiens avoic
aufiî fous lui les Maffagétes ôc ies Dahes.
Les Maflagétes de Prolomée, h 6. c. 10. étoient dans
la Margiane au midi des Derbicœ qui étoient auprès
de l'Oxus , mais en-deça. Les Maffagétes d'Etienne 1er
géographe étoient un peuple Scythe ; mais je ne trouve
point dans l'article qu'il en fair qu'ils fuffent dans I Ara-
chofie. Strabon,/. ri. qui met les fiens avec les Saces
au-delà de la mer d'Hircanie , ne compte pas beaucoup
fur l'exactitude des auteuts qui en ont par-lé quoiqu'ils
ayent écrit la guerre que Cyrus fit aux Maflagétes, ce
qui femblc fuppofer en eux une connoifiance dj pays
qu'ils habitoienr. Selon lui , pas un d'eux n'a dit exacte-
ment la vérité touchant ce peuple.
Les Maffagétes de Procope font les mêmes que les
Huns. Il dit d'Aïgan qu'il étoit de la nation des Maffa-
gétes plus connus préfentement fous le nom de Huns
Aigan è Majfagetarum erat gente , qui nurtc Hunnorum,
nomme funt notiores. Il dit dans un autre endroit : Erat
inter Hunnos,quoS Graci Majjagetas vocant , vir corporis
V animi magnuudine pr&ftans. * Hifl. Vandal. 1. 1. p. 33.
edir. Grotii.
Les Maffagétes de Gregoras font les mêmes , que les
Abasges, félon Ortelius ; ôc Tzetzes dit , félon le même,
que les Maflagétes ont été enfuite nommés Augi.
MASSAI, en latin Madiscianum , Mjjf>>cnm, M.ijfa.-
rium , bourg de France dans le Berri , diocèfe de Bour-
ges, élection d'Iflbudun. Il eft coupé par un ruiffeau qui
fort à deux lieues au-deffus d'un étang appelle de l'Orme-
feux; eft à fept lieues de Bourges, a cinq d'Iffoudun ,
à trois de Gracay , ôc à fept de Romoraivin. La taille
y eft perfonnelle , gouvernement ôc couti.me de Beiri.
Le curé eft à penfion. Les terres rapportent du froment
& du feigle. 11 y a quelques vignes. On voit dans ce
bourg une abbave qui lui a donné naiffance ; elle fut fon-
dée en 738. fous l'invocation de S. Marrin par un comte
Egon- D'autres prétendenr qu'elle eft du III ou du IV.
fiécle, ôc ainfi avant S. Benoîr , drnr elle f ik aujourd'hui
la régie. Elle âvoit autrefois dnùrdes faire battre monno>e,
& grenier à fel pour les paroifles qui en relèvent. Eiie
MAS
134
avoit auiii morte-taille fur tous les habitans , mais il y a
long- tems qu'elle n'en jouit plus i chaque habitant lui doit
feulement deux fols huit deniers 6c une corvée par droit
d'afrranchifiemenr. Cette abbaye a été brûlée trois ou qua-
tre fois. Charlemagne l'a rétablie & pafle pour fon fonda-
teur , à caufe des grands biens qu'il lui a fait. On y voit
une couronne de ce prince qui eft d'or , d'argent 6c de
fer. Le revenu tant de l'abbé que des religieux elt environ
de 1 2000 liv. L'abbé eftfeigneur haut-julticier. La juftice
qui elt une châtellenie , relfortit au bailliage d'iflbudun.
Voyez, les annales de cet ordre parle père Mabillon. Le
commerce du pays eft de beftiaux ; on y fait tous les ans
deux aflemblées pour prendre des domeftiques.
MASSALA , ville de l'Arabie Heureufe , au pays des
Homérites , félon Pline , /. 6. c. 28. Le P. Hardouin
croit que c'eft la Maa-ôaÂ* de Prolomée , /. 6. c. 6, Voyez.
Maccala.
1. MASSALIA. C'eft ainfi que les Grecs ont nommé
la ville de Marfeille en Provence. Les latins ont changé
le fécond a en 1. J'ai dit dans la remarque qui fuit l'arti-
cle MASsyt-LiBYi , ma conjecture fur l'origine de ce nom.
Voyez. Marseille.
2. MASSALIA, rivière de l'ifle de Crète, félon Pto-
lomée. Il en met l'embouchure entre la ville nommée
Phœnix 6c Pfychium fur la côte méridionale. Ses inter-
prètes difent que le nom moderne elt Mefano ou Me-
favo. Je trouve des traces de l'ancien nom dans la Plaine
de Massalie que cette rivière airofe avant que de fe
perdre dans le golfe , auquel elle donne le nom de golfe
de Messalie.
MASSALIOTICUM Ostium. Les anciens ont donné
ce nom à l'embouchure la plus orientale du Rhône , &
par conféquent la plus voifine de Marfeille. Quelques-
uns la nomment le Gras de Paflbn ; d'autres le grand Gras.
Voyez, au mot Gras.
MASSANE , haute montagne des Pyrénées, vers le
Rouflillon. Elle a quatre cens huit toifes de hauteur.
MASSAN1 , ancien peuple de l'Inde , le long du fleuve
Indus , auprès de fon embouchure , félon Diodore de
Sicile , lib. 17.
MASSAT, petite ville de France dans le comté de
Conferans , élection de Comenges.
1. MASSE , rivière ou ruifleau de France dans le Quer-
cy , dont elle arrofe une partie. Elle fe jette dans le Lot
entre Luzers & Cutel-Franc.
2. MASSE , ruifleau de Fiance dans la Touraine. Il fort
de l'étang de Sudais au nord de Pont-Levoi. Son cours eft
d'orient en occident ; & il fe décharge dans la Loire à Am-
boife.
3. MASSE. Voyez. Mess a.
MASSEOUBE, petite ville de France dans l'Arma-
gnac , au comté d'Aflarac fur le Gers , à quatre lieues au
fud elt de Mirande.
MASSEPHA , lieu de la Paleftine dans la tribu de
Benjamin. Au lieu de Massepha , faint Jérôme litMts-
pha. Voyez, Masphat & Mesphat. * Jofué , 18. 16.
1. MASSERAN , petite place d'Italie enclavée dans
le Piémont , entre le Verceillois & le Biellois. Elle a ti-
tre de principauté , 6c elle eft foumife à un prince par-
ticulier. Elle eft fur une côte à fix milles de Bielle au le-
vant , & à feize milles d'Ivrée en allant vers Verceil ,
d'où elle eft .également éloignée de feize milles. *Bau-
drand, Dict. édit. 170;.
2. MASSERAN , ( La principauté de ) petit pays d'I-
talie , enclavé dans le Piémont vers les frontières du du-
ché de Milan , 6c entre les territoires de Bielle 6c de Ver-
ceil. Il appartient au prince de même nom, qui la tient
en fouveraineré & en fief de l'Eglife. Il étoir autrefois
des terres de levèché de Verceil , qui furent cédées au
cardinal Louis de Fiesque qui en étoit adminiftrateur,
& à fon ftere Antoine de Fiesque par le pape Boniface
IX. le 29. de Mai 1394. Cette ceflion ayant été faite
moyennant une fomme d'argent, Antoine de Fiesque
jouit de ces terres après la mort du cardinal , 6c fes des-
cendans en jouirent pareillement jusqu'à Louis de Fies-
que , qui maria fa fille unique Béatrix à Philibert Fer-
reri de Bielle , qui , par ce moyen , hérita de ce marqui-
fat , qui a depuis été érigé en principauté ; de -là vient
que le prince de Mafleran s'appelle Ferreri de Fies-
que. L'état de Mafleran contient encore Crévacuore,
MAS
avec quelques villages des environs. * Baudrand , Dict.
édit. 1705.
MASSLREPHOTH. Voyez. Maserephoth.
MASS1A, ville de l'Espagne ultérieure. Pline, /. jj.
c. 14. dit qu'il s'y fabriquoit des briques, qui, quand
elles étoient une fois féchées , nageoient fur l'eau fans
enfoncer. Selon Etienne le géographe, cette ville appar-
tenoit aux Tartéfiens.
MASSIAC , petite ville de France dans la Haute Au-
vergne , fur la rivière de l'Alagnon , aux confins de la
Balle-Auvergne, élection de Brioude , entre cette ville
& Murât.
MASSIANACH , rivière de l'ifle de Madagascar. Son
embouchure eft fur la côte orientale de l'ifle. H y a une
bonne anfe , que les François ont nommée l'Anfe du
Borgne, parce que le feigneur du pa; s ctoit borgne. Il
fe nommoit Ontanhalera. Cette nvicieefl éloignée d'Ani-
boule de quinze lieues, une barque y peut mouiller. Le
pays fe nomme Manacaronha. * FLacourt , Hilt. de lifle
de Madagascar , 4.
MASS1CE, village près de l'Euphrare. Pline/, j.c. 16.
le met dans l'endroit où ce fleuve fe partage en deux
bras , dont celui qui coule à gauche fe rend dans la Mé-
fopotamie , 6c fe joint avec le Tigre.
MASSICK , rivière de France en Alface. Voyez. Mus-
sicjc.
MASS1CUS Mons , montagne de la Campanie aux
environs de Sinuefle. Ciceron , Agrar. I. 2. c. 25. &
Tite Live, Luc. 14. parlent de cette montagne. Il
s'y recueilloit beaucoup de vin , & il étoit excellent.
Horace le vante dans fa première Ode:
.... Veteris pocula Majfç'u
Martial en fait pareillement l'élcge dans ce vers , /.
12. Epigr. 57.
De Smuejfanis venerunt Mafjlca prœlis.
Ce qui confirme le voifinage de Sinuefle & du mont
Maflicus. Tite- Live , /. 8. c. 1 1. fait entendre que le ter-
ritoire de Falerne étoit au pied de cette montagne. L'ab-
bé Lenglet du Fresnoy a confondu mons MjJJ'.cus , 6c
mons Falernus ; mais il s'eft trompé : tous les auteurs con-
viennent que le premier étoit à la droirc du fleuve Savone
près de 1 ancienne Sinuefle , & du château de Mondra-
gone , & que toute la campagne depuis la Suvonc ou Saô-
ne, jusqu'au Ulherne , & au mont Collicula , c'efl-à-
dire , jusqu'au village qu'on appelle aujourd'hui Torre
de Francofife, s'appelloit Ager Falernus. * D. Mauheo
Egifio , Lettre à Lenglet du Fresnoy.
MASSIDAN , ville de Perfe, au canton de S'irvan,
à 83 deg. de long. & 33 & d. de latit. Elle eft fituée
entre deux montagnes, 6c arrofée par des ruifleaux. *
Manufcrits de la Bibliot. du roi.
MASSIENA & Massiene. Voyez, MastiA.
MASSILI, peuples de l'Afrique propre. Voytz. Nu-
MIDII.
MASSILIA. Voyez Massalia.
MASSIL1ENSE Promontorium. Voyez, Aphrodi»
S IU M.
MASSILIARGUES , petite ville ou gros bourg de Fran-
ce, dans le Bas-Languedoc, recette de Nîmes. Ce lieu
eft au bord de la Vidourle , à deux lieues d'Aigues-
mortes , & à cinq de Montpellier à l'orient.
MASS1MANENSIS, fiége épiscopal d'Afrique, dans
la Byzacéne. La notice d'Afrique fournit Pojfîdonim
Majfimanenfîs. Harduin. colleïl. conc.
MASS1NGAN ou Massingano , forterefle de la
Bafle-Guinée , au royaume d'Angola, dans l'endroit où
la rivière Coanza reçoit celle de Lucala.
MASSŒLIl. Voyez, Mauritanie.
MASSŒSYLI, peuples d'Afrique , voifins de la Mau-
ritanie. Voyez, Mauritanie.
MASSOLACUM, un de ces anciens palais de nos
rois fur lesquels on n'avoit point eu jusqu'ici d'éclaircif-
fement , & dont le P. Michel Germain avoit laifle la
fituation indécife. Dom Ruinart avoit même dit dans
les notes de fon Fredegaire : Hiqus vilUJîtus ignotus eft.
Ce fut dans ce palais que Clotaire II. fit compaioîtrel'an
613. devant lui le patrice Alethée qui fut condamné à
périr par le glaive. Après la mort du roi Dagoberr I.
ce fut à Maflolac que les feigneurs de Neuflrie & de
Bourgogne s'aflémblerent pour proclamer ici fon fils Clo-
MAS
MAS
vis. Ce lîeiî doit être Maslay , à une lieue de Sens,
Vers l'orient fur là petite rivière de Vanne. Aulfi elt ce
du même lieu qualifié Curtis ûominica , qu'elt daté un
privilège qu'Emmon archevêque de Sens donna au mo-
aaitère de faint Pierre-le-Vif l'an 6^7. Clotaire III. y
vint la troifiéme ôc la huitième année de fon règne ; ôc
c'elt de-là que fut daté un diplôme de confirmation de
la terre de Larey , à l'abbaye de faint Bénigne de Dijon
qu'on trouve mal rapportée à l'an 627. par Pérard, Ôc
qui eit réimprimé chez Baluze après Marculfe. On croit
que ce palais de Mafiay fut détruit par les Sarrazins ;
ruais le nom elt toujours relté aux deux villages conti-
gus, dont l'un s'appelle Mafia) le Roi, & l'autre Maf-
lay-le-Vicomte. Dès le dixième liécle Maflay étoit alié-
né en partie , une Hermengai.de en étoit dame. Depuis
ce tems , la terre étant partagée en deux , il y eut un
Mafliacus major ôc un Mafliacus ramer,. Le premier elt
nommé chez Odoran en fa chronique ôc en Ion livre
àcs miracles de faint Savinien Mifliacus ; au relie ce
n'écoit que Majfolacus un peu altéré. Au treizième fiecle ,
où les noms propres furent encore plus altérés, on di-
foit Maflemm Rcgis , & Mafleium Vicccomitis. Les titres
françois du quatorzième fiecle mettent MAALAY,cequie(t
conforme à l'origine de ce nom , ci-deflus rapportée. La
plaine du grand Maflay elt très fertile , la rivière de
Vanne entoure totalement ce bourg , ôc elle en fait une
véritable ifie. Comme elle ne s'étend guères, elle con-
tribue à rendre cet endroit fort agréable en été. Le pe-
tit Maflay , qui elt Mafiay le-Roi , un peu plus vers l'o-
rient , ôc la rivière qui le fépare de Mafiay-le Vicomte ,
autrement dit le grand Mafiay. La châteîlenic de Maf-
lay-le-Roi fut échangée par Philippe le Bel avec Marie
comteffe de Sancerre. Depuis cet échange elle appar-
tient à un feul feigneur , qui ayant eu huit enfans, en fit
le partage en autant de portion , ôc de-la vient qu'elle
elt encore aujourd'hui divifée en fept ou huit feigneurs.
La terre relevé du comte de Joigny , depuis Philippe V.
qui en céda la mouvance à Jean comte de Joigny en
13 17. pour avoir celle de Château Rainard. On croit
au grand Mafiay que faint Agnan évêque d'Orléans étoit
natif de ce lieu, ce qui n'elt nullement certain. De Va-
lois écrivant contre Dom Germain , paroit avoir trop
rapproche le palais Majjolacus de la ville de Paris. * Re-
cueil de divers écrits chez. Barois , à Paris 1738. t. 1.
pag. jo. & fuiv.
MASSOLII. Voyez. Mauritania ', ôc Mauri-
tanie. L'un eit le nom latin, ôc l'autre eit le nom
françois.
MASSORA , petite ville d'Egypte près de Damiete.
Elle elt fameufe par le fanglant combat qui s'y livra
au voifinage entre l'armée de faint Louis , ôc celle des
Sarrazins l'an 1249. Robert fon frère, comte d'Artois en
fuivant avec trop de chaleur un escadron ennemi dans
la ville y fut tué. Cette action fut fuivie de la prife du
roi , ôc de la perte de Damiete. * Hijioriens contem-
porains.
MASSUA. ( ifie de ) Voyez. Mazua.
MASSYLA Gens , peuples au voifinage du Jardin
des Hespérides. Virgile en parle dans le quatrième livre
de fon Enéïde, verf. 483. Servius dit que c'étoit une
ville de la Berony-Célibye.
MASSYLIA. Voyez, Numidia ôc Numidie. L'un eft
le nom larin , l'autre le nom françois.
MASSYSITES. Voyez. Masicvtus.
1. MASTA ou Maste, montagne de l'ifle Méroé.
Ptolomée , /. 4. c. 8. la place dans les terres.
2. MASTA ou Maste, ville de l'ifle Méroé dans les
terres , félon Ptolomée, /. 4. c. 8. qui ajoute qu'elle étoit
éloignée de toute rivière.
MASTAURA, ville de Lydie, félon Strabon,/. 14.
p. 6jo. 8c Etienne le géographe. Les habitans de cette
ville font les Maflaurenfles de Pline , /. j. c 29. Le fixié-
me concile de Conltantinople fait mention de Maftauri
delà province Afiatique , de même que le troifiéme con-
cile d'Ephèfe , ôc Leunclavius prétend qu'ils s'appellent
aujourd'hui Meflaurebes.
MASTHALA, ville de l'Arabie Heureufe. Ptolo-
mée , /. 6. c. 7. la place dans les terres entre Sata ôc
Domana.
MASTIA , ville àes Carthaginois au voifinage des Co-
*3*
lornnes d'Hercule. folybe , /. 3. c. 24. dit qu'elle etoit
aulïï bien que Tarjeium fur le promontoire fumommé
Vulcrum. Les peuples de cette ville font appelles Mafiia.-
m , ôc Etienne le géographe les place pareillement au
voifinage des Colomnes d'Hercule. Ne feroit-ce point ,
dit Ortelius , 'Ihe/aur. la ville Majjiena ôc les peuples
Àla/Jieni de Sextus Avienus ?
MASTIAN1. Voyez. Mastia.
MAST1CENSIS , canton de la Bourgogne. Le mo-
nafière de Cluni y eit fuuc , félon Platine , in Hadrïa-
no III. mais il y a grande apparence qu'au lieu de Mas-
ticensis , il faut lire Matisconensis.
MAST1CO ou Capo MAsTico.cap fur la côte mé-
ridionale de l'ifie de Scio , l'une des ifles de l'Archipel. *
De l'ifle, Atlas.
MASTIENI, en grec mxçimoî , peuples de Libye, fé-
lon Etienne le géographe, aux mot EWIçut, ôc ïiço<;»
mais dans l'édition aes Aides on lit MAçtvoi fans ».
MAS TIRE , petite ville de Thrace que Démofthéne
traire de bicoque dans fa harangue touchant la Cherfon-
nèfe. Cette ville eit tellement inconnue, qu'Harpocra-
tion afiure qu'elle n'elt nulle part , ôc doute s'il ne faut
point lire Baltire dans Démofthéne , au lieu de Maftire \
parce qu'on trouve Baltire avec Pittire ôc Epimalte dans
la Thrace, au feptiéme livre de l'hiftoire de Philippe
écrite par Anaximéncs. Cet ouvrage eit perdu depuis
quelques fiécles. * Tmreii , remarques fur la Har. tou-
chant la Cher j on. p. 198.
!.. M ASTiT^E, peuples de l'Ethiopie fous l'Egypte , fé-
lon Ptolomée, /. 4. c. $. qui les met au nord des Ni-
triotes ôc des Oafites.
2. MASTIT/E , peuples d'Egypte. Ptolomée , /. 4. c.
8. dit qu'ils s'étendoieiK depuis le marais Coloe , jus-
qu'aux marais du Nil.
MASTRAMLLLE. Voyez. Astromela.
MASTRICHT ou Maestricht ; ville des Pays-Bas
fur la Meufe , à cinq lieues au-delious de Liège, & à fis
d'Aix-la-Chapelle du côté de l'orient. Elle elt enclavée
d'un côté de la Meufe dans l'éveché de Liège & dans le
comté de Vroenhove ; de l'autre elle elt enclavée dans
le pays de Fauquemont ôc dans le comté de Gronsfelt ,
fief de l'Empire. La Meufe fépare cette ville en deux par-
ties j l'une qu'on nomme proprement Maitricht fur la rive
gauche de cette rivière \ ôc l'autre Wick fur la rive droi-
te. Il y a un pont qui joint les deux parties de la ville ,
& il a neuf grandes arcades , dont huit font de pierres
de taille. La neuvième joignant Wyck eft de bois , &
àfoixante & quinze pieds de longueur. Cette arcade elt
fort artiltemenr conltruite, ôc peut fe rompre en fore
peu de tems pour empêcher, en cas de befoin , toute com-
munication avec Wyck. C'elt fous cette arcade que pas-
fent les grands bateaux qui vont de Hollande à Liège.
* fanifon, Etat préférât des Provinces-Unies, tom. 2.
chap. 20.
Le nom latin de Maeit rient eft Trajetlum ad Mofara , ôc
c'elt ce que fignifie en flamand Maeitrichr; parce que la
Meufe s'appelle Maes dans cette langue, cVque Iraje-
tlumuttc corrompu en Traclum ou Triélum. Auffi Mon-
ltrelet l'appelle-t-il la ville de Trecl. Ainfi Maeltricht fi-
gnifie trajet fur la Meule , ôc les Romains la nommoient
Trajetlum fuperius , c'elt-à-dire , Trajet fupérieur , pour
la diltinguer de Trajetlum inferius , qui elt Utrechtfur
un bras du Rhin.
Maitricht eft fort ancienne ; elle étoit autrefois com-
prife dans le royaume d'Aultrafie. Pendant Iong-tems ,
elle n'a reconnu d'autre fouverain que l'empereur; mais
en 1204. Henri IL duc de Brabant obtint cette ville de
l'empereur Philippe de Suabe, qui s'obligea de lui foire
avoir dans la fuite la part du comte Loff; ce qui n'eue
point d'autre effet , ôc les comtes de ce nom continuèrent
à jouir de leur portion de la feigneurie de Maitricht. En-
gelbert de la Marck évêque de Liège, ayant acquis le com-
té de Loff, moyennant une fomme d'argent qu'il donna à
Arnould feigneur de Rumiî, pour renoncer à fes pré-
tentions fur ce comté , les évêques de Liège en ont été
paifibles pofiefieurs depuis ce tems , & par conféquenc
d'une partie de la fouveraineté de Maitricht. Cependant
le duc de Brabant étoit le premier feigneur de Maitricht,
ôc avoit feul le droit d'y battre monnoie, ayant auffi feul
la Youerie de faine Servais. L'cveque de Liège ne poilédoic
i$6 MAR
MAR
que les paroiffes de fainte Marie & de faint Pierre. Les
habitans nés dans le pays de Liège 8c demeurant à Ma-
ftricht étoient julticiables de l'évêque; les autres l'étoient
du duc , d'où les évêques de Liège prétendirent que la fei-
gneurie de Maftricht leur appartenoit par moitié avec le
duc de Brabant. Les différends fur ce fujet durèrent long-
tems & furent enfin terminés par un jugement de Char-
les V. rendu à la diète d'Augfbourg l'an 15 30. par lequel
cette ville fut abfolument adjugée au duc de Brabant pour
le haut domaine. On ne laiffa à l'éveque qu'une portion
delajuftice ordinaire , & de la feigneurie utile. Et com-
me l'Espagne par le traité de Munfter céda Maftricht avec
S&yck 8c fon terriroire aux Etats-Généraux , la même fou-
veraineté dont les ducs de Brabant y jouifibient appartient
aujourd'hui à leurs Hautes-Puiffances. * Longuerue , De-
feriprion de la France , part. 2. p. 123.
Cette ville a foutenu fix fiéges confidérables. Le pre-
mier en 1579 , s'étant déclarée pour les confédérés, le
prince de Parme la prit le 19 de Juin , après un fiége de
quatre mois. Elle fut alors pillée 8c faccagée par les Espa-
gnols, & plus de huit mille perfonnesy périrent. le fé-
cond, c'eft lorsqu'elle fut reprife fur les Espagnols le 22
Août 1632. par Fridéric Henri prince d'Orange, après
deux mois 8c douze jours d'attaque. Le troifiéme eft celui
que le marquis d'Aytone y mit au mois de Juillet 1634.
mais qu'il fut obligé de lever par la vigoureufe défenfe de
Fridéric Maurice de la Tour d'Auvergne, duc de Bouillon
qui en étoit gouverneur. Le quatrième fut fait par Louis
XIV. roi de France, qui la prit en treize jours de tranchée
ouverte au moisde Juillet 1673. Le cinquième, eft celui
que Guillaume III. prince d'Orange y mit en 1676 , &
qu'il fut obligé de lever après cinquante 8c un jour d'at-
taque. Cependant le roi de France rendit cette place en
1678. aux Etats Généraux en exécution du traité de Ni-
fnégue. Le fixiéme enfin fut au mois de Mai 1748. par
le maréchal général comte de Saxe , ayant fous fes or-
dres le maréchal de Lœvendal , elle fut rendue la même an-
née par la paix d'Aix-la Chapelle.
Maftricht eft une des plus fortes places , & la principale
clefde la république fur la Meufe. Elle n'étoit autrefois envi-
ronnée que d'une muraille à l'antique; mais quand les Etats
Généraux s'en furent rendus maîtres , ils la firent fortifier,
& les François en augmentèrent les ouvrages pendant qn'ils
en furent en poffeffion. Les remparts ont une lieue de cir-
cuit ; ils confiftent dans une ancienne muraille terraffée &
flanquée de plufienrs petites tours & de baftions à l'anti-
que , dediflance en diftance; mais la principale force du
corps de la place, confifte en plufieurs baftions détachés,
en des ouvrages à corne & à couronnes, 8c dans un che-
min couvert qui eft double en quelques endroits , 8c tri-
ple en d'autres ; tous ces ouvrages font minés. L'appro-
che de la ville eft défendue par deux inondations confidé-
rables, qui fe font par le moyen d'une petite rivière,
qu'on nomme le Jair en françois , 8c Jeker en flamand.
Une de ces inondations fe fait du côté de Liège, entre la
ville & le fort de faint Pierre , 8c s'étend depuis la Meufe
jusqu'à la porte de Tongpes. L'autre inondation eft du cô-
té de la porte de Bois le-Duc , s'étend depuis le baftion
qui porte le nom de Dopf jusqu'à la Meufe.
Le quartier de Wyck eft auffi rrès bien fortifié : fon rem-
part a un gros quart de lieue de circuit, & eft flanqué de
trois grands battions attachés au corps de la place. Il eft
aulïî défendu par une autre enceinte de terre flanquée de
plufieurs baftions 8c de divers ravelins, avec un bon che-
min couvert.
11 y a un affez grand nombre de portes à Maflricht ; les
unes du côté de la campagne 8c les autres le long de la Meu-
fe. Du côté de la campagne il y en a cinq qui font , celles
de Bois-le Duc , de Bruxelles , qu'on nomme autremenj
Titee-berguc-poort, de Tongres autrement la porte de Lin-
cule, de S. Pierre 8c de Notre-Dame. H y a auflî trois
fauffes portes ; celles de Bruxelles , de Tongres ôc de S.
Pierre. Le long de la Meufe fous les remparts , il y a trois
petites portes qu'on nomme Water-poortea , ou portes de
l'eau ; la première eft un peu au-deffus du pont , & s'ap-
pelle Bat-poort ou la porte du bain ; la féconde , au-def-
fous du pont fe nomme Jode-poort , ou la porte des Juifs ;
la troifiéme qui eft plus bas encore , s'appelle Meule-poort ,
ou la porte du moulin. Il y a trois portes à Wyck, celle
de faint Martin préfentement murée , celle d'Allemagne
qu'on nomme autrement de Hoog-brugge^Toort , ou là
porte du haut Pont , & la troifiéme eft fous le rempart le
long de la Meufe. On la nomme de Hoog-brugge-ivater-
poort ou la porte du haut pont de l'eau.
Au-deffus du pont il y a une ifle fortifiée par quelques
redoutes , 8c au deffous , i\ y en a une autre environnée de
bonnes murailles de pierres bleues de Namur. Cette der-
nière eft tout proche de la McuU^p.ort , 8c a été formée
depuis trente ans ou environ , de terres 8c de décombres
qu'on a portés dans cet endroit. A deux portées de fufil
de la ville du côté de Liège , on trouve le fort faint lieire
fitué fur la croupe de la montagne de même nom 8c qui
fait face à la ville ; il confifte en un très-grand baftion ca-
fematé , avec fa contrescarpe 8c un chemin couvert. Il y
a des lignes de communication & des retranchemens à
droite 8c à gauche , qui aboutifîent à l'inondation que for-
ment les eaux du Jair entte ce fort 8c la ville.
La ville de Maflricht eft aflez grande 8c bien peuplée;
on y compte environ trois mille maifons -, il y a plufieurs
grandes 8c belles rues. La rue de Bois-le Duc eft fort lon-
gue , large 8c ornée d'une rangée d'arbres de chaque cô-
té ; celle de Bruxelles qu'on nomme auffi Txvetbergue-
ftraat , 8c celle de Tongres , ou la rue de Lincule ne font
pas moins confidérables. 11 y a encore trois autres grandes
8c belles rues au milieu de la ville ; favoir le Brced ftraat
ou la rue large ; la rue de faint George qu'on nomme auffi
la grande rue, ou Grooi-ftraat , 8c le Groot-Gragt , ou le
grand- canal.
Maftricht eft partagée en quatorze quartiers , qui ont
leurs doyens particuliers qu'on nomme W)ckzMeeflers ,
c'eft-à-dire , maîtres des quartiers. La fonction de ces
doyens eft de maintenir le bon ordre & d'accourir au feu,,
quand il y en a dans la ville avec les charpentiers , les cou*
vreurs 8c les pompes qui font fous leur direction ; les rues
font éclairées la nuit par des lanternes. Outre les maifons
il y a plufieurs cafernes 8c des logemens pour la cavalerie.
Vyck renferme auffi plufieurs belles rues , dont les prin-
cipales font le Hoog-brugge ftraat , ou la rue du haut pont;
l'autre eft Recht-ftraat , ou la rue droite.
Outre la Meufe qui paffe entre Maftricht 8c Wyck , la
ville eft arrofée en dedans d'une petite rivière qu'on nom-
me le Jair , 8c qui prend fa fource à neuf lieues de Ma-
ftricht. En arrivant en cette ville elle fe fépare en deux
branches: l'une entre par une éclufe de la porte de Ton-
gres , 8c l'autre par une éclufe proche de la poire de faint
Pierre. Après avoir ferpenté par plufieurs rues, ces deux
branches vont fe réjoindre aux vieux Recollets, fortent de
ia ville près delà fous le rempart, 8c vont fe jetter dans la
Meufe près du pont. Cette rivière fait tourner plus d'une
douzaine de moulins dans la ville, entr'autres un moulin
à poudre qui appartient à l'Etat. C'eft par le moyen de
cette rivière qu'on peut former les deux inondations dont
il a été parlé.
Il y a deux grandes places , Tune nommée Vryrhof qui
eft carrée , fort belle 8c ornée de plufieurs allées d'arbres.
C'eft fur cette place que fe tient la grande garde. L'autre
eft nommée le grand marché ; la maifon de ville y eft fi-
tuée. Il s'y tient un fort beau marché tous les mercredis 8c
famedis , outre deux foires aux chevaux par an. Il y a une
autre foire annuelle , qu'on appelle la foire de faint Ser-
vais , qui s'ouvre le 1 3 de Mai : elle fe tient principale-
ment autour de l'églife de faint fervais , 8c dans fes cor-
ridors.
La maifon de ville eft une des plus belles des Pays-Bas,'
C'eft un grand édifice carré-long , bâti à la moderne. Au-
deffous 8c au niveau de la place font les poids de la ville „'
la demeure du concierge 8c un corps de garde ; il y a auffi
des appartemens pour lesprifonniers civils 8c des cachots
pour les criminels. On monte du matché au fécond étage
par un double degré -, les commiffaires décifeurs du prince
de Liège 8c les magiflrats Liégeois montent par la droite \
les commiffaires décifeurs de leurs Hautes-Puiffances & les
magiftrats Brabançons montent par la gauche; ils fe trou-
vera enfemble fur un grand perron, couvert d'un balcon
de la même grandeur; du perron on paffe dans un grand
veftibule orné d'un plafond avec de magnifiques peintu-
res , 8c ce veftibule donne entrée dans tous les apparte-
mens. On monte au troifiéme étage par un escalier fort
large , compofé de divers appartemens; on v voit entr'au-
tres la bibliothèque publique qui eft fort belle. Au milieu
de
MAS
MAS
de la maifon de ville il y a une très belle rour carrée ,
pofée fur quatre gros piliers qui font un des ornemens du
grand veftibule. De cette tour s'élève une flèche octogone
où il y a une belle horloge avec un des meilleurs carillons
du pays. On commença a bâtir cette maifon en \(>$<). ÔC
elle fut achevée en 1 66 3 .
L'ancienne maifon de ville cft au bout delà rue faint
George , elle ne fert à préfent qu'a rellerrer les criminels,
ôc le concierge en occupe les principaux appartemens; les
drapiers y ont auifi leur halle. 11 y a une tour au haut delà-
quelle on entretient toujours un guet pour obferver ce qui
fe pafle aux environs de la ville , & pour avertir la nuit
en cas de feu.
Depuis que les Etats Généraux font maîtres de Ma-
ftricht , on y a établi une école latine pour les Réformés»
elle eft gouvernée par un recteur, un conrecteur ôc un troi-
fiéme régent. Tous trois font nommés par les quatre cura-
teurs de ce collège , dont trois font de la part des magi-
strats Brabançons ôc le quatrième eft le plus ancien mini-
ère de la ville. Le recteur a fepr cens florins par an, argent
de Maftricht ; le conrecteur cinq cens,& letroifiéme régent
quatre cens. Outre ce collégc,où l'on enfeigne les humani-
tés , il y a une école illullre où un profeileur enfeigne la
théologie, un autre la phiîofophie, ôc un troifiéme l'élo-
quence & les belles lettres ; ils ont trois à quatre cens flo-
rins chacun d appointemens fixes par an ; il y a un rece-
veur des revenus de cette école ôc de ceux du collège.
La maifon des Oiphelins Réformés eft. allez grande;
fes revenus confiftent dans quelques obligations fur la gé-
néralité ôc fur des fonds dans le pays , dans une collecte
générale qui fe fait tous les ans par taute la ville au mois
d'Octobre, ôc dans les collettes particulières qui fe font
tous les trois mnis dins les églifes Reformées les jours de
communion Cette maifon eft gouvernée par quatre dire-
cteurs qui font choilis en:re lej principaux bourgeois Ré-
formés. Leur exercice dure quatre ans. Onchoifit de mê-
me quatre directrices ou mères des Orphelins-, leur fon-
ction eft d'avoir l'infpection fur le ménage, les habille-
mens ôc autres détails ; le gouvernement du dedans eft con-
fié à un homme ôc à une femme qui doivent être maries ,
ôc qu'on nomme le peie ôc la mère du dedans.
II n'y a point d'hôpital pour les bourgeois Réformés
mais il y en a un pour les gens de guerre. Il a été fondé
du tems que le prince Waldeck étoit gouverneur de cette
ville, ôc dont les revenus confiftent dans des contribu-
tions de la garni fon , ôc dans quelques gratifications du
confeil d'état. Cet hôpital eft fous la direction d'un mé-
decin , d'un chirurgien major ôc d'un receveur: il y a aufll
un entrepreneur qui doit fournir aux malades tout ce qui
leur eft nécefiairc, excepté les médicamens, moyennant
tant pat tête , ce qui monte environ à fu fols & un liard
de Hollande par jour. Cet hôpital eft fur le bord du Jair ,
dans le couvent des anciens Récolets , qui furent chartes
de la ville pour caufe de trahifon.
Le Lombard eft fitué fur le marché au poilTon proche
du pont. C'eft un allez bel édifice carré ôc conftruir de
pierres bleues. Le maître du Lombard doitavoit fon octroi
des Etats-Généraux.
Il n'y a point de maifon de fous à Maftrichr. On mec
ceux qui ont l'efprit troublé dans le couvent des Aléxiens
qu'on apppelle Cdle-broeders en flamand , ôc qui en pren-
nent foin moyennant une penfion qu'on leur paye.
Il y avoit autrefois des maladeries fituées hors la ville ;
elles ont été abolies , 5c les revenus font entrés dans une
caifie des fondations pieufes ; c'eft ce qu'on appelle la Ta-
ble du faint Esprit. Elle a deux receveurs , l'un Liégeois ,
ik 1 autre Brabançon , établis par les magiftrats.
I es Réformés occupent trois églifes , deux flamandes
& la troifiéme pour les François. L'églife de faint Jean, la
principale des trois , cft fituée au haut du Vrytbofptès de
celle de faint Servais. C'eft un allez grand bâtiment dont
les voûtes font foutenues par deux rangées de gros piliers;
Ja tour eft une des plus hautes de la ville. L'églife de faine
Matrhias, occupée auffi par les Hollandois, eft fituée dans
la rue de Bois-le-Duc : ces deux églifes font deffervies par
cinq miniftres Hollandois. L'églife des François etl fituée
près de la faune perte de faint Pierre vis-à-v s l'arfenal:
c'étoit autrefois une chapelle dédiée à faint Hilairc ; l'as-
femblée eft devenue fi nombreufe depuis la révocation de
ledit de Nantes en 1685. qu'il y a aujourd'hui trois mi-
137
niftres.au lieu qu'il n'y en avoir que deux aupara Mit.
Tous les pafteurs , tant Hollandois que François , fonr en-
tretenus par le confeil d'état , & ont treize cens florins rie
gages par an monnoie d'Hollande , excepté le dernier mi-
niftre françois qui n'en a que huit cens;
Dix-neuf miniftres Hollandois forment la clafledc Ma-
ftricht , qui eft la neuvième du fynode de Gueldre. Elle
s'aflemble trois fois par an , le premier Mardi du mois de
Mai , le deuxième Mardi après la réception de la letrre
de convocation du fynode , & le premier Mardi du mois
d'Octobre. Les miniftres qui compofent cette clafl'e, font
les cinq de Maftricht , deux de Namur , ceux de Climmen ,
de Vaels, de Fauquemont , de Beeck , de Mceifen &c
Schimmcrt , de Wilre , de Heerle , d'Eupen , de Bor-
cher , d'Eisden , de Geul , de Guipe ôc de Vy len. Les pa-
fteurs françois de Maftricht dépendent du fynode Wallon.
Les Luthériens ont aufli une eglife qui fut baie dans
le tems que le prince de Waldeck étoit gouverneur de Ma-
ftricht , du provenu des contributions de la garnifon , ik
des dons de plufieurs perfonnes de cette religion. C'eft
un carré long qui n'a ni tours ni cloches. Elle eft fituée
dans le Hond-ftraat , & deflervie par un miniftre de la
confefllon d'Auglboui g. Il n'eft pas permis aux Luthé-
riens d'enterrer leurs morts dans cette églife.
Maftricht a été autrefois une ville épiscopale , ôc elle a
eu jusqu'à vingt de un évêques. S. Servais qu'on fait dixiè-
me évêque de Tongres , ôc qui vivoit au quarriéme fié-
cle , porta, dit-on s à Maftricht le fiége épiscopal de cette
ville .pour le mettre plus à couvert des infultes des Bar-
bares. Tous les évêques de Maftricht , dont le dernier eft
faint Hubert , qui tranfporta le fiége dans la ville de Liè-
ge au huitième fiécle, font honorés du titre de faints» ce
qui eft unique. Ce ne font pas feulement tous les évê-
ques qui ont eu leur fiége à Maftricht , mais encore tous
leurs prédécefleurs qui l'ont eu à Tongres, depuis faint
Materne, fondateur de cette églife, jusqu'à faint Servais,
qui font honorés comme fainrs. Quelques uns veulenc
qu'il y ait eu deux Servais évêques de Tongres , ôc que
c'ait été le fécond qui ait transféré le fiége à Maftrichr
vers la fin du cinquième fiécle. * Baillet , Topogr. des
Saints , p. 29p.
Comme les Etats Généraux ôc les évêques de Liège
font confeigneurs de la ville de Maftricht , la religion
Catholique & la Proteftante y font publiquement exer-
cées, en exécution du traité de Nimégue. Les Catholi-
ques pofledent deux églifes collégiales , dont l'une eft dé-
diée à faint Servais, & l'autre à Notre-Dame. Celle de
faint Servais fituée au haut du Vrythof eft fort belle &
toute couverte d« plomb. On prétend que faint Monul-
phe ôc faint Gondulphe ont fait bâtir cette églife à l'hon-
neur de faint Servais. C'étoit anciennement une abbaye
qui fut donnée en 889. par Arnoud , roi de Lorraine &
de Germanie , à Ratbod , archevêque de Trêves. Les fuc-
cefieurs de ce prélat ne conferverent pas long tems cette
abbaye ; elle fut changée en prévôté , qui fut long-tems
comme un appanage des chanceliers de 1 empire,&fi illu-
ftre, que les ducs de Biabant y ont toujours prêté lefermenc-
deprotection fpéciale , & en IJ29. l'empereur Charles V.
prêta le même ferment en habit de chanoine. Aujour-
d'hui ce chapitre eft conapofé de trente fept chanoines ,
qui ont pour dignités un prévôt , un doyen , un écolâ-
tre , un chantre , &c. On compte pour le moins autant
de chapelains. Quoiqu'il n'y ait que trente fept chanoines,
il y a quarante prébendes. Les Jéfuites en pofledent deux ,
à condition d'enfeigner les humanités, & le doyen en a
deux , une comme chanoine ôc l'autre comme doyen ; les
trente fix autres chanoines en ont chacun une. Ces cano-
nicats rapportent environ cent piftoles par an , & font
conférés alternativement par leurs Hautes-PuilTances ÔC
parle prévôt, félon le mois de la vacance. Le premier
mois de l'année eft à la difpotion de l'état , le fécond i
celle du prévôt, ainfi de fuite. Les chanoines font obli-
gés de demeurer dans les maifons qui forment le cloîtr»
autour de l'églife, & qu'ils achètent des héritiers de leurs
confrères décédés. Ce chapitre poflede onze bans ou villa-
ges avec leurs dépendances ; ôc ces bans font adminiftrés
par des députés du Corps , auxquels on donne le titre de
Reyprooft. L'églife de faint Servais eft la plus grande de
la ville. La partie poftérieure a été bâtie par l'empereur
Charlemagne. Il y a un beau chœur , mais il n'eft pas
Ttm. IV. S
MAS
138
achevé. Sous ce chœur eft un Cryptoportique ou grotte
foûtcrreine . qui contient quantité de reliques. On y voit
la pierre fépulcrale du tombeau de faint Servais , dont
les cendres font dans une chafle fur l'autel du chœur.
La tête de ce faint repofe dans un bufte. Joignant cette
églife , il y a une grande chapelle que fit bâtir Louis XL
roi de France , à l'honneur de ce faint , pour accomplir
un vœu qu'il avoit fait durant une maladie. C'eft dans
cette chapelle, que 30 des chapelains dont il a été parlé ,
font l'office.
Au bas du Vrythof, du côté de la rue large , on trouve
l'hôpital de faint Servais , fondé par Louis XL roi de
France , pour les pèlerins françois. On y loge les pauvres
paflans Catholiques ; on y reçoit auflï les malades tant
bourgeois que militaires , moyennant cinq escalins par fe-
maine. Il y a dans cet hôpital une chapelle dédiée à Ste
Marguerite.
La féconde églife collégiale dédiée à Notre-Dame, a
un prévôt qui eft choilî du corps des chanoines de la ca-
thédrale de Liège, un doyen Se feize chanoines. On dit
aufll que cette églife a été bâtie par faint Monulphe Se par
faint Gondulphe ; Se elle a toujours été dépendante de
l'églife de Liège. Les Etats-Généraux en confèrent les
prébendes alternativement avec le prévôt. L'églife eft aûez
belle ; elle fervoit anciennement de paroifie pour tous
ceux qui étoient réputés Liégeois ; comme celle de faint
Servais en fervoit pour les Brabançons. Elle a une afib-
ciation de chapelains, qui portent le nom de chanoi-
nes de Ste Anne. Les prébendes rapportent fix cens flo-
rins par an.
Les Catholiques pofiedent quatre autres églifes pa-
roifliales , qui font faint Jacques , fainte Catherine , faint
Nicolas Se faint Martin , qui eft Ja paroifle de Vyck. Les
deux premières n'étaient ci-devant que des chapelles, qui
ont été érigées en paroifles , depuis que les Réformés ont
occupé les églifes de faint Jean Se de faint Matthias , qui
étoient auparavant paroifiîales.
Outre ces églifes , il y a dix couvens ou maifons re-
ligieufes d'hommes ; celle des Dominicains , des Récol-
lets , des Capucins, des Auguftins , des Bogards , des frè-
res Croifiers , des religieux de faint Antoine ; des Alexiens
ou Cellebroeders , des Jéfuites , & de Tordre Teutonique.
Les Récollets & les Jéfuites furent chafles de Maftricht
en 1638. parce que le père Pierre Vinck, gardien des Ré-
collets , Se le père Jean-Baptifte , recteur des Jéfuites ,
étoient entrés dans le complot qu'un brafleur nommé Jean
Landsman & quelques autres bourgeois avoient formé de
livrer la ville aux Espagnols. Ces deux pères furent dé-
capités avec le procureur des Jéfuites , un frère & un
autre Récollet. Ces deux ordres rentrèrent dans la ville
lorsque les François en furent les maîtres , & ils y font
reftés depuis. Il y a encore onze couvens de religieufes ,
qui font les dames Blanches , les dames du faint Sépul-
cre, les religieufes de faint André, les Annonciates, les
Récolleérines , dites aufTi Pénitentes , les Sœurs Grifes,
celles du mont Calvaire, celles de fainte Elifabeth , les
fœurs de la Vallée de Jofaphat ou Bayard , celles de la
Vallée de fainte Catherine , & les religieufes de la Nou-
velle Cour ou Nieuwenhof.
Quoique les Catholiques exercent publiquement leur
religion à Maftricht , ils ne peuvent faire que deux pro-
ceflions par an , autour des deux églifes collégiales , Se il
ne leur eft point permis de porter publiquement le Via-
tique aux malades. Ils ont une maifon d'Orphelins fondée
depuis environ quatre-vingt ans. Le foin en eft confié
aux doyens de faint Servais & de Notre Dame, au grand-
mayeur Liégeois , aux quatre pafteurs Catholiques , Se
à quatre des plus notables boutgeois de la même religion.
Quatre femmes des plus notables , de la ville font choi-
fies pour veiller aux détails. Le gouvernement intérieur eft
confié à une mère & à un prêtre chapelain. Cette maifon
a d'affez bons revenus , & il fe fait tous les ans pour les
Orphelins qu'elle renferme, comme pour ceux des Ré-
formés , une colleéte générale dans toute la ville , vers les
fêtes de Pâquc, par quatre députés du confeil indivis,
avec les quatre peres bourgeois. Cette maifon eft fituée
près du Jair.
La maifon des députés des Etats-Généraux , où logent
auflï ceuxdu confeil d'état , eft fort belle & bâtie à la mo.
derne. C'écoir anciennement l'hôtel de monnoie. La mai-
MA S
fon du gouverneur eft fituée près de la faufle porte de Ton*-
grès, c'eft un grand Se magnifique édifice, où il y a de
très -beaux appartemens. Celle du commandant, ou
lieutenant gouverneur eft dans la rue de Tongres.
On compte douze à treize mille habitans dans Ma-
ftricht, fans y comprendre la garnifon. Les bourgeois
jouifient des prérogatives de la bulle d'or Se de plufieurs
autres privilèges , comme du droit de non evocando, de
pouvoir réclamer quelqu'un qui a violé fon arrêt , de faire
décider tous leurs procès dans l'enceinte de la ville, d'être
exemts de quelques péages établis dans la ville Se dans
le pays d'Outremeufe, &c. Pour entrer dans la magistra-
ture il faut être reçu bourgeois, ou né fils de bourgeois.
& avoir demeuré comme tel deux ans de fuite dans la
ville.
Le chauffage ordinaire dont les habitans de Maftricht
fe fervent , eft du charbon de terre qu'on appelle houil-
le, à caufe d'un maréchal nommé Preudhomme le Houil-
leux , qui , dit-on , en fit la première découverte dans
le pays de Liège , Se l'on fait à l'occafion de cette décou-
verte divers contes fabuleux.
11 y a vingt-trois corps de métiers , qui font des orfè-
vres , des maréchaux , des drapiers , des cordonniers , des
maçons , des merciers , des charpentiers , des boulangers ,
des tailleurs , des pelletiers , des tondeurs , des gypfeurs ,
ou plaqueurs de murailles, des tiflerans , des bouchers,
des tanneurs , des bateliers , des poiflbnniers & faifeurs
de paniers , des jardiniers , des charcutiers Se fruitiers ,
des teinturiers , des brafïeurs, des chirurgiens Se des meu-
niers. Perfonne ne peut entrer dans aucun de ces corps ,
fans être reçu bourgeois. Chaque métier a deux doyens ,
l'un Liégeois , l'autre Brabançon : ils font renouvelles tous
les deux ans parle confeil indivis, à la recommandation
des nouveaux bourgmeftres. Ces doyens nefe mêlent que
des affaires qui regardent leurs métiers.
Par l'énumération de ces corps de métiers on peut voir
que le commerce a été autrefois très-floriflant à Ma-
ftricht , fur-tout celui de la draperie ; on y comptoit mê-
me avant la prife de la ville par les Espagnols , plus de
dix mille ouvriers de cette feule manufacture, & qui
contribuèrent à défendre la place. Ils ont été fi puiflans,
qu'ils ont bâti l'églife de faint Mathias à leurs frais , des
amendes qu'ils payoient entr'eux. Après la prife de la
ville , la plupart lé retirèrent à Louvain ; mais ne s'y trou-
vant pas en fureté , les uns fe disperferenr clans quelques
villes de Hollande, les autres dans le pays de Liège, de
Limbourg , &c. Cependant il y a encore quelque com-
merce de cette fabrique ; mais il décheoit tous les jours ,
de même que tout autre négoce , par la grande quantité
de bureaux établis fur la Meule depuis la paix d'Utrecht,
Se fur-tout depuis le traité de Barrière.
En allant à la Meufe par la porte de Notre-Dame,
on trouve à droite entre cette rivière & le Jair une très-
belle promenade de plufieurs allées d'arbres , dont quel-
ques-uns font taillés en berceau , Se les autres en évan-
tails , ce qui fait un très bel afpeét.
Au fortir de Maftricht , du côté de Liège, on voit la
montagne de faint Pierre , qui s'étend jusqu'auprès de la
ville de Liège. On tire de cette montagne de grottes
pierres de fable , coupées ou fciées de deux pieds de lon-
gueur Se d'un de largeur: on s'en fert à faire les fonde-
mens des maifons de Maftricht. A force de tirer de ces
pierres, on a formé une infinité de chemins foûterreins
où l'on va fe promener à la lueur des flambeaux.
J'ai déjà dit que la fouveraineté de la ville de Maftricht
apparrenoit anciennement en commun au duc de Bra-
bant Se à l'évêque de Liège , Se que cette ville ayant été
cédée aux Etats-Généraux par l'Espagne , leurs Hautes-
Puiffances font entrées dans tous les droits des anciens
ducs de Brabant fur la fouveraineté de cette ville. Cette
commune fouveraineté eft exprimée par un très-ancien
proverbe qui dit :
Fe n Heer , geen Heer ;
Twte Heer en , een Heer.
Ce que l'on a rendu en latin par ce vers :
Trajettum Neutri Dvmiuo , fedpuret utrigutm
MAS
MAS
■ C'eft-à-dire en françois, qu'un feul fcigneur n'eSÎ
point Seigneur de Maitucnt , mais que deux Seigneurs
en font le feigneur ou le fouverain.
Outre la communauté de fouveraineté , il y a encore à
Mallriwht une jurisdiétion de prééminente qui appartient
aux Etats-Généraux; elle conlîlle en ce qu'ils ont fèuls
le droit de garnifon , qu'ils font Seuls Souverains des cloî-
tres Se de tout le cleigé , qu'ils font feigneurs fonciers de
tout le terrein de la ville . qu'en cetee qualité ils ont leuls
le droit d'accorder des octrois pour des chariots de po-
rte, pour le Lombard, &c.
En conséquence de cette ancienne communauté de
fouveraineté , la ville de Maitricht eit gouvernée con-
jointement par les Etats-Généraux Se par l'évêquc de
Liège , comme un territoire particulier distingue Se in-
dépendant de tous leurs aimes états , Se tout s'y régie
du commun cenfen cment des deux puifianecs ; auffi la
régence de cette ville confilte-t-elle en un confeil mi-
parti, compofe de deux grands baillis, de deux bourg-
roefties, de quatorze échevins, de huit confeillers ju-
rés Se de deux p.uy-meejhrs ou thréforieis. Tous ces
magistrats , Suivant leurs différentes dignités, font moi-
tié Brabançons , Reformés de religion , moitié Liégeois
& Catholiques. Les premiers font nommés par les Etats-
Généraux, ou par leurs commifiaires décifeurs , Se les
autres par le prince de Liège , ou par fes commifiaires dé-
cifeurs. C'eft là le corps de ville auquel il faut ajouter
deux commifiaires inlhudteurs , deux penfionnaires Se
deux Secrétaires des deux différentes religions. Ce Con-
feil s affemble à la maifon de ville tous les lundis à neuf
heures du matin pour délibérer fur ce qui concerne la
police Se le bien de la ville, Se il fait les réglemens & les
ordonnances qu'il juge le plus convenables au bien public.
Ce grand confeil fe divilé en troiscoliéges; le collège des
deux bourgmeitres Se des huit confeillers jurés avec les
deux Sccrétaiies; le collège du grand bailli Se des éche-
vins Liégeois , avec leur grenier , Se le collège du grand
bailli Se des échevins Brabançons avec leur greffier. Cha-
cun de ces collèges régie les affaires de fon départe-
ment; les deux grands baillis font égaux en autorité ; ils
repréfentent chacun leurs fouverains; Se ont voix déli-
bérarive Se déciSive- Ils préfident dans les affaires civiles >
intentent les actions criminelles, Se exécutent les fen-
tences civiles & criminelles portées par les hautes juSti-
ces reS^edtives. Ils ont indistinctement le pouvoir d'arrê-
ter tous ceux qui font foupçonnés de quelque crime ;
mais ils doivent remettre le criminel entre les mains de
fes juges compétens; car un Brabançon doit être jugé
par les échevins Brabançons , 6e un Liégeois par les Lié-
geois. C'eft entre leurs mains qu'on prête le ferment de-
vant les échevins, lorsqu'il s'agit de rendre un témoi-
gnage ; ils ont chacun leur Itaihouder Se avocat d'of-
fice, pour exécuter leurs ordres, ou pour faire leurs fon-
ctions en leur abSence; ils ont aufii deux hallebardiers
ôe deux roey-boies , ou huiiîiers. Toutes les consigna-
tions oidonnées par les hautes julticesfe font entre leurs
nains , Se ils en reçoivent le Soixantième denier pour
leur droit.
Les bourgmeftres préfident au confeil qui s'affemble
tous les lundis , de même qu'au collège des confeillers
jurés qu'on appelle la baffe - jultice. Dans les flagrants
délits , ils ont le pouvoir de faire arrêter les coupables
& les criminels; mais ils font obliges de les remettre à
un des grands baillis pour les faire juger par ceux à qui
la compétence en appartient. Ils peuvent accorder à un
bourgeois une interdiction ou main mife, qu'on appelle
en flamand Verbod fur les effets d'un autre bourgeois ;
ce font eux qui reçoivent les fermens exigés par le tri-
bunal fupérieur ; toutes les consignations ordonnées par-
le même tribunal Se font entre leurs mains , Se ils en ont
le Soixantième pour leur droit. Ils veillent fur la conduite
de tous les officiers Subalternes de la police qui font à
leur nomination ; Se ils ont chacun quatre meffagers ou
fergens , qui font distingués par un manteau rouge aux
armes de la ville.
Les penfionnaires font deux jurisconfultes qui main-
tiennent les droits Se les préroga.ives de la ville; ils
ont féance Se voix délibérative au confeil; ils affiftent
auffi à tous les autres collèges lorsqu'ils en font requis.
Jls font ordinairement employés dans les députations
M9
que les magistrats envoient aux deux fouverains ; ils ont
le rang après les commi flaires instructeurs ; leurs ap-
poimemens montent a mille florins de Hollande par
an, outre leurs émolument. Us font nommés par le con-
feil ; mais la nomination doit être approuvée du Sou-
verain.
Les deux fecrétaires font obligés d'affifler à toutes les
afiemblees du confeil & d'y être les premiers Se les der-
niers; c'eit le conSeil qui les nomme; leurs appointe-
mens Sont de trois cens quatre-vingt-cinq florins de Hol-
lande, outre leurs émolumens qui Sont très - considé-
rables.
Les deux thréforieis qu'on nomme paey-meefters font
chargés de la perception des revenus de la ville Se de
l'adminiftrarion de fes finances , alternativement d'année
en année : celui qui adminiltre pendant fon année s ap-
pelle Paey-meefter, actuellement payant , Se l'autre Paey-
meelîcr vidimant. Ils rendent leurs comptes tous les ans
au confeil, & ces comptes doivent enfuite être revus &
approuvés tous les deux ans par les commifiaires déci-
feurs lorsqu'on renouvelle le magistrat.
Les quatorze échevins, dont fept font Brabançons &
fept Liégeois, forment deux différens tribunaux. Les pre-
miers s'affemblent & rendent la jultice tous les vendre-
dis avant midi, Se les autres tous les me.ctedis à la mê-
me heure., Ces deux tribunaux qu'on appelle les hau-
tes justices, ont chacun leur grand bailli a leur tête &
un greffier. Le conSeil des échevins Brabançons ne juge
que des affaires réelles ou qui peuvent avoir nature de
réalité quand il s'agit d'un Brabançon , Se l'autre juge des
mêmes affaires quand il s'agit d'un Liégeois ; le jugement
des eau fes criminelles leur appartient auffi. Séparément
fuivant cette même distinction. Tous ceux qui fontnés dans
le territoire de Liège , ou de mère Liégeoife à Maltricht
font réputés Liégeois, Se tous les autres de quelque pays
qu'ils Soient, Sont réputés Brabançons; quand il s'agit
d'une affaire entre un Brabançon Se un Liégeois , le de-
mandeur doit Suivre le tribunal du défendeur; les deux
tribunaux Se réunifient pourtant quelquefois pour en ju»
ger , Selon 1 exigence des cas. Tous les contrats de vente
d'hypothéqué, ou autres, doivent Se paflér pour le moins
devant deux échevins , l'un Brabançon Se l'autre Lié-
geois; ils Sont réputés tuteurs Supérieurs des mineurs,
Se tous les tuteurs testamentaires doivent être approuvés
par eux , Se prêter Serment entre leurs mains. Si les pa-
reils meurent Sans avoir nomme de tuteurs pour leurs
héritiers mineurs , les échevins en établiffent qui leur
doivent rendre compte. Chaque tribunal d'échevins a,
Son greffier , Se chaque greffier a un clerc juré qui a d'au-
tres clercs Sous lui.
Les conSeillers jurés qui Sont an nombre de huit ,
quatre Brabançons Se quatre Liégeois Sorment un col-
lège qu'on nomme le tribunal inférieur, Se dont les
deux bourgmeltres Sont préSidens. Ce collège connoît de
toutes les affaires civiles qui font perfonnelles , des dis-
putes , des injures , ckc. Toutes les ventes du Lombard
doivent fe faire en préfence de quelques députés de
ce collège. Toutes les fois que le magiltrat eit renou-
velle , ce collège choifit entre fes membres deux mes-
keur-meefters Se deux furJMct-meefiers. L'emploi des mes~
keurmtefters , confilte a prendre des informations , en
préfence d'un Secré: aire, contre ceux qui Se Sont Servis
d'armes pour Se battre. Celui de forfaitt-meefters eSt
de prendre de pareilles informations contre ceux qui Se
Sont battus à coups de poing , ou qui Se font injuriés.
Sur leur rapport , les délinquans font condamnés par ce
collège aux amendes preferites par les loix.
Outre ces collèges, il y en a un autre qu'on nom-
me le Vroenhove, ancien comté fitué partie dans la
ville & partie hors de la ville. Il e(l compofé d'un
efeoutet , qui eit le même que celui de la ville de Ma-
Stricht pour les Brabançons, de Sept échevins Se d'un
greffier qui Sont tous à vie , Se à la nomination des Etats-
Généraux Seuls. Le greffier de ce collège eit aufli Je
même que celui des échevins Brabançons. Ce tribunal
juge du réel Se du perfonnel hors de la ville ; mais Seu-
lement du réel dans la ville: il exerce auffi la jultice cri-
minelle & fait les exécutions devant la maifon des Etats.
Ce comté appartient aux Etats Généraux Seuls, com-
me étant au lieu du duc de Brabant ; il comprend en*
T«m. IV. S ij
MAS
140
viron un tiers de Maftrichr ,& trois villages fitués près
de la ville ; favoir , Wylre , Montenake & Heukeholm
avec les terres qui en dépendent, ôc qui peuvent aller
à environ deux mille arpens.
Quatre commiflaires inftru&eurs , dont deux Braban-
çons & deux Liégeois , forment au autre collège. Ils ont
l'appel ôc l'inftruâion de tous les procès jugés par les
précédens collèges. Quand les procès viennent du col-
lège des bourgmeftres ôc des jurés , les commiflaires in-
ftru&eurs en reçoivent l'appel & l'inftruifent tous qua-
tre enfemble , avec leurs fecretaires ; mais quand les
procès viennent des échevins Brabançons ou Liégeois ,
alors les deux commiflaires de chaque fouverain les in-
ftruifent aufli féparément, fuivant le tribunal d'où l'on
a appelle ; les commiflaires décifeurs de leurs Hautes-
Puiflances décident feuls en dernier reflbrt les procès
qui viennent par appel de la juftice de Vroenhove ,
comme aufll des onze bans de rédemption qui font
fous le chapitre de faint Servais. En qualité de députés
des Etars-Généraux qui ont une jurisdiétion prééminen-
te, ces décifeurs font leur entrée à Maftricht avec beau-
coup plus de pompe que ceux du Prince de Liège. Toute
la garnifon fe trouve alors fous les armes, Se pafle en
revue devant eux le même jour de leur arrivée ; cv tous
les corps , tant politiques qu'eccléfiaftiques , vont les com-
plimenter.
Deux députés du confeil d'état fe rendent aufll tous
les deux ans à Maftricht , vers le mois de Juillet , ôc y
font reçus avec les mêmes honneurs que les commiflaires
décifeurs députés desEtats Généraux. L'année qu'ilsy vont,
eft alternative avec celle des commiflaires décifeurs.
Leurs fonctions, en général, font de donner à ferme les
domaines ôc les biens eccléfiaftiques des trois pays d'Ou-
tre-meufe; comme auflî les domaines biens eccléfiafti-
ques ôc la pêche du Vroenhove ; d'avoir infpeclion fur
la garnifon , les fortifications, les magafins, l'hôpital
militaire; d'examiner fi tout eft en bon état -, de pren-
dre & d'approuver aufll plufieurs comptes qui regar-
dent le confeil d'état.
M ASTI A , ville des Miléfiens dans la Paphlagonie :
il femble que Pline , /. 6. c. 2. la mette entre Teium ôc
Cromna.
MASU/E, peuples de l'Inde, félon Pline, /. 6. c. 20.
qui les place entre les Moruntes ôc les Tagungœ..
MASUCCABENSIS, fiége épiscopal d'Afrique dans
la Mauritanie Céfarienfe , félon la notice épiscopale d'A-
frique , qui nomme fon évêque F affinants.
MASUCHIS, village de la Marmarique. Ptolomée,
/. 4. c. 5. le met dans les terres entre Gaphara ôc Ma-
fadalis. Ses interprètes lifent Manfuchïs pour Mafu-
chts.
MASVE, bois de France, dans la maîtrife des eaux
& forêts de Montpellier ; il eft de huit cens quatre-
vingt-quatorze arpens Ôc un quart.
MASUECOS , petite rivière d'Espagne , félon Cor-
neille, Dit}, qui dit qu'elle arrofe le royaume de Léon ,
6c qu'elle va mêler fes eaux dans le Duero, au lieu ap-
pelle Perena.
MASUINUS mons , montagne d'Italie ; mais on igno-
re en quel canton. Hygenus la met dans le territoire de
Julïa-Augufta , dont la fituation eft inconnue. Voyez.
Julia-Augusta.
MASULIPATAN ou Massulipatan , ville des In-
des fur la côte de Coromandel , à l'embouchure de la
rivière Crifna. Elle appartenoit autrefois au roi de Gol-
conde ; mais elle eft préfentement fous la puiflance du
Mogol. Elle eft éloignée de Golconde d'environ quatre-
vingt lieues. Les principales nations de l'Europe qui
trafiquent aux Indes y ont des comptoirs , Ôc les toiles
peimes qu'on y travaille , font les plus eltimées de tou-
tes celles des Indes. Quelque confidérable que foit le
commerce qui s'y fait, c'eft une petite ville, mal bâtie
Ôc encore plus mal fituée -, mais qui ne laifle pas d'être
fort peuplée. On y voit un pont de bois, le plus long
peut-être qui foit au monde : il eft utile dans les grandes
marées , où la mer couvre beaucoup de terrein ; car
elle monte près d'un mille avant dans le pays: aufli
toutes les eaux de Mafulipatan font elles falées. Cette
ville étoit autrefois une retraite de pêcheurs, ôc c'eft
de-là qu'elle tire fon nom. La commodité de fa rade y
MAT
a attiré les marchands , ôc fon trafic a toujours été en
augmentant , depuis qu'on a commencé à la fréquenter.
Le climat du pays eft fort fain ; mais on refpire un
aflez mauvais air à Mafulipatan , ôc dans les endroits
que la mer couvre ôc découvre. On divife l'année en
trois faifons. Les mois de Mars , d'Avril , de Mai ôc de
Juin font l'été; car dans ce tems, non feulement 1 appro-
che du foleil échauffe le pays , mais le vent au lieu de
tempérer les rayons du foleil augmente la chaleur. Il y
fouine ordinairement vers le milieu du mois de Mai un
vent d'oueft qui échauffe encore plus le pays que le fo-
leil même. La chaleur y eft aufli grande que celle qu'on
reflent quand on eft proche d'une maifon qui brûle. Dans
les chambres les mieux fermées , le bois des chaifes &"
des tables y eft tellement échauffé, qu'on ne le peut tou-
cher, ôc que l'on eft obligé de jetter continuellement
de l'eau deflus, & fur le plancher des chambres; mais
cet excès de chaleur ne dure que fix ou fept jours en
toute une année , ôc depuis feulement neuf heures du
matin jusqu'à quatre heures après-midi ; car il vient après
un air frais de la mer qui la tempère agréablemenr.
Ceux du pays qui font obligés de voyager durant ces
grandes chaleurs, en font quelquefois étouffés; ce qui
eft aufli arrivé à un Hollandois qui voyageoit dans un
pallanquin , Ôc à un Anglois qui ne fit qu'une demi lieue
pour aller jusqu'à la barre du port. Les moindres cha-
leurs de l'été furpaflent encore de beaucoup les plus
grandes chaleurs que l'on a en Angleterre , ôc dureroient
tout le mois de Juillet , d'Août , de Septembre & d'O-
ctobre , mais les pluies continuelles rafraîchiflent l'aie
ôc la terre , ôc viennent en fi grande abondance , qu'el-
les inondent tout le pays. Les habitans en reçoivent
le même avantage que les Egyptiens tirent du Nil ; car
ils fement dans ces terres ainfi préparées leur riz ôc les
autres grains fans efpérer d'autres pluies que huit mois
après. Ils comptent leur hiver au mois de Décembre ,
Janvier ôc Février ; mais il y fait aufli chaud qu'au mois
de Mai en Angleterre : ainfi les arbres font toujours
verds ôc toujours chargés de fruits mûrs. On y fait
deux moiflbns de riz. Il y a même des terres qu'on dé-
pouille trois fois, ôc celles qu'on ne féme qu'une fois
rendent extrêmement. On féme une espèce de légume
qu'on n'a point en Angleterre. On a de l'orge, maison
en mange peu. Le bétel tient lieu de tous les autres
herbages dont on fe fert en Europe. Comme le pays
eft très-fertile, tout y eft à bon marché; ce qui vient
encore de l'abftinence des habitans , qui ne mangent
d'aucune chofe qui ait vie. On a huit poules pour qua-
torze fols, ôc un mouton pour onze, & tout le refte
à proportion. Toutes ces chofes font encore à meil-
leur marché hors de la ville. * Lettres édif. tom. ij.
pag. 27.
MASUR , Masura. Voyez. Mansoure.
MATACA ou Matanca , baie fur la côte fepten-
trionale de l'ifle de Cuba dans l'Amérique. Voyez. Ma-
tance.
1. MATAGARA , montagne d'Afrique dans la pro-
vince de Cuzt au royaume de Fez. Elle eft fort haute,
ôc tellement escarpée , qu'on n'y peut monter que par
les chemins que les paflans y ont faits. Ces chemins
font fort ferrés , ôc les détroits des rochers très-diffici-
les; de forte qu'un homme feul avec des pierres en peut
empêcher dix mille de pafler. Cette montagne qui n'eft
qu'à deux lieues de Tezar, eft peuplée de Berebères
d'entre les Zénetes. Ils font glorieux & jaloux de leur
liberté; ne payent aucun tribut au roi de Fez, ni au
gouverneur de Tezar. Seulement , quand ils ont en-
femble quelque différend , chaque maifon donne à ce
dernier une certaine quantité de raifins fecs tous les
ans , qu'une femme va recevoir , à caufe qu'ils ne veu-
lent point fouffrir qu'aucun étranger vienne à leur mon-
tagne , de peur qu'il ne reconnoifle le paflage & les
avenues. S'ils font en guerre avec les rois de Fez , aus-
fi tôt ils coupent l'eau à Tezar en détournant la ri-
vière, ôc font de grands ravages dans la plaine. Ils
font plus de quinze mille hommes de combat, & font
fi adroits dans les montagnes, qu'un petit nombre en
défait toujours un grand. Sayd fut presque toujours en
guerre avec eux, ôc alla les attaquer en 1690. avec
cinquante mille hommes ; mais lorsqu'il fut campé au-
MAT
MAT
près des montagnes dans la réfolution d'y grimper le
lendemain, ces Berebères les vinrent charger la nuit,
en tuèrent trois mille Se défirent tout le relie. Enfuite
ils coupèrent par quartiers un miniflre detat qu'ils
avoient pris , Se le jetterent en bas pièce à pièce , fans
avoir voulu faire aucun accord avec ce prince. Ils Trai-
tèrent après fa mort avec Muley Mahamet fon fils , Se
lui payèrent par feu un grand panier de raifin ; mais
le cherif Mahamet piqué de ce qu'ils ne vouloient pas
le reconnoître , envoya contre eux en 1546. tous les
Turcs Se les Renégats de fa garde , fous les ordres d'un
Perfan nommé Marian, avec plufieurs Maures de Fez,
de Tezar Se des lieux voifins. Le Perfan étant arrivé
fit d'abord monter fes gens, fans que les Barbares y
minent obftacle, jusqu'à ce qu'ils fuflent venus à une
petit colline. Comme il y vouloit camper le foir pour
lainer repofer Ces troupes , les Barbares fondirent deflus
de toutes parts , &c roulèrent de grandes pièces de ro-
cher , en forte qu'après diverfes attaques , ils fe firent
jour à travers le bataillon des Turcs qu'ils mirent en
fuite; le Perfan ayant eu la tête cafiée d'un coup de
pierre. Depuis ce tems ils ne voulurent plus recon-
noître le chérif. Muley Abdala pendant fon règne fit fi
bien par la douceur , qu'ils firent alliance avec lui ;
mais fans s'obliger à lui rien donner que ce qu'ils vou-
droient. Il y a cinquante gtands villages dans ces mon-
tagnes, fans aucune fortetefle , & fans aucun lieu fermé.
C'efl: un pays de bois Se de tuiliers où l'on voit plu-
fieurs lions , & en haut plufieurs fontaines. Il y a beau-
rcoup de terres labourables qu'on arrofe par des rigo-
les. On en tire quantité de bled Se de vin. Il y a de
gros Se menu bétail. Au-dedans Se au plus rude de cette
montagne, on recueille allez de quoi nourrir ceux qui
J habitent, Se il en refle encore à vendre aux habitans
de cette contrée. * Marmol , Defcr. de l'Afrique, t. 2.
1. 4. c. 135-,
2. MATAGARA, autre montagne d'Afrique dans
la province de Béni Arax, royaume de Tremecen. Elle
efl: froide , haute Se escarpée , à deux lieues Se demie
de Ned Roma du coté du midi. Les habitans font des
Berebères d'entre les Zénetes , gens hardis Se belliqueux ,
mais fort pauvres , à caufe que leur montagne ne porte
que de l'orge Se des carrogues. Ils ont cependant force
troupeaux , Se des bois taillis dont ils font du charbon ,
qu'ils vont vendre aux villes voifines Se ailleurs. Ils
font grands amis de ceux de Ned Roma , Se d'un mê-
me peuple. C'efl: ce qui fait qu'ils fe donnent du fe-
cours les uns aux autres , Se dans les guerres qu'ils ont
contre les rois de Tremecen Se contre les Arabes.* Mar-
mot, Defcr. de l'Afrique, t. 2. 1. j. c. 2j.
MATAGI, bourg ou village de l'ifle de Corfe, en-
viron à trois lieues au nord de Bonifacio. C'étoit au-
trefois une ville nommée Matisa. * Baudrand , Diét.
édit. 1705.
1. MATALA, bourg ou village de l'ifle de Candie ,
fur un cap de même nom , au midi de la ville de Can-
die. C'étoit anciennement une ville nommée Matalia
par Ptolomée , /. 3. c. 17.
2. MATALA, cap de l'ifle de Candie fur la côte
méridionale , entre le golfe de Meflalie à l'occident Se
le port de Calus.
MATALIA ou Metallum. Voyez, Matala.
MATALONI ( a ) , petite ville du royaume de Na-
ples dans la terre de. Labour, avec titre de duché. Elle
efl: fituée à quatre milles de Caferte au nord , Se à
huit milles d'Averfe en tirant vers le couchant. Elle
( b ) n'a le titre & les prérogatives de ville que depuis
1735. C'efl: presque l'endroit où étoit l'ancienne Ga-
latia, colonie de Sylla fur le grand chemin de l'Apien-
ne. ( a ) Magin , Carte de la terre de Labour, (b) D,
Matth. Egifio , Lettre à Lenglet du Fresnoy.
MATALZANGO , vallée du Mexique à huit lieues
de la ville de ce nom. Elle s'étend au long Se au lar-
ge , & fert de demeure aux fauvages qu'on appelle Oto-
mis. Toluca en efl: la principale bourgade. Cette vallée
abonde en troupeaux Se en pâturages: l'herbe en efl: fi
bonne , qu'elle rend le bétail d'une fécondité merveil-
leufe. Ce qu'en écrit Herrera efl très-fingulier. Il rap-
porte que Diego Nunnez de Camago , par fon induflrie
Se par fes foins, fit profiter deux brebis, Se ce qui en
141
vint alla jusqu'à quarante mille têtes dans l'espace de
dix années. * Corn, Diction. Laet , Defc. des Indes oc-
cident. 1. j. c. j.
MATAMAN, royaume imaginaire dans l'Afrique.
Quelques géographes l'appellent Climbebi , Se d'autres
Ci.iMBF.BAS. Voyez, Climbebas.
MATAN ou Mactan, ifle de l'Océan oriental,
Se l'une des Philippines: elle efl entre celles de Leyté ,
de Cebu Se de Mindanao. Après avoir été de la dépen-
dance des Espagnols , elle a fecoué le joug Se recou-
vré fa liberté. Ce fut dans cette ifle que Magellan fut
tué le 16 Avril 1521. à la première rencontre qu'il
eut avec les principaux de l'ifle. * Carreri, Voyage au-
tour du Monde , t. 5. p. 242.
MATANCA ou Matanças. Voyez, Mataca.
MATANÇA , campagne du royaume d'Espagne dans
la partie méridionale de la Caflille nouvelle , autrement
la M anche. Elle efl: d'une grande étendue entre la ville
de O/nfuegra & celle de Guadiana.
Le nom de Matança veut dire tuerie:, on a donne
ce nom à cette campagne , parce que dans une bataille
les Maures y firent un grand carnage des Chrétiens. *
Délices d' Espagne, t. 2. p. 3J7.
MATANCE , Baya de Matança , grande baie de l'ifle
de Cuba, fur la côte feptentrionale, Se à quatorze lieues
à l'eft de la Havane , dans le fond de laquelle il y a
une grofle bourgade de même nom. On reconnoît de
fort loin cette baie par une montagne fort élevée, dont
le fommet efl: rond , Se qu'on appelle le Pain de Ma-
tance. Il fert aufli aux pilotes pour fe régler , quand
ils veulent entrer dans le canal de Bahama. La baie de
Marance a deux lieues de large. Pour y entrer il fauc
d'abord doubler une pointe , qui n'avance pas beaucoup
dans la mer , puis faire l'ouefl pendant une lieue. On
apperçoit enfuite fur la main droite une autre pointe,
derrière laquelle efl un fort , Se un grand quart de
lieue plus loin efl le bourg entre deux rivières qui bai-
gnent fes murs des deux côtés. A l'eft on découvre une
terre élevée , qui conduit à une montagne fort haute.
C'efl le Pain de Matance., En fuivant la côte, on ap-
perçoit quelques mornes, Se ce point de vue efl: ter-
miné par l'extrémité orientale de Cuba , qu'on nomme
la Pointe d'haque , où commence le vieux canal de Ba-
hama. La baie de Matance efl à quatorze lieues de cette
pointe. * Le P. de CharUvoix , Voyage de PAmi
MATANG, montagne de la Chine dans la province
de Kiangii fur la rive du grand fleuve, auprès de la
montagne Pengce. Cette montagne efl proprement un
écueil fameux , par le grand nombre de naufrages qui
fe font faits dans ce lieu. Pour peu que les vaifleaux
s'éloignent du rivage , la violence de l'eau les porte con-
tre cet écueil où ils fe brifent. Atlas Sinenfïs.
MATAOUAN , polïe de l'Amérique feptentrionale
dans la nouvelle France. Il efl: fur la rivière des Ou-
taouacs, près de l'endroit où la rivière Creufe fe jette
dans celle-ci.
MATAPAN , cap de la Morée dans la partie méri-
dionale, entre le golfe de Colochine à l'orient, & le
golfe de Coron a l'occident. De rous les promontoi-
res de la Morée , celui de Matapan avance le plus dans
la mer. On l'appelloit anciennement promontorïum Tœ-
narium, Se c'efl dans les entrailles de ce promontoire
que fe trouve l'antre de Tenaro , dont l'ouverture af-
freufe a donné lieu aux poe'tes de dire que c'étoit la
gueule de l'enfer. Ils ont ajouté que c'eft par-là que
fortit l'invincible Hercule, après qu'il eut triomphé de
Cerbère; ce qui faiibit qu'on lui donnoit parmi fes
titres celui de Tenare , quoique d'autres veulent qu'il
y ait pris ce nom de Tenare qui naquit d'Elafe fils d'I-
canus , qui époufa Erimade fille de Damaficles.
La mer efl extrêmement profonde autour de ce pro-
montoire, Se l'on y voit deux ports commodes, dont
l'un s'appelle le port des Cailles , à caufe du nombre
prodigieux de cailles qu'on y trouve -, l'autre eft nom-
mé le port de Maina. * Coronelli , Defcript. de la Mo-
rée , p. 98.
1. MATARAM , ville capitale de l'empire de Java:
elle efl fituée dans une fertile Se agréable plaine , qui
efl environnée de hautes montagnes couv&rtes de ver»
dure , Se qui font très- fertiles.
MAT
142
Cette fituation rend la ville naturellement forte;
car les montagnes d'Ohgaran ôc de Marbabou l'envi-
ronnent , & lui fervent de rempart du côté occidental ;
ik du côté feptentrional eft la montagne deBilerang.qu'on
tient être la plus haute de toutes les montagnes de
Java ôc qui elt inacceflible dans plufieurs endroits , à
caufe des bois ôc des halliers qui font dans fa pente.
Les vaifleaux qui, pendant la mouflon de l'eft, fe trou-
vent du côté méridional à la vue de l'ifle , découvrent
Bilerang de trente lieues en mer. Ainfi la ville de Ma-
taram elt toute enfermée de montagnes fort hautes , ou
de collines efearpées ôc couvertes de bois impénétra-
bles. Cette ville elt une place aufli forte par fa fituation ,
qu'elle eft agréable & bien pourvue des chofes néces-
faires à la vie. Quatre portes, qui font dans les partages
étroits des montagnes , ouvrent &c ferment ceux par où
l'on peut aller de Samarang à Mataram. Le premier de
ces paflages s'appelle le Col de Silimbi. Il elt dans un
vallon fort étroit , où l'on n'aborde que par divers dé-
tours , qui fe continuent presque toujours depuis Sa-
marang, au travers des fommets de ces montagnes, pen-
dant dix huit à vingt lieues de chemin ; & il y a une
bonne garde de foldats qu'on relevé chaque mois.
Au-dedans de ce col on trouve un bourg fort peu-
plé, aufli nommé Silimbi. Perfonne ne paiTe par cette
porte , foit pour aller à Mataram ou pour en venir ,
que par permiflion du commandant de la garde , qui
tient regiftre de tous ceux qui y paflenr. La même cho-
fe fe pratique au col de Tadic , qui elt le fécond.
Quoique les portes ne foient que de bois , elles font
extraordinairement fortes , maflives ôc pelantes. Elles
font au milieu d'une haie de gros pieux fichés en ter-
re , qui s'étendent jusque contre la pente des monta-
gnes. Ceux qui voudroient entreptendre de pafler par
ailleurs, ôc de percer à travers les halliers ôc les au-
tres empêchemens qui s'y trouvent, auroienr bien de la
peine à réuflir , ôc ils auroient encore plus de peine
à fe cacher : s'ils étoient découverts , il leur en couteroit la
vie.
Les deux autres paflages qui défendent l'accès de Ma-
taram font le Col de Caliadier ou Caliadir. Au-de-
hors de la ville on voit un grand nombre de beaux
villages qui l'environnent, ôc qui en font comme les
fauxbourgs. Ceux qui en ont fait le compte , ont écrit
qu'il y en a jusqu'à trois mille , les uns étant dans la
plaine ôc les autres dans les pentes des montagnes ,
même jusque fur leurs cimes. Il y a aufli des maifons
de plaifance à la mode du pays, qui font accompa-
gnées de garennes , de vergers , de champs qui pro-
duifent du riz , ôc d'autres ornemens. Mais ce qu'il y
a de plus confidérable elt la multitude du peuple qui
remplit ces villages.
La ville , depuis la porte de Caliadir jusqu'au pa-
lais impérial , a deux lieues de long , ôc presqu'autant
de large. Du côté occidental elle efl enfermée d'une
muraille haute ôc forte. Du côté du fud , elle finit par
le palais impérial. Au nord efl la porte de Caliadir.
A 1 elt ôc dans tout le relie du circuit font les mon-
tagnes, qui commencent bien loin, Ôc qui vont jusques-
là. Les rues font maloidonnées ôc fales , ainfi que dans
toutes les autres villes de Java. Il n'y en a qu'une des plus
confidérables, qui s'étend du fud au nord , encore n'eft-
ce pas tout à fait en droite ligne : elle efl; comme un fa-
bre un peu courbé , partant au travers des principaux
quartiers de la ville.
Au bout de cette principale rue , qui a près de deux
lieues de long, paroît le palais impérial, qui ne pré
fente rien de rare , ni même de fort beau aux yeux
des Hollandois. Les plus giands ornemens qu'ils y trou-
vent, font les jardins qui l'accompngnent , les vergers ,
les plants d'arbres qui font par derrière , la belle place
qui eft^ au-devant , les grands bois féparés des autres par
des clôtures ; bois qui font pour h chafle , ôc où il y a
des rhinocéros, des cerfs, des taureaux fauva;es, des
chevaux , des vaches Ôc quantité d'autres bêres , qui
fourniflenr à l'empereur beaucoup de plaifir ôc de di-
vers (Ternent.
Tel étoit l'état où fe trouvoit cette çrande ville en
1661. Aujourd'hui elle eft entièrement déchue de cette
fplendeui : elle tombe presque en ruine depuis que le
MAT
fiége de l'empire a été transféré à Cartasoera ou
Cartasoura. * Gant er Schouten , Voyage aux Indes
©rient, t. 7. p. 276. ôc fuiv.
2. MATARAM , royaume ou plutôt empire compofé
de plufieurs royaumes dans la partie orientale de l'ifle
de Java. Il étoit autrefois d'une bien moindre étendue:
chaque ville maritime ou marchande , même jusqu'aux
plus petites, avoit fou roi particulier \ mais peu à peu
le Mataram , en ayant fournis une grande partie , s'érigea
en fouverain de toute 1 ifle , ou du moins prit le titre
de Mataram qui fe rapporte à celui d empereur , fa
domination s'étendit principalement fur le quartier de
l'ell , où tous les autres rois fubirent le joug qu'il leur
impofa.
Mataram efl; la feule ville qu'il y ait dans la par-
tie méridionale. A PtûV, à quelque diflanec de la côte,
on trouve Balambuam , célèbre de tout tems par fon
commerce ôc par l'abord des peuples d'Orient qui s'y
rendent pour trafiquer. En continuant de l'eft à l'oneit
on rencontre Panai ucan , à dix lieues au nord oueft de
Balainbuam; Paflarvan ôc Daya font à cinq ou fix lieues
de Panarucan , & il y a encore deux autres petites vil-
les un peu plus à l'ouelt, vis-à vis de l'ifle «Je Maduré.
Joartam elt à dix lieues à l'oued; de Paiiarvan, aufli
fur la côte ôc vis-à-vis de Maduré. Surbaïa, B'andaon
ôc Cida'o ou Sydayo , font trois petites villes à l'ouelt
en venant de Joar am proche des côtes de la mer. Tu-
baon ou Tuban qui a été un royaume, efl: aufli main-
tenant une des villes de l'empire du Mataram. Cajaon
qui eft à cinq lieues de Tubaon à l'ouelt ôc Mandali-
caon , font deux places peuplées de pauvres pêcheurs;
mais la ville de Japara ou Japare efl préfentemenr con-
fidetable ; Pati ôc Dauma qui font dans le voifinage
de Japare y envoient leurs marchandifes , grains , pois-
fon, ôcc. de forte que par elles-mêmes ce font des
places de peu d'importance. Samarang qui efl; à fept
lieues de Japara n'eft point murée ; mais elle eft fore
peuplée. Autrefois les ambafladeurs que la compagnie
hollandoife envoyoit à la cour du Mataram alloient dé-
barquer dans ce port pour fe rendre enfuire par terre
à Mataram. On trouve fur ecte route de belles cam-
pagnes , dont la plupart font femées de riz ôc coupées
de bois, de prairies, de plaines, de coteaux & de val-
lées d'une extrême beauté ; on marche aufli le long des
montagnes nommées Ongaran , Marbabou & Belirang ,
dont les cimes font couvertes d'arbres verdoyans , qui
femblent porrer leurs têtes dans le ciel. Entre Mataram
ôc les villes de Japara ôc de Samarang, on voit encore
une multitude d'autres bourgs ôc villages de diverfes
grandeurs, presque tous également bien peuplés. ïl y a
plufieurs rivières, dont une des plus confidérables eft
celle de Damack,qui roule fes eaux avec un grand fra-
cas du haut des montagnes d'où elles fortent. Sur la
côte de la mer, en continuant toujours à l'oueft vers
Batavia, on rencontre Taagcl, Charabaon, Dermaïa,
Monucaon , Cravaou; mais la plupart de ces places
font déchues de leur ancien état , les habitans n'étant
plus que de pauvres pêcheurs.
L'empereur de Mataram affilie trois fois la femaine
au confeil d'état, tant pour les affaires publiques que
pour celles qui regardent la juflice. Il emploie Je Samedi
ou le Lundi au divertifiément des tournois ; mais quand
il y a des affaires extraordinaires , il fe rend fouvent
au confeil , où il n'y a perfonne qui ofe le contredire ;
de forte qu'il eft maître abfolu. Ses confeillers font
obligés de s'afiembler trois jours de la femaine dans la
grande place du palais, ôc de s'y tenir depuis neuf
heures du matin jusqu'à midi , afin d'être tout prêts
lorsque l'empereur les fait appel 1er. Ceux qui s'abfen-
tent , fans cauf» légitime , font en danger de la vie. S'ils
font malades , ils ont foin d'en faire avertir l'aflemblée.
Dans l'empire nul ne peut s'artribuer le droit de
tuer ni de condamner à mort. S'il y a des malfaiteurs
dans le détroit de la jurisdiction d'un feigneur , foit
qu'ils foient fes vaflaux ou non , il ne petit que les
faire faifir ôc lier : après quoi il doit les envoyer dans
les prifons de Mararam , pour être produits en jufticé
aux jours de l'aflemblée du grand confeil , devant lequel
le fiscal porte Paccufation. S'ils font trouvés coupa-
bles , Us font fur le champ mis à mort. Sitôt que le cou-
MAT
MAT
fcil eft aflèmblé , on entend toutes fortes d'inftrumens
de rnufique javanaife , comme tambour , baffins de cui-
vre : mais ce tintamare cefl'c lorsque l'empereur paroir.
11 va safieoirdans milieu élevé, où il elt entouré d'une
groffe garde. Les feigneurs , de quelque rang qu'ils
ibient , lont aiîis à terre , les jambes en croix fous eux ,
le corps penché, fans ofer parler, que quand ils fonc
interrogés. On amené devant lui les criminels liés 8c
garâtes : il prend l'avis de chaque confeiller , & décide
a fa volonté , fans qu'on ofe le contredire.
L'empire coniiite en douze provinces , dont il y en
a fept maritimes 8c cinq plus avant dans les terres. Outre
ces douze provinces qui font régies par des gouverneurs
ou vicerois , nommés pangorans ou tommagons , il y a
des commandans ou fous-gouverneurs dans chaque
ville, bourg ou village ; on les appelle orancaïes ou
feigneurs, 8c avec le commandement des villes ou
bourgs, ils ont prefque tous encore fous eux une cer-
taine étendue de pays à régir. Ces fous- gouverneurs
fbnr obligés de rendre compte au pangoran , de ce qui
fe pane dans l'étendue de leur jurisdiétion ; 8c les pango-
ians en informent le rommagon de la capitale du royau-
me , ou l'empereur même , félon l'importance de l'affaire.
Outre ces officiers , il y a dans chaque place ou diitriét un
fabandar , qui eft le receveur des douanes , tributs 8c
droits du prince: ceux-ci rendent leurs comptes à des
commiflaires du confeil. Il y a encore plufieurs autres
officiers , tant politiques que militaires , qui ont l'in-
fpection fur les armes , fur le canon , fur les mousquets ,
fur les piques , fur les boulets , fur les balles , fur la
pondre. Ceux qui commandent les foldats font des gens
choifis 8c vigilans , que leurs bonnes qualité» rendent
îecominandables ; car la faveur n'a point de part à leur
avancement.
De rems en tems les tommagons & les pangorans font
paner en revue les troupesA en peu d'heures on peut mettre
en campagne quelques centaines de milliers d'hommes.
Les matris ont mille hommes fous leur commandement;
8c les loëras , ou lotiras , en commandent environ cent.
Il elt bon pour la compagnie hollandoife que les peu-
ples du Mataram ne içachent pas faire la guerre comme
on la fait en Europe ; car fi avec leur naturel malin ,
avec leur intrépidité 8c le mépris qu'ils font de la mort,
ils avoient la même habileté que les Européens , il n'y
auroit pas de fureté dans leur voifinage ; mais on a
éprouvé plufieurs fois que plus leurs aimées font groffes,
moins elles font de progrès : le désordre s'y met plus
aifement 8c les fait plutôt dilïîper. Sous ces officiers il
y en a de fubalternes , qui font presque continuellement
des courfes pour épier ce qui fepanecx: pour faifir ceux
qui font furpiisen délit. Enfin il y a des émiffaires particu-
liers qui ne font autre métier que d'obfervcr la conduite
àcs grands 8c des petits , dont ils rendent compte aux
tommagons de la capitale , ou à l'empereur même*
Les tournois fc riennent tous les Lundis , ou quelque-
fois les Samedis , dans la place qui elt devant le palais.
Il s'y trouve ordinairement cinq à fix cens cavaliers , des
plus grands feigneurs de l'état, avec leurs plus beaux
ornemens ,à la mode du pays ,8c la magnificence éclate
«gaiement fur les harnois des chevaux. Ces ornemens
font une pièce d'étoffe de foie à fleurs , ou d'une fine
toile de coton très-blanche, qui elt tournée autour de
leurs corps de la ceinture en bas ; car de la ceinture en
haut ils font nuds. Ils ont un petit bonnet blanc, ou
bien un morceau d'une toile de coton, ou d'une étoffe
de foie tourné plufieurs fois autour de la tête & roulé
en forme de turban. Autour de la place il y a pour
chaque feigneur qui eft du tournois , un poteau , ou un
petit couvert » où un valet attache le cheval de fon
maître & le garde. Chacun a encore d'autres valets,
qui dans ce même endroit jouent des inltrnmens. Les
muficiens de l'empereur font autour de la place, 8c jouent
particulièrement lorsque le prince paroît à cheval , ajufté
comme les autres ,& entouré de quelques centaines de
gardes tous à pied. Dès qu'il fc montre , tout le monde
jette les yeux fur lui pour voir fi c'eft un bonnet à la
Javanoife, ou un turban qu'il a fur la tête. Si c'eft un
turban, tout le monde auiïï-tôt en prend un ; 8c fi c'efl
un bonnet , chacun met auffi tôt le fien.
Dès que l'empereur eft. arrivé, les avenues de la place ,
!4?
qui eft entoutec d'une eipéee de paliffade , fe ferment,
perfonne n'en peut plus fortir ; 8c autour de la paliilade
font placés dix ou douze mille hommes fous les armes ,
ou même plus.qui lei vent de gardes. Le prince va d'abord,
avec beaucoup de gravité,faite une volte autour du pilier;
8c les cavaliers vont en faire autant aptes lui ; Se s'il
veut faite une courte , il choifit quelqu'un des premiers
feigneurs , qui ont à la main chacun une lance , au bas
de laquelle il y a un bouton. L'empereur court le pre-
mier 8c fes gardes courent de toute leur force après lui
8c à fes côtés. Celui qu'il a choifi pour courir contre
lui, tâche de le joindre jufqu'à la portée de fa lance,
qu'il avance à côté du prince , pour marquer qu'il pour-
roir l'atteindre, 8c le prince fe fert de la fienne pour
parer le coup & détourner celle qui fe préfente à fon
côté. Lorsqu'ils ont ainfi couru en combattant jusqu'au
bout de la place , ils font volte face , avec beaucoup
d'adreffe , 8c continuent leur courfe & leur combat ; de
forte pourtant que celui qui étoit pourfuivant dans la
première courfe devient le pourfuivi dans celle-ci. Les
cavaliers font leur courfe à leur tour , allant d'un bout
à l'autre de la carrière 8c revenant fans cefie, jusqu'à
ce que l'un des deux combattans ait remporté quel-
que avantage fur l'autre ; fouvent même ils changent
de chevaux 8c en prennent de frais. S'il arrive que
celui qui court contre l'empereur ait fur lui quelque
fupériorité, il fe donne bien de garde d'en paroître
fier-, 8c s'il fait fentirfon avantage , e'eit toujours d'un
air très-refpectueuXi
Le tournois dure ordinairement depuis quatre heures
après midi jufqu'à ce que le foleil fe couche. En général
tous les champions font paroître beaucoup d'agilité dans
leurs courfes 8c beaucoup d'adrefiè à fe fervir de leurs
lances. Chacun tâche d'enlever fon adverfaire de deffus
la felle, 8c quand la ehofe arrive, celui qui a eu ce
désavantage eft expofé à de grandes railleries; mais cela
n'arrive que rarement, car ils font fort bien à cheval.
Les felles des chevaux font petites & leurs étriers courts.
Ils gouvernent le cheval par le moyen d'une bride , avec
un petit crochet , où il y a une corde attachée qu'ils
nouent autour d'eux comme une ceinturé : ainfi c 'elt
de leur corps feul qu'ils régiffent, ce qui eft caufe
qu'ils ont les mains libres pour manier leurs lances.
La garde fe fait au-dedans du palais , la nuit auffi bien
que le jour , par un grand nombre de femmes armées*
11 n'eft permis à aucun homme d'y paner la nuit. On
croit que le nombre de ces femmes monte à dix mille»
Elles font commandées par des femmes ; 8c il y a toutes
fortes de grades parmi elles comme dans les régimens.
Toutes leurs vues & tous leurs foins n'ont d'autre objet
que la confervation de la perfonne du Mataram , & fon
fervice auffi bien que celui de fes femmes 8c de fes
concubines.
Les empereurs ont otdinairement quatre femmes, qui
font des plus grandes maifons de l'empire. On dit qu'outre
cela ils ont un nombre confidérable de belles filles à
leur fervice particulier , & que le nombre en va jusqu'à
quatre cens. On les va choifir par tout : on lui amène
celles qu'on trouve les plus belles ; & on leur fait appren-
dre l'exercice des armes, à jouer desinûrumens, à chanter»
à danfer 8c plufieurs autres chofes par le moyen des-
quelles elles tâchent de lui plaire. En quelque lieu de
fon palais qu'il foit , il en eft accompagné , entouré ,
fervi 8c gardé. Elles ont toujours avec elles des lances
pointues , 8c de légères armes à feu.
Quoiqu'outte fes femmes l'empereur ait un grand
nombre de concubines, il arrive pourtant quelquefois
que parmi ces jolies gatdes, il y en a quelqu'une qui lui
plaît plus que les autres ëc qui lui touche le cœur : alors il
l'élevé à la dignité deconcubine;& c'efl: le plus haut degré
de gloire où elles puifîent afpirer. Cependant on efti-
me bien plus heureufes celles qu'il donne en maria-
ge aux feigneurs de fa cour. Ceft par cette raifon que
les filles nobles le fervent avec encore plus demprefiemenc
que les autres , qui ne peuvent efpérer une pareille
fortune.
MATARI. Voyez Mactarum.
MATARITANENSIS , Mataritanus ou Matta-
ritanus , fiége épiscopal d'Afrique dans la Byzacéne,
La notice épiscopale d'Afrique met dans cette province
MAT
144
deux lièges , dont le nom approche fort 1 un de l'au-
tre, favoir, Matiaritanenenfis , n°. 25. Se Muttari-
tanenfis , n°. 50. On trouve aufli dans la conférence de
Carthage, cap. 153. les noms des évêques de ces deux
fiéges , favoir Cultafius , qualifié episcopus plebis Ma-
taruawt , Se Comparator , dit , episcopus MaClaritanus.
Entre les évêques qui affilièrent au concile tenu par
faint Cyprien , touchant le baptême des Hérétiques ,
on trouve Marais à Maclari , évêque de Ma&ari , fi
on lit comme faint Cyprien-, mais évêque de Mattariy
fi on lit comme faint Auguftin. Pline , /. $. c. 4. parle
d'une ville qu'il nomme Oppidum Matterenfe ; & Cas-
fiodore dans fon livre des inltitutions divines, cap. 29.
fait mention de Vi&or , qu'il qualifie episcopus Mar-
taritanus , peut-être pour Mattaritanus.
MATARO , petite ville d'Espagne dans la Catalogne,
fur le chemin de Barcelone en France. On y fait de très-
belles verreries, c'eft i'ïluro de Pline , & appellée Dilurum
par Ptolomée. * Délices d'Espagne ,t. 4. p. 664.
MATAS (cap de las) dans l'Amérique méridionale,
au midi de la baie de los Cametones, fur le bord de la mer
Magellanique, par les 4J degrés de latidude auftrale , fort
mal nommé par quelques-uns le cap des Buiflbns . puis-
qu'il ne s'y en trouve pas un feul, & que toute cette
cerre eft entièrement aride.
i. MATATANA ou Matatanes, rivière de rifle de
Madagascar , dont l'embouchure eft fur la côte orien-
tale. Elle fort par deux bouches éloignées l'une de l'autre
de fept lieues. Dans cet efpace il y a de grandes prairies
qui forment une ifle très-fertile. C'eft la qu'habitent les
peuples qu'on nomme Or,tanpa(Temaca , ou Zafferahimina,
ou Ramini. Les cannes de fucre y font en fi grande
abondance , que fi l'on y avoir les chofes néceflaires
pour le cuire Se pour le façonner, on pourroit tous
les ans en charger pluficurs vaifleaux. La Matatana des-
cend des monragnes du pays de Vattebei. * Flacourt ,
Hift. de Madagascar , c. 7.
2. MATATANA, contrée de l'ifle de Madagascar,
fur la côte orientale. Elle prend fon nom de la rivière
de Matatana. C'eft un pays plat , qui abonde en fucre ,
en miel, en ignames Se en bétail. Plufieurs rivières l'ar-
rofent & y fournifient beaucoup de poiflbn. Les cannes
de fucre y croiflent fi abondamment , qu'il feroit aife
de charger de fucre plufieurs vaifleaux tous les ans , fi
ce peuple favoit la manière d'en tirer. Les grands du
pays ont pluficurs femmes , quelquefois jusqu'à quinze
ou vingt. Elles font enfermées dans une place clofe Se
environnée de paliflades , comme un grand bourg , où
chacune a une petite maifon à part. L'entrée en eft
défendue aux Nègres , Se il y va de la vie pour ceux
que l'on y nouveroit. Ils n'ont ni églifes ni mosquées ;
Se font fort adonnés à la fuperftition & au fortilégc. Ils
ajoutent beaucoup de foi à certains petits billets écrits
en caractères arabes, qu'ils appellent Hiridfi , Mafarabou
& Taliflimou -, ils croient que les uns font bons pour
détourner le tonnerre, la pluie Se les vents , pour les
préferver des bleflures en tems de guerre , Se les em-
pêcher d'être tués \ Se que les autres ont la vertu de
garantir de poifon Se de maladies ; & défend de pillage
Se d'embrafemenr les maifons Se les villages. Tous ces
billets font drefles par les ombiafles.qui font leurs prêtres,
leurs médecins , Se leurs aftrologues. Outre la rivière
de Matatana , il y en a plufieurs autres dans cette province
le long de la cote , en tirant vers le feptentrion , comme
Manghafiours , Manancare , Mananhave , Itin , Itapoulo-
bei , Itapoulofirie Se Itapeulomainthiranou. Ces trois
dernières font petites , Se à trois ou quatre lieues les
unes des autres. Celle de Manghafiours ou Mangha-
fies eft médiocre, Se à quatre lieues de celle de Maratane.
Les François avoienr auflî une habitation fur fes bords ;
mais il eft dangereux d'en approcher avec une barque ,
à caufe des écueils Se des bancs de fable dont elle eft
remplie. Manancare , qui coule à quatre lieues de là,
eft aufti allez petite. Mananhave , qui veut dire abondance
de vivres , eft une rivière fott poiflbnneufc. Itin n'eft
qu'un petit étang à demi-lieue de Mananhave. Il y a
encore trois autres rivières , favoir Faraon , Lamehoric
Se Manruraven. La première eft une rivière , le long
de laquelle les Blancs de Mouffi fe font retires. Elle
peut porter bateau, Se descend des montagnes fituées
MAT
au couchant , entre Matatane Se Eringdrane. La Mahoric
ou Marombei vient de fix ou fept lieues plus haut du
côté de l'oueft , Se Manteraven , petite rivière , n'eft
guère qu'à fix lieues de Marombei. * Flacourt , Hift.
de l'ifle de Madagascar , c. 7.
MATAURUS. Voyez. Metaurus Se Matria.
MATAYUS, peuples de l'Amérique méridionale fur
la rive méridionale de la rivière des Amazones , entre
la rivière des Tapayfos à l'orient , les Guayafis au midi ,
Se l'ifle des Topinambes au couchant. * De l'IJle, Atlas.
MATAZA , nom d'un lieu dont il eft parlé dans les
lettres de S. Grégoire de Nazianze: il femble que ce
lieu devoir être dans la Cappadoce^ Se Baronius juge
qu'on doit le placer fur le fleuve Iris. * Ortelh Thefaur.
MATCOW1TZ , Makovitz ou Matcowitza («),
ville de la Haute Hongrie dans la partie orientale du
comté de Scepus , au nord de Bartuva. Cette place eft
fituée fur une montagne , Se munie de fortes murailles
garnies de tours (b). Les Impériaux la prirent en 1684.
(a) De l'ifle , Atlas {b) Hift. & Dtjcr. de la Hon-
grie , 1. 3.
MATELG.dE , ville des Garamantes, félon Pline, /.
$. c. 5. Le père Hardouin croit qu'il faudroit plutôt lire
Mox Taïga , comme portent quelques manuferits.
MATELICA,. bourg d'Iraiie dans l'état de l'Eglifc
Se dans la Marche d'Ancone fur le Sano entre San-
Severino à l'orient , Se Fabriano à l'occident. H y a eu
un éveché; car on trouve dans le concile tenu à Rome ,
l'an 487 la fouscription df Kquitius Matellicas. * Magïn ,
Carte de la Marche d'Ancone.
M ATELLANA , abbaye d'hommes , ordre de Citeaux
de la congrégation de Léon en Espagne , dans la vieille
Caftille au diocèfe de Burgos.
MATELLES ou Matilles, petite ville de France
dans le Bas Languedoc , diocèfe Se recette de Montpellier.
Elle eft fituée dans la vallée & dans le comté de Mcnt-
ferrand, Se elle appanient à l'évêque de Montpellier.
MATENI ou Materi, peuples de la Sarmatie Afiati-
que, félon Ptolomée , /. $. c. 9.
MATEOLANI, peuples delà Pouille. Pline,/. 3. c.
1 1. les place aux environs du mont Garganus.
MATEQUA , ville de l'Arabie Heureufe. Elle eft
près de l'embouchure de la rivière de Prim qui fc
décharge dans la nier d'Arabie entre le golfe de Calhat
Se le cap de Çacalhat. * Baudrand , édit. 1 70 j.
MATER Hypanis. On donnoit ce nom ancienne-
ment à un grand marais de la Scythie Européenne ,
parce que le fleuve Hypanis y prenoit fa fource. Diodore,
/. 4. c.$i.. Se Pomponius Mêla , l. 1. c. 1. parlent de ce
marais.
MATERA (a) , ville du royaume de Naplcs dans
la partie occidentale de la terre d'Otrante , fur la rivière
de Canapro. Cette ville eftépiscopale Se fon évêchéeft
fuftragant de l'archevêché de Ccrenza , auquel il a été
uni à perpétuité. Matera eft aflêz grande ; elle peut
contenir environ trois mille feux. On l'a vue autrefois
fujette aux Sans-Severins & aux ducs de Gravina. Aujour-
d'hui elle eft du domaine du royaume de Naples. (a)
Magin , Carre de la terre d'Otrante. (b) Corn. DicL.
MATERI, ancien peuple de la Sarmatie Afiatique,
félon Ptolomée ,l.$.c. 9.
MATERIANENSIS , fiége épiscopal d'Afrique.
Peregrinus eft qualifié episcopus Materianenfis , dans la
notice, n°. 92. des évêchés d'Afrique. Ce fiége étoit
dans la Byzacéne.
MATERINA, contrée d'Italie, félon Tite-Live, /.
9. c. 4 1 . Elle étoit quelque part dans l'Ombrie.
MATERNA. Voyez. Martena.
MATHA , bourgade de France dans la Saintongc
vers les confins derÀngoumois.Elleeftfituéefurl'Antene,
à l'orient de S. Jean d'Angely,& au nord de Coignac. *
De l'ifle, Atlas.
MATH JE, peuples des Indes , quelque part au voifina-
ge du Gange, félon Arrien , in indicis , p. 316.
MATH AN A , campement des Ifraëlites dans ledéferr.
De Matbana ou Mattbana, ils allèrent à Nahaliel («).
Eufebe dit que cet endroit étoit fitué fur l'Arnon , à
douze milles de Medaba {b) vers l'orient, {a) Num.
21 , 18 & 19. (b) Dont Calmet, Di<5r.
MATHAREA ou Ma-Tarea, village d'Egypte à
l'cflL
MAT
MAT
l'cft du Caire, à la diltance environde deux heures de che-
min à cheval. Jefus-Chrift Se fa i'ainte Mère ont fanctifié,
à ce qu'on croie , ce lieu de leur préfence , & il y a un
jardin célèbre où l'on plantoir autrefois du baume. En
entrant dans la cour , qui eu: avant ce jardin , on voit à
main droite un petit oratoire des Turcs , qu'un certain
nommé Ibrahim, qui étoit bâcha d'Egypte vers l'an 1659.
pour marque de la haine qu'il "portoit aux Coptes , fit
bâtir. fur les ruines d'une petite églife qui leur appartc-
noit , Se où ils révéroient quelques veltiges de Notre
Seigneur Se de fa fainte Mère. Lorsque ce lieu eut été
ainfi changé en oratoire des Turcs , il n'étoit plus permis
à aucun Chrétien de le vifuer : mais quelque tems après
les Turcs n'en firent plus d'é:at , & les Chrétiens recom-
mencèrent à y entrer librement. On ne l'appelle même
plus un oratoire , mais Amplement il Makad , ou lien
de repas. * Vanjleb. Relat. d'Egypte , p. 229.
Iiy a dans ce Mal^ad un petit réfervou fait de marbre
de diverfes couleurs , Se plein d'eau qu'un canal y apporte
du puits miraculeux qui eu; tout proche. Les Coptes
ont une tradition qui veut que la fainte Vierge eut
coutume d'y laver les linges qui avoient fervi au Sau-
veur, Se que pendant qu'elle étoit occupée à ce travail ,
elle faifoit repofer ce .cher fils dans une niche qu'on
voit dans la muraille du Makad. Les religieux Francs
difoient autrefois la meffe dans ce lieu par dévotion.
Cependant on trouve des difficultés qui femblent renver-
fer cette tradition.
Tout auprès de ce Mak.ad,ou repofoir, eft le puits
miraculeux. Il elt valte Se très- profond. Ses eaux fur-
paffent en légèreté Se en douceur celles du Nil. Les bâchas
eux mêmes en boivent Se les préfèrent aux eaux de ce
fleuve.
La tradition des Coptes porte encore que Notre
Seigneur s'elt lavé dans ce puits , Se qu'il communi-
qua par un miracle à ces eaux cette bonté extraordinaire.
Il y a même des hiftoriens Mahométans qui en tombent
d'accord.
On ne s'accorde pas fur la fource de ce puits. Les
uns croient, dit le père Vanfleb,p. 232* qu'elle eft
venue par miracle ; Se les autres difent que c'en; un
canal fousterrein du Nil : mais la choie elt comme im-
pollible: i°. à caulé du trop grand éloignement du Nil:
20. parce que lors même que le Nil elt fort trouble,
les eaux de ce puits font très-claires : 30. parce qu'elles
ne croiflent Se ne décroiflent point comme le Nil : 40.
à caufe de l'étymologiedu nom Ma-Tarea , ou eau fraî-
che , ce qui marque que ces eaux ont une fource Se une
qualité toute particulière , Se que par conséquent elles
n'ont rien de commun avec le Nil.
Les Mahométans prétendent que ces eaux viennent
du puits nommé Bir-ilfimfim , qui eft à la Mecque , Se
célèbre parmi eux , par un miracle fabuleux de Mahomet.
On plantoit autrefois dans le jardin les arbriffeaux qui
diftilloient le baume , Se qui n'en rendoient point quand
ils étoient plantés horsde ce jardin , ni quand ils n'étoient
point arrofés de l'eau du puits merveilleux dont il vient
d'être parlé. On peut voir à ce fujet un ouvrage du
père Vanflcb , intitulé l'Eglife Alexandrine , on y
trouvera diverfes chofes curieufes touchant ces arbriffeaux
Se ce puits.
On voyoit autrefois dans ce même jardin le fycomore
qui , fuivant la tradition des Coptes , s 'étoit fendu pour
mettre à couvert notre Sauveur Se fa fainte Mère , lorf-
que les farellites d'Hérode les pourfuivoient. On dit
que s'étant cachés dans l'ouverture de cet arbre ils fe
fauverent à la faveur d'une toile d'ataignée qui les cou-
vrait Se qui paroiflbit fort vieille, quoiqu'elle eût été
faite dans un infiant. Les pères Cordelicrs de la Terre-
fainte qui demeurent au Caire , difent qu'il tomba de1
vieilleffe en 1656. & qu'ils en ramafferent les dernières
pièces qu'ils confervent, dans leur facrifiie , comme une
relique trçs-précieufe. Les jardiniers montrent au con-
traire dans ce jardin une fouche qu'ils affurent être
le refte de cette ancien fycomore.
Au dehors de ce jardin, Se même hors du village,
on voit une aiguille plantée dans un champ , qu'on dit
être la phee de l'ancienne Heliopolis. Cette aiguille n'eft
pas également carrée , il y a deux côtés qui font plus
larges que les deux autres. Les premiers ont chacun
14*
ûx pieds de roi „ Se les autres cinq Se /Hemi. Il y a ,,eu
de caractères graves deflus , mais ils font tous fun nets,
Se ceux qui font gravés d'un côté le font auffi aux:
autres trois. Cette aiguille eft de granité , Se plantée
fur la terre fans aucun piédeftal. Près de cette aiguille
il y a une pierre carrée d une grandeur extraordinaire >
Se qui femble avoir fervi de piédeftal à quelque grande
colomne ■, mais elle eft écornée par les côtés. Ce fut
dans ce champ que lultan Selim campa avec fon armée »
lorsqu'il donna bataille au fultan Cajed Bey, dernier
roi des Mammelucs , Se on y voit encore le retranche-
ment de fon camp.
MATHARENSIS, fiége épiscopal d'Afrique dans la
Numidie. Félix elt qualifié epucopus AÎMhurenfis , dans
la notice des évêchés d'Afrique, n°. 38. Se Honoratus
elt dit episcofus Matharenjîs ecclefiéi. dans la conférence
de Caithage , r. 120.
MATHATH^EI , peuples de l'Arabie Heureufe, fé-
lon Pline, /. 6. c. 28.
MATHEVALLIS (a), marais dans les Gaules, aux
environs du territoire d'Angouleme; il en eit parlé ( b )
dans l'hiltoire de la révélation du chef de faint Jeani
( a ) Ortelii Thefaur. ( b ) In openbus D. C priant.
MATHIS, fleuve du Dyrrachium au voifmage de
Lyflus. Quelques-uns lifent Matis , fans afpi ration. *
Or te lii Thefaur.
MATHIT/E , peuples de l'Ethiopie fous l'Egypte ,
félon Pline, /. 6. c. 30. Ortelius foupçonne que ce
pourrait être les Alatites , que Ptolomée, /. 4. c. 8. place
dans la Libye intérieure, contrée voifine de l'Ethiopie.
MATIA. Voyez. Emathie.
MATIANA , contrée d'Afie entre l'Arménie Se la
Médie , de façon cependant qu'on peut plutôt la ran«
ger fous la dernière de ces provinces , que fous la pre-
mière. Strabon , /. 11. p. 509. l'appelle la MatianS
deMedie, Se Hérodote , /. 1. c. 189. dit que le Gyndes
avoir fa fource dans les montagnes Matianes, par oui
il entend les montagnes de cette même contrée ; car
dans un autre endroit il appelle Matiane le pays tra-
verfé par le grand chemin qui conduifoit de l'Armé-
nie à la ville de Suze, en paffant près du Gyndes. Ifi-
dore de Charax reconnoît pourtant une autre Matiane
auprès des portes Caspiennes, Se dont Raga étoit la
capitale. * Cellar. gtagr. unt. 1. 3. c. 18.
1. MATIANI, peuples d'Afie que Pline,/. 6. c. 16Y
femble placer aux environs de la Sogdiane. Polybe ,
/. j. p. 542. les joints avec les Ke«f/W/ô/.
2. MATIANI ou Matieni. Euftatbe eft pour la pre-
mière orthographe , Se Hérodote pour la féconde. Ce
font des peuples de l'Afie Mineure , fur la rive droite
du fleuve Halys, où Ptolomée place la contrée Saga-
rausène. * Ortelii Thefaur.
MATICENSE Concilium. On trouve ces mots
dans les décrétales , 1. Dïftintt. 50. & DifiinEl. 2. eau-'
fa 4. Se dans un autre endroit , caufa 1 1 . on lit Ma-
tinense-, mais félonies apparences l'un & l'autre font
corrompus de Matisconense.
MATID1/E. Voyez. Pactian^ , Rusicibar Se Ar-
gentaro.
MATIENA ou Matiera , ville d'Afie fur l'Euphrate.
Denys d'Halicarnaffe , /. i.p. 1 2 _ dit que c'étoit le fur-
nom de la ville Tiora.
MATIENI. Voyez. Matiani.
MATIERA. Voyez, Matiema. Sylburge lit Matib-
NA pour Matiera. Voyez. Tuder.
MATIKOFEN ou Matichofen , bourg d'Allema-
gne dans la Bavière , où l'on prétend que les anciens
rais d'Allemagne tenoient leur tribunal, ou lit de jufli«
ce. Jean Kuchler Se Catherine fa femme y fondèrent
en 1413. un chapitre de chanoines réguliers de fainC
Auguftin. * Zeyler , Topogr. Bavar.
' MATILICATES, peuples d'Italie. Pline, /. 3. c. 14:
les place dans l'Umbrie. C'eft aujourd'hui Matelica
dans la Marche d'Ancone, félon Frontin, p. 106. Danô
une décrétale du pape Félix, p. 255. on lit Equitis
MatelliCat'u
MATILO , ville des Bataves. La table de Peutinger
la met entre Pr&orhtm Agrippina Se Albamanx , à cinq
milles de la première , Se à onze milles de la féconde*
* Segm. h
Tom. IV. X
146 MAT
MAT
MrtTlN. Voyez, Mattia.
MAT1NESSA, lieu d'Espagne , dont parle Martial,
au quatrième livre de Ces épigrammes , Epigr. 50. Un
ancien manufcrit portoic NatineJJa pour Malimffa.
MATINI, peuples de l'Apouille. Lucain , Pharfal,
l. <).v. 18;. & Pline, /. 3. c. 11. en parlent, & Ho-
race di flingue Matinum Littus , Matin a Talus Se Ma-
tina Cacumina ; niais tous ces mots font corrompus ,
il faut lire Bantini , Bantinum Se Bantina. Voyez. Ba-
tina & Bantia.
MATININO ou Matilino. Voyez, Martinique.
MATIQUE, bourg de l'Amérique feptentrionale dans
la Floride. C'eft le chef lieu d'une province à laquelle
il donne fon nom. Il eft fitué fur le May près du grand
lac , où cette rivière prend fa four ce. Le P. Charlevoix,
Hifl. de la Nouvelle France , Se les relations les plus
récentes ne connoiflent ni le bourg ni la province.
Cet article eft tiré de Laet , auteur fort fufpe&. * Bau-
drand , Dict. édit. 170J.
MATlSCO, ville des Gaules dans le pays des JEdui.
Jules Céfar , de bell. CA. I. 7. c. 90. eft le premier qui
en faffe mention , & il la place fur la Saône. La table
de Peutinger & l'itinéraire d'Antonin en parlent auffi;
mais elle n'eft connue ni de Strabon , ni de Ptolomée ;
ce qui eft d'autant plus furprenant , qu'ils parlent de Ca-
bilonnum , auffi ville des JEdui , fur la même rivière ,
& qui n'étoit ni plus ancienne , ni plus forte, ni plus
riche que Matisco. Dans les anciennes notices des pro-
vinces & des villes des Gaules , cette ville eft appcllée
Caflrum Matisconenfe , Se dans une , Caflrum Matis-
cenfe. Grégoire de Tours l'appelle dans un endroit , /.
8. c. 12. Matisco, dans un autre, /. 8. c. 20. Ma-
tiscenfîs Urbs , Se dans un autre encore, ( /. 9. in eunt. )
Matasccnfe Oppidum. Les annales de faint Bertin va-
rient pareillement fur le nom de cette ville ; fous l'an-
née 81 6. on lit Civitaf Matesccnjîum, Se à l'année 880.
Caflrum Matescanum. Nithard , /. 4. écrit Madasco ,
en changeant le t en d , félon l'ufage , & Vi en a. Les
annales de Fulde difent Madascona Urbs, Se Pierre
Maurice , abbé de Cluni, dit , ( /. 2. de miraculis , ci.)
Matiscus. Des auteurs plus modernes par corruption
ont écrit Matisco , d'où l'on a fait le nom françois Mas-
con. Voyez, ce mot. On trouve auffi. Matucona. * Adrt
Valefli no t. G ail. p. 322.
MATISSA ou Matisa, ville de l'ffle de Corfe ,
félon Ptolomée, /. 3. c. 2. qui la place dans les ter-
res entre Mora Se Albiana. On croit que c'eft aujour-
d'hui Matagi.
MATITES. Voyez, Mathit^c.
1. MAT1UM, ville de l'ifle de Crète fur la côte,
félon Pline, /. 4. c. 12. & comme un peu plus bas, il
la met à l'oppofite de l'ifle Dia, appellée aujourd'hui
Standia, au nord de l'ifle de Crète , on peut conclure que
Matium cfl la même ville que Candie , capitale de l'ifle de
même nom.
2. MATIUM , ville de la Colchide, que Pline, /. 6. c.
4. met au-deflus du fleuve Héraclée. Le père Hardouin
foupçonne que ce pourroit être la même que Ptolo-
mée , /. j. c. 30. appelle Madia , Se qu'il place dans
les terres.
MATLATZINCOS, (Les) peuples de l'Amérique
feptentrionale dans la Nouvelle Espagne. Ils habitent
dans la province de Mechoacan , où ils ont quelques
villages , félon Juan de Torquemada , cité par Baudrand,
édit. 1705.
MATMANSKA , ifie du détroit qui fépare le Japon
du pays d'Yeffo ou de Kamtschatka. Kempfer la diflingue
de l'ifle de Matsumay ; mais fon traducteur Anglois
Jean Gaspard Scheuchczer n'en fait qu'une , que les Rus-
fiens appellent Matmanska ,& les Japonois nom-
ment Matsumay. * Hifloire du Japon du P. de
Charlevoix.
MATRA ou Matray, bourg de la Rhétie dans le
Tirol fur la rivière d'Ultz , à trois lieues d'Infpruck du
côté du midi. Son nom latin eft Matrejum , félon la ta-
ble de Peutinger. Pirchaymer écrit Matreio.
MATRAN ouMatavan. Voyez. Mataram-
M ATRAVAL.village d'Angleterre dans la principauté
de Galles , au comté de Montgomeri , étoit autrefois
une grande ville. * Du Lignon.
MATREIO. -5 r, . .
MATREJUM. J^« Matra;
MATR1A , ville d'Italie , félon Suidas ; au mot Ste*
fichorus. Dans un manuscrit grec on lifoit MaTaupoç, c'efl;
la même ville que Metaurus. Voyez, ce mot. * Orte-
lii Thefaur.
1. M ATRIC A , ville ancienne de la Pannonie infé-
rieure , félon Ortelius Thefaur. qui cite l'itinéraire d'An-
tonin -, mais cet itinéraire ne connoit qu'une ville Matrï-
ca, qu'il place dans la Valérie, Se non dans la Panno-
nie inférieure. C'eft abfolument la même que celle qui
fuit.
2. MATRICA , ville de la Valérie Ripenfe , félon la
notice des dignités de l'Empire , Jelt. 57.
3. MATRICA, lieu de la Paphlagonie. Métaphra-
fte , in S. Gallinico martyr, le met à cinquante ftades de
Gangra.
MATRICORENSES. Voyez. Médiomatrices.
MATRIGA , bourg ou village de la Circaffie , au-
trement nommé Gudescio. Il eft fitué fur la mer Noire
près du détroit de Caffa. On prétend que ce bourg eft
l'ancienne Hermonassa. Voyez, ce mot. * Baudrand ,
édit. 170/.
MATRINUS , rivière d'Italie dans le Picenum. Pyr-
rhus Ligorius croit que Matrinus Se Albula font des
mots fynonymes , Se qu'aujourd'hui cette rivière s'ap-
pelle Liberata. Mais le nom moderne eft la Piomba.
Voyez. Helvinum. * Ortelii Thefaur.
MATRONA , nom latin de la rivière de Marne.
Voyez, ce mot.
MATRONE Vertex. C'eft le nom que donne A m-
mien Marcellin , /. 15. p. J7. à l'un des fommets des
Alpes Cottiennes : il ajoute qu'en l'appelloit ainfi à
caufe d'un accident qui y étoit arrivé à une femme de
qualité.
MATSCHISIPI, (La ) rivière de l'Amérique fepten-
trionale dans la baye d'Hudfon , environ à une lieue
au-deflus de l'embouchure de la rivière Penechiouet-
chiou, autrement de fainte Thérefe , Se vis à-vis du fort
Nelfon. On l'appelle au Ai la Gargouffe , du nom d'un
Cananicn qui étoit avec des Grozeliers , lorsque la dé-
couverte en fut faite. Par le moyen de cette rivière les
Sauvages vont au fort de Nieufavanne. * La Potherie ,
Hift.de l'Amer, fept. p. 170.
MATSÉE , château Se feigneurie d'Allemagne au cer-
cle de baviere, Se qui appartenoit autrefois à l'évêque
de Paflau ; mais l'évêque George Se fon chapkrè*1e ven-
dirent à Pilgrin , archevêque de Saltzbourgen 1396. pour
la fomme de 15000 florins ou livres de Vienne. Il y a
encore aujourd'hui dans ce lieu un doyen avec quel-
ques chanoines féculiers qui reconnoiflent l'évêque de
Paffau pour le fpirituel ,Se l'archevêque de Saltzbourg pour
le temporel. * Zeyler , Topogr. Bavaria?.
1. MATSUMAY, ifle de Matfumay. Voyez. Mat-
manska.
2. MATSUMAY , Matomey ou Matzmey , ville
Se port de mer d'Yeffo ou de Kamtfchatka, Se capitale
d'une principauté de même uom , tributaire de l'empe-
reur du Japon. Les Japonnois nomment le prince de
Matfumay , Matsmey Sinnadone. Ce prince paffe tous
les ans à la côte du Japon, nommée Nabo, Se de-là fe
rend par terre à Jodo, pour rendre fon hommage à l'em-
pereur, auquel il préfente beaucoup d'argent , des plu-
mes d'oifeaux rares , Se beaucoup de fourures fines. En
1620. les pères Jérôme da Angelis Sicilien, Se Diego
Carvailho Portugais , Jéfuites , y pafTerent & y firent de
grandes converfions. Il paffoit alors beaucoup de Japon-
nois à Matfumay , parce qu'on y avoir depuis peu décou-
vert des mines d'or. Ces mines n'etoient pas en terres ;
mais une rivière , qui paffe à côté de la ville , rouloit
avec fon fable une très-grande quantité de ce métal. Le
prince en tiroit de gros profits , & les marchands Ja-
ponnois n'y trouvoient pas moins leur compte. Ils y
payoient au prince un droit confidérnble pour avoir la
permiffion de chercher de l'or ; on affignoit enflure à cha-
cun l'endroit où il devoit travailler , ce qui fe faifoir en
cette manière. Le marchand, par le moyen d'un bon foffé
Se d'une digue, mettoit à fec l'espace de la rivière qui lui
étoitaccordé;puis il cherchoitdel'ordansle fable, & quand
il n'en trouvoit plus, il faifoit reprendre à la rivière fon
MAT
tours ordinaire. On prétend que l'année d'après on y re-
troLivoit autant d'or qu'auparavant ; ce qui prouve qu'il
venoit des montagnes où la rivière prend fa fource. *
Hifi. du Japon du P. de Charlevoix , t. i.
M ATT, village delà Suiffe au canton de Claris dans
la petite vallée qui elt le long de la Sernft. A demi- lieue
de ce village il y a une carrière , ou plutôt une monta-
gne entière d'ardoilé , dont on fait des tables Se divers
autres ouvrages qu'on transporte dans les pays étran-
gers. * Etat & Délices de la Suiffe , t. z. p. 479.
MATTES , ( Les ) bourg de France dans la Sainton-
ge , élection de Marennes.
MATTHANA, ville de la Syrie, ou de l'Euphra-
tenfe , félon la notice des dignités de l'Empire , fett. 24.
MATTIA , rivière de Turquie dans l'Albanie. Elle a
fa fource dans un lac au nord de Sancla Maria , & prend
fon cours du midi au feptentrion jusqu'auprès des ruines
de la ville de Benda -, elle coule alors de l'eft à l'ouelt >
Se va fe jetter dans le golfe de Drin au midi d'Alefio,
Se au nord de l'embouchure de la rivière Hismo. * De
l'IJle , Atlas,
MATTIAC/E Aqu/E. Voyez, Mattiaci.
MATTIACI, peuples de la Germanie , qui tiroient
ïeur nom de Mattïum , capitale du pays des Cattes.
Quelques-uns ont cherché les Maniaques auprès des Ba-
taves ; mais c'étoit une erreur fondée uniquement fur ce
que Tacite, après avoir parlé des Bataves , parle auffi-tôt
des Maniaques. D'autres ont voulu placer les Mania-
ques dans les ifles qui font à l'embouchure de la Meule
Se de l'Escaut ; Se il s'en elt trouvé qui ont cru pou-
voir les mettre fur le bord du lac Flevus, au-delà du Rhin.
Tous ces écrivains fe font trompés. Tacite ne joint les
Maniaques avec les Bataves , que parce qu'ils avoient la
même origine , Se qu'ils étoient amis du peuple Romain.
En effet , qui elt-cc qui ira chercher dans les ifles de la
Meule cv de l'Escaut , ou fur le bord du lac Flevus , les
mines d'argent que Curtius Rufus , félon Tacite , An-
nal. I. 11. c. 20. trouva dans le pays des Maniaques?
On peut encore dire , que les bains d'eau chaude , appel-
lés anciennement Aqu^e Mattiaci, Se aujourd'hui
Veifbaden , tiroient certainement leur premier nom des
.peuples Mattiaci chez qui elles fe trouvoient 5 Se que ,
comme la fituation de ces bains e(l connue , il n'elt pas
befoin d'autre argument pour marquer la véritable de-
meure des Maniaques ; ainfi ils habitoient fur le Rhin
dans le pays que les Ubii avoient abandonné, félon que
Tacite, Annal. I. \.c. 56. le fait entendre ; car en rap-
portant l'expédition de Germanicus, fous leconfulat de
Drufus Céfar , & de C. Norbanus , c'eft-à dire , trente-
neuf ans après la migration des Uùii , il fait mention d'une
bourgade nommée Mattium ou Mattiacum, qui avoit
donné le nom aux Maniaques, & qui étoit alors le chef-
lieu des Cattes. * Spener , Not. Germa, ant. 1. 4. c. 3 .
MATTIACUM , ancienne ville de la Germanie , que
Ptolomée /. 2. c. n. place entre Bitdoris Se Anaunum.
Voyez. Mattiaci.
MATTIANENSIS, fiége épiscopal d'Afrique dans la
province Proconfulaire. Le P, Hardouin qui en fiait men-
tion , cite Marcellits qui en étoit évêque.
MATTIUM. Voyez. Mattiaci.
1. MATURA, ifle de la mer des Indes. Voyez. Ma-
DURÉ I.
2. MATURA, royaume des Indes orientales* Voyez
Madurh 1.
3. MATURA, ville des Indes orientales. Voyez.Mx-
duré 2.
MATURANUM. Voyez. Manturanum.
MATURBENSIS, fiége épiscopal d Afrique dans la
Mauritanie. La notice épiscopale d'Afrique , num> 90.
nomme Lucius évêque de ce fiége.
MATURBUM. Voyez. Maturbensis.
MATUSARUM ou Matusaro , ville de la Lufi-
tanie. L'itinéraire d'Antonin la place fur la route de Lis-
bonne , à Emérita, entre Abelterœ Se Adfcptem Aras ;
à vingt-quatre milles de la première , & à douze milles
de la féconde. On croit que Pueme de Soro a été bâti
fur les ruines de cette ville.
MATUSTANA. Voyez. Magustana.
MATYCETyE, peuples de Scythie , félon Etienne le
géographe qui cite Hécatée. Voyez. Scythe,
M AU
»47
MATYDIANOPOLIS , ancienne ville qui n'elt connue
que par une médaille de l'empereur Trajan, confervée
dans le recueil de Goltzius. * Ortelii Thef.
MATYLUS , ville delà Pâmphylie fur la côte , félon
Ptolomée, /. j. c. j. qui la place entre l'embouchure
du fleuve Gataracius Se celle du fleuve Cefier, Les in-
terprètes de ce géographe, au lieu de Mctylus, lifent Ma-
gydus , & il y a grande apparence que c'elt ainfi qu'il
faut lire; car dans le fixiéme concile de Gonltantino-
ple il elt parlé d'une ville de Pâmphylie , nommée Ma-
gidus.
MATYZIA , ifle dont il elt parlé dans un discours fur
la libéralité de l'empereur Conltantin , inféré au re-
cueil des conciles. Ortelius Thefaitr. conjecture que cette
ifle étoit quelque part aux environs de l'Italie ou dans le
voifinage de la Sicile.
MATZICIER. Voyez. Marziciert.
MATZUCUM , lieu fortifié dans la Thrace , félon
Cédrène. * Ortelii Thefaur.
MAVA ou Massa , rivière d'Afrique dans la Guinée,
au pays de Quoja. Elle vient des montagnes du pays
de Galaveis. Son cours elt d'environ trente lieues, Se
forme le lac de Plizoje. Elle fe rend dans la mer au
cap Monte. * Côte de Guinée, par Bellin.
M AU AN , forterefie de la Chine dans la province
de Channton orientale. Elle elt de 3 deg. 14 min. plus
orientale quePéking , fous les 36 deg. 2 min. de latitude.
* Atlas Sinenfis.
MAUBE. Voyez. Baum^.
MAUBEC • Meaubec , Mille Beccum. Abbaye d'hom-
mes en France de l'ordre de faint Benoît dans le Berri ,
diocèfe de Bourges, entre Argenton Se Meziercs , con-
fins de la Touraine , fondée dans le feptiéme fiécle.
Cette abbaye qui vaut 4000. liv. a été unie en 1674.
à l'évêché de Québec. Voyez. Meobec.
Je ne fais dans quel auteur dom Beaunier a trouvé que
cette abbaye avoit été fondée l'an 609. par Flaochat , qu'il
appelle mal à propos Flacoad , maire du palais du royau-
me de Bourgogne fous Clovis II. Clovis fécond ne
régna qu'en 644 , Se Flaochat ne fut maire qu'en 646.
MAUBERT, bourg de Fiance en Champagne dans
le Rhétélois , fur la frontière du Hainaut ,• il elt fitué
à trois lieues de Rocroi, à égale diiianee d'Aubenton , Se
à huit lieues de Rethel du côté du nord. 11 fc nomme
auiïï Maubert-Fontaine. * De l'I/le, Atlas.
MAUBEUGE, ville de France dans la Flandre frari-
çoife,fur la S'ambre (a). Son nom latin elt Alelùodium
ou Malùodium. Ce lieu elt très-ancien , puisque fainte
Aldegonde y fonda dans le feptiéme fiécle un célèbre
monaitère qui a été changé en un collège de chanoines-
fes, qui font nobles comme celles de Mons. Ce collège
a rendu célèbre cette ville, qui n'étoit ni fort peuplée ni
bien fortifiée , avant qu'elle eût été cédée au feu roî
Louis XIV. qui en a fait une place des plus fortes Se
des plus confidérables des Pays-Bas (b ). Elle lui fut cé-
dée par le traité de Nimégue en 1678. Ce prince l'a fait
fortifier de fept baltions à la manière de M. de Vauban \
comme elle étoit commandée de toutes parts, on a été
obligé de faire élever fur chaque baltion un grand cava-
lier d'une hauteur excefllve , revêtu d'une bonne muraille
comme le corps de la place ; c'elt un heptagone afiez ré-
gulier , les cavaliers ont plus de trente pieds de hauteur.
(a) Longmrue , Defc. de la France , parti, 2. p. 1 o 1 . ( b )
Piganiol, Defc. de la France , t. 7. p. 2/7.
Le chapitre des dames de Maubeuge ( a ) eft une des
plus augultes communautés qu'il y ait dans la Chrétienté;,
Ce font des filles de qualité qui jouifient chacune d'une
prébende qui rapporte environ mille livres par an , Se
font gouvernées par une abbefle. Les demoi (elles qui y
font reçues, doivent prouver trente-deux quartiers de no-
blefle paternelle Se maternelle. Le roi confère ces pré-
bendes i mais comme il ne les donne jamais qu'aux charges
ordinaires, lechapirre a droit d'examiner les titres Se dm
rejetter les fujets qui ne lui conviennent pas. Dans la pre-
mière inftitution c'étoient des religieufes qui fuivoient là
régie de faint Benoît ,* elles avoient été fondées par fainte
Aldegonde ( b ) ,qui ayant reçu le voile faeré des évêques
faint Amand de Mafiricht Se faint Aubert de Cambras,
fe retira dans un lieu couvert de bois appelle Malbo (t , oii
elle bâtit un monaûère près de la rivière de Sambre ; elle
T«m. IV. T ij
MAU
148
s'y renterma vers l'an 66 1. arec un grand nombre de vier
ges Chrétiennes qui fe mirent fous Ta conduite. Ste Aldé-
trude.fa nièce , fille de fainte Vaudru, lui fuccéda. Dans
la fuite les religieufes fecouerent le joug de la profefiion
monaftique (c ). Dans le Xme fiécle un archevêque de
Cologne , frère de l'empereur Othon , ayant été chargé
par le pape de la réformation du clergé & de celle des
maifons religieufes, que les courfes des Normands avoient
ruinées, trouvant d'ailleurs la nobleffe du pays peu parta-
gée des biens de la fortune , inventa ces fortes de cha-
pitres , pour fervir de retraite à des filles de conditions.
JLes dames du chapitre de Maubeuge ont à leur tête , ou-
tre l'abbeffe, quatre aînées ou anciennes. Lorsque le fiégc
devient vacant , elles s'affemblent pour choifir une ab-
beffe ; mais ce n'eft que par ordre du roi, qui nomme
des commiffaires pour être préfens à l'élection qu'elles
font de trois d'entre elles , 8c qu'elles lui préfentent, pour
en nommer une abbeffe. L'habit des ckanoineffes eft ma-
jeftueux ; le principal ornement conlifte en un manteau
de diap noir, pliffé 8c attaché fur le derrière des épaules
avec une queue Drainante. L'abbeffe a pour marque de
diftinction le tour de la queue de fon manteau bordé
d'hermine. ( a ) Piganiol , Defc. de la France.t. 7. p. 171.
( b) Bfd'illet , Topogr. des Saints, p. 301. (c) Voyez, une
lettre du P. Mubillon , chez.]. B. Coignard à Paris 1687.
Le chapitre de faint Quentin à Maubeuge eft com-
pofé de vingt chanoines, compris le prévôt 8c le doyen ;
ils font comme les chapelains des chanoineffes de cette vil-
le, & ne jouiffent que de deux cens cinquante livres de
revenu chacun. Le roi nomme le prévôt , 8c le chapitre
élit le doyen. L'abbeffe de Maubeuge nomme aux pré-
bendes pendant les mois de Mars , Juin , Septembre , &
Décembre, & le pape pendant les huit autres. L'églifede
faint Quentin, qui eft en même-tems la paroiffe de la vil-
le , eft deffervie par les prêtres de 1 Oratoire qui s'éta-
blirent à Maubeuge en 1627. 11 y a un collège où l'on
enfcigne les humanités depuis l'an 1619. un couvent
de Capucins , des fœurs Noires , des fœurs Grifes , des
Béguines , 8c divers chapelles 8c hôpitaux.
L'intendant du Hainaut François réfide toujours à Mau-
beuge où il a un bel hôtel. Il y a outre cela un gouver-
neur , un commandant 8c un major de la place.
La prévôté de Maubeuge comprend , outre la ville
Se celle de Landrecies , 71 bourgs ou villages, dont les
principaux font
Barbançon , Trclong , I 'effies,
Solre le château , Jumont , Cour Solre , Sec.
La plupart de ces villages dépendent de l'abbeffe de
Maubeuge , qui en a la jurisdiction fpirituelle & tem-
porelle ; avec le privilège de faire fabriquer unemonnoie
de plomb au coin de fainte Aldegonde.
1. MAUBILE. Il faut écrire ainfi, &c non pas Mo-
bile. Les anciens auteurs Espagnols écrivent Mauvilla 8c
prononcent Muubilla \ c'eft d'eux que nous avons pris
ce nom.
2. MAUBILE (La) , rivière de l'Amérique feptentrio-
nale dans la Louifianc ; elle prend fa fource dans les mon-
tagnes qui bornent le pays des Illinois, à vingt lieues ou
environ au nord des Chicachas, 8c elle fe rend dans le
golfe du Mexique à la baie de laMaubile , après un cours
de plus de deux cens lieues. Elle traverfe de belles plaines
& de riantes prairies habitées par les Chicachas , par les
Tchatcas, les Naniabas , les Tomez ; 8c les Maubiliens
font établis vers fon embouchure.
3. MAUBILE ( La baie de la ) , baie de l'Amérique fep-
tentrionale fur lescôtes de la Louifiane : elle a trente lieues
de profondeur , 8c reçoit au fond la rivière des Alibamous
qui vient de l'Orient , & celle des Chicachas , qu'on ap-
pelle auffi rivière de Maubile, 6V qui vient du Nord. Les
François ont établi leur principale colonie dans la Louifia-
ne , à la côte de l'oueft de certe baie ,8c ils y ont bâti le
Fort Louis Ce même côté eft habité de plufieurs nations ,
entr'aurres des Tomez , des Maubiliens, de quelques Apa-
laches, 8c de quelques uns desTchatcas qui y font revenus
pour commercer avec les François.
MAUBILIENS, peuples de l'Amérique feptentrionale
de la Louifîane, à la bande de l'oueft de la bue de la Mau-
bile dont ils ont pris leur nom. Les Maubiliens ne font pas
un peuple confidérable.
MAUBOURGUET, petite ville de France , au go u-
MAL)
vernement de Guienne , généralité d'Auch , élection de
Rivière Verdun. Il y a juuice royale. Dans le petit diétion-
naire portatif de la France, on a mis mal-a propos dans
1 Armagnac au pays de Rivière Verdun. Ce lont deux
élections difiéientes de la Généralité d'Auch.
MAUBUlSSON,en latin Maloboscio 8c Malus Du-
mus, abbaye de France dans rifle de France, diocèfe de Pa-
ris, élection de Bcauvais 8c à un quait de lieue dePontoife.
C'eft un monaftère de filks, de l'ordre & de la filiation de
Citeaux. Cette abbaye eft très-confiderable : elle fut pre-
mièrement fondéeen 1 241 . par la reine Blanche de Caftil-
lc , mère de faint Louis , en un lieu que dé Ste Marthe
nomme Alneti. Il ajoute que cette reine ayant acheté en
1243. de Robert & d'Odehne du Château Rainard , &
de leurs enfans , la terre de Maloduno , on commença à
appeller ce monaftère Malodunum. Elle vaut vingt-cinq
mille livres de revenu à l'abbefie. La reine Blanche y a été
enterrée en 1 2j 2. Bonne de Luxembourg , première fem-
me du roi Jean II. y fut aufii enterrée l'an 1349.
M AUDANE , ifle ou presqu'iflede France avec un mo-
naftère, fur la côte occidentale de Normandie, au diocèfe
de Coutances , vers les limites de celui d'Avranches. C'eft
le lieu de la retraite & de la n en de S. Sa bilion , ou S.
Escouvilion , compagnon de faint Paterne ,011 faint Pair.
Quelques-uns veulent que ce foit le lieu où eft maintenant
Grandville ; d'autres croient que c'étoit 1 ifle même qui en
étoit proche. Le culte de faint Scubiiion eft maintenant à
faint Pair , dit autrefois Chezay , ou Siscy , 8c Grandville
honore faint Gaude, évêque d'Evreux.dont elle a le corps.
* Baillet , Topogr. des Saints, p. 625.
MAUDRE, rivière de lifte de France. Elle a fa fource
auprès de Montfort l'Amaury 8c fe rend à Neaufle , où ,
gioflie de divers ruiffeaux, elle commence à couler du
fud au nord en ferpentant. Après avoir mouillé Maule
fur Maudre, elle va fe jetter dans la Seine au-deffous de
Meulan 8c au-deffus de Mante. * D<: l'IJle , Atlas.
MAVE , petit village d'Espagne dans la vieille Caftille ,
fur la Pisverga. dans le territoire d'Aguilar. Grégoire d Ar-
gais croit que c'étoit autrefois Mavica , bourg de l'Espa-
gne Tarragonnoife , duquel parle Aubert de Sévilie. *
haudrand , édit, K'182.
MA VELAGONGUE ou Mawilgange , autrement la
rivière de Trinquilimale , rivière de 1 jiie de Ceylan
( a ) Elle prend fa fource fur la montagne que les Chré-
tiens du pays nomment Pic, ou pointe d'Adam. Elle coule
du fud au nord jusqu'à un quart de lieue de Candi, où
elle fait un coude & prend fon cours de l'oueft a l'eft ( b ) ,
jusqu'au deffous de Dilige ou Degligy , qu'elle reprend
fon premier cours du fud au nord pour aller fe jetter
dans la mer à Trinkimalay. Elle eft large de la portée d'un
trait d'arbalète ; & ce feroit une belle rivière fi les rochers
qui la coupent, 8c les grandes chutes d'eau qui s'y rencon-
trent, n'empêchoient pas qu'elle ne fût navigable. Elle
fournit vers fon embouchure quantité d'alligators , quoi-
qu'elle n'en air point du tout fur les momagnes. Elle a par
tout une bonne profondeur, excepté vers fa fource ; de
forte qu'on ne la fauroit paffer à gué, fi ce n'eft durant
une extrême féchereffe. Comme elle n'a point de ponts,
on fe fert de petits canots pour la traverfer ; tant a caufe
de fa largeur, qu'a caufe de la rapidité avec laquelle on la
voit couler dans le tems des pluies, qui font abondantes
dans ce pays-là. Quand même on pourroit la couvrir de
quelques ponts , ce qu'il feroit mal aifé de faire , le roi de
Candi s'y oppoferoit : il eft bien aife que les chemins fe
trouvent embarrafles , n'aimant pas qu'on voyage dans fon
pays. Cette rivière paffe à un quart de lieue de Candi : elle
eft plaine de rochers en quelques endroits , en d'autres elle
coule l'espace d'une lieue & davantage, fans que fon lit foie
coupé, (a) Robert Knot , Relation de Ceylan, part 1. c.
1. ( b ) De l Ifle , Carte de l'ifle de Ceylan.
MAUG ou Tunes , ifle de l'océan oriental , la treiziè-
me des ifles appellées Mariannes , à cinq lieues au nord de
Songfon. Cette ifle eft compofée de trois rochers, iéparés
l'un de l'autre , &qui ont chacun environ trois lieues de
tour. Latit feptent. 20 deg. 3 $ min.
MAUGES ( Les ) ou le pays de Mauges , contrée de
Fiance dans l'Anjou , fur la Loire qui la borne au fepten-
trion. File al'éleétion de Saumur à l'orient ; celle de Mon-
treuil Bellai au midi , 8c le duché de Retz à l'occident :
fes principaux lieux font
MAU
S. Florciî , Beaupreau, Sec Croix de Rocheforr.
Le Menil , Jalais , S. Aubin de Luigné ,
La Pommeraie , Meurs , S. Lambert du Lattai.
Chalonne,
Le pays elt montueux.
MAUGIO VILLE. K<yec Mauguio.
MAUGUIO ou Melguel , pecire ville de France dans
le Languedoc : elle elt fituée fur l'étang de Thau. Dans les
anciens livres latins elle elt appellee Melgorium, Se c'elt
dans cette ville qu'étoit la plus célèbre monnoie du pays.
Dans les anciens titres de la province, Se des pays voilins » ■
il elt marqué que les payemens fe dévoient faite, Jolidis
Melgorienfibus , en fols de Melgoire ou Melguel , c'elt à-
dire de Mauguio. Cette ville donna fon nom à des com-
tes particuliers qui s'appelloicnt auparavant comtes de Su-
ftantion. Béatrix qui descendoit des comtes de Mauguio ,
dont elle fut héritière , époufa Bernard Fclet , feigneur
d'Alais , dont elle eut une fille nommée Hermefende,
qui époufa Raymond , fils Se héritier du comte de Tou-
loufe, à qui la comtefie Béatrix avoit fait l'an 1 172. une
donation de tous fes biens , Se Hermefende mourant l'an
1 1 76. confirma par fon teltament cette donation en fa-
veur de fon mari Raymond Se du comte de Touloufe.
Depuis ce tems là , les comtes de Touloufe furent aufli
comtes de Mauguio, Se fe firent reconno'ure pour fei-
gneurs de fief, par le feignetir de Montpellier. La cour de
Rome en fut fi mécontente , que durant la guerre des Al-
bigeois le pape Innocent III. envoya ordre l'an 1209. à
fes légats de fe faifir du comté de Mauguio , comme
étant un patrimoine de l'Eglife Romaine. Voyez, au mot
Maguelone quelle fut l'origine des prétentions des pa-
pes fur ce comté, & de quelle manière cette affaire fut
Terminée. * Longue 1 ue , Defcript. de la France, part. 1.
p. 250.
MAUIN , ville d'Afrique. P'ine, /. $. c. 8. la met au
voifinage de la fource du Niger. Au lieu de Mania un MS.
porte M.igiitm.
MAUITANIA , contrée de l'Espagne citérieurc , félon
Pline, /. $.c. 1. Pinct rend ce nom par Murcie.
MAULBRUNN (a), abbaye d'Allemagne dans la
Surbe , ordre de Citeaux , fur la rivière de Salrza vers fa
fource , aux confins du Palatinat du Rhin. C'eft une des
abbayes (b ) que les ducs de Wurtemberg ont réunies à
leur domaine, depuis leur changement de religion, Se dont
une partie du revenu e/t employée à l'entretien de l'u-
niverfité de Tubingen, des temples Se des hôpitaux. ( a)
De L'ifle , Atlas. ( b ) D'Audifret , Geogr. anc. Se moder.
t. 3. p. 185.
MAULE, rivière de l'Amérique méridionale dans le
Pérou , 6c qui fervoit de bornes du côté du fud au royau-
me du Pérou , tant que l'empire des Yncas a duré.
MAULE, bourg de France dans la Beauce, élection
de Paris, fur la petite rivière de Maudre, entre Mante
Se Poiffy
1. MAULEON ou Mauleon de Soûle, ville de
France au pays de Soûle , dont elle elt la capitale . de
fur le Gave de Suzon. Cette ville a donné le nom à une
ancienne maifon, qui poffédoit le vicomte de Soulc. Au-
ger, vicomte de Soûle ( a ) , remit lechâreau de Mauléon
& le pays de Soûle au roi Philippe le Bel, plutôt que de
reconnoître le roi d'Angleterre , qui, en qualité de duc de
Guienne,le vouloit contraindre à lui faire hommage.
Auger fe retira dans la Navarre, où le roi Philippe lui
donna le château de Rada. Ses descendans prirent le fur-
nom de Mauléon , à caufe du lieu de leur origine. Cette
ville efi: un gouvernement de place de la lieutenance gé-
nérale de la Baffe -Guienne.
Mauléon fut le lieu de la naiflance d'Henri Sponde ,
qui y naquit le 6. de JanvierijôS II eutpour parein Henri
de Bourbon, roi de Navarre & depuis roi de France. Il fut
élevé dans le Calvinisme, qui étoit la religion de fon père.
La lecture des ouvrages de du Perron Se du P. Bellarmin,
qui furent enfuite cardinaux , lui firent abjurer la religion
Ptoteitante , Se embraffer l'état eccléfialtique. Le roi Louis
XIII. le nomma l'an 16x6. à l'évêché de Pamiers, que
Sponde n'accepta que par un commandement exprès du
pape Urbain VIII. Il a abrégé Se continué, avec fuccès, les
annales du cardinal Baronius. Sa continuation va jus-
qu'en 1640. 11 mourut à Touloufe le 18. de Mai 1643.
MAU 149
Voici le jugement avantageux qui a été fait de ton ou-
vrage.
Efi liber hic idem qui Cafaris (b) antej fed idem
Mole minor , rerum pondère rnjjo/ti il.
(a) Longuerue , Defc. de la France , part. I. pag. 2 1 4.
( b ) Baronri , annot.
2. MAULEON , petite ville de France dans le Poitou ,
diocèfe de la Rochelle. Elle elt fituée près du ruiffeau de
l'Oint , qui fe jette dans la Sevré , à dix-neuf lieues de
Poitiers, Se dix-huit de la Rochelle. C'elt le fiege d'une'
élection dont les habitans font fort laborieux , ils ne re-
cueillent du bled qu'autant qu'il en faut pour leur nourri-
ture. Dans quelques paroifies il y a des vignes qui produi-
fent des vins blancs fort médiocres, Se qu'on eft obligé de
convertir en eau-de-vie. Le principal commerce elt celui
des beltiaux qu'on engraiile , Se des chevaux qu'on élève.
Mauleon a été érigé en duché pairie en 1736. fous le
nom de Chatillon fur Sevré. Il y a une abbaye d hom-
mes de l'ordre de faint Augultin. * Piganiol , Defc. de
la France, t. j. p. 91.
3. MAULEON, abbaye de France dans le Poitou , Se
dans la ville dont nous venons de parler > au diocèfe de
laRochelle» furie ruifTeau nommé l'Oint. C'elt une ab-
baye d'hommes de l'ordre de faint Augultin. Elle fubii-
itoit dès l'an 1079. que David de Flocelliere remit au
prieur Pierre, pour l'ufage des chanoines de cette maifon,
j l'églife de fainte Marie de Flocelliere. Comme la ville de
Mauléon Se le château des feigneurs de même nom ont
fouffert différens fiéges , en divers tems , l'abbaye a fou-
vent été expofée aux i'uites facheufes des guerres. Elle
foufFrit entte autres beaucoup du fiége que la ville efiuya
au mois de Juin 1)87. de la part d'Henri IV. On pilla
tous les vafes faciès , dont le prix montoit à trente mil-
le livres tournois, fomme confidérable alors ; Se l'on em-
porta tous les titres du monaltère. Cette abbaye paroïc
avoir oublié toutes Ces pertes palTées , depuis que fon ab-
bé Henri de Béthune la céda en réforme l'an 1660. aux
chanoines réguliers de la congrégation de France, qui ré-
tablirent l'églife. L'abbé jouit d'environ quatre mille li-
vres de rente.
4. MAULEON, petite ville de France en Gascogne art
pays des quatre Vallées , Se chef-lieu de celle de Barous-
fe. Elle a titre de baronnie.
1. MAULEVRIER , petite ville ou bourg de France
dans l'Anjou . fur un ruiffeau qui fe jette dans le Tre-
zon aux confins du Poitou , élection de Montreuil-Bel-
lai , au midi de la forêt de Vezins. Cette ville a été bâ-
tie par Foulques Néra , qui la donna à un de Ces cheva-
liers , qui prit le nom de cette terre Se la transmit à
fa poltérité. Il y a un beau château -, Se la jurisdiction de
la ville s'étend fur fept paroiffes. * De l'ifle , Atlas.
2. MAULEVRIER, paroiffe de France au pays de
Caux en Normandie, avec titre de comté. KUe elt à
fept lieues de Rouen , Se à trois quarts de lieue de
Caudebec Se de la Seine. Il y a une haute Jultice , dont
le fiége fe tient dans un des fauxbourgs de Caudebec,
qui en dépend. * Corn. Diction. Mémoires drejfés fur
les lieux.
3. MAULEVRIER, forêt de France dans la Nor-
mandie, maîtrife de Caudebec. Elle a trois mille cent
arpens.
MAULI , rivière du royaume de Sicile dans la vallée
de Noro. Elle a fa fource dans les montagnes au nord
de Monte Roflb près de Cerretana:elle coule d abord
du nord au midi occidental , Se fe rend à Ragufa , jus-
qu'où elle porte le nom de Fiumc Grretana. En for-
tant de Ragufa elle prend fon cours presque vers l'oc-
cident l'espace de quelques milles; & enfin elle tourne
vers le midi , Se va fe jetter dans la mer au port de Maz-
zarelli. C'elt depuis Ragufa jusqu'à Mazzarelli qu'on lui
donne particulièrement le nom de Mauli , quoiqu'on la
nomme auffi quelquefois Fiitme di Ragufa. Cette rivière
eft XHirminius des anciens. * De Fljlc , Atlas.
MAULIMART ou S. Pierre de Maulimart;
bourgade de France dans l'Anjou. Il y a un chapitre
compofé d'un doyen Se de huit canonicats , de deux à
trois cens livres de revenu chacun, * Piganiol Defc
de la France , tom. 7. p. 84.
M AU
i/o
MAULVE, petite rivière de France dans l'Orléanois.
Elle va fe perdre dans la Loire , près de la ville de
Meun.
MÀUMA , ville d'Ethiopie fous l'Egypte. Pline , / 6.
c. 29. en fait mention, ôc le P. Hardouin prétend qu'il
faut lire Maumarum.
MAUMAQUES , village du diocèfe de Soiflbns , fitué
entre Compiegne ôc Noyon , dans la plaine un peu au-
delà de Choifi fur Aine. Ceft le lieu où Childebert , fils
de Thierri , eft marqué avoir tenu fes plaids la douziè-
me année de fon règne. Il y a plufieurs autres preuves que
ce lieu étoit une de ces tares appellées fous la première
race Villa ptiblica , Cartis Domimca. Il eft sûr qu'il y
avoit un palais à Maumaques. Dom Germain paroit avoir
eu grande raifon d'appliquer à ce lieu tout ce qu'on lit
de l'ancien Mamacas ou Mamaccas. Charles le Chauve
donna à l'églife de Compiegne Capellam in Mamacis.
Dans un diplôme de Charles le Simple , Mummacas eft
dit du pays de Noyon , dans la donation qu'il en fait à
la même églife de Compiegne , qui le poffede encore. La
forêt de Lezque, en latin Lijïca , mal nommée de Lai-
gle , eft tout proche Maumaques : ce qui en rendoit le
féjour très-agréable à nos rois. Des lettres de Philippe
Augufte de l'an 1200. font auffi mention de la forêt de
Momaques , comme voifine de celle de Choifi. Le vil-
lage de Maumaques eft fur le rivage gauche de l'Oife ,
proche le Pleflis-Brion.
MAUMONT Malomons , bourg de France dans le
Limoufin, auprès de Ventadour , ôc environ à quatre
lieues de Tulle. II appartient depuis fort long-tems à
des gentilshommes de même nom. Jean de Maumont à
qui Céfar Scaliger , Genebrard, du Verdier, ThevetSc
la Croix dû Maine, ont donné beaucoup d'éloges, étoit
de cette famille. Voici ce qu'en dit la Croix du Maine :
Jean de Maumont natif dudit lieu, au pays de Limoufin,
qui eft une très-ancienne baronnie , de laquelle ledit
fîcur de Maumont eft i(Tu , homme très-doéte es lan-
gues ôc principalement en grec , grand théologien ôc ora-
teur très-fécond , fleurit à Paris , au collège de faint Mi-
chel , dit Senàch ( duquel il étoit principal ) cette année
1584. Ce bourg eft connu pour avoir été la patrie des
papes Clément VI. & Grégoire X. * Piganiol, Defc.
de la France, t. 6. p. 382.
MAUMUSSON , ( Le permis de ) petit détroit fur la
côte de Saintonge,à l'embouchure delaSeudre, entre
l'ifle d'Oleron au nord & le continent au midi, au cou-
chant de Marenne. *De l'ifle , Atlas.
MAUNI, paroifle de France dans la Normandie ,
avec titre de marquifat & château. Elle eft fituée au
bord de la Seine , près de la Bouille , quatte ou cinq
lieues au-deffous de Rouen. * Corn. Diction.
MAUR. Voyez. Sarira.
MAURBAC , Vallïs omnium SanElorum , chartreufe
dans la Baffe Autriche fur le Danube près de Vienne fon
dée l'an 1320. Plufieurs princes delà maifon d'Autriche
y font inhumés.
MAURBERG , riche commanderie de l'ordre Teutoni-
que dans la Baffe Autriche, fur les frontières de la Mo-
ravie.
MAURE ou les Maures. Ce font , dit Baudrand ,
Diftion. édit. 170;. deux petites ifles de l'Archipel , fur
lacôtedelaNacolie, près de la côte feptentrionale de
l'ifle de Tenedo. De l'ifle, Atlas, marque trois peti-
tes ifles au nord de l'ifle de Tenedo. On croit que fe font
les Calydnes des anciens. Voyez, au mot Caiydn^î.
MAUREGARD, eft une paroifle & un prieuré du
diocèfe de Meaux,dans l'archidiaconné de France &
doyenné de Dammartin. Le nom latin eft de Malo ref
petlu. Saint Jean-Baptifte eft patron des deux titres,
leglife priorale fervant à la paroifle. Manaffes évêque
de Meaux en approuva l'an 1 140. la fondation faite par
Radulfe & Gautier d'Aunay , en faveur de l'ordre de
Clum, & il y attacha la préfentation de la cure. Ce
prieure a paffé depuis à la maifon de faint Martin des
Champs, qui y ont entretenu autrefois quatre religieux ;
maintenant ce n'efl plus qu'un bénéfice fimple à la col
lation du prieur de faint Martin des Champs. Son re-
venu eft de douze cens livres.
MAURENAHAR, MAURANAHAR. Voyez.Uk-
WARALNAHR.
MAU
MAURENSII , peuples de la Mauritanie Tingitane.
Ptolomée, /. 4. c. 1. les place dans la partie orientale
de cette province : Tite-Live , L 24. c. 49. les nomme
Maurufii ; ôc Strabon, /. 17. p. 82;. dit que ces peu-
ples étoient appelles Maurufii par les Grecs , & Mauri
par les Romains.
MAURENS1S, fiége épiscopal d'Afrique. La notice
épiscopale d'Afrique met ce fiége au nombre de ceux
qui n'avoient point d'évêques.
MAUREPAS, petit lac de l'Amérique feptentrionale
dans la Louifiane. Son eau eft falée. Il reçoit le plus
oriental des bras du fleuve de Miiîiflipi , ôc il fe dé-
charge dans le lac de Pontchartrain.
MAURES DU LUC , ( Les ) lieu de France, dans la
Provence, près du golfe de Grimaud. On prétend avoir
trouvé dans ce lieu des mines de toutes fortes de mé-
taux, auxquelles on commença à faire travailler en 1720.
Il y a aux environs un bois aflez confidérable qui porte le
même nom : il l'a emprunté de la retraite des Maures
qui s'y réfugièrent en l'année 730. lorsqu'ils furent chas-
Cés par Charles Martel.
MAURES , ( Les ) peuples d'Afrique. Il faut diftinguer
les rems , félon lesquels ce nom a une étendue plus ou
moins grande.
Dans les anciens tems ôc fous les Romains , oh ap-
pelloit Maures, en latin Mauri, les habitans natu-
rels des trois Mauritanies, Voyez.au mot Mauritanie.
Ces peuples long-tems inquiétés par les garnifons Ro-
maines , leur avoient abandonné presque toutes les côtes
de leur pays, ils payoient des tributs pour pofféder en
paix leurs campagnes. Ils eurent le même fort fous les
Vandales qui inondèrent l'Afrique ; ôc il eft fouvent
parlé des Maures dans les guerres que l'empire de Con-
ftrntinople eut contre les Vandales. Les Maures s'é-
toient alors cantonnés dans l'intérieur du pays vers les
montagnes. Avec le tems les califes de Bagdar ayant
fait de grandes conquêres le long de la Méditerranée en
Afrique, les Sarrazins qui s'y étendirent y portèrent le
Mufulmanisme. Jusques-là les Maures , chez qui la re-
ligion Chrétienne avoit long-tems fleuri, avoient été
Chrétiens , quoiqu'infectés de l'Arianisme , par les Van-
dales qui leur portèrent cette héréfie.
Les Maures étant devenus ainfi Mahométans. à l'exem-
ple des Sarrazins leurs maîtres , feroient demeurés en
Afrique fans la perfide vengeance du comte Julien , qui
les appella en Espagne où fa fille avoit été violée à la
cour par le roi même. Les Maures ayant appris à con-
noître l'heureux climat de l'Espagne, s'y fixèrent avec
plaifir , la remplirent de leurs compatriotes, ôc leur gé-
néral, n'agiffant pas long-tems au nom du calife, fe fit
fouverain lui-même , & ne voulut reconnoître aucun
fupérieur. Ce qui caufa la perte des Maures en Espa-
gne , ce furent les parcages de leurs conquêtes en un fort
grand nombre de royaumes. L'Andaloufie feule occupoit
les royaumes de Grenade , de Cordoue , de Ja'en ôc de
Séville, fans parler du royanme de Murcie. Les rois
d'Espagne reprirent peu à peu tous ces royaumes. Ce-
lui de Grenade fubfiftoit encore fous le règne de Fer-
dinand d'Arragon ôc d'Ifabelle de Callille. Le cardinal
Ximenez en fit la conquête , ôc l'Espagne fut ainfi pur-
gée de cette nation , comme nous le difons ailleurs.
Tous les Maures chaffes d'Espagne retournèrent dans
le pays d'où leurs ancêtres étoient venus ; ôc comme
ils profeffoient le Mahométisme , qui y étoit aufîi la
religion dominante , ils trouvèrent de la facilité à s'y
établir.
Aujourd'hui il faut diftinguer les pays des Maures
où ceux-ci fonr les dominans , ôc ceux où ils n'occupent
que la campagne , & ne jouiffent que d'une liberté ache-
tée par des tributs qui n'eft guère différente de la fer-
vitude. Les Maures font les maîtres dans les états du
roi de Maroc , aux royaumes de Maroc & de Fez , qui
répondent à la Mauritanie Tingitane des anciens. Le
roi de Maroc pofféde encore le royaume de Trémecen ,
où font Trémecen Ôc Oran. Le roi d'Espagne lui a en-
levé ce dernier port , Ôc quelques lieux aux environs.
A cela près , les Maures font les maîtres en ce pays-là.
II n'en eft pas de même d'Alger. La milice compofée de
Turcs ôc de Renégars, y a la fouverainepuiffance; mais
au royaume de Couco , les Maures font indépendans.
MAU
M AU
Les royaumes de Trémecen 8c de Couco , 8c le pays
d'Alger, font la Mauritanie Céfarienfe.
MAURES, abbaye d'hommes en France, au diocè-
fe de faint Flour. Elle ell de l'ordre de faine Benoît ,
& vaut trois mille livres. Voyez. Maurs , n. 2.
MAURETANICA. Voyez. Mauritanie.
MAURIAC, petite ville de France dam la haute
Auvergne , près de la Dordogne 8c des frontières du
Limoufin. Elle efl marchande , & on y tient de belles
foires pour toute forte de bécail , 8c particulièrement
pour les chevaux qui panent pour les meilleurs de France.
Il y avoit un collège de Jéfuites : c'elî le troifiéme qu'ils
avoient eu en France ; il fut fondé par Guillaume du Prat
évêque de Clermont. Sain: Paulin martyr , dont le corps
fut accordé aux habitans de Mauriac dans le dernier fié-
cle , ell un des principaux patrons de cette ville , qui
appartient au prieur d'un beau nmnallère de Bénédi-
ctins réformés. Ce prieur , que Piganiol , Defcript. de la
France, t. 6. p. 34S. appelle doyen, a la jullice ordi-
naire de la ville. Mauriac elt le chef-lieu d'une élection
particulière, qui dépend de l'élection de faint Floue,
&n'a que cinquante-fix paroi fies. * Cirn. Diction.
MAUrUACll CAMPI. Voyez. Catalaunum.
1. MAURIANSNSIS , fiége épiscopal d'Afrique
dans la Mauritanie Céfarienfe. Secitndm cft qualifié
episcopus Mmrianenfii par la notice épifcopale d'Afri-
que.
2. MAURIANENSIS , fiége épiscopal dont fait men-
tion le premier concile de Micon. C'eil l'ancienne ville
de Maurienne. Voyez. Maurienne.
i. MAURICE , ou le Fort Maurice. Voyez, le Fort
Maurice.
2. MAURICE ou I'Isle Maurice. Voyez. I'Isle
Maurice.
j. MAURICE, (St) abbaye de France. Voyez.
Carnoet.
MAURIENNE, vallée dans la Savoye. Elle a envi-
ron vingt lieues de longueur de l'orient à l'occident,
depuis Charbonnières jusqu'au Mont-Cenis qui la fépare
du Piémont vers l'orient. Cette montagne elt appellée
A'pe Cottienne au fingulier, comme étant la plus hau-
te des Cottiennes. La rivière d Arc y prend fa fource.
Cette vallée efl étroite , étant reflerrée du côté du
nord par une branche des Alpes, qui la fépare delà
Tarentaife, 8c du côté du midi par une autre branche
de ces montagnes, laquelle la fépate du Dauphiné : les
deux branches fe joignent au Mont-Cenis. Il n'efl fait
aucune mention de cette vallée avant le fixiéme fiécle
ou vivoit Grégoire de Tours , qui le premier , a nom-
mé ce lieu Mviriana , où de fon tems on honoroit des
reliques de faint Jean Baptifle précurfeur de Jefus-Chiill.
Cette vénération a continué dans les fiécles fuivans , de
manière que la ville a pris le nom de ce faint, & celui
de Maurienne cil demeuré au pays.
Grégoire de Tours nous apprend que la Maurienne ,
en fon tems , étoit du diocèfe de Turin , 8c dans les dé-
pendances de cette ville , fous laquelle étoit le territoire
des Sécufiens , qui s'étendoit des deux côtés des Alpes ,
& où il y avoit deux villes , Sufe 8c Briançon , comme
nous l'avons fait voir en décrivant le Btiançonnois.qui
efl du Dauphiné.
Tout ce pays ayant été cédé par les Lombards à Gon-
tran , roi de France , il fonda un évêché à Maurienne.
Urficin, évêque de Turin, s'en plaignit à faint Grégoire"
le Grand. Ce pape^orta aux rois Théodebert 8c Thierri
les plaintes que faifoit l'évèque de Turin, qu'on eut
établi contre les canons, un autre évêque dans la par-
tie de fon diocèfe qui obéifloit aux François : In Parag-
ciu fuis qu& intra regni Francorum terminum funt fiut
contra facros canones alterum episcipum ejfe conflitutum
Ces plaintes ne furent pas écoutées.
Le premier évêque qui gouverna ce nouveau fiége,
s'appella Aconius ou Hicconius. Il avoit aflillé au pre-
mier concile de Mkon l'an 581. & au fécond en j8r.
Ce prélat fut mis fous la métropole de Vienne , que fes
fuccefTeurs ont toujours reconnue.
La vallée de Maurienne a été fujette aux rois de Bour-
gogne , tant de la race des Mérovingiens que des Car-
lovingiens, & aux descendans de Rodolphe élu en 888.
lesquels ont été en pofleilion de ce Royaume jusqu'à
Rodolphe III. Ce fut fous le règne de ce dernier roi
qu'un feigneur nommé Humbert, 8c furnommé aux Blan-
ches mains , fut créé comre de Maurienne par ce roi
qui lui donna encore le comté de Savoye. Il prenoit feu-
lement le titre de comre ; mais fes fuccefTeurs s'intitulè-
rent comtes de Maurienne, préférant ce titre à celui
de Savoye , Savogx.
■f Le comre Humbert 8c fes premiers descendans ont
ete enterrés dans l'églife de faint Jean de Maurienne;
8c il ell certain que ces comtes avoient en cet endroit
leur premier établiflemenr , ce qui a duré jusqu'à la fin
du douzième fiécle. Enfuite , peu à peu, le nom de Sa-
voye l'a emporté fur celui de Maurienne ; de forte que
quand l'empereur Sigismond créa duc le comte Amé-
dée , ce fut la Savoye 8c non pas la Maurienne qu'il
érigea en duché.
11 n'y a jamais eu dans ce pays de ville fortifiée. Ses
boulevards étoient les forterefîes de Mommelian 8c de
Charbonnières, qui fermoient l'entrée de la vallée. Elles
étoient dans la Savoye, proprement dire , & elles font
toutes deux ruinées. Après la mort de Thomas , comte de
Savoye, le comté de Maurienne fut donné en pattage
au prince Thomas de Savoye, qui fut comte de Flandre,
à caufe qu'il étoic mari de Jeanne .comtefle de Flandre
8c de Hiinaut. Son fils Thomas fut aufli comte de
Maurienne ; mais après lui ce comté fut réuni à celui
de Savoye, dont il n'a. point été fépare depuis.* Lon-
guerue, Defcr. de la Fiance, part. 2. p. 321.
MAURINGA, contré du Nord fur la mer Baltique.
Paul Diacre, de geftit Lxnçpbard , l. 1. c. 11. en fait
mention , 8c l'anonyme de Ravenne , lib. 1. c. 10. nom-
me les peuples de cette contrée Maurun^ani.
MAURIGASIMA , ou I'Isle Mauri , ifle de l'Océan
Oriental, autrefois riche & floriflante ; mais qui a été
abymée , de manière qu'on n'en voie plus que quelques
rochers, quand la marée efl baffe. Elle étoit placée
près de Fuie de Teyovaan ou Formofa , où 1 on trouve
aujourd'hui un fond bas & plein de roches. Les Chi-
nois racontent ainfi la deltruction de cette ifle. Mauri-
gafima étoit une iflefameufe dans les premiers fiécles,
pour l'excellence 8c la fertilité de fon terroir , qui pro-
duifoit, entr'autres chofes , une forte de terre grade ad-
mirablement propre pour faire les vafes connus fous le
nom de porcelaine, ou poterie de la Chine. Les habi-
tans s'enrichirent beaucoup par cette manufacture; mais
l'augmentation de leurs richeffes produifir le luxe , & le
mépris de la religion ; ce qui irrita fi fort les dieux ,
qu'ils réfolurent d'abymer l'ifle entière dans la mer. II
y avoit dans cette ifle un roi ou fouverain , nommé
Péiruun , prince vertueux , religieux , 8c qui n'avoir au-
cune part aux crimes de fe;, fujers ; le décret des dieux lui
fut révélé dans un fonge , & il lui fut ordonné , pour met-
tre fa perfonne en sûreté , de s'embarquer fur fes vais-
feaux 8c de fe retirer de l'ifle , d'abord qu'il remarqtieroic
que les vifages des deux idoles , qui étoient à l'entrée du
temple , deviendroient rouges. Ces deux idoles étoient
faites de bois , d'une taille gigantesque , 8c appellées In jo9
N :iv?8c Ai» in. Un danger Ci prenant , qui menaçoit fes
fu;ets, joint aux figues par lesquels on pourroit connoître
fes approches , afin de fauver leur vie par une prompte
fuite , l'obligèrent à en avertir le public ; mais ce que tout
celaproduifit, fur qu'on tourna fon zèle & fon attention
en ridicule, 8c qu'il fut méprifé de fes fujets. Quelque
tems après un débauché , pour fe moquer plus fortement
de la crainte fuperflitieufe du roi , alla une nuir , fans être
apperçu , peindre de rouge les faces des deux idoles. Le
matin fuivant on donna avis au roi que les vifages des
idoles étoient rouges \ fur quoi le prince qui ne foupçon-
noit nullement que la chofe fût arrivée par un tour de
malice, 8c qui croyoit au contraire que c'étoit un événe-
ment miraculeux, 8c un figne indubitable de la dellruction
prochaine de l'ifle , s'embarqua fur le champ avec toute
fa famille , 8c tous ceux qui voulurent le fuivre. Il s'éloi-
gna à force de rames 8c de voiles du rivage fatal , 8c
cingla vers les côtes de Foktsju , province de la Chine.
Après le départ du roi , l'ifle enfonça. Le roi avec tout fon
monde arriva fain & fauve à la Chine , où la mémoirede
fon arrivée efl encore célébrée par une fête annuelle; &
dans ce jour les Chinois , fur-tout ceux des provinces
méridionales , prennent des divertiflemens fur l'eau , vont
MAU
î fi
8c viennent , tirant à la rame , comme s'ils fe prépa-
raient pour un combat , & crient fouvent à haute voix
Peiruun , qui étoit le nom de ce prince. La même fête a
été introduite au Japon par les Chinois , & y eft a prêtent
célébrée, fur tout aux côtes occidentales de cet empire.
Les vafes de porcelaine , qui s'enfoncèrent dans la mer
avec l'ifle , en l'ont retirés de tems en tems par les plon-
geurs : on les trouve attachés à des rochers, 8c on doit les
en tirer avec beaucop de prudence , de peur de les rom-
pre. Ils font communément défigurés par des coquilles ,
des coraux &: d'autres corps qui croiflent au fond de la
nier. Ceux qui ont foin de nettoyer ces vafes , les raclent-,
mais non pas entièrement , ils en laiiïent toujours un peu,'
pour prouver qu'ils ne font point contrefaits. Ils font
rransparens , extrêmement minces , d'une couleur blan-
châtre , tirant fur le verd ; leur forme approche de celle
des petits baiils,ou tonneaux pour le vin ; ils ont un petit
col étroit , 8c extrêmement propre pour tenir du Thé ,
comme s'ils avoient été faits dans cette vue. Ils font por-
tés au Japon ; mais rarement par les marchands chinois
de la province de Foktsju , qui les achètent de diverfes
perfonnes pour les revendre : les moindres valent envi-
ron vingt thails -, les moyens cent 8c deux cens thails ; 8c
les plus prétieux, qui font grands 8c entiers , trois, quatre
& cinq mille thails. Perfonne n'ofe acheter de ces der-
niers, excepté l'empereur , qui en a une fi grande quantité
dans fon tréfor , dont il a hérité de fes prédéceffeurs ,
que le prix en monteroit à une fournie immenfe d'argent.
Il eft bien difficile d'en avoir qui ne foient point fendus
ou fêlés ; mais ceux qui les nettoient , favent les raccom-
moder 8c les réparer avec une compofition de blanc : ce
qu'ils font fi proprement , que ni l'œil le plus perçant ,
ni la plus grande adrefie , ne fauroient découvrir où étoit
la fêlure. On n'en peut venir à bout , qu'en les faifant
bouillir dans l'eau pendant deux ou trois jours , ce qui à
la fin difibut la colle.
MAUR1N , bourg de France dans la Gascogne , éle-
ction des Lannes.
MAUR1PENSIS Pagus. De Valois a fait un long ar-
ticle fur ce pays , dans fa notice des Gaules; mais il faut
en retrancher la moitié , parce qu'il confond le Pagus
Mauripenfis avec celui qui étoit appelle Pagus Herï-
rEN$ts,/<? Htrpois, 8c depuis leHurepois. Lcbeuf dit dans
le fécond tome de fon recueil , pag. i6i.que le Pagus
Mauripenfis étoit une contrée de la Brie 8c de la Cham-
pagne, étendue le long du rivage droit de la Seine , lors-
que la Seine a reçu lionne-, 8c cependant que le territoire
de ces deux bords, au deffus deMonteteau, eft de ce pays-
là. Ainfi Nogent-fur-Seine , qui eft au rivage gauche , eft
du Pagiis Mauripenfis ; Marnai 8c Buxoi font du même
pays. Quelquefois on écrivoit Moiuvensis pour Mau-
ripensis , 8c même Morvisius auffi , comme il eft dans
les capitulaircs de l'an 85 3. Ce nom eft entièrement mé-
connu dans les cantons où font les lieux qu'on dit y être
finies , 8c l'on ne voit rien qui en puifTe approcher , fi ce
n'eft le pays Montois . qui eft voifin de celui de Pro-
vins. On dit , par exemple , Dammarié en Montois , qui
eft une terre de la dépendance de S. Martin de Tours.
Peut être auroit il fallu dire Dammarié en Morvois. Les
trois jambages des deux lettres peuvent bien avoir été con-
fondus par les notaires , d'où il feroit arrivé , qu'au lieu
d'écrire Morvois , on auroit écrit Montois.
MAURITANIE, grande contrée d'Afrique , partie fur
la Méditerranée , partie fur l'Océan occidental. Ancien-
nement elle n'obéiflbit qu'à un feul roi ( a ). Bochus y re-
gnoit du tems de la guerre de Jugurtha. Ses héritiers divi-
ferent cet état en deux portions, dont celle qui donne fur
l'Océan fut le partage de l'aîné, 8c appelle , de fon nom,le
royaume de Bogud -, l'autre qui étoit à l'orient, 8c qui
s'étendoit.à ce qu'on croit, jusqu'au fleuve Malacha , fut
nommée le royaume de Bochus (£), du nom du plus jeune
à qui elle échut en partage. Ces deux royaumes furent
réunis en un feul , fous Juba & fous fon fils Ptolomée par
la libéralité d'Augufie ; mais l'empereur Claudius ayant
iubjugué les Maures , pour les punir du meurtre du roi
Ptolomée , partagea ce royaume en deux Provinces, dont
celle qui étoit à l'occident , fut nommée Mauritanie
Tingitane i celle qui étoit à l'orient , Mauritanie Ce-
sariense;& les bornes de cette dernière furent avancées
jusqu'au fleuve Ampfaga. Dans la fuite il fe forma une
MAU
troifiérne province, à laquelle on donna le nom de
Mauritanie Sitifense. (a) Cellarms , Geogr. antiq.
1. 4. c. 7.(b) Plin. 1. ;. -c. 2.
Les peuples qui habitoient ces provinces , furent nom-
més Mauri par les Romains , 8c Maurufii, par les Grecs.
Sallufte , Tacite 8c Hirtiuscmploient en différens endroits
le nom de Mauri ; cependant Tire - Live , /. 21. c. 11,
dans un endroit, fe ftrt du mot Maurufii. Quant au nom
latin de la Mauritanie , on le trouve différemment écrit.
La plupart des anciens monumens portent Maureiania.
Dans les médailles d Adrien on trouve : Adventui Auc.
MAURtTANWi RESTITUTORI MauRETANI/E \ LxERCI-
tus Mavjretani.^ &c. * Polybius , 1. 3. c. 33.
La Mauritanie Tingita*ne tiroit fon nom de la ville
de Tingis , fa métropole. C'étoit en quelque manière la
Mauritanie propre ; car la Mauritanie Cefarienfe étoit
renfermée,pour la plus grande partie,dans la Numidie des
Maffefyliens , excepté un petit canton entre les fleuves
Mulucha 8c Malva , qu'on ne peut douter avoir ancien-
nement appartenu aux Maures ; plufieurs écrivains s'ac-
cordant à due que le fleuve Mulucha fervoit de bornes
entre leroyaume de Jugurtha 8c celui des Numides Mas-
fefy liens. Le nom de cette province eft écrit différem-
ment par les anciens -, les uns le font de quatre fyllabcs ,
& les autres de cinq. Grutcr dans fon recueil des inferip-
tions ,p. 482. rP. 7 & %. en rapporte deux , dans l'une
desquelles on lit Tingitan^c , 8c dans l'autre Tingita-
nam -, mais dans une troifiérne on trouve Tingitaniam ,
au lieu deTiNGiTANAM. Pline , /. 5. c. 2. écrit aufliTi»-
gitani* ; quelques anciens manuferits portent néanmoins
Tingitane , 8c c'eft ainfi qu'écrit Ptolomée.
Cette province étoit bornée au nord par le détroit
d'Hercule , aujourd'hui de Gibraltar , 8c par la mer Mé-
diterranée ; à l'orient , par ie fleuve Mal\ a ; au midi , par
le mont Atlas-, & au couchant , par l'Océan Atlantique.
Voici la lifte que donne Ptolomée des villes de la Mauri-
tanie Tingitane. 11 commence , félon fa coutume , pac
celles de la côte.
Depuis le détroit d'Hercule jusqu'à l'Une des extrémités
du grand Atlas.
Cottes Promont ,
ZHUfluv. Ofiia ,
Lixfiuv, Ofiia *
Suburfiuv. Ofiia ,
Emforicusfinus ,
Rhufibis portus ,
Afam*fiuv. Oftia t
Diurjiuv. Ofiia ,
Solis mons ,
Myfocaras portus 3'
Phttttb fiuv. Ofiia,
Herculis Promont ,
SaUfluv. Ofiia,
Sala civitas ,
Dyi fiuv. Oftia,
Atlas minor mons £
Cufœfluv. Oftia,
Tumufiga ,
Vfadium Promont,
Suriga ,
Un* fiuv. Ofiia ,
Agn*fiuv. Ofiia ,
Sais. fiuv. Ofiia,
Atlas major mons.
Depuis le promontoire d'Hercule , le long de la côte fep-
tentrionale , jusqu'à la Mauritanie Cefarienfe.
Tingis ou Cifarea,
Valonis fiuv. Ofiia ,
Exïliffa Civitas ,
Heptadelpbi mont y
Alybe Columna ,
Ph*bi Promont y
Jagath ,
Thalud&fluv. Ofiia,
Oleaftrum Promont ,
Aerath ,
Tmio longa ,
Sefiiaria extrtma ,'
Ryjfadirum ,
McHagonites Promont ,"
Molochathfiuv. Oftia ,
Malv&fiuv. Ofiia y
Les peuples de cette province font , félon Ptolomée,'
ceux qui fuivent :
Metagonit* ,
Cocofiii ,
Verves ,
Mafices ,
Verbice ,
Salinfa ,
Jangacattcani ,
Verves ,
Netliberes ,
Voliy
Zegrenfiiy
Bi liant ,
Caufini ,
Baniub* ,
BacuatXy
Vacuat* ,
Macanit* ,
Maur enfin ,
& partie des Herpiditani.
Il fe trouve deux montagnes chez ces peuples ; favoir,
Diur
Viur ,
MAU
Se Phocra'.
MAU
Ptolomée marque encore vingt-deux villes dans les terres.
Lixa ,
Oppinum,
Subiir ,
Banajfa ,
Tamufda,
Silda ,
Gontiana ,
"Baba ,
Ptùtiana ,
Vobrïx ,
Volobilis >
Erpis ,
Toculofda y
Trifdis,
Bocanum ,
Malochatk*
Cent a ,
Galapba ,
Tbtcatb t
Dorath ,
Vala.
il y a outre cela deux ifles fur la côte occidentale
de cette province,
Pena,
ôc Erythia,
La Mauritanie Tingitane , contenoit un grand nom-
bre d'évêchés; mais comme la notice épiscopale d'Afrique
les confond dans la même table avec les évêchés de la
Mauritanie Céfarienfe , nous ne les diilinguerons pas: on
les trouvera dans l'article fuivant avec les évêches de la.
Mauritanie Céfarienfe.
La Mauritanie Césariense, que le fleuve Malva
féparoit de la Tingitane , étoit à l'occident de la Mauri-
tanie Sitifenfe, dont elle étoit dillinguée par une ligne,
tirée du promontoire occidental du golfe de Numidie,
où étoit la ville Vabar , jusqu'à la ville Tubun* , & fa
capitale étoit Julia Cafarea qui lui donnoit fon nom;
mais du tems de Ptolomée, que la Sitifenfe n'étoit point
connue , la Céfaricnne comprenoit les terres , dont fut
formée la Sitifenfe , & s'étendoit jusqu'au fleuve Amp-
faga, qui la bornoit à l'orient.* Geogr. facra Africa,
pag. 26.
Les villes Maritimes de cette province font , félon Pto-
4omée , /. 4. c 1.
De l'embouchure du fleuve Maîva à celle du fleuve
Ampfaga.
Mega Tromontr ,
Gypfara Portus ,
Siga Civitas ,
Siga/luv. Oflia,
AJfaratbfiuv. Oflia
Tort us magnus ,
Cbylemathfluv. Ojiia ,
Bui\.a Colonia ,
"Deorum Portât ,
Chinaphal fluv. Oflia,
Jul. C&farea ,
Tipafa ,
Via y
Icofium t
Savi flitv. Oflia t
Ruftonium ,
Ruficibar ,
Modunga ,
Serbe lis jluvt Oflia ,
Arfenaria Colonia. t
Cartenifuiv. Oflia ,
Cartenna t
Carcpula ,
Cor coma ,
Lagnutum ,
Apnllinis Promont ,'
Cuflra Germanorum i
Canuccis ,
Addyme ,
Rujuccor<z ,
J omnium ,
Rujubejer ou Rufuberfîs ,
Rufaz.us t
Vubar ,
Saldœ Colonia ,
Nafavafluv. Ofiia^
Chobat ,
Sif'irisfluvi Oflia A
Jarjath ,
Audum Promontt
Dans le golfe de Numidie.
Audi fiuv. Oflia »
ïgilgili ,
Culifluv. Oflia y
Afifarath ,
Ampfaga fiuv. Oflia ,
Fontes fluvii.
Les principales montagnes de cette province font »
Vur dut t Garaphiy Cennciba , Prurxfur,
Zalacus , Malethubahis , Heryn , Garas ,
Valva y Baz.ara.
Les Peuples que connoît Ptolomée font au nombre
de vingt-cinq , favoir ,
fferpiditani Tolot£y Myceni, Machurét ,
Teladufi, Nacmufli > Maccura, Salampfïi ,
Sorxi , Macbufii , N, ibàfi , Malchubii ,
ffiufejïlii, Maufes, Matburebi, Mutoni ,
Dryits. ,
Elulii,
Banturariy
Nacuenfîi ,
'lulinfïi, Ciï.tuœ,
Baniuri , CœAamufiï
Ducœ.
Dans les terres font les villes fuivantes,
Vasbaria ,
Celama >
Vrbara ,
Lanigara ,
Villa viens t
Altoa y
Mniara ,
Gitlui y
Bunobora h
Vag<e ,
Manaiana ,
Apphar ,
Gppidoneum
Burca ,
Timice ,
Aflacilicis t
Arina,
Rbitia ,
Victoria ,
Lamida 3
Vafana ,
Casmara ,
Benfuta ,
Ttgava t
Nigilçia,
Tbiflz.ima >
Choz.ala ,
Uydata therma col.
Phloryia ,
Oppxdiumy
Laudia ,
Tucca ,
Badel ,
Gasmara t
Bida Colonia t
Symitba ,
Colonia , Tbibinis t
lz.atba y
Auximis >
Suburgia ,
Tbudaca ,
TigiS y
Turapbilum ,
Tarrbum,
Garrha ,
Bucbambarii,
Irath ,
TeniJJa ,
Sudava ,
Tufiagatb «
Ujjara ,
Vuz.agada \
AuzÀna y
Tubufuptus %
Rbobonda t
Aufum ,
Z.irattha ,
Nubabnrum j|
Vitaca ,
Tbubuna %
Tbumarita 9
Augala y
SUptit y
Ippa y
Vamicela •
Sitip ha Colonia $
Tumarra ,
Germiana »
Pœpia y
Vej (ctber ,
■JEg&a ,
Taruda.
Enfin Ptolomée place fur la côte , vis-à-vis de Juliœ£
Cafarea une ifle , qu'il nomme aufli Julia Gefarea.
NOTICE
Des Evêques desdeux Mauritanie Céfarienfe 8c Tingitane»
Glorinus Juncenjîs , Donattts Ternemunenfls (
Tiberianus Quindtenjîs , Fortis Vapùtcillenjîs ,
Vtclor Sufaritanus y Junuarius Nasbincenflsi
Syrus Cornicitlanenfis y 40. Palladius Bacanarienfis*
C. Lucius Utenfi) ,
Honorants TimicitanuSi
Donatus Nobictnfis y
Paiera Mitia/ienfts ,
Réparât us GirumontenflSy
Xo. Avus AUubenfîs , 45. Burco Vardimijfenjts ,
Donatus Panatorienfls , Félix Ambienfis -,
Martialis Columpnaten-
fis, .
Suddatius Sucardenfis »
Subitanus Idenfis ,
|J. Donatus Tifiltenfis y
Felicianus Idenjîs ,
Onefîmus Fidofomenjls
Viïtor Faborcmenfis ,
Verecundus Nobenfis , 55. Ru fus Sfasferienfîs ,
20. Stejanus Zucabiarita-' Eufebius Obbitanus ,
nus , Sec unis Timidanenfls t
Apccorius Cœfarienfts , Donatus Frontenfis }
Félix Puifubiritamtf , Viïtor Leofuanus ,
Donatus Subbaritanus . Co, Quodvitlideus Tublen/ïfs
Januarius Aquenfis , Rejlitutus Lapidienfîs »
Martianus Mitruflagen- Donatus Voncarienfis ,
fis , Bonifacius Rusgunienfit t
ClaudiusVagalitanuf i Venantius Oppidonebcn-
Pajjitaniii Tiff tamis , fi ,
Salo F ail ah en fis y 6j. Mattafus Caflelliabar^
Donatianus JJfniadenfis , tanus,
Paulus Flumtnz.erita- Félix Aquifirenfîs ,
5°
Valcns Vdlenobenfs ,
Paffihatus Mafuccaben*
Pi »
Longinus P amarienfis k
Honorius Benepotenfis B
JEmilim Medienfis ,
Arator Calulenfis ,
Csciluts Minnenfis ;
Lucidus Curtennitanuï 0
V)ilor Regienfs >
Rugaùanus Vaunidenffs
Primas Caprcnfis ,
Metcur Ruficurritanits 4
&S
J°
nus y Victor Caltadrieufs 3
Vtceùus Caflellomirtcrita* Crescus Tigabitanus ,
nus , Idonius Rufiditanus ,
Reflitutus Florianenfîs , 70. Gilianus Reperitanus t
Mtnfius Alamiliarenfs , tngenius Ubabenfîs ,
Matentius Tigamibenen-
$ J . Urbanus Amaurenfis ,
Çrtsces Seflenfis #
Fetrtts Oburitanus
Fauftus Caflrarbenia?*
renfis ,
Vitalis Caflranobenfïs }
1m. IV» Y
MAU
15*4
75 . Peirus Cafiellanus , Vwcemalus Baparenfis ,
" Qjnmafius Mutecitanus , Réparants Tipafitanus ,
Faulinus Rubicarienfis , i oo. Romanus Tamadempfis,
Fascafius Mammilenfis, Victor Voncarianenfis ,
Tteanus Albulenfis , Maddanieus Munoncn-
%q. Emftacius Siecefitanus , fis ,
Telafius Gratwopolita- CrispinusTabadcarenfts,
mS Quodvultdeus Summit*
Vicier Monaccenferita- Un fi s ,
nus, 105 . David T'adamatenfis ,
pannonius Bit en fis , Candidianus Catrenfis ,
Félix Funuclettnfis t Réparants GJfuanus ,
I5, Campanus Bidenfis , Poequaritts TeQaccuren*
Valentinus Cafrelli Me- fis,
diani , Qiiimus Tabunienfis ,
Romanus Sufaritaïus , 1 10. Maximus Tuscamien*
Secundus Maurianenfis , fis ,
Réparants Bulturienfis , Anxilius Guti agit anus ,
•0. Lucius Maturbenfis , Réparants Sitenfis ,
Cœcilius Balianenfis , Saturnimis Vijfalfenfis ,
Rvgatus Sereddeiitanus t Félix Maxitenfis ,
Mingin Nobenfis , 1 1 j. Gains Adfinuadenfis ,
Réparants Caftelli Tatro* Cresces Satafenfts ,
portenfis , Saturninus Scrtenfis t
f<. Philo ArfinuaritaMtf» Viïtor Numidenfîs ,
Viffivus Elfantarienfis , Cercalis Cafielloripenfis t
Pater a Catabitanits , 1 20. Lucius Tamaz.ucenfist
Sièges qui n'avoicnt point d'Evêques.
MAU
Maiucenfis ,
Nabalenfis ,
Tubunenfis ,
Maurenfis ,
Tingarienfis ,
Oboritanus.
La Mauritanie Sitifense, étoit bornée au nord par
la mer Méditerranée, à l'orient par une ligne tirée de
l'embouchure du fleuve Ampfaga , jusqu'à la ville Maxi-
minianum oppidum , Se à l'occident par la Mauritanie Cé-
farienne ; car les bornes du midi font allez incertaines.
La notice épiscopale d'Afrique y met les évêchés fui-
frans.
NOTICE
Des Evêques de la Mauritanie Sitifcnfê,
'Rufînus 1 amallumenfis y Abus Ficenfis ,
Donatus Sitifenfis , Reflitutus Macriantnfis,
Maximus Covienfts , Vitalis Ajfajenfis ,
Dumitianus Ingilgita- 2 $ . Viclor Flumen Piscenfis ,
nus, Juvendus Marovanenfis,
J. Honorius Aqu&albenfis > Romanus Melicbuz.enfis,
Feftus Satafenfis , Viclorinus Sertciianus ,
Vtclor Horrenfts , Mont anus Cadamufcnfis ,
Maximus Thugufubdi- 30. Clemens Tbamagrificn-
tattus , fis,
Viclor Jerafitanus , Adeodatus Privatenfis ,
io. Vadius Le fuit anus , Rogatus Partenienfis ,
Pacatus Eqmfotenfîs , Vdlaticus Moz^otenfts ,
Félix Cafiellanus , Honoratus Tamascanien-
Conjfantius Gegitanus , fis ,
Viclor Eminenùanenfis , 3;. Juflus Acufidenfîs ,
jj. Saturnins Socienfïs, Aemilhts Ajueromitenfis,
Jacobus Lemelcfenfts , Utulus Thuccenfis ,
Cresciturus Cellenfis , Aufidius Suriftenfis ,
Emeritus Macrcnfis , Vitlorinus Perdicenfis ,
Redux Nobalicianenfis , 40. Poff'ejfor Zabtnfis ,
ao. Argentins Sallatenfis , Pascafius Saldittnus ,
Vindemius Lemfaîtenfis , Flavianus Vamallenfis.
MAUR1TZLAND. Nom que les Hollandois avoient
donné en 16 1 6. à une contrée de l'Amérique méridionale
dans la partie de la terre de Feu qui regarde le détroit
de le Maire.
MAURITZSTADT. Les Hollandois avoient ainfi
nommé un lieu du Brefil,dans le rems qu'ils étoient
maîtres du pays. Ce lieu étoit dans le Fernambuco
fur la rivière de Bibcribi , vis-à-vis de Récif. Corn.
Dicl:.
MAURKIRCHEN bourg d'Allemagne dans la
Haute Bavière , de la dépendance de Burckhaufen. On
prétend qu'en IJ70. il y plut du bled qui fc trouva
être de très-pure farine & d'un goût exquis, félon qu'il
fe lit dans les annales de Saltzbourg , tom. I.fol. 35. Il
y a une fort belle éghfe , dédiée à Notre-Dame , où
l'on voit encore d'anciennes ftatues équellres que l'em-
pereur Henri premier y fit mettre après la victoire
qu'il remporta en Hongrie , en conféquence du vœu
qu'il avoit fait avant la bataille. * Zeyler, Top. Bavar.
MAUR-MUNSTER , MORMONT1ER, ou Mar-
moutier , petite ville de France dans l'Alface , près de
Saverne du côté du midi. Il y a une abbaye de même
nom & de l'ordre de faint Benoît. Louis le Débonnaire
donna cette abbaye à faint Benoît d'Aniane , afin qu'il
y fit fa demeure ( a ). Le Saint obéit , &c y établit plufiturs
de fes disciples. Celle qui gouvernoit l'abbaye de Maur-
Munder l'an 8z8. étoit vraifemblablement un des disci-
ples de ce Saint ( ù). Il eut le déplainr de voir fon monaftere
défolé par un funefte embrafement ; mais Louis le
Débonnaire l'ayant recommandé aux foins de Dreux,
évêque de Metz , ce prélat aida Celle à réparer ce
dommage, cV lui donna les corps de faint Çéleflc &
de faint Auteur qui furent ponés dans fon églife. Voyez.
Marmoutier. [a) Abrégé de l'hift. de S. Benoît ,1. J.
chap. t. (b ) Ibid. c. 59.
MAU ROCASTRUM, ville de l'Arménie, félon Curo*
palate. La notice épiscopale du patriarchat d'Antioche
en fait une ville épiscopale, fous l'archevêché de Théo-
dofiopolis.
MAUROMIDIE, cap fur la côte de la Morée, à
la diftance d une heure & demie de chemin du cap de
Calogtea. On l'appelloit autrefois le promontoire Arre-
mus. Il y a un lac ou pêcherie qui a communication
avec la mer , & que les Vénitiens appellent Pescaria
del Papa. On voit fur cette pointe les ruines d'une
tour , qui pouvoit fervir du tems que les Vénitiens
étoient maîtres de ce pays. Cette place découvre de
fort loin fur le golfe de Lépante au nord.*#^/fr,Voyag«
de Zante , t. 2. p. 4.
MAURONERI.Koy^DAULiAl.
MAUROPHOtU. Lunclavius dit que les Turcs don-,
nent ce nom à des peuples que PtoLmce, L$.c. 9. Se
Etienne le géographe appellent Melanchuni, 6c qu ils
placent dans la Sarmatie Afiatique; mais les MelancbUni ,
félon Strabon &c Euftathe, demeuroient dans les ifles
Cafiitérides. Cédrene prétend que les Maurophori eroienc
les mêmes que les Chryf/roniu , que Paul Diacre nomme
Chorofanitx. * Ortei. Thefaur.
MAURORUM CASTRA, lieu de la Perfide, félon
Ortelius, Thefaur. qui cite Ammien Marcellin.
MAUROVOUN1 ou Montagne Noire. Les Grecs
donnent ce nom à la montagne qui forme le cap de Calo-
grea fur la côte de la Morée. *Wioelcrt Voyage de Zante,
tom 2. 1. 1.
M AU ROUX, petite ville de France en Gascogne,
gouvernement de Guienne , généralité d'Auch , Election,
de Lomagne. * Mem. drejjésjur les lieux.
MAURREAU , abbaye de France dans le diocèfe d«
Poitiers Voyez. Moreaux.
1. MAURS ou Saint Etienne de Maurs, petite ville
de France dans l'Auvergne, élection d'Aurillac. Elle n'eil
confidérable que parce qu'elle efl le chef- lieu d'une de»
quatre prévôtés qui compofent les états de la Haute-Au-
vergne , quoiqu'on ne les convoque pas fouvent.
2. MAURS , Maurts ou Maures, abbaye de France
aux confins de l'Auvergne & du Querci , dans la vallée
d'Arcambe , auprès d'une petite rivière nommée Alrence.
On ne peut rien dire de certain fur la fondation de cette
abbaye , qui elt de l'ordre de faint Benoît.
MAUR.UM, ville d'Italie danslaCalabre, entre Tburii
& Coriola , félon Gabriel Barri. Il ajoute qu'un évêque d©
cette ville affilia au concile Romain , fous le pape jule I.
* (Jrtelit Thefaur.
M AURUSII. Les Grecs donnoient ce nom aux Maures
que les Latins appelloient Mauri. Voyez. Mauritanie.
MAUS , lieu de la Syrie fur la rive du fleuve Adonis , àr
ce que croit Ortelius qui cire Guillaume de Tyr.
MAUSE ou Mauze, gros bourg de France dans le
pays d'Aunis. Il a été autrefois fermé de murailles. U
n'efl plus clos aujourd'hui.
MAUSOCA , ville de l'Hyrcanie, félon Pcoloméc 4
/. 6. c. 9. fes interprètes lifeut Mxfoca»
MAU
ÎAW ISS
MÀUSOLI , peuples de la Libye intérieure, que Ptolo-
mée , lib. 4» cap. 6. place fur la côte, an-deflbus de Getu-
lia avec les Autolau Se lesSirang*. Il les étend jusqu'au
mont Manants.
M AUSOLUS , nom qui fut donné premièrement à une
des embouchures de l'Inde , que Ptolomée , lib. 7. c. 1 .
•appelle Sintbus , ôc qui fut enfuite nommée Hydaspes.
Voyez, Indus.
MAUSTHURN, c'eft-à-dire h Tour aux rats,
nom d'une fameufe cour d'Allemagne fituée dans une
ifle du Rhin un peu au défions de Bingen, ville de
l'élection de Mayence. Ce fut dans cette tour que Hatton
II. archevêque de Mayence fut , à ce qu'on prétend ,
dévoré des rats» pour avoir fait brûler dans une grange
en 969. un grand nombre de pauvres qu'il y avoit fait
renfermer durant une grande famine, dilant que c'étoient
des rats qui mangeoient le bien des riches. * Sengre ,
Carte de l'électorat de Mayence.
MAUSUS , village aux environs de Corînthe & de
fa dépendance , félon Etienne le géographe , qui cite le
vingt-deuxième livre de Théopompe.
MAUT ou Hohen Maut , ville de Bohême près de
Litomifle vers la Moravie ; elle a long-tems été un
domaine des feigneurs de Verfovfitz qui ont été fort
puiflans en Bohême , ôc ont fuscité bien des affaires à
leurs fouverains , elle devint enfin un domaine des
rois de Bohême. En 142.1. elle fut prife de même que
plufieurs autres villes & châteaux par le fameux ZisKa.
* Zeyler , Top. Bohem.
MAUT AVONIUM. Voyez Mant avonium.
MAUTICITANI. Voyez. Muticitanus.
MA\JTOR,2Ma!etortitm,dans la Picardie, fur la rivière
de Somme , dans le diodèfè ôc intendance d'Amiens»
La cure eft a la nomination du chapitre d'Amiens. Yon-
val ôc Vave font les annexes. Il y a au troifiéme tome
àes ordonnances de nos rois , des lettres de Charles régent
de France de l'an 135-8. qui confirment un traité tait
«ntre Michel, feigneur de ce lieu, ôc les échevins d'Ab-
beville fur les limites de leur territoire.
MAUVAISVILLE, paroiffe de France dans la Nor-
mandie , élection d'Argentan. L'églife efl feule dans le
milieu d'une campagne , & s'appelle par cette raifon S.
Martin des champs. Son patronage appartient à i'abbé
de S. Vandrille.
1. MAUVES, bourg de France dans le Perche fur le
Huisne , élection de Mortagne,
2 MAUVES 1 bois de France dans la maîtrife de S.
Pons.
MAUVESIN , ville de France dans l'Armagnac fur
la rivière de Rat. Elle ell la capitale du vicomte de
Fezenzaguel , & le fiége principal de la juftice. Cette
Ville a été démantelée, ôc on en a démoli le château
qui étoit très-fort. Fô^^Fezenzaguee.
M AUZAC , Maujtacum. abbaye d'hommes en France,
de l'ordre de S. Benoit, dans la baffe Auvergne, au diocèfe
deClermont,à un quart de lieue de Riom. On croit
communément qu'elle a été fondée par S. Calmine,
que les anciennes chroniques de l'abbaye de S. Chaffie
en Vellay appellent duc & prince des Auvergnats. Dans
le catalogue des abbayes & prieurés dépendans de l'ab-
baye de Cluni ,p. 1736. il eft dit que l'abbaye de Mau-
zac a été fondée par Robert II. comte d'Auvergne Se
Guillaume fon fils ; mais cela ne fignifie autre chofe
finon que ces feigneurs lui ayant fait beaucoup de bien ,
les religieux les regardèrent dans la fuite comme leurs
fondateurs. En 1095. Robert donna fon confentement
à Durand, évêque de Clermont, pour foumettre à l'ordre
de Cluni l'abbaye de Mauzac, qui étoit tombée dans
le défordre , ce qui fut confirmé par le roi Philippe I.
du nom : elle vaut environ deux mille livres à l'abbé. *
Piganiol, Defcription de la France , t. 6. p. 297.
Le père Mabillon témoigne dans fes annales que le
nom de Mauzac a été donné à ce lieu à caufe qu'il
efl fitué entre des eaux ; mais fi c'efl le même lieu que
Grégoire de Tours, de Gloria Coïifejf. c. 41. appelle
Mujiacas , comme on né peut gueres en douter \ il feroit
aufii naturel de tirer ce nom de celui de Mufus , enforte
qu'il fignifieroit la demeure de Mufus , de même qii Al-
biniacum fignifie la demeure à'Albiuus.
1. MAUZÉ. Voyez. Mausé.
2. MAUZÉ, bourg de France dans le Poitou , élection
de Thouars.
MAWARALNAHR. (Le) d'Herbelot écrit Moua-
rannahar, de l'iile Mavaralnahar. Ce nom elt
arabe, & fignifie au-delà du fleuve ; mais il fc prend
géographiquement pour la Tranfoxane des anciens , qui
veut dire au-delà l'Oxits , ou au nord ôc au nord-elt
de l'Oxus , ôc à l'orient de la mer Caspienne. Il eft difficile
d'en bien marquer les limites; mais je remédierai à cette
difficulté en donnant à la fin de cet article une lifte des pla-
ces de cette province, avecles pofitionsrecueilliesdedivers
auteurs, par Abulfeda. Ce géographe a auffi dreffé une de-
fcription du Mawaralnahr. D'Flerbelot en a fait dans fa
bibliothèque orientale une efpéce d'abrégé que voici.
La partie de cette province la plus renommée dans les hif-
toires orientales , eft la vafte campagne ou vallée nommée
Sogd, de laquelle laSoGDiANEdesanciensapris fon nom.
Elle a vingt parafanges de longueur , ce qui revient à qua-
rante lieues de France, ôc dix parafanges , qui font vingt
lieues, de largeur. La ville de Samarcande , qui en cft la
capitale.efl environnée,à trois lieues à Iaronde,d'un grand
nombre de bourgades, dont les jardins délicieux font paffer
cette fameufe vallée pour un des quatre paradis rerreltres
que les Orientaux mettent en Afie. Outre Samarcande,
cette province a plufieurs villes confidérables , tant par
leur grandeur que par l'étendue de leurs territoires , telles
font Bokhara, Farganah, Neckhfchab,Kafch, Saganiane
ôc Termed. Il fe trouve dans ce pays des mines d'or ôc
d'argent, particulièrement dans (a partie méridionale,
c'eft-à dire la plus prochaine du Gihon qui ell limitrophe
à celles de Badakhschan ôc de Kho'warezm ôc même
auprès de Farganah. Toutes les villes de ce pays font
bâties de pierres ôc de briques , ôc il y en a plufieurs
fermées de murailles très-fortes & flanquées de tours,
telles que Bikend , Schakh, Khogcnd , Ascht.khan ,
Bonkat ôc Olïoufchaah. La province de Mawaran-
nahr fut conquîfe par les Arabes, fous la conduite de
Cahtebah , fils de Mefiem , dans les années de l'hégire
87 , 88 & 89 du rems de Valid , fixiéme calife de
la race des Ommiades. Les Mufulmans prirent alors
les deux grandes villes de Samarcande & de Bckhara,
ôc s'emparèrent même duTiukeilan, félon le rapport
de Benschounah ôc de Kondemir. Sous le règne des
califes Abbaflîdes , plufieurs des provinces muful-
manes ayant été envahies par des princes particuliers .celle-
ci tomba entre les mains des Samanides , ôc , pa0ant de
main eh main dans les familles royales qui s'emparè-
rent de la Perle , elle tomba enfin en la puiflanée des
Khowaresmiens , lefquels en jouirent jusqu'à ce que
Ginghizkan les ^1 chafTa. Ce conquérant après l'avoir,
entièrement fubjugriée, la donna en fouveraincté à fon
fécond fils nommé Giagataï -, & c'eft du nom de ce
prince que l'on appelle aujourd'hui communément dette
province Zagataï. Les fuccefleurs de Ginghizkirt
en ayant été enfuite chaffés par Tamerlan , la poité»
tité de ce fécond conquérant de l'Afie , fans comp-
ter Alexandre , en fut auffi dépouillée par Schaï-
bek , fultan des Uzbtks fan 904. de l'hégire ; car Mirza
Babor fut le dernier de la race de Tamerlan , qui y
régna , de même que Sojourgatmisch avoit été le demies
des Ginghizkamiens par la conquête qu'en fit Tamer-
lan. C'eft de-là que nous appelions encore cetre pro-
vince le pays des Uzbeks, nation qui la pofiéde au*
jourd'hui, ôc donr les princes prétendent tirer leus;
çrigine de Ginghukan,
Tm. IV. V ij
if6 MAW MAW
TABLE GÉOGRAPHIQUE
Noms des lieux.
Bochara ou Bokhara
Alkariyah Aljadidah ,
s'eft à dire , Yangicant ,
La Ville neuve.
Jand.
Altawayrig.
Bicand.
Carminah.
Dabufiyah.
Kachshab ou Nafaf
Ashtichan.
Sanurcandc,
Coslianiyah,
Arbenjan.
Farab.
Zamin.
Alshash.
Bencath:
Ilak.
Êsfijab.
Osmshnab.
Taraz.
Sabau
Shalg.
D U
MAWARALNAHR,
Recueillie par Abu l FED a.
Noms des Auteurs.
{Albiruni
Alfaras
Ptolomée
■Alfaras
■ Albiruni
f Alfaras
Autres Géogr.
Longitude.
Sydeg. 30. min.
87 50
$7
Latitude.
39 deg. 30 min
39 10
87
78
i
Alfaras
Albiruni
S Albiruni
* Alfaras
î
Alfaras
Albiruni
5 Alfaras
Z Albiruni
f Alfaras
Albiruni
Alfaras
Albiruni
5 Alfaras
Z Albiruni
f Alfaras
\ Albiruni
^Ptolomée
1
Alfaras
87
S7
Stî
87
88
87
88
88
88
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89
88
88
88
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20
30
30
|«7 4/ }
40
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3°
o
55
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o
30
10
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30
20
£ Alfaras
88
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^ Alfaras
l Albiruni
| SS
30
ç Alfaras
Z Albiruni
89
40
0
in
89
10
- Alfaras
■£ Albiruni
90
89
0
10
< Albiruni
89
10
e Alfaras
Z Albiruni
89
89
50
20
fAlfaras
\ Ptoloméc
î- Albiruni
90
91
89
0
10
30
<; Alfaras
<■ Albiruni
«9
89
5°
50
S Alfaras
89
55
5 Alfaras
^ Albiruni
90
89
30
37
47
44
47
43
39
39
{ »
39
93
39
}9
39
39
39
39
39
59
40
40
47
99
39
44
40
40
41
41
4*
'45
43
43
40
36
39
44
43
40
44
43
50
o
o
o
30
30
3©
30
40
40
o
30
J°
o
o
3°
30
20
30
20
3°
20
3;
3°
o
40
30
25
3;
zc
o
20
• Climats.
Dans le V. Climat,"
1 l'une des Métropoles dii
f'Mawaralnahr.
^ Dans le VI. au Turkc-
S ftan.
Dans le VI. au Turkc-
ftan.
Dans le V. au pays de
Bockhara.
*} Au commencement du V.
yau pays de Bockhara. Elle
J eu détruite.
*j Dans le V. au pays de
\ Bockhara , entre Bockhà°ra
J ik Samarcande.
} De
même.
Dans le V. au Mawa-j
ralnahr propre.
I
Dans le V. dans la Sog-»
diane.
Dans le V. l'une des mé-
tropoles du Mawaralj
nahr.
Dans le V. dans la Sog-i
'diane.
Dans le V. au Turke»
"flan.
Dans le V. dans les do-
maines d'Osrushnah.
Dans le V. ville Se con-i,
trée au-delà de Sihun.
Dans le V. dépend d'Aïs*
hash.
A la fin du V. ville, ou fé-
lon d'autres , contrée au
pays de Bockhara.
Au commencement du
VI. aux confins du Tiuke-
ftan.
Dans le V. l'une des mé-
, rropoles du Mawaialnahr
J au-delà de Samarcande.
? Dans le VI. au confins
5 du Tmk^ftan.
}
}
}
}
1
* ran.
Dans le V. au pays d'Os-
ihnah.
Dans le VI. d?.ns le T«o
S rushnah
MAW
MAW
Noms des Lieux.
Chojandah , ou Co-
gende.
Noms des Auteurs,
r Alfaras
i Albiruni
Long
9°
tude.
55
0
Shawacarh.
^Alfaras
90
3®
Ofbanicath.
£ L'auteur du
^ Kiyas
90
30
Chowakand»
£ Alfaras
90
/o
Toncar.
5 Alfaras
♦ d'autres
,89
0
0
Achficath.
5 Alfaras
91
9*
20
0
Cafan.'
< Alfaras
91
35
Balafagun,
ç Alfaras
,c Albiruni
pi
5?i
55
5°
Tarmed.
fAlfaras
s Ebn • SaVd
{-Albiruni
91
90
91
15
0
55
Tashjerd,
\ Alfaras
9*
9
Fargana.
y
9*
O
Koba.
5 Alfaras
* Albiruni
92
9*
15
5°
Alwachsh.-
rAlbirnni
1. Alfaras
i*
20
Alfaganiyan,
r Albiruni
.«.Alfaras
9*
90
40
5°
Shuman,
y Alfaras
L<_ Albiruni
91
9*
3^
5°
Kashgarow Cashgar.
fAlfaras
c Albiruni
96
30
*5
Chotan.
S Voiras
• «-Albiruni
107
îoo
0
4°
Chan Ba k.
rEbn-Saïd
1 La Table d'Al-
L harair
144
• 124
0
0
Karakam.
rEbn-Saïd
1 La Table d'Al-
L harair
116
- 11;
40
0
Latitude.
41 25
40
41
40
42
45
41
4*
42
47
37
37
37
33
4*
43
±7
33
43
38
37
44
44
4*
45
35
46
30
45
5°
o
-5
o
55
4®
55
30
55
5©
20
15.
5°
37 40
5°
o
20
20
o
o
o
50
*5
o
3*
l5
1 yy
Climats.
Dans le V. on la donne
à Ferganah.
Dans le V. au pays d'As-
hash.
}Dans les terres d'Esfi-
jab , au V.
}
Dans le V. fous Ferga-
na.
}Dans le V. c'eft une des
villes d'Alshash.
}Dans le Vr. fous Farga-
na.
'i Dans le V. c'eft une ville
Vau-delà du pays d'Als-
J hash.
}Dans le VII. au Turke-
ftan.
(^ Dans le IV. au Tocha*
( reftan.
}A la fin du IV. au Ma«
waralnahr.
}Dans le V. grande con-
trée au-delà d'Alshash.
}Dans le V. dans le pays
de Fargana.
~\ Dans le IV. dans -le Cho-
\ tolan , contrée du Mawa-
J ralnahar.
-j Dans le V. contrée fé«
y parée dans le Mawaral-»
J nahr.
}
A la fin du IV. dans l'Ai-;
faganiyan.
C Dans h
J tropole d
e VI. c'eft la mé*
du Tihk.ilan.
"^ Dans le V. à l'extrémité
(du Tuikeftan.
Dans le IV. tout à l'o-
( rient , au Cachai.
-} Dans le III. à l'extrémité
sdu Tuikeftan,
Cette table cft prife de la collection d'Oxford. Le Mâ-
Waralnahr de Naflir Eddin eft moins étendu ; âuffi n'y
met il que le Mawaralnahr proprement dit. Le voici.
Le Mawaralnahr.
fchn Nalfir Eddin.
Noms des lieux
Longitude.
Latitude*
Climat,
Dergan
96 dee
;. 1$ min.
39deg
. 30 m
V.
Bochara
96
5°
39
0
V.
Wabcanah
96
5°
59
V.
Samaïkand
9S
20
40
0
V.
Nefef
98
0
39
0
V.
Kash
99
5o
39
3o
V.
Esfijab
99
50
45
35
VI.
Taraz
99
50
44
3»
VI.
Osrushana
100
0
40
0
V.
Saganiya'i
100
50
38
H
IV.
Chojandah"
100
55
41
*5
V.
Hcncat
101
0
43
0
V.
Tnncat
101
0
45
25
VI.
Achficaf
101
20
4*
25
V.
Urcand
102 ••
5°
44
0
VI.
Aush
102
20
45
20
V.
Latitude.
Cil:.: -■
44 d. 0 m.
VI.
42 30
V.
42 0
V.
44 «
VI.
Noms des lieux. Longitude.
Cashgar 106 d. 30 m.
Jag3 w/Shash 109 o
Chotan 107 o
Almalig 102 30
Ces deux dernières ne font pas même du Mawaral-
nahr , mais de l'Altorc ou Turkeftan , félon cet auteur.
MAWILGANGE , grande rivière d'Aile , dans l'ifle de
Céïlan. Sa fource eft à la montagne du Pic d'Adam , d'où ,
coulant vers le nord , elle pafle au fud , & à un quart de
lieue de la ville de Candy -, elle pafle enfuite à Vintana,
ou Bintana , qu'elle laifle à gauche , & va fe jetter dans
la mer au midi de Trinquilimale. Ce qui empêche cette
rivière d'être navigable , ainfi que la plupart des autres
ri vicies de Céïlan, c'eft la grande quantité de rochers dont
fon lit eft rempli.
MAWRI , grand village d'Afrique fur la Côte d'or , au
royaume de Sabou, à deux milles de Congo vers l'eft ,
& à deux lieues de Mina , fur une petite éminence. Ce
village , compofé d'environ deux cens maifons , forme
une efpéce de cercle autour du fort appelle Naflau ,
qui appartient aux Hollandois. * Barkot , p. 175. Bot
man ,541. Côte de Guinée , par Bellin,
iy8
MAX
MAY
MAXALA , ville de l'Afrique intérieure , fubjugiiee
par Cornélius Balbus , félon Pline ,l.$.c.$.
MAXATES, fleuve de la Macarêne , félon Etienne le
géographe , au mot Alexandrie ; mais cet endroit eft cor-
rompu , Se Beikdius dit qu'il faut lire Jaxartes > au lieu
de Maxates.
MAXEN , village de la Sa^e , fur les frontières de la
Bohême. Le feld maréchal , comte Daun , général de fa
majefté impériale , Marie-Thérefc d'Autriche , reine de
Hongrie , l'a rendu célèbre par un exploit iî éclatant,
que l'hiftoire,, tant ancienne que moderne , n'en fournit
qu'un exemple aux Fourches Caudines. Il força le 21 no-
vembre 1759 , vingt mille Pruilîens , commandés par le
général Finck , à mettre les armes bas , èv à fe rendre tous
prifonniers ; généraux , officiers, foldats : il leur rit paffer
l'Elbe le jour même , Se les fit conduire en Bohême.
MAXENTIOPOL1S , nom latin de S. Maixant en
Poitou. Voyez. Saint Maixant.
MAXERA , fleuve de FHircanie. Ptolomée , /. 6. c. 9.
place l'embouchure du Maxera entre Sar amans Se ton-
tes Fluvii.
MAXER/E , peuples de l'Hircnnie. Ptolomée , /. 6.
c. 9. dit qu'ils habitoient avec les Ajtabenï fur la côte de
la mer -, ils avoient fous eux les Cbrindi.
MAXI, félon Corneille , DicL Se Messi, félon de
PIfle, Atlas , petite ville de l'Anatolie fur la côte méri-
dionale , au fond d'une petite anfe , au nord occidental
de l'ifle de Rhodes. On croit que c'eft la ville Loryma des
anciens. Voyez, Loryma.
MAXILUA , ville de la Bétique chez les lurdetam,
aux confins de la Lufitanie. Ptolomée , /. 2. c. 4. la mar-
que entre Italica Se Ucia.
MAX1MA CjEsariensis , province de la Grande
Bretagne. Il en efl parlé dans la notice des dignités de
rempire , Secl. 36. 49.
MAXiMA SEQUANORUM , contrée de la Gaule
Celtique , dont Bezançon étoit la capitale. Sextus Rufus
en fait mention, de même que la notice des dignités de
J'empire , Sctt. 34 , 3 6 , 48. * Ortelïi Thefaur.
MAXIMIAC , en Franche-Comté, eu latin Maximia-
t:.m ; c'eft le lieu où faine L?utein , l'un des plus anciens
moines du pays des Séquanois , établit un monaflere de
quarante moines à la fin du V. fiécle. Dora Mabillonacru
que ce lieu efl Menai , auprès d'Artois ", ce feroit plutôt
Monay, auprès de S. Lautein , félon Dunod , hiftorien des
Séquanois -y mais, ajoute-fil ,ce n'eft ni l'un ni l'autre,
£ar ces deux prieurés font plus nouveaux : il auroit dû
en conclure que c'eft Mesmai , dans le bailliage de Quin-
gey , dont le vrai nom latin doit être Maximiacum , qui
a d'abord été écrit Maixmai , d'où il efl naturel de faire
Mesmai.
MAXIMIANENS1S , fiége épiscopal d'Afrique dans
la Numidic. La notice épiscopale d'Afrique , «. 1 19. qua-
lifie Donatus episcopits Maximianenjls.
1. MAXIMIANOPOL1S , ville de la Paleftine (a),
& la même qu'Adad Rcmmon , dans la vallée de Jezraè'i ,
cVdans la campagne de Mageddo ( b ). Un ancien voya-
geur la met à dix-fept milles de Céfarée Se à dix milles de
Jczrael. La notice d'Hierocles, fupplément , en fait une
ville épiscopale , & la place dans la féconde Paleftine ; Se
la notice deJérufalem lui donne le titre de fiége archiépis-
copal indépendant Se fans fuffragans. Cette ville étoit
épiscopale; Domnus , fon évêque, affilia au concile de
Jérufalem tenu l'an J3<5, Se l'aulus , à celui de Nicée,
Pan 3 2j. ( a ) Dom Calmet , Dict. ( b ) Hier on. ad Zacb.
12. & ad OJee 1.
2. MAX1MIANOPOLIS , ville épiscopale de la Pam-
phylie , félon la notice de Léon le Sage ; celle d'Hierocles,
qui met ce fiége dans la féconde Pamphylie , y marque en-
core une autre ville épiscopale , qu'elle nomme CïeMA
ou Pcssessio Maxuuanopoieos. On voit au concile
de Nicée la foufeription de Patricius, évêque de cette
ville , Se Serenus affilia à celui de Chalcédoine Pan 45 1.
3.MAXIMIANOPOLIS , ville de la Thrace dans la
Médie,fur la rivefeptcntrionale du marais Buton, aujour-
d'hui le laede Bouron. Ellefe nommoit auparavant Jam-
phora Se l'orfuli , ou Pyrfoalis. Àmmien Marcellin, /. 27
p. 364. parle de cette ville ; la notice de Léon le Sage en
fait un fiége épiscopal de la province de Rhodope ; Se elle
ajoute que ce fiége étoit indépendant. Cette vilic s'appel-
loit auffiMyx/E. Voyez, ce mot. * De l'ifle , Atlas.
4. MAXIMÏANOFOLIS , ville d'Egypte. La notice
des dignités de l'empire , fetl. 20. en fait mention en ces
termes :Ala ter liaD romedar'torum Maxim) anopol'i. C'étoit
un fiége épiscopal , félon la notice de Léon le Sage ,qui le
met dans la féconde Thébaïde. La notice d'Hierocles
en parle pareillement , & le met dans la haute Thébaïde.
MAXIMIENSIS , liège épiscopal d'Afrique dans la
Byzaccne. Parmi les évêques qui fouserivirent à la lettre
adrefiée a l'empereur Conflantin , on trouve Bcnifacitis
Maximienfis. * Harduin , Collect. conc.
MAX1MUS. Voyez. Verbanus.
MAXIiENSIS, fiége épiscopal d'Afrique dans la
Mauritanie Sitifenfe, félon la notice des évéchés d'Afri-
que , qui qualifie Félix episcopits Maxitenf.s. Juflin , /. 18.
c. 6. appelle Hiarbas roi des Maxitan'n
MAXXJLh.Voyez, Mazula.
MAXYES. Kovc^Machlyes Se Mazyes.
1. MAY , ifle d'Ecofle. Voyez, au mot Isles.
1. MAY , bourg de France dans l'Anjou , élection de
Montreuil.
3. MAY, grande rivière de l'Amérique feptentrionale
dans la Floride. Elle a fa fource au voifinage d'un lieu
nommé Chiaha ; elle coule du nord occidental au midi
oriental , traverfe le pays des Caouitas , depuis lequel
feulement elle prend le nom de rivière ce May , portant
plus haut celui des Caouitas ; Son cours efl parallèle à ce-
lui de la rivieie de Tacatorou ou de Seine , Se elle a fon
embouchure dans la mer du Nord, auprès de fainte Ma-
rie , ancien fort des François , entre les embouchures des
rivières de Seine Se de S. Jean. * Dei'ljle, Atlas.
MAYA , village d'Espagne dans la Navarre. C'eft le
dernier village de ce royaume du côté de la France. La
traverfe efl de trois lieues , depuis Maya jusqu'à Agnoa.
* Délices d'Espagne , t. 4. p. 684.
MAYAGUANA (a), ifle de l'Amérique feprenrrio-
nale, & l'une des Lucayes. Elle efl à 22 deg. 25 min. de
latitude feptentrionale , fous les 305 deg.de longitude
& à douze lieues veisle nord de l'ifie des Caïcos (b).
Son étendue efl de huit ou neuf lieues , entre le fud eft;
Se le nord-oueft. ( 4 ) De l'ifle , Atlas. ( b ) Laet. De fer.
des Indes occid. 1. 1. c. 16.
MAYA N G , ville de la Chine dans la province de
Huquang, au département de Xincheu, douzième mé-
tropole de la Province. Elle efl de huit deg. dix-huit mi-
nutes plus occidentale que Peking , fous le 28 deg. 24
minutes de latitude. * Atlas Sine?ijïs.
MAYDENHEAD , bourg d'Angleterre dans le comté
de Bercks fur la Tamife.
1. MAYE , ville de la Chine dans la province de
Channfi,au département deTaitung, troifiéme métropole
delà province. Elle efl de cinq deg. o min. plus occiden-
tale que Peking , fous les 39 deg. 50 min. de latitude. *
Atlas Sinen/ts,
2. MAYE , forterefie de la Chine dans la Province
de Channfi. Elle efl de cinq deg. 10. min. plus occiden-
tale que Peking, fous les 40 deg. o min. de latitude. *
Atlas Sinenfis.
MAYEN , petite ville de Perfe , où il n'y a rien de re-
marquable. Elle efl fur une moniagne,& éloignée deSchi-
ras feulement de trois journées. Deux journées au-delà
on entre dans les plaines de la province de Cuzcuzar.
C'efl où le roi de Perfe tient fes haras. * (,'orn. Diction.
MAYEN CE , ville d'Allemagne , capitale de l'arche-
vêché év de lclect-orat de ce nom. Elle efl fituée fur
la rive gauche du Rhin , vers l'endroit où ce fleuve reçoit
le Mein , au 50 deg. de latitude , Se au 26 deg. de longi-
tude. On dit qu'elle fut d'abord bâtie dans la plaine, oA
efl aujourd'hui le monaflere des rcligieufes de Notre-;
Dame du Val de Grâce , im Gnaden-Tbal , en allemand,
ou dans le lieu où efl le fort de Guftave. Si on en croie
quelques chroniques du Pays, cette ville a été bâtie 1x62,
ans avant la naiflance de Jefus-Chrift , par un prince des»
Magiciens, appelle Nequam , qui, étant chafie Je Trê-
ves , vint s'établir en cet endroit. Les'auteurs ûc ces chro-
niques prétendent prouver cette origine par un ancien
proverbe , qui dit , Mogunàa ab nnuquo hicquam. Serra-
rius qui a beaucoup écrit fur ceqwi concerne .'.l'ayence,
croit qu'elle a été fondée , ou du moàis conlidérablemenc
aggrandie, dix ans avant la naiflâucc de Jefus-Chrift, pas
MAY
MAY
Claudius Drufus Germanicus , beau - fils de l'empereur
Augufte , & frère de Tibère. Quoi qu'il en foit , il cil cer-
tain que les Romains en firent une de leurs places d'ar-
mes , Se que Drufus y a féjouriié long tems. On prétend
même que l'on tombeau eft dans une vieille tour demi-
ruinée , qui le voit dans le fort S. Jacques , appellée par-
les Allemans Eichelftein , parce quelle refl'emble à un glan.
Dans les écrits latins cette ville eft nommée Magotiu ,
Moguntia , Maguntiacum Se Moguntiacum. Elle elt ap-
pellée Mentz par les Allemands. L'origine de ce nom eft
encore plus incertaine que l'époque de l'a fondation. Quel-
ques uns la tirent de Meyn , qu'on nommoit autrefois
Mo^usou. Magus. En erlet , les morceaux antiques 8c les
murs qu'on a découverts , lorsque le fort de Guftave a été
conftruit dans la langue de terre que forme le confluent
du Mein avec le Rhin , donnoient afïcz lieu de croire
qu'elle a été autrefois fituée fur le Mein. Il elt au moins
certain qu'elle fut transportée au lieu où elle eft à pré-
lent par Dagobert I , lorsque ce prince eut réuni toutes
les parties de la monarchie françoife. Radewic, /. 3. ci
13. auteur fort ancien , dit que de fon tems Mayence
étoit déjà une ville très tonfidérable , fur le Rhin, très-
peuplée du côté de ce fleuve , mais peu de l'autre, Se que
fes fortifications confiltoient en une muraille , où il y
avoit des tours dediftance en diftance. Cette defeription
eft allez conforme à l'état prélent de cette ville : on y a
feulement ajouté des fortifications, en differeris tems, fans
toucher à la muraille qui étoit autour. Elle a plus d'é
rendue en longueur qu'en largeur, fe trouvant reflerréè
entre des montagnes qu'elle a du côté de la France , Se le
Rhin qui la borde de l'autre. Dans cette dernière partie,
elle a quantité de belles eglifes ôc plufieurs autres édifi-
ces confidérables ; mais dans celle qui eft vers les mon-
tagnes , elle eft presque toute en jardins Se en vignes. Ses
rues , à la réferve d'un petit nombre , font fort étroites ,
Se les maifons ordinairement allez fpacieufes, mais bâties
à l'antique. On y compte dix portes , dont fept regarderit
l'orient & donnent iflue vers le Rhin. Des trois autres,
l'une eft vers le midi , l'autre vers le couchant , Se la troi-
fiéme vers le feptentrion. La largeur du fleuve devant la
ville eft environ de cinq cens pas. Charlemagne y avoit
fait conftruire un pont de bois qui ne put être achevé
qu'en dix ans, quoique quantité d'hommes y travaillaient
continuellement ; mais ce bel ouvrage fut entièrement
confumé par le feu , une année avant la mort de ce mo-
narque. On y a conftruit depuis un ponr foutenu fur plus
de cent bateaux , retenus par des cables attachés à des
ancres qui font au fond de l'eau.
Il y a , foit dans la ville , foit dans fes dehors , un grand
nombre d'églifes Se de maifons religieufes, de l'un ôc de
l'autre fexe. La cathédrale , qui eft dédiée à S. Martin ,
eft grande Se bien bâtie. 11 y a dans cette églife , comme
en plufieurs autres cathédrales d'Allemagne , deux chœurs.
Le grand autel eft conftruit de manière que le célébrant
regarde toujours les chanoines Se le peuple , de forte
qu'il n'a pas befoin de fe retourner pour donner la béné-
diction. On y voit en différens endroits un grand nombre
de tombeaux des archevêques de Mayence. Le clergé
de cette églife eft compofé de l'archevêque ôc de qua-
rante-deux chanoines, dont les vingt -quatre premiers
feulement compofent le chapitre , Se fe nomment pour-
cette rai fon capitulaires. Eux feuls élifenr l'archevêque,
fans que les dix huit autres, qu'on nomme domiciliers ,
ayent aucune part à l'élection. Les trois principales di-
gnités, parmi les chanoines, font celles de prévôt,de doyen
Se de grand chantre. Elles font aufn électives , Se donnent
le droit de porter mitre. Ce chapitre gouverne la ville Se
le diocèfe pendant la vacance du fiége archiépiscopal Se
électoral \ Se députe non-feulement aux diètes de l'Em-
pire, mais y tient même le directoire; malgré les préten-
tend qu'il a droit d'y propofer les matières. Il y eut de
grandes disputes fur ce fujet après la mort de l'archevêque
& électeur Charles Henri de Meternich ; mais le député
du chapitre de Mayence l'emporta enfin fur tous les au-
tres. 11 n'en eft pas de même de toutes les autres fon-
dions propres à la dignité de premier électeur que pos-
féde leur archevêque. Ainfi le chapitre n'a pas droit
*f9
de faire la convocation du collège électoral pendant la va-
cance du fiege : mais tous les électeurs font obligés de fe
rendre a Francfort fur le Mein dans trois mois , «* compter
du jour qu'ils en ont eu la nouvelle. Outre le chapitre,
qui compofe le haut clergé de certe ville Se du diocèfe ,
il y a encore dans Mayence, ou fes dehors .neuf autres
chapitres ou églifes collégiales , dont cinq font confidéra-
bles , Se fept paroiffes , dont la première , qui elt fous l'in-
vocation de faint Ignace martyr , eft très- belle. Cette
églife appartenoit autrefois aux chevaliers du Temple. On
y compte neuf couvens d'hommes de différens ordres j
l'abbaye de faint Jacques , où font les Bénédictins, en eft
un des principaux. Les monafteres de filles y font au nom-
bre de huit. Les Jéfuites y ont un beau collège , Se une
très-belle bibliothèque. 11 y acinq hôpitaux , en comptant
celui des Lépreux , qui eft dans le fort faint Jacques , dans
l'églife duquel on voit quelques tombeaux des archevê-
ques de Mayence.
Depuis l'an 1481 , Mayence a une univerfitc , fondée
par l'archevêque Thierri d'Ifenbourg. Cette ville néan-
moins avoit avant ce tems des écoles qui n'avoient pas
laifie de former des favans , tels que Marianus Scotus ,
Goswin , le moine Rupert , Jean Gawer , Sifroid de
Mayence , Sec. Il y a beaucoup d apparence qu'on doit à
fes habitans l'invention de l'imprimerie, quoique Haar-
lemen Hollande Se Straibourg lui disputent cette gloire,
d'autant que Jean Guttenbourg , gentilhomme natif de
cette ville, y produifir en 1440, le premier effai de ce
nouvel art , comme le prouve Serrarius , qui afl'ure qu'on
l'y eonferve encore.
Les édifices publics les plus remarquables de Mayence,
font la cour de l'archevêque , la chancellerie Se la mai fon
de ville. La cour ou le palais du prince , que l'on appelle
faint Martinfbourg , eft un château fitué au bout fepten-
trional de la ville tout près du Rhin; il eft compofé de
deux grandes ailes , Se de quelques tours jointes par des
galeries , Se rangées autour d'une grande place orbicu-
laire. Ses foffés font remplis par les eaux d'une petite ri-
vière, qui va fe jetterdans le Rhin. 11 fut ruiné en ijjz
par le margrave Albert de Brandebourg , Se rétabli par
l'électeur Daniel Brendel de Hombourg. Les principales
fortifications qu'on a ajoutées à l'ancienne muraille garnie
détours, qui environne toute la ville , confident en trois
forts , conftruits fur les hauteurs qui commandoient la
ville. Celui de faint Jacques, où font la tour Eichelftein
ôc l'Hôpital des Lépreux , eft le plus grand de tous. Il eft
au midi de la ville. Celui de faint Albans eft du même
côté , mais plus près du Rhin. Le Haupftein ou fort élevé,
eft à l'autre bout de la ville > il eft presque régulier : mais
tous ces ouvrages ne mettent pas cette ville en état d'une
bonne défenfc , d'autant qu'il y a encore plufieurs autres
hauteurs qui la commandent.
Au refte , Mayence a joui allez long-tems de fa liberté,
Se de plufieurs grands privilèges qui la rendoient fio-
ïiflante. Mais l'archevêque Arnoul de Zellenhoven ayant
été maflacré l'an 1 160. par la populace dans le monafterc
de S. Jacques, Se traîné enfuite fur un fumier, l'em-
pereur Frédéric, irrité de cet attentat, priva cette ville
de fes privilèges , Se en fir abbattre les murailles ; ce
qui caufa la retraite de la plus grande partie de fes
habitans, Se ruina fon commerce. L'an 1461. Adolphe
comte de Naflau, qui étoit foutenu parle pape Pie II.
contre Thierri d'ifembourg, furprit Mayence ôc lui
ôta fa liberté, de forte que de ville impériale, elle
devint une ville de province. En 1631. elle vint au
pouvoir du roi de Suéde Guftave Adolphe, qui la prit
par compofition, Se fir bâtir le fort qui porte encore
fon nom, entre le confluent du Mein Se du Rhin. Ce
fut alors que furent déterrées ces pièces antiques, qui
fuient placées depuis aux portes de la ville. Après que
les Suédois l'eurent abandonnée en 1 CT35. les Impériaux
s'en emparèrent, Se la rendirent quelque tems après à
l'électeur. Les François s'en font auifi rendus maîtres
plufieurs fois.
Elle eft retournée fous la domination de fes archevê-
ques , Se fon commerce a commencé à refleurir. * Zcyler7
Topogr. archiepiscop. Mogunt.
Le bienheureux Raban fut archevêque de Mayence
du tems de Charles le Chauve , au milieu du IXe fiécle;
nuis on fait remonter beaucoup plus haut l'etabliff*-
ï 60
MAY
MAY
ment du fiégè épîscopal de Mayence. On prétend que
S. Crescent disciple de fainr Paul en a été le premier
évêque , qu'il a fiégé l'an 80 de Jefus-Chrift , & qu'il a
été enterré dans l'églife de S. Albans ; depuis lui , on
compte une fuite de quarante évêques , jusqu'à faint
Boniface , auquel le pape Zacharie transporta en 74J.
la dignité de métropolitain , qui jusques-là avoit été
attachée au fiége de Worms. Ce nouvel archevêque qui
avoit prêché l'évangile aux Frifonsôi à plusieurs autres
peuples de Germanie , fut celui qui conlacra Pépin roi
de France après que le roi Childeric III. eut été dé-
pofé dans une affemblée générale des états tenue àSoiffons,
Willigife qui fut le dix-feptiéme archevêque, eft celui
qu'on tient avoir été le premier revêtu de la dignité
d'électeur. Ce prélat qui , d'une naiflànce obscure , avoir
été élevé à la dignité de chancelier des empereurs Othon
III. & Henri IL conferva une modeliie admirable dans
fa haute fortune, & fit peindre fur toutes les murailles
de fon palais des roues de chariot , qui puiffent le faire
•fouvenir à tout infiant qu'il étoit le fils d'un charron. Ses
fucceffeurs voulant refpeéter fa mémoire, prirent ces roues
pour leurs armes. L'archevêque Gerlac de NaiTau, qui
étoit petit-fils de l'empereur Adolphe , fut déclaré par la
bulle d'or le premier entre les électeurs. * Baillet, Topogr.
desSaints ,p. 305.
MAYENCE ,( L'archevêché de) eft borné au fep-
tentrion par l'évêché de Wurtzbourg; à l'orient par les
comtés de Hohenlohe, de Wertheiin & de Reincckj au
midi par la Suabe , le haut comté de Catzenelbogen &
par le Palatinat; à l'occident par le même Palatinat, ik
par le bas comté de Catzenelbogen. Le pays qui compofe
ce diocèle efl fort bon. On le divife en deux parties. Celle
qui eft le long du Rhin s'appelle le Rhingaw : elle eft fort
peuplée ,& fertile en bons vins ; celle qui eft du côté de la
Franconie s'étend le long du Mein, & comprend,outre les
bailliages de Hochft , de Steinheim ik d'Aschaffembourg ,
le comté de Konichilein , & une partie de celui de
Reineck. L'archevêque de Mavence a pour fufTragans les
évêques de Wurtzboutg, de Voims , de Spire , d'Augs-
bourg , d'Aischftcft, de Stralbourg, de Confiance, de
Hildesheim , de Paderborn & de Coire. Autrefois il avoit
•encore fous fa dépendance les évêques de Verden, de
Prague & d'Olmutz. C'eft pourquoi les rois de Bohême
dévoient être confacrés par lui. Goldalt dans les commen-
taires fur les rois de Bohême, /. 3.6-. 10. p. 339. dit que
cet archevêque avoit la même prérogative par rapport à
tous les rois que l'empereur pouvoir créer , & que c'eft
pour cette raifon qu'on voit fur les tombeaux de quelques
archevêques de Mayence , leurs ftatues tenir par la main
un jeune prince couronné,ces monarques ayant été regar-
dés alors comme les enfans fpirituels de ceux qui les
confacroient. L'archevêque Se électeur de Mayence efl
archichancelier de l'empire pour l'Allemagne, garde
des fceaux , des archives & de la matricule du même
empire , & doyen du collège électoral , qu'il a droit
de convoquer. Le vice-chancelier ik tous les autres
officiers de la chancellerie impériale lui prêtent fer-
ment de fidélité. Il a droit de révifion fur les fentences
de la chambre impériale; il eft directeur des affemblécs
générales &c particulières de l'empire. C'eft auprès de
lui que tous les députés doivent faire légitimer leurs
pouvoirs, avant d'être admis. C'eft aulîi à lui que les
minifires étrangers doivent s'adreffer, lorsqu'ils ont quel-
que affaire à communiquer aux états de l'empire.
MAYENCE, [L'électorat de] efl compofé de
plulieurs états détachés, ik qui ne font pas tous compris
dans l'archevêché de Mayence. C'eft pourquoi je mettrai
ici une lifte de tous les domaines que cet électeur
pofféde.
I. La plus grande partie de cet électorat eft entre
le Palatinat ik Trêves autour du Rhin , où font les
villes de
VI. En Th'irinae Erfurt capitale»
VII. L'ElSFELD.
VIII. Dans la Hejfe.
Fritzlar
Amonebourg.
Bingcn ,
& Hochft.
Mayence ,
II. Le Rhingaw,
III. La Bergftraffe ,
IV. Dans le Palatinat il pofféde
Gersheim , & Sobrcheim.
V. En Franconie , le long du Mein , une litière où font
Aschaffctibourg, Seïingft&dt , ôc Klingenbcrg.
Toute la Thuringe a été autrefois du domaine de
l'Eglife de Mayence L'empereur Othon I. lui donna
en premier lieu la ville d'Eïfurr après la mort de Bur-
chard , feigneur de Thuringe. Il ajouta enfuite lereftede
la Thuringe , lorsque Guillaume fon fils fut fait arche-
vêque de Mayence. Celui ci la transmit à fes fuccefleurs j
mais, environ foixante dix ans après, l'archevêque Bardon
d'Opptrhofen, donna en fief de fon églife la partie
de la Thuringe qui s'éiendoit depuis les fources de
l'Horfele , jusqu'à la rivière de Verra , à Louis dit le
Barbu , parent de l'impératrice , femme de Conrad II.
Un autre archevêque nomme Albert, comte de Sarbourg,
confentit en 11 30. que Louis III. petit fils de Louis le
Barbu fût créé Landgrave de Thuiinge ik de Heffe.
Enfin l'archevêque Conrad de Wuelfpach , ayant été
battu par le Landgrave Louis V. lui céda tout ce qu'il
poffédoit dans la Thuringe ik dans la Heffe , a la réferve
d'Erfurt , de Fritzlar & d'Amclbourg ou Amonebourg.
La Bergffraffe fut donnée à l'archevêque Albert de
Lorraine en 1132. par l'empereur Frédéric II.
Hochft avec le péage fur le Mein , fut donné par
Charles IV. à l'archevêque Henri de Vunenbourg pour
le dédommager du démembrement de l'évêché de Prague
que le pape Clément VI. érigea en archevêché.
MAYET , bourg de Fiance dans l'Anjou , élection de
la Flèche.
MAYET DE MONTAGNE , en latin Mayetum in
Mumanis , bourg de Fi ance dans le Bourbonnois, élection
de Gannat. Ce bourg eu fitué dans la montagne du Jour
près de la rivière de Beibre, à trois lieues & demie de
I Allier. Le teiroir produit du feigle & de l'avoine , de
bons pacages & des foins. On y fait un grand commerce
de beitiaux , & il y a beaucoup de bois taillis de de
hautes futaies. Cette terre a titre de baronnie & droit
de tenir fix foires par an.
MAYEZ (Les) peuples de la France équinoxiale, à
30 lieues au fud-eit de la Cayenne , à onze lieues de
la mer.
1. MAYO ou l'isle de Mai,* l'une des ifles du cap-
Verd , au midi occidental de Fine de Bonnevifte, & a>
l'orient de celle de Santiago ou St Jacques. Mayo a fepe
lieues ou environ de circonférence: elle eft presque ronde.
Les voyageurs la mettent communément fous le ij°
deg. de latitude feptentrionale ; mais del'Ifley a joute
quelques minutes. Comme elle elt environnée de pointes
de rochers , on voit les flots qui fe brifent : c'eft un
avertiffement que les voyageurs ne doivent pas négli-
ger. Cependant on affure qu'au nord ik au nord-nord-
oueft de cette ifle il y a des baffes très-dangereufes qui
font plus avant dans la mer. * D.>mpier , Voyage autour
du monde , t. 3. p. 17. & Voyage aux teues Auftrales a
t. 5. p. 18.
Il y a dans Pifle de Mayo deux montagnes d'une hauteur
confidérable : le fommet de l'une eft affez plat,& celui
de l'autre eft pointu. Du refte le terrein eft uni& médio-
crement élevé au deffus de la mer. Quoique le rerroir
de cette ifle paroiffe fée & ftérile , elle ne laiffe pas
d'être la plus habitée & la plus cultivée des ifles du
Cap Verd , fi on en excepte l'ifle Santiago. Les habitans
fement du grain ik plantent des yames , des patates 6c
quelques plantains , ils élèvent aufli quelques volailles.
II y a quantité de taureaux , de vaches ik de chèvres,
& aux mois de Mai, de Juin, de Juillet ik d'Août,
une efpéce de tortues marines y vient pondre , mais il
s'en faut bien que ces tortues foient atïfli bonnes que
celles des Indes occidentales.
A l'oueft de Pifle , qui eft l'endroit où les vaiffeaux
jet eut l'ancre, il y a une grande baie iablonneuie, &C
un banc de fable, qui eft large de quarante pas ou en-
viron , & qui court deux ou trois milles le long delà
côte. Entre ce banc & lc^ montagnes , il y a une vatte Sa*
line de deux milles de long , ou à peu près , ik d'uni
demi mille deiarge; mais plus de ia moine de cette fa*
lii e eft d'ordinaire à fie L'extrémité, qui eft vers le nord,
ne manque jamais d'eau , ik, le fel s'y forme depuis le
taoii
MAY
MAZ i6ï
mois de novembre jusqu'au mois de mai , rems qui efl la
belle faifon de l'année aux ifles du Cap Vërd. L'eau de
la mer qui produit ce Tel, s'ouvre un partage à travers le
banc de fable ; ce qui n'arrive qu'au teins des grandes ma-
rées, ôc , félon leur haurcur , leur réfervoir elt plus ou
moins rempli. S il y a déjà du fcl lorsque l'eau y entre,
il le dilTout d'abord ; mais, deu:< ou trois jours après il re-
commence à fe grainer i ce qui continue jusqu'à ce que
toute 1 eau , ou du moins la plus grande partie , foit chan-
gée en fel, ou jusqu'à ce que la mer en fotiriiilTe d'autre.
On prétend que cette eau ne vient que par le feul pafiage
qui elt au nord du réfervoir, ôc où il elt auiïi le plus pro-
fond : on dit encore que Tenu n'entre dans le réfervoir
qu'au tems des marées de chaque nouvelle lune.
Ceux qui vont à Mayo pour charger du fcl , le ramas-
fent à mefure qu'il fe graine, ôc ils en font des monceaux
fur le terrein fec , avant que la mer retourne. Le fcl de
cette faline ne fe graine que dans la belle faifon -, tout au
contraire de ce qui arrive aux falines des Indes occiden-
tales, & en particulier à celle de la Tortue la falée , donc
Dampier fait mention dans fon voyage autour du monde,
r. i. p. 63. Presque toutes les narions , fur-tout les An-
glois, vont chercher du fcl dans cette ifle.
Il n'en coûte rien pour la peine des hommes qui le ra-
maiTuu ôc qui le tirent de la faline , on n'en paye que la
voiture , qui elt même à fort bon marché , parce que les
habitans ont grand nombre d'ânes , qu'ils ne peuvent
presqu'employer à autre chofe qu'à porter le fel depuis
la falme jusqu'au bord de la mer. Les habitans chargent
ôc conduifent eux mêmes leurs ânes, bien ailes de trou-
ver cette occupation , puisqu'il leur relie à peine aucun
autre moyen pour gagner quelque chofe. La faline n'é-
tant pas à plus d'un demi-mille de l'endroit où l'on em-
barque le fel , les ânes peuvent faire ce chemin plusieurs
fois dans un jour ; ils ont un certain nombre de tours
fixes pour la matinée ôc pour l'après midi , au-delà des-
quels les propriétaires ne veulent point les faire aller.
2. MAYO ou Majo , comte d'Irlande dans la pro-
vince de Connaught. Il cil borné à l'eit ôc au nord-eft
par les deux comtés de Roscommon ôc de Slego , à l'cucft
ôc au nord par l'Océan occidental , & au fud par le
comté de Gallway ; ce comté a cinquante-huit milles de
long & quarante -quatre de large. Il abonde en bc-
ftiaux , en bêtes fauves , en faucons Ôc en miel. On le
«divifc en neuf baronnies , qui font,
Tyra-wly,
Erris ,
Buriihoole ,
Gallen ,
Cortello,
Clonemorris ,
Killmaine,
Corrah ,
Morrisk.
Les principales villes font ,
Killala, Mayo, Cafllbar, Shroule.
* Etat préjent de la Grande Bretagne , r. J. p. 31.
3. MAYO ou May , ville d'Irlande , ôc le chef-lieu
du comte de Mayo , à trois milles ou environ au fud cil
de Killala ; elle elt aujourd'hui fort déchue de ce qu'elle
a été. C'étoit autrefois un évêché qui a été réuni a Tuam ,
ôc dont la jurisdiétion appartient a Killala. Elle efl fituée
à l'embouchure de la rivière de May , fur les frontières
de Slego , à 1 1 j milles , ou environ , presqu'à l'ouelt de
Dublin ; elle a titrede vicomte. * Etat préfent de la Gran-
de Bretagne , t. 3 . p. 3 I .
MAYON1QUE , montagne de l'ifle de Luçon , l'une
des Philippines. Elle elt dans la province de Camarines,
au levant d'hiver de la ville de Carcéres •, c'eft un volcan
qui jette presque continuellement des flammes. Voyez,
au mot Luçon , où cette montagne elt décrite , quoi-
qu'elle n'y foit pas nommée. * Corn. Diction.
MAYORGA , petite ville d Espagne , au royaume de
Léon , à cinq lieues de la ville de ce nom ; elle elt fituée
dans une grande plaine , agréable Ôc fertile. Les feigneurs
de la maifon de Pimentel la polTédent , & elle elt le
^chef-lieu d'un comté auquel elle donne le nom. * Déli-
ces d' Espagne ,z. 1. p. 157.
MAYORQUE. Voyez. Majorque.
MAYOTTE ou Majote . en latin Mayota infula ;
c'eft la plus méridionale des ifles Comorres ; elle n'a pas
de bonne eau , mais les vivres y font à bon marché, Coï-
neille , DlEl. dit qu'on donne ce nom à un peloton de
petites ifles fituées dans la mer de Zanguébar , entre la
côte de ce nom ce l'ifle de Madagascar. Mais ce pelo-
ton de petite^ ifles n'eu autre chofe que celui des ifles
de Comonc, dont Mayotte fait elle même partie". Elle
elt fituée , fclon de 1 il e, Atbs , dans le canal de Mo-
zambique , au midi de l'ifle Moali , au couchant de
celle d'Anjouan , ôc au fud efl de l'ifle d'Angafie , ou la
grande Comorrc.
MAYZI , l'une des provinces qui partageoient ancien-
nement l'ifle de Cuba. Elleétoit la plus prucLe de l'ifle
Hispaniola , & obéiiToit à un cacique , nommé fclatucy,
que les Espagnols firent périr. Le nom de Mayzl elt de-
meuré à un cap de 1 ifle. Cette région elt monragneufe,
& remplie d'épaifles forêts & de bocages. * Corn. Dict.
Laet. Delcr. des Indes occid. 1. 1. c. S.
MAZA. Voyez, Masaci.
MAZACA , ville de la Cappadoce dans la préfecture
delà Cilicie , félon Ptolomée, /. j. c. 6. qui l'appelle
M.iz.a , ôc la furnomme Ccjarea. Srrabon , / 1 i.p. j 37.
lui donne le litre de métropole de la Cappadoce , la fur-
nomme Eufebia, /. 12. p. 538. ôc la place fur le mont
Arguais. Elle elt connue fous le nom de Cefarée dans le
concile d'Ephèfe , ôc mile dans la première Cappadoce.
Les barbares , à ce que dit Niger , lui donnent le nom de
Tijaria , ôc Philander , in Vuruv. a remarqué qu'Eufebe
ôc Rufusl'appelloient par erreur Megara.
MAZAC/Ê , peuples de la Sarmatie Afiatique , félon
Pline , 1.6. c. 7.
MAZACENSIS , fiége épiscopal d'Afrique, dans la
Numidie, dont l'évêque Apronianus a foufetità la confé-
rence de Carthage , n°. 205. La notice épiscopnle d'Afri-
que , «°. 81. fait mention de Benenatus , qu'elle qualifie
episcopus Mazœcenfis.
MAZACYLA , ville de la Marmarique. Ptolomée ,
/. 4. c. y. la place dans les terres entre Aio ôc Bdla.
MAZ/£I , peuples voifîns de la Libumie , à l'orient de
cette province , félon Ptolomée , /. 2. c. 1 7. qui les place
au-deflùs des Derriopes ôc des Demi. Dion les met dans
la Dalmarie , ôc Strabon dans la Pannohie. Mar. Niger
dit que de fon tems le pays qu'habitoient ces peuples, fe
nommoir Lica. * Ortelii Thcfaur.
MAZ/ENA , ville de la Paleltine , félon Etienne le
géographe.
MAZ^UM. Voyez. Amazon ium.
i.MAZAGA. J^cMassaga.
1. MAZAGA , province de l'Abiflînie dans les terres.
Elle elt bornée au nord par le royaume de Balou, à l'o-
rient par le pays des Bekias ôc par celui des Sires, au midi
par le pays desTzagades, ôc à l'occident par le royaume de'
Sennar. Cette province elt beaucoup plus longue que
large , Ôc trois grandes rivières la traverfent -, favo r, la
Mareb, la Tacaze ôc la Caza. * LuUolf, dans fa carte de
l'Abilîinie.
MAZAGAN , place forte d'Afrique que le roi de Por-
tugal a fait bâtir fur la frontière de la province de Dt>
quela au royaume de Maroc, & qu'il a fortifiée depuis
qu'il a abandonné les villes de Safie ôc d'Azamor , en latin
Maz,acanum.- Elle elt à trois lieues de cette dernière dans,
une plaine fur le bord de l'Océan où étoient une vieille
tour appellée Borcychade l'ancien port d' Aîmedine , ôc un
bourg préientement ruiné , qu'on nomme aujourd'hui la
maifon du Chevalier. Ses murs font bâtis à la moderne de
pierres liées avec de la chaux , & il y a beaucoup d'artil-
lerie ôc de munitions avec une bonne gàrnifon. L'Océan
la ferme d'un côré , 8c elle a de l'autre un fofi'é large ôc
profond dont l'eau monte avec celle de la mer. On y
voit un puits d'eau douce qui a un bord de pierres fort
haut & fort relevé , où les barques vont faire de l'eau.
Depuis la puiflance des cherifs, cette place eut beaucoup
de démêlés avec les Maures , ôc Louis de Lorero , qui en
étoit gouverneur , remporta fur eux divers avantages. L'an
1562, le cherif l'alla attaquer avec plus de deux cens
mille hommes ôc la bâtit fortement ; en fuite , comblant*
le foffé avec une montagne de fable, il abbatit une grande
partie du mur à coups de canon -, mais les aïîïégés firent
une défenfe fi vigoureufe , qu'avec des mines ôc des feux
d'artifices, ils tuèrent quantité de Maures & les repous-
ferent hors de la ville. Le cherif voyant qu'il ne pou-
voir empêcher le fecours du côré de la mer , fc retira avec
Tm. IV. X
i6a. MAZ
MAZ
grande perte qui ne fut gnères moindre pour les Chré-
tiens , quoiqu'ils fuflent demeurés victorieux. * Marmol ,
Defcr. du royaume de Maroc , 1. }. c. $6,
MAZALIG , ville ou plutôt château d' Afrique dans la
province de Biledulgerid, à 20 deg. 10 min. de longitu-
de, & à 30 deg. 10. min. de latitude , fur le bord de la
rivière de Ghir à deux journées de la province de Sugul-
mefle. Autour de ce château il y a quelques maifons ha-
bitées par des pauvres Arabes, qui n'ont ni bled ni orge ,
6c qui Ce nourriffent de quelques dattes & de ce qu'ils
volent fur la frontière. * Dapper , Defc. du Biledulge-
rid, p. 220.
MAZAMET> petite ville de France dans le haut Lan-
guedoc , au diocèfe de Lavaur. Il s'y fabrique de très-
beau papier.
MAZAN , Manfiada , Manjfada , abbaye d'hommes
en France de l'ordre de Citeaux , filiation de Bonnevaux
dans le Vivarais, diocèfe de Viviers, au nord-eft d'Aube-
nas , fondée au mois de Novembre 1 1 19. elle rapporte
neuf à dix mille livres à l'abbé.
M AZANGE , bourg de France dans la Beauce , élection
de Vendôme.
MAZANlA.Métaphrafte, dans la vie de faint Théo-
dore Archimandrite , dit que c'eft un lieu fur le haut Sibe-
ris. Il doit être félon les apparences quelque part dans l'A-
ile Mineure. * Ortelii Thefaur.
1. MAZANDERAN ou Mazendran , ville de Per-
fe. Elle a donné fon nom à un grand pays au midi de la
mer Caspienne. Cette ville dont la fondation eft incertaine
étoit eftimée très-forte Se comme imprenable du rems de
Kaïkaous II. roi de la féconde Dynaiîie de Perfe furnom-
mée Caïanides. Kaïkaous fit long temsla guerre dans ces
quartiers-là à Afrafiab roi de Turqueftan , qui le fit en-
fin prifonnier Se le tint enfermé dans la ville de Mazan-
deran, jusqu'à ce que le brave Roftam l'en délivra. *
D'Herbelot , Bibliot. orient.
2. MAZANDERAN ou Mazendran, province de
Perfe ( a ) , au midi de la mer Caspienne , à l'orient du
Siurfian , au nord du défert de Khorafan, Se à l'occident
de la province de Dillem. Plufieurs géographes la mettent
au nombre des contrées ( b ) que renferme la province de
Ghilan , prétendent que Thabariftan Se Mazanderan font
la même chofe , Se foutiennent que c'eft le pays dont les
habitans étoient appelles Mardi du tems d'Alexandre.
Les montagnes de cette province font inhabitables : mais
Ja plaine eft fort peuplée , très-fertile , Se fi agréable , que
les Perfans difent que c'eft le jardin du royaume , comme
la Touraine l'eft de la France. C'eft pourquoi le Hakim
ou po'éte Fardauti a eu raifon de dire ,
Tfchu Mefanderan ; Tfchu Kulkende Sar ?
Mïkertm ive nefert , bénis che befar ?
C'eft-à-dire : qu'eft-ce que Mefanderan? n'eft-ce pas
un lieu planté de rofes, ni trop chaud ni trop froid, mais
un printems perpétuel ? ( a ) Reland , Carte de la Perfe.
( b ) Olearius , Voyage de Perfe , 1. 4. p. 363.
Pietro délia Valle , convient de la bonté duterroir, mais
il donne une fituation un peu différente au pays. Le Ma-
zanderan , dit-il, eft fitué fur le bord de la mer Caspienne
quafi au midi, ou un peu plus au-deflus vers l'orient à la
partie méridionale de cette mer , fi je ne me trompe ■> de
forte qu'au couchant il a la mer Caspienne , &,au levant
fur la même mer , le pays d'Efterabad , qui eft de la dé-
pendance d'un can , fujet du roi de Perfe. L'Arac , ajoute
Pierro délia Valle , a au midi Mazanderan , qui eft au
couchant de la province de Ghilan. * Voyages , p. 227.
Le terrein de la province étant gras Se humide , à caule
de la quantité de petits ruifleaux qui le mouillent en plu-
fieurs endroits , il devient pendant l'hiver fi boueux , que
les chameaux , quoique de taille très-avantageufe , en ont
fouvent jusqu'aux fangles ; mais, pour remédier à cette in-
commodité ,on a entrepris de faire paver les chemins. Par
ce moyen le Mazanderan , qui eft le pays du monde où
les habitans font le plus civils, le plus officieux Se le plus
fidèles, fera un des plus beaux de l'Afie. Afin de peupler
cette province on y a conduit des colonies fans nombre de
différentes nations & de diverfes religions Se la plupart
Chrétiens. On a donné à ces peuples des terres à cultiver
& on les a occupés aux mêmes emplois qu'ils avoientehez
eux 1 par ce moyen on a introduit dans le Mazanderan
plufieurs métiers.
Les principaux lieux de cette province font
Meschadozer ,
Saria ,
Amola ,
Farabath ,
Uftkoen ,
Bal fat i ,
Cefemme ,
Calara ,
Afasgiri.
Rondbar ,
MAZANGRAN , ville d'Afrique dans la province de
Tremecen , à une demi-lieue de la mer , & à treize lieues
d'Oran vers le levant. On tient qu'elle a été bâtie par
ceux du pays. Les anciens appelloient fon port le port
des Dieux. Prolomée le met à trente degrés trente minu-
tes de longitude , Se à trenre-trois degrés quarante cinq
min. de latitude. La ville qui a des hautes murailles avec
un grand château , étoit autrefois aflez peuplée de mar-
chands Se d'artifâns qui étoient à leur aife , mais méchans
& vicieux. Cette ville commença à décliner après la prife
d'Oran par les courfes des Arabes de la contrée C'eft pour
cela que ceux qui y demeuroient étoient bien-aifes de vi-
vre en paix avec les Chrétiens, & qu'ils faifoient quel-
que reconnoiflance au gouverneur par forme de tribut ,
venant d'ordinaire au marché à Oran. Quand l'intelligence
ne fubfiftoit pas entre eux , ils n 'étoient pas en fureté , à
caufe de la gamifon qui couroit à leurs portes ; de forte
qu'ils étoient contraints de fe retirer à Moftagan, quin eft
éloigné que d'une lieue. Le terroir des environs eft fort
bon pour l'orge -, mais il n'y peut venir de froment. Lors-
que Martin de Cordoue, comte d'Alcaudéte , attaqua la
ville de Moftagan , ils s'y retirèrent avec leurs femmes ôc
tous leurs biens, jusqu'à la levée du fiége où il fut tué. *
Marmol, Defcription. de la province de Tremecen , 1. j.
c. 21.
1 . MAZARA , fleuve de la Sicile , félon Ptolomée ,
/. 3. c. 4. Se Pline, /. 3. c. 8. Diodore de Sicile , /. 13. c.
J4. dit qu'il y avoit fur ce fleuve un entrepôt pour les
marchandifes. Voyez, Mazara 4.
2. MAZARA, château dont fait mention Etienne le
géographe, qui le furnomme Caftellum Seiinamorum. Or-
telius, Thefaur , croit que ce château étoit quelque part
dans la Sicile. Voyez, Mazara 4.
3. MAZARA ou Val di Mazara , grande conrréede
la Sicile, dont elle occupe la partie occidentale. Elle eft
bornée à l'orient par le Val Demone, dont elle eft fépa-
rée par la rivière Grande & par le Val di Noto , la ri-
vière Salfo faifant la féparation. De tous les autres côtés
elle eft baignée par la mer. Elle tire fon nom de la ville
de Mazzara qui en eft la capitale. Ses principales villes ÔC
forts confidérables fur la côte , en prenant du nord au
midi , font
Termini ,
S. Nicolo , fortereffe ,
Palerme ,
S. Catald , fortereffe ,
Catelamare ,
Trayant ,
Marfalla ,
Maz,z.ara ,
Momecbiaro s
Alicata.
Dans les terres font les villes & lieux qui fuivent :
S. Vito , dévotion ,
Canni , principauté ,
La Sambuca , marquifat ,
Monreale ,
Alcamo , baronie ,
Coniglione ,
Vicarï , comté ,
Saleme ,
Bivona, duché,
Camarata, comte,
Scalafani, comté,
Sutera ,
Cahanijfetta , comté,
Priz,zi , baronie ,
Caffro Novo ,
Poltz,z,i ,
Cafiel Vetrano , prin-
pauté,
Partanna, principauté;,
Calta Bellotta , comté ,
S. Calogero , dévotion»
Siculiana ,
G'irgentï ,
ha Favara3 marquifat,1
Varo.
La vallée de Mazara eft coupée de diverfes rivières ;
dont les principales font , en prenant du nord au midi ,
Grande,
S. Giorgio ou Bergi ,
Rifefio,
Torto ,
Maz.z.ara ,
Turbuhf
Termini,
Belligero , ou
Platani ,
MAZ
MAZ
Délia ,
Cani t
Belici ,
Dr agi ,'
Carabi ,
S. Blajt,
Calata-bellotta ,
Nurot
Mahyajolo ,
Salfo ,
Admiranto ,
Nualla ,
Tayhuro 3
Frigido , ou S.
Banolomeo,
4. MAZARA ou Mazzara (tf), ville de Sicile dans
3e Val de Mazara fur la côte occidentale de l'ifle, à
l'embouchure de la rivière de même nom , Se à l'orient
du cap Feto ou Ferro. Elle fut bâriedes ruines de Selunte,
félon Volteranus, Commentant Lfrbani, lib 6. Ptolomée,
/. x.c. 4. la nomme Maz.aras. Elle devint fi confidéra-
ble & fi riche, qu'elle donna fou nom à toute la vallée
qui compofe la féconde partie de la Sicile , Se qui s'ap-
pelle encore aujourd'hui Val di Mazzara. Son terri-
toire ( b ) eit d'une grande étendue & très-fertile. Un peu
au-delnis de cette ville on voit l'embouchure de la rivière
Mazara, dont les deux fourçes font à l'occident deSa-
leme. (a) De l'IJle , Atlas. ( b ) Lcander , Defcr. di Val
Mazzara.
MAZARAZANA. Kyrs.MARAZANA.
MAZARIS ou Mazara, ville de Sicile. L'itinéraire
d'Antoninla met fur la route du trajet à Lilybaium,en-
tre Ad fluvium Lanarium Se Lilybea,à dix milles delà
première de ces places , Se à douze milles de la fécon-
de. Il y a apparence que c'eit la même ville que la précé-
dente.
MAZARORUM CASTRUM, lieu fortifié dans la
Perfe , îelon l'hiltoire Miscellanée. * Ortelti Thef.
MAZARIN. Voyez. Rethel.
MAZAR1NO, petite ville de la Sicile dans le Valdi
Noto près de la rivière de Terranova , au nord de Ru*
tera Se au fud-ouelt de Piazza. Elle a titre de comté,
Se a donné ion nom à la maifon que le cardinal Maza-
rin a illuftrée. Quelques-uns croient que c'eft l'ancienne
Mattorium , que d autres placent à Butera. De l'IJle ,
Atlas.
MAZATLAN , bourg de l'Amérique feptentrionaîe
au nouveau Mexique, dans l'audience de la nouvelle Ga-
lice , au pays de Chiametlan , fur une rivière qui lui don-
ne l'on nom , affez près de la côte de la mer du Sud.
* De l'ifle, Atlas.
Selon de Laet , description des Indes occid. L 6, fie.
Mazatian efl le nom de deux petites ifles de la Nou-
velle Biscaie, Se il ajoure qu il y a un port de même nom
derrière ces ifles, préeifément fous le tropique du Can-
cer ; que la baie eit petite Se fort poiffonneufe , & qu'il
y descend une rivière où les navires ne peuvent entrer à
caufe des baffes qui font à fon embouchure.
MAZAX , furnom donné à un cheval par Olympius
Nemefianus ( a ) , Se par Oppien [b ). Gesner , in Equo ,
l. 1. p. 417. croit qu'on donnoit le nom de MazAxes aux
chevaux de Maz.aca, ville de la Cappadoce ; mais Or-
telius Tbefaur. juge qu'il eit queftion d'un pays d'Afri-
que , dont le peuple eit appelle Maz.ax par Lucain ,
/. 4. v. 6& 1 . & que Claudien , in Panegyr. Stilicon. nom-
me Maz,as. ( a ) In Cynogetico. {b) in Venatione.
MAZE , village de la SuifTe au pays des Grifons dans
la Valteline , du côté gauche de l'Adda. C'eft le fiége d'un
archiprêtre. * Etat & Délices de la Suijfe , tom. 4. p.
MAZE , en latin Mafiacum , gros bourg de France
dans l'Anjou fur la Loire , élection de Baugé. Suivant un
titre de l'abbaye de Vendôme , Hubert vicomte de Ven-
dôme, ayant cédé à Foulques Nera , comte d'Anjou l'é-
glife paroiffiale & la terre de Mazé , afin d'obtenir l'évc-
ché d'Angers pour Humbert fon fils : ( car on n'étoit pas
alors bien fcrupuleux fur lafimonie,) Foulques donna aus-
fi-tôt la terre à Lancelin de Beaugenci , Se Géofroi Mar-
tel , fils de Foulques en aumôna enfnite l'églife & l'ab-
baye de Vendôme dont il étoit fondateur. L'églife de Ma-
zé eit fous l'invocation de S. Pierre.
MAZENIS FUNDI. Il eft fait mention de ce nom
dans Caffiodore , Variarum, L ad Florian. V. S. à ce
que dit Ortelius.
MAZERAS. Voyez, Maxera.
MAZERAY , bourg de France dans la Saintonge ,
élection de Saint Jean d'Angely.
MAZERE, (La) prieuré de Fiance au diocèfe de
Bourges près d'Illbudun.
63
ï. MAZERES, bourg de France dans la Touraine,
élection de Tours.
2. MAZERES, bourg de France dans le Bas-Arma-
gnac, élection d'Altarac. Ce bourg eft fur la rivière de
Baife , à deux lieues d'Aufch à l'occident.
3. MAZERES, en latin Caftriem Maz.eris , ville de
France dans le comté de Foix. C'eft une des principales
villes du comté; & ce n'étoit qu'un village en 1251.
Berenger, abbé de Bolbone , en fit une ville avec la per-
miffion du comte de Foix. Us partagèrent enfemble la
juitice Se la feigneurie. Le partage du comte Se de l'abbé
fut confirmé par un arrêt de la cour du roi faint Louis
qui condamna Alphonfe , comte de Touloufe fon frère»
qui avoit ufurpé ce lieu de Mazeres fur l'abbé de Bol-
bone, & fur le comte de Foix. Cette ville étant dans
une fituation très-agréable, les comtes de Foix y bâtirent
un château où ils firent leur demeure ordinaire.
Les Huguenots dans le feiziéme fiécle s'érant emparés
de cette ville, la fortifièrent de manière qu'ils s'y main-
tirent jusqu'à la chute entière de leur parti , fubjugué par
Louis XIII. * Lan guérite , Defcr. delà France, part. 1.
p. 217.
MAZICES ou Mazici , peuples de la Mauritanie;
félon Ammien Marcellin , /. 29. c. 2;. & Jeq_. Evagrius
qui parle de ces peuples les prend pour les Oafej. L'au-
teur de la vie de faint Chryfoltôme en fait auffi men-
tion, de même que Palladius dans la vie de l'abbé Arfa-
ce. * Or te lii Thefaur.
MAZIERA , ou Mazira , ou Midjaré , comme la
nomment les Arabes , ifle de l'Arabie Heureufe fur la
côte orientale , entre le cap de Rofalgate Se l'embouchu-
re du Prim.
ï. MAZIERE,(La ) bourg de France dans le Berri;
fur les confins de l'Auvergne , élection de Combraillcs.
Il eit fitué dans la plaine. C'eit un pays de bruyères ,
Se les terres font maigres.
2. MAZIERE, (La) bourg de France dans Je Lî-
moulin , élection de Tulle.
3. MAZIERE, bourg de France dans l'Anjou, éle-
ction de Montreuil Bellay.
1. MAZILLE. Il y a dans le diocèfe de Nevers &
dans celui de Mâcon un lieu de ce nom , connu dans
l'hilloire. Celui du diocèfe de Nevers fut donné au mo-
naitère de faint Germain d'Auxerre par un feigneur nom-
me Ithier , & Charles le Gras confirmant la donation
des terres de cette abbaye , y marque celle-là entre au-
tres. Achard abbé, obtint en l'an 1010. du comte Lan-
dry la remife des droits de garde qu'il levoit fur les ha»
bitans de ce lieu. On ne voit point que jusques-là il y
eut un prieuré dans cette terre ■■, mais une bulle d'Eugè-
ne 111. fait mention du monailère de Mazille l'an iicn
Mon.tfterium de Majfdiis cum ecclefïis de viridi prato t
de Montoirant de Jairi , de VendeneJJa , Sec. Il y a appa-»
rence qu'il n'y avoit pas long-tems qu'il étoit fondé , Se
qu'il n'eut pas d'autres fondateurs que l'abbé Se les re-
ligieux de S. Germain.
2. MAZILLE , du diocèfe de Mâcon , eft fitué fur une
montagne à une lieue de Cluni ; la rivière dé Grosnè
y palTe , Se un petit ruiffeau appelle Repentv. C'eit en
ce village qu'a été tenu un concile rapporté au quatrième
tome des anecdotes de D. Marrene, au fujet de Nor-
gaud évèque d'Autun. Cette affemblée y eit intitulée ,
Concilium Maffilienft , tout Amplement ; ce qui peut faire
croire qu'il fut tenu à Marfeille en Provence , au lieu
qu'il s'agit d'un village. D'ailleurs il e/t évident que la cau-
fe d'un évéque d'Autun ne pouvoir pas erre discutée hors
de fa province.
MAZIUS. Kojvç. Taurus I.
MAZNIMI ou Mazitani. La notice des évêchés
dépendans du pàtriarchat d'Antioche fait mention de
ce fiége, Se le met fous la métropole de Théodofio-
polis.
MAZORANI, peuples de l'Arie, félon Ptolomée ,
/. 6. c. 17. qui les place aux confins de la Parrhie Se de
la Caramanie. Les interprètes de ce géographe , au lieu
de MaZuOrani , lifent Masdorani ; Se c'ell ainfi appa-
remment qu'il faut lire, puisque Ptolomée . /. 6. c. «.
nomme Mas dor anus une montagne du voifinage.
MAZOURE. Voyez. Mansoure.
MAZUA, Matzua, Massua, ifle d'Afrique dans la
Tom. IV. X i)
164 MEA
tner Rouge fur la côte de l'Abiflinie , à une lieue au nord
d'Arkiko. Elle na qu'un demi-mille de longueur, & fa
largeur ne furpalie pas la portée d'une coleuvrine. Elle
eft fort plate. Sa fituation eft dans un enfoncement de
la côte allez pioche de la pointe du nord oueft. Le ca-
nal qui la fépare du continent eft fort étroit. Il n'y a
point de fouice d'eau vive, mais les citernes n'y man-
quent pas. L'air y elt exceflivement chaud pendant les
mois de Mai Se Juin, parce qu'il n'y fait aucun venr.
C'étoit autrefois la rélldence du prince de Dalaca , pour
la facilité de fon commerce avec les Abiflins dont il ti-
roit beaucoup d'or , Se d'y voire. Aujourd'hui cette ide
appartient au Turc. Ludutf, 1. t. n° 29. Hifioire gê-
né/a' e des Voyages , t. I,
MAZUIANUS rUNDUS. Voyez. Mazices. .
MAZULA. Ptolomée place deux villes de ce nom
<*ans l'Afrique propre ; l'une fur la côte, & à laquelle il
donne le titre de colonie , /. 4. c. 3. l'autre un peu dans
les terres , & qu'il appelle la vieille Mazula. Ses inter-
prètes lifent Maxula pour M.iz.ula. Ces deux villes font
auiîi connues dans l'itinéraire d'Antonin, qui les nom-
me Maxula, Se furnomme Pra'.es celle qui eft fur la
côte. Pline, /. 29. c. 25. parle auffi de Maxula, colo-
nie ; Se la notice épiscopale d'Afrique met au nombre
des évêques de la province proconfulaire Carcadius
Maxulitamis. Cette ville étoitvoifine de Tunis.
MAZULIPATAN. Voyez. Masulipatan.
MAZYCI. Voyez Mazyes.
MAZYES, peuples Nomades de la Libye, félon
E tienne legéographe, qui nomme d'autres peuples Maxyei
6c Machmes ; mais tous ces noms font défigurés , & ne
Signifient, félon les apparences, que le même peuple,
appelle Mazyces par Ammien Marcellin , /. 29. c. 25.
& jeq. Mazyc'i par Euftathe, in Dionyf. Se Maùces^zx.
Ptolomce , qui les place dans la Mauritanie Céfarien-
fe , au- défions du mont Zalacusj & audeiTus des peu-
ples Banturari.
M E
MEACOou Miaco, ville impériale du Japon dans
l'ifie ou presqu'ifie de Niphon. Ce nom en Japonnois ne
lignifie que ville, Se on le donne par excellence à Mea-
co , comme les Romains défignoient Rome par le mot
XIrbs. Cet! la demeure du Dairi ou empereur , auquel
les ufurpateurs de fa puiflance ont laide une ombre d'au-
torité pontificale Se religieufe pour le confoler de la
véritable qu'ils lui enlevoienr. Sur ce pied, elle eft re-
gardée comme la capitale de l'empire, File eft fitnéc dans
la province de Jamatto, dans une affez grande plaine. Sa
longueur du nord au fud , elt de rrois grands quarts de
mille d'Allemagne , & elle a un demi-mille de largeur
de l'eft à l'otieit. Elle ell entourée d'agréables colli-
nes Se de montagnes arrofées d'un grand nombre de pe-
tites rivières Se de fontaines charmantes. La ville appro-
che de la montagne du côté de l'eft , & on y voit fur
fon penchant un grand nombre de temples , de mona-
stères , de chapelles & d'autres bâtimens religieux , fi
l'on peut donner fans profanation ces noms à des édi-
fices confacrés à un culte impie & idolâtre. Trois riviè-
res qui ont peu de profondeur entrent dans la ville du
même 'côté; la plus grande fort du lac d'Oitz ; les
deux autres descendent des montagnes voifines , Se tou-
tes trois fe réunifient en une feule au cœur de la vil-
le, où il y a un grand pont de deux cens pas de lon-
gueur , nommé Sensjonojas , qui les traverfe. Là toutes
ces eaux ramafiees coulent vers l'oueft. Le dairi avec fa
maifon Se fa cour demeure au nord de la ville dans un
quartier fépaté du refte par des murs Se des foffés , Se
qui confifte en douze ou treize rues. Au côté occiden-
tal de la ville , il y a un château fortifié qui fut bâti par
un des dairis pour la fureté de fa perfonne durant les
guerres civiles. 11 fert maintenant à loger le cubo ou em-
pereur, lorsqu'il vient vifiter le dairi. Il a dans fa plus
grande longueur cent cinquante kins ou brades. Il eft
entouré d'un profond fodé rempli d'eau , 5c revêtu d'un
mur. On y rient des carpes délicieufes. Ce fodé eft en-
core entouré d'un fodé fec. Ce château eft gardé par une
petite garnifon que commande un capitaine
Les rues de la ville font étroites, mais régulières , les
MEA
unes allant au fud, les autres à l'eft : qvand on eft au bout
d'une grande rue , il eft impoilible d'en voir le bout op-
pofé à caufe de fa longueur , de la foule du peuple ÔC
de la poufliere qui s'y élevé» Les maifons font étroites,
à deux étages feulement , bâties de bois , de chaux Se
d'argille à la manière du pays , les toits en l'ont cou-
vetts de bardeau : au haut des maifons il y a toujours
une auge pleine d'eau avec les inllrumens nécefiaires
pour éteindre le feu.
Méaco eft le grand magafin de toutes les manufaétu-
res du Japon, Se de toutes fortes de marchandifes. C'cft
la principale ville decommeice de l'empire. A peine y
a-t-il une maifon où il n'y ait quelque choie à vendre
ou à acheter. C'elt-la que l'on affine le cuivre , que l'on
bat monnoie,que l'on imprime des livres, Se que l'on
fabrique les plus riches étoffes à fleurs d or Se d'argent.
Les meilleures Se les plus chères teintures , les cilelures
les plus exquifes, toutes fortes d'inltrumensde mulique,
de peintures , de cabinets vernidés , toutes fortes d'ouvra-
ges en or Se en autres métaux , furtout en acier , fe font
à Méaco dans la dernière perfection , de même que les plus
riches habits Se parures du meilleur goût ; routes fortes de
bijouteries , de petites poitures qui remuent la tête , Se
une infinité d'autres chofes qu'il feroit trop long de rap-
porter. On ne fauroir rien fouhaiter qu'on ne trouve dans
cette ville, & on n'y transporte des pays étrangers rien
que les habitans n'entreprennent d'imiter. Il ne pade pres-
que perfonne à Méaco fans y acheter quelque choie de
ce qui s'y fabrique, foit pour fon propre ufagé, kit pour
en faire des préfens.
On jugera de la quantité des habirans de cette ville par
le dénombrement qui fe fit en 167;. Le nombre des per-«
fonnes y cft diftingué par religions.
Il fe trouva dans les mille huit cens cinquante rues,
dont la ville eft compofée ,
Perfonnes.
De la religion TenDai, J050.
De la feéte de Singon, ÎO070.
De celle de Fod'o , J402.
De celle de Sen , iicio".
De celle de Seodo, 122044.
De celle de Rit, 99 ii.
De Jocke , 81586.
De Nis Fonguans, 41586.
De Figas Fonguans , 80 1 1 2.
De Takata Monto , 7405.
DeBukwoo, 8306.
De Dainembuds , 1 1 c8o.
De Jammabos , ^°73»
en tout 40 5 6*4 3.'
Dont les hommes ou garçons fe montoient à 1 8207.
Les femmes & les filles 3223572.
On ne comprend point dans cette lide ceux qui for-
ment la cour du dairo , ni les prêtres ni les perfonnes reti-
rées du monde. Perfonnes.
Un autre dénombrement (/) produit à Méaco, 477557.
Les prêtres Se les gens retires du monde , 5 2 1 69.
en tout 529726.
Sans y comprendre une multitude innombrable d'étran-
gers qui s'y rendent de toutes les parties de l'empire , Se
fans compter la cour du dairo , qui eft très nombreufe , Se
occupe une efpéce de ville à part. On peut voir dans l'au-
teur cité le dénombrement des temples Se la defeription de
quelques-uns. Le préfident de jullice qui réfide à Méaco ,
a beaucoup de pouvoir Se d'autorité. Il a immédiatement
fous l'empereur le commandement fouverain fur tous les
bugios,les gouverneurs, les intendans & les autres offi-
ciers qui ont quelque part au gouvernement des villes im-
périales, des terres de la couronne,& des domaines du fou-
verain dans toutes les provinces occidentales de l'empire.
Les princes même du côté de l'occident dépendent de lui
en quelque manière. Il eft le médiateur Se l'arbitre de
tous les différends Se procès qui peuvent furvenir entre
eux. Perfonne n'a la permidion de pader par Array cV par
Fakone , deux àes plus imporrans pafl.-ges , Se en quelque
façon les clefs de la capitale Se de la cour , fans avoir un
padeport figné de fa main. Le P. Kicioïi, geogr. referm.
/, 9. y, 40 1. donne une double pofltion de cette ville,
MEA
MEA
6?
favoir, Latitude. Longitude.
3;d. 4J m. If6d. 24m.
ou 36 o IJ7 23
( a ) Kaempfer, 1. 2. c ;. t. I. p. 171. ( b ) Ibid. tom. i.
pag. 198.
MEAILLES , paroifle de Fiance dans la Provence ,
diocèfe de Glandève. II y a dans fon territoire une belle
forêt de fapins , qui fervent pour faire les mâts de
vaifleaux.
MEANCE , (La) petite rivière de France dans la Bas-
fe-Normandie. Èllearrofe le bourg d'Argences Se le terri-
toire de l'abbaye des grands Bénédictins de Troarn , fé-
pare le diocèfe deSeez de celui de Bayeux, Se tombe dans
la Dive , trois lieues au-deffus de fon embouchure dans la
mer. * Cor». DiéL Mém. drejfés furies Lieux»
1. MEANDRE , ( Le ) en latin Maander, rivière d'A-
fic dans l'Ionie , fameufe par la quantité détours Se de
détours qu'elle fait avant d'arriver à fon embouchure.
Le nom moderne eft le Madré; Se c'eft ainfi qu'elle cft
appellée dans plnfieurs voyages du Levant. Mais dans les
traductions des anciens ouvrages , on dit le Méandre. Elle
eft étroite, mais profonde. Tite-Live, /. 38. c. 13. dit:
Le Méandre fort de la haute fonereffe de Celénes , tra-
verfe la ville par le milieu , coule d'abord dans la Carie ,
puis dans l'Ionie, Se Ce perd dans un golfe entre Priéne
Se Milet. Pline,/. 5. c. 29. en parle ainfi : Le Méandre
fort d'un lac fur la montagne d'Aulocréne , baigne quan-
tité de villes, fe charge de beaucoup d'autres riviè-
res , Se fait tant de détours dans fa courfe , qu'il femble
remonter vers le pays d'où il vient. Il circule premièrement
dansl' Apamée , dans l'Euménitique , puis dans les champs
Bargylétiques, enfin entre paifiblement dans la Carie j
Se , arrofanr toutes ces campagnes d'un limon qui y porte
Ja fertilité , fe jette dans la mer à dix ftades de Milet. J'ai
rapporté au mot Labyrinthe 2; la deferiprion qu'en fait
Ovide en comparant cette rivière avec le labyrinthe de
Crète ', j'y ai joint la traduction que Thomas Corneille
en a fait , Hcrcul. furent, v. 683. Sénéque parle ainfi du
Méandre.
Çhialis incerta vagut
Meander unda ludït & ceditfibi ,
Jnfiatque ; dubius littus an fontem petit*
Perrault dans fon po'éme intitulé : Lefiécle de L0111S le
Grand, dit à 1 occafion de la circulation du fang,
L'homme de mille erreurs autrefois prévenu,
Et, malgré fon favoir, à foi-même inconnu >
Ignoroit en repos jusqu'aux routes certaines
Du Méandre vivant qui coule dans fes veines.
Plutarque dans fon livre des rivières, p. 31. édit. 1.
Maujfac. dit que le Méandre s'appelloit anciennement
Anabaenon , c'eft-à-dire qui retourne fur fes pas. C'eft ,
dit-il , le feul de tous les fleuves , qui, de fa fource, revient
vers les lieux d'où il eft parti. ( Le Méandre n'eit pas le
feul. ) Il a été ainfi nommé, pourfuit cet auteur, à caufe
de Méandre fils de Cercaphus , Se d'Anaxibie , qui, durant
uaie guerre contre la ville de Peiïinunte, promit à la mère
des dieux que , s'il remportoit la victoire , il lui facrifie-
roit la première peribnne qui viendroit le féliciter. Le ha-
zard voulut qu'à fon recour les premières perfonnes qui fe
préfentent à lui , furent Archeiaiis fon fils , fa feeur Se fa
mère. Malgré les liens du fang il voulut les faire immoler ,
& enfuite, agité de troubles ck. accablé de douleur, il fe
précipita lui-même dans l'Anabamon , qui fut enfuite ap-
pelle Méandre à caufe de lui. C'eft ainfi que Timolaiis ra-
conte le fait au dixième livre des affaires de Phrygie. Aga-
tocle le Samien en parle aufii dans fa république de Pes-
finunte. Mais Demoftrate d'Apamée , dit que Méandre
ayant été choifi de nouveau général , dans la guerre con-
tre la ville de Pelfmunte , Se ayant vaincu contre fon at-
tente, il partagea aux foklats les offrandes confacrees à la
mère des dieux La deeffe permit qu'il perdit l'esprit , Se
que dans un accès de fa manie , il tuât fa femme Se fon
fils. Etant revenu en fon bon fens , il fe jetta dans la ri-
vière qui en prit fon nom.
i°. Il n'eft pas vrai que le Méandre foit le feul qui ait
des finuofités dans fon cours, Tournefort , Voyage du Le-
vant , lett. 22. t. 2. p. 202. dit qu'il s'en faut bien que tes
concours du Méandre approchent de ceux que la Seine
fait au-dcfi'ous de Paris.
20. Le vœu imprudent de Jephté a fervi de modèle à
un grand nombre d'événemens qui lui reffemblent ; le mê-
me fait elt attribué a Idomcnée Se à bien d'autres , à
quelques circonnances près.
j°. La manière (impie dont Demoftrate d'Apamée ra-
conte le fait, eft plus vrailèmblable. Sans attribuer au-
cune divinité à la mère des dieux, on peut due que le
préjugé où étoit Méandre* & tout le peuple à cet égard,
fuftifoit pour le jetter dans de violens rémois , après une
action qui étoit un véritable iacrilége dans un païen.
2. MEANDRE (Le), montagne de l'Inde au delà dix
Gange , en latin M^candrus. Ptolomée , /. 7. c. 2. y mec
la fource de toutes les rivières qui couloicnt entre le
Gange Se la Bifynga.
MEANVARORUM PROVINCIA. Bede nomme
ainfi un canton de l'Angleterre au pays des Saxons occi-
dentaux. * Ortelii Thefaur.
MEAO , petite ifle de la mer des Indes, entre les Molu-
ques au couchant de Ternate. Elle a un bun havre où les
habitans de Mindanao avoient accoutumé de demeurer à
l'ancre pour être à couvert de l'attaque des Portugais. C eft
dans cette ifle que le roi de Ternate fait conftruire fes ca-
racoles Se préparer tout pour leur armement. 11 croît
dans cette ifle du clou de gérofle. * Voyages de la compa-
gnie Mail mdoife , r. 1. p. j 1 9.
MEARTA , grande ville d'Afie dans l'Indouftan au
pays des Hendous , félon Daviry , Afie.
MEARUS. Voyez. Meta rus.
MEAT./E. Voyct. M/£at,«.
MEATH , pays d'Irlande. On le diftingue en deux
parties, l'une orientale , nommée East Miath , l'autre
occidentale, nommée Ouest-Meath. Voyz. la première.
ME AUX (a), ville de France capirale de la Brie,
avec évêché fuffagrant de l'archevêché de Pans, a 411a-
tre lieues de Jouarre, à quatre de Colommiers Se de Faie-
moutiers , a lèpt de Rofay , à huit de Scnlis , Se à dix de
Paris. L'ancien nom latin eft Jatinum, que Ptolomée
place fous le peuple Meld^ï. Elle a eu le fort de quan-
tité d autres anciennes villes qui ont quitté leur vrai nom
pour prendre celui de leur peuple On a dit avec le ;ems
Meldarum ou Meldorum Uras , Se enfin Melli ou
MELr.i£. Les peuples Melda otf Mddi , comme le re-
marque de Longi.enie, Defcrip. de la France , ptrt. 1.
p. 3J. ne font point marqués dans les commentaires de
Céfar. Le premier qui en ait fait mention eft Pline , /. 4»
c. 18. il les nom.ne Mêlai Liberi. Le territoire de Meaux
qui eft au nord de la Marne, étoit anciennement delà
Belgique. Après Augufte il fut attribué a la Gaule Celti-
que ou Lyonnoife , Se lorsque la Lyonnoife fut divifee en
provinces, Meaux fut attribué à la quatrième ou a la
province de Sens, qui a été la métropole de Meaux jus-
qu'à la fin de l'an 1622. que Paris fut érigé en métropole.
Meaux aconfervé fon nom Meldi jusqu'au IXmc fiécle
ou environ. C'eft dans ce tems-là qu'on le voir corrom-
pu en MilitijC ou Meletium , Se le pays des environs
appelle Melecianus pagus,& en françois le Mulcif.n.
Je ne fais dans quelle miférable édirion de Ptolomée ,
Baugier auteur des mémoires de Champagne, t. i.p. 363.
a trouvé que le pays de Meaux cft appellée Latium Met*
dorum par allufion aux environs de Rome On aura pris
fans doute Patinum pour Latium. Ce qu'il dit enfuite eft
plus vrai. Cette ville étoit en grande confidéra-ion fous
la première race des rois de Fiance. Grégoire de Tours
dit que Ch.lpericy ayant fait empiifonner la reine Bru-
nehault commanda qu'on y tînt (es filles prifonnieres. Les
premiers comtes de Champagne fe qualifioient comtes
de Troyes Se de Meaux. Elle fut la première ville de
France où les Proteftans commencèrent a piécher Cette
ville a beaucoup fourlerr en divers rems à caufe des guer-
res de religion. Meaux ( b ) a toujours dépendu du royau-
me de Neuftne. Hcribet de Vermandois s'en renHir pro-
priétaire dans le Xmc ficelé Se fut enfuite comte de Troyes.
Les deux comtés futent depuis unis jusqu'au rems de la
reine Jeanne qui les apporta en mariage à Philippc-le-
Bel. Les anciens comres de Champagne eftimoient tant
le comté de Meaux , que quelques-uns en ont préféré le
titre à celui de comte de Troyes. («) Mémoires drejjés
66
MEC
ï
fur les lieux en 1706. (b) Longuerue , Defc. de la Fran-
ce, pan. i.p. 35- . À ■
Elle eft fuuée fur la rivière de Marne qui la divife en
ville Se en marché. La ville paroît très ancienne dans
j'ai rangement de fes mes qui font fort étroites. L'églife
cathédrale , dédiée à faint Etienne, eft magnifique dans
fes ornemcns Se dans fa ftructure. Le chœur Se le fan-
ctuaire paffent pour un chef-d'œuvre d'architecture ,
fur-tout depuis que le cardinal de Biffy y a fait ajouter
de riches omemens. On voit auffi a 1 entrée du chœur
deux chapelles qui méritent l'attention des curieux par
leur propreté & leur bon goût , Se qui ont été bâties
par cette éminence. Du côté de l'épitre du maître au-
tel, e(t une haute colomne de marbre qui porte dans
une coupe le cœur de Louis de l'Hôpital. Cet édifice
paflbit pour un ouvrage achevé avant que les Anglois
euffent ruiné l'une de fes rours. Celle qui elt demeurée
en fon entier eft admirable dans fa grofietir, dans fa hau-
teur & dans lesminiatures dont on l'avoit embellie. Le
chapitre de cette églife ,qui compte faint Saintin Se faint
Feron parmi fes évêques , elt compofé d'un doyen , d'un
grand archidiacre , d'un chantre, d'un thréforier , d'un
chancelier , de l'archidiacre de Brie Se de trente-
huit chanoines. Le diocèfe a ijo paroiffes partagées
en dix doyennés , cinq dépendent du grand archidiacre
& cinq de celui de Brie, 11 y a fept à huit paroiffes qui
relèvent du chapitre , Se quatre qui dépendent immédia-
tement de l'éveque Se qu'on appelle les filles de l'évcché.
Il comprend quatre abbayes d'hommes qui font faint
Faron de Meaux , Se Rebais ordre de faint Benoît , No-
tre-Dame du Change , ordre de faint Auguftin , Se Cham-
bre Fontaine , ordre de Prémontré. On y trouve autant
d'abbayes de filles ; Jouarre , Faremout'urs , Notre-Da-
me du Marché àt Meaux , tous trois de l'ordre de faint
Benoît , Se le Pont aux Dames de l'oidre de Citeaux. La
place qui environne l'éghfe de faint Etienne , n'eft pas
grande -, elle eft traverfée par une rue large qui s'étend
d'un bout à l'autre de la ville. Le palais épiscopal eft
remarquable par fa belle cour Se par fon escalier fans
dégrés, en forte qu'un cheval chargé pourroit y monter
facilement, Le pavé en eft de briques. La rue du pont
joint cette partie de Meaux à celle du Marché; on la
paffe pour aller à l'abbaye de Notre-Dame , Se , plus
avant , eft L'églife collégiale de faint Saintin , qui eft auffi
parcilîïale. Cette églife de faint Saintin eft proche
de la porte de la ville , où il y a un canal , pour
paffer les bateaux que l'on fait descendre par le moyen
des écluies qui retiennent l'eau de la rivière de Marne.
On voit dans le marché quelques-unes de leurs bombes
qui font d'une groffeur furprenante. Le pont qui joint
les deux parties de la ville enfemble , eft de pierres ,
& celui des moulins qui en eft proche, n'eft que de
bois. Il y a dans cette ville un bailliage , fiége préfidial ,
maréchauffée , élection Se grenier à fel ; elle a titre de
comté Se un affez grand nombre d'habitans. La paroiffe
nommée Change elt deffervie par une communauté de
chanoines réguliers de faint Auguftin . de la congréga-
tion de fainte Geneviève : on y voit encore les monaftè-
res des religieux de la fainte Trinité , des Cordeliers Se
des Capucins. Les Carmes déchauffés font hors de la
ville qui a trois fauxbourgs. L'abbaye royale de Notre-
Dame eft poffédée par les chanoineffes régulières de S.
Auguftin. Il y a auffi un prieuré perpétuel de Bénédicti-
nes dans le fauxbourg faint Nicolas, un monaïtere de
religieufes de la Vifitation, un d'Urfulines , un hôtel-
dieu deffervi par des religieufes de l'ordre de S. Augu-
ftin Se un hôpital général.
Le territoire de Meaux produit des bleds , des vins ;
il y a des prairies où l'on nourrit du gros Se du menu bé-
tail. On apporte à fon marché tous les mercredis Se les
famedis d'excellens fromages de Brie. Il y a un gros mar-
ché franc tous les premiers famedis de chaque mois. A
deux lieues de cette ville , on voit fur la Marne la belle
maifon de plaifance de l'évêque , accompaenée de beaux
jardins, avec une rerraffequieft un affez grand ouvrage;
on la nomme Germigni. Voyez. Germigni I. * Mémoi-
res drejjés fur les lieux.
MECCIOCO, place de l'Amérique feptentrionale
dans la nouvelle Espagne au pays du Mexique ; elle
eft bien peuplée par les Espagnols.
MEC
Cet article eft de M. Baudrand , Se fe trouve dans
les deux éditions , la latine & la françoife.
MECE1 , ancien peuple des Indes auprès de l'Indus,
félon Arrien , in indicu. Quelques exemplaires au lieu
de Mecei lifent Ce cet y.m.îoi Se non pas Muet».
MECELLA. Voyez, l'article fuivant.
MECELLAT, province d Afrique fur la côte de In
Méditerranée , à douze lieues de Tripoli vers l'orient.
Les anciens lui donnoient le nom de grande Syrte ,
Se les Arabes l'appellent Ceyrat el quivir »
félon Marmol , Afrique , l. 6. c. 54 t. 1. p. 572. Il
ajoute : Ptolomée en nomme la principale habitation
caium Macula ( il fe trompe , le grec porte ,
/• 4. C\ 5. en un feul mot Calumacula ou
Macuma , félon les dirïérens exemplaues Ku? a/j,àxi ,\x
ou MctK^fAa , Se la verfion latine Ca lumacumaca
villa, Se il y a bien de l'apparence que c'eft la
Macomada d'Antonin. ) Marmol pourfuit en par-
lant de Ptolomée : Il la met à 43 dcg. de longit. &
à 30 deg. 45 min. de latit. ( Ptolomée dit 43 deg. 30
min. de lcngit. ) Marmol fuppofe que c'éroit une ville.
L'interprète n'en fait qu'un viliage , comme on vient
de voir. Cette ville, dit le géographe modeine , fe
nomme prefentement Me ce l la. Elle eft des dé-
pendances de Tripoli , Se relevé du royaume de Tunis ,
quoique plufieius fois fur le déclin des rois de Tunis
elle ait vécu en liberté. Ce font gens riches qui abon-
dent en dattes Se en huile , Se qui ont trois villes bien
peuplées ; fçavoir , Lard, Cédic & Eufrata,
autrefois AJpis , St<cuz.ama Se Pyrgos , où il y a plus
de flx mille combattans , y compris les habitations des
montagnes ; elles étoient fous l'autorité d'un cheilc ar-
bitre de la paix Se de la guerre , mais aujourd'hui elles
font fujettes au Turc. Quand on a paffé la dernière de
ces places Eufrata , on trouve fur la côte Sibaque que
les anciens nommoient autrement , Se enfui te File-
n es qu'on appelle aujourd'hui Nain, où les Cartha-
ginois faifoient des folemnités au fépulcre des deux
fteres Philènes. Toute cette côte eft fort peuplée d'A-
rabes & de Bercberes; Se, au-dedans du pays , il y a
plufieurs habitations fur la frontière de la Numidie Se
de la Gétulie.
Cette province tire fans doute fon nom de la ville
de Mecella , que Baudrand nomme' Mecellata
port de Barbarie au royaume de Tripoli , fur la côte
de la mer Méditerranée près des Seiches de Barbarie Se
à deux cens mille pas de Lebeda vers l'orient. C'étoit ,
dit-il , anciennement une petite ville , maintenant ce
n'eft qu'un village. Elle eft donc retournée à fa première
condition. Village du tems de Ptolomée , village dit
tems de Baudrand , elle n'a pas laiffé autrefois d'ê-
tre le fiége d'un évêché , comme je le remarque à l'ar-
ticle Macomada.
MECELLATA. Voyez, l'article précédent.
MECHELLA ou Mequella. Corneille mer une
ville de ce nom dans la baffe Egypte fur le Nil Se ne
cite perfonne. Voyez, Mequela.
MECHED, Metghed , ou Meszat, ville de Perfe
dans la province de Corafan. voyez. Mesched.
MECHELEN , nom flamand , de la ville de Mali-
nes. Voyez, ce mot.
Ce nom vient de l'ancien verbe Mechelfn , Ma-
chelen , Machlen , Mechlen ou Mecklen , qui
veut dite, trafiquer, commercer. Le mot hollandois
Makelaar, un courtier, vient de cette ancienne ori-
gine. Malines a été nommée Mechlen ou MechtUn à
caufe de fon grand commerce. C'eft pour la même rai-
fon que la capirale des Obotrires s'appelloit MeciOlen-
bourg , nom qu'elle a donné au pays où elle étoit.
MECHEMETON , nation errante de l'Amérique fep-
tentrionale dans la nouvelle Fiance , c'eft l'une de celles
des Sioux de l'oueft dans la Louifiane feptentrionale.
Cette nation roule le long d'une rivière affez confidé-
rable , qui fe jette à la bande de l'oueft du fleuve Mis-
fiffipi , après un cours de trente à trente-cinq lieues i
ces peuples s'occupent à la culture des terres ; ils ont
beaucoup de fruits Se changent fouvent de demeure.
MECHET , bourg de France , dans la Saintonge ;
diocèfe & élection de Saintes.
MECHISTA. Voyez. Mkstleta.
MEC
MEC
MECHLESSUS , ville de la Colchide, félon Ptolomée ,
l.$.c. \ 3. Il la place dans les ferres.
MECHLINIA , nom latin de Malines.
1. MECHOACAN , province de la Nouvelle Es-
pagne dans l'Amérique feptentrionale. C'eft la troifiéme
des quatre provinces qui compofent le Mexique pro-
pre. Elle a quatre-vingt lieues de tour. C'eft un pays
qui abonde en routes les chofes néceflaires à la vie-.
Il y a grand nombre de mûriers , quantité de foie , de
miel , de cire , d'ambre noir ; il y a d'excellens poifl'ons
en abondance : c'eft de - là qu'elle tire fon nom de
Mechoacan qui lignifie une pêcherie ou un lieu pro-
pre à pêcher du poijfon. Le langage de fes habitans na-
turels eft élégant 6c abondant en termes propres. Ils
font grands , bienfaits , robuftes , agitons , 6c pleins
d'efprit , comme on peut le voir par leurs ouvrages ;
furtout par ceux de plumes , qui font fi beaux . qu'on
les met au rang des plus riches préfens qu'on fait au
roi 6c aux plus grands feigneurs d'Efpagne.
Sa principale ville eft Valladolid , où il y a un
évêché ; Sinsonse > où les rois du pays faifoient autre-
fois leur demeure. Pascuaro 6c Colima font de grands
bourgs peuplés d'Indiens Se d'Espagnols.
H y a aufii deux bons ports, l'un nommé S. Antoi-
ne , l'autre Sant Jago ou S. Jacques. Avant l'arrivée
des Espagnols , le pays avoit fon roi particulier dont
les états étoient presque aufli étendus que ceux de l'em-
pereur du Mexique. De-là vient qu'au lieu de quatre-
vingt lieues de tour que Gage lui donne en l'état préfent,
de Laet lui en donne quatre-vingt de largeur le long
de la mer du Sud 6c environ foixante dans l'intérieur
des terres. Cacoufin qui regnoit alors » étoit grand ami
de Cortez 6c des Espagnols ,6c fe rendit volontairement
vaflal du roi d'Espagne. Cependant il fut la victime de
la cruauté 6c de l'avarice de D. Nuno de Gusman. Ce
dernier ayant appris qu'il avoit été privé de fa charge
de premier prefident de la chancellerie du Mexique,
réfolut de porter la guerre aux Teuchichimeques , 6c
mena avec lui cinq cens Espagnols 6c fix mille Indiens
qu'il emmena par force de Mechoacan , il conquit avec
cette armée Xal'uco qu'on appelle préfentement la Nou-
velle Galice. En paflant par Mechoacan il prit Cacou-
fin , l'emmena prifonnicr , quoique ce roi n'eût rien fait
courre lui , ni contre les Espagnols. Il lui enleva dix
mille marcs d'argent avec beaucoup d'or 6c d'autres ri-
chefles, 6c enfin le fit brûler avec la plupart des prin-
cipaux de fon royaume , de peur qu'ils ne fifient des
plaintes contre lui , difant qu'un chien mort n'abboie
plus.
Le peuple de Mechoacan étoit fuperftitieux 8c ido-
lâtre , comme les autres peuples de l'Améri-
que. Le divorce n'étoit point permis entre eux , à
moins que l'un d'eux ne fit ferment qu'au tems de
leur mariage ils ne s'étoienr point regardés fermement
entre deux yeux. Leur idolâtrie 6c leur cruauté parois-
foient à l'enterrement de leurs rois ; car lorsque le roi
fe voyoit à l'extrémité 6c qu'il n'y avoit plus d'efpé-
rance de guérifon , il nommoit celui de fes enfails qui
devoir lui fuccéder ', 6c le fuccefieur nommé faifoit in-
viter tous les gouverneurs & Officiers aux funérailles
de fon père , 6c quiconque n'y venoit pas étoit châ-
tié comme criminel de leze-majefté* Si le roi n'étoit pas
tout-à-fait mort , mais feulement a l'agonie , on tenoit
les portes fermées , 6c il n'étoit permis à perfonne d'en-
trer. Auffi-tôt qu'il étoit more , ils fe mettoient tous
en deuil, êc chacun pouvoit entrer dans le lieu où le
corps étoit expofé 6c le toucher avec les mains. Après
des cérémonies que l'auteur cité rapporte dans le détail ,
on faifoit mourir fix filles de bonne maifon & plufieurs
femmes , foit libres foit esclaves , 6c un homme de
chaque métier pour leur fournir tous leurs befoins. L'a-
dultère étoit un crime capital entre eux , & ils faifoient
mourir fans rémiffion l'homme 6c la femme qui l'a-
voient commis ; fi l'adultère étoit noble , on lui mettoit
des bouquets de plumes à la tête 6c en cet état il étoit
pendu êc fon corps brûlé enfuite. Pour éviter le liber-
tinage public , ils permettoient qu'il y eût des femmes
communes qu'on pouvoit voir en fecret , irais il n'y
avoit point de lieux de proftitution qui fu fient publics.
A préfent les Indiens de Mechoacan font fort attachés
1 6f
à la Religion Catholique 6c auflî zélés qu'aucun autre
peuple de l'Amérique. * Gage > Relation des Indes oc-
cidentales, t. 2. p. 14.
z. MECHOACAN. Bàudrand , nomme ainfi la ca-
pitale dont le nom eft Valladolid. Voyez, ce mot.
3. MECHOACAN. ( Le lac de) Voyez. Lac.
MECI , ancien peuple d'Afie , félon Hérodote , /. j,
c. 139. Ils faifoient une clafie avec les peuples Sangu-
in , Sarangai , Thamanai 6c Uiii , & avec les habitans
des ifles de la mer Rouge -, entre les fujets de Darius
fils d'Hyftafpe. Ce font les mêmes que les Myci.
MECILE. Voyez.Micïiz.
MECIRA. Voyez. Mecyra.
MECISTUS ou Mecistum , MH'kiston ville an-
cienne du Péloponnefe. Etienne le géographe en connoît
deux , dont l'une doit être dans la Triphylie , félon
l'Europe d'Hécatée , 6c l'autre dans l'Elide. Sur la pre-
mière Berkclius obferve qu'Apoftoliusau 1707 Proverbe
la nomme mal mwkçï'ç Mecejtus. Il ajoute ,• c'eft la même
que UÙKtçoç Maci(tus> qu'Hécatée a écrit par un n anx/çoi
à caufe de la dialeéte ionique,
MECKELNBOURG. Voyez. Mecklenboùrg I.
MECKENHEIM petite ville d'Allemagne dans l'é-
leclorat de Cologne entre Bonn , Godesberg , Arweyler >
Sauffenberg 6c Reimbach, du côté de l'Eiffel * Zeylert
Colon, topog.
MECKELBOURG ou Mecklenboùrg , Mechlen-
bourg , Meckelnbourg. Il faut prononcer Meclé-
bourg. Ce nom fe trouve diverfement écrit dans les
Hiftoriens du moyen âge. Helmold écrit tantôt Mik-
linburgk , tantôt Mikelinburgensis Ecclesia , ou
MiKihnburg , ou Mikelenburg. Son continuateur
Arnold, /. 3. c. 4. dit Mekelenburg. Quoi qu'il en foit »
c'étoit autrefois le nom d'une grande ville très fioriflante »
6c qui a été détruite , mais ee nom fe donne préfentement
au duché qui l'a reçu d'elle. Nous parlerons d'abord de la
ville, 6c enfuite nous parlerons du duché.
t. MECKELBOURG , ville ancienne de la Vandalie
au pays des Obotrites dont elle étoit la capitale. Hel-
mold. Chrome. Slavor. 1. i.c. 2. dit , Hos ( IVarnavos)
fequuntur Obotriti. CivitaS eorum Mïklimburgk^, inde
vertus nos Tolabi , civitas eorum Racisburg , c'eft-à-
dire , qu'en allant d'Orient en Occident après les War-
naves , qui habitoient auprès de Warnaty ( la Varne )
rivière qui coule à Roftock , étoit la nation des Obo-
trites dont la capitale étoit Mecklenboùrg •, qu'ils avoient
pour voifins les Polabes dont la ville étoit Ratzbourg 4
fituée entre le lac de Scrrwerin 6c le port où eft au-
jourd'hui Wismar ; mais plus près du lac à fon extré-
mité feptentrionale. Les Obotrites à qui elle appartenoic
faifoient partie de Wendes qu'il ne faur pas confondre
avec les Vandales. Voyez. Obotrites , Slaves 6c Wen-
des. Lesprincesdes Obotrites tranfporterentleur réfidence
à Altenbôurg dans la Wagrie: mais ils y revinrent par
là fuite. Ce peuple embrafla la religion Chrétienne fous
Charlemagne : mais il retourna bientôt au Paganisme *
perfécuta les Chrétiens qui étoient à Meckelbourg , 6c
fit le roi & l'évêque martyrs. Le fiége épiscopal fut vacant
l'espace de So ans.au bout desquels d'HarWic, archevêque
de Hambourg y en envoya un ; c'étoit en 1 149. Ce pré-
lat , & fon fuccefieur Bennon ramenèrent beaucoup
d'Obotrites à la foi : mais le prince, nommé Niciot.
perfifta toujours avec fa famille dans le Paganisme. Henri
le Lion , duc de Saxe , ayant eu une querelle , Henri en-
tra les armes à la main dans le pays, tua Niciot dans
une bataille, s'empara de ScrrWerih 6c de Zurin, qui
étoient de la dépendance de Niciot , y établit un comté
auquel il donna un domaine, transporta le fiége épisco-
pal de Meckelbourg à Sch-werin, 6c donna en propre à
l'évêque une portion du pays : cette portion eft deve-
nue principauté après la fécularifatiort , & c'eft de-là
que le duc de Meckelbourg prend les qualités de comte
de Schwerin , 6c de prince de Schwerin , l'une à l'in-
ftar du comte, l'autre aux droits de l'évêque. (a) Les
fils de Niciot auxquels le duc de Saxe avoit laiffé une
partie des états de leur père , prirent les armes pour ra-
voir tout , s'emparèrent de Meckelbourg qu'ils mirent
à fac & qu'ils brûlèrent, parce qu'elle avoit voulu fe dé-
fendre, Elle ne fe releva plus de cette perte (A). Cerre
ville fi fioriflante où étoit une cathédrale dédiée fous l'in-
i68
MEC
M E C
vocation de faînt Pierre , & accompagnée d'un mona-
ftère de filles, outre deux autres monaltères qui étoient
dam h ville, ne fubfiite plus depuis ce tems la. Il n'y a
plus qu une maifon où demeure le bailli qui elt une
efpece de fermier du duc, & cette maifon elt entourée
de quelques chaumières habitées par des payfans: ce vil-
lage s'appelle encore aujourd'hui Mecklenbourg. Je tâ-
chai en 1 71 8. d y trouver quelques antiquités > mais mes
foins furent inutiles. Il y a bien encore fous terre des
relies de maçonnerie, fur-tout aux lieux où étoient la ca-
thédrale ,1e palais des rois Obotii:es& un petit nombre
d'édifices publics ; mais cela elt fi couvert ik fi enterré,
qu'il faudroit bien du travail avant que den pouvoir
tirer quelques lumières. Ce village au reite elt a diitance
presque égale entre Wismar & le lac. Wismar doit Ion
accroifièment à la ruine de cette ville, (a) HtrmoLdA. 1.
c. i.{b) Ibid. 1. 1. c. 12.
MECKELBOURG , ( Le duché de ) canton d'Alle-
magne dans la Bade Saxe , entre la mer Baltique au nord
ôc au nord-ouelt , la Poméranie , au nord-elt ôc a l'orient ,
la Marche de Brandebourg au fud ell & au fud, le pays
de Saxe Lawaibourg au fud ouelt , ôc le Holltein au cou-
chant. Ce pays touche à plufieurs rivières confidérables,
à l'Elbe, à Dornitz & au deffous ; ôc plus bas aux en-
virons de Boitzenbourg. La Pêne qui a fa fource dans ce
pays, lui fert de borne le long de la Poméranie jusqu'as-
fez près de Demmin. La Reckenitz , autre rivière , qui
en fort auffi un peu au-deffous de Suite , la fepare en-
core de la même province jusqu'à la mer , ôc enfin au
couchant le pays s étend jusqu'à la Trave. Il occupe de-
puis les 27 deg. 55 min. de longir. félon Laurenberg
profefleur de Roftock. Mefiieurs Sanfon dans leur grande
carte de la Bade-Saxe, étendent le Mccklcnboutg de-
puis le 32 deg. jo min. jusqu'au 36 deg. 55. min. de
longit. ce qui fait une double différence. La première elt
peu importante, ne venant que du choix du premier mé-
ridien, qui n'elt pas le même pour l'un ôc pour l'autre.
Celui de Mrs Sanfon elt à l'extrémité occidentale ce
l'iflede Fer; celui de Laurenberg doit être de 5 deg. 16
min. plus oriental; Ôc le premier méridien elt une chofe
très-arbitraire ; mais la différence la plus importante eft
dans la longueur : car Laurenberg qui travailloit à Ro-
ftock dans le Meckelbourg, ne lui donne d'étendue en lon-
gitude que j d?g. 34 min. 8c M™ Sanfon lui donnent
4 deg. 4J min ; ce qui fait une différence d'un deg. 1 1
min. Ôc trop confidéiabie fur l'étendue d'un fi petit pays.
De llfie s'écarte moins de la vérité. Il met Boitzenbourg
fur 1 Elbe à 28 deg. 35 min. & la frontière orientale
du pays de Stçelitz par les 41 deg. 48. min de longit.
ainfi , félon lui, l'étendue du Mecklenbourg en longir.
cft de 3 deg. 13 min. & comme Boitzenbourg n'elt pas
la dernière extrémité occidentale du Mecklenbourg à
la ligueur, il fe trouve que le calcul de de llfie revient
allez précifément à celui de Laurenberg ; au lieu que Mts
Sanfon étendent ce pays exceffivcmenr.
On ledivifeen lix provinces particulières.
i°. MECLENB3UR, ( Le duché de) proprement
dit, elt au nord le long de la mer Baltique, entre Trave
& la feigneurie de Roflock.
20. Le comté de Schwerin , eft au midi du Mec-
klenbourg propre , entre le Holltein au nord ouelt , & le
pays de Saxe -Lawenbourg au fud ouelt, la Vandalie au
fud-eft ôc à l'eft , & la principauté de Schwerin au nord-
elt.
30. La Wandalie ou principauté des Wandales ,
s'étend entre le duché de Lawenbourg au couchant; le
comté ôc la principauté de Schwerin au nord cv' au
nord-oueft ; la feigneurie de Roftock & la Poméranie
au nord, ôc la principauté de Stargard à l'orient. Elle a
Je comté de Daneberg ôc la Marche de Brandebourg au
midi.
4°. La seigneurie de Rostock , eft au nord de la
Wandalie à l'orient du Mecklenbourg propre; elle a
au levant la Poméranie , ôc au nord la mer Biltique.
50. La principauté de Schwerin cft au milieu deces
cinq provinces, entre le Mecklenbourg propre au nord-
ouelt , la feigneurie de Roftock au nord-eft , la Wandalie
au fud eft , & le comté de Schwerin.
Ce font ces cinq provinces qui font aujourd'hui l'Etat
du duc de Mekclenbourg Charles-Léopold. La fixiéme
province eft pofledée par une autre branche de la même
maifon, que l'on appelle ia branche de Strelitz, paice
qu'elle a pour relidence un château nommé amfi.
6°. La seigneurie de Staigard tlt tout au fud-
eit ôc a 1 elt de la Wandalie ; elle a au nord la Poméranie,
au levant & au midi la Marche de Biandi bourg.
1 elles font aujourd'hui les pro\ inecs qui compofent le
duché de Meek enbourg.
Les premiers habitans de ce pays furent les Vanda-
les, peuple qui s'étendit fort loin. Voyez. Vandales.
Ils en fortirent ik les Wendes s'en emparèrent. Voyez.
Slaves. Ces W'cuda ou SLva , étoieni un peuple partagé
en divers corps, a peu près comme les hordes des Tar-
tares , ôc chacune de ces divifions avoit fon nom.
Les Obotrites occupoient le Mecklenbourg propre,
le comte de Schwerin , ik la partie occidentale de la Wan-
dalie.
Les Herules étoient aux environs de Werleducôréde
Se! wan ôc de Roftock. Us étoient compris entre les War-
naves.
Les Warnawes ou Warins habPoient le lorg du
Warnow , dans le pajsoù lont Guitrcw dans là Wai.da-
lie, Buczcw dans la principauté de Scl.werin, ik Ro-
ftock dans la feigneurie de ce nom.
Les Tollenses étoient dans k pays de Stargard au-
près du lac qui conierve leur nom ik le le 11g de la ri-
vière,qui, forçant de ce lac, va fe jetrer dans la lei.e;
cette partie de la Poméranie où coulent ces deux riviè-
res étoit aux Sla\es , jusqu'à Brock & Demmin.
Les Circipanes étoient le long de la Pêne.
Les Rhedariins , Ridariens , ou Riadures , dont
Rketre étoit la métropole , étoient aux environs de Star-
gard, ~u pays de Strelrz.
Les 'loi.e.ijn , ïesCircipanef ôc les Khedariens étoient
corn; lis parmi lesWasts, que 1 on appelloit auffi Lu-
thiens ik Vtlatabes,
Les Obotries avoient , pour ainfi dire, englouti ces dif-
férentes nations , quiobcil.oknra Niclot , dont j'ai mar-
qué la défaite Se la moi t dans 1 article précédent. Ses deux
fils n'eurent qu'une partie de les états , avec la ville de
Weife. Ils prirent les armes contre Henri le Lionqui en
fit pendre un; l'autre nommé Derbiflas s'enfuità Demmin
fie enfuite fa paix avec Henri le Lion , qui lui céda
tout le pays qu'avoir eu fon père , excepté le comté
de Schwerin , ôc les terres qui apparcenoient à l'é-
vèque. C'eft ainfi que fe forma 1 état des ducs de Mec-
klenbouig , qui descendent de ce Prebiflas.
Il fut fouvent divifé. Une branche qui poffédoit la fei-
gneuriede Roltock, s'en accommoda avec le Lanemarck
qui en jouit à plufieurs reprilés. Les privilèges que cette
ville acquit en différentes occafions , ne laiflerent auxducs
de Mecklenbourg , au lieudelafouveraineté qu'ils avoient
fur cette ville , qu'une efpece de patronage, qui a fouvent
donné matière à des guerres , comme je l'explique au mot
Rostock.
La maifon des comtes de Schwerin , s'écanc éteinte ,'
leur comté eff icvenu à fes vériiables maures ; cV les biens
de levé-, hé ont été rapportés dans cette maifon, parla
révolution du Luthéranisme. Elle jouit de ceux-ci a titre
de princîr. auté.
Pendant quelque tems ,1a maifon de Mecklenbourg étoit
partagée en trois branches principales. L'ainée jroliedoit
Guftrcw,& la cadette Schwerin. Ue-là vient la diffinc-
tion de duc de Mecklent ourg Gustrcw , ôc de duc
de Mecklenbourg - Schwerin. Une troifieme branche
avoit la feigneurie de Stargard, & étoit défignée par le
nom de Mecklfnpourg-Strelitz. La branche de Guf-
rrew ayant fini en 1695. celle de StteliK prétendit par-
tager la fucceffion avec celle de Schwerin, & le procès
dura jusqu'à l'an 170 t. que la fucceffion entière fut ad-
jugée à Frédéric Guillaume, duc de Mecklenbourg Schwe-
rin , qui céda feulement quelques prérogatives afiez légères
au duc de S'ieli'z, comme une efpece d'indemnité Ainfi
la diftinction de Gujlroivôc de Scloioerin nefubfific plus;
& le duc régnant de Mecklenbourg poffede routes les deux.
La vraie càpirale de Mecklenbourg elt Guflrc w C'eft.
en même rems la réfidence de la branche aînée ; mais la
duchefTe douairière du dernier duc de Gufin w , ayant
Iongrems furvécu à fon mari , ôc occupé ce palais jusqu'à
fa mort, l'héritier accoutumé au château de Schwerin y
MEC
a continué fa réfidence. Nous allons donner le détail de
chaque Province.
Le Mecklenbourg propre , ou duché de Mecklen-
bourg comprend
Kropelin, Grefsmôlen , Daffow, Wifmar ,
N. Bukow , Renen , Gadebufch.
Cetre dernière ville eft à la Suéde , avec un territoire
tout à l'entour.
Le comté de Schwerin comprend
Schwerin, Boitzenbourg, Crivitz,
Wittenborch , Haguenow.
La principauté de Schwerin comprend
Butzow , ôc Bruel
LaWandalie comprend
Guftrow, Plawe, Newcnkal- Krackow»
Parchim , Stavenhagen den , Lubitz,
Domitz, Ivenach, Rôben , Newftadi ,
GraboW, Malchim, Wedehagen , Elden.-.w ,
Sternberg, Grubenha- Tetterow Gorlofen ,
Waren , gen , Goldberg , Dobertin s
Malchow , Penzlin.
La seigneurie de Rostock comprend
Roftock , Ribnitz, Gnoien ,
Doberan, Warnemunde, Dargun ;
Swan , Suite ,
La plus grande partie de ces villes ne méritent guère
ce nom , & ce ne font guère que des bourgades.
La seigneurie de Stargard comprend
Alt-Starga:d, Strelitz château , Feldbcrg ,
Ntw-Brande- Nemerow , Frideland ,
bourg , Mircw,
Le pays eft fort arrofé de ruifleaux ôc même de lacs ,
dont les plus considérables font ceux de
Schwerin, Malchim , Muritz, Plawe,
Krakow , Calpin , Toleu.
Et quelques autres moindres.
Le pays eft très-fertile ôc fort varié de vallées , de plaines
ôc de collines, déterres à bled & de pâturages ; mais il n'eft
pas aufiï peuplé qu'il pourroit 1 être pour la bonté du ter-
roir. Il y a beaucoup de forêts & de gibier. Les perdrix qui
y étoient autrefois presqu'inconnucs, y font devenues très-
communes par le foin que prit leducChrîftian-Louisd'yen
faire apporter de France, où il fit un longféjour. Il y a une
quantité exceflîve de cerfs & de fangliers: ôc l'on y vit à
très-bon marché. Pays heureux , fi la difeorde entre le
fouverain & la nobleffe n'en eût pas banni la tranquillité^
fi les ducs contens de régner par la bonté fur les cœurs
de leurs fujets, ne s'étaient point piqués de les mettre fur-
ie même pied où ils voyoient les peuples voifins , dont
les fouverains plus puiffans n'ont pas trouvé de fi grands
obfiacles à leurs deffeins. Heureufeîa nobleffe , fi moins
entêtée de la confervation de quelques privilèges, obte-
nus dansdes conjonctures rrès-facheufes, elle n'eût pas fa-
crifié fon véritable bonheur , ôc tous fes biens à une vic-
toire chimérique , dont elle n'eft pas encore affûtée , après
plus de dix-huit ans de pertes & de malheurs. Ce font les
réflexions que m'arrache la tendreffe que j'ai pour un pays
où j'ai pafle les dix plus belles années de ma vie. Pen-
dant cette malheureufe difpute , le duc Charles-Léopold
fut obligé de fe retirer à Wifmar , place Suédoife , où il
mourut fans enfans mâles. Il laiffa l'adminiftration de fes
états au prince Chriflian-Louis fon frère , dont le fils aîné,
nommé Frédéric, a fuccédé depuis quelques années au du-
ché de Mecklenbourg Schwerin.
MECKMULH , petite ville d'Allemagne dans la Soua-
be, fur la rivière d'Jagft. Avant l'an 144J. elle appar-
tenoit aux comres de Hohenlohe , qui la tenoit en fief
des princes de Wurtenberg, ôc la vendirent pour vingt-
fix mille florins , a Louis comte palatin : mais le duc Ul-
rich de Wurtenberg s'en empara en 1504. dans la guerre
du Haut Palatinatj&laconferva par le traire de paix qui fut
conclu l'année fuivante. Munfierdansfa cofmographie, &
Crufius dans fes annales de Souabe, difent que ce même
duc Ulrich la retira des mains du chapitre de Wurrzbourg,
au moyen d'une fomme de quarante mille florins , pour
laquelle elle étoit hypothéquée. Elle a pafle enfuite aux
comtes de Trautmansdorff. * Zcylcr, Topogr. Suev. p. 54.
MECLAR1A. C'eft ainfi qu'on lit dans quelques ma-
nuferits de l'hifloire des Lombards par Paul Diacre. /. 4.
c. 40. D'autres exemplaires difent MÉDARiA.Lazius croit
MEC 169
que c eft aujourd'hui Metling , bourgade fur la Kuip ,
rivière qui fe jette dans la Sawe. * Ortelii Thefaur.
MECLEBOURG. Voyez. Mecklenbourg.
MECLEDUNUM. Voyez. Megledunum.
1. MECOiN' , nom d'une ifie de l'Archipel , au voifi-
nage de Delos. Tzetzès fur Lycophron , dit qu'Ajax y fut
inhumé.
2. MECON, (Le) rivière de l'Inde au-delà du Gange.
Elle a fa fourceau pays de Lafla ou de Boutan dans la
Tartarie ; delà , prenant fon cours vers la Chine , fous le
nom de LoNGMU,elle arrofe une partie de la Province
d'Iunan > arrive au royaume de Meng, coupe en deux
parties le royaume de Laos dans toute là longueur , pafle
à Lée , à Lanchang, Ôc eit nommée Menamcon-, elle
entre enfuite au royaume de Camboje , où elle baigne
Columpé ôc enfuite Leveck ôc Camboja , & après avoir
porté quelques tems le nom de Mecon , elle prend en-
fin celui d Oubequanmé , avant que de fe jeiter dans la
mer. Devant Pulo Condor , ce n'eft proprement que la
branche occidentale qui porte le dernier nom car un
peu au-deflus de Camboje , elle forme une grande ifie ,
ôc fe divife en deux branches, dont la plus orientale eft
nommée îe canal de l'Eft , ou la rivière de Camboje. Cha-
cune de ces branches a quelques petites îfles à fon em-
bouchure dans la mer. Elle a cela de commun avec
toutes les grandes rivières de ces cantons-la , qu'elle fe
déborde comme le Nil, ôc couvre les campagnes voifines.
MECQUE , ( La ) Meccah , Omm alcora , la mé-
tropole du Mahométifme , elle eft fituée dans l'Arabie
heureufe. Cette ville eft célèbre parla naiffance de Ma-
homet , ôc par le pèlerinage que les Mahométans y font
tous les ans. Avant Mahomet , les Arabes alloient en
foule à la Mecque adoter un temple , qui , félon leur
tradition , avoir écé bâti par Abraham. L'impofteur femit
que pour établir fa nouvelle religion , il ne devoit pas
abolir un ufage fi refpedté ; il l'augmenta même , en or-
donnant à tous fes feétateursd'y aller faire leurs dévotions,
une fois dans leur vie ; ainfi la Mecque eft devenue
comme le rendez-vous des Mahométans. La multitude
des pèlerins y attire une prodigieufe quantité de mar-
chands , & il s'y fait un très grand commerce.
La Mecque eft au 22. d. 30. min. delat. à 10 iieuesde la
mer rouge,dans une vallée ftérile. Elle a au feprenrrion deux
montagnes, Abon-caïs ôc Gcrahcm. Dans cette dernière ,
les Mahométans révèrent encore aujourd'hui la préten-
due grotte d'Eve r où ils difent que Mahomet fe reriroic
fouvent pour rêver à fes affaires. Elle en a une troifieme
au midi , nommée Thout ; c'eft dans celle ci que Ma-
homet fe tint quelque tems caché , après avoir été chafle
de 1* Mecque , ôc où il prit la réfolution d'abandonner la
Mecque , ôc de fe retirera Médine.
La ville de la Mecque , félon Thevenor , Voyage dit
Levant ,c. 21. eft à peu près grande comme Marfeille.
Au milieu, continue-t il, eft le Kyaabe.ou Beytueï.lai-Ij
c'eft-à-dire Maifon de Dieu, ( c'eft ce ptétendu temple
bâti par Abraham) lia environ ij. pas de longueur»
fur 10. ou 1 2. de largeur , ôc environ 5. brades de hau-
teur -, le feuil delaporte eft élevé par dehors environ
d'une braffe ôc demie , ôc eft au niveau de la terre par de-
dans , on y monte avec une échelle. La porte eft d'argent
maftîf , ôc s'ouvre en deux. Cette maifon eft couverte
d'une terrafle , foutenue de trois colonnes octogones de
bois d'aloës , de la groffeur d'un homme , ôc de trois;
brades ôc demie de hauteur. La maifon eft tapiflee d'é-
toffe rouge ôc blanche , fur laquelle fonr difperfés ces
mots : La lllah lllallab , Mouhammed réjoui AU 'h.
Au même coin où eft la porte , mais à l'autre face , eft
appliquée à la muraille la pierre noire qu'on appelle
Hadgiard Àpnad\ ôc que les Mahométans révèrent beau-
coup, parce qu'ils croient qu'Abraham éroit monté deflûs
lorfqu'il bâtiflbit cette maifon , & qu'elle lui fervoir d'é-
chafaudage, afin qu'il ne fit point de trous à la muraille »
fe hauffant & fe baiflant à fa volonté : ils ajourent qu'elle
fut apportée pour cet effet par l'ange Gabriel.
Autour de cette maifon, il y a une cour ou Mofquéè
que les Turcs appellent hatam , qui eft entourée de
murailles, avec trois rangs de colonnes, & de voûtes
au-dedans. Les quarte fectes qui fonr dam le Mahomé-
tifme , favoir Kànifî ,Chafiï , M-;!ik,' , Hambeli , vont
faire leurs prières chacune dans les quatre parties de cette
tom. IV, Y
MEC
170
cour , toujours le vifage tourné vers le Beytullah.
L'on voit fortir de l'un des côtés de la terrafle qui
couvre le Beitullah, une gouriere d'or maflîf de la longueur
d'une brade , pour jetter l'eau fort au loin. Dans le haram
cft le fameux puits de Zemzem -, il eft en grande véné-
ration parmi les Arabes, qui croient que c'eftlamême
fontaine que Dieu fit paroitre en faveur d'Agard & de
fon fils Ismael dans le défert , après qu'Abraham les eût
obligés de fe retirer. Les Mahométans en boivent par
dévotion , & lui attribuent de grandes vertus, La Roque ,
note fur l'Arabie heureufe d'Abulféda , p. 300.
Il y a un fouverain ou cherif à la Mecque , qu'on pré-
tend être de la famille de Mahomet : Il ell fort refpeûé
des princes Mahométans , qui lui font de grands préfens,
pour envoyer des troupes contre les voleurs Arabes qui
détrouflent les caravanes des pèlerins qui vont à la Mec-
que. * Voyez. d'Herbelbot, Bibliothèque orientale , l' His-
toire généalogique des Latars , p. 14. Description des
villes de l'Arabie heureufe.
MECR AN , ( Le ) Province de Perfe , aux confins de
l'Indouftan. Ce pays , dont nous ne connoifions guère
que la côte , eft entre le Kerman au couchant , le Se-
geftan au nord , le pays de l'Inde au levant , & la mer
au midi. Il répond à la Gedrofie des anciens. En fuivant
lacôte d'occident en orient , on trouve de fuite les ports
de Tiz ou Taiz , Guadel Se Arabia. Ce dernier eft au
levant Se à l'embouchure de Miment , qui , avec un petit
nombre de ruifleaux , arrofe ce pays-la. Firabuz Se Haut
font un peu plus dans les terres. Ces lieux , avec quatre
ou cinq villages peu éloignés de la mer , font tout ce
que l'on connoît duMecran , qui d'ailleurs eft environ-
né de deferts (Se déterres fablonneufes. *Dcl'Ijle. Atlas.
MECRITES. ( Les ) On appelle ainfi en Perfe des
gensfi habiles à marcher dans les montagnes , qu'ils vont
par tout où les gazelles Se les chevreuils peuvent aller.
Peut-être leur nom vient-il du Mécran. * Hifl. de Timur~
Bec , liv. 3. ch. 10.
MECYBERNA, lieu de Macédoine dans le golphe
qui en prenoit le nom de Mecybern^us Sinus. Pline,
l. 4. c. 20. nomme ainfi ce golphe , que l'on appella
aufii Toron^eus Sinus , àcaufe de Torone , ville fituée
dans fon enceinte. C'eft préfentement le golphe d'Aioma«
ma. Suidas dit que Mecyberna étoit à vingt ftades d'O-
lynte. Etienne le géographe la met dans la Thracc. Le
nom grec eft UtiKvdpm. L'épiccme de Strabon porte
Mecyperna. Sc/mnusdeChio , p. 25. & Hérodote, /. 7.
c. 22. en fait mention, * Mêla 1. 2. c. 3.
MECYRA, Metyraou Michera > félon divers ex-
emplaires d'Antonin , itiner. Lieu de la Marmarique fur
la route de Cyrene à Alexandrie.
1. MEDA ou Miba , mhJ« ou Ms?£* , petite ville
ou bourg de l'Arabie Heureufe, dans les terres félon
Ptolomée , /. 6. c. 7.
2. MEDA , village d'Italie dans le Milanez , à quatre
lieues de Milan. Ce lieu eft remarquable par un monaf-
tere de filles , fondé par les Saints Haymon Se Veremund
vers le tems de Charlemagne , félon le père Ferrari.
MEDABA , ville de l'Arabie. Selon Etienne le géogra-
phe, elle étoit au pays des Nabathéens (a). On peut
voir à l'article Madaba , ce qui le fait penfer ainfi.
Ptolomée la nomme Medava mwJW», Se la met dans
l'Arabie Petrée. C'eft la Medavon de Guillaume de
Tyr. Voyez, ce mot. Cette ville , comme le remarque
D. Calmet, étoit dans la Paleftine ( b ) au-delà du Jour-
dain , dans la partie méridionale de la tribu de Ruben.
Ifaïe , c, 16. v. 2. l'attribue aux Moabires, parce qu'ils
la prirent fur les lfraé'lites. Jofeph , Antiq. I. 14. c. z.Sc
quelques autres l'attribuent aux Arabes -, parce qu'en ef-
fet les Arabes s'en rendirent les maîtres fur la fin de la
monarchie des Juifs ( c ). Alexandre Jannée , roi des Juifs ,
la prit fur les Arabes. Selon Eufebe & faint Jérôme ,
elle étoit à dix milles de Cariathaïm. (a)Jofué, c. 13.
V. 16. (b) Ibid. {c) Jofeph. 1. 13. c. 23.
MED/E, nom latin de Los Medos , petite ifledËf-
pagne.fur la côte de Catalogne , pies d'Amparias; elle
eft entourée de roches, & il y a une tour pour toute
défenfe. * Baudrand, édit. 1705'.
MEDALA , ancienne ville de la Paleftine , dans la
tribu de Zabulon. * Jofué.c. 15. v. 51.
MEDAMA , ancienne ville d'Italie dans la grande
Grèce, au pays des Locrcs, fur la côte. 11 y a , dit Stra-
MED
bon, 1.6. p. 256. une allez grande fontaine de même
nom ; & dans le voifinage , un port de mer qui n'a point
d'autre nom que le nom général ù'Empotinm. Pcmponius
Mêla, /. 2. c. 4 la homme aufïi Medama; Mine, /.
3.C. j. Medma. Etienne le géogiaphe,MEDMA &. Mes-
ma. Le P. Hardouin croit que c'eft Rossarno.
MEDAMNA.^Vyfî Messe.
MEDAN ou Madan , quelques-uns croient que c'eft
Magedan dont il eu parlé dans faint Matthieu , c. ij.
v. 39 Se que ce mot fignifie les eaux de Dan, ou la
fontaine d'où le Jourdain prend fa fource. D'autres ci oient
que Mcdan fignifie en Arabe une foire , & qu'en donne
ce nom au lac Phiala Se aux environs , parce que
durant tout 1 été il y a une aflemblée des peuples des
enviions qui y tiennent comme une foire pei péruelle ,
demeurant en cet endroit à caufe de la beauté du lieu,
Se de la facilite du commerce.
MEDAPA, ville de la Paleftine, au delà du Jourdain,
fous la domination des Arabes. Siméon le Métaphrafte
en parle à l'occafion de faint Sabas. C'eft la même que
Medaba, Voyez. Medavon.
MEDAR1A. Voyez. Meclaria
MEDAVON , ville de la Terre Sainte près du torrenc
d'Arnon. Elle a été fort peuplée anciennement. Medavon
cft le génitif pluriel de Medava , nom grec de cette ville
qui elt nommée M»«Ta.£a fiége épifcoral de l'Arabie,
fous le fiége de Boftra , métropole dans la notice d'Hiéro-
cles, Se Medava dans la notice de Léon le Sage. C'eft
lemême que Medaba. Voyez, ce mot.
MEDAVYou NiESDAViD,en larin Mcdaviuni , Mel-
Duvidis, Med'us-David , Ma'ù-Davia , Man/io , vel
Mefmllum-Davidis •■, bourg de France dans la Normandie
diocèfe de Seez , à deux lieues de cette ville , au nord-
oueft fur l'Orne , parlement de Rouen , intendance Se
élection d'Alençon. Il y a maiché le vendredi, ^es an-
ciens feigneurs avoient aumône le patronage de la cure
aux moines de Saint Evron ,qui depuis y fuient confir-
més par une chartre d'Henri I. roi d'Angleterre, Se duc de
Normandie , de l'an 1 1 28. Agathe , fille de Payen de Mé-
davy , & veuve de Foulques d'Aunou , reconnue aiifli en
1227. aux aflïfes d'Argentan , qu'il lui venoit de fes an-
cêtres , Se qu'ils en avoient joui jufqu'au quinzième ficelé -y
mais il fe fit encore une enquête en 1493. pour fçavoir
à qui il apparrenoit; Se la nomination du feigneur ayant
eu lieu en 1574. fes fuccefleurs en font demeurés en pai-
fible pofieflion. Il y a dans le château une chapelle de
Saint Jean , dont ils ont pareillement la préfentation. La
terre de Médavy avoir donné le nom à une maifon fort
noble. Ordéric Vital , mettant Hugues , feigneur de
Médavy , au nom des principaux vaflaux du comte Ro-
ger IL de Monrgommcri , Agathe de Médavy la porta
au treifiéme fiécle, dans celle d'Aunou le Faucon. On
la voît enfuite dans la maifon de Merle, puis entre les
mains de Marie l'Arconneur , fille de Guillaume l'Ar-
conneur , gouverneur d'Argeman. Cette dame époufa
Jean Rouxel, feigneur du Pleflis-Morvant , écuyei d'é-
curie du duc de Bretagne en 1420. lequel eft employé
en cette qualité , dans un état de Bretagne , parmi les
preuves de l'hiftoire de cette province , tom. x.pag. 10 14;
& Ces defeendans qui ont joint le nom de cette terre à
leur furnom , la pofledent encore à préfenr. Ce n'étoit
autrefois qu'un fief de Hautberg; mais Pierre Rouxel
de Médavy , Maréchal de camp , gouverneur de Ver-
neuil & d'Argentan, & fous-lieutenant général de Nor-
mandie , gendre du maréchal de Fervaques , la fit ériger
en baronnie , Se relever du château royal d'Eflai , en in-
demnifant le comte de Montgommeridonr elle relevoit
auparavant. Quoique les feigneurs de Médavy pofledent
plufieurs terres aux environs de celle-là ,& qu'ils puifient
les y unir , ils ne l'ont pas fait. * Mémoires.
MEDAURA. Voyez. Madauea.
MEDDEN, Meddin ou Middin, lieu de la Pa'eftine
au defert , près Ja mer morte , dans la tribu de Juda , fé-
lon Jofué, c. l$.v. ï6.
MEDEA , ville de Thrace. Voyez, Media.
'MEDE.E PYRGOS, la tour de Médée, lieu près des
CyanéescV du Bofphore, félon Pierre Gilles qui cire Denis.
MEDECUEL.Axim&Serendib villes finie rivage
de la merdes Indes, félon le livre des propriétés attri-
bué fauflement à Ariftote , Se qu'Ortelius ji ge très-bien
être l'ouvrage de quelque Arabe. Serend,b ou Serendibe ,
MED
MED
eft certaînementlenomderifledeCWrfw. AxiMeft Achem
dans l'ifle de Sumatra. J'ignore ce que c'eft que Medecucl.
MEDEFESSITENS1S , Medefessitanus , fiégeépis-
copal d'Afrique dans la Bizacene. Selon la conférence
de Canhage que fournit Menfurius , Evêque de ce lieu.
Quelques-uns croient que c'eft le même fiége de Me-
nefejjitamis. Il eft vrai qu'ils font dans la même province,
mais le pere Hardouin lesdiftingue.
MEDELICUM , ancien nom de Melck, ville d'Autri-
triche, félon Lazius.
MEDELLIN , ville d'Espagne dans l'Eftramadure , fur
la rive feptentrionale de la Guadiana , dans une campa-
gne fertile Se abondante en toutes chofes. Quintus Ca?-
cilius Metellus , conful romain, en eft regardé comme le
fondateur ; & l'on prétend que c'eft du nom de ce conful
qu'elle a été appellée Meteilimim. C'eit dans cette ville
qu'eft né Ferdinand Cortez. qui a conquis le Mexique. Elle
eft le ehef-lieu d'un comté pofiedé par des feigneurs de
la maifonde Porto-Carerro.* Délices d' Espagne ,t. z. p. 3 -y.
MEDELPADIE , ( La ) Province de Suéde dans la
Scandinavie. Elle eft bornée par l'Angermanie au nord-
eft , par le golphe de Bothnie à l'orient , par le ruis-
feau de Stamning-back au midi,& par la province de Hel-
finge au midi Se au fud-oueft , & enfin par l'iempterland
au nord-oueft. Elle cl tarrofée par trois rivières, dont la pins
feptentionale la traverfe dans toute fa longueur ,Se s'appelle
Indal.Laplusméridionalefe nomme Nifarund. La troifiéme
ïiviere , qui eft celle du milieu , eft la plus petite ; mais elle a
à fon embouchure Sundswald , capitale de la province.
Une quatrième rivière dont nous avons déjà parlé , Se qui
s'appelle Stamning- backibaigne laMidelpadieau midi. La
côte, quia quatorze ou quinze lieues mannes de longueur
du nord au fud , eft pleine de roches au midi du port de
SundsWald, Plus haut eft l'ifled'Alvon. Le port d'Afio ,
à l'embouchure de l'indal, Se celui de Nirunda fur la ri-
vière de Nifarund , font les principaux lieux delà côte
après la capitale. Trop & Tuna font plus avant fur la
même rivière ; Fors , Lydh , Indal Se Carlobec font
fur l'indal. Anas , Sion & Guarp font fur la côte. Cette
province au refte eft hériffée de montagnes , & a beaucoup
de forêts. * Mémoires.
MEDEMA (a ) , ou Medimena , ou Medemena ,
ville de la Paleftine , dans la tribu de Siméon ( b). Elle
avoit d'abord été donnée à la tribu de Juda. Elle eft fort
avant vers le midi de Juda. Eufebe la met vers Gaza.
Voyez. Ifaïe , c. 10. v. 31. Se Paralip. /. 1. c. i.v. 49.
(a) D. Calmet, Di&ion. ( b ) Jofué , c. 15. v. 3 1 .
MEDEMBLICK, le vrai nom étoit Medemlecx; les
hiftoriens du pays l'ont nommée en latin Medemleca Se
Medemblec , ville de la république des Provinces-Unies
fur le Zuyderzée , fur la côte feptentrionale de Weft-
frife , à quinze mille pas de Stavercn , qui eft de la Weft-
frife, le détroit de Zuyderzée entre deux. Cette ville
prend fon nom de Medemelach , lac que traverfoit
une rivière nommée la baffe Ifala , ou Hifla. Ce lac étoit
formé par les eaux de la rivière , qui , trouvant un ter-
rein fort bas , s'y répandoient. Les terres fituées entre ce
lac Se celui de Kimelofara , autre lac de même efpéce ,
fuient données par l'empereur Othon III à Thierri II ,
l'an 985. Auprès de ce lac étoient un village Se une églife;
il en elt fait mention dans des lettres de Godebold , evê-
que d'Utrecht de l'an 1 1 1 8 ; on voit qu'elle appartenoit
à l'églife de S. Martin avec tousfes revenus. L'Eglife d'U-
trecht s'appropria aufR les dixmes royales de Médemblic
m Medemelake ; comme il eft fpécifté dans un inven-
taire de fes biens. On ignore depuis quel tems cette églife
fubfiftoit. Le docte Alting dit que Meden fignifie des prai-
ries chez les Frifons. Le fermier , qui devint enfuite bailli,
eut une espèce d'intendance fur la Weftfrife proprement
dite , Se Florent V , ayant élevé une forterefle l'an 1287 ,
pour brider les Frifons , le bailli eut le titre de burgrave.
D'autres prétendent qu'il ne fit que rebâtir ce château
ruiné par le tems. Il elt certain par la diverfe figure des
matériaux Se de la maçonnerie , que c'eit un ouvrage
conftruit & réparé en différens tems.
Le lac dont on vient de parler , eft préfentement con-
fondu avec le Zuyderzée , qui auroit bientôt abforbé la
ville même , fans les fortes digues qui en font la fureté.
Elles paffent pour erre des plus belles de la Hollande.
Cette rivière, qu' Alting nomme Ifala inferior , ou Hijla,
I7Ï
eft apparemment le Leec , ruiffeau fouvent confondu dans
les canaux pratiqués , mais qui reparoît encore avec fon
nom au midi de Wogum , en tirant vers Hoorn.
La jurisdiction du bailli de Médemblic , comprenoit
Hoorn, Enckuyfen , Se quantité d'autres lieux , donc
quelques-uns ont été abymés par l'inondation. Cette
ville fut prife en 1426 , par les Kinhyemcrs, Se en 1 j 17
par les Gueldrois , qui la brûlèrent ; il n'y eut que le châ-
teau d'épargné. Malheureufcment les actes les plus im-
portans pour la ville , comme fes privilèges Se conces-
fions des fouverains , étoient dans l'hôtel de ville , où
tout fut réduit en cendres. Un autre incendie affligea cette
ville le foir de la Pentecôte 1 5 j- <S j le feu prit par un
malheur , confomma une bonne partie de la ville , avec
l'églife Se les couvens.
La ville eft expofée au nord , Se à deux jertées qui cm-
braffent l'entrée du havre. Elle eft coupée par plufieurs
canaux , dont le plus feptentrional eft 1 ancien port. Le
Magiftratena fait creufer trois autres, en reculant les
murs de la ville , de forte que , quand fur la fin de l'au-
tomne & au commencement de l'hiver , le Zuyderzée
eft pris de glaces , les navires Se les barques peuvent être
hors de tout danger , au nombre de plus de trois cens.
Cette ville envoie fes députés aux états de la province ;
elle y a la dix-feptiéme voix. Elle a auffi la féconde cham-
bre de la compagnie des Indes orientales , Se elle poiïéde
un peu plus du cinquième du total du fonds de la com-
pagnie entière. Cette chambre de Middelbourg eft
compofée de treize directeurs. Il y en a douze des villes
de Zclande , Se un de la part de la province de Gronin-
gue. Cette ville eft a trois heures de chemin d'Enckuy-
fen , à trois Se un quart de Hoorn , Se à cinqd'Alcmaar.
La plupart de fes habitans font marchands de bois.
MEDEMELACHA , Se
MEDEMLACH. Voyez, Medemblick.
MEDEMENE. Voyez. Medema.
1. MEDEN A PRO VINCI A ; la vulgate nomme ain-
fi la Médie , où étoit Ecbatanc. On lit au premier livre
d'Esdras , c. 6. v. 1. Et inventant efi in Ecbatanis , qitod
eft caftrum in Mcdcna provincia volumen unnm , talisque
jiriptus eratin eo commentarhis , (frc. Voyez Médie.
2. MEDENA, ancien nomd'une ville,nommée aujour-
d'hui Newport dans l'ifle de Wigth , fur la côte d'Angle-
terre , félon Newill , cité par Ortelius , Thefaur.
MEDENENS1S AGER, nom latin du Melanthois.
Voyez, ce mot.
MEDENI , M»S»voi , ancien peuple de l'Afrique pro-
pre , félon Ptolomée , /. 4. c. 3. 11 étoit entre Thabraca
Se Madure. Ptolomée ne lui donne point de ville,
peut être n'en avoit - il point alors d'affez remarquable;
mais du tems de Bélifaire il y avoit dans ce canton-la une
ville dont parle Procope. Voici le pafTage: Bélifaire fe ré-
folut de pourfuivre Gélimer ; quand il fut arrivé à Hip-
pone ,qui eft'une ville bâtie fur le bord de la mer, à dix
journées de Carthage , il reconnut qu'il étoit impoffible de
le prendre, parce qu'il s'étoit retiré fur une moniagne
nommée Papua, aftife fur les frontières de N umidie , toute
bordée de rochers &: tout-à-fait inacceffible.Elle étoit habi-
tée par des Maures, amis Se alliés de Gélimer. A l'extré-
mité de cette montagne , il y a une ville appellée Midéne ,
où le roi des Vandales s'étoit renfermé avec l'a fuite. Cette
ville de Midene ou Meden e aux confins de la Numidie Se
de l'Afrique, ne devoir pas être loin de Madure. Voyez.
Medeos. * Bell. Vandal. 1. 2. c. 4.
1. MÉDÉON, ville de Grèce dans la Béotie. Pline,
/. 4 c. 7. nomme dans cette province Medt on Phlygon-e ,
&c. Strabon dit , /. 9. p. 410. Médéon de Béotie tire fon.
nom de Médéon de Phocide, Se eft proche d'Oncheuus
au pied du mont Phénicius ; d'où vient qu'on l'appelle
auiTi Ph<enicis.
2. MÉDÉON, ville de Grèce dans la Phocide , affez
près d'Anticyre dans le golfe CrifTéen à cent foixante ftades,
c'eft- à-dire à vingt mille pas de Médéon deBéorie, félon
Strabon, /.o. p. 410. Il ajoure que cette ville tire fon nom
de Médéon de Phocide. Paulmier croit que ce doit être
tout le contraire , parce que Médéon de Béotie étant nom-
mé par Homère, doit être plus ancien que l'autre , dont
ce poé'te ne parle point. Cette ville fur détruite par le roi
Philippe, durant la guerre facrée. Paufanias, Phoc.c. $6.
dit qu'Anticvre étoit fuuée au Diès des ruines de Médéon.
Tom. IV. Y ij
MED
172
MEDEOS. Ortelius dit , ville de la Numidie près du
mont Papua , & cite Procope au fécond livre de la guerre
des Vandales. Voyez, le partage que j'ai cité de Procope au
mot Medeni. Je l'ai rendu de la même manière que Cou-
fin , qui dit : Il y a une ville appellée Midene. Ortelius
lit Medeos. Grotius, hifi. Goth. &c.p.y$. rend ainfi en
latin le même partage de Procope. At Belifarius infequi
perfevcrans , ubi ad urbem Numidarum maritimam per-
vertit , decem dïtriim itinere à Carihagine , cui nomen
Hippo regius , discit fuperato Papua monte Gelimerem
effugifle Komanas manus. In ultima Numidia efl is nions ,
abruptits plurimum difficilique aditu ob circumdatas ru-
pes. Mauri , gens barbara , arnica tune ty-fida Gelimeri.
In monte extimo oppidum eft antiquum,fed carens nomine ,
in quo cum comitibus Gelimer à malts fuis refpirabat.
Il efl: artez remarquable qu'un même mot grec ait été
rendu par Ortelius , comme s'il y avoir Medeos , par
Coufin , comme s'il y avoir Midene, Se par Grotius,
comme s'il fignifioir une ville qui n'a point de nom.
MEDERA. Voyez, au mot Ad , l'article Ad-Medera.
MEDERIACUM , ancien lieu de la Belgique fur la
route de Colonia Trajana, à Cologne, félon Antonin
dans fon itinéraire. Il la met entre Sablones Se Theudu-
rum, à dix milles de la première place , Se à neuf de la
féconde. Simler croit que c'eft Mierle , village au dellbus
de Venlo dans la Gueldre; mais Alting qui juge que
Sablones doit être Santhoff Se Thsudurum, Tuddert,
détruit cette idée. Si la route éroir en droite ligne , & que
les diftanCes fuffent fans conteftation , il feroit aifé de
trouver Mederiacum ; mais Alting change les chiffres
d'Antonin fur cette route , parce , dit-il, que la fomme
totale étant fauffe , il doit y avoir de l'erreur dans le
détail. Ainfi il tâche de réformer l'un Se l'autre. Cluvier
croit quec'eft Ammiren. Voyez, ce mot.
MEDES, (Les) ancien peuple de l'Afic. Voyez,
Medie.
MEDESINOU, (Le) rivière de l'Amérique fepten-
trionale dans la Nouvelle France ou Louifiane , au pays
des Nadouerti ou des Sioux. Elle fe jette dans la rivière
de Mendeouacaton , près du Mirtirtipi.
MEDI , peuple ancien dans la Thrace. Voyez, NLcdi.
MEDIA. Voyez, Medie.
MEDIAL. Voyez, au mot Ad , l'article Ad-Medias.
MEDITE MURUS .mhJV*/ Tê/*o; , mur dans l'AfTy-
rie , entre le Tigre & l'Euphrate au-dertus de Babylone Se
d'Opis. Xenophon, /. r. c. 3. en parle ainfi dans fa retraite
des dix mille. On arriva au mur de la Médie , qui a quel-
ques cens pieds de haut Se vingt d'épaiffeur , Se s'étend ,
à ce qu'on dit , par l'efpace de plus de vingt lieues. Il eft
tout bâti de briques liées enfemble avec du bitume , com-
me les murs de Babvlone dont il n'eft pas fort éloigné.
MEDI A PORTA, MhJW Wa», défilé dans le mont
Zagms C'étoit l'entrée de la Médie en venant de l'Adia-
bene. Strabon , /. 10. en fait mention. C'eft la même chofe
queZAGRi PylvE.
1. MEDIAN A , ville d'Afie dans l'Osrhoëne , félon la
notice de l'Empire , Set?. 2;.
2. MEDIANA, fauxbourg de Nœfus ou Nœffus, ville
de l'Illyrie ou de la Dacie Méditerranée , à trois milles
de cette ville, félon Ammien Marcellin , /. 16. c.;.
Voyex, Mediolanium M<£sb£.
3. MEDIANA, ville épiscopaled'Afrique dans la Mau-
ritanie Sitifenfe. Il en efl parlé dans la conférence de Car-
thage.
MEDIANENS1S , fiége épiscopal d'Afrique dans la By-
zacenc. La notice , n° 27. fournit Antacius Medianenfîs.
MEDIANI CASTELLUM, Voyez, Castellhm Me-
DIANUM.
A Medianis Zabuniorum. On lit dans la confé-
rence de Carthage Donatus episcopus à Medianis Zabu-
niorum t Se peu de lignes après on trouve : Novatus
episcopus ecclefiA Catholict Sitifi dixit : Scriptum fit Me-
dianas Zabuniorum habtre presbyterum. Ipfe hodie tenet
plebem& Bafilicamunitatem habet. Nullus illic efl Dona-
tijtarum , fupra Corpus episcopi Catholici presbyterum ordi-
navi & Deo voleme ordinabitur illic Episcopus. Ce partage
eft remarquable par l'ufage qu'en fait Dupin.' Il prétend,
fur ce qu'un évêque de Sitifi dit, qu'il a ordonné un
prêtre dans ce diocefe , que l'on doit en conclure que
cette églife étoit de la Mauritanie Sitifenfe. Pour bien
MED
entendre la force de cette preuve, il faut un peu expli-
quer ce partage. Les Donatiites d'Afrique prétendoient
avoir pour eux le grand nombre -, Se afin que cela parût
ainfi , ils confacroient des évêques pour tous les fiéges
qui venoient à vaquer -, quoiqu'ils fuffent fouvent bien
arturés que perfonne ne les recevroit. Tel étoir Donat,
qui fe préfenta à la conférence de Carthage comme évêque
de Mediana Zabuniorum. Ce fiege étoit alors vacant par
la mort de l'Evêque. Là-deffus Victor , l'un des évêques
Catholiques , demanda que ce faux évêque prouvât qu'il
eût jamais mis le pied dans cette églife. Novat,autre prélat
Catholique, évêque de Sitifi. demande que l'on écrive
que Midiaaaa.an prêtre qui eft en poftcllion du trou-
peau Se de l'églife ; qu'il eft uni au corps de l'unité ;
qu'il n'y a pas dans ce diocèfe un feul Donariue ; Se
par confequent que perfonne ne pouvoit y avoir ap-
pelle Donat, qui s'en prétendoir évêque. Et comme cet
évêque donatiite auroit pu due que le rroupeau étant
abandonné par les pafteurs Otholiques, il y étoit entré ,
afin qu'il ne manquât point de patteur, Novat ajoute qu'il
y a ordonné un prêtre fur le cercueil de l'évêque Catho-
lique, Se que Dieu aidant, on y facre auffi un évêque. Du-
pin juge de cette aétion de l'évêque de Sitifi , qui avoit
ordonné un prêtre dans cette églife durant la vacance du
fiége, Se qui en prend hautement les intérêts, que ce fiége
devoit être de la Mauritanie Sitifenfe, puisqu'autrement
cette ordination auroit appartenu à quelque évêque de la
Byzacéne , fi ce fiége eût été le même que celui dont éroit
évêque Antacius que la notice met dans cette province ,
le déllgnant ainfi, Antacius Medianenfis. Dupin n'entre
pas dans tout ce dérail des preuves , mais on voit bien
par fa conclufion qu'il les fuppofe.
MEDICA , ifie de la Propontide. Il en eft fait mention
dans les conftitutions de l'empereur Emanuel Comnéne.
* Ortelit Thefaur.
MEDICCARA , ancienne ville de l'Afrique propre-
ment dite , félon Prolomée , /. 4. c. 3. Il la nomme entre
Abdera Se Tuburbe.
MEDICE , ancienne abbaye d'Afie dans la Birhynie
au mont Olympe. Elle fut fondée fous Conftantin Copro-
nyme par l'abbé S. Nicephore , fous l'invocation de S.
Gerge , Se fous la régie des Acemétes. Ce fut la retraite
de plufieurs faints du tems des lconoclaftes. * Baillet ,
Topog. des Saints.
MEDICULE1A. Voyez. Mendeculeia.
MEDIE , ( La ) grand pays d'Afie. Sans le fecours de
l'hiftoireon ne peut donner une idée jnfle de ce pays,
qui a tellement varié , que ce qu'on diroit à l'égard d'un
tems , feroit faux à l'égard d'un autre.
Il eft nommé Madai dans l'écriture fainre. Dans Es-
ther, r.i.ti.j, 14, &c. Paras Se Madai HD1 013
fignifie la Perfe , Se la Medie : on trouve auffi ces deux
noms exprimés conjointement dans Daniel , c. j . v. 28.
& c. 6. v. 1$. Cette reffemblance de noms a fait croire à
quelques uns que ces Medes venoient de Madai , l'un
des fils de Japher ; mais on fait d'ailleurs que les enfans
de Japhct ont peuplé l'Europe ; Se Dom Calmet , dans
fon dictionnaire de la Bible , en parle ainfi au mot Ma-
dai. Madai , troifiéme fils de Japher , on tient commu-
nément qu'il fut le père des Medes : mais la Médie eft
trop éloignée des autres pays peuplés par Japhet Se fex
descendans. De plus , elle ne peut être comprife fous le
nom d'IsLE des Nations , qui furent , félon Moyfe , le
partage des fils de Japhet ; ces raifons ont fait croire à
quelques favans que Madai eft le père des Macédoniens.
La Macédoine s'appelloit autrement Mmathie , d'un
nom formé de l'hébreu Ei , une ifle , Se Madaï , l'ifle de
Madaï ; ou , en le dérivant du grec Aia Madai, la terre
de Madaï. On trouve aux environs de ce pays des peuples
nommés M^£di (ce font les M&dï de Thrace, ) & dans la
Macédoine un roi appelle Medus. Dès que l'on place Ma-
daï Se fes enfans dans la Macédoine , il n'eft pas aifé de
les faire revenir en Afie , au-delà de l'Euphrate dans la
Médie , l'hiftoire ne difant rien de cette migration. * Gè-
ne fe , c. 10. v. 2.
Strabon Se d'autres Grecs dérivent le nom de Médie
d'un certain Medus , fils de Médée. Il y a des gens , dit
ce géographe , /. 11. p. 526. qui rapportent que Médée
jouit quelque tems avec Jafon de fa royauté en ce pays j
qu'elle inventa l'habit dont fe fert la nation, Se que tou-
MED
MED
tes les fois qu'elle fortoit, elle mettoit un voile fur foti
vifage. Ils ajoutent que les chapelles nommées Sacella
Jafonia , que les barbares refpectent beaucoup , font en-
core un monument de ce héros. Il y a auffi une grande
montagne au deffus des portes Caspiennes , à la gauche ,
qu'on appelle Jajonium. Ils veulent auffi que le pays ait
pris fon nom Se l'ufage de les habits de Médce : on dit
encore que Medus , fon fils, lui fuçcéda, Se lailia fon
nom à cette province. Cela s'accorde avec Jafonia en Ar-
ménie , avec le nom même de la Médie , Se avec beau-
coup d'autres circonftances. C'elt ainli qu'en parle Stra-
bon. Il eft inutile de chercher d'où vient le rapport encre
Maàài , fils de Japhet , Se A/adaï , la Médie , ou les
Médes ; autrement il fandroit auifi rechercher le même
rapport entre ce même Mudai , Se Médée , mère de
Medus, dont l'hiftoirc fait une égale mention.
Dom Calmet trouve le moyen de confirmer l'opinion
des Grecs ; car , dit il , on place le voyage des Argonautes
pour la conquête de la toifon d'or , à l'an du monde
2760: ce fut dans ce même voyage que Médée fut enle-
vée par Jafon. Or , l'écriture ne parle des Medes que du
rems de Salmanazar , fous qui arriva la ruine de Samarie ,
J'andumonde 5 283 , Se fouvent depuis ce tems , du tems
d'Ilaïe, de Jérémie , de Daniel , de Judith, d'Efther Se
de Tobic. Or cinq cens vin^t -trois ans, qui fe font
écoulés entre l'enlèvement de Médée par Jafon , Se la
prife de Samarie fous Salmanazar , donnèrent à l'origine
fournie par les Giecs une vraifemblance fort raifonnable
du côté de la chronologie ; car du relie les Argonautes
étant allés en Co'.chidc par la mer Noire , Se revenus de
même , il n'eft pas aifé de deviner par quelle aventure
Jalon Se Médée s'en retournèrent dans la Médie -, ce
qu'ils y alloient faire; ni dans quel tems de leur union ils
ont pu y féjourner.
Histoire cÉogràphiq >e dis Medes.
Nemrod , fils de Chus , petit-fils de Cham ( a ) devînt
roi par le moyen de la chaiTe. Il gagna l'affection des hom-
mes , en les délivrant des bêtes féroces qui les incommo-
daient -, cet exercice lui donnoit lieu d'exercer de jeunes
gens a !a fatigue , à l'obéiffance » Se à Tufage des armes.
11 fe forma ainfiun royaume , dont la capitale étoit Ba-
bylone. 11 bâtit Ninive dans l'AlTyrie. Il ne fut pas propre-
ment le fondateur de Babylone , qu'il trouva commen-
cée par ceux qui avoient entrepris la fameufe tour qui
donna lieu à la confusion àes langues. Le nom de Baal ,
que l'idolâtrie lui donna enfuite , en le mettant au nom-
bre des dieux , eft le même que Belusctes hiftoriens Grecs.
Ninus , fon fils, l'imita, Se cette reffemblance de con-
duite efteaufe que les mêmes hiftoriens ont attribué au
fils une partie des actions du père ( b ). Ils difent de Ni-
nus que , dans la vue de porter au loin fes conquêtes ,
il commença par fe préparer des troupes & des officiers
capables de féconder fes deiîéins ; que , foatenu du puis-
fant fecours des Arabes fes voifins , en l'espace de dix-
fept ans , il conquit une vafte étendue de pays , depuis
l'Egypte jusqu'à l'Inde Se la Bactriane , qu'il n'ofa en-
core attaquer ; qu'à fon retour il bâtit Ninive , ( c'eft-
à dire , qu'il continua tout au plus ce que l'écriture fainte
dit que fon père y avoir commencé. ) Il retourna enfuite
contre les Bactriens , qu'il fubjugua. Sémiramis , femme
d'un de fes officiers, contribua beaucoup à la prife de
Bactres , la capitale. Le mari de cette femme mourut peu
après ; Ninus qui étoit amoureux d'elle, en fit fa femme ,
en eut un fils , mourut peu après fon retour à Ninive ,
Se laifiâ à fa femme la tutelle de fon fils , Se la régence du
royaume. Les Mêles étoient fans doute compris dans les
grandes conquêtes de Ninus ; & peut-être avoient ils été
déia fournis par Nemrod , fon père. Rien de plus fuperbe
que les ouvrages dont Sémiramis embellit la vilie de Ba-
bylone ; rien de plus héroïque que les conquêtes qu'elle
entreprit & dont elle vint à bout. Ninyas , fon fils, ne
Juireffembla nullement, & ne fongea qu'à fes plaifirs,
en quoi il ne fur que trop bien imité par fes fucceffeurs.
Princes obscurs Se efféminés , que l'hiftoire a méprifés jus-
qu'à n'en pas daigner conferver les noms. Il faur courir
jusqu'au rems d'Abraham pour trouver un Amraphel ,
roi de Sannaar , pavs où Rab, lone é'oit firuéc,& Cho-
dorlahomor , roi des Elamites. Ces deux roisavoient une
*73
portion de l'état que Sémiramis avoit laiffé à fon hls
Encore ne favons - nous leurs noms que par l'écriture ,
qui les nomme en palTant à l'occafion d'Abraham. Nous
ignorerions de même que Phul a été roi des Affyriens,
s'il n'avoit pas été mêlé dans les guerres des Ifraëliies plus
d'onze cens ans après l'époque d'Abraham , dont on vienr
de parler. On croit qu'il regnoit encore à Ninive du tems
delà Prophétie de Jonas , qui ne le nomme point. On ne
fait ce qu'ont fait les Médes dans tout ce tems. Mais com-
me ce prince enrra dans la terre d'Uracl, environ 37$
ans après le voyage des Argonautes . fi le le jour de Mé-
dée dans la Médie a quelque fondement dans l'hiftoire,
la poftérité de Medus fon fils y regnoit pour lors, (a)
Genef. c. 10. ( b) Diodore de Sicile, 1. 2.
S'il eft vrai que Phul f&it le même roi de Ninive , qui
fe convertit à la prédication de Jonas , fon fils Sardan ,
que les Orientaux appellent Sardan-Pul , c'eft-à-dire Sar-
dan fils de Pul ou Phul , Ôe que nous connoiifons mieux
fous le nomdeSardanapale , ne piofita gueres d'une con-
verfion fi falutaire : il pouffa fi loin le luxe , Se la mol-
leffe , que fes fujets , honteux d'obéir à un monftre fi rrie-
prifable , fe révoltèrent Se le réduillrent à fe brûler lui»
même avec d'immenfes tréfors, fes femmes Se les eunu-
ques dans fon palais de Ninive. Deux de fes officiers par-
tagèrent fon empire. Arbace , gouverneur des Medes,
fonda l'empire des Affyriens , Se s'établit à Ninive j Bele-
fis s'établit à Babylone , & laiffa cette couronne à fa po-
ftérité. Cette divifion de l'empire des Medes détruit l'o-
pinion de quelques hiftoriens , qui font Arbace fondateur
d'un royaume de Médie , & lui donnent Ninive pour
capitale. Prideaux , fenvant bien que ce royaume de Mé-
die n'eft pas fort aifé à accorder avec les deux aurres royau-
mes , fuppofepie l'Arbace , deftructeur de l'empire de
Sardanapale , ù'~ le même que Teglat Phalaffar , ou ,
comme liiênt les Hcbraïfans , Tiglat Pilefer , ou Tilgarh.
Pilnefer ; Se attribue à Arbace tout ce que l'écriture dit
de ce roi des Affyriens Se de Ninive ; mais ce n'eft qu'une
conjecture. Il eft vrai que quelques auteurs anciens affu-
rent qu'Arbace prit la qualité de roi. Diodore de Sicile le
dit expreffément , L 2. c. 27 & 28. il lui donne même
une grande fupériorité fur Belefis , qui, félon cet hifto-
rien , ne régna à Babylone qu'avec une extrême fubordi-
nation : mais en même tems cet écrivain fe trompe, en
difant que ce monarque ayant ramaffé les tréfors fauves
du feu » qui avoit confirmé Sardanapale Se fon palais ,
les fit porter à Ecbatane , ville royale des Medes , qui
n'exiftoit point encore , & qui ne fut bâtie que long-
tems après. Trogne Pompée Se fon abbréviareur Juftiti
parlent de même, /. 1. c. 3. d' Arbace , vainqueur de Sar-
danapale : Pofi hune rex confiituitur interfelïor ejus Ar-
baces , qui prœfciïitS Medorum j itérât. Is imperium ab
Alfyriis ad Medos transfert. Mais Diodore , contempo-
rain de Jules-Céfar , Se Trogue Pompée qui vivoit fous
Augufte , Se qui écrivoient l'un Se l'autre en Sicile ou en
Italie , ont facilement confondu l'époque de l'ancien em->
pire des Affyriens , divifé à l'occafion de la révolte d'Ar-
bace, gouverneur de Médie, avec l'époque du nouvel
empire des Affyriens , fubjugué par les Medes du tems de
Cyrus. Hérodote , né dans l'Allé mineure , Se qui vivoic
au moins quatre cens ans avant Diodore & Trogue Pom-
pée, eft beaucoup plus Croyable qu'eux ; Se il paroîtpar
ce qu'il en dit que les Medes fubjugués par les Affyriens ,
étoient une province de l'ancien empire d'Affyrie Ils
furent les premiers à en fecouer le joug , Se à fe mettre
en liberté , Se leur exemple fut fuivi par d'autres peu-
ples. Ils fe gouvernoient eux-mêmes , Se étoient partagés
en divers villages. On voit bien qu'Hérodote parle ici
de la révolte arrivée du tems d'Arbacc, Se que les Me-
des affranchis n'eurent rien de commun avec le nouvel
empire d'Affyrie. S'il étoit vrai qu'Arbace Se fes fucces-
feurs euffent régné fur la Médie , ce peuple ne feroirpas
tombé dans l'anarchie , qui donna lieu à Déjocès de s'en
faire roi. Leur indépendance dégénéra en un libertinage
pernicieux. Déjocès , fils de Phraorte , Mede de narion ,
profita de ces conjonctures : homme fage Se habile , il
étoit le médiateur de toutes les querelles qui s'élevoienc
entre les habirans de fon village ; la fageffe de fes juge-
mens prévenoit fouvent de grands maux , Se l'idée qu'on
avoit de fon équité . faifoit qu'on acquiesçoit à ce qu'il
avoii prononcé. Les villages voifins du ficn , voyant le
1 74 MED
repos donc on y jouiflbir par fa prudence , & le bon or-
dre qu'il y avoir érabli , le confulterem auffi , 8c il devint
l'arbitre de toute la nation. Lorsqu'il crut leur être deve-
nu trop néceffaire, pour qu'ils puffent aifément fe pafier
de lui , il feignit d'être fatigué de leurs affaires , & de vou-
loir fe retirer pour ne penfer qu'à fes intérêts domefti-
ques. Dès qu'il ne fe mêla plus de la police , les désordres
revinrent en foule. On s'affembla pour y chercher du re-
mède , 8c l'on n'en trouva point de plus efficace que d'é-
lire un roi , qui eut l'autorité de réprimer les violences,
& en même rems lafageffe néceffaire pour faire des loix ;
on jugea qu'alors chacun fe repofant fur le prince des
foins du gouvernement, pourroit vaquer paifiblemenrà
fes affaires particulières. Le projet fut goûté -, Déjocès
fut nommé , approuvé «Se couronné.
Voila proprement le premier roi de la Médie. Jus-
ques là cette province avoit éré ou confondue dans l'em-
pire des Affyriens, ou libre & indépendante depuis la
ruine de cet empire. Ainfi on vit alors trois royaumes ,
favoir , i°. Celui de Babylone 8c de la Chaldée où avoient
régné fucceïTivement Belefis , Nerodach fon fils & quel-
ques rois obscurs dont on ne fait absolument rien. z°.
Celui de Nivine ou d'Affyrie , fondé de nouveau parTe-
glath Phalaffar dont le fucceffeur Salmanafar avoit été
fuivi de Sennacherib ou Sargon. Affaradon fils de ce der-
nier regnoit alors , & profitant d'un interrègne de huit
ans arrivé à Babylone après l'extinction de la famille
royale , il s'étoit emparé de cette ville , & avoit réuni
cette couronne à la tienne. $°. On voit que le royaume
des Médes , qui eft le troifiéme de ceux qui avoient été
unis dans le premier empire des Affyriens , commence
presque dans le tems que celui de Babylone fe perd dans
le fécond empire d'Affyrie.
Dejocès fe voyant roi fongea à policer fes fujets , bâ-
tit la ville d'Ecbatane 8c y éleva un palais pour fa ré-
sidence, il engagea les Médes à peupler fa nouvelle ville ,
& leur donna de fages loix. 11 employa tous les refforts
de fa politique à régner absolument 8c paifiblement. On
lui donne cinquante-trois ans de règne, qui joints à tren-
te-fept qui s'étoient .écoulés depuis la délivrance des Mé-
des , fait un espace de quatre-vingt-dix ans.
Phraorte ou Aphraarte fon fils lui fuccéda. C'eft FAr-
phaxad nommé dans le livre de Judith. 11 fit continuer
les ouvrages que fon père avoit commencés à Ecbatane,
ce qui a fait croire à quelques-uns qu'Arphaxad en éroit
le fondateur , 8c par conféquent le même que Dejocès.
Il fut belliqueux , fit la guerre au roi d?Affyrie Saosdu-
chin ou Nabuchodonofor I. qui le défit 8c ravagea la
Médic.
•Cyaxare I. fils de Phraorte , lui fuccéda. Le vainqueur
de fon père ayant perdu enfuite fon armée fous Holo-
ferne, Cyaxare fe reffaifit de la Médie 8c y ajouta la
conquête de la haute Afie , c'eft-à-dire , les deux Armé-
nies , la Cappadoce , le Pont , la Colchide & l'Ibérie.
L'Halys fut la borne de fon empire au couchant. D'un
autre côté, c'eft-à-dire , au midi delà Médie, il fou-
rnit les Perfes , attaqua les Affyriens , les vainquit , affié-
gea Ninive, 8c Fauroit prife , s'il n'eûr pas été obligé de
quitter cette entreprife pour aller au fecours de fa pro-
pre capitale. Une armée formidable de Scythes qui ve-
ndent des environs des Palus Méotides, avoit pénétré jus-
que dans le royaume de Médie. Cyaxare les joignit, li-
vra bataille , fut vaincu. Les Scythes , maîtres de la Mé-
die , coururent l'Afie , s'approchèrent de l'Egvpte , re-
vinrent dans la Paleftine, pillèrent le temple d'Ascalon,
s'établirent à Bethfan , ville de la tribu de Manaffé , qui
en prit le nom de Scythopolis. Ils jouirent vingt-huit
ans de la Médie 8c des pays annexés à cette couronne.
Les Médes enfin s'en délivrèrent par une tromperie bien
cruelle. Il y avoit par tout des garnifons. Les Médes in-
vitèrent la plupart des Scythes à un grand feffin qui fe
faifoit dans chaque famille. Chacun enyvra fes hôtes Se
les égorgea. Les Médes profitant de la confternation que
caufa cette boucherie , fe reffaifirent des provinces que
les Scythes leur avoient enlevées , 8c reportetent les bor-
nes de leur état au fleuve Halys. Les reftes des Scythes
échapés à cette horrible exécution, trouvèrent un afyle
chez Aliatte roi de Lydie. Cela donna lieu à une guerre
entre lui 8c Cyaxare. Elle dura cinq ans , 8c les avanta-
ges furent balancés. Les rois de Cilicie & de Babylone
MED
ménagèrent un accommodement par lequel Aryenis , fille
d'Aliatte , époufa Aftyage , fils de Cyaxare. Le roi des Mé-
des, dégagé de cette affaire, fe ligua avec Nabopolaffar
roi de Babylone , contre Saracus roi de Ninive , le mê-
me que Chynaladanus , fils de Saosduchin. Ce roi de Ba-
bylone , dont je viens de parler , n'étant encore que fim-
ple général de Saracus , avoit profité de la molleffe de
ce prince 8c du peu de foin qu'il prenoit de fon em-
pire. Né à Babylone , où il avoit fa famille & fon parti ,
il s'en étoit emparé , 8c démembrant cette partie de l'em-
pire d'Affyrie, il s'en fit proclamer roi.
11 fe joignit avec Cyaxare , ils affiégerent Ninive, tuè-
rent Saracus , & détruifirent cette grande ville jusqu'aux
fondemens. Babylone devint alors capitale unique de l'em-
pire d'Affyrie ; Ecbatane étoit la capitale des Médes ,
dont le royaume profita de la plus grande partie des dé-
pouilles 8c des états de Saracus. Nabopolaffar fe crut
affez payé , parce qu'il enleva destréfors immenfes de Ni-
nive , 8c par la couronne de Babylone & de la Chaldée
que la deftruclion de Ninive lui affuroic. Cyaxare mou-
rut peu après cette expédition.
Altyage fon fils , l'Affuerus de l'écriture fainte, régna
fort long-tems , cependant on fait peu de particularités
de ce qu'il fit. Il eut deux enfans , Mandane d'un pre-
mier lit , 8c Cyaxare d'Aryenis, fille d'Aliatte roi de Lydie.
Il maria Mandane avec Cambyfe,fils d'Achemenes roi de
Perfe. Ce fur vers le tems de ce mariage que naquit
Cyaxare , qui lui fuccéda fous le nom de Cyaxare II.
C'eft le Darius Medus de l'écriture fainte. Aftyage vi-
voit encore , &fon petit-fils Cyrus, fils de Mandane &
de Cambyfe étoit à fa cour, âgé d'environ feize ans,
lorsqu'Evilmerodach fils de Nabuchodonofor II. 8c pe-
tit-fils de Nabopolaffar , roi du nouveau royaume de Ba-
bylone , fit une partie de chaffe , 8c s'avifa d'entrer dans
la Médie pour faire montre de fa bravoure. Aftyage fe
mit en campagne , 8c remporta fur les Babyloniens des
avantages dont on attribue le principal honneur au jeune
Cyrus. Cambyfe fon père l'ayant rappelle, il retourna
en Perfe pour y achever fes exercices. Quelque tems
après Aftyage paya le tribu à la nature, 8c Cyaxare II.
fon fils , oncle de Cyrus, fut roi des Médes. La même
année Evilmerodach mourut 8c eut Nerigliffor pour
fucceffeur. Ce dernier confidérant l'affinité qui étoit en-
tre les Médes 8c les Perfes , gouvernés par deux beaux-
freres , tâtha de former contr'eux une ligue 8c d'y en-
gager Crcefus roi de Lydie 8c le roi des Indes. Crœfus
entra dans fes vues , 8c Cyaxare , averti du danger ou
il étoit d'être attaqué le premier par les Affyriens & les
Lydiens réunis, manda à Cambyfe fon beau-frere de
lui envoyer des troupes, & d'en donner le commande-
ment à Cytus. Il l'obtint. Ce jeune prince mena à fon
oncle une armée de 30000 hommes d'infanterie. Mal-
gré l'inégalité des troupes qu'il amenoit 8c de celles
qu'il trouva dans la Médie , en comparaifon de l'armée
des ennemis , Cyrus ne s'effraya point. Le roi d'Armé-
nie vaffal des Médes , comptant fur la fupériorité des As-
fyriens 8c fur les embarras qu'ils donneroient à Cya-
xare, prit ce tems pour fecouer le joug. Cyrus le fur-
prit par fa diligence ; fe rendit maître de fa perfonne ,
de fa famille , de fes tréfors ; lui fit grâce , 8c fe l'atta-
cha par un acte de clémence , l'obligea de payer le tri-
but comme auparavant, 8c fe fervir utilement de fes
troupes contre les Chaldéens ,différens de ceux de la
Chaldée. Voyez, l'article Chaldée 2. Le roi des Indes,
follicité pat Nerigliffor d'entrer dans la ligue contre les
Médes , voulut , avant que de fe déterminer , favoir par
des ambaffadeurs , quel étoit le motif de leur querelle ,
afin de prendre le parti qui lui paroîtroit le plus jufte :
il fe déclara enfuite pour les Médes. Cambyfe 8c Man-
dane vivoient encore. Cyaxare n'avoir point de fils pour
lui fuccéder; il n'avoit qu'une fille unique qu'il offrit
à Cyrus avec la Médie pour dot. Cytus ne voulut pas
accepter cette offre, toute avantageufe qu'elle étoit , fans
le confentement de Cambyfe 8c de Mandane , & il alla
en Perfe le leur demander ; il époufa la princeffe à fon
retour.
Trois ans s'étoient paffés depuis que les rois d'Affyrie
8c de Lydie s'étoienr unis , 8c les deux partis avoient
employé ce tems à des préparatifs de guerre. Cyrus entra
dans FAffyrie , 8c après bien des marches joignit l'armée
MED
MED
des ennemis. Le choc fut rude, Ôc Nerigliflbr y périt,
fon armée fe mit en défordre ; Crœfus ôc les autres al-
liés ne longèrent plus qu'à la retraite. Cyrus fe mit à
leur pourfuite ; les-Hyrcaniens, différens de ceux de l'Hyr-
canie, fur la mer Caspienne , quittèrent les Aflyriens , & fe
joignirent aux Médes , & leur aidèrent à vaincre les enne-
mis. * Voyez, l'article Hyrcanie.
Nerigliflbr , roi d'Aflyrie, étant mort , Laborofoarchod
fon fils, prince débauché ôc cruel lui fuccéda ; fes fu-
jets perdirent patience au bout de neuf mois ôc le tuè-
rent. Labynit ou Nabonid qui lui fuccéda , elt le Bal-
thafar de l'écriture*
Cyrus ayant renforcé fon armée par des troupes Per-
fannes, s'avança au-delà de Babylone , battit le roi d'As-
fyrie , ôc le força de fe renfermer dans fa ville. Crœ-
fus n'épargna rien pour le faire des alliés. Quantité de
peuples marchoient déjà fous fes drapeaux. Enfin la fa-
meufe bataille de Thymbrée fut décifive ; Crœfus la
perdit, s'enfuit à Sardes, capitale de la Lydie ■, fut pour-
iuivi & pris par Cyrus , qui lui laifla le titre de roi ;
mais fans pouvoir faire la guerre , ôc avec une autori-
té bornée.
Cyrus , maître de lacampagne , pafla quelque tems dans
l'Afie Mineure à foûmettre tout , depuis l'Archipel jus-
qu'à l'Euphrate.
Babylone reftoit encore à conquérir ; Se elle étoit
bâtie de manière que le fiége en étoit fort difficile. Ni-
tocris , femme de Balthafar, l'avoit embellie de nouveaux
ouvrages : cependant le rems de fa deftruction , marqué
par les prophètes , étoit arrivé. Elle fut prife. La fin de
l'efféminé Balthafar elt décrite au livre de Daniel. Ain-
fi finit l'empire Babylonien , détruit par les Médes.
Cyrus en céda tout le fruit à Cyaxare, fon oncle, ôc fon
beau-pere» Au retour d'un voyage qu'il fit en Perfe , il le
prit , ôc le mena à Babylone, où il lui céda tous les hon-
neurs de la dignicé royale. Cyaxare, connu dans l'écriture
fahite fous le nom de Darius le Méde, y régna deux
ans : Cyrus lui fuccéda. Daniel avoit eu beaucoup de
crédit fous Darius le Méde.
Cyrus ayant perdu fon père Cambyfe la même an-
née , joignit les couronnes de Perfe , de Médie ôc de
Babylone ; finit la captivité des Juifs , ôc commença un
nouvel empire , formé par fa fagefle ôc par fa valeur ,
& qui étoit borné à l'orient par l'Inde , au nord par la
mer Caspienne & par la mer Noire , au couchant par
l'Archipel, au midi par l'Ethiopie ôc par la mer d'Arabie.
La nouvelle monarchie fondée par Cyrus, ôc qu'il laifla
en mourant à fon fils Cambyfe , s'appelle l'empire des
Perfes. Cambyfe y ajouta l'Egypte. Après fa mort l'em-
pire pafla en d'autres familles , & finit avec Darius III.
vaincu par Alexandre le Grand. La Médie s'étoit trou-
vée confondue dans cette vafte monarchie ; mais enfin
dans le tems que les Macédoniens en avoient pris la ca-
pitale ôc une partie confidérable de la Médie propre-
ment dite, un fatrape, nommé Atropatos, fut établi par
Alexandre dans la partie de la Médie qui étoit entre
l'Arménie ôc la mer Caspienne , & s'y maintint par des
alliances. Cette Médie féparée en prit le nom de Mé-
die Atropatene, qu'elle a confervé ; ôc les fuccefleurs de
cet officier en jouiflbient encore du tems de Strabon , /.
1 1. p. J24. c'eft-à-dire fous Augufle ôc Tibère. Ce que
nous venons dédire fuffit pour donner une idée des dif-
férens états de la Médie ; on peut les réduire à dix épo-
ques. * Arrïen , 1. 7. c. 4. & \x.
I. La Médie , province ibus l'ancien empire des Afly-
riens.
IL LaMédie libre depuis la mort de Sardanapale jusqu'au
couronnement de Dcjocès fon premier roi. C'eft encore
la même Médie.
III. La Médie retoutne fous la domination Aflyrienne
après la défaite de Phraortc fon fécond roi, Ôc en eft une
province jusqu'à fa délivrance par Cyaxare I.
IV. Il y ajoute les deux Arménies, la Cappadoce, le
Pont, la Colchide ôc l'Ibérie.
V. Les Scythes s'emparent de la Médie ôc de toutes
fes dépendances , & y régnent 28 ans.
VI. Les Médes s'en délivrent , ôc reprennent leurs con-
quêtes.
VIL Sous Aftyage , ils profitent d'une partie de l'Aflyrie,
& détruifent Ninive,
■7*
VIII. Darius le Méde , autrement Cyaxafe fils d'Aitya-
ge , acquiert par les victoires de Cyrus fon neveu , toute
l'Afie Mineure & l'empire de Babylone, qui deviennent
parties de l'empire des Médes.
IX. Cyrus, qui lui fuccéde,y joint le royaume des Per-
fes qu'il hérite de fen père ; ôc toute cette vaite monar-
chie en prend le nom.
X. La Médie confondue de nouveau dans l'empire de
Cyrus, ou dans la monarchie des Perfes avec laquelle elle
elt conquife par Alexandre le Grand.
Depuis les conquêtes de ce prince , la Médie fait deux
états différens. On diitingue la grande Médie & la MÉ-
die Atropatene , qu'il faut préfentement traiter fépa-
rénient l'une de l'autre.
La grande Médie , province de l'empire de Perfe,
étoit bornée au nord par des montagnes qui la fépàroient
des Cadufiens ôc de l'Hyrcanie. Elle avoit a l'orient la Par-
thie & la Perfide , au midi la Babylonie ôc la Sufiaïié , au
couchant l'Aflyrie Ôc un coin de l'Arménie, jusqu'à l'Aiaxe
qui achevoit de la borner jusqu'à la mer Caspienne ; on
voit bien que l'Atropaténe y elt comprife encore. Sous les
Macédoniens elle s'en détache, Se dès l'Adia&ène une
branche du mont Zagros borne la grande Médie au rtord-
oueit, ôc laifie entre cette branche l'Arménie ôc l'Araxe
la nouvelle fouveraineté d'Atropes. Ptolomée confond
les deux Médies enfcmWe , & y met les peuples fui-
vans.
LesCASPîENs , & fous eux la Margiane le long de
l'A n'y rie.
Les Obliges , les Cadusiens , lesDRiBYCES , les Ama*
riaques ôc les Mardes.
Le long des Cadufiens IzsCarchuques ôc lesMARùN-
des jusqu'au lacMariiane.
Les Margases, ôc après eux I'Atropaténe qui s'é-
tend jusqu'aux Amariaques Albriens du mont Zagros , les
Sagartiens , ôc après eux jusqu'à la Parthie la Choro-
mitrene plus z\xr\o\iÀ\'EUmaïde. Les Tapures dans la
partie orientale.
Au midi de la Choromitréne les Sidices , enfuite la
SiGRiANE&la Ragiane, ôc après ces pays au-deflbus du
mont Jafonium , les Vaddases , la Daritide , ôc enfin
la Syro-Médie tout le long de la Perfide.
Les villes Ôc bourgs de la Médie le long de la mer Cas-
pienne entre l'Araxe ôc l'Hyrcanie font, félon cet auteur*,
Sanninà ou Saninâ , Cyropolis ,
Tazina , Amana ,
Sabeae Ara? , Acoh ,
Charax, & Mandatai fis.
Dans les terres, félon le même auteur , il y avoit
Scambena ou Scabina ,
Gabale,
Uca,
Varna,
Candis ,
Gabris,
Sozoa ou Sâzoa ,
Tondarba ou Tonzarma,
Azata ou Azagai,
Niguza,
Sanaïs ,
Rhazunda,
Veneca ,
Bithia ,
Alinza,
Zaranis,
Gabena ,
Larafla ou Lâràfâ" ,
Morunda ou Moryndà,
Tigrana ,
Pharambaraj
Tachazara ,
Zalaca,
Alvaca ,
Gauzania ,
Phafaca ou Phazaba ,
Pharaltia ou Pharafla ,
Curena ou Curna ,
Phanaspa ,
Gabns,
Nande ,
Gazaca ou Zazaca j
Saraca ,
Mandagara »
Aganzagava ou Agan-
zava,
Gnala ou Galla ,
Orocana ou Korocana
Alicadra ou Alidraca ,
Phanacha ,
Nazada ,
Alinza , la même qu'Q*
rofa ,
Arfifaca ,
Alisdaca,
Dariaufa ,
Sincar ,
Barina ,
Vefappe ou Wefafpe ,
Ecbatane ,
Locaftra ou Choaftra,
Niphavandra ,
Guriauna,
Choana ou Choava ,
Auradis
Tibracana,
Bethargao« Thebarga,
i76 MED
MED
Carine ,
Caberafa,
Parachana ,
Arfacia ,
Gauna,
Heraclea,
Z.ania ,
Aruzis ,
Zarama,
Tautice,
Europus ,
Abacena ou Abacaena J
Cimbina ou Cigbina,
Daththa ,
Gerespa ou Gerefa ,
Rhapfa ,
Andriaca ,
Cluaca ,
Argaraudaca ou Arga-
raufaca s
Canatha ,
Aradriphe.
La ville d'Europus eft la même que Rhages fi fa-
meufe dans l'hiftoire de Tobie. Cette province répond à
I'Irac Agemi , au Tabristan Se au Laurestan d'au-
jourd'hui.
La Médie Atropaténe étoit entre PAraxe au nord ,1a
mer Caspienne au levant , la grande Médie,dont elle étoit
féparée par une branche du mont Zagros, au fud eft.L'As-
fyrie au fud-oueft & la Perfarménie au couchant. Ses prin-
cipaux lieux étoienc
Gaza: , réfidence du fatra-
pe,
Véria , château ou place
forte ,
Morunda,
Gabris .
Cyropolis ,
Tigrana ou Patigra,
Pharambara ,
Phanaspa , &c.
Cette province répond , félon de Pille , à la province
d'ADiRBEiTZAN , Se à une lifiere habitée par les Tur-
comans , entre les montagnes de Curdiftan & I'Irac
Agemi.
La Médie eft nommée en latin Meoena provinciA
dans la vulgate, comme je l'ai remarqué au mot Mepe-
ma. Rufus Feftus dit de même : Marcus Antonius Mé-
dium ingrefjus qux mine Meâœna appellatur , hélium
Paribis intulit. Indore parle d'une ville nommée Médie ;
Tzetzes en parle auiîî, au rapport d'Ortelius. Les anciens
ne l'ont point connu. Juftin, /. 73. c. 4. diftingue deux
Médies , la grande Se la petite, & prétend qu'Atropatos
eut le commandement de la grande , & que le beau-pere
de Perdiccas eut celui de la petite. Cet hiftorien fe trom-
pe. La Médie gouvernée par Atropatos eft l'Atropatene
oppofée par les anciens à la grande Médie.
MEDIENSIS , fiége épiscopal d'Afrique dans la Mau-
ritanie Cefarienfe. La notice d'Afrique fournit JEmilius
Mcdienfts. Harduin. collect. conc.
MED1MENE. Voyez. Medema.
MED1MN/EI, ancien peuple à qui Diodore de Sicile,
l. 14. dit que Denys donne un établiflcment à Mefline.
Ortelius, Thef. doute s'il ne faut pas lire Methymn^ei.
MEDIMNI, peuple de l'Ethiopie fous l'Egypte, félon
Pline, /. 6. c. 30.
MEDINA , ville de l'Arabie Heureufe. Voyez. Medine.
Ce mot veut dire Amplement une Ville en arabe.
MEDINA-CELI, ville d'Espagne , dans la vieille Ca-
ftille , à quatre lieues de Siguença fur le Xalon. Cette ville
dont le nom latin eft Methymna Celestis , étoit au-
trefois rrès-confidérable ; mais aujourd'hui elle n'a guère
d'autre avantage que celui d'être la capitale d'un duché de
même nom , qui s'étend fur près de quatre-vingt villages.
* Délices d'Espagne , t. 2. p. 317.
Cette ville fut premieremenr érigée en comté par Hen-
ri II. roi de Caftille en 1368. en faveur de D. Bertrand ou
Bernard de Bearn , fils naturel de GaftonPhœbus , com-
te deFoix,lorsqu'il lui fitépoufer donalfabelle de la Cerda,
qui descendoit de Fernand de la Cerda , fils aîné du
roi Alfonfe le Sage , mort avant fon père en 1171. D.
Sanche , fécond fils de D. Alfonfe , ufurpa la couronne
i~urn D. Alfonfe fon neveu , fils de D. Fernand qui étoit
Paîné , Se de Dona Blanche de France fon époufe , lequel
pour cela fut appelle l'exhérédé. Ce comté fut érigé en
duché par Ferdinand Se Ifabelleen 1491.* Vayrac , Etat
préfent d'Espagne, I. ;. p. 107.
MEDINA-DEL-CAMPO, ville d'Espagne, au royaume
de Léon , vers les frontières de la vieille Caftille. Elle
eft fur le torrent de Zapardiel ; on y voit un ancien
château. Elle eft la patrie de Ferdinand I. roi d'Arra-
gon, qui y naquit en 1 380. & de l'empereur Ferdinand I.
qui y naquit l'an 1504. Ifabelle de Caftille y mourut l'an
IJ04. Son nom latin eft Methymna Campeftrh. C'eft
une ville fort ancienne, fort marchande Se par conféquent
fort riche. On y tient tous les ans trois foires confidéra-
bles , & fon terroir fournit du vin Se du pain d'un fi bon
goût , qu'on les met au nombre des meilleurs de l'Espa-
gne. Les terres font fi fertiles , que quoique la ville ait
été affligée de divers incendies , les habitans ont toujours
trouvé moyen de la rétablir. Elle jouit de très- grands
privilèges, qui ne contribuent pas peu à la peupler Se à
y faire fleurir le commerce. Elle eft libre de tous impôts,
Se les habitans ont le droit de remplir tous les emplois >
foit eccléfiaftiques , foit politiques qui viennent à vaquer
chez eux. Le roi ni le pape ne nomment à aucun emploi ;
mais les habitans abufent quelquefois de leur privilège.
On a vu arriver des féditions Se des meurtres même , lors-
que le peuple fe trouvoit partagé pour l'élection, furtout
quand il s'agiflbit de remplir quelque pofte considérable»
La ville eft grande ; elle eft ornée d'une belle place pu-
blique , au milieu de laquelle on voit une fuperbe fontai-
ne > qui a un Neptune fur fon jet. Elle eft à ûx lieues de la
rivière de Duero Se à une journée de Valladolid , qui pos-
féde aujourd'hui la chancellerie qui étoit autrefois à Mé-
dina-del-Campo. C'eft dans cette ville qu'un médecin
nommé Gomefius Pereira , publia au milieu du XVI.
fiécle un livre, où il prouvoit que les bêtes ne font
que des machines. Elle a été fort peuplée, maispréfen-
tement elle l'eft fort peu. * Délices d'Espagne, tora. 1.
pag. 168.
MEDINA DEL POMAR. Il y en a qui prétendent
qu'il faut mettre Metina Pomaria , bourg ou petite
ville d'Espagne avec un château, dans la vieille Caftille
au nord de Burgos , entre l'Ebre & les confins de la Bis-
caye. * Baudrand , éd. i 605.
1. MEDINA DEL RIO SECO, en hùn Metina Flu-
vii Sicci , ville d'Espagne dans le royaume de Léon , à
cinq ou fix lieues de Palencia , tirant vers le couchant , Se
dans une plaine fituée au pays de Campos. Cette ville
fe trouve fur un petit ruifleau ; elle eft décorée du titre
de duché ; on y voit un vieux château. Elle eft à onze
lieues de Valladolid au couchant d'été , Se à autant de
Zamora. Cette ville eft fort riche. Dans fes environs il y
a de gras pâturages qui font d'un grand revenu. Quelques
auteurs la prennent pour le Forum Egurrorum , ville des
Afturiens. * Du Lignon. Délices d'Espagne, tom. 1.
pag. ijz.
Cette ville appartient depuis long - terns à la maifor»
d'Henriquez , iflue de la famille royale ; mais comme la
dignité à'Amirante ou amiral , a été en quelque façon hé-
réditaire dans cette maifon, elle eft beaucoup plus con-
nue par ce titre que par fon vrai nom. Henri III. de
Caftille pourvut de cette charge d'amirante D. Alfonfe
Henriquez , fils puîné de D. Frédéric de Caftille, grand
maître de l'ordre de faint Jacques , Se frère jumeau du
roi D. Henri II. lesquels eurent pour père le roi D. Al-
fonfe XL Se pour mère dona Eléonor de Gusman. D.
Alfonfe fut le premier qui prit le furnom d'Henriquez en
mémoire du roi Henri II. fon oncle , Se mourut en 1429.
après avoir hérité de la ville de Médina de Rio Seco de
dona Jeanne de Caftille fa tante , veuve de D. Philippe
de Caftro. Frédéric Henriquez fils d'Alfonfe , fut créé
comte de Melgar par le roi Jean IL Se D. Fernand Hen-
riquez,petit-fils de D. Frédéric, fut fait duc de Médina de
Rio Seco en 1520. par Charles V. * Vairac , Etat préfent
de l'Espagne, 1. ;. p. ni.
1. MEDINA DEL RIO SECO, petite ville ou bourg
de l'Eftrémadure , que Tarapha croit fans fondement avoir
été autrefois Emerita , ou Augusta Emerita. C'eft
une commanderie de l'ordre de S. Jacques.
MEDINA SIDONIA , en latin Affidonia , ville d'Es-
pagne dans l'Andaloufie. Elle eft à quatre lieues de la côte
de la baie de Cadix, à neuf de la ville de ce nom vers l'o-
rient, à vingt de Séville au midi , Se à onze de Ronda.
Cefut-là que Blanche de Bourbon, reine de Caftille, fut
aflafTinée par ordre du roi D. Pedro , furnommé le Cruel.
Cette ville qui eft aflez jolie & paftablement grande, eft
fituée fur une montagne. En y allant , d'abord qu'on a
pafle la Guadalete , on ne trouve qu'un pays défert Se
inculte jusqu'à un quart de lieue de Médina, où l'on com-
mence a voir une campagne bien cultivée, fertile en or-
ge , en vin-, en figues , en orangers , Se plantée de plu-
fieurs
MED
MED
fieurs beaux jardins. Médina Sidonia eil une ville fort an-
cienne , & connue dans l'antiquité fous le nom d'AJîn-
dum ou Ajfidonia. On y voit encore les mannes de di-
vers vieux bâtimens , qui font voir ce qu'elle a été. Un
vieux château , que le tems a épargné , elt tout ce qui s'y
trouve de plus remarquable. De Médina Sidonia à Gibral-
tar on compte une journée 8c demie 8c fept lieues jusqu'au
port de Sainte Marie. Tout ce pays elt inculte , fablon-
neux . très-incommode , &c presque inhabité ; de forte
que de quelque côté qu'on aille , en forrant de cette ville »
on ne trouve aucun lieu pour fe rafraîchir, à la réfervc
de quelques miférables ventas ou hôtelleries de fix en fix
lieues, où l'on elt fort heureux fi l'on trouve du pain 8c
du vin. Il n'y a point délits, on couche furie carreau.
* Délices d'Espagne , t. 3 . p. 469.
Autrefois Médina Sidonia écoit honorée d'un fiégeépis-
copal; mais il fut transféré à Cadix. D. Jean de Guzrnan ,
grand maître de l'ordre de Calatrava, fut le premier de
la mailbn qui la pofféda par l'échange que le roi D. Jean
II. & lui rirent avec la ville d'Andujar , que ce monar-
que réunit à la couronne > mais à peine en fut-il en pos-
fe/fion , qu il la changea pour la ville d'Algava avec D.
IJenri de Guzrnan, fécond comte de Niebla fon paient,
dont le iîls aîné , appelle D. Jean Alfonfe de Guzrnan , fut
créé duc par le même roi D. Jean II. le 1 1 Féviier 1441.
La famille de Guzrnan , depuis l'érection de cette ville eu
duché, a produit une poftéiité illultre 8c nombreufe , dans
laquelle cette dignité s'eît confervée de père en fils. * Du
Lignon , Vavrac , Etat préfent de l'Espagne , 1. 5,
MEDINA DE LAS TORRES , en latin Metina Tur-
rium, petite ville d Espagne dans l'Eitremadure proche de
Badajoz. Elle elt au pied d'une montagne avec un château ,
à deux lieues de Zara au midi. Elle fut érigée en duché par-
le roi Philippe IV. en faveur de Gaspard de Guzrnan com-
te d'Olivai es fon favori, qui la donna aufli-tôt en dot à
doua Marie de Guzrnan fa fille unique en la mariant
avec D. Ramire Nunes de Guzrnan, marquis de Total ,
qui prit la qualité de duc de Médina de Las Torres , 8c la
conferva quoique fa femme fut morte fans enfans. S'etant
remarié avec dona Anne de Carafe piincefie de Stillano ,
8c ducheffe de Sabionetta 8c de Montdragon en Italie , il
en eut trois enfans , dont Lamé appelle D. Nicolas Marie
de Guzrnan 8c Carafe, lui fuccéda au duché de Médina
de Las Torres, 8c en l'es autres biens de même qu'à ceux
de fa mère.
MED1NE , ou La ville par excellence. Elle s'appelloit
autrefois Jatreb, que les Arabes ont changé en Medi-
ne , parce que Mahomet y établit fon fiége : ils l'appellent
encore Mf.dinah al Nabi, la ville du Prophète. Elle
elt dans l'Arabie Heureufe , fituée dans une plaine fort
humide -, mais abondante en palmiers. Elle a au fepten-
trion la montagne Ohoud , au midi celle de Thabir. Elle
elt éloignée de trois jours de chemin de la mer Rouge.
Son port nommé vambo, elt une petite ville. Medine n'elt
que la moitié auffi grande que la Mecque : mais elle a un
fauxbourg qui eil àuffi grand que la Mecque. Elle elt en-
tourée d'un mur de brique. Les habitans de cette ville
furent les premiers qui embi afférent le Mahometisme; ils
reçurent Mahomet dans leurs murs , l'écouterent, le cru-
rent 8c lui obéirent. Son tombeau elt dans une mosquée
au milieu de cette ville. Ce tombeau elt dans un bâtiment
rond, couvert d'un dôme que les Turcs appellent Turbé,
8c tout ouvert depuis le milieu jusqu'au dôme •■, il y a
une galerie tout au tour, dont la muraille extérieure elt
percée de pluiîeurs fenêtres qui ont des grilles d'argenr,
8c celle du tombeau elt couverte de plufieurs pierres pré-
cieufes , 8c des offrandes de tous les princes Mahométansj
ce qui fait des richeflcs immenfes. Il y a entr'autres, à l'en-
droit où répond la tête , un diamant long comme la moi-
tié de l'index, &c large de deux doigts, au-deffus duquel
fe voit celui que le fultan Osman , fiis du fultan Achmet,
y envoya , 8c qui elt pareil à celui que portent les empe-
reurs Ottomans. Ces deux diamans n'en faifoient qu'un :
mais fultan Osman le fit feier par le milieu. Plus bas il y
a une demi-lune d'or, où font enchaffés des diamans d'un
grand prix.
Les pèlerins ne voient point le tombeau de Maho-
met , parce que le bâtiment dans lequel il elt , n'a d'ou-
verture que par en haut : mais , lorsqu'il n'y a point tant
de monde , c'elt- à-dire , après que les pèlerins font partis ,
I77
on peut entier dans le turbé , cV confidérerce tombeau.
Il n'ell , 8c n'a jamais été fufpendu en l'air , comme plu*
fieurs l'ont écrit ; il elt à plate terre, relevé comme ce-
lui des empereurs Turcs. Le turbé elt environné par de-
hors d'une tapinei ie de damas rouge 8c blanc ; elle elt re-
trouflée à l'endroit où font les diamans 8c autres richeffes.
Autour de cette tapifferie font écrites ces paroles en lettres
d'or : la Lllah llLdbb , Mebemet refont allah. Cette tapis-
ferie elt renouvellée tous les fept ans par le fultan , ou
toutes les fois qu'il y a un nouvel empereur. La porte pac
où l'on entre dans la galerie elt d'argent , auflî bien que
celle du turbé. Elle a , comme la Mecque , fon chéi if , ou
fouverain qu'on dit être defeendant de Mahomet. Tiré
d 'Abuljtda , Dejcript. de l'Arabie , p. 30. du Diclion.de
d' Herblot , & de Tbevenot, Voyage du Levant , c. xi p,
297.
MEDINGEN, château & bailliage d'Allemagne dans
la BaiTc-Saxe , fur l'Elmenau au Lunebouig. 11 y avoit
dans ce même lieu une abbaye de Citeaux qui fut achevée
de bâtir en 1 3 3 <>. Ernelt de Brunswic-Lunebourg & So-
phie de Mecklenbourg fa femme bâtirent en 1541. auprès
de ce monaltère le château dont il elt ici queltion. * Zey-
ler, Bruniw Topogr.
MED1NUM. L'un des noms latins de Mehun. Voyez.
ce mot.
MEDIOLANIUM. Voyez, Mediolanum 8c Medio-
LAR IUM.
MEDIOLANUM. Ce nom a été commun à plufieurs
Villes, qu'il faut distinguer par un furnom.
MEDIOLANUM AULERCORUM , ancienne ville
de la Gaule dans le pays du peuple Aultrci-Eburovices.
C'elt aujourd'hui la ville d'Evreux. Ptolomée , /. 1. c. 8.
nomme cette ville Mediolanium, 8c la donne au peuple
Aulircii, qu'il nomme auflî Buraici. Elle elt aufii pla-
cée fur la route de Rouen à Paris dans l'itinéraire d'An-
tonin , entre Uggade 8c Durocafes^ à quatorze mille pas
de la première , & à dix fept mille de la féconde.
MEDIOLANUM IN GUGERN1S, ancien lieu de la
Gaule dans la Belgique , furla route de Colonia 'frajana
à Cologne , entre la première 8c Sablones , à huit mille pas
de l'une 8c de l'autre. Cluvier , Germ. ant, l. 1. c. 18. p.
94. croit que c'elt Moyland , village à fix milles , félon
lui, du village de Kellen , qui elt la Colonia Ulpia-Traja-
na de l'itinéraire. Altiug croit que c'elt Int-bam , entre
Kellen & Santhove entre le Rhin & la Meufe. Ce lieu
n'a jamais été fort confidérable. * Notit. Germ, bifcr*
part. 1.
MEDIOLANUM INSUBRL£ , aujourd'hui Milan
ville d Italie. Elle elt très-ancienne , 8c la première que
les Gaulois ayent bâtie en Italie. Tite-Live, /. j. c. 34.
dit : Les Gaulois ayant traverfé les Alpes au Pas de Turin,
8c ayant mis en déroute les Toscans affez près du Te-
fin, 8c ayant entendu que le lieu où ils étoient , s'appelloit
la terre des Infubriens , nom femblable à celui d'un peu-
ple d'entre les Eduens , ils acceptèrent l'augure que ce
lieu leur offroit naturellement , 8c y bâtirent une ville,
qu'ils nommèrent Mediolanum. Ce paflage femble in-
finuer qu'ils appellercnt ainfi leur nouvelle ville , du
nom d'une autre qui étoit chez les Infubriens dans la
Gaule , d'où ils étoient partis. Pline , /. 3, c. 17. dit de
même : Les Infubriens fondèrent Milan -, mais fans di-
ftinguer quels Infubriens. Tacite la compte entre les plus
fortes places de la Gaule Cispadane. Il paroît par une
lettre de Pline le Jeune , /. 4. Epifl. 1 3. que les études y
floriflbient. Une infeription du temsd'Antonin Pie, porte
ces mots (a) : Aqu^e ductunî in novis Athenis
C<£PTUM A DlVO ADRIANO PATRE SUO CONSUMMA-
vit dedicavitque. Je parle ailleurs de cette nouvelle
Athènes. Voyez, au mot Athènes. Aufone ( b ) dit :
Et Mediolani mira omnia. Copia rerum ,
Innumerœ, cultaqite domus , faïunda virorum
Ingénia & mores Uti.
J'ai remarqué au mot Italie que Milan en a été re-
gardée comme la métropole, par rapport aux affaires ec-
cléfialtiques. Tiajan y fit bâtir un palais. La place con-
ferve encore le nom de Palais. Hadrien , les Antonins,
8c fur-tout Theodofe 8c Conllantius y féjournerent allez
long -tems. Théodoric roi des Goths , 8c Pépin , roi â'i'.
Tom. IV. Z
i78 MED
MED
talie , y moururent. S. Grégoire , pape , donna à l'ar-
chevêque deMilanla prérogative de confacrer les rois d'I-
talie. La cérémonie doit le faire dans l'Eglife de faim Am-
broife. Milan avoit tous les édifices publics qui convien-
nent aux grandes villes , une arène , un théâtre , où l'on
repréfentoit des comédies ; un hippodrome pour lescour-
fes de chevaux ; un amphithéâtre où l'on fe battoit con-
tre les bêtes féroces -y des thermes , entr'autres ceux de
Maximian , de Néron Se de Nerva ; un Panthéon , &
quantité d'autres fuperbes bâtimens. Voyez, Milan, (a)
Gruter , p. 1 77. n. 4. ( b ) In tlaris Urbibus*
MEDIOLANUM MCESITE , maifon royale ou pré-
toire à trois milles de Naifl'us , où les empereurs Se les
céfars ont quelquefois féjourné. Ammien Marcellin , qui
la nomme Mediana , dit que Valentinien Se Valens ,
avant que de fe féparer , s'y rendirent pour faire entr'eux
le partage. C'eft dans ce lieu que furent drefiees la loi
VIII du code Théodofien de jure fisci, Se la loi XIII de
operibut publiât , & fous ces loix on lit Mcd. ces trois
lettres font communément l'abbréviation de Mediola-
num , Milan -, mais dans ces loix elles fignifient un lieu
de la Dacie ou de l'ancienne Mœfie, comme Godefroi
l'a bien prouvé. Cet article eft tiré de Cellarius , geogr.
antiq. 1. 1. c. 8. On ne voit rien en tout ce qu'il dit , qui
faffe voir que ce palais a été nommé Mediolanum , aufïï
Cellarius ne dit-il pas qu'on l'ait appelle ainfi. Ce n'eft
que dans la table de fon livre qu'on trouve Mediolanum
Mœ(i&. Ces trois lettres Med. peuvent également être l'a-
brégé de Mediana Se de Mediolanum , Se fi quelqu'un
les a cru convenir à Milan , c'eft fans doute parce qu'il
a ignoré ce lieu de Mediana , Se qu'il n'a pas fait atten-
tion au pays où ce lieu nommé Med. par abbréviation ,
devoir être 5 cependant il y avoit un lieu nommé Me-
diolanum dans la féconde Mœfie. La notice de l'em-
pire dit fans équivoque Militit Dacisci MedioLmo.
MEDIOLANUM ORDOVICUM , ancienne ville
del'ifie de Bretagne, ou d'Albion , au pays des Ordo-
vices , félon Ptolomée , /. 2. c. 3. Les faVans d'Angleterre
s'accordent mal fur le nom moderne de cette ville. An-
tonin l'ayant mife dans fon itinéraire , & fait une route
exprès depuis Glanoventa jusqu'à Mediolanum , Se mis
cette dernière à dix huit milles de Condate, il femble
que là difficulté devroit être plus aifée à lever. Lhuid
croit que c'eft Lancaflre , David Powel dit que c'eft
Maihraval \ Se Cambden opine pour Lanvethlyn.
Gale 3in Antonin. itiner. p. jj. ajoute : Je fais bien que
dans la langue bretonne, aux motscompofés XV Se \'M
font des lettres équivalentes , qui s'emploient l'une pour
l'autre i on lit Lhan-Var pour Lhan- Maria, , Arvon
pour Armon , &c. Cependant les diftances me portent à
croire que le Mediolanum en queftion étoit plutôt à
Meivod , où l'on déterre des marques d'antiquité , qu'à
Lhan Vethling , où il ne s'en trouve aucune trace.
Ce lieu eft dans une vallée très-fertile en comparai fon
du pays où elle eft. Licèt montibus emineat, dit Camb-
den , convallibm tamen grata fœcunditate cum patcuit ,
tum arvit felix eft regio. Il eft queftion du pays de Galle ,
où eft cette vallée , au comté de Montgommeri.Là-dcflus
Gale avance avec précaution une conjecture , qui me pa-
roît approcher aflez de la vérité. Dans l'ancien breton
Medi veut dire moi/Tonner^ Mediad, moiflbn : Se Latvn,
plein : de ces mots on peut conjecturer que l'ancien nom
a été formé de noms pareils pris de la langue celtique ,
avec laquelle on fait que l'ancien breton avoit une
grande affinité. Le nom même de Mediolanum , ville d'In-
fubrie , aujourd'hui Milan , eft venu des Gaules. Les
Gaulois , fes fondateurs , l'avoient apporté de leur patrie,
où il étoit commun à plus d'un lieu. Ce qui confirme
cette origine , c'eft que toutes les villes nommées Me-
diolanum font dans un terroir fertile Se avantageux. Le
nom même de Meivod , que la Mediolanum des Ordo-
vices porte aujourd'hui , fel0n Gale , ne s'éloigne pas de
cette lignification ; car Meuedd Se Meufêdd , dans l'an-
cien breton fignifie bient , richeffes.
MEDIOLANUM SANTONUM , ou Mediolanum
Santonum , ancienne ville de la Gaule Celtique , félon
Ptolomée, qui dit Mediolanium Santonum. Antonin la
nomme Mediolanum Santonum , Se la place entre Novio-
regum Se Aunedonnacum , à quinze mille pas de la pre-
mière , & à feize mille de la féconde. C'eft aujourd'hui
la ville de Saintes.
MEDIOLANUM ou Mediolanium , ville de la Ger-
manie, félon Ptolomée. Voyez l'article qui fuit.
MEDIOLARIUM , c'eft ainfi qu'il faut lire dans Pto-
lomée , félon la remarque d'Alting , lorsqu'il s'agit de
Mediolanum, ville de la grande Germanie, félon cet
auteur. Il faut commencer par convenir que cette Me-
diolanium de Ptolomée n'a rien de commun avec Medio-
lanum in Gugernis. Cette dernière étoit entre le Rhin Se
la Meufe , l'autre bien loin au-delà du Rhin. Quelques-
uns en échange l'en écartent trop , Se la portent à Mun-
fter , fans en donner aucune raifon. Le Mediolanium dont
il s'agit , doit avoir été dans l'ancienne Frife ; fa diffé-
rence avec Navalia que l'on fait être Genemuden , eft
de 30 min. en latitude vers le nord, Se d'autant en longitu-
de vers l'orient. Cette différence conduit au rivage gau-
che du lac de Suitlare , que traverfe la rivière de Hunnes j
entre ce lieu Se Génémuden , fe trouve une diffance
de trente-cinq mille pas , qui revient à la différence de
ces deux lieiîx Navalia Se Medionalium en latitude Se
longitude évaluée en milles: or en ce même endroit,
aux frontières de la feigneurie de Groningue Se du
pays de Drente , fe trouve un lieu nommé dans le moyen
âge ad très Lares. Ce font aujourd'hui deux paroifies
dont la plus Septentrionale s'appelle Noor Lare ; la
plus méridionale Zuy l are i entre deux eft un village ap-
pelle Midlaren ; ainfi voila les trois lieux nommés ad très
Lares. Celui du milieu peut avoir donné lieu à Ptolo-
mée de l'appeller Mediolarium. Le changement d'un
rien a été aifé aux copiftes à qui Mediolanium étoit fa-
milier, Se Mediolarium abfolument inconnu. + Alting.
Notit. German. Infer. part. 1. p. 94.
Tous les géographes ne s'accordent pas fur le nom mo-
derne de Navalia , que quelques-uns difent être Zwol
d'autres Campen , & d'autres enfin Doesbourg.
MEDIOLUM , ancienne ville d'Espagne , dans la
Celtiberie , félon Ptolomée, /. x.c. 6. Quelques uns
de fes interprètes croient que c'eft aujourd'hui Médina
Celi , fondés uniquement fur une refiemblance des deux
premières fyllabes , faute d'avoir fu que Médina, eft un
mot arabe.
MEDIOMANUM , ancien lieu de la grande Breta-
gne ; félon l'anonyme de Ravenne qui le met fur la route
de Segontium , qui eft Caernarvan. On pourroit conje-
cturer, dit Gale , m Antonin. itiner. p. 55. que c'eft Main-
turog en Mérionithshire , fur un grand chemin qu'on
appelle Sàrn Helen , en latin via Helena , à peu de
diftance deFESTiNioG, petit village.
MEDIOMATRICES &
MEDIOMATRICI , ancien peuple de la Gaule Bel-
gique. Ces deux noms font également employés par les
anciens. Jule - Céfar, /. 4. c. 10. &Strabon, /. 4. étendent
ce peuple jusqu'au Rhin. On voit bien que le premier
a entraîné le fécond par fon autorité. Hadrien de Valois ,
notit. Gall. au mot Rhenus , croit que cela eft exceffif. En
effet , le lieu de la Mofelle où eft Divodurum leur
capitale , eft trop loin du Rhin , à moins qu'on ne veuille
dite que les Tribocci faifoient partie des Mediomatrices.
Ce qui femble être la penfée de Strabon ; car il dit ,
parmi eux s'eft établie la nation des TV ibocci , nation de
la Germanie , chaffée de fon véritable pays. Pline ne dit
point que les Mediomatrices fufiènt libres , ou fournis
aux Romains -, mais on fait d'ailleurs qu'ils étoient alliés
du peuple Romain Legiones in Mediomatricos ,jociam ci-
vitatem abfcejjere, dit Tacite, Hifior. L 4. c. 70. Samfon,
Remarques fur la carte de l'ancienne Gaule , dit d'eux ,
que, du rems de Céfar, outre le Diocèse de Metz,
ils occupoient encore celui de Verdun d'un côté, &que
de l'autre , ce peuple s'avançoit vers le Rhin, s'il en faut
croire Céfar : il ajoute : ce que je crois néanmoins avoir
feulement été avant fon tems. Quoi qu'il en foit, je
ne fais pas difficulté de croire que Verdun n'ait été fous
les Mediomatrici du tems de Céfar , mais qu'ils furent
bientôt après faits un peuple en chef. C'eft pourquoi
Pline les ellime liberi, où il faut lire Verduni ou Ve-
roduni, fuivant qu'Antonin écrit le nom de la ville Ve-
rodunum Se Virodunum , & Grégoire de Tours Verdunum,
Verdunenfîs urbs , & la notice des provinces Se des cités
de la GnuleVeroduncnJiumeivitas in Belgica prima. Voyez.
Messin & Metz.
1 . MEDION , ville de Grèce dans l'Etolie , félon
Etienne le géographe.
MED
MED
1. MEDION. Voyez. Medeon.
MEDIREC1UM, nom latin de Meserits ouMied-
Zyirzecze ville de Pologne.
MEDIS, bourg de France dans la Saintonge , diocèfe
& élection de Saintes.
MEDITERRANEE , nom a djeclif que la Géographie
emprunte de la langue latine ; ce mot veut dire ce qui efl
dans les terres. Par cette raifon on dit la mer Méditer-
ranée , la mer qui , communiquant à l'Océan par ie
détroit de Gibraltar , efl entre l'Europe au couchant &
au midi , 5c l'Aile à l'orient. On la nomme auiii Am-
plement la Mediterrane'e. Voyez. Mer.
Ce mot s'emploie auiîi en parlant des villes qui, étant
dans des ifles ou dans des provinces maritimes, font
fituées à quelque diftance de la cote. Ainfi Ptolomée, dans
fes livres de géographie «fait presque toujours une double
lifte des villes d'un tel pays. Sçavoir , les villes ou lieux
Maritimes ; tk les villes ou lieux Méditerranies. Chez
lui on commence toujours par les lieux fitués au bord
ou presque au bord de la mer , tk , après avoir parcouru
toute la côte de l'ifle ou d'un pays , on vient aux villes
Méditerranéens , c'eft-à-dire fituées dans les terres.
MEDIU M, ( in Medio ) ce mot eft fort en ufage dans '
l'itinéraire d'Antonin. On voit par exemple,
Lujfunium .
Annamantiam in Medio Intercifa XXIV. M, P.
Vetus-Salinam in Medio MatriCa XXVI. M. P.
Caponam inMedio Acincum, Legio i. adj. XXIII. M. P.
Ad Lacum Felicis in médio Crurntros XXVI. M» P.
Ces exemples fuffifent pour faire connoître la lignification
de ce mot. Il ne veut dire qu'a moitié chemin. Dans le
premier exemple Intacija fe trouve à moitié chemin de
Ltuffinimn a Ânnarfiamia , la diftance entière eft marquée
de vingt quatre milles : LnU cifa eft donc à douze milles
de l'une tk de l'autre D* Armdmantia à Vêtus Salifia ,
il y a vingt-fix milles, Matrica qui eft à moitié che-
min el\ donc a treize milles de tous les deux, & ainfi du
iefte.
i. MEDLlNG, bourgade d'Allemagne en Bavière fur
l'Inn entre Oeting & WafTembutg. Ce nom s écrit par
un ô .dont la prononciation répond à notre Oeu , com-
me dans Oeufs , Môdling. Ce lieu n'eft remarquable
que parce que quelques géographes y cherchent le Me-
dullum de Vindelicie. Voyez, ce mot.
2. MEDLING, bourg d'Allemagne dans l'Autriche près
de Vienne. Gérard de Roo l'appelle ville , & dit que les
Turcs la pillèrent en 1578. Il faut que ce lieu ait été
autrefois confidérable, puisque c'étoit une des réfidences
des princes de la première maifon d'Autriche , tk particu-
lièrement de Henri V. qui en fut furnommé Henri de
Medling. * Z<.yier , Topogr. Auftria?.
3, MEDELING.Fey^ Metling.
1. MEDMA. Voyez Medema.
1. MEDMA , ville maritime d'Italie , au pays des
Bmtiens. Cette ville ell nommée Medma tk Mesma
Mityct tk Wi'cr/x*. par Etienne le géographe. Medma par
Pline /. 3. c. 5. Strabon , /. 5. p. 2ï. tk Pomponius Mêla ,
/. 2. c. 4. difent uiS'ji./xot , Medama. Ils ne s'accordent
point fur fa fituation , par rapport à la rivière Metaurus.
L'un le met en-deçà , c< les autres au-delà. Outre cela,
les modernes ne s'accordent point fur le nom moderne.
Quelques uns croient que Medma eft la Nicotera d'An-
tonin , qui fubfifte encore. D'autres , comme le P.
Hardouin , croient que c'eit préfentement Rossarno,
ville de la Calabre ultérieure , mais celle-ci eft trop dans
les terres pour avoir été un port de mer.
MEDMASSA , ville de l'Afie mineure dans la D01 ide.
Pline, /. 5. c. 29. la compte entre les villes qu'Alexan-
dre le Grand fournit à la juridiction d'Halicarnafte.
MEDN1KI , en latin Mednicia , ville de Pologne
dans la Samogitie , près de la fource de la rivière de
Wirwitz {a ). Ceft le fiége d'un évêché fondé en 141 3.
par Wenceflas , roi de Pologne, qui y établit en même
tems douze curés , félon le nombre des préfectures
de Samogirie, qui tous doivent être chanoines de Med-
niki ( b ). Cette ville fut brûlée en 1390. Elle a été re-
bâtie depuis, (a) And. Cellar. Defcript. Polon. pag. _f 88,
( /) Cr orner, Rer. Polon. 1. 18, & 1. tj.
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MEDOACUS, rivières d'Italie , toutes deux de nu me
nom, n'ayant qu'une embouchure commune dans la bou-
che la plus leptentrionale du Pô. Straboh, /. 5. nomme
ainfi un port tk une rivière. Il dit que d'un grand porc
qui , de même que la rivière , s'appelle Mecivacus , on
peut remonter la riviete a travers des marais , jusqu'à
deux cens cinquante fhdes , ( qui reviennent à 3 1 250 pas,
ce qui fait environ dix lieues & demie). Pline , /. 3. c.
16. nomme EDRONie port que foi ment les deuxrivieres
de MEDOACus.Tite-Live, /. i.c. 2. dit du confiil vEmile,
qu'ayant appris que 1 embouchure du Medoacus étoic
profonde , tk qu'on y pouvoir mettre commodément
les vaifleaux à l'ancre , il ordonna que l'on y fit entrer la
flotte en remontant la rivière. Pline diftingue très-bien les
deux rivières de Mcdtacus. On les diftinguoit par les
furnoms de grande & de petite. Medoacus major ell
préfentement la Brenta , tk Medoacus minor eft aujour-
d'hui le Bachiglione. On a dit aufli Meduacus , 8c
Tite-Live a fuivi cette orthographe.
Strabon,/. j p. 216. met entre les peuples voîfins des
Venetes le peuple Mtdoaci. Leur nom marque qu'ils
dévoient être autour des rivières appellées de même,
MEDOBITHYNI. Voyez Uadv
MEDOBREGA, ancienne ville d'Espagne , dans la
Lufiranie. Elle eft nommée Mesdubrigà dans une inferip*
lion. Hinius , dans ion hiiloire de la guerre d'Aicxan-
drie , parle des affaires d'Espagne par occafion , tk dit ,
C48.de Cailius Longin , peu api es ayant pris en Lu-
fitanie la ville de Medobrtga , tk le mont Herminiusou:
les habitans de Medobrega s'ctoient retirés. Nec multo pujl
qnum va Lufuania Medvbrcgam <.ppidum; monttmqiu fiet»
minium expugnajfet; qitù Mtdobregenfes confugerant. Cette
ville eft d'autant plus aifée à trouver, que la montagne
s'appelle encore aujourd'hui Monte Armineo ou Ar-
minno, la ville même avoit pris le nom de la mon-
tagne, ôc s'appelloit Aramenha; elle eft ruinée , mais
Refende , dans fes antiquités , dit que l'on en voit en-
core les ruines près de Marvaon dans f Alentcjo , à peu
de diftance de Portalegre. Pline, /. 4. c. zi. appelle les
habitans de cette ville Medubrisenses qui piambarii ,
leur furnom de plombières leur venoit d'une mine de
plomb qui étoit dans la montagne, Elle eft nommée
Mundobîuga dans l'itinéraire d'Antonin fur uneroutede
Lifbonne à Mérida. Les éditions d'Aide , des Juntes,
de Zurita tk de Bertius portent Mundobriga -, l'exem-
plaire du Vatican fournit Mon tobriga. Refende litMEi-
DOBRIGA.
MEDOC. On écrivoit autrefois Medouc , contrée de
France, en forme de presqu'ifle , entre l'Océan tk la Ga*
ronne, enGuicnne, dans le Bourdelois, dont le pays
de Medoc occupe la plus grande partie par rapport à
l'étendue; car il n'eft pas peuplé à proportion du refte
du Bourdelois , parce qu'il eft moins fertile. Sa partie
feptentrionalc , étant fujette aux inondations dans les
hautes marées, fon nom vient de Medulicus Pagus ,
que les anciens lui ont donné. Aufonne appelle la côte
de Medoc. Littts Medulorum dans fa cinquième épitre4
Ad Theonem , v. 16 .
Qiiamtamen exerces Medulorum in Lit or e vitam ?
11 avoit dit dans une espèce d'adreffe en vers :
Pagamtm è Medulis jubeo falvere Theonem.
Dans fon épitre feptiétne, il parle des huîtres de M«*
doc , qui paffoient alors pour être excellentes.
Oflrea Baianis certantia qu& Medulorum
Dulcibus injiagnis refiiti maris aftus opimat.
Dans fa treizième épitre , il nomme ces huîtres Burdi-
galeaiia , parce que les Romains qui les tiroient de Bour-
deaux leur donnoient ce nom. On en faifoit fi grand cas,
qu'elles étoient fervies à la table des empereurs»
Se d mihi pra cunElis ditijjima quœ Medulorum ,
Editât Oceanus , qux , Burdigalenfia nomen ,
Vf que ad Qtfareas udit admirait» menfas,
Tom. IV. Z ij
180 MED
MED
Sidonius Apollînaris , appelle ces huîtres Medulica fu-
pellex , Se les gens de bonne chère qui en faifoient leurs
délices , Medulk&fupellettilis epulones. Pline , en parlant
des huîtres de Cyzique, dit : Elles font plus grandes que
celles du lac Lucrin , plus douces que celles d'Angle-
terre, plus délicieufes que celles des Educns (Eduis ), plus
piquantes que celles de Lcptis , plus pleines que celles
de Lucentum , &c. On voit bien que Eduis a été mis
par un copifte , pour Medulis. Edui , Autun ne fçau-
roit nourrir des huîtres étant fi loin de la mer. Pline a tiré
ce partage de Mutien. Le P. Hardouin l'a bien rétabli. Du
mot Medidicus eft venu Médaille Se enfuite Medouc. An-
dré du Chefne, dans fes antiquités des villes & châteaux
de France , parle ainfi de ce pays : « Au-deflbus de Bour-
»deaux& joignant la côte de la mer, eft la ville de
»» l'Efparre Se le cap Sainte Marie ; puis , defeendant
t» plus bas , l'on entre au pays de Medouc , terminé de
•» tous côtés de Paluz Se autres lieux, dont la barteffe l'ex-
•» pofe à beaucoup d'inondations. Ptolomée au fécond livre
« de fa géographie, leur baille une autre ville avec Bonr-
«deaux, en ce pays de Medouc, qu'il met vers Sou-
cia c, bourg afiez beau, en la pointe que fait làla grande
w mer avec la Garonne , la nomme Noviomagos en fon
«grégeois; mais on ne la trouve aucunement pour lejour-
»» d'hui , foit , ou que la terre l'aye engloutie par quelque
« tremblement, ou que quelque guerre l'aye rafée; comme
» de fait, encore il y a en ce quartier de Medouc un grand
«lac où l'on dit qu'il fe void des murailles , quand quel-
•» que été fe porte un peu fec , Se que les eaux font baffes ,
« ou que la grande mer, ou Garonne l'aye noyée, comme
s» auiîi trouve-t-on bienàdireaujourd'hui ence même quar-
tier l'irte d' Antros.de laquelle le géographe Pomponius-
»> Mêla fait mention , fi ce n'eft d'aventure le rocher
»> de Cordoan , à l'embouchure de la Garonne ; ou fina-
»> lement que les fables l'ayent couverte , comme tout ce
» pays eft fort fablonneux , Se que la mer ne fait que
w vomir fable , lequel féché Se mené par le vent fait de
» merveilleufes montagnes , Se encombre non feulement
»i les maifons , mais auffi les plus haut chênes & pins du
»pays , dont les Medoukins content que leurs lièvres font
» non feulement fi hardis » qu'ils courent après les le-
wvriers, mais auffi tant légers que les diriez voler plû-
» tôt que courir par ces grands fables , & s'il leur plait
» de fe paître à couvert au pied des arbres , qu'ils mon-
» tenta la cime, Se même font là leur repaire », * Du
pays & duché de Guienne , c. 2.
Le Mcdoc eft borné au nord Se au levant par la Ga-
ronne , au midi par la petite rivière de Jale qui le fépare
du refte du Bourdelois , Se par une ligne imaginée , qui
remonte en ferpentant vers l'étang de laCanau,au midi
duquel elle parte, Se de-là jufqu'à la mer de Gafcogne
qui termine le Medoc au couchaut. Le bourg de l'Efparre
en eft le principal lieu. Les autres font
Blanquefort fur la Jale ,
Caftelnau de Medoc fur la Meyris ,
Le fort de Medoc fur la Garonne , vis-à-vis deBlayes ,
Soulac, village vers la pointe fcptentrionale du Medoc.
* De l'i/le , Atlas.
C'eft ce village qui donne préfentement le nom aux
huîtres de Medoc , parce qu'on les y pêche. La pairie
du Medoc , qui s'étendJe4e«g de la Garonne , depuis le
fort de Medoc jufqu'à la rivière de la Jale , s'appelle la Pa-
lu. Le milieu du pays eft gâté par un marais inculte , que
coupe dans fa longueur une rivière qui fe perd dans la
Garonne à Mapon. Une partie confidérable de ce qui eft
au nord du bourg de l'Esparre , confifte en des terres
marecageufes , defféchéesde la même manière qu'en Hol-
lande. On appelle ce canton la Petite Flandre de Medoc.
Toute la partie occidentale eft mal peuplée , pleine de
bois Se d'étangs. Le pays n'eft bon que le long de la Ga-
ronne , auffi n'eft-il bien peuplé que là.
MEDOÉ , ifle du Nil dans l'Ethiopie fous l'Egypte.
Pline , /. 6. c. 30. y met une petite ville nommée Asel.
1. MEDON. Quelques exemplaires de Strabon , /. .8.
p. *■$}. appellent ainfi une rivière du Péloponnefe. Ca-
faubon croit qu'il faut lire Nedon. Voyez, ce mot n 2
1. MEDON. Fôy^ Dioclea.
MEDOSLANIUM, ville de la grande Germanie, fé-
lon Ptolomée, /. 2. c. 1 i.Elle étoit quelque part vers le
Danube.
MEDOUAI. Voyez. MedWai.
i.MEDUA.Kovex. Medama.
2. MEDUA ou Mara , ville d'Afrique au royaume
d'Alger , au midi du mont Guanferis , aux confins du
pays de Mezezeb , félon de l'Ifle. Elle eft dans une belle
plaine, à cinquante lieues d'Alger , Se à foixante de Tre-
mecen, félon Marmol. Cet auteur qui , en parlant de
l'Afrique moderne , conferve les anciens noms de Gétu-
lie Se de Numidie , dit , t. 2. I. 5. c. 46. Quoique cette
ville ne fût pas de l'état des rois de Tremecen , ils l'ont
toujours pofïédée , à caufe de la commodité du partage
de Numidie. Les habitans ont de fort bonnes maifons ,
avec une fuperbe mosquée. Cette ville , fe trouvant in-
commodée par les Arabes fur le déclin des rois de Tre-
mecen , qui ne lui donnoient pas affez de fecours pour
fe garantir , fe donna au roi de Tenes , qui , étant tout
proche , pouvoir à toute heure accourir .à leur défenfe»
Ce fut alors que Barberouffe la prit , Se depuis ce tems
elle a toujours été aux Turcs de la milice d'Alger, qui y
mettent garnifon. La contrée eft riche & abondante en
bleds Se en troupeaux. Il y a beaucoup de vergers , de
bocages , Se plufieurs fontaines.
MEDUACUS. Voyex. Medoacus.
MEDUALLI. Voyez. Meduli. *
MEDUAN A , nom latin de Majennè , ville deFran-
ce , cvdela Maienne, rivière. Voyez, au nom François»
MEDUBR1CENSES. Voyez. Medobrega.
MEDULI, ancien peuple de la Gaule. C'eft aujour-
d'hui le Medoc.
MEDULLI , ancien peuple d'Italie dans les Alpes. Ils
font nommés dans le triomphe de l'empereur Augufte ,
dont l'infcription eft rapportée dans le troifiéme livre de
Pline , c. 20. Leur pays eft aujourd'hui une partie de la
Savoye,& s'appelle la Mauriennc , comme le prouve
Bouche, dans fon hiltoire de Provence, p. 103,
MEDULL1A ( a ) , ville d'Italie au Latium : elle fe
donna aux Romains fous Romulus , qui y établir une
colonie romaine (b ). Les Latins la prirent fous Ancus
Marcius , Se la gardèrent trois ans , après quoi ce roi la
reprit fur eux. Pline, /. 3. c. 5. en parle comme d'une
ville qui ne fubfiftoit plus de fon tems. Tite Live , /. 1. c.
33 & 3 8. en parle auffi. ( a ) Denys d ' Halicamaffe , Ant.
Rom. 1. 2. c. 36. ( b) Ibid. 1. 3. c. 38.
^ MEDULL1US MONS , montagne d'Efpagne dans la
Cantabrie. Florus dit, A4, c. 1 2. Le mont Médule fut afiié-
gé. Un forte, continué l'efpace de quinze milles , l'envi-
ronnoit de tous côtés. Quand les Barbares virent que
les Romains les attaquoient de manière qu'il n'étoit pas
poffible de leur réfifter plus long-tems , ils fe firent
mourir à l'envi les uns|des autres , par le fer dans un
repas, ou par le poifon que l'on tire des ifs. Et la
plupart fe dérobèrent ainfi à une foumirtion qu'ils regar-
doient comme une captivité. Paul Orofe raconre la
même hiftoire , & dit que cette montagne eft au-deffus
du Minho. Medullium montera Mmio fiurnini imminen-
tem , in quo fe magna multitudo homimtm tuebaïur , per
quindecim millia paffuum fojfa circumfeptum obfidione
cinxerunt. Garibay croit que Manduria eft le nom
moderne.
MEDÛLLUM , ville de la Vindelicie , félon Ptolo-
mée. Lazius dit que c'eft Medlingen.
MEDUNACUM, lieu de la Gaule, lien eft fait men-
tion dans un fragment de la table de Peutinger.
MEDUS , rivière d'Afie dans la Perfe. Elle fe jette dans
l'Araxe, félon Strabon, /. 15. p. 729.
MEDWAY , rivière d'Angleterre dans la province de
Kent. Elle parte par Maidftone, Rochefter Se Chatham ,
Se fe jette dans la Tamife, pas fort loin de fon em-
bouchure. Comme elle eft forr profonde , on s'en fert
pour mettre en fureté les grands vaiffeaux de guerre en
hiver ; l'entrée de la rivière étant défendue par le fort
de Sheerneff. * Etat préjent de la Grande Bretagne ,
t. i.p. 14.
MEDZIBOR, félon Corneille, Se Mehsebohr , fé-
lon Jaillot , Atlas, ville d'Allemagne , en Siléfie , dans la
principauté d'Olrte , au nord oriental de la ville de ce
nom , aux confins de la baronnic de Warrenberg.
MEDZ1BOZ , ville de Pologne, dans la partie méridio-.
MEE
MEG t8t
nÀe du palatinat de Volhinie , fur la rive feptentrio-
nale du Boh , au-deffus de Conftantinowe. * De l'IJle ,
Atlas.
MÉE, bourg de France dans l'Anjou , élection de Châ-
teau-Gonrier.
MÉES, (Les) en latin Caflrum de Médis , bourg de
France dans la Provence , diocèfe & recette de Digne.
Il y a une juftice royale, & il députe aux affemblées de
la province.
MEFA. Pov«,Mesada.
MEGA. Voyez. Magnus.
MEGADINI , peuples Afiatiques. Xénophon , Hiflo-
riar.lib. t. p. 2. dit qu'ils étoient fournis à Cyrus. À la
marge on lit Budini 3c Magadidi. Philclphe , ancien inter-
prète de Xénophon, lit MetpieivMvoi, Mariandunoi; 6c Or-
telius , Thefaur. croit que c'eft ainfî qu'il faut lire ; parce
que les anciens ne connoiffoient point de peuples nom-
més Magadidï. A l'égard des Budini , ils habitoient dans
la Sarmârie.
MEGABARIou Megabradi, peuple d'Ethiopie, au-
près de lïfle Meroc. Strabon , /. 17. p. 776. 6c Pline , /. 6.
c. 30. font pour la première orthographe; 6c Ptolomée,
/. 4.^.8. pour la féconde. Pline dit qu'on les appelloit
quelquefois Adiabara.
1. MEGALA , lieu efcarpé que Pline, /. 6. c. 26. place
dans la Médie au voifinage de Perfepolis.
2. MEGALA, ifle d'Ecoffe, une des Wefternes, ou
ifles occidentales au midi de Barra. *du Lignon. Mémoires
manuscrits.
1. MEGALE , ifle auprès de la ville de Smyrne , félon
Pline , /. 5. c. 5 1.
i. MEGALE , ifle de la Propontide. C eft Pline , /. $. c.
52. qui en fait mention.
3 . MEGALE , ifle de Lycie > félon Etienne le géo-
graphe.
4. MEGALE , ville du Péloponnèfe. Ariftore , in mira'"
bilibus , dit que , dans le territoire de cette ville , il fort
perpétuellement des feux de la terre. Paufanias en parle
auffi. Peut-être eft-ce la même ville que Mégalepolis.
Voyez, Megaï.epolis.
1. MEGALE-POLIS. ou Megalopolis , ville du Pélo-
ponnèfe dans l'Arcadie. Elle étoit , félon Paufanias , /. 8.
c, ij. la plus nouvelle des villes de Grèce, il on en
excepte les colonies romaines. Ce fut fous les aufpices
d'Epaminondas qu'elle fe forma des habitans dediverfes
perires villes qu'on raffembla en une feule après la baraille
de Leuclrum , afin d'être plus en état de réfifter aux
Lacédémoniens. Ptolomée , Paufanias & Etienne le géo-
graphe écrivent MtyetAn-TTûhiç, Megale- Polis , 6c Strabon,
/. S.fubfinem i écrit dans un feul mot Me>«;\<w«r«*/ç ,
Megalopolis. Polybe lui même, qui étoit né dans cette
ville , écrit indifféremment Miy&Xn-YlÔMç , /. 4. c, 7. 6c
w\.iya.Xo7to}\iç , lib. 4. cap. 77. Le fleuve Heliffon paffoit
au milieu de Megalopolis , 6c alloit enfuite fe jettet
dans le fleuve Alphée. Les habitans de Megalopolis font
appelles par Tite-Live , /. 35. c. 27. Megalopolitœ , 6c
chap. 29. Megalopolitani. On nomme aujourd'hui cette
ville Leontari, félon Sophian, 6c Leondario , félon Sa-
bellicus & Niger.
2. MEGALE-POLIS , ville de l'Ibérie, félon Etienne
le géographe.
3. MEGALE-POLIS , ville d'Afrique. Diodore de Sici-
le , /. 20. la met dans le territoire de Carthage.
4. MEGALE-POLIS. Etienne le géographe donne ce
nom à une ifle fur la côte de Lycie.
MEGALESIUM , lieu d'Afle, félon Vairon,/, j. de
Lingua latina.
MEG AL\ A, Voyez. 2. Megaris.
MEGALL^ , peuples des Indes. Pline , /. 6. c. 20. les
place au-deffous dz<£eft 6c des Cetriboni.
MEGALOPHYra DiogéneLaërce,f«7Wrtr. donne
ce furnom au troifiéme , Thaïes , qui vivoit environ
le tems d'Héfiode , d'Homère , ou de Lycurgue ; & il y
a apparence que ce furnom défignoit fa patrie , félon
Ortelius , Thefaur.
MEGALOPOLIS. Voyez. Megaie-Polis.
MEGALOSSUS. Voyez. Metalassus.
MFGALUDA. Voyez. Metadula.
MEGALUSIORUM. Ce nom fe trouve fur une
médaille rapportée par Goltzius , in Thef,
MEGANITAS, fleuve du Péloponnèfe dans l'Achaïe.
Paufanias, Ly.c. 23. en parle , & dit qu'il arrofoit le
territoire d'JEgium , & qu'il fe jettoit dans la mer.
1 . MEG ARA , Megare , ville de Grèce dans l'Achaïe ,
à une diftance prefque égale de Corinthc 6c d'Athènes,
près du golfe Saronique. Elle étoit la capitale d'un pays
qu'on appelloit Megaris. On n'eft pas d'accord fur la
fondation de la ville de Mégare. Quelques-uns difent que
Mégare , fils de Neptune j étant venu au fecours de Nile ,
& ayant été tué dans un combat , fut enterré dans
une ville à laquelle on donna fon nom. D'autres veulent
que Mégare , fils d'Apollon, après avoir conquis cette
province , lui donna le fien. Les Mégariens fe vancoient
que les nymphes Sithonides étoient de leur pays , & que
l'une d'elles, appellée Tiatrée, avoit eu de Jupiter un
fils nommé Mégare, qui,s'étant fauve, au tems du déluge,
fut la montagne de Géranie , donna fon nom à toute
la contrée voifine. Il y en a qui âffurent que Pandion ,
roi d'Athènes, eut quatre fils, 6c que le pa;,s appelle
Megaris fut le partage du dernier nommé Nifé. En
effet, Ptolomée, /. j.f. ij. & Suidas difent que cette
ville s 'appelloit anciennement Uta-raux , Nijjœa.^-Toureil,
Rem. fur. la 2. Olynt. pag. 82.
Megare fut , à ce qu'on prétend , gouvernée fuccefli-
vement par douze rois , depuis Clefo , fils de Lelex , roi
de Lélégie, jufqu'à Ajax , fils de Telamon. Les Mégariens
vécurent enfuite en république , 6c, quand les Athéniens
les eurent fournis , ils furent délivrés par les Héraclides j
mais les Grecs , ayant re pouffé le roi de Perfe , tournè-
rent leurs armes contre eux mêmes. La Corinthe ôc Méga-
re fe difputerent l'étendue de leurs limites. Les Mega-
riens fe mirent fous la protection des Athéniens , qui
les défendirent } mais ils ne payèrent ce fervioe que par
l'ingratitude , maffacrerent la garnifon Athénienne , qui
étoit chez eux, s'unirent avec les Spartiates, rivaux
des Athéniens , 6c firent leur paix avec les Corinthiens.
Les Athéniens, outrés d'une révolte & d'une ingratitu-
de fi criantes, fommerent Mégare qu'elle eût à s'abfte •
nir de la culture d'une terre confaerée aux déefles Cerès
ôc Proferpine. On reçut mal la fommation ; 6c , fur le
refus , les Athéniens publièrent un décret pour interdire
aux Mégariens l'entrée des ports 6c du pays de l'Attique.
Ce décret fulminant alluma la guerre du Péloponnèfe.
Paufanias , /. 1. c. 36. donne une origine différente à cette
guerre. Il dit qu'Anthemocrite étant allé , comme héraut
d'Athènes, fommer les Mégariens de s'abftenir d'une cultu-
re facrilége , pour toute réponfe on le maffacra. L'in-
térêt des dieux , ajoutent Ariftophane , in Achar. acl:
i.fc. j. 6c Plurarque, in Pericl. avoit fervi aux Athé-
niens de prétexte ; mais la fameufe Afpafie , que Periclès
aimoit éperdument , avoit été la véritable caufe de la
rupture des Athéniens avec Mégare. Les Mégatiens par
repréfailles de ce qu'une troupe de jeunes Athéniens
y vres avoit enlevé chez eux Simethe courrifane de répu-
tation, enlevèrent dans Athènes deux courtifanes de la
fuite d'Afpafie. Periclès époufa la querelle d' Afpafie outra-
gée, & avec le pouvoir qu'il avoit en main, il vint facile-
ment à bout de perfuader ce qu'il vouloir* On publia
contre les Mégariens un décret foudroyant : on défen-
dit tout commerce avec eux fur peine de la vie , & l'on
dreffa un nouveau formulaire de ferment , par où tous
les généraux s'engageoient à ravager deux fois chaque
année les terres de Mégare. Ce décret jetta les premières
étincelles, qui peu à peu allumèrent la guerre du Pélopon-
nèfe. Elle fut l'ouvrage de trois courtifanes. Les événe-
mens les plus illuftres, ont quelquefois une origine affez
honteufe.
La ville de Mégare a confervé fon ancien nom de Mé-
gare. Elle eft fituée dans une vallée au nord entre le
mont Gerata , dont la croupe s'étend au nord-oueft jus-
qu'au mont Citheron , au fond de la baie du golfe de
Corinthe , qui s'appelle aujourd'hui Livadoflro. On
nomme communément toute la montagne Macriplai t
ou la longue Montagne. La plaine eft bordée à l'occident
vers Corinthe par le mont appelle aujourd'hui Palaca
Bouni , ou la vieille Montagne , autrefois Gerania. Le
golfe Engia ou Saronique eft au fud-eft , 6c la baie Liva-
doftro au nord oueft. Le territoire qui s'appelloir autre-
fois Megaris eft affez fertile dix lieues à la ronde. La
ville écoit bâtie fur deux rochers , s'étendant au fudfud-
î82 MEG
cft , & à l'oue/t nord oueft , environ à une lieue de la
côte du golfe Saroniquc. Elle voyoit l'ifle Egine du fud
à l'elt , <S: Coloih i au fud ell.On appei çoit encore fes an-
ciennes bornes qui comprennenr ces deux iochets& une
partie de la plaine au fudj mais -il n'y a plus prefentement
qu'un bourg fur un de ces rochers , compote de maiions
chétives, dont les murailles ne font que de pieu es rom-
pues , tirées de fes ruines , & de terre cuite au foleil ,
couvertes de fafeines 6c de terie. Elles font bâties les
unes joignant les au res , & n'ont qu'un étage. On en
compte environ trois ou quatre cens. Il y a une tour ,
au milieu du bourg , fur le plus haut du rocher , & où
logcoit ci devant un vayvode, que des coi fanes prirent ;
ce qui épouvanta tellement les Turcs, qu ils n'y ont
pas demeuré depuis. Les Grecshabitans de Megaie, appré-
hendent tellement les pirate-. Turcs ou Chrétiens .qu'à
la vue de la moindre barque, ou dès qu ils entendent
les chiens aboyer la nuit , ils commencent a plier bagage
& à fe cicher. Ils gagnent leur v;e a labourer la terie,
êc les Turcs à qui elle appartient en propre, leur donnent
la moitié dé la récolte, ils s'occupent auffi a fane des
planches 6c du goudron à la montagne , où il y a une
grande quantité de pins. On remarque a Méjtare plufieurs
belles inferip ions; entre autres , une à I honneur de l'im-
pératrice Sabine, femme de l'empereur Adnen ,à laquelle
on donne la qualité de nouvelle Cérès, NfcAN ahmhi1ja.
On voit les fondemens d'un petit bâtiment quatre ,
dans les murailles vers la mer , a main gauche de la porte,
Se aux côtés duquel font deux grands marbres, qui
font les deux côtes de l'entrée du bâtiment. Il y a fur le
côté une hfie des jeux & combat publics , où quelqu'un
âvuit remporté lavicloire. Spon prétend que c'étoit un
Sacellum confacté à quelque héros -, mais Wchler , pjge
a 57. croit quec'étoit quelque gymnafe. 1 aufanias , dit-il,
lue confirme dans mon opinion : car il patie d'un ancien
gymnafe près de la pente Nymphaaia , que je prends
pour celle ci , fur la fuite de fon discours : Il vient de la
place du marché par un chemin appelle le chemin étroit,
qui étoit indubitablement celui ci ; car il cft auffi étroit
qu'il peut l'être du côté de la mer 6c de Nicaea. Il y a
proche de là un autre grand marbre de douze pieds de
long , avec une infeription dreflee en l'honneur d'un
gymnafiarque & d'un grammairien par le fénat 6c par le
peuple. Sur le même marbre on voit une autre inferi-
ptie n de fon fils , qui avoit le même office ; & une autre
encore après ,qui contient l'édit du fénat 6c du peuple >
honorant Démétrius , fils de Praxion. Les ttatues de ces
hommes pouvaient auffi être placées fur chacune de leurs
jnferiptions.
En descendant au port , par le chemin étroit , on voit
fur un rocher pioche de la mer des reftes d'anciennes
murailles Wheler juge que ce font les relies de l'ancienne
ville de Nicaea , qui étoit , félon toutes les apparences ,
d.ins ce lieu , & qui avoit été bâtie par Nifus , l'un des
quatre fils de Pandion , qui donna Mégaris à Nifus. On
Voit au-dellbus les ruines d'une douzaine de petites égli-
fes , ce qui fait appeller ce lieu dodeca ecchfta , ou les
douze églifes ; mais il n'en refte qu'une entière , 6c il
n'y a ni peuple ni prêtre. C'étoit la ville 6c le port des
Mégariens , dont les deux rochers , qui compofoient le
port , s'appelloient autrefois Minoa. * Wheler , Voyage
d'Athènes ,1. 5 . p. a 5 3 .
2. MEGARA , ville de Sicile , fur la côte orientale
de l'ifle, dans le golfe de Mégare , autrement nommé Xi-
phonutf, au nord de Syracufe. Elle avoit été appellée au-
paravant Hybla , à ce que remarque Strabon , /. 6 pag.
267. Pline, / 3. c. 8. la nomme Megaris. Voyez. Hybla.
* De fifle, Atlas.
3. MEGARA , lieu ou ville de Macédoine , félon PIu-
tarque , in Pyrrho. Etienne le géographe la place dans
la Theffalie.
4. MEGARA. Etienne le Géographe met une ville de
ce nom dans la Moloiïide.
;. MEGARA , ville de l'illyrie, félon Etienne le géo-
graphe.
6. MEGARA , ville du royaume du Pont , félon Etien-
ne le géographe. Ortelius , Thefaur, croit que c'efl de
cet e ville que parle Ovide , i.TriJ}. eleg. ic.v. 39. dans
ce vers.
Et qiios ALathoi memerant à moembus ortos.
MEG
7. MEGARA , ville de Syrie. Strabon , /. \6. p. 7js>;
dit qu'elle étoit dans la dépendance d'Apamée.
8. MEGARA, ville du Péloponnèfe. Ariflote, \nmi~
rabilib. en fait mention.
MEGAKADA , rivière d'Afrique au royaume de Tu-
nis. Elle a fa fourcedans la muivagne de Zeb ou Zab,
qui féparele royaume de Tunis de celui d'Alger , prend
fon couisdu midi au nord oriental , pane a Te belle Se
a Tunis, Se va fe jetter dans la mer. V.yez. Bagrada z.
* De hjh , Atlas.
MEGARI , peup'es des Indes, aux enviions du fleuve
Indus , félon I line, / 6. c. 20.
MEG^RiCE. Voyez Heraciée.
MEGARlCUM , bourgade de Bithynie , félon Etien-
ne le géographe. Ortelius , Thefaur. fou; çonne que ce
pourioit eue le même lieu que Pline nomme Megarice.
1. MEGARIS , contrée de l'Attique , félon Ptolomée,
/. $.c. ij. Suidas dit qu'on la nommoit auffi Mijjaea.
Ptolomée met deux villes dans cette contrée , favoir :
Pegae
&
Nfaea.
1. MEGARIS , ifle fur la côte d'Palie. Pline , /. 3. c.
6. la place entre Paufïhpe 6c Naples. Il y a appaience
que c'eit cette ifle que Stace appelle Megaïia , dans ce
vers , Sylvar. I. 2. Sylv. 2. v. Sev.
Quaque ferit curvos exerta Megulia fatclus.
On la nomme aujeurd'hui l'if.c de l'Oeuf, à caufe de
fa figure o\ aie i Se la fonerefie qui cft bâtie deffus, s'ap-
pelle le château de l'Oeuf
3. MEGARIS Voyez. MêGara , n. T.
MEGAR1SE , goife qui fait une partie de l'Archipel,
& qui s étend le long de la côte de la Rou anie, depuis
la presqu'ifk de ce nom jusqu'à l'embouchure e.e la Ma-
rifa, en latin Mtgarifenus fînui , anciennement Aidas,
Alelanas , Mêlants , & Cardianus finus. Ce golfe ren-
ferme celui d Eno , 6c prend fon nom d'une place qui cft
fur fes bords. * Maty , Dict de Holl. 1701. Corn. Diét.
1. MEGARSUS ou Magarsus , ville de Cilicie ,
près du fleuve Pyiame , entre les tombeaux de Mopfus Se
d'Amphiloque , félon Ifacius , in Lycophr. Pline, /. j.
c. 27. cft pour la féconde ortegraphe , 6c ce mot cft cor-
rompu dans Strabon , /. 14. p. 67e. où on lit Margafa.
2. MEGARSUS, rivière de Scythie, félon Stiabon,
cité par Ortelius , Th<faur.
3. MEGARSUS, fleuve de l'Inde: il fe décharge dans
1 Indus , félon Dcnys le Périégéte , v. 1140". J'ignore,
dit Hill , dans fon commentaire fur cet ancien gtc gra-
phe, où peut être ce fleuve Magarfus , dont aucun au-
tre écrivain , que je fâche, n'a parlé , à moins que ce ne
foii le fleuve que Ptolomée nomme Zadadrus , ce qui
eft probable , fi on s'en rapporte à l'ordre que Prolcmée
obfervc; car il le met près de YHypanis , qu'il nomme
Bibafis , 6c dit qu'il s'y embouche. * Avicene , Defcript.
or bis terra , nomme ce fleuve Cy mander.
4. MEGARSUS, ville de Sicile, felcn Etienne le géo-
graphe.
MEGATICHOS , en grec uly* T^w, c'eft-à-dire
grande muraille. C'étoit un lieu fortifié fur une mon-
tagne , entre l'Egypte 6c l'Ethiopie. Pline , /. 6. c. 19.
qui en fait mention , dit que les Arabes avoient donné à
cette fortereffe le nom de Myrfon.
MEGAZA , ville de Libye. Etienne le géographe qui
cite Hécatée , in Afi& Feiiegefî , dit q.e les Sitophages
6c les Aroteres étoient originaires de cette ville.
MEGDIL VILLA ANITIORUM ,lieti de l'Afrique
propre. L'itinéraire d'Antonin le mot fur la route de
Carthageà la grande Leptis , entre Ocea Colonia 6c Min-
rui villa Marfi s à fente- cinq mille pas de la pre-
mière, & à vingt neuf mille de la féconde. Quelques
manuferits , au lieu de Mtgdil villa Anitiorum ; liïènc
Megradi villa Aniciorum , 6c varient pareillement pour
la diftance.
MEGÉE, petite ville d'Afrique au royaume de Fez %
dans la province de Garet. Elle eft à deux lieues de la mer
6c à quatre de Tezotc fur une haute montagne , au pied
de laquelle il y a une plaine fertile, avec des collines tout à
l'entour remplies de mines de fer, Se plufieurs villages Se
MEG
MEG
hameaux où les ouvriers qui y travaillent demeurent. La
place eft force par art & par nature, habitée d un peuple
belliqueux. Elle étoit fous la puifiance des BenimCrinis ,
lorsqu'un jeune homme du lieu , de la lignée des Almoha-
des , fils d'un pauvre tiiTeran, indigné delà bafiefie où le
réduifoit fa condition , fe fit foldar dans Vêlez & devint
par fa valeur colonel de trois cens chevaux , avec lesquels
il faifoit des courfes fur les terres de Melille Se de Caçaça.
La réputation qu'il s'acquit l'anima fi bien , que ne voyant
pas fes fervices récompenfés , il fir foulever la place Se fe
faifît du château , étant appuyé des Arabes de Garet & de
plufieurs Montagnards.
Dans le tems qu'il y étoit avec cinquante cavaliers,
le feigneur de Vêlez envoya contre lui trois cens che-
vaux Se mille arquebuiîcrs qu'il défit. Leurs dépouilles
fervirent à armer Ces gens , & il fe rendit fi redoutable ,
que le roideFez, qui avoit affaire ailleurs , traita avec lui ,
Se lui confirma cet état , en lui aflïgnant des villages Se
des revenus pour entretenir quatre cens chevaux , afin
d'empêcher que les Chrétiens ne iiflent des courfes. 11 a
vécu ainfi jusqu'à fa mort, fes troupes étant les meilleures
du pays. Ses descendais n'ont pas gouverné fi abfolu-
ment. * Marmol, Description de l'Afrique, t. t. 1. 4.
c. 100.
1. MEGEMONT , abbaye de France au diocèfe de
Clermont. C'eft une abbaye d'hommes de l'ordre de
Citeaux;elle avoir d'abord été fondée pour des filles
par les comtes d'Auvergne Se par les Dauphins. On y
comptoir neuf abbefiés jusqu'en 161 2. Se quatre abbés
jusqu'en 168 1. Elle ne vaut que quinze cens livres.
z. MEGEMONT, ou I'Abbaye de S» André , ab-
baye de France en Auvergne, dans un fauxbourg de la
ville de Clermont. C'cft une abbaye d'hommes de Tor-
dre de Prémontré : elle fut fondée p'ar Guillaume V. fur-
nommé le Grand , tige de tous les comtes d'Auvergne.
On voir dans l'églife le tombeau de ce comte & celui
de Jeanne de Calabre , fa femme. Le cœur Se les en-
trailles du roi Louis VIII. y font aufli.
MEGEN. Voyez. Meghem.
MEGERADA ou Magiordeca. Voyez. Mega-
RADA.
MEGESVAR ou Medgies («), ville de la Tranfyl-
vanie fur le grand Kokel , Se le chef-lieu d'un comté au-
quel elle donne fon nom. Eile eft environnée d'une cam-
pagne très-agréable ( b ) , & les vins que l'on y recueille
font délicieux. Les Allemands nomment cette ville Mid-
Visch. {a) De l'Ifle , Atlas, (b) Hijt. & du roi de Hon-
grie , 1. 4. 1688. Corn. Diéh
MEGEYMA ouMezemme.Iîto/oh^, ville d'Afri-
que au royaume de Fez dans la province d'Errif. Elle
eft ancienne , Se fut bâtie par les Africains fur une
haute montagne qui répond fur la côte de la mer d'Es-
pagne , & qui fépare la province de Garet de celle d'Er-
rif. Ptolomée la met à 9 deg. de longit. & à 34 deg.
$6 min. de latit. fous le nom d'Acrat. Ses ruines font
connoître qu'elle a été autrefois forte Si bien peuplée.
Les hiftoriens difent que les feigneurs du pays 1 avoient
choifie pour leur féjour ordinaire. Ce fut le calife fchis-
matique de Carvan qui la détruifit, parce que celui qui
y commandoit avoit refufé de le reconnoître. Cette ville
demeura dans cet état pendant quinze ans , jusqu'à ce
qu'il permit à quelques-uns de Ces vallaux de la repeu-
pler : cela ne fut pas de longue durée. Le troifiéme Abder-
rame de ceux qui ont régné dansCordoue, dépêcha vers
le gouverneur après le départ du calife pour l'obliger à
le reconnoître, parce qu'il lui étoit important d'être maî-
tre de ce port pour faire paner des gens de guerre en
Espagne, ce peuple étant extrêmement belliqueux. La
promené qu'il fit au gouverneur de lui laiflér pour cela
le commandement entier de la province , ne put l'obli-
ger à lui accorder ce qu'il demandoir. 11 répondit que le
calife lui ayant donné là ville de Megeyma , il s'en pré-
tendoit feigneur. Abderrame qui étoit alors forr pniiTant
en Afrique & en Espagne, envoya prendre cette ville
de force , Se fit emmener le gouverneur à Cordoue où il
mourut prifonnier. Cette ville n'a point été repeuplée de-
puis , parce que les Arabes ne l'ont point voulu permet-
tre , afin de jouir paifiblement d'une belle plaine qui
eft au-deffous , longue de dix lieues, large de quatre , par
où pafle la rivière Nocor qui fert de borne à cette pro-
vince. Ces Arabes font vaiiaux du feigneur de Vcle^ &
riches en bieds Se en troupeaux. * Marmol, Royaume
de Fez , 1. 4. c. 7»
MEGEZE, montagne d'Afrique au royaume de Fez
dans la province de Chans. Dapper , DeJ'crip. de l'Afri-
que , p. i;8. dit que les habitans de cette province font
blancs , robuftes, légers a la courfe Se habiles à cheval.
Cette montagne contient une quarantaine de villages ôC
produit beaucoup de lin.
MEGGEO. Voyez. Meg£e ; c'eft la même ville.
MEGHAI, petit peuple de l'Amérique feprcntrionale
dans la Louïfianne , aux enviions de la route que tint le
fieurde la Salle pour aller de la baie de Saint Louis aux
Cenis , avant que de palier la Maligne.
MEGHEM, comté dans le Brabant-Hollandois fur la
rive gauche de la Meufe , à rrois lieues au-delius de Bois-
le -Duc. * DiS. géogr. des Pays-Bas.
MEGIA , ville de la Méfopotamië fur l'Euphratc. Zo-
fime , /. 3. la met aux environs de Citham, * Ortehi The-
faur„
MEGISBA , étang dans 1'Ifie de Taprobane , félon
Pline , /. 6. c. 11.
MEGISTA, ifle delà merdeLycie, félon Ptolomée,
/. j. c. i. & Pline, /. ;. c. 31. Etienne le géographe con-
naît cette ifle , Se y met une ville de même nom. Il en eft
aulTi fait mention fur une médaille rapportée par Golt-
zius , Thejaur.
MEGISTANAE. On trouve ce mot dans Tacite , An-
nal. I. t. dans Vegetius Se dans Frontin ; Se il paroît que
c'eft le nom d'un peuple d'Arménie. * Ortelii Thefaur.
MEGISTUS, fleuve qui a fon embouchure dans la
mer Egée , félon Suidas , cité par Ortelius , Thejaur»
Voyez. Rhyndacus.
MEGLAPOLITANUS, fiége épiscopal d'Afrique dans
la province Proconfulaire. La notice épiscopale d'Afri-
que,». 39. qualifie Coronius epiicopus Meglapolhanus \
& la conférence de Carthage , num> 133. fait mention
d'un certain Romanus episcopits plebis MegL/politanœ,
Dans une lettre qu'écrivent les évéques de la province
Proconfulaire, préïens au concile de Latran, on lit le nom
de Réparants epiicopurfanclœ eiclefu Megl.tpolitanœ.
MEGLEDUNUM, ville des Gaules à quinze milles de
Bourges, félon Grégoire de Tours , /, 6. Ortelius , TheJ.
croit que ce pourroit être aujourd'hui la ville de Mehun»
MEHAIGNE, rivière des Pays Bas. Elle a fâ foutee
dans le comté de Namur, proche le village de Saint De-
nys, d'où elle coule à Brouart , d. à Tripfées. g. à Mehai-
gne,g. à Malignée, g. à Mehaigne, g. à Neuville fur
Mehaigne , d. à Harlue, d. à Franguées, g. à l'abbaye de
Boneff, d. à Chatiau , d. à Branchon , g. à Wafeiges , g. à
Meffle, d. à Ambifeneau, g. àAum, g. à Arrime, g. à
Mox , g. à Moiton , g. à Averne , g. à Ville en Harbain ,
d. à Falais , d. à Feumal , g. à Mont , g. à Van-Notre-
Dame , g. à Saint-Etienne , g. & fe perd enfin dans la
Meufe. * Ditl. géogr. des Pays Bas , pag. 160.
1. MEHEDIEou Menhaia , ville d'Afrique au royaux
me de Fez dans la province de Cuz , félon Marmol , /. 4.
c. 116. Elle eft à trois milles de Hain Lisnan fur le mont
Arden , qui fait partie du grand Atlas , au milieu d'une
forêt d'arbres fruitiers arrofés de plufieurs fontaines. Cet-
te ville a été fondée par un Africain de cette montagne
nommé Méhédi , qui a été fort célèbre en Mauritanie,
comme grand prédicateur de la fecle de Mahomet. Il s'em-
para de cette province Si de plufieurs autres fur le déclin
de l'empire de Magaroasde la tribu des Zénetes , Se fes
descendans ont régné après lui jusqu'au tems des Almo«
ravides. Ali Ben Jofeph , roi des Lumptums , ayant em-
porté d'affaut cette place l'an 1 1 23. fit palier tous les ha-
bitans au fil deFépée, Se la ruina entièrement ne lais-
fant fur pied que la mosquée , à caufe de fâ beauté Se de
fa grandeur. Aben Mahamet, l'un des rois des Almohades,
la rebâtit fort long-tems après; mais il ne redrefla pas les
murailles. Il n'y demeure que des gens des champs &
des laboureurs , qui cultivent quelques héritages à l'en»
tour , où ils recueillent de l'orge , du lin Se du chanvre. Ils
ont des clos d'oliviers Se d'arbres fruitiers qu'ils arrofent
d'eau des fontaines ; mais ils font pauvres Se chargés d'im-
pôts par les rois de Fez , de qui ils dépendenr.
2. MEHEDIE , ville d'Afrique au royaume de Treme»
cen , à quinze lieues d'Alger en tirant vers le midi. Elle
MEH
184
fut bâtie par les Romains dans une grande plaine au-deffils
d'une haute montagne. Elle a été autrefois très peuplée.
Un calife fchismatique ladétruifit, & y fit bâtir dans la
fuite un château qu'il appellade fon nom Mohahedin ,
d'où s'eft formé le nom de Méhédie : car cette ville
fenommoit anciennement Alfara. Elle a maintenant
autour de deux mille habitans. Ceft une des principales
fbrterefles que les Turcs ayent dans cet état ; 8c le dey
d'Alger y met ordinairement un gouverneur , avec envi-
ron huit cens Turcs pour défendre le pays contre les Ara-
bes. Elle eft fermée de vieux murs qui font bons , 8c tout
autour régnent de grandes forêts de chênes qui s'étendent
fort loin. 11 y a dans le voillnage plufieurs villages de Be-
reberes & d'Azuagues qui font braves & robuftes , mais
barbares. Ils recueillent du bled &de l'orge en abondan-
ce, auflï bien que du gland, des figues , &des raifins qu'ils
font fécher , 8c qu'ils portent vendre ailleurs. Méhé-
die étoit anciennement une colonie Romaine, comme on
le voit par les refies d'antiquité & d'inferiptions qui fe
trouvent dans fes ruincs.fl y a une vieille fontaine de mar-
bre où font écrites ces lettres : D.
D. D. L. S. V,
* Marmol , Royaume de Tremecen , 1. j. c. 4J.
3. MEHEDIE. Voyez. Temmelet.
4. MEHEDIE. Voyez, Rabat.
MEHERAT1TES. L'Ecriture Sainte donne ce fur-
nom à Epher , un des braves de l'armée de David , par-
ce qu'il étoit de Méchérath. * I. Parai. 11. 36.
MEHON ou Mohon , lieu de France dans la Cham-
pagne près de la Meufe au voifinagedeMezieres, & un
peu au-defius de cette ville, de l'autre côté de la rivière.
M. Corneille donne àcelieu le titre de principauté, fur
..la garantie de Daviti. * De l'IJle , Atlas.
MEHREDJAN. Voyez, Mehridgerd.
MEHRIDGERD , ville du KorafTan , autrement nom-
mée Esferaïn 8c Méredjan , à quatre-vingt-onze degrés
trente minutes de longitude, 8c a trente-fix degrés trente
minutes de latitude. * Hift. deTimitr-Bcc , 1. 3. c. 64.
MEHROUAN , prairie de la Méfopotamie , à fix
lieues d'Amed. * Hft. de Timur-Bcc , 1. 3. c. 42.
MEHROUYON , ville de Pcrfe. On l'appelle vulgai-
rement Behbehon. Elle eft fituée à foixante & quinze
degrés quinze minutes de longitude, 8c à trente-neuf de-
grés trente- cinq minutes de latitude. On fait dans cette
ville quantité de tabac jaune en feuille , que l'on vient en-
lever de tous les côtés de la Perfe;car les Perfans n'ai-
ment pas le tabac en corde , parce qu'il eft trop fort pour
fumer inceffamment comme ils font. *Tavemier, Voyage
de Perfe , 1. 3.
MEHUN SUR INDRE , en latin Muhantum ,
bourg de France dans le Berry , élection de Château-
Roux , dont il eft éloigné de trois lieues. La taille y eft
pcrfonnelle, & le terrein fec 8c fablonncux; il ne pro-
duit que fort peu de bled. Il y a aufli quelques prés.
MEHUN ou Meung sur- Loire , ville de France
dans l'Orléannois 4 élection de Beaugency. On l'appelle
en latin Magdiinum , Maidunum , Mcdïnum 8c Maudu-
numy 8c en françois Mehun fur Loire, pour la diftinguer
de Mehun-fur-Yevre qui eft en Berri. Il y avoit ancienne-
ment un château élevé 8c remarquable , qui faifoit que ,
dans les anciens titres, on donnoit à cette ville le nom de
Château , Caflrum Magdurmife. Il fut détruit par les
Vandales vers l'an 409. mais il fut rebâti depuis , 8c Léo-
net , vaffal de l'évêque d'Orléans , s'en étant emparé ,
Louis le Gros, roi de France , l'en chaffa en 1 104. Cette
petite ville , de même que celles qui font aux environs
d'Orléans, ont fouffert les mêmes fiéges que cette capi-
tale. Il y a une collégiale dédiée a faint Liphart ; le cha-
pitre eft compofé de quatre dignités , de dix-neuf chanoi-
nes 8c d'un doyen, qui a le titre de baron.
Jean Clopinel , fut furnommé de Mehun, parce qu'il
étoit né dans cette ville. On croit que le nom de Clopinel
lui fut donné à caufe qu'il étoit boiteux. Jean de Mehun
étoit un excellent poëue pour fon tems , & avoit beau-
coup de favoir. Il étoit dotteiu- en théologie. Quarante
ans après la mort de Guillaume de Lorris , Jean de Me-
hun entreprit la continuation du roman de la Rofe. Outre
cet ouvrage, il en compofa plufieurs autres, 8c dédia à Phi-
lippe le Bel la tradu&ion du traité de Bocce de la Cunfo-
latietl. Piganiol, Defcripcion de la France, t. 6. p. S8.
MEI
MEHUN ou Meun-sur-Yevre > ville de France
dans le Berri fur la rivière d'Yévre, à quatre lieues de
Bourges. Ceft un lieu ancien , dont Grégoire de Tours fait
mention, comme étant à ij milles de Bourges. Ainfi ce
nom , qui dans les éditions de fon hiftoire eft écrit Mecle-
donenfe Caflrum , doit être corrigé Macedunenfe ; les
anciens écrivans un C. pour G. Ce lieu avoit autrefois fes
feigneurs particuliers ; 8c Mahaud qui étoit héritière de
Mehun , apporta fes biens en mariage à Pierre de Cour-
tenai, dont la fille nommée Amicie époufa l'an 1 zrp.
Robert IL comte d'Artois. Leur fils Philippe fut feigneur
de Couches, & eut pour héritier fon fils Robert, qui,
s'érant révolté contre Philippe de Valois ; ce roi confis-
qua tous les biens de ce prince , 8c par là Mehun fur
réuni au domaine de la couronne.
Cette ville eft bâtie au milieu d'une belle 8c grande
plaine entourée de bois 8c de forets. Elle eft connue par
le féjour qu'y fit Charles VII. Ce prince y fit bâtir un châ-
teau où il mourut de faim , de peur de mourir de poi-
fon. Quoique ce château ait été confumé par le feu du
ciel , il laiffe encore entrevoir des vertiges de fon an-
cienne magnificence. Sa fituation étoit admirable. La pierre
dont il étoit bâti , eft aufli blanche que du marbre, & la
conftruction étoit telle que les curieux 8c les voyageurs
en admirent encore les mafures. Les morceaux les plus
entiers font quelques escaliers qui n'ont plus de commu-
nication avec les appartemens exi flans. La chapelle ,dont
les croiféesfont fuperbes , a paffé pour une des plus bel-
les 8c des plus riches du royaume. On en a tiré les ftatues
des douze Apôtres en pierre , pour les mettre dans le
chœur de la collégiale , dont elles font l'ornement.
Il y a dans Mehun un chapitre très-ancien , compofé
de huit chanoines , 8c d'un doyen que le chapitre a choir.
d'élke.L'églife, dédiée à Notre-Dame , fut fondée par les
anciens feigneurs de cette ville. Charles VII. y fonda quatre
fervices lolemnels aux quatre rems de l'année, 8c y laifla
fes entrailles comme un monument de fon eftime. Il
avoit encore fondé une maladerie appellée Lavau ; mais
fon revenu a été réuni à l'Hôtel-Dieu de Bourges, à la
charge de recevoir les pauvres malades de la ville 8c pa-
roifle de Mehun. La chapelle , éloignée d'un quart de
lieue de la ville , ftibfifle toujours ; & le chapitre de
Mehun y va en proccflîon le 22 de juillet , jour du décès
du roi Charles VII. Il y a un petit hôpital gouverné par
deux fœursdela Charité. La cure de Mehun eft à por-
tion congrue , (Se à la nomination du chapitre.
Les environs de cette ville font des plus agréables.
Ceft une plaine qui règne depuis la ville de Bourges jus-
qu'à Vierfon , 8c qui eft fertile en vins 8c en bleds. Elle
eft ornée de plufieurs châteaux confidérables , 8c deterrea
titrées qui dépendent du domaine de Mehun.
Le commerce de cette ville confifte en laines, chan-
vres 8c autres denrées. 11 s'y tient deux foires par an :
l'une le jour de faint André ; l'autre , le premier famedi
de Carême , appellée la Foire des Brandons. Il y a un
marché tous les mercredis. * Longuenie , Defc. de la
France , t. 6. part. I. p. 1 27.
MEIACARIZE.lieu d'Afie aux confins de la Perfe.
Ammien Matcellin , /. 18. c. 6. dit que c'eft un lieu cou-
vert de bois , de vignes 8c d'arbres fruitiers, & que fon
nom lui vient des fontaines froides qui l'arrofenr. 11 la
nomme enfuite entre Harre & Charche. On trouve ce
même lieu nommé ForterefTe par Théopylacte de Simo-
cate , c . 10. Il eft appelle Majocariri dans la notice de
l'empire,/, i.c. 15. au département du gouverneur de
Méfopotamie. L'édition du Louvre ,/ccl. 26. porte Ma-
jocatiri , qui eft une faute.
MEIDEBOURG. Les François difent Madebourg,
fort château d'Allemagne dans le bas Palarinat , fitué à
quatre milles de Spire , 8c à demi-lieue de Landau. Il ap-
partenoit en 1470 , à Frédéric de Fleckenllein , baron de
Dagftul ; mais ce feigneur , qui étoit oppofé au parti
de Frédéric , comte Palatin 8c électeur , en fut dépoffé-
dé par Fridéric de Rofenberg , grand partifan de ce
prince. Ce château paflà enfuite fous la puiflance des ducs
de Wurtenbcrg , 8c enfin fous celle de l'évêque de Spire,
qui l'acheta en 1 5 1 5 , du duc Ulrich de Wtirtcnbcrg ,
& le pofléde encore avec tout ce qui en dépend. Cette
forterefle fut presque ruinée en 1 y ij , dans la guerre
àcs payfans. En 1642 , le général Mansfeld la prit , en
accordant
MEI
MEI
accordant une capitulation honorable à la garnifon qui
s'étoit bien défendue. Les Impériaux la (reprirent auïïi
par compofition en 1635. * Zeyler , Top. Palatin. Rheni.
MEIDUBRIGENSES , habitans de Medôbriga ou
Meidubrig a. L'auteur des délices d'Espag. en parle alnfi.
MEIDUBRIGA , ancienne ville de Portugal , dans la
chaîne de montagnes nommée par les anciens Morts Her-
minius. Cette ville étoit confidérable & puiflante , Se fi-
ruéeprèsde l'endroit où eft aujourd'hui le château de
Marvan. Son nom ctoir formé d'un mot de l'ancienne
langue espagnole , qui fignifioit la même chofe que le
Magdebourg des Allemans , & le Parthoiopolis àes
Grecs, c'efi-à-dire la ville des Vierges. Les habitans de
Meidubriga étoient furnommés Plombarii , pareequ'ils
étoient riches en étain , dont il fe trouvoit des mines
fécondes dans la montagne ; il y en avoit aufii d'argent.
On voit encore les ruines de cette ville dans une vallée
près du château de Marvan : on trouve des tours ren-
verfées , des ponts ruinés , des relies de maifons , par-
tout des ve/tiges d'une grande magnificence , Se, d'espace
en espace, les côtés de la montagne font percés de gran-
des cavernes dans les endroits où étoient ks mines.
Voyez, Medobrega. * Délices de Portugal , t. 3. p. 79J.
MEIMAC (a), Manica , petite ville de France dans
le Limofïn , à fept lieues de la ville de Tulle , entre le
Vefere Se la Dordogne. 11 y a une abbaye de Bénédictins
( b ) de la congrégation de faint Maur. Elle a été fondée
en 1080, par Archambaud, vicomte de Comborn ,Se ,
félon d'autres , vicomte de Ventadour , qui la fournit à
Geraud , abbé d'Ufetche , avec le feul titre de prieuré.
Les religieux firent bientôt leurs efforts pour fecouer le
joug de cette fubordination , Se firent prendre à leur
prieur le titre d'abbé ; Eufiorge, évêque de Limoges , les
fournit une féconde fois à l'abbé d'fjferche : mais les or-
dres de l'évêque ne purent mettre un frein à l'efprit d'in-
dépendance de ces religieux , ni les empêcher de regim-
ber encore ( ce font les termes du Gallia Chrifiiana ).
Bernard , abbé d'Uferche , dénonça leur rébellion au
pape Eugène : ce fouverain pontife renvoya l'affaire en
jugement définitif à Pierre, archevêque de Bourges, qui
la décida en faveur de l'Abbé d'Uferche. Ils retinrent
néanmoins Se retiennent encore aujourd'hui, malgré cette
décifion , le nom d'abbé>& d'abbaye. Leur églife recon-
noit pour patrons fainte Marie , faint Léger Se faint An-
dré. ( a ) Baudrand , édit. 1 70 j .(b) Piganiol de la Force,
Defcr. de la France , t. 6. p. 3^7.
i.MEIMEND, ville ou grofie bourgade d'Afie dans
la Perfe > dans leZablefian. C'elt une des dépendances
de la royale ville de Gasnah. Son territoire ell très-agréa-
ble , & eft arrofé de quantité d'eaux vives Se coulantes ,
ce qui fait qu'il porte les meilleurs fruits de toute l'A-
fie. * D'Herbclot , Bibîioth. otientale.
2. MEIMEND, autre ville ou groffe bourgarde d'A-
fie dans la Perfe , à deux journées de la ville Schiraz ,
en tirant vers le midi. Elle n'a rien de confidérable. *
D ' Herbelot , Bibîioth. orient.
MEIN, (Le) grande rivière d'Allemagne. Il a fes fources
au marquifat de Culmbach , fur les confins de la Bohême,
danslesmêmes montagnes d'où forremla Sàla& PEgrequi
vont fe perdredans l'Elbe , l'une au nord, l'autre à l'orient
Se le Nab qui , coulant vers le midi , porte fes eaux au
Danube. Les deux fources du Mein font distinguées par
les furnoms de Wus , blanc , Se de Roth , rouge. La
plus feptentrionale eft le Mein blanc , Se la plus mé-
ridionale Mein rouge. Tous deux fe joignent à Culm-
bach. De-là le Mein circulant vêts le nord , reçoit un ruif-
feau qui vient de Steinach , entre dans l'évêché deBam-
berg , court vers le couchant , reçoit le Chronach , qui
vient d'une ville de même nom , fe recourbe vers le
midi jusqu'à Zapfendorff, retourne vers le couchant,
reçoit l'Itsch,qui vient de Cobourg,& deux autres ruiffeaux
fe replie vers 'e midi , comme pour aller recevoir les
eaux du Pegnitz , qui vient de Bamberg. Enfuite coulant
tantôt dans l'évêché de Bamberg , tantôt dans celui de
Wurtzbourg , il palTe à Schweinfurt Se ferpente long tems
vers le midi, baignant beaucoup de villages & châteaux ;
enfuite il prend un cours circulaire vers le couchant ,
pafle à Ochfenfnrth , puis vers le nord-oueft, où il trouve
"Wurtzbourg , Carlftad & Gemund. Il y reçoit le ruifieau
4e Saul, ferpente au couchant jusqu'à Lohi , qui eft du
i8y
comté de Reinec que le Mein borde au midi. Il le replie
enfuite fut le midi , entre au comté de Wertheim qu il
coupe d'orient en occident, ballant à Wertheim , Se il
y reçoit la Taubër, qui vient de Mergcntheim & de Lau-
da. De-là , continuant de ferpenter vers le couchant Si
vers le nord oue/l , elle baigne l'élcclorat de Mayence,
pafle à Afchàffënbburg , à Sélingftadt , à Haiïau , a Pranc-
fort,va enfin fe dégorger dans le Rhin à la porte de Mayen-
ce. Il reçoit quantité d'autres ruifféaùx^qui, tous enfemble,
en font une rivière très - confidérable. Voyez. MeingoW.
ME1NBRECHTSEN , château d'Allemagne , dans le
cercle de la Baffe Saxe ,au duché de Brunswick , dans la
principauté de Wolffenbuttcl , fur le bord oriental du We-
fer, au-delïus de Hoxter. Les cartes de Homan écrivent
. Meinbrexen.
MEINERSEN , château Se chef-lieu d'un bailliage en
Allemagne, dans le duché de Brunswick -Luïlcbourg fur-
l'Oker , entre Zell Se Brunswick. Ce n'elt pas une forte»
refle , mais une grande Se agréable maifon de campagne
pour un prince. Elle a néanmoins une efpece de rempart
tout à l'entour, Se des foffés pleins d'eau. Elle a presque
toujours appartenu aux princes du pays. On trouve dans
les archives de Zell, que Magnus , duc de Bfurtswick-
Lunebourg, voulant gratifier le feigneur Thomas de Ro-
teleben , lui donna a vie cette maifon avec la feigneutie
en 1364. Auffi retomba-r-elle après !e décès de ce fei-
gneur en la poflèlïion des princes de Brunswick. Dans le
partage que firent les descendans du duc Magnus , ce
domaine échut , en grande partie , à la branche de Bruns-
wick-Wolfienbuttel , mais le duc Henri de Lunebourg le
retira tout entier avec quelques autres lieux , par un
échange qu'il fit en 1; 12, avec la branche de Wolrienbwt-
tel. * Zeyler , Topogr. Duc. Luneb.
MEINGOW, petit canton d'Allemagne fur le Mein,
dans l'éleétorat de Mayence. Il eft nommé dans les écrits
du moyen âge Moyngowe-, Monachgowe , Se Meni-
gau. Saint Henri empereur , à l'initance de fainte Cune-
gonde fa femme , & de Richard , abbé de Fulde , donna
à l'autel de Saint Boniface , le comté de Stodenftadt ,fitué
dans le Meingow , in pago Mcytiguive. L'acte s'en
trouve dans le* annales de Fulde, /. 3. c. ij. Le
nom de Meingow a' été celui de toute la Franconie.
Le nom du Mein à été écrit long-tems Moyn , Se
on en trouve quantité de preuves dans le livre intitulé
Geograpbia curiofa ,fcu de pagis antiquaprxfertim Ger'
maniœ.pag. 146. Baudrand, édit. 1705-. donne aujour-
d'hui des bornes bien plus étroites au Meingow. Il ne re-
tend pas plus loin qu'entre Afchaffenbourg & Mittenberg*
MEININGEN , petite ville d'Allemagne en Franco-
nie fur la Verra. Voyez. Mainungen.
MEINOW, ifle deSuiffe dans la partie du lac de Cons-»
tance , nommée le lac de Bodmer ou d'Uberh'ngen.
Baudrand dit , elle a un bourg de même nom, & une
célèbre abbaye de l'ordre de Saint Benoit , félon Muns-
ter Se les autres.
J'ignore qui font les autres dont parle Baudrand :
mais s'ils ne parlent pas plus de cette abbaye que Muns-
ter , Baudrand a eu le plus grand tort de les cirer.
Voici ce que dit Munfter , Cosmographie , p. 965. Cette
ifle de Meinoweftà un demi-mille au defibus de Confiance
en tirant vers Ubergelingen ; c'eft à préfent une forte Se
agréable maifon de l'ordre Teutonique. C'étoit ancien-
nement la réfidence de la noble maifon de Langenfiein.
Arnould de Langenfiein , qui étoit de cet ordre, lui don-
na cette maifon en 1282. avec la per million d'Albert,
abbé d'Ow , ( deReihecnow) feigneur féodal de cette
ifle. Elle a au milieu une haute roche fur laquelle la
maifon eft bâtie avec une baffe- cour, Se, autour de ces
bâtimens , cfi une affez belle plaine , où font , du
côté de la hauteur , quarante ou cinquante arpens de
vignoble, & de l'autre des prairies, un petit valon avec
de grands arbres & quelques arpens de terres labourables.
C'efi ainfi que parle Munfter, qui y alla en 1546. Le
commendeur qui y étoit alors, s'appelloit Sigisniundde
Hornftein. Du refie, pas un feul mot de l'abbaye. Le
nom latin de Pifle e(i, félon Baudrand , Augia Minor.
MEINUNGUE. Voyez. Mainungen.
MEIRA, abbave d'hommes, ordre de Cîteaux , de la
congrégation de Cafiille en Espagne , dans la Cafiille ,
audiocèfe de Lugo.
Tom. IV. A a
i86 MEI
ME!
MEISENHEIM , petite ville d'Allemagne , au duché'
de Deux-Ponts , près de Lauter, aux frontières de la France,
Elle étoit autrefois la réfidence ordinaire des ducs de
Deux-Ponts, mais elle fur réunie à la France en 1680.
Elle eft dans une plaine, à cinq milles d'Allemagne de
Deux Ponts au feptentrion , en allant vers Bingen , dont
elle eft: a pareille dillance.
1. ME1SSEN . nom allemand de la Misnie , pays d'Al-
lemagne dans l'électora: de Saxe. Voyez. Misnie.
2. MEISSEN , ville d'Allemagne dans l'Jedorat de
Saxe , au margraviat de Misnie , auquel elle donne le
nom y elle le reçoit elle-même d un ruiffeau nommé la
Meiffe qui y tombe dans l'Elb- fur laquelle cette ville eft;
fituée , àtroiï milles au-deffous de Diesden. La ville eft
bâtie en partie dans la' vallée , Se en partie fur le pen-
chant d'une colline, au haut de laquelle font le château Se
la ca'.hédrale,où font les tombeaux de beaucoup de piinces
Se de grandi feigneurs. Il y avoit auffi le monaltere de
Sainte Afie , à la place duquel on a établi une école publi-
que, & les revenus en ont été appliqués à entretenir de
jeunes etudians. L'évéché de Meiffen fut établi en 970.
par l'empereur Othon I. Il étoit anciennement exemt de
la jurisdiction daucun métropolitain ; mais l'empereur
Charles le fournit à celle de l'archevêque de Prague L'é-
vêque avoit îaca.hédrale Se fon fiege à Meiffen ; une col-
légiale , & fa réfidence à Vurtzen ; une autre collégiale
à Srolpen , avec un bon château fur la montagne. Bis-
choffswerde eftdans le même bailliage. L'évêque pos-
fédoit encore le bailliage de Mugeln , avec le château de
Rugethal. Bernard,XXVe évêque de Meiffen, vendit au
margrave de Misnie Dresden , qui eft devenu la réfiden-
ce des électeurs. Jean VIIIe du nom, XLU evéque de
Meiffen, vit arriver le changement de religion, & le Luthé
ranisme introduit par l'électeur Maurice en 1J45.' on le
laiffà néanmoins tranquille jusqu'à fa mon qui arriva
quarte ans après. Il eut encore deux fucceffeurs ; fçavoir ,
Nicolas IIe & Jean IXe qui, l'an 158 1 rendit l'évéehé à
l'électeur Augufte de Saxe. Les princes de cette maifon
l'ont enfin fécularifé j cependant le chapitre fubfifte tou-
jours. 11 y avoir 'à Meiffen trois palais , celui de l'évêque,
celui du margrave . & celui du burgrave. Le burgraviat
eft éteint depuis l'union du margraviat avec l'électorat.
Cette ville eft encore remarquable par la manufacture de
cette belle porcelaine de Saxe qui y a été établie.
Le nom latin de Meiffen eft Misna,Misnia,&Misena.
MEKES , ville fortifiée de la Grande-Arménie, fituée
dans une plaine. * Manuscrits de la Bibl. du Roi.
MEKIANG, rivière de là Chine dans la province de
Quangtung. Mekiang fignifîe rivière d'encre. Ce nom lui
a été donné , parce que fes eaux étoient auffi noires que
de l'encre ; cependant fes poiflbns font beaux & excellens.
* Atlas Sinenfis.
1. MELA ou M ella , rivière de la Gaule Transpa-
dane , où elle vient de fa fource qui eft au mont Brennus.
Elle arrofe la ville de Brescia. Catulle dit , Carm. 67. v.
3 1. p. 143. (dit. ad ufum Delph.
Atqui nonfolum hoefe dieu co^nitum habert
Brixia Cbineœ fitppofitafpecuU :
Flavus quam molli percitr rit jlumine Mêla ,
Brixia Veron& Mater amata me&.
Sur quoi Cellarius obferve que l'on doit lire pracurrît,
non paspercurrit , parce que le Mêla ne paffe pas à Bres-
cia , mais à quelque diftance Se au couchant de la ville.
Virgile, Géorgie. I. 4. v. 277. dit de la plante nommée
Amellum ,
Afper in orefapor : tonfîs in vallibus illum ,
Faftorcs & curva legunt prope fiumina Mella.
Le père Catrou a fait à cette occafion une note que
♦oici : » Parce que les fleuves dont le cours eft lent , pa-
« roiffent avoir les eaux noires, on a appelle bien des fleu-
» ves du nom de Mêlas. Il y en a un en Arcadie , un en
» Béocie , un en Cappadoce , un dans l'Ionie proche de
»» Smyrne , un en Macédoine , un en Pamphylie , un en
»» Thef alie , Se un en Thrace. Scrvius prétend que le Me-
» las d>>nt parle ici Virgile , eft dans les Gaules : Je l'en
» croirai , fi je trouve que quelque géographe en ait fait
» mention. Il eft donc incertain , pourfuit-il , de quel
» fleuve Mêlas Virgile a voulu parler ». Il y a bien des né-
gligences dans ce peu de lignes. Il ne s'agit point ici du
Ah Lis , mais du Mêla ou Mella y tout ce qu'on y dit des
rivières auxquelles Je nom de Mêlas eft commun eft à pure
perte. Servius s'elt bien garde de diie que le Mêlas,
dont parle ici Virgile , eft dans les Gaules ; il fçavoir .trop
de géographie pour parler fi impropren eut. 11 dit Ample-
ment Metla ftuyius Galliœejf. 11 parie du Mella, fans pen-
fer aucunement aux rivières nommées Mêlas. Il dit que
c'eit une rivière de la Gaule, ce qui eft vrai , la Gaule
Cifalpine étant véritablement nommée Gaule par les an-
ciens 11 ne dit point des Gaules, ce quiauroit été faux :
les Gaules étoient endeçà des Alpes par rapporta nous,
Se n'ont rien de commun avec le Mêla. Quel befoin a-
r-on des géographes, quand Catulle, qui étoit de Vérone,
dit , en parlant de Breffe , que cette rivière couloit au-
près, «Se la nomme bien diftinctement. Virgile qui étoit
de Mantoue, pays contigu au Breffan , a parlé du Mêla ou
Mella , comme d'une rivière qu'il connoiffoir ■■, en effet ,
le Mêla tombe dans l'Oglio aux confins du Breffan, du
Crémonèfe & du Mantouan. Catulle Se Virgile étoient
Gaulois, non desGajles.maisde la Gaule Cifalpinc,de cette
même Gaule où Seivius dit que coule le fleuve Mella. La
conclufion du père Catrou n'eft pas plus jufte } quand il
dit : il eft donc incertain de quel fleuve Mêlas Virgile a
voulu parler. C'eft tout le contraire. 11 eft certain qu'il
n'a voulu parler d'aucun fleuve Mdas , mais de Mêla qui
coule dans le Breffan.
Cette rivière garde encore aujourd'hui fon nom, & a fa
fource au couchant du lacd'Idro, aux confins du Tien-
rin , de-là, tournant vers le midi occidental jusqu'à la val-
lée de Tropia , elle pafle à Tavernole , Cimo Se Carfavo ,
fe grofliffant en chemin de quelques autres ruiffeaux. Elle
baigne enfuite Gardone , Zenaro , Ccbiate , Urago,
paflè au couchant de Breffe , Se , continuant de ferpenter
vers le midi , elle arrive enfin dans l'Oglio auprès d'O-
ftiano , Se audeffus de cette ville.
2. MELA , petite ville d'Afrique au pays d'Alger. C'efè
la même que Mila de Marmol Se de de rifle. Et elle eft
par conféquent différente de Melle , ville maritime de
peu de confidération , dont parle Laugier de Taffi dans
fon hiftoire du royaume d'Alger. Car on ne peut pas dire
que cette ville , dont il eft ici quefiion , eft maritime.
Mêla ou Mila eft ancienne ; elle eft appellée Mileum
dans le concile tenu fous faint Cyprien , fur la qûeftion
s'il falloir rebaptifer les hérétiques. Elle eft nommée Mh
leum dans l'itinéraire d'Antonin , à vingr cinq mille pas
de Cirtha , aujourd'hui Conftanrine. De Mileum écrit en
grec WiiXtov , fe fait le génitif M;>sts , en lettres latines
Mileu , & c'eft ainfi qu'on lit dans la table de Peutinger.
De Mileu s'eft fait Milevis , dont fe font fervi faint
Auguilin Se Victor dUtique. Le père Charles de faint
Paul eft rrèsjuftement repris par Dupin d'avoir vou-
lu diftinguer Mileum de Mdevum , ou Milevis. Cette
ville eft remarquable à caufe de deux conciles qui s'y
font tenus , l'un en 402 , l'autre en 416. L'un Se l'autre
eft nommé concilium Milevitanum. S. Optât a été évo-
que de cette ville , cV eft qualifié à la tête de fes ouvra-
ges , Milevitanus episcopus.
3. MELA. Voyez. Melan.
MELACTA, ou Melacte, ouMelecte. On lit dans
Silius Italicus , /. 1 4. v. 151.
TeLrque fuperba
Lanigera Melite , & Littus piscofa Melatle. '
On ctoit affez communément que c'eft une faute pour
Calacte ; Se Cellarius, dans fon édition de Silius Itali-
cus , n'a point fait difficulté d'admettre cette correctiou
dans le texte.
MELADA , petite ifle de la Dalmatie. Les Èsclavons
la nomment M ulat. Elle eft fituée au nord de l'extrémité
occidentale d'Ifola groffa , au couchant du territoire de
Zara ; elle peuc avoir environ dix milles de longueur fur
deux Se demi dans fa plus grande largeur >• par les 30 deg.
de latitude. Elle a une bourgade de même nom à fon ex-
trémité orientale. * Cornelli , Ifolar. p. 148.
ME LJE , ancienne ville d'Iralie au pays des Samnites.
C'eft une de celles que Q. Fabius reprit , au rapport de
Tite-Live , /. 4. c. 20.
MEL
M EL
tSt
MEL£A, lieu de Grèce , il nous en croyons Orte-
lius, quiciteThucydide,au commencement du cinquième
livre de fon hifioire. Mais il n'y a point de Mela:a , nom
de lieu dans Thucydide. On voit feulement horunfes Se
MeUi , qualifiés finitimi , voifins, Se Coloni , du peuple
de Locres , à qui ils donnoient alors beaucoup d'affaires ;
ce qui obligea les Locres de s'allier avec les Athéniens ,
ce qu'ils n'auroient point fait , fi ces deux peuples voifins,
qui croient des colonies forties de chez les Locres , ne les
euiTent alors embarraiïés. D'Ablancourt a bien défiguré
cet endroit dans fa traduction.
I.MEL/ENA, promontoire de l'ifle de Chio, A\po.
Mthcttvct. Ce n'eft pas un nom propre , c'efi: un adjectif
qui eft le féminin de Mêlas , noir. Ainfi cela veut dire le
Cap Noir.
2. MELANA ( Corcyra ) ancien nom de Curso-
ia. Voyez, au mot Corcyra.
3. MEL/ENA , ancien nom de Céphalénic , félon
Pline, /. 4.C 12. C'efi aujourd'hui Cefalonie.
1. MELJEN/E , ancienne ville du Péloponnèfe dans
l'Arcadie , félon Pline , /. 4. c.6. Se Paufanias > in Arcad.
t. 3. Le P. Hardouin lui applique le Virides Me Un a de
Stace. Il fc trompe. Voyez, l'article fuivant.
2. MEL/£Nj4L Polyarn nomme ainfi une forterefle
de Grèce , aux confins de la Béotie Se de l'Attique.
C'efi: de ce lieu qu'il faut entendre ce vers de Stace , Theb.
1. 12. v. 619. où il dit viridesqiie MeUrie; on n'en dou-
tera point , fi on fait réflexion que ce pob're nomme de-
vant Se après un allez grand nombre de lieux , qui fe
trouvent tous dans l'Attique , ou fur la frontière. Voyez,
Mel^eni. * Orielii Thefaur.
3. MEL,£N.£ , ville d'Afie dans la Lycie , félon Etien-
ne le géographe.
MEL/ENI , UiXcuviiç on uîxaimt , MeUn& , lieu de
Grèce dans l'Attique. Il appartenoit à la tribu Antiochide.
C'efi la même chofe que Mel^en^ 2.
MELAGABON , port d'Espagne au royaume de
Grenade. * Du Lignon.
MELAMBIUM , lieu de Theiïaiie , au voifinage de
Scotufia. Polybe , /. 17. c. 16. en fait mention.
1. MELAMPHYLLOS , montagne de Thrace , félon
Pline , /. 4. c. 1 1.
2.MELANPHYLLOS. Arirtocrite, cité par Pline,
/. 5. c. 5 1. dit que c'eft un des anciens noms de l'iile de
Samos.
MELAMPIA , ancienne ville d'Afie dans la Lydie ,
* félon Etienne le géographe , ainfi nommée de Mélampe
au rapportde Xanthus, dans fon hifioire de Lydie.
MELAMPYGOS PETRA , ou Melampygus La-
pis , pierre ainfi nommée fur un chemin nommé Ano-
P/€a , lequel commence au fleuve Afopus, Se aboutit
auprès d'Alpenus, première ville de la Locride, & par
conféquent aux confins de la Béotie Se de la Locride. *
Hérodote , 1. 7. c. 2 1 6.
MELAN , montagne de l'Arabie Heureufe au pays
des Homérires , félon Ptolomée , /. 6. c. 7. Les éditions
de Noviomagus , de Mercator Se de Bertius portent
Melan. Celles de Magin Se de Molet portent Mêla.
1. MELANA. Voyez. Mêlas i, Se Melani.
2. MELANA. Godefroi de Viterbe lit quelque part
tirbs Mehtna potens , & l'explique de Milan , félon Or-
telius , Thefaur.
1. MELANCHL/4LNI , ce mot ne veut dire que des
gens vêtus de noir.
2. MELANCHL/ENI , ancien peuple qui habitoit les
jfles Caiïitérides , félon Strabon , /. 5 . p . 175. en quoi il
eft fuivi par Eufiathe. Voyez, au mot Câfiïtérides le peu
de réalité des contes que les anciens en ont faits.
3.MELANCHLi€NI, ancien peuple delà Sarmatie
Afiatique , félon Ptolomée , /. j. c. 9. qui le place dans
les terres entre le Palus Méotide Se le Volga , Se lui
donne pour voifins le pays de Mithridate, les Sapotrè-
ues , les Scymnites Se les Amazones. Pline Se Scylax de
Caryande le placent fur la côte feptentrionale du Pont-
Euxin. Le premier dit , /. 6. c. $. Le refte du rivage eft
occupé par des nations farouches , comme les Melan-
chla'nes , les Coraxes , qui font partie de la Colchide ,
Sec. Le fécond dit , Peripl. p. 30. de même. Auprès des
Coraxes font les Melanchlxnes , Se auprès de ceux-ci les
Çolques. Hérodote l'avoit mis dans les terres. Il dit ,
£4. c. 10t. Depuisl'Ifiher au Boryfthèneil y a dix jour-
nées de chemin , autant du Boryfihène au Palus Méotide»
De la mer vers l'intérieur des terres aux Melanchljenes ,
qui habitent au-deifusdes Scythes ,il y a vingt journées de
chemin , en comptant deux cens fiades pour une jour-
née, c'eft-à-dire, vingt cinq milles. Il leur donné, cap.
102. un roi particulier. Tous les Melanchlxncs portent
des habits noirs , Se c'efi de là que vient leur nom. Ce
font les feuis (entre les Sarmates ) qui fe nouiriffent de
chair humaine , U 107. Us ont les mêmes coutumes que
les Scythes»
MELANDEPTi£ , ou Melandet^c , ancien peuple
dont parle Xenophon , /. 7. p. 401. dans fa retraite des
dix mille. Ortelius dit qu'il étoit en Afie vers le Pont.
Il fe trompe , ce peuple etoit dans la Thrace au nord de
la Propontide , aux environs de Perinthe, au couchant de
Selibria. D'Ablancourt écrit Malandeptes. Le grec
porte M&avSînlcu Se McAcsiJVn** , félon les divers exem-
plaires.
MELANDIA , petit canton du Péloponnèfe , où il
fait partie de la Sicyonie , félon Théopompe , cité par
Etienne le géographe.
MELANE, petite ifle d'Afie fur la côte d'Ionie , fé-
lon Pline,/. 8. c. 32.
MELANEIS. Voyez. Eretria 2.
MELANGAJicu dont parle Glycas , qui dit qu'ert
le nommoit communément Melangina. Iléioit auprès
de Conftantinople. * Ortclii Thefaur.
MELANGE , ville marchande au pays du peuple des
Arvari , dans l'Inde en-deçà du Gange , félon Ptolo-
mée , /. 7. ci» Ses interprètes ont cru que c'efi Melia-
pour , fondés fur une légère refiemblance de lettres.
1. MELANGIA ou Mélangea, ( pluriel génitif,
orum. ) village du Péloponnèfe dans l'Arcadie. C'efi d'oui
les habitans de Mantinée tiroient l'eau qu'ils buvoient ,
au rapport de Paufanias, /. 8. c.6.
2. MELANGIA, lieu de l'Aile proprement dite, félon
la conjecture d'Orteiius, Thefaur* qui cite Nicetâs.
MELANGIT.ZE.ou Malangit^c ; ancien peuple de
l'Arabie Heureufe vers le milieu de fa longueur au midi
des Gerrhéens Se au nord des monts Marites, félon
Ptolomée, /. 6. c. 7.
MELANI MONTES, Me'x^aïa», l'interprète latin
dit Meïanes : ancien nom d'une chaîne de montagnes que
Ptolomée , /. j. c. 17. place dans l'Arabie pétrie , le long
des déferts , depuis le golfe auprès de Pharan , en tirant
vers la Judée. S. Jérôme a remarqué depuis long-tems
que ce font les mêmes montagnes que l'Ecriture Ste
nomme Sinaï Se Oreb. Voyez, ces deux noms.
MELANIA , lieu de la Cilicie entre Arfinoé , Se h
ville de Celenderis, félon Strabon, /. 14. p. 670. Ottelius
en fait un bourg.
MELANIPEA ouMelanipia, l'une des ifies Che-
liboni^ , félon Favorin.
MELANIPP1UM FLUMEN, rivière d'Afie dans la
Pamphylie. Elle étoit confacrée à Minerve au rapport
de Quinras Calaber ,/. 3. * Stephan. Byzant.
MELAN1S SINUS. Voyez. Mêlas Sinus.
MELANO, ifie d'Afie dans la Doride, Se dans le
golfe Céramique, félon Pline, /. 5. c. 3 1.
MELANO GyETULI , ancien peuple de la Libye
intérieure , félon Ptolomée , /. 4. c. 6. On les nommoit
les Gérules Noirs pour les difiinguer des autres qui
netoient que bafanés.
MELANOS, promontoire dAfie auprès de Cyzique
& de l'embouchure du Rhindacus , vis à-vis de l'ifle
d'Artace. Strabon, c. 12. p. 576. dit qu'on le dépafie
quand on fait voile de Cyzique à Priape.
MELANO SYRI. C'efi ainfi que l'on appelloit les
habitans de la véritable Syrie , au-delà du mont T'auras ,
entre l'Euphrate & la mer Méditerranée, pour les difiin-
guer desL.EUco-SYRi, qui habitoient dans la Cappadoce
vers le Pont-Euxin. Melano Syri veut dire les Syrien?
Noirs, Se LEUCo-SYRilesJ'ywwj-jB/^KCj.Cettedifiinction
fe trouve fondée fur Snabon , /. 12 p. 544. Eufiathe
Se Porphyrogenere. Le premier parle des Lcuco Syriens
en plus d'un lieu,/. 16. p. 554. & 737. Il dit auifi ,
/. 16. p. 737. que les Syriens habitans de la Cappadoce,
tant auprès du mont Taufus que du Ponr-Euxin , éroienc
nommés Lti(to-Sjtït c'eft-à-dire , Syriens blancs , parcç
tom. IV, A a ij
i88
MEL
MEL
que , pourfuit-îl , il y en avoic auifi de noirs , favoir ,
ceux d'au-delà du mont Taurus.
MELANS, couvent de filles, de l'ordre de faine
Bruno , en Savoye dans le Faufligny.
MELANTA GRANDE ou Melonta , bourgade de
Dalmatie iur le golfe de Venife. Quelques geogiaph.es
y cherchent l'ancienne Ascrivium.
i. MELANTHII , écueils de la mer Icaiienne auprès
de Samos. Strabon en parle, /. 14. p. 6$6. ôc Ortelius ,
Tbefaur. dit que le nom moderne elt Furni, fclon Ni-
ger , &c Fornelli , félon Bardon.
2. MELANTHII , écueils dont parle Apollonius ,
Argonaut. lib. 4. Son fcholiaile dit qu'ils étoient auprès
de Fifle Thera.
1. MELANTHIUM FLUMEN , rivière de la Cappa-
doce , félon Pline , /. 6. c. 4. Arrien , Peripl. Pond, la
met à foixante ftades de Cotyora. C'ett le Melan-thus
d'Ovide, de Ponto , /. 4. eleg. 10.
2. MELANTHIUM. Cédréne parle d'une montagne
de ce nom dans la Syrie , où étoit un temple de Vcila. *
Or t. Th.
MELANTHUS. Voyez, Melanthium I.
MELANT1ADA. Voyez. Melantias.
MELANTIANA ôc
MELANTIAS,villagedeThrace,aunorddelaPropon-
tide fur l'Atyras , entre Selivrée ôc Conflantinople. 11 elt
nommé dans la table de Peutinger Melontiana , ôc
Melantiada dans l'itinéraire d'Antonin , qui le met
à dix huit mille pas de Conflantinople. Suidas le décrit
ainfi : Melantias, que l'on nomme à préfent Militas ,
elt un village de Thrace à cent onze itades de Byzance.
Il elt auprès du fleuve At) ras, qui , un peu plus loin tour-
nant vers le vent de fud-efl: , fe jette dans la Propontide;
de-là vient que le port qui elt fur ce rivage en porte le
nom : c'eit-à-dire le nom de la rivière ôc non pas du villa-
ge , comme l'a cru Cellarius. Ammien Marcellin, /. 3 1.
ç. 11. nous apprend que les empereurs y avoient une
mai fon de plaifance. Valens excitus Aritwchia .... ipje
ad Mdamiada , villam Czfarianam prof échu militem
Jiipenâlo fovebat & alimentis. Il elt aufli parlé de Melan-
tiade dans la chronique d'Alexandrie, p. 896. Les cent
deux itades de Suidas ne s'accordent point avec les dix-
huit milles d'Antonin, qui valentcent quarante itades. En
échange Agathias en met cent cinquante, cela dépend de
l'endroit de Con/lanrinople où ils terminoient le chemin.
L'un a pu prendre fon terme au cœur de la ville, ôc l'autre
au fauxbourg.
MELANT1I. Voyez. Melanthii 2.
MELANTOIS(Le) (a), quartier de la châtellenie
de Lille. 11 e/t au midi de la ville , ôc a été autrefois de plus
grande étendue qu'il n'eil aujourd'hui ( b ). Il contenoit le
Carcmbauld, la Wepe 6v le Ferrain. Ce mot Melanrois
efl corrompu de Medenantum , qui étoit déjà en ufage
dès le feptiéme fiécle , puisque S. Ouen , dans la vie de S.
Eloi,fait mention en ce pays-là du territoire qu'il nomme
Territorium Medenantense. (a) Had. Valefii , Not.
Gall. pag. 327. (b) Longuerue , Defc. de la France , part.
». p. 81.
Dans la divifion que fit Louis le Débonnaire de fes
états , il nomme le même pays Pagum Medenantenfem.
Mais peu après on commença à changer la lettre N en
L,& Charles le Chauve, dans des lettres pourlemonafle-
redeS. Bavon, appelle ce pays Medelentensem, d'où et!
venu le nom de Melantois.
Le principal lieu de ce quartier elt Seclin. Il efl com-
pris entre la Deulc ôc la Marque , ôc comprend vingt- un
villages.
MELANTRADA. Corneille met une ville de ce
nom fur la mer de Marmara entre Selivrée ôc Conftanti-
nople. C'efl Melantias. Voyez.cc mot.
MELARIA. Voyez. Mellaria.
MELAS. Ce mot eft grec ôc fignifie Noir. Quelques
géographes latins , qui ne laiiTent pas de recevoir ce
mot dans leur langue, le déclinent félon l'ufage de la lan-
gue d'où il efl pris. Ainfi ilsdifent Mêlas au nominatif,
Melanis , Mêlant , Mclanem ôc Melane. C'efl ainfi qu'en
ufe Pline en parlant du golfe, comme nous dirons ci-
après.
1. MELAS, rivière de Grèce au Péloponnèfe dans
l'Arcadie. Denys le Periégete dit, v. 414. & [eq.
In média auum ,/ijma , envam terram inhabitant
Arcades Apidatunjes , Jub celjo jugo Erymanthi ,
Ubi Mêlas , ubt Crathis , ubi fiait liquidas laon , &c-
Priscien fon pataphrafte rend ainfi ces mêmes paroles,
v. 412. Qrjeq.
Hic mediis habitant late telluris in arvis ,
Arcades Apidarui ,fub je opulis Erymanthi ,
Qu'à Mêlas aique Craibis juivii , auâ car rit laon.
Callimaque en parle aufli dans fon hymne à Jupiter ,
v. î&.ërjeq. qu'il fuppofe né en Arcadie. L'Arcadie,
dit ce poète , n'avoit point alors de rivières ; ni le Ladon
grande rivière, ni l'Er)manthe , qui a les eaux les plus
pures, ne couloient point encore ; l'Arcadie étoit féche,
quoique deflinée à être un jour arrofée de quantité de
îources ; car dans le tems que Rhea vous enfantoit,
le fleuve laon , dont les eaux font fi claires préfente-
ment , portoit alors quantité de chênes , ôc le fleuve
Mêlas avoit fon lit chargé de quantité de chariots.
2. MELAS , rivière du Péloponnèfe dans l'AchaVe,
félon Strabon , /. 8. p. 386. qui met Olenus iur cette
rivière. Tarn Olenus , & ad eam Mêlas fluvius magnas.
3. MELAS, rivière de Grèce dans la Béotie, ielon
Pline, /. 2. c. tu. qui lui attribue la vertu de faire que
les brebis blanches qui en boivent deviennent noires ,
ôc au contraire le Céphife , qui fort du même lac, rend
blanches les brebis noires qui ont bu de fes eaux. Séné-
que , saturai. qa*.ft. I. $.c 2f. explique le fait plus am-
plement. Il y a, du- il, des rivières qui ont de merveilleufcs
propriétés i car il y en a qui étant bues teignent tous
un troupeau de brebis , de forte qu'en peu de tems les
brebis dont la laine efl noire deviennent blanches, 8c
celles dont la laine efl blanche deviennent noires. C'eft
ce qu'on remarque dans deux rivières de Beotie , donc
l'une s'appelle Mêlas , à caufe de ferler que fes eaux
produifent. L'une & l'autre fortent d'un même lac , Se
elles ont néanmoins des eftets fi différens. Paufaniasa
/. 9. ( . 38. ôc Plutarque , in Sylla , difent qu'elle fe perd
dans le fleuve Céphife, ôc Théophrafle, Hifl. Plant.
1. 4 ci 2. & de Caaf. Plant. 1. 5. c. f. dit que c'efl; dans
le lac de ce nom.
4. MELAS, petite rivière de Theflalie dans la Trachî-
nie, félon Hérodote, /. 7 c . 198. Tive-Live , /. 36. c. 22.
ôc Strabon , /. 9. p. 328. la font parler auprès d Héraclée.
Ce dernier obferve que l'ancienne Trachine , qui donnoit
le nom de Trachinieà ce canton-là, étoit à cinq itades
de cette rivière ôc à fix d'Héraclée. Tue Live appelle ce
Mêlas Amniculus , un gros ruiflèau , ou une petite rivière.
Elle couloir entre le Sperchius& l'Afopus.
5. MELAS, rivière de Mygdonie , félon Ovide,
Mttam. /. 2. v. 247. mais comme il y avoit une Mygdo-
nie en tarbpe ôc une en Afie, H n'en dit pas allez
pour décider de laquelle il a entendu parler. D'ailleurs,
dans le récit où il nomme cette rivière , il nomme confufé-
ment des rivières de pays très-dirTérens , comme le Xan-
the, l'Eurotas, l'Euphrate, l'Oronte, le Gange, le Phafe
ôc le Danube , &c.
6. MELAS , rivière de Thrace. Elle a fa fource vers
les montagnes, paflbit auprès de Burtuidifum, ôc, ferpen-
tant vers le midi , ellefe jette dans la partie feptentrionale
du golfe qui forme la presqu'ifle de Thrace. Ce golfe
en prenoit alors le nom de Mêlas , comme il fera die
dans fon article particulier. Syracella étoit une petite
place fituée fur cette rivière à peu de diflance de fa
fource. Pline,/. 4. c. II. parle de cette rivière, ôc die
qu'elle donne fon nom au golfe : Flavius Mêlas à quo
Sinus appeliatur. Le nom moderne de cette dernière efl
Sulduth. Elle baigne deux villes , favoir Childique ôc
Ibrigé ou Xero. Cette dernière efl à l'embouchure de
la rivière dans le golfe de MegariiTe.
7. MELAS , rivière d'Aiie dans la Cappadoce. Elle
avoit fa fource auprès de Mazaca ou Célarée dans la
première Cappadoce, ôc, coulant vers l'orient méridional,
elle baignoit Tonofa dans la première Arménie , dont
elle travet foit un coin , ôc, entrant dans la féconde Armé-
nie, elle arrofoit Melitene ôc fejettoit dans l'Euphrate.
Le nom moderne elt Carasou. Voyez. Carasou 3. *
ftolom.l. $. c. 6,
MEL
MEL
8. MELAS, rivière d'Afie dans l'Ionie.Son vrai nom eft
Mêles. Voyez, ce mor.
9. MELAS, rivière d'Afie dans la Pamphylie, aux
confins de la Chlicie. Scrabon dit , /. 14. p. 667. Enfuite
eft la rivière de Mêla avec un havre., puis la ville de
Ptolémaïde , Se enfin le bout de la Pamphylie. Il couloit
affez près Se à l'orient de la ville de Side. Paufanias
dit, Arcad. c. 28. L'eau, du Cydne, qui coule aux confins
du territoire de Tarfe, eft très-froide , de mêmeique celle
du Mêlas, qui pafTe auprès de Side de Pamphylie. Zo-
lime dit, l.f.c. 16. Ils l'enfermèrent lui Se les trois
cens qui s'étoient enfuis avec lui entre le Mêlas Se
J'Eurymedon , rivières dont l'une a fon embouchure au-
defîiis de Side , Se l'autre traverfe la ville d'Af pende.
10. MELAS, fontaine de la Lycie. Le grammairien
Probus nomme ainfi la fontaine où la fable feint que
Latone métamorphofa en grenouilles les payfans qui
vouloient l'empêcher de boire. * Ortelii Thefaur.
MELAS SINUS , golfe de Thrace à l'embouchure
de la rivière de même nom. De l'Ifle le nomme Mêlants ,
Ptolomée, /. $.c. 11. Mêlas ; Se c'eft ainfi qu'il faut dire,
La ville de Cardia croit au fond de ce golfe ; Se Euftathe
obferve que ce golfe prenoit quelquefois le nom de cette
ville : l'ifle de Samothraee eft à l'entrée. Il porte présen-
tement le nom d'une ville fituée tout au fond , Se plus
au nord que n'étoit Cardia. Cette ville s'appelle Méga-
riffe & donne ce nom au golfe. L'ifle de Samandrachi,
la Samothraee des anciens, eft à l'entrée.
1. MELAZZO, ville de Sicile. Voyez Milazzo.
2. MELAZZO ou Melasso , ville de la Turquie
en Afie.dansla Natolie , dans le Mentes-lli, au nord-
eft de Mentefe , qui donne le nom à la province : elle
eft dans les terres. Ortelius Se d'autres géographes le
font trompés , lorsqu'ils ont dit que c'étoit Milet : Spon ,
Voyage t. i.p. 214. allure quec'eft l'ancienne Mylafa :
il trouve beaucoup de conformité entre la Mylasa de
Strabon Se Melazzo. Le temple de Jupiter, quiétoit
à foixante ftades de la ville , s'y voit encore tout entier ;
c'eft un petit édifice avec quatre colomnes à la façade.
L'autre qui eft plus vafte Se plus fuperbe eft dédié à
Augufte, comme il paroît par l'infcription de la frife.
Mais ce qui eft plus convaincant, c'eft la belle colomne
érigée en l'honneur de Menandcr , fils d'Euthydème ,
laquelle s'y voit encore; car Strabon,/. 14. p. 659. parlant
de Mylafa , dit que cet Euthydeme en éroit un des plus
illuftres citoyens ; qu'il avoit hérité de grandes richefles
de Ces ancêtres , Se qu'il étoit fort confidéré , dans toute
l'Afie, où il fut honoré des premières charges. Un certain
Hybreas , à qui fon père avoit laifTé pour tout bien un
mulet , avec lequel il gagnoit fa vie à porter du bois
Se à faire métier de muletier, ne laifTa pas d'étudier
fous Diot repliés d'Antioche , Se y fit de fi grands progrès
dans l'éloquence.qu'étant de retour en fa patrie, il s'adon-
na au barreau , entra dans les charges , Se acquit tanc
d'autorité, du vivant d'Euthydème, qu'il devint extrême-
ment puiffant. Il engagea les Mylafiens à fermer les
portes de leur ville à Labiénus , qui tenoit le parti de
Caflius ,Se lâcha quelques propos piquans contre Labié-
nus , qui, pour s'en venger, fe rendit maître de Mylafa,
faccagea la maifon d'Hybi eas,qui s'étoit enfui, & maltraita
fort la ville. Quelque tems après Labiénus partit d'Afie ;
Hybreas revint chez lui, Se rétablit fes affaires Se celles
de Mylafa.
MELCHOM ou MeLchon : Ortelius, Thefaur. prend
ce mot pour un nom de lieu ; Se cite le quarante-neuvième
chapitre de Jérémie. Il fe trompe. Malchom eft ie nom
d'une idole que les Ammonites adoroient , comme on
en peut juger par ces verfets pris du même ch. 49. v, 1.
qu'Ortelius a cité. Voici ce que dit le Seigneur contre les
enfans à! Ammon: Ifraè'l ri '.z-t-il point d'en fans? ou n 'out-
ils point d'héritiers ? Pourquoi donc Melchom s'eft-il em-
paré de Gad comme de [en héritage ? G?* pourquoi fon
peuple a-t-il établi fa demeure dans fes villes ? V. 3.
Criez. , enfans de Rabbath parce que Mtlchom fera
emmené Captif, & avec lui [es prêtres & fes princes.
MELCK Medelicum , petite ville d'Allemagne
dans la Baffe-Autriche fur le Danube. Elle eft ancienne
& a plufieurs chofes qui la rendent remarquable. On
prétend qu'elle portoit autrefois le nom de Disenburg,
Si quelle fut enlevée à un certain feigneur nommé
*$9
Gifon , par Léopold , margrave d'Autriche , qui conver-
tit d'abord le château en uneéglife: Cluvier veut quelle
ait été appellee Nomale , ou , félon le langage du pays,
NoMALEK.d'où le nom d'à préfents'eft formé, par une
abbréviation allez ordinaire parmi toutes les nations'.
Quoi qu'il en foit , elle appartient préfentement à là
fameufe abbaye de Bénédictins qui eft bâtie -fur la colli-
ne. Ce monaltere,qui commande non feulement la ville,
mais encore route la campagne des environs , eft bien
fortifié, év' fe défendit fort bien en 1619. contreTarméè
des états d'Autriche , qui étoient lignés avec la Bdhênie.
Leopold , margrave d'Autriche , dont nous avons déjà
parlé , en a été le fondateur , Se on y voit fon tombeau ',
Se celui de fa femme Richarde ,qui étoit fille de l'cmi
pereur Henri. Au moins c'eft ainfi qu'André -Brunncr
le rapporte dans fes annales de Bohême , p. 690. Cepen-
dant LazÀus veut que les Bénédictins n'aycilt' été ma
dans ce lieu qu'en ic8f. par Leopold II. Se Albert Ilïi
qui leur cédèrent le château même où ils faifoiéht leur
réfidence , Se fe retirèrent dans ceux de Gavfs de de!
Kalenberg. On voit dans l'églife de cette abbaye , qui
eft la plus riche de toute l'Autriche, Je tombeau de
S. Colmann, prince du farig des rois d'Ecoffe, qnî,paffant
par l'Autriche en équipage de pèlerin , qu'il avoir pris
pour fe rendre à Jérufalem , fut arrêté par le gouver-
neur du pays , Se pendu comme efpion. Mais Dieu ayant
pris foin de faire connoître fon innocence par divers
miracles , fon corps fut détaché du gibet. & porté d'abord
avec pompe dans l'églife de Stcckerau , d'où il fut
tranfporté l'année fuivanre 10 15. dans l'églife de Mckk »
par lévêque d'Aichltedt accompagné d'un clergé très-
nombreux.
Léopold IV. furnommé le Vieux , augmenta confidé-
rablement les domaines de ce monaftere , Se fit enfone
qu'il dépendit immédiatement du faint fiége. Melck pa-
roît donc avoir été la première réfidence des marquis
d'Autriche, qui tinrent enfuite leur cour à Kalenberg,
Se enfin à Vienne. L'abbé , qui en eft préfentement fei-
gneur , à la préféance dans toutes les affemblées ou diètes
des états du pays. Cependant il s'en faut bien qu'il ne
foit aufii riche que fes prédéceffeurs l'étoient avant les
ravages que les guerres de religion Se autres ontoccafion-
nés dans ces quartiers. Or, garde , dans une des caves
de l'abbaye, du vin qu'on appelle par excellence le vin de
S. Colmann, Se qu'on dit être vieux de trois cens ans.*
Zeyler , Top. Auftria%
MELCOMB-Regis. Voyez. Weymout.
MELCYNDA. Voyez, Meleda.
MELDELA, (La) en latin Meldula » petite place
d'Italie dans l'état de l'Eglife Se dans la Romagne, fur
les frontières de la Toscane , près de la rivière de Bedefe.
Elle a titre de principauté , de eft dans la maifon de
Pamfile , à dix milles de Forli au midi. * Baudrand^
édir. 170J.
MELD/E ou MELDI. Voyez, l'article Meaux.
MELDINGEN , bourg d'Allemagne dans l'éleclorar
de Saxe Se dans la Misnie , fur la petite rivière d'il-
menau. Ce lieu a été quelque chofe de plus confidérable
autrefois. On prétend que l'églife qui s'y voit encore
a été fondée par Charlemagne. Il paroît d'ailleurs qu'il
a eu titre de comté. Quoi qu'il en foit , il appartient
préfenrement à la maifon de Vifîhitm, * Zeyler , Topogr»
fuper. Saxon.
MELDITA , ville de l'Afrique propre , félon Ptolo-
mée,/. 4. c. 3. C'étoit une des villes méditerranées de
la province Proconfulaire. Les exemplaires de l'auteur
cité portent Meldita ou Mentida. MiXS~i?Ttt ou MivriS'*t
Se , comme il y a eu un tems où l'on ebangeoit facile-
ment le d en z, Se que l'on difoit indifféremment Diary->
thos ou Zarithos , Diabolus Se Zabulus , de même on
a dit Meldita Se Melz.ua. Pline , /. j. c.4,. dit : Melzi-
tanum oppidum , & la conférence de Carthage fournir
l'évêque Tutus , episcopus plebis Melzitanat, La notice
d'Afrique n'en parle point.
MELDORFF , petite ville d'Allemagne dans la Baffe-
Saxe,au duché de Holftein, dans la Dithmarfe,à trois milles
de Lunden, à pareille diftance de Brunsbuttel , Se à fis
d'Itzeno&de Rcnsbourg. Les géographes du pavslui don-
nent 54 d. 10. m. de longitude & 42 d. 3 2 m. de latitude.
Elle eft ancienne, puisqu'Adam de Brème dit que Wil-
MEL
190
lerich,éyêque de Brème, dans le tems de 1 érection de Far-
chevêchédeHambourg.prêcharévangileauxinridelesdela
PithmarfeàMeldorffvers l'an 8o8.Quelquesfiéclesaprès,
les habitans du pays Te voyant libres , fortifièrent cette
ville , de force que quand Jean de Danemarck Se le duc
Frédéric de Sleswig voulurent s'en rendre maures en
ijoo , ils fuient contraints d'en faire le ùVge, Se la pri-
rent l'épée à la main. Le roi Frédéric 11 , avec les ducs
Jean Se Adolphe , & le comte Antoine d'Oldenbourg en
firent aufli le fiége. Il y a une allez belle églife fous l'in-
vocation de faint Jean ; elle eft ilblée Se entourée de
trois marchés, que l'on diftingue par les furnomsde Sep-
tentrional , Méridional & Occidental. Dans une autre
place , vers le milieu de la ville, elt une chapelle qui étoit
une fuceurfale. Il y avoit un monaltere , que l'on a con-
verti en mie école publique. Cette ville étoit , dit on ,
beaucoup plus marchande autrefois; mais la Milde,
petite riyiere , ayant ceffé d'être navigable pour les bar-
ques marchandes, cette petite ville a dépéri. Au relie,
elle n'eft pas fituée fur la Milde même , encore moins
fur le ruiffeau de Niff , comme le dit Baudrand. Mais
elle eft à quelque diltance de la Milde , qui, deja groflle
par le ruiffeau de Fiei , avant que d'arriver à la mer ,
reçoit un ruiffeau , dont Jean Meyer ne dit point le
nom. C'elt au deffus de cette jonction , entre le dernier
ruiffeau au midi & la Milde au nord , que la ville.de
Meldorff elt fituée.
1. MELE. Voyez. Mêla.
2. MELE, furlaSarte , en latin Menda fuper Sar-
tam , bourg dans la Normandie diocèlé de Seez , à quatre
lieues de cette ville au fud-eit, parlement de Rouen, in-
tendance Se élection d'Alençon.Il eft parlé de ce lieu dans
I'hiltoire de la translation des reliques de S. Maur abbé ,
qui y furent apportées l'an 860. pour la préferver de la
fureur des Normands , Se il avoir été donné à l'abbaye
de Glanfueil fur Loire, appellée aujourd'hui S. Maur , par
le roi Charles le Chauve, à la prière d'Ebroin , evèquedc
Poitiers , qui avoit obtenu l'adminiftration de ce mona-
ftere. Ce corps relia un an & demi à Mêle dans l'églife de
S.Julien, où il s'opéra plufieurs miracles. Outre Sr Julien,
qui forme une parojffe féparée , laquelle eft dans le Per-
che , il y en a une autre fous le titre de Notre-Dame , qui
eft aujourd 'nui la feule églife paroiffialedu bourg. C'elt
celle, ci qui eft dans la Normandie. Elle eft à la prefenta-
tion du feigneur temporel ; Se il paroît que ce n'étoit
d'abord qu'une chapelle bâtie pour la commodité des bour-
geois qui étoient éloignés de la paroiffe de St Julien. On
étoit encore dans l'ufage au quatorzième fiécle , de ne les
enterrer qu'à St Julien , où le curé de Mêle fut condamné
de les porter par un jugement de Richardde Senrilly, évê-
que de Seez l'an 1360. La terre de M cl e fur Sarte eft une
véritable baronnie, Se de celles qui donnent féance à l'E-
chiquier de Normandie. Les premiers feigneurs de Bel-
lême y avoient bâti une fortereffe où îlsentretenoient gar-
nifon, ainft qu'on l'apprend d'Ordene , mais on n'y voie
plus qu'un château moderne, que les derniers comtes de
Mongomery y ont confirait. Il y a à préfent une haute ju-
stice qui s'érend fur cinq paroiffes , Se qui reffortit par ap-
pel au bailliage d'Effey. On ne doit pas écrire Mejlc , dès-
là que ce nom vient de Merula.
MELEA, lieud'Afie dans la Myfie, vers le CaVque ,
Strabon, /. 13. Cafaubon croit quec'eft une faute , &
qu'il faut lire El.£a. Voyez. El/i;a I.
MELEABA, ville d Egypte, félon Ortelius, Thcfaur.
qui cite le livre des notices.
MELEAGRI VALLUM , le foffé de Mélêagre ; il éroit
dans le territoire de la ville d'Antioche de Syrie, félon
Strabon , /. 16. p. 75 1.
MELECÉ ou Melecey en Bourgogne , diocèfe de
Challon; ce village eft petit, mais il elt très-ancien. Cus-
fet, dans ion hiftoiicde Challon.donne la defeription d'un
temple des anciens Gaulois , qui fubfiftoit encore de fon
rems en ce lieu. Dom Jacques Martin a obfervé, dans fa
religion des Gaulois, que la figure de cet édifice tenoit
le milieu enne le rond & le carré: ce qui juftife ceux
qui repréfentent ainfi les anciens temples des Gaules. Mar-
loud eft joint à Melecey dans le dictionnaire univerfel ,
qui marque que ce canton eft un pays de montagnes & de
vignes. Ce territoire eft nommé Ager Miliacenfis dans
le teftamment de S. Didier, évéque d'Auxerre au commeu-
ME
cernent du VII. fiécle. Ce prélat donna à fon églife des
vignes fituées fur les montagnes du territoire de Mekcey ,
ïn pjgo Cabilo/ienfi ,. avec les vignerons Se autres fei fs. *
Hijt. ep. Antijj. Labb. t. 1. bibl. rnanuj.' Voyez la Reli-
gion des Gaulois, t. i.p. 239.
MELEDA , ifle de Dalmatie au golfe de Venife , Se
dans l'état de la petite république de Ragufe. Il ne faut
pas la confondre avec. Melada, auire ifle dont nous
avons parlé en fon lieu. Celle dont il s'agit ici a été conntte
des anciens fous le nom de Melita. Voyez. Melita ik
Quelques écrivains 1 ont nommée Mclena & Melligene.
Les Esclavons la nomment M lit éx; Mliet. Elle a envi-
ron tiente nulles de longueur d'orient en occident ; fâ
largeur eft varice, pareeque les côtes, fur-tout celles du
nord , en font fort hachées. La mer en eft poifionr.eufe ,
Se le terroir très propre au vignoble , d'où l'on tire du vin
rouge fort violent. Elle produit quantité d'orangers &. de
citronniers, que les gens de mer ïentent à quelques milles
de diftance. Mais elle ne produit pas affez de grains pour
fes habitans , qui néanmoins ne pafient guère le nombre
de deux mille ou environ. Dans la partie occidentale ,
mais pourtant dans la côte méridionale eft un port , qui
autrefois le fermoit avec une chaîne. Cette précaution eft
devenue inutile, l'entrée en eft préfentement fi rerrécie,
qu'il n'y fauroit plus entrer que de très-petites barques.
11 a deux milles de profondeur , un de largeur Se fept de
circuit. De ce golfe on entre dans un autre plus petit qui
n'a que trois milles de tour. Tous deux fe rempiiilent de
l'eau de mer , Se ont quantité de poiffons Se de coquilla-
ges. Dans une anfe de ce golfe , fur un écueil , eft un mo-
nafteie dont l'églife porte le titre de FAffomption de la
fainte Vierge. C'elt une abbaye fameufe de Bénédictins de
la congrégation qui en a pris le nom de Méleda , de la-
quelle font fortis beaucoup de faints Se de favans. Elle
fut fondée en 1 J29. Elle a fon général particulier, comme
toutes les congrégations de Pordre de S. Benoit. Sur la
côie feprentrionale eft le Port palais , Porto Palazzo.
11 prend fon nom d'un valle palais dont il ne refte plus
que des ruines , Se que l'on croit avoir été bâri du tems
de l'empereur Sévère, par un feigneur qui etoit relégué
dans cette ifle Cette ifle fut donnée à l'ordre de S. Be-
noit l'an 1 ij 1. Ils y eurent avec le tems trois abbayes 8c
un prieuré. Les habitans de Narenta ôterenr l'ifle aux
Bénédictins , de même qu'ils s'emparèrent des ifles deLa-
gofta , Curfola , Liezina , Liffa & Braffa. Quelques hifto-
riens Vénitiens dilént que la famille de Giorgi, qui enleva
Curfola aux Narenrins , fe mit aufli en poffeflîon de Mé-
leda , Se que par la paix conclue entre les Vénitiens & le
roi de Hongrie en 1359. elles furent cédées à ce roi dans
le traité , Se depuis données par l'empereur Sigismond
aux Ragufiens. Curfola s'affranchit dé leur domination ,
mais Méleda leur relia. L'ifle a fix villages favoir ,
Balta ,
Babinopoglio ,
Progiura,
Maranovichi,
Corita ,
Ocrilie.
Chacune de ces habitations a fon églife ; mais elles font
toutes dirigées par deux curés, qui four préfentés par l'ab-
bé de Méleda à l'archevêque de Ragufe. Les principaux
ports de l'ifle font dans la partie qui regarde la terre fei-:
me, on y trouve
Saplunara ,
Caméra ,
Profura ,
Soura ,
Krisgizi ,
Porto-Palazzo.
L'ifle eft gouvernée par un gentilhomme qui prend la
qualité de comte ; il eft élu tous les ans par le grand con-
feil de Ragufe. Il a avec lui pour chancelier un citadin élu
par le prégadi. le comte a fa réfidence à Babinopoglio ,
Se juge en première inftance en matière civile & criminel-
le. L'ifle dépend pour le fpiritue) de l'ai chevêche de Ra-
gufe. * C ronelli , Ifolario. part. 1. p. 160.
MELER ou Maler , mais en prononçant l'A comme
les Allemands prononcent leur a ou l'n des Grecs, ou
comme notre E long Se ouverr dans le mot tête. Lac de
Sucde , entre 1 Uplande , la Weilrnanie au nord,& la Su-
dermanie au midi. Ce lac qui reçoit les eaux de quantité
de ruiffeaux eft au couchant de Stockholm, capitale du
royaume. Elle s'étend l'espace de quinze milles fuédois,
& eft remplie de quantité d'iflcs.Sut fa rive feptentrionale
MEL
MEL
on trouve des places confidérables , favoîr , Kong (or
maifon royale, Koping , Wefteraas, Enekoing-, ôc , par
un enfoncement qui avance vers le nord , il communique
à Upfal ôc à Sigtuna. Sur fa rive méridionale font Sôder ,
Tàlge , Mariasftred , Strengnes , & Torfilia. Kongfor en
occupe l'extrémité occidentale ôc Stokholm l'orientale.
Sa forrie forme le port de cette capitale. * Deïljle ,
Atlas.
M.Baudrand écrit Mêler. M. de l'Ifle Maler.
MELERAUT. Voyez. Mesleraut.
MELERAY, ou Meillera y ,Aîelerium, abbaye d'hom-
mes en France de l'ordre de Citeaux , filiation de Pont-
ron , en Bretagne , au diocefe , ôc à fept lieues au nord-
eft de Nantes fur les confins de l'Anjou , fondée le j des
Calendes ou des Nones d'Août de l'an 1 130. ou plutôt
1 145. par Hamon Bigot ëc Doë fa femme. Elle vaut à
l'abbé près de quatre mille livres de rente.
1. MELES , petite rivière d'Afie auprès de Smyrne
dans l'Ionie. Pline , l. ;. c. 29. en fait mention. Paufanias,
in Acbaic. c. j. dit : Dans le territoire de Smyrne eft le
Mêles, rivière ti es- agréable; à fa fource eft une grotte ,
dans laquelle on dit qu'Homère compofa fon poeme. Sta-
ce, faifant allufion à ce rapport d'Homère avec le Mêles ,
dit , Silv.l. 2. carm. 7. v. 34. pour louer le poe'te Lucain ,
qui étoit de Cordouc fur le fleuve Bxtis :
Graio nobilior Melete Bâtis.
C'en auffi fur ce fondement que Tibule dit , /. 4. Eleg.
I. v. 200. pour défigner les vers d'Homère :
PoJJè Melet&as nec malltm vinecre Cbartas.
Strabon, /. 14. p. 646, dit : Le fleuve Mêles coule au-
près des murs de Smyrne. C'eft de cette rivière que l'on a
donné à Homère le furnom de M^lefigéne. Voyez, fa vie
par madame Dacier dans fa traduction de l'Iliade.
2. MELES, ville d'Italie. Marcellus la prit fur les Sam-
nites au rapport de Tire-Live, /. 27. c. 1. Peut-être doit-
on lire Mêlas à Paccufatif, au lieu de Mêles, & que c'eft
la même ville que Mel^e , ville prife fur les Samnites
quatre ans auparavant, félon le même hiltorien , /. 24.
c. 20.
MELESOBE , liège épiscopal , dont il eft parlé dans
les réponfes des patriarches d'Orient, au rapport d'Or-
relius , Tbefaitr.
MELESSES , ancien peuple d'Espagne dans laCelti-
bérie , félon Tire-Live , /. 28. c. 3. Ils avoient une ville
nommée Orinx , ôc des mines d'argent qu'ils faifoient
valoir.
MELETI SINUS , en grec m^htij , golfe à l'em-
bouchure du Mêles. Il eft plus connu fous le nom du
golfe de Smyrne.
MELFA , petite rivière d'Italie au royaume de Naples
dans la terre de Labour. Elle a fa fource auprès d'Arpino,
& fejette un peu au-deflbus dans le Gariglan. Son nom
latin eft Melpis.
MELFI , Baudrand dit Melfes , ville d'Italie au royau-
me de Naples , dans la Bafilicate. Elle eft aflez grande
& peuplée, fur un ruiflèau de même nom , aux confins
de la Capiranate &dela principauté ultérieure. Elle eft
le fiége d'un évêché fuffragant de la Cerenza , mais
exemt de fa jurisdiétion; l'évéché de Rapolla lui eft uni
depuis l'an 1528. La ville ell fur des collines au pied du
mont Voiture, avec un ancien château fur une roche, ôc a
titre de principauté que porte la maifon de Doria. Elle
n'eft pas éloignée des villes de Rapolla & deMonte-Verde,
à quatre milles de l'Offante , ëc a quinze de Conza à l'o-
rient, à foixante cinq milles de Naples. Melfi fut pres-
que ruinée par un tremblement de terre , qui arriva le
8 feptembre 1694. Il ne faut pas la confondre avecMEL-
phi ou Amalfi , vzlle archiépiscopale , fituée dans
une province différente.
MELGAÇO , ville de Portugal aux frontières de la
Galice, ëc renfermée entre le Minho , la petite .rivière
de Folia , & de hautes montagnes. C'eft la plus fepten-
trionale des places que les Portugais bâtirent de ce côté-
là , pour fe mettre à l'abri des entreprifes des Espagnols ,
lorsque les deux nations étoient en guerre ; mais depuis
que la paix eft rétablie entre elles , les fortifications de
cette ville ont été fort négligées. * Délices de Portugal ,
' t. j.p. 700.
MELGUEIL. Voyez. Mauguio.
MELHAN , ifle de France en Bretagne , fur la côte
19 I
de Pevêché de Tréguier , &une des fept ifles que lés an-
ciens ont appcllées Siadx.
1. MELIA , ville d'afiedans la Carie , félon Etienne
le géographe , qui cite Hécatée.
2. MELIA , ville de la Gaule , félon Orteliui ,Thi~faUï.
qui apporte pour preuve la vie de faine Nàfâire Si de
faim Gervais.
MELIACHI. Voyez. Maliaciii.
MELIACUS. Voyez. Mihas.
MELIANA ou Magnana. Vvyez. Miliane.
MELIA POR ou Meliapour, ville de l'Inde en-decà
du Gange , fur la côte de Coromandel , au royaume de
Carnate. C'efl le nom que lui donnent les Inc.. tus. lis
l'appellent encore Maiiabouram ( /;/ ville de i Paom ,)
parce que les rois de cette contrée avoient autrefois pour
armes un paon. Les Européens l'appellent joint Thème' %
à caufe d'une tradition que nous rapporterons dans la
fuite. Cependant Meliapour Se faim Thômé font deux
villes , mais contigues l'une à l'autre. Etienne Varjdëf-
Hagen, dans fon voyage aux Indes orientales, les ui-
ftingue très bien. La ville de faint Thomas , dit-il , par
la faute de fon traducteur, eft fituée fur le bord de a
mer par les 13 dcg.ee demi de latitude-nord Elle a de
longueur à peu près la portée d'un petit canon. 11 y a
plufieurs beaux bâtirnens de pierres liées ëc couvertes de
ciment ; une églife fort haute fans clocher, quoiqu'il y
ait des maifons particulières avec des tours. E'ieeit peu-
plée de Portugais , d'Arméniens Se de Mçtifs. On voit an
boutfeptentrional de la ville une montagne allez haute,
où il y a une églife que le roi de l'ifle a fait bâtir en l'hon-
neur de faint Thomas. Les Portugais y vont tous les jours
faire leurs prières. Entre cette montagne &' la ville eft
une rivière, dont l'embouchure a été barrée par les fables
que la mer y a fait rouler. Depuis cette rivière barrée^
jusqu'à deux portées de mousquet de la ville du côié fcp-
téntrional, coule une autre petite rivière ; ëc c'elt entré
ces deux rivières qu'eft renfermée la franchife des Por-
tugais: car tous les vaiffeaux qui s'arrêtent au delà , au
nordouaufud, font incontinent faifis par les habirans.
Au nord de la pente rivière, efl la ville de Meliai'or
ou Meuapur , où demeurenr les Idolâtres & les iViaho-
métans. Ils n'ont ni magiftrats, ni loix , ni police, &c.
Les vents de fud Se fud-oueft y régnent le long de la
côte depuis le mois d'Avril jusqu'en Septembre. Le; au-
tres mois, il elt fort dangereux d'y mouiller. Les habirans
font alors entrerieurs petits bâtirnens dans la rivière de
Paleacate , Se les grands vont chercher leur charge à Né-
gapatan , puis ils reviennent à faint Thomas ; mais ils n'y
font que quinze jours de féjour. On peut approcher , fur
cinqbraffes d'eau, iï près de la ville,qu'il eliaiic delà pren-
dre , étant toute ouverte, fans murailles ëc fans canon-,
pour arrêter les vaiffeaux ennemis ; mais la mer y bn'e
fi fort , qu'il feroit presqu'impofTibie a des canors de pren-
dre terre, Se ils* feroienr mis en pièces. Les habirans du
paysfe fervent de canots fort légers , qui font joints Se
affemblés fans côtes , où il n'y a point de bancs , Se qu'un
coup de mer jette aifément fur le rivage. C'eft àinfi que
Vander-Hagen écrivoit en 1606.* Voyages de la Com-
pagnie Hoilandoife , t. 3. p. 125.
Les François la fortifièrent dans la fuire , félon le père
Bouchet, Jéfuite(iî) , qui d'ailleurs nous apprend plus
précifément la latitude de cette ville. Voici Ces paroles,
pri fes de fa lettre datée du premier avril 1719- Les ob-
servations du peteRichaud portent que la latitude de S.
Thomé eft de 1 3 deg. 10 min. Saint Thomé étoit , il n'y
a pas quarante ans , une des plus belles villes Se des mieux
fortifiées des Indes.Elle appartenoit aux Portugais ; mais,
comme ils fe vovoient dépouillés peu à peu de leurs
principaux états par les Hollandois, ils prirent le parti
d'abandonner cette place au roi de Golconde. M. de la
Haye , envoyé aux Indes avec une flotte de dix vaiffeaux
de guerre (François) , l'attaqua & la prit en peu d'heures ,
au grand étonnement des Indiens. Il la conferva pen-
dant deux ans , Se les François en feroienr encore aujour-
d'hui les maîtres , s'il leur fût venu du fecours d'Europe.
Le roi de Golconde , craignant que les François ne fon-
geaflent à reprendre ce pofte , démantela la forterefTe Ôc
la ville, c'eit de ces débris qu'on a étendu & augmenté
Madras Cependant Aurengzeb conquit le rovaume de
Golconde , Se il eft aujourd'hui le maître de S. Thomé.
MEL
192
Les Portugais y avoient un beau quartier , où l'on voyoit
des maifons affez agréables Se des rues fort larges. Cette
partie «toit environnée de murailles , Se ils y avoient
commencé quelques petits battions. Une lettre du père
Tachard (l ) , écrite le 18 Janvier 171 1 , décrit les
montagnes , dont Vander-Hagen ne parle qu'en pas-
sant. Ces lieux font très-remarquables par la dévotion
des Chrétiens des Indes, & parla tradition qu'ils y at-
tachent. Il y a à faint Thomé un fiége épiscopal ,que rem-
pliffoit alors Laynes , ancien millionnaire de Maduré.
J'eus le bonheur , dit le père Tachard , de célébrer le
faint facrifice de la Mette dans une chapelle attenante à
la cathédrale , où l'on dit que faine Thomas demeura
quelque tems. On y garde encore diverfes reliques de ce
grand Apôtre, enrr'autres le fer de la lance dont il fut
percé , de fes ofiemens 8e des morceaux de les habits. Les
principaux monumens de pieté , qui attirent en foule les
anciens 6V les nouveaux fidèles de toute l'Inde , le voient
au Grand Se au Petit Mont. On appelle ainfi deux
montagnes éloignées de deux grandes lieues de faint
Thomé. Le périt mont eft un rocher fort escarpé de trois
cotés , ce n'elt que vers le fud oueit qu'il y a une pente
aifée. On y voit deux églifes, l'une qui -regarde le nord
vers Madras , Se qui eit fituée au milieu de la monragne.
On y monte par un degré de pierre fort fpacieux , où fe
trouvent deux ou trois détours qui aboutiffent à une es-
planade de terre qu'on a faite fur le rocher. De cette es-
planade on entre dans l'églife de Notre-Dame. Sous l'au-
tel , qui eit élevé de fept à huit marches , cft une ca-
serne d'environ quatorze pieds de largeur , Se de quinze
à feize de profondeur. Ainfi il n'y a que l'extrémité occi-
dentale qui foit fous l'autel. Cette grotte, ou naturelle,
ou taillée dans le roc , n'a que fept pieds dans fa plus
grande hauteur. On s'y glifle avec affez de peine par une
crevaffe du rocher , haute de cinq pieds , Se large d'un
peu plus d'un pied Se demi. On eft perfuadé que faint
Thomas fe retiroit fouvent dans cet endroit folitaire ,
pour y prier. Les millionnaires Jéfuites ont drefié un au-
tel vers l'extrémité orientale de la grotte. C'eft une tra-
dition parmi le peuple , qu'une espèce de fenêtre d'envi-
ron deux pieds Se demi, qui eit au fud , Se qui donne un
jour fort obfcur à toute la grotte , a été faite par miracle ,
& que ce fut par cette ouverture que le faint Apôtre
fe fauva des mains du brame qui le perça de fa lance , Se
qu'il alla mourir au grand Mont , qui n'elt qu'à une de-
mi-lieue vers le fud-oueft. Quelques-uns difent au con-
traire qu'il fut bleflé au grand Mont , tandis qu'il étoit
en prières devant la croix , qu'il avoit lui-même taillée
dans le roc . Se qu'on y voit encore. ( a ) Lettres e'dif.
t. 15. (M Ihià. t. iz.
De l'églife de Notre Dame on monte fur le haut de
la montagne, où les pères Jéfuites ont élevé un petit
bâtiment. 11 eft fondé fur le rocher , qu'on a eu bien
de la peine à applanir pour rendre ce .petit hermitage
tant foit peu commode. Vers le fud du logis , qui eft
bâti en équerre, eit l'églife de la Réfurrection. On y
trouve une croix d'un pied de hauteur dans un petit
enfoncement pratiqué dans le roc , fur lequel eft pofé
l'autel de l'églife. Cette petite croix , qui eft en relief &
gravée dans le trou du rocher , à la grandeur près ,
reflemble tout-à-fait à la croix qui eft au grand Mont
On monte à l'églife delaRéfureétion par un grand escalier
de pierres d'une pente fort roide , qui prend depuis le
pied occidental de la montagne jusqu'à une esplanade
carrée qu'on a pratiquée devant la porte de l'églife.
A côté de l'autel, vers le fud ,on trouve une ouverture
du rocher qui a quatre ou cinq pieds de longueur , un
pied& demi de largeur , & cinq à fix de profondeur ;
on l'appelle la Fontaine de faint Thomas. C'eft une
tradition allez commune dans le pays que le faint Apôtre,
qui demeuroit au pied du mont , vivement touché de
ce que les peuples , qui venoient en foule entendre fes
prédications, loumoienr extrêmement de lafoif, parce
qu'on ne trouvoit de l'eau que fort loin dans la plaine ,
fe mit à genoux dans le lieu le plus élevé de la monta-
gne , qu'il frapa le roc où il étoit en prières , Se qu'à l'in-
ftant il en jaillit une fourced'eau claire qui guériffoit les
malades quand ils en buvoient avec confiance à l'inter-
ceilion du Saint. Le ruifieau qui paiïe maintenant au pied
du petit Mont , ne parue qu'au commencement du fiécle
MEL
pafïé. Il fe forma par le débordement des eaux d'un étang
éloigné dans les terres , qu'une forte pluie fit crever : ce
qui produifit ce petit canal , qui , dans des tems de féche-
refle , n'eft rempli que d'une eau faumache , parce qu'à
deux lieues du petit Mont il communique avec la mer..
Ce futvers l'an 1/51. que le petit Mont, qui n'étoit
auparavant qu'une éminence efearpée de rochers, com-
mença à être défriché ôc applani pour la commodité des
péleiins, ainfi qu'il eft marqué fur une grofTe pierre
qu'on a ménagée dans le roc , au haut de l'escalier vers
le nord de la montagne. L'églife de Notre-Dame y fut
bâtie, Si onladonna aux Jéfuites Portugais. Ceux-ci bâti-
rent enfuite le petit hermitage qui eft au haut du rocher,
Se l'églife de la Réfurrection où eft la croix de pierre
en relief dont on a parlé
Le grand Mont n'elt éloigné du petit que d'une demi-
lieue. Je n'ai pas mefuré la hauteur , dit l'auteur cité ;
mais il me parut a l'œil trois ou quatre fois plus élevé
Se plus étendu que l'autre. 11 n y a pas plus de cinquante
ans qu'il étoit auili delert que le petit , où il n'y a que
deux mations au bas de la montagne ; aujourd htri les
avenues du grand Mont font toutes pleines de maifons
fort agréables qui appartiennent aux Malabarcs, aux
Portugais , aux Arméniens, Se fur-tout aux Anglais
Quand les vaifieaux d'Europe font partis du port de Ma-
dras , presque la moitié du beau monde de cette grande
ville va palier les mois entiers dans ce heu champêtre.
L'églife de Notre-Dame eft bâtie au lemmer de la
montagne. C'eft, fans contredit, le monument le plus
célèbre , le plus autorifé Se le plus fréquente par les
Chrétiens des Indes. Ceux qui habitent les montagnes
de Malabar , y viennent de plus de deux cens lieues.
La croix taillée dans le roc par faint Thomas cft au-
deffus de l'autel de l'ancienne églife , qui a été fort
embellie par les Arméniens, tant Orthodoxes que Schif-
matiques , Se qu'on appelle maintenant Notre-Dame du
Mont. Aulii-tôt que les vaifieaux portugais ou armé-
niens l'appetçoivent en mer , ou qu'ils fe voient par
fon travers, ils ne manquent pas défaire une falvede
leur artillerie. Cette croix a deux pieds en carré. Les
quatre branches en font égales. Elle peut avoir un pouce
de relief, fur quatre d'étendue , Le père Kircheraécric
qu'elle avoit des paons aux quatre coins. Il a été trompé
par de faux mémoires , ce font des pigeons,
C'eft une perfuafion générale parmi les Indiens , foit
Chrétiens, foit idolâtres, que cette croix eft l'ouvrage
de faint Thomas , l'un des douze Apôtres de Jefus-
Chrift , Se que c'eft au pied de la même croix qu'il
expira d'un coup de lance dont il fut percé par un
brame gentil. Paroître avoir d'autres fentimens fur la
million de ce grand Apôtre , ce feroit s'expofer à l'indi-
gnation Se au reffentiment des Chrétiens de toute l'Inde.
( Voyez, l'article Calamila). L'auteur parle enfuite des
miracles continuels que Dieu opère dans cette églife ,
Se des phénomènes furnaturels qui accompagnent quel-
quefois cette croix de faint Thomas.
MELIAS, campagne de Grèce près. du golfe Malia-
que , félon Hérodote, /. 7. Voyez Maliacus Sinus.
MELIBOCI CATTI. Voyez l'article qui fuir.
MEL1BQX A , ancienne ville de Grèce dans laTheffa-
lie. Homère , au fécond livre de l'Iliade , vers ii^m
nomme dans un même vers Melibœe & Olizone. Etien-
ne le géographe les place dans la Theffalie ; mais c'eft
en l'étendant de manière qu'elle comprit la Magnéfie.
Un paffage de Tite Live , /. 44. c . 13. nous apprend la
vraie fituation de cette ville. Avançant plus loin, ils
abordèrent à Ioleos : delà, ayant ravagé la campagne,
ils fe préparèrent à attaquer Démétriade. Sur ces entre-
faites le conful , qui ne vouloit pas relier oifif en pays
ennemi , envoya Popilius avec cinq mille hommes pour
fe rendre maître de la ville de Melibœe. Elle eft fituée
au pied du mont Offa du côté de la Thefialie , Se com-
mande la ville de Démétriade. Strabon, /. p.p. 676. la
met dans un golfe.
1. MEL1BCÊUS MONS , ancien nom d'une monra-
gne delà Germanie. Céfar , bell. G ail. I. 6. c. 10. décri-
vant la forêt nommée Bacen is, dit qu'elle eft d'une gran-
deur immenfe, au-delà du Wefer ,8c qu'elle eft un mur
deféparation entre lesCherusques Se lesSueves. Ces Sue-
ves font les Cattes qui fe fauverent dans cette foret qui
coMvroit
MEL
MEL
2.01
couvroit une chaîne de montagnes. Entre ces montagnes
croit celle que Prolomée, Li.c.ii. appelle Mth&omv
fyos Ôc qu'il place entre le Wefer ôc l'Elbe. Le doéte
Spener , noiit . Germ. ant. l.i.c.}.$ .dit : Une de ces mon-
tagnes que la forêt Bacenis couvroit avoit nom Melibocus;
mais on ne fçait pas fi ce nom étoit commun au relie
des montagnes dans toute l'étendue de cette forêt. Du
relie on croit que la forêt Semana étoit contigue ou
presque contigue à celle de Bacenis ôc au mont Meli-
becus. Il y a quelquapparence que le nom de Block-
berg eft le nom moderne du Mdibocus des anciens.
Il eft dans le Hurtz., nom qui conferve encore quel-
que chofedu nom d Hercinie. Les Cartes, voifinsdu Meli-
bocus> Meuboci Catti, étoient les Cattes limitrophes
des Cherufques.
2. MELIBOEUS MONS , montagne d'Italie. Il y avoit
la fource du fleuve Orrhonte , félon Tzetzes commenta-
teur de Lycophron. * Ortelii Thefaur.
3. MELIBOEUS , nom d'un lieu dont parle Nicetas.
Ortelius, Thefaur. juge qu'il devoit être quelque part vers
l'Aiie Mineure.
MELICHUS. Voyez. Milichus.
MELIDIS SINUS. Voyez. Maliacus Sinus.
MELIDONI , grand village de Candie près de la mer ,
à vingt deux milles de Retimo. Il eft bâti fur les ruines
d'une ancienne ville. * Tournefort,
1. MELIERSouMeilers , bourg de France dans le
Bourbonnois , diocèfe de Bourges ôc parlement de Paris.
11 eft fitué imleruijfeau de Meliés, à demi-lieue deGipey,
à deux lieues de Bourbon. Le rerroir eft fertile pour les
grains. Il y a un prieuré de cent livres à la nomination
du chapitre de Bourbon.
2. MEL1ERS ou Maleca , cap de l'ifle de Candie,
anciennement Cyamum , fuivant Ptolomée.
MILIEUS. Voyez. Maliacus Sinus.
MEL1FONT , petite ville d'Irlande dans la province
de Leinfter , au comté d'Eaftmeath. Elle eft remarqua-
ble par le concile qui y fut tenu l'an njij» dans le
monaftere de l'ordre de Cîteaux. On y établit les quatre
archevêques d'Armach , de Dublin, de Cashel, ôc de
'Tuam.
MELIGUNIS. Voyez. Lipara 2.
M ELU .habitans de Me Los. Voyez, ce mot.
1 . MELILLE , ville d'Afrique au royaume de Fez , dans
la province de Garet. Elle a été bâtie par les Africains
au fond d'un golfe, dont la pointe du cap , que les mari-
niers appellent d'Entrefolcos , eft éloignée de vingt-cinq
lieues de Tarfel Cacis , qui eft fur la côte du royaume
de Grenade , à deux lieues de Motril. Sa fituation eft
dans une plaine;Sc du côté du couchant elle eft commandée
par une montagne. Les hiftoriens du pays rapportent
qu'elle étoit autrefois la capitale de la province ôc la de-
meure du gouverneur , & qu'on y comptoit plus de dix
mille maifons. Il y avoit quantité de miel ôc de cire dans
fon territoire, qui eft fqrt grand , .ôc qui renferme des
mines de fer dont on faifoit grand trafic. C'eft de ce miel
que la ville a pris fon nom, puisque Milila veut dire
mielleux en langage du pays. Les Romains l'ont rendue
îlluftre , tant qu'ils ont été les maures de la Tingitane ;
les Goths l'ont poffédée enfuite ; les Arabes la prirent fur
eux. Par fucceflîon de tems, les habitans de Melille s'é-
tant adonnés à la marine , coururent les côtes de la Chré-
tienté avec des flûtes 8c des galiotes, ce qui obligea les
rois Carholiques d'y envoyer une armée l'an 1496 , fous
les ordres du duc de Medina-Sidonia. Les Melilleicns
eurenr recours au roi de Fez , qui leur envoya f 00 hom-
mes : mais ce fecours leur paroiffant trop foible , ils fe
retirèrent fur les montagnes. Les troupes de Fez , voyanr
que la ville étoit abandonnée , percerenr les murs en
plufieurs endroits , & mirent le feu aux maifons pour
empêcher les Chrétiens de s'y établir ; après quoi ils re-
prirent la route de Fez. Le duc de Médina , qui arriva
là-deffus , fit réparer les brèches , ôc , renfermant la ville
dans une plus petite enceinte , il y bâtit une citadelle ,
qu'il laiffa pourvue de tout ce qui étoit néceffaire pour
la garder. Du côté de l'orient , il y a un lac qui a plus
de fept lieues de circuit , ôc où mille galères peuvent être
fans danger. Il vient jusqu'à une demi-lieue de la ville , ôc
& enfin il s'y eft fait une entrée vers la mer à cinq lieues
de Melille au pied d'un roc , qui fait une chauffée large
d'un trait d'arbalète en quelques endroits. Lorsque la
marée eft balle , les galères peuvent entrer dans le lac
l'une après l'autre le long du roc > mais il faut que le Pi-
lote foit expert, pour en éviter la pointe. Quand la met
eft haute , il y a des bancs de fable qui fe couvrent du.
côté de l'occident , ôc qui donnent entrée a plufieurs ga-
lères enfemble. Si le vent fouffle avec violence du côté
du feptentrion ou de l'orient , la mer monte dans le lac
par-defîus la chauffée , & en certains endroits il y demeure
des eaux dans les creux , qui font au haut de ce roc, ôc
il s'en fait des falines , où les Maures de lacontrée avoient
coutume de venir prendre du fel , dans le tems que la
ville étoit à eux. Ils n'en peuvent plus avoir qu'a main
armée, ou par la permiffion du gouverneur. Les Chré-
tiens jouiffent préfentement de ce bénéfice. Ces falines
font à quatre lieues de la ville du côté de l'orient. A une
grande demi-lieue du lac il y a une place forte, nommée
Zanguzan , où lecheriftenoit autrefois trois ou quatre
cens arquebufiers , pour la fureté des Arabes , qui pais-
foient leurs troupeaux le long du lac , contre les coin fe*
des Chrétiens §c des corfaires. Les Maures ont fait plu-
fieurs tentatives inutiles pour reprendre Melille. Voyez,
l'article Rusardie. * Marmol , t. z. 1. 4. c. 98.
Marmol écrivoir dans un rems où les Chrétiens poffé-
doient beaucoup de places fur cette côte. Il les ont per-
dues presque toutes ; Melille eft de ce nombre.
2. MELILLE, place de l'Amérique , dans l'ifle de la
Jamaïque , fur fa côte occidentale avec un bon port. Elle
fut ainfi nommée par les Espagnols , qui la bâtirent. Elle
eft préfentement aux Anglois , comme toute l'ifle. *
Baudrand , édit. 1705.
MELILLI ou Mirilli. De l'ifle écrit Mililli. Petit
lieu de Sicile dans la vallée de Noto , avec titre de ba-
ronnie,à la fource d'un ruiffeau nommé Fiume di San-
Cosmano. Il n'a rien de commun avec les ruines de Mé-
gare , qui font au bord de la mer.
MEL1LOT , bourg de l'Amérique , avec un royaume
imaginaire de même nom. Voyez, ce qui en eft dit dans
l'article de la Caroline.
MELINA , ville du Péloponnèfe dans l'Argie, félon
Etienne le Géographe.
MELIN AÏS ( Le ) ou Melinois , abbaye de France ;
ordre de fainr Augullin , diocèie d'Angers. Le titre ab-
batial a été uni au collège de la Hcche. Cette abbaye a
été fondée par Henri II , roi d'Angleterre ôc comte
d'Anjou : on y conferve les reliques de fainr Renauld ,
que l'on invoque pour être guéri de la fièvre.
1 . MELINDE , ville d'Afrique , dans l'Ethiopie au Zan-
guebar , au nord de l'embouchure de la rivière de Quil-
manci,& à la diftance d'environ douze lieues marines.
Elle eft capitale d'un royaume de même nom (a) , ôc
fituée dans une plaine fort agréable ; l'ancrage en eft un
peu loin de la ville , à caufe que du côté de l'eau elle eft
environnée de plufieurs rochers , qui en rendent l'accès
difficile. Les Portugais , qui font tout le commerce de
certe côte , ont une forrerelîe à Melinde , dont le roi
réfide à Mombaze ( b ) ,• auffi bien que le gouverneur de
toute la côte. ( a ) Corn. Diér. ( b ) De l'ifle , Arias.
Cette ville eft environnée de palmiers, & d'une infini-
té d'arbres qui portent d'excellgis fruits , entre lesquels
l'orange excelle par la groffeur ôc le goût. Le millet, le
riz , la volaille , ôc les beftiaux y font en abondance , Ôc
à vil prix. Les rues font belles , les maifons bien bâties ,
ôc à plufieurs étages , avec des plateformes Se desterraffes
au fommet. Les habitans fe piquent de politeffe , fur-tout
ceux qui font au-deffus du peuple , ôc dont l'habillement ,
depuis la ceinture jusqu'en bas , eft une étofte de foie
ou de coton. Les autres portent une forte de jupe fort
courte ; leurs bonnets font des espèces de turbans brochés
d'or ôc de foie. Ils ont desépées Se des poignards Travail-
lés avec affez d'art. Les femmes de Melinde font très-
belles , & vêtues fort richement de la même forme que
les hommes , avec un voile broché d'or pour toute diffé-
rence. * Hernan Lopez. , Conquête des Indes.
2. MELINDE , ( Le royaume de ) petit pays d'Afri-
que , fur la côte orientale de l'Ethiopie au Zanguebar. Il
eft borné au nord par le royaume de Pâté , ôc comprend
à préfent le royaume de Mombaze , qui le bornoit autre-
fois au midi. Il confine au couchant avec les Moffc-
guayes, qui font des Caffres uès-barbares. A l'orient il
Tom. IV. B b
MEL
2.02,
eft terminé par l'océan. Sur cecce côte eft une ifle dans
laquelle eft le petit royaume de Lamo. * De l'ifle , Atlas.
3 . MELIND£ , ( La côte de ) partie du Zanguebar fur
la côte orientale de l'Ethiopie. Elle commence un peu
au delà de la ligne , au midi du royaume de Pâté , & s'é-
tend le long de l'Océan jusqu'au dixième degré , où eft le
cap de Gado. J'ai déjà dit que les Portugais en font le
commerce. Le long de cette côte il y a des ifles fort con-
fidérables , entr'autres ,
L'iflede Pâte avec le royaume d'AMPAZE , au midi.
L'ifle de Lamo avec le royaume de même nom.
L'ifle de Mombaze , réfidence du roi de Melinde & du
gouvernement de la côte.
L'ifle & le royaume de Pemba.
L'ifle ôc le royaume de Zanzibar.
eL'ifle de Mon fia,
Et l'ifle de Ruiloa où étoitune ville que l'on a ruinée.
Les principales rivières font leQuilmanci , les rivières
de Mombaze , de Cuabo , de Quifima Jugç & de Mon-
gale. Au midi de cette côte font les ifles de Quirimba.
MELINOPHAGI , c'eft-à-dire les mangeurs de pani,
forte de bled approchant du millet : ancien peuple de
Thrace , félon Xénophon. Etienne le géographe en fait
aufli mention. * Ortelii Thefaur.
MELIODUNUM , ville de la grande Germanie , fé-
lon Ptolomée , l.i. en. Lazius croit que c'eft Milens-
Xo , dans la Bohême. Simple conjecture.
MELIPIA. C'efl; ainfi qu'on lit dans l'itinéraire ce nom,
qui doit être celui d'une place aux confins de la Mccfie&
de la Thrace. Ce mor eft ainfi écrit dans l'exemplaire du
Vatican , dans les éditions d'Aide , des Juntes & de Sim-
1er. Zurita , fur l'autorité d'un feul manufcrit , change
ce mot en Meldia. Ce lieu étoit à vingt- quatre mihcs
pas de Sardique. * Anton. Itiner.
MELIS , ville de la Trachinie , félon le Scholiafte de
Callimaquc. Voyez, ce qui regarde la Melide, au mot Ma-
iiacus Sinus. * Ortelii Thefaur.
i.MELISSA, ancienne ville de la Libye, félon Hé-
catée , cité par Etienne le géographe : elle donnoît le
nom de Meliss^îa Régie au pays d'alentour.
2. MELISSA , village du Péloponnèfe dans le terri-
toire de Corinrhe , félon Plutarque , & Etienne le géo-
graphe , corrigé par Berkélius. * Amator. Narrât.
3. MELISSA, village d'Afie dans la Phrygie , félon
Athénée»/. 13.C. 14. Il dit d'Alcibiade : Il fut inhumé
au village de Melifle en Phrygie , après qu'il eut péri par
les embûches que lui tendit Pharnabafe ; nous vîmes fon
tombeau à Melifle , lorsque nous allions de Synnades à
Métropolis.
4. MELISSA , en latin Melife ou Melife , félon Bau-
drand ,édit. 1705. ancien bourg de la grande Grèce. Il
eft à préfent peu confidérable , & fitué dans la Calabre
citérieure, environ à une lieue de Strongoli , & à deux
de la mer Ionienne.
MELISSOPETRIUM, bourg d'Afie en Arménie , fé-
lon Curopalate , cité par Ortelius.
1. MELITA ou Meute, ancien nom de l'ifle de Mal-
te. Les anciens ne s'accordent pas fur la quantité , c'eft-
à-dire fur les longues & les brèves de ce mot. Ovide dit ,
Fafi. I. $.v. f6j.
Fertilis eft M élite , fterili vicina Cojyra.
Arator , poëte Chrétien inféré dans la bibliothèque
des Pères , Se qui a mis en vers les aères des Apôtres , dit ,
cap. 28.
Menfibus hybernis tribus in regione Melite ,
Midtiplicem dat Paulus opem.
Scylax & Ptolomée l'ont approchée de l'Afrique , à
laquelle ils la donnoient ; au lieu que les Romains , qui
la connoiflbient beaucoup mieux, la regardoient comme
une annexe de la Sicile , dont elle eft en effet bien plus
voifine. Sjlius Italicus, /. 14. v. 2; 2. parle des laines de
Malte , & donne à cette ifle l'épithéte de Lanigera. On
les y travailloit avec goût. C'eft fur quoi eft fondé ce re-
proche que faic Cicéron à Verres , d'y avoir occupé pen-
MEL
dant trois ans les ouvriers à faire un habit de femme.
Voici le paflage entier , de ftgnis , c. 46. Infula eft Melita.
fatis lato ab Sicilia mari , pericidufoque disjuntla , in qua
eodem nomme oppidum, quo ifte ( Verres ) numquam ac-
cejfa : quod tamen ifti textrinum ad muliebrem vtftem con~
fiiiendam fuit. Il parle enfuite d'un temple confacré à
Junon , aflez près de la ville , lequel avoit été pillé par
les gens de Verres. Voyez, l'article de Malthe.
2. MELITA , ou Melite , ou Melitine , ifle de 1*11-
lyrie dans la Dalmatie , dans le golfe Adriatique : c'eft au-
jourdhuiMELEDA, ifle appartenante à la petite république
de Ragufe. C'eft celle-là qu'Etienne le géographe place
entre l'Epire 6c l'Italie , ajoutant qu'elle nourriflbit des
chiens , connus fous le nom de catuli Melituà. Cet auteur
dit au même endroit que l'autre ifle de Melita , dont nous
venons de parler , & qui eft l'ifle de Malte , étoit peu-
plée par une colonie de Carthaginois -, mais il ne parle
que de la ville même de Malte , Se non pas de l'ifle.
3. MELITA ou Melite , Mthh» , félon Spon , lifte de
l'Attique, étoit un quartier d'Athènes, de la tribu Cé«
cropide , comme Harpocration & un marbre qu'il rap-
porte , le mettent. Ce qui , ajoute-t'il , doit l'emporter
fur l'opinion de Stephanus , qui le range fous la tribu
Egéïde. (Je trouve dans cer auteur même, non la tribu
Egeïde, mais l'Oeneïde. On peut voir ce qu'en dit le
Scholiafte d'Ariftophane fur la comédie des grenouilles:
nous apprenons de lui qu'il y avoit en ce lieu un temple
d'Hercule. ) Spon continue ainfi : 11 y avoit là un temple
dédié à Eurifaces , un à Mélanippe • fils de Théfée , &
un à Diane , furnommée Ariftobulos , où l'on enterroic
ceux qui étoient morts de la main du bourreau. Ce tem-
ple avoit été bâti par Thémiftocles , qui avoit là fon pa-
lais. Phofion y avoit aufli lefien , de même que les acteurs
des tragédies.
4. MELITA ou Nelite , lac de Grèce au pays des Oc-
niades, félon Strabon , /. 10. p. 459. qui lui donne trente
ftades de longueur 6c vingt de largeur. Il étoit entre l'A-
cheloiis ôc l'Evenus, rivières dans l'Etolie , aux confins de
l'Acarnanie.
j. MELITA, ancien nom de l'ifle de Samothrace, fe-^
Ion Strabon , /. 10. p. 472.
6. MELITA ou Melite, lieu d'Egypte où l'on rendoit
les honneurs divins au dragon, au rapport d'Elien, Ani*
mal. c. 17.
7. MELITA ou Melite. Voyez, l'article qui fuit.
MELIT.EENSES , peuples de la Theflalie dans la
Phthiotide, félon Strabon,/. 9.^.432. qui dit que leur
ville avoit été anciennement nommée Pyrrhus. Il la
nomme Malit>£A en un autre endroit , p. 434. Anto-
nius Liberalis l'appelle Melite ; & pline Melit^a. Ce
nom fe trouve écrit Melitara , Mihndptt , dans Ptolomée ,
/. 4. c.ç). au lieu de MiXnâict, l. 3. c. 13.
1 .MELITARA. Voyez, l'article précédent.
1. MELITARA , ville d'Afie dans la grande Phrygie , fé-
lon Ptolomée , /. 5. c. 2.
MELITE , ville d'Afie dans l'Ionie. Vitruve , /. 4. c. 1.
eft le feul des anciens qui nous air fait connoître cette
ville. Cette Melite , dit-il , à caufe de l'arrogance de fes
citoyens , qui étoient devenus odieux aux autres villes de
l'Ionie , s'attira une guerre , & elles conjurèrent toutes fa
perte ; ainfi par une réfolution générale elle fut détruite.
En fa place la ville de Smyrne fut reçue entre les villesd'Io-
nie par la faveur du roi Attale 6c d'Arfino'e. On ne dit
point en quel lieu de l'Ionie elle étoit.
MELITEIUS MONS , montagne dont patle Apollo-
nius, Argonjiut. I. 4. Son fcholiafte dit qu'elle eft dans
l'ifle de Corfou. Elle eft nommée Melitium dans le lexi-
que de Phavorin.
MELLITELLO , petite ville de Sicile dans la vallée de
Noto fur une montagne , à huit milles de Lentini , & à
vingt d'Agoufte au couchant. * Baudrand , éd. 1705.
1. MELITENE , ville de Cappadoce & enfuite de l'Ar-
ménie. Procope , JEdific. I. 3 . c. 4. dit : Il y avoit dans la
petite Arménie , aflez proche de l'Euphrate , un lieu
appelle Melitene , où une légion romaine étoit en garni-
fon ; les anciens Romains y avoient bâti un fort carré ,
dans unerafe campagne, pour mettre les foldats à cou-
vert , & pour ferrer les étendards. Trajan en avoit fait de-
puis une ville qui eft devenue la métropole du pays. Com-
me le peuple étoit accru de telle forte qu'il nepouvoit plus
MEL
MEL
iogcr dans le fort , on avoir oati à i'entour des maifons,
des palais, des eglifes, des marchés, des places publiques,
des gaierics , des bains , des théâtres , ôc les aunes édifi
20 s
la rivière de Lipidia foie d'un lac , vers la côte de la
mer de Marmora. 11 y a dans ce lieu un évêqoe Grec.
MELITS, ville de Pologne, fur la frontière de la
ces qui peuvent relever la fplendeur d'une grande ville, grande Pologne, auprès de Frelban, à quarante cinq milles
L'empereur Jultinienla mit en état de fervir en même d'Allemagne de Brcflau.
teins, ôc d'ornement, &c de défenfe à l'Arménie. Le
nom de Melitene a été connu a Strabon , /. 12. p. 573.
ôc à Pline,/. 6-c 3. mais ils ne connoiflent point de
ville nommée ainfi. Ils ne parlent que d'une contrée ,
qui de leur tems faifoit partie de la Cappadoce. Ce
fut enfuite le nom d'un camp où avoit fes quartiers
cette même légion, qui , fous Marc Aurele , obtint de
Dieu par fes prières un tonnerre qui ôta la victoire
aux ennemis \ ce qui la fit furnommer la légion Foudroy-
ante. Eufebe, /. $-c. 5. dans fon hiiloire eccléfiafiique ,
donne le furnom de Melitene à cette légion, Milites
Legiunis Melitenx. Dion Camus, /. jj.p. 564. dit que
dès le tems d'Auguite la légion douzième , furnomrrrée
la Foudroyante, avoit eu fes quartiers en Cappadoce.
Le P. Haidouin croit que le pays nommé Melitene,
avoit pris fon nom de Melita , ville dont parle Pline,
Se qui la met près de l'Euphrate -, ôc ajoute qu'elle avoit
été bâtie par Sémiramis. Martianus Capella le dit d'api es
lui. Cette ville efi confuicrable dans l'itinéraire d'Antonin,
& l'on voit plufieurs toutes qui y aboutifient. A Cocufo
Mditenam , 1 42000 paf. à Melitene Samofatu , 9 1 000
paf. à Satala Mtlueuem , per rpam , Samofata itsque ,
341000 paf. à C&l<ir.a Meluemm , 242000 paf Sec. On
ht dans la table de Peutinger MeUnttnis, C'elt une faute.
La no ice épiscopale d'Hiérocles donne Melitene métro-
pole de la féconde Arménie.
Cette ville cil célèore dans l'hiftoite eccléfiafiique.
Outre le long féjour qu'y fit la légion Fulminante ou
Foudroyante , les quarante martyrs de Cappadoce qui
étoient de cette légion y avoient auifi leuts quartiers.
Saint Polieucte, qui parte pour le premier martyr de
l'Arménie , y fut marryrifé vers l'an 2/7. C'elt le lieu
de la naiiïance de faint Melece , dit le Grand , qui étoit
cvêque d'Antioche au quatrième ficelé, &de faint Euthy-
me, auili fumômmé le Grand, archimandrite en Palefiine.
11 eut la conduite de tous les monafieres de la ville
'ôc du diocèfe de Melitene , fous les évêques Acacc ôc
Synade , qui av oient été fes maîtres. La ville de Melitene
eut pour évêque faint Domitien au fixiéme fiécle. Son
corps y fut reporté vêts l'an 602. C'efi à préfent Mala-
thiah. Voyez ce mot. * Bailla, Topograph. des Saints ,
pag. 306.
2. MELITENE, contrée d'Afie dans la Cappadoce ,
& enfuite dans la petite Arménie. Ptolomée y mec les
places fuivantes ,
Sur l'Euphrate,
Dagufa ,
Zopariftus,
Titarifius,
Cianica ,
Phufipara ,
Eufimara ,
Sinis , colonie,
Dans les terres.
Melitene.
Jaffus ,
Ciacis ,
Leugarfa ou Leutatfa ,
Marcala ou Catmala,
Semifus.
La Lenefis ou la Dœneris.
MELITIA , ville de Grèce , félon Thucydide , Elle
étoit a uni. journée de chemin de Pharfale. Voyez. Melit-
T7EA.
MELITIAS. Voyez. Melantias.
MEL1TIUM. Voyez. Militeius mons.
MELITO, ville d'Italie au royaume de Naplesdans
la Calabie ultérieure , avec un évêché qui étoit fuffra-
gant de l'archevêché de Regio , mais qui eit à prefent
exemt de fa jurisdiction. Elleeft petite , mais bien peu-
plée , fituée fur une montagne ; & fut fort maltraitée
par un tremblement de terre en 1538. Elle n'en: qu'à
iept milles de Nicotera^ & à pareille difiance de la côte
Ce de Soriano , à cinq milles de Monteleone, & pres-
qu'au milieu entre Cofenza ôc Regio. On la nomme
aufii quelquefois Mileto. * Baitdrand , éd. 1705.
MELITOÎOLÎ, petite place de la Turquie, dans la
Nacolie.dans la province de Bccfengil, à l'endroit où
MELITTA , vilie fituée au bord de la mer Atlanti-
que, ôc bâtie par Hannon Carthaginois, félon le faux
périple de Hannon.
MELITTAA , ancienne ville de Thefïalie , félon Etien-
ne le géographe &. Polybe , /. 5. Ortelius , Thefmr. doute
fi elle eit diftérente de Melita , dont les habitans lonc
nommés Melit^enses. Voyez ce mot, & de Meiiiia.,
dont parle Thucydide,/. 4.
MELITUSSA , ville d'Illyrie, félon Etienne le g :ogra*
phe qui cite le treizième livre de Polvbe . dont, il ne
nous relie plus à préfent que quelques fr.igmens.
MELIZ1GARA , place marchande de i'inde, en-deçà
du Gange félon Arricn , Ptripi.
MEL1ZIGERÏS, viile de l'Inde, au-delà duGange, félon
Ptolomée , 1. 7. t. 2.
MELK. Voyez Melck.
MELLA. Voyez Mêla.
MELLARIA , ancienne ville d'Espagne , dans la Barri-
que auprès de la mer. Pline,/. 3.C. j. la nomme immé-
diatement api es Belon. Marcien d'Héraclée, i'enpl.p.jo*
la nomme Menlaria i c'elt encorepisdansPtoloir.ee,
/. 2. c. 4. qui nomme cette ville Ivïenralia. Le P, Hai-
douin dit qu'elle eit entièrement ruinée , ex que le lieu où
elle étoit le nomme prefentemenc MUaiel'c. Conduite
Anglois , qui, étant en ce pays- la , a fait des recherches
qu'il a communiquées au^pubiic , croit qu'elle etoit fituée
dans le lieu nommé aujourd'hui Val de Vacca , quin'eit,
qu'un village, environ a une lieue ôc demie de Tarira vers
l'occident , où la tradition du pays veut qu'il y ait eu une
ville des plus confidérables , qui a été engloutie par la mer.
Le même auteur appuie fa conjecture fur ce que ce canton
produit d'excellent miel, ôc , comme l'ancienne Mcllaria,
fut ainfi nommée à caufe de Ion miel : on voit aujourd'hui
divers lieux fur la même côte qui en tirent leur nom , com-
me Playa deOrimel, Rio de la Miel, Bejer de la
Miel, ôcc* Além. Lit ter. delà u-runde Bret.t. 1. p. 112.
Corneille dit que cette ville étoit la patrie de Pom-
ponius Mêla. Il fe trompe. Mêla dit lui-même qu'il étoit
de Tingis en Espagne, colonie de Tingis , capitale de la
Mauritanie Tingitane en Afrique. Letce Tingis d'Es-
pagne, patrie de Mêla, étoit la même que Céiraria.
1. MELLE, petite ville d'Allemagne au cercle de
Wefiphalie , dans l'évêché d'Osnabrug fur la rivière de
Hafe, à trois ou quatre lieues au dellus de laville d'Os-
nabrug , félon Baudiand, eau. 1705.
2. MELLE, en latin Mella ôc Melufum, ville de
France, dans le Poitou, diocèfe de Poitiers ôc élection
de Saint Maixant au midi. Cette ville eit le fiége d une
prévôté royale refiortiflante au bailliage de Sivray donc
elle eit une des cinq baronnies. Elle eit fituée dans un
pays plat ; fes murailles font ruinées ; elle a deux faux-
bourgs ôc deux paroifles , ôc dans chacune un prieu-
ré fi mple : l'un du titre de faint Hilaite, valant trois
mille livres ; ôc l'autre de faint Pierre , de trois cens
livres. Les Capucins y ont un hofpice ; il y a un petit
collège de deux régens , qui enfeignenr à lire ôc les
premiers élémens du latin. On y fabrique beaucoup de
ïerges.
3. MELLE , petite ville de Barbarie au royaume d'Al-
ger , dans la province de Conftantine , dans le refiort de
Ronne. Elle eit presqu'entierement ruinée.*/);/ Lignon^
Mémoires manuferits.
MELLEOTOKI , rivière de l'Amérique feptentrio-
nale , dans la nouvelle France. Elle a fa fource dans la
nation des Renards ôc la nation du Feu ; & , coulant vers
l'orient , elle fe perd dans le lac des Ilinois. Elle efi fore
petite.
MELLI , royaume d'Afrique, dans la Nigritie. Dap-
per , Afrique ,p. 22c. lui marque des bornes qui ne s'ac-
cordenr pas avec la géographie d'aujourd'hui. Cette con-
trée , dit-il , s'étend environ cent lieues le long d'un bras
du Niger , & a pour bornes au feptentrion la Guinée ,
(ou plutôt le Génoha,)au midi un défert avec une chaîne
de montagnes, la province de Cago au levant , & l'Océan
au couchant. Il n'y a , poutfuit-il , qu'un grand village
Tarn. IV. B b i;
MEL
2L04
ou bourg tout ouvert , de plus de fix mille habirans , où
le feigneur lient la cour , ôc qui eft à trente journées de
Tombut. Le pays abonde en bled , en troupeaux Ôc en
coton» ôc les habitans font riches àcaufe du commerce.
Ils ont leurs mosquées & leurs docteurs , qui leur enfei-
gnent l'arabe , les fciences &- la religion de Mahomet.
Auffi font-ils les premiers qui ayent embraffé la religion
de Mahomet dans tout ce canton. Ils avoient été fubju-
gués par Jofeph , roi de Maroc ; mais l'an i j 20 , Yschia,
roi de Tombut , fe les rendit tributaires. Dapper n'a fait
que copier Jean Léon l'Africain , qui dit précifément la
même chofe. Il faut que depuis ce tems-là le royaume de
Melli ait changé de place : car il fe trouve préfentement
au midi de la rivière de Gambie , ôc même de celle de
Courbali. 11 eft borné au nord-oueft par les Biafares , au
nord-elt & à l'eft par les Soufos, au midi par les f-'elou-
pes du pays de Serre-Lionne , ôc au couchant par les
Analous , ou Mallous , qui le féparent de la mer. Peut-
être aurti en font-ils partie ; car nous n'avons guère de
relations de ce pays-là , qui en fixent l'état d'une manière
Fatisfaifante. * Del'I/le , Carte de Nigritie.
MELLINGEN , ville deSuiffe , au bailliage de Bade ,
au bord de la Ruiï, fur laquelle elle a un pont de bois ,
ce qui la rend un partage important. Elle a quelques pri-
vilèges , mais peu confidérables. Elle eft fort petite , dans
une campagne fertile , ôc dans une fituation agréable , à
deux petites lieues de Lentzbourg , ôc à autant de Bade.
Elle eft tombée en 1712, par la paix d'Arau , fous la
puirtance de Zurich & de Berne. Auparavant elle étoit
comprife dans les bailliages communs des huit vieux
cantons. Les habitans font Catholiques. En 1^29 , ceux
de Bremgarten , de Mellingen , de Zurzech ; ôc des francs
Bailliages , abolirent la méfie & le culte de PEglife Ro-
maine à la perfuafion de Bullinger -, mais ils changèrent
l'an 15 3 1 , ôc ayant charte Bullinger ôc les miniftres , ils
retournèrent à l'ancienne religion , & ont perfévéré jus-
qu'à préfent , quoiqu'ils dépendent de deux cantons Pro-
teftans. * Etat & délices de la Suijje , t. 3. p. 147.
MELLISURG1S , ancien lieu de la Macédoine entre
Theflalonique Se Apollonie, félon l'itinéraire d'Antonin.
1. MELLO. Ce terme en hébreu fignifie comblé ,
rempli.
On appella ainfi une vallée rres-profonde ( a ) , qui
étoit entre l'ancienne ville de Jebus , ou Jérufalem , ôc
la ville de David , bâtie fur le mont de Sion. David ôc
Salomon firent combler cette vallée (b ) , ôc on en fit
une place d'aflemblée pour le peuple. Salomon en prit
tnême une partie , pour y bâtir le palais de fori époufe ,
la fille de Pharaon. Ce fut à loccafion des travaux que
Salomon fit faire pour combler Mello , que Jéroboam ,
fils de Nabat , fe révolta , & infpira à fes frères de la
tribu d'Ephraim l'efprit de révolte , qui éclata après la
mort de Salomon. (a) D. Calmet , Diction. ( b ) Reg.
1. III. c. 9. v. 1 ;. Ôc 1. H. c. ;. v. 9. ôc Tarai 1. I. c. 1 1.
v. 8.
2. MELLO, ville de la Paleftine, dans le voifinage
de Sichem. Il eft dit dans le livre des Juges , c. y.v. 6.
que les habitans de Sichem & ceux de la ville de Mello
établirent roi Abimelech , fils de Gédéon. Le texte hébreu
lit la mai/on de Mello , au lieu de la ville de Mello. Quel-
ques uns croient que Mello étoit un bourgeois de Si-
chem, ou même un quartier de cette ville. On ne connoît
point de ville de Mello dais la Paleftine. * Dom Calmet 3
Diction.
MELNICES, place forte fituée fur une roche, dans
laZagorie , félon Curopalate, ciré par Ôrtelius, Thef.
MELN1CK , ville de Bohême , à quatre milles au-
dertbus de Prague , au confluent de l'Elbe ôc du Muldau.
Elle s'appdloit anciennement Bizen , & a eu long-tems
les comtes particuliers, ôc eft enfin tombé dans le do-
maine du roi. Ceft une des villes qui font afilgnées pour
1 entretien & pour le douaire des reines de Bohême. Ceft
par cette raifon que la reine Jeanne , veuve du roi Geor-
ge , grande protectrice des Huffites , y réfidoit &y mou-
rut en i47;.Melnick fut pdfe ôc reprife plufieurs fois
durant la longue guerre de Bohême & d'Allemagne. *
Z.eyler , Bonemia? topogr. p. 47.
MELO petite ville du royaume de Portugal , dans la
Province de Bevra , a une lieue de Linnares , ôc à quatre
de la Guardia. On n'y compte que deux cens cinquante
MEL
habitans , ôc elle n'a pas beaucoup de défenfe. * Cortt.
Dict. Defcr. fummaria del Reyno de Portugal.
MELOCABUS , m
MELOCAVUS, uthcica.voçy ancienne ville de la grande
Germanie , félon Ptolomée. Quelques-uns de fes inter-
prètes croient que ceft Coburg. Cela s'appelle deviner.
MELODA. Voyez. Molada.
MELODUNV M. Voyez. Melun.
MELOESSA , petite ifle fur la côte delà grande Grèce
au pays des Brutiens, vers le golfe d'Esquilache. Ceft
plutôt un écueil qu'une ifle. * Pline ,1. 3. c. 10.
MELON , abbaye d'hommes , ordre de Cîteaux , de
la congrégation de Caftille en Espagne , dans la Galice ,
au diocèfe de Tuy.
1. MELOS, petite ifle de l'Archipel. Le nom moderne
eftMiLo. Voyez, ce mot.
2. MELOS, lieu d'Afie quelque part dans la Carie ,
félon Suidas , qui dit que Termere , château , étoit entre
Halicarnafle ôc Melos.
3. MELOS , ville de Theflalie , ftlon le même Suidas,
qui a pris cela de Thucydide, /. 3. p. 234. Cet auteur
parlant des Meliens , habitans de Melos , les partage en
trois peuples , qu'il nomme Palalii , Hieri ôc Tra-
chinii ; mais il parle de Melos comme d'une ifle , & en
nomme les habitans Melienses. Ortelius, qui , à l'excn>
pie de Suidas , met une ville de Melos en Theflalie, in-
dique le douzième livre de Diodore de Sicile •, mais dans
l'endroit qu'il a en vue , Diodore paile de Mélos, ifle de
l'Archipel. Ortelius dit que Thucydide femble décrire
Melos, ville de Theflalie auprès d'Oropus. Comment
cela fe peut-il î Oropus étoit dans la Béotie fut l'Euripe,
à l'orient d'Aulide. Comment une ville de Theflalie au-
roit-elle pu en être voifine?
4. MELOS , village de Grèce dans l'Acarnanie , félon
Etienne le géographe ôc Thucydide, /. 3. cités par Or-
telius.
j. MELOS. Quelques exemplaires de Pline portoient
Mefo , dans le partage où cet auteur nomme quelques an-
ciennes places de l'Euboée , qui avoient été autrefois cé-
lèbres. De Alefo on avoit fait Melo , ôc Ortelius a dit , fur
cette autorité , qu'il y avoit eu dans l'Enbéc une ancienne
ville que l'on appelloit Melos. On a vu depuis qu'il fal-
loit lire Nefo. Alors il s'agit d'une place bien connue,
puisqu'elle a été nommée par les autres géographes an-
ciens , Ôc qu'elle porte encore le même nom.
6. MELOS , ville fituée à l'extrémité de l'Espagne , au-
près des colonnes d'Hercule, félon Etienne le géogra-
phe , in voce BHA02 , qui la nomme Belos & Melos ,
B«Xoç »<Tê m>7a«. Il prétend que , félon la véritable
origine , cette ville a été nommée des deux manières :
car , ajoute-t'il , les anciens appelloient B»*oY le feuil de
la porte : or Melos ôc Mellaria font deux villes limées
aux extrémités de la terre , ôc leurs noms ont la même
lignification; car il vient d'AVo Tw/uwhay, c'eft-à-dirc
des pommes ; favoir , des pommes d'or qu'Hercule ap-
porta, dit-on , de la Libye. Le fens de tout ceci , c'eft
que la même ville , par rapport à fa fituation , peut être
appellée Belos , mot qui fignifie le feuil de la porte , ou
l'entrée de la maifon , parce qu'elle eft à l'entrée du dé-
troit , quand on vient de l'Océan ; & que par rapporta
Hercule , on peut rappelle! Melos , à caufe des pommes
d'or qu'il apporta de Libye. L'auteur fuppofe que mmà* ,
des pommes , eft l'origine commune du nom de Melos ,
& de celui de Mellaria.
MELOTHI (a), ville d'Afie, dans la Cilicie. lien eft
parlé au liv. de Judith , c. 1. v. 13. Elle fut prife par Ho-
lopherne. D. Calmet foupçonne que c'eft peut-être la
même que Mallos ou Mallus, dans la Cilicie fur le
fleuve Pyrame. Les habitans de Mallos ( Malleu ) fe ré-
voltèrent contre Anriochus Epiphane ( b ) , parce que ce
prince les avoit donnés à une de Ces concubines. Le grec
de Judith ne parle point de Mclothi. (a) D. Calmet ,
Diction, (b \ I. Machab. c. 4. v. 30.
MELOUÉ, ou Melavê, ville de la haute Egypte ,
fur la rive occidentale du Nil, presque vis-à-vis d'An-
fola , qui eft de l'autre côté de ce fleuve , à quatre heures
d'Infine , qui eft l'Antinopolis des anciens. Elle eft fort
jolie , & il y a un grand nombre de Chrétiens Cophtes.
De l'autre côté d'une montagne , qui eft près de cette
ville, il y a beaucoup de monumens antiques: r'le eft
MEL
MEL
a/fez peuplée. Paul Lucas foupçonne que ce font peut-
être lesreftes de la ville de Lycopolis, ou de quelque
autre du voifinage. Le père Van/leb dit que cette ville eft
moderne , que l'ancienne a été fubmergée par le Nil , ôc
que le lieu où elle eft aujourd'hui , étoit une forêt qui
fervoit d'afyle aux voleurs. * Voyage fait en 1714, &c.
tom. 1. pag. 70.
MELPES, rivière de la grande Grèce , auprès du pro-
montoire Falinure , félon Pline , /. 3. c. j. Le nom mo-
derne eft la Mol pa , rivière du royaume de Naples , dans
la principauté citérieure. Voyez. Moipa.
MELPIA , village du Péloponnefe dans I'Arcadie , fé-
lon Paufanias , cité par Ortelius, Thefaur.
MELP1S , nom latin de la rivière de Melfa. Voyez,
ce mot.
MELPUM , ancienne ville d'Italie ,dans l'Infubrie ,
félon Pline, h 3. c. 16. Elle ne fubfiftoit déjà plus de
fon tems , Se il dit que cette ville , qui étoit la plus riche
de toute la contrée , fut détruite par les Ihfubriens , les
Boiens ôc les Senonois , le même jour que Camille prit
la ville de Veïes , fur quoi il cite Cornélius Nepos pour
garant. On foupçonne que c'eft Melzo , bourg du Mi-
lanez» •
MELRICHSTATT , ou MellerstatT , ville d'Al-
lemagne au cercle de Franconie , dans l'évêché de Wurtz-
bourg , fur la rivière de Strat , entre Fladongen, Ofyheim,
Romhild & Hilperhaufen. Cette ville eit le chef-lieu
d'un bailliage, ôc cil renommée dans l'hiftoire par la ba-
taille qui fe donna auprès de fes murs entre l'empereur
Henri IV , ôc Rodrlfe , duc de Souabe , en 16 40. Des
payfans , au nombre de mille hommes , qui s'étoient re-
tirés dans cette ville , y firent une vigoureufe défenfe,
ôc ne fe rendirent au général Banier qu'à la dernière ex-
trémité. Les Suédois , en abandonnant ce lieu , y mirent
le feu ôc le réduifirent en cendres. * Zeyler , Topograp.
Francon.
MELSUS, rivière d'Espagne. Strabon , /. 3. p. 167.
dit qu'elle eft voifine d'un golfe qui fépare l'Afturie de
la Cantabrie. CaJaubon croit que c eft le Mearos , Ms«-
fo( , de Ptolorhée. Ortelius n'eft pas de ce fentiment , ôc
creit que c'eit le Nelos , NaîXa, de cet auteur.
MELTHA,lacde laPaleftine, auprès de Tibériade
Vers le midi , félon Guillaume de Tyr. 11 le nomme plus
bas Melcha. Il y a faute à l'un ou à l'autre, dit Orte-
lius , Tbe/aur.
MELTIN AS. C'eft le nom d'un mauvais petit bien ,
finie dans des montagnes roides ôc d'un accès difficile,
entre d'épaifles forêts. Il en eft parlé dans une lettre de
Paschafin au pape Léon ; mais on ne dit point en quel
pays ce lieu fe trouvoir.
MELULE , grande rivière d'Afrique , au royaume de
Fez. Elle fort du mont Atlas , d'où elle descend entre Te-
zar& Dubudu , ôc fe va rendre dans celle de Mulucan ,
félon Marmol , /. 4.C. 96. Sarifon , dans fa carte particu-
lière du royaume de Fez, nomme cette rivière Mullu-
lus. Il lui donnedeux fources , l'une auprès eje Dubudu ,
ôc l'autre dans la forêt de Selelga ; ôc la faifanr ferpenter
vers le nord , le nord-eft ôc Feft , entre les déferts de Tes-
rata 6V de Terreft , il la fait entrer dans la rivière de Mu-
luya , qui eft le /lumen Ma/va des anciens, qui féparoit
les deux Mauriranies, la Tingitane ôc la Céfarienfe. Leur
confluent eft un peu au-deflbus d'Haddagia.
MELUN , ville de France , dans le Hurepoix, aux coh-
fins du Gatinois , fur la Seine, à dix lieues au-defliisde
Paris, & à quatre au-deftous de Fontainebleau. Elle eft
fort ancienne , ôc fi on en veut croire les habitans , elle a
fervi de modèle pour bâtir celle de Paris. Ce qu'il y a
de confiant, c'eft que la figure ôc la fituation de ces deux
villes font parfaitement femblables. La rivière de Seine y
forme une ifle , ôc coupe la ville en trois parties , l'une du
côté de la Brie , qui eft la ville , celle de l'ifle , qui eft la
cité , ÔC celle qui eft du côté du Gatinois. Quelques-uns
ont cru y trouver les débris d'un ancien temple d'Ifis ,
fur le bord de l'ifle , à côté de l'églife de Notre-Dame ,
mais ces débris font d'un bâtiment des chanoines , dont
on voit que l'antiquité ne remonte pas au-delà du roi Ro-
bert. C'eft un bâtiment dont il ne refte plus que les quatre
murailles ; fa forme eft un carré - long. L'églife de Nc-
tre-Dame eft dans l'ifle , Ôc eft collégiale ; celle de faint
Etienne eft paroiffiale. S. Aspais eft une aûez belle églife
10$
paroîiïîale, fituée auffi dans l'ifle. Elle a pris fon nom d'un
archevêque d'Auch , mort en ce lieu l'an j 36 , au retour
du concile d'Orléans. La partie de Melun qui eft du côté
du Gatinois , eft de la paroiilè de faint Amb'roife , 6c toute
remplie d'hôtelleries , à caufe du grand pafl'age ôc de l'a-
bord des coches d'eau. Les couvens des Carmes , des Cor-
dcliers , ôc de l'abbaye de faint Pierre , font dans le faux-
bourg.
La ville de Melun a été affiégée ôc prife pîufieurs fois
par les Anglois & par le duc de Bourgogne. Les Anglois
la prirent par famine en 1419; ils la gaiderent pendant
dix ans * mais en 1429 , les habitans les en chaflerent, ôc
y reçurent les troupes du roi Châles VII, lequel par re-
connoiflànce leur accorda pîufieurs beaux privilèges par
lettres patentes du dernier de Février de l'an 143 2. * Pi*
ganml delà Forte , Defcr.de la France , t. 3. p. 1 1 1.
Il y a à Melun deux ponts de pierres de huit arches
chacun. Le Font aux Moulins eft ie plus grand pafl'age s
le peu d'ouverture ôc d'élévation de fes arches le rendent
peu commode. Le fécond , appelle le Vont au Fruit. Me-
lun , dit l'abbé de Longuerue , De fer. de la F, ance , 1. p.
pag. 28. eft dans 1 ancien territoire des Senonois: aufli
eft-elle encore du diocèfe de Sens. La vieille ville eft dans
une ifle , ôc eft jointe aux deux nouvelles par des ponts.
L'ancien nom de cette ville eft Meiodunum , quoiqu'elle
foit nommée Metiosedum dans tous les exemplaires que
nous avons des commentaires de Céfar. Le traducteur
de la guerre des Gaules avoir lu Meiodunum , il l'a mie
dans fa traduction. Cette place, dont il eft fait mention
au feptiéme livre de la guerre des Gaules , ôc qui étoit
fituée au-deflus de Paris , dans une ifle de la Seine & dans.
le territoire de Sens, ne peut être autre que Melun : Me-
tiofedum oppidum Senonurn iti infula Sequana pofuum . ÔC
ne peut être Coibeil , qui eft oppidum Pariftorum , ôc non
pas Senonurn. D'ailleurs cette place , appellée Metiofe-
dum , doit néceflairement être mife au-deflus de Paris ,
puisque Labienus conduifit les troupes de Metiofedum à
Paris , en descendant la rivière , fecundo flumine transi
ducit.
Sanfon , pourfuit Longuerue, a eu tort de prendre ,
dans fa géographie des Gaules, Metiofedum pour Meu-
don , qui eft au-deflbus de Paris , ôc n'eft pas placé dans
une ifle de la Seine , ôc dont l'ancien nom fé trouve dans
Ls vieux titres Medo. L'abbé de Longuerue fe trompe ici
en quelque chofe ; car il n'y a que fort peu de manuferits
où Melun foit toujours nommé Metiofedum. Voyez les
obfervations de Lebceuf , dans fon recueil de divers
écrits, 1738 , t. 1. p. 168.
Melun étoit la patrie de Jacques Amior , fameux par
fon efprit , par fon favoir ôc par Ces traductions.
Il y a à Melun un bailliage ôc fiége préfidial , une pré-
vôté , une élection , un grenier à fel & une mâréchaus-
fée. Le bailliage ôc fiége préfidial eft régi par une coutu-
me particulière , appellée la coutume de Melun , qui fut
rédigée en 1560. Il eft compofé de vingt-cinq officiers,
compris les chefs. Le commerce de Melun fe fait en bleds,
farines, vins ôc fromages , qu'on vend à des marchands
des environs, ou qu'on transporte à Paris par la rivière
de Seine. Melun a fon gouverneur particulier , & un pré-
vôt général avec un lieutenant, un aflefleur , un procu-
reur du roi ôc un greffier. * Piganiol de la Force , Defcr.
de la France , t. 3. p. 11 3.
MELUS,en grec utxQc, forterefle d'Afie vers l'Ar-
ménie , félon Curopalate , cité par Ortelius, Thejaur.
MELUSSA , ta»AsW« , ifle voifine de l'Ibérie , félon
Etienne le géographe, qui cite Hécatee , Ortelii Thef.
MELUTO , bourgade d'Italie , au royaume de Na*
pies dans la Calabre citérieure. Quelques uns y cherchent
Temeza , ville desBrutiens. Vuyez. Temeza.
MELUYA( La), rivière d'Afrique, au. royaume de
Fez. Elle tire fon nom d'une montagne de même nom ,
qui fait partie du grand Atlas. Cette montagne eft fort
haute : on y trouve quantité de pins ôc de fapins , que les
barbares transportent aux villes pour fervir à conftruire
des maifons ; c'eft-là leur principal revenu. Il faurneceflat-
rement pâfler les montagnes de Meluya , pour aller dô
Fez à Tafilet. Il y a quantité de lions , de tigres de fan-
gliers ôc de loups dans les forêts d'Azerot , de Safaron ÔC
de Beniazega. Mouette décrit , dans fon hiftoire du
ioyaume de Maroc , la manière donc on prend les lions.
206
MEM
MEM
Pour ce qui eft de la rivière de Meluye, quelques-uns
la nomment Mulvya Se Muxvia , fon nom latin eft
Malva. De même, qu'elle féparoit à fon embouchure
les deux Mauriranies , Céfarienfe & Tingicane j de mê-
me elle fépare aujourd'hui les royaumes de Fez Se d'Al-
ger. Voyez. Muluya.
MELZITANUM OPPIDUM , ville de l'Afrique pro-
prement dite , félon Pline , /. j.<r. 4. C'eft la même ville
queMELDiTA. Voyez.cc mor.
MELZO , bourg d'Italie au Milanez , fur le ruiffeau
de Melgoba .entre Lodi & Monza, à quatre lieues de
Milan. On foupçonne qu'il tient lieu de Melpum. Voyez.
ce mot. * Corn. Diér.
MEMAC, province d'Afie au Capschac. Elle cil li-
mitrophe à celle de Serai : Se par conféquent aux envi-
rons du Volga. Cette province avoit fon prince particu-
lier , comme il paroît par l'hiftoire de Timurbec. /. 3.
ch. 12. »
MEMACENI , ancien peuple guerrier Se brave de
l'Afie. C'étoit une nation puilfante , quelque paît au voi
finage de la Perfe. Quinte-Curfe , /. 7. c. 6. dit qu'Ale-
xandre prit , faccagea & détruifre leur ville jusqu'aux fon-
demens. Quelques exemplaires portent Mumaceni.
MEMARMAL1S. Orofe donne ce nom, comme par-
ticulier , a une partie du mont Taurus. * Oritln Thef.
MEMASUM. Voyez. Biliga.
MEMBLES , rivière d'Iralie , félon Lycophron,
MEMBL1AROS , ifle de la Méditetranée dans la mer
de Crète, auprès des ifles Thera Se Anaphe. Etienne le
géographe la nomme Bliaros. Ortelii Thefaur.
MEMBL1S. Voyez. Melos.
MEMBLOSITANUS . Memblositensis , Membro
sitanus Se Membressitanus. Dans la conféience de
Canhage , on voir deux éveques Catholiques , l'un qua-
hhcp.tbis Mcmbreffuanx episcopus ; l'autre, plcbis Msm-
falofitans, ep'ncopus. Le premier eft Gennadius, à qui Re-
ftitutus etoit oppofé , & le fécond Theafius , qui n'avoit
point d'adverfa:re. La notice des évêchés d'Afrique écrie
Membro fu anus ou Membrefitanus , comme porte le ma-
nuferit d'Haller , Se en fait un évêché de la province pro-
confulaire. Parce que , dit l'anonyme de Ravenne , on
doit conclure qu'il cïï queftion de deux évêchés diftincts.
Dans le livre troifieme, il met Membrisca au nombre
des villes de la province proconfulaire, & dans le même
livre , il fait mention d'une autre ville qu'il nomme Mem-
8ro La table de Peutinger connoît Aîembriffa Se Mcm-
brio. La première elfc certainement une ville de la pro-
vince proconfulaire j Procope la place à trois cens cin-
quante ftades de Carthage , Se parmi les villes qui appar-
tiennent à cette province. De plus le nom de Victor , épis-
çopus ecclefiA Membreffitana , fe trouve parmi les figna-
tures dans une lettre des éveques de la province procon-
fulaire. Lucius à Membreffa ailifta au concile de Car-
thage fous S. Cyprien , Se Paschafius MembreJJitanus fe
trouva au concile de Carthage fous Boniface. A l'égard
de Membros a , comme écrit la notice des éveques d'A-
frique , ouMemblosa , comme porte la conférence de
Carthage , ou Memlo , ou Membro , comme lit l'iti-
néraire d'Antonin : elle appartenoit aufîi à la province
proconfulaire , quoique l'anonyme de Ravenne place
Membro au nombre des villes de la Numidie.
MEMBRESA 1 T, ,.
MEMBRO J yez- Memblositanus«
MEMEL. Voyez. Memmel.
MEMERS. Voycz.MAJAi.TKS.
MEMIGERNA-FURDENSIS. Voyez Mimidonen-
SIS.
MEMINI , peuple de la Gaule Narbonoife. Pline , /.
5. c. 4. donne ce nom aux habitans de la ville & du ter-
ritoire de Cavpentras ; Ptolomée, /. 2. c. 10. les nomme
MEMMA , ifle dont Jornandes donne la deferiprion.
Guillaume Cambden dit que c'eft la Chcrfonnèfe de Tille
d'Albion , appellée aujourd'hui Meneg. Voyez. Mona.
* Ortelii Thefaur.
i.MEMMEL. Les Allemans appellent ainfi la rivière de
Niémen. Voyez, ce mor.
2. MEMMEL , Memelia , ville & fonereffe du royau-
me de Pruffe , appellée dans le pays Cloupede. L'une &
l'autre font placées à la pointe la plus feptentrionale du
Curisch-haff, Se a l'on encrée dans la mer Baltique. Cette
ville , qui avoit été bâtie en i2;o , fut dépendante de la
Livonie jusqu'en 13 28, que les chevaliers établis en Li-
vonie , la donnèrent à ceux de Pruffe , desquels elle a
paIVé aux ducs de Pruffe, Se éle&eurs de Brandebourg.
Les Suédois y ont fait quelque féjour. Adam Olcarius
rapporte , dans fon voyage oriental, qu'ils y étoient en-
core Tan 163 j , Se qu'ils avoient une bonne garnifon
dans le fort à quatre battions. Quoiqu'elle ait fore foiiffert
par les guerres , elle a encore été plus endommagée par
des accidens. Un incendie la ruina tellement en 1540,
qu'il n'en reita pour lors que fix maifons. * Ztyler , lruff.
Topogr.
MEMiMINGEN, ville d'Allemagne , dans l'Algcw »
qui fait partie de la Soi abc. Elle eit du nombre des
villes impériales, & fournit .pour fon mois romain qua-
tre cavaliers Se cinquante fantaflins , ou deux cens qua-
rante-huit floiins. un prétend que Ion nom , qui paroît
êere l'abrégé du mat Mannménge , lui eit venu de la
quantité de les habitans. tlie eh iitaée à fix lieues d'UIm ,
Se à dix d'Augsbourg , dans une plaine très fertile Se très-
agréable. Son enceinte n'eit guère moindre que celle
d'Ulm. Les marions y font fort proprement bâties , &
les rues y lont toujours entrerem.es dans une grande net-
teté. Sun confeiî de régence eft pris d'un certain nombre
des plus anciennes familles du lieu , qui profeffenc la re-
ligion Luthérienne. Cette ville peur, en vertu d'un pri-
vilège impérial , accordé en 1471 , donner afyle à ceux
qui font mis au ban de l'Empire. On y fait de très-bon
papier , de la toile Se quelques écoties , qui rendent fou
commerce allez floriffant. 11 y a encore quelques couvens
de l'un & de l'autre fexe. Les Luthériens en ont les deux
principales égiiles, qui lont celles de faim Martin Se de
Notre-Dame , avec un fort beau coliége. La ville a deux
hôpitaux au-dedans de, fon enceinte, & hors des murs
deux autres, qui fone principalemenc pour les peftiféiés
Se aunes fortes de malades qu'il convient d'éloigner des
villes. Il y a àuffi une Charrreufe fort près des murs , qui
porte le nom de Buchsheim. Avant que Memmingen fût
ville impériale , elle a appartenu aux comtes de Hergow ,
aux Guelphes Se aux Bavarois. En 1634, elle fur prife
par les Suédois , Se fut fujette àdiverlcs viciffitucks. *
Zcyler , Topogr. Suevia?.
MEMNIUM , ou Mennium. Quinte Ctirfe , /. j. cl
I. fait entendre que c'étoit une ville d'Afiyrie. 11 ajoute
qu'on y voyoic dans une caverne la fameufe fontaine ,
qui jettoic le bitume en fi grande quantité , qu'on tenoic
que les murs de Babylone , Tune des merveilles du mon-
de , avoient été bâtis avec ce ciment. Modius , au lieu
de Memnium , lit Memnis. Orrelius , Thefaur. croit qu'il
fauc lire Mernnonium , Se Vaugelas traduit Memnis.
MEMNOM. Comme ce mot eft écrit en lettres capi-
tales dans quelques exemplaires de Ptolomée , Ortelius
a cru que c'étoit le nom d'un canton , ou Nôme , où étoit
le palais du roi Memnon avec fa ftatue. Il rapporte di-
vers témoignages pour confirmer fon fenriment ; mais
ces témoignages ne difenr autre chofe , finon qu'il y avoic
un palais royal à Abydus Se àThcbes , Se dans eette der-
nière ville une ftatue mervcilleufc. Diodore de Sicile ,/. 2.
c. 22. à la vérité nous apprend que dans 1 Egypte Se aux
confins de l'Ethiopie il y avoit de vieux palais , qu'on ap-
pclloit Memnonia ; mais on n'en peut pas conclure que
le Memnon , que Ptolomée place après la ville deTen-
tyrafûtun Nome: ce n'étoit qu'un lieu dépendane du
Nôme de Tentyre , de même que le village de Tathyris.
Strabon , /. 17. p. 8 1 6. qui appelle ce lieu Mernnonium ,
achevé de lever la difficulté , en parlant de la ville de
Thebes, qui étoir autrefois extrêmement grande: Aujour-
d'hui , dit il , elle eft partagée en villages , dont une par-
tie fe trouve dans l'Arabie. . . . l'autre au-delà du fleuve ;
Se c'eft là qu'on voie Mernnonium. Ce géographe ajoute
qu'il y avoit eu deux coloffes , qui furent mis en pièces ,
ou par un tremblement de terre , ou par Cambyfc. *
Cellar. Geogr. ant. 1. 4. c. 1.
MEMNONES. peuples d'Ethiopie fous l'Egypte , fé-
lon Ptolomée, /. 4. c. 8. qui , de même qu'Agarhamerus,
geogr. I. 2. c. c. les place près de Méroé. Pline & Etienne
le géographe connoiffent auffi ces peuples. Ortelius ,
Thefaur. foupçonne que ce font eux que Sidonius Apol-
linaris appelle Memnones Indos.
MEN
MEN
MEMNONII MURI. Paufanias , /. 4. c. 3 1. dit qu'il
n'a jamais vu ces murs , qui croient à Suze en Perfe , Se
que perfonne ne lui avoir pu dire comment ils étoient
faits.
MEMNONIS PAGUS , bourgade de la Troade : Stra-
bon, /. 13. p. j$7. la met au voiiinage du fleuve /£fa-
pus.
1. MEMNONIS SEPULCRUM , ce lieu , félon Stra-
bon , étoit dans la Troade , fur une colline de même
nom au-deflus du fleuve ^Efapus.
2. MEMNONIS SEPULCRUM. Jofeph. B ell. Jud.
I. 2. c. 9. place ce lieu dans la Phénicie , auprès du fleuve
Belus.
MEMNONIS TUMULUS. Voyez. Memnonis se-
PULCRUM.
MEMNONIA. VoyezSvzE 8c Leophora.
MEMNONIUM. C'étoit le nom de la forterefle de
Suze dans la Perfc , félon Strabon , /. 15. p. 728. Voyez.
Memnon. ^
MEMORLE FLUVIUS. Il y a, dit Pline, /. 31. c.
1. dans la Béotie , ptès du temple du dieu Traphonius ,
&au voifinage du fleuve Orchomenus > deux fontaines ,
dont l'une donne la mémoire , l'autre l'oubli , 8c elles
tirent leur nom de ces propriétés. Celle qui donnoit la
mémoire , s'appelloit Mr^oa-tW , Mnemofynes , celle
qui donnoit l'oubli , fe nommoit AnÔK , Letbé.
MEMPHIS , ville d'Egypte à quinze milles au-deffus
de la féparation du Nil , ou du commencement du Del-
ta , fur la rive gauche de ce fleuve, 8c la capitale du No-
me auquel elle donnoit fon nom. Cette ville , nommée
en hébreu Noph ou Moph , ou Migdol & Menuf par-
les Egyptiens , étoient anciennement très-célèbres (a).
Amfus , la première ville royale d'Egypte , ayant été dé-
truite par les eaux du déluge , félon le témoignage de
Macrifi , les descendans de Noé bâtirent Menuf ou
Memphis , qui fut le fiége des rois Coptes , jusqu'à ce
que Nabuchodonofor l'eût ruinée. Les prophètes ( b )
parlent fouvent de Memphis. Ils prédifent les malheurs
qu'elle fouffrit de la part des rois de Chaldée 8c de Perfe ;
& ils menacent les Ifra'élites , qui fe retirent en Egypte ,
ou qui ont recours aux Egyptiens , de les faire périr dans
ce pays. Ezéchiel dit que le Seigneur fera périr les idoles
de Memphis. Memphis fut rétablie après que Nabucho-
donofor l'eut ruinée -, car du tems de Strabon elle étoit
grande , peuplée , 8c la féconde ville d'Egypte après
Alexandrie.
Onvoyoitdans Memphis plnfieurs temples magnifi-
ques, entr'autres celui d'Apis, qui étoit honoré d'une ma-
nière particuliete (c). On croit en Egypte que Gize eft
bâtie fur les ruines de l'ancienne Memphis ■■, mais ce n'eft
que parce que cette ancienne ville étoit bâtie fur les bords
du Nil du côté des pyramides , comme l'eft aujourd'hui
la ville de Gize. On n'y trouve aucun monument antique,
qui autorife cette opinion , 8c Gize eft fans doute une
ville très-moderne , en comparaifon de l'ancienne Mem-
phis. (a) Le P. Vansleb , Relation d'Egypte , p. 10. ( b )
If aïe , 29'. i^.Jérém. 44. 1. 46. 14. 19. Ofée> 9. 6. Ez,ech.
30.13. 16. (c ) L^tfi , Voyage de la bafle Egypte, i.4.
pag. jij.
MEMPHITIS , Nome ou canton d'Egypte , au-deflus
du Delta , à l'occident du Nil, 8c qui prenoit fon nom
de celui de Memphis , fa capitale , félon Ptolomée , l^.
cap. y.
MEMPISCUS PAGUS. Quelques-uns prennent ce
canton pour la Flandre 8c le nomment Menapiscus
Pagus ; mais les capkuLiires de Charlemagne de l'édi-
tion de Baluze gardent la première orthographe , 8c
femblent infinuer que le Mcmpifcus Pagus 8c Flandri
ctoient des territoires différens. En effet , dans le règle-
ment que fit Louis le Débonnaire , par rapport aux
conjurations que faifoient les ferfs , on lit ces mots:
Capitular. I. 4. §. 7. De cenjurationibus fervorum qu<s
fiunt in Flandris & in Mempifco & in c&terls Maritimis
locis .'Voyez. Menapiscus Pagus.
MEMSIDOS , ou Mensidos , la notice du Patriarchat
de Jérufalem marque un évêché de ce nom 5 fous la
métropole Rabba Moabitis.
MEN , lieu maritime dans la Sarmatie Afiatique pro-
che de Phanagoria, à ce qu'il paroït par l'hiftoire Miscelia-
née. * Ortelïi Thefaur,
207
MENABUS ou Menabos. On trouve ce mot dans
quelques exemplaires de h Pharfale deLucain, l. i.v*
440. D'autres écrivent Genabos ou Genabum ; 8c d'autres
enfin ne connoiffenr pas le vers en queflion. Aufli y
a-t-il apparence qu'il doit être retranché de la pharlale
n'étant guère latin. Le voici :
Inclyta Cafareis Ganebos diffolvitur alis
Menabos
MEN^£, ville de Sicile, félon Ptolomée , /. 3 . c. 4.
qui la place dans les terres, entre Neetum 8c Pacwrus*
Fazel la nomme M'meo, 8c Niger , Calatagïrone. Diodore
de Sicile écrit Menaenon 8c Menaeon , 8c Cicéron , in
Verrem , appelle les habitans Meneniï. Voyez. Ne^e. i.
MENAIS, fontaine de Sicile chez les Leomini. Otte»
lius , Thejaur. qui cite Vibius , dit que les habitans du
voifinage craignoient de jurer par les eaux de cette
fontaine.
MENALA , contrée de l'Egypte , félon Martianus
Capella , Ortelius croit qu'on pourroit lire Menelaïtes,
au lieu de Melana , item , que portent les exemplaires
imprimés.
MENAM. Quoique ce nom fignifie une rivière en
général, nous l'employons pour fignifier la principale
des trois rivières qui traverfent le royaume de Siam,
ôc en baigne la capitale. A fon embouchure , qui efl
dans le golfe de Siam , elle a une lieue de large , plus
haut a un quart , 8c par tout au-deflus ptès de deux cens
pas : fon lit eft profond 8c aflez égal ; elle porte , depuis
fon embouchure , jusqu'à la ville capitale, qui en eft
diflante d'environ trente lieues , des vaifleaux de trois
à quatre cens tonneaux. Pour monter cette rivière , il
faut que les vaifleaux attendent la marée, afin d'éviter
des bancs de vafe où ils pou noient échouer , quand la
mer eft baffe. Comme les bords en font profonds , elle
eft commode pour les marchands qui mouillent l'ancre
aux pieds des murailles de cette ville , 8c font un pont
de leurs vaifleaux pour décharger fur fes quais leurs
marchandifes. Elle forme , en ferpentant , de petites ifles
fort agréables , 8c elle fe divife infenfiblemenr dans le
plat pays en tant de petits bras différens , que fi on n'a
le fecret de ce labyrinthe , on eft en danger de s'y perdre.
En effet , ceux qui par les ordres du roi fe font employés
autrefois à la recherche de fa fource , qui eft encore
inconnue, après avoir fait beaucoup de chetàin , pour
tâcher de la découvrir , ont été bien étonnés de fe re-
trouver à peu près dans le même pays d'où ils étoient
partis.
Quelques-uns croient que cette rivière eu un bras
de l'Inde , d'autres qu'elle coule des montagnes voifines
de la Chine 8c du Laos -, il y a plus d'apparence qu'elle
vient d'un grand lac qu'on découvrit, il y a quelques
années, dans le Laos. L'eau de cette rivière eft extrême-
ment claire , légère 8c très-bonne à boire : pendant
les pluies elle devient un peu trouble, 8c alors elle
caufe des dyffenteries , fi l'on n'a foin, pour s'en garantir ,
de la laiffer repofer.
Au reitte , cette rivière eft fort poiffonneufe , quoi-
qu'on n'y voye pas tant de différentes efpéces de poiflbns
que dans les nôtres ■■, la plus commune eft celle que
les Européens appellent Caboche: ce poiffon eft long
d'un pied & demi , 8c gros de dix ou douze pouces ; il
a la tête un peu plate âc presque carrée ; il s'en trouve de
deux fortes , l'un gris cendré & l'autre noir , qui elt
le meilleur j pour le garder long-tems, on le fait fé-
cher au foleil -, 8c on en fait à Siam un grand trafic.
Les Hollandois , qui l'aiment plus que les autres , en
envoient chercher de Batavia, & il leur tient lieu de
jambon de Mayence. Tous les poiffons de cette rivière
n'ont presque rien de femblable aux nôtres ; mais ceux
qui , comme moi , en ont mangé , ne peuvent disconvenir
qu'ils ne foient d'un meilleur goût.
Dans les endroits les moins fréquentés de cette rivière,
on rencontre aflez fouvent des crocodiles , qui font égale-
ment la guerre aux hommes & aux poiffons : comme
les Siamois ne peuvent , fans beaucoup de peine, fe paffec
de fe baigner fouvent, il n'y a guère d'années que quel-
que malheureux ne fe trouve dévoré par ces monflres ;
pour s'en défendre, ils entourent d'unehaie faite de leurs
2.0 8
MEN
MEN
cannes , l'endroit où ils ont deiTein de fe laver.
Il y a encore dans ce fleuve un petit poiffon fort
dangereux , qui a quelque chofe du crapeau ; fi par hazard
ou par curiofité on lui bat le ventre , il s'enfle Ôc devient
dur comme une pierre. Il fe défend opiniâtrement quand
on l'attaque , ôc coupe avec fes nageoires comme avec
un rafoir tout ce qu'il peut attraper. Il y a deux ans
que plufieurs perfonnes moururent fubitement pour avoir
été piquées, quelques-uns difent feulement touchées ,
par de petits infectes que ce même fleuve produit quel-
quefois. Je n'en ai point vu. Les6bords de ce fleuve font
fort peuplés , ôc ce feroit un fejour délicieux , fi l'on
n'éroit fans cefle tourmenté par les coufins, depuis le
coucher du foleil jusqu'à fon lever. Ces animaux s'atta-
chent aux Européens, par préférence aux naturels du pays.
Il n'y a point d'étoffe pliée en trois ou en quatre doubles
qu'ils ne percent avec leurs petites trompes , ôc ils ne eau-
fent guère moins d'importunité par le bruit qu'ils font ,
que de douleur par leur piquure. On ne peut s'en dé-
fendre qu'en faifant de la fumée , ou en fc cachant tout
le corps fous un tour de lit de Moufieline, fans quoi
il ne feroit pas poiîible ni de manger ni de dormir ;
ils ne font nulle part plus incommodes qu'aux royaumes
de Siam ôc de Camboye. A Camboye on expofe à ces
infectes les criminels qu'on attache à un arbre par les
mains & par les pieds: ils ne peuvent pas, dit on,
réfilter plus d'une nuit à la cruauté de ce tourment ,
& le matin on les trouve morts, meurtris & enflés de tous
côtés. * Gervaife1 Hift. de Siam, p. 7.C. 2.
MENAMBIS, ville de l'Arabie Heureufe.Ptolomée,
/. 6. c. 7. lui donne le titre de ville royale , ôc la met
entre Sabe Ôc Thabba. Les interprètes de ce géographe
écrivent Manambis.
MEN AN . nom de deux ïfles d'Afrique , félon Ptolo-
ttîée , /. 4. c. 8. qui les place dans la mer Hippade.
MENANIMI , peuples de Sicile. Pline , /. 3. c. 8. en
fiit mention. Sur des médailles grecques , apud Pariuarn.
on ht MENANINQN, & MHNANiNnN. Cicéron , j. Verr.
102. dit Mènent : c'efi aujourd'hui Meno.
1. MENANCABO ou Manincabo, royaume des
Indes fur la côte occidentale de l'ifie de Sumatra, &
au nord du royaume d'Andripoura ou Indapura. Sa capi-
tale lui donne fon nom. + De l'ifle , Atlas.
2. MENANCABO ou Manincabo, ville des Indes
dans l'ifle de Sumatra , & la capitale du royaume de
même nom. C'efi: dans cette ville que fe font les meilleurs
crifTes ou poignards \ arme dont les habitans de Java ,
les Malaies & presque tous les peuples des Indes font
grand cas , ôc fur laquelle ils fondent leur bravoure. *
Voyage des Hollandois aux Indes Orient, p. 276.
1. MENAPIA, ville de la Bactriane , félon Ptolo-
mée , /. 6. c. 1 2. Ammien Marcellin lit Menapila.* Orte-
lii Thef.
2. MENAPIA. Le Sextus Aurelius Victor, que nous
a donné Schottus , fait Ceraufius citoyen de Menapia.
Ortelius dit qu'il ne connoît point cette ville ; il foup-
çonne que cet endroit eft corrommpu , ôc qu'au lieu
de Menapia , il falloit lire Manapia. Voyez, ce mot.
MENAPII , peuples de la Gaule Belgique. Du tems
de Céfar , Bell. G ail. I. 4. c. 4. ils avoient des terres , des
maifoHS Ôc des bourgades fur l'une & l'autre rive du
Rhin. Ils s'étendoient aufïï entre la Meufe & l'Escaut ;
car Céfar , /. 2. c. 4. & Dion Caflius , /. 3 9 . p. 3 . de Cœfare.
les joignent avec les Marini. Ce dernier ajoute qu'ils
navoient point de villes, mais feulement des chaumières
pour habitations. Les Menapii, dit Sanfon, Rtmarq.
fur la c me de l'ancienne Gaule, occupoient la partie la
plus méridionale de l'ancien diocèfe d'Utrecht , ôc les
pays où ont été établis en 1559. les évêchés de Middel-
bourg en Zélande, Anvers & Bofleduc en Brabant ;
Riuemonde en Gueldres, & le duché de Cléves fur l'un
êc l'autre côté du Rhin.
MENAPILA. Voyez. Menapia , «°. 1.
MENAPISCUS PAGUS. Ortelius , Tbefaur. après
Divarus, dit qu'il eft fait mention de ce canton dans
les archives des monafteres de Gand, & dans les capitu-
lâmes de Charlemagne recueillis par le moine Anfegife.
C'efi aujourd'hui le comté de Flandre , félon le même'
Divams , ôc la Flandre , félon Meyer. Au lieu de Mena-
piscus , Baluze lit Mempissus. Voyez ce mot.
MENAPOÛR, ville des Indes aux états du Mogol ,
dans la Province de Becar , félon Thevenot , p. 183.
MENAR1CUM , ville de la Gaule Belgique. L'itiné-
raire d'Antonin la met fur la route de Caltellum à Colo-
gne , à onze milles de la première de ces villes , ôc à dix-
neuf milles de la féconde. On croit que c'efi aujourd hui
Mergen , en françois Merville , ville de Flandre fur la
Lys.
1. MENAT, abbaye d'hommes en France , de l'ordre
de faint Benoît , dans la bafle Auvergne , au diocèfe ôc à
fept lieues de Clermont, vers le nord fur la rivière de
Sioulle , aux confins du Bourbonnois. Elle fut fondée par
faint Menelée , ou Menelay , fon premier abbé , dis-
ciple d'Odon , abbé de faint Chaffre , qui vivoit du tems
de la reine Brunehaut , laquelle dota richement ce mo-
naflere. Louis le Débonnaire la rétablit, ôc fon églife
fut dédiée fous le nom de faint Martin par faint Bonet ,
évéque de Clermont. La menfe abbatiale eft de quinze
mille livres. * Piganiol , Defc. de la France, t. 6. p. 28p.
2. MENAT, eu latin Menatum, ou Manatum , boui-
gade de France, dans l'Auvergne, aux confins du Bour-
bonnois , élection de Gannat. Ce lieu eft fitué dans la
montagne de Nuit , fur la rivière de Sioulle , moitié co-
teaux ôc rochers , ôc moitié vallons. Le tenoir y eft bon ,
il y a une belle prairie qui appartient au Seigneur. L'ab-
baye eft ancienne, puisque Grégoire de Tours , de vita.
Tatr. c. 12. en parle. Voyez, Menât i,
1. MENAY , rivière, ou plùrôt détroit d'Angleterre.
11 fépare l'ifle d'Anglefey , ou de Mone , du comté de
Caeïnarvan. 11 eft finie à peu près nord eft ôc fud-oueft
ôc communique de chaque côté à la mer d'Irlande. C'eil
le Tœfobius de Ptolomée. * Blaeu , Atlas.
2. MENAY , ou Meney Hundred , petit canton
d'Angleterre, dans l'eglife d'Anglefey, ou de Mone; il
en occupe la partie la plus méridionale.
MENBIGZ, nom moderne que l'on a donné à Hierapo-
lis ville de Syrie que la notice de Jerufalem met dans
l'Euphratenfe. Le nom de Membigz a été formé de celai
de Menba ou Manba, que les Orientaux lui avoient
donné. Cette ville qui a été épiscopale n'eft plus aujour-
d'hui qu'un village , à deux journées d'Akp ôc à une
journée de l'Euphrate. Voyez. Heraple 1. * Baudrand*
Dict. édit. 1682.
MENAVIA. Voyez, Mon^eda,
MENCHECA, montagne d'Afrique, fort élevée Se
fort rude , ôc du reflbrt de Tezar. Elle eft dans la provin-
de Cuzt, royaume de Fez, & a d'épaifies ôc grandes
forêts, dont les arbres font fort hauts. Ses habitans
font Béréberes Zenetes, qui parleur valeur maintiennent
leur liberté , ôc ont toujours guerre avec les rois de Fez ,
à qui ils ne payent aucun tribut. II y a peu de terres la-
bourables fur cette montagne ; mais quantité de vignes
ôc d'oliviers , avec quelques héritages , qu'on arrofe par
des rigoles , ôc qui rapportent beaucoup de lin. De-là
vient qu'ils font tifierans pour la plupart. Elle eft plus
froide que les autres montagnes du même pays , ôc le
peuple y eft plus blanc. Il y a quarante gros villages , mais
fans clôture , qui fourniflent fept mille hommes de com-
bat, parmi lesquels font quelques fufiliers ôc quelques
gens de cheval. Ils ont ce privilège des rois de Fez, qu'on
ne peut aller chez eux prendre un prifonnier. * Marmot,
Defcr. de l'Afrique.
MENCIO , ou Mincius , rivière d'Italie en Lom-
bardie ; elle fort du lac de Garda, d'où elle tire fon ori-
gine , parte à Peschiera , baigne Mouzanbano , Goito ,
forme le lac de Mantoue , &, en tirant au levant d'été ,
fe jette dans le Pô , près de Sachetta. Voyez, Mincius.
* Du Lignon.
MENCOUL-YEILAC , lieu frais en Géorgie , pro-
pre à paner l'été. * Hift. de Timur-Bec, l $. c. 12.
MENDA , ville de Grèce, félon Ortelius, Thefaur.
qui cite Polyenus : Peut-être , ajoute-t il > Menda eft-il
mis pourMendusî Voyez, Myndus.
MENDyE , ville de Sicile , auprès des lacs Fatici, fé-
lon Etienne le géographe , qui cite Apollodore. Il y en a
qui prétendent qu'au lieu de Mendie , il faut lire Men^€.
MENDAEI , peuples de la Thrace. Paufanias , /. j. c,
27. dit qu'ils étoient originaires de Grèce , entr'autres
de l'ionie. Leur ville s'appçlloit Menda. Etienne le géo-
graphe ajoute qu'elle tiroit fon nom de celui d'une femme
nommée
MEN
MEN
nommée Mende , & qu'Apollodore , au lieu de Menda ,j
écrivoit Mendin.
MENDE , ville de France , dans le Languedoc , la ca-
pitale du Gevaudan , Se le fiége d'un évêque, dont les
prédéceffeurs étoient feigneurs hauts- juiticiers delà ville,
il y a environ cinq cens ans , Se jouiffoient même du droit
de régale , Se de celui de battre monnoie j ce qu'ils ne
prétendoienc tenir que du roi de France. Grégoire de
Tours dit que Memmate , ou Mende, étoic une monta-
gne dans laqutlL il y avoit une caverne , où S. Privât,
évêque des Cabales , fe retira , lorsque des Barbares qui
avoient un roi , nommé Crocus , ravageoient les Gaules.
Le peuple s'éroit retiré dans le château de Crédon , qui
étoit alors très fort, Se qu'on appelle aujourd'hui Greze,
comme l'affûte Catelen les mémoires. Saint Privât ayant
été manyrifé dans ce lieu , où il y avoit un petit bourg ;
li d-votion qu'on eut pour lui y attira un grand con-
cours dépeuple : le bourg, appelle Vicus Mimatenfls ,
devint une ville , où l'on établit un fiége épiscopal. *
Lonçiterne , Dcfcript. de la France , i. part. p. 264.
Onpaffe à Mende la rivière de Lot fur deux ponts ,
auprès de l'un desqueL eil le couvent des Capucins. La
ville elt petite , cS: fa forme triangulaire la fait reffembler
allez à la figure d'un cœur. Elle elt très-peuplée, fale ,
m ,1 - propre Se étouffée. Les fontaines font fa principale
beau é. La Cathédrale elt cependmt décorée de deux
beaux clochers. Il v en a un fur tout qui elt un chef-d'œuvre
deriél careile : l'autre elt plus malîif On y voyoit autre-
fois une cloche d'une groffeur prodigieu!ê,&. l'on encon-
ferve encore le battant derrière une des portes de l'é-
ghfe. Elle fut fondue pour faire des canons pendant les
guerres de Religion. Les pères de la Doctrine Chrétienne
ont une belle maifon à Mende , Se ce font eux qui tien-
nent le collège. Il y a encore dans cette ville des Carmes,
des Cordeliers , & un couvent d'Urfulines. * PigarAol
de la force , Defcr.de la France , r. 4. p. 403.
Près de la ville on voit un hermitage Se une chapelle ,
l'un Se l'autre raillés dans le roc , Se rrès-fréquentés par
les perfonnes du pays , qui vont honorer ce lieu où faint
Priva a paiie une partie de la vie, Se où l'on prétend
qu'il fut manyrifé l'an zjo Catel n'a mis que trois évê-
qi.es de Mende au rang des cardinaux: mais il eft con-
fiant qu'il y en a eu trois autres. Meilleurs de Sainte-
Marthe onr voulu mettre au rang des évêques de Mende
le pape Urbain V, qui étoit de la famille de Grifac en
Gevaudan Se qui s'appelloit Guillaume Grimoard : ils
fe font fondes fur ce que tant qu'Urbain V. fut pape, il
voulut être adminiltrateur de cet évêché ; outre que,
pendant fou pontificat , il n'v eut aucun évêque de Men-
de. Gravernl , dans fon abrégé hiltorique des vingt-deux
Villçschefsdu diocèfe de Languedoc , dit que cela n'eft
pas vrai au pied de la lettre , Se qu'il ne faut l'entendre
eue du tenis qui fe paffa durant le pontificat d'Urbain
V , après que P trus Gerardi , fon neveu , qui étoit évê-
que d. Mende , fur mort. Urbain fut fait pape en 1 3 6 1 ,
& Gérard fut fait évêque en 1366.
MENOK , ( l'Evescmé de ) elt fuffraganr de l'arche-
vêché d'Aibi , & vaut 60000 livres de rente. L'églife
carhédrale e.'t fous l'invocation de la fainte Vierge Se de
faint Pierre; Se fon chapitre eft compofé d'un prévôt,
à'un archidiacre , d'un précenteur Se de quinze chanoines.
Le diocèfe comprend cent foixanre & treize paroiffes,
MENDECULEIA, ville de la Lufitanie, félon Pto-
lomée, /. 2. c. 5. Il la place dans les terres entre Rufti-
cana Se Caurium,
MENDELA , ville de l'Inde, en deçà du Gange. Pro-
longe , /. 7. c. 1. la place chez les Carei , dans les terres.
MENDELI, ville de l'Arabie, dépendante de Bag-
dad, félon Petit de la Croix , Hifi. deTimur-Bec , liv.
S ch. 7.
MENDELSHAM , bourg d'Angleterre , dans la pro-
vince de Suffolck On y tient marché public. Etat pré-
Jtnt de I ; Grande Bretagne , t. 1.
MENDEOUA , rivière de l'Amérique feptenrrionale,
au pays des Sioux , ou Mais. Elle elt affez confidérable ;
fon cours peut avoir quarante lieues. Dans les plaines &
les prairies qu'elle rraverfe , les Sioux recueillent quan-
tité de folle avoine. C'elt cette rivière que le P. Henne-
pin appelle la rivière de fainr François. Elle communi-
que du lac de Buade au MilUflipi.
2,0 ï
MENDEOUACATON , c'eft-à dire nation du lac*
On appelle amfi un peuple de l'Amérique fepténtrionale,
qui fait partie de la nation des Sioux de l'elt. il habite
une des ifles de Buade, à l'embouchure d'une grande
rivière , qui porte le nom de te peuple. Voyez, Men-
deoua.
MENDES , ville ancienne de l'Egypte. Plutarque en
fait mention dans la vie d'Agéfilaiis , Se Ptolomee , /. 4.
c. 5. parle d'une des embouchures du Nil , nommée
Mendélienne. 11 parle aulfi d'un Nôme, appelle Men-
défien , Se dont il fait Thnutis la métropole. Srrabon dit
qu'on adoroir le dieu Pau, Se le bouc a Mende Merca-
tor rapporte la même choie deThmius , ce qui pourroit
faire croire que Mende & Thmuis font la même ville*
* Le P. Lubin , Tabl. géograph.
MENDESIUM, nom que Ptolomee donne à l'une;
des embouchures du Nil. Voyez Mendes.
MENDESIUS NOMUS. Voyez. Mendes.
MENDICULEA, ville de la Lufitanie. Ptolomee ,
/. 2. c. j. la place dans les terres entre Rufticana Se Cau-
rium ; fes interprètes écrivent Mendeculia.
MENDICULEIA, ville d'Efpagne. L'itinéraire d'Aîi-
tonin la met fur la route d' dftur'ca à Tarragone, entre
Caum Se Ylerda , à dix neuf milles de la première , Se
à vingt-deux milles de la féconde. Cetre poffiou obi ge
de dire que cette ville elt différente de celle qui précède.
MENDICINO, bourgade du royaume de Nazies
dans la Calabre citérieure , environ à une lieue de Cofcn-
ca du côté du couchant.* Magin , Carte de la Calibre
citérieure.
MENDIP-HILS , en latin Minarii Montes , hautes
montagnes d'Angleterre dans le comté de Sommerfet. *
Baudrand , Dict. éd. 170J.
MENDIS , ville de la Macédoine , dans la Paraxie ,
fur le golfe Therméen. Tite-Live , /. 3 1. c. 45. appelle
cette ville Vicum Muritimum C/Jjandrex tivitaiu.
MENDLSHAM,bourg d'Angleterre.dans la province
de SufTolc. On y tient maxché.*i!.fc« pi éfent ae .a Grand»
Bretagne , r. 1 . p. 1 1 1 .
MENDOCIN.J^v^ au mot Cap , l'article cap de
Mendocin.
MENDOLIA , bourg d'Italie ,dans la partie méridio-
nale de la Calabie ultérieure, a une lieuë ou environ
de Boua vers l'occident méridional. On le prend pour
l'ancienne Peripolium , lieu de la nailîance dePiaxitele*
célèbre fculpteiu de 1 antiquité. D'autres pourtant met-
tent Peripolium , à Pagliopoïi , village à une l.eue de
Mendolia. * Magin, Carte de la Calibre ulrérieure.
I.MENDR1S ou Mendrisio, petit pays dirale,
dans le Milanez , avec titre de bailliage. C'elt le 1 1 is
méridional de ceux que les Suiflès poffédent en Italie.
11 eft fitué au midi du lac de Lugano , entre ce lac Se
celui de Côme. Il elt petit , ayant à peine deux lieues
de largeur Se trois de longueur. 11 contient cependant
un affez bon nombre de villages Se quelques bourgs.
La ville capitale s'appelle Mendris. Voyez l'article fui-
vant. * Etat & Délices de la Suffi , t. 3 . p. 208.
2. MENDRIS ou Mendrisio, ville d'Italie, Se la
capitale d'un bailliage poffédé par les Suiffes,& auquel
elle donne fon nom. Elle elt d'une grandeur médiocre ,
Se bâtie au cœur du pays.
MEN DUS. Voyez. Myndus.
i.MENE, bourgade de Phrygîe , félon Athénée,
/. 2. c. 2. Il dit qu'on y voyoit des eaux acres Se nitreufes*
2. MENE, iflede la mer Méditerranée , félon Ortelius
qui cire fainr Epiphane.
MENEBR1A. Voyez Mesembria.
MENECINA, ville de l'Oenotrie. File étoit dans
les terres, à ce que dit Etienne le géographe, qui cite
Hécatée.
1. MENEDEM1UM , ville de la Lycie. C'eft Etien-
ne le géographe qui en fair menrion d'après Capiton.
2. MEN EDEMIUM, ville de la Carbalie, dans h Pam-
ph\ lie. Prclomée , lib.f.cap. 5. la place entre PoglaSZ
Ur inopolis.
MENEFESSITANUS ou MedefessitAnus , ffégé
épiscopal d'Afrique, dans la Byfacene. La notice épisco-
pale d'Afrique quai fie Servus, episc«pus Mcmfejfiunut >
Se dans la conférence de Carthage , num. 1 35. on trouve
Menfurius , episcopus plebis MedefeTitan*. C'elt cette
Torn, IV. C c
MEN
2-oi
même ville que Procope , de bdl. Vand. I. i. c. zj. nom-
me Menefcfeos. Le fiége Medefejfuanus étoit différent
félon le fentiment du père Hardouin.
MENEGGESEM , ville de l'Afrique propre , dans la
Numidie, à ce qu'il paroîc par l'itinéraire d'Antonin,
qui la place fur le chemin de Thena,' à Thevefte, entre
Vegefela & Thevefte , à vingt milles de la première,
& à même diftance de là féconde. Ortelius , Thefaur.
croit que ce pourroit être la même ville que Meneg-
gere. Keye^ ce mot.
MENEGGERE , ville de l'Afrique propre. L'itiné-
raire d Antonin la met fur la route de Thevefte à Tuf-
drum , entre Thevefte Se CUium , à vingt-cinq milles de
la première , Se à pareille diftance de la féconde. Voyez.
Meneggesem.
MENEJOUS, (Les) peuples de la France équinoxialc
vers le fud cil de Cayenne, à un quart de lieue du
rivage occidental du fleuve Yay , & à dix lieues de
fon embouchure.
MENELAIDA. Paufanias , /. 8. c. 23 . dit qu'on avoit
donné ce nom à une fontaine de l'Arcadie , au voifinage
de la ville Caphya.
MENELA1TES. Voyez, Canope & Menelaus^
i.MENELAIUM, canton du Péloponnéfe près de
Sparte , du côté de l'orient d'hiver , félon Etienne le
géographe. Polybe , /. 5. en fait aufli mention.
2. MENELAlUMou Menelais, comme on lit dans
les meilleures éditions de Tite-Live , lib. 39. cap. 26.
ville de h Dolopie.
î.MENELAUS , ville d'Egypte , Se la capitale d'un
nôme .appelle Menelaïtes par Pline, /. $.c. 9. Stra-
bon,/. 17. p. 803. après avoir parlé du nôme de Ni-
trie , ajoute que 3a ville Menelaus n'en eft pas éloi-
gnée. Comme ce géographe nomme Amplement cette
ville, fans faire mention du nôme auquel elle donnoit
fon nom , Se qu'il met dans le même quartier un nôme ,
appelle Elaïte , qui n'eu; connu d'aucun ancien géogra-
phe. Ortelius , Thefaur. Se après lui Cellarius , Geograph.
antiq. I. 4. c. 1. ont été tentés de croire que Menelaus &
Elaïta étoient la même ville, Se Menelaïtes Se Elaïtes
le même nôme. Dans les édits de l'empereur Juftinien ,
la ville Menelaus eftappellée Menelaïtes , Se fur une an-
cienne médaille on lit ce mot : MENEAAITiîN , Menelai-
tarum.
2. MENELAUS , ville d'Afrique , dans la Marmari-
que. Ptolomée , /. 5. c. 5. la place dans les terres , entre
heucA Se Gaphara. Si cette pofition eft jufte , cette ville ,
quoique dans les terres , avoit un port de même. nom.
Hérodote , /. 4. c. 169. le périple de Scylax , p. 43 &
4j. éd. Oxford. 1698 , Se Strabon , /. 2. en font mention.
MENEN1I. Voyez,MfH&.
MENEFESSA. Voyez. Menefessitanus.
MENEOouMeno. Voyez. Men.£ Se Mineo. _
MENERANDRE , rivière de Madagascar , à deux
lieues de celle de Manamba.Elle descend du pays des Ma-
chicores , coule vers le fud-fud-oueft. La côte continue au
nord-oueft quart-d'oueft. * Flacourt , Hift. de Madagas-
car , c. 13.
1. MENERBE,ouMenerbes , bourgade de France,
dans le comtat Venaiscin , entre Cavaillon Se Apr. Pi-
ganiol , defer. de la France , t. 4. p. 189. qui lui donne
le titre de petite ville , dit qu'elle étoit anciennement
appellée Manancha , Se que de Romerville Saint
Quentin jugeoit que c'étoit le Machaovilla de Grégoire
de Tours & de Paul Diacre.
2. MENERBE , félon Corneille , Ditt. Se Minerve,
félon Sanfon , Atlas , bourgade de France , dans le
Languedoc au diocèfe de Saint Pons fur la Cefle , envi-
ron à trois lieues de la ville de Saint Pons, en tirant
vers le midi.^
M EN ES, 'village: de l'ifle Espérie. Diodore de Sicile,
/. 3 . c. j 3 . dh qu'il étoit habité par des Ethiopiens Ich-
thyophages.
MENEST^. Voyez. Penest^
MENESTHEI PORTUS , port de l'Espagne Béti-
que , félon Strabon , /. 3. p. 140. & Ptolomée,/. 2.C.4.
Le premier le met dans la Perée , petit pavs dépendant
deshabitans de Gades , ou Cadix. Le fécond le place chez
les Turdules : c'eft aujourd'hui Puerto de S. Maria. Pline
connojt ce lieu, Se le nomme B/esippo. Voycz.ce mot.
MEN
MENETOU-COUTURE , en latin Moneftallumfu-
turaturium , bourg de France , dans le Berri , à quatre
lieues de la Charité. Il y a une abbaye fort ancienne , or-
dre de Cîteaux , filiation de Clairvaux ; on l'appelle
Fontmorigni. Le tems de fa fondation eft incertain. Elle
vaut à l'abbé , toutes charges faites , trois mille livres.
Le terroir y eft bon Se fertile en bleds. Il y a des forges ,
fourneaux Se mines , dont le fer , qui eft très doux , eft
connu à Paris , Se nommé par diftinction le fer de Berri.
Le peuple eft fort doux , mais peu laborieux.
MENETOU-SALON , en latin Monafldlum Sarno-
nis , bourgade de France , dans le Berri, fur la petite Sau-
dre , à quatre lieues de Bourges. C'eft une paroifle divi-
fée en deux parties ; l'une relevé de la châtellenie de
Mehun fur Evrc ; l'autre du bailliage d Enrichemont. Le
Surnom de Salon eft corrompu de celui de Sarlon , l'un
de fes anciens feigneurs , nommé Sarlon !e Riche, fei-
gneur de Menctou Se de Qiuntilly , & de l'ancienne
mailbn de Vierzcn. Ce lieu a depuis étépofledé , pendant
un long espace de tems, par l'ancienne maifon de Ville-
quier , d'où elle eft venue a celle de Poi de Rhodez. On
fuit à Menetou-Salon la coutume de Berri Se de Lorii.
La taille eft perfonneile. Il y a plufïeurs hameaux qui
dépendent de ce lieu. Les terres font médiocres pour les
bleds , mais fertiles en vins. On y voit aufli des bois&
des prairies. Les habitans font ailes, & font commerce
de vins «Se d'eau de vie , qui fe confument dans la Solo-
gne. Il y a à Menetou Salon deux prieurés ; celui de Me-
netou , Se celui d Achetés; tous deux appartiennent aux
Bénédictins de Bourges.
MENETOU-iUR-CHER, bourgade de France, dans
la Sologne, élection deRomorentin. Ce lieu appartient
aux feigneurs de Vierzon , qui en ont affranchi les ha-
bitans. Hervée III. y fonda ou rétablit un monaftére de
filles en 121 3. La juitice de Menetou fur- Cher relevé
du bailliage de Flois.
MENETROL , bourg de France, dans le Berri , fur la
petite Sandre , élection de Bourges. Son terroir eft mai-
gre , Se ne porte guère que du Seigle Se du Sarrazin.
MENETROL-SOUS-SANCERRE,bourg de France,
dans le Berri, élection de Bourges , fur la Vauvire, pe-
tite rivière qui fe jette dans la Loire à un quart de lieue
de Sancerre. Ce bourg eft du même côté que Sancerre.
Il y a beaucoup de vignobles aux enviions.
MENEV1A , ou plutôt Menovia ., ancienne ville
d'Angleterre avec évêché fuffragant de Cantorberi , dans
la partie méridionale du pays de Galles , au comté de
Penbroch ; elle fut ruinée par les Danois. Aujourd'hui
ce n'eft plus qu'un village , où l'on ne tient pas même
de marché ; cependant le fiége épiscopal fubfifte tou-
jours, fous le nom de faint David. Voyez. Saint Da-
vid. * Baitdrand , Dict. édit. de 1682.
MENFLOTH , ville d'Afrique ; elle fut confidéra-
ble du tems des Pharaons. Les Romains laminèrent; Se
les Arabes la rétablirent eufuite , mais non pas dans fa
première fplendeur. On y voit encore en divers endroits
de grandes colonnes de pierre , Se des tables d'albâtte ,
avec des inferiptions en langage égyptien. Il y a proche
du Nil un temple de Gentils. Mocandi , hiftorien Arabe ,
rapporte qu'en creufant aux fondemens de ce temple, du
tems des califes de Babylone , on rencontra un crocodile
de plomb avec des lettres égyptiennes , comme fi cette
ftatue eût été faite fous de certaines conitellations , pour
empêcher que cet animal ne mangeât les hommes, com-
me il fait depuis qu'on l'a rompue ; cela eft caufe que cet
auteur nomme cette ville Crocodile. On y trouve plu-
fieurs médailles d'or , d'argent Se de cuivre, où d'un côté
font des lettres , & de l'autre des figures antiques des rois.
Ptolomée met la ville de ce nom en la province d'A-
frodite , à 6 1 deg. 20 min. de longitude , Se à 27 degrés
20 min. de latitude. Le pays abonde en bled &: en route
forte de bétail ; mais il eft fort chaud , Se les crocodiles
y font de grands ravages le long du Nil. La plupart des
habitans trafiquent préfentement dans la contrée des
Nègres. * Marmol , Defciiption de l'Afrique , t. 3. c. 33.
MENG , ville de la Chine, dans la province de Ho-
nan , au département de Hoaiking , cinquième métro-
pole de la province. Elle eft de 4 deg. $0 min. plus occi-
dentale que Peking , fous les 36 deg. 4 min. de latitude.
* Atlas Sinenfis.
MEN
MEN
20
MENGCHÀNG , forterefle de la Chine , dans la pro-
vince d'Iunnan , au département de Mopang , autre for-
terefle de la province. Elle eft de 16 deg. ;o min. plus
cccidenrale que Pcking , fous les 23 deg. 32 min. de
latitude, * Atlas Sinenfis*
MENGCO , forterefle de la Chine , dans la province
d'Iunnan, au département de Mopang, autre forterefle
de la province. Elle eft de 1 9 deg. 6. min. plus occiden-
tale que Peking , fous les 22 deg. o min. de latitude. *
Atlas Sinenfis.
MENGEI N , ville de la Chine , dans la province de
Honan , au département de Honan , quatrième métro-
pole de la province. Elle eft de 4 deg. jo min. plus oc-
cidentale que Peking , fous les 35 deg. ;o min. de la-
titude. * Atlas Sinenfis.
MENGEN, petite ville d'Allemagne, dans la Suabe ,
à deux lieues de Riedlingen. Les Suédois y avoient mis
garnifon en 1634. Martin Crufius, dans Ces annales de
Suabe, die que cette ville , avec celles de Wadfée, de
Riedlingen , de Sulgou & de Munderkingen , pafl'a à
Jean Truchcs de Waldbourg en 1400, par fou mariage
avec lacomtefle de Cilly. Elle eit paflee depuis dans la
maifon d'Autriche, à laquelle elle avoit autrefois ap-
partenu. * Zeyler , Topogr. Sueviaz , p. j r.
MENGEKSHAUSEN , ou Mengeringshausen ,
petite ville d'Allemagne, dans le comté de Waldeck. Elle
a un ehâteau proportionné à fon peu d'étendue.
MENGK1NG , forterefle de la Chine, dans la pro-
vince d'Iunnan , au département de Mopang. Elle eft
plus occidentale que Peking de 17 deg. 39 min. par les
23 deg. 1 7 min. de latitude. * Atlas Sinenfis.
MENGLI , forterefle de la Chine , dans la province
d'Iunnan , au département de Mopang , autre forterefle
de la Province. Elle eit de 18 deg. 5 min. plus occiden-
tale que Peking , fous les 24 deg. 3 min. de latitude. *
Atlas S ïnenfist
MENGLIEN , forterefle de la Chine , dans la pro-
vince d'Iunnan, au département de Mopang , autre for-
terefle de la province. Elle eit de 17 deg. 25 min. plus
occidentale que Peking, fous les 23 deg. 16 min. de la-
titude. * Adas Sinenfis*
MENGMUEN , montagne de la Chine , dans la pro-
vince de Xenft , à l'orient de la ville d'Ychuen. Cette
montagne forme une ifle dans la rivière jaune. * Allas
Sinenfis-,
MENGPO, montagne de la Chine , dans la province
d'Iunnan , au nord de la ville de Xunning. Cette mon-
tagne eft habitée par un peuple fauvage. * Atlas Si-
nenfis.
MENGTAVILA , village d'Espagne dans la vieille
Caflille , près d'Avila. Il eit fameux par des mines de
fel qui s'y trouvent , Se qui font ilngulieres. On y des-
cend par plus de deux cens marches fous terre , Se l'on
entre dans une vafle caverne > foutenue par un pilier de
fel cryftallin , d'une grofleur Se d'une beauté merveil-
leufe. * Délices d' Espagne , t. 1. p. 211.
MENGT1EN, foiterefle de la Chine , dans la pro-
vince d'Iunnan, au département de Mopang , aune for-
terefle de la province. Elle eit de 18 deg. 48 min. plus
occidentale que Peking , ibus les 22 deg. 8 min.de lati-
tude. * Atlas Sinenfis,
MENGTING , forterefle de la Chine , dans la pro-
vince d'Iunnan , au département de Mopang , autre for-
terefle de la province. Elle eit de 18 deg. j min. plus
occidentale que Peking , fous les 24 deg. 29 min. de la-
titude. * Atlas Sinenfis.
MENGYANG» forterefle de la Chine, dans la pro-
vince d'Iunnan , au département de Mopang , autre
forterefle de la province. Elle eit de 17 deg. 55 minut.
plus occidentale que Peking , fous les 23 deg. 6 min. de
latitude. * Atlas Sinenfis.
MENHDIA , ville d'Afrique au royaume de Fez, dans
la province de Chaus. Voyez. Mehedie.
MENICUS . ville que Curopalate & Cédrene fem-
blent mettre dans la Syrie. * Ortelii Thefaur.
MENID^E. , peuples dont Tertullien , De anima,
fait mention. 11 dit qu'ils s'emparèrent du Péloponnèle.
MENIGOUTE , ou Menigouste , dans le Poitou ,
au diocèfe de Poitiers , dans l'archiprêtré de Sanxay , à
huit lieues de la ville épiscopale vers le couchanr. Le
nom de ce îieli paroît être dérivé , comme plufieius au-
tres , de Manfionile , dont l'on a fait Menil , Se du nom
du poflefleur , qui pouvoir s'appcller Guftavus , ou Ve-
daftus , d'où s'eft formé Mesnd Woufie S: Mend-goufte.
L'églife eft fous le titre de Notre-Dame, Au rapport
d'une certaine defeription imprimée de ce lieu , on peut
croire qu'il y a une collégiale ; mais qui ne pafle pas
pour être riche.
MENIL, bourg de France dans la Champagne , éle-
ction de Châlons.
MENIL- SAINT- FIRMIN , dans la Picardie.au
diocèfe d'Amiens , élection de Mondidier. Avant le
XVI. fiécle , ce n'étoit qu'un fimple fecours de la pa-
roifle de Chepoix , fur les confins des diocèfes d'Amiens
& de Beauvais. Il a été érigé en cure depuis environ deux
cens cinquante ans. Le curé de Chepoix perçoit encore
la dixme, dans le Menil même , fur le curé dont la cure
eft fort modique.
MENILLE, village de France, en Normandie, fur la
rivière d'Eure , à une lieue au-deflbus de la Boulaye : il
eft renommé pour Ces bons vins.
MENIN , ville des Pays-Bas , dans la Flandre , fur la
rivière de Lis , entre Armentieres Se Courtrai , à trois
lieues de Lille ; fon nom flamand eft Meenen. Le feigneur
de Montigni la fit fermer de murailles en 1 578, & elle
fut presque toute réduite en cendres l'an i;8f. Elle a
été prife & reprifeplufieurs fois durant les guerres de
Flandre. Les François , qui en avoient été les maîtres de-
puis 1667 , en avoient fait une des plus fortes places de
la Flandte. Louis XIV, y fit faire une enceinte de mu-
railles flanquée de huit baftions , avec un réduit. Quoi-
qu'elle fût Tous la châtellenie de Courtrai , le traité de
Nimégue l'en démembra, Se laréfervaà la France avec
fon territoire ou verge ; ce qui fut confirmé parle IX.
article du traité de paix conclu à Ri wyck ; mais ayant
été prife par l'armée des Alliés en 1706, elle fut cédée
à la maifon d'Autiiche par les traités d'Utrecht, de Ra-
ftadt Se de Bade. Les Hollandois font les maîtres de cette
place , ayant droit d'y mettre le gouverneur & la garni-
fon , par le traite de Barrière , fait en 17 15 , avec l'em-
pereur Châties VI , Se la maifon d'Autriche. Cette place
fut prife par Louis XV en perfqnne , le 4 Juin 17445
mais elle a été rendue par l'avant dernière paix , après,
en avoir fait rafer les fortifications.
La ville de Menin eit affez agréable ; mais elle n'a pas
beaucoup d'étendue. On y trouve quatre rues principales,
qui commencent à autant déportes, & fe terminent?, la
place d'armes devant la maifon de ville. Il n'y a qu'une
paroiiTe qui eft dédiée à Notre Dame -, mais il y a
plufieurs couvens , des Capucins , des Récollets , des
Bénédictines réformées , des Dominicaines , des fœurs
Blevettes , Se des religieufes de l'ordre de faiiit Augu-
ftin.
Il y a quelque commerce à Menin ; il confifle en dra-
peries Se en bière blanche , qui s'appelle blanquette Se
qui eft fort eitimée. Dans les prairies des environs or»
fait blanchir des toiles. * Mémoires divers.
MENIN ( la verge de) , eft un canton qui fait au-
jourd'hui , comme autrefois , partie de la châtellenie de
Courtrai , Se contient treize beaux villages On remar-
que entr'autreslfegem , ou Ifenghien, qui fut érigé en
principauté l'an 1648, en faveur de Balthafar deGand,
gouverneur de la Flandre Wallone -, celui de Heule , qui
a titre de baronnie ; celui de Wevelghem , où il y a une
abbaye de religieufes de l'ordre de CîteauX , fondée er»
1214 , par Marguerite , comtefle de Flandre.
MENINGE, ou Menix , ifle d'Afrique , Se connue
fous ce nom par les anciens. Plutarque, in Mario, dit
que Marius aborda à l'ifle de Méninge, Se que de là il
pafla à Carthage. C'eft la même ifle que Ptolomée ap-
pelle Lothophagires , Se dans laquelle il dit qu'il y avoic
deux villes, Gerrapolis & Méninge. Voyez. Lotkopha-
gites.
MENINI , peuples au-delà des Alpes , félon Pline s
/, 1 8. c. 8. Je crois , dit Ortelius , que c'eft le même peu-
ple que Pline , /. 3. c. 4. appelle plus haut Memini , &
que Ptolomée , /. 2. c. 10. nomme M^wm , c'eft-à-dire
les peuples de Carpentras,
MENISMINI, peuples d'Afrique. Pline, /. 7. c. 3.
les met au nombre des Nomades Ethiopiens , le long du
tom. IV. C c ij
MEN
2.04
fleuve Aftragus, en tirant vers le feptentrion , & à une
diflance de dix journées de l'Océan.
MEN1SONAOUA DEBA , petite rivière de l'Ame,
rique feptentiionale -, elle fe jette dans la rivière de Sain,
te Croix à la bande du fud-efl , au pays de Madoufli
ou Sioux.
MENIUS , fleuve du Péloponnèfe , félon Strabon,
epit. S. qui met fon embouchure au voifinage du pro-
montoire Chelonites.
MEN1X. Voyez Méninge & Lothophagites.
MENKING, fortereffe de la Chine dans la provin-
ce dlunnan , au départementde Mopang , autre forterefle
de la province. Elle efl de 17. deg. 39 min. plus occiden-
tale que Peking, fous les 23 deg. 17 min. de latitude. *
Atlas Sinenfîs,
MENLARIA. Voyez. Menralia.
MENLASCUS , fleuve de l'Espagne Tarragonnoife.
Pomponius Mêla, /. j.c. 1. le nomme Magrada ; mais
Villeneuve prétend que c'efl une faute. Les exemplaii es
latins de Ptolomée , / 1. c. 6. lifent Menlescus en par-
lant delà ville, le grec porte Menojca. Menlescus elt
. aujourd'hui la rivière d'Orio dans le Guipuscoa. Mine ,
/. 4. c. 20. appelle auflî la ville Menosca.
MENNEIAN^E, , ville de la Pannonie. L'itinéraire
d'Antonin la met fur la route d' JEmona à Sirmium , en-
tre Variante & Inicerum, à vingt fix milles de la première,
& à vingt-huit milles de la féconde. Ce pourroit être
Manspurg comme le conjecture Lazius; & il femtle que
ce foit la même ville que Ptolomée, /. 2. c. ij. nomme
Magniana.
MENNI. Jérémie , c. ji. v. 27. invite les rois de
Menni , d'Ararat &c d'Ascénes à faire la guerre à Babylo-
ne. Voyez. Ararat & Ascenes. Quant à Menni , dom
Calmet croit qu'il marque la Miniade province d'Armé-
nie; & peut-êtte , ajoute-t-il , que l'Arménie a pris fon
nom d'Aram & de Minni ; le fyrien de Minni ou de la
Miniade, dont paile Nicolas de Damas, /. 96. cité par
Jofephe , antiq. I. i.c. 4.
MENNIS. Voyez. Memnium.
MENNITH , ville de la Palcfline , au-delà du Jour-
dain , à quatre milles d'Efébon , fur le chemin d: Phi-
ladelphie , dit Eui'ébe , Onomafl. in Miwi'uh. Elle appar-
renoit aux Ammonites lorsque Jephté, Judic. 11. 33.
leur fit la guerre. Ezéchiel , 27, & ij.fecundùm Hebr.
dit que Juda portoit aux foires de Tyr du froment de
Minnith. La vulgate porte du plus pur froment.
MENNIUM. Voyez. Memnium.
MENNONES. Quelques-uns écrivent ainfi par cor-
ruption pour Memnones. Voyez, ce mot.
1. MENOBA ou Maenoba. Voyez. Manoba.
2. MENOBA , nom de deux fleuves de la Bétique ,
félon Pline, /. 3. c. 1. L'un de ces fleuves fe jettoit dans
le Betis , & l'autre dans la mer d'Ibérie. Sur chacun de
ces fleuves il y avoit une ville de même nom. Voyez.
Manoba.
MENOBARDI , peuples voifins de la Grande Armé-
nie, félon Pline , /. 6. c. 9.
MENOCALENI, peuples des Alpes. Pline, /. j.r.
20. les ilace entre Tergefle & Pola ; & Lazius prétend
que leur principale ville efl aujourd'hui Mingclflat.
MENOCH , (Rio) rivière d'Afrique. Voyez. AquA-
jdo ( Rio).
MENOIDA , ville de la Palefline , félon la notice des
dignités de 1 empire, fert. 21. Ortclius , Thej. foupçonne
que ce pourroit être la même ville que Menois. Voyez.
l'article fuivanr.
MENOIS , apparemment la même ville que Minois ,
dont il efl fait mention dans la foufeription de quelques
conciles , entr'aimes dans celle du concile de Chalcedoi-
ne de l'année 451. Menoïs n'étoit pas loin de Gaza ,
comme le dit Eufebe , Oncmafi. in Meneben. qui ajoute
que de fon tems ce n'étoit qu'un village. C'efl fans dou-
te, dit D. Calmet, 2)iS. h même ville que Menoenwm
Caftrum que l'on trouve dans le code Théodofien , /. 30.
de Erag. milit. annon. Elle étoit la capitale des Maoniens
ou Mtoniem , dont il efl parlé dans l'Ecriture. Voyez.
I. Par. IV. 40. 41. de II. Par. XX. 1. dans l'hébreu.
Voyez, auflî l'article Maon , qui efl la même que Me-
nois.
MENOSCA , ville d'Espagne , chez les Vardules. On
MEN
croit affez généralement que c'efl aujourd'hui la ville d'O-
rea ou Orio. Voyez. Menlascus
MENObGADA, ville de la Germanie. Ptolomée,
/, 2. c. 1 1. la met entre Bergium ik Bicurgium; & Pierre
Appien juge que c'efl à préfent Egra aux confins de la
Bohême.
MENOSTAMENATON , c'efl-à-dire Nation db
la Pomme de Terre , peuples de l'Amérique fepten-
tiionale , vers le nord de la Louïfiane , & compris au
nombre des Sious de l'ouefl. Ils habitent au bord d'une
petite rivière , qui fe jette dans le Miliiflipi , à la bande
de l'ouefl , à huit ou dix lieues au fud de celle des On-
ghergecharon,
MENOTHARUS, ville de la Sarmatie Afiatique , fé-
lon Pline. /. 6. c. 7.
MENOUFIA , caflîf ou gouvernement de la Baffe
Egypte, à l'Orient du Nil, dans lifle de Damiete. Il
confine au caflif de Garbia , qui a un plus grand nom-
bre de villages, mais qui a moins d'étendue. Le caflif
Menoufia comprend cent trois villages. 11 paye au bâcha
vingt cinq bourfes, au tihaia & aux agas quatre, & au
divan quatre-vingt ieize. Corneille, Ditt. fur l'autorité
de Maty , fait une ville de ce gouvernement , & écrit
Menoufi pour Menoufia.
La nouvelle carte du Delta, dteflée par de l'Ifle en
17 17 , fur les mémoires de Lucas , quoiqu'elle loir ex-
trêmement détaillée , ne connoït ni gouvernement , ni
ville du nom de Menoufia, * Dappcr , Defcr. de l'E-
gypte, p. 36.
MENOUX( Saint ) , bourg de Fiance , dansL Bour-
bonnois , au diocèfe de Bourges. Ce bourg efl fitué fur
le ruifieau de la Rofe , qu'on nomme auflî de S. Me-
noux. Il efl à trois lieues de Moulins , & à deux de
Bourbon-l'Aichambaud. Ses terres font fortes, à froment,
feigle& avoine ; les foins font gras& abondans,& de bon
rapport , les pacages reflerrés. Les habitans font un com-
merce affezconfidérable.lly a quelques vignes de bon pro-
duit,quelques bois modernes & quelques étangs. La taille
efl perfonnelle , & la cure à penfion. 11 y a fix foires ,
le trois de février , le mardi de la pentecôte , le onze
juin, le vingt quatre août , & le trente odobre. U n'y
a peint de marché. Cette paroifle a pris l'on nom de
l'abbaye, dont l'abbefie efl dame du lieu. Cette abbaye
efl de l'ordre de Paint Benoît. Elle a été fondée
vers l'an 1000 , par les leigneurs de Bourbon , de Mont-
faucon & de Charenton. On veut qu'elle ait d'abord été
occupée par des moines du même ordre, avant les reli-
gieules. Elle a été réformée en IJC7, Se unie à la con-
grégation de Chezal-Benoït , & depuis à celle de faint
Maur. Il y a feize dames de chœur ; elles jouiffent de
douze à quinze m. Ile livres de rente. La paroifle dans la-
quelle elle a été bâtie , fe nommoit autrefois Mouilly.
MENOYE, petite rivière de Savoye Elle vient des
montagnes de Bocge , pafle fous le pont de Bonne , &c
fe jette dans l'Arve au-deflus du pont d'Ertrambieres.
MENRALIA , ville d'Espagne, chez les Conttjtani,
félon Ortclius , Tbefaitr. qui cite Ptolomée. Cependant
cet ancien géographe , /. i.c: 4. place Menralia chez les
Bafluli , auprès de Tramdutla. Au lieu de Menralia ,
quelques manuscrits latins portent Menlaria. Voyez.
Mellaria.
MENSASOLIS. Voyez. Sous Mensa.
MENSALA , ville d'Afiiqne , au royaume de Fez ,
dans la province de Tremecen , fur le bord de la rivière
de Barregreg , à demi-lieue de Rabat. Les murailles de
cette ville , qui efl petite , paroiflenr être un ouvrage des
Romains. Le ici Joicph l'avant fait détruire dans Ja
défolaion générale de la province , Jacob Almanfor la
repeupla , & y bâtit unpaLiisavcc un grand hôpirai pour
les blefîés & pour les maLides.Ilfit faire auflî dans la mos-
quée piincipale une grande chapelle , toute d'Albâtre à
la moza "que , pour lui fervir de fépulcre. Ceux du pays
àïCcm qu'il y efl enterré , & qu'à la tête & aux pieds il
y a deux grandes tables d'albâtre , où fes victoires font
décrites , auflî bien que le deuil qu'on fit à fa mort.
Tous les fuccefieurs de fa race , & quelques-uns de celle
des Bénimérinis , y font pareillement enterrés; de forte
qu'il s'y trouve plus de trenre tombeaux de rois avec leurs
tables d'albâtre , qui contiennent leurs noms , le tems
qu'ils ont régné , & l'abrégé de leurs actions. Cependant
MEN
MEP
plufieurs aflurent que Jacob Almanfor mourût dans
Alexandrie , ôc qu'il y eft enterré, lis ajoutent que celui
qui eu: dans la mosquée de Manfala , eft un prince de
même nom , de la race des Bénimérinis , ôc qui fut roi
de Fez & de Maroc; ce qui eft contraire au fentiment
d'Abulnftâlic, chroniqueur de Maroc. * Marmot , Defcr.
du tojume de Fez , 1. 4. c. 6.
MENSAT , ou Manzat , bourg de France dans le
Bourbonnois , élection de Gannat.
MENTECHA , province de Natolie , félon Petit de
la Croix , fJift. de Timur-Bec , 1. j. c. I J.
MENTEITH , province d'Ecoffe , au midi de Stra-
thern. Elle s'avance au feptentrion jusqu'à la province
de Brait-Albain , ôc confine avec celle de Fife à l'orient.
Le fleuve Forth la fépare au midi de la province de Ster-
ling ,& elle a celle de Lennox à l'occident. Elle prend
fon nom de la rivière de Teirh qui l'arrofe , ôc fe jette
dans le Forth, Sa longueur eft de treize lieues , & fa lar-
geur de quatre. On commence à s'y reffentir du voifi-
nage des provinces feptenrrioijales par la groiïiereté des
habirans , ôc par la ftérilicé de la terre , qu'on prend peu
de foin de cultiver. Dumblain fur l'Allan eft la capitale,
ôc h feule ville , félon quelques-uns ; car Clackman-
nan ôc Kinrots font placées par beaucoup d'écrivains
dans la province de Fife. * Etat préfent de la Grande
Bretagne , t. 2. p. 2; 1. A naïf, <.t , Géogr. t. 1.
MENTESA. 11 y avoit deux villes de ce nom en Es^-
pagne. L'une que Ptolomée , /. 2. c. 6. place chez les
Oretani , & dont les habitans étoient nommés Mente-
sani Oretani; l'autre chez les Bafletani ou Baftuli.
L'itinéraire d'Antonin appelle cette dernière Memefa.
Baftia , ôc on donnoit aux habitans le nom de Mente-
sani Bastuli. Pline , /, 3. <-. 3. connoît auffi cette di-
ftinction ; car il dit: Mentefani qui & Oretani , Men-
tefani qui & B.ifluli. On trouve , ce femble , des traces
de ces deux villes dans le X. concile de Tolède ; favoir ,
pour la première dans la foufeription de Daniel , qua-
lifîé diacoHUS Marcclli episcopi ecchftœ Uritam , ôc pour
la féconde dans la foufeription de Maritanus , qui fe dit
abbas Valdefredi episcopi ccclcfia Mentefanx. On croit
que la Mentefana des Oretains eft aujourd'hui la Guar-
dia , village au fud-eft de Jacn dans l'Andaloufie.
A1ENTESANI. Voyez. Mentesa.
MENTESE , ville d'Afie , dans la Narolie , fur la côte
de l'Archipel , presque vis-à-vis de l'ifle Fornigue , au
midi occidental de la ville de Melazzo. Cette ville s'ap-
pelloit anciennement Myndus. * De l'ijle, Atlas.
MENTES- ILI, contée d'Afie, dans la Natolie : elle
eft bornée au nord par l'Aidin-Ili , à l'orient par le pays
de Macri , au midi par le golfe de Macri , ôc à l'occident
par l'Archipel. * De l'Ip, Atlas.
MENTHE , Menthôla , prieuré de Fiance ,de l'or-
dre de Cluni , entre Vienne & Valence.
MENTISA. Voyez. Mentesa.
MENTON, petite ville, dans la principauté de Mo-
naco, entre Monaco ôc Vinrimiglia, à trois milles de la
première , & à cinq milles de la féconde. Elle eft fituée
au bord de la mer , fur la côte occidentale de la rivière
de Gènes. Cette ville dépend de la principauté de Mo-
naco depuis l'an 1346, que Charles Grimaldi , premier
du nom , furnommé le Grand, gouverneur de Provence
& amiral de Gènes , en fit l'achat pour en faire le parta-
ge de deux de fes en fans. Il y a dans Menton un gre-
nier à fel , qui fournit le pays de cette denrée. On y
voit trois châteaux , l'un fur le haut de la montagne ,
l'autre dans la ville , & le troifiéme avance un peu fur la
mer. On fait garde dans ce dernier , pour éloigner les
pirates qui s'avancent quelquefois jusque vers ces côtes.
Le peuple fe fert d'un langage mêlé d'italien & de pro-
vençal, ce qui le rend presqu'inintelligible. Il y a des
Capucins dans le bourg; ôc des Récollets dans la ville
fur le haut de laquelle eft bâtie l'églife paroiiîîale de S.
Michel. * La Foret de Bourbon , Géogr. hift. r. 2. p.
j 17. Journal d'un voyage de France ôc d'Italie.
MENTONOMON , golfe de l'Océan germanique.
Les Guttones habitoient fur fes bords , félon Pline , /. 37.
c. 7. On croit communément que c'eft aujourd'hui le
Frischaff.
MENTONINES , peuples d'Italie , aux environs de
Gènes. Onelius, Thefaur. dit qu'il y a à Gènes une table
20 S
d'airain * qui fait mention de ces peuples.
MENTORES , peuples que Pi. ne , /. 3. c. 21. met au
voifinage de la Libumie. Etienne le géographe en f..ic
aufii mention , ôc cite Hecatée. Onelius juge qu'ils pou-
voient habiter la Mentorique.
MENTORICA , contrée vc iline de l'Iitrie , félon
Ariftote, /,'.' ùïirabil. qui fépare ces deux pays par le
mont Dclphius , dont il donne la deferiprion.
MENTOUBES , ville de la baffe Egypre .dans le Del-
ta , fur la rive droice du bras occidental du Nil , entre
lezzara ôc Rofletc.
MENTOUS , peuples de l'Amérique feptentrionale ,
dans la Louïfiane. Ils font établis aujourd'hui fur les
bords de la rivière des Akanfas.
MENTUM , ville aux environs del'Epire , félon Or-
telius. Il ajoute que Strabon , Epitom. L 10. dit qu'elle
s'appella premièrement Taphos , & de fon tems Taphius.
MENTURINUM , ville d'Italie, aux environs de Ca-
poue , à ce qu'il paroît par le recueil des conciles , en
parlant de la libéralité de l'empereur Conftantin. One-
lius , Thefaur. croit qu'il faut écrire Minturnum.
MENTYRNA. Voyez. Minturnje.
MEMULLINUS AGER, lieu d'Italie. Feftus , /. 17.
de Verbor.Jignificat. eft le feul auteur qui en faffe men-
tion ; c'eit au mot feriptum lapidem.
MENUS. Voyez, Moehv s.
MENUTHÈSIAS. Voyez Menutmias.
MENUTHIAS , ifie d'Afrique, fur la côte d'Ethio-
pie , félon Ptolomée , /. 4. c. 9. Arrien , Peripl. 2. p. 9.
la nomme Mcmtthefias , ôc Etienne le géographe , Me-
nuthis. Voyez. Cerne.
MENUTH1S , bourgade d'Egypte : Etienne le géo-
graphe la met auprès de Canope. Epiphane en fait aulîi
mention. Au lieu de Menuthis , on lit dans la vie de S.
Cyr , abbé , Mamuhis , ôc on y ajoute que ce lieu étoit
feulement à deux ftadesde Canope. * Ortelii Thefaur.
MENYNA. Voyez. Lothophagites.
MENYTANUS, fiége épiscopal delà Paleftine. On
trouve dans le concile de Jérufalem , tenu l'an j 36 , la
fouscription de Stephamis Menytamts. * Harduïn 3
Collect. conc.
MENZOCHASA, Zofime en fait deux mots : il écrie
Men Zochasa , m»V ~CuyJ.cn , & ajoute que cette ville
fe nommoir de fon temsSéleucic. Voyez, Seleucie.
MEOBEC, ou Meaubet,, Millcbecus , MûUbecnm ,
Mulisbtccus , Moïispecuc , Mùibeccus , comme qui di-
roit riche en troupeaux , ôc qui en a mille. C'eft une ab-
baye d'hommes , de l'ordre de faint Benoit , dans Je
Béni , diocèfede Bourges , au pays de Brenne ou Brien-
ne , fur les confins du Poitou , entre Argcnton ôc Mai-
zieres. Argenton en eft à trois lieues. Les annales ecclé-
fiaftiques de France en font mention l'an 619. Elle a été
fondée par Foucaud , maire du palais de Thierri , roi
de Bourgogne , ôc par faint Figirand, ou Siranr, qui en
fut le premier abbé; il abdiqua 1 archidiaconé de Tours,
dont il étoit pourvu , ôc fe bâtit en cet endroit une cel-
lule & un oratoire fous l'invocation de fai u Pierre, étant
appuyé du fecours de Flocadeou Foucaud, homme très-
puiflant dans les Gaules. Dagobert I. en confirma I'éra*
bliflement l'an 642. On la transféra à Lonrey fur la Claife,
l'an 1674 , ôc elle fut unie , tant pour la menfe abbatiale,
qui vaut trois mille livres de rente, que pour la conven-
tuelle; à l'églife de Québec , dans l'Amérique. Quant à
l'églife, elle a été convertie en paroifle. Voyez. Lonrey.
Nous avons réformé cet article fous celui de Maubec.
Voyez. Maubec.
MEONIA. Voyez. Lydie , Mysie ôc Phrygie.
MEOPAROT/E , Ecbiz^ , Orcade s , iftes de la mer
feprentrionale , félon Orteiius , qui cite la cosmographie
d'/Ethicus , ouvrage le plus méprifable qu'il y ait dans
ce genre.
MEPHAS , lieu où il y avoir une garnifon des Sarra-
fins , félon George d'Alexandrie , "dans la vie de faint
Chryfoftôme. * Ortelii Thefaur.
MEPHET , félon les Septante, & MephaatH, fé-
lon la vulgate , ville delà Paleftine dans la tribu de Ru-
ben(^ ). Elle fut cédée aux Lévites de la famille de Me-
rari. Eufebe dit que de fon tems ( a ) les Romains y en-
trerenoient une garnifon pour la fureté du pays. Saint
Jérôme écrie Miphad , êc en fait deux villes : l'une
ao6 MEP
dans la tribu de Benjamin , l'autre au-delà du Jourdain ,
félon Orrelius, Thefaur.(a) Jofué , 13. i8.(£) Dvm
Calmet, Diction.
MEPH1T1S i£DES. Voyez. Amsanctus.
MEPHRA. Voyez. Maepha.
MEPHYLA , ville d'Italie , dans le Latium , chez les
Aborigènes. Denys d'Halycarnafle , /. i.p. n. dit qu'elle
étoit a quarante ftades A'Urvinium , Se à trente de Suna.
Sylleburge la prend pour la Medulliu de Pline.
MEPPEL , gros village des Pays-Bas , au pays de
Drente fur l'Aa. Il a de beaux privilèges. * Dict. gèogr.
des Pays Bas.
MEPPEN , ville d'Allemagne, au cercle de Weftpha-
lie fur l'Ems , au-deflbus de Lingen , dépendante de l'ar-
chevêque de Cologne , qui l'a retirée des mains des com-
tes Palatins. Ceux-ci l'avoient achetée de la veuve du fei-
gneur de Kniphaufen , qui en avoit été quelque tems en
pofTeflion. Cette place eft en quelque manière une clef
de l'Ooftfriefland. Le comte Erneft de Mansfeldt la prit
en 1622 , Se fut obligé de l'abandonner , après que l'ar-
mée de l'évêque d'Halberftat eut été mife en déroute.
Elle avoit été prife en 1587. par les troupes des Pro-
vinces-Unies , qui étoient fous la conduite du colonel
Adolphe de Mors. * Zeyler , Topogr. Weftph. phal.
MEQUEBHUAN , ou Equebdenon , grande mon-
tagne d'Afrique, dans la province de Garet , au royaume
de Fez. Elle s'étend depuis Caçaça vers le Levant, jusqu'à
la rivière de Mulaye , & depuis la mer , jusqu'au défert
de Garet. Il y a quantité d'orge Se de miel , Se beaucoup
de gros Se menu bétail ; Se elle étoit autrefois habitée
d'un peuple belliqueux Se riche , qui y faifoit fleurir le
commerce ; mais les habitans en furent fort endommagés
par les courfes des Chrétiens , lorsqu'ils furent maîtres
de Melillei Se ne pouvant s'entrefecourir les uns les au-
tres , à caufe de l'éloignement de leurs villages , ils furent
contraints de fe retirer ailleurs. Ils y font retournés de-
puis la perte de Caçaça ; mais ils font bien moins à leur
aile qu'ils n'étoient. On les nomme Bénélaid , Se ils font
des dépendances de Tezete -, de forte qu'ils payent con-
tribution au gouverneur , pour l'entretien de la cavalerie
qui fert à défendre la province. La montagne de Mequeb-
huan donne d'un côté fur la rivière de Mulucan , où
elle fait comme une efpéce de cap. Les Chrétiens la
nomment en cet endroit la montagne des Ardaques , ou
des boucliers. De l'autre côté , qui répond vers la mer ,
elle tient à la montagne de Carmun , où étoit l'ancienne
ville de Méchucha , dont les bâtimens paroiflent avoir
été faits par les Romains. Le calife fchismatique de Cor-
van la ruina. Quoiqu'elle n'ait pas été rétablie depuis ,
quelques Bereberes demeurent au plus haut en un quar-
tier , qu'on appelle la nouvelle Méchucha. * Marmol ,
Defcript. de l'Afrique , r. 2. 1. 4. c. 10 1.
MEQUELLA , ville d'Egypte , qui a été bâtie fur le
bord du Nil , du côté du levant , par les fuccefleurs de
Mahomet. Elle eft fort peuplée , Se a plusieurs rifle -
randsôc laboureurs , quoiqu'elle ne foit fermée que de
méchantes murailles. Comme il n'y a point de mar-
chands dans cette ville , les étrangers n'y fréquentent pas.
Le pays d'alentour cfl fertile en bleds , en orge Se en
lin , Se il s'y trouve un grand nombre d'oies , que l'on
porte pour vendre au Caire vivantes ou falées. * Mar-
mot > Defcr. d'Afrique, t. 3. c. 21.
MEQUELLAS-CAYS , ville d'Afrique , que les fuc-
cefleurs de Mahomet firent bâtir fur un haut tertre , qui
eft au bord du Nil, du côté du couchant. Cet endroit
n'ayant rien à craindre des débordemens du fleuve , qui
n'arrivent pas jusques-là , on l'a tout planté de vignes ,
qui fourniflent des raifins frais au Caire pendant une par-
tie de l'année. Comme les habitans n'ont point de terres
où ils fe puiflent étendre , c'eft-là presque tout leur trafic.
La plupart font bateliers , qui navigent le long de ce
fleuve. * Marmol , Defcription de l'Afrique , tom. 3 .
chap. 23.
MEQUINENÇA , ville d'Espagne , au royaume d'Ar-
ragon , à l'endroit où fe fait le confluent de l'Ebre Se de
la Segre. Cette ville eft ancienne. Elle étoit connue au-
trefois fous les noms d'Oclogefa Se à'Iitofa. Elle eft forte
par fa fituation, dans un terrein entouré des deux rivières,
dont il vient d'être parlé , & défendue par un château
bien fortifié. La campagne qui l'environne eft abon-
MER
damment arrofé , fort agréable Se très-fertile. * Délices
d'Espagne , t. 4. p. 6j 5.
MER , mot que nous avons pris du mot latin Mare.
Il fignifie , tant en général qu'en particulier , ce vafte
amas d'eaux , la plupart falées , qui environnent le globe
de la terre.
La mer fe prend en général ou en particulier, Se
en la divifant en fes parties. Lorfqu'il s'agit de la mer
dans la plus grande étendue de fon lit , on dit Ample-
ment la Mer ou l'Océan. Les Grecs nous ont donné
le mot Océan, Ciy.ia.vci, formé d'iixsV , Vue, Rapide-
ment , Se de vetitù , Couler. C'efl chez eux un fubftantif.
Homère l'emploie néanmoins auflî comme adjectif. Nous
dii'ons de même l'Océan fubftantif, Se la mer Océane
adjeétif.
Sanfon,/. i.c. 1. dans fon introduction à la géogra-
phie dit : Les anciens s'étant fervi du nom d'Océan pour
toutes les eaux qui environnent notre continent, &
les modernes ayant donné le nom de mer aux eaux
qui baignent l'Amérique, nous appellerons Océan les
eaux qui environnent notre continent , Se Mer celles
qui enrourent l'Amérique. Cette diftinclion n'a point
fait fortune , Se on ne la fuit point.
On dit la Mer pour lignifier la vafte étendue d'eaux
qui occupent une grande partie du globe. L'Océan a
quelque chofe de plus particulier , Se fe dit de la met
en général par oppoiîtion aux mers qui fon enfumées
dans les terres. L'Océan n'environne pas moinsle nouveau
monde que 1 ancien, mais dans les mers ref.erréesdansde
certains efpacesde terre, le nom d'Océan ne convient plus.
De même que la terre eft partagée en pavs , de même
l'Océan eft partagé en mers. La mer Ailantique , la
mer Blanche, la mer Glaciale, la mer des Indes, la
mer du Nord, Limer Pacifique, font également des
parties eflentiilles Se intégrantes d'un feul& même Océan.
Quoique les mers enfermées dans les terres communi-
quent à l'Océan par des détroits connus , ou par des
fouteireins ignores, Se que par conféquent ils ayenc
une liaifon plus ou moins grande avec lui , on ne les
appelle point Océan, mais Amplement Mer, en y ajou-
tant pour les distinguer leur nom propre, comme là
mer Rouge , la mer Vermeille, la mer Méditerranée,
la mer Bal ique , &c.
L'Océan lui même fe partage en diverfes mers , non
qu'il foit divifé par bornes comme les mers enfermées
entre des rivages , Se où l'on entre par quelque détroit,
mais parce qu'une auflî grande étendue de mer qu'eft
1 Océan , eft parcourue par des navigateurs qui ont befoir»
de distinguer en quel lieu ils fe font trouvés -, on a
imaginé des parties que l'on difiingue par des noms plus
particuliers.
Ainfi on appelle mer du Sud la partie de l'Océan qui
eft au midi de la Nouvelle Espagne ou de l'Amérique
feptentrionale ; mer du Nord une autre partie de l'Océan
qui eft au nord du Brefil Se de l'Amérique méridionale;
mer d'Ethiopie la partie de l'Océan qui eft vis-à-vis de
l'Afrique , depuis la Guinée jusqu'au-delà du cap de Bon-
ne Efpérance ; Se mer des Indes ce même Océan depuis
l'Afrique jusqu'à la Chine. On appelle Océan oriental,
ce même Océan le long du Tonquin , de la Chine , du
Japon , des Philippines ou ifles Manilles, Se des nouvelles
Philippines.
Ce qui regarde le flux Se reflux de la mer appartient
plus à la phyfique qu'à la géographie. Voyez. Rohault,
Pby/iqite, 2. part. c. dernier , t. i.p. 140.
Les Hébreux donnent le nom de Mer à tous les grands
amas d'eaux , aux grands lacs , aux étangs. Ainfi la mer.
de Galilée , ou de Tibériade , ou de Cenereth,
n'eft autre que le lac de Génézareth, ou de Tibériade
dans la Galilée. La mer Morte, la mer du Désert ,
la mer d'Orient, la mer de Sodome, la mer du
Sel ou la mer Salée, la mer Asphaltite ou du
Bitume , n'eft autre chofe que le lac Afphaltite ou le de
lac Sodome. Les Juifs appclloient la mer Méditerranée,
la mer Occidentale , ou la grande Mer, ou la mer
de Derrière. On donna même le nom de Mer à un
très grand baflïn de bronze que Salomon fit faire dans
le temple pour la commodité des prêtres qui y lavoient
les pieds Se les inteftins des victimes, & les inftrumens
dont ils fe fervoient dans les facrifices.
MER
Les Ethiopiens nomment la mer Bar en leur langue J
& donnent ce nom même à des lacs, comme bar Dam-
BEA,le lac de Dambee ; Barsuf , le Zanguebar , le
BarnagasH, &c. Les Grecs difent e*K<x.<r<rct,ThaLaj]at
à caufe de fa couleur verte. a"a?, Als , à caufe de fa
falure , ôc môvrou dont les poètes Latins ont pris le mot-
Pontus . nom commun à tomes les mers, 6c que nous
n'employons en françois que dans le nom du Pont-
EuxiN.en parlant de la mer Noire par rapport à l'antiqui-
té. Les Italiens difent Mare &c Mar dans leurs vers ;
les Efpagnols ôc les Portugais Mar ; les François Mer >
les Anglois Sea \ les Allemands Sée : ils emploient aufli
ce nom pour lignifier un lac -, les Hollandois Zée.
Liste de principales Mers du monde connu.
La mer d'Abex , partie de la mer Rouge , le long des
côtes de l'Abiffinie.
La mer Adriatique. Voyez, Adriaticum mare ôc
Venise.
La mer d'Afrique, partie de la mer Méditerranée ,
entre les ifles de Malte , de Sicile Se l'Egypte , ôc le long
des côtes de Barea ôc de Tripoli.
La mer d'Allemagne, partie de l'Océan, depuis les
Pays-Bas jusqu à la Manche de Danemarck.
La mer d'Angleterre. C'eil , à proprement parler j
la mer qui environne ce royaume •, mais les Anglois reten-
dent davantage , Se fe regardent comme propriétaires de
la Mer. Comme cette nation a pofïédé une grande partie
des côtes de France , elle s'eft accoutumée à regarder
cette mer comme fon domaine. Delà vient que fi une
femme accouche dans la traverfe , fon enfant efl cenfé
Anglois comme s'il étoit né en Angleterre , & y jouit
des mêmes droits.
Là mer d'Arabie. On appelle proprement ainfi la
partie de l'Océan qui ell entre le cap de Rafalgate ôc
l'iiie de Zocotora. Les autres parties de la mer qui font
une presque ifle de l'Arabie font des noms particuliers >
favoir , le Sein Perfique , le golfe d'Ormus ôc la mer
Rouge. Les anciens comprenoient la mer d'Arabie fous
le nom d'ERiTHR^EUM mare.
La mer d'Arménie , c'cillc lac ôActamar. Voyez,
ce mot.
La mer Atlantique. Voyez, au mot Atlantique.
La mer Australe , c'eil la partie de l'Océan la plus
méridionale. 11 n'y a pas longtems qu'on | a découvert
qu'elle occupe uri vafle efpace , où l'on fe figuroit des
terres* Ce qui engageoit les navigateursà paffer le détroit
de Mage Lin avec bien des difficultés ôc des dangers. A
prélent on elt desabufé par des navigateurs, qui ont fait
le tour de l'ifle de Feu ; ôc on fçait qu'à la réferve d'un
amas difles, il n'y a qu'une mer allez large au midi de
ce détroit que l'on évite pour entier dans la mer du
Sud.
La mêr de Bachu , c'efl la même que la Mer Cas-
pienne. Voyez, ce mot.
La mer Baltique , grand golfe , entre l'Allemagne
& la Pologne au midi , le Danemarck & la Suéde au
couchant , la Laponie au nord , la Bothnie , la Finlan-
de ,1a Livonie , la Courlande . partie de la Pologne &
le royaume de Prufle à l'orient. Elle communique à la
mer de Danemarck par trois détroits, qui font le Sund ,
ou le pal âge oriental entre la province de Schonen ,
qui elt de la Suéde , ôc l'ifle de Séeland ; le grand Belt
entre cette même ifle ôc celle de Funen , ôc le petit
Bel entre la Funen ôc le Jutland -, ôc comme ces deux
deimers partages font entièrement dans l'état du royaume
de Danemarck , ôc que ie premier y étoit auffi lorf-
que la Schonen lui appartenoit , l'entrée de la mer Balti-
que dépend encore à préfent du roi de Danemarck , qui
a droit de vifite fur ce qui y entre , ôc en fort. Comme
cette mer elt à l'orient du Danemarck & de la Suéde ,
ces nations la nomment en leur langue la mer d'Orient.
Les rLmands, par imitation, la nomment Oostzée.
Quelques-uns comprennent dans la mer Baltique la mer-
de Danemarck , qui elt entre la Novwege éx: le Nord
Jutland. Je ne la prens qu'après que l'on a patte l'un des
détroits que j'ai marqués. Cette mer , outre les ifles de
Danemarck , en a fur les côtes d'Allemagne , de Livonie ,
de Finlande ôc de Suéde , plufieurs qui font confidé-
rables. 11 fuffit de marquer ici les noms des plus impor-
tantes.
MER 2.07
Rugen J f
Ufedom , J fur la côte de Poméranie»
Vollin , l
Bornholm, ç
Oeland , ) fur la côte de Suéde»
Gothland, \
D Ch 1_ fur la côte de Livonie.
Les ifles d'Aland entre la Suéde ôc la Finlande,
A l'orient de l'Uplande, la mer Baltique fe partage
en deux bras : celui qui court à l'orient s'appelle le golfe
de Finlande j celui qui avance vers le nord fe nomme
le golfe de Bothnie. Je parle de ces deux golfes aux mots
Bothnie ôc Finlande. La Suéde ôc la Fini, nde font
bordées d'une multitude presque innombrable d'écueiL. ôc
difles qui méritent à peine ce nom.
Outre les deux golfes de Bothnie ôc de Finlande , il
y en a quatre autres, le golfe de Livonie à l'embouchure
de la Dwina , où efl Riga ; celui de Curlande à l'em-
bouchure delà Niémen , où elt Menel; celui de Dantzig
à l'embouchiue de la Vilîule , ôc le golfe de Lubeck
à l'embouchure de la Trave , où efl Lubeck.
La mer Baltique efi dangerer.fe dans les mauvais tems.
Les lames y font fort courtes , ôc les bords fur-tout , du
côté de la Suéde & de la Finlande , font bordés déçut ils,
quoiqu'il y ait un afiez grand nombre de très bons ports.
La mer de Banda , partie del'Archipel des Moluques,
près des ifles de Banda.
La mer de Barbarie , partie de la Méditerranée
fur la côte feptentrionaie d'Afrique , entre le détroit ôc la
mer d'Afrique.
La i:ier de BassorA» ou Balsora , ou BaLsera.
C'efl la même que le golfe Persiqu-e. Voyez, au mot
Golfe.
La mer de Biscaye , partie de l'Océan qui lave la
côte feptentrionaie de l'Espagne depuis Fontarabie, jus-
qu'au cap de Finiflere.
La mer Blanche , grand golfe de l'Océan feptentrio-
nal au nord de l'Europe , entre la Laponie Moscovite ,
au nord ôc au couchant -, l'ifle de Candenoes, la Jugorie
ôc le pays de la Dwina à l'orient ; la province d'Onega
ôc la Carelie moscovite au midi. Cette mer que l'on
nomme aufli Bela-More, reçoit un grand nombre de
rivières j les principales font
Le Ponoy ,
LaStrelna,
La Gouba ou rivière de fel J
La rivière douce d'Ombay ,<
VerfcheRevierou la rivière \
Fraîche ,
La Zalottitza ,
dans la Laponiei
La Vicie,
La Soroka ,
< dans la Carelie,
L'Onega , 5 dans la province de même nom*
La Poliza ,
La Dwina ,
L'ince ,
La Rotz,
La Mangrâ j
La Mydra ,
La Keloeia ou le Kulvio ,
Le Mezzen ,
Le Neez ,
La Ma'gayâ ,
Et la rivière de Titza ,
dans la province de la
Dwina.
dans le p?ys de Ju-
gora.
Il y a plufieurs ifles dans cette mer , fur-tout dans fa
partie du nord-oueft, le long de la Laponie. Entre plu-
fieurs dont nous ignorons les noms , on diltingue
Volna Oftrof , ou l'ifle des Cerfs ,
Keméloc , qui ne parok pas habitée»
ao8 MER
MER
Plus au midi , aux confins de la Laponie & de la
Carelie font les ifies de Solofki , dont la plus grande
a un monaftere de même nom ; la féconde nommée
Anzer, a un hermitage nommé Anzerska Pustina,
c'eft-à-dire l'hermitage d'Anzer ; la troifiéme eft peu de
chofe. Encore plus vers le midi eft l'ifie de Sel , ou l'ifle
des Pêcheurs Viflers Eyland; mais ce n'eft qu'une pres-
qu'ifie , qui même enferme un port , nommé Rade de
Saint Nicolas , à caufe d'un monaftere de ce nom. L'ifle
de Podeflemska eft formée par deux branches de la
Dwina, dont l'une s'appelle le Vieux Canal , & l'autre
le Nouveau. Ceft dans cette rivière , au fud-eft de cette
ifle , qu'eft le fameux port d'Archangcl. L'ifie de Ketté-
cones eft dans le gol e de Mezzen, vis-à vis l'embou-
chure de la rivière de Mezzen. Au couchant 8c près de
la cô.e oppofée , eft l'ifie de Sousnowïtz ou de la Croix ;
.& à l'embouchure de cette mer , fur la même côte ,
font trois écueils q'ie l'on nomme Amplement les trois
ifies. Cette mer s'étend depuis les 64 deg. 10. min. jus-
qu'à 67 deg. 30 nvn. le fond & l'entrée font à peu près
fous un même paralLle. Nous parlons de l'ifie de Candé-
noes en fon article.
Les Turcs nomment lArchipel Agh Denghi, ou com-
me écrit le comre Marfifeli Hak Denisi , c'eft-à-dire
la mer Blanche , par oppofition à Kara Denifi ou Car a
Denghi , c'eft-à-dire, à la mer Noire. J'avertis ailleurs
que les noms de Blanche 8c de Noire ne marquent pas
ici la couleur des eaux de l'une ou de l'autre mer ; mais
qu'ils fignifient heureux , commode , malheureux , funefte.
L'une eft favorable à la navigaion, à caufe des ifies &
des ports où l'on trouve facilement un abri ; 1 autre eft
,expofée aux tempêtes , 8c la navigation y eft très-dange-
reufe.
La mer Bleue. Baudrand dit : Ceft un golfe de la
mer de Bachu ou de la mer Caspie dans fa partie fepten-
trionale, fur la côte de la Tartane moscovite, & à l'orient
de la rivière de Volga. Il n'y a pas un de ces indices
qui foir conforme à la vérité. La mer Bleue, en latin
Lacus C-iCSius , dans la langue du pays jjArallnor ,
eu eft feparée par une partie du pays d'A rail , laquelle
a de largeur environ foixante milles d'Italie , ou vingt
de nos lieues. Ce n'eft point dans fa partie feptentrionale
qu'eft cette mer ; elle en eft à l'orient , vis-à-vis de Kara-
Bugu ou Bugas, golfe où l'on croit que s'abyme une
partie des eaux de la mer Caspienne. Ce golfe , qui eft
vers le milieu de la côte orientale, a fon entrée fort étroite
& s'enfonce dans le pays d'Arall, &c'eft entre ce golfe
& la mer Bleue que fe trouve cette étendue de terre de
vingt lieues de largeur. La mer Bleue n'eft point dans la
Tartarie moscovite , à moins qu'on ne veuille donner
ce nom à toutes les parties de la Tartarie que Pierre le
Grand a conquife. Le Volga étant au nord-oueft de la
mer Caspienne, & la mer Bleue étant vis-à-vis du milieu
de cette mer , elle ne fçauroit être à l'orient du Volga.
Voici ce que c'eft en effet que la mer Bleue.
Ceft un grand lac d'eau falée dans le pays auquel il
donne fon nom d'Arall , 8c qui fait partie du pays de
Charaffm ou Khowaresmc ou Mawaralnahr. * Carte
nouvelle de tout l'empire de la Grande Ritjfie.
Ce lac qui fépare le pays d'Arall des provinces orien-
tales du pays de Khowaresme , eft un des plus grands
lacs de l'Afie feptentrionale ; il a plus de trente milles
géographiques ou quarante lieues en longueur du fud au
nord , & environ la moitié en largeur de Peft à l'oueft ,
8c en tout plus de quatre-vingt lieues d'Allemagne de
tour. Ses eaux font extrêmement falées , & l'on y trouve
les mêmes poiflbns que dans la mer Caspienne. A en
juger par ce qui eft vifible , il ne paroît pas que ce lac
ait aucune communication avec la mer Caspienne , 8c
cependant il reçoit non feulement toutes les eaux de
la rivière de Sirt 8c de quelques autres moins impor-
tantes i mais encore les Tarrares ayant bouché le canal
par où le Kefell s'alloit perdre dans la mer Caspienne ,
ont conduit cette rivière dans la mer Bleue où elle ar-
rive à préfent par trois canaux. Malgré la quantité d'eaux
queces rivières y apportent, on ne voit point qu'elle s'é-
lève au-delTus de fes rives ordinaires , ni aucun canal ap-
parent par où routes ces eaux piaffent s'écouler.
Les Kara-Kalpikks qui occupent le bord feptenttio-
nal du lac d'Arall , conduisent durant l'été les eaux de
ce lac par le moyen de certaines rigoles dans les plai-
nes fablonneules d'alentour à telle hauteur qu'ils jugent
à propos^ & l'humidité de l'eau venant à s'exhaler peu
à peu par l'ardeur du foleil, laifiê à la fin toute la fur-
face de ces plaines couverte d'une croûte d'un beau fel
. cryftallifé , où chacun en va prendre fa provifion. Les
Tartaresde Khowaresme , ceux de la Cafatfchia Cerda,
& les Kara-Kalpakks n'ont point d'autre fel que celui-là.
* Hiji. des Tatars, 9 part. pag. 766. note ( a ).
La Mer du Brésil , partie de l'Océan fur la côte du
Brefil, entre l'embouchure de l'Amazone, 8c celle de
la rivière de la Plata.
La mer des Cafres , partie de l'Océan Ethiopique le
long de la Cafrérie.
La mer Caspienne, grande mer d'Afie entre l'em-
pire Ruflien au nord 8c au couchant, la Perfe au midi ,
8c la Tanai ie à l'orient. Les anciens n'en ont eu qu'une
idée très-vague. Ils la nommoient Caspium Hyrca-
num , ou Hircatnum mure. Hérodote , /. 1. c. 203. eft
le feul qui ait dit , qu'elle n'étoit mêlée ni liée à aucune
autre mer.
Il n'y a point de mer, dit fort bien de l'ifle, fur l'é-
tendue 8c fur la figure de laquelle on ait tant varié ,
que fur celle de la mer Caspienne. On en peut donner
deux raifons : la première eft que cette mer étant déta-
chée des autres 8c entourée de terres de tous côtés,
n'a pu être fréquentée comme l'ont été celles dont la
navigation conduit à différentes parties du monde. La
féconde raifon, eft que les deux tiers des côtes de cette
mer , font habités par des Tarrares qui vivent fous des
tentes, de qui ont très-peu de commerce avec les étran-
gers. Prolomée à qui le Volga n'a poinr été inconnu ,
puisqu'il en marque le cours & l'embouchure fous le
nom de Rha , qui eft l'ancien nom de cette rivière »
n'eft pas tombé dans l'erreur de ceux qui en faifoienc
un bras de mer: mais il n'a pas évité une autre faute,
qui ne défigure pas moins la mer Caspienne. Il a donné
beaucoup trop d'étendue à la mer Caspienne d'occident
en orient, la faifant de 23 deg. de demi, ce qui fait
quatre fois fa grandeur en ce fens. Il a mieux rencon-
tré fur l'étendue du nord & au fud , qui eft fa véritable
longueur , quoiqu'il ait cru faufiement que c'en étoit la
largeur 5 car il la fait de fix degrés jufte , ce qui ne
s'éloigne pas de la véritable diftance d'Aftarabat à Aftra-
kan. Autre faute: il met cette mer rrois degrés plus au
nord qu'elle ne doit être. * Mémoires de l'Académie
royale des feiences , année 1723. p. 3 19.
Les Arabes ne fe font pas trompés comme lui fur le
climat de cette mer. Ils ont même diminué de dix de-
grés l'énorme étendue que Ptolomée lui avoir donnée
d'orient en occident : cette diminution ne fuffifoit pas à
beaucoup près , puisqu'Abulfeda prince Arabe & favant
géographe lui donne une largeur presque trois fois aufil
grande que la véritable, nonobftant la correction qu'il
fait à la détermination de Ptolomée.
Scaliger le père , averti de la faute que l'on faifoit en
prenant la longueur de la mer Caspienne d'occident en
orient , marqua dans fes écrits que l'on fe trompoit eu
cela, 8c palîa pour un novateur.
Oléarius voyageur fage 8c favant , 8c qui avoit lui-
même parcouru cette mer , fe récria contre la faufîeté
des cartes qui en marquoient la plus grande longueur
d'orient en occident. Il affura qu'elle doit être au con-
traire du feptentrion au midi , 8c que fa largeur n'eft
que de fix degrés de l'eft à l'oueft.
Ifaac Voulus fur Mêla , 8c Cellarius dans fon an-
cienne géographie s'élevèrent contre Scaliger & contre
Oléarius. J'ai dit ma penfée fur leur entêtement au mor
Caspiens. La chofe eft préfentement décidée. Pierre
le Grand , ayant poufic fes conquêtes le long de la côte
occidentale de la mer Caspienne , eut occafion de la
faire parcourir toute entière par fes fujets qu'il avoit
formés à la navigation. Il fongea à en faire une excel-
lente carte. Les premières notions qu'on lui rapporta d'a-
bord valoient déjà beaucoup mieux que tout ce qu'on
en avoit eu auparavant : mais fa curiofité , l'engagea à
faire de nouvelles recherches. Il y envoya en 17 18. de
bons navigateurs qui par leurs obfervations , produifirent
la belle carte que Charles Van Verden a dreffée , & qui
fe trouve réduite par de l'ifle au méridien d'Aftrakan.
On
MER
MER
On y voit avec une grande exactitude tous les ports
& les gifemens des côtes, fur tout le long de la fepten-
trionale , de l'occidentale Se de la méridionale, avec les
fondes Se la variation de la Bouflble; La côte orientale ,
à la réferve de certains golfes , y eft moins détaillée;
parce que n'étant pas fi importante alors aux deffeins
du czar , on n'y avoit pas encore fait les mêmes observa-
tions que fur cellequi eft oppoiée dont il ctoic le maître,
Le Mâfanderan étant une province fituée au midi Se
au bord de cette mer , on la nomme quelquefois par
cette raifon la mer de Mâfanderan. D'Hsrbelot dit :
la mer Caspienne , que nos géographes appellent mer
de B.ichu , ell nommée par les Perfans Deria Bacu,
& Baehuielt du nom de cette même ville, aufli bien que
Deria Chilan , Deria Dilem , Se Deria Thaba-
restan , qui font autant de provinces qui s'étendent le
long de fes bords. Deria lignifie en langue perfienne
la mer. Il remarque ailleurs que le mot Colzum, qui de-
ligne la mer Rouge, eft auffi attribue a la mer Cas-
pienne & à la mer Noire par plufieurs auteurs orien-
taux. Les Turcs ne donnent pas a la mer Caspienne le
nom de Colzum Dengbizi ; ils le gardent pour la mer
Rouge, ils appellent celle-ci Cosgoun Denghislcc
qui fignihe la mer des Corbeaux. Le mot de Cosgoun
fc peut auffi prendre pour le bruit que font les vagues
de cette mer fur les rivages. Quelques géographes per-
fans l'ont au fii appelléc BahrKhozar ,m.r de Khozar
du nom que le pays où eft Aitrakana porté autrefois.
La mer Caspienne , telle que nous la connoifions
pré lentement , eft fans contredit le plus grand lac du
monde dont nous ayons connoiffance. Elle eft fituée
entre les 37 Se les 47 deg. de laritude, Se entre les 77
6e les 83 deg. de longit. enforte quelle peut avoir en-
viron 1 fo lieues d'Allemagne en fa plus grande longueur,
en comptant depuis l'emoouchure du iaïck , jusqu'à la
cô:e de la province de Mâfanderan , Se environ 70 lieues
d'Allemagne en largeur , depuis l'embouchure de la riviè-
re de Kur , au fud delà province de Schirvan jusqu'à l'em-
bouchure de la rivière de Kheffel. Le tour de toute cette
mer peut êtretouc au plus de quatre cens cinquante mil-
les d'Allemagne.
Les eaux de la mer Caspienne font très-falées vers le
milieu, Si. moins vers les côtes, à caufe de la gran-
de quantité de rivières qui viennent de tous côtés y
porter leurs eaux; en forte qu'on trouve des endroits
dans cette mer vers les côtes du Ghilan Se du Mâfan-
deran, où les eaux font douces. Elle eft extrêmement
abondante en exceilens poiffons , les efturgeons , les fau-
mons , les truites faumonées , les poiffons blancs ( forte
de poiffon dont on fait cas en Moscovie, ) Se pluiieurs
autres fortes que cette mer nourrit, viennent au prin-
tems en fi grande quantité chercher les embouchures
des rivières Se l'eau douce , qu'il eft incroyable com-
bien un en prend chaque année en cette faifon. On y
trouve auffi des carpes Se des brames, ce qui eft affez
particulier dans les eaux falées. Toutes ces différentes
fortes de poiffons y font beaucoup plus grandes & plus
grades qu'ailleurs , fur-tout les poiffons blancs que les
RulTiens appellent Bielluga. Ce poiffon eft parriculicr
à la mer Caspienne Se à la mer Noire ; Se c'eft delà
que quelque-uns concluent que ces deux mers ont une
communication fouterreine. On trouve de ces poiffons
qui ont jusqu'à 20 pieds de longueur. Ils ont en quel-
que manière la figure du brochet & le goût de l'eftur-
geon , mais la chair en ell toute blanche , Se c'eft de-là
que leut vient le nom de poiffon blanc ; c'eft le même
poiffon que l'on prend auffi dans le Danube , Se qu'on
appelle Hrnfen en Autriche. Les carpes y font pareille-
ment d'une grandeur extraordinaire, Se il n'eft pas rare
qu'on en prenne vers l'embouchure du Wolgaqui ayenr
jusqu'à cinq pieds de long. On y trouve outre cela des
chiens marins , Se de gros poiffons fort mônftrueux qui
n'ont presque que la tête Se la queue , Se qui ne font
pas bons à manger. On prétend que ces derniers ont
tant de force , que venant à s'accrocher avec la queue
aux petits bâtimens des pêcheurs, ils les peuvent aifé-
ment renverfer ; ce font apparemment les monftrcs du
tems de Mêla.
La mer Caspienne n'a point de flux ni de reflux,
& ce ne font que les vents qui la font monter ou bais-
2.09
fer fur l'une ou l'autre côte , elles font verdâtres a 1 or-
dinaire , comme toutes les eaux de mer , excepté vers
la côte de Ghilan où elles paroiffent blanches , à caufe
du fondd'argille qui règne tout le long de cette côte , Se
dans le golfe de la Jemba où elles paroiffent noires , parce
que le fond eft par tout fort marécageux de ce côté.
Cette mer a par tout foixante à foixante Se dix brafles
de profondeur vers le milieu ; mais fur les côtes elle
a fort peu d'eau, Se fnr-tout vers la côte occidentale ,
où , à une bonne lieue dans la mer , on trouve rarement
plus de dix-huit pieds d'eau. Sur toute h côte de Ghilan
on n'en trouve que depuis fix jusqu'à neuf à la même
difiance, c'elt ce qui rend cette province inaccedible du
côté de la mer. Et comme vers la province du Schirvan
toute la côte n'eft qu'une feule roche jusqu'à la rivière
d'Agragan , dans le Dagheftan , où aucune ancre ne fau-
roit mordre, elle n'elt guère plus acceiiible, quoiqu'il y
ait plus d'eau.
Il n'y a aucun port fur toute la côte occidentale de
cette mer , à l'exception de celui de Bachu ou Baku , dans
le Schirvan, encore n'eit-il bon que pour de petits bâ-
timens , puisqu'il n'a pas plus de dix pieds d'eau. La
meilleure rade qui foit fur cette côte, eft celle de
Terki ; on y mouille affez fûrement entre l'ifle de Ze/èu
(ou Tchetchen Oitrof ) Se la terre ferme ( fur neuf a dix
brafles d'eau près de la côte , car près de l'iJle il n'y a
que deux ou trois brades. Sur il côte orientale eft le
port de Mankischlack, ) ou Manguflave au pays de
Khowaresme au nord de l'embouchure de l'Amu. II
eft excellent , Se c'eft l'unique bon qui foit fur toute
cette mer; mais comme il eft entre les mains des Tar-
tares, de même que toute la côte orientale de cette
mer , il eft fort peu d'ufage à ceux qui en font les maî-
tres. Ce port eft d'autant plus précieux , qu'on a un ex-
trême befoin de pons fur une mer telle que celle-ci,
qui étant allez ferrée Se fort orageufe devient très dan-
gereufe , fur-tout dans les vents d'eft Se d'oueft. * Hi-
Jtoire des Tatars, 9. part. p. 645. not. 2.
Les philofophes fe font jusqu'ici fort tourmentés pour
comprendre, comment il fe peut faire que la mer Cas-
pienne , recevant les eaux d'un fi grand nombre de ri-
vières,& n'ayant point de communication avec les autres
mers puiffe toujours refter fans aucune augmentation vifi-
ble de fes eaux. Le père Kircher, Mund. fubterran. 1. 1.
c. 13. §. 1. p. 85. fort d'embarras en fuppofant quel-
ques conduits fouterreins dont quelques uns communi-
quent à la mer Noire Se les autres au golfe Perfique ;
Se voici comme il en parle : Nous crovons qu il y a
deux conduits : le premier paffe fous la Géorgie , Se la
Mengrelie Se fe termine au Pont-Euxin , de forte que
tout l'espace de pays qui eft entre ces deux mers ,
pris dans fa largeur Se par rapport à ce canal , peut être
appelle un pont fous lequel coulent ces eaux fourer-
reines ; voici les preuves qu'il en apporte. Un auteur
Perfan nommé Paradia qui a traité de l'hiftoire de Tre-
bifonde , raconte dans un livre de géographie touchant la
mer Caspienne, qu'il a remarqué que fur la côte de la
mer Noire auprès de Megzell , cette mer s'élevoit de
tems en tems à gros bouillons, Se cet auteur perfan en
allègue cette raifon. On a remarqué depuis long-rems
que quand les vents d'eft foufflent impétueufement dans
la mer Caspienne, dans le méme-tems les eaux de la
mer Noire commencent à bouillonner plus que de cou-
tume avec une extrême agitation des vagues de cette
mcr,& qu'au contraire , quand les vents d'oueft agirent
la mer Noire, on remarque une agitation pareille dans
la mer Caspienne; ce qui, pourfuit l'auteur perfan,
eft une preuve convaincante que ces mers fe commu-
niquent l'une à l'autre le mouvement Se l'agitation par
des conduits fouterreins qui doivent être très-grands.
11 ajoute, pour confirmer ce qu'il avance, que la mer
Noire jette de ce côté fur le rivage des choies qui ne
lui conviennent pas , mais à la mer Caspienne , comme
une certaine forte d'algue , Se des ferpens , des plan-
ches de vaiffeaux Se des troncs d'arbres d'une espèce
particulière à la mer Caspienne ; d'où il conclut que ce3
mers font intérieurement unies l'une à l'autre.
Les Perfans avouent eux-mêmes qu'il y a des mar-
ques auxquelles on peut connoître la communication
fouterreine de la mer Caspienne avec le glote Pcrin
Tom. IV. D d
MER
2-10
que. Il y a dans ce dernier un gouffre à deux journées
de Balfora, dans lequel la mer s'abyme Se baiffe con-
f dérablement , Se enfuite les eaux rentrant dans leur
lit , il ne relie plus la moindre trace de ce gouffre. Or ,
dit le P. Kircher , on n'en peur rendre d'autre raifon , li-
non une certaine correfpondanceavecla mer Caspienne,
qui étant agitée par les grands vents , envoyé une patrie
de fes eaux dans la mer Noire , Se alors fe trouvant hors
du niveau des eaux du Golfe Perfique , celle ci vien-
nent prendre la place qu'elles trouvent vuide; mais lors-
que le vent d'oued: rechaffe les eaux dans la mer Cas-
pienne , alors elle renvoie au Sein Perfique celles qu'elle
en avoir reçues.
Oléarius, Voyages , t. I. p. 353. I. 4. n'eft point de
ce fentiment , Se ne laifie pas de le confirmer en partie
fans le vouloir ; car il dit : Cette mer ne s'en enfle pas
davantage , Se néanmoins on ne fauroit dire où toutes
ces rivières s'écoulent -, il y en a qui croient qu'elle les
envoie par des canaux fouterreins dans l'Océan. Les Per-
fans nousdifoient qu'auprès de Ferabat , entre les pro-
vinces de Tabriftan Se de Mafanderan il y a un gouffre
où toutes ces eaux fe perdent dans une abyme, fous des
montagnes voifines -, mais d'autant qu'il faudroit que ce
gouffre fût quaû auffi grand que toute la mer pour en-
gloutir les eaux de tant de rivières, j'ai de la peine à me
ranger de cette opinion. Au contraire, pourfuit-il , je me
perfuade aifément que l'on peut alléguer pour la mer
Caspienne les mêmes raifons qui empêchent l'Océan de
fe déborder, encore qu'il y entre une infinité de riviè-
res , favoir qu'outre les brouillards qui y régnent Se
qui en confument une bonne partie , le relie retourne
par des conduits fecrets aux fources des fontaines & des
rivières, fuivant la parole du Sage, que toutes les ri-
vières viennent de la mer Se y retournent, foir que la
pefanteur de l'eau de la mer qui n'eft pas toute dans fon
centre , pouffe celle qui eft plus bas vers les fentes de
la terre jusqu'aux fources , Se que cela fe faffe avec tant de
violence , qu'en fortant elle s'élance plus haut que la
mer même ; foit qu'il y ait dans la terre des veines qui
attirent l'eau Se qui la diftribuent aux fontaines Se aux ri-
vières.
Le traducteur de l'hiftoire des Tatars , fournit auffi
fon fentiment fur cette mer. Je ne vois rien, dit il , qui
empêche que ces eaux ne puiffent fe vuider par le fond
de la mer , de la même manière qu'elles y entrent par les
bords ; car , puisque tant de mines fubmergées , tant de
lacs Se d'étangs formés par des tremblemens de terre ne
nous laiffent pas douter que la terre ne foit toute entre-
coupée de veines d'eau qui communiquent de tous côtés
à fa fuperficie , ces veines ne peuvent aboutir au fond
des mers que pour en recevoir l'eau qu'elles rejettent
fur la terre ferme par une infinité de fources. A moins
de cette circulation perpétuelle des eaux , il feroit im-
poftible que toute la terre ne fût fubmergée en très peu
de tems , fi tant de rivières qui viennent de tous côtés
fe dégorger dans les mers, dévoient tirer leurs fources
d'ailleurs que de ces mêmes mers.
Cependant, poutfuit cet auteur, on prétend qu'il y a un
abyme dans le grand golfe de Carabuga ( nous en avons
parlé dans l'article de la mer Bleue ) qui eft vers les 42
deg. de latitude par où les eaux de cette mer doivent fe
vuider en partie ; Se même un officier qui a été quelque
tems prifonnier chez les Usbccks , a affuré qu'il avoir
été fur ce golfe avec un petit bateau , Se que fes rameurs
avoient eu befoin de toute leur force pour pouvoir fe te-
nir à la côte. 11 prétendoit que depuis l'entrée de ce golfe
dans la mer Caspienne /l'attraction du tournant de cette
abyme , qui fe trouve vers le milieu du golfe, eft fi grande,
que pour peu que l'on s'éloigne des bords, on ne peur pas
manquer d'être englouti par la rapidité du tournant. Le
nom de ce golfe qui veut dire, en langage tarrare, Bouche
Noire , paroit donner quelque autorité à cette notion -,
cependant l'hirtorien qui la rapporte ne veut pas la ga-
rantir : Suppofé même , dit-il , qu'jl y eût une femblable
abyme dans le golfe de Carabuga , il eft impoffible qu'il
fe puiiTe vuider par-là une quantité d'eau proportionnée
à celle qui entre partant de rivières en cette mer ; par
conféquent , conclut-il , il en faudra toujours revenir aux
filtrations foutencines pour le reliant de ces eaux..
Cet auteur fait la même faute qu'Oléaritts , c'eft de
MER
fuppofer chacun que le gouffre dont ils parlent eft unique,
ce qui ne paroit pas fort raifonnable. Celui d'Oléaiius
doit être entre le Tabriftan & le Mafanderan , c:eft>à-
dire fur la côte méridionale. Celui de Carabuga eft bien
loin de-là , dans la côte orientale. En voilà deux; pour
peu que ceux-ci foient vérifiés , il s'en trouvera peut-
être encore quelques autres, Se voila la difficulté levée.
Ce qu'un feul n'a pu abforber, d autres le conlumeront.
Il y a bien de l'apparence que ce gouffre de Carabuga
communique avec la mer Bleue.
Outre les Tartares , on trouve fur les bords occiden-
raux de cette mer, des Arméniens, des Juifs Se des Ara-
bes.
Les Arméniens font disperfés dans les territoires de
Musckur , de Kuftan , Se principalement dans celui de
Kabballah. Plufieurs d'entre eux , qui, avant 1a rébellion,
étoient de très-riches marchands , font allés s'établir à
Schamachie, à Derbend Se à Raku. Outre la langue
Arménienne , ils parlent celle qui eft en ufage dans le
pays qu'ils habitent. Ils font Chrétiens , Se ont presque
tous des terres : mais on tire d'eux des contributions plus
fortes que des Mahométans ; car, outre le tribut que cha-
que habitant eft oblige de payer , on exige de chaque Ar-
ménien un Karatsch , c'eft-a dire une capitation. Ils ont
en général beaucoup louftert des rebelles , qui ont ruiné
Ieuis habitations. Les Legis , Se autres Barbares , en ont
emmené beaucoup avec leurs femmes , Se leurs enfans en
captivité : il y en eut quelques-uns qui fe cachèrent dans
des bois. Ils reviennent peu a peu , furtout dans les terri-
toires qui appartiennent a la Ruffie , Se y rétabliffent leurs
villages. 11 y a actuellement un cloître Arménien près de
Schamachie , d'où on tire presque tous les prêtres Armé-
niens qui font dans ces villages, tous les Arméniens font
obligés , par ordre du Chadschy-Daud-Kan , déporter
comme les Juifs une pièce de drap jaune fur leurs habits
à l'endroit de l'eftomac , afin qu'on les reconnoiffe , Se
que les Mufulmans ne pèchent pas , en leur difant Selam
Alyk., c'eft-à dire , Dcii te benijfe. 11 y avoit plus d'Ar-
méniens dans le territoire de Kaballah que dans les au-
tres , Se on ne leur fit point de mal , parce qu'étant fore
riches , ils fourniffoient de groffes contributions au
Daud Beg : mais ce Chadschy Daud-Kan ayant établi
un de fes fils en qualité de Naib dans ce territoire en
1727 , ce Naib entreprit de faire ambraffer le Mahomé-
tisme aux Arméniens , leur impofa de groffes contribu-
tions, Se en fit circoncir plufieurs par force. Le Daud-
Beg leur fit dire que fon fils en avoit agi ainfi fans fa par-
ticipation , Se que s'ils vouloient lui fournir une cer-
taine fomme, il leur accorderoit le libre exercice de leur
religion ; ils la fournirent, Se retournèrent faire l'office
dans leurs Eglifes : mais les prêtres Mahométans les at-
taquèrent comme renégats » Se les forcèrent de retour-
ner dans les Metschets : ainfi ils font Mahométans mal-
gré eux.
Les Juifs font auffi disperfés dans divers territoires ;
ont divers villages parmi les Chaitaki , dans le Schir-
van , à Ruftan, à Cuba ; il y en a quelques-uns qui font
le négoce à fchamachie. Ils parlent la langue en ufage
dans les differens territoires qu'ils habitent : mais leurs
Rabins entendent l'hébreu. Ils vivent du produit de-leurs
beftiaux ; trafiquent des esclaves Chrétiens , Arméniens
Se Géorgiens : mais ce commerce eft actuellement dé-
fendu à ceux qui habitent les lieux fournis à la Ruffie.
Ils payent la capitation comme les Arméniens. La plu-
part font de la tribu de Juda , quelques - uns de celle
de Benjamin ; mais il y en a beaucoup qui ne favent
de quelle tribu ils font ; & les Rabins difent pour
raifon, que leurs prédéceffeurs avoient été emmenés en
captivité de Jérufalem , par le roi de Moufi'oul ( Ninive);
qu'ils furent exilés en ces lieux , Se que c'eft de ces exilés
qu'ils descendent. Les Juifs & les Arméniens font em-
ployés aux ouvrages les plus vils & les plus pénibles; d'ail-
leurs on ne leur laifie de biens , que ce qu'il leur en faut
pour leur fubfillance ; ainfi ils font fort pauvres. Ceux qui
habitent parmi les Chaitaki , font obligés de fervir en
guerre , quand I'Asmey le leur ordonne. Lorsqu'un Juif,
étant à cheval , rencontre un Mufulman , il eft obligé
de mettre pied à terre, fi le Mufulman le lui ordonne,
Se en cas de refus , le Mufulman peur le battre , tant
qu'il le juccra à propos , fans cependant le tuer , Se il
MER
MER
n'eft pas permis au Juif de fe venger , même de Ce plain-
dre.
Les Arabes n'ont point de demeures fixes ; ils habi-
tent fous des tentes , qu'ils transportent d'un lieu à un
autre. Ils parlent une langue compofée du turc , du tar-
tare Se de l'arabe. Ils demeurent enfemble par familles ,
ce qui compofe un affembiage de quelques centaines de
tentes, & ils élifent un d'entr'eux pour être leur juks
bachi, auquel ils obéiflênt , fans cependant beaucoup
de foumiffion. Ils vivent uniquement de leurs beftiaux.
Quelques uns cependant font trafic de chevaux. Ils ne
payent pour tout tribut que le droit de pâturage , qui
retourne au feigneur territorial. Leurs ancêtres , étant
venus en Perfe avec leurs beftiaux , s'y multiplièrent de
telle forte . qu'ils furent obligés de chercher du pays où
s'étendre. Ils couvrent leurs tentes de nattes de jonc , Se
mettent des feutres dellus dans les tems de pluie. En été
ils vont camper fur les montagnes , Se ce campement
s'appelle Eilag , & appartient au Turc ; en hiver ils des-
cendent dans la plaine, 'fur le bord de la mer, près du
fleuve Kilag , Se tous ces kilags appartiennent à la Ruffie.
Ainfi presque tous les Arabes changent de domination
deux fuis tous les ans. Ce font de bonnes gens , qui ne
fe fervent de leurs armes , que pour fe défendre. * De-
scription des bords occidentaux de la Mer Caspienne ,
par M. Garber , officier dans ce pays au fervice de la
Ruffie.
La mer de Chouarezan. Baudrand , édit. 1705.
dit que c'eit un des noms de la mer Caspienne. Ce qu il
appelle Cboitare^an , elt laCorasmie, le pays deCharasm'
ou de Khowaresme , qui borde cette mer à l'orient au
pays aes Usbecks.
La mer Christianne, nom que les Danois avoient
donné au grand golfe dans lequel on pafle par le détroit
de Hudlbn. Le capitaine Monde , navigateur Danois ,
y voulut faire quelques établiflèmens , Se y hiverna l'an
1619 , dans un port auquel elt relié le nom de port de
Jean Monck. Le pays d'alentour eit encore nommé le
nouveau Danemarck fur les cartes de de l'Ifle ; mais le
nom de mer Chrillianne,que Monck avoit donné au golfe
en 1 honneur de Chriftian IV. fon roi, n'a pas duré fort
long-tems. On le nomme communément la baie de
Hudfon.
La mer de Cortez. Les Espagnols appellent ainfi
quelquefois la mer Vermeille , qui fépare la Californie
de la nouvelle Espagne.
La mer de Danemarck. On appelle ainfi la mer,
qui s'étend depuis l'Océan jusqu'à la mer Baltique, dont
elle eft en quelque façon comme le veftibule , entre la
ÏSlorwege au nord , la Suéde à l'orient , le Jutland au
midi Se au couchant.
La mer douce des Hurons , grand lac de l'Amé-
rique feptentrionale au Canada. C'eit le lac des Hurons.
Voyez, Hurons.
La mer d'Ecosse , partie de l'Océan au nord & au
couchant de lEcoffe. On y trouve les ifles de Fero , les
Orcades & les Wefternes.
La mer d'Elcatif, c'eft le même golfe que le Sein
Ferlique.
La mer d'Espagne , partie de la Méditerranée le
long de l'Espagne , depuis le cap de Creufe au pied des
Pyrénées jusqu'au détroit de Gibraltar.
La mer de France. On appelle ainfi la partie de
l'Océan , quiUave les côtes de France , depuis le cap de
faint Mahé en Bretagne jusqu'aux côtes d'Espagne , où
commence la mer de Biscaye ; mais quand on dit les mers
de France , on entend depuis Bayonne jusqu'à Dunker-
que fur l'Océan , Se toutes les côtes de Provence Se du
Languedoc fur la Méditerranée dans le golfe de Lyon.
Les matelots François étendent la mer de France depuis
le cap S. Mahé jusqu'au cap Finiftere , & y comprennent
la mer de Biscaye.
La mer de Galilée ou de Tiberiade. Voyez. Ce-
*IERETH.
La mer de Gènes , partie de la Méditerranée , de-
puis Monaco jusqu'à la Toscane.
La mer de GaitAti. Voyez, la mer Caspienne.
La mer Glaciale , partie de l'Océan feptcntrional ,
au nord de l'Europe & de l'Afie , & plus particulière-
ment entre le Groenland au couchant Se le cap Glacé
ai 1
au levant. Les anciens en ont eu une foible idée. Les ten-
tatives que les Européens, & fur-tout les Hollandois ,
ont faites pour la palier, ôe pour y trouver un paffage qui
les conduisît/ à la Chine Se au Japon , ont rendu cette
mer allez fameufe. Cependant les difficultés empêchè-
rent le fuccès de leur recherche , Se dégoûtèrent extrê-
mement les autres qui auroient pu tenter le même pas-
fage: de forte qu en 1720, de l'Ifle, Mémoires de l'A-
CuUémie royale des Sciences , année 1720 , p. 48 1 . oblige
de faire une mappemonde pour Louis XV. rendant com-
pte a l'académie royale des fciences des raifons qui l'a-
voient porté à ttacer divers endroits dune manière nou-
velle , s'exprimoii ainfi au fujet de cette mer. On a cô-
toyé la nouvelle Zemble par le côté du nord jusqu'au
port de la Glace , fitué à la partie orientale , où les Hol-
landois furent obligés d'hiverner en 1597, Se quoique
l'on ait aulîi fuivi par le côté méridional les côtes de Tar-
tarie, oppofées à cette terre , comme l'on n'a pas encore
pénétré par cette dernière route jusqu'aux parties orien-
tales de ce pays , on ne fçait pas encore fi la nouvelle
Zemble eit une ifle, comme il elt marqué dans les cartes
ordinaires. Il y a même grande apparence que ce pays
fait un même continent avec la Tartarie , Se que la mer
où Ton entre par le détroit de Weigats, n'elt qu'un golfe,
comme l'allure la Marteliere dans fa relation.
Quoi qu'il en foit , continue ce géographe , la quantité
des glaces que l'on trouve dans cette mer , où tombent
les plus grandes rivières de Tartarie , a empêché jusqu'à
préfent de pénétrer dans la mer Orientale , où l'on efpé-
roit trouver un chemin pour le Japon Se la Chine par le
nord-eft , & il s'efl amoncelé pareillement une fi grande
quantité de glaces au nord du même pays, vers les en-
droits où les Hollandois ont été obligés de laifier leur
vaiffeau, que le capitaine Wood, célèbre navigateur An-
glois , y étant aile en 1676 , trouva cette glace confolidée
Se attachée fi fortement à h pointe occidentale de la
nouvelle Zemble , qu'il n'y rcltoit aucun paffage , Se que
certe côte de glace s'étendoit l'espace de cent lieues à
l'oueft-nord-elt , formant plufieurs golfes.
Par la nouvelle carte de tout l'empire de la grande
Ruffie, publiée depuis peu a Amfterdam, on voit que
cette mer elt enfin connue par rapport aux côtes Elle
elt bornée au couchant par le Groenland dans les terres
arctiques; au midi par la mer du Nord, parla Laponie,
par la mer Blanche , par la Moscovie Se la Sibérie; Se à
l'orient par l'ifle de Puohochotfch ; au delà de laquelle
elle fe joint avec la mer du Japon , qui tient à la mer du
Sud. Les principaux peuples qui habitent le long de
cette mer , font les Samoyedes , depuis Archangel jus-
qu'à l'Obi , Se depuis l'Obi jusqu'à la Lena. Depuis ce
fleuve jusqu'à la rivière de Kholima, font les Jukagres ;
les Tzchala'tkes font depuis la Kholima jusqu'au détroit
qui fépare l'ifle de Puchochotsch Se quelques autres plus
petites d'avec le continent. L'Obi , la Janiffea Se la Lena
font les principaux fleuves qui fe perdent dans cette mer.
La mer de Grèce , partie de la Méditerranée le long
des côtes de la Grèce Se de la Morée , depuis les ifles de
fainte Maure , de Céphalonie Se de Zante , jusqu'à l'ifle
de Cerigo.La côte orientale de la Grèce eit de l'Archipel.
La mer de Groenland, partie de l'Océan fur la
côte des terres Arétiques. La partie orientale du Groen-
land , que cette mer baigne , eft devenue inacceffible par-
les glaces qui s'y font accumulées avec le tems. 11 y avoir
autrefois fur cette côte une colonie danoife très- étendue,
Se qui a fubfifté long-tems ; mais qu'on a été obligé d'a-
bandonner depuis deux fiécles , faute d'avoir pu en ap-
procher.
La mer de Guienne , partie de l'Océan, entre l'Es-
pagne & la Rochelle.
La mer de Guinée , partie de l'Océan , depuis Ta
Sierra Liona jusqu'au Congo , le long des côtes de la
Guinée.
La mer de Harlem. Voyez. Harlem.
La mer du Japon , partie de l'Océan oriental autour
du Japon.
La mer d'Iemen .partie de l'Océan le long des côtes de
l'Arabie Heureufe , entre la mer Rouge Se le golfe d'Or-
mus.
La mer d'Ieso, partie de la mer du Japon auprès d*
l'ifle d'iéfo. * ■
Tom. IV, D d y
MER
2,12,
La mer des Indes , partie de l'Océan le long des
côtes méridionales de l'Afie , depuis la Perfe jusqu'au
golfe de Siam , pafTé lequel commence l'Océan oriental ,
qui court le long de la Cochinchine , du Tonquin , de
la Chine.
La mer Ionienne. Ce dcvroit être la mer qui lave
les côtes d'Ionie dans l'Afie mineure; mais le caprice de
quelques géographes a voulu que l'on donnât ce nom à
la partie de la mer Méditerranée , qui eft entre la Grèce ,
la Sicile & la Calabre. Nos navigateurs partagent cette
mer, Se difent la mer de Grèce , la mer de Sicile, la
merde Calabre, &c.
La mer d'Irlande , partie de l'Océan autour, &
fur-tout au midi de l'Irlande.
La mer d'Islande, eft l'Océan autour de l'Iflande.
La mf.r de Lanchidol. Voyez. Lanchtdol.
La mer Magellanique , c'eft la mer qui baigne la
terre de même nom. Vjyez. ce mot.
La mer Majeure. Voye z. la mer Noire.
La mer de Marmora , nom moderne de la Pro-
Tontide. Voyez, ce mot.
La mer de Mazanderan , nom que quelques-uns
ont donné à la mer Caspienne , à caufe d'une province
de ce nom qui elî fur les bords.
La mer de la Mecque , c'eft la même que la mer
Rouge. Vyez. la mer de Suf.
La mer Méditerranée , grande mer entre l'Eu-
rope , 1 Afie Se l'Afrique. Son nom fignifie qu'elle eft au
milieu des terres. Elle eft féparée de I Océan par le dé-
troit de Gibraltar , de la mer Rouge par l'ifthme de Suez,
ôc de la Propontide par le détroit des Dardanelles. Elle
contient plufieurs grands golfes. Les piincipaux font le
golfe de Lyon, le golfe Adriatique , l'Archipel, Se le
golfe de Barbarie. Elle contient trois grandes presqu'ifles,
favoir , l'Italie, la Grèce Se la Natolie. Ses principales
ifles font ,
MER
Sicile,
Sardaignc ,
Corfe ,
Majorque ,
Minorque ,
Malte ,
Corfou ,
Céphalonie ,
Zante ,
Candie.
Et cette multitude d'ifles qui font comprifes dans la
partie de cette mer, nommée l'Archipel. Nous avons fur
cette mer le Portulan de la Méditerranée par Mxhelut ,
Se la carre marine de cetre mer par Bertkelot.
La mer du Mexique. Voyez. Mexique.
La mer des Moluques, partie de l'Océan oriental ,
autour des ifles de ce nom.
La mer Morte » ou la mer de Sel , ou le lac As-
phaltide. Grand lac de la Paleftine , à l'embouchure
du Jourdain Le père Nau , Jéfuite , dans fon voyage de
la Terre Sainte , /. 4. p. 377. parle ainfi de cette mer :
Le lieu où eft cette mer , étoit autrefois une terre fer-
tile & un pays fi agréable , que l'Ecriture le compare à
un jardin digue de Dieu. C'étoit une belle campagne ,
qui s'abbaiffoit infenfiblement jusqu'au Jourdain , dont
elle étoit arrofée. Elle étoit couverte d'une forêt de jar-
dins ôc de délicieux bocages , qui la faifoient nommer
Vallis Sylvefiris , la Vallée des Bois ■■, Se elle fourniffoit
abondamment à Sodôme , Gomorre , Adama , Seboin &c
Bala , autrement Segor , donr lesfeigneurs portent le nom
de rois dans la Genèfe. L'affluence de tous les biens ayant
fait naître Foifiveté , & l'oifiveté la corruption des
"moeurs , le débordement devint fi grand & fut fi général,
qu'il ne le trouva pas feulement dix hommes de bien
dans Sodôme. Il n'y avoir que la famille de Loth où Dieu
{px craint Se adoré , & elle ne confiftoit qu'en quatre
perfonnes. A peine en fut elle fortie , que Dieu fît pleu-
voir des terres de feu & de foufre qui confumerent jus-
qu'aux pierres , Se changèrent ces terres, graffes Se ferti-
les en cendres féches , Talées Se ftériles. Elles s'enfoncè-
rent même , Se fe remplirent des eaux du Jourdain , qui
formèrent ce grand lac que nous nommons la mer Morte,
ce qu'ici appelle dans le pays B.iLhret Louth , c'eft-à-
oïre, le me ou Lvw.si longueur eft de '24 lieues , Se fa
largeur de deux ou trois en quelques endroits. Il n'y eut
'qiîèqtia're villes danvmées , Segor fut confervee à la
prière de Loth. Qn croit encore en voir les reftes dans
* V '
le lac ; au moins il renferme une affez petite ifle peu éloi-
gnée de (on rivage , Se l'on y voit quantité de pierres de
taille & comme des ruines de maifons , & c'eft l'endroit
où les cartes marquent Segor. * Ger/eJ. c. 1 3.
Les eaux du Jourdain font d'elles - mêmes extrême-
ment douces; mais auiîi-tôt qu'elles entrent dans cette
mer , elles contractent une falure Se une amertume qui
n'a point d'égale , Se qui fait avec jullice appeller ce lac
Mae jalu Se Marc Jul/iJJimttm. Elles deviennent auiTî fi
pelantes, que l'on a de la peine à nager dedans ; le corps
Se principalement les pieds , s'élevant toujous defius , en
forte qu'on ne peut les pouffer commodément , ainfi que
le demande cet exercice.
Quoique l'eau de cette mer foit claire , l'on n'y trouve
aucun poiffon. C'elt peut-être parce qu'elle n'a rien en
foi qui ait vie, qu'on lui a donné le nom de mer Morte.
Si ce n'elt plutôt parce que l'es eaux femblent s'arrêter-
là , Se n'avoir point d'autre mouvement que celui du
vent; mais il eft hors de doute quelles s'écoulent par-
deilous terre , Se qu'elles vont fe peidre dans la mer.
L'on raconte à cette occafion qu'un pèlerin ayant laifté
tomber une tafie de bois dans le Jourdain , elle s'abyma
dans ce lac , d'où elle pafia jusqu'au rivage de la Sicile ,
où on la pécha , Se où celui qui l'avoir perdue , fe trou-
va Se la racheta ; mais il n'y a apparemment pas plus de
vérité que de vraisemblance dans cette hiftoire.
Quelques auteurs écrivent que cette mer eft conti-
nuellement couverte de vapeurs groiLercs , qui la ten-
deur horrible. D'autres cependant affurent n'en avoir
point vu , Se ajoutent que fa furface paroît auffi belle
que celle des autres Le dedans à la vérité eft bien dif-
férent , Se ce goût épouvantable dont elle eft empreinte ,
eft un témoignage fenfible Se perpétuel de la malédiction
de Dieu. Les terres d'alentour ne la font pas moins voir.
Elles paroiflent comme de la cendre , & l'on n'y trouve
point , ou très peu de pierres , Se à peine ces terres brû-
lées produisent - elles quelques épines Se quelques mé-
chantes herbes , lofs même qu'elles font arrofées des
pluies de 1 hiver & du prinrems.
On aiïure que l'on voit près de cette mer , environ à
une journée de l'embouchure du Jourdain & à fa côte
occidentale , quantité de ces atbres de Sodôme , dont il
eit parlé dans les anciens. Ils font de la hauteur des fi-
guiers , Se ils femblent en avoir le bois ; leurs feuilles ap-
prochent de la verdure Se de la figure de celles des
noyers , Se leur fruiit eft femblable à de gros limons : il
en a la couleur & la forme-, mais il n'en a ni la folidi-
té ni la bonté. Sa beauté tente ; mais lorsqu'on le preffe ,
il plie , Se paroît vuide comme une éponge pleine de
vent. Foulcher de Chartres , Geft. Pereg. Franc, ann.
1 100 , qui de fon tems vifita ce pays, parle de ces ar-
bres en ces termes : Je vis-là , dit- il , comme des pommes
en des arbres , dont ayant rompu l'écorce , je trouvai 1»
dedans noir Se poudreux.
A l'égard du bitume, que les auteurs difent que l'on re-
cueille dans cette mer , à laquelle pour cette raifon on a
donné le nom d'Asphaltite , qui eft le même que les
Grecs donnent à cette espèce de poix ; on dit que l'on
n'y en trouve pas en tout tems ; mais qu'en certaines
années ce bitume femble fortir comme de deflbus l'eau,
qu'il s'élève à la furface du lac, Se s'y affemble quelque-
fois de la grofieur d'un navire , qu'il flotte au gré du venr,
qui enfin le porte à quelque côte où il s'arrête , Se où
quelquefois il fe rompt en plufieurs pièces. Les Arabes
le ramalTent avec foin , Se le bâcha de Jérufalem en prend
fa part. * Le P. Nau , Voyage de la Terre Sainte , liv. 4.
pag. 382.
Les Arabes affurent que la femme de Loth fubfifte enco-
re , Se s'offrent même de la montrer. Il y a à deux lieues
d'Hébron , furie chemin qui conduit à cette mer, une
montagne que l'on dit être celle où Loth fe retira avec
fes filles. On y voit deux grottes , Se une mosquée bâtie
defTus qui porte fon nom. Cette montagne eft éloignée
de la mer Morte ; mais la peur qui avoit faifi Loth , fur-
tout après le châtiment de fa femme, put bien le. faire
fuir jusques-là.
Le père Nau Jéfuite, à qui je dois cet article , rap-
porte qu'il s'eft trouvé dans ces deux voyages en compa-
gnie de quelques marchands hérétiques, qui tous ont fait
paroître une dcvôtio'n extraordinaire pour cette mer de
MER
MER
Sodome , témoignant une joie infinie en la voyant : II
ajoute qu'il les a vus remplir un grand nombre de bou-
teilles de Ton eau , qu'ils ont emportée avec eux , comme
on feroit d'une chofe précieufe; mais il ne donne poinc
la raifon de cette dévotion.
Les plaines qui environnent la mer Morte font appel-
lées par les géographes la Vallée de Benédiltion ; parce
que , quoique dans le fond on puifle dire qu'elles portent
encore des marques de la malédiction dont Sodome Se
Gomorre ont été frapées , ce fut-là que Dieu verfa fa
bénédidtion fur l'on peuple , ôc qu'il l'y bénit folemnelle-
nient , lorsque Jofaphat roi de Juda, pour recompenfe
d'avoir mis fa confiance en Dieu feul,y remporta de riches
dépouilles des Ammonites Se des Moabites , qui , étant
venus pour le combattre , fe défirent eux-mêmes les uns
les autres. Quand on a palTé cette vallée on trouve de
hautes montagnes , de deflus lefquelles on a remarqué
que les géographes fe trompent dans la figure qu'ils don-
nent à la mer Noire. Ils la font toute droite i mais elle eft
courbe, & va du feptentiion au midi , déclinant vers l'oc-
cident , ôc formant presque un demi-cercle. Elle n'a pas
à l'extrémité cette pointe qu'on lui donne communément,
mais fa côte va en arrondillànt. A cette même extré-
mité il y a , à ce qu'on rapporte encore , une rivière confi-
dérable nommée Saphia , qui vient du défert , ôc qui
a fo'n cours à peu près du fud-efl au nord. A ce bout
de la mer Morte , Se beaucoup devant , il y a de vaùes
campagnes ôc des montagnes de fel ; mais vers la fin
de cette mer, on la voit comme féparee en deux, et
l'on y trouve un chemin par où on la traverie , n'y ayant
de l'eau qu'à demi jambe, au moins en été. La la terre s'é-
lève ôc borne un autre petit lac , de figure ronde , un
peu ovale , entouré des plaines Se des montagnes de fel
dont il vient d'être parlé. Les campagnes circonvoiflnes
font peuplées d'Arabes fans nombre qui font presque tou-
jours aux mains les uns contre les autres. Le côté oriental
de la mer Morte a des plaines fort fertiles. Il y a des villa-
ges où l'on trouve des églifes fans prêtres , Ôc des Chré-
tiens fans presque aucune pratique du Chriflianisme. Le
premier village que l'on rencontre après avoir pafle la
rivière de Saphia , efl Cafarobba-, le fécond, plus avancé
à l'orient ôc au feptentiion de ce premier , s'appelle
Amorrhéon , où il y a une belle églife dédiée à faint Geor-
ges. A quelques lieues de là , Ôc presque dans la même
ligne vers le milieu de la mer Morte , où l'on peint le
torrent ôc la vallée de Jared, on en trouve un autre
nommé Chamaida , ôc un autre encore allez proche ap-
pelle Coura , ôc un cinquième au delïous appelle Mcgeb.
La mer Noire, ou la mer Majeure, grande mer d'A-
ne entre la Tartane au nord;. la Mengréiie , l'Imirete,
le Guneî ôc quelques provinces de l'ancienne Colchide >
pofléuées préfentement par le Turc , à l'orient ; la Nato-
lie au midi ; la Bulgarie & la Romanie au couchant.
Cette mer reçoit plulîeurs grands fleuves ; le Danube ,
le Borvfthéne, le Don, le Phafe, le Cafalmac , l'Ai-
toeza & le Zagarie. Elle communique a la Propontide
par le détroit de Conftantinople , nommé le canal de
la mer Noire , & par cette mer avec l'Archipel. On
peur voir au mot Canal des circonfiances de cette com-
munication. A r ri en en a décrit très-exadtement le circuit
dans fon périple du Pont-Euxin. Le nom de Pont-Eu-
kin efl celui fous lequel elle a été connue des anciens.
Son nom moderne de la mer Noire eft pris des Turcs
qui 1 appellent ainfi , parce qu'elle eft très-orageufe , ôc
manque de ports qui ayent un bon abri. Au lieu qu'ils
nomment mer Blanche , par oppofition, l'Archipel , où
il y a beaucoup d'ifles ôc de bons havres où les vaifleaux
peuvent fe mettre à couvert dans le mauvais tems. Elle
communique par le détroit de Cafta avec le Palus Méo-
tide, qui efl une mer formée parle concours des eaux
de la mer Noire ôc du Don. Les peuples qui habitent
les botds de cette mer font , ou fujets ou tributaires de
l'empire Ottoman.
i . MER DU NORD. ( La ) On appelle ainfi la partie
qui lave les côtçs orientales de l'Amérique, depuis la
ligne équinoxiale au midi , jusqu'à la mer Glaciale au
feptentrion. Elle a été ainfi appellée par contrafle , à
caufe que la mer- qui baigne le Pérou ôc la Nouvelle
Espagne avoir été appellée la mer du Sud. Comme en
allant de l'ifthme de Panama au Pérou & au Chili , on
ai 3
avance toujours vers le midi -, les Espagnols qui ne connu-
rent d'abord cette mer Occidentale que par cette naviga-
tion , 1 appellerent la mer du Sud , par rapport à cec
iflhme d'où ils partoient ; ôc par la même raifon , ayant
remarqué que de l'ifthme de Panama, pour retourner en
Efpagne, il faut revenir vers le nord , a plus forte raifon
pour revenir de la Guiane , ils ont appelle cette mer la
mer du Nord. Le golfe de Mexique en fait partie. Cette
mer comprend un grand nombre d'ifles j Terre- Neuve,
les Açores , les Lucayes , Cuba , Saint Domingue , la Ja-
maïque & les Antilles font les principales.
a. MER DU NORD , ( La ) s'entend auffi de la par-
tie de l'Océan qui efl entre l'Iflande ôc la Noiwege.
La mer d'Oman, partie de l'Océan le long de l'A-
rabie Hcureufe , entre la mer Rouge ôc le golfe Perfique.
La mer Pacifique. C'eft la même que la mer du
Sud. Voyez, ce mot , N°. I.
La Mer du Pérou, partie de la mer du Sud le long
des côtes du Pérou.
La mer de Perse , partie de la mer des Indes , en-
tre le golfe d'Ormus ôc les bouches du fleuve Indus.
La mer Rouge , mer fituée entre l'Arabie a l'orient ,
l'Egypte ôc l'Abyflînie au couchant. Elle eft féparée de
la Méditerranée par l'ifthme de Suez , ôc de l'Océan par
le détroit de Babel-Mandel- Les Turcs la nomment la
mer delà Mecque-, pareeque cette ville en eft fort près.
Les anciens l'ont appellée Sinus Arabicus , le golfe
d'Arabie , parce que les Arabes en ont occupé les deux
côtés. L'Ecriture Sainte l'appelle la mer de Suph , c'eft-
à-dire la mer du Jonc. D. Calmet , Ditl, de la Bible , en
parle ainfi :
Elle eft aufli nommée mer de Suph, à caufe de la
grande quantité de jonc ou de moufle de mer qui fe
trouve dans fon fond Se fur fes bords. On l'appelle
encore aujourd'hui Barhsuf , & l'herbe qui y croît,
Sufo. Diodore de Sicile, Bibliot. I. 3. dit qu'elle paroît
toute verte , à caufe de l'herbe qui croit fous fes eaux.
Ceux qui ont voyage fur cette mer , di;cnt qu'elle paroît
rouge en quelques endroits , à caufe d'un fable qui eft
au fond. Dans d'autres lieux l'eau paroît blanche , à
caufe de la couleur du fable qui y eft blanc. Enfin ,
elle paroît verte aux lieux où il y a de l'herbe ou de la
moufle de mer. Mais cela ne fe remarque que dans les
endroits où l'eau eft bafie; èv la couleur du fable ou de
la moufle ne paroît au travers de l'eau , que parce qu'elle
eft forte claire ôc tranfparente. Dom Jean de Caftro ,
viceroi des Indes pour le roi de Portugal , croit que le
nom de mer Rouge vient de ce qu'il y a beaucoup de corail
rouge au fond. Il eft certain que le texte hébreu des livres
de l'ancien Teftament ne l'appelle jamais mer Rouge,
mais mer de Suph. Pline, /. 6. c. 28. Strab. /. 16. p. 520.
ôc Q. Curt. /. 10. difent qu'on lui donna le nom de mer
Rouge en grec Erythrea, à caufe d'un certain roi Erythros
qui regna dans l'Arabie , ôc dont on voyoit le tombeau
dans l'ifle Tyrine ou Agyris. Plufieurs favans croient
que ce roi Erythros n'eft autre qu'Efaiïou Edom. Edom
en hébreu fignifie roux ou rouge , de même qu'Erythros
en grec; mais je ne crois pas , pourfuit D. Calmet , qu'E-
dom ait jamais demeuré, ni fur la mer Rouge, ni fur
legolfe Perfique, à qui l'ondonneaufli quelquefois le nom
de met Rouge. Voiciladefcriptionde lamerdeKolfumou
de la mer Rouge , félon Abulféda , p. 70. de la dcfcrîpt. de
ÏArabie:E\le tire fon nom de la ville de Kolfuni, fituée fur
l'extrémité de fa côte feptentrionale , fous le 44 deg. ij.
min. d'autres difent 46. deg. 50. min. de long. & fous le 2 j
deg. 45 min. de lat. Depuis Kolfum cette mer court au
midi , en tirant un peu vers l'orient, jusqu'à Kafir , qui
eft le port de Kous , où la longitude eft de 49 degrés ,
ôc la latitude de 26. De-là elle coule encore au midi ,
en fe recourbant un peu vers l'occident aux environs
d'Aidad ,dont la longitude eft de 48 degrés, & la latitude
de 21. D'Aida elle coule en droite ligne vers le midi
jusqu'à la Sawakam , (aujourd'hui Suakem ) petite ville
d'Ethiopie , aufli fous le 48 degré de longitude , & le
dix-feptiéme de latitude. De-là , en continuant vers le
midi , elle va entourer l'ifle de Dahlac , qui eft peu
éloignée de la côte occidentale, Se dont la longitude eft de
6 1 degrés , ôc la latitude de 1 4. De cette ifle la mer s'éten-
dant toujours vers le midi, baigne les côtes d'Ethiopie,
jusqu'au cap Almandab. Voyez. Mandas, C'eft là le bout ,
MER
2,14
ou plikôt le commencement de la mer Rouge du côté
du midi , près du décroit ou de l'embouchure par la-
quelle entre la grande mer des Indes ou l'Océan orien-
tal. La montagne Almandab Se les folicudes d'Aden ,
font fort proches les unes des autres , & ne font féparées
que par un détroit fi ferré , qu'un homme en peut voir
un autre fur le rivage oppofé. Ce*détioit s'appelle Bab-
al-Mandab. Des voyageurs m'ont rapporté que Bab al-
Mandab eft au-deflbus d'Aden, & qu'il efi éloigné d'A-
den en tirant vers le nord-oueft, d'autant de chemin
qu'en peut faire un vaiffeau dans un jour & une nuit.
Les montagnes Almandab font fituées dans le pays des
Abyflins, Se on les voit des montagnes d'Aden, quoi-
que dans un affez grand éloignement. En ce lieu l'em-
bouchure de la mer de Kolfum elt tout- à-fait ferrée 8c
étroite , de la manière que nous avons déjà du. Aden ,
à l'égard de B ib-al-Mandab , eït firuée entre l'orient 8c
le midi; 8c c'ell là tout ce que l'on trouve fur la côte
occidentale de la mer Rouge , depuis Kolfum jusqu'à
Mandab. Panons maintenant au rivage qui s'étend de.
l'autre côré de la montagne de Mandab, Se qui elt la
terre d'Aden. Depuis Aden la mer Rouge coule vers
le feptenmon. La longirude de cette ville elt de 66 degrés,
& fa latitude de 11. Enflure cette mer tourne autour
des côres de l'Yemen, jusqu'à ce qu'elle arrive à l'extré-
mitédes côtes de ce nom, où la longirudeeft de 67 degrés,
ÔC la latiaide de 19 moins 10 minutes. De-là elle s'é-
tend encore vers le feprenrrion, jusqu'à Gioddah , & dont
la longitude elt de 66 degrés, Se la latitude de 21. De Giod-
dah elle coule au nord-oueft , jusqu'à A giahafah, demeure
des Egyptiens , fous le 65 degré de longitude Se le 2 2 de
latitude. Elle continue enfuite vers le nord , en tirant urï
peu vers le couchant , jusqu'au rivage de Yambaak , dont
la longitude elt de 64 degrés , Se la latitude de 26. De là,
elle court tout à-fait entre l'occident & le nord Jusqu'à
ce qu'ayant laiffé Madian , elle arive à Ailah , qui elt fous
le 5 5 degré de longitude & fous le 29 de latitude. Almosh-
tarec dit dans le Kanum qu' Ailah elt a 56 deg. 40 minutes
de longitude, & à 28 degrés jominutesde latitude. D'Ai-
lah , cette mer fe recourbe vers le midi , jusqu'à Altour ,
(ou Thor) qui elt le mont de Sinaï, lequel par un cap
fort élevé , Se qui s'avance dans cette mer , la divife en
deux bras. Delà , en retournant vers le nord , elle arrive
enfin à Kolfum , dont nous avons marqué la pofition. Le
mont Altour ou Sinaï eft firué entre ces deux villes ,
fur une efpéce de presqu'ifle , environné de la mer du
côté d'orient , d'occident , Se du midi , 8c ne tenant à
la terre que du côté du nord.
Tout le monde fait le fameux miracle du paffage de
la mer Rouge. Les rabins & plufieurs anciens pères,
fondés fur ces paroles du pfeaume cxxxv. 13. Il a partagé
la mer Rouge ( j ) en divilions : Qui dwifit mare Rubrum
in âivifiones , ont avancé que la- mer Rouge avoir été divi-
fée en douze ouvertures , enforte que chacune des douze
tribus paffa la mer dans un lit différent des aurres. D'autres
auteurs (b) ont dir que MoVfe qui avoit été long tems
fur la mer Rouge dans le pavs de Madian , ayant obfervé
qu'elle avoit fon flux Se reflux réglé comme l'Océan ,
avoit adroitement profité du tems du reflux , pour faire
palier le peuple Hébreu; Se que les Egyptiens qui igno-
roient la nature de cette mer , s'y étant témérairement
engagés dans le tems du flux , furent envelopés dansfes
eaux. Jofcph , A>iùq l. 2. c. ult. après avoir rapporté l'hif-
toire du paffage de la mer Rouge , ainfi qu'il eft raconté
dans Moïfe , ajoute qu'on ne doit pas confidérer cela
comme impoffible , puisque Dieu peur avoir ouvert un
paffage aux Hébreux à travers les eaux , comme il en
ouvrit un long tems après aux Macédoniens conduits par
Alexandre, lorsqu'ils panèrent la mer de Pamphilie. Or
les hiftoriens qui ont parlé de ce paffage des Macédoniens
(r) , difent qu'ils entrèrent dans la mer Se côtoyèrent le
bord qui n'eft pas bien profond , de manière que les
foldats marchèrent tout le jour dans l'eau jusqu'à la cein-
ture. Arrien J.i.de expedit. Alex, dit qu'on n'y fauroit
paffer , quand le vent du midi donne , mais que le venc
s'etanr changé tout à-coup, donna aux foldats le moyen
d'y paffer fans péril. C'eft peur-être cette réflexion de
Jofeph qui a fait croire à quelques anciens , à faint Tho-
mas (^),àToflat, à Paul de Burgos , à Grotius , à
£énébrard, à Vatable , Se à plus d'un rabin, que les
MER
Ifra'elites n'avoient pas palié la mer Rouge d'un bord 4
l'autre, mais feulement qu'ils la côtoyeitnt Se remon-
tèrent pendant le flux , de l'endroit où ils étoient , en
un autre un peu plus haut , en faifant comme un demi-
cercle dans la mer. Mais lans entrer dans la discuffion
de ces fentimens , fans entreprendre de les réfuter en par-
ticulier , fans nier que la nier Rouge n'ait fon flux
Se reflux , il n'y a qu'a leur oppofer le texre de Moïfe
& des autres auteurs faciès , qui ont parlé de ce paflage
miraculeux, on verra clairement que nul autre lyltémc
n elt foûtenable , que celui qui croit que les Hébreux
pafferent la mer d'un bord à l'autre , dans un lit très vafte,
que les eaux retirées leur laiflerent à fec. Le Seigneur
dit à Moïfe (< ) : Etendez h main fur la mer , & fepa-
rez-en les eaux, afin que les Ifra'elites marchent à pied
fec au milieu des eaux.... Et Moïfe ayant éendu fa rnairi
fur la mer , le Seigneur en divifa les eaux , Se il fir fouffler
toute la nuit un vent impétueux, (à la lettic un vent
de Cadim ou d'Orient ) qui la deifécha. Lorsque les
Egyptiens fuient entrés dans la mer , le Seigneur dit à
Moïiè : Etendez votre main fur la mer , afin que les eaux
retombent fur les Egyptiens. Moïfe ayant donc étendu
fa main, les eaux fe remirent en leur premier é;at,&
vinrent au-devant des Egyptiens qui s'enfuyoient , Se le
Seigneur les envelopa au milieu des flots, Sec. mais les
enfans d'ifiaé'l parlèrent à fec au milieu de la mer , ayant
ks eaux a droite Se a gauche, qui leur fervoient com-
me de mur. Et dans le cantique que Moïfe chanta au
fortir de la mer Rouge, il dit (f): Le vent de votre
fureur a fait remonter les eaux des deux côtés : il a arrête
l'écoulement des eaux , Se elles le font comme condenfees
au milieu de la mer. Et le Pfalmifte, 87. 13. On peut
voir les commentaires fur l'Exode, 14 Se la difiertation
de le Cleic lur le paflage de la mer Rouge, & celle
que D. Calmet a fait imprimer fur le même fujer , à la
tête du commentaire fur l'Exode. On croit que l'endroit
où les Hébreux pafferent la mer Rouge, efl à deux ou trois
lieues au-deffous de fa pointe feptenirionale, à l'endroit
de Kolfum ou Clysma , où quelques anciens (g ) ont
écrit que l'on voyoit encore de leur tems les débris des
roues des chariots de Pharaon, & les traces de fes chariots»
(a ) 0)igen.V\om\\. 5. in Exod. Eufeb. in pfal. 1 35. Epi-
phan. hae ef. 64. (/ ) Artop.tn. api d Eufcb. Piœpar. I. 4.
c. 17. alii quidam ex Chriflianis. (c) Strabon , 1. 14. [d)
Quidam apud Gregor. Turon. 1. i.c. 10. hift. D.Thom.
in I. Cor. 10. ( e ) Exod. 14. \6. 17.8e fcq. (f) Exod. ij.
(g) Paul. Orof. hift. 1. 1. c. 10. Gregor. 'turon. hift. 1. 1.
c. ic.C^fmas, Mcnach. 1. 5 p. 194.
La mer de Sable , c'eit ainfi que les Arabes appellent
un grand defert d'Afrique. Voyez. Zaara.
La mer de Sala, c'eft lamêmeque la mer Caspienne.
La mer de Sapif.nce , partie de la mer de Grèce fur
la côte de la Morée auprès de l'Ifle de Sapienza.
La mer de Sargasse. Les pilotes nomment ainfi la
partie de l'Océan où font les ifles du cap Verd, à caufe
d'une certaine herbe de ce nom qui fe trouve en très-
grande quantité fur cette mer, entre les ifles Se le conti-
nent d'Afrique.
La mer DEScARPANTO,partiede Iamer Méditerranée
auprès de la Natolie : c'eit le Carpathium mare des anciens.
La mer de Sicile. Quoique ce nom convienne à
toute la mer dont la Sicile eft environnée , on le donne
principalement à celle qui eft à l'orient & au midi, jus-
qu'à l'ifie de Maire.
La mer du Sud , vafie partie de l'Océan entre l'Amé-
rique & l'Afie. Elle a été découverte par les Espagnols
qui partoient de la nouvelle Espagne pour le Pérou ,
& par conféquent elle étoit au fud à leur égard. Ils la
nomment dans leur langue El Mar del Zur. Ils l'ont
aufli nommée la mer Pacifique , à caufe des grands
calmes qui y régnent en certains tems Se en certains pa-
rages. On ne la connoît que depuis l'an IJ13. Elle a
un grand golfe que l'on a appelle la mer Vermeille ,
parce qu'il reffemble beaucoup à la mer Rouge ; le grand
golfe de Kamtzchatka peut être aufli confidére comme
faifant partie de cette mer, fur-tout fi on l'étend jusqu'au
Japon & à la Chine , Se que l'on y comprenne l'Océan
Oriental , les Philippines , &c. Elle communique à 1 0-
céan, qui lave les côtes de l'Europe ; premièrement pac
la mer des Indes au midi de l'Afrique &c de l'Atfe j fe-
MER
MER
tondement par la mer Glaciale au nord de l'A fie & de
l'Europe i mais comme cette mer eft fermée de glaces
dans les endroios où les Européens ont effayé de paflcr,
on ne fait pas bien jusqu'à quel endroit elle eft naviga-
ble. Cependant les Tartares l'ont parcourue , ik la par-
courent encore tous les jours. Mais nous n'avons pas de
détail fur leur navigation , &c fur la figure de leurs bar-
ques. 11 refie toujours pour confiant quela mer du Nord
cv la mer du Sud ont une entière communication de ce
côté; troifiémement , par le détroit de Magellan ; qua-
trièmement » par le midi des ifles qui font au midi de
ce détroit -, cinquièmement , il le peut faire qu'il y ait au
nord de l'Amérique , par la baie de Hudfon & par celle
de Baffin , un pafiage vers cette mer , mais on ne le fait
pas , performe n'ayant tenté cette route d'une manière
décifive. On a fait de grandes fautes fur l'étendue de
cette mer & fur fa pofition , par rapport au premier
méridien ; nous avons obligation aux obfervations afiro-
nomiques d'une grande réformation fur ce fujet : on en
peut juger fur cette différence entre les longitudes de
l'ifie de Mindanao 8c de Panama.
Selon MM.Sanfon , la longitude de Mindanao dans fa
partie orientale eft 178 deg. plus ou moins quelques
minutes ; car leurs cartes varient a cet égard , y en ayant
qui lui donnent plus de 179 degrés.
La longitude de Panama efi de 294 degrés.
Différence de l'une à l'autre , 1 1 j degrés.
Selon de l'ifie ,
La longitude de Mindanao , 144 degrés.
La longitude de Panama , 297 deg. 30 min»
Différence de l'une à l'autre , 153 deg. 30 min»
Ce font donc 38 deg. 30 min. d'étendue , ou 770
lieues de vingt au degré , que les obfervations ont rendu
à cette mer fous ce parallèle. Il y a dans les cartes de
MM» Sanfon des fautes bien plus énormes dans le nord
de cette mer. Ils mettent le Japon pour fa partie orien-
tale au 188 deg. au lieu qu'il eft tout en-deçà du 160.
Ils rangent la terre d'Iefo , ou Ieço , de manière qu'elle
ferme la mer du Sud vers le nord , 8c s'étend presque
jusqu'à la Californie , à laquelle ils font faire une partie
du chemin pour faciliter, 8c dont ils font une ifie, au
lieu que depuis le 190 deg. de longit. jusqu'au 2jo. on
neconnoît abfolument aucune terre de ce côté. Ce n'eft
pas que M. le chevalier de Fougerais , navigateur ha-
bile , dont j'ai eu plufieurs occafions déparier, n'ait vu
quelques terres , en venant de la Chine par la mer du
Sud ; mais il ne les a point allez découvertes , pour fa-
voir fi c'efi une prolongation de la terre ferme de Cali-
fornie , ou fi ce font fimplement des ifles. Quant à la
terre d'Icço , elle efi: bien loin de-là au nord du Japon.
La mer du Sud , en Hollande. Voyez, Zuyderzée.
La mer de Suez > c'efi la même que la mer Rouge»
Les Turcs l'appellent ainfi, du nom d'une place qui efi
au fond feptentrional de cette mer.
La mer de Tabristan, c'efi la même que la mer
Caspienne , qui prend le nom d'une province de Perfe >
ainfi nommée de Tabris ou Tauris , fa capitale»
La mer de Tiberiade ou de Galilée , c'efi la même
que le lac de Cenereth. Voyez, ce mot.
La mer de Toscane , partie de la mer Méditerranée »
le long des côtes occidentales de l'Italie , depuis la ri-
vière de Gènes jusqu'au royaume de Naples. Elle baigne
les états du grand Duc , & l'état du S. Siège de ce côté-
là. On y trouve l'ifie d'Elbe 8c quelques autres.
La mer de Venise. Voyez. Adriaticum mare.
La mer Vermeille , grand golfe de l'Amérique fep-
tentrionale dans la mer du Sud , au midi occidental du
Nouveau Mexique , au couchant de la Nouvelle Espa-
gne , 8c au couchant feptentrional de la presqu'ifie de
Californie. On peut voir au mot Californie, lesraifons
qui détruifent l'erreur où l'on étoit tombé au fujet de
cette mer , que l'on croyoit communiquer avec l'O-
céan au nord de la Californie , que l'on avoit ifolée mal-
à-propos. Elle s'étend , félon Baudrand , du nord .111
fud , entre la Californie au couchant & le nouveau Me-
xique au levant ; mais non pas du nord-ouefi au fud-
2ÎJ
eR , comme il efi marqué dans beaucoup de cartes. Bau-
drand fe trompe lui-même , & fa correction eft faune»
Les cartes qu'il reprend font jufies; & celle qui a été pu-
bliée en dernier lieu par le P. Kino , Jéfuite , qui a fait
le tour de cette mer , eft en cela conforme à celle de de
l'ifie; ëc la méridienne de la baie de S. Jean-Baptific ,
au couchant de cette mer , dans la province de la Sonora,
étant prolongée vers le midi , coupe très-certainement
la terre de Californie dans fa partie orientale. Cepen-
dant il s'en faut au moins cinquante lieues que cette baie
ne foit au nord de la mer Vermeille. On l'appelle aufii
quelquefois, pourfuit Baudrand , la mer de Cortez ,
parce que ce fut par les ordres de fernand Cortez qu'elle
fut découverte. Sa largeur eft de deux cens mille pas,
entre la côte de la nouvelle Galice 8c le cap S. Lucar ,
qui eft dans 1 ifie de Californie ; mais vers les côtes du
nouveau Mexique , elle n'en a pas plus de cinquante
mille. 11 fe trompe encore ■■> fa moindre largeur eft au
moins décent mille. D'ailleurs , le cap S. Lucar étant
hors de cette mer , 8c au couchant de fon entrée , ce n'é-
toit point de-là qu'il falloit en prendre la largeur , mais
du cap de la Porfia. De l'ifie met cette difiance de 40
lieues. On ne fait rien de certain , continue Baudrand ,
de fa pairie fcptentrionale, ainfi que je l'ai appris de plu-
fieurs matelots , qui ont couru ces mers. Le fond de
cette mer a été découvert par les millionnaires Jéfuites,
dans les années 1698 , 1699 , 1700 , & 1701 , & il n'y
a plus de doute fur ce fujet.
Cette mer a quelques ifles remarquables , entr'autres
celle de S. Augufiin , & les ifles du Sel , les Coronades t
Carmen, & quelques autres. Elle reçoit plufieurs riviè-
res confidérables, entr'autres Rio del Norte& Rio d'A-
zul , qui y arrivent dans un même lit. 11 efi fi large , que
quelques-uns , le confidérant à la hâte, l'ont pris pour-
un bras de mer qui aboutifibit à l'Océan. Les autres font
la rivière de fainte Claire , celle de S. Ignace , celle de
la Sonora , celle d'Hiaqui , Rio de Mayo , cVc.
La mer Verte. Les géographes orientaux appellent
ainfi la mer qui baigne les côtes de Perfe , 8c celles de
l'Arabie.
La mer de Wan , c'eft la même chofe que le lac
d'AcTAMAR. Voyez, ce mot,
La mer de Zabache , nom moderne de la mer ,
que les anciens ont appellée Palus Meotide. Voyez.
Palus.
Mer de Zanguebar. Ce mot e(l un pléonasme ; car
bar veut due mer; ainfi la mer de Zanguebar veuc
dire la mer de la mer de Zen g. Voyez. Zangue-
bar.
MER , ville de France, dans le Blaifois , à une lieue de
la Loire , à quatre de Blois , 8c à égale difiance de Beau-
gency. Elle fait partie du marquifat de Menars. Jeanne
de Hainaut , comteffe de Blois , y a fait une fondation
pour les pauvres. Il y a un grenier à fel à Mer. Les Cal-
vinifiesy avoien^un temple avant la révocation de Le-
dit de Nantes. Pierre Jurieu , profeffeur en théologie &
miniftre de la Religion Réformée à Rotterdam , étoit né
dans cette petite ville , où fon père avoit été miniftre i
& fa mère étoit fille de Pierre du Moulin , autre mini-
ftre fort connu. Il y a peu d'écrivains qui ayent donneQ
autant d'ouvrages au public que Pierre Jurieu. Il écri-
voit avec feu & avec agrément -, mais fes emportemens
8c fes chimères l'avoient infiniment décrié même parmi
les Calvinifies. 11 mourut fort âgé , le 1 1 de Janvier
171 3. * Piganiol, Defcr. de la France, t. 6. p. 138.
MERA , rivière d'Italie ,dans la Ligurie, félon Blon-
del , qui croit que c'efi la même que l'Anfer. 11 fe fonde
fur un pafiage de Tite Live ; mais ce pafiage étoit altéré
dans l'exemplaire dont il s'eft fervi , 8c les meilleures
éditions portent Macra , au lieu de Mera ; de forte:
que Mera eft une rivière imaginaire. Voyez. Macra. *
Ortelii Thefaur.
MERACAUMAN , périt peuple de l'Amérique fep-
tentrionale,dans laLouïfiaue, aux environs de la route
que tint le lieur de la Salle , pour aller de la baie de S.
Louis aux Cenis, avant de paffer la Maligne. Il fe pour-
roit taire que ce ne fût qu'un afiemblage de quelques
colonies de Choumans & de Mérouans , ou que ce fus-
fent les Mérouans mêmes.
1. MER/£,licu de l'Arcadie , félon Paufanias, /. 8. c. 8.
ai 6
MER
MER
2. MERvE , fleuve de l'Arcad-.e. Phavorin en parle
dans fon Léxicon.
MERAGA , ou Meraque. Voyez. Meraque.
MER AL , bourg de Fiance, dans l'Anjou , élection
de Château- Gontier.
i.MERAN, ville d'Allemagne, dans le Tyrol, laca-
pitale du diflricFou quartier , nommé EtschLmd, fur le
bord de 1 Adige. Elle a été autrefois capitale de tout le
comté de Tyrol. On y voit un couvent de religieufes de
l'ordre de Ste Claire, dont l'églife efl fort belle. En i4J9>
une grande partie de cette ville fut détruite par une inon-
dation, qui fit périr quantité d'habitans. 11 y a eu des ducs
de Meran , dont la race s'éteignir en la perfonne dO-
thon le Jeune , qui fut tué en 1 248 , par un gentilhom-
me , nommé Hager. Leurs domaines , qui étoient confi-
dérables , furent alors divifés entre leurs voifins , mal-
gré la décifion que l'empereur Guillaume prononça con-
tre ce partage. Le duc de Bavière eut ce qui étoit fitué
dans la Vindelicie, en deçà des Alpes. Le comte de Tyrol
prit poflcflion de tous les biens qui étoient fur l'In 6c fur
l'Etsch. Une partie échut aux Vénitiens-, une autre aux
évtques de Bamberg 6c de Wurtsbourg. Au relie , c'efl
fort près de la qu'efl l'ancien château de Tyrol, qui a
doiiné fon nom à tout le pays , ce qui a été caufe que
quelques auteurs n'ont fait qu'un même lieu de Meran
& du Tyrol. La ville de Meran efl jolie 6c marchande.
* Zeyler , Topogr. Tyrolis.
2. MERAN , bourg ou petite ville non murée d'Alle-
magne , dans la Misnie , appartenant aux feigneurs de
Schonburg. Elle efl fituée fur la Pleifs , entre Zuickaù &
APeubourg. 11 efl certain qa il y a eu autrefois dans ces
quartiers une principauté particulière , qui portoit le
nom de Meran; quelle confinoit d'un côté aux monta-
gnes de Bohême , 6c de l'autre au Voigtland; principauté
par conséquent différente de celle qui a été fous le même
nom dans le Tyrol , quoique probablement routes deux
ayent appartenu à la même famille. Celle qui étoit dans
la Misnie, a fini en l'an 1248 , par la mort d'Ohon,
fon dernier prince ou duc, qui fut maflacré à Plefien-
bourg. Mais il n'eft pas sûr que le principal lieu , & la ré-
lîdence du prince fût au bourg connu aujourd'hui fous le
nom de Meran , d'autant qu'on n'y voit pas même les
ruines d'aucun château ; il y a feulement une efpéce de
maifon de ville. * Zeyler , Topogr. fup. Saxon.
UEKANIA. Voyez. Narisci.
MERAQUE ou Meraga , ville de Perfe , dans l'A-
zerbiane , .179 deg. 5 min. de longitude, & à 37 dcg.
40 min. de latit. C'eft la pofition que lui donne Petis de
la Croix , Hijt. de Timur- Bec , /. 2. c. 59. Les tables
géographiques de NafTir-Eddin & d'Ulug-Beig la mettent
à 82 deg. 57 min. de longit. & à 37 dcg. 20 minutes de
latitude. 11 y a quantité de beaux fruits en cette ville , 6c
c'efl un des plus beaux jardins de la Perfe.
MERAPF1I1 , peuple de la Perfide, félon Hérodote ,
l.i. t. 125.
MERCADAL , petite ville , dans rifle de Minorque ;
elle efl compofee d'un petit nombre de maifons, 6c ne
mérite guère le nom de ville.
MERCALLUM. Voyez. Mergablum.
q MERCEX , ville de Syrie , près du mont Aman , au
fcptentriond'Alep. Baudfànd , Ditt. éttit. 1682. au mot
Germanicia , dit , fur l'autorité de Léonard Sidonite , que
c'elt l'ancienne Germanicia.
MERCEZ , rivière des Pays-Bas ,dans le Brabant. Elle
prend fa fource dans le comté de Hochftraten : 6c après
avoir arrofé la petite ville de ce nom , elle coule à Min-
derouth ,g. à Merfel, g. à Ginneken ,d. à Breda, à Nie-
vembos , g. & fe perd dans la mer entre le Finaerd 6c 's
Princcnlant , vis-à vis de l'ifle dOver Elakée. * Diction.
géogr. des Pays-Bas , p. 1 Go.
u MEKCHE. Voyez. Mjer$.
2. MERCHE , bourg; d'Angleterre ,dans la province
de Cambridge. On y tient marché public. Etat préfent de
la Grande Bretagne , r. i.
MERCHINGEN , petite ville & château fort d'Al-
lemagne .dans le Palatinat du Rhin; elle efl; dans cette
partie , qu'on appelle encore Wefterreich , ou en fran-
çois, Auflrafic , 6c elle appartenoit ci-devant aux Rhin-
graves. * Zeyler , Topogr. Palat. Rhen.
MERC1DES. Fréculphe appelle de ce nom une ville
de l'Afrique propre , que Ptolomée nomme Ammadcra.
Voyez, au mot Ad , l'article Ad Medera. * Ortel. Thef.
MERC1E , ou royaume des Merckns , giande contrée
d'Angleterre , qui eut anciennement le titre de royaume.
De toutes les conquêtes de Crida, il fe forma un royau-
me confidérable fous le nom de royaume des Migdel-
Angles , c'efl-à-dire, Anglois du milieu ou mitoyens.
Ce pays fut dans la fuite nommé Mercie. Ciida, le
premier de fes rois, fut couronné en 584.
Le royaume de Mercie étoit borné au nord par l'Hnm-
ber , qui le féparoit du Northumberland ; il s'érendoie
du côté du couchant jusqu'à la Saverne , au-delà de la-
quelle étoient les Bretons ou Gallois. Du côté du midi ,
la Tamife le féparoit des trois royaumes faxons de Kent,
de Suflex & de Weiïex ; ainfi la Mercie étoit gardée de
trois côtés par trois grandes rivières , qui fe jettoienc
dans la mer; & elle feivoit comme de borne à tous les
autres royaumes par quelqu'un de fes côtés; c'efl ce qui
lui fit donner le nom de Mercie, du mot faxon Merck ,
qui lignifie borne , 6c non d'une rivière imaginaire, nom-
mée Mcrcia , comme quelques-uns l'ont avancé. On
trouve quelquefois dans les hifloires , que les habitans
de Mercie font nommés Meduerranà Angli , Anglois
du milieu du pays , 6c quelquefois Tud Humbres , parce
qu'ils étoient au fud de FHumber,- mais le nom le plus
commun efl celui de Merciens. Entre les principales
villes de la Mercie étoient,
Lincoln,
Nottihgham ,
Waiwick ,
Leiceiler ,
Coventry ,
Lichfield ,
"Norrhampton ,
Worceiler ,
Gloceiler,
Daiby ,
Chefler ,
Shrcwsbury ,
Srafiord,
Oxford,
Briftol.
Ce royaume , le plus beau 6c le plus confidérable de
l'Heptarchie , fubfilta fous dix-fept rois jusqu'en 827,
qu'Ecbert en fit la conquête. Vers l'an 874, les Danois
s'emparèrent de ce royaume, 6c le partagèrent en plu-
fieurs comtes. En 959, Edgar fut élu roi de Mercie; 6c
par là on entendoit alors tout le pays fitué au nord de la
Tamife , excepré l'ancien royaume d'Effex. Canut le
Grand ayant fait la paix avec Edmond, eut pour fon
partage le royaume de Mercie , qui , outre la Mercie
particulière, comprenoit le Northumberland & PEflan-
glie. Harald fut proclamé dans cette partie de l'Angle-
terre , où il y avoit plus de Danois que d'Anglois. * lia-
pn deThuyras , Hifl. d Angleterre, 1. 2. p. 13-.
Les Merciens ne reçurent le Chriflianismc que plus de
cinquante ans après les Saxons de Kent. Le fils de Pcnda,
roi de Leiceiler , n'obtint en mariage Alflcde , fille
d'Ovwi , roi de Northumberland , qu'à condition qu'il
fe feroit Chrétien , 6c il emmena avec lui dans la Mer-
cie en 643 , quatre prêtres ; favoir , Cedda , Adda , Bcti
6c Diuma. Ce dernier , qui étoit Ecoflbis , reçut feul le
caractère d'évêque. Cellach fuccéda à Diuma.
LeChriflianisme des Merciens ne fouflrir point fous
Ovwi , qui ; après la mort de Pcnda , pofieda la Meicie
pendant trois ans j mais Wolpher, qui étoit idolâtre,
lorsqu'il monta fur le trône en <>J9 , les perfécuta beau-
coup. On dit même qu'il fit mourir deux de fes fils ,
parce qu ils ne voulurent pas abjurer la foi. Cet oiage
ceflTa ; car Wolpher fe convertir peu après.
Cellach s'étoit retiré en Ecoffe , pour éviter la perfé-
cution ; ainli la Mercie fe trouvoit fans évêque , lorsque
Wolpher embrafla l'Evangile. Il fit donc venir un prêtre
Anglois, nommé Trumher , 6c le fit facrer. £n 664 ,
Jaroman fuccéda à Trumher. 11 rétablit le Chriflianisme
dans l'Eflex. Ceadda ou Chad fuccéda à Jaroman : il ré-
tablit fon fiége à Lichfield , où il mourut.
Vers l'an 680 , le nombre des Chrétiens étant trop grand
en Mercie , pour être gouverné par un feul évêque,
Ethelred , fuccefleur de Wolpher , partagea la Mercie
en quatre diocèfes , dont les fiéges furent
Lichfield , Worcefler . Hercford , Leicefler.
OrTa , roi de Mercie , jaloux de l'autoriré que l'arche-
vêque de Cantorbery s'attribuoit fur les églifes de. fon
pays, & mécontent de Jambert , qui étoit alors archevê-
que , follicita fecrettement le pape Adrien I. d'ériger
l'évechc
MER
l'évêché de Lichficld en archevêché , Se de lui donner
ks évêques de Mercie Se d'Eftanglie pour fuffragans.
Le pape y eonfentit ; c'étoit un moyen de faire reconnoï-
tre la jurisdiction dans toute fon étendue en Angleterre,
où elle étoit encore chancelante. Adrien nomma deux
légats , Grégoire, éveque d'Oftie , Se Théophyla&e de
Lodi , qu'il chargea de faire ce changement -, Se afin que
Jambert ne pût parer le coup qu'on alloit lui porter , les
légats payèrent en Angleterre, fous prétexte d'aller as-
fcmbler des conciles. Théophvlacte s'arrêta auprès d'Qf-
fa , pour prendre les mefures néceSIaircs , & Grégoire
alla en Northumberland , où il affembla un coircile ;
mais dès qu'il fut de retour dans la Mercie , les deux
légats aflemblerent un concile national des fept royaumes
à Calchite , où Offa fut4 prient , Se clans lequel , malgré
les fortes oppositions de Jambert , l'évêché de Lichficld
fut érigé en archevêché , Se Higberr , alors éveque de
cette ville, déclaré archevêque. Cependant au bout de
quatorze ans , Offa Se Egfrid , fon fils , étant morts, Ce-
nulphe , leur fucce.ffeur , s'étant laiffé fléchir par les ar-
chevêques de Cajuorbcry &d'Yorck , Sollicita tant Léon
III , alors pape , qu'il remit les églifes de Mercie Se d'E-
ftanglie fous la jurisdiclion de l'archevêque de Cantorberi.
MERCIl. Voyez Mercie.
MERCIMEN , ou Mercimeris , ville de l'Afrique
propre. L'itinéraire d'Antonin la met fur la route de
Carthage à Cirta, entre Jufii&i Maconiades , à vingt-
quatre milles de la première, Se à égale diStance de la
féconde. Ortelius dit qu'un manuferit porte Marci-
men. Dans d'autres on lit Mancimen & Marci Mar-
cimeri.
MERCKE , petite rivière de la province de Hollan-
de: elle prend fa fource au-deffus de Breda, palTe par
cette ville , Se fe jette dans la Meufe.
MERCŒUR .ville de France , dans l'Auvergne , dio-
cèfe de S. Flour , Se élection de Brioude. Cette ville eft
au pied des montagnes, près d'Aides , à huit lieues de
Clermonr. Elle fut érigée en duché en 1569, en faveur
de Nicolas de Lorraine & de fes descendans mâles &
femelles , par lettres de Charles IX , qui ne furent en-
regiftrées qu'en 1576. Elle avoir été auparavant érigée en
principauté l'an 1 jcî 3 ; elle fut d'abord poffédée par des
feigneurs qui en prirent leur nom , Se entre lesquels
Bcraud de Mercœur , fils d'un autre Bcraud , vivoit en
1 12.6. Anne Dauphine , fille unique de Beraud le Grand,
comte de Clermont , dauphin d'Auvergne , de fire de
Mercœur, iflli d'Alix de Mercœur, époufa en 1368,
Louis II , & fut la trisaïeule de Charles de Bourbon , fire
de Mercœur , connétable de France , tué devant Rome
en IJ27. Après la mort de ce prince le roi François I ,
qui avoit fait confisquer fes biens , céda en 1529»
à Renée de Bourbon, fœur de ce connétable , Se à An-
toine , duc de Lorraine , fon mari , cette terre avec cel-
les de Fromental , Neflay Se Gerzac. Nicolas de Lor-
raine , leur fils puîné , les eut en partage ; Se Françoife
de Lorraine , fa petite fille , porta Mercœur à Céfar ,
duc de Vendôme , fils naturel d'Henri IV , Se aïeul de
Louis- Jofeph , dernier duc de Vendôme , qui , n'ayant
point d'enfans , donna tous fes biens à Marie-Anne de
Bourbon-Condé , fon époufe , morte auffi fans poftérité
en 17 18. Elle eut pour héritière la feue princefle de
Coudé Palatine , fa mère , qui vendit Mercœur avec fes
dépendances à M. le marquis de Saflay-Madaillan . &
elle a été enfuite retirée par droit lignager par M. le
prince de Conti , qui en cil le Seigneur.
MERCOGLI ANO , bourgade d'Italie, au royaume de
Naples , dans la partie occidentale de la principauté
citérieure , à quelques milles de Nola en tirant vers
l'orient. Voyez Mercoriale. Magin, Carte de la terre
de Labour.
MERCOîRE , Mercoria , Mercorium , abbaye
de France, dans le Velay, diocèfe du Puy, à une lieue
& demie de la ville du Puy , dans la parojffe de
faim Martin de Chaudeirac, au milieu d'une gran-
de forêt qui en prend le nom. C'eft une abbaye de fil^
les de l'ordre de Cîteaux , de la filiation de Mazan. Ce
monaftère a plufieurs fois été renverfé Se brûlé par les
Calviniftes. De tous fes anciens bâtimens il ne refte plus
que le réfectoire , qui elt aSfez grand Se bien voûté , Se
une églife vaSlc, mais déferte. Le ruifleau qui paSTe dans
ce monafière s'appelle auffi Iviercoire. Il va fe déchar-
ger à deux lieues au-deSfous, le long des murs de Lan-
gogne dans la rivière de 1 Allier.
MERCONET, bourg de France , dans le Maine, éle-
ction du Mans.
MERCURE , fils de Jupiter Se de Maia, Se meffager
des dieux , étoit adoré comme la divinité qui préfidoit
à l'éloquence Se au commerce, Se comme le dieu tu-
télaire des grands chemins ; auffi étoic-ce principale-
ment en l'on honneur que les anciens dreffoient des
colomnes dans les grands chemins. Elles étoient plan-
tées dans des endroits douteux & ambigus : tv -ra/ç iSo7e
dJ.'Aot; comme Damascius parle dans Suidas ; tels que
font les endroits où fe rencontrent trois ou quatre che-
mins: Intriviis & qitadriviis. On les pofoit auffi fou-
vent aux endroits des grands chemins qui faifoient 1a Sé-
paration des territoires, feigneuries Se juridictions-, èv
ainli elles étoient fouvent prilés pour des bornes ou li-
mites, appelices par les Latins Termini. * Bergier , Fliit.
des grands chemins , p. 781.
Ces colomnes, dit Lactance Firmian, /. 1, c. 20.
étoient ordinairement carrées , Se avoient des inferip-
tions qui avcriifl'oicnt les paflans des principales cités
où chaque chemin conduifoic. Ces inferiptions occu-
poient le bas ou le corps des colomnes qui finiSToient
par le haut en quelque figure des dieux gardiens Se pro-
tecteurs des chemins. Lorsque ces colomnes étoient éle-
vées en l'honneur de Mercure on les appelloit Hermès ,
du nom Hermès, qui Signifie interprête , Se que les Grecs
donnoient à Mercure , parce qu'ils le regardoient comme
l'interprète des volontés des dieux. Au relie , ces figures
n'avoient ni bras ni jambes; le corps fe pei doit dans la
colomme d'où il naiffoit, Se elles étoient le plus fou-
vent groilieres , informes Se quelquefois faites à coup de
hache, ce qui a fait dire à Virgile, in Calice.
Mi falce Deus colititr , non arte polit ks.
Ce rapport de Mercure aux grands chemins , a fait
que plufieurs noms géographiques ont été formés du fien*
MERCURE ou .Mercurey , dans la Bourgogne , au
diocèfe de Challon-fur-Saone, à deux lieues de cette
ville vers le couchant , vers la fource de la petite rivière
de Boumeuf. C'elt un pays de vignes, dont le vin eft
de très bonne qualité. On voit dans ce lieu des reStes
de la chauffée romaine qui va de Challon à Autun. Le
nom latin de cet endroit elt Mercurianum ; foit que Mer-
cure y ait été honoré particulièrement, foit qu'il ait ap-
partenu à un feigneur appelle Mercure.
MERCURIALE & Cibele , lieux d'Italie , félon
Scipion Mazzella, dans fa description du royaume de
Naples. Il dit que l'itinéraire d'Antonin les place fur la
route de Bénévent à Columnâ» ; mais cette route man-
que dans les exemplaires imprimés. Mazzella ajoute que
Mercuriale eft aujourd'hui Mercogliano, Se que Ci-
belé eft Monte Vergine. * OrteliiThcfanr,
MERCURII AQUA. Ovide, Faflor, l. $. v. 675.
dit qu'auprès de la porte Capéne il y avoit une eau ap-
pellée l'eau de Mercure. Il ajoute qu'on attribuoit à
cette eau une vertu divine.
MERCURII CI VIT A S. Voyez. Hermupoiis
Magna.
MERCURII DELUBRUM lieu d'Ethiop. Pline,
/. 37. c. 4. dit qu'on trouvoit le diamant entre ce lieu
Se l'ifle de Méroé.
MERCURII INSULA , petite ific fur la côte de
Sardaigne , Selon Ortelius. C'clt THerm^a Insula de
Ptolomée.
MERCURII LOPHRII CALCATIO. Il y avoit un
lieu ainfi nommé dans l'Ethiopie , félon Ifacius fur Ly-
cophron. * Ortelït Thefaur.
MERCUR1UM TEUTATEM. On trouve ce nom
dans le Tite-Live , /. 26. c. 44. de l'édition de Grono-
vius. L'édition de le Clerc retranche le furnom Tenta-
tem. C'étoit le nom d'une terre près de la Nouvelle Car-
thage.
1. MERCURIUS ou ad Mercuri. L'itinéraire
d'Antonin, qui furnomme ce lieu ab Exploratione , le
place à cent Soixante Se quatorze milles de Tingis.
2. MERCURIUS ou ad Mercuri, lieu de l'Afri-
que , dans la province Tingitane. L'itinéraire d'Antonin
le met fur la route du premier Meratrius à Tingis,
Tom. IV. E e
ai8 MER
ER
encre Zibin 8c Tingis , à fix milles de la première de
ces places, & à dix- huit milles de la féconde.
MERCY-DIEU , ( La ) en latin Mifericordia Deï ,
abbaye de France , dans le Poitou, à un quart de lieue
de la Rochepofay fur la rivière de Gartempe , 8c à trois
lieues & demie de Châtelleraut. C'eft une abbaye d'hom-
mes de la réforme de Cîteaux , & de la filiation de
ChaalesouCharlieu.Elleeft dansunefituationagréableJ&:
fes bâtimens font très-beaux. Dans la chartre de fa fonda-
tion elle eft appellée Becheron, du nom d'un fonds
de terre où elle étoit firuée. Elle conferva ce nom depuis
l'an iiji. jusqu'en 117J. Elle eut pour fondateur
Efchivat, Efchivart ou Efquivatt, fîre de Preuilly en
Touraine. Il y eft enterré avec fon fils 8c plufieurs
autres feigneurs de Preuilly. L'églife fut dédiée en
1224.
MERDERET ou Merdret , petite rivière de France,
dans la Normandie , au Cotentin. Elle a fa fource au-
defius de Valogne , pafle par différens lieux ; lavoir ,
Valogne, Lieu-Sainr, Heminez, le Ham, Vaulaville,
la Fiére & Chef du Pont , après quoi elle va s'unir à
la rivière d'Ouve à l'ifle Marie. * Corn. Didt. Vaudomc ,
Mémoires manuferits.
MERDI 8c SERDI , peuples de Thrace . Dion Cas-
fîus, /. ji, p. 462. dit qu'ils fuient fubjugués par
Craflus.
MERDIN, MARDIN , MEREDIN on Miriden ,
ville d'Afie , dans la province de Diarbeck , autrefois
Méfopotamie. Elle eft fituée entre Mofoul & Bagdet,
ëc près d'Amed. Ptolomée l'appelle Marde. Petis de la
Croix Hift. de Timur-Bec, l. j. «\ 30. la met à 74 deg.
de longit. , 8c à 3; deg. 15 min. de latit. Il y a ville
haute & ville baffe. Timur-Bec prit la première, & la
faccagea l'an 795. de l'hégire ; mais la haute, à laquelle
on donne communément le nom de Château , réfifta.
Il eft fitué fur un roc inacceifible, allez vafte par en
haut pour y avoir des terres enfemencées. Il s'y trouve
auiïi des foutees d'eau, ce qui fait qu'elle peut nourrir fa
garnifon. Les Arabes difent que vouloir prendre Mer-
din , c'eft rechercher l'amitié d'un envieux , ou faire
figne à un aveugle. Les Turcs prétendent que Timur-
Bec a été fept ans devant ce château : pour montrer à
la garnifon , ajoutent-ils , qu'il vouloit y demeurer jus-
qu'à ce qu'il l'eût pris, il fit couper les arbres quiétoient
au-deffous, en fit planter de nouveaux, 8c quand ils
portèrent du fruit, il en envoya aux alfiégés. Ceux-ci
eurent leur revanche ; ils lui envoyèrent des fromages
faits du lait d'une chienne. C'étoit une rufe qui leur réus-
fit. Timur-Bec fe perfuada qu'ils n'avoient encore mangé
aucune de leurs brebis : défefpérant alors de les réduire,
il leva le fiége , quoiqu'il fût venu à bout de toutes les
places qu'il avoit affiégées. D'Herbelot , Bibliotb. orient.
dit pourtant que ce conquérant fe rendit dans la fuite
maître de Merdin, qu'il fit prifonnier le fultan Al-Ma-
lek Al-Dhaher qui y commandoit , 8c qui lui donna
quelque tems après la liberté.
La ville de Merdin eft fous la domination du Turc ,
qui y tient un bâcha, avec deux cens fphahis & quatre
cens janiffaires. On y voie un grand nombre de palais
& une belle fontaine qui vient du château, Elle eft
habitée de quantité de Chrétiens, 8c elle a encore au-
jourd'hui fon archevêque particulier , dépendant du pa-
triarche d'Antioche , de la nation Syrienne. L'air des
environs eft très-agréable , 8c le terroir produit beaucoup
de coton dont on fait des toiles. Il s'y fait aiiffi quan-
tité d'étoffes d'or 8c de foie. Tbevcnot , Suite du voyage
du Levant , p. 90.
1. MERE, lieujde France, dans le Berri. C'eft un
prieure qui a été réuni au collège de Bourges. Cette
réunion fe fie en 1627.
2. MERE le Zigny , bourg de France, dans la Tou-
raine, élection de Loches.
MERE AN , bourg de France , dans le Berri , élection
d'iffoudun fur la rivière d'Arnon , à une lieue de Vier-
fon. C'eft un fimple fief appartenant au chapitre de
Bourges. Le terroir en eft fort bon, & les habitans y
font laborieux.
MERECH. On lit ce mot dans la féconde décretale,
canfa ic. Ex concilia apud Mercch.
MERECZ , ville du Grand Duché de Lithuanie , fut
la route de Grodno à Vilna, au confluent de Meretz
8c du Memen , deux rivières donc les eaux font ex-
trêmement claires. La fituation de cette ville eft des
plus agréables. Le roi Uladiflas IV, charmé de ce fé-
jour, y faifoit fa demeure ordinaire , avant qu'il fût par-
venu à la couronne. Lorsqu'il fut fur le thrône , il tint
fouvent fa cour dans cette ville , 8c il y finit fes
jours le 10 ou le 20 Mai 1648.* Andr. Cellar.De-
feript. Polon. p. 290.
MEREND, ville dePerfe.dans l'Azerbyane, à qua-
tre-vingt degrés cinquante minutes de longitude , 8c à
trente fept degrés cinquante-cinq minutes de latitude,
félon l'etis de la Croix, Hijloire de Timur-Bec, l. 3.
c. 11..
MERENS , peuple d'entre les Goths , vaincu par les
Vandales, félon Jornandès , dereb. Getic.c. 23.
MERENX, ou Maringe , châtellenie de France,
dans le comté de Foix, à fix lieues au midi de Taras-
con. Elle s'étend à la droite 8c vers les fources de l'Ariege
fur les frontières d'Espagne.
MERERAW , Atîgia Major , ou Alla Augia Bri-
gantina , abbaye d'hommes , ordre de faint Benoît , en
Suabe, dans une iile formée par la rivière de Brégents
à fon embouchure dans le lac de Confiance , fondée
dans le VII fiécle , 8c rétablie à la fin du XL Elle eft
très-confidérable , 8c dépend de la congrégation de
Suabe.
MEREV1LLE, ou Merviile,&, félon le diction-
naire univerfel de France, Merenville, dans le Gà-
tinois , au diocèfe de Sens. C'eft un gros bourg éloigne
de quatre lieues d'Etampcs , & du bailliage 8c élection
de la même ville. Le fèigneur de ce lieu a toujours
pafTé pour un des plus confidérables du canton. La terre
fut érigée en comté; en faveur de François de Aîouftier,che-
valier, par Louis XIV. 11 y a en ce lieu droit de Juicicc 8c
autres qui appartiennent aux feigneurs hauts-châtelains. Le
château de Merville eft fort ancien. On voie dans Du-
chêne, tom. 4. i.ijh Franc, aitxpag. 86. 87. 96 97. que
dans le cems que la reine Confiance efiàya , après la
mort du roi Robert , de mettre la couronne fur la tête
de Robert , fon fécond fils , au préjudice de Henri , fils
aine, Hugues Bardulfe ou Bardoul, fèigneur de Mer-
ville, fut l'un des feigneurs qui s'élevèrent contre Hen-
ri, prenant le parti de la reine; mais ce prince l'alla
affiéger dans fon château de Merville qu'il prit. L'ancien
auteur nomme ce lieu Marisvilla ; il femble que ce
devroit être plutôt Major villa , 8c qu'on a ancienne-
ment écrit Maire-ville. La grandeur de ce bourg appuie
cette étymologie. Il y a eu depuis une famille qui a
porté le nom de cette feigneurie. On voit dans les notes
fur les lettres d'Ives de Chartres qu'un Gui de Mer-
ville vivoit en l'an 11 18. Plufieurs autres Merville font
auffi nommés dans les titres de l'abbaye de faint Denysj
mais l'auteur de l'hiltoire d'Etampes s'eft trompé en les
confondant avee les Merville du Gâtinois : car il y a en
des feigneurs de Merville du côté du Vexin ou de Beau-
voifis ; 8c l'abbaye avoit même une terre de ce nom
dans fon voifinage , s'il en faur croire dom Félibicn ,
p, J9. On ne peut au refte refufer d'admettre parmi
les Merville du Gâtinois ou Etampois un Simon de Mer-
ville , chevalier , qui confirma en 1245. la ceffion que
Gui fon frère avoit faite à l'abbaye de Morigny , de cinq
muids de vin , & de douze troebets d'eaux qu'il avoit
droit de prendre fur le clos 8c jardin des moines.* Les
Ligueris pofféderent cette terre à la fin du treizième fié-
cle, puis les Reilhacs , d'où elle a paffé dans lamaifon
des Moultiers , illuftre famille du Limofin, dont a été
le pape Clément VI. Entre les fiefs tenus du fèigneur
de Merville , il y en a un qu'on appelle le Fief de la
Sénéchaufiée; ce qui fait voir la prééminence de cette
feigneurie fur toutes les autres du duché d'Etampes. Le
fénéchal eft obligé de fe trouver à cheval à la pre-
mière entrée que fair le fèigneur, ou la dame , de Mer-
ville , de mettre pied à terre à la porte du bourg, "8c de
le conduite à pied jusqu'au château , 8c pour récom-
penfe le cheval du fèigneur , ou de la dame , lui appar-
tient. Il y a à Merville un prieuré du titre de faint
Perc , c'eit-à-dire faint Pierre. Un des hameaux plus
notables de la paroifîè de Merville eft Montereau, qui
eft dans la famille des du Lac. L'hiftorien d'Etampes
MER
MER 2,19
parle d'un aveu donné par Hue du Lac en ÏJ25. & de plufieurs illuftres martyrs. Le poète Prudence dans
die que Lancclot du Lac en eft feigneur. C'eft une une de fes plus belles hymnes a fait une longue ëc vive
prévôté qu'il tient en plein fief du château d'Etantes.* defeription des fourrranecs , du triomphe de la Vierge
/lift. d'Ltampes, & autres Mémoires,
MERFEREBlTANUS ou Merferaritensis , fié-
ge épiscopal d'Afrique. On ignore en quelle province il
étoit. La conférence de Carthage fait mention de Do-
natus, qu'elle qualifie , episcopus Merferebitanus.
MERGABLUM, ville de l'Espagne Bétique. L'iti-
néraire d'Antonin la mec fur la route de Malaca à Ga-
des, entre Bœfîppoôc ad Herculem , à fix milles delà
première , & à douze milles de la féconde : au lieu de.
Mergablum , Simler lit Mercabium ëc Mercallum.* Or-
telii 'l'hefaur.
MERGANA, lieu de la Sicile, félon Polybe , /. 1
c. 8. Ortelîus croit que ce pafiage eft corrompu , Se
qu'il faut lire Mergara.
MERGENTHEIM. Voyez, Mariental.
MERGENTINI. Voyez, Pitulani.
MERGHEN , ville de la Tartalie Chinoife orientale,
dans le gouvernement de Teitcicar à 40 lieues au nord
de la capitale. Carte de la mer du fud, par Buacbe ,
i7;o.
MERGISAFAR, lieu de la Paleftinc, où Guillaume
de Tyr croit que fe fit la converfion de faine Paul. *
■Ortelii Thefaur.
MERG1UM , lieu de la Paleftinc , félon Ortelius qui
cite Guillaume de Tyr.
MERGO. Voyez. Amergo.
MERI , ville de Syrie , entre Cyrrhus ëc Edeffe, fé-
lon quelques exemplaires d'Antonin , itirier.
MERIABA, Voyez. Mariaba.
MER1BAFA , ou Synduos , rivière d'Afie , dans la
Caramanie , entre Adana Se Tarfe. Voyez. Cydnus , qui
eft le nom que les anciens avoient donné à cette rivière.
* Du Lignon. Mém. manuferirs.
MERIBREGA , ville de la Lufitanie. Ptolomée , /. 2.
c. 5. la place chez les Celtiques. Ses interprètes lilent
Eulalie, jeune enfant de douze ans, qui fut martyriféc
avec fainte Julie ëc fix autres Chrétiens. Emerita étoic
la métropole civile ëc eccléfiaftique de la Lufitanie ,
lorsque les Wifigoths s'établirent en Espagne, & conti-
nua de l'être fous leur domination. Quand les Maures
fe furent emparés de cette valte péninfule, elle perdit
ces avantages. Le fiége épiscopal Se métropolitain fut
transféré a Compoltelle , Se dans la fuite Liibonne eft
devenue la capitale de Lufitanie ou Portugal. Emerita
ou Me rida relta au pouvoir des Maures jusqu'en 1230,
ëc n'eut point d'eveque particulier jusqu'en 1610. que
le roi Philippe IV. ëc le pape Paul V. y créèrent un
nouvel evêché fuffragant de Séville. Lorsque Merida
fut rentrée fous la domination des Chrétiens , elle fuc
détachée du Portugal, & fe trouva dans l'Edrémaduie ,
qui fit enfuite partie de la Nouvclle-Caftillc.
Cette ville eft fituée fur une hauteur au bord fepten-
trional de la Guadiana. Les veftiges de fa première en-
ceinte font voir qu'elle étoit autrefois très-grande. Elle
eft aujourd'hui fort petite, ëc n'a guère plus de mille
habitans. Elle a dedans Se dehors de beaux refte? de fon
ancienne fplendeur. Les aciuèducs bâtis par Auguftc ont
été ruinés par le tems ; ëc l'on en voit encore quelques
arcades renverfées. On en a fait un autre, qui n'ap-
proche pas de leur grandeur & de leur beauté. Le pont
a fubfilté jusqu'en 1610. qu'il fut emporté par un dé-
bordement de la Guadiana, On l'a templacé par un
autre. On voit , près de la ville , un arc de triomphe as-
fez bien confervé, qui pourroit avoir été l'entrée d'un
cirque ou d'un théâtre. On l'appelle Arco de S. Jago.
Après que les Portugais eurent fecoué le joug de la
couronne de Caftille, Merida , devenue ville frontière ,
fut fortifiée d'un château ëc de quelques ouvrages.
Les dehors font fort agréables. C'eft une vafte cam-
pagne, fertile en vin, en fruits excellens , ëc fur-tout
Merebriga. L'itinéraire d'Antonin porte Mirobrica , ëc en grains. On y en recueille une fi grande quantité , que
place cette ville entre Emerita ëc Gefar Augufta,
1. MERIDA , ville d'Espagne , dans l'Eftrémadure.
Oétoit autrefois Augusta Emerita , ou fimplemcnt
Emerita , métropole de la Lufitanie. Les anciens pour-
tant ne font pas d'accord fur fa fituation. Lygerms la
place dans la Bétique , ëc Strabon la donne aux peu-
ples Turdtdi. Les modernes ne s'accordent pas non plus
à reconnoître Merida pour l'ancienne Emerita. Tara-
cette contrée peut être appellée le grenier de la Ca-
ftille. On y a aufli de bons pâturages , où l'on élevé
beaucoup de troupeaux. La terre y produit encore en
abondance une certaine herbe , dont on fe ferc pour
la teinture d'écarlate. Elle étoit déjà connue dans l'an-
tiquité -, ëc les auteurs latins la nomment Coccum Eme-,
ritenfe. * Délices d'Espagne , t. 1. p. 379,
2. MERIDA , ville de l'Amérique feptentrionale» dans
pha veut que celle-ci foit aujouid'hui Médina del-Ric- la Nouvelle Espagne & la capitale de la provkice d'Yu-
Sacco. Voyez ce mot. Mais ce fentiment eft détruit par
les anciens monumens ëc par l'examen de la pofition
des lieux. Varrerius ëc Villanovanus font mieux fondés
à foûtenir , que Merida eft Em-erita. Ce n'eft pas la
feule reffemblance de nom qui les détermine. L'an de
Rome 726, 28 ans avant la naiffar.ee de Jésus Christ,
Auguftc , pour récompenfer fes foldats qui l'avoicnt aidé
a réduire les Cantabres, les Allures ëc les Lufitaniens ,
bâtit , dans le pays des Vettons, une ville qu'il donna
aux foldats Vétérans, qu'on appelloit aufli Emeriti;
catan, Elle eft fituée presque au milieu de cette péninfule ,
à douze lieues ou environ de la mer, ëc à l'orient de la
rivière Lagartos. Le gouverneur de toute la province y
fait fa réfidence ordinaire , ainfi que les autres Officiers
du roi d Espagne. Quoique le fiége de l'évêque du Yucaran
foit établi dans cette ville , on n'y compte pas plus de
cent familles espagnoles. On a appelle cette ville Merida ,
à caufe des grands édifices de pierres qu'on y trouva ,
femblabîes en quelques fortes à ceux de la ville de Merida
en Espagne. On croit que ces édifices fervoient de temples
d'où vint le nom Emerita. C'eft ce que prouve une mé- aux Indiens qui habitoient ce lieu avant l'arrivée des Es-
daille, rapportée par Goltzius. D'un côté eft la tête pagnols. * De l'Ifle , Atlas. Corn. Diél. De Laet , Defcr.
d'Augufte avec cette légende : Divus Augustus Pater, des Indes occ. 1. j. c. 28.
Sur le revers eft une porte de ville , flanquée de deux 3. MERIDA, ville del'Amériquc méridionale, au nou-
tours , avec ces mots : Augusta Emerita. 11 orna veau royaume de Grenade , presque fur les limites qui
cette ville de plufieurs beaux édifices; entre autres d'un féparent ce royaume du pays de Venezuela , dans un ter-
magnifique pont de pierre fur la Guadiana , Se de deux roir abondant en toutes fortes de fruits , Se où il fe trouve
aqueducs -, Se conduitit de cette ville à Cadix un che-
min commencé fous les confuls. C'eft principalement de
ce chemin qu'on tire la preuve que Merida eft Emerita.
Sur un marbre antique trouvé dans des ruines tout près
de la ville moderne , on lit une infeription où font ces
mots: Imp. Ca.s. divi F. Augustus .... viam Supe-
RIOR. COS. TEMPORE INCHOATAM. ET MULTIS LOCIS.
INTERMISSAM. . . . LATICREM. LONGIOREMQUE- GADEIS.
usq. perduxit. Vefpafien fit dans la fuite rétablir un
chemin de Cappara à Emerita , comme on l'apprend
d'une autre infeription trouvée dans les mêmes ruines.
On y lit : Imp. Oîsar. Vespasianus. Aug.... viam. a
Cappara ad Emeritam Aug. usq. impensa, sua
restituit. Cette ville a été célèbre dans les faites de
encore des veines d'or. Elle eft à quarante lieues de Pam-
pélone vers le nord oriental , Se à dix-huit lieues du grand
lac de Maracaibo. Sur les bords de ce lac, il y a une bour-
gade , où les habitans de Merida portent une fois ou deux
l'année leurs fruits Se leurs autres marchandifes , pour
les tranfporter de-là dans les provinces voiiines. * De
l'Ifle , Atlas. De Laet , Defcr. des Indes occ. 1. 9. c. 6.
MERIDIANUM, lieu de Thrace, dont il eft parlé
dans les Novelles. Ortelius , Thefaur. croit que c'eft la
même chofe que Mesembria ; il fe fonde fur ce que
ces deux mots ont la même fignification. Voyez. Mesem-
bria. *Tit. 6.
MERIDIEN (Le) on fousentend le Cercle. Ligne
que l'on fuppofe paflèr perpendiculairement par les deux
l'églife, par difïérens conciles, & par le fang répandu pôles Se par le zénith du lieu en queftion. J'en ai deja
T'ont. IV. E e ij
MER
0,2.0
parlé aux mots Cercle & Longitude : ainfi je ne ré-
péterai point ce que j'en ait dit dans ces articles. Les
lieux finies fous un même méridien ont la même longi-
tude, parce que ce que l'on appelle longitude, n'eft que
la diltanced'un méridien à l'autre.
Comme tous les méridiens fe terminent aux pôles où
ils fe réunifient tous, il s'enfuit que les degrés de longitude
font plus grands fous l'équaceur , 8c vont en diminuant
jusqu'aux pôles. C'eft ce qui fait dans les cartes cette in-
clinaifon des méridiens qui y font marqués ; 8c cette
inclinaifon eft ce que l'on appelle en géographie Projec-
tion, frayez, ce mot.
Quoique chaque point du globe ait fon méridien qui pane
par les pôles & par un point de l'équateur, on compte les
degrés de longitude par degrés depuis i. jusqu'à 360. Ce
feroit un avantage que tous les hommes convinrent d'un
point fixe fur le globe où paffe le premier méridien.
La plus ancienne pofition du premier méridien , félon
Pithéas de Marfeille , étoit à l'ifle de Thulé, fituée à
L'extrémité la plus orientale du monde connu alors ; mais
il faut convenir avec le P. Riccioli que la Thulé des
anciens 8c furtout de Ptolomée , n'eit point l'Ifiande ,
comme on le doit communément ; puisque Ptolomée
la me& au nord de l'iile d'Albion par les 30 degrés 20
min. de longit. fur 61 deg. 15. min. de latit. pour le
milieu de Tille ; au lieu que le milieu de 1'Iflande eft
de 20. degrés plus au couchant 8c d'un degré & demi
plus au nord que la Thulé de Ptolomée. Cependant il ne
feroit pas impoifible que Pithéas, mieux inftruit quePtolo-
mée fur la vraie pofition de Thulé , ne l'eût véritable-
ment placée où eft H/lande ; la partie orientale de l'Ifiande
eft coupée par le même méridien qui pane à l'extrémité
occidentale de l'ifle de Fer. Ainfi l'opinion de Pithéas
étoit la même à peu près que celle de Hondius.
La féconde pofition eft celle d'Eratollhéne qui fait
paffer fon premier méridien par les Colomnes d'Her-
cule à Abyla, en Afrique , près de Ceuta , 8c à Calpe , en
Europe , près de Gibraltar. Ce méridien a été fuivi par
quelques Arabes.
La troifiéme eft celle de Marin de Tyr & de Pto-
lomée qui placent leur premier méridien aux ifles Fortu-
nées .comme étant le dernier terme du monde connu en
fon tems ; mais Ptolomée les fuppofe fous un même
méridien , 8c c'eft en quoi il fe trompe.
La quatrième elt celle d'Abulfeda , fameux géographe
Arabe. 11 met fon premier méridien au détroit de Gi-
braltar, précifément 10 deg. à l'orient du méridien dePro-
lomée. Alpharas& Albiruni, auteurs Arabes, qu'Abulfeda
cite fouvent , prennent dc-là leur premier méridien ;
mais Naiîir Eddin & Ulug Begreportent le leur dix degrés
plus à Tocciden. Par exemple ,
- Long. Latit.
Samarcan- \ Alfaras , 99 d. o m. 40 d. o m.
de elt Ce-s Albiruni, 88 d. 20 m. 40 d. o m.
Ion 1 Naffir Eddin, 88 d. 20 m. 40 d. o m.
CUiugBeg, 99 d. 16 m. 39 d. o m.
Il faut remarquer qu'Alfaras, Albiruni 8c Naffir Eddin
s'accordent pour la latitude , 8c qu'Ulug Beg s'en écarte
d'un degré. Pour la longitude , Alfaras 8c Ulug-Beg ne
différent que de 16 minutes, Albiruni & Naffir Eddin
ne différent point du tout , la raifon en vient d'être ex-
pliquée. Alfaras 8c Albiruni ont leur premier méridien
au détroit de Gibraltar. Naffir Eddin 8c Ulug-Beg ont
le leur aux Canaries dix degrés plus à l'occident : ainfi
cette différence une fois fuppofée quand elle eft précifé-
ment de dix degrés ils font d'accord.
Cinquièmement, les Indiens 8c quelques Arabes voyant
que les autres aftronomes comptoient leurs longitudes
d'occident en orient , félon l'ordre des fignes , les ont
voulu compter d'orient en occident, félon le mouve-
ment qu'ils atuibuoieut au premier mobile. Ilsprenoient
leur premier méridien à Cancadora , l'extrémité la plus
orientale qu'ils commuent -, mais, outre que ce lieu eft
peu connu , nous n'avons aucune raifon intéreffante à
le chercher.
Sixièmement , les aftronomes Espagnols qui fe font
formés fur les tables Alfonfines, ont pris pour leur pre-
mier méridien Tolède. L'abbé de Vallemont prend occa-
sion de ce méridien pour jetter un ridicule fur cette nation:
niais il a tort. Lesauceurs des tables Alfonfines ont eboi-
MER
fi Tolède pour leur premier méridien , parce que c'étok
le lieu de leurs obfervations. C'eit ainfi que Ptolomée a
rapporté les fiennes au méridien d'Alexandrie, Copernic
les fiennes à Frauenberg , Ticho Brahé & Kepler a Urani-
bourg, Langeberg (Longomontanus) à Copenhague, 8c
MM. de l'académie royale des feiences à l'obfervatoire
de Paris. Pigafet 8c Herrera s'en font tenus au premier
méridien de Tolède, comptant indifféremment à l'orient
ou à l'ocdident jusqu'à 1 80 deg. moitié de la circonfé-
rence totale qui eft de 36c.
En feptiéme lieu, les Chinois comptent leurs longitudes
de Peking , à l'orient 8c à l'occident : c'eft ainfi que les
tables géographiques font calculées dans l'Atlas Chinois
du P. Martini.
8. Les Efpagnols 8c les Portugais ayant de gtandes dis-
putes fut l'étendue que chacun donnoit à fes conquêtes
déjà faites , 8c à celles qu'ils fe propofoient déjà -y le
pape Alexandre VI. tâcha de les accorder en leur parta-
geant le globe en deux hémifphérespar une ligne méri-
dienne qui devoit paner à 36 degrés à l'occident de Lifbon-
nc. Cette ligne détachoit , pour ainfi dire, le Brélll du îefta
de l'Amérique, de forte qu'il demeuroit aux Portugais
8c le relie de l'Amérique aux Espagnols, qui en échange
perdoient beaucoup du côté de l'orient.
9. Cette ligne de Marquatïon du pape ne leur plaifant
pas , ils convinrent d'un autre méridien qui fut nommé
la ligne de la Démarcation. Elle paffe à trois cens foixante-
dix lieues de l'ifle de S. Antoine , la dernière de celles
du Cap Verd.
Quelques navigateurs, croyant avoir remarqué que l'ai-
guille de la bouffole ne déclinoit point du tout de la méri-
dienne auprès des Açores, ont fixé à ces ifles leur premier
méridien ; mais tous n'ont pas choifi la même ifle.
10. Les uns , comme Janffon dans fa mappemonde de
Tan 1604. & dans celle de l'an 1607. Nicolas Fifcher ou
Villcher , en latin Piscator dans fon orbis maritïmus 8c
autres, ont pris les ifles les plus occidentales , favoir
Corvo 8c Flores qui font fous un même méridien.
1 1. Robert Dudley, dans fon livre Arcano del Mare ,
prétend que la bouffole eft exactement tournée vers le
po!e , mais dans le méridien de Pico. Ainfi il compte
toutes fes longitudes de l'ifle de Pico, qui lui fert de pre-
mier méridien, pour tout le calcul des longitudes de ce
grand ouvrage.
1 2. Plufieurs géographes , comme Janffon dans fes pla-
nisphères, Ortclius dans fa mappemonde, Gérard Meica-
tor le Jeune , Pierre Bertius dans fon Europa comratia ,
8c autres , par les raifons prifes du peu de déclinaifon de
la bouffole en certains parages , ont fait paffer leur pre-
mier méridien par l'ifle du Feu , l'une des ifles du Cap-
Verd ; d'autres l'ont fait paffer par l'ifle de S. Vincent j
c'eft ce que Godefroi Vendelin appelle le Méridien
Atlantique ; d'autres par l'ifle de S. Nicolas. Ces méri-
diens coupent l'Ifiande vers fa partie occidentale plus ou
moins, félon l'ifle que ces auteurs choififfent entre celles
du Cap Verd.
1 3. Ces méridiens pris des ifles du Cap Verd , laiffent
les ifles Canaries à l'orient 8c à environ cinq degrés plus
ou moins , félon l'ifle déterminée. Il femble que l'on en
revienne aux Canaries. Ptolomée 8c les Arabes qui l'ont
fuivi ,ont dispofé les géographes à cette préférence : mais
on n'eit pas d'accord fur le point des Canaries où doit
être fixé le premier méridien. S'il étoit vrai , comme
Ptolomée l'a cru , que ces ifles fuffent fous un même méri-
dien , & ce qui eft la même chofe , fur une même ligne
nord 8c Cad , la difficulté feroit aifément levée : mais il
y a plus de cinq degrés 8c demi de différence dans leur
longitude. Il a donc fallu choifir un lieu entre toutes ces
ifles, & c'eft furquoi les fentimens fe font partagés.'
Janffon dans fes quatre parties du monde publiées en
1624. Guillaume Blaeu dans fon atlas, 8c beaucoup d'au-
tres Hollandois trouvant dans les Canaries Tifle de Tene-
rif où eft le fameux Pic , haute montagne que l'on voit
de très loin en mer , ont cru que la Providence avoir mis-
là cette efpece de borne pour fervir de premier méri-
dien. Nicolas Viffcher dans fa mappemonde & quantité
d'autres Hollandois s'y font conformés ; auffi quelques-
uns ont-ils appelle ce méridien JeMÉRiDiEN Hollandois.
14. D'autres géographes ont choifi la côte occiden-
tale de Tifle de Palma , fur la fauffe fuppofition que l'ifle
MER
MER
de Palma eft la plus occidentale des Canaries. Rumold
Mercator, fils de Gérard , 8c quelques autres, y ont cora-
mencé de compter les longitudes ; le père Riccioli de
même. Entr'aurres raifons dont il fe fert pour confirmer
fon choix , il dit que Chriftophe Colomb partit d'abord
de rifle de Tenerife 8c enfuite de l'ifle de Palma , com-
me du terme le plus occidental , pour aller à la décou-
verte du nouveau monde. Il fortit du port de Santa Cruz
pour porter la Croix dans les Indes occidentales. Il pré-
tend que le fuccès de Ces découvertes 8c de (on départ
de cette ifle , font des raifons pour y mettre le premier
méridien. Depuis Colomb, les navigateurs partis de Lis-
bonne ou de Séville prennent rerre aux Canaries , 8c la
plupart à l'ifle de Palma , d'où ils font voiles pour les
lieux auxquels leur navigation eft deftinée. Mais ces rai-
fons ne font pas fort folides ; car, i°. 11 n'eft pas vrai
que l'ifle de Palma foit la plus occidentale des Canaries.
C'eft une erreur qui eft corigée dans les cartes les plus
exactes. 2°. Les noms de Palma & de Sainte Croix ne
font pas des motifs de préférer pour méridien un lieu
qui s'appelle ainiî. 30. Les navigateurs qui relâchent à
Palma ne le font que parce qu'ils y trouvent des rafraî-
chiflemens 8c des commodités qu'ils n'auroient point à
l'ifle de Fer qui cil préfentement reconnue pour la plus
occidentale des Canaries.
ij. Les allronomes 8c les géographes François ont
continué de fe fervir du méridien des Canaries, 8c trou-
vant déjà les efprits difpofés à préférer la partie la plus
occidentale de celle de ces ifles qui avance le plus vers
le couchant , ils y ont pofé leur premier méridien ; mais
comme Palma n'eft pas fi occidentale que l'ifle de Fer ,
ce fut à la partie occidentale de cette dernière qu'ils atta-
chèrent leur premier méridien. Cela ne fe fir pas fans
une mure délibération. Le cardinal de Richelieu ménagea
pour cela une affemblée générale des plus fameux mathé-
maticiens de l'Europe, qui fe tint à Paris dans l'arfenal, le
ij avril 1634, Leréfultatde leurs délibérations fut que
le premier méridien feroit 8c demeureroit confiamment
à la partie la plus occidentale de l'ifle de Fer. Louis XIII.
confirma cette décilion par une ordonnance , qui en a
fait une loi aux géographes François , 8c il paroit que
leur ufage eu préfentement adopté dans les meilleures
cartes nouvelles, qui fc font dans les pays étrangers.
16. Beaucoup de navigateurs , particulièrement les
Anglois , comptent leurs longitudes du lieu d'où ils font
partis pour faire route , foit à l'occident , foit à l'orient.
Cela revient au même, dès que la longitude du port d'où
ils partent , eft connue. Les obfervateurs, dont les tra-
vaux font fi utiles à la géographie , comptent de même
les longitudes à l'orient 8c à l'occident , 8c les expriment
par rapport au lieu de l'obfervation. La longitude n'é-
tant que l'arc d'un parallèle entre deux méridiens , ou
la diitance d'un méridien à l'autre , il eft aifé de rap-
porter rous ces calculs à un même point. Par exemple ,
deux obfervateurs , l'un à Paris , l'autre à Louveau , au
royaume de Siam , trouvent qu'il réfulte de leurs ob-
fervations une différence de 6* heures 34 min. 46 fec.
Cela fait en longitude 98 deg. 41 min. 30 fec. qui font
la différence des deux méridiens ; c'eft-à dire , que Lou-
veau efl plus oriental que l'obfervatoire de Paris , de 98
deg. 41 min. 30 fec. mais fi on veut avoir la longitude
abfoîue de Louveau , prifedu premier méridien , il n'y a
qu'à y ajouter la longitude de Paris , qui efl: de 12 deg.
30 min. il en réfulte pour longitude abfolue izi deg.
11 min. 30 fécondes.
Voici une courte table , qui fait voit d'un feul coup
d'œil les différences des principaux d'entre ces méridiens ,
8c qui peut rendre facilela réduction d'un calcul à l'autre.
Dudley, comme nous avons remarqué ». 1 1. a fon mé-
ridien par le pic des Açores. La différence de ce méri-
dien efl environ 8 deg. ij, min. plus à l'occident que
l'ifle de Fer.
Le méridien par l'ifle de Feu , duquel nous avons parlé
n. 1 2. eft de 6 d. 4^ min. plus occidental que l'ifle de Fer.
Celui du P. Riccioli , par le port de Santa Cruz dans
l'ifle de Palma, aux Canaries , eft de deux degrés plus
oriental que l'ifle de Fer.
Le méridien hollandois par le Pic de Tenerife , eft de
quatre deg. plus oriental que l'ifle de Fer.
Le méridien des Arabes , comme Abulfeda, Alfaras ,
2.21
Albiruni,&c. eft de 10 degrés plus oriental que Fifle de
Fer.
Le méridien de Tolède eft de iy deg. 30 min. plus
oriental que l'ifle de Fer.
Le méridien de l'obfervatoire de Paris eft de 22 deg.
30 min. plus oriental que l'ifle de Fer.
A préfent la réduction eft aifée. Par exemple , l'ifle de
S. Matthieu, dans la mer de Guinée , eft fous les 10 deg.
de longirude , prife de l'ifle de Fer. Si je la cherche dans
les cartes de Dudley , fous le 10 deg. il eft bien sûr que
je ne l'y trouverai pas ; car comme fon premier méridien
eft de huit deg. ij min. plus occidental que l'ifle de Fer,
il s'enfuit qu'à 10 deg. à l'orient du méridien de cette ifle ,
Dudley doit compter 18 deg. ij min. & fi je la trouve
dans là carte à cette longitude , nous fommes d'accord.
Si je cherche cette même ifle dans les cartes de ceux qui
mettent leur premier méridien à Palma ; comme ce pre-
mier méridien eft de 4. deg. plus oriental que l'autre ,
au lieu d'ajouter 4 deg. je dois les diminuer du nombre
des 10 ; car un tel géographe , commençant à compter
un , quand j'ai déjà 5 deg. depuis mon méridien , il n'en
aura que 6 à fon compte, quand j'en aurai 10.
DIFFÉRENCES 1
Des principaux des Méridiens,
Par rapport à l'ifle de Fer,
Le premier méridien par l'ifle de Feu, l'une des ifles du
Cap Verd , différence 6 deg. 45 min. occid.
Le premier méridien de Dudley , par le Pic des Aço-
res , 8 deg. 1 j min. occid.
Le premier méridien par l'ifle de Fer , o deg. o min.
Le premier méridien du père Riccioli , par Palma,
2 deg. o min. orient.
Le premier méridien des Hollandois , par le Pic de
Tenerife, 4 deg. o min. orient.
Le premier méridien des Arabes , 1 o deg, o min. orient.
Le premier méridien des Espagnols , par Tolède ,
ij deg. 30 min. orient.
Le premier méridien des François , par l'obfervatoire
de Paris , 2 2 deg. 3 o min. orient,
MERIDIENNE, (La) on fousentend le mot Li-
gne. La méridienne d'un lieu eft une ligne droite que
l'on conçoit pafler par un lieu donné, & prolongée de
manière, que Ces deux extrémités aboutiffent précifé-
ment aux deux pôles, fans aucune déclinaifon. Avec
cette reftriction , une méridienne conforme à l'aiguille
delà bouflble, n'eft pas une vraie méridienne, parce
que la bouflble a fa déclinaifon qui ne fe doit pas trou-
ver dans la méridienne jufte. La méridienne d'une cham-
bre , d'un jardin eft aifée à prendre , puisqu'elle efl;
fûïement tracée par l'ombre d'un fil perpendiculaire*
ment fufpendu à l'inftant jufte du midi : mais cet infiant
n'eft pas aifé à déterminer. Les livres des mathémati-
ciens donnent divers moyens de tracer une méridienne
exacte. En voici une des plus fimplcs. Sur un bois, ou
fur toute autre matière placée horizontalement , tracez
à volonté un nombre indéterminé de cercles, peu di-
ftans les uns des autres , qui tous ayent un même cen-
tre; que dans ce centre, il y ait une aiguille perpendi-
culaire ; l'inftant où l'ombre fera la plus courte, fera
celui du midi, 8c l'ombre de l'aiguille eft la méridien-
ne : autrement remarquez avant midi à quel point l'ex-
trémité de l'ombre de cette aiguille fe termine à l'un
de ces cercles 8c le marquez. Remarquez après midi
le poinr où cette ombre fe Terminera de même dans le
même cercle : marquez aufli ce poinr. Cherchez dans
ce même cercle un point également diftant des deux
autres que vous avez marqués auparavant. La ligne
que vous tirerez du cenrre où eft l'aiguille, & qui pas-
fera par ce point du milieu, eft une vraie méridien-
ne. La ligne qui lui eft perpendiculaire, marque le vrai
orienr & le vrai occident. L'académie royale des feien-
ces a dans fes mémoires un excellent détail delà méri-
dienne de l'obfervatoite de Paris dans toute la France.
MERIDON , bourg de France ,dans la Normandie,
fur la Dive , élection de Falsùfe,
MER
2.22,
MERIGNIAC, bourg de France .dans l'Angoumois,
éledtion de Cognac.
MERILLES, bourg de Fiance, dans le Gâtinois,
cledion cie Gien.
MER1NDADE. On donne ce nom en Espagne au
" diftrict d'une jutisdiction , comme d'une chfuellenie ,
d'un petit bailliage ou d'une prévôté , dont le juge eft
appelle Merino. Le Merino May or , c'eft le roi. Le
royaume de Navarre eft divifé en fix Merindades.
MERINDOL, village de France, dans le Haut Dau-
phiné , au pays appelle les Baronies. 11 eft célèbre pour
avoir été ruiné Se brûlé par Jean Meynier d'Aupede ,
premier président du parlement d'Aix , qui marcha avec
des troupes pour y exterminer les Proteftans, qu'il ne
trouva plus dans ce lieu; il les alla chercher à Cabrièies
ville dans le Comtat Vtnaiffin , fujette au Pape , laquelle
s'étant rendue à discrétion fut ruinée , Se tous les ha-
bitans mafiacrés l'an 1545. Ces gens là étoient les telles
de ces anciens feétaires nommés Vaudois , qui étant de
père en fils ennemis jurés des Papes & de 1 Eglife Ro-
umaine , aroient embraffé avec joie la doctrine reçue
depuis quelques années en Suifle Se à Genève. * Lon-
guerne , Defcr. de la France, part. 1. p. 374.
MER.INUM , ancienne ville épiscopale d'Italie , dans
la Pouille , Se dont les habitans font appelles par Pline ,
/. 3. c. 11. Merinates , Se fauffement Mctinates par
Ortelius. Cette ville fut ruinée dans le X. fiécle , & fon
évêché transféré à Viefti , qui peut pafler pour l'an-
cienne Merinum.
MERIOLACENSE CASTRUM , lieu fortifié dans
la Gaule. Grégoire de Tours , Hïft. I. 3. en parle Se
en donne une belle dcfciiption.
MERIONETSH1RE, province d'Angleterre, dans la
partie feptentrionale de la province de Galles , avec titre
de comté. Elle a les comtés de Carnarvan Se de Dcn-
bigh pour bornes au feptentrion; celui de Montgomery
à l'orient -, ceux de Radnor & de Cardighan au midi ,
Se la mer d'Irlande à l'occidenr. On lui donne cent huit
milles de tour : Elle contient environ cinq cens mille
arpens , deux mille cinq cens quatre-vingt-dix maifons
& rrente-fept paroiffes. C'eft un pays fort montagneux,
mais qui pourtant ne manque ni de moutons , ni de
poiffons , ni de gibier. On y fait un grand trafic de co-
tons. * Etat préfent de la Grande Bretagne , tom. 1.
p. 139.
MERITUS, montagne de la Thrace, félon Pline ,
/. 4. c. 1 1.
MERLERE , ifle fur la côte occidentale de l'ifie de
Corfou. Les anciens la nommoient Tbalacria. Coro-
vic , itiner. donne le nom de Merleres à quatre iftes
voifines les unes des autres , que de l'Ifle nomme Fanu,
Merlere , Se les deux Salmastrachi. Corovic ajoute
qu'elles font extrêmement fertiles , qu'elles abondent
principalement en pâturages, qu'elles font peu habi-
tées , Se que les Corfaires y viennent fouvent prendre
une retraite. * De l'Ifle, Atlas.
MERLOU, autrefois Mello , Mellou , en latin Mel-
lum -, Mellotum , ville & baronnie de France, dans la Pi-
cardie au diocèfe de Beauvais.Ce lieu qui a donné le nom
à la grande maifon de Mello , de laquelle étoit Dreux
de Mello , connétable de France fous Philippe Augu-
ftc ; Gui de Mello, célèbre évoque de Verdun , puis d'Au-
xerre fous le règne de S. Louis. La généalogie de cette
maifon, eft dans le P. Anfelme , Se dans le diction-
naire hiftorique de Moreii. Elle fubfiftoit encore en
1490. dans la branche de faim Bry proche Auxerre. Il
y a à Merlou une églilé collégiale . fondée en 1103.
par Martin de Mello , chanoine de Paris. Elle eft
dans un fond fi aquatique, qu'on y a vu quelquefois trois
pieds d'eau, Se les murs en font devenus tout verds , Se
l'églife mal faine. La paroiffe de Notre-Dame eft dans
la nef. On y voit un beau maufolée d'anciens fei-
gneurs. 11 y a en outre à Merlou un prieuré du titre
de fainte Marie Magdelcne, dont l'églife eft féparée ,
& en meilleur état. Il fut fondé en l'an 1 157. par Re-
naud de Mello ; il dépend de l'abbaye de Vezelay en
Nivernois, dans laquelle le fondateur fe fit enfuite re-
ligieux. Merlou appartient aujourd'hui au duc de Luxem-
bourg, par fucceflion de la ducheffe de Meckelbourg fa
tante paternelle , à qui Louis IL prince de Coudé en
MER
avoir fait ptéfenr, Se elle eft venue au dernier de h
maifon de Montmorency, dont étoit la princefle de
Condé fa mère. On voit encore à Merlou un couvent
ou abbaye de filles de l'ordre de fainte Claire , dont
l'églife a été embellie par meflieurs de Luxembourg. Le
château de Merlou eft fur une éminence , les écuries fu-
perbes font en bas. La pierre eft fort commune dans
le pays. * Mémoires manuferits.
MERMADAL1S, rivière qui féparoit l'Albanie du
pays des Amazones du côté du feptentrion. Strabon eu
parle au livre onzième. Un peu plus bas, il fembleap-
peller cette même rivière du nom de Mîp/xif^uç Mer-
modas.
MERMEROES , lieu aux environs des monts Cau-
cafes , félon Ortelius Tbefaur, qui cite Suidas.
MERMESSUS, ville de la Troade, félon Etienne le
géographe , qui ajoute que la fibylle Erythrée étoit ori-
ginaire de cette ville. Solin , Plimanœ exercit. p. 79.
combat ce fentiment. Ortelius qui ajoute qu'une mé-
daille de Tibère fait mention de cette ville, croit que
c'eft la même ville que Alarpeflhs.
MERMODAS. Voyez. Mermadalis.
MERNOCK, ifle de la mer d Ecoffe au fud-oueft de
Bute. Cette ifle, qui a un mille de longueur, Se un
demi-mille de largeur, eft fertile en bled, Se peuplée
félon fon étendue. * Etat préfent de la Grande Bre-
tagne, t. 2. p. 267.
MERNS ou Mernis , province d'Ecoffe , au nord
de l'Angus. C'eft une province maritime, Se qui abonde
en bleds Se en pâturages.
MERO. Voyez. Meroth.
MERO^E > ville de l'Ethiopie fous l'Egypte. Voyez.
Meroé.
MEROBRIGA. Voyez, Mirobriga 3.
MERODE, château dans la Weftphalie, au duché
de Juliers. Il a donné fon nom à une très - ancienne
maifon.
MERODIPA, ville auvoifinage de celle d'Halicar-
naffe , félon Diodore de Sicile , /. 1 3 ; mais ce paffage eft
défectueux , comme l'a remarqué Cafaubon , Se au lieu
de Merodipa, il faut lire Meropida. * Ortelii Tbe-
faur.
MERODORUM , Nemtodorum , Nemetodo-
rum , ou Metodorum , noms latins de Nanterre , vil-
lage de Fiance , dans le voifinage de Paiis. * Ortelii
Thefaur. Vie de faint Germain d'Auxerre, par le prêtre
Confiance.
MEROÉ, ifle de la haute Egypte. Ptolomée, /. 4.
c. S. dit qu'elle eft formée par le Nil qui la baigne à
l'occidenr, Se par le fleuve Altabora qui la mouille du
côté de l'orient. Il lui donne les villes fuivantes.
Sur le bord des deux
fleuves.
Dans les tettes
Méroé ,
Sacolche ,
Efer,
Darorum Viens.
Auxume,
Ç AuXlllTH
< Coloé' ,
C Mafte.
De l'Ifle nous a donné des conjectures fur la pofition
de l'ifie de Méroé.
Dans toute l'Ethiopie, qui eft un pays d'une très-grande
étendue, il n'y a rien, dit-il, de plus célèbre parmi les
anciens , ni de plus difficile à trouver parmi les moder-
nes , que l'ifie de Méroé. Si ce que les anciens en ont
dit eft véritable , cette ifle pouvoit mettre en armes
deux cens cinquante mille hommes, Se nourriflbit jus-
qu'à quatre cens mille ouvriers. EUe renfermoit un
grand nombre de villes , dont la principale étoit Mé-
roé , qui avoir communiqué fon nom à l'ifie , & qui
fervoit de réfidence aux reines , Regia & Metropolir
JEtbiopum. Je dis aux reines , parce qu'il femble que c'é-
toit des femmes qui regnoient en ce pays à l'exclufiou
des hommes. Du tems d'Augufte , c'étoit une princefle
borgne à la vérité, mais d'un courage mâle, virilis fané
millier , fed altero oculo capta. Elle fit une irruption
dans l'Egpyre ; mais elle fut obligée d'envoyer des am-
balLtdeursà Augufte. A la mort de N. S. il en tegnois
MER
MER
une autre, dont un officier fut baptifé par faint Phi-
lippe , comme on le voie par le Actes des Apôtres.
Enfin , lorsque Néron envoya des lbldats de fa garde en
ce pays pour chercher les fources du Nil, c'étok encore
une princeffe qui regnoit, Se toutes ces trois s'appel-
loient Candace ; mais on voit par un paiTage de Pline ,
que depuis long-tems ce nom étoit devenu commun
aux reines. Pour revenir à notre fujet : la difficulté qu'on
a de reconnoître à préfent cette ilie , vient du peu de
bons mémoires qu'on a fur l'Ethiopie. Presque tout ce
que les Européens en ont écrit , eft: rempli de fables Se
de menfonges. Il eft vrai que les Pères Jéfuites , qui
ont été allez long tems dans ce pays , nous en ont donné
de meilleures inftructions , Se qu'ils ont fait une carte
fur les lieux bien différente de celles qu'on avoir faites
en Europe. D'ailleurs le père Balthazar Tellez , le père
Nicolas Godinho , Ludolf Se autres , nous ont donné
des descriptions du pays fur des mémoires bien plus surs ;
mais ils n'ont décrit que cette partie de l'Ethiopie que
nous appelions Abyiîinie , & non pas celle que nous ap-
pelions Nubien Se c'eft ce qui étoit néceflaire pour nous
mettre en état de décider la queftion avec quelque con-
lioiffance de caufe. Je n'entreprendrai donc pas ici de
la décider i les mémoires que j'ai reçus de ces pays- là,
fous la protection de monfeigneur le comte de Pont-
chartrain, me donnent le moyen de propofer au moins
des conjectures. Du Roule , envoyé du roi en Ethio-
pie , avoir pris en Egypte tous les éclairciffemens né-
ceffaires fur la toute qu'il devoit tenir , ce qui n'étoit
pas une des moindres difficultés de fa commiffion. Il
avoir une defeription de la Nubie Se du coûts du Nil
fur la dépofition de plusieurs fcheicks , ou chefs de fa-
milles, qui avoient fait le voyage d'Ethiopie jusqu'à quin-
ze Se vingt fois , tant par le Nil que par les déferts. Il
m'a communiqué ce qu'il avoir appris , Se c'eft fur Ces
mémoires que je propoferai mes conjectures. L'ifle de
Méroé étoit indubitablement fur le Nil. La fource du
Nil , qui a été fi long-tems Se fi inutilement cherchée
par les anciens , eft à 18 deg. de latitude feptentrionale.
Ses cataractes , un peu moins célèbres, mais bien mieux
connues que fa fource , font au 23 deg. Se demi , & c'eft
fans difficulté entre ces deux points que doit être l'ifle de
Méroé. Les anciens ont dit que cette ifle étoit formée
par le concours de l'Aftaboras & du Nil ; & par une au-
rre rivière, nommée Aftape, qui fe jetre pareillement dans
le Nil. Que le Nil terminoit cette ifle du côté de l'occi-
dent , & qu'elle étoit bornée des deux autres côtés par
l'Aftape& l'Aftaboras ; ce qui fait voir que ce n'étoit
qu'improprement qu'elle étoit appellie ifle , puisqu'elle
n'étoit pas fermée de tous côtés , Se qu'elle devoit être
femblable à ce que nous appelions ici fille de France.
Nonobftant une defeription fi formelle , Mercator & Or-
telius onr repréfenté l'ifle de Méroé , comme formée par
deux bras du Nil , Se l'ont appellée Gueguere, Se presque
tout le monde s'eft laifïé entraîner à l'autorité de ces deux
géographes. Cependant les ifles qui font formées par le
Nil feul au-deffus des cataractes , font toutes petites ; ce
qui ne peut compatir avec ce que nous avons dit de la
grandeur de celle de Méroé , ni avec le nombre de fes
villes & de fes habitans; & d'ailleurs il n'y en a pas une
dont le nom approche de celui de Gueguere. Les pères
Jéfuites , qui ont été en Ethiopie , font perfuadés que
l'ifle de Méroé n'eft autre chofe que le royaume de Go-
jame , qui eft enfermé parla rivière du Nil , en forme
de presqu'ifle , comme on peut voir dans la carte ; mais
cette presqu'ifle , qui fait le royaume de Gojame , n'eft
formée uniquement q'ue par le Nil , point d'Aftape ,
point d'Aftaboras , ce qui n'eft pas conforme à la deferi-
ption que les anciens en ont donnée. D'ailleurs la ville
de Méroé , capitale de cette ifle , doit avoir été placée
entre le 16 Se le 17 deg. de latitude feptentrionale, com-
me on le verra ci-après , Se le royaume de Gojame ne
pafle pas le 13 degré. Enfin , fi ce que nous appelions
aujourd'hui royaume de Gojame , avoir été l'ifle de Mé-
roé , fi connue des anciens , n'auroient-ils pas aufli con-
nu les fources du Nil , qui font au milieu de ce rovau-
me ? * Hiftoire de l'Académie Royale des Sciences , année
1708. p. 469.
Ifaac Voiîîus , de la fociété royale d'Angleterre , eft
un de ceux qui , dans ces derniers tems , ont travaillé le
222
plus utilement à la géographie , Se quoique fa prétendue
reforme des longitudes ne lji ait pas fait honneur il ne
laifle pas d'y avoir d'excellentes recheiches dans l'es ou-
vrages de géographie. 11 prétend que 1 1 presqu'ifle que
fait la rivière de Marcb du côté de fa fource , par un
circuit presque pareil a celui que fait le Nil au royaume
de Gojame , eft l'ifle que nous cherchons ; mais , outre
que cette ifle ne feroit formée que par une feule ri-
vière , Se non pas même par celle du Nil , contre ce que
les anciens en ont dit, cette presqu'ifle formée parle Ma-
reb , n'a ni l'étendue , ni la fltuation que les anciens ont
donné à 1 ifle de Méroé. D'ailleurs la ville de Méroé,
capitale de l'ifle , étoit fur le Nîl,& l'ifle ou la près-*
qu'ifle de Méroé en eft fort éloignée. CelLuius, donc
les ouvrages géographiques font aujourd'hui allez de
bruit parmi les favans , a ramafie tour ce que les an-
ciens ont dit de 1 ifle de Méroé ; mais il ne donne au-
cune connoiflance de l'état préfent de ce pays , fans quoi
néanmoins on ne peut rien conclure. Il femble feu-
lement qu'il approuve l'opinion , qui confond le
royaume de Gojame avec Méroé : ce que je viens de
réfuter. Le père Tellez , Jéfuite , après avoir bien con-
lidéré tout ce que les miffionriaires de fa compagnie ont
écrit fur l'Ethiopie , s'eft laiffé perfuader que cette ifle
étoit imaginaire. Sij'avois cru qu'une telle opinion pue
faire quelque imprcifion fur les efprits , j'ailrOis com-
mencé par la réfuter: car il elt inutile de raifohnec fur
choie qui n'eft pas , ou au moins dont l'cxiftence eft
douteufe; mais comment révoquer en doute l'exiftence
de l'ifle de Méroé , après les circonftances que les an-
ciens en ont marquées ?
Pline allure que Simonide y a demeuré cinq ans , &
qu'après lui Ariftocréon , Bion Se Bafilis ont décrit fa
longueur Se fa diftance de la ville de Syena Se de la mer
Rouge , fa fertilité , la ville capitale , Se qu'ils ont même
rapporté le nombre de fes reines. Quoique Ludolf n'ait
pas plus trouvé cette ifle que le père Tellez , il n'a pas
douté néanmoins qu'elle n'exiftat ; mais il prétend qu'il
faudroit la chercher plus à l'occident que l'on ne fait ,
& que ce font des pays où Ion ne va pas ; que fi après tou-
tes les recherches que l'on en feroit , on ne la trouvoic
pas , on peut dire que quelque bras du Nil s'eft féché ,
d'où l'on ne fauroit la découvrir ; mais cet auteur ne
prend pas garde que ceux qui ont fait récemment le
voyage d'Ethiopie , ont long-tems côtoyé le Nil; qu'ils
doivent au contraire avoir laiffé à l'orient l'ifle de Méroé ,
puisque le Nil la bornoit à l'occident; cV qn'ainfi c'eft
à l'orient qu'il la faut chercher , Se non a l'occident ,
comme il le dit. Et à l'égard de la rivière féchée , j'avoue
qu'il y en a plufieurs en Afrique , lesquelles , ayant cou-
lé quelque tems par des fables ou par des terres fpon-
gieufes , s'affoibliffent infenfiblement , Se à la fin dispa-
roiflent; mais on ne met pas au nombre de ces rivières
le Nil , ni l'Aftaboras. Puisqu'il faut donc trouver l'ifle
de Méroé ,& qu'il eft du devoir d'un géographe de faire
le parallèle de l'ancienne géographie avec la nouvelle ,
on pourroit conjecturer que c'eft cet efpace de terre qui eft
entre le Nil & les rivières de Tacafe & de Dendcr , Se je
vais tâcher d'établir cette conjecture par la fituation de
ce pays , qui me paroït conforme à celle que les anciens
ont donnée à l'ifle de Méroé , par les rivières dont elle eft
formée, par fon étendue , par fa figure , Se par quelques
autres fingularités , communes à lifte de Meroé Se au
pays que je viens de défigner. La fituation d'une place
ou d'un pays fe prouve par le degré fous lequel elle eft
fituée , Se par la diftance de cette place , ou de ce pays ,
à d'autres endroits qui nous font connus. La ville la plus
connue de tout ce pays eft Syene. Sa latitude n'eft pas
douteufe , & c'eft un point fixe , duquel on peut fans
crainte mefurer les environs. Pline , /. 2. c. 73 . affure que
le jour du folftice à midi les corps n'y font point d'om-
bre , Se que , pour preuve de cela , on y a fait creufer un
puirs , qui dans ce tems eft tout éclairé. In Syene oppido
folftitii die medio , nullam umbram jaci , puteitmque ejitS
experimenti gratiâ fatlitm , totirm ilhtminari. Strabon a
dit la même chofe en d'autres termes , ce qui fait voir
que la ville de Syene eft juftement fous le tropique du
Cancer , à vingt - deux degrés Se demi de latitude
feptentrionale. Or , de Syene à la ville de Méroé ,
félon les mêmes auteurs , on comptoir cinq mille ftades s
MER
224
en tirant au midi , & ces cinq mille Rades , évaluées en
mefure aftronomique , font fept deg. d'un grand cercle ,
donnent la pofition de la ville de Méroé à 15 degrés 8c
demi de l'équateur. Cette pofition de la ville de Méroé ,
qui fe rapporte allez jufte à celle que Ptolomée lui donne
au quatrième livre de fa géographie, eft encore confirmée
par un autre paffagc de Pline , qui dit que la ville de Mé-
roé n'a point d'ombre , non plus que celle de Syene, 8c
que cela arrive deux fois l'année , lorsque le foleil eft au
dix-huitiémc degré du taureau , 8c au quatorzième du
lion. In Meroe , qiu eft caput gémis JEtbiopum , bis in
anno abfumi timbras ,fole duod.evicefimam tauri partem ,
Cr qiiartam-decimam leonis obtinente. Or il eft sûr que,
quand le foleil eft dans les degrés que je viens de nom-
mer , il a environ feize degrés 8c demi de déclinaifon ,
qui eft la latitude que les anciens ont donnée à la ville de
Méroé, 8c qui réfultc de fon éloignement de celle de
Syene. Je pourrois encore prouver par les climats la po-
fition de la ville de Méroé. Les anciens l'ont mife au
milieu du premier climat , dont le plus long jour eft de
13 heure s, ce qui donne par le calcul 1 6 deg. 8c demi ,
qui eft la même latitude que nous avons donnée à Mé-
roé fur les obfervations 8c fur fon éloignement de la ville
de Syene. J'ai négligé dans ce calcul la réfraction , parce
qu'elle ne fait pas une différence notable. L'ifle de Mé-
roé étoit formée par la rivière du Nil , 8c par deux au-
tres qui vendent du côté de l'Orient , comme nous avons
dit. Influant in Nilum , dit Strabon , duojiumina ab Orien-
te delata , & Meroem ingentem infulam completluntur.
Je ne fais fi les anciens ont connu d'autres rivières que
ces deux-là , qui fe jettent dans le Nil du côté de l'o-
rient ; mais on voit par les mémoires de du Roule , qu'il
n'y en a que deux de confidérables ; la rivière de Tacaze
8c celle de Deuder. La rivière de Tacaze , grande com-
me la moitié du Nil , a bien l'air d'être l'Aftaboras des
anciens ; c'eil l'opinion de Jean de Barros , le Tite-Live
des Portugais . 8c deux chofes ne permettent pas d'en
douter. La première eft que, félon les Jéfuites qui ont
été en Ethiopie , elle entre dans le Nil à dix- fept degrés &
demi de latitude, qui eft à quelques minutes près la même
hauteur que Ptolomée donne a l'embouchure de l'Alta-
boras , fept cens ftades au-deffous de la ville de Méroé ,
comme on voit par Strabon , par Diodore 8c autres. La
féconde , qui me fait croire que le Tacaze eit la même
que l'Aftaboras , eft que cette rivière s'appelle autre-
ment Atbara , comme on le voit par le rapport de Scheiks
de Nubie , & par celui d'un Récollet qui a pafTé cette ri-
vière , en allant en Ethiopie. Or les noms d'Atbara Se
d'Aftaboras ne font pas fort différais. Je fuppofe que
l'Atbaraeft fon véritable nom>& que les Grecs l'ont altéré.
Pour la rivière d'Atbpe , ce fera apparemment celle de
Dender ; car il n'y a que deux rivières confidérables,
Atbara & Dender , qui entrent immédiatement dans le
Nil du côté de l'orient. L'étendue du pays que j'ai défigné ,
eft à peu près la même que celle que les anciens ont don-
née à l'ifle de Méroé. Diodore 8c Straben l'ont fait lon-
gue de trois mille ftades , 8c large de mille, c'eft-à-dire ,
qu'ils lui ont donné cent -vingt lieues de longueur fur
quarante de largeur , & cela fe trouve ici à peu de chofe
près, au lieu qu'il s'en faut bien que le royaume de Go-
jame , ni la presqu'ifie formée par la rivière de Mareb ,
approche de cette étendue. L'étendue 8c la figure que
Diodore 8c Strabon donnent à lifte de Méroé , convient
aftez aux pays dont je parle , c'eft-à-dire , celle d'un
bouclier. Quelqu'objection qu'on me faffe , je réponds
que ce font les rivières qui font la figure 8c la plus gran-
de partie de ce plan , & que ces rivières avec leurs four-
ces , leurs cours & leurs embouchures , font tirées de la
carte que les PP. Hieronymo Lobo , François d'Almeida ,
ôc autres Jéfuites Portugais ont faites fur les lieux , qu'el-
les font prifes de la dépofition dés Scheiks de Nubie ,
interrogés féparément par du Roule , des itinéraires des
Jéfuites François , 8c du fieur Poncet , dont le père
Gobien a fait imprimer le voyage, 8c quelques autres
voyages manuferits des Récollets Italiens , envoyés dans
ce pays par la congrégation de la Propagande, dont j'ai
eu les copies collationnées. Outre les convenances que
j'ai rapportées entre l'ifle de Méroé & le pays que je
propofe pour la repréfenter , on y peut joindre les pluies ,
la fertilité du pays , 8c la chaffe des éléphans. Strabon dit
MER
que les pluies réglées ne commencent qu'à Méroé ; 8t
Pline , que [ceux qui furent envoyés par Néron pour
aller chercher les fources du Nil , commencèrent à trou-
ver dans ces endroits des arbres 8c des herbes -, Herbas
demum circa Meroem fylvarumque aliquid apparuijfe ,
cœtera folitudines. Et c'eft la remarque que le père Breve-
dente a faite dans ces mêmes endroits. Nous quittâmes ,
dit ce père , la ville de Corti 8c la rivière du Nil ,
pour entier dans le défert de Bibouda. On commença à
voir des arbres 8c des herbes , les pluies commençant à
fe faire fentir dans ces quartiers , au lieu que tout le refte
jusque-la n'eit arrofé que par le débordement du Nil,
ou par le moyen des machines qui élèvent fes eaux ,
pour les répandre fur les terres, 8c c'eft ce que Poncée
déclare auiii dans fon itinéraire. Ils pouvoieni bien dire ,
comme Pline , catera folitudines , eux , qui avoient
marché plufieurs journées dans des fables ou dans des
terres arides , où ils n'avoient trouvé ni eau , ni herbe,
8c rien autre chofe que des affreufes folitudes , 8c c'eft
fans doute dans ces lieux déferts que Cambyfc , roi de
Perfe , ayant perdu une partie de fon armée , fut obligé
de retourner en Egypte , fans être parvenu jusqu'à cette
partie d'Ethiopie , qui commence à être cultivée 8c ha-
bitée : mais Grccia Nendax a dit que Cambyfe avoir
pris Méroé , 8c qu'il avoit changé le nom qu'elle portoic
auparavant en celui de fa fœur, qui s'appelloit Méroé ,
8c que cette princefle y étant morte , elle y avoit été
enterrée. On a fort loué la fertilité de l'ifle de Méroé ,
8c le grand nombre de fes habitans , 8c cela convient
encore parfaitement bien au pays donr je parle. Le père
Paulet , Jéfuite , dit qu'au-delà du Nii , vis-à-vis de
Sennar , le pays fourmille de monde , 8c que l'on y vois:
mille 8c mille petits hameaux répandus dans toute la
campagne. J'ai une route de la même ville de Sennar à
Souaquem , ifie 8c port de la mer Rouge , où il eft die
que le pays que je décris , eft bien cultivé Se bien peuplé.
Et dans la defeription de Nubie , faite par du Roule fur
le rapport des gens du pays , il paroït que dans ces en-
droits la terre eft d'une fi grande fertilité , que l'on y fait
trois récoltes par an. Enfin , c'eft un peu au deffus de
Méroé que l'on commençoit avoir des éléphans, félon
Piine.Les Ptolémées, rois d'Egypte , entr'autres le fameux
Philadelphe , qui s'eft fi fort attaché à la connoiffance de
la nature 8c des beaux arts , envoyoient vers ces endroits
à la chaffe de ces grands animaux , 8c avoient fait bâtir
quelques places pour la commodité de ceux qu'ils y en-
voyoient , 8c l'on a remarqué dans la route de Sennar
à Souaquem , dont je viens de parler , qu'au-delà de la
rivière d'Atbara , vers la même hauteur qui eft défignée
par Pline , on trouve dans les montagnes des éléphans
en quantité. Il me femble que pour achever de rendre
ma conjecture plus vraifemblable , il ne faudroit plus
que trouver la ville même de Méroé dans fille , dont je
viens de parler , ou au moins en découvrir les ruines
ou les veftiges Si l'on en vouloir croire Jofephe & Hé-
liodore , qui la mettent à la jonction du Nil 8c de l'A-
ltaboras , il n'y auroit qu'à chercher le confluent de ces
deux îivieres , qui ne fauroit être douteux ; mais on fait,
affez que l'hiftoire éthiopique d'Héliodore n'eft qu'un
roman , 8c il y a bien de l'apparence que l'hiftoriette que
fait Jofephe touchant l'expédition de Moïfe en Ethiopie ,
lorsqu'il étoit , dit-il, à la cour de Pharaon, 8c général
de fes troupes , ne mérite pas plus de croyance.puisqu'elle
ne fe' trouve ni dans l'Ecriture , ni dans Philon ; ainfi il
vaut mieux s'en rapporter à Strabon , qui dit que la ville
de Méroé étoit fept cens ftades au-deffus de la jonction
de l'Aftaboras 8c du Nil , ou à Pline , qui y met foi-
xante & dix mille pas. On trouve vers ces endroits la
ville de Guerri , que nos voyageurs difent être une des
plus confidérables du pays. Ne feroit-ce point ce que
d'autres appellent Méroé ou Gueguere, par une espèce
de réduplication ? Mais il y a peut-éte de la témérité à
pouffer fi loin des conjectures , 8c l'académie fait pro-
feifion dune fevère exactitude dans la recherche de la
vérité.
MEROM , ou Marom , les Eaux de Merom mar-
quées dans Jofué , c. 1 1. v. 5. font, à ce qu'on croit , les
eaux du lac Séméchon , puisque la ville d'Hafor, où re-
gnoit Jabin, étoit fur ce lac, comme Je dit Jofeph, Antiq.
I. ;. c . 6. &c que Jofué dit que Jabin 8c les rois fes alliés
Ci
MER
MER
e raffemblerent pour combattre Jofué fur les Eaux de
om (a). Il femble donc, dit D. Calmet , Diti. que
Merom ôc Séméchon font la même chofe ; mais cette
conféquence n'eft pas jufte. On convient avec Jofeph
que la ville d'Hafor étoit fur le lac Scméchon ; mais
on ne trouve nulle part qu'elle fût fur les eaux de Meron ,
ni que les rois alliés fe campèrent fur les eaux de Sémé-
chon ôc auprès d'Hafor pour combattre Jofué. Il eft
bien plus croyable qu'ils s'avancèrent jusqu'au torrent de
Cifon&au défilé qui conduifoit dans leur pays pour empê-
cher Jofué d'y entrer , ou même pour l'aller attaquer
dans un pays qu'il poffédoit deja , que de s'imaginer qu'ils
l'attendirent au fond de leur propre pays , en lui abandon-
nant toute la Galilée ôc tout le terrein qui cil depuis
le lac de Cifon jusqu'au lac de Séméchpn.
Voici, continue dom Calmet, les preuves qui nous
font croire que Merom ôc Meromé ôc les eaux de Me-
iom étoient aux environs du Cifon, du Carmel , de
Thanac ôc de Megiddo ou Mageddo: i°. Eufebe mec
la ville de Merom ouMerus , à douze milles de Sebafte»
vers Dothaïnr, 2°. Les tribus de Zabulon ôc de Neph-
thali s'expoferent au péril dans le combat contre Si (ara ,
dans les campagnes de Meromé (b) , -5°. Le combat
fe donna certainement fur le Cifon, a Thanac ôc à Ma-
geddo (c). Il faut donc placer les eaux de Merom vers
ces cantons-là. Or Thanac, Merom & Mageddo font
fituées au-deçà du Cifon ôc au pied du Carmel. C'eft
donc-là que fe donna non feulement le combat entre
Jofué ôc Jabin ôc fes alliés , mais encore entre Barac ÔC
Sifara. Cet endroit étoit important pour le paffage , ôc
il étoit mal-aifé de faire palier, une armée par un autre
endroit , en allant de la Judée dans la Phénicie ou dans
la Galilée.ou réciproquement de la Phénicie danslajudée.
{a) Jofué, c. 1 I. v. $.{b) Judic. c. j. v. iS. (tjlbid. v. 19.
MEROME. Il elt parlé du pays > ou félon l'hébreu
des Champs ce Meromé, dans le livre des Juges ,ôc
on y dit que Zabulon Ôc Nephthali ont expofé leurs armer
au péril dans les campagnes de Meromé. On croit, die
D. Calmet , Dïct. que Meromé eft le même que Merom ,
dont il eft parlé dans Jofué , lorsqu'il eft dit que Jabin
ôc les autres rois Chananéens fes alliés furent vaincus
fut les eaux de Merom. La plupart des commentateurs
croient que ces eaux de Merom ne font autres que le
lac de Séméchon dans la Haute Galilée. Jofcphe a donné
lieu à cette opinion , lorsqu'il a dit que la ville d'Ha-
for , où regnoir Jabin , étoit fituée fur le lac Séméchon \
mais il ne dit pas que les Chananéens ayent été vaincus
près Hafor , ni près du lac Séméchon \ ôc il dit au con-
traire que le combat fe donna au pied du Thabor : ce qui
eft conforme au texte de l'Ecriture. Or, le Thabor eft bien
éloigné du lac Scméchon ; ainfi nous aimons mieux croire
que les eaux de Merom étoienr au pied du Mont Carmel ,
aux environs de Thai-.ac , de Légion ôc de Mageddo.
Voyez, l'article précédent.
1. MERON. Voyez. Merom ôc Meromé.
2. MERON , bourg de France , dans l'Anjou , élection
de Montreuil Bellai.
MERON AS , il paroît par ce que dit Strabon ,/. 12.
p. jjo. que c'eft la même nation que les Phrygiens. Cafau-
bon a pourtant retranché ce mot ; mais on le trouve,
dans le manufciit d'Hopper , où on lit ku) uv<ro) , ko.) m«-
fwtç , ôcc. Myfi & Merones.
MEROPES, peuples imaginaires :vElien aceufe Théo-
pompe de les avoir imaginés.
MEROPfA. r«y-^SiPHNOs.
MEROPIDIS, terre imaginaire. Strabon, /. 7. p. 199.
reproche à Théopompe de l'avoir imaginée.
MEROPIS. Voyez. Cos I.
MERORUM CIVITAS. On trouve ces mots dans
quelques exemplaires de Pline, /. 5. c. 24. Mais le P.
Hardouin , après avoir confulté fix manuferits, où ils ne
fe trouvoient point , les a retranchés ôc les a remplacés
par ceux-ci Imme civitas. Ainfi c'eft de la ville Imme
dont il eft qucltion ôc non de Merorum civitas.
1. MEROS ou Merus , montagne de l'Inde, félon
Strabon , Théophrafte, i£lien , Mela& autres. Elle étoit
contactée à Jupiter, ôc on prétendoit que Bacchusy avoit
Cté élevé. Cette opinion n'avoit point d'autre fondement
cjue la lignification du mot Mer os , qui en grec lignifie
cuiffe , ôc qui avoic donné pççaiionà la fable de Baccims
%%$
enfermé dans la cuiffe de Jupiter Se né deux fois, parce
qu'il avoit été garanti de la pefte fur cette montagne
avec fon armée. Plufieurs écrivains anciens donnent des
noms différens à cette montagne. Elle eft appellée Nyja
par Pline , /. 8. <:. 39. Nyfeutm par Suidas ; ÔC S.crum par
Trogus. Elle eft fituée entre l'Inde & le Cophenes , félon
Ptolomée,/. iz.Ôc Arrien. Poliam , /. t. Siraiagem. die
qu'on l'appelloit aulfi Tp*spupeç j Tricoryphus , à caufe
de fes trois fommets , dont l'un étoit nommé Kcpà.<riùi
Corafibis ; l'autre KoVJaVx» , tondafee, ôc le troifiéme Met
ros.* Diodor. 1. 2. c. 38.
2. MEROS. Ortelius , Thefaur. dit qu'Hefyche donne
ce nom à une partie AAmpelus , fans distinguer fi c'eft
de la ville ou du promontoire dont il entend parler.
MEROTH. Jofeph , am. I. 3. c. 2. dit que le bourg
de Meroth termine la Galilée du côté de l'occident. Dans
le traité intitulé Sanhédrin , il eft dit que les eaux de
Meroth feront changées en fang au tems du Meffie. Voyez.
Merom & Meromé.
MEROU , ville de l'Afie.dans le Khoraffan dans fa
partie orientale. Cette ville eft fituée au 37 degré 40
ïec. de latitunde , ôc au feptentrion d'une autre ville
qu'on appelle Merou-Erroud ôc qui n'en eft qu'à cinq
lieues. Merou eft aulli furnommé Schahigchan , c'eft-à-
dire roi du monde. On donna ce furnom à cette ville,
parce que le fultan Maliescha, l'un des plusgrands des Sel-
Juki des l'avoir fore aimée à caufe de l'agrément de fafitua-
tion , de la pureté de fon air , ôc de la fertilité de font
terroir. Il l'avoir fait bâtir pour en faire fon féjour. En
effet il y paffa la plus grande partie de fa vie. Il y mourur,
ôc on lui éleva un magnifique tombeau.
Cette ville a ptoduit plufieurs favans hommes, ôc JacuC
affuixqu'ily a vu trois bibliothèques dans l'une desquelles
il y avoit douze mille volumes manuferits. Quelques-uns
veulent que cette ville ait été premièrement bâtie pat
Tahmuras, le quatrième des premiers rois de Pcrfe, appel-
lés Pischdadiens, ôc d'autres difent que c'eft par Jamanii,
fille du roi de Perfe Arraxerxes Longimanus. Elle eft
fituée dans une plaine fablonneufe qui produir du fel.
Trois rivières la rendent délicieufe , &: elle eft également;
éloignée de douze journées de Nischabour , de Herat, de
Baie & de Bocara. * Pctis de la Croix } Hift. du Grandi
Genghizcan , 1. 4. c. 2. p. 376.
MEROUAN , petit peuple de l'Amérique feptentrio-
nale , dans la Louifiane. Il elt ordinairement piacé entre
la rivière la Maligne ÔC celle de Cenis. Ce peuple eft
errant. Il fe pourroit faire que ce feroit le même peu-
ple que Joufiel appelle Meracauman.
MEROVARD , bois de France , dans la maîtrife dô
Baveux. Il eft de cent trois arpens.
MEROZ, c'étoitun lieu au voifinage dutorrent Cifon ,
ôc dont les habitans n'ayant pas voulu venir au fecours de
leurs frères , dans le combat qu'ils livrèrent à Sifara furent
fournis à l'anathême: Malheur à la terre de Meroz, die
l'ange du Seigneur ! Malheur à ceux qui l'habitent! parce
qu'ils ne font point venus au fecours du Seigneur , au fe-
cours des plus vaillans de fes guerriers. Quelques uns ,
dit D. Calmet , Dilt. ont cru que Meroz étoit la même
que Merus ou Merom, dont il a été parlé ci-devant, ôc
c'eft peut- être ce qu'il y a de plus vraifemblablefur ce fujer;
D'autres, continue D. Calmet , veulent que Meroz
ait été un homme puiffant ,qui demeuroit au voifinage
du Cifon , lequel n'ayant pas voulu venir au fecours de
Barac ôc de Debora, fut excommunié par l'ange dut
Seigneur au fon de quatre cens trompettes. L'ange du
Seigneur eft félonies uns , Barac général de l'armée du
Seigneur -, félon d'autres , c'eft le grand prêtre d'alors ,
ou un prophére , ou S. Michel > ou quelque ange. Quel-
ques-uns croient que Meroz étoit l'ange des Chananéens,
lequel fut maudit par l'ange S. Michel , protecteur des
Ifia'élites. * Jttdïc 5.23.
MERPIU , en latin Melpinum , bourg de France , dans
PAngoumois , élection de Cognac , avec titre de châtelle-
nie. C'eft un membre confidérable du comté ôc duché
d'Angoulême , dont il fit encore partie , quand ce duché
fut donné en appanage à feu M. le duc de Berri en 1711.
Il fervit quelquefois de partage à des cadets des comtes
d'Angoulême ; ôc on peut voir dans le traité des droits du
roi par Dupui , comment le tout fut réuni à la couronne
du tems de Philippe le Bel.
2,26 MER
MERRHA. Baruc parle des marchands de Merrha ,
qu'il joint aux Agaréniens Se aux habitans de Théman ,
qui fe piquoienc de fageffe. Tous ces gens-là , die D.
Calmet , Dicl. étoient fans doute des Arabes ; mais nous
ne favons pas précifément où étoit Merrha. On con-
no'rt Maranaku la mer Rouge , Mariaba dans l'Arabie
Heureufe , Marace , lieu de commerce dans le même
pays.
MERRI SEC , paroiffe du diocèfe d'Auxerre , à trois
lieues delà ville vers le fud-oueff , • ainfi nommée pour-
la diflinguer d'un autre Merry , fitué fur la rivière
d'ionne , proche Mailli le Château. Ce lieu efl nommé
en fon rang parmi les anciennes églifes de l'Auxerrois ,
par l'évêque S. Aunaire vers l'an 580. S. Didier , fon fuc-
ceffeur , à qui cette terre appartenoitdu côté du temporel,
la donna à fon églife avec l'oratoire de S. Menge,quiy
fubfifloit dès-lors. S. Tetrique , évêque au commence-
menr du VIIIe fiécle , parle auffi du même oratoire ,dans
fa defeription diocéfaine. C'efl aujourd'hui l'églife pa-
roiffiale du lieu fitué dans un vallon fec -, Se c'en; S.
Menge ,de Chaalons fur Marne , qui en efl le Saint titu-
laire. Le territoitre de cette paroiffe renferme les ha-
meaux de Bounon Moufty, Chéri Se plufieurs autres.
Le dictionnaire univerfel de la France s'eft exprimé fur
ce lieu d'une manière fort finguliere en ces termes ;
Il y a des vignes, quoiqu'un pays de montagnes , cela n'eit
pas extraordinaire. Bounon, ci- deffus nommé , conferve
l'ancien nom de Bunnus d'où Ton a fait Bunnuarium ,
Sec. mefure de terrein. Heribald , évêque d'Auxerre, fous
Charles le Chauve , donna cette terre à fa cathédrale.
D'autres évêques depuis affignerent à la collégiale de
N. D. de la cité d'Auxerre du revenu fur cette terre.
Guillaume de Touci, au XIIe fiécle,leuren donna l'églife,
Se en 1 21 j. Guillaume de Seignelai affigna aux chanoines
de la même collégiale du revenu en grains Se en argent
fur cette églife.
MERROMENI, peuple de l'Illyrie , félon Appien,
De Bel. Illyr, p. 763. Lazius , Migrât. 5. les appelle
Meraner. 11 place chez eux la ville Merona. De K. P.
R. 1 2 Ortclius , Thefaur. foupçonne que ce pourroit
être les Melcomani de Pline.
MERRY, au diocèfe de Sens, aux extrémités où il con-
fine au diocèfe d'Auxerre , à quatre lieues ou environ
de Joigny dont il efl. de l'élection , Se à autant d'Au-
xerre ou environ. Ce village efl: très-connu par I'hi-
iloire eccléfiaflique d'Auxerre. On lit dans la vie de l'é-
vêque Haymar, qui vivoit au VIII. fiécle, qu'il en fit
donation à fon églife avec les ferfs, bois, vignes , &c.
Delà vint que cette églife devint dépofitaire du corps
d'un faint Félix , qui avoit été martyrifé dans les forêts
de ce village , & dont la fête s'y efl toujours faite le feize
de Juin. Il refleroit à prouver que les reliques de ce
faint, qu'on a regardé comme un enfant, font ce qui
a fait imaginer un voyage de faint Amatre évêque d'Au-
xerre à Antioche, d'où il auroit apporté le corps de
l'enfant, qu'on a honoré depuis lé même jour. Quoi-
que cela ne puiffe pas fe démontrer évidemment , les
foupçons de la méprife font affez bien fondés. Vers le
milieu du X. fiécle, Archambaud , archevêque de Sens,
avoit donné à Guy, évêque d'Auxerre, deux églifes fituées
à Merry , l'une fous l'invocation de faint Martin , l'au-
tre fous celui de faint Félix, dont on a déjà parlé. On
voit dans le bois de Merry , fur la route de Villiers-
faint-Benoît , le lieu où étoit cette féconde églife , où
les payfans obfervent encore quelques pratiques fuper-
ftitieufes. Merry en latin efl Madriac.tm , nom qui figni-
fie une forêt de bois à bâtir ou à mettre en œuvre.
1. MERS , bourg de France , dans le Berri, élection
de la Châtre. Ce bourg , qui a plufieurs hameaux ou
villages qui en dépendent , efl fitué fur la rivière de
Valvre 011 Vauvre du côté du midi , & fur l'Indre du
cote de l'orient. Ces deux rivières fe joignent à un de-
mi-quart de lieue de l'églife paroiffiale. Le terrein efl
propre au feigle. C'efl un fief avec haute , moyenne &
baffe juflice, qui relève de Châteauroux.
2. MERS, le Mers ou la Marche, province Mari-
time d'Ecoffe, à l'efl de la province de Twedale. Elle
cft fituée fur l'Océan Germanique , Se abonde en bleds
Se en pâturages.
Cette province a donné autrefois le titre de comte à
MER
la famille de Dumbar , qui droit fon origine du fa-
meux Gospatric , comte de Norrhumberland , qui , s'é-
tant retiré en Ecoffe lorsque les Normands conquirent
l'Angleterre, fut créé comte de la Marche, par Can-
more , roi dEcoffe , qui lui fit auffi préfent du château
de Dumbar. La poflérité de Gospatric prit le nom de
Dumbar : mais George de Dumbar ayant été proferic
par le roi Jacques I , le titre de comte de Mers ou Mar-
che fut donné à Alexandre duc dAlbanie Se enfuite à
la famille de Smart Se de Lenox. Le titre étant éteint
dans cette famille , Guillaume III. en revêtit Guillau-
me Douglas , frère du duc de Queeniberri , dans la
famille duquel il efl aujourd'hui.
Les principales villes ou bourgs de cette province
font
Greenlow» Home, Aymomh, Eccles,
Duns , Coldingham , Coldflream , Erfilton.
* Etat préfent de la Grande Bretagne, t. 2. p. 23 j.
MERSEBOURG , ville épiscopale d'Allemagne , en
Misnie , fur la Sala. Elle étoit fort confidéiable du tems
que le paganisme regnoit encore dans ces quartiers ,
comme on le peut voir par quelques anciens monumens
qui y font reités , & particulièrement par une colomnc
fur laquelle l'idole de Mercure étoit pofée. Quelques-
uns en attribuent la fondation à un roi nommé Mar-
Jus , Se d'autres à Merowée, roi des Francs ; ceux-ci pré-
tendent que l'églife de faint Jean l'Evangélifle , Se le
monaflère ont été bâtis par ordre de Charlemagne.
Quoi qu'il en foit, Merfebourg étoit autrefois très-flo-
riffante par le commerce , Se il s'y efl tenu rcus les
ans depuis 1007. une foire très-célèbre jusqu'en l'an
1200. qu'un grand incendie qui confirma presque toute
la ville , ôc une infinité de marchandifes, porta les né-
gocians à fe retirer à Grimmen , d'où ils fe tranfporte-
rent enfuite à Taucha & de- là à Leipfic. Cette ville
efl affez bien bâtie, quoique dans un goût ancien. Ses
murailles , Se fes fept tours , font de belles pierres de
taille. L'églife cathédrale , qui a été fondée par l'empe-
reur Henri IL fous l'invocation de faint Laurent , ett
un édifice qui mérite d'être vu. C'eft-là qu'eft le tom-
beau de ce Rodolphe duc de Souabe, qui, à l'infliga-
tion du pape , fe révolta contre l'empereur Henri IV.
Se fe porta pour empereur lui-même. Merfebourg a eu,
pendant un tems, fes comtes particuliers , dont le der-
nier qui s'appelloit Efîcon , mourut vers l'an 1007. Ce
fut près de cette ville que fe donna en 933. cette grande
bataille que l'empereur Henri I. gagna contre les Hon-
grois. Les guerres du XVII. fiécle cauferent beaucoup
de dommage à cette place , qui fut fucceffivement la
proie des différentes armées. Le comte de Tilly la prit
en 163 1. les Suédois s'en emparèrent enfuite, les Im-
périaux 6c les Saxons en furent auffi les maîtres à leur
tour.
L évêché de Merfebourg a été fondé par l'empereur
Othon I. Outre le château & la cathédrale, il y a en-
core un vicariat de faint Sixte dans la même ville. Les
domaines qui y étoient attachés , confifloient dans les
bailliages de Schkeudits Se de Lutzen , avec les feigneu-
ries de Marck, Ranfladt , dEisdorff, de Zwenckau »
Se de Lauchitadt. Le plus confidérable monaflère qu'il
y ait eu dans cet évêché , efl celui de faint Pierre à Mer»
febourg. Au relie, le premier qui monta fur ce fiége
épiscopal fut Boifon , qui avoit été moine de faint Eme-
ran , Se qui mourut en 970. après avoir* converti une
grande quantité de Wandales , qui habitoient autour de
la Mulda &del'Elfter. Le quatrième évêque fut Théo-
demers ou Ditmarus. Il étoit de la maifon de Saxe, &
nous a laiffé une chronique qui renferme ks règnes d'O*
thon 1. Se des empereurs fuivans jusqu'à Henri IL in-
clufivement. Il mourut en 1023. Son 42. évêque fut le
prince Adolphe d'Anhalt qui fiégea en 1/14. Se chaffa
de la ville tous les Juifs. Ceux-ci prétendoient avoir
demeuré en ce lieu depuis la ruine de Jérufalem. Le duc
Augufte de Saxe en fut le 45. évêque l'an 1/44. & prit
pour coadjuteur le prince George d'Anhalt. Ce fut vers
le même rems que le confifloire fut érigé dans cette
ville. Le 46. évêque fut Michael Heldingus Sidonius,
qui aida à former l'intérim en IJ49. & occupa ce fiége
jusqu'en i;6i. Ce prélat, quoique Catholique, ne ÉE
MER
MER
point d'efforts pour abbatre le parti qui s'e'toit déclaré
pour la çonfeflion d'Augfbourg. Apres fa mort , l'électeur
de Saxe , ne voulant plus fouffrir dans Merfebourg d'éve-
que Catholique, fit adminiftrer cet évêché par des do-
cteurs de fa religion. La dignité d'adminiftrateur fut
conférée en 1/92. à Jean George duc de Saxe qui par-
v-inr quelque rems après à la dignité électorale , ôc ne
fc défit point de celle d'adminiltrateur de Merfebourg.
Il donna cet évêché en appanage par fon teftament au
prince Chriftien fon troifiéme fils , qui a fait la bran-
che de Saxe Mcrfbourg : cette branche ayant fini en 1738.
le domaine de l'évêché , a été réuni à celui de l'électeur.
* Zeyler ,
MERSEY, rivière d'Angleterre ; elle a fa fon rce dans
la province d'Yorck, d'où , prenant fon cours vers le cou-
chant, entre les comtés de Lancafter au nord , ôc de
Chefter au midi, & après avoir pane à Varington , elle
va fe rendre dans la mer d'Irlande , où elle forme le
port de Leverpole. * Allard , Carte d'Angleterre.
MERSPOURG , ville d'Allemagne , au cercle de Soua-
be, fituée fur le lac Bodenféeou de Confiance, à deux
milles de Bnchorn, au-deffous du bourg de Hagnow.
On prétend qu'elle a été bâtie par Dagobert, roi de Fran-
ce , pour la commodité de la navigation ôc du trans-
porr des marchandifes à Confiance. Quoi qu'il en fuit ,
elle a été foumife aux princes de Souabe, & depuis aux
comtes de Rordorff, qui en firent le lieu de leur réfi-
dence ; enfin elle eft devenue un domaine des évêques de
Confiance. La partie du lac qui cfi devant cette ville
a environ tfois cens brades de profondeur ; aufli compte-
t-on qu'il en a plus en ce lieu qu'en tout autre. En 1334.
Merfpourg fut afllégée par un comre de Hohenberg ,
êc fut fi bien fecourue &c pourvue de toutes fortes de
munitions par les habitans de Confiance, qu'elle ne put
être prife. La caufe de cette hofiilité venoit de ce que
Pévêquc de Confiance tenoit le parti du pape contre
l'empereur Louis de Bavière. Dans la guerre que les
Suédois portèrent dans l'empire , elle fubit le même fort
que plufieurs autres qui ne purent réfifier à ce torrent.
* Zeyler , Topogr. Suevia?.
MERITE, peuples de l'ifle d'Albion, félon Ptolomée,
7. 2. c. 3. qui les met au nord des Logi. Quelques exem-
plaires, enrr'autres celui de la bibliothèque de Coiflin ,
publié par Dom Bernard de Montfauçon , au lieu de
Mertœ, écrivent Smerta , ce qui n'a pu fe faire qu'en
prenant la dernière lettre du mot précédent qui fe trouve
effectivement être une S.
MERTOLA , ville du Portugal, dans la province d'A-
lentejo, au midi de Serpa ; cette ville eft ancienne, fon
nom eft corrompu de celui de Myrtilis qu'elle portoit
autrefois. Elle eft à neuf grandes lieues de Beja, au
bord de la Guadiana près de l'endroit où ce fleuve
commence à porter quelques bateaux, ôc aux confins
du royaume des Algarves. Elle eft bâtie fur une émi-
nence ôc forte par fa fituation. Dutems des Romains elle
et oit très-conlidérable ôc très- riche ; on le peut juger
par le grand nombre de monumens anciens, comme co-
lomnes , ftatues ôc autres antiquités qu'on y a déterrées ,
& par les murailles de la ville où l'on voit un grand
nombre de pièces ôc de fculpture , plaquées confufémenc
ôc hors d'oeuvre , par des architectes barbares ôc igno-
ransi tels qu'étoient les Maures & les Goths. Le roi
Sanche enleva cette ville aux Maures l'an 1239. & en
fit la première commenderie de l'ordre de faint Jacques
en Portugal. Dans la fuite cet honneur a été transféré à
Palmela. * Délices de Portugal,^. 802.
MERTON , lac d'Angleterre, dans le comté de Lan-
caftre. * Du Lignon.
MERTONÉNSE Concilium. 11 fut tenu Tan 1300.
un concile de ce nom en Angleterre , auquel préfida l'ar-
chevêque de Cantorbery. C'eft tout ce que nous en
fhvons.
MERU , bourg de France, dans la Picardie, diocèfe
de Beauvais, entre Beaumont fur Oife ôc Beauvais, fur
la gauche vers la fource d'un ruifieau qui fe jette dans
l'Oife à Beaumont. Ce lieu a été fermé anciennement
ôc il en relie encore les portes. Le château paroît avoir
deux à trois cens ans d'antiquité ; il eft en forme ron-
de, ôc il appartient au prince de Conti. L'églife parois-
fiale eft fous l'invocation de faint Lucien ôc les comipa-
2,27
gnons , martyrs du Beauvoifis ; le chœur ôc le portail
paroiffent être du treizième fiécle. Il y a en ce lieu un
grand marché tous les vendredis autour de l'églife de
faint Lucien. Simon dans fa nomenclature du diocèfe
de Beauvais , tirée des anciens titres , nomme M cru en
latin , Meruacum , Merudmrn , M'ijhgcr'ium &: Matri-
cut. Les deux permiers noms paroiffent forgés j le troi-
fiéme doit lignifier autre chofe que Meru; il n'y a que
Matricum ou Madricum qui peut convenir à Meru ,
dont l'étymologie vient plus probablement de la même
fource que celle des Merry ou Mery de Madria , bois
à bâtir. Comme la plupart de ces pays étoient origi-
nairement couverts de bois, on appelloir Mairy ou Mairu
les endroits où l'on raffembloit le bois équarri ou propre
à bâtir àes maifons , ôc à faire des tonneaux ; de-là
vient que cette forte de bois eft encore appelléc Mer-
rin en certains lieux. * Mémoires manuferits*
MERUA , ville de l'Espagne Tarragonnoife. Ptolo-
mée , /. 2. c. 6. la place chez les Luangi ou Luanci.
MERUANS , bourg de France ,dans la Bourgogne ■>
le terrein des environs eft marécageux ôc inacceffibîe en
hiver. Il y a un ruifieau qui tarit en été.
MERVAUT , bourg de France , dans le Poitou , éle-
ction de Fontenai.
MERVASAE , ville de Perfe. Tavernier dans fon
voyage de Perfe, /. 3. p. 402. dit que les géographes
du pays la placent à 87 deg. 32. min. de longitude ,
& à 34 deg. 15 min. de latitude. Le pays d'alentour efi
fertile en bleds ôc en fruits.
MERUCRA, ville d'Espagne. Pline, /. 3. r. 1. la
met dans le département de Séville,
MERUSECH ou Merveich Mervf.ys , en latin
Mayrofium , ville de France , dans le bas Languedoc ,
au bord de la petite rivière de Jante , à quatre lieues
au-deffus de Peyrebeau ; on l'appelle auffi quelquefois
Meyrveys.
MERVEROND , ville de Perfe. Tavernier , dans
fon voyage de Perfe, /, 3. p. 402. dit que les géographes
du pays la mettent à 88 deg. 40 min. de longitude , ôc
à 34 deg. 30 min.de latitude. Cette ville eft dans un
très-bon terroir.
MERVILLE , en flamand Mergeïem , petite ville de
France , au Pays Bas ,dans la Flandre , fur la rivière de
Lis, à trois grandes lieues deCaffel, au diocèfe d'Arras.
Ce feroit un lieu fort ancien ( a ) fi c'étoit le même que
Minariacum ou Menaricum marqué dans l'itinéraire
d'Antonin , ce qui n'eft pas certain. Ce pofte a été quel-
quefois fortifié durant les guerres des Pays-Bas , mais
aujourd'hui c'eft un lieu tout ouvert. Cette ville qui
appartient à la France depuis l'an 1677. relevé du cha-
pitre de Douay qui en eft feigneur. Les terres des
environs ( b ) produifent de tout ce qui croît en Flandre ,
fur-tout des lins dont on fait beaucoup de fil. Ce font
des terres graffes difficiles à labourer, mais de bon rap-
port. Il y aroit autrefois à Merville une abbaye confi-
dérable de Bénédictins , dédiée à faint Amé ; elle eft
actuellement' à Douay , où on l'a transférée. ( a ) Lori-
guerue, Defc. de la France, part. 2. p. 76. ( £ ) Corn.
Dict.
MERULA, fleuve de la Ligurie, félon Pline, /. 3.
c. j. Il eft nommé Meira par Juftinianus , & par Lcan-
der -, Conta par Niger ; Ajj'enta par un voyageur que cite
Ortelius, Stuaica itiner. Ce dernier conjecture que ce
pourroit être le Lemuris , dont fait mention une in-
feription fur cuivre confervée à Gènes.
MERUL/E CAMPUS ou Cassovius Campus. On
a donné ce nom en latin à un canton de la Servie ,
appelle dans la langue du pays CassoWofolye , Ôc en
allemand Amelsfeldt, félon l'itinéraire de Corneille
Scepper , Launoi le nomme Casobus. C'eft un canton
très-fertile ôc d'une grande étendue. Sa longueur du
feptentrion au midi paroît être de cent cinquante milles
d'Italie , ôc fa largeur d'orient en occident de foixante
& dix à quatre -vingt milles. Ortcl'ù Thef.
MERULI PONS. Platine, Vit. Tonnf. in Adeodato
I. dit que le pape Adeodat I, répara ôc dédia l'églife
de faint Pierre fur le chemin de Rome à Porto auprès
de ce pont
MERULIS, lieu d'Italie , à huit milles de Popnlcnia.
C'eft le lieu du martyre de faint Crebonius , félon Qï-
Tom. IV. Ffij
2,a8 MES
telius , Thtfaur. qui cite Marianus Schotus Se faint Gré-
goire le Grand , Dialog. 3.
MERUSIUM , lieu de la Sicile. Etienne le géogra-
phe qui cite Théopompe, dit que ce lieu étoit à foi-
xante Se dix ftades de Syracufe.
MERWE ou Meruwe. On nomme ainfi cette partie
de la Meufe qui coule depuis Gorcum jusqu'à la mer,
Se qui paiTe devant Dordrecht , g. Rotterdam , d. Schie-
dam , d. & la Brille , g.
On appelle vieille Meufe le bras de cette rivière qui
coule depuis Dordrecht , entre l'ifle d'Yffelmonde , celle
de Beyerland Se celle de Putten, Se fe joint à l'autre
un peu au-deffous de Vlaerdingen. * Diclion. géogr. des
Pays-Bas, p. 161.
MERXHAUSEN , petite ville d'Allemagne , dans la
Baffe -Heffe , à un demi-mille de Numbourg qui appar-
tient à l'électeur de Mayence. Il y a un couvent Se hô-
pital qui étoit autrefois fameux ; fes maifons , Se prin-
cipalement les édifices publics y font bien bâtis ; parce
qu'il y a près dé-là une très-belle carrière de pierres.
* Zeyler, Topogr. Haiîia:.
MER Y- ES-BOIS , Merïacum in bosco , bourg de
France , dans le Berri , élection de Bourges , à fix lieues
de cette ville en tirant vers le nord , à cinq d'Aubigni
vers le midi , 8c à trois lieues d'Enrichemont en tirant
vers le couchant. La cure , à portion congrue , eft à la
nomination de l'abbé des Bénédictins de faint Sulpice
de Bourges. Le rerrein des environs eft fablonnenx 8c
produit du feigle , de l'avoine , du farrazin 8e peu de
froment. Il y a beaucoup de bois, peu de prairies 8c
point de vignes. Le chapitre de la fainte chapelle de
Bourges, eft feigneur de la terre, avec moyenne 8c
baffe juftice. Le commerce confiite en beftiaux , laines ,
cire 8c chanvre. Les peuples y font affez doux & fort
adroits dans toute forte de travail champêtre.
MERY-SUR-SEINE, ville de France, dans la Cham-
pagne, élection de Troyes , à cinq lieues au-deffbus de
cette ville. Elle eft le fiége d'un bailliage royal , & il
y a un prieuré d'hommes de l'ordre de faint Benoît,
dépendant de l'abbaye de Monder de S. Jean.
MES, fleuve du pays de Corafene, félon Serapion,
qui dit que perfonne , avant Alexandre, n'avoir, pénétré
jusqu'à ce fleuve. 11 ajoute que c'étoit-là que fe trou-
voient les diamans. * Ortelïi Thefaur.
MESA. Voyez. Mesada.
MESA DE ASTA , nom que l'on donne aux rui-
nes de l'ancienne ville d'Afta en Espagne. Voyez, As-
ta 2.
MESAB1UM , montagne de la Bœotie. Paufanias ,
/. 9. c. 22. la met auprès de l'Europe. Ortelius dit qu'elle
eft différente de la montagne Mefapium dont parle
Etienne le géographe , Se qu'il place dans l'Eubée ;
mais il y a plus d'apparence que c'eft la même monta-
gne , Se qu'il faut lire Bœotie au lieu d'Eubéedans Etien-
ne le géographe. Au lieu de Mejabium , Sylburge veut
qu'on écrive Mejfapion.
MESADA , ville de l'Arabie Pétrée. Ptoloméc , /. j.
c. 17. la met dans les terres entre Boftra Legïo Se Adra.
Ortelius foupçonne que ce pourroit être la même
ville que la notice des dignités de l'empire, fetl. 22.
appelle Me/a , Se qu'elle nomme Mefa dans un autre
endroit.
MES/E , peuples de l'Inde, aux environs du fleuve
Indus, félon Pline, /. 6. c. 20. Ne feroit-ce point, dit
Ortelius, Thef. Mejfe , que faint Jérôme, Genef. 10.
dit être une contrée de l'Inde.
MESitNA. Voyez, Miasena.
MES/EPOLIS. Philoftrate écrit que le fophifte Ari-
ftocle de Pergame finit fes jours dans cette ville. Voyez,
Mesopolitj«.
MESAGEBES , peuples de l'Ethiopie fous l'Egypte ,
félon Pline , /. 6. c. 30.
MESAGNA ouMesagne, bourg d'Italie, au royau-
me de Naples, dans la terre d'Otrante; il eft fitué dans
les terres , entre Oria 8e Brindes , environ à égale di-
ftance de ces deux villes. 11 fe pourroit faire que ce fc-
roit l'ancien bourg de MeJJana ou Mejfapia , du moins
Meffana étoit-il dans ce quartier-là. Magin , Carte de la
jerre d'Otrante.
j. MESAMBRIA , contçée de la Perfide. Arrien , in
MES
Indicis , r. 3 9. lui donne la forme d'une péninfule. Elle
étoit au voilînage du fleuve Padargus.
2. MESAMBRIA, ville de laThrace. Hérodote dit
qu'elle étoit voifine de l'ifle Thafus. Voyez, Mesembria.
MESANA. Voyez. Messana.
MESANACTA. Voyez. Dipotanum.
MESANEI, peuples dont fait mention Jofeph, An-
tiq. I. \. c. 7. 11 dit que de fon tems on appelloit leur
ville Pafmi Caftrum -, il y a apparence qu'elle étoit dans
la Perfide fur le golfe Perfique. Voyez. Charax.
MESANGE , bourg de France , dans l'Anjou , élection
de la Flèche.
MESANGIA , lieu où Théophile , /. 3. ad Autolicum,
dit que le roi Cyrus fut tué par Myriade.
MESAN1TES. Voyez. Madisanites.
MESAPHAR , bourg de la Paleftine , aux environs
de Sydon , félon Ortelius Thefaur, qui cite Guillaume
de Tyr.
MESAPIUM. Voyez, Mesaeium.
MESAPYG1A. Voyez. Japygia.
MESARFELTENMS , fiége épiscopal d'Afrique. Il y
en a qui mettent ce fiége dans la Numidie. Cependant
il paroît qu'il devoir être dans laByfacène, puisque Me*
farfdia ou Mefarfilta eft placée dans la table de Peu-
tinger entre Zyrns. Mafcli Se GemciU , deux villes de la
Byfacène. La conférence de Carthage fait mention de
Benenatus episcopus Mefarfeltenfis.
MESARME. Voyez BersaBÉe.
MESATE, ifle déferte , félon Pline, A4, c. 12. Il pa-
roît qu'elle étoit aux environs du Cherfonnèfe de Thra-
ce. Voyez. Hera I.
MESCHASIPI. Voyez, Mississipi.
MESCHE. Voyez. Ineschi.
MESCHED , ville de la Tarrarie, capitale du Choraf-
fan. Elle eft au 35. deg. 20. min. delatit. fur une petite
rivière , qui va fe jetter dans celle de Kurgan , vers les
montagnes qui féparent )a province d'Alirabarh de celle
de Choraffan. Elle étoit autrefois très florifiante, parce
qu'il y avoir plufieurs manufactures de brocards d'or Se
d'argent, Se d'autres étoffes de foie, de poterie. On y
faifoit en outre un commerce confidérable de ces belles
peaux d'agneau d'un gris argenté , dont la toifon eft •
toute frifée , Se plus fine que la foie. Celles qui viennent
des montagnes , qui font autour de cette ville , Se celles
qui viennent de la province de Kirman , fonr les plus
eftimées. Enfin cette ville étoit très-floriffante. Les mos-
quées, bains publics , caravanfarays , bazars , Se autres
bâtimeus publics étoient les plus beaux de la Perfe. La
grande Metfchid , qui , en perfan , fignifie mosquée , où
on voyoit le tombeau d'Iman-Riza , l'un des douze faints
de Perfe , de la famille d'Ali , étoit un chef-d'œuvre de
l'architecture des Orientaux , Se attiroit des dévots de
toutes les parties de la Perfe : ils enrichiffoient le temple
de leurs offrandes . & le peuple de leurs libéralités.
Mais les Tartares Usbeks fe font emparés de cette ville
il y a quelques années , Se l'ont ruinée. Lesenvirons de cet-
te ville font très-agréables, & produifent toutes fortes
de bons légumes , Se de fruits. Il y a , autour de cette
ville, des montagnes d'où l'on titre des turquoifes , même
des rubis. Hi/L généalogique des Tatars, p. 6 1 j . 6 1 6.
MESCHEDE , petite ville d'Allemagne , au cercle de
Weftphalie , fituée fur la Ruhr, dans le quartier appelle
Saurland , appartenante à l'électeur de Cologne. Elle
eft fort joliment bâtie.* Zeyler , Topogr. Weftphal.
MESCHELA ou Maschala, ville d'Afrique , félon
Diodore de Sicile , lib. 20. cap. 58. Elle étoit forr grande
& fort confidérable , elle avoir été fondée par une colonie
de Troyens.
MESCHI A , contrée au voifinage de l'Ibérie Afiatique ,
félon Curopalate. * Ortelii Thefaur.
MESCHINI, ancien nom des habitans de la Cappa-
doce. Jofephe , Antïq. lib. 1 . cap. 7. dit que ce nom venoit
de celui de Meschus de qui ces peuples descendoient.
Voyez, Cappadoce.
MESE, ifle de la mer Méditerranée , fur la côte de
la Gaule. Pline, /. 3. c. 5. la furnomme Pomponiana.
C'eft l'ifle de Portecroz , l'une des ifles d'Hiéres. Dans
l'année 1200. elle s'appelloit Mediana, comme nous
l'apprend Honoré Bouche dans fon hiftoire de Provence,
/. i.f. 7.
MES
MESECH. Voyea Moschi.
MESEMBR1A, ville delà Myfie. Ptolomée,/. x.c. i®.
!j met fur le Pont-Euxin. Selon Strabon , /. 7. p. 319.
011 la nouimoit auparavant Metubria. Hérodote , /. 4.
p. 93. lit Mejambna. Aujourd'hui, dit Sophian, on l'ap-
pelle Mefimbria. Tzetzès , Cbiliad. 1 1. au lieu de Mefem-
bria lit Ermcnum , quoiqu'il faffe profeflîon de traduire
Ptolomée en vers iambes. Cette ville a été episcopale ,
car dans lefynodede Trulle , iafynodo Tvullana on trouve
ciré Mamalus Mcftmbria. Voyez. Meridianum.
MESEMMEou Megemme. Voyez. Megey-ma.
1. MESENE ou Messlpe, contrée Se ville de la
Sicile , félon Etienne le géographe.
2. MESENE , ville de Thrace : c'eft Orcclius , Thefaur.
qui en fait mention , Se il cite Nicétas.
MESE11É , bourg de France, dans l'Anjou, élection de
la Mèche.
MESERITS, petite ville d'Allemagne, dans la Mora-
vie , au cercle de Prerau.
MESERNA ou Merns. Voyez. Mernisa.
MESEUS. Voyez. Mos^us.
MESHID MADERRE SOLIMAN , village de Perfe,
ainfi nommé, à caufe d'un beau fépulcre qui en eft à
demi lieue. Ce fépulcre cft dans une petite chapelle
bâtie de marbre blanc , fur un carré de groffes pierres
de raille , de forte qu'on y monte de tous côtés par
plufieurs marches. L'air & la pluie ont mangé & creufé
la muraille Se le bâtiment en divers endroits ; mais le
tems a presque achevé d'abbatre un grand nombre de
piliers de marbre , dont on voit encore les relies tout
alentour. A la muraille de la chapelle on lit ces mots
en caractères arabes Mader Suleiman. Les habitans
du pays prétendent que c'eil la mère du roi Saloraon
qui y eft enterrée} mais il y a bien pins d'apparence
que c'eft le tombeau de la mère de Schach Soliman,
quatorzième calife ou roi de la poftérité d'Ali. Selon
Elmacin, dans fon hiftoire d'Arabie, /. ï.c. I4.ce prince
vivoit en 71 5.* Mandejlo , Voyage des Indes, 1. 1. p. 86.
MESIA. Voyez. Misia Se Suesia.
MESIÉRES. Voyez. Meziéres.
MESIUM. Voyez. M^sia.
MESKET , fortereffe de l'Arabie Heureufe , fur le
bord de la mer. Les bâtimens des Indes & de la Chine
y abordent : le pays abonde en dattes , coco , poivre Se
tamarin. Les Portugais s etoient emparé de cette fortereffe;
mais vers l'an 1070 de l'hégire, un Fakjh la reprit fur
eux , fit esclaves tous les Portugais Se s'empara de tous
leurs bâtimens. Depuis ce tems le prince de Mesket eft
presque toujours en guerre avec les Portugais. Manufcrvs
de la bibl. du Roi.
MESLE-SUR-SARTE.MauvaifeorthographedeMéle-
fur-Sarte. Voyez, ce mot à fa place.
MESLE , ( baie de ) grande baie de la côte du fud de
l'iQe Espagnole , au nord Se vis-à-vis de l'ifle Avache
dans le gouvernement de S. Louis. 11 n'y peut entrer que
des navires de cent cinquante tonneaux.
MESLERAUT ou Méleraut, par corruption de
Melle-Raoul, Melleraldum, pour Mel Kadulfi , ou
plutôt Merula Kadulfi, ainfi fui nommé pour le diftinguer
de Méie-fur-Sane : c'eft un bourg de Normandie , dans
le diocèfe de Lifieux , parlement de Rouen , élection
d'AIençon , bailliage & vicomte d'Effay j il cft à trois
lieues de Seez. La cure eft à la préfentation de l'abbé
de S. Evroul qui y a au Ai des droits de dime par conceffion
des anciens feigneurs dont la parenté masculine fubfifte
encore aujourd'hui dans du Merle-Blanc-Biiiflbn, Se quel-
ques autres qui descendent tous de Foulques de Merle
maréchal de France, fous Philippe le Bel , portant de
gueules à trois raies d'argent. Ces feigneurs fondèrent
proche de leur château, qui eft entièrement détruit , une
collégiale qui étoit compoféedt fix chapelains ou prében-
-diers , avec un tréforier à leur tête : mais ce chapitre
a été transféré ailleurs: il ne relte plus que la chapelle
de S. Nicolas, pour laquelle ils avoient été inftitués,
mais qui montre bien aulTi quelle étoit la noblefle des
fondateurs. Cette paroiffe n'eft du diocèfe de Lifieux que
depuis le commencement du XIe fiécle, qu'elle lui fut
aiïujettie par Roger, feigneur du Merle, comme on l'ap-
prend d'Orderic Vital ; auparavant elle étoit de celui de
Seez. H y a en cette paroiffe des carrières de gierres de
MES 22.9
taille très-eftimées ; l'églife de l'abbaye de S. Evroul en
fut bâtie, félon le même hiftorien, quoiqu éloignée de
trois grandes lieues, Se on en transporte encoie plus
loin. Comme il nous apprend qu'il y a eu plufieurs Raoul
feigneurs de ce lieu , il y a apparence que c'eft d'un de
ces Raoul que le lieu a pris fon nom ; car on ne le voit
ainfi appelle que depuis. Ccrt par conféquent mai à-
propos que dans la première édition de ce dictionnaire
on a écrit Mesle-Reaux, comme fi c'étoit Menti*
Regales. Il y a dans ce bourg un gros marché les lundis ,
Se deux foires nombreufes pour les beftiaux les jours de
Saint Michel Se de S. Nicolas. Et il eft marqué dans
le livre de Philippe-Augufte que Guillaume de Merle
le tenoit du roi , à condition que ce prince pourroit être
le maître de marier à qui il jugeroit à propos fon fils
aîné , ou fa fille aînée. 11 y eft dit encore que toute la
terre relevoit du château de Ste Scolace , $C qu'il y dévoie
le fervice de dix chevaliers pendant quarante jours en
rems de guerre. Cette terre n'eft plus aujourd'hui fi conû.-
dérable.
MESMA, ville d'Italie, félon Etienne le géogtaphe
qui cite Apollodore. Phavorinus dit qu'elle avoit été
bâtie par les Locres , Se il ajoute qu'il y avoit un fleuve
de même nom. * Orcelii Thefaur.
MESME, petite rivière de France, qui a fa fource dans
le Perche. Elle vient d'une fontaine qui eft dans la forêt
de Bellcfme. Après avoir arrofé la Calabriette , Bonnay
& Villiers , ex: avoir reçu dans la prairie de Courbe les eaux
d'une autre petite rivière nommée la Nérine, elle paffe
à Saint Germain de la Coudre , d'où elle va tomber dans
l'Huine , entre l'abbaye de la Paliffe & la Ferté- Bernard.*
Coalon, Rivières de France, pag. 374.
MESNIBUS, bourg de France, dans la Normandie,
élection de Coutances. 11 a titre de baronnie.
MESOA. Voyez. Messoa.
MESOBATENE , contrée de la Perfide, au nord du
pays des Coffaei , peuples de la Sufiane , félon Pline ,
/. 4. c. 27. Elle eft appellée Mafiabitica par Strabon ,
/. 1 6. p. 744. Se les habitans font nommés Mcjfabau par
Ptolomée , /. 6. c. 4. Denys le Péiiegete, vers ioij. dit
qu'ils habitent au nord de Babylone.
MESOBOA, bourgade de l'Arcadie. Paufanias, /. 8.
c. i). nous apprend que le fleuve Ladon y paffoir.
MESOGE1UM , nom d'un écueil au voifinage de l'ifle
de Lefbos , félon Plutarque, wfapient. convïvio.
MESOGIS. Voyez. Messogis.
1. MESOLA, ville de l'Arcadie, félon Ortclius ,"
Thefaur. Il cite Strabon qui cependant la met dans la
Meffenie, /. 8. p. 360. Se ajoute que quelques-uns la
prenoient pour i'Hira au XHiera d'Homère , Iliad. I. z.
Etienne le géogtaphe met aufli Mesola dans la Meffenie.
2. MESOLA, château ou maifon de plaifance des
ducs de Ferrare en Italie , au duché de Ferrare , fur le
bord de la mer Adriatique , entre Porto di Goro &
Porro delPAbbate. Ce château fut conftruit par Alfonfc
IL duc de Ferrare, fur le bras du Pô, dit le brasdell'Abbate,
que le même prince fit boucher. * Magin , Carte du
duché de Ferrare.
MESOLIA. Voyez. MyCSOLiA.
MESONESOS,ifle de la Propontide.il en eft fait men-
tion dans les conftitutions de l'empereur Emanuel Com-
néne. * Ortelïi Thefaur.
MESOPOL1T/E , peuples qu'Appien , in Mithrid. p„
ioi. place aux environs de l'Ionie.
1. MÉSOPOTAMIE, en grec ut<ro^cTa.iJ.l<t. Ce nom
lignifie une contrée renfermée entre deux fleuves.
2. MÉSOPOTAMIE, contrée de l'Afie renfermée
entre le Tigre Se l'Euphrate. La Méfoporamie , dit Stta-
bon , /. 16. p. 746. a été ainfi nommée à caufe de fa
fituation , parce qu'elle fe trouvoit entre l'Euphrate &
le Tigre. Il nous en donne les limites: Le Tigre, pour-
fuit-il, la borne à l'orient , l'Euphrate à l'occident ; au
nord, le mont Taurus la fépare de l'Arménie ; Se l'Eu-
phrate , lorsqu'il a pris fon cours vers l'orient , la baigne
au midi. Ptolomée lui donne les mêmes bornes.
Les Hébreux, Genef. i%.$.& pajjim, appellerent cette
conttée Aram ou Aranutam \ Se la plupart du tems ,
pout la diftinguer , ils la nommoient Aram Nahuraïm
ou Aram des deux fleuves, parce qu'Aram pere des Syriens
la peupla , Se qu'elle étoit , comme on l'a vu , entra
MES
a.30
deux grands fleuves. Ce pays eft fort fameux dans l'écri-
ture fainre , pour avoir été la première demeure des hom-
mes avant Se après le déluge , Se pour avoir donné naiflan-
ce à Phaleg , à Heber , à Thara , à Abraham , à Nachor ,
à Sara , à Rebecca, à Rachel , à Liah , Se aux deux fils
de Jacob. Souvent on lui donne le nom de Méfopotamie
Syrie, parce qu'elle étoit occupée par les Araméens ou
Syriens ; quelquefois celui de Padan-Aram ( a ) , les plai-
nes d'Aram , ou Sedé Aram ( b ) , les campagnes d'Aram,
pour les diftinguer des montagnes ftériles Se incultes du
même pays, (a) Genef. 28,7,31,18,33,18,35,0.
{b)Ofée,\i,\i,.
Denys le Périegéte , en parlant de la Méfopotamie , avoir
dit , vers 993.
ThV A -mp/Aorsç ylacw tutuiaw Ivminv ,
Ce que fon interprète a traduit de la forte , édit, Aldina,
Tag- "9-
Indigent, populipro re dix ère Medamnem.
11 devoit plutôt fe fervir d' Interamnis , car Medamnis
çft une expreffion barbare.
Ptolomée , /. ;. c. 18. a divifé la Méfopotamie en
plufieurs provinces, dont la première eft Anthemusia.
Elle touchoit l'Arménie , Se étoit par conféquent au
nord. Au midi d'ANTHEMusiA il place la Chalcite
fituée entre Edeffe & Carra : plus bas , la Gausanite ,
entre Chabora & Saocora : I'Acabene, lé long du Tigre:
ati-deflbus la Tingene , & PAncobarite qui tenoit un
long efpace fur l'Euphrate, mais il n'y a que la première
de ces provinces qui foit connue des hiftoriens; ils leur
donnent d'autres noms , comme I'Osroene , la Mygdo-
NIE , hlSoPHUNENE , la MÉSOPOTAMIE PROPRE, & l'A-
RABIE SCENITE.
Les différentes puiffances qui pofféderent des portions
de la Méfopatamie, cccafionnerentde nouvelles divifions
dans ce pays. Aprèsles expéditions deLucullus &: de Pom-
pée , la partie qui joint l'Euphrate fut presque toute
occupée par les Romains , tandis que les Parthes poffé-
doient presque tout ce qui étoit du côté du Tigre. Il
arriva même que les Romains ne pofféderent pas tou-
jours la même portion. Plufieurs empereurs fe contentè-
rent que l'Euphrate fît la borne de l'empire Romain ;
Se fi on en excepte un petit nombre, ils négligèrent de
pouffer leur domination jusqu'au Tigre , & même de
défendre les terres que leurs prédéceffeursavoient con-
quifes au-delà de l'Euphrate.* Cellarius , Geogr. ant. lib.
3.C 15.
Voici les villes que Ptolomée place dans la Méfopotamie :
Dans les
Terres.
MES
Mambuta ,
Ni/, bis,
Bithiga ,
Baz.ala ,
I Auladis ,
) Ballatha ,
Sinna ,
\Gorbata,
\Dabaufa
1 Bariana ,
Acraba ,
Aphadana ,
Carrh* ,
Thiritba ,
Thergubis ,
Orthaga ,
Elyat
Zama,
Rhœfena ,
Peliala ,
Alvanis ,
Bimacra ,
Daremma ,
Le long de
l'Euphrate.
Le long du
Tigre.
Dans les
Terres.
Porfîca ,
Aniana ,
Barfamfe ,
Sarnuca ,
Bcrfima ,
Manbe ,
Nicephorium ,
I Maguda ,
Chabora ,
Thelda ,
Apbpkadana ,
, Banabe ,
*Dorbeta ,
Sapphe ,
)Deba ,
iSingara »
1 Betum ,
. Labbana ,
Bithias,
Edefja .
Ombre a ,
Ammaea ,
Sirma ,
Rhifina ,
Zitka ,
Bethauta ,
Rhefcipha ,
Agamana ,
Eu drapa ,
Addaca ,
Pacoria ,
Teridata ,
Naarda ,
Sippbara ,
Seleucia.
Birtha ,
Catbara ,
Manchane ,
Scaphe,
Apamia.
Olibera ,
Sarrana ,
Sacane ,
Arxama ,
Giz,ama ,
Sinna ,
Aujourd'hui les Arabes nomment Al Gézirah le pays
renfermé entre le Tigre Se l'Euphrate , & le divifent en
quatre parties , auxquelles ils donnent le nom de Diar
ou quartiers. Ces quatre quartiers font celui de Diar-
Bekr. , appelle vulgairement Diarbek , qui donne fouvent
fon nom a toute la Méfopotamie ; le fécond eft Diar-
Rabiat -, le troifiéme Diar-Racat , Se le quatrième
Diar-Moussal.
Les villes capitales de ces quatre cantons font dans
le premier quartier Amida , que les Turcs appellent
Cara?mit Se Diarbek ; dans le fécond , Nisibe ; dans le
troifiéme qui porte aufli le nom de Diar-Modhat , Ra-
cah , que nos hiftoriens appellent Aratla ; dans le qua-
trième la ville célèbre de Moossal ou Mosul.
Il y a plufieurs autres villes confidérables dans ce grand
pays, telles que font Rohaou Edeffe, Harran ou Carrhœ,
Manbege , Rafalain , Mai din Se Texrit , Géfirat Ben Omar ,
& autres. Anbar y eft aufiî comprife ; mais aufli-tôt que
l'Euphrate a quitté cette ville, & qu'il a reçu les eaux des
deux Zab , que les Arabes appellent Zabani & Zabein , qui
arrofent cette province, cen'eftplus la Méfopotamie, mais
l'Iraque Babylonienne ou Chaldée. Le géographe Perfien re-
marque que ces deux Zab étant joints enfemble , font un ca-
nal auffi gros que celui du Tigre , & c'efi proprement le lit
de ces deux rivières qui fait la jonction de l'Euphrate Se du
Tigre ; ce que nos cartes géographiques ne marquent pas
affez. * D'Hcrbelot , Biblioth. orient, au mot Gezirah.
3. MESOPOTAMIE ou Mésopotamie de Syrie.
On avoit toujours regardé ces deux mots comme ne
défignant qu'un même pays ; celui qui fe trouvoit entre
l'Euphrate Se le Tigre. Voyez. Mésopotamie 2. Le père
Hardouin a prétendu que la Mésopotamie proprement
dite , étoit entre ces deux fleuves , Se que la Mésopota-
mie de Syrie étoit le pays fitué entre l'Euphrate , le
Jourdain Se l'Oronte. * Traités géogr. & bifl. t. 2. p. 3 1.
On lit dans la Genefe, c. 2. v. 10. Et le fleuve fortoit
du lieu de délices pour arrofer le Paradis, qui de-la fe
divife en quatre canaux. Ce fleuve, dit le père Hardouin ,
eft le Jourdain , puisque c'eft véritablement lefeul fleuve
de la Terre Sainte , car les autres ne font que des torrens
ou des ruîffeatrx. Il fe trouve encore ainfi nommé dans
le livre des Nombres ,chap. n.v. 19. du temsde Moyfe :
Les Israélites envoyèrent des ambajfadeurs a Sehort ,
roi des Amorrheens , qui demeuroit à Heflabon , & ils
lui dirent : Souffrez, que nous paffions par votre pays pour
aller jusqu'au fleuve. Et dans le livre de Jofué , il eft
écrit : Vos pères ont habité autrefois au-delà du fleuve ,
J avoir , Tharé père d'Abraham & de Nachor , & ils
ontfervi des dieux étrangers ; c'eft pourquoi j'ai tiré votre
père Abraham des confins de la Méfopotamie , &je l'ai
conduit dans la terre de Chanaan. C'eft dans cette terre,
pourfuit le père Hardouin ,qu'eft le fleuve du Jourdain,
au-delà duquel, au moins par rapport à Sichem, fe
trouve la Méfopotamie , d'où le Seigneur tira Abraham ;
Se dans l'ancien teftament , Genef. 28.6. 33. 18. 35. o.
20. Judith. 3. r. & Pfalm. 59. 2. il n'eft point fait men-
tion d'aucune autre Méfopotamie que celle de Syrie.
C'eft dans celle-là qu'onr habité Tharé , Abraham &
Nachor , père des Ifraëlires.
Cette Mésopotamie étoit bornée au couchant par
le Jourdain & l'Oronte \ par l'Euphrate Se par la ville
deBabylone à l'orient \ du côté du feptenti ion par le fleuve
Marfyas , qui fe décharge dans l'Euphrate. Voici comment
Pline , /• j.feiï. 1 9. s'explique au fujet des fleuves Marfyas
Se Oronte : Syria Cale habet Apamiam , Marfya amne
divifam à Naz.erinorum Tetrarchia ; dans la Cœlo Syrie
eft la ville d'Apamie, fépatée de la Tétrarchàe des
MES
MES
Nazériniens par le fleuve Marfyas ; & un peu plus
haut ,fecl. 1 8. Antiochia libéra , Epidaphnescognominata ,
Oronte amne dividitur ;c'eft-à-dire , Antipche ville libre ,
furnommée Epidaphné , par le milieu de laquelle patte
le fleuve Oronte. Il die enfuite que ce fleuve fe rend
à la mer Méditerranée , Se qu'il prend fa fource, Inter
Libanum & Ami- Liban wm juxta Hcliopolim , entre
le Liban 8e l'Anti-Liban aux environs d'Héliopolis ; Se
félon le même auteur, le fleuve Marfyas fe décharge dans
l'Euphrare.
Le père Hardouin continue ainfi : On voit donc par-là
que cette contrée qui étoit entre le fleuve Marfyas,
l'Oronte, le Jourdain 8e l'Euphrate étoit nommée Mé-
sopotamie, Se Mésopotamie de Syrie ; qu'elle étoit
distinguée de la Méfopocamie que l'on trouve entre le
Tigre 8c l'Euphrate ■■, Se que Haran , où demeuroit La-
bân beau-pere de Jacob, n'étoit pas les C arrhes qui
font feulement dans le voifinage , ainfi que le marque
Pline dans la defeription de cette contrée , mais plutôt
Apamée dont il vient d'être parlé, ou quclqu'autre ville
peu éloignée. C'eft de cette ville de Haran , ( foit qu'elle
tut la même qu'Apamée ou une autre du voifinage,
toujours dans la Méfopotamie de Syrie,) que partit Ja-
cob, lorsqu'il eft dit de lui que: Am.ie transmijfo, ayant
pafTé le fleuve qui fe rend dans le lac de Génefareth ,
il s'avança jusqu'à la montagne de Galaad, qui eft à l'o-
rient de ce lac': car tout ce pays qui fe trouve le long
du Jourdain , efi appelle dans la Genefe Terre Orien-
tale , Orient & Montagne de l'Orient.
Le père Hardouin en finiffanc , ajoute : Je ne puis
m" empêcher d'admirer ici l'exactitude de l'auteur de la
vulgate , de s'être fervi du mot de rivière dans cet en-
droit de la Genefe , pour ne pas faire croire qu'il par-
tait de l'Euphrate, qu'il défigne affez fouvent fous le
nom de fleuve : car cet auteur n'a point coutume de
donner le nom de rivière aux fleuves un peu confi-
dérables, tels que le Jourdain, l'Euphrate, le Nil 8e
le Tigre •■, mais à ces trois ; lavoir , à celui dont il eft
parlé dans la Genefe , 8c qui n'y eft point nommé -, à
ce canal du Nil que Pharaon vit en fonge , 8c qui n'eft
pas proprement une rivière, mais qui en a la rettem-
blance; & enfin à un troifiéme , dont il eft parlé fore
obscurément dans les Paralipoménes , /. i.c. 48.
4. MESOPOTAMIE. Etienne le géographe , inverbo
A'prâii eft le fcul des anciens qui donne ce nom à un
canton de l'Italie , 8c qu'il appelle Mesopotamia in
Oenotris. Ce nom patoît fufpecl à Bochart , Pbaleg.
/. 2. c. 6. par la feule raifon qu'aucun autre écrivain
n'en a fait mention.
MESOROME. Voyez, Metorome.
MESPE , lieu de l'Afrique propre , félon Antonin ,
itiner. qui le met fur la route de Tacapa à ad Aquas ,
entre Tenadajfa & Leptis magna , à trente milles de
la première , 8c à quarante milles de la féconde. Au
lieu de Mespe , le manuferit de la bibliothèque du roi ,
lit Mesphe.
MESPHATH. Voyez. Misphatii 8c Cades.
1. MESPHE , ville de la Palcftine , dans la tribu de
Benjamin. Ceft la même ville que Mafphath , Mafapha
ou Majfepha. Voyez, Masphat ou Massepha.
2. MESPHE , lieu de l'Afrique propre. Voyez, Mespe.
MESPILA , nom d'une ville dont fait mention Xé-
nophon , Cyri exped. I. y.pag. 308. elle étoit aux fron-
tières de la Médie. Etienne le géographe écrit Aîif-
pila.
MESRA. Voyez, Beth-Emek.
MESR.AIM ou Misraim , fils de Cham , Gcnef. 10.
6. Se père de Ludim, d'Ananim , de Laabim, de Ne-
phhïïm, de Phetrafim 8c de Cafluïm. Mc/erou Mifor
fut père des Mizraïm ou Egyptiens (a) , & lui-même
eft ordinairement appelle Mezraïm , quoiqu'il y ait
toute forte d'apparence que MizraVm étant pluriel fi-
gnifie plutôt les Egyptiens que le père de ce peuple. Ce
nom de Mizraïm fe met aufii pour le pays ; ainfi il a
trois fignifications qui fe confondent perpétuellement ,
puisqu'il fe mer pour l'Egypte, pour celui qui a peu-
plé l'Egypte , & pour les peuples qui ont habité ce pays.
Le nom de Mizraïm eft au duel , 8c peut marquer les
deux Egyptes, la haute Se la baffe, ou les deux par-
ues de ce pays qui eft partagé par le Nil. La ville du
2.5 I
Caire, capitale de l'Egypte, Se l'Egypte même, eft nommée
encore aujourd'hui Mener par les Arabes ; mais les
naturels du pays appellent lEgypre Chemi , comme qui
diroit Terre de Cham , ainfi qu'elle eft auffi quelquefois
nommée par les Hébreux (b). Le prophète Michée
donne à l'Egypte le nom de Mezer , & lerabin Kem-
chi , fuivi de quelques favans interprètes , explique de
1 Egypte , ce qui eit die des ruiffeaux de Mez.er dans le
quatrième livre des Rois, If ai 19. 6. ( a) D. Calme t ,
Dicl. ( b ) Ffalm. 77. 1. 104. 23. 105. 22.
MESRATA. Voyez, Mserata.
1. MESSA. Moyfe (a) dit que les enfans de Jeérari
ont habité le pays qui eft depuis Meffa , en s'avançant
vers Séphar , montagne orientale. Mes , quatrième fils
d'Arani, &c nommé ( b ) Mefech 8c Mofoch dans les
Septante ( c ) , pofféda , à ce que Bochart croit , le mont
Mafius dans la Méfopotamie , Se lui donna fon nom.
Ceft ce mont Mafius que l'on entend ici par celui de
Messa ; Se les fils de Jectan occupèrent tout le pays
qui eft enere cette montagne 8e celles des Sapires ou
des Sapharvaïm. Etienne le géographe nomme les ha-
bitans de ce canton. Mafîeni ou Mafiani. ( a ) Genef.
10. 27. 28. 25. (b) I. Parai. 1. 17. (c) D. Calme t ,
Dict.
2. MESSA ou Messach. Le grand prêtre Joïada
voulant mettre le jeune roi Joas furie thrône de Juda,
plaça du monde en armes dans différens endroits du tem-
ple , & en particulier à la maifon de Messa : Cufto~
dietis cxcubias dormis Meffa. Nous croyons, dit D.
Calmée, Ditt. que c'eft le même lieu que Musach. *
IV. Reg. 11. 6.
3. MESSA, ville d'Afrique, au royaume de Maroc,
dans la province de Sus. Elle eft fore ancienne , & a
été bâtie par les Africains au pied du mont Atlas fur le
bord de l'Océan. On l'appelloit autrefois Témefle , 8c
elle étoit alors fort confidérable -, mais les Arabes Ma-
homérans la détruifirent à la conquête de Sus, Elle eft
compofée de trois villes qui font un triangle à un quart
de lieue l'une de l'autre. Chacune eft fermée de bon-
nes murailles. Le fleuve de Sus paffe entre deux, 8c
fe va rendre dans la mer près des habitations de Guer
Tefen. Les habitans labourent leurs terres à la fin de
Septembre , Se moiffonnent à la fin d'Avril 8c au mois
de Mai , mais fi la rivière ne fe déborde point pendant
ces deux mois , on ne fait point de moiffon. Cette
ville eft environnée de grands bois de palmiers, 8c
d'ordinaire quand le bled manque , il y a beaucoup de
dattes , mais moins bonnes que celles de Numidie.
Elles fe corrompent fi on les garde toute l'année.
Comme ce font presque par tout des fablons où il y a
fort peu d'herbes , on n'y nourrit pas beaucoup de
troupeaux. Le peuple eft belliqueux , & n'a pas grand
commerce avec les étrangers, parce qu'il n'y a point de
port fur la côte , qui eft une plage découverte. On y
trouve plufieurs baleines mortes qui y viennent échouer
pendant la eempête dans des baffes ou des écueils fort
pointus , qui font environ à une lieue de la terre. Il y
a fur cette côte un temple, dont la charpente eft d'os
de baleine , ce qui a faie croire au peuple , que celle
qui avoir englouti Jonas le rendit fur ce rivage. Il pré-
tend que ce cemple faie crever rouées celles qui paffenc
par-là , Se qu'il en forcit autrefois un homme qui pro-
phétifa de Mahomet ; c'eft ce qui eft caufe qu'on y
viene de eouc côté en pèlerinage. On trouve auffi beau-
coup d'ambre fur la même côte. Ceux du pays le don-
nent à bon marché aux Européens qui y trafiquent.
Quelques Africains difent que ce n'eft pas la baleine
qui jeeee l'ambre, mais un autre poiffon nommé am-
bracan , qui a plus de douze aunes de long, & la tête
dure comme un caillou. Les autres ptétendent que
l'ambre n'eft autre chofe que la femence du mâle de
la baleine. Il pâroît plus vraifemblable à plufieurs que
c'en eft l'excrément.* Marmol, Defeription du royau-
me de Maroc, 1. 3. c. 22.
4. MESSA ou Messe , ville du Péloponnèfe dans la
Laconie : elle n'étoit guéres connue des anciens , qu'à
c?ufe qu'elle étoit voifine des ruines de la ville d'Hip-
pollœ , 8c d'une côte escarpée , qu'on appelloit Tbyri-
des, qui veuc dire fenêeres. Elle éeoic fieuée à l'endroit
même où le château de Maina eft aujourd'hui. Sera-
MES
2.32,
bon , qui s'attache à nommer les villes dont Homère ,
Catalog. v. 89. a fait mention dans filiade, remarque
que beaucoup de gens ont prétendu que ce poëte , par-
lant de AJeJ/lt , a entendu Meflene , ayant dit par abré-
viation Mcffa pour Mejfena ; mais un peu auparavant ,
Strabon avoit distingué ces deux villes, en difant que du
tems de Menelas , Meflene n'étoit pas bâtie. Paufanias,
/. 3. c. z$. donne un port à la ville de Me/fa. * Lu
Quilletiere, Athènes ancienne ôc moderne,!. 1.
MESSABA, ville des Cares, félon Etienne le géo-
graphe , qui cite Hécatée.
MESSABARA, lieu de la Paleftine. Guillaume de
Tyr , /. 11. cil. en parle.
MESSABATVE ou Mesabat^, peuples de la Perfi-
de. Ptolomée , /. G. c. 4. les place avec les Rapfii au
nord de Midia. Denys le Périegete, v. 1015. parle de
ces peuples, 8c Strabon, /. \6 p. 774. appelle leur
pays Massabatica. Voyez. Mesobatene.
MESSAC , bourg de France , en Bretagne , fur la rive
gauche de la Vilaine, entre Rennes au nord , & Rhédon
au midi. Corneille a tort d'en faire un port de mer.
MESSADENSIS, nom d'un lieu, dont il eft parlé dans
le code Théodofien , lib. 2. tit. d* Appellat.
MESSAL ou Messie, en grec Masal , m«V«x ville
de la Palefiine , dans la tribu d'Afer. Eufebe Onomafi.
tid Maffciv dit qu'elle eft voifine du mont Carmel ôc fur
Ja mer. * Jofué, 19. 16.
MESSALUM, ville de l'Arabie Heureufe , félon Pli-
ne , /. 12. c. 16.
1. MESSANA, ville de Sicile, ôc la première que
l'on rencontre en traverfant de l'Italie dans cette ifle.
Elle eft fituée fur le détroit, comme ledit Silius Itali-
ens 5 lib. 14. v. 195.
Incumbens McJJana freto.
Selon Diodore de Sicile , /. 4. c. ult. elle fe nom-
moit anciennement Zanclej ôc ce nom lui avoit été
donné par le roi Zanclus. D'autres ( a ) veulent pour-
tant que ce nom eût une autre origine. Ils le dérivent
du grec Zav^hcv qui fignifie une faux 5 ôc ils prétendent
qu'il avoit été donné à cette ville à caufe de fa fitna-
tion dans un enfoncement. Le nom de Messana lui
vient, félon Strabon , /. G. p. 268. des Meficniens du
Péloponnèfe qui en furent les fondateurs.
Dans les écrivains grecs, le même nom (b) eft em-
ployé indifféremment pour figniher cette colonie des
Meffeniens en Sicile , ôc leur ville capitale dans la Mes-
fenie au Péloponnèfe -, car Strabon , Ptolomée , Scylax ,
Thucydide & Diodore de Sicile , appellent ces deux villes
jMe«-<ni: », mais dans les médailles des Siciliens on lit ME2-
2ANION orthographe qui a été fuivie par les écrivains
latins; ils ont appeilé Mejjana celle de Sicile, Ôc Mes-
fene, celle du Péloponnèfe.
Lorsque les Meffaniens , appelles par les Latins Mejfa-
nienfes , eurent admis parmi eux les Mamertins , ils
prirent le nom de ces derniers (c), en reconnoiflance
du fecours qu'ils en avoient reçu ; ce qui eft confirmé
par Pline, /. 3. c. 8. & par Cicéron , Orat. in Verr.
Frument , c. 6. Le premier appelle les habitans de Mes-
fana Mamertini , ôc le dernier nomme la ville Mameni-
na Civitas. C'cft aujourd'hui la ville de Meflîne. Voyez.
Messine, {a) Thucydide , 1. G. p. 413. ( b ) Cellar.
geogr. ant. liv. 2. cap. i.(c) Pompeius Feftus , in Ma-
mertini.
2. MESSANA, petite ville d Espagne , dans la Bis-
caye , fur la rivière d Ivaycabal , entre la ville de Vit-
toria ôc celle d'Orduna ,.au nord occidental de la pre-
mière , Se au midi oriental de la féconde. * Jailliot ,
Atlas.
3. MESSANA, bourgade de l'Indonftan , au royau-
me de Cambaye , dans les terres , fur la route de Patan
à Amandabat , entre Amandabat vers le nord oriental ,
& Bifantagan, vers le midi occidental. 11 y a un vieux
château , dont le gouverneur eft obligé d'entretenir deux
cens chevaux , pour fervir d escorte aux marchands qui
vont trafiquer a Amandabat & à Agra. Le pays d'alen-
tour produit beaucoup de coton, Se il s'y fait quelques
toiles , mais en fort petite quantité. De l'ifle Atlas.
MESSANE, ifle de 1a mer des Indes , ôc lune des
Philippines, au nord de l'ifle de Mindanao , & au mi-
di de celle de Burhuan , félon les cartes de Sanfo::.
MES
De l'ifle , Atlas, ne connoît rien de pareil , non plus
que les autres géographes,
MESSAN1CUS. Voyez. Padusa.
MESSAP^E, canton de laLaconie, félon Etienne le
géographe , qui cite Théopompe.
MESSAPIA , contrée d'Italie en forme de peninfule,
qui avance dans la mer Ionienne. Son ifthme eft entre
Blindes Se Tarente. Pline, /. 3. c. 1 1. dit que les Grecs
l'appellerent MeJJapia , du nom d'un de leurs chefs
nommé Meffapius. Les écrivains Latins la nomment
ordinairement Calabre. Souvent les Grecs la nom-
ment Japygia , ôc quoique le pays des Salentins n'eu
forme qu'une partie , quelquefois on lui donne le
nom de toute la peninfule. Strabon , dit qu'on appel-
loit communément cette peninfule Mejjapia , Japygia %
Calabria ôc Salcntina , ôc que quelques-uns même y
diftinguoient des quartiers auxquels ces différens noms
convenoient plus particulièrement. 11 ne nous refte point
de monumens anciens pour pouvoir faire une divifiou
jufte de ce pays. * Cellar. Geogr. ant. 1. 2. c. 9.
1. MESSAP1USMONS, montagne aux confins de la
Psonie ôc de la Médique , félon Aiiftote , /. 9. c. 45.
dans fon hiftoire des animaux : il la nomme pourtant
ailleurs, lib.de Mirabilibus , p. 874. Hesaenus.
2. MESSAP1US MONS. Voyez. Mesabrium.
MESSARGE , bois de France , dans la maitrife de»
eaux ôc forêts de Moulins. 11 eft de douze cens foi'
xante ôc quatorze arpens.
MESSAT1S ou Mesatis , ville de l'Achaïe : Paufa-
nias, l.j. c. 18. dit qu'elle étoit entre Arva & An-
thea.
1. MESSE , ville dont parle Stace dans ce vers de-
fa Thebaïde, /. 4. v. 116.
Quos Pharis, vobtcrumqite parens Cylhereia MefJ'e.
Ortelius, Tbefaur. foupçonne qu'il peut être queftion
ici de la ville de Messa. Voyez, ce mot , n° 4.
2. MESSE , bourg de France , dans le Gâtinois Or-
leanois , élection d'Eftampes.
MESSEIS , nom d'une fontaine de la Theflâlie. Ko"
mère , Iliad. 2. v. ^Gj. en parle ; & elle a été con-
nue de Strabon , /. 9. p. 434. ôc de Pline , /. 4. c. 8.
MESSEN , ville de h Laconie , félon Hefychius cité
par Ortelius, Thefaur. qui croit que ce pourroit être
la ville Me/fa ou Mejfe, de Strabon. Voyez Messa 4.
1. MESSENE , ifle d'Afie entre le Tigre & l'Euphu-
te, elle s'appelle à préfent Chader. Voyez ce mot.
2. MESSENE, ville du Péloponnèfe, capitale de la
Meflenie. Mercator,qui a dreflé fes cartes fur les lon-
gitudes & les latitudes de Ptolomée, /. 3. c. \G. fait
de Meflene une ville maritime , ôc quantité de géogra-
phes , fans en excepter de l'ifle , l'ont imité. Cepen-
dant , à en juger par ce que difent Paufanias ôc Stra~
bon , on feroit tenté de conclure que Meflene étoit fi-
tuée dans les terres. Cellarius, Geogr. ant. I. i.c. 13.
va même plus loin. Il a prétendu prouver qu'elle n'étoic
point fur la côte, ôc que c'étoit par erreur qu'elle s'y
trouvoit placée dans Ptolomée. Paufanias , dit-il , la met
du moins fur une hauteur, ôc Strabon renferme dans
l'enceinte de fes murailles Ithome , qui étoit certaine-
ment dans les terres, & qui lui fervoir de fortereffe.
Enfin , ajoute-t-il , Pline , /. 4. c. 5. décide la queftion^^
quand il dit : Amms Panifus. lut us autem ipfa M<s-
Jeue, Ithome, Oechalia. Ce qui eft certain, c'eft qu'iw-
tus dans cet endroit ne peut lignifier l'intérieur ôc ren-
foncement du golfe; car on ne pourroit le dire ni d'I-
thome ni d'Occhalia. Au relie, fi Meflene n'étoit pas
une ville maritime, elle n'étoit pas fort éloignée delà
côte.
Cette ville fut fondée par Epaminondas le Thébain.
Il y appella tous les Meflèniens , qui chaflës de chez;
eux par les Lacédemoniens , s'étoient retirés en divers
endroits , entre autres en Sicile , où ils avoient donné
leur nom à la ville de Meflîne. Epaminondas donna à
cette nouvelle ville le nom de Meflene qui étoit celui
de la nation. Paufanias, /. 4. c. 31. fait l'épjge des for-
tifications de Meflene. Il dit qu'il avoit vu trois vj'Ies
fortes; favoir > Amphry fus , Byzance ôc Rhodes mais
que Meflene étoit encore mieux forrifiée que ces trois
villes. Strabon, /. 8. p. 361. la compare a Coiinthe,
foit pour fa fnuation , foit pour fes fortifica.ions : l'une
MES
MES
& l'autre de ces villes étoit commandée par une mon-
tagne voîfinc , renfermée dans l'enceinte de la ville ,
& qui leur fervoit de forterefle ; favoir , Ithome à Mes-
fene , Se Acrocorinthus à Corinthe. Ces deux places ,
fen effet, étoient regardées comme des portes fi impor-
tais, que Démétrius, voulant perfuader a Philippe, père
de Perfée , de s'emparer du Péioponnèfe , lui confeilla
de fubjuguer Corinthe Se Meffene. Vous tiendrez ainfï ,
lui difoit-il , le bœuf pur les deux cornes. Cette ville a
été épiscopalc. Jcannes Mejfenius , ïbuferivit au con-
cile de Chalcedoine tenu l'an 4J1.
MESSEN1ACUS SINUS, golfe dans la partie mé-
ridionale du Pélopounèfe à l'occidenr du golfe de Laco-
nie. 11 éroit aulïi nommé , félon Strabon , /. 8. p. 3 3 5.
Sinus Afimus , du nom de la ville Afiné fituée fur la
côte; Sinus Thuriates , à caufe de la ville Thuria;&
Pline , lib. 4. cap. 5. l'appelle Sinus Coron&us , du nom
de la ville de Coron. C'eft aujourd'hui le golfe de Co-
ron ; car cette ville a confervé fon ancien nom.
MESSENIANI. Voyez. Misiniani Se Sarmà-
Tie.
MESSENIE, contrée du Péioponnèfe, au midi de
l'Elide Se de l'Arcadie, Se au couchant de la Laconie
dont anciennement elle faifoit partie. Voici les villes
<jue Ptolomée, /. 3. c, 16. donne à cette contrée,
Cyparijfx .
typan/Jium , Promontoire.
SeU jluv. oflia.
l'y lus ou AbarinuSy
Co.yphafium , Promontoire»
Meibone ,
ColunA >
Acriu extrema , Promontoire»
Villes maritimes.
Sur le golfe de
Mefienie»
Dans les terres.
A 'fîne >
Corone ,
Mcfena ,
Pun'ififiuv. oft'iâi
Pbera ,
Abea*
Aliartus ,
f
•l Ithome,
L Troe^en,
MESSENEQS , nom que les Sioux , peuples de l'À-
méii jiie feptentrionale dans la Louifiane, donnent aux
Oiuouagamis leurs ennemis.
MESSIN , ( Le ) ou le pays Messin , province de
France, dans les trois évêchés de Lorraine. Il eft borné
au nord par la prévôté de Thionville qui efl du duché
de Luxembourg, Se par celle de Siuk , qui eft de la
Lorraine Allemande, avec laquelle il confine auflî à
l'orient : au midi il a la Lorraine Romande où l'on parle
françois ; Se à l'occident le Bairois. Il a pris fon nom
de Metz la capitale, qui l'a été des peuples Medioma-
tr'ici ou Mediumatrices qui occupoient un fort grand
pays du tems de Céfar , puisqu'il dit au quatrième livre
de fes commentaires , que le Rhin pafToit fur leurs
confins, & fur ceux de Trêves: Rbenum per fines Nledio-
matritum C Treverorum , citatum ferri. Strabon /. 4.
dit auflî que les Mediomatriccs habitoient fur le Rhin;
mais peu après leurs bornes furent refferrées , les peu-
ples Germains Tribocci , Vangiones , Se Nemctes ayant
occupé les deux bords du Rhin. * Longuerue , Defcr.
de la France , 2. part. p. 203.
Ils y étoient établis dès le tems de Pline, Se alors
les Mediomatr'icts étoient éloignés du bord de ce fleuve.
Ils ont toujours fait partie de la Gaule Belgique; Se ,
lorsque la Belgique fut divifée en deux provinces,
ils furent compris dans la première , Se mis fous la mé-
tropole de Trêves.
Le nom ancien de la ville capitale des Mediomatrices
étoit î)ivodur:<.s , marqué par Tacite , au premier livre
de fon hifloiie , Se par Ptolomée. On le voit auflî dans
la caite de Peutinger , Se dans l'itinéraire d'Antonin.
Voyez, à l'article Mets , le fort qu'a eu ce pays.
Le climat du pays Messin efl en général a ffez tem-
péré ; mais il eft plus froid que chaud du côte des Ar-
*3*
dennes. La fertilité du terroir efl: médiocre; il rapporte
peu de froment. Le canton que l'on appelle kéFEvêchê
eft plus gras Se plus fertile. Il y a un aflez bon vigno-
ble, beaucoup de noix, Se quantité de ceiifes que l'on
porte à Nanci. Les bois , Se les forêts du pays. Meflîn
font peu confidérablcs. Il y a quelques montagnes. Le
pays, qui eft d'une petirë étendue , ertârrofé par la Mo-
felle Se par la Scille. * figaniol, Défci. de la France ,
r. 7. p. 288.
Les habitans reffemblent aflez pour les mœurs aux
Allemands. Le peuple eft bon , doux , rempli de bonne
foi Se de probité , aimant le repos : il eft économe , lé-
ger , curieux des affaires publiques , Se fi fidèle au roi ,
qu'après les troubles de la Ligue , Henri le Grand lui
rendit ce glorieux témoignage, que pendant que les plus
anciens fujets s'étoient crus dispenfés de l'obéiflance qu'ils
dévoient à leur roi , ces nouveaux fujets lui étoient
demeurés fidèles.
MESSINE, en latin Me/fana , Ville de Sicile, dans ia
partie orientale du Val Demone , fur la côte du Face
de Meflîne, vis-à-vis du continent de l'Italie, au m.dï
occidental du fort de Faro, au 38. deg. 10 min. de
latit. & au 33. 21. m. de iongit. Cette ville , prétend
être la capitale de la Sicile, Se dispute depuis bien des
années cet honneur à celle de Païenne. Les mlnîitrès
d'Espagne ne décidèrent pas la queftion ; après de lon-
ques discLiflîons , ils ordonnèrent par provifion , que le
Vice-roi réfideroit fix mois à Meflîne, Se fix à l'alerme »
afin de mettre une espèce d'égalité entre ces deux:
villes.
L'églife cathédrale , qui eft au centre de la ville , eft
dédiée à la fainte Vierge. On l'appelle Sainte Marie
la Neuve ; apparemment parce qu'il y a une autre églife
plus ancienne. C'eft un bâtiment ifolé ; une pl.ice eu
tour d'équerre l'environne de deux côtés , & deux rues,
dont l'une eft âflez large , environnent le relie. Si 011
juge de fort antiquité par fa fabriqué , elle doit être
très-ancienne. La groflîereté Se la pefânreur du bâtiment
four connoître quelle a été faire dans les tems les plus
barbares. Son portail eft dé marbre Se d'un mauvais
goût. On y voit écrit deffus, en très-gros caractères go-
thiques , Grand Mercy à Meffine ; & ces mors font encore
répétés en mêmes caractères, mais plus petits, fur la
porte du clocher.
Quelques-uns prétendent que les François écrivirent
ces mots, pour marquer leur recônnojûancc aux Mes-
finois, de ce qu'ils les avoiertt épatgnés dans le mallà-
cre qui fe fît par toute la Sicile le jour de Pâques »
qu'on appelle communément les Vêpres Siciliennes z
mais c'eft une erreur. Il eft vtai que les François ne
fureur pas maffacrés à Meflîne, mais ils n'en furent re-
devables qu'à la fageffe & à la valeur d'Herbert, lieu-
tenant-général de toute l'ifle pour le roi Charles; il
foutint pendant quelques jours les efforts des Meflînois*
fut enfin obligé de fe retirer en Calabre. Il n'y eut d'é-
pargné que Guillaume des Porcelets gentilhomme Pro-
vençal , gouverneur d'une petite ville , que fa vertu Se
fon mérite rendirent refpectable aux plus furieux : mais
comme il ne devoit pas fon falut à Meflîne , on ne
doit pas foupçonner que le remerciment vienne de fa
part , ni de celle des autres François , qui ne durent leur
falut qu'à la vigilance de leurs chefs.
D'autres difent qu'une armée de Croifés François
ayant été maltraitée par une tempête, ils furent reçus
dans le port de Meflîne, leuis vaiffeaux racconrodés Se
pourvus de vivres Se de tout ce qui leur manqnoit; Se
que pour en marquer leur reconnoiffance, ils firent
mettre ce remerciment fur le frontispice de la cathédrale
Se fur la porte du clocher.
La voûte de l'églife cathédrale efl: ornée de doru-
res, & il y a quelques peintures modernes qui font
pàflables. Le maître-autel eft très-beau , il eft compote
d'un corps d'architecture, orné de quatre colomnes &
de quatre pilaflres revêtus d'agates. Lesbafes Se les cha-
piteaux font de bronze doré ; le tabernacle eft d'or ,
à ce qu'on dit, du moins en a-t-il l'apparence; l'ouvragé
eft beau , Se égale la matière Le thrône du vice- roi
eft du côté de l'évangile , entre le fanctuaire cV le
chœur; il eft compofé de dix à ohze degrés, de près
de deux pieds de large Se d'un ried de hauteur : ces de-
Tom. IV. G g
MES
a34
grés loutiennent une plateforme ovale d'environ huit
pieds d'un fens, fur fix de l'autre, 8c fur laquelle eft un
grand fauteuil couvert d'un dais en broderie.
Le clocher n'eft qu'une groffe tour carrée , un peu
plus haute que la charpente de l'églife. 11 y a plufieurs
chapelles dans l'églife cathédrale ; les deux plus magni-
fiques font à côté du grand autel : celle du côté de l'é-
vangile eft dédiée à la fainte Vierge, dont la ftatue
d'argent efl fur l'autel. Elle eft bien faite , ornée de
quantité de pierreries , bagues , colliers , rofes , 8c de
tous les ajuftemens que les femmes y ont confacrés, après
s'en être fervies. La couronne qu'elle a fur la tête , eft
enrichie de pierres précieufes d'un grand prix. L'autel eft
chargé d'une quantité prodigieufe d'argenterie , avec
un grand nombre de lampes qui brûlent nuit eft jour.
Les murailles incruftées des plus beaux marbres 8c d'a-
gates les plus rares, font couvertes de vœux d'or 8c
d'argent. C'eft le lieu de la plus tendre dévotion des
Meflinois , qui foûtiennent que la fainte Vierge leur a
écrit une lettre , dont ils prétendent avoir encore au-
jourd'hui l'original, qu'ils portent en proceffion le jour
de l'Affomption. La chapelle parallèle à celle de la
Vierge, eft ornée d'une très-belle architecture en mar-
bre , avec des ftatues qui méritent d'être confidérées.
La facriftie eft fournie d'une argenterie nombreufe. Les
chanoines font riches.
Les Jefuites ont quatre maifons dans Mefîine , un
collège où ils ont foin d'avoir les plus habiles profes-
feurs de tout le royaume. Leurs églifes font belles ,
leurs bâtimens magnifiques , 8c ils ont un obfervatoire
d'où l'on découvre le mont Gibel , quoi qu'il en foit
éloigné de foixante 8c dix milles. Les Dominicains ont
deux couvens. Il y a des Théatins , des Carmes Dé-
chauffés , des Auguftins , des Servites , des Mathurins ,
des Crucifères ou pères des Agonifans , des pères de
l'Oratoire Romains, des moines Grecs, 8c quantité de
monaftères de filles. Tous ces monaftères font riches ,
fuperbement bâtis, 8c leurs églifes de la plus grande
magnificence. Ceux qui n'ont d'autres revenus que ce
qui vient de la beface , ne laiffent pas d'être à leur aife
& d'entretenir un grand nombre de religieux. 11 y a
outre cela dix paroiffes , 8c nombre de chapelles ap-
partenantes aux différentes compagnies ou confréries,
qui y font établies.
Le féminaire de l'archevêché eft dans la rue neuve.
C'eft un grand bâtiment dont une des façades donne
fur la rue , 8c l'autre fur le quai. Les féminariftes font
habillés de bleu. Leur habit conûfte en une foutane 8c
une robe à manches pendantes , un petit collet rond ,
& un chapeau noir retrouffé quand ils fortent de la
rnaifon ; car quand ils y font ils ont un bonnet carré
à trois cornes 8c bleu comme tout lereftede leurs ha-
bits. Le fonds pour l'entretien de ce féminaire fe levé
fur toutes les paroiffes de l'archevêché : chacune eft
taxée , félon fes biens 8c félon le nombre de Ces habi-
tans ; 8c chacune , félon la taxe qu'elle paye annuelle-
ment , a droit d'envoyer au féminaire un certain nom-
bre de fujets. A mefure qu'il en fort d'une paupiffe,
elle en envoie un ou plufieurs autres. Leur nombre
excède celui de deux cens. On ne laiffe pas de recevoir
ceux qui fe préfentenr , quoique les places fondées
foient remplies, pourvu qu'il y ait des chambres va-
cantes , 8c qu'ils foient en état de payer leur penfion.
Us y entrent à douze ans, 8c en fortent quand ils font
prêtres. Us ont un droit 8c un privilège fur les béné-
fices de l'archevêché, privativement à ceux qui n'ont
pas été élevés dans ce féminaire.
Le palais de l'archevêque eft dans la même rue. Il
eft grand 8c bien bâti.
Mais la Loggia , eft le plus beau de tous les édifices
publics de la ville. C'eft ainfi qu'on appelle l'hôpital
général des malades de l'un 8c de l'autre fexe. Il eft
dans la grande place au bout de la Strada neuva. Cette
place eft embellie de quatre fontaines d'un très-beau
marbre du pays 8c de très-belles maifons.
Outre la Loggia, il y a un hôpital vafte, magni-
fique 8c très-riche , où l'on reçoit tous les pauvres va-
lides 8c invalides ou eftropiés , les enfans orphelins ,
les enfans expofés , les vieilles gens , les infenfés 8c au-
tres néceffueux. Chaque espèce eft fépatée , &c a des
MES
logemens commodes 8c des habillemens qui les diftin»
guent. Les orphelins font habillés d'une robe de toile
blanche : les enfans expofés font vêtus de brun comme
les religieux Mineurs conventuels de faïnt François. On
connoit chaque clafie à fon habit.
Le palais du mont de Piété eft voifin de cet hôpi-
tal. Il eft grand , vafte 8c bien bâti.
Meftine eft bâtie en partie fur un terrein uni qui s'é-
tend le long de la mer , 8c en partie fur le penchant
des collines qui ne laiffent qu'un espace médiocre entre
elles 8c le port. Ses plus belles rues font parallèles au
port , celles qui descendent des collines les coupent
presque toutes à angles droits, 8c font de petites places
ou carrefours qui font ornés de fontaines. Les eaux en
font bonnes, du moins celles qu'on a diftribuées dans
la ville par le moyen des canaux fouterreins. Il y en a
aux environs de MeiTïne 8c même affez près , qui font
chaudes , 8c qui fentent les unes le foufre 8c les autres
le vitriol.
Le port de Mefiine eft un ovale allongé , très-vafte,
& fi creux , que des vaiffeaux de quatre-vingt pièces de
canon peuvent mouiller allez près du quai pour y des-
cendre avec une planche. Ce quai eft formé par un mur
fans appui. Sa largeur eft d'environ foixante toifes :
c'eft la promenade du foir. Il eft borné par des bâti-
mens de pierres de taille , de quatre étages de hau-
teur , uniformes 8c de même fymmétrie ; mais d'une
architecture maflive 8c pefante. Ces édifices ne lais-
fent pas de faire un bon effet à caufe de leur hauteur
8c de leur uniformité , pourvu qu'on les regarde d'as-
fez loin pour ne pas appercevoir la pefanteur de la
main 8c le mauvais goût de l'architecte qui les a con-
ftruits. Ces maifons n'ont point de portes du côté du
port. Il y a quatre ou cinq rues qui donnenr fur le
port , & dont les avenues font fermées par des portes à
toutes lesquelles il y a des escouades de partifans, qui
vifitent exactement tout ce qui entre dans la ville &
tout ce qui en fort , afin de faire payer les gabelles qui
font fur toutes fortes de marchandifes. Outre ces gar-
des , il y a nombre de felouques qui rodent nuit 8c jour
autour des bâtimens pour empêcher la contrebande.
On donne au port mille à douze cens pas géométri-
ques dans fon plus grand diamètre , 8c cinq à fix cens
dans le plus petit. Il eft fermé du côté du canal par
une langue de terre, d'environ cent toifes de largeur ,
8c naturellement courbe pour former la moitié ou en-
viron de l'ovale. La partie la plus large eft du côté de
l'eft. On y a placé une citadelle à cinq baftions pour
tenir la ville en bride. L'extrémité occidentale de cette
langue de terre , eft un peu plus courbée qu'elle ne de-
vroit l'être pour faire un ovale parfait. On a placé fur
fà pointe un gros donjon carré avec des tours rondes.
C'eft ce qui défend l'entrée du port du côté du nord.
Il y a un bon nombre de canons en plufieurs batteries
hautes 8c baffes , un gouverneur 8c une garnifon. On
appelle ce fort faint Salvador. Il paroît que le terrein
où il eft bâti eft un rocher ifolé 8c éloigné de trois à
quatre cens pas de l'extrémité de la langue de terre qui
forme le port. On l'y a joint par deux murs parallèles
éloignés de cinquante à foixante pas l'un de l'autre ,
avec un baftion plat dans le milieu , un du côté du porc
8c un du côté de la rade. La tête de cet ouvrage , qui
eft à l'extrémité de,la langue de terre , eft fortifiée de
deux demi baftions 8c d'un foffé fec , dans lequel il fe-
roit aifé de faire entrer l'eau de la mer en ttfolant. Il
y a des batteries fur ces baftions plats , & le long de
leurs courtines qui battent dans la rade.
L'entrée du port , qui eft affez étroite , eft commandée
à la discrétion de la fortereffe de faint Salvador, 8c d'un
baftion fermé , appelle la Porte Royale , fur lequel c!t
une groffe tour antique, bien garnie de canons, de
forte qu'un vaiffeau ne peut forcer ce paffage.
Le Lazaret eft presque attaché à la langue de terre:
il eft bâti fur un iflet ou rocher, tout environné de
l'eau de la mer.
La citadelle a cinq grands bartions. Le rempart & les
parapets font bien munis de canons. Il y a au milieu
de cette fortereffe une place d'armes carrée , entou-
rée des .caféines des foldats, ôc des logemens des of-
ficiers.
MES
MES
Comme la ville de Meflïne eft au pied Se fur la
pente de plufieurs collines qui l'environnent, il n'a pas
été pofïible qu'on la fortifiât régulîeremènc. Son enceinte
cil très-irréguliere : il y a des angles fâillans Se ren-
rrans outre mefure , des battions , des tours de tous les
âges du monde , des pièces détachées de toutes les fa-
çons , Se qui toutes enfemble compofent un tout qui
ne vaut rien. On a cru remédier à la foibleffe de l'en-
ceinte de la ville Se à l'impoflïbilité de la rendre meil-
leure en faifant des forts fur les hauteurs qui la domi-
nent ; mais on a plutôt réuflï à s'affurer par-là de la fi-
délité des habitans , que de la défenfe de la ville. Les plus
confidérables de fes fortereffes font le Cnttellacio , Matta-
grifone, Confagra , Porta-Réale &Caftel-Real , fans
compter la citadelle Se Saint Salvador.
Bien des gens aflurent qu'il y a quatre-vingt mille ha-
bitans dans Meflïne Se dans les fauxbourgs. La ville év
les fauxbourgs font afiez grands pour contenir cette
quantité de peuple ; il y a même apparence que ce nom-
bre y a été autrefois ; mais la ville ett bien dépeuplée
à préfent. Le commerce , quoiqu'il y foit encore confi-
dérable , ett prodigieufement tombé ; Se depuis la re-
traite des François, il en ett forti un fi grand nombre de
familles , que le nombre des habitans s'ett bien trouvé
éclairci.
Meflïne eO: accompagnée de quarte fauxbourgs , qui
font , Zacra , San-Philippo , Sanio Dio , Se Porta Réale.
Ce dernier n'eft habité que par des pêcheurs. C'ett au
milieu de ces gens que ce font établis les Minimes, à
. l'endroit, à ce qu'on prétend , que faint François de
Paule aborda avec fon compagnon , après avoir pafle
le Fare fur fon manteau. On dit que ces quatre faux-
bourgs auxquels on a donné le nom de Furias, met-
roient dix mille hommes fur pied qui étoient toujours
prêts à fe jetter dans Meflïne , dès qu'elle avoir befoin
de leur fecours. Il s'en faut bien que la ville puifle à
préfent compter fur un pareil fecours. Le fauxbourg des
pêcheurs e(ï le plus peuplé. Il y a dans les autres des
gens de journée qui cultivent les vignes , les meu»
riers Se les terres des environs, & un afiez bon nom-
bre d'ouvriers en foie , fileurs , tricoteurs , tifferans Se
autres.
Le Fare de Messine. Voyez, au mot Fare, l'article
Fare de Messine.
MESSINES, petite ville de Flandre, dans la châtel*
lenie d'Ypres. Elle étoit autrefois afiez grande , Se avoir
jusqu'à deux mille maifons ; mais elle fut presque en-
tièrement brûlée par les Anglois en 1580. elle eur le
même fort du tems de Maximilien grand père de l'em-
pereur Charles V. Se le même malheur lui arriva en
15 13. que le feu fe mit par hazard dans la ville, où
il confirma plus de trois cens boutiques de tifferans.
L'an 1597. les troupes qui faifoient la guerre de ce
coté-là y brûlèrent de nouveau huit cens maifons ; de
forte que cette ville ett réduite aujourd'hui à peu de
chofe. Il y a un monaftères de Bénédictines , qui doi-
vent être routes denuilelles, Se dont l'abbeffe ett dame
de Meflïnes. On y voit auflï une collégiale compofée
de deux chanoines Se d'un doyen. Elle n'a plus que
fix-vingt maifons , & environ fix cens habitans. * Cor».
Dict. Mémoires particuliers.
MESSOA, lieu de la Laconic , félon Etienne le géo-
graphe , qui parle auflï d'une tribu de même nom , Se
citeStrabon, /. 8. p. 364. l'aufanias, /. 3. c. 16. écrit
Mefoa par une feule s.
MESSOGIS , montagne de Lydie. Il en ett parlé
dans Etienne le géographe, Se dans Strabon, /. 14. p.
650. Ortelius, Thefaur. foupçonne que ce pourroit être
le Mifotes de Ptolomée , /. 5. c. 2.
MESSOLI, peuples d'Afrique. Leur fortereffe fut em-
portée par Calpurnius Craffus , félon Plutarque, Parai.
bifl. Rom. çr Grtc.
MESSOUA , ( Isle de ) ifle d'Afrique, fur la côte occi-
dentale de la mer Rouge. C'ett la même chofe que
Mazua. Voyez, ce mor.
MESSUA , ville de l'Afrique propre , fur le golfe de
Cartilage, félon Martianus Capella. -Un manuferit porte
Mifua, Se c'ett ainfi que lifent Pline, /. ;. c. 4. Se l'i-
tinéraire d'Antonin. Cette ville ett appellée Nifua par
Ptolomée ; mais il y a faute dans cet endroit. La cot>
*3f
férence de Carrhage nomme Hirundinus, quelle qua-
lifie episcopus Mijfuenfîs ; Se dans le concile de Carthage
fous Boniface,on trouve la foufeription de Servus Dei,
qui fe dit episcopits Mijfuenfiu Peut-être ett-ce le même
lieu que Procope , /. 2. ÎVandal. appelle Mima , St
auquel il donne le titre de Navale -des Carthaginois.*
Ortelii Thefaur.
MESTAR , lieu de Syrie , entre Chalcide & Antioche,
fur le fleuve Oronte, félon Nicephore Callifie , /. 14-.
c. 16. On lit In mestar dans Socrate l'hittorien /.7.1c. i6>
MESTARNE , ville que Suidas met chez les Cili-
ées. Ortelius, Thefaur. croit que c'ett la même que
Mestar,
MESTHIA. Voyez. Mv/stiensis»
MESTLETA , ville de l'Ibérie Afiatique , Prolomée,
/. j. c. 1 1, la place entre Artamjfa Se Zalijfa. Il fe
pourroit faire que ce feroit la Mischita d'Agathias , /. 2.
Se qu'un manuferit ccùzMechifta.
MESTRE , ville d'Italie dans les états de la répu-
blique de Venife. C'ett une des meilleures places qui
fe trouve fur le chemin pour aller en Allemagne pair
le Tirol, ou en Autriche par le Frioul. Elle eft dans
le Dogado fur la Mufone, à deux ou trois lieues de
Venife en tirant vers le Nord occidental,, * Magin ,
Carte de l'état de Venife.
MESTRI , bourgade de la Baffe Hongrie , en latin
Meftriana, Elle eft fituée dans le comté de Vefprin,
vers le lac de Balaron. C'étoit anciennement une pe-
tite ville. Voyez. Mf.strian^.
MESTR1AN/E, ville de la Pannonic. On la trouve
dans Antonin , itiner. qui la met fur la route de Sa~
èaria k Acincnm , cntreSaèaria Se Mogetiana> à trente
milles de la première , Se à vingt-cinq milles de la fécon-
de. Ortelius, Thefaur. qui cite Lazius , dit que c'ett:
aujourd'hui Mestri, bourgade de la Baffe- FI ongrie.
Voyez. Mestri.
MESTUS , fleuve de la Thrace , à ce que croit Or-
teliu?, Thefaur. qui cite Zonare. Ce dernier écrit que
le pays des environs fut fubjugué par un certain Alexan-
dre. Ne feroir-ce point, ajoute Ortelius Thefaur. urt
mot corrompu , Se au lieu de Méfias , ne faudroir-il
point lire Ne/lus ?
MESUA, colline Se péninfule de la Gaule Narbon-
noife , félon Pomponius Mêla, lit. 2. cap. n. Voyez.
Sigius.
MESVE , en latin Maflava , connu dans l'hittoire
pour être nommé dans les tables Théodofiennes , n'eu:
point la Charité-fur-Loire, comme Sanfon l'a cru, Se
d'autres après lui ; mais c'eft. un lieu qui n'en ett pas?
éloigné , Se qui porte le nom même de Mesve , qui
étoit autrefois écrit Maisvc. Ce village eft fur la Loire»
une lieue plus bas que la Charité , à l'endroir où le
ruiffeau de Mazou fe décharge dans cette rivière. Sa
cure eft nommée parmi les trenre fept anciennes , donc
il eft fait mention dans les réglemens de faint Aunaire ,
évêque d'Auxerre , vers Tan 580. Elle avoir dès-lors
beaucoup de dépendances , Se peut-être que les maifons
du côté où a été bâtie depuis la Charité en dépen-
doient. Saint Telmée , évêque d'Auxerre, vers l'an 700.
nomme auflï Mesve dans fes flatuts. Le continuateur:
de Fredegaire , dit qu'en l'an 760. Pépin fortant d'Au-
xerre Se allant en Aquitaine, ce fut à Mesve qu'il pana
la Loire , Ad Masvam vicum in pago Autifiodorenfî*
Le dictionnaire univerfel de la France dit fauffemenc
que Mesve eft du diocèfe de Nevers. On dit que la
cure de ce lieu ett nommée dans une chartre de l'évê-
qne Alain, comme étant donnée au prieuré de la Cha-
rité. Cependant l'abrégé hiftorique de ce prieuré , pu-
blié en 1709. par Bernor , porte à la page 18 que ce
fut vers la fin du onzième fiécle que Rodolphe du
Bois donna à cette maifon la moitié de l'églife de
Mesve Se de fes dépendances. Saint Julien martyr ed
patron de l'églife de ce lieu.
MESUGA PROVINCIA, & Cozerimorum Ter-
ra. On rrouve ces noms dans le rabbin Eldad Danius,1
cité par Ortelius , Thefaur. Il ajoure que les Juifs y
fureur gardés prifonniers. Cette province devoir être
au voifinage de la Pcrfique ou de la Babvlonie.
MESUIUM, ville de la Qermanie. Ptolomée,/. 2.
e. u. la place entre Lupin Se Argelia. C'eft à préfent
Tom, IV» G g ij
MES
2.36
Magctcbourg fur l'Elbe, félon Pierre Appien. * Ortelii
Theiàur.
MESURACA , bourgade d'Italie, au royaume de Na-
plcs , dans la Calabre ultérieure , vers la fource de la
ïiviere Tacina , entre Policaftro & Belcaftro -, la pre-
mière vers le nord , ôc la féconde au midi. * Magin ,
Carte de la Calabre ultérieure.
MESURES ITINERAIRES , mefures dont les diffé-
rens peuples fe font fervis, ou fe fervent encore au-
jourd'hui pour évaluer les diftances des lieues, ôc la
longueur des chemins. Si elles exprimoient toujours une
valeur déterminée , il feroit facile de les connoître ;
mais comme tout y eft varié, on a tâché de raffem-
bler dans cet article tous les détails néceffaires pour
mettre le lecteur à portée d'évaluer les calculs d'une
nation & d'un fiécle à un autre. Commençons par les
Anciens.
Mesures Itinéraires des Hébreux.
Les Hébreux & les Arabes fe font fervis du mot Vd
Mil , pour fignifier un mille. 11 y a apparence que ce
mot qui ne fe trouve que dans les écrits de quelques
rabbins , eft emprunté de la langue latine. Schindler
dans fon pentagloton , rend ce mot par milliare ltali-
cum, un mille d'Italie, ôc l'explique par le chemin
qu'il eft permis de faire un jour de fabbat. Il dit ail-
leurs que le Mil eft de trois mille coudées; ce qu'il
exprime par cette étrange latinité, très mille cubiti,
pour ter mille cubiti, ou tria millia cubitorum ; mais il
rend le mot de HD13 Pars a , par le même mot de
biilliare en latin , ôc ajoute , que dix font la mefure du
chemin que fait en un jour un homme qui marche mé-
diocrement. Lichtfoot trouvant parmi les Hébreux trois
fortes de mefures pour marquer les diftances , les ex-
plique ainfi. Les Juifs , dit-il , avoient coutume de di-
vifer la terre d'Ifraël en quatre cens Par/es en carré.
Cette manière de compter femble leur être favorite ,
& ils s'en fervent avec une espèce de prédilection. Il
en rapporte plufieurs exemples , ôc ajoute que la Parfa
des Hébreux contenoit quatre milles pas. Dix parfes ,
continuc-t-il, font quarante milles, de forte que qua-
tre cens parles ou parafangues font feize cens milles.
* Dec as eborogr. Marco prxmijja , cap. 8.
Les auteurs du talmud comptent quelquefois par
inillcs , quelquefois par parfes , ôc quelquefois par jour-
nées.
Leur Mille n'étoit pas de huit ftades, comme celui
des Grecs & des Romains, dont nous parlerons dans la
fuite, mais de fept ftades ôc demi.
A l'égard de leur journée de chemin , voici comme
les rabbins l'expliquent eux-mêmes. On demande quelle
eft la mefure du chemin d'un homme en un jour î Ré-
ponfe. S'il part dès la petite pointe du jour , il au-
ra fait cinq milles lorsque le foleil fe lèvera ; depuis
l'inftant du foleil couchant , jusqu'à ce qu'on voye les
étoiles , il fera cinq autres milles, reftent trente milles ;
quinze depuis le matin jusqu'à midi , ôc les quinze au-
tres depuis le midi jusqu'au foir. Telle eft , félon les
rabbins , une journée de chemin telle qu'un homme la
peut faire ; mais communément ils n'y mettent que
trente milles: encore eft il bon d'avertir que le calcul
précédent eft fait pour la faifon de l'équinoxe , & qu'un
jour d'hiver n'y fufïiroit pas. A l'égard du ftade hébreu ,
le même critique Anglois obferve que les Hébreux fe
fervent du mot on Ris pour dire un ftade. Il n'étoit
point permis , félon eux , de tendre des filets aux pi-
geons plus près des maifons que de trente ftades ou Ris.
Et comme il falloit fept ftades ôc demi pour faire un
mille, les trente valoient donc quatre milles. * Morœ
Hebraic. in evang. Job.
On s'étonnera que les uns difent que le mille des
Hébreux étoit de trois mille coudées , & que d'autres
ne le fanent que de deux mille. Reland dit que les Juifs
ont coutume d'évaluer le Mil Vn à deux mille cou-
dées. 11 cite Rabi Levi Barzelonite , qui dit que la Parfa
contient quatre milles , & qu'un mille eft de deux mille
coudées. 11 ajoute : Maimonide dit , que fi quelqu'un eft
à la campagne , & qu'il ne fâche pas au jufte quel eft
le chemin qu'il eft permis de faire un jour du fab-
bat, qu'il marche deux mille pas médiocres, Ôc cet es-
MES
pace fera celui du chemin permis le jour du fabbat.
Reland , remarque qu'Origéne parle aufii dans le même
fens.
Si cette mefure étoit bien avérée , nous apprendrions
par là ce que c'étoit que la coudée des Hébreux , &
quelle en eft la véritable mefure. Car le mille S'Q con-
tient mille pas , chaque pas eft de cinq pieds romains >
donc mille pas font de cinq mille pieds romains.
Pas Pieds.
1 égal à j
iooo égaux à jcco.
Nous venons de voir ci-devant que le mille contienC
deux mille coudées.
Coudées Pieds.
Donc 200 égales à jooo.
2 à 5.
Donc 1 égale à 2 & demi.
Si l'on compare les coudées, des écrivains du tal-
mud à celles qu'emploie Jofephe , on trouvera un tiers
de différence. Ceux-ci, par exemple, difent que l'au-
tel avoit dix coudées de hauteur. Jofephe lui en donne
quinze. Les portes du parvis avoient , félon les Tal-
mudiftes , vingt coudées de hauteur ôc dix de largeur ; Jo-
fephe dit qu'elles en avoient trente de hauteur & quinze
de largeur : la différence eft toujours d'un tiers. Reland
croit que Jofephe s'eft fervi des coudées romaines pour
être mieux entendu des étrangers pour qui il écrivoit ;
ôc il ajoute que la coudée romaine étoit d'un pied 8c
demi, ou trois demi-pieds, ôc la coudée des Hébreux
de deux pieds & demi , ou cinq demi-pieds , en ce cas
Jofephe a employé un faux calcul : car la différence de
ces deux mefures étant de trois à cinq , il ia fait mal-
à-propos de quatre à fix.
Mais voici une autre difficulté. Iter Sabbaticum , ou
le chemin qu'il étoit permis de faire un jour de fab-
bat , comprenoit un espace de deux mille coudées ,
comme on vient de voir; & il y a des auteurs qui di-
fent qu'il étoit égal à fix ftades. Saint Epiphane , né
dans la Paleftine ôc de race Juive, pouvoit-il ignorer
la jufte mefure du chemin permis au jour du fabbat î
Cependant il écrit, Haref. 66. Il n'eft pas permis de
marcher le jour du fabbat plus loin que fix ftades. Si
l'on fuppofe que par le mot ftade faint Epiphane a en-
tendu des ftades romains de cent vingt-cinq pas, les'
fix font égaux à trois mille fept cens cinquante pieds
romains, qui valent deux mille cinq cens coudées ro-
maines d'un pied ôc demi, ou trois demi-pieds romains
chacune ; mais comme les Hébreux comptent cinq cens
coudées moins, c'eft à-dire deux mille de leurs coudées
au lieu de deux mille cinq cens coudées romaines , il
s'enfuit que leur coudée eft égale à un pied romain plus
dix fept cens cinquante parties d'un autre pied partagé
en deux milles. Ainfi la proportion de la coudée hé-
braïque, félon ce calcul, eft au pied romain comme
1 à 1. plus 1750-2000. Ce qui ne convient pas à l'idée
que l'on a donnée ci-deflus de la différence de la cou-
dée des Hébreux à la coudée romaine.
Il eft vraifemblable que la coudée ne différoit point
chez les Egygtiens ôc chez les Hébreux. Ces derniers
avoient fait un long féjouren Egypte, leur esclavage , leurs
travaux les avoient fans doute accoutumés aux mefures
des Egyptiens ; de forte que quand même ils auroient
eu dans la famille de Jacob une mefure diffétente de
celle des Egyptiens , la néceflîté de fe conformer aux
ufages d'un pays où ils vécurent fi long tems, les au-
roit ramenés infenfiblement aux mefures égyptiennes.
Or nous avons un partage d'Hérodote , /. 1. ». 149.
fur les mefures de ces derniers. Le voici , c'eft à l'oc-
cafion de deux pyramides que l'on voit dans le lac de
Mœris. Presque dans le milieu , dit cet auteur , il y a
deux pyramides qui ont deux cens coudées de hauteur
au-deflus du niveau du lac, qui en cache une pareille
profondeur fous l'eau. Au-defius de chacune eft un co-
lofle de pierre. Ces pyramides font donc hautes de qua-
tre cens coudées, ôc ce nombre de coudées revient
juftement à fix cens pieds. L'orgye contient fix pieds ou.
quatre coudées ; le pied eft de quatre palmes , & la
coudée eft de fix palmes. Hérodote, /. 2. n. i6j. dit
ailleurs que la coudée d'Egypte ôc celle de Samos eft
' la même. Il eft à croire qu'Hérodote dans cette évalua-
MES
MES
rîon parle du pied des Grecs, dont quatre mille huit
cens faifoient le mille romain égal à cinq mille pieds
romains. Cette différence a jette par la fuite de la
confufion dans l'évaluation du ftade romain , comme
nous le dirons ci-après.
Je crois qu'il faut mettre ici , comme un axiome ,
cette vérité que de lifte a remarquée , que les ftades
Se les parafangues étoient beaucoup plus petites dans la
haute antiquité que du tems des Romains ; Se que les
petites mefures qui ont toujours paru relatives aux gran-
des, ont aufli changé dans la même proportion. En
effet, pourfuit-il, il y a beaucoup d'appparence que dans
les premiers tems les pas dont on s'eft fervi pour me-
iurer les terres , ont été réglés fur le pas commun ,
qui n'eft que de deux pieds quatre pouces de Paris,
valant deux pieds & demi romains ; au lieu que le pas
du tems des Romains étoit de cinq de leurs pieds.
Que dans la fuite on a augmenté cette mefure du don»
ble , à caufe que le pas commun pris tout feul , n'eft
proprement qu'un demi-pas , n'étant qu'une fimple dé-
marche. Peut-être aufli ces deux fortes de pas ont-ils
été employés à deux ufages différais dans le même-tems ;
le pas commun , ou le pas fimple à l'arpentage , Se le
pas double à l'architecture; & que le pas géométrique
qui eft le dernier , l'aura enfin emporté , Se aura été
employé pour l'arpentage aufli bien que pour l'archi-
tecture ; fur-tout depuis que les Romains ont fait
conffruire Se mefurer géométriquement leurs routes
militaires, Ceci fe prouvera encore mieux, lorsque nous
parlerons des anciens ftades. * Mém. de l'Acad. roya-
if des Sciences , année 1721. p. 78.
Mesures itinéraires des Egyptiens.
On n'en peut rien dire de plus clair que ce que nous
en enfeigne Hérodote, /. 2. c. 6. La longueur de l'E-
gypte , le long de la mer , eft de foixante Schœnes , à
prendre l'Egypte, depuis le golfe de PIinthine( au fud-
oueft d'Alexandrie ) jusqu'au lac de Sirbon auprès du
mont Cafius. 11 y a donc de l'un à l'autre foixante fchee-
nes ; car ceux qui ont peu de terres , les mefurent par
Orgyes, c'eft une mefure de quatre coudées. Ceux
qui en ont davantage, les mefurent par Stades, &
ceux qui en ont beaucoup, les mefurent par Parasan-
gues ; ceux enfin qui en ont une très-grande étendue,
les mefurent par Schœnes. La parafangue répond à
trente ftades , le fchoene répond à foixante ; ainfi l'E-
gypte avoit le long de la mer trois mille fix cens
ftades.
Ce paffage d'Hérodote eft d'autant plus remarqua-
ble , qu'il nous apprend toutes les mefures des Egyp-
tiens ; favoir,
L'orgye qui eft de quatre coudées. En joignant ce
paffage avec celui que nous avons déjà rapporté , nous
(couverons que
4 Palmes font 1 pied,
6 Palmes 1 coudée,
4 Coudées ou ilx pieds 1 orgye.
Ainfi l'orgye eft une toife , dont les pieds font appa-
remment ceux des Grecs.
Le Stade des Egyptiens devroit être une mefure dé-
cidée, fi ceux qui ont mefure les pyramides s'en étoient
acquittés avec une exactitude égale. Voici ce que Caffini
* remarqué fur ce fujet. Hérodote, dic-il , donne la lar-
geur de la plus grande pyramide d'Egypte à fa bafe de
800 pieds , Se par conféquence d'un ftade Se un tiers.
Le pied d'Hérodote étoit au pied de Paris comme 60
a j 1 , on aura donc dans cette proportion la largeur
de la pyramide à fa bafe de 680 pieds de Paris. Cha-
zelles mefura avec un cordeau la bafe de cette pyra-
mide qui eft fur un terrein inégal , élevé vers le milieu ,
<& le trouva de 690 pieds de Paris , d'où il dit qu'il
falloit ôter quelque chofe pour avoir la bafe jufte. Si
l'on en ôte dix pieds , on aura la largeur de la bafe de
680 , comme nous l'avons calculée ci-deffus.
Gemelli ( Careri ) qui a fait le tour du monde , rap-
porte les mefures de cette pyramide où il a été l'an
1695. comme il les a reçues du père Fulgence de Tours ,
Capucin 3 mathématicien , qui trouva la largeur de
237
chaque côte de cette pyramide de 682. pieds de Paris;
conformément à Thevenot dans fon voyage du Levant,
ce qui s'accorde à peu près à la mefure que nous ve-
nons de déterminer de neuf ftades par mille. Les me-
fures qu'il en donne s'accordent aufli à celles que Jau-
geon a reçues de Noiniel, ambaffadeur de France à la
Porte. 11 y a lieu de s'étonner que Gréaves mathémati-
cien Anglois, dans fa pyramidographie, ait trouvé la
bafe de cette pyramide mefurée par les triangles de 6y$
pieds de Londres, qui font au pied de Paris comme ic
à 16. Suivant cette proportion , la largeur de cette py-
ramide ne feroit que de 6/0 pieds de Paris , d'où l'on
peut voir les différences qu'il y a entre les mefures d'une
même grandeur prifes pardiveifes perfonnes, & rédui-
tes au même pied. Strabon qui alla en Egypte avec
^Elius Gallus vers l'époque de J. C. donne la largeur de
cette pyramide d'un ftade. Il fait donc le ftade plus grand
d'un tiers qu'Hérodote ; Se que les géographes dont il a
emprunté les dimenfions des côtes méridionales de la
France , exprimées par ftades.
Diodore de Sicile qui fut en Egypte foixante ans avant
l'époque de Jefus-Chrift , dit que la plus grande pyra-
mide avoit dans fa partie inférieure , chaque côte de
fept arpens. Six arpensfont un ffade, fuivant Hérodote;
dont chaque côté étoit d'un ftade Se un fixiéme. Nous
avons donc trois différentes dimenfions de la pyramide er»
ftade : une d'un ftade jufte ; une d'un ftade & un fixiéme v
& une d'un ffade & un tiers. D'où Caffini conclud que U
mefure des ftades étoit aufli équivoque parmi les anciens
que la mefure des milles Se des lieues parmi lesmoder-,
nés. La mefure des milles , pourfuit il , étoit plus uni-
forme. Cette comparaifon prouve que le pied moderne
de Rome d'un palme Se un tiers eft égal au pied ancien p
employé dans la mefure des diffances des villes de France ,
Se que l'un Se l'autre font au pied de Paiis , comme 11 à
12 » ayant négligé une petite fraction , qui dans la pra-
tique eft infenfible.
Mais le pied d'Hérodote , avec lequel il mefura la py-
ramide étant au pied de Paris, comme ji à 60 , eft égal
à 10 pouces 2 lignes Se deux tiers du pied de Paris. C'eit
un des grands pieds d'un homme d'une grande taille , Se
tel devoit être le pied d'Hercule , avec lequel il mefura
les ftades pour les jeux olympiques , leur donnant 600 de
fes pieds , qui font cent pas, félon Hérodote. Cet auteuc
divife le pas en fix pieds , comme nous divifons la toife
en fix pieds de roi.
Pline donne la longueur de chaque côté de la bafe de
la plus grande pyramide de 883 pieds. Ce. ne font
pas de ces pieds de la mefure itinéraire que nous
avons trouvé par plufieurs comparaifons , être au pied de
roi , comme de 1 1 à 1 2 ; car fuivant cette proportion »
la bafe qui a été trouvée de 982 pieds de Paris , devroit
être de 744 de la mefure itinéraire ancienne , au lieu de
S83 que Pline lui donne. Cette mefure eft donc au pied
itinéraire ancien, comme 744-3 883. Il y a donc appa-
rence que le pied de Pline étoit un pied d'architecte,
d'une mefure différente du pied romain.
Il y a encore une différence plus confidérable dans la
mefure de la place carrée qui refte au fommet de cette
pyramide. Pline fait fa largeur de vingt-cinq pieds. The-
venot Se Gemelli l'ont trouvée de 16 pieds Se deux tiers.
Si l'on fuit la proportion des mefures de la bafe en difanc :
comme 682, mefure de Thevenot Se de Gemelli, eft à
883 , mefure de Pline ; ainfi 16 Se deux tiers font à un
quatiieme nombre : on aura pour la largeur de cette
place , 2 1 pieds Se demi , au lieu de 2; que Pline lui don-
ne. On pourroit attribuer cette différence, qui eft de trois
pieds & demi , à la démolition de la croûte de marbre
dont cette pyramide devoit être revêtue du tems de Pline.
L'épaiffeur de cette croûte auroit été d'un pied Se trois
quarts de la mefure de Pline. Cette diminution à la bafe,
ne varie pas fenfiblement la proportion de divers pieds
que nous avons examinés , Se n'accorde pas les différen-
tes dimenfions qu'on en donne.
M. de Caffini dit que s'il eff difficile d'accorder enfemble
les mefures de la même bafe qui fubfifte toujours fans va-
riation fenfible , Se qu'on peut mefurer exactement , on
peut juger combien il l'eft aufli de s'affûter des diffances
des villes qui n'ont pas été mefurées actuellement , mais
qui quc été pour l'ordinaire déterminées pat l'eftime
^8
MES
MES
groffiere du tems que Ton emploie à aller de l'une à
l'autre.
La Parasangue eft originairement de trente ftades ,
dont chacun cil de fix cens pieds grecs. Mais cette mefiuc
a enfuite varié , comme nous dirons en parlant des me-
fures itinéraires des Perfes.
Il en eft demêmeduScH<ENE,quidevoit être de deux pa-
rafangues ou de foixante ftades. Hérodote dit que leSchœ-
ne eft une mefure égyptienne , ce qui détruit la conjecture
•de faint Jérôme , qui fans doute n'a fait que copier en
cela quelque Grec poftérieur de pluficurs fiécles à Héro-
dote. Ce dernier écrivoit long-tems avant que la langue
grecque eût été portée en Egypte fous les Ptolomées ; 8c
puisque le mot de fchœne étoit en ufage parmi les Egy-
ptiens avant qu'Hérodote écrivît , il ne peut donc pas avoir
une origine grecque. Ceft par un pur hazard qu'il reflem-
ble au mot grec <r%oivos , qui veut dire du jonc , 8c com-
me le jonc fervoit à faire des cordes , les Grecs appel-
ioiento-^Mc/W, une corde faire de jonc. Saint Jérôme dans
fon commentaire fur la prophétie de Joël , dit : Sur le
Nil & fur fes bords on a coutume de tirer les barques avec
des cordes , & il y a de certaines diftances qu'on nomme
Funiculi , où ceux qui tirent ces cordes font relevés par
d'autres hommes. On voit bien que le mot Funicuii eft
une traduction du mot fchœne pris dans le fens de corde ,
& que faint Jérôme a cru que le nom de cette mefure ve-
noit effectivement du grec , ce qui ne peut être , par la
fïaifon que j'en ai dite.
Il y a plus de difficulté fur la véritable valeur de cette
. mefure. Selon Hérodote , elle eft le double de la para-
fangue , & égale à foixante ftades ; mais Strabon, lib. 1 1 .
fag. $o. dit que Téophane avoit mefure l'Arménie, 8c lui
donnoit cent fchœnes de longueur 8c de largeur -, il ajoute
que chaque fchœne vaut quarante ftades. S'il n'y avoit
que ce pafiage,.il feroit aifé d'y trouver une folution , en
difant que comme la parafangue étoit commune aux Egy-
ptien; & auxPerfans.le fchœne pouvoit auffi êtie commun
aux deux nations , qui lui donnoient chacune une étendue
différente. Cela eft très-conforme à ce que nous voyons
tous les jours à l'égard des lieues & des milles. Ainfi il
•ferait uès-poffible que les fchœnes d'Egypte euffent été
plus grands d'un tiers que ceux d'Aimenie 8c de Perfe ;
mais Strabon lui même nous apprend que les fchœnes,
même en Egypte , n'étoient pas d'une égale longueur ; 8c
qu'en remontant le Nil , il avoit remarqué qu'on com-
ptoit un pareil nombre de fchœnes pour des diftances ,
dont la navigation étoit plus courte ou plus longue. Il
fournit , /. 17. p. 804. de quoi plus embrouiller encore
cette matière^ Artemidore , dit-il , veut qu'en remon-
tant le Nil depuis Alexandrie jusqu'à la poinre du Delta ,
il y ait ving-huit fchœnes,qui valent 840 ftades , car il fait
îe fchœne de trente ftades. Pour nous, continue Strabon ,
en remontant ce fleuve , nous avons trouvé qu'en nous
marquant les diftances, on fe fervoit de différentes me-
fures ; deforte qu'en quelques endroits ils faifoient le
fchœne de quarante ftades , & de plus en d'autres. Arte-
midore prouve auffi qu'il y a des fchœnes de différente
mefure en Egypte. Selon lui , en remontrant de Memphis
vers la Thébaïde , chaque fchœne eft de cent vingt ftades \
de la Thébaïde à Siéne , chacun eft de foixante. De Pe-
îufe à la pointe du Delta , il compte de navigarion vingt-
cinq fchœnes, évalués à fept cens cinquante ftades, ce
qui fait trente ftades par fchœnes ; on pourroit dite de ces
derniers, qu'ils n'étoient que des demi fchœnes , cV que
ceux entre Memphis & la Thébaïde étoient de doubles
fchœnes ; que la vraie 8c ancienne mefure des fchœnes
étoit de foixante ftades , comme du tems d'Hérodote ;
qu'avec le tems on avoit confondu le fchœne 8c la para-
fangue , fur-tout dans les lieux les plus fréquentés par l'é-
tranger : car du côté de Siéne,où les étrangers voyageoient
plus rarement , on voit par le paffage rapporté que le
fchœne étoit refté limité à foixante ftades , comme Héro-
dote le fixe.
MlSURES ITINÉRAIRES DES PERSES.
Les Parasangues étoient une mefure fort en ufage
chez les Perfes. Nous venons de l'évaluer à trente ftades ,
c'elt-à dire , à la moitié du fchœne. Hefyche lui donne
Je même nombre de ftades. Les Arabes l'évaluent à trois
de leurs miles , dont nous parlerons dans la fuite. Pline ;
/. 6. c. xG. fe plaint de ce que les auteurs ne s'accordoient
pas fur l'étendue que doit avoir la parafangue. Inconftan-
tiam menfurœ diverfitas auîtorum facit cùm Pcrfa quoque
fchœnos & parafangas alii alia menfura déterminent^
Ainfi nous ne fouîmes guéres en état de déterminer quelle
étoit la jufte mefure de la parafangue 8c du fchœne chez
les anciens Perfes. Quant aux Perfans du moyen âge ,
nous parlerons de leurs mefures avec celles des Arabes.
Le livre d'Ifidore de Charax , où il marque les diftances
des principaux lieux du pays fournis aux Pannes , eft ex-
primé par fchœnes.
Le fçavant Dodwel dans fa differtation fur Ifidore de
Charax inférée au fécond volume de la collection des pe-
tits géographes grecs , §. 1 3. p. y 6. dit qu'avec le tems on
transporta le nom de fchœnes aux parafangues. On en
vient de voir la preuve , puisqu'il y avoit des fchœnes de
trente ftades qui font la mefure de la parafangue dans fon
origine ; ôc qu'en échange il y avoit des parafangues de
foixante ftades qui font la mefure originelle du ichœne.
On voit par un fragment de Julien l'architecte , que Ca-:
faubon avoit vu en manuferit , 8c qu'il cite dans fon com-
mentaire fur Strabon , que la mefure la plus ordinaire
des parafangues de fon rems étoit de quarante ftades. Il
eft certain que ce n'eft pas l'ancienne , 8c il paroît qu'on
ne l'avoit inventée qu'après que les Romains fe furent in-
troduits dans le Levant ; on ne la préféra fans doute que
pour la facilité d'évaluer leurs milles en parafangues , &
pour éviter les fractions 5 car une parafangue de quarante
ftades [ en fuppofant que par le ftade on entend iij pas
géométriques ] répond précifémenr à cinq mille pas ro-
mains ; des parafangues de 2j , de 30 , de 60 ftades font
nécefiairemenr des fractions toujours incommodes dans
les calculs. Pour connoitre les fchœnes des Parthes il n'y
a qu'à prendre une diftance qu'ils expriment par fchœnes,
& la comparer avec la même diftance expu'mée par milles
romains dans quelque autre auteur. On aura pour lors la
véritable valeur du fchœne dont ils fe font fervi , 8c il fera
aifé de réduire le mille en ftades , qui en eft la huitième
partie.
Dodwtl remarque que les parafangues de trente ftades
pourroient bien avoir donné lieu aux milles de fept fta-
des 8c demi , dont quelque Grecs ont parlé. Le retran-
chement d'un demi-ftade par mille eft commode pour
faire un compte rond , car alors quatre mille de cette
efpéce font de trente ftades , & valent une parafangue,
ce qui ne feroit pas fi chaque mille étoit de huit ftades,
en ce cas les quatre milles excéderoienr la parafangue de
deux ftades -, & le calcul cefferoit d'être auffi aifé , puis-
qu'il y auroit néceflairement des fractions toujours incom-
modes. Nous donnerons encore une autre raifon qui a
pu donner lieu aux milles de fept ftades 8c demi.
Mesures itinéraires des ancien»
Grecs.
Ces fix vers latins expriment les différentes mefures des
Grecs.
Quatuor ex digitis conftabat Grxca Palefte :
llla ter in Spitame -.jufioquater in Pede : Senos
Fert Oigyapedes : Peletro centefimus eft pes :
Arvus dimidium eft : Stadiumque coercet Achivum,
Scxccntos : Stadia Aftyriis ignota Pharoque
Triginta antiquis Parafanga & Schœnus habebant.
La Paleste, Ua^-cçt', étoit une mefure répondante à la
largeur de quatre doits. Ceft le Falmus des Latins.
Quelques uns confondent Falmus 8c F aima , mais Fal-
mus n'eft que de quatre doigts -, Falma eft le double.
Ceux qui regardent ces mots comme fynonymes , difenc
du Falmus qu'il eft de deux fortes , le petit qui eft la Pa-.
lefte , 8c le grand qui en vaut deux. Ce dernier a été con-
fondu avec le Spitame par Pline , fi nous en croyons le
P. Ikiet , ce que je ne trouve point dans cet auteur.
J'y vois feulcmeur que Pline dit, en parlant des Pyg-
mées : Supra hos extrema in parte montium Tristithami
Fygmd qui narr'antur , temas Sfitamas longitudine , hoc
eft ternos dodrantes non excédent es ; c eft- à-dire , que ces
Pygmées n'avoi'ent de hauteur que trois fpitames , 8c en
même tems il évalue le Spitame au Dodrans , c eft-à-
dire , à neuf pouces , dont douze faifoient le pied ro-
MES
mains. On voit bien que Pline a pris les chofes à peu près,'
c? en fuppofant que le pied des Grecs étant différent du
pied romain , comme nous le dirons plus bas , douze
doigts des Grecs ne differoient guère de neuf pouces ro-
mains. Les vers mêmes nous marquent que le fpitame
devoir être de neuf pouces ; car un pied julle valoit quatre
palettes ou feize doigts , donc quatre paleftes égales à
douze pouces, Se trois égales à neuf; donc les quatre
doigts de la palefte étoient égaux à trois pouces.
Le pied des Grecs étoit de feize paleftes , cv plus grand
que le pied romain d'un vingt-cinquième , de forte que
600 pas grecs étoient égaux à 61$ pas romains.
L'orgye étoit de fix pieds , Se répondoit à notre toife
dans la même proportion qu'il y a entre le pied des Grecs
& le pied de roi : on l'évaluoit aufii a quatre coudées,
comme je l'ai déjà dit ailleurs. 11 y avoit deux fortes d'or-
gyes : l'orgye julk de fix pieds , & la grande de dix. Théo-
phrafte parle quelque part de cette derrière.
Le PELETHRUM OU PLETHRUM , riÀsôfCe OU Xlihifylv ,
étoit une melure de cent pieds.
L'arvus A"f»i.st , étoit la moitié du pelethrum , c'eft-
à-dire , de cinquante pieds. 11 y a des auteurs qui triplent
cette melure & lui donnent cent coudées , c'elt-à-dire,
cent cinquante pieds.
Le stade des Grecs eft de fix cens pas , ce qui ne
doit à 'entendre que de certains ficelés , car il eft confiant
que les anciens itades étoient beaucoup plus petits. En
voici les preuves.
Un degic de l'equateur vaut 75 milles romains. [ Cela
eft prouvé ci après. ] il y a tout au plus cent vingt-cinq
pas dans un iiadc ; cela ne produit , toute déduction
faite , que fix cens ftades dans un degré. Presque tous
nos géographes y en mettent encore moins ; car , comme
ils iuppofent fauiîèment que le degré n'eit que de foixante
milles romanis , il faut retrancher un cinquième des fix
cens ftades, Se il n'en réitéra plus que quatre cens qua-
tre-vingt , ce qui ne s accorde point avec la faine antiqui-
té. Comment eit-il vraifemblable qu'Alexandre voulant
appaifer une fédition ait fait fix cens itades en deux jours
avec fon armée \ Selon le faux calcul de ceux dont nous
venons de parler , cela reviendroit à vingt-quatre lieues
par jour , en prenant des lieues de trois mille pas géomé-
triq les ; mais la choie devient poffible.lorsqu'on prend les
Itades qui étoient en ufage du tems de Xénophon , d'A-
riltore , Se par conféquent d'Alexandre.
En comptant avec Xénophon feize mille cinquante ita-
des depuis Ephéfc jusqu'au lieu où fe donna la bataille
que Cyrus perdit contre fon frère , on trouve , comme
l'a remarqué de l'Ifle , Mémoires de l'académie des
Sciences , année 172 1, p. 78. que le calcul de cette diftan-
ce qai eft connue d'ailleurs , demande que ce foient des
ftades dont il faut plus d'onze cens dans le degré. Cela
s'accorde mal avec le préjugé des modernes; le mal n'eit
pas grand ; en récompenfe cela convient avec le calcul
que l'on a taxé d'erreur dans Ariitote , faute de l'enten-
dre. Ce philofophe dans fon livre de Cœlo , dit que la
terre a quatrecens mille fiades de tour : cela donne par le
calcul onze cens onze fiades dans un degré. Voilà les
Itades qu'il faut entendre , lorsqu il s'agit des mefures iti-
néraires employées par Diognete Se Béton, géomètres, qui
accompagnoient Alexandre , Se fur les mémoires & les
calculs de qui Strabon , Pline , Arrien Se Quinte-Curfe
ont fouvent parlé des fiades de ce tems. Avec cette reftri-
étion, la marche d'Alexandre n'eft plus qu'admirable , fans
être impoiiib'e : douze lieues de marche dans un pays
chaud, avec des troupes armées pefamment , font difficiles.
Faute d'avoir fait cette réflexion , le géographe du Val a
fait une carte de l'expédition de Cyrus , publiée en 1655.
dans laquelle évaluant , félon le préjugé ordinaire , les
itades de Xénophon , il fait faire à l'armée des dix mille
Grecs , cinq cens lieues plus qu'elle ne fît effectivement,
& donne à l'Afie Mineure quinze cens lieues carrées au
lieu de fix cens qu'elle doit avoir par les difiances de Xéno-
phon réduites aux mefures ufitées de fon tems , Se par les
obfervations aftronomiques faites à Conttantinople , à
Trebifonde , à Smyrne Se à Alexandrette , qui font aux
quatre extrémités de ce pays. Le ftade de Xénophon Se
d'Aï iftore elt donc de près de la moitié plus petit que le
ftade dont huit font un mille romain ; Se la différence
peut en être facilement appréciée par celle-ci.
MES 239
Un degré de l'equateur égal à 600 ftades romains de
huit au degré.
Le même degré égal à 1 1 1 1 ftades d'Ariftote & de Xé-
nophon.
Ainfi , comme 600 font à 1 n 1 , de même le ftade ro-
main à l'ancien ftade.
Un double ftade ou deux cens cinquante pas étoit nom-
mé par les Grecs Diaulos , c'étoit un quart de mille.
Quatre ftades ou le demi -mille s'appelloit Dolichos.
L'auteur des vers que nous expliquons , fuit l'opinion
de ceux qui confondent la parafangue Se le fchœne ; il
fuppofe que les ftades étoient inconnus aux Egyptiens.
Hérodote, /. 2. c. 6. dit bien exprefTément le contraire
dans le paflàge que nous en avons rapporté.
Mesures itinéraires des Romains»
Elles font exprimées dans ces cinq vers latins.
Quatuor ex granis Digirus compenitur unus :
Eft auater in Palmo digitus : quater in Pede Palmus:
Quinaue pedes Vattum facium paffus quoque cemum
Viginti-qitinque Stadium dant : at Miliare
Otlo dabuntftadia : Duplicatum dat tibi Leucam.
Les Romains ne partageoient pas comme nous le pied
en pouces, mais en doigts, c'elt à-dire, en prenant les
doigts de la main étendue dans leur largeur. Quatre
doigts pris ainfi faiibient le palme , Se quatre palmes fai-
foient le pied. Chaque doigt fe parrageoit en quatre
parties mefurées par quatre grains , couchés à côte l'un
de l'autre Se pris dans leur laigeur.
Outre cette divifion du pied romain en feize doigts,
ils en avoient encore une autre ; l'once, uncia, qui
étoit la douzième partie du pied romain, comme le pouce
eft aujourd'hui la douzième partie du pied de roi.
Le Palme , palmus, étoit de quatre doigts , Se faifoie
la quatrième partie d'un pied.
Le pied étoit de feize doigts ou de douze onces. Cas-
fini l'a évalué de cette manière dans fon admirable ou-
vrage de la figure de la terre , 1. pan. c. 14. p. 184.
La diftance de Narbonne à Nîmes eft, dit- il , félon
nos dimenfions, de 67J00 toifes de Paris. Strabon mec
de Narbonne à Nîmes quatre-vingt huit milles. Le che-
min de l'une de ces villes à l'autre eft allez droit , & il y a
peu de réduction à faire. Diftribuant 6"7;oo toifes à 8S
milles , on aura pour chaque mille 767 toifes un vingt-
deuxième. Nous négligeons cette petite fraction , par-
ce que nous ne pouvons pas prétendre avoir précifément
les mêmes termes de ces deux villes que ceux qui furent
pris par les anciens. Chaque pas étoit de cinq pieds , Se
le mille de cinq mille pieds de douze pouces chacun. La
toife eft de fix pieds de Paris , donc fept cens foixante-
fept toifes font 4602 pieds , négligeant deux pieds donc
il eft difficile de s'afïurer dans la pratique pour avoir un
compte rond ; 4600 pieds de Paris feront égaux à ; 000
pieds géographiques anciens qui font comme 46 àjo,
ou 23 à 2J.
Ainfi le pied de Paris de douze pouces fera égal à
un pied ancien , plus un pouce Se un 23e de pouce
du pied ancien , Se le pied ancien fera égal à onze
pouces Se un 25e du pied de Paris. Si l'on fuppofe le
mille ancien de 764 toifes ', il fera plus petit de trois
toifes, Se le pied ancien fera au pied de Paris à très-
peu près comme 1 1 à 12. On verra dans la fuite que
Snellius s'eft trompé quand il a cru que l'ancien pied
romain étoit égal au pied de Rhein ou de Le} de,
La Coudée fe prend depuis le bout du doigt du mi-
lieu jusqu'au pli du bras. Mais comme cette mefure va-
rie dans les hommes , on l'avoir fixée à un pied Se de-»
mi romain.
Le Pas eft l'espace qui eft entre la pointe d'un pied
jusqu'à la pointe de l'autre d'un homme qui marche.
On diftingue le grand pas & le petit pas. Le périr eft
de deux pieds & demi ; le grand eft de cinq pieds. C'eft
ce dernier que l'on appelle Pas géométrique , ou Am-
plement Pas , en matière de géographie.
Le père Briet diftingue ces deux fortes de pas chaeu-'
ne en trois claiTes»
24°
MES
MES
Le Pas
Petit ou
Simple
| Grand ou
double.
r i de deux
u < 2 de deux
. I 3 de trois
de deux pieds.
pieds ôc demi,
pieds
de quatre pieds.
de cinq pieds , c'eft le
pas géographique,
de fix pieds , c'eft le pas
d'Hérodote,
La Perche étoit de deux pas ou dix pieds. Le père
Briet croit qu'elle étoit égale au Calamus dont il eft fou-
vent parlé dans l'Ecriture , mais le Calamus de l'Ecri-
ture eft évalué par Ezéchiel dans le chapitre 40. où il
l'emploie à fix coudées & un palme de long, c'eft-à- di-
re , à neuf pieds ôc un quart ; ce qui ne fauroit faire
une toife , qui eft fix de pieds. Quant à la perche dont il
eft ici queftion , elle eft nommée Decempeda par Ci-
céron. C'étoit une mefure dont fe fervoient particuliè-
rement les arpenteurs , d'où eft venu le mot latin De-
cempedator , employé par Cicéron pour dire un ar-
penteur.
Le Stade Romain étoit de cent vingt-cinq pas. Les
huit faifoient le mille romain , comme nous l'avons re-
marqué ; ôc comme chaque pas romain étoit de cinq
pieds romains, il s'enfuit que le ftade étoit de 62; pieds
romains.
Cetre mefure eft la véritable étendue du ftade romain.
Pline, /. 2. r. 23. dit, Le ftade fait cent vingt-cinq de
nos pas, c'eft-a-dire, fix cens vingt-cinq pieds. Cenfo-
rinus,c 13. p. 84. prétend qu'il y avoit trois fortes
de ftades; l'italique de 62; pieds , l'olympique de 600.
& le pithique de 100. Il fe trompe, le ftade romain,
ou l'olympique , étoit de même. Lucas Panus dans fon
traité de Menfuris & Ponderibus > L t. p. 3. imprimé
à Venife J/z-40. l'an 1573. remarque très-bien que ces
deux fortes de ftades étoient de même mefure , ôc ne
différoient que par la manière de les exprimer en pieds,
Ce ftade partagé en pieds grecs répondoit à 6<so. ôc en
pieds latins à 625. L'itinéraire d'Antonin met 4000 fta-
des entre Otiante ôc Fifle de Salina fur la côte de Grèce.
Pline met entre l'Italie & la Grèce, une diftancedejo
milles. C'eft la même diftance. Puisque 8 ftades font un
mille, 400 ftades 50 milles. Strabon , /. 7. p. 322. dit,
conformément à ce calcul , que quand on va d'Apol-
îonievers la Macédoine, en tirant du côté de l'orient,
on a la voie Egnatienne diftinguée par milles, dont
chacun eft marqué par une pierre jusqu'à l'Hebre -, ôc
qu'elle contient 53; milles. Il ajoute :fî pour chaque
mille vous comptez 8 ftades, vous aurez 4:80 ftades:
iî vous fuivez la méthode de Polybe , qui ajoute deux
arpens à chaque ftade, c'eft-à-dire, un tiers de ftade,
( car chaque arpent eft de cent pieds , les fix font le fta-
.de de fix cens pieds ..grecs,) il faudra y ajouter 178
ftades.
Ce partage de Strabon, sious apprend i°. que la di-
vifion du mille étoit en huit ftades ; ôc i°. que Polybe
faifoit le mille de huit ftades 8c un tiers : cependant Po-
lybe , /. 3-. c. 39. après avoir donné les diftances le long
de la Méditerranée, depuis le détroit jusqu'aux Alpes,
ajoute à ce dénombrement qu'il fait en ftades : Les Ro-
mains ont mefure & diftingué toutes ces diftances par
huit ftades, ou par milles. Le mille romain, félon lui ,
eft donc de huit ftades romains. Il peut fe faire que ce
même hiftorien , dans quelqu'un des livres que nous
n'avons plus , ait parlé des ftades à la manière des
Grecs, qui ont donné dans deux extrémités vicieufes
pour concilier leur manière de compter les ftades avec
les milles romains , dont le calcul leur étoit commode.
Il v a même apparence que le calcul fut quelque teins
incertain, avant que les milles romains eurent été fixés
par Caius Gracchus. PUuarqne , Vie des hommes illu-
ftres , t. 7. p. if y. Traduction de D acier , parle ainfi.
L'ouvrage auquel ce tribun s'appliqua avec le plus de
foin , fut à dreffer les grands chemins publics qu'il
avoit ordonnés; & en s'attachant particulièrement à la
commodité , il ne négligea ni la beauté ni la grâce. Il
pouffa ces chemins en droite ligne au travers des terres ,
les pava de belles pierres de taille par -tout où il en
étoit befûin » les affinant & les affermiffant ailleurs par
des monceaux de fable qu'il faifoit battre ôc lier aves
du ciment. Toutes les fondrières ôc tous les ravins , que
les torrens ôc les eaux croupies avoient creufés , il les
faifoit combler, ou il en joignoit les bords par des ponts
folides -, de forte que les deux côtés étant d'une hauteur
égale ôc parallèle, tout l'ouvrage étoit également uni ôc
très- agréable à la vue. De plus , il partagea tous ces che-
mins par espaces égaux qu'ils appellent milles, & It
mille eft à peu près de huit ftades , ôc pour marquer
ces milles , il fit planter de grands piliers de pierres.
Ces pierres fervirent à fixer les milles; ôc comme le
ftade étoit la huitième partie du mille, il fut aifé d'en
faire une jufte divifion.
Mais , avant ce tems , les Grecs ponvoient bien n'avoir
qu'une idée confufe du ftade ôc du mille romain ; ôc ils
tombèrent dans différentes erreurs fur le rapport de
leur ftade au mille qu'ils vouloient adopter. Us favoienc
que le mille étoit de huit ftades , leur ftade étoit de
fix cens pieds , huit ftades chez eux faifoient donc 4800
pieds. Le mille romain etoit de mille pas, ou de jcoa
pieds. 11 falloit donc , à leur compte, ajouter deux cens
pieds pour trouver le nombre de cinq milles Or , nous
avons remarqué que cent pieds grecs faifoient l'arpent -,
trois arpens faifoient le ftade : ôc voilà ce tiers de fta-
de que Polybe, au rapport de Strabon , vouloitque l'on
ajoutât aux huit ftades grecs pour faire le mille romain.
Julien l'architecte allégué par Arménopole dit , qu Era-
tofthéne ajoutoit auffi ce tiers de ftade aux huit ftades
grecs. C'eft qu'il ignoroit que 600 pieds grecs valoienc
autant que 625 pieds romains -, que de même, que
huit fois 6"oo font 48CO , ainfi huit fois 625, font 5000»
Se que par conféquent 4800 pieds grecs équivalens à
jooo pieds romains , font également un mille romain.
D'autres Grecs , beaucoup plus réGens , trouvant les
Romains dans l'habitude de compter cinq mille pieds
dans le mille; 62 j dans le ftade, & croyant que le
ftade grec avoit un pareil nombre de pieds , ont jugé
que puisque les Grecs ne comptoient que 4800 pieds
dans un mille romain , cette mefure ne devoir être que
d'environ fept ftades ôc demi. L'évaluation d'un pied à
l'autre, corrige ces deux erreurs.
L'ancien ftade grec ôc le vrai ftade des Romains étoient
donc égaux , ôc ne difTéroient que par le nombre de
pieds que ces deux nations y comptoient ; mais dans les
provinces le ftade varioit. Nous avons vu que trois au-
teurs Grecs mefurent différemment la grande pyramide
d'Egypte , ôc fe fervent de mefures auxquelles ils don-
nent une étendue peu uniforme. En voici un autre
exemple.
Strabon met la diftance entre le temple de Venus ,
Pyrcnée & l'embouchure du Var , qu'il donne pour les
deux termes de la Gaule , de 277 milles. Il dit que
d'autres comptent dans cet intervalle 2600 ftades , ôc
que quelques-uns ajoutent encore 200 ftades qui fe-
roienr en tout 2800. En partageant ces deux nombres
de ftades par 277 milles , le premier nombre donne neuf
ftades ôc un peu plus d'un tiers pour mille : ôc le fé-
cond 10, ôc un peu plus d'un neuvième pour mille.
Quoique d'ailleurs Strabon ôc les autres ne donnent
communément que huit ftades pour un mille , il pa-
roît par cette comparaifon qu'on ne fauroit donner ici
à un mille, moins de neuf ftades. Divifant 767 toi fes ,
qui font un mille ancien , par neuf, on aura !e ftade
de France d'environ 85 toifes qui font 510 pieds de
Paris. Hérodote fait les ftades de fix cens pieds , le
pied d'Hérodote feroit donc au pied de Paris comme
5 1 à 60 fuppofant le ftade d'Hérodote égal au ftade de
France. * CaJJini , p. 1 89.
Le Mille Romain étoit précifément de mille pas
géographiques , chaque pas de cinq pieds romains ;
mais comme l'ancien pied romain étoit de diverfes me-
fures, félon les divers ufages, il y a eu de la diffi-
culté fur l'apréciation. Cluvier & presque tous les géo-
graphes du fiécle paffé ont cru fauffement que l'ancien
mille romain étoit fcmblable au mille italique dont foi-
xante font un degré. De-là ce dérangement dans les cai-
tes. Cette fauffe évaluation a jette dans la géographie
une infinité de fauffes pofitions. C'eft, dit de rifle , ce
qui a fait tomber en erreur la plupart de nos moder-
nes,'
MES
MES
nés , qui ne connoiflant pas aflez la véritable grandeur
des milles anciens, ont voulu mal-à-propos corriger
une meiure exacte 8c uniforme par une autre fort in-
égale 8c fort incertaine. Cluvicr entre autres, un de nos
plus célèbres géographes, qui a donné un ouvrage fi
ample 8c fi détaillé fur l'ancienne Italie , fur lequel Hol-
ltenius Se Cellarius n'ont presque pas pu enchérir ,
Cluvier , dis-je , n'a pas fait de difficulté de reprendre
en plufieurs endroits les anciens, 8c de vouloir régler
leurs diftances fur celles d'aujourd'hui. * Hiftoire de l'a-
cadémie royale des jciences , année 1714- P- 2$°-
Voici des preuves inconteftables de l'erreur des mo-
dernes fur la valeur de l'ancien mille romain , dont 75
font un degré-, c'eft la différence d'un cinquième, 8c
cette différence fe trouve dans tous les égaremens des
géographes , quand on les examine fur l'ancienne mefure
qui en recompenfe , s'accorde parfaitement bien avec les
diftances que fourniflènt les obfcrvations agronomi-
ques.
Les anciens donnent 25 milles à la diftance de Bo-
logne à Modéne. L'itinéraire d'Antonin marque plufieurs
fois cette diftance, 8c toujours de 15 milles. La table de
Peutinger la fait auiïi de 25 milles. Les modernes ne
comptent que vingt milles de l'une de ces deux villes
à l'autre. *CaJfïni,p. 186. 194.
Les obfervations de l'académie, faites à Rome & à
Florence, nous ont donné la véritable fituation de ces
deux villes, tant en longitude qu'en latitude. Cette fi-
tuation eft très-différente de celle que les modernes
fuppofoient. La différence des méridiens entre ces deux
villes fe trouve plus petite de 45 minutes qu'ils ne l'ont
cru; 8c leur différence en latitude fe trouve plus grande
de 20; cependant l'éloignement entre ces deux villes
dans ces hypothèfes , ne laiflé pas d'être le même ; mais
comme les modernes fuppofent que le degré contenoit
foixante milles anciens , ils ne peuvent y accorder les
diftances de la route nommée via Caffia ( la voie Cas-
fienne ) qui conduifoit de Rome à Florence. Ils font
donc obligés d'en altérer les diftances ; 8c lorsque Stra-
bon, /. j. dit que la ville d'Arezzo eft a mille ftades ou
fix vingt mille pas de Rome , tirant vers le mont Apen-
nin, Cluvier veut que cette diftance fe prenne du mont
Apennin, 8c non pas de la ville d'Arezzo-, au lieu que
par notre mefure des anciens milles réduits à leur va-
leur, nous expliquons à la rigueur ce partage de Stra-
bon , 8c les itinéraires anciens ; ce qui fait voir leur
exactitude 8c leur conformité avec les obfervations de
l'académie. Les modernes n'ont pas mieux expliqué les
anciens dans la defeription qu'ils ont faite de la célèbre
voie Appienne, que l'on dit avoir été continuée par
Caius Céfar, depuis Capoue jusqu'à Blindes. Strabon
dit que cette dernière ville étoit éloignée de Rome par
cette route de .560 mille pas. Ainfi , quoique Cluvier
mette entre ces deux villes à peu près la même diffé-
rence en longitude qui réfulte des obfervations , ne
pouvant, cependant, accorder fon hypothèfe fur lesmé-
fures avec cette diftance rapportée par Strabon , ni
avec celle des itinéraires anciens, il les a altérées d'un
cinquième-, c'eft- à dire , d'autant que fa mefure eft éloi-
gnée de la véritable. * Hiftoire de l'académie , année
1714. p. 23c.
C'eft fur ces mêmes principes que Cluvier ayant trouvé
une infeription dans la bourgade de Polla , au royaume de
Naples , laquelle rapportoit les diftances de cette branche
de la voie Appienne, qui conduit à Reggio , la voulu
rendre fufpecte , parce que ces diltances étoient op-
pofées à l'idée qu'il s'étoit faite des mefures des anciens.
Holftenius , qui l'a vue auffi bien que lui , l'a trouvée
très-authentique : la voici. Viam feci ab Regio ad Ca-
pitam, çr'in ea via pontes omnes , Milliarios , Tabel-
lariosqiie pofivi ; Hincce funt Nuceriam millia qitin-
quaginta iinum , Capua otlogint a-quatuor. Et ainfi des
autres lieux de cette route dont les diftances font mar-
quées ; 8c ces diftances, dont la plupart font confirmées
par l'itinéraire d'Antonin , concourent à la fituation de
ce pays , telle qu'elle réfuke de la réduction des an-
ciens milles à leur véritable valeur.
Non-feulement les modernes fe font trompés , lors-
qu'ils ont voulu contredire les anciens , mais ils les ont
aufli mal expliques , lorsqu'ils ont voulu les fuivre. La
24*
Lombardie, qui répond pour fa plus grande partie au
pays que les anciens appeUoient (rallia Togata , cil tra-
verfée en ligne droite par la célèbre voia Emilienne , 8c
par d'autres routes dont les diftances font marquées
dans la table Théodofienne , ( ou de Peutinger ) , qui
eft la feule carte géographique qui nous foit reliée de
l'antiquité , dans l'itinéraire d'Antonin , 8c dans celui
de Bordeaux à Jérufalem , donc l'auteur eft inconnu.
Les modernes ont voulu fuivre dans ces endroits les di-
ftances des anciens, mais ils font tombés dans un au-
tre inconvénient; car réglant par ces diftances les longi-
tudes des villes, fur la faune idée qu'ils avoient des me-
fures anciennes, ils ont donné trop d'étendue à ce pays
par rapport à la circonférence de la terre , métrant
cinq degrés vingt-cinq minutes en longitude de Nice à
Bologne ; au lieu que par les obfervations faites en ces
deux villes, il ne fe trouve que quatre degrés treize mi-
nutes , c'eft un cinquième de moins; 8c comme nous
avons fait voir que le mille ancien étoit d'un cinquiè-
me plus petit que les modernes ne le fuppofent, il eft
clair , que cette correc-tion importante de la longueur
de la Lombardie , fondée fur les obfervations de l'aca-
démie, revient parfaitement aux mefures des anciens
contre l'opinion des modernes.
11 fuit de-là que l'étendue du même pays du fep-
tentrion au midi , que les modernes ont auffi réglée à
leur manière furies mefures anciennes, doit fe trouver
plus petite d'un cinquième par les obfervations , s'il eft
vrai, comme de rifle l'a avancé, que ces obfervations
foient conformes aux mefures des anciens. Caffini a ob-
fervé la latitude de Gènes de 44 dcg. 2 y min. 8c Petit
celle de 46 deg. 10 min. à celle de Trahone dans la
Valtcline, 8c le réfultat de ces deux obfervations donne
auffi un cinquième de moins entre les parallèles de ces
deux villes, 8c c'eft préeifément ce que les modernes y
ont mis de trop. Deilfie a fait une double carte, où il
a tracé l'Italie, la Grèce 8c les côtes de l'Afrique , fé-
lon le préjugé ordinaire ; 8c par d'autres traits ces mê-
mes lieux , félon le calcul rectifié fur les obfervations
aftronomiques 8c fur les mefures des anciens, évaluées
à foixante 8c quinze milles romains pour le degré. On
y voit , par exemple , que la fituation de Gènes don-
née par les obfervations, eft fort éloignée de cslleque
les modernes lui donnent ; mais quelque extraordinaire
que cette correction paroifle , il eft encore plus furpre-
nant que les mefures des anciens y reviennent ; 8c que
nos auteurs modernes s'en foient tant écartés.
La troifiéme faute des modernes , eft de n'avoir eu ,
ce me femble, aucun égard en certains points aux mefu-
res des anciens , 8c cette faute eft telle , qu'au lieu que
la précédente leur avoir fait étendre certains pays, celle-
ci leur en a fait trop écrecir d'autres. La diftance de
Rome à la mer Adriatique, eft beaucoup plus grande
félon les obfcrv'ations , que félon les modernes. On peut
voir dans la differtation même de de l'Ifle un plus grand
détail des preuves.
Les Latns exprimoient leur mille par ces mots , Mille
PaJJits , ou Al. P. ou Milliarc, en fousentendant le
mot Saxum , pierre, ou Milliarius, en fousentendant
Lapis; car les grands chemins distingués par milles
avoient des pierres, fur lesquels étoit gravé le nombre
des milles qu'il y avoir de-là à la ville d'où la route
commencoit. Nous parlerons enfuite de la lieue Lcuca,
quand nous aurons donné ici une idée des grands che-
mins romains, où les milles étoient fi régulièrement
marqués.
Des grands chemins Romains.
Les chemins font auffi anciens que les habitations
des premiers hommes. On attribue aux Carthaginois
l'ait de paver , ou ce qui eft la même chofe , l'art de
revêtir les chemins de pierres 8c de cailloux maçonnés
avec du fable. Toutes les nations policées ont eu foin
d'établir 8c d'entretenir des grands chemins. Les Athé-
niens , les Lacédérnoniens , les Thébains , y apportèrent
une fingulière attention : mais les Romains qui étoient
faits pour furpafler les autres peuples en tout , firent
des grands chemins d'une magnificence jusqu'alors in-
connue. Ils établirent des magiftrats pour en avoir foin :
les empereurs ne dédaignèrent pas de fe charger de les
Tom. IV. H h
MES
242,
réparer, & d'en conftruire. Augufte, Tibère, Caligula
même, Claude, Vcspafien , Tice, Domine» , Trajan,
&c. embellirent le monde par des grands chemins. Pour
la manière dont ils croient conlhuits , Voyez. Bergier ,
dans fon admirable ouvrage fur les grands chemins ,
&c Vitruve.
On plaçoitde mille en mille des pierres qui marquoient
la diftance du lieu où elles étoient , à la ville d'où on
venoit , ou à la ville où l'on alloit. C'étoit une invention
utile de Caius Gracchus, que l'on imita dans la fuite.
Tous les chemins militaires du cœur de l'Italie ne fe
terminoient pas aux portes de Rome , mais au marché
(forum ) , au milieu duquel étoit la colomne milliaire
qui étoit dorée , d'où lui venoit le nom de milliarium
aurcum. Pline & les autres écrivains de la bonne anti-
quité prennent de cette colomne le terme 8c l'origine
de routes les routes. Pline , /. } . C. 5. dit : Ejufdem fpaiii
menfura currente à milliario in capitefori Romani ftatuto.
C'eft de là que fe comptoient les milles ; 8c comme
ces milles étoient dirtingués par des pierres , il s'en for-
ma l'habitude de dite ad tertium lapidem , ad duodeci-
mum , ad vicejimum , &c. pour dire à trois milles, à
douze milles , à vingt milles , &c. On ne voit point
que les Romains aient compté au-delà de cent , ad centefï-
mum , lorsqu'il s'agiffoit de donner à quelque lieu un
nom pris de fa diftance. Bergier croit que c'eft parce que
la jurisdi&ion du vicaire de la ville ne s'étendoit pas
plus loin. Quoi qu'il en foit , il y avoit de ces colomnes
militaires dans toute l'étendue de l'empire Romain , 8c
fans parler d'un grand nombre d'autres; on en voit encore
une debout à une lieue de la Haye dans la maifon de
campagne de la noble famille de Perfyn. On y voit le
nom de l'empereur Antonin. Les colomnes fous les em-
pereurs portoient d'ordinaire les noms des empereurs ,
des céfars , des villes ou des particuliers qui avoient
fait faire ou réparer les chemins , quelquefois auffi l'éten-
due du travail qu'on y avoit fait ; & enfin la diftance
du lieu où elle étoit à l'endroit du départ , ou au terme
auquel ce chemin menoit.
Tout ce que je viens de marquer, ne regarde que les
voies militaires. Les Romains avoient encore des chemins
d'une autre espèce. Leur mot Iter t qui eft générique ,
comprenoitdiverfes espèces, comme le Sentier (Semita)
pour les hommes à pied; Le Sentier pour un homme
achevai, (Callis) ,• les Traverses (Tramites ). Les voies
particulières , par exemple , avoient huit pieds de largeur
pour deux chatiots venant l'un contre l'autre. Le che-
min pour un fimple chariot (atlus) n'avoitque quatre
pieds ; le chemin nommé proprement iter pour le paffage
d'un homme à pied ou à cheval n'en avoit que deux.
Le fentier n'avoit qu'un pied -, femita fcmble être com-
me fi on difoit femi-ite r. Le fentier pour les animaux
(Callis) , n'avoit qu'un demi-pied. La largeur des voies
militaires étoit de foixante pieds romains; vingt pour
le milieu delà chauffée, 8c vingt pour la pente de cha-
que côté. Toutes les routes militaires, & même quel-
ques-unes des voies vicinales , ont été confervées dans
un détail très-précieux dans l'itinéraire d'Antonin ; ouvra-
ge commencé dès le tems de la république Romaine,
continué fous les empereurs ,8c malheuteufement altéré
en quelques endroits par les copiftes. L'autre eft la table
Théodofienne , fait du tems de l'empereur Théodofe ,
plus connue fous le nom de table de Peutinger , ou
table d'Augitourg , parce qu'elle a appartenu aux Peutin-
gers d'Augfbourg ; Vclfer a travaillé à l'éclaircir. Il y a
long-tems que je recueille de quoi donner une édition
d'Antonin plus exacte que celle de Zurita , qui eft très-
vicieufe en une infinité d'endroits. J'efpere de publier
ce travail auffitôt après que l'imprcffion de ce diction-
naire fera achevée. Revenons aux chemins militaires
des Romains.
Ce qui en eft refté jusqu'aujourd'hui nous fait connoî-
tre qu'ils étoient, généralement parlant, fort droits.
Telle eft la voie Appienne , que l'on voit encore presque
toute entière entre Rome & Capoue , quoique conftruite
plus de trois cens ans avant l'erc Chrétienne. Elle traver-
foit en ligne droite les matais Pontins que l'on avoit
comblés en cet endroit; en d'autres routes l'on avoit
percé des montagnes, comme l'on voit encore au lieu,
nomme autrefois lmercifa , & aujourd'hui Saffo Forato ,
MES
où la voie Fl2minienne traverfoit le mont Apennin.
Outre que ces chemins étoient droits, ils étoient
uniformes dans tout l'empire. Cinq pieds pour un pas ,
mille pas pour un mille, une colomne ou une piene
avec une infeription à chaque mille. Mercure étant re-
gardé par les Grecs & par les Romains comme le meffager
des dieux , les voyageurs fe mettoient fous fa protection.
On érigeoit fouvent fur les grands chemins des pierres
en fon honneur , foit pour raffiner les voyageurs par
l'idée que ces pierres leur rappelloient de la protection
de ce dieu , foit pour s'acquitter d'un vœu que quel-
qu'un lui avoit fait dans le danger , ou dans la vue d'en
obtenir un bon fuccès de fon voyage. Ces pierres étoient
carrées , 8c on les appelloit Herm^î; nous avons remar-
qué au mot Hermès que c'étoit le nom que les Grecs
donnoient à Mercure. Voici l'infcription d'une de ces
pierres, trouvée en Espagne , auprès de Zamorra , copiée
par Florian d'Ocampo, 8c rapportée par Zurita dans fon
commentaire fur Antonin.
DEO MER....
V1ACO.
M. ATILIUS.
SILONIS. F.
QUIR. SILO.
EX VOTO.
Viacus eft un furnom de Mercure , comme dieu dot
grands chemins.
Quand j'ai dit que les mefures itinéraires étoient
uniformes dans tout l'empire Romain , cela doit s'enten-
dre des milles 8c des ftades romains ; car rien n'empêche
que des auteurs qui ont écrit en grec , ne fc foient fervis
de ftades différens de ceux des Romains : c'eft ce qu'on
va voir ci-deffous. Les Gaulois 8c les Espagnols avoient
leurs lieues que nous expliquerons auffi ; mais une chofe
qui mérite d'être remarquée , c'eft qu'encore aujour-
d'hui les anciens milles romains de 75. au degté font
en ufage entre les pilotes de la Méditerranée. Ceux de
l'Océan font les leurs plus grands d'un cinquième , Se
ils n'en mettent que foixante dans le degré , c'eft-à-dire,
que leur mille , qui eft le mille italique , répond à une
minute de degré. On le peut nommer Italique , parce
qu'il eft ufité dans pluficurs provinces de l'Italie.
Mesures itinéraires
des Gaulois, des Germains,
et des Espagnols.
Nous entendons ici par les Gaulois les habitans de
la Gaule , depuis Jules Céfar jusqu'à la chute de l'empire
Romain. Ces peuples fe fervoient du mot Leuca , Leuga ,
Lega , dont nous avons fait le mot Lieue. Chez eux
la lieue étoit de cinq mille coudées romaines , chaque
coudée d'un pied & demi , au lieu que le mille romain
n'étoit que de cinq mille pieds, cinq pieds pour un pas.
La lieue gauloife étoit donc au mille romain , comme
9 à 6 , 6 à 4 , la différence toujours d'un tiers. Voyez ce
que nous en avons dit aux mot Leg , Leuca 3. 8c Lieue.
Nous y avons rapporté les paffages qui prouvent que
la lieue gauloife étoit d'un mille 8c demi romain. 11 eft
bon d'avertir ici que Bergier 8c quantité d'autres qui
confondent l'ancien mille romain avec le mille italique
d'aujourd'hui , difent qu'un mille iralique 8c un demi
fait la lieue gauloife , ce qui n'eft pas vrai , à moins qu'on
ne veuille dire que du tems d'Antonin le mille romain
étoit le même que l'italique , ce qu'il feroit aifé de réfuter ,
puisqu'il compte de Bologne à Modéne vingt-cinq milles ,
qui font des milles romains > 8c il n'y a que vingt milles
italiques: ainfi la lieue gauloife eft d'un cinquième plus
petite qu'un mille italique 8c demi , de foixante milles
au degré.
Voici un paffage pris d'un traité des mefures publié
par Rigaut entre les auteurs Finium Regundorum. Les
mots en font remarquables. Ifiud feiendum f/?, quiafunt
menfura. qua ad viatores , feu ad curfores pertinent.
Minima pars Jladium tfl , habens paffus c. xx. v. Otlo
fladia milliarium reddunt mille paffus habentem: Millia-
rius & dimidius apud Gallos , leuvam facit , habentem
paffus mille quingentos : dus leuvœ ,fîve milliarii très apud
Qermanos imam raflamefjidHiu.C'eil'i-àiiç, ilrautfavoir
MES
MES
2-43
qu'il v a certaines mefures qui l'ont propres aux voyageurs rum diftantiit compirtim eft fpathtm ah Hifpanïs Uu-
&.' aux couriers. La plus petite eft le Stade qui a 1 25 cam appellatum , pafjuutn non tribus , tu vulgo etiam
pas , huit ftades font le mille qui elt de 1000 pas. Un dotli opinantur , fed quatuor milharibus ,fiu faffitum
mille & demi fait chez les Gaulois une Lieue qui cou- millibus , conftare. * Antiquit. Lufit. 1. 3. c. de Viis milic.
tient 1500 pas. Deux lieues, ou [trois milles, font la La féconde raifon de Vigenere eft tirée de Diodore
raste chez les Germains {a). Cela explique ce que Se de Pline. Le premier dit que les dromadaires pen-
dit S. Jérôme, que chaque peuple a fes mefures itiné- vent faire en un jour quinze cens ftades de chemin. Vi-
ra'rres, qu'il exprime par des noms particuliers; caries génère là -défais dit que fi la lieue n'étoit que de
Latins comptent par mille pas , les Gaulois par lieues ,
les Perles par parafangues , Se toute la Germanie par
rades. Bede , de mimer, divif. dit : Deux lieues ou trois
milles font une rarte. DuœLcuvœfeu milliaria tria raftam
faciunt. On trouve dans la chronique de Hongrie de
Thurocius, que la ville de Tulna , qu'il dit avoir été fou-
mife de fon tems au duché d'Autriche , eft à trois rafles
deVienne. Tulna civitasnoftro avo ducatui Auflr'mfub-
feize flattes ou 2000 pas , ce nombre reviendrait à peu
près à 95 lieues , chofe qui ne lui paroît pas croyable.
Pour la rendre plus viaifemblable il donne 4000 pas
à la lieue , Se par conféquent il n'en trouve que 47 Se
& demi qui lui femblent plus polïibles que 9j. En pre-
mier lieu , il ne fonge pas que Diodore n'exprime point
la courfe des dromadaires par lieues , mais par Itades qui
demeurent toujours les mêmes , foit qu'on en faffe des
jetla eft & très raflas diftat à Viemia. Le diplôme du lieues plus longues ou plus courtes. Autant valent 95
roi Dagobert (b) porte ces mots: Leucasfex quashomi-
nes loci illius fiti dicunt raflas très cfj'e. Une ancienne
chartre inférée dans la chronique de Lorch dit: Dequa
in omnem partent quaqua verjus pertinent ad eumdcm
locum inter campum dr filvam Leitgœ du& , id eft rafla
una. Dans tous ces paiTages la ralte eft conftamment
évaluée à trois milles, ou a deux lieues , qui par confé-
quent font des lieues gauloifes de quinze cens pas ou
d'un mille Se demi chacune, (a) In Jo'elent. (b) dpud
Hed.im , Cvccium & Henfchemum de tribus Dagobert.
Ce qu'il y a de remarquable , c'eft que cette lieue
s'eft confervée avec peu de changement dans le cœur
du royaume , où les lieues font fort approchantes de cette
mefure, au lieu que dans les provinces elles croiffent
Ôe varient extrêmement. Cependant bien des auteurs fe
font avifés de faire la lieue françoife de deux mille pas
lieues à 16 ftades chacune , que 47 lieues & demi , a 32
Itades. Car ft vous multipliez 2000 pas par 95 , ou 4000
par 47 & demi , qui elt la moitié de 9; , vous aurez éga-
lement en l'un Se en l'autre produit 190000 pas, qui
font toujours la même mefure de quelque manière qu'on
les partage, en lieues longues ou courtes. En fécond
lieu , qui a dit à Vigenere que les ftades de Diodore
étoient des ftades romains , qui font encore bien plus
courts que les ftades italiques, dont pourtant Vigenere
s'eft fervi î Diodore a fans doute voulu que l'on entendic
l'ancien ftade , qui , du tems de Xénophon Se d'Ariftote ,
Se par conféquent d'Alexandre , étoit de 1 1 1 1 liades au
degré ; ce qui fait plus d'une moitié de diminution: car
le huitième d'un mille italique fait une forte de ftade ,
dont 49 f font un degré. Or , en prenant ces ftades an-
ciens , ils ne feront à peu près que 20 grands milles de
fixes. On vera ci-après que cette mefure n'eft pas affe^ quinze au degré , ce qui eft une forte courfe , mais pour
communej dans 1'ufagc , pour qu'on doive l'appeller la
lieue françoife , comme fi cette mefure étoit la régie ordi-
naire , Se que les autres n'en fuffent que des exceptions.
Les vers latins que j'ai rapportés, & qui ne font pas
anciens , mettent néanmoins deux milles pour une lieue.
At miliare
Oiïo dabunt Stadia : Duplicatum dat t'ibi Leitcam.
Il faut donc diftinguer la Lieue gauloise qui étoit
d'un mille Se demi ou de quinze cens pas romains. Cette
lieue étoit la moitié d'une rafte de Germanie égale à trois
milles.
Deux auteurs entre autres ont changé cette manière
de calculer les mefures des anciens. Vigenere , homme
favant , dans toutes les traductions qu'il a faites des
auteurs Latins , évalue toujours quatre milles anciens
à une lieue. Il s'eft même attaché à prouver que la vérita-
ble lieue eft de quatre milles, dans une remarque qu'il
fait fur un paiTage du premier livre des commentaires
de Céfar. Voici fes principales preuves. Gonçal d'Oviédo milles , fuivant Vigenere. Et je fuis bien aife d'en rendre
dit que d'Efpagne aux Canaries il y a deux cens cin- compte en ces endroits , outre celles qu'il a touchées
quante lieues à quatre milles par lieue. Fernand Cortez Cet auteur [ Xénophon ] dans l'expédition de Cyrus , qui
dit que de Cimpual , ville de la nouvelle Efpagne, à Santa eft la pièce la plus exacte qui nous rçfle de l'antiquité, par-
Cruz , il y a environ quatre lieues, une lieue rêve- lant de la marche de fon armée, lui donne jusqu'à dix
nant à quatre milles d'Italie. Quelles preuves font-ce- parafangues trois jours de fuite ; & comme il fait les pa-
ra.? Ces deux auteurs ont parlé par lieues; ils favoient raflwgues de trente ftades > qui font près de quatre milles ,
qu'il y en a de bien des fortes -, ils ont déterminé quelle il s'enfuit que trente parafangues font cent douze milles
espèce de lieues ils entendoient -, Se comme ils étoient
Espagnols, ils ont employé la lieue d'Espagne; & enfin
pour être entendus de tout le monde, ils ont dit que
leur lieue étoit de quatre milles d'Italie. Quel rapport
cette lieue a-t-elle avec les mille pas de Jules Céfar ?
tant très croyable , lorsqu'il s'agit du dromadaire.
Pline , /. 2. c. 71 & c. 20. dit que Philonide , domefti-
que d'Alexandre , alloit en neuf heures de Sicione à Elide
où il y a 1 200 ftades , qui , en les fuppofanr des ftades ro-
mains Se les réduifant en milles , Se de milles en lieues ,
de 20CO pas chacune font 75 lieues. Vigenere trouve
cette courfe très probable exprimée par ftades , mais im-
poflible dès qu'il la réduit en lieues. Pour racommodei:
la chofe , il double la longueur des lieues Se n'en trouve
plus que trente-fept Se demie à quatre mille pas chacune-
C'eft la même faute de jugement que la précédente. Il
eft furprenant qu'un homme tel que Vigenere n'ait point
remarqué de lui-même le travers qui domine dans tout
ce raifonnement.
D'Ablancourt n'eft pas plus raifonnable fur cet article.
11 l'imite en traduifant les milles de Jules Céfar , par
lieues de quatre milles , Se dans fa préface il tâche d'au-
torifer fon calcul par des raifons où il fait la même faute
que Vigenere. Voici fes paroles : Difons maintenant
quelque chofe des mefures des lieues que je fais de quatre
& plus. Il conclut ainfi : Je demande donc a tout homme
raifonnable , qui je connoît en ces chofe s , fi on ferait faire
douze ou treize lieues par jour à une armée , & continuer
ainfi trois jours de fuite ? Cela parohra d'autant plus
étrange , lorsqu'on [c aura que la marche étoit de cinq oit
aucetn. Si la lieue étoit de quatre mille pas italiques , fix cens lieues. J'aurois demandé à d'Ablancourt lui
il faudroit cinq mille pas romains de Jules Céfar pour
faire une lieue. Nous avons prouvé ci-devant que le
mille romain eft plus court d'un cinquième que le mille
italique, qui répond à une minute de degré.
Que la lieue d'Espagne foit de quatre milles , en voici
des preuves. André Réfendius , favant auteur Portugais ,
parlant d'un grand chemin qui va de Lisbonue à Emé-
rita , dit : Nam recto itinere ab Olijjlpone Emeritam
numeramus très O" quinquaginta leucas ; e& confiait nt
ducenta duodecim millia paffuum. 1 1 2 pas divifes par 5 3 ,
donnent quatre milles par lieue. Gruter, Infcr. ant. p
même , fi , en réduifant ces ftades qu'il fuppofe fatiffemenc
une huitième partie du mille italique de foixante milles
au degré , fi , dis-je , en les réduifant en lieues de quatre
milles chacune , il foulagera beaucoup les dix mille
Grecs; Se fi cette route groifie changera de nature étant
exprimée en d'autres termes,qui font toujours l'exprefiion
d'une même quantité de pas ; car s'il ajoute à chaque par-
tie à proportion qu'il en diminue le nombre , le total
refte.le même. Il n'en eft pas aiufi des fladesde Xéno-
phon , Se des ftades d'une minute de degré chacun. Leur
différence eft comme de 49J à 1 1 1 1 , ou , fi l'on veut les
156.1. dit dans le même fens: E.v columnarum Hifpanka- séduire en ftades romains de 75 milles au degré , la difte-
Tom, IV, H llij
MES
2,44
renct aloii ne fera que comme de 600 à 1111. Cela
fait un grand rabais , qui étant une fois bien entendu , met
une grande différence dans le total d'une route évaluée
de l'une ou de l'autre manière.
Ce qu'il dit des mefures de Jules Céfar , n'eft pas mieux
raifonné. Pour ce qui eft , dit-il, des lieues de Céfar que
quelques-uns , par un abus encore plus grand , veulent
faire feulement de quinze cens pas , parce qu'ils préten-
dent qu'il a Juivi la mefure des Gaules , oit il n'en fallait
pas davantage pour faire une lieue ; voici ce que j'ai à
dire : // donne à la Suiffe deux cens quarante milles de
long, & cent quatre-vingt de large ; ce qui ne peut s'a-
jufler à la vérité qu'en comptant quatre milles pour lieues ;
encore ne s'y trouvent-elles pas. D'Ablancourt n'a - 1 - il
point vu que la lieue dont il le fert , n'a rien de commun
avec la lieue gauloife du tems de Jules Céfar ? Il cite un
paffage de Celar où il n'eft point queftion de lieues , mais
de milles. Il les réduit en lieues de quatre mille pas , 6c
il n'y trouve point la jufte mefure de la Suiffe. Cela eft
bien aifé à croire. L'évaluation eft fauffe , il fuppofe que
Céfar a entendu des milles italiques , mefute inconnue
aux Romains de ce tems, év Céfar parle de milles ro-
mains inconnus à d'Ablancourr. Ce n'eft pas le moyen
de s'accorder. D'Ablancourt n'avoit qu'à retrancher un
cinquième de fon calcul , 6c les milles de Céfar lui au-
roient donné fon compte. Voyons ce qu'il ajoute. //
donne [ Céfar ] cinq cent milles d'étendue à la forêt d'Ar-
denne ce qui reviendrait il trois ou quatre cens lieues ,
O" il n'y en a pas fix ving^t depuis le pays de Trêves jus-
qu'en Hainaut qu'il prend pour les bornes de fon étendue.
Toujours même faute. Cinq cens milles de Céfar, en
étant un cinquième , fe réduifent à quatre cens milles
italiques, qui à quatre par lieues, telles que les fuppofe
d'Ablancourt , font précifément cent de ces lieues , 6c
par conféquent cela convient avec ce qu'il dit qu'il n'y en
a pas f x vingts.
Il allègue encore deux autres preuves qui lui parois-
fent triomphantes, Allais voici, ajoute-t-il , des ra'fons
plus prenantes, & ou il ri y a rien à dire. Au fiége d'une
place de Liège ou de la comté de Namur , il fait une cir-
convallation de quinze milles qui f croit , à leur compte ,
dix lieues , £r au mien ce n'en efl que quatre , encore efl-ce
beaucoup ; car il y a bien de la dijiérence entre la circon-
vallation des Romains Cr la nôtre , la leur commençoit
ordinairement à deux cens pas de la contrescarpe , & la
nôtre eft hors de la portée du canon, C'eft fe former des
monftres pour les combatre , que de fuppofer une circon-
vallation de dix lieues. Céfar parle d'une circonvalla-
tion de quinze milles. Si on difoit fans autre explica-
tion qiie cette circonvallation avoit dix lieues , cela fc-
roit faux pour quiconque l'entendroit des lieues francoifes
ordinaires ; mais celui qui réduirait les quinze milles à
dix lieues gauloifes, en avertiffanr que ce font ces lieues
anciennes de quinze cens pas qu'il faut entendre, au-
roit-il donc fi- grand tort ? Au contraire , il parleroic en
homme fage 6c bien inftruit de la valeur des anciennes
mefures géographiques , au lieu que d'Ablancourt , qui
évalue ces quinze milles à quatre lieues, fe trompe dou-
blement. Car en premier lieu il fuppofe que ce font des
milles italiques , & en ce cas il faut feize milles pour qua-
tre de fes lieues de quatre milles chacune. Ainfi fon cal-
cul n'eft pas jufte. Son autre erreur vient de ce que, ce
qu'il prend pour des milles italiques, n'eft que des milles
romains. Or quinze milles romains font égaux à douze
milles italiques , en ôtant le cinquième , qui en fait la dif-
férence -, donc les quinze milles de Céfar ne font que
trois des lieues de d'Ablancourt. '
L'autre exemple pèche par la même fauffe pofition.
P-Ofir alléguer, dit-il, plus d'un exemple, en voici encore un
plus fort. Lorsque les Gaulois allégèrent le camp de Ci-
ter on , ils firent une circonvallation qui avoit dix milles
de circuit. Or , pourfuit notre traducteur , fon camp
ne pouvait être bien grand ne contenant qu'une légion ;
car les anciens prenaient bien garde à ne pas comprendre
plus d'espace qu'ils n'en pouvaient garder : c'eft donc
beaucoup que la circonvallation eut deux lieues & demie.
Auffi, félon l'expreffion de Céfar réduite aux lieue* de
d'Ablancourt , n'étoic-ellc que de deux lieues.
Cela fuffit pour faire connoître quel cas il faut faire
de toutes ces évaluations modernes , où l'on confowd le
MES
mille romain avec l'italique , 6c combien la connoiffance
de leur différence eft utile pour nous rapprocher du vrai.
Ce que nous avons dit de la lieue d'Espagne , allé-
guée par Vigenere , de quatre milles , doit s'entendre
de la lieue moderne : car les Espagnols du tems des
Romains , comptoient par milles romains , ou , s'ils fe
fervoient de lieues , ils employèrent d'abord la lieue gau-
loife , qui, au rapport de faint Jérôme, d'Ammien
Marcellin 6c d'Ifidore , dont les paffages font rapportés
ailleurs , étoit de quinze cens pas. Avec le tems ils fi-
rent une double lieue, c'eft -à- dire , une lieue de trois
mille pas, 6c ils appellerent ces milles du mot parti-
culier Migerie : cela fe voit par les lcix d'Alfonfe, roi
deCaflille , qui disputa la couronne impériale à Richard
6c à Rodolphe, fes compétiteurs. C'eft ce que m'ap-
prend Zurita'dans fa préface de fon commentaire fur
Antonin.
Chez les anciens Allemands eu Teutons , on appelloit
MiIlu , un. mille ; mais ce mille eft de quatre milles pas
italiques , ôc revient à la lieue de d'Ablancourt. Abra-
ham , Myhus , dans fon Archeologm Teuto , dit, A
mille paffibus originar'tè , fed Germanii quadruplum cir-
citer. Le gloffaire manuferit de Hundius porte que
Meilweges , ( mot allemand qui fignifie un mille de che-
min , ) contient foixante gewendes ; chaque gewende
defoixante rubte, ou perches-, chaque perche de fept aunes
6c demie , & que chaque roue de chariot doit avoir une
perche de circonférence, La différence des aunes eft caufe
qu'on ne fçait comment évaluer cette mefure.
Mesures itinéraires des Arabes
etdes Persans.
• Les mot:; dont ces peuples fe fervent pour exprimer
leurs mefures reviennent à ceux de doigt, decouDÎE,
de mille , de parasangue , de journée, de course..
Le doigt fe forme de la largeur de fix grains d'orge ,
égaux , couchés l'un auprès de l'autre.
La coudée eft de deux fortes , la grande Se lapETiTl,'
La grande eft de irente-deux doigts , & la petite de vingt-
quatre. La grande eft celle des anciens -, la petite , celle
des modernes , plus courte que l'ancienne d'.un quart.
Le mille eft auffi de deux fortes. L'ancien eft de
trois mille coudées , 6c le moderne de quatre mille.
Cela revient au même : car comme la coudée des anciens
eft plus grande d'un quart que celle des modernes , il en
faut un quart moins pour faire un mille qui foit égal de
part Se d'autre. La différence n'eft donc que dans la ma-
nière de s'exprimer : car il y a de l'une &; de l'autre façon ,
quatre-vingt feize mille doigts; divifez-lcs par 32 vous
aurez trois mille coudées ; divifez les par vingt-quatre ,
vous en aurez quatre mille.
La parasangue, que les Perfans appellent encore
farsanc , eft de trois milles. Il fe trouve la même ob-
fervation à faire quand on l'exprime par coudées. Elle eft
de neuf mille coudées anciennes , 6c de douze mille mo-
dernes, qui, de part 6c d'autre, reviennent à un égal nom-
bre de doigts.
La Journée de chemin , ndmmée en latin , statio ,
mansio, dijîta , ne fçauroit être d'une mefure égale
par tout. Cela dépend de la nature des chemins 6c des
détours auxquels les voyageurs font fouvent forcés , foit
pour éviter un marais , foit pour trouver le meilleur pas-»
fage d'une rivière ou d'une montagne. Cependant le géo-
graphe de Nubie fait la journée de trente milles. Abulfe-
da en laiffe la mefure indéterminée. Pour imiter néan-
moins les aftronomes,qui évaluent les mouvemens vrai«,ap-
parens & inégaux des planettes,pardes mouvemens moyens
6c égaux.ils ne laiffent pas d'évaluer la journée par une me-
fure moyenne , à huit parafangues. Albiruni , géographe ,
fameux entre les Orientaux , veut que pour plus de jufteffe
on retranche un cinquième à caufe des détours 6c des em-
barras des montagnes 6c autres , qui font perdre du rems
au voyageur , 6c lui font faire des pas que lui épargneroit
un chemin droit 6c de niveau. Ainfi , quoiqu'en allant
d'une ville à l'autre , on ait réellement marché cinquante
parafangues , il n'en compte que quarante en ligne droite.
La Course eft l'intetvalle que parcourt un vaiffeau
en un jour 6c une nuit. Le géographe de Nubie l'évalue
à cent mille pas.
MES
MES
Selon Abnlfcda , les anciens écrivains Arabes ont mis
dans un degré ving-deux parafangues , Se deux neuviè-
mes. On vient de voir que la parafangue eft de trois
milles i donc le mille arabe ancien, elt d'environ foixante-
fept milles au degré , Se par conféquent plus petit que
]e mille italique ; entre lequel & le mille romain il tient
une espèce de milieu.
Les Arabes modernes mettent dans le degré , dix-neuf
parafangues moins deux neuvièmes précifément. Ainfi ils
ne mettent pas tout à fait cinquante-fept de leur;; milles
dans le degré. Abulfcda rapporte que les aftronomes qui
obfervcrent fous le règne Se par les ordres d'Almamon
dans les plaines de Senaar , près de Babylone , trouvèrent
que cinquante-fix milles Se deux tiers répondoient à un
degré , Se ce calcul elt le plus fuivi par les Arabes. Voici
comment s'en explique Ali Koshg, qui cultivoit l'agro-
nomie fous Ulug - Beig. On fait par les obfei varions Se
par le calcul , que le tour de la terre ( prife dans ion plus
grand cercle , ) elV de huit mille parafangues , chaque pa-
rafangue elt de trois milles , chaque mille eft de trois
mille aunes ( ou coudées ) chaque aune de trente-deux
doigts , chaque doigt de fix grains d'orge égaux , & cha-
que grain égal à fix crins pris de la queue d'un cheval.
Les farfancs ou agats de Perfc font évalués par les Ara-
bes d'aujourd'hui à trois milles arabiques chacun. Ces
milles arabiques font plus longs que ces milles italiques.
Deux cens quatre vingt cinq arabiques répondent à trois
cens milles de foixante au degré.
Mesures 'itinéraires des Chinois.
Le pere Martini, dans fon Atlas chinois, fournit les
mefures fuivantes.
La plus petite mefure eft un iys.
Dix lys font un fuen.
Dix fuen font un ché.
Dix ché font un cham,
Avant que d'aller plus loin , il faut expliquer ces me-
fures. Cela fervira à l'intelligence des autres.
Le ché elt rendu par le mot de coudée ; mais il me fem-
fale que le mot de pied y viendroit mieux ; car la mefure
que le pere Martini donne duché, répond à peu près à
X)nze pouces & demi du pied du Rhin , en ce cas le pied
chinois fe partagera en Èk pouces , qui font aux pouces
du Rhin , comme vingtTont à ving-trois.
Le fuen , ou le pouce chinois , eft de dix lys , que l'on
pourroit appeller la ligne chinoife ; car le lys a la même
proportion à la ligne du Rhin , que le fuen au pouce Se
le ché au pied. Six ché font un pu , c'elt-à-dire , un pas ,
Se dix ché t'ont un cham ou une perche ; ainfi le pas chi-
nois eft de fix pieds chinois , qui reviennent à cinq pieds
du Rhin Se neuf pouces.
Trois cens foixante Se dix pas chinois font un ti.
Les écrivains qui parlent des affaires de la Chine en
latin , rendent ce mot par ftade. Plufieurs de nos écri-
vains François difent lieue chinoife.
Dix lis font un pu , & huit pu , ou ce qui revient au
même , quatre-vingt lis font un chan ,qui eft une jour-
née de chemin de vingt- huit mille huit cent pas chi-
nois.
Le pu , qui , comme nous venons de dire , eft la hui-
tième partie de la journée chinoife , eft donc de trois
mille cinq cens pas, mefure du pays. De même que les
Romains élevoient une colomne ou quelque autre pierre
à chaque mille , les Chinois élèvent à chaque pu un
arc avec une infeription pour inltruire le voyageur Se
du chemin , Se des diftances.
Le P. Martini trouve dans un degré quatre-vingt-dix
mille pas chinois, & comme trois cens cinquante de ces
pas, font le lis , il conclut qu'il faut deux cens cinquan-
te de ces lis pour un degré , de forte que vingt-cinq lis
font fix milles italiques : car de même que fix milles itali-
ques multipliés par dix , font foixante pour le degré , de
même vingt-cinq lis multipliés par dix , font deux cens
cinquante.
Le P. Briet dit , fur l'autorité du P. Maphée , dont il
cite le fixiéme livre , que les Chinois ont trois fortes de
mefures ■■, que la plus petite eft le li , ou l'intervalle dans
lequel la voix humaine peut s'étendre dans une plaine Se
M*
dans un tems calme. Dix de ces Ils font un pu , Se il
évalue le pu à une lieue de vingt au degré. Ce compte
eft bien différent de celui du P. Martini ; car fi vingt pu
font un degré , il n'y aura que deux cens li< dans le de-
gré, ce qui eft un cinquième de di ce. Peut-être
auffi que le pere Briet a voulu mettre que le pu eft une
lieue de vingt-cinq au degré, en ce cas il fera d'accord
avec le pere Martini.
Le P. Gouye , dans une de fes notes fur les obferva-
tions phyfiques Se mathématiques , qu'il a publiées en
1688, dit: Il en eft des lis chinois comme de nos lieues
françoifes , qui ne font pas de la même grandeur partout.
Cette réflexion eft occafionnée par cette remarque du
pere Nocl , dont voici les paroles : Au regard des ftades
chinois , qu'ils appellent lis , il fcmble qu'elles font diffé-
rentes en différentes provinces •, car ayant mefure le tems
avec une montre fort jufte , fur le chemin de Nan-hium
à Nan-ngan , j'ai trouvé que , toute compenfation faite,
quinze lis répondoienr à une heure de chemin , Se rare-
ment feize ; Se fur le chemin de Nankin , au bourg de
Tan-Yan , que douze lis répondoient à une heure de
chemin , ce qui eft le plus ordinaire dans toute la Chi-
ne. C'eft pourquoi , continue le pere Noël , j'ai cru
qu'on pouvoit donner douze lis chinois à une lieue de
Flandres : cela s'accorde avec ce que dit le pere Verbieft
dans fa cosmographie chinoife , qu'un degré de latitude
fur la terre eft de 250 lis.
Quoique les lieues françoifes varient , le pere Gouyc
remarque qu'on les réduit d'ordinaire à trois espèces \
ravoir , la lieue de Paris de deux mille toifes , la lieue
marine de deux mille huit cens cinquante -deux toi-
fes , Se la lieue commune de deux mille deux cens
quatrevingt-deux toifes du Châtelet de Paris ; puis donc
que deux cens cinquante lis chinois font un degré de la-
titude , Se que , fuivant les obfervations de l'académie, le
degré eft de cinquante-fept mille foixante toifes , il eft
évident que chaque lis eft de deux cent huit toifes , Se de
fix vingt-cinquièmes de toife , Se que par conféquent la
lieue médiocre françoife eft d'environ dix lis chinois.
Voici une remarque nécefiaire pour rectifier la fauffe
idée que l'on pourroit prendre du pied chinois. J'ai dit
que la mefure qu'en donne le pere Martini , qui le nom-
me la coudée chinoife , revient à peu près à onze pouces
Se demi du pied du Rhin. J'ai dit à peu près ; car cette
mefure gravée n'a pu être imprimée fur le papier qu'é-
tant mouillé ; or , il s'eft racourci en féchant , & cela
peut faire une diminution , qui , toute infenfible qu'elle
paroît , peut faire une grande différence dans une fom-
me un rJeu forte. Cependant en la fuppofant jufte fur
le papier , fi nous fuppofons le pied de Paris de mille
quatre cens quarante parties , le pied dt Rhin ne fera
que de mille trois cens quatre-vingt-dix , Se le ché , ou le
pied chinois , de mille trois cens trente. Sur ce pied le P.
le Comte , Mémoire t. 1. lettre. 9. a raifon de dire : Pour
ce qui regarde la mefure commune de l'Empire , on en'
a parlé différemment , parce que ceux qui en ont écrit fe
font fervis de différentes mefures qui fe trouvent dans
les provinces. Ce que ce pere ajoute elt digne d'attention:
Je les ai toutes examinées foigneufement , Se j'ai cru de-
voir m'arrêter à celle du pere Vcrbieû , dont on fe fer-
voit dans le tribunal des mathématiques. On peut donc
compter que le pied chinois n'eft point fcnfiblement diffé-
rent du nôtre , c'eft à dite , du pied de roi , ou du pied
du Châtelet. Ce n'eft pas que dans le rapport que j'en ai
exactement fait , le nôtre ne le furpafle d'une centième
partie •, mais cette petite différence parmi les Chinois s'é-
vanouit dans la pratique , fi l'on confidére qu'ils ne s'at-
tachent pas avec tant de précifion que nous à ces fortes
de mefures, lesquelles ils donnent au peuple pour l'ufa-
ge , Se non pas pour fervir de matière de dispute Se da
raffinement.
Ce pere explique ce que nous avons dit des arcs placés
à chaque pu.
Des grands chemins des Chinois.
La police des Chinois n'eft pas feulement pour les
villes, elle s'étend encore dans les grands chemins,
qu'elle a foin d'embellir Se de rendre faciles. Les canaux
font bordés en plufieurs endroits de quais de pierres ds
246
MES
MES
taille pour la commodité des voyageurs, & on y voit
une infinité de ponts qui font la communication des
terres Se des villages. On fait auffi paffer l'eau dans
presque toutes les villes des provinces méridionales ,
afin de rendre leurs foliés plus furs, & leurs rues plus
agréables. Dans les terres baffes Se aquatiques on élevé
des digues d'une longueur prodigieufe , afin que les che-
mins de terre foient praticables, & quand les monta-
gnes ferment les pafTages , il n'y a point de dépenfe
qu'on ne faffe pour y creufer des routes aifées.
Celle qui conduit de Signanfou à Hamtchoum eft
une des chofes les plus mcrveillcufes. On dit que les
Chinois ont non-feulement coupé la montagne en ban-
quette par un des côtés , qui n'avoit aucune pente ; mais
qu'en fe fervant de plufkurs longues poutres engagées
par un bout dans le rocher , ils ont fait en Pair un
chemin tout le long des montagnes en forme de gale-
rie fufpendue ; ce qui donne de l'inquiétude à ceux qui
n'y font pas accoutumés, Se qui craignent toujours quel-
que accident ; mais les gens du pays font extrêmement
hardis ; ils ont des mulets formés pour ces routes, Se
paffent avec autant de fermeté fur ces précipices affreux,
que s'ils voyageoient dans les plus beaux chemins du
monde.
Pour ce qui regarde les chemins ordinaires , on ne
fauroit afiéz admirer les foins qn'on a pris de les ren-
dre commodes. Ils font de quatre-vingt pieds de large
ou environ ; la terre en eft légère , Se fe féche facile-
ment dès que la pluie a ceffé. En certaines provinces on
voit à droite Se gauche, comme fur nos ponts, des ban-
quettes pour les gens de pied , qui font terminées des
deux côtés par une fuite continuelle de grands arbres en
forme d'allées , Se fouvent renfermées entre deux mu-
railles de terre de huit ou dix pieds de haut pour em-
pêcher les voyageurs d'entrer dans la campagne; ces
murailles ont leurs ouvertures qui répondent aux che-
mins de rraverfe Se qui aboutiffent de toutes parts à
de gros villages.
De demi-lieue en demi lieue, (il appelle demi-lieue
le pu qui eft de 3500 pas,) le chemin eft traverfé par
One espèce d'arc de triomphe fait de bois , Se élevé à la
hauteur de trente pieds , qui eft percé par trois gran-
des portes, au-deffus desquelles on a écrit fur une large
frife en caraétères qu'on peut lire de cent pas, la di-
ftance de la ville prochaine d'où l'on eft parti , & celle
de la ville où la route mène. Ainfi les guides ne font
pas néceffaires, Se l'on fait à tous momens où l'on va,
d'où l'on vient , combien on eft avancé , Se ce qu'il
refte encore de chemin à faire. •
Comme il eft d'une extrême importance que les cou-
riers arrivent à tems , les mandarins ont foin de tenir
tous les chemins en état , Se l'empereur pour les y obli-
ger plus efficacement , fait quelquefois courir le bruit
qu'il doit lui-même vifiter certaines provinces. Alors les
gouverneurs n'épargnent rien pour en réparer les che-
mins; parce qu'il va ordinairement de leur fortune, Se
quelquefois de leur vie , s'ils fe négligeoient fur ce
point. Mais quelque foin que les Chinois fe donnent
pour diminuer la peine des voyageurs , on y fouffre
néanmoins presque toujours une incommodité uès-con-
fidérable.
Mesures itinéraires du Japon.
Nous n'avons rien de fort exaét fur cette matière.
Kempfer , dans fon hiltoire du Japon, /. j. c. 2. t. 2.
p. 1 23. en parle affez pour en dégroffir l'idée , mais trop
peu pour en donner une connoifianec parfaite. Voici
ce qu'il en dit : Les lieues , ou les milles du Japon , ne
font pas d'une égale longueur. Les lieues de terre dans
l'ifle de Kiusju Se dans la province d'isje font de cin-
quante tsjo chacune; Se les autres lieues communes
ne font que de trçnte-fix. Le tsjo eft la mefure de la
longueur d'une rue. Dans les bonnes routes , j'ai trouvé
que les premières de ces lieues font d'une heure de
chemin à cheval , & les autres feulement de trois quarts-
d'heure. Le tsjo contient foixante kins ou toifes cha-
cun. Arrêtons nous ici un moment pour arranger ces
idées.
Le Kin eft unetoife; mais de quels pieds cette toife
cft-elle formée ? L'auteur étoit au fervice des Hollandois
cV peut-être fe fera-t-il fervi du pied de Leyden. Il dît
que la manière de compter de ce pays, (du Japon)
eft par Kins ou Nattes qui font autant de toifes de
l'Europe.
Le Tsjo eft de foixante kins ou nattes , ou ,ce qui re-
vient au même , de foixante toifes.
La grande lieue eft de cinquante tsjo , ou trois mil-
le kins ou nattes , évalués par l'auteur à trois mille
toifes.
La petite lieue, eft de trente -fix tsjo , ou de deux
mille cent foixaiîte kins ou nattes , évalués à 2160
toifes.
Les lieues de mer Japonnoifes font fort indétermi-
nées. L'auteur met pourtant de la différence entre les
lieues de merau-dedans , c'eft-à-dire , entre les ifles : il
dit des premières , que deux Se demie font un mille d'Al-
lemagne , apparemment le mille d'Allemagne commun ,
ou le mille géographique de quatre mille pas chacun. A
l'égard des autres, on ne peut en dire la proportion.
Le même auteur, dans un autre endroit, égale ; j milles
japonnois à environ 22 milles d'Allemagne. Il ajoute:
Dans la province de Lifen , j'ai obfervé que les milles
étoient d'une heure de chemin à cheval au petit pas ,
ou à pied au grand pas , mais dans les autres , de trois
quarts-d'heure feulement : cinq lieues d'eau font trois
milles de terre fur les côtes du Japon ; mais dans les
mers plus éloignées , on compte que deux lieues Se de-
mie font une lieue hollandoife. Il ajoute : Un mille or-
dinaire contient la longueur de 36 rues , (ou tsjo)ex~
cepté dans la province d'isje , où il en contient cinquan-
te > la longueur d'une rue, eft de foixante kjns ou nat-
tes , Se à Nagafaki de 5 6. Un peu plus d'uniformité dans
cet hiftorien , foulageroit un peu le leékur. Montanus,
ou Du Mont, dans fon ambafïade du Japon, compte
25 milles japonnois pour un degré. De l'ifle évalue les
lieues du Japon à raifon de 1 75" , égales à 200 coffes
ou lieues de l'Indouftan, qui valent cent lieues- marines
de France ou d'une heure.
Mesures itinéraires des Siamois.
Les mefures fiamoifes ont été examinées avec foin pat
de la Loubere , auteur exact Se méthodique,dont j'emprun-
terai ici les paroles.
Les mefures fe forment ou fe compofent de cette
forte. Teet met Cim P leujcw^n\-a.-dut , huit grains
de riz entier, dont la première envelope n'a pas été
brifee au moulin, valent un doigt, en fiamois Niou.
ia Doigts valent un Keub, c'eft-à-dire une paulme t
ou l'ouverture du pouce Se du doigt moyen.
2 Keub valent un sok , c'eft-à-dire, depuis le coude
jusqu'au bout des doigts.
' 2 Sok valent un ken , c'eft-à-dire , une coudéç de-
puis le bout des doigts jusqu'au milieu de la poittine.
2 Ken valent une braffe , qu'ils appellent Voua,
Se qui vaut à peu près un pouce moins que notre toi-
fe , fi bien qu'il s'en faut très-peu de chofe , que leurs
huit grains de riz , qui font leur doigt , ne vaille neuf
de nos lignes, que nous eftimons égales à neuf grains
d'orge.
20 Voua font une corde , qu'ils appellent Sen.
100 Sen , c'eft- à-dire , cent cordes , font une de leurs
lieues , qui revient à deux mille braffes. Us appellent leur
lieue roe -neng, c'eft -à -dire un cent: roë veut dire
cent, Se neng veut dire un.
Enfin , quatre de leurs lieues , ou 8000 voua ou
braffes, font un Jod , & ce font-là toutes leurs me-
fures des longueurs.
Réduifons ceci à notre manière de compter; huit
grains de riz valent neuf lignes.
Le Niou, ouïe doigt eft de neuf lignes, c'eft-à-dire,
trois quarts de pouce ; donc douze doigts , ou le keub ,
égaux à neuf pouces ; donc le fok, , égal à 1 8 pouces ,
qui font un pied Se demi.
Le Ken, eft donc de trois pieds, Se le Voua qui eft
le double , eft notre toife ; mais on a dit , que les huit
grains faifoient un peu moins de neuf lignes; cette diffé-
rence , accumulée dans les pouces dont la toife eil com-
pofée , fait un pouce de diminution fur notre toife. Donc
la lieue fïamoife , ou Roe mng de deux mille voua ,
MES
MES
eft égale à 1971 toifes i pied Se 4 pouces, mefure
du pied de roi.
Mesures itinbrair.es des Indes.
Tavemier, qui a beaucoup écrie fur les diftances des
différens lieux des Indes qu'il a parcourus , dit , Voyage
des Indes , l. i.c. 3. On mefure aux Indes les diftances
des lieux par Gos & par Costes. Une Gos fait envi-
ron quatre de nos lieues communes , Se une Coste
une lieue. Mais qu'entend-t-il par lieues communes ?
Entcnd-t-il des lieues d'une heure de chemin? Il n'y
a pas d'apparence ; il y a même une analogie entre les
lieues fiamoifes dont nous venons de parler, Se les lieues
de Tavernier,- ce qui me fait foupçonner que les lieues
qu'il entend, doivent être très-petites : car de la Loubere ,
dit que Roèneng , ou la lieue fiamoife, eft de deux mille
brades , Se que quatre de ces lieues , font le Jod de
8000 de ces braffes. La Cofie de Tavernier eft le quart
du Gos ; cela fc reffemblc beaucoup. Mais Thevenot ,
qui a décrit les Indes avec grand foin , & qui les avoir
parcourues lui-même , ne connoît ni les Gos , ni les
Costes de Tavernier , mais les Cosses. Enfin , dit-il ,
/. i.c. 4. p. 17. j'arrivai à la ville de Baroche, qui eft
éloignée de Sourat Se de la mer de vingt codes , qui
font environ dix lieues françoifes , parce qu'une cofle qui
eft la, mefure des Indes , pour l'espace des lieux , eft
environ d'une demi-lieue. Cela s'accorde avec de rifle ,
qui égale deux cens colles à cent lieues communes de
France , d'une heure de chemin chacune. Ce dernier ,
dans l'échelle de fa carte des côtes de Malabar Se de Co-
romandel, met les lieues communes de France de 15 au
degré ; les coffe's ou lieues communes des Indes de 40
au degré. Les Gos , ou lieues de Malabar Se de Coro-
mandel.de 10 au degré. Je crois que c'eft à quoi il faut
s'en tenir.
Mesures itinéraires des Tartares.
A parler généralement , ces peuples comptent par jour-
nées de chemin , qui doivent être fort inégales , félon les
lieux. Les Tartares Chinois, fe fervenr des lis ou lieues
chinoifes, les Tartares Moscovites-fe fervent de werftes.
Mesures itinéraires de l'empire Russien.
r»«
Les Ruffiens fe fetvent d'une espèce de lieue qu'ils
appellent Werst, Werste , ou Wurste. C'eft cette
dernière orthographe , que préfère le capitaine Pcrry ,
dans fon état préfent de la Grande Ruffie. 11 dit qu'un
Wurfie , ou mille de Ruflïe, eft de 3504 pieds d'Angle-
terre; or , 3504 pieds font 584 toifes d'Angleterre ; mais
comme le pied d'Angleterre , eft au pied de Paris .
comme 1350 à 1440, il y a un feiziéme de différence
d'un pied à l'autre. La même proportion étant entre les
toifes de Londres Se de Paris , il s'enfuir que les 584 toi-
fes de Londres font égales à 547 toifes Se demie , me-
fure du châtelet, ainfi il s'en faut dix toifes, que 4
werftes de Ruflïe ne répondent à une lieue de Berri ,
qui eft de 2200 toifes : depuis le capitaine Perry , Pierre
le Grand , pour donner plus d'uniformité aux mefures
de fes vaftes états , ordonna que la werfte feroit de joo
toifes, & que fix feroient un mille, de ij au degré.
Or, il y a 57060 toifes du châtelet dans le degré , ce qui
pour chaque mille de 15 au degré fait 3804 toifes, Se
comme il y a fix werftes dans le mille , cela revien-
droit à 654 toifes pour chaque werfte ; au lieu de cinq
cens. J'ai peine à croire que la toife de Ruflïe excède fi
fort celle de Paris. Peut-être a t-on mal rendu le mot
de toife. Quoi qu'il en foit , il y a 90 werftes dans le
degré.
Mesures itinéraires de la Turquie.
Je commencerai par ces paroles du célèbre voyageur de
Tourneforr. La longueur des milles n'eft pas, dit il , déter-
minée avec précifion dans le Levanr , principalement
fur la mer , où chacun les alonge & les racourcit fuivanc
fon caprice. Je n'ai jamais trouvé deux pilotes qui fus-
fent du même fentiment là-deiTus. Les uns comptent
jusqu'à 1 800 milles de Marfeillc en Candie -, les autres
247
n en mettent que quinze cens. Nous avons fuivi l'opi-
nion la plus commune , qui eft de 160c. Il en eft à peu
près de même par terre. Il y a des endroits où les milles
font fi courts , qu'il en faut plus de quatre pour faire
une lieue de France. Le plus fouvent , il n'en faut que
trois : de là vient la grande différence, où le jufte rap-
port qui fe trouve entre les mefures des anciens & celles
d'aujourd'hui. On ne connoïr en Orient ni géométrie,
ni arpentage ; Se les terres y font à fi bon marché , qu'on
ne prend pas la peine de les mefurer avec exactitude.
Ajoutez à cela , que dans la plupart des voyages du
Levant , les écrivains expriment les diftances d'une ma-
nière vague. Quelques-uns fe fervent du mot lieue , fans
expliquer quelle forte de lieue ils entendent; de manière
qu'on peut fe tromper du double en les évaluant. D'au-
tres difent : Nous partîmes le matin d'un tel endroit,
Se après avoir marché par des plaines ou par des mon-
tagnes , nous arrivâmes à telle heure en tel lieu. On
voit bien que c'eft ne tien déterminer ; car cela dépend
du chemin qui étoit plus ou moins droit, plus ou moins
aifé , Se du pas qui a pu être le petit pas, le pas mé-
diocre ou le grand pas. Cela fait d'extrêmes différences.
Les géographes ont donc été obligés, pour évaluer ces
mefures arbitraires Se indécifes , de les confronter avec
les mefures des anciens exprimées dans leurs itinéraires ,
Se avec les diftances qui réfultent âes obfervations aftro-
nomiques par le calcul. Cela étoit néceffaire pour ré-
tablir la pofition des principales villes du Levant. Faute
d'avoir recours à cette rectification fi néceffaire , ceux
qui avoient eflayé de faire des cartes de l'Afie, fur l'idée
vague que les voyageurs en donnent , avoient défiguré
cette partie , allongé certains cantons , accourci d'autres
pour trouver leur compte. D'autres travaillant fur les
anciens, dont ils ne connoiffoient pas les mefures , avoient
déplacé tout. Les mefures des anciens bien enrendues,
ont remis chaque chofe dans fon lieu ; Se ce qui prouve
l'explication que nous en donnons ici, c'eft l'accord ad-
mirable qui règne entre ces mefures Se les obfervations
aftronomiques. Dans cette diverfité de milles dont on fe
ferc en Turquie, les géographes fe fervent du mille
commun, qui revient au mille italique.
Dans l'Arabie , Se dans tous les lieux où les Arabes
font répandus, on a un mille un peu plus iong, que
l'on peut appeller le mille arabique. i8j de ces mil-
les font équivalons à 300 milles italiques , de foixante au
degré.
En récompenfe , les milles de la Baffe-Egypte font
beaucoup plus courts , Se il en faut joo pour faire 300
milles italiques.
Mesures itinéraires
d'a f r i q u e et d'a mer1que.
*
Toute la côte feptentrionale d'Afrique , Se une par-
tie de l'occidentale , ayant été poffédée par les Romains,
les diftances en font préfentement bien connues ; d'ail-
leurs , les Arabes, qui y ont porté leurs armes , Se les Eu-
ropéens qui ont parcouru ces pays, ont entretenu à cet
égard les connoiffances qu'on en avoir déjà , Se les ob-
fervations les ont perfectionnées. Chaque peuple de
l'Europe , qui a eu occafion de parler des diftances des
différens lieux de l'Afrique , s'eft fervi des mefures de
fon pays , dans les terres , Se fur les côtes que nos voya-
geurs ont moins fréquentées : les Nègres , Se les autres
habitans de ces cantons comptent par journées de
chemin.
Il en eft de même de l'Amérique. Les naturels comp-
tent les diftances par journées ou par lunes. Dans les
pays fournis aux Espagnols , ce font des lieues espa-
gnoles ; dans l'Amérique poffédée par les François , ce
font des lieues françoifes ; Se dans les pays qui dépen-
dent de la couronne Britannique, ce font des milles
anglois.
Réflexions générales sur ces Mesures.
Nous ne traiterons ici ni des différens milles , ni des
lieues donr on fe fert en Europe. Il fuflit de la table
que nous en donnerons enfuite : mais cette table n'eft
que pour ceux qui veulent favoir les chofes géographi-
quement ; car fi on veut l'examiner* fur les lieux mimee,
1 4.8
MES
MES
on n'y trouvera pas fon compte , & en voici la raifon.
Le peuple d'un même lieu ne s'accorde pas clans la
fupputationdes lieues; car celui qui compte quatre lieues
de fa ville à une autre, aura un voilin qui n'en compte
que trois , 8c un autre qui en compte cinq ; & il fe
peut faire que pas un des trois ne di!e au julîe la vraie
diftance.
Cette inconfiance jointe à la diverfité des lieues 8c
aux contours des chemins , donne des peines étonnantes
aux géographes , quand il faut drefler une carte exacte.
Dans les lieux éloignés, les obfervations fervent de
guide; mais dans les lieux plus voifins , il faut fe fervir
de la chaîne diftiibuée en toifes ; 8c par le calcul àes
angles , rec-liner ce que la chaîne donne de diftance en
toifes , en tenant compte des détours que fait le chemin.
La diftance de deux villes en droite ligne ,8c le chemin
qu'il faut faire pour aller de l'une à l'autre par les
chemins ordinaires , font fouvent deux chofes très-diffé-
rentes. L'auteur d'une carte a pour principal objet le
p remier genre de dillance. 11 ne peut y ajouter le che-
min que dans lescartestopographiques d'un petit canton:
ce pendant il arrive fouvent des injuftices que les igno-
rais font à de très-habiles géographes. Un homme fans
connoiffance voit une carte de fon pays •, il fait com-
bien le peuple compte d'ordinaire de fa ville à une autre ;
il prend un compas , mefure cette dillance , la rapporte
fur l'échelle, trouve une différence, parce que le géo-
graphe prenant la diftance en droite ligne , n'a tenu au-
cun compte de tous les détours que fait le chemin ; il
commence par décrier la carte.
Un voyageur auquel la lafiîtude 8c la paffion d'arriver
de bonne heure au gîte, font trouver le chemin très-
long , blâme une carte, 8c en aceufe l'auteur d'avoir
fait égales des lieues qui lui paroiffent très différentes.
Le plus sûr eft de réduire les différentes fortes de milles
8c de lieues en toifes de Paris ; 8c par-là on fait com-
bien il faut de ces lieues pour un degré. Il n'en coûte
pour cela qu'une ou deux opérations d'arithmé;ique.
C'eft pour faciliter ce calcul que je donne la table fui-
vante.
TABLE GÉOGRAPHIQUE
Des Mesures itinéraires anciennes
et modernes ,
Rapportées à un degré de l'Equateur 3 ou à la toife de Paris.
Le Mille Hébraïque ou le chemin d'un jour de
Siabat, de deux mille coudées, égalé par S. Epifiliane à
ix ltades romains : fix cens de ces ftades font un-legt é ;
lonc le mille hébraïque cil de ioo au degré.
Le Stade Egyptien , félon Hérodote , eft de fix cens
pieds. 11 donne 8oo pieds de largeur à la bafe de la
grande pyramide d'Egypte, qui, mefurée au pied de Paris,
eft de 68o pieds. Or, comme 8oo font à <58o,de même 6oo
pieds, qui font le ftade d'Hérodote , font à jio pieds de Pa-
ris. Donc le ftade d'Hérodote eft 8j toifes de Paris. Donc
la parafangue égyptienne, évaluée a 50 ftades, eft de 3350
toiles. Donc le fcheene double de la parafangue fera
de y 100 toifes, 8c les autres fcheenes à proportion. Un
degré de l'Equateur eft égal à 57060 toifes. Divifez ce
nombre par 85 , qui eft le nombre des toifes contenues
dans ce ftade, il en réfulte 318 ftades plus 30 toifes
pour le degré ; & ainfi à proportion de la parafangue
8c du fcheene. Ce ftade eft donc au degré 3 1 8 8c près
d'un tiers.
30 de ces ftades font la Paras angue Egyptienne;
celle d'ARMENiE étoitde quarante ftades.
60 ftades font le Vrai Schoene d'Hérodote. C'eft
l'ancien Schctnc , le moyen 8c le commun.
Le grand Schcene étoit double, 8c comprenoit 120
ftades.
Le petit Schoene du Delta, ou le demi-Sch<ene
n'étoit que de 30 ftades. Ce n'eft que la parafangue
changée de nom.
La parasangue des Perses anciennement égale à
celle d'Egypte , enfuke bornée à 40 ftades romains ,
ainfi équivalente à cinq milles romains , dont 75 faifoient
un degré : donc la parafangue croit de ij au degré.
Le ftade d'Ariftote , de Xénophon, &c. de 1 1 1 1 au degré.
Le ftade romain de 600 au degré.
Le mille romain de 75 au degré.
L'ancienne lieue des Gaules 8c d'Espagne de 1500 pas de
50 au degré.
La rafte des Germains de 3000 pas romains, ou deux
lieues gauloifes de 25 au degré.
L'ancienne lieue françoife de deux milles italiques de 30
au degré.
Parafangues des Arabes & des Perfans, 22 8c trois neuvié-
mes au degré.
Selon leurs fucceffeurs , 19 moins deux neuvièmes.
Lis de la Chine de ' 250
Lieues du Japon de 2 j
Werftes de Ruflîe de 90
Milles de la baffe Egypte , de
Colles , ou lieues de l'Indouftan , de
Gos, ou lieues de Coromandel 8c de
Malabar , de
Lieues de Hongrie , de
Lieues communes de Hongrie , de
1 10
40
10 1
10'
12
de
Milles communs de Turquie ,
Milles italiques communs ,
Milles pas géographiques ,
Milles marins de l'Océan ,
Milles marins de la Méditerranée ,
Milles modernes de Rome , de
Milles deMantoue,de
Milles de Modène, de
Milles de Venife , de
Milles de Parme , de
Milles de Gènes , de
Milles de Florence , de
Milles de Ravenne 8c de Bologne , de
Milles d'Anconne , de
Milles de Piémont , de
Milles d'Ecoffe , de
Milles d'Angleterre , de
Milles d Irlande , de
Lieues géographiques de quatre mille
pas géométriques ,
Lieues communes d'Allemagne ,
Lieues communes de Danemarck ,
Lieues d'Espagne ,
Lieues marines de Hollande ,
c
de 60
7S
7S
8oj
7°\
68
64
58
7*
50
50
7S
SS
lS
8c demi.
Lieues marines d'Espagne , de
Lieues marines d'Angleterre ,
Lieues marines de France ,
•} ae
5 de
1 7 & demi au deg.
de 285-3 toifes
20
Lieues de Suéde ( de 18000 aunes de Suéde
chacune,) 12
Lieues de Pruffe,de 16
Lieues de Pologne , de 10
Lieues d'Ukraine , de 14
Lieues communes de France , de trois milles romains ,
ou de 2282 toifes , 25 plus 10 toifes.
Lieues de Paris ,
Lieues de Solog
Lieues de Touraine
ne , V de
une, J
2000 toif. de 28 un quart'
Lieues de Beauce , •, de toif> de
Lieues de Cannois , $ '
Lieues de Bretagne , -> de toif# dfi tfois
Lieues d Anjou , J
Lieues de Normandie,
Lieues de Champagne,
?s de
Lieues de Picardie , de 22J0 toifes,
plus 810 toifes.
*5
Lieues
Lieues d'Artois ,
Lieues du Maine ,
Lieues du Perche ,
Lieues de Poitou ,
MES
}
MET
23
24
26
Lieues de Berri de 2000 toifes ,
moins un onzième.
Lieues de Bourbonnois , de 2500 toif. de 23
Lieues de Lyonnois , de 2450 toif. de 23
plus 710 toifes.
Lieues de Bourgogne , de 2 1 Se demi.
Lieues de Gascogne ,
Lieues de Provence
' £ de 3000 toif. de 19
Lieues de Suifle ,
Lieues de Flandre ,
de
Lieues communes des Pays,- Bas, ? ,
Lieues de Luxembourg , *
24
£2
Comme j'écris pour tous les peuples , Se que parmi
les étrangers il pourroit y en avoir qui ignoreront le
rapport & la différence du pied , qui eft en ufage parmi
eux , au pied de voi , dont fix font les toifes qui font
employées dans les évaluations précédentes \ il elt jufte
du donner ici une table qui leur aide à évaluer les diffé-
rens ; i Se les autres mefures de divers pays par rap-
port au pied de Paris.
Le :d le Paris fe divife en 12 pouces.
( ut >ouce en 1 2 lignes.
Si c fu^yo fediaque ligne divifée en ic parties, on aura
part.
n
d
EL,
on
m
a
O
T3
Le pied de Paris, de Ï440
Le pied de Bologne , de 1682
Le pied de Danemarck , de i4°4J
Le pied de Rhin ou de Leyde , do 1 390J
Le pied de Londres , de 1350'
Le pied de Suéde , de ï 3 1 ô"
Le j. ied romain du Capitule , de 1 306
Le pied de Daritzig , de ïxl'1
Le pied d'Amftefdam , dé Ï258
Le palme de Naples , de 1 169
Le paierie de Gènes , de 1 1 1 3 (
Le paime de Palerme , de 1Q7 $
Le palme romain , de 990
La truffe de Bologne , de 26^
La braire de Florence à terre , de 243°
La brade de Parme Se de Plaifance , de 2423
La brade de Rcggio , de' 234
La brade de Milan , de 2166I
La brade de Breflé , de 1075
LabradedcMantoue.de 206 2'
En parlant de la lieue fuédoife» j'ai dit qu'elle eft
de r8-?oo aunes. L'aune de Stockholm efl presque la
m ; i ; chofe que la brade de Bologne , 116 brades Se
utu .e de Bologne font 116 aunes de Stockholm. Ainfî
i! efl aift d'évaluer l'une & l'autre au pied de Paris.
Trois bral s de Bologne feront donc de cinq pieds Se
demi, Se les trois aunes de Stockholm de même , toute
la lifFérence n'érani de l'une à l'autre que d'une cent
tr< nte-troifiéme pai tiède la bralTc.
Quand les Allemands n'expriment point la forte de
pieds dont ils le fervent, il faut l'entendre du pied du
Rhin, aue quelques-uns appellent Rhinlandique.quieft
fort en ufage.
Autres Mesures.
i 2 points font une ligne.
1 2 lignes font un pouce.
I 2 pouces font un pied.
I pied & demi fait la coudée commune.
Le pas commun elt de deux pieds & demi.
Le pas géométrique elt de cinq pieds.
La toife elt de fix pieds.
La verge Se la brade font comme la toife.
La coudée géométrique elt de neuf pieds, ou une toife
Se demie.
La perche des anciens étoit de dix pieds. Celle donc
249
fe fervent les arpenteurs en France, elt de dix-huit , ce
qui doit s'entendre des environs de Paris : car dans le
Perche Se au pays Charcrain elle efl; de 22 , & en a en
fon carré 484. En d'autres elle eft de 19 , de 20 , de
24 , &c.
La chaîne au pays d'Anjou , de Poitou , de Touraine ,
du Maine, &c. vaut 2; pieds en longueur, & 62; en
carré. En Bretagne elle elt de 24 , Se en carré 576.
En plusieurs provinces les cent chaînes carrées de 15
pieds de long chacune , font comptées pour un arpent i
Se par conféquent les vingt cinq pour un quartier.
L'arpent ordinaire eft de dix perches de longueur ,
Se de cent en carré. On le divife "en quatre quartiers.
Le journal en Bretagne eft de 22 feillons& un tiers , ou
4020 pieds.
Le feillon contient fix rayes, ou 1 80 pieds.
La raye contient deux gaules Se demie, ou trente pieds.
La gaule contient douze pieds en carré.
L'acre dans le duché de Normandie contient 4 verges.
La verge contienc 40 perches carrées, Se la perche y
Vaut 22 pieds.
La faumée en Languedoc &en Provence contient quatre
fetterées.
La fetterée eft de quatre cannes carrées»
La canne contient huit pans en longueur.
Le pan contient huit pouces & neuf lignes, ou huit pou-
ces trois quarts. .
Le journal au duché de Bourgogne , fui vaut l'ordon-
nance du duc Philippe le Bon, contient 360 perches
carrées. La perche y vaur dix-neuf pieds en longueur Se
trois cens foixante-un en carré.
Le journal en Lorraine contient 250 toifes. La toife
y vaut dix pieds & le pied dix pouces, mefure de Lorraine.
MESUS, ville de l'Euboée, félon Pline, /. 4. <r. 12.
Mais les meilleurs manuferits écrivent Nesus. Et c'elt
àinfi que lifent Pomponius Mcla , /. 2. c. 7. Ortelius ,
Thefaur. Se le P. Hardouin. Cette ville conlerve encore
aujourd'hui fon ancien nom ; on l'appelle Nefo. Elle efl
dans la partie feptentrionale de l'ifle.
METABOLÉS , bourgade que Curopalate femble pla-
cer au voifinage de l'Arménie. * Ortclù Thefaur.
METABUS. Voyez. Metapontum.
METACHOEUM , lieu fortifié dans la Bœotie. Etien-
ne le géographe le place entre Orcbomemts Se Curonça. II
nomme aufiî ce lieu Metacbocrum.
METACOMPSO, ville d'Egypte, félon Ptolomée,
/. 4. c. 5. Il femble que ce foit la Tachempfo de Pompo-
nius Mêla, /. i.c. 9. mais il en fait une ifie du Nil.
Pline , /. 6. c. 29. l'appelle Tjcampfon , Se dit que quel-
ques-uns la nommpientTWitV/. Hérodote écrit Meto-
compfo , Se en fait aulfi une ifle qu'il place auprès d'Ele-
phantina. C'elt audi apparemment le village Tacompfos
qu'Etienne le géogtaphe place en Egvpte , près de l'ide
Philia.
METACUM , ville de l'Arabie Heureufe. Jean Barri
prétend que c'elt Calajate. On trouve Je mot de Meta-
cum dans quelques exemplaires latins de Ptolomée»
mais les éditions les plus correétes , foir latines , foie
grecques .portent Cumacawm , Ku^olkcItov. Voyez. Nime-
tacum Se Rigiacum. * Ortclu Thefaur.
MET ADULA ville de la Cappadoce. Ptolomée , /. r.
c. 6. la place dans le Pont Polemoniaque & dans les terres.
Ses interprètes lifent Megaluda.
MET^E. Voyez, Mediomatric.es.
METAFUS, ville maritime 6? Afrique, dans la province
d'Alger. Elle elt ancienne & a été bâtie par les Romains
fur la côte , à l'orient de Sacoa. Son port „ dans lequel les
vaidèaux d'Alger vont mouiller , elt aflez commode. Tour
le refte de la côte eft battu des vents Se a des bancs
extrêmement dangereux. Cette ville , préfentement rui-
née , eft appellée Temendefus par les Africains. Ptolo-
mée en fait mention fous le nom de Ruflone. Elle étoit
en grande fplendeur du tems des Romains. Les Gots
la detruifirent depuis , Se on tient qu'Alger s'eft accrue
de fes ruines» iPy a là une rivière , appellée Huecicer,
qui entre dans la mer, vers le levant , Se qui a une ville
auprès , nommée Bcni-Abdela. * Murmol , Defcr. de l'A-
frique, t. 3. 1. 5. c. 43.
METAGARA ou Matgara, comme écrit de l'Ifie.
C'eft un canton du royaume de Maroc, encre le grand
lom. IV, I i
MET
2.JO
Atiai ôc les rivières de Zis ôc de Ghir ; il eft peuplé
d'Arabes Mencbbé , qui habitent fous des tentes. * Atlas.
METAGON1UM, félon Strabon, /. 17. ôc Meta-
gonites . félon Ptolomée , /. 4. c. r. promontoire d'A-
frique,fur la côte de la Mauritanie Tingiiane. Caftald
J'appelle Cubo de très Forças , ôc Olivier le nomme
Cabo de très Ai cas. Les peuples qui habitoient aux
environs de ce Promontoire, font appelles Metagonita.
Pomponius Me la , /. i.t. 7. donne le nom de Meta-
conium à un promontoire de l'Afrique propre ; mais
comme ce promontoire ne , peut être le même dont
parlent Strabon & Ptolomée il faut de trois chofes 1 une ,
ou que Mêla fe foit trompé, ou que fes copilles ayent
pris un mot pour l'autre , ou qu'il y ait eu dans l'A-
frique propre , auprès du fleuve Àmpfagus , un promon-
toire , nommé Metagomum, dont Mêla eft le feul qui
ait parlé.
METALASSUS , ville de la Cappadoce. Ptolomée ,
MET
chafTerent de l'état, & ôterent les lieux de défordre&
de fcandale. Us délivrèrent les femmes de la nécelïité
de faire du mal ,en les délivrant de la pauvreté. Ils firent
pour cet effet un menaftere d'un palais , qui étoit fur
le bord du détroit , à la droite de ceux qui navigent vers
le Pont Euxin , ôc ils y enfermèrent ces peifonnes con-
verties, afin qu'elles y vaquafient aux exercices de la piété,
& qu'elles y pleurafient les péchés qu'elles avoient com-
mis dans le monde. Le lieu fut appelle Pe'nitence,
parce que tes femmes y exerçoient continuellement cette
vertu. Juftinien ôc Théodora attribuèrent de grands reve-
nus à ce monaftere, afin que celles qui l'habitoient n'euf-
fent point de fujet de violer la fainte réfolution qu'elles
avoient prife de garder la continence ;'& ils y élevèrent
de fuperbes bâtimens , pour les confoler en quelque forte
de la privation des plaifirs..* Procope , 1. i. des édifices,
c. 9. de la trad. de Coufin.
METAPA , viiie de l'Arcanie, félon Etienne le géo-
/. J.c. 6, la place dans le Pont Pulemoniaque , «5c dans graphe. Polybe, /. ;.c. 7. qui en parle auiîi , dit qu'elle
les terres. Ses interprètes , au lieu de Metalajjus , écrivent étoit fituée fur le bord du lac Ti ichonides.
METAPINUM. Voyez. Libyca.
METAPONTUM, &Metapcntium, ville d'Italie,
dans la grande Grèce , fur le golfe de Lucanie , aujour-
d'hui le golfe de Tarente. Quelques géographes veulent
que ce foit Ftlïciori , dans la Calabre ultérieure: d'autres
1 interp
Megaltjfus.
MET ALLA, lieu de l'ifle de Sardaignç. L'itinéraire
d'Antonin le met fur la route de Tibuli a Sulci, entre
Néapolis ôc Sulci , à trente milles de la piemiere»&
à même diftance de la féconde.
METALL1N A. Voyez, au mot Castra , l'article Cas- croient que c'eft Trébigaz.z.e. Pomponius Mêla , /. 1. c. 4.
TRA Vicelliana. Voyez, auffi Metallinum. dit : Après le fleuve Biadanus.qui fait la borne de la I uca-
METALLINUM , METELLINUM , ou Metalli- nie, on trouve la ville Matapontum fur ie bord de la mer.
nensis Colonia ; nom latin de la ville de Medelin Selon Mme, /. 3. c. it. Tarente, Méiapontum , ôc
en Espagne dans l'Eftramadure , fur le bord du fleuve Héraclée font fur le même golfe. Elle fut la demeure de
Anas. Pline, /. 4. c. 22. & Antonki , itiner. parlent de Pythagore, qui s'y retira de Crotone, & y finit fes
cette ville. Le dernier la place fur la route de Cordoue jours. Quelques-uns veulent que cette ville s'appelle à
à Emerita , a vingt-quatre milles de la dernière. Je préfent Torre di Mare. Elle fut bâtie par les Pyliens
n'entreprendrai pas de décider quelle eft la meilleurortho- ôc par Neftor, leup chef , au retour delà guerre de
graphe , ou celle de Pline qui écrit Metallinenfis Colonia, Troye. Jultin , /. 10. dit que fes habitans faifoienr voir
ou celle d'Antonin qui écrit Mitcllimim. dans le temple de Minerve Ls inftrumens de fer, dont
L'Espagne ne manque point de métaux qui auroient Epeus s'étoit fervi pour faire le cheval de Troyc. Hip-
pu occafionner le nom de cette ville. D'un autre côté, parque, l'afttonome , y drefla fcs tables. * Tue - Live ,
1. 1. c. 18.
METAR1S £STUS, golfe fur la côte orientale de
l'ifle d'Albion. Ptolomée, /. i.c. 3. la met entre l'em-
bouchure de l'Abus ôc celle du Gariennus. Ortelius,
Thifaitr. croit que c'eft aujourd'hui the Washe , entre
Lincolnshire ôc Norfolkshire.
METARUS, fleuve de l'Espagne Tarragonnoife ,
1.
Cscilius Métellus , qui fe rendit célèbre en Espagne ,
pourroit avoir donné fon nom à Metellirium. Plufieurs
même l'en regardent comme fondateur. Quelque médaille
ou quelque inscription pourroit décider, mais je n'en con-
nois point qui faffent mention de cette ville.
METALLOrANENSIS, lieu dont parle Bede, &
dont les martyrologes font mention , ajoutant quequarante
martyrs y furent décapités fous Dioclétien. Il eft à croire félon Ptolomée , /. i.c. 6. Pomponius Mêla, /. 3. c.
que c'eft le même lieu que S. Jérôme , in locis Hebr. le nomme Mearus.
appelle Metallofenon , & qu'il place dans la Paleftine
à quatre milles de Dodan , du côté du midi. Voyez. Phen-
mesus.
METALLOFENON. Voyez. Metailotanensis.
1. METALLUM, eit un mot grec que l'on a fait
latin, ôc qui veut dire la même chofe que Fodina,
qui eft un lieu d'où l'on tire quelque matière forte,
dure ôc utile à quelque ufage. Si la matière eft dure ,
elle eft auffi appellée Métal , comme l'or, l'argent, le
cuivre, le fer , le plomb & autres. Le nom de Metal-
i.um a auffi été donné à divers lieux , à l'occafion des
mines de métal que l'on y avoir trouvées.
2. METALLUM, lieu entre la Macédoine ôc la Thra-
ce , félon Ortelius ,.Thef. qui cite Hérodote, /. j.c. 17.
ôc ajoute qu'il y avoit dans ce lieu des mines de cuivre.
3. METALLUM, nom latin d'une bourgade de France.
Il en eft parlé dans un manuferit confulte par Ortelius,
Thcf. Il devoit être an voifinage de Bourdeaux.
4. METALLUM. On lit ce mot fur une médaille
de l'empereur Louis IV. Je juge, dit Ortelius, Thcfaur.
que c'eft un nom de lieu, parce que fur d'autres médailles
du même empereur on lit Lugdunum, Bituriges ,&
autres noms de lieux, ou de peuples. Voyez. Matalia.
METANAST/E. Voyez. Jazyges.
METANOEA. Ce mot grec fignifie pénitence : il
fut donné a un palais , que l'empereur Juftinien changea où eft à préfent Drojî.
METAUM , ville de l'ifle de Lefbos , fJon Etienne
le géographe , qui cite Hellanicus.
METAUMACUM. Voyez. Methamaucum.
METAURENSE. Voyez. Tifernum.
METAURENSIS,fiége épiscopal del'Irtrie. Il en eft
fait mention dans le fixiéine concile de Conftantinople,
fous l'empereur Confiant in ie Grand. Voyez. Slasa,
Tifernum, Vruini ôc Urbinates. * Urtcïii The-
faur.
METAURUM, ville d'Italie. Pomponius Mêla , /. 2.
c. 4. la donne aux Brutiens. Voyez. Tifernum.
1. METAURUS, fleuve d'Italie dans lUmbrie, fé-
lon Pline, /. x.c. /. qui le met entre le port d'Hercule,
ôc la ville Taïuœntum. Strabon , /. 6. p. i$6. en parle
auffi. Le père Hardouin dit que c'eft aujourd'hui le
Marro.
2. METAURUS, fleuve d'Italie. Pline, /. 3. c. 14.
ôc Pomponius Mêla, /. 2. c. 4. en font mention. On le
nomme à préfent Metaro ou Métro. Il arrofe le duché
d'Urbin , ôc fe jette dans la mer Adriatique.
3. METAURUS, lieu d'Italie, avec un port , à l'em-
bouchure du fleuve Metaurus, C'eft Strabon , /. 6. p.
25 êJ. qui en pa.le ; mais il y a apparence" qu'il eft que-
ftion de la même ville que Mêla nomme h: etaurum.
Quelques-uns croienr que l'ancienne Mctaurum étoit ,
en un monaflere.il y avoir à Conftantinople une troupe
de femmes renfermées dans un lieu , où elles étoient con-
traintes par la mifere de fe proftituer. Certains hommes
avoient établi depuis long-tems une infâme fociété pour
faire un déteftable commerce de la beauré ôc de la
pudicité des femmes. Juftinien &Theodora,quifeportoient
toujours avec un zèle égal aux actions de piété, les
4. METAURUS , nom d'un fleuve de Sicile. Stra-
bon, 1.6. p. 275. dit qu'il fe perd quelque rems fous
terre. Etienne le géographe connoit auffi une ville
de Sicile, appellée Metaurus-., mais , comme il donne
quelquefois le nom de Sicile à la partie orientale dç
l'Italie , il fe pourroit faire qu'il voudroit parler de
la ville , appellée Mctaurum par Pomponius Mêla.
MET
MET
2yi
METEGAMR , petite ville de la baffe Egypte , à
moitié chemin de Damiette. * Du Ligno», Mémoires
manuferits.
METEL1N , ifle de l'Archipel , appcllée autrefois
Lesbos. Voyez, ce mou L'ifle de Metelin efl fi tuée au
nord de celle de Scio , Se presque à l'entrée du golfe
de Guereflo. Elle efl le double plus grande que celle
de Scio, Se s'éicnd fort du côté du nord-efi. Il y a en-
core dans cette ifle cent vingt villages ou bourgs , fans
compter Caftro, qui efl la capitale. Elle a été beau-
coup plus peuplée autrefois , & a produit un grand nom-
bre de grands hommes. Plutarque , ae Mufica , dit que
les Lelbiens étoient les plus grands muficiens de la
Grèce. Le fameux Ai ion étoic de Mythymne, dont on
voit encore les ruines dans cette ifle. Tcrpndrc , qui
mit le premier fept cordes fur la lyre, étoit Lefbicn ; c'cfl
ce qui donna lieu à la fable , de publier que l'on avoit
entendu parler dans cette ifle la tête d Orphée , aptes
qu'on l'eut tranchée en Thrace , comme l'explique
ingénieufement Euftathe, ad verf. 5-37. dans fes notes
fur Dcnys d'Alexandrie. Euftathe remarque auflî que
l'ifle fut nommée Mytilene du nom de la ville, il cft
aifé de voir que de Mytilene on a fait Metelin. Stra-
bon ajoute encore aux hommes illuftres de Lelbos ,
Hellanicus , célèbre hiftorien , & Callias , qui fit des no-
tes fur les pocfies d'Alcée Se de Sâpho.
Les mœurs des Lelbiens étoient fi corrompues , que
l'on faifoit une grofle injure à une perfonne , de lui
reprocher de vivre à la manière des Lelbiens. Dans
Goltzius il y a une médaille, qui ne fait pas beaucoup
d'honneur aux dames de cette ifle. Celles d'aujourd'hui
fuit moins coquettes que celles de Milo Se de 1 Ar-
gentiere. Leur habit Se leur coëffure font plus mo-
deftes.
Le terroir de Metelin eft fort bon -, les montagnes y
font fraîches , Se couvertes de bois en plufieurs endroits.
Cette ifle produit de bon froment, d'excellente huile,
Se les meilleures figues de l'Archipel. Ses vins n'ont
rien perdu de leur première réputation. Arifiote , à IV
gonie , prononça en faveur du vin de Lefbos. Il s'agis-
foit de lailfer un fucceffeur du Lycée, qui foûtint la
réputation de lécole péripatéticienne. Menedème de
Rhodes , & Théophrafle de Lefbos étoient les con •■
currens. Arifiote fe fit apporter du vin de ces deux ifies ,
Se après en avoir goûté avec attention, il s'écria de-
vant tous fes disciples, ( Aulu-Gclle , /. 13. c. 5.) Je
trouve ces deux vins excellent; mais celui de Lesbos
efl bien ■plus agréable > voulant donner à connoître
par-la que Théophrafle l'emportoit autant fur fon com-
pétiteur , que le vin de Lelbos fur celui de Rhodes.
Trifian donne le type d'une médaille de Geta , qui ,
fuivant Spartien , aimoit fort le bon vin; le revers re-
préfente une fortune , tenant de la main droite le gou-
vernail d'un vaifléau , Se de l'autre une corne d'abon-
dance , d'où parmi plufieurs fruits , fort une grape de
raifm. Pline relève le vin de cette ifie, par l'autorité
d'Lrafiflratc , l'un des plus grands médecins de l'anti-
quité. Le même auteur Se lfidore parlent du ja^pe de
Lelbos.
Le commerce de l'ifle de Metelin confiAe feulement
en grains, en fruits, en beurre Se en fromage : cepen-
dant elle ne laifie pas de payer au grand feignent dix-
huit mille piafires de caratfch. Il y a dans cette ifle des
pins qui donnent aiTez de poix noire , dont on fait
nfage pour les planches à la conflruction des petits
vaifleaux.
Les principaux ports de l'ifle font, celui de Cafito ,
ou de l'ancienne Mytilene, le port Olivier, celui de
Caloni , Se le port Sigre. * Toumejort , Voyage du Le-
vant, Lettre 9.
METELINOUS , village de l'ifle de Samcs , a pris fon
nom de l'ifle de Metelin , parce qu'il fut bâti , ou rétabli
par une colonie des habitans de Metelin, qu'on y fit
paflèr du tems de Selim. Il y a une très-belle fontaine ,
qui efl la plus confidérable de l'ifle. De Tourncfort croit
que c'eft l'une des deux fontaines , dont parle Pline , qui
étoit conduite à la ville de Samos , à travers la monta-
gne dont Hérodote a fait mention. Cet auteur l'ap-
pelle la grande fontaine. * Du Lignm } Mémoires ma-
nuferits.
METELIS, ville d'Egypte, à l'embouchure du Nil.
Ptolomée, /. 4. c. 5, dit qu'elle étoit la capitale d'un no-
me auquel elle donnoit fon nom. Etienne le géographe ,
écrit Mctilis , Se fait entendre qu'on la nommoit aufli
Bcchis. C'efl la ville de Rofette , que les Turcs appellent
Raschit; félon le P. Vanfleb,c'efi Fulva. Cette ville a été
épiscopale. Muca 1 ius , l'on évêque , fouscrivit au concile
d'hphefe, tenu l'an 431.
METEL1TES , nôme d'Egypte , & dont Metelis étoit
la capitale, félon Ptolomée, /. 4. c. 5.
MEÎELLINA COLONTA. Voyez. Castra Vicel-
uana , Si Metallinum,
METELLINUM. Voyez. Metaliinum.
METELLOi'OLIS, Metellopoleos , ville épisco-
pale de la Phrygie Pacatienne , félon Léon le Sage. Dans
le faux fynode de Photius, on trouve M.cbael Metellopo~
leos Hatdouin, collect. conc. v.6.p, 2 r j.
METENSES. Voyez. Mediomatrices.
METENSIS, fiége épiscopal d'A fiique , dans la Nu-
midie, félon la notice des évêchés d'Afrique , où Felicia-
nus eft qualifié episcopus Metenfis. Dans la conférence
de Carthage, n° 126. Gratianus efl dit , episcopus plcbis
Me te h [ii.
MËTERCOSA , ou Mentercosa , ville d'Espagne.
Ptolomée , /. 2. c. 5 la donne aux Carpetans , & la place
entre 1/pimtm Se Barnacis. On croit -que c'eft aujour-
d'hui Pedtaça de la Sierra.
METEREA TURBA. On lit ces mots dans ces vers
d'Ovide, trift. I. 2. eleg. 2.
Jazyçes & Colchï Mctereaque titrba, Geuque
Danubïi mediis vix prohibentur a qui s.
Il efl quefiion de peuples de la Scythie Européen-
ne, fi les exemplaires font fidèles. Merula aime mietix
lire Neureaque turba. Il efl: du moins certain, dit Ortc-
lius , Thefaur. que Vaîérius Fiaccus joint les Neuri
avec les Jazvges dans ce vers :
Ne unis & expertes canentes Jazyges <evi.
METHAMAUCUM, Se Metaumacum. On a donné
en latin ce nom au port de la ville de Venife , appelle
vulgairement Malarnocbo. Farold lit Meta Meduacum ,
Se prétend, que c'en: comme û on difoit l'ifle au-delà
de Metacum. Sa remarque mérite d'autant plus d'atten-
tion, que Strabon met le port Medoacum à l'embou-
chure du fleuve Medoacus , Se place les peuples Medsacî
au deffus des Veneti. Voyez, Malamocco.
METHANA , bourgade des Trœzéniens dans l'iflhme
d'Argie, félon Paufanias, /. 2. c. 34. Strabon , /. 8. p. 374*
qui dit que ce lieu avoit autrefois été fortifié , le mec
entre Trœzéne Se Epidaure. Il ajoute qu'il y avoit une
péninfule de même nom , Se c'étoit apparemment fur
cette péninfule que Methana étoit fituée. Il y a des au-
teurs qui , au lieu de Methana , écrivent Methone»
Voyez, Methone.
A4ÈTHCA, campement des Ifraè'lites , dans le dé-
feit, entre Thuré Se Hermona , félon le livre des Nom-
bres, c. 33.^. 28 Se 29. Methca, dit dom Calmet ,
Dict. eft apparemment Metheg, dont il eft parlé au fé-
cond livre des Rois , c . 8. v. 1. Comparez , ajoute-t il ,
le premier livre des Paralipoménes , c. 8. v. 1. où il efl
dit que David prit Geth Se fes filles ; Se le livre des Rois
où ii efl dit qu'/ï prit Meteg , la mère , ou Meteg & fa
mère; c'efl-a-dire , Meteg & Geth. Geth Se Meteg étoient
voifines d'Hermona , bien avant au midi de la Terre
promife. Au lieu de Meteg la mère , l'hébreu lit Meteg
Amma , que faine Jérôme a traduit par fr&num trilnui:
mais je crois , continue dom Calmet, qu'il avoit écrie
framm cubiti , Se que les copifies y ont fubftitué fr&-
mim tributi; mais il vaut mieux prendre Meteg pour
un nom de lieu , qui efl apparemment le même que
Methca.
1. METHONE , ville maritime du Péloponnèfe ,'
dans la Mcflenie. Paufanias, /. 4. c. 3. écrit Mathon,
Se Strabon , /. 8. p. 359. dit qu'on prétendoit que c'étoic
cette même ville qu'Homère avoir nommée Fcdafits,
Il dit aufïi que quelques uns vouloient que Meùwne Se
/Epaca fulTent la même ville. Les uns foûtiennent que
Tom. IV. Ii ij
MET
2/2
c'eft aujourd'hui la ville de Modon \ Se d'autres, que
c'eft celle de Minutie. Methor.e étoit épiscopale : fon
évêque Tychius fouferivit au concile de Sardique , tenu
l'an 347.
2. METHONE, ville de Thrace , félon Ortelius,
T'hcfaur. qui cite Suidas Se Etienne le géographe. Plutar-
que, in Ouœftionib. grue, nous apprend que les habitans
de cette ville fe nommoient Apofphendoneti , A'-nca^iv-
«ToVhto/ , c'eft-à-dire , mis en fuite à coups de fronde. C'é-
toit fans doute quelque fobriquet. Elle étoit aux con-
fins de la Macédoine , félon Démofthène , Olymhui-
ca x.
3. METHONE , ville de la Macédoine, dans la Ma-
gnéfie, félon Ortelius , Tbefaur. qui cite Thucydide,
.Strabon, Pline, Etienne le géographe Se Solin. Héfy-
che la met dans la Theffalie ; Se Sénéque dans la
Troade , Se dit qu'elle étoit au pied des monts Oetes. Se-
lon Suidas , c'étoit une des Halciones ,• Se Pline effe-
ctivement place une ville nommée Halcione dans ces
quartiers. Philippe de Macédoine affiégea Se prit
«eue ville , mais cette conquête lui coûta un œil. On
peut accorder ces différens auteurs en difant , ce qui
eft vrai , qu'après la deftrucrion d'Alcione , on bâtit fur
fes ruines la ville de Methone.
4. METHONE, ville du Péloponnèfe, dans la La-
conie, félon Thucydide , /. 2. p. 117.
5. METHONE, ville de l'Eubœe, félon Etienne le
géographe.
6. METHONE, ville de la Perfide. C'eft Etienne le
géographe , qui en parle.
METHORA , ville de l'Inde. Arrien , m Indicis , la
donne aux Sarafeni; Se Pline, /. 6. c. 19. la place fur
le fleuve Jomanes , qui fe jette dans l'Inde.
METHURIADES, ifles entre l'Attique & : l'Egine ,
auprès de Trœzéne , à ce que dit Etienne le géographe.
Pline, /. 4. c. 12. écrit Methurides , Se les met dans
le golfe de Mégare.
METHWOULD, bourg d'Angleterre, dans la pro-
vince de Norfolck. On y tient marché public. * Etat pré-
v fent de la Grande Bretagne , t. 1 .
1. METHYDRIUM., ville de l'Arcadie , félon Pli-
ne, /. 4. c. j. Paufanias , in Jlrcad. p. 512. dit que
ce n'étoit qu'un bourg de fon tems. Polybe , Thucy-
dide , Xénophon Se Etienne le géographe en font auiïï
mention.
2. METHYDRIUM, ville de la Theffalie. C'eft Or-
telius qui parle de cette ville ; il cite Strabon , Paufa-
nias , Polybe Se Thucydide. J'ai cherché inutilement cette
ville dans tous ces auteurs.
j. METHYMNE, ville de l'ifle de Lefbos , dans la
partie feptentrionale de cette ifle , à l'occident de My-
tiléne. Elle eft ancienne Se célèbre par fes bons vins ,
& par la naiffance d'Arion , fameux joueur de harpe ,
qui , ayant été jette dans la mer , fut fauve par un dau-
phin , qui le porta fur fon dos jusqu'au cap de Tcnare ,
près de Lacédémone. Ptolomée, /. j. c. 2. la place en-
tre le promontoire Argenum , & la ville Antiffa. Cette
ville a été épiscopale , comme il paroît par le concile
de Conftantinople , tenu l'an 870 , où l'on trouve la
foufeription de Jacobus Methymnx. * De l'ifle , Atlas.
1. METHYMNE, ville de l'ifle de Crète. Elien en
parle dans fon hiltoire des animaux , /. 14. r. 20.
METiBI , peuples de la Sarmatie Européenne. Ptolo
lïice , /. 5. c. 9. les met parmi les peuples , qui habi-~
toient au nord des monts Coraces.
MET1NATES , peuples d'Italie, dans la Pouille, félon
Ortelius, qui cite Pline, /. 3. c. il. Il ajoute que trois
îr.anufcrits qu'il a confultés , portent Etinatcs ,-\x\ lieu
de Meiinates. Mais ce n'eft ni Metinates , ni Et'mates
qui eft le vrai nom ■■, c'eft Meiinates qu'il faut lire; Se
c'eft ainfi que lifent Cellarius, Geogr. ant. I. 2. c. 9.
& le père Hardouin. A l'extrémité du promontoire que
forme le mont Garganus, il y a , difent -ils, une ville
épiscopale, nommée vulgairement Viefte; elle s'eft ac-
crue des ruines de la ville Mcrimim , qui avoit aufù été
épiscopa'c.
ÏIOSEDUM, lieu de la Gaule Celtique, voifm
de Paris, fur la fituation duquel il y a eu divers fen-
timen* parmi les interprètes de Céfar , qui en a fait men-
MET
tîon dans fes commentaires. Merula, Scaliger , Bran-
tius , les pères Labbe Se Briet , le placent au defl'us de
Paris, & difent que c'eft Mf.lun. Galeran , Beroald &
Martien le placent au-deffous , Se dilent que c'eft Cor-
beil : Cellarius a auili été d'abord de ce fentiment. Or-
telius ne s'explique pas clairement fur ce lieu. Plufieurs
de ceux qui placent Metiosedum au-defious de Paris,
s'accordent presque tous à dire que c'étoit Meudon. Ni-
colas Sanfon eft le premier qui ait eu cette penfée. Il
a été fuivi par Valois , Se depuis par Cellarius, qui
a cru devoir quitter fon ancien fentiment, par rcfpect
pour ce dernier écrivain, qu'il regarde comme très-exact;
Se tout nouvellement par "Wefleling , dans fon édition de
l'itinéraire d'Antonin. Quelques-uns , fans déclarer que
Metiofedum foit Meudon, fe contentent de dire que cet en-
droit étoit à quatre mille pas au-defious de Lutéce : c'eft
ainfi que s'exprime Davies en fes notes fur Céfar. Sa-
muel Clarke fe contente aufli de dire dans une de fes no-
tes à la fin de la magnifique édition de Londres de 17 12,
que Céfar place Metiofedum plus bas que Paris. Lebeuf
a fait imprimer en 1738 , des observations fur la fitua-
tion de ce lieu , qui font voir que Sanfon s'eft trompé ;
Se qu'il en faut revenir à l'ancien fentiment, Cv placer
Metiofeditm au-deffus de' Paris. Labiénus, général de l'ar-
mée Romaine, qui étoit venu pour s'emparer de Paris
du côté que nous appelions le fauxbourg faint Mar-
ceau , où étoit un vrai marais formé par l'embouchure
de la rivière de Biévre dans la Seine , voyant qu'il n'y
avoit rien à faire de ce côté , réfolut d'approcher de
Lutéce par un autre endroit : il revint fur fes pas bien
au-deffus de Paris, dans un endroit où il y avoit une
ifle, & il y paffa la Seine avec fon armée : il revint à
Lutéce. A ce bruit, les Parifiens brûlèrent leur ville Se
rompirent leurs ponts. L'armée de Labiénus refta cam-
pée au nord de Lutéce. Les troupes de Camulogenus
n'étoient plus vers l'endroit du fauxbourg faint Viétor
où la Biévre fe jettoit dans la Seine , mais vers ce que
nous appelions faint Severin & faint André des Arts.
Labiénus , voulant les furprendre , ordonna à une partie
de fes gens de remonter par terre vers Conflans, Se
à d'autres d'y remonter par eau , Se de faire grand bruir»
Pendant ce tems , une autre partie de fon année devoit
paffer la rivière à l'aide des bateaux avec lesquels ils
étoient descendus ; Se , afin que ce paffage ne fût pas ap-
perçu , il ne devoit fe faire qu'à quatre milles , c'eft-à-
dire , une lieue au-deffous de Lutéce. Ces derniers 9
étant ainfi arrivés au côté gauche de la rivière, livrèrent
le combat aux Gaulois, quand le jour fut venu. Or,
par le texte de Céfar , il eft clair que Metiofedum de-
voit être du côté où les Romains remontoient la rivière
avec grand bruit pour y attirer les Gaulois , Se non pas
du côté où ils dévoient descendre à petit bruit. Il eft
dit que les Gaulois envoyèrent pour les fuivre du côté
de Metiofedum , autant que leur armée feroit remon-
tée ; les auttes troupes gauloifes furent réfervées pour
repouffer Labiénus , c'eft donc une faute évidente dans
Sanfon , de n'avoir pas fait attention que Metiofedum
devoit être du côté des bateaux remontans , Se non pr>s
du côté de ceux qui descendirent. Lebeuf ne décide
point pofitivement le lieu d au-deffus de Paris où étoit
Metiofedum y mais il incline à dire que ce pouvoir être
vers Juvify , Se peut-être que tout le canton qu'on ap->
pelle aujourd'hui la plaine de Long-Boyau Se les vil-
lages adjacens , formoient ce qu'on appelloit Metiofe-
dum, bien différent de Melo iunum , qui étoit une ville.
I! eft au refte très-vraifcmb!able , comme Lebeuf l'a fait
obfei ver le premier , que le nom de Jofedum ou Iofe-
dum , n'eft que le nom de Meti fedum abrégé ; Se que
par le moyen de l'apherèfe on a fait Josay , Se depuis
Josas , qui a eu le nom du canton qui commence à
Villejui , Se s'étend jusqu'à Coibcil , Mbntlheri, Sec.
d'où l'on a furnommé archidiacre de Jofay , de lofe do ,
Se par corruption , de Jofaio , celui qui a eu toute la
contrée méridionale du diocèfe de Paris, au côté gau-
che de la rivière. * Recueil de divers Ecrits , 1 738. à Fa-
rts , chez. Barcis , t. 2.
METIRA , ville d'Afrique. Antonin , itincr. la place
fur la route de Limniadesà Catabathmon, entre I aniuri
Se Jucundiu, à vingt milles de la première, Se à qua-
MET
MET
rante milles de la féconde. Quelques manuferits por-
tent Micbera , Se d'autres difent Micera Se Mecera.
METIUM. Voyez Marcium.
METLING, ou Mottling, ville & château d'Al-
lemagne , dans la Carniole , fur la rive gauche de la Kulp,
dans le diftrict qu'on appelle le Windismarck. Il y a une
prévôté Se une maifon de Tordre Teutonique. La ville
eft du domaine, mais le château Se la feigneurie , qui en
dépendent , appartenoient ci-devant aux feigneurs de
Watzen,qui en font peut-être encore en poffeiîion. Le
terrein qui environne ce lieu , eit hériffé de montagnes
6k: de forêts , qui font extrêmement épaiffes en quelques
endroits. On en diftingne deux , dont l'une en; bien four-
nie de châtaigniers , Se l'autre de chênes. Les Turcs fc
rendirent maîtres de cette ville en 145 1. Se y commi-
rent de grandes cruautés. Ils y entrèrent auffi en 1578 ;
mais on ne leur donna pas le tems d'y faire beaucoup
de mal. Larius croit que Mctling eft l'ancienne Mecla-
ria. * Zeyler , Topogr. Carn.
METO , lieu d'Italie. L'itinéraire d'Antonin , le mar-
que entre Paternum 8e Tacina ou Ticina , à vingt-deux
milles de la première de ces places, Se à vingt-quatre
milles de la féconde.
METOCHARTA. Ortelius dit qu'un manuferit de la
notice des dignités de l'Empire donnoit ce nom à la ville
de Charta, en Méfopotamie. Voyez Charta.
METODORUM, village de France, au voifinage de
Paris , fuivanr Ortelius , Tbefaur. qui cite le Prêtre Con-
ftantius , dans la vie de faint Germain d'Auxerre. Voyez.
Mkrodorum.
McTOLE, lieu d'Egypte. Selon Ortelius, il en eft
parlé dans le fécond tome des œuvres de faint Atha-
nafe. Il ajoute que l'évèquc de ce lieu y eft appelle
Cromus.
METOPA, village dont fait mention Surius dans la vie
de faint Euthyme, abbé. Ortelius croit qu'il étoit quelque
part du côté de l'Arabie. • . •
METOPEN. Callimaque ckElien, in Varïls , don-
nent ce nom à un fleuve du Péloponnèfe. Il eft dans
l'Arcadie , félon le fcholiaite de Callimaque, cité par Or-
telius, Thefaur.
1. METOPON, promontoire, au voifinage de Con-
ftantinople. 11 eft près de Pera : on le nomme aujour-
d'hui Acra Spandona , félon P. Gylles , /. 2. c. 6. qui
dit que Nicéphore l'hiftorien l'appelle le promontoire
du Nord.
1. METOPON. Voyez Criu Metopon.
METORENS1UM CIV1TAS , ville d'Afie. C'éroir ,
félon Diétis de Crète , la capitale du royaume de Cycnus.
Elle n'étoit pas éloignée delà ville de Troye.
METORES, peuples de la Perfide. Ptolomée, /. G. c.
4. les place au midi de la Mardyene. Au lieu de Metores ,
{es interprètes lifent Mxgores.
METOROME , ville de la Cappadoce, dans le Pont
Polémoniaque. Ptolomée , /. 5. c. 6. la place entre Seba-
fia Se Sabalia. Les exemplaires latins portent Meforo-
me , au lieu de Metorome.
METRACHA , ville archiépiscopale. Il en eft fait
mention dans les fanétions pontificales des Orientaux.
METRAMO, ou Mesuna, rivière d'Italie dans la
Calabre Ultérieure. Elle a fa fource dans l'Apennin.
Son cours eft d'orient en occident : elle paffe à Rofiarno,
& va fe jetter dans la mer Inférieure , entre Nicotera
& Gioia. * Ma<zin, Carte de la Calabre Ultérieure.
METRIA. Voyez. Scetin.
METRO , ( Le ) rivière d'Italie , dans le duché d'Ur-
bin. On l'appelloit anciennement Metaurus. Elle a fa
fource dans l'Apennin, prend fon cours d'occident en
orient, Se, après avoir groffi feseauxde celles llu Can-
tiano, elle va fe jetter .dans la mer Adriatique , auprès
de Fano. * Magin, Carte de la Marche d'Ancone.
METROPOLE. Ce mot eft grec Se lignifie une ville
meye ; mais les Grecs Se les Latins l'ont pris en des fens
bien différens , qu'il faut diftinguer.
1. On ne donnoit le nom de métropole anciennement
qu'aux villes qui en a voient , pour ainfi dire , enfanté
une autre , parce qu'il en étoit forti une peuplade qui
avoit fondé une autre ville ; 8c la ville , d'où les citoyens
étoient partis , étoit nommée métropole de l'autre ville
qu'Us avoient fondée. Ceft en ce fens que Thera eft
*Ï3
àppellcc par Pindare, Pyib.od. 4. v. 34. métropole des
grandes villes , parce que Cyréne étoit une colonie de
Thera. Ainfi Thucydide, /. 1. c. 24. appelle Corcyre ,
métropole d'Epidamne ; Se par la même raifon Albe
eft qualifiée métropole de Rome , dans les antiquités de
Denys d'Halicarnaffe. Le pays même eft nommé Terre
métropole , MeTpeVoA/ç ytlç. Les Larins ont imité cette fa-
çon de défignerles villes. Catulle, carm. 68. v. 34. ap*
pelle Brescia la mère de Vérone.
Brixia Veron& mater amata mes,.
Tacite, Annal. I. 4. c. jj. dit que les habitans d'I-
lium difoient que Troye étoit mere de la ville de Ro-
me ; parens urbis Romx. Florus, /. I. c. 3./. 3. c. 18»
parle auffi , félon le même fens , en divers lieux de fon
abrégé de l'hiftoire romaine. Pline, /. j. c. 19. pouffe
plus loin cette figure ■-, il dit : Tyrus .... olïm partit du-
ra , urbibus genitis Lepti , JJùca , & illa Romani Im-
perii tcmula , terrarum orbis avïda Carthagine. Dans
Tertullien, De pallio , c. 2. les Phrygiens enfantent les
Romains , Se Utique eft fœur de Carthage. Sallufte ,
p. 78. edit. ad uf. Dclph. appelle ces métropoles Ori-
g 1 n e s. Pars Originïbus fuis pr&fidio , pars decori
fuit.
On a enfuite appelle métropole la ville qui étoit le chef»
caput , d'un peuple , d'un pays , d'une province , c'eft ce
que nous appelions la capitale. Chaque peuple avoit la
fienne , Se comme un peuple étoit fouvent allez nom-
breux c\: étendu , pour être divifé cm plufieurs cantons,
il y avoit alors plufieurs capitales^ Ainfi on voit dans
Tkc Live , /. 9. c. 37. que Péroufe, Cortone 8c Arezzo
étoient en quelque façon les capitales des peuples de
l'Eau rie. ltaque à Peritfïa & Cortona & Aretio , qita
ferme capita Etritriie, popitlorum ea tempeftate erant.
Dans les premiers tems de la république Romaine,
l'Italie étoit partagée entre un grand nombre de peu-
ples , qui tous avoient une ou plufieurs capitales. Les
Latins 'exprimoient fouvent ce mot de métropole par
Urbs Princeps , urbs urb'uim ou province , ou gentis
caput. Ammien Marcellin, /. 22. e. 16. nomme Alexan-
drie vert ex omnium chntatnm JEiypti. Quelquefois ils
difoient urbium Mater. Fiorus , Solin , Ammien Mar-
cellin , 8c le code de Juftinien fourniffenr des exem-
ples de cette qualification de Mater urbium , pour dire
une capitale. Il femble que Solin foit le premier qui aie
employé le mot Meiropolis en latin dans le fens deçà*
pitale. Il dit qu'Hépheftia étoit métropole de rifle de
Lemnos. Ce mot fe trouve enfuite dans Spartien , in
vit a Adriani , c. 14. Pas un autre auteur de ce rems
ne s'en eft fervi. Ainfi ce mot eft purement grec , Se
n'a point été adopté par les auteurs de la bonne 8c fai-
ne latinité ; 8c même ceux qui ont traduit les auteurs
Grecs en latin , pour peu qu'ils aient eu foin de la
pureté du ftyle , fe font gardés de l'employer ; on ne
le trouve pas même dans Antonin , qui a nommé en
divers lieux de l'itinéraire , des places qui , fans con-
crédit , avoient rang de métropoles , comme Antioche,
Anazarbc, Céfaréc , Ancyre,& quantité d'autres.
La métropole d'un pavs n'étoit pas toujours la même.
Mille circonstances , ou de la faveur du fouverain , ou
des commodités du commerce , ou une combinaifon de
conjonctures , ont pu contribuer à rendre une ville fub-
alterne fi floriffante , fi riche, û magnifique , que ceux
qui avoient le gouvernement du pays , y ont transporté
leur réfidence , 8c en ont fait une métropole au préjudice
de l'ancienne.
Sous les empereurs Romains , on diilingua les villes
en plufieurs claffes ; cela fe voit par les paroles mêmes
d'Antonin Vic,f. Hb. 37. t. 1. de exeufat. tutor. I. 6.
§. 1. La différence qu'il met entre les villes, eft que
les petites Minores , peuvent avoir cinq médecins qui
jouiffent des franchifes , trois fophiftes Se trois gram-
mairiens; les grandes , Majores ; fept médecins , Se qua-
rre qui enfeignent l'une 8e l'autre feienec; les plus gran-
des , Maximx , dix médecins , cinq rhéteurs Se autant de
grammairiens. Les plus grandes Maximx , félon lui ,
font les métropoles ; les fécondes Majores , font celles
qui ont des tribunaux, où fc jugent les caufes de la
province-, Se les troifiémes, Minores, font toutes les au-
MET
2*4
tics. Ainfi Jofepti Scaliger a tore dafTurer que les mé-
tropules croient ks villes , où fe tenoient les affemblées
générales de la province , &c où étoient les tribunaux.
Spanheim,.r. i. dijjert. <y. p. 611. l'a dodement ré-
futé.
1 lufieurs chofes ont contribué à ériger de nouvelles
métropoles. Un privilège dont les Romains gratiftoient
une ville pour en récompenfer le zèle , &c pour punir
en même-rems une métropole dont ils avoient lieu de
fe plaindre. Le partage d'une province , que 1 on fubdi-
vifoit en plufieurs , donnoit ljeu à la multiplication des
métropoles. Claudicn , in Eutrop. I. i.v. 586. dit plai-
samment , que malgré les pertes que faifoit l'Empire Ro-
main, le nombre des provinces s'augmentoit , parce que
l'on divilbit celles qui reftoienr.
Frovincia qiuque fuperftes
Dividitur , verninumque duplex pajjura tribunal,
Cogiter ait c riui prt \i um j ardre perernptx.
Sic mihi reftituuni populos , hac arte reperta ,
Retlorum nttmemm terris pereuntibus augent.
De Marca, dans fon livre, de eoncordia facerdotii &
itnperii, l. c. c. i.§. 3. dit que , comme dans l'Empire
Romain kles provinces etoient fubordonnées à quelque
ville du premier ordre , que l'on appelloit métropole , où
les magiftfats jugeoient les caufes des fujets, & , où par
coniequent les peuples fe rendoient fréquemment , parce
que toutes les autres villes dépendoient de celle-là -, ce fut
pour cette raifon que les apôtres établirent des évêques
dans ces villes , avec cette fubordination qu'ils dévoient
dépendre de l'évêque dont le liège étoit dans la métro-
pole cv ville capitale de la province. Voilà l'origine des
métropolitains ecciéfîaitiques.
Anciennement l'églife, &fur-toùt celle d'Orient, met-
toit de la différence entre les Métropolitains , les Au-
tocephales & les Archevêques. Cela fe voit par une
notice publiée parSchelitrare, Antiquit. ecclef.t. i.p. 637.
on voit que le patriarchat d' Antioche a douze métropo-
les; fa voir,
Tyr , qui a fous foi trois évêches ,
Tarfe , qui en a quatre,
Edeffe , qui en a onze,
• A pâmée, qui en a fept,
Hierapolis , qui en a neuf,
Anazarbe , qui en a huit »
Seleucie d'Ifaurie, qui en a vingt quatre,
Damas > qui en a onze ,
Amide, qui en a huit,
Sergiopole , qui en a cinq ,
Datas , qui en a trois.
Les autocephales font dans cette notice ,
Beryte, Emefe, Laodicée , Samofate, Cyrus.
Il entend par autocephales des prélats, qui n'étoient fou-
rnis à aucun métropolitain. Cela reflémble aux villes que
les Romains traitoient à' Immuncs & fui juris ; qui , fans
dépendre d'une autre ville , fe gouvernoient par elles-
mêmes.
Les archevêchés font dans la même notice au nombre
de fept , favoir ,
Berrhoée , Chalcédoine, Gabala, & quatre autres.
On appelle ici archevêques des prélats qui n'avoient ni
métropolitains ni fuffragans. Une preuve que les arche-
vêques n'étoient pas toujours métropolitains, c'eft que
dans une lifte où Léon le Sage régie les rangs des fiéges
fournis au patriarchat de Conftantinople , on trouve qua-
tre-vingt trois métropoles & trente-neuf archevêchés.
Outre la métropole qui étoit à la tête de toute la pro-
vince, il fe trouve encore dans les notices des métropoles
de la même province. C'eft ce que l'on verra par la no-
tice luivante.
La notice de Hiéroclcs, fi fouvent citée dans ce di-
ctionnaire , met dans l'empire d'Orient les métropoles
fuivantes :
MET
Dans la province de Thra-
ce en Europe.
Eudoxiopolis ou Héraclée.
Dans la province de Rbo-
dope.
Aenus.
Dans la Thrace ,
Philippopolis.
Dans l' Emimunte ,
Adrianopolis.
Dans la Myfte,
Marcianopolis.
Dans la Scythie ,
Tomes.
Dans Vlllyxie ou première
Macédoine ,
Theffalonique.
D ans lajeconde Macédoine ,
Stoli.
Dans la Thcjfalie ,
Lariffe. Hypate.
Dans la Grèce propre ,
Scarphie , métropole de
l'Achaïe.
Thébes , métropole de la
Bœode.
Athènes , métropole de
l'A nique.
Corinthc,quelquefoisnom-
mée Ephyrc , nouvelle
métropole de toute la
Grèce.
Lacédémone , auparavant
Sparte, métropole de la
Laconie.
Elis, métropole de l'Etolie.
Dans la province de Crète,
Gortyne.
Dans l ancien Epire ,
Nicopoiis.
Dans le nouvel Epire ,
Dirrhachium , autrement
Epidamne.
Aulinidos.
Dans la Date méditer-
ranée ,
Sardique.
Dans la Dace Ripenfe ,
Rhazaria.
Dans la Dardante,
Scupon.
Dans la Prévalide,
Scodra. Doracion.
Dans la première Myfte,
Vimenacin.
Dans la Pannonie ,
Sermîum.
Dans l: 'Afie proconfulaire ,
Ephéfe. Colophon.
Dans ÏHellespont »
Cyzique.
Dans la Phrygie Capa-
tiane ,
Laodicée.
Dans la Lydie ,
Sardis.
Dans la Pifidie ,
Antioche. Tymandrus.
Dans la Lycaonie,
Iconium.
Dan s la Phrygie falu taire,
Eucarpie. Docimium.
Dans la féconde Pamphy-
lie ,
Perge Syllaeum.
Dans la Lycie t
Phafydcs. Moera.
Dans la province des IJles ,
Rhodes.
Dans la Carie ;
Melite. Aphrodifias.
Dans la Bithynie ,
Chalcédon.
Dans V Honoriade ,
Claudiopolis.
Dans la Paphlagonie ,
Pagra ou Gangra.
Dans la première Galatie,
Ancyre.
Dans la féconde Galatie.
Pi fine.
Dans la première Cappa-
doce ,
Céfarée.
Dans la féconde Cappx-
dece ,
Tyane.
Dans l' Helenopont ,
Amafie.
Dans le Pont P démonia-
que,
Néocéfatée.
Dans la première Armé-
nie ,
Sébafte.
Dans la féconde Arménie ,
Méliténe.
Dans la première Cyl'cie ,
Tarfe.
Dans la féconde Cylicie ,
Anazarbe.
Dans la province de Cypret
Conftantie.
Dans l'Ifaurie,
Seleucie.
, Dans la première Syrie ,
Antioche auprès de Da-
phné.
Dans la féconde Syrie ,
Apamée.
Dans l'Euphratenfe ,
Hierapolis.
Dans l'Ofroène ,
Ëdciïe.
Dans la Méfopotamie *t
Amede ou Amide.
Dans la Phénicie ,
Tyr.
Dans la Phénicie du Li-
ban ,
Emilie ou Emèfe.
Dans la Paleftine ,
Céfarée.
Dans la féconde Paleftine,
Scythopolis.
bans la troifiéme Pale-
ftine y
Pétra.
Dans l'Arabie,
Boflra.
Dans l'Egypte Anguftale,
Alexandrie.
Dans la première Augu-
ftamnique ,
Rhinocorure.
Dans la féconde Augu-
ftamnique ,
Léonto.
Dans tArcadiel
Cyno.
bans la Bajfe-Théba'ide,
Hermui ou Hermai.
Dans la Haute-Théba'ide
Ptolémaïde.
Dans la Haute-Libye ,
Sozufe.
Dans la Baffe-Libye ,
Paractonium.
MET
L'empereur Andronic Paléologue le Vieux donna une
déclaration pour régler le rang des métropoles foumifes
au patriarchat de Conftantinople. Elle fe trouve dans
Codin , à la fin de fon hiftoire Byfantine , édition de Pa-
ris, pag. 400. par les foins du père Jacques Goar.
t». C'eft cette même déclaration qui te trouve fouvent
citée dans ce dictionnaire , fous le titre de Déclaration
de l'empereur Andronic Paléologue le Vieux. Voici donc
le rang qui fut réglé pour ces métropoles : ^
j, Céfarée.
2. Ephèfe.
3. Nicomédic.
4. Nicée.
Héraclée.
é. Ancyre.
7. Cyzique.
8. Sardis.
9. Chalcédoine.
io. Philadelphie ; ce fiége qui relevoit de la métropole de
Sardis , fut élevé à la dignité de métropole par l'empe-
reur AndronicPaléologue ;Sc obtint le deuxième rang.
11. Theflalonique ; l'empereur lui donna l'onzième rang ,
quoiqu'elle n'eût auparavant que le feiziéme.
II. Âdnanopolis 5 elle n'avoit auparavant que le quaran-
tième rang : par honneur elle obtint le douzième.
13. Side, du dixième rang cette métropole fut reculée
au treizième.
14. Sébafte du onzième rang elle fut reculée au quator-
zième.
ij. Amafée,ou Amafie , pafla du douzième rang au quin-
zième
16. Méliténe pafla du treizième rang au feiziéme.
17. Thyane pafla du quatorzième rang au dix-feptiéme.
18. Gangra , ou Pagra , pafla du quinzième rang au dix-
huitième.
1$. Héraclée , métropole du Pont , étoit foumife origi-
nairement à l'évequc de Claudiopolis ; mais les infi-
dèles s'étant rendus maîtres de cette dernière métro-
pole , Héraclée prit fa place , qui donnoit le dix-
feptiéme rang i l'empereur Andronic Paléologue la
recula au dix-neuviéme.
20. Prufe , qui n'avoit d'abord que le centième rang , fut
élevée au vingtième.
il. Pégare du quatre-vingt-dixième rang monta au vingt
Se unième.
22. Pergame du foixante-neuviéme rang pafla au vingt-
deuxième.
23. Néocéfarée du dix-feptiéme, ou plutôt du dix-hui-
tième rang , fut mife au vingt-troifiéme.
24. Peflînunte du dix-neuviéme rang fut reculée au ving-
quatrieme.
25. Myre du vingtième rang pafla au vingt-cinquième.
26. Stauropolis du vingt_ Se unième rang pafla au vingt-
fixiéme.
27. Laodicéedu vingt-deuxième rang pafla au vingt-fep-
tiéme.
28. Synadedu vingt-troifiéme rang pafla au vingt-hui-
tième.
29. Iconium du vingt-quatrième rang pafla au vingt-neu-
vième.
30. Berrhée, qui avoit été foumife à l'évêque de Thes-
falonique , ou, comme quelques-uns veulent, à celui
d'Achride , devint métropole, & obtint le trentième
rang.
31. Pifiriie du vingt-cinquième rang pafla au trente Se
unième.
31. Sylée du vingt-fixiéme rang pafla au trente deuxième.
33. Corinthe du vingt feptiéme rang pafla au treme-troi-
fiéme.
34. jvlonembafie , qui avoit été foumife à l'évêque de
Corinthe , ou , comme quelques uns veulent, à l'évê-
que de la vieille Patras , devint métropole Se obtint
le trente-quatrième rang.
3j. Athènes , qui n'avoit eu jusques-là que le vingt hui-
tième rang , fut élevée au vingt-cinquième.
35. Mocèfe du vingt-neuvième rang fut élevée au vingt-
fixiéme.
37. Crète du trentième rang pafla au trente- feptiéme.
38. La métropole de Calabra , du trente Se unième rang
pafla au qtiarante-troifiéme.
39. La vieille Patras du trente-deuxième rang psfla au
trente-neuvième.
40. Trapezunte du trente-troifiéme rang pafla au quaran»
tiéme.
MET iss
41. Lariflc du trente-quatrième rang pafla au quarante Se
unième.
42. Naupa£te du trente- cinquième rang pafla au qua-
rante deuxième.
43. Pbilippopolis du trente-fixiéme rang parla au qua-
rante-troiùcme.
44. Trajanopclis du trente-fixiéme , ou plutôt trente-
feptiéme rang , pafla au quarante-quatrième.
45. Rhodes du trente-huitième rang paflh au quarante-
cinquième.
46. Serrx du cinquante-huitième rang pafla au quarante-
fixiéme.
47. Philippes du trente-neuvième rang pafla au quarante-
feptiéme.
48. Chrifiianopolis , ou Chriftopolis , du foixante- fei-
ziéme rang pafla au quarante-huitième.
49. Hiérapolis du quarante-unième rang pafla au qua-
rante-neuvième.
jo. Dyrrhachium du quarante deuxième rang pafla au
cinquantième.
5 1. Smyrne du quarante-troifiéme rang pafla au cinquan-
te -unième.
J2. Mitylène du quarante-neuvième pafla au cinquame-
deuxiéme.
j 3 . Jannina, auparavant foumife à l'évêque de Nauracte,
devint métropole.
54. Didimotique,ou Didy , qui avoit eu autrefois le titre
d'archevêché , obtint la dignité de métropole.
5 y. Mélenique.
j6. Catane du quarante- quatrième rang pafla au cin-
quame-feptiéme.
57. Âmorium du quarante-cinquième rang pafla au cin-
quante-huitième.
j 8. Camachus du quarante - fixiéme rang pafla au cin-
quante neuvième.
59. Cotyaeum du quarante feptiéme rang pafla au foi-
xante-uniéme.
60. Sainte Séverine du quarante-huitième rang pafla au
foixante-uniéme.
Ci. La nouvelle Patras du cinquantième rang pafla au
foixante- deuxième.
Ci. Apros, qui n'avoit auparavant que le foixante-neu-
viéme rang , monta au foixante-troiliéme.
63. Amaftris du cinquante-deuxième rang descendit au
foixante- quatrième.
64. Chonon du cinquante-troifiéme rang pafla au foixan-
te-cinquiéme.
C5. Hidrunte du cinquante-quatrième rang pafla au foi-
xante-fixiéme.
CC. Celtzene du cinquante-cinquième rang pafla au foi-
xante-fepviéme.
67. Colonies ; cette métropole pafla du cinquante-
fixiéme rang au foixante-huitién.e.
68. Thébes du cinquante-feptiéme rang pafla au foixante-
neuviéme.
69. Pompeïopolis du cinquante- neuvième rang pafla au
foixante Se dixième.
70. Ruflies du foixantieme rang pafla au foixante Se dou-
zième.
71. Aenum du foixante Se unième rang pafla au foixante
Se treizième.
72. Alanie du foixante-deuxiéme rang pafla au foixante-
quatorziéme.
73. Pharfaiie 5 comme cette ville avoit un fiége archi-
épiscopal on lui donna le titre de métropole avec le
74. Tiberiopolis, ou Vaines , du foixante-troifiéme rang
pafla au foixante-quinziéme.
7;. Luchaïte du foixante-quatriéme rang pafla au foi-
xante-feiziéme.
76. Céfarunte du foixante-quinziéme rang pafla au foi»
xante-dix- feptiéme.
77. Nacolie du foixante-fixiéme rang pafla au foixanre-
dix huitième.
78. Germie du foixante-feptiéme rarg pafla au foixante-
dix-neuviême.
79. Madyte du foixante-huitiéme rang pafla au quatre-
vingtième.
80. Apamée , qui étoit une ville archiépiscopale , fut
élevée à la dignité de métropole.
81. Litbades, Yille voifine de la grande Ruflle, obtint
if 6
MET
MET
la dignité de métropole fous l'empereur Andronic,
Se fous le patriarche Jean Glycus.
82. Caucacus chez les Obydenes ; elle étoit auparavant
foumife à l'évêché de Bulgarie, elle fut élevée à la
dignité de métropole.
83. Gotthies,qui avoit déjà la dignité archiépiscopale,
obtint le titre de métropole.
84. Bafilaeum du foixante-dixiéme rang pana au quatre-
vingt-feptiéme.
Sj. Naziance du foixante-douziéme rang pafla au quatre-
vingt-huitième.
86. Corcyre du foixante-treiziéme rang pafla au quatre-
vingt-huitiéme , ou plutôt quatre-vingt neuvième,
87. Abydos du foixante-quatorziéme rang pafla au qua-
tre-vingt-dixième.
88. Méthymne.
80. Chrifiianopolis du foixante-fcizjéme rang paflfa au
quatre-vingt-douzième.
90. Rodius du foixante-dix-feptiéme rang pafla au qua-
tre-vingt-treizième.
91. Paronaxie du foixante & dix neuvième rang pafla au
quatre-vingt-quatorzième.
92. Attalie du quatre -vingtième rang pafla au quatre-
vingt-quinzième.
93» Zéchie, qui avoit déjà la dignité épiscopale , obtint
le titre de métropole.
94. Bosporus , qui avoit aufli la dignité archiépiscopale ,
obtin: le titre de métropole.
95. Birzine.
96. Sugdée ; elle avoit déjà la dignité archiépiscopale ,
elle obtint le titre de métropole.
97. Mefembiie du quatre-vingt-troifiéme rang pafla au
centième.
98. Arcadiopolis du quatre-vingt-deuxième rang pafla
au cent-unième.
99. Séhbrie du quatre-vingt-unième rang pafla au Cent-
deuxième.
100. Milet du quatre vingt quatrième rang pafla au cent-
t roi fie me.
10 1. Gerdique du quatre-vingt-cinquième rang pafla ail
cent-quatrième.
102. Argi du quatre-vingt-huitième rang pafla au cent-
cinquième.
103. Driftrc du foixante-onziéme rang pafla au cent-fi-
xiéme.
104. Pyrgium du quatre-vingt-dixième rang pafla au cent-
feptiéme.
ioj. Sebaftopolis du cinquante & unième rang pafla au
cent-rn:i.iéme.
106. Euiippus du quatre-vingt-douzième rang pafla au
cent-neuvième.
107. Cybiflus du quatre-ving-treiziéme rang pafla au
cent-dixième.
108. Antioche.
109. Achyraiis.
On remarque aifément que cette déclaration de l'em-
pereur Andronic n'eft pas exadte pour le nombre. J'ai
pourtant mieux aimé la rapporter , avec les fautes qui s'y
trouvent, que de m'expofer-à y en ajouter de nouvelles en
entreprenant de la corriger fur des conjectures.
Comme je ne trouve point d'anciennes notices , qui
donnent le nom des métropoles d'Italie , je fuis réduit à
renvoyer le lecteur au mot Archevesché ; on y verra
une lifte des villes qui ont aujourd'hui le titre de métro-
poles.
Suivant une notice publiée par le père Sirmond , Conci-
lier. Galli& , t„ \. qui la juge être du tems d'Honorius,
où l'ufage étoit de dillinguer la Gaule des fepr provinces ,
il y avoit dans les Gaules quinze métropoles ; fçavcir ,
Dans la Gaule proprement dite.
Dans la première tyonnoife,
Lyon.
Dans la féconde Lyonnoife ,
Rouen.
Dans la Lyonnoife Scnonofc,
Sens.
Dans la première Belgique ,
Trêves.
Dans la féconde Belgique ,
Rheims.
Dans lapremiére Germanie,
Mayence.
Dans la féconde Germanie ,
Cologne.
Dans la grande Séquanie ,
Bcfancon.
Dans les sept provinces
distinguées de la Gaule.
Dans la province Viennoife , Dans la Novcmpopulanie ,'
Vienne. Eaufe.
Dans lapremiére Aquitaine, Dans la 1. Narbonnoife ,
Bourges. Naibonne.
Dans la féconde Aquitaine, Dans la 11. Narbonnoife ,
Bordeaux. Aix.
Dans la province des Alpes Maritimes.
Embrun.
Un manuferit qui fervic à faint Laurent de Seville , Se
qui a été écrit en l'année 962. nous donne la divifion des
provinces de l'Espagne , ôc y marque les métropoles
fuivantes :
Dans la Gallice ,
Brague.
Dans la Gaule ,
Narbonne,
Dans la Lujuanie *
Merida.
Dans la province de Cartha-
gene ,
Tolède.
Dans la Bétique,
Sevd'e.
Dans la Tirragonoife i
Trrragone.
Dans un autre manuferit , écrit en lettres gothiques, &
confervé dans l'églife d'Oviedo , le rang des métropoles
d'Espagne eft régie de la forte :
Tolcde >
Seville,
Merida ,
Biague ,
Tarragone ,
Narbonne ,
Et dans la divifion des provinces dEspagne , faite fous
le roi Wamba , on fuit cet ordre :
Tolède ,
Tarragcne ,
Naibonne ,
Seville,
Merida ,
Brague.
Quant aux métropoles modernes , Voyez, au mot Ar-
chevesché.
I. METROPOLIS , ville de la Sarmatie Europèene.
Ptolomée , /. 3. c. /. la place auprès du Boryithène , en-
tre SerimumSc Olbia. Pline , /. 4. c. 12. la nomme Mi-
letopolis.
». METROPOLIS, ville de Phrygie, félon Etienne
le géographe. Ptolomée , /. 5. c. 2. la range parmi les
villes de Lydie Se de Maeonie , au-deflbus de Jovis ta-
num. ■*
3. METROPOLIS, ville de la Grande Phrygie. Pto-
lomée la place entre Peltx Se Apamia Cibotis. Etienne le
géographe connoïr aufli cette ville.
4. METROPOLIS , ville de Lydie , félon Etienne le
géographe. Peut-être eft-ce la même que Ptolomée range
parmi les villes de Lydie Se de Maeonie.
^ S. METROPOLIS , ville de la ThefTalie , félon
Etienne le géographe. Ptolomée , /. 3. c j 3. la donne aux
Efiiotes. Tite-Live,/. 32. c. 13. Se Jules Céfar ( de Bel.
civil. 1. 3. c. 80. ) en font aufli mention , ainfi qu'une mé-
daille de Galien, où on lit ces mots: Col. Aur. Métro.
Cette ville étoit épiscopale Alarcus Aietropoliianus fou-
ferivit au Concile de Nicée , tenu Lan 325. * Gohz., The-
faur.
6. METROPOLIS , ville de l'Acarnanie, félon Etien-
ne le géographe & Polybe. Ccllarius , Geogr. Ant- l. 2.
c. 1 3. dit quelle étoit à vingt fiades du fleuve Acheloiïs ,
Se peu éloignée de Stratttm, en tirant un peu vers le midi,
fur le chemin qui conduifuit deStratum à Conope, dans
l'Etolie. 11 tire cette conféquence de ce qu'en dit Polybe
au livre quatrième, c. 64.
7. METROPOLIS , ville de la Doride. Cefi Etienne
le géographe qui en parle.
8. METROPOLIS , ville du Pont. Etienne le géogra-
phe la donne aux Alojfynoeci.
9. METROPOLIS , ville de Scythie , félon Etienne
le géographe.
10. METROPOLIS , ville de l'Eubée. Etienne le
gâographe eft le feul qui la connoifle.
I I. METROPOLlS.ville de la Haute ThefTalie. Etien-
ne le géographe la diitingue d'une autre ville de même
nom, dans la Theûalie . Voyez, ci-deflus au mot Métropo-
le ;.
12.
MET
MET
il. METROPOLIS , ville de l'Ionie , fclon une mé-
daille de Gordien , rapportée par Triftan , Se fur la-
quelle on lit cette infeription : MHTPOnoAElTON EN
IQNIA. Etienne le géographe, qui compte jusqu'à dix vil-
les nommées Metropolis , n'en connoit point de ce
nom dans l'Ionie. Ge peut cependant être celle qu'il a
mile dans la Lydie ; car on confond allez fouvent les
bornes de ces deux provinces. Spon déclare avoir aufli
vu dans le cabinet de Charles Patin > une médaille fur
laquelle étoit repréfenté Solon , Se au revers Jupiter &c
Diane d'Ephèfe , avec cette infeription : KOINON MH-
TPOnOAEITnN TON EN mNIA. Le même Spon , dans
fon voyage du Levant, p. 189. rapporte qu'en allant
de Smyrne à Ephèfe , il s'arrêta près d'un cimetière ,
où il vit quantité de pièces de colomnes de marbre
antiques , Se une entre autres où il y avoit encore quel-
ques reftes d'infeript ion , qui ne lui apprit que le nom
de celui pour qui elle avoit été faite ; mais qui le con-
firma dans l'opinion que ce lieu étoit la véritable fitua-
tion de Mécropolis , à caufe du grand nombre de ma-
fures Se de débris que l'on voit tout à l'entour. Il de-
manda à un Arménien , qui le conduifoit , fi autrefois
il n'y avoit point eu là une ville ; Se il apprit que ceux
du village Cabagea , à un mille de l'endroit où il fe
trouvoit , aflliroient qu'il y en avoit eu une , Se que mê-
me le mot Cabagea fignifioit , en langue turque , "une
grande ville. Quoique ce village n'ait que quinze ou
vingt maifons, il a pu garder le nom de ville, étant
voifin des ruines de celle-ci. 11 n'y a peut-être pas mê-
me fort long tems qu'elle eft détruite, puisqu'il y a
encore aux environs quatre ou cinq grands cimetières
turcs, qui témoignent que ces quartiers n'ont pas été fi
dépeuplés dans les fiécles précédens , qu'ils le font préfen-
cement. Spon ne donne pourtant cette opinion que pour
une conjecture : il foupçonne même que Metropolis
pourroit avoir été dans un lieu plus près de Smyrne. Il
vit , à droite Se à gauche , les ruines d'un ancien aque-
duc, qui traverfoit le chemin, Se conduifoit vers un
Village, appelle Tourbalé, qui donne quelques marques
d'avoir été anciennement une place plus confidérable
qu'elle n'eft préfentement, qui étoit peut-être, dit-il ,
appellée Metropolis , dont il femble que le nom de Tour-
■balé foit venu. * Berkelius , in Steph. Byfam.
15. METROPOLIS , ville d'Ifaurie, félon Ortelius,
Thefaur. qui cite le concile de Nieée, où on voir la
foufeription de Sylvamis Mctropolitanus ex Ifauria.
METRO VIE , bourgade de la Dalmatie , au duché
de faiht Saba, fur un bras de la rivière de Narenta ,
au-deflbu's de la ville de ce nom. Elle elt fous la do-
mination du Turc. Toutes les maifons y font distinguées
par des tours. Les Chrétiens, qui y demeurent , font Schis-
manques. * Coronelli , Carte de la Dalmatie.
METRO VIZA , ou Mitrovitz, ville de Hongrie , .
fur la Save, au comté de Sirmium, entre Ratsha vers
le midi , Se Krfatz vers l'orient. On voit dans ce lieu,
félon le comte de Marfilly , Operis Danubial. Froârom.
p. ij. beaucoup de monumens d'antiquité: ce qui le
porte à croire que les Romains y avoient envoyé une
colonie confidérable ; il va même jusque juger que c'étoit
dans cet endroit qu'étoit bâtie la célèbre métropole de
Sirmium. C'eft à Mitrovitz , qu'on voit le commence-
ment des vefiiges d'un ancien retranchement , ouvrage
des Romains , mais dont on ne fait point le nom. Ce
rempart étoit de terre , de figure irréguliere , défendu
par un bon fofle, Se ouvert en différens endroits. Edouard
Brown , dans fon voyage de Vienne à LariiTe , p. $$.
dit que Métrowitza elt une ville aflez belle , une place
-afTez grande pour y tenir une foire , Se qu'elle elt bâtie
fur le bord d'un lac, qui elt tout proche.
METROUM. Il eft parlé d'un lieu , ou d'une ville de
ce nom dans Arrien , Teripl. p. 1 4. qui le met dans la
Bithvnie fur le Pont-Euxin, Se dit que d'Héraclée à Me-
iroum, il y avoit quatre- vingt ftades , Se quarante fiades
de Metroum à Pofidium.
METS , ville de France , capitale du pays Meïïin , au
confluent delà Seille Se de la Mofelle, entre Toul, Ver-
dun Se Trêves. Son nom latin eft Divodurus ,Divodurum->
Divodurum Mediomatricorum , Divodorum , Medioma-
trici , Civitas Mediomatricorum , Se Civitas Medioma-
meum , pat contraction du génitif de J^lediomamees au
2*7
nominatif pluriel , dont Céfar Se Ptolomée fe font ici vis.
Quelques hiftoriens qui n'ont pas pris garde que Medio-
matricum étoit le génitif de Mediomatrices , en ont
fait un nominatif fingulier neutre , Se ont appelle cette
ville Mediomatricum. Peut-être les fources ou fontaines ,
qu'elle a dans fes folles , ont-elles occafionné le nom
de Divodurum , c'eft-à-dire , eau de fontaine > car félon
Valois , Diu en langue gauloife lignifie une fontaine «
Se Dur veut dire de l'eau. Blondel a prétendu au con-
traire que Diu en gaulois fignifioit Dieu ,Se que Divo-
durum vouloit dire eau divine. * Pigamol, Defcr. de
la France , t. 7. p. 304.
Quoi qu'il en foit , dans le quatrième fiécle elle com-
mença à prendre le nom du peuple ; de forte qu'Am-
mien Marcellin l'appelle Mediomatrici ; Se ce nom a
été en ufage jusqu'à l'onzième fiécle. Néanmoins dès
le commencement du cinquième , on voit que le nom
du peuple Mediomatrices, Se celui de la ville avoit étc
changé en Meus ou Meta; puisque dans la notice de
l'Empire on trouve plufieurs fois ce Métis , qui étoit
par conféquent en ufage fous Honorius Se Valentinien :
Idace , dans fa chronique écrite dans le même fiécle ,
nomme cette ville Métis. On ne fait pas l'origine de
ce nom , parce qu'aucun écrivain digne de foi ne nous
l'a appris ; Paul Diacre a cru qu'elle l'avoit eu d'un
Romain, nommé Metius, Au refte , cette ville fous l'Em-
pire romain étoit célèbre Se illuftre ;car Tacite, au livre
quatrième de fon hiftoire , lui donne le titre de Socia
civitas , ville alliée du peuple romain ; Se Ammien
Marcellin la met avant Tréves,fa métropole.* Longuerne,
Defc. de la France, part. 2. p. 204.
Elle fut entièrement ruinée par les Huns , fous At-
tila , & il ne refta fur pied que l'églife , ou oratoire de
S. Etienne , qui eft la cathédrale \ ce qui eft confirmé
par Idace , contemporain d'Attila , qui en parlant de la
bataille donnée dans les Champs Cacalauniques , die
que les Huns y étoient venus de Mets , qu'ils avoienc
pris de force Se ruinée ; laquelle ville n'étoit pas fore
éloignée de ces champs : In Campis Catalaunicis baud
longé de civitate, quam effregerant-.
Les François fous Childeric n'eurent aucune peine
à s'emparer du pays de Mets Se de Trêves, où ils domi-
noient du tems de Sidonius Apollinaris, comme on voie
dans la 17 lettre du 4. livre, écrite à Arvogafle, qui
demeuroit fur la Mofelle, dont le pays avoit été occupé
par les Barbares, qui ne peuvent être autres que les Fran-
çois, fujets de Childetic, comme l'ont bien entendu Sir-
mond Se Savaron , commentateurs de Sidonius ; ce qui
détruit les exploits que les Lorrains attribuent aux Meifins
Se aux Verdunois , pour les Romains Se pour Siagrius
contre Clovis. Cette lettre, écrite vingt ans avant la
guerre de Clovis Se de Siagrius, démontre que dès- lors
les Barbares, c'eft-à dire les François, occupoient le pays
arrofé de la Mofelle.
Clovis en fut toujours le maître , Se des pays voifins
jusqu'au Rhin, par lequel il étoit féparé des Allemands ,
(ou Suéves) qu'il vainquit.
Les quatre fils de Clovis partagèrent les états de leur
père , après fa mort. Mets échut à Thierri , qui y éta-
blir fa réfidence ; Se cette ville > après lui , fut toujours
la capitale du royaume d'Aufirafie, & devint pluspuiflante
que fous les Romains. 11 y avoit un palais royal. Les
empereurs d'Allemagne en devinrent les maîtres par
droit de conquête , Se les evêques , fans en être fouve-
rains , y avoient , fous les empereurs , un fi grand pou-
voir , qu'ils y faifoient battre monnoie.
Le premier comte héréditaire de Mets que l'on trouve,
eft Herman , dont descendirent > en ligne masculine , les
autres comtes , depuis le X fiécle jusqu'à la fin du XIÎ.
La plupart ont porté le nom de Folmar , & le dernier
fur Albert, fils de Folmar IV, lequel laifia une fille Se
unique héritière, nommée Catherine, à laquelle plufieurs
donnent'le nom d'Agnès. Elle époufa Thibaud I,duc
de Lorraine, qui mourut fans enfans l'an 1219. après
avoir été plufieuis années comte de Mets.
Enfuite il n'y eut plus de comte de cette ville , & le
maire échevin eut toute l'autorité. Les évêques préten-
doient créer ce magiftrat , Se cette prétention excita
fouvent de grandes féditions contre eux. Les Mefiins
trouvaient de la protection parmi les princes Yctifinsj
Tom. W. K k
a*8 MET
MET
& les évêques, pour avoir des alliés, engageoient les
terres de ce riche évêché , qui ne cédoit à aucun autre
en puiffance.
Il eft certain que fous l'empire de Charlequint , Mets
étoit une ville impériale libre , qui ne reconnoiffoit pour
fouverain que l'empereur ; & les caufes des babitans Se
du pays Meflin pouvoient reffortir à la chambre impé-
riale de Spire, quoique les appels fuflént très-rares, à
caufe des frais immenfes que les parties étoient obligées
d'effuyer, & des longueurs des procédures de la chambre >
outre cela, il y avoit plufieurs feigneurs dans le pays
Meiîln , qui prétendoient avoir des francs-aleux , & être
fouverains, de manière qu'il ne devoit point y avoir d'ap-
pel de leurs juftices.
Leschofes étoienr en cet état l'an ijji. lorsqu'Hen-
ri II. paffa par le pays Meflin avec fon armée , pour
s'avancer vers le Rhin , au fecours de les alliés en Alle-
magne. Le cardinal de Lenoncourt étoit alors titulaire
de l'évêché de Mets , dont l'admitiiilration temporelle
étoit réfcrvée au cardinal Charles de Lorraine : il avoit
pris poffeflioJi de cet évêché l'année précédente 1 j j i ,
Se avoit commencé par indiquer une ailemblée des Etats-
Généraux de l'évêché dans la ville de Mets On n'y avoit
appelle que les vaffaux de l'évêché ; mais le magiftrat
fît défenfe à ceux de la ville d'aflifter le cardinal à la
tenue de fes états , de forte que le cardinal alla tenir
cette affemblée à Vie , le 8 de Février i ; j i.
Ce prélat cependant dispofa les magiitrats à recevoir
le connérablc de Montmorenci, & à donner entrée aux
troupes de France, qui s'avançoient; ce qu'il fit avec tant
d'adreffe que les Meflins, intimidés, & craignant de ne
pouvoir refifter , ouvrirent leurs portes auconnétable, qui
s'affura de la ville.
Le roi y entra le 1 8 d'Avril, & fe fit prêter ferment
par les habitans , dont plufieurs étoient affectionnés au
parti de France ; les principaux fuient deux frères, gentils-
hommes, l'un nommé Robert de Heu, Se l'autre Jas-
par. Néanmoins le roi ne prit point la qualité de fou-
verain, mais de protecteur, non feulement de la ville
& de l'évêché de Mets , mais encore du Saint Empire.
Henri II. après s'être approché du Rhin, retourna
aufii-tôt en France , & Charlequint , ayant fait fa paix
avec les princes confédérés d'Allemagne, affembla une
puiflante armée , avec laquelle il afliégea Mets. Henri II.
y avoit envoyé pour la défendre François de Lorraine,
duc de Guife , avec plufieurs princes Se feigneurs , Se
quantité de braves gens. On rafa les fauxbourgs, plufieurs
eglifes Se monafteres ; on fe défendit fi bien , que l'em-
pereur , voyant fon armée ruinée, leva le fiége.
Le cardinal de Lorraine, ayant repris l'évêché de Mets,
que le cardinal de Lenoncourc , fon réfignataire, avoit
quitté , céda au roi , avec le confentement du chapitre
ée des intéreflés, les droits temporels que l'évêque avoir
à Mets , Se qui étoient alors très-peu de chofe , comme
ce que j'ai dit du cardinal de Lenoncourt, le démontre.
L'empereur Charlequint , ayant remis l'empire à fon
frère Ferdinand , Se fes couronnes avec Ces Etats patrimo-
niaux à fon fils Philippe , ce prince fit une paix perpé-
tuelle à Gâteau - Cambrefis l'an 1559. avec Henri II.
qui comprit dans le traité les évêques avec les chapi-
tres de Mets , Toul & Verdun , Se l'abbé de Gorze , au
nombre de fes alliés , qui n'étoient pas fes fujets.
Henri IV. y comprit les mêmes évêques, chapitres
& cet abbé au traité de Vervins , l'an 1 j 98.
L'empereur Ferdinand 1. après la morr d'Henri II.
envoya redemander les trois villes à François II. l'an
15 60. par des ambaffadeurs ; mais on s'exeufa , Se on
foûtint que l'on n'avoit fait aucun tort à l'empire.
Au commencement du XVII ficelé il y eut de fi grands
différends entre le duc d'Epernon , gouverneur, le lieute-
nant de roi , Sobole, les magistrats & les habitans de
la ville, qu'elle fut alors en péril ; ce qui obligea Henri
ÏV. à aller en perfonne à îvlets& à s'affûter delà citadelle ,
dont il chaffa le commandant Sobole l'an 1603.
Après la mort du roi ,1e duc d'Epernon fe rendit le
plus fort à Mets, où il fut abfolu durant quelques années,
fans qu'on apportât néanmoins aucun changement à la
jurisdidion des magiitrats & à celle de l'évêché, qui
étoit une principauté de l'empire , Se dont les évêques
reconnurent toujours la fouveraineté des empereurs,
reçurent d'eux l'inveftiture, Se leur firent foi & hommage.
Charles, cardinal de Lorraine , reçut l'inveftiture de Fer-
dinand I. l'an 1 5 59. Louis de Lorraine, cardinal de Guife,
la reçut de Maximilien IL l'an 1 j6$>. Le cardinal Charles '
de Lorraine , fils du duc Charles IL la reçut de Rodol-
phe II. l'an 1/88.
L'empereur Matthias donna des fauvegardes à l'évê-
ché de Mets, comme fief de l'empire, l'an 16 17. Enfin
Henri de Bourbon, fils naturel d'Henri IV. donna fon
dénombrement l'an 162;. a l'empereur Ferdinand II. qui
lui donna l'inveftiture du contentement & à la prière
de Louis XIII» frère d'Henri de Bourbon , qui , ayant
quitté cet évêché , fut fait duc de Verneuil Se pair de
France.
Le même roi , s'étant affuré de Moyenvic & de Mar-
fal, Se ayant fait bâtir une citadelle à Verdun, fe dé-
clara feigneur fouverain & abfolu des trois villes Se du
temporel des trois évêchés ; Se après avoir fupprimé
plufieurs petites juftices, qui lé difoient fouveraines , Se
les appels à la chambre impériale, il inftitua un nou-
veau paiement dans la ville de Mets , comme rous ceux
du royaume de Fiance , & lui attribua pour reffort les
villes Se évêchés , avec les feigneurie^ annexées 5 & cette
compagnie commença à faire fes fondions le 16 d'Août
1633.
Cet établiffement excita de grandes plaintes à la cour
de l'empereur Ferdinand II. Se parmi l'es alliés en Alle-
magne. La rupture entre l'empire & la France arriva
deux ans après; mais la guerre n'ayant pas été fuivie
d'événtmens fort avantageux pour les Impériaux, on
fongea à faire la paix , Se l'on convint de laiffer à la
couronne de France les trois villes Se évêchés de Mets ,
de Toul & de Verdun en fouveraineté avec leurs diftrids.
François de Lorraine, évêque de Verdun, qui avoit
quitté fon diocèfe Se étoit horsde France, forma des oppo-
fuions à cet article , Se fit fes efforts pour l'empêcher de
paffer outre ; mais ce fut inutilement , la ceffion des
trois villes Se évêchés, fut accordée par le traité de
Wcftphalie, l'an 1648.
On ne réferva Amplement que le droit métropoli-
tain fur ces évêchés à l'archevêque de Trêves , électeur
de l'Empire ; fur quoi les juges Se officiers royaux ,
ayant fait plufieurs innovations, & l'électeur s'en étant
plaint comme d'une infraction au traité de Weftphaiie,
le feu roi Louis XIV. par un traité conclu avec l'éle-
cteur Gaspard deLaien,le 12 Octobre 1 661. régla ces
différends au quatrième article , en cette manière : que
fur les remontrances faites à fa majefté , au nom Se de
la part du prince électeur de Trêves, pour pouvoir
continuer à jouir pleinement de fon droit de métropo-
litain fur les trois évêchés , Se les fujets dépendans de
Mets , Toul Se Verdun , en la manière que Ces prédé-
ceffeurs , archevêques de Trêves , en avoient joui , Se ainfi
qu'il avoit été réfervé au traité de Munfter , Se même
accordé au nom de fa majefté, le 20 Décembre 16^7.
par une déclaration de Ces ambaffadeurs à Francfort , fa
majefté confentoit Se accordoit que le prince éledeur,
Se fes fucceffeurs,demeureroient en la poffciîion Se jouis-
fance, non-feulement de la jurisdiction métropolitaine
fur les rrois évêchés de Mets , Toul Se Verdun au tri-
bunal métropolitain de Trêves , à ce établi par fes prédé-
ceffeurs archevêques , mais aufli en celle de la jurisdiction
diocèfaine dans les terres acquifespar fa maielté , dépen-
dantes pour le fpiritucl,du diocèfe de Trêves, dans le
duché de Luxembourg , comté de Chini , prévôté d'I-
voi, Se dans les duchés de Lorraine, de Barrois. A cet
effet , fa majefté promit d'en faire expédier les ordres
Se mandemens néceffaires, avec défenfes au parlement
de Mets Se aux autres fiéges, de troubler & inquiéter
le prince Se éledeur dans tous fes droits , tant métro-
politains que diocéfains.
Il y a à peine deux cens ans , que cette ville étoit trois
fois plus grande qu'elle n'eft à préfent. Elle ne larfiê pas
pourtant d'être encore confidérable, Se paffe pour une
des plus belles Se des plus agréables du royaume. Son
enceinte a 2500. toifes-, fes rues font érr&jres, &
les maifons antiques & à créneaux pour la plupart. Elle
eft divifée en feize paroifiès , & renferme environ vingt-
deux mille habitant La Mofelle l'environne du coté de
l'occident Se du nord. Une digue de pierres, qui a
MET
MET
eeiit foixante toifes de longueur , fur fept ou huit de
large, détourne le cours de cette rivière, h partage en
deux canaux , dont l'un baigne les murailles de Mets ,
êc l'autre entre dans la ville. Cette digue a fept ou huit
pieds de haut , & l'eau de la rivière , qui parte par-defius,
forme dans toute là longueur de la digue , une nappe, ou
chute d'eau , qui plaît infiniment à la vue. Cet ouvrage
coûte beaucoup à entretenir ; car les glaces & les débor-
demens obligent tous les ans d'y faire de nouvelles répa-
rations. La Seille environne la ville de Mets du côté du
nîidi 8c à l'orient , 8c fe partage en deux pour baigner
fes murailles. Le foffé , qui cil du côté de la campagne,
a plufieurs fources d'eau vive.
L'églife cathédrale eft une des plus belles qu'on puifie
voir ; mais elle eft mal fituée , ayant été bâtie fur le
penchant d'une colline. On y remarque une cuve de
porphyre d'une feule pièce, 8c quifert de fonts baptis-
maux. Dans le chœur eft un vieux tableau , que le roi
Henri IL y fit mettre , lorsqu'il prit la ville de Mets fous
fa protection. Sur ce tableau, on voit la première lettre du
nom de ce prince, environnée decroiffans 8c de fleurs-
de-lis. Au-deflbus on lit cette infeription : Hcnrkus fe-
cundus , Francorum rex, fanïli Imperii protetlor. Plus
bas , eft un croiflant avec ces mots : dura totum compleat
orbem. On voit le tombeau de Louis le Débonnaire dans
l'églife de faint Arnoul , où on trouve dans les archives
de cette abbaye, l'original manuferit des annales de
Mets. Ce manuferit eft un extrait des annales de Fran-
ce, & a été compofé par un auteur anonyme, qui vi-
voit en 894. Le quartier des Juifs eft remarquable par
le commerce qu'ils y font, 8c par leur fynagogue.
La ville de Mets eft entourée de fortifications anti-
ques 8c irrégulieres, contre lesquelles les fotees 8c la
gloire de Charles V. vinrent échouer en 1552. Ces for-
rifications ont été depuis enfermées par quinze baftions,
dont quatre fervent de défenfe à la citadelle. Il y a aulîi
quelques autres ouvrages modernes. On y remarque fur-
tout deux grands ouvrages à corne. Celui de Saint Thi-
baut eft près de la citadelle , 8c l'autre , appelle de
Chambry, eft à l'extrémité de la ville. Au bas de la ri-
vière , eft un grand retranchement compofé de deux
demi-baflions, 8c d'une grande courtine de la façon du
chevalier de Ville. Le maréchal de Vauban a couvert
le front de ce retranchement d'une gtande demi-lune.
La citadelle fut commencée dès l'an 1 553. La profon-
deur de fes fofles , la beauté de la conftruction , 8c la
dépenfe qu'on y fit , font voir combien on eftimoit cette
place importante: elle eft à une des extrémités de la ville.
C'eft un carré long affez régulier , fortifié de quatre
baftions, fuivant la méthode du chevalier de Ville. Le
maréchal de Vauban a couvert le front , du côté de la
campagne , d'un grand ouvrage à corne , retranché d'une
demi-lune. Le côté de la ville a une demi-lune pour cou-
vrir la porte. Un des longs côtés de cette citadelle , qui
eft fur le bord de la rivière , eft fermé par la vieille mu-
raille, à laquelle on a laifle fes tours.
Dès l'an 304, il y avoit un évêque à Mets. Cette églife
a eu plufieurs prélats de la maifon de Lorraine, un de
la maifon de Luxembourg, & plufieurs autres distin-
gués par leur mérite 8c par leur naiffance. Le bienheu-
reux Pierre de Luxembourg , naquit en 1 369. 8c fut élu
évêque de cette ville à l'âge de quinze ans. A dix-fept
» il fut fait cardinal , 8c il n'en avoit pas dix-huit , qu'il
mourut à Avignon. Urbicius, Chrodegand, Angelram-
me, Drogon 8c Robert , évêques de Mets , ont été hono-
rés du Pallïum ; ce qui a donné lieu à quelques-uns de les
appeller atchevêques dé Mets , 8c de croire que cette
églife étoit métropole. Cet éveché eft un des plus confi-
dérables qui foientà la nomination du roi. L'évêque prend
le titre de prince du Saint Empire , '& jouit de cent
quarante mille livres de rente. Le domaine propre de
cet éveché rapporte plus de cinquante mille livres.
L'engagement de la Saline de Moyenvic* lui produit
dix-huit mille livres par an. Cette fomme eft payée par
le roi, qui jouit de cette faline.
Le diocèfe de Mets comprend une partie de la Lor-
raine , 8c la partie de la ville de Pont-à-Mouffon , qui
eft au couchant de la Mofelle. Thionville , Vie , la Lor-
raine Allemande , la province de la Sarre , 8c plufieurs
toyverainetés des princes de l'Empire Ipnt auili du djo-
*S9
cèfe de Mct3, & en étoient autrefois mouvantes. Tout
ce diocèfe eft divifé en cinq atchidiaconnés , 8c en vingt-
deux aichiprêtrés, qui comprennent environ fix cens
vingt paroifles , dont il y en a feize dans la ville de
Mets. L'archidiaconné de faint Arnoul eit à préfent tout
Luthérien.
L'églife cathédrale porte le nom de faint Etienne,
premier martyr. Son chapitre eft compofé de douze di-
gnités & de vingt-huit prébendes. Les dignités font , le
primicicr, qui jouit de fix mille liv. de revenu -, le doyen,
qui en jouit de trois mille-, le chantre, le thréforicr ,
le chancelier, les quatre archidiacres, l'aumônier, l'é-
colâtre è\r le contre ou facriftain. Les prébendes valent
dix-huit cens livres, ou deux mille livres au plus. Outre
ce chapitre , il y a dans Mets la collégiale de faint Sau-
veur , conipofée de douze chanoines , d'un prévôt 8c
d'un doyen. Les chapitres de faint Thibaut 8c de No-
tre-Dame la Ronde , font encore dans cette ville, mais
elles font peu confidérables ; 8c les petites collégiales
de Gorze , de Marfal , de Hombourg 8c de Sarboing
font d'un revenu très-modique.
L'abbaye de faint Arnoul de Mets eft de l'ordre de S.
Benoît. C'eft la plus ancienne églife de Mets , 8c elle
fervit de cathédrale pendant quelque tems. Ayant été
presque détruite fous le règne de Clovis 8c de fes en-
fans, les évêques de Mets transférèrent leur fiegeépis-
copal dans la ville; ils firent cependant rétablir cetie
églife, que l'on appeiloit pour lors l'églife des faints Apô-
tres , 8c qui prit enfuite le nom de faint Arnoul , qui
y fut inhumé. Elle devint collégiale par cette tranfla-
tion, 8c fut long-tems deffervie par des chanoines régu-
liers. Le relâchement s'étant mis dans cette communauté ,
Adalbcron , évêque de Mets , fit venir des moines Béné-
dictins de l'abbaye de Gorze , pour établir la réforme
dans celle-ci , l'an 942. Cette abbaye a été hors de la
ville de Mets , jusqu'en 1552 , que le duc de Guife , la
croyant nuifible à la défenfe de la place , la fit rafer ,
8c les religieux fe réfugièrent dans le couvent des Jaco-
bins , où ils ont toujours demeuré depuis. L'abbaye de
faint Arnoul vaut environ dix mille livres de revenu.
Saint Vincent de Mets eft du même ordre , 8c fuc
fondée dans une ifle hots de la ville l'an 968 , par Théo-
doiic , évêqile de Mets. Elle eft aujourd'hui dans Mets ,
8c rapporte à l'abbé neuf mille livres par an.
Saint Clément de Mets eft du même ordre , 8c fore
ancienne. Elle étoit autrefois à cinq cens pas de la ville ,
8c deffervie par des chanoines réguliers , en la place
desquels Adalbcron , évêque de Mets , mit des Bénédi-
ctins , qu'il fit venir de Luxeuil, vers l'an 938. Elle rap-
porte cinq ou fix mille livres de rente.
Saint Symphorien de Mets eft du même ordre , 8c fort
ancienne , puisqu'elle reconnoît faint Papoul, évêque de
Mets , pour fon fondateur. Elle étoit alors hors de la
ville, & fut détruite par les Barbares. L'évêque Adal-
beron la rétablit fous le nom de faint Symphorien , y
mit des moines de faint Benoît, & un abbé. Le magi-
ftrat de Mets , craignant que la ville ne fut afnégée ,
8c que cette abbaye ne nuisît à fa défenfe, la fit brûler
en 1444. Elle fut enfuite bâtie dans la ville, puis dé-
truite ëc enfin rétablie dans la paroiffe de faint Mar-
tin, dans la maifon des Baudoches. Elle jouit de plu-
fieurs beaux privilèges , 8c rapporte par an à l'abbé en-
viron neuf mille livres.
Saint Pierre de Mets eft du même ordre , mais pour
des filles. Cette abbaye fut fondée vers l'an 680, par
Eleuthere , duc de France, fous le règne de Théodoric,
8c fainte Wandrade , proche parente du fondateur , en
fut la première abbeffe. Elle fut ruinée en ij6o ,8c
transférée enfuite dans une commenderie de faint An-
toine à Mets. Le revenu dont elle jouit , eft de douze
ou quinze mille livres.
Sainte Marie eft du même ordre pour des filles , Se
dans la ville de Mets. Elle fut fondée vers l'an 1000 , par
Adalbcron , évêque de Mets ; mais le bâtiment ayant été
presque détruit en ij6o , l'abbcfTe 8c les chanoineffes
furent transférées dans une maifon , qui appartenoit à
l'ordre de S. Jean de Jérufalem.
Sainte Gloffindede Mets eft du même ordre, 8c fut
fondée fous l'invocation de faint Pierre 8c de faint Sul-
pice , archevêque de Bourges, par Wintrgui duc 8c
Tom. IV. K^ij
2.6o MET
comte de Perthois , qui donna le palais qu'il avoir dans
la ville de Mets,& des biens confTdéràbles pour cette
fondation. L'évêque Adalberon fut le reftaurateur de
cette abbaye , Se lui fit rendre plnfieurs poffeffions que
quelques féculiers avoient ufurpées ; ainfi qu'il paroît
par une chartre de ce prélat, de l'an 5,4;. Gloffmeou
Gloffinde , qui en fut la première abbefle , étoit fille de
Wmtron , Se mourut faintement vers l'an 600 , félon
meilleurs de Sainte-Marthe: d'autres hiltoriens difent
qu'elle ne mourut qu'en 780. Cette abbaye , de même
que les deux premières , étoient anciennement des cha-
pitres compofés d'une abbefle , Se de plufieurs prében-
des affectées à des filles de condition-, mais en 1680,
elles furent contraintes de recevoir la clôture, l'habit
Se la réforme des religieufes de l'ordre de S. Benoît.
L'abbaye de Clervaux eft aufïi dans la ville de Mecs.
C'eft une abbaye de filles de l'ordre de Cîteaux , Se fon-
dée , dit-on , du'tems de faint Bernard. C'eft un chapi-
tre de chanoinefles de cinq ou fix prébendes pour des
filles de condition. L'abbefle Se les chanoinefles ont
des habits féculiers , mais tout blancs.
L'abbaye de Pontifroi , Pons frigidus , eft de l'ordre
de Cîteaux, 8c fut fondée en 1232 , pour un abbé ôc
douze moines. Elle étoit fituée hors de Mets , ôc en
1572, elle fut transférée dans la ville enéglife parois-
fiale de faint George. Elle eft en régie , mais il n'y a
que l'abbé fans religieux. Le revenu eft d'environ trois
mille livres.
Les autres abbayes du diocèfefont,
Abbayes d'hommes.
Saint Nabord ou faint Avold , S. B.
Boufonville , S. B.
Gorze , S. B.
Villers-Betnach , Cit. Reg.
Saint Benoît , Cit.
Saint Pierre au Mont , S. A. Reg.
Juftemont , Prém. Reg.
Solival, Prém. Reg.
Abbaye de filles.
Vergaville, S. B.
Les villes de Mets & de Strasbourg font les feules du
royaume, où les Juifs foient foufferts. Cette tolérance
n'eftpas fort ancienne à Mets, puisqu'il ne paroît point
qu'il y en eût fous le roi Henri II. On trouve qu'en i;6j,
il n'y avoir que deux familles juives.qui s'y étoicntincrodui-
tes fur la Ample permifiïon du gouverneur , ôc que le
magiftrat voulut les en châtier. L'an 1 566. il s'y en trouva
quatre familles , & le gouverneur même voulut les fane
fottir ; mais elles s'adreflerent à lui , & lui offrirent deux-
cens écus fols de deniers d'entrée pour l'hôpital , Se
deux cens francs meflms par chacun an ; à cette con-
dition Se à quelques auttes , qui ont fervi de loi a leur
établiffement , ils furent tolérés. Ils fe rendirent né-
ceflaires par le fecours qu'ils donnèrent aux troupes ,
ôc méritèrent la protection du duc d'Epernon. Ces
quatre familles fe font multipliées dans la fuite. Ce fut
le duc d'Epernon qui leur procura des lettres patentes
du roi Henri IV.- Elles furent les premières qui autori-
ferent leur établiflement. Elles ont été confirmées par
d'autres lettres des rois Louis XIII. Se Louis XIV. avec
différentes conditions Se réglemens. Jusqu'en 16 14. les
Juifs établis à Mets étoient épars dans la ville ; mais
pour lors on leur affigna le quartier de faint Ferron ,
fur le bord de laMofelle; Se on leur permit, d'y lour-
des maifons , Se d'en acheter , avec défenfes de s'éten-
dre au-delà. A ces maifons près , il leur eft défendu de
pofieder aucuns immeubles. Ils font d'ailleurs fournis au
magiftrat de police , qui leur ordonne de porter des cha-
peaux jaunes pour être reconnus. Lorsqu'ils ont quelque
différend avec des Chrétiens , ils font traduits devant
les juges ordinaires ; mais dans les affaires qui furvien-
MET
nent entt'eux , ils n'ont d'autres juges que leur Rabbi.
L'établifTcmenc des tribunaux , où l'on rend la juftice ,
eft alfez nouveau dans le gouvernement de Mets , puis-
qu'il ne remonte pas au-delà de l'année 1 CÎ3 3. Le car-
dinal de Richelieu , voulant remédier aux désordres qui
regnoient dans l'adminiitration de la juftice, Se rame-
ner ce pays à l'ordre obfervé dans le refte du royau-
me, crut qu'il étoit néceflaire d'établir à Mets un par-
lement qui fit ceffer le refiort à la chambre impériale
de Spire, Se de fupprimer les régies Se lesjufticcsdes
feigneurs. Ce deflein , comme on l'a vu ci-deffus , fut
exécuté en 1633. Le roi, par fon édit du mois de Jan-
vier, érigea à Mets un parlement fémelrre , qu'il com-
pofa d'un premier préfident , de fix autres préfidens ,
de cinquante-quatre confeillers , dont vingt-fept par fé-
meftre, de fix clercs , d'un procureur général , de deux
avocats généraux, de trois greffiers, Se autres officiels
néceffaires. Les évêques de Mets, Toul Se' Verdun,
les abbés de Gorze Se de faint Arnoul, le gouverneur
de Mets , Se le lieutenant général y doivent avoir
féance en qualité de confeillers l 'honneur. Le même
édit fupprime tous les juges en dernier refiort , Se les
régales des feigneurs , Se conferve au maire échevin ,
aux treize de Mets , & aux magifhats de Toul ôc Ver-,
dun la jurisdiction ordinaire.
Au mois de Septembre de la même année , le roi
établit la gabelle dans ce pays , Se affigna fur ce fonds
les gages des officiers du parlement. Comme la vente
du fel avoit été libre jusqu'alors , les crois ordres fi-
rent toutes les inftances poffibles pour empêcher l'exé-
cution de cet édit ; mais ils ne purent obtenir que la
préférence; on leur en abandonna la régie, pour la
ïbmme de dix-huit mille livres , qui étoit celle que les
traitans en avoient offerte, Se à laquelle montoient les
gages des officiers du parlement. Les guerres qui fur-
vinrent enfuite , rendirent le recouvrement de ce fonds
fort lent Se fort difficile-, en forte que les officiers du
parlement, qui fupportoientfort impatiemment de n'être
point payés de leurs gages , demandèrent qu'on leur
accordât à eux-mêmes la régie Se la perception de la
gabelle. Le roi le leur ayant accordé , ils nommèrent
des commiflaires qui augmentèrent le désordre, au
lieu de le faire ceffer. Ils mirent à dix fols la pinte de
fel, qui n'étoit auparavant qu'à cinq, & cette augmen-
tation fut fort à charge au peuple, fans qu'elle ren-
dit le payement des officiers plus facile ; en forte qu'en
1661 , ils regardèrent comme une nouvelle grâce que
le roi voulut bien les décharger de cette régie , Se faire
employer dans les états le fonds de leurs gages.
En 1634, par un édit qui ne fut enregiiïré qu'en
1641 , le roi fupprima la juliice des Treize , Se créa les
bailliages Se prévôté^ , dont je parlerai après avoir ache*
vé l'hiftoire de ce parlement, qui, en 164S. fut trans-
féré à Toul, où il tint Ces féances jusqu'en i6j8 , que
le roi étant venu à Mets , permit fon retour dans
cette dernière ville , qui paya une fomme de deux
cens mille livres. Après la paix des Pyrénées Se le
traité conclu à Vincennes, avec le duc de Lorraine, en
1 661, on donna une nouvelle forme au parlement de
Mets , Se l'on augmenta fon refiort du préfidial de Se-
dan, qui avoit été cédé au roi en 1642 ,8c dont la ces-
fion avoit été vérifiée au parlement en 16^2 , de tous
les lieux détachés de la Lorraine , de Thionville , ôc
des cinq prévôtés détachées du Luxembourg, des pré-
vôtés cédées dans le Hainaut , Se de l'Alface qui y fut
jointe , parce qu'on fupprima pour lors le confeil fu-
périeur que le roi avoit érigé dans cette province , ôc
on créa en fa place un confeil provincial , qui reflbr-
tiflbit au parlement de Mets. Cette étendue de reflbrr
dédommagea avantageufement ce parlement de la di-
ffraction qu'on avoit faite en 1 642 , de Clermont , Stc-
nay , Dun ôc Jamets , que l'on avoit attribués au par-
lement de Paris , comme étant de l'ancienne mou-
vance. On érigea en même tems le parlement de Mets
en chambre des comptes , en cour des aides Se des
monnoies ; Se on lui attribua la jurisdiétion des eaux
Se forêts, en érigeant quatre maîtrifes. Pour lors on
ajouta à la grand-chambre une chambre des enquêtes,
faifant fonction de tournelle Se de cour des aides , &
on laiffa à la grand-chambre les fonctions de la cham-
bre des comptes. Après avoir donné une auffi grande
étendue au reflbrt de ce parlement, on augmenta les
officiers , & l'on créa quatre préfidens , vingt con-
feillers Se deux chevaliers d'honneur ; Se ces charges
furent remplies par les officiers de la cour fouveraine
de Breffe , qui venoit d'être fupprimée , ôc par un pré-
« •
MET
MET
2.6i
fident , Se quelques confeillers du confeil fupérieur d'Al-
face. Le roi s'étant enfuice rendu maître de coure la
Lorraine , ordonna la fuppreffion de la cour fouveraine
de Nanci Se du parlement de faint Mihiel , par décla-
ration du 21 Décembre 1670, & unit route la Lorraine
au parlement de Mets. Ce reflort fe trouva fi étendu ,
qu'en 1678 , le roi en détacha les prévôtés du Hainaur.
L'année d'après on en démembra encore l'Alface. Ces
deux démembremens diminuèrent confidérablement le
reflort du parlement de Mets : cependant cette perte fut
réparée en 1 684, par l'union du duché de Luxembourg ,
du comté de Chini , du duché de Deux-Ponts , du comté
de Veldens , Se d'une partie du comté de Sponheim , de
la Saare Se du Mont- Royal , enforte qu'en 1 588, le reflort
du parlement de Mets fut plus étendu qu'il n'avoic jamais
.été; car il renfermoit, outre les trois évêchés , & places
réunies , Sedan , toute la Lorraine , le pays de Luxem-
bourg , celui de la Saare Se le Palatinat. Les fonctions de
chambre des comptes lui furent même confervées fur l'Al-
face. On créa enfuite pour cette chambre deux prefidens ,
quatre confeillers , deux correcteurs & deux auditeurs
des comptes. Ainfi le parlement fe trouva pour lors com-
pofé de douze prefidens Se de foixânte-dix-huic confeil-
lers , trente-neuf par fémeftre. L'an 1694, le roi érigea
en titre une chambre des requêtes du palais , au lieu dé
celle qui fe formoit par députés , Se elle fut d'abord com-
pofée d'un préfident & de ilx Confeillers , auxquels on en
ajouta quatre autres quelque tems après. La paix ayant
été conclue à Ryswik , peu d'années après , le parlement
perdit une grande pairie de Ion reflort , par la reddition
de toute la Lorraine , Se des pays de Luxembourg Se de
la Saare.
Les juftices royales Se fubalrernes à ce parlement ne
font pas plus anciennes que cette cour fupérieure , Se
n'ont guère moins fouffert de changemens. En 1634 , le
roi ayant fupprimé la jurisdiction que le maire échevin Se
les treize exerçoient dans Mets , fa majeflé établit en
même tems cinq bailliages, Mets, Toul , Verdun, Vie
& Mouzon. Quant au bailliage de Vie, il fut fupprimé
en faveur du duc de Verneuil , pour lors évêque de
Mets , qui fut maintenu dans le droit d'avoir fon bailliage
fepare.
En 1685 ,les différentes réunions occafionnérent de
nouveaux changemens. On fupprima les anciens baillia-
ges de Lorraine , d'Allemagne , Se autres ; Se on diftribtu
leur reflort aux bailliages de Mets , Toul , Verdun , Se
Saar-Louis, qu'on érigea en préfîdiaux, Se auxquels on
ajouta deux bailliages qu'on établit à Epinal Se à Longwy.
La reddition de la Lorraine , par le traité de Ryswik ,
apporta enfin un dernier changement, Se aujourd'hui le
reflort du parlement de Mets ne renferme que
Mets ,
Toul ,
Préfîdiaux. «x Verdun ,
Sedan ,
Saar-Louis.
Bailliages.
Thionville ,
Longuy ,
Mouzon.
Sirck ,
Sarbourg f-
■ Phallbourg,
Longwy ,
Les quatre prévôtés de la frontière
de Champagne.
Les coutumes de Mets Se de Sedan font les feules qu'il
y ait dans le reflort de ce parlement.
J'ai parlé par occafion de l'établiflement de la chambre
des comptes., de la cour des aides , delà cour des mon-
noies , & de la jurisdiction des eaux & forêts ; il relie à
remarquer que le Bureau des finances de" Mets fut créé
par le même édit du mois de Novembre 1 66 1 . Il n'y eut
d'abord que deux tréforiers ; mais à diverfes reprifes on
en a augmenté les officiers.
Par édit du mois de Mai 1 69 1 , le roi créa des offices de
juges des traites foraines, pour connoîtrede tous droits
d'entrée & de fortie , & autres droits y joints. Et comme
il n'y avoit point d'élection dans le pays pour connoître
de plufieurs droits domaniaux , comme tabac , marque
d'or Se d'argent, Sec. on leur attribua la connoiflance de
ces droits , Se l'on établit quatre de ces fiéges : à Luxem-
bourg , à Mets, à Verdun & à Sedan.
Le magiftrat , ou le corps des officiers de ville , eft com-
pofé d'un maire échevin , ou maire en titre , qui a finan-
cé cent dix mille livres , Se jouit de quatre mille livres de
gages fur la ville , fans compter les anciens droits. Sa
charge a été depuis partagée , lorsqu'on a créé un autre
maire alternatif , Se mi-triennal. De dix échevins électifs ,
qui ont chacun cent quatre-vingt-trois livres treize fols
neuf deniers de gages fur la- ville , outre les émolumens ;
de dix affeffeurs en ritre , à deux cens livres ; d'un procu-
reur du roi en titre, à quinze cens livres > d'un fecrétairc-
greffier , à mille livres ; de deux receveurs alternatifs , qui
ont le fol pour livre du montant de la recette , dx' de plu-
fleurs autres bas-officiers. Les revenus de la ville font d'en-
viron c:nt mille livres par an , & la dépenfe ordinaire
d'environ cinquante mille. Le furplus du revenu eft ré-
fervé pour les dépenfes extraordinaires, & fur-tout pour
la réparation chi Vadrinau , (Vadum Reghialdï,) ou di-
gue qui détourne les eaux de la Mofclle, pour les faire
parler dans la ville. Les échevins font deux ans en fon-
ction , Se l'on en change cinq tous les ans. Le peuple en
propolé quinze au roi , qui en choifit cinq. Le magiftrat
de Mets a l'adminiflration des revenus de la ville , Se
régie les affaires ordinaires Se courantes de l'hôtel de ville.
Les procès,qui furviennent par rapport aux revenus , font
jugés en première inftance par le magiftrat , Se .par l'in-
tendant en cas d'appel au confeil. Voilà pour les affaires
ordinaires ; mais dès qu'il eft queftion d'affairés générales
& importantes , le magiftrat eft obligé d'en communi-
quer avec les trois ordres. L'affembite de ces trois ordres
eft pour lors convoquée par le maire échevin qui préfide,
ou, en fon abfence, par le plus ancien officier du magiftrat.
Elle eiî compofée des députés du clergé , de la nobleflë Se
du tiers-état. C'eft en qualité de chef de ces trois ordres
que , lorsque Louis XLV pafla à Mets , le maire échevin ,
avec les députés des trois ordres , eut l'honneur de haran-
guer fa majefté debout , 6c non à genoux , comme les au-
tres officiers de ville du royaume.' Lorsqu'ils furent en-
voyés à Paris, après le mariage du même monarque, ils
eurent aufli l'honneur de lui faire compliment.
Comme les trois évêchés Se leurs territoires n'ont pas
toujours été de la domination de la Fiance , le domaine
en appartient aux évêques,aux chapitres Se aux églifes y
à leurs vaffaux , aux trois villes , ou à des feigneurs qui
prétendoient tenir leurs terres en franc-aleu , lors de la
conquête de ce pays , Se que les rois de France ont confer-
vésdans leurs prétentions. Le roi n'a donc d'autre domaine
dans ce gouvernement que celui qu'avoient le roi d'Espa-
gne Se le duc de Lorraine , dans les lieux qu'ils lui ont cé-
dés j Se ce domaine conflfle en droits de haute-juftice , de
ferrage, de moulins Se fours banaux, en quelques droits
de hallage , en d'anciens péages domaniaux, Se en un très-
petit corps de domaines. Tous ces droits produifent au roi
environ cinquante-trois mille trois cens vingt livres par
an , fans y comprendre les domaines de Sedan , de Mou-
zon Se de Château-Regnaud. Outre ces anciens domai-
nes , le roi a. établi dans ce gouvernement en différens
tems des droits domaniaux , comme dans le refte du
royaume.
Les impofitions extraordinaires font îa capitation , l'u-
ftenfile , les fourrages , les quartiers d'hiver , les ventes de
charges Se autres.
Les charges ordinaires Se extraordinaires annuelles fe
montent à près de cinq millions par an , Se toujours à
beaucoup plus que le roi ne retire de cette généralité.
Le commerce fe fait dans ce département par eau ou
par charroi. Le pays produit abondamment des grains ,
des fourrages , des vins Se des fruits ; mais il n'a presque
point d'iflue : car les rivières font d'une navigation diffi-
cile , ou forr chargées de péages ; ce qui fait que l'on n'en
tire pas tout l'avantagequ'ilferoitàfouhaiter pour le com-
merce. Quant à celui qui fe fait par charroi , il n'eft pas
fort confidérable , Se ce font des charretiers du côté de Sa-
lins, ou de l'extrémité de la Vofge.qui le font. Les premiers
apportent des marchandifçs de Liège dans ce gouverne-
2.6a
MEV
MEU
ment , & en rapportent des grains ; les féconds apportent
des beurres Se des fromages à Mets pour la confommation
de cette ville , Se des vins de Bourgogne qu'ils transpor-
tent dans le pays de Liège. Dans la ville de Mets il y a plu-
sieurs particuliers qui ramaffent des grains & en font com-
merce. Celui des graines de navette eft le plus confidéra-
ble. Les marchands de Mets les achètent en Lorraine , Se
les vendent aux Hollandois qui les font descendre par la
Mofelle , Se en font de l'huile pour les manufactures de
draps , pour les vaiffeaux Se pour d'autres ufages. Le com-
merce des vins regarde particulièrement le pays : car ,
comme il y a des vignes fur les côtes de la Mofelle, à trois
ou quatre lieues au-deffus ou au-deffous de Mets , Se que
ces vignes appartiennent aux plus riches habitansde cette
ville 3 ceux qui ont foin de la police , défendent l'entrée de
tous vins étrangers , & chaque particulier a la liberté d'ex-
pofer en vente Se de vendre en détail le vin de fon crû.
Les autres marchands des villes de ce gouvernement fe
pourvoient à Francfort Se à Liège de ce qui eft néceffaire
aux habitans. Ils achètent des draps de Hollande , Se font
yenir auffi quelques marchandifes de Paris. Les deux
manufactures principales de ce gouvernement font celles
de laine Se de tannerie. Quant à celles de laine , on y fait
des bas à l'aiguille , des ratines Se de groffes étoffes , dont
s'habillent les payfans : on fabrique auffi de petites ferges ,
dont s'habillent les femmes du menu peuple. La tannerie
eft très-fameufe à Mets , Se les eaux de la Seille font 11
propres pour l'apprêt des cuirs , qu'on compte plus de
quarante tanneries fur le bras de cette rivière qui paffe dans
la ville. Les mirabelles «Se les framboifes blanches que l'on
«onfit à Mets, font renommées^ Se les ouvrages de bois de
fainte Lucie y font fubfifter cinq ou fix familles de fculp-
teurs. Ce bois croît en Lorraine du côté d'Epinal ; mais
•tout ce commerce n'eft en rien comparable à l'argent que
la fubfiftance, l'équipement des troupes Se la remonte
de la cavalerie ont jette en tems de guerre dans ce pays ,
Se fur-tout dans la ville de Mets. Les feuls chevaux que
les Juifs ont fournis pendant la dernière guerre, ont don-
né lieu à un commerce de plus de cent mille écus par an.
Le gouverneur de Mets a le rang de gouverneur de
province , Se commande à Mets , a Verdun Se dans les
pays adjacens. Ses appointemens font de vingt-quatre
mille livres par an. IL y a un lieutenant de roi ,créé en
1692. Le gouverneur général de ce pays eft auffi gouver-
neur de la ville Se citadelle de Mets. Il a fous lui un
lieutenant de roi de la ville, qui a 3600 liv. d'appointe-
mens ; un major qui a 1 200 1. Se un aide-major qui a
800 liv. Le lieutenant de roi de la cidadelle , le major
Se l'aide-major ont les mêmes appointemens que les offi-
ciers de l'état-major de la ville.
Par édit du mois de Mars 1692 , le roi créa une charge
de prévôt général de la maréchauffée à Mets, Se cinq
prévôts principaux dans l'étendue du gouvernement ■■, mais
Félon le nouvel établiffement de 1720 , il n'y a pour les
cvêchés de Mets , Toul Se Verdun qu'un prévôt général ,
un lieutenant , un afTeffeur , un procureur du roi Se un
greffier établis à Mets , Se un lieutenant avec pareil nom-
bre d'officiers à Verdun.
METTEN , abbaye d'Allemagne, dans la Bavière, près
du bord feptentrional du Danube, au couchant, à peu
de diftance de Deckendorf : elle eft de l'ordre de S. Be-
noit. Zcyler , Topog. Bav. p. 1 1.
METTERNICK , château dans la Weftphalie , au
duché de Juliers. Il a donné fon nom à une ancienne
mai fon.
METUBARIS , ifle de la Pannonie, félon Pline , /. 3.
g. 25 . Le père Hardouin dit que c'eft à préfent Zagabria.
METULUM, ville des Japydes. Lazius dit que fon
nom moderne eft Troja , Se qu'elle eft fur le fleuve Savus ,
dans le Mcduikthal , au comté de Cilicie. Appien , in Illy-
ric. lui donne le titre de métropole du pays : il ajoute
qu'elle eft fituée fur une montagne couverte d'arbres,
Se qu'elle eft bâtie fur deux élévations , partagées par
une petite vallée. Dion Caffius en parle , /. 49. p. 412.
Strabon,/. 7-p- 3 M- dit qu'Augufte fut bleffé en l'aflîé-
geant, qu'il la prit , leur impofa des loix fi dures , qu'ils
aimèrent mieux fe brûler avec leur ville que de lesfubir.
Voyez. Mutila.
METUS. Voyez Phobus.
MEVANIA , ville d'Italie , dans l'Umbrie. Ptolomée,
/. 3. c. 1. la donne aux Vilumbres. qui habitoient la partie
orientale de l'Umbrie. Cellarius , geogr. ant. /. 2. c. 9.
dit qu'elle étoit fituée au confluent du Tinta Se du Cïitum-
nus , Se que fes habitans qui font appelles Mevenates par
Pline, font ainfi nommés dans une infeription rapportée
par Spon, Eritd. ant. M:fc. p. 183. Cette ville étoit re-
nommée anciennement par la quantité de bêtes à cornes
blanches qu'on y élevoit pour les facrifices , félon ce vers
de Lucain, /. i.v. 473.
Tauriferis itbifefe Mevama campti
Explie at.
Voyez Clitumno Se BÉvagnA.
MEVAT , province des Indes, dans les états du Grand
Mogol. Elle eft bornée au feptentrion par la province
de Varal -, à l'orient par le royaume de Moiang \ au midi,
partie par le royaume de Patna , partie par le Gange i
Se à l'occident par le Gange. * De i'ijle , Atlas»
MEVATINI^. Voyez Westernes.
MEUDON , maifon royale de France fituée à deux
lieues au-deffous de Paris , fur un coteau qui s'élève dans
une plaine fur les bords delà Seine. Le château a été
bâti pour le cardinal de Lorraine par Philibert de Lorme,
architecte célèbre fous le règne d'Henri II. Meïfieurs
Servient Se de Louvois , miniftres d'état , l'ont fucceffi-
vement augmenté Se embelli.
Louis XIV. l'ayant acquis de madame de Louvois,
le céda à feu monfieur le Dauphin , fon fils, en échange
de Choify-Mademoifelle, aujourd'hui Choify-le-Roi ,
que mademoifelle de Montpenfier lui avoit légué par
fon teftament. Monfieur le Dauphin y a fait des aug-
mentations Se des embelliffemens dignes de fa magnifi-
cence.
On arrive au château de Meudon par une avenue fpa-
cieufe, plantée de quatre rangs d'arbies d'environ quatre
cens roifes de long. A droite eft le couvent des Capucins ,
bâti aux dépens du cardinal de Lorraine , Se à gauche
font les vignes de Meudon. La terraffe , qui fe préfente
enfuite , fert encore d'avenue Se d'avant-cour au château.
Elle a coûté des fommes immenfes , parce que le tefrein
où elle eft, étoit fort inégal. Sa longueur eft d'environ cent
trente toifes, Se fa largeur de foixante Se dix. A droite
eft le parc , Se à gauche le village de Meudon. A l'entrée
de la cour du château s'élève à droite Se à gauche un grand
corps de bâtiment , qui s'ouvre en forme de demi-cercle
du côté de la cour , Se eft ifolé Se détaché du château.
La cour a quarante toifes de long depuis 1 entrée jusqu'à
la façade du châreau , Se fa largeur eft de trente. Elle
eft coupée par des compartimens Se des pièces de gazon ,
fermés par des barrières qui empêchent les caroffes & les
chevaux de les détruire. La façade du château fait un
très-bel effet. Un grand corps de bâtiment avancé Se éle-
vé en occupe le milieu > fur le devant il y a un perron
pour monter dans le veftibule , Se trois portes carrées
pour y entrer, mais celle du milieu eft plus grande &
plus ornée que les deux autres. Au-deffus règne un fécond
ordre d'architecture , compofé d'arcades Se de colomnes
d'une belle exécution -, Se tout cela eft terminé par v.n
troifiéme ordre , qui eft accompagné de pilaftres, & fur-
monté d'un large fronton , fur lequel font deux ftatues
couchées qui font d'une bonne main. Enfin les côtés de
ce corps avancé font percés de quatre fenêtres , qui achè-
vent de donner un grand jour à ce bâtiment. Les deux
ailes du château font formées par deux ordres de fenêtres,
l'un fur l'autre. Elles font carrées Se accompagnées de
pilaftres bien travaillés , Se de divers autres ornemens
d'architecture. Ces ailes font terminées chacune par un
pavillon carré, dispofé fur la même ligne que les aîles , Se
qui ont la même hauteur que le corps avancé du milieu.
Les deux côtés de la cour du château font fermés à droite
Se à gauche par deux grands corps de bâtiment à deux
étages , Se au milieu desquels règne une galerie décou-
verte en forme de terraffe , foûtenue par quatre arca-
des avec des corridors parfaitement bien voûtés, à la
faveur desquels on peut être à couvert. Le devant de
ces galeries préfente un rang de baluftrades , Se les ex-
trémités font deux tours carrées , qui s'élèvent en coupe
octogone, terminée par une lanterne percéede diffé-
rens côtés. Le fond de la terraffe eft occupé par une
MEU
MEU
galerie couverte , plus baffe que le refte du bâtiment ,
ôc percée fur le devant de quatre fenêtres, accompagnées
de pilaftres ôc autres ornemens. Tout cela eft terminé
par deux gros pavillons carrés, qui s'avancent ôc feprç-
fentent fur le devant de tout ce palais, ôc, étant plus
avancés que les autres parties de l'édifice, contiibuent
beaucoup à lui donner de la grandeur & de la majefté.
Ces pavillons font décorés de trois ordres de fenêtres,
l'un fur l'autre, accompagnés de pilaftres ôc d'autres or-
nemens ; ôc dans les angles extérieurs on a pratiqué deux
petites tours en forme de guérites. Les tours font avan-
cées fur le devant ôc engagées dans le vif du bâtiment ;
elles font foutcnues fur leurs confoles ou culs de lam-
pes , mais elles ne font pas plus hautes que les pavil-
lons. Les dedans du château font ornés presque par tout
de dorures , de fculptures & de plafonds ôc autres
peintures. Les vitrages font de glaces ; mais depuis la
mort de monfeigneur le Dauphin, arrivée le 14 d'A-
vril de l'an 1711.011 a enlevé les glaces, les tables,
bijoux , porcelaines , tapifferies , tableaux , &c. La fa-
çade du château du côté du jardin , confifte en un grand
corps avancé qui en occupe le milieu , en deux ailes
plus baffes que le refte du bâtiment , ôc en deux pa-
villons élevés qui les terminent à droite ôc à gauche.
Le corps avancé qui eft au milieu , préfente fur le de-
vant trois grandes arcades , qui forment le veftibule, &
qui font ornées de colomnes ; au-deffus régnent deux
ordres de fenêtres & de pilaftres l'un fur l'autre , ter-
minés par un large fronton , fur lequel font placées deux
ftatues couchées fur le côté. Le fécond étage eft encore
orné de deux buftes ; les ailes préfentent deux grands
ordres de fenêtres l'un fur l'autre, accompagnés de pi-
Jaftres ôc d'autres ornemens , mais les pavillons ont un
troifiéme ordre de fenêtres ôc de pilaftres que le refte
du bâtimenr n'a pas-, leurs combles fonr auffi plus éle-
vés, ôc leur angle extérieur s'arrondit en forme de pe-
tite tour. Le château neuf a été bâti dans le même
lieu où étoit la fameufe grotte , bâtie par Philibert de
Lorme ; il n'en refte plus que la grande terraffe con-
ftruite de brique avec Ces rempes , & qui foûrient le
parterre qui eft au-devant de ce nouvel édifice. Ce châ-
teau , quoiqu'inférieur en grandeur à l'ancien , ne lui
cède point en magnificence ; les avant-corps font dé-
corés de colomnes doriques -, l'escalier eft rrès-éclairé ôc
très-commode. La ftatue de bronze , qi:i eft dans le ve-
ftibule fupérieur, eft un chef-d'œuvre d'Antoine de Bou-
logne. Les appartenons, fur-tout les petits, font ingé-
nieufement dispofés. Le parterre confifte en deux corn-,
partimens détachés; il eft formé de trois côtés par un
double rang d'arbres , dont la tige eft couverte par une
taille haute de charmille bien unie. Ce double rang
d'arbres forme trois allées, qui régnent au pourtour du
parterre ; celle qui eft au bout ôc en face du château ,
eft coupée en deux par un beau baffin ; de-là l'on des-
cend ôc on va toujours en droite ligne à l'étang de
Chalais. De chaque côté règne une allée formée de
deux rangs d'arbres , ôc l'espace qui fe trouve au milieu
eft occupé par trois compartimens féparés l'un de l'au-
tre par autant de baffins carrés. Le baffin du milieu
eft le plus grand , Ôc a trente-cinq toifes de long fur
quinze de large ; ces allées , ces compartimens ôc ces
baffins occupent un terrein de plus de quatre cens toi-
fes de long, fur environ cinquante de large. L'étang de
Chalais eft une grande pièce d'eau exagonc , terminée
à droite & à gauche par un fimple rang d'arbres ; cet
étang peut avoir cent toifes de diamètre d'un angle à
l'autre. On trouve au-delà ôc fur la même enfilade,
une grande allée, plantée en ligne droite de fix cens
toifes de long, qui fe termine aux murs du parc, ôc
cette belle allée eft accompagnée de chaque coté d'une
contre-allée. Les ftatues & les buftes font placés avec
beaucoup de goût , 6v les bosquets font d'agréables ré-
duits. Le vertugadin eft une longue pièce de gazon fer-
mée de trois côtés par une double rangée d'ifs , on
d'autres arbres taillés ôc bienfymmétrifés.Les plaifus font
uft carré pratiqué au milieu du parc & dans un bois
fort épais ; fa longueur eft de cent quarante toifes , ôc
fa largeur d'environ quatre-vingr. Au milieu de chaque
face, ôc à chacun des quatre angles aboutiffent des al-
lççs qui viennent s'y terminer. Cette pièce eft ornée
2.6$
de divers compartimens, d'une rangée d'arbres qui en
forment les faces , ôc d'un grand baffin rond au mi-
lieu , qui a environ trente-cinq toifes de diamètre. Le
parc eft d'une grande étendue Ôc fermé de tous côtés
par une bonne muraille ; à droite même régnent tout
le long du mur deux longues chaufkes & une rfeote
pour les eaux. On compte dix-huit cens toifes au ua-
vers du parc, depuis la porte de la Baliffonmere du côté
des Capucins, jusqu'à la porte de Tiivaux, qi.i donne
fur le chemin de Chevreufe , ôc ii s en trouve autant
depuis la porte de Clamait jusqu'à l'encrée du parc de
Chaville. Les bois qui forment ce paie font beaux &£
ornés en plufieurs endroits de baffins, de belles ri. ..es"
d'eau, de réfervoirs ôc de grands étangs. Les 101, tes
font bien percées, longues ôc droites, entre lesquelles
on peut remarquer l'allée dauphine , qui aboutit a la
porte de Paris. La pare d'oie eft une étoile a laquelle
fe réunifient fept allées fort longues Ôc bien pratiquées.
On remarque encore dans le parc la ferme de \ i'.lebon ,
où il y a un grand jardin potager , auprès duquel font
deux moulins à vent dune invention finguliere , ôc qui
fervent à élever les eaux. Le bourg de Meudon n'a
rien de confidérable ; les Capucins y font fort com-
modément logés , leur jardin eft fpacicux ôc beau , ôc
leur maifon eft très-avantageufement fituée. Les car-
rières de Meudon fourninent de très -belles pierres;
c'eft de-là qu'on a tiré les deux dont la longueur eu Ci
prodigieufe , qu'elles forment feules la drhaîfe du grand
fronton de la façade du Louvre; elles étoient d'un feul
bloc, ôc quoiqu'on lésai: coupées en deux , elles ont
chacune cinquante- quatre pieds de long; ce q i eft
d'autant plus furprenant , qu'elles n'ont que huit- pieds
de large & dix-huit pouces d'épaïffeur, * Mem. four-
nis par Gabriel.
MEULAN , en latin Mellentum , vil'e de France, au*
gouvernement de l'if.e de France, fui la ieine , entre
Mante & Poifly , à trois lieues de l'une ôc de 1 aune
ville, ôc à huit au-deiïbus de Paris. Cet e ville eu fort
ancienne, puisque dans les premiers fiéeles de la mo-
narchie elle a été le partage d'un fils c;e iiance, que
l'on nommoit le comte Ga.'eran de Met Lui. Ce fut fa
femme, qui en fon abfence fit bâtir les deux ponts de
cette ville, qui font très-beaux ôc particulièrement le
plus grand, qui elt compofé de \ingt & une arches.
La ville ôc le fort font féparés par un petit bras de la
rivière. Ce fort dans lequel il y a une parciffe , appel-
lée faint Jacques , ôc un monaftère de Bénédictins , qui
porte le nom de faint Nicaife , a été confideiable au-
trefois, il fut affiégé pendant les guerres civiles par le
duc de Mayenne , que le roi Henri le Grand obligea
de fe retirer au bout de cinq femaines. La ville eft
compofée de trois rues : la haute , la baffe ôc celle de
la Tannerie. Elle eft au pied d'une côte , avec deux
paroiffes , faint Nicolas fur la côte, ôc Notre-Dame à
l'entrée de la ville, du côté de Paris. 11 y a auffi urf
couvent de Picpus ôc un de religieufes Annonciades , que
le roi Louis XIV. y a fait bâtir. Près de ce dernier eft
une chapelle de faint Avoye , lieu d'une grande dévo-
tion , qui attire quantité de pèlerins le 5 de Mai , joui?
de la fête de ce faint. Les tanneurs font une parHé du
commerce de cette ville bâtie en amphithéâtre, & dont
le territoire eft pattagé en terres à grains Ôc en vigncb'es.
Le bailliage royal de Meulan , refforrit au ; réfi-
dial de Mante , ôc l'un ôc l'autre font rég-is par m e 9 û-
turae particulière du comté de Mante ôc de Meulan : ti:e
fut rédigée en 1556.
La maifon de campagne qira fait buir l'abbé Bi-
gnon , eft ce qu'il y a de plus remarquable aux environs
de Meulan. Elle eft fituée dans une petite ifie de la Seine»
où étoit autrefois la chapelle du prieuré de S. Cerne , ôc
affez près du ponr de cette ville. Elle eh environnée au
nord , par des collines qui s'élèvent infenfib e ment ôc qui
font toutes couvertes de vignes ou d'arbres fruitiers , &
ornées de quanrité de maifons de campagne ôc de villages.
Le grand chemin de Rouen , qui cil entre la Seine ôc
ces fertiles coteaux , eft auffi un fpectacle forr amufant.
Des trois autres côtés elle jouit d'une vue encore plus éten-
due ôc également variée Meulan eft à l'orient d'été de
cette ifie , ôc comme cette petite ville eft bâtie en forme
d'amphithéâtre , les maifons ne fe dérobent point la vue
MEU
2.64
les unes aux autres. Cette maifomeft compofée de trois
pavillons , ôc fa façade a deux cens pieds de long. Les
dehors & les dedans en font très-bien ornés. Chaque
appartement a fon nom particulier , pris du fujet qui eft
repréfenré dans fes peintures. Lajuftice, la tempérance ,
la force , la prudence , les mufes , l'éloquence , lhiftoi-
re , la poé'fie , la fable , &c. font les noms d'autant d'ap-
paftemens. Dans celui de la force , on voit Samfon ôc
Hercule qui terraflent des lions ; Judith qui coupe la tête
à Holoferne ; Milon Crotoniate , qui porte un taureau
fur fes épaules, ôcc. La chapelle eft belle ôc ornée, ôc
furpafle tout ce qu'on peut penfer d'une chapelle de mai-
fon de campagne. * Mémoires dréjjés fur les lieux en
1704. Corn. Diél. Piganiol de la Morte , Desc. de la
France , t. 3 . p. 90.
MEVONIOLA, ville d'Italie , félon une ancienne
infeription, rapportée dans le tréfor de Goltzius.Ortelius
T&<?/.prétend que c'eft aujourd'hui le village Galeate, dans
la Romagne , où cette infeription fe trouve encore.
MEVOUILLON , Medidlio , baronnie de France.dans
le Dauphiné , élection de Montelimart. C'étoit autre-
fois une baronnie libre , qui ne relevoit que de l'Empire.
Le dauphin Humbert I. en acquit le haut domaine en
1293. ÔC Humbert II. ayant hérité de fon paient du do-
maine utile , l'unit au Dauphiné. Mevouillon relevé au-
jourd'hui du fiége royal de Buys , qui eft le chef lieu de
cette baronnie. Elle eft le fiége d'un bailliage particulier ,
leflbrtiflant du bailliage des Montagnes. 11 y avoit autre-
fois un forr qui a été démoli.
MEURCE , bourg de France,dans le Maine , élection
du Mans.
1. MEURS , petite ville d'Allemagne , au duché de
Gères. Voyez. Mœurs.
2. MEURS, bourg de France,dans l'Anjou , éLdion
d'Angers.
MEURSE , bourg de France dans la Sâintonge,éle&ion
de Saintes.
MEURTE , rivière de Lorraine. Elle a fa fource dans
les montagnes de Vosges , aux frontières de la Haute Al-
face , & fe jette dans la Mofelle, trois lieues au-deflus de
Pont-à-Mouflbn. Elle n'eft navigable qu'à deux ou trois
lieues au-deflus de Nanci ; encore faut-il attendre les
crues d'eau & fe fervir de bateaux fort petits ôc fort lé-
gers. C'eft fur cette rivière qu'on fait descendre le fel des
fàlines de Rofieres. * Piganiol , Descr. de la France ,
t. 7. P- 29L
MEUSE , rivière de Fiance. Elle a fa fource dans la
Champagne , au Balfigny , près du village de Meufe Ôc
de Montigni-le Roi. Son coûts eft de cent vingt lieues,
ou environ. Elle commence à porter bateau à S. Thibaud,
pafle dans les évêchés de Toul & Verdun , par la Cham-
pagne , le Luxembourg ôc le comté de Namur , enfuite
arrofe l'évêché de Liège , une partie des Pays-Bas Autri-
chiens , Se des Provinces-Unies , reçoit le Wahal , au-
deflbus de l'ifle de Bommel , prend ie nom de Meruve ,
£c fe perd dans l'Océan , entre la Brille & Gravefende.
Les principaux lieux qu'elle baigne dans fon cours font
S. Thibaud , g. Neuchâtel , d. Vaucouleurs , g. S. Mi-
chel, d. Verdun, d. Dun, d. Stenay , d. Mouflon, d.
Sedan, d. Doncheri , cLMezieres, d. Charleville, g.
Château-Renaud, d. Revin , d. Fumay, g. Charlemont,
g. Dinant , d. Namur , g. Huy , d. Liège , g. Herftal ,
g. Maftricht, g. Stochem, g. Mafeick, g. Ruremonde,
d. Venlo , d. Grave , g. Ravenfiein , d. Batenborch , d.
le fort de Voorn dans une i/le, le fort de S. André dans
une autre ifle : Crcvecœur , g. Heusden , g. le château
de Lœvenftcin, d. Vorcum, ôc Gorcum , d. Dordrecht,
g. Rotterdam , d. Delfshaven , d. Schiedam , d. Vlar-
dingen , d. Maefluis , d. la Brille , * Dut. Gsogr. des
Tsys-Bjs.
Un habile phyficien a remarqué que la Meufe ( a ) s'en-
fle ordinairement la nuit , environ d'un demi-pied plus
que le jour , fi le vent ne s'y oppofe. Il attribue cet effet
aux rayons>du foleil , qui chaflènt la mer pendant le jour
loin de la terre , & lui laiflent la nuit la liberté de s'en
rapprocher. Cette explication fouffre fes difficultés j mais
je laifle à d'autres le foin de les relever.
On a propofé à Poccafion delà coupe ôc de la voiture
des mâts (b ) , de faire un canal pour joindre la Mofelle
à la Meufe , par le moyen d'un ruifleau qui tombe dans la
MEW
Mofelle à Toul-, ôc d'un autre qui fe perd dans k Meufe»
au-deflus de Pagny. Les fources de ces deux ruifleaux n'é-
tant qu'à une demi-lieue l'une de l'autre , & le terrein
étant d'ailleurs favorable , il feroit aifé de les unir ôc d'en
faire un canal. Le maréchal de Vauban en avoit fait un
projet , qu'il croyoit également utile , ôc facile à exé-
cuter, (a) Piganiol, Descr. de !a France, t. 3. p. 2ô"2.
(b) Ibid. t. 7. p. 289.
La Vielle Meuse, on donne ce nom au bras de la
Meufe qui fe fépare de l'autre à Dordrecht , ôc coule en-
tre l'ifle d'Iflelmonde , celle de Beyerland , ôc celle de
Putten , ôc fe rejoint à l'autre bras , au-deflus de la petite
ifle de Blankenbourg , vis-à-vis de Vlaerdingen. * Dicl.
Géograph. des Pays-Bas,
MEWARI , ville du Japon , dans l'ifle de Niphon»
Elle eft bâtie fur une colline , au pied de laquelle régnent
de tous côtés de vafles campagnes , iemées de bleds ôc
de riz, entrecoupées de vergers, pleins de pruniers qui
fourniflent de prunes presque tout le Japon. On en fait
confire la plupart pour s'en fervir en buvant du thé ou du
tzia. Cette ville a quantité de belles tours. Sur i'extré-
mité de la côte de la mer , on voit un fort beau temple ,
dont la pointe fert de fare. Il y a dans la ville feize autres
temples, tous fort fomptueux. Les habitans célèbrent
tous les ans dans ce lieu une fête des morts. Les cérémo-
nies en font très-fingulicres. Chacun, vêtu de fes plus
beaux habits, porte avec beaucoup de refpecl: fon idole
hors de la ville , ôc s'arrête à l'endroit où les corps de fes
païens ont été brûlés ; ôc , pofant l'idole à terre , ils fe
profternent jeunes ôc vieux , ôc prient les uns Xaca , les
autres Amida , Canon , ou quelque autre dieu , chacun
fuivant en cela fon inclination particulière , de faire grâce
aux âmes de leurs païens , & de ne les point laifler fouf=-
frir aux eaux de Singoc , avec les médians ôc les profanes j
mais de les introduire au lieu qu'habitent les bienheureux»
lis les prient avec d'autant plus d'inftance , qu'ils croient
que les âmes des défunts errent pendant quelques années
autour de leurs tombeaux. Ces prières , que de jeunes
hommes accompagnent d'offrandes confidérables , ayant
été faites, chacun reprend fon idole, & tous enfemble
forment une proceflîon pour retourner à la ville. Pen-
dant ce tems , ils croient tous avoir une ame à leur côté j
& ils l'entretiennent fott férieufement, lui faifant faire
les réponfes qu'ils s'imaginent les plus conformes à fon
état. Cet entretien dure jusqu'au logis de chaque parti-
culier , où l'on couvre la table des mets les plus exquis ,
dans une gallerie , dans une chambre ou fur une terrafle.
Elle y demeure couverte l'espace d'une demi-heure, après
' quoi ils la retirent , & en même-tems tous les jeunes
hommes fortent de la ville en foule , font un bruit ex-
traordinaire , ôc frapent l'air avec des branches d'arbres ,
perfuadés que par-là ils chaflènt les âmes vers leurs tom-
beaux. Après avoir couru fort long-tems , ils retournent
à leurs maifons, où , pour fe remettre de leurs fatigues ,
ils paflent la nuit à boire enfemble. Il y a des villes dans
le Japon où ces jeunes hommes prétendent chafler les
âmes en jettant des pierres contre les maifons. Labour
du roi , qui fait fon féjour à Mewari , eft des pins belles ôc
des plus nombreufes. L'appartement de fes concubines eft
tout proche de fon palais. * Corn. Dicl. Ambaflàde des
Hollandois au Japon.
MEUVE , Meve ou Meau, en latin Meva , ville de
Pologne. Voyez. Ghnief.
MEWIS ou Nevis , ifle de l'Amérique feptentrionale
ôc l'une des Antilles. Elle n'eft pas loin de S. Chriflophe j
on la place à 17 degrés 19 min. de latitude nord. Elle eft
aflez petite. 11 n'y a qu'une montagne au milieu de
l'ifle , ôc qui eft fort haute , d'accès difficile & or-
née d'arbres vers le fommet ; autout de cette montagne
font placées les plantations qui tendent à la côte de la
mer. Il y a diverfes fources d'eau fraîche : quelques unes
font aflez fortes pour porter à la mer. Il y a auffi une four-
ce d'eau chaude Ôc minérale. On a fait près de la nais-
fance de cette fource des bains que l'on trouve fort falu-
taires pour diverfes maladies.
Les Anglois s'établirent dans cette ifle en 1628. ôc en
font demeurés poflefleurs jusqu'à préfent. L'ifle fournit
abondamment à l'entretien des habitans ; car elle produit
du fucre , du coton, du gingembre , du tabac, ôcc. Il n'y a
aucune des ifles Caraïbes qui foit fi bien gouvernée que
celle-ci
MEX
MEX
%6$
Celle-ci : la juftice y eft exercée fans partialité , & toutes
les débauches y font févérement punies par un arrêté des
plus anciens ôc des meilleurs habitans.
On compte dans cette ifle trois églifes. On y a bâti un
fort, garni de bons canons qui commandent à une gran-
de diftance , & mettent la rade ôc le port en fureté. * L'A-
rnér. Arig. p. 64.
MEUX ou S. Martin de Meux , bourg de France ,
dans la Saintonge , élection de Saintes.
MEUYE CANIBRY, ville d'Egypte. Dapper , Dcfcr.
de l'Egypte , p. 55. dit : A côté de Chargnie , on trouve
la ville Meuve Canibry , à demi-chemin de Damiéte eu
Grand Caire , ôc enfuite on trouve Caracanie. Corneille ,
apparemment en eftropiant le nom , félon fa cour urne ,
écrit Meufe-Canibry. Je ne trouve fur la carte du Delta ,
dreffée par del'Ifle fur les mémoires de Lucas , ni Meuye
Canibry , ni Meuz.e Canibry.
MEXAT-ALI, ville de l'Irac-Rabi , ou de l'Irac pro-
pre, entre lEuphrate ôc le lac de Rehemat. Corneille,
dans fon dictionnaire, ajoute fur le témoignage de Davi-
ty , qu'on la nomme aulU Mam-Ali> c'eit- à-dire , mai-
fon d'oraifori d'Ali. Il y a plus de mille ans qu'elle fut bâ-
tie près d'un lac que fait l'Euphrate , ou l'une de fes bran-
ches , à deux journées de Bagdat , felon'ce que rapporte
dom Jean de Perfe. Tandis qu'elle floriffoit par le moyen
des dons que les fetStateuJs d'Ali faifoient à fa mosquée ,
on y comptoit fix à fept mille maifons. Préfentement il
n'y en a plus que cinq cens qui foient habitées. Elles font
faites de briques & de chaux , ainfi que la mosquée d'Ali ,
qui a paffépour une des plus célèbres de l'Afie. On rient
qu'il y a dans cette mosquée trois grandes lampes d'or en-
richies d'un grand nombre de pierreries offertes par di-
vers princes. LesPerfans y vont de toutes parts en pè-
lerinage , ôc rendent ce lieu fi riche , qu'il y a plus de
mille lampes d'or ou d'argent. Il fe trouve dans cette
mosquée, pour la deffervir , plus de quatre cens zeytes,
ou prêtres , que les Turcs nomment Alphaquis. Les habi-
tans de Mexat-Ali n'ont point de bois, non plus que
ceux de Mexat-Ocem , ce qui les oblige de brûler de
la fiente féche de bœuf, ou de chameau. Ils n'ont auffi
qu'une fontaine falée ; & , fi l'on veut de l'eau douce , il
faut l'aller prendre dans un aqueduc , que le Sultan Selim
fit faire autrefois , depuis l'Euphrate , jusqu'à trois lieues
loin. Il y a dans Mexat-Ali une garnifon de cinquante
Turcs, pour tenir le peuple dans le devoir. Les murailles
de la ville,prife par quelques-uns pour celle de Cufe, qui
en fut voifine , font ouvertes en plufieurs endroits. * De
ïljle, Atlas.
MEXAT-OCEM, ou Rereesa ; ville de l'Irac-Rabi ,
ou de l'Irac propre , fur le bord occidental de l'Euphra-
te , au nord de Mexat-Ali. Mexat-Ocem , veut dire
mosquée d:Ocem , on lui a donné ce nom àcaufe d'O-
cem, fils d'Ali , qu'on prétend y avoir été enterré. La
tradition porte , dit Corneille , Diïïionnairc , après Dà-
vity , qu'Ocem mourut de foif dans ce lieu-là , qui étoit
défert auparavant. C'eft pour cela que les Maures ôc
ceux qui fuivent la fecle d'Ali , croient que c'eft faire une
grande œuvre de piété que de donner à boire pour l'a-
mour de Dieu , à ceux qui en veulent. Ainfi plufieurs
vont par les rues avec des outres pleines d'eau ôc des tas-
fes de laiton , bien nettes , pour en donner fans argent.
Us en prennent feulement , quand on en offre. Il y a des
puits communs d'une très bonne eau, ôc hors delà ville
du côté de l'Euphrate , deux étangs carrés qui fervent
de réfervoirs à l'eau d'un aqueduc , qui n'en: d'ufage pouf
les habitans , que dans leurs plus grands befoins. La ville
eft ouverte •, il y a quatre mille maifons , dont quelques-
unes.quoique baffes , font très-bien bâties pour le pays. Les
places du marché font toutes voûtées.Quant à la mosquée,
elle eft dédiée à Ocem , ôc faite de briques. Une partie eft
à la mofaïque , ôc elle eft accompagnée d'un minaret.
Tous les habitans de Mexat-Ocem font Mahométans ;
mais Kaphazâs , ou Xiaphis , c'eft-à dire, feétateurs d'A-
li. Us ne peuvent fournir aucune fede , foit Maures ,
Juifs, ou Chrétiens : fur-tout ils haïflènt mortellement les
Chrétiens ôc les Juifs , ôc aucune perfonne d'une de ces
deux religions ne demeure parmi eux. Ils ont quantité de
bétail gros & menu , qui eft nourri dans les pâturages des
ÇWMttS ) principalement dans certaines campagnes, qui
font toujours vertes , à caufe de l'eau qu'on y amaffe pen-
dant l'hiver. Le terroir produit beaucoup de bled &c d'or-
ge, ôc quantité de légumes , avec quelques fruits feoi-
blablcs aux nôtres ; mais ii y a fort peu d'arbres. * De
l'IJle, Atlas.
MEXICANO, ou Rio Mexicano , rivière de l'A-
mérique feprentrionale , dans la Louifiane. Elle fe jette
dans le golfe de Mexique, à trente ou trente cinq lieues
à l'ouefi du Mifliflipi > à travers de grandes prairies ma-
récageufes.
MEXICO. Voyez. Mexique.
MEXIMIEUX , bourg de France, dans la Bourgogne ;
bailliage ôc recette de Breffe , avec titre de baronnie. Il
y a une églife collégiale & une mairie.
1. MEXIQUE , ou Mexico , ville de l'Amérique
feptentrionale, la plus belle ôc lapins confidérable du
nouveau monde , la capitale de l'empire du Mexique , à
vingt-deux lieues de la Puebla , ôc à quatre-vingt de la
Vera-Cruz,. Elle avoit été connue au commencement
de fa fondation fous le nom de Temtchittlan , ou fous
quelqu'autre approchant. On fait finement qu'elle étoic
très grande, & qu'elle contenoit foixante mille familles
en deux quartiers féparés , dont l'un nommé Tlateluco ,
n'étoit rempli que de menu peuple, Ôc l'autre appelle
Mexico , étoit le féjour de la cour ôc de toute la no-
bleffe ; d'où la ville entière avoit pris le nom de ce quar-
tier. * Hijtoire de la conquête du Mexique , 1. 3. c. 13.
La ville de Mexique étoit fituée au milieu d'une
vafte plaine enroulée de tous côtés de hautes montagnes,
dont les torrens & les ruifleaux alloient former divers
étangs dans la vallée , ôc au centre de deux grands lacs ,
que la nation Mexicaine occupoit par plus de cinquante
villes , ou bourgades. Un de ces lacs étoit d'eau douce ,
ôc l'autre d'eau falée. Voyez, ci-après au mot le Lac de
Mexique. C'étoit presqu'au milieu du lac d'eau falée que
l'on avoit fondé la ville de Mexique , dont la hauteur
efl à 1 9. d, 1 3. m. dé lat. fep. fous la Zone torride. Quoi-
que dans cette fituation elle jouiffoit d'une température
d'air agréable & fain , le froid & la chaleur s'y faifoient
fentir en leur faifon > ôc l'un ôc l'autre dans un degré mo-
déré ; l'humidité qui pouvoit le plus attaquer la fanté , ;\
caufe de la fituation du lieu, étoit corrigée par les vents
ôc par le folcil.
Cette grande ville avoit des lieux très-agréables au
milieu des eaux , ôc communiquoit à la terre par fes di-
gues , ou chauffées principales , ouvrages aufïï beaux qu'u-
tiles. La première de ces digues , du côté du midi , avoic
deux lieues de longueur ; ôc c'eit par où les Espagnols fi-
rent leur entrée ; l'autre,du côté du feptentrion, n'étoit que,
d'une lieue ; ôc la troifiéme, un peu moindre, regardoit à
l'occident. Les rues de la ville étoient fort larges, & parois-
soient avoir été tirées au cordeau : les unes étoient d'eau
avec leurs ponts, pour la communication des habitans; les
autres , de terre rapportée ; enfin on en voyoit quelques-
unes de terre & d'eau tout cnfemble i la terre étoit des
deux côtés pour le paffage des gens de pied , ôc l'eau au
milieu pour l'ufage des canots & des barques de diyerfe
fabrique, qui navigeoient par tout dans la ville, ou qui
fet voient au commerce , ôc dont le nombre alloit jusqu'à
cinquante mille , fans compter les moindres canots, que
les Mexicains appellent Actles , faits d'un feul tronc
d'arbre , & capables de contenir un homme qui rame.
Les édifices publics ôc les maifons des nobles, c,: i
compofoient la plus grande partie de la ville , étoient de
pierres ôc bien bâties : celles du peuple étoient baffes ôc
inégales ; mais les unes ôc les autres avoient été dispoi. s
de façon, qu'elles hiffoient différentes places vuides ou
l'on tenoit marc!!'. La place de Tlateluco, d'une éren--
duc admirable , étoit celle où l'on voyoir le plus grand
concours de monde , à caufe de fes foires où les mar-
chands ôc les pa) !ans du royaume fe rendoienr à cer-
tains jours de l'année , avec ce qu'ils avoient de plus
précieux, tant en production de la terre, qu'en manu-
factures. Ils y venoient en fi grand nombre , que cette
place, quoique d'une étendue extraordinaire , étoit" fi
remplie, qu'à peine les acheteurs pouvoienr y entier.
L'achat ôc la vente fe faifoient par échange ; çnâç'uri
donnoit ce qu'il avoit de trop , pour avoir ce qui lui
manquoir. Le maïs & ic cacao fer voient feulement de
monnoie pour !çs chofes de moindre valeur. Ils rie *
1m.iv. L|
2.66
MEX
MEX
régloie nt pas par les poids , qu'ils . ne connoiflbient
point ; mais ils avoicnt différentes mefures qui leur
fervoienr à diftinguer la quantité , outre l'ufage des
chiftes Se des nombres par lesquels ils déterminoienc
le prix de chaque chofe , fuivp.nt la taxe.
Il y avoit une maifon où les juges du commerce te-
noient leur tribunal deltiné à régler les différends entre
les négocians. D'autres miniftres inférieurs alloient par
les marchés maintenir par leur autorité l'égalité dans
les traités ; Se ils rapportoient au premier tribunal les
caufes où ils trouvoient que la fraude , ou l'excès du
prix , méritoient quelque châtiment. On ne favoit ce qui
devoit être le plus admiré, ou de l'abondance Se delà
diverfité des marchandises, ou de l'ordre Se de la po-
lice de ces marchés dans lesquels une multitude pres-
qu'infinie de peuple trafiquoit fi paifiblement.
Les temples s'élevoient magnifiquement au-deflus des
autres édifices. Le plus grand , qui étoit le lieu de la
réfidence du chef des facrificateurs , étoit confacré à
l'idole Vitz.tdlipnz.il , qui fignifie en leur langue le
dieu de la guerre , Se qui pafibit pour le fouverain de
tous les dieux. Les auteurs espagnols font fort oppofés
les uns aux autres fur la defciiption de ce fuperbe bâ-
timent. Herrera s'eft entièrement attaché à celle de
Gomara; ceux qui l'ont vu depuis , n'ont été rien moins
que fidèles en ce point. Les écrivains modernes en ont
formé des defieins fuivanr leur imagination. Je fuivrai
le père Jofeph d'Acofta Se d'autres plus exacts Se mieux
informés. On entroit d'abord dans une grande place
carrée Se fermée de murailles de pierres, où plufieurs
couleuvres de relief, entrelacées de diverfes manières
au-dehors de la muraille , imprimoient de l'horreur ,
principalement au frontispice de la première porte , qui
en étoit chargée. Avant d'arriver à cette porte , on
rencontroit une espèce de chapelle qui n'étoit pas
moins affreufe ; elle étoit de pierres , élevée de trente
degrés avec une terraffe en haut , où on avoit planté fur
un même rang Se d'espace en espace plufieurs troncs de
grands arbres taillés également , Se qui foûtenoient des
perches qui paflbient d'un arbre à l'autre. Ils avoicnt
enfilé par les tempes à chacune de ces perches quel-
ques crânes des malheureux qui avoient été immolés ,
dont le nombre étoit toujours égal , parce que les
miniftres du temple avoicnt foin de remplacer ceux
qui tomboienr par l'injure du tems. Les quatre côtés
de la place avoient chacun une porte : elles croient ou-
vertes aux quatre principaux vents, Se chacune avoi
fur fou portail quatre ftatues de pierres, qui fembloicnt1
par leur attitude montrer le chemin , comme fi elles
enflent voulu renvoyer ceux qui n'étoient pas bien dis-
pofés. Elles tenoient le rang des dieux liminaires ou
portiers , Se on leur faifoit quelques révérences en en-
trant. Les logemens des facrificateurs Se des miniftres
étoient appliqués à la partie intérieure de la muraille
de la place , avec quelques boutiques qui en occu-
poient le refte du circuit , fans retrancher que très-peu
de chofe de fa capacité. Elle étoit fi vafte , que huit à
dix mille perfonnes y danfoient commodément aux fê-
tes folemnelles. Au centre de cette place s'élevoit un
grand édifice de pierres, qui dans un tems ferein fe
découvroit au-deflus des plus hautes touts de la ville :
il alloit toujours en diminuant Se formoit une demi-py-
ramide , dont trois des côtés étoient en glacis , Se le
quatrième foûtenoit un escalier. Il avoit toutes les pro-
portions de la bonne architecture: fa hauteur étoit de
fîx-vingt matches, Se fa confhuction fi folide , qu'elle
fe terminait en une place de quarante pieds en carré ,
pavée de divers carreaux de jaspe de routes fortes de cou-
leurs. Les piliers , ou appuis , d'une espèce de baluftrade
qui regnoit autour , étoient tournés en coquille de li-
maçon, Se revêtus par les deux faces de pierres noi-
res, femblables au jais, appliquées avec foin Se jointes
par le moyen d'un bitume ronge Se blanc ; ce qui don-
noit beaucoup d'agrément à tout l'édifice. Aux deux cô-
tés de la baluflrade , à l'endroit où l'escalier finifloit ,
deux ftatues de marbre foûtenoient deux grands chan-
deliers d'une façon extraordinaire. Plus avant , une pierre
verte s'élevoit de cinq pieds de haut ; elle étoit taillée
en dos d'âne; on y étendoit le miférable qui devoit
fervir de victime, Se à qui ou fendoit l'eftomac pour
lui tirer le cœur. Au-defius de cette pierre, en face de
l'escalier , un trouvoit une chapelle , dont la ftructure
étoit lolide Se bien entendue , couverte d'un toit de bois
rare Se précieux , fous lequel étoit placée l'idole fur un
autel fort élevé , entourée de rideaux. Elle avoit la figure
humaine, Se étoit affile fur un trône foûtenu par un
globe d'azur , qu'on appelloit le ciel. 11 fortoit des deux
côtés de ce globe quatre bâtons, dont le bout étoit
taillé en tête de ferpent , Se que les facrificateurs por-
toient fur leurs epaules , lorsqu'ils produifoient leur idole
en public. Elle avoit fur la tête un casque de glumes
de diverfes couleurs , fait en figure d'oifeau , avec le
bec Se la crête d'or bruni. Son vifage étoit affreux Se
févere, Se encore plus enlaidi par deux lignes bleues ,
l'une fur le front cv l'autre fur le nez. Sa main droite
s'appuyoit fur une couleuvre ondoyante , qui lui fer-
voit de bâton: la gauche portoit quatre flèches, qu'on
révéroit comme unpufent du ciel , & fon bras étoit orné
d'un bouclier couvert de cinq plumes blanches mifes en
croix. Tous ces ornemens avoient leur lignification my-
ftérieufe. Une autre chapelle , à gauche delà piemiere
Se de la même fabrique & grandeur, enfeimoit l'idole
appellée Tlalocb\ elle reflembloit en tout à celle qu'on
vient de décrire : au Ai tenoit-on ces dieux pour frères.
Ils partageoient entr'eux le pouvoir fouverain fur la
guerre, étoient égaux en forcent uniformes en volonté i
auflî ne leur onroit-on à tou^deux qu'une même vi-
ctime: on les prioit en commun , Se on les remercioit
également des bons fuccès. Le tréfor de ces deux cha-
pelles étoit d'un prix ineftimable ; les murailles Se les
autels étoient couverts de pierres précieufes fur des
plumes de diverfes couleurs.
Il y avoit huit temples dans la ville , auflî riches Se
bâtis à peu près de la même manière. Les autres moin-
dres alloient à deux milles: on y adoioit autant d'ido-
les difit'rentes en nombre, en figuies & en pouvoir; à
peine y avoit il une rue qui n'eût fon dieu tutélaîre;
Se il n'eft point de mal attaché à l'infirmité de notre
nature , qui n'eût fon autel auquel on couroii pour y
demander le remède.
Originairement les habitans de cette ville étoient
partagés en fept familles , ou tribus , qui fe gouvernè-
rent long-tems dune manière ariftocratique, jusqu'à ca
que la plus puiflante de toutes les tribus , appellée Na-
vatalcas , élut un roi : le premier s'appelloit Vitzilo-
vitli ; le fécond, Acamopitzli ; le troifiéme, Chimal.
papoca; le- quatrième, lzchoalt; le cinquième, Monte-
zuma I , le fixiéme Acacis ; le feptiéme , Axaiaca ; le
huitième , Anulol ; le neuvième Montezuma II , qui
regnoit lorsque Cortcz y arriva; le dixième, Quahu-
timoc, qui perdit la ville de Mexique, & qui mit fin
à l'ancien empire du Mexique. *Thumas Gage, Relar.
des Indes occid. t. i . p. 1 5 7. Se fuiv.
Le plus heureux de tous ces rois fut Izchoalt, qui,
par le moyen de fon coufin Tlacaellec, fubjugua les fis
autres tribus Se les affujettit aux rois de Mexique: mais
les plus malheureux furent les deux derniers, qui furent
vaincus par Cortez. L'emprifonnement du premier dans
la maifon de Cortez fit foulever les Mexicains contre
les Espagnols : ils attaquèrent la maifon à coups de
pierres , dent une frappa Montezuma fi rudement à la
tempe, qu'il en mourut fur le champ. Quahutimoc, qui
lui fuccéda , continua à battre la maifon de Cortez , qui
fut contraint de s'enfuir avec tous les Espagnols : ils fe
fottifierent à Tlaxcallan , Se , ayant fait conltruire feize
ou dix-huit brigantins, qu'ils mirent fur le lac , ils aflîé-
gerent bientôt après Mexique par eau & par terre, Se
réduifirent les habitans à une telle diletee de vivres,
qu'ils moururent pour la plupart de faim Se de mala-
die ; malgré cette mifere, Se quoiqu'ils vident les pa-
lais de leur roi Se une grande partie de leur ville con-
fumée par le feu , ils fe deiendoient toujours de rue
en rue. A la fin le roi ayant été pris en fe fauvant,
Cortez, l'ayant confolé de fon mieux , le ptia d'ordon-
ner à les fujets, qui téllfloienr encore, de fe rendre, ce
que Quahutimoc ayant fait , ils mirent les armes bas ,
quoique , malgré le yrand nombre des morts Se des pri-
fonniers , ils fuffent encore plus de (oixante Se dix
mille hommes. Ceft ainfi que fut ptife cette fameufe
ville de Mexique, le 13 d'Août ijzi.
MEX
Correz , après fa conquête , fit rebâtir la ville , Se la
partagea entre les conquérans , après avoir marqué les
places pour les églifes, pour les marchés, pour l'hôtel
de ville & pour les autres édifices publics. Il répara la
demeure des Espagnols de celle des Indiens , Se encore
à préfent l'eau les fépare les uns d'avec les autres ; il
promit outre cela à tous ceux qui étoient natifs de la
ville , & à ceux qui voudroient y venir demeurer , des
emplacemens pour bâtir des maiions avec de grands pri-
vilèges ; il mit en liberté Xitiuaco , général des troupes
du Mexique, lui donna une rue entière, Se le fit chef
de tous les Indiens de la ville , il donna auiîî une rue
à dom Pierre Montezuma , fils du feu roi Montezuma ,
afin de gagner par-là l'applaudiffement du peuple ; il
diftribua encore quelques ifles Se quelques rues à d'au-
rres gentilshommes pour y bâtir, de forte que toutes
les places furent diftribuées. Peu à peu la ville de Mexi-
que fe rebâtir , Se fes nouvelles maifons fe trouvèrent
beaucoup plus belles Se meilleures que les anciennes.
Cortez bâtit la fienne fur les fondemens de celle de
Montezuma ; il en fit un palais magnifique où l'on em-
ploya 7000 poutres de cèdres dans la feule charpente.
On fit de beaux canaux , qu'on couvrit par le moyen
d'un grand nombre d'arcades ; on condamna , ou on com-
bla les rues ou canaux d'eau qui étoient dans la ville,
& l'on bâtit deffus quantité de belles maifons , de forte
que la ville n'eft plus' bâtie comme elle l'étoit autre-
fois ; il s'en faut de beaucoup que l'eau en appro-
che comme elle avoit accoutumé de faire. Dans la fai-
fon des pluies , qui commencent vers le mois de Mai ,
on ne peut entrer dans Mexico que par trois chaus-
fées , dont la plus petite a une grande demi-lieue de
longueur ; les deux autres font d'une Se d'une Se de-
mie. Mais dans le tems de féchereffe , le lac au milieu
duquel la ville ettfituéc, diminue confidérablement. Les
Espagnols fe font efforcés de faire écouler les eaux à
travers les montagnes qui environnent la plaine, où fe
trouve le lac de Mexique ; mais leur travail n'a abouti
qu'à diminuer les grandes inondations. Mexico feroit
fort fain , fi le lac ne jettoit quelquefois une vapeur
très-puante. On peut être toute l'année habillé de drap
d'Espagne, quoiqu'on foit environ à 20 degrés de lati-
tude nord. Dans le fort de l'été on n'a qu'à fe tenir à
l'ombre pour fe garantir de la chaleur. C'eft ce qui
donna lieu à la réponfe que fit autrefois à Charles V.
un Espagnol nouvellement arrivé du Mexique. Ce prince
lui ayant demandé combien de tems il y avoit au Mexi-
que entre l'été Se l'hiver : Autant de tems ,Sire, lui répon-
dit-il, qu'il en faut pour pafler du foleil à l'ombre. Les
pluies, qui ne finiflent qu'après l'été , contribuent aufli
beaucoup à modérer les grandes chaleurs. * Leit. édift,
t. 1 1 . p. 117.
Il y avoit ci-devant pour le moins deux mille habi-
tans qui avoient chacun un cheval à l'écurie, des ar-
mes Se un équipage fort lelle ; mais à préfent que tous
les Indiens des pays circonvoiiins ont été alïujettis ,
principalement autour de Mexico , où l'on ne craint
plus qu'ils fe foulevent contre les Espagnols , l'exercice
& la profefilon des armes font allez négligés. Les Es-
pagnols vivent en fi grande affurance dans cette ville ,
qu'il n'y a ni portes , ni murailles, ni battions , ni tours,
ni arfenal , ni munitions , ni canons. C'eft cependant
une des plus riches villes du monde pour le commerce.
Par la mer du Sud , elle trafique dans tous les endroits
du Pérou ; mais fur-tout fon négoce elt très confidé-
vable dans les Indes orientales , d'où elle tire des mar-
chandilés par l'entrepôt des Philippines, où l'on en-
voie tous les ans deux grands gallions avec deux autres
moindres vaifièaux , Se il en revient un pareil nombre
MEX 2.67
de gentilshommes. Une infinité de perfonnes précén-
dent descendre de ces conquérans , quoiqu'il y en ait qui
foient aufli pauvres que Job. Si on leur demande ce
qu'eit devenu leur bien, ils répondent que la fortune
le leur a ôté ; mais qu'elle ne iauroit leur ravir l'hon-
neur ni leur qualité.
Toutes les maifons font bâties de pierres ou de bri-
ques ; elles ne font pas élevées , à caufe des fréquens
tremblemens de terre. Les rues font forr larges, de ma-
nière que trois carrofies peuvent aller de front dans
celles qui font les plus étroites ; il en pourroit parTer
pour le moins fix dans les plus larges , ce qui fait que
la ville paroit beaucoup plus grande qu'elle n'eft. On"
a compté à Mexico trente ou quarante mille habi-
tans Espagnols , dont plus de la moitié entretenoit car-
rofie , de forte qu'on afiuroit qu'il y avoit plus de
quinze mille carrofles dans la ville. On dit qu'il y a
quatre belles chofes à Mexico ; les femmes , les habits ,
les chevaux Se les rues , mais on pourroir y ajouter la
beauté des carrofies de la nobleffe; pour les enrichir,
on n'y épargne ni l'or , ni l'argent , ni même les pierres
précieufes. Les rues des villes de l'Europe n'approchent
point de la netteté de celles de Mexico , encore moins
de la richefle des boutiques qui leur fervent ri'orne-
mensj fur- tout celles des orfèvres font remarquables par
les grandes richeffes Se la beauté des ouvrages qu'on
y voir. Quand on parle de la beauté des femmes, on
entend fans doute des blanches ; car elles ne le font pas
toutes , à beaucoup près. On ne compte guère que dix:
mille blancs dans Mexico ; le refte des habitans eft coin-
pofé d'Indiens, de Noirs amenés d'Afrique , de Mu-
lâtres, de Mefiifs & d'autres peuples qui descendent du
mélange de ces diverfes nations entre elles Se avec les
Européens ; ce qui a formé des hommes de couleur fi
différente depuis le blanc jusqu'au noir , que parmi cent
vifages, à peine en trouve-t-on deux qui foient de la
même couleur.
Quoique Mexico ne foit pas la ville du monde la
mieux réglée pour les mœurs , il n'y en a peut-être point
où l'on faffe de plus grandes libéralités aux églifes Se
aux maifons rcligieufes ; auifi les églifes font elles ri-
ches Se très-bien bâties. On n'en compte que cinquante ,
foit paroiflîales, foit couvens de religieux ou de reli-
gieufes , mais ce font les plus belles églifes qu'on puiffe
voir ; l'or éclate jusqu'aux toits Se aux poutres. La plu-
part des autels font ornés de colomnes de marbre de
diverfes couleurs ; les degrés font de bois de Brefil ,
£e les moindres tabernacles font eftimés vingt mille du-
cats. Outre la beauté des bâtimens , on admire les
chapes, chafubles, dais , tapifleries, chafles de faints,
où l'or , l'argent Se les pierreries brillent de toutes
parts.
La place la plus confidérable de la ville eft celle du
marché. Elle n'eft pas auflî grande qu'elle étoit du temS
de Montezuma j elle peut néanmoins pafler pour belle
Se fpacieufe. Un des côtés eft tout bâti en portiques,
fous lesquels on peut aller Se venir , fans être incom-
modé de la pluie, Se on y voit des boutiques de mar-
chands fournies de toutes fortes d'étoffes de foie. Au-
devant de ces boutiques il y a des femmes qui vendent
toutes fortes d'herbes Se de fruits. Vis-à-vis de ces por-
tiques eft le palais du viceroi j il contient presque toute
la longueur du marché, en y comprenant les jardins
qui en dépendent. Au bout du palais du viceroi efi fi-
tuée la principale prifon de la ville , qui eft bâtie de
bonne maçonnerie de pierre. Dans le voifinage on
trouve la belle me , qu'on appelle la Vlateria , ou la rue
des orfèvres. D.ms moins d'une heure on y peut voir
la valeur de plufieurs millions en or , en argent, en
a Acapulco, où ils déchargent leurs marchandifes pour perles Se en pierres précieufes j la rue de feint Augu-
les apporter par terre à Mexico. ftin eft aufli fort riche , c'eft où demeurent la plupart
Lorsqu'on rebâtit cette ville, il y avoit grande dlf- des marchands de foie. Une des plus longues Se des
férence entre un habitant de Mexique Se un conque- plus larges de la ville, eft celle qu'on appelle T'abuca ,
ranr, ce dernier nom étoit un titre d'honneur qui n'ap- où presque toutes les boutiques font de marchands qui
partenoit qu'à ceux qui avoient conquis le pays , Se à
qui le roi d'Espagne donnoit des terres Se des rentes
pour eux & pour leur poftérité ; au lieu que ceux qui
n'étoient qu'habitans , payoient tous les ans une rente
pour la maifon où ils faifoient leur demeure. C'eft ce
qui a rempli le pays de gens qui prennent la qualité
vendenr des ouvrages de fer , d'acier Se de cuivre. Cette
rue joint l'aqueduc qui conduit l'eau dans ia ville-, on la
nomme Tabuca, parce qu'elle conduit à un bourg de
même nom. La rue de l'Aigle eft encore plus belle par
la magnificence de fes maifons. On lui a donné ce nom
à caufe d'une ancienne idole qui eft une aigle de pierre
Tom* IV. L) ij
2,68
MEX
EX
d'une grofîcur farptenance , Se qui eft encore au coin
de cette rue , où demeurent la plupart des gentilshom-
mes , des courtifans Se des officiers de la chancel-
lerie.
L'audience royale du Mexique eft dans cette ville ;
c'eft le viceroi qui y préfide. Paul 111. établit dans cette
ville un (ïége archiépiscopal en 1547. L'archevêque a
pour fuffragans les éveques
De Tlascala ,
De Mechoacan ,
De la nouvelle Galice ,
De Chiapa ,
D'Yucatan ,
De Guatimala,
De la Vera Paz ,
Des kles Philippines.
L'églife cathédrale , que Cortez avoit commencé de
bâtir , a été achevée par le préfident Sébaffien Rami-
rez. 11 y a divers couvens de Carmes , d'Auguftins ,
de Dominicains , de Cordeliers , de Jéfuites , de la
Merci , de Récolets Se d'autres religieux avec plufieurs
monaftères de filles. 11 y a auffi divers hôpitaux & une
célèbre univerfité , dans laquelle on enfeigne les arts li-
béraux & diverfes feiences.
2. MEXIQUE [l'Empire du], grande contrée de l'A-
mérique feptentrionale , foûmife aux rois de Mexique ,
avant que les Espagnols en euflent fait la conquête. Lors-
que ces conquérans du nouveau monde abordèrent dans
le Mexique > cet Empire étoit alors au plus haut point
de fa grandeur. Toutes les provinces qui avoient été dé-
couvertes jusqu'à ce tems-la dans l'Amérique feptentrio-
nale étoient gouvernées par les miniftres du roi de Mexi-
que , ou par des caciques qui lui payoient tribut. La gran-
deur de fon empire du levant au couchant étoit de plus
de cinq cens lieues , Se fa largeur du midi au fepren-
trion s'étendoit jusqu'à deux cens en quelques endroits.
Le pays étoit fort peuplé par-tout , riche Se fertile. Ses
bornes étoient du côté du feptentrion la mer Atlanti-
que, que Ton appelle maintenant la mer du Nord, Se
qui lave ce long efpace de côte qui s'étend depuis Panu-
co jusqu'à Yucatan. L'Océan , que l'on nomme Afîatique
ou mer du Sud , bornoit cet empire du côté du couchant ,
depuis le cap Mindofm jusqu'aux extrémités de la nou-
velle Galice. Le côté du fud occupoit cette vafte côte
qui court au long de la mer du Sud , depuis Acapulco jus-
qu'à Guatimala, & revient auprès de Nicaragua vers cet
iffhme , ou détroit de terre , qui divife l'Améiiqueen deux
parties attachées enfemble par cet ilthme. Le côté du nord
s'étendoit jusqu'à Panuco, en y comprenant cette province;
mais les limites du Mexique étoient refferrées confidé-
rablement en quelques endroits par les montagnes dont
les Chichiraeques & les Oromies s'étoient emparés. Ces
peuples farouches & barbares , & qui n 'avoient aucune for-
me de gouvernement , habitoient ou dans quelques trous
fous terre 5 ou dans les cavernes des rochers , vivant de
ce que la chaffe leur fourniffoit , Se des fruits que leurs
arbres fans culture produifeient. Cependant ils fe fer-
voient de leurs flèches avec tant d'adrefle Se de force , &
ils favoient û bien fe prévaloir de l'avantage des défilés
de leurs montagnes , qu'ils avoient foûtenu Se repoufle
plus d'une fois toutes les forces des empereurs du Mexi-
que ; mais ils n'afpiroient à vaincre que pour ne pas de-
venir fujets , Se pour conferver leur liberté. * Hifi. de la
conquête du Mexique, t. 1. p. ut.
L'empire du Mexique avoit commencé , comme tant
d'autres , fur des fondemens peu confiderables , Se étoit
parvenu à cette grandeur dans 'l'espace de cent trente
années.Lcs Mexicains, adonnés aux armes Se portés à faire
la guerre par inclination , avoient aiïujetti les autres na-
tions qui peuploient cette partie du nouveau monde. Le
premier de leurs Capitaines fut un homme très-habile Se
ries-brave : il rendit Ces compatriotes bons foldats , en
leur infpirant la connoiflance Se l'amour de la gloire.
Depuis les Mexicains élurent un roi , Se déférèrent l'auto-
rité fouveraine à celui qui étoit eftimé le plus vaillant.
Ils ne connoiflbient d'autre vertu que la valeur. Ils ob-
ferverent toujours inviolablement cette coutume de pren-
dre le plus brave pour leur roi , fans avoir égard au droit
de fuccelïion. Cependanr lorsque le mérite étoit égal ,
ils adjugeoient la préférence à celui qui étoit du fang
royal. C'eft ainfi que la guerre qui failbit leurs rois, éle-
voit auffi peu à peu 6V augmentait leur empire.
La ville de Mexique étoit leurrélldeuce ordinaire. Ils y
avoient un palais , qu'on appelloit en langue indienne Te-
pac. Il y avoit vingt portes , qui avoient leurs iflues dans
les rues de la ville. On y remarquoit trois cours & une
fort belle fontaine au milieu. Les appaitemens étoient
vaftes : outre plufieurs fales , on comptoit cent cham-
bres les unes de vingt-trois pieds , les autres de trente ; il
y avoit cent bains , Se quoique dans tous ces ouvrages il
n'y eût point de doux , ils ne laiffoient pas d'être foiides.
Les murailles étoient faites de maçonnerie & incruftées
de marbre, de jafpc Se d'une pierre noire, avec des
veines de certaines pierres rouges , femblables à des rubis.
Les toits étoient faits de planches & artiftement parque-
tés. On y avoit employé des cèdres, du cyprès & du
fapin. Les chambies ctoient peintes ou tapiffées de tapiffe-
vies de coton, de poil de lapin Se de plumages. Il n'y
avoit que les lits qui ne répondoient pas a cette magnifi-
cence : ils étoient peu confidérables , Se tels que ceux
dont fe fervent encore aujourd'hui les plus riches Indiens:
ce n'étoit que des mantes étendues fur des nattes , ou
fur du foin , ou des nattes toutes feules.
Ilyavoir mille femmes qui demeuroientdansce palais ;
''quelques-uns même difent qu il y en avoit jusqu'à trois
mille, en comptant apparemment les domeffiques Se les
esclaves. Mais la plupart étoient filles des principaux In-
diens. Le roi prenoit pour lui celles qui lui convenoient ,
Se donnoit les autres aux gentilshommes qui ie fervoienr.
Les Espagnols affluent que quand ils aniverent à Mexico ,
Montezuma avoit cent cinquante femmes grofles tout à
la fois ; mais qu'ordinairement elles prenoient des breu-
vages pour faire périr leur fruit. Ces femmes en avoient
de vieilles pour les garder ; car il n'étoit pas permis à un
homme de les voir.
Outre ce Tepac, qui fignifie un palais, Montezuma
avoit une féconde maifon dans la ville de Mexique. Oit
y voyoit plufieurs apparteniLiis très commodes , de belles
galeries bâties fur des piliers de jafpe , Se desquelles on
avoit la vue fur un beau jardin , où il y avoit pour le moins
douze étangs : les uns étoient d'eau falée pour les oifeaux
de mer ; les autres d'eau douce pour les oifeaux de riviè-
res. On avoit ménagé des éclulés pour les vuider ou les
remplir quand on vouloit. Ces oifeaux étoient en fi grand
nombre, qu'à peine les étangs les pouvoient contenir,
Se il y en avoit de tant d'espèces différentes & de ù.
divers plumages, que les Espagnols n'en pouvoient re-
connoitrela plus grande partie. Plus de trois cens perfon-
nes étoient occupées au fervice de cette maifon : les unes
avoient foin de nettoyer les étangs; les autres de pêcher
le poiflbn pour le donner à manger à ces oifeaux ; d'autres
leur donnoient de la viande, car on donnoit à chaque
espèce la même forte de nourriture dont elle étoit accou-
tumée d'ufer à la campagne ou dans les rivières : d'au-
tres avoient foin de nettoyer le plumage de ces oifeaux ,
ou de prendre garde à leurs œufs Se de les mettre à cou-
vert ; mais la principale charge étoit de les plumer dans
le tems Se de ferrer la plume : on en faifoit de riches
mantes , des tapilïei ies , des bouquets de plume Se divers
autres ouvrages mêlés d'or Se d'argent.
Dans une troifiéme maifon , deffinée pour l'entretien
des oifeaux qui vivent de proie, il y avoit plufieurs cham-
bres hautes où on nouniffoit des nains , des boffus &
d'autres perfonnes contrefaites des deux fexes Se de divers
âges ; ainfi que ceux qui nr.iffoicnt de couleur blanche;
ce qui arrivoit affez rarement. Ces chambres étoient
fort peuplées ; car il y avoit des pères Se des mères qui
efhopioient leurs enfans,ou les rendoienr difformes en
naiffant , afin qu'ils euffent une place dans la maifon du
roi , & ferviffent à montrer fa grandeur par leur difformi-
té. C'étoit dans les fales baffes de cette maifon , qu'on
mettoit les cages des oifeaux de proie de toutes efpéces ,
comme faucons, éperviers, milans Se autres. Outre trois
cens hommes qui fervoient dans cette maifon , il y avoit
encore pour le moins mille fauconniers ou chaffeurs ,
à qui on diffribuoit tous les jours cinq cens coqs d'Inde
pour la nourriture de leurs oifeaux. On gardoit auflïdans
cette maifon des bêtes fauvages, comme lions, tigres,
ours Se loups. On les tenoit dans de grandes cages de
bois. Dans d'autres chambres , on entretenoit de routes
fortes de bêtes à quatre pieds : celles qui étoient carna-
cieres étoient nourries avec des coqs d'Inde , des daims ,
MEX
MEX
±69
des chiens & femblables animaux. Dans «ne autre fale
il y avoir de grands vaifleaux de terre, les uns remplis
d'eau, les autres pleins de terre, où l'on entretenoic des
couleuvres grofles comme la cuifie d'un homme ; des
vipères , des crocodiles ou caïmans de vingt pieds
de long ; plufieurs espèces de lefards ôc d'amies bêtes
venimeufes , qui fe trouvent dans l'eau ôc fur la terre :
elles étoient nourries du fang des hommes qu'on avoit
l'acrifiés ; d'autres difent qu'on leur donnoit de la chair
humaine , dont les grands léfards & les caïmans font fort
frians. Quelque horrible que fût un pareil féjour , c 'étoit
néanmoins auprès de ce lieu que le roi alloit tous les
foirs faire fa prière à fes dieux. Proche de cette fale
il y en avoit une autre de cent cinquante pieds de long
ôc de trente de large , où il y avoit une chapelle dont
la voûte étoit couverte d'or ôc d'argent en feuilles , Ôc
enrichie d'un grand nombre de perles ôc de piètres pré-
cieufes, comme agates, cornalines, émeraudes, rubis
ik autres. C'étoit l'oratoire où Montezuma falloir fes
prières durant la nuit.
Le roi avoit un arfenal muni d'arcs, de flèches, de
frondes , de lances , de dards , de maffues , d'épées , de
boucliers ôc de rondaches de bois doté ik couvertes de
cuir. Le bois dont on faifoit les armes étoit très-dur:
on enchallbit au bout des flèches un petit morceau de
caillou pointu ,& une pièce d'os de poiffon appelle Libifa ;
cet os étoit fi venimeux que , fi quelqu'un en étoit bleffé ,
ik que la pointe demeurât dans la plaie , la bleffure deve-
noit presque incu table. Les épées étoient de bois , &
le tranchant d'un caillou. Avec une pareille arme on cou-
poit une lance , on abattoit la tetc d'un cheval d'un feul
coup , ik même on entamoit le fer. Ces cailloux étoient
joints au bois avec une certaine colle faite d'une racine
qu'on nomme Zacolt ôc de Tuxalli , qui eft une manière
de gros fablon ; du tout on faifoit une compofition ,
qu'on paitrill'oit avec du fang de chauve-fouris, ou de
quelque autte animal ; ce qui faifoit une colle extrême-
ment forte , qui ne fe fendoit presque jamais , quand elle
étoit une fois appliquée.
Outre ces maifons, Montezuma en avoir quantité
d'autres embellies de jardins , d'herbes médecinales &
de fleurs. Mais il avoit défendu qu'il y eût aucune hetbe
potagère, ou qu'on pût vendre au marché. 11 difoit qu'il
étoit indécent aux ptinces de aux rois d'avoir parmi leurs
plaifirs des chofes dont on tiroir du lucre -, ce qui n'ap-
partenoit qu'aux marchands. Il avoit pourtant hors de
la ville des vergers , plantés d'arbres fruitiers , ôc dans
les bois des maifons de plaifance , environnées d'eau ik
embellies de fontaines , de canaux ik d'étangs pleins de
diverfes espèces de poiflbns ■■, des bois remplis de cerfs,
de daims , de lièvres , de renards , de loups ôc de fembla-
bles animaux.
Toutes ces maifons ne coûtoient rien au roi , ni pour
la conitru&ion ni pour l'entretien. Il y avoit des villes,
qui , au lieu de payer un tribut comme les autres , étoient
obligées de bâtir ôc de raccommoder les maifons du
prince à leurs propres dépens : ils portoient fur le dos
ou fur des traîneaux la pierre , la chaux , le bois , l'eau
& tous les autres matériaux néceffaires. Quelques unes
de ces villes étoient obligées de fournir tout le bois
dont la cour avoit befoin ; ce qui fe montoit à cinq cens
charges d'hommes par jour, ôc quelquefois plus en hiver.
Mais pour faire du feu dans les cheminées du palais de
l'empereur , on apportoit des ècorces de chênes qu'on
eftimoit beaucoup , parce qu'elles faifoient un feu plus
clair que celui du gros bois.
La garde ordinaire du roi étoit de fix cens gentils-
hommes , qui avoient chacun trois ou quatre ferviteurs ,
quelquefois plus -, de forte qu'il y avoit toujours trois
mille hommes qui fuivoient la cour, où ils étoient nour-
ris des viandes qu'on deffervoit de deffus la table du
roi. Dans ce tems il y avoit dans l'empire du Mexique
trois mille feigneurs de villes, qui avoient chacun divers
vaffaux qui relevoient d'eux -, mais par-deffus tous , il y
avoit environ trente grands feigneurs , qui pouvoient met-
tre fur pied chacun une armée de cent mille hommes.
Tous ces feigneurs demeuroient dans la ville de Mexi-
que un certain tems de l'année. Ils n'ofoient en fortir
fans la permiflion de l'empereur , & même il falloit qu'à
leur départ de la cour , ils y laiûaffeiu un de leurs en-
fans , ou de leurs frères en otage , pour aflurance de leur
fidélité.
Les richefiès de l'empereur étoient fi grandes , qu'elles
fufhlbient aux dépenfes de fa cour, ôc à entretenir deux
ou trois armées pour couvrir les frontières , ou pour ré-
duite les rebelles. Les mines d'or ôc d'argent apportoienc
un grand profita la couronne : les falinesec les autres droits
établis de toute ancienneté n'en produifoient pas moins ,
mais le plus fort des revenus provenoit des contributions
des fujets. Montezuma les avoit pouffees à des fouî-
mes exceflives. Tous les hommes de travail de ce grand
empire payoient le tiers du revenu des terres qu'ils fai-
foient valoir : les ouvriers en rendoient autant du prix
de leurs manufactures : les pauvres apportoient a la cour,
fans aucun falaire , tout ce que le relie du peuple étoit
tenu de payer , ou ils reconnoifl'oient leur dépendance par
quelque autre fervice perfonncl.
Il y avoit divers tribunaux répandus partout l'empire,
ôc avec le fecours des jurisdictions ordinaires, ils re-
cueilloient les impôts & les envoyoient à la cour. Ces
miniitres dépendoient du tribunal de l'épargne , qui réfi-
doit dans la capitale. Les fraudes ôc les négligences étoient
également punies. 11 y alloit de la vie : c'eil ce qui occa-
fionnoit les violences , dont on ufoit pour la perception
des impofitions. Les plaintes des peuples étoient grandes,
ôc le fouverain ne les ignoroit pas; mais il regardoit
l'opprelfion de fes fujets comme néceffaire pour les tenir
dans l'obéiffance. Le tribut des nobles confiitoit à garder-
ie prince ôc à fervir dans fes armées avec un certain
nombre de leurs vaflaux. Ils lui faifoient outre cela conti-
nuellement des préfens, qu'il iccevoit comme des donc,
fans oublier néanmoins de leur faire fentir qu'ils y étoient
obligés.
Outre le tribunal des finances , qui s'appliquoit à la
dispenfation des revenus de la couronne ôc du domaine
impérial , il y avoit un confeil de juftice , auquel fe por-
toient toutes les appellations des tribunaux inférieurs :
un confeil de guerre , dont les officiers avoient foin de
la levée Ôc de la fubfiftance des troupes ; ôc un confeil
d état , qui fe ter.oit ordinairement en préfence du prince»
ôc où on délibéroit fur les affaires de la plus grande
importance. Ils avoient encore leurs juges de commerce;
outre plufieurs autres minifires , comme des prévôts
de la cour , qui faifoient la ronde par la ville , qui
poutfuivoient les malfaiteurs , les jugeoient en première
inftance. Tous ces confeils étoient compofés de per-
fonnes d'expérience dans les affaires de la guerre ôc de
la paix ; mais il n'y avoir que les électeurs de l'empire
qui enflent féance au confeil d'état. Les plus anciens
princes du fang ro)al montoient fucceflivement à cette
dignité d'électeur ; ôc quand il ie préfentoit quelque
matière de grande conféquence , on appelloit au con-
feil les rois de Tezeuco ôc de Tabuca 1 qui étoient les
principaux électeurs par une ancienne prérogative.
Un des principaux foins des Mexicains étoit de pour-
voir à l'éducation des enfans. Ils avoient des écoles
publiques, où on inftruifoit les enfans du peuple, & il
y avoit des collèges bien plus confidérés , où on élevok
les enfans des nobles , depuis leur plus tendre jeune/Te.
On trouvoit dans ces collèges des maîtres pour les
exercices de l'enfance , d'autres pour ceux de l'adoles-
cence , ôc d'autres pour la jeuneffe. On commençoit
par apprendre aux enfans à déchifrer les caractères ôc
les figures dont ils compofoient leurs écrits , ôc on exer-
çoit leur mémoire en leur faifam api; rendre les chan-
tons hiflorîques de leurs ancêtres, & les louanges de
leurs dieux. Ils paflbient de-là à une autre claffe, oi\
on leur enfeignoit la modefiie ik la civilité. Enfin ils
montoient à la troifiéme , où ils s'accoûtumoient aux
exercices les plusviolens, comme à lever des fardeaux ,
à lutter, à fauter, à courir, à escrimer de l'épée ou de
la mafiue , à lancer le dard & à tirer de l'arc. On leur
faifoit fouffrir la faim Ôc la foif. Ils avoient des tems
deftinés à s'expofer aux injures de l'air ôc des fâi-
fons.
Il y avoit au fil des collèges de matrones , dévouées
au fervice des temples , & qui élevoient les filles de qua»
lité. On les mettoit dès leur plus tendre jeuneffe entre
les mains de ces matrones, qui les tenoient fous une
étroite clôture , jusqu'à ce qu'elles eu fortifient pour
MEX
2,70
être établies, avec l'approbation de leurs parens, & la
permiîTion de l'empereur.
Les Mexicains régloient leur calendrier fur le mou-
vement du foleil , dont ils favoient prendre la hauteur
& la déclinaifon , qui leur donnoient les différences du
tems Se des faifons. Leur année, ainfi que la nôtre,
étoit de trois cens foixante Se cinq jours ; mais ils la di-
vifoient en dix-huit mois de vingt jours chacun, ce qui
■fait le nombre de trois cens foixante jours ; les cinq qui
reffqient comme intercalaires , on les ajoutoit à la fin
de l'année, afin qu'elle égalât le cours du foleil. Du-
rant ces cinq jours , qu'ils croyoient que leurs ancêtres
avoient laiffés exprès comme vuides Se hors de compte ,
ils s'adonnoient aux plaifirs , Se ne fongeoient qu'à pas-
fer le plus agréablement qu'ils pouvoient ce relie de
tems.
L'année commencoit au premier jour du printems ,
Se ne dîfféroit de notre année folaire que de trois jours
qu'ils ôtoient de notre mois de Février. Leurs femai-
nes étoient de treize jours chacune ; elles avoient des
noms différens, qui étoient marqués fur le calendrier
par divetfes figures. Leurs fiécles étoient de quatre fe-
mâines d'années. La distribution s'en faifoit avec beau-
coup d'art, Se fe confervoic foigneufement, afin d'ap-
prendre à la poftérité ce qui s'étoit pa(Té de plus con-
sidérable. On tra-çoit un grand cercle divifé en cin-
quante-deux degrés , Se on donnoit une année à cha-
que degré ; le foleil étoit repréfenté au centre du cer-
cle , Se il fortoit de fes rayons quatre lignes différentes
en couleur , qui partageoient «gaiement la circonfé-
rence du cercle ; ainfi on comptoit treize degrés entre
chaque demi-diamétre. Ces divifions fervoient comme
de lignes à leur zodiaque , fur lequel ils calculoient les
révolutions de leurs fiécles, les afpecls du foleil, heu-
reux ou malheureux , félon la couleur de la ligne fur
laquelle ils tomboient. Ce cercle étoit inferit dans un
autre bien plus grand, fur lequel ils marquoienr avec
quelques caractères les événemens les plus confidéra-
bles de chaque fiécle. Ces tables de fiécles étoient
comme des monumens publics qui fervoient de preuve
à l'hiffoire.
3. MEXIQUE, ou Nouvelle Espagne , contrée
de l'Amérique feptentrionale , bornée au nord par le
nouveau Mexique ; à l'orient , pattie par le golfe du
Alexique , Se partie par la mer du Nord ■, au midi ,
partie par l'Amérique méridionale, Se partie par la
mer du Sud ; Se à l'occident encore par la mer du Sud.
* De l'IJJe , Atlas.
Quoique cette contrée renferme plufieurs gouverne-
mens , ils dépendent néanmoins tous du viceroi du
Mexique ; de forte qu'il y a plus de quatre cens lieues
de pays fous fes ordres. Ce viceroi eff ordinairement
un grand feigneur d'Espagne ; fon pouvoir s'étend à
faire des loix Se des ordonnances, à donner des or-
dres néceffaires pour le bien Se la fureté du pays ; à ter-
miner les procès Se les différens qui arrivent entre les
particuliers ; fi ce n'eft dans quelques caufes qu'on juge
dignes d'être réfervées au confeil d'Espagne. Le roi d'Es-
pagne lui donne tous les ans la fomme de cent mille
ducats , à prendre fur les deniers de l'épargne. D'ail-
leurs , comme la plupart des gouverneurs font les créa-
tures du viceroi , ils lui font des préfens confidérables
pour être continués dans l'exercice de leurs charges. Il
a auifi divers droits qui montent à des fommes très-
hautes. L'exercice de la viceroyauté eff ordinairement
de cinq années.
Outte le viceroi , il y a fîx juges Se un procureur du
roi , qui ont chacun douze mille ducats par an , Se deux
préfidens , qui , avec le viceroi , jugent toutes les cau-
fes civiles & criminelles ; mais quoique ces officiers
agiffent le plus fouvent de concert avec le viceroi , ils
ont le pouvoir de le contredire , & de s'oppofer à fes
entreprifes, lorsqu'elles font comraires aux loix.
Les provinces ou gouvernemens dépendais de la vi-
ceroyauté du Mexique font, en prenant du nord au
midi,
Chiametlan ,
Guadalajara ,
Mexico ,
Xalisco,
Mechoacan ,
Tlascala ,
MEX
Guaxaca,
Tabasco ,
Chiapa ,
Soconusco ,
Yucatan ,
Ver a Paz,
Guatirnala,
Honduras ,
Micaranga ,
Coffarica ,
Veragua,
Panama.
Cinaloa ,
La Nouvelle
Biscaye ,
Le nouveau
royaume de
Léon.
Culiacan ,
Guaiteca ou
Panuco ,
Ce fut Jean de Grijalva, natif de Cuellar en Espa-
gne , qui découvrit le premier ce grand pays en i;i8.
Se lui donna le nom de Nouvelle Espagne. Velasquez,
gouverneur de l'ifle de Cuba, qui lui en. avoit donné
la commifiion , lui avoir défendu d'y faire aucun éta-
bliffement. Le gouverneur fe brouilla avec lui pour
avoir obéi trop a la lettre , la brouillerie alla jusqu'au
point de ne pas le charger de la conquête du Mexique.
Le fameux Ferdinand Cortez en fut chargé à fa place.
Ce dernier ne tarda point à faire repentir Velasquez
de fon choix: car Cortez fecoua le joug de toute dépen-
dance du gouverneur , avanr même que de partir de
l'ifle de Cuba. * Le père de Cbarlevoix , Hiff. de S.
Domingue, tom. 2.
4. MEXIQUE (Nouveau). On donne ce nom à
un grand pays de l'Amérique feptentrionale, qui fut
découvert en ïJ/3. par Antoine d'Espejo, natif de
Cordoue en Espagne, Se habitant du Mexique. Il étoit
■riche, Se ayant apptis qu'il y avoir vers le nord plu-
fleurs provinces & villes habitées , il partit le 10 de No-
vembre 1552.de faint Bai theletni avec cent cinquante
chevaux Se mulets , un grand nombre de munitions de
guerre & de bouche , Se quantité d'esclaves. Après
avoir marché deux jours vers le nord , il rencontra
plufieurs fauvages , appelles Cmchos , qui habitoient par
villages dans des cafés baffes, Se qui le conduifîrent
l'espace de vingt-quatre lieues au travers dejleurpays,
où il fit dreffer des croix fans beaucoup de peine >
parce que ces peuples n'adoroient aucune idole. De-là
il entra dans le pays des Jumanes ou Patarabuyes, donc
Je pays eff peuplé par bourgades. Plus loin , ils trou-
vèrent un pays dans lequel ils marchèrent l'espace de
quinze jours fans trouver d'habitans. Au bout de ce
tems , ils virent un petit village mal peuplé , environ
à quatre-vingt lieues de la ville de Mexico. Ils mar-
chèrent encore douze lieues le long de la rivière del
Norte, jusqu'à la province qu'Antonio d'Espejo appella
Nouveau Mexique, les deux bords de cette rivière
étoient couverts d'une forêt de peupliers, large quel-
quefois de quatre lieues. Ils y virent auifi beaucoup de
vignes Se de noyers , Se lorsqu'ils eurent marché deux
jours dans cette forêt, ils découvrirent dix bourgades
fur l'un Se l'autre rivage, où habiroienr plus de dix
mille hommes. Les Espagnols, après avoir paffé quatre
jours dans cette province , allèrent dans cellcde Tiguas,
qui étoit peuplée de feize bourgades. Ils s'y arrêtèrent
pour ne pas hazarder toute la troupe en pénétrant plus
avant. Antonio d'Espejo envoya quelques foldats fous
un commandant, pour découvrir de grandes & riches
provinces qu'on difoit être vers l'eff. Ceux-ci entrèrent
dans un canton, où il y avoit onze bourgades, & un fi
grand nombre d'habitans, qu'ils pouvoient être au nom-
bre de quarante mille. Etant retournés joindre le gros
de leur rroupe , Espejo , qui avoit entendu parler d'une
autre province appellée de los Quires , à fix lieues au-
defftiSjle long de la rivière del Norte , en prit le che-
min. Il y trouva cinq bourgades habitées d'environ
quinze mille hommes. De-là il entra dans une autre
province, appellée de los Cuvâmes, où il vit cinq au-
tres bourgades, dont la plus grande fe nommoic Cia.
Les habitans étoient au nombre de plus de vingt mille.
A quinze lieues delà , vers l'oueff , eff la grande bour-
gade d'Acoma , placée fur un rocher élevé. D'Espejo
avança encore environ vingt-quatre lieues vers l'oueff,
Se arriva à une province , nommée Z«ny par les natu-
rels , Se Cibola par les Espagnols. Francisco Vasquio ,
qui y étoit entré autrefois , y avoit dreffé plufieurs
croix. D'Espejo y trouva trois Chrétiens , qui s'y étoient
établis depuis ce tems. 11 n'alla pas plus loin ; mais
après lui on entreprit différens voyages au Mexique, ce
qui fut caufe qu'on diftribua enfin cette contrée en pro-
vinces , où l'on a fait divers établiffemens.
De l'ifle , Atlas , place le nouveau Mexique entre le
MEX
MEX
vingt-huitième & le trente-neuvième degré de latitude
Septentrionale. Il 1 étend au nord jusqu'à Quivira ; à l'o-
rient jusqu'à la Floride , aujourd'hui la Louifiane ; au mi-
di, il lui donne pour bornes le Mexique^, ou la nouvelle
Espagne , Se la mer de la Californie du côté de l'occident.
Il donne outre cela le nom de nouveau Mexique propre-
ment dit , aux terres qui font vers la fource de la rivière
del Norte.
;. MEXIQUE ou Mexico , province de l'Amérique
feptentrionale dans le Mexique , ou la nouvelle Espa-
gne. Elle eft bornée au nord par la province de Guafteca,
ou Panuco -, à l'orient , partie par la même province ,
partie par celle de Tlascala ; au midi , par la mer du Sud;
& à l'occident , par la province deMechoacan. Les prin-
cipaux lieux de cette province font en prenant du nord
au midi.
5. Louis de la Paz, S. Jean des YIo, Cultepeque,
Taculabo , Patiocque, Suchimilco ,
Guaxutla, Meftitlan, Coyxca,
Querete , Mexico , Tlaluc ,
Clanchinoltepe- Guacocingo , Acapulco.
que,
6. MEXIQUE ( Le lac de ). On donne ce nom à un
lac d'une affez grande étendue au Mexique , Se dans le-
quel eh; bâtie la ville de Mexico. Ce lac eft double : l'un
efl formé par une eau dormante & tranquille ; Se l'autre
a flux & reflux, félon le vent qui fouffle- La partie qui
eft tranquille elt une eau douce , bonne Se faine , Se qui
donne quantité de petits poiffons : mais celle qui a flux Se
reflux» eft une eau falée Se amere, Se qui ne nourrit aucun
poiflbn. L'eau douce efl plus haute que l'eau falée, Se
tombe dedans, fans retourner en arrière, comme quel-
ques-uns fe le font imaginé. Le lac falé a fept lieues de
longueur Se autant de largeur , Se fon circuit eft de plus
«le\ingt deux lieues :1e lac d'eau douce eft auffi grand ,
de forte que tout le lac de Mexique peut avoir cinquan-
te-deux lieues de tour.
Il y a diverfes opinions parmi les Espagnols touchant
■ces eaux , Se les fources d'où elles viennent. Quelques-
uns veulent qu'elles tirent toutes deux leur fource d'une
grande Se haute montagne , fnuée au fud-oueft , à la vue
de la ville de Mexique ; Se que ce qui fait qu'une partie du
lac eft falée , c'eft que le fond, ou la terre, qui eft fous
l'eau , fe trouve pleine de fcl : ce qu'il y a de certain , c'eft
qu'on en fait tous les jours beaucoup de fcl } on le vend
dans toute la province, Se on en envoie même tous les
ans aux Philippines. D'autres difent que ce lac a deux
fources ; que l'eau douce fort de cette montagne,qui eft
au fud-oueft de Mexico \ôc que l'eau falée vient de cer-
taines montagnes fort élevées , Se qui font plus au nord-
oueft : ils ne rendent pourtant aucune bonne raifon de la
falure de l'eau : car il eft ridicule de l'attribuer à l'agita-
tion que l'eau fouffre par fon flux Se reflux , qui ne fe fai-
fant pas par la régie des marées , mais feulement par le
fouffle des vents , produifent dans fes eaux une qualité
falée. Sicelaétoit, pourquoi Ici vents ne produiroient-
ils pas le même effet dans le lac d'eau douce ? Il y a bien
plus d'apparence que , fi elle fort d'une autre fource que
celle de l'eau douce , la falure vient de quelque terres
minérales Se falées , qui fe trouvent dans les montagnes ,
au travers desquelles cette eau pane , fe chargeant du fel
qu'elle fond dans fa courfe. Enfin , il y en a qui penfent
que cette partie du lac de Mexique , qui eft falée , vient
de la mer du Nord,& pafle au travers de la terre -, Se que,
quoique les ruifleaux qui viennent de la mer perdent leur
falure au travers de la terre , cette eau néanmoins en peut
garder une partie , à caufe de la quantité des minéraux
qui font dans ces quartiers , ou à caufe des concavités
des montagnes , qui , laiflant un cours libre à l'eau , font
qu'elle retient toujours le fel qu'elle a apporté de la
mer.
Il y avoir autrefois près de quatre-vingt villes fur les
bords de ce lac. Quelques-unes contenoient cinq mille
familles , Se quelques autres le double : mais préfente -
roent il n'y a guère plus de trente bourgs , ou villages ,
dont le plus grand n'a pas plus de cinq cens maifons ,
tant d'Espagnols que d'Indiens. Ce qui a principalement
diminué le nombre de ces derniers , ce font les travaux.
pénibles ausquels on les occupa , il y a environ un liécle,
dans le projet que l'on avoir formé de détourner l'eau du
lac , en faifant un chemin au travers des montagnes , pour
fe garantir des inondations ausquelles la ville de Mexique
étoit fujecte. On prétend que cette entreprife coûta un
million d'hommes. * Thomas Gage , Relat. des Indes
occid. t. 1. p. 136.
7. MEXIQUE , ( Le golfe de ) grand espace de mer
fur la côte orientale de l'Amérique feptentrionale. Il a
au nord la côte de la Floride , ou de la Louifiane ■■> à l'o-
rient , la péninfule de la Floride de l'ifle de Cuba , qui eft
à fon embouchure ; au midi , la presqu'ifle du Yucatan ,
Se la Nouvelle Espagne j & à l'occident , la côte du Mé-j
xique,qui lui donne fon nom.
Les baies 8e lacs qu'on trouve fur ces côtes , font ,
SutI"ô;edEeIlaf La baie de Carlos,
prcsquiflcdeFlo-x La baie dL1 S. Efpiir.
ride, <• »
Sur la côte de la
Floride ou Loui-
fiane ,
Sur la côte delà
Le lac de Pontchartrain,
Le lac de l'Ascenfion ,
La baie de S. Louis , nommée par
les Espagnols la baie de Saint
Bernard.
Le lac de S. Jofeph.
burla cote delà r ^ baie de Campache.
Inouv. Espagne , t
Les ports Se les principaux lieux fitués fur ce golfe font ,
ç Ste Marie d'Apalachç
Sur la côte delà j S. Jofeph ,
Louifiane , ) Penfacola ,
C Le fort de Bilocchi.
Sur la côte
de Tamaetlâj
.1 Panuco ,
[ue,
Les Salines de Tamaei
1 Tampico ou Panuco,
v Torreblanco,
r La Vera-Cruz ,
m Mcdellin ,
Dans la baie de C Espiritu Santo ,
Campêche , L Tabasco ou Vittoria^
Mexiqi
Sur la côte de la
presqu'i
ir la côte de la Ç r-n-i -
catan, (_ ^
Les principales rivières quife rendent dans cegoîfe font4
Sur la côte delà
presqu'ifle de Flo-
ride ^
Sur la côte delà
Floride ou Loui-
fiane ,
Sur la côte orien-
tale du Mexique ,
Rio Amajuno,
La rivière de S. Martin ,
La rivière de S. Pierre.
La rivière d'Apalache ,
La rivière du S. Efprit ,
La rivière de S. Roch , ou des In-
diens ,
Rio Perdide,
La Mobile ,
La rivière des Pascoboula,
Le fleuve de Milfifflpi ,
La rivière de Boho ,
La rivière de Pinal,
La rivière de Sivoras ,
La Maligne ,
La Sablonniere ,
La rivière aux Cannes,
La rivière aux Bœufs,
Rio de Flores.
'Rio del Norre,
Rio de las Nattas,
Rio Panuco,
Rio de Tuspa ,
Rio Zenpoala.
%*]
MEY
MEY
^ i u • j r Rio Alvaiado ,
Dans la baie de j Rio Quazacoalco .
Cauipeche ,
\ Rio Tulixa.
Sur lacôrefep-
tentrionaledu Yu-
catan ,
Rio de Lagartos.
MEYEN , ou Mayen , ou Meyn , petite ville d'Al-
lemagne , électorat de Trêves , dans l'Eiffel , fur la ri-
vière de Nette , affez près de Montréal. Henri de Fin-
flingen, archevêque de Trêves, bâtit cette place en 1 280 ;
ehiïute l'Archevêque Baudouin l'entoura de murs , Se
y transféra le chapitre de chanoines réguliers de Laenche ,
leur incorpora l'églife du lieu Se leur bâtit un cloître, Cet-
te petite ville s'appelloit anciennement Magni acom , Se
donnoit à la campagne voifine le nom de Meynfeld ,
ou Meyenfeld, en latin Magmacenfu aga\ Ce petit
pays entr'autres , nommé autrefois Ripuaria , a caufe des
Ripuarii ou Riparioli , ou Ubiens,qui habitoient entre le
Rhin , la Meule & la Mofelle , du tems des Francs , fai-
fok un duché particulier -, Se on lit que Gotzelon,duc des
Ripuaires, étoit entre les grands Se les principaux fri-
gneurs qui affilièrent à l'élection de l'empereur Conrad
le Salique. 11 s'enfuit que ce duc , félon l'ufage des Francs,
avoit fous lui certains comtés , entre lesquels , après ce-
lui de Pallents, celui de Meynfled , ou Mcinevelde,
nommé Pagus Meginenfis , par Reginon , tenoic le pre-
mier rang \ Se comme ce pays fe nommoic auffi en alle-
mand Meyenland, Fortunat de Poitiers l'a rendu en la:in
Mediolanum. Allez près de ce lieu eft une fource d'eau
minérale, queles gensdu pays nomment Sultzbronn.
A l'égard de Meginenfus pagus , ou Meyenfeld , les
annales de Mets , ou la chronique d'Arnolphe en paiL
en ces termes, que Reginon a copiés , ad ami. 876. Mo-
vit ver à absqne mora exerc'uum cum quinquagints & eo
amplitis , utferunt, millibus in pago Meginenfi non longé
ab Andernaco cafidlo. Il eft parlé de Megenenses dans
le partage du royaume de Lothaire fait l'an 870. Ce can-
ton eft appelle Magniacenfis dans des donations de Pépin
Se de Charlemagne -, le nom vulgaire étoit MeylAnd.
MEYENBERG, bourg de la SuiiTe, dans le Freyen
'JEmpter , autrement dans les provinces libres ou baillia-
ges francs , à l'orient de Richenfée. C'eft un fort joli
bourg, qui a un château : c'étoit autrefois une ville. * Etat
& Délices delà Suffi, tom. 3. pag. 15 1.
MEYENDORF , monaftère catholique de filles en
Allemagne , dans le duché de Magdebourg.
1. MEYENFELD. Voyez. Meyen.
i. MEYENFELD , Majavilla Se Lupinum , ville du
pays de Grifons , dans la ligue des dix jutisdiclions , Se le
chef-lieu de la cinquième communauté à laquelle elle
donne fon nom. C'eit une jolie vijle au bord du Rhin ,
dans une belle campagne , environnée de montagnes qui
s'élèvent tout autour en forme d'amphithéâtre , & qui
cft plantée de bonnes vignes. On y voit divers beaux ba-
timens, une églife dédiée à S. Lucius, un château où
réfide le bailli , & qui e/l flanqué d'une tour forte Se an-
tique. Il y a auffi divers hôtels magnifiques.
Cette ville s'attribue l'honneur d'avoir donné l'exemple
de la prétendue réformation dans le pays des Grifons.
Jacob Barckli de Zurich , après avoir prêché , à ce qu'on
prétend , à Flefch , églife filiale de Meyenfeld , paffa ei>
luite à Meyenfeld même en ijn , Se y eut une confé-
rence de religion avec Chriftian Anhorn , tréforier de la
ville. Barckli lui fit goûter les principes de la religion :
ôc dès-lors le tréforier le reçut chez lui , l'appuya de tout
fon crédit, & le protégea contre les efforts de fes enne-
mis. Ce Chriftian Anhorn , étoit tris-aïeul de Barthelcmi
Anhorn, quia écrit l'hiltoite de la réformation des Gri-
fons, imprimée en allemand , à Baie en 1680. * Etat
& Délices de la Sttijfe , tom. 4. pag. 81.
La Seigneurie ou communauté de Meyenfeld eft
féparée de la vallée de Pretigaeu , par de hautes monta-
gnes qui ne laifTent qu'un partage fort étroit, nomméClufa.
Quand on a traverfé cettfe vallée pour entrer dans la fei-
gneurie de Meyenfeld , on trouve un pays beaucoup
plus agréable Se plus beau ; Se un air plus doux. Cette fei-
gneurie cft partagée en deux quartiers j fçavoir, celui de
Malans,& celui deMeyenfeld-Elle a eu autrefois Cf- fèî-
gneurs particuliers. En 1 j©9, les trois ligues des Grifons
l'achetèrent vingt mille gouldes , Se confirmeient en
méme-tems les habitans dans tous leurs privilèges. En
ij 37, elles achetèrent auffi la baffe jurisdidion de Ma-
lans Se de Gennins , avec toutes fes appartenances , pour
le prix d'environ dix mille gouldes. Ces trois ligues en-
voient tour à tour à Meyenfeld , un bailli qui exerce cet-
te charge pendant deux ans. Il tire tous les revenus pu-
blics Se les grandes amendes. La communauté de Meyen-
feld nomme auffi à fon tour le bailli.
Le pays ell agréable Se le plus fertile qu'il y ait dans les
Grifons : il rapporte fur-tout d'excellent vin Se en abon-
dance. A une lieue au-deffous de Meyenfeld, au bord
du Rhin, on trouve Flaefch , grand Se beau village,
célèbre dans le pays pour fon excellent vin , Se pour les
bains chauds qui s'y trouvent. De la feigneurie de
Meyenfeld dépendent encore quelques autres villages ,
comme Revena , Guscha .Sturvis 6k le Pas de S. Lucius,
qui eft un défilé important dans les montagnes , à l'entrée
du pays.
MEYNE. Corneille, Dicl. dit que c'eft un lieu qui
n'eft éloigné que de deux cens pas de la ville d'Ailes en
Provence. Il eit fameux par une fontaine d'eau minérale,
qui le rend fort fréquenté depuis 1 expérience qui en fut
faite l'an 1 680. On tient que cette eau eft excellente pour
la gravelle,pour l'hydropifie pour les obftructions Se ^our
les maux externes , qui viennent de l'impureté du iang.
MEYRAN , MLYAN , ou MEJAN /cap de la mer
Méditerranée , fur la côte de Provence , environ fept à
huit milles à 1 eft du cap Couronne. C'eft une grolTe pein-
te fort haute & escarpée de toutes parts. Presque à moi-
tié chemin de l'un à l'autre, on voit un petit village Se
une grande maifon ou château , qu'on appelle Cary , avec
une rangée d'arbres.quiconduifent jusqu'à la mer,& qui en
donnent la connoifl'ance. Il y a dans cet endroit un peu
d'enfoncement, qui n'eit propre que pour des bateaux ,
ayant plufieurs écueils à fon entrée. Depuis lecapCouronne
jusqu'à Cary la côte eft fort baffe , & vient , en s'élevanr,
jusqu'au cap Meyan qui eft fort haut. * Michelot , Por-
tulant delà mer Méditerranée , p. 65.
La Calanque ce Meyan ou Mejan eft du côté de
l'oueft du cap Mejaiv.on y pourroit mouiller deux ou trois
galères , qui y feroient pafiablement bien pour les venta
de la terie-, mais les vents du fud Se fud - oueft y don-
nent à plein , Se y caufent un gros reffac de la mer , quoi-
qu'il v ait à l'entrée de ce port fur la gauche quelques
écueils à fleur d'eau , qui couvrent une partie de la mer
du large. Lorsqu'on veut y aller mouiller , il faut ranger
la groffe pointe delà droite , à caufe de ces écueils. Il y a
fept à huit braffes d'eau au milieu du paffage , Se rrois à
quatre braffes dans le milieu de la Calanqre \ le fond en
elt de vafe Se d'herbe , & il n'y a qu'une cabane qui fert
de retraire aux pêcheurs. Environ quatre à cinq cens toi-
fes du cap Meyan,il y a une petite ifle qu'on appelle Laire-
Vjgne. On ne peut paiïer à terre d'elle , qu'avec des ba-
teaux , quoiqu'il y ait fept à huit braffes d'eau , mais le
partage en ell fort étroit.
MEYR ARGUES,lieu de France,dans la Provence,dio-
cèfed'Aix. Il a un château que la nature & l'art ont rendu
ttès-fort. Il a appartenu autrefois aux princes de Beaux, de
qui Châties II. roi de Sicile Se comte de Provence, l'acquit
en 1 291. Il revint encore à la famille de Beaux en 1374,
d'où il paffa en 1400 , au maréchal de Boucicault. Il fut
enfuite poffédé long-tems par la maifon d'Alagonia , de la
quelle les Valtets de Marfeillc l'acquirent en 1620. La
force du château de Meyrargues a donné occafronàces
feigneurs de fe révolter -, ce qui a été caufe qu'il a été plu-
fieurs fois confisqué.
MEYRIA , Majoravum , Monaftère de Chartreux ;
dans le Bugey , au diocèfe de Belley.
MEYRÔCE, petite rivière de France, cfcms le Dau-
phiné; elle fe jette dans la DromeàDic.
MEYSE , ( La ) bourg de France , dans le Limoufin ,
élection de Limoges.
1. MEZA , ou Tesar , ville d'Afrique , au royaume
de Fez , dans la province de Cha'ùs , à deux milles du
Mont Atlas , à quarante de l'Océan , Se à fept milles de
la mer Méditerranée , fur le chemin qui mené des deferts
de Garât à Chafafan. Cette viUe étoit autrefois bien for-
tifiée ,
MEZ
MEZ
tifiée , & avoic le troifiéme rang parmi les villes du
royaume de Fez , Se fa mosquée étoit plus grande que
celle de Fez. Il n'y a maintenant que ;oo maifons peu
conlidétables , fans compter pourtant les palais , les col-
lèges Se les Temples , qui font encore allez bien bâtis. Les
dépendances de cette ville font fort grandes : elles renfer-
ment plulîeurs montagnes où demeurent divers peuples.
* Dapper, Defcr. du royaume de Fez , p. i ; 7.
MEZAI , félon Pline, & Mazaei , félon Ptolomée ,
peuple de llllyrie. Voyez Mazaei.
MEZARME. Voyez, Bf.rsabe.
MEZDAGA, ville d'Afrique, dans la province de Cuzr,
au royaume de Fez. Elle e/î grande Se ancienne , Se a été
bâtie au pied du Mont Atlas, à trois lieues de Sofroy ,
vers le couchant. Cette ville a deux beaux murs , Se fort
anciens, mais il n'y a que de méchantes maifuns, quoi-
qu'elle ait dans toutes les cours des baflins Se des fontai-
nes. Ptolomée la met à dix degrés dix minutes de longi-
tude, Se à trente-trois de latitude. Il la nomme Molocar ,
6e Pline l'appelle Mulelées. Les habitans font pauvres ,
& la plupart potiers de terre , qui vont débiter leur vais-
felle à Fez , à quatre lieues delà , du côté du nord. Ils
font toujours fales Se pleins d'huile , à caufe du commer-
ce qu'ils en font , mais du relie les tailles dont ils font
chargés, les font vivre miférables. La contrée produit
beaucoup d'orge , de chanvre & du lin , mais ils ne re-
cueillent presque point de bled. Il y a de grands clos d'o-
liviers , Se d'arbres fruitiers de toute forte, Se aux en-
droits qui ne font pas cultivés , on voit de grandes & hau-
tes forets remplies de lions , mais peu dangereux , puis-
que la feule voix d'un homme les fait fuir. * Marmol ,
Defc. du royaume de Fez , t. 2. 1. 4. c. 113.
MERE , petite ville de France, dans le bas Languedoc ,
au diocèfe d'Agdc.
MEZEL, bourg de France, dans la Provence , recette
de Digne.
MEZERAY , village de France, dans la baffe Norman-
die , entre Argentan Se Falaife. II n'eit connu que pour
avoir été la patrie de François Eudes , furnomme de Me-
zeray , à* caufe du lieu où il naquit. Cependant l'abbé
d'Olivet , hifl. de l'Académie françoife , t. 2. p. 195. dit
que Mezeray naquit à Ry, village de baffe Normandie,
entre Argentan Se Falaife ; mais comme la pofition de ces
deux lieux eft la même , il y a apparence que le village de
Mezeray eft une dépendance de celui de Ry , ou que le
village de Ry dépendoit de celui de Mezeray. L'abbé
d'Olivet ajoute que François Eudes de Mezeray , histo-
riographe de France , étoit fils d'Ifaac Eudes , chirurgien ,
établi à Ry , Se de Marthe Corbin. Mezeray étant venu
à Paris , des Iveteaux, fon compatriote, l'engagea à écrire
l'hiftoire de France ; il en donna trois volumes in-fol. qui
contiennent l'hiitoire générale de France jusqu'à la mort
d'Henri IV. il les réduifit en un abrégé qu'il fit imprimer
d'abord en trois volumes ^«-4°. Comme il fe donna la
liberté de mettre dans cet abrégé l'origine de tous les im-
pôts qui fe lèvent en France , Se d'y joindre des réflexions
peu néceffaires , on lui fupprima la penfion de quatre
mille livres dont il avoit été gratifié. 11 fut reçu à l'aca-
démie en 1648 , Se mourut le 10 Juillet 1683. Le père
Jean Eudes , inftituteur d'une congrégation de prêtres
nommés Eudi/lcs, étoir l'aîné de Mezeray. * Corn. Dict.
2. MEZERAI, bourg de France, dans le Maine , à
quatre lieues de Sablé. Il eft fameux par fes excellen-
tes poulardes.
MEZERE , ville de France , dans le pays de Foix , dio-
cèfe de Pamiers.
MEZETALCA , montagne d'Afrique, dans la pro-
vince de Cuzr, au royaume de Fez. Elle confine au
couchant vers les campagnes d'Ecdescen , qui s'étendent
de ce côté là , jusqu'à la province de Tremecen. Sa lon-
gueur efi de dix lieues ; elle en a quatre de largeur;
la terre efi fort froide , Se fes habitans font des Bete-
bères fort riches , qui ont quantité de mules Se de che-
vaux. Us font vêtus comme des bourgeois de ville,
parce que la plupart font docteurs, qui écrivent fort bien
en arabe. Comme les Maures n'ont point d'imprime-
rie, ils s'occupent à copier les livres, & ils vont les
vendre à Fez , ce qui leur attire l'efiime du roi qui en
tire peu de revenu pour cette raifon. Ils font huit
mille hommes de combat , dont il y a cinq cens che-
273
vaux Se plufieurs arquebufiers Se arbalétriers. * Mar-
mol, Defc. du royaume de Fez,l. 4. c. 21.
. MEZEZAB, MEZAB, ou Mezezeb, contrée d'A-
frique. Elle eit bornée au feptentrion par le royaume
de Conque ; à l'orient parle pays de Zab ; au midi par
les Sobaïr arabes , Se à l'occident par les Gehoan ara-
bes. C'eft une habitation qui contient fix châteaux 8c
plufieurs villages ; les habitans font riches , parce qu'ils
font adroits Se vigilans dans le trafic qu'ils font aux
quartiers des Nègres ,• Se parce que les marchands de
Bugie Se d'Alger , Se de divers autres endroits de la
Barbarie vont commercer dans ce pays. Les Arabes de
Sumeit Se ceux d'Uleb-Yahaye errent dans le pays de
Mezezab , Se courent tous les déferts de Tripoli , &
font plus de quatre-vingt mille combattans, la plupart
à pied , mais ils ont plufieurs chameaux. * De l'Ifle ,
Atlas.
MEZIDON, en latin Manfio Odonis , bourg de
France, dans la Normandie, fur la Dive , élection de
Falaife,
i.MEZïERES, ville de France, dans la Champagne,
fur la Meufe («a), à huit lieues de Rethel , dans une
espèce de presqu'ifle que forme la Meufe , entre Sedan
Se Charleville. Elle efi bâtie partie fur une colline ,
partie dans un vallon. Elle a appartenu autrefois à l'é-
glife de Rheims , Se il y avoit un château dès l'an 920 ,
( b ) lorsque l'archevêque Hcrivée l'alla reprendre fur
un ufurpateur. Elle fut encore prife & rendue à l'ar-
chevêque Arthaud , félon Flodoard , chronique en 960.
On ne voit pas en quel tems les feigneurs Se les châ-
telains, qui occupèrent Mezieres, cédèrent de reconnoî-
tre l'églife de Rheims Se fes archevêques pour fei-
gneurs de fief. Les comtes de Rethel acquirent Mezie-
res , Se le comte Manassès en jouiffoit l'an 1 176 , lors-
qu'il y fonda l'églife collégiale de faint Pierre. Jean ,
comte de Rethel , qui descendoit de Manassès, fit hom-
mage à Thibaud, comte de Champagne, fous le règne
de faint Louis l'an 124J , tant pour Mezieres que pour
fes autres terres, à l'exception de celles de Château-
Renaud , de Mohon Se de quelques autres deçà Se de-
là la Meufe, que les fucceffeurs de ce comte de Re-
thel tinrent en fouveraineté , depuis qu'on eut ceffé de
reconnoître l'empire dans les pays qui font le long de
la Meufe. (a) Baugier, Mémoires hifforiq. de Cham-
pagne, t. 1. p. 321. (£) Longiterue, Defc.de la Fran-
ce, part. 1. p. y 2.
La ville de Mezieres (a) futafiiégée en iy2i, par
une puiffante armée de l'empereur Charles V. com-
mandée par le comte de Naffau ; mais le fameux
chevalier Bayard , qui la défendoit , le força de le-
ver le fiége au bout de fix femaines. 11 y a une cita-
delle (b) que le capitaine fàint Paul, l'un des chefs
des Ligueurs , Se qui fe difoit maréchal de France , y
fit bâtir durant les guerres civiles, efpérant fe ren-
dre fouverain de Mezieres & de tout le Rethelois ,
fous la protection du roi d'Espagne. Cette citadelle (c)
commande la ville qui eff doublement fortifiée par
plufieurs tours, dont deux qui font à la tête de faint
Julien , à droite Se à gauche de la porte , font très-
confidérables. On voit outre cela deux contregardes
qui font devant ces tours, appellées l'une Contregarde
de la tour du roi , qui cil à gauche ; l'autre Contre-
garde de la tour Milare , qui e(l à droite. Cette place
eft encore fortifiée par quatre demi-lunes, trois ou-
vrages à corne Se une espèce de fauxbourg avec une
petite redoute à la tête. Une de ces demi-lunes fe nom-
me la demi-lune de la Porte neuve; c'eff au-devant de
celle-là qu'efi le fauxbourg avec la petite redoute ; une
autre fe nomme la demi lune des Tanneries, à caife
qu'elle en étoit ci- devant toute remplie ; la troifiéme
s'appelle la demi- lune de la porte de faint Julien; Se
à la quatrième on donne le nom de la tour de l'E-
velle. A la gorge de cette dernière demi-lune, il y a
une éclufe pour foùtenir les eaux qui font encore ar-
rêtées par un batardeau qui eft fur le flanc de l'avança
de la demi-lune. L'un des trois ouvrages à corne s'ap-
pelle Corne de Champagne ; il eft nouveau , mais il y
faut faire encore beaucoup de dépenfe pour le mettre
à fa perfection ; l'autre eft nommé Corne de faint Ju-
lien, à caufe de la porte Se de l'ifle de ce nom ; le der-
Tom. IF. Mm
MEZ
274
nier s'appelle Corne d'Arches, à caufe du fauxbourg
qui le couvre Se qui eft de la fouveraineté d'Arches Se
de Charleville. ( a) Buugier , p. 321. (b ) Lorigiterue ,
p. 52. (c) Batigier , t. 2. p. 2f2.
La citadelle eft irréguliere Se ancienne ; elle eft com-
pofée de quatre baftions , de deux demi-baftions, d'une
contregarde & de trois demi-lunes. Les noms des ba-
ttions font de la Renaudiere , Rompu , ainfi nommé ,
parce que la face gauche étoit tombée dans le fofle,
ôc a été long-tems fans être relevée ; le troifiéme s'ap-
pelle le Battion neuf, Se au-devant il y a une contre-
garde de même nom ; le quatrième ett le battion de
Notre-Dame. Dans la gorge d'une des demi-lunes nom-
mée de Bertaucourt , il y a une belle éclufe qui foû-
tient fept à huit pieds d'eau qui fe tire en tout tems
de la rivière de Meufe par le moyen d'une autre éclu-
fe qui eft au bout du fofle de la contregarde. Cette
eau, quand on le veut, entre avec rapidité dans la pre-
mière éclufe , Se a plus de fept pieds de chute. Cette
éclufe ne peut être battue , parce qu'elle n'eft point ex-
pofée à la vue d'aucun endroit par dehors.
Sur les ordres que Louis XIV. avoir donnés, on a
formé le deflein de faire à Mezieres une éclufe fous
le pont de pierres , pour faire entrer les eaux de la
Meufe, & la faire paiTer avec impétuofité dans le fofle
du front de la citadelle , pour inonder partie de ce
front , & en faire auflï entrer partie dans le foiTé de
la corne de Champagne. On projettoit encore de faire
un ouvrage couronné à la tête de faint Julien, pour
commander l'ifle de ce nom que l'on devoit fortifier,
pour empêcher l'ennemi de s'y loger. Cette ifle eft fuf-
fifamment étendue pour fervir , en cas de befoin , de re-
traite à une armée , ou pour retiter les peuples des en-
virons en cas de fiége.
Il y a peu d'endroits dans le royaume où les maté-
riaux foient aufli beaux , aufli bons , auflï faciles à ti-
rer Se aufli propres à bâtir qu'à Mezieres. La chaux Se
le fable y font d'une bonté finguliere ; on en compofe
un mortier excellent pour joindre Se lier les parties
enfemble; il eft d'une telle dureté, qu'on ne peut que
très-difficilement les démolir , tant elles font bien liées
enfemble,
Le gouverneur de la ville & citadelle de Mezieres
eft aufli gouverneur de Charleville ; il y a un lieutenant
de roi Se un major.
2. MEZIERES, abbaye de France , de l'ordre de Cî-
teaux , dans le diocèfe de Challon , première fille de
la Ferté, fut fondée proche Beaune en Bourgogne
l'an n 30. Dom Martenne dit, dans fon premier
voyage littéraire de l'an 1708, que cinquante ans au-
paravant Mezieres n'étoit qu'un cloaque , où à peine
cinq ou fix religieux pouvoient y vivre , Se qu'aujour-
d'hui c'eft une des plus belles abbayes de l'ordre , ca-
pable de nourrir plus de vingt religieux. Tout y eft
grand Se riant ; l'églife Se tous les lieux réguliers font
d'une propreté qui fait plaifir; les jardins répondent à
tout le refte. La bibliothèque eft excellente ; tous les
livres font choifis Se parfaitement bien conditionnés ;
mais, ajoute-t il , il n'y a point de manuferits. Il pa-
roît , par quelques titres de leurs archives, que plufieurs
feigneurs de Montaigu, cadets de la maifon de Bour-
gogne , font enterrés dans ce monaftere , quoiqu'aujour-
d'hui on ne voye aucun de leurs tombeaux. Il n'y a
en effet à Mezieres, de maufolés queceux de deux éve-
ques de Challon dans l'églife, dont l'un eft Alexandre,
de la maifon de Bourgogne, mort en 1261; ils font
tous les deux dans l'églife. Le troifiéme qui eft de Fal-
co de Reon , fondateur , Se de fes enfans , fe voit dans
le cloître.
MEZIERES LA GRANDE PAROISSE , autrement
Poussé , baronnie de France , dans la Champagne ,
élection de Tioyes. Elle appartient à Anne Ragnier ,
marquis de Pouflé. C'eft l'une des quatre baronnies
dont les feigneurs doivent porter Tévêque de Troyes
à fon entrée. * Baitgicr , Mem. Hift. de Champagne ,
t. 2. p. 347.
MEZIERES Se S. CHIRON , bourg de France , dans
le Maine , élection du Mans.
MEZIERES SOUS BALON , bourg de France , dans
le Maine , élection du Mans.
MEZ
MEZIERES ou SUBIR AY, ville de France, dans
l'étendue du duché de Touraine fur la Claiié. Elle tut
érigée en marquifat le 15 Juillet 1556 , en faveur de Ni-
colas Danjou , feigneur de S. Fargeau. Il y a un cha-
pitre de chanoines.
MEZILLE , rivière de France ; elle a fource dans le
pays appelle Tuifaye, un peu au-deflus du bourg de
Mezille. Son cours eft de l'orient méridional à l'occi-
dent feptentrional. Après avoir reçu à la gauche deux
ruifleaux , elle va fe jetter dans la rivière d'Ouaine ,
avec laquelle elle va fe perdre dans le Loin , auprès de
Montargis. * De l'ifle , Atlas.
1. MEZ1LLES , bourg de France , au pays de Pui-
faye , élection de Gien , vers la fource de la rivière de
Mezille qui lui donne fon nom , ou qui prend le fien
de celui de ce bourg.
2. MEZ1LLES , village du diocèfe d'Auxerre , entre
Toucy Se faint Fergeau , à fept lieues ou enviton de
la ville épiscopale vers le couchant. Ce lieu eft très-
ancien •, il fut donné par faint Germain , évêque d'Au-
xerre , au monaftere qu'il avoit fondé proche cette ville.
Les écrivains du IX. fiécle chez le pere Labbe , Bibl.
nov. MSS. l'appellent en latin Miciglis ; quelques uns
ont prononcé Merilles -, Se c'eft ainfi que le diction-
naire unîverfel de la France l'appelle. Ce lieu , quoi-
qu'ancien , n'étoit pas apparemment encore paroiiiè au
VI. fiécle, ni même au VIII. puisque faint Aunaire >
ni faint Tetrice, évêques , ne le nomment pas dans leurs
liât uts ; ce pouvoit être une dépendance de Toucy , ou
de faint Fergeau , ou de faint Sauveur , fi ce dernier
toutefois étoit dès-lors paroifie. Saint Malien , moine
de l'ancienne abbaye de faint Côme , proche Auxerre ,
dite depuis de fon nom , eft patron de Mezilles. On le
réclame forr dans rout le voifinage pour la conferva-
tiondes bettiaux ; parce que ce faint religieux du V. fié-
cle avoit été commis par fon fupérieurpour avoir le foin
de leurs bettiaux en ce lieu& à Fontenay. Il y a en cette
églife un bras de cuivre doré fur lequel on lit en let-
tres capitales gothiques : Bracbium S. Mariant. On a
autrefois trouvé dans les ruines d'un vieux château , pro-
che ce village , une figure de bronze de la déefle An,'
gerone, que l'abbé Lebceuf conferve parmi fes curiofi-
tés , Se qui n'ett point gravée dans les antiquités du pere
Montfaucon. Hugues de Noyers, évêque d'Auxerre , aflï-
gna vers l'an 1 200 , à fa cathédrale du revenu fur l'é-
glife de Mezilles , pour faire élever le grade de la fête
de faint Pèlerin , premier évêque de la même ville. En
1224, Henri de Villeneuve, aufli évêque d'Auxerre,
ordonna que des neuf portions des dixmes de cette pa-
roifle , Nivelon , charioine de la cathédrale , jouit oit de
deux, Se que les fept autres appartiendroient au curé ;
le tout du confentement de Renaud de Ratilly , che-
valier , de qui cette portion de dixme relevoit en
fief.
MEZO, ville de l'Anatolie propre , à dix lieues de
Melazzo , vers le levant. Elle étoit autrefois épiscopale ,
Se portoit le nom A'Amifon , Amttjon ou Amyz^on. La
notice d'Hierocles la place dans la province de Carie,
Se lui donne le neuvième rang parmi les évêchés fuf-
fragans de la métropole de Melite.
MEZOMME, Mezemmeou Megeime , ville d'Afri-
que , au royaume de Fez , dans la province d'Errif.
Marmol , dit Dapper , Defc. du Royaume de Fez. , p.
154. place près du cap d'Oleafter la ville de Mezcmme ,
qu'on tient pour le Teniolonga de Ptolomée. Elle eft fituée
fur une petite montagne aux confins de la province de
Garet. Au pied de cette montagne il y a une grande
plaine , qui a neuf lieues de longueur, trois de largeur,
&qui eft traverfée par le fleuve Nocor, qui fépare les
provinces de Garet Se d'Errif. Cette ville eft préfen-
tement ruinée , Se n'eft peuplée que de quelques
Arabes.
MEZOUKAN , ville de Pcrfe, au canton de Sava.
L'air y eft plus froid que chaud ; le bled & les raifins
y font bons. * Manuferits de la Bibl. du Roi.
MEZTITLAN , province de l'Amérique méridionale ,
au Mexique , avec une ville de même nom. L'air de
cette province eft fort fain Se très-tempéré. Elle a quan-
tité de mines de fer Se d'alun. Son terroir eft arrofé
de plufieurs rivières poiflbnneufes. Les habitans s'em-
MIA
ploient à faire de la toile de cocon, ôc y réufliflènt fort
bien * Corn. Lict. De L*a , Defc. des hidey occi-
dentales, 1. 5. c. y.
MEZUNE, ancienne ville d'Afrique, dans 1.1 pro-
vince de Tencx , au royaume de Tremecen. Elle cft
au-dedans du pays , entre Tenex & Moliagan , à douze
nulles de Ix mer Méditerranée. Ptolomée en parie fous
le nom à'L/ppidoncum tulonia , & lui donne feize degrés
de longitude 6c vingt-trois degrés quarante minutes de
latitude ; les murailles l'ont hautes & fortes , & il y a
un château qui a un fort bon palais. Les maifons étoient
très-bonnes , mais elles ont été détruites par les guer-
res , & particulièrement en la révolte des païens du
roi de Tremecen , qui faccagerent plufieurs villes de ce
royaume. Les bâtimens d à prefent font à la moderne,
ôc ne valent rien ; mais il y a dans la ville un friper be
temple qui femble avoir été fait par les Romains. Les
habitans étoient extrêmement riches, à caufe que le
pays abonde en bled & eu troupeaux ; mais les Arabes,
ennemis des villes , les ont fi fort tourmentés depuis la
dernière deltruction de la place , que la plupart ont été
contraints d'aller s'établir ailleurs. Ceux qui relient
font des pauvres tifferans, qui font de la toile ôc des
faies de laine ; ils gagnent fi peu , qu'à peine peuvent-
ils payer les impôts qu'on exige d'eux a Alger, ôc ce
qu'ils doivent aux Arabes , afin de pouvoir labourer
les terres. Cette contrée eft fort étendue , &c l'on y voit
les mines de plufieurs villes qui ont été détruites de-
puis les Romains, On y remarque encore des grandes
tables d'à' bâtie, ôc des ftatues de pierres avec des in-
fetiptions latines. * Alarmai, Defcrip. du royaume de
Tremecen, 1. j. c. 35.
MEZURADA, cap d'Afrique, fur la côte de Gui-
née. Voyez. Mesurado.
MEZURATA, cap d'Afrique, fur la côte de Bar-
barie. Voyez, au mot M es u rata.
MEZZANO , lac d'Italie , dans le duché de Caftro ,
à l'orient du lac de Boliena, entre les rivières Nova
6c Olpita i il donne naiflance à la dernière de ces riviè-
res. * Ahi^in , Carte du duché de Caltro.
MEZZEN , ville de la Tartane Moscovite, dans le
gouvernement d'Archangel, Ôc dans la province deJu-
gorski. Cette ville , hab.tce par des Ruiiiens , eft fur une
rivière de même nom , environ un degré en deçà du
cercle polaire. * De /' Ijle , Carte de l'Afie.
MEZZO , ifle fur la côte de la Dalmatie, entre l'ifie
Meleda à l'occident , Se le continent à l'orient. Voyez.
Ei.aphites. * Coronclli , Carte de la Dalmatie.
MEZZOVO. Ortelius , Tbefaur. dit que c'eft l'an-
cien Pinde , dont le Parnatïe ôc l'Hélicon fonc des
branches.
M I
1. MIA , bourg de la Paleftine au-delà du Jourdain.
Voyez. Mva & Zia. * Jofiph. antiq. 1. 20. c. 1.
2. MIA ou Mijah, ville du Japon, dans la pro-
vince de Voary , fur la côte méridionale de Niphon ,
fur un petit golfe qui fait partie d'un plus grand , aux
confins & à l'occident de la province de Micava, ôc
à fept lieues ôc demie de Quano. Elle n'a point de
muraille , il y a feulement un méchant foffé à l'entrée
& à la fortie. Mia eft pourtant grande &c bien peu-
plée , quoiqu'elle ne le foit pas tant que Quano , ne
contenant qu'environ deux mille maifons. Sur la droite
elle a un palais carré bâti en forme de château, où
l'empereur loge, lorsqu'il va à Meaco ou qu'il en re-
vient, comme font aufii quelques-uns des plus confi-
déiables princes de l'Empire dans leurs voyages à la
cour. Les rues fe coupent à angles droits avec toute
la régularité que la dispofition du tertein peut mettre.
Une longue rue ou un rang de maifons s'étend pen-
dant deux lieues, depuis Mia jusqu'à Nagaija , demeure
du feigneur de la province , qui eft du fang impérial.
Le château où il fair fa réfidence , eft regardé comme le
troinéme de l'Empire , par rapport aux fortifications ôc
à l'étendue. Ce prince fait fon voyage à la cour avec
une magnificence extrême. Son avant-garde feule eft
compofée de plus de deux mille hommes avec des che-
vaux de main, des hallebardes, des piques, des arcs,
MIA 27/
des flèches & d'acnés armes, des paniers, des e ...es
Ôc une infinité d'autres choies , «les unes pom ru;aDe.
les autres pour la parade a^ec les armoiries demis.
Lorsque les Hollandois ie rencontrent furie chemin,
toute leur fuite doit mettre pied à terie leur rendent
fort de fon non mon , 6c tous dans une poilu te humi-
liée par rei'ped pour le fang impérial , s'écartent jus-
qu'à ce qu'il foie pane.
Dans la ville on voit quelques temples , entr'autres
un petit du Sintos bâti nouvellement ^ on l'appelle Atza,
ou le temple des trois Simeterres, & luii voit à l'en-
trée deux portes rouges, telles qu'on en voit devant
les temples. On y garde comme de faunes reliques trois
fimeierres miraculeux dont on fe fervoit anciennement ,
du tems de cette race de demi dieux qui habit oient le
pays, ôc fe faifoient une cruelle guérie ; on les gar-
dait autrefois dans un temple a Isje , d'où on les a trans-
portés à Mia. Cinq prêtres du Sintos deflèrvent ce
temple, habillés de robes blanches , avec des chapeaux
noirs vernilles, tels qu'on les porte à la cour du Dairi
ou de l'empereur eccléfiaftique héréditaire. A" l'entrée
de la ville il y a un autre temple remarquable par la
groneur extraordinaire de l'idole de bois qui y eft ren-
fermée ; elle remplit le temple entier, ôc elle a la
main gauche couchée fur le genou gauche. Ce temple
eft encore remarquable par fon antiquité, ayant été bâ-
ti , à ce qu'on dit , par le fameux architecte Fidano
Jako , avec un art fi fingulier , que routes fes parties
jointes enfemble fe fupportent mutuellement, fans être
appuyées par des piLeis , comme dans les autres tem-
ples. * kœmpfer . Hilt. du Japon, 1. 5.
MIACUM , ancienne ville d'Espagne , félon l'itiné-
raire d'Antonin , qui la place fur la route û'Emeritak
Cajarditgtt/ïa , entre Segovia ôc Complutum, à vingt-
quatre milles de la première, & à trente milles de la
féconde. On croit que c'eft CercediLa, village de la
Nouvelle Caftille.
MI/EDII, peuples de l'Afrique propre. Ptolomée,
/. 4 f. 5. les met au-defilis des Mufini.
MIAFARCKIN , ville du Courd.ftan , à 7; degrés,
de longitude, & à 38 decrés ele latitude. * Petis de la.
Croix , Hift. de Timur Bec, 1. 3. c. 42.
MIALAN , bourg de France , élans le Bas-Armagnac ,
élection de Rivière-Verdun.
MIAM1S , peuf les de l'Amérique fcptcntricnale , dans
la nouvelle France , divifés en deux tribus , dont l'une
conferve le nom deMiamis, & l'autre eft connue fous
celui de Ouyatanons. Lorsque nous avons commencé à
connoïtre ces fauvages, ils étoient affez près de Chi-
cagou , dans la partie méridionale du lac Michigan , ôc
ils faifoient une alïez nombreufe nation -, ils font au-
jourei'hui fort diminués. Le principal village des Miamis
eft préfentement fur la rivière de faint Jofcph, qui fe
décharge aulTi dans la partie méridionale du lac de
Michigan , mais du côté de l'eft ; les Ouyatanons fonc
plus à l'oueft , vers Chicagou. Cette nation paroît avoir
la même origine que les Illinois. Voyez. Illinois.
MIANA, petite ville de Perfe, fur la route ordi-
naire de Tauris à Ispahan, par Zangan, Sultanie ôc
autres lieux. Elle eft fituée dans un teircin marécageux
& dans un endroit où l'on paye un droit pour la garde
des chemins. C'eft le lieu où mourut le célèbre The-
venot en revenant d'Ispahan. Il avoir ramafié plufieurs
livres perfiens ôc arabes ; mais le cadi de Miana retint
Jes meilleurs. Il y a dans cette ville un des plus beaux
caravanferas de la Perfe. A deux heures de Miana on
pafie une rivière fur un beau pont de pierres qu'on
laiffe ruiner, ôc dont les arcades font creufes par de-
dans. 11 eft bâti de briques ôc de pierres de taille , ôc
eft auffi long que le Pont- Neuf de Paris. Ce pont eft
presque au pied d'une haute montagne . appellée Ka-
plenton. Cha-Abas en fit paver tout le chemin, parce
que la terre y eft fi graffe, que dans le dégel , ou lors-
qu'il tomboit la moindre pluie , il éroit impoiîible que
les caravanes y puffent paffer. Il y a en Perfe une forte
de chameaux , qui , dans une terre grade où il vient
à pleuvoir , n'ont point de force pour fe tenir avec la
groffe charge qu'ils ont fur le dos ; ils s'écarrelent ôc
s'ouvrent le ventre. Avant que le chemin fût pavé, il
failoit étendre des tapis dans les pas les plus glifians oà
Tom. IV, M m ij
MIA
q.j6
ces chameaux dévoient pafler , & il faut recourir en-
core à ce remède en quelques endroits où le pavé eft;
rompu. * Tavernier , Voyage de Pêne, 1. i. c. 6.
MIAOMIN , fonerelk de la Chine , dans la pro-
vince de Queicheu , au déparrement de Xecien , cin-
quième métropole de la province. Elle eft de neuf de-
grés cinquante-trois minutes plus occidentale que Pé-
king. fous les vingt-fept degrés cinquante huit minutes
de latitude. * Atlas Sinenfis.
M1ARY, rivière du Brefil. Voyez. Maragnan.
M1AS , viilage de Syrie , pour lequel il y eut dis-
pute entre les Juifs & les habitans de Philadelphie. Voyez.
Mya & Zia.
MIASENA , ville de l'Arménie. L'itinéraire d'An-
tonin la place fur la route de Sarala à Samofate, le long
du rivage , entre Melitenes & Lacotcna , à douze mil-
les de la première , & à vingt-huit milles de la fé-
conde. Quelques manufcrjts hfent Mej&na pour Mia-
fena.
i. MIATBIR, petite ville d'Afrique, dans la pro-
vince de Hea, au royaume de Maroc. Elle eft fituée
en un lieu avantageux & escarpé , où y a plufieurs ha-
bitations creufées dans le roc. Nunno Fernaudez , gou-
verneur de Safi , ayant envoyé Loppe Barriga pour l'at-
taquer , il y fut battu par quantité de naturels du pays
& d'Arabes, fournis aux chérifs qui s'y éroknt retirés.
Peu de tems après, le même Fernandez lui ordonna
de nouveau de s'en emparer ; ainfi Barriga partit avec
quelques alliés qui étoien: dans Safi, & 13c gendar-
mes Chrétiens. On lui donna encore 100 tireurs à
pieds Portugais, Se 800 chevaux arabes de Garbie ,
quatre cens foldats & quelques naturels du pays. Tou-
tes ces troupes étant arrivées près de Miatbir , il s'y
campa à deffein de l'attaquer dès le foir ; mais dans le
tems qu'il conféroit avec les fiens fur les moyens de
s'en rendre maître , les fentinelles entendirent un grand
bruit de gens qui fuyoient du haut en bas de la mon-
tagne , ce qui l'ubl-gea d'aller reconnoïtre ce que c'é-
toit avec les gendarmes Chrétiens. C'étoicnt des fu-
jets duchérif, qui vendent compofer avec ceux d'Ya-
haja. Il les combattit , & les ayant pourfuivis plus de
trois lieues jusqu'à Alquel , il fur environné & faic
prifonnier par ceux qui fortirent en gros de cette der-
nière ville. Ce fut ainfi qu'avorta l'entreprife qui avoit
été formée contre Miatbir. * Marmol , Dcfc. du royau-
me de Maroc , 1. 3. c. j.
2. MIATBIR, montagne du grand Arias, où l'on
voit encore fur la cime les ruines de quelques grands
bâtimens , qui femblent avoir été faits par ies Romains ,
& tour auprès un puits fort profond. Elle eft de la
province de Cuzt, au royaume de Fez. Le bas peu-
ple de Fez y va chercher des tréfors , & descend dans
ce puits avec des cordes , tenant des lanternes bien bou-
chées. Il y a divers étages où l'on pafie de l'un à 1 au-
tre , & au dernier on voit une grande place creufée
dans le roc à coups de pics , & fermée tour à l'emour
d'un gros mur qui a quatre entrées fort baffes. Cha-
cune va fe rendre à des petites places où font quel-
ques puits d'«au vive. Comme ce creux contient une
infinité de tours & de détours, plufieurs y font morts
de froid , outre qu'il accourt autour d'eux une fi grande
multitude de chauves fouris , que la chandelle s'en
éteint -, en forte qu'il? ne fauroient plus retrouver l'en»
droit par lequel ils font entrés. Un de ces chercheurs
de tréfors s'y étant égaré un jour , alla tant d'un
lieu à un autre qu'il rencontra un animal , qui appa-
remment avoit fes petits dans cet endroit ; il le fui-
vit pas à pas jusqu'à une fente de 'rocher qui donnoit
dans un bois fort épais au pied de cette montagne.
Cette ouverture ayant été découverte, tant de perfon-
ncs y accoururent pour y creufer, qu'à force d'y faire
des foffes, tout fe remplit d'eau 5 ce qui a fait donner
à cette montagne le nom de Mïat-bir , qui fignifie
cent puits. On n'y trouve aucune habitation. * Mar-
mol , Defc. du royaume de Fez , 1. 4. c. 123.
MIAYGIMAA , port du Japon , dans l'ifle Tanuxi-
maa, adjacente à l'ifle de Ximo. Ce fut là que Ferdi-
nand Mendez Pinto , avec deux autres Portugais , abor-
da la même année 1 542 , que trois autres Portugais pri-
rent terre à Cangoxima , capitale de Saxuma. Finto
MIC
au refte eft le fei.l qui ait parlé de ce voyage , & on
ne voit même dans aucun hiftorien du Japon, ni dans
aucune carte le nom de Miaygimaa , ni celui de Ta-
nuximaa , à moins que cette ifle ne foit la même que
Tacaxima, qui dépend du royaume de Firando. * Le
pere de Charlevoix , Hift. du Japon, 1. 1.
MIBJE , peuples de la Libye , dont Silius Italicus ,
/. 3. v. 16c). fait mention-, mais tout le monde con-
vient qu'il y avoit faute en cet endroit , & les derniè-
res éditions , au lieu de Miba , lifent Nabx.
M1BIARCENSIS , fiége épiscopal d'Afrique , dans la
Byzacene. Parmi les évêques qui fouferivirent à la let-
tre adreffée à l'empereur Conftantin , on trouve Joan-
nes Mibiarcenfts. * Hardouin , vol. 3. p. 739.
MICA, bourg d'Afie , dans la Géorgie, au pied du
mont Alburz , félon Petis de la Croix , Hijloire de Ti-
mur-Bec , I. 3. c. &\.
M1CALEO ou Micaleo-Streto, détroit de l'Ar-
chipel , entre l'ifle de Samos & l'Anatolie. 11 a iffue au
nord dans le golfe d Ephéfe , & au midi dans celui
de Samos. * De l'ifle , Atlas.
MICAL1DGE, prairie de la Natolie , au voifinage
de la ville de Broufïà ou Prufie. 11 y a aufli un bourg
de même nom dans cette prairie. * Petis de la Croix ,
Hift. de Timur-Bec , 1. $. c. ji.
M1CAWA , province & royaume du Japon , qui a
le Voari à l'oueft , le Sinano au nord , le Tootomi à
l'eft , & la mer du Japon au fud. Kœmpfer s'eft trom-
pé en écrivant Miravoa. Ce fut le premier domaine
de Gixafu , qui ufurpa dans la fuite l'empire fur le fils
de l'empereur Taycofama, & dont la poftérité étoit
encore fur le trône à la fin du dernier fiécle. * Le
pere de Charlevoix , Hiftoire du Japon, liv. 1. Voyez.
Japon.
MICELjE , peuples dont fait mention Ortelius , The-
faur. qui cite le vers fuivant , comme étant du fixié-
111c livre de la phariale de Lucain , où je l'ai cherché
inutilement; Voici le vers en queition.
Hic & odorato fpirantes crine Micelœ.
MICENAS. Voyez. Apesantus.
MICERI ANUS, fiége épiscopal, dont il eft parlé dans
la première décrétale du pape Félix , Difi. 1.
MICHA ou Punta m Micha , petit cap delà Dal-
matie. Il avance dans le golfe de Venife à l'oppofite
de la ville de Zara , & il fert à former un des côtés
du port de cette dernière ville. Le pere Coronelli , carte
dit comté de Zara , écrit Mie 1 au lieu de Micha.
M1CHA-CONDIBILIS, peuples fauvages dans l'A-
mérique feptennionale ,au nord des Lacs. Ces peuples
font alliés des François.
MICHAELIUM.F^'^Sosthenium & Esti^.
MICHA ELSTE1N, riche monaitere d'Allemagne,dans
le duché de Brunfwich Lunebourg, au comté de Blan-
ckenbourg, dans la forêt d'Hartzvfald. Un folitaiie, nom-
mé Volcmar, qui avoit bâti ia cellule & fon oiatoire
pies de cet endroit , a donné lieu à la fondation de cette
opulente maifon. La fainteté de cet hermite & des pre-
miers compagnons qui fe joignirent à lui , engagea l'impé-
ratrice Mathilde , femme de Henri , furnommé l'Oife-
leur , à leur faire bâtir une belle églife dédiée a faint
Michel , & à donner quelques biens au couvent qui s'é-
toit formé dans cette folitude. L'empereur Othon I. fils
de cette impératrice , en ajouta de nouveaux , comme
on le voit par un diplôme de l'année 956; mais dans
la fuite, ces moines ne fe trouvant pas aflez en fureté
dans ce premier endroit contre les infultes des voleurs
qui infeftoient ces quartiers, quittèrent cette première
demeure , & fuivant le comèil ik 1 ailiftance que leur
donnèrent Rodolphe , éveque d'Halberftar, Bcarrix,
abbeffe de Quedlinbourg & Burchard , comte de B^acken-
bourg & de Rcinftein ,fe bâtirent un nouveau monaitere
& une nouvelle églife au lieu qu'on nommoitalorsE verhod-
derode, entre Blanckenbourg &c Heirnbourg,& le nom-
mèrent Michaellkin. Ce nouveau monaitere qui fut com-
mencé en 1 152 , renfermoit un grand nombre de bâti-
mens, & étoit environne d'une très-forte muraille ; mais
les guerres ont ruiné ces édifices. On voit encore dans
ce lieu le tombeau de Bcatrix IX , abbeffe de Qucdlin-
MIC
MIC
bourg, fîllede Frédéric Barberoufle , laquelle, après avoir
régi pendant vingt- trois ans fou abo.iye de Quedlin-
bourg, voulut que fon corps fût transporté 6c enfe-
veli dans la nouvelle églife de Michaellkin , qu'elle
avoit en grande partie fondée a Ces dépens. Cette eglife
qui étoit magnifique, autant qu'on le peut juger par
un frontispice qui en relte, a été ruinée en ijzj , pen-
dant la gutne des Payfans; de forte que les moines fu-
rent obligés de transformer en églife ce lieu qui leur
fervoît de chapirre , 6c qui avoit une voûte fort exhaus-
sée. Les comtes de Blanckeubjurg 6c de Rheinltein
ont en differens tems avantagé ce monaftere de divers
biens confidérables. Auiïï fut-il en état d'acheter le
comté deWiiiningen avec toutes fes dépendances, lors-
que la maifon des comtes de ce nom s'éteignit. On a
un catalogue des abbés de cette maifon, que Brofe-
nius nous a transmis dans fon livre intitulé CalleEtanea
ou recueil. Ce Brofenius en fut lui-même fait abbé
en 1644, & mourut en 1646. 11 y a parmi ces abbés
plufieurs comtes de Reinllein, 6c quelques princes de
la maifon de Brunswick-Lunebourg. * Zeyler , Topog.
duc. Brunsw. & Luneb.
1. MICH AILLE , montagne de France, dans le
Bugey. Elle s'étend du feptentrion au midi occiden-
tal , le long du Mandement de Nantua. Voyez, l'article
fuivant.
i. M1CHAILLE , petit pays de France, appelle
communément le Mandement ou le Territoire de
Michaille. 11 s'étend en longueur du midi au fep-
tentrion-, à l'orient du Mandement de Nantua ; au mi-
di , il eft borné par le Mandement de Seifiel. Ce pays
elt fort montagneux , & néanmoins fort abondant.
Le principal lieu du Mandement de Michaille eft Cha-
ftillon.
MICHALOW, petit pays de la Prufle Polonoife,
au département de Culm, fur les confins de la Polo-
gne. * De l'ifle, Atlas.
MICHAS. Voyez. Maacha.
MICHE, ville de la Chine, dans la province de
Xenfi , au département de Iengan , huitième métropole
de la province. Elle elt de fept degrés quarante- une
minutes plus occidentale quePoking, fous les trente-
huit degrés quarante minutes de latitude. * Atlas Si-
ne n/t s.
MICHELAU, petite ville de Siléfie , dans la prin-
cipauté de Brieg. Elle ne jouit du nom 6c des privi-
lèges de ville, que depuis la concelïion que lui en fir
en 1 6 15 , le duc Jean Chrétien de Lignitz 6c de Brieg.
* Zeyler, Topogr. Silefise.
MICHELFELD, abbaye d'hommes , ordre de faint
Benoît , dans la Balle Bavière , fur les frontières de la
Franconie.
MICHELSTATT ou Michlenstatt , petite ville
d'Allemagne, au cercle de Franconie, fur la rivière de
Mulbiug , dans le comté d'Erpach , entre la ville d'Er-
pach & celle de Furfienau. On voit dans les origines
de Freherus qu'anciennement le pays aux environs de
cette ville s'appelloit Plumgau -, que la rivière fe nom»
moit Mimiling, & la ville Michilunftatt. Il y a dans
c." lieu une belle églife, dans laquelle les comtes d'Er-
pach , qui fui vent la confelfion d'Augf bourg, ont leur fé-
pulture. * Zeyler, Topogr. Franconia?.
MICHIGAN , lac de l'Amérique feptentrionale, dans
la nouvelle France , que la plupart des géographes nom-
ment mal-à propos le lac des Illinois, peut être parce
que la première fois que les François ont connu ces
Sauvages, ceux-ci y avoient traverfé le Michigan; mais
ils n'ont jamais été établis fur fes boids. Ce lac s'é-
tend du nord au fud , depuis les 49 deg. 30 min. de
latit. nord, jusqu'aux 41 deg. 45 min. Sa largeur moyen-
ne elt de trente trois ou trente-quatre lieues; fon cir-
cuit de trois cens lieues , 6c fa figure presque ovale.
Dans fa partie feptentricnale il n'eft féparé du lac fu-
périeur que par un ilthme allez étroit; dans fa partie
occidentale il reçoit les eaux de la baie des Puants-, à
l'orient plufieurs rivières , dont quelques-unes font fort
grandes. Les principales font la Marquette, faint Ni-
colas, la Blanche, la Mafligon. la grande rivière qui
Vaut bien la Seine , & la rivière Noire. L'embouchure
de ces rivières dans le lac eft allez étroite , mais à une
2,7 y
OU deux portées de fufit au -demis, elles forment ...es
lies de deux , trois ou quatre lieues de en cuit , ce qu'on
ne fauroit guère attribuer qu'aux courans 6c aux vents
du large , lesquels jettent a la côte quantité de fables,
qui ont forme comme une espèce de digue à ces ri-
vières. Au fud-eii le lac de Michigan reçoit les eaux
de la rivière de S. Jofcph qui vient de fort loin , 6c qui
arrofe un fort beau pays. Enfin , dans la partie du fud,
du côté de l'ouelt , elle reçoit la petite rivière de Chi-
cagou , qui ne vient pas de fort loin , 6c dont la fource
n'eft pas éloignée de la rivière des Illinois.
MICHILLIMAK1NAC , que quelques-uns difenc
Mijfîllimakjnac , mais mal , elt une ifle aflez petite , à
1 extrémité feptentrionale du lac Huron, dans la nou-
velle France , 6c presque vis-à-vis l'entrée du canal ,
par lequel ce lac reçoit les eaux du lac Michigan. Cette
ifle , qui peut avoir trois milles de circuit» & qui fe
voit de douze lieues , en a deux autres au fud , dont
l'une fe nomme l'ifle Ronde , 6c eft fort petite ; 6c l'au-
tre beaucoup plus longue que les deux autres , s'appelle
l'ifle du Bois-Blanc, Toutes trois fonr déferres , 6c celle
de Michillimakinac eft la moins boifee des trois. La
tradition du pays elt , qu'une nation fauvage qui por-
toit ce nom , y a été autrefois établie , 6c lui a donné
fon nom, qui s 'elt étendu à tout le pays d'alentour,
c'elt-à-dire , toutes les côtes qui font la féparation des
lacs fupéricurs, Huron 6c Michigan. Aujourd'hui il
ne refte pas un feul de ces anciens Michillimakinacs ,
autrefois fort nombreux , & dont on a compté , dit-on,
trente bourgades aux environs de l'ifle. Les premiers
Millionnaires du Canada en ont encore vu quelques-
uns. Les Sauvages difent que Michabou , qui elt leur
dieu des eaux, naquit dans l'ifle de Michillimakinac,
6c tout ce canton lui elt fpécialement confacré. La fi-
tuation entre trois lacs , dont le moindre a trois cens
lieues de circuit , fans compter la grande baie des Puants ,
qui s'y décharge, eft peut-être le feul fondement de ces
traditions; d'ailleurs il n'eft peut-être pas tin feul en-
droit au monde où on pêche plus de bons poiffons,
on vante fur-tout l'Ai rikamec , ou le poiflbn blanc,
qui fans autre fauffe que de l'eau & du fel , eft , di-
fent tous les François qui en ont goûté , le meilleur
de tous les poiffons. On y pêche aufli quantité de trui-
tes d'une groffeur prodigieufe.
Presque tout le terrein, tant de l'ifle de Michilli-
makinac , que du continent, elt ttérile. L'ifle fur-tout
n'eit guère qu'un rocher , fur lequel il y a fort peu
de terre , deforte que ce lieu n'eft un des plus fréquen-
tés du Canada , que par l'avantage de fa fituation ,
qui de tout tems l'a rendu l'abord de presque toutes
les nan'ons fauvages du Canada. Avec une barque ou
pourroit parcourir de-là trois des plus grands lacs de
l'Amérique. 11 n'a pourtant guère commencé à être fré-
quenté par les François, que quand les Outaouaïs 6c
les Hurons y eurent cherché un af\le contre les Iro-
quois. Les relies de ces deux nations s'y étant établis ,
6c presque routes les autres , avec qui les François
étoient en commerce, trouvant ce lieu commode pour
trafiquer avec les uns 6c les autres , on y bâtit un fort ,
& les Jéfuites qui avoient une affez belle mifllon au
Sault fainte Marie, dans le canal par où le lac fupé-
rieur fe décharge dans le lac Huron , la transportèrent
à Michillimakinac, qui devint le centre de toutes les
affaires des Sauvages avec les François , 6c de toutes les
mifiions éloignées de Québec : mais depuis l'année 1705 ,
que les Hurons & une partie des Outaouaïs ont paffé
au détroit , le commerce de Michillimakinac elt fort
diminué , il n'y relte plus qu'un affez petit village
d'Outaouaïs , qui ne donnent pas beaucoup d'exercice
aux Millionnaires , lesquels y demeurenr plutôt pour
le fervice du fort , où il y a un commandant, quel-
ques foldats , 6c un petit nombre d'autres François ,
que dans l'efpérance de faire des profelytes parmi un
peuple Sauvage, auquel on n'a jamais pu faire goûter
la religion Chrétienne. Le détroit de Michillimakinac
elt par les 49 degrés $0 minutes de laàtude nord. Les
courans y fonr extrêmement forts , changent fouvenr ,
fe croifent en plufieurs endroits , & fur-tout dans le
canal par lequel on entre dans le lac Michigan.
MICHIN1PICPOETS ( Les ) , c'elt -à-dire , hommes
278
MID
MID
de pierre du grand lac : ce font des peuples fauvages
de l'Amérique feptentrionale , qui vonc faire la traite
au fort Nelfon , 8c qui en demeurent néanmoins à
trois cens lieues. Cette nation habite nord & fud. *
La Potherie , Hi.ï. de l'Amérique feptent. p. 176.
i. MICHIP1COTON , ance du lac fupérieur , dans
la nouvelle Fiance. Cette ance eit formée à l'extrémité
feptentrionale du lac , dans l'endroit où fe décharge la
rivière qui perte le même nom.
2. M1CHIPICOTON ou Michipikoton , rivière
de l'Amérique , feptentrionale dans la nouvelle France.
Cette rivière tombe dans le lac fupérieur : dans fon
cours on rencontre plufieurs catarades. On peut com-
muniquer par cette rivière de la baie d'Hudfon au lac ,
en faifant un port.ige de fept lieues de la rivière des
Machakandibi à celle-ci.
MICHOE. Voyez, Trcglodytice.
MICIACUM ou Mitiacum , nom latin d'une ab-
baye de France, au diocèfe d'Orléans , à deux lieues de
cette ville vers le couchant fur le Loiret. Cette abbaje
qui fe nomme aujourd'hui Micy , ou faint Mesmin , fut
bâtie vers la fin du règne de Cluvis par faint Euspice
& faint Maximin , fon neveu , de qui elle a piii fon
nom. Elle appartient maintenant aux Feuiilans. Flic
avoit été réformée par Théodulphe, évêque d'Orléans,
du tems de Louis le Débonnaire , êc mile fous la régie
de faint Benoît. Saint Euspice , en fut le premier abbé
l'an 508. Saint Maximin ou faint Mesmin le fécond;
faint Avy , le troifiéme l'an 520. Plufieurs néanmoins
regardent faint Maximin comme le premier, 8c faint
Avy comme le fécond. Le corps de faint Mesmin y
■fut tranfporté d'Orléans par l'évêque Jonas , après l'an
8; 6. Cette abbaye au beaucoup de Saints religieux
dans les commencemens : entre autres on remarque un
fécond faint Avy ou Avit, abbé au Duncis ; faint Lié,
Latus; faint Cales, Carileffus ; faint Théodémir , qui
fut le quatrième abbé de Micy, ou le troifiéme après
faint Avy; faint Douchait ou Dulcart; faint Viatre ou
Viator; faint Léonard oa Lienart; faint Conftantien ;
faint Frambourg; faint Eufice. * B aille t , Topogr. des
Saints, p. 309.
MICILE ou Mesile , félon quelques-uns, ville an-
cienne d'Afrique, dans la province de Bugie, royaume
deTrémecen, Elle eft fur la frontière de la Numidie,
6c fermée de bonnes murailles , qui font un ouvrage
des Romains. Autrefois elle était riche ëc fplendide ,
mais elle fut ruinée par les Arabes, lorsqu'ils entrèrent
dans l'Afrique. Depuis ce rems là , elle s'elt repeuj lie
de gens pauvres 8c fans cène tourmentés des Arabes de
la campagne , qui leur enlèvent leurs bleds 8c leurs
rroupeaux , ce qui les fait vivre miférablement. Les
Turcs en font à préfent les maîtres. Salharaës y fit
conuruire une fortereffe où il y a quelque cavalerie en
garnifon, pour tenir le pays en fureté. Cette ville, que
borde la montagne de la Abez, e/ï à dix lieues deMi-
goma. Hascen bâcha la donna au feigneur de la Abez
avec trois pièces d'artillerie, que Salharaës y avoit
laiffées , quand il vint de la journée de Ticour. Has-
cen fit mener enfuite ce canon à la fortereffe de Ca-
laa , où il eit encore. Ces pinces font à quinze lieues
l'une de l'autre. * Marmol, Defcripr. du royaume de
Trémecen ,1. 5 . c. j 1 .
MICMAS , ou Porte-Croix , peuples de l'Amérique
feptentrionale , dans la Gaspéfie. Us habitent fur les
bords de la rivière Miramichi , depuis nommée rivicie
de Sainte-Croix. Le père le Clerc, récollet, prétend fur
le rapport de quelques anciens de ces peuples , qu'ils
ont depuis long-tems la Croix en grande vénération ,
que même ils la portoient autrefois dans leurs voya-
ges , &c. Le père Lafiteau le contredit.
MICO , fortereffe de la Chine , dans la province
de Xenfi. Elle eft de fept degrés fix minutes plus oc-
cidentale que Péking, fous les 39 deg. 40 min. de la-
titude. * Atlas Sinenjîs.
MICONI. Voyez, Mycone.
MICTIS ou Mictf.ris. Voyez. Cassiteride-s.
M1DACUM, ville de l'Arménie, à ce que croit
■Ortelius, Thefaur. qui cite Curopalare.
M1D/E FONS. Voyez. Marsyas.
MIDA1UM , en grec wfkiovi 8c M;<T«W, ville de la
grande Phrygie, félon Ptolomée , /. 5. c. 2. qui la
place entte DoryUum 8c Tricomia. Lion Caflius , /.
49. p. 403. Etienne le géographe 8c Pline , /. 5. c. 22.
en font mention. Cette ville a été épiscopale , comme
il paroit par le concile de Chalcedoine , tenu l'an 431 ,
où on voit la foufeription d'Epipbamuf Midé. * Har-
douin , voL 2. p. 63.
M1DANON , fiége épiscopal de Syrie : la notice
du patriarchat de Jerufalem le met fous l'archevêché
de Boftra.
MIDAVA. Voyez, Medaba.
1. MIDDELBOURG, ville des Pays Bas , capitale
de l'ifle de Walcheren , & même de toute la province
de Zélande ( a ). Son nom lui a été donné à caufede
fa fituation dans les terres ; car elle eit placée presque
au milieu de l'ifle. Quelques-uns , au lieu de Miadel-
burgum , ont voulu l'appelier Meteltobitrgnm , de Me-
tellusjhommeconfulaire parmi les Romains (/) ; origine,
fans fondement ; d'autres veulent que Middelbourg ait
été fondée par un certain Mattio , du nom duquel les
Zélandois fuient appelles Mattiaci ; mais fi l'opinion
précédente eit incertaine, celle-ci eit abfolumem fatifie;
les Mattiaci n'ayant rien de commun avec les Zélan-
dois. Voyez, au mot Mattiaques. 11 eft plus vrai de dire
que Middelbourg fut bâti l'an 11 32, par un des fei-
gneurs de Bonelle. Elle eft fituée au milieu de celles
de Were 8c de Fleffingue , la première du côté du
nord oriental, 8c la féconde au midi occidenral. (a)
Aiting, Not. Getm. infer. part. 2. p. 127. {£) Blww ,
Theatr. Urbium.
La ville de Middelbourg a deux ports , l'un eft an-
cien; mais étroit, deforre qu'il n'e/t guère fréquenté
aujourd'hui : l'autre , creufé nouvellement , eft large 8c
profond , 8c reçoit des vaiffeaux de quatre cens ton-
neaux , qui abordent chargés au milieu de la ville , où
le canal qui communique à la mer fe divife dès fon
entrée , 8c forme fes deux ports. La ville eft bien bâ-
tie. Ses fortifications font bonnes. Il n'en faut pas d'au-
tre preuve que les divers fiéges qu'elles ont foûtenus.
Il y a auffi de belles places 8c de beaux édifices pu-
blics, entre lesquels tient le premier rang !a magni-
fie] ue 8c célèbre abbaye de famt Nicolas ■. de l'ordre de
rrémontré , fondée en premier lieu par Ccdebald ,
\ingt quatrième évêque dUtrccht, 8c enfuie dotée
8c augmentée confidérablemcnt par Guiilaume , roi
des Romains , comte de Hollande & de Zc'.ande,
qui , à ce qu'on dit , y fut enterré avec la reine Ifa-
belle , fa femme. Il y avoit dans cette abba-. e une nche
bibliothèque, & elle jouitToit de revenus immenfes 8c
de tiès-giands privilèges : labbé aveit la première
place dans les états de la province. Aujourdhui
ce grand édifice , qui reffemble à une petite vilie , eft
le lieu où i'afiemblent les états de la province: on y a
aulli mis la chambre des comptes , ce le de l'amirauté,
8c l'hôtel de la monnoie. La maifon de ville , eit aulîi
un édifice confidérable , orné de ftatucs 8c d'emblè-
mes. Sa tour d'horloge eit dans une grande place où
aboiuillenr plufieurs rues longues, droites 8c larges;
8c l'on prétend que l'horloge a coûté cent cinquante
mille florins.
Cette ville , comme le refte de l'ifle , avoit toujours
été du diocèfed'Utrecht; mais en 1559 , le pape Paul
IV. à la prière de Philippe II. y érigea un fiége épis-
copal, dans l'églife de faint Pierre, 8c le fournit a la
nouvelle métropole d'Utreeht. Le premier évêque de
cette églife fut Nicolas de C<.\ftro , ou du Châreau,
qui étoit de Louvain , 8c qui fit publier dans cere ville
le concile de Trente : mais après fa mort, l'armée des
Etats ayant bloqué la ville, le capiraine Mondragon ,
qui en étoit gouverneur , après qu'on y eut mangé
ju->qu'aux chiens , aux chars 8c aux rats , fut contraint
de rendre la place au mois de Février i)"74. Les Re-
formés y abolirent le culte de la religion Catholique,
c\ 1 cvêché fut fupprimé. * Longuerue, Defcript. de la
France , pair. 2. p. 24.
Le gouvernement politique & civil de Middelbourg
eft entre les mains de deux bourguemeftres , d'onze
échevins 8c de douze confeillers. Les bourguemeftres
préfident dans le confeil ou fénar qui règle les affaires
politiques, concernant la ville 8c la province, & au
MID
MID
tribunal ou à l'afiemblée des échevins, qui décident
les caufes civiles 8c criminelles, foit à la pourfuite du
bailli de h ville , dans les caufes des bourgeois , foit à
la pourfuite du bailli de l'occident de l'Escaut , dans
les affaires qui regardent les habitans de rifle, qui font
tous fournis à ce tribunal. Dans cette affemblée des
échevins, il y a deux fecréraires qui exercent alterna-
tivement l'office de fyndic. Ils doivent être tous deux
gradués , 8c leur fonction elt de faire rédiger les actes ,
de donner leur avis dans les affaires épineufes. Il y a
encore plufieurs collèges ; favoir , celui qui elt pro-
pofé pour veiller fur les pupilles , 8c qui confiite en
quatre perfonnes notables 8c un fecrétaire. Le tribu-
nal de la campagne eft compofé de trois échevins, 8c
d'un greffier ; ce tribunal connoît en première inltance
des différens qui concernent les fonds de la campa-
gne , 8c l'appel elt porté devant les bourguemeftres 8c
échevins. Le collège appelle les états de Walcheren ,
eft chargé de veiller à l'entretien des digues, de la
confervation desquelles dépend le falut de rifle ; il a
auffi l'infpedion des chemins publics 8c celle des ri-
vières. Les membres de ce dernier collège font choifis,
l'un dans le corps de la noblefle , un autre dans la
ville de Middelboutg , un troifîéme dans la ville de
Fleffingue , un quarriéme dans celle de Weie ; 8c on
en joint deux auttes pris entre les perfonnes qui pofl'é-
dent des biens - fonds dans l'ifle. * BLw , Thcatrum
Urbium.
2. MIDDELBOURG en Flandre, bourg des Pays-
Bas , dans la Flandre Flamande , à une lieue d'Ardem-
bourg. On le nomme ainfi pour le dillinguer de la
ville de Middelbourg, capitale de laZélande.
Ce n'étoit d'abord qu'un hameau dépendant du vil-
lage de Hegle, & fut donné par Gui, comte de Flan-
dre , à l'abbaye de Prémontré de Middelbourg en Zé-
lande , dont il a pris 8c confervé le nom qu'il porte
encore aujourd'hui. L'abbé ayant obtenu la permiffion
d'aliéner ce terrein , il fut vendu en 1446, à Pierre
Blandelie , tréforier de l'ordre de la Toifon d'Or ,
qui en fit un boutg ou une petite ville , qu'il entoura
de murailles 8c de foffés. De la famille de Blandelie ,
cette feigneurie a pafle en diverfes autres maifons , jus-
qu'à ce qu'elle eft enfin tombée dans celle d'Ifen-
ghien.
En 1488 , les habitans de Bruges , qui s'étoient révol-
tés contre l'empereur Maximilien , fe rendirent maî-
tres de Middelbourg , 8c en détruifirent les murailles.
Cette ville fouffrit encore beaucoup durant les trou-
bles des Pays-Bas , 8c fut occupée tantôt par les Es-
pagnols , tantôt par les troupes de la République ;
mais les deux parties convinrent enfin en 1621 , après
l'expiration de la trêve, qu'elle refteroit neutre. Depuis
ce tems , Middelbourg a toujours été une place ou-
verte , 8c fujette aux contributions de part 8c d'au-
tre , jusqu'à ce que , par le rraité de Munfter , une
partie du territoire fût cédé à la République ; mais la
plus grande partie avec la ville relta au roi d'Espa-
gne. La guerre étant furvenue en 1702 , entre la Fran-
ce & les Etats Généraux , les troupes de ces derniers
s'emparèrent de ce lieu & le fortifièrent ; mais les
François s'en rendirent maîtres peu de tems après , 8c
furent enfuite obligés de l'abandonner.
Le prince d'Ifenghien pofféde aujourd'hui ce comté
comme un fief mouvant, partie du Franc de Bruges, 8c
partie de celui de l'Eclufe. Il y a un tribunal compofé
d'un bailli, d'un bourguemeftre 6c de huit échevins,
avec un fecréraire , tous établis par le comte , & tous
Catholiques Romains, excepté deux échevins Réfor-
més , pour le tetritoire & leurs Hautes -Puiflances. Ce
tribunal exerce haute , moyenne 8c bafle-juftice , 8c il
n'y a point d'appel de fes fentences dans les caufes
criminelles ; mais dans les civiles , on en appelle au
Franc de Bruges , ou à celui de l'Eclufe refpe&ive-
menr. Quoique ces magiftrats puiflent faire punir eux-
mêmes leurs criminels , ils ont néanmoim la liberté
de les envoyer ou au Franc de Bruges , ou à celui de
l'Eclufe , fuivant le territoire d'où dépendent les cri-
minels ; 8c ces deux collèges font obligés d'en faire
faire juftice à leurs propres frais 8c dépens.
L'églife de Middelbourg étoit autrefois une collé-
279
giale , dont le chapitre tut fondé en 1470, par un des
feigneurs de la famille de Blandelie. Elle eft aujour-
d'hui deffervie par un curé, qui dépend Je Févêque
de Bruges. Les Réformés y font en fort petit 1, ombre;
ils vont à l'églife d'Eede , qui n'en eft pas éloignée. Il
y avoit ci-devant un monaltere de religieufes de fainte
Claire , 8c un autre d'Holpitalieres ; mais ces deux
couvens 8c le chapitre ont été abolis à l'occafion des
guerres.
Le comté de Middelbourg comprend les territoi-
res de Leenskens 8c de Soerendaal , avec une partie des
paroiffes de Heyle, de faim Baaffe, de Notre-Dame 8c de
fainte Croix.
3. MIDDELBOURG, ifle des Indes , entre la côte
orientale du royaume de Maduré , 8c la côre occiden-
tale de l'ifle de Ceylan , ou plus précifément , entre
l'ifle de Leyden du côté du nord oriental, & l'ifle de
Delfc du côté du midi occidental. * Reland , Carre de
l'ifle de Ceylan.
4. MIDDELBOURG, ifle de la mer du Sud , à
deux cens quatre degrés ou environ de longitude ,
fous !c 21 d?grés jo minutes de latitude méridionale.
Elle fe trouve fur la route que fit Abel Tasman en
1642. *De l'ifle, Atlas..
M1DDELENGLI. Bede donne ce nom aux peu-
ples de l'Angleterre qui habitent dans les terres. * Or-
tclii Thefaur.
1. M1DDELFART, ou Middelfahrsund. On a
donné ce nom à l'endroit le plus étroit du bras de mer
qui fépare l'ifle de Fionie du Jutland \ 8c ce nom vienc
de celui de la petite ville de Middelfart, où on s'eme
barque pour traverfer de la côte occidentale delà
Fionie dans le Jutland. * Hermanid. Delcript. Da-
nia: , p. 702.
2. MIDDELFART , MIDDELFAR , ou Middel-
furt , pe;ite ville du royaume de Danemarck , fur la
côte occidentale de l'ifle de Fionie , 8c d'où l'on pafle
de cette ifle a Kolding, ville du Jutland feptentrio»
nal. Elle elt fituée fur le détroit auquel elle donne
fon nom.
MIDDLEHAM, ou Midlam , bourg d'Angleterre,
dans le Yorkshire , fur la rivière d'Youre. 11 s'y tient
un marché. * De l'ifle , Atlas.
MïDDLESEX , province médkerranée d'Angleterre ,
dans le diocèfe de Londres. Elle a quatre - vingt - un
milles de tour, 8c contient environ 247000 arpens,
8c plus de 1 00000 maifons , en y comprenant les villes
de Londres 8c de Wcfiminfter. Ce n'eft qu'une petite
province , mais agréable 8c fertile . 8c la capitale pro-
vince de l'état. La Tamife qui l'arrofe , 8c qui la
fépare de la province de Surrey , eft fa principale ri-
vière. Le fumier de Londres contribue beaucoup à fa
fertilité, 8c à y faire mûrir les fruits plutôt qu'ailleurs.
Ses villes & bourgs où l'on tient marché, font,
Londres la capitale.
Weftminfter, Scanes, Enfield ,
Brentford, Uxbridge, Edgeworth.
* Etat préfent de la Grande Bretagne, t. 1. p. 86.
MIDDLETHIRD, baronie d'Irlande, dans la pro-
vince de Munfter. Elle eft au midi de Cashel , Se une
des quatorze du comté de Tipperari. * Etat préfent
de la Grande Bretagne , t. 3.
MIDDELVICH , bourg d'Angleterre , dans le Ches-
hire , à l'orient de la ville de Chefter. Il s'y tient un
marché. * Etat préfent de la Grande Bretagne , t. 1.
p. 127.
1. MIDE4> en gtec M/A* , ville de Bœotie, félon
Strabon , /. 1. p. 59. qui dit qu'elle fut fubmergée par
les eaux du lac Copaïs. Etienne le géogtaphe die qu'on
Fappelloit anciennement Perfepolis.
2. MIDEA , en grec UiÏU , ville de l'Argie. Sera-'
bon, /. 8. p. 573. dit qu'elle étoit déferte de fon
tems.
MIDE^ TUMULI, lieu du Péloponnèfe, félon Xé-
nophon , /. 7. p. 619. qui ajoute qu'Archidamus y
campa. Ils étoient auprès de la ville Midea. Voyez, ce
mor , num. I.
M1DELLI , petite ville de l'Afie , dans la Natolie.
a8o
MIE
MIE
Elle écoit autrefois épiscopale, ôc ert nommée Me-
damm dans la notice d'Hicrocles , ôc Meâaeum dans
la notice de Léon le Sage. L'un & l'autre la range fous
la Phrygie falutaire. Thévec prétend qu'elle exifte en-
core dans la province de Germian , fur le Zangari, en-
tre Peflin & Chioutaye. * Onelii Thef.
MIDHURST, bourg d'Angleterre , dans la province
de Suflex. Il a droit d'envoyer fes députés au parle-
ment. * Et.it préfent de la Grande Bretagne, T. I.
MIDICENSIS , fiége épiscopal d'Afrique, dans la
Byzacenc , félon la conférence de Cannage , où on voit
Marais MiAltenfis , évêque Donatifte. * Hardouin ,
vol. i. p. 1099.
M1DILA , ou Midla, ville d'Afrique, dans la Nu-
midie. Jader à Midila, confefleur & martyr, aflifta au
concile de Carthage tenu fous faint Cyprien. Dans la
conférence de Carthage , num. 193. Julianus elt quali-
fié tpïscopus Midilenfis , ôc la notice des évêchés d'A-
frique nomme Florentianus episcopus Midilenfis , num.
41. * Du Pin, Coll. Carth. num. 329.
MID1TANUS , ou Mididitanus, fiége épiscopal
d'Afrique, dans la Byzacene. La notice d'Afrique four-
nit Eubodius Mididitanus , ôc la conférence de Car-
thage Serenianus Miditanus.* Hardouin, v. I. f.109
M1DOE. Voyez. Troglodytice.
MIDOUZE, rivière de France, dans la Guienne.
Elle a fa fource dans le Bas- Armagnac, auprès d'A-
gnan , court en ferpcntant du fud-eft au nord-oueft ,
mouille Nogaro , Monguilem, Montagift de Mont de
Marfan , au-deiïbus duquel elle reçoit la Doute char-
gée de l'Eftampon , grofii de divers ruifleaux , l'Eftri-
gon, le Gelons, ôc lou-Bes , après quoi elle fe rend à
Tartas , ôc , à quelque diftance de cette ville , elle va
fc jetter dans l'Adour. * De l'IJle , Atlas.
MIDRUSAWA , ville du Japon , dans l'Ifle Nipon ,
ôc dans la province d'Oxu.
1. MIE, ville de la Chine, dans la province de
Honan , au département de Caifung , première mé-
tropole de la province. F,lle eft de quatre degrés qua-
tre minutes plus occidentale que Péking , fous les ri en-
te-cinq degrés vingt-fix minutes de latitude. * Atlas
iinen/ù.
2. MIE, lac de la Chine, dans la province de Kian-
gfi, au voifinage de la ville de Kiegan. On lui adonné
le nom de Mie , qui lignifie lac de miel , à caufe du
goût excellent qu'ont les poiffons qui s'y pèchent.
* Atlas Sine nfis.
MlECHAU, Mieschaux, ou Mieszava, ville de
Pologne, dans la Cujavie, fur la rive gauche de la
Viflule, à trois lieues au-deffous des Vros Lavek , ôc
à quatre lieues au-deflus de Thorn. Cette ville elt pe-
tite , mais fort agréable. Elle eft bâtie en partie de bois ,
Ôc en partie de brique. C'eft une dépendance des éco-
nomies du roi qui y fait payer un péage. La rive de
la Villule eft aifée dans cet endroit , quoiqu'elle ne
foit pas tout-à-fait unie. * Mém. du chev. de Beau-
jeu, 1. 2. c. 3.
MIEDZYRZECZ, Medirecium , place de la gran-
de Pologne , dans le Palatinat de Posnanie , fur les
frontières de la Nouvelle Marche de Brandebourg ,
entre l'Oder ôc la Warta, parmi des marais. Les Po-
méraniens s'étant rendus maîtres de cette place l'an
1094, y ajoutèrent de nouvelles fortifications. Les Po-
lonois , qui avoient intérêt de la reprendre , voulu-
rent les y forcer-, mais l'impoiFibilité d'ouvrir des tran-
chées dans un terrein fangeux , découragea le général
Sieciech , ôc l'armée fe feroit retirée , fi le jeune Bo-
leslas, âgé feulement de neuf ans, n'eût blâmé cette
réfolution , il fit baraquer l'armée , ô£ fortifia fon
camp , déterminé à attendre les rigueurs de la faifon
pour faire les approches du château. Cette détermina-
tion étonna les Poméraniens , ôc les força à fe rendre.
* Dlugofl, p. 331. Guagnin. t. 1. p. 79.
MÎEGE, dans la Franche-Comté, diocèfe de Befan-
çon, au bailliage de Salins-, c'eft où la rivière d'Air
prend fa fource. Il y a eu un ancien prieuré de l'ordre de
Cliini , du titre de faint Germain , évêque d'Auxerre ,
qui eft maintenant réuni au chapitre féculier de No-
zerav, qui en eft tout proche. On conferve dans la mê-
me églife, qui eft paroifie, & la mère églife de toutes
celles du Val de Miege , dans un bras d'argent , (c ra-
dius du bras droit de faint Germain, auquel tous les
peuples du voifinage ont une finguliere dévotion ; en
forte, que dans les tems de féchereffe cette telique
eft portée en proceflion jusqu'à Salins.
MIEL AN , petite ville de France, dans l'Armagnac,
au comté de Pardiac. C'eft une enclave de Rivière»
Verdun^
MIELNICK , petite ville de Pologne, fur le Bug,
dans la Podlaquie . ôc le chef-lieu d'un petit reuiioire
de même nom. Elle eft frtuée à trois lieues de Dro-
giczyn. Andr. Cellar. Defcripr. Poloniac, p. 603.
M1ELO, rivière de la Chine, dans la province de
Huquangi elle pafle dans la ville de Siangyn. Elle eft
célèbre pour avoir donné occafion à la fête que les
Chinois appellent la fête de Tiwmt. Cette fête lé cé-
lèbre le cinquième jour du cinquième mois , avec beau-
coup de folemnité ôc d'éclat dans tout l'empire de la
Chine. Elle a été établie en l'honneur d'un certain gou-
verneur de la province, en mémoire de ce que fc
voyant pourfuivi par des traîtres, il fe précipita dans
cette rivière. Originairement cette fête fe célébi oit "feu-
lement dans la province de Huquang. Peu à peu on eft
venu à la folemnifer dans tout l'empire. Les grandes
réjouiflances fe font fur l'eau ; on a des bateaux dorés
ôc ornés de différentes figures de dragon ; on fc livre
divers combats, & il y a des prix confidéiables pro-
pofés pour les vainqueurs. * Atlas Sinenfîs.
1. MIEN , fortereflé de la Chine , dans la province
d'Iunnan. Elle eft de dix-neuf degrés dix neuf minutes
plus occidentale que Péking , fous les vingt-trois de-
grés trois minutes de latitude. Anciennement le terri-
toire de cette province étoit de la dépendance des
terres de la Chine , quoiqu'il foit habité par un peu-
ple différent. Ce peuple fit dans la fuire la guerre
aux Chinois , ôc leur enleva cinq villes ; mais la fa-
mille de Juen les mit à la raifon , ôc les fournit entiè-
rement. Ce peuple demeure dans des villes , il élevé
des éléphims ôc des chevaux. Sa manière d'écrire eft
différente de celle des Chinois \ les plus riches écrivent
fur des feuilles d'or; d'autres fe fervent de papier ou
de feuilles d'Arec. Ce peuple n'eft pas blanc, la cou-
leur de fa peau tire forr fur le noir ; ôc il eft fort en-
clin à tromper. On conjecture que le royaume de
Mien s'étendoit jusques dans ces quartiers. Au refte la
fortereflé de Mien a été bâtie contre les irruptions des
habitans de ce royaume. Elle a fous fa dépendance fix
forterefles aflez près les unes des autres; favuir,
Mien, Santihiung, Mungyang,
Pape, Sochung, Mitien.
2. MIEN, ville de la Chine, dans la province de
Xcnfi , au département de Hanchung , troifiéme mé-
tropole de la province. Elle eft de dix degrés fix mi-
nutes plus occidentale que Péking , fous les trente-
quatre degrés quarante-cinq minutes de latitude.
3. MIEN, fortereflé de la Chine, dans la province
de Sochuen , au département de Chingtu , première
métropole de la province. Elle eft de douze degrés
cinq minutes plus occidentale que Péking , fous les
trente-un degrés quarante minutes de latitude.
MIENCHI , ville de la Chine , dans la province de
Honan , au département de Honan , fixiéme métropole
de la province. Elle eft de cinq degrés cinquante mi-
nutes plus occidentale que Péking, fous les tiente cinq
degrés quarante- huit minutes de latitude.
MIENCHO, ville de la Chine, dans la province
de Suchuen, au département de Chingtu, première
métropole de la province. Elle eft de douze degrés
cinquante cinq minutes plus occidentale que Péking,
fous les trente-un deg. treize min. de latit.
MIENKIANG , montagne de la Chine , dans la pro-
vince de Suchuen , au nord de Kiating , troifiéme cité
de la province. La rivière de Kiang, qui ferpente
beaucoup dans tout fon cours, descend de cette mon-
tagne en droite ligne.
MIENP1NG , montagne de la Chine , dans la pro-
vince de Suchuen , à l'orient de la ville de Paoning,
Cette montagne eft fertile ; on y voit de beaux arbres
cV des terres labourées. * Atlas Sinenfîs.
MIENYANG ,
MIE
MIG
2,8 Jt
MIENYANG, fortereffede la Chine, dans la pro-
vince de Huquang , au département de Chingticn ,
quatorzième métropole de la province. Elle eft.de qua-
tre degrés cinquante-fix minutes plus occidentale que
Péking , fous les trente degrés quarante minutes de
latitude.
MIEPHERKIN. Baudrand , Dicl. éd. 170;. en parle
ainfi : Ville d'Afie , dans l'Arménie , fur les frontières
du Diarbekir. Il fe trompe, il devoit dire du Diarbek ,
qui eft le nom de la province voifine : Diarbekir n'eft
qu'un adjectif formé de ce mot-là. Baudrand ajoute
qu'il en eft fait mention dans quelques auteurs mo-
dernes. Il lui auroit auffi peu coûté d'en nommer un.
De rifle , Atlas , nomme cette ville Majapare-
quin , 8c la place à la fource du Tigre , au nord de
Diarbekir.
MIER , lieu de France , dans le Quercy , élection
de Figeac. On y trouve des eaux minérales, dont la
vertu eft fort recommandable pour la gravelle. Elles
font extrêmement diurétiques ; 8c elles ont cela de fin-
gullcr , qu'elles n'offenfent jamais la poitrine , 8c qu'on
les transporte fans diminution de leur qualité.
i.MIES, ou Mysa, ville de Bohême, fur les fron-
tières du Haut-Palatinat , près de Volckftein. Selon
Boreck, auteur de la chronique de Bohême, elle a
été bâtie par le duc Sobieflas, vers l'an 1131 , 8c ap-
pellée Mufe , du nom de la petite rivière qui paffe par
cet endroit. Lorsqu'on remua la terre pour jetter les
fondemens de fes murs, on trouva une mine d'argent,
ce qui lui a fait auffi donner le nom de Strzibro , qui ,
en langue bohémienne, fignifie ce précieux métal. Les
archives de cette ville 6c plufieurs autres anciens mo-
numens périrent en 1/58 , par le feu du ciel qui con-
fuma la maifon de ville, 8c quelques autres édifices.
* Zeyler , Top. Bohem.
1. MIES, rivière de la Bohême, dans le Haut-Pala-
tinat. Elle a fa fource à l'orient feptentrionale de Lu-
ctenberg : elle coule , en ferpentant , de l'occident à l'o-
rient , baigne les villes de Mies 8c de Pilfen , dont elle
traverfe le cercle ; elle fe rend enfuite à Bern-Beraun ,
& enfin elle va fe jetter dans le Muldau , un peu au-
deffus de Prague. * Jaillot , Carte de Bohême.
MIESTETS , petite ville de Bohême , dont il eft fait
mention dans les guerres des Huffites. Ziska , marchant
contre les feigneurs Bohémiens, qui renoient le parti
de l'empereur Sigismond, la brûla en 1423. * Zeyler ,
Top. Bohem.
MlEU , fottereffe de la Chine , dans la province de
Suchuen , au département de Chingtu , première mé-
tropole de la province. Elle eft de treize degrés qua-
rante-deux minutes plus occidentale que Péking, fous
les trente-un degrés quarante minutes de latitude. *
Atlas Sinenfîs.
MIEULA , ville d'Afrique , dans l'Arabie , fur la
route de la Mecque à Suez. C'eft une ville à peu près
de la même grandeur qu'Yambo , avec un château de
peu de défenfe. * Foncet , Voyage d'Ethiopie.
MIEYUN , ville de la Chine , dans la province de
Péking , au départemenr de Xuntien , première mé-
tropole de la province. Elle eft de o degrés 28 minu-
tes plus orientale que Péking , fous les 40 deg. j min.
de latitude.
MIEZA , ville de la Macédoine , félon Pline , /. 4.
c. 10. Etienne le géographe dit qu'on la nommoit auffi
Strymonium. Le père Hardouin dit que c'eft l'endroit
où Ariftote donnoit fes leçons ; mais dans ce cas , Mieza
ne feroit pas une ville, mais le parc de la ville de
Stagire. Plutarque , in Alexanâro , fur le témoignage
de qui s'appuie le père Hardouin , dit que Philippe
ayant ruiné & détruit la ville de Stagire , qui étoit la
patrie d'Ariftote, la rebâtit pour l'amour de lui, y ré-
tablir les habitans qui s'en étoient enfuis , ou qui
avoient été réduits en fervitude , 8c leur donna pour
le lieu de leurs études 8c de leurs affemblées , un beau
parc au fauxbourg de Stagire, appelle Mieza. Il ajoute
que de fon tems on y montroit encore des fiéges de
pierre qu'Ariftore fit faire, & de grandes allées cou-
vertes d'arbres pour fe promener à l'ombre. Ptolomée ,
/• 3. (. 13. au lieu de Mieza, écrit Mycza , 8c place
cette ville dans l'Emathie , entre Scydra 8c Cyrius.
MIGANA, ville d'Afrique, dans la province de
Bugie , au royaume de Trémecen. Elle eft à quatre
lieue! de la montagne de La-Abez , & paroît avoir
été bâtie par les Romains. Ses murailles font antiques ,
& elle a plufieurs fontaines. Ptolomée en fait men-
tion fous le nom de Lare , 8c lui donne dix-fept de-
grés trente minutes de longitude , & trente degrés
quarante minutes de latitude. Quand les fucceffeurs de
Mahomet vinrenr en Afrique, ils ruinèrent cette ville
à caufe qu'elle s'étoit défendue contre eux avec une
garnifon Romaine. Ceux qui la repeuplèrent enfuite ,
furent comme leurs vaflaux, 8c payèrent plufieurs fois
tribut aux feigneurs de ces montagnes. Depuis que les
Turcs fe font rendus maîtres du royaume de Tréme-
cen , elle a été extrêmement tourmentée de leurs cour-
fes 8c de celles des Arabes 8c des habitans de La-Abez.
Enfin l'an 1559, Hascen bâcha, après la défaite des
Espagnols à l'Âzagran, fit conftruire un fon par les
prifonniers , 8c il y laiffa quelques foldats pour la
garde de la place & des habitans contre les courfes du
feigneur de La-Abez , alors fort puiffant. Ce prince
étant venu attaquer ce fort, le fit démolir, 8c enleva
cinq pièces de campagne que les Turcs y avoienr lais-
fées , & qu'ils avoient prifes fur les Espagnols. La con-
trée des environs n'eft qu'une plaine qui rapporte beau-
coup de bled ; mais qui eft expofée aux courfes des
puiffans Arabes, nommés Vledfuleyman. * Marmol ,
Defc. du royaume de Trémecen, 1. 5. c. J2.
MIGDO. Voyez Magedo.
MIGDOL. Voyez Magdoios.
MIGDONIA. Voyez Bithynie.
MIGE , ou Migev, paroiffe du diocèfe d'Auxerre,
firuée à trois lieues ou environ de la ville épiscopale
vers le midi , proche Coulange-la-Vineufe , dans un
vallon entouré de vignes, dont le vin eft très-délicar.
L'églife paroiffiale eft du ritre de faint Romain , mar-
tyr de Rome du 9 Août. Les piliers de cette églife
font faits en manière de colomnes torfes. La préfen-
tation à ce bénéfice fut accordée au douzième fiécle,
à l'abbeffe de faint Julien d'Auxerre , par l'évêque Hu-
gues de Montaigu.
MIGEMONT, abbaye de France, en Auvergne,
Elle eft de l'ordre de Cîteaux , & ne rapporte à l'abbé
que quinze cens livres. Cette abbaye s'appelle Kege-
mont. Voyez ce mot.
MIGENNES , ancien village du diocèfe de Sens ,
peu éloigné du rivage droit de la rivière d'Ionne,à
4 lieues au-deffous d'Auxerre , à i ou environ de Joi-
gny , 8c à 8 de Sens. Cette terre eft nommée en la-
tin Mitiganna dans le titre de la fondation de l'ab-
baye de faint Julien-lès - Auxerre , par faint Pallade,
éveque, l'an 634. Ce prélat y dit que le roi Dago-
bert lui avoit donné Mitiganna in territorio Senento ,
8c qu'il en fait préfent à ce nouveau monaftere de filles.
C'eft mal-à-propos que dans la diplomatique où ce titre
eft rapporté , p. 46*5 , on a mis en marge Migra na ,
comme fi Mitiganna vouloit dire Migraine , qui eft un
excellent coteau de vignes, tout proche la ville d'Au-
xerre , appartenant aux évêques de la même ville.
En l'an 1042 , Geoffroy , comte de Joigny , confirma la
chartre par laquelle Geoffroy , fon père , s'étoit défifté des
entreprifes qu'il avoit faites fur la terre de Migennes.
L'abbeffe Agnès eur, vers 1170, un grand différent
avec Raenard , comte de Joigny , fur la juftice des dé-
pendances de ce lieu, 8c il renonça enfin à fes droits ;
& même étant malade à Crespy . il donna au mona-
ftere le four de Migennes. L'églife de ce lieu eft fous
l'invocation de faint Pancrace , martyr. La cure eft à la
préfentation de l'abbeffe de faint Julien d'Auxerre. On
ne fait pas bien quel fut l'archevêque qui en fit don
à cette églife \ mais on trouve que dès l'an 1324, Ifa-
beau de Sancerre , abbeffe , préfenta un fujet à Guil-
laume , archevêque de Sens. Migennes eft un pays de
labourages \ il y a des vignes , un étang , des prairies.
L'abbaye de faint Julien a une portion de bois dans la
foret d'Othe , qui n'en eft pas éloignée.
MIGETTE , abbaye de France , dans la Franche-
Comté , diocèfe de Befançon , au bailliage de Salins ,
entre les montagnes de Montmahou & de fainre An-
ne. Elle doit fa fondation à Marguerite , fille de FIu-
Tom. IV. Nn
2,8a
MIG
MIL
nés IV, duc de Bourgogne, & veuve de Jean de
Challon, baron d'Arlay ; non qu'elle l'aie exécutée el-
le-même , mais elle l'avoic projettéé , Si Hugues de
Challon , fon fils , l'a mife en exécution. Ce font des
religieules de fainte Claire, qu'on appelle autrement
Urbaniftes ; mais elles fe qualifient de chanoinefiés.
ies fondateurs voulurent qu'on n'y reçût que des de-
moifelles : auffi toutes les abbeffes ont été de maifon
noble. L'on y fait des preuves de noble/Te comme dans
d'autres monafteres de la Franche-Comté. La vie com-
mune n'y fubfifte plus depuis long-rems. Le provincial
des Mineurs conventuels, leur fupérieur, ayant fait des
réglemens , par lesquels elles crurent qu'il avoir entre-
pris fur leur temporel , l'abbeffe en appella comme
d'abus, & le roi donna en 1730, un règlement qui
fe trouve à la fin des preuves de l'hiftoire des Sequa-
nois de l'année 173 j. La fondatrice 'Marguerite étant
morte à Forcalquier en 1309, fon corps fut apporté
douze années après à Migette. Jean , fils naturel de
Jean de Challon , premier prince d'Orange , y fonda
une chapelle, où il eft inhumé avec fa femme, Se y
donna plufieurs fonds par fon teftament de l'an 1399'
On croit à Migette , que planche , fille de Philippe
le Long , roi de France , Se de Jeanne , comrefle de
Bourgogne , en a été la première abbeffe , quoiqu'il
foit sûr que cette princeffe eft morte à Long-Champ
proche Paris, où elle étoit religieufe en 1348. Les
premières abbeffes connues font Guillauma de Chal-
lon, dite d'Abbans, en 1 345 j Guiocte de Bougailles ,
■en 1394; Alix de Salins, en 1399 ; Jeanne deLon-
geville , en 1409 ; Pernette de Vercel , en 1437; Per-
nette de Pierre Fontaine , en 14405 Jeanne d'Ufier ,
en 1469 ; Antoinette de Poupet , en 1491 , Sec. * L'ab-
hé Lebœuf.
MIGICHIHILINIOUS ( Les ) , peuples fauvages de
l'Amérique feptentrionale , qui vont rous les ans foire
la traite au fort Nelfon , fur la côte de la baie d'Hud-
fon. Ils demeurent à deux cens lieues du fort dans les
terres. Le mot Migichihilimous lignifie Sauvages qui
ont des yeux d'aigles. * La Potherie , Hift. de l'Amé-
rique fept. p. 176.
MIGIRPA. Voyez, Migirpensis.
MIGIRPENSIS , fiége épiscopal d'Afrique, dans la
province Proconfulaire. Félix primus à Migirpâ , fou-
ferivit au concile de Carthage tenu fous faint Cyprien.
La conférence de Carthage nomme Viclor epiicopus
flebis Migirpenfîs ; Se dans la notice épiscopale d'A-
frique , Paschafius eft qualifié tpiscopus Migirpenfîs.
* Dupin , Notis in Coll. Carthag.
MIGLIASKA , rivière de la Bosnie. Elle coule du
fudeft au nord-oueft , & après avoir baigné Bosna-
Serai , elle fe jette dans la Bosna à la droite de cette
rivière. Au lieu de Migliaska , de rifle , Atlas , écrit
Migiiataska.
1. MIGNÉ, bourg de France , dans le Poitou,
élection de Poitiers , au nord occidental de cette ville.
Ce bourg eft fitué fur la rivière d'Ozance, qui fe
jette dans le Clain. * Jaillot , Carte du Poitou.
2. MIGNÉ, bourg de France, dans le Berri, éle-
ction de Blanc.
MIGNE , ou Minho , comme les Portugais le nom-
ment , Se en latin Miriws. C'eft un fleuve d'Espagne :
àl a fa fource dans la Galice, près d'un bourg nom-
mé Caflro del Rei, un peu au midi de Mendonego.
11 court du nord-eft au fud-oueft , tout au contraire
de i'Ebte ; il traverfe le royaume de Galice , où il
mouille Ldgo , Orenfe Se Tuy , après quoi il va fe
décharger dans l'Océan Athlantique aux confins, du
Portugal, auquel il fert de borne de ce côté-là. Ce
fleuve tire fon nom du Minium, ou vermillon , qui fe
Trouve en abondance dans fon voifinage. Il eft fécond
en alofes, en lamproies, en faumons & en truites
•communes Se faumonées \ on y pêche auffi des étur-
geons d'une groffeur extraordinaire. * Délices d'Espa-
gne, t. 1. p. 28.
MIGNONE, rivière d'Italie, dans le Patrimoine
«le faint Pierre. Elle a fa fource au voifinage du lac
de Bracciano , du côté du nord oueft. Elle coule du
nord-eft au fud-oueft , Se va fe jetter dans la mer de
Toscane, à quelques milles de Gvita-Vecchia , en ti-
rant au nord occidental. * Mag'xn , Carre du Patri-
moine de faint Pierre.
MIGNORE (Val de), vallée d'Espagne, dans la
Galice. Elle fe rrouve dans cet espace de terre qui
eft entre le ivligne & la rivière de Vigo. C'eft un
endroit fort agréable Se extrêmement fertile. * Déli-
tes d'Espagne , t. 1. p. 132.
MIGNY, prieuré de France, dans le Berri , élection
d'Iffoudun.
MIGO, bourgade d'Afrique, dans la Marmarique.
Ptolomée , /. 4. t. 5. la place entre Dioscoron Se Sa-
ragina.
MIGONIUM , contrée de la Laconie , félon Pau-
fànias , /. 3. c. 22.
MIGRA , petite ville du Japon , au royaume d'A-
rima , dans lifte de Ximo , qui fut toute convertie
à la foi Chrétienne , par le zèle Se la fermeté du
roi.
MIGRE, bourg de France , dans la Saintonge, éle-
ction de faint Jean d'Angely.
M1GUELTURRA, bourg d'Espagne, aux frontières
de l'Eftramadoure & de la Manche , au voifinage d'un
autre bourg , nommé El Convento de Calatrava. Il eft
fitué dans une plaine extrêmement fertile en bled , en
vin Se en huile. On y nourrit une fort grande quan-
tité de troupeaux. * Délices d'Eipagne , tom. 2. pag.
360.
MIHDIMON , nom d'une caverne ou grotte , dans
l'Arcadie , dans la conrrée de Numée , félon Germani-
cus Céfar fur Aratus. * Ortelii Thef.
MIHER^. Voyez, Zin.
MUOSIMA , ou Akino Mijosima, petite ifle du
Japon , dépendante du royaume d'Agi , un de ceux
de la grande ifle Nipon , Se fur le canal qui fépare
cette ifle de celle de Xicoès. Elle eft renommée par
une espèce de daims familiers qu'on ne trouve point
ailleurs.
i.MILÀ, rivière de Sicile. Voyez Myia.
2. MILA , ville d'Afrique, au royaume de Tunis ,
dans la province Conftantine. Elle eft environnée de
hautes murailles à l'antique , & fituée à quatre lieues
de la ville qui porte le nom de Conftantine. Il y avoit
autrefois plus de trois nulle maifons, Se les habitans
éteient fort riches, parce que le pays eft beau , Si
abonde en bled , en troupeaux , en fruits , Se fur-tout
en pommes , d'où il femble qu'elle ait pris le nom de
Mêla qu'on lui donne quelquefois Ce fut Halifa ,
calife de Carvan , qui la ruina. Quoiqu'elle fe foit ré-
tablie depuis , elle a été fi maltraitée des feigneurs de
Conftantine , qu'il n'eft pas demeuré mille habitans
dans la contrée. La plupart font faifeurs de faie à la
moresque Se de tapis de Turquie. Il y a auffi des la-
boureurs , gens extrêmement brutaux , quoiqu'ils fe pi-
quent de valeur. Ils ont tué quelquefois les gouver-
neurs qu'on leur envoyoir. La ville eft préfentement
aux Turcs, qui font devenus maîtres du pays. * Mur-
mol, Defcr. du royaume de Tunis, 1. 6. c. 9.
MILAGRO , bourg d'Espagne, dans la Navarre,
vers le confluent de l'Aragon Se de l'Agra. Il eft fi-
tué fur une hauteur avec un château. * Délices d'Es-
pagne , t. 4 p. 681 .
MILAN , ville d'Italie , capitale , archevêché Se
univerfité. Les Gaulois lui avoient donné le nom de
Mcdiolaninm, félon Léandre , cité par le pereBrier,
tiré de deux mots celtiques, Medel Se Land , c'eft-à-
dirc , terre de la Vierge , parce que Pallas étoit ho-
norée dans cette ville , d'où lui eft auffi venu le nom
de nouvelle Athènes.
C'eft une très- grande Se rtcs-belle ville i fa fituation
entre l'Adda Se le Téfin , d'où l'on a tiré deux ca-
naux , la rendent très marchande. On y travaille fort
bien en galons , en broderies d'or Se d'argent , & en
cryftal. Cette ville a fouvent été affligée de la pefte. '
Elle fut rafée en 11 62, par l'empereur Frédéric I, dit
B.uberoufie, qui y femadu fel. On lui donne dix milles
de circuit, c'eft à-dire , environ deux lieues ,& l'on
affure qu'il y a près de trois cens mille habitans.
On admire dans cette ville une quantité prodigieufe
d'églifes Se de palais. Il y a jusqu'à onze chapitres ou
églifes collégiales, fokame Si onze paroiffes, trente-
MIL
MIL
fix monafteres de filles, trente couvens d'hommes .
huit maifons de chanoines réguliers, trente deux col-
lèges, fix vingt écoles pour les enfans, 6c dix hô-
pitaux.
L'églife métropolitaine tient à jufte titre le premier
rang parmi les édifices facrés. On la qualifie la hui-
tième merveille du monde ; elle elt dedice à la faiine
Vierge, 6c on l'appelle communément le Dôme. Cet
cdifice eft au centre de la ville. Les fondemens en fu-
rent jettes le 1 3 de Juin 1586 , par Jean Galeas Vis-
conti , premier duc de Milan. Il y avoit auparavant
dans ïe même lieu une églife , appellée l'aime Marie
Majeure. C'elt un ouvrage prodigieux , qui a environ
cinq cens pieds de long 6c deux cens de large, Quel-
ques-uns prétendent que cette égliie eft moins grande
que faint Pierre de Rome d'un fixiéme ; mais qu'il y
«l infiniment davantage de tiavail. 11 n'y a que quel-
ques parties qui ibient tout-à-fait achevées. On y tra-
vaille néanmoins depuis trois cens ans. Il y a dans
l'églife une infeription en lettres d'or fur un maibre,
& qui porte qu'un certain Jean Carconus , Milanois ,
laiffa en mourant la fomme de deux cens trente mille
écus d'or , pour travailler à la façade de cette églife.
On a reçu depuis des fommes confidérables ; cepen-
dant la façade n'eft pas à demi-faite. Quelques-uns ont
jugé que l'embarras où l'on le trouve pour la conftru-
ction de cette façade , pourroit être ce qui a arrêté.
La raifon de l'uniformité demande que l'ouvrage foit
gothique comme tout le relie : & la raifon du bon
goût voudroit une autre architecture. Quant au dedans
de l'églife, il elt tellement fali de poufliere 6c de la
fumée des lampes, que ni le marbre , ni les ouvrages,
foit d'argent, foit de cuivre , ne paroiffent pas avec le
moindre avantage. Ce vafte bâtiment eft tout de mar-
tre , hotmis le toit , qui auroit été de la même ma-
tière , fi le poids ne l'avoit rendu peu propie pour
cette partie du bâtiment. Le dehors de l'églife paroît
beaucoup plus blanc , & beaucoup plus neuf que le
dedans , parce qu'il eft fouvent lavé par les pluies: il
faut pourtant en excepter le côté du feptentrion , vers
lequel le vent du nord porte de la poufliere qui s'y
attache. Cette profufion de maibre n'a rien de furpre-
nant que pour les étrangers , parce que le pays en eft
tout plein ■■, ces fortes de pierres font néanmoins fort
chères , car elles coûtent beaucoup à travailler. On dit
ordinairement qu'il y a onze mille fiatucsà l'entour de
l'églife ; maison y compte les ftatues hiftoriques, 6c
diverfes petites figures qui font l'équipage des grandes.
Il y en a quantité qui font plus grandes que le natu-
rel. Elles font toutes de maibre , & la plupart bien
«aillées. La plus eftimée. de toutes 6c qui vaut fon pe-
fant d'or , c'eil un faint Banhelemi , avec la peau pen-
dante fur les épaules , comme fi on venoit de l'ecor-
cher. On y voit ce vers furie piedeftal, pour marquer
Je cas qu'on fait de l'ouvrage.
Non me Praxitclcs , fed Marcus fînxit Agraù.
Quelque grand que foit le nombre de ces flatues , on
allure qu'il en relie encore plus de fepe mille a placer ,
pour répondre au defiein de l'ouvrage \ il y en a même
qui dilént que ces flatues ne font dcllinées que pour la
façade. Le chœur ell lambriflé 6c enrichi d une belle
fculpture qui repréfente les pallions fi admirablement ,
qu'on ne voit rien de cette force travaillé en bois. Les
hiltoires de l'évangile y font repréfentées de même en
foixante cadres. A l'entrée du chœur ell une petite
chapelle fouterreine , dédiée à S. Charles Borromée. Le
corps de ce faint y repofe dans une grande chafie de crys-
îal de roche , d'un prix ineftimable , & placée fur l'au-
tel. Il eft vêtu d'habits pontificaux. L'argenterie 6c les
autres chofes qu'on a données à cette chapelle, font d'un
très-grand prix : quelques fervices , deftinés pour cet au-
tel , font de pur or : d'autres font enrichis de pierreries ,
de d'autres fi délicatement travaillés, que la matière eft
furpaffée par l'adreffe de l'ouvrier.
Avant que S. Charles Borromée eut confacré cette
églife , le pape Martin V, avoit béni l'autel le 16 Oclo-
bre 1548. Plus de cent mille étrangers s'eroient rendus à
Milan pour vpjr cette cérémonie , 6c la foule fut fi gran-
283
de , que quantité de perfonnes y furent étoufkcs. Lu
mémoire de cette bénédiction , on érigea une flatue à ce
pape , dans le chœur de la même éghlè ; mais on 1 a re-
préfente fans barbe , & avec Pair d'un jeune homme,
quoiqu'il tût cinquante ans, quand il avoit été élu. On y
voir aufli la ftatue de Pie IV. Derrière le chœur on voie
en deux tables de marbre le catalogue des reliques de l'é-
glife: on y remarque entre autres un bout de la verge
de Moyfe. On prétend cependant avoir cette vetge en-
tière à S. Jean de Latran. 11 s'en trouve un morceau à
Florence , 6c Baronius,api es Glaber,dit , qu'on en trouva
un autre à Sens en 1008. Le rabin Abarbanel , après
une longue difîertation & bien des rêveries fur cette ver-
ge , conclut que Moyfe l'emporta fur la montagne où iL
mourut , 6c qu'elle fut tnifç dans le tombeau de ce pro-
phète. Le cloud de la crucifixion , 6c dont on dit que
Conflantin fir faire un mort de bride,e!l une des reliques
de Milan , pour laquelle on a le plus de vénération. Les
uns croient que Théodofe le Grand le donna a S. Am-
broife , 6c les autres difent que ce faint 1 alla chercher
dans la boutique d'un certain Paolino , marchand de
ferrailles à Rome, où il avoit été averti en fonge qu'il
le trouveroit. Ce cloud, ou ce mort, eft atiaché a la
voûte au-deflus du grand autel , entre cinq Liminaiies
qui brûlent nuit & jour. Saint Charles le porta fplemnel-
lement en proceflion , pour faire cefier la pelle l'an
1576. Ce faint étoit pieds-nuds 6c avoir une grofle corde
au cou , quoiqu'il fût aufli revêtu de l'es ornemens ordi-
naires.
Le pavé de cette églife eft plus beau 6c plus folide qtle
celui de S. Pierre à Rome. Ce pavé n'eft pas encore fini :
il coûtera foixante-fix mille deux cens quatre-vingt dix
écus , fans y comprendre ceLïi du chœur qui a coûte
cinq mille deux cens cinquante écus. Les maçons tail-
lent la pierre , 6c les femmes coulent 6c filent , ou ven-
dent du fruit au milieu de l'églife , ce qui étant joint à fon
obscurité , 6c à ce que bien des chofes font encore im-
parfaites , fait que le dedans de l'églife n'a rien qui frappe,
ni qui réiouifiè beaucoup la vue.
Vis-à-vis de cette églife il y a une aflez grande place,
où on voit ordinairement fur le foir beaucoup de caroffes.
On a aufli un cours. C'ell une grande rue d'un faux-
bourg , qui n'eft point pavée , 6c qu'on arrofe tous les
jours ; ce qui fait qu'on 1 appelle Strada marina.
La bibliothèque Ambroilienne , fut ainii nommée par
Frédéric Borromée, cardinal 6c archevêque de Milan,
qui la fonda 6c ia dédia à S. Ambroife. Une petite de-
feription de cette bibliothèque imprimée à Tortone,porte
qu'elle eft compofée de douze mille manuferits , 6c de
foixante 6c douze mille volumes imprimés. Tout le
monde néanmoins ne convient pas fur le nombre. Ph.
Vannemachcro 6c Ch. Torre afiùrent que cette biblio-
thèque eft riche de quatorze mille manuferits , mais ils
ne marquent point le nombre des livres imprimés, que
quelques uns ne font monter qu'à quarante mille en tout.
Elle a été pourtant beaucoup augmentée par la biblio-
thèque de Vincent Pinelli R. Lafl. Cette bibliothèque
s'ouvre tous les matins pendant deux heures , 6c autant
l'après-midi. On y a du feu en hiver, 6c on y trouve
des lièges 6c des pupitres. Fabio Mangoni en fut l'archi-
tecte : elle contient plufieurs appartemens ; la grande fale
eft longue de 40 brafles ( 7; pieds ) & large de 16(30
pieds ). On n'a pu l'élargir à caufe des églifes & des mai-
fons voifincs. La veifion de jofephe par Ru fin eft un
des plus anciens manuferits de cette bibliothèque. On y
remarque un grand livre de deffeins de méchaniques ,
qu'on dit être de la main de Léonard de Vinci. Toute
l'écriture en ell à gauche, de manière qu'il faut un mi-
roir pour la lire. Oii a écrit fur la muraille qu'un roi
d'Angleterre , qui n'eft point nommé , a voulu donner
trois mille piftoles pour ce livre. Outre les livres 6c les
tableaux , on cbnferye diverfes collections de très-
belles médailles, avec des pièces raies de fculpture
& d'architeclure , tant antiques que moulées fur l'an-
tique.
Joignant la bibliothèque Ambroifienne , il y a une aca-
démie de peinture , où Fon voit quantité de beaux ta-
bleaux : entre autres une hilloire de Jesus-Christ lavant
les pieds de fes disciples , par Raphaël -, un tableau des
quatre élcmens^ du Brugle ; 6c un autre qui reprefentç
Xora. IVP N n ij
a
84
MIL
MIL
le pape Clément X 5 mais qui imite fi bien l'eftampe ,
qu'on y eft trompé.-.
La citadelle de xVlilan eft un exagone régulier , bien
revêru , bien muni de canons , avec de bons folïés Se
une bonne contrescarpe : mais il faudroit rafer les vieilles
murailles , les tours , les donjons Se toutes les autres
antiquailles de fortification que cette citadelle renfer-
me. , avec quantité de maifons. Si tout cela étoit net-
toyé , la place en vaudrait infiniment mieux. Son gou-
verneur eft indépendant de celui de Milan.
Le palais de l'archevêque eft magnifique ; relui du
gouverneur eft grand, mais il eft fi vieux, qu'il menace
ruine en quelques endroits. C'eft un défaut commun à
la plupart des maifons de Milan , qui , quoiqu'elle fur-
pafle presque toutes les villes d'Italie par l'étendue de (on
enceinte , Se par le nombre de fes habitans, le cède
pourtant à plufieurs pour la beauté des maifons. Il faut
en excepter néanmoins les édifices publics Se les églilcs ,
les hôtels du marquis Homodeo , du comte Arefe , de
la maifon de Marini.
Le féminaire cil un bâtiment qui fut fondé par S. Char-
les Borromée. Joiephe Mêla en fut l'architecte. Un dou-
ble portique long de 94 brafles ( 176 pieds 3 pouces ) Se
large de 9, ( 16 pieds 10 pouces & demi, ) régnent autour
de Ja grande cour carrée en dedans. Le premier ordre eft
dorique , Se le fécond ionique. Sur le grand portail on
voit d'un côte la piété ayant un foleil fur fon cœur , le
foleil étant le père de la lumière : De l'autre eft la fagefle
qui prépare de fécondes mammelles pour fes nourris-
fons. Le collège Helvétique de Bréva ; celui des Jéfui-
tés , la maifon de ville & le grand hôpital font de beaux
édifices. La grande cour de l'hôpital eft un carré de fix
vingt pas , Se les portiques intérieurs Se à double étage ,
font foûtenus de chaque côté , & à chaque étage de qua-
rante-deux colomnes d'une feule pièce chacune , Se
(d'une espèce de marbre des Alpes. Le corps du bâtiment
eft de briques , moulées & façonnées ai divers oinemens
d'architecture. L'ancien hôpital eft joint à celui-ci , Se
les deux n'en font qu'un. Le Lazaret en eft une dépen-
dance -, c'eft un hôpital pour les peftiférés à deux ou trois
cens pas de la ville. Le bâtiment en fut commencé l'an
1489 , par le duc Louis Sforce, dit le More , Se achevé
par Louis XII, l'an 1507. Le Bramante en fut l'archi-
tecte. Ce bâtiment eft compofé de quatre galeries join-
tes en carré , Se contenant chacune quatre-vingt-douze
chambres avec un portique , foûtenu de colomnes de
marbre , qui régnent tout autour en dedans. Chaque
chambre a vingt pieds de large , ou un peu moins. La
grande place du dedans eft un pré, arrofé de plufieurs
ruifleaux d'eaux vives* & au milieu du carré eft un au-
tel fous un dôme foûtenu de colomnes. Les pottes des
chambres font dispofées de telle manière , que les ma-
lades peuvent voir dire la méfie de leur lit.
L eglife , qu'on appelle aujourd'hui l'églife de S. Am-
broife , eft la même que celle dont ce faim refufa l'en-
trée à l'empereur Théodolê. On y voit des peintures
& des fculptures qui font du tems de la plus épaiffe igno-
rance. On y remarque un ferpent de Bronze, qui eft
fur une colomne de marbre. Donat Bolli croit que c'eft
une figure du ferpent d Escuîape. Morigi , Bcfozo , Se
quelques autres veulent que ce foit une copie du ferpent
que Moyfe éleva au défert. Il y en a qui fonpçonnent
que c'eft un mémorial de quelque événement extraordi-
naire. Quelques-uns même ofent débiter qu'il a été fon-
du des débris du ferpent de Moyfe. Enfin , le peuple ne
doute nullement que ce ne foit ce ferpent même. On
garde à S. Eufterge le tombeau où étoient les trois rois ,
avant qu'on les transportât à Cologne.
Les autres curiofités de Milan font les ouvrages d'acier
Se de cryftnl de roche. Le cryftal fe prend au voifinage
dans les Alpes. On eh ménagé les plus grands morceaux
pour faire des glaces de miroirs ; mais ces morceaux par-
viennent rarement à un pied en carré.
Les fauxbourgs de Milan ne font qu'un corps avec la
ville , depuis que Galeace , vicomte de Milan, les a fait
fermer de fortes murailles , de boulevards, de gros ba-
ftions Se de larges fôfles , où l'eau coule tout à lentour.
De tout tetns Milan a nourri de très-nobles familles,
qui ont fleuri jusqu'à Rome, Se a produit des favans,
cfent la réputation s'en: répandue dans toute 1 Europe!
Les maifons des Trivulces , des Medicis & des Sforces
font eks plus iiluftres de l'Italie. On voit à Milan leurs
palais. Entre les favans qui ont paru dans cette ville , on
compte Valère Maxime pour l'hiftoire ; Alciat , Decius
Se Jalon pour le droit romain * Cardan pour la philofo-
phie ; Paniguravola Se P. Arefe pour la prédication i
Bonacina pour le droit canon , Se O&aviusFerrariuspour
les belles lettres. Milan a donné de plus cinq papes à
l'églife , Alexandre II, Urbain III, Pie IV,Céleftin IV , Se
Grégoire XIV.
MILANEZ (Le), ou le duché de Milan , contrée
d'Italie, bornée au nord par les Suiffes & parle* pays
des Grifons ; à l'orient par la république de Venife , &
par les duchés de Panne Se de Mantoue ;au midi par le
mont Apennin Se par les terres de la république de Gè-
nes ; Se à l'occident par les états du duc de Savoie Se par
le Montferrat. Son étendue du feptentrion au midi peut
être d'environ quatre-vingt milles , & de foixante d'o-
rient en occident. On le divife en treize parties.
Le M ilanez propre ,
Le P a vêle,
Le Lodefan ,
Le Cremonèlè ,
Le Comasque ,
Le Comté d'Anghiera ,
Les vallées de Seflîa,
Le Novaièie,
Le Vigevanois ,
La Laun cline ,
L'Alexandrin ,
Le Tortonèfe.,
Le territoire de Bobio.
* La Forêt de Bourgon , géog, bifl. t. 2. p. 429.
Après que Chailemagne eut détruit les Lombards
en 774,1e M ilanez fit partie de l'empire, & les empe-
reurs y créèrent des gouverneurs qui devinrent dans la
fuite fort puiffans , Se prirent le titre de feigneurs de Mi-
lan : le premier fut Alboin , qui viveit dans le dixième
fiécle. Ses fucceffeurs nous font peu connus jusqu'à Thi-
bault Viscomti, qui fut tue par un feigneur delà famille
des Turiani , ennemie jurée de celle des Viscomti. C'eft
par Matthieu, fon fils.qui lui fucceda , Se qui eut le titre
de vicaire de l'empire en Lahe vers 1 an 1294, que Ion
commence la chronologie des feigneurs de Milan. Jean
Cléas.l'un de fes fuccefleurs.fut le premier duc en 1 395,
Se mourut en 1402. Ses deux fis, Jean-Marie Se Philip*
pe- Marie, qui gouvernèrent fuceem veinent cet étac
après lui , ne laifferent point d'enfam légitimes : de forte
qu'après la mort du dernier en j 447 , le duché de Mi-
lan fut l'objet de l'ambition de plufieurs princes, qui y
prérendoient ; de l'empereur Frideric IV ; des Vénitiens ;
d'Alphonfe , roi deNaples; de Louis, duc de Savoie;
Se de Charles , duc d'Orléans : celui-ci , comme fils de
VaLntine de Milan , fille du duc Jean Galéas. LesMi-
lanois tinrent bon quelque tems contre tous ces concur-
rens , dont quelques-uns en vinrent aux aimes ; mais
ayant tenté inutilement de confei ver leur liberté , ils fe
fournirent en 1468 , à François Sforce , foldat de fortu-
ne , mais né pour les grandes chofes. Il avoir époufé
une fille naturelle du dernier duc Philippe Marie. Louis
XII , roi de France , fils du duc d'Orléans , Se petit-fils
de Valentine, renouvella fes prétentions qui furent la
fourec des cruelles guerres, qui déchirèrent la Lombar-
die , jusqu'à la mort du duc François Sforce II , du
nom, qui arriva en 1 j 3 5. L'empereur Charles V
ayant faitefpérer à François I , fuccefieur de Louis XII,
qu'il donneroit l'inveftiture de ce duché à l'un des en-
fans de France , en inveftit Philippe II , roi d'Espagne ,
fon fils j & depuis ce tems le duché de Milan a tou-
jours appartenu à 1 Espagne , jusqu'à l'année 1706", que
l'empereur , aflifté de fes alliés, s'en empara au nom de
fon frère l'archiduc Charles , qui prétendoit à la cou-
ronne d'Espagne. Ce prince étant parvenu à l'empire ,
conferva le Milanez par la paix avec les deux couron-
nes ; Se il en étoit demeuré en poiTeflîon jusqu'à l'été
de 1733, lorsque s'étant mis à la tête d'une ligue faite
contre le roi Staniflas I , roi de Pologne, Se ayant don-
né fujet au roi de France, gendre de Staniflas, & au
roi d'Espagne, Philippe V, d'avoir du refleuri meir de
la conduite peu mefurée qu'il tenoit envers eux, ils*
unirent enfemble leurs griefs, lui déclarèrent l.i guer-
re , entrèrent à main armée en Pâlie , & conjointement
avec Charles-Emmanuel , roi de Sardaigne , prirent tout
le Milanez fans exception : cette conquête nç leur
MIL
MIL
aSj
«oûta que quelques mois. En vertu du traire de paix ,
conclu a Vienne le 18 Novembre 1758 , le roi de
Sardaigne en eft aujourd'hui le fouverain.
Le pays eft très-fertile en bled & en vins} le riz y
croit en abondance par le moyen d'une infinité de ca-
naux qu'on a tirés du Tefin , l'une de fes rivières : les
autres l'ont le Pô, l'Adda ôc la Scfîïa.
MILANEZ propre ( Le ) , petit pays d'Italie , dans
l'état de Milan , d'où il prend ton nom. Il eit fitué au
milieu entre le Comasque au nord , le Lodefan à l'orient,
le Pavèfe au midi, ôc le Novarèfc à l'oueft. Ses prin-
cipaux lieux font,
Milan, Marignano, Agnadel, Caflbn.
* La Forêt de Bourbon , gêogr. hift. X. 2. p. 429,
1. MILAZZO (a), ville' de Sicile, dans le Val
Dcmone, fut la côte feptentrionale de cette provin-
ce , ôc Air le rivage occidental du golfe auquel elle
donne fon nom. C eft le Mylx des anciens. Elle eft
fituée en partie fur un rocher , qui s'avance dans la
mer en forme de promontoire , ôc en partie le long
de la mer , de forte qu'il y a proprement haute ôc
baffe ville. Elle n'a ni murailles ni fortifications ( b ) ,
fi ce n'eft une tour baffe , qui peut défendre le port des
descentes des Corfaires. On trouve plufieurs belles
rues dans la baffe ville , ôc une grande* place ornée
d'une fontaine , dont le baffin & la taffe de deffus ,
que foûtiennent quelques figures de marbre , font la
plus grande beauté. La haute ville eft une place for-
te , fermée de murailles épaiffes , défendues de ba-
ttions ôc d'autres fortifications garnies de canons , qui
régnent de la hauteur le long d'un rocher, en descen-
dant jusqu'à la mer , ce qui la rend une des places de
Sicile les plus capables de réfifter aux attaques des en-
nemis. A lentrée de cette haute ville, eft le couvent
des Capucins , confidérable par fa firuation , qui lui
donne la vue fur le bord de la mer ôc fur les envi-
rons de la baffe ville. Cette dernière , où il y a quel-
que commerce , eft plus habitée que l'autre , où il y
a beaucoup de foldats en garnifon. (a) De ïljle ,
Atlas. ( b ) Corn. DicL.
2. MILAZZO ( Punta dî Milazzo) , cap de Sicile,
fur la côte feptentrionale du Val Demone. C'eft une
langue de terre, qui avance environ quatre milles dans
la mer , ôc forme d'un côté le rivage oriental du golfe
de Parti , ôc de l'autre côté le rivage occidental du
golfe de Milazzo. La ville de Milazzo eft fituée dans
la partie orientale de cette langue de terre , ôc à l'ex-
trémité méridionale. * De l'J/îc , Atlas.
3. MILAZZO, golfe, fur la côte feptentrionale de
la Sicile , dans le Val Demone , entre le cap de Mi-
, lazzo à l'occident , ôc le cap Raiiculino à l'orient. Six
petits ruiffeaux fe jettent dans ce golfe , fur la côte
duquel on voit la ville de Milazzo , qui lui donne fon
nom , ôc le fort de Diveto.
MILBERG , prononciation corrompue de Muhl-
berg. Voyez, ce mot, n° 1.
MILBURNPERT , bourg d'Angleterre , dans la
province de Sommerfet. Il a droit de tenir marché pu-
blic , ôc envoie fes députés au parlement. * Etat pré-
fent de la Grande Bretagne, t. 1.
MILCORUS , ville de Thrace , dans la Chalcidie ,
félon Etienne le géographe , qui cite Théopompe. Or-
telius , Thef, foupçonne que ce pourroit être la même
ville qu'Etienne le géographe appelle Miacorum dans
un aune endroit. En effet , il eft très-facile en grec ,
de prendre un A pour un A.
MILDEHAUSEN , bourgade de Suiffe : elle n'eft
connue que parce qu'elle a été la patrie d'Ulrich Zwin-
gle , fameux par 1a part qu'il eut aux disputes théolo-
giques du feiziéme fiécle.
MILDENHALL, bourg d'Angleterre, dans la pro-
vince de Suff-olck. On y tient marché public. Etat pré-
fent de la Grande Bretagne , t. 1 .
MILE , ville de la Chine , dans la province d'Iun-
nan , au département de Qnangsi , neuvième métro-
pole de la province. Elle eft de 1 3 degrés , 46 minu-
tes plus occidentale que Peking, fous les 24 degrés
12 minutes de latitude. * Atlas Sinenfis.
MILESIA, contrée dAfie, dans l'Ionie. Pline, L-,b.
ïi. c. 27. qui en fait mention , dit qu'on n y voyoit
des cigales qu'en peu d'endroits. Arifiote, hift. km-
mal. I. 8. c. 3 3. avoit fait cette remarque avant lui. Voyez.
Miletus.
1. MILESII, peuples de la Grèce Afiatique, dans
l'Ionie. Diodore de Sicile, /. u.c. 3. les appelle traî-
tres à leur patrie, parce qu'ils sé;oient attachés au
parti de Darius.
2. MILESII , peuples du Péloponnèfe. Diodore de
Sicile , lib. 14. dit que Denys leur donna la ville de
Meffana pour qu'ils l'habitaflcnt.
M1LESIORUM MURUS, lieu de l'Egypte , au voi-
finage de la féconde embouchure du Nil, félon Stra-
bon , /. 17. p. 8®i. Les Miléfiens , dit il , érant entrés
dans le Nil avec trente vaiffeaux par l'embouchure ,
nommée Bolbitique, y débarquèrent ôc conftruifirent
cet ouvrage qui demeura imparfait. Il place cet évé-
nement au tems de Ciaxare,roi des Médes.
MILESSE , bourg de France, dans le Maine , éleétion
du Mans. C'eft une chàtellenie.
MILETA. Voyez, Mieetum.
MILETIDA. Voyez. Tomi.
1. MILETOPOLIS, en grec MA»™™*/? , ville de
Myfie , entre Bithynie Ôc Gyfique , fur l'étang d'Arty-
nia , d'où fort le Rhyndacus. Pline , /. 5. c. 3 2. ôc Etien-
ne le géographe patient de cette ville. Sur une médaille
de l'empereur Commode, la première fyllabe du nom
grec de cette ville eft écrit par un u.
2. MILETOPOLIS, ville de Perfe, félon Etienne
le géographe.
3. MILETOPOLIS, ancien nom delà ville Borys-
thenis,dans la Sarmatie. Elle avoit été appellée de la
forte , parce que c'étoit une colonie de Miléfiens. * Cd-
iar. Gcogr. an t. 1. 2. c. <■>.
MILETUM , ville d'Italie, chez les Brutiens> au-
jourd'hui dans la Calabre Ultérieure , ôc dans les terres,
environ à cinq milles de Nicotera , vers l'orient fepten-
trional. Elle le nomme encore Mileto. Cette ville, autre-
fois fondée par les Miléfiens Afiaciqucs , devint épisco-
pale en 107; , fous la métropole de Rhegio. Elle eft
actuellement peu confidérable , ayant été fort endom-
magée par un tremblement de terre, arrivé en 1638.
Seb. Corradus croie que c'eft la même que Cicéron ,
lib. 3. epifi. ad Atticum, appelle Mdita. Dom Calmer,
Ditt. croit que ce pourroit erre la même ville que
Mdothi, Judith, n. 13. Saint Paul allant de Corinthe
à Jérufalem, Pan 58 de l'ère commune, paffa par
Milet ; ôc comme il y alloit par mer ôc qu'il ne pou-
voir fe transporter à Ephèfe , il fit venir à Milet l'é-
vêqne ôc les prêtres de l'églife d'Ephèfe , qui en étoit
éloignée d'environ douze lieues. Lorsqu'ils furent a-rrir
vés , il leur parla avec beaucoup de force , les exhorta
à la vigilance , leur prédit qu'il viendra parmi eux àes
loups raviffans , qui n'épargneront point le troupeau. Il
leur déclara qu'il alloit à Jérufalem, quoique de toutes
parts on lui prédît qu'il n'avoit à y attendre que des
liens ôc des perfecutions. Après cela il leur dit adieu,
ôc s'embarqua pour la Phénicie. * Magin , Carte de la
Calabre Ultérieure.
1. MILETUS, l'une des plus anciennes villes de l'Icv-
nie , auparavant appellée Pithyufa , Anadoria ôc Lele<*
gis , à ce que témoignent Pline , Etienne le géographe
& Euftathe. Pomponius Mêla,/, i.c. 17. en fait l'élo-
ge ôc l'appelle urbem qitn.id.im loniœtotns, belli pacis-
q;te artibus principem. Pline, /. $-c 29. l.i donne le ti-
tre de capitale de l'Ionie ; mais , comme le du Srrar
bon, /. 14. p. 319 & 589. le grand nombre de fes
colonies la rendit encore plus illuftre. File en remplit
les bords du Pont-Euxin , la Propontide ôc divers, au-
tres lieux. Ce fut presque la feule ville de l'Ionie qui
réfifta à Alexandre, ôc ce prince .ne put la réduire
qu'avec beaucoup de peine. Elle fut la pairie de Tha-
ïes, l'un des fept fages , & celle d'Anaxi mander le phyfi-
cien. Ses citoyens le nommoient M'iUCii , comme on
voit dans les divertes hiftoires ôc fur quelques médailles,
ôc le territoire s'appelloit Milefia, Quelques-uns ont
cru par erreur que cette ville étoit la même que Mf-
lassa. Ptolomée, l.^.c, 1. la met mal à-propos dans
la Carie,
a86
MIL
MIL
2.. MILETUS, ville de l'ifle de Crète, dont faic
mention Homère , au fécond livre de l'Iliade , v. 154. Il
feroit difficile de dire en quel endroit de l'ifle elle
croit fituée. Strabon , /. 14. Se le fchoiiaite d'Apollo-
nius de Rhodes, adl. l.v, 1 8j. diient feulement qu'on
la regardoit comme la merc de la fameufe ville de Mile-
tus dans l'Ionie.
MILEVIS, lieu de l'Afrique propre, félon S. Auguftin,
Epïjt. 168 ad Donatum , qui , dans un autre endroit,
parle d'une contrée qu'il nomme Milevitana ; Se dans
le concile de Carthage , il eft fait mention d'une ville
appellée Melibetana , ce qui prouve manifestement que
c'eft une erreur de dite, que le concile qui porte le
nom de conc'd'uim Milevitanum , ait été tenu dans 1 ifle
de Malte. Voyez. Melibetana.
MILEUM , ville de l'Afrique propre. L'itinéraire
d'Antonin la met à vingt-cinq milles de Cirta & à
égale diltance d'idrica. S. Auguflin en fait mention ,
de même que le cinquième coinile de Conftantinople»
qui la met dans la Numidie.
MILFOR.D-HAVEN , port d'Angleterre, dans la
principauté de Galles. Voyez. Galles 2.
MILFORT, baie de l'Acadie. Voyez. Chedabomton.
MILIA. Voyez Mylias.
M1LIANE, grande ville d'Afrique .dans la province
de Tenes,au royaume de Trémecen. hlle elt fermée
d'anciens murs hauts Se fort bien baiis , Se environ-
née d'un côté d'une roche escarpée Se fort élevée , au
bas de laquelle eft une vallée profonde. De l'autre côté
elle s'étend fur la pente d'une montagne, Se a un fort
bon château qui la commande. On l'appelloit autre-
fois Manliana on Man&ana , Se on en attribue la fon-
dation aux Romains , qui l'ont bâtie à quatorze lieues
de Sargel , au-dedans du pays , Se à quinze d'Alger , du
côté de l'occident. Ptolomée la met à quinze degrés
cinquante minutes de longitude , Se à vingt-huit degrés
cinquante minutes de latitude. Les maifons font bon-
nes & ont plufieurs fontaines , la montagne fur laquelle
la ville elt bâtie , étant pleine de fources. Il y a par-
tout de grands noyers , qui rapportent tant de rioix ,
qu'on n'en fauroit recueillir qu'une partie , le relie eft
perdu. Les habitans font groiîiers, Se la plupart font
des toiles Se des felles à la moresque; il y a auiïi des
tourneurs, qui font des vaifleaux de bois pour boire , Se
qui font eftimés dans le pays. On voit autour de la
ville de fort grands vergers, où font les meilleurs Se les
plus beaux citrons de toute la Barbarie. 11 y croît auffi
des oranges excellentes , qu'on porte vendie à Tcnes
Se en d'autres lieux. Sur le déclin de l'empire des rois
de Trémecen, la ville de Miliane fe maintint quel-
que rems en liberté , Se fe défendit contr eux , ainfi
que contre les Arabes , parce que la plupart des habi-
tans font Azuagues , Se ont diverfes retraites dans la
montagne. Barberoufle s'en rendit mairie , après qu'il fe
fût emparé de Trémecen, Se elle appartient aujour
d'hui aux Turcs. * Marmol , Defc. du rovaume de Tré-
mecen \ i. f ;ï. %6.
MILIANENSIS ou Melianensis , liège épiscopal
d'Afrique , dont il eft fait mention dans la norice des
cvêchés d'Afrique, qui le place dans la Mauritanie
Céfarienfe , mais il faut lire Mallianenfii ; car l'itiné-
raire d'Antonin place Malllana entre Sitfafar Se Tigavas-
caftra , villes de la Mauritanie Céfarienfe. Dans une
lettre de S. Auguftin, il eft parlé d'un cerrain Viïiori-
mts foudiacre , qui étoit de la feéte des Manichéens.
Le même faint parle aufli de la ville Maffiana. Dans
la conférence de Carthage , Victor eft qualifié ep'uco-
pus Malianenfis. * Dupin , Not. in collât. Carthaginenf.
MILIANUM ou Malliana. Voyez Milianen-
-sis.
MILIARE , fleuve de la Dace, félon Jornandes.
Lazius écrit Muluire Se le rend par Mulbacb, * Or-
telil Thcfaur.
MILIARIA & Miliarenses milites. La notice
des dignités de l'Empire Jétf. 20, 21 , 2i Se 3 1. nom-
me ainfi quelques corps de troupes , qui éroienr en
garnifon dans la Palcltjne ; mais ces noms pourroient
n'avoir aucun rapport à la géographie.
MILICHIE , fontaine du territoire de Syracufe , félon
Pline, /. }. c. 8.
MILICHUS, fleuve de l'Achaie. Paufanias,/. 7. c.
19. dit qu'il fe nommoit auparavant Amilichus.
MIL1DIENS1S, fiege épiscopal d'Afrique ; mais on
ignore de quelle province il étoit. Dans la conférence
de Carthage , Libeialis eft qualifié epùcoptu Milidienfis
MILINUS, port de l'Ethiopie, fur le golfe Arabi-
que , félon Strabon.
MILIODUNUM. Voyez. Melodunum.
MILITARE, lieu de la Valérie Ripenfe, fuivant la
notice des dignités de l'Empire ,fed. 57.
MILITSCH , petite ville de Siléfie, fur la Bartfch ;
elle eft capitale de la baronnie du même nom , an le-
vant de celle de Trachenberg. Les princes Se états de
Siléfie, aflémblées en 1J77 , ordonnèrent qu'elle feroit
fortifiée. * Zt.yler , Top. Silefiaî.
MILIUM, nom d'un lieu dont il eft parlé dans
l'hiftoire mifcellanée, /. 4. Ottelius , Thefaur. foup-
çonne que ce pourroit être un quartier de la ville de
Conftantinople.
MI LLAC , bourg de France , dans le Poitou , élection
de Confoulens.
M1LLANCEY, autrefois petite ville de France , aujour-
d'hui village, dansl'Orléanois,a deux lieues de Romoran-
tin. Il n'eit guère remarquable que par fon fiége royal : une
tradition veut pourtant qu'il air pris fon nom de Mduia
Cajaris, d'une partie de la milice de Ccfar que cet empe-
reur y fit camper. Cette tradition porte encore que ce
prince y fit bâtir une forterefiè d'une hauteur furpre-
name Se environnée d'un foflé de quatre a cinq cens
pas de large Se rempli d eau vive. A la vérité on voit
à Millancey les reftes d'une forterefic , mais ce n'en
eft pas allez pour afinrer qu'ils font du teins de Céfar. *
Piganiol, Defcriprion de la Fiance , t. 6. p. 14.2.
1. MILLARES , ville d Espagne , au royaume de Va-
lence, fur le Xucar; c'eft une place allez fameufe. *
Déiices à' Espagne , r. 4. p. JJ7.
2. MILLARES. K^Millas 1.
MILLARS, bourg avec titre de baronnie, dans le
Haut-Languedoc , au diocèlé d Aiby. Il produit le meil-
leur vin du pays.
1. MILLAS, fleuve d Espagne , au royaume de Va-
lence. Il pane à Onda , & va fe jetrer dans la mer au-
deiïous de Vi:ia-keal. * Dé nés d'Espagne, t. 4. p. 54J.
2. MILLAS, bourg de Fiance , dans le Rouliillon
fut la rivière de Tei , environ trois lieues au-defliis
de Perpignan ,du côié de l'occident de cette ville. Quel-
ques-uns prennent ce bourg pour le Siaùuiiim des anciens.
* Del'ljle, Atlas.
MILLAU ou Milhaud , petite ville de France, dans
la haute Marche de Kouergue, dont elle eft la capirale
fur la rivière de Tarn , aux confins du Gevaudan , à
fept Leues de Lodève} fon nom latin eft JEmtlianwm.
Elle paroît être très ancienne (a) , quoiqu'il n'en foit
fait aucune mention avant le XI lu «.le. Si l'on en croit
une tradition du pa;.s (b) , e.le lubfiltoit du tems de
Ce ar , qui, à ce qu'on prétend, y fit bâtir le pont
qu'on appelle aujourdhui le Vieux Pont, en allant
affiéget Uxellodunum. Les habuans ayant embraflé le
Calvinisme dans le XVI nécle, fortifièrent régulière-
ment leur vile , dont ils étoient les maîtres abfolus ;
mais toutes les vLks des Huguenots du Languedoc 8c
de la Guienne ayant été conaaintes de fe foûmettre
à Louis XIII, en 1629, on démantela Millau, qui
fut depuis ce tems la moins confidérable qu'elle n\>
toit auparavant. Elle a donné la naiflance à Tbéodat
de Gouzon ou Gozon , chevalier de S. Jean de Jcrufa-
lem, Se grand mairie en 1346. Raymond VII , dernier
comte de Touloufe , mourut dans cette ville Lan 1249.
On compte em ir on trois mille âmes dans Millau. Le
commerce des laines eft le plus confidérable de fon
élection , celui des fromages de Roquefort Se des aman-
des apporte aufli beaucoup d argent dans le pays, (a)
Lon<.<!u>rue , Defc. de [a Fiance, part 1. p. 177. (b)
rig.miol , Defc. de la France , t. 4. p. j6o.
MILLAU (Le comté de ) a appartenu aux rois
d'Arragon , comtes de Barcelone , Se c'étoir l'ancien
patrimoine du comte Giibert mari de Giburge, comtefle
propriétaire de Provence. * Longuerue , Defc. de la
France, part. 1. p. 177.
MILLE , forte de mefurc itinéraire ainfi nommée ,
MIL
MIL
2.87
parce qu'originairement elle étoit de mille pas. Avec
le tems on a extrêmement varié fur l'étendue qu'on lui
a donnée , Se le nom de Milles eft aujourd'hui commun
à des mefures très différentes les unes des autres, foy**.
ce que j'en ai dit au mot Mesures itinéraires.
MILLEFLEURS , maifon de plaifancé du- roi de
Sardaigne, dans le Piémont: elle cil dans une fituàrion
agréable pour la chaffe. Le dedans va en ruine avec la
maifon , mais les dehors font délicieux pour les pro-
menades , les eaux Se les jardins. Du jardin on entre
par une fort grande allée dans un bois qui a fept milles
de tour , Se qui eft fourni de toutes fortes de bêtes» *
Mém. & plans çéog. 16*08. Corn. Diér.
MILLENBÂCH. r»y<r?. Sassebes 1.
MILLER. Y bourg de France, dans le Lyonnois,
généralité Se élection de Lyon, l'un des meilleurs vigno-
bles Se des plus eftimés du pays , à deux lieues & demie
de Lyon , * Mém. drejfés Jur les lieux.
MILLIARILS CLIVUS. Voyez. Theb^ï.
MILLSTATT ou Millestatt, cloître Se feigneu-
rie d'Allemagne dans la Carinthie , fur un lac qui a le
même nom. On prétend que ce lieu a été appelle ainfi
à caufe de mille ftatues, ou idoles, que les Païens y
avoient dreffées dans un temple , auquel a fuccédé l'é-
glife qu'on y voit à préfent. C'eft-là que l'empereur
Frideric IV a inftitué ou rétabli l'ordre des chevaliers
de S. George à la croix rouge. Le premier grand-maître
qu'il y mit , fut Jean Siebenhirter ,qui étoit déjà grand-
maître de la cuifine impériale : la réfidence de ce chef-
d'ordre ôc de fes fucceffeurs , fut fixée à Milleftatt ; &
l'empereur , outre ce domaine , leur aflîgna encore les
châteaux & feigneuries de Stenbourg , de Landfcron ,
le bourg de S. Petronelle, ôc le château de Traut-
manftorrF en Autriche. C'eft pourquoi ces grands-maî-
tres font comptés dans l'Autriche, auflî-bien que dans
la Carinthie, pour principaux membres des états du pays.
* Zeyl.r, Topog. Carinthiae.
1. MILLY , en latin Maitriliacum Ôc Mïliacum >
petite ville de France , dans le Gatinois , gouvernement
de l'ifle de France, élection de Melun : elle eft fituée
fur le ruiffeau de l'Efcole. Quelques géographes la met-
tent dans le gouvernement de l'ifle de France. L'églife
collégiale eft ce qu'il y a de plus remarquable ; le cha-
pitre eft compofé d'un doyen 3c de fix chanoines : il
a été fondé par un des descendans de la maifon de Gra-
villc, illuftre par un amiral de France de ce nom. La
place , où eft le marché couvert , eft aflez belle. Du
Chêne . dans fes antiquités des villes, dit que Milly «ft
une ville ancienne , fi on en croit Vigenere, qui la prend
pour XAgendicum de Céfar. * Piganiol , Defc. de la
France , t. 6. p. 145.
2. MILLY, bourg de France , dans la Normandie»
élection de Mortain.
3. MILLY, bourg de France dans la Picardie. Il y
a une prévôté reiïbrtiiïante au bailliage de Clermont en
Beauvoifis.
MILMANDRE , M'ûmandra , petite rivière de
France , dans le Bourbonnois , où elle prend fa fource,
à peu de difiance de la paroiffe d'Ifle, d'où courant
vers le nord-oueft , elle pane à Aiihay-le-Château , à
Charenton , & va fe rendre dans le Cher , près de faint
Arnaud, qu'elle arrofe.il en ell fait mention dans la vie de
faint Euftafe , abbé de Luxeu , après faint Colomban.
Quelques géographes appellent cette rivière Marmande.
1. MILO, montagne de l'Inde, félon Ortelius,
Thefaur. qui cite Solin ; mais au lieu de Milo , San-
tmife lit Nulo, dans Solin, c. 52. qui ajoute que fur
cette montagne il y avoir un peuple , dont le devant
des pieds étoit tourné derrière , Se qui avoit huit doigts
à chaque pied.
. 2. MILO, ifle de l'Archipel, au nord de l'ifle de
Candie qu'elle regarde , & au fud-oueft de l'ifle l'Ar-
gentiere. Strabon , /. 10. place cette ifle à 24 milles du
cap Sp.ida de Candie. On compte ordinairement cent mil-
les entre ces deux ifles. Celle de Milo eft presque ronde ,
a environ 60 milles de tour, eft bien cultivée (a),
& fon port, qui efl un des meilleurs &des plus grands
de la Méditerranée , fert de retraite à tous les bâtimens
qui vont au Levant, ou qui en reviennent ; car elle eft
fuuée à l'enuéede l'Archipel, que les anciens connoif-
foient fous le nom de mer Egée. Cette ifle, quoique
petite, fit très confiderable , félon Strabon, dans le
tems de la Grèce fiorinaïice. Le Milo , dit Thucydide,
/. J. jouiffoit d'une entière libené , 700 ans avant la
guerre du Péloponnèfe , qui inrerefla la Grèce, les ifles
voifines & les principales villes des côtes d Afie. Dans
ce tumulte, les Miliotes, puiflammenr follicités par les?
Athéniens, s'obftinerent à vouloir garder la neutralité,
peut-être parce qu'ils descendoient des Lacédémoniens,
félon Thucydide,/. ;.& Conon, Narrât. 6. quoique
Etienne le géographe ait fait de Milo une colonie de
Phéniciens (b). Nicias , général des Athéniens , fe rendit
à Milo avec une flotte de foixante vaiffeaux Se de deux
mille hommes de débarquement, qui ravagèrent tout le
pays ; il fut néanmoins ( c ) obligé d'abandonner le fiége
de la ville que Syncelle, Annal, fait auifi ancienne que
Minos , fils d'Europe. Quelques années après les Athé-
niens y firent une autre descente avec trois mille hom-
mes , commandés par Cléomedes & Tifias (d). Ces gé-
néraux , après une longue & ennuyeufe conférence qu'ils
eurent avec les chefs de l'ifle , bloquèrent la ville > mais
les Miliotes renverferent leurs travaux. Enfin Philocrates
ayant amené un nouveau fecours d'Athènes , ils fe ren-
dirent à discrétion , ôc ce fut alors que fe fit ce grand
maflacre dont parlent Strabon, Diodore de Sicile Ôc
Thucydide. Les Athéniens (e) parle confeil d'Alcibia-
des , firent mourir tous les habitans de Milo , excepte
les femmes Se les enfans (/) , que l'on mena en escla-
vage dans l'Attique. On fit palier cinq cens perfonnes
du même pays pour fonder une colonie dans l'ifle. Ce-
pendant (g) Lyfandre, général des Lacédémoniens, ayant
obligé Athènes même à fe rendre à discrétion à fon
tour , le reite des Miliotes fut renvoyé dans l'ifle , ÔC
la colonie des Athéniens rappellée. ( a ) Tournefort ,
Voyage du Levant, 4. lettre. ( b) Thucydide , 1. $»
(c ) Diod. Sicul. 1. n.(d) Thucydide, 1. 5. (e) Plu*
tarch. in Akibiad. (f) Thucydide , 1. j.g. Plutarch. in
Lyfand*
Le Milo tomba fous la domination des Romains,
Se enfuite fous celle des empereurs Grecs. Marc Sa-
nudo , premier duc de l'Archipel ( a ) , joignit en 1 207 ,
cette ifle au duché de Naxie , fous l'empire de Henri
de Flandre, frère de l'empereur Baudouin (b ). Le
Milo fut démembré de ce duché par Jean Sanudo ,
fixiéme duc de l'Archipel, qui céda cette ifle au prince
Marc, fon frère, Se celui-ci la donna pour dot à fa
fille Florence, qui époufa François Crispo. Ce Crispo,
qui descendoit des anciens empereurs Grecs, trouva le
fecret de réunir le Milo au duché de Naxie , en fai-
fant aflaflïner dans cette ifle Nicolas Cârceïro, qui en
étoit le neuvième duc , Se devint le dixième fouve-
rain du duché de l'Archipel. Barberoufle , capitan ba*
cha , fournira Soliman II. le Milo, Se la plupart des
ifles de ce duché, (a) Sanut. 1. 1. part. 4. c. 7. (b)
Hijt. des ducs de l'Archipel.
On a vu de nos jours un Miliote, nommé Capfi ,.
s'ériger en petit roi de Milo. Il ne manquoit ni de cou-
rage ni de talens pour gouverner ; mais il fut aflez mal
avifé pour quitter fon trône , ôc pour rendre vifite fans
fes gardes^ à un Turc, capitaine de vaifleau , qui lui
avoit fait des propofitions avantageufes de la part du
grand vifir , que ce nouveau fouverain ne laiflbit pas
d'inquiéter. Dès que Capfi fut fur le bord du Turc,
on mit à la voile , Se ce malheureux Miliote , qui n'a-
voit régné que trois ans , fut pendu à Conftantinople
à la porte de la prifon des esclaves; moins prudent
que ces anciens habitans de Milo , dont parle Plutar-
qne , De virtutib. mulierum, lesquels ayant planté une
colonie à Cryaffa , ville de Carie , firent cacher des
poignards dans le fein de leurs femmes , Se s'en fervi-
rent fort à propos pour couper la gorge aux habitans
de la ville, qui les avoient invités à unfcftin, dans le
deflein de les faire mourir.
Il faut regarder le Milo comme une roche presque
tome creufe , fpongieufe, pour ainfi dire, ôc péné-
trée de l'eau de la mer. Il y a beaucoup de mines de
fer. Quand on fait le tour de l'ifle en bateau , on dé-
couvre les embouchures de plufieurs canaux fou-
terreins par où l'eau de la mer s'engoufre , ôe par
le moyen desquels le fel marin eft porté jusque
2.88
MIL
MIL
dans les moindres cavités de cette roche fpongieufe.
Il y a beaucoup d'apparence qae le feu qui échauffe
continuellement les entrailles de cette ifle , fait fépa-
rer de ce fel un efprit acide , femblable à celui qu'on
tire du fel marin , avec le feu ordinaire. Il faut rap-
porter à cet acide la production de l'alun Se du fou-
fre , qui font les minéraux les plus communs qui fe
trouvent à Milo : car cette liqueur pénétrant infenfi-
blement les rochers les plus durs , les diffout , s'in-
corpore avec eux , Se fe convertit en alun.
Il eft confiant que l'ifle de Milo produit tous les
matériaux néceffaires pour la production de l'alun Se
du foufre. Pour du nitre , il n'y en a point , quoi qu'en
difent les habitans , qui le confondent avec l'alun. Le
foufre de Milo eft parfaitement beau, & a un petit
oeil verdàtre & luifant, qui le faifoit préférer par les
anciens à celui d'Italie ( a ) : on trouve ce foufre dans
cette ifle par gros morceaux, en creufant la terre, &
par groffes veines dans les carrières d'où l'on tire les
meules de moulin, (a ) Pline, Hiftoire nat. liv. 35.
c. 1 j.
Il eft bon de remarquer que ce rocher fpongieux Se
caverneux , qui ferr de fondement à Milo , eft comme
une espèce de poêle , qui en échauffe doucement la ter-
re , & lui fait produire les meilleurs vins , les meil-
leures figues & les melons les plus délicieux de l'Ar-
chipel : la fève de cette terre eft admirable Se travaille
toujours -, les champs ne s'y repofent jamais. La pre-
mière année on y féme du froment , la féconde de
l'orge j & la troifiéme on y cultive le coton , les lé-
gumes Se les melons , tout y vient pêle-mêle. La cam-
pagne eft chargée de toutes fortes de biens : les terres
font comme autant de jardins , féparés les uns des au-
tres par des murailles de pierre féche, c'eft-à-dire,
fans mortier ni torchis. Pendant la guerre on y féme
peu de coton , parce que les armées s'y fourniffent de
grains, de haricots Se d'autres légumes ; durant la paix ,
on n'y recueille pas affez de bled pour nourrir les ha-
bitans i mais on y féme beaucoup de coton qui fe vend
plus cher que le bled. Le coton en coque , c'eft-à-di-
re , envelopé de fon fruit , vaut un fequin le quintal ,
& jusqu'à dix ou douze francs , lorsqu'il eft en rame ;
c'eft-à-dire, épluché Se fans coque.
De la ville à la rade, dans l'étendue de deux mil-
les de terrein , on ne voit que jardins Se campagnes
fertiles en froment, orge, coton, fefame , haricots ,
melons, citrouilles, coloquintes: ces campagnes font
. terminées par les falines , & les falines aboutiffent à
la rade , dont les hauteurs font couvertes de beaux vi-
gnobles , d'oliviers Se de figuiers.
La rade de Milo peut contenir aifément une grande
armée navale : fon entrée regarde le nord-oueft , Se les
vaiffeaux y fonr à couvert de toutes fortes de vents ,
du côté de ProtothalaJJa , où eft le bon mouillage. Les
deux petits écueils qui font à l'entrée de la rade, s'ap-
pellent Acrarïes; c'eft-à dire , éminences. Anti-Milo
eft une ifle déferte , qui s'élève en pain de fucre , entre
le Ponant Se le Nord oueft : les Grecs l'appellent Re-
momilo , Se les Francs lui ont confervé le nom d'An-
timilo. Parasonisi eft une autre ifle, près du port de
faint Jean de Fer , derrière la montagne de faint He-
lic , à gauche de la rade en venant de la ville. 11 y a
encore bien de petits écueils autour de Milo \ mais ils
ne font pas affez confidérables pour en faire une re-
cherche exa&e,
Dans le printems , le Milo, de même que les au-
tres ifles de l'Archipel , eft un tapis admirable , par-
femé d'anémones de routes fortes de couleurs : elles
font Amples -, cependant c'eft de leur graine que vien-
nent les plus belles espèces qui fe voient dans nos par-
terres. Parmi les plantes rares qui naiffenr dans cette
ifle, la pimprenelle épineufe eft la plus commune:
elle eft d'un ufage merveilleux dans cette ifle, pour y
multiplier les pâturages , & transformer , pour ainfi di
re, les landes en prairies. Dans le mois d'Août, lors-
que le vent du nord fouffle , on allume un pied de
cette plante féche : en un inftant le vent porte le feu
dans tout un quartier jusqu'au pied des montagnes.
Aux premières [ luies d'automne , ces terres brûlées
pouffent d'excellentes herbes , qui viennent bien plutôt
qu'en France , parce qu'il ne gèle jamais dans cette
iile : la neige y tombe rarement ; lorsqu'il en tombe ,
elle fe fond dans un quart-d'heure ; le froid n'y eft
point nuifible aux oliviers , comme en Provence Se en
Languedoc. Cette heureufe température Se la bonté
des pâturages contribuent beaucoup à 1 excellence des
befliaux qu'on y nourrit. On y voit de beaux trou-
peaux de chèvres, dont le lait fert à faire de rrès-bons
fromages. Clément d'Alexandrie, Fœdagog. I. x. c. r.
Se Julius Pollux , Onomaft. I. G.c. 10. dans le dénom-
brement qu'ils ont fait des meilleures chofes que l'on
peut manger en Grèce, n'ont pas oublié les chevreaux
de Milo.
Le vin eft une des meilleures marchandifes de cette
ifle : voici comme on le fait dans l'Archipel. Chaque
particulier a dans fa vigne un réfervoir de la grandeur
qu'il juge à propos, carré, bien maçonné, revêtu de
ciment, mais tout découvert. On foule les raifins dans
ce réfervoir , après les y avoir laiffé fécher pendant
deux ou trois jours •■> Se à mefure que le moûr coule
par un trou de communication dans un baffin qui eft
au bas du réfervoir , on remplit de ce moût des outres
que l'on porte à la ville : on les vuide dans des futail-
les ou dans de grandes cruches de terre cuite , enter-
rées jusqu'à l'ouverture •■, dans lesquelles ce vin nou-
veau bout à fon aife fans marc. On y jette trois ou
quatre poignées de plâtre, fuivant la grandeur des piè-
ces, fouvent on y ajoute une quatrième partie d'eau
douce ou d'eau falée , fuivanr la commodité des lieux.
Après que le vin a fuffifamment cuvé, on bouche les
vaiffeaux avec du plâtre gâché. Le plâtre n'eft pas rare
dans l'ifle du côté de Poloni : faute de bois on le cuit
avec des boufes de vache.
On n'emploie ni bois ni leflive,dans cette ifle , pour
blanchir le linge: on le laiffe tremper dans l'eau, puis
on le favonne avec une terre blanche ou craie , qui ne
diffère en rien de la terre cimolée de l'Argcntiere. Peut-
être qu'on y en trouveroit de plus fine & de pins blan-
che , fi on fe donnoit la peine de creufer. Dioscoride
Se Pline , Hifl. Nat. lib. 15. c. 6. l'appellent la terre
de Milo , parce que de leur tems la meilleure fe trou-
voit dans cette ifle.
Les eaux de Milo ne font pas fort bonnes à boire,
fur-tout dans les bas fonds où elles font infectées d'une
odeur de foufre & d'œufs couvis. Il n'y a guère que la
fontaine de Castro , qui foit excellente : cette fou ice eft
chaude dans fon baffin ; mais elle devient très-froide,
deux heures après qu'elle eft puifée, Se l'on n en fau-
roit trouver de plus légère. Castro eft un village fi-
tué fur une montagne, à gauche en entrant dans la ra-
de. Les Provençaux le nomment Six fours , parce
qu'il reffemble à un village de même nom , qui n'eft
pas loin de Toulon.
Les bains publics fonr au pied d'une petite colline , à
la droite en descendant de la ville au port. Les Grecs
appelient ces bains Loutra , Se non pas Stalotitra ,
comme prononcent les Francs , qui en cette occafion ,
comme en beaucoup d'autres , corrompent lexpreffion
dont fe fervent les Grecs , pour dire : Allons aux bains.
On entre d'aboi d dans une caverne , dont l'entrée eft un
arc furbaiffé : il faut fe courber pour y paffer ; mais après
avoir avancé environ cinquante pas , on trouve deux
chemins , dont l'un eft fi étroit , qu'il faut s'y traîner à
quatre pâtes : cependant on le préfère à l'autre , parce
que ce dernier , quoique plus fpacieux , eft plus rabo-
teux. Tous deux conduifent à une fale cieufée par la na-
ture : à côté de cette fale eft un réfervoir d'eau tiède Se
falée , dans lequel on s'aflied pour fe baigner. Il fait fi
chaud dans ce lieu , qu'on y fue à groffes gourtes , Se
plus commodément que dans les bains artificiels , où la
poitrine fouffre ordinairement. Ceux qui ne vont là que
pour fuer , s'affeyent au fond de la fale dans un lieu un
peu élevé. Cette étuve naturelle feroir bonne pour de*
perfonnes incommodées de paralyfic , de rhumatismes
ou d'autres fluxions,indépendantes des maladies fécrertes,
qui ne cèdent pas aux fueurs excitées par des remèdes ex-
térieurs : cependant l'étuve , dont nous parlons , n'eft fré-
quentée que par de vieux débauchés, qui ne peuvent gué-
rir que par le Mercure ;Se c'eft ce qui décrédite fort ces
lieux. L'eau des bains n'altère en aucune manière la tein-
ture
MIL
MIL
ture d,u tournefol : ce n'eft que de l'eau marine échauffée,
qui blanchit ôc coagule l'huile de tartre , comme fait
l'eau marine toute froide. Celle de ces bains s'écoule na-
turellement dans des marais falans , à quelques pas de-là.
Au-deffous de ces bains, fur le bord de la mer , tout
près de Prototha/ajja , fortent au travers du fable plu-
heurs bouillons d'eau fi chaude, qu'on n'y fauroit trem-
per les doigts fans fe brûler. Toutes ces fources fument
également •■, ôc comme leur boue , ou la réfidence de tou-
tes leurs eaux paroît avoir la couleur de rouille , on en
doit conclure que la matière ferrugineufe y a beaucoup
de part.
A fix milles de la ville , du côté du nord , entre S. Con-
ilantin ôc Caffro , il y a une fontaine qui purge. La
fource fort précifément fur le bord de la mer , dans un
lieu escarpé; mais elle coule de niveau avec l'eau falée, ôc
s'y mêle le plus fouvent. Il y a un autre bouillon un peu
plus haut , où la met ne monte pas , lorsqu'elle eft calme.
Ces fources font presque tiédes Se d'une douceur fade :
elles coagulent l'huile de tartre , quoiqu'elles ne faffent
rien fur les autres eflais. Dans le mois de Mai , lorsque
la mer eft baffe , les Grecs vont boire de cette eau pour
fe purger : ils en avalent des cruches entières ; ôc même
après avoir vuidé les groffes matières , ils continuent d'en
boire , jusqu'à ce qu'ils la rendent toute claire.
Les principales mines d'alun font à demi-lieue de la
ville , du côté de S. Vénérande : on n'y travaille plus au-
jourd'hui , ôc même les confuls ont fait fermer l'ouver-
ture des principales , de peur que les Turcs ne leur fiffent
de nouvelles avanies fur le profit qu'ils pourroient faire
du commerce de l'alun. On entre d'abord dans une ca-
verne affez fimple , d'où l'on pafle par une espèce de
boyau dans quelques chambres que l'on a creufées autre-
fois , à mefure que l'on en tiroir l'alun : ce font des voû-
tes hautes feulement de quatre à cinq pieds , fur neuf ou
dix de large, incruftées d'alun presque par-tout. Cet
alun vient en pierres plates , de l'épaifleur de huit ou
neuf lignes jusqu'à un pouce : à mefure qu'on en détache
quelques-unes, on en trouve de nouvelles, ôc l'on voit
manifeftement que l'efprit de fel , qui a pénétré ces
pierres , les a , pour ainfi dire , fait exfolier fuivant leurs
veines. L'alun de plume fe trouve auffi dans ces cavernes.
Il vient par gros paquets , compofés de filets déliés , com-
me la foie la plus fine, argentés, luifans, longs d'un
pouce ôc demi , ou de deux , de même goût ôc de même
caractère que l'alun en pierre. Il ne faut pas confondre ,
comme on fait otdinairement , l'alun de plume avec l'a-
mianthe , ou pierre incombuftible. Tournefort dit que
par tout où il a demandé de l'alun de plume en France ,
en Italie , en Hollande , en Angleterre, on lui a toujours
préfenté une méchante espèce d'Amianthe , que l'on ap-
porte des environs de Caryfto, dans rifle de Négre-
pont. L'alun de plume eft un véritable fel , qui ne diffère
de l'alun ordinaire, qu'en ce qu'il eft partagé en petits
filets:les pierres, au travers desquelles cet alun s'échappe,
font très légères ôc friables.
A quatre milles de la ville, vers le fud , tout au bord
de la mer , dans un lieu fort escarpé , fe voit une grotte
d'environ quinze pas de profondeur, où les eaux de la
mer pénétrent, quand elle eft agitée. Cette grotte , quia
près de quinze ou vingt pieds de haut , eft toute incruftée
d'alun fublimé , auffi blanc que la neige en quelques en-
droirs , roussâtre en quelques autres , ôc doré comme
les fleurs de fel armoniac cairbées. Ces incruftations ne
brûlent point dans le feu, ôc laiflent une espèce de rouille
après qu'elles font confumées. Tous les rochers , qui font
autour de la caverne , font revêtus de femblables concré-
tions : il y en a beaucoup qui ne font que du fel marin
fublimé , auffi doux que la fleur de farine : on y voit des
trous où l'alun paroît tout pur ôc comme friable , mais
d'une chaleur exceffive.
A quelques pas de cette caverne, fur le bord de la mer,
eft une autre grotte dont le fond & le bas font remplis de
foufre , qui brûle fans ceffe -, enforte qu'il n'eft pas pos-
fible d'y entrer. Tous les environs fument continuelle-
ment , ôc jettent fouvent des flammes : on y voit du fou-
fre tout pur , comme fublimé , &c qui ne ceffe de s'enflam-
mer en certains endroits : dans d'autres endroits on voit
diftiller goutte à goutte une folution d'alun beaucoup
plus acre que celle de l'alun ordinaire : cette folution eft
2,89
d'une ftipticité presque corrofive , & fermente vivement
avec l'huile de tartre. Ceux qui ont la galle, vont fucr
dans cette grotte : ilsbaffinent légèrement les endroits les
plus maltraités de la peau avec une liqueur d'alun ; ils fe
laveur un quart-d'heure après avec de l'eau de la mer , ôc
guériffent ordinairement , fans faire d'autre remède.
On ne finiroit pas , filon vouloit décrire toutes les diffé-
rentes cavernes de cette ifle. Il n'y a point de trou dans
ces rochers , où l'on ne fente une chaleur coniîdéra-
ble, dès qu'on y enfonce la tête. Du temsque lesCor-
faires regnoient dans rifle , ils firent raccommoder une
ancienne étuve , qui porte encore leur nom. On y fit
bâtir des chambres aflez commodes , où ils alloient fuer
pendant quelques jours. Cette étuve eft une caverne na-
turelle , fituée à côté de la montagne de S. Hélie , ôc
échauffée par les vapeurs de quelque eau chaude , fem-
blable à celle des bains. On fent bien que te n'eft pas
une exhalaifon féche ; car elle amollit la peau , ôc faci-
lite par-là le paffage des matières de la transpiration : on
pourroit en faire un grand ufage pour les rhuma-
tismes ôc pour certaines paralyfies ; mais comme ce
lieu n'eft fréquenté que par des perfonnes infectées des
maux vénériens , la plupart en fortent plus malades que
quand elles y font entrées, parce que la fucur n'emporte
que la partie la plus fubtile du virus ; ôc ce qui refte de
cette humeur devient fi acre, qu'il détruit la tiffure des os.
Quoique l'air de Milo foit affez mal fain , & que les
habitans y foient fujets à des maladies dangereufes , on
ne laiffe pas de s'y divertir : on y fait bonne chère à peu
de frais ; car les perdrix n'y valent que quatre à cinq fols
la pièce; les tourterelles , les cailles , les beefigues, les
ramiers , les canards y font en abondance : on y mange
de bonnes figues , de bons melons , d'excellens raifïns ;
Ôc les choux-raves n'y font pas mauvais. On n'y manque
pas de poiffons délicats les jours maigres , d'hériffons
de mer ôc de bonnes huitres : mais celles qu'on appelle
huîtres rouges ( na/Japtwo'Jk ) font coriaces ôc trop falées.
Les yeux de bouc ( neTa^'JW ) font tout-à-fait délicieux
ôc plus gtos qu'en Provence.
Les Miliotes font bons matelots : par l'ufage ôc la con-
noiffance des terres de l'Archipel , ils fervent de pilotes
à la plupart des vaiffeaux étrangers. Cette ifle abondoic
en toutes fortes de biens dans le tems que les Corfaires
François tenoient la mer dans le Levant. On y parle en-
core des grandes actions de Béneville Temericourr , du
chevalier d'Hocquincourr, d'Hugues Cruvclier , du che-
valier d'Entrechanr , de Pouffel , l'Orange , Lauthier ,
ôc autres qui amenoient leurs prifes dans cette ifle , com-
me à la grande foire de l'Archipel. Les marchandifes s'y
donnoient à bon marché ; les bourgeois les revendoient
à profit , ôc les équipages des vaiffeaux y confumoient les
denrées du pays. Les dames y trouvoient auffi leurs avan-
tages ; car elles ne font pas moins coquettes que celle»
de l'Argentiere. Toutes fe fardent avec la poudre d'une
plante marine {•Alcyoriutm durum Imper. ) dont elles
frottent leurs joues pout les rendre vermeilles ; mais
cette couleur fe pafle bientôt , ôc l'ufage de cette pou-
dre gâte le teint ôc détruit la furpeau. Les dames de ces
deux ifles font vêtues de la même manière : il n'eft pour-
tant point d'étranger qui ne trouve leur habit extraor-
dinaire ôc tout-à-fait desavantageux au beau fexe : il leur
gâte la taille ôc fait paroître les plus jolies perfonnes
avec des jambes monftrueufes.
Il n'y a que des Grecs dans le Milo, excepté le juge
(CWi)qui eft Turc. Le vaïvode eft ordinairement un
Grec, qui exige la taille réelle, ôc a droit de châtier ÔC
de faire donner la baftonnade , comme l'aga des janis-
faires dans les villes de Turquie. En 1700, la taille fut
jusqu'à cinq mille écus, ôc l'on paya à Mezo-Morto ,
capitan bâcha , pareille fomme pour la capitation. On
fait tous les ans trois confuls à Milo. Ils s'appellent
Epitropi , c'eft- à-dire , adminiftrateurs-intendans ; ôc ceux
qui fortent de charge font nommés Primutï , ou Vcch'iar-
di , c'eft-à-dirc, anciens confuls. Ceux qui font en char-
ge ont l'adminiftration des rentes de la ville , qui fe pren-
nent fur la douane , fur les falines & fur les pierres de
moulin. Tout cela ne s'afferme que mille écus par an.
On paye à la douane trois pour cent pour toutes fortes
de marchandifes. Les moulins à bras qu'on fait dans cette
ifle font fort propres , ôc la pierre en eft excellente. On
Tm,IV. Oo
MIL
2.QO
les porte à Conftantinople , en Egypte , dans laMorée ,
à Zante , à Cephalome , 6c même a Ancone. Mylos , en
grec littéral, fignilîe un moulin. On prétend que l'ifle en
a pris le nom , à caufe du grand commerce qu'on y fait
de moulins à bras \ mais il y a beaucoup plus d'apparence
qu'elle a confervé Ton ancien nom de Melos , dont on
a fait Mi o, 6c que Feitus dérive d'un capitaine Phénicien,
appelle Melos. La mefure ordinaire de fel, qui pefe
foixante-fix livres , ne coûte dans cette ifle que fept (ois.
Les iàlines font a deux milles de la ville , tout au fond
de la rade. Pendant l'hiver , l'eau de la mer en remplit
les réfervoirs , & le fel s'y cryftallife dans les grandes
chaleurs.
On plaide en première inflance devant les confuls 6c
les primatis , 6c l'on appelle de leur jugement au cadi , fi
l'on veut; mais les confuls , qui affûtent au jugement du
cadi, le menacent de le renvoyer s'il ne fait bonne jullice ,
Se le renvoient en efkr,s'il continue. C'elï au grand cadi
de Scio d'en renvoyer un autre. Le nouveau cadi cil
traité pendant trois jours par les officiers de la ville qui
lui aJhgnent un logement , dont il paye le loyer. Il a
dix pour cent des effets conteftés dans les procès. Quel-
quefois il prend de l'argent d'une partie,& de l'or de l'au-
tre , & il juge en faveur de la plusgrofle fomme. Si c'eft
un honnête homme , comme cela le rencontre allez fou-
vent , il condamne à payer fur le champ en argent ou en
marchandées : fi le débiteur n'a aucuns efiets , tout eft:
perdu , a moins qu'il ne demande du tems pour fatisfaire ;
s'il nie la dette , il eft cru fur fon ferment , 6c l'on ne
peut plus le pourfuivre. On fait venir un papas , devant
lequel ie juge le fait jurer fur l'évangile , ou bien fur l'al-
coran , s'il n'eft pas d'humeur d attendre que le papas
foit arrivé.
Il y a deux évêques dans cette ifle , l'un Grec , Se l'au-
tre Latin ; le Latin n'a qu'un prêtre avec lui pour tout
clergé , quoiqu'il loir évoque de Milo , de 1 Argentiere
& de Siphanto , où il ne tient que de fimples vicaires.
Le fiége étoit vacant en 1 700 , & l'on croyoit que le pape
n'y enverroit qu'un vicaire apoltolique , parce que l'é-
glife de Milo n'a qu'environ ijoécus de rente. Elle en
avoi autrefoiscinq cens ; mais le grand feigneur , après la
gueire de Candie , ayant fait reconnoure les ifles 6c exa-
miner les titres de ceux qui les polTédoient , l'éveque la-
tin de Milo , qui , fous le bon plaifir des Vénitiens ,
jouiflbit de l'ifle Brûlée , fe trouva fans titre; ainfi cette
ifle , qui «fi tout près de LArgentiere , fut mife à l'en-
chère , Se vendue cinq censécus. Le dernier évêque étoit
mort fi pauvre , qu'il avoit engagé le calice , la mitre 6c
tous les ornemens de fon églife ; il feroit mort de mifere,
fans une penfion que le roi de France Louis XIV lui
avoit accordée, & fans les charités que ce prince faifoit
diftribuer aux Latins qui font au Levant. L'églife épisco-
pale eft fous le titre de faint Côme 6c faint Damien.
C'étcit autrefois une chapelle grecque , qui fut vendue
aux Latins. Le logement de l'éveque , qui eu; vis-à-vis ,
eft allez joli. Cet évêque n'a rien à démêler pour Ces
revenus avec l'éveque Grec , qui eft riche.
Il y a dix huit paroiffes dans l'ifle de Milo ; favoir,
MIL
Notre-Dame du Port ,
Saint Noirmantin ,
Le Grand Saint George ,
Saint George l'Hermite,
L'Annonciade,
Saint Antoine ,
Saint Dimitre ,
Saint Michel Archange ,
Saint Jean-Baptifte ,
Le Grand Saint Nicolas ,
Le Petit Saint Nicolas ,
Le Saint Efprit ,
Saint Athanafe,
Saint Spiridion ,
Notre-Dame ,
Les quarante Saints,
Saint Polycarpe ,
Saint Eleutère.
Chacune de ces églifes a fon papas. Après l'éveque,
l'économe eft la première dignité du clergé , & mar-
che à la droite du prélat. Il eft comme fon fubftitut ,
ou fon grand-vicaire. Le tréforier marche à la gauche.
L'archivifte fuit immédiatement après. L'éveque dispofe
de toutes ces charges , Se d'ailleurs il a trente prêtres
qui lui font fournis.
Outre les chapelles qui font en grand nombre, on
eompte treize monafteres , qui font
Notre-Dame du Château , Sainte Hélène ,
Notre-Dame de la Voile , L'admirable Notre Dame ,
Saint Michel Archange , Notre-Dame du Jardin ,
Le monaftere de Chrift , Saint Hélie ,
Sainte Saba, Saint George le Chauve,
Saint Jean de Fer , Sainte Marine.
Notre Dame du Mont,
3. MILO , ville de l'Archipel , dans l'ifle de Milo , à
laquelle elle donne fon nom. Elle elt fituee dans la par-
tie orientale de l'ifle. Elle contient , dit-on , près de cinq
mille hommes , 6c eft allez bien bâùe ; mais elle elt d'une
faleré infurportable. Quand on y bâtit une maifon , on
commence par l'appartement des cochons qui eft au-
deflous d'une arcade au rez de charriée, ou un peu
plus bas, 6c qui donne toujours fui la rue : en un mot,
c'eft-là le cloaque de toute la m.ifon. Les ordures qui
s'y amafient, jointes aux vapeuis des marais falans qui font
fur le bord de la mer , aux exhalaifons des minéraux dont
l'ifle eft infectée , à la difene des bonnes eaux , empoifon»
nent l'air de Mil), 8c y caufent des maladies dangeieufes.
Les maifons de cette ville valent pourtant mieux que
celles de Candie. Elles font à deux étages en terraffe , de
bonne maçonnerie 6c d'une pierre approchante de la
pierre ponce ; mais dure , noirâtre , légère , qui réfute
aux imprenions de l'air ,& qui eft très-propre pour ai-
guiller toutes fortes de ferremens. il n'y a pas d'appa-
rence que Théophialle , de Lifidib. I. 36. c. 21. 6c Pli-
ne , ayent voulu parler de cette espèce de pierre , lors-
qu'ils ont die que les meilleures pierres ponces fe rrou-
voient dans cette ifle : car les anciens s'en fervoient pouf
adoucir la peau & la rendre p>Lis douillette. Il eft ter-
tain que les pierres ponces ordinaires font beaucoup plus
propres à cet ufage ; mais il ne paroît pas que celles de
Milo foient d'une tiffure plus fine, que celles des autres
ifles de Grèce. Elles viennent toutes de la même cari ie-
re. Les terrafTes de Milo font de même fabiique que
celles des aunes villes de 1 Archipel: c'eft une couche
de terre aflez bien battue , qui fe fend 6c laiiTe écha-
per l'eau de toutes parts aux premières pluies -, mais
elle s'affermit à mefure qu'elle s'imbibe d'eau, & fes
crevaffes ne fe bouchent que peu-à peu.
Les Capucins françois font aflez bien logés dans Mi-
lo. Leur maifon eft à l'entrée de la ville , à droite en
venant du port. Il y a quelques années que leirr cou-
vent fut démoli par les Turcs , qui fe ph'gnoienr qu'on
y recevoit les vols des corfaires. La maifon a été rele-
vée , Se l'églife eft affez jolie pour le pays. Le r< i de
France donna mille écus pour cet édifice Les marchands
françois, les capitaines de vaiiTeaux 6c les coi faii es mê-
me y ont contribué félon leurs facultés De àeux pè-
res qui font dans le couvent de Milo , l'un fait I école
grecque & l'autres l'italienne. Ils confervent dans leur
jardin une figure antique, fans tête , fort maltraitée*
& dont les reftes font beaux. On croyoit que c'étrit
la figure de Pandore ; mais Tourntfort a jugé qiiec'é-
toit une ftatue de Diane à plufieurs mammelles. * Tour-
nefort , Voyage du Levant , lett. IV.
MILOLITUM, villedelaThrace. L'itinéraire d'An-
tonin , la met fur la route de Dyrrachium à B)fmce,
entre Brendices 6c Timporum, à douze milles de là
première, 6c à feize milles de la féconde.
MILONIA , ville d Italie, dans le pays de Samnites j
félon Etienne le gée>graphe , 6c Tite Live , /. 10. c. 3.
MILOPOTAMO , lieu fortifié fur la côte feptennio-
rale de l'ifle de Candie, entre Renimo 6c le cap Sas-
fofo. Ortelius , Thef. croit que c'eft l'ancien Tant orna-
truim de Prolomée. Coronelli , Carte de Candie. Ce-
toit autrefois une ville épiscopale , dépendante de Can-
die. Dans le concile de Trente , on trouve la fou-
feription de Jacolus Suretits , MUvpotametiJis junior,
6c Dionyfms M'dopot amenfi s fen'wr. Suretus étoit fans
doute coadjuteur.* Hardomn , vol. 10. p. 424.
MILSUNGEN, ou Meisingen , petite ville 6c châ-
teau d'Allemagne, dans la Baffe-Hefie , fur la Fulde.
On trouve dans une ancienne chronique deThuringe,
qu'au tems de l'empereur Henri VI , Herman , landgrave
de Thuringe , conquit cette ville fur un évêque de
Mayence. Cependant quelques autres anciens mémoi-
res difenr qu'elle eft tombée au pouvoir des princes de
Hcfle, par un accord paffé entre ceux-ci 6c les abbés
MIM
MIN
de Ftilde 8c de Hirfchfeldr. Son château , tel qu'il eft
préfentement , eft un ouvrage du landgrave Guillaume
le Vieux, qui le rebâtit presqu'à neuf en ijjo. La mai-
fon de ville fut conftruite delà même manière en IJ56.
Le pont de pierre , qui eft fur la Fulde , ne fût com-
mencé qu'en IJ96, parle landgrave Maurice. Milfun-
gen eft le chef-lieu d'un bailliage afiez étendu , qui ren-
ferme en plufieurs endroits des mines de charbon.
C'eft dans ce bailliage que fe font les plus beaux pots
de terre fine. * Zeyler , Topogr. Haffia?.
MILTENBERG , ville d'Allemagne , dans l'éledo-
rat de Mayence fur le Meyn , environ fix lieues au-des-
fus d'Afchaffenbourg , 8c un peu au-defibus de Freuden-
berg. * Jaillot, Atlas.
M1LTINA , ville d'Afrique , félon Diodore de Sici-
le , /. 20. C. $Ç).
M1LTISCH , baronnie d'Allemagne, dans la Siléfie ,
fur les frontières de la Pologne. Sa capitale , qui porte le
même nom , eft allez bien fortifiée , ainfi que fon châ-
teau. Elle a fait partie du duché d'OUT.
1. MILTON. Voyez. Apsasium.
2. MILTON , bourg d'Angleterre, dans la province
de Leicefter. On y tient marché public. ' Etat préfent
de la Grande Bretagne , t. 1 .
3. MILTON, bourg d'Angleterre , dans la province
de Kent. 11 adroit détenir marché public. * Etat pré-
fent de la Grande Bretagne, t. 1.
MILTOSELEUCUS , félon Socrate , 8c Montio Se-
leucus , félon Sozomene , dans fon hiftoire Tripartite ,
lieu de la Gaule , où Magnence fe retira , après avoir
été battu par l'empereur Confiance. Une ancienne tra-
duction porte Mons Seleucus; 8c l'itinéraire d'Antonin
connoît une ville de ce nom. C'efi de la forte qu'il faut
écrire. Voyez. Mons Seleucus. * OrteliiThcC.
MILTUS , ville de l'ifle Sagdiana , dans le golfe Perfi-
que, félon Ptolomée, /. 6, c. 8. qui met l'ifle fur la côte
de la Caramanie.
M1LTZIN , petite ville de Bohême , au cercle de Be-
chin , à deux milles du Thabor , au nord , près de
Woticz , fur le chemin de Prague. * Zeyler , Topogr.
BohemiaîA,
MILVIUS. Voyez. Pons Milvius.
M1LV1US AGGER. Stace , Silvar. I. 2. v. 176. don-
ne ce nom au pont Milvien. Voyez. Pons Milvius.
1. MILYAS , petite contrée d'Afie, entre la Pifidie,
8c la Lycie, félon Strabon, /. 13. qui ajoute qu'elle s'é-
tendoit depuis la ville de Terineflé & lepafiage duTaii-
rus , jusqu'aux territoires de Sagalaflus & d'Apaméc. Pto-
lomée , /. ;. c. 3. renferme cette contrée dans la Lycie;
8c Arrien nous apprend qu'elle fit premièrement partie
de la Phrygie ; mais qu'Alexandre l'incorpora dans la Ly
cie : ce qui fait voir que fes bornes ne furent pas toujours
fixes. * De exped. Alex. p. 69.
2. MILYAS, ville d'Afie, dans une contrée de même
nom, félon Polybe , /. 5. c. 72. Ptolomée, /. _$•. c. j\ qui
ne connoît point de contrée nommée Milyas , met cette
ville dans la Carbalie, province de la Pamphylie. Etienne
le géographe dit que les habitans s'appelloient Milyx 8c
Milyes, 8c qu'ils fe nommoient auparavant Solymi. Pline,
/. ;. c. 27. prétend qu'ils tiroient leur origine de laThra-
ce. Strabon place la ville de Termeffe dans le détroit des
montagnes, par où l'on entroitdans laMyliade. Termejfus
Tfidïca urbs anguftiis Montium adpofîta , per qitas ejl
iranfitus ad Myliadem.
MIMACES. ?T,
MIMACI. 5 Vuyez- Mimalces.
t MIMALCES , peuples de la Libye, félon Etienne le
géographe. Ortelius, Tbefaur. foupçonneque ce pourroit
être les Mima ci que Ptolomée , /. 4. c. 6. place dans la
Libye intérieure , au pied du mont Thala. 11 femble auiïï
qu'Oitelius croie que les Mimaces , mis par Ptolomée
dans l'Afrique au-defibus des Gephes , pourroient être le
même peuple.
MIMALLIS. Voyez. Melos.
1. MIMAS, promontoire de l'Afie propre , oppofé
à l'ifle de Chio , félon Homère, Odyf. I. 3. v. 172.
Pline , /. y. c. 29. & yElien , .Animal. I. 5. c. 27. Niger
l'appelle Cabo Stillari , & on le nomme aujourd'hui le
cap Blanc.
a. MIMAS , montagne d'Afie , dans l'Ionie. Elle eft
2,9 ï
très-haute , & il paroît qu'on Ta quelquefois confondue
avec le promontoire de même nom. Strabon , /. 1 4. p.
64;. dit qu'elle étoit couverte d'arbres, & qu'elle nour-
riiloit quantité de bêtes féroces. Selon Pline,/. ;.c. 29.
elle s'étendoit dans les terres l'espace de 2jcooo, 8c
finifibit au promontoire Coryceon ou Mimas. La carte
de la Grèce méridionale , par de l'ifle , marque cette
montagne comme une longue chaîne , qui traverfe la plus
grande partie de la Maronie, toute l'Ionie, & aboutit au
cap Mimus.
. 3. MIMAS, montagne dans l'ifle de Pfyria. Ciceron
l'appelle Mons ventofus.
4. MIMAS , montagne de la Thrace , félon le fcholiafle
d'Ariftophané. Ovide, Metam. I. 2. v. 222. & Suidas en
font âufii mention. * Om//iThefaur.
5. MIMAS , moutagne de l'/£tolie , félon Hefyche.*
OrtcliiTheCaur.
MIMASACA , province ou royaume du Japon , dans
la grande ifie Niphon. Elle abonde en mines de fer.
MIMATENSIS bu Memmatensis mons , montagne
au voifinage de la capitale des peuples, nommés ancienne-
ment Gabali, dont S. Privât étoit l'évêque, félon Gré-
goire de Tours, Hifl. I. 1. c. 32. Il y avoir fur cette
montagne un village , appelle Mimmate ou Memmate ,
du nom de la montagne. Ce village devint une ville,
lorsqu'on y eut transféré l'évêché des Gabali ; c'eft au-
jourd'hui la ville de Mende dans le Gévaudan. Voyez,
Mende.
MEMBRE , ou S. Ouen de Membre , bourg de France,
dans le Maine , élection du Mans.
^ MEMBRES , petite ifle qu'on met entre les Lucaies.
Ce n'eft proprement qu'un rocher, qui fe trouve fur la
fin des bancs de Bimmi. Les mariniers prennent grand
foin de l'éviter. * Corn. Dict. de Laet, Defc. des Indes
occident.
MIMIANENSIS , fiége épifcopal d'Afrique , dans la
Mauritanie Céfarienfe , félon la notice d'Afrique , qui
fournit Secundïanus Mimianenfis, * Harduin. v. 2. p. 873.
MIMIDONENSIS. C'eft ainfi que le concile de
Cologne tenu l'an 873, défigne l'évêché de Munfteren
Weftphalie. Elle a aufli porté le nom de Mimigarde-
vord. Voyez. Munster.
M1MIGARDEVORD , ou Mimigernford , ancien
nom de la ville de Munfter en Weftphalie. Voyez, Muns-
ter. * Baillet , Topogr. des Saints , p. 628.
MIM1NGRODA. Voyez. Minimigardum.
MIM1NI. Voyez. Menini.
MIMNEDUS, ville des Lydiens, félon Etienne lé
géographe , qui cite Hécatée.
1. MlN , Royaume dans le Fokien, province mé-
ridionale de la Chine. Un empereur Chinois érigea ce
pays en royaume , l'an 892 de J. C. en faveur de Vang-
Chin-Thi , qui en étoit gouverneur. Le royaume de Min
n'avoit quecinq villes : fa capitale fe nommoit Fa-Tchbri-
Fou, qui étoit aufll de la province de Fokien. Vang-Chin-
Thi fut tué par fon propre fils , qui monta fur le trône
de Min , 8c le transmit à fa pofterité jusqu'à la quatrième
génération. Vers l'an 947 , le Roi de Tam s'empara
de ce royaume.'"1 Hiftoire générale des Turcs par de
Guignes , t. 1. p. 1 25. 116.
2. MIN, rivière delà Chine. Elle prend fa fource
aux confins de la province de Chekiang , auprès de la
ville de Lungciuen ■■, elle pafle enfuite dans celle de
Puching, de-là elle fe rend à Kienning , à Jenping éc"
à Xuiketi; enfin, accrue d'une grande quantité d'eau,
elle entre dans le territoire de la ville de Focheu , inétro-
pole de la province , 8c va fe jetter dans la mer. * Atlas
Sinenfis.
1. MINA , ville de la Mauritanie Céfarienfe, dans
les terres , vers la fource d'une rivière de même nom.
L'itinéraire d'Antonin la met fur la route de Cala à
Rituccuriim, entre B aliène prxfidium 8c Gadaum caflra,
àfeize milles de la première, & à vingt-cinq milles de
la féconde. Dans la notice épiscopale d'Afrique , »° 49.
Crecilius eft qualifié épis copus Minnen fis ; 8c en J2j,
Secundinus, évêque de Mina, fouferivit au concile de
Carthage tenu fous Boniface.
2. MINA, rivière d'Afrique , dont fait mention l'a-
nonyme de Ravenne , /. 3. c. 8. Elle mouilloit la ville
de Mina, 8c prenant fon cours du fud au nord, ell«
Tarn, IV. O o ij
MIN
2,92,
alloic fe jctter dans la mer Méditerranée. Marmol ,
Defc. d'Afrique, l. i.c.9. dit que cette rivière eït afifez
grande. Elle descend, ajoute-t-il , des montagnes du
grand Atlas , d'où , paffant par des plaines rudes &
ftériles, où eft fituée la ville de Bathaha , elle court du
côté du nord jusqu'à la mer Méditerranée près d'Arzée.
Les Maures l'appellent depuis peu non Minx. , comme
le dit Corneille > mais Cena , du nom d'un Morabite,
qui repeupla Bathaha , que les Berimerinis avoient dé-
iruite. Ptolomée, /. 4. c. 2. nomme cette rivière Chy-
lemath.
3. MINA ou Mine. Voyez. Saint George de ia
Mine.
MICACE , ville de l'Espagne Bétiqne , fur la côte
de la mer Méditerranée , félon Ortelius , Thefaur. qui
cite Avienirs , or a maritima , v. 417. éd. Oxford, mais
dans cet auteur on lit Maeriace , qui eft l'ablatif du
nom Maenax ; ainfi l'éditeur d'Oxford s'eft trompé ,
«n mettant pareillement Maenace au vers 451 , ce qui
rend ce vers défectueux ; au lieu qu'il feroit régulier ,
<n mettant Maenax.
MIN/EGARA, ville de l'Inde , en deçà du Gange.
Ptolomée ,/. 7. t. 1. la place dans l'Indo - Scythie fur
îa côte orientale de la mer de Larlce , à l'occident du
fleuve Namadus > entre Ozene Se Tiatura. Il y a appa-
rence que c'efl la même ville qu'Arrien , Peripl. maris
Erythr. p. 22. nomme MinnagAr, Se à laquelle il
donne le titre de métropole de la Scythie.
MIN/EI. Voyez. Minn^i
MIN.EK.OUK1N, rivière de l'Amérique feptenrrio-
nale , dans la nouvelle France. C'efl une petite rivière
du nouveau pays des Outaouacs. Elle fe jette dans le
îac des llinois à la bande du nord.
MINAKUTS(a), ville du Japon, dans l'ifle de Ni-
phon. Elle eft fituée dans la partie méridionale de la
province d'Omi , fur une petite rivière qui fe jette dans
le lac Oitz. Les plus beaux chapeaux ( b ) , les plus belles
nattes Se autres chofes faites de rofeau , fe fabriquent à
Minakuts. Le château efl à une extrémité de la ville ; c'efl
-un bâtiment médiocre ; il n'a m murs ni foffés. ( a )
Scheuch-Ler , Carte du Japon, (b) K&mpfer, Hift. du
Japon , t. 2. p. 2; 3.
MINARIACUM. Voyez. Menaricum.
MIN ATICUM , ville de la Gaule Belgique. L'itinérai-
re d'Antonin la met fur la toute de Bayacum à Duro-
cortorum , entre Catkjtacum Se Muenna , à fept milles de
la première, &à dix-huit milles de la féconde. Velfer
croit que c'efl cette ville que la table de Peutinger ap-
pelle Nintiacum. * Ortelii Thefaur.
MINCHEAT, bourg d'Angleterre , dans la province
de Sommerfet. Il adroit de tenir marché public. * Etat
fréfent de la Grande Bretagne , r. 1 .
MINCHEU , forrereffe de la Chine, dans la province
de Xcnfi. Elle eft de 1 2 deg. 6 min. plus occidentale que
Péking , fous les 36 deg. o min. de latitude. * Atlas Si-
rtenfis.
MlNCING , ville de la Chine, dans la province de
Fôkien , au département de Focheu , première métropole
de la province. Elle eft d'un degré 5 3 min. plus orien-
tale que Péking, fous les 26 deg. 1 min. de latitude.
* Atlas Sinenfis.
MINCIUS , fleuve d'Italie : il fort du lac Benacus,
félon Pline, /. 9. c. 22. Virgile, Eclog.y.v. 12. l'ail-
luflré dans ce vers :
Hic viridis tenera pr&tcxit arundine ripas
Miacius.
Léander le nomme Mencio; ainfi il conferve fon an-
cien nom.
MINDANA, territoire dans la dépendance de Tcvê-
ché de Mifthia , félon Balfamon , fur la lettre de S. Baille
a Amphiloque. * Ortelii Thefaur.
MINDANAO , ifie des Indes orientales, & l'une des
Philippines, dont elle eft la plus grande après Manille.
Sa figure efl triangulaire , & fes trois principaux caps s'ap-
pellent Samboengan , faint Auguftin Se Suliago. On trou-
ve entre celui de Suliago & de faint Auguftin , c'eft-à-di-
re , du nord au fud, la belliqueufe province de los Ca-
ragas. Entre Suliago , qui eft au nord-eft , Se Samboen-
MIN
gan, eft la province d'Illigan , qui dépend de Dapitan, &
celle des peuples appelles Subanos. Samboengan ne fait
qu'une ligne de l'eft à l'oueft avec le cap de faint Augu-
ftin , Se fes peuples confinent d'un côté Se de l'autre avec
les provinces de Buhaycn Se de Mindanao. Sa fituation
eft depuis le 6 deg. où eft le cap de faint Auguftin ,
jusqu'à 10 deg. 30 min. où eft le cap de Suliago. Son cir-
cuit peut être de trois cens lieues ; mais elle a tant de
caps avancés en mer , Se des baies fi profondes , qu'on
peut la traverfer en un jour Se demi. Elle eft tl ignée
de deux cens lieues de Manille vers le fud-eft. Elle a
pluficurs ifksdans fes environs ; parmi celles qui font ha-
bitées , fe trouvent Xolo, a trente ljeues de Samboengan ,
Bafilan , divifée au milieu par un détroit de quatre lieues,
Sanguil , la presqu'ific de Santranguan Se quelques au-
tres.* Gernelli Carcri , Voyageautour du monde , 1. 5.
p. 204.
L'ifle de Mindanao, ayant fes patries fi divifées Se fi
éloignées, jouit aulii de divers chinais, & efl environ-
née de mers orageufes , principalement fur h côre des
Caragas. Cette partie , qui eft fous le gouvernement de
Samboengan, elt très-tempérée. Les vents y font agréa-
bles Se les pluies peu fréquentes. Les provinces de Min-
danao Se du Buhayen , fujettes à deux rois Maures, font
marecageufes , Se les moucherons en rendent le fejour
désagréable. On compte dans l'ifle vingt rivières navi-
gables Se deux cens petites ; les plus fameufes fonr , Bu-
hayen Se Butuan , qui viennent de la même fource ;
mais la première prend fon cours vers Mindanao , Se la
féconde fe jette dans la mer vis-à-vis de Bool Se de Leytej
la Siguguey prend fa fource auprès de Dapiran , Se fes
eaux feparent les terres de Mindanao, mot qui fgnifie
dans la langue du pays homme de Lac , Se qui a donné
le nom à toute l'ifle. Ce lac qui eft très-grand , eft cou-
vert de certaines herbes , appellées Tanfon , qui s'é-
tendent fur l'eau en plufieurs branches'. L'autre lac a
huit lieues de circuit : ;1 eft dans le côté oppofé de l'ifle ,
Se s'appelle Malanao. Tout le terroir eft plein de mon-
tagnes, excepté le long de la mer: il produit cependant
beaucoup de riz, Se des racines très-nourriffantes, com-
me des patates, des clbis, des gaves & des aperes, &c. Dans
tout le royaume de Mindanao , Se particuliaifcment fuc
la côte des Caragcs, auprès de la rivière de Butuan ,
on trouve en grande abondance des palmiers de Sagu ,
de la farine desquels on fait du pain Se du biscuit.
Mindanao a de tous les fruits qui fe trouvent dans
les autres ifles , Se de plus elle a le Durion , fruit dans
lequel on trouve trois ou quatre amandes couvertes
d'une fubftance molle & blanche , & un noyau fembla-
ble à celui d'une prune , que l'on mange rôti. On dit
que l'arbre eft vingt ans , avant que de donner du fruit.
La canelle eft auffi en quelque manière un arbre parti-
culier à cette ifle : elle croît fur les montagnes fans
être cultivée, & appartient à celui qui la trouve le
premier ; mais quoique dans le commencement elle foit
auffi piquante que celle de Ceylan , elle perd en moins
de deux ans & fon goût Se fa vertu. On trouve de
fort bon or , en creufant la terre profondément : on en
trouve auffi dans les rivières, en y faifant des folles, avant
que le flot arrive.
Il y a beaucoup de foufre dans les volcans , dont le
plus ancien eft Sanxil , dans le diftriél de Mindanao. II
s'éleva en 1 640 , une haute montagne qui remplit fi
fort l'air , la terre Se la mer de Ces cendres , qu'on
croyoit quec'étoit L. fin du monde. On pêche de grottes
perles dans les mers de cette ifle. Si l'on pouvoir ajou-
ter foi à ce qu'écrit le père Combes , Jéfuite, dans fon
hiftoire de Mindanao , il faudroit dire que dans un cer-
tain endroit à une très- grande profondeur d'eau, il y
a une perle qui eft d'une valeur ineftimable, puisqu'elle
eft groffe comme un œuf ; il ajoute que les miniftres
du roi fe font donné beaucoup de foins inutiles pour
l'avoir.
On voit dans Mindanao de toutes les espèces d'oi-
feaux , qui font dans les autres ifles , entr'auti es le char-
pentier , qui trouve l'herbe qui rompt le fer ; il y a auffi
une très-grande quantité de fanglicrs , de chèvres Se de
lapins-, mais fur-tout des babouins très-lubriques, qui
ne permettent pas aux femelles de s'éloigner de leurs
mai fous.
MIN
MIN
II y a quatre nations principales dans Mindanao j favoif,
Les Mindanaos,
Les Caragas ,
Les Luraos ,
Les Subanos.
Les Mindanaos font perfides. Les Lutaos , nation qui
demeure depuis peu dans les trois ifles de Mindanao ,
de Colo 8c de Bafilan , vivent dans des maifons bâties
fur des pieux au bord des rivières , que Ton ne peut
paiTer à gué de haute marée , car lutao ftgnirie en leur
langage une perfonne qui nage. Ces peuples aiment fi
peu la terre, qu'ils ne Te foucient pas de iemer;ils
vivent, comme ils peuvent , de la pêche dans les mers des
liles. Ils font habiles dans le négoce , 8c ils le lervent
de turban , comme les Maures , à caufe du commerce
qui les rend amis de ceux de Bornéo. Les Subanos , c'eft-
à-dire des gens qui demeurent pioche des rivières, car
Suba fignifie rivière, font les moins eftimés de toute
1111e: on les regarde comme des infâmes 8c comme des
traîtres. Ils ne quittent jamais les rivières , bâtiflent
leurs maifons fur des pieux fi hauts , qu'on n'atteindroit
pas à leurs nids avec une pique. Ils y montent la nuit
par le moyen d'une perche qui ett pour cet ufage. Ils
font comme vaflaux des Lutaos. A l'égard des Dapitans >
ils furpalient ces quatre nations en courage & en pru-
dence ; 8c l'on ne doute pas qu'ils n'ayent fort aiîït'
les Espagnols dans la conquêre des Ifies.
L'intérieur du pays eft habité par des Montagnards,
qui aimant la liberté 8c le repos , ne fe font jamais
approches descôtes , & les ont abandonnées aux étrangers
On trouve encore dans Mindanao quelques peuples
noirs, comme des Ethiopiens, & qui, félon quelques uns,
font les premiers habLans de l'ifie. Ils ne reconnoif-
fent point de fupérieur , 8c vivent comme des brutes ,
n'ayant commerce avec perfonne, 8c faifant du mal à
tous ceux q ils rencontient -, ils n'ont aucune demeure
fixe : dans la rigueur du rems , les arbres font les feules
choies q.ii les mettent à couvert. Leurs habillemens ne
font ablolumenr que ceux que la nature leur a donnés ;
ils ont pour armes l'arc 8c la flèche.
Tous les habitans de cette ifle font , généralement
parlant , Gen il de religion -, mais depuis Sanxil jusqu'à
Samboengan le long de la côte, ils font Mahomcrans,
particulièrement dans les Lies de Bafilan & de Xolo,
qui eft comme le fiége de cette fameufe religion 8c la
Mecque de cet Archipel , parce que celui qui la leur
a le premier enfeignée ,yeft enterré. Les Espagnols, à
leur arrivée, détruifirent fon tombeau. Cependant on
peut dire qu'ils font généralement Athées , & que ceux
qui ont quelque religion , font forcïers. Ces prétendus
Mahoméra is ne connoiflênt en effet de leur religion que
la defenfc de manger du pourceau, 1 ordre d'eue circon-
cis , 8c d'entretenir leurs femmes ; mais ils s'accordent
Tous dans un attachement aux augures ôc à diverfes
fupenti rions.
Les barques de ces infulaires font coufues avec des
cannes fendues, &c l'ur les côtés elles ont des défenl'es de
cannes , afin qu'elles ne puiflent point fe renverfer.
L'arme qu'ils portent en ville, eft un poignard ou air,
dont la lame eft flamboyante. Les feigneurs le portent
avec un manche d'ivoire ou d'or. Quand ils font en
guerre par terre , ils fe fervent de la lance & du bou-
clier rond , pendant que ceux des autres ifles en por-
tent un long 8c étroit , pour couvrir leurs corps. En mer,
outre ces armes, ils fe fervent de babacayes : ce font de
petites cannes de la groflèur d'un doigt , endurcies 8c
aiguifées, qui tirées, comme des flèches, percent une plan-
che. Les Mahométans ,qui tirent leur origine de Bornéo,
ont apporté l'ufage de la farbacane. Ils envoient, en
foufflant dedans , de petites flèches empoifonnées : il
fufKt qu'elles touchent légèrement pour faire mourir , fi
l'on n'y applique fur le champ du contrepoifon , 8c parti-
culièrement de l'excrément humain, que l'expérience a
fait voir être un excellent préfervatif.
MINDELHE1M, ville d'Allemagne, au cercle de
Suabe dans l'Algow. Elle eft fituée dans une plaine fur
la rivière de Mindel. Son château , qui n'a pas été con-
ftruit dans la vue de contribuer à fa défenfe, ett fur
nne hauteur qu'on nomme la montagne de S. George.
On compte de -là trois milles jusqu'à Menimingen,
295
fept jusqu'à Augfbourg, 8c autant jusqu'à Llm.il va
beaucoup de bois a l'entour , cV de villages des dépendan-
ces de cette ville. Son églife paroilliale a été bâtie en
1409 , par le duc Ulrich de Teck. On voir un forr beau
couvent de religieufes , 8c une maifon de Jéfuites. Les
ducs de Teck, s'étoient emparés de ceite ville par la
force fur les feigneurs de Hohenfchli l. C elt pourquoi
Waher de Hohenfchlitz , devenu évoque d'Auglbourg,
voulant faire rentrer dans fa famille cer ancien domaine ,
y vint mettre le fiege en 1369, mais la ville, qui fe
trouvoit fort bien fous fes nouveaux maures , fit une
vigoureufe refiftance , 8c l'évêque fut tué dans une atta-
que. Elle demeura ainfi dans la maifon des ducs de
Teck, jusqu'à l'extinction de leur lace masculine en
1439 , où Loui de Teck mourut, laiffanr deux lœurs
héritières , dont l'une époufa Hans , ou Jean , comte Je
Wutheim, 8c l'aune un feigneur de Rechberg. La
feigneuiie de Mindelheim , qui pafla toute entière au
comte de Wertheim, moyennant quelque compenla'ion ,
revint aulfi toute entière en 1444 » A Everard de Kech-
berg , fils de celui qui avoir époufé l'autre feeur. Elle
palia encore avec une fille de ce dernier , appellee Babe ,
dans la maifon de Freundfperg, 8c y demeura jusqu'en
î 5 8j , que George de 1 reundfperg , le dernier de ces
feigneuis , qui avoit époufé une comtefie de Mont-
fort , mourut fans laitier aucune poftérité. Deux fœurs
de la veuve de George de Freundfperg , qui éteient
mariées, l'une a Oaon Henri corne de Schv/artzen-
berg , 8c l'autre à un feigneur Bohémien , portèrent
quelque espèce de droits a leurs maris fur Mindeheun»
8c en transmirent la poflciTion à leur pofiéiité ; mais
cette pofitllion fut fi litigiei fe , qu'enfin les cormes de
Sch\raitzenbeig, de Fugger, 8c le feigneur Wolff de
Maxelrain , ne pouvant s accorder en>re eux, prièrent
Maximilien , duc de Bavière de s'accommoder de ce
domaine , en Ls dédommageant , par quelques bienfaits,
des droits que chacun d'eux pouvoir y avoir. En 1653 ,
les Suédois s'en emparèrent ; mais après quelques
viciflirudes, elle fut rendue à la maifon de Bavière,
à qui elle demeura jusqu à ce que l'empereur , voulant
récompenfer JeanChurchill , duc de Mailboroug, des
fervices qu'il lui avoit rendus , fur-tout à la fameufe
bataille de Hochftedt , démembra cette terre des érats
de la maifon de Bavière , 8c en gratifia Mailboroug,
8c l'admit en qualité de prince de Mindelheim entre
les princes de l'Empire: mais la paix de Bade 8c de
Raltadt ayant réglé que la maifon de Bavière renrreroit
dans tous fes érats, la principauté de Mindelheim fut
reftituée à fon véritable maître le duc de Bavière. Ce
petit état a au nord les terres des Fugger , à l'orient
celles de la maifon d'Autriche , au midi l'abbaye 8c la
principauté de Kempren , au couchant le territoire de
Memmingen , avec un petit canton appartenant à l'évê-
que d'Augfbourg. Tout cela fe trouve entre 1 Hier 8c
le Lech. * Ztylcr , Topogr Suevia:.
1. M1NDEN , ville d'Allemagne, au cercle de
Wcftphalie , dans la principauté à laquelle cette ville
donne fon nom. Elle eft firuée fur le Wefer , vers le
jz degré. 20 m. de laritude. On prétend que c'étoic
un château appartenant à Wittikind,furnommé le Grand ;
qu'après qu'il eût été baptifé par Herimberg, premier
évêque de ce diocèfe , l'empereur Charlemagne l'ex-
horta à donner à ce prélat un appartement dans ce châ-
teau , 8c que Wittikind , acceptant la propofition , dit:
Ditfz. Scb!ofz.foll Min , und Din„ feyn ; ce château fera
à moi & à vous •, ces mots Min mien , 8c Dm tien ,
font, dit on, l'origine du mot Minden. Cette ville , avan-
tageufement fituée , eft allez grande & bien peupl. e.
On y brafle une bière, qui palte pour excellente, 8C
dont les pays voilins font ufage. Le commette y eft.
aflez bon , auflî Mendina t elle été une des villes Anféa-
tiques 11 y a trois églifes collégiales , en y con. prenant
la cathédrale. Dans cette dernière, les Car tu liques Ro-
mains & les rroreftans font le fervice divin aux heures
dont ils fonr convenus, de forte que le chapitre com-
mence l'office dans le chœur, dans le temsque le minilire
Protefiant descend de chaire dans la nef. Cette églife
étoit épiscopale , mas l'évêché a été fécularifé & réduit
en principauté féculiere. On parla à la paix de Weftpha-
lic delà donner aux ducs de Mecklcnbourg,pour dé*
MIN
294
dommagcment de Wifinar , que le bien de la paix exi-
geoic qu'ils abandonnaient à la Suéde. Us balancèrent
un peu trop long-tems , la maifon de Brandebourg
l'obtint, 8c la principauté de Minden appartient au roi
de Prune. Cette ville a fouffert bien des malheurs dans
les diverfes guerres, comme on en peut voir les dé-
tails dans la topographie de Zeyler , Weflpbal. ï'opogr.
p. 33. G" feq. L'an 1 538, elle fut rnife au ban de l'em-
pire, pour avoir embrarte le Proteftantisme. Elle fut
prife & reprife plufieurs fois durant la longue guerre
qui fut terminée à la paix de Weftphalie. Ce qui la rend
encore aujourd'hui confidérable , c'eft fon pont fur le
Wefer , qui en fait un grand partage. Son chapitre , qui
fubfifte toujours dans la cathédrale, eft mêlé de Catho-
liques 8c de Luthériens. * Mémoires particuliers:
2. MINDEN, ou Mynden, petite ville d'Allemagne,
au pays de Brunfwig-Hannover. Quelques-uns écrivent
Munden , en prononçant Vu comme i à la manière des
Saxons. Elle eft dans le Calcnberg , dans une fort jolie
fituation. C'eft de cette ville qu'il eft dit , Minda com-
mendatur ob famofiffimorum fluminum concurfum. En
effet , elle eft au confluent de la Fulde , de la Werre 8c
du Wefer , ce qui ne fe peut pas dire de l'autre Min-
den , qui n'a point d'autre rivière que le Wefer. 11 y
à feize milles d'Allemagne de l'une à l'autre. Voyez.
Munden.
1. MINDORA ou Mindoro, ifle de la mer des
Indes, 8c l'une des Philippines, à dix-huit lieues de
Manille, 8c à cinq de Marinduque. Elle a foixante lieues
de circuit. Sa figure eft longue , & fa plus grande lar-
geur eft au cap du Sud , où avec une autre petite ifle
élevée, qu'on appelle Ebin , elle forme un détroit entre
elle 8c Panny , 8c auquel on donne le nom de Potol.
Il y en a encore une autre entre Mindora 8c Luban : elle
eft corme fous le nom de Calubite. Les habirans de Min-
dora fe rendirent fur le champ , lorsque le capitaine
don Juan de Salzado leur eût fait entendre qu'il ne ve-
noit pas pour leur faire du mal. lis lui donnèrent par
reconnoiflance certains ornemens d'or, appelles Dimos,
qui étoient en ufage dans ce tems.
La terre de Mindora eft élevée, 8c pleine de mon-
tagnes : elle eft abondante en palmiers 8c en toutes
fortes de fruits : mais on ne trouve du riz qu'en cer-
tains endroits. Les canaux 8c les embouchures des riviè-
res font habités par des Indiens paifibles, qui du côté
de l'eft , du nord-eft 8c de la côte de Manille , font
Tagals , & du côté de celle de Panay , font Bifayas. Ceux
qui vivent dans le cœur del'ifle, font Manghiens, 8c quoi-
que différens dans leur langage, ils s'accordent en ce qu'ils
n'ont aucune forme de gouvernement. Us vont nuds ,
couvrant feulement avec des écorces d'arbres ce que
l'honnêteté apprend à cacher. Comme ils ne fe nourriffent
que de fruits fauvages , ils changent de demeure félon les
faifons. Quoiqu'ils foient voifins de Manille , ils ont en-
core la {implicite de changer la cire de leurs montagnes
pour des doux, des couteaux, des aiguilles, des plats &
autres bagatelles. Ils font braves 8c payent le tribut ; il n'y
a encore que quelques-uns du territoire de Nauhan qui
ayent embraffé le Chriftianifme.
La capitale de l'ifle , où l'alcade fait faréfidence, eft Baco.
Les environs font pleins d'eaux fort faines , qui coulent
des montagnes , fur lesquelles on trouve quantité de
falfepai cille. On trouve proche de Baco le vieux Min-
doro, quia donné le nom à l'ifle. Un des caps de cette
ifle , 8c qu'on nomme le Vavadero , s'étend vers le Jal ,
village de la côte de Manille , entre les baies de Bombon
8c de Batangas. Comme il fe trouve entre les deux une
petite ifle, que l'on appelle l'ifle verte , le partage pour les
navires qui vont 8c viennent de Cavité , n'a pas plus d'un
mille de large ; ce qui câufe des tourmentes 8c des cou-
rans d'eau, qui mettent les vaifleaux en grand danger,
lorsqu'ils n'entrent pas dans le canal avec un vent & un
courant favorables, On compte dans Mindora dix-fept
cens habitans qui payent le tribut en cire 8c en une espèce
de chanvre noir , dont on fait des cables pour les vaifleaux
du roi, que l'on bâtit à Tal. * Geme lli Careri, Voyage au-
tour du monde , t. j. p. 90.
2. MINDORA , ville des Indes, dans l'ifle de même
nom. Voyez l'article précédent.
MlNDUS.Voyez, Myndus.
MIN
MINDUUM.Piy^ Mirduum.
MINDYA, bourgade de la Carie, aux environs de
Myndus, félon Strabon, /. 14. p. 658. Cafaubon croit
qu'il faut lire Cyndia : il fe fonde fur ce que dans Polybe ,
/. 16. c. 1 1, il eft fait mention de Diane Cindyade.
MINE, lieu oùfe forment les métaux, les minéraux 8c
même les pierres précieufes. Ainfi il y a des mines d'or ,
d'argent , de cuivre , de fer , de plomb 8c autres ; des mi-
nes d'antimoine, de foufre , de vitriol, de cinnabre,
d'arfenic 8c autres , 8c des mines de diamnns , d'émerau-
des, de rubis, de cornalines 8c autres. Il eft parlé dans
l'écriture fainte des mines ou métaux d'or 8c d'argent ,
qui étoient en Espagne ; il y elt auffi parlé des mines
de cuivre , 8c le travail des mines a de tout tems été
le partage des miférables : c'eft pour cela que nous voyons
fi fouvent dans l'hiftoire eccléfiaftique les Chrétiens con-
damnés ad Meialia , à travailler aux mines.
Les habiles ouvriers , qui ont une longue expérience
du travail des mines, reconnoiflent aifément à l'infpe-
ction de quelques Agnes extérieurs , les lieux où fe trou-
vent les métaux 8c les minéraux. Les principaux de ces
Agnes, font la qualité des exhalaifons, la couleur des
terres, la nature des eaux , 8c même quelquefois la tem-
pérature de l'air & du climat.
Il y a aufli quelques perfonnes qui prétendent pouvoir
faire ces découvertes par la vertu du coudrier , dont ils
forment une baguette, qui , à ce qu'ils prétendent, tour-
ne d'elle-même entre leurs mains; mais diverfement»
fuivant la différente nature des métaux ou des miné-
raux , fur lesquels ils en font l'expérience- Cette manière
de découvrir les mines fit grand bruit en France fur la
fin du dix-feptiéme fiécle: desfavans, pour la juitifier,
employèrent tout ce que la philofophie des atomes ou
corpuscules a de plus probable 8c de plus obfcur ; 8c,
d'autres crièrent à l'importure. On*peut avoir recours
aux diflertations qui parurent alors pour 8c contre.
Plufieurs ont été étonnés de ce que perfonne ne s'eft
avifé de dreffer des cartes particulières, où toutes les
mines , tant des métaux que des minéraux , fuflent mar-
quées avec un mot ou une note , qui fît connoître de
quel métal ou de quel minéral eft la mine. En atten-
dant que quelqu'un entreprenne un pareil ouvrage, qui
ne laifieroit pas d'être d'une grande utilité; je vais en dres-
fer une lifte , qui fuppléera en quelque manière au dé-
faut des cartes à cet égard. Je ne prétens pas néanmoins
donner les noms 8c les poûrions de toutes les mines qui
font dans les terres découvertes ; l'ouvrage feroit impos-
fible, parce qu'on manque de mémoires fuffifans. Je
me contenterai de marquer les principales, dans l'efpé-
rance qu'avec le tems cette lifte pourra fe compléter.
LISTE
DES PRINCIPALES MINES EU MONDE.
A.
ABRUGBANIE, mine d'or ,dans la Tranfylvanie.
* Davity , Tranfylvanie , p. J04J.
ADEN , mines d'argent , en Afrique, au royaume
de Fez , dans la montagne d'Aden : elles font peu de
profit. * Marmol , Royaume de Fez, p. 306.
AFURA ( Les mines d' ). Voyez, à l'article Ophir.
AJODER , mine de pierres précieufes, en Espagne ,
au royaume de Valence. Ces pierres font marquetées
de veines & de lignes dorées. * Davity, Espagne»
p. 172.
AIX LA CHAPELLE ( La ville d' ) a dans fon
territoire quelques mines de fer , de plomb , 8c de
la pierre de Calamine. * Davity, Allemagne, pag.
701.
ALAVA ( La province cf ) , en Espagne , a des mi-
nes de fer 8c d'acier. * Davity , Espagne, p. 139.
ALCOY , mines de fer , en Espagne , au royaume
de Valence , au voifinage de la petite ville d'Alcoy ;
elles furent découvertes l'an 1504. * Délices d'Espa-
gne, p. 594.
ALLEMAGNE (L')<reft un des pays de l'Europe,
qui a le plus de mines : on y trouve de l'or en petite
quantité à la vérité , de l'argent , du cuivre , du fer ,
MIN
MIN
2.9*
du plomb, du vitriol, ôc divers autres minéraux. * Va-
ren'uts , Gcogr. 1. 1. p. 108.
ALMADON, mine de vif-argent , en Espagne , dans
l'Andaloufie , encre le village Almadon , qui lui donne
fon nom, ôc le. bourg de Réalejo, à cinq lieues de
l'un ôc de l'aune. Cette mine rapporte tous les ans au
roi près de deux millions de livres. Ce vifargent ell
de deux fortes : le meil eur fort promptement des pier-
res rompues ; il s'appeile Vierge : l'autre fe trouve fous
la terre. * Délices d'Eipagne , p. 444.
ALPES (Les) ont des mines de dnierens métaux Se
minéraux.
ALSACE (L') a des mines d'argent, de plomb & de
cuivre. * Davity , Alface , p. 664.
ALSACE ( La haute ) , en France , a des mines d'ar-
gent , de cuivre, de fer ôc de plomb. * Figamol , t. 1.
p. 390.
ALSTADT , mines de cuivre & d'antimoine, dans
la Siléfie, au duché de Neifz. * Davity, Siléfie , p.
867.
ALTENBURG , mines d'or, dans la Tranf) lvanie.
* Davity, Tranfylvanie, p. 104;.
ALTEN - MORE , mine d'airain , en Angleterre ,
dans le Northumberland. * Davity , Angleterre , p.
327.
ALTOMONTE, mine de fel blanc, en Italie, au
royaume de Naples , dans la Calabie Cicérieure. Il y
ci auflî des mines d'or , d'argent , de fer , d'albâtie ôc
d'azur, qui ne cèdent point a loutten.er. On y trouve
encoie des cryltaux. * Davity, Royaume de Naples,
pag. J28.
ALTSOL , place de 1a Hongrie , à deux milles de Neu-
fol , fur la rive dtoi.e du dan , a eu autrefois des mi-
nes d'or^ d'argent, de cuivie & d'argent-vif. Il n'y en
a plus aujourd'hui , cependant on y trouve quelque-
fois de l'or. * Jac. Toliet epill. itiner. j. p. 166.
AMAKUSA, mine d'or au Japon. Voyez, Japon.
AMGESCHÉID , lieu de Hongrie, à un demi- mille
de Neufol , a une mine d'or; elle appartient à un
particulier , qui n'a pas le moyen de la faire valoir.
ANDACOLL, mines d'or & d'argent dans l'Améri-
que méridionale , au Chili , à neuf ou dix lieues vers
felt de la ville de la Serena on Coquimbo. L'or de cette
mine elt de vingt trois carats : on y travaille toujours
avec beaucoup de profit , quand l'eau ne manque pas.
Les habitans aliment que la terre cil créatrice , c'eit-
à-dire, que l'or s'y forme continuellement, parce qu'a-
près avoir été lavée , foixante ou quatre-vingts ans
après 1 on trouve encore presque autant d'or qu'aupa-
ravant. Les mines d'or d'Andacoll font fi abondâmes ,
qu'il y auroit de quoi occuper plus de quarante mille
hommes. * FrezÀer , Voyage de la mer du Sud , t. 1 .
pag. 232.
ANDES ( Les montagnes des ) , dans l'Amérique
méridionale , au Pérou , ont des mines très-riches en or.
ANDOUILLE , mine de fer en France, dans le
Maine. * PigamoL , t. c.p. 456.
ANGLETERRE (L) , abonde en mines de cuivre,
d'étain, de plomb, de fer, d'aimant , de cryftal , d'al-
bâtre, de jayet , de charbon de pierre & de diamans ,
qui tromperoient , s ils étoient durs. * Davity, Angle-
terre, p. 221.
ANGOl .mines d'or, dans l'Amérique méridionale,
au Chili , à vingt quatre lieues de la Conception. On
n'y travaille plus faute de gens laborieux. * Frezjcr ,
Voyage de la mer du Sud , t. 1. p. 144.
ANJOU (La province d') , en France, a des mines
de chatbon déterre, de pion b , de fer, d'étain, d'ar-
gent & d'or , car on dit que de cent livres de fon
charbon de terre , il s'en tire pour dix fols d'or haut
en couleur. * Piganiol , t. 7. p. 27.
ANNEBERG , mines d'argent dans la Misnie , auprès
de la ville d'Annebcrg, Elles font fameufes ôc appartien-
nes à Féleéteur de Saxe. * Davity , Saxe, p. 777.
APENNIN ( Le mont) ,en Italie, a des mines de
différens métaux Se minéraux.
AQUEGUA, mines d'argent , dans l'Amérique méri-
dionale , au Pérou , dan* le voifinage des mines de Li-
pes. * Freuer , Voyage de la mer du Sud, tom. r.
pag. 2j 1,
ARABIE (L') a des mines d'or : elles ne produi-
fent pas comme autrefois. * Varenius , Geogr. liv. 1.
pag. 108.
ARAMEHA ( Le mont ) , en Portugal , a des mines
d'or ôc de plomb. * Davity , Portugal , p. 1 «> f .
ARUCANLZ, mines d'argent en Afrique, au royau-
me de Fez , dans la montagne d'Arucanez : ces mines
font peu de profit. * Marrnol , royaume de Fez, pag»
306.
ASIE MINEURE ( L' ) a une mine de fel.
ASSOMPTION ( L' ) , mines de l'Amérique méridio-
nale , au Paraguay : elles font incertaines.
ASTEMBACH , mines d'argent , de cuivre ôc de
plomb , en France , dans la haute Alface : on n'y tra-
vaille plus. * Figamol , r. 7. p. 590.
ASTUR1ES (La province des) , en Espagne, a plu-
fieurs mines d'or, de chryfocole , d'azur ôc de vermillon»
* Délices d' Espagne , p. 120.
ATACAMAS , mines de l'Amérique méridionale, au
Pérou.
ATLAS ( Le mont ) a beaucoup de mines de plomb,
& d'antimoine, fur tout aux frontières du Biicdulge-
rid ôc du royaume de Fez. * Dapper, Defc. de l'Afri-
que, p. 19.
ATS1NGO, mines de cuivre au Japon. Voyez, l'arti-
cle Japon.
ATUED, mines en Suéde, dans l'Oitro-Gothie , au
fud-efi de Lindkopin. * De Lljle, Atlas.
AUTRICHE ( L ) a des mines de fer ôc de cuivre.
* D ivity , Autriche , p. 875.
AUVERGNE (La province d') ,en Fiance , avoit an-
ciennement des mines d'or ôc d'aigent fort abondantes,
puisque , félon Athénée, Luetiusêt» it fi riche , que lors-
qu'il alloit à la piomenade , il y paroifioit fur un char ,
ôc écoit entoure de facs d'or ôc d'arg< nt. Du teins de
Grégoire de Tours même, certe province etoit renom-
mée pour fon or ôc pour fon argent ; car cet hi/towen ,
/. 3. c. 11. rapporte que les grands du partage de Thier*
ri, fils aîné de Clovis , voyant qu'il r.fufoitde fe join-
dre à Clotaire ôc à Childebert , fes frères , pour aller
faire la guerre aux Bourguignons , le menacèrent de le
quitter, & de fe donner aux autres princes ; mais Thier-
ry les retint, ôc les engagea de le fuivre en Auveigne ,
fur l'efpérance de leur y faire trouver de l'or ôc de l'ar-
gent : Aâ Arvernos me fequimini , & ego vos inaucant
in patriam ubi aurum & ar^entum acepietis. 11 faut
que ces mines ayent été abfolument épuifées ; or on
n'en connoit plus qu'une da'gent. Voyez, Pont Gibaud,,
* Figamol , Defc. de la France, t. 6. p. 268.
B.
BAÇA , mines de fer, en Espagne, au royaume de
Grenade. * Davity, Espagne, p. 65.
BADASCHAN , mines d'or, d'argent Se de rubis,
dans les montagnes qui féparent les Indes de la grande
Tartarie , au voifinage de la ville de Badasehan. Quoi-
que perfonne ne fade travailler régulièrement a ces mi-
nes , ceux qui habitent au pied de ces montagnes , ne
laiflent pas de faire un profit confidérable, parla
grande quantité de grains d'or ôc d'argent qu'ils ramas-
fent au printems dans les coulées, que les rorrens,qui
tombent en abondance du haut de ces montagnes , lors-
que la neige vient à fe fondre , ne manquent pas de
faire continuellement. * Hifi. des Tatars , 2. part.
P- 55-
BALDIVIA (La ville de)', dans l'Amérique méridio-
nale , au Chili , a dans fon voifinage des mines très- ri-
ches en or.
BALDO ( Le mont), dans l'état de Venife au Vi-
centin , a des veines d'airain. * Davity, Erac de Venife»
pag. 140.
BAMBOU C ( Le pays de) , en Afrique , elt fi abon-
dant en mines d'or , que pour en avoir, il fufntde ra-
cler la fuperficie de la terre, la laver dans une febil-
le, en verfer leau par inclination , ôc l'on trouve
l'or en poudre, ôc fouvenr des grains d'un poids con-
fidérable , mais de cce forte les Nègres ne trouvent
que l'extrémité des lâmeaux de la mine , fans aller ail
tronc , ou au fillon principal. La terre oui produit Vo£
1,^6
MIN
MIN
dans le pays de Bambouc , n'eft point dure, ni difficile
àcreuler; ce n'eft presque par -tout qu'une terre argil-
leufe de différenre couleur, mêlée de quelques mines
de fable ; de manière que dix hommes y peuvent fane
plus d'ouvrage que deux cens dans les plus riches mi-
nes du Pérou 8e du Brefil. * Labat , Relat. de l'Afri-
que occid. t. 4. p. 40. & fuiv.
Les Nègres n'ont aucune connoiffance de la fécondité
ou de la ftérilité des terres qui peuvent produire de 1 or ;
ils n'ont même aucune pratique pour diftinguer celles
qui en donnent , de celles qui n'en donnent point. Ils
favent en gros qu'il y en a presque par-tout , Se que plus
la terre eft féche, ingrate , Se incapable de produire des
herbes, plus on doit efpérer d'y trouver ce riche métal.
Ils gratent Se fouillent indifféremment par-tout, Se quand
ils trouvent un endroit abondant , ils s'y arrêtent , 8e
continuent d'y travailler ; mais dès que l'abondance ceffe ,
ils vont chercher un autre endroit. L'or, dans leur imagi-
nation , a de la malice , & ne fe laiffe pas prendre toutes
les fois qu'on a befoin de lui ; il fe cache 8e change de
place. C'eft fur ce préjugé,que quand ils ne trouvent rien,
ou peu de chofe dans an endroit , après avoir lavé deux
ou trois febilles de matière , ils difent , fans s'échauffer ,
que l'or s'eft enfui , Se ils le vont chercher dans un autre
endroit , tel que le hazard le leur préfente.
Lorsque la mine eft abondante , Se que fans travail ils
en tirent beaucoup d'or, ils s'y arrêtent, 8c y fouillent
quelquefois jusqu'à fix , fept 8c huit pieds de profondeur j
mais auffi c'eft-là que fe terminenr leurs recherches , non
que la mine ceffe d'être moins abondante ; mais parce
qu'ils n'ont ni l'invention des échelles , ni l'adreffe , ni
les matières néceffaires pour étayer les terres , Se n'en pas
craindre l'éboulement. Ils font même obligés de prati-
quer des marches dans le terrein même , qu'ils coupent,
pour pouvoir descendre 8c monter. Dès qu'ils s'apper-
çoivent qu'une mine menace de s'ébouler , ils la quit-
tent.
Chacun ne fouille pas la mine , quand il lui plaît ; cela
dépend abfolument de la volonté des farims, ou feigneurs
du pays, qui, lorsqu'ils le jugent à propos , ou pour
les néceiîités de leurs peuples , ou pour leurs befoins par-
ticuliers , font avertir leurs fujets qu'on fouillera la mine
un tel jour. Ceux qui ont befoin d'or s'y rendent ; les uns
fouillent , les autres transportent la matière -, d'autres
font occupés à apporter de l'eau ; d'autres lavent : le fa-
rim Se les principaux gardent l'or que l'on tire , 8c obfer-
vent foigneufement que les laveurs n'en dérobent quel-
ques parties. Le travail étant achevé , on partage ce qu'on
a amaffé ; la portion du farim eft au moins du double de
celle des autres , outre que tous les grains d'une certaine
gtoffeur lui appartiennent de plein droit , Se fans que cela
entre en parrage. Ce travail dure autant de jours qu'il
plaît au farim , après quoi il n'eft plus permis de toucher
à la mine.
Outre les mines d'or , on trouve encore dans le pays
de Bambouc des pierres couleur d'azur , Se l'on prétend
que ce font des marques certaines de mines d'argent Se
de cuivre. On trouve aufïï des mines de fer très-doux,
Se de l'aimant le plus parfait , Se dont l'expérience a fait
connoître que la vertu ne s'eft point du tout altérée ,
tandis qu'on a eu foin de le préferver de 1 humidité, Se
de le tenir couvert de pouffiere. On en a transporté en
France des morceaux considérables Se très-parfaits. * La-
■bat , Relat. del Afrique occid. t. 4. p. 57.
BARBARIE ( La ) , en Afrique , a des mines d'or ,
d'argent Se de quelques autres métaux. * Davity , Bar-
barie , pag. 38.
BARCELONNOIS ( Le ) a quantité de mines de
fer , d'alun Se de vittiol. 11 y a auffi de l'étain 8c du
plomb , mais ils ne font pas en abondance. * Davity ,
Espagne, p. 38.
BARROU , mine de chaux , en Angleterre, dans le
Leyceftershire. * Davity , Angleterre p. 304.
BASLEROI , mine de fer , en France, dans la Nor-
mandie. Piçaniol , t. i.p. 25-9,
BAZEULF , mines de fer & d'azur , en France , dans
l'éledion de Rhodes. Il y a environ quatte-vingts ans
■qu'on a discontinué d'y travailler. * Piganiol , t. 4. p.
458.
BENIJESSETEN , mine de fer, en Afrique , au
royaume de Fez , dans la province de Chaiis, * Davity ;
Royaume de Fez , p. 1 J3.
BENI-SAYD , mines de fer , en Afrique , au royaume
de Fez , dans la montagne de Béni-layd : elles rendent
beaucoup. * Marmol , Royaume de Fez, p. 292.
BERGAMASC ( Le ), dans l'état de Veniie, a des
mines de fer. * Davity , Etat de Venife , p. 147.
BERRI ( Le ) , en France , a plufieurs mines de fer
Se d'argent -, mais on néglige entièrement d'y faire tra-
vailler. * Pigcriiol , t. 6. p. 404.
BETFORT , mines de fer , en France , dans l'Aface.
Le cardinal Mazarin commença à y faire travailler ■ le
duc Mazarin , fon petit neveu , en jouit aujourd'hui.
* Pigumol, t. 7. p. 309.
BEUTHEN , mine d'argent , en Siléfie. * Davity , Si-
léfie , p. 867.
B1ECZ , mines de foufre 8c de vitriol , au royaume
de Pologne , près de Biecz. Le vitriol fe cuit, & devient
verd Se dur comme la pierre. * Davity , Pologne , p.
574.
B1NGO , mines d'argent , au Japon. Voyez, au mot
Japon.
B1RCKENFELD ( La principauté de ) , en Allema-
gne , au Palatinat du Rhin , a beaucoup de mines d'ar-
gent. * Davity , Allemagne , p. 102.
BISCAYE (La) , province d'Espagne , a des mines
de fer, Se en fi grande quantité , qu'il s'y fabrique tous
les ans trois cens mille quintaux de fer Se d acier : elle a
aufti des mines de plomo. * Délices a'tsp' gne , p. 102.
B1SNAGAR , mines de diamans , dans les érars du
Grand Mogol , auprès de la ville d>; Bisnagar. 11 y a
deux ou rrois montagnes ,d'où l'on rue des diamans qui
font les meilleurs qu'on porte en Europe. On y trouve
auffi des mines d'améihyftes 8e defapphirs blancs : caries
fleuves en emportent des rochers qui fe bnfcnt. * Davi-
ty , Etats du Grand Mogol, pag. j4j.
BLEYBERG , mine de plomb, dans la Haute-Carin-
thie. On a travaillé à cette mine pendant 1100 ans. Les
puits en font profonds. Il y en a un qui a cent dix bralics
de profondeur. Les montagnes font fi hautes tout autour,
que fi-tôt que la neige vient à fondre dans le piintems ,
on en reçoit fort fouvent de l'incommodité : elle tombe
Se roule en fi gros morceaux, que rien n'eft capable de lui
réiifter. En 1664, elle renverfa jusqu'à feize maifons.
* Ed. Brown. Voyage de Vienne, p. 201.
BOCHNE , mine de fel , au royaume de Pologne , à
dix lieues de Cracovie. Ce fel eft dans la terre , où l'on
descend avec de longues & grofles cordes. On trouve
en bas de grandes cavernes voûtées Se dispofées comme
les rues d'une ville , Se un grand nombre v;e perfonnes
qui coupent Se tirent le fel par groffes pièces , comme
on tire la pierre des carrières. On n'y peut travailler qu'à
la lueur des chandelles ou flambeaux. * Davity , Polo-
gne, p. Ç74.
BOHEME (La) a quantité de mines d'argent, d'or,
d'étain , de cuivre , de plomb, de fer, Se même d'es-
carboucles , d'améthyftes Se autres pierres de prix. * Da-
vity , Bohême , p. 85 1.
BOINICK, mine de fer, dans la Hongrie: elle eft
épuifée.
BONNEVAL, mine de fer , en France, dans l'élection
de Limoges : elle eft fort abondante. * Piganiol, t. 6.
p. 8j r.
BORMIO l Le comté de ) , au pays des Grifons , a
des mines d'or , d'argent , de fer , de cuivre , de plomb ,
d'alun & de fouffre ; mais on travaille principalement à
celles de fer. * Davity , pays des Grifons , p. ^87.
BOTZAR , mines d'or , dans la Hongrie.
BOURGON, mine de fer, en France , dans le Maine.
* Piganiol, r. y. p. 456.
BRABANT ( Le) a des mines de fer, de plomb &
de cuivre. * Davity , Pays-Bas, p. 427.
BRAGANCE , mines d'argent, en Portugal, dans le
territoire de Bragance. * Délices de Portugal, p. 717.
BRASSAC , mine de charbon de terre , en France ,
dans l'Auvergne près de Brioude.
BREMBANE , mine de fer , dans l'état de Venife au
Bergamasc , dans la vallée de Brembane. * Davity, Etat
de Venife, p. 147.
BRESNIZC , mines de fer , dans la Hongrie , à deux
milles
MIN
'IN
milles de Neufol. Elle appartient à l'empereur. * Jac.
Tollii Epiit., itiner. j. p. 1 66.
BRESSAN ( Le ) , dans l'état de Venifc , a quantité
de riches mines de fer & d'airain dans Tes vallées. On y
trouve aufli des mines de jaspe , d'albâtre & de pierre de
parangon , noire comme l'cbéne , & fi claire qu'on s'y
peur mirer. * Davity , Etat de Venife , p. 144.
BRETAGNE ( La province de ) , en France, a des
mines de charbon de terre , dans l'évêché de Nantes ;
mais il n'eft pas à beaucoup près fi bon que celui d'An-
gleterre. * Piganiol, r. 5. p. 127.
BRIQUEBEC , mines de cuivre , en France, dans la
Normandie , au Cotentin. La forêt de Briquebec , où
elles fe trouvent, leur donne fou nom. * Piganiol , t. /.
p. 259.
BRISGOU(Le) a des mines de cryftal , de jaspe oc
dechalcédoines. * Davity , Brisgcw , p. 885.
BRIXENTHALL, mine d'or, en Allemagne, dans
l'archevêché de Salrzbourg. * Davity , Allemagne , p.
BUDE , ville du royaume de Hongrie. On veut qu'il
y ait eu autrefois des mines d'or dans fon voifinage.
* Jac. Tollii Epiit. itiner. 5. p. 166.
BUG1E ( Les montagnes de) , en Afrique , au royau-
me d'Alger , dans la province de Bugie , ont des mines
de fer. * Davity , royaume d'Alger , p. 1 9 r .
BULACF1 ( La ville de ) , au duché de Wirtcmberg.
On prétend qu'elle eft aflife fur une mine de cuivre.
* Davity , Allemagne, p. 744.
BUNGO , mine d'étain , au Japon. Voyez, à l'article
Japon.
BURBAC ( Le territoire de ) , en Allemagne , au
comté de Naflau , a des mines d'acier , de cuivre Se de
plomb, * Davity , Allemagne, p. 711.
BURIEL , jmine d'argent , en Espagne , au royaume
de Valence. * Davity , Espagne, p. 172.
C.
CAGNEUX , mine de fer , en Afrique , au royaume
tle Galam. * Labat , Relat. d'Afrique , t. 4. p. 57.
CAILLOMA, mines d'or , dans 1 Amérique méridio-
nale au Pérou , dans l'audience de Lima , entre la rivière
xl'Aporimac Se le lac de Titicaca. * De l'Ifle , Atlas.
CAINDU ( La province de ) , dans les états du grand
kan de Tartarie, a une mine de turquoifes. * Davity ,
Etats du grand kan , p. 861.
CALABRE ( La ) , en Italie , au royaume de Na-
plcs , abonde en mines de divers métaux , en cryftaux
& pierres de prix qui ont plufieurs vertus. * Davity ,
royaume de Naples , p. 5- 2 r .
CALABRE ULTÉRIEURE (La) , en Italie , au
royaume de Naples , a presque de routes fortes de mé-
taux ; Se l'on y découvrit , il y a environ deux ficelés >
dans les terres du marquis de Sorito , une mine de bol ,
femblable à celui d'Arménie , Se des plus excellens.
* Davity , royaume de Naples , p. 5 3 2.
CALACHAQUES, mines de l'Amérique méridio-
nale, au Pérou.
CALATAJUD, mine d'or, en Espagne, dans le royau-
me d'Arragon. * Davity , Espagne , p. 153.
CAMER ATE , mine de ici , dans la Sicile. * Davity ,
Sicile, p. 554.
CAMORA , mines de l'Amérique méridionale,au Pé-
rou.
CAMPECHIANA, mine d'argent,au Mexique. Voyez.
Trinité dans cette lifte.
CANDI ( Le royaume de ) , dans l'i/k de Ceylan , a
des mines d'or Se d'argent qui demeurent fermées , par
ordre du Roi. Il y a aufli des mines de pierres précieu-
fes ; mais il eft défendu de les chercher. Quand il a plu,
on en trouve dans la ville de Candi même , dans des
tuifleaux par où l'eau a pris fon cours ; on eft obligé de
les porter au roi.
CARANGAS , mines de l'Amérique méridionale, au
Pérou , dans la province de Charcas , à l'occident fep-
tentrional du Potofi , Se au midi du lac de loi Aiillagas.
*DetIfley Atlas.
CARAVAYA , mines d'or, dans l'Amérique méri-
dionale au Pérou , dans l'audience de Lima , auprès de S.
297
Juan del Oro , au nord de la rivière de Caravava. * Dt
l'Jjle, Atlas.
CARDIGANSHIRE(Le) , en Angleterre , a des
mines de plomb vers la fource de l'Iftwich. * Davity ,
Angleterre, pag. 326.
CARDON A , mine de Ici , en Espagne, dans la Ca-
talogne , près de la ville de Cardonf.. Voyez. Cardone.
CARINTHIE ( La ) a quantité de mines d'or & d'ar-
gent , particulièrement près de Vriel'ach. * Davity , Ca-
rinthix , pag. 890.
CARMAR1HENSHIRE (Le) , en Angleterre, a
des mines de charbon de terre. * Davity , Angleterre ,
pag. 3 3 2.
CARNOT , mine de plomb , en France, dans la Bre-
tagne, évêché de Quimper ; mais il s'en faut beaucoup
qu'il foit d'auifi bonne qualité que celui d'Angleterre.
* Piganiol , t. j. p. 127.
CAROLLES , mines de cuivre , en France , dans la
Normandie , évêché d'Avranches. * Piganiol , tom. j.
pag. 2<5o.
C A ROUGES , mine de fer, en France , dans la Nor-
mandie. * Piganiol , r. j, p. 2J9.
CARTAGENE , mines ou minières de pierres pré-
cieuies , en Espagne, au royaume de Murcie, dans le voi-
finage de la ville de Cai tagéne. On y trouve aufli des
mines d'alun fi abondantes , qu'elles valent jusqu'à qua-
rante mille ducats par an ; Se l'on prétend que fi 1 00
vouloir fouiller , on y trouveroit aufli des mines d'or Se
d'argent. * Délices d'Espagne , pag. y 41.
CASTAMBOUL , mines de cuivre , dans la Natolie ,
à dix journées de Tocat , du côté d'Angora : elles l'ont
très-abondantes. * Toumejort , Voyage du Levant , let-
tre 21.
CASTAYN , mine d'or , en Allemagne , dans l'arche-
vêché de Saltzbouig. * Davity , Allemagne, p. 76J.
CASTRIN , mine d'or , en Allemagne , dans l'arche-
vêché de Saltzbouig. * Davity , Allemagne , p. 76 c.
CASTRO GIOUANNI; mine de fel, dans la Sici-
le , auprès deCaftro Giouanni. * Davity, Sicile, p. J54.
CAVECA DEL NEGRO , mines de l'Amérique mé-
ridionale,au Pérou , dans la province de Charcas , à l'oc-
cident du lac de los Aullagas. * De l'Ifle , Atlas.
CEPUS ( Le comté de ) , en Hongrie , a dans fes
montagnes une mine de plomb mêlé avec de l'antimoine»
* Jac. Tollii Epiit. itiner. 5. p. 166.
CERRO DE LA CALERA, mine d'argent, en Espa-
gne , près de Guadalcanal : elle a rendu dix huit onces
d'argent par quintal. * Davity , Espagne , p. 65.
CERRO DE SANTA YNNES, montagne de l'A-
mérique méridionale au Chili , Se qui fait partie delà
Cordelliere : elle eft remarquable par fes mines d'aimant»
dont elle eft presque toute compofée. Elle eft fituée envi-
ron à douze lieues des Pampas du Paraguay , Se à cent de
la Conception. * Frez.hr , Voyage de la mer du Sud »,
t. i.p. 145.
CÉRRO VERDE , mine de cuivre , dans l'Amérique
méridionale au Chili , à cinq lieues au nord , de la ville
de Coquimbo , dans la montagne de Cerro Verde. * Fre-
zàer , Voyage de la mer du Sud , r. 1. p. 233.
CERRO D'URRALEDA , mine d'argent , en Espa-
gne , dans la ptovince de Galaroça , a rendu huit onces
par quintal , Se quelquefois jusqu'à dix-fepr. * Davity „
Espagne , pag. 6y.
CEYLAN ( L'ifte de ) abonde en mines de divers
métaux. On y trouve , entr'autres , de l'or , de l'argent ,
du cuivre, du fer, Se des pierres précieufes de toutes
fortes, hormis le diamant: mais le roi ne permet point,
qu'on ouvre les mines , ni qu'on cherche les pierreries»
* Voyage de G. Sfilbcrg , pag. 4p.
CH ALONNE, mine de charbon de terre , en France ,
dans l'Anjou. * Piganiol, tom. 7. p. 72.
CHASLON , mine de fer , en France , dans le Maine.
* Paganiol , t. y. p. 456.
CHATEAU LAVAL1ERE, mine de fer.cn France ,
dans l'Anjou. * Piganiol , t. 7. p. 73.
CHAUDEFONS, mine de chatbon de terre , en Fran-
ce , dans l'Anjou. * Piganiol ', r. 7. p. 72.
CHEVAUX, mines d'argent , d'étain, de plomb Se
d'airain,en France , dans l'Anjou , paroiffe de Courcellcs.
Une hiftoire manuferite d'Anjou , porte que dans le vil-
Tom, IV. P p
298 MIN
lage de Chevaux , on trouve des mines où il y a de l'ar-
gent , de l'etain , du plomb ôc de l'airain ; ôç que de cent
livres de matière on tireroit trois onces d'argent. * Pi-
garïiol , Defcr. de la France , tom. 7. p. 73.
CHECA , mine de fer , en Espagne, près deMolina.
* Davity, Espagne, pag. 6j.
GHEMNITZ , mines d'argenr,dans la Misnie , auprès
de la ville de Chemnkz. Elles font fameufes Ôc appar-
tiennent a l'électeur de Saxe. * Davity , Saxe , p. 777.
CHEN1TZ , mines d'airain , d'azur & de plomb , au
royaume de Pologne , dans le pays de Chenitz. * Davi-
ty , Pologne, pag. ; 74.
CHESSEY , mine de cuivre,en France , dans le Lyon-
nois , à quatre lieues de Lyon , ôc a un quart du village
appelle Chessey. A cent pas de cette mine , il y a une
voûte fouterreine, qui a été creufee horizontalement de
plus de deux cens pieds de profondeur , pour tirer des fi-
lons de ce métal. On a trouvé dans cette voûte une pe-
tite fource d'eau froide ôc vitriolée , qui coule par plu-
fleurs endroits , ôc qui,-é;ant ramaflée , fournit un pouce
d'eau. On croit , ôc on dit dans le pays , que l'eau de
cette fontaine change le fer en cuivre; mais les phyli-
ciens difenr le contraire. Les fels vitrioliques de cette
eau , rongeant la furpei rîcie du fer , que les propriétaires
de cette fontaine mettent fur un pavé qu'ils ont fait
faire exprès, laiflent échaper des molécules de cuivre,
qui, fe précipitant, s'attachent à la furface du fer. Quand
on goûte de cette eau à la fontaine , elle fait une impi es-
fion désagréable Ôc ftiptique dans la bouche; mais lors-
qu'elle efl transportée, elle n'a d'autre goût qu'une petite
pointe de vin. A la funtaine elle noircit un peu la noix
de galle en couleur d'ardoife , ôc nullemenr, fi elle elt
transportée. A la fontaine elle rougit le tournefol ; trans-
portée, elle lui donne une légère teinture d'amaranthe.
Dans l'évaporation elle fait une écume qui s'attache aux
parois du vai/Icau , ôc un voit flotter enne deux eaux un
nuage blanchâtre de la couleur de la rélîdence, laquelle de
deux livres ôc demie d'eau a été de vingt grains. * Pi-
ganiol , Defcr. de la France , t. 6. p. 2 1 S.
CHINE ( La) efl riche en mmes de toutes fortes de
métaux ôc minéraux : mais la loi défend d'ouvrir les mi-
nes d'or ôc d'ai gent ; on en donne pour prétexte les mau-
vaifes exhalailons , auxquelles elles font fujettes , & qui
donnent fouvent la mort aux travailleurs , dont la vie
elt eflimée plus précieufe que ces métaux. Il eft pourtant
permis à tout le monde de ramauer de l'or dans les riviè-
res , où on en trouve une aflez grande quantité pour
ne pas regretter celui des mines. Il efl auflî permis d'ou-
vrir les mines d'argent-vif , d'airain , de fer, d'étain,de
cuivre , de cinnabre , de lapis azuli & de vitriol. * Atlas
Stnenfis.
CHINNING, ville de la Chine, dans la province
de Queicheu : fon territoire abonde en mines d'or &
d'argent. * Atlas Sinenfis.
CHIPAUL , mines d'argent , de fer , & d'autres mé-
taux en Lorraine. Il y a aufli divers minéraux. * Davity ,
Lorraine, p. 425.
CHOCÀYA, mines de l'Amérique méridionale , au
Pérou , dans la province de Chicas , à l'occident fep-
tentrional de la mine de Lipos. * De l'Ifle , Atlas.
CHRANOUE , mine mêlée de plomb & d'argent ,
au royaume de Pologne , dans le palatinat de Craco-
vie. * Davity , Pologne , p. 574.
j . CHREMNITZ , mine d'or , en Hongrie , au voi-
finage de la ville de Chremnitz. Il y a plus de mille ans
qu'on travaille dans cette mine. Elle a neuf ou dix mil-
les d'Angleterre de longueur, ôc plus de cent foixante
Se dix brades de profondeur. On ne fe fert point d'é-
chelles pour y descendre , mais d'un cable au bout du-
quel on attache un morceau de cuir en manière de fron-
de: le cuir efl toujours fort large, & on le divife or-
dinairement en deux ou trois parties , de forte qu'on
peut changer de pied quand on veut. On fait descendre
de cette manière par les fchaths , ceux qui veulent en-
trer dans la mine : ces fchaths font des puits perpendi-
culaires. Il y en a fix : celui de Rodolphe , celui de la
reine Anne , celui de Ferdinand , celui de Matthias ,
celui de Wmdfchacht , ôc celui de Léopold. Il y a dans
cette mine des veines qui coulent du côté du feprentrion,
& d'autres vers l'orient. On y trouve du vitriol blanc ,
MIN
rouge , bleu 8c verd , aufli-bien que des eaux de vitriol
ôc une certaine matière attachée à l'or , Ôc qui forme
pliifleurs pointes comme des épingles. Elle efl d'un
pourpre fort éclatant , ôc fe forme d'une autre matière
jaune , qui a presque les mêmes qualités que le foufre ,
& qu'on appelle l'antimoine d'or. On y trouve aufli du
cryltal , ôc du jaune propre pour la teinture. * Ed.
Bro-wn , Voyage de Komara , p. 143.
2. CHREMNITZ , mine de vitriol, en Hongrie,
dans les montagnes de Chremnitz. Elle a quatre-vingt
brades de profondeur. La terre , ou plutôt ce qu'on en
tire , efl à demi-rouge, ôc quelquefois presque verd. On
met cette terre dans de l'eau ; trois jours après on la met
fur le feu , ôc on la fait bouillir pendant fept jours jus-
qu'à confidence :on la fait enfuite cuire dans un four,
& on en fait une espèce de chaux dont on fe fert pour
faire Vaqua fur tis , dont on fe fert à Schemnicz. * Ed.
Broiu/t , Voyage de Komara, p. 149.
C1BAO , mine d'or , dans l'ifle de S. Domingue , dé-
couverte par Chriflophe Colomb, en 1493.
C1LLEBAER , mines d'or , d'argent , d'antimoine ôc
de cryltal , dans les Indes , fur la côte occidentale de
Sumatra. * Le Brun , Voyage , p. 361.
COLEOVERTON , mine de charbon de pierre , en
Angleterre , dans le Leynceflershire. * Davity , Angleter-
re , p. 304.
COMPAINS , mine de fer , en France , dans l'Auver-
gne. * Piçaniol , t . 6. p. 269.
CONCEPTION ( La) , ville de l'Amérique méridio-
nale , au Chili , a dans Ion voilinage des mines d'or en
grande quantité. * Frez,ier , Voyage de la mer du Sud,
t. i.p. 144.
CONCHES , mine de fer , en France, dans la Nor-
mandie. * Piganiul , t. j. p. 2J9.
CONCOURSON, mine de charbon de terre,en Fran-
ce, dans l'Anjou. * Pigar/iol, t. 7. p. 72.
CONDOROMA , mines de l'Amérique méridiona-
le , au Pérou , dans l'audience de los Charcas, au midi
des mines de Ste Lucie. ' De l'ifle , Atlas.
CONGO ( Le royaume de ) , dans l'Ethiopie occiden-
tale, a des mines d'or qui rendroient fes rois tiès-ri-
ches , fi ces princes ne teuoienc ces mines cachées , au-
tant qu'il leur efl poflîble , de crainte d'attirer chez eux
les étrangers qui, pour avoir l'or, fe rendroient maî-
tres du royaume. * Labat , Relat. de l'Ethiopie occid,
tom. 3. pag. 104.
COPIAPO, mines de l'Amérique méridionale, au
Chili , à cent lieues au nord de la ville de Coquimbo.
Ces mines ont été découvertes dans ce fiécle , ôc leur
richefle y a attiré du monde. Cet événement a donné
occafion à un ordre de repartition des terres. Par- là on
ôie aux Indiens leurs terres ôc leurs maifons, que le
conégidor vend pour le compte du roi, ou pour mieux
dire, pour le compte de fes officiers, fous prétexte de
faciliter les nouveaux établifiemens de ceux qui font va-
loir les mines. 11 y a des mines directement au-deffus du
bourg de Copiapo, d'autres fonr à deux ou trois lieues,
& l'on apporte fur des mules le minéral aux moulins
qui font dans le bourg même. Outre les mines d'or , on
trouve aux environs de Copiapo quantité de mines de
fer, de cuivre , d'étain , de plomb, auxquelles on ne
daigne pas travailler. Il y a auflî quantité d'aimant &
du Lpis az.uli, que les gens du pays ne connoiflent pas.
Ces dernières mines font à quatorze ou quinze lieues
de Copiapo , près d'un endroit où il y a quantité de
mines de plomb. Enfin, toute 'la terre de ce quartier efl
pleine de mines de fel gemme; ce qui fait que l'eau
douce y efl fort rare. Le falpêtre n'y efl pas moins com-
mun : on le voir dans les vallées d'un doigt épais fur la
terre. * Frezjer , Voyage de la mer du Sud, tom. 1.
pag. 244.
COQUIMBO , mines de cuivre , dans l'Amérique
méridionale , au Chili , aux environs de la ville de
Coquimbo , à trois lieues au nord-eft. Ces mines four*
niffent depuis long-rems les batteries de cuifine à pres-
que toute la côte du Chili ôc du Pérou. le cuivre en
lingots fe vend huit piaflres le quintal; ce qui efl une
petite fomme par rapport à la valeur de l'argent dans
le pays. * Frez.ier „ Voyage delà mer du Sud , tom. I.
pag. 233.
MIN
MIN
CORBACH , mine d'or, en Allemagne , dans le
comté de Waideck, auprès de la ville de Corbach. * Da-
vity , Allemagne, p. 768.
CORBIERES , mines de cuivre rouge, en France,
dans la Gascogne. Elles furent ouvertes par ordre du
roi en 1672011 1673. * Piganiol , t. 4. p. 4^8.
CORDELL1ERE ( La montagne de la) , dans l'Amé-
rique méridionale , au Chili , environ à quarante lieues
du port de Copiapo , vers l'eft-fud-eft , a des mines
du plus beau foufie qu'on puifle voir: on le rire tout
pur d'une veine d'environ deux pieds de large , fans
qu'il ait befoin d'être purifié. Il vaut trois piaftres le
quintal rendu au port, d'où on le transporte à Lima.
Cette montagne a encore une infinité de mines de di-
< vers métaux ôc minéraux. * Freùer , Voyage de la
mer du Sud , t. 1. p. 245.
1. CORDOUE ( La ville de) , en Espagne , a dans
fon voifinage quantité de mines d'argent & d'antimoine.
* Davitv , Espagne , p. 186.
2. CORDOUE ( La ville de) , dans l'Amérique mé-
ridionale , au Pérou , a des mines dans les montagnes de
fon voifinage.
CORNÔUAILLE (Le pays de) , en Angleterre,
abonde en mines d'étain , qui eft le meilleur qu'on
puiiTe voir. 11 a aufTi quelques mines d'or, d argent,
de cuivre & de plomb , Ôc l'on y trouve des diamans
polis par la nature , ôc faits à facettes ôc à pointes,
dont quelques-uns font delà grofleur dune noix: mais
ils font moins noirs ôc moins durs que ceux d'Orient.
* Davity , Angleterre , p. 296.
COSENZE , mines d'or ôc de fer , en Italie , au
royaume de Naples, dans la Calabre citérieure , près
de la ville de Colènze , au voifinage du fleuve Jovinio.
* Davity , Royaume de Naples, p. 528.
COUSSAT, mine de fer , en Fiance, dans l'élection
de Limoges: elle eft fort abondante. * Piganiol, t. 6.
pag. 552.
CRANSAC , mine de charbon de terre , en France ,
dansleRouergue, élection de Ville-Franche. * Piganiol,
t. 4. p. 458.
CRAUFORD , mine d'or, en Ecofle, dans la pro-
vince de Clysdale ; elle fut découverte fous Jacques IV.
* Davity , Ecofle , p. 276.
CREVE -CŒUR, mines de fer, en Piémont ; el-
les rendent confidérablement. * Davity , Piémont , p.
459-
CROIX ( La) , mines d'argent , de cuivre , de fer ôc
d'autres métaux, en Lorraine. Il y a aura divers miné-
raux. * Davity , Lorraine , p. 425.
CUBA(L'ifle de) a des mines d'or, d'argent, de
cuivre , de fer & de fel.
CUENÇA , mines de l'Amérique méridionale , au
Pérou.
CUMBERLAND( Le) , en Angleterre, a des mi-
nes de cuivre, & quelques-unes d'or ôc d'argent. On y
trouve aufli en abondance une terre métallique , dure
& Enfante » appellée Blaxlead , c'eft à-dire , plomb noir ;
on s'en fert pour crayonner. * Davity , Angleterre ,
pag. 316.
D.
DALMATÎE ( La ) a des mines de divers métaux. ,
DART-MORE, mine d'aimant , en Angleterre , dans
le Devonshire. * Davity, Angleterre, p. 895.
DEC AN , mine de diamans , dans les états du grand
Mogol : elle eft dans une montagne de la province de
Decan , à quatre milles de la ville de même nom.
Cette montagne eft ceinte d'une muraille, & l'on y
fait la garde. * Davity , Etats du grand Mogol , pag.
;38.
DENBIGSHIRE ( Le ) , en Angleterre , a des mi-
nes de plomb. * Davity, Angleterre, 327.
DERBYSHIRE(Le), en Angleterre, a des mines
de fer, de plomb, d'albâtre, de charbon de pierre,
& en quelques lieux des veines d'antimoine. * Davity ,
Angleterre, p. 306,
DESIZE , mines de charbon de terre , en France ,
dans le Nivernois. Ce charbon eft noir , gras & vis-
queux ; il s'allume aufTi facilement que le charbon de
bois, ôc le feu en eft plus ardent. Ceux qui travail-
2-99
lent aux forges, s'en fervent volontiers. * Pigamol t
Defc. de la France, r. 6. p. 148.
DEVONSHIRE (Le), en Angleterre, a des mines
d'argent , de plomb ôc d'aimant. * Davity , Angleter-
re, p. 895.
DILLENBURG (La contrée de) , en Allemagne,
au comté de Nafl'au , a des mines d'acier , de plomb,
&z de cuivre. * Davity, Allemagne, p. 711.
DITMANDORFF, mine d'argent, en Siléfre,près
de Schweidnitz. * Davity , Silefte , p. 867.
DOBSCH , mine decinnabre, en Hongrie, à deux:
milles de Rofenau , ôc a quinze milles de Neufol. * Jac.
Tollii epift. itiner. j. p. 166.
DONGUEL, mine de fer, en Afrique, fur les rcrj
res du roi Siiaue , proche du Niger. * Labat , Relar*.
d'Afrique, r. 4. p. 57.
DRAMANET , mine de fer , en Afrique , au royauj
me de Galam. * Labat , Relation d'Afrique , tom. 4.
pag- 5%
DURHAM (L'évêché de), en Angleterre, a des
mines de fer «Se de charbon de terre. * Davity , An-
gleterre , pag. 313.
E.
EBORA , mines d'argent , en Portugal , dans le
territoire de la ville d'Eboi a. * Diïices de Portugal , p.
78;.
ECOSSE (L') a des mines de plomb, de fer, de
foufie , d'azur , d'or ôc d'argent , de turquoifes , de cail-
loux imitans le diamant ôc l'escarboucle. * Davity ,
Ecofle, p. 347.
EIFFEL (Le pays d') , dans l'archevêché de Trêves,
a des mines afléznches. * Davity , Allemagne , p. 693.
ELBE ( L'ifle d ) , fur la côte de la Toscane , a des
mines de fer fi abondantes, qu'on prétend qu'il ne faut
que vingt-cinq ou trente ans pour qu'une terie fouillée
reproduife la même quantité de matière : mais le défaut
du bois empêche qu'on ne puifle travailler le fer fur le
lieu , d'où on tire la maiere , ou marcailite , qui produit
le fer. Le grand duc donne une aflez greffe fomme tous
les ans au prince de Piombino pour ces mines, & ne
laiffe pas d'y faire un profit confidéiable; il y a au/Fi des
mines d'aimant dans cette ifle ; on yen trouve de deux
fortes, de brun ôc de blanc. On a tiré autrefois beaucoup
de plomb ôc d'étain de 1a même ifle ; mais les mines
qui fourniflbient ces métaux font à préfentfort négligées
ôc comme abandonnées. Il faut qu'elles foient épuifées ,
car lesfujets du grand duc font trop laborieux, pour les
négliger fi elles pouvoient leur donner du profit. On y
trouve auffides mines de foufie & de vitriol ; ce demiec
eft de l'espèce du vitriol romain. * Labat , Voyage d'Ita-
lie , t. 7. p. jj.
ELLERENA , mines de l'Amérique feptentrionale ,
au Mexique, dans 1 audience de la nouvelle Galice, aut
nord occidental des mines de Zacatecas. * De lljle ,
Atlas.
ENNE, mine de fel, dans la Sicile. * Davity, Si-
cile, p. 5H.
ENNEAPERG , mine d'or, en Allemagne, dans
l'archevêché de Saltzbourg. * Davity , Allemagne, p.
765.
EPERIES, mine de fel, en Hongrie. Voyez, à l'arti-
cle Eperies.
ESCALA , mines d'argent , dans l'Amérique méridio-
nale , au Pérou , dans le voifinage des mines de LipeS-
* Frezier , Voyage de la mer du Sud , t. 1. p* 1$ 1.
ESTANCIA DEL REY ( La ) , mine d'or , dans l'A-
mérique méridionale , au Chili , à douze lieues vers
l'eft de la Conception. On y trouve de ces morceaux
d'or pur , qu'on appelle dans la langue du pays Pepitasmy
il s'en eft trouvé de huit ôc dix mates & d'un très-haut
aloi. * FrezÀer , Voyage de la mer du Sud, tom. 1.
pag. 144.
ETHIOPIE (L') a beaucoup de mines d'or & d'ar-
gent.
F.
FALEME , mine d'or , en Afrique , à dix-fept lieues
de l'embouchure de la rivière de Falemé , dans le Ni-
ger , à la trente-fixiéme raque de bois à la droite. La
Tom. IV. P p ij
MIN
300
terre pendant un très-long espace , tout le long de la
côte elt lèche , ftérile Se d'un tuf tendre , partagé en dif-
férens lits , dont les différentes couleurs , qui font très-
vives , reiïemblenr baucoup à celles des montagnes de
Netteco& de Tamba-aoura. * Labat , Rtlat. de 1 Afriq.
occid. t. 4. p. 55.
FALCKENSTEIN , mine de fer , en Suiffe, au can-
ton de Soleure , près du bourg de Baliltel. Davity ,
Pays des Suiffes , p. 541.
FARGEAS , mines de plomb & d'étain , en France ,
dans le Limoufin , à une demi-lieue du Tralage. Le
fieur de Rhoddes les fît ouvrir en 1703 , fans beaucoup
de fuccès * Piganiol , t. 6. p. 3/1.
FEUMY , mine 'de charbon de rerre, en France,
dans le Rouergue , éle&ion de Ville Franche. * Piga-
niol , t. 4. p. 458.
FIFE ( La province de ) , en Ecoffe , a des mines de
chai bon de terre. * Davity, Ecoilè, p. 375.
FOiX (Le comté de) , en Fiance, a des mines de
fer très abondantes. Voyez. Foix. * Piganiol, tom. 4.
pag. 410.
FOK1EN , province de la Chine : elle a plufieurs mi-
nes de fer & d'étain, auxquelles on travaille ; mais quoi-
qu'elle ait pareillement des mines d'or Se d'argent , il
n'y en a aucune de ces espèces qui foit ouverte. + Atlas
Sinenfîs.
FORMOSA ( L'ifle) , fur les côtes de la Chine , l'uni
des dépendances de h province de Fôkien, a des mi-
nes d'or; mais perfonne n'ofe les ouvrir. * Atlas Si-
nenfis.
FOSSE ( La ) , mine de charbon de terre , en France ,
«tans l'Auvergne.
FOURQUARANE, mine d'or, en Afrique, dans
la partie occidentale du pays de Galam, à deux lieues
à l'orient de la rivière de Falemé. On trouve dans le
tnéme endroit une mine trèsconfidérable «Se d'une grande
étendue ; c'eit une roche blanche , éclatante Se extrême-
ment pelante, que l'on croit avec fondement être une
mine d'argent. Cet endroit elt abandonné , éloigné des
habitations des Nègres , & feulement à une journée
du fort S. Jofeph , fur le Niger. * Labat, Relac. de l'Afri-
que occidentale , t. 4. p. 46.
FRANCHE COMTÉ ( La ) , en France , a des mines
de cuivre , de plomb , de fer excellent & d'argent. * Pi-
ganiol , t. 7. p. 390.
FREUDENBERG , mine d'acier , en Allemagne , au
comté de Naffau. D^'ty, Allemagne, p. 71 1.
FR1BOURG, mine d'or & d'argent , en Misnic, au-
près de la ville de Fribourg. * Ed. Broivn , Voyage de
Komara , p. 130.
FRICHTELBERG, mine d'azur, en Allemagne.au
palatinat du Rhin , dans la montagne de Frichtelberg.
* Davity, Allemagne, p. 760.
FRIOUL ( Le ) , en Italie, dans l'état de Venife , a
dans fes montagnes du fer , du plomb , de l'étain , du
cuivre , du vif-argent , de l'or même , de l'argent , & des
mines de cryftal , de cornalines, de berils & de ca-
mayeux. * Davity , Etat de Venife, p. iji.
FURA ( Les mines de ). Voyez, à l'article Ophir.
G.
GABELE , mine d'argent , en Siléfie , auprès de Lands-
tuit. * Davity, Siléfie, p. 867.
GALAM (Le royaume de), en Afrique, a des mi-
nes de fer, de cryftal & de quelques autres pierres fi-
nes. * Labat, Relation d'Afrique, t. 4. p. 57.
GALICE (La), province d'Espagne, a des mines
d'or , d'argent , de cuivre Si de plomb , principalement
vers le cap de Fini/tere. * Délices d'Espagne, p. 142.
GALLES (Le pays de), en Angleterre, a quelques
mines d'argent. * Etat pnfent de la Grande Bretagne ,
t. 1. p. 21.
GARFAGN ANE ( La) , dans le duché de Modéne ,
a des mines de fer. * Davity , Etat de Modéne, p. 74.
GESWINCK-KAMEN , nom que les Ruffes donnent
à une haute montagne de la Sibérie , au voifmage de
la ville Werkaturia. Le fommet de cette montagne , qui
fait une plaine de quatre werftes de diamètre , a beaucoup
de minéral d'argent. Perfonne ne doute qu'il n'y ait dans
MIN
cette montagne une mine très-riche de ce métal ; mais
jusqu'ici il a été impoiîible d'y faire travailler, à caufe
de la bife du nord qui y fouffle presque pendant toute
l'année. * Hifi. des Tatt/rs , 1. part. p. 3 1.
GESULA( La province de) , en Afrique, au royau-
me de Maroc, a dans fes montagnes plufieurs mines de
fer & de cuivre ; elles font abondantes. * Marmol%
Royaume de Maroc, p. 6j.
GlEREN , mines de cuivre Se d'étain , en Siléfie,
près de la fource du Queis. * Davity , Siléfie , p. 867.
GILOU , mine d'or , en Bohême. * Davity, Bohême ,
P- 35».
G1NSIMA ; mine au Japon. Voyez, à l'article Japon.
GIROMANI , mines d'argent Se de cuivre , en Fran-
ce, dans la haute Alface. On en peut tirer par an en-
viron feize cens marcs d'argent Se vingt-quatre mille li-
vres pelant de cuivre , mais la dépenle du travail égale
presque le profit. Le duc Mazarin , à qui ces mines
appartiennent , n'en retire que cinq ou fix mille livres
de rente. * Piganiol, Description de la France , t. 7.
p. 390.
GLARIS (Le canton de) a quelques mines d'argent.
* Davity , Pays des Suiffes , p. 5 17.
GLASH1TTEN, mine d'or , en Hongrie , à quelques
lieues de Schemnitz, Cette mine éroit très-riche ; on l'a
perdue , Se perfonne ne fait où en étoit l'entrée. Cette
perte fe fit du tems que Bethlem-Gabor fit des cour-
fes dans ce pays , Se qu'il obligea les habitans de s'en-
fuir ; celui à qui elle appanenoit , y laifia pourtant quel ■
ques marques par le moyen desquelles on pourroit la
retrouver. On a déjà découvert fes inftrumens en creu-
fant la terre ; mais il faut encore trouver une pierre
fur Lquelle il y a un vifage gravé , c'eft-là qu'eft la
mine: il n'y aura qu'à lever quelques pierres avec les-
quelles elle a été bouchée. * Ed. Br^wn , Voyage de
Komara , p. 137.
GLOCESTERSHIRE (Le) , en Angleterre , a des mi-
nes de fer. * Davity , Angleterre , p. 308.
GOTHIE( La) ,en Suéde , a quantité de mines d'ar-
gent , de cuivre , de fer Se d'acier. * Davity , Suéde »
p. é4r.
GOTTSBERG , mine d'argent , en Siléfie. * Davity t
Siléfie , p. 867.
GRAN. Voyez. Strigonie , dans cette lifte des mi-
nes.
GRENADE ( Le royaume de ) , en Espagne , a des
mines de grenats, d'hyacinthes Se d'autres pierres précieu-
Ces. * Davity, Espagne, p. 175.
GRISONS ( Le pays des) a des mines d'argent, de
cuivre , de plomb , de fer Se de cryftal. * Davity , Pays
dès Suiffes , p. 569.
GRUN AW , mine d'or , en Bohême. * Davity , Bohê-
me , p. 867.
GUADALCANAL, mines d'argent, en Espagne,
dans l'Eftremadure , près de la commenderie de Gua-
dalcanal,qui leur donne fon nom. Elles font fi abon-
dantes Se û riches, qu'elles rapporteroient autant que
celles du Potofi , fi on vouloit les faire valoir. * Déli-
ces d'Espagne, p. 44;.
GUALACHES , mines de l'Amérique méridionale,
au Paraguay: s'il y en a , elles font d'un accès très-diffi-
cile à caufe des Sauvages.
GUALHASU ( La montagne de) , en Afrique, au
royaume d'Alger, dans la province de Humanbar , a
des mines de fer. * Davity , Royaume d'Alger , pag.
166.
GUANCAVELICA , mine d'argent vif, dans l'Amé-
rique méridionale, au Pérou, dans l'audience de Li-
ma , à foixante lieues de Pisco. Voyez, à l'article Guan»
CAVELICA.
GUASCO , mines de l'Amérique méridionale , au
Pérou.
GUINEE (La), en Afrique, a quantité de mines
d'or dans fes montagnes , mais elles font éloignées de
la côte. * Varenius , Geogr. 1. 1. p. 108.
GUINGUI FARANNA, mine d'or, en Afrique,
au royaume de Combre-Goudou , à l'orient de la ri-
vière de Falemé, auprès du village de Guingui-fa-
ranna. C'eft un endroit tout femé , pour ainfi dire,
de mines d'or. Le farim de Toroco eft aufli feigneur de
MIN
MIN
feet endroit. Il n'eft pas befoin de creufer pour avoir
de ce précieux métal. Il n'y a qu'à prendre de la terre
au premier endroit & fans choix , Se la laver , on trouve
au fond de la/ebille un or très-pur qui fond avec faci-
lité. Ce qui marque encore la richene de ces terres,
c'eft que tous les marigots qui en forcent, & qui fe jet-
tent dans la rivière de Fa'.emé , y charrient tant d'or
avec leurs fables , que les Négtes des environs qui en
ont befoin, hors le tems de la fouille des mines, vont
fur les bords de ces marigots Se de la rivière , s'occu-
pent à laver ces fables , Se y trouvent confidérablement
delor. Cette recherche n'eit point défendue, & fi les
Nègres étoient moins pareffeux qu'ils ne font, ils ne
laifleroient pas de s'enrichir confidérablement parce pe-
tit travail. Les montagnes des environs de Guingui-
Faranna font d'un tuf tendre , tout parfemé de paillet-
tes d or. On trouve au même lieu des marcaffites do-
rées, dont on a faitdiverfes épreuves avec fuccès. * La-
bat, Rtlar. de 1 Afrique occid. t. 4. p. 48.
GUIPUSCOA ( La province de ) , en Espagne , abon-
de en mines de fer & d'acier. * Davity , Espagne ,
pag. 136.
GUMISC AN A , mine de cuivre , dans la Natolie : elle
eft abondante. * Tourmfort Voyage du Levant , lett. ai.
H.
HAlNAUT(Le), contient plufieurs mines de fer,
dans la partie qui joint l'Entre-iiambre & Meufe , Se
des mines de charbon de terre , depuis Keuvrin jusqu'à
Marimont , dans l'espace d'environ fept lieues de lar-
ge. Vtysz, Mons. Cette province produit trois cens
milL w iques de charbon , qui rapportent deux cens vingt-
cinq m IL- livres. A l'égard des mines de fer, elles pro-
duifent environ fix millions de livres de ce métal par
an. Le fer d 1 Hainaut eft d'une meilleure quali.é que
celui de '-uéde. Pigamol , t. 7. p. 160.
HECKSTET , mines de caivre, en Allemagne , dans
le c îmté de Manvfeld. * D ivity , Saxe, p. 783.
H;-.LLIAR, mine d'airain mêlé avec de l'argent , en
H ng'ie , dans les montagnes : elle produit médiocre-
ment. * /. TotiU epiiï. itin. 5. p. 166.
HEKMITAGE ( L' ) , mine d'or & d'argent, au
royaume de France, clins le Dauphiné, au-deffus de
Tain Cette miieefi très heureufe nent fituée , étant ex-
pofée au levant , au mi.li Se au couchant , Se fe trou-
vant à liDiidu nord. Elle efi entièrement négligée Se
mériterai, cependant qu'on examinât fi elleeit fi abon-
dante ou n on. * Pigamol , Defcription de la France , t.
4. p. 6.
HERRN-GRUND , mine de cuivre, en Hongrie,
au voifinage de New fol. On y descend par des échel-
les ; Se les eaux n'incommodent point les travailleurs,
pat ce que li mine elt fi élevée fur la montagne, que
1 eau s écoule facilement ; mais les travailleurs font fort
incommodés de la poulîîere qui leur entre dans la bou-
che, Se d'un grand nombre de valeurs , qui font très-
dangereufes. Voyez, à l'article HERRN GRUNDT.
* hd. Brown , Voyage de Komara , p. 1/5.
HESSE ( Le landgiaviat de ) , a dans fes montagnes
des mines abondances en plomb Se en cuivre. * Davity ,
Allemagne, p. 750.
HOËGER( La contrée de), en Allemagne, au comté
de Naffau, a des mines d'acier, de cuivre & de plomb.
* D.ivity, Allemagne , p. 71 1.
HOLY WEL , mine d'argent , en Angleterre , dans
le Flintshire. * Davity , Angleterre > p. 338.
HONGRIE ( La) , a des mines d'or , d'argent , de
vif argent, de cuivre, dacier, de fer Se de divers mi-
néraux 5 mais die a fort peu de plomb, Se on croit
quelle manque entièrement d'etain. Les mines d'or Se
d'argent font alTez abondantes. Quantité de petfonnes
y hazardenc tout leur bien, parce qu'elles en ont vu
un certain nombre réunir. En effet , fi on cil aflèz heu-
reux pour trouver une veine d'or & d'argent , avant
que d'avoir tout dépenfé , on peut efperer une fortu-
ne. * Fd. Brown. Voyage de Komara , p. 1 29.
HUNTINGTONSH1RE ( Le), en Angleterre, a
des mines de charbon de terre. * Davity , Angleterre ,
p. 303.
301
J.
JAPON (Le), a diverfes mines de métaux Se de mi-
néraux ; mais on y trouve principalement de l'or , de
l'argent Se du cuivre. Le grand nombre de fources chau-
des qu'on y voit , Se de montagnes qui jettent de la fu-
mée ou du feu , montre combien il doit y avoir de foufre
caché dans les entrailles de la terre , fans parler de la
quantiré piodigieufe qu'on en tire en plufieurs endroits.
La plus grande partie de l'or du Japon fe lire de fon miné-
rai par la fonte : on en tire auffi en lavant le fable. Il s'en
trouveencoreun peu dans le cuivre. L'empereur s'attribue
un droit abfolu fur toutes les mines d'or, Se même fur tou-
tes les autres mines de l'empire ; puisqu'on n'en fauroic
ouvrir aucune , ni y travailler fans fon confememenc
exprès. Il fe referve les deux tiers du produit de celles qui
font ouvertes , Se faille l'autre tiers au feigneur de la pro-
vince où la mine elt fituée. * Kœmpfer , Hit. du Japon,
1. i. p. 90.
JAVA (L'ifie de ) , a des mines d'or , d'argent , de cui-
vre Se de fer. Voyez, l'article Java. * Varçnius , geogr.l.
I. pag. 108.
IbRIA, mine de vif-argent dans le Frioul. Voyez, l'ar-
ticle Idria.
JEROB , mine d'or en Hongrie : on n'y travaille plus j
elle efl abandonnée.
JlKSAY (L'ifie de), a des mines de pierres d'Es-
meril * Davity , Angleterre, p. 344.
ILEUjSE , mine melee d'argent Se de plomb , au
royaume de Pologne, dans le palatinat de Cracovie. *
Davity , Pologne , p. J74.
IQU1QUE , mines dargent dans l'Amérique méridio-
nal, au Pérou, a douze lieues d'iquique. Elles furent dé-
couvertes en 171 3. On fe propofoi: d'y travailler incef-
famment, 8c l'on fe fiatoit qu'elles feroient riches. *
Freder , Voyage de la mer du Sud , t. l . p. 2 j y .
INSESTE, mine de fel , en Espagne ,dans la nouvelle
Caftille. * Davity , Espagne, p. 126.
JOACHIM (La vallée de) , en Mifnie; elle eft fameu-
fe par fes mines d'argent. * Davity , Saxe , p. 777,.
JOËL, mine de fer en Afrique, fur les teues du roi
Siratie, proche du Niger.* Labat , Relat. d'Afrique,
tom. 4. pag. 47.
JOYA, mine d'argent , au Mexique. Voyez. Trinité
dans cette lifte.
1REQUIN , mine de charbon de terre , dans l'Amé-
rique méridionale , au Chili. 11 ne faut pas creufer plus
d'un ou deux pieds. * Frez.ier , r. 2. p. 14J.
ISLE DU SOUFRE (L'),au Japon. Voyez. Iwoga-
SIMA.
JUNGPING , ville de la Chine , dans la province de
Péking : elle a dans fon territoire une mine d'étain. *
Atlai Smenfis.
1WOGASIMA, oul'istE du Soufre , ifle du Japon t
Se l'une des dépendances de la province de Satzuma. Son
nom lui a été donné a caufe des mines de foufre qu'où
y voir. Il n'y a pourtant pas plus de cent ans qu'on s eft
hazardé d'y aller. On la regardoit auparavant comme
inaccefiible ; Se l'épaiffe fumée qu'on en voyoit fortir
continuellement , aulli bien que les fpeehes 6c autres
apparitions hideufes , que le peuple s'imaginoit y voir
fur-tout pendant la nuit , lui faifoit croire que c'étoic
un lieu habité par les diables , jusqu'à ce qu'un homme
hardi Se courageux s'offrit d'y aller pour en examiner l'é-
tat Se la fituation. Il choifit cinquante hommes réfolus
Se intrépides pour compagnons de cette expédition ,
Se quand ils furent arrivés dans l'ifie ils n'y trouvèrent
ni enfer ni diables ; mais un grand terrein plat, qui
étoit tellement couverr de foufre , que de quelque côté
qu'ils marchaflent , une épaiffe fumée fortoit de défions
leurs pieds. Depuis ce tems l'ifie rapporte au prince de
Satzuma environ vingt cailTes d'argent par an. C'elt le
produit du foufre qu'on tire de l'ifie Iwogafima. * Kœmp-
fer , Hiff. du Japon , 1. I. p. 92.
K.
KABIA GORA , mine de foufre dans les états de Yem«
pereur de Ruilie , fur la route de Moscou à Auraean a
MIN
302
à l'ouelt du Volga aupiès de Samara, dans la montagne
de Kabia-Gora. On n'a découvert cecre mine que de-
puis peu de tems. Le foufie eit le meilleur du monde.
Quatre mille perfonnes, foit Ruifiens , Czeremifles Se
Mordwates, y travail'ent. * Le Brun , Voyage , p. 84.
KATTAMI , mines d'argent au Japon. Voyez, au mot
Japon.
KAURIS , mine d or, en Allemagne dans l'archevêché
de Salrzbourg. * D ,vity . Allemagne , p. 67J.
KEN T (La province de ) , en Angleterre , a quelques
mines de fer. * Davity , Angleterre, p. 288.
KILISSIM, mine de fel dans la Perfe , dans la mon-
tagne Kiliflnt. * Vci-iti.ws Geogr. 1. 1 p. 1 10.
KIMILI DOMINURDO, mine d'or, dansla Tranfyl-
vanie. " Davity, Tranfylvanie , p. 1045'.
KINGYUEN, ville de la Chine, dansla province de
Quangfi : fon territoire a quelques mines d'or où ion
ne travaille point. ' Atlas S.nenfis.
K'NSIMA , mine au Japon Voyez, à l'article Japon.
KlUNCHEU, ville de la Chine , dans la province de
Quangmng : on prétend qu'elle a des mines d'or & d'ar-
gent dam les montagnes de Ton voifinage.
KUJANISSE, mines de fer. au Japon. Voyez, l'art.
Japon.
KUPFFERBERG , mines de cuivre , en Siléfie : il y a
aufli des mines d'arfenic , de vermillon , d'alun , Se
de foufre. ' Davity > Siléfie, p. 867.
KYNOKUNI, mines de cuivre, au Japon. Voyez, à
l'article Japon.
L.
LAC SUPÉRIEUR, dansla nouvelle France, a des
mines decuivie très abondantes.
LAMPA , mines d'or, dansl'Amérique méridionale,
au "Pérou, dans l'audience de Lima au midideCufco,
& à l'orient de la rivière d'Aporimac. ' De t'I/Ie , Atlas.
LAViPANGUY. Voyez, Saint Christophe dans
cette lifte des mines.
LANCASH1RE (Le), en Angleterre, a des mines
de chaibon de terre. ' Davity , Angletene , p. 310.
LANDSPERG , mine d'argent vif, en Allemagne dans
le Wciterreich , près de la ville de Landfperg. * Davity ,
Allemagne, p 679.
L ANGEN AU , mine d'or, en Bohême. * Davity, Boh.
p. 867.
LANGUEDOC ( Le ), province de France, a des
mines de fer , de plomb , d'argent & d'or , mais ces
dernières font fi peu abondantes , qu'elles font entière-
ment négligées.' Piganiol, Defc. delà France, t. 4.
p. 222.
LARECA (L'iflede) , dans le golfe Perfiqne , a une
mine de fel , creufée fous terre en façon de fale ; mais
fi haute Se fi fpacieufe, que mille hommes y pourraient
demeurer à leur aife. Le fel que l'on en rire fe vend
à Gomron Se le long de la côte d'Arabie. * Thevenot,
fuite du voyage du Levant, p. 357.
LEBERTHAL ( La vallée de ) , en France , dans l'Al-
face , a des mines de cuivre Se de plomb. * Davity ,
Aliace, p.. 664.
LENS ( La vallée de ), en Piémont , a des mines d'ar-
gent, de cuivre, de vitriol & d'alun : celles de cuivre
font les plus abondantes : il vient comme à fleur de
terre. * Davity , Piémont , p. 458.
LEYCESTERSHIRE. Voyez. Barpow.
LIBETHEN , mines d'airain, en Hongrie , à deux
lieues de Neufol.
LIBSK. , mines d'or & d'argent , en Hongrie , dans les
montagnes.
LIÈGE (L'évêché de) a des mines de fer Se de
cuivre , quelque peu d'or , des mines de foufre , de fal-
pêti e & de chaibon de terre. * Davity , Allemagne ,
p. 709.
L1ETTO, mine de poix, en Italie dans l'Abruzze ,
au territoire de Lietto. Elle fut découverte en 1J77.
* Davity , royaume de Naples , pag. 543.
LIEVRE ( Le Val de ) , en Lorraine, a quantité de
mines d'argent . de cuivre & d'autres métaux, aum bien
que des mines d'arfenic , d'antimoine Se d'autres miné-
raux. * Davity , Lorraine , pag. 42;.
MIN
LILA , mine de vif argent , en Hongrie , dans les mon-
tagnes , à l'orient de Chremnitz. * Ed. Brcxjn , Voyage
de Komara.
LIGUE DES DIX JURIDICTIONS ( La ) , chez
les Grifons , a des mines d'argent , de cuivre Se de plomb.
* Davity , Pays des Grifons , p. J7f .
LIMBOURG ( Le duché de ) , a des mines de fer,
d'étain , de plomb , de foufie Se de calamine. ' Davity ,
Pays Bas , pag. 449.
LIMOGES, mine d'acier pur , dans le Limou-
fin , à fix lieues de Limoges. Cet acier elt incom-
parablement meilleur q^e le factice ; mais la mine n'eft
pas abondante. Elle tue découverte au commencement
de ce fiéck. * Piganiol , Delcr. de la France, tom. 6.
pag. 3 y 2.
LIMOUSIN (Le) , en France, a plufieurs minesde
plomb , de cuivre , d'étain Se d'acier , fur-tout dans l'é-
lection de Limoges Se du côté de la ville de Tuile. *
Piganiol , t. 6. p. 3 y 1.
LINDhSBERG, mines en Suéde dans la Weftmanie.
* De l IJle , Atlas.
L1NYAO , ville de la Chine, dans la province de
Xenli : elle a des mines d'or dans l'on territoire, mais
elles ne font point ouvertes. ' Allai f-S'tncnfit,
LIPES , mines d'argent dans l'Amérique méridio-
nale au Pérou , environ a foixante Se dix lieues du Po-
tofi. Elle:, fournirent depuis long-tetnsbeaucoup d'argent.
Il y a huit moulins travaillais , fans compter ceux des
petites mines des environs dans lesquelles il y en a fix.
La bourgade de Lipes eit diviiée en deux paries , éloi-
gnécsl'une de l'autre de moins d'un demi q tact de lieue?
l'une s appelle Lipes , Se l'autre Guaico. Dans ces deux
endroits , y compris le monde qui travaille au bas de la
colline où font les mines d'argent , il peut y avoir en-
viron huit cens perfonnes de toute espèce. Cette colline
eft au milieu entre Guaico Se Lipes , toute petcée
d'ouvertures de mines, & il y en a une fi profonde,
qu'on y a trouvé la fin du rocher, au deflous duquel
il y avoit du fable Se de l'eau ; ce qu'on appelle les
Antipodes. * Frezjer > Voyage de la mer du Sud, 10m. 1,
pag. 25 t.
LliSCHOU , mine d'argent , en Ecofle , à dix milles
d'Edimbourg : elle fut trouvée en 1609, Se elle pafiè pour
être riche. * Davity , Ecofle , pag. 347.
LLAOIN , montagne de l'Amérique méridionale , au
Chili , près de la Cordelliere, à deux lieues de la mon-
tagne de Paint Chriitophe de Lampanguy. Il y a des
mines d'or. Le minerai y eft tendre Se presque friable ,
& l'or y eft en poudre fi fine, qu'on n'y en voit à l'œil
aucune marque. * Frez,ïer , Voyage de la mer du Sud,
t. i.p. 199.
LONGOBUCO , mines d'argent Se de vif-argent, en
Italie, au royaume de Naples, dansla Calabreciierieurc.
* Davity , royaume de Naples , p. 528.
LONGUEP1 , mines de cuivre rouge , en France dans
la Gafcogne. Elles furent ouvertes par ordie du roi eu
1672 ou 1673. * Piganiol, r. 4 p. 458.
LONS LE-SAUNlER , mines d'argent en France,
dans la Franche-Comté , auprès de la ville de Lons-le-
Saunier. On prétend qu'elles font abondantes. * Piga-
niol , t. 7. p. 390.
LORRAINE ( La ) , a des mines d'argent , de cui-
vre, de plomb, de fer, d'acier , d'arfenic , d'antimoine
Se d'autres minéraux : on y trouve auffi du jaspe , des
• chalcédoines, de 1 agate, de l'azur & des grenats. *
Davity , Lorraine , p. 42J.
LOUTH (Lecomté de) , en Ecofle, ades mines de cail-
loux qui imitent les diamans, les rubis Se les turquoifes.
LOXA, mines de l'Amérique méridionale au Pérou.
LUCERNE (La vallée de) , en Piémont, a des mines
d'argent, de vitiiol & d'alun. * Davity, Piémont, p. 458.
LUPKOW ou Rosenberg, mine d'antimoine > en
Hongrie.
LUPSEN ou Lupscher Seiffen , mine d'airain, en
Hongrie, à an demi-mille de Neufol. * Jac. Tollii epilt.
itin. 5. p. 167.
LUSSE, mines d'argent, de cuivre Se d'autres mé-
taux, en Lorraine, dans la prévôté de faint Die : on y
trouve aufli quantité de minéraux. * Davity , Lorraine,
p. 42J.
MIN
MIN
M.
MACCHIA , mines d'or, de plomb Se de foufre , en
Iralie au royaume de Naples , dans la Calabre Cïté-
rieure. * Davity , Royaume de Naples ,p. 528.
MADAGASCAR. ( L'ifle de) , a quantité de mines
de fer Se d'étain , Se quelques-unes d'or Se d'argent. *
Varenius , Geogr. 1. I. p. 108.
MAINE (La province du) , en France, a beaucoup
de mines de fer. Il y avoit autrefois des mines d'or ÔC
d'argent. Voyez. Maine. * Piganiol , r. j. p. 457.
MALA , mine de plomb mêlée d'argent, en Espagne ,
au royaume de Grenade. * Davity , Espagne , p. 6j.
MALDONADES (Les montagnes), dans l'Améri-
que méridionale au Paraguay , ont des mines confidé-
rables à quatorze lieues de Montevide, Se à vingt-quatre
de Buenos-Aires. Elles furent découvertes par don Juan
Pacheco , habitant de Buenos-Aires , Se ancien mineur
de Potofi. La relation de l'établifi'ement des Jéfuites au
Paraguay, imprimée en Hollande à la fuite du voyage
de Frezier, cette relation, dis je, prétend que les Jéfuitcs
ont empêché qu'on ne travaillât à ces mines. Elle en
donne pour raifon que ces pères ont toujours appré-
hendé la découverte de ces mines par les Espagnols ,
parce que l'écabliflement qu'on feroit fur cette côte ,
îeroit de plein pied à leur miflion du Paraguay , Se les
obligeroit à fournir des Indiens pour y travailler. Elle
ajoute qu'ils ont même détruit tous les chevaux qui
étoient de ce côté-là , afin doter toute commodité à
ceux qui voudroient s'y établir.
MALDONADO , mines de l'Amérique méridionale
au Paraguay : elles font incertaines.
MALER ( Le lac de) , en Suéde , a dans fon voifi-
nage des mines d'argent très-riches , & des mines de
cuivrequi font trèi-abondantes. ' Davity, Suéde, p. 641.
MANDAGOR , mines d'or Se d'argent , au royaume
de Maroc dans la province de Hea. Elles font riches , Se
on y travaille continuellement pour le roi de Maroc.
* Davity , Royaume de Maroc, pag. 87. •
MANGASILLA, mine de charbon dans l'Amérique
méridionale au Pérou , dans l'audience de Lima , à l'o-
rient de la Sierra, fur la côte Se dans les mornes de
Mangazilh. * De l'ifle , Atlas.
MANSFELD (Le comté de) a des mines d'argent
& de cuivre : on y trouve auflî des pierres noires , nom-
mées Sifferftetn , qui font bitumineufes Se pleines de
cuivre que l'on tire , en mettant les pierres dans un grand
feu qui fait fondre 1~ métal. Quelques-unes de ces pier-
res onr des figures de poiffons Se d'oifeaux. * Davity ,
Saxe, pag. 783.
MARCHE TREVISANE , dans l'état de Venife , a
des mines de fer dont on fait de très-bon acier. *
D avity , Etat de Venife, p. 130.
MAROC ( Le royaume de), en Afrique , a des mines
d'or, d'argent Se d'airain. Diego de Tories dit que dans
le mont Atlas , qu'il appelle Claros , il y a beaucoup
de mines d'or ; mais qu'on les a fait boucher Se com-
bler, fous prétexte que fi les Chrétiens apprenoient
qu'il y eût tant d'or auprès d'eux, au lieu d'en aller
chercher aux Indes avec tant de peine, ils tâcheroient
d'avoir celui qui eft dans leur voilïnage. * Davity ,
royaume de Maroc , pag. 57.
MARTECALO, contrée de Ilfle de Ceilan : elle a
des mines de pierres précieufes , mais le roi ne permet
pas qu'on en cherche , ni qu'on en trafique. 11 y a auflî.
quelques mines de fer & de cuivre , mais en petite
quantité. * Vovage de G. Spilbcrg , p, 45 1 .
M ARTORAN , mine d'acier , en Italie , au royaume
de Naples , dans la Calabre Citétieure. * Davity ,
royaume de Naples, p. 528.
MASULIPATAN (La ville de ) , dans les états du
Mogol , a dans fon voifinage une mine de diamans.
Ceux à qui le fouverain permet de creufer dans cette
mine, lui donnent une pagode par heure pendant le
tems qu'ils fouillent, foit qu'ils trouvent des diamans,
ou qu'ils n'en trouvent point. * Thevenot , Voyage des
Indes, p. 301.
MAYE, mines d'or , en Afrique au pays de Gayaga,
à quatre lieues au-deffus du fort de S. Jofeph, à la
.305
droite & à la gauche de la rivière de Falemc. Celle
qui elt a la gauche , ell abandonnée depuis long-tems.
Les Nègres ne la fouillent pas , parce qu'elle ell trop
proche de la rivière & trop fujette à être inondée ,
dès que les eaux groffUïenr. La peine de vuider les puits
les a rebutés: mais ils en ont trouvé Se ouvert une
autre à peu de diftance, fur la droite de la rivière, en
la remontant: celle-ci n'eft point fujette à 1 inondation ,
ôc on peut y travailler en tout tems. * Labat , Relation
de l'Afrique occid. t. 4. p. 54.
MEDZIBROD , mine d'or , en Hongrie , à un demi-
mille de Neufol.
MEGGEO ( La ville de ) , au royaume de Fez , dans la
province de Garet, a dans fes montagnes quantité de
mines de fer. * Davity , Royaume de Fez, p. 143.
MENDIPPE, mines de plomb en Angleterre dans
le Somerfetshire. * Davity , Angleterre, pag. 298.
MENET, mine d'antimoine, en France, dans TAngou-
mois auprès de Montbron ; il s'y trouvoit auflî de l'ar-
gent , mais la dépenle a rebuté les entrepreneurs. * Piga.-
ww/,t.5.p. 25.
MENGRANILLE , mine de fcl , en Espagne dans la
Nouvelle Cafiille. On descend fous terre par environ
deux cens marches , dans une cave foutenue d'un pilier
de fel cryftallin extrêmement gros Se haut. * Davity ,
Espagne , pag. 1 26.
MERENGUELA DE PAC AXAS , mines de l'Amé-
rique méridionale au Pérou, dans l'audience de los Char-
cas, vers la fourcede la rivière de M?m\ç.* De l'ifle , Atlas.
MILIANO , mines de fel & d'alun, en Italie, au
royaume de Naples , dans la Calabre Citérieure. * Da-
vity, Royaume de Naples , pag. J28.
MILÔ (L'ifle de) .dans l'Archipel, a des mines de
fer Se d'alun. Voyez, à l'article Milo.
M1MASAKA, mines de^ fer, au Japon. Voyez, l'art.
Japon.
M1SMILS, mines d'argent Se de cuivre , en Hongrie
au voifinage de Neufol. L'argent eft mêlé avec le cuivre.
* Ed. Broxon , Voyage de Komara , p. 1^4.
MODENOIS (Le). Voyez. Garfagnana.
MONE1NS , mines de plomb , de cuivre Se de fer ,
en France, dans les montagnes de Moneins , au pays de
Beain. * Piganiol , corn 4. pag. 420.
MONS, mine de charbon de terre , dans le Hainaut,
aux environs de Mons, depuis Keuvrin jusqu'à Mari-
mont , dans l'espace d'environ fept lieues de long fur
deux de large. Le travail en eft très-pénible : mais ce
chaibon, ell meilleur que celui d'Angleterre. Il faut
premièrement creufer des puits de trenre-cinq toifes de
profondeur ; Se lorsqu'on a trouvé la veine de char-
bon , il fautroujotirs travailler entre deux bancs de rocs
très-durs. La veine n'a jamais que trois à quatre pieds
d'épaiffeur -, en forte que , lorsque les ouvriers ont percé
le banc du roc qui la couvre , ils font obligés d'être
continuellement fur les genoux pour travailler , & quel-
quefois couchés fur une épaule. Ces veines font d'ail-
leurs toujours en pente, Se descendent jusqu'à cent cin-
quante toifes de profondeur, après quoi elles remon-
tent. A mefure que l'on s'enfonce plus avant fous la
terre , on trouve le chaibon meilleur Se plus gras; mais
auflî le péril de l'eau augmente à proportion. * Piganiol3
Defcr. de la France , r. 7. p. 2 1 8.
MONTEJAN fur Loire , mine de charbon de terre ,
en France , dans l'Anjou. * Piganiol , t. 7. p. 72.
MONTE-REI , mine d'étain fin , en Espagne dans la
Galice,auprèsdelavillede Morite-Reï.* Dél.d'Esp.p. 141.
MONTREVEAU ( Le Petit ) , mine de plomb, en
France dans l'Anjou ; mais on l'a abandonnée comme
ingrate. * Piganiol , t. 7. pag. 73.
MORAVIE (La) a des mines de divers métaux. *
Davity , Moravie, p. 871.
MORON , mine de diamans en Espagne , au royau-
me de Cordoue , près d'Alcaudete. * Délices d'Espagne ,
P-41?- .
MOSECHE ( La province de ) , dans l'Ethiopie occi-
dentale au royaume d'Angole , a quantité de mines ,
fur-tout dans les tertes qui font du gouvernement de
Chambambé. Ce qu'il y a de particulier, c'eft qu'on
reconnoît , à ce que dit le père Labat , relat. de l'E-
thiopie occid. t. 1. p. 9). la différence des métaux que
MIN
304
chaque quartier produit , à la différence de la couleur
des habiians : car quoiqu'ils foient tous noirs , il y a
pourtant une différence fi fenfible dans cette couleur ,
que ceux qui demeurent dans les endroits où il y a
des mines d'argent , ont un teint tout différent de celui
des habiians qui ont chez eux des mines d'or ou de
plomb. Cela vient des dirlércntes exhalaiibns qui far-
tent continuellement de ces mines : ce qui efi fi fenfi-
ble , qu'on n'y efi jamais trompé.
MUNSTER , mines d'argent , de cuivre & de plomb
en France , dans la Haute-Ali'ace ; on n'y travaille plus.
* Piganiol, t. 7. p. 390.
MURCIE ( Le royaume de) , en Espagne , a quantité
de mines d'alun. * Davity , Espagne , p. 175.
N.
NAJAC , mines de cuivre ronge , en'France , dans la
Gascogne. Elles furent ouvertes par ordie du roi en
1672 ou 1673. * Piganiol, t. 4. p. 458.
NAMUR (Le comté de), a des mines de fer, de
plomb , de falpêtre 6c de charbon déterre.* Davity,
Pays-Bas , pag 4; 2.
NANS13LRG (Le mont), en Italie, dans l'évêché
de Trente , a des mines d'or , d'argent , de plomb , d'é-
tain 6c de fer. Davity , évêché de Trente , p. 1 89.
NAPLES (Le royaume de) , en Italie, a des mines
d'or , d'aigent , de fer , de plomb , d'azur , de vermillon ,
d'alun & de foufre , & même de poix ; outre des mines
de fêl blanc 1 dont les habitans ufent comme de celui
qui fe fait de l'eau de la mer. On y trouve pareillement
quantité d'albâtre , de cryfial 6c de pierres d'aimant. *
Davity , royaume de Naples , p. 480.
NASSAU (Le comté de) , en Allemagne, a des mi-
nes de cuivre , de plomb , 6c d'une cerraine maffe de
fer , dont on fait des marmites , des enclumes 6c d'autres
ouvrages. * Davity , Allemagne , p. 71 1.
NAVARRO, mine d'argent, au Mexique , 6c l'une
de celles qui font comprises fous le nom général des
mines de Pachuca. Elle a plus de fix cens pieds de
profondeur. On a tiavaillé cinq mois a faire un paffage
de communication fous tene de cette mine à celle de
SanCïa-Cruz., qui ett plus profonde. ' Gemelti Carreri ,
Voyage autour du monde , t. 6 pag. 132.
NAXIE (L'ifle de), dans l'Archipel, a des mines
d'or, d'argent & d'émeril. Voyez, au mot Naxos.
NETTECO, mine d'or, en Afrique. Voyez,TAM-
baaoura dans cette lifie.
NENBERG , mine d'aigent, en Hongrie , dans le
comté de Zathmar , à deux milles des confins de la
Tranfylvanie. Il y a quelque portion d'or dans cet ar-
gent. * Jac. Tollii Epift. itiner. 5. p. 167.
NEUFCHATEL ( La principauté de ) , en Sui:Te , a
beaucoup de mines de fer & d'acier. * Davity , Pays des
Suides, p. 504.
NEWSOL , mines de Hongrie. Voyez, à l'article
Neuzoll.
NIANSABANA, mine d'or en Afrique , au pays
d'Or , fur la rhiere de Sanon , affez proche de Touret ,
Candat , aux environs du village de Nianfabana. Cefi
un des premiers endroits où les Ncgres fe foient avifés
de chercher de l'or. Cette mine elt riche 6c abondante ,
aifée à tirer ; mais elle doit être biifée & fondue : ce
qui efi fort au-deffus de la portée de l'efprit des Nègres.
D'ailleurs on dit qu'elle efi mêlée de faufres arfénicaux ,
qii font de terribles imprenions fur ceux qui ne font pas
affez habiles pour entreprendre ce travail. Les Nègres
qui aiment autant la vie que les autres hommes, & qui
haïffent fouverainement le travail , l'ont abandonnée par
ces deux raifons , & n'y penfent plus en aucune façon.
Il feroit aile de s'accommoder de ce terrein avec le fa-
rim de qui il dépend. * Labat , Relat. de l'Afrique oc-
cid. t. 4. p. 49.
NICOSIE , mine de fel, dans la Sicile. * Davity ,
Sicile, p. y 54.
NIVERNOIS ( Le ) , en France, a plufieurs mines
de fer. * Piganiol , t 6. p. 148.
NORBERG , mines de Suéde , dans la Wefim.uiie.
* De l'ifle , Atlas.
NORD , mine de charbon de terre , en France, dans
MIN
la Bretagne , évêché de Nantes. Il approche beaucoup
de celui d'Angleterre. * Pigamul, t. 5. p. 127.
NORMANDIE (La province de), en France, a
beaucoup de mines de fer. * Piganiol , t. 5. p. 346.
NORTGAW ( Le ) , a une grande quantité de mines
de fer & d'azur. * Davity , Allemagne , p. 760.
NORTHUMBERLAND ( Le ) , en Angleterre ,
abonde en mines de charbon. * Davity , Angleterre
p. 327.
NOTTINGHAMSHIRE (Le), en Angleterre, a
des mines de charbon de pierres & d'albâtre un peu
tendre. * Davity , Angleterre, p. 306.
NOULIS , mine de charbon de terre, en France , dans
l'Anjou , êv dans la terre des Noulis , qui lui donne fan
nom. * Piganiol, t. 7. p. 72.
NOYERS , mines de fer en France , dans la Tou-
raine. 11 y en a aufii une de cuivre , & dans laquelle on
prétend qu'il y a de l'or. * Piganiol , t. 7. p. 3 .
O.
OBERBERG , mines d'or , d'argent & de plomb , en,
Hongrie , dans le comté de Zathmar. * Jac. Toilu Epiff;
itin. 5. p. 166.
Oi-i EN. Voyez, Bude , dans la lifie de ces mines.
OLlBANO, mine d'argenc, en Italie , au royaume de
Naples , dans la Principauté Citérieure. * Davuy^oyaa-
mt de Naples, p. 520.
OL1VET , min*; de foufre , en Italie , au royaume de
Naple-s, dans la Principauté Citérieure. * Davity, royau-
me de Naples , p. jio.
OOKUS , mine d'or,au Japon. Voyez, l'article Japon.
Ol H1R. ( Les mines à') Voyez. Ophir.
OREL , mine d'or dans la montagne de même nom ,
au royaume de France , dans le Dauphiné Celte mon-
tagne prit ce nom de la mine d'or qui y fut découverte
du tems des Romains. On y trouve aujourd'hui des espè-
ces de diamans. * Piganiol , Defcription de la France,
tom. 4. p. 6.
ORMUS ( L'ifle d) , dans le golfe Perfique , a plu-
fieurs mines de fel ; ou plutôt cette ifie toute entière efi;
une montagne d. fel. * Varenim , Geogr. 1. 1. p. no.
OROSPLLDA , ancienne mine d'argent en E:- pagne,
dans la montagne d Orospeda , où le Bœtis avoit fa four-
ce. * Déiicc) a" ' Li\agne , p. 47.
ORURO, mines de l'Amérique méridionale , au Pé-
rou , dans la province de Charcas, a l'orient de la ri-
viere de Defaguadero , & au fud-ouefi dOropefa. * De
l'ifle, Atlas.
OSORNO , mines d'or dans l'Amérique méridionale,
au Chili. Elles faut très-riches en or.
P.
PACHUCA , mine de l'Amérique feptentrionale , au
Mexique, environ à fix lieues de la \i.le de Mexique.
Sous le nom de Pachuca , on compiend près d 'un millier
de mines dans l'efpace de fix lieues ; les unes font aban-
données -, on ttava.lle dans les autres , & d'autres fane
laiffces en rélcrvc.
PALME ( La ) , mine d'or dans l'Amérique méridio-
nale au Chili , à quatre lieues à l'efi quart du fud-efi de
la fortereflè de Valparaiffo. * IrezXer , Voyage de la mer
du Sud , t. 1. p. 192.
PARADIS , mine d'aigent, en Hongrie , dans la mon-
tagne du 1 aiaeis. On y trouve du vitriol aufii clair que
du cryfial. ' h.d. Broiun. Voyage de Komara , p. 133.
PARAGUAY ( Le ) , dans l'Amérique méridionale -,
fes montagnes connues ont quelques mines qui 11e va-
lent pas la peine d'être fouillées.
PAYEN. Nom que donnent les Indiens de l'Améri-
que méridionale à une montagne du Chili , laquelle faic
partie de la montagne de la Cordtlliere , 6c dont le ncm
moderne ei\ Saint Joseph. 11 y a dans cette montagne
des mines d'un cuivre très-pur , & fi fingulieies , qu'on
y a vu des ptpitats , ou morceaux de ci ivre de plus de
cent q' intaux. Cette montagne efi à douze lieues des
Pompas du 1 araguay , 6c à cent de la Conception. Elle
a ét.: découveite par dom Juan Melendes. On y remar-
q< e des Lierres, partie de cuivre bien formé, partie de
cuivre imparfait ; ce q' i rait dire de ce lieu que la terre
y cil créatrice , c'efi- a-oire, que le cuivre s'y forme tous
les
MIN
MIN
les jours. Dan* cette même montagne il y a encore du
lapis az.uli. * Fréter , Voyage de la mer du Sud , r. i.
p. 145.
PENAFI.OR , mine d'argent, en Espagne , dans l'An-
daloufie , près de la vUe de Penaflor.
PENDROCHE , mine d'argent , en Espagne, a ren-
du vingt onces par quintal. ' tJavity , Espagne , p. 6f.
PERCHE ( La prui inee de ) , en France , a de la n.i-
ric de fer en plusieurs endroits. * Piganiol, t. 5. p. 461.
PÉROU ( Le ) a , quantité de mines d'ot & d'argent.
On y remarque auili une mine de fel à dix-huit milles de
Lima, vêts le nord dans une vallée, Chacun en peut
prendre autant qu'il veut ; car il augmente à mefure
qu'on en tire : de forte que cette mine eft inépuifable.
* Varenius , Geogr. 1. 1. p. 1 10.
PERSE ( La ) , a des mines d'or , d'argent , de cui-
vre , de fer Se d'acier : les premières néanmoins ne font
pas fort abondantes
PH/ENON , ancienne mine de cuivre, dansl'Idumée,
entre les vi les de Petra Se de Zoaia. C'eft à préfent un
bourg de la Paleftine , qu'un nombre presque infini de
Chrétiens ont contacté par leurs fueurs Se par leur fang.
Mercure , Gcogr. p. 222.
PHÎRUSKON , mine de turquoifes, en Perfe , à qua-
tre journées de Meched. On diltingue ces tut quoi /es en
celles de la vieille Se de la nouvelle Roche ; les premières
font pour la maifon royale , comme étant d'une couleur
plus vive , Se qui ne fe paffe point. * Careri , Voyage
autour du monde , t. 2. p. 2 1 3.
PIÉMONT ( Le ) , a des mines d'or , d'argent , de
cuivre , de vitriol Se de fer. * Davity , Piémont p, 458.
P1ERRA-BRUNA , mines de plomb & d'étain en
Fiance , dans le Limoufin , dans une montagne nommée
aufii P terra- Brima , à fix lieues de Limoges. Le ficur
de Roddesles fit ouvrir en 1703, fans fuccès. * Piganiol,
t. 6. p. 351.
PIERRE FITTE , mines d'acier , de plomb Se de fel
en Italie , au royaume de Naples , dans la Calabre cité-
rieure , près de 1a rivière d'isjrica. * Davity , Royaume
de Naples , p. 518.
PlETRA-SANTA , mine d'argent , en Italie , dans la
Toscane. * D ipiiy t Etat de Toscane , p. 198.
PINCZGOW, mine d'or, en Allemagne , dans l'ar-
chevêché de Saltzbourg. " Davity , Allemagne, p. 765.
PINNOL, mine d'argent , au Mexique. Voyez. Tri-
nité dans cette lifte.
TTNSC , mine de fel, dans la Haute- Pologne.* Davi-
ty , Pologne, p. 574.
PISE , mine de cuivre Se de vitriol , en Italie , au ter-
ri.oire de Life. Davity , Etat de Toscane , p. 198.
PLAISANTIN ( Le ) , en Italie , a des mines de fer ,
de cuivre & quelques veines d'argent , du côté des Al-
pes. Davity , Etat de Parme , p. 69.
PLANCHEMINIER , mines de fer , en France , dans
l'Angoumois. Elles font très-abondantes , Se le fer en
eft tiès-doux. • Ptgamol , t. j. p. y.
PLATA ( De ) , mines de l'Amérique méridionale
au Pérou. Elles font fermées.
POBLEDO , mines ou minières d'alun «Se de vitriol,
en Espagne,dans la Catalogne ; auprès de l'abbaye de Po-
blcdo qui leur donne fon nom.* Délices à' Espagne, p. J94.
POLOGNE ( La ) , a des mines d'or , d'argent , de
plomb , de vit-argent , d airain , d'azur , de falpêtre ,
de foufre , de vitriol , de fel , d'albâtre Se d'agates. * Da-
vity , Pologne, p. 574.
PONT-GIBAUD , mine d'argent , en France , dans
l'Auvergne. Feu M. le duc du Lutfe , feigneur de la pe-
tite ville de Pont-Gibaud , fit ouvrir cette mine -, mais
comme on trouva que la dépenfe excédok beaucoup le
profit , on l'abandonna aufli-tôt. * Pigartiol , Defcrip.
de la France , r. 6. p. 161.
PORCO ( De ) , mines de l'Amérique méridionale.au
Pérou. Elles font fermées.
PORTUGAL ( Le ) , a des mines d'or Se de plomb.
* Davity , Portugal . p. 195.
POTOSI , mines très-riches dans l'Amérique méri-
dionale, au Pérou. Voyez, l'article Potosi , dans l'on
rang.
POUANCE , mine de fer , en France , daus l'Anjou.
* Ptgamol, t. 7. p, 7j,
3°*
POZZOLE , mines de foufre, d'airain , de fer , d'a-
lun Se de falpêtre , au royaume de Naples , dans le
territoire de la ville de Pozzole. * Davity , Royaume de
Naples , p. / 12.
PR ATA , mines d'or & d'argent, en Italie, au royau-
me de Naplcs,dans la principauté ultérieure : on n'y tra-
vaille point, parce qu'elles ne font pas allez abondantes.
* Davity , Royaume de Naples , p. J21.
PRUILLY , mines de fer , en France , dans la Tou-
raine , à une demi-lieue de la ville de Pruilly. Le fei-
gneur de cette ville en tire un revenu confidérable. * Pi-
gartiol , t. 7. p. 66.
PUELCHES ( Les ) , peuples de l'Amérique méridio-
nale , au Chili. Les montagnes qu'ils habitent font pleines
de mines de foufre Se de fel. * Frez,ier, Voyage de la mer
du Sud , p. 14J.
PUERTO-VEIO, mines de l'Amérique méridionale
au Pérou.
Q.
QUERBACH , mines de cuivre , en Siléfie , près de
la fource du Queis. * Davity , Sileiie , p. 867,
R.
R ACHSTAD , mine d'or, en Allemagne , dans l'arche-
vêché de Saltzbourg. * Davity , Allemagne , p. 765'.
RAMSTALL, mine d'or, en Allemagne, dans l'arche-
vêché de Saltzbourg. * Davity , Allemagne , p. 76$.
RANCOGNE , mines de fer en France , dans l'An-
goumois. Elles font abondantes , & le fer en eft très-
doux. * Piganiol , t. 5 . p. 5 .
REDERISCH , mine de fer, en Hongrie.
REGINA , mine d'albâtre , de foufre Se de verre ,'
en Italie, au royaume de Naples , dans la Calabre cité-
rieure. 'Davity, royaume de Naples , p. 528.
1. REICHENSTEIN , mine d'argent , en Siléfie. *
Davity , Siléfie , p. 867.
2. REICHENSTEIN , mine d'or, en Bohême , dans
la vallée de Rifergrund , ou Goldgrund. * Davity , Bo-
hême , pag. 867.
RICHTERGRUNDT , mine de fer, en Hongrie: elle
n'eft pas abondante.
RIO GUAPAI , mine de l'Amérique méridionale , au
Paraguay.
RIOM ( L'élection de) , en France dans l'Auvergne
a deux mines de plomb. * Piganiol , t. 6. p. 269.
RISENBERG, mines d'argent Se de virriol en Siléfie,
au mont Rifenbetg. * Davity , Siléfie , p. S67.
RIVIERE VERTE , dans la nouvelle France , au-
delà du MiJÏiiîipi , mines de cuivre découvertes par le
fieur le Sueur.
ROCCA VELHA , ou vieille Roche , mine de
diamans , aux Indes , dans les états du grand Mogol , au-
près de la ville de Decan. Voyez. Decan : c'elt la même
mine.* Davity, Etats du grand Mogol, p. 541.
ROCHEBEAUCOURT , mine de fer, en France,
dans le Périgord : le fer en eft très-doux.
RONITSCH , mine de fer , en Hongrie , à quatre
milles de Neufol : elle appartient à l'empereur. Jac.
Tullii Epift. itin. 5. p. 167.
ROSEN A W , mine d'or, en Hongrie , à quinze milles
de Neufol , du côte d'Erla ou d'Agrie. L'or de cette mi-
ne eft très-pur ; mais on ne travaille point à la mine pac
la jaloulîe des magiitrats & des bourgeois de Waldbourg,
qui s'en disputent la pofielFion. Jac. Tollu Epitt. itin. j.
p. 167.
ROSEN BERG. Voyez. Lupkovt , dans cette lifte des
mines.
ROSSANO , mine de fel , en Italie , au royaume de
Naples,. dais la calabre citérieure. * Davity, Royaume
de Naples, p. 528.
SADO ( La province de ) , au Japon, Se l'une des plus
feptentrionales de lifte de Nir'hon,a des mines d'or donc
le minerai eft fort riche & fouinitl'or le plus fin 11 y avoit
autiefois des veines fi abondantes , qu'un catti de mine
ptoduifoit un & quelquefois deux thali , d'or; mais on as-
fure que depuis que' que tems les veines deces mines Se de
la plupart des autres , ne font pas feulement en plus pe-
Tvm. IV, Qq
306
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tit nombre,mais rendent beaucoup moins d'or que ci-de-
vant. Il y a beaucoup de fable d'or dans cette province ,
mais le prince fe l'approprie -, Se bien loin d'en faire part
à l'empereur , il ne lui en donne feulement pas avis.
SAINT ANTOINE , mine d'argent, dans l'Amérique
méridionale au Pérou , dans l'audience de Lima , à qua-
rante lieues de Moquegua Se à cinq de Cailloma : ces
mines promettent beaucoup. On travailloit en 171 3 , à
y établir des moulins. * Ftezjër , Voyage de la mer du
Sud
de Titicata , & à l'occident de ce lac. * De l'I/le ,
Atlas.
SALTSUMA , mine de cuivre , au Japon. Voyez, l'ar-
ticle Japon.
SALTZBOURG (L'archevêché de) abonde en mi-
nes d'or , d'argent , de fer & de cuivre : on y trouve
aufli , principalement aux confins de la Carinthie , des
mines d'alun , d'antimoine Se de foufre. * Davïty , Al-
lemagne , p. 76 c.
d'or
d , t. 2. p. 310. SAMBANOURA , mine dor, en Afrique , à l'cft
SAINT AUBIN DE LU1GNÉ , mine de charbon de de la rivière de Falemé , à vingt-cinq lieues de fomerri
terre en France , dans l'Anjou. * Piganièl , t. 7. p. 72
SAINT CHRISTOFLE DE LAMPANGUY, mon-
tagne de l'Amérique méridionale , au Chili , près de la
Cordelière , environ par les 3 1 degrés de latitude , à
quatre-vingt lieues de Valparaiflb. On y découvrit en
17 10, quantité de mines de toutes fortes de métaux ,
d'or , d'argent , de fer , de plomb , de cuivre Se d'érain.
L'or de cette montagne eft de 21 à 22 carats. Le minerai
y eft dur. * FrezÀer , Voyage de la mer du Sud , t. 1.
p. 199.
SAINT CHRISTOPHE , dans l'ifle Espagnole , mi-
ne d'or , découverte par Chriftophe Colomb.
SAINT CHRISTOVAL , mines d'argent , dans l'A-
mérique méridionale , au Pérou , dans le voifinage des
mines de Lipes. * Frezjer , voyage de la mer du Sud ,
t. I. p. 2JI-
SAINT DOMINGUE ( L'ifle de ) , a des mines d'or
qui ne font point ouvertes. Â
SAINT ETIENNE EN FORET , mine de char-
bon de terre , en France , dans le Forêt. 11 y a aufli quel-
ques mines de fer.
SAINT EVROUL ,mine de fer , en France, dans la
Normandie. ' Piganiol, r. $. p. 259.
SAINT GEORGE, mine de charbon de terre , en
France ,dans l'Anjou. * Piganiol , t. 7. p. 72.
1. SAINT HIL AIRE , mines de plomb Se d etain, en
France , dans le Limoufin , à quatre lieues de Limoges.
Le fleur de Roddes les fit ouvrir en 1703 , mais le fuc-
cès n'a pas été grand. * Piganiol, t. 6. p. 351.
2. SAINT HIL AIRE , mine d'ocre , en France , dans
le Bcrry , auprès de Vierzon. L'ocre fert à fondre les
métaux & à la teinture -, ainfl cette mine a fon utilité
dans un royaume , où l'on trouve forr peu de cette terre
minérale. * Piganiol , Defc. de la France , t. 6. p. 404.
SAINT JOSEPH, mine de cuivre, au Chili. Voyez,
Payen en fon rang dans la lifte des mines.
SAINT-lRIEIX,mine de fer, en France , dans l'é-
lection de Limoges : elle eft fort abondante. * Piganiol,
t. 6. p. 352.
SAINT JUAN DELORO , mines de l'Amérique mé-
ridionale , au Pérou.
SAINT MATTHIEU, mine d'argent, au Mexique, &
l'une de celles qui font comprifes fous le nom géné-
ral des mines de Pachuca. Elle a été creufée nouvel-
lement auprès de la Trinité : elle eft très-riche ; fes vei-
nes vonr d'orient en occident , Se elle n'a guère que
quatre cens pieds de profondeur. * Gcmelli Careri ,
Voyage autour du monde , t. 6. p. 135.
SAINT MICHEL , mines de l'Amérique méridiona-
le, au Paraguay.
SAINT VINCENT , mine de diamans , en Angle-
terre, dans le Somerfetshire. Ils ne cèdent à ceux d'O-
rient que pour la dureté. * Davity , Angleterre , pag.
SAINTE LUCIE, mines de l'Amérique méridiona-
le , au Pérou , dans l'audience de los Charcas, vers la
fource de la rivière de Nombre de Dios, auprès des
mines de Condoroma. * De l'ifle, Atlas.
1. SAINTE MARIE AUX MINES , mines d'ar-
gent, de cuivre Se d'autres métaux ,'dans la Lorraine :
il y a aufli quelques minéraux. * Davity , Lorraine ,
p. 425.
2. SAINTE MARIE AUX MINES , mines d'argent ,
de cuivre & de plomb , en France , dans la haute Al-
face:on n'v travaille plus.-»' Piganiol, t. 7. p. 290.
SALBERG. mines d'argent , en Suéde, dansIaWeft-
manie . aux frontières de l'Uplande. * De l'ifle , Atlas.
SALCEDO , mines d'or , dans l'Amérique méridio-
nale , au Pérou, dans l'audience de Lima, près du lac
t-cinq
bouchure dans le Niger, & environ à cinq dans les
terres, entre le village de Sambanoura& celui de Da-
lemouler. C'eft un teriein élevé tout de fable : les Nè-
gres y trouvent de l'or par de Amples lavures fans creu-
fer , Se en prenant fur la fuperficie de la terre ce qui
leur tombe fous la main. * Labat, Relar.de l'Afrique,
occid. r. 4. p. 47.
SAMOS( L'ifle de ) , dans l'Archipel , a des mines de
fer Se de bol. Voyez, l'article Samos.
SANDBERG, mines d'airain, en Hongrie, à un
mille de Neufol. Elles font abondantes , & appartien-
nent à la ville de Neufol. La matière métallique eft
en partie noire , en partie jaune Se en partie verte. La
noirceur marque qu'il y a de l'argent , les autres cou-
leurs dénotent l'airain. * Jac 'ïollii epift itin. ;. pag.
167.
SAN-MIEL-GRANDE, mines de l'Amérique fep-
tentrionale , au Mexique , dans l'audience de la nouvelle
Galice, au département de Mcchoacan. * De l'iflel
Atlas.
SANTA CRUZ , mine d'argent , au Mexique , Se
l'une de celles qui font comprifes fous le nom géné-
ral de mines de Pachuca. Elle a plus de fept cens
pieds de profondeur. £ Gemelli Careri, Voyage au-
tour du monde, r. 6. p. 132.
SANTA CRUZ DE LA SIERRA , mine de l'Amé-
rique méridionale , au Paraguay.
SANTA CRUZ LA VIEILLE, mine de l'Amérique
méridionale , au Paraguay : elle eft en la pofleflion des
Sauvages.
SARDA1GNE ( L'ifle de ) a des mines d'argent ,
de foufre & d'alun.* Davity , Sardaigne , p. $6$.
SARGANS ( Le pays de) , en SuifTe, a des mines de
fer. * Davity , Pays des Suiflcs , p. j; 6.
SARREAL , mine ou carrière d'albâtre , en Espa-
gne , dans la Catalogne , auprès de la petite ville de
Sarreal , qui lui donne fon nom. * Délices d'Espagne ,
pag- 594-
SAVOYE(La) a des mines d'alun, de foufre , de
fel, de nitre Se decryftaux. * Davity , Savoye , p. 4J0.
SAXE ( La ) a des mines de divers métaux, comme
plomb , étain & argent.
SCALVE, mine de fer, dans l'état de Venife, au
Bergamafc, dans la vallée de Sclave. * Davity , Etat
de Venife , p. 147.
SCHALCKENDORFF, mine d'argent, en Hon-
grie , à un demi-mille de Neufol. Elle appartient à
l'empereur; mais comme elle produit fort peu, elfe
peut bien aujourd'hui être abandonnée. * Jac. Tollii
epift. itin. 5. p. 168.
SCHALUEMBOURG, mines d'agates , en Lorrai-
ne-, il y a aufli des grenats. * Davity, Lorraine, p.
SCH ANS ( La communauté de ) , chez les Grifons , a
de riches mines d'argent , de cuivre Se de plomb.* Da-
vity , Pays des Grifons, p. 575.
SCHËMNITZ, mines d'or Se d'argent, en Hon-
grie. Voyez, l'article Schemnitz.
SCHERTZENSTEIN, mine d'or, en Hongrie, à
un demi-mille de Neufol.
SCHLOTTEN, mine d'or, dans la Tranfylvanie.
* Davity, Tranfylvanie, p. 104.
SCHMIDBERG , mine de fer , en Siléfie.* Davity ,
Siléfie, p. 867.
SCHMOELNIZ , mine d'airain, en Hongrie: elle eft
abondante.
SCHREIBERAU , mines d'arfenic , de vermillon,
d'alun & de foufre , en Siléfie. * Davity , Siléfie , pag.
867.
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5CHWARTZENBERG, mines d'argent, en Hon-
grie, dans le comté de Zathmar : cet argent eft mêlé
d'un peu d'or. * Jac. Tollii :epift» itin. f. p. 166.
SCLAUCOW , mine mêlée d'argent Se de plomb ,
•au royaume de Pologne , dans le palatinat de Craco-
vie. * Davity, Pologne, p. 574.
SEGALLA , mine d'or , en Afrique , à la droite de
la rivière de Falemé , en la remontant auprès du villa-
ge de Segalla. Les environs de ce village , à la droite
de la rivière, en la remontant, font remplis de veines
d'une matière de même couleur & de même pefanteur que
celle des mines d'or de Guinguifaranna; outre cela on y
trouve de l'or fur la fuperficie de la terre par de fim-
ples Iavures : cet or eft très-pur & ttès-aifé à fondre.
On doit préfumer que ces terres métalliques rendroient
bien plus d'or que ce qu'on trouve fur la fuperficie.
Segalla eft éloigné de cinquante lieues de l'embouchu-
re de la rivière de Falemé , dans le Niger. * Labat ,
Relat. de l'Afrique occid. t. 4. p. 47.
SENIE , mines d'or Se d'argent , en Espagne , dans
la Catalogne , fur le mont Cenis , qui lui donne fon
nom. * Davity , Espagne , p. 1 64.
SENNIZ , mine d'airain , en Hongrie, à un mille de
Neufol : elle appartient à l'empereur.
SERPHO (L'ifie de ) , dans l'Archipel , a des mines
de fer & d'aimant. Voyez, au mot Serfc.
SERVIE ( La ) a des mines de divers métaux , mais
on n'y travaille point.
SESSE , mines d'or Se d'argent , au royaume de Na-
ples , dans le territoire de Sefie. * Davity , royaume de
Naples , p. 512.
SHROPSHIRE ( Le ) , en Angleterre , a des mines
de fer & de charbon de terre. * Davity , Angleterre ,
pag. 308.
SICILE ( L'ifle de ) , a des mines d'or , d'argent , de
fer , d'alun , de vitriol , de foufre , de falpêtre Se de
fel , qui renaît à mefure qu'on le tire. Il y a aulli des
mines d'agates, d'émeraudes, Se de certaines pierres
grifes , luiiantes, tavelées, ou qui ont au milieu quel-
ques taches blanches Se noires en cercle , ou en forme
d'hommes , d'animaux , ou de quelqu'autre figure , &
qui font fouveraines contre les piquures des araignées
Se des feorpions. * Davity, Sicile, p. 554.
SIDEROCAPSE , mine d'or , dans les états du Turc ,
en Europe , dans le Jamboli. Elle eft fi riche , que le
grand feigneur en retire tous les mois, après les ou-
vriers payés, dix-huit mille ducats & quelquefois trente
mille. 11 y a plus de fix mille hommes qui travaillent
d'ordinaire à ces mines : la plûparr,font Sclavons, Bul-
gares, Grecs Se Dalmates. * Davity, Macédoine, pag.
980. ,
SIERRA MORENA , mines d'argent, en Espagne,
dans la Nouvelle Caftille, au pied de la montagne de
Sierra Morena. * Délices d'Espagne , p. 361.
SIERRA SELADA , mines de l'Amérique méridio-
nale , au Paraguay : elles font incertaines.
S1GNIMONT, mines de pierres précieufes, en Es-
pagne , dans la Catalogne -, on leur a donné le nom
d'améthyftes : elles font transparentes Se violettes.* Da-
vity, Espagne, p. 164.
SILBERBERG, mine d'argent, en Siléfie.* Davi-
ty, Siléfie, p. 867.
SILESIE(La) a des mines d'or, de cuivre, de fer,
d'arfenic , de vermillon, d'alun Se de foufre. On y
rrouve aurTi ducryftal, des diamans afiez beaux, mais
tendres, des agates, des améthyftes , des cornalines,
des hyacinthes , des onix , des rubis , des fapphirs , des
fardoines, des topafes, des turquoifes Se de l'aimant.
* Davity , Siléfie , p. 867.
SILLÉ, mine de fer, en France, dans le Maine.*
Piganiol , t. ;. p. 456.
SIMUBARA (Le pays de), au Japon, a des mi-
nes d'excellent foufte , fur-tout aux envitons des bains
chauds de la montagne d'Unfen. Les habitans n'ofenr pas
tirer ce foufre de la terre , de peur d'offenfer le génie
tutélaire du lieu. Ils difent avoir éprouvé que ce génie
ne le trouvoit pas bon. * Kœmpfer , Hifl. du Japon,
L 1. p. 93."
SIMORE , mine de turquoifes , en France , dans le
Languedoc. Voyez, Languedoc.
307
SIPHANT0( L'ifie de), dans l'Archipel, a des mi-
nes d'or, d'argent Se de plomb. Voyez., à l'article Si-
FANTO,
SKIN , mines de cuivre Se de fer , en Norwége. * Da-
vity, Norwége, p. 685.
SLUMING , mine d'or , en Allemagne , dans l'arche-
vêché de Saltzbourg. * Davity, Allemagne» p. 76;.
SMOTZE1FFEN , mines d'or Se d'argent , en Silc -
fie , dans le canton de Hirschberg. * Davity , Siléfie ,
p. 867.
SOFALA ( Les mines de ). Voyez, l'article So-
FALA.
SOMERSETSHIRE. Voyez. S. Vincent.
SOMME ( Le mont de), en Italie , au royaume de
Naples , a des mines de foufre Se d'alun. * Davity ,
Royaume de Naples, p. 512.
SORLlNGUES(Les ifies) ont des mines d'étain.
* Davity , Angleterre, p. 345.
SPLUGEN , mine de fer , chez les Grifons , au voi-
finage de la vallée de Schans. * Davity , pays des Gri-
fons, p. ;75-
STAFFORSHIRE ( Le ) , en Angleterre , a des mines
de fer , d'albâtre & de charbon de terre. * Davity , An-
gleterre , p. 307.
STERL1N ( La province de ) , en Ecofie , a une mi-
ne de charbon de terre. * Davity , Ecofie, p. 378.
STIRIE (La) a quantité de mines de fer Se quel-
ques-unes d'argent.* Davity ,Stirie ,888.
STR1GON1E, ou Gran , ville de Hongrie: à trois
milles de cette ville il y avoic des mines d'or , que l'on
avoir abandonnées Se fermées par la crainte des Turcs.
Elles peuvent être ouvertes aujourd'hui.
SU ABE , ( La ) , a des mines de poix Se de réfine. *
Davity , Allemagne , p. 724.
SUCHEU , ville de la Chine , dans la province de
Queicheu : fon territoire abonde en mines d'argent-vif
Se de cinnabre, Se l'on y trouve encore quelques au-
tres minéraux. * Atlas Sinenjis.
SUEDE (La) a quantité de mines de divers mé-
taux , principalement près de la rive feptenrrionale du
lac Vcther , dans le voifinage du lac Méfier , Se de
celui de Vener, dans la Haute-Suéde, & dans les pays
de Gothland Se de Vermland. Les mines de fer Se dç
cuivre y font fi abondantes , qu'on afiure qu'elles pour-
roient fournir toute l'Europe de ces métaux. ,
SUISSE ( La ) a des mines de fer Se d'acier , Se
quelques-unes d'argent. * Davity , Pays des Suifles ,
p. 517.
SUMATRA (L'ifie de) a de riches mines d'or,
d'argent, d'airain Se de fer. * Varenius , Geogr. 1. 1.
pag. 108.
SURUGA, mines de cuivre, au Japon. Voyez, l'ar-
ticle Japon.
SURUNGA, mine d'or, au Japon. Voyez, l'article
Japon.
SUSSEX ( La province de ) , en Angleterre, a beau-
coup de mines de fer. * Davity, Angleterre, p. 289.
T.
TA JOB A , mines de l'Amérique méridionale, au Pa-
raguay. S'il y en a, elles font d'un accès très difficile ,
à caufe des Sauvages.
TALCAGUANA , mine de charbon déterre, dans
l'Amérique méridionale , au Chili. Il ne faut pas creu:
fer plus d'un ou deux pieds. * Frezjer , t. 2. p. 145.
TAMBA-AOURA-ET-NETTECO , mines d'or, en
Afrique , au pays des Mandingues, de Tamboucq &
Tamba-Oura, fur la rivière de Sanon, à trente lieues
àl'eft de la rivière de Falemé, Se à quarante du fort
Saint Pierre. Ces mines font d'une richefie furprenante,
Se produifent un or très-pur ; Se quoique les environs
à quinze ou vingt lieues, foient remplis de mines,
on peut dire que cet endroit l'emporte infiniment fur
les autres. Elles font environnées de hautes montagnes
pelées , féches Se ftét iles ; Se le refte du pays n'eft pas
meilleur , de forte que les habitans de ces quartiers ,
n'ont pour toute reflource que l'or que le pays pro-
duit. C'eft la difette de toutes les chofes néceflaires à
la vie qui les a obligés de travailler leurs mines avec
Tom. IV. Q q i)
308
MIN
MIN
plus d'application & de foin que leurs compatriotes.
La néceltité les a rendus laborieux. On voir des puits
qui ont jusqu'à dix pieds de profondeur -, chofe rare 8c
d'une exécution difficile pour de pareilles gens , qui n'ont
ni l'invention des échelles , ni les matières néceflaires
pour étayer , ni même l'efprit de le faire , quand ils
les auroient. Us trouvent pourtant à cette profondeur
beaucoup plus d'or qu'ils n'en trouveroient fur la fur-
face de la terre, ou en fouillant moins avant. Il ar-
rive quelquefois que les rameaux qu'ils rencontrent ,
fonr mêlés de tuf ou d'autres matières plus dures : une
longue expérience les a inftruits qu'il falloit piler la
matière pour en dégager l'or, & laver enfuire tout ce
qui a été pilé : ils le font 8c trouvent beaucoup d'or ,
ëc ils en trouveroient encore davantage , s'ils avoienr
l'art de la fonte 8c du départ ; mais ils ne font pas en-
cote arrivés à ce point , ni au tronc ou fillon princi-
pal de la mine. Tout ce tetrein eft argilleux , de plu-
fieurs couleurs tres-vives : il y a du blanc , du pourpre ,
du verd de mer , du jaune de plufieurs teintes , du bleu
cv' autres. * Labat , Relation de l'Afrique occid. t. 4.
pag. jo.
TANGPI , mine d'argent-vif, à la Chine, dans la
province de Queicheu , 8c dans la montagne de Tang-
pi , aux environs de Pugan, première grande cité delà
province. * Allas Sxnenfis,
TARIFA, mine d'argent, en Espagne , dans le ter-
ritoire de Cadis. Ce fut Annibal qui la découvrit. Elle
rendoit tous les jours fix cens marcs d'argent très-pur.
* Labat , Voyage d'Espagne, r. 1. p. 90.
1. TARNOWITZ, mine d'argent, en Siléfie. * Da-
vity , Siléfie , p.- 867.
2. TARNOWITZ, mines de plomb, en Siléfie.
TAVETSCH ( La vallée de ) , au pays des Grifons , a
quantité de mines de cryftal. * Davity , Pays des Grifons,
pag- 51 S-
TAUR1S , ville de Perfe : elle a dans fon voifinage
de belles mines de fel blanc. A trois milles de cette vil-
le , "on trouve une mine d'or; mais comme la dépenfc
palïbit le profit ; on l'a abandonnée. A quatre lieues de
cette mine , il y en a une de cuivre qui rapporre beau-
coup. * Careri, Voyage autour du monde , r. 2. p. 40.
TEFEZARE , mine de fer , en Afrique , au royau-
me d'Alger , dans la province de Trémeccn , 8c dans
h plaine de Tefezare. * Davity , Royaume d'Alger ,
pag- Tn-
TEICHOLTZ , mine d'aimant, en Hongrie, à trois
milles de Neufol.
TEIOB, lieu en Hongrie , à un mille de Neufol ,
fur le chemin de Chremnirz : on y a trouvé quelques
veines de mercure ; mais on n'y a pas encore travaillé.
Dans le même lieu il y a une mine de foufre rouge. * Jac.
Tollii epift. "itin. j. p. 1 68. '
TENZERA , mines de fer 8c de cuivre , en Afrique ,
au royaume de Maroc , dans la montagne de Tcnzera.
Ces mines rendent beaucoup. * Marnîot , Royaume de
Maroc , p. 27.
THUS , mine de fel, en* Allemagne , dans le Wefter-
rejeh. * Davity ,, Allemagne , p. 6jy.
• Tl-BîQJUrRI, mines de l'Amérique 'méridionale, au
Paraguay : elles font incertaines.
T1LTIL, mines d'or, dans l'Amérique méridionale ,
^ttf Chrlt -,' auprès du fort de Valparaifib , d'ans une mon-
rélgire toute' pleine de mipes: mais outre qu'elles ne font
pas. fort riches, la pierre de mine, ou le minerai eneft
fàn- dur , 8c il y a peu d'ouvriers , depuis qu'on en a
découvert de plus riches ailleurs , foit anftî parce que
les eaux manquent aux moulins pendant quatre mois
•de l'été; * Frcûcr .Voyage de la mer du Sud, tom. 1.
P;1g. I'84. '
TITl'KT, mine- de l'Amérique méridionale ; au Pé-
rou-, daris1. la province- de Charcas , vers ï'l fburce de
la rivière dr la Mara. * De VIfle , Atlas'/
TOLFT, mine dalun ,r en Italie, dans l'érat del'E.
glife : eiîe eft ttes-abondante. * Davity , Etat de l'Eeli-
fe, p. 22 f.
TOMANË NIACANEL, mines dï,r , en Afrique ,
nu pays de Gnyage, à vingt lieues au dfefltisdt Caïnou-
ra-, à- la gauche de la rivière Falemé. Cette mine eft
■
ttès-iïche & d'un métal très-pur. Elle eft très-facile à
travailler ; & cependant les Nègres l'ont abandonnée ,
s'étant mis dans l'efprit qu'il n'y a que des femmes ou
des Blancs qui puifient y mettre la main , fans s'expo-
fér à une mort certaine. Les femmes de leur côté n'en
veulent pas approcher , parce qu'elles n'ajoutent pas
allez de foi à ce que les hommes publient ; de forte que
la fouille de cette mine eft réfervée aux Blancs qui s'y
établiront. * Labat, Relation de l'Afrique occid. t. 4.
pag. j4.
TOMINA, mines de l'Amérique méridionale, au
Pérou, dans la province de Chicas, entre la ville de
Potofi, 8c la mine de Lipes , à peu près à égale di-
ftance de l'une & de l'autre. * De l'IJle , Atlas.
TORTO, mine de turquoifes , en Espagne, dans le
royaume de Léon. * Davity , Espagne, p. 131.
TORTOSE, mines d'argent 8c de fer , en Espagne,
dans la Catalogne, au territoire de la ville de Torto-
fe. On y trouve auflî des mines d'alun , d'albâtre , dé
très-beau jaspe de diverfes couleurs, comme de blanc,
de rouge, de verd, de violet 8c de couleur de rofe j
auffi bien que des pierres qui ont des veines d'or. * Dé-
lices d'Espagne , p. 591.
TOSCANE ( La) a des mines de difFérens métaux
& minéraux.
TOSSINO , mines d'or , au Japon. Voyez, au mot Ja-
pon.
TOUR AINE ( La ) , en France , a des mines de fer,
de cuivre 8c de falpêtre , dans les coteaux de la Loire
expofés au midi. * Piganiol , t. 7. p. 3.
TRALAGE , mines de plomb 8c d'étain , en France ,
dans le Limoufin , à une lieue de Saint Hilaire : le fieur
de Roddes les fit ouvrir en 1703 , mais fans grand fuc
ces * Piganiol, t. 6. p. 3 Ji.
TRANSYLVANIE (La) a des mines d'or, d'ar-
gent, de vif-argent , de plomb , de fer , de fel , de fou-
fre, d'antimoine, decinnabre.de vitriol, de cuivre,
d'acier 8c d'étain. * Davity , Tranfylvanie , p. 1043-,
TRELLO , mines d'argent 8c de fer, dans l'état
de Venife, au Vicentin. * Davity, Etat de Venife, p.
136.
TREVES ( L'archevêché de ) a des mines de cuivre ,
d'argent & de fer.* Davity, Allemagne , p. 691.
1. TRINITÉ ( La ) , mine d'argent, en Hongrie, au
voifinage de Schemnitz ; elle a foixante 8c dix brades
de profondeur: elle eft rrès-bien bâtie, toujours ou-
verte , 8c l'on y fait une grande dépenfe , parce que la
plus grande partie de cette mine eft dans une fort mé-
chante terre : cependant ce que l'on tire eft fort ri-
che, «Se ordinairement d'une couleur noire, & cou-
vert d'une terre ou d'une boue blanche. Les ruifleanx
dans lesquels on fait tremper cette matière, deviennent
presque blancs comme du lait. Edouard Brown , Voya-
ge de Komara , p. 130. croit que c'eft ce qu'on appelle
Lac Lima , du lait de lune , autrement de l'argent.
Plufieurs veines de cette mine vont du côté du nord ,
cv les autres qui font plus riches vonr du côté du nôrd-
oueft. On croit que c'eft une marque de bonheur , lors-3
que deux veines s'entrecroifent.
2. TRINITÉ ( La ) , mine d'argent , au Mexique, &
Lune de celles qui font comprifes fous le nom général
de mines de Pachuca. On l'appelle la mine de la Tri-
nité, parce qu'elle triple. Elle a trois bouches féparées
qui conduifent cependant toutes à la même veine. Elle
eft d'une extrême richefiè -, mais lorsqu'on fut arrivé à
huit cens pieds de profondeur on trouva l'eau : on fit
des dépenfes étonnantes pour la vui'der 8c pour empê-
cher la rené de tomber; mais letems qui conftimc tour ,
a rendu cette riche mine fi dailgereufe, qu'on peut di-
re qu'il eft impofiibfe dy travailler davantage; ce qui
fait qu'on en a fermé toutes les ouvertures. On les nom-
me Campechiana, Joya 8c Pinoi. * Gemelli Careri ,
Voyage autour du monde, r. 6. p. 135".
TROPLA , mine de fer, en Italie, dans le Breflim.
Elle fournit ordinairement cinq cens cinquante mille li-
vres pefant- de fer chaque année. IL y a trois cens hom-
mes qui y travaillent. * Davity, Etat de Venife, p.
TRUMS, mines d'argent & de cuivré , au pays des
Grifons.* Davity, Pays des Grifons , p. /7J.
MIN
MIN
TSIKUSEN, mines de fer, au Japon. ^«.l'arti-
cle Japon.
TSUGAAR, mines d'agates, au Japon. Voyez, l'arti-
cle Japon.
TUPIQUES, mines de l'Amérique méridionale, au
Paraguay : s'il y en a , elles font d'un accès très-diffi-
cile , à caufe des Sauvages.
TURCO, mines de l'Amérique méridionale, au Pé-
rou » dans la province de Chicas , à l'occident méridio-
nal du Potofï. * De fl/le , Atlas.
TUSTAN , mine de vif- argent , au royaume de Po-
logne , dans le palatinat de Ruffie. * Davity , Pologne,
pag. J74-
TWEDALE (La province de), enEcofle, a une mi-
ne d'or. * Davity , Ecoffe, p. 273.
TY ROL ( Le ) a des mines d'argent , de fer & de
cuivre-, on y trouve auffi une mine de fel , une mine
d'aimant & une certaine pierre , nommée communé-
ment malachite , 8c qui eft auffi eltimée que la tur-
quoife. * Davity , Tyrol , p. 880.
V.
VAGNI ( La vallée de ) , en Lorraine, eft remplie de
mines d'agates , de grenats Se d'autres pierres précieufes.
* Davity , Lorraine, p. 42;.
VALACHIE (La) a des mines d'or, d'argent, de
cuivre , de fer Se de plomb. * Davity , Valachie , pag.
1063.
VAL D'AOSTE ( Le ) , en Savoie , a des mines de
cryftal. * Davity , Savoie , p. 4J0.
VALENCE ( Le royaume de ) , en Espagne , a des mi-
nes d'argent , de fer, d'albâtre Se d'alun. * Davity , Es-
pagne, p. i72-
VALPARAISSO , mine d'or, dans l'Amérique méri-
dionale , au Chili , dans la montagne voiilnc de la for-
tereffe de Valparaiflb. On y trouve fouvent des mor-
ceaux d'or vierge d'environ une once-, mais comme les
eaux y manquent en été , on ne peut y travailler que
pendant trois à quatre mois de l'année. * Frezàer , Voya-
ge de la mer du Sud, t. 1. p. 190.
VATER ( Le lac) , en Suéde, a dans fon voifinage
des mines de divers métaux. * Davity, Suéde, pag.
641.
VAUDREVANGES, mines d'azur, en Lorraine. *
Davity, Lorraine , p. 425.
VAUX DE NEVERS (Les), en France, dans le
Nivernois, ont piuiïeurs mines de fer. * Piganiol.t. 6.
pag. 148.
VELIKA , mine de fel, en Pologne ,'à deux lieues de
Cracovie.
Le Laboureur, dans fon voyage de Pologne , dit qu'il
y a près de trois lieues à descendre par des cables dans
ces mines , à la réferve d'une échelle de deux ou trois
■cens marches-, qu'il y a plus de cinq cens ménages éta-
blis dans ce gouffre , Se qui ont creufé dans le fel une
espèce de ville , où il y a des rues Se toutes fortes de
maifons, avec les commodités des autres qui font fur
la terre, & qu'il y a beaucoup d'enfans , qui n'ont ja-
mais monté en haut, 8c qui ne peuvent s'imaginer qu'il
y ait d'autre monde. 11 y a', ajoute-t-il , une églife 8c
des prêtres , un juge , 8c enfin toutes fortes d'offices.
L'on y fait des mariages 8c des enfans; 8c toute l'oc-
cupation de ces habitans des ténèbres , eft de tailler cette
roche de fel en groffes colomnes, que les Polonois, les
Siléfiens , les Moraves , les Hongrois , 8c ceux d'Autriche
Se d'Allemagne viennent acheter.
Le Laboureur raconte ces chofes fur la foi d'autrui.
Un voyageur François qui a descendu dans cet abyme
de fel, a affuré qu'on y vOyoit un grand nombre de
miférabîes attachés à ces mines ; mais qu'on n'yapper-
cevoit aucune trace de cette' prérendue république fi dé-
vore Se fi bien réglée. * Mélanges d'bifl. ô" de litté-
rature.
^ VENTA DEL HIERRO ( La ) , mine d'argent , en
Espagne , dans la contrée <f Almodoiiav , a rendu au-
trefois onze onces d'argent par quintal , & quelquefois
jusqu'à vingt onces.* Davity , Espagne, p. 65-,
VICENTIN ( Le) , dans l'état de Venifc , a des mi-
nes d'argent St de fer, & d'une rerre blanche dihix on
309
fe fert dans toute l'Italie, particulièrement à Fayen-
ce, pour blanchir 8c verniffer la vaifTelle. * Davity ,
Etat de Venife , 136.
VILLA GUTTIERRA , mine d'argent , en Espagne ,
près de Séville. Pendant deux années qu'on y fit tra-
vailler , tantôt cent cinquante , tantôt trois cens ou-
vriers , elle rendit fouvent par jour pour mille ducscfe
d'argent j c'eft-à-dire , 170, marcs ou 1360 onces. * Da-
vity , Espagne , p. 6j.
VILLE- FRANCHE, mines d'argent , en France,
dans le Rouergue , aux environs de Ville-Franche, fi-
les ont été ouvertes autrefois, 8c une tradition veut
qu'on y ait travaillé jusqu'à la fin du XVI. fiécle. * Yi-
ganiol, Defcript. de la France, t. 4. p. 458.
VILLILI , mines d'or, dans l'Amérique méridionale,
au Pérou , dans l'audience de Lima, à l'orient d'Yca,
Se à l'occident de la rivière d'Ablançay. * De l'Ifle ,
Atlas.
VISAPOUR ( La ville de ) , dans les états du Mogol ,
dans la Carnate , a dans fon voifinage diverfes mines
de diamans. Le grand Mogol y fait continuellement
travailler par fix mille hommes , qui en rirent tous les
jours près de trois livres de diamans. Perfcnne n'y peut
creufer que pour le roi. * Thevtnot , Voyage des Indes,
p. 302.
VISLIZ, mine de falpêtre , au royaume de Polo-
gne , près de Vifliz. * Davity , Pologne , p. 574.
UKTUS , mines de fer , aux confins de la Moscovie
Se de la Sibérie , entre les rivières d'Uffolkat Se d'Irtis,
environ à égale di fiance de l'une Se de l'autre dans la
province Wogulizi.
ULKA , mines de fer, aux confins de la Moscovie
Se delà Sibérie, entre les rivières d'Ufïblkar 8c d'Irtis,
environ à égale diftance de l'une 8c de l'autre , dans
la province Wogulizi. Elle eit à quelques lieues de la
mine d'Uktus en tirant vers le fud-ouefi.
ULRICHDORFF , mines de cuivre , en Siléfie , près
de la fource du Queis. * Davity , Siléfie.
ULUK-TAG , montagne d' A fie , aux frontières delà
Ruffie & de la Sibérie : elle a des mines qui produi-
fent le meilleur fer de toute la Ruffie , Se peut-être
de tout le monde. On le connoït fous le nom de fer
de Sibérie. Il fe fond Se fe travaille avec la même faci-
lité que le cuivre. On en a fait des canons qui ne le cè-
dent à ceux de fonte , ni pour la beauté ni pour la
bonté. * Hift. des Tatars , 2. part. p. 31.
VOLTERRE, mines de cuivre, de vitriol Se de fou-
fre , en Italie , dans la Toscane. On y trouve aulfi une
mine d'une certaine terre jaune , qui reflènible à l'or-
piment, & de petites boules de fin azur fort eftimé des
peintres. * Davity, Etat de Toscane, p. 198.
URAGHAI, mines de l'Amérique méridionale, au
Paraguay. Les Indiens affurent qu'elles font très-riches :
les pères Jéfuites les connoiflent mieux que per-
fonne.
VRIESACH, mines- d'ot Se d'argent , dans la Ca-
rinthie , près du mont- Goldberg. * Davity , Carin-
thie, p. 89c.
W.
WALDECK (Le comté de-)', en Allemagne, a des
mines d'or, d'argent, de cuivre, de fer, de plomb , de
vif- argent, d'alun Se de fel , & des pierres femblables
à celles de Liège , qui tiennent lieu de charbon, & font
bon feu. * Davity, Allemagne, p. 768.
WANER ( Le lac ) , en Suéde , a dans fon voifi-
nage des mines de fer Se d'acier. * Davity , Suéde, p.
641.
WARWICH (Le comté de) , en Angleterre, a plu-
ficurs mines de fer. * Davity , Angleterre, p. 301.
WERMLAND ( Le) , en Suéde, a quantité démines
d'argent, de cuivre, de fér 8c d'acier. -"Davity , Sué-
de . p, 641.
WESTPHALIE (La) a des minesde fer , de plomb
Se de cuivre, du côré du Rhin Si du côté des mon-
tagnes' de Heffe. * Davity , Allemagne , p. 7 i-t.
WILDPERG , mine d'argent, au duché de Wirten-
ben;. * /).?r/ry, Allemagne, p. 744.
WINDSGHAHT, mihes- d'argent , en Hongrie.au
voifinage de Schemnin:, Cette mine eft riche ,8c il n'y
MIN
310
a pas moins de mille hommes qui y travaillent tous le*
jouis. Il y fait très-grand froid dans quelques endroits ;
dans d'autres il fait extrêmement chaud, fur-tout dans
les endroits où l'on travaille. On montre dans cette mine
une place , où une vapeur maligne fit mourir un jour
fix perfonnes. On y trouve alTez fouvent un minéral
rouge, qui s'attache aux métaux , Se qu'on appelle Cin-
nabre d'argent. Après l'avoir mêlé avec de l'huile , on
en fait un vermillon , qui vaut du moins autant , s'il
n'eft pas meilleur, que le cinnabre fublhv.é. On trouve
auiTi dans les fentes des rochers de cette mine du cry-
ftal , des amethyftes, & beaucoup d autres pierres pré-
cieufes. Il y a du vitriol auifi clair que du cryftal , dans
plufieurs de ces mines. * Ed. Broiva , Voyage de Ko-
mara , p. 131.
WIRTENBERG ( Le duché de ) , en Allemagne , a
des mines d'argent , de cuivre & de fer. * Davity ,
Allemagne , pag. 744.
XANXI , province de la Chine : elle a des mines de
charbon de terre. * Atlas Sinenjts.
XECIEN , ville de la Chine , dans la province de
Queicheu : fon territoire a quelques mines d'argent-
vif.
XENSI , province de la Chine : elle a plufieurs mi-
nes d'or, Se quoiqu'il ne foitpas permis de les ouvrir ,
on ne laide pas de ramafler une quantité prodigieufe
de ce métal dans cette province.
XULI, mines de l'Amérique méridionale, au Pé-
rou, dans l'audience de Los-Charcas, au midi du lac
de Titicaca. * De l'ifle , Atlas.
XUXUI , mines de l'Amérique méridiocale , au Pérou.
Y.
YESSO , ou Kamtschatka, mines d'or, près de
la ville de Marfumai. Voyez.cc nom.
YORCSHIRE (Le), en Angleterre, a des mines
de cuivre , de plomb Se de charbon de terre. * Davi-
ty , Angleterre , p. 312.
YUMAGUARIS , mine d'or , dans l'Amérique mé-
ridionale , au nord de la rivière des Amazones, au
midi de la Guiane, auprès de la petite rivière d Yu-
para. * De l'ifle , Atlas.
ZACATECAS , mines de l'Amérique feptentrionale ,
dans l'audience de la nouvelle Galice , au département
de Zacatecas.
ZAMORA, mines de turquoifes, en Espagne , au
royaume de Léon , auprès de la ville de Zamora , qui
lui donne fon nom. * Délices d'Espagne , p. 149.
ZEREGBAN1E, mine d'or, dans la Tranfylvanie. *
Délices de la Tranfylvanie , p. 1045.
ZISCHDORFF , mine d'argent , en Siléfie. * Davi-
ty , Siléfie , p. 867.
1. ZUCKMANTEL , mine d'or , en Bohême. * Da-
vity, Bohême, p. 861.
2. ZUCKMANTEL , mines de cuivre , en Siléfie :
il y a aufli des mines d'arfenic , de vermillon , d'alun
Se de foufre. * Davity , Siléfie , p. 867.
ZULAKNA , mine d'or , dans la Tranfylvanie. * Da-
vity , Tranfylvanie, p. 1405.
MINE. Voyez, au mot Saint george de la Mine.
MINE (rivière de la ). C'eft une rivière de l'Améri-
que feptentrionale , dans la Louifiane. Elle fe jette dans
le Miflburi à la bande du fud , après un cours de dix-huit
à vingt lieues. Ce nom lui a été donné , parce qu'il y a
des mines dans le pays qu'elle arrofe.
MINE EGAREE. On donne ce nom aux mines , où
l'on ne trouve que quelque minerai épars çà & là , fans
que les filons ou les veines fe rencontrent de fuite ou
près les uns des autres.
MINE FIXE. On appelle ainfi une mine où les filons
font étendus en largeur Se en profondeur , de la manière
que les racines des arbres ont coutume d'être dans la
MIN
terre , fans qu'il y ait presque d'interruption.
MINE DE PLOMB ( rivière de la ) , eft dans l'A-
mérique feptentrionale , dans la Louifiane. Elle fe jette
dans le fleuve de MiflllTipi , à dix-fept lieues ou environ %
au-deffous de la rivière Ouisconfing , Se à fon midi. Son
nom lui vient d'une mine que l'on a trouvée près de
fes bords.
MINE RUBE, c'eft celle dont le minerai fe trouve
fur la fuperficie des mines , fans qu'on ait befoin de creu-
fer pour y travailler.
MlNÉNSIS, Minnenis , Minuensis , fiége épis-
copal d'Afrique,dans la Mauritanie Céfarienfe. Selon I»
notice d'Afrique , où il eft fait mention de C&cilius Min-
ntnfis: Sicundinus Minertfis CoaCciivit au concile de Cac-
thage , tenu l'an ;2j. * Hardouin , vol. 2. p. 108*1.
MINEO , ville de Sicile dans le val de Noto , vers
la fource de la rivière Santo Faulo. Elle eft fituée entre
Caltagirone à l'occident , & Lentini à l'orient. C'eft
l'ancienne Mens.. * De l'ifle , Atlas.
1. MINERVE ARA , ifle du golfe Arabique , félon
Ptolomée , /. 4. c. 8. qui la place fut la côte de l'Ethio-
pie. On croit que c'eft aujourd'hui Thifale. Voyez, ce
mot.
2. MINERVE ARA , lieu d'Italie, dans le pays des
Volsques. Strabon, /. $.pag. 232.1e place auprès de la
ville Circé.
MINERVE CASTRUM, lieu fortifié dans l'Italie.
Barri , après Varron , le met dans la Calabre au pavs
des Locres , Se ajoute que c'eft aujourd'hui Cripteria.
C'eft aujourd'hui Grottitria. * Ortelii Thef.
MINERVE MURI , lieu du Péloponnèfe dans l'A-
chaïe , félon Paufanias , /. 7. c. 22. qui le place à quin-
ze ftades du promontoire Panermtis , Se à quatie-Yingt-
dix ftades de Capriflcus Portus.
MINERVE PALUS. Voyez. Triton.
MINERVE PROMONTORIUM. Voyez, Ancom
2. Se Pali.enidis.
MINERVvE TEMPLUM , lieu en Espagne , fclon
Strabon, /. 5. p. 149.
MINERVE URBS. Diodore de Sicile, /. 5. c. j.
place une ville de ce nom dans la Sicile , auprès de la
ville Himera.
MINERV1UM , nom d'une colonie romaine en Ita-
lie. Velleïus Paterculus , /. 1. c. jl en parle , Se Denyj
d'Halicarnafle nomme ce lieu Atb&neum.
MINES, port de la GaulegNarbonnoife, aux environs
de Marfeille. Voyez, aminés Se Cassis.
MINFUNG , montagne de la Chine , dans la pro-
vince d'Iunnan, à l'orient de la ville de Çuhiung. * At- '
las Sinenfîs.
1. MING , rivière de la Chine , dans la province de
Honan. Elle a fa fource dans les montagnes auprès de
Sinyang.
2 MING , lac de la Chine , dans la province d'Iun-
nan , auprès de la ville d'Yang-çung. On pêche dans
ce lac de bons poiflbns. Il y en a d'une espèce particu-
lière i il tire fur le noir , on l'appelle Cing ; Se l'on pré-
tend qu'il guérit de plufieurs maladies.
1. MINGAN , ifle de l'Amérique feptentrionale,dans
la Nouvelle France , à l'embouchure du fleuve Saint
Laurent , près de la terre des Eskimaux , à la chute de
la rivière Mingan.
2. MINGAN, rivière de l'Amérique feptentrionale,
dans la Nouvelle Fiance , fur la côte de la terre des
Eskimaux , vers l'embouchure du fleuve Saint Laurent.
Les petits Eskimaux habitent aux environs de cette ri-
vière.
MINGCHACHAN . montagne de la Tartarie Chi-
noife, fituée à 10 lieues au midi de la ville de Chathli-
cou , ou ville des Saules. ( Paul la nomme Saçh'ion ) On
entend fur cette montagne des voix & des bruits de ton-
nerre. Hiftoire Générale des Huas , par de Guignes , t.
2. p. 13.
MINGOL , montagne de Perfe , fur une des routes
de Conftantinople à Ispahan , à deux lieues du pont de
Choban-Kitprï , à la droite vers le midi. II fort de cette
montagne une grande quantité de fources , dont fe for-
ment l'Euphrate d'un côté , Se la rivière de Kars de l'au-r
tte. "Tavewier , voyage de Perfe , 1. 2.C 1.
MINGRELA, bourg des Indes, dans le rovaume d*
MIN
MIN
Vifapour , à huit lieues de Goa. Ce bourg qui efl très-
confidérable , efl: fitué à dcmi-lieue de la mer , ik c'elt
un des meilleurs plages de toutes les Indes. Les Hol-
landois y vont prendre des rafraichiflèmens pour leurs Vanjlth , îelation d'Egypte , p. 236".
311
du Caire , 8c près du village de Matarfa ,du côté du
couchant. On y voit une image miraculeufe de la fainte
Vierge , que les Coptes confervent dins leur EgMfe. *
▼aifleaux , parce qu'on y trouve quantité de riz & de
fort bonne eau. Ce qui le rend encore plus célèbre .
c'elt le cardamome que produit fon territoire, & qui ne
croît point ailleurs. Les Orientaux l'eftiment la meilleure
de toutes les épiceries. Les Hollandois ont un comptoir
à Mingrela , à caufe que tous les vaifleaux qui viennent
du Japon , de Bengale, de Ceylan 8c d'autres lieux pour
aller à Surate , à Balfora , 8c dans la mer Rouge , mouil-
lent presque toujours à la rade de ce bourg. * Taver*
nier , voyage des Indes , c. 1 j.
MINGRELIE ( le royaume de ) , efl: le pays que les
anciens ont connu fous le nom de Colchide. C'eit une
province de la Géorgie : il efl: borné au nord par les
Alains &c le Caucafejau levant par le royaume d'Irimette;
au couchant par les Abras 8c la Mer Noire ; au midi par
la principauté de Guriel. La Mingrélie dépendok au-
trefois du royaume dlrimette : mais un gouverneur en
ufurpa la fouveraineté , 8c prit le titre de Dadïan, Sa
poflérité y règne encore à préfent, fous la protection du
Turc , auquel elle paye tribut. * Hifloire générale
des Huns , r. i.p. 439.
MINGUM. Voyez. Ningum.
MINGXA , forterefle de la Chine , dans la province
deXenfi.Ellcefide 1 1 d. o. min. plus occidentale quePé-
king , fous les 38 d. 3 3. min. de latitude. * Atlas Sineit'
fis.
MINGXAN , ville de la Chine, dans la province
de Suchuen , au dépauement de Yacheu , fixiéme gran-
de cité de la province.EUe efl de 1 3 dcg. j8 min. plus oc-
cidentale que Péking , fous les 30 d. 31 min. de latitude.
MINGXE , montagne de la Chine , dam la province
de Xantung , au voifinage de la ville de Caotang. Ming-
xe lignifie en langage chinois , une pierre qui rend du
fon. Sur le fommet de cette montagne il y a un amas de
pierres , haut de cent perches. Une tradition populaire
veut que ces pierres, lorsqu'elles font frapées , ne fut-
ce qu'avec le doigt , rendent un fon auflî fort que celui
du tambour. C'elt de-là, à ce qu'on prétend , que cette
montagne tire fon nom.
MINGYNG , ville de la Chine , dans la province de
Quangfi , au département de Taiping , huitième métro-
pole de la province. Elle efl de 12 d. 35 min. plus oc-
cidentale que Pekiug , fous les 23 deg. 26 min. de
latitude.
1. MlNGYO , lac de la Chine, dans la province de
Kiangfi , auprès de la ville d'Iuencheu qu'il environne,
& à laquelle il fcit de fo(îé. Ses eaux entrent dans la ville
par divers canaux portans bateaux. Du côté du levant ,
les eaux de ce lac fe jettent dans celui de Tung.
2. MINGYO, rivière, ou plutôt torrent de la Chine ,
dans la province de Suchuen , auprès de la ville de
Chung. Ce torrent tombe avec impétuofité d'un endroit
de la montagne , élevé de plus de cinquante perches ,
& au travers des rochers. Au bas , tout le long de fes
rives , on voit de vieux arbres d'une hauteur prodi-
gieufe.
1. MING-YUE , petit lac de la Chine , dans la pro-
vince de Suchuen, à l'orient de la ville de Kiating, troi
fiéme ciré de la province.
2. MING-YUE , montagne de la Chine, dans la
province de Péking . au voifinage de la ville de Çun-
hoa. Elle a été nommée Mengyue , parce qu'on y trou- Thucydide, /. 3. p. 207. la met vis-à-vis de Mégare.
MINIMIGARDUM, ville de Wcflphalic, félon Su-
nus , dans h vie de faint Swibert. Crantzius la nomme
Mimimgroda : c'efl aujourd'hui la ville de Munfler.
M1NIO, fleuve d'Italie, dans la Toscane , avoit fon
embouchure entre Gravisca 8c Centum CclU. Virgile en
fait mention dans ce vers de l'Eneïde :
Qui C&rete domo , quifunt Minionis in arvis.
Niger le nomme Migno ; 8c Léander l'appelle Ma:_
gnone.
MINISUM. Voyez, Mnisum.
1. MINIUM ou Minius , fleuve de la Lufitanie, fé-
lon Pline , /. 4. c. 20. C'efl , à ce qu'on croit , le Min-
ho.
2. MINIUM , ville de la Lufitanie , félon Pline.
Quelques exemplaires, au lieu de Minium, lifent Eumi-
nium, 8c Ortclius , Thejaur. croit que ce pourroit être
XflLminium de Ptolomée.
MINIUS, fleuve de l'Espagne Tarragonoife. Pompo-
nius Mêla , /. 3. c. 1. & Ptolomée , /. 2. c. 6. en font
mention. Strabon, /. 3 . p. 1 ; 3 . dit que c'efl le plus grand
fleuve de la Lufitanie , 8c qu'on le nomme aufli Banis ,
mais Hermolaiis croit qu'il faut lire Nt-bis au lieu de B<t-
nis. Outre cela , Orteluts juge que le Minius 8c le Ncbis
font des fleuves différens , parce que Ptolomée 8c Pom-
ponius Mêla nomment ces deux fleuves.
MINN/EI, peuples de l'Arabie Hcureufe. Strabon,
/. 16. p. 798. les met fur la côte de la Mer Rouge, &
leur donne la ville de Carna ou Czrana pour capitale.
Pline, /. 6. c. 28. Ptolomée, /. 6 c. 7. 8c Etienne le
géographe écrivent Minai pour Minn&i.
MINNAGAR , ou Minnagara , ville de l'Inde, en-
deçà du Gange, félon Ptolomée ,/. 7. c. 1. qui la met
fur le golfe même du Gange , entre Mapura 8c l'em-
bouchure du fleuve Dofaron.
MINNA VILLA MARSI.lieu de l'Afrique propre.
L'itinéraire d'Anronin le met fur la route de Carthage
à Tbenx , entre Megradi Villa Aniciorum 8c Leptis Mag-
na, à vingt-neuf milles de la première de ces places ,
8c à pareille diflancedela féconde.
MINNENSIS. Voyez. Minensis.
MINNIZA. Voyez, Minica.
M1NNODUNUM ou Minnidunum , ville des peu-
ples Hclvetii. L'itinéraire d'Anronin la place fur la route
de Milan à Maguntiacum , entre Bromagus 8c Aven-
ticum Helvetiorum , à fix milles de la première, & à
treize milles de la féconde.
MINO, royaume du Japon , dans la grande ifle de
Niphon , au nord de Voary , 8c le long de la rive orien-
tale du lacd'Oitz , furie bord duquel Nobunanga avoit
bâti la ville d'Auzuquiama , 8c fon magnifique palais
qu'on appelloit le Paradis de Nobunanga.
1. MINO A, port de rifle de Crète; Ptolomée,
/. 3. c. 17. le place fur la côte orientale de l'ifle, entre
le promontoire Samonium 8c la ville de Camara.
2. MINOA , ville de l'ifle de Crète , félon Ptolo-
mée , qui la marque fur la côte feptcntrionale de l'ifle,
entre le promontoire Drepanum 8c l'embouchure du
fleuve Vicnus.
3. MINOA , ifle de Grèce, dans le golfe Saronique.
ve une caverne percée horizontalement & en ligne droi-
te , au travers de laquelle on voit le jour : ce qui forme ,
en quelque manière » un afpedt femblable à la lune , lors-
qu'elle efl en fon plein. * Atlas Sinenfis.
MIN HO. Voyez, M igné.
MINIATIS. Voyez, Geminiacum.
MINICA , ville de Syrie. L'itinéraire d'Antonin la
place fur la route de Cirrum à Emefa , entre Hemeja 8c
Beroa , à vingt milles de la première , 8c à vingt-deux
milles de la féconde. Simler dit qu'on nommoit auifi
cette ville Minniz.a. Il efl fait mention d'une ville nom-
mée Minica, dans le fixiéme concile de Conflantinople ,
qui la place dans la première Galatic. * Ortelii Thefaur.
MIN1ED SOREDj village d'Egypte, au voifinage
4. MINOA, promontoire de l'Attique, du côté de
Mégare. Strabon, /. 9. p. 391. dit que ce promontoire
formoit le port de Nijja ou Nifœa.
5. MINOA , lieu fortifié fur le golfe d'Argos , félon
Strabon,/. 8. p. 368.
6. MINOA , port & promontoire dans le golfe d'Ar-
gos , félon Ptolomée , /. 3. c. 17.
7. MINOA , promontoire du Péloponnèfe, dans l'Ar-
gie. Paufanias , /. 3.C. 23. le place auprès de la ville
Epidaure.
8. MINOA .ville de l'Arabie , félon Etienne le géo-
graphe.
9. MINOA , ville de l'ifle Siphmts , félon Etienne le
géographe.
MIN
312,
MINOÊ Voyez.MmoA & Minthe.
MlNOIDtS. Nom de quelques ifles , fuivant Apollo-
nius , /. 2. Son fcholiafte rend Minoiaes par Cyclades.
M1NOIDUM. Apollonius & le lexicon de*Favori-
ru-s donnent ce nom à la mer -de Ci été.
MINOIS. Saint Jérôme, in locu , parlant de la ville
de Medemana dans la tribu de Juda, dont parle Haïe,
«joute ces mots : C'ell aujourd'hui la ville de Menoïs ,
auprès de Gaza, Voyez. Maon.
MINOlUMPELAGUS ï^v^Minoidum.
MINOLO, village de lifte de Candie, fur la côte
feptentrionale, au couchant de la Canée. Quelques géo-
graphes prennent ce village pour l'ancienne Mmoa qui
étoit fur la côte feptentrion.ile de l'ille, Se dnbnguée
d'une autre Mmoa qui étoit fur la côte orientale. *
Bundrand , DicL éd. 1705.
MINORB1NO, ville d Italie, au royaume de Nazies,
dans la partie occidentale de la terre de Ban , vers les
confins de la Bafil.cate. Quoiqu'elle foit le fiége d'un
cvèque fuffragant de Baii , elle n'eft pas' fort conlidé-
rable. * M.tgm , Carte de la terre de Bari.
MINORES. Voye z. Coelalet^.
MINORQUE , ifle du royaume d'Espagne (a) , dans
la mer Méditerranée, au nord eft de l'ille de Major-
que , dont elle eil éloignée de dix lieues entre le 39 Se
le 40 deg de latitude. Elle s'étend en longueur du nord-
oueft au fod-eft l'espace de douze ou quinze lieues ,
& de fepe grandes feulement, filon d'autres (b): de
forte qu'elle peut en avoir quarante à cinquante de lon-
gueur , & un peu pljs de deux de largeur. Quelques
écrivains la mettent à cinquante mille pas de la Cata-
logne , Se quelques autres à cent vingt milles : ce qui
fait une différence bien confidérablc. Les navigateurs
font du fentiment des derniers, (a) Délices d'Espagne ,
t. 4. p. j8o. \b) Vayrac , Etat préfent de l'Espagne,
1. i.p. 389.
Cette ifle eft. nommée Minorque , & Menorca par
les habitans, parce qu'elle eft la moindre & la plus petite
des Baléares. Les auteurs Espagnols aflurent qu'elle a
toujours été regardée comme une partie de l'Efpagne,
8e que fes habitans , ainfi que ceux de Majorque, ont
toujours été réputés Espagnols ; ce qu'on ne peut pas
dire des autres peuples qui font fournis à la couronne
d'Espagne. Les anciens ont connu ces ifles fous difte-
rens noms : ils les ont appellées , tantôt Baléares, tantôt
Gymnafies , tantôt Chiriades , tantôt Aphrodifiades ou
Aphrofïades , tantôt Eudemoncs, Se tantôt Axiologues.
L'ifle de Minorque porta en particulier le nom de Nura\
mais aucun auteur ancien ni moderne ne dit pourquoi
il lui fut donné.
Le terrein de cette ifle efl: en partie montueux, &
en partie uni. Quoique fes montagnes ne foient pas fi
élevées ni fi fertiles que celles de Majorque , elles ne
laifleut pas de produire toutes les chofes nécefiaires à la
vie, fi on en excepte l'huile, à caufe que l'ifle eft fort
expofée aux frimats du Nord. Son climat, le langage
de fes peuples & leurs coutumes font femblables à celles
des habitans de Majorque. 11 y a un des plus beaux
ports de l'univers , qu'on appelle le Port-Mahon. Voyez.
ce mot à l'article Port.
A main droite du port on voit le fameux château S.
Philippe , Se qui , félon Dameto , pafle pour imprena-
ble , tant à caufe de fa fituation , que de la grande quan-
tité d'artillerie dont il eft garni : cependant les Anglois
s'en rendirent les maîtres fans faire de grands efforts. Les
François le prirent le 28 Juin 1756, Se le rendirent
aux Anglois à la paix.
Plus avant dans la terre on voit la ville qui donne
le nom au port , & qui fut fondée par les Carthagi-
nois. Elle n'eft pas grande , mais paflablement riche , à
caufe du commerce qui s'y fait.
Citapella eft la capitale de l'ifle : elle contient
environ fix cens maifons , & eft défendue par de fortes
murailles & par plufieurs baftions. On y remarque quel-
ques édifices aflez bien conltruits. Le gouverneur de
l'ifle y frit fa réfidence , aufli bien que ion ifleffeur Se
l'avocat fiscal, avec l'afiinance desquels il pren con-
noi (Tance de toutes les affaires qui furviennenr dans fon
gouvernement , tant en madère militaire , civile , que
criminelle. Pour ce qui regarde la jurisdiétion ecclé-
MIN
Anciennement il y avoit un evêque parriculier , comme
fialtique , l'évéque de Majorque y tient un provifeur.
il paroit par plufieurs attes authentiques. Cette vile
contient quelques couvens de religieux Se une églife
allez remarquable par le nombre d'cccléfialliques qui la
defieivent, parmi lesquels il y en a un avec le tire de
prévôt, Se qi.i porte l'aumuce, comme s'il étoit chanoine.
Il n'y a dans toute l'ifle que deux autres viles, qui
font Laor & Mercadal ; mais elles ne méritent guère
qu'on y fuie attention Dans la partie orientale on trou-
ve un port , nomme Fornelli; il eft au fond d'une jolie
baie , vers un cap de même nom.
Cette ifle ne cède point à celle de Majorque pour
l'abondance des animaux fauvages Se domeftiques. Il s'y
trouve fur-tout des mulets fort eftimés pour leur taille
Se pour leur vigueur qui eft peu commune.
MIN OS. Ki/ye-5. Gaza.
M1NSAL. Voyez. Melos.
1. MiNMNGENouMunsingen , petite vi'led' A'ie-
magne , dans la Suabe Se dans les états du duc Wurtem-
berg. Elle clt l'huée fur 1 Elbe , entre Neutlingen Se
Blaubeuren , à quatre lieues de chacun de ces endroits.
Il y a un aflez beau château, où le piince fait quelque-
fois fon fejour. Elle a de bons folles pleins d'eau, trois
portes, une belle mailon devi'le& une églife paroifiiale
bien bâtie. On lit dans la chronique d'Augfbourg qu'en
1378 , les villes confédérées, Ulm , Augibourg Se autres
s'emparèrent de Minfingen. Une autre chronique très-
vieille fait voir que Minfingen a fait partie de l'ancien
comté de Vrack . maintenant fimple feigneurie d'Au-
rack. * Ztyler , Topogr. Sueviae.
i.MINSKI, ville dugrand duché de Li huanie dans
le palatinat auquel elle donne fon nom , Se dont elle
eft la capitale. Elle eft fituée dans la partie occidentale
de ce palatinat , vers la fource de la rivière de £w;flocz.
Deux citadelles, l'une nommée la Haute, Se l'autre la
Bafie , lui fervent de défenfe. Comme elle eft voifine
des Moscovites, qui ont fait fouvent de grands ravages
dans la Lithuanie , les Polonois ont été obligés d'en faire
une place forte. Les habitans de cette ville font plus
polis que ceux de la plupart des antres villes du duché ;
ce qui doit être attribué en partie au grand nombre
de noblefle qui fait fon fejour à Minski;& en partie à
la réfidence du tribunal fupérieurde la Lithuanie, qui
fe tient alternativement une année à Vilna , une année
à Minski , Se la troifiéme année à Novogrodeck. *
Andr. Cellarius , Defcript. Polor.ia:, p. 414.
2. MINSKI (Le Palatinat de) , eft borné au nord
par celui de Witepsk , à l'orient par celui de Mfciflaw,
au midi par le territoire de Rohaczov? , Se à l'occi-
dent par le Palatinat de Vilna. Ses principaux lieux font ,
Minski, Koidanow, Toloczyn,
Horodcck , Boriflow , Smoluiany ,
Turkum , Bialymfie , Zycin.
On voit dans ce Palatinat un grand nombre d'abeilles,
qui font une partie de la richefle du pays. Elles fe tien-
nent dans les forêts. Je ne fçais, dit le père Avril, Jéfuite,
Voyage de Moscovie , par quel infiinct. ces animaux
choififlent des lieux fi fombres , eux que Virgile veut
qu'on place avec tant de circonfpection : cependant il
eft peu de forêts de ce côté-là, où l'on n'en voye une
infinité d'eflaims. Ce qui les y attire fans doute , c'eft
la commodité des loges qu'elles trouvent toutes prêtes
dans le cœur des arbres, où elles ne feroient pourtant
pas en afiurance, fi l'on n'avoit foin de les garantir de9
infultes des ours. Ces bêtes féroces, qui aiment pafllon-
nément le miel, incommodent beaucoup les abeilles,
Se font un tort confidérable au payfan pour qui elles
travaillent. On empêche pourtant le dégât, en faifant
une espèce de hune garnie de piquets autour des arbres
qu'elles occupent , ou en couvranrde branches hériffées
d'épines le trou par où elles entrent ; ce qui , fans leur
fermer le pafiâge , les met à l'abri de leur ennemi. *
De l'ifle , Atlas.
MINTHE , montagne du Péloponnèfe , dont parlent
Ptolomée , /. 3. c. \6. Se Strabon , /. 8. p. 344. Cepen-
dant les interprètes du premier, au lieu de Minthe
lifent Minoe. Niger appelle cette montagne Olono ; Se
il femble que c'eft la même que Pa'nfani.is, /. 4 c. 31.
nomme Evan , d'Evoë, cri des Bacchantes ; exclama-
tion
MIQ
tion que firent dans ce lieu , à ce q.i'on croit , BacchuscV
les femmes qui le fui voient.
MINTU.R.N/E, ancienne ville d'Italie, dans le La-
tium , fur le fleuve Liris , un peu au-deflus de fon em-
bouchure. L'itinéraire d'Antonin la meta dix miilesde
Formies -, Se Suabon , /. ;.p. 233 ,qui la place à quatre
vingt ftades de cette ville , dit qu'elle étoit bâtie des
deux côtés de la rivière. Pline , /. 3. c. j. dit la même
chofe , & ajoute que c'étoit une colonie romaine. Ce
fentiment eft confirmé par Tite-Live Se par Vclleïus
Paterculus, /. \. c. 14. qui donne à cette colonie le
nom de Miturnenfes. Ce fut dans cette ville que Ma-
rius fut conduit prifonnier , après avoir été pris dans
le marais de Maria , qui étoit au voifinage , Se que
l'on appella auffi Minturnensium Paludes. * Cella-
rius, Geogr. ant. lib. 2. cap. 9.
MINTURNENSIUM IVYLUDES.Fçv^Minturn^.
MINTZENBERG, petite ville d'Allemagne, dans
la Heflé , près de Bulbach , en Wétéravie. Elle avoit un
ancien château fort Se fitué , auffi bien qu'une partie
de la ville, fur une montagne. Il n'en relie plus rien
que deux tours presque ruinées. C'étoit autrefois un
comté ; mais fes comtes , dont la maifon étoit fort an-
cienne Se fort illuftre , finirent en 1 2jo , en la perfonne
d'Ulrich : alors les maifons de Hanau , de Falckenftein ,
deWeiniberg , de Pappenheim , de Schonbourg , qui
avoient époufé des filles de ces comtes de Mintzenbcrg ,
prétendirent cous à la fucceffion de ce domaine. Les con-
teftations furent longues Se aboutirent au démembre-
ment du comté. * Zeyler , Topog. Haiïia:.
MINUCIANO, bourg de l'Italie, dans la Toscane.
11 eft fortifié & enclavé entte la vallée de Magra Se
celle de Carfagnana. C'eft une dépendance de la répu-
blique de Lucques. * Baudrand , Diét. édit. ijoj.
M1NUËNS1S. Voyez. Minensis.
MiNURI, ville d Italie , au royaume de Napîes,
dans la Principauté Citérieure , au fond d'un pfetit golfe ,
à l'occident de celui de Salerne. Elle eft épiscopale.
Leander l'appelle Minare. * Magin , Carte de la Princi-
pauté Citérieure.
MINUTIA , lieu où la maffue d'Hetcule fua, à ce
qu'écrit Lampridius. Cette maffue étoit d'airain. * Ortclii
Thefaur.
1. MINYA, ville de la Theffalie. Etienne le géo-
graphe dit qu'elle fe nommoit auparavant Almonia.
2. MINYA , ville de Phrygie , félon Etienne le géo-
graphe , qui la place au voifinage de la Lydie. Il en eft
fait mention dans Lucien , in Pjeudomante.
MINYADA , contrée de l'Arménie. Le mont Baris
fe trouvoit dans cette contrée , à ce que dit Nicolas
Damascéne , apud Jofepb. & Eufèh. * Ortelii Thefaur.
1. M1NY/E , peuples du Péloponnèfe, dans l'Elide ,
félon Strabon , /. 8 p. 3 37.
2. M1NY/E, peuples de la Bœotie. Paufanias, /. 2.
c. 29. les place auprès de la ville Orchomemts.
3. MINY/E, peuples de la Bœotie, Paufanias les
met au voifinage de la ville de Scarphia. * Ortelii Tlief.
M1NYCIUS , fleuve quipaffoit à Pylos, félon Héfy-
che , lé. 4.
1. MINYEUS, fleuve de la ThefTalie. Diodorc de
Sicile , /. 4. c. 8. Se Pline, not. & emend. n°. 42. nous
apprennent qu'il fe nommoit auparavant Orchomemts.
Il y avoit auffi une ville de même nom , fuivant la re-
marque que fait le P. Hardouin.
. 2. MINYEUS, ce nom fut donné à la ville Orcho-
menus , dans la Bœotie. * Ortclii Thefaur.
MINYElUM,nom de lieu, félon Suidas. * Ortelii
Thefaur.
MINYIA , en grec uiriia. , ville de l'ifle d'Amorgos
dans fa partie la plus occidentale , félon Ptolomée ,
/. y. c. 2. Etienne le géographe la nomme Mvnca.
Caftald l'appelle Mandrin , Se dans Sophian elle a le
nom de PL/ri.
MIOLANS , M'o/^tt/jchâreau de Savoie , dans la val-
lée de Barcelonnerte , au diocèfe d'Embrun. Il eft fitué
fur un roc , vis à-vis l'embouchure de l'Arche dans l'I-
fére. Le roi de Sardaigne y tient des prifonniers d'état.
* La Forêt de Burgon , 1. 2. p. joo.
MIONES. Voyez. Cyprus-
MIQUENES ou MEquiNÈs [a ) , ville d'Afrique , au
MIQ
royaume de Fez, àdix-iepi Leues de Salé, a ving ^.e
Mamore , Se à cinq des montagnes du mont Atlas*
Ptolomée la place a fept degrés cinquante mm. de longi-
tude , Se a trente-quatie quinze min. de latitude , fous le
nom de Silda , qui a depuis été changé en celui de Mi-
quenès , à çaufe d'une branche des Zenercs qui portoit
ce nom , Se qui chaiTa du royaume de Fez les fucceffeurs
dldris, à la faveur de Benemequineça. calife fchismai-
que de Carran. lbni Alraquid (b) dit que ces Méquiné-
ciens vivoient autrefois fous des tenres , comme les
Aiabes ; mais qu'étant devenus îiches , la discorde fe
mit entr eux ; les plus foibles, chaflés par les plus puilFans ,
s'habituerenr dans ce lieu , où il y avoit déjà quelques
habitations, & ils devinrent peu à peuconfiderablcs. (a)
Marmol, du royaume de Fez, liv. 4. chap. 18. (b)
Arbre de la généalogie des Africains.
Cette ville eft dans une très-belle plaine , fous un
beau ciel , Se dans un air fi fa<n , qu'on allure que cette
raifon engagea Muley Ifmacl à y fixer fa demeure. Avant
que ce prince y eût fait bâtir fon palais Se qu'il y eue
établi le fiége de Ion empire , c'étoit peu de chofe que
Miquenès. Il n'y a pas même d'apparence que cette
ville devienne jamais d'une grande importance, n'y ayant
aucune manufacture, comme il y en a à Fez Se dans
plufieurs autres villes ; Se outre que le ter rein de ce
canton eft fort incommode pour les voitures , la pluie
rend l'eau extrêmement fale Se boueufe. Il n'y a point
non plus de caravane établie pour voyager, comme ort
en voit à Fez. Ainfi cette ville n'auroit aucun relief, fi
la cour n'y faifoit pas fa réfidence. Elle a peu d'éten-
due , & les bâiimens y font très-irréguliers : elle elt
néanmoins extraordinairement peuplée , parce que les
Maures ne fe fondent pas d'être logés au large. Ou
compte , tant dans la cité que dans les fauxbourgs ,
environ trois cens mille âmes de toutes fortes de na-
tions. * Révolutions de l'empire de Maroc, p. 357.
Un aqueduc traverfe les rues , Se les Maures laiffent
les réfervoirs ouverts pour que l'air y entre , dans l'i-
dée où ils font que fans cela leau ne feroit pas faine;
c'eft ce qui met en grand péril de tomber la nuit dans
ces canaux, fi. l'on n'y prend pas garde. L'hiver la boue
rend les rues impraticables , Se l'été elles font couver-
tes de pouffiere : n'étant point pavées , elles font inégales ,
Se perfonne n'a foin de les nettoyer. En général les
maifons font très-mal bâties Se fon baffes : les boutiques
n'ont pas plus d'apparence que des échoppes de favetiers,
la plupart même des m: rchands étalent dans une rue >
ils choifilfent ordinairement les endroits les plus fecs
Se les plus élevés de la ville. Les murailles de Miquenès
font terraffées comme tous leuts bâtimens ; mais elles
ne font point flanquées, & il n'y a point de parapet
pour couvrir les afliégés ; en forte que c'eft une place
de peu de défenfe.
Au-delà des murs , fur le grand chemin , eft une ville
nommée la ville des Nègres , qui n'a guère moins d'é-
tendue que Miquenès, mais dont toutes les maifons
ne font couvertes que de chaume : leshabhans font bons
cavaliers , S: toujours prêts à marcher au premier ordre.
A la réferve des mosquées Se du palais , on ne voit
point à Miquenès d'édifices publics, ni rien de fembla-
ble que la place où l'on garde les esclaves Chrétiens»
qui n'eft remarquable que par une puanteur infuppor-
table. Ces esclaves ne laiffent pas de jouir de certains
privilèges: ils ont leur gouverneur particulier, ils onc
la garde de leurs portes , & le pouvoir de fe faire juftice
de tous les Maures qui les infultent dans l'enceinte de
leur diftricF. On peut néanmoins regarder comme un
édifice public , l'hôpital que les rois d'Espagne ont éta-
bli à Miquenès pour la confolation Se le foulagement
des esclaves : il peut contenir jusqu'à cent malades. Sa
majefté Catholique y entretient quatre religieux Se un
médecin, pour la fubfiftance desquels il y a un revenu
annuel de deux mille écus : il n'eft fouffert avec fes
religieux dans ce lieu , que moyennant un tribut. Il y
a encore dans cette ville, comme dans les auttes places
d'Afrique, plufieurs écoles , où l'on montre aux enfans
à lire , à écrire , à chifrer , Se rien de plus. Quand on
les châtie , on fe fert d'une verge de bois fort plate ,
avec laquelle on leur donne des coups fous la plante
des pieds. Toute leur étude ne confifte qu'à lire l'al-
Tom.lV. Rr
MIQ
314
coran d'un bout à l'autre ; 8c quand un écolier a par-
couru fou livre , on le pare , 8c fes compagnons le mè-
nent à cheval 8c comme en triomphe par la ville , en
publiant Ces louanges. * S. Olon , Rel. de l'empire de
Maroc , p. 80.
Les Juifs ont un quartier afiez grand, mais il eft
aufli mal propre que dans les autres villes. C'eft dans
celui-là que le chef de tous les Juifs du royaume , qui
peuvent être au nombre de feize mille , fait fa réfi-
dence ; c'eft lui qui a foin d'impofer 8c d'exiger toutes
MIR
ve, cette diftance , qui en ôte la commodité, en dimi-
nue aufli beaucoup l'agrément. Les allées en font fort
étroites : on n'y voit ni eaux jailliflances ni baflins , mais
il y pafle quelques ruifleaux qui fervent à les arrofer.
11 y a quelques palais aflez beaux aux environs de
celui du roi , 8c que les alcaïdes font bâtir pour lui
plaire j mais fur la jouiflance desquels ils n'oferoient
s affûter: ils ne leur demeurent qu'autant de tems qu'il
ne prend point envie au prince de les leur enlever.
MIRA , bourgade de l'Amérique méridionale , dans
les garammes qu'on leur fait payer. C'en1 aufli par lui la province de Quito , fur le bord feptentrional de la
que l'empereur entretient commerce avec toutes les
nations, tant ennemies qu'amies. Sa famille «Se lui font
affez bien logés, mais tout le relie l'eft fort mal.
Le palais du roi eft au midi de Miquenès ; on le
nomme l'Alcaflavc ; il fut bâti par Muley Ifma'el , qui
l'entoura de plufieurs murailles très-hautes , fort épailles
8c fort blanches. Il renferme plus de terrein que toute
la ville enfemble , 8c pourroit plutôt paner pour une
ville que pour un palais : en effer , il confifte en plu-
fieurs carrés diftincts 8c féparés , qui forment des ap-
partemens différens , dont quelques-uns font occupés
par les femmes de l'empereur , par fes concubines, par
fes ouvriers 8c par fes gardes. Chaque quartier a des
officiers particuliers , à qui la garde en eft confiée , com-
me fi ces édifices n'avoient aucune dépendance les uns
des autres ; les eunuques noirs font chargés de la garde
des appartenons des femmes. Le prince tient dans ce
palais fes canons , fes armes , fa poudre ; en un mot,
c'eft le magazin de Ces richefles, fon arfenal, l'afyle
afliué de fa perfonne 8c de fa famille.
Ce lieu eft toujours entretenu dans une grande pro-
preté •, les promenades au dehors font unies , la plu-
part terraffées 8c quelques-unes couvertes. Les galeries
de communication font à la mosaïque ; tous les toits
font couverts de tuiles vertes , 8c cette couleur eft
confacrée aux maifons impériales 8c aux mosquées. Il
y a dans ce palais un grand nombre de minarets dorés,
ce qui , à une certaine diftance , fait un point de vue très-
gracieux ; mais l'idée que l'on en conçoit , lorsqu'on y
arrive, ne fc foûtient pas, lorsqu'on en eft: proche : le
tout eft conftruit avec fi peu d'art «Se de régularité ,
qu'il feroir très-difficile aux plus habiles architectes d'en
démêler l'économie 8c le deffein. On eft perfuadé que
l'empereur lui-même n'a d'autre vue dans ce qu'il dé-
truit 8c bâtit continuellement , que d'abbaiffer fous le
joug de la fervitude 8c du travail , le grand nombre de
fes fujets qu'il y emploie ; il en fait aufli l'occupation
8c le fupplicc ordinaire des esclaves Chrétiens , qu'il y
fait travailler en tout tems 8c fans relâche. On les y
rend manœuvres 8c maçons à force de coups de bâton
& de mifere , à laquelle ils fuccombent d'autant plus
facilement , que leur nourriture journalière ne confifte
qu'en une très-petite quantité de pain d'orge & fort
noir , avec de l'eau , outre qu'ils ne gîtent que dans des
matammores ou lieux fouterreins , dans lesquels ils n'ont
pour lit que la terre , 8c où ils ne refpirent qu'un air
fort mauvais , & mêlé de beaucoup de puanteur.
La principale entrée de l'Alcaflave eft une aflez belle
porte avec des colomnes , qui la font appeller la porte
de Marbre. Il renferme environ 45 pavillons avec cha-
cun fa fontaine ; triais il n'y a de bâtiment régulier que
deux mosquées & un michouarr , ou grande cour, or-
nées au dedans de colomnes & de bas reliefs de mar-
bre , fans figures humaines ni figures d'animaux -, mais il
y a des chifres & des lettres arabesques, où font décrites
les principales actions du roi qui les a fait conftruire.
Les écuries , que l'on appelle Roues , font aufli fort
belles : elles forment deux longues galeries à droite &
à gauche , toutes voûtées &' à grandes arcades , ayant
de diftance en diftance dans le milieu d'une efpéce de
chemin pavé qui les fépare , de petits pavillons fort
propres , dans chacun desquels il y a une fontaine
& un abbreuvoir pour les chevaux , qui font fort
beaux.
Les jardins de l'empereur , font plantés dans le mi-
lieu d'un grand bois d'oliviers , & font aflez beaux :
on y voit en tout tems des fleurs , des légumes , des
fruits que produifent des arbres de toute efpéce ; mais ,
comme ces jardins font un peu éloignes de l'Alcafla-
riviere dont elle porte le nom , 8c au nord de la ville
de Quito. Par la relation de Don Juan & d'Anto-
nio de Ulloa , nous apprenons que les environs de Mi-
ra font remplis d'ânes fauvages. Les propriétaires du
terrein permettent, moyennant une rétribution.d'allerà la
chaffe de ces animaux , qui deviennent très-dociles une
fois qu'ils ont la charge fur le dos. * Relation biflori-
ca del viage à la America méridional , tomo fecondo.
1. MIRABEL, lieu de la Paleftinc, félon Guillau-
me de Tyr , qui le place auprès d'Ascalon. * Orteliï
Thefaur.
2. MIRABEL , petite ville de France , dans le Quer-
ci , élection de Montauban.
MIRABELLA , ville du royaume de Naples, à quin-
ze milles de Benevent , au nord-oueft de Fricento. C'eft
l'ancienne Mcidanum.
MIRABELLO , castel Mirabeilo, ouMirebeau ,
bourg, ou village de Tille de Candie , fur la côte fep-
tentrionale de lïfle , au fond d'un golfe , avec un châ-
teau fortifié 8c un bon port. Ce bourg eft à trois ou
quatre lieues de Spina-Longa, vers le midi ; & fon châ-
teau eft environné des eaux de la mer de tous côtés.
* De l'IJle , Atlas.
MIRACE , lac de Scythie , fuivant la remarque de
le Mazier , fur cet endroit de Valerius Flaccus , Ar-
gonattt. I. 6. v. 49.
. . . . Scythicis quem Jupiter oris
Progenuit viridem Miracen Tibifenaque juxta
OJcia. . . . • . .
Quelques-uns , au lieu de Miracen , lifent Maracen ,
& d'autres Macaren. Ortelius , Thefaur. foupçonn«
que Valerius Flaccus décrit en cet endroit un lieu que
d'autres écrivains appellent Tamyracen.
MIRADOUX, petite ville de France , dans le Bas-
Armagnac , élection de Lomagne , & à deux lieues de
Lettonie , avec un lieutenant du juge de la vicomte
de Lomagne. Il y a un prieuré appelle Sainte Rofe ,
qui vaut fept cens livres de rente. Le combat qui fe
donna aux environs l'an 1661 , pendant les guerres ci-
viles , a rendu cette place remarquable.
1. MIRAFLORES , petite ville de l'Amérique mé-
ridionale , au Pérou , dans l'audience de Lima , & dans
la vallée de Zana ou Sana , dont elle prend quelque-
fois le nom. Elle eft à vingt lieues de Truxillo, 8c à
cinq de la mer , fur laquelle elle a le port de Chen-
cepen , qui n'eft pas fort commode , ne tenant pas les
vaifieaux à l'abri des vents , ce qui fait qu'ils emploient
beaucoup de tems à charger 8c à décharger. La ville
eft riche & très-peuplée : elle fe diftingue par-là de tou-
tes celles qui font dans la plaine. Le terroir eft pro-
pre aux cannes de fucre , &il y croît beaucoup de fro-
ment. Entre la ville 8c le port , il y a des bois fort
agréables , 8c plufieurs villages ou métairies. * Corn.
Dict. De Laet, Defcription des Indes occidentales ,1.
1 o. c. zo.
2. MIRAFLORES , chartreufe d'Espagne , dans la
vieille Caftille , à une demi-lieue de Burgos. C'eft une
des plus belles de l'ordre.
MIRAGUANA , habitation françoife , dans l'ifle de
Saint Domingue , au quartier du fud , fur le bord du
golfe nommé le Cul-de-fac , entre la côte 8c les étangs ,
à deux ou trois lieues à l'oueft du Petit-Goave.
MIRAMAR , château d'Espagne , en Catalogne i
fur la côte, dans le camp de Tarragone, près de Cam-
brils , & à cinq lieues de Tarragone vers l'occi-
dent , en allant vers Tortofe. * Baudrand , Dict. édit.
170;.
MIR
MIR
MIR AMAS , bouvg de France, en Provence, fi-
nie fur un rocher , à peu de diftance de Salon.
MIRAMICHl , ou Mizamichi, rivière de l'Amé-
rique feptentrionale , dans la Gafpelie ; on l'appelle en-
core rivière de Sainte-Croix. Elle le jette dans le
golfe de Sainr Laurent , où elle forme une baie , au mi-
di de celle des Chaleurs, après un cours de quarante
à cinquante lieues de l'occident à l'orient. C'en1 fur les
bords de cette rivière , que cabanent Se font leurs chas-
fes ordinaires les Gafpehens Porte-croix , que le père
Laflteau dit fe nommer Micmacs , ce qui ne paroît guère
vraifemblable , ces derniers demeurant au fond de l'A-
cadie , à plus de cent lieues de Miramichi. Les million-
naires l'ont nommée la rivière de Sainte Croix , à caufe
de la vénération, que cette nation portoit à la croix,
fans favoir que c'étoit l'inurument de notre rédemption.
Il eit néanmoins certain que c'eft fur une faufle tradi-
tion , qu'on a donné à cette rivière le nom de Sainte
Croix. Il n'y a point de Sauvages Porte-croix ; Se le
père Lafîteau a eu raifon de dire , que les Sauvages qui
fréquentent. cette rivière, font des Micmacs qui y vont
& viennent de l'Acadie. Voyez. Gaspesie.
MIRAMOND, bourg de France, dans le Querci ,
élection de Ci hors.
i. MIRANDA, petite rivière de Sicile, dans le val
de Noto. Elle a fon embouchure fur la côte orientale ,
entre celle de la rivière Cafibli au nord, Se celle delà
rivière Falconara au fud. Miranda eit LErineus des an-
ciens. * De l'Ijle , Atlas.
2. MIRANDA, rivière d'Espagne , appellée aufli
communément Eo. Elle a fa fource au pied des mon-
tagnes des Afturies , prend fon cours du midi au nord
oriental , mouille Baron Se Tie rra de Miranda , Se va
fe jetter dans la mer. entre l'embouchure de la rivière
Marna à l'occident, Se Caûtopol à l'orient. La rivière
de Miranda fait la borne entre la Galice Se les A-
fturies.
3. MIRANDA, ou Miranda do Duero , ville du
Portugal , fur la rivière de Duero. On l'appelloit an-
ciennement Contia ou Contium. Elle elt fîtuee fur un
roc , au confluent du Duero Se d'une petite rivière ,
nommée Fresne. Elle n'a d'autres fortications qu'une
enceinte de murailles , avec un demi-balîion Se un ou-
vrage à corne , conùruit entre les deux rivières. Cette
place elt néanmoins très-importante , parce que de-là
on peut aifément faire des courtes dans le royaume
de Léon , qui eit tout ouvert Se tout uni de ce côté. Mi-
randa eit une ville épiscopale , dont la prélature vaut
dix mille ducats A Délices de Portugal , p. 715.
4. MIRANDA-DE-EBRO, ville d'Espagne, dans la
Vieille Caftille , à fept lieues de Vittoiia. Cette ville
eft petite , mai£ bien fituée , aux deux bords de l'Ebre
qui la traverfe Se coule fous un beau Se grand pont de
pierres. C'eft à caufe de ce fleuve qu'on lui a donné le
nom de Miranda-de-Ebro , pour la diltinguer des au-
tres villes de même nom. Elle n'a rien de fort confi-
dérable d ailleurs, qu'une grande place ornée de fon-
taines. Elle eit défendue par un bon château ,fitué fur
le haut d'une montagne, Se flanqué de plufieurs tours.
Cette montagne eft toute couverte de vignes , qui rap-
portent l'un des meilleurs vins d'Espagne ; Se afin qu'il
n'y manque rien pour le boire frais, on voit au-defliis
du château un rocher , d'où il fort une fi grofle fon-
taine qu'elle fait tourner des moulins dès fa fource.
Cette ville fut érigée en comté par Henri II , roi de
Caftille , en faveur de don Diego Lopez de Zuniga ,
fécond fils de don Pedro de Zuniga , premier comte
de Ledesma. * Délices d'Espagne , p. 171.
5. MIRANDA , petite place d'Espagne , dans la Na-
varre , fur l'Arga.
6. MIRANDA ( Sainte Marie de ), abbaye d'hommes ,
ordre de faint Benoît , en Portugal , dans la province
entre Duero Se Minho , près de ponte de Lima.
MIRANDE , ville de France , au pays de Gascogne ,
dans le comté d'Aftarac , dont elle eft la capitale. Elle
n'a été bâtie que fous le règne de Philippe le Bel en
1289, par Centule , troifiéme du nom , comte d'Afta-
rac ; par Etienne de Beaumarchais , grand fénéchal de
Touloufe , Se par l'abbé du monaftere de Berdoues , de
l'ordre de Cîteaux. Ces trois fondateurs eurent defiein
3ir
d'y faire ériger un eveché , & de prendre l'abbaye de
Berdoues pour en compofer le chapitre : ce projet n'a
pas été exécuté. Piganiol , dejeript. de lu France , t. 4.
p. J71. prétend qu'il n'y a guère que huit cens foixante
petfonnesdans cette ville. * Piganiol, DeC. de la France,
p. 203.
MIRANDELA, petite ville de Portugal, dans la pro-
vince de Tra los Montes ,fur le Tuelo, au nord-eft de Vil-
la-Real. Elle eft défendue par un château. On croit que
Mirandela eft l'ancienne Caladunum. * Délices de Portn-
MIRANDOLE (La), ou la Mirande , ville d'I-
talie , capitale du duché de même nom , Elle elt revê-
tue de fept battions , Se a un fort bon château , Se une
collégiale très confidérable, loumife a l'évèque de Mo-
dène. Cette ville fut ralée en 1330 , par Paflèrino Bo-
nacorfl , Se rétablie quelque tems après. Elle efïuya un
fiége fameux dans le XVI fiécle de la part de l'armée du
pape Jule III , Se dans la dernière guerre un blocus qui
l'obligea de fe rendre aux François en 1 705 , Se de chaf-
fer les Impériaux que la duchefiè doi'airiere y avoir in-
troduits en 1702, au pré)ud;ce des premiers, dont elle
n'avoit point f ujet de fe plaindre.
MIRANDOLE (Le duché de la) ou de la Mi-
rande, elt fitiié entre les duchés de Mantoue au.fep-
tentrion , Se de Modène au midi. Il eft comme enclavé
dans ce dernier. La famille des Fies , l'une des plus an-
ciennes de l'Italie , le pofTéde depuis le convnencement
du douzième fiécle. \ Le premier feigneur de cette mai-
fon qui nous foit connu , eft François , qui fut honoré
du titre de vicaire de l'Empire, dans la ville de Modène,
où il étoit fort puiflant ; Se ce fut 1 empereur Louis IV ,
qui lui conféra ce titre en 1314; Se Alexandre 1 , l'un
de fes fuccefleurs , reçut les titres de duc de la Miran-
dole , de prince de Concordia , Sec. de l'empereur Mat-
thias en i<5 18 , pour la fomme de cinquante mille écus.
François Marie , duc de la Mirandole , ayant été dépouil-
lé de fes domaines en 1 71 1 , par l'empereur Jofeph , qui
les vendit au duc de Modène, fe retira à la cour d'Es-
pagne , & la poiTefTion du duché de la Mirandole , qui
vaut quatre-vingt mille ducats de rente , fut adjugée de
nouveau au duc de Modène par le traité d'Aix Ia-Chap-
pelle , de l'an 1748. * La Forêt de Buitrgon , Géogr.
hiît. t. 2. p. 474.
MIRANGULI, ou Mirianguli. Paul Diacre ap-
pelle ainfi la ville Germanicia. Voyez, ce mot.
MIRANO, village d'Italie , dans le Padouan , à 12
milles de Padoue. Cluvier croit y trouver le lieu appel-
lé dans l'itinéraire d'Antonin Ad duodecimum.
MIR APORV OS , nom que l'on donne à trois petites
ifles qu'on met au nombre des Lucaies. Ce nom veuc
dire , gardez.-vons , parce qu'il eft dangereux d'en ap-
procher, à caufe qu'elles font au milieu de quelques
bancs Se de quelques rochers. Ces ifles font aflèz proches
de celle d'Yumeto , & dispofées en triangle. * Cor.
Diét. de Lact , Defcription des Indes occident. 1. 1.
c. 16.
MIRAT, ou le Miroir. Beata Maria de Miratorto
abbatia , abbaye d'hommes en France , de l'ordre de Cî-
teaux , au diocèfe de Lyon. Elle a été fondée dans la
Brefle Châlonoife , à une lieue de Caféan , dans le mois
de Septembre de l'année 1 1 3 1 , par les fires de Coligny
Se de l'Aubespine , terres qui font près de la ville de
Saint Amour. On l'a depuis unie à l'abbaye de Cîteaux ,
dont elle étoit fille.
M1RAU , château de défenfc , dans la Moravie. Il
appartient à l'évèque d'Olmus. Les Suédois le prirent en
1643 , après une vigoureufe réfiftance de la part de la
garnifon. Les Impériaux le repritent l'année fuivante.
* Zeyler , Topogr. Moravia.
MIRAVEL , ville d'Espagne , dans la Nouvelle Ca-
ftille , autrefois dans l'Eftramadure , à quatre lieues de
Plazencia. Elle eft bâtie fur le penchant d'une colline ,
Se défendue par un château bien fortifié. Elle porte le
titre de marquifat , qu'elle a reçu de Charles V. Son ter-
roir produit d'excellens vins.Comme elle avoit pris le par-
ti de l'archiduc Charles d'Autriche en 1705 , elle fut atta-
quée fur la fin de Février 1706 , par le maréchal de TefTé,
commandant un corps d'armée pour le roi d'Espagne
Philippe V. Il y avoir de l'artillerie & une bonne garni-
Tom. TV. R r i;
3 1 6
MIR
MIR
fou dans le château. Le maréchal fit battre la place
avec le canon Se le mortier , Se déclara en même tems
au gouverneur que , s'il ne fe rendait dans un certain
tems qu'il lui prefcrivoit, il ne lui feroit aucun quar-
tier. Le troifiéme jour les portes lui furent ouvertes , Se
tout le pays , jusqu'à Tortofe , revint à l'obéiffance du
légitime lbuverain. * Délices d'Espagne , t. 2. p. 367.
MIRBATH , petite ville de l'Arabie Heureufe , fur le
bord du golfe de Thafar. Ses environs produifent quantité
d'encens: Ion en transporte beaucoup en différens en-
droits. * Abulfeda, MS. delà biblioth. du Roi.
MIRDA , ville des Indes, fur la route d'Amadabat à
Agra. Quand on vient de Dantivar àMirda, il y a trois
journées de chemin : on pane par un pays de montagnes
appartenant à des Rujas , ou princes particuliers > qui
payent quelque chofe au Grand Mogol : mais en reven-
che , le grand Mogol leur donne d'ordinaire des emplois
confidérables dans fes armées , de quoi ils retirent beau-
coup plus que ce qu'ils font obligés de lui payer. Mirda
eft une grande ville , mais mal bâtie. * Tavernier ,
voyage des Indes, 1. 1. c. 5.
MIRDUUM , ville aux frontières de la Perfe , au côté
gauche du chemin par où l'on va à Nifible , félon Pro-
cope , /. i . c. 1 3 . qui néanmoins , dans un autre endroit ,
au lfeu de Mirduum , écrit Minduum. Coufin , dans fa
traduction , fe conforme à la dernière orthographe ; il
écrit par tout Mindone. Quelques-uns nomment cette
ville Merdin. * OncWiT bef a ur.
1. MIREBALAIS , petit pays de France, enclavé dans
le Poitou , Se compris dans le gouvernement militaire
du Saumurois. Sa ville capitale eft Mirebeau. * Longue-
rue , Defcription de la France, p. ij2.
2. MIREBALAIS, quartier de la colonie françoife
de Saint Domingue , dans la partie occidentale, & un
peu dans les terres, le longdel'Artibonite.
1. MIREBEAU , ville de France , dans le Poitou ,
Se capitale d'un petit pays appelle de fon nom , le Mi-
rebalais. Elle a titre de marquifat , Se elle avoir autrefois
un château que l'on a rafé. Cette ville eft fit née fur une
eminence , à quatre lieues de Poitiers , & à cinq de Ri-
chelieu. Elle fut bâtie par Foulque de Néra , & fouffrit
un long fiége en 1202. N. d'Aquitaine , reine d'Angle-
terre, veuve d'Henri II, roi d'Angleterre , s'y étoit ren-
fermée , pour fe dérober à la pourfuite d'Artus , comte
de Brecagne , fon petit-fils. Elle a toujours appartenu
aux comtes, Se enfuite aux ducs d'Anjou, jusqu'à la
réunion de l'Anjou à la couronne , fous Louis XI.
Il y a cinq paroiffes dans la ville de Mirebeau , deux
prieurés , l'un de mille livres , Se l'autre de cinq cens ;
une aumônerie de quatre cens j une maladrerie de cent
cinquante ; un chapitre , fous l'invocation de Notre-
Dame , fondé par Gilles de Blafon , évêque de Poitiers,
fur la tin du douzième fiécle. Il eft compofé de trois di-
gnités , de fept chanoines Se de deux bacheliers. Les
prébendes ne valent que trois cens livres. Il y a auffi deux
couvens : l'un de Cordeliers , où Jeanne de France ,
dame de Mirebeau , eft enterrée dans une chapelle de fa
fondation -, l'autre , de filles du même ordre. * Pïganiol ,
Defcr. de la France , t. ;. p. 168.
2. MIREBEAU , bourg de France , dans la Bourgo-
gne , bailliage Se recette de Dijon , avec titre de mar-
quifat. Il eft Grue fur un coteau au milieu d'une petite
plaine, Se fur la rivière de Baife. Il députe aux états,
Se il eft la vingt Se unième communauté.
3. MIREBEAU. foyf^MlRABELLO.
MIREBEL , bourg de Fiance , dans la BrefTe. Il a
titre de marquifat , Se députe aux afïemblées de la
Breffe.
MIRECOURT , ville du duché de Lorraine, dans
le bailliage de Vosges , dont elle eft le chef-lieu , fur
la rivière de Maudon , qui fe rend dans la Mofelle.
Elle s'appelle en latin Mercur'n curtis. Ce nom peut
faire conjecturer que ce lieu eft d'une grande antiquité :
les anciens pourtant n'en font aucune mention. Mitccourt
eft un des premiers domaines des ducs de Lorraine, Se
cerre ville eft affez confidérable pour le pays , où il n'y
en a pas de bien grande. L'églife paroiffiale eft fous le ti-
tre de la Nativiré de Notre-Dame , de S. Didier Se de S.
Nicolas. Le chapitre de Remiremont eft patron de la
cure qui fe donne au concours. Ce chapitre perçoit les
deux tiers de toutes les dîmes , Se le curé jouit de l'autre
tiers. Il y a dix chapelles en titre ; une communauté d'éc-
clefiaitiques natifs de la ville j un hôpital,dont les bour-
geois ont l'adminiftration -, un couvent de Cordeliers ,
oudcCapucins-,un monaftefe de Récollettes ou Clariftes,
&*une maifon de religieufes de la congtégation de Notre-
Dame. Le pays aux environs de Mirecourt s'appelle en
latin Mtrcurïenfis Pagus. * Longucrue , Defcription de
la France, part. 2. p. 149.
M1REFLEUR& Chalendras , bourg de France,
dans 1 Auvergne , élection de Clermonr.
1. MIREMONT , Miramont , ou Miraumont ,
petite ville ou bourg de France , dans le Périgord , fur
une petite rivière qui fe jette peu après dans la Vezere ,
à fix lieues de Sarlat, Se à huit de Périgueux. Elle
eft du diocèfe , du reffort du parlement Se de l'intendan-
ce de Bourdeaux. On voit près de cette ville une caver-
ne ou grottesque , appellée Cluseau. Les gens du pays
en font divers contes. Ils difent qu'il y a àes fales Se des
chambres pavées à la mofaïque , des autels Se des peintu-
res qui font préfumer que les anciens païens facrifioient
dans ce lieu a Venus ou à leurs dieux infernaux. On croit
auffi que les premiers Chrétiens s'y retiroient pour faire
leurs prières Se leurs cérémonies. On dit qu'elle a plus
de huit lieues d'étendue. C'eft le fentiment de l'abbé Le-
bœuf. Il y a auffi , à ce qu'on dit , des fontaines Se des
ruiffeaux , & un entre autres dont le lit a plus de fix-
vingt pieds de large. ' Du Chêne , Antiq. des villes de
France , part. 2. chap. 13.
2. MiREMONT,bourgade de France , dans la Gasco-
gne , élection de Lannes.
3. MIREMONT, bourgade de France, dans l'Au-
vergne , élection de Riom.
4. MIREMONT, petite ville de France, dans le haut-
Languedoc . à quatre lieues au midi de Touloufe , avec
un lieutenant de juge de la judicature de Rieux. Elle eft
cependant du diocèfe de Touloufe.
MIREPEYSSET , bourgade de France , dans le Bas-
Languedoc, recette de Narbonne.
MIREPOIX, Mirapïcum , Mirapica, Mirapicium ,
Mirap'ica , Mirapincum Se Mirap.cis Caftrum ; ville de
France , dans le Languedoc , dépendante autrefois
du diocèfe de Touloufe. C'étoit un lieu fort , Se une
place d'armes des Albigeois, au commencement du trei-
zième fiécle. Les Croifés l'afiiégerent & la prirent fur le
comte de Foix , à qui elle appartenoit : ils la donnèrent
enfuite à Gui de Lévis , un de leurs principaux chefs ,
dont l'hiftorien Pierre de Veaux de Ccrnay fait l'éloge.
Il porta la qualité de maréchal de la Foi & de l'armée
des Croifés -, de forte qu'on l'appelle le Maréchal en plu-
fieurs anciens actes. La donation , que les Croifés
avoient faite du Mirepoix à Gui de Lévis , fut confir-
mée par les rois de France ; de forte que Mirepoix ne
fut point rendu au comte de Foix quand on le reçut
en grâce , Se tout ce qui avoit été donné à Gui de
•Lévis, après avoir été démembré des comtés de Foix
Se de Touloufe , lui fut confervé par les traités que
faint Louis fit avec ces comtes : car il excepta de la
reftitution qu'on leur faifoit toute la terre du maré-
chal , qui étoit alors Gui de Lévis ; de forte que Mire-
poix jusqu'à préfent a toujours été dans la même mai-
fon depuis cinq cens ans. * Longuerue , Defcription de
la France , pag. 233.
Mirepoix n'étoit qu'une fimple paroifTe du diocèfe
de Touloufe , lorsque le pape Jean XXII l'érigea en
évêché. Il détacha ce nouveau fiége du diocèfe Se de
l'églife de Touloufe érigée en métropole, à laquelle
l'évêque de Mirepoix fut fournis. Raimond Athon , abbé
de S. Sernin de Touloufe, fut le premier évêque de
Mirepoix. Jacques Fournier ou du Four, l'un de fes
fucceffeurs, fut élu pape en 1334, fous le nom de Be-
noît XII. Quatre autres ont été Cardinaux. L'églife ca-
thédrale eft dédiée à S. Maurice , Se fon chapitre a un
prévôt , un facriftain , un théologal Se douze chanoi-
nes. Cet évêché vaut dix-huit mille livres de rente,
Se n'a que cent cinquante-quatre paroiffes. L'abbaye de
Bolbone , dans le comté de Foix Se de Tordre de Cî-
teaux , eft la feule qu'il y ait dans ce diocèfe. Elle fut
fondée en iijo , auprès de la ville de Mazeres ; mais
dans la fuite on l'a rebâtie au confluent de l'Ariége &
MIR
MIS
de l'Ers, avec tant de magnificence, que c'eft une des
plus belles 8c des plus riches de tout l'ordre. Roger,
comte de Foix , fut enfeveli , en i 273 , dans l'églife qu'il
avoir fait bâtir. Jacques du Four , qui fut pape fous le
nom de Benoît XII , avoit été moine de cette abbaye ,
avant que d'être évêque de Mirepoix. * Piganiol, Defc.
de la France, r. 4. p. 253.
Le diocèfe de Mirepoix produit toutes fortes de
denrées & de belliaux , mais il s'en fait peu de com-
merce au dehors. Qn y voit en quelques endroits des
mines de jayet ; & l'on y fait un grand débit de peig-
nes de buis , que l'on porte en Espagne 8c en Italie.
On compte quatre villes dans ce ciiocèfe ; favoir,
Mirepoix, Cariât, La Roque , Fangeaux.
1. MIRE VAUX , petite ville ou bourg de France,
dans le lias-Languedoc, recette de Montpellier.
2. MIREVAUX, en latin Mira. Vallis Abbatïa ,
abbaye de France dans le Bafîigni , terre de France au
diocèfe de Toul , près de Neuf-Château. C'eft une ab-
baye d'hommes de l'ordre de Prémontré , fille de Sept-
Fontaines 8c de la réforme. Elle vaur trois mille livres
de revenu à l'abbé. Cette abbaye n'eft pas régulière , com-
me le prétend D. Beaunier. C'eft la même que Mureaux.
3. MIREVAUX, ou Mirvaux, petit village de
France , dans la Picardie , diocèfe d'Amiens , élection
de Dourlens. Ce lieu eft devenu célèbre par un man-
dement, que François le Fevrede Caumartin ,évêque
d'Amiens, donna le premier Juin 165-0, contre les fol-
dats qui, après avoir forcé 8c pillé l'églife, en avoient
emporté les Hofties confacrées,& rendu le ciboire vuide,
MIR1ANA & Miriniana. Voyez, Mariniana. '
M1RICIANENSIS , fiége épiscopal d'Afrique, dans
la Byzacene. Parmi les éveques qui fouferivirent à la
lettre adrelfée à l'empereur Conftantin , on trouve Satu-
rinus Mxr&ïttnenfis.* Harduin. c ol. conc. v. 3. p. 739.
MIRIDE , lieu fortifié en Afie , aux environs du
mont Zagrus , félon Ammien Marcellin,/. 19- p- 158.
Quelques manuferks , au lieu de Miride, lifent Maride.
M1RIOFIDI. Voyez. Myriophytus.
MIRiSA, ville de la Syrie creufe , félon Egefippe,
/. 1. c. 18. Voyez. Maresa.
M1RMIDONIA. Etienne le géographe dit qu'on
appelloit autrefois de la forte l'ifle d'Egine , dans le golfe
Saronique. Voyez. Aegine I.
MIRMIX. Voyez, Lotophagites.
MIRMYCION. Voyez. Myrmecium.
1. MIROBRIGA, ville d'Espagne, dans la Bétique.
Ptolomée , /. 2. c. 4. la place dans les terres aux confins
de la Lufitanie , chez les Turdetani , entre Curfus 8c
Spulctinum.
2. MIROBRIGA, ville d'Espagne , dans la Bétique,
dans le pays des Oretani, félon Ptolomée , l.i.c.6.
qui la place entre /Emiliana & Salica. Pline, /. }.c.
i. la donne aux Turduli , & ajoure qu'elle étoit delà
jurisdicrion de Cordoue. Le père Hardouin prétend que
e'eft aujourd'hui Villa de Capilla , au voifinage de
k'ueme de la Ovejuna ; 8c qu'on y a rrouvé une ancien-
ne infeription avec ces mots : Mirobricenfium Munie.
Elle eft rapportée par Gruter , p. 2 j 7.
3. MIROBRIGA, ou Merobriga , ville de la Lufi-
tanie, dans les terres chez les Celtiques, félon Pto-
lomée, /. 2. c. 5. qui la place entre BretoUumSc Aco-
briga. On prétend que c'eft aujourd'hui San-Jùgo de
Cacem , à une lieue & demie du rivage , dans l'Alen-
rejo , à l'orient du port de Sinis ou Sines. En effet ,
à deux cens pas de San-Jago de Cacem , on voit les
ruines d'une ancienne ville , des pans de murailles avec
des tours , les uns à demi renverfés , d'autres encore
en leur entier , un aqueduc , un pont bâti au milieu
de la vallée, 8c une fontaine fermée d'un beau réfer-
voir de pierres de taille : on voit aufli le nom de cette
ville ancienne dans une infeription trouvée àSinès.qui
eft près de-là.
D. M. S.
Fulvius. L. F. Quintianus;
Faber, Materiarius ,Pius.
In suos vixit. ann. xlvi.
Rubia. Q. F. Sergilla. Merobi^
Marito B. M. fecit.
H. S .E. S. T. I • L«
517
4. MIROBRIGA, ville de l'Espagne Taitîgonnoi-
fe , aux confins de la Lufitanie. une infeription du
tems d'Augufte , rapportée par Gruter, p. 199. n. 2.
donne à entendre que cette ville étoit voifine de Bls-
tifa 8c de Salmantica. Voici cette infeription ,
Terminus Augustal. inter
Bletisam et Mirob. et Salm.
Si Bletija eft aujourd'hui Ledesma , comme le dît
Mariana, /. 7. c. 4. 8c il Salmantica eft Salamanaue ,
comme perfonne n'en dourc , Mirobrica pourra être à
Ciudad Rodrigo , ou quelque part entre cette dernière
ville 8c Salamanque.
MIROM , rivière d'Afrique, au royaume d'Alger.
Elle a fa fource dans les montagnes , 8c fon cours eft
du fud au nord. Elle fépare la province de Teneza de
celle de GezaVra, 8c va fe jetter dans la mer Méditer-
ranée , auprès du village de Miroma , qui lui donne
fon nom. * N. Sanfon , Carte du royaume d'Alger.
MIROMA, village d'Afrique, au royaume d'Alger ,
à l'embouchure de la rivière Mirom.
M1ROW, château d'Allemagne, dans le duché de
Meckelbourg C'eft la réfidence de la branche de ce
nom, qui a hérité de celle de Strelits , qui a été éteinte
en la perfonne d'Adolphe Frédéric III , mort fans po-
ftérité le 11 Décembre 1752.
MIRTENUM. Voyez. Motenum.
MIRSIE , ville des Indes , fur le chemin de Vifa-
pour à Dabul , à trois lieues de la ville de Berce , à
fix de celle d'Arec, & à cinq de celle de Graeen. Cette
ville qu'on nomme aufli Mirdsi 8c Mirisgie , eft gran-
de 8c fort mal peuplée. Elle a vers fa pairie feprentrio-
nale un château fi bien fortifié , que le Mogol l'ayant
autrefois attaqué avec toutes fes forces , fut obligé de
lever le fiége. On voit à Mirfie les tombeaux dedeux
rois de Delly,qui ont été enterrés dans ce lieu, il y a
plus de cinq cens ans. Les habirans de la ville & ceux
du pays ont une grande vénération pour ce lieu-là.
MIRTH , ville de l'Inde. C'étoit une des plus fa-
meufes places de l'Inde , où plufieurs Ghebres s'étoient
fortifiés , pour réfifter aux efforts de Tamerlan. Ils s'y
croyoient tellement en fureté , qu'ils répondirent aux
propofitions de ce conquérant, qu'autrefois Turmes-
chirin , Kan du Zagarai ,n'avoit pu la prendre , 8c qu'ils
efpéroient qu'il ne réuffiroit pas mieux. Tamerlan , ir-
rité , fit des efforts incroyables , prit la place , fit écor-
cher vifs tous les Ghebres, emmena les femmes & les
enfans en captivité , 8c réduifit la place en cendres. *
Hift. générale des Huns par M. de Guignes , liv. j.
Pag. SS-
MIRTILIS. Voyez. Julia Mirtilis.
MIRUS, fleuve de Phrygie , félon Suidas. * Orteliï
Thefaur.
MIS , rivière d'Italie , dans l'Etat de Venife , au Fel-
trin. Son cours eft du couchant au levant. Elle fe jette
dans le Cordevol.
MISADAI. Voyez. Mosera.
MISAEI , Voyez. Nissaea. (
MISAGNO , petite ville d'Italie, au royaume de Na-
ples , dans la terre d'Otrante , à l'occidenr méridioiaa!
de Leccie , entre Carmignano 8c Moterane. Il y en a
qui la prennent pour l'ancienne Kodx. * Magin , Carte
de la terre d'Otrante.
MISAL. Voyez, MazaN.
MISARIS , ou Mysaris. Ptolomée , /. J. r. 5. don-
ne ce nom à la partie orientale du promontoire de
rifthme , appelle la Courfe d'Achille , -dans la Sarmatie
Européene.
MISAUCI. Voyez. Isarci.
MISCERA , ville de la Sicanie , félon Etienne le
géographe , qui cite Théopompe.
MISCHENSCHA ( Le territoire de ) eft dans le
Dagiftan inférieur, du côté du nord de la Samara,
près d'une haute montagne, nommée Gattun-Kull , vis-
à-vis d'Achty ; le fleuve Samara coulanr entre ces deux
terriroires. Les habitans font Mahométans Schahi , c'eft-
à dire, de la fecte d'Ali. ^Description des peuples Occï-
dentaux de la mer Cafpienne , par M. Garber , officier
an fervice de la Rujfie 3 dans ce pays.
318
MIS
MIS
M1SCHITA. Voyez. Mestleta.
MISCOU, iAe de l'Amérique feptentrionale , dans
le golfe de Saint Laurent , à l'orient du cap méridio-
nal de la baie des Chaleurs , fur la côte de la Gas-
pefie. Cette ifle eft extrêmement fertile. * De l'IJle ,
Atlas.
MISCOUAKIMINA , habitation des Outouagamis
ou Renards, dans l'Amérique feptentrionale, Se dans
la nouvelle France. Cette habitation eft fituée à l'em-
bouchure de la rivière Melleki, à la bande de l'oueft
du lac des Ilinois.
M1SDIA. Voyez. Temisdia.
MISDOUTENAGACH1T , rivière de l'Amérique
feptentrionale , dans la nouvelle France. C'eft une pe-
tite rivière, qui fe rend dans la baied'Hudfon , au nord
de la rivière de Memisko.
MISEA. Voyez. Moxoena.
MISENUM PROMONTORIUM, promontoire d'I-
talie , fur la côte de la Campanie. L'origine du nom
de ce promontoire étoit fabuleufe. Virgile , JEneïd. I. 6.
v, 232. dit qu'on l'appella de la forte après que Mis-
cene , trompette d'Enée , y eut été enterré , Se que
fon ancien nom étoit JErius. Tacite nomme ce pro-
montoire , Se les deux Plines nous apprennent qu'il y
avoit une ville de même nom : Cuma Chalcidenfium ,
dit Pline le vieux , /. 6. c. jo. & L 14. c. 4. Mifenum
Tortus Bajarum : le jeune , /. 6. epifi. 20. en parlant
de l'embrafement du mont /Etna , dit , ego Mijeni re-
liftitf .... tum demum excedere oppido vifum : Enfin ,
Suétone, c. 49. & Florus , /. \. c. 16. font entendre
qu'il y avoit aufti un port à Mifene. Les habitans de
Ja ville s'appelloient Mijenenfes , félon Tacite , Annal.
1. 1$. c. 51. & I. G. c. 50. Il y avoit aux environs de
Mifene un grand nombre de maifons de plaifance,
dans l'une desquelles mourut l'empereur Tibère. Le
promontoire Mifenum conferve encore aujourd'hui fon
ancien nom : on l'appelle Cap 0 di Mifeno. On le trouve
à l'orient du cap de Pofdipo , Se à l'occident de Lifte
Ischia.
MISERAY , abbaye de France, dans le Berri, an
territoire de Buzançois, à deux lieues de Châtillon fur
l'Indre , au levant. C'eft une abbaye d'hommes de l'or-
dre de faint Auguftin. Elle a été fondée en l'honneur
de la fainte Vierge, l'an 1089, par Gilbert, Hugues,
Albert & Amalfrede , gentilshommes , demeurans dans
l'étendue de la feigneurie de Buzançois.
MISETES. Voyez, Messogis.
MISETUS, ville de Macédoine , félon Etienne le géo-
graphe.
MÎSGETES , peuple de l'Ibérie , en Europe , fuivant
le témoinage d'Etienne le géographe.
MISGOMEN/E , ville de Theftalie , félon Hella-
nicus ,l.i. Deucalionar. cité par Etienne le géo-
graphe.
MISIA, ville de l'Albanie : Ptolomée , /. j. c. 12. la
met au nombre des villes fituées entre les fleuves Al-
banus Se Cœfîiifé
MISIE. Voyez. Mysia.
MISIIMA, ville du Japon, dans l'ifle de Niphon,
aux frontières des provinces Idfu & Sangami. Elle n'eft
pas grande.: on l'a bâtie en longueur , Se la rue du mi-
lieu a au moins un quart de lieue. Deux rivières pas-
fent au travers , & une troifiéme baigne une des extré-
mités. Il y a deux ponts fur chacune de ces rivières qui
font aflez profondes. Cette ville renfermoit autrefois des
temples & des chapelles magnifiques, renommées par
rapport à plufieurs hiftoires fabuleufes que l'on en fai-
foit : mais ces idifices fuient réduits en cendres par
l'embrafement qui ,en 1686, confuma la ville entière.
Mifiima a été rebâtie depuis plus belle qu'elle n'étoit :
on a aufti rebâti un des temples , qui eft dans une
grande place carrée toute pavée de pierres de taille. *
Kœmpfcr, Hift. du Japon, t. 2. p. 219.
M1SILMELI, château avec titre de duché, en Si-
cile , dans la vallée de Mazare , fur la rive occidentale
d'une rivière de même novn , appellée par les anciens
Eleutheriis , félon de l'ifle , Carte de l'ancienne Si-
cile.
MISIMIANI , peuples fous la dépendance de Col-
chos , félon Agathias , /. 1. Ortelius , Thefanr. foupçon-
nc que ce pourrok être les mêmes peuples que Pline
nomme Mejjenianu Si ce ne font pas les mêmes , ajou-
te-t-il , ils étoient du moins limitrophes.
MIS1NI. Voyez, Drusipara.
MIS1S. Voyez, Masisa.
1. MISITRA , rivière de la Morée. Elle coule au-
tour d'une petite montagne appellee aufti Mifitra : elle
va enfuite fe décharger dans le Vafilipotamos , auprès de
la ville de Mifitra. Les anciens nommèrent première-
ment cette rivière Oenunte , & enfuite Cnacion. * La
Guilletiere, Lacédémone ancienne & moderne, 1. 2.
p. 141.
2. MISITRA , montagne de la Morée, auprès de la
ville de Mifitra. C'eft la montagne que les anciens ap-
pelloient Menelaïon. Elle fait une des branches du
Taygelus ou du Forçais , comme on le nomme aujour-
d'hui.
3. MISITRA , ville de la Morée dans les terres , au-
près d'une petite montagne , & d'une petite rivière de
même nom. C'eft l'ancienne Lacédémone. Le nom de
Mifitra ne lui a été donné que fous les derniers em-
pereurs de Conftantinople. Comme les rochers & les
villages d'alentour font remplis de rroupeaux de chè-
vres , & que du Jait de ces animaux on y fait d'excel-
lens fromages, appelles vulgairement Mifitra , les habi-
tans du pays prétendent que c'eft de-là qu'eft venu le
nom moderne de cette ville.
Le circuit de la ville étoit autrefois de figure ronde ,
félon Polybe , /. 4. qui ajoute que fon terrein étoit in-
égal Se coupé par quantité de collines ; ce qui eft con-
firtné par Strabon. L'inégalité du terrein fe trouve en-
core ; mais il s'en faut bien que Mifitra ait quarante-
huit ftades , que Polybe, /. 9. lui donne. Ces quaran-
te-huit ftades revenaient à cinq mille quatre cens qua-
rante pas géométriques, ou à quatre mille cinq cens
trente-trois toifes & deux pieds , donnant à chaque fta-
de fix cens pieds athéniens , qui reviennent à cinq cens
foixante fix pieds, Se huit pouces du pied de roi en
France ; car le pied françois furpaffe le pied athénien
de huit à neuf lignes.
Aujourd'hui la ville Se le château ont chacun leurs
murailles particulières ; car Mifitra eft divifée en qua-
tre parties détachées l'une de l'autre ; le château , la
ville , Se deux gros faux bourgs ; l'un appelle Mejokorion ,
ou bourgade du milieu -, & l'autre Exokorion , ou bour-
gade du dehors : les Turcs appellent aufti ce dernier
Maratlhe. Le château , la ville & le Mejokorion font
féparés de Y Exokorion par la rivière , fur laquelle il y
a un pont de pierres : c'eft le Babyca des anciens ; mot
dorique qui veut dire pont. La rivière Vafilipotamos
pafle encore aujourd'hui à l'orient de la ville, comme
autrefois. En été cette rivière n'eft pas plusgroiTe que celle
des Gobelins à Paris; mais en hiver elle eft comme le
bras de la Seine qui pafle devant les Auguftins. Les
grofles pluies Se la fonte des neiges la font fouvent
déborder.
Le château, nommé to Caftrum, eft finie fur une mon-
tagne faite en pain de fucre , une fois pins haute que
celle du château d'Athènes & beaucoup plus escarpée i
mais fon terre-plein a bien moins d'étendue. Ses mu-
railles font fort bonnes Se bien entretenues. Son artil-
lerie ne confifte qu'en huit ou dix pièces de canon , Se
fa garnifon feulement en dix-huit ou vingt janiflaires
commandés par un disdar, ou gouverneur, qui la plu-
part du tems n'y demeure pas. Les foldats; de cette
garnifon ont leur famille dans ce château. Comme on
n'y connoït guère les mines ni les fourneaux , les Turcs
difent que cette place ne fauroit être prife que par fa-
mine-, Se pour en éviter le danger , on a établi de très-
beaux magazins , toujours bien fournis de bled. Chaque
Turc eft obligé d'y avoir le fien , Se d'en renouveller
le grain tous les ans. On y trouve encore pour le mê-
me ufage des foffés , qu'ils nomment Ambar ; Se afin
que l'eau n'y manque pas, on y voit trois ou quatre
Sarnitche , ou citernes. Il y a aufti dans le milieu du
château une petite mosquée , qui étoit autrefois une
églife des Chrétiens. L'afliette de ce château eft fi avau-
tageufe, que ni l'hiftoire ni la tradition ne difent
point qu'il ait été jamais pris par force. Mahomet II ,
Se Sigismond Malatefta s'y opiniâuerent vainement. Ce
MIS
MIS
thâteau n'eff pas celui de l'ancienne Lacédémone ,
donc on voie encore les débris fur une colline oppo-
fée ; c'eff l'ouvrage des despotes, fous le déclin de l'em-
pire. L'ancien ne commandant pas aflez la ville, ils fi-
rent bâtir celui-ci fur une partie de la montagne Tay-
getus ou Portais , qui ayant été ébranlée par un trem-
blement de terre, ruina toute l'ancienne Sparte.
La ville eff au pied du nouveau château qui la cou-
vre du côté du nord. Elle eff toute environnée de
murailles, mais aflez mauvaifes, Se n'a que deux gran-
des portes Se quelques faillies portes par-ci par-là.
L'une des deux grandes regarde le nord , Se l'autre le
levant. On va par cette dernière à l'Exokorion pour
prendre le chemin de Moncmbaze; Se on fort parcelle
du nord pour aller à Napoli de Romanie Se dans l'Ar-
cadic. Il n'y a que deux grandes rues Se quelques pe-
tites fort étroites qui y répondent. L'une de ces deux
grandes rues clt l'ancienne Achetais , qu'on appelle or-
dinairement la rue du grand Bazar : l'autre eff l'Hcl-
lenion , qu'on nomme le plus fouvent la rue du petit
Bazar. La fameufe Agora , ou l'ancienne place publi-
que , a aulîi changé de nom : on l'appelle Bojuk^Bazer ;
ce qui veut dire , en langage turc , 'grand marché. A
l'orient de l'Agora , il y a une très-belle fontaine qui
jette l'eau par trois gros tuyaux de bronze. La princi-
pale des mosquées de la ville eft auprès du grand Bazar.
C'étoit autrefois une églife Chrétienne , bâtie fur les
ruines du temple Aphalion , confacré à Minerve Ago-
réenne& à Neptune.
L'Agora eft précifément entre quatre ou cinq an-
ciens édifices , qui font aujourd'hui les plus remarqua-
bles antiquités de Mifitra* favoir, le Stoa Perfiaue ,
c'eft- à-dire, le portique des Perfes, qu'on appelle les
maifons du roi Ménélas >• Elenes Jeron, le temple d'Hé-
lène* Heraklecs Jeoron , le temple d'Hercule; Naos
Aphrodites Holismeues , le temple de Venus armée ;
le Dromos Se le Plataniflas , qu'on appelle Piatanon,
Les maifons du roi Ménélas , font à l'orient de l'Ago-
ra ; les temples d'Hercule Se d'Hélène font au midi ;
le temple de Venus elt à l'occident ; le Dromos Se le
Piatanon font hors de l'enceinte de la ville. Ce fut à
ces maifons de Ménélas que les anciens architectes em-
ployèrent pour la première fois des colomnes travail-
lées en fiatues d'hommes , pour foutenir des voûtes Se
des ornemens d'architecture , Se faire l'effet des fia-
tues de femmes qu'on appelle des Caryatides. Ce fa-
meux portique étoit d'une figure carrée. Le trait fon-
damental de fes quatre faces , fe reconnoît par les rui-
nes qui fe trouvent dans les maifons des particuliers.
En quelques endroits on voit des entre -colomnes tous
entiers avec leurs entablemens ; en quelques autres les
voûtes fe font maintenues. Le reffe eft bien plus im-
parfait , encore elt -ce une efpéce de miracle , que cela
fe foit confervé. Quand le grand vifir du fultan Amu-
rat fit bâtir dans le Mezokorion la mosquée Se l'ima-
ret , il vouloir faire enlever tous les marbres de ce por-
tique pour les employer à fon bâtiment. L'aga quicom-
mandoit alors dans Mifitra, rompit le coup, à lafol-
licitation des Chrétiens. Il lui repréfenta que pour la
gloire de fon édifice, il falloit conferver ces malheu-
reux débris , Se qu'infailliblement par leur oppofition ,
la magnificence de fon imatet| effaceroit la beauté
de ces ruines, Se confondroit la vanité des anciens
Grecs.
Du temple de Hercule il n'en reffe que des débris ,
où l'on remarque trois pans de vieilles murailles avec
des colomnes à demi-brifées. Proche de-là vers les rui-
nes des anciens murs de la ville , on montre encore
les fondemens du temple d'Hélène. Le temple de Ve-
nus n'eft plus qu'une vieille , mais fuperbe muraille
qu'on voit fur une petite hauteur. Ce temple étoit
double anciennement : l'un étoit1 élevé fur la voûte de
l'autre -, mais aujourd'hui cela ne fe peut point discer-
ner. La plupart de ces ruines font de marbre : il étoit
commun dans le pays , Se il le feroit encore fi on vou-
loir travailler dans les carrières.
Les Turcs ont laifle plufieurs églifes aux Chrériens.
La métropolitaine s'appelle Panagïa , parce qu'elle eft
confacrée à la Vierge toute fainte. Elle a fept dômes ,
quantité de colomnes Se de fort beaux degrés de mar-
319
bre. Le pavé de l'églife eft un ouvrage à la mofaïque
11 y a dans cette églife une image miraculeufe de Fa-
nagia , peinte fur du bois. Les malades y viennent en
foule. Le prélat de Mifitra porte le titre de Métropo-
litain : fon palais , qui touche aux murailles de l'églife ,
eft aflez beau , Se encore plus commode. Il y a du lo-
gement pour dix ou douze Hieronomonachos , ou calo-
gers qui rempliflent les dignités de la Panagia. Cette
métropole a la foixante Se dix-huitiéme place parmi
les métropolitains du patriarchat de Conffantinople.
Du côté du fud-eff il y a un monaftere de Calo-
geres , ou de filles confacrées à la Panagia , Se fur-
nommé Pandanejji. Leur églife eft beaucoup plus belle
que la métropolitaine, quoiqu'elle foit plus petite. Le
matbre de Ces murailles , de Ces corridors , de fes co-
lomnes eff plus fiche & mieux travaillé. La mofaïque
de fon pavé eff d'une couleur plus vive , Se la dispo-
fition de fes dômes mieux entendue : elle a été bâtie
par le despote Théodore, qui avoit époufé une Italienne
de la maifon de Malatefta , comme le prouve une in-
feription en caractères latins , qu'on voit dans l'églife au-
deflous de leurs portraits.
L'églife d'Agios Nicolaos eft fituée à l'oueft de Mifi-
tra. Sa ftructure n'a rien de remarquable : mais dans
le Mezokorion , on en voit entr'autres une confacrée à
la Panagia , Se qui efface la métropolitaine Se celle
de Pandanefii: on l'appelle Perileptos , Se elle peut paffer
pour une des plus belles du monde. Le dedans eff enri-
chi de peintures , qui ne tiennent rien du pinceau grofllcr
de la Grèce moderne. Le marbre de fes colomnes dis-
pute pour la beauté avec le travail. Le portail Se les
dômes font admirables. On voit encore au Mezoko-
rion une églife confacrée à Agia Parascevi ; c'eft ainfi
qu'on appelle fainte Vénérande. Toutes ces églifes ont
chacune leur Gynekiti > c'eft- à-dire une enceinte parti-
culière où les femmes Grecques entendent le fervice
divin , toujours féparées des hommes , pour bannir des
lieux facrés les converfations profanes.
La plus fuperbe mosquée qu'ayent les Turcs à Mifi-
tra eft dans le Mezokorion , à l'entrée de BujukjSukat ,
ou de la grande rue. C'eft celle que fit bâtir le grand
vifir du fultan Amurat ; Se fa conftruction a achevé de
ruiner les riches antiquités de cette ville , d'où on z
tiré le marbre Se les matériaux qui ont fervi à l'élever.
Cette mosquée a des dômes qui font encore plus beaux
que ceux des églifes , fans parler des minarets qui font
travaillés avec beaucoup de délicatefle : elle touche à un
magnifique imaret ou hôpital des mieux rentes de la
Turquie : on y diftribue tous les jours aux pauvres du
Ketsket , qui eft du mouton bouilli avec du riz & du
z.erdet qui eft du miel Se de l'eau bouillis enfemble.
Les malades y fonr encore mieux traités : Maures , Juifs
Turcs , ou Chrétiens , chacun y eft bien venu. Les chiens
même & les oifeaux y trouvent leur portion.
Il y a deux bazars dans le Mezokorion. Dans le
plus grand eft une fontaine qui jette quantité d'eau par
des tuyaux de bronze. C'eft la fontaine que les an-
ciens appelloient Dorcea, aufll fameufe à Sparte que
ï Enneacrunos à Athènes.
On compte près de deux mille maifons habitées
dans Mifitra Se autant dans le Mezokorion ; mais ces
dernières font beaucoup plus belles : ainfi c'eft le fc-
jour des chelebis. Ils y ont de fort beaux ferrails Se
d'agréables jardins arrofés par des rigoles tirées de l'Eu-
rotas. Chaque jardin a fes pompes pour les jets d'eau
qui y font en grand nombre.
Entre la rivière Se le Mezokorion on voit le Plata-
niflas Se le Dromos. Le premier eft un bosquet de pla-
tanes , dont l'ombrage eff délicieux. Le Dromos étoit
un Gymnafion , ou lieu d'exercices , compofé de xiffes ,
de paleftres Se de ftadions. Les Turcs l'appellent Atmei-
dan. Des deux côtés , de la rivière il y a de très-belles
prairies , dont les Mahométans abandonnent l'herbe aux
voyageurs pour la nourriture de leurs chevaux.
11 v a deux caravanferais à Mifitra : le nouveau eft
fort beau. Il y a des chambres pour loger les paflans,
Se des écuries au-deflbus. L'ancien , qui eft proche du
chemin de Napoli n'eff qu'une grande écurie , avec
un relais ou corridor de pierre élevé de quatre à cinq
pieds , & large de fix ou fept , Se qui règne par de-
MIS
32,0
dans autour des quatre murailles. Les voyageurs met-
tent des matelats ou de la paille fur ces relais 8c y
paffent la nuit : on y a pratique de petites cheminées
pour faite leur cuifine. Le pont elt bâti de pierres &
fes arches paroiffent très-anciennes. C'eft le célèbre Ba-
foyca.on le nomme aujourd'hui Giophyros, qui en grec
vulgaire fignifîe un pont. L'Exokorion ou Maratche eft
comme une nouvelle Judée : on y compte près de mille
maifons, presque toutes habitées par des Juifs , qui y ont
une fynagogue : c'eft la plus belle des trois que les
Turcs leur ont accordées-, car ils en ont une dans Mifi-
tra & une dans Mezokorion. Les Saducéens , qu'ils
nomment Karaion , ont leurs fynagogues 8c leurs cime-
tières fépatés , & ne fe marient jamais avec les autres
Juifs.
Le circuit de Mifitra , du Mez,ok.orion & de l'Exo-
korion ne fait pas la moitié de l'ancienne Lacédémo-
ne. On le reconnoît en ce que de ce grand nombre de
temples que les anciens avoient confacrés en particu-
lier à Pallas & à Diane, à peine trouve-t-on le terrein
d'un ou de deux dans Mifitra ; cependant ces deux
divinités, qui étoient les principaux objets de la piété
des Spartiates,)- éroient adorées en plufieurs temples
différens. Par exemple , les perfonnes enrhumées y facri-
fïoient à Diane pour la toux & lui donnoient l'attri-
but de Chelyns >- on la réclamoit pour la goutte , 8c on
la furnommoit Podagra , feljn Clément d'Alexandrie.
Cette même déeffe avoit un temple fous le nom de
Diétymne ; 8c c'étoit fous ce titre qu'elle préfidoit à la
pêche, félon Plutarque. On l'invoquoit encore fous
l'attribut A'Upis , d'Enodia & en plufieurs autres façons.
Pallas avoit fept ou huit temples dans Sparte , 8c celui
qu'on furnommoit Chalciœcos , étoit le plus célèbre de
toute la Grèce -, on croit qu'il étoit bâti fur le terrein
où elt le Perïkpros , & plufieurs anciens écrivains aiTu-
rent qu'il étoit d'airain. Il y avoit encore dans Sparre
des autels confacrés à la pudeur , au fommeil , a la
mort , à la peur , à la faim & à quantité de paifions
de l'ame. La famille des Atrides 8c une partie de celle
de Priam y avoieni des temples. Paris, fa Cœur Caflan-
dre , Ménélas, Agamemnon , fa femme Clytemneitie,
Orefte 8c une infinité d'autres héros y étoient adorés.
On voit , comme je l'ai dit ci-deffus , les ruines du tem-
ple de Venus armée , elles font à l'orient de Mifirra.
Proche de ce temple étoir celui de Phœbé & d Hilaï-
ra, nées d'une même couche, 8c qui ayant donné de
l'amour à Caltor & à Pollux furent enlevées par eux.
On montte encore aujourd'hui l'endroit où étoit la mai-
fon de ces deux jumeaux. On voyoit autrefois aux en-
virons le cœnotaphe du vaillant capitaine Biafidas , 8c
auprès les tombeaux de Paufanias 8c de Léonidas. Vers
l'endroit où étoient ces tombeaux , paroiffent quelques
vieux fondemens du théâtre de Lacédémone , 8c il n'y
a pas long-tems qu'on y voyoit encore cinq ou ûx co-
lomnes de fon enceinte extérieure. Les nouvelles mu-
railles de Mifitra ont couvert 8c comblé l'ancienne rue
Ibeomeliâa , dont on ne parle plus \ elle étoit vers Agios
Nicolaos. Il n'eft plus quetlion aufii du tombeau des
rois de la branche d'Eiirifihenes , appelles Agides , il
étoit dans ce quartier. Voyez. Lacedemone ancienne 8c
moderne par Guillct.
Enfortant de Mifitra, pour aller du côté du pont,
on voit à main droite vers le midi les fondemens des
murs de l'ancienne Lacédémone ; & plus bas du même
côté on trouve une grande plaine, bornée à l'orient
par la rivière , 8c à l'occident par le Mezokorion. C'eft-
là que font le Platanifias 8c le Dromos. Il ne relie de
ce dernier que des amas de pierres. A l'égard du Pla-
tanifias, comme on l'a vu plus haut, la nature y pro-
duit encore des platanes. Comme la rivière s'y partage
en plufieurs bras , on n'y fauroit plus discerner celui
qui fe nommoit FEuripe , c'eft-à-direce canal qui for-
moit lifle fameufe , où fe donnoit tous les ans le com-
bat des Ephébes.
Il n'y a aujourd'hui aucune antiquité remarquable
dans l'Exokorion ; les maifons ne valent pas la peine
qu'on y arrête les yeux, à la réferve de trois ou qua-
tre femils qui font fur le bord de la rivière. A une
portée de mousquet de l'Exokorion , on découvre , du
côté du nord , une colline où font des vignes qui pro-
MIS
duifent le meilleur vin de la Morée -, on les appelle
les vignes de Mifitra. C'eft le même terroir où Ulyffe
planta une vigne de fa propre main , lorsqu'il alla cher-
cher Pénélope à Lacedemone.
Lorsque Mahomet II , fut maître de Mifitra . il y
établit un bey , un aga , un vaïvode 8c quatre geron-
tes. Le bey eft gouverneur de la Laconie ou Zaconie ,
indépendant du bâcha de la Morée , 8c a dans fon dé-
partement Mifitra, Malvefia& Coron. L'aga commande
dans le château 8c fur la milice du pays, il a des droits
abfolus dans la ville , 8c un pouvoir qui diffère peu de
celui du bey. Le vaïvode eft comme un prévôt de ma-
réchaufiées qui veille à la fureté des chemins 8c à la
recherche des brigands. Ces trois charges font exer-
cées par des Turcs , qui ne les gardent que trois ans ,
à moins qu'ils ne foient continués par une protection
particulière de la Porte. Celles des geiontes , que les
Francs appellent indifféremment Vecehiadi j 8c Vtahiar-
dos , font poflédéespar les Chrétien: de Mifitra. Ils font
choifis quelquefois tous les trois ans , & tirés des meil-
leures familles Grecques de la ville. Plufieurs paffent
cinq ou fix fois par cette charge ,8c il y en a qui l'exer-
cent toute leur vie. Ils connoifient des affaires civiles
des Chrétiens , plutôt comme arbitres choifis volontai-
rement, que comme juges abfolus , & même il y a ap-
pel de leurs fentences au Micla : c'eft celui qui gou-
verne les mosquées du pays \ les miniftres qui y fer-
vent dépendent de lui. Quand ries gens de guerre pas-
fent à Mifitra , les geiontes font le departemeni des lo-
gis Chrétiens ; cela regarde feulement l'infanterie ,
parce que la cavalerie campe toujours hors des villes.
Ces mêmes geiontes font l'aihette & la levée du tribut
qu'on paye au fultan , 8c portent les deniers liquides
entre les mains des officiers turcs. Ce tribut ed de
quatre piaftres 8c demie par tête, il eft feulement de
deux en quelques lieux de la levée , 8c de trois en quel-
ques autres ; mais ce qui elt une opprefiïon particulière
pour la Laconie , les enfans mâles y payent ce tribut
dès qu'ils font venusau monde. Par-tout ailleurs on ne
le paye que quand on eft parvenu à l'âge d'onze ans.
Ce qu'on y trouve de commun avec Jes autres na-
tions j c'eft qu'on n'exige rien des boiteux , des aveu-
gles , des boffus, ni généralement de tous ceux à qui
des défectuofités naturelles ôtent le moven de gagner
leur vie. Les femmes, les calogers 8c ieurs papas ne
payent rien. L argent elt fi rare dans le pays , que le
peuple y eft réduit à faire un échange continuel de
fes denrées pour les néceflîtés de la vie. Celui qui vend
fon bled prend du vin,& ceux qui avancent leurs oli-
ves, leurs figues & leurs huiles, fe font paver en foie
8c en coton. Tout le trafic de Mifitra paife par les
mains des Juifs , qui font ufuriers 8c artificieux. Ils ont
l'adrefle de s'introduire dans toutes les maifons des
Chrétiens 8c des Mahometans, tant ils favent l'art de
fe rendre néceffaires. Ils fe mêlent de faire des maria-
ges, & il y a peu d'intérêts de famille dont ils ne pren-
nent connoiflance.
Aujourd'hui la plupart des habitans de Mifirra font
Juifs ou Chrétiens, de les Turcs ont des esclaves qu'ils
font travailler.
MISKOTS , ville de la haute Hongrie , dans le com-
té de Hevez, avec un château. On recueille aux envi-
rons de cette ville , du vin aufli eftimé que celui de
Tokai.
MISLINITS, ville de Pologne, dans le palatinat de
Cracovie , 8c à quatre lieues de cette capitale en tirant
vers le midi. Cette petite ville eft enfoncée entre deux
hautes montagnes qu'elle a pour objet devant & der-
rière , 8c dont l'une elt labourable 8c très-fertile , &
l'autre couverte de fapins. C'eft un pèlerinage fameux,
à caufe des miracles d'une image de la Vierge, &qui
refiemble à peu près à celle de Czeftochovie Cette
image fut long-tems négligée dans la chambre d'un ar-
tifan; elle pleuroit , dit on , de ce mépris, du moins
l'enquête , qui en fut faire , le porte ainfi. On la trans-
féra dans la chapelle de l'égiife que quantité de feigneurs
8c d'autres perfonnes ont embellie de tableaux d'argent,
en mémoire des grâces qu'ils en ont reçues. * Le
Laboureur, Retour de la Maréchale de Guébriant en
France , p. 47.
MISNA.
MIS
MIS
MISNA. Voyez Mesua.
MISNIE , ou Meissen , en latin Misnia, province
d'Allemagne, avec titre de marquifar.^ Elle elt bornée
au nord pat le duché de Saxe , 8c par la principauté
d'Anhalt ; à l'orient par la Luface ; au midi par la Bo-
hême 8c par, la Franconie , 8c à l'occident par la Tu-
ringe. Elle fut anciennement habitée par des Hermundu-
res & enfuite par des Misniens , qui , étant opprimés par
les Sorabes , eurent recours aux François , qui les aidc-
renc à recouvrer leur liberté ; 8c , pour la conlérver plus
facilement, ils s'unirent avec les Saxons , & donnèrent le
nom de Misnie au pays qu'ils occupoient. 11 fut érigé
8c poflédé par la maifon de Saxe ; il paîTa de la bran-
che de NVettin dans celle de Landsperg. Eccard II,
étant mort fans enfans en 1046, Dedon III, fils de
Mathilde, fa fœur , & de Thierri II , marquis de Land-
fperg , lui fuccéda. Celui-ci- fut père de Henri , qui dé-
fendit cet état contre Vratiflas. duc de Bohême, à qui
"l'empereur* Henri IV l'avoit donné , pour punir Henri
d'avoir pris les armes contre lui. Henri , fon fils , n'ayant
point eu d'en fans , Conrad le Pieux , fon coufin , fils de
Thymon , comte de Wettin , en obtint l'inveititure de
l'empereur Lorhaire II , en 11551. 11 lailTa de Luitgar-
de , fille de Frideric de Hohenltanfen , duc de SuaDe ,
Othon le Riche , qui continua la branche de Misnie;
. Henri, Thierri III, Frideric & Dedon, qui firent les
branches de Wettin , de Luface , de Brene & de Ro-
chlice. Othon le Riche fut mis en prilbn par Albert
le Superbe, fon fils aîné, 8c eut pour fucceilcur Thier-
ri IV, qu'il eut d'Hedwige, fille d'Albert l'Ours, éle-
cteur de Brandebourg : celui-ci époufa Judith , filie
d'Herman , landgrave de Turinge , dont le fils puîné ,
nommé Henri . qui avoir été élu empereur par une
partie des princes, étant mort fans poltérité , Henri
l'Illuftre, fils de Thierri, s'empara du landgraviat de
Turinge , dont il demeura en poiTeffion par raccommo-
dement qu'il fit l'an 1263 , avec Sophie de Brabant , fa
confine, qui éroit fille de faint Louis» langrave de Tu-
ringe , frère aîné de l'empereur Henri. Albert, fon fils
aine, acquit le comté d'Altenbourg 8c la feigneurie de
Pleff,par fon mariage avec Marguerite , fille de l'empe-
reur Frédéric II. De cette alliance vint entr'autres en-
fans Frédéric le Mordu , qui rangea fous fon obéiffance
les villes impériales d'Altenbourg, de Chcmnitz 8c de
Zwickauen 1308. Son fils , Frideric le Sévère, acheta
une partie de la feigneurie de Salzen , & enleva le
comté d'Orlamund au comte Herman , auquel il le laifl'a
fa vie durant : il eut entr'autres enfans de Mathilde ,
fille de l'empereur Louis de Bavière , Frédéric le Vail-
lant , à qui Catherine; fille de Henri , comte de Henné-
berg , porta en dot la principauté de Cobour ; de ce
mariage vint Guillaume, père de Frédéric le Belliqueux ,
que l'empereur Sigismond inveftit de l'électorat de Sa-
xe à Prelbourg , l'an 1425. Louis, électeur palatin,
Frédéric, électeur de Brandebourg , & Eric, duc deSa-
xe-Lawenbourg , folliciterent fortement cet électorat ;
mais Sigismond leur préféra Frédéric , en récompenfe
des fervices c.u'il lui avoit rendus contre les rebelles de
Bohème, & particulièrement à la bataille de Brixen ,
ainfi le duché de Saxe retourna à la poltérité de Wiii-
kind , qui l'avoit perdu depuis l'empire d'Othon 1 :
mais Frédéric ne l'obtint qu'à condition qu'il payeroit
20000 florins d'or à l'électeur de Brandebourg pour les
frais qu'il avoit faits , en foumettant une partie du du-
ché de Saxe, qui s'étoit foulevée : il laiffa de Catherine
deBrunswic, Frédéric le Débonnaire, qui lui fuccéda à
l'électorat , 8c Guillaume , qui eut en partage le landgra-
viat de Turinge: celui-ci n'eut que deux filles. Frédé-
ric eut de Marguerite d'Autriche , Erneft & Albert le
Courageux , qui gouvernèrent conjointement durant pla-
ceurs années -, mais ils partagèrent leurs états en 1485.
Ce partage fubfifta jusqu'au tems de Jean Frideric,
qui, après avoir été dépouillé de l'électorat par l'empe-
reur Charles V , en 1547 , fut obligé , par la transaction
qu'il fit avec l'électeur Augufte , en 1574, de renoncer
en faveur de ce prince à l'électorat 8c au duché de Sa-
xe , à la Misnie , aux mines 8c au burgraviat de Magde-
bourg. * D'Audijret Géogr. anc. & mod. tom. 3.
p. 30ô\
La Misnie a dix huit lieues de long 8c dix-fept de
50,1
large. Le pays en eft beau & fertile. On y recueille da
vin le long de l'Elbe: mais fes principales richeffes
viennent de fes mines. La plus grande partie de ce mar-
quifat appartient à l'électeur de Saxe ; mais les autres
princes de Saxe y pofledent aufli beaucoup de terres.
On le divife en huitparties ou territoires , qu'on appelle
en Allemand KreiJJ\ c'eft- à-dire cercles.
Le cercle de Misnie,
Le cercle de Leipfig ,
Le cercle des montagnes
d'airain ,
Le territoire de Weiflen-
fels,
* Hubncr , Géographie, p. 566.
Le territoire de Merfe-
bourg ,
Le territoire de Zeitz ,;
Le Voigtland,
L'Ofteriand.
Le cercle de Misnie confine avec le duché de Sa-
xe, avec la Luface & avec les cercles de Leipfic 8c des
montagnes. Il porte le nom de fa principale ville qui
elt Meissen ou Misnie , fur le bord de 1 Elbe. Voyez.
Meissen. L'Elbe paffe au milieu de ce cercle-, 8c touc
ce qui fe trouve dans ce pays appartient à l'électeur de
Saxe. Les principales villes de ce cercle font
Dresden ,
Meiffen ,
Pirn ,
Hain ,
Kccnigftein ,
Bischofswerd ,
Schandau ,
Hohenftcin ,
Moritzburg ,
Stolpen ,
Wurtzen ,
Oschatz,
Strelen ,
Miihlberg.
2. MISNIE, ville d'Allemagne, dans le niarquifat
auquel elle donne fon nom. Voyez, Meissen.
MISO. Voyez. Mero.
MISON , lieu de France, dans la Provence, re-
cette de Silieron,& au voifinage de cette ville. Il y a
dans ce lieu une fontaine d'eaux minérales.
MISOR, ville delà Paleftine , dans la tribu de Ru-
ben ( a ). Elle fut donnée aux Lévites de la famille de
Merari(^). On ne lit pas Misor dans l'hébreu de Jo-
fué , ni même dans les Paralipoménes. 11 y a quelque
apparence, dit D. Calmet , Ditl. queMisoReit mife
pour Jaza. Aquila 8c Symmaque (c) ont pris Mifor
pour une plaine ; 8c en effet ce terme fe met quel-
quefois pour une campagne, (a) Jofué 21. 36. (b)
Parai. 6. 78. 79. (c) Dent. 4. 43. Cr Jofué 20. 8.
MISPHA , ou Mizphat. Ces termes en hébreu li-
gnifient une hauteur où l'on plaçoit une fenrinelle ; Am-
plement un lieu d'où l'on pouvoit voir de fort loin.
C'eft de-là qu'eft venu le nom de Mizphat ou Mas-
phat donné à quelques villes de la Paleftine. Cette re-
marque eft de Dom Calmet , Ditl. Voyez. Mas-
phath.
MISPHATH. Moïfe, Genefe 14. 7. dit que les rois
Codorlahomor , Amraphel 8c les autres , après avoir
parcouru le défeft de Pharan , vinrent à la fontaine de
Mitphatb , qui ell autrement appellée Cadès. Misphath
en cet endroit s'écrit autrement que Mizphat , marque
plus haut , 8c lignifie le jugement. On- ne lui donna
ce nom que depuis que Moïfe en eut tiré les eaux ,
qui furent nommées les Eaux de contradiction , 8c que
Dieu y eut exercé fon jugement contre Moïfe 8c Aa-
ron, qui ne le glorifièrent pas devant le peuple comme
ils dévoient.'*' Num. 20. 1.$. & 17. 14.
MISPILA. Voyez. Mespila.
MISQUE , petite ville de l'Amérique méridionale ,
dans le Pérou, au diocèfe de la Plata, 8c à vingt-cinq
lieues de la ville de ce nom , en tirant vers le nord
oriental. Son terroir elt fertile en froment 8c fort pro-
pre [pour les vignes. Le vin , qui y croît , elt porté au
Potofi. * DeLaet, Defc. des Indes occidentales, t. 12,
c. 7.
MISRAIM. Voyez. Mesraim.
MISSE , bourg de France , dans le Poitou , élection
de Thouars.
M1SSENHEAD, promontoire d'Irlande, dans la pro-
vince de Momonie , anciennement Notium. Il eft entre
les baies de Baltimore 8c de Bantri. C'eft le cap le plus
méridionale de toute l'ifle. Plufieurs croient que c'eft
le cap Clear ouClare. * Nie. ViJJcber , Carte de Vb:-.
lande*
Xom.1V. S s
s
MIS
322,
MiSSILiMAKINAC ( a ) , espèce d'ifthme de l'A-
mérique ieptentrionale.dans la nouvelle Fiance. Il eft d'en-
viron vingt lieues cie large, & de plus de fix vingt de long.
C'eft une pointe de terre à l'entrée Se au nord du troi-
sième dciroit par où le lac des llinois fe décharge
dans celui des Huions. Ce détroit a une lieue de lar-
geur & trois de longueur ; il court à l'oueft. Les Fran-
çois onr un étabhffetnent dans ce lieu ,qui eft regardé
comme un porte important : il eft litué environ à 25 z
deg. de longit. fous les 45 deg. 35 min. de latit. Ce
polte n'eft qu'a une demi - lieue de l'embouchure du lac
des llinois. Les Hurons 8c les Outaouas y ont chacun
un village , féparé l'un de l'autre par une fimple palis-
fade ( b ) ; mais ces derniers , vers le commencement de
ce fiécle, fe mirent à conftruire un fort fur un coteau ,
à mille ou douze cens pas de Miflïlimakinac. Ils pri-
rent cette précaution à l'occafion du meurtte d'un Hu-
ron que quatre jeunes Outaouas affafiîncrent. Les jéfui-
tes avoient dansce polte une petite maifon,& c'étoit com-
me leur chef-d'ordre en ce pays ; car toutes les mis -
fions' que l'on difperfe parmi les autres nations fauva-
ges dépendoient de cette réfidmee. Cette maifon des Jé-
fuites éroit à côté d'une petite églife dans un enclos de
paliffades , qui la féparoitdu village des Hurons. Les cou-
reurs de bois n'ont dans ce polie qu'un très-petit étà-
bliffement , qui ne Faille pourtant pas d'être confidéra-
ble, en ce qu'il fert d'entrepôt à toutes les marchandi-
fes qu'ils trafiquent avec les Sauvages du fud& de l'oueit,
car il faut indispenfablement palier par ces entrepôts ,
lorsqu'on va chez les llinois , les Oumamis , à la baie
des Puants Se fur le fleuve de Mifhffipi. Les pelleteries
qu'on rapporte de ces différens lieux , doivent relier à
Miffîlimakinac avant que d'être transportées à la colo-
nie. La fituation de ce lieu eiL avantageufe , en ce que
les Iroquois n'oferoient traverfer dans leurs chétifs ca-
nots le détroit du lac des llinois qui a deux lieues de
large ; & que d'ailleurs la navigation du lac des Hurons
eft trop rude pour cette forte de voiture. Us ne peu-
vent non plus y venir par terre , à caufe de la quan-
tité de marais , d'étangs Se de petites rivières qu'ils fe-
roient obligés de franchir; ce qu'ils ne pourroient faire
fans beaucoup de difficulté , outre qu'ils auroient tou-
jours à traverfer ce détroit.
11 feroit difficile de s'imaginer combien de poiflbns
blancs il fe pèche , à mi-canal de la terre ferme , à l'ifle
de M\ffilima\(inac . Sans cette commodité les Outaouas Se
les Hurons n'y pourroient Habiliter; car, étant obligés
d'aller à plus de vingt lieues dans les bois à la chafle
des orignaux Se des cerfs , ils eflliieroient trop de fati-
gue de les transporter fi loin. Ce poifïbn paffe pour
le meilleur de tous les lacs; il furpaffe en bonté tous
les poiffons de rivière. Ce qu'il y a de fingulier; c'eft
que toute fauffe diminue fa faveur ; auffi ne le mange-
t-on que bouilli ou rôti , fans affaifonnement. On apper-
çoit dans ce canal des couians fi forts , qu'ils entraînent
ibuvent les filets à deux ou trois lieues de-là. Il arrive
qu'en certain tems ces courans portent trois jours à
l'eit , deux à l'oueit , un au fud, quatre au nord, quelque-
fois plus , quelquefois moins , fans qu'on en puifie péné-
trer la caufe; car on les voit porter en calme de tous côtés
le même jour , une heure d'un côté , une heure de l'autre
On y pêche avec des alênes des truites groffes comme la
cuifl'e ; on attache l'inftrument à un fil d'archal , qui tient
au bout de la ligne qu'on jette au fond du lac. Ces fortes de
pêches fe font l'hiver Se 1 été , auffi bien avec des filets
qu'avec ces fortes d'hameçons, en faifant dans la glace
des trous à côté les uns des autres , pour y paffer le
filet avec des perches. Les Outaouas Se les Hurons
ont d'agréables, campagnes où ils fément du bled d'Inde ,
des pois , des fèves Se des melons différens de ceux
d'Europe. Ces Sauvages vendent quelquefois fi cher
leur bled d'Inde, fur-tout quand la chafle des caftors
n'a pas réuffi , qu'ils fe récompenfent bien à leur tour
delà cherté des marchandifes qu'on leur vend, (a) Le
P. Hennepin , Voyage dans l'Amérique feptentrionale ,
c. 2 1 . p. 1 3 3. ( b ) Voyage du baron delà Hontan , t. 1.
p. 14.
MISSIMA. Voyez. Misiima.
MISSIS, Mrssis ou Mecis, gros bourg de Syrie,
au voifinage de la ville de Païaffo , fur le chemin d'A-
MIS
lep à Conftantinople. Ce bourg eit fitué fur la rivière
de Seheffum, qui eit affez grande Se aflez belle, Se
où il y a un grand pont de pierres de tailla, un péage
Se les ruines d'une ville , auffi appellée Missis ou Mes-
sis. Cette ville devoit être belle, tant à caufe de la
"rivière qui paflbit au travers , qu'à caufe de fa grandeur
Se des colomnes rompues qu'on y voit , Se dont quel-
ques-unes font de ces pierres qu'on efiime être fondues.
La ville de Miffis avoir derrière elle , tout contre , du
côté du midi , des montagnes paffablement hautes , qiji
régnent presque tout le long de la rivière jusqu'à la
mer , qui en eft affez proche. Paul Lucas appelle Cha-
gan la rivière qui coule à Miffis. * Monconis , Voyage de
Syrie , t. 2. p. 138.
MISSISAGUES , c'eft ainfi qu'il faut écrire : nation
fauvage de la nouvelle France , anciennement établie
dans la partie occidentale du lac Ontaris ; préfente-
ment on n'en connoït plus qu'un village , fitué fur le dé-
troit du lac Erié , immédiatement au-deffus du petit
lac de Ste Claire Se fur la rive orientale. 11 y en a auffi
quelques cabanes à Miagara , auprès du fort des Fran-
çois , Se à Catarocouy en-deça du lac Ontaris. Cette na-
tion eft comptée parmi celles de la langue algonquine.
M1SSISAKES ou Missisghes , peuples fauvages de
l'Amérique feptentrionale , fur le bord feptentrionale du
lac des Hurons , le long d'une rivière qui fc décharge
dans le lac par plufieurs bras ; cette fituation leur donne
leur nom , qui fignifieyômV de tomes fortes de rivières ;
car Mijfi veut dire toute forte , Se fakjs lignifie fortis
de rivières. Us pèchent beaucoup de poiffon blanc Se
quantité d'éturgeons ; la chaffe eft abondante dans le
pays , Se la terre leur produit du bled d'Inde & des
citrouilles. Ils font fiers, méprifans& nullement fociables;
cependant ils font alliés des François. II y a aufli des
Miififakes à Chaquamikon.
M1SSISS1PI (Le). H y en a qui écrivent MiciJJïpi >
d'autres Mijfw.pi , fleuve de l'Amérique feptentrionale,
le plus confidérable de la Louifiane, même de toute
l'Amérique. 11 coule en partie dans la Nouvelle France,
traverfe la Louifiane d'un bout à l'autre , jusqu'à fon
entrée dans la mer. Son nom a été formé du mot MiJJi y
dans le langage des Outaouas, ou du mot llinois Minfi ,
qui veut dire par-tout, Se de celui de Sipi, qui figni-
fie rivière : l'origine de ce nom vient de ce que ce fleuve
s'étend dans une grande partie des terres de cette con-
trée par Ces débordemens , qui font très-fréquens. On
l'appelle auffi Muchifipy , grande rivière. Les llinois le
nomment Mcschagamïfi , ou plus communément Afef-
fijfipy ou Mificipy , comme qui diroit toute rivière , à
caufe que presque toutes les rivières de la Louifiane
viennent s'y décharger. 11 paroît que les premiers Sau-
vages à qui on en a entendu parler , le nommoient Aïe-
chajîpi, qui dans leur langage veut dire la grande
eau , ou la reine des eaux. Les François l'appellent en-
core le fleuve de Saint Louis ; les Espagnols , la rivière
de la Pal'ijfada, à caufe delà quantité prodigieufe de bois
qu'il charrie à la mer , quand les eaux font hautes. Du
tems de Ferdinand de Soto, ils le connoiffoient auffi
fous le nom de Cucagua. Garcilaffo de la Vega ne le
nomme point autrement. Voyez. Louisiane. Ainfi il
paroît par le nouveau nom , qu'on avoit perdu dans
l'Amérique espagnole jusqu'au fouvenir de ce fleuve.
Ses détours fréquens font caufe que la navigation n'eft
pas commode : car ils demandent à tout moment un
changement de vents. En descendant , le courant em-
porte aflez , fur-tout quand les eaux font groffes , com-
me dans les mois d'Avril Se de Mai, pendant lesquels
il ne faut que quatre femaines pour descendre de la
rivière des llinois jusqu'à la mer. Ce fleuve eft fi diffé-
rent de luFmême dans les hautes Se baffes eaux , qu'il
devient méconnoiffable à ceux qui , l'ayant monté au
commencement du printems, le descendent après qu'il
eft accru par la fonte des glaces Se des neiges du Nord.
Ce qui eft caufe que les ifles de ce fleuve changent
toutes les années de place , Se fe trouvent abforbées dans
les grands débordemens. * Mémoires divers.
On ne connoït pas encore trop bien les fources du
Miffiffipi ; on fait feulement , fur le rapport des In-
diens , que ce fleuve fort d'une grande fource au haut
d'une colline , qui borde une trèi-belle plaine dans le
MIS
MIS
pays des ^fTati , vers le 280 deg. de longit. environ
lbus le jo deg. de iatir. qu'à quatre ou cinq lieues
de Ai fource , il fe trouve fort accru par cinq ou fix
rivières qui s'y déchargent, & que les enviions font
habités par diverfes nations : on nomme entr'autres les
Hanetons , les IiTati , les Oua , les Tintonshas Se les
Nadoueffans. * Nouvelle relation du MiJJiJJiçi , pag.
81.
Ce fut Talon , intendant de la Nouvelle France ,
qui entreprit de le faire découvrir , parce qu'on s'ima-
ginoit trouver par-là un pafiage à la mer du Sud. Il
lit partir à cet effet en 1675 , le père Joieph Marquette,
Jétuite , Se le fieur Joliet , bourgeois de Québec , tous
deux voyageurs habiles Se expérimentés. Ils prirent leur
route par la baie des Puants, entrèrent dans la rivière
des Renards , qui le décharge dans le fond de cette
baie , venant de l'oueft ; enfuite , après avoir marché
quelque tems, ils s'embarquèrent fur 1 Ovisconfinq ,
qui coule à l'oueft , & les conduifit dans le Miffiffipi ,
où il fe décharge par les 45 deg. 20 min. ou environ
de latir. nord , Se le descendirent jusqu'aux Akanfas ,
vers les 3 3 deg. 49 min. Ils ne purent pas aller plus
loin, faute de vivres. Ils étoient entrés dans le fleuve
le 17 de Juin 1673.
En 1680 , le fieur Dacan, accompagné d'un Récol-
le:, nomme le pere Louis, nom de religion, Se Hen-
nepin de fon nom de famille ; de quatre François &
de deux Sauvages, par ordre du fieur Robert CaveHer
de la Sale , fournis d'armes , de munitions nécefiàires
Se de marchandifes pour trafiquer , s'embarquèrent le
28 de Février fur la rivière des Ilinois, la descendi-
rent jusqu'au fleuve de Miffiffipi, & pouffèrent leur
traite , en remontant ce fleuve jusqu'à quatre cens cin-
quante lieues vers le nord, Se en s'écartant de tems
en tems de côté & d'autre, pour reconnoître les di-
verfes nations qui l'habitent. Ils s'élevèrent jusque
vers les 45 deg. où ils rencontrèrent une chute fort
haute qu'ils ne purent franchir , Se qu'ils appellerent
le Sault de faim Antoine de Fadoue. On n'a guère
pénétré plus avant au nord, que d'environ vingt lieues,
Se on ne fait rien de ce qui eft au-delà -, ainfi on ne
connoît de ce fleuve que depuis les 46 deg. nord jus-
qu'au 29 , qui eft la latitude de fon embouchure ; ce
qui fait une longueur de 17 deg. & à 25 lieues par
deg. de 435 lieues ; mais, comme ce fleuve fait beaucoup
de détours , il n'efi pas étonnant que ceux qui l'ont
mefuré par le chemin qu'ils ont fait d'un lieu à un au-
ne, lui ayent trouvé par leur calcul fix cens cinquan-
te-trois lieues Se demie de longueur connue. Nos voya-
geurs prétendirent être arrivés jusqu'à fept lieues de la
fource du Miffiffipi. Ui furent bien reçus de la plupart
de ces peuples , commercèrent avec eux , augmentè-
rent leur troupe de quelques Sauvages volontaires , Se
aflurerent avoir pofé à deux lieues de la fource de ce
fleuve, fur le tronc d'un grand arbie, les armes du
roi. Ils établi' eut auffi pluficurs habitations: l'une chez
les Iffati , où plufieurs Européens , qui s'étoient joints
à eux dans leur courfe, voulurent s'habituer; une au-
tre chez les Hanetons-, une autre chez les Oua; une
antre enfin chez les Tintonshas ou gens de rivière. Le Sr
Dacan , charmé de la docilité des peuples , Se d'ail-
leurs attiré par le grand commerce des peaux , s'avan-
ça dans les terres jusqu'au lac des Affenipoils , qui a
plus de trente lieues de tour. Cette nation , toute fa-
rouche qu'elle eft , le reçut fort humainement. Il y fon-
da une habitation pour les François , Se une autre chez
les Chongaskabcs , ou nation des Forts , leurs voifins.
. Ce ne fut qu'en 1683 , que de la Sale acheva de fon
côté la découverte du Miffiffipi, depuis la rivière des
Ilinois jusqu'à la mer. J'ai dit dans l'article de la Loui-
fiane , commentée célèbre voyageur, ayant voulu re-
connoître ce'te embouchure par mer, la manqua, Se
en quel tems d'Iberville y entra pour la première fois.
Il y a apparence que cette embouchure a changé de
face depuis de la Sale, puisqu'en 172 1 , de Panger,
ingénieur du roi, & le pere de Charlevoix , 1 ayant
vifirée & fondée , y trouvèrent quantité de terres nou-
vellement formées par ce prodigieux amas d'arbres dont
j'ai pailé, Se qui. s'arrêtant tantôt d'un côté, tantôt
d'un autre , font bientôt couyeus de tene par l'jnon-
32?
dation du fleuve, & forment quantité de petites files
Se de pointes avancées ; d'où il eft arrivé que le Milfis-
fipi a préfenrement plus de vingt embouchures , Se que
la plus large Se la plus profonde , qui court au fud-eft,
n'a que deux cens cinquante toifes de largeur.
Ce qui a encore plus contribué à multiplier ces em-
bouchures , qu'on nomme dans le pays des Partes , c'effc
que le Miffilfipi , auffi-bien que toutes les autres ri-
vières qui fe jettent dans le golfe du Mexique du côté
du nord , a à fon entrée une barre , ou de fable , ou
de vafe. Celle du Miffiffipi eft de vafe molle, & dans
les eaux baffes , elle n'a guère plus de 12 a 13 pieds
d'eau ; mais cette barre n'eft pas précifément à l'em-
bouchure, Se , entre elle Se la mer, les vaifleaux peu-
vent mouiller en fùreré par dix-huit & vingt pieds d'eau
entre des ifles, dont la principale eft celle qu'on ap-
pelle Touloufe , ou l'ifle de la Balife ; il n'y a que les
vents du fud Se de fud-eft qui y pourroient incommo-
der les navires , encore n'auroient-ils qu'à s'échouer
fur les vafes de la barre, comme on fait àRochcfort,
Se ils y fercient en fureté. On peut voir dans le jour-
nal hiftorique Se dans l'hiftoire générale de la Nou-
velle France, par le pere de Charlevoix, unedeferip-
tion Se un plan exact de l'embouchure de ce grand
fleuve.
Entrons à préfent dans le dérail du voyage de la Sa-
le , Se de ceux qui l'accompagnèrent. A fix lieues au-
deflous de la rivière des Ilinois, ils rencontrèrent celle
des Ozages , dont l'eau charrioit une fi grande quan-
tité de limon , qu'elle rendoit celle du Miffiffiri toute
limoneufe l'espace de plus de vingt lieues. Le lende-
main , après dix lieues de navigation , ils trouvèrent:
le village de Tamaoas , où il n'y avoir perfonne, parce
que les Sauvages s'étoient retirés dans les bois pour
hiverner. Ayant continué leur route, ils tombèrent ,
après trois jours de -courfe , dans l'embouchure de la
rivière des Ouabachi , qui vient de l'eft , Se fe jette
dans le Miffilfipi à quatre-vingt lieues de celle des Ili-
nois. Ils firent foixante autres lieues de courfe , fuivant
toujours le grand fleuve , Se prirent terre à un bord
habité par les Chicacha. Ils bâtirent un fort dans ce
lieu, pour fervir d'entrepôt aux François, Se d'habita-
tion même dans un pays fi beau. Le fieur de la Sale
appella ce fort Prudhomme , du nom de celui à qui
il en laifta le commandement ; après quoi ils firent cin-
quante lieues, & arrivèrent au village des Cappa.
De-là ils descendirent chez les Akancéns,qui n'en font
qu'à huit lieues , Se divifés en plufieurs villages de di-
ftance en chftance. A foixante lieues au-defious de cette
nation, ils trouvèrent IesTaenças; enfuite, continuant
leur route le long du grand fleuve , ils commencèrent
à voir des crocodiles le long du rivage. Ils (ont en
très-grand nombre fur ces bords , Se d'une grofieur pro-
digieufe. Le jour fuivant, étant arrivés vis-à vis du pre-
mier village des Taencas , qui eft au-delà d'un lac de
demi lieue de tour , il leur fallut porter l'espace d'une
demi-lieue un canot d'écorce, dans lequel ils traver-
ferent ce lac. Us prirent hauteur dans ce quartier > Se
fe trouvèrent au 2j deg. de latit. le lendemain, qui
étoit le 22 de Mars de la même année 1683 , ils al-
lèrent coucher à dix lieues de-là. C'étoit le pays des
Natches; ils s'y arrêtèrent jusqu'au 16 pour le recon-
noître. Ce jour-là ils firent huit lieues , en descendant
toujours le grand fleuve, Se arrivèrent au \illage des
Coroas. Le 27, ils cabannerent à l'embouchure d'une
rivière qui vient de l'oueft , Se qu'on a nommée la
Sablonniere. A dix lieues de-là , ils remarqueient que le
fleuve fe parrageoit en trois canaux. Le fieur de la Sale
prit celui du milieu; d'autres prirenr à la droite, Se
d'autres à la gauche. Ils fuivirenr chacun leur canal en-
viron dix lieues , Se fe trouvèrent réunis par une es-
pèce de confluent dans un feul lit du roeme f euve. Les
Quinipiffas habitent à cette hauteur. A ccu?e lieues
plus bas , ils tombèrent fur la droite dans le viliage
de Tangibao , qu'ils rrouverenr pillé , faccagé Se cou-
vert de corps morts entaflés les uns fur les autres. A
ce fpeétacle , ayant jugé qu'il ne faifoit pas bon fur
cette rive, ils pouffèrent plus loin ; Se , après dix lieues
de chemin , ils ctrrmencerent le 7 d'Avril à s'apper-
çevoii" que l'eau étoit fa'ée. La plage leur parut plus
Tom. IV. S s ij
MIS
3^4
étendue , Se toute femée de coquilles : les unes en gon-
doles , les autres en pointe fpiraïc , & toutes diverfifiées
de pluiîeurs couleurs. Ils allèrent plus avant , & au
bout d'une heure de navigation , ils fe mirent en un
canot fur la mer. Ils côtoyèrent le rivage environ un
quart de lieue pour mieux connoître les bords, & ils
revinrent enfuite prendre terre à l'embouchure du fleu-
ve. Ils mirent alors leur équipage 6c leur canot fur cks
traîneaux , 6c allèrent cabanner un peu au-defius de la
pige pour ie mettre à couvert du reflux qri la cou-
vre toute entière , après lavoir laiiiée à iec pendant
fix heures. Lorsqu'ils turent dans ce nouveau campe-
ment , ils attachèrent une croix au haut d'un gros ar-
bre , y plantèrent les armes de France , 6c conftruiiî-
rent trois ou quatre cabane au milieu de quelques re-
tranchemens. Le fieur de la Sale prit alors hauteur
pour déterminer l'embouchure du MiflîlFiLi; & par fon
calcul , il trouva que c'étoit entre le 22 Se le 23 deg.
de latit. que ce fleuve fe jettoit dans le golfe de Mexi-
que par un gros canal , qui a deux lieues de largeur ,
Se qui eft profond 6c praticable.
Avant que de quitter les bords de ce fleuve, le fieur
de la Sale voulut un peu les reconnoître. Ils font im-
praticables auprès de la mer, tantàcaufe des fréquen-
tes inondations du printems , qu'a caufe de la ftérilité
de la plage. Ce n'elt par-tout que cannes , ronces 6e
bois îenverfés •, mais dans les terres, environ une lieue
& demie , c'eft le plus beau féjour du monde , grandes
prairies, bois francs remplis de mûrie: s , de noytis & de
châtaigniers On y voit des campagnes couvertes de tou-
tes fortes d'aibres fruitiers , d orangers, de citronniers ,
de grenadiers , des coteaux chargés de vignes, ôc des
cha nps qui portent deux fois par an du bled d'Inde.
On apperçoit dans les étangs 6e fur les rivières toutes
l^ues d'o'fcaux aquatiques , comme canards , oies , ma-
creuiès , plongeons : dans les bois 6c dans les campa-
gnes il y a abondance de toutes fortes de volailles : per-
drix , failans , cailles ; Se d'animaux à quatre pieds de
toute forte.
Les rives du MiiTiflrpi ne font habitées qu'aux endroits
où fes bords forment des écors un peu élevés : ce qui
ne fe trouve que de longs en longs intervalles. Ce fleu-
ve eft, pour ainfi dire , la clef de tout le pays, par la
communication qu il donne à tous les lacs qui condui-
fent en Canada. Les Anglois.qii en ont reconnu l'uti-
lité , ont fait en divers tems de grands efforts pour s'en
rendre les maîtres. Ils firent la dernière tentative en
1714; mais leur defiein échoua par la mort du nommé
Jouîle » chef de leur ambaflade aux Indiens du Mifiîs-
fipi , 6c par la révolte des Sauvages des environs de
la Caroline.
Il eft arrivé aufli d'aflez grands changemens dans le
cours du Miiïiffipi , depuis que les François commencent
à y naviger. Ce fleuve , fe jettant toujours à l'eft, y a per-
cé des terres pour s'y faire un nouveau cours. , comme
ce qu'on appelle \ Anje percée; 6e ces nouveaux lits fc
font trouvés avoir en très-peu de tems autant de pro-
fondeur que le refte du fleuve : cette ptofondeur eft
étonnante pour une rivière ; car elle eft en quelques
endroits de plus de foixante brades, ce qui , j( int à fa
rapidité , fait que la pêche y eft presque par-tout im-
praticable. Pour ce qui eft de la largeur , elle ell par-
tout d'une demi-lieue ou de trois quarts de lieues , mais
Couvent partagée par des ifles , dont quelques-unes font
allez grandes ; il y en a quelquefois deux de front.
Le Mifliflipi reçoit dans fon cours pluiîeurs rivières
considérables, tant à droite qu'a gauche, 6c dont les
noms nous font connus par les relations des voyageurs
qui ont remonté ce fleuve. Il eft vrai que , depuis fa
fource jusqu'au pays des Sioux , ou NadotKfiîcx: Ifiati,
on n'a pas encore des mémoires bien furs; mais depuis
cette contrée, qu'il partage en deux jusqu'à fon embou-
chure , on a de quoi fe fixer. Une nouvelle relation d'un
voyage fait fur ce fleuve , nous a donné le nom des ri-
vières & celui des principaux portes, depuis l'embouchure
du MiiTifïipi jusqu'au pays des Sioux , 6c a même mar-
qué les diftances , en remontant le fleuve.
De l'embouchure du Miilîff.pi au Fort, à l'eft, dix-
huit lieues.
MIS
Du Fort à la Pointe à l'Anglois , à l'eft , onze lieues.
De la Pointe à l'Anglois, a la Pointe des Lgarés, à
Feft , onze lieues.
Du portage des Egarés à la Fourche de Mifliflipi , à
I'oueft , quinze lieues.
De la Fourche aux Bayagoulas , à I'oueft , cinq
lieues.
Des Bayagoulas à la rivière Rouge 6c de Morne,
à Fouelt, trente lieues.
De la rivière Rouge aux Oumas , à l'cfl , rrois lieues.
Des Oumas aux Narches, à l'eft, vingt lieues.
Des Nacches aux Tarifas, à I'oueft, quinze lieues
6c demie:.
Des Tayufas à 1 embouchure de la rivière des Toni-
cas, à l'eit, dix- huit lieues.
De la rivière des 1 onicas à l'Anfe percée , à l'ouelt,
trente cinq lieues 6c demie.
De l'Ame percée à la rivière des Cyronouys , à !bueft,
dix-neuf iieues.
Le la rivière des Cytonouys à l'ancien village des To-
urnas, à I'oueft , cinq He. es.
Des Torimas aux Reanfas , à la rivière à Margot,
à l'eit , q tarante Feue- 6c demie.
De la rivière a Margot au tort Prudhommc, à l'eft ,
feize lieues.
Du Fort Piudhomme , où l'on dit qu'il y a une mi-
ne de fer , à l'eft , quarante deux lieues & demie.
De la mine de Fer aux Ouabachts , à l'eft , fept
lieues.
Des Ouabaches au cap S. Antoine , à l'eft , vin^t-ci ;q
lieues 6c demie.
Du cap S. Antoine à la rivière de la Saline, à I'oueft ,'
tieize lieues Se demie.
De la rivière de la Saline au cap de 1 Hirondelle, à
I'oueft , cinq Feues
Du cap de l'Hirondelle à la Grotte , à I'oueft , qua-
tre iieues.
De la Grotte à la rivière à la Barbue ou Maramée , à
I'oueft , fept lieues 6c demie.
De Maramée au Tamarais , à l'eft, quatre lieues trois
quai ts.
De Tamarais à l'embouchure de la rivière des Mifouris,
à l'eft , fix lieues.
De la rivière des Mifoin is à Fembouchi.re de la rivière
desllinois, à l'eft, fix lieues.
De la rivière des Ilinois à la rivière aux Bœufs , à
I'oueft , vingt-deux Feues 6c demie.
De la rivière aux Bœufs à la rivière dcsMohingonas;
à I'oueft, vingt- neuf lieues.
De la rivière des Mohingonas , au premier pays plat,
fend de Roche , une Feue 6c c'emie.
Du haut de ce pays plat à la rivière à la Roche , à
l'eft, trente-huit lier es deux tiers.
De la rivière à la Rode au fécond & dernier pays
plat, fond de Roche,, une lieue & demie.
Du haut de ce dernier pays plat , à la rivière au Fa-
rifien, à l'eft, dix fept lieues.
De la li.ieie du Parifien à la rivière à M.xons , à
I'oueft , une lieue & demie.
DelarF'iere à Maçons à la rivière à la Mine de Plomb,
à l'eft , quatre lieues & demie.
De cette rivière à la Mine de Plomb du Mifliflipi , à
I'oueft , fix lieues.
D'où à la rivière Ovisconfinq , à l'eft, dix-fept lieues.
De cette rivière à la rivière aux Canaux , à l'eit, qua-
torze li.ues un quart.
Celle de Quicaponx, eft vis-à-vis, à I'oueft.
De la rivière aux Canaux à la rivière Fâchée , à I'oueft;
fept lieues.
De la rivière Fâchée à la rivière aux A les, à l'eft,
trois quarts de lieue.
Delà rivière aux Ailes à la rivière Noire , à l'eft,
quatre lieues un quart.
Delà rivière Noire à la rivière de la Montagne qui
trempe àl'eau , à l'eft, deux lieues.
De la rivière de la Montagne qui trempe à l'eau ,
à la rivière aux Raifins, à I'oueft, huit lieues tais
quarts.
De la rivière aux Raifins à la rivière de Paquitanet, à
l'eft , quatre lieues.
MIS
De la riv îere de Paqujtai let a la rivière de Bon Secours ,
à l'eit , deux lieues trois quarts.
De la rivière de Bon Secours au lac de Pépin , de-
mi-lieue.
Du bord du lac à la rivière aux Roches- Places, à
la rivière Sainte-Croix , à l'elt , cinq lieues un quart.
De la rivière aux Roches-Plates a la rivière Sainte
Croix , à l'elt , cinq lieues ôc un quart : elle vient de
forr loin , ôc , par le moyen d'un portage fort court , on
entre dans une autre rivière qui conduit au lac Supé-
rieur.
De la rivière Sainte-Croix à l'embouchure de la
rivière Saint Pierre , à l'oueit , douze lieues trois
quarts.
De l'embouchure de la rivière S. Pierre , qui eft un
quart de lieue au-de(Tous du Sault S. Antoine, à. la ri-
vière de la Mine de Charbon , à l'elt de la rivière S.
Pierre , quinze lieues. On prétend que cette rivière vient
de fort loin , 6c qu'elle fort du lac des Tintons. Qua-
rante lieues au delfus de fon embouchure , elle reçoit à
gauche la rivière Verte , où on a découvert une rrès-
beile mine de Cuivre. L'hiver elt très-rude en ces quar-
tiers : il commence au mois de Septembre , Ôc dure jus-
qu'à la fin de Mars.
De la rivière à la Mine à la rivière Bleue, àl'oueft,
Vingt fix lieues 6c un quart.
De l'embouchure de la rivière Bleue au forr lHuil-
lier , à l'oued de la rivière Bleue , demi Lieue»
Du fore l'Huillier à la rivière S. Rémi, à l'oueft,
trois quarts de lieue 6c demi.
De l'embouchure de la rivière S. Rémi à la Mine,
à l'oueit , demi-lieue 6c demi-quart.
Total depuis la mer jusqu'à la mine , fix cens cin-
quante-trois lieues ôc demie.
A l'extrémité méridionale de l'ijle Polée , la rivière
s'élargit, ôc ce lieu eft appelle le lac de Bon Secours.
Il a une lieue de traverfe 6c fept de circonférence.
Dès qu'on eft forti de ce lac , on trouve de part 6c
d'autre de grandes & belles prairies , toutes couvertes
d'animaux de diverfes espèces, & fur-tout de ces bœufs ,
qu'on appelle communément Bœufs ilinois , & qui font
fort communs dans toute la Louifiane 6c dans les parties
méridionales 6c occidentales du Canada. Ces animaux ,
plus gros d'un tiers que les nôtres , ont les cornes baflès ,
noires 6c allez courtes, une grande barbe de crins
fous la mâchoire , 6c un autre toupet fur la tête qui
leur tombe fur les yeux ; ce qui les rend afiieux. Leur-
poil eft une laine plus fine que celle de nos moutons.
Ils ont fur le dos une boffe , qui prend au-deilus des
épaules & va en diminuant jusqu'aux hanches. La pre-
mière côte de devant eft plus haute d'une coudée que
les autres , 6c au-delTus du dos elle e;t large de trois
doigts, c'elt-là que commence la bo.ïe, qui elt cou-
verre d'un long poil un peu roux» Ils ont le poitrail
fort large 6c vont toujours en diminuant par derrière.
Ils ont la tête fort groffe 6c le cou forr court.
De là la première rivière confidérable qu'on rencon-
tre elt l'Ovisconfinq -, & 25 lieues plus bas, du même
coté de l'elt , on en trouve une autrenomméc Âjfemfifi^
ou rivière de la Roche , parce qu'il y a des vovageurs
qui ont dit qu'on y trouvoic du cryltal de roche. Du
côté de l'oueit , par les 40 degrés 45 ou 46 minutes
cil le Moingona , lequel tire fon nom d'une nation ili-
noife, qui a long-tems demeuré fur fes bords. Voyez,
Moingona. Six lieues plus bas commence un rocher ra-
pide de fept lieues , fur lequel il y a peu d'eau , ôc où il
faut traîner les canots. 11 a fept lieues de long , 6c
après fept on en trouve un autre tout femblable & de
la même longueur. Ce font les fculs qu'on rencontre
fur le MifliiTipi , jusqu'au Sault S. Antoine. La rivière
aux Bœufs elt un degré plus bas , & vient du même
côté. Dix-huit lieues au-deffous , eft l'embouchure de
celle des Ilinois. Tout cet entre-deux eft charmant par
la beauté des prairies d'une très-grande étendue. On y
trouve des loups plus petits qu'en France , 6c qui ont
le poil noir , long 6c rrès-fin : des tigres , & fur-tout
beaucoup de renards , dont le poil eft argenté.
Cinq lieues au-deffous de la rivière des Ilinois , eft le
Miffouri » qui vient du nord-ouelt. Voyez. Missouri,
MIS 32/
Jusques-là le Miflïifipi coule affez tranquillement ; mais
le Miffouri lui communique fa couleur blanche 6c fa
rapidité, qu'il conferve jusqu'à la mer. Quand on a fait
repofer cette eau , on trouve au fond une espèce de tar-
tre blanc , & on a obfervé que cette même eau le con-
ferve plus long-rems a la mer que celle des plus belles
fontaines. C elt aulfi au confluent du Miffouri 6c du
Mifliffipi que ce fleuve commence à être embarraffé
d'arbies flottans , qui font particulièrement entraînés
par le Miffouri dans le teins de fes débordemens: auiîï
n'elt il plus fur denaviger en canots d ccorce , il faut
fe fervir de piroques , qui font faits d'un feul tronc
d'arbre ; les meilleurs font de bois de noyers ou de
cyprès. On trouve de ces derniers, qui ont jusqu'à trente-
cinq pieds de long , fur trois 6c demi de large. Le Miiîîs-
fipi charrie une fi grande quantité d'arbres , qu'a tou;eâ
les pointes on en trouve des amas , qui rempliroiene
les plus grands chantiers de Paris.
Six ou fept lieues plus bas que le Miffouri ôc du
même côté , elt la petite rivière de Marameg , où on
a long tems prétendu qu'il y avoit des mines de plomb
& d'argent. La petite rivière des Kaskas-Kias, eit vers
le 3 8. deg. & vient de l'elt , 6c celle d (Juabache, qui vient
du même côté , elt environ par Les j6 degrés $0 minutes.
Voyez. Ouabache. La première , qu'on rencontre en-
fuite fur la même main , eft celie des Chicachas, qui
eft fort étroite à fon embouchure , &: quelques lieues
plus bas la rivière à Margot^ qui elt fort jolie. Elle
elt fort mal marquée dans la carte de la Louifiane par
de l'Ifle. Ving' lieues plus bas elt la rivière de S. Fran-
çois, dont l'embouchure elt fort Luge. On dit quelle
fort des environs des prétendues mines de Marameg,
ôc par conféquent qu'elle court presque du nord au
fud Vingt autres lieues au-deffous font les Akanfas.
Voyez, ce mot.
On compte de-là foixante 6c dix lieues jusqu'à la rivière
des Yafous , qui vient de l'elt. Voyez. Y asous : 6c de cette
rivière à la rivière Rouge tq\xi elt fur la main droite ,
il y en a quarante-deux. Voyez, rivière Rouge. J'ai
dit que le Mifiiffipi s'étoit frayé de nouveaux chemins
à l'oueit, en coupant même des pointes qui avançoient j
il s'elt même tracé une nouvelle route pour fe déchar-
ger d'une partie de fes eaux dans la mer. Ce canal fe
nomme la fourche des Chetimachas. Vo:la ce qu'on
connoît du cours de ce fameux fleuve , qui arrofe un
des plus beaux 6c des meilleurs pays de l'univers, 6c qui
n'a point d'égal dans fa profondeur ôc dans l'égalité de
fon lie, mais que fa grande rapidité re id difficilement
navigable , ôc dont l'embouchure ne repond point an
relie de fon cours.
MISSOURI , grande rivière de l'Amérique fepren-
trionale , dans la Louifiane , & qu'on a déjà remon-
tée plus de cinq cens lieues fans en trouver la fource.
Des fauvages Sioux ont affuré au père de Charîevoix,
qu'elle forr d'une montagne, doù il en fort une au-
tre qui va fe décharger à la mer , du côté de l'oueit , ce
q i ne peut être que la mer du Sud , le golfe de la Ca-
lifornie , ou la mer Vermeille , étant plus au midi que
l'endroit jusqu'où on a remonté, le Miffouri. Ce fleuve
court nord-ouelt ôc fud-ell , ôc tombe dans Le Milfis-
fipi cinq ou fix lieues plus bas que la rivière des Ili-
nois. Le pere Marquette , qui le découvrit le premier,
le nomme Pekjtanoui; 6c de l'Ifie a conferve ce nom
dans fa carte de la Louifiane. Il paroît cerrain qu'on lui
a fubftitué celui de Miffouri, à caufe des premiers Sau-
vages qu'on rencontre, en remontant cette rivière , ÔC
qui s'appellent Miffourites, ôc plus communément Mis-
foarites.
Le Miffouriseft la plus rapide de toutes les tivieres
que nous connoiffons , ce q ;i vient en partie des -
vieres ôc des torrens qui s'y jettent en grand non bre*
On prétend que fa couleur blanche vient d'une rivice
des Van'u Ric./rai , laquelle coule fur un fond qui lui
donne cette couleur. Quand le Miffouri emre dans le
Miffiffipi , on ne peur guère diftinguer quelle elt la plus
grande de ces deux rivières, 6c celle-ci ne conferve ap-
paremment fon nom, que parce qu'elle continue à cou-
ler fous le même air de vent. Du relte , le Miffouri pa-
roît y entrer en conquérant. Il y porte fes eaux blan-
ches jusqu'à l'autre bord fans les mêler 3 & corn-
326
MIS
MIT
mimique enfuite à ce fleuve fa couleur Se fa rapi-
dité.
La première rivière , en remontant le Mifiburi , eft
celle des Ofages : on la trouve fur la main gauche, après
avoir navigé quarante lieues. Voyez Osages. Quarante
autres lieues plus haut , font les Miflourites fur la mê-
me main. Une femme Mifiourite a confirmé au même
père de Chailevoix ce que les Sioux lui avoient dit de
la fource du Mifiburi, qui fortoit,difoit-elle, de mon-
tagnes pelées fort hautes, derrière lesquelles il y a un
grand fleuve qui coule à l'oueft. Environ quarante lieues
au-deflus des Miflourites , eft la rivière des Cani'és , na-
tion fauvage qu'on croit avoir la même origine que les
Akanfas. On en juge moins par la conformité du nom
que par la reflemblance : les uns & les autres étant les
plus beaux Se les mieux faits de tous les Sauvages de
ce continent. D'ailleurs, la rivière des Canfés & celle
des Akanfas fe rapprochent beaucoup vers leurs four-
ces. Les Oclotatas, que quelques-uns nomment Maito-
tatas , ne font pas fort éloignés des Canfés, & toujours
fur la main gauche. Vers l'an 1719, des Espagnols, ve-
nus, dit-on, du nouveau Mexique, furprirent deux
villages d'Octotatas , Se y firent un grand carnage ;
mais on leur drefla une embuscade dans un troifiéme,
& ils périrent tous , à la réferve d'un aumônier qui fe
fauva. Au-deflus des Octotaras , eft la rivière des Pa-
nis à gauche , Se beaucoup plus haut , ceile des Ajoués
à droite. Ceux-ci font alliés des Sioux Se grands voya-
geurs. Ceux-là occupent un pays immenfe, qui s'étend
le long du Mifiouri , & dans la profondeur des terres.
Ils font divifés en tribus, qui ont chacune leur nom
propre, comme Panis-Mahas, Panis- Ricaïas : on ne con-
çoit au-delà que les Padoucas , où les autres Sauvages
vont faire des esclaves, qu'ils vendent quelquefois aux
François.
M1SSOURITES , Sauvages de l'Amérique feptentrio-
nale , dans la Loiufiane , fur les bords du Mifiouri.
Voyez, l'article précédent. Les Miflourites palTent pour
ceux de tous les Sauvages de ce continent , qui cou-
rent le plus vite , Se qui voyagent plus loin. Les fem-
mes même de cette nation font aufii légères à la courfe
que les hommes.
M1SSU EN SIS , fiége épiscopal d'Afrique , dansla pro-
vince proconfiilaire , félon la notice d'Afrique qui four-
nit Hirundinus Mijfuenfis. La conférence de Carthage
fait mention de Servus Dei.* Harduin. colled. conc.
vol. i.p. 1081.
MISTAS1N, lac de l'Amérique feptcntrionale, dans
la nouvelle France. Ce lac eil fitué par les jo degrés
30 minutes de latitude du nord , & à cent lieues de
Québec. 11 peut avoir quarante lieues de longueur d'o*
rient en occident, Se environ quinze à dix-huit de large.
Il communique à la baie d'Hudson par la rivière de Ne-
mico, & à la rivière de Sagunay par le moyen de celle
de Kakigaonfipi. Les François ont un rfîagazin d'entre-
pôt fur ce lac à la bande du fud , à la décharge de la
rivière Kakigaonfipi. On donne aufii ce nom aux Sau-
vages qui habitent près de ce lac.
1. MISTECA (a), contrée de l'Amérique feptentrio-
nale, dans la Nouvelle Espagne, au département de Gua-
xaca. On la divife en deux parties , dont l'une eft ap-
pellée haute Se l'autre baiïe. La plupart des ruifieaux
& des torrens qui font dans l'une Se dans l'autre, por-
tent de l'or (b). Ainfi les Sauvages , avec leurs femmes
Se leurs enfans , s'en vonr aux fleuves Se ruifieaux voi-
fins , Se tant que durent les provilions dont ils fe mu-
niflent, ils s'appliquent à chercher des paillettes d'or,
qu'ils vont échanger enfuite aux marchés des environs
pour les chofes nécefiaires à la vie. QtAnd ils font de
retour dans leurs maifons, ils font bonne chère fans
vouloir fonger ni à cultiver les champs , ni à faire
aucune autre chofe. Ils négligent même d'aller cher-
cher d'autre or , jusqu'à ce que tous leurs vivres étant
confumés , la néceflité les y contraigne. Ils difent qu'ils
ont reçu de leurs prédéceffeurs l'exemple de cette forte
de vie, Se qu'ils le veulent laifier à leurs fuccefieurs.
Sur les limites des bourgades de Cuert-Havaca & de
Stequici-ftepeque, fous une très-haute montagne, eft une
caverne dans laquelle un Dominicain entra autrefois
avec des Sauvages: la descente en eft étroite, & il n'y
peut entrer qu'un homme à la fois. Au-dedans , il y a
une place carrée de cinquante pieds , où font quel-
ques puits avec des degrés. Delà par une voie torutc
Se toute remplie de détours , on arrive à une large
place , du milieu de laquelle fort une fontaine , & à côté
on voit un ruilléau. Après y avoir marché pendant une
heure , comme ils n'en pouvoient trouver le bout , ils
retournèrent à l'aide d'une ficelie qu'ils avoient attachée
à la bouche de cet antre. Dans les mêmes limites il y
a des montagnes appellées de S. Antoine , Se habitées
par certains Sauvages qui demeurent dans des fentes de
rochers , ou dans des puits. Us couchent à terre avec
leurs femmes Se leurs enfans. Entre les montagnes de
cette province, il y en a deux , dont les fommets font
fi hauts Se fi proches l'un de l'autre , qu'on peut fe tenir
de bout fur tous les deux , en éiargiflant les jambes ,
quoique par le pied elles foient confidérablemerit éloi-
gnées. Ces hauts rochers étoient autrefois munis de châ-
teaux que les Mexicains avoient bâtis. Il y en a d'autres ,
qui avec des indices apparens d'or , découvrent aufii
des veines de plomb. (a)D^ i'Ijïe , Atlas. (/•) Corn*
Didion. De Laet , Defc. des Indes occid. 1. r. c. 21.
2. MISTECA (La haute), dans la parie occi-
dentale de la Guaxaca , a du côté du nord Se du cou-
chant les mêmes bornes que la province , dans le dé-
partement de laquelle elle fe trouve: à l'orient elle con-
fine la même province , Se au midi elle touche à là basse
Misteca.* De NJle , Aths.
3. MISTECA ( La basse ),efl bornée au nord par
la haute Misteca , à l'orient par la province de Gua-
xaca , au midi elle s'étend vers la mer du Sud , & à
l'occident elle confine à la province de Tlascala.
MiSTELBACH , bourg d'Allemagne en Autriche,
fur la petite rivière de Czeya , à fix milles environ de
Vienne , au defius de WulrTenftoftT. Il eft fort bien bâti
& appelle ville par quelques-uns. Il fut pillé en 1645,
par les Suédois à caufe du refus qu'on avoir fait de pa\er
les contributions qu'ils avoient exigées. * Zeyler, Topogr.
Auftr.
MISTHIA. Voyez, Mindana Se Mystiensis.
MISTHIUM, ville de la Galatie. Ptolomée, /. s.c.
4. la donne aux Orondiques. Voyez. Mytiensis.
MIST1A. Voyez, Mystiensis.
MISTR/E, ville d'Italie , chez les Locres Epizephy-
riens , félon Pomponius Mêla, /. i.c. 4. Gab. Bain dit
que Mine Se Etienne le géographe font mention de cette
ville , Se qu'elle fe nomme piéfemement Gelofia, Mais
dans Pline , /. 3. c. 10. au lieu de Mijira,, on lit Myfiïa ,
qui eft Monafleraà , ou Monte Aracx , félon le P. Har-
douin : Si même quelques commentateurs de Pompo-
nius Mêla lifent Myftia pour Myftra..
M1STRETTA. Voyez. Amestratos.
MISUA. ^4'^Messua.
MlSULANI, peuples de l'Afrique propre, félon Pline,
/. f . c. 4. Se Ptolomée , /. 4. c. 3. qui écrit Mifulami pour
Mifulani , Se place ces peuples à l'occident de la grande
Cyrte,au pied du mont Audus &au-defiîisdes Nata-
butœ. Taci'e, Annal. I. 1. p. 57. qui écrit Mufulani t
dit que c'étoit une nation courageufe 8c voifine des
déferts de l'A nique.
M1SUM, temple d'Hercule dans la Phocide, fdori
Plutarque , De Pyibiœ Oraculis.
MISUS , rivière d'Italie, dans l'Ombrie, fe'on la
table de Peutinger , où l'on voit que cette rivière nrro-
foit la ville Scnegalllca , qui eft aujourd'hui Sinigagliai,
La rivière efl par conféqueni Nigc lu. Voyez, ce mot.
MISYNE. Voyez. Asine.
MISYNOS , ifle de la mer de Libye , fdon Ptolo-
mée, /. 4. à. 3. Ortelius, Thefaur. juge que ce doit être
l'ifle de Méfurata.
MITCH1GAMI , peuple de l'Amérique feptcntrio-
nale dans la Louifiane. Ce peuple , qui eft confidérable ,
habite dans les plaines comprifes entre le Mifiîflîpi Se
la grande rivière desAcaufcs, le long d'une petite riviè-
re qui fe jette dans le Mifiîflîpi à la bande del'oueft,
presque vis-à-vis de la rivière à Margot. Us étoient
ennemis des Akanfas Se des Kappa , lors du retour du
fleur Cavelier , frère dii fieur de la Sale. Cette haii c
venoit apparemment de ce que les Mitchigami avoient
chaffé les Kappa de leur ancienne demeure ; car du tuns
MIT
MIT
de Soto , ces derniers demeuroient dans les ifles qu'oc-
cupenr à préfent les Micchigafni.
MITCHÎGAMIAS , petite nation de l'Amérique fep-
tentrionale , dans la Louifiane : elle étoit autrefois éta-
blie fur une petite rivière qui fe jette dans le Mifîiiïîpi,
du côté de l'oueft , vers les 36 degrés de latitude nord ;
mais depuis plufieurs années, elle s'eft réunie avec les
ilihoîs Kaskaskias.
MITÉ, petite rivière de l'Amérique fcptcntrionale ,
dans la Louifiane* : elle fe rend dans un des bras du
MiiTnTipi , qui va fe jetrer dans la baie , autrement dans
le lac dePontcharrrain.
MITGANNlPv, ville d'Egypte entre Damictte & le
Caire : elle eft fituée fur la nve orientale du Nil. C'eft
une ville d'une grandeur confidérable. Il y a un fort
'beau bazar ou marché, 8c plufieurs belles maifons. Vis-
à-vis de cette ville on voit le bourg appelle Scif. * Corn.
Dict. Le Brun , Voyage du Levant.
MITHRACINI , lieu ou contrée de la Grande Ar-
ménie , félon Strabon , /. 1 i.p. 530. qui dit que le fa-
trape d'Arménie envoyoit tous les ans au roi de Perfe
vingt mille poulains de cet endroit , è Mnbracinis.
M1THRIDATIS REGIO contrée de la Sarmatie
Çfîatique. Ptolomée , 7. 5 c. cj. la place au-defious du
pays des Siraceni , 8c au-deffus de celui des Melanchl&m.
Sur les anciennes médailles , au lieu de Mithriàa-
tis , on lit Mithradatïs , à ce que remarque Ortelius ,
Thefjur.
MITHRïDATIUM , lieu fortifié dans la Galatie.
Strabon, /. 11. p. 567. dit que Pompée détacha ce lieu
du royaume du Pont pour le donner à Bogodiatorus.
M1TIEN , fortereffe de la Chine , dans la province
d'Iunnan , au département de Mien , autre forrereffe de
Ja province. Elle eft de 18 d. 42 min. plus occidentale
que Peking , fous les 23 d. 17 min. de latitude. * Atlas
Sinenfis.
MÏTOMBO , MITOMBA, TAGARIM ou Tagrin :
on donnoit autrefois ces noms à la rivière qu'on ap-
pelle aujourd'hui Serre-Lione. Voyez.ce. mot.
MITR/EI , montagnes aux environs des Palus Max>-
tides , félon Lucien , in Toxari.
MITRI , bourg de rifle de France , à deux lieues
*3e Dammartin , à cinq lieues de Paris 8c de Meaux ,
entre l'une 8c l'autre ville. L'églife paroifllale magni-
fiquement dorée, eft fous l'invocation de faint Mar-
tin , 8c le fervice divin eft célébré par un curé , deux
vicaires Se un chapelain. Dans cette églife eft une cha-
pelle de la Trinité , deflérvie par des religieux de l'or-
dre qui porte ce même nom. On y trouve auiîï un
hôpital , où de tout tems on a exercé l'hospitalité ,
mais depuis la réunion des maladreries aux hôpitaux ,
il y a quatre lits entretenus pour le foulagement des
pauvres malades , avec deux fœurs de la charité qui
en ont foin. Les femmes 8c les filles de ce bourg , où
l'on tient marché tons les vendredis . 8c une foire le
18 d'Octobre , fête de faint Luc, travaillent à la den-
telle d'une aulîi grande propreté qu'on fait à Malines.
La foire y eft confidérable par le grand nombre de be-
ftiaux que l'on y conduit. Il y a pour la jultice un pré-
vôt, un greffier & un procureur fiscal. A un quart de
lieue ou environ de Mitri du côté de Paris , on dé-
couvre un beau château , appelle Bois le-Vicomte. Il fut
bâti au commencement du dernier ficelé par le fieur
Fedeau , intendant de la reine', Marie de Médicis. Il a
depuis appartenu au cardinal de R ichelicu , à mademoi-
felle de Montpeniier , au duc de la Meilleraye , 8c à
Hervarr, contrôleur général, qui n'ont rienepargné pour
fon embelliffement. Ce château, où conduit une ave-
nue d'ormes depuis le bourg de Mitri , eft entouré de
foffés remplis d'eau , aufii larges 8c auflî profonds que
fi c'étoit une place de guerre. L'étendue du parc eft de
plus de deux cens arpens. Les bois qu'on y voir font les
plus beaux qu'il y ait en France. Il y a un fort beau
canal , 8c le tout d'eau vive. * Mémoires drejfés fur
les lieux en 1707. Corn. Dict.
MITROCHTONES. Voyez. Heraclea.
M1TROCOMIAS , fiége épiscopal , dans la troifiéme
Paleftine. La notice de Léon le Sage le range fous la
métropole de 1-etra -, 8c les notices du patriarchat de
Jérufalem , 8c de l'abbé Milon le mètrent dans l'Ara-
3*7
bie , fous la métropole Arabba , qui eft la même que
Petra.
MITTAU, ville du duché de Courlandc, dans la
partie de ce duché appeilée Semigalles , fur la rivière
de Bolderau , ( Boldora ) à fix lieues de Riga. Cette ville
fut prife deux fois par les Suédois dans le dernier fié-
cle , 8c rendue à la paix d'Oliva en 1660. Elle eft mé-
diocrement grande , 8c il y avoir un château digne d'un
fouverain : mais les Moscovites qui s'emparèrent de la
ville en 1706 , pillèrent & ruinèrent ce château. * Olea-
rius , Voyage de Moscovie, 1. 1. p. ji.
MITTËNWALD, bourg d'Allemagne, au cercle
de Bavière, proche duTyrol,à trois milles de Parten*
kirchen , appartenant à l'évêque. de Freyfingen , fur le
bord de l'ifer vers fa fource. Pyrkamcrus 8c Avenu*
nus croient que c'eft VInutrium , dont parle Ptolomée.
* Zcyler , Topogr. Bavar.
MITTE5PACH , bourg ou village d'Allemagne ,
dans le cercle de Bavière, entre les rivières d'inn ÔC
d'Ifcr , à huit ou neuf lieues de Munich , en tirant vers
le lac de Chiemzée. Il y en a qui le prennent pour l'an-
cienne Medullum, que Lazius 8c Aventinus mettent à
Medlingen.
MITTWEIDE, ville d'Allemagne, en Misnie,fur
la rivière de Schopp , entre Rochlitz, 8c Oederen. Elle
fut presque entièrement brûlée dans la guerre dite des
Frères , par les Bohémiens qui foutenoient le duc Guil-
laume en 1449. Elle n'a pas éprouvé de moindres mal-
heurs dans les guerres qui ont précédé la paix de Weft-
phalie. * ZcyUr , Topogr. Sup. Saxon.
MITYLENE, en grec motAh'hi , 8c en latin Mytilene
8c Mytilena. Il eft étonnant que la plupart des livres
grecs 8c latins écrivent Mitylene 8c Mitylenx. , 8c que
dans les anciennes médailleson life mut/Amch, c'eft-à-dire
Mytilena, par une transpofition de voyelles; ce qui eft,
félon les apparences , la véritable orthographe. Il y a ,
à ce que dit Holftenius , une infeription dans le palais
de Médicis , où l'on lit ces mots : 0EOI AKPAIOI MïTI-
ahnaiqn , dans une autre on lit ceux-ci mttiah-
NAKîN riEPr. OMONOIA , Se dans une médaille rap-
portée par le nere Hardouin , on trouve ce mot MTTI-
AHNH. Peut-être les anciens ont-ils écrit de l'une 8c de
l'autre manière; car on a dansGruter, -p. 474. une in-;
feriprion en cette forte
ClVIUM RoMANQRUM
Qui Mitylenis negotiantur.'
Mais, comme Grurer ne marque point en quel lieu
fe trouve cette mfeription , on peut douter qu'elle foie
exacte. * Cellarius , Geogr. ant. I. 3. c. x.
La ville de Mitylene étoit puiffante 8c très-peuplée ,
8c les belles lettres y floriffoient. Horace la met au
rang des villes les plus célèbres dans ce vers, /„ î^Od.y.
■Laudahum alii daram Rhodon mit Mytilenem.
Elle fut en quelque manière la patrie des favans. Pit-
tacus , l'un des fept fages de la Grèce, le poète Al-
cée, Sapho, la dixième mule , étoient de Mitylene. Il y
avoit tous les ans dans cette ville des combats, où les
poètes disputoient le prix de la poëfie , en récitant leurs
ouvrages. La philofophie & l'éloquence y étoient éga-
lement cultivées ; ce qui fit que Marcellus choifit cette
ville pour fon exil , félon que Cicéron , /. 4. epifl. 7. 8c
Sénéque, ad Helviam,c. 9. nous l'apprennent. * l'iu-
tarebus in Pompeio.
Cette ville fouffrit beaucoup de la part des Athé-
niens ( a ) dans la guerre du Péloponnèfe , & de la parc
des Romajns durant la guerre contre Mithridate ( b)
Après la défaite de ce prince , elle fut la feule qui de-
meura en armes; mais les Romains fa prirent à la fin
& la ruinèrent entièrement. L'avantage de fa fituation
la fit pourtant bientôt rétablir, à quoi contribua beau-
coup la liberté que Pompée voulut bien lui rendre (c)»'
Cette liberté lui fut confirmée par les empereurs. Tra-
jan affectionna cette ville , l'embellit 8c lui donna fon
nom. On ne perdra jamais la mémoire de cette ville
parmi les antiquaires : les cabinets font remplis de mé-
dailles de Mitylene , frapées aux têtes de Jupiter , d'A-
pollon , de Livie, de Tibère , de Caius Céfar, de Ger;
MIX
32.8
manicus , d'Agrippine , de Julie , d'Adrien , de Marc-
Auréle , de Venus , de Commode , de Crispine , de Ju-
lia Domna, de Caracalla .d'Alexandre Sévère, de Va-
lerien , de Gallien , de Salonine. ( a ) Thucyd. 1. 3. & 8.
ïb) Velltïus Patercitlus , 1. Z. c. 18. (c) Flutarchus in
Fompeio , p. 641.
S. Paul paffa à Mitylene ( a ) en allant de Corinthe
à Jéruralem, dans le voyage où il fut arrêté dans cette
dernière ville ( b ) l'an f 8. de l'ère vulgaire. ( a ) Ad.
20. 14. (b) Dom. Calmet, Dict.
Perfonne ne doute que Castro qui eft aujourd'hui
la capitale de l'ifle de Lefbos, n'ait été bâtie fur les rui-
nes de Mitylene : aufli n'y voit-on que bouts de co*
lomnes , la plupart de marbre blanc , quelques-uns de
gris cendré , d'autres de granit: il y en a de cannelées en
ligne droite, d'autres en fpirale 3 , quelques-unes font
ovales, relevées de plate s- bandes , comme celles du
temple de Delosj mais celles de Mitylene ne font pas
cannelées fur les côtés. Il n'ell pas croyable combien
dans les ruines de cette ville , il refle de chapiteaux ,
de frifes, de piedeilaux , de bouts d'infciiptions fort
maltraitées , en quelques-unes desquelles on lit le mot
Gymnafiarque : ce qui rappelle le fouvenir du fameux
Epicure qui enfeignoit publiquement à Mitylene à l'âge
de trente-deux ans, comme nous l'apprenons de Dio-
géne Laërce. Ariftote y fut aufli pendant deux ans,
fuivant le même auteur. * Tournefort , Voyage.
M1TYS , fleuve de la Macédoine , félon Tite-Live,
f. 44. c. 7.
MITZKE , MITZKA , ou Midzka , ville du Japon ,
dans la grande ifle de Niphon, aflez près de la mer , far
la route de Fammamatz à Jedo , dans la province de
Tootomi. Elle a environ cinq cens maifons & un très-
beau château. Dans fon voifinage on voit la montagne
de Conay, du haut de laquelle on découvre fur une émi-
nence un très-beau palais , a plufieurs étages fort ex-
hauflcs, avec des tours qui femblent paffer les nues,
le tout parmi des arbres fort épais. C'eft une des prin-
cipales écoles du Japon, où demeurent les prêtres qui
font le plus en considération : ils ne fortent jamais de
ce palais , où ils font inceffamment occupés à l'inftru-
ction de leurs disciples. Tous les ans , à uh certain tems,
îl y vient de plufieurs endroits quantité d'autres prê-
tres pour s'entretenir avec eux fur ce qui regarde leur
religion, & fur des matières de philofophie. Cette en-
trevue ne fe fait jamais-fans qu'il en disparoiffe quel-
qu'un dont on n'entend plus parler. On croit qu'il fe
facrifie lui-même, ou à l'honneur d'Amida , ou à ce-
lui de Xaca , dieux des Japonnois , ce qui eft aflez or-
dinaire parmi eux. Ceux qui font infpirés pour ce des-
fein qui leur paroît très-pieux , vont de place en place ,
plufieurs jours avant qu'ils fe facrifient , ramaffer les
aumônes qu'on leur fait, & dont ils rempliffenr leurs
grandes manches. Us prêchent en pleine rue pour faire
connoître le defir qu'ils ont d'aller faluer leurs dieux ;
à quoi ils font animés par le peuple, comme à une
action très-fainre. Enfuite ils prennent avec eux des
faulx pour faucher, difent-ils, les chardons & les épi-
nes qui croiffent dans les lienx où les bienheureux de-
meurent. De-là ils fe mettent fur une barque neuve,
où ils attachent de groffes pierres à leur cou , à leurs
bras , à leur corps Se à leurs jambes Se fe jettent d'un
efprit content dans la rivière. Quelquefois ils s'y en-
foncent avec la barque, en étant du fond une pièce de
bois , qui eft faite exprès pour cela. Si la barque de-
meure fi-tôt qu'ils fc font jettes dehors, les païens y
viennent mettre le feu, l'eitimant trop fainte pour être
touchée par une perfonne vivante, après qu'elle a fervi
à ce minifterc. * Corn. Dict. Ambajjade des Hollan-
dois au Japon.
MIVE, ou Nijte, rivière de la Baffe-Navarre. Voyez.
Nive.
1. MIXCO, bourgade de l'Amérique feptentrionalc ,
dans la Nouvelle Espagne. Cette bourgade donne en
partie le nom à une vallée qui eft à fix lieues de Gua-
timala , ■& qui pa(Te pour la plus agréable de tout le
pavs:on la nomme la Vallée de Mi.xco et de Pi-
nola , à caufe d'une autre bourgade d'Indiens nom-
mée Pinola , qui eft fituée à l'oppofite de Mixco ,
au côté gauche de la rivière des Vaches ; car Mixco
MIX
eft au côté droit. Ce dernier lieu eft habité par environ
trois cens familles. Les Espagnols y ont établi une con-
frérie de Notre-Dame du Rofaire, Se les Nègres en
ont une autre. Ces deux confréries ont des richeffes
îmmenfes. Il y a aufli quelques riches Indiens qui ont
appris des Espagnols à fémer du froment, Se à trafi-
quer au golfe avec leurs mulets. Outre une fort grande
quantité de volaille Se de coqs d'Indes , qu'on nourrie
en.ee village, on y a établi une boucherie, où l'on
vend de la viande aux Indiens qui y demeurent , & à
ceux des fermes de la campagne. Le paflage continuel
des troupes de mulets , des marchands & des voya-
geurs qui vont en Espagne ou qui en reviennent , ont
rendu ce bourg fort riche. On y trouve une certaine
forte de terre , dont les Indiens font de fort beaux vafes
Se toute forte de vaifielles , comme des cruches , des
pots à l'eau , des afliettes & autres uftenfiles de mé-
nage , qu'ils favent peindre admirablement ou vernir de
rouge, de blanc & d'autres couleurs mêlées. On les
porte vendre à Guatimala & dans les villages voifins.
* Corn. Dict. Thomas Gage, Relation des Indes occid.
part. 3. c. 3 & 4.
z. MIXCO ( La Vallée de ) a environ cinq lieues
de longueur Se trois ou quatre de largeur, & eft rem-
plie de brebis. Son terroir eft partagé en plufieurs fer-
mes où l'on recueille d'excellent froment. Ceux qui
font valoir ces fermes font riches , mais grofliers , Se
favent mieux labourer la terre que manier les armes.
Cette vallée fournit de bled la ville de Guatimala, Se
l'on y fait tout le biscuit néceflaire pour les vaifièaux^
qui abordent tous les ans à Golfo-Dolce.
Outre les bourgades de Mixco Se de Pinola, il y a
à l'eft , tout proche de la rivière des Vaches , un her-
mitage, appelle Notre-Dame de Mont-Carmel.
C'eft l'églife paroifliale de toutes les fermes des Es-
pagnols , qui demeurent dans les vallées. Il y en a trente
ou quarante dans lesquelles il peut y avoir trois cens
esclaves hommes Se femmes , qui font Nègres & Mu-
lâtres. Le bourg de Pinola eft à peu près de la grandeur
de Mixco , mais beaucoup plus agréable , plus fain Se
mieux fitué , à caufe qu'il eft dans une plaine , au lien
que Mixco eft fur le penchant d'une colline , qui ôre
entièrement la vue de la vallée à ceux qui voyagent.
On y trouve aufli beaucoup de volaille , des fruits , du
maïs , du froment, du miel Se la meilleure eau qui foit
aux environs. Au feptentrion Se au midi de cette vallée
îl y a des coteaux dont la plupart font enfemencés de
froment , qui eft meilleur en cec endroit qu'au bas de
la vallée. A l'occident , on voit deux autres bourgades
qui font plus grandes que Mixco Se Pinola : l'une s'ap-
pelle Petapa , & l'autre Amatiltan. En y allant,
on rencontre au milieu de la vallée quelques endroits
nommés Barrancas: ce font des fondrières où il faut
monter Se descendre , & où font des ruiffeaux & des
fontaines , avec de bonne herbe pour la nourriture des
brebis & du bétail.
On fait une. double moiflbn de froment dans cette
vallée : la première eft d'un petit bled, qu'ils appellent
Trigo Tremtfino , mot compofé de ces deux autres es-
pagnols très mefes ,• parce que trois mois après qu'on
a femé ce bled , il eft bon à couper. Ainfi on le feme
à la fin d'Août , Se on le moiffonne à la fin de No-
vembre. L'autre moiflbn , qui efl de deux fortes de fro-
ment , l'un appelle rouge , Se l'autre blanc , fuit inconti-
nent après celle de ce bled trimeftre. On met la fau-
cille dans les champs un peu aptes Noël, & au lieu
de mettre le froment en gerbes & de le ferrer dans les
granges , on le fait fouler aux pieds par des cavales
dans des aires faites tout exprès.
M1XE ou Mixte, petit pays de la Baffe-Navarre. Il
s'étend le long de la Bidoufe , entre le Bearn à l'orient
Se la terre de Labour à l'occident : il eit borné au nord
par le Marenfin , Se au midi il touche la Baffe-Navarre ,
dans laquelle il eft compris. Le chef-lieu de ce peric
pays eft S. Palais ■. qui eft aufli la capitale de la Baffe-
Navarre. * De l'ifle , Atlas.
MIXODIA , en grec MiÇoiïn. Ortelius , Tbefaur. qui
cite Homère Se Apollonius , /. 4. donne ce nom au
paflage qui fe trouve entre Scylla Se Charybde.
MIZA , rivière de Bohême , elle prend fa fource
dans
MOA
MOA
dans le Palatinat de Bavière, d'où elle entre dans le
cercle de Pilsen , qu'elle traverfe du couchant au le-
vant. Après avoir arrofé Pilsen , où elle reçoit le Cad-
burz , & un peu plus bas la Warta , elle entre dans le
cercle de Podebrok , ou Prag , baigne la partie fcp-
tentrionale de Beraun, ôc fe joint au-deffous à la M til-
de près de Prague. * Atlas de l'Ifle , Zeyler Bon. top.
p. 82.
MIZi£I, peuples de la Sufiane, feîon Pline , /. 6, c. 27.
M1ZIGITANUS, fiége épiscopal d'Afrique, dans
li province proconfulaire , félon la conférence de Car-
thage , qui fournit Placidus Alizigitanus. * Hardouin.
collcct. conc.
MIZINUM , ville de la Galatie. L'itinéraire d'An-
tonin la met fur la route de Conftantinople à Antio-
che , entre Laganei & Manegordum , à vingt-trois mil-
les de la première de ces places, ôc à vingt- huit milles
de la féconde.
MN.
MNAS/EMANES , peuples de l'Arabie Heurenfe :
Ptolomée , /. 6. c. 7. les met fur le mont Z.imetus. Ses
interprètes , au lieu de Mnaj&manes , lifent Mafxmanes.
MNASES. Le troifiéme concile d'Ephéfe fait men-
tion d'un certain Théodore qualifié évêque de ce lieu.
MNASYR1UM, bourgade de Me de Rhodes. Stra-
bon , /. 14. p. 65J. dit qu'elle étoit au voifinage de la
ville Lindus.
MNEMIUM , promontoire de l'Ethiopie, félon Pto-
lomée, /. 4. c. 7. qui le place entre Chetfonefus ôc le
mont Ifius, fur le golfe Arabique.
MNEMOSYNES, ôc Lethes, fotirces du fleuve
Hercyna dans la Bœotie, félon Paufanias , /. 9. c. 39. Ce
font , à ce que prétend cet ancien écrivain , les fources
de la Mémoire ôc de l'Oubli.
MNESTHEI PORTUS. Voyez. Menestei portus.
MNIARIA , ville de la Mauritanie Céfarienne : Pto-
lomée , /. 4. c. 2. la place dans les terres , entre Altoa
ôc Gitlui. Marmol prétend que ce foit Hubet , bour-
gade du royaume d'Alger , ôc Simler croit que c'eft la
meme ville que l'itinéraire d'Antonin appelle Mina.
MNIZUM, nom d'un lieu dont il eft fait mention
dans le Code, l.j.tit. 61. c'étoit un liège épiscopal ;
car dans le concile de la première Galatie, Armaïcus
eft qualifié évêque de Mnizurn. Ce mot fe trouve diffé-
remment écrit. Quelques exemplaires portent Mnyz.um,
ôc d'autres Minimum.
MNOZENIA. Voyez, Mazania.
MNYZUM. Voyez. Mmzvu.
MO.
MO (Le royaume de ) , faifoit partie de l'ancien royau-
me des Parthes. Sa capitale, qui a deux lieues de cir-
cuit, eft à l'occident du fleuve Tciu-Hin-Choui ; il con
fine au royaume de Ou-Na-Ko. Il met environ deux
mille foldats fur pied. * Hifl. générale des Huns par
M. de Guignes.
MOAB. Voy e z, M ed Ah a ôc Areopoiis.
MOABEN , lieu de la Bœotie dans le pays des Lybi,
auprès du mont Phicius , où le Sphinx avoit fa demeure ,
félon Tzetzes fur Lycophron.
MOABITES>, peuples descendus de Moab , fils de
Loth (a). Leur demeure fut au-delà du Jourdain & de
la mer Morte , aux deux côtés du fleuve Arnon. Leur
capitale étoit fituée fur ce fleuve , ôc fe nommoit Ar ,
Aréopolis, Ariel de Moab, ou Rabbath Moab, c'eft-
à-dire , capitale de Moab, ou Kir Harefeth , c'eft-à-dire,
ville aux murs de brique. Ce pavs avoit d'abord été
poffédé par les géans Ecnim (Z>). Les Moabites le con-
quirent fur eux ; ôc les Amorrhécns dans la fuite en
reprirent une partie fur les Moabites (c). Moyfe fit la
conquête de ce qui étoit aux Amorrhéens, & le donna
à la tribu de Ruben ; lçs Moabites furent épargna par
Moyfe, ôc Dieu lui défendit de les attaquer (d) : mais
il y eut toujours une grande antipathie entre les Moa-
bites ôc les Ifra'elites, qui produifit de grandes guerres.
Le devin Balaam engagea les Hébreux dans l'idolâtrie
ôc dans limpudicité , par le moyen des filles de Moab
(0 , ôc Balac, roi de ces peuples , fit ce qu'il put pour
329
obliger Balaam à maudire le peuple du Seigneur (/)
Les Moabites ayant eu la dureté de refufer aux Ifra'e-
lites le limple paflage dans leur pays , & ne leur ayant
pas voulu donner du pain & de l'eau dans leur extrê-
me néceilité , Dieu avoir ordonné que les Moabites
n'entreroient point dans l'affemblée de fon peuple jus-
qu'à la dixième génération (g). Englon , roi des Moa-
bites, fut undes premiers, qui opprima Ifraël après la
mort de Jofué. Aod tua Englon , & les Ifra'elites chaînè-
rent les Moabites de leur pays (h). Hanon , roi des Am-
monites, ayant fait outrage aux anjbaffadeurs de David ,
ce prince lui fit la guerre , ôc affujettit Moab & Am-
mon à fon empire (1) ; ils y demeurèrent jusqu'à la
fépatation des dix tribus. Alors les Ammonites ôc les
Moabites entrèrent fous l'obéiffance des rois d'Ifra'el ,
ôc y demeurèrent jusqu'à la mort d'Achab (<). Joram ,
fils d'Achab, roi d'Ifra'el , accompagné des rois de Juda
ôc d'Edom, attaqua les Moabites, les vainquit ôc les
mit en fuite , ravagea leur pays , aiïiégea leur capitale:
mais ayant vu que le roi de Moab , pouffé de désefpoir ,
étoit fur le point d'immoler fon propre fils , les trois
rois levèrent le fiége ôc fe retirèrent (/). On ne voit
pas diftinctement quel fut l'état des Moabites depuis ce
tems : mais lfaïe,au commencement du régne d'Ezéchias,
les menace d'un malheur qui devoir leur arriver trois
ans après fa prédiction (m) ,ôc qui regarde apparem-
ment la guerre queSalmanafar, roi d'Affyrie, fit aux dix
tribus & aux peuples de-delà le Jourdain. Amos (»)
leur prédit encore de grands malheurs , qui font ap-
paremment ceux qu'ils fouffrirent fous Ozias ôc Joathan,
rois de Juda ( 0 ) , ou ceux que Salmanafar leur fie
fbuffiïr, ou enfin la guerre que leur fit Nabuchodono-
for, cinq ans après la ruine de Jcfulalem (p). Nous,
croyons que ce prince les mena au-delà de l'Euphrate „
comme les prophètes les en avoient menacés (q), ôc
que Cyrus les y envoya , ainfi que les autres peuples
captifs (?-). Après le retour de la captivité, nons les
voyons fe multiplier, fe fortifier, de même que les
Juifs ôc les autres peuples voifins 5 toujours fournis aux;
rois de Perfe , puis affujettis à Alexandre le Grand , ôc
fucceflivement aux rois de Syrie & d'Egypte , ôc en-
fin aux Romains. Il y a même affez d'apparence que
dans les derniers rems de la république ées Juifs , ils
obéiffoient aux rois Asmonéens, ôc enfuitc à Hérode
le Grand. Les principales divinités des Moabites étoienc
Chamos ôc Béel-Phégor. Nous en avons parlé fous leurs
titres particuliers , ôc nous avons tâché de montrer que
Chamos étoit Je foleil , ôc que Béel-Phégor étoit le dieu
Adonis. L'écriture parle aufli en quelques endroits de
Nébo , de Baal-méon ôc de Baal-dibon , comme les
dieux des Moabites : mais il y a affez d'apparence que
ce font plutôt les noms des lieux où Chamos ôc Phé-
gor étoient honorés , ôc que Baal-dibon , Baal-méon ôc
Nébo , ne font autres que Chamos adorés à Dibon , *
Méon ôc fur le mont Nébo. (a) Dom Calmet , DicL.
(b) Dent. i. 1 1 , 12. (c)Judic. 1 1. 1 3-(d) Dent. 2.
9. (e) Num. 3;. 1 , 2. (f) Ibid. 22. 2. ôc feq. An du
monde , 2553. avant J. C. 1447. avant l'Ere vulgai-
re , 1451. (g) Dcut.z$. 3. (h ) Jiidic. 3. 1 2 , &c. An
du monde , 2679. avant J. C. 1 3 2 1 . avant l'Ere vulgai-
re , 132J. (i) //. Reg. 10. 1, 2. &c. An du monde ,
2969. avant J. C. 1 031. avant l'Ere vulgaire , 103;.
(k ) II. Reg. 8. 1 , 2 , 3 , 4 , ôcc.Van du monde , 3030.
jusqu'en 3107. avant J. C. 893. l'Ere vulgaire ,897.
( 1 ) IV. Reg. III. 1 , 2 , 3 , &c. (m ) Ifaï. XV.\,zy
c\c. An du monde , $1*77. avant J. C. 727. avant l'Ere
vulgaire , 727. ( n ) Amos, 1. 13. ôcc.(o)lI. Parai.
XXVI. 7 , 8. XXVII. $. (p) Jofepb, Antiq. 1. 10 C
11. An du monde, 3419. avant J. C. 591. avant l'Ere
vulgaire, 59 r. Voyez. Jérém. XXV. & XXVII. (q ) Je-
rem. IX. 16. XII. 14, IJ. XXV. 11, 12. XLVIIL
( r) Ibid. XLVIIL 47. XL/A'. 3,6, 39. 1. 16.
MOALI , petite ifie d'Afrique , entre la côte de Zan-
guebar, ôc l'ifie de Madagascar. C'eft une des ifles , qui
compofent le petit Archipel , qui eft connu fous le nom
de Comore. Elle eft plus feptentiionale d'environ 30
min. ou dix lieues marines , que celle de Mayote. John
Saris , Anglois , dans la relation de fon voyage à la mer
Rouge en 161 1. appelle cette ifle Moyella. Il s'y pro-
cura ç]es cabris» des veaux , des poules, des lùnpiis 9
Tom. IV. T t
MOC
33°
des cocos , des cannes de fuccre , des tamarins , du ris ,
&c. Cette ifle a un roi particulier. Les habirans font
Nègres , leur habillement eft un morceau d'étoffe pein-
te qui leur courre le milieu du corps. Sur la tête, les
uns ont un bonnet blanc, d'autres un turban.
MOASCAR. Voyez. Mohascar.
MOASDA. Fo^Masada.
MOBA , c'eft le nom d'une partie confidérable de
l'Arabie, félon Etienne le géographe.
i. MOBILE. ? T. A.
2. MOBILE. } V°yez- Maubile l i u
MOBILIENS. Voyez, Maubiliens.
MOBUCHARAX , Etienne le géographe dit qu'on
appelle M«j8a;£ap«£ cette ville de la troifiéme Paleftine,
c'eft-à-dire , de l'Arabie Pétrée , que Ptolomée appelle
•Cbaracmoba.
MOCA, ville de l'Arabie Heureufe. Voyez.MoctiA.
MOCAANDAM, ou MoçandAn, cap de l'Arabie
Heureufe, vis-à-vis Dormus, où le golfe Perfique fe
joint à l'Océan. Thevenot, fuite du voyage du Levant ,
pag. 370. écrit Mosendon , ôc le Brun, Voyage, c.
<îl.MoNSANDON.
MOCADA , bourg d'Espagne , dans la partie méri-
dionale de la Vieille Caftille , fur une petite rivière,
à quatre lieues de Valladolid. * Délices d'E soigne ,
pag. 201.
MOCANG , montagne de la Chine , dans la pro-
vince d'Iunnan , au voifinage de la ville de Xitien. Le
fommet de cette montagne eft fi élevé , qu'il fe perd dans
les nues. * Atlas Sinenfis.
MOCARSUS , contrée de la Thrace , félon Etienne
le géehraphe qui cite Théopompe.
MOCASUS. Voyez. Mocisus.
ï. MOCATA , ville de Birhynie , félon Etienne le
géographe, qui cite Domitius CalJiftrarus.
2. MOCATA , petite rivière de Syrie. Voyez, Chor-
SEUS.
MOCATTHAM , montagne d'Egypte : on l'appelle
ordinairement la Montagne fainte , a eau fe d'un grand
nombre de monafteres qui y ont été bâtis , Se des faims
perfonnages dont ils ont été remplis. C'eft ce qui lui
a attiré une grande vénération de la part des Muful-
mans mêmes ; en forte que Ebn Thouloun , qui étoit
maître de l'Egypte , Se presqu'iiidépendanc des califes ,
étant tombé malade , fit prier Dieu pour lui fur cette
montagne, Se voulut y être çntcné.*D'Ifcrbtlot, Bib. or.
MOCCADELII , ou Moccadini, peuples de Ly-
cie , aux confins de la Birhynie : Ptoiomée, /. y. c. 1. les
place auprès des Cydi fies.
MOCCHIAMA. PVy^MoxcHiAMA. •
MOCCLE , village de Phrygie , félon Etienne le
géographe. Ortelius , Thefaur. foupçonne que le nom
de peuple Moglem pourroic bien dériver du nom de
ce village.
MOCE , montagne de la Chine , dans la province
d'Iunnan, auprès de la ville de Mongcu. Cette monta-
gne, qui eft extrêmement haute, eft Terminée par vingt
pointes différentes, chacune d'une hauteur prodigieufe.
* Atlas Sinenfis.
MOCENIA, bourgade fur la rive droite du Danu-
be , félon Aventinus , qui fe fonde fur une ancienne in-
feription , Se ajoute que ce lieu fe nomme présentement
Momzing. Voyez. Motzingi.
MOCESUS. Voyez. Mocisus.
I. MOCHA, ifle de l'Amérique méridionale , au
Chili. Elle dépend de la province d'Arauco , & eft ha-
bitée d'Indiens, qui abandonnèrent cette province & la
terre ferme , lorsque les Espagnols fe rendirent maîtres
du pays. Elle eft éloignée de la ligne vers le fuddc 58
deg. quelques min. elle eft à cinq lieues du continent ,
& à fix vers l'oueft- fud-oueft de la rivière de Labo , qui
fe décharge dans la mer , presque vis-à-vis de Pifle, Le
•canal qui coule entre deux , a communément douze
brades de profondeur , & il y a des bancs Se des bas-
fes en quelques endroits. Au milieu de cette ifle , qui eft
afiez fpacieufe, on rencontre une montagne extrême-
ment haute, fourchue au fommet, d'où descend une
rivière d'une eau fort claire Se très -bonne. Depuis le
pied de cette montagne jusqu'aux bords de la mer ,
la terre va doucement en penchant , Se s'étend en une
MOC
plaine fertile & abondante en toutes fortes de fruits ,
Se de bons pâturages. Au-defius de Pifle , il y aune bon-
ne rade Se l'ancrage y eft aifé. François Drac , An-
glois, y étant arrivé avec fes navires, trouva les ha-
bitans allez traitables, & tira d'eux les provifions donc
il eut befoin , en échange de quelques marchandifes ■>
mais le lendemain ayant envoyé deux de fes hommes
à terre , les Infulaires les tuèrent , Se empêchèrent la
descente des Anglois; ce qu'ils firent encore depuis à
l'égard de Thomas Candish , auffi Anglois; cependant
ils recurent quelque tems après Olivier de Voort , Hol-
landois , qui eut des brebis Se d'autres vivres , pour des
haches Se des couteaux. Ils avoient auprès de la rade
un village qui contenoit environ cinquante maifons
faites de paille , rangées proprement , longues , ôc
ayant au milieu une espèce de portique. Ils ne vou-
lurent point fouffiir qu'Olivier Voort, ni ceux qui l'ac-
compagnoient enrrafient dans ces maifons ; mais en
ayant fait fortir toutes les femmes par un certain beu-
glement qu'ils firent , elles fe mirent à genoux par di-
vers rangs dans une place voifine à la vue des Hol-
landois. Ces Sauvages ont pour coutume de prendre
autant de femmes qu'ils veulent , Se celui qui a le plus
de filles eft eftimé le plus riche. Ceux qui les veulent
avoir en mariage, les achètent des pères Se des mères ,
à qui ils payent un bœuf, des brebis ou quelqu'autrc
chofe dont ils conviennent enfemble. Ils portent de lon-
gues robes , tant hommes que femmes , Se ces robes
faites de drap , tiflu de laine des btebis de ces pays,
leur vont depuis les épaules jusqu'aux talons. Leshom-'
mes laifient pendre leurs cheveux , Se les femmes les
retrouflent Se les nouent derrière la tête. * Cor». Dict.
DeLaet, Defcription des Indes occidentales , liv. 12.
chap. 8.
2. MOCHA, ou Moka , ville de l'Arabie Heureu-
fe , avec un bon port à l'entrée de la mer Rouge, ôc
à quinze lieues du détroit de Babelmandd, vers le nord.
Elle n'eft pas fi confidérable que la ville d'Aden , mais
elle eft devenue plus marchande , car elle a fait beau-
coup diminuer le commerce de cette dernière depuis
quelque rems. Elle ne contient pourtant qu'environ dix
mille habirans , presque tous Mahométans , avec quel-
ques Arméniens, & beaucoup de pauvres Juifs dans un
quartier féparé ou une espèce de fauxbourg hors de la
ville, tous gens bafanés, afiez bien faits, Se extrême-
ment civils. La ville eft entourée de murs à l'antique ,
moitié de terre battue avec de la paille , moitié terre
feule. Il y a quatre portes Se plufieurs tours, avec du
canon fur quelques-unes , mais il n'y a point de
frrr
One.
Les tours qui flanquent les murs de la ville , font ha-
bitées par des foldats qui font des patrouilles pendant
la nuit , & qui , durant le jour , fe tiennent fur le port
& dans le bazar, pour empêcher les désordres ôc les
friponneries. On amené les coupables devant le gou-
verneur, qui, fur le rapport d'un vieil officier qui com-
mande fes gardes, les tait punir févéremenr. Tous ces
foldats , au nombre de cinq ou fix cens, s'aflèmbknt tous
les jours depuis midi jusqu'à deux heures dans la grande
place , pour conduire le gouverneur à la mosquée , où,
il va avec beaucoup de fafte Se d'appareil , accom-
pagné de fes fils , ôc de tout ce qu'il y a de gens con-
fidérabîes fupetbcraent montés , Se ftifant porter les
drapeaux du roi, & ceux de Mahomet & d'A ly au fon
des tymbales. Lorsque le gouverneur fort de la mosquée,
toute cette infanterie fait une décharge , ôc toujours à
balle.
Les femmes , excepté un petit nombre de celles du
commun , ne paroi fient jamais de jour dans les rues,
de Mocha; le foir elles onr un peu plus de liberté,
qui confifte à s'entievifiter : s'il arrive qu'elles renconî
trent des hommes en leur chemin , elles fe rangent
avec leurs femmes toutes du même côté de la rue,
auprès des maifons; elles laifient paiïer les hommes,
gardant un profond filence ôc une grande modeftie,
après quoi elles continuent leur route ; elles font à peu
près vêtues comme toutes les femmes de l'Orient,
dont les habits font décrits par tant de voyageurs. El-
les cfnt entr'aimes choies un grand voile d'une toile
fine de couleur qui leur cache le vifage, fans les em^
MOC
MOC
pêcher de voir à travers; elles portent aufll de petites
bottines de maroquin.
Il y a chez les gens de considération de très-jolies
perfonnes , qui ne font pas plus brunes que des Espa-
gnoles , avec des traits délicats Se fins , Se capables d'in-
33*
MOCISIA, citerne auprès Conftantinople, dans un
lieu nommé Blaque-rne. Voye z. ce mot.
MOC1SUS, MOCESUS, MUSCISSUS, ou Mo-
cjssus , nom d'un lieu, dans la Cappadoce. Comme il
y avoit , dit Procope , I. j. des cd'fives , t. 4, de la tra-
fpirer de la paflion ; elles ne font même ni farouches duil. de Confia , dans une ràfe campagne auprès de Ce
ni infenfibles.
Le port Mocha eft formé par deux langues de ter-
re ; qui fe recourbent en manière d'arc , Se repréfentenr
une demi-lune parfaite. Sur les deux pointes font fîmes
deux forts, qui défendent l'entrée , laquelle a environ
une lieue de large , & fait une manière de rade où les
grands vaiflèaux font obligés de mouiller. Le refte du
port n'eft pas aflez profond , Se ne fert que pour les
batimens moyens.
Le pays aux environs de Mocha eft en général fort
fec , Se il n'y a que de mauvaifes eaux nitreufes Se
presque falées. Tout le pays qui borde la mer Rouge ,
peut paner pour fec : mais le territoire de Mocha eft
le pire de tous ; il y fait une chaleur exceflive , Se il
ne tombe presque jamais de pluie.
On voit au dehors de Mocha quelques palmiers plan-
tés parmi les fables , que l'on a foin d'arrofer par le
moyen des puits que l'on a cicufés , Se qui portent des
dattes fort communes. 11 croît aufll du mil blanc , Se
trois fois plus gros que le nôtre. Après le tems des
pluies, qui font quelquefois deux ans fans tomber, la
terre fe couvre d'une espèce de croûte de fel ; celui
dont on fe fert dans ce pays fe fait presque fans aucun
travail , par le moyen des foflès Se des rigoles qui re-
çoivent l'eau de la mer , lorsque la marée monte; Se le
fel s'y durcit fi fort , que pour le retirer , il faut le rom-
pre comme une pierre avec des pics. * La Roque , Voya-
ge de l'Arabie Heureufe , p. 90.
La route de Mocha à Mouab , demeure du roi d'Ye-
men , eft
De Mocha à Mofa , dix lieues.
De Mofa à Manzery , quinze lieues. Il n'y a que cinq
ou fix maifons à Manzery.
De Manzery à Tage , dix-huit lieues.
De Tage à Manzuel , fix lieues. Manzuel ne confifie
qu'en deux châteaux fort antiques , dont l'un fervoit
autrefois de demeure aux rois de l'Yemcn , du tems de
leur guerre avec les Turcs.
De Manzuel à Yrame , trente lieues , en pafiant par
Gabala , qui eft une petite ville murée d'un côté ,
& dont les mosquées ont de fort belles tours ou mi-
narets.
D'Yrame à Damar , quinze lieues.
De Damar à Mouab , un quart de lieue.
Total , quatre vingt-quatorze lieues un quart. * La
"Roque , Vovage de l'Arabie Heureufe , p. 191.
La carte de de l'I/le pour le voyage de l'Arabie Heu-
reufe , marque 10 lieues de Damar à Mouab.
C'eft de Moca qu'on transporte le meilleur cafte.
MOCHADION, nom d'un endroit du rivage de la
mer, au voifinage de Byfance , félon Procope , cité par
Ortelius, Tbef. qui foupçonne que ce lieu pourroitétie
fur le golfe Moucaporidcs , dont Denys de Byfance donne
la defetiption.
MOCHMUR , torrent de la Paleftine. Il en eft
parlé dans le livre de Judith, e. 7 , ri. félon le texte
hébreu
MOCHON A , ville de la Paleftine , dans la tribu de
Jnda. Dom Calmet , Ditt. juge que c'eft la même que
*Mechanum , que faint Jérôme , in locis ad Bethmaca.
place entre Eleutheropolis & Jérufalem, à huit milles
de la première de ces deux villes * //. Esdr. 1 1 , 28.
MOCHORA. Kov^Mogaron.
MOCHURA , ville de l'Arabie Heureufe. Ptolo-
mée , /. 6. c. 7. la met dans les terres, entre AUta
cxv'uas Se Thumna. Niger croit que c'eft préfentement
la Mecque. v
MOCILLUS , colline de Bithynie , félon Cédrène Se
Zonare. * Ortelii Thef.
MOCING , montagne de la Chine , dans la pro-
vince de Queicheu , auprès de la ville de Yangy. Cet-
te montagne eft extrêmement escarpée: ce ne font que
rochers affreux de tous côtés; Se par-ci par-là on voit
diverfes cavernes obf cures. * Atlas S'inenfis.
farée, un fort nommé le fort de Mocese , qui étoit
dans un fi mauvais état , qu'une partie de fes batimens
étoit tombée en ruine , Se que l'autre étoit prête d'y
tomber. Jultinicn le rafa entièrement , Se éleva une mu-
raille du côté de l'occident , fur une colline fot t roide
& d'un accès fort difficile; Se dans l'étendue de fou
enceinte, il fit bâtir des églifes , des hôpitaux, des bains
6: d'autres édifices de cette nature , qui relèvent la gloi-
re des villes: ce qui a été caufe que la ville de Céfarée
eft devenue la métropole , qui eft le titre que les Ro-
mains donnent à la première du pays. Le père Har-
douin prétend qu'il y avoit un fiége épiscopal à Meci-
fus , Se cite un de fes évêques appelle Tbeopemptus ,
en quoi il eft d'accord avec le père Charles de faint
Paul , Se une notice publiée par Schelftrate.
MOCKEREN , petite «ille d'Allemagne, au cercle
de la balTe Saxe , dans l'archevêché de Magdebourg ,
entre Grabow Se Lobing , fur la Struma , à trois mil-
les de Magdebourg Dans la guerre que ceux de Ma-
gdebourg firent à leur archevêque en 1433 , ils lui en-
levèrent Mockeren , mais elle retourna quelque tems
après fous la dépendance de ce prélat. * Zeyler , To-
pog. itiner. Saxon.
MOCLIN, bourgade d'Espagne , dans le royaume de
Grenade, an nord de la ville de ce nom , & à l'occi-
dent de Baça. * De l'I/le, Atlas.
MOCO , province d'Afrique , au pays des Nègres.
Elle confine du côté de l'orient à la province deKRi-
ké ; Se au midi , en descendanr vers la côte , on ren-
contre la province de Bani. Dans la province de Mo-
co on bat une espèce de monnoie de fer , dont chaque
pièce eft grande comme la paume de la main , Se a
une queue d'un empan de long * Dappcr , Defc. du
pays des Nègres, p. 3 r j.
MOCODIEL, petite rivière d'Espagne, au royaume
de Léon. Fuen Pedrofa eft le lieu de fa fourec ; après
avoir coulé quelque tems, elle va mêler fes eaux à
celles de la rivière de Tonnes ou Salamanca. * Bau-
drand, Dict. édir. 170J.
MOCONE ( Le ) , rivière d'Italie , au royaume de
Naples, dans la Calabre citérieure. Elle a fa fourec
près du bourg Acri, Se prenant fon cours vers le nord-
oueft , elle fe joint au Crate.
MOCONT1ACUM. Voyez. Magontiacum.
MOCORETyE , peuples de l'Arabie Heureufe. Pto-
lomée, /. 6. c. 7. les place avec les Dorent au-defîbus
des j\£inxi , Se au-defius des Sab&u Ses interprètes , au
lieu de Mocoretx , lifent Mocrita.
MOCRAN , plaine d'Afie , dans la Géorgie , auprès
de Teflis.* Relis de la Croix, Hift. de Timur-Bec, /. 5. c8.
MOCTENS1S. Kçy«.MoPTENsis.
MODAC/E, peuples de la Sarmatie Afiatique , félon
Ptolomée, /. j. c. 9. fes interprètes lifent ModocA pour
ModaçA.
MODEIN. Voyez. Modin.
MODENE, en latin Mutina , ville d'Italie , capitale
du Modénois , avec évêché , fous la métropole de Bou-
logne dont elle eft éloignée de vingt milles , c'eft-à-di-
re , de fix lieues & deux tiers. Elle eft fituée fous le 44
dcg. 34 min. de latit. &au 28 deg. 52 min. de longit.
dans une plaine agréable Se très-fertile, fur un canal
entre les rivières de Panaro Se de la Secchia , mais plus
proche de celle-ci. Elle eut beaucoup de part aux trou-
bles du Triumvirat. Marc Antoine ne la put prendre
l'an 710 de la fondation de Rome; mais l'année fui-
vante elle lui ouvrit fes portes , après qu'il eut remporté
fous fes murailles une grande victoire fur Hirtius &
Panfa. Modéne fonffrit encore quand les Goths Se les
Lombards vinrent fondre fiu l'Italie. Mais lorsque Char-
lemagne eut mit fin à la monarchie de ces derniers ,
Modéne fe releva de fes ruines. Elle fut rebâtie un peu
plus bas dans une plaine agréable Se fertile en bons vins où
clic eft aujourd'hui. * La Forêt de Bourgon, Géogr. Hift.
t. 2. p. 474.
Tom. IV. T t ij
MOD
332.
La ville de Modéne ert ovale ou peu s'en faut ;fes
fortifications font en affez mauvais état. Les tues , les
maifons & les places publiques n'en font pas belles :il y
a des portiques comme à Boulogne. Il n'y a presque
point de commerce , quoiqu'elle foit dans un pays gras
Se abondant. * Labat, Voyage d'Italie, tom. 2. pag.
243.
Il n'y a point d'églife fort rematquable : la cathé-
drale ert un vieux bâtiment , accompagne dune très-
haute tour carrée , au pied de laquelle , dans l'égli-
fe , eft ce fameux fceau qui a été le fujet de la guerre
entre les Bolonois Se les Modénois , qui le confervent
comme un trophée de leur viétoire, & ne manquent
pas de le montrer aux étrangers. Le corps de faim Gé-
minien répofe dans une belle Se grande chapelle, qui eft
fous le chœur. Elle eft toute pleine de vœux.
Le palais du prince eft allez beau. Les appartemens
font ornés de meubles très-riches. Il y a fur-tout un
cabinet de peintures , où l'on voit des morceaux auffi
finis Se en auiîï grand nombre que dans les premiers
cabinets de Rome. Il y a une galerie toute remplie des
ouvrages de Carache. 9
La citadelle eft forte , Se comme elle eft attachée à la
ville, elle la tient en btide.
Entre les hommes illuftres qui font fortis de Modé-
ne, on remarque Jacques Sadolet , né en 1478. 11 fut
fucceilîvement fécretaire du pape Léon X , évêque de
Carpentras , dans le comtat d'Avignon, nonce en Fran-
ce & cardinal. Il mourut à Rome en 1547. Louis de
Cartel vetro , Charles Sigonius Se Gabriel Fallopio étoient
auffi de Modéne.
2. MODENE ( Le duché de ) comprend , outre Mo-
déne Se Ces dépendances , le pays de Frignano , & une
partie du Carfagnano. Cet état , qui porte le nom de fa
capitale, fut érigé en duché l'an 14J 3 , en faveur de
Borfo d'Eft , dans la famille duquel il étoit plus de
deux cens ans auparavant. Voyez, l'article Ferrare.
* La Forêt de Bourgon , Geograph. Hift. tom. 2.
pag. 472.
MODENOIS ( Le ) , petit état d'Italie , dans lequel
eft enclavé le duché de la Mirandole , avec quelques au-
tres états. C'ert un très-beau pays , abondant en bleds
Se en vins. Cet état à le Mantouan au feptentrion ,
la Toscane au midi, le Bolonois à l'orient «Se le Par-
mefan à l'occidenr, Son étendue du nord au fud , eft
d'environ cinquante-fix milles, Se celle de l'eft à l'oueft
de près de cinquante milles.
La divifion eft en duchés
de Modéne , de là* Mirandole Se de Reggio.
Dans le Modénois propre , ou duché de Modéne,
font comprifes les places fuivantes,
MOD
Modéne ,
Baftia,
Final en Modénois,
Frignano ,
Seftola ,
Carfagnano,
* Adiflon y Voyage d'Italie , p. 176.
MODIACUS. Voyez. Magodia.
MODIANA , ville de l'Arabie heureufe. Ptolomée ,
/. 6. c. 7. la met fur le golfe Arabique , entre Onne Se
le mont Hippoi.
MODICA , ville de Sicile , dans le val de Noto , à
l'orient de Noto ,au nord de Sichili, Se au midi oriental
de Ragufa. Ceft l'ancienne Motyca. * Del'ljlc , Atlas.
MODIGLIANA , petite ville d'Italie , avec un châ-
teau, dans la Romagne Florentine, fur le torrent de
Marzano , aux frontières de l'état de l'Eglife , environ
à douze milles de Faença, & au midi de cette ville.""
Magin , Carte de la Romagne.
MODIN , bourg de la Paleftine, dans la tribu de
Dan, Se d'où étoient Matthathias Se fes fils {a) , Ci
connus fous le nom de Machabées. Ce lieu , célèbre
dans l'Ecriture fainte , ne devoit pas êtte loin de la
mer (b ) , puisque les mariniers pouvoient voir de leurs
vaiffeaux le maufolée qu'on érigea en l'honneur de
Matthathias (c). Eufebe dit que Modin n'éroit pas éloi-
gné de Diospolis , Se que de fon rems on y voyoit
encote les tombeaux des Machabées. Saint Jérôme,
fur le chapitre trentième d'Ifaïe, infinue que c'étoit
peu de chofe que ce lieu , puisqu'il le nommoit Am-
plement un petit village , VicuUu. Un voyageur mo-
derne (d) prétend que Modin étoit fitué entre Emaiis
Se Rama fur une montagne , où l'on ne voit plus
aujourd'hui qu'un monceau de pierres qui en marquent
les ruines, (a) I. Mach. 2. 1. ij. & 9. 19. {b ) D. Cal-
met ,Dict. (c) 1. Mach. 13. 3©. (d) Doiibdan, Voyage
de la Terre Sainte ,ch. j.
MODIRIS. Voyez. Zizerus.
MODOC/E , ancien peuple de la Sarmatie Afiati-
que , félon Ptolomée , 1. j. c. 9.
MODOETI A , ville des lnfubres , félon Paul Diacre ,
qui la met à douze milles de Milan. Léandcr dit qu'on
la nomme aujourd'hui Monz.a , Se Mar. Niger prétend
prouver par une ancienne infeription trouvée dans ce
lieu , qu'on appelloit autrefois cette même ville Mo~
gontïa ; mais Ortelius , Thefaur. croit qu'au lieu de
Mogonna , il faut lire Nlugunûacum , comme on lit
effectivement dans Gaud. Merula , qui rapporte cette
infeription telle qu'elle fe trouvait à Monza de fon tems.
* GatliaCijalpina.
MODOGAL1CA , peuples des Indes. Pline , /. 6. c.
19. dit qu'ils habitoient une ifîe du Gange , Se que cette
ifle étoit extrêmement grande.
MODOGULLA, ville de l'Inde en-deçà du Gange.
Ptolomée, /. 7. c. 1. la place entre Cailigerïh Se Petirgaia.
MODOMAST1CA .contrée de la Carmanie déferte,
félon Ptolomée, /. 6. c. 6.
MODON , ville de la Morée , dans le Belveder. Pline
la nomme Méthone , nom qui lui avoir été donné
en mémoire de Méthéna , fille d'Eoner j les Turcs l'ap-
pellent Mittum. Elle eft éloignée de Coron de dix milles j
de Napoli de Romanie , de cent vingt ; du cap de
Matapan , de foixante & douze milles. La nature Se
l'art ont également contribué à en faire une place forte.
Elle eft fituée fur un promontoire avancé dans la mer
de Sapienza, faifanr front aux côtes d'Ali ique, & au
pied eft un port sûr Se commode. * Curonelli, Defcription
de la Morée, p. 52.
En diftérens tems cette ville a été expofée aux in-
fuhes de divers peuples : ceux de Naples , par le moyen
de leurs intelligences avec la ville de Sparte , fe
rendirent maures autrefois de Modon, & y établirent
une colonie de Napolitains. Quelque tems après les
peuples de l'illyrie, ayant conçu le dellein d'étendre
leur domination, fe choifirent un roi , mirent fur pied
une nombreufe armée , Se firent irruption dans les
campagnes voifines. Lorsqu ils arrivèrent auprès de
Modon , ils firent favoir aux habitans qu'ils fouhaitoient
acheter des vivres. Ceux de Modon ne foupçonnant
aucune fupercherie , leur portèrent du pain , du vin Se
d'autres provifions. Alors les lllyriens, qui voyoientla
fortereiîè dégarnie de monde , s'emprefferent de fe fai-
fir de toutes les avenues Se de tous les portes : ils tuè-
rent un grand nombre des habitans qui étoient fortis ,
forcèrent ceux qui étoient dans la fortereffe , Se les
firent esclaves , biffant dans la ville de trirtes marques
de leur perfidie.
L'empereur Trajan , touché du malheur des habitans
de Modon qui avoient échapé à la fureur de leurs
ennemis , Se qui étoient retournés dans leur patrie ,
leur accorda des privilèges Se des franchifes , Se les
laiffa vivre dans une espèce de gouvernement arirtocra-
tique. Ils fe maintinrent dans cet état jusqu'au tems de
l'empereur Conftantin , qui quitta Rome pour Conrtan-
tinople; mais la ville de Modon, quoique devenue fu-
jette de cet empereur , conferva toujours les premières
immunités, Se garda la même forme de gouvernement ;
de forte qu'à l'hommage près , qu'elle rendoit à 1 empe-
reur , elle étoit plutôt fous fa protection, qu'entière-
ment affujettie.
En 1 124 , Modon fut attaquée Se prife par le doge
Domenico Michiele , dans le tems qu'il revenoit pour
la troifiéme fois de. la Terre Sainte, après avoir fait les
conquêtes de Tvr Se d'Ascalon dans la Syrie, de Rho-
des , de Scio , de Samos , de Lefbos & d'Andro dans l'Ar-
chipel ; Se enfin après avoir obligé les infidèles de lever
le fiége de Zaffa. Il ert vrai que l'année fuivante Modon
rentra fous la domination de l'empereur Grec : cepen- '
dant , lors de la divifion de ce même empire en 1 204 ,
MOD
MOE
elle retourna fous la puiffance de la République. Si
Léon Vétrane , fameux corfaire Génois , s'en empara ,
il ne la garda pas long-tems ; ayant été fait prifonnier,
il fut transféré à Coi fou, où il reçut de la main du
bourreau la récompenfe de tous les brigandages. La
mort du chef jetta l'épouvante dans tous ceux de fon
parti ■■, de manière que les capitaines Dandolo & Pro-
marino fe rendirent maîtres de la ville de Modon fans
beaucoup d'efforts.
Bajazet II forma le fiége de Modon , en 1498^
la tête d'une armée de cent cinquante mille hommes.
Il la ferroit de près , Se fon canon avoir fait une fi
grande brèche à la muraille du fauxbourg , que les ha-
bitans fe trouvèrent contraints de fe retirer dans la ville.
Ils y furent de nouveau preffés par l'ennemi , Se ils
étoient prêts à demander une capitulation , lorsqu'ils
virent paroîtte l'armée de la république de Venife , qui
leur apportoit du fecours. 11 y eut un combat très-vif
entre les Vénitiens & les Turcs. Le fuccès en auroit
été douteux , fi les premiers n'euffent eu l'avantage : une
felouque Se quatre galères chargées de toutes fortes
de munitions , ce qui devoir être le falut de la place,
furent fa perte. Ces fecours jetterentla joie dans le cœur
des affiégés ; ils s'y livrèrent entièrement Se négligèrent
leurs portes. Le Turc, profitant de leur négligence,
donna l'affaut Se entra dans la ville , qu'il remplit de
carnage.
Modon fut encore rendue aux Vénitiens par la va-
leur du généraliflâme Morofini , qui s'en rendit maître
en 1686 ; mais depuis elle eft retombée fous la puiffance
du Turc , à qui elle appartient encore aujourd'hui.
Cette ville eft épiscopale, Se fon évêché efi fous la
métropole de Parras.
MODONUS , fleuve de l'Hibernie. Ptolomée , /. 2.
c. 2. place l'embouchure de ce fleuve Modonus entre le
promontoire Sacré Se la ville Menapia. Au lieu de
MoJïeoç , un manuferit porte MsJsw. Il femble que
ce fleuve foit celui qui paffe à Dublin , Se qu'on nom-
me aujourd'hui la Liffe. * Orfc/iiThefaurus.
MODRENA , ville de Bithynie. On la nomme au-
jourd'hui Mudurni , à ce que dit Leunclavius, in
.Onomafi. Mttftdman. Voyez. Comopolis.
MODRIMEN. L'hiftoire miscellanée fait mention
de ce nom. Voyez. Comopolis.
MODRISCH ou Modrusch, en latin Tediaflrum.
C'étoit une ville confidérable de la Croatie (a) dans
le royaume de Hongrie, entre des montagnes dans les
tetres , au nord de Segna , Se au midi occidental de
Carlftadt. Elle a été entièrement ruinée par les Turcs
(.b) depuis plus d'un fiécle, enforte qu'il n'y relie plus
que quelques cabanes de bergers , avec une petite cha-
pelle dans fes ruines. Ce lieu eft fous la puiffance de
l'empereur , comme roi de Hongrie. L'évêché de Mo-
drisch , qui étoit fuffragant de l'archevêché de Spalatro ,
a été uni à celui de Zeng. {a) De I'JJle , Atlas. ( b )
Baud. Did. éd. 1705.
MODRON.lieu de Phrygie, où le fleuve Gaïlus
prenoit fa fource, félon Srrabon , /. 12. p. J43. Les
interprètes de ce géographe , au lieu de Modron , écri-
vent Modra.
MODUBE-, peuples de l'Inde. Pline , /. 6. c. 19. les
place au-delà du Gange.
MODUNDA, ville d'Ethiopie, fous l'Egypte, fin-
ie bord du Nil, félon Pline, /. 6. c. 30.
MODUNGA , ville de la Mauritanie Céfatienfe. Pto-
lomée,/. 4. c. 2. la place entre Ruftcibar Se l'embou-
chure du fleuve Serbetes,
MODUNUS. Voyez, Modonus.
ï . MODURA , en gtec Mo JVp* ou la ville des Dieux,
comme la nomme Ptolomée, /. 7. c. 1. qui la place
dans l'Inde , en-deça du Gange , chez les Caip'iré. Ca-
fialdus veut que cette ville s'appelle aujourd'hui Bis-
NAGAR.
2. MODURA, ville de l'Inde, en-deçà du Gange.
Ptolomée , lib. 7. c. 1 . la furnomme la Ville royale de
Pandion , Regia Pandionis : il la place dans les terres
chez les Pandioni, entre Tangala Se Acur. C'efi cette
ville qui eft appellée Mvvfytç ou Mvtypiç par Arrien , pe-
ripl. 21. p. 30. & 31. & Mopusa par Pline, lib. 6,
f. 23.
33?
MODUSA. Voyez, Modura
MODUTTI, ville de rifle deTaprobane : Ptolomée,
L 7. c. 4. la place fur la côte entre Anubingara Se
l'embouchure du fleuve Phajîs,
1. MODZYR, ou Mozyr, en latin Modziria ou
Modz,yrum , ville du grand duché de Lithuanie ( a) ,
fur la rive feptentrionale du Pripecz, entre Turow à
l'occident , Se Babica à l'orient ( b ). C'cft le chef-lieu
d'un tei titoire qui prend fon nom de cette ville. Mod-
zyr eft fituée dans un marais , de forte qu'on n'y peut
aller que par une chauffée, (a) De l'IJle , Atlas, (b)
Andr. Cellarius , Polonia: defer. p. 416.
2. MODZYR ( Le Territoire de ) eft extrême-
ment fertile Se biencultivé. On y éleveune grande quan-
tité de bétail ; Se la chaffe y eft très-abondante.
MŒCHINDIRA , ville de l'Ethiopie, fous l'Egyp-
te , félon Pline , /. 6. c. 29.
MŒDUM ORIENTIS, lieu de la Bithynie ; l'itiné-
raire d'Antoninle place fut la route de Conftantinople
à Antioche , entre Nuée Se Coty&htm , à feize milles de
la première, & à vingt-huit milles de la féconde. Les
manuferits varient beaucoup par rapport au nom de ce
lieu : les uns portent Mœdum Orientis , d'autres Médium
Orientis , d'autres Medum Orientis. Simler prétend qu'il
faut lire Médium. * Ortelii Thef.
MCEGILANI , peuples d'Italie , que Denys d'Hali-
carnaflè, /. 8. p. 509. met dans le Latium. Quelques in-
terprètes lifent Mugilani ; mais comme ce dernier nom
n'eft guère plus connu que le premier, Sylburge, not,
in Dionyf. Halic. doute fi au lieu de Moeyihtuvùç, il ne
faudroit point dire Oveihiuvèç ou bien çïvrrtkKivw.
MŒLCH , Medïkum , abbaye d'hommes , ordre de
faint Benoît , dans la Baffe Autriche , fur le Danube ,
entre Lintz& Vienne , à peu près à égale diftance , dans
l'étendue du diocèfe de PaiTau. C'eft une fameufe ab-
baye , immédiate au faint fiége. L'abbé , qui eft régulier ,
eft primat des abbés d'Autriche , Se préfident du clergé
des états de la Baffe Autriche.
MŒNENSIUM CASTRUM , on trouve ce nom
dans Golrzius , Thefaur. qui le rapporte d'après une an-
cienne infeription : Je ne fins , dit Ortelius , en quel en*
droit du monde étoit ce lieu.
MCENTINE, peuples de l'Illyrie, félon Appien ;
de Bell. Illyric. pag. 763. qui les met parmi les Ja-
podes.
MCENUS , fleuve de la Germanie , félon Pline, /. 9.
c. ij.Il eft appelle Mcenis par Pomponius Mêla, /. 3.
c. 3. Menus par Ammien Marcellin, /. 17. c. 1. & Mo-
gonum par Reginon, Se par les autres écrivains du
moyen âge. Ortelius foupçonne que ce pourroit être
le même fleuve que Velleïus Paterculus appelle/^/;.-?;
à moins qu'il ne faille lire dans cet ancien Lupia pour
Julia , comme quelques favans en font d'avis. Le fleuve
Mœnus conferve fon ancien nom 5 c'eft le Meyn , rivière
de Franconie. Voyez. Meyen.
MOEN. Voyez. Mone.
MOERDICK , hameau des Pays-Bas. C'eft le lieu où)
fe fait ordinairement le trajet par eau de Brabant en
Hollande , à une lieue & demie ou environ de Sas-
ftryen , en l'ifle de Beyerland. * Dit't. géogr. des Pays-
Bas.
MOERIS, lac d'Egypte, à l'occident du Nil. Le plus
grand & le plus admirable de tous les ouvrages des rois
d'Egypte , étoit le lac de Mœris: aufli Hérodote , /. 2.
c. 149. le met-il beaucoup au-deffus des Pyramides &
du Labyrinthe. Comme l'Egypte étoit plus ou moins
fertile , félon qu'elle étoit plus ou moins inondée par
le Nil, &que dans cette inondation, le trop & le trop)
peu étoient également funeftes; le roi Mœris , pour ob-
vier à ces deux inconvéniens , fît creufer le lac , qui
depuis a porté fon nom. Hérodote , Se après lui Dio-
dore de Sicile, /. 1. p. 47. dont Pline , /. ;. c. 9. ne
s'éloigne pas , donnent de circuit à ce lac trois milles
fix cens ftades , c'eft-à-dire, cent quatre-vingt lieues j
Se Boffuet , dans fon discours fur l'hiftoire univerfelle ,
avance ce fait comme inconteftable. On eft étonné , dit-
il , quand on lit que le lac de Mœris avoit de tour environ
cent quatre-vingt de nos lieues. Pour moi , dit Rollin ,
j'avoue que je ne trouve aucune vraifcmblance dans ce
fait , qu'Hérodote ne rapporte que fur la bonne foi des
MOE
3 34
gens du pays. Le lecteur intelligent fendra aflez les rai-
fons que je puis avoir d'en douter. J'ai donc cru de-
voir fuivre plutôt ce que j'ai trouvé dans quelques mé-^
moires modernes fur L'étendue de ce lac ; d'autant plus
que Pomponius Mêla , /. i. ne lui donne de circuit que
vingt mille pas, qui font dix de nos lieues : Mœrn ,
dit-il , aliqaando campus , nunc lacits , viginti millia
pajfuum in circuitu patens. Ce lac , félon Paul Lucas ,
avoit de tour environ trente ou quarante milles ,.c'efi-
à-dire , environ douze ou quinze de nos lienes, & de pro-
fondeur trois cens pieds. Deux pyramides , dont chacu-
ne portoit une ftatue coloflale , placée fur un trône ,
s'élevoient de trois cens pieds au milieu du lac, Se oc-
cupoient fous les eaux un pareil espace. Ainfi elles fai-
foient voir qu'on les avoit érigées avant que le cteux
eût été rempli ,, Se montroient qu'un lac de cette éten-
due avoit été fait de main d'homme , fous un fcul
prince.
Ce lac communiquoit au Nil par le moyen d'un grand
canal qui avoit plus de quinze ftades , ou quatre lieues
de longueur «^cinquante pieds de largeur. De grandes
éclufes ouvroient le canal & le lac , ou les fermoient ,
félon le befoin.
Pour les ouvrir ou les fermer, il en coutoit cinquante
talens , c'eft-à-dire , près de 400000 mille livres de no-
rre monoye. La pêche de ce lac valoir au prince des
fournies immenfes : mais fa grande utilité étoit par rap-
port au débordement du Nil. Quand il étoit trop grand
6e qu'il y avoit à craindre qu'il n'eût des fuites fune-
ftes , on ouvroit les éclufes , & les eaux ayant leur re-
traite dans ce Jac , ne féjournoient fur les terres qu'au-
tant qu'il falloit pour les engraifler. Au contraire , quand
l'inondation étoit trop baffe Se menaçoit de ftérilité ,
on droit de ce même lac , par des coupures Se des fai-
gnées , une quantité d'eau fumfante pour arrofer les ter-
res : par ce moyen les inégalités du Nil éroient corri-
gées ; Se Strabon remarque que de fon tems , fous Pé-
trone , gouverneur d'Egypte, lorsque le débordement
du Nil montoit à douze coudées , la fertilité étoit gran-
de y Se lors même qu'il n'alloit qu'a huit, la famine ne
fe laifîbit point fentir dans le pays : fans doute parce
que les eaux du lac fuppléoient à celle de l'inondation,
par le moyen des coupures Se des canaux. Voyez. Ache-
jvusej.* Rollin , Hifi. anc. des Egyptiens, t. 1. p. 22.
MOERKERCKE , village dans l'ifle de Beyerland. *
Jiicl. géo^r. des Pays-Bas.
MOERMONT , fort des Pays Bas , dans le Brabant
Hollandois, auprès de Berg-op-fom, fur le chemin de
de Steenberge. * Ditl.gcogr. des Pays-Bas.
MOERSCHANS , forterefle de la Flandre Hollan-
doife, entre la ville de Hulft vers le midi occidental &
Santberge, vers le nord oriental : on l'appelle auifi le
fort de Moer , autrement le fort de Moure. * De l'ifle ,
Atlas.
MCESIE ( a ) , contrée de l'Europe , à l'orient de là
Pannonie, en commençant auprès de Tûuritnum, félon
la defeription que Ptolomée en donne ; quoique des
écrivains pofîérieurs ayent étendu plus loin les bornes
delà Pannonie. Presque tous les manuferits latins écri-
vent Mxfîa, au lieu que la plupart des Grecs écrivent
javo-U, Myfîa ; ce qui eft aufli le nom d'une contrée en
Afie ( b ) : c'efl: pour cela que Dion Caflîus , pour ne pas
confondre ces deux provinces , ajoute au nom Myfîa
le furnom E'upww» , turopea , pour défigner la Mœsie.
On trouve rarement que les Latins fe fervent du mot My~
fia , en parlant de la Mœfie. Dans une infeription rap-
portée par Gruter , p. 446. »°. 9. on lit Leg. Leg. VII.
CL. in Mys. Inferior. & dans une autre, p. j 11. »°.
7. on trouve Nat. Mysia Superiori. Le codeThéo-
dofien fournit auffi deux exemples de cette espèce ; dans
l'un , leg. un. de Lufor. Danubii , il y a in Myfiaco li-
mite; & dans l'autre, leg. 3. de militum vefte, on lit
Scytbia & Mitfia. Enfin Ovide, /. 4. Pont. ep. 9. v. 77.
dans le vers fuivanr dit Myfas pour Mœfas:
Hic tenuit Myfas gentes in pace fideli.
(a) Cellarius, Geogr. ant. I. 2. c. 8. {b ) Ibid. 1. 49.
pag. 413.
Par-tout ailleurs les auteurs latins difent Mœfïa , en
parlant de la Mœfie en Europe, Se Myfia , quand il
cft queltion de la Myfie Alladque. Les peuples de cette
MOE
contrée font appelles M<esi par Tacite, /. ij. c, g.
& par Eutrope, /. 5. c. 4. les Grecs les nomment Mo-
o-ci, comme on le voit entre autres dans Hérodien , /. 2,
c. 10. De Mjqefi les Latins ont fait Mœfie us Se Mœfia-
eus. Pline, /. 4. c. 1. dit Mœfiacm gentes ; Tacite, /. 3.
hijt. c. 2. Mœfiiicœ exercitus , Se un peu plus bas Ala Mœ-
fic 1 : cependant dans le code Théodofien, leg. un. de
luJor.Danub. on lit Limes Myfiacus , à la manière des
Grecs.
Pline, /. 3. c. 26. nous donne la longueur de la Mœfie
avec fes bornes , & il nomme les peuples Se les fleuves
qu'elle contenoit : La province appellée Mœfie , dit-il ,
touche à la Pannonie , Se s'étend jusqu'au Pont-Euxin,
avec le Danube. Elle commence, ajoute t-il , au con-
fluent de la Save ; Se comprend les peuples appelles Dar-
dani , Ceiegeri , Tribalii , Timachi , Mccfi Thraces , Se
les Scythes limitrophes du Pont-Euxin. Les principaux
fleuves font , chez les Dardant , le Margis , le Pin-
gus , leTimachus ,1'Oefens qui fort du mont Rhodope,
l'Ut its , ï'Escamus , & le Jeterus qui forrent du mont
H&mus. Ainfi les frontières de la Mœfie prenoient depuis
le confluent du Danube Se de la Save, où étoit la ville
de Taurunum , jusqu'à l'embouchure du Danube dans
le Pont-Euxin, de façon que le Danube étoit au nord;
les montagnes de Dalmatie faifoient la borne au midi,
de même qu'une grande partie du mont Htmiis qui fé-
paroit cette contrée de la Macédoine Se de la Thrace.
Ptolomée , qii difiingue la Mœfie en Mœfie Supérieure
Se en Mœfie Inférieure , diffère de Pline en ce qu'il étend
entr'autres les bornes de la Bafie-Mœfie ou Mœfie In-
férieure , jusqu'à l'embouchure du Boryfihène. Dans la
defeription qu'il donne de cette contrée, il y met les
places fuivantes.
Dans la Haute-Mœsie :
Auprès du Danube ,'
Dans les terres ,
Dans la Dardanie ,
Singidunum ,
Tricomiumy
I Viminatium Legiot
Tanatis ,
' Eteta y
Dorticum ,
Khœtiaria Myforum,
Orrea,
Timacum ,
Vendcnis ,
Vellanis ,
Neffitm ,
Arrhibantïum ,
Ulpianum >
Scupi y
Dans la Basse-Mœsie:
A l'orient, le long'
de la côte du Pont
Euxin , depuis les<
bouches du Danube
jusqu'à la Thrace,
Le long du Da-
nube,
Pterum Promontoriumi
Ifiropolis,
Tomi ,
Gallatis y
Dionyfpolis ,
Tririfiris promontoria ;
Odejfus ,
Panyfi fluminis oftia ,
Mefcmbria.
Regianum ,
Oescus Triballorum i
Diacttm ,
1 Nova ,
YPriman'wm ,
Yf'mftû Cvitas ,
\Durofiorum Legio ,'
*ïromarisca ,
\Sucidava ,
\Axium Civitas ,
..irjum ,
YTrismis ,
Dinogetia,
Nmodunum ,'
'Sitiotenta,
MOE
MOG
En-deçà du Da-
nube,
Depuis l'embou-
.çhuredu Boxyfthène
jusqu'à celle du Da-
nube, le long de la
çôtedu Pont-Euxin ,
Le long du fleuve
£ Dausdana,
i. Tiùisca.
' Axiaciflummis Ojlia ,
Physcu Civitas ,
Tyrœfluminis Ofiia >
Hermonailus Villa »
Arpis Civitas.
Hierafus ,
;Zargidava ,
Tamafïdava ,
[^ Piroboridava.
Niconium ,
En-deçàdu fleuve ï 0phiufa t
Hierafus,
Ifles fur la côte du
Pont-Euxin.
{
Tyras Civitas.
{Infula ditla Boryfihenis ,
Acbillis Infula alba.
MCESIE ( La haute ) , eft appcllée Zirfi par Leun-
clavius ; Servie , par Lazius ; Bosne par Cufpianus ; Mol-
daine pan Taurinus Olmutienfis ; Walachie , par Sabel-
Jicus \ Se Hongrie , par Tzetzes , Cbiliad. 2. * Ortelii
Thefaur.
MCESIE (La basse ) a été quelquefois nommée
Flaccia , à ce que dit Sabellicns : Pomponius Sabinus
î'appelle le Grenier de Cerès ; Taurinus croit qu'on doit
la nommer Walachie , aufli bien que la haute Mœfie ;
& divers auteurs lui donnent le nom de Bulgarie. Dans
Jornandès elle a celui de Scytbie Mineure ; dans Zofime ,
celui de Scytbie de Thrace. Ovide , de Trift. en plufieurs
endroits l'appelle Amplement Scytbie , nom fous lequel
Arrien , Peripl. ï. la connoît pareillement. Orrelius ,
Thefaur. geogr. I. i.v. 102. croit que c'eft de cette con-
trée, dont Plutarque entend parler fous le nom de Scytbia
Œontica , Se que ce font fes habitans qu'il appelle Scy-
thogermani,ou KiXlo<rx<jQxi. D'autres l'ont nomméePont ica
tnaritima ; Se Ovide , Ptolomée , auiTi bien qu'Etienne
le géographe , donnent le nom de Pontus à la partie
de cette contrée , qui eft le long du Pont-Euxin. * Ortelii
Thefaur.
i. MCESIE , ville de Phrigie , au voifinage de Troie ,
(elon Scrvius , fur ce vers de Virgile :
.... Nulle tan thm fe Mafia cultii
Jalht.
Etienne le géographe nomme cette ville Myfîa , Se
il y a apparence que c'eft ainfi qu'il faut lire. * Ortelii
Thefaur.
MCËSIUM , ville de l'Etrurie , félonies origines attri-
buées à Caton. C'etl du nom de cette ville qu'avoit
été formé celui de Sylva Mœfta. Voyez. M<esia.
MOESKIRCK, ville d'Allemagne , au cercle dcSuabe,
dans le Hegow fur la rivière d'Abkch , au fud-oueft de
la ville de Mengen. Cette ville eft petite , mais allez
jolie. C'eft le chef-lieu d'une baronnic qui a pris fon
nom de cette ville. Les barons de Moeskirck font une
branche des comtes de Furftcmberg , qui a été faite
par Wratifi.is , fils aîné de Chriftophe II Se de Doro-
thée de Stenberg. * De l'IJle , Atlas.
MCESUS , Mesus Se Nyfcsus -, car on trouve ces trois
noms dans Valerius Flaccus , /. 6. pour défigner le même
peuple qui habitoit la Scvthie Pontique. Comme ce
peuple tiroit fon nom de celui de la Mœfie Euro-
péenne , il y a apparence que M(ESus eft la vérita-
ble orthographe. * Ortel. Thef.
ï. MŒURS comté enclavé dans l'éledrorat de
Cologne. Le Rhin le fépare du comté de la Marck. On
lui donne 14 lieues de tour. Ce comté a appartenu à la
maifon de Nafiau-Orange , le roi de Prufie en a hérité ,
& c'eft en fa faveur que l'empereur Joseph la érigé en
principauté.
2. MCEURS, capitale du comté de même nom, eft à la
gauche du Rhin. Ellecft force, & défendue par unebonne
citadelle. Elle a depuis peu rang de ville impériale au
banc de l'empire.
MOFFET , petite ville de l'Ecoflc méridionale , dans
33X
la province d'Annandale , vers le nord. Elle eft rcmar-
quable par ces eaux médicinales. * Etat prefentdela.
grande Bretagne, t. 2. p. 232.
MOFILA , peuple de l'Amérique feptentrionale dans
la Louifiane , au bord de la rivière de faine Jean , vers les
fources , à vingt ou vingt-cinq lieues dans les terres , au
nord du golfe du Mexique. Ce peuple n'eft pas confi-
dérable.
MOGADOR , ifle & château d'Afrique , au royaume
de Maroc en terre ferme , à cinq milles de l'Océan , près
du cap d'Ozem On tient que c'eft l'ifle d'Erythrée
des anciens. Les rois de Maroc Tiennent dans le château
une garni fon de deux cens hommes ■, pour la garde des
mines d'or & d'argent, qui fontfituées dans la montagne
voifine. Dapper, Defcript.du royaume de Maroc ,p. 13 3,
MOGAMl , province du Japon , dans la grande ifla
Nipos , Se dans le royaume de Devra.
MOGARON , ville de la Galatie. L'itinéraire d'An-
tonin la met fut la route de Tavia à Sebafte , entre
Tavia Se Daranon , à trente milles de la première Se à
24 milles de la féconde. Simler prétend que cette ville
eft appellée Mochora dans la notice des dignités de
l'empire.
MOGETIANA ou Mogentiana .ville de laPanno-
nie inférieure. L'itinéraire d'Antonin la met fur la
route de Sirmium à Trêves , entre Valcum Se Sabaria ,
à trente milles de la première de ces places , Se à
trente-fix milles de la féconde. Simler lit aufîi Mage'
tiana. Lazius croit que c'eft la même ville qui eft
nommée Magniana dans Ptolomée , Se Magia dans
Etienne le géographe : il conjecture de plus que cette
ville s'appelle aujourd'hui Zika. * Ortelii Thefaur.
MOGGORESEA. Voyez, Magora.
MOGILNO , abbaye de Pologne , dans le diocèfo
de Gnesne. Elle eft de l'ordre de faim Benoît. Nicolas».
fon abbé , eut ordre l'an 1 3 1 9 du pape Jean XXII , d'ex-
communier conjointement avec l'archevêque de Gnesne
& l'evêque de Posnanie , tout l'ordre des chevalier»
Teutoniques, s'ils ne rendoient aux Polonois laPomé-
ranie , dont ils s'étoient faifis. * Dhtgojf p. 974.
MOGLAENAév Mogle , en grec mû? *sio< , peuple»
de Macédoine , félon Cédréne Se Curopalate. Voyez.
Moccle Se Notia.
MOGLINTENSIS CAMPUS , campagne de France ,
fur le Clin , à dix milles de l'bitiers , félon Surins dan»
la vie de Saint Rcmi. Ce même écrivain a remarque
qu'/£milius nommoit cette campagne V^gLidenfs. Gré-
goire de Tours écrit Vocladenfis ; Se Ma/Ton prétend
qu'elle retient le nom de Voglenfis.
MOGLITZ , petite rivière d'Allemagne , dans I*
haute Saxe où elle coule dans la Misnie , pane près de
Pirn Se fe joint à l'Elbe * Zeyler , Saxon. Topog.
MOGNENEINS , bourg de France, dans le comraf
Venaiflin , au diocèfe de Lyon , châtellenie de Toifley.
Ce lieu eft fitué près de la Saône, à une lieue, au midi d#
Toifley , Se il y a un château.
1. MOGOL ( Le ) -, ce nom eft le nom d'une horde
de Tartares connue fous le nom de Mogoi.s 5 Moguls »
Monguls Se Mongales. Timur-Bec,qui en étoit , avant
conquis la plus grande partie de l'Afie , Se fondé urt
grand empire dans l'Indouftan , fes fuccefieurs ont
affecté le nom de Mogols. Ainfi il faut diftinguer deux
pays trcs-difTércns, ausquels le nom de Mogol efteom-
mun. 11 y a le Mogoliflan , c'eft-à-dire le pays des Mo-
gols , Monguls ou Mongales dans la grande Tartarie ,
bien au nord du mont Imaus. Voyez, au mot Mongales.
Il y a outre cela l'empire du grand Mogol.ou de l'Indous-
ftan , où coulent le Gange & le Sinde qui eft 1 Indus des
anciens , Se c'eft de ce dernier pays que nous traitons
dans l'article qui fuir.
2. MOGOL (l'empire du ) , grand pays d'Afie , dans
les Indes , ausquclles il donne propremenr le nom. Il
eft borné au nord par l'Imaiis , longue chaîne de mon-
tagnes où font les fources du Sinde Se du Gange , Se
qui le fépare de la grande Tartarie. 11 a à l'orient des
pays très-peu connus des Européens & le royaume d'A-
racan , qui dépend de la couronne de Pégu. Au midi
le golfe du Gange , Se la presqu'ifle de Malabar Se de
Coromandel , datas laquelle il a conquis fous les der-
niers régnes les pays de Décan , de Golconde Se quel-
MOG
33*
ques autres. Il efè borné au couchant par la Perfe &
par les Agwans , qui occupent le pays de Candahar.
Timur-Bec, ou Tamerland fut le fondateur de l'em-
pire des Mogols dans l'Indouftan ,qui letil de tant d'états
conquis par ce fameux Tartarc , elt demeuré dans fa
famille. * Le Père Catrou , Hiftoire générale du Mo-
&o]'
Miracha fuccéda à fon père dans l'Iraque Per-
fienne , le Cabuleftan ôc les Indes. 11 établit le fiége de
fon empire à Herat ; il entretint la domination de
fon père dans l'Indouftan , & fut tué en 1 45 1 , après
un règne de quarante-fix ans. * Tbevenot , Voyage des
Indes , p. 10.
Il laifla le royaume à fon fils Abouchaïd , qui fut
chafle du thrône à caufe de fon oifiveté , mais qui re-
couvra la couronne Ôc répara fes fautes par des actions
de valeur. Extrême en tout, il livra fa vieillefle à des
guerres , qu'il ne devoir pas entreprendre : celle qu'il fit
contre Ufum-Caflan , fut tout-à la fois téméraire ÔC
malheureufe , ôc lui. conta la vie.
On croit queSec-Omor , ou Sceick -Omar , fon fils ,
<jui avoit eu pour héritage le Maouarennahar , autre-
ment la Tranfoxane , retint aux Indes tout le pouvoir
qu'y avoit en Abouchaïd. Il n'eut rien de l'impétuofité
tartare. On lui reprocha un peu trop d'oifiveté , &
elle paroiffoiten lui d'autant plus extraordinaire , qu'il
ctoit environné de princes belliqueux
Babor, fon fils, prit la réfolution de s'établir entière-
ment aux Indes. Il fe déguifa pour aller reconnoître Jes
mœurs des Indiens : il fit enfui te la conquête de l'In-
douftan ôc y établit des loix, qui lui acquirent la réputa-
tion d'un prince fage. Il mourut en 1530.
Il s'en fallut peu que le fultan Houmaioun , fon fils
ne perdit ce grand empire. Il fut détrôné par un
prince Patane ; mais quelque tems après il trouva moyen
de fe rétablir fur le thrône. Il mourut en 1552.
Akebar ou Ackbar , fucce fleur de Houmaioun , réunit
en fa perfonne toutes les bonnes qualités des princes
Àlogols , presque fans aucun mélange de ces défauts
qui nous les font regarder comme des Barbares. Il
ajouta divers états à. fon empire , fe fit auteur, d'une
nouvelle religion , par laquelle il vouloit ramener à une
feule créance fes fujets idolâtres , Mahométans ôc Chré-
tiens , en unifiant enfemble ce qui tenoit le plus à cœur ,
à ceux qui profeflbient c%s différentes religions. 11 s'em-
poifonna par une méprife,& mourut en 1605.
Selim , fon fils aîné , fe fit couronner fous le nom
de Dgihan-Ghir. Ce fut un prince indolent ; il mou-
rut à Bimber en 1627. Son petit-fils Bolaqui , ou Bullo-
qui , régna environ trois mois ; mais il fur étranglé par
ordre du fultan Chorrom , fils rebelle de Jean-Guir ,
qui prit le nom de Cha-dgiam en 1628. Comme le fang
8c la rébellion l'avoient mis fur le trône , il éprouva
de la part de des enfans ies mêmes maux qu'il avoit cau-
fés à fon perc : fon empire fut presque toujours en con-
fufion par leur jaloufie , ôc enfin il romba lui-même
entre les mains d'Aurengzeb , le troifiéme de fes quatre
fils ; ce fur un des plus puiflant monarque de l'Inde , il
fournit les royaumes de Vifapour , de Golke ôc de
Carnate. Son nom , qui fignifie Trône d'or , lui avoit été
donné par fon père, à l'occafiondu fuperbe trône que
ce prince avoit fait élever , ôc qui étoit eftimé plus de
vingt millions. Aurcngzeb' mourut âgé de 90 ans. Son
fils Schah-Alem lui fuccéda , ôc mourut à Page de <?8
ans. Après fa mort, fes quatre fils fe disputèrent le trô-
ne , ôc périrent dans la même année. Faronckh , fils
de l'un d'eux, monta fur le trône, fur depofé en 171 9.
Rafierdan lui fuccéda ôc fut tué trois mois après. Son
frère Baschid-Eddoulet lui fuccéda & mourut en 1725,
Mahomet-Schah , petit-fils de Schah-Alem , fut procla-
mé empereur. Ce fut fous fon règne que Thamas Cou-
likhan , autrement Nadir-Schah , pénétra dans l'Inde,
fournit ce pays , ôc après s'être contenté de la ceflïon
de^ quelques provinces, laifla Mohammed-Schah furie
trône , ôc s'en retourna en Perfe. * Hift. générale des
Hims , t. 1 . p. 1 00.
Aurcngzeb , pour affurer le trône dont il s'étoit em-
paré, fit mourir Data fon frère aine , contraignit le fé-
cond de fes frères à chercher un afile au royaume d'Ar-
raean , ôta la vie au dernier de fes frères , régna paifi-
MOG
blement à la place de fon père , ôc foutint par fon ha-
bileté un feeptre , dont il s'éioit emparé par adrefle.
Il eft confiant que l'empire du Mogol , qu'on appelle
communément les Indes ou l'Indoufian , eft d'unegrande
étendue. Il ne paroît pas qu'on l'ait mefuré mathémati-
quement ; mais à en juger par les journées qu'on met
à traverfer le pays , depuis la fronticie du royaume de
Golkonde , jufques par- de là Kasni , proche de Kanda-
har , qui elt la première ville de Perfe , on y trouvera
plus de cinq cens lieues. *Bernier , Voyage , t. 1. p. 271,
ôc fuiv.
11 y a des cantons fi fertiles , qu'ils le disputent à l'Egy-
pte. LeMogolelt affez peuplé : l'artifan,quoiqueparefleux
de fon naturel , ne laiflè pas par néceffité ou autre-
ment de s'appliquer aux manufacteures des tapis , bro-
cars , broderies. , toiles d'or ôc d'argent , ôc aux divers
ouvrages de foie ôc de coton , dont on fe fert dans le
pays , ou qu'on tranfporte ailleurs.
Le grand Mogol entretient toujours un nombre prodi-
gieux de troupes : ce qui le rend le fouverain le plus re-
doutable des Indes. On peut rapporter comme à trois
ordres toute la milice de ce grand empire. Le premier
eft cette armée que le Mogol entretienr toujours dans
fa capitale , ôc qui tous les jours monte la garde devant
fon palais. Le fécond , ces foldats qui font répandus
dans toutes les provinces de l'empire. Le troifiéme , ces
troupes auxiliaiiesd'Indiens que les rajas, vaflaux de l'em-
pereur , font obligés de fournir an Mogol. L'armée qui
campe tous les jours aux portes du palais , foit que la
cour foit à Dely ou à Agra, monte au moins à cinquan-
te mille hommes de cavaleiie ,fans compter cette pro-
digieufe multitude d'infanterie , dont les deux capitales
font pleines. Auffi lorsque l'empereur fort en campa-
gne ,lcs deux villes ne font plus que comme deux camps
qu'une grofle armée auroit abandonnés. Tout fuit la
cour ; ôc fi l'on en excepte le quartier des Banianes ,
c'elt-à-dire des gros négocians , le relie paroît dépeuplé.
Pour connoitre la multitude des foldats que le Mo-
gol entretient hors de fa cour , il fufht de faire atten-
tion à la quantité des royaumes qui compofent l'empire
du Mogol. Si l'on en croit les hiftoriens du pays , on
en compte jusqu'à cinquante quatre ■-, mais en iuivant
une diftribution moins détaillée ôc telle qu'on la fait
d'ordinaire en Europe , on réduit tant de royaume com-
pris dans l'enceinte du Mogol .environ à vingt ; car les
autres, à vrai dire ,ne font préfentement que de gran-
des provinces dépendantes de quelqu'un des royaumes
fuivans , ausquels je joindrai le nombre des troupes
qu'on y entretient. 11 faut feulement remarquer que dans
les troupes du Mogol les gens de pied , à rout compter,
y font toujours au double des gens de cavalerie , ainfi je
ne parlerai que de la cavalerie, on fuppléera l'Infanterie.
Royaumes qui compofent l'empire du Mogol , ôc le
nombre des troupes qui y font entrenues.
chevaux.
chevaux.
Dely ,
15000.
Lahor,
12000.
Agra,
15000.
Asmir ,
éoOO.
Guzuratte ,
IOOOO.
Bacar ,
4O30.
Mallua ,
7000.
Urecha ,
4OOO.
Patana ,
7000.
Cachemire
, 4OOO.
Barar ,
7009,
Decan ,
80OO.
Brampour ,
6000.
Nandé ,
600O.
Baglana ,
5000.
Bengale ,
40COO.
Ragemal ,
40CO.
Ugen ,
IJOOO.
Maltan,
é"ooo.
Vifapour,
• • • »
Cabul ,
6000.
Golconde,
2OO0.
Tara,
4000.
Lorsque la cour réfide à Dely ou à Agra , on peut
aflurer que l'empereur y entretient à fa folde , même en
rems de paix , près de deux cens mille hommes
Tandis que le fouverain conferve affez d'autoiité fur
les vicerois ôc affez d'empire fur les troupes pour les
rendre fidèles , nul fijulevement n'eil à craindre ; mais
lorsque les princes du fang Mogol fe révoltent , ils trou-
vent fouvent dans la milice du fouverain de quoi lui
faire la guerre.
Les troupes auxiliaires que les rajas , vaflaux de
l'empire ,
MOG
MOG
ÏVmpîrc } font obligés de fournir au Mogol , augmentent
encore fes forces : il eft vrai qu'on s'en fert fouvent dans
tes guerres , moins par néceffité que pargrandeur. C'e/t
Tin tribut qu'il cil toujours honorable d'exiger , & l'on
s'aiîiue de la fidélité des tributaires par leurs troupes
qu'on retient à fon fervice. On compte dans l'Indou-
ftan jusqu'à quatre-vingt-quatre decesprinces , qui con-
fervent encore une espèce de fouveraineté dans leur an-
cien pays : cependant on peut dire que la plupart d'en-
tr'eux n'eft diftinguée des omrhas à la cour du Mogcl ,
que par les mépris du prince Se par les mauvais trai-
temens des grands offi#icrs ; il eft vrai que les rajas ont
des terres en propre Se que leur poftérité hérite de leur
dépouille ; mais c'eft presque le feul avantage que la fou-
veraineté leur donne fur les omrhas Mahométans, qui
Tous font des gens de fortune , dont les enfans retour-
nent fouvent dans le néant , d'où le mérite ou la faveur
avoir tiré leurs pères. Quelques rajas idolâtres confer-
vent encore quelqu'ombre de grandeur , même en la
préfence du Mogol ; trois fur-tout , dont les états font
également peuplés , riches & inabordables , font leur
cour à l'empereur. Ce font les rajas de Sedussie , de
Rator Se de Chagué. Il n'y a point de fi petite bour-
gade qui n'ait au moins deux cavaliers Se quatre fantas-
fîns : ce font les espions de la cour ; ils font obligés de
rendre compte de tout ce qu'ils voient , & l'on envoie
•des ordres dans les provinces fuivant leurs déla-
tions.
Les éléphans de l'empereur font encore une des forces
de fon armée Se un ornement de fon palais : il en nourrit
jusqu'à cinq cens. Le Mogol leur donne à tous des noms
pleins de majelté & qui conviennent à ces grands ani-
maux , comme Dut Hingar, qui lignifie la terreur desar-
mec .Les harnois de ces éléphans font d'une magnificence
qui étonne ; celui que monte l'empereur a fur le dos un
trône tout éclatant d'or Se de pierres précieufes ; les
autres font couverts de plaques d'or Se d argent, de hous-
fes en broderie d or , de campanes Si. de franges d'or.
Il i'embie que le Mogol ait pris plailir d'épuifer la magni-
ficence à parer ces animaux ; auifi ce font fes carottes
& fes voitures les plus ordinaires. L'éléphant du trône
qu on appelle Oranggas , c'elt-à-dire le capitaine des
éléphans . a toujours un gros train à fa fuite Se grand
nombre d'officiers à fon fervice. Il ne marche jamais qu'il
ne foit précède de tymbales Se de trompettes , Se qu'on
ne porte devant lui des bannières; il a triple paye pour
fadépenfe. Lanourriture dechaqueéléphantett comptée
par jour fur le pied de vingt-cinq roupies , c'eft- à-dire
de trente deux a trente trois livres , monnoie de France.
On entretient encore dix valets pour avoir foin de cha-
que éléphant. Ces éléphans font également drefles pour
la chatte Se pour le combat : ils attaquent les lions » les
tigres , Se c'eft pat-là qu'ils s'accoutument au carnage.
Il n'y a point d'arfenaux dans le Mogol : chaque
conducteur de troupes eft obligé de fournir des armes
à fes foldars; autti voit-on dans les armées un mélange
de moufquets , d'arcs , d'épées , de cimeterres & de lan-
ces. Pour l'arfenal particulier de l'empereur , on peut
dire que rien n'eft plus magnifique,, Toutes fes armes y
cela ent de pierreries.
Pour Contenir une pareille dépenfe il faut de grands re-
venus; auifi ceux du Mogol font-ils immenfes. En voici
la lifte tiu:e des archives de l'empire; mais afin d'en avoir
■l'inrelligencedl faut fuppofer deuxchofes:premierement,
que tous les royaumes de l'empire k divifemen Sarcars t
ce qui veut dire provinces , Se que les Sarcars fe divi-
fent encore en Parganas , c'eft à- dire en gouvernemens
dans l'étendue d'une province ; ce font , à proprement
parler, des foufermes : fecondement , il faut fuppofer
que félon la manière de compter dans l'Indouftan un
carol vaut cent laqs , c'eft a dire dix millions , Se qu'un
laq vaut cent mille roupies ; enfin , que les roupies va-
lent à peu près trente fols , monnoie de France.
Le royaume de Dely a dans fon gouvernement huit
far car s Se deux cens vingt p^rg^w^j qui rendent un carol,
Vingt-cinq laqs & cinquante mille roupies.
Le royaume d'Agra compte dans fon enceinte quator-
ze farcars Se deux cens foixante Se huir parganas , qui
rendent à l'emperenr deuxcarols, vingt-deux laqs Se trois
mille cinq cens cinquante roupies,
537
Dans retendue du royaume de Lahor , on trouve cinq
farcars & trois cens quatorze parganas, qui tendent deux
carols , trente-trois laqs & cinq mille roupies.,
Dans le royaume d'Asmir fes farcars & fes parganas1
payent deux carols, dix -neuf laqs & deux roupies.
Le royaume de Guzuratte qui renferme neuf farcars
& dix-neuf parganas , donne deux earols , trente trois
laqs Se quatre-vingt-quinze mille roupies.
Le royaume de Mâlua , divifé en onze farcars &: en
deux cens cinquante petits parganas , ne rend qae qua-
tre vingt-dix-neuf laqs , fix mille deux cens cinquante
roupies.
On compte dans le royaume de Bear huit farcars Se
deux cens quarante cinq petits parganas, qui produifent
un carol, vingt Se un laqs & cinquante mille roupies.
Dans le royaume de Multan les quatorze farcars , par-
tagés en quatre vingt-feize paiganas, ne donnent que
cinquante laqs , Se vingt-cinq mille roupies.
Le royaume de Cabul, divife en trente-cinq parganas ,
ne rend que trente deux laqs& fept mille deux cens
cinquante roupies.
Le royaume de Tata paye foixante laqs Se deux mille
roupies.
Celui de Bacar paye feulement vingt-quatre laqs.
Quoique dans le royaume d'Urecha on compte onze
farcars Se un affez grand nombre d° parganas , on ne
paye que cinquante fept laqs Se fept mille cinq cens
roupies.
Les quarante-fix parganas du royaume de Cachemire
ne rendent que trentetinq laqs Se cinq mille roupies.
Le royaume d'IUavas avec fes dépendances , rend
foixante Se dix-fept laqs Se trente-huit mille roupies.
Le royaume de Decan , qu'on divife en huit farcars
Se en foixante Se dix neuf parganas paye un carol foixan-
te deux laqs , Se quatre mille fept cens cinquante roupies.
Au royaume de Barar on compte dix farcars Se cens
quatre-vingt-onze petits parganas , d'où l'empereur tire
un carol , cinquante-huit laqs Se fept mille cinq cens
roupies.
La grande province de Candis , qui peut être mife
fur le pied des royaumes , rend au Mogol Un carol*
onze laqs Se cinq mille roupies.
Le royaume de Baglana a quarante-trois parganas :
l'empereur en tire foixante & huit laqs , Se quatre-vingt-
cinq mille roupies.
On ne paye au royaume de Nandé que foixante Se
douze laqs.
Dans celui de Bengale on donne à l'empereur quatre
carols.
Le royaume d'Ugen rend deux carols.
Celui de Ragemahal un carol Se cinquante mille
roupies.
On exige du royaume de Vifapour Se d'une partie de
la province de Carnatte cinq carols.
Enfin , le royaume de Golconde Se une autte partie
de la Carnatte rendent auili cinq carols.
Le tout fupputé fait trois cens quatre-vingt-fept mil-
lions cent quatre-vingt-quatorze mille roupies. Ainfi à
prendre les roupies des Indes pour trente fols ou environ
de la monnoie de France , le domaine de l'empereur du
Mogol lui produit tous les ans cinq cens quatre-vingt
millions fept cens quatre-vingt-onze mille livres.
Outre ces revenus fixes , on exige tous les ans un tri-
but par tête de tous les Indiens idolâtres ; toutes les
matchandifes que les négocians idolâtres font tranfpor-
ter , payent aux douanes cinq pour cent de leurs valeur :
les Mahométans font exemts de ces fortes d'impôts.
Le blanchiffage de cette multitude infinie de toiles
qu'on travaille aux Indes eft encore la matière d'unnibur.
La mine de diamans rapporte à l'empereur une grotte
fomme ; outre qu'il exige les pins beaux Se les plus par-
faits , c'eft à dire tous ceux qui font au deflus de trois
huit. Les ports de mer , Se particulièrement ceux de
Sindi , de Barocha, de Suratte Se de Cambaye , font taxés
à de greffes fommes.L'empereur s'empare des héri'ages de
tous fesfujets Mahométans , qui font à fa folde. Tous les
meubles , tout l'argent Se tous les effets de celui qui
meurt lui appartiennent de dioit. Par -là les fem-
mes des gouverneurs de provinces Se des généraux d'ar-
mée font fouvent réduites à une penfion modique ; Se
Tom. IF, V u
MOG
33%
leurs enfans , s'ils font fans mérite , font réduits à la
mendicité. Les tributs des rajas font affez çonfidéra-
bles pour tenir place parmi les principaux revenus du
Mogol.
Tout ce cafuel de l'empire égale à peu près , ou furpas-
fe même les richclTes immcnfes que l'empereur perçoit
àes fculs fonds de terre de fon domaine.
Rien n'eft plus fnnple que la forme du gouvernement
que les Mogols ont établie aux Indes. L'empereur feul
eft l'ame de ce grand empire. Toute l'autorité en dans l'a
feule perfonne , & , ai. roprement parler il n'y a qu'un
feul maître dans l'Indouftan. Tout le refte doit être plu-
tôt regardé comme des esclaves que comme des iujets.
Les affaires d'état font toures a la cour entre les mains
tie trois ou quatre omrhas du premier ordre , qui les
règlent fous 1 autorité du fouverain. L'etn acîoulet a le
rang de premier miniftrede l'empereur. Ce n'eft pour-
tant affez fouvent qu'un titre fans emploi , Se une dignité
fans fondions. Quelquefois on choifît pour etmadou-
let un homme fans expérience, & qui n'a de fa charge que
les appointemens.Tantôt c'eft un prince du fang Mogol ,
dont la vie a été affez paifible , pour qu'on le laific vivre
jusqu'à la vieilleffe ; tantôt c'eft le père d'une itine favo-
rite. Alors tout le poids du gouverment retombe fur
les deux fécretaires d'état. L'un rafiemble les trefors de
l'empire , &c l'autre les diftribue Lm troifiéme officier des
finances, mais -d'une moindre confidérauon , elt chargé
de recueillir les héritages de tous ceux qui meurent au
fervice du prince. C'eft une commiffion lucrative , mais
Odieufe.
Le commandement des armées , lorsque l'empereur
lui-même n'eit pas à la tête de les troupes , elt fouvent
confié à unpiince du fang. Ln l'abfence d'un fultan de
la famille impériale , deux généraux fom choitîs par le
fouverain, un du nombre des omrhas Mahométans,
l'autre parmi les rajas Indiens. Les troupes de l'empire
font commandées par l'omrha , & les rageputes auxi-
liaires n'obéiflent qu'a un raja de leur nation.
Rien n'eft plus uniforme que l'exercice de la juftice
dans les états du Mogol. Les vicerois , les gouverneurs
des provinces, les chefs des villes & des fimples bour-
gades , font précifément au lieu de leur département,
fous la dépendance de l'empereur , ce que le Mogol
fait dans Agra ce dans Deli. Eux feuls rendent la ju-
ftice , & décident fur les biens ck fur la vie des fujets.
Après tout , rien ne fe décide à leurs tribunaux que ce
qu'il a plû aux parties d'y porter. Tous ont droit de
recourir immédiatement , ou à l'empereur lui-même dans
le lieu où il téfide , ou aux vicerois dans la capitale de
leur vice-royauté , ou aux gouverneurs dans le lieu de
leur féjour.
Ce royaume eft habité par des Tartares , des Maho-
métans & des Ghébres venus de Perfe , & par des na-
turels du pays qui ont une religion particulière , dont les
Brahmes font les prêtres. Leurs principaux dieux font,
Brahma , Vischn , Esvana ou Isouren , ou enfin Chi-
ven : outre ces grandes divinités , ils en admettent trois
cens trente millions d'inférieures , dont les unes font des
anges , & les autres de différens génies.
MOGOLA , ville aux environs de la Carie , félon Por-
phyrogenete. * Ortelii Thef.
MOGONTIA. Voyez. Modoetia.
MOGONUS. Voyez. Mof.nus.
MOGROW , village de la Haute Hongrie , dans l'ifle
du grand Schut , formée par le Danube. Ce lieu n'eft
remarquable que par la mort d'Albert II , qui y finit fes
jours l'an 1459.
MOGRUS , fleuve de la Colchide , félon Arrien ,
Feripl. 1. 7. Pline, /. 6. c. 4. écrit Nogrus ; maisOr-
telius Thefaur. croit que c'eft une faute de copifte. Le
père Hardouin en a jugé de la même manière. Il a cor-
rigé cet endroit.
MOGUER , ville d'Espagne, dans l'Andaloufie , fur
lative orientale du Tinto, environ aune lieue de l'em-
bouchure de cette rivière. Moguer reçut le titre de ci-
té en 1642 , du roi Philippe IV. * Délices d'Espagne ,
p. 446". De l'ifle , Atlas.
MOGUNTIA. Voyez Magontiacum.
MOGUNTIACUM.F^ft Modoetia.
MOHA1LA , ville delà Paleftine. Il en eft parlé dans
MOI
la notice des dignités de l'Embue, fecî. 21. où on lit*'
Equités fagittarii indigent Àiohailœ.
MOHASCAR , ville d'Afrique , au royaume de Tré-
mecen , dans la province de Béni-Arax. Ce n'eft pro-
prement qu'une bourgade , où il y a uns fortereffe que
les Turcs ont achevée , qu'Almanfor commença à bâtir,
parce qu'ordinairement il y réfidoir un gouverneur avec
de la cavalerie. Il y a quelques pièces d'aitillcne ôc
quantité de gens de guerre , fous un commandant que
le gouverneur d'Alger y envoie , pour tenir en bride
les Arabes qui errent par la campagne , ck qui ne font
jamais d'accord entr'eux. On y tient un grand maiché
tous les jeudis : les Arabes & les Beiebères y viennent
vendre leur bétail , leur bled , leur 01 ge , des îaifins fecs,
du miel, de la cite, de l'huile & aunes choies fem-
blaoies. Les marchands de Trémeccn y amènent des
draps , des toiles , des baiacans , ou tnanreaux ce pluies,
des mantes , des tapis , des telles à piquer , des budes,
deshainois de chevaux & plufieurs autres marchandifcs ,
dont toute la conuee \icnt fe pouvoir. * Marmot ,
Dcfc. du royaume de Trémeccn, 1 j. c. 14.
MOHATZ , bourgade de la Baffe Hongrie , dans le
comté de Baranrvar , au confluent de la Corafle dans le
Danube. Ce lieu eft fameux par deux grandes batailles
qui s'y font données, l'une en 15 16, entre Soliman
II & Louis , dernier roi de Hongrie , ce dans laquelle
ce roi fut tué avec vingt-deux mille Chrétiens. L'autre
bataille fut donnée en 1687 , entre le prince Charles-
Louis de Lorraine & l'armée Turque , commandée par
le grand vifir. Les Infidèles perdirent dix mille hommes
dans cette bataille , avec leur canon & leur bagage i
& il n'y eut que 5 ou 6 cens Chrétiens de tués.
Quelques-uns croient que c'eft l'ancienne Amma.'cia.
d'Antonin , & c'eft le fentiment le plus probable. * De-
l'JJle , Atlas.
MOHI, montagne de la Chine dans la province de
Queicheu , à l'orient de la fortereffe de licie. Cette
montagne eft fort escarpée. 11 n'y a qu'un feul chemin,
par où il ne peur paner qu'un cavalier à la fois. Ce
chemin, qui eft percé dans la montagne, eft très-long;
des deux côtés la montagne forme comme deux murail-
les d'une hauteur prodigieufe. * Atlas Sineafis,
MOHIANG , fortereffe de la Chine, dans la province
de Queicheu , au département de Quei;,ang, première
métropole de la province. Elle elt de onze degrés trente
minutes plus occidentale que Péking, fous les vingt-
cinq degrés vingt-fix minutes de latitude. * Atlas Si-
ntnfis.
MOHIL , baronnie d'Irlande , dans la province de
Connaught. C'eft une des cinq baronnies qui compo-
fent le comté de Letrim. * Etat présent de l'Irlande.
MOHILOW , ville du grand duché de Lithuanie (a}
dans le palatinat de Msciflaw , fur la rive occidentale
du Boryfthène, entre Otfa au nord, & Rohaczov/au
midi. Cette ville eft grande, bien bâtie & très - mar-
chande , vers le 54 degré de latitude. C'eft un entre-»
pôt pour les Moscovires (b), qui y apportent des pelle-
teries & d'autres marchandifes de leur pays. Les pères-
Jéfuites y ont un collège fondé par Alexandre Go-
fievrski , palatin de Smolensko. Le roi de Suéde rempor-
ta une grande victoire fur les Moscovites auprès de
cette ville, en 1707. (a) De l'ifle , Atlas, (b) Andu
Cellarius , Defcr. Poloniae , p. 43 1.
MOHINA , ville de l'Amérique méridionale au Pé-
rou , dans la province de los Charcas. C'eft une ville
ancienne, & où il y a eu autrefois de magnifiques bâ-
timens, dont il ne refte plus aujourd'hui que des mafures.
Pizarre en enleva quantité d or ôc d'argent , lorsqu'il
domta ces provinces. Proche de ce lieu, que Gariil-
laffo appelle Muyna, il y a des falines auprès desquelles
fe donna un combat entre Almagro & Pizarre. On y
vient de la ville de Cusco par le chemin royal que les
Indiens appellent Collasayo. Ce chemin eft pavé de gros-
fes pierres, & muré des deux côtés , à travers les fpa-1»
cieux marais de Mohina.
MOIEN MUNSTER. Voyez, Moyen-Munster.
MOIENVIC. Voyez, Moyen vie.
MOIGNAN, rivière de France, au comtat Ve-
naiffin , dans la châtellenie d'Amberieu.
MOINE (L'ifle du), ifle de France, en Bretagne,
MOI
MOK
fur là cote de l'évêcné de Treguier , ôc Cltie des fept
ifies , appdlécs par les anciens Siaciœ.
MOING , village de France , dans le Forêt , élection
de Mombrifon , Se allez près de cette ville. Il y a dans
ce viilage deux fontaines minérales , appellées les Fon-
taines de Movng. L'ancienne elt un puits carré qui a
quatre ou cinq pieds de diamètre , Se un couvert fou-
tenu de quatre piliers. L'eau en eft abondante , Se ne
bouillonne presque point. La nouvelle , qui elt la plus
près de la ville , pouffe de gros bouillons. Cependant
elle e.t presque abandonnée ; parce qu on a remarqué
que plufieurs perfonnes fe trouvoient incommodées
après en avoir bu quelques jours. On s'en tient donc
à l'ancienne fource. L'eau en eft un peu aigrette, Se
ne tire de la noix de galle presque aucune teinture.
On l'ordonne pour rafraîchir Se pour defopiler : par
l'évaporation en en tire une réfidenec grisâtre ,
faline Se nitreufe. * Piganwl , Defcription de la France ,
t. 6. p. 220.
MOINGONA, rivière de l'Amérique feptentrionale
dans la Louifiane , venant du nord-eft. Elle prend fa
fource au midi du pays des Tintons , Se après un cours
de près de cent lieues, elle fe jette dans le Miffilfipi
à la bande de l'oueit , à quarante lieues au deffus de
l'embouchure du Milloun : dans fon cours elle arrofe
de belles campagnes 'Se de grandes prairies, où l'on
trouve une giai.de quantité de bœufs Se de vaches fau-
vages. Cette rivière coule pendant quelques tems parallè-
lement avec la rivière de Saint Pierre , qui fort auffi
du lac des Tintons ; enfuite elle tourne au fud-eft :
elle n'eft jamais fort large ; fa décharge dans le Miffis-
fipi eft vers les quarante degrés trente cinq minutes de
latitude nord. On prétend que cette rivière , qui porre
le nom d'une des tribus de la nation Ilinoife . a été la
première ftation de ces Sauvages dans la Nouvelle Fran-
ce , lorsqu'ils y vinrent des bords de la mer. On conjec-
ture que cette* mer eft celle du Sud.
MOIRAS , prieuré de l'ordre de Cluni, fitué fur
une élévation fort agréable , à une lieue d'Agen. Il n'y
avoit qu'un religieux avec le prieur , lorsqu'on y mie
la réforme, vers 1670 ou 1680. Maintenant, (écri-
voit le père Martcnne en 1708.) il y en a fept ou
huit , qui ont rebâti le monaftere avec une propreté
& une beauté qui fait plaifir à voir. * Voyage littéraire ,
I. tom. 2. partie.
MOIREAU DE CHAMBON , abbaye de France ,
dans le Poitou. Elle eft de l'ordre de Saint Benoit , Se
fon revenu monte à trois mille livres.
MOIREMONT, Miremont , Morimons , abbaye
•d'hommes, en France, de l'ordre de Saint Benoît, en
Champagne au diocèfe de Châlons fur Marne , à une
lieue Se demie de Sainte Menehoud au nord. Elle fut
fondée vers le neuvième fiécle par un comte , nommé
Nauterus, pour des chanoines. Comme dans la fuite
elle étoit tombée en ruines, elle fut rétablie vers l'an
1074 , par Odéric , prévôt de l'églife de Rheims , qui
y mil des religieux de l'ordre de faint Benoît. Elle elt
de la congrégation de faint Vanne. L'abbé en retire
fept mille livres , Se les religieux quatre mille.
MOISEVAUX. Voyez. Mas-Munster.
MOISNEY, en latin Maximuiiacum, lieu de France,
dans la Franche Comté. C'eft dans cet endroit que re-
pofe le corps de faint Lotein.
1. MOISSAC, Muiciacum , petite ville de France,
dans le Querci , diocèfe de Cahots fur le bord fep-
tentrional du Tarn , un peu au-deffus de l'endroit où
il s'embouche dans la Garonne. Cette ville deit fon
origine à une abbaye qui y fut fondée , ou plutôt ré-
tablie , dans le commencement de 1 onzième fiécle : car
on prétend qu'il y avoit eu au même lieu un célèbre
monaftere , fondé par le grand Clovis. Lorsque ce mo-
naftere eut été rétabli , on le mit fous la jurisdiction
de faint Hugues , abbé de Cluni , Se de fes fucceffeurs :
ce qui. a fubfifté jusqu'à la fécularifation qui en fut
faite l'an 16 1 8 par le pape Paul V. Les comtes de Tou-
loufe , bienfaiteurs Se protecteurs de cette abbaye,
avoient la feigneuric delà ville par moitié avec l'abbé ;
ce qui a été confirmé par plufieurs jugemens & trans-
actions entre les comtes de Touloufe Se les abbés de
Moiffac. L'abbaye eft à préfent un chapitre d'onze cha-
noines, fous l'invocation dé faint Pierre, Se dont le
chef prend toujours la qualité d'abbé. * Longiurue ,
Defcr. de la France , p. 181.
Outre l'églife de l'abbaye , il y avoit ci-devant trois
paroifies hors de Moiffac ; mais les habitans les abbati-*
rent eux-mêmes durant les premiers troubles ,' Se ceux
de Montauban brûlèrent le pont qui étoit dans le voifi-
nage , pour paffer du Querci dans le Languedoc. Autre-
fois le port de la Pointe étoit à Moiffac , Se on le
regardoit comme le plus beau qui fût depuis Gaillac Se
Touloufe, jusqu'à Bourdeaux ; mais la Garonne , en>
changeant fon cours , a changé l'affiette de ce port.
Cette ville a été*auttefois beaucoup plus grande qu'elle
n'eft préfentement ; ce que les reftes de fes murailles
font connoïtre. Les guerres l'ont tant de fois affligée,
qu'elle eft beaucoup déchue de ce qu'elle a été. Gaifer ,
roi d'Aquitaine, s'en empara, & les François s'en ren-
dirent les maîtres fous la conduite du roi Pépin. Les
comtes de Touloufe, qui favorifoient l'héréfie des Albi-
geois, laffiégerent en 121 2 , Se abbatirent deux 1110-
nafteres de religieufes Se quelques autres églifes, donc
il ne refte plus que des vertiges. L'année fuivante ,
Simon comte de Montfort , la reprit fur les Albigeois,
après y avoir caufé de grands dommages. Enfin , les
Anglois la firent brûler Se elle ne fut rébâtie que plu-
fieurs années aptes. * Du Chêne , Antiq. des villes de
France , p. 714.
De toute ancienneté les confuls Se chefs de l'hôtel
de ville de Moiflac ont connu des crimes des habitans ,
q oiqu'il y eût un juge ordinaire de la part du roi. De
Page de nos pères , dit André du Chêne , on y établie
une fenéchauffée , afin qu'elle pût plus facilement avoir
juftice, Se que fes habitans n'euffent plus la peine dal-
ler à Lauferte pour l'obtenir. Cette juftice eft refiée à
Lauferte.
La ville de Moiffac a de fort agréables vues , ayant
au feptentrion Se au couchant plufieurs coupeaux de
montagnes charges de vignobles ; à l'orient , die a une
vafte campagne couverte d'herbes Se d'arbres fort efti-
més pour la bonté de leurs fruits ; au midi , le Tarn
l'arrofe. Elle eft affez riche , Se l'on voit toutes fortes
de denrées dans les marchés , bleds , vins , fafran ,
huile , laine , buis , fel, poiffon , &c.
2. MOISSAC ou Saint Pierre de Moissac,"
bourg de France, dans l'Auvergne, diocèfe Se élection
de Clermont.
MOKAN , petite contrée de Perfe , vers la mer Cas-
pienne Ce n'eft qu'une bruyère , à laquelle on donne
foixante farsangues de long Se vingt de Lrge. Les Turcs
la nomment Mindunluk. , c'eft-à-dire mille cheminées,
ou mille trous par où la fumée fort. Les Perfes lui
donnent le nom de M o g a n ou Mokan. Cette
bruyère eft habitée par plufieurs peuples ou familles , donc
les prédéceffeurs , qui avoient porté les armes fous le
commandement de Jefîd , contre Hoffein , furent relea
gués dans ce défert ; Se l'on ne foufire point qu'ils
demeurent dans des villes , ni même dans des villages.
L'été ils campent au pied de la montagne , Se l'hiver
il logent fous des tentes dans la bruyère. Us s'entre-
tiennent de leur bétail, Se vivent fort pauvrement*
C'eft pour cela qu'on les appelle SumekcRajeti , ou ,
parce que d'os en os , c'eft-à-dire de perc en fils , il»
font fujets au roi , comme les plus miférables efcla-
ves , ou parce qu'on leur laiffe à peine de quoi fe cou-
vrir les os. Ce font comme des fauvaftes ; Se leurs prin*
cipales familles font connues fous les noms fuivans :
Chotze-Tfchau- Elmenku, Karaï,
bani , Hatzikafilu , Adenduschenlu;
Tekle, Sultan-Baschelu, Chaletz.
* Oleariiis , Voyage de Perfe , t. 2. 1. 6.
MOKHTAR , ville de l'iraqtie Babyloniene -, fur le
Tigre , à une journée de BalTora. * Manuscrits de la.
blibl. du Roi.
MOK1TO ou Mokiato , royaume de l'Inde , eft
vers le milieu de l'Inde : & fait partie du Tien-Tço ,
qui veut dire Milieu- de-t In de. La capitale du Mokito
s'appelloit Cha Po-Ho-Lo Tching , peut-être Jaëpour.s
Elle eft fuuée fur le bord du Gange. Le roi de ce pays.
Tem. IV V u ij
MOL
34°
avoir fournis en 621 , les quatre autres Tieu-Tço , celui
du midi , où eft le cap Comorin , celui du nord qui
confine aux montagnes de Kaschmire , celui de l'orient
, où eft la côte de Coromandcl , enfin celui d'occident
où eft le Malabar ,6c qui s'étend jusqu'aux limites de
la Perle. * Hiftotre générale des Huns, t. 1. pag. jj.
56.
MOL A, bourgade du royaume de Naples (a) dans
la terre de Labour , fur le golfe de Gae'te à l'embou-
chure d'une petite rivière , & à l'orient de Caftellone.
Ce bourg , fitué fur l'Appienne , eft défendu par une
grofTe rour qui le mer en fureté contre les descentes
des corfaires. 11 étoit connu des anciens fous le nom
de Formiœ ou Hormia. La beauté de les jardins le rend
fameux {b); & il eft furprenant qu'étant dans un lieu
ïi proche de la mer, il n'en reçoive point de domma-
ge. On y voit dans un jardin un tombeau que bien
des gens prennent pour celui de Cicéron. Ce fentiment
eft fondé (c) fur ce que Cicéron avoit , à ce qu'on
croit , une maifon de plaifance à Formie -, outre que ,
quand il fut affafliné par l'ordre des triumvirs, il alloit
dans ce lieu-là , où il fe faifoit porter en litière. Il n'y
a aucune infeription fur le tombeau ; mais on en trou-
ve beaucoup dans le bourg & aux environs : ce qui
perfuade que le bourg de Mola tient la place de l'an-
cienne Formie , ou du moins a peu près. Quelques milles
au-delà de Mola , en allant vers Sefie , on trouve fur
la voie Appienne un aqueduc qu'on dir avoir été fait
pour conduire les eaux dans Trajetro, ville qui pa~
roît près de ce lieu- là fur une montagne. On y voit
aufli les ruines d'une espèce d'amphithéâtre , dont la
figure paroit avoir été ovale. Ce q i en refte eft fi peu
de chofe, qu'on ne peut dire avec certitude fi c'étoit
une maifon, ou quelqu'autre bâtiment, {a) Magin ,
Carre de la terre de Labour (/) Leancter , Defcr. di
tutta Italia, p. 1 38. Corn. Di£t. (c) journal d'un voyage
de Fr met Oj d'Italie.
MOLaDA ou Molatha , ville de la Paleftine dans
la tribu de Siméon (a). Elle avoit d'abord été donnée
à la tribu de Juda ; mais en fui te elle fut céc^ée à celle
de Siméon. Dom Caimet , D:cl. penfeque c'eft la mê-
me que Malatha ou Malathts , marquée dans la
nonce de l'Empire , 6c encore la même que Macdoth ,
dont il eft parle danslelivre des Nombres , c. 33. 25.
Cette ville étoit dans la partie la plus méridionale de
Juda. Saint Jérôme lit Méloda (b). Voyez, au mot
Malatha. '('a) Jofué , 15.25. & 19. 2. (£) Ortclii
Thef.
MOLADUR , bois de France, dans la maîtrife de
Moulins. 11 eft de onze cens cinquante arpens.
i.MOLAIZE , MoLEGEouMoLEZE,en larin Molefta ,
monaftere de France dans la Bourgogne , au diocèfe de
Châlons-fur-Saone. Ceft une abbaye de filles de l'ordre
de Cîteaux , & de la filiation de Tard fous Cîteaux.
2. MOLAIZE. Voyez, Moleges.
MOLAL1A, Molaille, Moelie ou MuLALY,ifle
d'Afrique dans le canal de Mofambique (a), 6c l'une
des ifles de Comore. Elle eft fituée au midi de l'ifle
d'Anjouan , 6c à l'orient de celle de Mayote. On trouve
dans cette i/le une grande quanrité de vaches , de boucs
êc de moutons (b). Ces derniers ont de grandes & larges
queues. 11 y a anffi des lapins , des poules & d'autres
volailles ; pluficurs fortes de fruits , comme des oranges
douces 6c aigres , de grands & de petits citrons , des
noix de coco, des bananes, du miel, des feuilles de
bétel -, & félon Sanut , du gingembre , du fucre , du
riz, qui étant cuit eft d'une couleur violette. Les mai-
fons de cette ifle font bâties de pierre 6c de cimenr,
& font enduites de plâtre -, leur toit eft fott bas & cou-
vert de lattes , avec des feuilles par-deflus. (a) De
l'ifle , Atlas. ( b ) Dapper , Defcription de l'Afrique ,
p. 48*.
MOLARES, bourgade d'Espagne , dans l'Andaloufie ,
au midi oriental de Sévitle. On 1a prend communé-
ment pour l'ancienne Seripo de Pline. * Jaillot , Atlas.
MOLAR1A , nom d'un lieu dans l'ifle deSardaigne.
L'itinéraire d'Antonin le place fur la route de Tibulis
à Caraîis , entre Hafa 6c Ad Médias , à vingt-quatre
înillcs de la ptemiere, & à douze milles de la féconde.
MOLDAVIE , contrée de l'Europe, autrefois dépen-
MOL
dante du" royaume de Hongrie, aujourd'hui principauté'
tributaire du Turc. Celt proprement la Vaiaquie fu-
périeure, qui a pris du fleuve Molda le nom quelle
poire aujourd'hui. Celt encore la Lara Bigaonia des
Turcs , c'eft à-dire Noire Bogdiane , nom qui hieft
venu, ou du bled noir qu'elle produit, ou du titre
des princes de cette contrée qui fe qualifioient Bogdm.
Ce titre, qui lignifie don de Dieu , eft formé de Bog
ou Bogh , qui, en esclavon , veut dire Dieu, & de
Dan , qui fignifie préfent ou don Elle eft fituée entre
le 45 cleg. 10 min. & le 49 de latit. & s'étend depuis
le 43 10 min. jusqu'au 47 50 min. de longit.
De lllle , Atlas , borne la Moldavie par la Pologne •
au nord ; partie par l'Ukraine a l'orient le Nieller ou
Turla faUant la borne , & partie par le Bud^iac ; au
midi , il la borne par la Vaiaquie , ex. à l'occident par
la Tranfylvanie. Ce pays elt arrofé par le Piuth, par
le Molda 6c par le Bardalach. Ses principales villes fonc
JaiTi , capitale ,
Pontgratz ,
Occatz ,
Barlaw ,
Zucakw ,
Cattinan ,
Coczin ,
Soczi wa ,
Beil.ei w,
Taigorot.
La Moldavie a eu autrefois fes ducs ou piinces par-
ticuliers, dépendans ou tributaires des ici-, ae Hon*
grie . On les appelloit alors communément Myrtzas ,
ou Waïvodes. Myrtza' fignifie proprement fils du prin-
ce , & Waïvode général des troupes , homme du roi,
ou gouverneur dans une province. Quand les habitans
de Vaiaquie & de Moldavie fe furent foufhaits de
1 obeiilance des rois de Hongrie , ils prirenr des Grecs
le nom de Despotes , qui étoit la première dignité
après celle de l'empereur. On leur donna encore quel-
quefois le nom de Despotes , ou ceux de Hotpodars ,
ou de Palatins. Dans le tems que Sélim II fubjugua
la Valae]tiie, en 1 574 , la Moldavie dépendoit du Turc ,
par la refignation volontaire qu'un de fes princes en avoic
faite au fultan ; mais fous Amurat Se Mahomet III,
la Vaiaquie 6c la Moldavie s'affranchirent de la tyran-
nie, des Ottomans, parles fecours que leur donna Si-
gismond Battori , prince de Tranfylvar.ie. En 1612,
Thomas ou Tomfa , foluatde fortune , appuyé des Tar-
tares & des Turcs, s'empara de la Moldavie, & défie
en une bataille Conftaniin , fils de Jérémie Mohila ,
que les Polonois avoiem érablr Vaïvode. Patoce , beau-
frere de Conftantin , lui ayant mené du fecours , fut
fait prifonnier aufli bien que lui , 6c envoyé captif j Con-
ftantinople. Conftantin , qui fut pris par les Tai tares,
mourut inconnu dans une longue 6c dure captivité. Tho-
mas pofféda la principauté de Moldavie jusqu'en 1618,
par la protection des Turcs, qui l'en dépouillerenr alors
pour y établir Gratian. Cedernier, ayant voulu dé-
couvrir au roi de Pologne les deffeinsde Betlen Gabor,
prince de Tranfylvanie , contre les Chrétiens , éprouva
la vengeance des Infidèles. Quoique fou tenu par Zol-
kievi, général des Polonois, il fut tué pat les Molda-
ves dans un tumulte , qui s'éleva parmi les troupes en
162 1. Le général Polonois y périt aufli, ôc l'on en-
voya fa tête à Conftantinople. Les Turcs déclarèrent
enfuite la guerre aux Polonois ; mais leur défaite au-
près de Choczin les réduifit à faire la paix le 9 de
Novembre de l'année fuivante. Depuis ce tenis les Vaï-
vodes de Moldavie ont été dépendans des Turcs & leurs
tributaires.
Les Moldaves, aufli-bien que les Valaques , ayant
pris le parti des mécontens pendant les dernières guer-
res de Hongrie , fe reflentirent du revers de fortunt
que ceux-ci éprouvèrent. Les Cofaques fidèles , que
commandoit le général Kunifri, défirent leurs troupes
6c celles des Tarrares en 1684. Le hospodar Duca 3
prince de Moldavie , fut fait prifonnier avec fa fem-
me, & ne put obtenir fa liberté, malgré les offres qu'il
fit de payer cent mille écus pour fa rançon , & de fai-
re hommage de fa principauté au roi de Pologne ,
s'il vouloir le rétablir. 11 fut conduit à Léopold, où il
mourut l'année fuivante. Petrpzensco , ou Etienne Pier-
re , fut établi en fa place , 6c par la protection de la
Pologne, il s'y maintint , quoique 'es Turcs e. "■ "nt cn-
trepi is de l'en chaffer , pour donner fa dignité de Vai-
MOL
MOL
vode à Dimetre ou Démérrius. * Corn. Dict. hift. Se
Defcr. du royaume de Hongrie , 1. 4.
MOLDAW, ou Moldawa , rivière de la Turquie,
eu Europe, dans la Moldavie. Elle a fa fource à l'oc-
cident de Kornar ou Koiinara , lieu célèbre pour les vins
qui s'y fonr. Elfe fe rend à Soczovfa , à Vaflou ou
Vafiui, Se après avoir reçu la rivière de Barlat , g. Se
celle de MiiTovo ou Miglkovo, elle va fe perdre dans
le Danube, auprès de Brahilow. * Del'IJlç, Arias.
MOLEAH A , ville de la Paleftine , félon la notice des
dignités de l'Empire, où on lit ces mots: Cohors frima
Flavia Moleaha.
MOLEATES, nation alliée Se amie du peuple Ro-
main , félon Aulu-Gele, /. 1. c. 13. à moins qu'il n'y
ait faute dans cet endroit.
MOLEGENI, ancien peuple de laScythie, en-deçà
de l'Imaus , félon Ptolomée, l.6.c. 14.
MOLEGES , en latin Villa de Molegio , lieu de la
Provence , au diocèfe d'Arles , viguérie de Tarascon. Il
y avoit autrefois à Moleges une abbaye de filles de l'or-
dre de Cueaux. Elle fut unie en 143 j , à Sainte Croix
d'Apt.
MOLESME , en latin Molismus , bourgade de Fran-
ce, dans la Champagne, au diocèfe de Langrcs , dans
l'élection de Tonnerre , entre Mombar Se Mnny-l'Evc-
que. Cette ville doit fon origine à une abbaye célèbre ,
fondée par faint Robert , religieux de la Celle , de l'or-
dre de faim Benoît. Comme la folitude du défert de
Colan près de Tonnerre, éroit trop mal-faine , faint Ro-
bert en retira les hermites qui étoient fous fa conduite ,
Se les mena dans la forêt de Molesme, furies confins
de la Champagne Se de la Bourgogne , à trois lieues
de Chârillon-jur-Seine. Ils s'arrêtèrent auprès de la petite
riviciede Leigne , & le bâtirent de leurs propres mains
de petites loges vers l'an 1075. Quelques tems après,
on y conftruifit un monaftere régulier, où faint Ro-
bert établit la discipline Cénobitique. Saint Robert les
abandonna enfuite par deux fois , pour leur indocilité Se
• leurs révoltes, Se il ailajetter les fondemens de l'ordre
de Cîteaux en Bourgogne > dont il fut fait le premier
abbé en 1098 ; mais l'année fuivanre , il fur renvoyé à
Molesme par le pape Urbain II, & les religieux fe fou-
rnirent à fa réforme. Il y mourut l'an 1108. D'autres
Cependant rapportent l'origine de cette abbaye à Gé-
rard de Rouffillon , fameux par la guerre qu'il fou tint
contre le roi Charles le Chauve. * Baillet , Topogr.
des .Saints, jp. 3 17.
MOLFETTA , ville d'Italie , au royaume de Naples,
dans la terre de Bari , fur la côte du golfe de Venife ,
entre Bari à l'orient, Se Ttani à l'occident. Elle a un
ficge épiscopal fous la métropole de Bari , Se elle a
le titre de duché. Leander Se quelques autres l'appel-
lent Morfitta Se Morfetta. Ceft une principauté des
Gonzagues , fortis de don Fernand de Gonzague ,
général de l'empereur Charles V. * Magin , Carte de
la terre de Bari.
MOLGI1. Voyez. Troglodyte.
>* 1. MOLHEIM ou Muu-ieim , lieu franc en Alle-
magne au cercle de W^ftphahe fur le Rhin , un peu
au-deffons de Cologne. C'eft-là où étoit autrefois la
capitale des Ubiens , Se la mère > pour ainfi dire.de
la ville de Cologne , comme on le reconnoît aifemenc
aux anciennes ruines qu'on a découvertes Se qu'on dé-
couvre encore tous les jours en remuant la terre des
environs : c'eft-la que Jules-Céfar fit conftruire un pont
de bois fur le Rhin. Cette espèce de village eft une
dépendance du duché de Berg. Oeil pourquoi , lorsque
les ducs de Cléves, qui l'étoient aullï de Berg , man-
quèrent , les princes de Brandebourg Se de Ncubourg,
qui fe font portés pour héritiers de leurs domaines ,
ont voulu rebâtir Mulheim & en faire une ville forti-
fiée j mais Cologne s'oppofa à cette entreprife , &: por-
ta cette affaire au confeil impérial ; l'empereur Matthias
appuya cette oppofuion, fit prendre la nouvelle ville
en 1614, par le marquis de Spinola, Se permit à ceux
de Cologne d'en faire ruiner toutes les fortifications Se
les nouveaux édifices à leur gré ; ce qu'ils ne manquè-
rent pas de faire. Néanmoins lorsque la guerre fe fut
allumée plus forrement que jamais en Allemagne, on
recommença à bâtir Se à fortifier cet endroit ; mais
541
ces nouveaux ouvrages furent rafes en 1641. 1 eu de
tems après on s'en repentit , Se on les releva , lorsque
les François avec le duc de Saxc-Weimar entrèrent dans
ce pays. * Zeyler , Topogr. Weftphal.
2. MOLHEIM , petite ville d'Allemagne , dans la
Weftphalie , fur la rivicrede Mocn , au midi de Lipflat ,
entre Nienhus à l'occident , Se Beelick à l'orient. *
Jaillot, Atlas.
MOLIB/E , peuples de l'Ethiopie, fous l'Egypte. Pto-
lomée , /. 4. c. 8. les met au-deflbus des SobaridvE.
MOLICRIA , petite place de la Grèce , dans la Liva-
die, fur la côte de la mer Ionienne, auprès des Darda-
nelles de Lépante, Se en allant de Lépante à Pcscl.iera»
Cette place eft fur le golfe de Panas, environ à une
lieue du cap de Molicria , d'Antirio ou de S. André,
qui avec le cap de Rio , forme l'entrée du golfe de
Lépante. * Baudrand , Diction, édit. 1705.
MOL1CUNZENSIS ou Meiicbuzensis , fiége épis-
copal d'Afrique, dans la Mauritanie Sitifenfe ; la no-
tice des évéchés d'Afrique, n. 27. qualifie Romanus ,
episcopns Mvlicbuaenfis.
1. MOLIENS EN BEAUVAISIS , bourg de France ,
dans le Bcauvaifis , entre Sarcus à l'orient feptentrio-
nal, Se Fronteiies au midi occidental. * De Njle , Atlas,
2. MOLIENS LE VIDAME , bourg de France, dans
l'Amiénois , entre Amiens à louent, Se la forêt d'Ar-
guel à l'occident.
MOLIENSES. Suidas donne ce nom à un peuple
de Grèce -, mais Ortelius , Thejaur. doute fi au lieu de
Molienjes, il ne faudroit point dire Melitnfes. * In Vcrbo
KfAiÇblQvQVtÇ.
i. MOLIERES, bourgade de France, dans le bas
Languedoc , diocèfe Se recette d'Alais. On y compte
environ fixeens habitans.
2. MOLIERES , bourgade de France , dans le Quer-
ci, élection de Figeac. 11 y a environ quatre cens habitans.
3. MOLIERES, bourgade de France, dans le Quer-
ci , élection de Montauban. 11 peut avoir autour de qua-
tre cens habitans.
4. MOLIERES , bourgade de France , dans le Dau-
phiné , élection de Montehmart. *
1. MOLINA, ville d'Espagne , dans la nouvelle Cas-
tille , fur la petite rivière de Gallo, à trois lieues de»
frontières de l'Arragon , près de Caracofa , ou Carace-
na , en tirant au nord-eft. Cette ville eft fituée dans un
pays de pâturages , où l'on nourrit quantité de trou-
peaux , Se particulièrement des brebis qui portent une
laine fort précieufe. C'étoit autrefois une feigueuric
poffédée par des perfonnages du fang royal ; mais elle
a été unie à la couronne , Se Philippe IV ordonna
qu'à l'avenir elle en feroit inaliénable. * Délices d'Es-
pagne, p. 3J3-
2. MOLINA, petite ville d'Espagne, au royaume
de Grenade. Elle pafié pour être ancienne ; Se l'on pré-
tend qu'elle portoit autrefois le nom de Sael. * Déli-
ces d'Espagne , p. *j 2 3 .
3. MOLINA , ou Cabo de Molini , cap de la Sici-
le , fur la côte orientale du Val Déinone. Il fert à for-
mer du côté du nord le golfe de Sainte Tecle , Se du cô-
té du midi le golfe de Catane. * De l'IJle , Atlas.
MOLINDiE, peuples de l'Inde. Pline, /. 6. c. 19.
les place au-delà du Gange. Le père Hardouin foup-
çonne que ce pourroit être les Mops'cJ*/, que Ptolomée,
lib. 7. cap. 2. place pareillement au-delà du Gange.
MOL1NES , abbaye d'hommes , ordre de Cîteaux,
dans les Pays-Bas, au comté de Namur fur la droite,
& près de la Mcufe, une lieue au-defibus de Bouvi-
ncs. Elle fur d'abord fondée pour des filles au XIII îïécle.
MOLING, montagne de la Chine , dans la pro-
vince de Huquang , au voifmage de la ville de Ma-
ching. Cettemontagne eft toute couverte d'arbres. A Atlas
Sint nfi: ,
MOLINGAR , ou Mullengar , ville d'Irlande,
dans la province de Leinfter , au comté à'Oueft Mcath ,
à treize milles au-defius de Foore. Elle tient deux mar-
chés publics, Se envoie deux députés au parlement.
C'eft une ville forte & confidérable , la capitale du comi-
té. Elle eft à quarante milles presque à l'oueft de Du-
blin , Se à treize milles à l'eft de Balimore. * Etat pré-,
J'ent de la Grande Bretagne , r. 3 . p. 4J .
34*
MOL
MOL
MOLISCON , lieu fortifié , dont Curopalatc & Ce- bourgade de France , non dans le duché de Bourgo-
drène font mention. Ortelius, TbeJ. croit que ce lieu gne , comme dit Corneille, Dict. mais dans la Chatn
pouvoit être dans l'Illyrie.
i.MOLISE , petit bourg d'Italie, an royaume de Na-
zies , dans le comté auquel il a donné fon nom. Ce
bourg , qui eft très-médiocre, fe trouve à douze milles
vers l'orient d'Hernie. * La Foret de Bourgon. Gcogr.
hift. t. 2. p. ;j8.
a. MOLISE ( Lecomtï de) a presque une forme trian- & Molomienfe Monafterium, ancienne abbaye de Fran
gulaire, entre l'Abbruze Citérieure, la Capitanate Se ce, dans la Champagne, au diocèfe deLangres, dans
-ia rerre de Labour propre. Ce pays très-fertile en la petite ville ou bourgade de Molosrne. Elle étoit de
bleds, en vins Se en fafran , Se très-abondant en gi- l'ordre de faint Benoît, Se l'on a'-nbuoit fa fondation
•bier & en vers à foie, peut avoir dans fa plus grande à Clovis. Comme elle fut détruire d.ms les guerres des
longueur du nord au fud fud-oueft , environ trente- Anglois , Etienne de Nrcey, abbe de* Tonnerre, la
trois milles, Se quarante milles de l'eft à l'oueft. Ses transféra auprès de l'Ifle de Saint Mai tin, à une lieue
pagne , élection de Tonnerre , environ à deux lieues au
nord oriental de la ville de Tonnerre. 11 y avoit autre-
fois à Molhomme , qu'on nomme aufli Molhomme
en Fosse, ou Molome la Fosse , une abbaye très-
ancienne. Voyez, l'article fuivant. * De l'Ifle , Atlas.
2. MOLOME » en latin Molundenfe , Malugdcnfle
principaux lieux font
Ifernie ,
Boiano,
Molife ,
Trivento ,
Guardia Alferez ,
Larina.
MOL1SMUM , ville de la Gaule , au diocèfe de
Langres. C'eft aujourd'hui Moles-me. Voyez, Beccen-
•6ES.
MOLIUM. On trouve le mot uuUov dans la cte-
feription que Ptolomée, l..$. c. 8. donne de la Cili-
cie. Si ce n'eft pas une faute de copifte , ce mot eft
employé pour défigner le mont Amamts. Une chofe
•certaine, c'eft que rous les exemplaires latins portent
Amunus Mons , au lieu de Molnim
au-delTus de Tonnerre, fur la rivière d'Armançon. De-
puis ce rems , cette abbaye a pris le nom de Saint Mar-
tin. On y conferve les reliques de faint Valerius, ar-
chidiacre de Langres. Les annales eccléfiaftiques de
France du P. le Cointe, font mention de l'abbaye de
Molome en l'année 496.
MOLON. Pomponius Sabinus , in 6. JEnexdos, die
que , félon quelques-uns , Enée avoit été enterré dans
la ville de Berecynthe , auprès du fleuve Molon ; mais ,
fuivant Feftus, c'eft Nolon qu'il faut lire, & non pas
Molon. Voyez. Nolon.
MOLOPAGUES, peuples de l'Amérique méridio-
nale, au Bréfil. Ce font des Sauvages qui occupent
une contrée fpacieufe au-delà de la rivière Paraciva. Ils
MOLL , grand village des Pays Bas, fur la Nethe, fonc d'une grande taille , fe couvrent au milieu du corps
dans le Biabant Autrichien, & dans la Mayeried'He- & portent une barbe: ce que ne font pas la plupart de
Tentais. Ce village a de beaux privilèges. * Dict; gcogr. jeurs voifins. Leurs bourgades font munies de rem-
des Pays-Bas. parts qu'ils font de poutres entravées enfemble , avec
MOLLEN , ou Molna , petite ville d'Allemagne, des gazons derrière. Chaque famille a fa maifon fépa-
«u cercle de la Bafle-Saxe , fur le chemin de Lunebourg r<£e, & jis obéiiTent à un d'entre eux qu'ils nomment:
à Lubeck, éloignée de fix milles de la première, & de Moroshoua , Se qu'ils regardent comme leur roi, quoi*
quatre milles de la féconde. Elle a autrefois apparte- Qu'il n'ait aucune parure qui le diftingue des autres.
-nu aux princes de Saxe-Lawembourg , qui l'ont cédée a Tout* ce qu'il a de particulier , c'eft qu'il nourrit plus
la ville de Lubeck. Cette place doit avoir été forte , de femmes que fes fujets. Il fe trouve beaucoup d'or
puisqu'en 1 f 06 , les princes de Meklenbourg, le duc dans le pays; mais les Molopagues en font peu de
de Brunswick, Se le margrave de Brandebourg l'alfié- caSj & ne s'en fervent que pour meute à leurs li-
bèrent avec leurs forces réunies, pendant vingt- qua- gnes, quand ils pèchent dans la rivière de Para, qui
tre jours, & ne purent la prendre. En 1625, le gène- çn- diftante de celle de Paraciva de quatre-vingt lieues ,
rai Mansfeldt s'en rendit maître, mais ce fut par corn- & qui abonde en poiflbn. Ils ne tirent point cet or de
-pofition. On y voit encore le rombeau du fameux Eu- ja terre, en amalTcnt feulement les grains qui parois-
lenfpiegel , qui mourut en 13 50, après s'être rendu ce- fent en divers endroits après uhe forte pluie. Leurs
lèbi e par les tours de foupleiîe. * Zeyler , Top. infer, femmes font belles , ingénieu/es , Se vivent avec btau-
Saxon. coup de fagefle. Elles laiiTent croître leurs cheveux jus-*
MOLLENBECK, monaftere confidérable d'AHema- qu'aux cuifles, Se s'en fervent pour couvrir leur nudi-
'gne en Weftphalie, dans le comté de Scha-wenbourg , té: celles qui ont les cheveux courts, fe ceignent le
près de Rinteln. 11 a été fondé par Hilleburge , femme milieu du corps d'une petite peau qu'elles nomment
du comrc Urfon en 896, auquel tems vivoit Dragon, SauvayathviafoH. Leurs cheveux font ou blonds , on
cinquième évêque de Minden. * Zeyler, Topogr. Weft- châtains, ou roussâtres. Les Molopagues mangent pro
phal.
MOLLORTDO , petite rivière d'Espagne , au royau-
me de Léon : elle a fa fource à AlSea Seca , Se fe rend
dans k Duero , au-deffous dePaladinos de Toro. * Bau-
drand, Dict. édit. 1703.
MOLOCHATH , en grec MeAux«'â , fleuve de la
Mauritanie Tingitane, félon Ptolomée, /. 4. c. i.qui
place fon embouchure entre le promonroire Metago-
nites , Se l'embouchure du fleuve Malva. Caftald nom-
•me ce fleuve Necore'. Olivier, dans fon commentaire
fur Mêla, c. 5. edit. Tarif. lfS7* dir <Fe ,cs Arabes
l'appellent Mulelacha \ Se félon Niger, les Arabes lui
donnent le nom de Munz.emar. Pomponius Mêla , /. 1
prement, Se ont leurs heures réglées pour les repas ;
favoir à midi Se au foir. * Corn. Dict. De Laet, Defc. des
Indes occid. 1. 5 1. c. 4.
MOLORCH1A. Voyez. Molocria,
MOLORCHOS , forêt dans la Némée , contrée m
l'Elide. Vibius Sequefter , qui fait mention de cette fo-
ret, dit qu'elle tiroit fon nom de Molorchus, hôto
d'Hercule. Servius dans fon commentaire fur le troifié-
me livre des géorgiques, vers 19. où on lit incosqua
Molorchi , donne une explication qui jette quelque lu-
mière fur ce paffage de Vibius. Le bois de Molorchus ,
dit Servius , cft la forêt de Némée , dans laquelle or»
c célébroitdes jeux en l'honneur d'Archemorus; Se quant
5. & Pline,/, j.c 2. l'appellent Mulucha. C'écoit la bor- à Molorchus , c'étoit un berger qui exerça 1 hospitalité
ne du royaume de Bochus Se de celui des Maflkflyliens.
MOLOCRIA , ville de la Némée, contrée de l'Eli-
de , félon Etienne le géographe. Ortelius , Thef. foup-
çonne que ce pourroit être la même ville que Gyral-
dus appelle Molorchia. On lit MoMxpU Se Mo*w*p/* ,dans-
différens exemplaires d'Etienne le géographe. Voyez, Mo-
IORCHOS. -
MOLOEUNTEM , en grec MoXeVra, fleuve de Grè-
ce , dans l'Achaïe,'au voifinagede Citheron. C'eft Hé-
rodote , /. 8. qui en fait mention-, Se Ortelius, Tbtf.
croit que ce pourroit être le Moins de Plutarque.
MOLOGENI. Voyez. Scythe.
1. MOLOME , MOLOSME „ ou Molhomme ,
envers Hercule , lorsqu'il vint pour tuer le lion de Né-
mée. * De Nemor'xb. p. 117.
MOLOSIA. Voyez. Molossia Se Molossi.
1. MOLOSSI, peuples de l'Epire, félon Pline , /. 4.
c. I. Plutarque , in Qu&fiion. Grœris , fait entendre
qu'ils étoient voifins des Caljioy&i. Hcraclide , in poli-
tiis , Se Strabon . lib. 7. pag. }i6. les nomment Mo*,
lottt.
2. MOLOSSI , peuples de la ThefTalie , félon VicTro-
rinus le grammairien.
MOLOSSIA. Voyez. PassAron.
i. MOLOSSIS, contrée de l'Epire. Tite-Live , l.ty.
c. 16. dit qu'Anicius en fournit toutes les villes a la ré-
MOL
MOL
ferve de trois. Etienne le géographe nomme cette con-
trée Molofia , Se Euripide , in Andromache écrit Mo-
lojfia. On la nomme aujourd'hui Pandofia , à ce que
dit Pinet.
2. MOLOSS1S. Voyez. Passaron.
MOLOSSUS. Voyez. Molottus.
MOLOTT1. Voyez, Molossi, n°. i.
MOLOTTUS, fleuve de l'Arcadie , félon Paufa-
ïùas , /. 8. c . 36. ies interprètes lifent Molossus.
MOLPA, Melpes , rivière d'Italie, au royaume de
Naples , dans la Principauté citérieure. Elle a fa fource
au-deflus de Rofrano qu'elle baigne ; elle paffe enfuite
à Laurito,à Rocca-Gloriofa, à SanSeverino, Se vafe
Jetter dans la mer de Toscane à l'orient du cap Pali-
nuro. *Jaillot, Atlas.
MOLP1DIS PETRA. Lycophron parle de ce lieu.
Son commentateur Ifacius dit que c'eft le nom d'une
ville de l'Elide. * Ortelii Thef.
MOLSHE1M, anciennement Molleskeim , & en
latin Molshemium , ville de France, dans l'Alface , fur
la petite rivière de Btufch , à deux ou trois lieues de
Strafbourg , proche de Dachftein. Cette ville étoit de
l'ancien domaine de l'églife de Stralbourg ; elle étoit
regardée comme la principale place de l'évêque dans
le XII fiécle, de force que Philippe de Suabe, pourfe
venger de l'évêque Conrad , partifan d'Othonde Btuns-
wic,ion compétiteur à l'empire , alfiégca Se piit Mols-
heim qu'il biûla : Molles ht tm expugnando cremavit ,
comme on lit dans l'ancienne chronique de l'églife de
Straibourg. * Lo/igucrue , Defcuption de la France,
2. parc p. 254.
L évêque Jean, qui avoit été évêque d'Aichftar , Se
chancelier de l'empereur Albert , ayant été transféré
au fiége de Strafbourg, par le pape Clément V ,
augmenta l'enceinte de Molsheim , & y fit bâtir , dès
les fondemens , un château ôc un hôpital qu'il dota
l'an 1318. On voit fon tombeau dans l'églife de cet
hôpital. * l'iganioly Defcription de la France , tom. 7.
pag. 467.
Ce tut à Molsheim que fe retirèrent en i;6o,le
chapitre dcT'églu'e Cathédrale de Strafbourg, & des cha-
noines des collégiales de Saint^Pierre le Vieux & de
Saint Pierre le Jeune. Le chapitre de Strafbourg fit bâ-
tir l'éghie paroi/haie pour y faire le fervice divin , ôc
l'évêque Jean Mandrescheit y fonda une école ou aca-
démte pour les Jéfuites , afin de maintenir la reli-
gion Catholique Romaine contre les Proteftans , de fur-
tout contre l'univufité de Strafbourg, qui étoit alors flo-
îiiime. Ces chanoines retournèrent dans le dernier fic-
elé a Stralbourg.
Il y a à Molsheim une fort belle chartreufe , dont
Es religieux partagèrent presque toute la ville avec les
Jéfuites, enforte qu'il y a très- peu de bourgeois. Les
Impériaux brûlèrent Molsheim en 1677 ; mais elle a
été bien rétablie depuis.
MOLSUS , peuple de l'^Eolide : on trouve ce nom
dans le lexicon de Favorin.
MOLV1US. Voyez, au mot Pons Milvius.
MOLUQUES , ifles de la mer des Indes , firuées aux
environs de la ligne équinoxiale , & qui compofent le
premier des cinq Archipels des Indes. Le nom de cec
Archipel dans la langue du pays eft Moloc , qui fi-
gnifie la tête ou le chef, parce que l'Archipel des Mo-
luques eft en effet le principal Ôc comme le chef des
Archipels voifins. D'autres croient que le nom Mulu-
co vient de l'arabe , ôc veut due le royaume, comme fi
on nommoit ainfi cet Archipel par excellence. * Hi-
fioire de la conquête des Moluques , tom. 1 . pag. 1 6.
ôc fuiv.
Les ifles principales, qu'on appelle proprement Molu-
ques , font au nombre de cinq •> favoir ,
Ternate , Tidor, Machian, Motir & Bachian.
Leurs longitudes , toutes comprifes entre deux
méridiens , n'occupent guère que vingt-cinq lieues d'é-
tendue, & routes à la vue les unes des autres. Elles font
presque entièrement fous la ligne la plus feptentriona-
le , n'en étant qu'à un demi degré du côté du nord ,
ôc la plus méridionale à un degré du côté du fud. Vers
le couchant, elles font proches de l'ifle de Ln^io,
nommée par les Portugais Batochina de Moro.
Pluficurs autres ifles , fituées autour ôc près de ces
cinq, fonc auflî comprifes fous le nom de Moluques ,
comme nous difons les Canaries, les Terceres, lesOr-
cades. Avant qu'on en fit la conquête elles fe nom-
moient
Cape, Duco, Moutil , Mai a, ôc Scque.
Aujourd'hui toutes les Moluques en général obéiffent
à trois rois. Elles font féparées les unes des aiiirts par
quelque petit bras de mer, ou par quelques 1. rires
ifles défertes , mais plus encore par l'ancienne ànLrno»
fité deshabitans. L'abord en eft dangereux , à came ces
bancs de fables ôc des écueils , entre lesquels néan-
moins on trouve quelques rades où les ya^fieaujs peu-
vent ancrer. En général le terroir en eft fi ù c Se fi
fpongieux , que dans les plus fortes pluies , les nuiieaux
ôc les torrens qui tombent des montagnes ne parvien-
nent pas jusqu'à la mer. Jean de Barros dit qu'éranc
proches de la ligne équinoxiale , les arbres ôc les ar-
brilTeaux y font toujours couverts de feuilles ; les unes
naiffent à mefure que les autres tombent, ôc il en efk
de même des herbes. D'autres dil'enr que cette verdu-
re même les rend agréables à la vue , mais que 1 air n'y
eft pas fain , fur- tout pour les étrangers, qui y font
fujets à une grande incommodité qu'on nomme Ber-
ber, ôc qui elt commune dr.ns ce pays. Elle fait enfler
tout le corps, aifoiblit tous les membres. Les naquis
du pays ont trouvé un remède pour s'en garantir ou
pour s'en guérir : ils fe fervent de vin de» Philippi-
nes qu ils prennent avec du clou de girofle ôc du gin-
gembre, ou bien ils ufent d'une certaine herbe qui leur
eft connue.
Les Moluques font abondantes en diverfes foires
d'aromares ôc de fruits. Elles produifent des bananes
des noix de coco , des oranges , des limons , de l'alôés ,
du fantal , de la canelle , du macis , de la muscade ,
fur-tout une grande quantité de doux de girofle , eu rin
beaucoup d'autres plantes utiles : a la vente on n'a ni
bled ni riz , mais la nature Se l'induftne fuppléent à
ce défaut. On pile avec des pilons faits d'une espèce de
canne très-forte des morceaux de bois d'un arbre qui
reflèmble au palmier fauvage ; ôc quand ce bois eft b'en
fec, en le pilant ainfi, la moelle rend une espèce de farine
très-blanche. On la recueille dans de petites écuelJes
carrées , ôc l'on en fait des perits pains de ia nieme
figure que lesécuelles ôc à peu prèsfemblables aux pains
de favon d'Espagne : on nomme ces pains fagu ,ou lar-
dai-). Cette plante de fagu a environ vingt empans ou
quinze pieds de haut , ôc pouffe des branches qui a, pio-
chent de celles du palmier. Elle porte une espeee de
petic fruit rond qui rcffemble allez à celui du cyprès
ôc au-dedans duquel il y a de petits poils déliés qui cau-
fent de l'inflammation quand ils touchent à la chair , en
quelque endroit du corps que ce foit. Lorsqu'on cou-
pe les branches tendres de cette plante , il en fort une
liqueur qui fert de breuvage aux Indiens. Pour cet effet: ,
on met le bout de la branche qui tient à l'arbre dans
l'ouverture étroite de quelque vaiffeau , ôc dans l'efpaee
d'une nuit le vaiffeau fe trouve plein. La liqueur eft
blanche , & reffemble à du lait battu ôc plein d'écu-
me : on la nomme Tuac. Quand on la boit fra;c!ie ,
elle eft douce ôc engraiffe ; en lajfaifant bouillir, elle fer-
mente à peu près comme le grain germé dont on fait la
bière , ôc elle prend le goût du vin ou l'aigreur du vi-
naigre -, car on peut lui donner l'un & l'autre , félon
qu'on en a befoin. On tire auffi les mêmes avantages de
deux autres plantes , le ripa Se le coco ; outre cela le co-
co fournit de l'huile , & de fon bois on fait des planches
ôc des folives pour bâtir des maifons. On boit encore
d'une autre liqueur qui fe trouve dans le cfeux de cer-
tains rofeaux ou cannes qu'ils appellent Bambuzes ou
Bamboucs
Il n'y a dans les Moluques aucune mine d'or ni d'ar-
gent , ni d'aucun autre métal ; mais Lambuco . ifle
abondante en fer Se en acier n'eft pas éloignée. C'eft;
de-là que les habitans des Moluques rirent ces métaux
pour en faire des labres qu'ils nomment Campilanes Se
MOL
344
□ ai loin ^efans & tranchans , & de petites cpécs ou
poignards qu'on appelle Cnjfes. Outre cela , préfente-
rnent ils ont des armes à feu ; les Portugais ôc les Hol-
landois leur ont fourni des mousquets , des fufils ôc
des canons de toutes fortes.
Les habkans de ces ifles paroiffent d'un fort bon na-
turel , pleins de bonté ôc de douceur. Les femmes y
font blanches ,ôc communément elles ont de la beauté.
Les hommes font un peu balanés Ôc dune couleur jau-
nâtre : ils ont les cheveux plats &c plufieurs les oignent
d'huiles odoriférentes. Ils ont les yeux grands ôc le poil
des four cils long : ils le peignent Ôc le colorent auffi bien
que celui de leurs paupières. Ils font robuttes , guer-
riers , mais pareffeux à tout autre exercice. Ils vivent
long-tems , blanchiffcnt de bonne heure , font doux ôc
officieux envers les étrangers , le familiarifant aifé-
ment , mais incommodes ôc fort importuns par leurs
-demandes continuelles , quand ils font devenus fami-
liers. Ils font intérefies dans leur commerce , foup-
conneux , trompeurs , menteurs , pauvres 6c néan-
moins fiers ôc orgueileux , ôc font ingrats»
Les Chinois fubjuguérent autrefois ces ifles : après
eux elles furent occupées par ceux de Java & par les
Malais , & enfin par les Perfans ôc par les Arabes. Ces
derniers , par le moyen du commerce introduifuent
le Mahométisme qui fut mêlé avec les pratiques de
l'idolâtrie. Il y a des familles qui le font un grand
honneur d'une origine fabuleufe , qu'elles prétendent
tirer des faunes divinités adorées dans le pays. Leurs
loix font grolTieres ôc barbares : ils ont plufieurs fem-
mes fans régie ôc fans nombre fixe. La principale fem-
me du roi s'appelle Twrix en leur langue ; fes enfans
font plus conlidérés ôc eitimés plus nobles que ceux
des autres femmes : ils font regardés comme les hé-
ritiers légitimes du royaume ; ôc s'ils font plus jeunes
'que leurs aunes frères , ou même les plus jeunes de
tous , ils ne laiflent pas d'être préférés à tous ceux
qui ne font pas de la même mère qu'eux. On pardonne
difficilement le larcin , mai, fort aifément l'adultère. Ils
jugent que la propagation du genre humain en; une
-chofe qui mérite les foins de la politique. Les hommes
■portent des turbans de diverfes couleurs ôc ornés de
plumes : celui du roi elt distingué des autres & fait
*n forme de mitre par le haut , ce qui lui fert de cou-
ronne. Tout le monde porte une efpece de vefle
qu'on nomme Cbenines , ôc des chauffes de damas
bleu , rouge , verd ou violet. On porte auffi des man-
teaux courts de même étoffe : quelquefois ils font éten-
dus ôc quelquefois racourcis ou noués fur l'épaule ,
félon l'antienne manière romaine. Les femmes font
parade de leurs cheveux , qu'elles laiflent quelque-
fois flotter tout étendus , ôc qu'elles lient aufli quel-
quefois , y entrelaçant des fleurs ôc les rangeant de
manière , que les aigrettes Ôc les plumes qu'elles por-
tent à la tête ne les embatraffent point. Toute cette
diverfité , quoique fans beaucoup d'art , ne laine
■pas de leur être un ornement. Elles portent des bra-
celets , des pendans d'oreilles , des colliers de dia-
mans Se de rubis , & de grands tours de perles qui
font des ornemens permis auxperfonnes du commun
èuffi - bien qu'aux autres. Leurs robes font de foie.
Tout cela leureft fourni par le moyen des mers &des
terres de leur voifinage.
Les hommes ôc les femmes font affez connoître
dans toutes leurs manières le penchant naturel qu'ils
ont à l'orgueil.
On parle plufieurs langues différentes dans ces ifles ,
de forte que le langage ordinaire d'un lieu n'eft pas
entendu le plus fouvent dans les autres , quelque peu
éloignés qu'ils foient. Le Malais , comme le plus aiféà
prononcer , y eit auffi le plus commun. Cette diverfi-
té de langues fait juger que ces ifles ont été peuj-lées
par des nations différentes. On attribue aux Chinois
la connoiffance affez ancienne qu'on y a de l'art de la
navigation. D'autres difent que les habitans des Mo-
îuques font descendus des peuples de l'ifle de Java ,
qui fuient artirés dans les Moluques par le> aromates
qui s'y trouvent , ôc qui les engagèrent à s'y établir.
On ajoute que les habitans , ayant chargé des vais-
féaux de cloux de girofle inconnus jufques-là , ils
MOL
continuèrent ce commerce qui leur réuffit dès le com-
mencement. Ils en portèrent jusqu'en Perfe ôc en
Arabie ; ôc dans la fuite ils portèrent dans les mêmes
lieux des foies ôc des porcelaines , ouvrage de l'indu-*
flrie des Chinois. Les cloux de girofle panèrent aux
Grecs ôc aux Romains par les mains des Perles ôc des
Arabes, ce qui fit naître à quelques empereurs Latins,
l'envie de conquérir ces pays Orientaux , pour lé ren-
dre maîtres de toutes les épiceries qui y étoient ôt
qu'ils eilimoient fort ; ôc comme ils croy oient qu'elles
venoient de la Chine , ils les nommoient d'un nom
conforme a leur opinion. Anciennement les Espagnols
les tiroient de la mer Erythrée , ou mer Rouge , con-
jointement avec d'autres marchandifes. Pendant quel-
que tems les rois d'Egypte furent maints des aroma*
tes, ôc en les tirant de l'Ane, iii les faifoient paffer
en Europe. Les Romains leur fuccéderent en cela, lors-
qu'ils eurent fournis 1 Egypte à leur domina'ion. Long-
tems depuis les Génois le rendirent maîtres de ce com-
merce, ôc le transportèrent a Théodofia , aujourd'hui
Cafa , où les Vénitiens ôc les autres nations avoient
des conluls Ôc des fadeurs. Après cela , ils transpor-
tèrent les marchandifes par la mer Caspienne ; mais
ce commeice finit par la chute de l'empiie d'Orient-
ôc les Turcs qui ruinèrent cet empire , fe rendirent auffi
les maîtres du trafic , faifant porter les marchandifes
par descaravanes,tant fur dec chameaux que iur des ânes
à Alep ôc à Damas , ôc en divers ports de L mer Mé*
diterranée. Les foudans du Caire le rétablirent fur \\
mer Rouge , ôc firent voiturer les marchandifes à
Alexandrie par le Nil. Après que les Portugais eurent
fait des conquêtes aux Indes orientales , ils entrent ce
commeice aux foudans , Ôc apportèrent en Europe les
marchandifes de* Indes dans leurs vaiffeaux par le Cap
de Bonne- Espérance. Pour cet effet, ils tenoienr tou-
jours des vaiffeaux qui croifoient fur les côtes d Arabie
ôc de Perfe, au Cap de Gardafu , afin d'empêcher
qu'on n'en portât au Caire , ôc ils couloient à fond les
vaiffeaux où ils en trouvaient , ou bien ils s'en ren-
daient les maîtres. Par ces foins cV par ces précautions
ils fe firent craindre , ôc firent ceffer à tet égard la
navigation du foudan ; de force qu'ils demeiuerent
entièrement maîtres d'un commerce fi avantageux : ils
faifoient venir les richeffes des Indes à Lifbonne.
Les ifles Moluques ne connoiffent point la différence
de l'été ôc de l'hiver, ôc n'ont point de pluies en cer-
tains tems réglés ; on remarque néanmoins qu'il y pleut
ordinairement plus du vent de nord-oued que du veut du
fud. On trouve dans ces ifles de grandes couleuvres qui
ont plus de trente pieds de long , & qui font groffes
à proportion : elles rempent pefamment, & ne font
point venimeufes. Ceux qui les ont vues, affurent que
quand elles manquent de nourriture , elles mâchent une
certaine herbe, après quoi elles montent fur quelques
arbres au bord de la mer, où elles dégorgent ce qu'el-
les avoient mâché. Aufli tôr plufieurs poiffons accou-
rant pour l'avaler , en font enyvrés , ôc demeurent
fans mouvement fur la furface de l'eau. Alors les cou-
leuvres fe jettent fur la proie, ôc apparent leur faim
en fe rempliffant de ces peiflons engourdis. Les croco-
diles font fort dangereux fur terre, contre ce que les
anciens écrivent de ceux du Nil , qui le font beaucoup
plus dans l'eau ; mais ceux des Moluques font fi lâches '
ôc fi engourdis dans la mer, qu'on les y prend aifément.
On trouve aufli dans ces ifles certains petits animaux
qu'on nomme Cuzos ; ils fe tiennent fur les arbres,
ôc fe nourriffent de leurs fruits. Ils reffemblent aux la-
pins ; mais leur poil cil épais , crépu & rude, de cou-
leur entre gris ôc roux ; leurs yeux font ronds ôc vifs ,
ôc leurs pieds petits ; la queue efl longue ôc belle ; ils
s'en fervent pour fe pendre ôc fe tenir aux branches ,
afin d'atteindre plus aifément aux fruits : ils fentent mau-
vais à peu près comme les renards. Il y a dans ces
ifles plufieurs oifeaux fauvages ; on y en trouve auffi
de domeiiiques comme ceux d'Europe. Il y a des perro-
quets de diverfes couleurs mêlées enfemble : on les
nomme dans la langue du pays Nores ; ils crient beau-
coup ôc fort haut, ôc apprennent fort bien à parler.
On voir auffi de grandes troupes d'oies noires, qui
ont les pieds faits comme des perroquets ; des canes ,
des
MOL
MOM
tics grives & plufieurs autres fortes d'oifeaux. On trouve
dans les mers voifines des poilTons de diverfes espèces
Se en quantité; entr'autres , des manates ou vaches ma-
rines, kmblablcs a celles du Biéfil ; une forte d'ecre-
viiïe de mer, qui fait mourir dans vingt quatre heiues ,
pour peu que l'on en mange ; enfin , une autre forte
d'écreviffe qui fe trouve au bord de la mer fous de
certains aibres , dont l'ombrage ne fouffre aucune her-
be, rend malades ceux qui y dorment, & brûle la
terre aux environs. Ces écrevifles naiffent entre les ro-
chers, & on va les prendre la nuit avec du feu. Elles
ont près de la queue une espèce de fachet rempli d'une
pâte dont le goût e/t très agréable. Dans toutes les
Moluques, il croît une espèce de bois rougeâtre qui
brûle Se fait de la flamme Se de la braife fans fe con-
sumer. 11 femble tenir de la nature de la pierre : on le
met aifèment en pièces avec les doigts, Se on peut le
brifer entre les dents.
Les Moluques furent découvertes en 151 1 , par les
Portugais , qui y descendirent fous la conduire de Fran-
cisco Serano. 11 trouva tant de fimplicité dans les ha-
bitans.que Boleyfe , roi de Tcrnate , Se Almanzor , toi
de Tidor , demandèrent d'être préférés dans l'avantage
qu'ils prétendoient tirer du fort que les Portugais vou-
loient bâtir pour s'affiner de la pofieffion de ces ifles.
Peu de tems après, cette même pofleffion caufa un
grand différent entre les Portugais Se les Caftillans. Il
y avoit déjà quelque tems que le pape Alexandre VI
avoit partagé les Indes entre les rois de Cathlle Se de
Portugal ; en forte que de trois cens foixante degrés
dont l'on compofa le monde , les Espagnols dévoient
pofféder les conquêtes qu'ils feroient dans les cent qua-
tre-vingt degrés , à compter depuis le trente fixiéme
degré de Liibonne vers le Ponent ; Se les Portugais
les cent quatre vingt autres vers le Levant. En vertu
de ce partage, l'empereur Charles V prétendit que
les Moluques appartenoient à la ccuronr.c de Caltillc.
En effet , Ferdinand Magellan , qui , après avoir fervi
fort utilement dans les Indes , fous Alfonfed'Albuquer-
que , avoit quitté le fei vice du roi de Portugal , pour
prendre celui de Charles , fit voir que les Molu-
ques erant éloignées de Malaca , vers FouefU de fix
cens lieues , qui font environ trente-fix degrés , elles dé-
voient appartenir à la couronne de Caliille ^ainli il eut
ordre ele l'empereur d'en aller prendre poffeffion ; & en
conféquence il partit de San-Lucar le 21 de Septem-
bre 1 y 19 , paffa le détroit qu'on appelle Magel an de
fon nom , & arriva presque a la hauteur des Molu-
ques ; mais les vents contraires «Se les couraus de la mer
Payant obligé de descendre dans les Manilles, il y fut
tué avec trente-cinq perfonnes qui l'accompagnoient.
Gonçalo Gomez d'Espinofa, &: bébailien del Cano,
firent depuis quelques établilTemens aux Moluques au
nom de l'empereur , qui fe fit prêter ferment de fidé-
lité par les rois de Ternate , de Tidor Se de Gilolo ;
mais la poffeffion de ces ifles , étoit d'une fi grande
importance aux Portugais pour la continuation du com-
merce des épiceries , qu'ils firent tous leurs efforts pour
fe la conferver, & les démêlés de Charles avec le roi
de France , leur fournit Foccafion de réunir Les aères
d'holtilités ne cclTant point dans les Indes entre les
deux nations , on fit différentes affcmblées à Ségovie
Se à Séville , fans pouvoir rien conclure; & enfin,
par un traité fait à Saragoffe en 1529 , l'empereur enga-
gea ces ifles au roi de Portugal pour trois cens foixante
mille ducats, jusqu'à ce que, par l'union des royaumes
de Caftille Se de Portugal, ces droits furent confondus
dans la perfonne de Philippe II. Une nouvelle révo-
lution ayant rompu l'union de ces deux couronnes ,
les Portugais trouvèrent moyen de s'emparer des Mo-
luques, mais ils en turent enfin chaffés par les Infu-
laires , appuyés des Mollandois , qui en font à ptéfent
les maîtres en partie , Se particulièrement des ports.
A parler proprement , les ifles Moluques ne font qu'au
nombre de cinq ; l'avoir , comme je l'ai dit plus haut :
Ternate, Tidor, Mathian , Motir Se Bachian ; mais
outre ces cinq ifles , qui produifent le clou de girofle ,
il en croît encore dans les ifles de Mcao, de Mango-
gran, de Cinomo , de Cnbel Se d'Amboine , qui tou-
tes, avec Cclcbes, Gilolo Se plufieurs autres, font auiïi
34?
Comprifes fous le nom de Aïoluques, quand »u étonne
à ce nom une fignification étendue. On n'euime pas
tant ncanmoins le clou qui vient dans ces cinq der-
nières ifles, que celui des véritables Moluques. * Hi-
fioirc de la fob^uête des MoL.ques , tom. 1. liv. 11.
pag. 19.
MOlURIS, nom d'une pierre ou d'un rocher delà
Grèce, au territoire eie Corinthe, fur le chemin de
Mégare : Paufanias , /. 1. c. 44. Se Ifacius , in Lycopbro-
ntm , en font mention.
MOLUS , fleuve de la Grèce , quelque part dans la
Bœotie. Plutarque , in Sylla , dit que Sylia dreffa un
trophée dans l'endroit où Archelaus avoit commence à
plier ou à fuir fur les bords du Moins. Ortelius The-
jaur. foupçonne que c'eft le même fleuve que Plutar-
que nomme plus haut Morius , ou que du moins ils n'é*-
toient pas éloignés l'un de 1 autre.
MOLWITZ , village de Siléfie, près de la ville de
Grotkau. Il elt remarquable par la bataille que le roi
de Pruffe gagna le 10 Avril 1741 , furies troupes de
la reine de Hongrie.
MOLYBDANA, ville de Libye, félon Etienne le
géographe , qui la met chez les Majfieni.
MOLYBODES , ifle fur la côte de celle de Sardai-
gne , Se ce font, dit Pline, dans fa eorographie des
villes , les ifles Plumbea Se Hïeracum des anciens , au-
jourd'hui IJole de S. Pierro. Cet auteur fe trompe ici
d.ms les noms; car Molybodes n'eft pas dans Ptolo-
mée , /. 3. c. 3. un nom commun à deux ifles , mais,
le nom d'une feule. Molybodes Se Plumbea ne font
qu'une même ifle. Ainfi on doit s'en rapporter plutôt
à Leander , qui dit dans fon livre des ifles d'Italie,
que Hïeracum fe nomme aujourd'hui S. Pierro ; Se
que Molybodes elt appellée IJola di Toro. Les inter-
prètes de Ptolomée rendent Molybodes par Plumbea.
* Orrclii Thef,
MOLYCRIA , en grec M&>i«p/<*. Ptolomée , /. j.çj
ij. Se Etienne le géographe parlent de cette ville: le
premier la met chez les Locres Ozoles, Se le fécond
dans l'vEtolie. Ceft la même ville que Paufanias, /. j-.
c. 3. .appelle McAimpiof , Molycrion.
MOLYCRION. Voyez. Rhium.
MOLYNDA, en grec M&AuiÔe/*, ville de Lycie , fé-
lon Etienne le géographe, qui Cite Alexandre,/. 1.
Lycior.
MOLZOUDON , ville du Mogoliftan , à cent tren-
te-deux degrés de longitude , Se à cinquante degrés de
latitude. * Hift. deTimur-Bec , 1. 3.C. 6.
MOMAQUES. Voyez. Maumaques.
MOMAYA , ou Momoya, ville des Indes, dans
1'ifie de Gilolo, De l'Ifle né la marque point fur fa car-
te. L'hiuoire de la conquête des Moluques, /. 1. p. 78.
nous apprend que cette ville ayant été pillée au com-
mencement du gouvernement de Triftan d'Ata)de , par
des Barbares ; le feigneur de Momoya qui étoit idolâ-
tre , embraffa la religion Chrétienne pour avoir la pro-
teclion des Portugais.
MOMBOYER, ou MaguezieR, bourg de France ,"
dans la Sainro.ige.
MOMBRAY, bourg de France, dans la Norman-
die , diocèfe de Coutances, élection de Vire.
MOMEMPHIS , ville d'Egypte, félon Stiabon , /. 1 7.
p. 803. Se Etienne le géographe.
MOMENSTER , Marmunster, Mauri Monafle-
rium, abbaye régulière, en France, de l'ordre de faint
Benoît , dans la Baffe-Alface , au diocèfe de Stralbourg ,
à une lieue au midi de Savcrne.
MOMIANO , ville d'Italie , dans l'Irtrie , fur le
fleuve Dragogna , au nord de la ville de Buie. Elle
efi bâtie fur un rocher , ce qui la fait regarder comme
une place forte. * Magin , Carte de l'Iltrie.
MOMOCIACUM , ville de la Gaule. Grégoire de
Tours , /. 9. en fait mention.
MOMONIE , province d'Irlande. Voyez. Munster 1.
MOMPA, province ou royaume d'Afrique, au pays
des Nègres. Cet état efl borné au nord par celui du
Grand Incaffan , Se par les royaumes de Waffa Se
d'Adom , à l'orient par le pays maritime d'Anten, &
au couchant par celui dLwira. * Dapper> Dcfc, d'A-
frique, p. z8S.
tome IV X*
34* MON
MOMPSI DOMUS.Voyez. Hemopsonestia.
i. MON A, ifle fituée enrre la Grande Bretagne &
l'Hibernie, félon Céfar, de bell. Gall.l. j. c. 13. Pli-
ne, /. 4. c. 17. & Ptolomée , /. 2. c. 2. Xiphilin ,
in Nerva , écrit Monna , Se Jornandès Memma , ap-
paremment par corruption. On la nomme aujourd'hui
Man. Voyez. Man Se Mo^da.
2. MON A , ifle fur la côte de la Grande Bretagne.
Elle eft différente de celle dont il eft parlé dans l'arti-
cle précédent , puisque Tacite, Annal. I. 14. c. 30. dit
que les chevaux des Romains y parlèrent à gué Se à
la nage. Les peuples d'Angleterre , qui ont retenu l'an-
cienne langue des Bretons , la nomment préfente-
ment Mon , Se en anglois on l'appelle Anglefey.
3. MONA, ifle de l'Amérique feptentrionale , à la
hauteur de dix-huit degrés de latitude , ou un peu
moins. Elle eft d'une grandeur moyenne , Se fe trouve
fituée entre celle de Saint Jean Se Saint Domingue,
plus près néanmoins de la première. Son circuit eft d'un
peu plus de trois lieues. Ceft une terre baffe Se plate,
iafée Se pierreufe -, mais un peu plus haute du côté du
nord. Elle n'eft point habitée , quoiqu'elle foit remplie
d'arbres qui produifent de très-bons fruits, fur-tout des
oranges, remarquables pour leur bonté Se leur groffeur.
Il y a de ce côté là une petite ifle , ou plutôt un rocher
nommé Zacben , presque vis-à-vis de Guatabaca : ce
n'eft qu'un repaire d'oifeanx. * De Laet , Defc. des In-
des occid. 1. i.c. 3. Corn. Dict.
• MQNAB/E , ville de l'Ifaurie , félon Etienne le géo-
graphe , qui nomme les habitans Monabates.
MONABATES. Voyez. MÔnab^e.
MONACHE , ifle, devant celle de Taprobane. Pto-
lomée , /. 7. c . 4. la place entre celles dVEgidiorum
Se d'Ammine.
MONACHIUM ET MONACHUM , noms latins de
la ville de Munich, capitale de la Bavière.
MONACO , ville d'Italie , dans la partie occidentale
de la mer de Gènes, entre Vintimiglia Se Ville-Fran-
che , Se le chef-lieu d'une principauté, de même nom.
Elle eft fituée fur un rocher qui s'étend dans la mer ,
& qui eft fortifié par la nature. Sur ce rocher ou pro-
montoire étoit autrefois le temple à' Hercules Monœ-
cus , qui donne encore le nom à la ville. Ce lieu étoit
connu de Virgile , fuivant ce vers 83 1. de l'Enéide, /. 6.
\Agger\bus foeer Alpinis atque arce Mon&ci
Descendent
* Adijfon , Voyage d'Italie , p. y .
La ville de Monaco eft regardée comme une place
d'une grande importance, à caufe qu'elle eft à l'entrée
de la mer de Provence, Se par conféquent frontière
de France. Au pied de la ville il y a un port , dont
Lucain , /. 1. v. 40;. & fuiv. nous a donné la de-
feription en ces termes :
Quaque fub Herculeo fatratus nomine portus
Vrget rupe cava pelagus ; non Corus in illum
Jus babet aut Zcpbirtis : foins fua littora turbat
Circius , & tut a probibet flatione Montci.
Le château eft bâti fur un rocher escarpé > extrême-
ment élevé, Se que battent les flots de la mer ; ainfi
la ville , le château Se la citadelle font fur une langue
déterre, détachée des montagnes, d'une hauteur pro-
digieufe , Se qui fait comme un amphithéâtre qui avan-
ce dans la mer. Cette langue de terre eft presque toute
environnée d'eau , faifant comme une péninfule; d'un
côté feulement elle eft preffée d'une affreufe montagne ,
qui , commandant la ville , diminue beaucoup de fa
torce.
L'illuftre maifon de Grimaldi , iffue du Grimoald ,
maire du palais , fous le règne de Childeberr II , a
poffédé la principauté de Monaco depuis l'empire d'O-
thon I , vers le milieu du dernier fiécle , jusqu'à la mort
du dernier prince de cette maifon , dont la fille aînée
a porté cette principauté dans la maifon de Matignon ,
à la charge que le nom Se les armes de Monaco fe
continueraient dans fa poftérité. Honoré Grimaldi II
du nom, prince de Monaco, chaffa en 1641, la gar-
MON
nifon Espagnole que fes prédéceffeurs avoient mife à
Monaco ; il reçut en même tems une garnifon Fran-
çoife , Se fe mit fous la protection de Louis XIII , qui
lui donna le duché de Valentinois avec d'autres avan-
tages.
Il y a dans cet état trois villes',
Monaco , Roque-Brune , Se Menton.
MONADI, peuples d'Italie. Pline,/. 3. c. 11. dit
que Dioméde les extermina.
MON/EDA , ifle que Ptolomée , 1. 1. c. 2. place fur
la côte orientale de l'Hibernie. Quelques exemplaires
latins , au lieu de Monxda , portent Monarina ; Se on
lit auffi de la forte dans un manuferit grec Elle eft ap-
pellée Menavia par Bede , Se Eubonia par Gyldas.
Dans le langage breton , on la nomme Menau , Se en
anglois Man , d'où quelques modernes ont fait le mot
latin Mania. Onelius , Tbefaur. croit que c'eft cette
ifle que Pline appelle Monapia. Il ne feroit pas fi ai-
fé de décider que ce fût l'ifle Mona de Tacite.
1. MON AGHAN , comté d Irlande , borné au nord
par celui de Tyrone, à l'orient par celui d'Armagh ,
au midi par celui de Cavan , a Foueft par celui de
Fermagh : il a trente quatre milles de longueur Se vingt
milles de largeur. C'eft un pays montagneux Se couvert
de forêts. On le divife en cinq baronnies, qui font
Trough ,
Monaghan
Dartrée,
C rémorne ,
Farny-Donagh-
maine ,
Il n'y a qu'une feule ville qui ait droit d'envoyer fes
députés , Se il n'y en a aucune qui tienne marché pu-
blic. * Etat préfsnt de la Grande Bretagne , tom. 3.
pag. 67.
2. MONAGHAN, ville d'Irlande , au comté de mê-
me nom , dont elle eft le chef-lieu. Cette ville n'eft pas
fort confidérable.
MONALUS, rivière de Sicile. Elle a fa fourcedans
les montagnes Nébrodes , Se fon embouchure fur la
côte feptentrionale, entre CcpbaUdium à l'occident, &
ALtfa à l'orient. C'eft la pofition que lui donne Pto-
lomée , /. 3. c. 4. Fazell nomme cette rivière Melina ;
mais dans* un antre endroit il l'appelle Pollina , qui
eft le vrai nom moderne. Léander cependant la nom-
me Tofa. Voyez, Pollina.
MONAPIA. Voyez, Monxda.
MONARINA. Voyez, Mon/eda.
1. MON ASTER , ville de Macédoine. Voyez, Toir.
2. MONASTER , ou Monester , ville d'Afrique ,
dans le royaume de Tunis , On croit que fon nom lui
vient d'un couvent d'Auguftins qui en étoit proche.
Elle eft fermée de bonnes murailles fort hautes , Se a
été bâtie fur la côte par les Romains, à quatre lieues
de Suze , du côté de l'orient. Les maifons y font bien
conftruites , & la fituation en eft agréable. Ses envi-
rons font de beaux jardins, tout remplis d'oliviers. La
terre étant trop légère pour le froment , on n'y feme
que de l'orge. Les habitans ont été û fouvent tourmen-
tés des Maures , des Turcs Se des Chrétiens , depuis
Tunis pris pa"r Barberouffe, qu'ils font aujourd'hui fort
pauvres. Ils fe font révoltés plufieurs fois contre leur
roi , & ont été faccagés par les armées navales de
Charles-Quint. * Marmol., Defc. du royaume de Tunis,
1. 6. c. lé.
L'an 1539, André Doria , s'étant rendu maître de
Monafter , y laiffa un régiment espagnol par ordre de
l'empereur , pour appuyer les intérêts du roi de Tu-
nis , qui , ayant affemblé le plus de gens qu'il lui fut
poffible pour marcher contre Carvan , .prit avec lui
ce régiment espagnol , Se quelques pièces d'artillerie ;
mais , lorsqu'il fut à trois lieues de Monafter , tous les
Maures de fon parti pafferent du côté des ennemis,
de forte qu'il fut obligé de fe rejoindre au bataillon d'in-
fanterie espagnole , qui fit fa retraite en bon ordre à
travers d'une plaine fablonneufe , quoiqu'il eût plus de
cent mille hommes à foutenir , Se qu'il ne fut appuyé
que de deux mille. Ensuite il s'en retourna en Italie,
Se les Turcs reprirent la place. Dix ans après, André
Doria, qui avoit paffé tout l'été à chercher Dragut,
MON
MON
pirate fameux , qui faifoit beaucoup de maux aux Chré-
tiens avec vingt-quatre vaifieaux corfaires , courut toute
la côte de Tunis , & réduifir les villes de Suie , de Mo-
naftcr , d'Afrique & d'Ezfague , qu'il remit entre les
mains de Muley Bubcer , fils du roi de Tunis , ôc re-
tourna paner l'hiver en la Chrétienté ; mais dès le com-
mencement du printems , avec les galères du pape , le
duc de Florence, & quelques compagnies espagnoles
des régimens de Naples , de Lombardie ôc de Sicile ,
il alla donner la chafl'c à Dragut , qui , pendant l'hiver ,
avoit repris Sufe , Monafter ôc Ezfague. André Doria,
étant parti de Sicile avec toutes fes galères , débarqua au
cap de Mercure, ôc faccagea le château de Calibie. De-
là il s'avança vers la ville d'Afrique ; mais parce qu'il
falloit plus de troupes qu'il n'en avoit pour s'en rendre
maître , il fut réfolu qu'on iroit à la Goulette , ôc qu'on
prendroit en paiïant la ville de Monafter , où Dragut
avoit laifle quelques Turcs en gatnifon. Lorsqu'on y
fut arrivé, on trouva les Turcs, les Maures, & quel-
ques Arabes, qui s'oppoferent à la descente. Enfin, après
un combat aflez rude, les Barbares plièrent. L'on fit
la descente, ôc l'on attaqua la ville. Les habitans de-
mandèrent d'abord à capituler ; mais comme on ne
voulut leur accorder que la vie , rien ne fut conclu ,
& on fit en même terns jouer le canon. L'un des ba-
taillons fit face pour s'oppofer aux Arabes, & la brè-
che étant faire , les autres entrèrent dans la ville fans
beaucoup de réfillance, à caufe que les femmes ôc les
enfans s'étoient retirés à la vue de 1 armée navale ; le
refte fe jetta dans le château. Tandis que l'on faccageoit
la ville , les chefs , favoir , don Garcia de Tolède , ôc
don Alvaro de Vega , allèrent fe failir des avenues de
£. e château , ôc fommerent ceux de dedans de fe ren-
dre. Sur leur refus , on commença à battre du côté de
terre avec deux pièces de canon , & cependant les ga-
Jeres donnèrent du côté de la mer. 11 n'y eut pas plu-
tôt brèche, qu'on y monta avec des échelles, ôc par-
le pan qui joint de la ville au château. L'ennemi fe dé-
fendit aflèz bien; mais le gouverneur ayant été tué avec
les Turcs & plus de quarante Maures, le relie fe retira
au donjon , où il fe rendit ôc fut fait esclave.
MONASTERIO DE LAS RODlLLAS , village
d'Espagne , dans la Caftille Vieille , à trois lieues de
Buigos. Ce village eft renommé par la bonté de fes fro-
mages , qui paiïent pour être les meilleurs de toute la
Caltille. Entre ce village de la ville de Burgos, on ren-
contre une hauteur , que l'on dit être l'endroit le plus
chaud de toute la Caltille Vieille , Se d'où l'on décou-
vre Burgos, qui en eft à une lieue. Au pied de la
hauteur eft une vafte plaine , où l'on voit près du che-
min, une maifon de Chartreux fuperbe 6c richement
rentée. Cette plaine eil extrêmement agréable, particu-
lièrement dans le printems , à caufe des chênes verds
ôc de ces petits arbrifieaux qu'on nomme cilles, dont
elle fe couvre. L'air y eft embaumé de l'odeur des hy-
pociltes, qui croiflent fur la racine de ces derniers. *
Délices d'Espagne, p. 172.
MONASTERIOLUM , c'eft le nom latin que Froard
donne à*une ville de la Gaule Belgique. On l'appelle
aujourd'hui Monstreuil. Voyez, ce mot. * Ortelii
The faur.
MONASTERO , bourg ou village du Royaume d'Es-
pagne , dans l'Eitremadoure. De Xérès de Badajoz ,
tournant à l'orient, on rencontre Monaftero fur la
grande route de^éville à Badajoz ; Ôc entre ce village
ôc l'Andaloufie , on traverfe un chemin allez uni ôc
planté de chênes verds pendant cinq lieues. *. Délices
d'Espagne , p. 389.
MON ASTRUE , bourg de France , dans l'Armagnac ,
élection d'Armagnac.
MONBAHUS , bourg de France , dans l'Agénofs ,
élection d'Agen,
MONBAR. Voyez. Mont-Bar.
1. MONBAZA., ou Monbassa, ifle de la mer des
Indes , fur la côte occidentale d'Afrique, féparée du con-
tinent par les bras d'une rivière de même nom , qui fe
jette dans la mer par deux embouchures.
On trouve dans cette ifle en abondance toute forre
de provisions, comme du millet, du riz, de la volail-
le, & des beitiaux. extrêmement gras, fur-tout les mou-
347
tons qui ny ont pas de queue. Leterroireft fort agréa-
ble , il préfente une infinité de vergers plantés de gre-
nadiers , de figuiers des Indes , d'orangers des deux es-
pèces ; & de citronniers. L'eau y eft excellente. Cette
ifle fût découverte par Vasco de Gama , Portugais ,
l'an 1598. * Htman Lopès de Cafianneda, Hift. de la
conquête des Indes orientales par les Portugais.
2. MONBAZA , rivière d'Afrique. Elle vient du
royaume de Nimeamaie ou Mono-Emugi \ fon coins
eft de l'occident à l'orient , ôc elle va fe jetter par deux
embouchures dans la mer des Indes , fur la côtcdeZan-
guébar , où elle forme à fon embouchure une petite
ifle de même nom. Voyez. Monbaza i.
3. MONBAZA, ville d'Afrique, fur la côte orien-
tale de l'ifle de Monbaza, ôc la réfidence du roi de Mé-
linde, ôc du gouverneur de la côte. Elle eft bâtie fur
une roche. Son enceinte, qui eft affez grande , eft for-
tifiée d'un château ; la plupart des maifons font de
pierre , ôc les plafonds font travaillés en compartimeus
de plâtre. Les rues font fort belles. Les habitans font
des Maures, les uns blancs, les autres bazanés. Leur
parure eft riche , fur tout celle des femmes , qui ne
portent que des habits de foie enrichis d'or ôc de pier-
res précieufes. Le commerce y eft établi pour toutes fortes
de marchandifes, &c le port, qui pane pour bon , eft
continuellement rempli de vaifieaux. Cette ville reçoit
du continent de l'yvoire, de la cire & du miel. Fian-
çois Almeïde , s'en étant rendu maître en 1^05 , y fit
des dégâts terribles , ôc en brûla les trois quarts. Ort
la rebâtit enfuite , & quelque tems après, Nunno
d'Acunna la pilla tout de nouveau ; mais les Portu-
gais, confidérant que cette ville feroit pour eux d'une
garde difficile , fe retranchèrent dans la citadelle , d'où
ils furent chaflès en 1631 , par le Chèque arabe."*' Her-
nan Lopès , Conquête des Indes.
Le port de Monbaza eft fort bon ; les marchands
de la côte de Zanguébar ôc de divers autres lieux , y
abordent, à caufe de la commodité du commerce. * Djp*
per , Defc. de l'Afrique, p. 199.
MONBAZENS, bourg de France, dans le Rouer-
gue , éleétion de Villefranche.
MONBAZON. Voyez Montbazon.
MONBELLIARD. Voyez Montbelliard.
MON BEN OIT , abbaye de Fiance , dans la Franche-
comté. Voyez Mont-Benoit,
MONBLANC, ville d'Espagne , dans la Catalogne ,
fur la petite rivière de Francoli , au nord-eft de Pra-
das. C'eft une ville médiocre, chef- lieu d'une viguerie
ôc d'un comté. Elle avoit autrefois titre de duché ,
afkcté aux fils des rois d'Aragon. * D élïc es d'Espagne,
P- J94-
MONBRISON. Voyez Montbrison.
MONCAIO, ou Moncayo, montagne d'Espagne,
dans l'Aragon , en latin Mons-Cauntis.
MONCALE , cap de 1 ifle de Madagascar , à qua-
tre grands lieues de la rivière Franshere. Depuis ce cap
jusqu'à la baie de Ranoufourchi , appellée la baie des
Galions , la côte n'a que deux lieues de largeur. Le
long de la côte, qui eft toute fablonneufe , font quel-
ques bois qui féparent deux grands étangs , appelles
les lacs d'Ambouve. L'alo'és croît en quantité le long
de ces bois, fur les endroits qui avancent dans le pays.
Entre Moncale & Ranoufoutchi , il y a une contrée
qui fe nomme Mozambique. * Flacourt , Hift. de l'ifle
de Madagascar, c. 12.
MONCAL1ER , bourgade du Piémont, fur une mon-
tagne , aune grande_ lieue au-defius de Turin, près de
la rive droite du Pô. Il y a dans ce lieu plufieurs mai-
fons de plaifance , entre autres , une bien meublée &
bien entretenue , ôc qui appartient au lbuverain. Mon-
calier s'eft accru des ruines de Teftone. * La Forêt de
Boitrgon , Geogr. hift. t. 2. p. 487.
MONCALVO , perire ville d'Italie , dans le Mon-
ferrat , à fix milles du -Pô , ôc à fept de Cafal en tirant
vers le midi occidental. Elle eft fituée auprès de la Stu-
ra, ôc on l'appelle communément Moncal. Sa fi-
tuation fur une momagne la fait regarder comme une
place forte, ôc l'une des plus importantes du M on fer-
rat. * M.rgin , Carte du Monferrar.
MONÇAON , ou Monçon , ville de Portugal , dans
Tom. IV. Xx ij
34»
MON
MON
la province d'Entre-Douero 6c Minho, à l'occident de
Melgaço , fur la rivière du Minho ( a ) , vis-à-vis d'une
petite place de la Galice , nommée Salvaterra. Mon-
çaon eft défendue par un château , fortifié d'une tenail-
le à deux flancs, 6c les murailles de la place forment
cinq courtines revêtues d'autant de plateformes. Elle
eff: la capitale d'un comté que Philippe IV donna à
Rodrigue Lobo , général de l'armée de Portugal. Il y
a à Monçaon une riche églife paroiflialc, un couvent
de religieux, un -autre de religieufes, & quatre cens
habitans. La garnilbn ordinaire eft de quatre compa-
gnies d'infanterie. Les armes de cette ville font une
muraille, fur laquelle eft affife une femme, ayant deux
pains à fes côtés. Elle prit ces armes ( b ) , fur ce qu'é-
tant arttégée par dom Pedro Sarmiento , gouverneur de
la Galice pendant les guerres de dom Henriquez II
de Caffille , contre don Fernand de Portugal, elle fe
voyoit tellement preffée par la faim , qu'elle fe difpo-
foit à capituler , quand une femme fit cuire quelques
pains du peu de farine qui ïeltoit aux aflîégés , Se s'é-
tant mile fur la muraille, les jetta à l'armée des en-
nemis. Ils crurent que l'abondance étoit dans la ville ;
ce qui les engagea à lever le fiége. Il y a à Monçaon
une riche abbaye de Bénédictines compofée de 150 re-
ligieufes. (a) Délices de Portugal, p. 700. (b) Le
Quien de la Neuville, Hift. générale du Portugal.
Corn. Dict.
1. MONCASTRO, ville de Moldavie, dans la
Beffarabie , dont elle eft la capitale. On la nomme plus
fouvent Bi.ilogrod , & quelquefois Akerman. Voyez.
Bialogorod.
2. MONCASTRO, bourgade de la Macédoine, à
cinq lieues de la ville Salonichi , vers le midi occiden-
tal. C'eft l'ancienne Aénia. Voyez, ce mot. n° 1.
MONCAUREL ou Montcaurel , château de Fran-
ce , dansleBoulonnois , avec titre de marquifat. * Andr.
Vaiefii Not. Gall. p. 346.
MONÇAY ou Moncê , abbaye de France , au dio-
cèfe de Tours. C'eft un monaftere de filles de l'ordre
d? Cîteaux. Dom Martenne en parle dans fon voyage
littéraire autrement que les dictionnaires, & ne dit pas
qu elle ait été fondée par un fimple bourgeois de Tours
en 1216-, mais qu'elle doit fon origine à quelques filles
de pi. te, qui s'étant retirées dans ce défert pour y
vivre dans la pénitence & dans les exercices de la con-
templation , répandirent une odeur fi grande de vertu
dans iout le pays, que Sulpice, feigneur d'Amboifc, en fut
touché , 6c leur offrit de bâtir un monaftere , fi elles vou-
loient garder la clôture , 6c s'engager par vœu. Elles
acceptèrent fes offres , Se fe donnèrent à l'ordre de
Cîteaux , dont elles dépendent encore aujourd'hui. La
fupéiieure ne prit d'abord que le nom de prieure , &
elle étoit élue par la communauté ; ce qui a duré jus-
qu'en 1652 ,que le pape Innocent X,à la demande du
roi, lérigea en abbaye en faveur de madame d'Epi-
noy. On voit dans l'églife cette épitaphe gravée fur
une fimple tombe : Hic jacet domina Johanna, uxor
Johannis domini C.ilvimontis ,filia comitis Vindocenenfis.
Fuit in vita bon& memoru. Anima ejus req. in pace.
Quelques-uns appellent cette maifon en latin Mons
■Çœleftis. * Voyage lut. tom. I. p. 64.
MONCÉ 6c Belin , bourg de France , dans le Mai-
-ne , élection du Mans.
MONCÈ 6c Saunois , bourg de France, dans le
Maine, élection du Mans.
MONCÉ. Voyez. Monçay.
MONCEAU , bourg de France , dans le Limoufin ,
élection de Brives.
MONCEAUX, maifon royale de France, en Brie,
fituée fur une éminence à deux lieues de Meaux , 6e à
une demie de la Marne. Cette maifon a été embellie
par la reine Catherine, & augmentée par le roi Henri
IV. La principale entrée eff au bout d'une avenue très-
large , environnée de bois & de petites plaines. Elle
aboutit à une avanteour de quatre-vingt-cinq toifes de
. largeur , fur foixante-quinze de profondeur jusqu'aux
fortes du château. 11 devoit être bâti de trois côtés ; la
face auroit été devant l'avenue , avec des ailes à droite
& à gauche. L'ouvrage eff à la moitié ; ce qui eff fini
eft élevé à la hauteur d'un étage. Il y a des offices Se
des logemens pour les différens officiers de fervice. A
travers l'aile gauche il y a un partage pour aller au
village qui eft de ce côté.
Après l'avantcout , on voit le château qui eft fermé
par un forte fec , carré, ayant quatre-vingt-dix toifes
d'un fens, fur foixante-quinze de l'autre : fa largeur
eft de dix toiles par trois côtés , le quatrième eft occu-
pé par une terraffe au-devant du château. La faurte-braie
en terraffe au pourtour du château eft de quinze toifes de
largeur ; on y entre par un pont qui traverfe le forte ,
Se on en fort par deux autres , dont l'un mené dans le
village , l'autre dans les bois. Les encognuies de la faurte-
braie en terraffe font ornées de quatre beaux pavillons,
Se de deux tourelles à chaque porte pour des corps de
gardes.
Le château a quatre faces , fur un carré de quarante
toifes. Chaque face a une cour intérieure de vingt-huit
toifes en carré. Chaque encognure eft furmontée par
un pavillon. Au milieu de la face fur le jardin , il y
a un gros pavillon qui s'élève avec des corps aux an-
gles , Se de chaque côté des galeries voûtées qui com-
muniquent aux pavillons des encognuies.
Les décorations des faces extérieures font d'une belle
architecture, ornées de pilaftres ^le colomnesà l'avant-
corps, Se de tout ce qui eft convenable pour fatisfaire
la vue dans l'ordre des grands bâtimens. Les pavillons
font couverts de grands combles à deux épies, les ailes
à deux égouts font percées dans les hauts par de belles
lucarnes. Les deux faces à l'entrée de la cour du côté
du pont font ornées de colomnes à la hauteur de
deux étages : le tout eft couronné de baluffrades Se de
terrartes , au dertus desquelles s'élève un dôme qui fc
termine par une lanterne percée. Les galeries baffes
de cette partie du bâtiment font décorées d'arcades
fur la cour du côté de la faurte-braie ; ce font des
pilaftres dans les trémaux 6c dans les croifées, Il y a
plufieurs grands appartemens dans ce château ; on y
conferve toujours celui d'Henri IV. Il y a une pièce
deltinée pour les différens fpectacles. La chapelle du
roi étoit dans le gros pavillon qui fe termine en dôme.
De la faurte-braie en terraffe en face du château ,
on descend dans un jardin fermé de murs. Ce jardin
eft de cent trente toifes de longueur fur quatre-vingt-
dix de largeur. On y voit de très-belles pièces de gazon
entourées d'allées d'arbres. Le parc eft auffî fermé de
murs , il a une aflez grande étendue , il eff planté de
belles allées d'arbres Se de petits bosquets pour la pro-
menade. La forêt qui le joint ferr pour ramufemenr
de la charte. * Gabriel, infpetleur général des bâtimens
du roi.
1 . MONCEL , Moncellum , abbaye régulière , en
France , de l'ordre de Prémontré , dans la Champagne ,
au diocèfe Se près de Châlons-fur Marne.
2. MONCEL, abbaye de France, au diocèfe de
Beauvais. C'eft un monaftere de filles de l'ordre de
fainte Claire. Il eft fitué près du Pont-Sainte-Maixance ,
Se fut fondé en 1 509 , fous Philippe le Bel ; cependant
il ne fut bâti qu'en 1335, fous Philippe de Valois.
MONCHÂUDE , bourg de France, dans là Sainton-
ge , élection de Saintes.
MONCHAULON ou MONT-CHABLON , lieu de
France, dans la Picardie. Voyez, au mot Mons-Cabilo-
nis. * Andr. Valefn Not. Gall. p. 346.
MONCHI, abbaye de France. Voyez. Mouchi.
MONCHICO , bourgade de Porwgal , au royaume
d'Algarve, entre Sylves & Algezur , à l'occident delà
première , 6c à l'orient de la féconde. Elle a donné fon
nom à une montagne appellée Sierra de Monchico,
en latin Cicus Mons. Cette montagne s'étend de l'orient
à l'occident , entre le royaume d'Algarve 6c la pro-
vince d'Alentejo , vers la côte de la mer Atlantique,
Se au nord de la bourgade de Monchico. * Jaillot ,
Atlas.
MONCION , prieuré de France , au diocèfe de
Meaux ; fon revenu eft de trois cens livres.
MONCLAR, bourg de France, dans le Qucrci,
élection de Montauban. Il a" titre de marquifat.
MONCLOVA , bourg d'Espagne, dansl'Andaloufie,
félon Corneille,, Difl. qui dit, d'après Mari, qu'on
l'appelle communément Caftillo délia Monclova.W ajoute
MON
MON
que ce lieu eft fitué entre les villes de Carmone Se
cfEcija , à fix lieues de la première Se à quatre de la
dernière, & qu'on le prend pour l'ancienne ville d'O-
bolcola.
i. MONÇON , en latin Monùo , ville d'Espagne,
au royaume d'Arragon. On la trouve en descendant de
Balbaftro le long de la Cinca. C'eft une ville forte ,
fituée fur le penchant d'une colline, Se défendue par
un bon château. L'an 1595 , il s'y tint une affemblée
confidérable des états de Valence , d'Arragon Se de
Catalogne , qui prêtèrent ferment de fidélité à Philippe
II. En 1641, cette ville fut prife par les François ; mais
les Espagnols la leur enlevèrent l'année fuivante. * Déli-
ces d'Espagne , p. 6$J.
2. MONÇON. Voyez* Monsson & Mousson.
1. MONCONTOUR, en latin Mons Contorius ou
Mans Conjularis , petite ville de France, dans le Mire-
balais , élection de Richelieu , à neuf lieues de Sau-
mur , Se à quatre de Loudun. Elle eft fituée fur la
Dive , Se célèbre par la bataille qu'y gagnèrent les Ca-
tholiques le 3 d'Octobre 1569 , fur les Calviniftes. L'ar-
mée des Catholiques étoit commandée par le duc d'An-
jou, qui régna depuis fous le nom d'Henri III. L'amiral
de Coiigni commandoit celle des Calviniltes. * Piganioly
Defcription de la France , r. y. p. 108.
2. MONCONTOUR, ville de France, dans la
Bretagne , diocèié de Saint-Brieux. Cette petite ville ,
donc la paroiiïe cil dédiée à faint Michel , eft fituée à
quatre lieues au fud-eft de Saint-Brieux, & à trois au
midi de Lamballe. Elle députe aux états de la province.
3. MONCONTOUR, château de France, dans la
Touraine , au voilinage d'Amboifc.
MONCORNEIL, bourg de France, dans le Bas-
Armagnac , élection d'Aftarac
MONCORNET, bourgade de France , dans la Picar-
die, élection de Laon. Elle elt fur une montagne au bord
de la Serre , aux confins du Rhételois. Il y a une manu-
facture de groflés ferges.
MONCORVO, petite ville de Portugal, dans la
province de Tra-los-Montes à une lieue au nord du
Duero. C'eft le chef-lieu d'une Comarca.
MONCOUTANT , bourg de France , dans le Poi-
tou , élection de Thouars.
MONCSBERG ou Munchsberg, petite ville d'Al-
lemagne, au cercle deFranconie, dans la principauté
de Cul nbac , entre Gefrefs Se Hof. * Zcyler , Topogr.
Franconis.
MONCUCQ , bourgade de France , dans le Querci ,
élection de Cahors.
MONDA , rivière de la Lufitanie , fclon Ptolomée ,
/. 2. c. 5. Se Pomponius Mêla, /. 3. c. 1. Pline, /. 4. c. 22.
écrit Manda. On la nomme aujourd'hui Mondego,
félon le père Hardouin , qui ajoute qu'on trouve de l'or
dans fon fable. Voyez* Mondego.
MONDAUPHIN. Voyez* Mont-Dauphin.
MONDAY, rivière de l'Amérique méridionale, dans
la province de Paraguay , laquelle fe décharge dans le
Parana, par les Z) degrés environ 30 minutes de latitude
aultrale.
MONDAYE ou Mondée , en latin Mons Dei. Voyez,
Mondée.
MONDE (Le) , fubftantif tiré du mot latin Mundus,
qui fe prend dans le même fens. Nous lui donnons
plufieurs lignifications, dont nous ne toucherons que
celles qui ont rapport à la géographie.
1. MONDE (Le) fe prend pour I'univers entier;
favoir, le ciel & la terre , y compris les aitres, les pla-
nettes , en un mot tous les ouvrages de Dieu ,que Moïfe
renferme dans le premier chapitre de la genefe , In
■principio creavit Deus cœlum & terram , Se dans tout
le détail de la création.
2. MONDE (Le) fe dit auffi du globe Terres-
tre. En ce fens , fi un voyageur , partant de Cadix ou
de Seville, alloit à Potto-Bello dans la Nouvelle Espagne,
& de-là s'embarquant à Panama, pafïbic aux Philip-
pines Se revenoit en Espagne ; ou par la Chine , l'em-
pire Ruifien , la Pologne , l'Allemagne Se la France ; ou
par les Indes , la Perle , la Turquie Se la Méditerranée ,
on diroit de lui qu'il a fait le tour du monde.
3. Comme la connoiflance que les anciens avoient
349
du monde, fe bornoit à I'Hémisphere où font 1 Eu-
rope, l'Afie Se l'Afrique, on s'elt accoutumé adon-
ner le nom de monde à un feul hémifphere , & on
a appelle I'ancien Monde l'hémifphere que l'on con-
noifibit déjà anciennement , Se nouveau Monde celui
que l'on venoit de découvrir.
4. MONDE (Le) lignifie fouvent une partie du
globe terreitre. Par exemple , on dit tous les peuples
du monde Chrétien , pour dire des parties du monde
où la religion Chrétienne elt la dominante.
Le Monde dans le première fens a été appelle par
les Grecs Cofmos , VLoepoç , d'où elt venu le nom de
Cosmographie. Voyez* ce mot. L'étude qui fe propofe
la connoifiance de tout l'univers, renferme I'Astrono-
mie , qui elt la feienec des révolutions célelles ,& la Géo-
graphie , qui s'applique à connoître le globe terreltte.
Voyez. Géographie. Mon but n'eft pas de donner ici
un cours complet d'aftronomie ; cela mérite d'être traité
dans un ouvrage fait exprès. Mais ceux qui fe ferviront
de ce dictionnaire auront fans doute befoin d'avoir au
moins une connoifiance ébauchée de l'arrangement de
l'univers , Se je vais tâcher de leur en donner le plus
brièvement qu'il fera polFible, une notion qui les mette
au moins en état d'entendre les livres qui en parlent.
Systèmes des révolutions des Corps
célestes.
Les Chaldéens pafTent pour avoir inventé l'aftrono-
mie. La vie paftorale qu'ils menoient , les obligeoit de
veiller la nuit : un grand loifir , de vaftes plaines qui
leur offroient un horizon libre & découvert, la curio-
fité naturelle à l'homme, tout les conduifoit à cette
étude. Ils y firent dans la fuite d'aiTez grands progrès
pour en tirer des avantages réels. Les autres peuples
qui virent l'utilité donc étoit cette fpéculation aux
Chaldéens , étudièrent le ciel à leur exemple. Le ciel
eft un fpectacle commun à toutes les nations de la terre.
On impoia des noms aux aftres , Se fur les remarques
que l'on faifoit fur le tems qu'ils employoient à faire
leurs révolutions , on fe fit des régies pour prédire fine-
ment leurs abfences Se leurs retours , Se cette étude
devint une feience.
Il étoit naturel que les changemens qui arrivent
dans le ciel , par rapport à la lituation des planettes Se
des étoiles fixes , les frapafient Se leur donnaient quel-
que envie d'en connoitre l'économie. Ils voyoient des
étoiles qui gardoient toujours entre elles la même litua-
tion , Se d'autres qui en changeoient par rapport à celles
auprès desquelles on les avoir vues auparavant.
On appella Etoiles fixes celles qui font toujours
dans la même place les unes à l'égard des autres, Se
Planettes ou errantes , car ces deux mots lignifient
la même chofe, celles qui ont un cours indépendant de
celui des autres étoiles.
On confidéra ces étoiles fixes comme attachées à uri
ciel , donc le mouvement les entraînoit toutes ; mais
comme chaque planctte avoit un mouvement particu-
lier , on donna à chacune un nouveau ciel auquel elle
étoit attachée. Le mouvement circulaire parut le plus
ptopre , ainfi on imagina les creux comme autant de
cercles , auxquels la terre tenoit lieu de centre. Ou
balança long-tems fur le rang que l'on devoir leur don-
ner. On plaça enfin les planettes autour de la terre en
autant de cercles , félon cé"t ordre. La Terre . la Lune -%
Mercure , Venus , le Soleil , Mars , Jupiter , Satum - . &
enfin le Ciel des Etoiles fixes. Tel eft le fyfiurK de
Ptolomée.
Des phénomènes ne s'accordoient point avec ce- cer-
cles concentriques , c'ell à-dire , avec ces CJÇUfl q*t£ l'on
fuppofoit également diilans dans toute leur u;cuui'e-
rence, & auxquels un même point , comme , par .. ■ c m-
ple , le centre de la terre fervoit de centre commun.
Les planettes paroifloient tantôt plus proches Se tantôt
plus éloignées de la terre. On inventa des excentriques ,
c'eft-à-dire des cercles qui enfermoienr la terre, mais
fans qu'elle en fut le centre. A mefure que par quel-
que nouvelle réforme oh crovoit avoir remédié à un
défaur , quelque phénomène caufoit un nouveau dé-
rangement, Se c'étoit toujours a recommencer. Les ex-
MON
3*o
centriques fatisfaifoient pour le mouvement irrégulier
des planetres , mais il furvenoic des comètes qui cou-
poient ces cieux : il fallut refaire route la machine.
Quelques-uns regardant le foleil Se la lune comme
ayant une fupériorité fur les planettes , les mirent au-
dcflus de toutes les autres ; mais les éclipfes dérangè-
rent cet ordre : on jugea qu'une étoile , qui en paflanr,
nous empêche d'en voir une autre, doit être entre
elle Ôc nous, ôc par conféquent plus proche de nous
que celle dont elle nous ôtc la vue. On obferva que
la lune étant entre la terre ôc le foleil , nous déro-
boit fa lumière , & on en concluoit qu'elle eft plus
voifinede la terre que le foleil. On remarqua que Mer-
cure eft quelquefois dans le disque du foleil , ôc on
décida qu'il eft entre nous & lui. A force d'obferver ,
on régla 1 ordre des planettes ôc des cieux où elles font
leur tour y ce tour s'appelle période , mot pris du grec
& qui lignifie la même chofe.
On ne convint pas aifément du nombre des cieux ,
on fe contenta d'abord d'en donner un à chaque pla-
nette, ce qui fait le nombre de fept, & un huitième
qui emporte les étoiles fixes ; mais comme on remar-
qua que toute cette vafte étendue , dont la terre eft en-
vironnée , fait un tour en vingt quatre heures d'orient
en occident : on fit un neuvième ciel que l'on fuppofa
entraîner par un mouvement pareil toute la machine
de l'univers, on lui fuppofa deux pivots imaginaires,
fur lesquels elle tourne chaque jour comme une roue
fur fon aiiheu. Ces pivots font ce que l'on appelle les
pôles du Monde. Ce qui donna lieu de penferainfi,
ce fut que l'on remarqua certaines étoiles qui né dé-
crivent qu'un très- petit cercle autour de deux points
pris dans le ciel, Se que les autres étoiles décrivent
un plus grand cercle , a proportion qu'elles s'éloignent
de l'un de ces points, de forte que le plus grand eft à
difhnce égale de l'un & de l'autre.
Mais avec le tems on s'apperçut que les planettes
ont un mouvement différent fur des lignes qui ne font
point parallèles a celles de la fphére des étoiles fixes ,
c'eft l'origine de 1 Eclyptique. Voyez, ce mot. On trou-
va un fécond mouvement , & on fit un autre ciel pour
le leur imprimer. Ces deux cieux font ce qu'on appelle
le premier Se le fécond cryftaliin; car ç'auroit été une
extrême imperfection à un ciel d'avoir deux mouvemens
oppofés ; mais comme ces deux cieux dévoient avoir
chacun un mouvement différent, dont l'un entraîne
toute la machine d'orient en occident, ôc l'autre re-
porte les planettes & les comètes d'occident en orient ;
on s'avifa d'un neuvième ciel , qui par fon mouvement
d'orient en occident fortifiât celui de l'un des deux
cryftallins : en un mot , les cieux eoutoient fi peu , qu'on
en ajouta un dixième fur ce que l'on remarqua un troi-
fiéme mouvement dans l'univers , & ce dixième ciel fut
appelle le premier mobile.
Voici un autre embarras. On s'avifa d'examiner par
les régies de la trigonométrie les diftances des planettes
à la terre , ôc à force de calculs , on trouva que le
ciel des étoiles fixes , ou le Firmament, pouvoit avoir
vingt-fept mille fix cens foixanre fois deux cens millions
de lieues ou à peu près. Or ,en fuppofant que ce ciel
fait tous les jours ce tour en vingt-quatre-heures , cela
produit une rapidité qui effraie l'imagination.
De plus, tous ces mouvemens que l'on fuppofe
partir des cieux fupérieurs qui les impriment aux in-
férieurs, ont des différences dont ce fyftême ne peut
cendre de bonnes raifons. Comment le premier mo-
bile fait-il en vingt-quatre heures tout cet effroyable
chemin dont nous venons de parler ; ôc comment le
ciel de Saturne a-t-il befoin de vingt-neuf ans , cent
quinze jours & trois heures pour faire le fien ? Pour-
quoi Jupiter met-il précifément onze ans trois cens
treize jours & quatorze heures à achever fon rour î Mars
met au fien trois cens vingt ôc un jours ôc vingt-deux
heures. Le foleil , félon ce même fyftême , y emploie
un an entier ; Venus met au fien fept mois Se demi ou
deux cens vingt-quatre jours -, Se enfin Mercure quatre-
vingt-huit jours. Eft-il bien conforme à la raifon que
des mouvemens fi différens foient l'effet d'un feul ôc
unique premier mobile, & que Mercure, par exemple,
ait befoin de 88 jours pour décrire un cercle qui eft
MON
moins qu'un atome , en comparaifon du cercle que dé-
crit tous les jours le premier mobile, qui pourtant le
fait dans la quatre-vingt-huitième partie du tems qu'il
faut à Mercure pour parcourir cet atome î
Ce n'eft pas tout , les éclipfes ont fait connoître que
coures les planettes n'ont aucune lumière par elles-
mêmes : elles n'en ont qu'autant qu'elles en reçoivent du
foleil , ôc certe lumière les abandonne aufluôt qu'elle
eft interceptée par un corps opaque , tel qu'eft une
autre planette qui fe rencontre entre elles Se le foleil.
De-là il s'enfuit que des fept planettes du fyftême de
Ptolomée, il y en a fix qui n'ont aucune lumière que
celle du foleil qu'elles réfléchiffent , & que le foleil
que l'on y compte ne reffemble en rien aux fix autres j
fi ce n'eft dans le chemin qu'on lui fait Caire au-deflus
de la Lune , de Mercure Se de Venus , Se aïi-defious
de Mars, de Jupiter & de Saturne. En échange la terre
eft un corps opaque qui n'a de lumière que celle qu'elle
reçoit du foleil ,-& à cet égard elle eft bien plus pro-
pre que lui à être une planette, ou, ce qui eft la même
chofe, un globe errant. Cette notion de corps opaque
attachée aux fix planettes, fait aflez fentir que ni le
nom d'étoiles , ni celui d'aftres ne leur convient point.
Il y a encore plus , Mercure 6c Venus font très-mal
placés par rapport au foleil. Selon le fyftême de Pto-
iûmée, Venus en eft plus proche que Mercure , ce qui
fe trouve faux par l'expérience. Mercure fe perd quel-
quefois dans l'orbe du foleil , Se ne fort presque poinc
de fes- rayons. Ce qu'on ne peut pas dire de Venus.
Si les cieux de Mercure ôc de Venus font tels que le
fyftême les repréfente entre ceux de la lune ôc du
foleil , comment expliquer les phénomènes de ces deux:
planettes , qui paroifient quelquefois au-dtfius du foleil
ôc quelquefois au-defi'ous ?
Une planette fcmble quelquefois fu-ivre l'ordre des
figues du Zodiaque , d'occident en orient , ôc 'alors or»
dit qu'elle eft directe. Quelquefois elle paroit aller
contre l'ordre des figues d'orient en occident , ôc alors
on dit qu'elle eft rétrograde, ôc enfin il y a telle
fituation où l'on diroit qu'elle ne change point de place ,
ôc qu'elle eft arrêtée au même lieu du Zodiaque , Se
alors on dit qu'elle eft stationnaire. La neceffité
d'expliquer tout cela , a jette dans l'ancienne ailrcno-
mie une multitude de cercles qui fe croifent les uns les
autres, dont les uns font concentriques, c'eft- à dire
tirés d'un même centre, les autres excentriques , c'eft-
à-dire tités d'un centre particulier , Se cela pour trou-
ver un Apogée ôc un Périgée , c'eft à-dire , un poinc
de la circonférence du cercle , qui foit plus éloigné de
la terre, & un autre point oppofé qui en foit plus proche.
Les anciens , voyant tout l'univers en mouvement ,
foupçonnerent que la terre pouvoit n'être pas dans un
repos abfolu. Philolaiis , disciple de Pythagore, enfeignoie
qu'elle fe meut véritablement ; ainfi l'opinion du mouve-
ment de la terre n'eft pas nouvelle. Les uns , comme
Nicétas,fe contentent de la faire tourner fur fon axe.
Cicéron dit au quatrième livre de fes queftions aca-
démiques : Nicéras de Syracufe , comme le rapporte
Théophrafie , croit que le ciel , le foleil , la lune , les
étoiles , enfin tous les corps fupérieurs font arrêtés ÔC
en repos , Se que rien au monde n'eft en mouvemenr ,
hormis la terre qui tourne fort vite autour de fon axe
Se produit les mêmes effets que fi , la terre étant en
repos, le ciel étoit en mouvement. Peut-être faut il fe
prêter un peu au témoignage de Théophrafie Se de
Cicéron , Se que l'un ou l'autre n'a pas pris à la ri-
gueur le vrai fens de Nicéras. 11 y a apparence que
Nicétas ne donnoit à la terre que le mouvement diur-
ne , c'eft-à-dire , la révolution en vingt quatre heures»
qui par le tour qu'elle fait fur fon axe , prodi.it le'
même effet que fi les cieux tournoient effectivement
autour d'elle. Nicétas laiffoit vraifemblablement aux corps
céleftes leur mouvement particulier. Diogéne de Laerce
dit qu'il y en a qui croient que Philolaiis eft le pre-
mier qui ait dit que la terre femeut fur une ligne circu-
laire, d'autres affinent qu'Icétas (c'eft Nicétas) de Syra-
cufe eft l'auteur de ce fentiment.
Laiffons parler Bernier , abbréviateur de Gaffendi :
« Entre les anciens les uns vouloient que la terre , dans
» le centre du monde , tournât autour de fon aiflieu
MON
» d'occident en orient , qu'elle fît un circuit entier en
» vingt-quatre heures , Se que le foleil & les autres
» aftres fembloient à eaufe de cela tourner dans ce mê-
» me espace de tems d'orient en occident. C'étoit-là ,
» le fentiment d'Ecphantus pythagoricien , d'Héraclides
» Ponticus , de Platon dans fa jeuneffe Se de quelques
«autres, & c'eft ainfi qu'ils s'expliquoient. » Pour moi
je crois qu'il en faut retrancher Héraclide de Pont,
"dont l'opinion , comme on verra dans la fuite, revient
à un fyftême fort différent de celui de Philolaiis.
«D'autres, pourfuit Bernier , faifoienr principale-
» ment deux choies immobiles. D'un côté la fphere
» des étoiles fixes , qu'ils confidéroient comme les mu-
» railles du monde , & de l'autre le foleil qu'ils met-
» toient dans le centre du monde, le nommant la garde
» de Jupiter Se le foyer de l'univers ; ils faifoient raou-
» voir les plftnettes dans cet espace qui cil entre les
» étoiles fixes Se le foleil , & entre les planettes ils pla-
» çoient la terre , à laquelle ils attribuoient le mouve-
» ment diurne autour de fon propre aifticu , Se le mou-
« vement annuel autour du foleil. C'eft ainfi qu'expli-
» quoienf la chofe Philolaiis, Àriftarque de Samos,
»> Platon dans fa vieilleffe, Saleucus le mathématicien
»> Se quelques autres. »
Il y a un partage dans Plutarque, dont Gaflendi a
tiré une partie de ces détails. Le voici : Quelques-uns
croient que la terre eft immobile. Le pythagoricien
Philolaiis croit qu'elle tourne en rond aut^r du feu
( du foleil ) par un cercle oblique , à la manière du
foleil Se de la lune. Héraclide de Pont, Se Ecphante le
pythagoricien attribuent le mouvement à la terre , de
manière qu'elle ne bouge de fa place , mais qu'elle
tourne autour de fon centre fur fon axe d'occident en
orient, comme une roue. Le premier, continue Plu-
tarque, fait tourner la terre autour du foleil, & lui
fait décrire un cercle ; le fécond la fixe , Se la fait tour-
ner au même lieu fur elle-même fans avancer, comme
une roue qui tourneroit fur un axe fixement attaché à
une muraille > mais je crains que Plutarque n'ait mal
pris le fentiment d'Héraclide Se des Pythagoriciens.
Ceux-ci, au rapport d'Atiiiote , De cœlo , l. i. c. 13.
qui devoit connoître leur fentiment , mettoient le foleil
au centre du monde , Se la terre entre les %oiles -, de
forte que tournant autour de ce centre, elle fait l'an-
née , Se le pattage des jours Se des nuits. Cette aftro-
nomie pythagoricienne tomba avec la feéte de Pytha-
gore qui s'éteignit peu à peu. Marin le Tyrien travailla
beaucoup fur cette matière , & Prolomée , profitant
des recherches de tous ceux qui avoient écrit avant lui ,
affembla le fyftême qui s'eft long-tems confervé , &
que l'on a appelle de fon nom. * De Placitis phiiofo-
phor. 1. 3. c. 13.
La manière méthodique dont il eft traité , l'accrédi-
ta. Celui de Philolaiis n'étoit dévelopé nulle part : il
étoit disperfé de côté Se d'autre. Ceux qui vouloient
étudier l'afironomie, avoienr recours aux écrirs de Pto-
lomée, & en devenant fes écoliers, ils devenoient fes par-
rifans. Y°fià comment fon fyftême a prévalu fur celui
de Philolaiis.
Le fcrupule fit tort à l'afironomie. Les Païens ayant
donné aux planettes les noms de leurs divinités , com-
me Saturne , Jupiter , &c. les Chrétiens eurent horreur
d'une feience qui ne peut s'en parler. Ils ne fongerent
qu'à calculer chaque année le tems paschal.
L'afironomie judiciaire , à laquelle tout Je monde
s'adonna , Se qui fut regardée comme une magie , dé-
crédita encore l'afironomie.
A la naiflance des lettres , l'afironomie reprit fon cré-
dit. A mefure que les Grecs , chaffésde Confiantinople
& réfugiés en Italie , y rapporterenr le goût de la do-
ue antiquité que les invafions continuelles des Barba-
res y avoient éteint, on reprit la lecture des anciens,
& on chercha dans leurs livres que l'on retrouvoit ,
les feiences qui avoient été négligées. Ptolomée fut le
flambeau de ceux qui s'adonnèrent à l'afironomie. Ils y
trouvoient des principes rangés dans un ordre dogma-
tique, Se avec un air de démonfiration. Il fuffifoit d'a-
bord de bien étudier cet auteur , pour être cenfé grand
afironome.
Mais ce même fyftême , après avoir fervi à former
MON 3j-i
des aftronomes , les jetta dans d'étranges embarras. A
force d'étudier le ciel , ils y trouvèrent des phénomè-
nes , dont le fyftême ne rendoit aucune railbn plau-
fible. Cette multitude de cercles concentriques, ex-
centriques , d'épicycles , Se d'autres refiburces infuffifan-
res, imaginées pour fauver un fyftême qui s'écrou-"
loit, tout cela, a force de fe multiplier à l'infini .trou-
va des gens qui s'en dégoûtèrent. On longea à avoir un
fyftême plus fatisfaifant , plus uni, & qui expliquât
les phénomènes d'une manière plus fimple & pins na-
turelle.
Vers le milieu du quinzième fiécle, le cardinal Ni-
colas de Cufa effaya de rendre le mouvement à la ter-
re, mais difitait par d'autres études , il fe borna à ris-
quer fon fentiment, qui ne fit aucune fortune. George
de Peurbach , né aux confins delà Bavière & de l'Au-
triche, contemporain de Cufa, s'attacha de plus en
plus à Prolomée, qu'il tâcha de perfectionner. Son dis;
ciple Jean Millier, plus connu fous le nom de Regiomon-
tarins, travailla dans les mêmes principes que Peur-
bach, Se fit un grand nombre d'obiervations utiles;
mais toujours dans l'ancien fyftême.
Enfin parut Nicolas Coptunic, homme incom-
parable , au jugement de Ticho Btahé, bon juge fur
cette matière. Ne a Thorn, dans la Pruflc Polonnoife,
le 19 Février 1473,11 n'avoit que quatre ans , lorsque
Jean Muller mourut. Il voyagea en Italie, Se augmen-
ta fes connoiffances par le commerce qu'il eut avec les
plus favans aftronomes de ce tems. Il fit même à Ro-
me des leçons de mathématiques qui lui attirèrent un
grand concours d'auditeurs. De retour dans fa patrie ,
il fut pourvu d'un canonicat à Fravenherg. Voyez, ce
mot. 11 vécut jusqu'à l'âge de foixanre Se dix ans, Se
pall'a route fa vie à perfectionner les idées qu'il avoit
fur les révolutions célertes.
^ Quelque foin que Peurbach & Muller enflent pris
d'attacher au fyltême de Ptolomée, des corrections
qui en réparqient les défauts les plus greffiers, Coper-
nic n'alla pas bien loin fans s'appercevoir qu'un édifice
auffi ruineux , & qu'il falloir étayer de tous côtés ,
ne pouvoit être l'image fidèle d'un ouvrage auili par-
fait que celui de l'univers.
Le fyftême de Philolaiis le frapa ; à fon exemple
il plaça au centre du monde le foleil defiiné à l'éclai-
rer , Se trouvant que les autres planettes étoient des
corps opaques comme la terre , & ne Iaiffbrent pas de
décrire de grands cercles par leurs révolutions , il la fit
tourner avec elles; pour rendre ce fyftême complet,
il y travailla toute fa vie. Trente- fix ans ne furenrpas
trop pour examiner fon nouvel arrangement des corps
céleftes fur les obfervations s Se ce qui devoit le Ma-
ter beaucoup , c'eft qu'elles s'expliquent avec une grande
facilite, en fuppofant la jufteffe de l'ordre qu'il a éta-
bli. Leschofes mêmes dont le fyftême de Ptolomée ne
peut rendre aucune raifon vraifemblable , n'ont plus
aucune difficulté dans celui de Copernic, par exem-
ple :
Dans l'opinion commune, dit Gaffendi , on ne fau-
roit rendre raifon pourquoi les planettes le font tou-
jours rétrogrades dans l'oppofirion avec le foleil , tou-
jours directes dans la conjonction, jamais en d'autres
lieux Se en d'autres tems. Dans Phypothèfe de Co-
pernic , il faur de toute néccffiîé que la chofe arrive
ainfi.
Dans l'opinion commune , on ne fauroir expliquer
pourquoi Mars , Jupirer & Saturne font plus grands
dans l'oppofirion que dans aucun autre rems. Dans l'hy-
pothèfc de Copernic, on voit clairement que c'eft par-
ce que la terre paffe alors rrès-proclie d'eux.
Un aftronome disciple de Ptolomée fera bien en pei-
ne de dire pourquoi le foleil & la lune neparoiffent ja-
mais ni rétrogrades , ni ftationnaires. Un Copernicien
dira , fans être fort embarraffé , que c'eft parce que la
lune nous fuit par tout , qu'elle tourne avec nous en
quelque part que nous foyons, Se que nous-mêmes
tournanr autour du foleil, il faut abfolument qu'il pa-
roiffe avancer , félon la fuite des figues. Il en eft ainfi
de quantité d'autres phénomènes qui s'expliquent pres-
que d'eux-mêmes à quiconque fuit l'hypothèfe de Co-
pernic , .Se qui font une fource d'obfcu rites pour les
MO M
3*2
aitïonomes qui fuivent le fyltéme de Ptolomée. Selon
Copernic, le Soleil occupe le centre du monde.
Autour de ce centre , elt l'orbite de Mercurf , ou
le cercle que cette planette décrit .en quatre vingt
jours ; après ce cercle, elt celui de Venus qui le décric
en neuf mois.
Enfuite vient le cercle de la Terre , qui le décrit en
un an j le globe de la terre eit lui-même le centre d'un
amie cercle, beaucoup plus petit , que la Lune décrie
en un. mois lunaire.
Le cercle qui fuit , eft celui de Mars , qui le dé-
crit en deux ans.
Le cercle de Jupiter vient enfuite , & cette pla-
nette met douze ans à le décrire.
Enfin vient le cercle de Saturne , qui emploie tren-
te ans à faire une de fes révolutions.
Tous ces cercles font enfermés dans une dernière
fphère , où font les étoiles fixes.
Cette fphère elt immobile , félon Copernic , dont
j'emprunte ici le calcul pour le tems que chaque pla-
nette mec à parcourir la fphère à laquelle elle femble
attachée. Ce calcul a été enfuite réduit à une plus gran-
de précifion.
Il traita cette feience félon fes lumières , Se prévit
bien que l'ancien préjugé empécheroit la plupart des
hommes de s'y rendre , & que les partifans de l'aftro-
nomie commune fe révolteraient contre une hypothèfe
qui rendoit inutiles tous ces cercles confus Se embar-
rafles, qui leur avoient tant coûté à faire ou à appren-
dre , & qui ne fuffifoient pas pour rendre raifon des
phénomènes.
Cependant le livre étoit fait , Se l'auteur n'ofoit en-
core le publier. En vain , il fe voyoit raffiné par Ti-
deman Gifuis , évêque de Culm , Se par Nicolas Schon-
berg , cardinal de Capoue , qui l'invitaient à publier
fes recherches. Il prit enfin fon parti , Se dédia ce fa-
meux livre au pape Paul 111, le fit imprimer à Nu-
remberg l'an 1543 , Se mourut la même année avec
la réputation d'un ecclcfiaitique vertueux Se très-ortho-
doxe fur les matières de la foi.
Par malheur fon livre paroiffoit dans un tems où
tous les nouveaux fentimens étoient fuspccts:on ne
parloit par-tout que de réformation.
11 n'eft pas furprenant qu'en de pareilles circonftan-
ces, on fit fcrupule d'admettre d'abord une hypothèfe,
ancienne à la vérité , mais tenue long-tems cachée par-
les Pythagoriciens qui l'avoient imaginée ; méprifée dès
qu'on l'avoit montrée au public , parce qu'elle étoit dé-
nuée de démonftrations qui l'appuient. Les théologiens
augmentèrent le fcrupule, ils apportèrent des paliages
de l'écriture , où les écrivains faciès s'expriment en
des termes, qui étant pris à la lettre, l'ont contraires
à l'hypothèfe du mouvement de la terre : cela porta
bien des gens à la rejetter , fans vouloir examiner fi
elle étoit plus conforme que l'autre aux révolutions cé-
leftes.
Ticho-BrahÉj clarmé d'ailleurs de la beauté Se
de la jufteffe de cette hypothèfe , tâcha d en ôrer ce qui
eftarouchoit les théologiens. Ce fut en confervant le
mouvement des planettes autour du foleil , qui elt au
centre de leurs orbites ; en ôranr néanmoins le foleil du
centre du monde , Se le faifant tourner lui même au-
tour de la terre qui occupe ce centre , de manière
qu'il entraîne avec lui autour d'elle , rous les deux dont
îl ell lui-même environné. La lune, qui ne doit peint
quitter la terre, a fon petit cercle inferit dans celui
qui ell décrit par le foleil ; mais, comme dit de Fon-
tenelle , ce fyfiême ne peut être propre tout au plus
qu'à foutenir l'immobilité de la terre , quand on a bien
envie de la foutenir Se nullement à la perfuader.
Cependant les ferviceséclatans queTicho-Biahé avoit
rendus à l'aftronomie; le grand nombre d'élèves qu'il
avoit formés , Se l'eftime publique que lui marquèrent
les plus grands princes de fon tems , tout cela concou-
rut à mettre fon fyftéme en vogue. Le Nord l'adopta ,
Se il rît une affez belle fortune pendant quelque tems.
Il s'en falloir bien néanmoins , que le fyllême de
Copernic fut abandonné. Des Catholiques d'une or-
thodoxie irréprochable l'examinèrent, Se chaimés de
la fimplicité merveilleufe , Te déclarèrent en fa fa-
MOM
veur. Les objections allronomiques par lesquelles oh
l'attaqua, furent fans force: il ne fut plus queftion que
de favoir fi la foi n'y couroit aucun danger. On répon-
dit aux pafiages de l'écriture , Se on prétendit que les.
auteurs faciès, n'ayant pailé des chofes qui ont rap-
port à l'altronomie que par occafion & en paffant,
n'avoient pas dû en parler d'une manière que le peu-
ple n'auroit pas entendue : qu'ils s'étoient conformés
aux notions qu'il en avoit ; leur but n'étant pas de lui-
enfeigner l'aftronomie.
En effet, ces fcrupules fe font fi bien diifipés parmi
les nations lavantes de l'Europe , qu'on a vu des ma-
thématiciens d'une orthodoxie généralement reconnue.
Se des eccléiial tiques irréprochables dans leur foi aufli
bien que dans leur conduite , embraflèr généralement
le fyfiême de Copernic , Se à préfent les aftronomes
les plus célèbres , le prennent pour la bafetde leurs étu-
des , Se le fuppofcnt dans toutes leurs démonftra-
tions.
Depuis Copernic on l'a beaucoup perfectionné , à quoi
ont extrêmement contribué les télescopes inventés vers
le commencement du fiécle paflé. Ce n'eft pas que l'on
ne fe fervit depuis long-tems de tubes, afin de voir
plus nettement les objets , Se le père Mabillon, dans
fon voyage d'Allemagne, parle d'un manufcritplus an-
cien que le treizième ficelé , où Ptolomée eft repré-
fenté avec un tube de quatre pièces ; mais les verres
qu'on y rajoutés , ont perfectionné cet infiniment,
Se ont aide a trouver des étoiles Se des planettes que
l'on ne connoiffoit pas auparavant.
Galilée, mathématicien du grand duc de Toscane,
a trouvé que la planette de Jupiter elt accompagnée de
quatre petites planettes qui tournent autour d'elle, com-
me la lune tourne autour de nous. On ne peut expri-
mer l'excès de joie qu'il refientit après cette décou-
verte. Il en fit honneur à fon maître le grand duc de
Toscane, & les appella les astres de Medicis; leur
nom le plus ordinaire , eft les satellites de Jupiter,
parce que ces quatre lunes lui font une garde comme
les officiers qui environnent un prince. Selon Cafïini ,
la lune intérieure fait fon tour en un jour, dix-huit:
heures vingi-huit minutes Se treme-fix fécondes ; la
féconde eStrois jours , treize heures treize minutes Se
cinquante-deux fécondes; la troifiéme en fept jours ,
trois heures cinquante- neuf minutes eSc quarante fécon-
des, Se la dernière ou extérieure en feize jours, dix-
huit heures, cinq minutes Se fix fécondes. Ces lunes de
Jupiter ou fes fatellitcs fembloient d'abord le fruit aflez
inutile d'une oifive fpéculation , mais le même Dominique
Caffini en a rendu l'ufage très-précieux à la géogra-
phie ; car leurs fréquentes éclipfes donnent lieu a d'ex-
cellentes obfervations qui fixent les longitudes. Voyez.
Longitude.
Saturne a aufïi fes Satellites. On en connoîc
cinq Se peut-être en découvrira-t-on davantage. Le fa-
vant Huyghens en découvrit un (qui elt le quatrième)
en 1 6 jj , avec un télescope de douze pieds de long.
Dominique Caflîni lui fit voir en 1672,1e rtoifiéme
Se le cinquième. C'elt de ces trois que Gaffendi parle ,
quand il dit que l'intérieur ( c'eft-à-dire celui de Huy-
ghens ) fait le tour de Saturne en quatre jours Se de-
mi ; le fécond ( c'eft-à dire le quatrième de Cafiîni) en
feize jours ;& le troifiéme (ou le cinquième du même
aftronome ) en quatre-vingt-dix jours : dix ou onze ans
après il trouva le premier Se le fécond. On foupçonne
qu il peut y en avoir davantage ; car on remarque
entre les deux derniers un plus grand espace que ne
demande la proportion de la dikance des autres ; je ne
dis rien de l'anneau de Saturne qui elt différent , félon
les divers afpects.
Je n'ai point encore parlé du triple mouvement de
la terre. Sans entrer dans un détail fcrupuleux qu'il
faut voir dans les livres mêmes des plus excellens agro-
nomes , je me contente de dire ici que l'un de ces mou-
vemens elt nommé Diurne, Se confille , en ce que
la terre tourne fur elle-même , ce qui fait la difîinction
des jours Se des nuits; le fécond elt nommé Annuel,
Se porte la terre le long de fon cerclr où elle avance
autour du foleil , de manière qu'au bout d'un certain
nombre de jours elle fe retrouve au même point d où
elle
MON
MON
felle étoit partie , & ce mouvement fait les années. Le
troifiéme mouvement confiée , en ce que l'axe de la
terre eft toujours tourné vers les mêmes pôles du mon-
de , c'eft pourquoi on le nomme Mouvement de Pa-
rallélisme : car l'éclyptique coupant obliquement
l'équateur, il s'enfuit que l'axé de l'une ôc celui de
l'autre ne fauroient avoir les mêmes pôles. Si la terre avoit
fon axe parallèle à celui de l'éclyptique , il y auroit un
équinoxe perpétuel , au lieu que fon axe étant paral-
lèle à l'axe du monde ôc différent de celui de l'éclyp-
tique , cela produit cette admirable viciffitude des faifons
qui fe fuccédent les unes aux autres.
Ptolomée fuppofoit la fphere des étoiles fixes com-
me une voûte concave à laquelle elles font attachées:
il lui donnoitun mouvement très-violent. Copernic ne
paroît pas avoir rien changea fa configuration, finon
qu'il la croit immobile. On a depuis obfervé qu'elle
a en effet un mouvement vers l'orient , mais très-lent ;
car on tient que les étoiles du bélier ne femblent pré-
sentement s'être retirées de trente degrés du point équi-
noxial dans l'espace de deux nulle ans, que parce qu'elbs
ont effectivement avancé , félon la fuite des fignes.
L'étude qu'on a faite des Etoiles fixes a été por-
tée fort loin , fur-tout depuis qu'on a eu des inftru-
tnens faits avec bien plus d'exactitude que ceux des
anciens. Les télescopes ont fait connoîcre des étoiles
que les anciens n'ont pu voir , parce que leurs yeux n'a-
voient pas les mêmes fecours. On a vu paroître des
étoiles a la portée de nos télescopes , ôc disparoi're
enfuite pour reparoître encore dans d'autres tems. On
a tâché de raffembler aiTez d'obfcrvations là-deffus pour
pouvoir établir des conjectures plaufibles fur les révo-
lutions de ces aftres -, mais en attendant qu'il y ait affez
d'obfervations pour voir clair dans le chemin qu'elles
décrivent , on peut toujours conclure que les fixes ne
font pas toutes fur une même ligne circulaire , comme
on l'a cru allez long- tems -, mais qu'elles occupent un
espace immenfe que la fageffe divine a réfervé à des
ufages qui ne nous font pas connus.
Cela a donné lieu à des perfonnes , d'ailleurs très-
favantes > de former une nouvelle hypothèfe , qui n'a
été d'abord propofée que comme un jeu, &: que l'on
a enfuite enfeignéé férieufement ; c'en: ce que l'on ap-
pelle le Grand Système. Voici en quoi il confifte.
Chaque étoile fixe a autour d'elle un espace dans
lequel roule un nombre plus ou moins grand de pla-
nettes , à proportion de fon étendue, Ôc notre foleil
n'eft qu'une étoile fixe par rapport à ces planettes d'un
autre tourbillon. Chaque étoile fixe aura donc fon tour-
billon au milieu duquel elle eft placée , comme notre
foleil eft dans le centre de notre tourbillon. On attri-
bue à cette disposition les différences que les aftrono-
mes mettent entre les étoiles pour la grandeur ; car
il eft narurelque celles, qui font plus éloignées, paroiffent
plus peiecs, ôc que celles, qui font plus proches de nbtre
tourbillon , paroifient plus grandes.
Pour le fyilême de Copernic on peut s'en fervir ,
à l'exemple de quantité de perfonnes fages Ôc pieufes
qui l'emploient comme l'hypothèfe la plus conforme aux
révolutions céleftes. Ni Ptolomée , ni Copernic n'ont
jamais prétendu que le ciel fût précifément fembl.ible
à l'idée qu'ils en donnoient -, ils ont même averti „ l'un
ôc l'autre, que ce feroit une erreur que de leur attri-
buer cette penfée. Leur but n'a été que de trouver une
hypothèfe, qui donne une folution fatisfaifante des phé-
nomènes , qui arrivent dans le cours des corps céleftes.
Celle de Ptolomée a long-tems triomphé, parce qu'on
ne connoiflbit rien de meilleur. Copernic en a donné
une autre , qui enfin a obtenu la préférence par fa
grande fimplicité. S'il n'a pas l'honneur de l'invention ,
il a le mérite d'en avoir donné les preuves ôc les ufa-
gcs. Descartes y a ajouté les tourbillons ; Galilée a
fourni les faillites de Jupiter ; Huyghens & Caffini les
fatellites de Saturne : c'eft ainfi que les feiences fe per-
fectionnent peu à peu.
En voilà affez pour fervir d'ébauche à l'étude de
l'aftionomie , en faveur de ceux qui , n'en ayant aucune
notion, font bien aifes d'en prendre les premiers traits.
Je n'ai point parlé de l'Eclyptique ni des cercles de
Latitude , de Longitude , de l'Equateur , de l'Hq-
RizoN , ni des Pôles , pour ne point répéter ici in-
utilement ce que j'en dis dans les articles particuliers où
ces matières font traitées.
Le Monde ou le globe Terrestre. Voyez, au mot
Terre.
Le Monde dans le fens d'Uemispheke. Veyez. Hé-
misphère.
MONDÉE , village de France , dans la baffe Nor-
mandie , au diocèfe de Bayeux , à deux lieues de la
ville de ce nom. Il eft fitûc fur la rivière d'Aure , ÔC
remarquable par une abbaye régulière de l'ordre de
Prémontré réformé , appellée en latin Mons Dei.
Les religieux de cette abbaye deffervent les cures des
paroiffes de Juez , d'Yelon ôc de Trungi. Hermant ,
dans le premier tome de fon hiltoire du diocèfe de
Bayeux , dit que Jourdain dit Hommcr, compté dans
les tables du chapitre au nombre des chanoines dé
Bayeux, en fur tiré dans le treizième fiécle pour être mis
fur le fiége épiscopal de Lifieux. Sa piété l'avoit porté
à fonder en 1113 , l'abbaye de Mondée, fous l'invo-
cation de S. Marrin. Cette abbaye étant de la dépen-
dance des fiefs de la terre de Nonant , qui eft a une
lieue de la ville de Bayeux , ôc qui appartenoit aux
parens de ce Jourdain du Hommet , on croit qu'il
obtint de Robert des Ableges , alors évêque de Bayeux ,
que la jurisdiction fpirituelle de ce territoire dépen-
droit à l'avenir de l'évêché de Lifieux , dont cette ab-
baye dépend encore aujourd'hui pour ce qui regarde
le fpïtituel. * Mémoires manuscrits de 1706. Loin. Dict.
MONDEGO , fleuve du Portugal , connu par les
anciens fous le nom de Monda ou Mitnda. Il fort des
montagnes au couchant de la ville de Guarda , paffe à
Selorico , à Pegnacova ôc à Coimbre, ôc fe dégorge
dans l'océan par une large embouchure. Ce fleuve eft
fort rapide ôc devient exceffivement gros, quand il pleut.
Il porte bateau depuis fon embouchure jusqu'à Coim-
bre ôc un peu au-deffus. * Délices de Portugal , p. 696.
MONDEL, ville de l'Inde, félon Avicenne, qui
dit que c'eft de-là que venoit l'Aloès noir. Jofeph Sca-
liger , ad 4. Manilii , veut que Mondel foit Molinde ,
royaume d'Ethiopie. * Ortelii Thefaur.
MONDENARD, bourg de France, dans le Quer-
ci . élection de Cahors.
MONDEREN , forêt 'de Lorraine -, la France la
rendit au duc par le traité de 1718»
MONDE Voyez. Mundi.
MONDIDIÈR. Voyez. Mokt-didier.
MONDOA , rivière des Indes. Voyez.MAxr>oA.
MONDONNEDO, Mindonia, ville d'Espagne, dans
la Galice , avec titre d'évêché fuffragant de Compo-
ftelle. Elle eft fituée au-deffus de la fource du Migno
dans une belle expofition au pied des montagnes, à
l'extrémité d'une campagne très-fertile , ôc dans un air
fort fain , ce qui n'eft pas commun dans la Galice. Son
évêque, qui avoit autrefois fon fiége à Ribadeo , eft fei-
gneur fpirituel & temporel de Mondonnedo , ôc jouit
de quatre mille ducats de revenu. * Délices a l'Espagne,
pag. 134.
MON DOUBLE AU. Voyez. Mont-Doubleau.
t. MONDOVI, en latin Maris Vici ou Mons rega-
lis , ville d'Italie(a) , dans le Piémont, & la capitale
d'une petite province à laquelle elle donne fon nom.
Elle eft fituée au pied des Alpes, fur une montagne,
auprès de la rivière d'Elero, au midi oriental de Bcne,
& au nord occidental deCeve(£). Le haut de la mon-
tagne avoit commencé d'être habité des l'an 1038 j
on y comptoit un nombre confidéi able d'habitans. L'é-
poque de la fondation de cette ville eft marquée fur
une pierre au-deffus de la porte de la chapelle de faint
Antoine de Padoue , dans l'églife cathédrale : on y lit l'in-
feription fuivante : MCCXXXII. die X. exeunte An-
guflo adificata fuit Terra Montis Kegalis. Deo gratias
MCCXL. die xv. Augufti adificatus eft locus Fratrttm
Minorum in Monte Regali , poft xiv. annos ab obitu D.
Francisci. Cette églife étoir fous l'invocation de faint
François avant qu'elle fût églife cathédrale. (a) Del'ljle,
Atlas, (h ) Joan. Blaeu , Theatr. Pedemontii.
Les troubles d'Iraiie accrurent le nombre des habitans
de Mondovi : il y vint entr'aunes un grand nombre de
perfonnes du duché de Milan , lorsaue Frédéric Barbe-,
Im.1V. Y y
MON
3*4
rouflè eut détruit la capitale de ce duché. Ces nouvel-
les colonies obligèrent d'agrandir l'enceinte de la ville,
les murailles renfermèrent route la montagne, & on
en voit encore aujourd'hui les vefliges. Elles furent rui-
nées durant les guerres du felziéme fiécle , partie par
les François , partie par les Impériaux : cependant Ema-
nuel Philibert, duc de Savoye , pour qu'une ville auflî
peuplée ne demeurât pas fans défenfe, fit conflruire
une citadelle au haut de la montagne dans l'endroit où
avoit été la première églife cathédrale.
Mondovi jouit aflez long-tems de fa liberté ; à la fin
les divifions furvenues entre fes habitans l'obligèrent
de fe chercher des maîtres. En 1347, elle fe donna
aux princes de Savoye , Se fuccefïivement à divers au-
tres princes, jusqu'à la mort de Robert, roi de Na-
pies, que Jeanne , héritière de fes états, rendit ,à ce
qu'on prétend , la liberté aux habitans de cette ville. Ils
ne la conferverent pas long-tems : leurs anciennes ja-
loufies s'étant réveillées , ils fe mirent en 1396 , moitié
de gré , moitié de force , fous la protection d'Amédée
de Savoye , prince d'Achaïe. Depuis ce tems , ils ont
toujours été fournis aux princes de Savoye.
Outre la cathédrale Se diverfes paroillés, il y a dans
Mondovi plufieurs maifons religieufes , favoir , une de
Jéfuitcs qui ont le collège; deux couvens dAugultins,
les uns réformés , les autres non-réformés ; un de Do-
minicains; un de Recollets ", un de Cordeliers ; un de
Capucins; deux de Carmes, les uns chauffés, les au-
tres déchaufies; Se quatre monaftercs de filles, un de
l'ordre de faint Benoît , un de faim Bernard , un de re-
ligieufes de fainte Claire Se un de Capucines : il y a
auiïï une univerfité établie par le pape Pie V.
2. MONDOVI , petite province du Piémont , au
pied des Alpes. Elle eft bornée au nord par la pro-
vince de Foflano , à l'orient par le marquifat de Ceve ,
au midi par le mont Apennin , Se à l'occident par la
province de Coni.
MONDRAGON, ville d'Espagne , dans le Guipus-
coa , au bord de la rivière de Deva , à trois lieues au-
deflusde Placentia , fur une colline. Cette ville efl re-
marquable par des fontaines d'eaux médicinales , qui y
font en grand nombre. Le territoire qui l'environne
produit d'excellentes pommes, dont les gens du pays
font une espèce de cidre , qui leur tient lieu de vin.
Cette ville eft auffi célèbre par le commerce qui s'y
fait du fer Se des armes qu'on y fabrique. * Délices
d'Espagne , p. 88.
MONDRAGONE. Voyez, au mot Cap Mondra-
GON.
MONDRY , bois de France , dans la maîtrife de
Mont-Marault. Il eft de cinq cens quatre-vingt deux
arpens.
MONDUROCH, bois de la France, dans la maî-
trife de Valogne. Il e(ï de trois cens cinquante ar-
pens.
MONE, MEUN, MEON , MOEN , MOON ,
MUEN Se MOW, ifle du royaume de Danemarck,
dans la mer Baltique. Sa partie occidentale fe trouve
entre laZélande au nord, Se Pifle de Fallter au midi :
le refte de Pifle s'étend à l'orient dans la mer. On l'ap-
pelle Mone Danoise, en latin Mona Danica ,
pour la distinguer d'une autre ifle de même nom, fituée en-
tre l'Angleterre Se l'Irlande. Dans fa partie orientale
on voit plufieurs montagnes de craie blanche, Se qui
font très-élevées. Outre divers villages Se quelques pa-
roiffes, qui font allez confidé râbles, il y a dans cette ifle
une ville nommée Stége, Se une forcerefle appellée
Elmeland.
MONEDES, peuples des Indes, félon Pline, /. 6.
c. 19.
MONEINS, petite ville de France, dansleBearn,
diocèfe d'Oleron. Aux environs de cette ville, il y a
des mines de plomb , de cuivre , de fer; Se l'on trouve
fur les montagnes beaucoup de fapins , dont on fait
des planches Se des mâts de navires. Moneins eft peu-
plée pour fa petitefle. Son terroir eft fur-tout abon-
dant en vins. Voyez, Monesi. * Piganid, Defcrip-
tion de la France , tom. 4. pag. 446. Mémoires di-
vers.
MONEMBASIA. Voyez, Epibaurus 3,
MON
MONERABEAU , bourg de France , dans le Co«-
domois > élection de Condom.
MONERBINO. Voyez. Minorbino.
MONESI , peuples de la Gaule Aquitanîque , feloa
Pline, /. 4. c. 19. De Valois Se le père Hardouin
croient trouver quelques traces de ces peuples dans le
nom de la ville de Moneins en Bearn. Voyez, Mo-
neins.
MONEST1ER , en latin Monaflerium , bourg de
France , dans le Bourbonnois , élection de Gannat , à une
lieue de la ville de Chantelle-le-Château. La taille y eft
perfonnelle, Si le terroir y eft bon.
MONEST1ER DE BRIANÇON , bourgade de
France, dans le Dauphiné, au Briançonnois , dans la
partie occidentale de cette province, à quatre ou cinq
lieues cie Briançon , en tirant vers le nord occidental.
* Jaillot, Atlas.
MONEST1ER DE CLERMONT , bourg de Fran-
ce, dans le Dauphiné, au Diois, élection de Greno-
ble, à cinq lieues de la ville de ce nom. Il y a une
fontaine , par rapport à laquelle les gens du pays as-
furent avoir fait une remarque ; c'eit que quand fes
eaux s'élèvent à la hauteur d'une pique en forme de
jet d'eau , elles annoncent une année ftérile ; Se au con-
traire une année abondante , quand elles ne s'élèvent
pas fi haut.
MONESTIER SA1NT-CHAFFRE , en latin Mona-
flerium Sjntli Tb/ofredi , bourgade de Fiance , dans le
Bas- Languedoc , recette du Puy. Il y aune abbaye de
Bénédictins. Voye Saint Chaffre.
MONEST1ERS , petite ville de France » dans le
Haut-Languedoc, recette d'Albi. Cette ville eft fur 1»
Céron , à deux lieues d'Albi, Se l'une des douze
principales du diocèfe. Elle appartient à l'archevêque.
MONESTROL. Voyez. Monistrol.
MONETAU ( a) , en latin Monaftellum , village de
France , fur la rivière d'Ionne , à une lieue au - des-
fous d'Auxerre en Bourgogne. Ce lieu a été très con-
nu à Paris , par le moyen des coches d'eau qui
en pottoient le nom , parce qu'ils ne remontoient
pas plus haut que cette paroifie. On connoît depuis
plufieurs fiécles fous le nom de Monétau le terri-
toire des deux rivages de Pionne ; mais il y a
huit cens ans , celui qui eft tà gauche , Se où eft l'é-
glife paroiflïale de faint Cir, s'appelloit Champigni.il
n'y avoit que les habitans du rivage droit qui fuflent
appelles du nom de Monétau. Maintenant, comme la-
rivière partage le village en deux , on appelle ce qui
eft d'un côté le grand Monétau, Se ce qui eft de l'au-
tre , le petit Monétau. Les Templiers avoient dès le tems
de faint Louis, une maifon Se du bien dans l'ancien
Monétau , à droite de la rivière. On lit dans la vie
de Gui de Mello, alors évêque d'Auxerre, les pour-
fuites qu'il fit contre eux, pour les empêcher d'exercer
dans leur chapelle aucunes fonctions curiales , Se mê-
me d'avoir une cloche ( b ), Cette chapelle paroit avoir
été différente de celle de faint Quentin de Monétau ,
qui fubfifte encore , Se dont Hémeré , en fon Augufta
Veromanduorum , pag. 242. attribue la dédicace àErard
de Lefignes , fuccefieur de Gui de Mello. Monétau eft
l'un des pafiages fur la rivière d'Ionne , où les anciens
conftruifirent une des éclufes qu'on appelle Pertuis
dans le pays , Se autrefois Boichel ou Bouchet. Le droit
en eft très- ancien , .puisque dès l'an 1222 , une dame
Ifabelle céda au chapitre d'Auxerre tout ce qu'elle pou-
voit y prétendre. Les habitans de Monétau , dépendans
du même chapitre , furent affranchis Se mis en liberté
l'an 1253, moyennant la ceflion qu'ils firent de ce
qu'ils pouvoient avoir au bois de Bar. Quant à la Fo-
rêt de Tul , elle fut donnée aux mêmes feigneurs , par
Guillaume, comte de Nevers& d'Auxerre, Pan 1161,
en dédommagement du tort que fon père avoit fait à
ce chapitre. La fituation de cette paroiffe efl très-agréa-
ble ; c'eft-Ià que la petite rivière de Beauche fe jette
dans Pionne, après avoir engraiffé les prairies de Vil-
le-Fargeau , de faint Georges Se de Perrignv. (a) Di-
vers Mémoires manuferits. (b) Labbe , Bibliot. manufe.
tom. 1.
MONETTIUM , en „grec M«c»7t/w , ville des Japo-
dçfii felun Stiabon, /. 4. r. 207. Lazius nosume cette
MON
ville Mansburg dans un endroit , & Monsburg dans un
autre : il la place dans le comté de Cilicic.
MONEVAL , bourgade de France , dans la Picar-
die , diocèfe de Soiflbns, élection de Crefpi. Il y a dans
ce lieu une abbaye de filles de l'ordre de faint Benoît:
on la croit fondée par le roi Dagobert , qui y avoit éta-
bli des moines.
MONFAUCON. Voyez. Mont-Faucon,
MONFELTRO. Voyez. Monte-Feltre.
MONFERO, abbaye d'hommes , ordre de Cîteaux ,
de la congrégation de Caflille en Espagne , dans la Ga-
lice , au diocèfe de Compoftelle.
MONFERRAG, bourg de France, dans le Bas-Ar-
magnac , élection de Lomagne.
MONFERRAND. Voyez. Mont-Ferrand.
MONFIA , ifle d'Afrique , fur la côte du Zanguc-
bar , environ à cinquante- fix degrés 6c demi de longi-
tude , fous les fept degrés cinquante-cinq minutes de
latitude méridionale. Elle produit beaucoup de riz 6c
de mil, quantité d'oranges, de citrons 6c de cannes
de fucre. Cette ifle renferme feulement quelques villa-
ges, quoiqu'elle ait, à ce qu'on prétend , plus de cent
mille pas de circuit. * De l'IJle , Atlas.
MÔNFLANQUIN , bourgade de France , dans l'A-
génois , élection d' Agen , à fept lieues de la ville de ce
nom, fur la rivière de Lez.
MONFLOUÈT , petite ville de France , dans la
Beauce , élection de Chartres.
MONFORT. Voyez. Montfort.
MONFORTE. Voyez. Montforte.
MONFOUCOUR , bourg de France , dans le Mai-
ne , élection de Laval.
MONFRIN , bourgade de France, dans le Bas Lan-
guedoc , recette d'Uzès. 11 y a auprès de ce lieu une
fontaine d'eaux minérales très-eftimées. On les prend
ordinairement dans la canicule. Monfrin a titre de mar-
quifar.
MONGAGUABE, ou Mongagapi, rivière del'Amé-
lique méridionale au Brefil , 6c qui fe jette dans la mer
par une embouchure affez grande , à cinq lieues de
Parayba , vers le nord. De l'Ifle , Atlas , la nomme
Mongongoape , & met fon embouchure entre le cap
de Parayba au midi , 6c la rivière de Trahifon au nord.
* Corn. Dict.
MONGA1LLARD , petite ville de France, dans la
Gascogne , élection des Lannes.
MONGALES , peuples Tartares. Voyez. Tartares
MoNGAtES.
MONGALO , royaume d'Afrique , dans la Baffe-
Ethiopie. C'eft un petit état près des embouchures du
Cuama. Il elt peuplé de Mahométans Arabes, & il a
fon prince particulier. Les habitans négocient de l'or
avec les fujets du Monomotapa. * Dapj,er , Defc. d'A-
frique, p. 397.
MONGELLINO , ou Mungellino , château de la
Sicile, dans le val de Noto , environ à quatre milles
de Mineo en tirant vers le midi occidental. Ce château
eft ruiné. Quelques-uns l'ont pris pour l'ancienne Ma-
gella. * De l'IJle, Atlas.
MONGES , nom de plufieurs ifles qu'on trouve dans
l'Amérique méridionale, au-devant du cap de Coqui-
boca , vers l'eft. Celle qui elt la plus avancée au fud ,
eft la plus haute , 6c paroît blanche par la quantité de
fiente d'oifeàux dont elle elt couverte. Au nord de
cette ifle, il y en a une autre remarquable par une mon-
tagne , dont la cime elt faite en forme de fclle à che-
val. Les autres font moins des ifles que des rochers.
* De Laet , Defc. des Indes occid. liv. 18. cap. 17.
Corn. Dict.
MONGIA , ville d'Espagne, dans la Galice. Entre
le cap Bellem Se le cap de Corinne, la mer fait une pe-
tite baie , vers l'entrée de laquelle eft fituée la ville de
Mongia fur la rive méridionale , avec un port paffa-
blement bon. * Délices d'Espagne, p. 117.
MONGIVRAY, bourg de France, dans le Berri,
élection 6c grenier à fel de la Châtre, fur la rivière
d'Indre, à quatorze lieues de Bourges, à neuf d'Ifibu-
dun , 6c à un quart de lieue de la Châtre au nord. Les
terres des environs portent du froment : il yaaulFides
vignes de grand rapport en vins blancs.
MON 3j"y
MONGOMERI. Voyez. Montgomery.
MONGUENIM , bois de France , dans la maîtrife
de Moulins : il a quatre-vingt-trois arpens.
MONGUL. Voyez, Tartarhs Mongales.
1. MONHEIM, petite ville d'Allemagne, dans la
Bavière, aux confins de la Suabe , à trois milles de
Weifenbourg , 6c à deux de Donawerth , il s'y fait une
grande quantité d'aiguilles. Munfterus dans fa cosmo-
graphie, /. 8. p. 413. dit qu'il a lui-même compté dans
cet endroit foixante-trois ouvriers de cette profclîion.
Aventinus dans fa chronique dit que les comtes d'Oc-
tingen acquirent ce domaine en vertu de l'afiiiiance
qu'ils donnèrent aux deux frères Erneft 6c Guillaume
de Bavière , contre leur oncle Louis le Barbu , qui
avoit fa cour à lngolftadt. * Zeyler , Topograp. Ba-
varia;
2. MONHEIM, ville de Weitphalie. Voyez. Mul-
HEIM.
MONHEURT , bourgade de la France. Voyez Mont
HEURT.
MONJAUX , bourg de France, dans le Rouergues
élection de Milhaud.
MONICKEDAM, MUNICKEDAM , ou Moni-
kendam , petite ville de la Nort-Hollande ( a ) , fur
le Zuiderzée proche d'Edam, à trois lieues d'Amfter-
dam dans le Waterlancj, Elle fut fermée de murailles
(i>) en 1286, du tems de Florent V, comte de Hol-
lande. En 1499, le 10 de Juillet elle fut affligée d'un
incendie qui la réduifit presqu'entièrement en cendres :
(c) on ne fauva qu'environ quatre-vingt maifons. Un
autre incendie arrivé en ijij , n'épargna que l'églife
6c le couvent des Carmes. Elle a été rétablie depuis ,
& elle eft une de dix-huit villes de Hollande qui dé-
putent aux états. Monickedam fignifie la digue du Mo-
nick, qui eft le nom d'une petite rivière qui la tra-
verfe, & fe jette dans la mer, cependant Alting (d) pré-
rend que le nom Monachodamiim , dont on a fait Mo-
nickedam , eft formé deMonachus ,qui fignifie moine, 6c
de Dam, qui veut dire digue , 6c qu'on adonné ce nom
à la ville, parce que les moines avoient beaucoup con-
tribué pour faire la digue , fur laquelle Monickedam
eft bâtie. ( a ) Ditl. géogr. des Pays-Bas. (b) Longue-
rue , Defcr. de la France, part. 2. pag. 21. (c)Joart:
Blaeu , Belgium. (d) Not. Germ.inferior. part. 2. pag.
129.
MONIEN , nom d'une colline dans la Chine , dans
la province de Quangfi , à l'orient de la ville de Pin-
g!o. Monien veut dire la colline des Yeux. L'origine
de ce nom vient de ce que fur le fommet de cette
colline on voit deux grandes pierres qui ont la figure
des yeux d'un homme. C'eft un jeu de la nature qui a
fait dans cette occafion plus que l'art ne fauroit faire :
on diftingue parfaitement bien dans ces yeux la pru-
nelle , 6c les humeurs noires 6c blanches comme dans
nos yeux. * Atlas Sinenfis.
MONIGROS , bois de France, dans la maîtrife de
Saint Pons : il eft de deux cens dix arpens 6c cinquante-
huit perches.
MONIS ou Mony , ifle de la mer des Indes , au
midi de la pointe occidentale de l'ifle de Java , entre
l'ifle de Selam au nord , 6c celle de Chriftmat vers le
midi. * De l'ifle , Atlas.
MONISTROL ou Monestrol, en latin Monaflerio-
lum , ville de France , dans le gouvernement de Lan-
guedoc.
MONKON , ville de Perfe , félon Corneille, DiVt.
qui cite Tavernier , voyage de Perfe , mais Taver-
nier dit Moukon dans deux éditions que j'ai confultées.
MONLEVIS , bourg de Fiance , dans le Berri ,
élection de la Châtre , à une lieue de ce dernier en-
droit , fur un ruifléau qui tire fa fource de deux étangs.
La taille y eft perfonnelle.
MONLEZUN , lieu de France, en Gascogne. C'eft
le fiége principal du comté de Pardiac,qui a été uni
à la fénéchauffée d'Armagnac. Monlezun eft une ville
démantelée , & dont le château a été démoli. Sa juftice
reflbttit au fénéchal d'Armagnac. * Davity , Gascogne»
p. 320.
MONLUÇON. Voyez. Mont-Luçon.
HQNWLL.Voyez, Mont-Luel.
Tom. IV. Y y ij
MON
3*6
MONMARTRE. Voyez. Mont-Martri.
MONMEDI. Voyez. Mont-Medi.
MONMELIAN. Voyez. MontmeliAn.
MONMERLE. Voyez. Mont-Merle.
MONMIRA1L. Voyez. Mont-Miraii.
MONMORENCY. Voyez. Montmorency.
MONMORILLON , ville de France , dans le Poi-
tou , en latin Mons Morillium , Mons Morillio Se
Mous Morillionis. Elle eft aux confins de la Marche
Se du Berri , à neuf lieues de Poitiers au bord de la
rivière de Garrempe , qu'on y paffe fur un pont de pier-
res ,dont la féconde arche , qui eft du côté du château ,
eft d'une ftruéfcure admirable. Cette rivière ne tarit
jamais, mais elle eft fi baffe en certains tems de
l'été, qu'au-deffus de la porte du pont-neuf on la paffe
à pied fec fur des petites pierres. En bas ôc en haut
font des éclufes Se des moulins à farine & un à papier.
Monmorillon a deux paroiffes, l'une eft Concife Se
l'autre de faint Martial. Ce qui eft fur la gauche de
la rivière eft de la paroiffe de Concife , appellée ainfi
d'un petit village où elle fe trouve, Se qui eft diftant
de la ville d'un grand quart de lieue ; mais pour la com-
modité des paroiffiens de Monmorillon , il y a des fonts
baptismaux dans l'églife collégiale de Notre-Dame.
Cette collégiale eft compofée d'un prévôt qui eft élec-
tif, & de quatre chanoines à la nomination de l'évê-
que de Poitiers. Ce qui fe trouve fur la droite de la
rivière eft de la paroiffe de faint Martial. L'églife eft
hors de la ville , le cimetière Se une partie du faux-
bourg de ce nom entre-deux. Cette cure a une églife
fuccurfale à un grand quart de lieue , en remontant la
rivière jusqu'à un méchant bourg appelle Mouffac.
Les Récollets ont un couvent fur la paroiffe de faine
Martial. Près de l'églife collégiale de Notre-Dame eft
un couvent de Cordelières , Se de l'autre côté , beau-
coup plus loin , un monaftere d'Auguftins Réformés.
Cette maifon étoit un prieuré de l'ordre de faint Au-
guftin , qui vaut , dit-on , avec fes réunions , cinquante
mille livres de rente i mais il y a de fort groffes char-
ges, plufieurs aumônes générales, entre autres, une de
lard au carnaval Se une de fèves cuites en Carême. Ce
prieuré entretient un hôpital pour les paffans Se pour
les malades. Le bâtiment en eft beau. Il eft fur une hau-
teur à pente roide fur la rivière, Se ceux qui viennent
du côté de Paris, le découvrent de quatre ou cinq
lieues. A un demi-quart de lieue delà, on trouve fur
le chemin dans les vignes une chapelle de faint Nicolas,
qui dépend d'un prieuré appelle la Maifon-Dieu. Il don-
ne fon nom à un fauxbourg qui eft avant Notre-Dame.
La partie de la ville , qui eft à la droite de la rivière ,
eft la plus confidérable , mais fi baffe que quand il
arrive un débordement , les rues font toutes couvertes
d'eau. Elle a trois portes , fans compter celle qui eft
fur le pont. Celle d'en haut, près de la rivière , eft ap-
pellée porte du Pont- Neuf , la féconde, presque à l'op-
pofite , faint Martial, Se la troifiéme porte des Récol-
lets. Le fauxbourg de la Cucile eft entre ces deux der-
nières. Le refte de la ville , qui eft à la gauche de la
même rivière , eft divifé en deux parties ; l'une en bas
au bout d'un pont jusqu'à la porte du château , Se l'au-
tre fur la hauteur. Celle-ci s'appelle les Bancs, Se n'ert
pas fi peuplée que la première. Il y avoir autrefois un
château , dont il refte très-peu de veftiges. 11 étoit bâti
fur le roc , & on alloit de-là à Notre-Dame , par une
galerie entre les deux portes , qu'on appelle du Château.
Dans ce haut eft une place où l'on tient marché deux
fois par femaine. La ville de Monmorillon eft affez
bien pavée. La principale rue, qui va du Pont-Neuf à
la porte de faint Martial , eft en forme d'équerre, Se
d'un ancien pavé. Il y a un titre d'archiprêtré attaché
à cette ville. L'archiprètre qui en eft pourvu , eft cha-
noine honoraire de Notre-Dame , Se a pour annexe la
cure d'Ains, à deux petites lieues de-là, avec droit de vi-
fite fur vingt-quatre paroiffes. Celles de Monmorillon
font du nombre. Le fiége royal de cette ville efteom-
pofé d'un fénéchal de robe longue, d'un préfident ,
d'un lieutenant civil , d'un lieutenant criminel , d'un
affeffeur Se de huit confeillers , Se reffortit au préfi-
dial de Poitiers. Monmorillon a auffi un juge prévôt
royal , qui eft le premier confeiller né de ce fiége,
MON
avec un maire Se une maréchauffée. Le pays cîrcon-
voifin eft affez fertile en feigles , mais peu en froment.
Il produit du petit vin blanc , beaucoup de noix , de
pêches Se de cerifes. * Mémoires drejfés fur les lieux
€it 1702.
1. MONMOUTH , ville d'Angleterre, dans le Mon-
mouthshire , dont elle eft la capitale. Elle eft fituée à
cent milles de Londres , dans une fituation agréable ,
entre la Wye Se le Monnow , avec un pont fur cha-
que rivière. Elle étoit autrefois défendue d'un château ,
où naquit le roi Henri V , qui conquit la France , Se
de-là vient qu'on appelle ce prince Henri de Mon-
mouth. Le château eft tombé en ruines ; mais il refte
encore une partie de la muraille & trois portes. *
Etat préfent de la Grande Bretagne > tom 1. pag.
88.
2. MONMOUTH, cap de l'Amérique méridionale.
Vbye z. à l'article Cap deMonmouth.
MONMOUTHSHIRE , province d'Angleterre ,
dans le diocèfe de Landaff. Elle étoit autrefois regar-
dée comme faifant partie du pays de Galles , mais on
la compte aujourd'hui parmi les provinces d'Angleter-
re. Elle eft fituée .au couchant fur les frontières du pays
de Galles , Se arrofée au midi par la Severne , qui fe
jette dans la mer. Cette province a huit milles de tour ,
& contient environ 340000 arpens, & 6490 maifons.
On y trouve beaucoup de bois Se quantité de monta-
gnes. Elle eft néanmoins très- fertile, à quoi contribuent
les rivières l'Uslc , la Wye , le Monnow & le Rumney.
Les deux premières abondent en faumons & en
truites.
Ses villes Se bourgs où l'on tient marché , font
Monmouth la capitale ,
Albergavenny, Chepftow, Pontpool ,
Caer , Léon , Ntwport , Usk.
MONNERA eft un petit village éloigné d'environ
demi-lieue du Gange , entre Spatna Se Sœpra. Il n'eft
habité que de pauvres gens qui s'occupent au laboura-
ge. C'étoit autrefois un lieu déferr, mais un fakkir
très-dévot, appelle Hia-Monera, pâffant par-là , Se re-
marquant la fertilité du pays, bâtit en ce lieu unepe*
lite chapelle où il fit beaucoup de miracles. Après la
mort d'Hia-Monera, qui avoit laiffé beaucoup d'argent ,
fon valet fit bâtir, à la mémoire de fon maître, une
mosquée magnifique , qui eft fréquentée par quantité
de fakkirs , qui y font un grand nombre de miracles
prétendus.
Cette mosquée eft un carré , qui a tout autour des
arcades Se des colomnes. Le toit en eft rond Se couvert
artiftetnent de petites pierres jaunes Se bleues. A cha-
que angle, il y a une petite tour dont le toit eft auffi
rond Se couvert de pierres bleues. Ce bâtiment eft en-
touré d'un mur qui a dix pieds de haut , Se cent qua-
rante pas de long de chaque côté. A la principale en-
trée il y a une très- belle porte de pierre , devant la-
quelle on a planté une pièce de canon forgé de plu-
fieurs barres Se cercles de fer , Se qui tire huit livres
de balle. Il y a de l'autre côté de la mosquée un grand
vivier , où l'on descend par fept ou huit marches , Se
qui eft entouré d'arbres. On voit plufieurs tombes à
l'un des côtés de ce vivier, & de l'autre une petite
mosquée, auprès de laquelle eft un éléphant de pierre
qui tient une aigle avec fa trompe, Se qui arrête, à
ce qu'ils difent , le tonnerre , les éclairs Se le mauvais
tems.
Il y a presque toujours dans la mosquée Se tout au-
tour un grand nombre de fakkirs & pèlerins, ou plu-
tôt des fainéans Se des vagabonds , qui débitent mille
fables aux pauvres gens du pays , Se qui , fous prétexte
de fainteté , leur escroquent leur argent, & les trom-
pent en mille manières. Ces impofteurs ne fe conten-
tent pas de cela , ils s'attroupent pour courir le pays ,
prennent des enfeignes Se des drapeaux. Quelques-uns
font vêtus , mais les autres font entièrement nuds , Se
fouvent couverts de cendres. Par-tout où ils vont , foit
villes ou villages, il faut que les habitans leur four-
niffent des vivres , Se fi on ne le fait pas volontsircî
MON
MON
ment, ils en prennent par force. * De Graaf, Voyage
des Indes orient.
MONNERVILLE, bourg de France, dans la Beau-
té , diocèfe de Chartres , élection de Dourdan.
MONNET LA VILLE, 6c Monet le Vieil, bour-
gade de France , dans la Franche-Comté , bailliage 6c
recette de Poligny.
MONNOYE , bourg de France , dans la Touraine ,
élection de Tours.
MONOBA, Voyez. Manoba.
MONOBRICA, ville de l'Espagne Bétique, félon
d'anciennes infcriptions. On la nomme aujourd'hui Mon-
briga. Ce n'elt plus qu'un village de l'Andaloufie. *
Baudrand , Dict. édit. 1682.
MONOBRICO, ou Monchico, ville de lïfle de
Madère , Voyez. Madère.
MONOCAMINUM, ville de Libye. Ptolomée,/. 4.
c. $. la place dans la Maréoride.
MONODACTYLUS , montagne d'Ethiopie , félon
Ptolomée , /. 4. c. 7. qui la place entre la montagne des
Satyres & le mont Gaurus. C'elt, à ce qu'on croit , la mê-
me montagne que Pline, /. 6. c, 25?. nomme Penta-
dactylus. Voyez, ce mot.
MONŒCHUS, montagne de l'Illyrie, félon Vibius
Sequefler; Bocace la nomme Mo n <e t e s. * Ortclii
Thefaur.
MONQÈCUS. K<y*s. Portus Monœcius.
MONŒMUGI , ou Nimeamaje , royaume d'Afri-
que , dans la bafie Ethiopie. Sanfon le divife en trois
pairies : le Monomotapa , la Cafrerie & le royaume de
Congo ; mais Luyts, Introduit, ad geogr. feil. 4. c, 6. le
parrage en cinq , qui font l'empire de Monœmugi , ce-
lui de Monomorapa , la Cafrerie , le royaume de Con-
go & celui de Biafara. Les deux premières porrions font
dans les terres, 6c les trois autres fur la côte. Sanfon
comprend le Monœmugi dans le Monomotapa ; 6c les
cartes lui donnent communément pour bornes au nord
l'empire des Abiulns avec le lac imaginaire de Zem-
brefe ; le royaume de Mongaie à l'orient ; le Monomo-
tapa 6c la partie feptentrionale de la Cafrerie au mi-
di , & le royaume de Malerabe , avec le Monomotapa
au couchant. D'autres étendent davantage le royaume
de Monœmugi vers le feptentrion , 6c foutiennent que
du côté de l'orient il touche aux royaumes de Mofam-
bique, de Quiloa &de Monbaze, &c que fes bornes ,
du côté du midi , ne s'éloignent pas beaucoup de l'Equa-
teur. De l'Ifle , Atlas , mer au nord les états du roi
de Gingiro , 6c le royaume d' Alaba ; à l'orient le Zangue-
bar ; au midi le royaume des Borores , 6c à l'occident
celui de Macoco , les terres du Jaya Cafangi , 6c le
royaume des Mumbos.
Le pays , félon Luyts , efl: couvert de montagnes , 6c
comprend en parrie celles de la Lune. 11 a des mines
d'or 6c d'argent ; cependant les habitans ne font point
fraper de monnoie. Quelques relations portent qu'ils
n'en ont point d'autres que de perites boules rouges ,
qui femblent être de verre. Il y a auflî de l'yvoire dans
le pays , qui efl: arrofé par la rivière Cuâma , par le
moyen de laquelle on commerce avec Sofala. Les ha-
bitans font noirs. Ils patient pour être fauvages 6c cruels.
Ils font idolâtres 6c reconnoiflent un monarque, dont
plufieurs petits rois font tributaires.
Comme les cartes ni les relations ne conviennent
point touchant les royaumes , 6c les villes que contient
l'empire du Monœmugi , je me contenterai de donner
la divifion marquée fur la carte de de l'Ifle. La voici,
Les Maracates, Le royaume des Buengas,
Les Mofleguaires , Le royaume de Mafly ,
Le royaume de Maravi.
MONOGLOSSUM , entrepôt 'de l'Inde , en-deçà
du "Gange , félon Ptolomée , /. 7. c. 1 . Niger prétend
que c'eft Mangalor. * Ortelii Thef.
MONOLEUS LACUS , lae d'Ethiopie , auprès de
Ptolémaïde , furnommé Epitheras , félon Pline , /. 6.
c. 29. Strabon, /. 16. décrit ce lac fans le nommer, 6c
dit que le fleuve Aflaboras y avoit fa fource.
MONOMERE Voyez, Sciopod^.
1. MONOMOTAPA, contrée d'Afrique, connue
3*7
communément fous le nom d'état de Monomotapa. H
comprend toute la terre ferme , qui efl: entre les riviè-
res Magnice 6c Cuama ; commençant depuis leur four-
ce, jusqu'à l'embouchure de la mer, à l'exception de
la côte de Sofala-, & fi l'on y comprend cette côte,
il efl: comme une ifle baignée d'eau de tous côtés. Ce
royaume efl abondant en or , & il y a des mines d'où
l'on en tire une grande quantité. On y rrouve auffi un
très-grand nombre d'éléphans ', 6c l'on en tue rous les
ans environ cinq mille. * Le F. Jarric , Hifl. des Indes
orient, p. 151.
Le roi de Monomotapa efl; riche 6c puifiant. Il a
fous lui beaucoup d'autres rois qui lui payent tribur ,
6c fon domaine s'étend presque jusqu'au cap de Bonne-
Espérance. 11 entretient perpétuellement un grand nom-
bre de foldats , qu'il diflribue dans les provinces , tant
pour les rerenir dans le refpect, que pour faire mon-
tre de fa puiflance. Les armoiries de ce prince confiflent
en une petite houe, avec le manche d'y voire, & en
deux flèches. La houe apprend à fes fujets le foin
qu'ils doivent avoir de cultiver la terre ; une des. flè-
ches fignifie qu'il a le pouvoir de châtier les médians j
l'autre qu'il a des armes pour fe défendre contre fes
ennemis.
Les enfans des rois qui lui font tributaires ; font
nourris 6c élevés dans fon palais, foit pour leur faire
apprendre les coutumes 6c les cérémonies de la cour ,
foit pour avoir un moyen de contenir les pères dans
l'obéiflance. Tous les ans le Monomatapa envoie aux
rois qui lui font fujets & aux grands feigneurs de fon
royaume, qui onr des vaflaux , une ambaflade pour allu-
mer le feu nouveau ; ce qui efl; une cérémonie infti-
tuée pour avoir une preuve de leur fidélité. Quand
l'ambafladeur arrive à la maifon d'un de ces rois ou
feigneurs , on éteint fur le champ tout le feu qui s'y
trouve; on n'en allume point d'autre, que l'ambafla-
deur n'en ait fait de nouveau , 6c il faut que tous les
fujets de ce roi ou feigneur en prennent & en em-
portent dans leurs maifons. Si quelqu'un contrevient à
cette coutume , il eft réputé rebelle à fon fouverain 6c
châtié comme tel.
Suivant de l'Ifle , Atlas , les états du Monomotapa
font bornés au nord par la rivière de Zambeze ou
Cuama , à l'orient par la mer , au midi par la rivière
de Laurent Marque , 6c à l'occident , partie par la
rivière de Cuama 6c partie par celle de Laurent Mar-
que. Dans cet espace efl renfermé le Monomotapa pro-
pre , le royaume de Quiteve , celui de Manica , celui
de Sabia 6c celui d'Inhabane , félon la divifion qui fuit.
Monomotapa propre ,«
Tête,
Bocuto,
Maflapo ,
Sena ,
Inhamior.
^ . r Simbave ,
Quiteve, |Sofala#
Manica, ^Fura, montagne.
Sabia ,
1
Inhabane , £ Tonge,
MONOPOLI , ville d'Italie , au royaume de Napîes ;
dans la terre de Bari , fur le golfe de Venife , à l'orient
méridional de Polignano. Cette ville efl: épiscopale,
6c fon évêché,qui efl fous la métropole de Bari, relè-
ve immédiatement du faint fiége. Elle a un château
aflez fort * Magin , Carte de la rerre de Bari.
MONOSCELl. Voyez. Sciqpoda.
MONOSI. Voyez. Onesl*
MONPAZIER, ville de France, dans le Pcrigoid;
élection de Sarlat, fur le Drot.
MONPELLIER. Voyez, Montpellier.
MONPENSIER. Voyez. Montpensier.
3*8
MON
MON
MONPESAT. Voyez. Montpesat.
MONREAL. Voyez, Mont-Real.
MONRÉJAU, ville de France, dans l'Armagnac,
élection de Rivière-Verdun, fur une hauteur au bord
de la Garonne, à l'endroit où la Nette s'y perd.
MONR1COUX , ville de France , dans le Querci ,
^diocèfe de Montauban.
MONROUY, rivière de l'Amérique feptentrionale ,
dans l'ifie de faint Doniingue. Elle entre dans la mer ,
à la côte occidentale du quartier du nord vis-à-vis
l'ifie Gonave.
i. MONS, en latin Mons Hannoniœ , 8c en flamand
Berghen in Hcnegmw , ville des Pays-Bas , capitale du
Hainaut, à deux lieues de S. Guillain, à quatre de
Maubeuge , à fept de Valenciennes 8c de Tournai , au
50 deg. 25 m. de latic. & au 21 deg. 3; m. de longit.
Le nom de cette ville vient de la fituation de fon an-
cien château fur une montagne. Une partie de la ville
eft pareillement aflife fur cette montagne ; mais le
refte ell fitué dans la plaine & dans un terroir maréca-
geux. Elle eft défendue d'un double fofle. La rivière
quatre des plus anciennes chanoinefles \ car elles n'ont
ni prévôté ni princefie. C'eft l'empereur , comme comte
d'Hainaut , qui eft abbé de ce chapitre & collateur des
prébendes. On croit que ce fut Baudouin le Coura-
geux, comte d'Hainaut, qui s'attribua le titre d'abbé
vers l'an 1 180. Il y a encore dans cette églife dix cha-
noines, pareillement fondés par fainte Vaudru, & qui
ne font aucun office j mais les chanoines de faint Ger-
main , qui font au nombre de quatorze , avec un pré-
vôt & un doyen , viennent aux principales fêtes de
l'année chanter l'office avec les chanoinefles dans l'églife
dej fainte Vaudru. L'églife , qui eft fous l'invocation de
cette fainte, fut achevée en 1449. Elle eft longue,
large , haute & fort claire. La plupart des autels font
de marbre 8c de jaspe. On y admire un tombeau avec
la figure d'un cadavre rongé de vers. Le jubé eft auflî
fort eftimé; on y voit des figures de marbre très-bien
faites. Cette églife eft auflî paroifliale -, tous les ecclé-
fiaftiques, les nobles , les magiftrats , les confeillers 8s
les officiers du prince , de la province & de la ville ,
tous les étrangers, dans quelque quartier qu'ils ayenc
de Trouille , qui la fépare en deux parties inégales , en leur demeure , dépendent de cette paroifle. * Longuerue »
remplit un ; 8c la rivière d'Haine, à laquelle la Trouille Defc. de la France, part. 2. p. 99.
Il y avoit autrefois une églife collégiale de faint Pier-
re : elle fut détruite en 1567: les prébendes avoienc
été annexées dès l'an 108 1 , au monaftere de faint
Denys près de Mons. La collégiale de faint Germain
fubfifte : fon églife fut ruinée par les bombes en 1691 ,
l'églife de fainte Elifabeth, érigée en paroifle en-1398,
fut brûlée en 1714*, celle de faint Nicolas, bâtie en
1224; ccMe de faint Nicolas de Bertamont , 8c celle
du Béguignagej ce font- là les fix paroifies delà ville.
En outre , il y a diverfes maifons religieufes ; l'abbaye
du Val des Ecoliers, de la congrégation de fainte Ge-
neviève de Paris, fondée en 1251, par Marguerite,
comtefle de Hainaut, & érigée en abbaye en 16 17.
Les Récollets reçus en 1238 ; les Jéfuites qui obtin-
rent en 1587 , pour leur établiflement , l'union d'un an-
cien prieuré de faint Antoine près de Mons -, les Capu-
cins admis en 1592; les Minimes en 1618 ; les Domi-
nicains, en 1620; les Carmes déchaufTés en KÎ38 ; les
pères de l'Oratoire en 1631 ; & les grands Carmes
qui y font venus depuis. Les monafteres de religieufes
font, l'abbaye d'Epinlieu , de l'ordre de Cîteaux, fondée
hors de la ville en 1 2 1 6 , par Béatrix , comtefle de
Lens: les Religieufes fe tiennent à Mons depuis l'an 1678,
parce que leur maifon fut ruinée par les guerres ; l'ab-
baye de Notre-Dame de Paix , pofledée par des Béné-
dictines réformées, qui s'établirent à Mons en 1641;
les filles de la Vifitation , admifes en KÎ50 ; les Car-
mélites , les Capucines , les Urfulines , les Clarifies ,
les Céleftines , les Repenties , les Sœurs Grifes & Noi-
res, les Sœurs de Cantipré , qui vont fervir les ma-
lades , l'hôpital de faint Nicolas & les Béguines.
Il y a deux collèges où l'on enfeigne le latin • le
collège de Houdain fous la direction des prêtres fécu-
liers, qui enfeignent dès l'an 13 15. Ce collège a été
fondé par Nicolas de Houdain , feigneur de l'Epinoi :
l'autre collège appartient aux Jéfuites , qui ont auflî la
dheétion d'un féminaire.
Cette ville a été plufieurs fois prife 8c reprife de-
puis près de cent cinquante ans. Le duc d'Albe s'en
rendit maître en 1572, malgré la réfiftancedu comte
Ludovic de Naflau, 8c de François de la Noue, dit
Bras de Fer qui la défendoient , 8c malgré les efforts
que fit le prince d'Orange pour la fecourir. Elle fut
bloquée en 1677 , par le maréchal d'Humieres, 8c le
roi de France l'ayant aflîégée en perfonne avec une
armée nombreufe en 1 69 1 , la prit la même année. Les
alliés la reprirent au mois dOctobre 1705. Louis XV
prit Mons le 10 Juillet 1746, 8c l'a rendu à la maifon
d'Autriche par le traité d'Aix - la - Chapelle , après
en avoir fait détruire la plus grande partie des forti-
fications.
2. MONS ( La prévôté de) portoit autrefois le nom
de Comté , titre qui lui fut donné par l'empereur Char-
lemagne, qui la démembra du royaume d'Auftrafie.
Cette prévôté comprend fept villes 5 favoir ,
fe joint dans les fauxbourgs , remplit l'autre. Ses murailles
font défendues de divers ouvrages -, fes remparts ornés
de beaux arbres ; 8c , comme elle a vue fur une belle
prairie bordée de montagnes, fa fituation eft char-
mante. * Nie. de Gnife , Mons Hannonix.
Il y a eu à Mons un ancien château qu'on préten-
doit avoir été bâti par Jules Céfar , qui en avoit fait
une place d'armes -, mais Jules Céfar n'en fait aucune
mention. Clodion , félon un manufetit du faint Sé-
pulchre de Cambrai, étant mort en 449,Albéron,
fon fils, prit les armes pour recouvrer la fucceffion de
fon père, 8c , avec le fecours des AUemans , il conquit
une partie confidérable des Pays-Bas <Sc bâtit fur la
montagne , où depuis a été fondée la ville de Mons ,
une forrereflè qui fut nommée Cajirilocus ou Mons
Caftrilucius.
Ce château fut démoli en i6i8,& fes matériaux
furent employés pour bâtir le chœur de l'églife de
fainte Elifabeth. Il y a maintenant au même lieu une
haute tour , qui paffe pour un chef-d'œuvre d'archi-
tecture.
La ville de Mons a fix portes , qu'on nomme de
Bertamont, du Rivage, du Parc, de Nimi, de Havre
8c de la Guérite -, entre celles de Nimi 8c de Havre ,
il y a deux grands marais , l'un nommé l'Etang des
Prêtres 8c l'autre l'Etang des Apôtres : ils défendent
l'accès de ce côté-là. A l'égard des autres côtés , on
les peut facilement inonder ; ce qui rend cette ville
très-forte.
Les principaux édifices font le palais du gouverneur ,
celui du confeil de la province 8c de la maifon de
ville. Les magiftrats qui s'y aflemblent font le maire
& dix échevins. Il y a deux chambres, l'une du chef-
lieu , 8c l'autre appellée du Jeudi. On y juge en dernier
reflbrt , en matière d'arrêts pour les bourgeois 8c pour
ceux qui font dans le chef lieu de la ville. Dans les
cérémonies, le maire, dont l'office eft à vie, marche à
la tête des échevins. Il y a deux penfionnaires de la
ville, un avocat, trois greffiers j favoir, un du chef-
lieu, un de l'échevinage & un de la police-, un tréfo-
rier ou maflard; deux majors de ville, officiers d'épée,
qui font chargés des clefs de la ville; un commifiaire
d'artillerie & autres officiers.
Sainte Waldetrude ou Vaudru , dont le mari Madel-
gaire s'étoit fait moine dans le monaftere d'Aumont
fur la Sambre , fonda un monaftere à Mons dans le
fepticme fiécle : elle s'y fit religieufe 8c reçut le voile
des mains de faint Aubert , évêque de Cambrai. De-
puis ce tems, les religieufes font devenues chanoinefles
8c même féculieres , de forte qu'elles peuvent fe marier.
Pour y être reçue, il faut faire preuve de noblcfle. Le
nombre des chanoinefles fe monte à trente , qui demeu-
rent dans des maifons particulières autour de l'églife.
Lorsqu'elles vont aux offices , elles portent une* robe
blanche avec de grofles frai fes godronnées & un man-
teau noir doublé d hermine. Le relie du jour elles por-
tent des habits féculiers. Le chapitre eft gouverné par
Mons ,
Lcflîne,
S. Guillain,
MON
MON
Soignies »
Ghievrcs ,
Se Rœux.
Hall ,
On y compte quatre-vingt:- onze bourgs ou villages ,
Se quelques abbayes confidérables , comme S. Guillain >
S. Denys, S. Fcuillien au Rœux Se Belian.
3. MONS, bourgade de France , dans le Limoufin,
en latin Montes. Elle eft fituéeprès de Pompadour, vers les
frontieies du Périgoid, Se remarquable pour avoir don-
né la naiflance au pape Innocent VI , connu avant fon
élection fous le nom d'Etienne d'Albert. Il fuccéda à
Clément VI, k 18 Décembre 13J2, Se travailla avec
foin à mettre quelque réforme dans la cour romaine ,
& à finir la guerre allumée entre le roi de France Se
celui d'Angleterre. Il mourut le 12 Septembre 1562, Se
l'on tient que ce fut de déplaifir de voir toute l'Europe
en armes , malgré les efforts qu'il fie pour en appaifer
les troubles. Ce pape fut enterré dans l'eglife de la char-
treufe de Ville-Neuve-lès-Avignon, qu'il avoit fondée.
Urbain V. lui fuccéda.
MONS-ACUTUS -, nom latin de divers lieux, con-
nus en françois fous le nom de Mont-Aigu. Voyez, au
mot Mont les articles Mont-Aigu.
MONS-ALBANUS , nom latin de la ville de Montau-
ban , dans le Querci. Voyez. Montauban.
MONS-ARGENTEUS. Voyez. Argenteus.
MONS-ARGISUS, nom latin de la ville de Mon-
TARGis. Voyez ce mot.
MONS-AUREUS , nom latin, félon quelques-uns,
d'un lieu de France , proche de Vendôme , Se qu'on nom-
me aujourd'hui Montoire. Voyez, ce mot.
MONS-AUXENTII , mont faim Auxent, en Bithy-
nie, abbaye près de Chalcédoine. Voyez Saint -Aù-
XENCE.
MONS-BARRUS , nom latin de la ville de Monrbar
en Bourgogne. Voyez Montbar.
MONS-BASON1S, Monr-Bazon dans la Touraine.
Voyez, au rpot Mont , l'article Mont-Bazon.
MONS-BERULFI , château Se village de Fiance , dans
l'Angoumois. Aujourd'hui on les appelle Montbrun.
Voyez ce mot.
MONS -BRISIACUS, nomlatindelavilledeBrifach
Voyez Brisach.
MONS-BRUSONIS , nom latin de la ville de Mont-
8riscn. Fovfccemor.
MONS-CABILONIS , nom latin deMoNCHAULON
ou Mont-Chablon.
MONS CAPREQLI , nom latin de Montcaurel en
Boulonois.
MONS-CASINUS Se CasinuM , ville épiscopale , &
abbaye au royaume de Naples. Fâv^Mont-Cassin.
MONS-CINIS1US , ou Alpis Cottia, nom latin du
Mont-Cenis. Voyez Mont-Cenis.
MONS-CONSULARIS,ouMoNS-CoNTORius,nom
latin de Moncontour. Voyez ce mot.
MONS-CORNELII, ou Cornorum, Mont-Cor-
nillon , monaitere près de Liège. Voyez Mont - Cor-
millon.
MONS-CORNUTUS, nom latin de Moncornet
en Tierache , & de Moncornet en Ardenne.
MONi-DESIDERIl. Voyez Mont-Didier.
MONS-DUBLELLI. Voyez Mont-Doubleau.
MONS ELIG1 , Mont-Saint-Eloi, abbaye en Artois.
Voyez Mont-Saint-Eloi.
MONS-FALCONIS. Voyez Mont-Faucon , Fau-
QUEMONT Cv WALCKENBOURG.
MONS-FORTIS. Voyez Mont-Fort.
MONS-FORTIS-AUMALARICI. Voyez Mont-
Fort l'Amauri.
MONS-GALTHERII, ouMota-Galtherii, nom
latin d'un lieu en France, nommé la Mote Gauthier. *
Odericits Vitalis 1. 10.
MONS-GOMERICI. Voyez Mont-Gommery.
MONS-1NCENSUS , nom latin d'un lieu de Fran-
ce , nommé Motences. * Adr. Valefti not. Gall. p.
36;.
MONS IN PASCUIS , ou Mons in Pabula , nom
latin de Mons en Peule, ou Mons en Pouille , village
de la Flandre , au diocèfe de Tournay. * Adr. Valu-
fil Not. Gall. p. 349.
3*9
MONS-JOVIS, ou Summus Penninus. Voyez. Mont
Ce S. Bernard.
MONS-LUPELLI. Fov^Mont-Luei..
MONS LUZZONIS , nom latin de Mont-Luçon.
MONS-MAURILIONIS, nom latin de Montmo;
Rillon. Voyez Mont-Morillon.
MONS-MEDIANUS. Ce nom eft donné en latin
par les écrivains modernes à un lieu du Limoufin, appel-
le en françois Mîegemont , parce qu'il elt fur une mon-
tagne placée entre deux autres.
MONS-MEDIUS, ou Mons-Maiedictus. Voyez
Mont-Medi.
1. MONS-MIRABILIS, nom latin d'un lieu, dont
les hifioriens du moyen âge parlent beaucoup. 11 a eu
ce nom à eaufe de fa fituation ; car c'eft un château
bâti fur une montagne , fituée près d'une petite rivière
dans la Brie , à moitié chemin entre Provins Se Châ-
teau-Thicrri. Quelques-uns nomment aujourd'hui ce lieu
Montmiraille , Se d'autres Montmirail. Voyez ce
mot.
2. MONS-MIRABILIS. C'eft le nom larin d'une
des baronnies du Perche, appellée en françois Mont-
Miral.
3. MONS-MIRABILIS, lieu de France , dans le Pe'-
rigord, fur la rivière de Vefere. On le nomme aujour-
d'hui Miraumont. Voyez ce mot.
4. MONS-MIRABILIS, lieu de France, dans la
haute Auvergne. C'eft un château bâti fur une monta-
gne ; on le nomme préfentement Miramonts.
MONS-NONNARUM , Nunberg, abbaye en Ba-
vière.
MONS DE NUBE , ou Castellum de Nube , nom
latin d'un heu de France, ainfi nommé à caufe de fa fi-
tuation fur une montagne élevée. De Valois, not. Gall.
p. 313, dit que ce lieu s'appelle en françois la Motte
de la Nue.
MONS-OLYMPI , Mont Olympe , en Bithynie , près
de la ville de Prufe , retraite de quelques faims moi-
nes au VIII Se IX fiécles. Voyez Olympe.
MONS OTHILL£ , OTHILBERG, ou Mont Ste
Odille , Hohenbourg , abbaye Se petite ville en Alfa-
ce. Voyez FIohenberg.
MONS-PENSATUS, nom latin de Montpesat.
Voyez ce mot.
MONS-PEREGRINUS , lieu fortifié dans la Paleftî-
ne. Guillaume de Tyr, /. 10. c. 27.1e place près de la
ville de Tripoli.
MONS-PESSULANUS , Montpellier, ville du Lani
guedoc. Voyez Montpellier.
MONS-PESSULUS ( a ) , nom que les écrivains du
moyen âge donnent à la ville de Montpellier en Fran-
ce. Quelques-uns veulent que ce lieu ait été autrefois
appelle Suftention ou Suftencion , ou même Subfian-
tion (b ) ; mais Catel aflure dans fes mémoires du Lan-
guedoc , que de fon tems on voyoit les ruines de Su-
ftencion , à mille pas du gtand chemin qui va de Mont-
pellier à Nismes , Se à pareille diltance de la ville de
Montpellier , près des villages de Cafielnau Se de Cla-
piers. (a)Ortelii, Thef. {b) Longuerne , Defc. de la
France , p. 250.
MONS P1CIONIS ou Pincionis. De Valois, not.
Gall. p. 351. juge que c'eft Montpinson dans le Mai-
ne , auprès de Château-Gonthier.
MONS-PILIGARD^ , nom latin de la ville de Mont-,
beliard. Voyez Montbelliard.
MONS-POLITIANUS , Monte- Pulciano, en Tos-
cane. Voyez Monte-Pulciano.
i. MONS-REGAL1S. On a donné ce nom à plufieurs
villes ou châteaux bâtis fur des montagnes par quelques
rois , ou à caufe de quelques tours ou forterefles qu'ils
y avoient élevées, ou fimplement à caufe de l'élévation
de ces montagnes qui dominoient fur les autres, com-
me les rois fur leurs fujets.
2. MONS-REGALIS, château de France, au diocèfe
de Carcaflbne , félon de Valois , not. Gall. p. 351. on le
nomme préfentement Mont-Real.
3. MONS-REGALIS , château de France , au diocè-
fe d'Autun ; ce n'eft aujourd'hui qu'un village près d'A-
vallon, on l'appelle Monreal. * De Valois, Not. Gall.
pag. 5;i.
360 MON
4. MONS-REGALIS, ville de Fiance , dans le Com-
mingeois : elle eft communément nommée Monregeau
dans les actes. La plupart des cartes l'appellent Mon-
jugaut , nom corrompu de Mqnt-Rigau. * De Va-
lois , Not. Gall. p. 351.
). MONS-REGALIS, nom latin deMoNREAt,
ville de France , dans la Gascogne , affez près de Con-
dom&de Nerac* De Valois , Not. Gall. p. 351.
6. MONS-REGALIS, nom latin de Realmont ,
lieu de Fiance , au diocèfe d'Alby. * De Valois , Not.
Gall. p. 352.
7. MONS-REGALIS , lieu de France , au diocèfe
de Beauvais , près de Bemont: il fe nomme préfentement
Beaumont. L'origine de ce nom vient d'un magnifique
monaftere que le roi Louis IX y fonda en 1230; ce lieu
s'appelloit auparavant Cuimont. * De Valois , Not.
Gall. p. 352.
MONS-REGIS, lieu entre la Pannonie & la ville
nommée Forum- Jitlii , félon Taul Diacre, /. 1. e. 8.
Lazius nomme ce lieu Der Vogel.
MONS-RELAXUS, nom latin de la ville de Mor-
lais. Voyez, ce mot.
MONS-ROTUNDUS, château de France , dans le
Berri : on l'appelle prcfentement Mont-Rond , mais plus
fouvent Mouron par corruption. Ce château fut dé-
moli par l'ordre de Louis XIV, parce qu'il fervoit de
retraite aux voleurs. * Adr. Valcfii Not. Gall. pag.
487.
MONS-REBELLI ou Revelli , lieu de France, dans
l'Anjou, aujourd'hui Montreveau le petit, entre
Beauprean Se faint Florent. * Adr. Valcfii Not. Gall.
pag. 351.
MONS- SABASTIANI ou Sabatiani, comme lit
Simler dans l'itinéraire d'Antonin , & qui dit que c'eft
un lieu d'Espagne -, mais le même Simler doute s'il ne
faudrait point lire Mentefa Baftianorum. Morales , Ber-
tius & Surita lifent dans l'itinéraire d'Antonin Mentefa
Cr Baftia pour Mons-Sabaftiani. * Ortelii Thef.
MONS-SALIONIS, ou Mons Salio. Voyez. Mont-
Saujeon.
MONS -SALUTIS , abbaye d'hommes , ordre de Cî-
teaux , en Espagne, dans la nouvelle Caftille , au dio-
cèfe de Cuença.
MONSSANCTI RUPERTI, Mont-Saint-Robert,
abbaye au VahntiaxïVoyez. Bingën.
M0NS-SELEUC1 , lieu de la Gaule Narbonnoife ,
fclon l'itinéraire d'Antonin. Voyez, Milto Seleucus.
MONS-SELEUCUS. Voyez. Mons-Seleuci Se Milto
Seleucus.
MONS-SIGNI , montagne d'Espagne, dans la Cata-
logne ; elle s'élève fort haut entre Vie Se la mer , Se
elle eft féconde en fimples ou herbes médicinales , Se
abondante en pierres rares Se précieufes. On y trouve
du ciyftal, Se fur-tout une espèce d'améthyfte de cou-
leur violette, très-rare & entrecoupée de veines rouges
très-brillantes. * Délices d'Espagne, p. 616.
MONS-SILICIS, lieu fortifié dans la Lombardie,
félon Paul Diacre. Ce lieu retient encore fon ancien
nom , on l'appelle Mon-Selice.
MONS-TARENS1S, ou Mons ad Taram , ou
MonsTar/E, ancien château de France, dansleBeau-
vaifis , au confluent du Terain Se de l'Oife , près de
Oeil. On le nommeaujourd'hui Mont à Taire, parce
qu'autrefois le Terain s'appelloit Taire. * Adr. Valcfii
Not. Gall. p. 353.
MONS-THESAURI, lieu de France, dans la Tou-
raine , ainfi nommé parce qu'il dépendoit de l'églife
de faint Maurice de Tours \ on le nomme à préfent
Mbnt-Tréfor, que quelques-uns écrivent Montrésor.
Voyez. Mont -Trésor. * Adr. Valcfii Not. Gall. p.
3J3-
MONS-TRICARDI, ou Mons-Tricardus , nom
latin de la ville de Mont-Trichard, que quelques-
uns écrivent MONTRICHARD.
1. MONSALVI , ou Mont-Salvi , bourg ou petite'
ville de France, dans la haute Auvergne, fur une haute
montagne , aux frontières du Rouergue , Se à une pe-
tite lieue du Lot , au nord en allant vers Aurillac. *
Baitdrand , Dicr. édir. 1705,
2. MONSALVI > ou Mont-Salvi , prieuré de Fran-
MON
ce , en Auvergne , dans le diftrict d'Aurillac. C'efl un
prieuré de l'ordre de S. Auguftin , dont le prévôt a
toute la jurisdiction d'un abbé. On marque la fondation
de cette prévôté fous le pontificat d'Etienne V, évêque
de Clermont , & l'on ignore l'année ; mais on fait que
Berenger , vicomte de Cariât , en fut le fondateur.
3. MONSALVI , ou Mont-Salvi , bourg de Fran-
ce , dans le Haut-Languedoc, diocèfe Se recette
d'Alby.
MONSANTO, bourgade de Portugal, (a) dans
la province de Beyra , à quatre lieues de la frontière
de Caftille , à fix de Caftel Branco , & à deux d'Idan-
na (b), en tirant vers le nord oriental de cette der-
nière place , fur une montagne de difficile accès. Mon-
fanto eft environné de murailles , Se défendu par un
fort château. Quoiqu'on n'y compte qu'une feule pa-
roifle, Se feulement deux cens cinquante habitans , cette
bourgade a droit de députer aux états. Le roi Phi-
lippe V la prit d'afiaut le 6 de Mai 1704 , Se les
Portugais s'en reflaifirent l'année fuivanre. (a) De l'IJle,
Atlas, (b) Corn. Dict. Defcr. fumaria del regno de
Portugal.
MONSAUJON. Voyez. Mont-Saujeon.
MONSAUNIS (Les), peuples Sauvages de l'Amé-
rique feptentrionale aux environs du fort Nelfon. Cette
nation habite un peu plus haut que les Ouene bigon
belinis s mais leur pays eft néanmoins très-marécageux.
Comme il y a quantité de ruifieaux Se de petites
rivières qui fe perdent infenfiblement dans les grands
fleuves , ces peuples tuent beaucoup de caftors ; car
ces animaux , qui font amphibies , cherchent ordinaire-
ment les rivières pour y faire leurs maifons. L'on y en
trouve de très-noirs, qualité affez rare; car les caflors
tirent ordinairement fur le roux, Ces peuples vouloient
empêcher les autres nations plus éloignées d'apporter
leurs pelleteries au fort ; mais les Anglois les obligèrent
de leur donner le paffage libre fur leurs terres , s'ils
vouloient eux-mêmes commercer avec la nation an-
gloife. * La Potherie, Hiftoire de l'Amérique fepten-
trionale , p. 174.
MONSEGUR, ville de France, dans le Bazadois»
élection de Condom.
MONSELICE, ville d'Italie, dans le Padouan, en-
tre Padoue Se Efté, environ à dix milles au midi
de la première, Se à cinq milles à l'orient d'hiver de
la féconde. Elle eft fituée fur une montagne. Dans le
voifmage on prend un grand nombre de vipères que
l'on porte à Venife pour faire de la Thériaque. Voyez,
Mons Silicis. * Maçin , Carte du Padouan.
MONSERRAT. Voyez. Mont-Serrat.
MONSIEUR (L'ifletde), dans l'Amérique fepten-
trionale, fur la côte de l'ifle de la Martinique à la
bande de l'oueft , entre la rivière du Gallion ôc le Cul-
de-fac Robert. Cet iflet en a trois autres au midi qui
ferment le Cul-de-fac Robert, Se quelques bancs de
fable à l'occident. Il appartient aux Jacobins de la
Martinique. Le fleur Parquet , ancien feigneur & pro-
priétaire, le leur a donné. On l'a toujours appelle de-
puis I'ïslet a Monsieur. La terre en eft bonne, Se
on pourrait y nourrir quantité de cochons, quoiqu'il
y ait beaucoup de ferpens , parce que les cochons ne
les craignent pas ; au contraire, ils les pourfuivent «Se
les mangent. Le venin du ferpent s'arrête dans leur
graille , où il ne fait autre chofe que corrompre les
environs de la morfure, qui pourrit Se fait un efcar
qui tombe.
MONSINPRON , ville de France , dans l'Agénois,
fur le Lot, entre Villeneuve Se Fumel.
MONSOL, ville d'Afrique (a), au royaume de
Macoco ou d'Anzico , dont elle eft la capitale. Elle eft
à trois cens lieues de la côte occidentale (b). Les Portu-
gais de Lovango y envoient leurs pomberos , qui font
des esclaves élevés dans la maifon , auxquels on ap-
prend à lire , à écrire Se à chifrer ; des gens d'une fidé-
lité éprouvée , auxquels leurs maîtres confient touteî
leurs affaires. Ils demeurent quelquefois un an ou
deux dehors , occupés à acheter des esclaves , de l'y-
voire Se du cuivre, Se à leur retour ils chargent les
marchandées fur le dos des nouveaux esclaves ; de
forte que le port ne leur coûte rien, (a) De l'Ijle *
Atlas.
MON
MON
Atlas. ( b ) Dapper , Description d'Afrique , pag.
5J9-
MONSOLES ou iMéticas , peuples de l'Afrique :
ils habitent le royaume de Macoco ou d'Afingo. Ce
font des Antropophages , aufli bien que les Jagos ou
Jagas ; & peut-être que ce font les ancêtres des Jagas.
MONSONI , Monsauni ou Monsipi , grand fleuve
de l'Amérique Septentrionale , dans la Nouvelle France.
Il a fon embouchure dans le fond de la baie d'Hud-
fon , par les cinquante ôc un degrés vingt minutes de
latitude nord , auprès d'un fort que les Anglois
nomment Monsipi , & auquel les François donnent
le nom de Fort Saint-Louis. On appelle ce fleuve
Monsoni , à caufe des peuples qui habitent fur fes
bords. Il reçoit pluùeurs rivières confidérablcs , en-
tre autres celles du Perray , des Abitibis, ôc des Ou-
tabitis.
MONSONIS ou Monsaunis. Voyez. Monsaunis.
MONSOREAU ouMontsaureau, en latin Morts
Sorelli, ville de France, dans l'Anjou, avec titre de
comté, à l'embouchure de la Vienne dans la Loire ,
aux frontières de l'Anjou & de la Touraine , élection
de Saumur. Il y a dans cette petite ville un chapitre
fondé par Marie de Château- Briand , veuve de Jean
de Samble , baron de Monforeau ; il eft compofé d'un
doyen & de quatre chanoines. La paroiflè fe nomme
Saint Pierre de Retz. Cette petite ville a eu des fei-
gneurs qui ont été très distingués. Il s'y tient un marché
tous les vendredis , &ony fait un commerce considé-
rable de bled. Les carrières de pierres blanches , dites
de Tu/eau , fur le territoire de Iv|onlbreau 8c du bourg
de Lande , font les plas abondantes du pays , & fe
joignent , ce qui fait dire en commun proverbe qu'entre
JLande & Monfaureaii il ne pan ni vache ni veau. On
voit un château dans cette ville , autour de laquelle
il y a des grains, des vignes, des fruits, des chanvres
ôc des pâturages. * Corn. Di&. Mémoires dreffés fur les
lieux.
MONSPERG , Monspurg, Monsburg & Mans-
i>urg , bourg de la Baflé Stiric , près de la rivière de
2.eïs , environ à deux lieues de Pottau vers le midi
occidental. Il y a auprès un château de même nom. *
Zeyler , Carte de la Scirie.
MONSSON ou Mousson, en Lorraine, c'eft une
place qui n'eu* plus rien , ôc qui étoit considérable
dans le onzième iiécle , où elle étoit tenue par Louis,
qui avoit aufli Mont - beliard , duquel font descen-
dus les comtes & les ducs de Bar , dont la poftéiïté
masculine a fini dans le quinzième fiécle , après avoir
été notifiante durant quatre cens ans ; & c'en1 de cette
fortereffe de Monflbn que les premiers ancêtres des
comtes de Bar ont pris le nom & le titre. Cette an-
cienne place étoit très-forte , & paffoit pour imprena-
ble. Sa Situation peu commode fur une montagne l'a
fait abandonner, & on a mieux aimé bâtir ik s'établir
des deux côtés de la Mofelle , qui eft en cet endroit
navigable , & où l'on a bâti un pont qui a donné le
nom à la nouvelle ville.
L'empereur Charles IV , qui avoit, dès l'an 1354,
érigé le Pont-a-Mouffon en marquifat , la créa cité de
l'Empire , avec les prérogatives des autres cités, étant
à Metz ; ce qu'il confirma , étant à Prague l'an 1373, en
déclarant qu'il n'entendoit pas que l'honneur qu'il fai-
foit à cette ville détruisît ou affoiblît les droits du
comte ou duc de Bar, marquis de Pont. Depuis ce
tems-là la ville de Pont s'en beaucoup accrue, ôc elle
e!t devenue confidarable par l'univerfité que le duc
Charles II y a inftituée ôc fondée , avec 1 afliftance de
fon parent le cardinal Charles de Lorraine , archevê-
que de Rheims , adminiftrateur de l'évêché de Metz.
* Longuerue, Defcription de la Fiance , part. 2. pag.
189.
MONSTERBERG ou Munsterberg , ville de la
Silcilc , à cinq milles de Glatz , vers la Bohême. Elle
a été fondée par l'empereur Henri I , qui fit bâ:ir en
ce lieu un monattere , d'où elle. fut appellée Monfler-
berg. Elle eft capitale d'un duché de même nom , qui
renferme , outre celle-ci , les villes de Franckenftein ,
de Wai'taj de Henrichaw , de Tepliwoda 6c de Kaments.
361
Autrefois même les villes de Reichenftein ôc de Sil-
berberg en dépendoient \ mais elles panèrent en 1599 ,
Sous L\ puiffance des ducs de Lignits & de Brieg par
accord. Monfterberg a eu autrefois Ces princes parti-
culiers,qui faifoient une bi anche de la maifon de Lignits :
cette branche finit en la peribnne de Jean de Lignits
Monfterberg, défait ik tue en 1428, par ceux de
Breflau , qui raferent l'année Suivante le château de
Monfterberg , de peur qu'il ne Servît de retraite aux
Hufiîres. Cette principauté fut enfuite donnée au roi
de Bohême , qui la transporta à Guillaume , duc de
Troppau , auquel fuccéda Ernefi Prémiflas , Son frère :
celui ci étant morr , fans laiffer d'héritiers , l'empereur
donna l'invefliture de cet état aux deux fils de George,
roi de Bohême , ôc les reconnut princes de l'Empire.
De ces nouveaux ducs descendoit Henri II , qui intro-
duisît le Luthéranisme à Monfterberg. Ce domaine
fut incorporé en IJ70 à la couronne de Bohême par
l'empereur Maximilien. Au refle la ville de Monfter-
berg a de bonnes murailles, défendues par des Tours ,
pofées de difiance en diltance, quatre portes allez bien
fortifiées , & un ancien château. Sa principale églife ,
qui eit dédiée à faint George , eft un édifice fort vafte.
Il y a aufli quelques couvens , un beau collège , une
maifon de ville fort bien bâtie , ik même une maifon
pour l'aflemblée des marchands , & qui n'eft pas un
des moindres ornemens de ce lieu. La ville a beau-
coup fouffert pendant les guerres des Huflîtes , & par-
ticulièrement fous le règne du. roi George. Elle eut
aufli lieu de Se reflentir des guerres qui précédèrent la
paix de Weftphalie. * Zeyler , Top. Silefue.
MONSTERLET ou Monstrelet, lieu de France,
en Ponthieu , dans la Baffe-Picardie, Sur la rivière
d'Authie , près de Boufflers , à deux grandes lieues de
Saint Riquier vers le nord. Ce fut le lieu de la retraite
de S. Mauguille. * Baillée , Topographie des Saints ,
p. 631.
MONST1ER EN DER. Voyez. Moutier en Der.
MONSTIER NEUF , Monaflerium Novum , abbaye
de France, dans la ville de Poitiers. Voyez, Poitiers.
MONSTIER SAINT JEAN , abbaye. Voyez. Mou-
tier Saint Jean.
MONSURVENT , bourg de France , dans la Nor-
mandie , au diocèfe de Coutances.
MONT ou Montagne. Voyez. Montagne.
1. MONT (Le) , bourgade de France , dans le
Limoufin , près de Pompadour. Elle eft connue pour
avoir été la patrie d'Etienne Aubert , qui d'Avocat de
Limoges , fut fait évêque de Noyon , puis de Cler-
mont , enfuite cardinal , ik enfin pape , fous le nom
d'Innocent VI. Ce lieu s'appelle Mons. Voyez ce mot n°. 2.
2. MONT (Le), bourgade de France, dans la
Champagne , près de Stenay. C'eft la patrie du célè-
bre dom Jean Mabillon, Bénédictin , l'un des plus grands
hommes de lettres que la France ait produits.
1. MONT-AIGU , lieu de dévotionx au Pays-Bas,
dans le Hainaut. L'églife , appellée Notre-Dame db
Mont Aigu , eft fur le haut d'une montagne , nommée
en latin Mons acutus. Cette églife fut bâtie par Al-
bert ôc Ifabelle Claire-Eugénie , archiduc ôc archidu-
chefie des Pays-Bas. 11 femble qu'elle foit petite, elle
peut néanmoins contenir beaucoup de monde , parce
qu'elle eft ronde & toute entourée de chapelles. Elle
eft couverte d'un dôme ik d'une tour ou clocher , d'où
l'on découvre tout le pays jusqu'à Anvers : le tout bien
travaillé ôc bien 01 né. Il y a un t ré for fort riche ,
tant pour les ornemens que pour les calices , ôc autres
pièces d'or ôc d'argent. Entre autres, il y a un petit
coffre carré , du plus beau cryftal qu'on puiffe voir.
Au-dcffous de l'églife , vers le bas de la montagne , eft
une belle maifon des prêtres de l'Oratoire qui defler-
vent cette églife, où ils fe rendent par une longue
galerie, dont une partie eft fous terre. Devant l'églife
il y a une grande place plantée de pins à la ligne , ÔC
à l'entour eft le bourg de Mont-Aigu. Au-deffous on
trouve une petite ville appellée Sichen ou Siche-
men. * Joly , chanc. de Paris, Retour de Munfter.
Corn. Dict.
2. MONT-AIGU ou Mont-Aigu en Poitou ,
X»m. IV. Z z
3^2
MON
bourg de France , dans le Poitou , élection de Mau-
léon. Cétoic autrefois une baronnie : elle a été éri-
gée en marquifat. 11 y a une lieutenance de maré-
chaiiflee.
3. MONT-AIGU ou Mont-Aigu en Lanois ,
bourg de France , dans la Picardie , élection de Laon.
Il y a eu autrefois fur la croupe d'une montagne jointe
à ce bourg une fortereffe confidérable , bâtie par les
anciens feigneurs deCoucy. Thomas de Marie, l'un
d'eux , moleftant le pays , les habitans en portèrent leurs
plaintes à Louis le Gros , qui l'attaqua dans ce fort ,
Se l'obligea de cefTer fes brigandages. Il refte encore quel-
ques veftiges qui peuvent faire juger quelle étoit la
force de cette place presque inacceifible.
4. MONT- AIGU , bourg de France, dans la Nor-
mandie , diocèfe de Coutances , élection de Vallognes.
Il y a aux environs des Bois.
5. MONT-AIGU , Montecutum ou Mons Acutus.
Il y a plufieurs paroiffes de ce nom en Normandie :
celle de l'élection de Vallognes elî la plus peuplée.
Elle fut érigée en marquifat l'an 1703 , en faveur de
la maifon de Mont-Aigu la Brifette. Celle de l'élection
de Coutances cil auffi confidérable. Les feigneurs de
cette dernière écoient fameux dès le tems des ducs de
Normandie. On prétend que les ducs de Mont aigu en
Angleterre tirent leur origine d'un de ces deux lieux.
6. MONT-AIGU EN COMBRA1LLES , ville de
France , dans la Baffe Auvergne , au diocèfe de Limo-
ges , élection de Combrailles. Cette ville a quelque-
fois donné le nom à la feigneurie de Combrailles,
dont elle étoit la principale ville ; mais à préfent la
principale ville du pays eft Evaon , que l'on prononce
communément Evau. * Longuet ne , Defcript. de la
France .p. 138.
MONT-AIGUILLE (Le) , montagne de France,
dans le Dauphiné, à deux lieues de Die Se à fix de
Grenoble. Voyez. Aiguille.
MONT- AIMÉ, ou Mont-Amy, montagne de
France, en Champagne , à demi lieue de Vertus : elle
eft fort élevée. Autrefois il y avoit fur cette montagne
une ville de forme presque ovale , dont il ne refte plus
fur pied que le pan d'une tour qui fe voit de fort
loin , & quelques murailles avec des caves Se chemins
fous terre. La fit nation avantageufe de cette place fait
croire qu'elle a été autrefois forte. 11 en eft parlé dans
la vie de S. Alpin de Béthune , évêque de Châlons ,
qui vivoit vers le milieu du cinquième fiécle. En l'an
née 1407, cette ville de Mont- Aimé fut affiégée par
Courcelle , bailli de Vitri , & il la preffa fi vivement ,
que Clugnet de Btabant , qui défendoit la place pour
Louis , duc d'Orléans , fut contraint d'en fortir avec trois
cens chevaux pour aller chercher du fecours , mais
n'avant pu retourner affez à tems , Jean de Btabant,
frère de Clugnet , qu'il avoit laiffé en fa place , fe
voyant trop preffé, réfolut de fe faire jour au travers
des affiégeans, les chargea avec beaucoup de cœur:
mais ayant été pris , il fut conduit à Vitri où il fut dé-
capité , Se la place abandonnée après avoir été ruinée.
Le comte de Salilbery, qui commandoic alors les trou-
pes des Anglois, étoit à ce fiége avec Cémolles. Cette
place fut entièrement démolie par les habitans de
Rheims. de Châlons Se de Troyes , à caufe qu'elle
fervoit de retraite à une infinité de voleurs qui infe-
itoient toute la province : cette démolition fut faite en
1443 , par le capitaine de Châtillon. Elle avoit appar-
tenu, comme celle de Vertus , à la maifon d'Orléans,
de laquelle elle paffa à celle de Bretagne. *La place
où étoit cette ville efi à préfent une garenne qui ap-
partient au comte de Vertus. En 1239 (Z> ) le 13 de
Mai, qui étoit un vendredi, on fit une exécution cé-
lèbre des Bulgates ou Manichéens à Mont-Aimé , en
préfence du roi de Navarre , des barons du pays ,
de l'archevêque de Rheims, de 17 é-'^ques , Se entr'au-
rrcs de Géoffroi II du nom , évêque de Châlons , de
pkifieurs abbés , prieurs & autres eccléfiaftiques : le
peuple qui vint à ce fpectaclc étoit efiimé monter à
cent mille âmes -, on y brûla 185 hérétiques. Ils avoient
entr'eux une vieille de réputation , nommée Gifle , na-
tive de Provins , dont l'exécution fut différée , parce
MON
qu'elle promit d'en découvrir encore une grande quan-
tité , mais l'hiftoire ne dit rien de l'effet de fes pro-
meffes ni de fon fort, (a) Baugier , Mémoires hift.de
la Champagne, t. 1. p. 288. (b) Fleur y , Hift. Ecclef.
t. 1 7. p. 2 1 7. Se le Monac. Alberie.
MONT d'AMALECH (Le), dans la tribu d'E-
phraïm. Voyez. Amalech.
MONT-ANTIL1BAN (Le). Voyez. A ht m-
BAN.
MONT- ARAGON, abbaye d'hommes, ordre de
Bénédicfins non réformés , en Espagne dans le royau«
me d'Aragon , au diocèfe d'Huesca.
MONT-ARLEUX, ouArleux. Voyez, Ar-
L E UX.
MONT-AVEMTIN. Voyez, Aventin Se Rome.
MONTBAR , en latin Mons-Barrus , Mons-Barrï
Se Mons-Bardus , ville de France , dans la Bourgogne,
fur la rivière de Braine , bailliage Se recette de Semur
en Auxois. Elle ell firuee fur le penchant d'une petite
montagne (a), Se partagée par la Braine, qui, a une
petite lieue de-là,va fe jetter dans l'Armançon. Cette
petite ville , qui de loin paroît quelque chofe , n'a que
fept cens pas de long , deux cens cinquante de large ,
Se deux mille quatre cens de circuit , en y comprenant
le château. Elle n'a d'autres foit;fications que de (im-
pies murailles Se quelques tours à moitié ruinées. Le
château eft un vieux bâtiment fermé par de fortes mu-
railles flanquées de grofîes tours. L'églife qui lui fer-
voit de chapelle , eft maintenant paroiffiale Se deffer-
vie par un curé , qui n'eft que le vicaire perpétuel du
prieur de Courtangy, qui eft primitif: il y a en outre
fix prêtres habitués , ( b ) qui ont chacun deux cens
livres de rente. Ourre cette églife, il y a un prieuré,
fous le titre de S. Thomas , réuni à l'abbaye du Mou-
rier S. Jean ; une chapelle de S. Jean , laquelle vaut
cent vingt livres de rente ; un couvent d'Urfulines , Se
un hôpital qui n'a que quatre ou cinq lits , Se qui
ne fe foutient que par les aumônes. Montbar eft le fiége
d'une maréchauffée Se d'une châtellenie royale, qui n'a
de jurisdiction que fur le château Se fur les hameaux
voifins : la juftice de la ville Se fa police font exercées
par le maire. Il y a un grenier à fel , & l'on y fait des
gants de chien , qui ont quelque réputation.
Quelques-uns veulent que cette ville foit ancienne ,
Se tire Ion nom des Bardes , philofophes Se poê'tes des
anciens Gaulois. Nous voyons ( c ) que Robert II , duc
de Bourgogne , fit hommage de Montbar , au mois de
Février 1272,8 Guy, évêque de Langres. (a) Piga»
nïoly Defcr. de la France, t. 3. p. joj. (b) Mémoi-
res divitf. ( c ) Longiterue, Defc. delà France , p. 281.
MONTBAZON , ville de France , dans la Tourai-
ne, élection de Tours, Se à trois lieues de cette ville
fur le chemin de Poitiers. Elle eft fituée au pied d'une
petite colline où eft un ancien château , dans lequel
les officiers de la juftice tiennent leurs féances. II n'y
a qu'une feule paroiffedans Montbazon , & on n'y compte
que cent quatre-vingt-fix feux, & huit cens habitans :
auffi cette petite ville eft-elle moins cor.fidérable par
elle même , que par la dignité de duché-pairie dont
elle eft illuftrée. Renaud , feigneur d« Montbazon,
forti d'une ancienne maifon de même nom , n'eut
qu'une fille, nommée Jeanne de Montbazon , qui époufa
en 1 374 , Guillaume de Craon, feigneur de Marcillac.
De ce mariage vint Marguerite de Craon , qui fut hé-
ritière de fes frères, Se fe maria avec Guy de la Ro-
chefoucault -, Jeanne de la Rochefoucault , fa petite-fil-
le , fut merc de Renée de Tou , iemme de Louis de
Rohan, feigneur de Guimenée , Se par elle de Montba-
zon. Ce fut en faveur de la maifon de Rohan, que
Montbazon fut érigé en duché dans l'année 1 540 , Se
en pairie en 1588. C'étoit auffi en faveur de la même
maifon que cette ville avoit auparavant été érigée en
comté.
Lesenvironsde Montbazon font très-agréables , fur-roue
du côté du Pont, où la rivière d'Indre arrofe une belle
prairie qui s'étend jusqu'à Courficre, maifon de Plaifance
des ducs de Montbazon, * Figunwl, Defc. de la France,
t. 7. p. 62.
MONT-BENOIT, Mons-Benedidï , abbaye d'hon^
MON
MON
mes en France, de l'ordre de S. Auguftin , dans la Fran-
che-Comté, au diocèfe de Befançon , fur le Doux,
au-deflbus de Pontarlier. Elle a commencé par un her-
mitage , que bâtit un nommé Benoît, 8c dont le lieu
prit le nom. Les chanoines réguliers s'y établirent au
commencement du douzième fiécle, fous le gouverne-
ment du nommé Hardouin , en qualité de prieur , &
peu après cette maifon fut érigée par l'archevêque en
abbaye , qui pafiaen commende dès l'an ijgi. Elle vaut
huit mille livres.
MONT-BOSSE , montagne en France , dans la Nor-
mandie. Il y a une mine de fer.
MONT-BRENTOS, monaftere de Chartreux en
Suilfe , dans la partie occidentale du canton de Fri-
bourg, auprès d'Eftavayer. * Délices de la Suffi , t. 3;
p. 65.
MONT-CALVAIRE (Le), où Jesus-Christ fut
crucifié, au couchant feptentnonal de Jerufalem. Voyez.
Calvaire.
MONT-CAPITOL1N. Voyez Capitolé.
MONT-CARMEL. Voyez. Carmel.
MONT-CASS1N , montagne d'Italie, au royaume
de Naples , 8c au fommet de laquelle eft la célèbre ab-
baye du Mont-Cassin , où faint Benoît, cet illuftre
patriarche des moines de 1 Occident , fonda fa régie.
Ce monaftere acquit une fi grande réputation de fain-
teté , qu'on vit des rois quitter leur couronne pour y
aller finir leurs jouis. De ce nombre furent entr'aimes
Rachis, roi des Lombards, Carloman , frère de Pépin ,
roi de Fiance, 8c plufieurs autres.
Cette abbaye elt fituée fur la pointe d'une haure mon-
tagne , a trois milles de la petite ville de San-Germano,
de forte qu'un l'apperçoit de fort loin. Les cloîtres font
fpacieux, 8c les religieux en très-grand nombre. On y
reçoit 8c on y défraye les étrangers. L'eglii'e elt fort
propre & parée doincmens 8c de peintures. Les em-
pereurs, les rois & autres grands princes l'avoicnt an-
ciennement enrichie, a l'envi , de préfensconfidérables ;
mais toutes ces ncheflès furent pillées plufieurs fois ,
premièrement par les Lombards , enfuite par les
•Sarrazins. Après que les Lombards l'eurent détruit , il
ie pailâ près de cent quarante ans, pendant lesquels on
ne penfa point à le rétablir. Il fut quelque tems délért
ôc ne feivit de retraite qu'aux bêtes fauvages. Quelques
foliraires s'y établirent , 8c y menèrent une vie très-
reti.ee. Le pape Grégoire II permit à Pctronax de le
rebâtir, 8c d'y mener des Bénédictins de Rome , qui
s'unirent avec les foliraires qui y étoient déjà. Le pape
-Zacharie favorila cet établifitment , & l'exempta de la
jurisdiétion de l'évêque du diocèfe. * Abrégé de l'Hijt.
de l'ordre de S. Benoit , 1. 4. c. 2.
Ce faint lieu , qui avoit été fi heureufement rétabli,
Jfubfilla encore, 8c fut dans un état floriflant pendant
une bonne partie du IX fiécle ; mais enfuite il ne put
éviter la tempête des Sarrazins , 8c ces barbares n'y
cauferent pas moins de délblation qu'avoient fait les
Lombards trois cens ans auparavant, puisqu'après en
avoir tué l'abbé 8c quelques religieux, ils obligèrent
les autres d'abandonner leur cloître 8c de fe retirer à
Téane , où ils emportèrent ce qu'ils avoient pu fauver
du tréfot 8c des titres du monaftere.
Dans des tems plus tranquilles , le Mont-Caflin fe
repeupla de religieux, 8c fut fécond en faints perfon-
mges , entr'autres depuis le commencement du XI fié-
cle -jusqu'au milieu : on en compte jusqu'à douze. *
L'abbé de Fleury , Hiftoire eccléllatique , liv. 59.
pag. 3 6.
1. MONT-CENTS. Voyez. . Cenis, n°. 1.
1. MONT-CENIS, Morts Semm , Mons Sertis,
Morts Cinifus , Monticinium , Mons Cenifinus , ville de
France, dans le duché de Bourgogne, à quinze lieues
de Dijon , 8c à quatre d' Aucun. Elle eft du diocèfe de
cette dernière ville , 8c a titre de baronnie. Sa firuation eft
fur une éminence, entre trois montagnes afiez confidé-
rables : l'une au midi , l'autre à l'occident, la troifiéme
a'i nord. On trouve fur cette dernière les ny'nes d'un
ancien château qui étoit afiez fort. Il n'y a dans cette
ville qu'une paroifie, fous l'invocation de la fainte
Vierge; elle étoit autrefois fous celle de faint Laurent
& de faint Denis., On y trouve un monaftere d'Urfu-
3*?
lines, 8c un hôpital. Mont-Ccnis eft la vingt unième
ville qui députe aux états de Bourgogne ; fon circuit
eft d'environ quinze cens pas. Il y a un fubdélegué de
rintendant de Bourgogne, grenier à fel, un corps de
ville, un bailliage royal , auquel eft unie une chancel-
lerie reiïortillânte au parlement de Dijon. Il y avoit
autrefois une chatellcnie royale ; mais clic a été lup-
primée avec la plupart des autres chârdlenics rojales
de la province , 8c reunie au bailliage par un édit du
mois d'Avril 1749. Entre les hommes illuftresque cette
ville a produits , on compte Jean de la Vesyte , vivant
dans le feiziéme fiécle, connu par plufieurs ouvrages
en langue hébraïque 8c latine ; N. Boivcau , grand-
croix de faint Louis, gouverneur des Invalides; Mel-
chior Cochet de Saint Vallier, prefident aux requêtes du
palais de Paris , auteur d'un excellent traité de l'in-
duit.
On fabriquoit autrefois des draps , des étamines 8c
des ferges à Mont-Cenis; mais ces manufactures font
presque entièrement tombées.
Le bailliage royal de Mont-Ccnis eft très- ancien. Lé
Charollois en dépendoit ; mais ,on l'en a désuni depuis
plufieurs fiécles , pour en faire un bailliage particulier.
Celui de Mont Cenis a douze lieues de longueur de-
pris Créôt jusqu'à Ufieau ; quatre de largeur de-
puis le Pont d'Anjou jusqu'à Blanzy. Il elt limité à
l'orient par le bailliage de Châîons , au midi par celui
de Charolles , au couchant par celui d'Autun , 8c au
nord par le dernier 8c par celui de Beaune Une partie
du bailliage de Mont-Cenis eft dans la plaine; l'autre
eft coupée par des montagnes afiez conlidcrables , fur
lesquelles on trouve beaucoup de fimples. Le terroir
de ce .bailliage eft en général fablonneux 8c aride; les
vins qu'il produit font foibles; le froment y eft* rare;
mais le feigîe y vient en abondance.
On y trouve une quantité prodigieufe d'excellent
charbon de terre, 8c le pays eft tout rempli de forêts;
mais les habkans n'en retirent aucun avantage, parce
que la difficulté des chemins rend le transport du char-
bon '8c du bois trop dispendieux, ce qui ne feroit pas ,
fi l'on conftruifoit le lac de Long-Pendu. Vôyet ce mot.
Si l'on rendoit la Dehune flottable, elle faciliteroir le
débit du bois ; faute de ce fecours , les habitans le
laifient périr fur pied. En pratiquant des grands che-
mins, le débit du charbon de terre de ^endroit aulfi plus
facile. Les vallons , qui font entre les montagnes , fotu-
nifient de très-bons pâturages; le gibier 8c le poiflbn
de ce bailliage pafient pour être exceliens.
On trouve dans ce pays, près du hameau de la Cou-
ronne, paroifie de Torcy , un banc de cailloux d'uu
rouge pale : ils font ordinairement gros comme un grain
de bled, taillés nartuellcment à cinq faces , 8c fe ter-
minent en pointe triangulaire. Quelquefois ils font
féparés ; mais ordinairement ils font joints enfemble
8c forment des grouppes irréguliers à peu près de la
grofleur d'une noifette. Il eft, pourlors , presqu'impos-
fible de les désunir fans les cafter. Ces cailloux font fi
durs , qu'on peut s'en fervir pour couper le verre ;
mais ils s'égrainent à la longue. Outre cette curiofité
naturelle, il s'en trouve une autre qui paroît encore
plus digne d'attention. Ceft un rocher mouvant qui eft
comme planté dans la partie la plus rapide, 8c du cô-
té du midi de la montagne d'Uchon , laquelle eft fi-
tuée dans le bailliage de Mont-Cenis. Ce rocher eft:
compofé de deux pierres; celle de defibus eft un peu
concave ; celle de defius a environ fept pieds de hau-
teur, vingt-fept ou vingt-huit détour ; le dciTus eft pres-
que plat, 8c dans fa circonférence elle préfente fix faces
inégales ; fa bafe eft de forme ovale ; elle eft pofée fur
celle de defibus , à laquelle elle eft , félon les appa-
rences, unie par un pivot d'une forme fi particulière,
que la moindre impulfion fuflîc pour la mettre en mou-
vement, un enfant même qui la poufle avec les mains,
l'agite afiez pour qu'une petite croix d'environ deux
pieds de hauteur, qu'on a placée defius , décrive une
portion de cercle de plus d'un demi - pied. Les forces
reunies de plufieurs perfonnes ne font pas faire à cette
pierre un mouvement plus confidérable ; mais il ne fe
fait que du nord au fud & du fud au nord , quelque
chofe qu'on ait faite pour lui en donner un du cou;
Tom. IV. Z z ij
364 MON
MON
chant au levant , ou du levant au couchant, on n'a pu
réuflîr. Ce rocher mouvant fert de bornes à trois ju-
ftiçes différentes , Se eft cité dans les plus anciens ti-
tres. Sur le fommet de la montagne de Dété , qui eft
auffi dans le bailliage de Mont-Cenis , on trouve une
autre pierre mouvante ; mais on n'y fait pas beaucoup
d'attention , parce qu'eile n'eft pas fi grofle que celle
d'Uchon, & que fes mouvemens font beaucoup moins
marqués. * Mémoires dreffes fur les lieux.
MONT-COEL1US. Voyez. Coelius Mons.
i. MONT-CORNET, ou Mont-Cornet en Ar-
denne , château de France, en Ardcnne , fur une hau-
teur qui fe termine en deux pointes; il eft au voifi-
nage de Rocroy.* Adr. Valefii Not. Gall. p. 347.
i. MONT-CORNET, ouMoncornet en Thie-
rache , château de France, dans le Thierache, auprès
de Rofoy.
MONT-CORNILLON, ou Mont des Cornouil-
ies , en larin Mons-Cor nel'u Se Muns-Cornorum. Mai-
fon de religieufes Hospitalières Se Léproferie , près de
la ville de Liège , vers la porte Se le fauxbourg de de-
là la Meufe. Le monaftere étoit double, l'un fur le
haut de la montagne étoit pour les hommes , Se avoit
été établi , vers les commencemens du XI fiécle , par
l'évêque Adalberon , qui y mit des religieux de l'ordre
de Prémontré , auxquels fuccédérent des Chartreux qui
y font encore ; l'autre , qui a retenu le nom de Mont-
Corniilon , étoit un grand hôpital bâti par les habitans
de Liège , pour les malades de lépre Se de ladrerie de
l'un Se l'autre fexe , au bas de la montagne. Le couvent
des filles qui le fervoient , fut mis fous la régie de faint
Auguftin , quoique les moines de Cîteaux Se les cha-
noines réguliers de Prémontré fe débattent entr'eux pour
nous perfuader qu'il étoit de l'ordre de leur inftitut.
La bienheureufe Julienne , à qui pluh'enrs attribuent
les premières vues de l'inftitution de la fête du Saint
Sacrement, étant née à Rétines, Retinna , village de
la banlieue de Liège, à trois quarts de lieues de la vil-
le , fut élevée au couvent de Mont Coimilon; elle fut
enfuite prieure de la maifon. Etant perfécurée elle paffa
dans plufieurs monafteres du pa)s, & mourut dans ce-
lui de FofTe l'an 12^8, fix ans avant l'inftitution de
la fête du Saint Sacrement, qu'elle avoit tant follicitée.
Son corps fut transporté , comme elle l'avoi: fouhaité,
dans l'abbaye de Villiers en Brabanr, entre Gemblours
& Nivelle , où eft fon culte principal. * Baillée , Top.
des Saints, p. 5 2.0.
MONT DE LA COURONNE , abbaye d'hom-
mes , & chef d'une congrégation de l'ordre des Camal-
dules en Italie , dans le diocèfe de Péroufe.
^ MONT-D AVEZAN , bourg de France , dans le com-
té & dans l'élection de Comminges.
MONT-DAUPHIN, petite place de France (a),
dans le Dauphiné, à trois lieues au-deffus d'Embrun,
Se près de Guilleftre. Elle eft bâtie fur une montagne
escarpée Se presque environnée de la Durance. Le feu roi
de France (/> ) Louis XIV la fit fortifier en 1695 , pour
mettre le pays en fureté de ce côté-là. (a) Piganiol ,
Defc. de la Fiance , t. 4. p. 49. (b ) Longiurue , Defc.
de la France, p. $26.
MONT-DIDIER , ville de France , dans la Picardie ,
au diocèfe d'Amiens , Se le fiége d'une élection à la-
quelle elle donne fon nom -, on l'appelle en latin Mons
Defiderii. Cette petite ville eft fur une montagne à fept
lieues d'Amiens , & à pareille difiance de Compiegne ;
elle a quelquefois réfifté aux Espagnols , qui l'ont atta-
quée. On remarque à Mont-Didier le prieuré de No-
tre-Dame, qui fut uni à l'ordre de Clugny en 11 30,
Se ou la conventualité s'eft confervée jusqu'aujour-
d'hui ; il vaut quatre mille quatre cens livres au prieur,
& deux mille deux cens livres aux religieux. Il y a cinq
paroiffes , plufieurs couvens , un hôrel-dieu , qui a fix
mille livres de revenu , Se un collège qui n'a qu'un
feul régent. Outre un fiége d'éledion , cette ville a une
prévôté , un bailliage , un grenier à fcl & une maré-
chauflse. La prévôté eft compofée d'un prévôt , d'un
lieutenant civil, d'un lieutenant criminel, d'un affes-
feur , de deux confeillers, d'un avocat du roi, d'un
.procureur du roi & d'un greffier. Cette prévôté con-
rxxit en première inftanec, privativement aux officiers
du bailliage , dans l'étendue de fon reflbrt , de toutes
les affaires civiles Se criminelles, de quelque nature
qu'elles foient. Le bailliage eft compofé d'un lieutenant
général , d'un lieutenant criminel , d'un lieutenant par-
ticulier , d'un affefTeur criminel , de quatre confeillers ,
d'un avocat Se d'un procureur du roi , de deux fubftituts
adjoints Se d'un greffier.
La ville de Mont -Didier eft ancienne ; quelques rois
de la troifiéme race y ont eu un palais & y ont tenu
leur cour. Elle a appartenu pendant quelque tems aux
ducs de bourgogne , auxquels elle avoit été cédée en
I466 > mais a la mort du dernier duc , Louis XI la
réunit à ia couronne avec les autres villes de la Pi-
cardie. * Piganiol, Defcription de la France, tom. 3.
pag. zn.
MONT-DIEU, Chartreufe de France, en Champa-
gne , fut- la rivière de Bar , entre l'Aine 8c la Meufe
Reihel Se Mouzon , à quatre lieues de Sedan , en un
lieu défert. Avant que les Chartruix y fufient établis ,
il le nommoit Mourozin , nom d'une idole que les
païens y adoroienr. Ce monafierea été fondé en 1130
ou ii34,par Eude , abbé de faint Remy de Rheims,
du confentement de l'archevêque Raynaud , qui con-
nibua de fon côté à cet établiftcinent , ainfi que firent
plufieurs autres perfonnes , comme Richard , abbé de
Mouzon avec fon couvent, Ulric, abbé de faint De-
nysde Rheims, Hugues, feigneur des Etouvo , Nico-
las, feigneur de Bourg, & Guido, feigneur d'Artaife.
Cette fondation fut confirmée par les papes Innocent
II Se Eugène III , comme il paroît par les bulles des
années n 36 & 1145. Des que les Chartreux y fu-
rent établis , le général de l'ordre voulut qu'on l'ap-
pellât Mont-Dieu, par oppofition au nom deMonrozin
qu'il portoit auparavant: le premier prieur fut Godo-
froy , disciple de faint Bruno. Cette chartreufe eft la
huitième de l'ordre , quant au rang qu'elles tiennent ,
Se la première établie dans le ro\aume, par rapport
à l'état où il étoit .lorsqu'elle fur établie. Les religieux
de ce monafiere ont donné le commencement à la char-
treufe du Mont Saint Pierre. Cette chartreufe du Mont-
Dieu eft environnée de fofTés à fond de cuve fort lar-
ges , revêtus de pierres de taille avec un pont levis.
On trouve d'abord , en y entrant , deux corps de logis ;
l'un deftiné pour l'archevêque de Rheims , lorsqu'il s'y
retire; l'autre bâti par. le feu duc de Mazarin , pour
lui Se pour fa famille. Il y a à droite Se à gauche deux
pièces d'eau carrées , revêtues de pierres de taille, Se rem-
plies de poiffon : tout le bâtiment eft de briques, avec
des chaînes de pierres de taille Se à deux étages 5,
le premier étage du bas eft entièrement voûté de pier-
res de taille. 11 y a deux cloîtres , dont le petit eft vi-
tré , l'un Se l'autre voûtés de pierres de taille. On
entre dans le grand , qui forme un carré régulier ,
par une belle arcade : chaque côté de ce cloître eft com-
pofé de trente-deux arcades , Se contient cinq habita-
tions de religieux , qui font autant de petits châteaux
ou corps de logis , détachés Se éloignés par égales di-
ftancesles uns des autres, couverts d'ardoifes Se bâtis
à la moderne ; chacun a fon jardin fort propre. Au
fond de ce cloître eft une belle perfpective formée de
grands aibres: au milieu il y a une grande fontaine jail-
liffante , dont le baïïin qui eft fort gtand , eft revêtu de
pierres de taille : il y a dans l'appartement de chaque re-
ligieux un tuyau de fontaine : la fale de leurs archives
eft voûtée deffous Se défais , Se fermée de portes de
fer. L'églife eft petite , propre Se bien bâtie , tournée à
peu près comme la faillie Chapelle du palais à Paris;
le grand autel, les deux atitels de la nef Se le pavé de
l'églife font de marbre; les chaifes ou formes du chœur
des religieux font de pierres d'une fort-beile fculptu-
re, & celles des frères font d'une très- belle menuife-
ric ; elle eft fort ornée de peintures. Cette églife fut
achevée en 1290, par Pierre Barbe ou Barbez, arche-
vêque de Rheims. Parmi les reliques de cette églife on
trouve du bois de la vraie croix , du fuaire , de la cou-
ronne d'épines de Jefus Chrifi , du linge dont il efliiya
les pieds de fes apôtres après les avoir lavés , de l'épon-
ge avec laquelle on lui préfenra à boire fur la croix ,
de la lance dont on lui perça k côté , de la table où
MON
MON
l'on fit la cène , de Ces habits ôc de ceux de la fainre
Vierge , cV d'autres reliques de plufieurs fainrs en grand
nombre. Tout ce rnona/kre eft grand Se beau , ôc
quoique la maifon ait été entièrement rebâtie depuis
quelques années , on a eu foin d'y conferver la cham-
bre de faim Bernard où l'on voit encore fa ceinture ;
il quittoit Clairvaux de tems en tems , pour venir cher-
cher dans cette chartreufe une retraite plus folitaire.
Il V a dans la cuifine de ce monaftere un réfervoir rempli
de poiflbn, dont on ne s'apperçoit que lorsqu'on ou-
vre une trape. 11 y a proche le pont - levis une cha-
pelle, qui fert de paroille à leurs fermiers , & qui eft
delTervie par un Chartreux. Les comtes de Champa-
ne ont donné à ces religieux cent livres de rente, qui
en ce tems éroit unefomme confidérable; le roi con-
tinue de leur faire payer cette fournie tous les ans. Le
revenu de ce monaftere confite plus dans l'induùtiedes
religieux qu'en tout autre fonds. Ils ont vingt- deux
étangs, ils font au nombre de vingt quatre religieux,
fans y comprendre les frères. * Baugier , Mém. hift.
de la Champagne, t. 1. p. 61.
MONT-DOUBLE AU, ville de France, dans le
Maine , élection de Château du Loir , avec titre de
baronnie-pairie (a). Cette petite ville eft fort ancienne
ôc connue dès le commencement du XI fiécie. Ses fei-
gneurs étoient vaflaux des comtes d'Anjou , ils s'ap-
pelloicnt Dublel ou Doubleau , ôc ont donné leur nom
à ce lieu. On voit par des lettres de Geofroi Martel,
comte d'Anjou, données l'an 103 3, qu'il y avoit alors
un chevalier , nommé Eudes Dublel , qui fut père de
Hugues Dublel, qui reconnut tenir du comte Geofroi
la terre ou baronnie de Mont-Doubleuu. Orderic Vital
nomme cette petite ville , par corruption , Mons-DubLi-
belis ; mais cent ans auparavant on l'appelloit Mous
Didlclli , ôc ces feigneurs avoient le furnom de Du-
blel. Cette terre (b) fut unie au comté de Vendôme
par le roi Charles VIII , au mois de Mai 1484, en
faveur de François de Bourbon , avec exemtion d'hom-
mage du comté du Maine \ mais depuis plus d'un fiécie
Mont-Doubleau a été démembré du duché de Ven
dôme. Elle écend fa jurisdiction fur iyparoifies ; elle
n'a que ijofcux. (a) Longuerue , Defc. de la France ,
p. 115. {b) Pigauioly Defcript. de la France, t. 4.
p. 497.
MONT-DRAGON, terre feigneuriale en France,
au comté de Forcalquier , en latin Muns Dragonis.
Elle °ft contigue a la terre de Grignan , ôc elle re-
connoit avec le pays voifin , pour le fpiritucl ,1'évêque
d'Orange, ôc pour le temporel , elle dépend de 1 arche
vêché d'Arles. Ces archevêques d'Arles ayant eu le
titre de Mont- Dragon , ils y eurent le haut domaine
ôc le droit de battre monnoie, droit dans lequel l'ar-
chevêque Etienne de la Garde fut maintenu par Charles
IV, lorsque cet empereur allant à Rome pafta par la
Provence ôc confirma la jurisdiction temporelle de ce
prélat. Aujourd'hui la terre de Mont Dragon eft mife
dans les terres adjacentes & contribue avec elles. *
Longuerue, Defcription de la France , p. 375.
MONT d'EOLE , montagne d'Italie , dans le duché
de Spoléte , entre la ville de Terni ôc le châreau de
San-Gemini. C'eft une chaîne de montagnes qui s'étend
d'orient en occident , l'espace de huit milles. Le perc
Kirker fait plufieurs remarques fur cette monragne : il
dit qu'elle eft creufe au-dedans,& que les rochers qui
la compofent , font remplis de tous côtés de fentes ôc
de ctevafTes , de forte qu'il fort de ces ouvertures en
été des vents d'une extrême violence. 11 ajoute que
ceux qui demeurent dans le bourg de Cefi , qui eft
fitué fur le penchant de cette monragne , ont l'adrefle
de dispofer des tuyaux à ces crevaHes , ôc que par le
moyen de ces tuyaux ils font aller le vent dans leurs
caves où ils rafraïchiffent leurs vins ôc leurs eaux. La
chaleur eft excelîive dans la même faifon vêts cette
montagne, & il n'y a point d'animaux qui y puiflent
demeurer au milieu du jour. A mefure que cette chaleur
augmente ou diminue , l'impétuofité des vents eft plus
ou moins violente. Ils ne foufflent que quatre heures
avant midi ôc autant après : ils s'appaifent enfuite in-
fenfiblement , de forte qu'on n'en fent aucun pendant
la nuit. La caufe de ces effets eft attribuée par le per*
36f
Kirker à la raréfaction & à la condenfation de l'air.
On peut voir dans fou livre les preuves qu'il en donne.
Le nom d'Eole n'a été donné à cette montagne que
par le père Kirker à taufe des vents qu'elle produit.
Il a été fuivi par quelques écrivains qui uni jugé, com-
me lui , que ce nom convenoit parfaitement à cette
montagne, que les cartes appellent du nom de Cefi,
qui lui a été donné à caufe du bourg qui y a été
bâti. * Mundi fubterranei , l. 2. de ufficio qlubi ter-
rent , fi\ 4.
1. MONT-FAUCON, ville de France, dans le
Berri. Voyez. Villequiers.
2. MONT-FAUCON , lieu de France, dans la Brie,
élection de Château-Thierry. On fonpçonne que ce
poiirroit être le même Mont Faucon , ou, félon Ab-
bon, dix-neuf mille Normands furent entièrement dé*
faits par le roi Eudes , le jour de S. Jean 889.
3. MONT-FAUCON , lieu de France , dans le Bas-
Languedoc, recette d Uzès.
4. MONT-FAUCON, feigneurie de France dans le
Poitou , élection de Châtelleraut. Elle appartient aux
religieufes de Notre-Dame de Poitiers.
y MONT-FAUCON , petite ville de France, dans
l'Anjou, élection d'Angers.
6. MONT-FAUCON , petite ville de France, dans
la Gascogne , recette du comté de Bigorre.
7. MONT-FAUCON , bourg de France, dans le
Querci , élection de Cahors.
8. MONT FAUCON EN ARGONE , ville de
France , dans la Champagne. Elle a pris (on nom de
la monragne fur laquelle elle eft bâtie , aux confins
de l'évêché de Verdun, dans l'Argone , qui étoit autre-
fois une grande forêt. Ce lieu portoit dJja ce nom
fous Dagobert I , lorsque faint Baldticy fonda un mo-
naftere avant le milieu du feptiéme fiécie. Les moines
dans la fuite furent chaftés de ce monaltcre , où il y
avoit des chanoines ou des clercs féculiers fous un
abbé. On voit par une patente d'Arnoul, roi de la France
orientale ôc empereur, datée de l'an 195 , que Mont-
faucon étoit fous la jurisdiction temporelle de ce roi >
& que l'évêque de Verdun en étoit le maître.
Ceci ne portoit néanmoins aucun préjudice à l'ar-
chevêque de Rheims , dans le diocèfe duquel elle étoit
fituée : on voit feulement qu'alors toute l'Argone étoic
du royaume de Lorraine , uni à l'empire par Othon le
Grand. Mont-faucon dans l'onzième ficelé étoit encore
fous les empereurs , les ducs de Lorraine , ôc les
comtes de Verdun , comme on le voit par des lettres
de Godefroi au comte de Verdun, pour empêcher les
vexations que les Avoués faifoient aux églifes , entr'au-
tres à celle de Mont-faucon. Alors le nom d'abbé
avoit été changé en celui de p:evôt , ôc fur la fin de
ce fiécie Mont-faucon étoit t ncorc in Episcopio , c'eft-
à dire , dans la jurisdiction temporelle de l'évêque de
Verdun, comme nous l'apprenons de Laurent de Liège
dans la chronique de Verdun. Il ajoute que le duc
Godefroi , dit de Bouillon , y avoit fait bâtir un châreau
qu'il fit démolir avant que d'aller à la Terre-fainre ,
de crainte que cette place ne portât préjudice à 1 eglife
de Verdun. Les rois de France étant devenus proprié-
taires de la Champagne , font devenus feigneurs fou-
verains de Mont-faucon , qu'ils ont mis fous le redore
de Sainte-Menehould , membre du bailliage de Vitri. *
Longuerue , Oefcr. de la France , p. 48.
9. MONT-FAUCON, gibet fameux en France, au
nord de Faris , compofé de feize piliers , qu'Engrer-
rand de Marigny, furintendant des finances fous Philippe
le Bel, fit bâtir pour expofer les corps des criminels
après leur fupplice , ôc où il fut pendu lui-même. Une
femblable disgrâce arriva encore à deux autres furin-
tendans, c'eft-à-dire à Jean de Mont Aigu ,feigneur de
Marcouflïs , fous Charles VI , ôc à Jacques de Beaune,
feigneur de Semblançay , fous François I. Ce gibet eft
devenu par li fameux dans l'hifioire : il eft aujourd'hui
presque entièrement ruiné. En 1 476 , Laurent Garnier
de Provins , après avoir demeuré un an ôc demi arraché
à Mont-faucon , où, nonobftant fa grâce, il avoir été
pendu par arrêt du parlement pour avoir tué un collec-
teur des tailles, fut dépendu à la follicitation de fon
frère , mis dans un cercueil ôc porté avec tout l'appa-
366
MON
MON
icil des pompes funèbres par la rue de S. Denys ,'
jusqu'à La porte de S. Antoine. De côté ôc d'autre mar-
choient douze hommes vêtus de deuil , les uns une
torche à la main , les autres un cierge : devant étoient
quatre crieurs formant de leur cloche , tous ponant les
armoiries du défunt fur le dos ôc par-devant : enfin ,
celui qu'on voyoit à la tête du convoi , crioit à haute
voix : Bonnes gens , dites vos patenoftres pour tante du
ftu Laurent Garnier ,en Juti vivant demeurant à Pro-
vins , qu'on a nouvellement trouvé mort fous un chêne :
dites vos patenoflres , que Dieu bonne merci lui faj]e. *
Piganiol , Defcription de la France , r. 2. part. 1. pag.
300.
MONT-FAVREY , prieuré de France , dans le com-
tat Ve naiftin , au diocèfe de Lyon, & dans la châtelle-
nie de Chalamont.
MONT-FELIX, prieuré de Fiance, au diocèfe de
Soiflbns. 11 eft de l'ordre de S. Auguftin, ôc vaut huit
cens livres de rente.
MONT-FERNEL , prieuré de France, au diocèfe
de Paris.
MONT-FERRAND , ville de France , en Auvergne,
à un quart de lieue de Clermont. C'étoit autrefois un
château qui appartenoit aux comtes d'Auvergne , &
qui étoit alors leur meilleure place de guerre (a);
c'eft pourquoi l'on dit encore en Auvergne, Mont-
Ferrand le Fort. Après la divifion de l'Auvergne entre
les deux feigneurs, le Comte Ôc le Dauphin, Mont-
Ferrand vint au pouvoir du Dauphin , ôc ces feigneurs
ne reconnoifioient au-deflus d'eux que le roi. Leurs biens
tombèrent par mariage dans la maifon de Beaujeu ; ôc
ce fut de Louis de Beaujeu que Philippe le Bel acquit
l'an 1292. ,1a ville & feigneune de Mont-Fecrand , qui
avoit quelquefois porté le titre de comté , & qui a été
réuni à la couronne avec le duché d'Auvergne. Il y
avoit aunefois une cour des aides , mais Louis XIV
l'a transférée à Clermont. Le collège a pareille-
ment été transféié de Mont Ferrand à Clermont
(Z>). La proximité de ces deux villes avoit fait naître
l'envie au maréchal d'Efiiat de les joindre fous le nom
de Clermont-Ferrand ; mais la jalouiic des habicans a
rendu , jusqu'à piéient, cette,, union impomble. Mont-
Ferrand n'eft guère aujourd'hui connu que par fon bail-
liage royal, par fon églife collégiale & par deux com-
tnenderies , 1 une de l'ordre de Malte , ôc l'autre de faint
Antoine de Viennois. 11 y a un couvent de Cordeliers
qui fut établi du tems de faint François , pat un de
fes compagnons. Le bailli de Mont-Ferrand eft d'épée :
il a cinquante livres dégages furie domaine, (a) Lon-
guerue , Defcr. de la France, pag. 134. (b ) Piganiol ,
Defcr. de la France , t. 6. p. 328.
MONT. FERRAT , pays d'Italie , borné au couchant,
& au nord par le Piémont , au levant par le Milanés ,
ôc au midi par l'état de Gènes. Son étendue du midi
au nord eft d'environ 22 lieues communes de France ,
mais fa largeur eft inégale, & il n'a guère plus d'une
lieue dans fon milieu entre l'Aftefan , &c l'Alexan , mais
il s'élargit beaucoup vers le nord ôc vers le midi , en-
forte qu'il a quinze lieues d'étendue vers le nord , &
1 2 à 1 3 vers le midi.
On prétend que la fertilité de ce pays lui a donné
fon nom , & on l'a appelle Mont-Ferrat, comme qui
diroit MonsFerax , c'eft à dire , montagne fertile. En
eifet ce pays eft entrecoupé de pluiieurs collines, qui
produifent du bled ôc du vin en abondance.
Le Mont-Ferrat a fait anciennement partie du mar-
quifat d'Ivréc. Aleram, petit fils d'Anscaire , marquis
d'Ivrée , fut le premier qui fe qualifia marquis de Mont-
Ferrat , au milieu du dixième fiécle. Sapofterité poiléda
ce marquifat jusqu'au commencement du XIV fiécle
qu'il pafia par femmes dans la maifon d'Andronic
Paléologue , empereur de Conftantinople , qui avoit
époiifé Iolande.maïquifede Morr--^errat. Jean Geor-
ge , dernier marquis de Mont-Ferrat de la maifon des
Paléologues , étant mort fans enfans en 1 5 3 5 , Marguerite
Paléologue.fille de Guillaume,fixiéme marquis de Mont-
Ferrat, frère aîné de Jean George, porta fes droits fur ce
marquifat à Frédéric de Goiïzague , duc de Mantoue , fon
mari , dont les descendans fe qualifièrent ducs de
Mont-Ferrat à caufe de l'érection de ce marquifat en
duché faite en 1573. Les ducs de Savoye disputèrent
ce duché aux ducs de Mantoue , ôc après une longue
guerre , ils convinrent enfin de partager le Mont-Ferrat
par le traite de Cherasco de l'an 1631. La partie
orientale , où font Cafal & Acqui , demeura au duc de
Mantoue , ôc l'occidentale avec les villes de Trm ôc
d'Albe au duc de Savoye. Ferdinand Charles, duc de
Mantoue , ayant embraiîé les intérêts de ia France ,
durant la guerre qui s'éleva au commencement de ce
fiécle pour la fucceffion d'Espagne , l'empereur con-
fisqua les domaines fous prétexte de félonie , cV le duc
de Mantoue étant mort en 1708, l'empereur dispofa
de la partie du Mont-Ferrat qui lui appartenoit en
faveur du duc de Savoye , a qui elle eft re/tée par le
traité d'Utiecht de I'ani7i3 , enforte que le duc de
Savoye pofkde depuis tout le Mont ferrât.
Ce fertile pays eft partagé en haut ôc bas, ôc con-
tient 200 villes, bourgs ou villages.
Les principaux lieux lont
Haut Mont-Ferrat,
Calai , ôc Trin ,
Bas Mont-Ferrat,
Aibe , ôc Acqui.
MONT-FLEUR DE PROPEY , en latin Momis-
Floris Abbatia , abbaye de France, au diocefe de Va-
lence. C'eft une abbaye d'hommes de l'ordre de S.
Auguftin.
MONT-FLEURY , prieuré de France , au diocèfe
de Grenoble, ôc à deux lieues de la ville de ce nom ,
fur le chemin de la grande Chartreufe. CVft une mai-
fon de filles religieufes de l'ordre de faint Domini-
que, toutes de qualité, ôc qui ne font point fujettes à
la clôture. Ce monaùerefut fondé l'an 1342 , par Hum-
bert, dauphin.
MONT DE LA FOURCHE , montagne de la Suis-
fe , dans le Haut-Vailais , au département de Goms.
C^uand on va du canton dUri dans le Vallais, il faut
traverfer le mont de la Fourche , qui eft une chaîne
de montagnes très- hautes ôc très-etendues, ainlî ap-
pellée , à caufe de deux grandes pointes fort élevées
en façon de fourche. C'eft dans cette montagne qu'on
trouve la foutee du Rhône, dans les glacières éternel-
les dont elle eft couverte. Au pied de cetee montagne
ôc dans l'extrémité la plus reculée du Haut-Vallais ,
on voit' deux villages aux deux bords du Rhône; fa-
voir , Underuafen ôc Oberxvald. Les habirans tirent
toute leur fubhlîance des beftiaux. qu'ils élèvent. * Etat
& Délices de la Suijfe , t. 4. p. 170.
MONT-FRAULT, château de France, au Blefois;
dans la forêt de Boulogne, à une lieue ou environ
du château de Chambord. On croit qu'originairement
ce lieu étoit une maifon royale. La tradition du pays
veut que c'ait été la demeure de la maitreffe de quel-
qu'un des comtes de Blois. * Piganiol , Defc. de la
France, r. 6. p. 135.
MONT-GAAS ( Le) , dans la tribu d'Ephraïm. Voyez.
Gaas.
1. MONT-GAILLARD , petite ville de France, dans
le Haut-Languedoc, dans le duché d'Aiguillon, recette
de Touloufe , fur une montagne
2. MONT-GAILLARD, bois de Frauce , dans la
maîtrife des • eaux ôc forêts de Pamiers. Il eft de trois
cens trente-cinq arpens ôc feize perches.
MONT DE GALAAD ( Le ) , au-delà du Jourdain.
Voyez, Gala ad.
MONT-GANELON (Le), montagne de France,
dans le Beauvaifis , près de Compiegne , entre les ri-
vières d'Oife ôc d'Aronde , ôc à leur jonction. On voie
encore fur cette montagne un fort ou ancien château
tout en ruines , que ceux du pays difent avoir fubfiflé
du tems de Charlemagne. Ils ajoutent qu'il a fervi de
retraite ou d'afyle au traître Ganelon, dont il eft parlé
dans nos anciens romans. * Piganiol , Defcr.dc la Fran-
ce , r. 3. p. ;6.
MONT DE LA GARDE , pèlerinage célèbre , en
Italie , à une lieue de Bologne. En forçant de cette
ville on fait les deux tiers du chemin dans une pfiine
unie ôc agréable , ôc le refte en montant le Mont de
la Garde , au fommet duquel il y a une églife ÔC un
monaftere de religieufes de faint Dominique. On y con-
MON
MON
ferve un tableau de la fainte Vierge, que l'on croit
avoir été peint par faint Luc. On le va chercher pro-
ceffionnellement toutes les années : on le porte dans
l'églife de faint Pétrone de Bologne, où l'on fait une
octave folemnelle , en exécution d'un vœu que la ville
fit, il y a pluficurs fiécies ,à la fainte Vierge, dans le
tems d'une perte furieufe, qui ravageoit tout le pays,
& dont la ville fut délivrée.
Rien n'ert plus commode pour les gens de pied qui
vont vifiter la fainte image, que les portiques que l'un
a bâtis le long du chemin , & qui mettent à couver* du
foleil Ôc de la pluie. On e(t redevable de cet ouvrage
à quelques perfonnes de piété. L'allée a dix-huit à vingt
pieds de large : elle eft fermée par un bon mur plein
du côté de la campagne, ôc ouverte du côté du grand
chemin par les arcades de dix pieds de largeur , ôc
d'environ dix- huit de hauteur fous clef, formées par
de gros pilartres carrés de quatre pieds de largeur, fur
deux pieds & demi d'épaifieur. Cette longue allée de
cloître eft toute voûtée de briques, avec un maffifau-
dertus couvert de tuiles maçonnées. La plupart de ceux
qui ont fait travailler à cet ouvrage ont fait mettre
leurs armes dans les lunettes. Ce travail étoit fini en
1706. Depuis on a coupé un chemin dans la pente de
la montagne , & on a entrepris d'y continuer les ar-
cades. * Labat , Voyage d'Italie, tom. 2. pag. 194. ôc
fuiv.
MONT-GARIZIM ( Le) , où étoit le temple des Sa-
maritains. Voyez. Garizim.
MONT-GAUGIER, marquifat en France, dans la
Touraine , près de S. Epin. Il y a un beau château ôc un
couvent de Minimes.
MONT-GAY , prieuré en France, au diocèfe de
Paris. Son revenu eft de huit cens cinquante liv.
MONT DE GELBOÉ (Le ) , dans la Palertine , au
mini de la vallée de Jczra'él. Voyez. GelboÉ.
MONT-GÎBEL. Voyez. /Etna & Gibel.
MONT-GIRAULT, prieuré en France, au diocefe
de Bourges, au voifinaged'Iffoudun.
MONT-GISCAR, ville de France, dans le Haut-
Languedoc , recette de Touloufe , dont elle n'ert éloi-
gnée que de trois lieues. La plus grande partie de cette
petite ville fut détruite en izii, par Raimond le
Vieux, comte Touloufe, pourl inimitié qu'il portoit à
Martre de Belleveze , feigneur de ce lieu.
MONT-GOSIER, petite ville de France, dans la
Touraine, fur un ruirteau , dans l'élection de Chinon.
Elle a été érigée en marquifat
MONT - HEBAL ( Le ) , voifin de Garizim. Voyez.
Heeal. _
MONT DE FIÉRE , bois de France , dans la maî-
trife de Ealaife. 11 eft d'onze cens cinquante - fix ar-
pens.
MONT-HERMON ( Le ) , au-delà du Jourdain ,
près du Liban.
MONT-HOR (Le ) , dans l'Idumée. Voyez. Hor.
MONT-HOREB( Le ) , près de Sinaï , dans l'Arabie
Pétrée. Voyez. Houeb.
MONT-HOUDON , bourg de France , dans le Mai-
ne , élection du Mans.
MONT-HUL1N. Kgtffefimix,
MONT-JAN , prieuré en France , dans l'Anjou : il
dépend de Marmoutier.
M ONT- JOUET , forterefie du Piémont , dans le
Val d'Aorte , au nord occidental de Tilly , & au midi
oriental de Saint Vincent , à quelque dirtance au fepten-
nion de la rivière de Doria- Baltea. Le théâtre de
Piémont & Savoye nous apprend que Mont- Jouï (car
c'eft ainfi qu'il eft écrit ) eft un des quatre Mandemens
du Val d'Aorte , ôc remarquable par un grand chemin
qui parte au-deffus d'une montagne très rude, ôc pavé
autrefois par les Romains. * Del'I/îe , Atlas.
MONT-JOUY , ou Mont-Ivic , montagne du royau-
me d Espagne , dans la Catalogne , près de Barcelone.
C'eftune espèce de promontoire élevé qui s'avance dans
la mer , ôc au pied duquel on a conrtruit un petit ou-
vrage carré muni de canons. Ce Mont-Jouy , dont le
nom vient , félon quelques-uns de Mons-Jovis , & félon
d'autres de Mcns-Jttdxtts, comme fi l'on difoit Mont-
Jui[\ ce mont , dis- je , s'élève dans le milieu de la plaine
3^7
rout près de la ville de Barcelone au couchant , & eft
couvert d'une bonne forterefie qu'on y a bâtie pour la
détenfc de la ville. On a de cet endroit une vue fort
étendue fur la mer, ôc d'abord que les fentinelles ap-
perçoivent des vaifteaux ennemis, ils arborent un pa-
villon rouge, pour avertir ceux de la ville, ôc ils allu-
ment autant de feux qu'ils voient de vairtcaux. Cette
montagne elt presque toute de rocher, ôc l'on y a une
carrière inépuilable d'une pierre fort belle ce fort dure.
* Délices de Portugal , p. 60 J .
MONT-JOY , bourg de France , dans le Haut-Lan-
guedoc, recette de Touloufe , environ à trois lieues de
cette ville. Il y a dans ce bourg un château.
i.MONT-JULE, ou Alpes- Juliennes , en alle-
mand Jitlier-Bcrg. On donne ce nom à toute cette
étendue de montagnes , qui eft au pays des Grifons ,
dans la baffe Engadine , aux environs de la fource de
llnn i ce qui comprend trois montagnes , l'avoir , Ma-
loyen ou Malœgien , Septimerberg ou Septmerberg ôc
le mont Jule proprement dit. * Ddices de la Suijjé ,
r. 4. p. s 8-
2. MONT-JULE ( Le ) , proprement dit , veft au nord
des deux autres montagnes , Se porte le nom de Jule
ou d'Alpes Juliennes. On croit qu'elle le tient de Jule
Céfar, ou de l'empereur Augurte , qui prit auiîilenom
de Jule , après avoir été adopté par fon grand oncle.
L'un ou l'autre de ces princes a fait une expédition
militaire dans ces montagnes , & y a laiffé un monu-
ment de fa marche. Ce font deux colomnes de pierres,
travaillées grofliérement , fans piédeftal ni chapiteau ,
plantées aux deux côtés du grand chemin. Leur hau-
teur hors de terre eft de quatre pieds ôc quelques
pouces ; leur circonférence eft de cinq , ôc la dirtance
de l'une à l'autre eft de quatre verges ôc quatre pieds.
On dit qu'il y avoit à chacune une infeription romai-
ne, l'une portant : Hue usque non ultra; ôc l'autre
avec ces mots : Omitto Rhetos indomitos ; mais on
ne voit aujourd'hui aucune trace dmicription. En fup-
pofant le fait , il conviendroit de dire que les neiges
le froid & la bife auroient charte l'armée Romaine ôc
contraint ces fiers conquérans de retourner fur leurs
pas. En effet, le froid elt tel, même au fort de l'été,
lorsque le vent du nord fouffle , que dans la vallée
voifinc il gèle quelquefois de l'épaifleur d'un doigt. Le
dertus de ces colomnes ert plat & percé ; ce qui fâic
conjecturer qu'il y avoit autrefois un chapiteau ou quel-
que ftatue, A une petite dirtance de ces colomnes , fur
le fommet de la montagne, il y a un petit lac qu'on
appelle le Lac de Jule. Il en fort une petite rivière
qui descend dans l'Engadine Ôc coule près de Silva
Plana.
MONT DE JUPITER. Voyez. Mont de Saint
Bernard.
MONT-LIBAN ( Le ). Voyez. Liban.
MONT-LHERI , ou Mont-Leheri , petite ville de
l'Irte de France , élection de Paris , dont elle eft éloignée
de fix lieues , fur une petite colline , à trois de Cor-
beil. Son ancien nom latin eft Mons Letherici (a), cor-
rompu dès le douzième ficelé en Mons Leberici ou Li~
béni. Elle a pris fon nom de fon fondateur. Thibaut ,
furnommé Fil d'Etoupe , foreftier du roi Robert , fir
bâtir un fort château à Mont-Lheri ; ce Thibaut,
( b ) premier baron de Montmorenci , donna commen*
cernent à cette branche de la maifon de Montmorenci.
Ses fuçcefleurs jouirent de ce château durant cent ans.
Milon , feigneur de Mont-Lheri, eut un fils, nommé
Gui Trouffel , dont la fille unique héritière, appelles
Elifabeth , époufa Philippe , comte de Maure, fils de
Philippe I , & de Bertrade de Montforr. Ce comte
Philippe, s'étant révolté contre fon frère Louis le Gros
ce roi afliégea , prit Ôc ruina le château de Mont-Lhe-
ri , excepté une tour qui fubfirte encore aujourd'hui :
enfuitc Mont-Lheri qui avoit été confisqué , fut réuni à
la couronne. L'évéque de Paris y avoir un fief, ôc des
particuliers y avoient auiîi des portions du domaine &
des rentes, qui ont été acquifes par plafieurs rois. Il
fe donna à Mont-Lheri une fanglante baraille le 16 de
Juillet 1465 , entre le roi Louis XI, & Charles de
France , duc de Berri fon frère , dont les ducs de Bour-
gogne , de Bc^ague & divers feigneurs fuivoient le
368
MON
MON
parti. Mont-Lheri a tirre de comté, de prévôté 8c de
châtellenie. 11 fut aliéné en faveur du cardinal de Ri-
chelieu , de qui Louis XIII le retira , 8c l'unit au duché
de Chartres , qu'il avoit donné en appanage à Galton
Jean-Baptittede France, fon frère, duc d'Orléans. Enfin,
le domaine de Mont-Lheri fut engagé à M. Phelippeaux ,
confeillcr d'état , par les commiflaires du roi le 1 8 de
Juillet 1696. Il eft aujourd'hui à M. lecomtede Noailles.
(a) Longuerue , Defc. delaFrance, p. 26. (h ) Figamol,
Defc.de la France, t. 3. p. 104.
MONT-LOIS, en latin Mons Laudiacus ; bourg de
France , dans la Touraine , à trois lieues de Tours ,
entre la Loire 8c le Cher. Il eft connu dans l'hifloire de
France par le fameux traité de paix qui y fut conclu
le lendemain de la faint Michel de l'an 1144, entre le
loi Louis VII , Henri II , roi d'Angleterre 8c fes en-
fans , qui furent réconciliés avec leur père par l'entre-
roife du roi de France. * Piganiol , Defc. de la France ,
t. 6. p. 51.
1. MONT-LOUIS , ville de France , dans les Monts-
Pyrénées , à la droite du col de la Perche , fur la hau-
teur qui domine le pont de la Tet , & qui fait la fepa-
ration de la Cerdagne 8c du Confient. Elle fut bâtie
en 1681 , par Louis le Grand. De tant de villes que ce
prince a fait bâtir ou fortifier , Mont-Louis ne partage
•l'honneur de porter fon nom , qu'avec Saar-Louis. Tout
a contribué à la perfection de Mont-Louis ; un terrein
favorable, une fituation avantageufe fur un roc escar-
pé , 8c tout dispofé pour faire une place forte. La
ville eft petite, & on n'y compte que huit ruesj mais
toutes régulières , bien percées 8c tirées au cordeau.
La place publique eft petire & régulière. Il y en a en-
core une autre qui n'eft pas plus grande , mais dont la
forme eft triangulaire. Les maifons font toutes d'une
égale fymmétrie 8c d'une bonne confiruction. Les ca-
féines font folides , commodes 8c bien bâties ; 8c I'é-
glife eft fort jolie. La fituation de cette ville & la
qualité du terroir ont rendu les eaux très-difficiles à
découvrir : on a pourtant pratiqué un puits public , dont
l'eau eft excellente. L'esplanade qui eft entre la ville
Se la citadelle eft des plus vaftes 8c des mieux dispofées.
L'enceinte de la ville eft d'une forme allez irrégu'ierc ,
6c cette irrégularité a été une fuite inévitable de fa fi-
tuation , fur un terrein de roc. Les fortifications con-
fiftent en trois bâfrions 8c en deux grandes lignes de
communication. Le parapet règne autour de la place ,
comme par - tout ailleurs , 8c ferme les battions. Les
deux fronts que forme l'enceinte font couverts chacun
d'une demi-lune ; celle qui couvre la porte, eft à flancs
& fort grande; l'autre eft triangulaire & d'une moyenne
grandeur. Tous ces ouvrages font enfermés d'un fofie ,
excepté la communication du côté où le roc eft es-
carpé 8c inacceflible, où il n'a pas été néceflaire de
faire un fofle d'une largeur ordinaire , parce que la
défenfe en étoit toute naturelle. Le fofie eft accompagné
d'un chemin couvert , de traverfes , de places d'armes
£c de glacis.
La citadelle de Mont-Louis eft belle & bonne. On
y entre du côté de la ville par une porte , vis-à vis de
celle de fccours, qui eft du côté de la campagne. Les
dedans font plus remplis de bâtimens que les autres
citadelles. Parmi ces bâtimens , on remarque de grands
corps de cafernes bien bâtis , qui régnent tout autour
àcs remparts. On admire les magazins qui font beaux
ôc vaftes, ainfi que l'arfenal & la maifon du gouver-
neur , qui eft à un des angles de la place. La place
d'armes qui eft fpacieufe, belle 8c régulière, occupe
environ .la fixiéme partie du dedans de la citadelle. L'en-
ceinte eft compofée de quatre baftions , qui forment
autant de fronts-, mais celui qui eft du côté de l'es-
carpement du roc, a les flancs droits & très- petits, fans
orillons & fans fofie , n'ayant qu'un fimple chemin cou-
vert avec une grande place d'armes , qui en occupe
le milieu, & qui eft flanquée de deux traverfes. Il
n'y a pas non plus d'autres glacis que l'escarpement du ro-
cher. Les trois aunes battions accefllbles font couverts
chacun d'une demi-lune à flancs ; 8c deux de ces demi-
lunes n'ont point de fofie. Le tout eft enveloppé d'un
fofie , dans lequel ctt , à l'angle flanqué d'un des ba-
sions une contregarde ; 8c le fofie eft accompagné d'un
chemin couvert , avec fes places d'armes & un très-grand
glacis. Toutes ces fortifications font du maréchal de
Vauban.
2. MONT-LOUIS , maifon de campagne en France
au voifinage de Paris ( a ) , au-deflus du rauxbourg faint
Antoine , fur le chemin de Paris à Meaux ; elle eft
fituée à mi-côté d'une colline, & fut donnée par Louis
le Grand au père de la Chaife, fon confeffeur. C'eft
dans cette maifon que ce père alloit fe recueillir dans
les momens de loifir que lui laifibient la direction de
la confeience du roi 8c les affaires ecclcfiafiiques dont
il étoit chargé. Après fa mort cette maifon pafla aux
Jéfuites de la rue Saint Antoine. Elle a été vendue de-
puis quelques années à un particulier, (a) Piganiol,
Defc. de la Fiance , t. 2. p. 352.
3. MONT -LOUIS , bourg de France, dans la Tou-
raine Voyez, Mont-Lois.
4. MONT LOUIS, colonie françoife , dans l'Amé-
rique fepuntrionale , au Canada piopre, a la bai. de
du fud du fleuve de S. Laurent vers fon embouchue,
au bord d'une rivière.
MONT-LUÇON , ville de France , 8c la féconde
du Bourbonnois. Elle elt fituée fur le penchant d'un
coteau qui s'étend jusqu'à la rivière de Cher, laquelle
baigne un de fes quatre fauxbourgs , & coule fous un
pont de pierre de cinq arches. Cette ville etoit autre-
fois du Berri , & même de cette partie qui obeiiloic
aux rois d'Angleterre , ducs de Guienne. Elle fut prife
par Philippe Augufte l'an 11 88 .avec le château de
Paluau , aufli en Berri. Néanmoins la propriété de
Mont-Luçon demeura à fes feigneurs qui croient de
l'ancienne maifon de Bourbon , descendais tic Géraud
qui fut feigneur de Mont Luçon , fous le règne du roi
Robert en 1028. Il eut un fils, nommé Guillaume,
dont descendoit par mâles Jean de Bourbon , feigneur
de Mont-Luçon, mort fans enfans l'an 1289, enfuitc
cette feigneurie fut unie à celle de Bourbon. La ville
de Mont-Luçon eft fermée de murailles, défendue de
diftance en diftance par quatre tours rondes. On n'y
compte guère que trois mille perfonnes. 11 y a Une
égliie collégiale fondée par les ducs de Bouibonnois :
deux paroifiès , un couvent de Cordeliers , un de Ca-
pucins, un de filles de l'ordre de Cîteaux , un d'Urfu-
lines 8c un hôpital ou hôtel-Dieu , deflervi par des iœurs
Grifes. C'ett un pays de bonne chère , 8c l'on vante fur-
tout le veau de Mont-Luçon. Il y a aux environs beau-
coup de vignes, dont le vin eft pourtant d afiez petite
qualité. 11 fe tient dans la ville deux marchés par fe-
maine , 8c fept foires par an. * Mémoires divers.
MONT-LUEL en latin Mons Lupellus , ou Mons
Lupelli , ville de France, dans la Biefle , à quelque
diftance du Rhône , à trois lieues de Lyon dans un
pays fertile, 8c dans une fituation agréable. Elle eft
le principal lieu du territoire nommé la Valbonne. Ce
n'éroit d'abord qu'un château qui avoir fon feigneur
nommé Humbert l'an 1096. Deux fiécles après ou
environ , un autre Humbert érigea la bourgade de Mont-
Luelen ville l'an 1276, 8c pour la peupler plus aifé-
ment , il déclara que ceux qui viendroient l'habiter ,
feroient exemts de tailles 8c tributs. Jean , petit-fils
d'Humbert , n'ayant point d'enfans , donna cette feigneu-
rie à Humbert de la Tour du Pin , dauphin de Vien-
nois. Son fils Guigues , dauphin , confirma les privilè-
ges de Mont-Luel par fes lettres du 18 Mars 13 28 ou
1329. Humbert, dernier dauphin de la maifon de la
Tour du Pin , donna à la France tous fes états, 8c
même les feigneuries de la Tour du Pin 8c de Mont-
Luel , avec la Valbonne, l'an 1343. Les princes de
France ne furent pas long-tems en pofieflion de Mont-
Luel , de la Valbonne , & d'autres ren es que les Dau-
phins avoient poiTédées dans la Brefie 8c le Bugey ; car
en 1354, le roi Jean 8c fon fils Charles, dauphin de
Viennois, cédèrent Mont-Luel, ta Valbonne 8c le
rette des terres de Bugey à Amé IV , comte de Savove ,
en échange de quelques terres enclavées dans le Dau-
phiné. Les princes de Savove ont été en poflcflïon de
ces terres de Brefie 8c de Bugey jusqu'à l'échange de
ces pavs avec le marquifat de Saluées , fait l'an 1601 ,
entre Henri IV, roi de France, 8c Charles Emmanuel ,
duc de Savove. * Longueriie , Defc. delà France ,p. 298.
Depuis
MON
Depuis l'union de la Brefle à la France, Louis XIII
a cède Mont-Luel avec la baronnie de Gcx , en échange
du Châceau-Chinon , à Henri de Bourbon , prince de
Condé , qui a lai/Té ces domaines à (es descendais.
Cette ville eft presque ronde , ayant deux cens cin-
quante toiles de long, deux cens quarante-deux de
large , & fept cens quatre-vingt de circuit. La petite
rivière de Seraine, qui fe partage en deux, traverié la
ville du levant au couchant. On voit un pont de pierre
fur le bras le plus conlïdérable. On compte trois paroifTes
dans Mont-Luel ; faint Etienne , faune Barbe , faim
Barthclemi Se Notre-Dame de Marcs. Cette dernière
fut érigée en collégiale l'an 1/30. Il y a dans cette
ville des Auguftjns Se des fille s de la Viiltation. L'hô-
pi.al n'a au plus que ilx cens livres de revenu. Les
officiers de la châtellenie royale font nommés par le
feigneur ; Se les appellations de leurs fentences fe relè-
vent au préfidial de Bourg. Il y a auiiî un petit collège
compofé d'un principal Se d'un régent , dont l'entretien
fe prend far le revenu patrimonial de la ville, qui
confnte en un droit qui fe levé fur le vin. Mont-Luel
a environ quatre cens feux Se feize cens habitans.
Comme la plupart des marchandifes qu'on porte des
pays étrangers à Lyon ,paiïent par Mont-Luel, on y a
établi une douane. Il y a auili un grenier à fçl , dont la
chambre, qui eft à Péroge , dépend.
MONT MAJOR, ou Mont-Majour , Morts-Ma-
jor , abbaye d'hommes , en France , de l'ordre de S.
Benoit , en Provence , au diocèfe , Se à une lieue d'Arles ,
fur une petite éminence. Quelques-uns rapportent fa
fondation à faint Trophime , apôtre Se premier évêque
d'Arles , ou à faint Hilaire, évéque de ce même fiégej
Se d'autres ont prétendu que cette abbaye avoit été
rétablie premièrement par Childebert, fils du grand Clo-
vis -, & en fécond lieu par Charlemagne, après les ravages
des Sarrazins ; mais fon établilTement n'elt point antérieur
au dixième fiécle. Ce fut vers le milieu de ce lîccle
qu'une dame, nommée Teucinde, ayant acquis le Mont-
Major par échange fait avec Manaflès , archevêque d'Ar-
les , Se le prévôt de fon églife , qui étoit alors Gautier ,
évêque de Fréjus , donna ce lieu à quelques hermites
qui s'étoient retirés aux environs de la grotte , où l'on
die que S. Trophime avoit coutume de prendre fon
repos , Se de fe délafiér des travaux de l'épiscopat.
L'abbé Mauringc , qui écoit le chef de tous ces folitaires ,
les rafîembla dans cet endroit , qui fut mis fous l'in-
vocation de la fainte Vierge Se de faint Pierre , le prince
des Apôtres. L'acte authentique en fut pafTé a Arles ,
l'an de Jesus-Christ 974 , le 13 des Calendes de Sep-
tembre , la 3 8 année du règne de l'empereur Con-
rad.
On appelle ce lieu Mont-Major , parce que c'ell
la plus longue montagne Se la plus étendue de toutes
celles qui s'élèvent dans cette plaine marécageufe. Comme
les lacs des environs ne fe dégorgent plus dans le
Rhône auflî librement qu'autrefois , l'air des environs
de Mont-Major elt mal fain. Les eaux croupies , qui en-
vironnent cette abbaye, le rendent fi mauvais en été,
que les moines font contraints d'abandonner leur de-
meure dans cette faifon. Ils fe retirent dans un hospice
qu'ils ont à Arles. * Longuerue , Defc. de la France ,
pag. 3 y 6.
MONT-AUX-MALADES , petit village de France ,
en Normandie , proche de Rouen. Il elt fitué au haut
d'une montagne qu'on trouve' au fortir de la porte
Canchoife , après que l'on a paflé par faint Gervais ,
Se renommé par un prieuré confidérable que defiervent
des religieux de l'ordre de faint Auguftin. Ils confervent
une précieufe relique d'un bras de faint Vincent. Us
l'expofent dans leur églife à la vénération des fidèles
le 22 de Janvier, jour de la fête de ce faint Martyr.
L'églife paroilïiale eft fous 1 invocation de faint Jacques ;
Se c'elt toujours un religieux de ce prieuré qui la dclTert.
* Cor». Did.
MONT-MARAUT, ville de France, dans le Bour-
bonnois , élection de Mont-Luçon , dont elle eft éloi-
gnée de cinq lieues : elle eit bâtie fur une hauteur.
Cette petite ville a été ruinée par le paflage des gens
de guerre qui vont de Moulins à Mont-Luçon. Il y a
une maîtrife des eaux Se forêts. Se une châtellenie
MON 369
royale rcflbrtififante à la fénéchauiTée de Moulins. Cette
petite ville a droit de tenir marché toutes les femaines,
Se par an fix foires, qui font très-fréquemées. Le ter-
roir des environs elt afiez bon. » Piganiol , Defc. de la
France, r. 6. p. 215. Mémoires divers.
1. MONT DE MARSAN (Le), ville de France,
dans la Gascogne , Se la capitale du pays Se de la vi-
comte de Mari'an. Elle a appartenu autrefois aux princes
de Bearn , Se elle a été bâtie vers l'an 1140, par
Pierre , vicomte de Marfan. Elle elt fituée fur une mon-
tagne près de la Midouze, qui commence en cet en-
droit a être navigable. Il y a un lieutenant du prevôc
gênerai de la marechaufTée de Pau -, une fénéchauffée du
reiïbi t du préfidial de Condom \ un collège régi par les
Barnabites , Se un marché qui étoit autrefois très-con-
fidérable pour la vente des grains ; mais il ne s'y en
débite plus tant depuis que le marché de Bazas eft
devenu en réputation.
2. MONT DE MARSAN (Le), en latin Morts
Maniant. C'étoit anciennement l'abbaye de Beyries ,
Veries, Verrif.s ou de la Maison-Dieu, monallere
de France , dans la Gascogne , fondé pour des filles de
l'ordre de faint François ou de fainte Claire , Se qu'on
appelle afiez communément les Urbaniites. Leur éta-
bliilement fe fit en 1256, que les vicomtes Gallon Se
Matha achetèrent au mois de Mai un- endroit diltanc
de trois lieues de Mont- Marfan. Ce lieu fe nommoic
Beyries, Se fut furuomfné dès ce rems- là Maifon-Dieu.
Le 17 de Décembre de la même année, Raimond,
évêque d'Aire, remit aux religieufes toutes les décimes
qu'il avoit droit de lever fur leurs terres. En 1275 >
comme les troubles des guerres commençoient à s'éle-
ver, l'évêque d'Aire transféra ce couvent dans le faux-
bourg de Marfan, où étoit une maifon d'Hospitaliè-
res , fous le titre de faint Jacques que le prélat leur
donna, à la prière de Confiance , fille de Gallon , leur
fondateur, Se du confentement de l'abbé de Sauve-ma-
jeure , de qui cet hôpital dépendoit. Cette donation leur
fut faite le j de Mai 1308 ; mais cette nouvelle re-
traite ne les mit pas tout-à- fait à fabri de la fureur des
hérétiques. L'an 1561 Se 1569 elles furent disperfées
Se mifes en fuite par les Calviniltes , qui pillèrent touc
ce qu'ils y trouvèrent de précieux , tant facré que pro-
fane : enfin l'an 1577 arriva la ruine totale de cette
maifon , & toutes les fœurs furent contraintes de fc
réfugier dans l'enceinte des murs de Marfan. Cette ab-
baye elt fituée au diocèfe d'Aire, archiprêtté de Mauléon.
Lorsque le roi François I y paila avec la princefïe
Eléonore , fa féconde femme, il y donna de très -grands
biens , qui augmentèrent confiderablement fes revenus.
On y comptoir jusqu'en 1710 , cinquante Se une ab-
beiTes.
MONT-MARTRE , village de l'Ifle de France , fur
une hauteur , au nord , près d'un des fauxbourgs de la
ville de Paris , auquel il donne fon nom. C'elt l'en-
droit (a) où faint Denys Se fes compagnons fournirent
le martyre vers l'an 260. On Pappelloit anciennement
Mons Marlis Se Morts Mercurn , parce qu'il y avoit
un temple où étoient les idoles des dieux Mars Se
Mercure ( b ). On y bâtit dans la fuite une chapelle
appellée l'églife des Martyrs, ce qui fit donner à la
montagne le nom de Mons-Martyrum \ Se Guillaume,
évêque de Paris, donna en 1098, cette chapelle avec
le droit des dîmes aux religieux de fainr Martin ; mais
trente-cinq ans après, Louis le Gros Se Alix Adélaïde
ou Adelaïs , fon époufe, leur donnèrent en échange iainc
Denys de la Chartre , Se fondèrent en 1133, pour des
religieufes Bénédictines, l'abbaye royale qu'on y voit
aujourd'hui. Cette abbaye fut dédiée par Eugène III.
La chapelle des Martyrs ell diitinguée en fupérieure Se
fouterreine. On voit dans celle-ci une ftatue de faint
Denys en marbre blanc. C'eft l'endroit où l'on croit
qu'il fut enterré avec fes compagnons. On a une grande
vénération pour ce lieu,& l'on y voit presque toujours
un concours de peuple. Le monallere eft grand , bien
fitué Se entouré de jardins d'une grande étendue. Cette
abbave ell ordinairement compofée d'une abbcfle, de
foixante religieufes & de douze fœurs converfes. Elle
jouit de vingt huit mille livres de rente , Se d'une pen-
fion du roi de fix mille livres. A chaque mutation
Tenu IV. A a a
MON
37°
d abbcffe elle doit mille livres à la menfe abbatiale de
faint Dcnys , à caufe d'un fief qu'elle pofféde à Cli-
gnancoiut. Il y a dans le village une églife paroiftiale
dédiée à faint Pierre. En parcourant la montagne on
a une vue très-belle & très-agréable : on découvre en
plein la ville de Paris , l'abbaye de faint Denys 8c
quantité de villjges. 11 y a beaucoup de carrières dont
on tire continuellement du plâtre pour Paris, (a) Baillet,
Topogr. des Saints , p. 6$i.(b) Piganid', Description
de la France , t. 2. part.I. p. 24. Mémoires divers.
MONT DES MARTYRS. On a donné ce nom à
une des montagnes du Japon dans l'ifle de Ximo,&
dont la ville de Nangazaqui eft environnée , parce
qu'en IJ07, on y crucifia vingt-fept Chrétiens , parmi
'lesquels il y avoit fix Franciscains & trois Jéfuites ,
qui ont été canonifés ; 8c parce que dans la fuite
on y fit mourir quantité d'autres millionnaires & des
Chrétiens de tous les ordres.
MONT-MEDI , en latin Mons-Mediits , ville &
prévôté de France , dans le Luxembourg François, au
duché de Carighan fur la rivière du Chier. Elle a peut-
être pris fon nom de ce qu'elle eft fituée entre les châ-
teaux de Jarnets & de la Frette , ou bien de ce qu'elle
eft fituée au midi. Cette place cil formée de deux
différentes villes, la haute & la baffe. La rivière de
Chier coupe la baffe en plufieurs parties, & il n'y a
peut-être point de ville dans le royaume qui foit plus
coupée que celle-ci. La ville haute eft la partie de
Mont-Medi , qui eft la mieux confervée , au lieu que
la baffe a été presque entièrement détruite pour les
fortifications , 8c l'on n'y a confervé qu'une fimple
muraille. On entre dans la ville haute par deux feules
portes ; l'une du côté de la campagne , & l'autre du
côté de la ville baffe. Les dedans font des plus irréguliers:
on voit des rues étroites 8c mal alignées, 8c la place
publique fort petite. L'enceinte eft compofée d'une
muraille 8c de huit baftions qui font du chevalier de
Ville. Elle eft entourée d'un fofié affez étroit du côté
de la baffe-ville , & affez large du côté de la campagne.
Dans ce FoiTé font placées fix demi lunes , entre lesquelles
on en trouve quelques-unes d'une bonne conftruction ,
cV de l'ouvrage du maréchal de Vauban. Le chemin
couvert a fon glacis à l'ordinaire. La baffe-ville n'a que
fept bnftions , 8c même ce ne font , à proprement
parler , que des tours pentagonales : on y entre par trois
portes couvertes d'autant de demi-lunes. Cette enceinte
a un petit foffé , accompagné d'un petit glacis fans che-
min couvert. * Piganiol, Defcr. de la France, t. 7.
p. 352.
MONT-MEJAN , bourg de France , dans le Rouer-
gue, éle&ion de Milhaud.
MONT-MERLE , petite ville de France , fur le
bord de la Saône , dans la principauté de Dombes. Les
Minimes y ont un couvent fur une éminence, d'où
l'on voit fans lunettes fix provinces , fix villes 8c plus
de deux cens villages. Les provinces font le Mâcormois,
le Forez , le Beaujolois , le Lyonnois , la Breffe 8c la
principauré de Dombes : les villes font Villefranche ,
Beanjeu , Belleville , Mâcon , Trévoux 8c Thoiffei.
Mont- Merle eft une des douze châtellenies de la princi-
pauté de Dombes. * Piganiol , Defcr. de la France , t. 3 .
pag-5 3 3-
1. MONT-MIRAIL ou Mont-Mireil , en latin
Mon s- Mirabilis , petite ville de France, dans la Brie,
élection de Château-Thierri. Elle cil fituée fur une
montagne près du Grand Morin , à quatre lieues de
Château-Thierri. Elle a titre de Marquifar.
2. MONT-MIRAIL, en latin Morts-Mirabilis, ville
de France, dans le Perche- Gouet, élection de Châteaudun.
Cette ville eft fituée fur une montagne à fix lieues de
Vendôme , 8c à onze du Mans. C'eft une ancienne
baronnie du reffort du préfidial de Chartres. Il y a un
chapitre cYune verrerie confidérablc.
MONT-MOREL , abbave de chanoines réguliers
de l'ordre de faint Auguftin, au diocèfe & à trois lieues
à l'eft d'Avranches.
MONT-MORIA (Le), où le temple de Jérufalem
fut bâti. Voyez. Moria I.
MONT-NEBO, partie des montagnes d'Abarim.
Voyez. Nebo.
MON
MONT-NOTRE DAME-LEZ-PROVINS , en latin
Mons Noftrœ Domina, , Sani~l& Marix. in Monte , ou
de Monte Provinenfi Abbatia , ou Santla Maria de
Monte juxta Provinum. Abbaye de France, en Brie,
auprès de la ville de Provins. C'eft une abbaye de
filles de l'ordre de Citeaux , fille de Preuiily. Elle fut
fondée l'an 1236, par Thibaud VI , roi de Navarre,
comte palatin de Champagne & de Brie. Ce monallere
fubfifta jusqu'en 1400, qu'il fut détruit par les Anglois.
En 1465 , ce lieu fut changé en prieuré 8c donné à
des religieux du même ordre , qui le pofiéderent jus-
qu'en 1647, que dom Nicolas des Lions, qui en étoit
prieur , en donna fa démifiion au roi qui y nomma
dame Marthe Dauvet , pour lors abbeffe du Mont-
Sainte-Cathcrine-lez Provins , de l'ordre de lainte Claire.
MONT DE L OISEAU Voyez. Vogelberg.
MONT DES OLIVIERS (Le), autrement la mon-
tagne de Scandale. Voyez, Oliviers & Scandale.
MONT OLYMPE (Le) , fortereffe aux frontières
de la Champagne , fur la Meufe , vis à vis de Chaileville.
Louis le Grand avoit fait bâtir cette fortereffe , mais
il la fit rafer dans la fuite. * De l'ifle , Atlas.
1. MONT-D'OR, montagne de France, l'une des
plus hautes d'Auvergne : elle a mille rrente toifes d'é-
lévation fur la furface de la terre, 8c la nature y produit
des plantes très- car ieufes. Cette montagne a donné fon
nom aux eaux 8c aux bains que l'on y voit : il y en
a de chaudes 8c de froides propres à boire & à fe baig-
ner. La fontaine des eaux chaudes a fans doute été
connue des Romains , cela paroït par des pierres cifelées
à l'antique qu'on voit dans un lieu nommé Panthéon,
du nom d'un temple que les Romains y avoient bâti
8c par une grotte dont la defeription eft ci-après. La
fource la plus confidérable des eaux chaudes du Mont-
d'Or cil au pied de la montagne de l'Angle : l'eau en
eft chaude & bouillante , mais plus tempérée que celle
des eaux de Bourbon 8c de Vichi , puisqu'on peut fe
baigner à la fource pendant environ un quart d'heure.
Cette eau s'élève à gros bouillons du fond d'un baffin
d'une feule pierre de trois pieds & quatre pouces de
diamètre , fur deux pieds de profondeur. Ce bain eft
dans une grotte faite en partie du rocher 8c en partie
d'un arc de pierres de taille qui empêche que la terre
ne s'éboule ; la porte par laquelle on y entre , a fix pieds
de haur, fur trois moins deux pouces de large , 8c au-
deffous règne une corniche de huit pieds de long. Quanc
à la grotte , elle a onze pieds de profondeur , neuf de
large 8c onze de haut. L'eau de cette fource eft fort
claire, presque infipide, fur-tout lorsqu'elle eft refroi-
die ; car quand elle eft chaude , die a un petit goût de
fel 8c une petite odeur de foufre. A dix pas de cette
grotte & fur la même ligne , on en trouve une autre
dans laquelle il y a un gtand baffin carré , féparé en
deux par une feule pierre de la même élévation que
les bords de ces deux bains, qui ont fix pieds de long,
quatre de large 8c deux de profondeur , & la voûte
qui les couvre a vingt pieds fix pouces de profondeur ,
quinze de largeur & douze de haut , & par-deffus cette
voûte on a bâti une maifon. Le bain , qui eft à main
droite en entrant , eft un peu plus chaud que celui qui
eft à main gauche. Cinquante pas plus bas on en trouve
un autre qui eft entièrement négligé , quoique les four-
ces en foient très-belles -, on lappelle le Bain aux che-
vaux.
Le Monnier , médecin, fit un voyage en 1744 au
Mont-D'or, 8c nous pouvons nous en rapporter aux
obfervations qu'il fit fur ces eaux minérales. Avant d'en
venir à l'analyfe chymique ,il en goûta , 8c il leur trou-
va un goût aigrelet 8c piquant. Elles font très-claires ,
légères à l'eftomac , douces au toucher jusqu'à paroître
favonneufes, 8c pour peu qu'on les agite dans une bou-
teille de verre, elles rendent quantité de bulles , beaucoup
plus même que n'en rend un égal volume d'eau com-
mune échau ftéc au racine degré.
On foupçonneroit dans ces eaux un acide minéral
dévelopé,fi l'on en jugeoit par le goût, mais comme
elles ne rougiffent pas le papier bleu, le romnefol,
la teinture de violette , 8c qu'elles ne font aucune ébulli-
tion avec l'huile de tartre par défaillance, on ne doit
pas l'affurer. Il eft plus probable , par ks expériences
MON
MON
%1'on en a faites avec l'huile de vitriol, l'efprit de
nure , l'efprit de fel , le vinaigre diftillé , que ces eaux
font bien plutôt alkalines qu'acides , quoique leur
goût fembîe indiquer le contraire ,& les aie fait ranger
dans la claffe des acidulés. 11 eft auffi évident qu'elles
contiennent du fel marin. Notre auteur conclut de
toutes fes obfervations que les eaux Ldu Mont-l>or
relâchent le tiflu de la peau, facilitent la transpiration,
Se caufent dans tout le corps une chaleur plus grande
que celle du fang : enfin elles forrent par ïes fueurs ,
ou par les urines* fans occafionner aucune fonte d'hu-
meurs , Se fans aucune diminution des forces. Ces bains
font fitués au pied d'une des côtes du Mont-D'or, à
fept lieues de Clermont , dans un vallon fort étroit , où
font les fources de la Dordogne, Se c'eft dans cette
rivière que les eaux de tous ces bains vont fe perdre.
2. MONT-D'OR ou Saint Thierry, abbaye de
Fiance , en Champagne , proche de Rhcims ; on croit
qu elle a été fondée par un faint de même nom , aumô-
nier de faint Reiny , vers l'an 530. Elle fut mife entre
les mains des Bénédictins en 995, par l'archevêque Albe-
ron : fes abbés ont été réguliers jusqu'en 1 550 ; la menfe
abbatiale a depuis été unie à 1 archevêché de Rheims.
11 y a encore dans cette abbaye douze religieux de la
■congrégation de S. Maur.
MONT-PALATIN , l'une des fept montagnes de
Rome. Voyez* Palatin.
1 . MONT-PESAT, en latin Mons Pinfatus, bourgade
de France , dans le Querci , élection de Montauban
près de la Lambon , au nord oriental de Molieres , Se
au midi oriental de Caftelnau de Monratié. * Juiilot,
Atlas.
2. MONT-PESAT , bourgade de France , dans
le bas Comminges , au midi de Lombcz. * De l'IJle ,
Atlas.
3. MONT-PESAT, bourg de France, dans le bas
Languedoc , diocèfe Se recette de Viviers.
MONT-DE-PHARAN(Le), dans l'Arabie Pétrée.
Voyez* Pharan.
MONT-DE-PHASGA (Le), au-delà du Jourdain.
Voyez. Phasca.
MONT DE PILATE.K<^~ Frackmont.
MONT-PINSON , bois de France , dans la maîtrife
des eaux & forêts d'Argentan : il eft de trois cens quatre-
vingt-un arpens.
1. MONT-RE AL , bourg de France , dans la
Bourgogne , bailliage & recette du Bugey avec titre de
comté. Sa juftice reflortît nuement au parlement de
Dijon. Il y a une mairie , c'eft le fiége d'un mandement ,
Se la communauté députe aux afiemblées du Bugey.
z. MONT-REAL Se la Boucherasse, bourg de
France, dans la Bourgogne près de la rivière de Serin
en Auxois, Se fur la croupe d'une montagne d'environ
une demi- lieue. Il y a une châtellenie royale , une
mairie , Se une collégiale fondée en icdS , par Robert,
premier duc de Bourgogne. Le chapitre eft compofe
de fix chanoines , qui ont chacun trois cens livres de
revenu. Le nom de la paroiffe eft faint Pierre 5 il y a
encore une chapelle de faint Barthelemi : elle vaut deux
cens livres Se dépend de la Léproferie. Le pavs des
environs eft rempli de montagnes, de plaines Se de
vignes.
3. MONTREAL, en latin Mons-Regalis , petite
ville de France, dans le Haut-Languedoc, recerte de
Carcaffonne , dont elle eft à trois lieues. Il en eft beau-
coup parlé dans l'hiftoire de la guerre des Albigeois.
Le pape Jean XXII y érigea une églife collégiale. Il
y a en outre un couvent de Carmes. On compte à
Mont-Réal trois mille habitans.
4. MONT REAL, bourg de France, dans le Con-
domois , éle&ion de Condom.
5. MONT-REAL, ville d'Espagne, au royaume
d'Arragon , fur la rivière Xiloca , au midi de l'Ebra»
vers les frontières de la Callille Nouvelle. Cette ville
fut bâtie par Alfonfe VII, roi d'Arragon. Elle a un affez
bon château. * Délices à' Esp igné , pag. 648.
6. MONT-REAL (L'ifle de), dans l'Amérique
feptentrionale , dans le fleuve de Saint Laurent , entre
les quyante-qnatTe Se quarante-cinq de latit. nord.
On lui donne du lieues de longueur fur trois à quatre
37*
dans fa plus grande largeur. Elle a pris fon nom d une
montagne fort élevée qu'on y voit. Cette montagne a
deux têtes d'inégale hauteur. Au refte le terrein de
l'ifle eft fort uni , presque par-tout très-fertile , Se entiè-
rement défriché. L'hiver y eft presque auffi rude qu'à
Québec, mais moins long de iix femaines. Il y a une
ville qu'on nomme auffi Mont- Real Se Ville-Marie.
Après cette ville les lieux les plus remarquables de
l'ifle font le quartier de Chine ; la Million ; le Fort
fondé par l'abbé de Bellemont , à un quart de lieue de
la ville ; les Iroquois de la montagne , où il y a auffi
un fort •■> ceux du Saut au Pvécollcr , Se le fort des
Iroquois du Saut. On y recueille une grande quantité
de pommes de calville , des prunes , des pêches & des
pommes de reinette , fruits qui ne viennent que diffici-
lement à Québec. Les Iroquois firent deux cruelles
irruptions dans cette ifle en 1689. Cette ifle eft dans
le fleuve S. Laurent, qui fe partage-là en trois bras ,
Se forme à côté de Mont-Réal l'ifle de Jésus , voyez.
ce nom. * La Potberie , Hifloire de l'Amérique fepter.-1
trionale , t. 1. p. 3 38. Mémoires divers.
L'ifle de Mont-Réal eft à foixante lieues de Québec ,
Se à cent quatre-vingt de la mer ; cependant on y peut
conduire des barques auffi grandes que celles qui vien-
nent à Rouen ; mais on ne peut aller plus loin qu'en
canot , parce qu'entre l'ifle & le continent du côté du
fud , il y a un rapide , qu'il n'eft pas même aifé de
franchir en canot. On le nomme le Saut S. Louis.
Jacq ïes Canhier découvrit en 1555 , l'ifle de Mcnt-
Réal , Se trouva une allez grofle bourgade de Sauvages,
nommée Hocbelaga , dont l'ifle même Se tour le pays
des environs ont porté quelque tems le nom, quoique
Canhier lui eût donné celui de Mont-Royal, qui changé en
Mont-Réal eft devenu le nom de l'ifle.
7. MONT-REAL ou Ville Marie, ville de l'A-
mérique feptentrionale , au Canada dans l'ifle de Mont-
Réal , fur le bord du fleuve de Saint Laurent , qui 3.
dans cet endroit une lieue de largeur. Sa fituation eft
très belle , Se beaucoup plus avanrageufe que celle de
Québec. Il y a deux cens feux. Meflieurs du féminaire
de faint Sulpice de Paris en font feigneurs depuis la
eonceifion qui leur en a été faite en 1663 , par la
compagnie dévote, qui en avoit eu la conceffion en 1 644;
Ils y ont haute , moyenne Se baffe juftice. Elle s'ell
accrue de moitié depuis 1701 jusqu'en 1714. Elle a
une belle enceinte qui la met à l'abri des infultes des
Iroquoi?. C'eft un carré long, enfermé de grands pieux
de dix-huit à vingt pieds de haut , foutenu d'onze redou-
tes qui fervent de baftions. Il y a un petit fort revêtu
de terrafles , dont les batteries enfilent les rues d'un
bout à l'autre. Meffieurs du féminaire de faint Sulpice
en font les curés primitifs : ils y ont une grande églife
de pieires de taille : ils tirent un revenu confiderable
de la ville Se de l'ifle. Il y a un couvent de Récollets ,
une communauté d'Hospitalières établie1! en 1669. Il
y a auffi une maifon de filles de la Congrégation ,
très- utiles & établies en 1 671 . Elles ont des maifons
particulières dans les grandes paroiffes du pays. Les
frères Hospitaliers y ont une maifon , qui feroit une
espèce de palais, fi elle éroit finie. Elle a été bâtie
par Charon , qui avoit gagné de grands biens dans le
tems que le caftor étoit cher : il s'y eft retiré lui-même.
Il y a dans le gouvernement de Mont-Réal , tant au
nord qu'au fud du fleuve , plus de trente feigneuries.
Le grand commerce de la Nouvelle Fiance fe fait dans
la viile de Mont-Réal , où abordent des nations de
cinq à fix cens lieues, que les François appellent leurs
alliés. Ils commencent avenir au mois de Juin en grandes
bandes. Les chefs de chaque nation vont d'abord faluer
le gouverneur à qui ils font préfent de quelques pelle-
teries , Se le prient de ne pas foufTrir qu'on leur vende
trop cher les marchandifes , quoiqu'il n'en foir pas le
maître. Us tiennent une foire fur le bord du fleuve , le
long des paliffades de la ville: des fentinelles empê-
chent que l'on entre dans leurs cabanes , pour éviter
les chagrins qu'on leur pourroit faire, Se pour leur
donner la liberté d'aller Se de venir dans la ville, où
toutes les boutiques font ouvertes. Le commerce dure
trois mois à plufieurs reprifes. On y voit des peaux
d'ours, de loups cerviers , de chats fauvages, de pé-
Tom. IV, A aa i)
MON
37*
cans, de martes, de pichioux,de loutres, de loups
de bois , de renards argentés , de peaux de chevreuils ,
de cerfs, de fquenontous & d'orignaux vertes & palTées-,
fur-tout des caftors de toutes espèces. On leur vend
de la poudre, des balles, des capotes, des habits à la
françoife , chamarrés de dentelles d'or faux , qui leur
donne une figure tout-à-fait grotesque , du vermillon ,
des chaudières , des marmites de fer Ôc de cuivre , ôc
toutes fortes de clinquaillerie. La ville reiïemble alors
à un enfer par l'air affreux de tous ces Sauvages. D'ail-
leurs les hurlemens , le tintamare , les querelles Ôc les
diffenfions qui furviennent entre eux ôc noslroquois,
augmentent encore l'horreur de ces fpectacles ; car
quelque précaution qu'on prenne pour empêcher les
marchands de leur donner de l'eau-de-vie, on en voit
toujours quantité qui font yvres.
8. MONT-RE AL , iile de l'Amérique feptentrionale ,
dans la Nouvelle France , à la bande de l'eit du Lac
fupérieur , vis à-vis la rivière Batchianon.
9. MONT-REAL, rivière de l'Amérique fepten-
trionale , dans la Nouvelle France , à la bande du fud
du Lac fupérieur , dans lequel elle fe jette.
ic. MONT-REAL ou Mon-Reale , ville archi-
épiscopale de Sicile, dans la vallée de Mazare, à fix milles
au fud-oueft de Païenne , fur une montagne. Elle doit
fon origine à une abbaye de Bénédictins , que le roi
Guillaume II, dit le Bon , y fonda en 1 1 67. Ce monaftere
fut érigé en évêché neuf ans après, ôc en archevêché
en 1178. Le chapitre demeura régulier, ôc il l'eit en-
core ; ôc c'ett la feule cathédrale que les Bénédictins
ayent confervée parmi le grand nombre qu'ils ont
poiTédé autrefois tant en Italie qu'en France , en Es-
pagne , en Angleterre , ôc dans le reite de la Chré-
tienté : Thibaut, moine de l'abbaye de Cave, fut le
premier abbé , ôc évêque du monaltere de Mont-Réal.
Guillaume , aum moine de Cave , lui fuccéda dans ces
deux qualités en 1 178 , ôc il fut le premier archevêque ;
aujourd'hui l'archevêque eit cenfé le premier abbé : mais
le chapitre compofé de vingt-cinq religieux Bénédictins a
pour chef un religieux qui a le titre d'abbé . quoiqu'il ne
foit proprement que prieur. Cette églife , qui eit fous le
nom de ïa Vierge , fut unie à la congrégation du Mont-
Caulnen 1506, ôc elle avoit autrefois plufieurs mona-
iteres fous ïa dépendance. L'Archevêché, qui eft le plus ri-
che bénéfice de Sicile, & d'italie.vaut 60000 écus de ren-
te,fur quoi il y en à dix milles pour lescha! ges. Le chapitrea
eu droit d'élection jusqu'en 1450. Outre la cathédrale ily
a à Mont-Réal un collège de Jefuites , une abbaye deBé-
nédidtines, &c Toute la montagne où la ville eit fituée»&
les vallées des environsfonc remplies de jardins,& arrofées
de fontaines qui rendent le pays délicieux. La vue en efl
très-belle , ôc on découvre de Mont-Réal 1a ville de
Païenne, fa campagne, la mer, ôc toutes les ifles
voifines. Le diocèfe eit petit ôc ne confitte qu'en quatre
bourgs , ôc l'abbaye d'Alt-Monte de l'ordre de Citeaux.
1. MONT-REDON, petite ville de France, dans
le Bas-Languedoc , recette de Nai bonne.
2. MONT-REDON, petite ville de France, dans
le Haut- Languedoc, au diocèfe de Caftres, avec titre de
baronnie.
MONT-REGNAULT, bourg de France, dans le
Maine , élection du Mans.
MONT-RENAUD, en latin Mons-Kenaldi , Char-
treufe en France , à une dcmi-lieue de Noyon. Elle
occupe toute la plate-forme d'une petite montagne ,
dont la pente qui eit uniforme de tous côtés , confifte
en vignes ôc en terres labourables. Cette maifon fut
fondée en ijo8,par Renaud de Rouy , tréforier de
Philippe le Bel.
MONT-ROI , ville d'Espagne , au royaume d'Arra-
gon , vers les frontières de la Caraïogne ôc du royaume
de Valence. C'étoic ci-devant une ville forte avec un
bon château. Elle fut piïfe au mois de Décembre 1705-,
par les troupes du roi Philippe V, livrée au pillage
ôc enfuite brûlée. * Délices à .Espagne, p. 65 1.
MONT-ROND , en latin Mons-Rotundus , château
de France, dans le Berri , près de la ville de Saint
Amand. Ce château eit connu dans l'hiitoire de France
par le fiége qu'il foutint contre l'armée du roi. en
i6ji ôc en i6j2. 11 a été bâti par des feigneurs de
MON
la mailond'Albret, ôc eft fitué fur le haut d'une mon-
tagne , où l'on ne peut monter que par un feul fentier.
Charles de Gonzague , duc de Nevers , ayant vendu en
\6c6 , la te/re ôc feigneurie de Mont-Rond à Maxi-
milien de Bethune , duc de Sully , ce dernier commença
à faire fortifier le château. Le duc de Sully vendit
enfuite cette terre à Henri de Bourbon, II du nom,
prince de Condé , le 6 de Février 1611 , ôc ce prince
ne l'eut pas plutôt acquife , qu'il acheva de faire foitifier
le château , enforte qu'il paflbit pour une des plus
fortes places du royaume , ôc étoit muni de toutes les
provifions de guerre ôc de bouche qui font néceflaires
pour foutenir un long fiége. En 1651,1! fut afliégé
par l'armée du roi que commandoit le comte de
Palluau, ôc fe rendit le premier de Septembre 1652,
après un an de fiége. Cette longue réfiftance donna
lieu aux ennemis du comte de Palluau, qui l'année
d'après fut fait maréchal de France fous le nom de
Clairembaut , de faire cette chanfon contre lui :
Palluau avec f es railleries
Non plus qiiaz>ec ces batteries ,
Ne fait pas grand'peur au Perfan ;
Mon Dieu ! le pauvre capitaine ,
Il ne peut prendre un château dans un an ,
Et perd deux villes par jcmaine.
En effet , il avoit laifle prendre Courtrai ôc YprcS
en peu de jours.
Dès que l'armée du roi eut pris le château de Mont->
Rond , les fortifications en furent démolies •, mais le
reite fubfitte allez entier ; ôc l'on y voit encore par- tout
les armes de la maifon écartelées de celles de France.
* Piganiol, Dciciipr. de la France , r. 6. p. 458-.
MONT- ROY AL, forterefie en Allemagne , dans
l'électorat de Trêves, fur le bord de la Mofelle à la
gauche. Ce fut Louis le Grand qui la fit conrtruire
lur un rocher escarpé , dans la presqu'ifle de Trabent ,
vis à- vis de Trarbach. Elle fut démolie en 1698, fui-
vant le traité de paix conclu avec l'Allemagne. * Jaillot,
Atlas.
MONT-SAINT- BERNARD, montagne de la Suifle
dans le Bas-Vallais, au gouvernement d'Entremont. Ce
qu'on appelle aujourd'hui Mont de Saint Bernard >
portoit anciennement le nom d'ALPES Pennines ou
de Mont de Jupiter , (Mons Jovis) d'où l'on avoir
fait auiTi dans la fuite le nom de Mont-Jou, à caufe
d'une idole nommée Jupiter Penninus , qu'on y adoroit
du tems du paganisme. Quelques fiécles après l'intro-
duction du Chniîianisme, on donna à cette montagne
le nom de Saint Bernard , à caufe , dit-on , d'un faint
prêtre de ce nom , natif du Val d'Aofte , lequel
avoit abbatu l'idole ôc fondé dans le même lieu un
couvent pour loger les voyageurs. Quoi qu'il en foit ,
ily a fur le fommet de cette montagne, que l'on tra*
verfe pour aller au Val d'Aolte ôc de - là en Piémont,
un giand couvent ou hospice, dans lequel des religieux
reçoivent très-humainement tous les voyageurs. Ils les
logent ôc les nourriflent trois jours durant gratis , fans
aucune diltinction- de Catholique ôc de Protefiant.
Chacun eit traité fuivant fa qualité 5 Ôc les voyageurs '
qui ont quelque argent ne manquent jamais, pour peu
qu'ils ayent d'honnêteté de faire quelque préfent au
couvent. Si quelqu'un meurt dans ce lieu , on n'enterre
pas le corps , on le jette dans une chapelle qui eit
allez loin du couvent, au milieu d'une glacière, ôc
où les corps fe gardent long-tems fans fe corrompre ,
à caufe de l'excès du froid. On ignore le tems ÔC
l'origine de cette fondation. Il eit pourtant certain qu'elle
eit forr ancienne. Un évêque de Laufanne , nommé
Hartman, avoit été aumônier dans cette maifon vers
l'an 8ço. Comme la montagne eft fort rude de chaque
côté , une infinité de voyageurs périroient fans les foins
charitables de ces religieux , particulièrement en hiver
ôc dans les tems de dégel : chaque jour ils ont foin
d'envoyer aux deux chemins oppofés , des gens avec
de Pcau-de-vie ôc d'autres cordiaux ; ôc fouvent on
rencontre de pauvres voyageurs étendus gar terre
ôc tombés en défaillance , par la dureté du tems
qu'ils ont eiTuyé > ôc on leur donne le fecours dont ils
MON
MON
ont befoin. Anffi aime-r-on beaucoup ces religieux
dans toute la Suifle ôc aux environs ; ôc quand ils
envoient quêter pour leur maifon , ce qu'ils font une
fois chaque année , la plus petite maifon contribue le
plus qu'elle peut ôc de bon cœur. Cet hospice eff très-
grand &c peut contenir environ fix cens perfonnes.
Comme il elt entouré de neiges ôc de glaces , il ne
croît abfolument rien dans fon voilinage ; cependant
tout y abonde par les foins des perfonnes qui en ont
la direction , ôc par les grandes contributions qu'on y
fait. * Etat & délic-es de la Sitijfe, t. 4. p. 207.
MONT-SA1NT-ELOI-LEZ-ARRAS , abbaye ré-
gulière de l'ordre de faint Auguftin, dans 1 Artois,
■au diocefe ôc à une lieue ôc demie au nord d'Arras.
Elle a été fondée , à ce qu'on prétend par faint Eloi.
Les chanoines réguliers de cette abbaye obtinrent en
1413, de Jean, duc de Bourgogne , la permiffion de
fortifier leur monaffere , ôc en reconnoiflance ils s'o-
bligèrent à l'hommage d'une lance , à chaque mutation
d'abbé. Cette abbaye eff en régale , ôc jouit au moins
de cinquante mille livres de rente. On dit que les
chanoines réguliers de cette maifon portent la foutane
violette ôc le rochet par-deffus , comme ceux de faint
Anfbert de Cambray. * Figaniol , Defc. de la Fiance,
t. 3. p. i;6.
Le corps de faint Vindicien , évêque d'Arras ôc de
Cambray, mort l'an 705 , à Bruxelles, fut porté au
Mont Saint Eloi , retraite qu'il avoit toujours aimée ,
depuis que Saint Eloi, fon maître, en avoit tait une dation
d'oraifon dans le cours de fes travaux évangéliques. *
Bailla , Top. des Saints , p. 321.
MOinT- SAINT-JEAN ôc Ormancey , bourg de
France , dans la Bourgogne , bailliage ôc recette de
Semur en Auxois. Il eff finie fur un coteau. Il y a peu
de vignes aux environs. Les hameaux de Moulin , de
la Côme , de Fleury , ôc le fief de Sémerôte dépen-
dent de ce bourg , qui a titre de Baronnie.
MONT-SAINT-JEAN , bourg de Fiance , dans le
Maine , élection du Mans.
MONT-SAINT-MARTIN, abbaye d'hommes, de
l'ordre des Prémontrés, dans le Cambrefis, diocèfe
de Cambray , entre le Catelet au couchant , ôc Beaure-
voir au levant, près des fources de l'Escaut dans une
agréable fituation. Cette abbaye a été réunie à l'arche-
vêché de Cambray.
MONT-SAINT-MICHEL (Le) , abbaye de Béné-
dictins , château ôc ville de France , dans la Bafle-
Normandie , au milieu d'une baie que forment en cet
endroit les côtes de Normandie & de Bretagne , dont
les plus proches font éloignées d'une lieue ôc demie
de ce Mont. C'eff un rocher d'environ un demi - quart
de lieue de circuit , lequel elt ifolé dans une plaine
fablonneufe, ou grève que le flux de la mer couvredeux
fois en vingt-quatre heures , enforte qu'on n'y peut
aborder que pendant l'inrervalle des marées : le partage
en eft encore très-dangereux , parce que le fable de
la grève étant mouvant, la mer pendant la marée y
forme des précipices affreux , qu'il eft impoflible d'ap-
percevoir , parce qu'ils font tout remplis de fable lors-
qu'on pafle defllis , l'on y enfonce tout-à-coup ôc l'on
s'y perd. Il y a dix-huit ou vingt-ans qu'un vaiffeau
marchand ayant été apporté fur cette plaine par le
flux , qui en fe retirant le laifla à fec , s'enfonça dans
le fable au point qu'en vingt-quatre heures , l'on n'en
voyoit plus le mât. Pour éviter le danger , les voyageurs
prennent des guides qui marchent toujours devant eux
pour fonder les partages. Lorsqu'on a trâverfé cette
grève , qui eff toute femée de coquillages , l'on arrive
au Mont Saint-Michel , qui depuis une vingtaine d'an-
nées a été environné d'une muraille. Lorsqu'on a pafle
la porte de la ville, l'on trouve un corps de garde où
les voyageurs laiflent les armes à feu , les épées , les
bâtons ferrés , &c. L'on entre enfuite dans la ville , qui
n'a qu'une rue en pente , ôc dont les maiibns font
aflez mal conflruires. Au haut de cette rue , on trouve
une églife qui efl la paroiffe. On prend de-là à gauche
& l'on arrive à un fécond corps de garde , où les fen-
tinelles demandent fi l'on n'a point d'armes cachées ,
comme couteau , &c. & l'on eft obligé de les y laifler.
De-là on monte par des degrés taillés dans le roc-,
37?
ion trouve une grande porte épaifle d'un pied, toi, ,e
couverte de fer , dont l'on n'ouvre qu'un guichet qui
n'a que trois pieds de hauteur ; enfuite , l'on pahe fous
une grande voûte obfcure , dont les murs font tout
couverts de mousquets, de pertuifanes rangés fur leurs
râteliers , l'on voit enfuite un grand corps de garde ,
où il y a toujours des bourgeois en faction», En con-
tinuant de monter l'on pâlie une petite cour d'environ
douze pas en carré , dont les hautes murailles fonc
défendues par des créneaux & des machecoulis. Enfin ,
l'on pafle la dernière porte du château , ôc 1 on arrive
devant celle de l'églife qui eff bâtie fur une plate-
forme, appellee le Saut-Gauthier. De cette plate-for-
me , on découvre une longue étendue de mer ôc dé
terre. On entre après cela de plein pied dans l'églife,
dont la porte eff dans le flanc méridional de la nef.
Cet édifice eff dispofé en forme de croix , d'une ftruc-
ture gothique , & d'une couleur enfumée qui marque
fa grande ancienneté. Le grand autel de faint Michel
eft placé entre le chœur ôc la nef, ôc lui fende clôture.
Son retable eft enrichi d'ornemens de fculpture ; le
haut en eft terminé par une niche, dans laquelle eft.
pofée une ftatue de l'archange fainr Michel de la hau-
teur d'un homme. Cette ftatue étoit d'or : mais on l'a
mife dans le tréfor , ôc l'on en a placé une autre de
bois doré fur l'autel : le grand tableau de l'autel eft
aflez bon. Sur un des.murs de la croifée méridionale de
l'églife , on voit en peinture les armoiries ôc les noms
de tous les gentilshommes Bretons ôc Normands qui
défendirent cette forterefie contre les Anglois ôc les
Proteffans François du tems de la ligue. Dans une
chapelle , qui eff du même côré , on montre le tréfon
qui eff rempli de quantité de vafes facrés ôc de pré-
cieufes reliques, parmi lesquelles on voit le chef de
faint Aubert qui fonda cette églife. On voit aufli au
bout de l'armoire un bouclier carré & une courte épée
qu'on a trouvée en Irlande auprès du corps d'un dragon ,
dont on attribue la mort à faint Michel. Dans la nef,
il y a un escalier qui conduit à une chapelle baffe ,
nommée Notre-Dame fous terre. De l'églife on
entre dans le cloître, & l'on ne peut voir, fans ad-
miration , que l'on ait fi bien bâti fur la pointe d'un
rocher tous les lieux réguliers d'un monafteie. Ce cloître
a environ vingt pas en carré , ôc eft accompagné d'un
côté de la fale des chevaliers de Saint-Michel , qui eft
encore plus longue ; & de l'autre , d'un grand réfectoire
'Se de fes offices, auprès desquels eft une machine à
mouliner, qui fert à monter pour l'ufage de la maifon
les provifions que les chaloupes amènent au pied du
mont , qui eft fort escarpé du côté du nord. En hauc
font les dortoirs, l'infirmerie & une bibliothèque bien
fournie , dont la voûte eft ornée de peintures. Enfuite
on monte deflus l'églife , autour de laquelle on peut
fe promener le long des baluflrades, dont la couver-
ture eft environnée. Les curieux n'en demeurent pas-là ,
ils montent dans la lanterne du clocher , qui eft élevée
d'environ foixante toifes au-deffus du niveau de la grève.
On découvre de ce lieu au nord la pointe de Gran-
ville , ôc vers le levant , en fuivant la côte de Nor-
mandie, on voit aifémer.t 1a ville d'Avrarches; au
midi , celle de Pont-Orfon ; au fud oueft , le mont Dol
ôc la ville de Dol en Bretagne 5 au couchant , le havre
de Cancale, ôc au nord oueft l'ifle de Gerzey , qui
eft éloignée de feize lieues ; ainfi il faut une lunette
d'approche pour la elillinguer, car à la vue elle ne pa-
roit que comme un nuage. Après avoir v ifité le deflus
de l'églife, on eft conduit avec une lanterne dans les
fouterreins de cet édifice. C'eft un vrai labyrinthe de
détours & de descentes obscures. On y montre deux
cachots de fept ou huit pieds en carré , ôc cù l'on
descend les criminels d'érat par une bouche qui fe fer-
me avec unerrape. Pour achever la vifite entière de ce
mont, il faut fortir de ces murailles, ôc aller voir-
une chapelle d'environ douze pieds de longueur fur-
huit de largeur, dédiée à faint Aubert, ôc bâtie fur
une roche , qui étoit autrefois le fommet de la mon-
tagne , ôc qui , à la prière de ce Saint , s'en détacha ,
pour laifler la place libre aux ouvriers qui dévoient
conffruire l'églife, & alla fe précipiter du côté du
nord. On monte à cette petite chapelle par douze ou
MON
374
quinze degrés taillés dans le roc. Elle n'eft point fer-
mée, ôc n'a qu'un autel avec la itatue de faint Au-
bert. Toute cette partie feptentrionale du mont n'eft
point habitée ; ce n'elè qu'un rocher escarpé , qui n'a
pas befoin de murailles pour fa défeufe. On peut juger
par cette dcfcnption que le Mont Saint Michel eft
•une place importante ôc très-forte. Les bourgeois en
font la garde ordinaire. L'abbé écoit gouverneur né de
cette forrereffe , ôc en fon abfence le prieur des Béné -
dictins , auquel on portoit tous les foirs les clefs. Mais
depuis quelque tems fa majefté y a mis un officier , qui
fait les fondions de gouverneur.
Saint Aubert , eveque d'Avranches ,eft le fondateur
de cette petite ville. 11 bâtit une églife fur le rocher
en 709 , en l'honneur de faint Michel, en ôta les her-
mites qui l'habiroient , ôc y établit douze chanoines.
Richard , duc de Normandie , chaffa les chanoines , à
caufe de leur libertinage , & y établit des Bénédictins.
Les rois de France , d'Angleterre , les ducs de Nor-
mandie ont fait de grands biens à cette abbaye. La
réforme de faint Maur y a été introduite par la fuite.
Jean le Veneur , évêque de Lifieux ôc cardinal , en
fut le premier abbé ; il en prit poffeiTion en 1524.
Cette abbaye a donné lieu à l'inititution des chevaliers
de l'ordre de faint Michel, établie par Louis XL Le
Mont Saint Michel eft franc de tous droits royaux,
■comme entrées, tailles, capitation , &c. * Mémoires
drejjés fur les lieux.
MONT-SAINT-ODILE , montagne d'Alface, ôc qui
là fépare de la Lorraine. De fon fommet on découvre
l'Alface, le Palatinat , l'Oi'tnaw & Biisgaw. Il y avoit
autrefois un Monaftere de Bénédictines , fondé au VII
fiécle , & occupé aujourd'hui par les Prémontrés réfor-
més , qui v ont une communauté fous un Prévôt.
MONT-SAINT PROU. Voyez. Montsemprou.
MONT-SAINT-QUENTIN, Mons Satitli Qiivatwi,
abbaye d'hommes en Fiance , de l'ordre de faint Benoît,
en Picardie, au diocèfe de Noyon , fur une montagne
au nord , & proche la ville de Peronne , fondée l'an 643.
MONT-SAINT-ROMAIN, en latin, Mons Sanlli
Romani , lieu de France , dans le Dauphiné. Il y a une
forêt de quatre cens foixante-trois arpens , qui dépend
de la maîtrife des eaux ôc foiêts de Grenoble.
MONT SAINT-SULP1CE, bourg de France , dans
la Champagne , élection de Joigni. .
MONT-SAINTE-CATHERINE DE- PROVINS.
Voyez, Mont-Notre-Dame le's Provins.
MONT- SAINTE -MARIE, Mons Santlx. Maria,
abbaye régulière d'hommes de l'ordre de Citeaux , filia-
tion de Clairvaux , dans la Franche- Comté , au bailliage
d'Aval , à trois lieues au levant de Nozeroi , ôc à deux au
midi du château de Joux. Elle fut fondée , félon quel-
ques uns , le 7 des calendes de Février 1197, ou en Juil-
let 1 2 1 8 , ôc félon d'autres en 1 2 1 3 , par Gaucher , fei-
gneur de Salins.
2. MONT-SAINTE-MARIE , abbaye d'hommes ,
ordre de faint Benoît , dans la Caddée. Elle fut fondée
dans le XII fiécle.
5. MONT-SAINTE MARIE , monaftere de filles
Chartreufes en France, dans l'Artois, à une lieue de
Bethune. Elle fut fondée , l'an 1 308.
MONT DE SEIR ( Le ) , ou d'iDUMEE. Voyez. Idu-
mée.
MONT- SERRAT , montagne d'Espagne , dans la Ca-
talogne , célèbre pour fa hauteur prodigieufe ; plus en-
core à caufe d'un lieu de dévotion qui s'y trouve , ôc qui
eft le plus fameux pèlerinage de l'Europe , après la mai-
fon de Lorette , ôc l'églife de faint Jacques. Cette mon-
tagne peut avoir environ quatre lieues de tour , ôc deux
de hauteur. Elle s'élève fi fort au-deffus de toutes les
montagnes voifines, que quand on eft arrivé fur fa cime ,
elles paroiffent presque au niveau de la plaine ; l'on dé-
couvre toute la campagne jusqu'à Barcelone , qui en eft à
fepr bonnes lieues , bien avant fur la mer , jusqu'aux
ifies Baléares , qui en font éloignées de foixante lieues.
Eileeft presque toute de rochers escarpés, qui font pointus
Ôc élevés en manière de dents de feie ; ce qui, comme on
croit , lui a fait donner le nom de Mons-Serratus ,
Mont Serrât , du mot latin Serra , qui fignifie une feie.
C'eft-là que les peuples vont de tentes parts implorer
MON
l'afliftance de la Mère de Dieu , devant une image mira-
culeufe qui fut découverte en 880 , dans une caverne de
cette montagne , par des bergers. L'évêque de Barcelo-
ne , dans le diocèfe duquel elle étoit , alla à la tête dé
fon clergé ôc d'une grande multitude de peuples , pren-
dre cette image pour la transporter ailleurs ; mais on
prétend que l'image s'arrêta d'elle-même , ôc demeura
immobile dans l'endroit où l'on a bâti le couvent. Auflî-
tôt Guifred.ditle Velu,comte de Barcelone, fit conftruire
en l'honneur de la fainte Vierge , un monaftere de reli-
gieufes de l'ordre de faint Benoit , ôc cent dix ans après
ce monaftere fut donné à des religieux du même ordre.
* Délices d'Espagne , p. 6oj , ôc fuiv.
Tous les pèlerins qui vont à faint Jaques paffent pat
Notre-Dame de Mont-Serrat. Quand on y va de Barce-
lone on traverfe le Llobrégat , qui coule au pied de la
montagne , roulant un fable rougeâtre qui lui fait don-
ner le nom de Rubricaius ; en hiver il elt fort gros , ôc
n'a qu'un filet d'eau en été. On monte cette montagne
par un chemin extrêmement rude, ôc l'on trouve d'abord
une hôtellerie toute feule pour recevoir les voyageurs ; ôc
à feptou huit cens pas de-là on rencontre le cloître & l'é-
glife. Ces deux bâtimens n'en font proprement qu'un fi-
tué dans une esplanade au pied d'un rocher fort roide ôc
tout environné de muraiilcs. On voit à l'entrée du cloî-
tre , une grande quantité de chaînes ôc d'autres chofes ,
offertes par des perfonnes qui vouloient témoigner leur
reconnoiffance des bienfaits qu'ils avoient reçus par lin-
terceilion de la fainte Vierge ■-, on voit auffi un grand
nombre de tableaux qui reprèfentent les miracles qui ont
été opérés. Au-deffus de l'entrée il y à une apothicaireiie
entretenue pour la guérifon des religieux ôc der. pèlerins
malades •, de-là ou va dans la vieille églife , où il y a pa-
reillement plufieurs tableaux , ôc deux tombeaux de mar-
bre avec des épitaphes. Ceft en cet endroit que faint
Ignace de Loyola a paffé beaucoup de tems, lorsqu'il mé-
ditoit l'éiabliflement de la compagnie de Jefus ; ceft ce
que témoigne l'infeription fuivante qu'on lit fur la mu-
raille : B. Ignaiius à Loyola hic multa precefletuque Deo
fe Virginique devovit : hic tanquam armis fpiritualibus ,
Jacco je muniens ptrnotlavit > hinc ad focietatem Jefu
jundandam prodiit , anno 1522.
La vieille églife fe trouva trop petite par le grand nom-
bre de pèlerins. Philippe II en fit bâtir une nouvelle , &
Philippe 111 1 acheva , Ôc y fit transporter en 1J99 , la
fainte image. Cette nouvelle églife eft très belle , ornée
de trois chœurs d'orgues Ôc d'un autel tout doré qui a
coure trente mille écus. L'image miraculeufe eft fur cet
autel ; fa couleur rite fur le noir , ôc elle tient un enfant
Jefus entre fes bras ; on la voit au travers d'un treillis de
fer doré , fur lequel on lit l'infeription fuivante : Philip-
pus fil , rex Catholicus yVirgini matri dicavit , ann*
1609. Aux deux côtés de l'autel paroiffent deux tableaux ,
dont l'un eft le portrait de ce prince , & l'autre celui de
la reine fa femme ; plus de quatre-vingt-dix lampes brû-
lent perpétuellement devant cette image. Le tréfor de
l'églife eft très riche -, on y montre entr'autres la couronne
de la fainte Vierge , pièce qu'on efiime un million d'or.
Les aumônes qu'on fait à ce couvent font fi confidérables,
que quoiqu'il ne jouiffe pas de plus de quatorze mille
écus de rente , tous les pèlerins y font logés ôc nourris
graruitement pendant trois jours.
On voit par-ci par-là , en divers endroits de la monta-
gne, au-deffus de l'églife , douze ou treize celdas de Hcr-
mitanos , ou cellules d hermites , qui femblent être atta-
chées aux rochers , & où l'on ne peut monter que par des
degrés raillés dans le roc \ ce font d'ordinaire des
perfonnes de qualité , qui , dégoûtées du monde, fe reti-
rent dans ces hermitages pour y confacrer le refte de
leurs jours à la pénitence. Quoique leurs cellules foient
fur le roc , où il femble qu'on ne doive rien trouver , ce-
pendant on y voit une chapelle, une chambre, un jar-
din ôc un puits creufé dans le roc , le tout fait avec beau-
coup de peine , ôc à grands frais. Quelques-uns de ces
hermites ne veulent point voir le monde; d'autres qui
mènent une vie moins auftere, reçoivent des vifites.
Au-deffus du cloître il y a un rocher fort penchant où
l'on a planté trois croix , auprès desquelles on dit tous les
jours la ineffe , pour que la fainte Vierge ne permette
pas que ce rocher tombe fur fon églife ni fur le cloître.
MON
MON
Ce n'eft pas fans fujet qu'on craint ce malheur ; car vers
le milieu du XVI fiécle il s'en décacha un gros quartier
qui fît beaucoup de ravage ; il tomba fur 1 infirmerie ,
la renverfa , 6c y tua plufieurs malades ; du refte cette fo-
ïitudeeft tout- à-fait charmante: on y jouit d'une fort bel-
le vue ; il y règne un grand filence , & l'on n'y entend guè-
re autre choie que le ramage des oifeawx Se le murmure
dequelques petits ruiffeaux qui tombent des rochers.
En forçant de ce lieu on continue à monter parmi les
rochers , Se quand on eft parvenu ait fommet , on des-
cend quarte lieues avant que d arriver a la plaine.
i. MONT-SERRAT, ifle de l'Amérique feptentrio-
nalc , Se l'une des Antilles {.a). Son nom lai fut donne
parles Espagnols, quand ils en firent la découverte ; Se la
relTembl.ince qu'il y a entre une montagne de cette ifle Se
celle de Mont-Serrat , près de Barcelone en Espagne , y
donna occafion. Les carres la placent à 17 d. de latitude
feptentrionale : elle a trois lieues de long Se presque
autanr de large , de forte qu'elle paroîr d'une figure ronde
• ( b ) : la terre y e/1 fertile : les montagnes font ornées de
beaux cèdres Se d'autres arbres utiles : les vallées Se les
plaines y font auiïï fore agréables Se fertiles : elle eft prin-
cipalement habitée par des lrlandois, mêlés de quelques
Anglois , qui, en 1688, faifoient enfemble environ fept
cens perfonnes. Il y a une églife d'une très-belle ftruclu-
re ; la chaire , les bancs & toute la charpente font de
bois précieux Se odoriferenr que l'ifie produit. On prend
entr'autres poiflbns fur la côre , des diables de mer , des
licornes de mer ,• des lamentins ou manates , des éron-
délies Se des épées de mer (./) Rochcfort, Hift. narur. des
Antilles , page 27. (b) L'Amérique An<*loife , page 1 75 .
MONTDE-SINAI ( Le ) , dans l'Arabie Pecrée.
Voyez. SlNAI.
MONT-SlON , abbaye de France , dans la Provence ,
près dé Marfeille , où elle fut transférée en 1361. C'eft
une abbave de hlles de Tordre de Cireaux , fille de Tho-
ronet. Pierre Bicmond , prévôt ( prœpofïuif ) de l'églife
de Marfeille , Se fes frères utérins Raymond Se Itérius
avec Aicard, leurcoufin, iffus d'une très-noble Se très-
ancienne famille de Marfeille , mais qui elï éteinte de-
puis deux cens ans , fondèrent au commencement du
XIII fiécle , l'églife Se 1 hôpital de faint Michel des
frères , ( c'eft ainli qu'on la nommoit ) , Se l'enri-
chirent de plufieurs donations. L'an 1214, ils en firent
une ceilion au monaftere des ifles d'Hieres ( infularum
de Are'u ) . en fe réfervaht feulement le droit de patro-
nage , mais comme l'hospitalité n'y étoit pas obfervée
dans toute la ferveur qu'ils fouhaitoient , ils y appelie-
rent leur parente Nicole de Roquefort , abbeffe de Saint
Pons de Gémenos , ordre de Cireaux , afin qu'elle y
établît une maifon de fon ordre. Nicole obtint à ce fu-
jet un bref de la cour de Rome , par le moyen d'Innocent
IV , qui alors étoir à Lyon ,Se l'an 124; , on commença
le monaftere de fainte Marie du'Mont-Sion : il fut d'a-
bord fujet à celui de Saint Pons de Gémenos ; Se par l'au-
torité du même pontife il fut fournis à celui de Thoronet.
L'an 1563 , ces religieufes fe lafierenc de vjvre en com-
mun Se commencèrent à* vivre en leur particulier, Se
à prendre leurs repas chacune féparément ; mais Jean Pe-
tit , abbé de Cîceau», les ramena a l'ancienne obfervân-
ce de la régie , l'an 1682. En 1361 , durant les guerres,
cette maifon en ayant effuyé de funeftes orages , les reli-
gieufes qui en échaperent , fe réfugièrent à Marfeille , où
leur communauté fubfifte encore ; on y compte jusqu'en
1696 , trente trois abbeffes.
MONT-THABOR ( Le ) , danf la Baffe-Galilée , au
nord du Grand Champ. Voyez. Thabor.
MONT-THRESOR , en latin Mons Thefaitri , petite
ville de France, dans la Tour aine , fur l'indrois, éle-
ction de Loches : elle fut érigée en comté en faveur de
Claude de Bourdeilles , puîné de certe famille. Le châ-
teau eft ancien , Se doit fa fondation à Foulques de Ne-
ra , comte d'Anjou. Ce comté , qui appartient au duc de
Saint Aignan , a quatre châtellenies dans fa mouvance ,
8e environ quatre-vingt fiefs : il y a une églife collégiale
& une chapelle fuccurfale dans Monr-Thréfor. La pa-
roiffe eft hors de la ville , Se s'appelle Beaumont. Mont-
Thréfor ne contient qu'environ cent trente-fix feux , Se
autour de lîx cens perfonnes. * Piganiol, Defc. de la
France , tom. 7 pag. jy.
37f
MONT-TRICHARD, ville de France, dans la ioti-
rainc , fur une montagne au pied de laquelle pafle la ri-
vière de Cher. On l'appelle en latin Mons-Trkhardus
ou Mum-Tricb.irdi , Se elle a pris ce nom de fa (îtuation
qui lui donne la facilité de tricher, c'eft-a dire, de faire
des incurfions fur les autres , fans qu'ils en puiffent faire
f.ir fes habitans. Elle fut alliégée par Philippe-Augufte ,
qui ne s'en rendit maître qu'après un long luge : le châ-
teau fut bâri l'an 1010 , par Foulques de Nera, comre
d'Anjou. Les feigneurs d'Amboife, fur le fonds des-
quels il avoit été confiant , s'en renduent les maîtres
dans la fuite , Se en jouirent pendant plus de cinq cens
ans. Louis d'Amboife vendit cette ville à Guillaume
d'Harcourt , fon gendre , qui l'échangea avec Louis XI ,
roi de France. Le roi Henri III la vendit avec faculté de
rachat perpétuel en 1583 , au comte de Limours , fils du
chancelier de Chiverny. De celui-ci elle paffa au marquis
de Sourdis , Se par fa mort a Ifabelle d'Escoubleau -Sour-
dis, fa fille , qui la biffa à fon fils le marquis d'Effiat ,
chevalier des ordres du roi , qui en a joui jusqu'à fa mort.
Cette ville a quatre portes , Se autant de fauxbourgs ,
dont celui de Nanteuil eft le plus confidérable. Dans le
château qui a été bâti par Foulques de Nera , on remar-
que une fort grofle tour carrée. Hors de la ville il y a
plufieurs demeures fouieireines , au-deflus desquelles on
cultive des jardins & des vignes. Monc-Tiichard a deux
paroiffes , l'une fous le titre de Sainte-Croix dans le châ-
teau , Se l'autre dédiée à Norre-Dame de Nanteuil dans
la ville : c'eft un prieuré dépendant de l'abbaye de Pont-
le-Voie ; il y a outre cela au milieu de la ville une cha-
pelle & un hôpiral , avec un couvent d'-Urfu!ines. 11 y
avoit ci-devant des Bernardines. Hors de la ville eft une
autre chapelle , où l'on a érigé une confrérie fous le titre
de Notre-Dame du Mont Carmel. * Pigamol , Defc.
de la France, torn. 7 pag. j6.
MONT-VALÈRIEN (Le), en latin Mons Valeria-
ni , montagne de France, au voifinage de Paris, près
de Surenne , & dans la paroiffe de Ruel. C'eft un lieu
d'une grande dévotion , & qui offre une image du Cal-
vaire où le Sauveur du monde eft mort. * Pigamol, Defc.
de la France , tom. 2 parr. 2. pag. 68.
Le Mont-Valérien eft habité par des hermires Se par
une congrégation de pierres 3 inftituée pour rétablir le
culte de la croix que les Calviniftes avoient tâché d'abo-
lir. A l'égard des hermites on prétend qu'ils font en pos-
fefiïon de ce lieu depuis plus de huit cens ans ; l'établiffe-
ment de la congrégation des prêtres eft très-moderne en
comparaifon. Un faint prêtre'» appelle Charpentier ,
avoit inftitué dans le Bearn , une congrégation fous le
nom de Prêtres du Calvaire. Louis XIII fouhaita qu'il
vînt s'établir dans Paris, & les lettres parentes de ce prin-
ce , pour l'érabliflemenr au Mont-Valérien, font de 1 an
1633. Le fleur Charpentier obtint enfuite du cardinal de
la Roche-Foucaud , abbé de fainte Geneviève Se des
religieux de certe abbaye, d'où dépend le Mont-Valérien,
huit arpens & demi de terre fur le haut de la montagne ,
à cens Se furcens , Se ils en parlèrent enfemble un contrat
le 30 de Mars 1634. L'archevêque de Paris , pour con-
courir à une û bonne œuvre , donna en la même année
des lettres de conceffion pour letabliffement decetre con-
grégarion , & afin qu'il ne manquât rien à la durée Se à
raffermi ffement de cet inftitut , il fit dreffer des ftatuts Se
des conftitutions qu'il lui accorda en 1638. La reine
Anne d'Autriche employa fon zèle pour affermir cet éta-
bliffement , Se porta le roi , fon fils , à confirmer les let-
tres patentes de cette congrégàrion , fes privilèges , fon
établiffement fur le Mont-Valérien , Se fes (latins par de
nouvelles lettres qu'il accorda au mois de Février 165-0,
enregistrées au parlement le 1 3 de Décembre de la même
année. L'éclat que l'approbation royale donna à cet in-
ftitut , Se la vertu de l'inftitùteu'r Se celle de fes confrè-
res , portèrent plufieurs eccléfi.lltiqucs à fe retirer fur
certe montagne , Se a y employer leurs biens Se leurs
vies à la confommarion d'un deffein fi heureufemenj
commencé ; ils y élevèrent en peu de rems une églife Se
les bâtimens qui etoient néceflaires pour loger une com-
munauté.
Comme la montagne eft haute & rude , on a pratiqué
dans l'endroit le plus difficile , de larges marches qui con-
duifent à trois ou quatre terraffes l'une fur l'autre, qui
376
MON
MON
occupent le fommet du tertre. Les vues de ces rerrafles
■font uniques pour leur étendue 6c pour la beauté des ob-
jets qu'elles offrent : on y découvre les beaux payfages des
environs de Paris , le canal de la Seine , le bois de Bou-
logne , l'abbaye de Long-champ & quantité de villages.
Cette montagne eft couverte de vignes qui donnent le
vin de Stuenne : il y a auili une plâtriere affez abon-
dante.
Sur le fommet qui a été applani en forme de terraffe ,
eft une petite églife , propre 6c allez bien bâtie. Der-
rière l'autel eft la repréfentarion du fépulchre dont les
ftatues font de grandeur naturelle. La maifon des prê-
tres qui la deffervent , eft fimple -6c affez commode , 6c
le jardin eft beau dans ce qu'il contient. Trois grandes
croix ornent le devant de la terraffe -, de en descen-
dant la montagne, on voit des deux côtés plufieurs
chapelles dans lesquelles on a repréfenté par des figures
de grandeur naturelle les différentes circonftances de
la paffion de Notre Seigneur. 11 y a deux de ces cha-
pelles fur chaque terraffe , l'une à droite 6c l'autre à
gauche.
On trouve presque toujours beaucoup de perfonnes
qui viennent vifiter ce faint lieu par dévotion ; mais
dans la femaine fainte & aux fêtes de la croix , c'eft
un concours étonnant de peuple.
MONT- VERDUN , en latin Mons-Verdumis , villa-
ge de France, dans le Forez , diocèfe de Lyon. De la
Mare écrit en fon hiftoire eccléfiaftique de Lyon , que
ce fut le lieu où fe retira au VIII fiécle faint Porcaire,
II du nom , abbé de Lerins , & que le lieu où étoit
fa cellule a donné les commencemens au prieuré ,
qui depuis y a été conftruit. Il y avoit eu par la fuite
du tems des chanoines réguliers établis en ce lieu ,
mais le relâchement introduit parmi eux fut caufe que
Robert d'Auvergne, archevêque de Lyon , y appella des
religieux de l'ordre de faint Benoît qu'il tira de la Chaife-
Dieu , du confentementde Gui, comte de Forez, fous
la protection duquel étoit ce monaftere : ce comte fe
retint le droit de ferment de fidélité de la part du
prieur , & la faculté d'envoyer à Mont-verdun des
troupes félon le befoin , quittant le château 6c le village
de tout droit de taille 6c de chevauchée.. Cet acte eft
de l'an i z 3 3 .
MONTABAR , autrefois Montabal , en latin Mons-
Abali , 6c non pas Mous- Abbaiis , comme l'ont fup-
pofé quelques modernes, Abahts devant être un nom
d'homme de même qu'Ebiilux , qui étoit le nom d'un
comte de Poitiers. Ce lieu eft en France dans la Nor-
mandie, élection d'Argentan.
MONTABAUR , petite ville d'Allemagne , dans
l'électorat de Trêves , entre Coblentz & Limpurg , à
l'orient de la première & à l'occident de la féconde.
Cette ville eft fortifiée, 6c elle eft le chef-lieu d'un
bailliage.
MONTACHER , petite ville de France , dans le
Forez , élection de Mont brifon.
MONTAGNAC , ville de France , dans le bas Lan-
guedoc, diocèfe & recette d'Agde. Cette petite ville a
une juftice royale , 6c il s'y tient des foires confidéra-
bles où les marchands de Montpellier apportent beau-
coup de marchandifes, particulièrement des laines qu'ils
ont fait préparer.
MONTAGNAIS. On appelle ainfi dans la Nouvelle
France, les fauvages Algonquins qui demeurent vers
les montagnes des environs de Cadouffac , 6c du Sague-
nay. On lesappelloit auffi Algonquins Inférieurs , parce
qu'ils font au-deffous de Québec par rapport au cours
du fleuve S. Laurent.
MONTAGNANA, ville d'Italie , dans lePadouan,
fur le Fiumicello, au midi de Fraffine 6c à l'occident
méridional d'Eflc. Elle eft fort peuplée , 6c fournit
quantité de chanvre à l'Arfenal de Venife. * Magin,
Carte du Padouan.
MONTAGNA-NEROS, montagne de Syrie, fur-
ies frontières de la Caramanie , proche de la ville de
Scanderon 6c du golfe de Lajazzo. Cette montagne , la
plus confidérable du pays , eft appellée Neros par fes
habitans , comme qui diroit montagne d'Eau , à caufe
de la quantité de fources 6c de ruiffeaux qui en cou-
lent inceffamment. Delà vient que les Européens la
nomment par corruption Monte-Nero , félon Golius,
6c les Arabes Aliocam, * Baudrand , Dict. édit.
170;.
MONTAGNE , grande élévation de terre ou de
roche au-deffus du niveau ordinaire de la terre. Quoi-
que les mots de Mont et Montagne l'oient fynony-
mes , il y a cependant des occafions où l'on ne doit pas
les confondre. On dit le mont Caucafe , le mont Etna,
le mont Liban , le mont Apennin , le mont Caffin ,
le mont Olympe , 6cc. Il femble que le mot Mont
foit affecté aux montagnes fameufes parleur hauteur i
cependant on dit la montagne de la Table pour mar-
quer cette montagne voifine du cap de Bonne-Espé-
rance , a la pointe méridionale de l'Afiique, quoiqu'au
rapport des voyageurs ce foit une des plus hautes du
monde.
On dit Mont, d'une fimple montagne , Se d'une
chaîne de montagnes continuée dans un long espace
de pays. Comme les monts Pyrénées, les monts krapack,
le mont Taurus , le mont Imaus , c\'c.
Les Allemands appellent une montagne Berg , les
Espagnols Sierra. Voyez, ces mots.
De la hauteur des Montagnes.
Dans les articles patticuliers des montagnes, je fuis
fouvent entré dans un détail de leur hauteur ; 6c il
n'eft pas néceffaire de le répéter ici. Divers auteuts ,
en traitant des principes de la géographie, ont donné
dans leurs ouvrages des régies pour mefurer la hauteur
des montagnes ; ruais elles ne peuvent être entendues
que d'un géomètre , 6c elles feroient inutiles à une
bonne partie de mes lecteurs. Quant aux favans qui
voudront les étudier , ils aimeront mieux les aller pren-
dre dans les auteurs mêmes. On peut donc conlulter
fur cette matière Ricciuli geog. reform. 1.6. ci 3. 6c
feq. Varemigeogr. gencr. fect. 3. c. 9 6c 10. Deschales
mund. mathem. t. i.geogr. 1. S-Prol'°J-5' & autres. Cette
méthode qu'ils donnent de mefurer la hauteur d'un fom-
met de montagne par les angles eft incertaine à caufe
de la réfraction de l'air qui en change plus ou moins
le calcul , à proportion de la hauteur ; c'eft une in-
commodité confidéiable, L'ul'age du baromètre feroit
plus court , plus facile , fi on avoit pu convenir du
rapport précis qu'a fon élévation avec celle des lieux
où il cil placé ; car le mercure contenu dans le baro-
mètre , ne monte ni ne descend que par le plus où le
moins de pefanteur de la colomne d'air qui le preffe.
Or , cette colomne doit être plus courte au fommet
d'une montagne qu'au pied. On a tâché de connoitre
avec précifion le rapport de la hauteur du vif-argent à
celle de la montagne ; mais il ne paroît pas que l'on
foit encore arrivé à cette précifion fi néceffaire pour
la fureté & l'exactitude du calcul ; par exemple,
Snowdon hill eft une des plus hautes montagnes
dans le pays de Galles en Angleterre. Caswel d'Oxford
qui l'a mefurée par le moyen de la trigonométrie , la
trouve haute de 3488 pieds de Paris; le mercure baifla
au fommet de cette montagne jusqu'à 24 deg. Il s'agit
de favoir combien cette baiffe doit valoir de toiles
pour la hauteur de la montagne. Les tables de Caffini
donnent pour 24 deg. du baromètre 676" toifes > celles
de Mariote 544 toifes-, celles de Scheuchzer 559. Cette
différence fi grande entre de fi habiles gens , eft une
preuve de 1 imperfection où eft encore cette méthode.
* Biblioih. Britann. t. 1. part. 1. p. 235.
La hauteur d'une montagne peut fe prendre de plu-
fieurs manières i le voyageur compte les heures qu'il
marche pour arriver au fommet 6c en fait des lieues ,
après quoi il dit qu'une montagne a tanr de lieues de
hauteur. Cette manière eft très-imparfaite ; car outre
qu'on ne monte guère une montagne en ligne droite,
6c que l'on fait des détours pour en adoucir le che-
min , le tems que l'on met à la monter, ou pour
mieux dire , la dillance du pied au fommet de la mon-
tagne doit varier à proportion que la pente eft plus
ou moins roide.
La manière de calculer là hauteur d'une montagne,
c'eft
MON
MON
c'eft de fuppofer une ligne perpendiculaire qui patte
du fommer de cette montagne au centre du gl^be
terreftre. Or, la partie de cette ligne qui eft entre le
fonimet de la montagne & l'arc du cercle de la terre
qui' feroit découvert:, fi le lieu , où eft la montagne,
étoit une plaine , eft précifément la véritable hauteur
de la montagne. D'autres la prennent par rapport au
niveau de la mer, ce qui ne convient qu'aux montagnes
voifines de la mer. Sans entrer ici en une discuffion
géométrique , que l'on peur voir dans les ouvrages des
auteurs cités , je patte à une objection que des perfonnes
peu înitriîitës pourroient faire.
S'il y a de fi hautes montagnes fur le globe , on ne
peut pas dite qu il foit rond , puisque fa rondeur ne
s'accorde point avec des élévations fi confidérables qui
la défigurent. Il elt aile de répondre à cette objection
par une démonltration mathématique qu'emploie le
Père Riccioli dans fon almagefie , t. i.p. 727. La plus
haute montagne , telle que peut être le Caucafe , n'a
pas plus de 50 milles italiques de hauteur. Or , il y
a 8278 de ces milles dans un diamètre de la Terre ,
ou 4139 dans un demi-diamétre. €e dernier nombre
contient $5 fois celui de 50. Prenez une boule de bois
dont Je demi-diamétre ait 83 pouces, ou, fi vous
voulez , 83 lignes , ou telle autre me fine qu'il vous
plaira -, faites avec de la cire de petites montagnes d'un
pouce ou d'une ligne, félon la mefure que vous aurez
choifie pour le demi-diamétre du globe , 6c les appli-
quez fur la furface du globe : vous verrez alors , d'une
manière fenfible aux yeux , que ce qui nous paroît
immenfe , par rapport à noue corps, 6c par rapporta
l'espace borné où nos fens agiflenc autour de nous
jusqu'à une diftance très-médiocre , n'eft plus rien par
rapport au globe terreftre, dont la rondeur en eft II
peu interrompue , que cela ne mérite presque pas
d'attention.
Aiifiote & autres auteurs, tant anciens que mo-
dernes , difent qu'il y a des montagnes d'une telle
hauteur , que le fommet s'élève au deffus de la féconde
région de l'air , où fe forment les nuées 6c les orages-,
de forte qu'au haut de ces montagnes , il n'y a jamais
de pluie ni aucune agitation d'air. On le conclut de
ce que les anciens ont trouvé des cendres & des letrres
tracies fur la cendre , qui après quelques années étoient
encore dans le même état; ce qui n'auroit pu être, ïï
ces lieux n'enflent été exemts de vent 6c de pluie.
11 faut remarquer ici que la hauteur des nuages n'eft
pas la même par - tout , 6c que ceux qui voudroient
s'en fervir pour juger de là hauteur de deux montagnes,
& conclure de-là leur égalité ou leur différence , rai-
fonneroient mal. Cette montagne cil couverte de nuages,
celle-ci de même ; donc elles font d'égale hauteur,
fauffe conféquence. Dans le Nord les nuages font plus
bas que dans les pays méridionaux.
Il y a des montagnes d'une extrême hauteur. Dicéâr-
que , qui avoit eu commiflîon de mefurer les montagnes
de la Grèce, dit que la plus haute eftle Pe lion , qui ,
félon lui ,'a dix ftades de hauteur ; Pline dit 1250 pas ,
ce qui eft la même chofe. Le même Dicéarquedit que
77
De l'é tendue de quelques Montagnes,
Il y a des montagnes ifolées 6c indépendantes , qui
femblent fortir d'une plaine 6c dont on peut faire le
tour; il y en a d'autres, qui font contigues à d'autres
montagnes , comme les Alpes , les Pyrénées, les monts
Krapack, &c. 11 y a des montagnes qui femblenc
entaffées les unes fur les autres , de forte que quand
on elt arrivé au fommet de l'une , on trouve une plaine
où commence le pied d'une autre. De-là eft venu l'idée
poétique de ces géans, oui pofoient les montagnes
l'une fur l'autre pour escalader le ciel. 11 y a d'autres
montagnes qui s'étendent a travers de vaftes pays, 6c
qui font comme des bornes que Dieu a mifes entie
certains peuples ; par exemple, les Alpes l'éparent l'Italie
de la France 6c de l'Allemagne.
Les montagnes ainfi continuées ont été nommées
Jugum par les Latins , nous difons une chaîne de
Montagnes, parce que ces montagnes font enchaînées
l'une à l'autre, & quoiqu'elles ayent de tems en rems
quelque interruption , foir pour le paftage d'une rivière,
foit par quelque Col , Pas ou DÉfii é qui les abbaiffe ,
elles fe relèvent allez près de-là & continuent leur
cours.
Ainfi les Alpes , traverfant la Savoye & le Dauphiné j
femblent fe continuer par une branche qui commence
au pays de Gex , court le long de la Franche- Comté,
du Suntgow , de l'Alface, du Palatinat , jusqu'au Rhfa
6c à la Vétéravie. Une autre branche part du Dau-
phiné , recommence de l'autre côté du Rhône , iraverfc
le Vivarais , le Lyonnois 6c la Bourgogne , jusqu'à Dijon ,
envoie fes ïameaux dans l'Auvergne & dans le Forez :
au midi elle fe continue par les Scvenr.es , rraverfe le
Languedoc 6c fe joint aux Pyienées, qui féparent la
France de lEjpagne.
Elles fe partagent encore fous d'autres noms en
quantité de branches : l'une court par la Navane , la
Biscaye, les Afturies & la Galice ; l'autre par la Cata-
logne , l'Arragon, la nouvelle Callille, la Manche,
la Sierra Morena Si traverle le Portugal ; une aune
branche , partant de la Manche , traverfe le royaume de
Grenade 6c l'Andaloufie , & vient fe terminer à Gibral-
tar pour fe relever en Afrique , de l'autre côté du détroit
cù commence le Mont Atlas.
Ce n'eft pas encore tout : les Alpes occupées par les
Suiffes , la Suabe 6c le Tirol , envoient une autre bran-
che , qui ferpente dansl'évêché deBrixen, laCarnicle,
la Stirie , l'Autiiche, la Moravie, la Bohème, la Po-
logne , jusque dans la Pruffe. Une branche encore diffé-
rente part du Tirol , parcourt le Cadorin , le Ftioul , la
Carnicîe , Flfirie , la Croatie , la Dalmatie , l'Albanie;
6c tandis qu'une branche va fe terminer dans le golfe dé
Fatras , une autre va féparer la Janna de la Livadie ; une
autre va couper en deux la Macédoine ; une autre , fe fé-
parant en quantité de branches , va former les fameufes
montagnes de Thrace : ces mêmes montagnes descendent
dans la Bosnie , la Servie , partent le Danube , vont le
long de la Valaquie âc à travers la Translilvanie & la
le mont Cyllène , en Arcadie, a près de quinze ftades, Moldavie, joindre le mont Krapack, qui, par la Moravie,
6c que le mont Ataby dus, dans l'ille de Rhodes , en a fe rejoint aux montagnes de Bohême.
«nviron quatorze. Une autre branche des Alpes court lé long de l'étar de
Les Espagnols difent que le Pic de Tenerife fe Gènes, du duché de Parme, 6c fe jeint à l'Apennin t
voit en mer à foixante milles de diftance. Snellius en qui, comme un arbre, envoie une infinité de branches
conclut pour la hauteur perpendiculaire neuf milles dans toute l'Italie jusqu'au Phare de Meffme ; il le relevé
6c demi , dont , félon d'autres , il faut retrancher un encore dans la Sicile, qu'il parcourt presque en tous fens,
&'demià caufe delà réfraction, ainfi il refte huit changeant de nom à chaque pays.
milles de véritable hauteur; ces milles font des milles Le Mont Atlas , en Afrique , envoie au midi une bran-
italiques de foixante au degré. che qui parcourt tout le royaume de Maroc jusqu'à l'O-
Entre les Açores il y a une ifle nommée Pico , à céan ; une autre va le long des royaumes de Fez , d'Al-
caufe d'une montagne nommée le Pic de S. George, ger ,de Tunis , de Tripoli , jusqu'à l'Egypte, affez près
On tient que ce pic eft égal en hauteur à celui de d'Alexandrie : le Delta femble l'interrompre. De l'autre
Tenerife ; d'autres prétendent qu il le furpafie. côré du Delta eft l'Arabie, qui eft remplie de montagnes
Il n'y a peut être point de montagnes plus hautes auxquelles nous reviendrons dans un moment. Depuis le
a monde que les Andes en Amérique. Voyez, leur Caire jusqu'à Senna , dans la Nubie, ce n'eft qu'une
article particulier. Je ne parlerai point ici de FEtna
en Sicile ,del'Hr:CLA en Ittande , du Pic d'Adam en
Ceylan , du Caucase en Afie, de I'Athos dans la
Macédoine, de I'Olimpf. dans l'Afie Mineure, ni de
r Atlas en Afrique ; il fuffu de les avoir indiqués.
double chaîne de montagnes le long du Nil : FAbiffinië
n'eft elle-même qu'un amas de montagnes ; là côte d'A-
bex en eft bordée fans interruption , de même que l'E-
gypte le long de la mer Rouge. Le royaume de Dancali ;
tout à l'entrée de la même mer , n'eft autre chofe que
Tom. IV. Bbb
378
MON
MON
cectc même chaîne,qui n'eft presque pas interrompue par
le détroit de Babel-Mandel , dont l'ifle & le peu de pro-
fondeui" font une espèce de continuité avec les monta-
gnes dont l'Arabie eft hériffée. L'Yemen & l'état de la
Mecque ont une fuite de montagnes qui fe joint à celles de
l'Arabie Pétrée : celles-là courent beaucoup plus loin , 6Y
fe joignent à celles de la Paleitine de la Syrie , entre les-
quelles eft le Liban.
Les montagnes voifines de l'Oronte , & celles qui s'é-
tendent le long de la mer,en de-çà d'Antiuche de Syrie ,
le mont , nommé par les anciens Amanus mons , conti-
nuent cette chaîne jusqu'au Taurus , dont un bras,s'é-
tendantà l'occident, court jusqu'à l'Archipel fe termi-
ner par un promontoire voilîn de l'ifle de Rhodes. Une
autre branche court vers l'orient , paffe l'Eu ph rate, cou-
pe la Méfopotamie en plufieurs fens , va fe joindre aux
montagnes du Curdiftan , & remplit toute la Perfe de
fes rameaux. Un autre bras du Taurus avançant vers le
nord par l'ancienne Cappadoce & l'Arménie , va pren-
dre enfin le nom de Caucase entre la mer Noire & la
mer Caspienne qu'il fépare , &c le long desquelles il fe
replie.
Le bras,qui fe diftribue dans la Perfe,entre dans le Co-
rafan , &; prenant le nom dlMAus , lépare la Tarta-
ne de l'Indouftan. Entre les plus confidérables parties
il s'en détache une qui , fei pentant dans les états du Mo-
gol, fe partage en quantité d'autres , dont la principale
eft la famcule montagne de Gâte , qui féparam la côte
de Malabar de celle de Coromandel , dans la presqu'ifie
en-deçadu Gange , va jusqu'au cap de Comorin où elle
finit.
Une autre partie de l'Imaiis , fe divifant au feptentrion
du royaume de Siam , forme deux nouvelles chaînes ,
dont l'une va jusqu'à l'extrémité de la presqu'ifie de Ma-
laca , l'autre jusqu'au royaume de Camboge ; une troi-
fiéme fépare le Laos du Tonquin, partage la Cochinchine
dans toute fa longueur , & va finir dans la mer au royau-
me de Ciampa. Le Iunnan & autres provinces de la
Chine font fituées dans une appendice de cette monta-
gne. LeTangut, leThibet, la Tartarie Chinoifc , tou-
te la Tartarie Ruffienne, y comprifes la grande pres-
qu'ifie de Kamtfchatka & la Sibérie , toute la côte de la
mer Glaciale jusqu'à la mer Blanche ; en un mot , tous
ces pays font herifles de cette même chaîne de montagnes,
qui, par diverfes branches qu'elle jette dans la grandeTar-
tarie , va fe rejoindre à HmaLis. En vain la mer Blanche
femble l'interrompre , elle fe relevé de l'autre côté dans
la Laponie , & courant de-là entre la Suéde & laNorvé-
ge , elle arrive enfin à la mer de Danemarck.
On ttouve la même économie de montagnes en Amé-
rique. Si nous commençons à l'ifthme de Panama , nous
y trouvons ces hautes montagnes qui féparent les deux
mers : la Caftile d'or en elt traverfée en plufieurs fens ,
le Popayan de même ; cette chaîne court le long du Pé-
rou , du Chili , cV de la terre Magellanique , jusqu'au
détroit de Magellan qui en cil bordé ; une branche fem-
ble forcir du Popayan , coupe la Goyane , & borde toute
la côre du Brefil & du Paraguay. Si on parcourt l'Améri-
que feptentrionale , on trouvera auffi de vaftes chaînes
de montagnes , fur-tout dans la nouvelle Espagne , dans
le nouveau Mexique , dans la Louifiane &c le long de la
Caroline, de la Virginie, du Mariland &delaPenfilvanie.
C'eft cet enchaînement de montagnes que quelques-
uns ont regardé comme les liens qui forment la ftructure
du globe , de même que les côtes & les os foutiennent
le corps qui n'auroit ni la force , ni l'arrangement foli-
de des parties , s'il n'étoit que de muscles & de chair.
Le favant comte de Matfllli avoit réfolu de traiter cette
matière , d'y faire voir l'admirable dispofirion de ces
montagnes ; fon livre devoir être intitulé Ossatura
TERRj£;je crains que fa mort, arrivée à Bologne, fa
patrie , le i Novembre 1730 , ne nous ait privés de cette
richeflé.
Je n'ai point parlé de quantité de chaînes de monta-
gnes d'Afrique , d'Afie & d'Europe. Mon but n'étoit
que de faire voir fommairement.en commençant par les
Alpes , la grande connexion qu'elles ont avec les autres
ch unes de tout le globe.
Les montagnes , dit M. Roi , fervent de paravant à la
terre ; elles détournent les vents froids 6c piquans du
nord& delcftj elles réfléchiffent la chaleur du foleilj
enfin elles diminuent beaucoup les rigueurs des hivers.
* De la fagijje de Dieu , pag. 351. De la dijfolution du
monde, pag. 3J. Pour les avantages des montagnes }Voyez,
Derham , 1. 3 c. 4. Il elt inutile d'entrer ici dans ces dé-
tails, qui n'ont aucun rapport à la géographie.
Différence des Montagnes.
H y a des montagnes ifolées , comme l'Etna en Sicile ,
le Pic d'Adam, dans l'ifle de Ceylan , le Pic de Ténerife,
dans les Canaries , & une infinité d'autres.
Il y a des montagnes qui fc continuent par une chaîne
plus ou moins grande , comme nous avons fait voir.
Il y a des montagnes d'une extrême hauteur , comme
le Caucafe , le mont Cafius , les Andes. & quantité d'au-
tres , dont la lifte feroit trop longue.
11 y en a d'une hauteut médiocre , comme la plûpatt
des montagnes de France & d'Allemagne.
Il y en a enfin qui font fort peu élevées , & en ce cas
on les nommes Coteaux ou Collines. Le nembrede
ces dernières eft innombrable.
Il y a des montagnes dont le fommet fe termine en
pointe , d'autres au haut desquelles il y a une plaine
allez grande , & quelquefois même des lacs,où il fe trou-
ve du poiffon. D'autres n'ont pout fommet que des ro-
ches dépouillées de toute verdure , ik fouvent noircies
par la foudre qui va s'y brifer dans les rems d'orage & de
tonnerre:les Monts Acrocéraunicns font de cette espèce,
ôc leur nom, qui eft pris de la langue grecque , ne fignifie
que cela. D'autres n'ont pour fommet que d'affreufes
mafles de glaces , comme les glacières de Suiffe , & c'eft
entre ces glaces que fortent les ruifleaux & les rivières. Il
y a une grande variété dans la conformai ion des monta-
gnes , & cette variété en met beaucoup dans les avanta-
ges qu'elles procurent aux pays où elles font.
Les unes font couvertes d'une terre qui produit de
belles forêts pour le chauffage ou pour bâtir -, d'autres ne
font couvertes que d'une péloufe , fous laquelle on trou-
ve des veines de maibre ou d'autres pierres qui ont leur
utilité , comme les pierres dont on fait en Suiffe des pots
& de la vaiflelle ; celles qui font propres à faire des meu-
les de moulin , ou des pierres à aiguifer , &c.
11 y a des montagnes qui jettent de la fumée , d'autres
des flammes , comme l'Etna , le Vefuve , l'Hecla , &
quantité d'autres en Afie , en Afrique & en Amérique.
Voyez. Volcan.
Quelques montagnes ont le fommet couvert d'une
neige qui ne fond jamais , d'autres n'en ont que pendant
une partie de l'année plus ou moins longue. Cela dé-
pend de leur hauteur . de leur expofition , du climat &
de la rigueur ou de la douceur des faifons , chaque an-
née.
MONTAGNE ( La ) , ou le bailliage de la Mon-
tagne, petit pays de France, dans le gouvernement
militaire de la Bourgogne, au nord de" cette province,
le long de la rivière de Seine. Il eft enclavé dans la
Champagne. Ses principales villes font :
Chatillon et B A R-S U R-S El N I.
C'eft le cinquième bailliage du gouvernement d«
Bourgogne , &c il a pris fon nom des montagnes dont
il eft rempli. Corneille, Dift. qui cite Audiffret , dit
que c'éioit autrefois une feigneurie, qui faifoit partie
du comté de Champagne. Philippe le Bel l'acquit en
1284 , en époufant Jeanne, héritière de Champagne,
& Charles VII la donna à Philippe le Bon, duc de
Bourgogne , parle traité d'Arras de l'an 1435.
MONTAGNE DE L'AIGUILLE. Voyez, au mot
Aiguille i.
MONTAGNE BASSE ( La ) , bois de France, dans
la maîtrife des eaux & forêts de Saint Pons: il eft de
neuf cens quatre-vingt-neuf arpens Sz dix-huit perches.
MONTAGNE DES BEATITUDES, montagne
de la Judée , aux confins de la tribu de Nephthali, à
quatre iieues du pont de Jacob , entre le midi & l'oc-
cident. La plupart des auteurs l'appellent la Mon-
tagne de Jesus-Christ , ou la Montagne des
Apôtres. Elle n'eft ni des plus hautes , ru' des plus
ON
ON
baffes; mais elle elt féparée des autres, seleve comme
au milieu d'une vafte plaine, Se rermine un bel af-
pett , de quelque côté qu'on la regarde. De loin fa
figure femble tenir quelque chofe de l'ovale, parce
qu'elle elt plus longue que large. Elle fait comme deux
pointes : il y a un enfoncement vers le milieu , d'où
naît la dernière. La tradition veut que ce foit fur cette
montagne que Jefus-Chrift fit ce fermon qui contient
toute la perfection du Chriftianisme. Ce fut fur cette
même montagne qu'il choifit fes apôtres. Ce fut là
encore qu'il paffa tant de nuits à prier, Se où il fe
retiroir feul pour n'être interrompu de perfoniïe. On
croit que ce fur encore fur cette montagne qu'il choifit
les foixante Se douze disciples ; Se comme il étoit dans
un lieu d'où il pouvoit découvrir Bethfaïde , Caphar-
haiim Se Corozaïm , leur montrant du doigt ces
villes . il les affura que ceux qui mépriferoient leurs
paroles , comme ces villes avaient mépriïe la fienne ,
en feraient punis plus févèremenr que les habitans de
Sodôme ne le dévoient être pour leurs crimes.
On voie encore aujourd'hui fur cette montagne une
chapelle ruinée. Il y a au-devant une citerne. On dit
qu'autrefois il y avoit un monaftere ; mais il n'en refie
aucune marque. Il faut descendre de cheval pour mon-
ter à cette chapelle -, car le chemin en elt fort roide ,
Se les voyageurs les plus forts ont befoin de fe repofer
Se de reprendre haleine , quand ils font au haut. * Le
père Natt , Voyage de la Terre-Sainte, p. 6"oj-.
MONTAGNE D'ENGADDI (La) , près de la mer
Morte. Voyez. Engaddi.
MONTAGNE FERDAYS (La), montagne delà
Paleftnie, à une lieue de Bethléem ou un peu plus,
du côté du midi. Nous marchâmes , dit le père Nau ,
au midi de Bethléem, descendant Se montant par des
chemins affez difficiles , Se laiffant à gauche un village
nommé Beyt-Thamar. Nous arrivâmes un peu après
au pied d'une haute montagne , détachée de toutes les
autres. Je l'ai ouï appeller la Montagne des François $
mais dans le pays on la nomme Ferdays ou Fer-
daous, c'eft-à-dire Paradis. 11 eft dangereux d'aller
fur cette montagne , parce qu'on y efl expofé à la
discrétion des Arabes qu'on y rencontre. On y voit les
ruines d'un grand château qui couvroit toute la cime
de cette montagne : il en relie encore des caves Se des
chemins couverts \ mais toutes les murailles év les tours
font abbatues , Se à peine en découvre-t-on les fon-
demens. On dit que les François , qui l'avoient bâti pour
la défehfe des faints lieux , s'y défendirent en grand
nombre contre les Infidèles. Il n'y eut apparemment
que la faim qui les contraignit de fe rendre : car l'af-
lîette de ce lieu le fait parokre imprenable par une
autre force.
MONTAGNE INACCESSIBLE (La), montagne
de France , l'une des merveilles du Dauphiné. J'en ai
déjà parlé au mot Aiguille , Se j'y ai rapporté l'opinion
vulgaire qui la compare à une pyramide renverfée : on
trouve cette opinion presque autorifée dans l'hiftoire
de l'académie royale des feiences , année 1700, pag. 4.
& outre les circonftances qu'on prétend qu'y remar-
quèrent ceux qui y montèrent par l'ordre de Charles
VIII , on y ajoute qu'elle n'a par le bas que mille pas
de circuit , Se deux mille par le haut ; en ce cas , il
feroit juile de la comparer à une pyramide renverfée ,
Se on pourroit dire qu'elle elt plantée fur fon fommet
Se fur fa pointe -, mais dans l'hiftoite de la même aca-
démie , année 1703 , p. 16 , on lit : L'Académie a appris
par de Vaubonnays , premier préiidcnt de la chambre
des comptes de Grenoble , qui veut bien être fon cor-
respondant, Se par une lettre de Caffet , fécretairedé
Bouchu, intendant du Dauphiné , à de la Mire, que
cette montagne prétendue inacceffible qui elt à huit ou
neuf lieues de Grenoble au midi , n'eft qu'un rocher
escarpé planté fur une montagne ordinaire , Se que
même ce rocher n'a nulle iïgure de pyramide renverfée.
De plus , il n'y a aucune apparence qu'il fe foit dé-
tache aucune roche, ni aucune partie qui ait changé
la figure que cette montagne merveilleufe pouvoit avoir
du tems de Charles VIII ; car elle eft entre des mon-
tagnes , d'un roc très-vif, Se l'on ne trouve au pied
aucun débris de rochers, comme en plufieurs autres
endroits. Que devient donc , continue de Fontenelle -,
toute l'hiftoire de ceux qui y montèrent pour fathfaite
lacurîofitc de ce roi.
MONTAGNE NOIRE , montagne de France , dan?
le Haut-Languedoc , au Lauragais. Elle eft près de Saint
Pâpôul , Se on en a tiré plufieurs canaux pour fournir
de l'eau au grand canal que l'on a fait pour conduire
les marchanctifes de Toùloufe à Carcaffonnc , év' de-là
par le Bas- Languedoc dans les étangs de Pcraut Se
de Thàu, Se enfuite dans la Méditerranée. * Co/n.
Dicr.
_ MONTAGNE PELÉE , montagne de l'Amérique
feprentrionale dans rifle de la Martinique, à la bande
du nord , à l'extrémité des pareilles de Macoube Se du
Prêcheur. Vers l'an 1664, il s'y donna une bataille
entre les rrotlpes de la Compagnie & les habitans de
la Cabeftcrre, qui ne vouloient pas reconnaître fon
autorité. Les corps de ceux qui furent tués dans cette
occafiohjfe conferverent entiers plus de trois mois::
c'étoit l'effet du froid exceffif qu'il fait fur cette mon-
tàgne«qui eft très haute.
MONTAGNE DE LÀ QUARANTAINE , mon-
tagne de la Palcftine , dans le défert où Jefus-Chrift
jeûna quarante jours. Voyez, au mot Grotte , l'ar-
ticle Grotte du désert de la Tentation.
MONTAGNE ROUGE, montagne de l'ifle de
Bourbon, dans' l'Océan Ethiopique. On lui a donné ce
nom , à caufe qu'elle jette fôùvenc des flammes. * Ban-
drafid, Diét. éd. 1705.
MONTAGNE SACRÉE. Parmi les montagnes de
la Galice, il y en avoit une qui étoit flicrée. Il irecoic
pas permis d'y toucher avec le fer ; mais fi la foudre y
ouvroit la terre , ce qui arrivoit affez fouvent , elle
découvroit de l'or, que les gens du pays rccueilloienc
comme un préfent des dieux. * Délices d'Eïpa?ne ,
p.jé.
MONTAGNE DE LA SIBYLLE, montagne d'I-
talie, au duché de Spolette, au nord occidental du
lac de Nocia. Elle a pris fon nom d'une Sibylle qu'on
dit y avoir eu fa caverne. Voyez, au mot Grotte,
l'article Grotte de la Sibylle.
MONTAGNE DE LA TABLE , montagne d'A-
frique , dahs fa partie méridionale au cap de Bonne-
Efpérance. On lui a donné ce nom , parce que fort
fommet eft fort plat , Se reffemble affez à une table.
Il femble qu'elle ne forme qu'une feule montagne avec
celle du Lion , qui , quoique plus avancée vers la mer,
n'eft apperçue qu'après celle-ci par les navigateurs qui
vont au cap ; auili ces deux montagnes ne font pas
éloignées l'une de l'autre. Quoique la montagne de la
Table foit à une lieue du cap, fa hauteur fait qu'elle
femble être au pied. Le père Tachard, fécond voyage
de Siam^iiv. 1. paç. $ji accompagné de trois autres
perlbnncs, monta fur cette montagne. Nous vîmes,
dit-il, du pied une grande quantité d'eau qui en tom-
be de plulieurs endroits comme en cascade le long du
roc , dont la hauteur eft fort escarpée. Si on ramaffoic
toutes ces eaux , on en feroit une rivière considérable ;
mais la plus grande partie fe va perdre en terreau pied
de la montagne ; le refte fe réunit en deux ruiffeaux
qui font aller des moulins auprès des habitations hol-
landoifes. Ces eaux n'ont point d'autre origine que les
nuages , qui , rencontrant dans leur paffage le fommec
de cette haute montagne fort échauffée des rayons du
foleil , fe réfôlvént en eaux & tombent ainfi de tous
côtés. En approchant delà hauteur , nous entendîmes ^
continue-t-il , un grand bruit de finges qui y habitent,
Se qui faifoient rouler de haut en bas de groffes pier-
res. Le haut de la montagne eft une esplanade d'envi-
ron Une lieue de tour, presque toute de roc Se fort
unie, excepté qu'elle fc créufe tiri peu dans le milieu,
où il y a une belle fource, qui vient, félon les appa-
rences des endroits de l'esplanade les plus élevés, où
on trouve beaucoup d'eau. On y voit auili quantité dé
plantes odoriférentes qui croiffent entre les rocher?;
mais ce qu'il y a de plus beau , ce font les vues de
cette montagne. D'un côté , on découvre la baie du cap
Se toute la rade; d'un autre, on voit les mers du Sud;
du troifiéme, le faux cap, une grande ifle qui eft au
milieu ; Se du quatrième, le continent de l'Afrique",
Ton:. IV. B b b ij
380 MON
MON
où les Hollandois ont plufieurs habitations. Le pere
Tachard fit creufer la terre , parce que Thévenot ,
dans les infiruétions qu'il lui avoit données , marquoit
qu'on lui avoit dit que la nier avoit autrefois patte fur
le haut de la Table, & qu'on y trouvoit quantité de
coquillages ; mais en creufant on n'apperçut qu'une
terre très-noire ôc remplie de fable avec de petites
pierres blanches.
Au bas de cette montagne & de celle du Lion , eft
une grande baie qui s'avance en ovale deux ou trois
lieues dans les terres, vers l'orient -, & c'eft au-defibus
de la montagne de la Table que les Hollandois ont
placé le fort. * Le fere Tachard , Premier voyage de
Siam , 1, 2. c. 1.
MONTAGNES DE LA L U N E. Voyez. Lun^
MONS 2.
MONT AGNIAC, ville d'Afie , dans la Natolie ,
& dans la province de Becfangil , fur la mer de Mar-
riiora , ayant fa partie orientale fur un golfe auquel
elle donne fon nom. Parmi le grand nombre des, villes
qui ont porté le nom d'Apamée, celle que les Turcs
appellent aujourd'hui Monragniac en elt une, fi ce
n'eft qu'on veuille dire que cette ville eft la même que
Nicopolis ; mais fi l'on doit s'en rapporter aux vieilles
inferiptions qui fe trouvent fur les lieux , on peut as-
furer que Montagniac n'efl autre choie qu'Apamée.
Vaillant y a trouvé une fort belle infeription fur un
marbre carré , où le nom d'Apamée étoit écrit. Il eft
vrai que cette infeription pourroit y avoir été trans-
portée de quelqu'endroit voifin ; mais fi Montagniac
n'efl pas Apàmée, elle n'eft pas beaucoup éloignée du
lieu où cette ville étoit. Montagniac elt fituée dans un
endroit affez agréable. Le golfe, fur les bords duquel elle
eft bâtie , s'appelloir autrefois Cianus Sinus , de l'an-
cienne ville de Cium , dont on voit encore quelques
ruines. Aujourd'hui il n'a point d'autres noms que ce-
lui de Montagniac. Par le moyen de ce golfe , cette
ville a un grand commerce avec Conftantinople: &Te
peu de chemin qu'il y a d'elle jusqu'à Burfa,lui attire
presque tout le trafic de cette grande ville ôc de toute
la Bythinie dont elle eft la capitale. Il n'y a de Mon-
tagniac à Burfa qu'environ cinq lieues de chemin que
l'on fait toujours dans des campagnes fort agréables,
& affez bien cultivées. Il peut y avoir dans Montagniac
cinq ou fix mille habirans , foit Grecs, Juifs ou Turcs.
Ils font presque tous marchands , ôc vivent du trafic
qu'ils font de leurs denrées. Les environs de la ville font
abondans en toutes fortes de fruits , que l'on apporte à
' Conftantinople pour les y vendre. * Grelot , Voyage de
Conftantinople.
MONTAGU, bois de France, dans la maîtrife des
eaux ôc forêts de Tarbes:il eft de 117 arpens ôc trois
quarts.
MONTAGUET, bourgade de France , dans l'élection
de Moulins, au midi de la ville nommée le Donjon ,
ôc à l'orient de la Paliffe. Corneille , Dit!, donne à ce
lieu le titre de ville , ôc l'appelle Mont-Aigu ; je ne
fais fur quoi il fe fonde. * J.ullot , Atlas.
MONTAGUT, ville de France , dans le Haut-Lan-
guedec, diocèfe & recette de Touloufe.
MONTAIME , petite fortereiTe de France , dans l'Ifle
de France, fur- une montagne auprès de Vertus. Elle
eft à préfent en ruine , ayant été détruite fous le règne
de Charles VII, par les habitans des villes voifines.
MONTALBAN , ville d'Espagne , au royaume d'Ar-
ragon , fur le chemin de Sarragoffe à Valence , au bord
du Rio Martin , à quatorze lieues de Sarragoffe. Cette
ville eft dans une fituation avantageufe & tres-fôïte ,
entre deux rochers , avec une bonne citadelle. On y a
des maifons taillées dans le roc , un air fort doux ôc
de très-bonnes eaux. Monulban eit la Major d'Aira-
gon , c'eft-à-dire , la principale commenderie que les
chevaliers de faint Jacques' ayent dans ce royaume. *
Délices d' Espagne , p. 646.
MONTALC1NO, ville d'Italie, dans la Toscane,
ôc dans le terrirpire de Siéne , fur une montagne , à
neuf milles de Pienza au couchant , presque fur le che-
min de Siéne à Rome. Cette ville eft épiscopale. L'évê-
ché étoit autrefois furTragant de l'archevêché de Siéne ;
toais il ne dépend plus majntcnant que du faint fiége.
Il fut érigé en 1462 par le pape Pie IL La ville de
Montalcino eft petite , mais affez bien peuplée. - Bau-
drand, Dict. édit. 170J.
MONTALEGRE , château de Portugal , dans la
province de Tra los Munies , au nord du Douero Se
de la ville de Villa-Réal. Ce château eft fortifié d'un
baftion , d'un demi-bafiion , ôc de quelques autres ou-
vrages. * Délices de Portugal, p. 718.
MONTALOMAGUM , village de la Gaule , dans
la Touraine. Grégoire de Tours en parle „ /?//?. /. 7.
MONTALTE, MONTALTO, ou Monte-Alto ,
petite ville ou bourg d'Italie , dans le duché de Ca-
firo , à dix milles de Cometto , à trois milles de l'em-
bouchure de la Fiora , & environ à quinze milles de
la ville de Caftro. Il eft fitué fur une colline. * Labatt
Voyage d'Italie, t. 5. p. 42.
1. MONTALTO, ou Monte-Alto , ville d'Italie,
au royaume de Naples; dans la Calabre Citérieure,
ôc dans les terres , au nord de Cofenza. Elle eft épis-
copale ; mais fon évêché eft Uni à celui de Cofenza.
C'eft l'ancienne Uff'ugum , félon plufieurs géographes. *
Ma gin , Carte de la Calabre Citérieure.
2. MONTALTO, ou Monte-Alto, ville d'Italie,
dans la Marche d'Ancone , entre Fermo ôc Ascoli. Le
pape Sixte V y fonda un évêché fous la métropole de
Fermo en ij, 86. * Ma gin , Carte de la Marche d'An-
cone.
1. MONTALVAN. Voyez. Montalban.
2. MONTALVAN, petite ville de Portugal aux con-
fins de l'Espagne , fur le bord méridional du Tage , à
huit lieues au-deffous d'Alcantara. Philippe V , roi d'Es-
pagne s'en rendit Maître en 1704, ôc en fit démolir les
murailles. * Corn. Diction. ,
MONTA LZ AT, bourgade de France, dans le Quer-
ci , élection de Montauban : il a une jufticc royale.
MONTANA PENINSULA ou Montuosa Cher-
sonesus , en grec dotvvt yjpçivtiro; , péninfule de l'Ethio-
pie fur le golfe Adulique. Prclomée , /. 4. c. 7. la pla-
ce entre les villes de Sabath ôc d'Adulis. Voyez. Oiune.
MONTANA URBS ou Monate, ville du Non-
que. Antonin, dans fon itinéraire , la met fur la route
d'Aquiléeà Lauriacum , entre Candalict ôc Sabaiinca ,
à trente milles de la première, ôc à dix-huit milles de
la féconde. C'eft aujourd'hui le monaftere d'Admind,
félon Lazius.
MONTANI. Voyez. Orini.
MONTANIATA ou Montagnata , petit pays
d'Italie , dans le Siénois. On lui a donné ce nom , par-
ce qu'il eft extrêmement montagneux. Il s'étend vers
les frontières de la province* du Patrimoine, entre Ra-
dicofani, Saona ôc Santa Fioré. On y trouve plufieurs
châteaux & villages. * Magin , Carte du territoire de
Siére.
MONTARGIS, ville de France, dans l'Orléanois,
fur la rivière de Loin, à fix lieues de Nemours, à
vingt de Paris, ôc à même diftance de Nevers. Son nom
latin eft Mvns Argifus , que de Valois foupçonne avoir
été formé par corruption , au lieu de Mons Argifi , com-
me on a dit Mons Lethericus pour Mons Letherici. II
tft porté même à croire que le premier nom de cette
ville étoit Mons Anfcgifi , à caufe qu'Anfegife, évêque
de Sens , qui vivoit eii 876 , l'avoitfait bâtir. Il dit que
dans la fuite on fit Mons Argifi de Mons Anfcgifi , ôc
puis Mons Argifus. Ce qui paraît plus vraifemblable
que ce que dit André du Chesne, que cette ville a été
nommée Montargis, comme qui dirait Mont d'Argus,
parce qu'on voit bien loin tout à l'entour. * Piganioly
Defcription de la France, r. 6. p. 142.
Saint Louis donna Montargis ôc tout le pays voifin
en appanage à fon fils Philipe ; mais il mourut fans cn-
fans,& cette donauon fut réunie à la couronne. De-
puis ce teins , quoique quelques princes ou princeffes
ayent joui de Montargis par la libéralité des rois, néan-
moins il ne fut point véritablement féparé du domaine,
jusqu'à François I , qui l'aliéna en faveur de fa btlle-
fœur Renée de France, ducheffe de Ferraie. Sa 'fille
Anne d Elt, ayant époufé le duc de Nemours, elle lui
apporta Montargis, ôc fes héritiers' en iouhenr jusqu'à
Bcrïri IV, qui le radiera dés ducs de Ncniours , ÔC
depuis Louis XIII donna Montargis avec le titre de du-
O N
chc en appanage à fon frère Gallon , qui érant mort
en 1660, Louis XIV donna ce duché à fon frère Phi-
lippe , en appanage; & c'cit à ce titre que monfieur
le duc d'Orléans en jouit aujourd'hui. Cette ville a été
quelquefois furnommée Montargis-le Franc , par rap-
port à plusieurs privilèges que les rois de France lui
ont accordés en différais rems. On y voit un ancien
château qui eA fort élevé , & qui a été rebâti par Char-
les V. La grande fale eft un des plus grands vaifieaux
qu'on puiffe voir. Elle a vingt-huit toiles & deux pieds
de long , fur huit toifes quatre pieds de large. Il y a à
Montargis un couvent des Recollas & un de Barna-
bites, qui tiennent le collège de là ville. Il y a aiiffi
des Ucfulines, des filles de Sainte Marie, des Domi-
nicaines & des Bénédictines, [.es habitans ont fondé dix
chapelles dans l'égiife paroiiïîale , Se ces bénéfices font
à la préléntation du confcil de l'égiife, qui cil com-
pofé de douze notables ou principaux habitans de la
ville. C'cft , je crois, le feul confcil de cette espèce
qu'il y a dans le royaume.
Montargis "fut bloquée par les troupes angloifes en
1 41 8 ,& réduite à une grande extrémité , lorsque le
bâtard d'Orléans les força dans leurs retranchemens, Se
délivra les habitans. * Longmrue , Defcription de la
France , p. 116.
. Le bailliage de Montargis renferme dans fon
reffort la prévôté royale de Montargis , Se les juftices de
Villemandeur , de Milly , de Chaflette, de Châtilion-
fur-Loin Se de Nogcnr. Il comprend aulîi les baillia-
ges particuliers de Saint Fargeau , de Bleneau , de Vil-
liers , de Saint Benoît Se de Bonni-fur-Loire ; & quoi-
que Châtillon ait été érigé en duché en 1 CT96 , i! eft
encore du L'effort du bailliage de Montargis, parce que
les officiers doivent être dédommagés avant qu'il en
foit ..filtrait. Le reffort du préfidial eft plus étendu que
celui du bailliage. Il renferme du côté de Nemours les
jufiiees royales de Château-Landon , Se celles qui en
dépendent-, Joigni , du côté d'Auxerre ; ôc du côté de
Gien,'la châtellenie de Château-Rcgnard, fous laquelle
font les hautes-juftices de Triguiere, de Moncorbon ,
de Selles, de Saint Firmin-des Bois , de Douchy , de
Saint Germain, delà Chapelle-Laveron,de Montbouy,
de Giy ; & du côté d'Orléans, la châtellenie de Lorris
avec les dépendances, comme Vieilles-Maifons, Mon-
treau , Saint Mauriçon , Beauchamp Se Bellegarde. Le
bailliage tic fiége préfidial de Montargis a fa coutume
•particulière, qui fut réformée en 1 j 3 1 , & qui eft fui-
vie dans le reffort , à l'exception des chârellenies de
Lorris Se du Château -Regnard, où l'on fuit la cou-
tume d'Orléans.
La forest de Montargis eft de huit mille trois
cens arpens, plantés de chênes Se hêtres. Le bois s'y
coupe à cinquante ans , Se les ventes font de cent àr-
pens, qui produifent , année commune , 'quarante-cinq
mille liv. Le capitaine des chaffes de Montargis a fous
lui un lieutenant de robe courte Se plufieurs gardes :
il exerce fa jurisdiction avec les officiers de la maîtrife,
comme à Orléans ; fi ce n'eft que le maître particulier
des eaux Se forêts en eft exclus.
MONTASTRUC, ville de France, dans le Haut-
Languedoc, diocèfe Se recette de Touloufe.
1. MONTAUBAN , ville de France , dans le Quer-
ci , fur une colline , au pied de laquelle pane la ri-
vière de Tarn. Quoique Cahors foit le fiége principal
de la SéncchauGéc de Qucrci, Se qu'elle foit la capi-
tale de tout le pays, Monrauban eft aujourd'hui beau-
coup plus confidérable , puisqu'elle eft le fiége de la
cour des aides , Se le chef-lieu d'une généralité. Mon-
tauban n'eft pas ancienne. Lile A commencé par un
monailere nommé Mbns Aureolm > autrement l'abbaye
de Saint Théodard. Alfonfe , comte de Touloufe , filsde
Raymond de Saint Gilles , fit bâtir en 1144, dans le
voilinage de ce monaltere une ville qui fût ridrfjuVee
Monrauban, cv les vaffaux de l'abbavc s'y retirèrent.
L'abbé s'en plaignit au comte Raymond , fils Se fuc-
ceffeurd' Alfonfe, Cv Raymond, pour dédommager l'ab-
baye , lui accorda la moitié de la feigneurie de Monrau-
ban. Cette abbaye fur enfuite donnée aux abbés de la
Chaize-Dieu , qui y établirent des fupérieurs, qui leur
payoient tous les ans des redevances. Cette jurisdiclron
MON %%\
des abbés de la Chaize-Dieu fur le monaftere de Mon-
rauban dura jufqu'au pontificat de Jean XXII, qui en
1 3 17 , érigea un évèehé à Montauban, dont il créa pre-
mier éveque Jean-Bertrand Dupuis , ou de f'odio ,
fut le dernier abbé du monaliere de Saint Théodard.
Le même pape, par une autre bulle , après avoir l'é-
paté le territoire de ce nouvel évêché des diocèfes dé
Touloufe Se de Cahors , l'aiTujettit à la nouvelle mé-
tropole de Touloufe , Se l'exemta de la jutisdiction de
l'archevêque de Bourges , métropolitain de l'égiife de
Cahors. il rendit aulîi ce monaftere i dépendant dé
l'abbaye de h Chaize-Dieiu Après cette i ion les
moines demeurèrent encore plnfiieurs années dans là ca-
thédrale de Monrauban; de forte qu'en 1:79, lorsque
•l'évèque Pierre de Chalais fit fon teftâment, la com-
munauté régulière de Montauban fiibfîfroit tic .avoir
fon prieur-Mage. Quelque-tems après les féedlkrs s'y
introduifirent , Se fe mirent en pbfïefliôn des prébep-
des, 6k des offices claufîraux. George d'Amboife étoîi
pourvu de l'office ou dignité d'aumônier de cette égli-
fe en 1484, lorsqu'il fut élu éveque de Montauban.
Il fut depuis archevêque de Rouen & cardinal. * Lon-
guerue , Defcription de la Fiance, p. 1S0.
Les comtes de Touloufe & enfuite les rois de Fran-
ce , avec lesévêques de Montauban , leurs cofeigueur-s j
avoient donné de grandes frànchifes aux habitans de
cette ville , dont ils abuferent dans la fuite : car fous
le règne de Charles IX , ayant èmbrafTé le Calvinisme
en 1J72, ils érigèrent leur ville en une espèce de ré-
publique qui méprifoit l'autorité royale ; Se pour fe
maintenir , ils firent faire des fortifications à leurs deux
vi'les, la vieille Se la nouvelle, à laquelle ils en ajou-
tèrent une rroifiéme, fituée au midi du Tarn dans lé
Langtred >c, laque! • ils nommèrent Ville-Bourbon. Louis
XIII affiégea cette ville en 1611 , mais après avoir fait
une très-grande perte, il fut contraint de lever le fié-
ge Se de fe retirer. Les Montalbinois contintfe'renî en-
core huit ans dans leur défobéiffance; tic lorsque tout
le parti des Huguenots fe fut fournis , Se que le duc
de Rohan leur général fut forti du royaume en 1619,
Montauban rentra dans le devoir. Le cardinal de Ri-
chelieu en fit rafer toutes les fortifications.
On croit que Montauban a pris fon nom de la quan-
tité des faules qui font aux environs , Se qu'on appelle
Alba en langue gasconne. On divife la ville en trois
parties; la ville Bourbon , la ville &' la nouvelle ville.
La première n'eft qu'un fauxbourg féparé des deux
autres par la rivière que l'on patte fur un beau pont
de pierres Se de briques. Le palais épiscopa!, la fon-
taine Grifon , le jardin de l'évèque, le quai Foucault,
& la promenade des Carmes, font ce qu'il v a de plus
agréable à Montauban. La nouvelle égliié , finie depuis
quelques années, eft affez belle. Il n'y a pomr1 d'iniver
fité, comme l'ont dir Corneille Se d'autres- j nui, une
académie établie en 1744. * Pigânhl, Defaipt. dé h
France, r. 4. p. ^56.
Quoique cette ville foit dans le Quefci Se âé :v 11
vernemenr de Guienne , plufieurs pâroiïïes du Haut-
Languedoc font cependant du diocèfe de cette ville,
C'eft en cette cdnfidéraridn que l'évèque a iéance aux
affemblées des états généraux du Laiiguèdôé\ On a vu
aulîi ri-deffus l'origine de ce: évêché , qui vaut o ti rhre
mille livres de rente. L'égiife cathédrale e e à
S. Martin ; Se le chapitre cil eômp'ofé d'un prevôr ,
d'un archidiacre 3c de douze chanoines il n'y a dans
ce diocèfe qu'une abbaye. Elle elt de l'ordre de Cîteaur .
& s'appelle Belle-Perche. U y a en outre dans Monr'àn-
ban une èglife collégiale dédiée à S- Etienne , 'dont le
chapitre, qui eft comppfé à'v.n doyen, d'un chan-
tre, Se de vingt fix femi-prébendie'rs , eft lini à celui
de la cathédrale.
La généralité de Monrauban ,qni cotnpofé la f cou-
de partie du gouvernement de Guienne, e!'t route du
relTorr du parlement de Touloufe, cV divifée en qua-
tre grandes fénéchauffées qui èôniprenVient fôpt préfi
diaux , Se en deux petites. Les grandes fénëBMi es
-font celles de Querci, de Rouergue , d'Armâg^e i?è de
Foix; Se les deux petites font le N.bouzan i [tth*
tre-Vallées. Les charges de tous ces fériefchii'Hx fonrd'é-
pée. Ce fut en 1655, qu'on démembra'la ^iiéiaii^é de
382 MON
Guienne établie à Bourdeaux , pour en ériger une à
Monrauban , Se jusqu'à la création de la cour des ai-
des de Monrauban , cette généralité a toujours été du
reffort de la cour des aides de Montpellier. En 1642 ,
le roi créa une cour des aides pour la haure Guienne.
Elle fut d'abord érablie à Cahots , Se transférée à Mon-
rauban en 1661, pour y attirer les Catholiques. Son
reffort s'étend fur onze élections , qui font de la gé-
néralité de Montauban ou de celle d'Auch. Ces éle-
ctions font
Montauban , Rodez , Armagnac ,
Cahors, Milhaud, Aftarac,
Figeac, R iviere- Verdun , Comminges.
Ville-Franche, Lomagne,
La cour des aides eft compofée d'un premier pré-
sident, de deux préfidens, de vingt confeillers , de
deux avocars généraux & d'un procureur général. Le
bureau des finances eft compofé de vingt-trois tréfo-
riers de France, dont le doyen fair les fondions de
préfidenr , d'un avocat Se d'un procureur du roi. Les
tailles font réelles dans toute la généralité.
Le domaine du roi dans la généralité de Montauban
Se dans les pays qui en ont été démembrés , Se qui
font préfentement de la généralité d'Auch , monte en-
viron à cent trente cinq mille livres , fans y compren-
dre les domaines aliénés, ni ce qui provient delà ven-
te des forets , ni le revenu des greffes qui eft de dou-
ze ou treize mille livres par an , ni le droit de la mar-
que du fer qui fe levé dans le pays de Foix , ni la fer-
me du controlle des aères des notaires , ni celle du
papier Se parchemin timbré , ni celle du petit fceau
des jugemens , ni ce qui revienr au prince des Traites
foraines Se des droits d'entrée Se de fortie. Les char-
ges auxquelles le roi eft tenu font peu de chofe, Se
ne montent qu'à neuf mille lept cens foixante-quinze
livres par an. Le commerce du fel eft libre dans la
partie de la généralité de Montauban qui fe trouve
dans le gouvernement de Guienne. La partie qui eft
fituée dans le Languedoc , eft un pays très-fertile en bleds
& en vins. On convertir une grande quantité de ces
derniers en eaux de-vie. Les paroiffes de Figeac des Ca-
talans Si. de S. Porquier produifoient autrefois beau-
coup de tabac. On recueille dans cette pairie de la
généralité beaucoup de paftel , & on y élevé beaucoup
de chevaux , que l'on vend aux foires de Grifolé. L'é-
lecLion de Montauban produit des grains, des vins,
des prunes , Se du fafran : la plus grande partie de
ces denrées descendent à Bourdeaux par le Tarn Se par
la Garonne.
2. MONTAUBAN, ancien château de France, en
Guienne, fur la Dordogne, entre Libourne Se Bourg.
André du Chefne dit que ce château eft remarquable
par la valeur de ce Raynaud , furnommé de Montau-
ban, Se l'un des quatre fils Aimon , rant célébré dans
les romans. Aujourd'hui il n'en refte plus que les rui-
nes Se mafures.
3. MONTAUBAN, baronnie de France, dans le
Dauphiné,au diocèfe de Gap. Autrefois cette baronnie
étoit libre Se indépendante d'aucun autre feigneur que
de l'empereur, ayant été polTédée héréditairement par
les barons, vaffaux du royaume d'Arles, durant trois
cens ans. Voyez, l'article Baronnies. * Longucrue ,
Defcripr. de la France, p. 329..
MONTAUBEUF, bois de France, en Normandie,
dans la tnaîtrife des eaux & forêts de Bayeux. il eft de
deux cens quarre-vingt-dix-huir -arpens.
MONTAUD , bourg de France , dans le Forez ,
élection de S. Etienne.
MONTAUDIN , bourg de France, dans le Maine,
élection de Mayenne.
MONTAULE , bourg de France , dans la Gascogne,
élection de Lannes.
MONTAURE , en latin Mon s Aitreus Se Mans Jau-
nis ; bourg de France , dans la Normandie , diocèfe
d'"Evreux, à une lieue de Louviers. Il y a des Carmes
déchauffés. Leur monaftere s'appelle le Défert , Se eft
connu par le zèle Se l'auftérité de ces religieux.
1. MONTAUT , bourgade de France , dans le comté
de Foix, recette de Rouffillon.
MON
2. MONTAUT , bourgade de France, dans l'Ar-
magnac. Le baron de Montaut eft un des quatre pte-
miers barons du comté d'Armagnac. Il a droit d'affilier
au chœur des chanoines de la métropolitaine d'Auch
MONTBELLIARD , ville d'Allemagne , capitale
d'un comté de ce nom. Elle eft fituee aux confins de
l'Alface Se de la Franche Comté , entre Porentru Se
Bafle , au pied d'un rocher occupé par un grand Se fort
château en façon de citadelle, que l'afiiette rend en
quelque forte imprenable , le rocher étant escarpé pres-
que partout. La ville eit auffi très forte. Elle a pour
rempart d'un côté la rivière d'Halle ou d'Alaine , qui
fe jette un peu au-deffous dans le Doux , & qui fait que
la place eft d'un accès difficile de ce côté-la , parce
qu'elle y forme un grand marais Toujours couvert d'eau.
La même rivière remplit les fofiés de Montbelliard ,
qui eft défendue de plufieurs grands baftions Se de '
hauts remparts terraffés. Le dedans de la ville eft peu
de ehofe , il n'y a que deux ou trois rues tirées à la
ligne : elles commencent à la porte par où l'on entre
en venant de Bafle , Se finiffent à celle par où l'on fort
pour aller à Vefoul. Les habitans de Montbelliard font
de la Religion prétendue réformée.
Montbelliard étoit déjà une place confidérable avant
le milieu de l'onzième fiécle , Se elle étoit tenue par
Louis , comte de Monfon ou Mouflon fur la Mofelle ,
Se de qui font descendus les comtes de Bar.
MONTBELLIARD ( Le comté de ) , eft enclavé en-
tre la Franche-Comté , l'Alface Se la principauté de
Porentru ou l'état de 1 evêque de Bafle. Le Montbel-
liard eft compofé du comté de Montbelliard , Se des
feigneuries d'Héricourt, de Clermont , de Châtelot ,
de l'Ifle Se de Blamont , qui ont été autrefois poffédées
par divers feigneurs.
Louis, comte de Montbelliard, dont je viens de
parler, avoit époufé Sophie, fille de Fridéric II, duc
de Mofcllane. Henri le Noir confia à ce comte le com-
mandement de l'armée qu'il envoyoir pour ranger les
rébelles de Bourgogne qui s'étoienr révolrés après la
mort de Conrad le Salique. * Longuerue , Defcr. de
la France , part. 2. p. 245.
Renaud , comte de Bourgogne , outre Saône , qui
étoit à la tête de ce patti , fut vaincu & pris prison-
nier par le comte Louis, qui n'étoit pas alors vaflàl de
Renaud.
Le comte Louis eut pour héritier fon fils Thierri ,
qui fur comte de Montbelliard, de Mouflon cVdeBar,
Se laiffa à Thierri , un de fes fils , le comté de Mont-
belliard, Celui-ci eur un fils nommé Thierri , qui mou-
rut fans poftériré , & deux filles , dont l'aînée , comme
nous l'apprenons d'Alberic, époufa Richard, feigneur
de Montfaucon. Ils eurent un fils nommé Amé ou
Amedée , qui fut comte de Montbelliard , Se fuccéda
au comte Thierri , fon oncle maternel. Amé mourut
fans enfans, Se eut pour héritier Renaud de Bourgo-
gne, mari de Guillemette de Neufchâtel , fille du comte
de Neufchâtel Outre -Joux , en Suiffe , Se d'une
fille de Thierri , comte de Montbelliard : c'eft par
cette Guillemette que Renaud obtint enfin la poffeflion
du comté de Montbelliard , donr il laiffa une partie
à Marguerite de Montbelliard , tante de fa femme &
fille du comre Thierri , laquelle avoit époufé Thibaud ,
fire de Neufchâtel en Bourgogne.
Renaud & Guillemette eurent un fils nommé Othon ,
qui mourut jeune , fans poftérité , & une fille appelléc
Agnès, qui fut comte fle de Montbelliard Se dame de
Granges en Bourgogne: elle époufa Henri , feigneur de
Montfaucon , qui fut établi vicaire de l'Empire dans le
royaume de Bourgogne, & mourut l'an 1397, lailTant
de fa femme Marguerite de Châlons un fils, nommé
Fleuri, qui n'eut que des filles : l'aînée, héritière de
Montbelliard, époufa Eberhard , comte de Wirtenbcrg
Se mourut l'an 143 1. C'eft d'eux que descendoit Fré-
déric, duc de Wirtenbcrg, qui , avec ce duché & les
autres terres de fa maifon en Souabe , avoit le comté
de Montbelliard, Se les biens d' Al face Se de Bourgo-
gne , qu'il donna en partage à fon fils Louis Frédé-
ric.
Montbelliard fut reftitué à cette maifon par la pais
de Weftphalie.
MON
ÎJ y a eu plufienrs annexes de cet état, qui ont été
membres du comté de Bourgogne ; ce qui donna lieu au
parlement de Befançon , de donner un arrêt, l'an r68o ,
qui condamnoit le duc de Wirtenberg , poffciïeur du
comté de Montbelliard , à frire foi et hommage au roi ,
ctde reconnoitré fa fouverainecé fans diftinction ; ce que
ce tribunal exécuta aifément , parce que Montbelliard
avoir été démantelé l'an 1674-, par l'ordre du feu roi
Louis XIV, de forte que le prince de Montbelliard
t'M contraint de fe foumettre l'an 168 1 , mais cet arrêt
fut caffé , & l'hommage du prince annulé par le treiziè-
me article du traité de Riswick , qui porte que la mai-
fun de W.rtenberg, Se nommément le duc George ,pour
lui Se les fucceffeurs , feront rétablis en la poffcliîon de
la principauté Se comté de Montbelliard , dans le même
état , droits Se prérogatives , fur tout dans la même im-
médiatecé à l'égard du Saint Empire dont il avoit joui
auparavant , Se dont jouiffent ou doivent jouir les autres
princes de l'empire , fans avoir égard à la foi Se homma-
ge rendus à la couronne de France l'an 168 1 , la religion
catholique devant feulement demeurer en l'état où elle
avoit été mife par le roi , comme il eft porté par le qua-
trième article du traité , Se ce qui concerne Montbelliard
a été confirmé au treizième article du traité de Bade.
La partie de Montbeiliard qui vint à la maifon de
Neufchatel , fut Blamont , Châtellot , l'Ifle Se Fléri-
court. Thibaud de Neufchatel , maréchal de Bourgogne ,
par fon teftament fait à Dole l'an 1464 , inftkua héritier
en ces terres Ferdinand de Neufchatel , auffi maréchal de
Bourgogne,avec lesfeigneurs-dc la maifon deCufancexar
Thibaud ne joaiffoit de fes biens que fur un fideicommis.
Ce maréchal , conjointement avec Claude Se Marc
de Cufanee , transporta & vendit au duc de Wirtenberg
ces terres , c\r même les fiefs de Bourgogne ; mais Bonne
cv Elisabeth de Neufchatel , filles de Claude , fils de
Thibaud de Neufchatel, furent obligés de plaider pour
recouvrer cet héritage de leur aïeul.
L'aînée fut mariée dans la maifon de Furftenberg , Se
la cadette dans celle de Verdenberg.
D'autre coté ,Anne,fillede Ferdinand de Neufchatel,
fans s'arrêter au contrat de vente fait par fon père , vou-
loit avoir toutes fes feigneuries. Les trois filles qu'elle
avoit eues de Chrillophe de Lonvi fon mari , furent
mariées dans la maifon de Rie.
Tous ces prétendans portèrent leur différent à la
chambre impériale de Spire , où rien ne fut décidé ;
de forte que lorsque Montbellinrd éroit au pouvoir de
la France, la caufe fut portée à Befançon , où le prin-
ce de Montbelliard obtint un arrêt décifif en fa fa-
veur. Et ce prince jouit en fouveraineté de Blamont ,
de l'Ifle , de Héricourr Se de Châtellot , comme Ces
prédéceffeurs ont fait durant deux cens ans , n'ayant
reconnu les rois d'Espagne , comtes de Bourgogne , que
pour les fiefs de Clerval Se de Paffavant , appelles les
fiefs de Bourgogne dans les traités de Weftphalie Se
de Ryswic Le collège des princes de l'Empire a long-
tems contefté à la maifon de Wirtenberg le droit de
donner fa voix , Se de prendre féance parmi eux à
caufe du comté de Montbelliard -, de forte qu'à la diète
de Ratisbonne l'an 164c, le collège des princes dé-
termina à la pluralité des voix , que l'on ne recevroit
point le fuffnge du duc de Wirtenberg pour Mont-
belliard , jusqu'à ce que l'empereur eût donné fur cela
un décret en faveur de ce prince , contre lequel il y
en avoit un de l'empereur Matthias de l'an 161 } , Se
on faifoit fort pour exclure le comte de Montbelliard,
fur ce qu'il ne contribuoit rien aux frais Se aux taxes
de l'Empire , & qu'il n'avoit été mis dans aucun des
cercles depuis leur inftitution. Enfin , dans la diète de
Ratisbonne de l'an 165-? , on accorda à ce comte la
voix Se la féance au collège des princes ; Se ce différent ,
qui avoit duré fi long-tems , fut terminé à l'avantage
du prince de Wirtenberg.
MONTBIZOT, bourg de France, dans le Maine,
élection du Mans.
MONTBLANC. Voyez. Monblanc.
MONTBOZON , bourg de France , dans la Franche-
Comté fur une colline, au pied de laquelle paffe la
rivière d'Ougnon. Il eft à quatre lieues de Gray , à
autant de Vefoul Se à cinq de Befançon. Ces trois
MON 585
villes font un triangle au milieu duquel eft Mcnt-
bozon. On y tient un gros marché routes les femaincs ,
Se une foire très-confidérable tous les lundis pendant
le Carême. On y amené quantité de befiiaux, & par-
ticulièrement des chevaux de la Suiffe , dont les mar-
chands de France viennent fe fournir. Il y a dans ce
bourg , haute , moyenne Se baffe-juftice , fous le titre
de prévôté , dont les appellations reffortiffent pour le
civil au bailliage d'Amont, fiége de Vefoul ; Se pour
le criminel au parlement de Befançon. Montbozon
avoit autrefois un fort , dont on voit les ruines fur la
colline. Ce lieu, où les Dominicains ont un couvent ,
dépend de la paroiffe de Thienant, petit village ,quj
n'eft éloigné que d'une portée de mousquet. * Cor».
DidHon. Mémoires drejjésfur les lieux en 1700.
MONTBRISON , ville de France , capitale du Fo-
rez , fur la petite rivière de Vézize , à quatre lieues
de la Loire au pied d'une montagne , fur laquelle eft
bâti l'ancien château des comtes de Forez (a). On
l'appelle en latin Nions Brufonis Se Mons Brifonis,
du nom de fon fondateur. Brifo ou Brifon eft un
nom , ou plutôt un fumorrt qui a été dans la famille
romaine Antia. 11 n'elt pourtant fait aucune mention
dans tous les monumens qui nous relient , foit des
Mérovingiens , foit des Carlovingiens , d'un lieu nom-
mé Mons Brifonis ; nous voyons feulement que les
comtes de Forez , fous les Capétiens , confidéroient
Montbrifon comme leur principale place. Elle eft en-
core confidérable par la réfidence de plusieurs corps
de juftice (b) , comme d'une prévôté, d'un bailliage
royal non reffortiffant , d'une châtellenie , d'un grenier
à fe! , d'une maîtrife des eaux Se forêts Se d'une maré-
ebauffée. L'églife collégiale fut fondée en 1223 , fous
l'invocation de Notre-Dame par le comte Gui de
Montbrifon , qui y établir douze chanoines Se un doyen :
ce qui fut confirmé en 12 24, par Renaud, archevêque
de Lyon , oncle paternel du comte Gui. Il y a plufieurs
paroiffes Se couvens. Les pères de l'Oratoire y ont un
collège, où les jeunes gens font très bien élevés, [a)
Longiterue y Defcription de la France, p. 276. (b)
Piqaniol , Defcription de la France , t. 6. p. 262. Mé-
moires divers.
MONTBRON , en latin Mons Berulfî, petite ville
de France, dans l'Angoumois, fur la rivière du Péri-
gord, C'eft le chef-heu d'un comté qui a dix-huit pa-
roiffes dans fa juftice, Se quarante fiefs dans fa mou-
vance.
1. MONTBRUN , bourgade de France, dans le Bas-
Languedoc , recette de Narbonne.
2. MONTBRUN , bourgade de France, dans le Poi-
tou , élection de Thouars.
MONTCEL. Voyez, Mon ce l.
1. MON TC H A M PS , bourg de France, dans la Nor-
mandie , élection de Vire.
2. MONTCHAMPS, bois de France , dans la Nor-
mandie , maîtrife des eaux Se forêts de Vire. Il eft de cent
quarante arpens.
MONTCHAUVET , en latin Mons Calvuhts , village
de France , au diocèfe de Chartres , archidiaconé de
Pinceraye , doyenné de Mante ,Jfur la petite rivière de . . .
Ce lieu eft fort célèbre dans Ihiftoire de l'abbaye de
Saint Germain des Prés. Hugues, abbé de ce monaftere
fous Louis le Gros , céda à ce prince Se à Amauri de
Montfort un fonds pour y confiante le château de
Montchauvet. Ce château étant conltruit , le même abbé
obtint de Geoffroi , évêque de Chartres , la permiilion
d'y bâtir une eglife paroifliale en l'honneur de fainte
Magdelène hors de Montchauvet ; parce qu'il avoit des-
fein d'y ériger un monaltere pour y mettre un certain
nombre de fes religieux. Outre cette éghfe, on lui per-
mit d'en ériger encore une autre dans Montchauvet mê-
me , pour la commodité des habitans. La première ne
fubfillc plus. On croit que du tems des guerres les re-
ligieux fe retirèrent en celle du dedans , qui eft encore
fur pied , Se qui fert de paroiffe. Renaud , évêque de
Chartres, confirma en 1214 le droit de patronage de
cette églife à l'abbaye de Saint Germain , & même en
1261 , l'abbé Gérard permit, comme curé primitif, à
une dame de qualité , nommée Julienne Britone, d'éri-
ger une chapelle dans la maifon qu'elle venoit d'y
384 MON
bâtir , à condition que le curé auroit les droits curiaux ,
& que la nomination appaniendroit à l'abbé. Cette
chapelle ne fubfifte plus. Le nouveau pouillé du dio-
cèfe de Chartres marque le château de Trois fontaines
fur le territoire de Montchauvet. Ce village eft éloi-
gné de douze lieues de Chartres. Le dictionnaire uni-
verfel de la Fiance l'appelle mal-à-propos Montchau-
vette.
MONTE , cap d'Afrique. Voyez, au mot Cap, l'ar-
ticle Cap de Monte.
1. MONTE-AGUDO , château d'Espagne, au royau-
me de Murcie, près de la ville de ce nom, à laquelle
il peut fervir de défenfe en cas de befoin : il eft bâti
fur une hauteur. * Délices d'Espagne, p. 538
2. MONTE-AGUDO, petite ville d'Espagne, dans
la Nouvelle Caftille , au midi d'Arcos. Elle a titre de
• comté 8c appartient aux marquis d'Almazan.
MONTE -ALFONSO , fortereffe d'Italie, dans le
Modénois , près de Carfagnana du côté du couchant.
Elle a été ainfi appellée d'Alfonfe, duc de Modéne,
qui la fit bâtir. * Magin , Carte du duché de Mo-
dère.
MONTE- ALVERNO, montagne d'Italie , dans la
Toscane , à quatorze milles de Florence , à deux de la
fource du Tybre. Cette montagne eft .célèbre par un
couvent de religieux réformés , de l'ordre de faint Fran-
çois ; 8c qui eft comme un des trois fanétuaires du pays :
car c'eft ainfi qu'on appelle les trois couvens ou 1110-
nalleres de Camaldoli , de Valombreufc 8c du Mont-
Alvemo. J'ai déjà parlé de cette montagne au mot Al-
vfrne; j'ajouterai ici que c'eft une des plus ftériles
de l'Apennin. Saint François aimoit ce lieu , parce que
c'étoit une folitude , où il pouvoit vaquer à les dévo-
tions & à fes exercices de pénitence , fans crainte d'être
interrompu. Ce fut dans cet endroit qu'il reçut les fti-
gmates qui l'ont rendu fi célèbre. On montre encore
aujourd'hui le lieu où la tradition du pays affine qu'il
étoit à genoux, quand il reçut cette faveur fi finguliere.
On y a bâti une chapelle qui pourroit paffer pour une
égliie médiocre, avec des cellules pour douze ou quinze
religieux , 8c d'autres pour des étrangers qui y vont faire
des retraites. * Labat , Voyage d'Italie, t. 6. p. ij6.
Environ à un mille à côté , il y a un fameux couvent
de religieux du même ordre : on pourroit l'appeller une
petite ville, tant il eft vaile , 8c contient de logemens,
foit pour les religieux , qui y font toujours plus de cent,
foit pour les étrangers, qui s'y trouvent quelquefois au
nombre de deux ou trois cens , & qui y font logés 8c
nourris gratis. La providence n'a jamais manqué dans
ce lieu. Il eft arrivé une infinité de fois que les reli-
gieux fe trouvant réduits au dernier mouton, on a vu
arriver des troupeaux de cinquante ou foixante bœufs ,
8c de deux ou trois cens moutons , des convois de
charrettes 8c de mulets chargés devin, de farine & de
toutes fortes de provifions. Tous les pèlerins y font
reçus pendant trois jours. Les hommes font toujours
féparés des femmes , mariés ou non , il faut que les
compagnies fe féparent en entrant dans ce faint lieu. Ce
font des religieux qui ont foin des hommes , 8c des re-
ligieufes Tierçaires , de l'ordre de faint François, qui
font chargées des femmes.
Il ne va point de religieux au Mont-Alverne , qui ne
fe faffe un devoir d'affilier au chœur, aux offices di-
vins, & fur-tout à celui de la nuit. Après qu'on a chanté
le TeDtum, tous les religieux vont proceffionnellement
en chantant les laudes au petit couvent de la lacrée grotte.
Les douze ou quinze religieux de ce petit couvent les
y attendent. Ils difent enfemble une antienne , après
quoi on lit le fujet de la méditation , qui dure une
heure. Chacun prend j pendant la ledure, la pofture dans
laquelle il doit demeurer pendant l'oraifon. Les uns fe
tiennent debout les bras en croix •, les autres à genoux
dans la même pofture : il y en a qui font prolternés
tout de leur long ; d'autres ont la face contre terre ; en
un mot , on choifit une pofture gênante & incommode ,
afin de fournir en priant ; ce qui ne peut manquer
d'arriver , quand il faut demeurer immobiles , comme
des ftatues , pendant une heure, qui commence , lorsque
celui qui préfide dit pour latroifiéme fois ces paroles:
Sign.ifti , Démine t fervurn hic ; c'eft à-dire, Vous avez
MON
marqué, Seigneur , votre ferviteur dans ce lieu , en mar-
quant avec le doigt l'endroit où étoit faint François,quand
il reçut les fiigmates. Il demeure lui-même dans cette
pofture pendant tout le tems delà méditation. Cet exer-
cice eft fuivi tous les jours d'un exeicice de pénitence,
après lequel on s'en retourne au grand couvent en chan-
tant d'autres prières , à la fin desquelles il eft permis
de s'aller repofer. Les femmes ne font pas admifes à
ces exercices nocturnes de piété. Il n'y a que les hom-
mes ; 8c ceux qui demandent au gardien cette grâce ,
doivent imiter en tout les religieux.
Quoiqu'il y ait un bon mille du grand couvent à la
grotte facrée , on y alloit autrefois à découvert , & quel-
que tetns qu'il fit , perfonne ne fe dispenfoit de cet
exercice de piété 8c de pénitence. Il s'eft trouvé des
gens riches & charitables qui ont eu pitié de ces fervi-
teurs de Dieu , 8c fait faire une galerie bien couver-
te, pavée & bien clofe, qui va depuis le grand cou»
vent jusqu'à la fncrée grotte. C'eft par ce chemin com-
mode qu'on y va à préfent toutes les nuits à l'abri des
injures de l'air , qui eft très-froid dans ces montagnes.
MONTE- ANSIDIANO, montagne de Portugal,
dans l'Eftramadure , près de Coimbre , dit l'auteur des
délices de Portugal , p. 730. il y a une chaîne de mon-
tagnes qui femble fe divifer en deux branches, 8c dont
l'une s'étend droit au midi de Coimbre jusqu'à Tomar
l'espace de douze lieues , & l'autre tourne à l'orient ,
& s'étend entre les deux rivières de Mondego 8c de
Zezare , jusque vers la fource de la dernière. La pre-
mière chaîne de montagnes étoit nommée anciennement
Taniacus Mons , 8c aujourd'hui Anfidianus ou Sera
d'Ançaon , du nom d'un bourg qui s'y trouve. On tra-
verfe des chemins fort rudes 8c fort pierreux dans ces
montagnes ; 8c à quatre lieues de Coimbre, on rencon-
tre un bourg nommé Rabaçal ( Kapaciale ) au-deffus
duquel eft la partie la plus haute de ces montagnes,
qui retient encore l'ancien nom , Porto Tnpaio.
MONTE-ARAGON, montagne d'Espagne, au royau-
me d'Aragon , avec une abbaye & un bourg fur le tor-
rent Flumen , à une lieue d'Huesca au levant. * Bau-
drand , DicL. édit. 170J.
MONTE-BALDO, haute monragne d'Italie : elle eft
de rochers escarpés proche d'un autre d'aufli difficile
accès , toutes deux fituées entre l'Adige 8c le lac de
Garde, vers les frontières du Trentin. Ces deux mon-
tagnes, avec leurs retranchemens & redoutes, qui dé-
fendoient le paffage de la gorge , gardée par un déta-
chement de troupes impériales , furent forcées par les
François le 16 de Juillet 1703 , lorsque le duc de Ven-
dôme , avec une partie de l'armée de France, paffa , des
environs de Mantoue , dans le Trentin , pour y joindre
l'électeur de Bavière qui venoir de faire la conquête du
Tirol. * Corn. Dièt. Mémoires du ttms.
MONTE-BARBARO , montagne d'Italie, au royau-
me de Naplcs, dans la province de Labour : elle eft
proche de la côte de la mer , auprès de la ville de Pouz-
zol , 8c eft nommée Gaitrus par les anciens. Voyez,
Gaurus.
MONTE BERNINA , montagne des Alpes , au pays
des Grifons, 8c dans la ligue de la Maifon-Dieu , fur
les confins de la Valteline. * Baudrand, Dict. edit. 170/.
MONTE- BRAULIO. C'eft le nom qu'on donne à
une partie des Alpes, entre le pays des Grifons à l'oc-
cident , & le comté de Tirol à l'orient , vers la fource
de l'Adda , à dix milles de Bormio vers le nord.
MONTE-CAMELIONE, en latin Cerna, montagne
de France , dans la Provence , au comté de Nice , &
qui fait partie des Alpes maritimes : elle s'étend en
long entre les vicariats de Barcelone 8c de Saint Efteve
au midi, 8c le marquifat de Saluées au feptentrion, en-
tre la fource du Var & celle de Sture.
MONTE-CANIGO, montagne d'Espagne ,vers le
Rouffillon : elle fait partie des Pyrénées. * Délices d'Es-
pagne, p. 30.
MONTE-CARSO , pays d'Italie au Frioul. On l'ap-
pelle ainfi parce qu'il e(t montagneux, & qu'il ren-
ferme une partie du pays de Carfo : les Allemands
l'appellent Karlten : il eft entre l'Iftrie au levant 8c la
rivière de Lizonfo au couchant ; & dépend de l'empe-
reur. * Baudrand, Diét. édit. 1705.
MONTE-CAT1NO,
MON
MONTE-CATlNO, château d'Italie, dans la Tos-
cane , à huit milles de Piftoie au couchant, en allant
à Lucques , dans le val de Nievole. Les Florentins y
furent défaits en 131 y, par Uguccione Faguiola , ap-
pelle le Romagnolo , Seigneur de Pife.
MONTE-CAVALLO. C'eft ainfi qu'on appelle un
des quartiers de Rome , qui ell fur le Quirinaî, & où
elt le palais de Monre-Cavallo, où les papes font leur
demeure dans les chaleurs. Il y a devant la place deux
ftarues d'Alexandre le Grand, faites l'une par Phidias
& l'autre par Praxitèle, ce qui a occalionné le nom de
Monre-Cavallo. * Labat , Voyage d'Italie , t. 3. p. 167.
Baudrand , Dict. édit. 17SJ.
MONTE-CAVO, montagne d'Italie, dans l'état de
fEglife & dans la Campagne de Rome, vers Albano
ik Savelli. * Bâiidrand , Dict. édit. 1705.
MONTE-CEROGNONE, montagne d'Italie, au
duché d'Urbin & au pays de Monte-Feltro, à cinq
milles de San-Leo en allant vers Urbin : cette mon-
tagne efl: petite &: n'a qu'un feul château. Au lieu de
Cerognone, Magin , Carte du duché d'Urbin , écrit
CtNAGNONE. C'elt la Gin^itnum dont parle Strabon.
MONTE CPHAROGOLo, lieu d'Italie, dans le
duché de l'arme , fur la rive occidentale de la rivière
de Lcnza , à l'orient méridional de Parme. * Magin,
Carte du duché de Parme.
1. MONTE-CHR1STO, iflc de la mer de Tos-
cane, entre celles de Giglio au levant, & de la Piano-
fe au couchant , à près de trente milles de la côte
du Siennois au midi, tk à quarante milles de l'ifle d'El-
be : elle dépend du prince de Piombino &c fait partie
de fon état. Son nom vient de ce qu'il n'y a qu'une
feule montagne qui comprend toute l'ifle , qui n'a que
cinq milles de tour. On n'y voit qu'une ou deux tours
courte les Corfâires .- quoiqu'il y ait eu autrefois un cé-
lèbre couvent de faim Maximilien où il y avoit quan-
tité de religieux. C'eft l'ifle appelléc Oglafa par Pline.
* Baudrand, Dict. édit. 170J.
2. MONTE-CHRISTO , montagne , rivière & bour-
gade de l'Amérique , fur la côte du nord de l'ifle
Efpagnole ou de S. Domingue. Chriftophe Colomb, au
fortir du cap François à fon premier voyage de l'Amé-
rique , apperçut à l'eft une montagne qui fembloit
avoir le pied dans la mer ; il voulut la reconnoître ,
& trouva que c'étoit une presqu'ifle fort élevée , qu'il
nomma Monte-Chrifio. Ceux qui croient que c'elt ce que
nos marins nomment la Grange , fe trompent. Monte-
Chriflo c(t à trois lieues au vent de la Grange l'Yaqué ,
qu'on appelle ainfi. La rivière de Monte-Chriflo a fon
embouchure à côté de la montagne, ik forme une
rade où on trouve depuis fept jusqu'à trente brafles
d'eau. Colomb , auquel on avoit dit que ce fleuve droit
fa fourec des mines de Cebao, ce qui elt vrai, vou-
lut la vifiter : il y entra ce trouva que fon fable étoit
mêlé de pailles d'or, ce qui fubfiflc encore aujour-
d'hui , cV il lui donna le nom de Rio de loro. En 1 533 ,
les Espagnols y formèrent une bourgade , dont les pre-
miers habirans furent foixante laboureurs venus d'Espa-
gne avec leurs familles. Elle ne fubfifle plus , ou elt ré-
duire à très-peu de chofe. * Le P. de Cbarievoix , Hifi.
de S. Domingue.
MONTE-CIRCELLO. Voyez. Circello Monte.
MONTE-CODORO. Voyez. Codorus.
MONTE-CORVINO , bourg du royaume de Na-
plcs , dans la Capitanate. Il efl préfentement défert ,
au lieu que c'étoit autrefois un évêché fuffragant de
l'archevêché de Béhevent. Il fut Supprimé en 1433 > &
uni à celui de Volturara, dont il étoit fort proche. Ce
bourg fut ruiné dans le dernier fiécle. * Baudrand ,
Dict. édit. 170 j.
MONTE-CORVO. Voyez. Corvo.
MONTE-DESIDERIO , montagne d'Italie, dans le
Siennois, près de Monte-Pulciano. Oh a nommé cette
montagne Monte-Desiderio, parce qu'on prétend que
Didier, dernier roi des Lombards , y cacha tous fes tré-
fors qui étoient fort confidérables. C'eft véritablement
la montagne des defirs de tout le pays. * Labat, Voya-
ge d'Italie , t. 4. p. 8<î.
MONTE- DR AGONE, palais ou vigne en Italie,
aux environs de FrascatL Cette vigne cil; beaucoup
MON 38*
plus considérable que celle qu'on nomme ''igné Bor-
ghèfe. De cette dernière, fituée à un bout de Frascati
du côté du feptentrion , on va à Monte Dragoile par
une allée de lauriers à peu près l'espace d'un mille.
Cette charmante maifon fut bâtie dans un air très-pur
par les foins du cardinal Altaemps.cc augmentée par
Grégoire XIII. Le cardinal Scipion fiorghèfe y alloic
fouvent fe délaiîer de fes pénibles affaires. Le palais a
trois grands corps de logis & quantité de chambres \
en forte qu'on y compte trois cens foixante Se quatorze
fenêtres; Il y a une galerie d'une longueur extraordi-
naire , ornée de diverfes peintures , avec un grand théâ-
tre, des plates-formes, des cours, des vignes , des bois,
d'oliviers , des forêts Se des terres labourables qui en
dépendent', auffi n'y a-t-il point de vigne au tour dé
Rome, qui ait tant de dépendances. Il feroit fort dif-
ficile de faire la description des peintures , des ftucs
dorés, des Statues de prix & des meubles précieux qui
font dans ce fuperbe palais, fans compter les cascades \
les jets d'eau , & la girandole qui envoie un fleu-
ve d'eau vers le ciel , quand elle joue. * Corn. Dict.
E. D. R. Nouveau voyage d'Italie , t. 3.
MONTE- EBA , château d'Italie , eh Toscane, au ter*
ritoire de Sienne , près de la petite rivière d'Albegna ,
dans la Maremme , au couchant de Saturnia.
1. MONTETALCO, petite ville d'Italie, dans l'eût
de l'Eglife, au duché de Spoléte , fur une montagne
près delà rivière de Clitunno, un peu au-deflbus de fa
jonction avec le Rucciano. On prétend qu'elle a é'é
bâtie des ruines de Coccoronne , qui Fut ruinée vers
l'an 1250. Monte-Falco efl principalement célèbre pour
avoir donné la nai (Tance à Sainte Claire : on y voit un
rnonaftere de religieuses de l'ordre de S. Auguflin , où
le cerps de cette fainte , qui y avoit été religieufe , fc
Voit encore tout entier , vetu d'une robe noire, brodée
d'or de de foie, une couronne d'argent dorée fut la
tête avec fon voile noir, fon vifage couvert d'une toile
de foie claire , fes mains nues & demi jointes , & les
doigts ornés de plusieurs riches anneaux , les pieds nuds
& découverts, la peau toute entière , mais féche ôc un
peu noire comme celle des mains , ce qu'on voie
clairement & facilement à travers une vitre. Auprès
du corps efl un petit vafe de cryflal enchaSTé dans de
l'argent : on y garde du fang qui fut tiré de ce faint
corps , lorsqu'il fut ouvert après fa mort. Dans le chœur
des religieufes & devant la grille , il y a un beau Se
riche chef d'argent , qui repréfente la même fainte ;
au bas eft enchaSTé fon cœur qu'on voit ouvert ik éten-
du dans un cryflal & fans aucune corruption depuis
plus de quatre cens ans qu'elle vivoit : à côté efl une
croix d'argent de deux pieds de hauteur , large de quatre
doigts, creufe ik couverte d'un cryflal. Dans le milieu
de la croifée , félon le chanoine Doubdan , Voyage de
la Terre-Sainte , c. 63 , de qui je tire ce récit, il y a
un petit crucifix de chair parfaitement bien formé,
qui fut trouvé au milieu de fon cœur : un peu plus bas
efl un autre morceau de chair qui y fut aulfl trouvé,
fait en forme de fouets , de doux , de lance & de
couronne d'épine : au haut de la croix 8e aux deux
bouts de la croifée , font trois petites boules qui furent
trouvées dans fon fiel. Doubdan ajoute , qu'on dit 8c
que les religieufes lui afTurerent , que par une merveille
inouie ces boules pefent autant l'une que l'autre , qu'une
feule pefe autant que les trois, & que les trois enfem*
ble ne pefent pas plus qu'une ni deux , pour préfenter
le grand amour que la fainte portoit à Jefus crucifié,
8e la grande dévotion qu'elle avoit à la fainte Trinité. *
Magot , Carre du duché de Spoléte.
2.' "MONTE FALCO , bourg d'Italie , dans l'état de
l'Eglife, près de la rivière de Topino , fclon Corneille,
Did. qui cite Maty:il ajoute que ce bourg efl à cinq lieues
de la ville de Spoléte du côté du couchant. Magin ne
connoît point ce bourg. Et il a raifon : c'efl le même
lieu dont il efl parlé dans l'article précédent.
1. MONTE-FALCONE , ou Mont Falcone , félon
Magin , Carte du Friotd , ville du Frioul , avec un châw
teau fur une montagne proche de la petite rivière de
Ponzano, aSTez près du golfe de Triefle , elle àppârrièiJÉ
à la république de Venife avec fon territoire, quoi-
qu'il foit enclavé de tous côtés dans les eeircs de Fenv
386 MON
il ON
pereur. * Baudrand, Dictionnaire , édition de 170J.
2. MONTE- FALCON E , cap de rifle de Sardaigne :
il eft fur la côte occidentale de l'ifle , vis à-vis de l'ifle
Afinara, entre Porto Torre & Argentera. Voyez. Gor-
ditanOM Promontorium. * Magin , Carte de l'ifle
de Sardaigne.
MONTE FANO, ou Saint Silvestre de Monte-
Fano , abbaye d'hommes , chef-d ordre de la congréga-
tion des Sylvétrains , de l'ordre de faint Benoit , en Ita-
lie » dans le diocèfe de Camerino , à deux milles de la
ville de Fabriano , ôc non pas dans la ville même , com-
me 1 avoit avancé la Martinierc.
MONTE-FELTRO. Voyez. Feltro.
MONTE-FERETRUM , ville d'Italie, dans le Pi-
cenum , félon Procope, Goibor. I. 2. Luitprand la nom-
me Mons Fcretratus ôc Oppidum Leonis. C'eft aujour-
d'hui Monte-Feltro. Voyez, l'article Feltro.
MONTE-F1ASCONE, petite ville de l'état de l'E-
glife, en Italie : elle efl bâtie fur une colline au pied de
laquelle , comme je l'ai dit au mot Fiascone , on voit
le lac de Bolfena ; le dôme de la cathédrale fait la
pointe de la hauteur. Le pere Labat, Voyage d'Italie ,
t. 5. p. 36. dit : On appelle Fiasco en Italie une bou-
teille ronde , d'environ une pinte de Paris , & Fiascone,
une bouteille de même figure , couverte de cordons de
paille, gros comme le doigt , & qui tient le double de
la première. Le vin de ce pays-la efl excellent , c'efl le
muscat ou muscarelle , dont on prétend qu'un Allemand
but tant qu'il en mourut. Seroit il hors de railbn de
dire que cette ville a pris le nom des grofles bouteilles
où l'on met cette iiqueur précieufe , ôc qu'étant fituce
Fur une montagne ronde , on ait joint ces deux chofes
enfemble, pour compofer le nom de la ville, ôc l'ap-
peller le mont de la groffe Bouteille , Monte-Fiascone ?
C'efl ma conjecture. De Monte - Fiascone jusqu'à Vi-
terbe , il y a huit milles que l'on t'ait dans une belle
plaine, qui feroit mieux cultivée, fi elle appanenoit au
grand duc de Toscane , car les fujets du pape foni très-
parefïeux. Ils n'ont rien qui les oblige au travail. Leur
fouverain leur demande fi peu de chofe . que ce n'efl
pas la peine de travailler. Voyez Fiascone , qui cil la
même chofe.
MONTE-FISARDO , moivagne d'Palic , au royau-
me de Naples , dans la Calabre Ultérieure, près de
San-Severino. Il en a été parlé au mot Fisardo, ar-
ticle rapporré fur la foi de Baudrand. Je foupçonnerois
presque qu'il y auroit faute , ôc qu'au heu de Fifardo,
il faudioit lire Riscardo. le trouve en effet fur la
carte de Magin, Monte-Riscardo , au voifinage de
San-Severino , en tirant vers le midi occidental. Ma-
gin ne conriou pas Monte-Fisardo. * Carte de la
Calabre Uli ér h ure.
MONTE-FOSCOLO. Voyez. Foscolo.
MONTE-FURADO, château d'Espagne, dans la
Galice , fur la rivière de Burvia , vers les montagnes en
allant d'Orenfe à Arlorga. * Baudrand , Dictionn. édit.
1705.
MONTE-GALLO. Voyez.au mot Gallo 3.
MONTE -GIOVF. Voyez.lvA 2.
MONTE-GIRARO , bourgade de l'ifle deSardaigne,
fur la côte occidenrale , au fond d'une petite baie entre
Aigentera & Porticivolo. * Magin , Carte de Fifre de
Sardniçne.
MON FE-GRADACCHIO. Voyez Gradacchio.
MONTE-GRANARIO , ou Granavo , château de
l'état de i'Eglife , en Italie, dans la Marche d'Ancone ,
vers Ofimo. Ce lieu croit occupé par le peuple Bcre-
grani , dont parle Pline. * Baudrand, Diéb. édif
i~< 5.
MONTE-HIMETTO. Voyez Hymette.
MONTE-IDA. Voyez Ida.
MONTE DE 1LIPULA, montagne dEspagne.au
royaume de Grenade , à deux lieues de la ville de ce
nom , au levant en allant vers Baza , où il y a quan-
tité de ruines d'une ancienne vilie.
MONTE-LATTARIO, montagne d'Italie, au royau-
me de Naples , dans la FiincijmutéCitérieure , au-delà
de h rivière de Sarno , entre Sorrento ôc le mont Som-
jna, '; trois milles de Caliel-à Mare ôc de Lettcrc.
t MONTE -LEONE, ville d'Italie , au royaume
de Naples , dans la Calabre U ltérieure , dans les terres
entre la côte du golfe de fainte Euphémie à l'occident,
ôc le mont Apennin à l'orient. Elle efl au nord de
Mileto , ôc à l'orient de Tropea. Elle efl aujourd'hui
très-petite, parce qu'elle fut ruinée le 17 Mars 1638
par un tremblement de terre. * Magin , Carte de la
Calabre Ultérieure
2. MONTE-LEONE, château de l'état de I'Eglife,
en Italie , dans la Sabine , près de la rivière de Tu-
rano ôc du Poggio fiiint Laurent , au midi de Rieti.
On le nomme aufli quelquefois Monte Leone de la
Sabine , pour*le diflinguer des autres. * Baudrand , Dicl.
édit. de 17CJ.
MONTE DI LEVANQ, montagne d'Italie, dans
l'état de I'Eglife , & dans la Campagne de Rome , vers
la côte de la mer à quinze cens pas de Patrica. * Bau-
drand, DicT:. édit. de 170J.
MONTE- LIBRETTI, château de l'état de I'Eglife,
en Italie, dans la Sabine, avec titre de principaute.il
eft fitué fur une montagne , entre Monte-Ritondo ôc
Nerola, à fix milles de Tivoli au couchant. Ce châ-
teau appartient à la maifon Barberine.
MONTE-MAJELLA, montagne d'Italie, au royau-
me de Naples, dansFAbrufieCitérieure, près de la rivière
de Fescare , félon Baudrand , Dicl. édit. 1 70 f . qui ne
dit point fi elle eft vers la fource ou vers l'embouchure
de cette rivière.
MONTE-MAJOR , bourg d'Espagne , dans FAnda-
louflc , environ à fix milles de Cordoue vers le midi ,
entie Santella à l'occident , & Aguilraà l'orient. Selon
Morales , c'efl YUlia de Ptolomée. * Vaugondy , Atlas.
MONTE-MARANO, Mons Maranus , petite ville
épiscopale d'Italie , fous la métropole de Bénevent ,
dans la Principauté Ultérieure , fur la rive gauche du
Sabato , entre Nusco au levant , ôc Avellino au cou-
chant.
MONTE-MARIO , petite montagne d'Italie , dans
la province du Patrimoine , à un mille de Rome. Cette
montagne eft fort agréable , à caufe du grand nombre
de vignes ou maifons de plaifance qu'on y trouve. * Bau-
drand, Di<ft. édit. 1705.
MONTE-MASS1CO, montagne d'Italie, au royau*
me de Naples , dans la terre de Labour , vers la mer
de Toscane , à l'occident méridional de Carinola. Il
y a une partie de cette montagne qu'on appelle Rocca
di Mondragone. Voyez Massicus. * Magin , Carte d»
la terre de Labour.
MONTE-MAYOR. Voyez Monte-Major.
MONTE-MELONE, château d'Italie , dans l'état
de I'Eglife, ôc dans la Marche d'Ancone , fur une mon-
tagne , entre les rivières Potcntia ôc Chiento, à l'oc-
cident méridional de Macerata. Ce château a été au-
trefois très-confidéi able. On voit fur la montagne beau-
coup de ruines dune ancienne ville. * Magin, Carte
de la Marche d'Anccnc
MONTE DI MEZZO , montagne de l'ifle de Corfe.
Elle eft au milieu de l'ifle , & s'avance jusque vers la
côte occidentale. * Baudrand , Dictionnaire , édition
de 1705.
MONTE-MOR-O-NOVO , ville de Portugal, fur
le chemin de Lifbonneà Badajos. Pour aller de Lifbonne
à Monte-Mor-o-Novo , on traverfc le Tage , ôc ,
paflant au bourg nommé Aldea-Gallega , on arrive à
Monte Mor-o-Novo , qui en eft à douze lieues. Chemin
faifant , on voit un beau chemin fablonncux ,' arrofé de
quelques ruiffeaux , entrecoupé de deux forets de fa-
pins , ôc fort reflemblant aux landes qui font en France
entre Bordeaux ôc Bayonne. Après huit grandes lieues
de chemin , on trouve une bonne hôtellerie nommée
la Venta Nova , bâtie à l'honneur de Philippe II. Quatre
lieues plus avant, on voit Montc-Mor-o Novo , qui eft
en partie furie penchant dune montagne , ôc en partie
dans la plaine , au bord de la rivière de Canha , ôc
défendue par un château qui eft fur la montagne. Cette
ville (b) a quatre paroifïes, avec environ deux mille
habitans, qui jouifîent du privilège de députer aux états.
C'efl la patrie de faint Jean de Dieu , ôc l'on y voit
un couvent de fon inftitution. Il naquît fur la fin du
quinzième fiéele , ôc fut fi touché d'un fermon du cé-
lèbre Jean d'Avila , qu'il réfolut de quitter le monde
MON
MON
pour paffer fa vie dans le fervice des malades. 11 fe re-
lira dans l'hôpital de Grenade , ôc y jetta les premiers
fondcmens de fon inftitut, qui fut approuvé en i;2o
par le pape Léon X. Il mourut âgé de cinquante-cinq
ans, le 8 de Mars 1//0. (a) Délices de Portugal, p.
783. (b) Corn. Dict. Defcr. fumaria del Reyno de
Portugal.
MONTE- MOR-O-VELHO, ville de Portugal,
dans la province de Beira, au couchant de Coimbre.
Elle ell innée fur une éminence au milieu d'une grande
plaine de cinq lieues de longueur. Cette plaine cft bafle
ôc marécageufe , parce que la marée y fait déborder
l'eau du Mondego , de forte qu'on n'y recueille guère
autre choie que du bled de Turquie. La ville eft petite:
elle a pour fa défenfe un château fort fpacieux ôc fort
vafte. Le Mondego qui traverfe la plaine, lui fournit
de bon poiflbn, & la campagne eft. abondante en gibier.
* Délices de Portugal, p. 729.
Cette ville eft: le lieu de la naiflance du célèbre
poète Caftillan, connu fous le nom de George de
Monte-Mayor. Il s'introduifit à la cour de Philippe II ,
roi d'Espagne, à la faveur du talent qu'il avoit pour
la mufique. Il y excelloit au-flî bien que dans celui de
faire des vers. 11 compofa une espèce de roman intitu-
lé, la Diane. Ceft une paftorale eftimée , & qui a été
traduite en diverfes langues. Il mourut dans un âge
fort peu avancé , vers l'an 1560. * Corn. Diér.
1. MONTE -NEGRO, fuite de montagnes, dans
l'Albanie, vers Scutari & fon lac. Il y a fur cette
montagne plufieurs villages de Chrétiens , qui y ont
allez de liberté , quoique fous la puiflance des Turcs.
* Bauirand , Dièt. édit. 1705.
2. AÎONTE-NEGRO, pays de la Syrie, dans fa
partie feptentrionalc . vers la Caramanie & le golfe de
Lajazzo. 11 ell ainfi appelle de la montagne de même
nom , qui en occupe la plus grande partie , ôc qui fe
nomme mieux montagne Neros. Voyez. Montagna-
Neros.
MONTE DI NOVO, château d'Italie , dans l'état
del'Eglife& dans la Marche d'Ancone , au nord occi-
dental d'Ascoli , ôc à l'occident méridional de Montal-
to. * Magin, Carte de la Marche d'Ancone.
MONTE-NOVO, ville de la Servie , dans la partie
occidentale de cette province , entre les rivières Pina
Se Medviegha, au nord occidental d'Iagnievo ôc de
Preftina. * De l'Ifle , Atlas.
MONTE-DE LL'OLMO, bourgade d'Italie, dans
la Marche d'Ancone, près de la rivière de Chiento,
au voifinage de Macerata , en tirant vers l'orient méri-
dional. Quelques-uns croient qu'elle a été bâtie fur les
ruines de l'ancienne PaufuU. * Magin , Carte de la
Marche d'Ancone.
MONTE-OLIVETO, abbaye, chef d'ordre en Ita-
lie , dans la Toscane , au diocèfe d'Arezzo. Elle fut
fondée au commencement du quatorzième fiécle, par
un noble Siennois,appellé Bernard PtoloméeouTolomei,
qui , ayant en feigne à Sienne la jurisprudence civile ôc
canonique, renonça à cet emploi, pour aller vivre fo-
litairement fur une de fes terres , nommée Acona. Il y
attira Ambroife Picolomini ôc Patrice Patrici , qu'il
connoiflbit touchés comme lui de l'amour de la folitude.
Peu de tems après ils fe retirèrent fur le mont dit
des Olives, où la fainteté de leur vie les fît fui vie
d'un grand nombre de perfonnes pour y faire péniten-
ce. Guy d'Arezzo , leur évêque diocéfain, leur donna
l'habit blanc &; la régie de faint Benoît par ordre du
pape Jean XXII. Tolomei mourut de la pelle en 1 348.
MONTE -PATERNO , montagne d'Italie, à une
lieue de Bologne. Elle fait partie de l'Apennin , ôc eft;
fameufe par les phosphores ou pierres de Bologne qu'on
y trouve. Ces pierres font une espèce de talc , de plâtre
ou de pierre à chaux de couleur grife , aflez tendre ,
plus pefante qu'elle ne devroit l'être naturellement par
rapport à fon volume. Ceft après des avalafles confi-
dérables d'eau qu'on les trouve. Quelques endroits de
leur fu perfide raboteufe , qui brillent comme de petits
miroirs , les font découvrir aux payfans. Leur grofleur
ordinaire n'excède guère celle d'un œuf de pigeon. Il
y en a quelques-unes de plus grofies qu'on vend plus
cher. Ces pierres ont befoin d'une préparation adroite
387
pour produire l'effet qu'on en attend , qui eft. de ren-
dre la lumière qu'elles ont reçue , quand après avoir
été expofées quelques momens à l'air , on les met
dans un lieu obscur. Quand elles font bien préparées ,
elles doivent paroître comme des charbons allumés.
Cette lumière dure plus ou moins de tems , félon que
les pierres font bien ou mal préparées , ôc qu'elles ont
été expofées à une lumière plus ou moins vive. Leur
feu elt fans chaleur feniîble. Ce n'ell qu'une lumière
qui ,en s'éteignant peu à peu , ièmble répandre fur la
fuperficie lumineufe une légère pouffiere cendrée qui en
dérobe la vue , ôc à qui on la redonne en l'expofant
de nouveau à la lumière. Lemery donne la manière de
préparer ces pierres dans fon dictionnaire des drogues
(impies, p. 45 8 ; mais il ne nous dit point s'il l'a mile
en pratique , ni d'où il Ta apprife. Les chymiftes de Bo-
logne en font un mylkre , ôc dans le petit nombre de
ceux qui fe mêlent de cette préparation , il n'y en a qu'un
ou deux qui ayent la réputation d'en faire d'excellen-
tes. Ils les vendent très-cher. Celles qui font bien pré-
parées confervent pendant quatre ou cinq ans la pro-
priété qu'elles ont reçue de rendre la lumière. On leur
peut rendre cette propriété en les calcinant de nou-
veau ; c'eft-à-dire , en ouvrant de nouveau leurs po-
res , & les rendant propres à recevoir les parties les plus
fubtiles de la lumière , en afiez grande quantité pour
comprimer les parties élaftiques de la pierre,, ôc les
obliger à la détention de leur rciTort , ôc à pouffer au-
dehors ces mêmes particules lumineufes qu'elles avoient
reçues. Lemery dit qu'on fe fert de ces pierres en façon
de dépilatoire , pour faire tomber le poil des endroits
où l'on ne veut pas qu'il y en ait. Il furfit , fuivant lui ,
de la pulvérifer ôc d'en faire une espèce de pâte claire
ou de boue avec de l'eau pour la pouvoir appliquer fur
ces endroits: il faut dire aufli que toute forte de chaux
produit le même effet. * Labat , Voyage d'Italie, t. 1.
p. 209.
MONTE-PELEGRINO, félon Baudrand , Ditl. édit.
1705. & Monte-Peregrino , félon Vaugondy , Atlas ,
montagne de Sicile , dans ie val de Mazzara , fur la.
côte feptentrionale au nord delà ville de Païenne. Elle
fe nommoit anciennement Erata , ôc il y avoit un châ-
teau de même nom.
MONTE-PELOSO , ville d'Italie, au royaume de
Naples , dans la Balilicate , vers les confins de la pro-
vince de Bari, entre Oppido au couchant & Gravina
au levant. Elle a un évêché qui fut érigé en 1463 par
le pape Pie II fous la métropole de Cirenza , mais
qui eft exemt de fa Jurisdiétion. * Magin , Carte de la
Bafilicate. Baudrand , Maty , Davuy difent que l'évê-
ché de Monte-Peloso fut érigé l'an 1463 par Sixte
IV , ils fe trompent , puisque ce pape ne monta fur le
faint fiége que l'an 1 47 1 .
MONTE-PH1LIPPO , fortereiTe d'Italie, dans la Tos-
cane , près de Porto Hercole , dont elle ell comme la
citadelle , quoiqu'elle en foit éloignée de quelques cen-
taines de toifes. Cette fortereffe eft fur une hauteur con-
fidérable qui découvre Orbitello. Le général Zumzun-
gen , à la tête des troupes de l'empereur , ayant fous
lui d'autres officiers généraux , Ôc entr'autres le comte
de Waldec , inveftit Monte-Philippo en 17 12. La tran-
chée fut ouverte le 22 Mars \ les attaques furent pous-
fées avec vigueur , & foutenues avec une valeur ex-
traordinaire, le chemin couvert fut pris & repiis plu-
fieurs fois; à la fin les alfiégés, n'ayant plus de quoi fe
défendre , fe rendirent à discrétion le 22 Mars : la gloire
jusque-là étoit partagée , mais celle des généraux Al-
lemands fe ternit auflîtôt par leur cruauté. Au lieu
d'avoir quelque confidération pour des gens qui s'étoient
défendus avec tant de bravoure , ils les traitèrent avec
la dernière dureté , en firent mourir quelques-uns ÔC
enfermèrent dans d'étroites prifons le gouverneur &
les trois officiers qui lui étoienr reftés , avec défenfe à
tout le monde de leur donner aucun foulagcment. *
Labat , Voyage d'Italie , t. 4. p. 108.
1. MONTE-DI PLATA , montagne de l'Amérique,
dans l'ifle Espagnole , à la côte du nord , qui fur ainfi
nommée par Chriffophe Colomb , parce que tout fen
fommet lui parut tout blanc , ce qui venoit d'une es-
pèce de pierre dont il étoit couvert.
Tome IV. Ccc ij
588
MON
MON
2. MONTE-DI-PLATA , bourgade de l'ifle Espa-
gnole dans 1 Amérique, formée en i6o<5, des débris
de Pueno-di-Flata auprès de Boya, où le Cacique
Henri s'étoit retiré avec ce qui reftoit dans Fifle de les
anciens habitans. En 1716" , il n'y reftoit plus que
trenre familles espagnoles.
MONTE-POSIL1PPO , montagne d'Italie , au royau-
me de Naples. C'elt proprement une colline fort agréa-
ble , avec quelques petites montagnes fur la côte de
la province de Labour , Se qui fait une espèce de cap
à trois milles de Naplts, en allant vers Pozzuolo.
Magin nomme cette montagne Cabo di Posilippo. *
Baudrand , Dict. eciit. 170;.
MONTE POSTIGLIONE, montagne d'Italie, au
royaume de i-Japlcs , dans la principauté Citérieure ,
près de la rivière de Selo.
MONTE-POZZUOLO , montagne d'Italie , au
royaume de Naples , dans la province de Labour , fur
la côte de la mer entre Pozzuolo Se la ville de Naples ,
vis-à-vis l'ifle de Nifita.
MONTE-PULCIANO, ville d'Italie , dans la Tos-
cane , fur une montagne aux frontières de l'état de
l'Eglife , vers les marais de Chianes , à vingt-huit milles
de Péroufe au couchant , Se à égale diftance de Sienne
au levant d'hiver. Elle eft le fiége d'un évéché qui
ne relève que du pape, & qui fut érigé en ij6i , par
Pie IV. Cette ville fur la patrie du cardinal Bellarmin.
Le terroir des environs de Monte Pulciano produit des
vins merveilleux. * La Forêt de Bourgon , Géog. hift.
t. 2. p. J2f.
MONTE-RABIDA , montagne de Portugal , dans
l'Eitremadoure , fur la côte de l'Océan près du cap de
Spichel, à cinq lieues de l'embouchure du Tage au
midi , Se à égale diftance de Setuval au couchant. *
Baudrand , DicF. édir. 170J.
MONTE-REI, petite ville d'Espagne , dans la Gali-
ce, aux frontières de Portugal. Elle a titre de comté
Se un fort b<iri fur une montagne , au pied de laquelle
coule une petite rivière nommée Tamaga. La cam-
pagne voifine elt couverte de plantages de lin Se de
vignobles fort fertiles , qui rapportent un vin très-dé-
licat ; on y trouve auiîi des mines d'étain fin. * Délices
d'Espagne , p. 141 .
MONTE-R1TONDO , Eretitm, château & bourg
d'Italie , dans l'état de l'Eglife , dans la Sabine , fur une
montagne à deux milles du Tibre Se à dix de Rome au
feptentrion , près de Lamentana. Ce lieu a titre de
duché Se appartient à la maifon Barberine : on y voit
un fort beau palais. * Magin , Carte du Patrimoine.
MONTE-ROSI ou Monte-Rossi. Magin, Carte
du Patrimoine , eft pour la première orthographe ;
Baudrand, Diil. édit. 1705, pour la féconde, Se
Corneille, DiEt. écrit Monte-Roso. C'eft le nom d'un
bourg d'Italie , dans la province du Patrimoine , à moi-
tié chemin de Rome à Viterbe , Se à vingt milles de
chacune de ces villes. Il dépend pour le fpirituel de
l'abbaye des Trois Fontaines proche de Rome , qui n'eft
d'aucun diocèfe.
MONTE-ROSSO, montagne de l'ifle de Corfe fur
la côte occidentale vers le cap de Roflb , entre Calvi
& Aiazzo. * Baudrand , DicF. édit. 1705.
MONTE-SAN-ANGELO (a) , ville d'Italie, au
royaume de Naples ,dans la Capitauate, au nord orien-
tai de Manfredonia dans les terres. Cette ville a quan-
tité de belles églifes (£);on en compte jusqu'à qua-
rante, tant hors de la ville que dans fon enceinte, qui
eft d'environ un mille Se demi. Son château pafle pour
être imprenable. On voit encore dans cette ville une
grande tour qu'on appelle la tout des Géans, & les
relies du temple du dieu Pilumnus, dans la plus bafle
partie de la ville. C'eft la même que Sant Angelo
n° 1, {a) Magin , Carte de la Capitanate. ( b ) Corn.
Dicb.
MONTE-SAN-CIRIACO, cap d'Italie, dans l'état
de l'Eglife , joignant Se au-deflus de la ville d'Ancone ,
avec une forterefle. Magin , Carte de la Marche d'Anco-
ne , le nomme Monte Guasco. Ce cap s'avance aflez
dans le golfe de Venife.
1. MONTE-DI-SAN-GIULIANO , montagne de
Sicile, près de Trapani,dans le val de Mazzara. Voyez.
dans cette lifte des mots Monte , l'article Monte di
Trapano.
2. MONTE-DI-SAN-GIULIANO , montagne d'I-
talie , au toyaume de Naples , dans l'ifle d'Ischia : elle
eft au milieu de l'ifle Se aflez haute.
MONTE-DI-SAN-LUIS , montagne de Portugal ,
dans la province d'Alentejo , félon Baudrand , Ditl.
édit. 1 70/ , qui cite Vasconcellos.
MONTE DI-SANTA-MARIA , château Se bourg
d'Italie , entre l'état du grand duc de Toscane Se le
duché d'Urbin , au voifinage du Tibre Se au midi occi-
dental de Citta di Caftello. Il appartient à fon marquis
ifiu de l'ancienne famille de Monte.* Magin, Carte
du duché d'Urbin.
MONTE-DI-SAN-MARTINO, petite montagne
d'Italie , au royaume de Naples , dans la province de
Labour , & près de la ville de Naples. * Baudrand ,
Dicl. édir. 1705.
• MONTE DI-SAN-NICOLO , montagne d'Italie,
au toyaume de Naples , dans la province de Labour ,
près de Sainte Marie de Capoue, Se le long de la rivière
de Volturno.
MONTE-DI-SANT' ORESTE , montagne de l'état
de l'Eglife en Italie , dans la province du Patrimoine,
près de Sant' Orefte vers le Tibre. Voyez. Sant*
Okeste.
MONTE DI-SAN-PELEGRINO, montagne d'Ita-
lie, dans la Carafagnane : c'eft une partie de l'Apen-
nin. Cette montagne eft rude Se élevée.* Magin,
Carte de la république de Lucques.
MONTE-SAN SAVINO , château d'Italie , en
Toscane , dans le Florentin , fur une montagne près
de la ville d'Arezzo. Il n'eft remarquable que pour
avoir été la patrie du pape Jules III , qui étoit de la
maifon de Cioccha. * Baudrand , DicL édit. 1 705.
MONTE-D1-SAN-SILVESTRO, montagne d'Ita-
lie , dans l'état de l'Eglife Se dans la province du Pa-
trimoine, près du Tibre Se à vingt-fix milles de Rome.
C'eft fur cette montagne qu'eft bâtie la petite ville de
Sant' Orefte , d'où vient qu'on l'appelle fouvent Monte-
di-sant'Oreste.
1. MONTE-SANTO. Voyez, Athos.
2. MONTE-SANTO, petit golfe de l'Archipel;
félon Corneille, Ditl. qui cite Maty. 11 dit qu'on le
nomme aufli Fassio , Se que les anciens l'appelloient
Sinus Singiticus , ce qui eft vtai. De l'ifle , Atlas , ne
nomme point ce golfe qui eft fur les côtes de Macé-
doine , entre celui de Conteflè au nord , Se celui d'A-
jomama vers le midi.
3. MONTE-SANTO, cap fur la côte orientale de
l'ifle deSardaigne, entre le cap de Santa Maria au nord ,
Se celui de l'Arbatache au midi.
MONTE-SARCHIO , bourgade d'Italie, au royau-
me de Naples , dans la Principauté Ultérieure , au mi-
di occidental de Bénevent. Corneille dit , d'après Maty ,
que cette bourgade a titre de principauté. * Magin ,
Carte de la Principauté Ultérieure.
MONTE-SARDO, petite ifle d'Italie, au royaume
de Naples , dans le golfe de Tarente. Ce n'eft pro-
prement , dit Baudrand , Ditl. édit. 1705 , qu'une mon-
tagne avec un village Se un château à fept milles de
Tarente au midi , quoiqu'on la marque bien plus éloi-
gnée dans diverfes cartes récentes. Magin , ni de l'ifle ,
ni Jaillot ne connOiflent point cette ifle.
MONTE-SCAGLIOSO, bourgade d'Italie , au royau-
me de Naples , dans la Bafilicate , avec titre de prin-
cipauté. Elle eft près du fleuve Brandano , & à l'occi-
dent de Genofa. * Magin , Carte de la Bafilicate.
MONTE-DI-SCUTARI , montagne d'Albanie. On
la nomme ainfi , parce qu'elle eft près de la ville de
Scutari Se du lac de même nom. * Baudrand, DicF.
édit. 170J.
MONTE-DI SETIA , montagne fituée dans la par-
tie otientale de l'ifle de Candie , près de la ville de
Setia , & au territoire de ce nom , félon Baudrand ,
Ditl. édit. 1705. Le père Coronelli , Carte de l'ifle de
Candie, met bien des montagnes à l'occident fepteu-
trional de Setia , mais il ne les nomme point.
MONTE-SENARO, monaftere d'Iralie , dans le
Florentin, à deux lieues de Florence. C'eft le chef-
MON
d'ordre des religieux Services, inftitué l'an 1233 , par
fept marchands de Florence.
MONTE-SEVERO , montagne d'Iralie, dans la
Sabine , aux frontières du royaume de Naples , Se de
l'Abrulie , près de la rivière de Turano Se de la ville
de RieficoH l'appelle le plus fouvent Monte della
Moscha.
MONTE-DELLA-SIBYLLA , montagne d'Italie,
dans l'état de l'Eglife, dans la partie méridionale de
la Marche d'Ancone , au nord occidental du lac de
Norfia : c'eft une partie de l'Apennin : on y voit la
grotte de la Sibylle. * Magin, Carte de la Marche
d'Ancone.
MONTE-DE-SINTRA ou Cintra, montagne de
Portugal dans l'Ettrcmadoure , où elle lait an cap qui
s'avance fort dans l'Océan , au-deflbus de l'embouchure
du Tage, à quatre lieue: de Lifbonne au couchant,
près du bourg de Cintra, que l'auteur des délices de
Portugal, pag. 774, appelle ville. La terre, dit cet
.■ dans l'Océan bien loin au-dcia de l'em-
boi" ure du rage, Se forme un promontoire avancé,
que les anciens ont appelle Promontorium Lima ou
Olijîpon ■■,>., <*. les modernes Cabo de Rocca. Ce pro-
montoire cil un rameau dune montagne fort élevée,
qui fe préfente de fort loin aux vaifieaux qui raient
cette côte , nommée autrefois Morts Lima , Se aujour-
d'hui Sintra ou Cintra. A l'un des cô1 es de la mon-
tagne eft une petite ville , qui porte le même nom ,
ficuée derrière Cafcaës , a fept lieues de Lifbonne. Au
fommet de la montagne on voir un beau monaftere
de religieux Hiéronymites , dédié a Nofira Senhora da
Rocc : , c'eft-à-dire a Notre-Dame du Roc , ôc accom-
pagné d'une églife , qui eft un lieu de grande dévotion
où l'on va faire des neuvaines. Le monaftere Se l'églife
font tous deux taillés dans le roc , de même qu'une
hôtellerie deftinée à recevoir les allans & les venans.
Les religieux ont un petit jardin, où il a fallu porter
d'ailleurs toute la terre qu'on y voir. On jouit dans ce
lieu-là d'une vue chatmante ; d'un côté on voit l'Océan ,
de l'autre le Tage , Se des deux autres côtés le con-
tinent où de belles Se riches campagnes fc préfentent
aux yeux Se forment un payfage très-agréable. Au pied
de la montagne ,au-delTus du promontoire , il y avoir
anciennement un temple dédié au Soleil & à la Lune :
on en voit encore les ruines & quelques colomnes
chargées d'inferiptions. Je ne rapporterai que celle-ci.
SoU.ilERNO. 1UNA
PRO. yETERNlTATE. I M P E R I I. ET.
Salute Imp. Cal.... Sept i mil
Sevhri. et. Imp. A u g. C je s. M.
AURELII. AnTONINI.
A U G. 1* I I.
Cjes.
Et JulivC. Aug. Matris. C^s.
Dr us ius. Vaxerius. Cv£lianus.
VlATI. Usi. Au GU S T O R U M,&C.
Au côté de cette montagne, qui regarde l'Océan, il
y a un petit village , nommé Collares , auprès duquel
eft une grotte fort ancienne Se fort longue, au pied
d'un rocher battu des flots de la mer , Se dans laquelle
on dit qu'on a vu de tems en tems des Tritons ou
hommes marins jouans de leur cornet , comme les ha-
bitons de Lifbonne le firent favoir autrefois à Tibère ,
par une ambaffade qu'ils lui envoyèrent à ce fujet. En-
tre ce village Se la montagne eft la vallée de Colla-
res , la plus agréable , la plus délicieufe Se la plus
fertile qui fe puiffe voir au monde. Elle eft longue d'une
lieue , fi bien cultivée Se fi bien plantée d'arbres , qu'elle
nourrit presque toute la ville de Lifbonne par les fruits ,
le bled Se le vin qu'on v transporte de cette vallée.
MONTE-SFREUÉRIO , montagne de Sicile , dans
le Val-Demone, affez avant dans les terres, entre
Meffinc, Randazzo , Franca-Villa Se Caftro-Réale. Les
anciens l'appelloient Mons Neptunius ou Pelorus. * De
l'Ip , Atlas.
MONTE DE LA STELLA , montagne de Portu-
gal , dans la province de Bcira, C'eft une chaîne de
montagnes qui tourne de Coimbre à l'orient , entre les
MON 389
rivières de Mondego Se de Zezare. Anciennement on
la nommoit Hermenus ou Herminius y mais elle eft
différente d'un autre mont Herminius , qui eft dans la
province d'Alcntejo. Le mont Stella ou Hermeno,
donc il eft ici queftion , s'étend en longueur de l'oc-
cident à l'orient jusque dans le voifinage de Cwilbana.
Sur cette montagne, on trouve un lac admirable. Quoi-
qu'il foit à plus de douze lieues de la mer , Se fur le
fommet d'une montagne fort haute , on y voit quel-
quefois des débris de navires ; Se les gens du pays
aflurent que toutes les fois que la mer eft agitée , ce
lac s'agice pareillement , Se avec beaucoup de fracas. *
Délice y de Portugal, p. 73 I.
MONTE-STORACE , bourgade d'Italie , au royau-
me de Naples (a), dans la Calabre Ultérieure, au-
près du torrent de Caftcllane , au nord oriental de Stilo
( b ). Elle a titre de duché , & on y voit un château, (a)
Magin, Carte de la Calabre Ultérieure. ( b ) Corn. DicL.
MONTE-TESTACCIO , colline de la ville de Ro-
me. Elle s'eft ainfi élevée de la quantité de pots cafTés
que les anciens Romains y portoienc , quand ils étoienc
rompus ; car ils ne fe fervoienc pas pour lors d'aurre
vaiffelle que de terre. Elle n'eft encore actuellement ,
dit Baudrand , Dïcl. édit. 170; , que de pots rompus ,
ainfi que je l'ai obferve plufieurs fois. Elle eft ficuée
proche du Tibre , vers la porte Saint Paul ; Se les Fran-
çois l'appellent fouvent le mont Teilace ou des Pots
caffés.
MONTE TIGNOSE , montagne dans la partie oc-
cidentale de l'iflc de Corfe , Se vers la ville de Calvi,
fur la côte. Les anciens la nommaient Tilox. Voyez.
ce mot. Cependant Tilox érok un promontoire qu'on
croit être aujourd'hui Capo Della Canella.
MONTE DI TRAPANO, montagne de Sicile , dans
le val de Mazzara , fur la côte occidentale , près de
la ville de Trapano ou Trapani qui lui donne fon
nom. On la nommoit anciennement Erix. * De l'IJle ,
Atlas.
MONTE-TRUCE, bourg d'Espagne, dans la Vieille
Caftille, dans la contrée de Rioja , près de Rio-Leza ,
ôc proche de la rivière d'Ebre Se de Varea. * Baudrand,
Diét. édit 1705.
MONTE -VALPARAISO , montagne d'Espagne,
au royaume de Grenade , près de la ville de Gre-
nade.
MONTE- DI-UCCELLO, montagne du pays des
Grifons, dans le Rhinwald. Elle eft couverte déglaces
erernelles, ou de glacières de deux lieues de long, S-l
d'où fprtent divers ruifiéaux , au deffous d'un endroit
fauvage qu'on nomme Paradis , apparemment par iro-
nie. Tous ces ruiffeaux fe jettent dans un lit profond,
&: forment le Haut-Rhin. Les Allemans nomment cette
montagne Vogehbcrg , Se les François l'appellent le Mont
de POifeait ou Saint Bernardin. * Etat & Délices de
la Suijje , t. 4, p. 29.
MONTE-DI-VENZONE , montagne d'Italie, dans
le Frioul . au pays de Cargna on Carnia , près de la
ville de ce nom Se de la rivière de Tajamento. * Bau-
drand , Diét. édit. 1705.
1. MONTE-VERDE, petite ville d'Italie , au royau-
me de Naples ( a ) , dans la partie orientale de la Prin»
cipauté Ultérieure, aux confins de la Bafilicate, fur la
rivière Ofanto , au midi oriental de Cedogna , Se à
l'orient feptentrional de Melfi. Cette ville a un fiége
épiscopal ( b ) fuffragant de l'archevêché de Compfa ;
mais il eft uni à perpétuité à l'archevêché de Naza-
reth, (a) Magin, Carte de la Principauté Ultérieure.
{b) Baudrand, Diét. édit. 1705.
2. MONTE-VERDE , bourgade d'Italie, au royau-
me de Naples, dans le comté de Moliffe, aux confins
de la Capitanate. * Magin , Carte du comté de Mo-
liffe.
MONTE-VERGINE , château d'Italie, au royaume
de Naples, dans la Principauté Ultérieure, entre Noie
Se Bénévcnt , avec une belle abbaye , qui eft le chef de
l'ordre de ce nom , Se qui fut fondée par faint Guil-
laume, religieux de l'ordre de faint Benoît. C'eft l'an-
cien lieu appelle Ad Matrem magnam , d'autres difent
que c'eft Cthele. * Baudrand , Dict. édit. 170J.
MONTE-VISARDO, montagne d'Italie, au royaume
MON
39°
de Naples, dans la Calabre Ultérieure, au midi
occidental de Santa Severjna , Se au nord oriental de
Policaftro. * Magin, Carte la Calabre Ultérieure.
MONTEBOURG , bourg de France , dans la Nor-
mandie , au diocèfe de Coutanccs ■■, il eft à une lieue de
Valogne , Se à quatre de Carentan , Se confidérable par
une belle abbaye de l'ordre de faint Benoît. Voici ce que
dit Cenalis de cette abbaye : Montanoburgum Çœnobïum ,
gallicè Montebourg , à Roberto Santta Crucis extruttum,
qui & ipfe primus Cœnobiarcha prafuit. Inchoavït hu-
juscemodi Çœnobïum Henrïcus Anglorum rex, & Radul-
phi Renïeri cnftodiœ fideique commïfu , qui cura illius re-
ceptâ locum ïllum ampliavit & auxit. Le père du Mon-
ftier nomme aufli ce même Renier pour fondateur de
cette abbaye : Montisburgus , dit-il, gallicè Montebourg ,
tempus fundationis hujus ad annum 1090. Balduinus
de Renier e virflrenuus & inclitus fundator illius agnosci-
tur , Guillelmus Rufus & Henricus I, reges AnglU >pr&-
c'ipui illius abbatial, benefatlores. On tient tous les fame-
dis à Montebourg un des plus beaux marchés de tout le
Cotentin. * Corn. Dict. Vaudome. Mémoires manu-
ferits.
1. MONTECCHIO, ville d'Italie s dans la partie
occidentale du duché de Reggio , près du Lenza , aux
frontières du duché de Tarme. Je crois que c'eft cette
même ville que Corneille , DiEl. nomme Montechino. Il
ajoute qu'elle a titre de marquifat,& qu'elle eft aflez gran-
de Se allez forte. * Magïn , Carte du duché de Modène.
2. MONTECCHIO , château d'Italie , dans la Mar-
che d'Ancone (a) , à huit milles de San-Severino , en
allant vers Ofimo. Il eft bâti ( b ) fur les ruines d'une an-
cienne ville du Picenum Se nommée Trea, Treia, Traja
& Trajana.(a) Magin, Carte de la Marche d'Ancone. (b)
Baudrand , Dict. éd. 1705.
MONTECH , petite ville de France , dans le Haut-
Languedoc ( a ) , près de la Garonne , à deux lieues de
Montauban. Cette ville eft recommandable pour avoir
été la patrie d'Arnauld Sorbin , dit Sainte-Foi , l'un des
plus célèbres prédicateurs de fon rems. Il fut ( b ) celui
des rois Charles IX , Henri III , Se Henri IV , & nom-
mé à l'évêché de Nevers en 1578. Ce prélat né en 1552,
remplit les devoirs de l'épiscopat avec autant de zèle que
de fagefle , Se mourut le premier de Mars 1 606. (a)
'André du Chesne , Antiq. des villes de France , p. 514.
( b ) Corn. Dict.
MONTECLAIR , château de France , dans la Cham-
pagne , diocèfe de Langres , élection de Chaumont , fur
le haut d'une montagne la plus élevée de tout le pays.
François 1 Se Henri II , l'avoient fait fortifier pour fer-
vir de frontière à la Lorraine. Il eft à préfenr ruiné. * Du
Chesne , Antiq. des villes de France , p. 3 26.
MONTECLAR , petite ville de France , dans le du-
ché d'Aiguillon , au voifinage de la rivière de Lot , à la
droite , vis-à-vis de Sainte Livrade , Se au nord oriental
de Caftelmoron. * Blaeu , Atlas.
1. MONTEGUT, ville de France , dans l'Auvergne ,
élection de Riom.
2. MONTEGUT SUR CHAMPEUX , bourg de
France , en Auvergne , élection de Riom.
MONTEJAN , bourg de France , avec château ,
dans l'Anjou , élection d'Angers. Ce bourg eft finie fur
le bord de la Loire. C'étoit une place confidérable dès
le dixième fiécle. Les Normans s'en emparèrent en 924 ,
Se elle fut reprife fur eux. Il y a aux environs des mines
de charbon de terre.
MONTEIL ( Le ) , bourg de France, dans la Marche,
élection de Gueret. C'eft une paroifïe fituée dans un
pays de montagnes , Se dont le terroir eft pourtant fort
bon.
MONTELIMAR, ville de France , dans le Bas-Va-
lentinois , à deux lieues de Viviers. Le nom de Monte-
limar vient du mot Monteil-Aimar ou Ademar , qu'on
donnoit autrefois à des feigneurs. Cette ville a eu fes fei-
gneurs indépendans de toute autre puiflance que de celle
des empereurs depuis l'onzième fiécle. On voit que
Monteil avoir un feigneur, nommé Hugues Adhemar, en
1076, Se qu'il laifla plufieurs enfans , dont l'aîné Gé-
raud Adhemar fut feigneur de Monteil : un de fes frères
Adhemar étoit évêque du Puy , Se légat apoftolique à
la première croifade , fous Godefroi de Bouillon. Dans
MON
la fuite on voit toujours dans les actes de la ville de Mon-
teil , nommée Montelium Adhemari , d'où eft venu le
nom de Montelimar. Longueruey Defcr. de la France
parr. I p. 332.
Elle fut affranchie de tout tribut & de toute impofition
par fes feigneurs en 1198. Dansla fuite les feigneurs de
Monteil, qui avoient befoin d'un protecteur voifin d'eux,
firent hommage aux comtes de Valentinois , fans déro-
ger à leurfouveraineté. Ils avoient même reconnu les
dauphins , fans s'affujettir , pour cela , par un droit réel
Se perpétuel. Cette terre , dans le quatorzième fiécle ,
fut tenue par deux feigneurs descendus de la maifon des
Adhemars , qui reconnoiffoient alors pour fupérieur au
temporel l'évêque de Valence , moyennant une récom-
pense. L'an 1360 , les habitans de la ville, avec un
de leurs feigneurs , fe rendirent vaflaux de l'Eglife Ro-
maine ,8c l'autre feigneur de Montelimar, qui préten-
doit reconnoître le comte de Valentinois , fut obligé de
fuivre l'exemple de fon co-feigneur , & l'inclination de
fes vaflaux ; de forte que Louis Adhemar , feigneur de
Monteil, fit folemnellement hommage à Grégoire XI
dans la ville d'Avignon en 1372 ; mais dès que ce pape
fe fut retiré à Rome , les feigneurs de Montelimar fe
' mirent fous la protection du roi , d'auphin de Viennois ,
malgré les oppofitions du comte de Valentinois. Clé-
ment VII , qui prétendoit au pontificat contre Urbain
VI , étant venu demeurer à Avignon , fe remit en pof-
feflion du droit acquis par fes prédécefleurs Innocent Se
Grégoire , Se changea avec d'autres biens ce que Géraud
Adhemar avoir en propre dans cette feigneurie , où le
pape établit des juges Se des officiers. Le dauphin Louis ,
qui fut enfuite roi fous le nom de Louis XI , défap-
prouva l'échange ; Se dans le tems qu'il demeuroit dans
le Dauphiné ; Se que n'étant encore que dauphin , il ra-
cheta en 1448 , les biens que le pape avoir donnés à Ad-
hemar pour récompenfe, les rendit au faint Siège , Se
demanda la reftitution de Montelimar. Nicolas V con-
fentit au traire , Se le dauphin fut mis en poflefllon de
cette ville & de fes dépendances , qui font aujourd'hui
partie du duché de Valentinois. * Corn. Dict. Mémoires
drejjésfur les lieux*
La ville de Montelimar eft affez peuplée, marchande;
& fituée dans une plaine fertile qui aboutit à une émi-
nence, fur laquelle eft une ancienne citadelle où l'on
fait la garde jour Se nuit. Cette ville eft un grand paflage
pour la Provence Se pour l'Italie. Pierre-Late , qui n'en
eft éloignée que de rrois lieues, eft la dernière ville du
Bas-Valentinois , d'où l'on entre dans la principauté d'O-.
range , Se dans le comté d'Avignon.
Les habitans de Montelimar furent des premiers qui ,'
dans le feiziéme fiécle, embraflerent les erreurs de Cal-
vin. Ils excitèrent une fédition en 1 j6o , Se les plus cou-
pables furenr punis. En 1567 , cette ville ambrafla en-
core le parti des Réformés. Après la bataille de Mon-
contour , qui fe donna deux années après , l'amiral de
Coligni affiégea Montelimar fans la pouvoir prendre.
Le connétable de Lesdiguieres l'emporta en i;86,& elle
lui fur enlevée quelques rems après par le comte de la
Suze. Le premier la reprit par le moyen du château que
l'on força. Ce fut lui qui renta le temple des Réformés,
qui étoit fameux, & qui fut abbatu quelques annéesavant
la révocation de l'édit de Nantes. Il a eu de célèbres mi-,
niftres , entre lesquels on compte Charnier.
Deux petites rivières ou ruifleaux , nommés Robiou êc
Dabron, baignent les murailles de la ville ; ils viennent
des montagnes, & forment quelquefois des torrens quf
vont fe perdre dans le Rhône , qui n'eft éloigné que d'un
quart de lieue, lly a un chapitreaflezeonfidérablequi pré-
tend ne relever que du pape : mais l'évêque de Valence
prérend que cette églife eft de fa jurisdidion , parce
qu'elle eft de fon diocèfe. Les Capucins Se les Récollets
y ont des couvens qui font les plus beaux de la province.
Les dames de fainte Marie & les religieufes de fainte
Urfule y ont aufli leurs maifons , qui font remplies de
beaucoup de filles de qualité.
MONTEMOR ou Monte Maior el Nuevo. Voyez.
au mot Monte , l'article Monte-Mor-o-Novo.
MONTEMOR ou Monte-Mor-oVelho. Voyez, ay
mot Monte, l'article Monte-Mor o-Velho.
MON
MON
MONTENAY , bourg de France , dans le Maine ;
élection de Mayenne.
MONTENDRE , bourg de France , dans la Sain-
tonge, élection de Saintes, avec titre de Marquifat. iJ
y a auprès de ce lieu une fontaine d'eau minérale limpi-
de Se tins faveur.
MONTE-NSiS ou Montenus , fiége épiscopal d'A-
frique , dans la Numidie. Dans la notice épiscopale d'A-
frique , Valentianus clt qualifié Episcopus Monteufis ,
Se la conférence de Carthage, «°. 122, fait mention de
Donatianus Episcopus Montenus. Le père Hardouin pré-
tend que Montenus eft un fiége différent.
MONTENUS. Voyez. Montensis.
MONTERAMO , abbaye d'hommes , ordre de Cî-
teaux , de la congrégation de Caftille , en Espagne , dans
la Galice , au diocèfe d Orenfe.
MONTEREAU-FAUT-YONNE , ville de France ,
en Champagne , entre Sens Se Melun , à l'endroit où
l'Yonne fe jette dans la Seine (a). Son nom latin eft
Monafteriolum Semnurn , à caufe du petit monaltcre de
Saint Martin qui y eft fitué , Se où il n'y a plus de moines
depuis long-tems. Quelques-uns ont appelle cette ville
MoNTE-REAuFouRcd'YoNNE ( b ) , parce que 1 Yonne
en cet endroit fe fépare de la Brie Se de la Bourgogne en
forme de pied- fourchu. Montereau-faut- Yonne a eu
long-tems fes feignenrs propriétaires ( c ). Philippe le
Bel l'acquit par échange du feigneur d'Auquoi , Se Cho-
pin , au feptiéme chapitre du domaine , affure qu'il en
a vu la chartre -, ce qui fe peut entendre de la feigneurie
utile: car l'hiftorien Nicole Gilles, dit que Thibaut, comte
de Troyes , s'étant révolté contre le roi faint Louis , fut
obligé de lui céder Montereau-faut- Yonne Se Bray-fur-
Seinc , qui furent pour lors unis au domaine. Le château
qui eft fort ancien,ert enfermé entre la Seine Se l'Yonne.
Comme cet endroit cd un très-beau pays de chaffe , nos
rois y alloient fouvent , Se c'étoit une de leurs principa-
les maifons de plaifance ( ci). On prétend que l'églife
de Notre Dame eft l'églife du monaltere qui a donné le
nom à la ville , que le doyenné , ou la mai fon du doyen ,
porte encore aujourd'hui le nom de Prieuré , & que l'en-
ceinte du clo'ure où les chanoines demeurent, reffemble
beaucoup à un monaftere. Ce fut fur le pont de cette
ville , que fut tué d'un coup de hache , par Tanneguy
du Châtel, le 10 Septembre 141$, Jean, duc de
Bourgogne » dit l'Intrépide ou fans Peur , fils du duc
Philippe , dit le Hardi , ce qui fe fit par le commande-
ment du dauphin de France , depuis roi fous le nom de
Charles VII , qui l'avoir attiré en ce lieu fous prérexte
d'une conférence qu'il vouloit , difoit-il , avoir avec lui ,
Se pour fe venger de l'affaffinat qu'avoit fait faire à Paris
le même duc de Bourgogne , de la perfonne de Louis ,
duc d'Orléans, fr'ere du roi Charles VI , en l'année 1407.
La dame de Grar , maîtreffe du duc de Bourgogne , l'a-
voit engagé à cette conférence , en laquelle Tanneguv
du Chatel , qui avoit été le favori du duc d'Orléans affaf-
finé , fit une querelle d'Allemand au duc de Bourgogne ,
& en lui reprochanr qu'il ne rendoit pas au dauphin le
refpcét qu'il lui devoit , lui donna un coup de hache fur
la tête , dont il mourut , Se fut inhumé avec ks habits
dans l'églife de Notre-Dame, devant l'autel de faint
Louis ,• mais peu après on enleva ce corps , qui fut pot ré
à la Chartreufe de Dijon , où fe voit encore fa tête avec
la marque de la blefiure. On prétend que le roi Fran-
çois I , voyant cette tête > fut furpris d'y voir un fi grand
trou , Se qu'un Chartreux lui repondit : Sire , c'eft le trou
{*u" où les Anglois ont paffé en France, (a) Longuerue ,
Defc. de la France , part. 1. p. 28. ( b ) Baugier , Mém.
de Champagne , p. 374. (c ) Longuerue , paît. 1. p. 29.
( d ) Baugier , pag. 374.
Le commerce de l'élection de Montereau-faut-
Yonne fe fait en bleds, qu'on vend à Paris , en denrées
dont la principale eft le fromage , & en draps qu'on fa-
brique dans une petite manufacture établie à Dormeil-
les.
MONTEREUL L'ARGILE , bourg de France , dans
la Normandie , au diocèfe de Lifieux , dans l'élection
de Bernay. C'eft le fiége d'une jurisdiclion.
MONTERMOYEN , en latin Monaflerïum Media-
num , monallere que fainte Euftadiole bâtit en France,
dans la ville de Bourges, du contentement de Tétrade ,
fon mari , & dont elle fut Ja première abbefie au feptié-
me fiécle. Il a été détruit.
MONTERRE-SILLY , bourg de France, dans lé
Poitou , élection de Loudun.
MONTERY , paroifle de France , au diocèfe dé
Meaux , dans l'archidiaconué de Brie , Se doyenné de
Créci : cette terre appartenoit à l'abbaye de Saint Maur
des Foffés-, dès le neuvième fiécle. D'anciens titres de
ces tems l'appellent Mous Hairici. Elle eft fur le rivage
gauche du Morain , à demi-lieue de la Marne. Ce lien
dependoit de la paroifle de faint Germain de Couilli ;
mais Thibaut, abbé de faint Maur, obtint d Hugues,
abbé de faint Germain des Près , dont dépend Couilli ,
la permiffion d'y coiniruire une églife pour la com-
modité des habitans. Hugues voulut que le fonds où
feroient bâti l'églife & la maifon du curé , fût à perpé-
tuité du domaine de l'on abbaye, Se que l'abbé de faint
Maur donnât au nouveau curé trois muids de bled Se
trois muids de vin. L'aétc rapporté dans l'hiftoire de
cette abbaye , preuve 49 . eft de 1134, ou environ,
Se le nom du lieu y eft déjà altéré en celui de Mun-
tericus. En 1 1 8j , Simon, évêque de Mcàux , Céda à
Foulques , abbé de faint Germain , la préfentation de
cette cure : lune des conditions étoit que le curé de
faint Germain fous Couilli defferviroit fà cure une
femainc, Se celle de Montery la fuivante ; que le curé
de Montery feroit la même chofe à faint Germain , s'ils
n'aimoient mieux defiervir leur cuire chacun en parti-
culier fans alternative. Adam de Nanteuil donna à li
même abbaye en 115)4, beaucoup de biens finies à
Montery, à l'occafion de la profelTion monaltique qu'E-
tienne, ibn fils,& Eudes, fon frère , y firent. * Hifl. de S.
Germain des Prés & autres.
MONTES AERII. Diodore de Sicile, ver* la fin
du livre quatrième , donne ce nom à des montagnes
de Sicile \ mais le texte grec au lieu dAerii porte E"p« ,
Se dans quelques manuferits on lit Eraca , Ëpaià.; Fazel
prétend qu'on nomme aujourd'hui ces montagnes,
Montisori. * Ortehi Thef.
MONTES DE EUROPA. Les Espagnols, dit Cor-
neille , Dut. appellent ainfi des montagnes fort rudes
Se presque incultes , qui font entre les Afturies d'O-
viedo Se de SantilLma , fur les frontières du royaume
de Léon. Il ajoute que ces montagnes , félon Rodrigue
Mendez Syka , font partie de celle des Afturies.
MONTESA , ville d'Espagne, au royaume de Va-
lence, à deux lieues de Xativa (^),vers le couchant.
On la regarde comme une fortereffe imprenable. C'eft.
le fiége d'un ordre de chevalerie qui en porte le nom ,
Se qui fut établi en 1317, par Jacques II. roi d'Arragon.
Les ftatuts de cet ordre militaire étoient presque les
mêmes que ceux de l'ordre de Calatrava. Les chevafers
de celui de Montefa, qu'on apnelloit les Frères de Notre-
Dame , avoient de grands revenus dans les états d'Ar-
ragon , de Valence Se de Catalogne ( b ). On les dis-
penfa de porter l'habit religieux , pourvu qu'ils euffent
une croix de gueules fur l'eftomac ; Se on leur donna
pour chef un grand-maître. ( a ) Délices d'Espagne ,
p. j 57. {h ) Mariana , L. 1 j . c. 16.
MONTESPAN , baronnie de France , dans les Pyré-
nées , à la droite delà Garonne, dans l'élection de Com-
minges.
1. MONTESQUIEU, bourg de France, dans lé
Querci, élection de Montauban.
2. MONTESQUIEU , bourgade de France , dans
l'Armagnac. Il y a dans ce lieu un Prieué , dont lé
prieur fait nombre parmi les dignités du chapitre de
l'églife métropolitaine d'Aufch.
1. MONTESQUIOU , ville de France, dans le
Haut Languedoc, recene de Rieux , Se appellée de
Volvestre , parce qu'elle eft fituée dans un petit pays
de ce nom. Montesquiou fut alfiécée & prife en 1586,
par le maréchal de Joyeufc. Elle fut faccagée Se brûlée.
Les Calviniftes qui l'avoient défendue fe plaignirent
qu'on violoit la capitulation ; mais les Catholiques leur'
répondirent, qu'on ne leur avoit ptomis autre chofe
que la confervation de leurs vies & de ce qu'ils pour1
roient emporter avec eux. Le parlement de Touloufe
fit défenfe de rebâtir Montesquiou, & les états de I2
province attribuèrent à Montgçaid, petite ville du v<->
MON
392
nage le droit d'entrée que Montesquiou y avoir. Mon-
tesquiou a pourtant été rebâtie depuis , mais il s'en
faut de beaucoup qu'elle foit auffi grande qu'autrefois.
* Piganwl, Defcription de la France, tom. 4. pag.
2. MONTESQUIOU, petite ville de France, dans
le Haut-Languedoc au diocèfe de Touloufe, dans la
fénéchauffée & comté de Lauraguais. Elle députe à
■fon tour un diocéfain aux états.
MONTET-AUX-MOINES , paroiffe de France ■>
dans le Bourbonnois , élection de Mont-Lucon , fur
une hauteur. C'éroit autrefois une ville qui a été ruinée.
Il y a dans cette paroiffe an prieuré , un marché cha-
que femaine ôc foire quatre fois par an. Le terroir eft
affez bon.
1. MONTFORT , bourg de France , dans la Nor-
mandie , au Rumois , avec un pont fur la Rille , à
neuf lieues de Rouen &de Lifieux,àcinqde la Bouille»
à trois de Pont-Audemer , à deux des abbayes du Bec
& de Corneville, &c immédiatement entre Glos &c
Annebaut, en latin Nions fortis. La paroiffe de Mont-
fort , fuuée dans une vallée , reconnoît Saint Pierre pour
patron. Les officiers de la vicomte de Pont-Audemer
y viennent tenir la jurisdiction. 11 y a un monaftere
de religieufes de FAnnonciade , gouverné par des-Cor-
deliers. L'églife eft d'un deffein affez fingulier. Huit
piliers dans le milieu de cette églife portent une cou-
pole de figure octogone & une tour couronnée , auffi
octogone , & qui eft élevée au-deffiis de ce petit dôme,
dont les arcs & les dehors ornés de pyramides , pro-
duifent un très bel effet. On voit fur la côce les ruines
d'un grand château qui étoit fortifié , & qui défendoit
autrefois le paffage de la vallée. * Corn. Diction. Mé-
moires manuscrits,
2. MONTFORT, ville de France, dans la Haute-
Bretagne fur le Men , à cinq lieues de Rennes au nord
occidental , avec titre de comté depuis Louis XII. Elle
eft de 1 évèché de faint Malo. Elle eft quelquefois fur-
nommée la Canne, & l'on en peut voir la raifon
fabuleufe dans la nouvelle hiftoire de Bretagne. La ville
de Montfort a toujours eu de puiffans feigneurs , que
le nouvel hiftorien de la province fait connoître depuis
Raoul de Gael , qui acheva de la bâtir , fur la fin du
onzième fiécle , & ils fe font toujours fuccédé par al-
liance. Elle appartient aux comtes de LaVal , qui d'a-
bord fe qualifioient vicomtes, parce qu'ils étoient fans
doute lieutenans du comte de Rennes pour une partie
de fon comté, & aujourd'hui ils fe dii'ent comtes de
Montfort & vicomtes de Rennes ; ce qu'ils font feulement
depuis qu'ils font comtes de Laval , & fans qu'il y ait
eu d'érection. Montfort fut presque détruite en 1190,
durant une guerre, entre Richard, roi d'Angleteire , &
Philippe Augufte, Il y a une abbaye d'hommes de
l'ordre de Saint Auguftin fous le titre de Saint Jacques ,
fondée par le comte de Montfort l'an iiji. * Jaillot,
Atlas.
3. MONTFORT, petite ville de France, dans l'Ar-
magnac , avec juftice royale.
4. MONTFORT, ancienne fortereffe de la Lor-
raine , dans le diftrift de la paroiffe de Rémoncourt ,
au bailliage de Vosges.
;. MONTFORT, ville des Pays-Bas {a), dans la
province d'Utrecht fur l'Iffel , à deux grandes lieues
& demie d'Utrecht , & à une lieue & demi d'Oude-
water en Hollande. Cette ville n'eft pas fort grande ,
mais elle eft belle , propre & affez forte. Elle fut bâtie
(b) par Godefroi , évêque d'Utrecht, qui en fit un
boulevard contre les Hollandois. Il y a un château
ancien , grand & magnifique , mais qui eft fort négligé.
(a) Diction, géograph. des Pays-Bas. (b) Blaeii ,
Atlas.
6. MONTFORT, bourg des Pays-Bas, dans la
Gueidre, fur le bord fepteutrional d'un marais, entre
la Meufe & le Roer, à deux lieues de Ruremonde
du côté du midi , &c à l'orient méridional de Wefem.
* Jaillot , Atlas.
7. MONTFORT , comté d'Allemagne , dans le Ti-
rol, au Rhinthal. Il eft borné au nord &c à l'orient
par le comté de Bregentz , au midi par les comtés de
£onenberg Se de Feldkirck , & à l'occident par le pays
MON
des Suiffes. Ce comté raifoit autrefois partie du pala-
tinat de la Haute Rhetie , & a été appelle de la forte
d'un château de même nom, qui eft fur la frontière
des Suiffes , & le chef-lieu de ce comté. Voyez, l'article
fuivant.
8. MONTFORT, château d'Allemagne, dans le
Tirol , le chef-lieu du comté de Montfort , à une lieue
&c demie du Rhin. Ce château eft la réfidence ordinaiie
du comte, qui polléde auffi les feigneuries de Tef-
nange 8c d'Argen. La maifon de Montfort, l'une des
plus anciennes & des plus confidérables de Suabc , des-
cend des comtes palatins de la Haute-Rhctie , & poffé-
doit autrefois une vaite étendue de pays. Les archiducs
d'Auuicheen ont acheté la meilleure partie. * D 'Au-
dijfrct , Geogr. t. 4.
MONT-FORT-PRES-D'ACQS , bourg de France ,
dans la Gascogne , élection des Lannes.
MONTFORT- L' AM AL LR Y, en latin Mons-fortis-
Amalrkï , petite ville de Fiance, dans rifle de Fiance ,
à dix lieues de Paris au couchant , fur une petite colline
où eft encore un château ruiné. Elle a été furnommée
FAmaulry d'un de lés feigneurs , tige d'une cl libre
maifon, qui a commencé par un Amaulry , fils de Guil-
laume de Hainaut , félon Orderic Viral. Le continua-
teur d'Aimoin veut qu'Amaulr.y l , feigneur de Mont-
fort , ait été fils de Robert le Pieux , & d'une dame
de Nogent , qu'il avoit époufée. Comme ce mariage eft
fabuleux , & qu'il eft confiant que Robett , après ave ir
répudié Berthe , époufa Confiance qui lui furvécut : du
Tillet a deviné qu Amaulty étoit bâtard ; mais le té-
moignage d'Orderic Vital, qui vivoit au commencement
du douzième fiécle , & qui étoit voifin des comtes de
Montfort qu'il connoifioir, doit être préféré. Mont-
fort-1'AmauIry eft le chef-lieu d'un comté, dont les
comtes font célebf es dans l'hifte ire ; entre aurres , le
comte Simon de Montfort , qui conquit Touloufe ôc
la plus grande partie du Languedoc fur les Albigeois.
Ce comté tomba par mariage dans la maifon royale
de Dieux, & Jean portoit le nom de Montfort, lors-
qu'il conquit le duché de Bietagne fur Charles de
Blois. Le comté de Montfort appartenoit à la reine
Anne , ducheffe de Bretagne , & par la reine Claude , fa
fille, il vint à François I , & à fes enfans , fous lesquels
Montfort fut réuni à la couronne. Le feu roi Louis
XIV , ayant échangé Montfort-l'Amaulry avec la plus
grande partie du duché de Chevreufe , & ayant érigé
Montfort en duché, le fils du duc de Chevreufe prit
le nom de duc de Montfort ; mais peu de tems a^rès
la mort de ce duc, la terre fut vendue au comte de
Touloufe, amiral de France. * Longuerue, Defcription de
la France , part. I. p. 26.
Il y a à Montfort-l'Amaulry un chapitre de fept pré-
bendes , qui ne font que de cent livres chacune, un
bailliage royal , dont le bailli eft de robe-courte , un
bailliage ducal, une élection , un grenier à fil , une
maîtrife particulière des eaux Se forêts & une maré-
chauffée. Les appellations de ces deux bailliages font
portées au Parlement de Paris.La juftice ferendfuivantla
coutume particulière de Montfort-l'Amaulry, qui fut
rédigée en 1556. On fait à Montfort commerce de
bleds , d'avoines , de vins , de cidres , de fruits & de
bois. Ce dernier eft le plus confidérable, & fe fait
principalemenr à Verfailles. * Piganiol, Defcription dé
la France , r. 3. p. 34.
MONTFORT-LE-ROTROU , petite ville de France,
dans le Maine , fur la rivière d'Huisnes , à trois licifcs
& demie du Mans. Elle a été furnommée le Rorrou ,
à caufe de Rotrou , feigneur de Mont , troifiéme fils de
Rotrou , comte de Montagne , qui fit bâtir le château
de Montfort. La terre , qui porte le titre de marquifat ,
appai tient à préfent au marquis de Montfort, du nom
de Breffeau. La jurisdiction de ce marquifat s'étend fur
trente paioiffes. * Piganiol , Defcription de la France ,
t. f. p. ;o2.
MONTFORT-SAINT JACQUES , abbaye de Fran-
ce, dans la Bretagne, évêché de Saint Malo, dans la
ville de Montfort-la-Canne. Elle eft de l'ordre de faine
Auguftin. Guillaume de Montfort, fécond fils de Guil-
laume , mit la première pierre du fondement de l'églife
en
MON
MON
en 1 1 ji , le premier de Mai jour de feint Jacques.
Voyez, ils preuves de l'hiftoîre de Bretagne.
MONT FORTE, ville de Portugal, au nord du
Douère , au fud-oueft de Vinhaes, fui le penchant d'une
montagne extrêmement haute, avec un château fermé
de murailles , fortifié de deux baftions , & ceuvert d'une
demi-lune d'un côté. * Délites de Portugal , p. 7 1 7.
MONT- FORTE DE LEMOS -, ville d'Espagne ,
dans la Galice , au milieu d'une vafte plaine , à l'orient
du Minho , fur une montagne qui s'élève au milieu de
la plaine. Elle eft la capitale du comté de Gomarca de
Lemos , Se le fiége des comtes de ce nom. Ils y ont
un magnifique palais , dont la vue eft charmante , Se
s'étend bien loin aux environs, de quelque côté qu'on
fe tourne. La petite rivière de Cabe mouille le pied
de la montagne, Se paffe au-defibus- du Palais. On dit
que cette ville a été bâtie par les Grecs , & l'on pré-
tend qu'encore aujourd'hui les habitans retiennent quel-
que chofe des qualités de leurs fondateurs > favoir , la
bravoure jointe à la vivacité d'efprit. Outre la fertilité
de leur terroir , ils ont encore des manufactures de foie
qui font d'un grand revenu. Quelques-uns croient que ,
.c'eft l'ancienne Daclonium. On voit dans cette ville ,
qui a titre de grandeffe , une belle abbaye du titre de
Saint Vincent des Bénédictins de la congrégation de
Valladolid , avec un collège de Jéfuites. L'abbé de S.
Vincent , qui eft archidiacre de Lugo , jouit de la juris-
diclion épiscopale fur trente-deux paroifles fans comp-
ter celles de la ville. * Délites de Portugal , p. 140.
MONTGOMERY , ville ^'Angleterre , au pays de
Galles, Se la capitale de Montgomeryshire, à cent
vingt milles de Londres. Elle eft dans une agréable
fituation , Se a un fort château. Roger de Montgomery ,
feigneur Normand & conne de Shrewfbury , ayant con-
quis beaucoup de terres à l'entour fur les Gallois, la
fit bâtir pour afïiirer fa conquête. * Etat préfent de la
Grande Bretagne , t. 1 . p. 1 40.
MONTGOMERYSHIRE , province méditerranée
dans les trois diocèfe de Saint Afaph , de Bangor Se
d'Hereforcl , au couchant de Shropshire , a 94 milles
de tour, 6c contient environ jéoooo arpens Se 5660
maifons. G'eft un pays fertile , quoique montagneux.
Il y a quarante-fept paroiiTes Se fix bourgs à marché.
C'eft ici que la Saverne prend fa fource.
MONTGOMMERY, bourg de France, dans la
Haute-Normandie, avec titre de comté , fur la rivière
de Vie, au diocèfe de Lifieux , élection d'Argentan ,
entre Vimonftier & Livarot. Le nom de Montgommery ,
en latin Mons Gomeri , ou Gomcricis Se Morts Gome-
ricus , vient du nom de quelque feigneur du lieu ap-
pelle Gommeric. Montgommery comprend deux parois-
fes ; Saint Germain Se Sainte Foi , dont les cures font
à la nomination du feigneur temporel. Cette terre don-
noit féance à l'échiquier , Se elle eft une de celles de
la province dont la mouvance a le plus d'étendue. Près
de cent cinquante fiefs ou arrière -fiefs en relèvent,
félon le dénombrement qu'on en trouve dans la biblio-
thèque du roi. Jacques de Montgommery , feigneur de
Lorges , le fit dreffer après avoir acquis cette terre de
François d'Orléans , marquis de Rotelin & comte de
Neufchârel , vers l'an 1543. Il acquit auffi la terre du
Mefle-fur-Sarte, qu'il retira des mains d'un tiers, cri
vertu du droit que ce prince, qui l'avoit aliéné, lui en
■accorda , Se l'une Se l'autre terre font regardées com-
me unies , quoique ce ne foit peut-être que par ufage ,
au tirre de comté, dont celle de Montgommery fe
trouve décorée depuis deux cens ans : car elle n'a ja-
mais été élevée à cet honneur par des lettres paten-
tes .: les plus anciens aveux ne la qualifient jamais que
de baronnie. Elle étoit reconnue pour être la première
de celles qui relèvent du duché d'Alcnçon -, par cette
rai fon , auflî bien que par la confidération du prince
qui la poflèdoit , Charles , duc d'Alcnçon, établilTant
en IJ17, un confeil pour décider les affaires, en at-
tendant la tenue de fon échiquier , voulut que le comte
de Montgommery & fes iucceffeurs après lui , enflent
le premier rang entre les cqpfeillers laïques. Ce qui
porta Jacques de Montgommery à acheter cette terte,
c'eft qu'il prétendoit être descendu des anciens Mont-
gommery , fi célèbres dans l'hiftone de Normandie ck
393
d'Angleterre, qui en avoieru tiré leur nom , Se qui
l'avoient enfuire donné à un grand pays d'Angleterre,
qui le conièrve encore aujourd'hui-, mais, quoiqu il
fût effectivement d'une maifon très-diftinguée d'Ecofle,
cependant il y a toute apparence qu'il ne venoit point
de ces feigneurs, dont la poftérité masculine femble
éteinte dès le commencement du huitième fiécle. Le
premier d'entre eux qui foit connu , eft Roger de Mont-
gommery , comte d'Alcnçon, mort en 1003 , qui fut
Comte d'Arondel Se de shrewfbury en Angleterre, Se
le dernier eft Robert de Montgommery , comte d'Alen-
çon,morten 1219. Son fils pofthume.de même nom
que lui , n'ayant vécu que iïx mois , Ga fucceffion fut
partagée j par fes trois fœurs ou leurs enfans. Emery,
vicomte de Châtelleraud , fils de l'ainée, eut Montgom-
mery. Philippe Auguftc , ayant voulu comme roi, qu'ils
lui cédaffent Alençon , Jeanne, petite fille d'Emery ,
le porta à Jean d'Harconrt , maréchal de France ; Se
enfin il vint à la maifon de Longueville par Maiié
d'Harcourt , femme du fameux bâtard d'Orléans , Jean ,
comte de Dunois , qui en étoit la tige. Le domaine par-
ticulier de Montgommery eft à préfent d'un modique
revenu ; & c'eft pourquoi les derniers comtes ont ton-;
jours fait leur réfidence ordinaire au Mefle-fur-Sarte ,
qui eft d'un revenu plus important. L'ancien château de
Montgommery ne fubfifte plus ; Se il falloir qu'il fût
bien fort , puisque Roger I ofa y foutenîr un fiégé
en 1039, courre Alain, duc de Bretagne, qui comman-
doir en Normandie pendant la minorité de Guillaume
le Conquérant. Alain fut empoifonné devant cette pla-
ce , au rapport d'Orderic Vital. * Corn. Dict.
MONTHEREAU , bourg de France , dans le Gâ-
tin'ois , diocèfe de Sens, élection de Montargis.
MONTHEURT, ville de France, dans la Gnien-
ne , fur ; la Garonne proche de Tonneins. C'eft une
petite ville allez peuplée. Elle avoir autrefois des for-
tifications qui ont été rafées. * Pigauiot , Defcription
de la France, t. 4. p. jjo.
MONTHIECHIO , montagne très-haute du royau-
me de Naples , anciennement- Vultur. Sur fon fom-
met il y a deux lacs affez profonds, Se quelques eaux
minérales. Près de ces lacs eft un couvent de Capu-
cins, avec une ancienne églife , appellée Sam Ange la ,
dont labbé commendataire eft presque toujours un
cardinal.
MONTICELLO , bourg d'Italie, dans le Plaifantin ,
au diocèfe de Borgo-fan-Donnino. Il y a une colkgiale.
MONTIEL, ville d'Efpagne , dans la Vieille-Caftil-
le,àfixou fept lieues d'Akala du côté de l'Occident à
Se le chef-lieu de la partie Orientale de la Manche ,
qu'on appelle Campo de Montiel, Se qu'on nom-
moit autrefois Laminitanits Ager% Voyez, Laminium.
Ce fut à Montiel que dom Pedro , fur nommé le Cruel,
roi de Caftille , fut tué par Henri fon frère le 23 de
Mars 13^5). Montiel étoit autrefois une ville épisco-
pale fous la métropole de Tolède, qui en eft à vingt-
huit lieues. * Corn. Dict. Délices d'Espagne, p. 22.
MONTlER-EN-ARGONNE,M^y?m'«OT/>A?^,
Abbaye d'hommes, en France, de l'ordre de Cîreaux ,
filiation deTrois-Fonraines , en Champagne , diocèfe ce
Châlons-fur-Marne , entre la Meufe Se la Marne , à
trois lieues au midi de Sainre-Menehoud , fondée l'an
1147. Ses religieux étoient d'abord de l'ordre de feint
Augullin. Ils embrafferent dans la fuite la régie de feint
Bernard.
MONTIER LA CELLE. Voyez. Ceiie.
MONT1ER EN FAGUE, en larin monaflerium m
Fana , abbaye de France , dans le Thierasche. C'eft dans
ce lieu qu'étoit le folimire faint Dodon en 725.
MONTIER-HAUTE PIERRE, en larin Monafle-
rium Alu Tetra. , prieuré de France , en Franche-Com-
té, au diocèfe de Befançon. C'eft un prieuré fimple dé-
pendant de Cluni , de deux mille livres de rente , Se
de nomination royale.
MONTIER- DE -L'ISLE, prieuré de France, en
Champagne, fur le bord de l'Aube, à deux petites
lieues de Bar- fur-Aube, au diocèfe de Langrcs. Son
nom latin eft Monaflerium ad Infutam. 11 eft de l'ordre
de faint Benoît, & dépend de l'abbaye de Montiez
Ramey. * Baugier, Mém. de Champagne , t. 2. p. 91 ;
Trm. IV. D d d
MON
394
MONTIER-RAMEY , Arremarenfe Monafter'uim.
abbaye d hommes de l'ord re de faine Benoît , en Cham-
pagne , diocèfe de Troyes , a l'entrée de la forêt de Dcr ,
fur le ruifieau de Barfe , entre T&yes & Bar-fur Aube ,
au nord de Bar-fur-Seine. Aidera» , comte de Troyes1,
donna en 837, la place de l'abbaye, une partie delà
forêt de Der & quelques autres biens à un faine prêtre ,
nommé Aremare ou Adremare , qui en dix années de
tems acheva 1 églife & les lieux réguliers. On nomma
alors ce monauere la Nouvelle Celle en Der, en
latin Nova Cella m Dervo , ainfi qu'il elt porté dans
le cartulaire de cette abbaye. Saint Prudance, trente-
feptiéme évêque de Troyes , dédia en 847 , l'églife fous
l'invocation de Saint Piètre Se de Saint Léon , pape,
par ordre du pape Léon IV , qui y envoya plufieurs
reliques. Le roi Charles le Chauve , par fa chartre du
16 Avril S64, déclare que le comte Adon lui avoit
fau (avoir que du tems du. comte Alderan , l'on predé-
celleur , quelques religieux avoient demandé, la permis-
sion de faire abbatre un endroit en la forêt de Der pour
y bâtir une églife auprès de la petite rivière de Barfe ,
8c rendre quelque partie des terres labourables , afin
d'y enl'emencer un espace de la longueur de cinq cens
perches & de deux cens vingt de largeur, ce qu'Alde-
ran leur avoit accordé. Le roi confirma cette donation ,
Se accorda de plus à ces religieux le pouvoir d'élire
leurs abbés, félon la régie de faim Benoit, fans être
obligés d'avoir recours aux comtes de Troyes , qui ufur-
poient cette autorité. Ce qui fait connoitre que ces
comtes n'etoient pas alors fouverains. Ce même roi ,
étant en l'abbaye de faint Denys en France le 19 Avril
871 , donna a cette abbaye un grand champ à Tene-
liers. Le 16 Novembre 884, Bodo , quarantième évêque
de Troyes , tranilgca avec l'abbé de Montier-Ramey ,
par l'entremife du roi Carloman & de Robert , comte
de Troyes , qui récompenferent cet évêque de la ces-
lion qu'il fit alors à cette abbaye des noues & des dé-
cimes. En l'année 923 , le roi Charles le Sftnple, à
la prière du comte Raoul, fon oncle, qui eut depuis
le titre de roi, donna à cette abbaye cent vingt petches
de long Se foixante de large des bois de la forêt de
Der. Le 7 Mars 1 100 Hugues , ou Huon , comte de
Champagne, étant dans la l'aie de l'on palais à Troyes ,
fit don publiquement à cette abbaye de ia juitice du
fauxbourg de S. Martin de Troyes.
L'églife de cette abbave elt affez belle : on y con-
férée le corps de faint Victor. L'abbaye vaut huit mille
livres de rente à l'abbé , Se environ quatre mille aux
religieux. * Baugier , Mémoires de Champagne , t. 2. p.
2ZG & 400.
MONTIER SAINT JEAN , abbaye de France, au
diocèfe de LangifS. Voyez. Moutier S. Jean.
MONTIER EN DER , Monaflerium m.Dervo,
abbaye d'hommes , en France , de l'ordre de faint Be-
noit , congrégation de faint Vanne , en Champagne ,
au diocèfe de Châlons- Sur-Marne , entre la Marne Se
l'Aube, dans la forêt de Der, fur la petite livierede
Voire, à fept lieues au midi de Vitry , à quatre au
ftid oueft de Saint Dizier , Se à trois de même de
VaiTy. Son premier abbé & fondateur fut faint Ber-
chaire , fils d'un duc d'Aquitaine, qui avoit donné ce
prince à faint Nivart , archevêque de Rheims , fon par-
rein , afin qu'il fût élevé fous la conduite d'un fi fage
prélat. Aptes quelques années le prélar permit à l'on
eieve d'aller au monaftere de Luxeuil en Bourgogne,
où il reçut l'habit de religieux des mains de S. Euitafe ,
qui en étoit abbé. Bcrchaiie fur enfuite abbé d'Haut-
villicrs, d'où il fe retira dans la forêt du Der chez
une dame de qualité , qui lui donna, félon quelques-
uns , ou lui vendit , félon d'autres , un de Ces héritages
qu'on appeiloii en ce tems-là Mangeyilhers, Se qu'on
nomme aujourd'hui Pelle-Montier, & auparavant
Puellu Montier , MmajUrium Puellarum , à caufe
d'un monalterc de rcligieufes qu'il y établit Se qui ne
fubfiflou plus en 1029. Après cela Bcrchaire bâtit une
petite églife fur la rivière de Voire ; elle fubfiue encore
Aujourd'hui. Il obtint enfin du roi Childeric II , à la
cecommendation de faim Léger , évêque d'Autun , Se
d'Almaric , maire du palais , la place où il defiroit
coiunuire un monaftere i le roi lui donna pour cet
M O N
effet la maifon de plaifajnce qu'il avoit en cet endroit ,
nommée alors Puis y ou Pvysé , où il établit l'abbaye
qu'on appelle aujourd'hui Momkr en Der, Monaflerium
in Dervu. L'églife en fut dédiée fous l'invocation des
apôtres faint Pierre Se faint Paul. Ce faint fondateur
donna à ce monaftere vingt Se un villages qui étoient
de fon patrimoine , ainfi qu'il elt porté par les lettres
de donation qu'il en fit , Se qui font confervées dans
les archives de cette abbaye ; ce qui fut autorifé par
le roi Childeric , & depuis confirmé par le roi Thierri.
Saint Berchaire mourut le 26 Mars 69e. Depuis ce
tems le pape Jean VI mit cette abbaye fous la pro-
tection du faint Siège, & Silonius ,abbé de ce lieu, à
la recommendation de Clovis II & de Pépin , maire du
palais , obtint depuis de Berthoindus , vingt -troifiéme
évêque de Châlons , les privilèges de l'officialité pour
cette abbaye. La discipline régulière s'y étant relâchée
dans la fuite des tems , l'empereur Louis le Débonnaire
prit foin de l'y faire rétablir •-, après quoi il donna de
grands biens à cette abbaye , & lui confirma tous fes
privilèges. Le chevalier de Joinville s'étant quelques
fiécles après emparé d'une bonne partie de fes biens ,
Dudo en obtint la reftitution , qui fut ordonnée par le
roi Robert. Le pape Paschal II a exemté cette abbaye
de la jurisdidion de l'ordinaire , Se Clément III, après
en avoir examiné les droits , tant à l'égard du fpirituel
que du temporel, la déclaia fujette au faint fiége
apoftolique feulement. * Baugier, Mém. de Cham-
pagne, t. 2. p. 15 j Se 397.
Le premier qui a pofléde cette abbaye en commende ,
eft: François d'Inteville . évêque d'Auxene , qui en fut
pourvu en conféquence du concordat par le roi François
I. Armand Jean du Peïré de Troisvile y a introduit
la réforme en 1654, d'autres difent en 1659. Sa réfi-
dence ordinaire étoit dans fon château du bourg de
Somme-Voire , baronnie dépendante de cette abbaye ,
qu'il a fait rebâtir , embellir Se augmenter d'une fort
belle chapelle Se de plufieurs bâtimens. Elle doit valoir
vingt-deux mille livres à l'abbé & neuf mille livres
aux religieux , qui font au nombre de douze. Les reli-
ques de faint Betchaire font dans une fort' belle chafle
fur l'autel: fon chef fe conferve au tréfor.'On mon-
tre au même tréfor un autre reliquaire , dont l'infcrip-
tion prouve qu'il vient de faim Berchaire : il eft fermé
de deux tablettes d'rVoire très-anciennes , fur lesquelles
font représentés des facrifices, avec le mot Niçoma-
chorum d'un côté , Se de l'autre Symmaohoriim.
MONTIERS HUBERT (Les), en latin Huberù
Monajieria, bourg de France, dans la Normandie , élec-
tion de Lifieux , à une lieue Se demie de Livarot : il a
droit de marché.
MONT1EU , château de France , dans le comtaï
Venailfin , châtellenie d'Ambrieux. Humbert IV, fei-
gneur de Villars & de The ire, fit hommage de ce châ-
teau à Ifabelle ,damede Beaujeu , en 1271.
MONTJEU , marquifat fitué en France, dans la
Bourgogne , au diocèfe d'Autun , fur une montagne au-
deffus de cette ville. Cette montagne , quoique fort éle-
vée , eft remplie d'une grande abondance d'eaux qui
fonrniffent les fontaines de la ville d'Autun. Le nom
latin de ce lieu paroit être naturellement Mons jovis.
C'en; au même lieu que le (leur Jannin de Saulieu com-
mença le magnifique château achevé par fon fils , préfi-
dent à Dijon , qui maria fa fille au fieur de Caflille , à la
charge de porter le nom de Jannin avant celui de Caflille,
Etienne Ladon , chanoine d'Autun, a dédié en 1640, fes
antiquités d'Autun écrites en latin , îetro janino, barorit
de Montjeu.
MONTIGNAC ou Montignacle Comte , bourg
de France , dans le Péiigord, fur la rivière deVezere,
entre Teralîbn Se Limeil , au nord occidental de Sarlat.
* De l'Iflet Atlas.
1. MONT1GNE, bourg de France, dans l'Anjou,
élection de Montreuil-Bellay.
2. MONTlGNE, boutgde France, dans le Maine,
élection du Mans. Ce pourroit être ce lieu qui eft
appelle Motitanïacum da^s les geftes des évêques du
Mans, Se où Thuribe , évêque du Mans, mort en 496, ou
497 , félon ces geftes , confacra une églife. C'eft un
prieuré dépendant de Marmouticr.
MON
MON
I. MONTIGNY, ville de Fiance, dans la Bour-
gogne, au bailliage d'Auxois fur la rivière d'Arman-
fcon , félon André du Chesne, p. 938, dans fes anti-
félon André du Chesne
des villes de France.
MONTIGN Y, bourg de France , dans la Eeauce ,
élection de Charries.
3. MONTIGNY, bourg de France , dans la Cham-
pagne , éledion de Rhetel.
4. MONTIGNY, bourg de France, dans la Picar-
die, élection de Mont-Didier.
f. MONTIGNY , bourg de France, dans la Fran-
che-Comté , bailliage & recette d'Arbois, 11 y a un
monaftere de religieufes Urbanises , dont la fupérieure
prend la qualité d'abbeffe : elle elt perpétuelle & nom-
mée par le roi.
MONTIGNY- LE-ROI , en latin Montigniacum
Rectum, petite ville de France, dans la Champagne,
élection de Langrcs, fur la Meule , à fix lieues de
la ville de Langres & à fept de Chaumont , fur les
frontières de la Lorraine. On a ruiné une partie de fes
fortifications. * Baugier , Mém. de Champagne,!. 1.
P- 155-
MONTIJO , château d'Espagne, dans l'Ertrema-
doure , fur une hauteur à trois lieues de Merida , tirant
au couchant. C'efi un château très-ancien avec titre
de comté , érigé par Philippe III , en faveur de la
maifon de Porto-Carrero à qui il appartient. * Délices
d'Espagne , p. 314.
MONTIL, bourg de France, dans le Blaifois, félon
Corneille , D'iii. 11 ajoute : Ce bourg eit peu éloigné
de Chinon , vers les confins de la Touraine , & l'on y
voit les ruines d'un ancien château qui étoit très fort.
Le roi Louis XI , ayant perdu tout d'un coup la connoif-
fance (par une attaque d'apoplexie) en un village voifin
où il paffa en 1482, fut porté à Montil , où il la
recouvra au bout de deux jours. Le père Daniel ,dans
l'hiltoire du règne de Louis XI , ne nomme point ce
lieu.
MONTILEY , prieuré de France , an diocèfe du
Mans , il dépend de l'abbaye de Marmoutier.
MONTILS , bourg de France, dans la Saintonge ,
élection de Saintes.
39*
mîere abbeffe depuis fon rétabliffement, ce qui aniva en
103;. Plufieurs dames illultres par leur piété & par leur
naiffance , ont depuis gouverné cette abbaye , dont 1 e-
glife dédiée à Notre-Dame ne fait qu'un même & feui
bâtiment avec la paroiffe de faim Sauveur, à laquelle elle
eit jointe. Ce bâtiment a beaucoup de folidité &de gran-
deur : les religieufes en occupent le fanctuaire 8c le
chœur, 8c la paroiffe la nef, fréquentée par les gens de
mer, qui viennent accomplir les vœux qu'ils ont faits dans
la tempête. Robert , archevêque de Rouen , accorda à
l'églilc de cène même abbaye l'exemption de la jurisdi-
ction épiscopale. Cette exemption , confirmée par les
papes, s'étend fur quinze paroiffes qui en jouiffent, 8c
dont l'abbefie de Montivilliers elt dame & patrone : ces
quinze paroiffes reffortiffent de la jurisdiction de l'official
de cette abbaye , qui en eit auflï grand vicaire. Ces pa-
roiffes font ,
r Saint Sauveur „
Dans la ville ,-v Saint Germain,
L Sainte Croix.
Rouelle s
Sanvie ,
Octeville ,
Harfleur ,
Gournay , dit Notre-Dame de Con-
folation ,
Saint Martin du Manoir ,
Epouville ,
Rolleville ,
I Sainte Marie au Bofc,
Gutteville-les Plains ,
Notre-Dame de l'Illebonne s
Saint Paul.
Hors de la ville,
Le commerce de Montivilliers , où il y a un lieute-
nant dePolice.trois échevins 8c une maifon de ville,confi-
fie en dentelles, toiles & tanneries. Auffi voit-on beau-
coup de tanneurs avec un grand nombre de teinturriers ,
&c d'autres artifans qui font quantité de petites étoffes;
MONTILS-LES-TOURS, lieu du parc du Pleffis- * Corn. DiCt. Mémoires dreflés fur les lieux.
les-Tours. Charles VIII y fit bâtir un couvent pour
fainr François de Paule , que Louis XI , fon père , avoir
fait venir en France , où elt le tombeau de ce faint
homme , mort en 1507.
MONTIO, nom latin de la ville de Monçon , en
Espagne. Voyez, Monçon.
MQNTIRAT , petite ville de France , dans le Haut-
Languedoc , diocèfe 8c recette d'Alby. Elle elt du tem-
porel de cet archevêché.
1. MONTIVILLIERS, Monstiers - Viliiers ,
Monjfterium Villare, Monafterium Vêtus , ville de Fian-
ce , dans la Normandie, au gouvernement du Havre
de Grâce , dont elle eit à deux lieues au nord , au
pays de Caux , fur la Lézarde , trois quarts de lieue au
nord d'Harfieur, à fix au midi de Fescamp , à quatre
au couchant de l'Illebonne , 8c à feize de Rouen ,
presque entièrement dans un vallon. Cette ville a trois
portes , trois fauxbourgs &c trois paroiffes avec bailliage,
vicomte & élection. Ses murailles ont été autrefois
bien bâties & flanquées de belles & hautes tours ,
accompagnées de folles larges 8c profonds , 8c en partie
remplis d'eau , mais elles tombent en ruine. Il y a dans
i; MONTIVILLIERS, bourg de France, dans l'An-
jou , élection de Montrcuil-Bellay.
i.MONT-LAUR, ville de France, dans le Haut-
Languedoc , au diocèfe 8c recette de Touloufe , dans
lafénéchauffée & comté de Lauraguais. Elle députe à fou
tour Un diocéfain aux états.
z. MONT-LAUR , petite ville de Fiance , dans le
Bas-Vivaiais.
MONT-LE-HERY. Voyez, au mot Mont , l'article
Mont-Lheri.
MONTLOISjOu Montlouis. Voyez, an mot Mont^
l'article Mont-Lois.
1. MONTMÉLIAN , ville du duché de Savoie , fur
le bord de l'Ifére. Elle a toujours pafie pour une deà
plus fortes places du duché. Quelques-uns l'ont prife
pour l'ancienne ville M-inv.tla , où Bofon fut créé roi de
Bourgogne en 879 , après la mort de l'empereur Charles
le Chauve ; mais d'autres écrivains révoquent ce fait eu
doute , parce qu'il n'efi appuyé que fur le témoignage
de Ranchin. On ne convient pas non plus du nom latin
de cette ville. Les uns l'appellent Mommelianum , &
les autres la nomment Nions Emilianus. Ces derniers fe
Montivillkrs une grande 8c riche abbaye royale de Bé- fondent fur une ancienne infeription qui fe voyoit dans
le château de Montmélian. Ce qui elt certain , ccft que
des le douzième fiécle Montmélian étoit une place confi-
dérable ; 8c il ne feroit pas impoflible qu'elle dût feule-
ment fon origine aux comtes de Savoie, qui y bâtirent
un château fur un rocher inacciiîlble, fi ce n'efi d'un
coté. Les comtes de Savoie demeurent fouvent dans
ce château, où naquirent AmédéelV en 1 197 , 8c Tho-
mas lien 1 1 99. Cette ville efi dans une fituation com-
mode pour pafferdans le Piémont , dans le Dauphiné ,
dans les provinces de Savoie, dans le Genevois & dans lé
Fofligni.
Les murailles de Montmélian ne font pas fortes. La
ville tiroit la principale défenfe du château , les maifons
nédictines , des plus anciennes de Normandie , 8c même
plus ancienne que la ville. Selon les mémoires de cetre
abbaye , elle doit fa première fondation au duc Wara-
thon , maire du palais , & a été établie vers l'an 674.
On tient que faint Philbert , premier abbé de Jumiége ,
l'a gouvernée. Ces mêmes mémoires portent qu'en Sjo
ou 860 , le monaftere de Morutiers- Viliiers fut détruit ,
Suffi bien que les autres de la province , par les incurfions
de Flaflimagne , duc des Normans ou Danois , peuples
du Nord , 8c rétabli par Richard I & Richard II , ducs
de Normandie , à la prière de Béatrix , qui étoit fœur de
Richard I , 8c tante de Richard II , dit fans peur , roi
d'Angleterre , qui lui accordèrent de grands privilèges.
Cette princeffe , ayant renoncé au monde , en fut la pre- y font allez bien bâties. Elle n'a qu'une églife paroiffiale
lorn.lV. Dddij
396
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Tous i invocation de la fainte Vierge. Le couvent des Do-
minicains fut fondé par Aimon , comte de Savoie -, hors
de la ville il y a un couvent de Capucins. Les habitans
ont généralement l'humeur martiale , & ils apprennent
volontiers le métier de la guerre." Les environs de Mont-
mélian font très-agréables , étant entrecoupés de plaines ,
de collines 8c de montagnes, fur lesquelles il croît du vin
allez bon que l'on transporte dans les contrées voifines. *
Biaeit , Atlas.
2. MON TMELI AN, château de Savoie, fur une mon-
tagne , au pied de laquelle paffe lifére , 8c fe voit une
ville qui prend fou nom de ce château. Les ducs de
Savoie y avoient fait faire de bons bâfrions , 8c cette
place qui étoit inaccefTible , excepté d'un côté , paffoit
pour imprenable. Cependant ( a ) François I & Hen-
ri IV , rois de France , s'en rendirent maîtres ;
mais ils durent cette conquête à leur argent plutôt qu'à
Ja force de leurs armes. On ne fit pas le même repro-
che à Louis XIII , auffi fes troupes furent-elles connain-
tes de lever le fiége après treize mois d'attaque (b). Le
feu roi Louis XIV , la prit de force en 1691. 11 la rendit
en 1696 en exécution de la paix de Turinmiais durant la
dernière guerre , Montmélian n'ayant pu être ravitaillé ,
fut contraint d'ouvrir fes portes aux François qui le rui-
nèrent de fond en comble. ( a ) Blaeu , Atlas. ( b ) Lon-
guerue , Defcrip. de la France, part. 2. p. 32.
MQNT^MERRE ou Montmaire, en latin Mons
Mjjorit ou Mons Matreiï, village de France, au diocèfe
de Seez , à trois lieues de Seez , fur la route d'Argen-
tan , proche la petite rivière de Touane , dans le bail-
liage & vicomte d'EiTey. Le véritable nom efè Mons
Majoris , ainfi qu'il eft marqué dans la vie de faint Evre-
niond , abbé , au feptiéme fiécle , qui bâtit en ce lieu un
monaftere. C'eft par corruption que quelques-uns ont
écrit Mons Mœroris , depuis trois cens ans. La tradition
eft cependant qu'il s'eft donné en ce lieu quelque grand
combat ; 8c ce qu'on voit à Cercueil , village voîfin , le
fuppofe, Le monaftere que faint Evremond y bâtit ,
croit compofé de trois églifes , dont une étoit originaire-
ment fous le titre de faint Martin de Vertou. La nomi-
nation de la cure , 8c une partie des dîmes appartiennent
à l'abbaye de faint Martin de Seez , par conceiîïon de
piuficurs feigneurs vers l'an 1080. Cette églife a été
quelquefois appellée Santli .Martini de Pago de Mont-
merre. Le territoire de la paroilîe eft affez étendu , mais
médiocrement fertile. M. de Medavy , évêque de Seez ,
grand oncle du maréchal , qui en a été depuis feigneur ,
s'étoit fkté qu'à caufe de la belle expofition du lieu 8c de
fon terrein pierreux , la vigne pourroit y venir : on
l'eflàya , mais fans fuccès. Cette paroiffe eft riche en
carrières de pierres de raille , qu'on eltime beaucoup
pour fa blancheur 8c la fine (Te de fon grain. Il y en a
auffi d'autres qui font très-propres à faire de la chaux.
MONTMOREL, Mons-Morelli, abbaye d'hommes en
Fiance , de l'ordre de faint Auguftin , dans la baffe Nor-
roandie.au diocèfe 8c à deux lieues d' A vranches, au midi,
fur une petite rivière près de fon embouchure dans l'Ai-
dée, fondée l'an 1 1 80 , par Jean de Hascoiietde Subligny,
& par Rolland du Homet, feigneur de Charvilly.
1. MONTMORENCI , en latin Monsmorenciacum ,
petite ville de l'Ifle de France , fur une colline , à deux
lieues de Saint Denys, 8c à quatre de Paris. Elle eft bornée
d un côté par une forêt qui contient près de fis lieues , 8c
où eft un vieux château , appelle le château de la Chaffe.
De l'autre , règne une longue vallée , appellée la Val-
lée de Montmorenci. fertile en bons fruits , 8c fur-
tout en cérifes , qui pafienr pour très-bonnes. Les fei-
gneurs de la maifon de Montmorenci ont pris leur nom
de cette ville. Ils y ont fondé I'églife de faint Martin.
Cette églife cil paroifliale , 8c la cure en eft gouvernée
par des pères de l'Oratoire, qui y ont une maifon , &
qui y tout l'office divin , à la manière des collégiales ,
rempliffant la place des chanoines qui deffervoient au-
trefois cette églife. On y voir le magnifique tombeau des
anciens ducs de Montmorenci , repréfentés en marbre
& en bronze. Il y a suffi des religieux de la Sainte Trini-
té de la Rédemption des captifs. Ils gouvernent l'Hô-
teî-Dicu pour les malades. On y trouve encore un prieu-
ré fimple fous le titre de Notre-Dame , & une chapelle
fous celui de faint Jacques, Ce qui relie des murs de
cette ville paroît très-ancien 8c d'une hauteur extraor-
dinaire. L'air de cette ville eft très fain , 8c du grand
portail de I'églife de faint Martin on voit Paris , Saint
Denys , des bois , un étang , 8c des dépendances de plus
de foixante paroiffes-, ce qui , joint à la beauté & à la va-
riété des productions de la terre de cette vallée , fait un
des plus beaux points de vue de France.
La terre de Montmorenci fut érigée en duché-pairie ,
l'an 1 j 5 1 , par Henri II , en faveur d'Anne de Montmo-
renci , connétable de France , avec l'union d'Escouan ,
Chantilli , Montepilloir , Chamverfi , Courtoir , Vaix-
lez-Creil , Tillais , le Pleflier, la Ville Neuve 8c leurs
dépendances. C'étoit auparavant une des anciennes ba-
ronnies du royaume , tenue immédiatement de la cou-
ronne, à un faucon d'or de relief , 8c ayant plus de fix
cens fiefs qui relevoient de fa feigneurie. Ce duché ayant
été éteint par la mort du maréchal , duc de Montmo-
renci, Louis XIII en 1633 , érigea de nouveau cette
terre en duché , en faveur d'Henri II du nom , duc de
Bourbon , prince de Coudé , à la réferve de la terte ,
feigneurie 8c juftice de Chantilli 8c de fes dépendances.
Le nom de Montmorenci fut changé en celui d Enguien,
par lettres-parentes du mois de Septembre 1689, regi-
ftrées au parlement de Paris le 2 de Janvier 1690.
Jean le Laboureur , prieur de Juvigné, renommé par
fon lavoir, étoit originaire de Montmorenci. En 1641,
il publia les tombeaux des perfonnes illuftrcs avec leur
généalogie, & fit imprimer cinq ans après le voyage de
la reine de Pologne. Il mourut au mois de Juin 1675.
2. MONTMORENCI ( La vallée de ). Voyez. Mont-
morenci 1.
3. MONTMORENCI- BEAUFORT. Voyez. Beau-
fort 2.
4. MONTMORENCI ( Le fault de ) , lieu de l'A-
mérique feptentrionale , dans le Canada. C'eft une chu-
te d'eau de deux cens cinquante pieds de haut. Sa nappe,
qui eft fort large, tombe à pic dans un abyme fur un
gros rocher , 8c forme une pluie continuelle. Ce lieu fé-
pare la feigneurie de Beaupré de celle de Bcauport , près
de Québec.
MONTMOROT , ville de France , dans la Franche-
Comté , chef -lieu du bailliage de même nom, à une
lieue 8c demi au couchant d'été de Lons-le-Saunier : c'é-
toit le fiége du Bailliage d'Aval : il eft aujourd'hui à
Lons-le Saunier.
MONTOIRE , petite ville de France , dans l'Orléa-
nois fur le Loir, à quatre lieues au-deffous de Vendôme.
Cette ville eft celle que les anciens nommoient Mons-
Aureus , dit Corneille. Il faut qu'il ait pris Geofioi de
Vendôme pour un écrivain ancien , puisque nous ne
Trouvons perfonne qui , avant lui , ait appelle Montoire
Mons-Aureus. Montoire eft renommée par la quantité
de toiles qui s'y fait. * PiganiJ , Defc. de la Fiance ,
t. 6. p. 1 16.
MONTOISON , lieu de France , dans le Dauphiné ,
près de Valence. Ce lieu fait le titre d'une branche de la
maifon de Clermont , & fon nom eft devenu bien illuftre
depuis Philebert de Clermont , feigneur de Montoifon ,
capitaine de cinquante hommes d'armes , lieutenant gé-
néral des armées du roi Louis XII, mort en 151 2 , &
qui paffoit pour un des plus grands capitaines de fon
tems. 11 eit enterré dans I'églife de Montoifon , & c'eft
à lui à qui on fait honneur de cette devife : A la recoure
Montoifon, qui eit écrite en lettres d'or dans la baffe cour
du château de cette terre. On prétend en effet qu'à la
journée de Fornoue , Chailes VIII , fe voyant preffé par
les ennemis , fe fervit de ces termes : A la recoujje Mon-
toifon , en appellant Philebert de Clermont à fon fecours.
On ajoute que ce feigneur chargea alors l'ennemi avec
tant de vigueur , qu'il dégagea le roi. * Voyez, les notes
d'E.vpiliy fin- la vie du chevalier Bayard,
MONTOLIEU , ou Montolivet , Mons Oliva-
rum , petite vilie de Fiance , dans le Haut-Languedoc ,.
au diocèfe, 8c à deux lieues au nord de Carcaffonne ,
fur l'Alrau : il y a une abbave d'hommes de l'ordre de
faint Benoît , congrégation de faint Maur, fondée felon
les uns , par Charlemagne , 8c félon d'autres , par Ro-
ger , premier comte de Touloufe. Entre fes abbés , on
remarque principalement D. Guillaume de Court ,
docteur en droit canon, qui, en i}}6, affilia à l'affem-
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blée tenue pour la réforme de l'ordre de faine Benoît. Il
fur enfuue fait cardinal prêtre , puis facré évêque de
Tustuliun , 'par le pape Clément VI. Il mourut a Avi-
gnon en 1561. Il y avoit autrefois à Moncolieu une
nunufactu. e confidérable de draps , à ce que dit Catch
* Sarnfon , Atlas.
MONTONA , ville d'Italie , dans l'Iftric , vers le
milieu de cette province. Elle efl fituée en fort bon air ,
dit Corneille ,j)k'L qui cite Davity. Il ajoute qu'elle eft
fur la rivière de Quiéto. Cependant Magin , carie de
l'iftrïe , l'en éloigne de plus de deux milles à la gauche.
Cette ville s'eft gouvernée d'abord par elle-même , Se
donnoit feulement trente-cinq marcs d'argent au patriar-
che d'Aquilée ; mais enfuite elle fe fournit aux Vénitiens
en 1276. Elle a quinze villages dans fon reflbrt, Se le
bois de Vallelong de quinze milles , par lequel pafle la
rivière de Quiéto.
MONÏONE , rivière d'Italie , nommé Vitis par les
anciens. Voyez. Vitis. Elle a fa fource au mont Apen-
nin, prend fon cours du midi au nord oriental, 'pafle
à Citta de Sole , dans les états du grand Duc , & enfuite
\ a mouiller Ravenne , au-deflbus de laquelle elle le
jette dans le golfe de Venife. * Magin , Carte de l'état
de l'Eglife.
MONTORELLA, lieu d'Italie, dans la Campagne
de Rome , 3 quatre milles du bourg de Poli. C'elt un
fameux pèlerinage fur une montagne fort ftérile , & cou-
\crte plus fouveut de neige que de verdure II y a une
ancienne églife dédiée à la Vierge , Se bkie par l'empe-
reur Conltantin , à Tendron où faint Euftache eut l'ap-
parition d'un cerf. Le duc de Poli y entretient un chape-
lain , Se aux enviions , au plis haut de la montagne ,
demeureur quelques hermites. Les Jéfuites font une
million tous les ans dans ce lieu au mois de Septem-
bre , durant l'octave de faint Euftache. On y voit un
grand concours de peuples circonvoifins , qui franchis-
sent avec zèle une montagne fi haute Se fi escarpée.
* Corn. Dict. Nouveau voyage d'Italie , t. 2.
MONTORIODI PETESE, bourgade d'Italie, dans
la Sabine , auprès de Pietra-Forte , à l'orient feptentrio-
nal. * Magin , Carte de la Sabine.
MONTORIO DI ROMAGNA , bourg d'Italie ,
dans la Sabine , vers la fource de la rivière Correfe .
environ à trois lieues de Tivoli , vers le nord.
MONTORO. Voyez. Epora.
MONTOSSE , Monfurferii , petite ville de France ,
au diocèfe de Coruminges, dans les enclaves delà judica-
rure de Rivière : c'eft une ancienne châtellenie de la fé*
néchauflee de Touloufe , auprès de la Nefte.
MONTOURNOIS, bourg de France, dans le Poi-
tou , élection de Fontenai.
MONTÔURUTIER , bourg de France , dans le
Maine 4 élection de Mayenne.
MONTPELLIEPv , en latin Mons PeJJidanus ou
Mons Pèlerins , ville de France , dans le Languedoc , à
une lieue de Maguelone , à deux de la côte de la mer
Méditerranée , à huit de Nîmes , Se à quinze de Nar-
bonne , fur une colline dont la rivière de Lez arrofe le
pied.
Montpellier (a) efl: aujourd'hui la ville la plus confidé-
rable de la province de Languedoc après Touloufe. Ce
n'eft pas une ville ancienne , puisqu'elle doit fon ori-
gine à l'entière ruine de Maguelone , qui étoit fituée au
midi de Montpellier , dans une ifle de l'étang de Thau.
Voyez, Maguelone. (b) Le fiége épiscopal étoit autre-
fois à Maguelone , d'où Charles Martel le transféra à
Suftantion ; où il demeura trois cens ans , au bout des-
quels Arnaud fît rebâtir la ville de Maguelone vers l'an
1060 , Se y transféra levêché en 109J -, mais Paul III t
à la follicitation de François I, & de Guillaume Peliffier,
évêque de Maguelone. , le transféra à Montpellier. L'é-
vêque Se les habiians furent transférés à Suftantion; mais
l'air s'y trouvant mauvais , ils réfolurenr d'abandonner
ce lieu , Se de bâtir une nouvelle ville fur la montagne
où eft Montpellier. On croit qu'ils furent déterminés à
choifir ce terrein par la fainteté de deux filles qui y yi-
voient dans une espèce d'hermitage , ce qui a fait don-
ner à cette ville le nom de Mms Puellarum. Ce qu'a
écrit l'abbé de Longuerue touchant l'origine de cette
ville , diffère un peu ôc revienr cependant au même pour
MON 397
l'eflenticl. Montpellier, dit-il, a commencé par un vil-
lage qui fut donné à Rituin , évêque de Maguelone ,
par une dame pieufe , fœur de faint l'Iurand, évêque
de Lodève l'an 57; , fous le règne de Lothaire. Rituin
donna quelque terris après ce lieu à Gui , un des cheva-
liers ou vaflaux du comte de Suftantion Se de Melgoirê.
Gui fut le premier de tous les feigheurs de Montpellier.
Ses fucceffeurs ont toujours connu tevëqùé de Mague-
lone pourlcur feigneur fuzerain , Se quoique ce prélat et
fes prédécefieurs euffent reconnu pour leur temporel les
comtes de Suftantion S: de Melgoiie , néanmoins ils vou-
loient que le roi de France fût leur premier (eigneùV'cxïéuc
fouverain ; c'eft pourquoi l'évêque Raymond s'adrcfïa à
Louis le jeune , qui lui confirma , Se à fon églife tous fes
droits l'an 1 1 jj , ce qui fut de nouveau confirmé par
Philippe- Augufte, qui en donna des lettres paternes à
l'évêque Guillaume d'Altignâc. ( a ) Longuerue , Defc.
de la France, part. 1. p. zj.ï. (b) Piganiol , Defcript;
de la France , t. 4. p. 3 77.
La feigneuric de Montpellier toinb'a plufieurs fois en
quenouille, depuis la fin du dixième fiécle , jusqu'au
commencement du treizième ; alors Marie , fille Se hé-
ritière de Guillaume, feigneur de Montpellier, époufa
Pierre , roi d'Arragon , Se comte de Barcclonne. Leur
fils Jacques , aufli roi d'Arragon , hérita de la feigneurie
de Montpellier, qui étoit un propre de fa mère, Se
qu'il fe réferva, lorsqu'il abandonna à faint Louis tout ce
qu'il avoit ou prêtendoit avoir en Languedoc. Ce roi
d'Arragon reconnut pour fon feigneur l'évêque de Ma-
guelone, Se lui fit hommage de la feigneurie de Mont-
pellier. Il donna cette feigneurie à fon plus jeune fils
Jacques , avec le royaume de Majorque , Se ce prince
Jacques reconnut aufli l'évêque pour cette même fei-
gneurie ; mais il avoua l'an 1307 , par un acte , qu'il
renoit de la couronne de France tout ce qu'il poucdoit
dans le diocèfe de Maguelone : car dès l'an 1192 , Phi-
lippe le Bel avoit acquis par échange les droits de l'évê-
que de Maguelone fur Montpellier Se fes dépendances ;
de forte que Sanche Se Jacques , fon fuccefleur , rois de
Majorque , ne reconnurent plus que le ici de France »
pour la feigneurie de Montpellier , Se le roi Jacques III
la vendit l'an 1349, à Philippe de Valois pour le prix
de fix-vingt mille écus d'or.
Le roi d'Arragon voulut s'oppofer à l'exécution de ce
contrat ; mais il renonça à fes prétentions l'an 1 3 j 1 , à
la charge qu'on feroit le mariage d'une de fes filles avec
Louis, duc d'Anjou, fils du roi Jean. Ifabelle , femme
de Jean , marquife de Montferrat , Se fille de Jacques
III , roi de Majorque , dernier feigneur de Montpellier ,
foutint encore fes prétentions fur cette ville , fous pré-
texte que le Contrat pafle entre les rois de France Se de;
Majorque , n'avoir pas été exécuté en toutes fes claufes t
ce différent fut terminé par une transaction qu'Ifabclle
fit avec Charles VI , l'an 1396.
Les rois d'Arragon renouvellercnt leur ancienne de-
mande pour la feigneurie de Montpellier ; ce qui fut
terminé l'an 1500, par un traité entre Louis XII , Se
Ferdinand le Catholique. Le roi de France ayant renon-
cé de nouveau à tous fes droits , Se à ceux de fes prédé-
ceffeurs fur le Rouffillon , le rci d'Arragon lui céda
tout ce qu'il prêtendoit à Montpellier Se à fes dépen-
dances.
Montpellier eft une des plus belles villes du royaume ;
quoique mal percée & mal fituée. Elle a fept portes*
Se un grand nombre d'églifes Les maifdns ont peu d'ap-
parence en dehors ; mais propres en dedans. Celle du
préfident d'Esplans eft belle , commode , 8c des plus lo-
geables de toute la ville. Les princes , fils de France , y
logèrent en 170 1 , pendant leur féjour à Montpellier.
Sa fituation elt agréable , Se les appartemens font beaux
& commodes. Le palais, où les corps de jufricé s'aÏÏem-
blent , eft un bâtiment neuf & presque fans fymmétrie.
Il eft ( a ) à l'un des bouts Se au quartier le plus élevé de
la ville, près d'une belle place, où paroît une horloge
au-deflus des priions. La place de la Canourgue , où
s'affemble ce qu'il y a de plus diftingué parmi la 110-
blefle pour entendre les concerts Se les férenades , l'em-
porte fur toutes les autres : la grande rue, celle de 1T-
guillerie, du Cheval Blanc , de la Blanquerie , de Caf-
tres & du Pile-faint-Gilles, font fçrt belles. L'égiii'eds
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MON
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Notre-Dame, l'une des trois paroifles de la ville, eft
remarquable par fa haute tour , par le rableau de fon
'maître autel , Se par une chapelle de Notre-Dame. L'é-
glife cathédrale de Saint Pierre , que les guerres des Reli-
gionnaires avoient détruite , Se qu'on prétend avoir été
bâtie par le pape Urbain V , fur rétablie en partie par le
cardinal de Richelieu. On admire la beauté de fa ftru-
cture , la hauteur de la tour qui s'élève au-deffus du
chœur, Se les deux autres tours fans cloches qu'on voie
au-deffus de fon portail. Le palais de l'évcque cil tout
proche, bâti de groffes pierres, comité la plupart des
maifons de Montpellier , qui font ornées de petites gué-
rites un peu au-deflus du toit , pour y aller prendre l'air
& le vent frais qui s'élève toujours fur les neuf heures ,
Se calme la grande chaleur de ce pays, La mai fon de
ville efl un palais , dont les fales & les chambres ne font
pas moins remarquables pour leur fymmétrie , leur lon-
gueur & leur largeur, que pour les belles peintures qui
les ornent. On voit dans le couvent de faint Paul , le
bâton de pèlerinage de faint Roch. Il a environ cinq
pieds de haut : la couleur du bois efl noirâtre , avec plu-
sieurs nœuds , dont l'un représente la tête d'un ange. Il
eft ferré par les deux boute , Se pefe treize livres. Ce
faint homme naquit Se mourut ( b ) à Montpellier :
cependant il n'eft fait aucune mention de ce faint, ni
dans le Thalamus , qui eil le regiflre de tout ce qui eil
arrivé dans cette ville depuis fa fondation , ni dans le
vieux rituel de l'églîfe de Notre-Dame des Tables , où
l'on trouve les oraifons qu'on difoit en rems de pefte.
Lé cours , appelle la Place des Ormeaux , eil près de la
porte de la Sonnerie , où font des marais , Se un peu
d'ombrage fous les arbres qui bordent la petite rivière
de Merdançon. Ce lieu eil une promenade allez agréa-
ble , & ornée de la Itaruc de Louis XIV, faite par Coyfe-
vaux. La porte par laquelle on y entre , eil un arc de
triomphe , bâti avec beaucoup de dépenfe , tout revêtu
d'architecture , accompagné de quatre reliefs parfaite-
ment beaux. Le premier des deux qui font du côté de
la ville , repréfente la Religion qui renverfe Se détruit
Fhéréfie. On y lit cette infçription : Extintià Hxrefî.
L'autre fait voir la jonétion des deux mers par le moyen
du canal. L'infcription efl conçue en ces termes : Jun-
ftis Oceano & Al éditer raneo mari. Des deux ba -reliefs
qui font du côté de la promenade , l'un repréfente Her-
cule qui terraffe un lion , Se épouvante une aigle : Fu-
Jis terra marique conjuratis gentibm. Dans l'autre on
voit parmi des trophées , des villes Se des provinces qui
fe foumertent à la France : On lit ces mots au-deflbus :
Sub oculis boftium Belgii arcibus expugnatis. En fortant
par cette porte l'on découvre fur la droite le jardin du
roi. Ce jardin efl très-bien entretenu. 11 y a fix grandes
allées principales, Se quelques unes font en amphithéâ-
tre. Celles des plantes médecinales font élevées & revê-
tues de pierres. Il y a des rigoles de dillance en dillance ,
Se des robinets pour lesarrofer. On voit un nombre in-
fini de plantes différentes dans ce jardin. ( a ) Cor». Dicl.
( b ) Piganiol, Defc. de la France , t. 4. p. 381.
Les Huguenots s'étant emparés de cette ville fous le
règne d'Henri III , y érigèrent une manière de républi-
que ; qui dura jusqu'à l'an 1622, qu'elle fe fournit à
Louis XIII , après un long Se fanglanr fiége. Ce prince
y fit fon entrée après la paix ,qui y fut faite cette même
année avec les Religionnaires. Peu après Louis XIII
y fit bâtir une citadelle fur une esplanade, nommée le-
Havre Saint Denys. Elle commande la ville Se la campa-
gne. C'ell une place allez grande. Sa figure efl un carré
parfait , compofe de quatre ballions. Tout autour rè-
gne un fofTé plein d'eau , dans lequel font trois demi-
lunes de terre. Le fofTé de ces demi-lunes eil fec , parce
qu'elles font plus élevées que le corps de la place. Toute
la citadelle eft enceinte de fon chemin couvert & de fon
glacis. On entre dans cette fortereffe par deux portes ; fa-
voir , par le côté de la ville , Se par la porte de Secours
du côté de la campagne. La place d'armes efl: fort grande,
& occupe presque tout le dedans de la citadelle. Elle
efl terminée par trois grands corps de bâtimens , Se par
un corps de garde , qui efl auffi un grand édifice , &
qui efl poflé du côré de la ville. Le parti Cnlvinille pré-
tendit que la conltruélion de cette fortereffe éroit une
infraction au traité de paix Se à l'édit qui le confirmoit.
Ce fut-là un des prétextes que prit le duc de Pvohan , gé-
néral des Huguenots , pour recommencer la guerre
qui leur fut funelle , Se la citadelle fubfiila malgré les
efforts de leur parti. * Long/terne , Defc. de la France,
part. 1. p. ly).
Le diocèfe de Montpellier n'efl compofé que de cent
fept paroifles , Se vaut environ 31000 livres. Il y a
dans ce diocèfe une abbaye d'hommes , qui eft celle d'A-
niane. Voyez. Aniane;& trois de filles , favoir, Vi-
gniegoul , Gigean & Saint Gêniez. L'abbaye de Vi-
gniegoul elt de l'ordre de Cîteaux , & jouit de quatre
mille livres de rente. Gigean efl du même ordre. Celle
de Saint Gêniez jouit de cinq mille livres de revenu.
Dans la fénéchauffée de Montpellier il n'y a aucun au-
tre bailliage royal que la fénéchauffée Se le préfidial. Le
fenéchal efl d'épee , Se fa charge payoit l'annuel ; mais
depuis les arrêts du confeil d'état du roi du z6 Octobre
Se du 2.6 Décembre 1719, toutes ces charges ne font
qu'à vie. La juftice fe rend au nom du fénéihal , dont
les appointemens font de quatre cens ving-cinq livres.
Il y a à Montpellier une jurisdiétion , qui reffortit au
parlement de Touloufe. C'eft la Cour du petit feel , l'une
des trois du royaume qui font attributives de jurisdi-
clion. Elle fut établie par fainr Louis pour la facilité du
commerce. Ce prince lui accorda plufieurs privilèges ,
comme de pouvoir faifir la perfonne Se les biens en
même tems ; que le 'débiteur ne pourroit propofer fes
défenfes, qu'il neût configné la fomme •, qu'il ne pour-
roit décliner la jurisdiclion -, qu'il ne feroit reçu à propo-
fer que trois fortes d'exceptions ; favoir , le payement
de la dette , la convention de ne la point demander Se
la faufleté de l'acte. On dreffa un ftyle particulier qui
s'obferve encore aujourd'hui fort régulièrement ; mais la
contrainte par corps a été abolie par l'ordonnance de
1667.
La féconde compagnie fupérieure du Languedoc, pour
rendre la juftice aux peuples , elt établie à Montpellier.
Elle étoit autrefois fepârée en chambre des comptes Se
cour des aides. L'établiffement de cette dernière étoit
plus ancien dans cette province que celui de l'autre.
Dans le premier étabhffcment du parlement de Touloufe
en 1303 , les généraux des aides furent fixés dans Tou-
loufe Se unis au parlement. Ce fut en 1467, pendant
que cette cour fupérieure fut rendue fédentaire à Mont-
pellier que le roi en desunit les généraux des aides , Se
en fit une cour diltincle & féparée. Malgré cette des-
union , cette cour fuivitle fort du parlement Se revint à
Touloufe en 1468; mais peu après, elle retourna à
Montpellier , où elle a toujours été fédentaire depuis.
Les officiers Subalternes de cette cour, telle qu'elle eft au-
jourd'hui , font par rapport à la chambre des comptes,
les comptables des bureaux des finances de Touloufe Se
de Montpellier , Se par rapport à la cour des aides , les
vifiteurs de gabelles , les maîtres des ports ou juges des
traites Se droits forains , & les juges conservateurs de
l'équivalent. Ces derniers ont été établis pour juger des
différents qui naiffent fur la levée d'un droit appelle
Equivalent , parce qu'il équipolle à la valeur des aides,
à la place desquelles il a été établi dans la province.
Ce droit fe levé fur le vin , la viande fraîche Se falée ,
& fur le poiffon. Il y avoit vers l'an 14.60, neuf juges
appelles Conservateurs de l'Equivalent , qui jugeoient
en dernier reffort de tout ce qui pouvoit concerner ce
droit dans les trois fénéchauffées du Languedoc. Le
nombre en fut enfuite augmenté jusqu'à quinze ; mais
Louis XI fupprima ces confervateurs l'an 1467, & la
jurisdiétion de l'Equivalent fut attribuée en dernier res-
fort à la cour des aides de Montpellier, Se en première
inltance aux juges de l'Equivalent établis dans cette ville,
ou aux Sénéchaux qui en connoiffent encore à préfent.
Le roi étant le feul dans le royaume qui puiffe impofer
des tailles, il Semble que la connoiffance des différents
qui Surviennent pour l'impofition , doit appartenir aux
juges royaux , privativement aux juges des Seigneurs :
néanmoins l'utilité publiq îe a prévalu dans le Langue-
doc , Se les juges des Seigneurs y Sont en poffeffion de
conno'itre dans leur di'lricSt des matières des tailles, com-
me les juges royaux dans leur reffort.
Les bureaux des tréforiers de France de Montpellier
Se de Touloufe , furent établis en i/;i , & depuis on
MON
MON
y a fait des augmentations d'officiers , comme dans ceux
des autres provinces. Ils avoient autrefois la direction
du domaine , des finances Se des chemins ; mais par
édit du mois de Novembre 1690, la jurisdiction con-
tentieufe du domaine eft attribuée à la chambre des
comptes de Montpellier ; &, comme la province fait les
fonds pour' L\ réparation des grands chemins , fuivant
un arrêt du conléil d état du 24 Septembre 1665 , les
tréforiers de France ne connoiffoient en Languedoc que
de l'alignement des rues Se de l'inféodation des lieux inu-
tiles ou vacans. Ils ont encore l'intendance des gabel-
les qui leur donne une infpcétion générale fur les fail-
lies.
H y a aufli à Montpellier vme jurisdi&ion confulaire ,
que l'on appelle la bourfe commune.
L'univerfité de Montpellier eft compofée de quatre
facultés ; mais qui ne font pas unies ; car chaque facul-
té y fiit un corps féparé. Cette univerfité elt très-an-
cienne. Elle croit autrefois célèbre pour toutes les feien-
ces i fur-tout pour le droit, dès le douzième ficelé. Ceft-
là que le jurisconfulte Placentin alla s'établir. Il y ex-
pliqua des premiers en fiance les loix romaines , qu le
corps du droit civil , Se y mourut en 1 192. Azo, doefeur
de Boulogne , fut appelle dans le îrïéme-tems à Mont-
pellier , où il enfeigna pendant dix ans , Se il eut pour
fucceffeur Accurfe, qui étoit venu de la même ville de
Boulogne à Montpellier. Cette univerfké ne reçut néan-
moins fa forme entière Se parfaite qu'en 1289 , lorsque
les habitans de Montpellier obtinrent de Philippe le Bel ,
le privilège général des études. Celles du droit y ont
fleuri jusqu'au rpgne de Louis XI , qui ayant fait une
allèmbiée à Orléans , au fujet de la pragmatique fan-
ction, y fit venir les plus habiles doefeurs en droit civil
Se canon. Il y en eut un de Mon:pellier qui s'y diftingua.
Cette faculté a plus de vingt bulles des papes , qui lui
accordent de très beaux privilèges que nos rois ont con-
firmés. On compte parmi les profeffeurs de cette faculté
plufieurs papes , dont les médailles font encore em-
preintes fur la maffe du bedeau. Clément IV ik Urbain
V entre autres , ont été de ce nombre. Elle eft aujour-
d'hui compofée d'un rciteur , d'un prieur des docteurs %
dg quatre profeffeurs pour le droit romain Se canonique,
& d'un profeffeur pour le droit françois. Le roi a en-
core établi par fes lettre* patentes du 3 de Novembre
i6"8 2 , un profeffeur po:r les mathémaiques & la navi-
gation , Se a voulu qu'il eut rang Se féance avec les pro-
feffeurs en droit. * Longucrue , Defcrip. de la France ,
part. 1. p. 252.
Aujourd'hui la faculté de médecine eft la plus floris-
fante : elle a produit de grands hommes. On commen-
ça d'y enfeigner cette feience en 1 1 So , fous Guillaume,
feigneur de Montpellier. Ce furent des médecins Ara-
bes ou Sarrazins , qui étant chaffés d'Espagne par les
Goths, fe retirèrent à Montpellier , où Guillaume leur
donna cette même année des Lttres qui les coniîrmoient
dans cette liberté. Elle eft aujourd'hui compofée d'un
chancelier, de fix profeffeurs , d'un aggrégé , d'un pro-
felleur êk d'un démonftrateur en chymie. * Piganiol ,
Defcript. de la France , t. 4. p. 296.
Le pape Martin V établit en 1422 , une école de
théologie à Montpellier pour faite corps avec les autres
facultés ; mais les leçons ayant été interrompues dans
cette univerfité , le roi les y rétablit par fes lettres paten-
tes de Février 1686 , par lesquelles fa majefté veut
que la théologie y foit enfeignée par les Jéfuites qui
etoient déjà profeffeurs des arts libéraux.
L'académie ou fociété royale des feiences de Montpel-
lier fut établie par lettres patentes du mois de Février
1706. Par ces lettres . le roi met pour toujours cette fo-
ciété" fous fa ptoteéti m , &#ent qu'elle foit regardée
comme une extenfion de l'académie royale* des feiences
de Paris , 6V qu'elles ne faffent qu'un feul & même corps.
Sa majefté lui donna en même tems des llamts contenus
en quarante-trois articles , qui ne font différens de l'aca-
démie royale des feiences de Paris , qu'autant que la
différence des lieux l'a demandé. La fociété royale de
Montpellier eft compofée de fix académiciens honorai-
res , de quinze académiciens , & de quinze élèves. Des
399
quinze académiciens , trois s'appliquent aux mathémati-
ques , trois a l'anatomie , trois a la chymie , trois a la bo-
tanique & trois a la phyiique , Se tous enfemblc doivent
travailler à perfectionner les arts & les feiences.
Le terroir du diocèfe de Montpellier , quoiqiie mé-
diocrement bon , eft couvert de vignes Se d'oliviers. Le
commerce fe fait presque tout dans la ville de Montpel-
lier. Il y en a un qui lui eft fingulier : c'eft celui du ver A
de gris , on n'en a jamais pu faire ailleurs que dans cette
ville Se dans quelques villages des environs. Il fert à la,
teinture , à la peinture , Se même à la chirurgie. On en
fait par an dans Montpellier environ deux mille quintaux
& le prix ordinaire eft de vingt fols la livre. Les mar-
chands de Montpellier l'achètent en détail , Se 1 en-
voient en Hollande, en Allemagne , en Angleterre Se en
Italie. * Pigcwiol, Defcription. de la France , tom. q\
pag. 307.
On fabrique à Montpellier, année commune, quatre
mille pièces de furaine , à dix-fept livres la pièce. Le co-
ton dont on fe fert pour ces étoffes, vient *du levant,
ik on tire le fil de la Breffe. Ces futaines fe vendent à
Touloufe , à Bourdeaux & à Bayonne , d'où elles font
transportées en Espagne. Le commerce des laines eft le
plus grand qui fe falle à Montpellier Elles viennent de
Smyrne , de Conftantinople , de Salé , de Tunis ik d'Es-
pagne. Les marchands de Montpellier les achètent fur-
ges, c'eft-à-dire, comme elles viennent des moutons,
les font laver & préparer à la petite rivière du Lez ,
Se après les avoir alforties , ils les transportent aux foires
de Pezenas ëc de Monugnac. On fait aufiï à Mont-
pellier une grande quantité de couvertures de laine. On
blanchit dans cette ville la cire jaune qui vient du Le-
vant ; ce qui produit plus de cent mille livres par aru
On eftime cette cire infiniment plus que celle de Hol-
lande , qu'on augmente avec de la graiffe de chèvre Se
de bouc , & qu'on defféche avec de la cérufe , parce
que le foleil n'y eft pas affez chaud pour la rendre
auiîi belle que celle de Montpellier. Les tanneurs de
Montpellier & de Ganges font un commerce de cuirs
qui monte à plus de deux cens mille livres par an.
Ils en fournirent la province , ôc en envoient en Es-
pagne Se en Italie. Le commerce des vins , eaux- de-
vie , eaux de la reine d'Hongrie , de canelle & autres
liqueurs , va à près de cinq cens mille livres en tems
de paix. C'eft la patrie de Ducan, célèbre médecin ; du
père Pujet de l'Oratoire , doéteur de Sorbonne , auteur
de l'excellent Catéchisme de Montpellier.
MONTPENSIER ou Montpencier, petite ville
de France, dans la Baffe-Auvergne (a) , avec titre de
duché-pairie. Elle eft fur une colline entre les villes
de Gannat & d'Aigue-Perfe , à cinq lieues de Clcr-
mont au nord. Il y avoit autrefois un fort château , qui
fut démoli par l'ordre de Louis XIII , durant les trou-
bles, de religion. On en voit encore quelques relies
fur un rocher escarpé , dans lequel l'on dit qu'on
avoit creufé une voûte qui conduifoit fous terre jus-
qu'à la ville d'Aigue-Perfe , qui en eft éloignée d'un
quart de lieue. Louis VIII mourut dans ce château
fur la fin de l'année 1226. Montpenfiera eu ancien-
nement des feigneurs particuliers. Agnès de Thiern ,
qui époufa Guichard IV , fire de Beaujeu , le porta
dans cette maifon, Humbert de Beaujeu , foii petit-fils
ôc connétable de France , laifi'a une fille unique ap-
pellée Jeanne , dame de Montpenfier , ik qui de Jean
II, comte de Dreux, qu'elle époufâ, eut Pierre, com-
te de Dreux. Jeanne , fa fille , comreffe de Dreux
ik dame de Montpenfier , étant morte fans poftérité ,
les feigneuries de Montpenfier Se d'Aigue-Perfe furent
adjugées à Bernard de Vendatour, comme repréfen-t
tant Marguerite de Beaujeu , fa mère. Peu de tems après
Montpenfier fut érigée en comté ; mais ce Bernard de
Vcntadour le vendit en 1384, à Jean de Fiance, duc
de Berri. La princeffe Marie, fa fille ( b ) , le porta a
Jean , duc de Bourbon , premier du nom , fon mari. Ce
comté fut érigé en duché-pairie par François I4 eii
1538 , vérifié au parlement le 6 de Mars de la même
année, Se confirmé pour la pairie en 1608. Marie-
Annc-Louife d'Orléans, unique héritière de tous les bien$
de la branche de Bourbon-Montpenfier mourut , le f
\
MON
400
Avril 1693 , Sclaiffa cette pairie à Philippe de France,
duc d'Orléans , frère unique de Louis le Grand , qui
par lettres parentes du mois de Mars 169; , accorda ia
continuation de la duché pairie de Montpenfier à Phi-
lippe de France , duc d'Orléans, ion frère ,6c à fes fuc-
ceffetfrs mâles & femelles. La principauté Dauphine
d'Auvergne 6e la baronnie de Combrailles , font unies
au duché de Montpenfier. (a) Corn. Diction. (b) Pi-
gariwl , Defcript. delà France , t. 6 . p. ; 2 1 . '
MONTPESAT, ville de France, dans l'Agenois.
Cette ville fut la feule caufe de la guerre qui fe re-
nouvella en 1322 , entre la France 6c l'Angleterre. Le
feigneur de Montpcfat avoit voulu faire fortifier un
château , qu'il avoit fur les limites des terres apparte-
nantes à ces deux couronnes ;& comme il y avoit un
différent entre elles pour railbn de ces mêmes Unifies ,
les officiers de Châties le Bel , roi de France , empê-
chèrent que le feigneur de Montpcfat ne fortifiât l'on
château. Sur ce différent il intervint yne fenrence par
laquelle la* place fut adjugée au roi de France , qui y
mit des gens pour la garder Se pour la défendre. Le
feigneur de Montpeiat mécontent fe retira à Bourdeaux
vers le fénéchal d'Angletene , qui pour foutenir fes
intérêts vint à main aimée devant Montpeiat , prit la
place par force 6c fit main baffe fur tous ceux qui
étoient dedans en garçifon. Charles le Bel , informé de
ces hoftilrés, envoya auffi-tôt en Gascogne une armée
confidérable, qui après s'être faifie d'Agen , matcha à
Montpcfat , la prit & la rafa : la place fut rebâtie quel-
que tems après. Elle a été prife depuis 6c reprife plu-
fieurs fois , tant par les Anglois que par fes propres
feigneurs. * André du Chesne , Antiquités des villes de
Fiance , pag. Si o.
MONTPESSIER , bourg de France , dans la Sain-
tonee , élection de Saintes.
MONTPE1ROUX, Mons Petrolus , abbaye d'hom-
mes , en France , de l'ordre de Cîteaux , filiation de
-Bonnevaux, dans la Baffe-Auvergne , diocèfe de Clcr-
mont , à deux lieues au nord de Thiers , fondée l'an
1 126.
MONTREGE AU (a)', petite ville de France , dans
la Gascogne , au diocèfe de Comminges , en latin Mons
Regalis. Elle eft à deux lieues de faint Gaudens du
côté de l'orient , à une lieue de faint Bertrand du côté
du fud , fur une éminence au bas de laquelle paffe la
Garonne, où la Nette fe décharge un peu plus haut.
L'air feft très-bon. L'églife paioiffiale eft dédiée à faint
Jean-Baptifte. Il y a un couvent d'hermites de faint
Auguftin que fonda la maifon d'Espagne , maifon très-
ancienne du pays , fondue dans celle de Gondrin. Cette
ville s'appelloit autrefois la Baptide , 6c étoit au bas
de la colline. Montregcau (b) eft affez marchande;
elle appartient au duc d'Antin. C'eft un des dix fiégcs
de jullice royale du pays de Rivière-Verdun, (a) Cura,
Dict. xVlémoives manuferits, (b ) Piganiol , Defc. de
la Fiance, t. 4. p. y 87.
MONTRESOR. Voyez. Mont-Tresor.
1. MONTREVAUX (Le grand), en latin Mons
Revclli, petite ville de France, dans l'Anjou, élection
d'Angers fur l'ifére au pays de Manges: elle a titre de
comté de de •chatellenie. On prétend qu'elle a été
bâtie par Foulques Nera. Il s'y tient toutes les femaines
un marché fort confidérable de befiiaux. Cette petite
ville a donné fon nom à une famille illuftre. * Piganiol ,
Defc. de la France , t. 7. p. 1 3 3.
2. MONTREVAUX (Le petit) , bourgade de Fran-
ce , dans l'Anjou , élection d'Angers. On y a découvert
une mine de plomb.
MONTREVEL, ville de France, dans la province
de Breffe fur la rivière de Reffouze , paroiffe du dio-
cèfe de Lyon, comté le plus ancien de la Breffe : la
jullice d'appel reffoutit nuement au parlement de Bour-
gogne ou au bailliage de Bourg , y ayant contcilation
fur cela ; 6c la juftice ordinaire reffortit îflï juge d'appel.
Cette ville députe aux érats de Breffe. Ce comté ap-
partient à la maifon de la Baume. * Carreau , DeCc.
de la Bourgogne.
i. MQNTKEUIL, en latin Monajîçriolum , ville
MON
de France , dans la Picardie , au comté de Ponthieu ,
élection de Dourlens, fur une colline , au midi& près
de la Canche , dans les terres environ à trois lieues
de la mer. Quelques-uns veulent qu'on l'ait appelléc
Montreuil pour Mont-Royal , mais il y a plus d'appa-
rence que ce nom lui eft venu de celui qu'elle a en
latin Monafterium ou Monafteriolum. Ce qui appuie
ce fentiment, c'eft qu'elle a une abbaye ancienne de
Bénédictins non réformés , appellée Saint Sauve. Quoi
qu'il en foit , on nomme encore cette ville Montreuil
fur mer , elle eft néanmoins éloignée de la mer d'en-
viron trois lieues. Louis VII acquit Montreuil en
1224, de Guillaume de Meneriis , feigneur de Main-
tenay. Cet! une place fortifiée, fépatéc en haute 6c
baffe ville par une fimple muraille. On y compte plus de
cinq mille habitans. Outre l'abbaye de S. Sauve il y a .un
petit chapitre nommé Saint Firmin,&huit paroiffes, dont
deux font hors des murs. L'abbaye de S. Auftreberte mo-
naitete de filles de l'ordre de S.Benoît, a été transférée du
lieu de fa fondation près de Hesdin dans la ville de Mon-
treuil. Il y a de plus un couvent de Carmes 6c un de
Capucins. * Mémoires divers.
Le bailliage de Montreuil a un bailli d'épée, un lieu-
tenant général , un lieutenant particulier , un confeiller ,
un avocat du roi , un fubftitut, un greffier. L'étendue
de ce bailliage étoit autrefois plus confidérable qu'elle
n'eft à préfent : Saint Orner , Hesdin , Saint Paul 6c
Teiouenne étoient de.fon reffort. Ces villes en furent
démembrées par le traité de Madrid , fous le régne de
François I. Les appellations du bailliage de Montreuil
font portées au parlement de Paris , hormis dans les
cas préfidiaux ; car pour lors elles font portées au
préfidial d'Amiens.
Cluvier croit que Montreuil eft le Lutomagitl de la
table de Peutinger. * Piganïol, Defcrip. de la France,
t. 3. p. 161.
2. MONTREUIL , bourg de France , dans l'Anjou ,
élection de la Flèche.
MONTREUIL L'ARGILE, petite ville de France,
dans la haute Normandie , au diocèfe de Lifieux , en
Jatin Monfirolium. Elle eft fituîe fur un ruiffeau appelle
Teinant, entre Gaffey , Saint Evroul , Chambrais 6c Or-
bec. Le Ternant tombe dans la Carentone entre Mon-
treuil 6c Chambrais. Cette ville eft le chef lieu d'un
bailliage. * Corn. Diet. Mémoiaes manuferits.
MÔNTREUIL-BELLAY , petite ville de France,
dans l'Anjou , aux confins du Poitou , fur la rivière de
Toué , à quatre lieues de Saumur, à dix d'Angers , 6c
cependant du diocèfe de Poitiers Elle a été fondée dès
le commencement du XI, fiécle, 6c tire fon origine
d'un petit monaftere qui avoit .été fondé en ce lieu ,
Se d'un feigneur nommé Bellay , dont le nom a été
corrompu en Bellay : ce feigneur y avoir fait bâtir un
château ; ainfi cette ville fut nommée Monafteriolum
Berlaii , 6c en vieux françois Mofterol Berlay. Il eft
fait mention de ce Berlay dans les .lettres de Geofioy,
comte d'Anjou , pour l'abbaye de la Trinité de Ven-
dôme , données l'an 1030, Se à laquelle chartre Berlay
fouferivit avec plufieurs feigneurs. Orderic Vital , au
dixième livre de fes hiftoires , Se après lui Gaufridus
ou Geofroy, disciple de faint Bernard , font mention des
feigneurs de Montreuil-Bcllay comme de gens confi-
dérables, 8e on en voit un nommé Beilay (comme
l'ancien) qui eft compté fous Philippe Augufte entre
les chevaliers Bannetets. La race de ces feigneurs ayant
été éteinte , Montreuil -Bellay fut réuni au domaine des
comtes ou ducs d'Anjou. * Longuerue , Defcription de
la Fiance , part. 1. pag. 103.
On trouve que Montreuil - Bellay foutint un fiége
vigoureux contre l'armée de Geofioy Plantegeneft , com-
te d'Anjou , qui s'en rendit enfin le maître 6c la fit
rafer. La chronique de Normandie fur l'an 1148, die
que ce fiége dura trois ans; mais une chronique d'An-
jou dit qu'il ne fut que d'un an. Cette baronnie fortic
en 1227, de la maifon qui portoit fon notn,& entra
dans celle de Meltin par le mariage d'Agnès de Bei lay,
héritière, avec Adam de Melun. En 1417» Margue-
rite de Melun la porta en mariage à Jacques d'Har-
court , conife de Montgommeiy 1 qui fit entourer de
murailles
/
MON
MON
murailles le bourg de Montreuil. De ce mariage naqui-
rent Guillaume & Marie d'Harcourt ; Marie epoufa le
19 Novembre 1459, Jean, bâtard d'Orléans , comte de
Dunois & autres lieux. Guillaume d'Harcourr, fiere
aîné de Marie , fut comte de Tancarville , vicomte de
Melun , baron de Montgommery & de Montreuil-
Bellay. Il époufaen fécondes noces Yolande de Laval,
dont il eut Marguerite d'Harcourt , morte fans alliance,
Se Jeanne , qui fut mariée à René II du nom , duc de
Lorraine, qui la quitta pour épou fer Philippe deGuel-
dres. Jeanne d'Harcourt mourut en 1488, fans pofté-
riré, Se laifla Montreuil -Bellay Se fes autres biens à
François d'Orléans , comte de Dunois , fon coufin ger-
main, puisqu'il étoit fils de Marie d'Harcourt Se de
Jean, bâtard d'Orléans , comte de Dunois Se autres Iieuxk
Montreuil -Bellay a demeuré dans la maifon de Lon-
gueville jusqu'en 1664, qu'il fut vendu au maréchal
de la Meilleraye. La feigneurie de cette ville eft con-
fidérable : elle a environ cent vingt vaflàux qui lui
font hommage. Le feigneur de Chourée qui en relevé eft
obligé , lorsque la dame de Montreuil - Bellay va la
première fois à Montreuil-Bellay , de la descendre de
fa haquenée , ou cheval , chariot ou earofle , & de
lui porter un plein fac de moufle es lieux privés de fa
chambre. Ce devoir eft porté dans un aveu de la terre
de Montreuil-Bellay , qui fe trouve dans les regiftres
du Châtelet de Paris. Il y a à Montreuil-Bellay une
maîtrile des eaux & forêts, élection, une maréchaufiee
& un corps de vilie. La cure eft defiérviepar un prieur
Bénédictin de la congrégation de S. Maur , affilié de
quatre religieux. On compte dans la ville trois cens
dix feux. 11 y a dans le château un chapitre compofé
de quatorze chanoines , dont l'ancien eft doyen. De-
puis deux cens ans ou environ les Auguftins fe font
établis à Montreuil-Bellay , Se les feigneurs de cette
vilie ont fondé un hôpital , où il y a quatorze religieux. *
Piçaniol, Defc. de la France , t. 7. p. 136.
MONTREUIL-LES BOIS , bourg de France , dans
l'Ifle de France, élection de Paris.
MONTREUIL-BONNIN, petite ville de France,
dans le Poitou , à trois lieues de Poitiers à l'occident.
Ce lieu a autrefois été fort célèbre pour les monnoies.
Le Blanc parle dune obligation de Pierre de Poralève ,
bourgeois de Tours, faite au comte de. Poitiers & de
Touloufe en 1267 , pour lui payer la fomme de mille
deux cens cinquante livres, tournois , pour le défaut de
la traite de la monnoie poitevine , fabriquée à Mon-
treuil Bonnin, diocèfe de Poitiers. Saint Louis écrivit une
lettre à fon frère Alphonfe , comte de Touloufe Se de
Poitiers , pour lui ordonner de faire cefler la fabrica-
tion de fa monnoie de Montreuil-Bonnin. Philippe le
Bel , par fon ordonnance de l'an 1308, enjoint aux
changeurs de porter tout leur billon à la monnoie de
Montreuil-Bonnin. Sur toutes les monnoies qui ont
été frapées dans cette petite ville , elle y elt appellée
Mounturvel ou Monturuel. * Piganiol , Defc. de
la France, t. j. p. 102.
MONTREUIL-LE-CHETIF , bourg de France ,
dans le Maine , diocèfe Se élection du Mans.
MONTREUIL-LES DAMES, abbaye de France,
dans l'Iile de France : c'eft un monaftere de filles de
l'ordre de Cîteaux. Il fut d'abord fondé en ri 36, par
Barthelemi , évêquedeLaon , à deux lieues d'Avcsne,
,d'où il a été transféré au pied de la ville de Laon dans
une léprofeiie. Jrovez, a<i mot Laon.
MONTREUIL-EN LASSAY , bourg de France,
dans le Maine , élection du Mans.
MONTREUIL-SUR-LOIR, bourg de France en
Anjou , élection d'Angers.
MONTREUIL SUR-MAYENNE, bourg de France,
dans l'Anjou , élection d'Angers.
MONTRICHARD. Voyez, Mont-Trichard.
MONTRIEUX , chartreufe de France , en Proven-
ce , au diocèfe de Marfeille , dans la viguerie de Bri-
gnoles.
MONTROL-SAVART, bourg de France, dans le
Poitou , élection de Confolens.
MONTROLLAND , en latin Morts Rollandus ,
prieuré conventuel de France , dans la Franche-Comté ,
du côté de Dôle. Il eft de l'ordre de S. Benoît , con-
401
greganon de Lorraine, c'eft à dire de S. Vanne Se de
S. Hidulphe. Les Bénédictins y ont un collège.
MONTROLLET , bourg de France , dans le Poitou»
élection de Thouars.
MONTROSS , ville d'Ecofle , dans là province d'An-
gus , en latin Mons rojarum. C'eft un port de mer
fitué du côté de Mernes, à l'embouchure de la rivière
d'Esk. Montrofs eft une ville marchande , & fon port
reçoit des vaifieaux confidérables. 11 y a de belles mai-
fons & un hôpital , fondé pour les pauvres habitans.
Elle donne le litre de duc , comme elle a donné au-
trefois celui de comte & de marquis au chef de l'an-
cienne Se noble maifon de Giaham. Baudrand, DicL
édit. 1 7GJ , croit que c'eft l'ancienne Celurea , qui
pouvoit appartenir aux Horeftes. * Etat préfent de la.
Grande Bretagne , t. 2. p. 166.
MONTROTTIER, bourg de France, dans le Lyon-
nois , élection de Lyon.
MONTROU , ville de France, dans le Péiigord
Noir , fur le Bandiat , félon Davity , Périgord. De
l'Ifle, Atlas , écrit Nontron.
MONTROZIERS, feigneurie de France, dans le
Rcuergue, élection de Rhodez.
MONTS , bourg de France , dans le Poitou ,électioa
de Richelieu.
MONTS DE NOTRE-DAME, montagnes de l'A-
mérique feptentiionale , d*ns la Nouvelle France. Cor-
neille , Ditt, dit qu'elles font entre le lac Cham-
plain au midi, Se le grand fleuve de Saint Laurent êc
le lac de Saint François, du côté du nord. Je ne les
trouve point marquées dans la carte de la Nouvelle
France , par de lifte.
MONTS-DESERTS , ifle qu'on trouve fur la droite
en entrant dans la rivière de Pentagouct , qui fe
décharge fur la côte méridionale de la Nouvelle France ,
environ par les 44 deg. 20 min. de latir. nord , & au-
tour de laquelle on pèche quantité de maquereaux^
* Hi(l. de la Nouvelle France , par le père Charlei'oix.
MONT-SAINT-VINCENT , en latin Mansfantli
Vincent'ùy bourg de France , en Bourgogne , dans le
Charolois , prieuré de l'ordre de faint Benoît , uni à.
l'abbaye de Cluni à caufe du prieuré de Paray , archi-
prêtré Se paroifTe du diocèfe de Châlons , avec Mé-
part i baronnie ou châtellenie du domaine du feu comte
de Charolois-, mairie pour les affaires économiques,
grenier à fel , bourg qui députe aux états particuliers
du Charolois. La montagne fur laquelle ce bourg eit
fitué , paflè pour l'une des plus hautes de la province
de Bourgogne. * Garreau, Defcription de la Bourgogne ,
édit. 17^4.
MONTSAUJEON . bourgou petite ville de France,
enclavée dans la Champagne. Elle eft fi tuée fur la
Vigenne (a), au bas d'une petite montagne, à fix
lieues de Langres , en prenant la route de Dijon. Voyez.
l'article fuivanr. L'évéque de Langres fe dit comte de
Montfaujcon. Il y a un grenier à fel. (a) Corn. Dict.
{b) De l'Ifle, Atlas.
MONTSAUJONNOIS, petit pays de France ,ei>
clavé dans, la Champagne. Il eft borné au nord par
l'élection de Langres, à l'orient par la Franche -Comté,
au midi par la Bourgogne , Se au couchant par le
bailliage de la Montagnei * Mont-Saujeon eft le chef-
lieu de ce pays.
MONTSEMPROU ou Mont-Saint Prou , ville
de France, dans l'Agénois. Corneille , Diiï. dit, après
Davity , que cette ville eft entre le Lot Se le Dior;,
De l'Ifle , Atlas , qui la nomme Mosimpron ,1a place
fur ia rive droite du Lot, au-deffous de Fumel Se
au-defïus de Ville neuve d'Agénois, fur une hauteur.
MONTSOREAU. Voyez. Monsoreau.
MONTVILLE , bourg de France , dans la Nor
mandie , au pays de Caux , avec haute- jufticc Se titre
de baronnie* Il eft fitué à deux ou trois lieues de
Rouen fur la petite rivière de Bapaume y où fe fait
la jonction des ruiffeaux qui ont leur fource au deffus
de Cailli Se de Claire. Cette baronnie comprend les
paroiffes de Monville , d'EIete , d'Anteaumevillc &
autres. * Corn. Dict. Mémoires dreffés fur les lieux en
1705.
MONTUNATES, peuples d'Italie, dans le terri-
Tom. IV, Eee
MON
402
toite de Milan. Us habitoient , félon Gaud Mérula,
le village aujourd'hui nommé Galerato. Cette opinion
eil fondée fur une ancienne infeription qui fe trouve
à Galerato. * Ortelii Thef.
MONTUNIATES, VICANI, LOVAN1ES. On
trouve ces noms dans le Thréfor de Goltzius , qui les
rapporte d'après une ancienne infeription. Si nous en
croyons Léander , ce font les noms de trois montagnes
de la Toscane , qu'on appelle encore aujourd'hui Mon-
tttani.
MONTZINGEN , petite ville d'Allemagne , dans
le palatinat du Rhin, entre Sobrenhtim & Gemiinde,
dont elle eft très-proche. * Zeyler , Topog. Palat.
Rheni.
MONUCAON ou Manukaon, ville de l'ifle de
Java. Corneille, DicK qui cite le voyage des Indes de
Mandeflo , écrit Monvoaon pour Monucaon , première
faute. 11 ajoute qu'elle obéit au roi de Bantan , Se qu'elle
n'eft pas fort éloignée de la ville de ce nom , autre
faute. Mandeflo n'a point dit que Monucaon n'étoit
point éloignée de Bantan : il avertit feulement , Voyag.
des Indes , l. 1. p. 336", que de Monucaon on va par
le village de Gavon à la ville de Jacatata , Se enfin
à celle de Bantan. Pour fixer la pofition de Monu-
caon , il faut dite qu'elle eft fur la côte feptentrionale de
l'ifle de Java, environ à quatre milles à l'eft de Bata-
via , Se à fept milles de Bantan. On la" nomme auffi
Pananoekan. * Roland , Carte de L'ifle de Java.
MONZA , Modoetia , ville d'Italie , dans le Mila-
nez (a), dans une grande plaine fur le Bord du Lam-
bro , environ à onze milles au nord de Milan. Théo-
doric , roi des Goths , la fit réparer , Se Théodelinde ,
reine des Lombards , y fit bâtir une belle églife à l'hon-
neur de faint Jean Baptifte (b). Elle la dota richement ,
Se fit préfent à cette églife d'un fapphir de grand prix ,
d'une poule qui couvoit fes poumns & de plufieurs
vafes , le tout d'or. Saint Grégoire , pape, y donna auffi
plufieurs reliques que l'on conferve en ce lieu dans de
riches reliquaires , fur tout une croix de cryftal qu'il
envoya au roi Agilulphe , mari de cette princefle. On
y voit la couronne de fer, qui eft une de celles dont
on couronnoit autrefois les empereurs , en qualité de
rois de Lombardie. Elle eft appellée couronne de fer ,
à caufe d'un cercle de fer qui eft en dedans , & qu'on
prétend être fait d'un clou , dont on s'eft fervi pour
attacher Notre Seigneur en croix. Cette couronne eft
dans le tréfor de cette églife , où l'on conferve plufieurs
chofes curieufes, parmi lesquelles font deux autres
couronnes d'or en forme de diadème, l'une d'Agilul-
phe , Se l'autre de la même Théodelinde. Sur les monts
Brianza , à la gauche de Monza , il y a un vignoble
excellent Se renommé. ( a ) Magin , Carte du Mila-
nez (b) Corn. DiCt. Nouveau voyage d'Italie. Délices
d'Italie.
L'abbaye de Carraval eft peu éloignée de cette ville.
Les fiéges des religieux paflent pour un des plus beaux
ouvrages de fculpture qu'il y ait dans la Lombardie.
L'ouvrier y a repréfenté la vie de faint Bernard avec
une adrefic furprenante. Dans le cimetière des religieux
font quelques tombeaux dignes de remarque. On y
montre la place où étoit celui d'une certaine Guille-
mine ,qui vivoit dans le douzième fiécle,& qui parut
être morte en odeur de fainteté Tan 1281 , après avoir
abufé tout le monde pendant un grand nombre d'années.
Cette réputation de fainteté fe conferva quelque rems
après fa mort. La doctrine déteftable de ceux qui fui-
voient fes maximes , l'ayant fait examiner plus particu-
lièrement , on reconnut que c'étoit une forciere qui
s'étoit fervi d'enchantemens pour furprendre l'appro-
bation du peuple. Son corps fut déterré Se brûlé par
la main du bourreau en 130©. On fait remarquer en-
core fa maifon vis-à-vis des Buon-Fratclli. Selon ce que
fes fectateurs eurent la hardi efle de foutenir , cette
Guillemine étoit le Saint Efprit qui s'etoit incarné ,
félon la chair , de Confiance , reine de Bohême. Ils di-
foient qu'elle n étoit morte que félon la chair; qu'elle dc-
voitreflusci ter avant laréfurredion univerfelle, Se monter
au ciel en préfence de fes disciples ; qu'une certaine
Mayfrcda , qu'elle laifToit pour fon vicaire en terre ,
diroic la Méfie fur fon tombeau ■> qu'elle feroit aflife
MOP
fur le fiége de Rome , d'où elle chafTeroit tous les
cardinaux , après quoi elle feroit choix de quatie per-
fonnes éclairées pour écrire un nouvtl Evangile. On
croit que Monza eft la Modoetia des Infubres.
MONZEE , Lunttlacitm , abbaye d'hommes , ordre
de faint Benoît, dans la haute Autriche , au midi du
lac de Traun.
MOON , bourg de France , dans la Normandie ,
élection de Saint Lo. 11 a titre de baronnie , avec haute
juftice.
MOPANG , forterefle de la Chine , dans la province
d'iunnan. Elle eft de dix-huit degrés vingt-une minutes
plus occidentale que Péking , fous les vingt-deux degrés
cinquante une minutes de latitude. Le territoire de
cette forterefle occupe la partie méridionale Se la partie
occidentale de cette province: il eft au nord-eft du
royaume de Mien , & voifin de ceux de légu Si de
Bengale. Comme les habitans ne font guère fournis
aux Chinois, on connoït allez peu le pays. On dit
néanmoins qu'il produit du poivre , que l'on y trouve
de bon étain , & qu'il fournit d'excelltns chevaux.
C'étoit une des dépendances du royaume de Mien , Se
le palais du roi y étoit bâti. La famille d'îuen le dé-
truifit , Se y conftruifit une bonne forterefle , où elle
mit une forte garnifon. Les hommes de ces quartiers
font habillés de blanc: ils fe peignent le corps, Se y
font différentes figures. Ils s'arrachent la barbe avec
des pincettes ; ils ornent leurs fourcils ; ils fe laiflent
croître de grandes mouftaches -, ils portent aux bras Se
aux jambes des anneaux d'or ou d'yvoire -, ils ont les
oreilles extrêmement longues ; ils fe les percent & y
mettent de fort grand anneaux. Les femmes font es-
claves chez eux. Ils s'adonnent beaucoup au commerce
Se à l'agriculture. Ils font d'un caractère affez doux ;
mais il faut bien fe défier d'eux: car ils ne cherchent
qu'à tromper. Us adorent l'idole Fe : ils croient la
métempfycofe , & ils ont un refpecl: très-grand pour
leurs prêtres. La carre de la Chine marque dans leur
territoire jusqu'à neuf fortereffes ; favoir,
Mopang ,
Mengyang ,
Mengking,
Mcnglien ,
Mengli,
Mengting ,
Mengtien,
Mengco ,
Mengchang.
* Atlas Sinenfïs.
MOPH. Voyez. Memphis.
MOPHAS. Voyez.VvHAs.
MOPHI & Crophi : en grec uStpt Se Kpiïçi , mon-
tagnes d'Egvpte. Hérodote, /. 2. cap. 28. les place au-
defiîis de Thebes & d'Elephantina. 11 femble que Sé-
neque , /. 4. Naturalium , les appelle les veines du)
Nil. Lucain dans fa Pharfale fe fert de la même ex-
preflîon dans ce vers , /. 10. v. 325.
•
Et feopuli , placuitfluvu qiios dicere venaf.
MOPHIS , fleuve de l'Inde, en-deçà du Gange , félon
Ptolomée ,l.j.c. 1 .
MOPPET ou Morpit. Voyez. Morpeth.
MOPSI-TUMULUS. Voyez, HemopsonestiA.
1 . MOPSIUM , ville de la Pélasgiotide dans la Thes-
falie , félon Strabon , /. 9. p. 443 , Se Etienne le géo-
graphe.
2. MOPSIUM. Voyez.Mo?svs.
MOPSOCRENE Se Mopsonestia. Voyez, Hemop-
SONESTIA.
MOPSOPIA.Ky^ Pamphylia.
MOPSORUM URBS, ville de la Theflalie, félon
Rotmarus dans fes notes fur Apollonius.
MOPSOS. Voyez. Hemopsonestia.
MOPSUESTIA ou Mopsueste .ville de laCilicie,
fur le fleuve Pyrame , au-defibus d'Anazaibus, Se plus
près de la mer que cette dernière ville. Sirabon, /. 14.
p. 676, la met au nombre des villes fituées fur le golfe
Iflîcus -, mais comme il mer fur ce golfe d'autres villes,
qui en étoient à quelque diftance , il n'eft pas étonnant
qu'il y ait mis Mopfuefte , quoiqu'elle ne fût pasfituée
précifément fur la côte. Ptolomée , Procope Se quel-
ques autres ne font qu'un mot de Mopfiicftia ; mais Stra-
bon Si Etienne le géographe le divifent : ils écrivent
MOR
Mopfu-heflia. , Mo^oo içriu. Pline dit Amplement Mop-
fos , ôc il fait entendre que les Romains lui avoient
laiflé la liberté. Procope, JEdïf. l.$.c. 5. nous donne
l'origine de cette ville, & décrit les édifices qu'y fit
faire Juftinien. Mopfuefte , dit-il , eft une ville de
Cilicie, qui fut autrefois fondée par ce devin fi célè-
bre , & qui eft arrofée & embellie par le fleuve Py-
rame , fur lequel il n'y avoit qu'un pont , qui tomboit
en ruine & qui menaçoit d'une mort prochaine ceux
qui y paflbient. Cet ouvrage /qui n'avoir été bâti que
pour la fureté des hommes , étoit devenu pour eux un
ïujet de crainte Ôc un lieu de péril. L'empereur a fait
réparer foigneufement tout ce qu'il y avoit de rompu ,
& a rendu la fermeté au pont , la fureté aux paflàns
& l'ornement à la ville. Quoiqu'après de pareils témoi-
gnages on ne puiffe douter que Mopfuefte ne fût bâtie
fur les bords du Pyrame -, cependant Zonare, in Nice-
phoro Phoca , p. 161 ,ôc Cédrene la placent fur le Sarus ,
qui étoit beaucoup en-deçà ; mais ou Zonare s'eft trom-
pé, ou c'eft une faute de copiée. A l'égard de Cédrene ,
fon témoignage n'eft d'aucun poids dans cet endroit ,
où il n'a fait que fuivre Zonare. L'empereur Adrien
embellit cette ville de divers édifices ; auffi prit-elle le
nom de ce prince. Sur une médaille de l'empereur
Antonin le Pienx on lit ces mots : AAPIANON MOPEA-
TftN , Hadrianorum Mopfeatarum : car les habitans fc
nommoient Mopfeates , félon Etienne le géographe. La
notice de Léon le Sage donne à Mopfuefte le fécond
rang parmi les évêques de la féconde Cilicie : celle
d'Hiérocles lui attribue le même rang ; mais la notice
du patiiarchat d'Antioché lui donne le rang de métro-
pole indépendante.
MOPSUS TUMULUS , lieu de la Theffalie, à moi-
tié chemin , entre Tempe ôc Lariffe , félon Tite-
hive , l. 42. c. 61. Les meilleurs exemplaires lifent
Motfuim.
MOPTENSIS , M?<î7f»/Jj",fiégeépiscopal d'Afrique,
dans la Mauritanie Sitifenfe. Dans la conférence de
Carthage , Léo elt qualifié Episcopus Moptenfis. On
y trouve en même-temps Félix ,évêque Donatifte. Hard.
colleét. conc. vol. i.p. 1093 , 1250.
MOQUA , fortereffe de la Chine , dans la province
de Queicheu , au département de Quciyang , première
métropole de la province. Elle eft plus occidentale que
Pekingde n deg. 45 min. par les 25 dcg. 37 min. de
latit. * Atlas Sinenfis.
1. MORA ou Moron, lac de la Paleftine , efl le
même que celui de Semechon. Voyez. Semechoh.
2. MORA , petite place d'Espagne , dans la Cata-
logne , fur le chemin de Valence à Barcelone. On le
rencontre fur le chemin de Gineftar à Flix. * Délices
d Espagne ^.592.
3. MORA , ville d Espagne , dans la Nouvelle Cas-
tille , à fix lieues de Tolède fur la Tajuna. Elle eft la
capitale d'un comté , érigé par Philippe III. On y fait
de bonnes lames d'épée \ Se un château bien fortifié
lui fert de défenfe. * Délices d'Espagne, p. 340.
4. MORA , ville de l'ifle de Corfc. Ptolqmée , /. 3.
c. 2. la place dans les terres entre Opinum ôc Matisa.
On croit que c'eft Villa de Mori.
j. MORA (La), ou Mohr , rivière du royaume
de Bohême, en Moravie. Elle a fa fource dans les
montagnes auprès de Morawitz , d'où , ferpentant vers
le fud eft & l'eft , elle paffe à Romerftads , en bohé-
mien RymaroW , à Stahl , & à Fridland , de-là , cou-
rant vers le nord jusqu'à Freudental , en bohémien
Bruntal , dans la principauté de Troppau , elle fert de
limites entre cette principauté ôc le comté de Mora-
vie , en fe recourbant vers le midi vers Raudenberg ,
& entre au duché de Siléfie \ delà elle coule à l'orient
jusqu'à Wigftein , en bohémien Witkow;puis ferpente
vers le nord de le nord-eft , paffe par Moravice , reçoit
les rivières de Hosnicz &c d'Oppa ; 6c fe tournant en-
fin vers l'orient , elle va porter leurs eaux & les fien-
nes dans l'Oder , entre Hiltschin ôc Dubrozlawitz , un
peu au deffus d'Oderberg. * Comenius , Morav. Tab.
MORABA , fleuve d'Afrique, dans l'Abyffinie. Sa
fource eft au voifmage de Fremona , d'où , coulant vers
le nord , il paffe au pied de la ville de Duvarna. Son
cours eft enfuite au midi , d'où revenant vers fa fource ,
MOR 403
après s'être caché quelque temps fous terre, il va fc
perdre dans le Tekefel au pays de Deghin. * De l'ifle ,
Rudolf. Foncet , -voyage d'Ethiopie.
MORABUS, lieu de la Pannonie , félon Cédrene
& Curopalate , qui la placent de l'autre côté du Da-
nube , Ôc dans le voifmage de Crala en Turquie. *
Ortclii Thefaur.
MORADUNUM. Trithême , dans les annales de
la France , met dans la Gaule Belgique fur le Roer une
ville ancienne qu'il nomme Moradunum, & qu'il dit
voifine d'un lieu quil appelle Ntocum Caflellum. A la
marge du livre , dit Ortelius , Tbefaitr. on lifoit que
Moradunum eft aujourd'hui Wer&en , ville ôc abbaye.
Voyez. Werden.
MORAGUS. Voyez. Claroangus.
1. MORAN , bourg de France, dans la Tourainc ,
élection d'Amboife.
2. MORAN , on Morant , port de l'Amérique
feptentrionale ,. dans la Jamaïque, dans fa partie orien-
tale , à vingt-cinq lieues du Port-Royal. Il fut pillé
en 1694, ôc fes deux fotrs démolis parDucaffe, alors
gouverneur de Saint Domingue. Ce quartier étoit très-
riche ôc très-bien érabli.
MORANCY-SUR-OISE, paroiffe du diocèfe de
Beauvais , à une lieue au-deffus de Beaumont , fur le
rivage droit de la rivière d'Oife. Charles le Chauve
avoit donné cette terre à un de fes feigneurs , nommé
Leuton , qui enfuite en fit donation , de fon con-
fentement , l'an 844 , à l'abbaye de Saint Denys , avec
l'églife du lieu , Vûlam qua nuncupatur Maurinciagï
curtis fitara in comitatu Camliacenfe , avec deux ha-
meaux qui en dépendoienr. De Valois , en fa notice
des Gaules , a cru que ce lieu pouvoir être le Moran-
tiacum , dont eft datée une loi des empereurs Valens ,
Gtatien , &c. ou un autre Moranghes ; mais on ne voit
pas que ce Morancy ait été un lieu de paffage fur
l'Oife. Les ritres de Saint «Denys font depuis toujours
mention de la terre de Morancy. Elle eft fous le litre
de Moranty-la-vtlle , dans le pouillé de cette abbaye.
Le dictionnaire univerfel de la France met Morancy
dans la Picardie , diocèfe de Senlis : ce qui eft faux. Ce
village au refte eft peu confidérable pour le nombre
des habitans.
MORANE ou Morannes , bourg de France , dans
l'Anjou , fur la rivière de Sarte , à deux lieues au-deffous
de Sablé , à quatre de la Flèche , ôc à la même diltance
de Château-Gontier. Ce bourg , qui eft un lieu de
paffage de la Flèche & du Lude pour aller en Bre-
ragne , eft connu par fes tanneries , & encore plus par
fes bons vins. Ses maifons font bâties de pierre ôc
couvertes d'ardoife du pays. Le rerriroire produit des
grains ôc des pâturages. Il y a près de Morane un
couvent de.Cordeliers , appelle la Salle, & qui joint
la forêt de Précigné. * Corn. Di£t. Mémoires ma.*-
nuferits.
MORANGE. Fov^Morhange.
1. MORANO , bourg d'Italie , au royaume de Na-
ples , dans la Calabre Citérieure, avec un château
fur une montagne. Bâudrand , Ditl. ajoute que ce
bourg eft dans l'Apennin , à la fource du Cochile , aux.
frontières de la Bafilicate , à quatre milles de Caftro-
Villare , à trente-cinq de Cofenze au feptentrion , &
presque à pareille diftance de la mer de Naples au
couchant , ôc du golfe de Tarente au levant. On pré-
tend que c'eft l'ancien Muranum ou Sitmmuranum.
Voyez. Muranum.* Magin , Carte de la Calabre Ci-
térieure.
2. MORANO , bourg d'Italie , dans l'état de l'églife,
dans .le territoire d'Orviéto , au nord de la ville de
ce nom , fur la rivière de Chianc. * Magin , De l'Or-
viétan.
MORANTIACUM , nom de lien , à ce qu'il paroît
par le titre premier du code Théodofien , De officia
rellor. provincu.
MORASTHl.Koy^ MaresA.
MORAT, ville de la Suiffe, fur la route d'Aven-
che à Berne , au bord du lac de Morat , ôc le chef-
lieu d'un bailliage , auquel elle donne fon nom. Cette
ville médiocrement grande eft.compofée de deux par-
ties , dont l'une , qu'on appelle la Rive , eft au bord
T#w. IV. E e e ij
MOR
404
du lac , Se l'autre au-deflus fur une hauteur , qui a
une belle esplanade. On y voit un château antique,
où rende le bailli , que les Bernois Se les Fribourgeois
y envoient tour à tour pour cinq ans. * Etat & Dé-
lices de la Suijje , t. 2. p. 3 J4. Se fuiv.
La ville de Morat elt célèbre par trois fiéges mé-
morables qu'elle a fourenus : le premier ( a) , en 103 2 ,
contre l'empereur Conrad le Salique ; le fécond ( b )
en 1291 , contre Rodolphe de Habfbourg ; Se le troi-
fiéme (c) en 1476, contre Charles le Hardi, der-
nier duc de Bourgogne. Ce dernier fut fuivi de cette
bataille mémorable , qui fut livrée aux portes de Mo-
ral , entre ce duc & les SuilTes, Se où le premier fut
vaincu & fon armée mife en déroute , de façon qu'elle
laifla tout fon bagage & fes munitions en proie aux
vainqueurs. Les habitans de Morat en célèbrent la mé-
moire de tems en temspar des fêtes & des réjouiflances.
On voit encore en quelques endroits des murailles les
brèches que firent les boulets de canon. Quand on
confidere aujourd'hui l'état des murailles & des forti-
fications de cette ville , on ne peut concevoir comment
elle put tenir tête à une armée comme celle du duc
'de Bourgogne. On voit dans la maifon de ville le por-
trait de ce duc, & c'eftle même qui fut trouvé dans
fa tente. Il y paroît à demi-corps , la tête presque rafée,
comme celle d'un moine, Se avec un air très-fier, (a)
Wipo , In vita Conradi Salici. (b) Fugger , Ocftreichifch
Ehren Spiegel. (c) Ettcrling, Chronic.
Le grand remple eft ce qu'il y a de plus remarqua-
ble à Morat : il a été bâti 'depuis peu d'années. La nef
eil voûtée, & il y a un très-beau plafond de plâtre,
orné des armes de Berne Se de Fribourg , & de celles
de la ville. La rue , qui elt près de ce temple, eft bor-
dée des deux côtés de maifons , donr les devans font
faits en arcades , tellement qu'on y peut pafler à l'abri
des injures de l'air. Cette ville eft riche. Elle a un
beau domaine , entre autres la feigneurie de Chatel.
A un quart de lieue de Morat , on voit fur le grand
chemin d'Avenche , une chapelle remplie d'oflemens
de Bourguignons qui périrent dans la bataille Se dans
le fiége en 1476". Au-deflus de la porte de la chapelle ,
on lit cette infeription finguliere que les SuilTes y ont
fait mettre :
Deo opt. MAX.
Caroli inclyti et fortissimi
BurguhdijE ducis exercitus,
MURATUM OBSIDENS AbHeLVETIIS
C'JSCS HOC SUI MONUMENTUM
RELIQUIT, ANNO MCCCCLXXVI.
Le territoire de Morat elt un pays de vignes, aulTi
bien qu'une partie du bailliage, & entre autres les Vul-
lies -, mais le vin en elt médiocre. Le refte elt un pays
de champs , de prés , de bois Se de marais. La Broyé ,
fortant du lac de Morat, forme un canal dune lieue
de long, & va le jetter dans celui d'Yverdun. Par ce
canal on peut aller de Morat dans le lac d Yverdun ,
Se par ce dernier à Yverdun , à Neuchâtcl , Se de-là
dans le lac de Bienne , Se enfuite dans l'Aare , Se de
l'Aare dans le Rhin , ce qui rend Morat allez com-
merçant. Au bord feptentrional du lac de Morat, Se
à l'occident du canal de Broyé , on trouve un grand
marais qui touche les trois lacs voifins, Se qui a quatre
lieues de tour. Quand la Broyé eft débordée , ce marais
eit tellement inondé que les trois lacs n'en font qu'un ,
& il y a grande apparence qu'anciennement tout cela
n'étoit qu'un lac. Ce marais fert de pârurage aux com-
munautés voifines. Il ne feroit pas impolTible de le
delTécher ; mais il faudroit bien de la dépenle : cepen-
dant on en feroit bien dédommagé par le terrein que
l'on gagneroit.
Le lac de Morat peut avoir 25 brades de pro-
fondeur. Le poiffon qu'il nourrit eft beaucoup plus
délicat que celui du lac de Neuchâtel , quoique ces
deux lacs foient peu éloignés l'un de l'autre. * Etat
& Délices de la Siiijfe , t. 2. pag. 36c.
Le bailliage de Morat fe trouve fur la route
d'Avenche à Berne (a). 11 appartient en commun aux
cantons de Berne Se de Fribourg. Ce bailliage eft aux
frontières des deux langues : car dans la partie qui eft
MOR
au nord Se à l'orient de Morat on parle allemand,
Se dans la partie qui eft au midi Se à l'occident de
Morat , même dès le village de Meiri , en allemand
Merlach , qui eft aux portes de la ville , on parle fran-
çois ou romand. Dans, la ville de Morat les deux lan-
gues font également en ufage. Il y a deux églifes , l'une
françoife , qui s'allemble dans les deux temples de la
ville, comme étant la plus ancienne ; Se l'autre alle-
mande, qui s'alTemble dans les mêmes temples, lors-
que l'églile françoife ne* les occupe pas , Se dans un
temple qui eft hors de la ville , dans le village de
Montillier, lorsque l'églife françoife occupe le grand
temple de la ville. Autrefois la langue françoife l'em-
portoit de beaucoup fur l'allemande , Se dans la ville
Se dans le bailliage ; mais depuis quelques années dans
les tribunaux tout fe traite en allemand. Du refte tout
le bailliage eft de la religion Proteftante , & la ville
de Morat en particulier a eu pour prédicateurs des
Protcftans François , entre autres le fameux Guillaume
Farel. La communion de Genève fut établie à Morat au
commencement de Tannée 1530, à la pluralité des voix
(/•), en préience des députés de Berne Se de Fribourg, qui
y avoient été envoyés pour prefider à cette action.
Le refte du bailliage imita bientôt les habitans de la
ville, (a) Etat & Délices de ta Sutffe , t. 2. p. 3^3.
(b) Hijtoire de la réforme de la Suijje , t. 3. 1. 7.
p. 24.
1. MORAVA ou Morawa (La), rivière de la
Turquie , en Europe. Elle a fa fource dans la Bulgarie ,
aux confins de la Servie , dans les montagnes qui fé-
parent la Bulgarie de la Macédoine , au midi de la
plaine de Collava qu'elle arrofe. Elle coule du fud au
nord , reçoit un ruifleau qui vient de la gauche , Se
qui ayant fa fource auprès du tombeau d'Amurat , pafle
à Preifina-, elle fe groffit de la Liperitza un peu plus
loin , Se fe partage en deux branches qui enferment
une allez grande ifle. Celle de la droite s'appelle la
Morava de Bulgarie, parce qu'elle continue de cou-
ler dans cette province. En fortant elle reçoit la Nilla-
va , déjà groffie de la Lietniza Se de la Mouchava , Se
pourfuit fa route dans la Servie. La branche de la
gauche entre d'abord dans la Servie , ferpentant tantôt:
vers le couchant jusqu'à Urchup ou Précop , tantôt
vers le nord-oueft , Se enfin vers le nord ; reçoit auprès
de Précop la ToplilTe rivière, Se auprès de Zazacles
rivières de Hibar Se de Rasca jointes dans un même lit.
Se fe rejoint enfin à l'autre branche. C'eft cette branche
fie la gauche qu'on appelle la Morawa de Servie. Ces
deux branches enfin réunies , la rivière court vers
le nord , Se fe partage de nouveau en deux bran-
ches qui font une ifle triangulaire , Se elle feperd dans
le Danube. Sa plus grande embouchure eft à l'orient"
de Semendria. L'autre eft à l'orient de Couîitz , bour-
gade limée dans l'iflc même.
2. MORAVA ou Morawa (La), rivière de Mo-
ravie, de Hongrie Se d'Autriche. Elle a fa fource aux
confins de la Bohême , dans les montagnes qui fépa-
rent le comté de Glatz du marquifat de Moravie,
auquel elle donne fon nom. Elle coule de là vers le
midi, pafle à Altftadt , à Krumberg, à Fifenburg , en
bohémien Ruda. Elle reçoit plus bas la'DESNA,qui
vient de Schonberg, puis la Sazava & la Brezna déjà
mêlées enfemble , Se continuant de s'enfler de divers
ruifleaux à droite Se à gauche, elle forme une petite
ifle où eft Liita, en bohémien Litowel ; elle arrive en-
fuire à Olmutz où elle reçoit deux rivières, dont la
principale eft la Fiftritz. Plus loin elle fe fépare en deux
branches, enferme une ifle des deux côtés de laquelle
elle reçoit la Beceva , la Blata & la Rumze, enfuite
la Hana , la Ruflawa au delTus & au-deffous deKrem-
fir , en bohémien Kromeritz ■■, elle environne Hradish,
Se au-deflbus reçoit l'Oflawa ; peu après elle fe parrage
en deux branches, qui,ens'écartant Se fe rapprochant,
forment trois ifles dans l'une desquelles eft limée Os-
trow. La branche droite baigne Wefeli , Stratsnits ,
Skalitz*, la gauche ne baigne de lieux conlidérables que
Godingjelle fe groffit enfuite de laTeye, en entrant
en Autriche , ou plutôt courant entre cette pro-
vince Se la Hongrie jusqu'au Danube. Voyez. Mora-
vie.
M OR
MOR
3. MQRAVA de Bulgarie. ? K««Morawai.
4. MOU AVA de Servie , S y
MORAVIE (La). Les Allemands l'appellent Mah-
ren, 8c prononcent Mseren , maaauifat annexé au royau-
me de Bohême. Il eft borné W nord , partie par la
Bohême, partie par la Siléfie ; à l'orient, partie par la
Siléfie 8c. par le mont Krapack ; au midi par la Hon-
grie & par l'Autriche ; au couchant , par la Bohême ,
dont la frontière va du fud-oueft au nord-eft. Quoique
ce pays n'ait que le fimple titre de marquifat , ceux qui
traitent de la Bohême le nomment avant le duché de
Siléfie. C'eft apparemment , comme le remarque Zeyler,
à caufe de fon étendue , Se parce que c'étoit un royau-
me fous lequel celui de Bohême a été compris ; 8c
parce qu'eniuite la Bohême , ayant pris la fupériorité
fur ces deux autres pays , la Moravie y a été incor-
poré avant la Siléfie. Son nom vient de la rivière de
la Morave qui le traverfe. Le nom latin de cette rivière
cftMAROjles Allemands l'appellent der Mahr , Marti
ou March ; les Bohémiens difent Mora'va' 8c Mo-
ra'wska Zemie. Ce pays eft entouré de trois côtés
par des montagnes , des forêts & des rivières : il eft
hérifie de montagnes , 8c coupé par un très-grand nom-
bre de rivières & de ruifleaux , qui la plupart fe réu-
nifient ou dans la Morave , ou dans la Teye , ou dans
l'Oder. Deux fe jettent dans le Vag , tiviere de Hon-
grie. Voici une lifte des villes de la Moravie, félon
l'ordre alphabétique fuivi par Zeyler.
Auspitz ou Huflopecz ,
Aulîerlitz ou SlawkovV ,
Brinn ou Brno, avec un fort château ,
Brod ,
Buchlowitz ,
Budweifs ou Budegowice,
Bytetsch ou Bytesch,
Ctemfir ou Kremfier , ou Kromertz ,"
Crumau ou Krumlow ,
Eulenbourg ou Eylenberg ,
Eyszgrub , en bohémien , Lednice ,
Eywanschitz ou Ewanczitz ,
Frating ou Wrateni ,
Freyberg ou Pribor ,
Fridland ,
Fulneck,
Gewicz ,
Goding ou Hodonin ,"
Hanftat , en bohémien , Zabrech ,
Hoff, en bohémien , Dworce ,
Holeschau ,
Hofterlitz ou Hofteradice ,
Hradisch ou Hradicht , ou Hradistie ,
Hulin ,
Jamnitz ,
Iglaw ou Gihlawa ,
Ingerwitz , en bohémien , Gimramon ,
Kamenitz,
Kaunitz ,
Kofetin ,
Leipnick ou Lipnick ,
Lundenbourg, ou Luntenbourg , ou Lumpen ,
Mezeritsch à l'orient vers la Hongrie & la Siléfie ,
fur la Beezwa ,
Mezeritsch , au couchant vers la Bohême , fur l'Os-
lawa,
Mirau ou Mirow ,
Muglitz ,
Neuftdat ou Unicow ,
Niklsbourg , Nicolai Burgum ou Niclasbourg ,
OtMuTZ capital de la Moravie, & le fiége d'un éve-
ché,
Oftra,
Polna ,
Prerow ,
Proftnitz ou Proftégow ,
Proftomerioz ou Proflmeritz ,
Schatftein ,
Schauenbetg ,
Selowitz ,
Steinberg ,
4°*
Strafitz ou Strasnitz , ou Strasnicz ,
Teltsch ,
Tisnow ,
Titschein ou Gitoin -, l'ancienne n'eft plus qu'un
bourg avec un château du côté de la Siléfie.
Tfrschein ; la nouvelle eft une ville , qui n'eft pas loin
du bourg 8c du château de Stramberg 8c du mont
Rodhoft,
Tabitschau ,
Trebitz ou Trebicz ,
Tribovv ou Trebow ,
Weifskirch ou Hranicc ,
Wefeli ,
Wefternitz ou Wifternitz ,
Wischa ou Wisko ,
Zblanitz ou Slavonice ,
Znaim ou Znoimo, aux frontières de l'Autriche.
Outre cela il y a d'autres lieux remarquables en
Moravie , entr'autres le château de Hodolin, celui
de Hollitz brûlé en 1621 , par Betlem-Gabor , la
forterefie de Jofew itz prife en 1 6 i 9 , par Tampir 8ç
quelques autres. Entre celles que nous avons ndltimées
dans la lifte , nous avons mis les principales en caractè-
res différens.
MORBACH. Voyez. Murbach.
MORBEC, village des Pays-Bas, dans la Flandre,
entte Cafiel 8c Merville. Il y a un château. C'eft un
titre de principauté. * Dictionnaire géographique des
Pays-Bas.
1. MORBEGNO. C'eft le nom que l'on donne au
cinquième gouvernement de la Valteline. Il eft partagé
en douze communautés j les principales font
Morbegno, Talamona, Cofio, Alebio ,
Furcola, Rafura, Rogolo, Plantedio.
* Etat & Délices de la Suffi , t. 4. p. 1 46.
2. MORBEGNO. On nomme, ainfi la première
communauté du cinquième gouvernement de la Val-
teline. Il tire fon nom du bourg de Morbegno. Voyez.
l'article fuivant.
3. MORBEGNO, bourg de la Valteline, le chef-
lieu de la première communauté du cinquième gouver-
nement de la Valteline. Ce bourg fitué fur la rive
gauche de l'Adda 8c presque vis-à-vis de Trahona , eft
beau 8c grand ; fon nom lui vient de l'air mal-fain qu'on
y refpiroit autrefois , lorsqu'il étoit bâti dans des marais ,
dont les exhalaifons infe&oient l'air. Dans la fuite on
l'a bâti en un lieu plus fâin au pied d'une montagne ,
fur les deux bords d'une petite rivière , nommée Bitto.
Il avoir autrefois des murailles 8c deux châteaux , un
fur chaque bord du Bitto, mais tout cela eft mainte-
nant ruiné. Il y a dans l'églife de Saint Antoine un
couvent de Dominicains avec un prieur. Il s'y tient
toutes les femaines de gros marchés -, 8c c'eft en ce lieu
que réfident le gouverneur 8c la régence.
1. MORBIAN ou Morbihan , bourgade de France ,
dans la Bretagne : elle prend fon nom d'un port fur
lequel elle eft fituée.
2. MORBIAN , port de mer en France , fur la cote
de Bretagne , au midi de la ville de Vannes. C'eft pro-
prement un golfe d'une afiez grande étendue , & dans
lequel on trouve plufieurs ifles. Il eft formé par la
presqu'ifie de Rhuys , qui ne laifie qu'Un paftage étroit
qu'on appelle I'Entrée de Morbihan relie eft vis-a-
vis Fine de Meban. Il s'en faut de beaucoup que ce
port foit à cinq lieues de la ville de Vannes , comme
le dit Corneille, à moins qu'il ne veuille parler de
l'entrée.* Jaillot , Atlas.
MORB1UM , ville de la Grande Bretagne ; la notice
des dignités de l'empire ,fefl. 65 , en fait mention. On
prétend que c'eft aujourd'hui Moresby. Voyez, ce
MORCON , forêt de France , dans la Maîtrife des
eaux 8c forêts d'Autun , châtellenie de Saint Léget ; elle
contient neuf cens trente-trois arpens.
MORCONE , ville d'Italie , au royaume de Naples ,
dans le comté de Molifle , aux frontières de la Prin-
cipauté Ultérieure , fur le bord du Tamaro , au pied
40 6
MOR
* Magin
MOR
Carte du comté de Mo-
de l'Apennin
liffe.
MORDENSIMNIS, peuple d'entre les Goths, vain-
cu par les Vandales , félon Jornandes , De reb. Get.
c. 2J.
MORDIAEUM , ville de Pifidie , félon Etienne le
géographe , qui dit qu'on l'appella dans la fuite Apol-
lonie. Athénée nous apprend que dans le territoire de
Mordiaeum il croiffoit des pommes délicieufes. * Or-
telii Thefaur.
MORDOU , village de Perfe , dans le gouverne-
ment de Scamachie , à quatre grandes lieues de Nia-
fabath. Les maifons y font toutes rondes Se bâtiesd'o-
fier & de cannes , comme celles des Tartares : ceux du
pays les nomment Ottak. Le mot de Mordou figni-
ûe marais , & ce lieu tire fon nom des endroits ma-
récageux qui font dans fon voifinage , où il y a quantité
de fources qui pouffent leurs eaux avec tant de force ,
que le plus grand froid ne les peut geler ; c'eft pour-
quoi il s'y affemble un très grand nombre de cignes,
même en hiver , Se l'on en amaffe le duvet pour les
lits Se pour les oreillers du Sophi. Le village de Mor-
dou err habité par un certain peuple appelle Padar;
il a fon langage particulier , quoiqu'avec quelque rap-
port au turc Se au pérfan. Leur religion cil la Maho-
métane , tenant de la turque, Se d'ailleurs accom-
pagnée d'une infinité de fuperftitions , cntr'ausres de
celle-ci. Ils laiflent refroidir la viande cuite , jusqu'à
une chaleur modérée -, Se s'il arrive que quelqu'un
fouffie deffus , faute de favoir leur coutume , ils la re-
gardent comme impure Se n'en veulent point manger.
* Olearins , Voyage de Moscovie Se de Perfe , 1. 4. p.
374-
MORDRECHT , village des Pays-Bas , dans le
Schieland , au voifinage de Tregavr. * Dittion. géograph.
des P /y s Bas.
MORDU ATES ouMordua, peuples de la Tarta-
ne Moscovite , idolârres Se qui habitent des forêts
immenfes. De l'Ifla , Atlas , les place entre les rivières
d'Occa , de Sura & de Mokscha-Reca.
MORDULI. Voyez. Diorduli.
MORE. Voyez. Quercus.
1. MOREA , félon Corneille , Ditt. Se Morrea , félon
Magin , Carte de l'Abruz.z.e citérieure & ultérieure ,
château d'Italie, dans l'Abruzze ultérieure, au midi du
lac de Celano, près de la rivière de Garillan. C'eft
l'ancienne Marruvium , félon Baudrand.
1. MOREA, petit pays de Chypre, félon Etienne
de Lufignan. * Baudrand.
MOREAUXou Moureaux, Beata Maria in Mo-
rellis , abbaye de France , dans le Poitou , près des Som-
miéres &de la ville de Couhé , àfept lieues ou environ
de Poitiers. C'eft une abbaye d'hommes de l'ordre de faint
Benoît ; il n'y refte plus maintenant que deux moines
prébendes , Se l'on n'a aucun titre qui puiffe donner
connoiffance ni du tems des auteurs , ni des circonftan-
ces de fa fondation. On y comptoit huit abbés en 1693.
MORÉE (La), grande presqu'ifle contigue à la
Grèce , au midi de laquelle elle eft fituée. Elle en eft
féparée au nord par le golfe de Lepante , & à l'orient
feptentrional par celui d'Engia : elle lui eft attachée
par un ifthme affez étroit au nord-eft entre ces deux
golfes. Les anciens l'ont connue fous le nom de Pélo-
ponnèse. Voye$. ce mot.
Outre les deux golfes qui la bordent , il y a dans
la Morée plufieurs autres golfes confidérables : après
le golfe d'Engia dans l'Archipel , on y trouve le grand
golfe de Napoli , YArgolicus Sinus des anciens -, quand
on a doublé le cap Malée , qui eft à l'extrémité mé-
ridionale de la côte orientale , on trouve le golfe de
Colochine , le Lacofricus Sinus des anciens. Il eft fépaié
par le cap de Matapan , Toenarium Promontorium ,
d'un autre grand golfe nommé aujourd'hui Golfe de
Coron, anciennement Mejfeniacus Sinus. La côte mé-
ridionale finit aupiès de Modon , la Methone des an-
ciens. En remontant vers le nord on trouve deux au-
tres golfes. Le plus méridional eft celui de Zonchio ,
Cyparifflus Sinus , Se plus haut le golfe de l'Arcadia ,
Chelonites Sinus ; Se enfin le golfe de Patras , qui fetc
d'entrée au golfe de Lépantc.
Nous avons fait voir au mot Péloponnèse , qu'an*
ciennement cette presqu'ifle contenoit un aflez grand
nombre d'états.
Ce pays fit partie dudiocèfe de Macédoine après la
divifion des deux emprres, fous Arcadius Se Hono-
rius. Il fut défolé .par les Vifigots fous Alaric. Enfin
après plufieurs révolutions arrivées dans ce pays les
Turcs s'en font emparés. Charles V y envoya une
flotte en 1533 , prit Coron Se Patras, que les Turcs
reprirent enfuite.
Les Vénitiens reptirent la Morée en 1686 & 1587»
la gardèrent par la paix de Carlovfits, & la perdirent
de nouveau en 17 ij.
La Morée vers la fin de l'empire Grec, avoit été
fermée par une muraille , qui rraverfoit 1 ifthme & met-
toit ce pays en fureté. Amurath II , ayant forcé ce
rempart , la fit renverfer par fon armée avant que de
s'en retourner , afin de trouver moins d'obftacle à fon
retour. Après fon départ les Vénitiens employèrent à
la relever trente mille hommes , qui y travaillèrent avec
chaleur. Les brèches furent réparées Se la muraille fut
relevée en quinze jours. Le Turc ne laiffa pas d'y re-
venir , Se de détruire entièrement cette muraille.
Le père Coronelli , Vénitien , dit , d'après Morcri 8c
Baudrand , qu'elle le divife aujourd'hui en quatre pro-
vinces. 11 paroit qu'ils ont pris cette divifion dans les
parallèles du père Briet , puisqu'ils l'ont copié en partie.-
Ils difent que la première province de la Morée eft
le duché de Clarence: mais ce Duché n'eft pas
plus à préfent une province de la Morée , que toutes
les autres fouverainetés, Sec.
Cet état ne fubfifte pas plus que celui du despote de Pa-
tras Se de tant d'autres. Je me fuis informé à des perfon-
nes qui onr fervi en Morée du tems des Vénitiens , Se
j'ai été furpiis que leur rapport s'accordât fi bien avec
l'idée qu'en donne de l'Ifle.
On ne connoît en Morée depuis long-tems que trois
provinces , qui font la Zacanie ou Sacanie , le Brazzo di
Maina, Se le Belvédère.
La Sacanie occupe le royaume de Sicyone, Corinthe
& fon territoire , Se toute l'Argie.-
Le Belvédère répond à l'AchaVe proprement dite;
& comprend outre cela l'ancienne Elide , Se une grande
partie de la Meffenie , fans compter la partie occidentale
de l'Arcadie.
Le Brazzo di Maina , ou le pays des Mainotes ;
répond au refte de l'Arcadie, Se à toute la Laconie : En
voici une table.
Coranro , ou Corinthe ,
Bafilico, l'ancienne Sicyone. (Ce n'eft
qu'un très-petit lieu. )
Veftiza ,
Xilocaftro , jadis ^€gira ,
Aderna, •
Vulfi , Stymphalus ,
Argo, Argos ,
Napoli de Romanie , Naupl'14.
Dans la
Sacan ie ,
Dans le
Beivh dere,
Patras , l'ancienne Patra ,
Belvédère qui donne le nom à la prev
vince , autrefois Buprajîum,
Chiarenza , Cyllene ,
Leonda , Trit&a ,
Dimizana, Pfophis ,
Gardichi , Clitor ,
Cartel Tornefe ,
Clemouzi ,
Longanico ,
Pifa Olympia ,
Gaftoani ,
L'Arcadia , Amnium ,
Zonchio , ou le vieux Navarin j
Pylus MeJJènia ,
Navarin , Coryphafium t
Modon , Methone ,
Coron , Corone ,
Calamata , Thuria.
MOR
M OR
Dans le
Brazzo di
Maina,
' Leontari , Megalopolis ,
Mandi , Matainea ,
Caftro di Rocoma , Pra/ics ,
Mifitra, Sparta ,
Napoli de Malvafie , Limera ,
Caftro Rarnpano , JEri& ,
Palxopoli , Gythium navale ,
Maina , Minatbus ,
Chielifa & tout auprès Germen , châ-
teau qui conferve le nom de l'an-
cienne Gerenïa ,
, Zarnata , Aba.
Je paffe un nombre d'endroits moins confrdcrab'.es ,
dont la pofition eil moins certaine, ôc dont nous con-
lioiflbns moins le rapport avec l'ancienne géographie.
Le nom de Morée lui vient de l'abondance de Meuriers
qui s'y trouve. Cet arbre eft appelle Monts en latin j
Mop'x , Morea ,' en grec ; ainii la Morée veut dire le
pays des meuriers ; mais nous remarquerons que fa figure
rcffemble allez à une feuille de meurier.
Ce pays de lui même elt aflez fertile , excepté vers le
milieu où il y a beaucoup de montagnes: aufli les habi-
rans de l'Arcadie , qui étoit à ce milieu , étoient-ils pres-
que tous pafteurs , parce que ce pays eft plus propre au
pâturage ôc à la nourriture des troupeaux qu'a l'agricul-
ture : il ne biffe pas d'y avoir de très-bonnes vallées qui
rapporteroient beaucoup , fi elles étoient cultivées avec
autant de foin qu'autrefois. Le Brazzo di Maina eft un
pays moins fertile que le refte : auffi voyons-nous que fes
anciens nabi tans , les Lacédémoniens , fuppléoient par
leur frugalité à ce qui leur manquoit du côté de l'abon-
dance ôc du luxe. Les Mainotes , leurs fucceffeurs , font
de même environnés des Turcs , qui n'ont pu encore
les fuojuguer entièrement , ils leur font tête : ils peuvent
mettre jusqu'à loooo hommes fous les armes , ne fouf-
frent point qu'aucun gros vaiffeau aborde chez eux, ils
ne le permettent qu'à de petites barques avec qui ils tro-
quent des peaux , des laines , de la graiflè & des vins.
Autant de vaiffeaux qu'ils prennent fur les ennemis , ils
les mettent en pièces ôc les brûlent, & fe fervent de leurs
briganiins pour aller piller les ifles qui font au Turc :
mais il faut avouer que cette habitude de vivre de butin
les accoutume fi bien à flibufter , qu'ils n'épargnent pas
les vaiffeaux des Vénitiens , ni ceux des autres nations
Chrétiennes où ils foupçonnent qu'ils feront quelque
capture avantageufe. Il y a dans la Morée beaucoup
d'Albanois qui s'y font gliffés. Ces gens , qui ne favent
ni porter le joug du Turc , ni le fecouer , remuent fou-
vent & attirent par- là aux habitans plufieurs mauvaifes
affaires. Le Morabf.gi , ou Sangiac de la Morée , a fa
réfidence à Modon. C'eft lui qui commande dans la Mo-
rée. Le père Briet , -par ail. 2 part. L 4. pjg. 460 , prend
'la largeur de la Morée depuis le cap de Matapan jusqu'à
l'Examile , c'eft-à dire , jusqu'à cette muraille que les
Péloponnéflens avoient élevée anciennement pour fe
garantir'des courfes des ennemis durant la guerre contre
îe roi de Perfe , ôc qui , comme nous avons dit , avoir
été rétablie par les Despotes , percée par Amuraih II ,
relevée par les Vénitiens , Ôc rafée par Mahomet IL 11
compte de-là au cap de Matapan ijo mille pas. qu'il
évalue à 75 lieues françoifes, ôc à J7 milles Se demi de
milles d'Allemagne. 11 prend la longueur de Caftel-Tor-
nefe, jusqu'à Cabo Schillo, ôc lui donne cent quatre-
vingt mille pas , ou quatre vingt dix lieues françoifes ,
qu'il réduit à quarante-cinq milles d'Allemagne.
MOREILLES , ou MoureilLes , Morolia , abbaye
d'hommes , en France, de l'ordre de Cîteaux , filiation de
Clairvaux , dans le Poitou , au diocèfe de la Rochelle ,
entre Luçon ôc Maillerais. Elle fut fondée en 121 o,felon
quelques-uns en 122c , ou en 1228 , & félon d'autres
le 6 Septembre 1152, Elle eft fous l'invocation delà
fainte Vierge.
MORELLA , ville d'Espagne , dans le royaume de
Valence , aux frontières de celui d'Arragon , près de S.
Matheo.ElIe eft dans une fituation extrêmement forte.au
milieu de hautes montagnes , Se environnée de rochers
escarpés Se de précipices. Aujourd'hui , dit l'auteur des
délices de l'Espagne , elle n'ell plus qu'un monceau de
407
ruines , ayarït étc prife d'aflaut pat les troupe:, du roi
Philippe V , au mois de décembre 17c; , pillée ôc réduire
en cendres. Corneille , qui cite les mémoires du teras .
dit que cette ville ayant été entraînée dans la révolte du
royaume d'Espagne contre le roi Philippe V , fut aflîégée
par ks troupes de ce prince , fous les ordres du marquis
d'Arènes, vers la fin de l'année 1707. Une bombe , dit-
il , tirée des batteries des affiégeans, tomba pendant le
fiége par la cheminée d'une chambre où étoit le gouvet-
neur de la place , avec le major ôc un autre des princi-
paux offitiers qui furent tués , & cet accident déconcerta
fi fort les ailiégés, que perdant l'espérance d'être fecou-
rus , ils demandèrent auffi-tôt à capituler. On les écouta
à condition qu'ils rendraient le château en même tems„
La capitulation fut fignée le 1 5 décembre , ôc la garnifon
fortit le 17 pour être conduite à Tairagone. Elle étoit
compofée de cent cinquante cavaliers ôc de cinq cens
quatre-vingt fantaflins , commandés par un maréchal de
camp , deux colonels , vingt capitaines ôc autant de licu-
tenans. Il y avoir outre cela quatre-vingt déferteurs qui
prirent parti dans les troupes des affiégeans , plus de deux
cens officiers ou foldats François Ôc Espagnols faits pri-
fonniers en diverfes courfes de la garnifon , ôc qui furent
tous rendus par un des articles de la capitulation.
MORENÀ , contrée d'Afie. Strabon , /. 1 2. p. ^74 „
dit qu'elle faifoit partie de la Myfie, & que Jules Céfar
en donna une portion à Cléon , chef de brigans , qui
avoir rendu de grands fervices aux Romains.
MORERVELA , abbaye d'hommes , ordre de Cîteaux,
en Espagne , dans le royaume de Léon , au diocèfe de
Camora.
1. MORES. Voyez. Mauritanie Se Nègres.
2. MORES , bourgade de France , au diocèfe de Lan-
gres , au bailliage de Bar-fur-Seine : fa fituation eft dans
un vallon affez couvert , au bas duquel paffe la rivière
d'Ourfe 5 il y a beaucoup de vignes. On y voit une ab-
baye d'hommes de l'ordre de Cîteaux , filiation de Clair-
vaux, fondée en 1153. C'écoit auparavant une églife
dépendante des chanoines réguliers de Saint Denysdé
Reims , que Samfon , archevêque de Reims , donna à
faint Bernard, du confentement des mêmes chanoines.
On y conferve le chef de fainte Beline , vierge , marty-
riféepour la chafteté par un feigneur de Lendreville*
village voifin.
MORESBY ,■ bourgade d'Angleterre , dans le Cum-
berland , fur la côte orientale de cette province , envi-
ron à une lieue au midi de Weikinton. On croit quec'eit
l'ancienne Morbium. Voyez ce mot. * Blacu , Atlas.
MORESSART , village ou bourg de France , au dio-
cèfe de Meaux , dans l'arehidiaconé de Brie , doyenné dé
Creci , à deux lieues de cette petite ville vers le midi , elt
un lieu connu dans l'hiftoire depuis la fin du- XI fiécle ,
auquel tems un nommé Robert , furno'mmé Burdin ,
donna la moitié de cette terre , propr'im. ten tefçiticet Mo-
rijjarti , à l'églife de faint Germain (dite depuis faint
Martin ) de Pontoife , par les mains de faint Gautier à
qui en étoit alors abbé. Hugues de Courcelles, qui tencit
de Roger l'autre moitié , la donna au même abbé. Ces
donations fe firent fur l'autel de la chapelle de faint Ni-
colas , qui venoit d'être bâtie ôc qui étoit alors la feule
églife du lieu. Ebles du château de Rouci , qui avoit le
droit de voirie ou avouerie du même lieu , Vieria , la
donna auffi depuis aux moines qui habitèrent ce lieu , &
permit de prendre dans fa forêt le bc isqui étoit néceffairé
pour la bâtir. Odon même, comte de Corbeil, donna
auffi un femblable droit de vouerie -, ôc en fit la ceffion
en remettant entre les mains d'un moine les cifeaux qu'il
tenoit en main. Le prieuré de Moreffart a depuis pris le
nom de faint Gautier. Guillaume de Carlande s'empara
dansta fuite des biens de ce prieuré ; mais en 1 2 1 6 , étant
à l'article de La mort,il en fit reftitution. L'année fuivante,
Guillaume , éveque de Meaux , érigea en paroilïe la cha-
pelle de faint Nicolas de Moreffart. Le prieuré elt au-
jourd'hui un bénéfice fimple à la collation de l'abbé de
Pontoife , Ôc l'églife fert de paroiffe aux habitans. Dans
l'étendue de cette paroiffe & fur les bords de la foi et , eft
l'ancien château de Bec Oifeau ou de Bec-Oifeî , où les
rois de la troifiéme race Ôc autres princes fe font fotivent
retirés. En 1594 , au mois de Janvier , le fieur de Maul-
ny tenant parti des Ligueurs ', s'empara de ce château*
»
4o8 MOR
MOR
La chapelle qu'on y voit efl fous le titre de Notre-Dame
de Lorette , & à la nomination du roi. L'hiftorien de
Mcaux dit , pag. i6j , que ce château tombe en ruine.
Quelques géographes , 8c même le dictionnaire univer-
fcl écrivent Morcerf, ce qui efl s'éloigner de plus en plus
de l'étymologie. 11 eft vraifemblable que l'origine de
Moreflart vient de Mauriejfartum , un coin de forêt dé-
friché qui appartenoit à un nommé Maur.
MOR ET , en latin Muritum , Murittum & More-
tum> ville de France , dans rifle de France, fur le Loing,
environ à une lieue de l'endroit où cette rivière fe jette
dans la Seine. Cette ville efl: ancienne {a ) , puisque
Wemilon , archevêque de Sens , y afïembla un concile
où il préfida , 8e dont Lupus Servants , abbé de Ferrie-
res, fait mention dans la 1 1 j de fes épkres. Moret a titre
de comté depuis long-tems. Henri le Grand le donna
à Jacqueline de Beuil , fon amie , qui le porta dans la
maifon des marquis de Vardes , de laquelle cette ville a
paflé dans maifon de Chabot-Rohan , par madame la
duchefle de Rohan , fille unique du dernier marquis de
Vardes : il y a un château qui n'efl. presque qu'un donjon
couvert d'une terraffe. La principale églife efl dédiée à
Notre-Dame : elle efl proche du marché & bien bâtieron
y voit auffi un couvent de religieufes. Les murailles de
Moret font d'afiez bonne défenfe , principalement du
côté de la porte par où l'on y entre en venant de Fontai-
nebleau , à caufe d'une grofle tour qui en défend l'en-
trée, comme fait celle du Pont. On trouve enfuiteun faux-
bourg dont l'églife porte le titre de prieuré ; celui de faint
Mamert n'efl éloigné que d'un quart de lieue. Ceux qui
ont é:é mordus de quelque chien enragé y vont porter
leurs offrandes. La chapelle de faint Nicaife où vont
ceux qui font incommodés de la toux, n'efl pas éloignée
"delà.
Le bailliage de Moret a dans fon reflbrt plufieurs
prévôtés -, 8c du comté de Moret relèvent quantité de
fiefs , de comtés & de baronnies , & même la feigneurie
8e le château de Fontainebleau, (a) Longuerue , Dcfc.
de la France , part. i. pag. 29. ( b ) Piganiol , Defc. delà
France, t. 3. p. loi.
MOREUIL, en latin Morelium , bourg de France,
dans la Picardie , élection de Mont-Didier , fur la petite
rivière d'Aurégue, dans le Santerre , entre les villes de
Corbie 8e de Mont Didier. Il y a dans ce bourg une
abbaye régulière de l'ordre de faint Benoît , 8c qui fut
fondée eu 1 109 , par Bernard, feigneur de Moreuil. Les
religieux non-réformés qui l'occupoient , ayant diflîpé
une partie des biens de cette abbaye , 8e vendu jusqu'au
plomb des cercueils des feigneurs de la maifon de Crequy,
leurs bienfaiteurs , en ont été chaffés par arrêt du parle-
ment de Paris : on a mis à leur place des religieux de la
congrégation de faint Maur. Voyez, au mot Saint ,
l'article Saint'Wast de Moreuil.
MORGANTIUM , ville de Sicile , dans la partie
orienrale de cette ifle,, au midi deCarane, aflez près de
l'embouchure du fleuve Simaethus. C'efl une ville très-
ancienne , dont le nom fe trouve écrit différemment dans
les auteurs. Silius Italicus écrit Morgenti a, 8c Etienne le
géographe, tantôt yiofrivria^Morgentia^ tantôt MopyîiTiov,
Morgentium. Strabon lit Mep^atr/o:-, Morgantium, 8c Tire-
Live Murgantia. Les habitans font nommés Murgantini
par Cicéron , in Verrina 3 ; Murgentini par Pline , /. 3.
c. 8 , & Morgentini par Etienne le géographe. Enfin ,
Diodore de Sicile écrit Mopya.vTivet,Morgantina. Il ne faut
pas confondre cette ville avec la ville Murgantia , en
Italie, dans leSamnium. Voyez, Murgantia. Fh. Clu-
ver. Sicilia antiq. 1. 2. c. 8.
MOKGARTEN , lieu de Suifle , dans le canton de
Zug, remarquable par la victoire que les«Suifles y rem-
portèrent fur les Autrichiens en 1 3 15 , & qui affura leur
liberté. Délices de la Suijfe.
1. MORGE. Voyez. Amorgos.
2. MORGE, petite rivière de France, dans la Bafle-
Auvergne.
MORGENTIA. Voyez. Morgantium 8c Murgan-
tia.
1. MORGES, ville de la Suifle, dans le pays Ro-
mand fur le bord du lac de Genève , environ à deux
lieues de Laufanne, & la capitale d'un bailliage auquel
elle donne fon nom. Cette .ville eft jolie , très-propre
Se compofée de deux grandes rues parallèles , 6c d'une
petite qui s'étendent le long du lac , dans une plaine en-
trecoupée de vignes 8c de champs. Le château où réfide
le bailli , eft à l'un des bouts de la ville , & le temple à
l'autre. Les Bernois ont pratiqué à Morges , un porc
aflez fpacieux , fermé de murailles , avec un bon quai &
des halles. C'efl le heu où fe déchargent les marchandifes
qui viennent de l'Allemagne pour la France ou pour
Genève , ou qui viennent de Genève & de la France
pour l'Allemagne. Par le moyen de ce port , la ville de
Morges s'efl fort enrichie & embellie : elle étoit peu de
chofe dans le XI fiécle. Conrad, duc de Zéringen , la
ferma de murailles dans le XII fiécle. Elle a une très-
belle avenue du côté de l'orient : c'efl une plaine cou-
verte en partie d'allées d'arbres fous lesquels on peut fe
promènera couvert des rayons du foleil. * Etat& Dé-
lices de la SuiJJe , t. 2 . p. 27;.
2. MORGES ( Le bailliage de ) , comprend la
côte , ou du moins une partie de cette contrée , 8c pafle
pour l'un des deux meilleurs vignobles qu'il y ait dans les
treize cantons de la Suifle. On en a transporté 8c on en
transporte encore en Hollande , en Brandebourg & en
Italie , où il efl autant eflimé pour la délicatefle que les
meilleurs vins de Champagne 8c de Bourgogne. On ap-
pelle la côte , ce petit quartier de pays qui s'étend de-
puis la rivière de l'Aubonne , jusqu'au torrent de la Pro-
maxthoufe , qui coule à demi-lieue de Nyon à l'orient ,
8c comprend ainfi trois petites lieues de long : le terrein
n'y efl pas fi raboteux que celui de la Vaux , il eft uni à
quelque efpace de chemin au bord du lac , il s'élève in-
fenfiblement jusqu'à une lieue de ma'rche. La vue de la
Côte 8c celle de la Vaux , deux confiées qui s'élèvent
au bord du lac en forme d'amphithéâtre , & qui font par-
femées de villes , de villages 8c de châteaux , fait le plus
agréable afpect du monde aux yeux de ceux qui navigenc
fur le lac de Genève. Le docteur Burnet en parle ainfi
dans fon voyage de Suiffe. Le rivage du lac efl bordé de
divers pelotons de terre , fi bien pris & fi bien ordonnés,
qu'on diroit que le plus fin art y a travaillé. Et pour ce
qui eft du pays qui touche au rivage , le penchant de fes
coteaux droits & unis , 8c le ras de fes campagnes bieft
cultivées & peuplées font une fi agréable perfpective,
qu'il eft impoflible de rien voir de plus beau. Aufli Ta-
vernier dit dans quelque endroit de fes voyages, qu'il
n'avoit rien vu de comparable à ce pays, finon un cer-
tain endroit de l'Arménie qui eft aufli près d'un lac.
Tout le bailliage de Morges eft rempli de terres feî-*
gneuriales : on y voit les baronnies de Rolle 8c de Mon-
rricher , les feigneuries d'Allaman, de Bienne, deWuf-
flens-le château , de Vufflens-la-ville , de Vullierens ,
de l'Ifie , de Perroy , de la Chaux , d'Aclens , de Ro-
mand 8c plufieurs autres.
Généialement parlant, le terroir du bailliage de Mor-
ges eft très-fertile en bleds , en vins 8c en fruits. Le vin
qui croît aux environs de Morges 8c au-delà , jusqu'à la,
rivière de l'Aubonne, eft paflablement bon; mais celui
de la côte l'emporte de beaucoup , particulièrement celui
des environs de Rolle 8c de Burfins.
5. MORGES , petite rivière de Savoye , dans le Cha-
blais , qu'elle fépare du Vallais. Son cours eft du Sud
au Nord , 8c fon embouchure dans le lac de Genève.
* Robert , Carte de Savoie.
MORGETES , peuples d'Italie , dans l'Oenorrie :
Strabon , /. 6. p. 257 , nous apprend qu'ils furent chafles
de leur pays par les Oenotriens , 8c qu'ils paflerent en
Sicile , où , félon quelques-uns , ils donnèrent leur nom à
la ville Morgantium. Pline , /. 3. c. 5. fait mention de ces
peuples.
MORGNY, bourg de France, dans la Normandie,
élection de Lions.
MORGYNA, ville de Sicile, félon Etienne le géo-
graphe.
MORHANGE , en allemand , Moerchtngen , bour-
gade de la Lorraine allemande , avec titre de comté,
dont les feigneurs n'onc reconnu au-deflus d'eux , ni les
ducs de Lorraine , ni les.évêques de Metz , mais feuler
ment les empereurs. Cette feigneutie de Morhange étoit
tenue , il y a près de quatre fiécles, par les Wildgraves ou
comtes Sauvages, dont le dernier fur Jean-Simond Wild-
grave , comte de Salme , qui ne laiflà qu'une fille 8e
unique,
MOR
MOR
unique héritière , nommée Jeanne , qui époufa le Rhin-
grave Jean, & lui apporta.entr'autres biens , la frigneurie
de Morhange , qui étoit un franc-aleu libre ôc indépen-
dant. L'an 168c, George d'Aubuffon, évêque de Metz,
fit âlfigner le Rhingrave Jean à h chambre de Metz ,
pour l'obliger à lui faire hommage du comté de Mor-
hange : comme on reconnut que Morhange n'étoic pas
un fief de l'évêque de Metz , mais une terre libre , on
renvoya le Rhingrave de cette demande , & on vit que
l'on avoit confondu Morhange avec Morange vers
Sar-Albe i cependant , parce que Morhange étoit en-
clavé dans l'évêché de Metz , on le déclara franc-aleu de
Metz , ôc on le fournit à la jurisdiction du parlement de
Metz. Cet arrêt a été caffé comme les autres , Ôc Mor-
hange a été remis au même état où il étoic autrefois fous
les Rhingraves. Us en avoient été dépouillés, ôc de leurs
autres biens par les Impériaux , pour avoir tenu le parti
des Suédois. Le comte Jean Rhingrave demanda qu'on
lui reftituât Morhange : ce qui fut accordé par le traité
de Munfter ; mais comme le duc Charles de Lorraine en
avoit été mis en pofleiîîon , ce prince ne voulût pas exé-
cuter le traité qu'il n'approuvoit pas. Dix ans après le
traité , le duc étant prifonnier en Espagne , les états de
l'Empire , afiemblés à Francfort , le déclarèrent pour le
Rhingrave , ôc écrivirent au feu roi Louis XIV , pour le
prier de rétablir le Rhingrave avec des troupes : ce qu'il
fie , ôc le Rhingrave jouit librement ôc paifiblement de
Morhange , jusqu'à l'an 1680. Les troubles qu'on lui a
caufés depuis ont cciïé par le traité de Riswich. * Lon-
gueruè , Defcript. de la France , part. 2. pag. 167.
MORI, village d'Ethiopie. Ptolomée , lib. 4. cap. 7. le
place fur la rive occidentale du Nil , entie Satachthe ôc
Nacis.
1. MORIA ou MorIAH , montagne de la Paleftine ,
Se fur laquelle le temple de Jérufalem fut bâti par Salo-
mon. On croit , dit Dom. Calmet , Dilïionnaire. que
c'eft au même endroit qu'Abraham fut prêt d'immoler
Ifaac (a), quoique cela fouffre de grandes difficultés.
Les Samaritains au lieu de Moria , dans la Genefe , ch.
22. verf. 2. lifent More ; ôc ils prétendent que Dieu
envoya Abraham près de Sichem, où étoit certainement
More ( b ) , ÔC que ce fut fur le mont Carizim qu'lfaac
fut mené pour y êtiè immolé. Il y a diverfes conje-
ctures ( c ) fur l'origine du nom Moria. Quelques-uns
difent que cette montagne fut ainfi nommée de l'hébreu
DNTirt , biflrutlion, parce que la loi& ladoctrine fe répan-
doient de-là fur tout le peuple d'Ifracl; d'autres croient
que le nom Moria eft dérivé de celui de TiO, qui veut dire
Myrrhe ÔC aromathes , parce que c'étoit le lieu où l'on
orfroit des parfums : d'autres le font venir de ïrntnïO ,
Moreh-Jah , c'eit - à - dire , le Seigneur fera vu\
parce que le Fils de Dieu y devoit paroitre après fon
incarnation : ainli tout le monde juge que dans cette
étymologie , il y avoit une forte de Prophétie d'une
chofe qui devoit arriver ; mais fi on fait attention au
tems où cette montagne ôc toute la contrée voifine fu-
rent premièrement appellées la Terre de Moriah, on
pourra dire que cette exprelîion fignifie la Terre du
Dieu docteur , ou la terre du Seigneur mon dofteur ,
parce que Sem ou Melchifedech , qui enfeignoit les
voies du Seigneur , habitoit dans ce lieu , lorsque les
Chananéens étoient dans les ténèbres ôc dans les erreurs
que leur enfeignoient leurs docteurs. La montagne de
Moria (d) étoit fituée au milieu de Jérufalem, qui
formoit autour d'elle une espèce de théâtre. La mon-
tagne Acra , fur laquelle cette ville étoit bâtie , fe trou-
voit autrefois plus haute que la montagne Moria ;
mais Hérode ôc fes fucceffeurs l'applanirent ôc firent
jetter des terres dans la vallée , pour que le temple
dominât fur tous les bâtimens de la ville , ôc pour ren-
dre le chemin du temple plus aifé. La montagne de
Sion étoit au nord de celle de Moria. Cette dernière
montagne fut partagée entre deux tribus , dans le tems
que fut faite la diltribution des terres ; car le parvis
du temple étoit fur les terres de la tribu de Juda , &
l'autel, le portique, le temple & le Saint des Saints
fe ttouvoient fur les terres de la tribu de Benjamin.
(a) Genef. 22. 2. 14. (b) Cenef. 12. 6. ôc Deut. n. 30.
(c) Jo. Ligthfort , Defcr. rempli Hierofol. c. 1. (d)
Jofeph. Antiquit. lib. ij.c. 14.
2. MORIA, ville de Sicile, félon Corneille. 11 la
place dans le Val de Noto , à quelques milles de la
ville de Noto , & ajoute qu'on la nommoit autrefois
Modica. En dépit de Corneille, nous cpnnoi fions en-
core aujourd'hui la ville de Modica, capitale d'un comté»
Magin , le père Coronelli , Sanfon , de PlYle & autres,
confervent tous le nom de Modica dans leurs cartes ;
aucun ne fait la moindre mention de Moria.
MORICAMBE , golfe de l'ifle d'Albion. Ptolomée,
i.i.c.j, le place fur la côte occidentale entre le golfe
Ituna ôc le pott des Sctamii, Le père Bùet dit que c'elt
la baie deKirkby.
MOR1DUNUM ou Mùridunum, ville de laGrandc
Bretagne. L'itinéraire d'Antonin la met fur la route
de Calleva à Urioconium , entre Dumovaria ôc Sea-
dum Nunniorurn , à trenre-fix milles de la première &
à quinze milles de la féconde. La table de Peutinger ,
au lieu de Moridùnum , écrit Ridunum. C'eft aujour-
d'hui Seaton , félon Gale. * Amonini Iter Brit. p. 124..'
MORIENVAL, Morier.vallis , monaftere de filles
en France , ordre de faim Benoît , au diocèfe de Solfions »
dans le Valois , au midi de Compicgne , à deux lieues:
au nord de Crépi , près de Pierrefont , dans un fond
entouré de montagnes ptesque de tous les côtés. Dorra
Mabillon avoue que cette abbaye de filles lui a été con-
nue très-tard: ôc en effet, quoiqu'elle foit très ancien-
ne, il n'en a parlé qu'à l'an 1122, dans fon fixiéme
tome des annales Bénédictines, & comme hors d'oeu-
vre. On croit dans le lieu que Dagobert premier en
a été fondateur-, mais cela n'eft pas autorité. Il y eue
d'abord des moines ôc des religieufes ; quelques chanoi-
nes fuccéderenc aux moines. 11 n'y a plus aujourd'hui
que des religieufes Bénédictines , dont l'églife eft très-
ancienne. Elle eft fous le titre de la fainte Vierge : mais
on y invoque particulièrement faint Aunobert, évêque
de Seez, dont la fête de la Tranfiation eft le premier
Septembre. On dit que fon corps a éré apporté en ce
lieu dans le tems que l'on portoit les reliques des Saints
dans les campagnes pour obtenir les aumônes des fidè-
les. Le nom latin de cette abbaye elt Mauriniana
Valus , qui a été fort défiguré par la fuite > enforte
qu'on a dit Morigni Vallis, Morgnevallis , Morneval-
lis, Maurivallis. Ce monaftere ayant été brûlé avant
le règne de Charles le Simple , les chartres données par
Charles Je Chauve furent perdues ; mais Charles le Sim-
ple reconnut les dGns de fon aïeul à la prière du duc
Robert , fils de Robert le Fort , qui en étoit abbé. L'é-
glife pâroifiîale de ce lieu eit détachée de l'abbaye -y
elle eft fous le titre de faint Denys , évêque de Paris.
Au bout de ce bourg , du côté du couchant, eft une
autre paroifie du titre de faint Clément , pape. Le dic-
tionnaire nniverfel de la France fe trompe, en affinant
que Dagobert avoit d'abord fondé cette maifon pour
des chanoines réguliers : il auroit peut-être mieux ren-
contré, s'il eût dit pour des clercs en général. On fait
que l'érabliffement des chanoines réguliers eft bien pofté-
rieur. Cette abbaye a été fupprimée en 1745.
MORIES , Mcepivç , peuples de l'Inde, félon Etien-
ne le géographe , qui dit qu'ils habitoient dans des mai-
fons de bois.
MORIEZ , bourgade de France , dans la Provence ,
viguerie de Caftelane. Il y a dans fon territoire une
fontaine d'eau falée , ôc dont le fel eft plus difficile à
difibudre que celui de la mer. Cette fontaine fut décou-
verte en 1636.
MORIGNY , abbaye de France, dans le Gâtinois.
fur la rivière de Louet , élection d'Eftampes. Elle eft
de l'ordre de faint Benoît , ôc fut fondée vers l'an
1106. Cette abbaye a été entièrement démolie en
1749-
MORILL1I , peuples de la Macédoine , félon Pline „
/. 4. c. 10. qui les place dans les terres. Le père Har-
douin écrit Morylli , ôc dit qu'ils tiroient leur nom
de la ville Moryllos. Voyez, ce mot.
MORIMARUS A , c'eft- à-dire Mer Morte. Pline,
/. 4. c. 13. dit que les Ombres donnoient ce nom à là
mer du Nord qui mouilloit la Scythie. Il ajoute qu'Hé-
cathée appelloit cette mer Amalchium.
MORIMENA. Voyez, Murrani.
I. MORIMOND, Morimons , abbaye régulière en
Tom. IV. Fff
MOR
410
France , de l'ordre de Cîteaux , en Champagne , au
diocèfe & à fix lieues au nord-eft de Langres , encre
Choifeul & Aigremonc, dans un fond environné de
bois & de montagnes. Elle fut fondée en 1 1 ij , par
Oldeiïc d'Aigremont , feigneur de Choifeul, ôc par
Adeline , fa femme. Elle elt en régie , ôc l'abbé elt père
fupérieur immédiat des cinq ordres de chevalerie qui
font en Espagne & en Portugal ; favoir, de Calatrava ,
d'Alcantara, de Montefa , d'Avis ôc de Chriit. Bau-
gier dit qu'elle fut fondée en 1 109 , ou en 1 1 14 , mais
il ajoute : D'autres difent plus v rai fcmblable ment en
iiij, la même année & le même jour que celle de
Clairvaux, par GaufTerand ou JoHerand, cinquante-qua-
trième évêque de Langres. Etienne , troifiéme abbé de
Cîteaux , douze ans après Pérabliffement de l'abbaye de
Morimond , voyant que ce lieu n'étoit qu'un hermi-
tage dans une vallée au milieu d'un boisfolitaire, la
fonda mieux , en quoi il fut aidé par les libéralités d'Ulric,
ou Olderic feigneur d'Aigremont, l'un àes feigneurs de la
cour deThierri, duc de Lorraine. D'autres prétendent que
ce fut cet Olderic, qui avec Adeline, fon époufe, en
fut le premier fondateur , lorsqu'il vint en France pour
voir le pape Pascal II » qui étoit malade à Langres. Cette
abbaye fut depuis confidéiablemenr augmentée parles
autres feigneurs d'Aigremont & de Choifeul , qui font
reconnus dans cette abbaye comme fondateurs , ôc ont
leur tombeau dans l'églife. Il paroît par les titres de
cette abbaye , que les feigneurs de Bourbonne ont été
du nombre de Ces bienfaiteurs , depuis fa fondation
jusqu'en l'année 11 60. Elle a dans fa dépendance fept
cens bénéfices; fes revenus font en Espagne ôc en
Portugal. * Piganiol , Defcription de la France, t. 3.
p. 2.92.
L'églife eft fur les terres de Champagne , il y a une cou-
ronne de fleurs de lis fur la flèche , la moitié du ré-
fectoire eft fur les terres de la Lorraine. On y a com-
mencé un bâtiment magnifique , le dortoir eft fort
beau. On a fait fecher les étangs ôc couper les monta-
gnes , pour donner de l'agrément ôc de la commodité
a ce monaftere. Il y manque une bibliothèque. L'abbé
eft régulier, & a fous lui trente religieux. L'églife elt
bien bâtie , grande , belle ÔC fort éclairée.
1. MORIMOND, abbaye d'hommes, ordre de Cî-
teaux , de la congrégation de Lombardie , dans le Mi-
lanez , entre Milan ôc Pavie.
1 . MORIN , nom de deux rivières de France , dans
la Brie , qui fc jettent dans la Marne. L'une eft nom-
mée Grand Morin , elle paiTe à Coulommiers, à
Crefïï , & fe jette dans la Marne un peu au-deflbus
de Meaux ; l'autre , qu'on appelle Petit Morin , paflè
à Monrmirail , & a fon embouchure dans la Marne à
Ja Ferré-fous- Jouare. Ces deux rivières pourroient être
rendues navigables par des éclufes avec un peu de dé-
penfe. .
i. MORIN, quartier & paroiffe de la Plaine du
cap François, dans Pifle de Saint Domingue , & à l'eft
du cap. Il fut pillé par les Espagnols en 1695.
MÔRINGEN , ville ôc bailliage d'Allemagne , dans
le duché de Brunswick-Lunebourg , entre les villes
d'Einbeck & de Hardegsen. Elle a pris fon nom d'un
ruifleau appelle Mohr , qui prend fa fource à quelque
diftance de là dans un lieu marécageux. Elle fur pres-
que entièrement brûlée en 1490, avec toutes fes ar-
chives ; ce qui fait qu'on ne peut pas aifément favoir
quelle a été fon origine & fes progrès. * Zeyler , Top.
duc , de Brunfw. ôc Lun.
MORINI , anciens peuples de la Gaule Belgique.
Ils habitoient l'ancien diocèfe de Terouenne. Je crois,
dit Sanfon , Remarques fur la carte de l'ancienne Gaule ,
que ce diocèfe a autrefois compris ceux de Terouenne
6c de Tournay ; celui de Terouenne fut encore divifé
en trois, qui font Boulogne, Saint Orner ôc Ypres ;
& celui de Tournay aulTi en trois , qui font Tournay ,
Gand & Bruges ; mais c'eft une erreur de dire que ce
diocèfe de Tournay ait été démembré de celui de Te-
rouenne , & par conféquent on ne peut l'attribuer aux
Morini. Ce que Sanfon ajoute que ces peuples étoient
divifés en plufieurs cantons , in plures Pagos , eft plus
raifonnable : cela fe peut prouver par Céfar même ,
/. 4. c. il. qui étant dans le port Iccius pour faire équi-
MOR
per fes vaifieaux , reçut les députés d'une grande partie •
des Morini , qui s'exeuferent du pafle , ôc promirent de
faire ce qui leur feroic commandé. Céfar rrouva que
cette dépuration venoit fort à propos , parce qu'il ne
laiftoit point d'ennemi derrière lui. Quelque [ems après
Cefar , en partant pour la Grande Bretagne avec une
partie de fon armée, donna le refte à Q. Titurius Sa-
binus ôc à L. Aurunculeius Cotta,fes lieutenans , pour
qu'ils pailaflent dans le pays des Ménapiens & dans
celui des Morini , de la part de qui il n'avoir point en-
core reçu de députés. Or, puisque Céfar artive avec
fon armée par terre chez les Morini , que fes vaifieaux
y abordent par mer , les uns ôc les autres fans coup
férir, il faut convenir que ce canton des Morini étoit
déjà fous fon obéiffance ; ôc puisqu'il reçoit dans cet
endroit des députés qui viennent lui faire des exeufes ,
& lui promettre obéiilance , le canton de ceux-ci étoit
plus avant dans les terres que le lieu où fe faifoit l'em-
barquement. Enfin , puisque Céfar envoie Tit. Sabinus
& Aurunculeius Cotta, fes lieurenans , dans le pays des
Morini , de la parr de qui il n'avoit point reçu de
députés , il eft vraifemblable que ces derniers étoient
encore plus éloignés. 11 ne feroit pas aifé de décider
combien la cité entière des Morini renfermoit de pays :
il eft néanmoins probable qu'elle comprenoit toute re-
tendue àes diocèfes qui ont été formés de celui de Te-
rouenne ; favoir , Boulogne , Saint Orner ôc Ypres. *
And. V aie fii Not. Gall. p. 356.
Le nom des Morini , comme celui des Àrmorici ,
dérive du celtique Mor , qui fignifie Mer , ôc il avoir
été donné à ces peuples à caufe de leur fituation fur
le rivage de la mer. Virgile, JEneid. I. 8. v. 727.
par une figure hardie met les Morini au bout du
monde :
Extremique hominutn Morini Rhenusque bicornis.
Pline,/. 19. c. 1. adoucit l'exprefllon , en difant qu'on
les regardoic comme placés à l'extrémité de la terre ,
Ultimique hominum exiftimati Morini. Pomponius Mê-
la, /. 3. c. 2. parle plus juile : il les dit les plus reculés
de tous les peuples Gaulois, Ultimos Gallicarum gen-
tium Morinos. Ptolomée, /. 1. c. 9. donne aux Morini
la ville de laruana , ôc un port nommé Gefariacum j
il met auûi dans leur pays l'embouchure du fleuve Ta-
dula ôc celle de la Meufe.
MOR1SENI , peuples de la Thrace. Pline, /. 4. c.
11. les met près du rivage du Pont-Euxin. La notice
d'Hiérocles compte Me'p/{eç, Morifos parmi les villes
épiscopales de la Thrace.
MORISQUES ou loi Moriscos. On appelloit ainfi
les Maures, qui étoient reliés en Espagne après la ruine
de l'empire qu'ils y avoient établi. Le roi Philippe III ,
foit par zèle pour la religion, foit par un principe de
politique, les chafla de tous fes états en 16 10 , & il
en forrit plus de neuf cens mille qui fe retirèrent en
Afrique ; ce qui dépeupla étrangement le pays.
MORISSENA , lieu de la Pannonie , fur le bord du
fleuve Marifus. C'eft l'auteur de la vie de faine Gérard,
évêque de Chonad, qui en parle. Voyez. Chonad I.
MORITANIA , lieu fortifié dans la Gaule Belgique,
fur le bord de l'Escaut : aujourd'hui on l'appelle Mor-
tagne. Frodoard en fait mention dans fa chronique. Il
dit qu'en 928, le comte Héribert prit ôc détruifit la
forterefle nommée Moritania , qui appartenoit aux
enfans de Rotgaire. * Andr. Valefii Not. Gall. p.
559-
MORITONIUM , lieu de France , dans la Nor-
mandie , aux confins de la Bretagne. De Valois, p. 360.
dit qu'on l'appelle à préfent Mortain.
MORITZBOURG, château d'Allemagne, dans la
Misnie , à trois lieues de Dresde. C'eft - là qu'cll la
vénerie de l'électeur.
MOR1US , fleuve de la Boeotic , au voifinage du
mont Thurius, félon Plutarque, in Sylla. Voyez. Mo-
LUS.
MORL A C. Voyez. Morlas.
MORLA1S ou Morlaix, ville de France, dans la
Bretagne, au diocèfe de Tréguier , à deux lieues de la
mer , ôc à pareille diftance de faint Paul de Léon , fur
MOR
une petite rivière qui porte le même nom que cette
ville , ôc que les bârimens remontent à 1 aide de la
marée. Le nom de Morlaix cil corrompu de Monre-
lais , dont on lé fervoit encore il y a trois cens ans ;
ôc le nom latin eft Mons Relaxas , qu'on trouve dans
les annales de Roger d'Hoveden , qui marque que cette
place n'étoit qu'un château , Caflellum Montïs Relaxi ,
fut la fin du douzième fiécle, ôc du tems de Henri
Il , roi d'Angleterre. * Longuerue , Defcr. de la France,
part. 1. p. 94.
Aujourd'hui Morlais eft plus confidérâble que la capi-
tale du diocefe. L'Eglife de Notre-Dame du Mur eft la
plus remarquable. Elle eft ancienne, Se d'une ftruéture
particulière. La collégiale fut fondée en 1 29; , par Jean
II , duc de Bretagne : fon chapitre eft feulement compo-
fé d'un prévôt &rde fix chanoines. Les rues des Nobles
Se du Bouret font les plus grandes. Le fauxbourg de Vi-
riice eft auïïi grand que la ville. 11 eft adoffé contre des
montagnes qui régnent le long de la rivière jusqu'à fon
embouchure dans la mer. La rivière fair en cet endroit
un port capable de recevoir des navires de plus de cent
tonneaux , ôc qui eft bordé des deux côtés par un quai ,
revêtu de pierres de taille. C'eft la plus belle promenade
de la ville. On remarque dans ce fauxbourg le couvent
des Dominicains , celui des Capucins , ôc un hôpital qui
eft un des plus fuperbes bârimens de la province. La ra-
de , qui eft au-devant de la rivière de Morlais, eftgrandej
Se peut paffer pour un bon mouillage ; car les vaiffeaux
y -font à l'abri des vents. La ville eft couverte par un
château fitué dans une ifle 3 ôc qu'on appelle le Tau-
reau.
Il le fait un grand commerce de toiles à Morlais. Les
anciens ducs de Bretagne , 6c les rois de France depuis ,
ont accordé aux marchands de Morlais le privilège d'a-
cheter feuls les toiles de la main de l'ouvrier, ou du mar-
chand de la campagne qui les vend. On porte à cet effet
toutes les toiles à l'hôtel de ville , ôc elles y font expo-
fées en vente à certains jours de la femaine. Les mar-
chands de la ville ont feuls le droit d'y entrer alors , ôc
ils les achètent pour leur compte , afin de les vendre
enfuite aux Anglois ôc aux Malouins. Il eft confiant que
les Anglois ne trouvent nulle part des toiles à meilleur
marché que celles-ci , fans en excepter celles de Hollan-
de ôc de Hambourg. Les Malouins de leur côcé appor-
tent à Morlais toutes fortes de marchandifes du Levant ,
favons , huiles , alun ôc fruits fecs de la côte de Proven-
ce. Le commerce des fils eft auffi très bon ; ils fe débi-
tent à Morlais deux fois la femaine aux jours de mar-
ché , ôc en tems de paix il s'en vend pour environ qua-
tre-vingt mille livres.
MORLAN , pays de France , dans la Flandres , en-
tre les Dunes ôc le canal de Fuines. Il fait partie de la
châtellenie de Dunkerque. Ce n'étoit autrefois qu'un
grand lac. On l'a defféché , Se il eft presque par - tout
entre-coupé de la petite rivière de Rinferot. * D'An-
difrec , Géographie ancienne «Se moderne, tom. 2. p.
MORLAQUE (La), montagne de la Morlaquie ,
qu'elle fépare de la Croatie. Elle règne le long de la Dal-
matie , ôc eft habitée par les Morlaques. Voyez, l'article
fuivant.
MORLAQUES , peuples de la Morlaquie, fujersde
la république de Venife , ôc qui habitent la montagne
Morlaque. Ce font des fugitifs d'Albanie , gens détermi-
nés & infatigables , qui ne demandoient pas mieux pen-
dant la guerre que d'en venir aux mains avec les Turcs.
Une poignée d'entre eux faifoit des partis pour aller
faccager quelques villages : ils en revenoient tou-
jours chargés de butin. Ce font des gens fi robuftes , que
les chemins étant très-mauvais dans leurs montagnes ,
ôc les chevaux courant quelquefois risque de fe rom-
pre le cou, quatre d'entre eux porteront un cheval une
vingtaine de pas , en l'embraffant fous le ventre.
Spon , voyage de Dalmatie,p. 54. qui me fournit cet
article , ajoute que ces peuples , ont la mine terrible ,
& qu'ils ne vont point au marché avec leurs denrées ,
qu'ils ne portent avec eux leur fabre ôc leur carabine.
Ils parlent csclavon , ôc fuiyent la plupart la religiqa des
Grecs.
MOR 411
MORLAQUIE , contrée de la Croatie , dont elle oc-
cupe la partie méridionale. Elle s'étend le long du golfe
de Venife , entre l'Iftrie ôc la Dalmatie. Ses principaux
lieux font
Zegna, Sixa -t Jablonitz „ Veza.
* Jaïllot , Atlas.
MORLAS , Morlaas , ou Mort, ac , ville du Bearn $
dont elle devint la capitale après la ruine de la ville de
Bearn. Elle fut auffi là demeure des vicomtes ; de forte
que jusqu'aujourd'hui elle a le premier rang à FafTem-
blée des états de Bearn. C'eft le fiége d'une fénéchauiTéev
* Pigartiol. Defc. de la France , p. 209.
MORMAL ou la Forest de Mormal , forêt des:
Pays-Bas dans le Hainaut , entre le Quesnoy , Landrecî
év Maubeugc. Cette forêt eft rrès-confidérable -, car clic
ne contient pas moins de dix-fept mille cinq cens foi-
xante-trois arpens de bois de chêne ôc de hêtre.
MORMAUT. Voyez, Mormal.
MORNAC ou Saint Pierre de Mornac , bourg
de France dans la Saintonge , élection des Saintes.
MORNAS , bourg de France, dans le comtat Vc-
naiffin , fur la rive gauche du Rhône , au midi de Mont-;
Dragon , ôc au nord de Piaulene. * De l'I/le , Atlas.
1. MORNE, mot donr fe fervent les François de
l'Amérique pour fignifier un cap élevé , ou une pe-
tite montagne qui s'avance en mer. Deux mornes oit
petites montagnes défignent les deux pointes d'une
pafTe.
2. MORNE ( Gros ) , gros cap de l'Amérique fcp-
tentrionale dans Lille de la Guadeloupe , ôc qui fépare
la partie de cette iik, nommée Basse-Terre, de celle
qu'on appelle le Grand-cul-de Sac.
3. MORNE ( Gros ) , haute montagne de l'Améri-
que feprentrionale dans Fine de la Martinique , près du
bourg de la Trinité ôc de l'Anfe du Gallion.
MORNE ROUGE , quartier ôc paroifle de l'ifle de
Saint Domingue , à la bande du nord. Cette paroifle
eft bornée au nord par la mer , ou par la paroiffe du
Cap François ; à l'orient par le quartier de la petite An-
fe ; au midi par les montagnes , qui en cet endroit s'é-
loignent de la mer de plus de fix lieues ; ôc à l'occident
par l'Acul ôc par de grandes montagnes. * Frezjer , Car-
te de l'ifle de Saint Domingue.
MORNSHEIM , petite ville d'Allemagne , au cercle
de Franconie , dans le Hanenkam fur la Seyt , entre
Monheini ôc Pappenheim. Elle appartient à l'évêque
d'Aichfter. De fimple village qu'elle étoit autrefois ,
Conrad II du nom , évêque d'Aichfter, en fit une vil-
le , en l'environnant de murs & de foffés, après y avoir
fait eonftruire quantité d'édifices ; ôc l'évêque Marquait
qui vint après , y fit bâtir un château , ainfï que le
rapporte Bruschius dans fon livre des évêchés d'Alle-
magne, cap. 10. pag. 190. Zeyler , Topograp. Fran-
coniae.
MOROBISDUS. On trouve un lieu ainfi nommé
dans Cédrene. Il paroit qu'il doit être quelque parc
dans la Grèce. * Ortelii Thefaur.
MOROECA, ville d'Espagne. Ptolomée, /. 2. c. G.
la donne aux Cantabres, ôc la place dans lesterres.il
y a quelques manuferits où ce mot ne fe trouve point.
On croit que c'eft aujoud'hui Villa Diego.
MOROMBEI, ou Lamahoric, grande rivière de
Madagascar , éloignée de celle de Pharaon d'environ
quatre lieues ; mais bouchée du côté de la mer. Elle
fort des hauts pays,qui font à l'oueft à dix ou douze lieues.
* Flacourt, Hift. de Madagascar , c. 7.
1. MORON , ville de la Lufitanie. Strabon , /. j,
p. 1 j-2. la met fur le bord du Tage, ôc dir que Brutus ,
qu'on furnomma le Gallicicn , s'en fervit comme d'une
forterefle pour réduire le pays.
2. MORON , ville d'Espagne , dans l'Andaloufie ,
au nord de Zahara , ôc à l'orient de Hardalès , vers les
frontières de Grenade. On appelloit anciennement cette
ville Arucci , à ce que difent quelques géographes mo-
dernes. Voyez. Arucci. Moron eft fituée dans une plai-
ne riante ôc des plus fertiles. On trouve dans le voifi-
nage une mine de pierres précieufes , comme hyacin?
• Iqjïi. IV. Fff i)
MOR
412
thés , cornalines , rubis , agates & autres * Délices ,
d'Espagne , p. 479.
MORONA , rivière de l'Amérique méridionale , au
Pérou. Elle prend fa fource au Volcan de Sangay , à
l'eft du golfe de Guayaquil , d'où prenant fon cours vers
le fud , elle fe rend dans la rivière de l'Amazone , au-
deflbus de Borja. * Carte du cours de L'Amazone , par
de la Conâamine.
MORONEON, promontoire d'Afrique, fur le gol-
fe Arabique , félon Pomponius , cité par Ortelius ,
Thëjuuçr.
MORONTOBARIS ou Morontobarbaris, ifle
de la Gédrofie. Arrien , in Indicis , p. 337.1a place au
voifinage du Port des Femmes.
MOROSGI , ville d'Espagne. Pline , /. 4. c. 20. la
donne aux Vardules. Le père Hardouin juge par la fitua-
rion , que ce pourroit être aujourd'hui Saint-Sébaftien.
MOROTAI. Voyez. Gilolo.
MOROTEOTRITANUS. Voyez. Mozotcorita-
NUS.
MOROTIA , Voyez. Gilolo.
MOROVIES , peuples de l'Amérique , dans la Fran-
ce équinoxiale : ils font à 27 lieues & demi au fud de la
Cayenne , à quatre lieues du bord oriental de l'Appa-
rouaque.
MORPETH ou Morpit , ville d'Angleterre , dans
le comté de Northumberlan fur le Wenfbeck , à dix
milles au nord de Newcaftle. Corneille , Dict. dir que ce
n'eft qu'un bourg ; mais l'auteur de l'état préfent de la
Grande Bretagne, t. i.p. 97. nous apprend que c'eft
une bonne ville.
MORRISCH , baronnie d'Irlande, dans la province
de Connaught. C'eft une des neuf baronnies du comté
de Mayo. * Etat préfent de la Grande Bretagne , tom.
3-
MORRO-MORENO, port de l'Amérique méridio-
nale au Pérou , dans la province de los Charcas. Il eft
environ à vingt-deux degrés de latitude, & comme
fermé par une ifle qui eft au-devant. L'entrée en eft
aifée , 6c il y a dans fon embouchure vingt-cinq braffes
de profondeur : il peut contenir un grand nombre de
navires , fans qu'ils craignent rien de l'incertitude des
vents. La féchereffe de la terre empêche qu'on ne s'y
puiffe fournir ni d'eau ni de bois. Ce lieu ne laiffe pas
d'être habité de Sauvages qui vivent de poiflbn crud;
ils font dépourvus de toute autre chofe : leur naturel
eft ftupide : toute l'adrefle qu'ils ont , confifte à plonger
& à bien nager ; ils boivent même de l'eau de la mer
fans en être incommodés. Richard Hawkin a écrit que ce
font moins des hommes que des brutes. * Corn. Dict.
De Laet , Defc. des Indes occidentales, liv.' n. chap.
10.
MORRONE , montagne d'Italie , au royaume de
Naples , dans l'Abruzze Citéricure : elle eft dans le voi-
finage de Sulmone. On tient que faint Pierre Céleftin
y vivoit en folitude avant qu'on l'eût élu pape. * Bau-
drand , Dict. édit. 1705.
MORS ou MœuRs , ville, château 6c comté d'Alle-
magne , au cercle de Weflphalie près du Rhin. Elle a
eu autrefois fes comtes particuliers, qui poffédoient auffi
les comtés de Rodenach 6c de Sarwerde. Le dernier
de ces comtes mourut en 1/89. Le duc de Parme , gou-
verneur général des Pays-Bas , s'étoit emparé de Mœurs
en 158e. Le prince Maurice de Naffau , l'ayant repris
fus celui ci en 1597, fe fit donner encore droit à cette
poffeffion par un teftament que la veuve du dernier
comte fit en fa faveur ; mais le duc de Cléves 6c de
Juliers , qui avoir quelque droit fur ce domaine , ne
voulut point reconnokre la validité d« teftament qui
le remettoit au prince Maurice , & s'en empara par-
force ; cependant il y eut en 1606 , entre ces deux prin-
ces un accord, en vertu duquel la ville de Mœurs
devoit refter en féqueftre , & le château être gardé par
les troupes du prince Maurice , & après la mort de ce
dernier tout devoit appartenir au duc de Cléves. *
Zeyler , Topogr. Weftphal.
I. MORTAGNE (a), petite villede France , dans
la Flandre Walonne.au Tourncfis, à l'embouchure de
la Scarpe dans l'Escaut, à trois lieues au-deffus de
MOR
Tournay. C'eft le dernier porte de la France de ce côté-
là. Cette ville a eu autrefois des feigneurs qui étoient
châtelains de Tournay (/>). D'abord ils furent vaffaux
du roi de France & de l'Evêque , enfuite ils le furent
entièrement du roi par l'acquifition qu'il fit des droits
de lcvêché. Mortagne a été démembrée du Tournefis
6c biffée à la France par le traité de paix d'Utrecht
( c ) , à condition qu'il ne feroit pas permis d'y faire
de fortifications ni d'éclufes de quelque nature qu'elle^
puiffent être. Les dépendances de Mortagne ont été
cédées à la maifon d'Autriche , de même que le Tour-
nefis , par le même traité. Il y avoit autrefois une cita-
delle qui défendoit cette ville -, mais l'empereur Charles
V la fit démolir, dès qu'il fe fut rendu maître de Tour-
nay. (a) Dit florin aire géographique des Pays-Bas. (b)
JLonguerue, Description de la France > part. 2. p. 79.
( c ) Piganiol , Defcription de la France , tom. 7. pag.
244.
2. MORTAGNE , ville de France, dans le Perche ,
dont elle eft regardée comme la capitale > mais cette
primauté lui eft disputée par la ville de Bellesme : ce
qu'il y a de fur , c'eft qu'elle eft la ville la plus grande
6c la plus peuplée du pays. On l'appelle en latin Mo-
ritonia ou Moritania. Elle a une égliie collégiale dédiée
à tous les Saints , fondée par Mathilde, veuve de Géo-
iroi III, comte du Perche. Le chapitre eft compofé
d'un doyen , élu par les chanoines ; d'un chancelier &
d'un prévôt , nommés par le roi en qualité de comte du
Perche ; d'un tréforier , nommé par le chapitre ; d'un
chantre 6c de fept chanoines. Les dignités font de fept
cens livres 6c les canonicats de trois cens. Il y a deux
paroiffes & des Capucins , des religieufes de faint Fran-
çois , des Mathurins , un prieuré de chanoines réguliers
& un hôpital. Mortagne eft le chef- lieu d'une élection,
le fiége d'un bailliage 6c d'une vicomte d'où relèvent près
de foixante paroiffes. Il y a une maréchauffée, une maî-
trife des eaux 6c forêts , & un grenier à fel. * Lon guérite ,
Defcr. de la France, part. 1. p. 99.
3. MORTAGNE, ou Saint Etienne de Morta-
gne, bourg de France , dans la Saintonge, élection de
Saintes , fur le bord de la Gironde. Ce bourg a titre de
principauté 6c appartient au prince de Pons , de la mai-
fon de Lorraine , 6c d'une branche cadette de la maifon
d'Armagnac. * Piganiol , L>efcription de la France , t. j.
pag. 31.
4. MORTAGNE , Mduritania , ville de France ,
dans le Poitou , élection de Mauleom C'étoit autrefois
une baronnie.
1. MORTAIN , ville de France , dans la Baffe Nor-
mandie > aux confins du Maine , à huit lieues d'Avran-
ches , 6c à cinq de Vire. Son nom latin eft Moritolium.
Elle a d'abord été une fortereffe , bâtie pour fervir de
place frontière contre les Bretons : elle fut donnée avec
le titre de comté par Guillaume le Conquérant à fon
frère utérin Robert ; car Hartolte , maitreffe du duc
Robert 6c mère du Conquérant, époufa un feigneurNor-
mand , nommé Herluin , dont elle eutplufieurs enfans *
6c entr'aimes Robert , dont le fils Guillaume , qui kii
fuccéda au comté de Mortain , étant mort fans enfans ,
Henri I , roi d'Angleterre 6c duc deNormandie , donna
ce comté à fon neveu Etienne de Blois , qui fut depuis
roi d'Angleterre , mais après fa mort la couronne revint
à Henri II, delà maifon d'Anjou, 6c Guillaume , fils
d'Etienne , fut comte de Mortain par fon père , 6c de
Boulogne par fa mère Mahaud. Ce comte Guillaume
étant mort fans enfans , fa fucceffion vint à fa fœur Ma-
rie de Boulogne, femme de Marthieu d'Alface , dont
la fille 6c héritière Ide , époufa Rainaud de Dammar-
tin , duquel vint Mahaud de Boulogne 6c de Dammar-
tin , qui époufa Philippe , fils de Philippe- Augufte. Ce
roi donna à ce fils les comtés de Mortain & de Dom-
front ; ce qui fut confirmé par Louis VIII l'an 1223 , &
par faint Louis l'an 1226. Ce comte Philippe étant
mort fans enfans , Mortain 6c Domfront furent réunis
à la couronne. Philippe de Valois donna l'an 133/
Mortain à Philippe,! oi de Navarre,de la maifon d'Evreux
pour partie de la récompenfe de la Champagne; ainfi
Mortain demeura aux rois de Navarre jusqu'à h mort
de Pierre d'Evreux , ( autrement de Navarre ) qui finir
MOR
MOR
fes jours Tarn 1411. Charles VII donna enfuircle comte
de Mortain au comte de Dunois^le même roi l'ayant
retiré cn^diange de celui de Longueville , jouit quel-
ques années de Mortain, puis le céda au duc d'Orléans ,
à qui il appartenoit encore au tems de la guerre du bien
public. Leduc ayant remis Mortain à Louis XI, ce roi
le donna à Charles d'Anjou , comte du Maine , qui laiffa
fes biens à Ion fils Charles qui mourut l'an 1481 , & fit
fon héritier univerfel le roi de France. Enfin François
I donna en pleine propriété le comté de Mortain , à Louis
de Bourbon ,duc de Montpenfier , avec le vicomte d'Au-
ge , pour le dédommager de la terre de Leuze , ôc d'au-
tres dans les Pays bas, que Charles-Quint avoit con-
fisquées , ôc dont on n'avoir pu obtenir la rettitution au
traité de Cambrai , conclu lan 1529. Mortain ôc Dom-
front font partie de la fucceflîon de feue mademoifelle
de Montpenfier , qui a fait fon héritier univerfel Phi-
lippe, fils de France, duc d'Orléans. * Longucrue , Defc.
de la France , part. 1 . p. 80.
La ville de Mortain elt petite, très-difficile d'accès ,
étant toute environnée de rochers affez escarpés. L'ancien
château eft ptesque entièrement détruit. Il y a environ
treize cens famiiles dans la ville ôc dans les autres an-
nexes , qui font le Rocher ôc Neubourg. Il y avoit fui-
la petite rivière de Lances un beau pont de communi-
cation entre Mortain ôc Neubourg ; mais il elt préfen-
rement ruiné. Le chapitie de cette ville eft plus nom-
breux que riche, Ôc fa jurisdiction elt indépendante de
celle de l'evcque d'Avranches. Cette ville a fon
bailliage, fa vicomte, fon élection ôc fa mairrife des
eaux ôc forêts. * Piganiol , Defcr» de la France , tom. /.
pag. 428.
Le bailliage de Mortain eft de l'ancien reffbrt du bail-
liage du Cotentin; mais par échange qui fut fait en IJ29
entre François \ôc Louis de Bourbon, duc de Mont-
penfier , de ce comté avec les terres de Leuze ôc de
Condé , que François I donna enfuite à Charles-Quint -,
il fut itipulé qu'il n'y auroit point de changement poul-
ies juiisdiétions ; de forte que lors de la création des pré-
fidiaux en 1 5 5 1 , il y eut ite déclaration du roi par la-
quelle il fut dit que les arafes du comté de Mortain
iroient par appel au Parlement, comme auparavant *,
ainfi ce bailliage eft entièrement féparé ôc diftinct de ce-
lui du Cotentin , ôc a une exception particulière pour
la jurisdiction feulement ; car quant à l'appel des gen-
tilshommes pour l'an iere-ban , il eft du bailliage du Co-
tentin :il fut même jugé par arrêt du 21 Janvier 1689 ,
que les officiers du bailliage de Mortain contribueroient
aux affaires communes des officiers. du Cotentin.
L'élection de Mortain ne produit que du feigle ,
du bled noir, de 1 orge , de l'avoine Ôc du cidre. 11 n'y
a d'autre commerce que celui des beitiaux.
2. MORTAIN ou la Blanche , ou les Blan-
ches , abbaye de France , dans la Normandie , près de
la ville de Mortain. C'elt une abbaye de filles de l'ordre de
Citcaux , de la filiation de Savigny. On rapporte fa fon-
dation à l'année l 105,
1. MORTARE. PV^Mortaria.
2. MORTARE , prieuré de France , dans la Franche-
Comté , au diocèfe de Befançon. Il eft des Cluniltes ré-
formés.
MORTARIA , campagne d'Italie , dans la Ligurie ,
où Charlemagne remporta une victoire fur Didier , roi
des Lombards. Ortelius , Thefaur. dit que Godefroi de
Viterbe , /. 17. affine que ce lieu étoit l'ancien Forum
T eregrinorum i ôc que Capriolus y place un château ou
bourg, nommé Mortarhtm. téander veut que ce lieu ait
été appelle auparavant Silva bella , ôc Lupold de Ba-
benberg le nomme pulchra Silvula \ aujourd'hui c'eft une
ville connue Tous le nom de Mortare , entre Cafal
& Vigevano , fur le bord de la rivière Albonea ou Al-
bona.
MORTARO, ville de Dalmatîe , fur la côte, à quinze
lieues de Zata. Son port eit conftruit entre deux ifies qui
fe touchent presque l'une l'autre , avec de hauts ro-
chers tout à l'enrour. Ce port eft affez profond pour de
grands navires. La ville n'a qu'environ foixante maifons.
Elle eit arrofée de bonne eau de fource. * Corn. Dict.
Wbder> Voyage de Dalmatie , 1. 1.
41?
MORTEMAR, petite ville de France , dans le Poi-
tou. Elle n'avoit autrefois que le .titre de marquifat ,
Louis XIV l'érigea en duché-pairie en faveur de Gabriel
de Rochcchouart , marquis de Mortemar , par lettres
patentes du mois de Décembre 1650 , tegiftiées le 15
Décembre 166} , en conféquence des lettres de furan-
nation du 1 1 du même mois. * Piganiol, Defcnption
de la France , t. 5. p. 93.
MORTE-MER , en latin , Beats. Maris, de mortuo
Mari , abbaye de France , dans la Normandie , au dio-
cèfe de Rouen , dans un vallon environné de tous côtés
de la forêt de Lions, à demi-lieue de Lions , & à quatre
lieues d'Andely, entre les rivières d'Eptc & d'Andelle.
C'eft une abbaye d'hommes, de l'ordre de Cîteaux &
fille d'Orcamp. Les uns difent qu'elle fut fondée en
1134, d'autres mettent fa fondation au premier No-
vembre 1156, & l'attribuent à Henri I , roi d'Angle-
terre ôc duc de Normandie. Elle fut placée d'abord
en un lieu nommé Beaumont , dans le territoire de
Guilleaffin en Normandie. L'églife de cette abbaye elt
grande ôc vaite. On y voit le tombeau de Robert Pon-
tain , archevêque de Rouen , ôc ceux des barons de Bec-
Crespin.
MORTHERART, bourg de France, dans le Poi-
tou , élection de Confolens.
MORTIER. Voyez, au mot Fort l'article Fort du
Mortier.
MORTNAW. Munfter , dans fa Cosmographie , /. y,
c. 223, appelle ainfi l'Ortnaw, petit pays d'Allemagne»
aux environs de Gegenbach. Il dit que ce nom a été
ainfi changé à caufedes fréquens meurtres qui s'y cora-
mettoient , principalement au village de Humsfelden, fur
le Rhin ; que ce pays eft petit , niais fertile. Voyez.
Ortnau.
1. MORTON, bourg de Fiante, dans le Poitou,
élection de Loudun.
2. MORTON, bourg d'Angleterre, dans là pro-
vince de Glocefter. On y tient marché public. * Etat pré-
jent de la Grande Bretagne , t. 1 .
MORTRÉE , bourg de France , dans la Normandie ,
fur le chemin de Seez à Argentan. Il elt fitué fur les
paroifTes de Bray , de Marigny ôc d'O , & affez loin des
églifes de ces paroiffes. On ne voit point ce qui a don-
né lieu de le former dans cette fituation. Il y a dans
ce bourg plufieurs hôtelleries; ôc le Jeudi il fe tient
dans la partie d'O un marché qui fut établi en 1/99 -,
par lettres patentes du roi , en faveur d'Alexandre de
la Guefle , marquis d'O , ôc qui a été confirmé depuis
pour fes fucceffeurs, à qui on a enfuite accordé quatre
foires. Il y a un ancien hôpital , où on a logé
les pèlerins ; mais la vie déréglée de ces fortes de
gens a fait fupprimer cet ufage ; ôc le chapelain de
cette maifon applique plus utilement, au foulagement
des pauvres du lieu, le peu qui refte de revenu. Il
eft obligé de dire la Meffe les Dimanches & les au-
tres jours de fête. A un quart de lieue de ce bourg ,
ôc fur le même chemin , il y a un hameau appelle la Pe-
tite Mortrée.
MORTUUM FLUMEN. Apulée donne ce nom à
l'Acheron, que les poètes avoient imaginé être un fleu-
ve de l'enfer. * A fini , 1.6.
1. MORTUUM MARE. Un ancien commentateur
de Juvenal, appelle ainfi l'Océan Atlantique. L'origine
de ce nom venoit de ce qu'on croyoit anciennement
qu'il n'étoit pas poflible d'y naviger. * Ortelii The-
faur.
1. MORTUUM-MARE. Voyez, au mot Mer , l'arti-
cle Mer-Morte. \
MORTZUSCHAG, bourg fermé en Allemagne,
dans le duché de Stirie , fur la route de Vienne à Mu-
raw. Il eft du domaine du Prince. * Zeyler , Top.
Stiria?.
MORVAN ou Morven (Le), contrée de France,
contigue au Nivernois & fur les confins du duché de
Bourgogne. Son nom latin eft Morvinnus Pagus (a) :
elle l'a pris d'un lieu nommé Morvennum , qui eÔ. au-
jourd'hui' peu connu. Le Morvan eft un pays de mon-
tagnes ôc de bois , & qui ne produit qu'un peu dé
feigle, encore eit- ce à force d'induftrie & de culture.
MOR
414
Les fontaines (b) Se les ruiffeaux qui coulent de ces
montagnes y produisent quantité d'herbages , qui font
la principale reffource du pays, pour la nourriture Se
l'engrais des beitiaux. La montagne qui eft entre Châ-
tcau-Chinon Se Châtillon , fe trouvant directement
expofée au midi & à l'abri du nord par le moyen des
autres montagnes qui la couvrent de ce côté-là , eft la
feule où il y ait des vignes. La douceur de cette ex-
pofition Se la bonté du plant , font que le vin en eft
fort bon. Le Morvan s'étend le long de la rivière
d'Yonne : il eft presque tout du diocefe d'Autun ; mais
il n'eft pas des dépendances du duché de Bourgogne,
du moins pour la plupart. Les lieux les plus remarqua-
bles de cette contrée font
Vezelay, Château-Chinon , Auroux.
(a)' Longiterue , Defcription delà France, part 1.
p. 12.1. (b) Figaniol, Defcripr. de la France, t. 6.
p. 169.
Morvïnnus Pagus a toujours été le nom d'une con-
trée. Les preuves qu'apporte de Valois pour affiner
que c'étoit un village , font très-foibles. La vie d'un S.
Ëptade, folitaire, écrite au fixiéme fiécle , celle de faint
Germain de Paris , les miracles de faint Germain d'Au-
xerre écrits au neuvième fiécle, Se plufieurs autres
monumens font mention du pays de Morven , Se au-
cun des anciens qui puiffent paner pour authentiques ,
n'en fait ni un bourg ni ui» village.
1. MORVEDRO ou Morviedro , ville d'Espagne ,
au royaume de Valence , à quatre lieues au nord de
la ville capitale de ce royaume , environ à deux milles
de la mer , fur un rocher élevé , au bord d'une rivière
qui porte fon nom , Se appellée anciennement Tu ru-
lis. Cette ville eft ancienne , Se ce font les reftes de
la fameufe Se infortunée Sagonte, qui avoir été bâtie
par les Zacynthiens , qui lui avoient donné le nom
de leur patrie. Voyez. Sagonte. Aujourd'hui on la
nomme Morvedro, en latin Muriveteres , à caufe
des vieilles murailles qui s'y trouvent , Se qui font con-
noître la grandeur Se l'étendue de l'ancienne Sagonte.
En y entrant on voit fur la porte de la ville l'infcrip-
tîon fuivante , à demi effacée , faite à 1 honneur de
l'Empereur Claude II , fucceffeur de Gallien :
Senatos populusque
Saguntinorum
Claudio
Invicto. p i o. f e l. i m p.
C A E S. PONT. MAX,
T R I B. POT. P. P.
Pr O C O S.
A une autre porte, qui eft près de l'églife, on voit
une tête d'Annibal , faite de pierre ; près de cette égli»
fe, on monte au-deffus du roc , où l'on voit les mu-
railles Se les reftes d'un vieux amphithéâtre de 357
pieds romains d'étendue dans fon demi-cercle , com-
pofé de vingt-fix bancs l'un fur l'autre , taillés dans le
roc. Les voûtes en font fi épaiffes Se d'une ftruéture
fi maffive Se fi forte , qu'elles fe font confervées avec
les bancs jusqu'à préfent depuis tant de fiécles ; Se il
feioit bien difficile de les démolir. Au-deffus de l'am-
phithéâtre paroît un vieux château ruiné. * Délices d'Es-
pagne ,paç,. 565..
2. MORVEDRO ou Morviedro, rivière d'Es-
pagne , au royaume de Valence. Elletraverfe ce royau-
me du couchant au fud-eft j & elle fe jette dans la
mer au-defibus d'une ville dont elle porte le nom,
après avoir paffé à Segorbe. C'eft le TuRuns de Ptolo-
mée. * Délices d'Espace, p. J4J.
MORVILLIER , bourg de France , dans la Nor-
mandie , élection de Neufchâtel.
MORUINNUM. Voyez. Morvan.
MORUMA. Voyez. Murum.
i. MORUNDA , ville de Médie. Ptolomée , /. 6. c. 1.
ia place dans les terres , entre Lara fa Se Tigrana.
u MORUNDA , ville de l'Inde , en-decà du Gan-
MOS
ge. Ptolomée , l.j.c.i. la donne aux peuples "Aii> Se
la met dans les terres.
MORUNGEN, petite ville d'Allemagne, au cercle
de la Baffe-Saxe, dans le duché de BruniWick, près du
bois de Solling , à deux milles d'Einbeck. Elle fut prife
en 1466 par les troupes que les villes Anféatiques
mirent en carfipagne contre les princes de Brunswick.
* Zeyler , Top. Infer. Saxon.
MORUiNTES, peuple des Indes, félon Pline, /. 6.
c. 2.0. Il les fait voifins des Mafutt.
MORUS. Voyez, Marisus Se Sycaminos.
MORYLLOS , ville de la Chalcidie , contrée de la
Macédoine, félon Ortelius qui cite Ptolomée, /. 3. c.
1 3. cependant ce dernier la place dans la Paraxie, entre
Cbxtœ Se Antigoriia PJaspbara.
1 . MOSA , nom latin de la Meufe. Nous en avons parlé
fuffifamment fous le nom moderne où nous marquons
le cours de cette rivière, lequel n'a guère changé , fi ce
n'eft vers fon embouchure. Céfar , B.Gall.L 4. c. 10.
dit qu'elle a fa fource au mont de Vosge qui eft aux
confins du pays de Langres , Mo/a profuit ex monte
Vofego qui efi in fnibus Lmgormm. De fa fource il court
jusqu'à fa jonction avec le Wahal , qui eft une branche
détachée du Rhin , cr parte quadam Rheni recepta , qua,
appcllatur Valis , infulam efficit Batavorum. Il veut donc
que la Meufe forme l'ifle des Bataves par fa jonction
avec le Wahal , dont elle porte les eaux dans la mer. Il
dit qu'elle s'y jette à quatre-vingt mille pas du Rhinj
par où il a voulu marquer la diftance des embouchu-
res de ces deux fleuves : Neque longiiis ab eo millibus
pajfuum Lxxx.in Oceanum /r^«//f.Quelques-uns voyant
le cours de ces rivières changé en beaucoup de choies ,
fe fonr mis en tête que la jonction du Wahal Se de la
Meufe fe faifoit affez près de leur embouchure commune
dans la mer. En ce cas Céfar auroit eu tort de dire
que la Meufe forme l'ifle des Bataves. Leur jonction
fe faifoit aux mêmes lieux où elle fe fait encore , c'eft-
à dire , auprès du fort faint André , entre Meghcm &
Bommel. Ces rivières s'étant ainfi mêlées en cet en-
droit , Se ne trouvant pa^Bu'un feul lit fût fufrifant
pour elles, fe partagèrent crc nouveau pour fe rejoin-
dre entre Dalem, Vorcum Se Louveftein; mais la Meule,
avant que d'y arriver , fe partageoit encore ^en deux bras.
L'un , dont il ne refte plus que le nom , s'appelloit la
vieille Meufe , Se paffoit par Heusden , en tirant fur
Gertruydenbeig , traverfoit le pays, caché aujourd'hui
fous le Biefbos , paffoit au midi de Dordrecht , & cou-
loit dans le cannai qu'on appelle encore la vieille Meufe.
L'autre branche, qui paffe à Vorcum Se à Louveftein, s'ap-
pelloit la nouvelle Meufe. Quand elle a rejoint le Wa-
hal , cette branche prend le nom de Merve jusqu'à ce
que toute la Meufe fe rejoigne vis-à-vis de Vlaerdingue
au-deffous de Roteidam ; cette rivière n'a pas eu préci-
fément les mêmes contours dans fon lit , qu'elle a à
préfent. Une grande rivière qui charrie aurant de li-
mon que celle-là , a pu boucher fon lir en plufieurs
endroits , Se faire des atterriffemens confidérables. Si on
joint à cela les débordemens ausquels le Rhin eft fujet,
Se dont elle recevoir fa part par le Wahal, on n'aura
pas de peine à comprendre que d'un côré elle a pu
changer de cours , Se que de l'autre elle a porté à fon
embouchure des terres dans des lieux que la mer cou-
vroir. Tacite appelle immenfe l'embouchure qui eft
commune au Wahal Se à la Meufe : Ad. Gallicam ripant
Rhenus latior G" placidior ajjluens verfo cognomento Va~
balem accola dicunt : Mox id quoque voçabulum mutât
Mofaflumine e} us que immtnfo ore eumdemin Oceanum
effundûur ; mais cette embouchure n'étoit pas la feule.
Céfar , /. 6. c. 3 3 dir que l'Escaut fe jerte dans la Meu-
fe , ce qui doit s'entendre d'une des branches de l'Es-
caut. Entre ces deux embouchures de la Meufe , dont
l'une lui étoit commune avec une branche du
Rhin , l'aurre avec une branche de l'Escaur , il y en
avoit fans doute encore quelques autres -, mais les anciens
ne parlent pas affez diftindtement fur certe matière qui
fe doit débrouiller par les écrivains du moyen âge. C'eft
ce que l'on voit exécuté favamment dans le livre des
antiquités des Bataves , compofépar Van Loon. * An-±
nal. 1. 2. c. 6,
MOS
2. MOSA , ville de l'Arabie Heureufe , fur la rônre
de Mocha à Mouab , à dix lieues de Mocha Se à quinze
de Manzery. C'eft une petite ville champêtre, allez
agréable, '&.' qui fournit presque toute la volaille qu'on
porte à Rôcha. C'eft aufli l'entrepôt & le paffage des
fruits qui viennent des montagnes.* La Roque , Voya-
ge de l'Arabie Heureufe, p. 154.
3. MOSA , nom de lieu , à ce qu'il femble parl'itiné-
raire d'Antonin , qui le met fur la route d'Antematun-
rium à Toul , entre Antematunnum Se Solimariaca , à
douze milles de la première de ces villes Se à feize
milles de la féconde.
MOSACH , rivière d'Allemagne , dans la Bavière.
Elle a fa fource au-deflus de Munich, coule du midi
au nord oriental, paffe à Freifmgen, Se fe jette dans
l'Ifer au-deffous de cette ville. * Jaillot , Atlas.
MOSyEUS , fleuve de la Sufiane , félon Ptolomée ,
/. 6. c. 3. Orielius ,Tbefaur. dit avoir remarqué furies
cartes d'Abulféda que ce fleuve y étoit nommé Titiciri.
Il ajoute qu'Am'mien Marcellih écrit Mcjeus.
MOSAIKS, ville de l'empire Ruflien , fur la rivière
de Moska , au midi occidental de la ville de Moscou.
* Del'Ifie , Atlas.
MOSALE , grande rivière de la Chine. Elle fort du
lac de Siul , dans la province d'Iunnan. Après avoir tra-
verfé toute la province , elle prend fon cours dans le
royaume de Tungking, où , groilie des eaux de diverfes
rivières, elle forme le grand canal qui conduit à la
Ville de Tungking. * Atlas Sinenjïs.
MOSAMBIQJUE. Voyez. Mozambique.
MOSARNA, ville de la Caramanie , félon Arrien.
Au lieu de Mofarna , Ptolomée, /. 6. t, S. écrit Mu-
SARNA.
MOSBACH, ville d'Allemagne, dans le Palatinat,
fur le Necker : elle eft fort bien bâtie Se fituée fur un
fond fertile ; aufli tire-t-elle des campagnes qui l'envi-
ronnent quantité de froment & de vin. Elle a un beau
château, où Oihon , comte Palatin, a fait fa réfidence
ordinaire, Se a été pour ce fujet furnommé Mosbacen-
y?/. Sa femme , qui mourut jn 1444, eft enterrée dans
l'églife principale du lieu. Cette viile étoit autrefois fort
renommée pour la fabrique des couteaux Se des lames
d'épée. On y fait aurli des draps. Elle eft le chef-lieu
d'un bailliage, dont la jurisdiction s'étend depuis Wim-
pfen, ville impériale , jusque près d'Heidelberg , en des-
cendant le Necker. * Zeyler , Top. Palar. Rheni.
MOSBURG , petite ville d'Allemagne , dans la Ba-
vière ( a ) , au confluent de FIfer & de l'Ambert. Cette
ville eft le chef-lieu d'un comté (b ), dont Louis le Sé-
vère fut invefti en 1287 par l'empereur Rodolphe 1.
( a ) Jaillot , Atlas. ( b ) Corn. Dict.
MOSBURG1 CASTRA , lieu de la Caiïnrhie, Ré-
ginon Se Othon de Freifingen en font mention. Lazius
prétend qu'on en voit les ruines dans un lac de la Ca-
rimhie, nommé Werdzée , entre Clagenfurt & Villac.
* Ortetii Thel'aur.
MOSCA. Voyez.MosK.A6
MOSCENI. Voye^. Mosteni.
MOSCHA , port de l'Arabie Heureufe. Ptolomée ,
/. 6. c. 7. le place dans le pays des Adramites. Arrien
en parle aufli dans fon périple de la mer Erythrée.
MOSCHENI, peuples de la grande Arménie, félon
Pline , /. 6. c. 10.
MOSCHI , peuples qui habitoient le long de la mer
d'Hyrcanie, félon Pomponius Mêla, /. 3. c. 5. Pline,
lib. 6. cap. 4. les met vers la fource du Phafis. Le perc
Hardouin dft que ce font ceux que nous appelions au-
jourd'hui les Géorgiens : leur pays en effet s'appelloit
Moich'ica regïo. Voyez, l'article fuivant.
MOSCHICA REGIO .contrée d'Afie. Elle étoit par-
tagée en trois portions : l'une s'appelloit la Colchide ,
l'autre l'Ibérie & la troifiéme l'Arménie. * Strabon , 1.
II. p. 499.
MOSCHICI MONTES , montagnes de la grande Ar-
ménie , félon Ptolomée. Voyez. Armenius Phasis ,
Taurus.
MOSCHIUS, rivière de la Myfie fupérieure , félon
Ptolomée , /. 5. c. 9. Lazius dit que c'eft aujourd'hui
la Morave. Félix Petancius , in itin. Turcic. eft de mê-
me fentiment -, mais Corneille Sceppcr , in itin. By-
MOS 415-
fant. mf. prétend qu'on l'appelle le Lym. * Ûrtelii
Thefaur.
MOSCIUS MONS , montagne d'Italie , dans le pays
des Brutiens , près de Syllacium. Cafliodore en fait
mention dans fon hiftoire mêlée , ad Max. Cancella-
rium ; mais à la marge du livre , dit Ortelius , on li-
foit Mostius -, & Moystius.
MOSCONNUM , ville des Gaules. L'itinéraire d'An-
tonin la met dans l'Aquitaine, fur la route A'Aflurica
à Bourdeaux , entre Aquœ Tarbellicœ Se Seçofa , à feize
milles de la première , Se à douze milles de la fé-
conde,
MOSCOPHAGI. Voyez. Agmovhages.
MOSCOU. Voyez. Moskow.
1. MOSÉ , bourg de France , dans l'Anjou , élection
d'Angers.
2. MOSÉ. Voyez. Mausé.
MOSEBOHR , ou Mosibor , petite ville de Siléfie,
près de Feftenberg Se de Kobelgura. Elle appartient
aux ducs de Meunfterberg Se princes d'Olfen , qui Font
acquife en 1 $99 par achat , du feigneur André Leschinsky
de Leschnow. * Zeyler, Top. Silefia?.
MOSEGA , ville de l'Albanie. Ptolomée , /. ;. c.
12. la place au-deflus de Samunis.
MOSEL, ville dont parle Ezéchiel, 27. 19. & dont
on ignore la fituation.On peut traduire l'hébreu d'Ezé-
chiel , Tipn p'1 JTl , comme a fait la Vulgate , Dan
& Grcteia & Mofel , ou Dan & Javan d'Oz.el. Bo-
chzn yPhaleg. I. 2. c. 22. croit que Javan d'Oz.el, ou
Uz.al , font des descendans de Javan , dont la demeure
étoit à Uzal, ville d'Arabie. Les Septante, au lieu de Ja-
van, ont lu Jain , du vin. Ils ne lifent pas Mosel',
mais feulement Afel ou Afaël. Le Syriaque : Dan Se
Javan d'Uz.el. L'Arabe : /// apportaient à vos foires du
vin d'Aï!. Le Chaldéen : Dan & Javan vous appor-
taient en troupes des marchandées, &c. Je crois , dit
Dom Calmer, Dut. qu'il y a quelqu'altération dans ce
partage : Dan Se Javan font trop éloignés de demeure
pour être joints enfemble.
MOSELANUS COMITATUS , comté d'Allema-
gne , dans l'état de levêque de Liège. Selon Sigebert „
on le nommoit aufli Haibamum ou Hasbania, que
Divjeus rend par Haspengott. Ce font d'anciennes ar-
chives , rapportées par Rofier , qui nous apprennent
que ce pays s'appelloit anciennement Mofelanus comi-
tatt*% Voyez, le mot Hasbain. * Ortelii Thef.
MOSÉLE. Tzetzès, Cbiliad. 9. num. 239. dit que
ce lieu fut ainfi nommé de Mofeles, chef de l'armée
que battirent les Bulgares.
MOSELLA. Voyez. Mosula & Obrincus.
MOSELLE , rivière de France , & qui traverfe une
partie de l'Allemagne. Florus, /. 3. c. 1 o l'appelle Mo-
fula. Ptolomée , /. 2. c. 9. la nomme Obrincus ; ôc tous
les autres écrivains la connoiflent fous le nom de Mu-
fella , ou fous celui de Mofella. Elle prend fa fource
au mont des Faucilles, dans les montagnes de Vosges,
aux confins de la Lorraine , du Suntgau & du comté
de Montbelliard , & aflez près de l'endroit ou la Saône
prend aufli la fienne. Cette proximité fut caufe que
fous le règne de l'empereur Domitius Néron , on com-
mença à faire un canal pour joindre la Mofelle à la
Saône ; mais l'ouvrage ne fut point achevé. La Mofelle
dans fa cour fe mouille d'abord Remircmont ,d.Espinal,
d.Châtel, d. Charmes , g. Bayon , d. Chaligni , d. Toul ,
g. Pont-à-Mouflbn , g. Metz, d. Thionville , g. Sirck,
d. Remingen, g. Gravenmacheren, g. Waflerbilich , g.
Trêves, d. Phlatz , g. Wcldentz , d. Trarbach , d. la
forterefle de Mont-Royal, g. Cell , d. Cocheim , g„
Alken , d. Coblentz : c eft-là qu'elle fe perd dans le
Rhin. Elle court ainfi par la Loraine , par les évêchés
de Metz & de Toul , par le Luxembourg , par le comté
de Weldentz Se par la province de la Saare. Elle ne
commence à être navigable en tout tems qu'à Metz ;
cependant on fait descendre du fel des falines de Ro-
fiers , depuis la jonction de la Meurte à la Mofelle.
Cette jonction fe fait à huit lieues au-deflus de Metz ;
mais pour cela il faut prendre un tems favorable , &
décharger fouvent les grands bateaux dans de petits.
On fait aufli descendre des planches de fapin qu'on fait
dans les montagnes de Vosges , de même que des mâts
4i6 MOS
pour les vaifleaux du roi. On coupe ces mâts dans les
montagnes de Vosges ; 8c quand ils font descendus jus-
qu'à Toul , on les transporte par charrois jusqu'à Bât-
ie-Duc, où on les met fur la rivière d'Orné, qui fe
perd dans la Marne au-deflbus de Vitri. De la Marne
ces mats paflent dans la Seine , 8c arrivent enfin au Ha-
vre de Grâce. *Piganiol , Description de la France , t. 7.
p. 289.
MOSENIGO. Voyez. Mosseniga.
MOSERA, MOSERAH, ou Moseroth , n. 20 ,
33. 8c }$. 30. C'eft apparemment , dit Dom Calmet ,
Ditt. le même lieu que Hâtera ou Haz.erotb , num.
ai, 34, 13, 1. & 33, 17, 18, un des campemens
des Ifrae'lites dans le défert. Il étoit au voifinage de Ca-
des 8c du mont Hor , où mourut Aaron.
1. MOSKA ou Moscua , petite rivière de l'empire
Ruflîen , dans la province à laquelle elle donne le nom
de Moscou, dont nous avons fait les mots Moscovie
Se Moscovites. Elle a fa fotuce à l'extrémité de cette
province 8c de celle de Twere , au midi d'Oleschna qui
cil dans cette dernière , & a l'orient de Rzeva , Volo-
dimerskoi, ville de la province de Rzeva , aflezprès
de lalburoc du Volga. De là, ferpentani vers le midi ,
puis vers l'orient, elle coupe Mofaiks , circule encore
plus bas, 6k remontant vers le nord oriental , ellepafle
auprès de Zvenigurod , reçoit les eaux de la Neglina
ruiiïeau, entre à Moscou , capitale de la province 8c
de tout l'empire Rumen , y reçoit les eaux de l'Yaou-
fa , petite rivière qui vient du nord , 8c au couchant de
laquelle eft le Sloboda ou Slavoda , fauxbourg où de-
meurent les étrangers an nord de Moskou. Au-deflbus
de cette ville la Moska prend fon cours vers le midi ,
baigne le château de Vorobiova , Kolomenskoe
ville, Dvorninou château , Mortschnik bourgade,
Forsenis village , 8c , paflant entre Colomna & fon
fauxbourg , nommé Goi-utvina Sloboda , ellefe perd
dans l'Occa rivière , qui tombe enfuite dans le Volga.
C'elt ainfi que de l'ifle décrit le cours de cette rivière.
Nous parlerons ci-après du canal qui pafle de Moscow
à Saint Peterlbourg.
2. MOSKA , ou Moskau , petite ville d'Allemagne,
dans la Baflé-Luface. C'eft une feigneurie appartenante
aux Burgtaves de Donau ou Dona. Le général Suédois
Torftenfon s'en empara en 1642. * ZeyUr, Top. fup.
Saxon.
MOSKE STROOM. Baudrand dit qu'on nomme, ainft
le Maelftrom. Voyez, ce mot.
MOSK1TES ( Les ) , petite nation de l'Amérique ,
dans la Nouvelle Espagne , du côte du cap de Gratia à
Dios, entre le cap de Honduras 8c Nicaragua. Les
hommes font bien faits , vigoureux, agiles & fort bons
piétons , ont la vue parfaitement bonne , 8c font fort
adroits à jetter la lance 8c le harpon , à quoi ils s'exer-
cent dès l'enfance , ce qui les rend excellens pêcheurs ;
de manière qu'un ou deux de ces gens-la feront habil-
iter un équipage de cent hommes. C'elt pourquoi les
aventuriers, & fur-tout les Anglois qui navigent fur
cette côte, ont grand foin de fe pourvoir de quelques
Moskites. Ils s'habillent quand ils font avec les Euro-
péens , mais chez eux ils vont nuds , excepté qu'ils met-
tent une bande de toile qui les couvre depuis la cein-
ture jusqu'au genou. * Dampier, Voyage, t. 1. c. 1.
MOSKOW , capitale de la Ruflie , & l'une des deux
villes impériales. Elle eft fituée fur la Moska , qui fe
jette dans le Wolga. Sa pofition eft au 68 deg. de lon-
git. & au 55. 36 min. de latit. feptentrionale, félon
les oblervations de Meflîeurs de l'Académie des Scien-
ces. On lui donne environ fix lieues de tour ; mais elle
n'eft pas peuplée à proportion. Une grande partie de
fon enceinte eft occupée par des places publiques, des
jardins & même des prairies. Les rues font fales , n'étant
pas pavées pour la plupart ; presque tontes lesmaifons
font de bois. Eile eft divifée en quatre quartiers qui font
comme autant de villes , fermées de murailles.
La première enceinte eft nommée Skoradom , qui
veut dire muraille faite à la hâte. C'eft-là que font lés
SLibodes ou fauxbourgs. Elle eft coupée par la rivière
de Moska 8c par le ruifleau d'Yaoufa & par la Ne-
glina.
La féconde enceinte , quand on vient de dehors , eft
MOS
le Kz>rgorod, ou la ville du Czar; la troifiéme eft
Kittj»i gorod , ou ville des Chinois ; la quatrième
qui eft le centre des autres, eft IcKremelin , ou Kre-
mel qui tire fon nom du palais du Czar , lequel eft
dedans. Ce palais a plus d'étendue qu'une ville médiocre;
il eft fortifié de trois bonnes murailles , & d'un bon
fofle ( a ). Les tours ont des toits furdorés d'une grande
magnificence. Ce palais tombe en ruine , au point que
le czar ne pouvoit y habiter. Lorsqu'il alloit à Moscow,
il logeoit au fauxbourg appelle Preobras Chtnskoi,
dans une maifon de bois aufli fimple que celle d'un
particulier.
Dans la cour du Kremelin eft l'églife patriarchale ;
c'eft un édifice ancien , vafte 8c mafia f. On y voit un
grand luftre d'argent à plufieurs branches ; c'eft la plus
grande pièce en ce genre qui foit en Europe. Les Hol-
landais en ont fait préfent à la cour de Ruflie. ( a ) Hifi.
généalogique des Tatart.
Près de cette églife eft la maifon patriarchale, où l'on
ne voit rien de remarquable quant à l'architedure. On
y garde foigneufement dans des coffres les habits de plu-
fieurs patriarches. On afllire qu'ils font extrêmement
riches.
L'églife de faim Michel , où font les tombeaux des
czars, eft aufli dans le Kremelin. Dans une chambre
féparée de l'églife font trois cercueils de pierre. Le pre-
mier renferme les cendres du fameux Ivan Bafilowitz ,
8c fes fils font dans les deux autres. Le vrai Démétrius
aflafliné en 1691 par le grand maître de fa maifon,
Boris Gudenow, qui après la mort de Théodore , fe mit
impudemment fur le trône de fes maîtres , a une place
à part dans cette églife. Son tombeau eft auprès d'un
pilier tout vis-à-vis de l'autel. Au-deflbus on a élevé
un autre autel à fon honneur. Les Rufliens regardent
ce Démétrius comme un faint; cependant plufieurscroient
que les meurtriers envoyés par Boris aflaflinerent ce jeune
prince, qui étoit alors avec fa mère à Uglitz à cenc
quatre- vingt verftes de Moskow , 8c que fon corps
aufli bien que celui du faux Démétrius I , qui parut
enfuite 8c fut maflacré , furent réduits en cendres , &
que par conféquent le corps du vrai Démétrius ne fau-
roit être dans ce tombeau. Alexis Micha'e'lowitz 8c fes
deux fils , Fédor 8c Ivan , ou Théodore 8c Jean , fre^
res de Pierre I , font au milieu de cette églife près l'un
de l'autre. Leurs cercueils, qui font de cuivre jaune,
font couverts chacun d'un drap mortuaire. La turquoife
que le czar Ivan portoit fur lui, 8c qu'on a attachée
au drap qui le couvre , eft eftimée d'un grand prix pour
fa grofleur extraordinaire. Les autres czars font rangés
de fuite fur une même ligne à un des côtes de la mu-
raille , 8c leurs cercueils qui fe touchent , font ornés
de riches couvertures. Les princes du fang , qui n'ont
point régné , ont une place particulière , 8c leurs tom-
beaux font moins richement couverts que ceux des
czars. Ces draps mortuaires ne font pas toujours fur
les cercueils. On ne les y met qu'aux grandes fêtes, ou
lorsqu'il vient quelque étranger pour voir les tombeaux.
Le travail en eft très-beau , fur un fond de velours ou
de foie. Sur la plupart il y a un crucifix d'or maflif,
8c aux bords on lit des inferiptions en caracleres rus-
fiens , formés de perles 8c de pierreries. Dans cette
églife on montre le tombeau d'un faint Alexis, & fur
une crédence placée devant l'autel un grand reliquaire
«arrédivifé en plus de trente compartimens, dans cha-
cun desquels il y un petit morceau d'os avec une éti-
quette qui marque le nom du faint ou de la fainte.
Les perfonnes dévotes en choififlent un qu'ils invoquent,
dans leurs befoins , le baifent 8c y font leurs prières.
Tout auprès de cette églife , eft l'abbaye de Tzudofe ,
monaftere de filles , dans lequel font les tombeaux des
Czatitzes 8c des princelles du fang. Les religieufes por-
tent de longues robes noires à grandes manches avec une
ceinture : elles ont fur la tête un voile noir qui leur tom-
be fur les épaules, 8c lorsqu'elles font au chœur , elles
ont le haut du vifage couvert de gaze. Elles difent l'of-
fice le jour 8c la nuit , 8c chantent en deux chœurs le
plein-chant de l'églife Grecque ; mais les rons ne font
pas fort variés , 8c c'eft une monotonie allez ennyeufe.
Au nord oueft du Kremelin , eft Kitai-Gorod , qui
en eft féparé par la place la plus grande & la plus belle
de
MOS
MO S
de route la ville. C'eft-là que fe fait tout le commerce;
toutes les boutiques y font diltribuées félon le genre des
marchandifes. Les marchands d'un même négoce y font
enfemble dans un même quartier qui leur elt alligué , ce
qui elt plus commode pour les marchands étrangers ,
que il les boutiques d'un même commerce étoient dis-
perfées dans une fi grande ville. C'eft-la qu'eft le grand
marché qui fourmille de monde tous les jours, les prin-
cipaux hôtels, les magazins des marchands &: les meilleu-
res boutiques , dispolêes dans des rues particulières, fé-
lon les espèces des marchandifes qu'ils y étalent. Hy en a
de même dans des lieux couverts pour ceux qui vendent
des draps , des étoffes , des ouvrages d'or , des foieries ,
des pelleteries & autres pareilles marchandifes ; les mar-
chands étrangers y ont auffi leurs magazins Se le
rendent tous les jours au bazar pour négocier. Les mar-
chands d'un moindre ordre & les ouvriers ont, comme
les autres , des rues particulières.
Les images de dévotion s'y vendent dans un endroit à
part , perfonne n'ofe marchander , il faut en donner le
prix que demande le vendeur ou les laiffer. Il y a une 11
grande foule de peuple dans les rues , qu'on a fouvent
de la peine à paffer , quoique cette partie de la ville foit
très-grande. La muraille qui environne ce quartier ,
s'appelle Crasne Stenna, c'elt-à dire, Pierre Rouge, félon
Oléarius , Se Krasnaja Stenna , félon le Brun , mot qu'il
explique pat muraille Ro tge , parce , dit-ilj, qu'elle étoit
effectivement autrefois de cette couleur ; mais on l'a
blanchie fous le règne de la princefle Sophie & de fes
frères Ivan Se Pierre , encore mineurs. L'eglife de Ste
Troitza ou de la Sainte Trinité , bâtie par un architecte
Italien, & la principale de la ville, elt dans cette enceinte
vis-à vis du château.
Dans la troifiéme partie , où le Czargorod , il y a de
grands marchés , où fe vendent des ouvrages de bois.
Quelques centaines de maifons y font routes conftrukes ,
en attendant que quelqu'un les vienne acheter. Quand
vous en avez choifi une , on la démonte aum-tôt , Se
on la remonte en moins de rien , à l'endroit où vous
fouhaitçz. La plus grande partie de Moskow n'elt com-
pofée que de ces maifons ; ce font de grands arbres Se des
petits fendus en carré , rangés horizontalement les
uns fur les autres , arrêtés par les deux bouts , dans des
couliffes ménagées dans les poutres qui font debout , Se
furmontés par une longue poutre de traverfe qui les
arrête , Se dans laquelle les poutres à couliffes fe termi-
nent par des monaifes. Les crevaffes Se les fentes font
bouchés avec de la moufle , Se les toits font faits de plan-
ches minces : il y a aufli dans ces marchés des milliers de
cercueils de routes fortes de grandeurs. Ce ne font fou-
vent que des arbres creufés comme des auges avec un
couvercle. Quand quelqu'un d'entre le peuple eft mort ,
on va lai acheter un cercueil à ce marché.
La plupart des maifons n'étant que de bois , Se con-
itruites de la manière qu'on vient d'expliquer , les em-
brafemens y doivent être très fréquens; en 1737 , tren-
te mille maifons furenr brûlées en cette ville ;en 1747 »
les trois quarts de la ville furent brûlés ; en 175 2 , cinq
mille maifons furent réduites en cendres. Pierre I dé-
fendoit de rebâtir les maifons brûlées ; afin d'enga-
ger les habitans de Moscow d'aller s'établir à Saint Pe-
rcrfbourg; mais la Czarine Elifabcth Petro na a fait
rebâtir en pierres toutes les maifons que le feu avoit
con fumées.
La dernière partie , nommée Skorodom , comprend les
fanxbourgs ou flabodes , c'eft à-dire , les lieux où étoient
logés les ftrelirz ou foldats. Us avoient auttefois leur de-
meure dans les enceintes de la muraille Rouge Se de la
Blanche -, mais leurs fréquentes mutineries portèrent le
czar à les en ôter Se à les mettte à part dans les faux-
bourgs. On voit au- delà du Skorodom , ou du boulevard,
des fanxbourgs , des villages Se des monalteres , dont
la ville, elt environnée , parmi lesquels il y en a de fort
ferrés , Se très- peuplés ; il y en a même qui font conti-
gus au boulevard. La flabode des Allemands n'en eft
qu'à demi-lieue , & on voit quantité de villages au-delà.
A l'égard de la grandeur de Mosko"' , le Brun lui
donne trois bonnes lieues de tours hors du boulevard ou
delamuraille de terre , avec douze portes , dont il four-
nit le détail fuivant. 1. Celle qu'on nomme Petroffe
Wafute ou forte de Petrow , donc la rue de même
4f7
nom s'étend jusqu'à la muraille Rouge, c'eit-àdirc ,
jusqu'à la ville des Chinois. 2. La porte de Mesuite ,
qui a une rue de même. Ces deux portes qui font de
pierres , font à la muraille de pierre. La 5. fe nomme
Ustresense Bralon : ce n'elt proprement que le che-
min qui mené à la poire de la ville ; car il n'y a point de
porte de ce côté-là à la muraille de terre , il n'y a qu'une
ouverture. 4. La Petroffe , qui a une rue de même qui
va à la ville. 5. La Twerske, ou la porte de Twer,
d'où il y a une rue femblable. 6. La Mekitke , avec une
rue de même. 7. La Arbatze. 8. La Preszikhwftsche,
autrefois nommée Zortelse , aufli avec une rue. 9.
La Dreswetsche, fituée de même. 10. La Kakuetskf.,
fur la rivière de la Néglina. La 11. de même, l'auteur
n'en dit point le nom. La 1 1. Taganse ou Tanse.
La muraille nommée Be loi- go rod , n'a qu'une heure
Se demie de tour ; ce qu'elle enferme elt proprement la
ville. On a élevé enrre chacune de les portes deux tours
jointes aux murailles Se trois enrre quelques-unes. Elles
font carrées -, mais nullement propres à y mettre du
canon , Se à quatre cens pas l'une de l'autre. Il n'y a
que deux portes entre lesquelles il n'y ait point de ces
tours. Pierre I y fit faire un jardin ; de forte qu'on ne
fauroit faire le rour de la muraille par le dehors , Se qu'il
faut entier dans la ville en cet endroit qui elt au nord.
On prétend qu'il y a quinze cens égliles, monalteres
[ou chapelles], & comme chacun a fes cloches , la fon-
nerie ne finit point. Ces cloches ne fe mettent point en
branle comme les nôttes ; on les fonne par le moyen
d'une corde qui tient au battant. Aux jours que les Rus-
fiens appellent Pras»ick_, Se fur- tout à Pâque, cha-
cun s'empreffe à aller fonner les cloches. Ils atrribuenc
une vertu particulière à cette action : ils fe figurent que
cela attife une bénédiction fur leurs oreilles, Se qu'ils
auront l'ouïe meilleure pendant route l'année. Il y a
aufli des horloges publiques dans la ville , Se même un
carillon fur la belle églife que le prince Menzikow a
fait bâtir. Les maifons des Boyars ont une garde qui
marque toutes les heures , ©n frapant d'un maillet de
bois fur une grande planche. Le commun peuple com-
pte les heures depuis le lever du foleil jusqu'à fon cou-
cher.
Tout eft plein de mendians Se de vagabonds qui font
trop parefleux pour travailler : ils font tant de desordre
qu'il n'y a point de fureté à marcher le foir dans les rues,
fans erre bien accompagné. Les voleurs fe cachent au
coin des rues;& quand il pafle quelqu'un, ils lui jet-
tent à la tête un gros bâton , qu'ils appellent Dubin ; ils
font fi adroits qu'ils ne manquent presque jamais d'attra-
per leur homme & de le tuer.
C'cft la coutume à MoskoW que tous ceux que l'on
trouve alfaflinés dans les rues , font portés dans un lieu
où on les expofe , afin que leurs païens &: leurs amis les
recormoiflenc Se les faiTent enterrer. Si perfonne ne les
réclame , on les porte hors de la ville , Se on les jette
dans une grande folle , Se vers la Pentecôte , il y a un
jour marqué , auquel des prêtres vont dire la mefle pour
le repos de leurs âmes , après quoi on remplit la foffe.
Pierre I a fonde à Moskow trois collèges , qu'il a
remplis de favans moines qui avoient fait leuts études
en Pologne , en Ukraine Se en Prlifle. Dans le premier
on enleigne les humanités -, dans le fécond , toutes les
parties des mathématiques : les étudians , félon leurs
progrès , font partagés en trois claffes , Se vivent fous
une discipline fort régulière. Les maîtres font Ruflîens;
mais le principal étoit alors un Anglois qui poffédoit la
langue ruflienne à fond. Quantité de jeunes gens fort
habiles font fortis de fon école pour être employés au
fervice militaire ou de la marine. Ce profeflèur a été
enfuire appelle à l'accadémie de navigation établie à
Peterfbourg. Dans le rroiliéme collège, on enfeigne la
navigation Se les feiences qui y onr du rapporr.
Les tribunaux de Moskow, Se les bureaux nommés
Prikafe ou Précafe , éroienr autrefois en grand nombre ;
mais depuis que la réfidence eft transférée à Peters-
bourg , le nombre en doit être diminué, ou du moins
ils n'ont plus tant d'occupation. Voici le détail de ces
bureaux tel qu'il étoit en 1702. Le principal eft cehi
de Possolse, ou des affaires étrangères ; le Rosred ,
celui où l'on tient le regiftre de la nobleffe Ruflienne*
des gouverneurs , Se des autres miniftres -, le DwoR*tz ..
Tarn. /K Ggg
4i8
MOS
MO S
celui où l'on tient les comptes de tout ce qui appartient
à l'entretien de la cour -, le Posnene , où font les regiftres
de toutes les terres de la Ruine , celui des ftrelirz , ou
gens de guerre. Tous ces bureaux font autant de bâci-
mens de pierre , où il y a toujours un grand nombre
d'écrivains ou de commis dans plufieurs appartenons ,
qui reiïemblent plus à des prifons qu'à autre choie. Ils
fervent fouvent auffi a cet ufage , Se on y tient des cri-
minels enchaînés dans des lieux féparés , & même des
prifonniers pour dettes , qui s'y promènent les fers aux
pieds. Les principaux commis y ont des chambres à
part, & en quelques-uns de ces bureaux, ils font aiîîs
à une longue table , couverte d'un tapis rouge , fem-
blable à la tenture des chambres. Les regiftres des char-
ges de ceux qui ont le maniment des affaires étrangères ,
fe tiennent dans celui d'iNosENs. Ceux des terres des
royaumes de Cafan & d'Aftrakan , & des provinces qui
y font annexées , dans celui qu'on nomme Kasans
Dwores. H y en a un pour l'amirauté, nommé Rus-
chewne , où l'on garde le regiftre des armes. L'apo-
thicairerie , dont nous parlerons enfuite , eft au
même endroit, auffi bien que le regiftre du nom des
orfèvres qui font au fervice du czar , & que l'on y paye.
Ceux de la meilleure partie des revenus de l'état , font
dans le Kolschaia Kasna. On fait les procès à la no-
bleffe , aux chancelleries Se aux commis , dans ceux de
SUDNOI WoLODSMERSKOI & de SlJDNOI MoSKOWS-
K.01. Les droits des fceaux fe payent dans ceux de Pet-
sutnoi , & y font enregistrés. Tous les cloîtres font
fournis au bureau des monafteres, Se les caufes fpiri-
tuelles fe jugent dans celui du patriarche; favoir, celles
qift regardent les mariages , les héritages , les différens
mis en arbitrage , les brouilleries qui furviennent dans
lés familles , les adultères , Sec. Lorsque l'auteur pafla
pour la première fois à Moskow , le patriarche exiftoit
encore; peut-être ce bureau a-t il fubfifté fous la dire-
ction du czar ou de quelque métropolitain. Celui de
Jamskoi fert àl'enregiftrement des charretiers employés
toute l'année au fervice de fa majefté. En 1701 ces
dix-huit bureaux fe tenoient dans le château , hors du-
quel il y en avoit plufieurs autres ; favoir , celui de Pus-
chkarifch , où l'on enregiftre le canon -, le Sibirsch ,
pour les affaires de Sibérie; le Rosboina , où l'on juge
les homicides Se quelques autres crimes. Ces bureaux
ont ordinairement pour chef un des premiers officiers
de l'état. C'eft un degré pour parvenir aux plus grandes
charges.
L'Apothicairerîe de Moskow , dont on vient de tou-
cher un mot, égale toutes celles de l'Europe, fi elle
ne les furpaffe pas. Elle fournit feule les armées & tou-
tes les grandes filles de la Ruffie. On met tous les
ans vingt mille roubles à en renouvellet les provifions.
Le bâtiment eft un des plus beaux de la ville. Ce font
des Allemands qui y travaillent.
Il y a dans une maifon bâtie exprès , un joli globe
terreftre fait en Hollande il y a long tems par un ha-
bile homme, Se une petite chaloupe à quatre rames,
que le czar Michel Fedérowitz a conftruite de fes pro-
pres mains, Se que l'on montre comme une rareté. Le
parc qui eft au bout de la ville eft peuplé de lions, de
tigres, de panthères, d'ours blancs, de renards noirs ,
de loups cerviers, Se d'une infinité d'oifeaux de toute
espèce. 11 y a auffi des martes zibelines , elles reflem-
blenr rout à fait à un chat. On les tire avec l'arc & une
baguette de bois en guife de flèche. Les bois dont Mos-
kow eft environné font fort agréables Se remplis d'oi-
feaux de chant. Comme les environs de Pererfbourg en
manquoient , on en acheta quantité à Moskow Se aux
villages voifins, & on les lâcha dans les buiffons qui
font autour de Peterfbourg où ils fe font multipliés.
En 1700 le czar avoit commencé à Moskow de faire
bâtir un arfenal d'une grandeur extraordinaire ; mais
lorsque les fondemens en furent pofés , Se que la ma-
çonnerie en fut déjà avancée , il fit interrompre ce
travail, pour s'attacher à ceux de fa nouvelle ville de
Peterfbourg , où les principales familles de Moskow
font allé s'établir.
11 eft pourrant refté dans la capitale quantité de
boyars Se de grands feigneurs , dont les traîneaux font
figure dans les rues par la quantité de valets &de che-
vaux. Les vieux portent encore leurs cheveux pour la
plupart , Se ne coupent leur barbe qu'avec des cifeaux.
Ils ont des juftaucorps , Se on voit qu'ils ne font pas
accoutumés dès l'enfance à les porter. La ville four-
mille de monde , & on y levetoit une armée affez nou-
breufe de tous les fainéans & jeunes gens inutiles. L'en-
tretien , les vivres Se le logement font trois fois à
me, Heur marché à Moskow qu'à Peterfbourg. Le prix
des denrées a confidérablement diminué depuis Pabfence
de la cour ; mais en revenche cela eft caufe que le re-
venu des terres a baiffé , parce que ce qu'elles produi-
fent ne fe vend pas comme autrefois ; ainfi telle fei-
gneurie qui valoit dix mille roubles , fe donne à pré-
fenr pour quatre mille , c'eft ce qui appauvrit la no-
blefie ; mais les étrangers qui n'ont point de bien-fonds
en Ruffie s'en trouvent fort bien. Grains, gibiers, vian-
de de boucherie , légumes , tout fe trouve en abon-
dance. Il n'y a que le poiffon qui eft cher , à caufê du
grand nombre d'habitans & de jours maigres qu'ils ob-
fervenr durant l'année.
Les environs de la ville font délicieux, & les étran-
gers qui y font établis ne fauroient aflez vanter les plai-
firs qu'ils prennent l'été fous de belles allées dans les
bois du voifinage , dans les jardins , les maifons de
plaifance Se les métairies dont la ville eft environnée.
Quelques marchands Anglois , qui y font bien leurs af-
faires , avoient au mois de Février des rofes hâtives ,
des œillets Se d'excellentes asperges dans leurs jardins.
Quoique le climat foit froid , il produit cependant d'ex-
cellens melons , qui ont une écorce verte , Se font ronds
comme des oranges. Ils ne valent qu'un fol de Hol-
lande.-Il y croît auffi une forte de pommes fi transpa-
renres, qu'on voit le jour au travers ; elles ont beaucoup
de fuc & font d'un gcût exquis. * Hifi. généalogique
des Tatars.
Outre les églifes Se le» monafteres dont j'ai parlé
dans le cours de cette defeription , il y en a plufieurs
très-remarquables fitués hors de la ville. Le Devitze
Monaster , ou le Monaftere des Filles , en eft à un
quart de lieue. C'eft-là que la fameufe Sophie , fœur
de Pierre I , fut confinée après les troubles qu'elle avoit
excités. Il eft fitué dans une belle plaine Se une agréa-
ble vue tout à-1'entour. Les religieufes , qui font au
nombie de trois cens , mènent une vie fort régulière,
& ne fortent jamais. Elles ont feulement la permifiîon
de fe promener les jours de fêtes fur des terraffes , d'où
elles voient la campagne. A une demi lieue de la ville ,
il y a d'autres monafteres, entre autres Simonodons-
koi , habité par des moines venus d'Ukraine Se des bords
du Don. Il a été bâti à l'occafion d'une image de la fainte
Vierge , que l'on trouva au bord de la rivière. Tous
ces monafteres font d'une architecture maffive : de gran-
des murailles enferment l'églife Se les autres bâtimens.
Le monaftere de WoskresonsKoi a été bâti par le pa-
triarche Nikon , fur le modèle du faint Sépulchrc de
Jérufalem. On y trouve intérieurement les mêmes pro-
portions , les mêmes ornemens , en un mot la même
fabrique que dans l'autre. Ce patriarche fe fervit pour
cet édifice d'architectes habiles , qu'il envoya exprès à
Jâufalem , afin de voir le modèle qu'ils dévoient co-
pier , ce qui coûta des fommes immenfes. Ce lieu eft
à huit milles de Moskow, entouré d'une longue Se
haute muraille , Se d'une rivière fort poifibnneufe. Au-
dedans de la muraille il y a des cellules , occupées par
quatre-vingts moines. L'églife du faint Sépulchre eft bâ-
tie de pierres de taille comme tous les autres mona-
fteres. On y voit, comme à celui de Jérufalem, tous
les mêmes compartimens en haut , en bas Se fous terre,
& autant de petites chapelles Se de galeries. Chaque
chapelle a fon autel , Se il y en a plus de foixante &
dix dans toute l'églife. A la porte du Sépulchre, au-
près de la pierre remuée , Se de l'endroit où les gar-
des étoient pcints,brû le une lampe.Le patriarche Nikon eft
enterré en cet endroit ; Se à un quatt de mille du mo-
naftere eft un hermitage où ce patriarche a vécu vingt
ans. Il y a une petite chapelle , entourée de quelques
arbres. On entre dans la cour par un escalier tournant
bâti de pierres fi étroit, qu'il ne femble pas avoir été
fait pour l'ufage des hommes. Il y a une petite chapelle
où Nikon faifoit fes prières. Elle n'a guère qu'une toife
MOS
cil carré. On y voit une large plaque de fer avec un
crucifix de cuivre , attaché a une chaîne qui pefe en-
viron vingt livres. Nikon la porta jour cN: nuit fus-
pendue à fon cou pendant vingt ans. La place où il
couchoit n'a que deux aunes de long fur une de lar-
geur. Son lit n'croir qu'une grande pierre de taille ,
fur laquelle il n'avoit pour tout matelas qu'une natte
de jonc que l'on garde dans le monaflere , parce que
les pèlerins en avoient déjà emporté la moitié , chacun
voulant avoir fa part de cette relique; En bas , dans
une maifonnette eft une petite ebeminée où le patriar-
che taifoit fa cuifine. Deux hermites vivent hiver ck été
dans ce lieu, 8c n'ont d'autre fubfiftance que les au-
mônes que leur font ceux qui ont la cunofité de le vifiter.
Je finirai cet article par une obfervation que le Brun
fournit. Je la rapporte fans la garantir. Il ne fera pas ,
dit-il , hors de propos , ce me femble , d'ajouter ici
la longueur des jours 8c des nuits en Ruine. ( 11 dévoie
dire en quel lieu de la RuTie ; car la Ruflie entière
eit fi étendue que ce qu'il ajoute ne peut convenir
qu'à un lieu fixe ; mais comme il met ce calcul à la
fin du chapitre où il traite de Moskow , on peut croire
que c'eft fur Moskow que ce calcul eit drefle). Quoi
qu'il en foit , le voici. L'équinoxe commence le 8 Sep-
tembre , & égale les jours 8c les nuits. Le 24, le jour
eit de onze heures & la nuit de rreize. Le 10 Octo-
bre, le jour a dix heures 8c la nuit quatorze. Le 16 le
jour a neuf heures & la nuit quinze. Le 1 1 Novem-
bre , le jour a huit heures 8c la nuit feize. Le 27 , le
jour a fept heures 8c la nuit dix fepr. Le 1 2 Décem-
bre , les jours recommencent à s'allonger. Le 1 Janvier,
le jour a huit heures 8c la nuit feize. Le 17 , le jour
a neuf heures &la nuit quinze. Le 2 Février ,1e jour
a dix heures 8c la nuit quatorze. Le 18, le jour en a
onze 8c la nuit treize» Le 6 Mars, l'équinoxe du prin-
tems égale les jours Se les nuits. Le 22 , le jour a treize
heures 8c la nuit onze. Le 7 Avril , le jour a quatorze
heures 8c la nuit dix. Le 23 , le jour a quinze heures
& la nuit neuf. Le 9 Mai, le jour a feize heures 8c la
nuit huit. Le 25 , le jour en a dix-fept 8c la nuit fepr.
Le 12 Juin, les jours commencent à diminuer. Le 6
Juillet , le jour a feize heures 8c la nuit huit. Le 22,
le jour a quinze heures 8c la nuit neuf. Le 1 d'Aoûr ,
le jour a quatorze heures 8c la nuit dix. Le 23 , le
jour a treize heures 8c la nuit onze. Le 8 Septembre eit
l'équinoxe.
Le gouvernement de Moskow eilbeaucoup plus
étendu que le duché. Il s'étend depuis le 5 2 jusqu'au
58 degrés de latitude 8c depuis le 53 jusqu'au 63 de
longit. 11 comprend fept duchés qui font ceux de Mos-
kou , Jaroslaw , Susdal , Volodimer , Rostow , Woro-
tinek 8c Recan.
Le duché de Moskow , province de l'empire Ruf-
MOS 4*9
Moskow , capitale,
Mofaisk, Colomna, Dmitroff,
Colomenskoe, Wiefma, Golutwina Slabodav
fans parler des monafteres dont nous avons déjà mar-
qué quelques uns.
Le Canal de Moskow a S. Petersbourg. Pierre
la établi une correspondance entre la capitale de fes
états 8c fa refidence par le moyen des eaux. Ce canal ,
qui eft achevé , remonte la Nie.wa , traverfe le lac d'O-
nega , entre dans la rivière qu vient de Novogorod,
coupe enfuite au fud-eft de cette ville par Brognitz,
Chieititz , Chotilova , Wischna-Volotzka, Torschok*
Twer , Clin, 8c arrive enfin à Moskow.
1 . MOSNAC , bourg de France, dans l'Angoumois,
élection de Cognac.
2. MOSNAC, bourg de France, dans la Saintonge,
élection de Saintes.
MOSNES, bourg de France, dans la Touraine,
élection d'Amboife. Il y a un château.
MOSODA., fiége cpiscopal de Cilicie , fous la mé-
tropole deSeleucie, félon Ortclms, Tbefaur. qui cite
Guillaume de Tyr. Au lieu de Mofoda , la notice du
patriarchat d Antioche dit Mobsda , 8c à la marge ort
lit Mobsea.
MOSOMUM. Frodoard appelle ainfi une ville de
la Gaule Belgique , qu'il dit être fujette de la métro-
pole de Rheims. Voyez. Mouz.on.
MOSON ou Mosium , ville de la Galatie. Prolo-
mée la met dans les terres entre Dacajya 8c Sacorfa*
Mar. Niger l'appelle Arïcanda. Voyez. Mizinum.
MOSOPIA, nom de ville, félon Ortelius, qui cite
ces vers des métamorphofes d'Ovide , lib. 6. verfi
423.
........ Sitbjetlaque Vonto
Barbara. Mojopws terrebam agminamuroî.
MOSPURG ou Mosbourg , ville d'Allemagne ,
dans la bafle Bavière, entre les rivières d'Ambert 8c
d'Yfer , qui fe joignent a quelque diltance au-deffous;
Quoiqu'elle foit une dépendance de Landshut , elle
ne laiflé pas d'avoir une jiuisdiction qui a dans fon
rertort quantité de bourgs , de châteaux , de feigneuries
& de villages. Elle n'eft qu'a deux milles de Landshuc
ëc à pareille diltance de Freifingen : fon territoire a
d'excellens pâtuiages , 8c ne manque point abfolument
des autres avantages que produit la campagne. André
de Racisbonne ,dans fa chronique de Bavière, dir que
Mofbourgétoit autrefois capitale d'un comté, 8c qu'elle
tomba au pouvoir des ducs de Bavière , du tems du
duc Louis, père de 1 empereur Louis. Hoitdius , dans la
fien. On le nomme communément en fiançois la Mos- première partie de fon hiftoire généalogique de Bavie-
covie proprement dite , pour le diftinguer de tout
l'empire du czar , que quelques-uns appellent la Mos-
covie en général. Cette province particulière a rirre
de duché , 8c pendant long-tems fes czars n'ont été
connus que fous le nom de grands ducs de Moscovie*
Elle prend fon nom de fa capitale, qui elle-même le
reçoit de la rivière qui l'arrofe. Ce duché e/t borné
au nord'oueft par la province de Rzeva 8* par le du-
ché de Twere , au nord par le duché de Roftow, au
nord-elt par les duchés de Susdal 8c de Volodimer 8c
par la principauté de Cachine , au fud-oueft 8c au midi
par l'Occa qui le fépare du duché de Rezan jusqu'à
re, rapporte qu'après Conrad , qui fut le dernier des
comtes de Moibourg 8c mourut en 1281, Henri , duc de
la Bafle Bavière , fe mit en poflertion de ce domaine 8c
en reçut l'invertiture del'évêque de Frifingen ,qui étoic
de la famille des comtes de Moibourg, ce qui fut pra-
tiqué par fes fucceffeurs jusqu'au tems des ducs Louis 8c
George , qui ne voulurent plus paroïtre vaffaux de l'évê-
que de Frifingen. Néanmoins ce même auteur dit avoir
trouvé que l'empereur Rodolphe d'Hapfbourg après la
mort de Conrad, dernier comte de Moibourg, regar-
dant ce domaine comme un fief de l'empire dévolu à
fa dispofition , en avoit inverti Louis de Bavière , fon
l'embouchure de la Mosca; enfuite par une ligne, qui, gendre ; mais il ne dit point comment celui-ci <5c fon
s'éloignant un peu de l'Occa vers le couchant .court frère Henri , qui avoit l'inveftiture de l'évêché de Frei-
vers le midi jusqu'à l'Ugra , rivière bourbeufe , qui fer- fingen , s'ajurterent enfemble à cet égard. Ce fut près
voit autrefois de bornes entre- la Moscovie 8c la Li
thuanie, & tombe dans l'Occa: maintenant elle fé-
pare le duché de Moskow du grand duché de Smo-
lensko,qui le borne au couchant avec la principauté
de Biela. Les principales rivières de ce duché font la
Moska , I'Occa 8c la Clesma, qui grortirtent le Volga.
Dans la partie occidentale eft une grande forêt de vingt
lieues, d'où fort le Boryflhene , qui de-là parte par le
duché de Smolensko & entre en Lirhuanie , en Pologne ,
de cette ville que Louis de Bavière, avant d'être parvenu
à l'empire , remporta avec un très-petit nombre de gens
une glorieufe victoire fur ceux d'Autriche en 13 13.
AventlH qu' cn fa'c Ie rec>c » dit en même tems qu'a-
près Ratifbonne 3 Moibourg étoit comptée pour la plus
ancienne ville de Bavière. En 1632, elle fut prife par
le roi de Suéde. * Zeyler , Top. Bavante.'
MOSSCHEN ou Musschen , petite ville d'Alle-
magne , dans la Misliie , entre Dalem 8c Grimma , près
en Ukraine ,&c. Les principaux lieux de cette province de Calenberg. Elle appartient à l'électeur de Saxe. On
f°nt trouve quelquefois dans fon territoire des améthyfte*
Tom. IV. G g g ij
MOS
420
de forme quadrangulaire Ôc hexagone , qui font d'un
fort beau brun. * Zeylir , Top. Saxon.
MOSSENIGA ouMosenigo, ville de la Morée, que
toutes les carres s'accordent à mettre dans le Belvédère.
Elics ne conviennent pourtant pas également fur la
véritable pofuion de cette ville : les unes (a) la mettent
au nord de Coron fur le golfe de ce nom ; d'autres
(b) la marquent bien avant dans les terres fur le bord
du fleuve Pirmufa , autrefois Pamifus. Corneille , Ditl.
qui en fait un bourg ôc le place auiTi fur le golfe de
Coron , entre la ville de ce nom ôc celle de Calamata >
ajoute fur la foi de Mary , que c'eft l'ancienne Mefle-
ne ; mais quand il feroit vrai que Mofieniga fer oit fur
le golfe de Coron, entre la ville de Coron ôc celle de
Calamata , il ne fe pourroit pas faire que ce fût l'an-
cienne Melîene, qui étoittout au plus fur la côte orien-
tale du golfe de Coron , ôc non fur la côte occiden-
tale où le trouve la ville de Coron : d'ailleurs il elt pro-
bable que la ville de Meffene n'étoit pas une ville mariti-
me. Voyez. Messene. {a) DelVu, Allas. (b) Blaeit, Atlas.
MOSSILON. Voyez. Mosylou.
MOSS1NI, peuples de l'Afie propre, aux environs
de Pergamc. Voyez. Mosynoeci.
MOSSINUS, fleuve de la Carie , félon Pline , /. 5 .
c. 2.9. Le père Hardouin lit Orsinus.
MOSSYLITES ou Mossilicus , port ôc promon-
toire de 1 Ethiopie. Pline, /. 6. (. 29. le place fur le
golfe Abalire. Ptolomée, /. 4. c. 7. nomme le promon-
toire Mos-uKcv , Mofylon; ôc le père Hardouin dit qu'on
l'appelle à préfent le cap de Gardafu.
MOSTA , bourg de Bohême , dans le Leithome-
ritzer Kraifs. On le nomme plus fouvent Brutk. Il eir
fitué fur une rivière de même nom, qui fe jette dans
l'Elbe à la gauche, à quelques lieues au-delfous de
Leithomeritz. * Jaillot , Atlas.
MOSTAGAN ou Moustagan , ville d'Afrique ,
au royaume d'Alger , à vingt lieues à l'eit d'Oran. Cette
ville eft forr ancienne (a), ôc a été bâtie par ceux du
pays , fur la côte dans la pente d'une montagne. Ses
maifons font bien conflruites ôc ont presque routes des
fontaines (b). Au plus haut de cette place , qui eft com-
mandée par une éminence , il y a un château du côté
du midi ôc une belle mosquée. Du côré de l'orient cou-
le la rivière de Chilef,qui a fur fes bords plufieurs
moulins Ôc quelques clos de vignes & de figuiers. Son
port eft confidérable , mais un peu éloigné : on l'ap-
pelloit autrefois Cartena. Ptolomée le met à quatorze
degrés trente minutes de longitude, ôc à trente-trois
degrés quarante minutes de latitude. Martin de Cor-
doue , qui connoiflbit l'importance de cette place , tâcha
jusqu'à trois fois de s'en rendre maître , ôc perdit la vie
à la dernière entreprife. [a) Laugier de TaJ/y , Hiltoi-
re du royaume d'Alger , p. i^i.(b) Ma.rm.ol , Defc.
du royaume de Trémecen , 1. j.c. 23.
MOSTAR , ville de la Dalmatie , dans l'Herzégo-
vine , fur la rivière de Narenta , à quarante milles au
nord de la ville de Narenta. Quelques-uns difent que
c'elt l'ancienne Saloniana de Ptolomée. Elle elt fous la
domination du Turc ôc toujours ville épiscopale. Le
père Coronelli , Carte de la Dalmatie , dit que c'eft
peut-être l'ancienne Andecrium ou Aadrecium , ôc que
c'eft une ville ouverte compofée de mille maifons. *
Mémoires hijforiqites & géographiques de la Dal-
matie.
MOSTENI , ville de Lydie, félon Ptolomée,/. f.
c. 2. Dans le fixiéme concile de Conftantinople , tenu
fous l'empereur Constantin , cette ville elt appellée
Maflena Ôc Juftinianopolis , ôc placée dans la féconde
Cappadoce. Cette ville a été épiscopale. Julianus , fon
evêque, fouferivir au concile de Conftantinople tenu l'an
448. * Ortelii Thef.
MOSTICZO ou Mosticko , petite ville de Pologne ,
dans le palatinat de Ruine , à l'orient de Prezemglie,
fur un petit ruifleau qui fe jette dans la rivière de sWi.
* De l'ifle , Atlas.
MOSTlXJS.Vbyez. Moscius.
MOSUL ou Moussul, ou MoussAt , ville d'Afie,
dans le Diarbek.à 36 deg. 30 min. de latit. fur la
rive droite du Tigre ; les Arabes l'appelloient ancien-
nement Aafuiir. Elle cil toute entourée de murailles
MOS
de petit moilon , revêtu de plâtras avec de" petits cré-
neaux pointus en haut , épais de deux doigts Se larges de
quatre ou cinq, à peu près comme des palifiades de
bois. On peut faire le tour de cette ville dans une heure.
Il y a dans l'eau un château qui eft la demeure du
bâcha: il ett étroit , mais s'étend en long du nord au
midi ôc elt presque de figure ovale. Du côté de la riviè-
re il elt tout bâti de pierres de taille, & fes murailles
font hautes d'environ trois toifes : du côté de la terre
il elt féparé de^la ville par un folTé large de cinq ou
fix toifes ôc fort profond , où l'eau de la rivière entre ;
ôc dans cet endroit il a environ quatre toifes , mais il
n'eit revêtu de pierres de taille que jusqu'à la hauteur
d'une, en prenant depuis le fondement; le relie n'eit
que de moilon. L'entrée eft du côté de la ville , & la
porte eft au milieu d'une grofle tour cariée bâtie fur
une grande arcade , fous laquelle pafie l'eau du fofle.
11 y a un petit pont-levis qu'il faut palier avant que
d'aniver à la porte , qui étoit autrefois bien munie d'ar-
tillerie -, car on y voit encore au dehors fix groffes pièces
de barteries, dont il n'y en a qu'une de montée, ôc autant
de pièces de campagne , dont deux feulement font mon-
tées. On ptétend que ce château a été bâti par les Chré-
tiens , & qu'il y a dedans une belle églife.
Le Tigre en cet endroit paroît un peu plus large que
la Seine a Paris, il elt fort profond Ôc rapide; il y a
cependant delTus un pont de bateaux , près du château
un peu au-defibus ôc vis-à-vis une des portes de la
ville , appellée Dgefir-Capifi , c'eft-à-dire porte du pont.
Il elt compofé d'environ trente bateaux, par-defius les-
quels on pa(Tc jusqu'à une ifle ; l'autre extrémité ne
donne jusqu'en terre ferme , que par le moyen d'une
chauffée de pierres qui eft aufii longue que le pont mê-
me , à laquelle il aboutit : l'hiver on ôte ce pont , parce
que le fleuve fe débordant devient en cette faifon plus
d'une fois auiTi large qu'en été. * Olearius , Suite du
voyage du Levant , c. il,
Moful paroît belle an dehors , à caufe de fes hautes
murailles , mais au-dedans elle eft presque toute ruinée
ôc n'a que de petits bazars ; ainfi il n'y a presque rien
de curieux à voir dans cette ville ; les maifons paroiflenc
plurôt des mafures que des maifons : le ferrail même
du bâcha elt fort peu de chofe. Il y a une mosquée
qui elt partagée en plufieurs nefs , par des voûtes; elle
elt ornée d'ouvrages de plâtre , mais qui tombent en
ruine : l'édifice eft du moins aufli grand que celui de
Notre-Dame de Paris. Le plâtre dont on embellit les
mosquées dans ce pays, elt fait d'une certaine pierre
qu'on brûle & qu'on écrafe enfoke avec des rouleaux
tirés par des chevaux. On compte cinq pertes à Moful ,
fans y comprendre celle qui regarde le midi , ôc qu'on *
appelle Bagdad-Capilî , à caufe que c'eft par cette porte
qu'on fort pour aller à Bagdad. Il y a une mosquée
qui étoit autrefois fort grande ; mais les Turcs en ont
ruiné une bonne partie , de peur que les Perfans ve-
nant aflïéger cette ville , comme ils font toutes les fois
qu'ils poffcdenr Bagdad , ne fiffent de cette mosquée un
château pour battre la ville. Le dedans de cette mosquée
eft entièrement revêtu depuis le haut jusqu'en bas d'or-
nemens de plâtre appliqués fur la muraille ôc travaillés
avec le cifeau de la profondeur d'un pouce : cesorne-
mens font petits , confus ôc difficiles à diltinguer. Mais
comme le fond elt d'azur cela fait une bigarure qui n'eit
pas désagréable à la vue. * Tavemier, Voyage de Perfe»
1. i.c. 4.
La ville de Moful n'eit proprement confidérable que
par le grand abord des négocians , fur-tout des Arabes
&c des Curdes. Il y a dans cette ville quatre fortes de
Chrétiens, des Grecs, des Arméniens, des Neftoriens
ôc des Maronites. Les Capucins y avoient une petite
maifon le long du Tigre ; mais le bâcha leur ayant fait
une avanie, parce qu'ils vouloient un peu l'accroître;
ils ont été contraints de l'abandonner. Le bâcha entre-
tient pour fa milice près de deux mille hommes , rant
janiflaires que fpahis.
Au dehors de Moful, à la portée du mousquet vers
l'occident d'été, on voit un grand monaltere ruiné,
avec un clos de hautes murailles, dont la plus grande
partie eft encore debout. De l'autre côté de la rivière
au bout du pont , commencent , à ce qu'on croit , les
M OS
MOT
ruines de l'ancienne Ninive ; elles s'étendent environ
l'espace d'une lieue le long du fleuve. Une ancienne
tradition du pays porte que la ville de Ninive ayant
fait pénitence fur les menaces du prophète Jonas , re-
tourna après quarante ans a les premiers désordres; que
Dieu renverfa la ville 6c que les habitans furent enter-
rés fous les ruines la tête en bas. On n'y voit plus que
quelques butes qu'on dit être les fondemens de la ville.
Un peu plus avant dans les terres 6c du même côté
du Tigre, il y a une petite colline entourée de plusieurs
maifons , 6c au-deflus on voit une aflez belle mosquée,
C'eft- là qu'une autre tradition veut que le prophète
Jonas ait été enterré. Les gens du pays ont ce heu en
grande vénération : il n'y a point de Chrétiens qui y
puilTe entrer , fi ce n'eft fecrettement , par faveur par-
ticulière & en donnant de l'argent. Tavernier dit qu'il
y entra avec deux pères Capucins ; mais qu'il leur fallut
attendre la nuit 6c fe déchauffer félon la coutume. Il
ajoute : Au milieu de la mosquée on voit un fépulcre
couvert d'un beau tapis de Perlé foie 6c argent , 6c aux
quatre coins quatre grands chandeliers de cuivre avec
des cierges , outre plufieurs lampes 6c des œufs d'au-
truche qui pendent au plancher.
La chaleur eft Il exceffive à Mofnl , qu'on ne peuc
paroître dans les rues que la nuit : pendant l'été on
couche à l'air fur les terraffes. Oléarius dit avoir remar-
qué dans la ville à fon thermomètre expofé au iolcil
37 degrés de chaleur le dernier jour de Juillet. La cha-
leur , ajoute-il , eft exceïïive en Méfopotamie , 6c quoi-
qu'en voyageant , j'enfle fut ma tête un grand mouchoir
noir fin, comme une coeffe de femme, afin de voir
au travers , parce que les Turcs fe fervent ordinaire-
ment de ces mouchoirs par les chemins , néanmoins
j'eus durant ce voyage plufieurs fois le front brûlé;
c'eft-à-dire qu'il devint tout rouge , après quoi il s'en-
flamma extrêmement , 6c enfuite la peau tomba : mes
mains furent aufll continuellement brûlées. La même
chofe arrive très-fouvent aux yeux; mais on y remé-
die avec un remède qu'on fait de fucre 6c de poivre
long. On réduit le tout en poudre, 6c quand on l'a
bien mêlé, on le met dans un petit fac long 6c étroit , 6c
lorsqu'on en a befoin , on prend un bâton pointu com-
me un poinçon & aflez long pour atteindre au fond
de la bourfe , d'où on le tire plein de cette poudre ,
après quoi on le pafle tout de fa longueur fur l'œil,
entre la prunelle, où il laifle toute la poudre qui y
étoit attachée : on en ufe ainfi aux deux yeux.
A quelques pas de la rivière au defllis de Moful , il
y a de grandes fortes qu'on remplit d'eau : on la tire
de-là pour arrofer les terres , Se pour cela on a de grands
féaux de cuir , & au fond du feau il y a un tuyau aufll
de cuir, long de trois pieds ou environ: il y a à ce
feau une corde qui pafle par deflus une roue de bois ,
dont l'aiffieu entre dans une charpente qui eft aux deux
côtés du puits : une autre corde attachée au haut du
canon de cuir le tient la bouche en haut , de peur que
l'eau ne tombe ; 6c cette dernière corde pafle fous la
roue. Toutes les deux font attachées à une troifiéme
corde , qui eft plus grofle ; & comme il faudroit plu-
fieurs perfonnes pour tirer le feau plein d'eau , on at-
tache cette grofle corde à un bœuf, qu'on fait mar-
cher en avant, environ vingt pas dans une descente,
afin qu'il tire plusaifément & plus vite. Quand le feau
cfi en haut , on laiffe couler l'eau par le tuyau de cuir-
dans un petit canal, d'où elle fe dilliibue dans les ter-
res; après quoi on fait retourner le bœuf fur fes pas
pour faire descendre le feau dans l'eau 6c le remplir de
nouveau. Voyez. Moussal.
MOSULA : on lit ce mot dans Florus , De bcll. Gall.
lîb. j.c. io. Quelques manulcrits portent Mofa , au
lieu de Mofula ; mais ce dernier eft fans doute le meil-
leur , puisqu'il eft queftion du nom de la Mofelle.
MOSYCHLON , montagne de l'ifle de Lemnos ,
félon Hefyche , cité par Ortelius , Thefaur.
MOSYLI, peuples de l'ifle de Méroé. Ptolomée , //£.
4. cap. 8. les place au-deflus du promontoire 6c du port
Mofylon.
MOSYLON , promontoire 6c port de l'Ethiopie ,
fous l'Egypte. Ptolomée , /. 4. c . 7. les place dans le
golfe Avalite, entre les ports de Mondi 6c de Cobe.
42 1
Pline, /. 6. c. 29. appelle le promontoire MojjyLicum,
6c le père Hatdouin dit que c'eft aujourd'hui le cap de
Gardafu. A l'égard du porr , il eft aulll nommé Mojfy-
heus , dans Pline , /. 6. fri?.
MOSYNI. Voyez, mWynoeci.
MOSYNOEC1 , peuples qui habitoient fur le bord
du Pont-Euxin, félon Denys le Péricgéte , vers 766.
Diodore de Sicile , /. 1 4. p. 260 , en fait mention. Ce
mot veut dire la même chofe que TurricoU , peuples
qui habitent dans des tours. Pomponius Mêla, l.i.c.
19. dit que ces tours étoient de bois. Quelques auteurs
écrivent Mojyni pour Mofinoec'u Pline , /. 6. c. 4. écrit
Mvflym. Voyez. Mosynopolis.
MOSYNON. Voyez. Mosynopolis.
MOSYNOPOLIS, ville que Nicétas 6c Cédrene
mettent dans la Thrace , ou chez les Mofînoeii. Orte-
lius , Thejaur. croit qu'elle étoit entre la Thrace Se
Thcflalonique. C'eft la même ville , ajoute t-il, qu'A-
thénée , /. 8. appelle Mofynon , 6c qu'il place dans la.
Thrace : c'elt aufli la même ville dont il cil parlé fous
le nom de Motuvo. , Mofuna , dans la notice , p. 27.
des évechés de la Phrygie Capatiane. Leunclavius écrit
Mca-wuv. De cette ville tiroient leur nom les peuples
que Pline , /. 5 . c. 3 o. appelle MoJJyni , & que Ptolomée ,
lib. j . cap. 2. nomme Mo|wo< , Moxiam, pour M.owot t
Mofuni.
MOSZKA. Voyez, Moska 2.
MOTA , marais d'Allemagne , dans la BaiTe-Saxe , au
diocèfe de Brème , félon Ortelius, Thefaur. qui ajoute
qu'Albert de Staden le nomme en allemand Sigefri-
dismor.
i. MOTALA , Motola ou Motula , ville d'Italie »
au royaume de Naples , dans la terre d'Otrante , à l'o-
rient de Callellanetta , 6c à l'occident feptentrionalde
Maflafra. Cette ville, quoiqu'épiscopale , n'eft pas bien
confidérable. * Magin, Carte de la terre d'Otrante.
2. MOTALA , rivière du royaume de Suéde , dans
l'Ollrogothie. Elle prend fa fource dans le lac Vater ^
coule presque en droite ligne de l'occident à l'orient ;
6c, après avoir baigné les murs de Lineikoping , d. de
Noikoping, d. 6c de Skenas , d. elle va fe jetter dans le
golfe de BraWikcn. * De i'Ifle , Atlas.
MOT ARAGON. Corneille dit, ville d'Espagne , dans
le royaume d'Arragon , à une lieue d'Huesca. Il eft vrai
que dans le voifinage d'Huesca ,du côté de l'orient, il
y a une petite ville , mais elle fe nomme Monte-
Aragon , 6c non pas Motaragon. Voyez, au mot
Monte, l'article Monte-Aragon. * J.ii Ilot, Atlas.
MOTA Y , montagne de la Baffe-Hongrie, en latin
CLaidiiis Mous. Elle ell d'une grande étendue i 6c s'a-
vance jusque dans la Stirie , recevant difïérens noms ,
félon la diverfité des lieux. Voyez, Claudius Mons. *
Baudratid , Diélion. édit. 1705.
MOTAYES , peuples fauvages de l'Amérique mé-
ridionale , au Brefil. Ils font voifins des Molopugues ,
6c petits de corps. Leur couleur elt olivâtre & ils vont
tout nuds. Ils portent leurs cheveux un peu au-deflbus
des oreilles , tant hommes que femmes. Quand ils de-
viennent plus longs, ils les brûlent tout à l'enrour , ce
qu'ils fonr fi proprement , qu'il femble qu'on les aie
coupés. Ils ne fe laiffent aucun autre poil ni aux fourcils
ni ailleurs. Ils vivent de maïs , de racines , de gre-
nouilles , de couleuvres , de ferpens , de crocodiles , de
finges , de chiens & de chats fauvages. * Corn. DicL.
Laet , Defcript. des Indes occident. 1. ij.c.4.
MOTCH1AM A , ifie d'Afrique , dans la Balle-Ethio-
pie , à quinze ou feize lieues au-deflus de l'ifle de Maf-
fander. C'ell une campagne de quatre ou cinq lieues de
long 6c d'une petite lieue de large , où il n'y a que
deux petites collines; un terroire d'herbages 6c de bé-
tail. Cinq ou fix familles portugaifes ont habité cette
ifie pendant quelque tems : elles y vivoient du commer-
ce des esclaves Se de la culture du mandihoca. * Dapper„
Defcript. de l'Afrique, p. 361.
MOTENE , contrée de la grande Arménie, le long
du fleuve Cyrus , félon Ptolomée , /. j. c. 13. Ortelhis
dit après Cafiald , que les tables d'Abulféda l'appellent
Exfechia. Elle ell nommée Otene dans Pline , /. b. c.
13. dans Etienne le géographe & dans Eulébe , Trs.-
par. I. 6. p. 277. Peut-être Otene eft il le véritable
MOT
42.2
nom ; ce qu'il y a de certain , c'eft qu'on ne doit pas lire
Totem , comme lifent quelques interprètes de Ptolomée.
MOTENUM, ville de la Haute Pannonie. L'itiné-
raire d'Antonin la met fur la route de Sabaria à Vin-
dobona , entre Scarabantia Se Vmdobona , à dix-huit
milles de la première , & à trente-fix milles de la fé-
conde. Quelques manuferits portent Mutemim pour
Motenum. Simler croit que ce pourroit être aujourd'hui
Jiruck an der Leyta ; 8c Lazius , qui au lieu de Mote-
num , lit Myrtenum , veut qu'on la nomme à préfent
Martz.. * Ortelii Thefaur.
MOTHE ( La) , Voyez, au mot Motte , l'article la
Motte , ville de Lorraine , «°. 3.
MOTHO , village de l'Arabie, félon Etienne le géogr.
MOTHONE. Voyez. Methone.
MOTIENI. Etienne le géographe dit que c'eft une
ville de l'Ibérie , 8c qu'elle étoit colonie romaine. Il
cite pour garant Polybe; mais de trois chofes l'une, ou
Etienne le géographe s'eft fervi d'un mauvais manu-
ferit de Polybe , ou il a mal lu , ou bien fon ouvrage , à
lui-même , a été altéré dans cet endtoit. Le mot
MoTiwai , ne fe trouve point dans Polybe ; il connoît
à la vérité une ville nommée Mutina, qui eft Modène ;
mais on ne fauroit la placer dans l'Ibérie, qui ne s'eft
jamais étendue jusques-là.
MOTINA , ville d'Italie. L'itinéraire d'Antonin la
met fur la route d'Aquilée à Bologne , entre Viens
Serninus 8c Bologne , à vingt-trois milles du premier
de ces lieux , & à dix huit milles du dernier. Quelques
manuferits , au lieu de Motina , lifent Mutina. Il y a
néanmoins grande apparence que Motina , dont il eft
queftion dans cet article , 8c Mutina , Modène , .font
des lieux différens, puisque l'itinéraire d'Antonin ne"
met que dix huit milles de Motina à Bologne , au lieu
qu'il marque dans d'autres endroits vingt-cinq milles de
Modène à Bologne.
MOTIR , ifle des Indes orientales , l'une de celles
qu'on appelle proprement Moluques , 8c qui font parti-
culièrement célèbres pour la quantité de diverfes fortes
d'épiceries qu'elles produifent (a). L'ifle de Motir eft
fituée entre celle de Gilolo à l'orient , celle des Célè-
bes à l'occident , celle de Tidor au feptentrion , & celle
deMachian au midi. On la nomme aufti Motil , Mou-
tier 8c Mutil ( b ) , & les Hollandois l'appellent Mo-
rie en quelques relations. Cette ifle, dont le tour eft
de quatre lieues , fut fi ruinée 8c fi dépeuplée par de
longues guerres, qu'elle demeura déferre jusqu'à ce que
l'amiral Witter , Hollandois , y bâtit , du côté du nord ,
une forterefle dont les baftions font revêtus de pier-
res. Alors les habitans , qui s'étoient retirés à Gilolo par
la crainte qu'ils avoient des Espagnols, revinrent dans
leur première habitation au nombre d'environ deux
mille. Ils font plus noirs que bafannés, & fecoëffent,
comme les habitans des autres ifles , de turbans à la
turque de plufieurs couleurs 8c chargés de plumes. Us
ont le corps fort 8c robufte & vivent long-tems , quoi-
qu'ils commencent de bonne heure à grifonner. (a) Hifi.
de la conquête des Moluques , 1. I. p. 17. (b) Corn Diét.
MOTL AW , petite rivière de Pologne , dans la Pmfle
Royale. Après avoir traverfé la ville de Dantzick , elle fe
rend dans la Viftule à un quart de lieue au-deflbus de la
ville. * D' Audifret , Géog. t. 1.
MOTRICO , ville d'Espagne. C'eft la dernière ville
du Guipuscoa, fur l'Océan, aux frontières de la Biscaye
proprement dite. * Délices d'Espagne , p. 8j.
MOTRIL , ville d'Espagne , au royaume de Gre-
nade , à onze lieues de la capitale de ce royaume , &
à une lieue deSalobrcna, avec un bon port. Cette ville
eft médiocrement grande. Son terroir produit d'excel-
Iens vins , & l'on y fait auflî abondance de fucre. On
croit qu'elle eft l'ancienne Hexi ou Sexi , dont les ha-
bitans s'appelloient Sexitains.* Délices d' Espagne, p. J29.
1. MOTTA , ville d'Italie , dans la partie orientale de
la Marche Trévifane, au confluent de la Livenza &du
Motregan. C'eft la patrie de Jérôme Alexandre , que
Je pape Paul III fit cardinal pour fon grand favoir. *
Magin , Carte de la Marche Trévifane.
2. MOTTA ( S. Nicolas de) , abbaye d'hommes , ordre
de Cîteaux , en Italie , dans la Calabre Ultérieure , au
diocèfe de Nicotera.
MOT
MOTTA-GIVIOSA. Voyez. Mystia."
1. MOTTE ou Mote. Les François fe fervent de
ce nom pour déligner une petite montagne , ou une
petite élévation. Us l'ont étendu à divers châteaux ,
villages ou maifons de campagne fitués fur quelque
éminence.
2. MOTTE ( La) , ou laMoTTE-CANiLLAC , petite
ville de France , en Auvergne , élection de Brioude.
3. MOTTE (La) , ville de Lorraine , dans le bailliage
de Bailigni, aux frontières de la Champagne. Elle pas-
foit pour une place très-forte pat fa fituaiion au haut
d'un rocher escarpé ; cependant le roi Louis XIV l'ayant
fait afiîéger par le maréchal de la Force en 1645 , s'en
rendit maître , 8c la fie ruiner quelque rems après. Elle
étoit fituée à une lieue de la Meufe , 8c à fept de Mi-
recourt vers le couchant. Le comte de Bar jouiflbit de
la châtellenie de la Motte en 13 14, lorsqu'il l'engagea
à Ferry , duc de Lortaine , pour deux cens mille liv.
par l'entremife de Louis , fils aîné du roi Philippe , 8c
par l'acte on connoît que cette châtellenie relevoit du
comté de Champagne , dont le même Louis , alors roi
de Navarre , étoit en pofieflion. La châtellenie ou le
bailliage a été transféré à Bourmonr , qui fe nomme
depuis Bourmont 8c la Motte.
4. MOTTE AUX-BOIS ( La ) , château des Pays Bas,
à une grande lieue de Merville , 8c à deux lieues &
demie de Caflel. Ce château eft fortifié. * Dicl. géogr.
des Pays-Bas.
$. MOTTE ( La ) , terre feigneuriale , en Suifle, dans
le canton de Berne , au bailliage de Morat , à un quart
de lieue de cette ville. 11 y a un joli château. Le ter-
roir des environs eft planté de vignes, 8c l'on y voit
quelques prairies. Le nom allemand de ce lieu eft Le-
WENBfRG. * Etat & Délices de la Suiffi , t. 2. pag. i6f.
6. MOTTE- ACHARD ( La ) , lieu de France , dans
le Poitou. * Cor n. Dicr.
7. MOTTE-CANlLLAC(La).I/'ov^ la Motte u
8. MOTTE-CHARENÇON ( La ) , petite ville de
France , dans le Dauphiné , au Diois , à fix lieues de
la ville de Die du côcé du midi , & à l'orient méridio-
nal de Charencon.
ç>. MOTTEJ& CHAMPSAUR ( La) , lieu de Fran-
ce , dans le Dauphiné , élection de Grenoble. Dans le
voifinage il y a une fontaine minérale dont les eaux font
grades 8c pleines de bitume.
10. MOTTE- FOU GÉRE( La ) , lieu de France , dans
le Maine.
1 1. MOTTE-SAINT- HERAYE ( La) , bourg de
France , dans le Poitou , élection de Niort. On tient
dans ce lieu des foires, où il fe fait un commerce aflez
confidérable de chevaux , de mulets 8c de belliaux.
12. MOTTE-SAINT JEAN (La), bourg de France,
dans la Bourgogne , recette d'Autun , au confluent de
l'Aroux & de la Loire. Ce bourg , qui a titre de ba-
ronnie , eft à demi-ruiné.
13. MOTTE (La) , ou Saint Jean de la Mot-
te , bourg de France, dans l'Anjou, élection de la Flèche.
14. MOTTE (La), ou la Motte-Ternan , bour-
gade de France, dans la Bourgogne, au bailliage de
Saulieu , fur un petit ruifieau. 11 y a dans ce lieu, qui
a titre de comté , un prieuré. Le pays des environs eft
coupé de bois 8c de montagnes.
MOTTERN ou Motter, rivière de France, dans
l'Alface. Elle prend fa fource dans les montagnes de Vos-
ges, à trois lieues au deflus de la petite ville d'Inge-
weiler , dont elle baigne les murailles. Elle paffe en-
fuite par des prairies , puis à Menichoff, Ober- Motter,
Phaffenhoffen , Nider- Motter , l'abbaye de Neubourg ,
Schweichauzen , Haguenau , Walthaufen, Heberhoff,
Bischwiller 8c Drouzenheim , où elle fe jette dans le
Rhin , après avoir été groffie des eaux des rivières de
Sintzel 8c de la Soor ; de la première , proche de Scwei-
chauzen , & la dernière à cinq cens toifes au-deflbus
de Rotweiller. La Motter commençoit à être navigable
dès Haguenau-, mais à préfent elle ne l'eft plus, parce
qu'on n'a pas eu le foin de la nettoyer, & doter quel-
ques bancs de fable qui fefont formés dans les tournans
qu'il y a. Elle ne commence aujourd'hui à porter ba-
teaux qu'entre Bischwiller 8c Rotweiller; encore faut-
il que le rems ne foit que médiocrement fec , 8c que
MOU
MOU
ks bateaux ne foient que de dix ou douze milliers de
charge. Entre Rotwciller 6c Drouzenheim , cette rivière
e/t toujours navigable , 6c peut porter des bateaux de
quinze à vingt milliers de charge. * Pïganiol , Dcfcr.
de la France , t. 7. p. 387.
MOTTEVILLE , paroifle de France , dans la Nor-
mandie, au pays de Caux , à une lieue d'ivetot, & à
fix de Rouen. Les feigneurs de ce lieu y ont fonde fix
canonicats , & d'autres titres eccléfiaftiques. 11 y a un
château de belle apparence , accompagné de beaux jar-
dins & de plufieurs grandes avenues d'arbres-, au mi-
lieu d'une campagne fertile en bons grains. * Corn. Dict.
Mémoires drejfés fur les lieux.
MOTUCA. Voyez. Motya.
MOTUPE, vallée de l'Amérique méridionale, dans
la province de Lima. Elle eft large 6c profonde , 6c il
y pane une petite rivière qui descend des montagnes
des environs , 6c que les fables engloutiffent avant qu'elle
puiffe parvenir jusqu'à la mer. Les arbres ne laiffent
pas d'y venir fort bien , à caufe de la grande humi-
dité que leurs racines trouvent dans la terre. Il y a
des puits où les Indiens vont puifer leur eau , 6c quan-
tité d'arbres qui portent du coton , dont les peuples
s'habillent. Ils en font auflï quelque trafic. * Corn. Dict.
DeLaet, Defcription des Indes occidentales, 1. io.
cap. 19.
MOTUTURII, peuples de l'Afrique propre. Pto-
lomée , lib. 4. cap. 3 . les place au midi du mont Mam-
pfarui .
MOTUTUR1US. Voyez. Mampsarus.
MOTYA , ville de Sicile , dans une péninfule , ôc
près du mont Eryx , félon Diodore de Sicile , /. 13.
c. 88. cV Etienne le géographe. Paufanias, Eliac. I. c.
25. connoît auflî cette ville; mais» apparemment par
erreur du copifte, elle eft marquée dans cet auteur au
voifinage du promontoite Pachynus , au lieu de dire
près du promontoire Lilybée. Cette erreur en a caufé
d'autres. Quelques géographes ont placé une féconde
ville Motya proche du promontoire Lilybée ; & comme
ils trouvoient quelque rapport de nom entre Motya 6c
Motyco. ou Moiuca , ville voifine de ce promontoire ,
ils ne fe font pas fait une grande peine de dire que la
ville Motya de Paufanias , étoit celle que Ptolomée ap-
pelloit Motyca. La ville de Motya, dont il eft que-
ftion dans cet article, ne fubfilte plus. Fazcîl dit qu'on
y voit feulement une petite chapelle fous l'invocation
de S. Jean.
MOTYCA ou Mutyce, ville de Sicile , près du pro-
montoire Pachynus, fur une.riviere que Ptolomée nom-
me Motychanus. Pline , /. 3. c. 8. nomme les habitans
de cette ville Mutycenfes , 6c Cicéron, Frum. c. 43. &
5 1. appelle le territoire Mutyenfïs ager , à moins que
le copifte n'ait oublié le C , qui fait ia différence. Cette
ville eft connue aujourd'hui fous le nom de Modica.
* Cellar. Géogr. ant. 1. 2. c. 12.
MOTYCHANUS , fleuve de Sicile , félon Ptolo-
mée , /. 3. c. 4. Fazell nomme ce fleuve Cycli. Léan-
der l'appelle Camarana, 6c Oiiûxus^Thefaur. croit que
c'eft le Gelas de Pline. * Ortelii Thef.
MOTYL/E, château de Sicile, aux environs de Mo-
tya , félon Etienne le géographe.
1. MOTZING , village d'Allemagne , dans la Baviè-
re , près du Danube , entre les rivières nommées le Gros-
Laber 6c le Petit-LafUer. Aventin , Annal. Boïor. I. 2.
p. $S. qui appelle ce village Montzing, dit que c'eft
l'ancienne Mocenia. * Philippe Apien , Carte de la
Bavière.
2. MOTZING , ou le Haut-Motzing , en allemand
Ober-MozÀng, village d'Allemagne, dans la Bavière,
fur le bord du Gros-Laber , près de fon embouchure
dans le Danube. * Philippe Apien , Carte de la Ba-
vière.
1. MOUAB ou Moab. De rifle ,dans fa carte de
l'Arabie Heureufe , eft pour cette dernière orthogra-
ghe , 6c de la Roque , Voyage de l'Arabie Heureufe ,
publié par de la Roque , p. 197. & ftiiv. pour la pre-
mière. Mouab eft une ville de l'Arabie Heureufe dans
les terres , entre Damar & Sanaa , 6c le féjour ordinai-
re du roi d'Yemen. C'eft une ville nouvelle que fit
bâtie le prince qui regnoit en 1708, 1709 & 17x0,
423
Elle eft fituée fur la pente méridionale d'une petite
montagne. Cette ville n'eft confidérable qu'à caufe de
la demeure du prince ; car elle eft d'une médiocre gran-
deur , avec des murailles de terre , 6c la plupart des
maifons font bâties de la même manière. Un des faux-
bourgs eft entièrement occupé par des Juifs , qui fonc
obligés de s'y retirer tous les foirs , n'ayant pas la li-
berté de coucher dans la ville. L'air eft fort tain à
Mouab : il y fait froid le matin avant le lever du fo-
leil , & après fon coucher; mais depuis neuf heures du
matin jusqu'à quatre heures du foir , la chaleur y eft
très-graude. Le terrein des environs de Mouab en géné-
ral eit fort bon : tout ce qui eft plaine , eft ordinaire-
ment femé de riz 6c de froment , 6c presque tout ce
qui eft colline 6c vallée eft planté de beaux caftes , fans
parler de plufieurs vignobles & de quantité d'arbres
fruitiers. Ceux qui ont fait le voyage de Mouab , con.
viennent tous qu'il y a une grande différence entre ce
pays 6c celui où eft fitué Moka : car à quinze lieues
environ autour de cette ville , il ne vient rien de tout
ce qui fe trouve dans le refte de l'Yemen.
2. MOUAB ou Moab, maifon de plaifance du roi
de l'Yemen, dans l'Arabie Heureufe, à un quart de
lieue de la ville de Mouab , 6c à pareille diltance de
celle de Damar fur une montagne. Le prince qui re-
gnoit en 1708, 1 709 & 17 10, avoit aufli fait bâtir cette
maifon ou château , où il alloit fouvent fe délaffer.
Damar , la ville de Mouab & le château de même nom
font pofés comme un triangle , 6c à une pareille di-
ftance d'un lieu à l'autre. Dans des expéditions datées
du château de Mouab , cette maifon de plaifance y eft
nommée en atabe Hisn-al-Maouahib , c'eft- à- dire ,
le château ou le palais des Grâces.
On a de la peine à comprendre comment le roi de
l'Yemen , ayant fait bâtir une nouvelle ville avec un pa-
lais pour y faire fa réfidence ordinaire , fans parler d'un
autre château qui n'en n'eft guère éloigné , n'a pas fait
conitruire une feule mosquée; de forte qu'il étoit obli-
gé d'aller faire fa prière en pleine campagne. C'eft en
effet un myftere , qui peut pourtant rouler fur la mé-
fiance de ce prince Arabe, qui, non -content d'avoir
mis fa maifon en fureté 6c à couvert par une longue
fuite de montagnes , n'ofe encore s'enfermer dans une
mosquée , où il pourroit être furpris par fes ennemis ,
ou ttahi par fes propres fujets. Cela ne feroit pas fans
exemple, puisque le fameux Aly, gendre de Mahomet,
fut affalliné dans une mosquée le jour de l'aiTemblée ,
ou de la prière des Mufulmans.
MOUABUS. K^Muabus.
MOUCAPORIS. Voyez, Mochadion.
MOUCHAMPS, bourg de France , dans le Poitou,
élection de Fontenay.
1. MOUCHE, bourg de la Baffe Arménie , à deux
journées de Mia Farekin , 6c à trois d'Eclat. Ce bourg
eft à foixante treize degrés cinquante minutes de lon-
gitude, & à cinquante neuf degrés cinquante minutes
de latitude. Il eft fitué au pied d'une montagne , d'où
fort une petite rivière. Il a une plaine longue de deux
journées, & qu'on nomme Sar aï- Mouche , c'eft-à-dire,
la Plaine de Mouche. * Petis delaCroix , Hift. de
Timur Bec , 1. 2. c. ;8.
2. MOUCHE ( La plaine de ). Voyez, l'article précé-
dent.
MOUCHET, bourg de France, dans le Poitou,
élection de Blanc. C'étoit autrefois une fortereffe en-
tourée de deux perites rivières , l'une nommée Campa-
let,& l'autre Pont-Guerand. Ce bourg eft à une lieue
& demie de Saint Benoît du Sault. Le terroir y eft
bon.
MOUCHI LE-PIERREUX , ou Mouchi , Mouchia-
cum petrofum , abbaye de filles en France , de l'ordre de
Cîteaux, dans le Beauvaifis , fur la rive gauche de l'A-
ronde , à trois lieues au nord de Compiegne. Elle fut
fondée l'an 1238 , par les anciens feigneurs de la mai-
fon d'Humières. Elle avoit été convertie en prieuré
d'hommes; mais en 1 671, elle eft revenue dans fon
premier état.
MOUDON ou Mouldon, en allemand Mildenen
latin Minidunum , ville de Suiffe, dans le canton de Berne
au pays de Vaud, eft le chef-lieu du bailliage auquel
MOU
42,4
che donne fon nom. Cette ville elt ancienne Se pas-
fablement grande : elle elt fituée en partie fur le pen-
chant d'une colline étroite Se fort élevée entre la ri-
vière de Broyé & le ruifleau de la Merine , Se en partie
dans la plaine ; la Broyé pane au travers & la partage en
deux parties ,qui font jointes l'une à l'autre par un beau
pont de pierres. Le quartier d'enhaut cft fi étroit au mi-
lieu, que tout ce qu'on a pu faire a été de laifler une
rue libre avec un rang de maifons d'un côté ; de l'au-
tre on l'a bordé d'une épaifie muraille d'une hauteur
prodigieiife , Se au pied de laquelle coule la rivière. Il
y a dans cet endroit une vieille tour de tuf carrée , qui
n'a que les quatre murailles, & qui faifoit partie de l'an-
cien château. Un peu au-deflus elt un petit temple avec
un clocher ; mais dont on ne fait aucun ufage , finon pour
la fonneiie Se l'horloge. L'églife paroiflîale elt à l'extré-
mité du quartier d'en bas : elle ert aflez belle ; la nef a
unevoûre très-ex hauflée , foutenue fur les ailes de bel-
les colomncs : il paroit que c'eft un ouvrage des comtes
de Savoie , Se apparemment du quatorzième fiécle. On
y voit leurs armes en plufieurs endroits de la voûte qui
cft ornée de belles peintures. * Etats & Délices de la
Suijje,t. 2.p 334.
La ville de Moudon a été fous les princes de la mai-
fon de Savoie beaucoup plus confidérable qu'elle n'eft
aujourd'hui. Le pays de Vaud tout entier ne faifoit qu'un
feul bailliage , Se Moudon en étoit la capitale , le lieu de
la téfidence du bailli , Se celui de la tenue des états du
pays. Aujourd'hui elle n'eft pas même le lieu de la ré-
fidence de fon bailli , car il fe tient à une lieue dc-là dans
le château de Lucens ; cependant il relie encore à Mou-
don l'honneur d'être la première des quatre bonnes villes
du pays de Vaud , qui ont quelques franchifes particu-
lières , ces villes font
Moudon , Yverdun , Morges , Nyon.
Berchtold, dernier duc deZeringen, ferma de murail-
les la ville de Moudon eu 1 190, Se Amé, fixiéme comte
de Savoie , confirma fes coutumes & Ces privilèges en
13 J9. *Piç;aniol, Dcfc.de la France , parr. 2. pag. 268.
On a trouvé à Moudon une figure d'Hercule en
bronze 1 un Mercure Se un Apis fous la forme d'un
bœuf. Ces trois pièces font dans la Bibliothèque de Berne.
Conrad deZeringen bâtit ou répara le château de Mou-
don vers l'an 1 ijo. * Etats & Délices de la Suijfe. t.
2. pag. 33;.
Moudon eft à la gorge d'une longue Se étroite vallée,
qui s'étend entre deux rangs de montagnes & qui eft
partagée par la Broyé. On y trouve les lieux fuivans-,
Lucens, Villarzcl-l'Evêque , Combremont ,
Courtilles , Marnens.
Le Bailliage de Moudon confine au canton de Fri-
bourg du côté de l'orient : il eft d'une belle étendue ,
& comprend environ dix paroi/Tes Se cinq ou fix fois au-
tant de villages. Il n'y a point de vignes ; mais en ré-
compenfeil eft fertile en bleds, du moins dans la plai-
ne: il a quatre lieues de longueur , du nordaufud, fur
trois lieues de largeur. Ce bailliage comprend une bonne
partie de la montagne Se de la forêt du Jorat , où l'air
«Se le terroir font un peu rudes, & dans la plaine il eft
atrofé par la rivière de la Broyé, dont les environs font
fertiles.
MOUDOULA , lieu des Indes, à fix milles de Kété,
& à égale di I tance de la rivière de Jaoun , au voifinage
dcRabiulakher. * Hiftoire de Timur-Bec , lib. 4. cap. i\,
MOUILLAGE ( Le), paroifle dans l'ifiede la Mar-
tinique , fitué à cinq lieues au nord du Fort-Royal , Se
à une demi-lieue au fud-fud oueft du fort S. Pierre. Cette
paroifle napas plus d'une demi-lieue d'étendue le long de
la mer : elle prend fon nom, de ce que c'eft vis-à-vis que
mouillent les vaifleaux , qui ont affaire au fort S. Pierre.
L'ancrage y eft excellent , & les vaifleaux y font plus en
fureté que devant le fort S. Pierre. Cette paroifle s'é-
tend depuis la batterie -de S. Nicolas jusqu'à celle de S.
Robert. L'églife paroiffiaJe eft dédiée à Notre-Dame de
bon Port : elle eft deflervie par les Jacobins : les habi-
tans, qui demeurent fur les Mornes voifines font de cette
paroifle. L'églife eft de maçonnerie, fon portail eft ru-
iiique , Se a quatre-vingt-dix pieds de long fur trente de
MOU
large , avec deux chapelles de vingt-quatre pieds en
carré qui font la croifée : l'églife eft au milieu du ci-
metière qui eft environné de murailles , Se dont la porte
répond a la principale rue du Mouillage. Cette églife
a été conftruite par les foins des officiers des vaifleaux
du roi.
MOULAY , bourg de France dans le Maine , éle-
ction de Mayenne.
MOULDON. Voyez. Moudon.
MOUL1DARS, bourg de France dans l'Angoumois,
élection de Cognac.
MOULIERNE ou plutôt Molihernes; en latin Mo-
liherna, feigneurie dans l'Anjou , élection de Baugé. Ce
lieu eft célèbre dans 1 hiftoire par le fiége que le roi
Henri I en fit avec le fecours de Guillaume le Bâtard,
duc de Normandie , à qui il avoit auparavant aidé de
fon côté.à réduire plufieurs feigneurs Normands, qui s'é-
toient révoltés contre lui Se qui furent défaits à la bataille
des Dunes en 1947- Molihernes étoit alors à Geofroy
Martel , comte d'Anjou , Se Guillaume de Malmesbury
l'appelle Moulin- H ir le , ce qui eft peut-être fon véri-
table nom , dont l'autre feroit venu par corruption.
Voici les termes de cet hiftorien, 1. 3. p. 96. Tulithu-
jus gratis Jiipendium rex Henricus à Normano duce
contra Gaitjridum Martellum , apud Molendinum Herlet
quod caftrum in prima Andegavenfi regione eft , fumma
vi adjutus ; Cependant le nom de Molihernes étoit en
ufage dès Philippe Augufte , qui donna cette forterefle
à Guillaume des Roches, vers l'an 1204, quand il fut
maitre de l'Anjou , comme on le voit par ces vers de la
Philippide , où il eft parlé de ce Guillaume & d'A-
maury de Craon , fon gendre ,
His parère dau cum Sablolio Molihernd.
Apparemment que cette terre étoit venue avec l'Anjou
à Louis XI , qui la céda au Matéchal de Gié Pierre de
Rohan , avec Baugé Se la forêt de Monnais , en reti-
rant Vire d'entre fes mains l'an 1480, Se elle eft en-
core aujourd'hui du domaine royal. 11 eft à remar-
quer qu'Hardouin de Bucil , évêque d'Angers , donna à
Ion églife , dans le quatorzième fiécle , des biens confi-
dérables qu'il avoit à Molihernes , dont elle jouit en-
core à préfent , Se qu'il ne faut pas confondre avec
cette terre. Voyez. 1 hiftoire de Sablé , les droits du roi
fur Baugé par Dupuy , Se la Gaule chrétienne.
MOULIGNE', prieuré de France dans le Maine: il
dépend de l'abbaye de Marmoutier, Se eft joint ail
prieuré de Louvigné, aufli.dans le Maine.
I, MOULINS en latin Molinx , ville de France , ca-
pitale du Bourbonnois, fur la rive gauche de l'Allier ,
dans une plaine agréable Se fertile , a douze lieues de
Ncvers , à vingt de Clcrmont en Auvergne , & à foi-
xante-quatre de Paris. Bourbon l'Archambaud étoit au-
trefois la capitale du Bourbonnois .auquel elle a donne
fon nom (a) : mais elle a cédé cet honneur à Mou-
lins qui n'eft pas fort ancienne. Elle doit fon aggrandifle-
ment aux princes du fang de France , qui ont pofle-
dé le Bourbonnois , & il n'en eft guère fait mention
avant Robert, fils de S. Louis , qui y fit bâtir un hôpital.
Les feigneurs de Bourbon (b) , qui faifoient leur demeu-
re dans la petite ville de Souvigny,à deux lieues de
Moulins , s'aflembloient fouvent à l'occafion de la chaflo
dans un endroit, où il y avoit une*ancienne tour qu'on
appelle encore aujourd'hui la Tour mal-co'éffee , & qui
fait partie du château de Moulins. Us y bâtirent enfuite
un château , & le féjour qu'ils y firent , l'agrément Se
la commodité du lieu formèrent peu à peu une ville
qu'on appella Moulins , à caufe qu'il y avoit plufieurs
moulins aux environs. Louis II, duc de Bourbon , fit bâ-
tir les pavillons qui ferment la première cour joignant
la grofle tour. Il mourut en 1419, Se Ces descendans
bâtirent l'églife dédiée à Notre-Dame, & y fondèrent
un chapitre compofé d'un doyen & d'onze chanoines.
Cette églife auroit été d'une aflez belle architecture •,
mais il n'v a que le chœur qui en foit achevé. Il y a dans
cette ville des Carmes, des Auguftins, des Cordeliers,
des Jacobins, des Minimes, des Chartreux, des Capu-
cins , des frères de la Charité , des Urfulines , des Car-
mélites, des filles de la Vifitation Ste Marie, des Ber-
nardines
MOU
MOU
mrdines, des filles de Ste Claire, des Hofpitalieres de
S. Jofeph, des fœurs de la Croix Se des fœurs Grifes.
La maifon des Chartreux Se celle de la Vifitation font
magnifiques. C'elt Mc de Montmorcnci qui a fait bâtir
cette dernière : elle s'y retira après la mort de fon mari ,
quifucdécapkéàTouloufele30 d'Octobre i632,&après
y avoir demeuré pendant vingt-cinq ans , elle s'y rendit
religieufele 30 de feptembre 165 j, & y mourut fupé-
rieurelc y de juin 1666, âgée de 66 ans. Les perfon-
nes de bon goût y vont admirer le fuperbe maufolée
que cette ducheffe fit élever à Henri , dernier duc de
Montmorenci , ion mari : c'eftun des plus excellens mor-
ceaux en ce genre qu'il y ait dans le royaume : le duc y
efl: repréfenté à moitié couché Se appuyé fur le coude :
la duchefle fa femme eftalîife à.fes pieds voilée & en
mante. A côté du maufolée font deux fiatues , dont une
repréfenté la valeur &c l'autre la libéralité. Derrière ce
monument 6c fur la muraille qui le touche , elt une es-
pèce de portique avec fon fronton, foutenu de deux co-
lomncs Se de deux pilalhes. Entre ces deux colomnes
font deux autres ffarues , dont Tune efl: la nobleffe Se
l'autre la piété.' Au milieu de ce pottique elt une urne ,
dans laquelle font les cendres de ce duc: deux petits
anges portent des fêlions qui l'entourent. Au-deffus du
fronton font les armes de Montmorenci. (a) Longuerue ,
Defcription delà France, part. I. p. 130. (b) Piga-
niol , Defcription de la France , t. 6. pag. 202.
La ville de Moulins cil très- jolie Se très- riante : on
peut la divifer en quatre parties, qui font la ville , la
ville neuve , le fauxbourg des Carmes Se celui d'Allier.
Cette ville elt ouverte Se fans défenfe. On abbatit mê-
me en 1^81 , les quatic portes de l'ancienne ville. Il y
avoit dans Moulins onze mille trois cens trente - neuf
perfonnes, fuivant un dénombrement fait en 1696,101s
de l'établiffcinent de la capitation ou taxe par tête.
O.i voit a Moulins les ruines d'un pont de pierres ,
bâti en 1684, réparé en partie en 1685 Se 1686, Se tom-
bé en 1689. On entreprit d'en construire un nouveau
fur lesdeflcins de Jules-Hardouin Manfard en 1706, au
mois de mats ; mais à peine fut-il achevé qu'il fut en-
traîné par l'impétuofité de la rivière le 8 de novembre
17 10 , à neuf heures Se un quart du matin ; enforte qu'il
n'en relta qu'une arcade, qui, fe trouvant fendue, fut dé-
molie pour la commodité de la navigation , par ordre
des confuls ou échevins. On voit auïTi le long de la ri-
vière d'Allier un cours très-long Se très-agréable , plan-
té de quatre rangs d'ormes.
Il y a dans la ville de Moulins un bailliage Se une fé-
néchauflee , dont le gouverneur du Bourbonnois elt fé-
néchal-ne. Le fiége préfidial fut établi en ijji ; fon res-
fort n'a pas plus d'étendue que celui de la fénéchauffée.
Il y a aulfi une châtellenie royale Se un fiége particu-
lier pour la connoiflance des'eaufes du domaine du- roi,
ôe qu'on appelle la Chambre du domaine; mais ce fiége elt
fans Territoire Se fans reflort ,& borné aux feules caufes
du domaine. La généralité Se le bureau des finances de
Moulins furent établis par Ledit du 27 feptembre i^Bj.
Les officiersdece bureau ont les mêmes fondions que les
tréforiersde France des autres bureaux des finances, à la
réfervedu domaine dont la connoiflance efl: attribuée aux
officiers du domaine qui font en poffeifion de la jurisdi-
ction contenrieufe j Se même de recevoir tous les aveux,
dénombremens , foi Se hommage , depuis le premier jan-
vier 1688 Se à l'avenir, Se il n'a été réfervé aux offi-
ciers du bureau , par l'arrêt du confeil d'état du roi , que
la réception des foi Se hommage, Se dénombremens
dûs au roi, Se échus avant le premier de janvier 1688.
Quant à la voirie , ils font en pofieflion de connoître de
la petite , c'elt-à-dire des alignemens des rues, toifages ,
mefurages, enrreprifes Se changemens de chemins, Se
des ufurpations qui y font faites-, mais pour la grande
voirie, qui concerne les réparations des chemins royaux,
confiruction , entretien des ponts Se chauffées , elle elt
principalement exercée par l'intendant de la province ,
qui en fait faire devant lui Se en fa maifon l'adjudication.
Pour marque néanmoins de l'ancienne jurisdiction du bu-
reau des finances , le roi nomme ordinairement un offi-
cier de ce corps , qui affilie avec l'intendant à l'adjudica-
tion des ouvrages. Ce même officier avoit accoutumé ,
par un droit particulier à ce bureau, de travailler con-
42.?
joinrement Se fubordinément à l'intendant, a la liqui-
dation Se vérification des étapes; au lieu que dans les au-
tres généralités ce foin ne regardoit uniquement que
l'intendant ; mais le roi , par fon édit du mois de juin
1696 ,créa un commiflaire vérificateur général des éta-*
pes, Se obligea les tréforiers de France de ce bureau d'en
réunir la charge à leur corps ; ainfi ils commettent de-
puis l'un d'entre eux pour la vérification des étapes t
qui travaille avec l'intendant. Dans la plupart des au-
tres généralités , l'un des tréforiers de France accompa-
gne l'intendant , Se affilie au département des tailles ;
mais dans celle-ci , ils ne font point dans cette poffes-
fion. Les appellations des ordonnances du bureau, pour
ce qui regarde la finance Se la voirie , font portées au
confeil du roi ; & pour ce qui regarde le domaine , el-
les doivent être portées aU parlement de Paris.
La généralité de Moulins efl: compofée de fept éle-
ctions , qui font
Moulins , Château- Gannat , Gueret ,
Nevers , Chinon , Mont-Luçon > Hévaux.
L'élection de Moulins s'étend fur neuf villes , & fur
deux cens paroiffes. Cette élection efl: du reffort de la
cour des aides de Taris. Suivant le dénombrement exact
qui en fut fait le 22 février 1696 , à l'occafion de la ca-
pitation , la généralité de Moulins renfermoit foixante-
feize mille fix cens vingt-deux feux , Se trois cens vingt-
quatre mille deux cens trente-deux perfonnes. Il y a
encore dans cette généralité cinq maîtrifes royales de»
eaux Se forêts ; favoir ,
Moulins, Nevers, Montmaraud, Cerilli, Gueret.'
Les finances ou les revenus du roi confiflent dans cet-
te généralité, comme dans les autres , dans les tailles , les
cinq,groffes fermes , les gabelles , les aides Se droits an-
nexés au domaine , la ferme du tabac , la ferme des bu-
reaux des portes , & la rente des coupes des bois Se des
forêts du roi. Les principaux bureaux d'entrée Se de for-
tie font à Gannat , à Vichi , à Mont-Luçon , à la Paliscej
mais outre ces bureaux principaux il y enaplufieurs petits.
Il y a dans cette généralité douze greniers à fel , qui fon;
Moulins, Moulins-En- Nevers, Gannat,
S.Pierre-le- gilbert, Luzi , Vichi,
Moufticr , S. Saulge , Cencoing, Mont-Luçon*
Defize , Château-Chinon.
Les neuf premiers font de vente volontaire ; mais les
trois derniers font d'impôt ou de vente forcée. 11 y a
outre cela dés greniers de dépôt établis en plufieurS
lieux , où les marchands Se toutes fortes de perfonnes
vont porter le fel qu'ils ont été prendre dans les falages ,
fur les paflavans des contrôleurs & commis de dépôts,
Se le mettent dans de petits lieux féparés, qu'on appelle
dépôts, d'où il efl: diflribué au peuple des paroifles affu-»
jetties à chaque dépôt , où elles prennent le fel au prix
du marchand, Se pour leur proviîîon feulement : car les
dépôts n'ont été établis, que pour les empêcher d'en
prendre dans les falages plus que leurs provifions , Se
d'avoir enfuite occafiôn de le revendre dans le pays de
gabelles.
Presque tout le domaine de cette généralité efl aliéné,
Se le peu qui ne l'eft pas , efl: affermé environ trente ou
trente -cinq mille livres. Quant aux forêts, il parole
par des mémoires que le roi a, dans la maîtrife de
Moulins, huit mille huit cens douze arpens de bois ;
dans celle de Cerilli , vingt huit mille huit cens foi-
xante-dix-huit ,& dans celle de Montmaraud onze mille
quatre cens vingt-trois arpens. Le revenu des bois peut
être , année commune, de dix à douze mille livres de
coupe réglée.
Les revenus ordinaires & les affaires extraodinaires
rapportoient au roi pendant la dernière guerre, quia
précédé la paix de Ryswyck , trois millions cinq cens
quatre-vingt-fept mille fept cens foixante-quinze livres
feize fols trois deniers par an.
Le commerce & l'induftrie dés habitans mettent cette
généralité en état de fournir des fommes affez confidéra-
bles. On peut voir au mot Nivernok le commerce
Tom. IV. H h h
42Ô MOU
qui fe fait dans ce pays particulier : je n'indiquerai ici
que celui qui fe fait dans le refte de la généralité. Le
commerce des bleds Se des chanvres du Bourbonnois ,
& des pays diftraits de l'Auvergne eft fort grand. Celui
des vins de Creufier , de Saint-Pourçain & de Mont-
Luçon, eft confidérable : celui des befiiaux e(t fi éten-
du qu'on n'en peut fixer le prix : celui du poiflbn peut
rapporter environ trois cens mille livres par an ; auffi
bien que celui des cochons : celui des bois va à près de
quatre cens mille livres. La clinquaillerie Se la coutel-
lerie de Moulins produifent tous les ans environ cent
cinquante mille livres. Six mille ouvriers qui fortent
tous les ans de la province de la Marche , y rapportent
plus de deux cens mille livres. Les manufactures de
tapifleries d'Aubuflbn Se de Feuilletin .produifent tous
les ans environ cent mille livres. La confommation qui
fe fait aux eaux dé Bourbon Se de Vichi , eft de plus
de cent cinquante mille livres. Celle qui fe fait fur la
route de Paris à Lyon Se en Auvergne , produit extraor-
dinairement.
Gilbert Gaulmin , maître des requêtes de l'hôtel du
roi, fameux par la grande connoiflance qu'il avoit dans
les langues & dans les feiences étoit de Moulins. Clau-
de de Lingendes , Jéfuite Se prédicateur célèbre , Jean de
Lingendes, qui pour fes fermons fut fait évéquede Sar-
lat & puis de Maçon , étoient de la ville , Se païens
du poète de Lingendes , qui le premier a fait des fian-
ces françoi fes.
2. MOULINS, bourg de France, dans le Maine,
élection du Mans.
3. MOULINS, paroifle de France, dans le Berri ,
élection de Bourges , à vingt-deux lieues de cette ville.
Cette paroifle comprend dans fon diftrict, le château de
M aubran CHES,qu'on croit avoir été bâti vers l'an 1 470.
On a trouvé auprès de ce château deux anciennes inferi-
ptions , qui font juger que les Romains ont autrefois
habité dans cet endroit. On voit auiïi à trois cens pas
du château , une chapene dédiée à Notre-Dame de
Licfle Se de Confolation, Il y vient tous les jours un
grand concours de pèlerins. Cette dévotion fubfifie de-
puis 1620 , que cette chapelle fut bâtie.
4. MOULINS, abbaye , «dans les Pays-Bas , fituée à
cinq quarts de lieue de Dinant. On la dit fondée pour
des religieufes de l'ordre de Cîteaux , vers l'an 1230,
Se on ajoute qu'environ deux cens ans après on la don-
na à des moines. Il y a dans l'églife dti côté du nord ,
l'épitaphe en trois difiiques d'un célèbre perfonnage du
nom de Guillaume, & du côté oppofé on lit ; Anna Do-
mini M CCC. feptuagefimo fexto pridiè idus Mail obiit
Willtlmus miles , avec quatre autres difiiques ; Se de plus
l'épitaphe de Marie de Ligne , époufe de Giles , baron
de Bcrlaymont , & de Hercies-fur-Sere , Aunor , For-
mies , Wingheies , mort au château de Beauraing en
1462.
MOULINS-ENGILBERT, ville de France, dans
le Nivernois , au pied des montagnes du Morvant , &
à deux lieues de Château-Chinon , dans la petite con-
trée du Bazois. Cette petite ville a une églife paroifliale ,
dans laquelle il y a un chapitre. Les religieux du tiers-
ordre de faint François , appelles Picpus , ont une mai-
fon dans cette ville , ainfi que les Urfulines. Quant aux
jurisdictions , outre la jufiiee ordinaire du duc de Ne-
vers , il y a un grenier à fel , un maire, un procureur
du roi du fait commun & des échevins. On compte
dans cette ville environ deux cens quatre ving dix feux ,
& fix cens perfonnes.Les habitans font laborieux Se pro-
pres pour le commerce. * Piganiol , Defcription de la
France, t. 6. p. 171.
MOULON , petite rivière de France, dans le Berri ;
elle fe jette dans l'Evrc.
MOULTAN , ville des Indes , fur le fleuve Rave.
Petis de la Croix, hifl. de Timur-Bec , L 4 c. 10. la
place à cent feize degrés de longitude , Se à vingt neuf
de latitude. Voyez. Multen. ,
MOULURE , forêt de France, dans la maîtrife des
eaux & forêts de Pamiers , elle ert de 8170 arpens.
MOUNCHDENNI , montagne fort haute , en An-
gleterre , dans le comté de Biecknok , félon Corneille ,
DiS. qui ne cite aucun garant. Il ajoute : On l'appelle
aufll Cadierarhur, c'eft-à'-dire , Chaire d'Anus. On
MOU
a jette fort fouvent des bâtons , des chapeaux Se d'autres
chofes du fommet de cette montagne , fans qu'aucune
foit tombée en bas. La force du vent les a toujouts re-
pouflees en haut.
MOUNIER , forêt de France , dans la maîtrife des
eaux Se forêts de Saint Pons: elle eft d'onze cens cinquan-
te cinq arpens Se demi.
MOUNT-SORREL , bourg d'Angleterre , dans le
Leiceftershire. On y tient un marché. * Etat préfent de
la Grande Bretagne , t. 1. p. 82.
MOURA , ville de Portugal , dans la province d'A-
lenteio , au confluent de PArdila & de la Guadiana , au
nord de Serpa. C'eft une ville ancienne, connue autre-
fois fous le nom d'Arucci nova , ou Nova Gvitas Aruc-
citana , comme le prouvent divers monumens , entre
autres l'infeription fuivante qu'on y a déterrée , Se qui a
été faite à l'honneur d'Agrippine , mère de Germani-
cus:
JuLIiî. AGRIITINit.
CiS ARIS AU G. GeRMANICI.
..Matri au g.
Nova, civitas. Aruccitana.
La ville de Moura eft aflez bien fortifiée. Elle a un
vieux château qui pafle pour être de défenfe. Il y a d'or-
dinaire dans cette place une garnifon de cinq compa-
gnies d'infanterie , Se d'une compagnie de cavalerie.
On a découvert un très-grand nombre de monumens
antiques dans cette ville Se dans fon territoire. Dans un
village qui eft fur le chemin de Moura à Villa Nova
de Ficalho , il y a une vieille chapelle dédiée à faint Mi-
chel , où l'on voit cette infeription remarquable par la
fingularité de l'orthographe :
D I I S M A N.
Ibus Aurilliaii. M. F. Gaiiaii.
A N N O XII.
H. S. E. S. T. T. L.
Les deux n valent un a ; de forte qu'il faut lire
Aurélia M. F. Gall^e. * Délices de Portugal, page
75>9-
MOURAON, bourg de Portugal , dans l'AIentejo ,
fur la Guadiana , au-deffous de Ferteira. Ce bourg eiî
défendu par un château médiocrement fort. * Délices
de Portugal , p. 798.
MOURBAC. Voyez. Murbac.
MOURÉ , ou mieux , Mourée , grand village d'A-
frique , dans la Guinée , fur la côte d'Or , au royaume
de Sabou , près du fort de Naflau , Se à une demi-lieue
au-deflus du moht de Fer. Ce bourg , qui eft fort peuplé ,
appartient aux Hollandois, & dépend du fort de Naflau.
Les habitans font tous pêcheurs : dès le matin avant le
jour , ils fortent avec trois ou quatre cens canots pour
aller pêcher , Se lorsqu'ils reviennent , ils font obligés
de donner cinq poiflbns au marchand qui commande
dans ce bourg. C'eft une espèce de tribut , & les Hol-
landois font les feuls Européens qui jouiflent de ce droit j
aufli n'y en a-r-il point qui ayent un pouvoir fi abfolu fur
ceux qui dépendent d'eux. * Guill. Boman , Voyage de
Guinée, lettre 4, pag. 61.
MOURE1LLES. Voyez. Moreilles.
MOURJAN , ville de Perfe. Tavernier , Voyage de
Perfe , /. 3. la place à 84 degrés, 15 minutes de lon-
gitude, & à 57 degrés , 15 minutes de latitude. Il ajoute
que cette ville eft fort peuplée , cv qu'on y voit de
belles mosquées Se de belles places.
MOURMAND, bourg de France , dans le Forez
élection de faint Etienne.
MOURMANSKOY LEPORI. Ifaac Mafia , Carte
de la Moscovie , donne ce nom à une partie de la La-
ponie Moscovite , Se appelle Mourmanskoy-More,
la mer qui eft au nord de cette même Laponie. Les car-
tes modernes , meilleures fans contredit que celles de
Mafia , ne connoiflent point ces noms.
MOUROUX , bourg de France , dans la Brie , éle-
ction de Coulomiers.
MOUSCHE ( La ) , petite rivière de France, (a) dans
la Champagne. Elle vient de Noydent le Rocheux,coule
près de Saint Cirque Se de Saint Martin , arrofe Pranfay
MOU
MOU
cV Locquenay , & après avoir pa(Té à Humes , où il y a
un ponc de pierres , elle tombe dans la Marne ( b ) , à
quelque diilancc au-deflous de la ville de Langres. ( a )
Coulon , rivières de France , p. 94. ( b ) De L'ijle ,
MOUSIRENES, bourg de France , dans le Poitou ,
élection de Fontenai.
MOUSON. Voyez. Mouzon.
MOUSSAIS , château de France , dans la Bretagne ,
avec titre de marquifat. 11 eft aux confins du diocèle de
Saint Brieu, fur une haute colline , à trois lieues de Lam-
bale , Se à douze de Rennes. On voit a demi-licue de-
là, vers le nord , dans le même diocèfe , le bourg de
Plemée , Se une lieue plus bas, la petite ville de Jugon ,
où il y a deux fort grands étangs , entre lesquels font les
ruines d'un fort château , fur un rocher escarpé. * Corn.
Dict. Mémoires manufcrits.
MOUSSAL ou Moussol. D'Herbelot , Biblioth.
Orient, dit : Il y a deux villes qui portent ce nom. La
première qui porte le nom de Moussal- Alatik , c'eft-
à-dire , l'ancienne Mouflal , Se que plulleurs croient
être l'ancienne Ninive , la capitale des Afl'y riens "> celle-
là eft la plus proche de Mardin. La féconde qu'on ap-
pelle Amplement aujourd'hui Moussal , eft cel-
le que nous nommons vulgairement Mosul. Voyez.
ce mot. Ces deux villes font fituées fur le Tigre , Se la
première doit , félon les auteurs Perfiens , fa fondation
à Tahmurath , roi de Perfe , de la première dynaltie.
Les tables arabiques lui donnent 77 degrés de longitude,
Se 34 degrés, 30 minutes de latitude feptentrionale.
Cette ville fut aflîégée par Saladin , l'an de 1 hégire J78 ;
mais ce prince fut obligé d'en lever le fiége que les habi-
tans fournirent avec une fermeté inconcevable.LesMogols
la prirent l'an 659 , trois ans après la prife de Bagdcr \
&Samdagou , qui les commandoit , ne fit alors aucun
quartier aux Mufulmans » & n'épargna que les Chré-
tiens. Mouflal ne laifla pas de fe rétablir après la ruine
qu'elle avoir foufterte de la part des Mogols Genghiz-
Icaniens ; mais Tamerlan l'ayant aiïiégée avec fes nou-
veaux Tartares l'an 796 , il la défola de relie forte ,
qu'elle n'eft plus aujourd'hi qu'une ville fort peu con-
sidérable.
MOUSSANS , bois de France , dans la maîtrife des
«aux Se forêts de Saint Pons: il eft de fix censfoixante
arpens & quinze perches.
MOUSSON , MONÇON ou Monsson , forte-
îefle du duché de Bar. De Longueruc dit : Cette place
n'eft plus rien , quoiqu'elle ait été confidérable dans
l'onzième fiécle , où elle étoit tenue par Louis de Mous-
fon , qui avoir aufli Montbelliard , Se de qui font des-
cendus les comtes & les ducs de Bar , dont la poilérité
masculine finit dans le quinzième fiécle , aptes avoir été
rloriflanre durant quatre cens ans ; & c'eft de cette forte-
refle de Mouflon que les premiers ancêtres des comtes
de Bar avoient pris leur nom. Mouflon étoit alors très-
forte , Se palToit pour imprenable. Sa fituation peu
commode fur une montagne l'a fait abandonner , & on
a mieux aimé bàrir Se s'établir des deux côtés de la
Mofclle , qui eft en cet endroit navigable , Se où l'on a
bâti un pont qui a donné le nom à la nouvelle ville de
Pont a Mousson. Voyez, au mont Pont , l'article
Pont a Mousson. * Piganiol, Defc. de la France ,
part. 2. p. 189.
MOUSTIER-NEUF , en latin Monafterium novum ,
abbaye d hommes , ordre de faint Benoît , congréga-
tion de Cluni , dans un fauxbourg de Poitiers , en un
lieu appelle Chaiflaigne. Elle eft dédiée Se connue
fous le titre de faint Jean l'Evangelifte , Se quelquefois
de faint André. On lit dans la chronique de Maillezais ,
t. 3. anecd. mart. col. 1 2 1 1 , que ce monaftere fut fon-
dé vers l'an 1066 ou 1069, par le duc d'Aquitaine,
Guillaume VII , appelle aufli Gui-Geoffroi , fils & hé-
ritier de Guillaume VI , Se d'Agnès , duc & duchefle
d'Aquitaine. Le roi Philippe y donna ion confentemenr,
aufi"i-bien qu'Ifambert , pour lors évêque de Poitiers ,
lequel accorda aux moines le privilège de fe choifir un
abbé dans le monaflcre de faint Benoît de Quincey.
Quoi qu'il en foit , la chartre du fondateur même obli-
ge de croire la fondation du Mouftier-Neuf poftérieure
de quelques années , puisqu'il y dit clairement qu'avant
4*7
de commencer à faire élever I'églife de faint Jean , ou
le Mouftier-Neuf , il avoit été voir le pape Audcbra-
nus , qui ne parvint au pontificat que l'an 1073. Les
bâtimens de ce monaftere n'étoient pas encore achevés
l'ail 1076, comme on le voit par quelques lettres du
même Guillaume ; mais dès que tout fut achevé , il en
confirma la conduite à faint Hugues de Cluni , à la per-
fualion particulière duquel il 1 avoit fait bâtir. Hugues
y mit un abbé à la tête de dix-huit moines , fuivant l'or-
dre du pape Grégoire VII , de l'an 1076 , qui veut que
ce foit l'abbé de Cluni qui choififle Se mette en pofleifion
l'abbé du Moufiier-Neuf. Enfin, l'an 1096, le quatre
des calendes de Février, le pape Urbain II, après que
le concile de Clermont fut aohevé , célébra la bénédi-
ction du monallere du Moufiier-Neuf, & fir lui-même
la cérémonie de la dédicace de I'églife , fous le
titre de faint Jean l'Evangelifie Se de faint André.
Le même comte , ou duc Gui-Geoffroi , dota encore
de grands biens ce monaftere : après qu'il fut achevé
l'an 1077 , le j des calendes de Février , Louis le Jeune,
en donna la confirmation l'an 1 146 , en préfence d'un
Guillaume , évêque de Poiners. Ce pieux fondareur ,
Gui Geoffroi , enrichit aufli ce monaftere d'une pré-
cieufe relique qu'il avoir apportée de Venife ; c'eil la
mâchoire de faint Marc , patron de cette fameufe Ré-
publique. 11 mourut l'an 1086, dans fon château de
Chizie , Se fut inhumé dans le chapitre de cette abbaye »
d'où il fut transféré l'année fuivante dans I'églife. Cette
abbaye vaut à l'abbé trois ou quatre mille livres de rente.
Voyez, la France Chrétienne.
1. MOUSTIERS, ou Monstiers , ville de France,
dans la Provence , au nord-eft de la viguerie d'Aix , Se
du bailliage de Brignoles ( a ) , en latin Monafterium ,
ou Monfterium , par corruption. Elle doit fon origine
aux moines de Lerins , qui fonderenr en ce lieu un
prieuré conventuel , dépendant de leur abbaye. Aujour-
d'hui il n'y a plus de moines , mais des prêtres féculiers ,
dans I'églife paroiifiale de Mouftiers. Cette ville étant
le lieu où eft établi le bailliage royal , a le droit de dé-
puter aux états ou aflemblées de Provence : ainfi elle
eft pour les chofes civiles au deflus de la ville de Riez,
où eft le fiége épiscopal. Il y a ( b ) à Mouftiers une cha-
pelle très-célèbre , fous le nom de Notre-Dame , Se fur
laquelle le peuple débite bien des fables. On y voit aufli
un couvent de Servites , qui eft le feul qu'il y ait en
France. Sa manufacture de fayance Se de porcelaine eft
aflez eftimée. ( a ) Longuerue , Defcript. de la France ,
pag. 362. (b) Piganiol , Defcript. de la France, t. 4.
p. 144.
2. MOUSTIERS , bourg de France , dans la Breta-
gne , recette de Nantes.
3. MOUSTIERS, MONSTIERS, ouMoustier,
en latin Monafterium , ville ou bourgade du duché de
Savoye » capitale du pays de Tatentaife , à fix lieues de
Saint Jean de Morienne , & à onze de Chamberi.
Mouftiers eft le nom moderne de la ville de Tarentai-
fe , qui a perdu le fien Se s'eft appellée Monafterium »
à caufe d'un monaftere qui avoit été fondé en ce lieu ,
où les archevêques de Tarentaife demeuroient , Se oii
il n'eft relié qu'une grande bourgade toute ouverte Se
fans défenfe , coupée par l'Isère. Ses archevêques étoient
autrefois très-puilîans , lorsqu'ils étoient ptinces du>
pays de Tarentaife , dont la feigneurie Temporelle leur
avoit été donnée par les rois de Bourgogne , Conrad le
Pacifique Se Rodolphe , qui élevèrent fort les évêques
dans leur royaume de Bourgogne. K<y«.TARENTAiSE.
Le palais de l'archevêque elt le plus beau bâtiment de
Mouftiers, où les rues fonr fort étroites. L'églife mé-
tropolitaine eft devant une place de médiocte grandeur.
Il y a quelques fépulcres anciens dans cette églife. Les
avenues de la ville font extrêmement difficiles , & l'on
n'y arrive que par des défilés , bordés de torrens Se de
précipices. * Longuerue , Defcript. de la France , part.
2. pag. 328.
MOUSTIERS-EN-ARGONE, abbaye de France;
dans la Champagne. Voyez, au mot Moutiers , l'article
MOUTIERS OU MoNTIER EN ARGONE.
MOUSTIERS D'HUN ou MoustierId'Hun , en
latin Monafterium Ageduni , bourg de France , dans la
Marche , élection de Gueret , au bord de la Creufe. Il
T9m.IV. Hhh ij
428 MOU
y a dans ce lieu une ancienne abbaye , d'où lui vient le
nom de Mouftiers. Cette abbaye , qui eft dédiée à faint
Etienne , eit de l'ancienne congrégation de Cluni , &
fa communauté eft compofée de huit ou dix religieux.
Mouftiers d'Hun eft fuué, partie en plaine, partie en
monticules : les terres & les pacages y font très bons , 3c
l'on y fait un grand commerce de beltiaux.
MOUSTIQUE , bourg de l'Amérique feptentrionale,
dans l'ifle de faint Domingue , au couchant de la rivière
nommée Trois Rivières , à une lieue du port de
Paix.
MOUSTIQUOIS : c'eft la même nation que Dam-
pierre appelle Moskites. Voyez, ce mot.
MOUTER ( La ) , rivière de la Baffe-Alface. Elle fort
des montagnes de la petite Pierre , au levant desquelles
elle coule, pane par Ingwiller , Pfaffenhoff, Hague-
neau & Drufenheim, au-deflbus duquel elle tombe dans
le Rhin , à une lieue de l'embouchure de la Soor. * Sup-
plément au manuscrit de la Bibliothèque de M. de Corbe-
ron , premier préftdent au Confeil fouverain d'Alfjce.
MOUTIER LA CELLE, abbaye de Bénédictins ,
de la congrégation de faint Vannes , en Champagne ,
au diocèfe & près de Troyes.
MOUTIER-GRAND-VAL , en allemand , Muns-
tertbal , grande Vallée en Suifle , enclavée dans les
terres que poflede l'évêque de Bâle. Elle comprend un
grand nombre de villages.dont les principaux font Mou-
tier , Bevillars , Sernetan , Court , cYc. Voyez. Mou-
tiers 2. Les habitans de cette Vallée font alliés avec
le canton de Berne , par un ancien traité de combour-
geoifie , fait environ cinquante ans avant qu'ils embras-
faflent la religion Proteftante j c'eft pour cela que ce can-
ton les protège dans leurs libertés fpirituelles & tempo-
relles. Les évêques de Baie Se le ptevôt de Delemont
ont dans cette vallée le droit de collation pour les églifes
Proteftantes -, mais comme on prérendit qu'ils y mer-
toient les miniftres les plus ignorans qu'ils pouvoient
trouver , les Bernois ont réglé qu'aucun miniflre n'y
pourroit être établi qu'après avoir été examiné cVr ap-
prouvé à Berne. Tous les ans les magiftrars de Berne
envoient dans cette Vallée un des membres du confeil
Etroit , pour vifiter les églifes & pour mettre ordre aux
abus qui pourroient feglifler.
MOUT1ER-SA1NT-JEAN , ou Saint-Jean Reau-
me, Reomenfe Monafterium , abbaye d'hommes , de
l'ordre de faint Benoît , en France , dans la Bourgogne ,
au diocèfe de Langres, à une lieue de la rivière d'Ar-
mançon , & à deux de Semur , dans le bourg de même
nom , fur un ruifleau nommé Reaume. Le bourg doit
fon origine à l'abbaye , qui fut fondée l'an 4S6 , par le
faint abbé Jean , dans l'emplacement que lui donnèrent
à cet effet Hilarius & Quiéta , c'eft-à dire , faint Hi!aire
ôc fiinte Tranquille , fes père &£ mère. Clovis en con-
firma l'établiflement l'année même qu'il embrafla le
Chriltianisme , Patientius tenant pour lors le fiége épis-
copal de Langres, c'eft-a-dire, vers l'an joo. Le faint
abbé fur dix-huit mois abfent de ce monaftere , & s'eroit
caché , pendant cet intervalle , dans l'ifle de Lérins ;
mais faint Grégoire , fixiéme évêque de Langres , l'en fit
revenir Jean reprit la conduite du monaftere : il trouva
ces religieux très-incommodés par la difette d'eau qui
leur manquoit. Un bafilique , ferpenr affreux , infectoit
celle d'un puits profond dont on fe fervoit auparavant.
Jean , tua le monftre , & rendir l'eau potable. Il mou-
rut âgé de cent vingt ans , le 28 Janvier , fans aucune
altération , ni de fa vue, ni de fes dents. Saint Sylves-
tre , dont on célèbre la fête le 1 5 Avril , lui fuccéda.
Saint Guillaume , abbé de Dijon , y mit enfuite une re-
forme. Puis la régie de faint Benoît y fut introduite. Il
y avoit douze religieux , & un abbé qui étoit feigneur
du lieu ; mais depuis 1731 , la menfe abbatiale a été
unie à l'évêché de Langres.
i.'MOUTIERS. Voyez. Moustiers I.
2. MOUTIERS ou Moutier , village de Suifle ,
dans les éxars de l'évêque de Bâle , & le chef-lieu d'une
prévôté appelléeMouTiER-GRAND-VAL. V;yez.cet ar-
ticle. Moutiers tire fon nom d'une ancienne & riche
abbaye de chanoines réguliers , fondée dans le huitième
fiécle , dont les chanoines rendent préfentement à- De-
MOU
lemont. Ils quittèrent le féjour de Moutiers en ijjo,
parce que ce village avoit embraffé la religion Pro-
teftante.
3. MOUTIERS , bourg de France , dans le Perche ,
élection de Mortagne.
4. MOUTIERS , bourg de France , dans le Gâti-
nois , élection de Gien.
5. MOUTIERS , ou les Trois Moutiers , bourg
de France , dans le Poitou , élection de Loudun. C'eft:
le même que Notre-Dame des Trois Moutiers. Il
fe nomme ainfi à caufe des trois églifes qui y font.
6 MOUTIERS, abbaye des Pays-Bas , dans le com-
té de Namur , fur la Sambre , à une lieue au-defius de
l'abbaye de Floreff. C'eft une abbaye de chanoinefles.
* Diit. géographique des Pays Bas.
MOUTIERS EN-PU1SAYE, village de France, au
diocèfe d'Auxerre , à fept lieues de la ville épiscopale
vers le couchant. Ce lieu eft mémorable dans l'hiftoire
du pays •, parce qu'il y a toute apparence qu'étant à peu
près le centre de la Gaule, c'eft en ces quartiers-là , fitués
fur l'extrémité du pays des Carnutes , à quelques lieues
de la Loire , que les Druides faifoient leur aflemblée
annuelle, ainfi qu'il eft rapporté dans Céfar. Les forêts
couvroient alors ce pays : on ne fait en quel tems on
a commencé à cultiver les terres. Les étangs y étoient
fort communs & très-profonds , ce qui fît donner à ce
territoire le nom celtique de Melered. C'eft celui que
les hilloriens des évêques d'Auxerre ont employé au
neuvième fiécle , aufli bien que quelques capitulaires de
nos rois du même tems , en parlant de ce lieu ; mais le
monaftere qui y avoit été fondé , fit éclipfer l'ancien
nom , & on fe contenta de dire Moutiers , comme
qui diroit Monaftere. Si l'on pouvoit ajouter foi aux
autels confacrés , Virgini paritura , ce lieu-ci pafleroit
pour avoir contenu un de ces autels , du moins c'eft la
tradition du pays ; mais elle n'eft pas fi certaine qu'il
l'eft que Quintillien , père de l'évêque d'Auxerre du
même nom , au huitième fiécle , bâtit à Melered un hô-
pital pour y loger les Bretons qui entreprenoient le voya-
ge de Rome ; &c en même tems un monaftere , qui de-
puis, étant ruiné , fut uni a celui de faint Germain d'Au-
xerre , fuivant un titre autoijfé au concile de Pitresdu
neuvième fiécle. Depuis ce tems Melered ne fut qua-
lifié que du nom de Celle , qui fignifioit un petit mona-
ftere. On croit que ce fut le comte Conrad qui avoit
procuré cette union. Hilderic . abbé de faint Germain,
fit réparer ce monaftere fur la fin du dixième fiécle, ou
au commencement du fuivant ;ik Hugues de Noyers,
évêque d'Auxerre, y fit transporter le corps de faint
Didier, l'un de fes prédécefieurs. Glaberr , moine fort
connu patmi les hilloriens de France, paile de ce lieu
de Moutiers , comme y ayant demeuré quelque tems.
L'églifeeft fous le titre de Notre Dame. Il paroît par ce
qui en relie depuis les guerres de la Religion , que c'é-
toit un très-bel édifice du treize ou quatorzième fiécle.
La paroifie eft aujourd'hui féparée , & porre le nom de
faint Pierre. On y conferve beaucoup de reliques de faint
Bon, qui ne peut être autre que laint Didier, dont le peu-
ple a changé le nom.
Le bourg de faint Sauvent , qui eft dans le lieu le plus
élevé des montagnes de Puifaye, n'eft qu'à un quart de
Leue de Moutiers. Glabert , lib.x.c.j. nous apprend
que le nommé Robert , que quelques François mal in-
tentionnés envoyèrent au roi de Babylone avec des lettres
qui l'excitoient à ruiner les lieux Saints, s'il ne vouloit
lui-même être détruit par les Chrériens, étoit un do-
meltiquc fugitif du monaftere de Melered.
MOUTIERS RAMEY. Voyez. Montier-Ramey.
MOUTONS , prieuré de religieufes Bernardines ,
en France , dans la Normandie , au diocèfe d'Avranches ,
près de Mortain. 11 a été réuni au monaftere des Béné-
dictines d'Avranches , par les foins de feu M. Huer , évê-
que de cette ville , & par ceux de madame Montai erre ,
fupéricurede ces deux communautés.
MOUY, bourgade de France , dans la Picardie, au
Beauvaifis , avec titre de comté. Elle eft fituée fur le Te-
rain, entre Beauvais & Creil. On y tient marché & foi-
re , & les habitans y travaillent à des ferges qui font ex-
trêmement recherchées.
MOUZAY, bourg de France, dans la Touraine,
MOU
MOY
429
élection de Loches, au voifinage de la ville de ce nom fur les pluies fréquentes , par les torrens qui descendent
le bord de la rivière de Cific. des montagnes ,& par le débordement des rivières. *
MOUZON , Mofomium , Mofomagus , petite ville de Lettres edif. X vol.
France, en Champagne , au diocèfe de Reims , entre MOXIANl, peuples de Bithynie, ou aux environs.
Sedan, au nord, &Stenay, au midi : elle eft iituée au Pcolomée , L5.C.1. les place au-deffous des Speltet/i]
pied d'une colline fort étroite, mais fertile en grains Se &au-deflus des Phylacenfn.
en vins. La Meufe paiTe au pied de fes murailles , d'où MOXOENA , lieu d'Afie, aux environs de la Mé-
dis cire fon nom de Mouzon. Certe rivière le fépare en die & de la Perfe, félon Ammien Marcdlin , /. 23 p.
cet endroit en deux bras, l'un desquels fuie fon cours
ordinaire, Se l'autre paiTe par-delTus des éclufes lon-
gues de cent pas dans un canal large Se profond , qui fé-
pare la ville du fauxbourg. Cette ville étoit la capitale
d'une petite contrée qui appartenoic aux archevêques de
Reims : un d'eux l'échangea avec le roi de France Charles
V , le 16 Juillet 1379. La ville de Mouzon, par l'avan-
tage de fa lîtuacion Se par celui de fes fortifications , a
toujours été une bonne place , qui a fourenu plulieurs
lièges » ôc a été louvent prife Ôc reprife , ôc enfin eJl re-
venueà l'obéifiaiKe du roi en l'année 1653. Après avoir
été trois ans entiers entre les mains des Espagnols, elle
fut reprife par l'armée françoife , commandée par le vi-
comte de Tu renne Se le maréchal de la Ferté : fes for-
tifications ont fubfifté jusqu'en 167 1 , qu'il a plu au roi
d'en ordonner la démolition. L'empereur Charles-Quint,
étant en paix avec le roi François I , vint fur les terres de
la Mark , feigneur de Sedan , Se s'empara d'abord de
Mouzon ; mais le roi qui ne vouloir pas avoir un tel
voifin de ce côté , Se qui avoit eu le tems de mettre fur
pied une puifiante armée , donna par-la le moyen au
chevalier Bayait de le jetter dans Mezicres, donc l'em-
pereur avoit formé le fiége , ôc Bayait peu de tems après
reprit Mouzon. Il eft certain que Mouzon eft tort an-
rienne,&que fes habitans ont de la valeur, puisqu'en
1148 , l'antipathie qui étoit entre eux & ceux de Bouil-
lon, les porta de fe mettre en campagne , chacun étant
dans "ardeur de tirer vengeance de fon ennemi. Après
une bataille fanglante ceux de Bouillon furent vaincus
Se répondes jusque dans leurs retranchemens : l'année
drivante, les vaincus aiïemblerent une troupe nombreu-
fe fous la conduite de l'evëque de Liège , Se mirent le
liège devant Mouzon qu'ils emportèrent, malgré la vi-
goureufe Se longue réiiftance des alfiégés : ils y mirent
tout a -feu Se à fang , ôc ayant appris que l'archevêque
de Reims venoit avec de bonnes troupes au fecours de
Mouzon, ils fe retirèrent promptement chez eux. En
1639, Picolomini mit le fiege devant cette ville; mais il
fut obligé de le lever. Mouzon étoit de l'ancien patiimoi-
nedes archevêques de Reims(/), qui y avoient fondé l'ab-
baye de Notre Dame de Mouzon, la dotant des biens
de leur propre églile. Depuis Clovis ils en étoientfou-
Vefains ôc ils y avoient une cour fouveraine. Ces pré-
lats, comme le dit Dupuy, tenoient Mouzon noble-
ment ëe en franc-afcu , fans recoilnoiflance d'aucun fou-
verain au temporel , ce lieu érant fit'uc fur les marches
de France, & hors d.i royaume du côté de l'Empire;
ce qui fut caulè de plulïeurs guerres entre les archevê-
ques de Reims & les évêqùes de" Liège. Le roi Charles
V fit l'acquifition de Mouzon , Se en même tems de
Beaumonc, par contrat d'échange du 7 Février i379,avec
Richard , archevêque de Reims, à qui ce roi donna en
échange Velly, fur la rivière d'Aisne , au diocèfe de Sois-
fons ; ce qui fut ratifié par le cardinal légat du pape ,
à condition que la ville de Mouzon jouiroit de fes pri-
vilèges ; Se en effet elle a confervé la cour fouveraine
jusqu'en 1633 , que le parlement de Metz ayant été éri-
gé, on y établit un bailliage royal. Le territoire de Mou-
zon eft abondant en grains Se en vins fur les rivages
de la Meufe. Au-deiïousde Mouzon il y ades prairies
vaftes & fécondes , dent le pâturage eft fort gras. Il s'eft
tenu deux conciles à Mouzon , l'un en 948 , Se l'autre
en 995. (a) Mémoires de la Champagne par Biugier, après faint Hidulphe Se furent tous inhumés en 707,
2; 8. Quelques-uns écrivent Mozena , Se d'autres Mi-
S£A ou Mizea.
MOXORITANUS , fiége épiscopal d'Afrique , dans
la Numidie , félon la notice des évêchés d'Afrique, qui
fournit Domninus Moxoritanus.
MOYA , ville d'Espagne , dans la Nouvelle Caftillc ,
à onze lieues de Cuença vers les frontières de la Cas-
tille, de l'Arragon & du royaume de Valence, dans un
lieu élevé au milieu d'une forêt de pins. Cette ville , que
defend un bon château , eft pofledée en titre de marqui-
fat par les ducs d'Escalona. * Délices d' Espagne , p. 35 e.
MOYADAS , bourg d'Espagne , dans la Nouvelle Ca-
ftille, entre Je Tage Se la Guadiana, à 3 ou 4 lieues
d'Althange du côté du fud eft. Ce bourg , qui eft fort
beau , eft fitué dans une campagne un peu inégale ; mais
fort agréable Se très-fertile, ôc qui abonde fur- tout en
oliviers. Les pâturages y font excellens. * Délices d'Es-
pagne, p. 372.
1. MO Y AN G, montagne de la Chine ,dans la province
de Kiangran , au voilmage de la ville de Hiutai. On lui
a donné le nom de Moyang. c ell-a-dire la montagne du
Berger , parce qu'anciennement une fiile d'une rare beau-
té , Se qui avoit deguilé ion lexe , ixerça la profeffion
de berger dans cec endroit. * Allas Smenjis.
2. MOYANG, ville de la Chine, dans la province
de Nanking , au département deHoaigang, huitième
métropole de la province. Elle eft de deux degrés dix
minutes plus occidentale que Péking, fous les trente-
quatre deg. 40 min. de latit.
MOYCASHELL, baronnie d'Irlande , dans la provin-
ce de Leinfter. C'eft une des onze qui compofent le
comté de Veftmeath. * Etatpréjent de U Grande Bre-
tagne , t. 3.
MOYCULLIN, baronnie d'Irlande, dans la province
de Connaught , au comté de Galiway , bornée au midi
par la baie de Galiway. Elle a une ville de même nom.
C'eft la baronnie la plus écendue de ce comté. *Etat pré-
fent de l'Irlande , p. 28.
MOYDOE , baronnie d'Irlande , dans la province de
Leinfter. C'eft une des fix qui compofent le comté de
Longford. * Etat prejent de l'Irlande . p. 43.
MOYELLA (L'iflc). Voyez. Moali.
MO VENGE, forêt de France , au comtat Wcnaiffin ,'
dans la châtellenie de Trivier,
MOYEN-MOUST1ER , abbaye d'hommes , en Lor-
raine , au diocèfe de Toul , entre les abbayes de Seno-
ne , d Eftival Se de S. Diey. C'eft une abbaye régulière de
l'ordre de faint Benoit de la congrégation de faint Van-
ne , qui dépend immédiatement du Saint Siège. Elle re-
connoit faint Hidulphe, chôrévêque de Trêves, pour
fon fondateur. Ce Saint étoit Bavarois d'origine , ôc
ayant embraffé la piofelfion religieufe à Trêves , il fut
tiré du cloître pour gouverneiTéghfe de cette ville. Le
goût que ce faint prélat avoit po.ir la retraite , Se le
defir démener une vie plus parfaite , l'obligèrent de fe
retirer dans les défères de la Vosge , où ayant obtenu
des abbés deSenone Se d'Eftival une place , qui étoit en-
tre ces deux monafteres , il en bâtit un troifiéme vers
l'an 677 , qu'il appdla pour cette raifon Moyen-Mous-
tier. Il fe forma plufieurs faints perfonnages dans cette
abbave , entre autres faint Spinule , les deux frères faint
Jean Se faint Bénigne , qui moururent vingt Se un jours
p. 3 8 1 . (I) Longuerne , Defcription de la France, p. jo.
MOXES, nation de l'Amérique méridionale , dans le
Paraguay. Leur pays s'étend depuis Santa Cruz de la
Sierra , le long d'une chaîne de montagnes qui vont du
nord au fud. Il eft fitué dans laZoneTorride entre les
10 Se les 15 deg. delatir. méridionale ; mais on n'en a
point encore marqué exactemenc les limites. C'eft une
plaine affez unie ; mais presque coujours inondée faute
d'ilTue pour faire écouler les eaux qui s'y amaiTent par
dans la ville de Toul , en 1 eg'ife de faint Grégoire.
Leur rranflation fe fit en 954; ils furent portés dans l'é-
glife principale dédiée à Notre-Dame. Cent ans après la
mort de faint Hidulphe , les moines de cette abbaye tom-
bèrent dans un fi grand relâchement , que le comte Hillin
les chaffa , Se mit en leur place des chanoines, qui y
demeurèrent jusqu'en 896, que s'étant dérangés à leur'
tour, l'abbé Adelberr, moine de Gorze , du confenremenc
de Fridéric , duc de Lorraine , y rétablit la discipline
MOY
43°
mpnaïtique. Comme elle le relâcha encore , pour la ré-
tablir , on fournit les religieux en 1600, par l'autorité
du pape , à la congrégation de faint Vanne 6c de faint
Hidulphc, par les loins de Henri de Lorraine , évêque
de Verdun & abbé de ce monaftere. * Piganiol, Defciip-
tion de la France , t. 7. p. 362.
MOYEN VIC, petite ville de France, dans le pays
Meflin ; à une lieue de Vie. Il y a dans cette ville des fa-
Unes , mais on n'y fait plus de fel. Ce lieu avoir été for-
tifié dans un marais par des ufurpateurs des biens de
l'évêché de Metz ornais il fut pris 6c ruiné par l'évêque
Etienne de Bar , dans le douzième fiécle, il y a près de
fix cens ans , comme nous l'apprenons d'une ancienne
chronique de Metz , dont l'auteur appelle Moyenvic,
Mumtionem inter Vuum & Marfallum , une fortereffe
entre Vie 6c Marfal.
Les Allemands entrèrent dans l'évêché de Metz l'an
1630 , & commencèrent à fortifier Moyenvic ; mais
Louis XIII, étant allé en Lorraine l'an 163 1 contrai-
gnit les Allemands à fortir delà Lorraine, 6c le duc à
quitter leur parti. Le roi s'afiura de Moyenvic, qui a
été cédé à fon fils Louis XIV , l'an 1648, au traité de
Munfter , par l'empereur 6c les états de l'Empire : mais
après que Marfal eft venu au pouvoir des François ,
on a quelque tems après fait rafer les fortifications de
Movenvic comme d'une place inutile. La faline de
Moyenvic acquife de l'évêque de Metz par le duc l'an
1571 , a été cédée au roi par le traité de Vincennes
de l'an 1 66 t ; mais en cas qu'il la faffe valoir , il eft
obligé de diminuer la quantité de 400 muids de fel ,
que le duc doit fournir par an. * Longuerue , Defcr. de
la France, part. 2. p. 169.
MOYGOISH , baronnie d'Irlande, dans la provin-
ce de Leinftcr. C'eft une des onze qui compofent le
comté de Weftmeath. * Etat préfent de la Grande Bre-
tagne , t. 3.
1. MOYOBAMBA , rivière de l'Amérique méridio-
nale , au Pérou. Elle prend fa fource au-delà des hautes
montagnes des Andes , prend fon cours du midi au nord,
mouille la partie orientale de l'Audience deLimaauffi
bien que celle de l'Audience de Quito, & va fe jetter
dans la rivière des Amazones, un peu au-deffus 6c à
l'occident des ifles 6c habitations des Omaguas ou
Aguas. * De l'ifle t Atlas.
2. MOYOBAMBA , ou Santiago de Los Vallès ,
bourgade de l'Amérique méridionale, au Pérou, dans
la partie feptentrionale de l'Audience de Lima , allez
près de la rivière de Moyobamba. Le nom de Santiago
de los Vallès lui a été donné p*ar les Espagnols qui y
ont envoyé une colonie. Le terrein des environs eit hu-
mide, à caufe àes pluies, mais fertile en pâturages.
3. MOYOBAMBA, province de l'Amérique mério-
nale , au Pérou , dans la partie feptentrionale de l'Au-
dience de Lima , à l'occident de la rivière de Moyo-
bamba. On dit cette province mal-faine à caufe de la
quantité de fes rivières , de la hauteur de fes monta-
gnes 6c de lepaiffeur de fes forêts qui font presque
impénétrabjes. Les naturels de Moyobamba habitent
enfemble par bourgades : ils font d'un efprirgroffier. On
les tient de la race des Chancas, dont la nation com-
prenoit anciennement plufieurs peuples. * Corn. Dict.
De Laet , Defcription des Indes occidentales , liv. 10.
cap. 27. ,
MOYRASEZ, bourgade de France , dansleRouer-
gue , élection de Ville Franche.
MOYRGALLON, baronnie d'Irlande, dans la pro-
vince de Leinftcr. C'eft la plus feptentrionale des onze
qui compofent le comté d'Eaftmeath. * Etat préfent de
l'Irlande, p. 38.
MOYSBOURG , château , ou bourg 6c chef-lieu de
Bailliage , en Allemagne , dans le duché de Brunswich-
Lunebourg, & qui appartient aux princes de cette mai-
fon : il a eu fes feigneurs particuliers du nom de Moys-
bourg. Après que leur race a manqué , les feigneurs
d'Opperhaufen , 6c eni'uite Henri de Wenfe l'ont pofté-
dé par droit d'hypothéqué. A la mort de celui-ci le duc
Otton II , de la branche d'Harbourg , s'en eft mis en
poffeflion. Son fils , le duc Guillaume , le fit rebâtir à
neuf en 1618 , &c fit pafler tout à l'entour les eaux
MOZ
de la rivière d'Efte , qui va fe rendre dans l'Elbe au
duché de Brème. * Zeyler , Top. Duc' Brunsw.
MOYSENRAGH , baronnie d'Irlande, dans la pro-
vince de Leinlîer. C'eft une des onze qui compofent
le comté d'Eallmeath. * Etat préfent de l'Irlande , pag.
38.
MOYTROU , bourg de France , dans le Maine , éle-
ction du Mans.
1. MOZAMBIQUE , MOSAMBIQUE & Mossam-
bique. On entendoit autrefois par ce nom un promon-
toire de la mer des Indes , fur la côte orientale d'Afri-
que, vis-à-vis 1'ifle de Madagascar, & le même pro-
montoire qu'on prétendoit que Ptolomée avoit appelle
Prajjnm promontoruirn ,• mais à préfent c'elt une ifle fur
la même côte d'Afrique , à 1; deg. de latit. mérid.
à une grande demi-lieue du continent dans un golfe.
Cette ifle a au-devant d'elle deux autres petites ifles
qui font comme alignées à la terre ferme, d'où le père
Jarric conjecture que l'eau ayant peu à peu gagné la
terre , a formé ces ifles dans le lieu où étoit le cap.
La plus orientale de ces ifles porte à préfent le nom
de Saint George, & l'autre a celui de Saint Jac-
ques : toutes deux font fans habitans , 6c d'une allez pe-
tite étendue -, mais celle de Mozambique eft bien peu-
plée , quoiqu'elle ne foit pas grande , n'ayant de largeur
que la portée d'une arquebufe& quatre fois autant de
longueur. Le terrein elt uni de même que le rivage,
qui elt tout couvert de fable blanc. * Le P. Jarric ,
Hift. des Indes orientales , p. 154. édit. 161 1.
L'ifle de Mozambique fut découverte par Vasco de
Gamo, Portugais l'an ij?8. Pour y arriver on patte
entre les ifles de faint George 6c de faint Jacques, &
le continent , en les laiffant à main droite du côté du
fud , 6c le continent à main gauche du côté du nord ,
& l'on va jusqu'au fort fans avoir befoin de pilote co-
der ; car il y a de la profondeur fuffifamment , & on
voit diftinctement les bancs & les bas fonds qui font
du côté du continent à un jet de pierre de l'ifle ,
6c les vaitteaux y font comme dans un fort à l'abri de
tous les vents. * P. van Caerden , fécond voyage aux
Indes orientales.
11 y a dans cette ifle quantité de palmiers , d'oran-
gers , de citronniers , de limonniers & de figuiers des
Indes \ mais on n'y trouve pas les autres fruirs qui font
aux Indes, ou bien ils n'y font pas communs, car on
les y apporte d'ailleurs. Il faut auflî y apporter l'eau
douce dont cette ifle manque : on va la chercher dans
le continent. On voit à Mozambique beaucoup de bœufs,
de brebis, de chèvres, de pourceaux 6c de poules. La
queue des brebis peut pafler pour un cinquième quartier
de la bête. Les poules ont les plumes & la chair noires -,
elles font pourtant de bon goût. La chair de pour-
ceau eit un mets délicieux , & furpafle en délicateffe
celle de tous les autres animaux à quatre pieds.
Les naturels du pays font noirs , & fort fournis aux
Portugais. 11 y en a quelques-uns qui font Chrétiens,
d'autres Mahométans 6c le relie eit idolâtre. Les hom-
mes vont tout nuds , n'y ayant que l'extrémité de leurs
parties naturelles qu'ils couvrent d'un petit linge qui y
eft lié. Pour les femmes elles font couvertes depuis
le deflbus des mamelles jusqu'à la moitié des cuiffes,
6c cet habillement eft d'une grotte toile de coton. Les
noirs du continent font encore plus fauvages ; les hom-
mes 6c les femmes y font également nuds 6c ne cou-
vrent aucune partie de leurs corps : ils fe nourriffent
de chatte & de chair d'éléphans. C'cft ce qui fait qu'on
tire de ces pays tant de dents de ces fortes d'ani-
maux.
Pour tirer.de la rade de la mer par le travers du
fort fous lequel il faut pafler , on porte le cap au fud-
eft , un peu plus vers l'eft, parce que proche de la pla-
ce il y a une roche à laquelle il faut faire honneur. II
ne faut pas non plus s'approcher des bancs qui font du
côté du continent ; il faut courir autant que l'on peut
fur huit ou neuf braffes, jusqu'à ce que l'on ait dépafïé
le fort : alors on peut aller mouiller fous les petites ifles ,
hots de la portée du canon de la place qui eft à l'oueft
6c à l'oueft-quart du nord-oueft, fur huit ou neuf bras-
fes de profondeur , 6c l'on y eft à l'abri de tous les vents.
Pour continuer à s'élever depuis cet endroit , il faut
MSR
MUC
prendre fon cours à l'eft & à l'eft-quart-fud-eft. Il y a
un banc étroit à la plus méridionale de ces deux ifles >
qui court en mer , & qu'il faut bien prendre garde
à parer. Il y en a tout de même un à la plus fepten-
trionale, mais les brifans font qu'on pare plus aifément
celui-ci.
Z.MOZAMBIQUE, ville d'Afrique, fur fa côte orien-
tale entre Queloa au nord , 8c Sofala au fud , visa vis
l'irte de Madagascar , &capitale de l'ifle de même nom.
Les Portugais , qui en font les maîtres, ainfi que de toute
l'ifle , la regardent avec raifon, comme la clef des In-
des , de façon , que s'ils l'avoient perdue , difficilement
pourroient-ils faire le commerce aux Indes. Ils s'y ra-
fraichiflent & y font aiguade , afin de pouvoir continuer
leur navigation ; car il ne feroic pas aifé de faire ce voya-
ge tout d'une traie. Elle leur fert aufli pour aiïiarer le
trafic qu'ils font avec les peuples des environs , com-
me de Sofala 8c de Monomotapa , d'où ils tirent une
grande quantité d'or -, elle fert encore à tenir en bride
les rois ou princes de cette côte , qui leur font presque
tous fujets au alliés. Les religieux de l'ordre de S. Do-
minique ont une maifon à Mozambique. * Le P. Jarric,
Hift. des Indes orient, p. 15 r. édir. 161 1.
Cette ville n'a pour habitans que des étrangers 8c
des M rhomérans : les naturels du pays font des Nègres
du continent, il y a peu de ports que les Portugais elti-
ment autant que celui de Mozambique, parce qu'il offre
une rcrraite fure pour l'hiver.
La fortereiïe de Mozambique eu: une des meilleures
que les portugais ayenr dans les Indes : elle eft bien flan-
quée & environnée de trois remparts ou murailles. On
y a pratiqué des citernes pour y couferver de l'eau. La
garnifon eit nornbreufe 8c a toujours bonne provifion
de vivres. Les Hollandois l'aflîégerent fans fuccès au
mois de Mars 1607.* P. Van Caerden , fécond voyage
aux Indes <.>rienr.ilcs.
$. MOZAMBIQUE ( Le canal). Voyez, au mot Ca-
^al , le Canal de Mozambique.
MOZEL. Voyez. Mosel.
MOZON. Corneille, Ditt. dit , fans citer de garant :
Mozon, petite rivière de France, qui a fa fource dans les
montaanes delà Marche. Elle pafleau-deflus de la Motte-
Barrois , & va fe rendre dans laMeufe à Neufchâtel.
MÛZOTCORITANUS, fiége épiscopal d'Afrique
dans la Byfacène, félon les auteurs de l'hilloire Sacrée
qui eit au devant des œuvres de S. Optât, de l'édition de
Dupin. La notice des évêchés d'Afrique , publiée par
Schelitrate ,1k Moroteoiutanus. Il a été aifé de faire
une r d'un z, . & un e d'un c. C'eft la différence qui fe
trouve entre les deux orthographes de ce mot.
MOZOTENSIS , fiége épiscopal d'Afrique dans la
Mauritanie Sitifenfe , félon la conférence de Carthage >
qui fournit VilUtlcus Moz.otenjis.
M S.
1 . MSCRISL AU, palatinat du grand duché de Lithua-
nie , 8c le plus oriental. Il confine au nord avec celui de
Wiwps , dont il eft fépaté par le Nieper -, au levant avec
les duchés de Smolensko 8c de Czernikow ; au midi
avec la Volhinie , 8c au couchant avec le palatinat de
Minski. H s'étend l'elpace de foixante lieues communesde
France le long du Nieper qui le parcourt du nordau midi,
8c qui le partage. Sa largeur eft environ quarante-cinq
lieues , en y comprenant le territoire de Rohaczow , qui
en eft indépendant.
2.MSCRISLAU .ville capitale du palatinat de même
nom, 8c la plus orientale de la Lithuanie, fur les fron-
tières du duché de Smolensko. Elle eit défendue par un
fort où il y a toujours garnifon. Les Jefuites y ont une
million. Les Moscovites prirent 8c ruinèrent cette ville
en 1660 , mais elle s'eft rétablie depuis.
1. MSR AT A , ville d'Afrique, au royaume de Tri-
poli, fur la pointe du cap qui forme l'extrémité occiden-
tale du golfe de la Sidre. * De l'ifle , Atlas.
2. MSR ATA, pays d'Afrique , au royaume de Tri-
poli , félon de Tlflc. Ce pays eft bordé au nord par la
mer Méditerranée , à l'orient par le golfe de la Sidre ,
au midi par le pays de Haicha , 8c à l'occident par la ri-
431
viere de Magra 8c par le défert d'Ezzab. Les places qu'il
lui donne, font
Mfrata, Tabia , Lebeda, Ziliten, Colbene. '
M U.
MUABUS, fleuve de laPamphylie, félon Ortelius.
Thef. qui cite Antigonus , in Mirabdib.
MUCK , ifle de la mer d'Ecofie , à l'orient de Rum.
Elle eft mife au nombre des plus petites ifles de cette
mer : on lui donne quatre milles de tour : elle eft envi-
ronnée de rochers : elle pafle pour être fertile en bled
8c en pâturages; 8c elle fe diftingue par la beauté de fes
faucons. * Etat préfent de la Grande-Bretagne , t. 2.
pag. 291.
MUÇAMUDINS , peuples d'Afrique , l'une des
cinq colonies ou tribus des Sabéens , qui vinrent s'éta-
blir en Afrique avec Melec-Ifiriqui , roi de l'Arabie Heu-
reufe. Ils onteonfervé leur ancien nom , ôc font une tri-
bu des Béréberes. Ils occupent la partie la plus occiden-
tale de l'ancienne Mauritanie Tingitane, & habitent dans
les montagnes du Grand Atlas , depuis la pointe que l'on
nomme Iduacal, qui avance dans lOcéan , jusqu'à la pro-
vince d'Escura ou de Dominette , avec les coteaux ôc
les plaines de part 8c d'autre , dans l'étendue des pro-
vinces de Hea, de Sus , de Gezula & de Maroc. La ville
d'Agmet eft leur capitale. Les Muçamudins ont régné
en divers tems en Barbarie, en Numidie 8c en Libye,
fur le déclin de l'empire des Arabes; car auparavant
ils n'étoient gouvernés que par les chefs, ou chèques de
chaque communauté. * Marmol , Defcrip. générale de
l'Afrique , 1. A p. 69.
MUCASUM , nom d'un lieu , où Traliianus écrit
qu'un certain Zekedenthes avoit vécu cent ans. C'eft Or-.
telius , Tbefaur. qui me fournit cet article.
MUCERIN^E, ville d'Egypte dans le Nome Sais;
félon Ortelius qui cite Héfyche.
MUCHAWECZ , petite rivière de Pologne dans la
Lithuanie , au palatinat de Brzescie. Son cours eit du le-
vant au couchant, en fe recourbant vers le midi , ÔC
va fe joindre au Boug près de Brzescie.* De l'ifle , Atlas.
MUCHEAS, lieu fortifié quelque part au voifinage
de l'Arabie, félon l'hiftoire Miscellanée , lié. 8;citéepac
Ortelius , Tbefaur.
MUCHELN , petite ville d'Allemagne dans la Thu«
ringe , fur la rivière de Geyfel , entre Hal 8c Naum-
bourg. Elle fait partie du bailliage de Frey bourg, qui
appartient à l'électeur de Saxe. Elle fut brûlée en 1621 ,
par les Impériaux, qui étoient fous les ordres du comte
de Tilli. * Zcyler , Topog. Super. Saxon.
MUCHIRISIS , ville des Perfes , à ce que croit Or-
telius , Tbefaur. Il jdge fur un partage d'Agathias , /. 2.
qu'elle étoit aux environs de Phafis dans la grande Ar-
ménie. *
MUCHIRUS , lieu de la Dalmatie , presque fur la.
côte, & dans le voifinage de Salo ou Salon , félon Pro-
cope , Gothor. I. 3 .
MUCHLI , bourg de la Morée dans la Zaconie, en-
tre îes fources de l'Alphée, à fix lieues de Napoli de
Romanie , vers le midi occidental. On croit que c'eft
l'ancienne Tegea. Voyez, ce mot. * Baudrand, DicT:,
édit 1705.
MUCHTUSII , peuples de l'Afrique propre. Prolomée,
/. 4. et. les place au-defibus des Mutur gures.
MUCIA. Voyez. Mutia.
MUC1ALLA ,lieu d'Italie à unelieue de la ville de Flo-
rence du côté de Ravenne , à ce qu'il femble par un pas-
fage deProcope , Gothor. I. $. Celfus Cittadinus prétend
que ce foit aujourd'hui Mugello.
MUCIAN A VILLA , maifon de campagne entre Ro-
me 8c Oflie. Plutarque en parle dans la vie de Ma-
rius,au beau-pere duquel elle appanenoir, 8c de qui
apparemment elle tiroit fon nom , car il s'appelloic
Mucius.
MUC1SSUS , ville de la Cappadoce, félon Etienne
le Géographe Procope , sEdific. I. j.c. 4. en parle auffi.
Comme il y avoit , dit-il , dans une rafe campagne un
fort nommé le fort de Mocèfe , ( Mucifjus ) qui étoic
dans un fi mauvais état , qu'une partie de fes bâtimens
MUG
432,
étoit tombée en ruine , Se que l'autre éroic prête d'y tom-
ber , Juftinien le rafa entièrement ; Se comme ce fort
avoit fervi de défenfe à la ville de Céfarée , cet empe-
reur éleva à la place une muraille , du côté de l'occi-
dent de cette ville, fur une colline fort roide & d'un
accès difficile, & dans l'étendue de fon enceinte il fit bâ-
tir des églifes, des hôpitaux , des bains , Se autres édi-
fices de cette nature, qui relevé la gloire des villes.
MUCONI, peuples de la Mauritanie Céfarienne.
Ptolomée /. 4. c. i. dit qu'ils étoient plus orientaux
que les Tulenfii. Ses interprêtes hfenr Mucuni , au lieu
de Mutoni.
MUCRA ou Mugra , noms latins de deux rivières
de France , dans la Brie , Se qu'on nomme le grand Se
le petit Morin. Voyez. Morin.
MUCRi£ , ville d'Italie dans le Samnium. Il en eft
parlé dans ce vers de Silius Italicus/. 8. v. ;66.
Qui Batulum Mucrasque mttunt , Boviania quique
Exagitam lujlra , &c
Silius Italicus eft le feul auteur, jepenfe,qui fane
mention de cette ville, à moins qu'on ne veuilledire que
ce fou la Nucria d'Etienne le géographe & de Suidas.
Arnould Drackenborch , dans l'édition qu'il nous a don-
née de Silius Italiens, au lieu de Mucra, lit NucrtuOn ne
fauroit dire au jufte quclleétoit la fituation de cette ville.
MUCR1TI , peuple aux environs de l'Inde, félon
Ortelius , Thefaur. qui cite Callilte. /. 18. c. 30.
MUDARNI , petite ville d'Afic, dans la Natolie. Les
noms anciens font Modrena & Comopolis. Voyez. Co-
MOPOLIS.
MUDERNO ou Madermo , comme écrit Magin ,
Carte du Bref/an , château d'Italie dans le Brefian , fur
la côte feptentrionale du lac Garda , au midi oriental
de Salo.
MUDUTTI, peuples de l'ifle de Taprobane. Ptolo-
mée , /. 7. c. 4. les met dans la partie feptentrionale
de l'ifle avec les C alibi.
MUELA ou Muel , bourg d'Espagne dans l'Arra-
gon , fur la rivière de Guerva, environ à quatre lieues
au midi occidental de Saragofle. Quelques-uns le pren-
nent pour l'ancienne Secontia. Voyez. Secontia. * Jail-
lot , Atlas.
MUENNA , ville de la Gaule Belgique. L'itinéraire
d'Antonin la met fur la route de Bagacum Nerviorum
à Durocortorum , entre Minaticum Se Duroçjrtorum , à
dix-huit milles de la première & dix milles de la féconde.
MUER, Mura . rivière d'Allemagne , dans le duché
de Stirie. Elle a fa fource dans la partie orientale de l'ar-
chevêché de Saltzbourg , au midi occidental de Mau-
troff. Elle coule de l'oueft à l'eft en ferpentant. Dans
fa courfe elle mouille Mautroff, Muraw , Schyfling ,
Weiftritz, Judenburg, Knitfcld, Kobenez, S. Michel,
Levfben , Pruck an den Muer , Gratz , Murch ^Mureck,
Rackellburg , Lutnberg Se Sakhon , au-deflbus duquel
elle fe jette dans la Dravre. Lesprincipalesrivieresqu'elle
reçoit font le Radmar , g. la Muocz , g. le Grades Se
le Kaynach , d. * Jaillot , Atlas.
MUERAW , ville d'Allemagne , dans la haute Stirie
fur la Muer, aux confins de l'archevêché de Saltzbourg.
Elle fe trouve divifée par cette rivière en deux parties ,
dont plufieurs ponts font la jonction. Philippe Clavier
prétend qu'elle étoit autrefois appellée Bruck , félon la
langue du pays, parce que ce fut en cet endroit que fut
jette le premier pont fur la Muer : aurefte, elle a trois
grandes places publiques , fept portes , Se généralement
elle eft allez bien bâtie. L'églife paroiffiale, qui eft fort
belle, eft firuée fur un terrein plus élevé, que celui où
eft le refte de la ville , fi on en excepte le château , qui
eft bâti fur une colline avec beaucoup de magnificence,
fur-tout depuis qu'on en a réparé & augmenté confidé-
rablement les bâtimens. Il y en avoit encore un autre ,
dont on voit les ruines ; il fut détruit par les ordres d'Ot-
tocare, roi de Bohême, lorsque ce prince foupçonna les
feigneurs Henri Se Othon de Lichtenftein , à qui ce do-
maine appartenait autrefois , d'avoir voulu y rentrer par
force. Les ancêtres de ces feigneurs, qui s'étoient trou-
vés chargés de dettes , s'en étoient débarraiïés , en en-
gageant cette ville Se plufieurs autres pofleflions. Leur
MUG
race s'éteignit en 16 19. 11 y avoit dans cet endroit ua
fort bon collège, avant que la religion proteftante s'y in-
troduisît. Les archiducs4 d'Autriche ont eu foin de le
pourvoir dans la fuite de profefieurs catholiques. On a vu
fortir de cette école plufieurs grands hommes. * Zeyler,
Topogr. Stiriar.
MUERECK , bourg d'Allemagne dans la Bafie Stirie,
fur la Muer , à fix lieues au-defibus de Gratz. Il y a un
château aftez bien bâti fur la même rivière : il apparte-
noit ci-devant avec le bourg & les dépendances, aux fei-
gneurs de Stubenbcrg. Pyrkamerus Se Bertius croient
que Mureck eft le Muroèla dont parle Ptolomée. *
Zeyler , Top. Stir.
MUETLE ou Meute , château royal, fitué à l'entrée
du bois de Boulogne du côté de Pafly. Ce château fert
pour le repos de chaffe , toutes les fois que le roi y va
dans le bois ou aux environs.
MUFITI ou Mufti. Voyez. Amsanctus.
MUGE , forterefle des Pays-Bas , fur la rive gauche de
laMeufe, vis-à-vis de Gorcum * Dictionnaire géographe
que des Pays- Bas.
MUGELLO, contrée d'Italie dans la Toscane : elle
s'étend le long des deux bords de la rivière de Siéve , en-
tre le mont Apennin Se la rivière d'Arno. Cette contrée
ou vallée a pris fon nom du village Mugello , ap-
pelle anciennement Mucialla. Voyez, ce mat. * Magin ,
Carte du Florentin.
MUGELN , petite ville d'Allemagne dans la Misnie,
fituée fur la Colnits près de Leisnick , & à trois milles de
Strehlen : elle appartient avec le bailliage, dont elle eft le
chef lieu, Se le château de Rugethal , à l'évêché de Meis-
fen. * Zeyler Top. Sup. Saxon.
MUG EN , bourgade de Portugal , dans PEftremadou-
re, au confluent de la petite rivière de Colo & du Tage,
à huit lieues de Lisbonne. On l'appelle autrement Por-
to de Mugen. Son nom lui vient des Muges, forte de
poiflbn , dont la pêche eft très abondante dans cet en-
droit. * Délices de Portugal , pag. 780.
MUGGIAou Muglia; ville d'Italie ( a ) dans l'Iftrie,
fur la côte orientale d'un golfe de même nom , à cinq
milles de Triefte du côté du midi. Cette ville a deux
tours à l'entrée de fon port ; Se au-deflus de la ville ( b)
il y a un château, d'où l'on donne avis par un lignai à ceux
d'en bas , de toutes les barques qui entrent dans le port.
Muggia fe fournit volontairement aux Vénitiens, en
1420. Le dernier jour du carnaval, il fe fait à Muggia
une danfe , qu'on nomme le Bal de la Verdure. Les
hommes Se les femmes ont des guirlandes vertes fur la
rête , Se à la main un arc compofé d'or , de branches Se
d'oranges. Les hommes font une troupe & les femmes
une autre. Les premiers commencent à unir fous ces arcs
ceux de leur parti , en forte que chaque homme fe trou-
ve au milieu de deux femmes , ayant un arc en chaque
main , Se les femmes de la même forte, chacune au mi-
lieu de deux hommes , avec auflî un arc en chaque main :
ainfi ils fe joignent de telle forte par le moyen de ces arcs,
qu'il ne femble pas qu'il fuit aifé de les féparer. Les hom-
mes & les femmes pourfuivent ainfi leur danfe , Se entre-
croifant leurs mains , ils s'entremêlent fous ces arcs, après
quoi ils fe développent , Se fe trouvent divifés en deux
troupes comme auparavant. Simler, veut que ce foit la
Ningum de l'itinéraire d'Antonin. ( a ) Magin , Carte de
l'Iftrie. ( b ) Cor. Did. Manzol, Iftrie,
MUG1LLANI. Voyez Mœguani.
MUG1LONES, peuples de la Germanie, que Ma-
robodus avoit fubjugués , félon Strabon. Lazius dit
qu'ils habitoient dansl'Autriche , fur les bords du torrent
Muhei.
MUGLITS, ville de la Moravie, près de Hanftatt,
Se de la rivière Morawa , entre Tribau Se Neuftadtr. Du
tems que Ziska , général des Huflites , la prit , favoir en
1413 , elle étoit bien fortifiée , félon la manière qui étoit
alors en ufage. * Zeyler , Topogr. Moravia;.
MUGLYN , montagne de la Chine , peu éloignée de
la ville de Nanhiung. Voyez. Muilin.
MUGRON, ville de France, dans la Gascogne, éle-
ction de Lannes. Elle eft fituée fur la pente d'une mon-
tagne , dans l'archiprêtré de Chalotfe , l'un des fix de l'é-
vêché d'Aire. Cette ville eft la dernière de ce diocèfe du
côd
MUH
MUH
• côté de celui d'Acqs. On y charge quantité de vins du
pays.
MUGUAS , lieu de laNumidie. C'étoit un fauxbourg
delà ville, nommé Cnirtenfu colonia , félon Ufuard dans
la vie de S. Marian. * Ortelii Thefaur.
MUH ALLAC A , ville de l'Egypte, fur le bord du Nil.
Il y a, dit Marmol , Dejcription de L' Egypte , /. u.c. 27.
de bons logis , Se des bârimens anciens , avec une belle
mosquée fur le bord du fleuve. Tous les environs font
pleins de palmiers Se de figuiers d'Egypte. La ville elt pe-
tite , & l'on y vit comme au Caire. Il pourroit fe fai-
re que cette ville feroit aujourd'hui un lieu des Cas-
fr-Iflcemma , où le pere Vanslcb, Relation d'Egypte ,p.
237 , dit qu'il vifita l'églife de Muallaca. C'elt , ajou-
te t-il , une églife fort ancienne, magnifique , très-claire,
& la plus belle que tous les Coptes ayent dans toute
l'Egypte. Elle cllpatriarchale , Se c'ell où le patriarche
célèbre fa première meffe pontificale. Les Coptes l'ont
achetée d Amru-ibn-il A Çs . On en voit le contrat écrit
fur les murailles de l'églife , de la propre main de ce
prince, & où il maudit tous les Mahométans qui la
leur voudront ravir. 11 y a dans cette églife ,cinq heikels
ou chapelles de rang , mais féparées l'une de l'autre par
des petits treillis de bois , de forte qu'on y peut dire cinq
à fix melTes à la fois, fans que les prêtres s'interrompent
les uns les autres. A l'entrée de l'églife, oh voit fur une
des colomnes à main droite , une petite image de la Ste
Vierge, que les Coptes difent avoir parlé à Ephrem ,
un de leurs patriarches : elle le confola , lorsqu'il étoit
fort affligé de ce que Mecz.-le-din-alla , calife de ce tems,
lui avoit commandé de transporter la montagne , nom-
mée Gahel-'d wtocattam , qui eit derrière le château du
Caire, d'un lieu à un autre. Le calife vouloit qu'E-
phrem opérât ce miracle en preuve de fa religion, fon-
dée ùir les paroles du Sauveur , M<itth. 17. 29. qui dit ;
Si vous aviez, de la foi comme un grain de fénevé ,vour
diriez, à cette montagne : Transportes-toi d'ici là , & elle
s'y tramporteroit. En même tems il ménaçoit le patriar-
che , s'il ne transportoit pas la montagne , de détruire en-
tièrement fa nation , comme des gens qui profefTent une
faillie religion, &qui ne méritoient pas de vivre parmi
les mahométans, qui étoient fidèles. La ttadition veut que
cette image afîura Ephrem qu'il transporte! oit la mon-
tagne , en dépit des Juifs, qui avoient irrité le calife , con-
tres les Chrétiens. C'ell de-la que vient la vénération pour
cette image.
MUHAVEL, petite ville de l'Iraque Arabe, à deux
lieues de Bagdac , & à l'occident de cette ville. Elle eu:
fituée fur la rivière ou canal dlilTa ; fes jardins s'éten-
dent jusqu'à Bagdar. Il y avoit autrefois un cabinet d'une
beaiué fans égale : l'on en voit encore les vertiges. * Ma-
mtfcrits de la Bibliothèque du Roy.
MUHAYSIRA, ville d'Egypte , fur le bord du Nil ,
fclon Marmol , Egypte l. 11. c. 29. qui ajoute qu'elle eit
petite , Se qu'e'lle a été bâtie depuis le Caire , dont elle elt
éloignée de dix lieues. On y recueille quantité de fefames,
don» on fait de l'huile , & il y a pour cet effet plufieurs
moulins. La plupart des habitans font laboureurs Se gens
de campagne : il y a pourtant parmi eux quelques arti-
fans cv quelques merciers. Je n'oferois alTurer que cette
ville eût aujourd'hui le même nom, ni même qu'elle fub-
fiftât ; je n'en trouve aucune trace dans les voyageurs , ni
dans les cartes modernes.
1. MUHLBERG, queCorneille ,Dicl. écrit Milberg
par corruption. C'elt le nom d'un château d'Allemagne
dans la Suabe, au marquilat de Bade-Douvlac , fur un
petit ruifleau qui fe jette dans le Rhin. Il appartient au
marquis de Dourlac Les mémoires & plans géographi-
ques difent que ce château eft joli , & bâti dans un bourg
fermé de paliflades. * Ja'illvt , Carte de la Suabe.
2. MUHLBERG , ville & bailliage d'Allemagne dans
la Misnie fur l'Elbe, dans les Etats de l'Electeur de Saxe.
Elle elt proche de la forêt appcllée Rédciwac. La ville
elt compofée de deux parties , dans l'une desquelles elt
la paroilîe , Se dans l'autre le monaltere , où étoit autre-
fois des religieufes nobles. 11 y a un ancien château , que
l'électeur Augufte a fait fort bien réparer. Ce Domaine
avoit été cédé aux électeurs de Saxe , en même tems que
le châreau de Dreskau , iu-defTous de Muhlberg , par les
évêques de MeilTen. Ce fut près de cette petite ville , que
43 3
l'électeur Jean- Frédéric de Saxe fut fait prilonniei en
J547- * Zeyler , Top. fup. Saxon.
3. MUHLBERG , château S: bourg d'Allemagne ,
en Thuringe , fur les confins du comté de Gleichen. Ce-
toit autrefois aulfi un comté ; mais la race de fes comtes,
du nom de Muhlberg ,s'écant éteinte , ce lieu pafia fous
la puifiance des landgraves de Thuringe , enfuite fous
celle des électeurs de Cologne , Se enfin fous celle de la
ville d'Erfurr. Au relte ce bourg a donné à l'Allemagne
plufieurs favans hommes , entre autres ceux qui font
connus fous les noms de Adam Urfinus , mathémati-
cien , Vgndelinus Hellb.tchius, Se Simon Heringus , Sec
MUHLDORFF, ville d'Allemagne, au cercle de
Bavière , dans l'archevêché de Saltzbourg , à un mille
du vieux Octingen , fur la riv_e gauche de l'Itin. Elle elt
devenue fameule par la bataille qui lé donna fur fon ter-
ritoire entre les empereurs Louis de Bavière Se Frédéric
d'Autrjcheen 1322 , Se dans laquelle ce dernier fut fait
prifonnier. En 1248 , les év^ies de la Bavière y tinrent
un fynode. * ZcyUr , Toj fer.
1. MUHLHAUSEN, ville" impériale d'Allemagne,
dans la Thuringe , fur la rivière d'Unltruth , vers la
Hefî'e , à cinq milles de Nordhaufen. Nonobftant cette
pofition , elle eft rangée parmi les villes de la BafTe-Saxe,
Son mois romain limple eft de quarante hommes d'in-
fanterie , ou de cent foixante florins. Le rerroir qui
l'environne elt fort fertile, Se l'Unltruth, qui la baigne,
lui apporte une infinité d'avantages , aufli a-t-elle été
comptée parmi les villes anféatiques. Elle a néan-
moins efl'uyé en divers teins de grandes calamités.
En 1 1 8 1 , Henri , dit le Lion , duc de Saxe , l'ayant prife
d'aflaut , y fit mettre le feu , Se la réduifit presque toute
en cendres. En 1366, un furieux tremblement de terre
en renverfa une grande partie , Se enfevelit fous fes rui-
nes beaucoup d'habitans. En 1442, un incendie , caufé
par accident , ne lui fut pas moins funelte ; le ravage
qu'il y fit fut fi grand , que l'efpace , depuis la porte de
Notre-Dame jusqu'à celle qui eft appellée la porte
d'Erfurt , fut dégarni de mailbns. En 1 y 1 j- , où la ré-
volte des payfans donna de l'occupation à plufieurs prin-
ces Se villes d'Allemagne , l'électeur de Saxe Se le land-
grave de HclTe afliégerent Muhlhuifen , dont ces
payfans s'étoient emparés. Dans les guerres qui ont
précédé la paix de 'Weltphalie , elle afouffert beaucoup
de la part de tous les partis , qui , tour à tour , la met-
toient à contribution ou la ravageoient. * Zeyler , Top,
fup. Saxon.
2. MUHLHAUSEN , petite ville d'Allemagne *
dans la Pomerelle , fur la Schone, entre Elbing & Mel-
fack , Se près de la ville de Holland. Elle a été bâtie en
1 3 j6 , & appartient au roi de PrulTe. * Zeyler , Top.
PmfT. Se Pomerel.
3. MUHLHAUSEN , ou Muhlhouse , ville libre ,
alliée des SuilTes , enclavée dans l'Alface , à quatre ou
cinq lieues de Bafle. Elle eft fituée dans une belle cam-
pagne , fertile en bled , en fruits Se en vin. Elle elt
grande, bien bâtie Se bien peuplée , ornée de plufieurs
églilés Se d'autres beaux édifices publics & particuliers.
On croit qu'elle elt X Arialbinum des anciens , puisque
l'itinéraire d'Antonin met une ville de ce nom entre Au~
gufla Rauracorum qui eft Auglt , Se \}runc& , que les
uns prennent . pour Enfisheim. Cellarius rejette cette
opinion, parce qu'il étoit impofiible qu' 'Arialbinum put
être aufli éloignée du Rhin que Muhlhaufen qui en eit
après de quatre lieues. D'ailleurs cette route paflant en-
tre la Hart Se le Rhin , comme le village de Kembs le
prouve, il n'étoit pas naturel qu'elle duc retourner au-
delàde la Hart, où Muhlhaufen eft fituée , par rapport
au Rhin.
De Longuerue ne lui donne pas cette ancienneté.
Les empereurs , dit-il, l'ayant bâtie fur les fonds de leur
domaine , elle a été une des plus anciennes villes impé-
riales , obéiflarit aux préfets établis par les empereurs
dans l'Alface. Son nom de Muhlhoufe lui vient de la
quantité de moulins qui s'y trouvent: car elle eft dans
une fituation fort propre pour cela , entre la rivière d'Ill
& deux autres petites , qui l'enferment comme une ifle ,Se
lui fervent de fofTés^de forte que de quelque côté qu'on
y entre , on rencontre trois fofTés , Se en quelques en-
droits quatre, que l'on pafie fur autant de ponts. Ces
Tcm. IV. Iii
MUI
434
folles fervent de défenfes à la ville , Se lui fouiniflent
en même-tems de bon poiflbn , Se particulièrement des
carpes. Muhlhoufe a beaucoup fourrerr durant les brouil-
leries des empereurs avec les papes. Elle fut toujours
fidèle aux empereurs , & par-là s'attira la haine des ec-
cléfiaftiques & de la noblefle du voifinage. L'an 1 246 ,
les partifans de l'empereur Frédéric II , ayant perdu une
bataille contre Berchtold de Teck , évéque de Stras-
bourg , Se fes adhérais , la ville de Muhlhoufe , qui
étoit du nombre des premiers , quoique fous la juris-
diérion de l'évêque de Stralbourg , fut fort maltraitée >
jusqu'à ce que- quinze ans après » Rodolphe de Hab-
fbourg la délivra du joug de l'évêque , Se prit , avec
le fecours des bourgeois > la fortereffe que l'évêque y
avoir , Se la démolie , n'y laifiant que deux tours qui
fubfiftent encore. Ce prince ayant été , douze ans après,
élevé à l'empire , il récompenfa la fidélité que cette
ville avoit eue pour les empereurs , Se la rendit. ville li-
bre Se impériale , lui dçuinant divers privilèges. L'an
1347, l'empereur Cha;?^ IV lui en donna encore de
nouveaux , permettant aux bourgeois de choifir eux-
mêmes leurs chefs. Ils font partagés en fix tribus , dont
chacune a deux maîtres ou chefs particuliers, & donne
encore deux autres confeillers , qui compofent enfem-
b!e un corps de vingt-quatre perfonnes. Le chef géné-
ral de la ville a le titre de bourguemaîrre , Se il y en
a ordinairement trois , & quelquefois quatre, qui y pré-
sident tour-à-tour , chacun durant une demi-année.
Cette ville, Se les autres qui étoient impériales, fouf-
frirent beaucoup des landgraves , des avoués & des pré-
fets d'Alface , fans néanmoins perdre la prérogative de
villes impériales. Enfin ceux de Muhlhoufe craignant
pour leur liberté , à canfe que la noblefle voifine les
harceloit continuellement , firent alliance avec les Suis-
fes. Elle s'allia premièrement avec Berne Se Soleurre
l'an 1466, pour l'espace de vingt-cinq ans, à l'occa-
fion des infultes ôc des hoftilités qu'elle avoit perpé-
tuellement à effuyer de la part de la noblefle Autri-
chienne. L'an 1506 , elle s'allia encore avec Bafle pour
vingt ans. Et comme elle avoit toujours marqué beau-
coup d'affection Se de fidélité aux Cantons , elle fut
reçue de tous dans une alliance étroite & perpétuelle ,
& incorporée par-là dans le corps Helvétique; enverru
de quoi elle a toujours joui de l'avantage de la neutra-
lité Se de la paix , au milieu des guerres presque per-
pétuelles qu'il y a eu depuis deux cens ans entre les
empereurs d'Allemagne Se les rois de France. Elle a vu
tous fes environs expofés aux horreurs de la guerre ,
pendant qu'elle jouifloit du repos , à caufe de fon allian-
ce avec les Suiffes. Il arriva un jour à M. de Tu-
renne de livrer bataille aux Allemans presque fous le
canon de Muhlhoufe, Les Allemans furent battus, Se
plufieurs centaines d'entre eux fe fauverenr à Muhl-
houfe Se dans fes terres. Ce prince , quoique vainqueur ,
refpecta les frontières de cette petite république , ôc
fe contenta de porter des gardes à toutes les avenues
pour attraper les fugitifs.
La petite république de Muhlhaufen poflede un pé-
rit territoire , compofé des bourgs Se paroifles de Mont-
heim , Iltzach,Sawisheim , Ôc quelques autres de moin-
dre conféquence.
MUI, ville de la Chine, dans le province de Xenfi ,
au département de Fungciang , féconde métropole de
la province. Elle eft de neuf degrés neuf minutes plus
occidentale que Péking , fous les trente-cinq degrés
cinquante-neuf minutes de latitude. * Atlas Sinetîfls.
MUJAC , royaume d'Afrique , dans la Nigririe. Il a
au nord les royaumes de Courourfa ôc de Gorham;
à l'orient , les états du roi de Gingiro -, au midi , le royau-
me de Biafara ; Se à l'occident , les royaumes d'iftanna
& de Banin. Il fe pourroit faire que le royaume de Mu-
jac ne feroit que la parrie Septentrionale du royaume
de Biafara, ou que ce dernier feroit la partie méri-
dionale du premier : du moins ne connoît-on pas les
bornes qui les féparenr. * De l'ifle , Atlas.
MUICHEU, ville de la Chine, dans la province de
Suchuen , où elle a le rang de féconde grande cité. Elle
eft de douze degrés quarante deux, minutes plus occi-
dentale que Péking , fous les trente degrés dix-huit mi
mues de latitude , & au midi de Chingcu , première
MUL
métropole de la province. Tout fon territoire eft en-
touré des deux bras de la rivière Kiang, Se la ville eft
fituée au milieu du lac Hoan , qui lui fert de foflès ,
ôc fur lequel il y a quelques ponts de pierres qui don-
nent la communication avec la campagne. On y compte
quatre grands temples. Elle a dans fa dépendance quatre
cités :
Muicheu , Pengxan , Tahlcng , Cingxen.
* Atlas Sinenfis.
MUIHOA , fortereffe de la Chine , dans la provin-
ce de Fokien. Elle eft de trois degrés vingt-une minu-
tes plus orientale que Péking , fous les vingt-cinq de-
grés cinquante-deux minutes de latit.
MUILIN , montagne de la Chine , dans la province
de Quangtung > auprès de la ville de Nanhiung. Cette
montagne étoit autrefois escarpée Se difficile à palier. Un
gouverneur , nommé Changkieuling , la fit applanir. Le
travail étoit immenfe. En reconnoiflance les habitans
du pays ont bâti en fon honneur fur cette montagne un
temple , auquel ils ont donné le nom d'iunfung.
MUJU, rivière de l'Amérique méridionale , dans la
capitainerie de Para. Elle prend fa fource au fud , ôc va
fe jetrer dans le canal qui fépare la terre ferme du Pa-
ra de l'ifle des Joanes , à l'endroit où eft placée la ville
de Para. Cette rivière, deux lieues dans les terres ,aété
trouvée large de 749 toiles. * Voyage en Amérique ,
par de la Gmdanwie.
MU LA , ville d'Espagne , au royaume de Murcie.
Cette ville, fituée dans une plaine très fertile, eft d'ail-
leurs très-peu confidérable. * Délices d'Espagne , pag.
54Z. *
MULBRACHT , petit bourg d'Allemagne, au duché
de Julicrs. 11 a l'avantage d'avoir été la patrie d'Henri
Golrz ou Goltzius , qui naquit en 1 jj 8. 11 étoit fils de
Jean Golrz, renommé par fon habileté à peindre fur
le verre, Se peignoit lui même fort bien -, mais il s'eft
rendu particulièrement célèbre par les chofes qu'il a
delfmées à la plume, Se qu'il a gravées enfuite au bu-
rin. En 1 59 1 , il fit un voyage en Italie , & pendant le
tems qu'il s'arrêta à Naples Se a Venife , il deflîna quan-
tité d'excellens ouvrages de peinture , qu'il grava lors-
qu'il fut de retour en Allemagne. Il mourut en
1617.
MULCETO, abbaye d'hommes , ordre de Cîteaux,
en Italie, dans le diocèfede Pife. ■
MULCIEN ou Multien , pays de France, dans le
gouvernement de l'ifle de France , autour de la ville de
Meaux, en latin Meldiciamtm ou Pagus Mtldecianus.
Il eft parlé de ce pays dans la légende de faint Ours , évé-
que de Meaux , au cinquième fiécle , & dans celle de
faint Patu , chanoine de Meaux , au huitième fiécle. On
ne connoît guère aujourd'hui les bornes de ce pays.
MULDAU , rivière de Bohême : elle a 'fa fource dans
les montagnes qui féparent la Bohême du duché de Ba-
vière , au midi occidental de Prachachatiz. Depuis fa
fource jusqu'à Rofenberg , elle coule du nord-oueft au
fud-oueft : près de Rofenberg elle fait un coude, & prend
fon cours du nord au midi , en ferpentant , & , après
avoir baigné Budweifs , Teyn & Prague , elle va fe
perdre dans l'Elbe , un peu au-deflus de Mclnick. Dans
fon cours elle reçoit les rivières de Lausnick , d. de
Blanitz , g. de Sazawa , d. & de Cadburz. g. * Jaillot,
Atlas.
MULDE , rivière d'Allemagne : elle a fa fource dans
la partie méridionale de la Misnie, paffe à Zwikaw ,
Se , après avoir grofli fes eaux de celles de la Multe ,
elle va fe rendre dans l'Elbe auprès de la ville de
Deflaw.
MULDOBLACFIIENSIS , fiége épi copal , dans la
Theffalie. Dàmianus , fon évêque , fouferivit au con-
cile de Ferrare, tenu l'an 1438.
MULDORFF. Voyez. Muhldorff.
MULDOW , rivière de l'empire Rufiien. C'eft la mê-
me que la N.irva , ou Welikirzeka , noms qu'elle prend
dans fa courfe. Voyez, ces mots.
MULEBEKG. Voyez Muhlberg.
MULE DE GALLOWAY-, ou Bec de Gallo-
way , promontoire d'Eçoffe , dans la partie méridioi
MUL
MUL
nale de la province de Galloway , qui lui donne fon
nom : il s'avance confidérablement dans la mer d'Ir-
lande.
MULE DE KINTYR , on Cap de Kintyr, pro-
montoire d'Ecoffe , dans la partie méridionale de la
province de Kintyr, qui lui donne fon nom: il s'avance
beaucoup dans la mer d'hlande.
MULELACHA , ville de la Mauritanie Tingirane ,
fur un promontoire qui avance dans l'Océan Atlan-
tique, félon Ortelius, Tbefaur. qui cite Pline, /. i. c.
I. Cependant Pline ne dit pas absolument que Mide-
lacba foit le nom de la ville; il dit feulement, Oppi-
dum in \romomorio Miilelacha. Ortelius , Tbefaur. croit
que c'eft la Mulucha de Florus. Voyez. Mulucha.
MULHEIM ou Monheim , petite ville d'Allema-
gne , proche du Rhin , dans 1 électoral de Cologne , en-
viion à une lieue au-deffous de cette dernière ville. *
Jaillot, Atlas.
MULHOUSEN. Voyez. Muhlhausen jk
MULIADAS. Voyez. Monda.
MULIARA. Voyez. Miliare.
MULIENS1S , liège épiscopal d'Afrique , dans la Nu-
midie. La notice épiscopale, n°. 109. met dans cette
province Peregrvnui Mulienfis, C'eit ainfi qu'ont lu Or-
telius & l'auteur de la géographie facrée, qui eft de-
vant les œuvres de faint Optât , édition de Dupiti. L'é-
dition de Schelltrate porte Maliensis.
MULIERUM POKTUS. Voyez. Senum Portus.
MULINGEN , château d'Allemagne , dans le duché
de Magdebourg, entre Barbi Se Stafsfurr. Jean Poma-
rius , dans fa chronique de Magdebourg , écrit que Bur-
chard de Schraplau , vingt neuvième archevêque de
Magdebourg, prit & démenrela Mulingcn en 131 81 En-
fuite Albrecht , comte de Barbi , le rebâtit , le fortifia &
le rendit beaucoup plus beau qu'il n'étoit , en quoi il
fut aidé par les habitans mêmes de Magdebourg , qui
étoient bien aifes de chagriner leur prélat. En 1632,
les Impériaux , commandes parlecomte de Pappenheim ,
attaquèrent ,1e jour des Rois , la rnaifon ou le château de
Mulingen Se les deux villages qui en dépendent , pillè-
rent Se faccagerent tout, fans épargner l'églife, vio-
lèrent de jeunes filles de huit à neuf ans , & de vieil-
les femmes de foixante Se dix ans. Mulingen eft de la
dépendance de la principauté d'Anhalt. C'eft la bran-
che de 7erbft qui le poflede aujourd'hui. * Zeyler ,
Super. Saxon. Topogr. p. 16.
MULL, ifle de la mer d'Ecoffe, l'une des Wefter-
nes , près du continent de Lochabar Se Lom. Sa lon-
gueur ell de vingt-quatre milles Se fa largeur à peu
près égale. On y trouve deux paroifies. Elle abonde en
orge Se en avoine , en bétail, en bêtes fauves, en vo-
laille Se en gibier. Les chevaux de cette ifle font pe-
tits , mais vifs. La chair du bétail y ell très-bonne.
Il y a ourre cela de fort beaux faucons. Les lacs Se les
rivières auifi-bicn que la mer foui ni fient quantité de
poiffons. Dans les lacs il y a fur-tout beaucoup de truites
& d'anguilles , Se dans les rivières beaucoup de fau-
mons. La baie de Leffan ell pleine de harengs & de
poiffons à coquille. Le duc d-Argile eft feigneur de cette
ifle. * Etat préfent de la Grande Bretagne , tom. 2.
pag. 284.
MULLICIENSIS, contrée dont parle Hygin , fans
dire en quel pays elle étoit. Voici le paffage : In Prœ-
fetluris Mullicienfis & Turgallienfts regionum Dccu-
mini habent ailus viginti , Kardines atltts quadragintA.
A la marge on lit : Multicenfis. Ortelius, Tbefaur.
foupçonne que cette contrée pourroit être en Espagne.
* De Limitib. p. ijj-.
MULLITANUS ou Mullitensis , fiége épiscopal
d'Afrique , dans la province Proconfulaire , fuivant la
notice épiscopale , où Libérarus ell qualifié episcopus
Midl'.tanus. Candorius eft nommé episcopus plcbis Mul-
litana dans la conférence de Cartilage, n°. 133. &
Segetius , episcopus plebis Mullitana. , (ouferivit au con-
cile de Carthage en 525.
MULLON , rivière d'Espagne , félon Corneille,
Di:L qui dit qu'elle coule dans l'Afturie , Se va fe dé-
charger dans la mer de Biscaye. 11 ne cite aucun ga-
lant.
43/
MULONA, ville d'Ethiopie. Pline, /. b.c. 19. dit
que les Grecs nommoient cette ville Hypaton.
1. MULTAN , royaume , ou plutôt province des In-
des , dans les états du grand Mogol. Elle comprend le.
Bucor, Se a vers le midi la province de Sinde , vers le
nord celle de Caboul , a l'occident la Perfe & à l'orient
la province de Lahor. Elle eft arrofée de plufieurs ri-
vières qui la rendent fertile. Cette province produit
quantité de coton dont on fabrique une quantité prodi-
gieufe de toiles : elle fournit du fucre , de l'opium , du
foufre, de la noix de gale Se beaucoup de chameaux
qu'on transporte en Perfe par Gazna & Candahar , ou
dans les Indes mêmes par Lahor. Cependant le perc
Catrou , dans fon hiftoire du Mogol , p. 361. dit que
le royaume de Multan ne fournit guère au commerce
que quelques chevaux Se des chameaux fans poil : il
ajoute, p. 369. que les quatorze Sarcas du même royau-
me, partages en quatre-vingt-feize Parganas , ne donnent
à l'empereur que cinquante laqs Se vingt-cinq mille
roupies. Suivant Thevenot , qc que le grand Mogol re-
çoit par an de cette provirite , va à dix-fept millions
cinq cens mille livres. * Tbevenot , Voyage des Indes ,
1. 1. c. 32.
2. MULTAN ou Molton, ville des Indes, dans
les états du Mogol , Se la capitale du royaume ou de
la province de même nom. Le pereCatrou la place par
les 33 deg. 40 min. de latit. Se par les 1 15 deg. 20
min. de longir. Thevenot , Voyage des Indes , /. 1 . c:
32. dit: La ville de Multan eft attribuée au Sinde par
quelques géographes , quoiqu'elle foit la capitale d'une
province particulière: elle eft fituée au 29 deg. 40 min.
de Luit. , Se a dans fa dépendance plufieurs villes,
comme Cozdar ou Cordar , Candavil , Sandur & au-
tres. Elle fournit à l'Indouftan les plus beaux arcs qui
s'y voient , Se les plus adroits baladins. La plupart des
habitans font Mahométans. Il y a cependant beaucoup
de Banians: car Multan ell leur principal rendez-vous
pour négocier en Perfe, où ils font ce que les Juifs
font ailleurs ; mais ils font bien plus adroits que ces
derniers : car rien ne leur échappe , Se ils ne négligent
aucune occafjon de gagner , quelque petite qu'elle foit.
Voyez. Banians. Il y a encore à Multan une autre forte
de Gentils qu'on appelle Catri ou Raspoutes. Cette
ville eft proprement leur pays , & c'eft de là qu'ils for-
tent pour fe répandre dans toutes les Indes. Ils for-
ment la féconde tribu ou caile des Indiens. Ils font
profcflîon des armes , parce qu'ils prétendent être
descendus des princes Gentils. Ce n'eft pas qu'il ne
s'en trouve de marchands Se même de tiflerans ; mais
ils font méprifés dans la tribu Se paffent pour des gens
lâches & fans honneur. Ces peuples Gentils ont une
pagode fameufe à Multan. On y vient en pèlerinage
de tous les endroits de la province de Lahor Se de quel-
ques autres pays. L'idole qu'on y révère a la face noire ,
Se eft vêtue de cuir rouge : elle a deux perles a la place
des yeux, & l'émir, ou gouverneur du pays, prend les of-
frandes qu'on fait à cette idole;
Pour une capirale , la ville de Multan a peu d'éten-
due; mais elle eft aflez bien fortifiée , Se c'eft une pîace
de grande importance pour le Mogol , lorsque les Pcr-
fans font maîtres de Candahar. Multan étoit autrefois
très-marchande; les marchandises dt:,cendoient à peu de
frais à Tatta par l'Indus , où les marchands de divers
royaumes les venoientenlever;mais comme préfentement
les vaifleaux n'y peuvent aller , parce que le lit de ce
fleuve eft gâté en différens endroits , Se l'embou-
chure fort enfablée , le trafic eft beaucoup diminué ,
parce que les frais des voitures par terre font trop
grands.
MULTE , rivière d' A llemagne , dans la Haute Saxe
(a). Elle a fa fource aux confins de la Bohême , na-
verfela Misnie, où , après s'être accrue des eaux de la
rivière de Schop , elle va fe jetter dans la Mulde , un
peu au-deffus de Grimm (b). Zeyler nomme cette ri-
vière Middœ, comme celle dans laquelle elle a fon em-
bouchure, (a) Jaillot, Atlas, (b) Zeyler, Carte de M
Haute Saxe.
MULTIEN. Voyez. Mulcien.
MULTZIG, ville de France, dans la Baffe Alhce ,
bailliage de Multzig,
Torn. IV. Iii ij
MUN
436
MU LUC AN ( a ) , rivière d'Afrique, au royaume de
Fez. Elle a fa fource au pied du mont Atlas , à fix ou
fept milles de Garviluyin, ville de la province de Chaus ,
& traverfant les défères de cette province , d'Anguet
& de Garet , elle fe rend (b) au pied de la montagne
des Benizenetes pour fe jetter enfuite dans la mer Mé-
diterranée , proche de la ville de Caçaca. Le géogra-
phe Zwart , dans fa defeription de l'Afrique , dit que
les Maures donnent le nom de Muzenar à cette rivière.
Voyez. Muluya. (a) Marmot, Defeription du royau-
me de Fez , 1. 4. c. 96. & 98. ( b ) Dapper , Royaume
de Fez , p. 140.
MULUCHA, ville d'Afrique , dans la Mauritanie:
Florus, /. \.c. 1. dit qu'elle étoit élevée fur la cime
d'un rocher. Ortelius croit qu'elle pouvoir être bâtie au
bord du fleuve Mulucha , & que ce doit être la ville
que Ptolomée nomme Molocatb. Voyez. Molocath &
Mulelacha. Mais fi Mulucha étoit la même que Mu-
lelacha , comment auroit-elle pu être au bord du fleuve
Mulucha , cV en même 4ems fur un promontoire qui
avançoit dans la mer Atlantique î
MULUYA , rivière d'Afrique , félon de l'Ifle , Atlas.
C'eft le nom moderne de la rivière que les anciens ont
nommée Malva , Molochath & Malvana. Voyez.
ces mots. C'eft auiîi la même rivière que Marmol &
Dapper appellent Mulucan, quoiqu'ils femblent en faire
deux.
MUM , ifle de la mer d'Ecoffe , au midi de celle de
Skie. Elle eft mife au nombre des ifles du fécond rang.
Sa longueur eft d'environ cinq milles. Elle eft monta-
gneufe & peu habitée. Ses côtes font la partie la plus
fertile. On pêche beaucoup de faumons dans fes rivières,
& fes montagnes abondent en bêtes fauves. 11 y a
auffi dans cette ifle grand nombre d'oifeaux de terre de
de mer. * Etat préfent de La Grande Bretagne , t. 2. p.
288.
MUNATII , ou L. Munatii Planct Mausoleum ;
lieu d'Italie, dans le Latium , fur le promontoire de
Cayete. Ortelius, Tbefaur. qui cite Pighius, in Her-
cule Prodicio , dit que c'eft aujourd'hui Torre de Or-
lando.
MUNCHE-NEUBOURG , petite ville d'Allemagne ,
au cercle de la haute Saxe , fur la Bude, qui va fe jetter
un peu au-deffous de-là dans la Saal. Elle appartient aux
princes d'Anhalt-Cothen. Ge le nius , dans fon livre inti-
tulé de magnitudïne colon'u Agr'ipp. rapporte que faint
Geron, archevêquedeCologne, fondaconjointement avec
Tiedmar , fon frère , margrave deBernbourg, en l'hon-
neur de la Ste Vierge & de faint Cyprien , martyr , le
monaftere ou abbaye , qui en latin fut nommé Novum
C tftrum , & dans la langue du pays Muncben-Neuen-
bourg. Pomarius , dans fa chronique de Magdebourg ,
dit que ce lieu devint une dépendance de l'aichevêché de
Magdebourg fous Wicbman , feiziéme archevêque „ &
qu'il fut ruiné fous Hildebrand , qui fut le vingtième.
Néanmoins d'autres femblent penfer que ce domaine
n'eft jamais forti de la maifon des princes d'Anhalc. *
Zeyler, Top. fup. Saxon.
MUNCHROTT ou Munerod , bourg d'Allemagne ,
dans la Suabe , entre Memmingen & Biberach fur le
Rott : il y a une abbaye d'hommes , ordre de Prémontré.
De l'Ifle , Carte de la Suabe , marque bien l'abbaye ,
mais fans y mettre ni bourg , ni village. Zeyler , Sue-
via Topogr. p. 1 6. qui nomme l'abbaye à l'occafion de
Biberach , ne dit rien de plus. C'eft Baudrand qui y met
le bourg.
1. MUNDA , ville d'Espagne, au royaume de Grena-
de, à cinq lieues de Malaga, au-deffous de la fource
du Guadalquivirejo, au couchant deSettenil. Cette petite
ville eft fort ancienne. Céfar y vainquit les fils de Pom-
pée dans une fanglante bataille. Il eft beaucoup parlé de
Munda dans l'hiftoire de cette guerre. Lucain,/. 1. v.
40. dit ,
Ultima funefla concurrant prm.Ua Munda.
Elle a retenu fon nom tout entier fans aucun chan-
gement ; mais elle n'a confervé ni fon ancienne grandeur,
ni fa dignité. Autrefois elle étoit la capitale delaTur-
detaine ; aujourd'hui ce n'eft plus qu'une petite ville.
MUN
Elle eft fituée fur le penchant d'une colline , au pied
de laquelle paffe la rivière : d'un côté fon terrein eft maré-
cageux i de l'autre c'eft une plaine agréable & fertile en
toutes choies. * Délices d'Espagne , p. 5 2 1.
2. MUNDA , rivière d'Espagne ; c'elt le nom ancien
de la rivière qu'on nomme aujourd'hui Mondego. Voyez.
ce mot.
MUNDAT , petit pays d'Alface , aux environs de
Rufach. Quelques-uns tirent fon nom de Mandatum,
parce que, difentils, le roi Dagobcrt en fit préfent à
Arbogafte, évêque de Strafbourg \ d'autres, de l'allemand
latinité Manthatum , du mot Manni , c'eft-à-dire des
vaffaux , des.gens qui tenoient des terres à la charge de
les cultiver & d'en reconnoître le domaine par des hom-
mages & des fervices , ou à caufe des franchifes 8c des
immunités dont les habitansde cette petite contrée fu-
rent gratifiés. Cette diverfité d'origines fait voir qu'on
ne fait point la véritable. Baudrand , édït. 1705. merle
Mundat dans la haute Alface , & dit qu'il eft partagé
en deux ; favoir le haut Mundat où elt Rafach , & le
bas Mundat qui elt plus près de Stralbourg. Us font
tous deux dans les terres de l'évêché de Stt afbourg & dans
la plaine d'Alface, le long du bord occidental du Rhin au-
deffous deBrifach. * Zeyler, Alfat. topog. p. 46.
MUNDELHEIM. Voyez. Mindelheim.
fMUNDEN. Quelques-uns prononcent & écrivent
Minden , ville d'Allemagne , au duché de Brunfwich-
Lunebourg, fituée dans une très-agréable vallée, où la
Verra, qui descend du comté de Henneberg , ôc la Ful-
da viennent joindre leurs eaux , & perdent leur nom par-
ticulier pour prendre en commun celui de Wefer , qui
apparemment eft le Vifurgis , fi fameux dans les hiitoires
anciennes. On ne fait pas trop en quel tems , ni par qui
elle a été fondée. Ce qui eft certain, c'eft que le duc
Otton , furnommé l'enfant , qui avo t été honoré en
125; , du titre de duc de Bruniwich & de Lunebourg ,
en obtint encore cette ville pour la tenir en fief de l'Em-
pire , & qu'alors elle portoit le nom de Gemùnden ,
que les embouchures des rivières qui la baignent lui
avoient procuré. Le beau château qu'on voit à un de fes
bouts a été bâti par le duc Eric le jeune , à la place d'un
autre très ancien, que le tems& les guerres avoient ache-
vé de ruiner. Cette ville étoit la réfidence la plus ordi-
naire du duc Guillaume , père d'Eric le Vieux , qui mou-
rut en 1540 , à la diète d'Haguenau. Aufli voit-on dans
la principale églife de ce lieu , qui eft dédiée à faint
Blaile , le tombeau de ce duc & de fa femme Catherine ,
née ducheffe de Saxe , & veuve de Sigismond , archiduc
d'Autriche. Les deux rivières dont nous avons parlé , for-
ment près de Munden quelques ifles fort agtéables , donc
une eft jointe à la ville par un pont de bois. Il y a fur
la Verra un autre pont de pierres à fept arches qui don-
ne entrée dans la ville. Les environs de Munden four-
nilTent des meules de moulin qui font fort eftimées pour
leur bonté , & qui caufent beaucoup de profit à cette
ville, d'où on lestransporte aifément en une infinité d'en-
droits par les facilités que donnent les deux rivières qui
s'y viennent joindre. On y. fait auffi une forte de bière
dont le trafic ne lui eft pas moins avantageux. * Zeyler ,
Top. Duc. Brunf. & Lun.
MUNDER , petite ville d'Allemagne , au duché de
Brunfwich-Lunebourg, dans l'enclave de la principauté
de Calenberg , fur la rivière de Hamel, enrre les trois
montagnes appellées Sonthal , Ofterberg , Diefier &lcs
bailliages de Coppenbrugge, de Springe & de Lackenau,
à deux lieues de la ville de Hameln. Elle eft ancienne :
il y a près de là un endroit en forme de camp , qu'on
dit avoir été celui des Saxons , auxquels Charlemagne
faifoit la guerre. Les évêques de Paderborn , de Min-
den , d'Osnabruck & le comte de la Lippe, ligués con-
tre les princes de Brunswich , l'affiégerent en 1483 , &
ne purent s'en rendre maîtres. Elle a fouffert beaucoup
dans les guerres qui précédèrent la paix de Weftphalie.
Il y a près de la ville une faline. * Zeyler , Topog. Bruis.
Ducatûs.
MUNDERKINGEN ou Mundrinchingen , ville
d'Allemagne , dans la Suabe, fur la rive méridionale
du Danube, à un mille d'Allemagne au-deffus de Ehing ,
&à quatre Se demi d'Ulm (*),affcz près de la Busch ,
MUN
MUN
château ficué fur une haute montagne : elle appar-
tient à h maifon d'Autriche. Cette petite ville a extrê-
mement fouffert durant la longue guerre d'Allemagne.
Ce fut à la vue de Mundetkingen (b)qac cinq nulle
chevaux des meilleures troupes de l'empereur, fous le
commandement du comte de la Tour, furent défaits
le 31 Juin 1703 par trois mille hommes decavalerie Se
d'infanterie que commandoit M. de Légal, détaché de l'ar-
mée de France .campée fur le Danube pour la défenfe
des états de l'électeur de Bavière. Les Impériaux per-
dirent quinze cens hommes tués ou noyés. Le prince
Chriftian d Hanover fut du nombre des derniers, (a)
Zeyler, Suevia; Topog. p. 57. (b) Mémoires du tans.
Corn. D'Ut.
MUND1 ou Mondi , port de l'Ethiopie, dans le
golfe Avalite. Ptolomée , /. 4. c. 7. le place entre le port
de Malao Se le promontoire Mofylon. Voyez. Mandi
&MANTINÉE.
MUND1RIS. Voyez. Modura.
MUNES , bois de France , dans la maîtrife de Mou-
lins : il eft de fept cens cinquante- iix arpens Se trois
quarts.
MUNFIA. Corneille, Ditl. dit : Ville ancienne dE-
gypte, qu'on appciloit autrefois Apollinis & Civitus mag-
na ; il cite Maty , qui avoir apparemment copie Bau-
drand j Se comme ce dernier , qui cite Léon d'Afrique ,
s'eft trompé en Liant Munfia pour Munfia , Corneille
& Maty font tombés dans la même faute. Voyez. Mun-
sia.
1. MUNG, montagne de la Chine , dans la province
de Suchuen , auprès de la ville de Mingxan. Cette mon-
tagne fe termine en cinq pointes élevées, fur la plus
haute desquelles oir cueille de la manne que les Chinois
appellent Pinglu , c'eft-à-dhe rofée congelée. * Atlas
Smenfis.
1. MUNG , montagne de la Chine, dans la provin-
ce de Kiangfi , au voifinage de la ville de Singu. Cette
montagne eft une des plus hautes ; cependant elle eft
dans fa plus grande partie couverte d'arbres , Se le refte
eft en terres labourables.
MUNG ASEJA, félonie Brun, Se Mangaseja , fé-
lon la nouvelle carte de la grande Ruflie , ville de l'em-
pire Ruffien , dans la partie feptentrionale delà Sibérie ,
fur la rivière de Tafs , quelques milles au-deffus de l'en-
droit où elle fe jette dans le golfe appelle Guba Tas-
faukoya. Le Brun qui met cette ville près de la rivière
Jénifia ou Jénifea , dit qu il s'y fait un grand négoce par
terre de toutes fortes de pelleteries , de naiwal Se de
dents de Mammut. 11 ajoute qu'on envoie tous les ans
de cette ville plufieurs barques à l'embouchure de la
rivière Jénifia Se fur les côtes de la mer , à la pêche
du narwal & des chiens marins , dont on tire un pro-
fit confidéiable. * Corneille le Brun, Voyage , p. 145.
MUNGCHING , ville de la Chine , dans la provin-
ce de Nanking , au département de Fungyang , féconde
métropole de la province. Elle eft de o deg. 3; min.
plus occidentale que Péking , fous les 3 4 deg. 12 min.
de latit. * Atlas Sinenfis.
MUNGÇU , ville de la Chine , dans la province
d'Iunnan , au département de Lingan , troifiéme métro-
pole de la province. Elle eft de 13 deg. §6 min. plus
occidentale que Péking, fous les 23 deg. 3; min. de
latitude.
MUNGHOA, ville de la Chine, dans la province
d'Iunnan , où elle a le rang de iixiéme métropole. Elle
eft de 16 deg. 38 min. plus occidentale que Péking,
fous les 25 deg. 23 min.de latit. Ce fut le roi Sinulo
qui fonda cette ville , & il la nomma Mungrœ. La fa-
mille Han l'attribua à la province d Yecheu. La famille
Juen lui donna le nom qu'elle porte aujourd'hui. 11 n'y
a que deux villes dans fon territoire.
Mungboa ,
Linglung.
1. MUNGLO. montagne de la Chine , dans la pro-
vince d'Iunnan, au voifinage de la fortereffe de Chelo.
Il y a dans cette montagne une fource dont les eaux
donnent fur le champ la mort aux hommes Se aux bêtes,
quelque peu qu'on en boive.
2. MUNGLO , montagne de la Chine , dans la pro-
437
vince d'Iunnan, au nord de la ville de Kmg.ung.
On compte qu'elle occupe un terrein de trois cens
ftades.
MUNGYANG , fortereffe de la Chine , dans la pro-
vince d'Iunnan , au département de Mien , autre foite-
reffe de la province. Elle eft de 19 deg. 4 min. plus
occidentale que Péking , fous les 23 deg. 17min.de
latitude.
MUNGYN , ville de la Chine", dans la province de
Channton , au département de Cincheu , quatrième
métropole de la province. Elle eft d'un deg. 27 min.
plus orientale que Péking, fous les 36 deg. 3 min. de latit.
*• Atlas Sinenfis.
MUNKERÉ , château d'Afie , fur le Tigre , du côté
de Vafet, félon Petis de la Croix , Hijtoire de Timur-Bec,
1. 3. c. 22.
MUNlA , Minie , ou Minio, ville d'Egypte , fur le
bord occidental du Nil. Dans les livres arabes elle eft
appellée Miniet-inbn-cba/Jit. C'eft une ancienne ville ,
grande & affez belle. Son antiquité paroît par fes mai-
fons Se par fes murs de vieille fabrique , Se par fes
rues étroites où deux hommes ont peine à paffer de
front. C'eft dans cette ville que l'on fait les bardaques
ou pots à l'eau fi eftimés au Caire pour leur agréable
façon , Se pour la qualité qu'ils ont de rafraîchir l'eau :
ils le font d'une certaine argille, qu'on prend à une jour-
née de là du côté du levant du Nil, dans un endroit
appelle Sciecbjadl, du nom d'un dévot Mahométan qui
y eft enterré. La ville de Munia eft des dépendances du
Cascie Flfk de Béhnefé. A une heure de chemin de Mu-
nia , en remontant le Nil, on découvre au haut de la
montagne qui eft à l'orient , les Grottes , qui font le com-
mencement de la baffe Thébaïde. Elles continuent tout
le long de cette montagne-jusqu'à Momfallot. Le père
Vanfleb dit quil en compte trente-quatre tout de rang;
mais que 1 entrée de la plupart étoit bouchée par la ter-
re qui étoit tombée d'enhaut. * Le P. Vanfleb , Relat.
d Egypte, p. 401.
MUNICH , ville d'Allemagne , en Bavière , dont elle
eft la capitale Se la réfidence ordinaire des électeurs ,
Su 48 deg. 2 min. de latit. & au 29 d. ij min. de long.
Les Allemands écrivent Montben , prononcez Moenken;
Bertius écrit Munchen, ce mot veut dire les Moines.
Les hiltoriens ne s'accordent pas fur l'origine de cette
ville. Celui qui a recueilli la chronique de Nuremberg
dit , que fous l'empire d'Othon I , qui commença de
régner en 972, Henri , duc de Brunvwich , ayant hérité
d'une partie de la Bavière qui étoit dévolue à fa mère,
Se réfidant au château de Vering , auprès d'une mé-
tairie de moines, y fit faire un pont Se un nouveau
partage fur l'Ifer , & par là donna lieu à y bâtir dans
la fuite une bourgade, qu'Erneft fils d'Henri obtint
d'Othon , qui étoit devenu fon beau-pere, en époufant la
veuve d Henri , fit de ce lieu une ville , à condition de '
faire une rente à l'évêque de Freifingen, pour le dé-
dommager des pertes qu'il fouffroit par ce changement
de chemin. Cet auteur ajoute que cette ville , dès fes
commencemens , s'accrut ainfi par le grand nombre
d'habitans qui vinrent s'y établir. Aventin , qui devoir
être plus au fait de ce qui regarde la Bavière , dont
il écrivoit l'hiftoire , /. 6. p. z6c). met la fondation de
cette ville plus tard. Il dit qu'Henri , duc de Saxe &
de Bavière , ayant fuivi Frédéric Barberouffe à fa Iixié-
me expédition contre le Milanez, Se étant de retour'
dans la haute Bavière , bâtit une petite ville au bord de
l'Ifer , en un lieu où étoit une métairie appartenante
à des moines du monaftere de Schaffelar ; qu'il l'appella
Munich, Monachium, Se qu'elle eft devenue la plus
célèbre des villes qui ne font point impériales. Il ajoute
que le village de Vering , Veringiorum Pagus , à cinq
milles au-deffous de Munich, étoit alors un bourg ap-
partenant à l'évêque de Freifingen : que c'étoit un lieu
fort marchand, où il.fe vendoit beaucoup de fel ,6c
qu'il y avoir un pont ; qu'Henri , duc de Bavière, attaqua
de nuit le lieu de Vering , le pilla , démolit le pont ,
brûla les maifons, transporta les falines Se ceux qui
commerçoient en fel , le pont Se la douane que l'on y
payoit , les transporta , dis- je , à Monachium , où il
voulut que l'on fît à l'avenir porter tout le fel qui au-
paravant fe portoit à l'autre endroit. Albert , évêque de
MUN
438
Freifingen , s'en plaignit à l'empereur. Jl y eut des décrets
donnés , le duc les méprifa tous , Se fut mis au ban de
l'Empire. Cela fut caufe qu'il perdit la Bavière qui fut
donnée à Othon , comte de Wuelfpach , Se la Saxe qui
pafia dans la maifon d'Anhalt.
Cette ville eft au milieu d'une plaine à cinq milles
d'Allemagne , de Freifingen , à huit d'Augfbourg , à
quinze de Ratifbonne. Corneille fe trompe quand il
dit que Munich fut bâtie des ruines du monaltere de
Schejiar : elle eft fïtuée au-deflbus de ce monaltere qui
fubfifte encore, i& s'appelle Schoefflarn ; niais, com-
me je l'ai remarqué, elle fut bâtie aux dépens de ce
monaftere , c'eft-à-dire fur fon terrein , où étoit une
métairie appartenante aux moines. Henri la commença
en 962 , Se Othon IV de Witelspach la fit ceindre de
murailles en 1 1 5-7. Elle a au couchant le Leck rivière
& la ville d'Augfbourg, vers l'orient l'Inn & Waffei bourg:
elle a Freifingen au nord & les Alpes du Tirol au mi-
di. Elle n'eft pas grande , Se fon circuit dans l'enceinte
même des remparts n'eft que de cinq cens pas, félon
Bettius. Mi iTon , Lettre 1 1 , dit que c'eft une belle ville ;
mais mal fortifiée. Hubner , Geogr. p. 402. difoitdans
le même fens en 17 15. Elle eft belle & Magnifiquement
bâtie , mais médiocrement fortifiée. Ochon und prach-
tig gebavet , aber maflig fortificiret.
Les principales églifes de la ville font Notre-Dame ,
où l'on voit dans le chœur le tombeau de l'empereur
Louis IV , ou Louis de Bavière. Il eft couché fous un
monument d'un ouvrage ancien Se peu confidérable ;
mais Maximilien , duc de Bavière » fuivant les ordres de
fon père Se de fon aïeul , l'a fait revêtir d'un beau tom-
beau de marbre noir avec les ornemens de bronze. Aux
quatre coins il y a quatre.Suiffes armés , un genou en
terre , tenant une lance à là main. Au milieu des côtés
de la longueur font les ftatues d'Alberr & de Guillau-
me de Bavière , père Se aïeul de Maximilien. Elles font
grandes comme nature, debout , Se le dos tourné contre
le tombeau. Sur les quatre coins de la corniche , il y
a huit anges & deux autres figures fur le dôme , fur le-
quel eft un couffin furmonté de la couronne impériale.
Toutes lesfeize figures, le couffin , la couronne & tous les
ornemens font de bronze. Derrière le grand autel de
cette églife , il y a une chapelle de la Vierge dont l'au-
tel eft d'ébéne, les bafes , chapiteaux, frifes des colom-
nes Se autres ornemens font d'yvoire (a). En entrant
dans cette églife par la grande porte , quand on a fait
dix ou douze pas, on voit une des pierres du pavé ,
fur laquelle on a gravé une double croix. On a remar-
qué que quand on eft debout en cet endroit , il fe fait
une telle rencontre dans la dispofition des piliers de
l'églife , qu'on ne peut appercevoir aucune fenêtre,
quoiqu'il y en ait beaucoup. L'églife des Augullinseft
ornée de tableaux fort eftimés (/?)• L'églife paroiffiale
de Saint Pierre , le couvent des Franciscains, des
Capucins , le couvent de Saint Jacques où font
des religieufes, l'églife de Saint Nicolas, celle de Saint
Scbaftien, la chapelle du même faint Se quelques autres
églifes de cette ville ont presque toutes quelque fingu-
laiité remarquable. L'églife Se le collège des Jéfuites
font un des principaux ornemens de Munich. Ce collè-
ge eft un magnifique palais (c ). Leur églife eft à l'ita-
lienne avec trois chapelles de chaque côté , Se la croi-
« fée qui n'eft guère plus enfoncée que les chapelles.
Comme il n'y a que la nef fans aîles , la voûte en eft
extrêmement large & fort haute,»?»: autant que la coquille
du chœur. Elles font ornées de companimens fort agréa-
bles , qui accompagnent les côtés Se les chapelles qui
font féparées par deux pilaftres canelés de l'ordre co-
rinthien , fur lesquels s'appuient les arcades des chapel-
les ; le tout propre & blanc, comme fi on ne faifoit que
de l'achever. La maifon eft belle, les dortoirs en font
magnifiques de cent foixante pas de long , avec des or-
nemens de menuiferie à toutes les portes , Se pavés de
grands carreaux de pierre fimple, qui eft auffi polie que
fi c'étoit du marbrt?. La facriftie eft pleine de richefles ,
& il y a beaucoup de reliques, (a) Miffon , Voyages , t.
1. png. 108. {b) Zcyler, Bav. ropog. (c) Monconis , t. 3.
Le palais ( a ) eft un des plus grands Se des plus com-
modes qu'il y ait en Europe. l'Electeur Maximilien le
fit bâtir avec tant de dépenfes , que toute l'Allemagne
MUN
en fut furprife ; encore difoit-il ,que s'il eût été afluré de
vivre dix ans , il l'auroit fait abbatre , pour en rebâtir un
autre plus fuperbe. Il y a tant d'appattemens diffétens ,
qu'outre ceux qui font occupés, il y en aurok de refte
pour l'empereur, le roi Se les électeurs, logés auffi commo-
dément que chez eux (b). Il y a une ample Se exacte de-
feriptionde ce palais, écriteen italien par lemarquis Ran.
Palavicino. Cette royale maifon contient , dit-il , onze,
cours, vingt grandes fales, dix-neuf galeries, deux mille
fix cens grandes croifées vitrées, fix chapelles , feize gran-
des cuifïnes , Se douze grandes caves -, quarante vaftes
appartenons', qui font unis fans être affujettis , & dans
lesquelles ont peut diltinguer trois cens grandes cham-
bres richement peinres , pavées , lambriflees , meublées ,
&c. (,i) Patin , Voyage , p. 85. ( b ) Mijfon , p. 109.
Quoique la plus grande partiedesappartemens foit bien
ordonnée , on peut dire qu'il y a de l'irrégularité dans le
tout. Ce défaut eft général dans toutes les grandes mai-
fons royales , qui n'ont pas été faites fur les deffeins du
même architecte : Patin trouve néanmoins qu'il n'y a guè-
re de plus belle archiredture que celle de ce palais ; mais
il ajoute qu'on dit , qu'il n'y en a point , dont les ordres
embraffent tant d'efpace. 11 y a une fi grande abondance
de marbre, qu'on le croiroit du pays , & les pierres or-
dinaires de delà les monts, parce qu'elles y font plus rares.
Cela doit s'entendre du dedans, car la façade extérieu-
re n'eft que peinte, avec des ordres d'architecture fans au-
cun relief de pierre, au rapport de Monconis, t- 3. p.
303. Il y a deux grandes portes, entre lesquelles au mi-
lieu de la façade eft une niche avec une ftatue de la fainte
Vierge , Se ces paroles au deffous ; Patrona Bajoariœ , fub
tuitm prœfîdium confugimus , fub quofecuri Utique de-
gimits. Chacune de ces portes , auffi-bien que la niche
du milieu , eft ornée d'une belle architecture de mar-
bre , deux grandes çolomncs avec leurs ornemens, leurs
bafes, leurs frifes Se leurs chapiteaux , portent un fron-
ton accompagné de deux vertus de bronze. Au côté des
colomnes, les armes de Saxe d'un côté, Se de l'autre cel-
les de Lorraine. La Vierge qui eft au milieu , à diftance
égale de ces deux portes , eft auffi de bronze , debout ,
plus grande que nature , couronnée d'étoiles. Tout le re-
fte de la Façade, n'eft qu'une architecture en peinture ,
en grifaille jaunâtre. * Monconis , p. 3 1 2.
La première de ces portes mené dans une cour lon-
gue Se étroite , qui a deux corps de logis de chaque côté
Se femble une rue , au fond de laquelle il y a une arcade,
qui a un escalier à chaquecôté, qui fert de paflageà une au-
tre grande cour en ovale. L'autre porte entre dans une
grande cour carrée , toute peinte en dedans comme en
dehors, & en forme d'architecture, mais foigneufement
Se proprement confervée, ce qui eft le plus beau de ce pa-
lais, c'eft le foin & la propreté.
Du milieu de cette cour élans le côté gauche du logis,
on voit un fort grand Se beau vcftibule voûté, foutenu de
quatre grofies colomnes de marbre jaspé , avec leurs bafes
Se chapiteaux de même , quoique les bafes, qui ont deux
rangs bas & larges , ayent mauvaife grâce. A droire eft
un très-bel escalier de marbre, Se généralement tous les
degrés , les planchers , les portes Se les cheminées font
de marbre , mais fi bien tenus qu'on s'y mire , Se qu'il eft
même difficile d'y marcher fans gliiTer. Les marches dç
ce bel escalier à pallier ont deux toifes de long.
Il y a au haut , une très- grande & belle fale pavée de
marbre , deux aux côtés de la grande par où l'on entre
dans la fale, dont la menuiferie eft de pièces rapportées.
La façon Se la dorure des ferrures font remarquables.
11 y a de belles colomnes de marbre ; les plafonds pleins
d'emblèmes Se de devifes fort ingénieufement dispofés ;
les deux qui font à l'oppofite , accompagnent une belle Se
grande cheminée, fur laquelleil y aune ftatue de la vertu as*
fife, qui eft de porphyre. Cette cheminée a lamêmearchi-
tecturequelagrandeporrepar où l'on entre. Il n'y a dans
tout ce vafte palais, ni coin , ni niche , ni porte, ni che-
minée, qui n'ait fon bufte ou fes reliefs; mais tout cela
s'efface à la vue du filon des antiques. On y compte trois
cens cinquante-quatre buftes de jaspe, de porphyre , de
bronze , Se de marbre de toutes les couleurs, qui repré-
fentent des capitaines Grecs, des empereurs Romains ,
des hommes illultres, ou par la naifianec , ou par les
actions. Il v en a entr'autres un d Alexandre , plus
MUN
MUN
ferand que nature ; il a tout ce goût ravifiant de l'antiqui-
té , la valeur, l'ambition , Se cette honnêteté charmante,
qui a eu tant de part aux conquêtes de l'Afie ,y l'ont expri-
mées. Enfin, c'elt Alexandre le grand, bien mieux que
dans fon hiftoire. On y voit aulfi un grand nombre d'I-
doles Se de vailfeaux , qui fervoient aux factifices àxs an-
ciens. * Patin , pag. 84.
11 y a deux galeries , dont l'une eft ornée d'une centai-
ne de portraits de perfonnes illultres , principalement en
doctrine. Le plafond de l'autre repréfente les principa-
. les villes de Bavière , tes rivières , fes châteaux , Se ce
qu'il y a de plus remarquable dans l'étendue de cet éle-
ctorat : il y a une fale de cette efpéce d'ouvrage que les
Italiens appellent Stucador , où les figures font excellen-
tes. Le roi de Suéde, qui s'étoit rendu maître de Munich,
ne trouva rien de plus beau dans ce palais, qu'une chemi-
née , dont l'ouvrage en ftuc l'avoit charmé : Un Seigneur
qui l'accompagnoit, lui confeilla de faire rafer ces fuper-
bes bâtimens, il lui répondit qu'il n'avoit garde de pri-
ver le monde d'une fi belle chofe. Ce côhfeil étoit digne
d'un Goth, ou de la Courtifane Thaïs. Voyez. Quinté-
curfe , 1. 5. c. 7.
L'appartement de PSlectrice eft admirable ; ce n'eft
qu'or & azur(tf). Il a une petite chapelle particulière
qui eft toute remplie de choies curieufes \ ce n'eft qu'or
Se argent , perles Se pierreries de toutes les façons : on y
garde auiîi beaucoup de reliques (/>). Les orgues font d'ar-
gent en relief , Se les armoires de cryftal de roche , cifelé
en figures. La grande chapelle où l'on fait ordinairement
le fervice , eft aulîi très-belle r on y voit pîufieuis ba -re-
liefs , où font repréfentéesdiverfes hiftoires convenables à
une Chapelle dédiée à la Sainte Vierge. (<*) Mijjon. (6)
Corn. Dict.
La grande fale de l'appartement de l'empereur a cent
dix-huit pieds de long, Se cinquante deux de large.
Toutes les peintures en font fort eftimées, ce font des
hiftoires : les facrées font d'un côté, Se les profanes de
l'autre. Chaque tableau a fon diltique. Voici celui de
Sufanne.
Cafta Sufannaplacet : Lucretia,cede Sufannœ,
Tu pojl , Ma mon maluit antefeelus.
Celui de Samfon ,
Samfonfum, tôt a s qui ft ravi dente Phalanges ,
Me ft ravit tonjîs ma paella corriis.
Cette fale eft la même , où fur la cheminée on voit
entr'autres ornemens, une belle ftatue de porphyre , qui
repréfente la vertu : elle tient une lance de la main
droite, & de la gauche une branche de palme dorée.
Patin parle avec admiration des tableaux qu'il vit dans
l'appartement de l'électeur Se dans la galerie. Il ajoute
qu'aux efpaces qui féparent les tableaux , on a pratique
des armoires fur l'épaifieur du mur , où l'on ga'rdoit des
bijoux très-précieux. Les pierres précieufesy font,dir-il,en
abondance : il y a des perles d'Orient , il y en a du pays,
qu'on a pêchées dans cette petite rivière qui fe décharge
à Partait dans le Danube. On remarque dans celles-ci
les différens progrès, où la nature les conduit à leur per-
fection. On y en voit de noires , c'eft la couleur de cette
première matière qui prend fa folidiré; de grifes , où on
s'apperçoit que cetr"e matière s'éclaircit , de blanchiflan-
tes , Se de parfaitement blanches.
Ce palais a quatre cours : celle de l'empereur eft la
plus belle : c'eft un carré d'une fymmét rie égale : celle
des fontaines eft un carré long,& on l'a nommée ainfi
à caufe de divers jets d'eau à figures de bronze qui cou-
ronnent un grand bafiin , au milieu duquel s'élève une
ftatue de bronze , d'où fort un jet d'eau admirable. Les
deux autres cours n'ont point de nom.
On y diftingue 'quatre appartenons principaux , fans
compter ceux du prince Se de fa cour. Le premier eft
l'appartement royal , le fécond , celui de Lorraine , le
troifiéme eft l'appartement impérial, Se le quatrième eft
celui de la princefle. Ces appartemens communiquent
par autant de galeries fort ornées.
De l'appartement de la princeffe , on va dans des jar-
dins petits , mais délicieux Si remplis de toutes fortes
439
de fleurs. Il y a dans le dernier , une grotte muvcilltufc
pour l'artifice avec lequel elle eft faite, &riche pour la ma-
tière. Outre ces jardins particuliers.; il y a le grand jar-
din du château. Il y a tant de chofes remarquables dans
ce magnifique palais, qu'il faudroit un livre entier pour
en donner une defeription fatisfaifante. MilTon y ayant
vu quelque ouvrage de ftuc , parle d'une manière à faire
croire , que ce n'eft par tout que du ftuc , que l'on y
prend pour du marbre. Le marbre , dit - il , le trou-
ve par - tout en abondance dans le palais , mais il ne
faut pas s'y tromper , car ils ont le fecrec d'une certaine
compofition , qui devient fi dure Se qui eft capable de
recevoir un fi beau poli , que ceux qui ne font pas con-
noiiïêurs , prennent ai fement celapour du marbre. 11 faut ré-
duire cette obfervation à quelques ouvrages de ftuc dont
on a parlé ; car les colombes, les ftatues Se quantité
d'autres ornemens de ce palais, font de vrai marbre.
Le même auteur fait une remarque plus curieufe, lors-
qu'il die qu'on a pratiqué à Munich des galeries qui ,
rraverfant les maifons Se même les rues , par le moyert
des arcades , communiquent du palais aux principales
églifes &couvensdela ville, de forte que la cour peut
y aller fecrettement.
On voit dans ce palais une médaille , dont Patin don-
ne la defeription : Se un cabinet de cèdre de trois pieds
de haut ne fert que de couverture a un antre bien plus
précieux : il elt d'ivoire relevé de figures , dont la dispo-
sition , le deflein Se le travail l'emportent fur tout ce
que j'ai vu ailleurs en ce genre. Il y a quatorze cens mé-
dailles d'or en vingt tablettes. Leur beauté confilte dans
la fuite des empereurs Romains; car pour les Grecques
Se les Confulaires , dont il peut y avoir trois ou quatre
cens, quoiqu'elles foient parfaitement bien contrefaites,
la vérité Se l'antiquité leur manquent. Un Jefuite qui en
avoit la direction , ne put appailér la curiofité de l'éle-
cteur , qu'en faifant copier en or celles qui lui man-
quoient , Se qu'on ne pouvoit recouvrer ; ces copies font
fi belles que j'en fus lurpris , Se qu'il trié fallut du tems
pour les reconnoîtie. Il y a deux ou trois cens pièces ad-
mirables entre les impériales, qui peuvent charmer la
plus finecuriofité. llinfinuequc les médailles de bronze &
d'argent , n'ayant pas été fauvées avec la même attention
que celles dor , ont été la proie des Suédois.
Ce beau palais a fouffert deux incendies eonfiderables,
l'un le quatorze décembre 1729 , Se l'autre au mois de-
mars 1750. Le dommage caufé par le premier fut efti-
mé à plus de douze millions , Se l'autre à cinq cens mille
florins.
Les principales portes de Munich font là porte de Sua-*
be (<z) : elle elt au nord de la ville, Se au couchant du
château de l' électeur. La porte de 1 Ifer ■ qui va du côté
de Saltzbourg , eft à l'orient de la ville. En allant
delà vers le midi , on trouve la Schiffer Thor , ou la po;~
te des bateaux -, elle fe termine aux ouvrages extérieurs.
Se n'a point de forrie dans la campagne. La Stndlinger
Thor Se l'Alger Thor , quoique féparées par un aiîez
bon intervalle dans le mur de la ville, n'ont qu'une for-
tie commune dans là campagne. La porte de Neuhaufcn
ou de la Maifon-Neuve , elt au couchant, au voifinage du
collège desJefuites,&a fa fortie particulière dans la cam-
pagne. Il eft bon de dire que Sendling (h ) , qui donne le
nom à une porte , elt un village au midi de Munich : il y
en a même trois de ce nom diftingués par les épithetes
de Bas Sendling, Moyen Sendling Se HauîSend-
ling. A l'égard deNeuhaufen, ce n'eft qu'un château peu
éloigné de la ville. L'Ifer forme beaucoup d ifles à l'orient
de Munich •. on en rràverfe quatre , quand on fort par H
porte de l'Ifer. {a) Zeyler , Plan de Munich, (ù) Phi-
Iippi Appiani , Bavar. Tap. Geogt.
MUNlCHlA.K«y«. Munychia.
MUNICIPALE ( Ville), Lieu Municipal ou
MUNICIPE , en latin Municipium. Ce nom a eu
des. fignifications différentes , félon les différens âges du
peuple Romain. Aulugelle nous a confervé fur ce mot
quelques remarques , qui méritent une attention parti-
culière. Les voici : les mots de MunicipesSc Municipiat
dit-il , font aifes à prononcer Se chacun s'en fert , mais
fouvent on croit que c'elt une chofe, & c'en eft une
autre ; car qui elt celui d'entre nous , qui étant citoyen
d'une colonie du peuple Romain, nt djfe qu'il eft Mi-
MUN
44°
niccpi , Se que fes compatriotes font Munkipes , ce qui
cil: contraire à la vérité. Ainft nous ne favons ce que c'eft,
que Municipia , ni quel ell leur droit, ni en quoi ils dif-
férent des colonies. Nous penfons que les Colonies font
de meilleure condition , que les Munkipia. C'eft de ces
fortes d'erreurs, donc parle l'empereur Adrien, dans
la harangue qu'il prononça dans le fénat , au fujet des
habitans d'Italica, ville dont il étoit. Il s'étonne que les
citoyens d'Italica, & les autres anciens Munkipia, en-
tre lesquels il compte les habitans d'Utique, pouvant
vivre félon leurs propres loix & coutumes, euffent affe-
&é de paffer au nombre des colonies. Il obferve qu'au
contraire ceux de Prénelte avoient fait de fortes inftan-
ces auprès de l'empereur Tibcre, pour obtenir de lui ,
que de Colonie qu'ils étoient alors , ils devinffenr un Mu-
nkipium. Il ajoute que Tibère le leur accorda comme
une faveur «5c comme une marque de fa reconnoiflance ,
de ce qu'il avoit recouvré fa fanté chez eux. Munkipes
lignifient donc des citoyens Romains , habitans de quel-
que lieu qualifié Munkipium , qui gardoient fes loix ,
fa jurisprudence , qui pouvoient parvenir avec le peu-
ple Romain à des offices honorables ; mais qui d'ail-
leurs n'avoient aucune fujétion aux loix romaines, à
moins que ce peuple ne fe fût lui-même fournis Se don-
né en propriété aux Romains. Avant que d'aller plus
loin dans ce pafiage , il faut expliquer ce que l'on en vient
de lire. * Nott. Attk. 1. 1 6 c. 1 3 .
Le lieu ou la communauté s'appelloit Munkipium. Il
différoit de la colonie en ce que la colonie , étant com-
pofée de Romains que l'on envoyoit pour peupler une
ville . ou pour réçompenfer des troupes , qui avoit mé-
rité par leurs fervices un établiffement tranquille , ces Ro-
mains portoient avec eux les loix Romaines, Se étoient
gouvernés félon ces loix , par des magiftrars que Rome
leur envoyoit. Au contraire le municipe étoit compofé
de citoyens étrangers au peuple Romain , & qui en vue
de quelques fervices rendus , ou par quelques motifs de
faveur , confervoient la liberté de vivre félon leurs
coutumes Se leurs propres loix , de choifir eux-mêmes
entr'eux leurs magiftrars. Malgré cette différence , ils ne
lailToient pas de jouir de la qualité de citoyens Romains,
mais les prérogatives attachées à cette qualité , étoient
plus refferrées à leur égard , qu'à l'égard des vrais citoyens
Romains. Servius ou Servilius, cité par Feftus, difoit
qu'anciennement il y en a voit qui étoient citoyensRomains,
à condition de faire toujours un état à part , que tels
étoient ceux de dîmes , d'Acera , d'Atella , qui étoient
également citoyens Romains , Se qui fervoient dans une
légion , mais qui ne poffédoient point les dignités. Les
Romains appelloient Munkipalia Jacra , le culte reli-
gieux que chaque lieu municipal avoit eu avant que d'a-
voir reçu le droit de bourgeoifie Romaine : il le confer-
voit encore après comme auparavant. A l'exemple des
Romains nous appelions en France Droit Municipal,
les coutumes particulières dont les provinces jouiffent ,
Se dont la plupart jouiffoient avant d'être réunies à la
couronne, comme les coutumes de Normandie , de
Bretagne , d'Anjou , &c.
Paulus diftingue trois fortes de Munkipia, i° Les
hommes qui venoient demeurer à Rome , Se qui , fans
être citoyens Romains, ne pouvoient exercer certains
offices , conjointement avec les citoyens Romains -, mais
ils n'avoient ni le droit de donner leurs fuffrages ,
ni les qualités requifes pour être revêtus des charges
de la magiflrature. Tels étoient d'abord les peuples
de Fondi , de Formies , de Cumes , d'Acerra , de La-
nuvium , de Tusculum , qui , quelques années après ,
devinrent citoyens Romains. 2°Ceux dont toute la nation
avoit été unie au peuple Romain , comme ceux d'Aricie ,
les Cerites , ceux d'Agnani. 3 ° Ceux qui étoient parvenus
à la bourgeoifie romaine, à condition qu'ils conferveroient
le droit propre Se particulier de leur ville , comme
ceux de Tibur , de Prénefte , de Pife , d' Arpi , de Noie ,
de Bologne , de Plaifancc , de Nepi , de Sutrium Se de
Luque. C'eft ce que nous apprend cet ancien ; Se quoi-
que ce pafiage ne (bit pas fort clair, on ne laifle pas d'y
voir que les Municipes ne fe faifoient pas aux mêmes
conditions, ni avec les mêmes citeonftances. En géné-
ral on voit que les Municipes étoient capables d'être
MUN
admis aux offices , ad mimera capescenda , Se que c'eft
l'origine de ce nom.
Mais le droit municipal n'a pas toujours été le mê-
me. Anciennement le droit de bourgeoifie romaine s'acr
cordoit aux uns avec celui de futhage, aux autres,
avec l'exclufion de ce droit. Ceux qui avoient droit de
fuffrage,n'avoient point d'autres loix que les loix romaines,
Se pouvoient afpirer aux magillratures de Rome. Ceux qui
n'avoient pas ce droit de fuftrage , vivoient & le gou-
vernoient par des loix propres Se particulières ; mais à
Rome ils étoient exclus des dignités. Avec le icms tous
les Municipes furent égaux , Se on leur accorda à tous
le droit de fuffrage. Enfin cela changea encore. Les Mu-
nicipes, amoureux de leur liberté, aimèrent n.icux fe
gouverner par leurs propres loix , que par celles des Ro-
mains. Ainfi l'habitant d'un lieu municipal n'étoit point
fournis aux loix romaines, à moins que tout le perplc
de ce lieu -n'eût renoncé de lui-même à fes propres
loix , Se demandé les loix romaines
Nous avons appris, continue Aulugelle , que les Ceri-
tes font les premiers qui ayent été faits Municipes fans
droit de fuffrage-, & qu'on leur accorda l'honneur de
bourgeoifie romaine avec exemption des chaiges , à cau-
fe qu'ils avoient reçu Se gardé chez eux les choks (a-
crées durant la guerre des Gaulois. De-là font venues les
tables cerites, où les cenfeurs faifoient écrire les noms
de ceux qui , pour quelque fujet ignominieux , étoient
privés du droit fuffrage. Strabon regarde comme un in-
gratitude, l'exception que l'on fit en cette occafion dans
la récompenfe de ce peuple. Les Cerites, dit-il , atta-
quèrent dans la Sabine les Gaulois qui avoient pris Ro-
me , les battirent, & leur enlevèrent le butin que les Ro-
mains leur avoit eUx-mêmes livré. Outre cela, ils fauve-
rent les Romains, qui s'étoient réfugiés à Cere , le feu fa-
cré Se les veftales. Et il me paroît que les Romains n'eu-
rent pasaffez de reconnoiflance de ce bienfait , ce qu'il
faut attribuer au mauvais gouvernement de ce tems : car
en leur donnant le droit de bourgeoifie romaine, ils ne
mirent pourtant pas leurs noms dans le regifire des ci-
toyens , Se au contraire ils rejetterent dans le regifire des
Cerites , ceux qui ne jouiffoient pas du même droit
que les autres citoyens. On peut voir au digefie , L. Tu. 1.
ad munkipalem & de Incolis , que ce mot Municcps ne
fignifioit plus que bourgeois , de quelque ville que ce
fût.
11 y avoit un grand nombre de lieux municipaux , Mu-
nkipia , dans l'Empire Romain. Voici une lifie que Bau-
drand a dreffée des feuls Municipes de l'Italie. Il joint
à chaque nom celui de l'auteur , qui en fournit les preu-
ves. L'étoile marque que les lieux qu'elle accompagne
ne fubfifient plus.
Liste des Municipes Romains en Italie.
Acerra, dans la Campanie, Tite-Live.
Alatrium , dans le Latium , anc. infer.
Allifa, dans le Samnium , anc. infer.
Ameria , dans l'Ombrie , Cicéron.
Anagnia , dans le Latium , Tite-Live , Cicéron.
Aquinum, dans le Latium , Tite-Live, Cicéron.
Aretium, dans l'Etrurie , anc. infer.
Aride , dans le Latium , Tite-Live , Velleius Patercu-
lus & Aulugelle.
Arpinum , dans le Latium , Tite-Live , Cicéron.
Asculum, dans lePicenum, Cicéron.
AJJife, en Ombrie , anc. infer.
* Àtella , dans la Campanie , anc. infer.
Blera , dans l'Etrurie , anc. infer.
Bologne, dans la Gaule Cispadane , anc. infer.
BovilU , dans le Latium, Cicéron.
Cmre , en Etrurie , Aulugelle.
Calenum, dans la Campanie , Cicéron.
Capene , en Etrurie , anc. infer.
Capoite , dans la Campanie, anc. infe.
* Cnfïnum , dans le Samnium, anc. info
* Cafuentum , dans l'Ombrie , anc. info
Clufium , en Etrurie, anc. infer.
* Cumx , en Campanie , Tite Live , anc . infer.
Eporedia , au pays des Salaffes , Tacite.
Ftrentirmm , au Latium, Tite-Live.
* Formiez ,
MUN
MUN
* Formïes » dans le nouveau Latium, Tite-Live.
* Forum Flanùnii , en Ombrie , anc. infer»
Furidi, au Latium , Tite Live.
* Gaules y au Latium , Cicéron.
Hispellum , en Ombrie , anc. infc.
Hydruntum , au pays des Salentins , anc. infc.
Interamna , au Latium , anc. infer.
* Lanuvium, au Latium , Tite-Live , Cicéron.
hatinum, chez le peuple Vr entant , Cicéron.
Lavici, au Latium, Cicéion.
Laque , en Etrurie , Feftus.
Mevania, dans I'Ombrie, anc. infef.
* Mevoniola , de même.
Milan y dans l'Infubrie, Tacite.
* Nahartes , dans I'Ombrie , anc. infc.
Ncpet y dans l'Etrurie , Feftus.
Noie , dans la Campanie , Feftus.
* Nomentum , dans la Sabine , Tite-Live.
Novare , dans l'Infubrie , Tacite.
* Numana , dans le Picenum , anc. infer.
Otriculum y en Ombrie, anc. infer.
* Pedum , dans le Latium , Tite-Live.
Fifo , en Etrurie , Feltus.
Flaijance , dans la Gaule Cispadane , Feftiis.
Frenefle , au Latium , Feftus.
Privernum , au Latium , Tite-Live & anc, infer.
Rhegium , au pays des Brutiens , anc. infer*
S&pinum , au Samnium , anc. infer,
Sarfint , dans l'Emilie , anc. infer.
* Scaptia , au Latium , Pline.
Scgufinm , dans les Alpes , anc. infer.
* Sinuejfe , en Campanie , anc. infer.
Sueffè, en Campanie , anc infer.
* Suejjula , de même.
Surrentum , dans le Picentin , anc. infer.
Sutrium , en Etrurie , Foftus.
* Tarquinii , dans la Toscane » Ciccron.
Tibur y dans le Latium , Feftus.
Tifernum , dans I'Ombrie, anc. infer.
* Trebula , au Latium , Tite-Livc.
* Tusculum , au Latium , Sextus Pompeius & Tite-
Live.
VercelU , en Infubrie , Tacite.
* Vindinum, en Ombrie, anc. infer.
Urbinum, de même.
Par ce nombre de Municipes en Italie , on peut juger
qu'il y en avoit beaucoup plus dans le refte de l'empire
Romain. Chacun de ces Municipes avoit fdn nom par-
ticulier & propre.
Il eft vrai que l'on trouve dans Antonin le mot Mu-
nicipiurriy fans autre nom. C'eft dans la route ab dureo
Monte y Nicomediam , mais c'eft une faute des copiftes.
On lit.
Viminacium , XXIV. Mi Pas.
Municipium , XVII. M. P.
Idimuniy XXVII. M. P.
Zurita a très-bien foupçontic , que l'on a fait mal-
à-propos un lieu particulier de Municipium , qui n'eft
qu'une qualification de Viminacium , à qui il appartient.
11 n'eft pas vrailemblable , dit-il , que l'on eût mis nue-
ment ce mot fans y joindre le nom propre. Aufll l'a-
t-il marqué d'un afterisque ; mais il ajoute que dans des
manufetits Se dans l'imprimé de Longueil, on trouve
Municipium XVIII. M. P. Cela ne prouve autre cho-
fe , finon que la même faute fc trouve dans ces ma-
nufcrifs,outout au plus qu'il faut retrancher les XXIV.
de Viminacium. Voici la preuve qu'il y a faute. Dans
les fommes totales de toute cette route , qui fe trouve
à la 27. page de l'édition de Zurita , on compte de Sir-
mium à Nicomédie 8 1 j milles -, mais , en calculant tout
le détail, il s'en trouve 85 3. Ce qui fait 38 milles d'ex-
cès fur la diftance de Sirmium à Nicomédie. Or , en
retranchant les XXIV. il refte encore un excès de XIV.
ou bien en retranchant les 18 qui font joints à Muni-
cipium , il reliera XX. qui font encore de trop quel-
que part , où le copifte, peu attentif , aura mis XXX.
pour XX. ou XX. pour X. Quoi qu'il en foit, les
XVIII. M. P. font de trop dans cette route, & Mu-
441
tthipium feul n'eit point le nom particulier du neu ,
mais un mot appellatif qui demande un nom propre.
Le manuferit du Vatican porte de même dans la route
de Carthage à Alexandrie :
Thenis Colonia , XXV III. M. Pas.
Macomadibits ,
Municipium y XX VIII. M. P.
Zurita a bien vu que, de même que Colonia appar-
tenoit à Thena , de même Muncipium appartient à Alx-
comades , aufll les a-t-il joints fagement.
Il eft vrai que dans la notice épiscopale d'Afrique »
on lit Vittor Municipenfu entre les évêques de Numi-
die ; ce qui pourroit faire croire qu'il y avoit au moins
en Afrique un lieu nommé fimplement Municipium.
Cet évéché eft apparemment le même que l'on trouve
entre les fouferiptions du concile de Carthage , tenu
l'an j 25 , auquel fouferivit Mariamis ,episcvpus Mu-
nicipii 'ïullienfis , député de Numidie. De même que le
fiége , nommé Tuggenfis , eft nommé aillcuis Municipii
Foggu.
MUNICIPIUM, fiége épiscopal d'Afrique > dans la
Numidie , ftlon la notice d'Afrique , qui fait mention
de Victor Mun\ti\enfis%
MUN1CKENDAM, ville des Pays-Bas, dans la
Nort Hollande au Waterland, fur leZuiderzée, proche
d'Edam, a trois lieues d'Amfteidàni. Cette petite ville
tire fon nom de la rivière qui la traverfe , & qu'on
appelle Monick. Voyez. Monickendam. * Did. géo-
graphique des Pays-Bas.
MUNIENSES, peuples d'Italie, félon Pline , /. 3.
r.5.
MUNIO , ville d'Italie, dans la Toscane, au voifî-
nage de FefuU , aujourd'hui Fiefoli. Onelius, The-
faur. dit qu'il eft parlé de Munio dans un édit du roi
Didier.
MUNITIUM , ancienne ville de la grande Germa-
nie, félon Prolomée , /. 2. c. 1 1. Ses interprètes l'expli-
quent par Gortingen, ville du pays de Brunswick } mais
ce n'eft qu'une conjecture fans aucune preuve.
MUNSIA, ville d'Egvpte , fur le Nil, félon Léon
d'Afrique, /. 8. c. 53. Elle fut bâtie par un préfet des
caliphes, vis-à-vis de l'endroit où étoit Ichmin. Les ruft
en font étroites , ôc pendant l'édhil y fait tant de pous-
iiere , qu'il n'eft pas poifible de s y promener. Son ter-
ritoire produit beaucoup de bled , 6c nourrit beaucoup
de bétail.
1. MUNSTER. Ce mot eft allemand d'origine & li-
gnifie un monaftere. !ll y a eu des monafteres qui ont
donné lieu à bâtir des villes autour d'eux & fur leur
territoire , & ces villes en ont pris le nom de Munfter ,
foit feul , foit accompagné de quelque lyllabe -, fouvenc
même des villes onr quitté leur ancien nom , pour
prendre celui de Munster , Minster, Monstierou
Moustier , tous noms formés de Alonufitrium.
2. MUNSTER., ville d'Allemagne, au cercle de
Weftphalie, fiége d'un évéque , qui eft fouverain d'un
afiez puiffant état 8c prince de l'Empire. Cette ville
eft à 7 milles d'Osnabrug , à 12 de Paderborn, à 18
de Cologne, & à 21 de Brème. On l'appelle aujour-
d'hui en latin Monaftcrium ; mais l'ancien nom étoit
Mimigardevordia. C'eft ainfi que Crantzius écrit ce
mot : Mimigar devor denfis , qiu nutte Monajlerienfis ec-
clefia , dit-il fonvent dans fon livre , intitulé AJetr<poliSi
Une chronique de Minden , inférée au premier volume
du grand recueil de Meibom , pag> 554, parlant des
églifes fondées dans la Saxe & la Weftphalie, porte : Quin-
ta Mimigaverdf.nsis » qu£ eft modo Monasterien-
sis , anno Domini DCCLXXX1V. fundatur. Et deux
pages après on lit dans la même chronique : OlïiivnTrî
(EccUflam) MiMiGAvoRDENSEM, qu& mine eft Mo-
nasteriensis sancti V auli , fundavit ânno quofupra.
La chronique d'Osnabrug , inférée au fécond volume du
même recueil , nomme ce lieu Mimigevord. Infrà prœ-
mijTa tempora de anno Domini DCCLXXVI. S. C<~
rolus etiam in honorem omnipotentis Dei, beatiffima Vir-4
ginis Mariét, & Jancli Pauli Aptftoli fundavit ecclefiam
cathedralem , in loto qui ex tune Mimigevord , nunc
vero Mon asterium fîve Monasteriensis votatur Ec*
Tom. IV. Kkk
MUN
't>;
44 *
clesia ; ubi S. Ludgeriim , natione Frifonem , nobilem
génère , vita ,fantlhate , moribus & fcientia decoratum ,
prafecit ecclefîœ, atqite inveftivit , &c. Meibom lui-mê-
me dans une diflertation , où il traite de la ville de
Helmftadt , nomme cette même églife Mimingardï-
rodana ecclesia. Fleuri , dans fon hiitoire ecclé-
fiailique , /. 4J. §. 29. dit : Après la converfion des Sa-
xons , le roi Charles l'établit (S. Ludger) pafteur en
Weftphalie , dans un canton , dont la principale réfi-
dence étoit un lieu nommé Mimigerneford ; faint
I.udger y bâtit un monaftere de chanoines , qui dans le
fiécle fuivant a donné à Ce lieu le nom de Munfter.
Bailler , Topogr. des Saints , p. 3 28 , dir que l'ancien nom
étoit MlMIGERN FORD, MlMIGADE VORD&MlMGROD.
Quoi qu'il en foit , de toutes ces différentes orthogra-
phes , cette ville prit infenfiblement le nom de Munfter.
Crantzius , Metropolis , /.;. c. 8. femble croire que ce
changement de nom arriva fous l'évêque Frédéric , qui
étoit frère du margrave de Misnie , & contemporain de
l'empereur Henri IV , à peu près dans le même tems
que les Weftphaliens quittèrent le nom de Saxons pour
prendre celui qu'ils portent à préfent. Cependant Er-
po , qui fut un de fes fuccefleurs , avoit dans fon fceau
ces paroles: Erpo, episcopus Mimigardevordensis ,
félon le rémoignage même de Crantzius , Metropolis ,
/. j.r. 29. qui, néanmoins parlant de Burchard , fuc-
cefïeur d'Erpo fous Henri IV , nomme toujours fon
liège Mimigardevordenfis , qu& mine M^nafterienfis ec-
clejia. Dans la fuite de fon ouvrage , il mer tantôt l'an-
cien Se indique le moderne , tantôt le moderne Se in-
dique l'ancien : mais le moderne a prévalu chez tous
les autres écrivains. * Metropol, 1. 4. c. 14. 1. j. c. '8.
c. 32. 1. 6. c. 52. 1. 7. c. 27. & alibi paffim.
Zeyler prétend qu'il y a deux opinions fur l'origine
du nom Munster, qui eft allemand, Se ne fignifie
qu'un monaftere ; que les uns difent qu'on s'accoutuma
de nommer ainfi ce lieu, après' que Charlemagne y eut
érigé un évêché Se bâti une magnifique églife accom-
pagnée d'un monaftere \ que félon d'autres , la ville ne
prit le nom de Munfler , que lorsqu'Herman I du nom,
quatorzième évêque, eut bâti en l'honneur de la fainte
Vierge un monaftere au-delà de l'eau , trans aquai ;
mais ce fécond fentiment ne fauroit fubfifter , s'il eft
vrai que le onzième évêque ait pris le titre d'évêque de
Munfter. La ville n'avôit alors que quatre portes Se deux
églifes , lorsque Thierri, fon dix huitième évêque , de la
maifon de Wintzenberg , qui en Sivoit été chafle , vint
avec le fecours du duc Lothaire de Saxe , affcégea la
ville le 8 Mai 1121 , & la brûla jusqu'aux fondemens,
excepté la chapelle de faint Ludger qui étoit au-delà de
l'eau. Burchard , fucceffeur de cet évêque, la rebâtit de
nouveau, & le vingt-cinquième évêque Herman de
Catzenelnbogen l'enferma d'un mur avec des portes,
& Thierri , comte d'Isenbourg , vingt-feptiéme évêque ,
mit la première pierre à l'églife cathédrale, qui fub-
fifte encore. Trente-fix ans après , Gérard de la Marck ,
trente- unième évêqne , la confiera fous le titre de l'A-
pôrre faint Paul , Se lui donna deux grottes cloches.
Par fucceflion de tems cette ville s'eft accrue de plus
en plus. Elle eft à peu près ronde , a huit portes ; celle
de Hoxter ; celles de faint Maurice , de faint Servais ,
de faint Ludger , de faint Gilles ; de Notre- Dame , des
Juifs , Se celle du Pont-Neuf. Il y en avoit ancienne-
ment trois autres qui font murées. 11 y a cinq chapitres -,
celui de la Cathédrale, celui de faint Paul, celui de
faint Ludger , églife qui eft aufli paroiffiale , celui de
faint Maurice hors de la ville , celui de faint Martin ,
dans le quartier duquel eft un couvent de Frères Mi-
neurs. Sans compter la paroifTe qui eft dans la cathé-
drale , Se celle de faint Jacques' , il y en a fix autres ;
favoir , l'églife au-delà de l'eau , celles de faint Lam-
bert , de faint Ludger , de faint Martin , de faint Gilles
Se de faint Servais. La paroifTe de faint Jacques eft
presque au centre , & faint Lambert eft dans la partie
occidentale. Le chapitre de faint Lambert eft affeclé à
la noblefTe , les chanoines font preuve de feize quartiers.
Cette dernière églife y fut bâtie en 137;. Sur fa tour
eft une garde qui veille , & qui à toutes les heures joue
un .air de chalumeau. Il y a aufli la cloche que l'on
onne en cas d'alarme , foit que le feu prenne quelque
MUN
part , ou qu'en tems de guerre on voye les ennemis
approcher ; Se la cloche que l'on fonne aux heures de
la retraite, ou toutes les fois qu'on fait mourir un ci i-
minel. La ville de Munfter eft préfentement bien for-
tifiée. A la tour de faint Lambert on voit trois cages
de fer. Une plus haut Se deux environ à la hauteur d'un
homme 5 dans la première on voyoit encore il y a quel-
ques années le crâne Se les os du fanatique Jean de
Leyde , Se dans les deux autres, ceux de Bernard Krech-
ting & de Bernard Knipperdolling , les principaux
d'entre fes complices. Il y a une citadelle au fud-eft de
la ville , laquelle a été bâtie pour tenir les bourgeois
dans le refpect. Munfter a quatre couvens d'hommes ,
favoir , faint George, faint Jean , les Frères, (Dajj ' Fra-
terhaujj) Se les Frères mineurs ou Franciscains. Il y en
a fept de filles : Celui de de-là l'eau , celui de faine
Gilles , auprès de lédife de même ncm , deux de Ni-
fînek, de Rofenthal , de Ringe, de Hoffring Se de Rhei-
ne. Le monaftere de delà l'eau , trans aquas , fut bâti
par Herman 1, quatorzième évêque , Se fa fœur en fut
la première abbefle. L'édifice fut brûlé en 1071 , & re-
bâti en quatorze ans. Sa paroifle s'étend fort loin hors
de la ville , Se PabbefTe y a de grand:» droits , tant dans
la ville que dehors. Ce monaftere a le droit d'afyle pour
quiconque a commis un meurtre involontaire & par
accidenr, Se cette franchife dure un an à compter du
jour qu'il s'y eft retiré ; mais les afiaffins & meurtriers
de guet-à-pens font exclus de cette faveur. L'abbef.ea
fa jurisdict-ion particulière , où l'on plaide deux fois par
femaine les caufes où les habitans de cette parcifie font
intéreflési Si quoique ce tribunal foit occupé par le juge
de la ville, on ne peut cependant évoquer les caufes
des paroiffiens au rribunal ordinaire de Munfter , ni
les citer à l'hôtel de ville. Si quelqu'un d'eux eft tombé
dans quelque crime qui mérite la mort , on le transfère
à la porte de Notre Dame, ou à celle des Juifs: là on
j'interroge, on lui fait fon procès , Se félon la nature de
fon crime , on le conduit au Truckfburg devant la porte'
de Notre-Dame , où il eft décapité , ou bien on le mené
hors de la ville par la porte des Juifs , en un lieu où il
eft pendu, rompu, ou brûlé , fuivant fa fentence.
Dans cette paroifTe de delà l'eau, il y a trois mona-
fteres d'hommes, qui ne font pas forr anciens , desquels
nous avons déjà donné les noms ; favoir, 1. Celui de
faint George , le plus cônfidérable de la ville. Ce font
des gentilshommes chevaliers de l'ordre Teutonique. H
y a une franchife nommée Binspinckhof, dont les
habitans font francs des charges de la ville Se ne dé-
pendent point du confeil. 2. La maifon des Frères eft
attenante cette franchife. Ce font des chanoines régu-
liers , qui , quand ils ne vont pas à l'églife , ont Je tra-
vail des mains, Se s'appliquent à des ouvrages réglés par
le fupérieur ; les uns l'ont écrivains ou copiftes , parche-
miniers , relieurs , &c. 3. Celui de faint Jean occupé
par les Johanires. 11 a beaucoup de terrein Se une éten-
due afTez grande le long du rempart au midi. Le mo-
naftere de Nifing eft de filles de qualité , qui vivent fous
la règle de fainr Auguftin. Il eft très- propre Se n'a guère
fon femblable dans tout Munfter.
L'églife de S. Maurice eft une collégiale , dont la pre-
mière dignité eft un prévôt ; c'eft en même tems une pa-
roifle. Le quartier eft hors de la ville ; il y a de beaux
jardins , des maifons de plaifance , Se la pêche y eft
fort agréable.
Il y a à Munfter beaucoup de maifons pour lefoulage-
ment des pauvres, des malades Se des perfonnes affligées,
entr'autres l'hôpital où l'on retire les pauvres bourgeois
des deux fexes , lorsqu'ils font malades. Cette maifon eft
exemte d'impôts Se de fervirude. Ceux qui y meurent ,
ne fauroient dispofer de ce qu'ils ont, cela appartient de
droit à l'hôpital. Il dépend du confeil, qui y entretient
deux adminiftrateurs à fes dépens. Il y a aufli à Munfler,
les écoles de faint Ludger Se de faint Martin , où les en-
fans apprennent les premiers élemens , avant que d'aller
au collège épiscopal , où il y avoit autrefois fix régens
féculiers , gouvernés par un recteur ; ce font à prefent
des peresJefuites.il y a quatre places à Munfler, dans la
première eftl'hôrel de ville, dontlc bâtiment eft plus haut
que toutes les autres maifons. 11 eft orné decolomnes,
de llatues & de peintures. DefTous eft la cave de la ville
MUN
MUN
où l'on vend du vin. Au marché au poiflbn eft une
aflez belle maifon , où s'aflemblenr les corps de métiers.
II y a outre cela fix marchés, où l'on débite le matin di-
verses denrées; trois dans la ville Se trois dehors, lesquels
ont de grandes franchifes, accordées par les empe-
reurs. Un homme qui y blefle un autre, jusqu'à faire cou-
ler le fang , eft étranglé fans miféricorde. Une partie des
maifons bourgeoifes font de pierres deBAMBtRG, lieu
fitué à deux milles de Munfter. Les aÉcades du palais
épiscopal , du côté oriental , font un ornement de la ville.
Il y a aiiilï des maifons , dont le devant porte fur des
colomnes ou piliers , Se fous lesquelles ont peut aller à
couvert , & où l'on trouve des boutiques , occupées par
des marchands. La petite rivière Aa traverfe la ville , Se
forme le quartier appelle Ubermajjer delà l'eau, trans
aquas. Elle en fort auprès de la porte du Pont-Neuf,
après avoir fait un cercle dans les fofles , & va fe jetter
dans l'Embs. La pêche en appartient à l'évêque.
Jean de Leyde , dont j'ai parlé, étoit un tailleur Hol-
Iandois de la ville de Leyde, dont le vrai nom étoit Jean
Bocolde : il naquit en 1510. A l'âge de 24 ans, il fe
joignit à Jean Matthieu Boulanger , autre fanatique , &
après avoir jette à Amfterdam les fondemens d'une fecle
d'Anabaptiftes , Jean de Leyde, affilié de Herman, prédi-
cande cette fecte, vint à Munfter la même année. Her-
man, ayant gagné un miniftre Luthérien, prêcha publique-
ment fa doctrine dans Péglife collégiale de S. Maurice,
pendant que Jean de Leyde, femoit fes dogmes durant la
nuit. Ils féduifirent tant de menu peuple , qu'ils fe ren-
dirent maîtres de la ville*, d'où ils chalTerent les meil-
leurs bourgeois & les magiftrats. Ils commirent des ex-
cès horribles , profanèrent les églifes , violèrent les Vier-
ges confacréesà Dieu, briferent les autels. On voulut trop
tard s'oppoferà leur fureur; il y eut un tumulte , & Jean
Matthieu ayant été tué dans la mêlée, Jean de Leyde
prit fa place , & le titre de roi de juftice Se d'ifraël.
I François de Waldeck , évêque& prince de Munfter, vou-
lut les réprimer par la force. Jean de Leyde foutint le
fiégc durant quatorze mois. La ville fut prife par force,
©n lit un grand carnage de ces fanatiques désefpéi es : le pré-
tendu roi fut pris; on le promena dans le pays avec les prin-
cipaux complices de fa fureur. Enfin le 22 Janvier IJ36,
ce miférable fut tenaillé , Se , après avoir fouftert divers
fupplices , on lui enfonça un couteau dans les entrailles,
on le traîna fur la claie , Se on fuspendit fon cadavre dans
une cage de fer , à la tour de S. Lambert, Deux autres
complices de fescrimes , qui prenoient la qualité de prin-
ces , favoir Bernard Krechting Se Bernard Knipperdol-
ling , furent traités de même, Se mis dans des cages de
fer , mais un rang au - deflôus de lui. Munfter préten-
doit être ville anféatique Se impériale , Se en cette quali-
té , elle vouloir fe mettre fur le pied de quantité de villes,
qui font parvenues à ne point dépendre du prélat , dont
elles renferment la Cathédrale. Le fameux Chriftophe Ber-
nard de Galen l'aifiégea & la prit en 1661, fans troubler ni
fes voifms . ni l'Empire, Se depuis ce tems-là Mt»nrter
cft demeurée dans une entière obéi/Tance à fes évêques.
L'Evesché de Munster eft un des plus confidéra-
bles d'Allemagne par fon revenu , qui eft de trots cens
mille écris , par la fertilité de fon pays , par le grand
nombre de gens robuftes Se guerriers dont il eft peuplé,
& par la quantité de places fortes qui le couvrent. C eft
préfentement un ufage , que cet évêché eft poftedé par
des Seigneurs qui jouiftent encore de quelque autre. Le
comte de Méternich étoit en même tems évêque de Pa-
derbom ; aujourd'hui l'Electeur de Cologne poflede ,
outre fon archevêché , les évêchés d'Osnabrug , de Pa-
derborn Se de Munfter. * Heijf 1. 6. c. 6.
Les principaux lieux de cet évêché , font
Munfter, capitale ,
Coésfeld , autrefois réfidence des évêques , avant la
réduction de Munfter.
Meppen , place forte fur l'Embs.
Vechte , forterefte dans un marais.
Stromberg, château & Burgraviat près de la Lippe.
Boikelo , feigneurieau pays de Zutphen , quiadon-
• né matière à des démêlés, entre les évêques de
Munfter Se la république des Provinces,- Unies.
443
L état de l'évêque de Munfter eft féparé en deux par
ties , que l'on diftingue par les noms de Haut Se de
Bas
Le Haut Èvesche' de Munster eft borné au nord
par rOveriftel , par les comtés de Benthcin, de Lingen,
l'évêchc d Osnabrug , les comrés de Teckelenbourg Se
de Ravenfberg ; au couchant , par les comtés de Rhede,
de Rilberg Se de la Lippe ; au midi par la Lippe Se par
le duché de Cleves; au couchant par le comte de Zut-
phen. Le bas évêché de Munfter eft borné au nord
par la principauté d'Oftfrife , Se par le comté d'Olden-
bourg; à l'orient, par le comté de Diepholt , qui cft à
la màifon de Brunswick ; au midi, par l'évêché d'Osna-
brug , Se par le comté de Lingen , qui eft au roi de Prus-
fe. Entre ce comté Se celui de Benthem eft une petite
communication qui n'a pas plus d une lieue de largeur
en quelques endroits, Se qui joint la partie feptentrionale,
qui eft la balle , avec la méridionale qui eft la haute.
La ville de Munfter eft encore très-remarquable par
le fameux traité de paix général, qui y fut réglé en 1648.
On le nomme le Traité de Munfter , Se le traité- de
Weftphalie , parce que les plénipotentiaires s'étoient par-
tagés, Se travailloient en deux villes en même tems ; fa-
voir, les Suédois à Osnabrug , Se les François à Mun-
fter ; dc-là vient qu'y ayant eu deux traités , l'un de Mun-
fter Se l'autre d'Osnabrug , on a dit pour leur trouver uu
nom commun , le traité de JVeftphalie.
3. MUNSTER, gros village des Pays-Bas en Hollan-
de, dans leDelfland, à trois petites lieues de Delft , Se
à égale diftance de la Haye. * Ditlionaire Géographique
des Pays Bas.
4. MUNSTER, village de la Suilîe dans le haut- Val-
lais, au département de Goms, à une demi-heure de
chemin au-deilousd'Ulrichcn , au milieu d'une grande &
bel le prairie. * Etat & Délices dda Suijfe,' tome 4.p. 173.
5. MUNSTER ou Mounster,cii latin Mumonia %
province d'Irlande, appellée par les Irlandois originaires
Mcwn,& vulgairement Wown. Elle eft bornée à l'eft
par la province de Leinfter , dont elle eft féparée par la
rivière de Shure ; à l'oueft , par la mer Atlantique ou Oc-
cidentale ; au nord , par la province de Connaught, donc
elle eft féparée par le Shannon ; au fud Se au fud-oueft »
par l'Océan méridional : fa figure eft un cfpéce de car-
ré long. Sa longueur , depuis le havre de Waterfort jus-
qu'à la pointe occidentale dans le comté de Kerri , allez,
près de Dingle , eft d'environ 13; milles; fa largeur de-
puis les parties feptentrionales de Tipperari jusqu'à Bal-
timore, dans le comté de Cork, eft d'environ 120 mil-
les; mais depuis Baltimore jusqu'aux parties feptentriona-
les de Ketri, ce qui eft plus naturel, iln'y a que 68 mil-
les. Du refte cette province a environ 600 milles de
circuit, à caufe de fes grands tours Se retours. * Etat
préjent de la grande Bretagne , t. 3. p. 22.
Les principales rivières de la province de Munfter
font la Shure , 1 Awtdlufie , la Lée , la Bande , la Leanc
Se le Cashon. II. y a quantité de bons ports Se d'excellen-
tes baies avec plufieurs villes riches : l'air y eft doux Se
tempéré : on y voit en quelques endroits de hautes mon-
tagnes , déferres & couvertes de bois : mais les vallées en
font fertiles , abondantes en bleds , & agréables à la vue.
Ses principales denrées font le gros Se le menu bétail .
le bois Se toutes fortes de poiffons , fur-tout des harengs.
Elle contient l'archevêché de Cashel , Se cinq évêchés ,
fept villes avec des marchés publics, vingt-cinq bourgs
qui ont droit d'envoyer leurs députés au parlement ; foi-
xante fix châteaux d'ancienne fabrique , Se quatre-vinge
paroitTes en tour. Quoique Waterford palTe d'ordinaire
pour la principale de Ces villes, Limerick l'emporte au-
jourd'hui.
Cette province éroit autrefois un royaume diftinct ,
qui renfermoir une partie de Connaught, c'eft-à-dire le
comté de Thomond. Depuis que les Anglois l'eurent
conquife, elle fut toujours unie à la couronne d'Angle-
terre, excepté un peu de tems fous la reine Elifabeth,
que les Eipagnols fe rendirent maîtres d"un petit quar-
tier. Elle eft gouvernée par un feigneur préfident, un ad-
joint , d;ux jurisconfultes Se un fecrétaire.
Anciennement la province de Munfter étoit parta-
gée enrre les Uterni , habitués à Tipperari; les Coriandri,
qui poftédoient Limerick, Warerford, une partie de Tip-
Tarn. IV. Kkk ij
MUN
444 ,,
peiari 6c de Cork. Les Lucenï qui occupoient Kerri', les
Velibori qui avoient Desmond cx'Cork : Si les Vaudii, qui
jquiffoienc d'une partie de Coïk. Dans la fuite elle fut di-
vifëeen Desvtotufn tJ^erwatvn, AîeàntOoii)ri0" Urwoivn,
Se plus caïd en Ou est& Sud-Munster: mais aujourd'hui
on eri fait cinq comtes, qui font Tipperari , Waterford ,
Coi k auquel on joint Desmond, le comté de Lirherick& ce-
lui de Kerri. Trois de ces comtés, fa voir Wateifôrd, Cork
& Kern continent a la mer , Se le:; deux autres , Tippeia-
ri & Limerick font enclavés dans les terres. On les fub-
divife tous en cinquante deux baronnies.
6. MUNSTER, paroiffe du paysdesGrifons.dans la li-
gue de laCaddée oumaifon de Dieu, dans la première ju-
risdiction de la communauté du Munlter-Thal. 11 y a
dans cette paroiile , une riche Se ancienne abbaye de re-
ligieufes , fondée par Charlemagne. L'abbelTe a la fei-
gneurie du lieu , auni-bien que de Ruinaccia Se de Gual-
do qui en dépendent. * Etat & Ddices de la Suijje »
t. 4. pag. 69.
7. MUNSTER EN ARGAEW, bourg de SuifTe au
canton de Lucerne , au nord du lac de Surfée. Ce bourg
eft beau Se grand , Se bâti comme une ville. Il y a une ri-
che abbaye de chanoines réguliers , fondée dans le dixiè-
me fiécle par un comte de Lentzbourg, nommé Bero;
c'eft pour cela qu'on l'appelle en latin Beroaa SeBeroutHn-
fe manafter'utm. Le prévôt de l'abbaye a haute Se baffe ju-
if ice d tns toute la banlieue de Munlter , mais la fou verai-
nété appartient au canton de Lucerne. On appelle, ce
quartier-là MicHEL-AMPT,c'eil-à-dire le bailliage de Mi-
chel. On voit dans féglife de Muniter , le tombeau d'un
chanoine, nommé Jean de Baldcck , doyen de Kilchberg,
qui mourut en 1 348, âgé de 186 ans. Cet homme , étant
parvenu à un âge extrêmement avancé , les dents lui
tombèrent -, il lui en vint de nouvelles, Se fes cheveux
qui étoient gris , redevinrent noirs. Son rombeau , qui eft
à l'entrée du chœur de l'eglife, porte l'infciiption ou épi-
taphe fuivante :
De A ïichberg canus edentatus decamts
Rttrfum dente scit , nigrescit , hic requiescit.
Cette abbaye a produit quelques hommes illuftres ,
entr'autres l'hiftorien Henri Gundelfîngen Se Joli de Syl-
lcnen de Lucerne \ il y fut évêque de Valais en 1482 ,
& administrateur de l'évêché de Grenoble. * Etat ©" Dé-
lice t de la Suijje, rom 2. pag. 401.
8. MUNSTER , in der S. G.egorienThal , c'eft-à-dire
Munfler dans la vallée de S. Grégoire , ville d'Allema-
gne en Alface. Elle doit fon origine à un monaftere qui
y fut fondé au VII fiécle par Childéric , roi de France,
fous le titre de la Ste Vierge , S. Pierre & S. Paul Se S.
Grégoire Pape. C'elt S. Grégoire le grand qu'elle recon-
noit pour fon Patron ; & on y prétend que fes premiers
religieux font venus du monaltere de S. André de Ro-
me-, fondé par ce faint pape. Ce monaftere a donné des
évêques à Strasbourg Se a d'autres Eglifes : il elt de l'or-
dre de S. Benoît. Les guéries Se l'héréfie l'avoient ré-
duit à rien, lorsque Dieu infpira Marchand, religieux
de S. Germain des Prés , qui en étoit abbé , de l'unir à la
congrégation de S. Vanne. C'elt aujourd'hui une des
meilleures maifons de la réforme. On y conferve la cou-
ronne du roi Dagobert , qui fert de mître aux abbés de ce
monaftere. Du tems de l'abbé George, la ville devint
une principauté de l'empire , Se attachée au cercle du
haut Rhin. Cette ville & la vallée font gouvernées par
l'abbé Se par un confeil , Se ont les mêmes privilèges que
les villes de Colmar .Keyferfberg Se autres. La ville , qui
eft dans la Haute-Alface , a été incorporée dans le bail-
liage de Haguenau. Cette ville eft peu de chofe. * L' Ab-
bé le Bœuf.
9. MUNSTER IM MEYENFELD, petite ville fur
la Mofelle , dms léleétorat de Trêves , Se plus particu-
lièrement dans la plaine de Meyen. Voyez. Meynfeld.
10. MUNSTER EIFFEL , Mona/ïerium Eiffile , petite
ville de Weltphalie, au.duché de Juliers. Elle a pris fon
nom d'une abba<,e de Bénédictins qu'il y avoit autrefois ,
Se fondée au IX fiécle.
MU:>r>TERBERG , petite ville de Siléfic , dans la
principauté de Munfterhcrg dont elle eft la capitale.
Voyez. Monsterberg
MUNSTER -BILSEN, village du pays de Liège,
MUO
dans le comté de Lootz , fur la rivière de Demer. Il
y a un beau chapitre de chanoineflés , Se le village eft
fort beau. * Ditt. géogr. des Pays-Bas.
MUNSTLRL1NGEN , abbaye de Suiffe , dans
le Thourgau , au voifinage de la ville de Conltance ,
& fur le bord du lac de ce nom. C'elt un monallere
de filles de l'ordre de faint Benoît , fondé en 970 , Se
dont les religieu&s ont le titre de chanoineflés. * Etat
(Jr Délices de la suijje , t. 3. p. 170.
MUNSTER-THAL , ou le val de Munster. Ccft
le nom de la onzième communauté de la ligue de la
Caddée , au pays des Grifons, entre les monts StrclaÔc
Fluela. Le Munikr-Thal tire fon nom d'un couvent
de religieufes qui s'y trouve. Ce petit pays eft partagé
en deux juiisdictiorjs, dont la première a quatre parois-
(cs , qui compiennent les lieux fuivans.
i". Vers le mont Valdera , Cierfs , Valdera, Val-
cava.
2°. Santa-Maria, Silva, Terza.
30. Munster.
40. Tuberio &Bovilio.
Dans toute cette jurisdiction ,on ne confisque jamais
aucun bien à perfonne. Les affaires criminelles y font
pouifuiviespar le miniftral, avec le châtelain ou bailli
de Furftenburg , qui eft établi par l'évéque de Coire ,
Se les amendes appartiennent à ce châtelain.
La féconde jurisdiction n'a que des hameaux. Elle dé-
pend pour le criminel des comtes de Tirol , qui font fei-
gneurs du territoire. * Etat & JJéiiczs de la Suijje , t. 4.
pag. 68.
MUNTOBRICA, ville de la Lufitanie. L'itinéraire
d'Antonin la met fur la route de Lifbonne à Emérita,
entre Fraximts Se ad Septem Aras , à trente milles de
la première, Se à quatorze milles de la féconde.
MUNTURNvE. Voyez. Minturn^.
MUNYCHIA, ou Munychius Portus , nom d'un
des ports d'Athènes. II étoit accompagné d'un bo.irg
de même nom , renfermé par de longues murailles qui
s'étendoient jusqu'au Firée. Cornélius Nepos , in Thra-
fyb. c. 2. dit que Thrafybule forrifia Munychia. Plu-
tarque , in Demofth. ajoute qu'il y avoit une garnifon.
Strabon , /. 9. fait entendre que de fon tems Muny-
chia n'étoit plus qu'une élévation en forme de pénin-
fule ; il dit pourtant qu'anciennement ce lieu avoit été
ceint de murailles & habité. Ptolomée place le port
de Munychia au-delà de l'embouchure de llliffus du
côté de l'orient , Se l'éloigné de dix milles du Pirée : il
fe trompe encore en mettant Je port de Munychia au
levant de Phalere : il étoit au couchant. Tous les fai-
feurs de cartes ont fuivi cet ancien géographe , & fe
font trompés avec lui. Comment Munychia Se le Pirée
auraient- ils pu avoir une muraille commune , s'ils eus-
fenc été aulTi éloignés l'un de l'autre î MM. Spon , De-
feription de la ville d'Abènes , t. 2. p. 133.& Wehler,
Voyage d'Athènes, l. 3. p. 208. qui ont été fur les lieux,
difent que le port de Munychia étoit petit , très- bon
Se bien fermé ; mais qu'il n'y a préfentement presque
point de fond, Se qu'il eft abandonné. On voit aflez
près de la côte dans la mer des ruines de voûte , &
des pièces de colomnes Se de pierres de taille -, mais
il y en a beaucoup plus fur la côte tout proche de la
mer. On y voit des caves taillées dans les rochers , des
voûtes, des murailles, Se les fpndemens d'un temple
qui pourrait être celui de Diana Munychia. De ce
port au Pirée , il y a à peine deux portées de mousquet
en droite ligne ; mais par la côte, à caufe des contours
& des petites langues de terre, il y a près d'une lieue;
ce qui fait voir combien Ptolomée s'eft mépris, en
mettant cinq lieues de diftance entre ces deux ports ;
puisque mêmePhalara, qui eft le plus éloigné du Pi-
rée, n'en eft qu'à deux lieues. La côte eft à la vérité
comme une presqu'ifle , dont Phalara fait le détroit
ou l'ifthme à l'eft , Se Pirée à l'oueft. * Thucyd. 1. 1.
p. 109.
MUNYCHIATES, contrée de l'Arabie Pérrée, fé-
lon Ptolomée, /. f. c. 17.
MUON , rivière de la Chine , dans la province de
Huquang , au midi de la ville de Luki. * Atlas Si-
nenfis.
MUONCHING , ville de la Chine , dans la pro-
MUR
MUR
vincc de Péking , au département de Paoting , féconde
métropole de "la province. Elle eft d'un degré cinquante-
une minutes plus occidentale que Péking, fous les tren-
te-neuf degrés vingt-huit minutes de latitude.
MUR , en latin Munis , en grec Tux°s- Les Grecs
appelloient ainfi certaines niaifons fortifiées que nous
appellerions aujourd'hui Châteaux.
Il eft auffi arrivé que les anciens ont bâti àes murs
extraordinaires. Telle étoit la muraille que les empe-
reurs de Conftantinople firent élever pour garantir
Conftantinople Se fes environs des incurfions des Bar-
bares. Telle croit auffi !a muraille qui fermoit l'entrée
du Péloponnèlé ou de la Morée du côté de l'ifthme.
Telles éroient les deux fameufes murailles qui fépa-
roient l'Angleterre , foumife aux Romains , du relie de
l'ille dont les habitans refufoient de fe foumettre. Telle
eft encore la grande muraille de la Chine , dont je
parle ailleurs. Voyez aux mots Examilion , Tarta-
rie , Sec.
MUR DE BAREZ , ville de France , dans le Rouer-
gue. il y a une collégiale, dont le chapitre eft com-
pofe d'un doyen , d'un facrillain , de dix chanoines &c
de douze femi prébendes , qui n'ont enfemble que deux
mille cinq cens livres. Il y a encore des Cordelicrs Se
des Clarifies.
i . MURA. Voyez. Murs A.
2. MURA , nom latin de la rivière de Muer. Voyez
Muer.
MURADAL, ou Puerto -Muradal , que quel-
ques-uns écrivent PUERTO-MUI.ADAR , HOIT1 d'un Pas
de la montagne de Morena , par où l'on entre de la
Caftille Neuve dans l'Andaloufie , vers les frontières
de Portugal. Ce lieu eft renommé dans l'hiftoire par
la victoire que les Espagnols y remportèrent en 1202
fur les Maures qui y perdirent deux cens mille hommes.
Alfonfe , roi de Caftille Se le roi de Navarre comman-
doient les Chrétiens contre ces infidèles. Ce lieu s'ap-
pelloit ancicnnnemtnt Saltus C'fhtlonenfls. Voyez au
mot Saltus < l'article Saltus Castulonensis. * Cor-
neille réforme.
MUKANNIMAL, ville de l'Arabie Heureufe , fé-
lon Pluie , /. j. c. 28. Quelques manuferits lifent Vran-
mimal.
MURANO, ifle d'Italie , à un mille au nord de la
ville de Venife , autrefois le refuge des Alcinates Se des
Opitergiens, lorsqu'ils fuy oient la perfécution des Huns.
La ville qui eft bâtie dans cette ifle , & qu'on appelle
une autre Venife, fait les délices des Vénitiens. Voyez
au mot Venise. L'iile de Murano a trois milles de cir-
cuit , & eft divifée en deux parties par un grand canal.
* Magin , Cnne du Domaine de Venife.
MURANUM , lieu d'Italie, dans la Campanie , à
ce qu'il paroît par une ancienne infeription rapportée
parLazius , dans fa République Romaine , Se par Aide ,
dans fon traité de l'Orthographe. Ortelius, foupçonne
que ce pourroit être la Summurammi d'Antonin ,
itï/icr. «
MURASSON , bourg de France , dans le Rouerguc ,
éleétion de Milhaud.
1.. MURAT , ville de France, dans la Haute-Au-
vergne {a), fut l'Alagnon, en latin Muratum ad Ala-
vionem jluvium. C'eft une ancienne vicomte qui appar-
tient au roi. La ville eft fituée au pied d'un rocher,
fur le haut duquel on voit encore les ruines d'un châ-
teau. Corneille n'a pas été bien inftruit , quand il a dit
qu'il y avoit un collège de Jéfuites à Murât. Dans l'é-
glife de Notre Dame il y a un chapitre {b)\ mais les
canonicats font d'un très-médiocre revenu. Murât eft
le fiége d'un bailliage , d'une maîtrife des eaux & forêts
Se d'une prévôté royale qui refibrtit au bailliage de Vie
en Carladez. La plûparr des habitans de cette ville font
chauderonnicrs:ony fait aufli beaucoup de dentelles,
façon d'Angleterre, (a) Piganiol, Defcr. de la France ,
r. 6. p. 346. (/>) lbid. p. 304.
2. MURAT, forer de Fiance, dans la maîtrife des
eaux Se forêts de Lyon \ elle eft de fept cens quatre-
vingt deux arpens.
MURATEAU , bois de France , dans la maîtrife des
eaux &c forêts de Montmarault : il eft compofé de cent
dix-huit arpens Se un quart.
445*
MURAW , bourg d'Allemagne, dans la iiine, à
quatre milles des confins de l'Autriche fur la M.icr. Ou
croit que les anciens l'ont appelle ad Tontem Mûri. *
Jaillot , Atlas.-
MURBACH, abbaye de France, dans la Haute-Al-
face , fur la rivière de Rotbach , entre Colmar Se Muhlr
haufen , dont elle n eit qu'a trois lieues. Cette abbaye eft
très-ancienne, ayant été fondée en 714. Saint I irmin
étant en Alface (./),ybarit l'abbaye de Murbach dans
un fonds qui lui fut donné par le comte Eb^ihatd,&:
y mit douze religieux tires de Richnow. niic fut ap-
pellée la Retraite des Pèlerins , fans doute parce qu on
les y recevoir avec beaucoup de charité , connue il pa-
roîr par la chante de Tliiei ri IV , qui confirma cette fon-
dation l'an 725 , ou plutôt l'an 73 1.0117? 2. On ditqu'E-
berhard y embraffa la profeflion religieufe, Se qu'il y finit
fes jours. Ce monaitere devint très- riche ( ' ) : il eut
de grands biens en Suifle , Se même la feigncr.rie de
la ville de Lucerne. L'abbé a été mis au nombre des
grands princes de l'Empire , qui donnoient leur fuffra-
gc libremeni dans les diètes, Se il n'étoir pas du nom-
bre de ceux qui n'ont voix qu'en corps. Le catalogue
des abbés de Murbach eft fort ftérile (c ) , Se ne con-
tient presque que les noms. On met de ce nombre faine
Symbert. Gontrand Se Frédéric obtinrent des bulles du
fiége Apoftolique Se des lettres des empereurs qui les
maintinrent dans leurs privilèges. Entre ces deux abbés
on place Sigismond , ou Sigimar , à q;;i l'empereur Lo-\
rhaire accorda en 834, quelque giace à Straibourg.
Frédéric fit en 88 y , une fociété de prières avec les
moines de faint Gai. Murbach étoit alors du diocèfe de
Bafle. Rodolphe Steur ou Stohr de Srohrenboutg(d) ,
pourvu par les bulles de Paul 111, invefti par Charles
V, poflèda conjointement l'abbaye de Murbach Se celle
de Lure ou Luders , fituée fur les confins du comté
de Bourgogne Se des terres de Monrbelliard. Par le trai-
té de Munftcr , l'abbé de Murbach Se de Lure eft comp-
té entre les états fitués en Alface , qui doivent demeurer
immédiatement fournis à l'Empire par l'article Ttneatur ;
mais en 1680, le roi de France fut mis en pofleflion
du fuprême domaine fur Murbach : l'abbé, qui étoit évê-
que de Straibourg ( François de Furftcnberg ) fe fournit
au feu roi Louis XIV , comme onr fait ceux qui lui
ont fuccédé dans cette abbaye ; ce qui a été autorife
à l'égard de toute l'Alface par le traité de Ryswyck ,
confirmé par ceux de Radftat Se de Bade. On fuit danS
l'abbaye de Murbach la régie de faint Benoît ; | on n'y
reçoit que des nobles de 16 quartiers paternels Se ma-
ternels, L'abbé eft feigneur des villes de Gibreiller , de
Watriker , de faint Amarin Se de fa vallée entière,
ainfi que de plufieurs autres terres. Les revenus de l'abbaye
confident en vins, en grains Se en pâturages. On voit
par les anciens regiftres qu'il n'étoit pas permis aux re-
ligieux de procéder à l'élection d'un abbé, fans requé-
rir les commifiaires de la régence établie à Enfisheim
pour les archiducs. C'eft à préfent le roi de France
qui nomme les commifiaires , en préfence desquels les
religieux choififlent trois perfonnes , Se dreflent un pro-
cès verbal de la pluralité des voix fur les trois qui ont
cet avantage. Le roi choifit celui des trois qu'il juge à
propos. On y voit le tombeau du fondateur à côté du
grand autel , Se à l'oppofite celui de fept religieux mafTa-
crés par les Huns. La bibliothèque eft dans le clocher.
Les plus rares livres font les manuferits , dont il y en .
a en lettres mérovingiennes , lombardes Se faxonnes ;
fur quoi il faut voir le voyage littéraire de dom Mar-
tenne , t. 1. p. 2. L'églife eft fous le titre de faint Léger,
évêque d'Autun. (a) Abrégé de l'hifl. de l'ordre de faint
Benoît^ 1. 4. c. 21. (b) Longuerite , Defcription de la
France, part. 2. pag. 242. (c) Abrégé de l'hifl. de
l'ordre de faint Benoît , 1. 5. c. 59. (d) Longuerue ,p.
242.
MURBOGI , peuples de l'Espagne Tarragonnoife ,
félon Prolomée , /. 2. c. 6.
MURCI. Voyez Virgi.
1. MURCIE , c'eft le nom du plus petit de tous les
royaumes qui compofent la monarchie d'Espagne, à
moins qu'on ne veuille prendre Jaen Se Cordoue pour
deux royaumes particuliers. Il eft borné au nord par
la Caftille Nouvelle -, à l'orient , par la mer Méditerra-
44 6
MUR
MUR
née & par le royaume de Valence ; au midi encore par la 1ers , vingt quatre greffiers , douze procureurs Se divers
mer Méditerranée ; Se à l'occident , partie par la Nou-
velle Caftille, partie par le royaume de Grenade. 11 peur
avoirenviron vingt-cinq lieues de longueur, fur vingt-trois
de large, Se vingt-quatre ou vinge-cinq lieues de côres
fur la mer Méditerranée. * Délices d'Espagne , p. j 3 3.
Anciennement ce royaume étoit habité par les Balli-
tains , dont parle Ptolomée , par les Belitains Se par
les Deitains , dont Pline fait mention. Du tems de Tin-
avocats, dont le nombre n'eu, pas fixé. Lorsqu'on fonne
le toefin aux environs de la ville , le gouverneur eft
obligé de fe rendre à la tête de fes troupes à l'endroit
où eft l'alarme , Se d'aller enfuite à Carthagéne , pour
défendre les côtes des invafionsdes Maures , qui y font
de fréquentes courles.
La police eft très- bien exercée dans cette ville. Les
pommes, les poires, les grenades , les abricots , les fi-
gues, lesraifins, les pèches, les dattes , la chair & le
pain s'y vendent au poids Se le prix en eft fixé par le
magiftrat ; fi quelqu'un veut vendre au- delà, le bourreau
le promené par la ville fur un âne & le fouette. Les*
officiers de la jultice fuivent à cheval , Se au-devant d'eux
marche un trompette qui cric hautement à tous les
carrefours : C'efi la punition que fa majefté , ou la juftice
en fon nom , commande être faite de cet homme ( ou de
cette femme ) pour tel crime , pour lequel il efi condamné
à tant de coups de fouet ; mais ce qu'il y a de fingulier ,
On compte dans ce royaume quatre grandes villes c'eft que fi le bourreau lui donne plus de coups de
fouet que la fentence ne porte , on le fouette lt
vafion des Maures , ces barbares s'en rendirent les maî-
tres en 715 , & le pofiéderent dans une entière indé-
pendance, jusqu'en 1 241, qu'ils fe rendirent tributai-
res de Ferdinand , roi de Caiîille ; Se pour la fureté de
l'engagement qu'ils contractèrent avec lui , ils remirent
entre les mains de l'infant don Alfonfc , fon fils, la forte-
reffe de Murcic. Ce prince profita tellement de l'avan-
tage qu'il avoir fur eux , qu'en 1 26 j , il fe faifit du royau-
me 5c du roi Maure qui regnoit en ce tems-là. * Vay-
rac, Etat préfent d'Espagne, 1. 1. p. i;6
honorées du titre de cite ; favoir ,
Murcic , Carthagéne, Almacaren , Lorca.
Ce royaume n'a que deux rivières qui foient un peu
remarquables. La première eft la Segura , appellée an-
ciennement Terebus& Sorabisj l'autre eft Guadalenrin.
Le terroir de ce royaume produit de fort bon vin
& de bons grains , mais non pas en grande quantité ,
à caufe que dans la plupart des endroits il eft montueux.
Ses plus grandes richefles confiftent en fruits exquis ,
comme oranges, citrons, limons Se autres ; en légumes
de toutes espèces , en 1 iz , en fucre , en miel , en foie
Se fur-tout en une espèce de jonc , qu'on appelle Sparto
en espagnol , qui eft d'un très-grand ufage pour faire
des nattes , des cordes Se une forte de chauflure qu'on
appelle Espargatas. L'air de ce royaume eft fort fain.
2. MURCIE , ville d'Espagne , au royaume de mê-
me nom , dont elle eft la capitale. C'eft cette ville que
les anciens appelloient Murgis , félon quelques hifto-
riens ; mais d'autres prétendent que Murgis étoit fituée
dans l'endroit où l'on voit aujourd'hui Muxacra, & que
Murcie eft l'ancienne Mencaria. Quoi qu'il en foit ,
Murcie eft une grande Se belle ville , fituée dans une
plaine délicieufe, au bord delà rivière de Segura , très-
bien peuplée , ayant fept paroifles & environ dix mille
habhans. Les rues y font très-belles Se fort droites , Se
les maifons bien bâties. Sa cathédrale , dont le clocher
a la montée fi douce , qu'on peut monter jusqu'au faîte
à cheval Se en carroffe , fait un beau morceau. On voit
dans cette églife le tombeau dans lequel le cœur & les
entrailles d'Alphonfe X , roi de Calbllc , font inhumés.
Ce monarque voulut laifler à cette ville cette marque
de fon affection Se de fa reconnoiffance du fervice im-
portant qu'il en avoit reçu ; car ayant été élu empereur
au préjudice de Richard , roi d'Angleterre , Se ayant ab-
diqué l'Empire à caufe de quelques difficultés qu'il trou-
va , lorsqu'il en voulut prendre poflèffion ; quand il pen-
fa à rentrer dans fes états en 1 27 3, Sanche , fon fils , bien
loin d'aller au-devant de lui pour le recevoir , lui en
défendit toutes les avenues ; toutes les villes lui fermè-
rent les portes , excepté Murcie , qui lui fournit un afyle
afluré. La première marque de reconnoiflance qu'il don-
na à cette ville , fut de changer Ces armes en fept cou-
ronnes d'or en champ de gueules. La raifon pour la-
quelle Murcie fit paroïtre un fi grand attachement aux
intérêts du roi Alphonfe , c'eft que ce prince l'avoit
tirée par fa valeur de la honreufe oppreflion fous la-
quelle les Maures la fai foient gémir.
Parmi les chofes remarquables de cette ville, on fait
grand cas du couvent des Cordeliers , tant par la ma-
tu-
meme.
Hors de la ville on voit fur une hauteur un château ,
que les Espagnols appellent Monte- Agudo , qui peut
lui fervir de défenfe en cas de befoin. Tous les environs
de Murcie font agréables, abondamment arrofés Se
très-fertiles. On y recueille du vin , du miel Se toutes
fortes de fruits excellens : on y voit particulièrement
une quantité prodigieufe d'oliviers ; mais le plus grand
revenu vient de la foie, dont la quantité va, félon la
fupputation des gens de commerce, à plus de deux cens
mille livres pefant par année , Se qui produifent envi-
ron un million de profit aux propriétaires. On fait état
que pour entretenir les vers qui la produifent, on voit
dans la campagne jusqu'à trois cens cinquante-cinq mille
cinq cens pieds de mûriers. On trouve auffi dans le
voifinage de cette ville quantité de cannes de fucre Se
du riz. On y nourrit une multitude infinie de trou-
peaux. Le gibier de toute espèce y eft commun, Se les
plantes medecinales n'y manquent pas.
MURC1NUS. Voyez. Myrcinus.
MURCONENS1S, fiége épiscopal d'Afrique , dans
la Mauritanie Cefarienfe. La notice d'Afrique cite Mad-
âanius Murconenfis. * Hardouin. collect. conc. vol. x.
p. 87y.
MURCUS, nom que portoit anciennement le mont
Aventin , félon Sext. Pompeius.
MURE, Se la Meyrie , ville de France, dans la
Dauphiné , élection de Grenoble.
MUREAUX , abbaye de France , dans la Champagne,
à une lieue au couchant de Neuf- Château , & à qua-
tre au midi de Vaucouleurs. Cette abbaye eft de l'or-
dre de Prémontre. Les religieux de ce lieu difent être
de la fondation des comtes de Champagne , Se en met-
tent communément l'époque à l'an iijo-, mais leurs
biens les plus confidérables viennent de la maifon de
Lorraine , anciens feigneurs de Bourlcmont. Le revenu
de l'abbé eft de deux mille cinq cens livres. * Baugier>
Mém. hiltor. de Champagne , r. 2. p. 247.
MURECK. Voyez, Muereck.
MURET, ville de France (a), fur la Garonne, 3
deux lieues au-deffus de Touloufc. Dans les anciens ac-
tes le nom de cette ville fe trouve écrit en françois
Murel, Se en latin Murellum. On voit par les auteurs
qui ont écrit de la guerre des Albigeois , que cette pla-
ce étoit du Comminges avant l'an 1200. Pierre d'Arra-
gon (b) ayant pris le parti des Albigeois , Se étant afîî-
fté des comtes de Touloufe , de Foix Se de Commin-
ges , afliégea cette ville en 1213, avec une armée de
cent mille hommes. Saint Dominique, qui étoit enfermé
dans cette place avec l'évêque de Touloufe , appella à
gnificence de fa ftructure que par la richeffe de fes or- fon fecours Simon , comte de Montfort , qui étant entré
nemens. \\ a trois grandes cours , deux portiques l'un dans Muret avec fes troupes , fit une fortie de qua-
fur l'autre & une très-belle bibliothèque , ornée de plu- torze mille hommes, faint Dominique étant armé d'un
fleurs portraits des grands hommes , qui ont fleuri dans Crucifix. Les affiégés taillèrent en pièces l'armée du roi
les armes, dans les lettres Se dans le gouvernement. d'Arragon , qui demeura mort fur la place, Se fut en-
LesJéfuitesy ont un collège. terré dans une chapelle qui fubfifte encore à deux cens
Il y a dans Murcie un gouverneur , qui eft comme pas de Muret. Le Crucifix , que portoit faint Domini-
une espèce de viceroi , Se qui commande à tout le royau- que ,.eft à Touloufe avec trois flèches qui font planrées
me: un lieutenant-criminel & un civil, douze confeiL dans le bois, fans que le Chrift ait été touché. Il j
MUR
MUR
a dans Muret mille ou douze cens perfonnes. Murer elt
chef dune chatelienie qui s'éiend des deux côtés delà
Garonne , & Je fiége de l'élection de Comminges. (a)
Longuerue , Dcfcnpr. de la France , part. i. p. 201. (b)
Figaniol , Deicr. delà France , t. 4. p. 586.
2. MURET, lieu de France , dans le Limoufin , près
de Limoges vers le levanr. Bailler , T.pogr. des Suints ,
p. $29, du: Saint Etienne de Graudmont fe retira vers
l'an 1076, Fur la montagne de Muret , où il vécut plu-
fleurs années dans des aullérités fort extraordinaires. Il
y mourut en nz^,& y fut enterré ; mais la foule du
monde qui fe rendoit de tous côtés à fon tombeau , Se
plus encore la jaloufïe des religieux d'Ambafac, qui
étoient à une demi-lieue de-Ià , Se qui prétendoient que
Muret leur appartenoit , obligea les disciples d aban-
donner le lieu pour éviter une contestation. Ils fe re-
tirerenr avec le corps du fainr en un autre lieu , nom-
mé Grandmond. Oii ne laiffa pas de faire porter en-
core long-tems depuis le furnom de Muret à faint Etien-
ne. Voyez. Grandmond.
MUREX, ville qu'il fcmble queCédrene place aux
environs de la Méfopotamie. Gabius lit Tumitrecem dans
Curopalate; mais c'elt une faute, car il joint l'article
avec le nom. * Ortelu Tbefaur.
MURGA, ville d'Espagne, dans la petite profince
d'Alava, fur le mont Gotdea. * Délices d'Espagne ,
p. 97.
MURGANTlA , ville d'Italie , dans le Samnium ,
félon Tite-Live, /. 6. c. 17. & 18. On ignore en quel
lieu précifément elle étoit fituée. Etienne le géographe
nomme cette ville Morgentium Se Morgentia. Voyez
MoRGANTIUM.
MURGENTINI. Voyez. Morgantium.
MURGI. Voyez. Murgis.
MURGILLUM, lieu dont il eft parlé dans le code
Théodofien , tit. 2. de Judœis. Orrelius » Tbcfanr. fur
la foi de Sigonius , die que c'eft une ville de la Pan-
nonie.
MURGIS , ville de l'Espagne Bétique, fur la côte
de la mer d'ibérie, félon Pline, /. 3. c. 1. Antonin , Lin.
qui écrit Murgi, la met fur la roure de Caltulo à Ma-
laxa , entre Turaniana Se Sexitanum , à douze milles de
la première , Se à trente-huit milles de la féconde. Si
on en croit Mendoza , In concil. lltib. c'eft aujourd'hui
Almeria ; Se fi on s'en rapporre à Mariana , Hift. Hijp.
h i.c. 18. ce fera Muxacra. Le père Hardouin pré-
tend que cette ville de Murgis elt différente de celle
que Ptolomée , /. 2. c. 4. donne aux Turdules Bétiqucs ,
*k qu'il place dans les terres : elle elt auffi différente de
la ville de Murcie , capitale du royaume de même nom ;
car cette dernière , bien loin d'être fur la côte de la
mer , en ett forr éloignée. Voyez. Murcie 2.
MURGISCA , ville aux environs de la Thrace, à
ce qu'il paroît par l'orailon d'Eschine contre Ctéfiphoiï.
* Orttlii Thefaur.
MURGUM. Voyez. Margum.
MURGUS. Voytz. Murtius.
MURI ou Mou ri , abbaye de SuilTe, dans les Pro-
vinces libres ou Bailliages francs , à une lieue au-deffous
de Bremgarten , près d'un village du même nom , au
bord de la petite rivière de Bintz. Mûri eft une grande
& riche abbaye de l'ordre de fainr Benoît , fondée en
1026 , par Radpoto, comte de Habfbourg. Le nom de
ce lieu eft venu de ce qu'on y a trouvé de vieilles
murailles , qu'on iuppofe avoir été des relies d'un tem-
ple païen ou d'une ancienne forrereffe romaine. L'é-
difice de cetre abbaye eft rrès-beau Se compofé de
plufieurs grands corps de logis. On y remarque
particulièrement une fale qui eft d'une grandeur pro-
digieufe Se de la dernière magnificence. On y a auffi
une fort belle bibliothèque où fe trouvenr er.rr'autrcs
quantité de manuferits qui regardent la maifon de Habs-
bourg. On garde dans le tréfor , parmi quelques-autres
raretés , le cor de chaffe d'Albert le Sage , comte de
Habfbourg : on croit que ce cor eit fait d'une dent
d'éléphant ; il porte cette infeription :
Notum fît omnibus cornu ifiud afptciemibus , qitod
C ornes ,
Albenus Alfatienfîs landgravius de Habispurg
nains .. . .
447
Sac ris rellquus cornu iftud ditavit.
H&c atla funt anno MCXCVIU.
Dans 1 eglife de cette abbaye , qui eft dédiée à faine
Martin, on voit le tombeau du fondateur, celui d'ifa
fa femme, fille de Charles, duc de Lorraine ; Se celui
d'Hedwige, fille d'Ulrich, comte deKybourg, femme
d'Alberr le Sage , comte de Habfbourg Se mère de Ro-
dolphe I , qui fur empereur. * Etat & Délices de la.
Sui/fe, r. 3. p. ijo.
MURI AN A ou Murianna, contrée de la petite.
Arménie. Ptolomée , /. 5. c. 7. qui lui donne le titre
de préfecture , y place les villes fuivantes.
Sindite , Zoropajfus , Arafaxa , Garnace.
Cbauna , Nyjja , Carnalts.
MURICI. Voyez. Sicmi.
MURICUM. Voyez. Autricum*.
MURIDUNUM, ville d Angleterre , fclon l'itiné-
raire d'Antonin. Le MS. du Vatican lit Merodunum.
Voyez Maridunum.
MURII. Voycz.ïicuu.
MURIS STATIO. Voyez. Myoshormos.
MURISIOS , lieu fortifié dans la Lazique, félon
Ortelius, Tbefaur. qui cite les Authentiques.
1. MURO , ville d'Italie , au royaume de Naples,
dans la Bafilicare , vers les confins de la Principauté
Citérieure , au midi de la ville de Ruvo. Elle eft épis-
copale , Se fon évêché elt fous la métropole de Conza.
* Magin , Carre de la Bafilicare.
2. MURO , montagne de Portugal , dans la pro-
vince de Tra los Montes ; c'eft une de celles qui ren-
fermenr cette province du côté de l'occident , Se c'eft
une des branches du mont Vindius ou Vmduus. * Dé-
lices de Portugal , p. 713.
3. MURO, port du Japon, fur le canal qui fépare
la grande ifle Niphon de celle de Xicoco. Il eft dans
la province de Bitfiu , dans la première de ces deux
ifies.
MUROCARINI. Voyez. Hyccara.
MUROCINCTA. Voyez, au mot Ad, l'article Ad-
Muros.
MUROELA, ville de la Haute Pannonie. Ptolo-
mée, /. i. c. iy. la place entre Sacrabantia Se Le-
mudum. Quelques-uns croient que c'eft aujourd'hui
Mureck.
MURON, bourg de France, dans la Saintonge ,
élection de S. Jean d'Angeli.
MUROS, ville d'Espagne, dans la Galice, fur la
rive feptentrionale d'un petit golfe , que la Tambre
forme à fon embouchure. Quelques-uns cioyenr que
c'eft l'ancienne Clattdiomerium. * Délices d'Ejpagne ,
pag. 127.
MUROTRIGES & Sumotriges. Humfried Lhuyd
donne ces noms à des peuples qui habiroient le comté
de Somerfet , en Angleterre. Ortelius , Tbefaur. croit
qu'il y a faute dans le premier de ces mots , Se qu'au
lieu de Murotriges , il faut lire Durotrigcs.
MURRANI, peuples de l'Afie propre, félon Pom-
ponius Mêla, /. 1. c. 2. Quelques manuferits portent
Miorani pour Murrani , d'autres liienr Mariandym ;
Se comme fi ce n'éroit pas aiîez de ces différentes le-
çons pour nous embarraffer , Pintaut voudroit lire Mo-
rimeni. Mêla eft le feul ancien qui faffe mention des
Murrani.
MURRAY, province d'Ecoffe , au couchanr de Bu-
chan, entre la rivière Spey à l'orient, Se le Nairnau
couchanr. Cette province elt maritime, &: la meilleure
Se la plus fertile de toutes les provinces du Nord. Elle
abonde en toutes chofes, en bled , en bétail , en finir ,
en poiffon , en oifeaux fauvages Se domelîiques , Se le
terroir y elt fi bon , que la récolte y eft fouvent faire
avant qu'elle, foit commencée dans les provinces voifi-
nes. Les habitans fe vantent d'avoir quarante beaux
jours dans l'année plus qu'aucuns de leurs voifins, Le pays
eft plat, fi on en excepte quelques collines qui le ven-
dent plus charmant»
448 MUR
Ses principales rivières font le Spey à l'orient , le
Nairn , le Findorn ou Herin.
Cette province efh divifée en deux parties , dont la
plus grande s'appelle Shire of Elgin , Se l'autre thb
Shire of Nairn. Elle donne le titre de comte à une
branche de la mai (on des Stuars , descendue du fameux
comte de Murray , qui fut régent d'Ecofle pendant la
minorité de Jacques VI. Les principales villes font El-
gin Se Nairn. * Etat préfent de la Grande Bretagne ,
t. 2. p. 274.
MURRHART, petite ville d'Allemagne, au cercle
de Souabe , dans le duché de Wurtenberg : fur la Murr ,
à deux milles de Hall , Se à pareille diftance de Schorn-
dorff. Il y a une abbaye , qui , félon quelques-uns , a été
fondée fous le règne de l'empereur Louis le Débonnaire ,
Se même par ce prince , en faveur du bienheureux Vai-
nc , hermite, qui en prit la conduite. L'abrégé de l'hi-
ftoire de l'ordre de raine Benoît, /. ;. c. 56. ajoute que
l'établiflèment de cette abbaye fut fait pour douze re-
ligieux qui dévoient garder la régie de faine Benoit. D'au-
tres cependant mettent cet établiflement fous Pépin ,
père de Charlemagne. Quoi qu'il en foit , la ville a
été fous la dépendance de ce monaftere: il eft vrai que
les comtes de Wurtenberg en étoient protecteurs , ce
qui leur valoir presque autant que d'en être les feigneurs
immédiats. Au relie , cette ville a un fauxbourg qui la
fait paroîrre plus confidérable qu'elle n'eft en effet. *
Zeyler , Top. Suevix.
1. MURSA ou Mursia , ville de la Bafle Pannonie ,
félon Antonin , itiner. qui la met pour terme de fa
route de Siicia à Mur/a , à trente milles de Straviana.
Dans la route de Sirmium à Trêves , il la place entix
CibaU Se Anûan&y à vingt-deux milles de la première
Se à vingt-quatre milles de la féconde. Quelques MSS.
en cet endroit lifent Mura pour Murfa ; mais c'eft une
faute de copiite. Ptolomée, /. 2. c. 16. nomme cette
ville Mufia culonia. , Se la met entre Vacontium Se
Sallis. Le père Hardouin & plufieurs autres croient que
c'eft aujourd'hui Eflek.
2. MURSA ou Mursium , ville de l'Ionie, félon
Etienne le géographe.
3. MURSA, lieu fortifié dans la Gaule , à trois jour-
nées de chemin de la ville de Lyon , félon Socratedans
fon hiftoire eccléfiaftique , lié. 2. cap. 3 1. De Valois ,
Not. Gall. pag. 366. croit que ce lieu eft le même
qu'on nomme aujourd'hui la Mure dans le Dauphiné ,
à vingt -cinq ou trente lieues de Lyon , ce qui peut
répondre aux trois jours de chemin dont parle So-
crate.
MURSELLA , ville de la Pannonie inférieure. Ptolo-
mée , /. 2. c. 16. la range au nombre des villes éloi-
gnées du Danube , Se la met entre Certifia Se hibalis.
L'itinéraire d' Antonin place cette ville fur la route de
Sobaria à Bregentio , entre Baiîîana Se Arrabona , à
trente-quatre milles de la première , & à vingt milles
de la féconde. Quelques exemplaires d'Antonin écrivent
Murcella.
MURSIA. Voyez. Mursa.
MURTA , en latin , monaflcrhim fanEli Hleronymï
de la Murta , célèbre monaftere d Espagne , dans la
Catalogne , près de la ville de Barcelone. 11 eft de l'or-
dre de faine Jérôme. * Marca , Hispan. lib. 2. cap.
MURTHLAY, ou Murtlac , ville d'Ecofle , dans
le comté de Marr, ik qui n'eft plus aujourd'hui qu'un
village , à quatre lieues d'Aberden , où fon évêché fut
transféré en 1130. L'abbé de Commanville, Tables al-
phabétiques.des cvêchés , p. 154. dit que Malcolm III ,
mit à Murtlac un évêché vers l'an 1060. C'eft une
erreur : Murtlac étoit, félon Buchanan , Rer. Scot.l.y.
un des quatre anciens évêchés dEcofle , auxquels Mal-
colm ne fit qu'en ajouter deux autres. De Commanville
lui-même a marqué dans un autre endroit , Tab. géogr.
& chr. part. 1. c. ia. que l'évêché de Murtlac avoit
été fondé dans le VII fiécle
MURTIUS , lieu où l'empereur Carinus fur tué ,
félon Vopiscus. Eutrope & Eufébe placent Murgus
entre Vimïnacium Se le Mont d'or dans la Pannonie.
On lit Margm dans un MS. d Eutrope. Voyez. Mar-
GUM.
MUR
MURU, ville Se port du Japon , dans la pres-
qu'jfle de Niphon, province de Bifien , fur la route
de Simonofecki à Ofacca, entre ltzijmodo & Akafi i
à dix lieues marines de la première , à treize de la fé-
conde , Se à trente Se une d'Ofacca. Le port du Mu-
ru eft étroit ; mais c'eft un des plus furs contre la rcm-
pete , parce qu'il eft couvert par une montagne qui du
continent s'avance vers l'oueft Se en couvre une bonne
partie. Les navires qui y abordent , doivent gouverner
nord eft, enfuite tourner fud-fud par elt , pour jetter
l'ancre près de la ville. Une bonné^artie du port eft
entourée d'un mur de pierres de taille. La fituation de
la ville elt agréable & commode : elle eft bâtie le long
de ce mur ou mole : elle contifte en une longue rue
étroite ,qui règne Le long du rivage , fait en demi-cer-
cle, & de quelques autres rues derrière le port, en al-
lant vers la montagne. Le nombre des maifons peut al-
ler en tout à fix cens. Elle eft habitée fur-tout par des
brafleurs de Sacki , des cabaretiers à bière , Se des mar-
chands en détail , qui gagnent confidérablement , à caufe
de la multitude de navires qui fe rendent tous les jours
à ce port. La ville eft gouvernée par un Bugio. Il y a
une célèbre manufacture de cuirs de chevaux qu'ils tan-
nent à la manière du cuir de Ruine , Se qu'ils vernis-
fent f on ne les vend que quatre maas la pièce. Quel-
que fale que foit cette ville, Se quelque vile que foit la
condition defes habitans, ils ne laiflent pas d'avoir un
marian , ou lieu de débauche public , pour s'aller diver-
tir. Les montagnes voifines font cultivées jusqu'au fom-
met Se vues de loin : elles forment une perfpective eu-
rieufe. Le bois qui eft derrière la ville d'un côté de la
montagne , qui met le port à couvert , reflemblanc à
une presqu'ifle , donne auflï un point de vue fort agréa-
ble Se fort varié. Ce bois eft fur un fol pierreux ; il
eft entouré de plufieurs baftions ronds, de corps de
gardes Se d'autres maifons bien bâties , Se agréablement
ficuées pour loger les officiers & les foldats. A l'extré-
mité occidentale du Havre près de l'entrée , il y a un
petit fort avec une garde de foldats. La colline fur la-
quelle eft ce bois , ou ce fort , elt jointe à la ville par
une petite langue de terre ; mais elle en eft féparée
pourtant par des portes Se des murailles , pour em-
pêcher une communication qui n'eft pas néceflaire. *
Kaempfer , Hiftoire du Japon, 1. 5. p. 117. 178 &
182.
MURVIEL, ville de Fiance, dans le Bas Langue-
doc, fur le Caulazon, à quatre lieues de Montpellier ,
Se à cinq de l'étang de Thau. On voit diverfes mar-
ques d'antiquité dans ce lieu.
MURVIS , ville de l'Afrique'propre. Ptolomée, /. 4.
c. 3. la place entre Caraga Se Zugar.
1 . MURUM , ville d'Espagne. Antonin , itiner. la mec
fur la route de Laminium à Tolède, entre Laminium
Se Confabtum , à vingt-fept milles de la première Se
à vingt-huit milles de la féconde. Simler dans ce paflage
d'Antonin , au lieu de Murum , lit Aurum.
2. MURUM , lieu dans les Alpes Rhétiques, félon
Antonin , qui le place fur la route de Bregenti à Mi-
lan , en pafiant le long du lac: il le met entre Tinnetio
Se Simrnus Lacus, à 15 milles du premier de ces lieux ,
& à 20 milles du fécond.
3. MURUM ou Murom , comme écrit de rifle,
Atlas, ville de l'empire Ruffien, dans la principauté
de Cachine , fur la rive occidentale de l'Occa , à quelques
milles au-deflbus de la ville de Cachine.
MURUS CiESARIS. Il refte encore quelques mar-
ques de cette muraille entre le lac de Genève du côté
de Nyon Se le mont Jura ', du moins c'eft l'opinion
commune. D'autres pourtant veulent que ce mur aie
été au-delà du Rhône , entre le lac de Genève Se le pas
de Clufe , dans l'endroit où le mont Jura traverfe le
Rhône & continue dans la Savoie , ce qui paroît mieux
convenir au texte de Céfar , /. i. c. 8. * Samfon , Rem.
fur la carte des Gaules.
MURUSTAGENSIS , fiége épiscopal d'Afrique, dans
la Mauritanie Céfarienfe , félon la notice épiscopale,
où Martianus eft qualifié episcopus Muruflagenfis. Il fe
pourroit faire que ce feroit aujourd'hui la ville de Mu-
fttigan.
MUSAE,
MUS
MUS
MUSAE , lieu de l'Egypte L'itinéraire d'Antonin le
place fur la route de Pelufe à Memphis , en partant
par l'Arabie, & entre Peos Artemidos Se Hipponon, à
trente-quatre milles de la première de ces places, &
à trente milles de la féconde.
MUS<£SILII , peuple de la Mauritanie Céfarienfe ,
félon Ptolomée , /. 4. c. 2.
MUSAEUS, fleuve de Gothie , félon Métaphrafte,
dans la vie de faint Sabas : il dit que ce faint fut noyé dans
ce fleuve. * Ortelii Thefaur.
MUSAGORI , nom commun que les anciens don-
noient à trois ifles voifines de l'ifle de Crète , félon Pom-
ponius Mêla , /. 2. c . 7. Pline , /. 4. c. 1 2 les nomme
Afufagores.
MÛSANA. Voyez. Muzana.
MUSARABES ou Mosarabes , nom que l'on don-
noit aux Chrétiens, qui vivoient en Espagne , fous la do-
mination des Maures ou des Arabes. Voyez. Mosarabes.
Il y en a voit auffi dans le royaume de Maroc, où ils fer-
voient le roi à la guerre, & ils avoient leurs femmes Se
leurs enfans avec eux. Jacob Almanfor les avoit emme-
nés d'Espagne pour la garde de fa perfonne, & ils étoient
ordinairement au nombre de cinq cens cavaliers fort bien
payés. On les laiffoit vivre dans leur religion , Se ils
avoient une églife. Ils furent entretenus long-tems de la
forte , jusqu'à ce que don Jean I , roi de Caltille , les fit
revenir en Espagne, Se leur donna de grands biens &: de
grands privilèges, comme on le voit par ceux des Farfa-
nes des Goths dans l'Andaloufie , qui en viennent. En la-
tin on les nomme Mujjarabes, Se les Arabes les appellent
Muflarabins, félon quelques-uns , parce qu'ils fe mirent
au fervice de Muça, apiès la défaite du roi Rodrigue,
& félon d'autres, parce qu'ils favoient l'arabe, Se que
Arab en cette langue fignifie un homme Arabe. Il eft
vrai qu'il y avoit parmi eux quelques gentilshommes de
la fuite des enfans du roi Vitifa Se du comte Julien , qui
peuvent avoir été caufe qu'on les nomma ainfi. Les Mu-
farabes avoient dans le fervice divin des cérémonies dif-
férentes de celles de l'églife Romaine, Se leur office , ap-
pelle Mufarabin , fut aboli dans l'Espagne par S. Gré-
goire , pape , fous le règne d'AIphonfe VI. Il a été néan-
moins confervé dans fept égliles paroiffialcs de la ville de
Tolède, & dans une chapelle de la grande églife , auffi
bien qu'à Salimanque ; mais dans cette dernière , feule-
ment pour certains jours de l'année. * Marmol, Defc. du
royaume de Maroc ,1. 3 . c 40.
1. MUSARNA. Voyez, Mosarna.
i. MUSARNA , ville delà Gédrofie, félon Ptolo-
mée, l.G.c.n.
MUSARNAEI , peuples que Ptolomée , /. 6.c. 21.
place dans la Gédrofie, auprès de l'Arachofie.
MUSASI, province du Japon , dans la grande ifle de
Niphon. Sa capitale eit Jeuo. Voyez, ce nom.
MUSBADENSIS, fiégeépiscopal de l'Ifaurie : cette
ville étoit fituée entre Lamum , Se Celenderim. Ger-
manus , Se Sifinmus ont occupé ce fiége. * Harduin. col-
leét. conc. vol. 4. p. 470.
MUSCANDA , ville delà Cappadoce, dansla préfe-
cture d'Andoche, félon Ptolomée,/. y. c. 6. qui place cette
/ille au-deffous d'Olbaffa. Le manuferit de la bibliothèque
(Palatine lit Mm banda.
MUSCAR1A , ville de l'Espagne Tarragonnoife. Pto-
lomée , /. 2. c. 6. la donne aux Vascones , Se la place en-
tre Tarraga Se Setia.
MUSCHELLANDSBERG , maifon ou château de
kince, n Allemagne, dans le PalatinatduRhin.à un mil-
le de Meyfenheim. Il eit fur une haute montagne escar-
pée de tous côtés, hors celui de l'entrée , Se fa conftru-
ftion , de même que fe fituation le rend une place dedé-
tenfe, * Zcyler , Topogr. Palat. Rheni.
MUSCHIO ou Castel Muschio , bourg ou petite
'ille de l'ifle de Veglia, fur la côte de la Croatie. Mus-
:hio eft fituée dans la partie occidentale de cette ifle , fur
a côte feptentrionale d'un golfe qui en prend fon nom Se
lu'on nomme Vallone di Castel Muschio. Le père
loronelli , IfoLirio, t. 1. p. 143. dit que ce golfe a huit
nilles de contour Se deux milles de profondeur , Se
lue le terroir des environs de Muschio eft planté de
.'ignés.
MUSCHKUR(le territoire de), eft fitué dans le Schir-
449
van, en une plaine près de la mer, entre les rivières de
Jelamah Se Bœhbarlah ; cette dernière fépare le territoire
de Schabran de celui de Muschkur , leauel s'étend du
cote du couchant jusqu'à Cuba. C'eft un terrein plat \
il efl très- fertile Se très-abondant, étant arrofé par une
infinité de petites rivières , & fournit le Schirvan Se le
Dagillan de bled , d'orge & de riz. Les pâturages y font
excellens : les prés y font presque toujours couverts
d'herbe; car fi les chaleurs de Juin &de Juillet la brûlent,
elle commence à pouffer au mois d'Août , Se refte verte
pendant tout l'hy ver : les champs font même couverts de
fleurs en Décembre Se Janvier , Se les campagnes font
couvertes de beftiaux pendant tout l'hyver. Ce pays, ou-
tre ces avantages, a encore celui de produire toutes for-
tes d'arbres, comme chênes, hêtres, pommiers, poi-
riers , noyers, pruniers, néfliers , & quantité de vignes
fauvages qui , s'attachant aux plus hauts arbres , & paf-
fant de l'un à l'autre , font un ombrage auffi agréable
que commode pendant les grandes chaleurs. Il n'y a point
de villes dans ce territoire, mais beaucoup de beaux
villages, qui ont été ruinés lors de la rébellion : une par-
tie des habitans fut maffacrée, Se l'autre fut enlevée &
transplantée à Schamachie, & -en d'autres lieux. Enfin
une autre partie fe disperfa , Se fe raflèmbla peu à peu ,
Se retourna dans le territoire de Muschkur qu'ils com-
mencent à repeupler. Leur langage eu un mélange du
turc Se du tartare: ils font rnahométans Sunni. Ils étoient
ci-devant fujets de la Perfe , Se le Sultan de Derbent
avoit établi un Darga fur tout ce territoire , pour en re-
tirer les revenus , Se les erivover à Derbent : mais ils font
fujets delà Ruffie depuis 1726 , Se chaque village a fon
ancien ou kauchah , dont quelques-uns dépendent à
leur cour d'un Juchs Baschi. Ce peuple vit de l'agri-
culture, du produit des befliaux , Se du trafic de foye
qui eit affez confidérable , quoiqu'il ait diminué depuis
la rébellion. Pendant trois ou quatre mois de l'été , cha-
cun fe retire avec fa famille dans des cavernes qui font
dans les montagnes inférieures. On les nommoit autre-
fois Awgani, Se peut-être fuivant d'autres prononcia-
tions Awani ou Âlbani. (Ce ne font pas les Awgafi qui
habitent encore à préfent près de la Mingrclie. ) Ils
étoient Chrétiens Arméniens ,Se l'on trouve encore dans
ce territoire beaucoup de villages Arméniens , dont les
prêtres font facrés par l'archevêque d'Arménie , du Cloî-
tre de Grégoire le grand , fitué près du mont Ararat ,
près d'Erivan. Lors de l'invafion de Tameilan , les Aw-
gani descendirent au midi , vers la Perfe , où ils s'accou-
tumèrent à demeurer fous des tentes dans des plaines ,
fans s'éloigner les uns des autres , Se fe tenant toujours
unis. De-la ils pafferent fur les frontières de l'Inde , près
de Candahar , où ils continuèrent à porter le nom d'Aw-
gani. Leurs prêtres étant décédés, & converfant conti-
nuellement avec les Mahométans , ils embrafferent la re-
ligion mahométane. Ce font ces Awgani , qui ont aidé
à Myr-weis Se à fon fils Myr-Machmuth , à faire de il
grands progrès en Perfe. * Description des bords Occiden-
taux de la mer Caspienne par Garber , officier aujervi-
te de la RuJJ/e dans ce pays.
MU SCI AS-CALMES, lieu delà Gaule, au voifinage
d'Embrun, félon Grégoire de Tours, /. 4. C'eft le lieu
où Mummolus mit en fuite les Lombards. Paul Diacre j
Longobard. I. 3. lit Mufti a-Sc aime s , Se un lfianufcrit
porte en un feul mot Mufti as calmes.
MUSEE , colline de l'Attique, dans la ville d'Athè-
nes, Se que l'on trouve aujourd'hui au fud-oucft de là
citadelle. Cette colline avoit pris fon nom de l'ancien
poëte Mufée , disciple d'Orphée , qui y récitoit fes vers.
Une infeription queSpon a trouvée dans ce lieu, dit que
Mufée étoit fils d Eumolpus. Suidas fait Eumolpus fils de
Mufée Se Mufée fils d'Antiphcmus. Il eft vrai qu'il y a eu
un autre Eumolpus, aïeul du poëte Mufée Se que les des-
cendansreprenoient fouvent le nom de leurs ancêtres. Le
même marbre dit que fon fépulchre étoit au port Phale-
re, &Paufanias écrit qu'il étoit à la colline même de Mu-»
fée. Le vulgaire appelle cette bute Tofeggio , Se quelques-
uns de nos Francs,à caufe d'un monument qui y a été bâti,
la nommela Colline de l'Arc de TRAjANjmaiscen'eft
point, comme on l'acru,unarc de triomphe; Se même cet
ouvragen'aétéfait,nipourTrajan, ni pour Adrien, com-
me plufieurs écrivains l'avoient affuré. C'eft un monu-
T»m. IV. LU
MUS
4*°
ment d'honneur crigé par un confiai Romain , apelle Ca-
jus Juliits Anùochus Philopappus. C'eft une muraille de
marbre blanc, légèrement enfoncée en demi cercle, fur
laquelle, dncôté qui regarde Athènes , eft gravé un char
de triomphe à quatre chevaux, qui poire ce conful, précé-
dé par quelques figures, & fuivi d'une vi&oire. Ati-des-
fus eft fa ftatue affife dans une niche , avec fon nom fous
les pieds en caractères grecs ;
«HAonAnnos Eni*AN0T2 bhsiaeys.
C'eft- à-dire , Philopappus , fils d'Epiphanes de Bifa ,
( bourg de l'Attique ). A fa droite il y a une femblable ni-
che , fous laquelle on lit ce nom :
BAriAEYS ANTI0X02 BA2IAEOS ANTIOXOY.
C'eft-à dire Le roi Anùochus , fils d' Anùochus . A la gau-
che il devoir v avoir une autre niche pour faire la fymmé-
trie , mais ce côté de la muraille eft tombé.
Entre les deux niches qui relient , eft un pilaftre qui
contient les qualités de ce Philopappus,& fans doute qu'au
côté qui eft ruiné , il y en avoit un femblable qui finiffoit
l'infcription.qui n'eft qu'à demi danscelui-ci. Comme le
nom de Trajan s'y rencontre , c'eft ce qui a donné occa-
sion à ceux, qui n'examinent pas ces antiquités à fond , de
croire que c'étoit un monument dédié à Trajan. Voici ce
qui s'y lie :
C. Ju l i us CF.
F a b. Antio-
c h us Philo-
pappus Cos.
Frater A r-
valis sulle-
ctus Inter.
PRiTORI
OS A B I M P.
C y£ S A R E.
N E R V A
T R A J A N O.
Optumo
Germanico
D A C I c o.
Ce qui veut dire : Càjus Juliits Anùochus Philopap-
"pus , fils de Cjjus , de la tribu Fubia , conful frère Arva-
le , aggrégé parmi les prétoriens par l'Empereur & Ce-
Jar NervaTrajan, très-bon & très-Augufte ,qui a triom-
phé des Allemands & des Daces.
Cette infeription explique ce quePaufanias n'a dit que
fort obscurément : car en parlant de Mufée , il marque
qu'on y avoit érigé un monument d'honneur à un certain
Syrien, Se cet Antiochus Philopappus, quoiqu'il fut
natif de Bifa dans l'Attique , étoit fans doute Syrien d'o-
rigine , ce qui fe reconnoît par fon nom d'Antiochus ,
commun presque à tous les rois de Syrie, Se par la fta-
rue d'un de ces princes qu'on avoit mife à fon côté , com-
me un de fes illuftres ancêtres , à qui même le peuple
d'Athènes avoit de l'obligation , & à l'honneur duquel
il avoit confacré une de (es tribus, qui fut nommée An-
liochide.
Il refte une difficulté, c'eft que dans les tables con-
sulaires on ne voit point le nom de ce conful. Tout ce
qu'on peut dire , c'eft qu'il a été conful fujfeflus ; c'eft à
dire fubrogé. Ce qui furprend encore , c'eft que cette
infeription eft citée par Gruter fur la foi de Scaliger ,
comme fi elle éroit à Andrinople , quoiqu'elle n'ait ja-
mais été qu'à Athènes , où elle eft enclavée dans cette
muraille ancienne. Apparemmenr Scaliger l'avoit eue de
quelque voyageur qui l'avoit écrite fur fes tablettes, fans
s'être bien expliqué de l'endroit où elle étoit , comme
on peut fouvent confondre ces chofes , quand on n'y ap-
porte pas du foin.
L'Ilifl'us parte au pied du Mufée -, mais il eft presque
toujours à fec dans cet endroit , à moins que les pluies
ou les neiges du mont Hymette ne lui fourniflenr de l'eau :
car ce n'eft proprement qu'un torrent.
Il y a grande apparence que c'eft de ce Mufée d'Athè-
nes que l'on a pris occafion de nommer Mufeum le ca-
binet des favans , Se les lieux où on s'applique à la cul-
ture des feiences.
MUS
MUSERTITANUS , fiége épiscopal d'Afrique ; on ne
fait dans quelle province. La conférence de Carthage
fournit Cresconius,é\ëqae Donatifte , Se Leontius, évêque
Catholique. * Harduin. colleét. conc. vol. i.p. 1087.
1. MUSEUM. Voyez. Musée.
2. MUSEUM, lieu de la Macédoine. Etienne le géo-
graphe le dit voifin du mont Olympe.
z. MUSEUM, lieu au voifinage de la Bœotie , félon
Plutarque , in Syila. C'étoit un temple des mufes.
4. MUSEUM , lieu de l'ifle de Crète , entre Aptera
Se la mer. Suidas Se Etienne le Géographe difent que les
Sirènes avoient disputé avec les Mufes dans CL-t endroit.
* Ortelii Thefaur.
MUSGI, ville de la Galatie , à ce qu'il paroît par la
vie de faint Théodore Archimandrite , compofée par
Métaphraftc.
MUSICANI TERRA ou Musicani Regnum , con-
trée d'Afie. Strabon , /. 14. p. 694. dit qu'elle étoit la
plus méridionale de l'Inde, Se Arrien, de exped. Aie-
xandri. /. 6. pag. 253, ajoute que le royaume de Mufi-
canus paffoit pour le plus opulent des Indes. Diodore
de Sicile,/. 17. fait suffi mention de ce pays, & quel-
ques-uns croient que c'eft le même que Ptolomée, /. 7.
c. 1. appelle Suficana.
MUS1E. Marmol donne ce nom à la ville que Léon
d'Afrique appelle Munsia. Voyez, ce mor.
MUSIO. C'eft, dit Blondus , le nom de la première
rivière que l'on trouve au-deflbus du promontoire Cu-
merum. Il ajoute que cette rivière à fon embouchure
s'appelle Aspidum. Peut-être , dit One\h\s,Thejanr. Mu-
fto Se Aspidum font deux noms modernes, Se j'avoue
n'avoir trouvé ni l'un ni l'autre dans aucun ancien. Sans
doute que Mufïo eft corrompu de Mujone Se Afpi-
dum A'Aipido. En effet au midi du cap d'Ancone , qui
eft le promontoire Cumerum , la première rivière qu'on
rencontre s'appelle indifféremment Aspido Se Mujone ,
des noms de deux rivières à peu près auifi confidérables
l'une que l'autre, qui fe joignent un peu au-deflus de leur
embouchure dans le golfe de Venife. * Magin , Carte de
la Marche d'Ancone.
MUSIS , rivière de la grande Arménie. Pline , /. 6. c.
9. dit qu'elle fe perd dans l'Araxe. Au lieu de Mufis, la
plupart des manuferits lifent UJîs.
MUS1STRATUM. Voyez, Mytistratum.
MUSITANUS, fiége épiscopal d'Afrique. Felicianns
eft qualifié episcopus Mufitanus dans une lettre de faint
Auguûin, Epift. 165. Ortelius foupçonne qu'il y a faute
dans ce mot , Se qu'au lieu de Mufitanus , il faut lire
Muflitanus. Voyez, Musti.
MUSKERY , baronnie d'Irlande dans la province de
Muniler. C'eft une des quinze qui compofenr le comté
de Corck. * Etat préféra de l'Irlande, p. 48.
MUSLUB1UM, ville d'Afrique , dans la Mauritanie
Çéfaricnne. L'itinéraire d'Antonin la met fur la route
de Lemna à Carthage , entre Salde Se Coba , à vingt-fept
milles de la première , Se à vingt-huit milles de la fé-
conde.
MUSON , ville d'Egypte , félon la notice des dignités
de l'Empire ,/ecl. 18.
MUSONE , rivière d'Italie, dans la Marche d'Ancone.
Elle pafl'e à Reccanati , reçoit près de Lorete un rorrenc
appelle Aspido, Se fe rend dans le golfe de Venife. *Léan-
dre , Baudrand. Edit. 170;.
MUSONII. Voyez. Mussini.
MUSOPALE , ville de l'Inde , en deçà du Gange. Pto-
lomée , /. 7. c. 1, lui donne le titre de métropole.
MUSSE, ville de l'Afrique propre , félon Ptolomée,
/. 4. c. 4. qui la met entre Thnnaba Se Themif'ua. Ses in-
terprètes lifent Mufle; mais Ptolomée connoît encore
un autre lieu qu'il nomme Mujle : ce dernier eft un vil-
lage entre les deux Sirtes. Voyez, Musti.
MUSSELBOROW ou Musselburg; car c'eft ainfi
qu'écrit l'auteur de l'état préfent de la Grande Bretagne ,
t. t. p. 245. ville d'Ecoffe , dans la Province de Lothian,
fur le golfe de Forth, à l'orient de Leith. Cette ville eft
fameufe dans l'hiftoire parla défaite de l'armée Ecoflbife,
fous le règne d'Edouard VI, roi d'Angleterre.
MUSSIA ( La ). Baudrand, Ditt. édit. 1705. dit:
Pays de la Turquie d'Europe , dans l'Albanie. 11 s'étend
l'espace de vingt-fix milles le long du golfe de Venife,
MUS
MUT
entre la ville de Pescia & le cap de Durazzo. On appelle
ceux de ce pays Mussignians.
MUSSICK, rivière de France , dans l'Alface. Elle prend
fa fource dans les montagnes de Vosges, 6c fe forme de
deuxruilTeaiix qui fe joignent à Romerwillers; après avoir
pa/Té à la perite ville de Vahheim , elle va fe perdre dans
le canal de Brusch auprès de Soults.
MUSSIDAN , MuJJiddnum , Mukcdonum , ville
de France, clans le haut Périgord, fur la rive gauche de
Lille, au-dclTous de Férigueux. C'en un heu fort ancien,
& il étoit connu dans le neuvième fiècle du tems de S.
Géraud d'Aurillac , comme on le peut voir dans la vie
de ce fiint , écrite par S. Eudes , abbé de Cluni. Au com-
mencement du douzième fiéde , on nommoit Mumdan
Moyfiâatwnt en latin. Il avoit alors un Seigneur nomme
Robert , du tems d'Adelbert, comte de Périgord , comme
on le voit par un acte imprimé dans le onzième tome de
d'Acheri. Cette place eft fameufe par les fiéges qu'elle a
foutenus, 6c principalement par celui de l'an 1 579 , où
périrent quantité d'officiers 6c de perfonnes de diltin-
clion , entr'autres le comte de Briflac, jeune feigneur de
grande efpérance. Brantôme dit : Ce brave Briliac étant
venu au fiége de Muffidm , M. .Ion général ne le voulant,
& tenant indigne d'y envoyer fes colonels, le comte s'ap-
prètant pour l'afTaut , armé de toutes pièces-, car il ne dé-
daignoic nullement les armes , qui étoit figne qu'il en
voulait manger à bon escient. 11 eut un coup à la tête
près les deux yeux , cV encore qu'il eût l'on casque très-
bas 6c couvert, il en mourut. Un bon foldat Périgourdin
le tua , qui étoit dedans, qu'on appelloit Carbonniere,
lequel avoit été à moi 6c de ma compagnie, 6c étoit un
des meilleurs 6c des plus juftes arquebufiers qu'on eût
fu voir, & ne failbit autre chofe, finon qu'étant alfis fur
un petit tabouret , 6c la plupart du tems, il dînoit 6c fou-
poit , regardant par une canonnière , que tirer inceflam-
ment , & avoit deux arquebu fes à rouetiSc une à mèche ,
& fa femme & un valet près de lui, qui ne lu* fervoienc
qu'à charger fes arquebulès, 6c lui de tirer , fi bien qu'il en
perdoit le boire ex le màpger. Il fut pris , 6c M. frète du
ïoi voulut le voir , 6c pour avoir tué un fi grand perfon-
nage, commanda qu'il fût pendu* Longuente, Defcrip.
delà France, part. 1. p. 17;.
MUSSINI , peuple d'Afrique , félon Pline, /. 5. c. 4.
Prolomée, /. 4. c. 3. qui les met dans l'Afrique propre,
les nomme Musini : peut-être , dit Ortclius, Thejaitr.
font-ce les mêmes peuples que la carte de Peutinger
appelle Musonii.
À1USSY, Mussi ou Mussei , bourg de France , au du-
ché de Bar, avec château. Ce n'en; pins aujourd'hui
qu'une annexe de la paroifle de Neuville fur Orne :
c'étoit autrefois le chef-lieu d'une châtcllenie , membre
du bailliage de Saint Mihel. Quand le cardinal Louis,
duc de Bar , donna l'on duché à René d'Anjou , le châ-
teau de MuiTei etoit une place forte; car le duc Charles
de Lorraine, après avoir perdu fori état , fe maintint en
poffcffionde MufTi, queles François attaquèrent envain;
mais lorsqu'il fut chalTé en 1 670 , les François s'empa-
rèrent de cette place & là raférént. Elle appartenoit an-
ciennement à l'archevêque 6c à lcglife de Trêves ; mais
Guillaume Hellin, archevêque de Trêves , céda en 1 1 C9
le bourg 6c le château de Multià Albert de Marci, évèque
de Verdun , & à fes fucceffeurs en cet évêché, pour in-
demnifer ieglife de Verdun. Cent cinquante ans après
ou environ , Nicolas de Neuville , évêque de Verdun ,
donna en fief à Pierre de Bar , feigneur de Pierre- fort ,
Mufti , à la charge délai faite foi &c hommage. Pierre de
Bar ayant cédé Muffi à Edouard , cornu de Bar, le comte
en fit foi 6c hommage à l'évêque Henri d'Apremont ,
fuccefleur de Nicolas de Neuville en 1322. Robert , duc
de Bar, rendit aufli foi 6c hommage en 1 399 , à Liebaud
de Cufance, évêque de Verdun , pour Muflèi 6c pour
d'autres feigneuries qu'il tenoit en fief de cette églife.
Les ducs de Lorraine étant devenus ducs de Bar, fe font
affranchis de cette fujétion. * Longuerue , Defc. De la
France, part. 2. p. 188.
MUSSY-L'EVESQUE , ville de France , dans la Bour-
gogne , fur la Seine , entre Châtillon 6c Bar-fur-Seinc.
Elle a pris fon nom de l'Evêquede Langies, qui en eft
feigneur, 6c qui y a un château. Elle eft le fiége d'un gre-
*»«£ à fel , cv il y a un chapitre compofé de huit cha-
4/ï
noines à la collation de l'évêque de Langres. Edme Bour-
faul: , connu par des ouvrages de vers 6c de profe , n'a-
quit dans cette petite ville en 1(^38 , & mourut à Paris
en 1701. On a remarqué comme une choie allez fingu-
liere parmi les auteurs , qu'il ne favoit point le latin.
* Piganiol, Defcript. de la France, t. 3. p. 291.
MUSTASAR, bourgade du royaume de Suéde , dans
la Finlande, ôô dans la Cajanie , ou Bothnie orientale ,
fur la côte du golfe de Bothnie , entre Ny-Carleby au
nord oriental ôc Chriilinefiat au midi. Muftafar eft le
nom que les Finlandois donnent à cette bourgade : les
Suédois l'appellent Vas a. * Del'JJÎey Atlas.
MÛSTE. Voyez. Musse.
MUSTI, ville d'Afrique , fur le fleuve Bagtada , félon
Vibius. L'itinéraire d'Antonin la met fur la route de Car-
thage à Sitifis , entre Coreva 6c Latibum Colonia , à
vingt-huit milles delà première, & à trente milles de la
féconde. Ortclius , Thefaur, croit que c'eft la ville Muffè
de Prolomée , que fes interprètes nomment Mufle*
Voyez. Musse.
MUSTIA-SCALMES. ^«.Muscias Calmes.
MUSTILIA , ville de la Cilicie , dans la Cappadoce.
Ptolomée , /. j . c. 6. la place dans la préfecture même
de Cilicie , au-rieffus de Sina.
MUSTITANUS , fiége épiscopal d'Afrique, dans la
Numidie, félon la notice épiscopale , où Antonianus ell
qualifié Episcopus Mufiitanus. La conférence de Car-
thage nomme deux évêques de ce lieu, Felicïanus, évêque
Donatifte, 6V Vicloiïanus , Catholique.
MUSUCENSIS. Voyez, Muzuensis.
MUSUELA , bourg d'Espagne , au petit royaume de
Jacn. Ceux qui vont de Madrid à Grenade, 6c qui ne
veulent pas s'arrêter à Jaen , laiffent cette ville à côté,
pafient le Guadalquivir fur un pont de pierres, dans un
endroit où il eft auez rapide, 6c viennent à Mufuela. De
ce bourg, qui eft très joli, on traveife un pays qui eft fort
inégal , étant entrecoupé de vallées 6c de montagnes ,
mais qui eft fort agréable. On voit chemin faifant de
fort beaux lieux , 6c des folitudes charmantes. Des fo-
rêts d'oliviers, de grenadiers ,de figuiers 6c d'orangers fe
préfentent fur la route. Le pays eitarrofe de petits ruis-
feaux qui coulent en quelques endroits avec un doux
murmure , 6c qui dans d'autres , formant des cascades
naturelles, tombent avec bruit des rochers dans les val-
lons. Ce chemin eft d'une journée 6c demi , l'on ne quit-
te les montagnes qu'à trois lieues de Grenade : il ferok
incomparablement plus agréable, fi le pays étoit plus ha-
bité ; mais du bourg de Mufuela jusqu'à Grenade, on ne
trouve dans toute la route qu'un miférable village nom-
mé Campillo. * Délices d Espagne , p. 400.
MUSULANI, peupks d'Afrique dans la Numidie.
Voyez. Misulani.
MUSULON, ville d'où l'on tiroir le Cinnamome, fé-
lon Ortclius, Thefaur, qui cite Siméon Sethi.
MUSUMELLI , Mussumeli , 6c Misilmerio,
château de Sicile , dans le val de Mazara , dans les
terres, au nord de Sucera , fur la montagne de Meile. *
De l'Ifîe , Atlas.
MUSUVIS , nom d'un fleuve Se d'un village de la
Gaule Lyonnoife, félon Ives , Epifl. 224.
MUTAGENENS1S ou Mutugennensis , fiége épis-
copal d'Afrique,dans la Numidie. La conférence de Car-
thage, »° 133. fait mention d'Antonius episcopus pleins
' Mutugennenfis. Dans le diocèfe d'Flippone il y avoit
un village nommé Mutugenna , 6c où cioit un prêtre
Donatiite du tems de faint Auguftin, Epifl. 23 & 173.
comme ce Saint nous l'apprend lui-même ; mais il n'y
avoit point d'évêque dans ce village.
MUTALASCA , village de la Cappadoce , dépen-
dant de la métropole de Cefarée. C'étoit la patrie
de faint Sabas , félon Métaphrafte , dans la vie de ce
Saint.
MUTATiO. Ce mot, qui veut dire changement , fe
dit en géographie de certains lieux où lescouriers publics,
les grands officiers qui vovageoient pour le fetvice de l'é-
tat , &c. trouvoient des relais , 6c changeoient de che-
vaux. On yentretenoit des chevaux, pour qu'ils en pus-
fent changer, ôc continuer promptement leur route.
Avec le tems on en établit pour tous les voyageurs.qui
voulakit: payer. De-là vient que le mot mutatio fe trouve
Tom. IV. Lliij
MUT
45*2,
fi Couvent répété dans les itinéraires , comme dans
l'itinéraire de Bourdeaux à Jérufarem. Mutatio diffère
de Manfio, en ce que le premier lignifie un lieu où l'on
change de chevaux , ôc le fécond un gîte , un lieu où
l'on couche , & où même on peut faire le féjour néces-
faire pour fe délaffer d'une trop grande fatigue.
MUTE. On trouve ce mot dans ce vers de Siliuslta-
licus, /. 14. v. 273.
Nec major Megara Mute concordions aujîs.
Mais presque tous les critiques conviennent que ce
partage eft défectueux , ôc qu'au lieu de Mute , il faut lire
Motye ouMutye : ainlî c'en: d'une ville de Sicile dont il
eft queftion. Voyez. Motya.
MUTECITANUS, liège épiscopal d'Afrique dans la
Mauritanie Céfarienfe , félon la notice d'Afrique , qui
fournit Quint ajius Miitecitanus. *Harduin. colleit. conc.
vol. 2. pag. 78;.
MUTELA , montagne d'Italie , dans la Sabine, félon
Ortelius , Thefaur. qui cite Froïitius ôc Aggenus.
MUTENUM. Voyez Motenum.
MUTH1, ville de l'Egypte , dans la Thebaïde : l'iti-
néraire d'Antonin la met fur la route de Pélufium à
Memphis par l'Arabie, entre Anteu ôc Ifiu, à huit mil-
les de la première ôc à vingt-quatre milles d« la fé-
conde. La notice des dignités de l'Empire ,/<?#. 20. écrie
Mutheos.
MUTHUL , ville de Numidie. Voyez. Suthul.
MUT1A ou Mucia Prata , prairie d'Italie , au-delà
du Tibre : elle tiroit fon nom , à ce que nous apprend
Feftus , De verbor. fignïf. /. 1 1. de ce Mucius à qui le
peuple Romain la donna pour récompenfe. Tite-Live,
lib. 2. c. x 3. parle auiîi de cette prairie , auffi bien que
Feftns : il écrit Mucia , au lieu que Cornélius Nepos
écrit Mutia
MUTIENI. Voyez, Motieni.
MUTIENSES. Voyez Motya.
MUTIGENNENSIS. Voyez. Mutaginensis , qui cft
le même lieu.
MUTILA, ville de l'Iftrie , félon Tite-Live , /. 41.
c. 1;. On ignore quelle étoit fa véritable fituation. Or-
telius , Thef. foupçonne que ce pourroit être la même
ville que Metulum.
MUTILUM, ville d'Italie , dans laFlaminie, entre
les fleuves Gabellus & Scukenna , au-deffus de Modéne.
Tite-Live,/. 33. c. 37. fait entendre que c'étoit une for-
tercfTe ; Cellarius , Geog. ant. /. 2. c. 9. dit que ce lieu
s'appelle aujourd'hui Medolo , ôc qu'on le trouve au pied
de l'Apennin , au-deffus de la ville de Modéne.
MUTINA, ville d'Italie , dans la Gaule Cispadane ,
entre les fleuves Gabellus & Scukenna , fur la voie ALmi-
lienne. Elle devint colonie Romaine en même tems que
Parme Ôc Aquilée , comme nous l'apprend Tite-Live , /.
39. c. 55. Polybe,/. 3.C. 40. & l'itinéraire d'Antonin
écrivent Motina. Cicéron , Philip. V.c. 9. appelle cette
ville frmiffima & fplendidijjîma populi Romani colonia.
Tacite Hijl. I. 1. c. jo. & la plupart des hiltorîens Latins
ont décrit les maux que cette ville fouffrit durant les
guerres civiles. Silius Italicus , /. 8. v. 592. dit :
Certavit Mutina quajfata Placentia btll».
Et on lit dans Lucain , Pharf. /. 1. v. 41.
His Cœfar , Peritjïna famés , Mutinaque lab$res.
Mutina eft aujourd'hui la ville de Modéne. Voyez,
Modéne.
MUTTISTRATUM. Voyez, Mytistratum.
MUTUCUMENSES, peuples d'Italie , félon Pline,
/. 3. c. j.
MUTURGURES. Voyez, Burturgures.
MUTUSCAou Mutusc>e, village d'Italie, dans la
Sabine. Virgile , JEneid. /. 7. v. 7 1 1 . dit qu'il y croiflbit
beaucoup d'oliviers.
Ereti manus omnis , oliviferxque Mutusct.
Léander & Philander prétendent que ce lieu s'appelle
MUZ
aujourd'hui Trevi. Ortelius fortifie ce fentiment du té-
moignage de Cittadinus Angelerius qui lui avôit écrit de
Rome , que le village Muiusca s'appelloit préfentement
Trevi ; qu'il étoit fitué dans la Sabine près de Spolettc
près de Mevania, aujourd'hui Bevagna, ôc près de Fulgi-
nium , à préfent Fuligno, ôc que les habitans de ce quar-
tier étoienr nommés par Pline Trebulani Mutuscei ou
Sufenates. En effet , on trouve le village Mutuscm. Tre-
bula , d'où l'on peut aîoir fait Trevi. Voyez. Trebula.
MUTUSC/tl. Voyez. Mutusca.
MUTUSTRATENI. Voyez, Mytistratum.
MUTYCENSES, Mutyenses ou Motyenses. Le
père Hardouin affure que tous les manuferits de Pline,
l. i. c. 8. font pour la première orthographe , ainlî que
l'édition de Panne , de même que Cicéron , V. Ver. 101.
il ajoute que ce nom eft formé de celui de Motuca , au-
jourd hui Modica , ville de Sicile , entre Pachynus & Sy-
racufe, & que cette ville paroît différente de celle de
Motya, dont parle Thucydide, /. 6. p. 412. ôc Diodo-
re de Sicile , /. 1 1. p. G<).
MUXACRA, ville d'Espagne, au royaume de Grena-
de, fur une montagne, avec un port où la pêche eft
abondante. Cette ville eft l'ancienne Murgis , & à l'em-
bouchure du Trabay. * Délices d'Espagne ,p. j 31.
MUYDEN , ville des Pays-Bas , dans la province de
Hollande au Goyland , fur le Vecht. Albert de Bavière
lui accorda en 1403 divers privilèges. Les habirans d'U-
trecht l'avoient brûlée entièrement en 1356 : elle fe ré-
tabliffoit peu à peu , lorsque les mêmes habitans d'U-
trecht la brûlèrent de nouveau en 1374. Elle fut trai-
tée de la même façon en 1505, par les habitans delà
Gueldre. Cette ville a un château très-ancien , où fut
porté le comte Florent V , après qu'il tût été tué par
Gérard Velfen. Quelques-uns difent pourtant que ce
comte rendit le dernier foupir dans ce château. * Blaeu ,
Atlas
MUYO , forterefle de la Chine dans la province de
Queicheu*, au département de Jungning , féconde gran-
de cité de la province. Elle eft de 1 2. deg. jo. min. plus
occidentale que Peking fous les 25. degrés 5. m. de latit.
Atlas Sinenfïs
MUZA , port de l'Arabie Heureufe , dans le pays
des Elifari. Ptolomée , /. 6. c. 7. le place entre Sacâ-
cia & le port de Sofippus. Arrien dans fon périple de
la mer Rouge , s'accorde afTez avec Ptolomée ; car il
met Muza à douze mille ftades au midi de Bérénice.
Pline,/. 6. c. 23. parle aufli du port Muza, ôc dit que
fon commerce ne confiitoit que dans le débit de l'en-
cens ôc des autres aromates de l'Arabie , ôc n'alloit
point aux Indes. C'eft aujourd'hui , félon le père Har-
douin , une ville confidérable nommé Zibit.
MUZANA , ville de l'Arménie Mineure. L'itiné-
raire d'Antonin la met à quarante-huit milles d'A-
rabiffus.
1. MUZON ou Moson » comme écrit de Mlle,
Atlas , comté de la Baffe-Hongrie , borné au nord par
l'Autriche , à l'orient par le Danube , au midi par le
comté de Spron cV par celui de Javarin , ôc à l'occident
par l'Autriche.
2. MUZON ou Moson , petite ville de la Bafle-
Hongric , au comté de même nom. Quoique cette ville
foit le chef-lieu du comté , elle eft peu confidérable.
MUZONELLA , petite rivière d'Italie , dans le
Frioul. Son cours eft du nord au midi , & fe joint à celle
de Stella dans les marais de Marano. Le père Hardouin
croit que c'eft le Varramus des anciens.
MUZUCENSIS, fiége épiscopal d'Afrique , dans la
Byzacéne , félon la notice des évêchés d'Afrique , où
Innocentius eft qualifié episcopus Muz.ucenfis. La confé-
rence de Cartha^e , »°. 1 3 2 , nomme Reftitutus episcopus
plebis Muzjucenfis.
MUZUENSIS , fiége épiscopal d'Afrique , dans la
province Proconfulaire. Dans la conférence de Cartha-
ge Rufinianus eft appelle episcopus plebis Muzuenfis.
Ce même prélat affifta au concile de Carthage tenu en
419 , fous Aurelius ; mais le nom de fon fiége fe trou-
ve écrit différemment. Dans l'édition des conciles du
père Labbe, t. 2. col. i6qi ôc 160;, on lit Rufinianus
Muz.utenfis , ou Muftenfis , Ôc dans un autre endroit ,
col , 1570, il y a Rufinus episcopus Maz,enfis. Dan» le
MYC
MYC
recueil des canons de leglifc d'Afrique, cari. 127, iî
eit dit MuzMtenfis , Se il efl mis entre les députés de
la province Proconfulaire ; mais comme Muuica étoit
dans la Byzacéne, il vaut mieux lire MuÇu-atMo? , Mu-
z.uenfis , comme porte le grec aum bien que les fou-
feriptions ; ce qui d'ailleurs s'accorde avec la conférence
de Carthagc Se avec la notice épiscopale.
'MUZULENSIS, fiége épiscopal d'Afrique, dans la
province Proconfulaire-, Januarius, fon évêquc,artifta au
concile tenu fous fainr Cyprien. * Harduin. colletl. conc.
vol. 1 . p. 1 70.
MUZY, en latin Mufeium , Mufiacum , lieu de
France , dans la Normandie fur l'Aurc , à une lieue de
Dreux au nord , diocéfe & élection d'Evreux. La terre
de Muzy a eu des feigneurs de marque , qui portoient
fou nom. Ils venoient de Rahier de Donon , qui avec
Amaury de Donjon, fon parent, fonda une abbaye dans
la paroifle de Muzy , du confentement de Geofroi Se
de Rayer, fes fils, vers l'an 1 144, Geofroi de Liéve, évê-
que de Chartres& légat du pape Innocent II , en France ,
dont faint Bernard a fait un fi bel éloge, reçut lui-même
leur fondation par un acte qui fubfifte encore ; Se il
paroît que Rayer le père avoir époufé fa fœur , puis-
qu'il donne le titre de neveu dans cet acte à Goflin , pré-
vôt de fon églife, troifiéme fils de ce Rayer, Gujlenus
prmpofmis ecclefia noftrœ , nepos no/ter &■ films fupradicli
RatieriSenis. 2„ Geofroi de Muzy, fon fils aîné , qui por-
toit le nom de ce digne évêque, fut père de 3. Rayer
de Muzy II du nom , vivant en iij8, qui fut enterré
à l'Eitrée , Se d'où fortit 4. Rayer III , appelle le
Jeune en une chartre de 1 191, où il retient cinq fols
de rentes fur l'abbaye de l'Eftrée , que lui ou un autre
Rayer , fon fils , remit un peu après à ce monaftere du
confentement d'A, femme du donateur. 5. Ceux-ci eu-
rent pour fils Jean I de Muzy , qui de Mathilde fa
femme , avec laquelle il avoit fait bâtir une chapelle à
TEltrée en 122J, eut Jean II, feigneur de Muzy Se
Robert , feigneur de Mofelle, père d'un autre Robert,
feigneur de Racville , qui de Marguerite fa femme eut
Jean de Muzy, vivant en 1 341, Jean II, vivoit en 1243 ,
il lairta de Gillc , fa femme , Jean III , Se Mathilde de
Muzy , femme de Guy de Tournebu , dont elle eut Jean
de Tournebu , mort jeune fans alliance avant l'an 1 305 ,
Se Jean III de Muzy, qui vivoit encore en 1306, qui
.avoit époufé Mathilde , dame d'un fief d'Acheres n'eut
qu'une fille, qui fut Jeanne de Muzy, femme de Ro-
bert de Tournebu , dont vint Guy de Tournebu , qui
vendit la terre de Muzy avec celle de Louye, qui n'en
a point depuis été féparée.
M Y.
1 . MYA , bourg de la tribu de Gad , au-delà du Jour-
dain , félon Jofeph , Antiq.l. 20. c. i.C'elt peut-être,
dit D. Calmet , Dlit. le même lieu que Zia dont parle
Eufébe , in lù/u. , in locis Hcb. Se qu'il met à cinq milles
de Philadelphie vers l'occident.
2. MYA , ifle de la Doridc. Pline ,l.$.c. 31. la met
dans le golfe Céramique.
MYANDA, ville de la Cilicie, félon Pline, l. f. c. 27.
qui la place dans les renés. Quelques exemplaires li-
fent Myfanda. Ortelius , Thefaur. écrit Myarida ; mais
• eft une faute d'Imprimeur.
MYARA , nom qu'Etienne le géographe donne à
l'Egypte.
MYASES , ou félon un autre manuferit, Myses, fié-
ge épiscopal dont il eft fait mention dans le concile d'E-
phéfe. Cet évêché ne m'eft point connu , à moins que
ce ne foit celui de Myce , que la notice d'Hiérocles met
danb la province cKAfie fous la métropole d'Ephefe.
MYBLIS. Voyez. Melos.
MYCALE, montagne d'Afie , dans l'Anatolie, pro-
che de la côte du détroit appelle le petit Boughas,
vis-à-vis le cap de Neptune de l'ifle de Samos. Cette
montagne , la plus élevée de la côte , eft partagée en
deux fommets , & le trouve aujourd'hui dans le mê-
me état que Strabon l'a décrite; c'eft-à-dire que c'eâ
un très beau pays de charte .couvert de bois & plein de
bêtes fauves; on la nomme la montagne de Samfon.à
Ciufe d'un village de même nom qui n'en cil; pas éioi-
gn- , Se qui , fuivant les apparences , a été bâti fur les rui-
nes de l'ancienne ville de Prient , où Bias , l'un des fept
Sages de la Grèce , avoit pris naifïance. Il court fur cette
côte des voleurs par bandes, qui ne permettent guère
d'en approcher. * Tournefort , Voyage du Levant , let-
tre 10. p. 1J4.
Les anciens ont connu cette montagne. Strabon , /.
14.jp. 636. dit qu'elle eit vis-à-vis de l'ifle de Samos „
Se ajoute q,\e le bras de mer qui fe trouve entre deux
efl d'environ fept ftades. Homère en parle dans fort
catalogue des villes, verf. xj6. Hérodote , /. y.c, 106.
Thucydide , /. 8. p. 599. Se Diodote de Sicile , /. 1 j.
c. 34. en font aùffi mention, Se la mettent tous dans
l'Ionie. Il en: vrai qu'Etienne le géographe la place
dans la Carie , qui ne s'étendit jamais au-delà du Méan-
dre ; mais comme il eft le feul de fon fentiment , on ne
doit pas beaucoup s'en embarrafTer.
1. MYCALESSUS , ville de Bœotie, dans les terres,
Paufanias,/. 9. c. 19. Strabon, /. y. p. 40 j. & fuiv.
Se Etienne le géographe font mention de cette ville,
Pline , /. 4. c. 7. dit qu'elle étoit fur la côte ; Se Thu-
cydide, /. 7. p. 509. paroit favorifer ce fentiment.
2. MYCALESSUS , montagne de Bœotie , félon Pli-
ne, /. 4. c. 7. Elle tiroir fon nom de la ville dont il
eft parlé dans l'article précédent.
MYCEN A. On lit ce partage dans la chronique d'Eu-
fébe , Mycena coudita in Italia , qitx mine Cumx. Je
crois, dit Ortelius, Thefaur. que ce partage eft cor-
rompu ; car Miféne Se Cumes font deux lieux difFérens.
Ortelius ajoute que dans un manuferit qu'il avoir en-
tre les mains , on lifoit Mycena condita in Italia , ce
qui feroit plus raifonnable. C'eft de la ville de Miféne
dont il eft queftion.
MYCENA. Voyez. Mycena.
MYCENA , ville du Pèloponnéfe , dans l'Argie , &
la capitale du royaume d'Agamemnon. Les poctes ont
célébrécette ville. Virgile, JEneid.l. 6. i>. 838. dit:
Eruet ille Argos , Agamemnonïasque Mycenas.
Et Horace , /. 1. Od. 7.
Aptum dicit equis Ârgos , ditesque Mycenas.
J'ai parlé du royaume de Mycenes dans l'article de
la Grèce. Voyez, au mot Grèce. Strabon remarque ,
qu'après l'extinction du royaume d'Agamemnon la ville
de Mycenes déchut fi confidérablement , que de fon
tems on n'en voyoir plus aucun veitige. Dans le tems
néanmoins que les Romains faifoient la conquête de la
Macédoine , quelque partie de cette ville fubfiftoir en-
core; du moins Polvbe , Excerpt. I. \6. p. 73. éd. Va-
lef. nous le fait entendre ;Se Tite-Live même , /. 3 i- c.
39. femble dire la même chofe. Presque tous les au-
teurs écrivent Mycena au nombre pluriel. Homère mec
le nom de cette ville au nombre pluriel Se au fingulier.
Dans le catalogue des villes il écrit Viukwoli , Mycenœ;
Se dans le livre quatrième il dit MvyJvn , Mycena. On
croit que Mycena efl aujourd'hui Charie ou Saint
Adrien.
MYCENI , peuples de la Mauritanie Céfarienfe. Pto-
lomée , /. 4. c. 2. les met avec les Nacuenjïi Se les
Maccurtz , au-deflbus des monts Garapbi.
MYCHALE. Voyez. Mycale.
MYCHOPONTION; Nom que les habitans de Bi-
rhynie donnoient à la caverne d'Achérufe, par où on
fuppofoit qu'Hercule étoit descendu aux enfers. Il elt
parlé de cette caverne au mot Héraclée. Voyez. Héra-
clee , n° 2f. * Amrnian. Marcel. 1. 22. p. 230.
MYCHTHONIA. Voyez. Mygdonia.
MYCHUS , port de la Phocide , félon Strabon , /.
9. p. 409. Se Eiienne le géographe.
MYCI , peuples d'Afie, dit Etienne le géographe,
fans marquer en quel pays. Ils habitoient apparemment
dans la Perfie , car il elt à croire que ce font les mê-
mes peuples qu'Hérodote , /. 7. appelle pareillement.
Mukoi , Myci , Se qu'il place dans la Perfie.
MYC1NI, peuples de la Mauritanie Céfarienfe. Voyez;
Myceni.
MYCLEA , lieu d'Italie , auprès de Tsrracine , fe-
MYC
4*4
Ion Gesner , 4. Aquaïil. de Serpente. 11 dit , d'après So-
tion & Ifigonus, que les habitans de cette ville fuient
contraints de l'abandonner par la grande quantité d'hy-
dres qui s'y trouvoienr. Au Heu de Mvclea , Pline ,
/. 8. c. 29. lit Amicl^e , Se dit que cette ville périt par-
les ferpens.
MYCONE , ifle de la mer Egée , Se l'une des Cy-
clades. Elle s'étend de l'en1 à l'ouert. On lui donne tren-
te-fix milles de tour, Se on la met à trente milles de
Naxie , à quarante milles de Nicarie , Se à dix-huit
milles du porc de Tine , quoique le canal , qui eft en-
tre le cap Trullo de Mycone & le Tine , n'ait que dix-
huit lieues de largeur : celui de Mycone à Delos n'eft
que de trois milles , depuis le cap Alogomandra de
Mycone à la plus proche terre de Delos ; car Pline ,
qui a peut-être compté d'un port à l'autre, donne jus-
qu'à quinze milles à ce canal. On y voit les deux pe-
tits écucils de Praforirfi , que MM, Spon Se Wheler ont
pris pour Tragonifi ou Dragonera , autre écueil du cô-
té de l'eft fud-eft , & par conféquent hors du canal
dont nous parlons. * Tour ne fort > Voyage du Levant ,
lettre 6. p. 106.
Le port de Mycone eft fort découvert & regarde en-
tre l'oueft Se l'oueft-nord-oucft } mais le golfe qui eft
à côté de ce port Se qui fe termine en cul de-fac , eft
affez bon pour les plus gros bâtimens, qu'une jettée na-
turelle , formée par des rochers presque à fleur d'eau,
met à couvert du vent du nord. L'entrée de ce golfe
eft entre le nord & le nord oueft. Le port d'Ornos eft
oppofé au fond du golfe , Se regarde entre le fud Se
le fud -fud-eft. L'iflede Saint George fe trouve à la pointe
du golfe à main droite, tout près de deux rochers ifo-
lés , avec la grande Se la petite ifle aux Ecreviffes. Les
autres ports dç l'illc font Palermo Se Sainte Anne :
le port Palermo eft fort grand , mais trop expofé au
vent du nord. Celui de Sainte Anne eft fort découvert
auflt , Se regarde le fud-eft.
Les matelots de Mycone paffent pour les plus ha-
biles de tout le pays. Il y a pour le moins cinq cens
hommes de mer dans cette ifle, & l'on y compte plus
de cent bateaux , outre quarante à cinquante gros cal-
ques deftinés pour le négoce de Turquie Se de la Mo-
rée. Celui de Turquie fe fait en cuirs Se en maroquins ,
qu'on va chercher à Siagi , proche de Smyrne , Se à Soa-
la-Nova: celui de la Morée roule préfentement fur le
vin. Il y a des caïques à Mycone qui portent jusqu'à
fept ou huit cens barils de vin: le baril pefe ijo liv.
de France : ce n'eft fouvent que de l'eau rougie i mais
on le paye fuivant fa force & fa qualité. On recueille
ordinairement à Mycone vingt-cinq ou trente mille ba-
rils de vin par an, Se l'on y cultive la vigne depuis
fort long-tems.
L'ifle de Mycone eft fort aride , & fes montagnes
font peu élevées. Les deux plus conûdérables portent
le nom de Saint Helie. L'une eft tout près du cap
Trullo, à l'entrée du canal de Mycone Se de Tine:
l'autre à l'extrémité de Mycone, vis-à-vis Tragonifi.
Le nom Dimastos que Pline, /. 4. c. 12. donne à
la plus haute montagne de l'ifle, convient également
à toutes les deux , puisque chacune aie fommet fendu
en deux parties. Ovide , Mctàmorph. /. 7. qui dans fon
voyage du Pont avoit vu Mycone de plus presque Vir-
gile , Mneid. 3. a eu ràïfôri de dire que c'éroir une ifle
peu élevée ; Virgile dit tout le contraire : ce n'eft pas que
humtlis Infula ne lignifie auflï une ifle méprifable Se
vile , comme Stace , Achïl. 1. a appelle l'ifle de Se-
ri'p]
Stfibon rapporte que les po'etes ont fait de Mycone
le tombeau des Centaures , défaits par Hercule ; d'où
ctoit venu le proverbe : Tout eft dans Mycone, pour
dire qu'un homme vouloir parler de tout dans le mê-
me discours. Etienne le géographe ,qui a copié Stra-
bon , affure que cette ifle a pris fon nom d'un certain
Myconus, fils dVEnius ; mais on çonnoît auffi peu l'un
que l'autre, Se la plupart dés anciens font tombés dans
le même défaut. La remarque de Strabon,/. 10. Se
dEufuthe, Ad Dyomf. veff. j 26. eft mieux fondée.
Ils difent que les Myconiotcs étoirnt fujets à devenir
chauves , puisqu'aujouid 'hui la plupart des habitans y
perdent leurs cheveux à l'âge de 20011 2j ans. Pline
MYC
/. 11. c. 37. a outré i'obfervati on , en affurant que les
enfans y naiffent fans cheveux. Cependant les habitans
de cette ifle font bien faits.
Les Francs appellent cette ifle Micoult. On y re-
cueille affez d'orge pour les habitans, beaucoup de fi-
gues , peu d'olives. Les eaux y font affez rares en été :
un grand puits en fournit à tout le bourg , qui eft le
feul de 1 ifle , Se qui ne renferme guère plus de trois
mille âmes ; mais pour un homme qu on y voit , on
y trouve quatre femmes :il eft vrai que les hommes fré-
quentent la mer. On y nomme tous les ans deux con-
fuls pour y prendre foin des affaires. En 1700 les My-
coniotcs payèrent cinq mille écus de capitation Se de
taille réelle. L'ifle dépendoit alors de Mezomorto , ca-
pitan bâcha : dans la dernière guerre , elle obéiffoit au
bey de Stanchio , Mehemet Bey , dit Càflîdi , qui com-
mandoit quelques galiotes pour purger l'Archipel des
petits corfaires. * Ptolcme'e il. 3. c. iy.
Le féjour de Mycone eft affez agréable pour les
étrangers : on y fait bonne chère , quand on a un bon
cuifinier , car les Grecs n'y entendent rien. Les per-
drix font en abondance Se à bon marché dans cette ifle,
de même que les cailles, les bécaffes , les tourterelles,
les lapins Se les beefigues. On y mange d'excellens rai-
fins Se de fort bonnes figues : ordinairement les falades
s'y font avec une espèce de laitteron tout-à-fait ragoû-
tante , quand on a froté le plat avec de l'ail. UAdralida
Se la Radiée y font affez recherchées : la première eft
une espèce de racine de feorfonere, Se la radice eft la
chicorée épineufe, dont les jeunes pouffes fe blanchiffenr
naturellement dans le fable le long de la mer. On fait
un bon ragoût en carême avec les Vroulas bouillies. Le
fromage mou qu'on prépare dans cette ifle eft délicieux:
il n'y a que les cailles confites au vinaigre qui cho-
quent les étrangers ; car ces oifeaux font réduits en une
espèce de bouillie : les gens du pays les préfèrent , fans
doute, aux cailles fraîches. On ne brûle à Mycone que
des broffailles tirées des ifles de Délos.
Mycone a été pbffédée quelques années par les ducs
de Naxie. Le père Sauger , Hift. des ducs de lArchipel.
dit, que Jean Crispo .vingtième duc de l'Archipel, la
donna en mariage avec l'ifle de Zia à fa fille Tadée,
époufe de François de Sommerie. Ce feigneur n'en jouit
pas long-tems, & les Vénitiens étant maîtres de Tine,
prirent Mycone, d'où vient que le provéditeur de Tine
fe dit encore aujourd'hui provéditeur de Mycone. Bar-
berouffe, capitan bâcha, la fournit à Soliman II, avec
presque toutes les ifles que la république poffédoit dans
l'Archipel. Mycone Se Tine furent conquifes fous l'em-
pereur Henri par André Gizj , quelques années après
la prife de Conftantinople par les François Se par les
Vénitiens. Jérôme Gizi, fon frère, eut pour partage Skyro
Se Scopoli. C'eft de cet André Gizi que descend le fieur
Janachi Gizi , qui étoit conful à Mycone Se à Tine au
commencement de ce fiécle , Se qui fit ériger à Mycone
une chapelle en l'honneur de faint Louis.
L'égMfe Latine du bourg dépend de l'évêque de Ti-
ne , qui la fait deffervir par un vicaire à vingt- cinq écus
romains d'appointemens. L'aumônier de la chapelle de
faint Louis en avoit de plus confidérabîes ; mais on n'a
rien à reprocher à l'évêque de Tine, puisque la con-
grégation de prepaganda Fide n'en donne pas davan-
tage aux vicaires des autres ifles. 11 y a même des évê-
ques qui ne leur donnent que quinze écus , Se qui trou-
vent plus de vicaires qu'ils n'en veulent ; parce que les
prêtres de l'Archipel font ravis d'occuper ces portes pour
relier honorablement chez eux.
Il y a à peu près cinquante églifes Grecques dans
l'ifle de Mycone : chacune a fon papas , ■& presque tous
les habitans font du rit grec. Il n'y a de Turc qu'un
cadi ambulant. Ces fortes de cadis achètent une com-
milllon du grand cadideScio,& parcourent tout l'Ar-
chipel , faifaat afficher dans les bourgs par où ils paffent,
que tous ceux qui ont des procès apportent leurs pa-
piers ou amènent les témoins néceffaires , qu'on les dé-
pêchera promptement Se à bon marché.
Il y a plufieurs rnonafteres Se quelques chapelles à
Mvcone: Paleocastriani eft un monaflere de trois
ou quatre reFgieufes , fitué presque au milieu de l'ifle,
autour de Puleocafiro , ancienne fortereffe ruinée
MYC
MYL
fur une colline agréable. L'églife de la Trinité eft dans
l'enceinte de Paleocaftro : celle de Sainte Marine n'eft pas
loin delà; on y célèbre tous les ans le 17 de Juillet une
grande fête , où i'on danfe Se où l'on boit à la grecque.
A côté de Paleocaftro , dans une belle plaine à la vue
du port Anne , eft le grand monaftere de Trullianî ,
occupé par dix ou douze caloyers Se quelques vieilles
caloyeres. Ils ont de grands biens dans la plaine d'Ano-
meria , quartier de l'ifleie plus fertile. Le couvent de
Saint Pantaléûri eft en-deçà de Paleocaftro , allez près du
port Palermo ; mais il n'y a que trois ou quatre religieux.
Les monafteres de la Vierge , de Saint George Se du
Sauveur font abandonnés. * Ptolomée , Liv. 3.C 16. Scyl.
Péri pi.
Outre le conful'de France , il y en a un pour l'Angle-
terre Se un autre pour la Hollande , quoiqu'il ne vienne
à Mycone aucun bâtiment de ces deux nations ; mais
les Grecs fe mettent à couvert des infultes des Turcs ,
•avec une patente de confiai. Les batimens François defli-
nés pour Smyrne Se pour Conftantinople, paflent dans
le canal de Tine & de Mycone, tirant entre le nord
<8c le nord-eft. Dans le mauvais tems ils relâchent or-
dinairement à Mycone , Se y viennent prendre langue
pendant la guerre. La route ordinaire des Anglois Se
des Hollandois eft entre Négrepont & Macronifi. il
vient fouvent à Mycone des barques françoifes oharger
des grains , de la foie , du coton Se d'autres marchandifes
des ifles voi fines.
Les dames de Mycone ne feroient point désagréables,
û leurs habits étoient un peu moins ridicules : cepen-
dant ces habits , & même les plus communs , leur re-
viennent a deux cens écus : il y en a qui coûtent cent
cinquante fequins. Il eft vrai que la plupart ne s'habil-
lent qu'une fois en leur vie. Premièrement, c'eft une
espèce de chemifette, qui à peine leur couvre la gorge :
elle a des manches à poignets ; ordinairement on la fait
de moufleline , de boucalfin , ou de toile de foie , rele-
vée de paffemens d'or , ou de broderie : ainfi les plus ri-
ches chemifettes font de véritables blaires; car leurs or-
nemens s'impriment fur la peau. On met par-delïus la
chemifette une grande chemife de toile de coton , ou
de foie, à manches auflî larges que celle d'un furplis:
cette chemife descend jusqu'à mi-jambes , & tient lieu
de jupon ; elle eft garnie de dentelles ou brodée de foie ,
de fils d'or ou d'argent. La troifiéme pièce eft une espè-
ce de plaltton couvert de broderie d'or ou d'argent qu'on
applique fur la gorge , Se qui répond à un jufte-au-
corps fans manches ; qui ne prend qu'au - délions des
bras , fuspendu fur les épaules par deux gros cordons en
manière d'anfes : toutes les femmes ne fe fervent pas de
cette troifiéme pièce : ordinairement elle eft de toile
de coton , pliiTée à petits plis 8e ferrés; mais garnie en
bas de dix ou douze cercles de même étoffe , épais cha-
cun de près d'un pouce , Se qui fervent à relever le co-
lubi , Se à lui donner une agréable rondeur. On endofte
enfuite un corcelet qui a deux ailes fur les côtés , Se
deux ouvertures pour palier les bras ; c'eft une espèce
de corps fans manche , brodé d'or Se d'argent , relevé de
perles; on le garni de manches en hiver. Ce corps dé-
borde environ trois ou quatre pouces fur le colubi , es-
pèce de Jupon fort épais Se tout pliffé , qui ne descend
que fur les genoux : on le ferme par devant avec des ru-
bans ; mais les dames qui portent le jufte au-corps, en
lailTent paroître deux pouces au-deffous du jupon. A Na-
xie pour relever le bas de ce jupon , on met au-deffous
trois ou quatre pièces de même ftruciure fort épaiffes Se
fort lourdes : la même chofe eft encore plus ridicule à
Andros ; car on y place un cerceau femblable à ceux
qu'on met aux vertugadins. La fixiéme pièce de l'ajufte-
ment des femmes eft un tablier de moufleline, ou de
toile de foie toute brodée. Comme la broderie a été in-
ventée au Levant , on l'applique fur tout , Se certaine-
ment on y brode bien plus proprement qu'en France ;
mais les defleins ne font pas de fi bon goût. En été on
porte des bas de coton , & en hiver des bas de drap rou-
ge, ornés de dentelles d'or & d'argent :ces bas font tout re-
pliflesj car les dames en chauffent quatre ou cinq paires
les unes fur les autres : les jarretières font des rubans gar-
nis de dentelles d'or ou d'argent , Se nouées à deux ganfes.
Les mules font de velours, mais fi courtes par-deffus, qu'il
4* y
n'y entre que les doigts des pieds,aufli ces dames înarchent-
ellesde très-mauvaife grâce, trainantleurs pantoufles : on
en voit quelques-unes qui ont des fouliers à la vénitienne,
qu'elles attachent avec des rubans à dentelles. Enfin , leur
couvre-chef eft un voilede moufleline ou de toile de foie,
long ordinairement de fept ou huitpieds fur deux de lar-
ge : elles le tortillent fur la tête & autour du menton
d'une manière agréable , Se qui leur donne un air affez
éveillé.
Tournefort dit avoir obfervé fur la montagne de S.
Helie du cap Drullo , que Naxie eft entre le fud-fud eft
Se le Cud; la petite Délos entre le fud-fud-oueft Se le fud-
oueft ; Paros dans la même ligne : le milieu de la gran-
de Délos Se Cabronifi au fud-oueft , Se Tragonifi à l'eft-
fud-eft.
MYCONIUS, montagne de Sicile, félon Appien,
De Bell. Civil. I. 5. p. 739. Cluvier , Siciliœ ant. I. 2.
c. 1 2. prétend que c'étoit le nom d'un des fommets du
mont Pelorus ou de Neptune , Se qu'il étoit entre Mes-
fine , Pelorus Se Naulochus , à la gauche du défilé de
Myles , ou de la route par laquelle on alloit de Myles
à Meifine.
MYDIONIA , ville de l'Étolie. Polibe , /. 2. c. 3. lui
donne un port.
MYECPHOR1TANA , tribu ou nome en Egypte.
Hérodote, /. 2. c. 156. dit que ce canton étoit à l'op-
pofite de la ville de Bubaftes.
MYENUS , montagne de l'Étolie. Elle fe nommoit
auparavant Alphius , félon le témoignage de Plutarque,
de fluminib. <T montib.
MYES , ville de l'Ionie , félon Etienne le géographe,
qui cite Hecatée.
MYEZ A , ville de la Macédoine dans l'Emathic. Voyez.
Mieza.
1. MYGDONES , nom des habitans de la Mygdonie.
Voyez. Mygdonia I.
2. MYGDONES , peuples d'Afie , au voifinage de la
Troade Se de la Phrygie. Strabon , /. 12. p. 564. dit qu'il
eft difficile de marquer les bornes du pays qu'ils occu-
poient.
3. MYGDONES , peuples de la Myfie. Ils habîroienr,
félon Strabon , /. 1 2. p. 575. au pied du mont Olympe.
Etienne le géographe les place dans la grande Phrygie.
1 . MYGDONIA , contrée de la Macédoine : elle avoit
au nord la Pélâgonie, à l'orient la Calcidice; au raidi
la Péonie ; Se à l'occident la province Deuriopus. Héro-
dote , /. 7. c. 1 2 3 . Pline , /. 5 . c. 3 2. Se Ptolomée , /. 3 . c.
13. parlent de cette province. Ce dernier y met les vil-
les fuivantes ;
Antigonia , Physcx , Xylopolis, Mygdonia ;
Caïwdoea, Terpillus , Afforus , Lete.
B&rus , Carrabia , Apclloma,
z. MYGDONIA , province de l'Afie dans la Méfo-
potamie. Théodoret dit qu'elle étoit ainfi nommée d'un
fleuve qu'on appelloit Mygdonius ; mais , félon Pline ,
/. 6. c. 12. ce nom lui avoit été donné par lesMygdo-
niens de Macédoine , qui y avoient appatemment en--
voyé une colonie. Strabon, /. 16. p. 747. qui dit la mê-
me chofe , nous apprend que la Mygdonie s'étendoit le
long de lEuphrate , depuis Zeugma jusqu'à Thapfacus,
& il y renferme Nifibis , qu'on appella Antiocbia Myg-
donia. De cette façon la Mygdonie de Méfopotamie
comprenoit la partie occidentale de la Méfopotamie.
MYGDONIUS. Voyez Mygdonia 2.
MYGDUS , lieu de l'Afie Mineure. Ammien Marcel-
lin , /. 16. p. 347. dit que ce lieu étoit fitué fur le bord
du fleuve Sangarius.
MYGISI , ville de la Carie , félon Etienne le géogra-
phe , qui cite Hécatée , /. 3. Genealogiar.
MY1M. Ortelius , Thejaur. dir que c'eft un fiége épis-
copal de laCilicie, fous la métropole de Séleucie , &
cite Guillaume de Tyr. Les notices publiées par Schel-
ftrate ne connoiffent point ce fiége , d'où l'on pourroic
conjecturer qu'il ne feroit pas ancien.
MYLA , fleuve de Sicile. Il couloir , félon Tite-Live,
/. 24. c. 50. entre Syracufe Si Leontium; mais comme
4*6 MYL
MYR
il y a plus d'une rivière dans ce quartier , il eft difficile de
décider laquelle portoic anciennement le nom de Myla.
Quelques-uns veulent que ce foit préfentement le Mar-
cellino ou le Marcellini : d'autres le prennent pour la ri-
vière Saint Giuliani. De rifle, dans fa carte de l'ancienne
Sicile , nomme Alabus ou Xiphonius l'embouchure du
fleuve Myla.
MYL ACES, peuples de l'Epire, félon Etienne le
géographe, qui cite Lycophron. Ifacius veut que les My-
taces fuffent voifïns de l'Illyrie.
i . MYLJE , ifles au voifinage de l'ifle de Crète. Pline ,
/. 4. c. 11. eft le feul des anciens qui en faffe mention.
Le pere Hardouin dit que ce font des écueils plutôt que
des ifles. Niger les nomme Cambrufie, & Pinet les ap-
pelle Gnioja 8c Lifte.
2. MYL,£, ville de l'ifle de Sicile, félon Pline,/, 3.C.8.
Strabon,/. 6. compte mille pas de MyU à Pilorus, 8c le Pé-
riple de Scylax dit que Mylae eft une ville Grecque, avec
un port. Vvlleïus Paterculus , /. i-.e. 79. & Suétone, in
Aug. c. 16. nous apprennent qu'Agrippa remporta une
viétoire fur Pompée auprès de Myla;. Silius Italicus,/.
14. v. 213. eft le feul qui écrive Myle :
Sabfidium i/îfidum jugientibus xquora, Myle.
Cette ville a été épiscopale. Joannes, fon évêque, fou-
ferivit au concile tenu à Rome l'an 68o.C'eft aujourd'hui
Milazzo.
3. MYL/E, ville de Theffalie. Tite-Live, /. 42. c. J4.
dit qu'elle étoit extrêmement forte , ôz que cette force en
rendoit les habitans infoleus. Elle fut cependant prife Se
abandonnée au pillage.
M YLANTIA , promontoire de l'ifle de Rhodes , dans
la ville de Camhus, félon Etienne le géographe.
MYLAON , fleuve de l'Arcadie. Voyez. Mylois.
MYLAS. Voyez. Mylasa.
MYLASA ou Mylassa, ville de la Carie. Paufanias,
Arcad.c. 10. dit qu'elle étoit éloignée de quatre-vingt
ftades, tant de la mer que de fon port.Elle étoit fituée, fé-
lon Strabon,/. 14. dans une riche campagne, & elle pas-
foit pour une des trois principales villes de la province.
Hérodote , /. \.c. 171. dit qu'il y avoità Mylafa un an-
cien temple dédié à Jupiter Catien ; 8c Pline » /. 5. c.
29. nous apprend que les Romains accordèrent la liber-
té à cette ville. Quelques-uns écrivent Mylafa , 8c d'au-
tres MyL/JJa , tous deux au nominatif pluriel ; mais il
femble qu'on doit préférer la première orthographe , qui
eft conforme aux inferiptions des médailles , que cette
ville fit fraper en l'honneur de quelques empereurs. Cet-
te ville a été épiscopale. Xenophon, fon évêque, fouferivit
au conciL* de Condantinople tenu l'an 8 70. Elle fe nom-
me à piéfent Melazzo.
MYLASSA. Voyez. Mylasa.
i.MYLE. Voyez. Myl^ 2..
2. MYLE , ville de Carie , félon Pline , l.j.c. 27. Le
pere Hardouin croit que ce pourroit être la même ville
que Moloë, que la notice eccléfiaftique met dans l'Ifaurie.
MYLIAD1S PODALIA. Voyez. Podalia.
MYLIAS , contrée quifaifoit originairement partie de
la grande Phrygie ', mais qui dans la fuite fut rangée fous
la Lycie. Au lieu de Mylias , Ciccron , //. lib. Ver. écrit
Milias; 8c Pline, /. $.c. 27. aufli bien qu'Hérodote, /. 1.
n° 173. appellent les habitans de cette province Myll/E.
Ptolomée, /. j.c. 3. qui écrit Mylias , met dans cette
contrée quatre villes , qui font
Podal&a , Nifa , Chôma , Condica.
* Arrian , De exped. Alex. /. 1. p. 50.
MYLISIN , peuples de la Phrygie , félon Etienne le
géographe, qui cite Hécatée.
M Y LOIS, fleuve de l'Arcadie , félon Hefyche,cité par
Ortcl Thef.Ce dernier foupçonneque ce pourroitetre le
Mylaon ou le Molorus, dont parle Paufanias, /. 8. c. xG.
MYLOMNORUM. Le pere Hardouin met un fié-
ge épiscopal de ce nom dans la Pamphylie , fondé fur
des notices grecques. Theoàorus, fon évêque , eft nommé
dans le faux fynode de Photius.
MYLON , ville d'Egypte. Athénée & Etienne le géo-
graphe en font mention. Elledonnok le nom au nome'
Mvlopolite , félon Ortclius yTbcjaitr.
MYLSIAT, ville d'Allemagne dans la Carinthic ,
fur le bord d'un lae à l'orient méridional de Stal.
MYLY1US. Voyez, Pons-Mylvius.
MYLUS , nom d'une ifle, où Ariftote , in admirandii.
dit que les cavernes que l'on creufe dans la terre, fe rem-
pliffent derechef par le moyen de la terre qui s'y élevé
d'elle-même. Au lieu de Mylus, quelques manuferits por-
tent Melus.
MYNDONES, ville de Libye , félon Etienne legéogr.
1. MYNDUS , ville de la Carie. C'eft ainfi qu'écrivent
Strabon , /. 14. p. 658. Ptolomée , /. j. c. 2. 8c Etienne
le géographe. On lit Mindus dans Pomponius Mêla , /.
1. c. 16. 8c Leunclavius foutient que le nom moderne
de cette ville eft Mentefe.
2. MYNDUS, ville de la Carie. Etienne le géogra-
phe la diftingue de la précédente par l'épithète den «*«/*,
c'clî-à-dire, la Vieille. On prétend que cette dernière
s'appelle aujourd'hui^. Pietro, mais Pline, /. 5. c. 29.
dit que la Vieille.Myndus avoit été dans le lieu où fe trou-
voit la ville de Myndus. C'eft peut-être le village Min-
dya , dont parle Strabon. Cette ville a été épiscopale.
Parmi les fouferiptions du concile de Calcédoine , on
trouve celle D'Alphius Myndi CarU epistopus. Hardouin
collect. conc. vol. 2. pag. 63. Voyez. Mindya.
3. MYNDUS, ifle de la mer Icarienne , Ptolomée,
/. 5. c. 2.
4. MYNDUS, ville de l'Arcadie, félon le témoigna-
ge de Winfemius dans fes remarques fur Théocrite.* Or-
telii Xhefaur.
MYON, ville des Locres dans l'Epire. C'eft Etienne
le géographe qui en parle fur le témoignage de Thucy-
dide , /. }.fub finem , où il eft effectivement parlé d'un
peuple nommé Mionmjes. Paufanias connoît auffi ce peu-
ple. Voyez. Myonia.
MYONIA , ville de la Phocidc , félon Paufanias, /.
10. c. 38. & Etienne le géographe. Ortelius, Tbefaitr.
croit que ce pourroit-être la même ville que Myon :
car la Phocide 8c la Locride étoienc limitrophes.
1 . MYONNESOS , ville de l'Ionie. Etienne le géogra-
phe la place entre Teïos 8c Lebcdus. Strabon , /. 14. p.
(Î43. en fait une péninfule, 8c Tite-Live , /. 37. c. 27. un
promontoire. C'eft une ifle des Tcïens , félon Thucy-
dide , /. 3. pag. 190.
1. MYONNESOS, ifle de la Theffalie. Strabon,/.
9. p. 435. la met vis-à-vis de Lariffc.
MYOSHORMOS, c'eft-à-dire le Port de la Sou-
.Ris , port d'Egypte. Ptolomée,/. 4. c. j. 8c Pline,/. 6.
c. 23. le mettent fur la mer Rouge. Àrrien, 2. Perip.
p. 1. & 11. dit que ce port étoit un des plus célèbres
de cette mer. Agatharchis , p. 54. nous apprend que ce
port fut dans la fuite appelle le Port de Venus» 8c
Strabon , /. 1 6. connoît ce port fous ces deux noms.
La ville de Bérénice , dit Huet , hiftoire du commerce
Gr de la navigation , page 317. fe fervoit du port de
Myoshormos , qui en étoit proche , comme de fon pro-
pre port. Casir , ajoute-t-il, eft le nom moderne du pott
de la Souris.
MYPS^EI , peuples de la Thrace , félon Hérodote ,
/. 4. c. 93.
MYRCINUS , ville de Thrace , félon Etienne le géo-
graphe. Hérodote , /. 5. n° 23. & Thucydide, /. j.p. 324.
la mettent fur le bord du fleuve Strymon. Appien, A4.
Civil, la place au voifinage de Philippes , & Tzerzés, Chil.
3.». 96. dit qu'on la nommoit anciennement Hedonus.
MYRE , ville de Lycie , où S.Paul s'embarqua pour
aller à Rome fur un vaifleau d'Alexandrie. Le texte la-
tin des Aétes, Ailes 27.5. porte Liftram au lieu de
Myram, qui eft dans le grec; mais il y a fuite : car Lyftre
eft dans la Lycaonie, 8c non pas dans la Lycie. De plus,
Lyftre n'étoit nullement ville maritime. Etienne le géo-
graphe nomme cette ville Myron. On l'appelle aujour-
d hui Strumita , à ce que dit l'itinéraire de Stunica, que
cite Ortelius , Tbefaur. Cette ville a été épiscopale ,
HerermiamtS) fon évêque, affifta au concile d'Ephèfe, te-
nu l'an 431. Nicolaus à celui de Condantinople de l'an
870 , & Petrus fouferivit à la lettre adreffée à l'empe-
reur Léon. Harduin. coll. conc. vol. 1. p. 1603. vol. j.
p/924. v. 2. p. 735. * Ortel. Thef. D. Calmet Ditl.
MYRENORUM CIVITAS. Le fixiéme concile de
Condantinople fait mention de cette ville,& la place dans
la Phrygie fakuaire. Elle éroit épiscopale au rapport du
pere Hardouin, qui cire Megalus & Damiamis qui en
ont été éveques. * Harduin collcit. conc vol. 3. p. 206.
myrgeta: a
MYR
MYR
MYRGET/E , peuples de Scythie , félon Etienne le
géographe , qui cite Hécate e.
M YRIANDRI , peuples de Syrie. Pomponhis Mêla,
1. i. (. 12. les place au bord du fleuve Amanus.
MYRIANDRUS , ville de Syrie, dans le golfe liïîque,
félon Strabon , /. 14. Xénophon , /. i\ p. 1 $0. dit qu'elle
fut bâtie par les Phéniciens. Ptolomée, /. 5. c. ij. Ôc
Arrien , /. 2. deexped. Alex, parlent de cette ville \ mais
les interprètes du premier écrivent Myrandrus pour My-
riandrus.
MYRICA , ifle de la mer Rouge, félon Etienne le
géographe. Ptolomée , /. 4. c, 8. la place dans la mer
d'Hippadei mais fes interprètes lifent Myr/iaca poiu My-
rica. Voyez. Amphipolis.
MYRICUS, ville de la Troade. Etienne le géographe,
qui cité Hécatée, dit que cette ville croit de Ténédos ôc
de Le^bos.
MYRIDA. Voyez, Mœridis.
1. MYRINA. ville de l'/Eolide. Strabon, /. 13. p.
622. lui donne un port. Pline, /. j. c. 30. dit qu'elle
prenoit le nom de Sébaftopohs , ôc Pomponhis Mêla,
/. 1. c. 18. qui la qualifie de première ville de l'./Eoli-
de , ajoute qu'elle fut bâtie par Myrinus , d'où elle prit
le nom de Myrina. On la nomme préfentement Mar-
tiani , félon Leunclavius; mais , félon Mottet , c'cltGi r-
cona.
2. MYRINA , ville de l'ifle de Lemnos , félon Pline ,
/. 4. c. 11. ik Ptolomée , /. 3. c. 13. Belon lui donne le
nom de hemno.
3. MYRINA , ville de la Troade. Strabon , /. 12. p.
573. dit qu'elle ri 1 oit fon nom d'une Amazone, appcllée
Myrina. Tzetzès , in Lycophron. fait aufli mention de
cette ville.
4. MYRINA, ville de rifle de Crète. Pline, /. 4. c.
.1 2. la phee dans les terres ; mais le père Hardouin croit
qu'il faut lire Mycen-t pour Myrina. Il fonde fon opinion,
premièrement , fur le filence des anciens écrivains qui
ne parlent point de Myrina ; fecondement , fur un parta-
ge de Velleius Paterculus, /. 1. qui dit que le roi Aga-
memnon , ayant été jette par la tempête dans lifte de
Crète ,y fonda trois villes, favoir Mycenes, Tégée &
Pergame.
j. MYRINA , ville de Thracc , félon Agathias , cité
par Ortelius , Thefaur. qui remarque pourtant qu'Aga-
thias écrit Myrrina , ôc non pas Myrina.
MYRIOCEPHALUM, ville de l'Afie Mineure, félon
Nicétas. * Ortelii Thefaur.
MYRIOPHYTUS, ville épiscopale,fous la métropole
de Céfarée, félon une notice anonvme publiée par Schel-
flrate : elle étoit voifme de Callipolis.
MYRLAEUM , lieu voifin de Conftantinople , félon
Pierre Gilles , dans la defeription du Bofphorc.
MYRLEIA. Voyez. Apamée 2.
1 MYRMECES SCOPULI , écueil quelque part dans le
golfe de l'Ionie , félon Pline , /. 5. c. 29.
MYRMECIUM , ville de la Sarmatie , dans la Cher-
fonnèfe Taurique , félon Pline, /. 3-r. 12. Pomponius
Mêla, /. 2. c. 1. ôc Ptolomée /. 3.C. 5. Les deux pre-
miers lui donnent le nom de petite ville , ôc le dernier en
fait un ptomontoirc ■■, de forte que la ville étoit fituéeprès
du promontoire, ou même deffus. Pline & Pomponius
Mêla lifent Myrmecium, ôc on lit Mirmycion par cor-
ruption dans Jornandès. * Ortelii Thefaur.
MYRMENA , ville habitée par des Antropophages,
félon Nicéphore, qui dit que l'apôtre faint Matthieucon-
vertit le prince de cette ville à la foi Chrétienne. Orte-
lius, Thefaur. foupçonne que Myrmena pouvoit être dans
l'Ethiopie.
MYRMEX , ifle d'Afrique, fur la côte de la Cyrenaï-
que, félon Ptolomée, /. 4. c . 4. qui la place auprès de
rifle Laea ,ou de Venus.
MYRMIDON , ville du Péloponnèfe , dans l'Achaïe.
C'eA Abdias le Babylonien qui en fait mention, dans la
vie de faint André.* Ortelii Thefaur.
f« MYRMIDONES. Philoftrate , de Viris itluftrib. dit
que ce nom fut commun à tous les Theflaloniens.
MYRMISSUS , ville de Myfie. Etienne le géographe
la met au voifinage de Lampfacus. Ne feroit-ce point ,
dit Ortelius , Thefaur. la même ville que Mermejfus ?
MYROBRIGA. Voyez. Mirobriga.
4*7
MYRON , fleuve de la Lycie, pics de la ville de Myre,
félon Etienne le géographe: il y a grande apparence que
c'efl le même que Lymira ou Lymi, us. Voyez. Myre 6c
Lamura.
MYRONOS ou Myronis , ifle du golfe Arabique ,
félon Ptolomée , /. 4. c . 8. ôc Etienne le-géographe.
MYROPOLON ou Myropole , ville de Grèce , près
des Thermopyles , vis-à vis d'Héraclée. Procope , /Edi-
fie. I. 4. c. 2. de la tradutlion de Coufin , dit : Quand on
va d'Ulyrie en Grèce , on rencontre deux montagnes,
qui, en s'approchant , forment un port fort étioit. Il
en fort une fontaine qui produit un petit ruiffeau \ mais
lorsque la pluie tombe en abondance , il s'y amafle un
torrent qui roule avec impétuofité à travers les monta-
gnes. Les Barbares pouvoient entrer par cet endroit
dans les Thermopyles , & enfuite dans la Grèce. Il avoir
autrefois ét« fortifié d'un côté par la ville d'Héraclée ,
& de l'autre par celle de Myropole qui en cil proche ;
mais comme le tems avoit ruine les fortifications de ces
deux villes , Juftinien les répara, ôc éleva un mur très-
folide, par le moyen duquel il joignit les extrémités
des montagnes, ôc en boucha l'entrée.
MYRRHE. Voyez, Myre.
MYRRHENE , en latin , Myrrinus ôc Myrrhi-
nus, municipe de l'Attique , félon Strabon , /. 9. p. 399.
Etienne le géographe dit que ce municipe faifoit partie
de la tribu Pandionide. Ce lieu étoit peu éloigné de
Marathon. Quelques-uns le placent entre Marathon ôc
la mer ./Egée.
MYRROFERA REGIO. Voyez, Smyrnophora.
MYRSIACA. Voyez, Myrica.
MYRSIN1TIS VALLIS, vallée longue, profonde
& couverte d'arbres, félon Syncfius , tpift. 122. Oi-
telius juge qu'elle pourroit être en Afrique , aux envi-
ions de la Cyrenaïque.
MYRSINÛS, bourgade du Péloponnèfe, dansl'E-
lide. Strabon, /. 8. p. 341. dit que de fon tems on la nom-
moit Myrtuntium. Selon Etienne le géographe, Myr-
sinus étoit une ville de l'Elide.
MYRSOS. Voyez, Megatichos.
MYRTANIA. Voyez. MyrtoniuM.
MYRTEI CAMPI , campagne dans laquelle Orte-
lius, Thefaur. nous apprend que Papyrius défit les ha-
bitans de rifle de Sardaigne:malheureufement il a ou-
blié de marquer l'auteur qui lui avoit fourni cet ar-
ticle : Myrtei Campi, dit-il, in auibus Surdos Jupera-1
tos à Papyrio tradit.
MYRTETA, bains chauds, en Italie, félon Orte-
lius, Thefaur. qui cite Celfus. Ils étoient au voifimge
de la ville de Baïes, ôc tiroient leur nom d'un bois de
Myrtes qui étoit autour de. la ville, ôc qui contribuoic
à rendre ces bains fi délicieux , qu'on n'y alloit pas
moins pour le plaifir que pour la guéri fou des mala-
dies. Horace, Epift. 15. v. 5. fait mention de ces bains
dans le premier livre de fes épitres.
MYRTHE , ville des Indes , à l'occident du Gange ,
ôc à quatorze milles de ce fleuve. Petis de la Croix ,
hift. de Timur-Bcc , /. 4. c. 22. dit que cette ville eft
glande.
MYRTILIS. Voyez, Julia Myrtilis & Mertola.
1. MYRTION , montagne du Péloponnèse. Paul'a-
nias , /. 2. c. 27. dit qu'elle étoit aux confins des Epi-
dauriens , 6c que de fon tems on la nommoit Tu-
thion.
2. MYRTION , ville de la Thrace , félon Ortelius ,
Thefaur. qui cite Démoflhene , in Corona.
MYRTONIUM, lieu fortifié dans la Thrace. C'efl
Suidas qui en fait mention d'après Démoflhene. Il ajoute
que quelques-uns l'appelloient Myrtania. Peut-être , dit
Oitelius , Myrtonium , Myrtania. ôc Myrtion font ils le
même lieu. Voyez, Myrtion 2.
MYRTOS, ifle de la mer yEgée , au midi occiden--
tal de la pointe la plus méridionale de l'ifle Eubée. Pli-
ne , /. 4. c. 11. dit qu'elle donnoit fon nom à cette par-
tie de la mer ALgéc , qu'on appelloit Myrtoum Mare,
Voyez, au mot Mare , l'article Mare Myrtoum.
MYRTOS1UM. Voyez, Myrtussa.
MYRTOUM MARE. Voyez, au mot Mare , l'article
Mare Myrtoum.
*. MYRTUNTIUM. K^t.Myrsinus.
Tom. IV. M m m
»
4*8 MYS
2. MYRTUNTIUM MARE , ou Myrtuntius
Lacus , mer ou lac de Grèce , entre la côte de l'Acar-
lunie a l'orient , 6c l'ifle Leucade à l'occidenc , félon
Strabon , /. 10. p. 459.
MYRTUSSA , montagne de la Libye, félon Etienne
le géographe. Ortelius , Thejaur. dit que Callimaque
la met dans la Cyrenaïque , 6c qu'Apollonius en taie
un promontoire qu'il nomme Myrtosium.
MYSAR1S. Voyez. Misa ris.
MYSE , ou Mysa , rivière d'Allemagne, dans la Bo-
hême. Elle a fa fource aux confins du palatinat de Ba-
vière . 6c prenant fon cours d'orient en occident , en
ferpentant , elle trayerfe le cercle de Pilfen , côtoyé
enfuite Geux de Rakonick 6c de Pod-Berdesk , 6c va
fe perdre dans le Muldaw à Sbrafla.v , un peu au-deuus
de la ville de Prague. Les principaux lieux qu'elle baigne
dans fa conrfc , font Statz , Meifs , Pilfen , Bern-Beraun ,
Karlikin Se Sbraflaw. Entre autres rivières ou ruilTeaux
elle reçoit le Cadburz , d. & la Watta , d. * Jaillot ,
Atlas.
MYSECROS, fleuve de l'Arabie Heurcufe. Pline,
/. 6. c. 28. le met dans la partie méridionale de cette
province.
1. MYSIA Voyez. Mœsia.
2 MYSIA , contrée de l'Afie propre. Strabon , /. 1 2.
p. 571. fait entendre qu'il y avoir deux Myfies dans
l'Afie propre. Les peuples , dit-il , qui habitent aux en-
virons de l'Olympe de Myfie , font au midi des Bithy-
niens: ils font appelles Myficns 6c Phrygiens, 6c cha-
cune de ces nations eft double. Enfuite, après avoir-
parlé de la grande & de la petite Phrygie , il ajoute:
11 en eft de même de la Myfie ; l'une , furnomméc
Olympéne , joint la Bithynie , 6c s'étend jusqu'à l'Epi-
ctete , dans la Phrygie ; l'autre prend depuis le fleuve Caï-
eus & la ville de Pergame jusqu'à Teuthrania , &jusquà
l'embouchure du Caïcus. A la vérité Strabon ne dit pas
clairement qu'il y eût la grande Mysie 6c la petite
Mysie; mais comme Ptolomée , /. j. c. 2. fait men-
tion de la petite Mysie, on doit conclure qu'il y
avoit une grande Mysie -, & puisqu'il met la petite
fut l'Hellespont , il s'enfuit que la grande elt celle
que Strabon place aux environs des fleuves Caïcus 6c
de Pergame. Pomponius Mêla, /. 1. c. 18. & Pline,
7. 5. c. 30. difent que la Myfie avoit une grande éten-
due avant l'arrivée des ^Eoliens dans l'Afie ; mais alors
l'/Eolide s'étant formée de la plus grande partie de
la Myfie , cette dernière province fe trouva reflerrée
dans les bornes que lui donne Strabon.
3. MYSIA, centrée 6c ville, félon Etienne le géo-
graphe , qui n'en donne pas une plus grande explication.
4. MYSIA , petite contrée du Péloponnèfc. Il y avoit ,
félon Paufanias, /. 2. c. 18. dans cette contrée un tem-
ple dédié à Céres Myfienne. Ce nom de Myfie lui
venoit d'un certain Myfius , que les habitans d'Argos
difoient avoir été hôte de Céres.
v. MYSIA, ville de la Troade. Strabon, /. 13. p.
615. la place au voifinage d'Adramittium.
0. MYSIA , ville de la Parrhie , félon Prolomée,/.
6. c. 5. qui la place entre Par bar a Se Charax.
MYSIA-ABRETTENA. On donnoit ce nom à une
partie de la Myfie, félon Strabon, /. 12. p. J74. qui
dit que la Myfie Abtettene étoit arrofée par le fleuve
Rhvndacus.
MYSIA COMBUSTA , ou Mysia Catacecau-
mene. Strabon , /. 1 3. p. 626. donne ce nom aune pe-
tite contrée de la Myfie.
MYSIA HELLESPONTIA , nom que Ptolomée, /.
4. c. 2. donne à la petite Mysie , parce qu'elle étoit
ntuée fur l'Hellespont.
MYSIA MAJOR , ou la grande Mysie. Voyez.
Mysia 2.
MYSIA MINOR,ou la petite Myfie. Voyez Mysia 2.
MYSIA MORENA, nom que Strabon, /. 12. p.
^74. donne à une partie de la Myfie.
MYSIA OLYMPENA , nom que l'on donne à la
pctire Myfie, qui fut ainfi appellée à caufe du mont
Olympe qui s'y trouvoit. Elle étoit fituée fur la Pro-
pontide, Si s'étcndoit afiez avant dans les terres.
MYX
MYSIANUM STAGNUM, ouMysianus Lack ,
lac delà Scythie Européenne, félon Ortclius, Thejaur.
qui cite Jornandès. Il ajoute que quelques manuferits ,
au lieu de Mitfiamis , lifent Murfiaaus ; 6c que d'autres
portent Nurfiaruts.
MYSISTRATUM. Voyez Mytistratum.
MYSIUS, fleuve de lVEolide , félon Stiabon , /. 15.
p. 615. qui dit qu'il avoit fa fource au mont Tem-
nus , 6c qu'il fe jettoit dans le Caïcus.
MYSlVS. Voyez Moesius.
MYSOCARAS, port d'Afrique , dans la Maurita-
nie Tingitane : il étoit , félon Ptolomée, /. 4. c. i.au-
defiïis du port d'Hercule.
MYSOMACEDONES , peuples d'Ane, dans la My-
fie , félon Pline, /. j. c. 29. Ptolomée, /. j. c. 2. les
met dans la grande Phrygie. C'étoient des Macédoniens
mêles avec des Myficns.
MYSORUM ESCHATE. Voyez Thyatira.
MYSOTMOLITy£, peuples de la Lydie , félon Pli-
ne , /. 5. c. 29. Quelques manuferits lifent Mysoti-
moutjî , 6c d'autres Mesotimolit^e. Le père Har-
douin préfère cette dernière orthographe , tant parce
qu'elle lui feinble la plus jufte, s'agiflant des peuples
qui habitoient au milieu du mont Tniolus , que parce
qu'elle fe trouve appuyée des notices épiscopales de
la province de Lydie, où MuroripôùXot, Mcjotomellos pour
Mcjotimoloi , a le dixième rang. Le père Hardouin
convient néanmoins que Mifotmoliu peut fe foutenir ,
parce qu'alors il fignifkroit des Myfiens mêlés avec des
Tmolites.
MYST1A , ville d'Italie , dans la grande Grèce-, fé-
lon Pline, /. 3. c. 10. Pomponius Mêla, l.i. c. 4. écrit
Miftia , 6c Etienne le géographe la donne aux Sam-
ni'es. Ceft aujourd'hui , dit le père Hardouin , Mo-
n^iflerac'i , ou comme d'autres difent Monte Araci.
MYSTICUM HELLESPONT1S. Sophronius fait
mention de ce lieu, dans le pèlerinage de S. Pierre &c de S.
Paul. * Ortclii Thefaur.
MYSTIENSIS , fiége épiscopal de la Lycaonre , fé-
lon le premier concile de Conflantinople. La notice de
Léon le Sage écrit Mysthia , 6c lui donne le 72 rang
parmi les fiéges indépendans.
MYSTUS , ifles fur la côte d'iEtolic , félon Pline »
/. 4. c. 1 2.
MYTHEPOLIS. Voyez Mythopolis.
MYTHOPOLIS , lieu où les fontaines ont quelque
chofe de commun avec le Nil , à ce que dit Antigo-
nus , in mirabilib. Ariftote , in admirandis , qui fait
auffi mention de ce lieu , le place au voifinage du ma-
rais Ascanius , à cent vingt ftades de Cius.
MYTHOS. Voyez Fabula.
MYT1LENE. Voyez Mitylene.
MYTISERATA. Voyez Musistratum.
1. MYTISTRATUM, ville de l'Acarnanie , félon
Etienne le géographe.
2. MYTISTRATUM , ville d'Afrique , aux environs
de Carthage. C'efl Etienne le géographe qui fait men-
tion de cette ville; il cite Polybe, mais il cire à faux;
car Polybe , /. t. c. 24. dit que Mytiftratum eft une
ville de Sicile, fous la dépendance pourtant de Cartha-
ge. Voyez l'article fui vaut.
3. MYTISTRATUM, ville de Sicile, félon les in-
terprètes de Polybe, /. i.'c. 24. Le texte grec poire
Mmliç-pcerov , Muttijfrattim. Diodore de Sicile, in Eclog.
p. 876. écrit MÛçj>a.Tov , M.tfîraton , 6c Etienne le géo-
graphe lit A/utiçpaToç , s4mefïratoir On prétend que ce fat
aujourd'hui Mijiretta. Pline donne aux habitans de cette
ville le nom de Mittitfiratini.
MYUS. On nommoir ainfi , félon Etienne le géogra-
phe , une des douze villes de l'Ionie. Strabon, /. 14. p.
636. dit que de fon tems il n'en refioit pas le moindre
veftige. Paufanias, /. 3. p. 400. 6c Pline, /. $. c. 29.
nous apprennent que cette ville avoit été fondée par les
Ioniens.
MYX/E , Maximianopolis , ville cpiscopale de Thra-
ce , dans la province deRhodope. Ennepius , fon évêque,
affifta au concile d'Ephéfe tenu l'an 431. * Hardain.
Collect. conc. vol. 1. p. 1423.
FIN DE LA LETTRE M,
LE GRAND
ICTIONNAIRE
GÉO GRAPHIQUE,
HISTORIQUE ET CRITIQUE.
NAA
AÀGRAMMA , ville d'Afic, fur le
Gange , félon Ptolomée , /. 7. cap.
1. qui la mec entre Budœa & Cami-
gara.
NAAGRAMMUM , Ptolomée ,
/. 7. c. 4. dit que Naa^pa/^uov étoit la
métropole de l'ifle Taprobane : il la
place dans les terres, entre Anurogrammum & Adi-
famum.
NAALOL , ouNahaloi ,ouNachalal , ville delà
tribu de Zabulon (a). Elle fut cédée aux Lévites &
donnée à la famille de Merari. Les enfans de Zabulon
n'exterminèrent point les habitans de Naalol (£);ils
y laifferenr habiter les Cananéens, qui devinrent leurs
tributaires. On ne fait pas pofitivement la fituation de
cette ville (c). ( a) JoJ'ué , 19 j J;'-(^) Judic: 1, je.
( c ) Dom Culmet , Diéb.
NAAMA , ville de la tribu de Juda. Elle eft feule-
ment nommée dans Jofuc , c. ij , 41.
NAAMATH , ou Naam a. Sophar , un de trois amis
de Job qui le vinrent trouver , étoit de Naamath. Cette
ville eft nommée Minai par les Septante. Eufébe , Pr&-
■par.it. écrit Mctvmïoi. * Job. fc.II.
NAANA. Voyez, Nabla.
NAANSI . peuples de l'Amérique feptcntrionale ,
dans la Louïliane, auprès de Nabiri , entre les Cenis
& les Cadodaquios. Ce peuple eft très-nombreux.
NAARAN , appellée autrement Noran, ville de
la tribu d'Ephraïmdu côté de l'orient. * I. Parai; 7. 28.
NAARATHA , ville de 1a tribu d'Ephraïm( a ) , fur
la frontière. Eufébe , in Na«p«ôa , met une ville de Naa-
rath à cinq milles de Jéricho. C'cft apparemment la mê-
me que Neara dont parle Jofephe , Se d'où il dit que
l'on conduifoit les eaux pour arrofer les palmiers de
Jéricho (b). C'eft peut être aufli la même que Naa-
ran dont on vient de parler, (a) Jofué , 16. y. (b)
D. Calma , Dift.
NAARDA , ville de Syrie , fur FEuphrate , félon
Etienne le géographe. Ptolomée, /. y. c. 18. la place
dans la Méfopotamic > entre Teridata Se Sipphara.Koy^
Nfarda.
NAARMALCHA , c'elU-dire , le fleuve des Rois
NAA
l
a), nom d'une forte creufée par les ordres de Trajan j
Se enfuite par ceux de Sévère, pour joindre FEuphrate
avec le Tigre. D'antres (^)difent que Trajan rie fie
pas creufer cette fofle , mais qu'il en forma feulement
le projet. Voyez, EurMRATE. (a) Am. Mar. 1. 24. {b)
Dion, in Vit. Trajani.
NAARSAFARUM, ville d'Arabie * félon la notice
des dignités de l'Empire Romain, fefl. 2. où on lit:
Alafecunda miliarenfis Naarjafarii
1. NAAS , ville de la tribu de Juda. Elle fut peuplée
par Theinna. * I. Parai. 4. 12.
2. NAAS , ville d'Irlande , dans la province de Leirf-
fter , au comté de Kildare, à treize milles au fud-eft
de Carburi , près de la Liffe , Se à onze milles presque 3
i'eft de Kildare. Cette ville a droit d'envoyer deux dé-
putés au parlement. * Etat préfent d'Irlande , p. 40.
NAASON,ou Naasson, ville de la Galilée, au des-
fous de la ville de Nephtali.* Tobia, 1. 1.
NAASSE , forterefle des Turcs, dahs la Haute Egypte,
à la droite du Nil. Elle eft bâtie fur une petite hau-
teur & n'a qu'une porte pour y entrer. Ses murailles
ne font que de briques cuites au foleil. Toute fon ar-
tillerie confifte en cinq petits fauconneaux Se un gros
canon de fer. Là garnifon eft d'environ cent cinquante
janiflaires. On commence delà à entendre le bruit des
catara&es du Nil , & à voir les montagnes d'où les eaux
de ce fleuve fe précipitent. A un quart de lieue de cette
forterefle, on trouve un endroit rempli de tombeaux
d'une très-belle pierre blanche comme du marbre \ ôc
fur ces tombeaux il y a des inferiptions d'un caraclere
inconnu. Au fortir de ces rombeaux , on entre dans une
des plus grandes villes du monde , mais tuinée : elle eft
fituée au pied d'une longue montagne. Ori y voit enco-
re un temple qui étoit un fuperbe bâtiment , à en ju-
ger par ce qui en cette. Il y a apparence que les rui-
nes cachent les marches qui conduifoient à quatre
grandes portes , dont chacune étoit foutenue par huit
grandes colomnes de granité rougeâtre Se comme jas-
pées. Tour le defius des colomnes eft tombé en ruine.
Au milieu de ce vaile édifice ,ily avoic un bâtiment de
marbre blanc, donr les dehors étoient pleins^dc figures
en bas relief: elles repréfentoient des petits enfen* 1 <M
Jm» IV. M ra m ij
4^0 NAB
oueaux , des vaches Se d'autres animaux , fur-tour quân-
ûté de chats-huans. 11 n'eft pas poflible d'approchcr'de
ce petit remple , à caufe de la quantité de ferpens au
milieu desquels il faudroit paffer. Il y avoit 1 60 colom-
nes autour de cet édifice; mais plus des deux tiers font
tombées par terre. On voit aufii aux environs plufieurs
palais bâtis de pierres d'une prodigieufe groiTeur.
Après avoir marché quelque tems dans les ruines de
cette ancienne ville, on rencontre à l'abri d'une mon-
tagne , Se précisément au midi , un bâtiment merveil-
leux. C'eft un palais grand comme une petite ville. Qua-
tre avenues de colomnes conduifent à quatre portiques,
à chacun desquels , entre deux grandes colomnes de
porphyre , font deux figures de géans en marbre noir,
Se qui Ont chacun une mafle à la main. Chaque ave-
nue eft compofée de plus de 1500 colomnes placées en
triangle ; Se fur le chapiteau de chaque triangle il y a
un fphinx. Toutes ces colomnes ne font pas debout , on
en voit plufieurs qui font tombées. Elles ont 70 pieds
de haut Se font toutes d'une feule pierre. Il faut que
dans les quatre avenues leur nombre aille à cinq ou
fix mille.
La ptemiere fale de ce palais eft peinte de très-beaux
Tujets dhiitoirc ;& il ne paroît pas qu'il y ait bien lung-
rems que cette peinture eft achevée. On y voit des
chafTes de gazelles en quelques endroits , des fellins en
d'autres , Se quantité de peats enfans qui jouent avec
divers animaux. Oh paffe de-là à d'autres appartenons
tout revêtus de marbre . Se dont les voûtes et oient fou-
tenues par des colomnes de porphyre Se de marbre
noir. Quoique les décombres lie permettent pas
d'aller par-roue , on ne laiffe pas de trouver le moyen
de parvenir jusqu'au haut , d'où l'on apperçoit les rui-
nes d'une des p'.us giandes villes qu'on pu 1 fie fe figu-
ier. Quelques uns croient que ce pourroit être l'an-
cienne Thébes à cent portes. En regardant du côté du
d:lerr,qui cil au levant, on découvre environ douze
glandes pyramides , qui ne cèdent en rien à celles du
grand Caire ; outre cela , on voit quantité de buftes de
figures d'hommes , qui ont plus de 30 pieds de
haut. On remaïquc encore un fort grand nombre de
palais qui paroiffent rous entiers ; mais ils font ;ellcment
enfevelisdans les ruines , que l'on n'en voir plus les por-
tes. Sur le chemin de cette ville a Naafie , en prenant le
penchant de la montagne, on trouve un endroit tout
rempli de puits carrés; ils fervoient à enterrer les gens
du pays. ' Paul Lucas , premier voyage du Levant , t.
1. p. 89.
NAB, ou Nabe, rivière d'Allemagne. Elle fort des
montagnes de Pranconie, prend fou cours du côté du
midi, traverfc le palatinat de Bavière Se le duché de
Neubourg, Se va fe jetter dans le Danube , un peu au-
deflus de Ratifbonne. * De l'IJle , Carte de l'Allemagne
Se du cours du Danube.
NABA. Voyez. Abarim1.
NABABURUM, vide de la Mauritanie Céfarienfe,
félon Ptolomée , /. 4. e. 2. qui la place entre Zaratha Se
\^it«3C3
NADADATH. Voyez. Madaba.
NABADES , peuples de la Mauritanie Céfarienfe,
félon Pline , /. $. c z. Ne feroit-ce point les Nabafî,
que Ptolomée , lib. 4. cap. 2. place fur le mont Cin-
naba ?
NAB/E. Voyez. Nobe.
NAB/EUS. Voyez. Nan/eus.
NABALENSIS. Cet évêché étoit vacant , lorsque la
notice épiscopale des évêchés d'Afrique fut faite. C'eft
peut-être la feule trace qui nous refte de cet évêché.
i.NABALlA , fleuve. Voyez. Vahalis.
2. NABALIA , ville. Voyez. Navalia.
NABALLO , fortereflê des Arabes , dans la Paleftine.
Les IfraL'litcs en firent la conquête. * Jojeph. Antiq.
1. 14.C. 2.
NABANDIS.Koyw, Namados.
N ABANN<£ , peuple d'Aiie , dans la Sérique , félon
Ptolomée, /. 6. c. i<5. qui les dit plus orientaux que
les Annibi. Ammien Mareellm, /. 23. p. 277. au lieu
de Nabahnm. lir Rttbaûn&\ ôc c'eft ainiî qu'écrivent les
iiuerpiéfcs de Ptolomée, de forte que Nabann<&SeRa>
itAïiiiz font le même peuple.
NAB
NABANTIUM. Voyez. Tomar.
NABAON, petite rivière de Portugal, dans l'Eftrama-
dure. Elle baigne Tomar à quelques lieues au-uefious de
fes fources ; elle va enfuite fe déchager dans le Zezare
entre Punette Se Tancos , un peu avant que le Zezare
mêle fes eaux avec celles du Tage. * JailLt , Carte de
Portugal.
NABAR. Voyez. Nasabath.
NABARA, village de la Batanée , fuivant Eufébe,
in Nebra.
NABARIS, ville de l'Arie , fuivant le témoignage
de Ptolomée, /. 6. c. 17. Ses interprètes lifent Na-
maris.
NABARUS. Voyez, Nouerus.
NABASI, peuples dé la Mauritanie Céfarienfe , fur
le mont Cinnaba , félon Ptolomée , /. 4. c. 2. Ses inter-
prètes croient qu'il faut lire Enabast.
NABATH. Voyez. Naiboth.
NABATH^EA Petra , ville de l'Arabie , félon Stra-
bon , qui la place entre le glofe Arabique Se la Baby-
lonie. C'eft la ville de Petra, dont Ptolomée, /. j.c.
17. fait mention dans l'Arabie Petrée.
NABATH/EI, les Nabathéens, ou les Nabathé-
nienS; peuples de l'Arabie Heureute. Ce font les des-
cendans de Nabajot , premier fils d'Ismaël. Leur pays
s'appelle Nabathène, Se s'étend depuis lEuphrate jus-
qu'à la mer Rouge (a). Ce n'eft pas à dire que les
Nabathéens foient les feuls qui habitent ces vaftes con-
trées, mais ils en font les principaux habitans. Leurs
principales villes font , Pétra , capitale de l'Arabie dé-
ferte , MÉdaba Se quelques autres ; car le pays eft,
pour ainfi dire , entièrement défert, & les Nabathéens ,
non plus que les autres Arabes de l'Arabie déferte, ne
fe mertenr point en peine de bâtir des maifons , ni de
demeurer dans des. villes. La plupart même regardent
cela comme une fervitude Se une lâcheté. La vie errante
qu'ils mènent avec leurs femmes , leurs enfans Se leurs
beftiaux,cV: la liberté dont ils jouiflent , n'ayant à ré-
pondre à perfonne , leur paroît le plus grand de tous
les biens de la vie : leurs principales richefles confi-
ftent en bétail. Ifaïe , 60. 7. promet à Jérufalem que
les gras béliers de Cédar Se de Nabajcr feront appor-
tés dans le temple du Seigneur , & offerts fur fon au-
tel. Les Nabathéens ne font guère connus dani l'Ecri-
ture que du tems des Machabées. Pendant les guerres
que les Juifs foutinrent contre les Syriens, Se pendant
le foulevemenr de presque tous les peuples des envi-
rons de la Judée contre les Hébreux , les feuls Naba-
théens leur témoignèrent de l'affection. Juda Machabée
étant allé au fecours de fes frères, dans le pays de Ga-
laad , fut fort bien reçu des Nabathéens ( b ). Quelque-
tems après ( c ) , Jonathas Machabée envoya fon frerc
Jean pour conduire & pour mettre en dépôt chez les
Nabathéens les bagages de fon armée qui l'embarras*
foient ; mais les Jiabitans de Medaba prirent Jean , le
tuèrent & fe faifirent de tout ce qu'il avoit. ( a ) Jo-
fephe , Antiq. 1. 1. c. 13. Hieronym. qu. Hcb. in Ge-
nef. 2j. 13. (b) I. Macb. v. 24. z5.ar1.du monde,
3842. avant J. C. ijp, avant l'Ere vulgaire 163. (c)
1. Macb. 9. 35. vers l'an monde 3843. avant J. C.
Ij7. avant l'Ere vulgaire 161.
Diodore de Sicile, /. 2. c. 48. après avoir dit que
l'Arabie eft fituée entre la Syrie Se l'Egypte, Se parta-
gée entre difterens peuples, ajoute que les Arabes Na-
batbai habitent un pays déferr , qui manque d'eau , &
qui he produit aucuns fruirs , fi ce n'eft dans un très-
petir canton. Il fembleroit par là que le pays de ces
peuples s'étendoit jusqu'à la Chaldée , Se qu'il faudroit
en retrancher toute la partie occidentale des terres qu'on
leur attribue communément. Ovide , /. 1. metarnorph.
■v. 61. paroît même favorifer ce fentiment dans ce
vers :
Enrus ad Auroram Nabatkœaque régna recejjît.
Au contraire , Etienne le géographe met les Naba-
tkat dans l'Arabie Hcureufe; niais tous les autres géo-
graphes s'accordent à leur donner l'Arabie Pétrée.
Strabon , l. 16. dit que la ville de Petra leur apparre-
noit. Pline , /. 6. c. 28. dit la même chofe ; Se Dio-
NAB
dore de Sicile lui-même die dans un autre endroit , /.
3. c. 43. que les Nabathd habitoient aux environs du
golfe Elanitique, qui eft à l'occident de l'Arabie, &
en même tems dans l'Arabie Pétrée. Jofephe , Antia.
I. 13. c. 9. nous apprend que Jonathas Machabée
étant dans le pays d'Emath, Ôc ayant chaiTé fes enne-
mis au-delà du fleuve Eleuthére, entra dans l'Arabie,
battit les Nabathéens ôc vint à Damas. Saint Epipha-
ne, Htref. I. 10. vel 30. ajoute que les Ebionices ve-
noient principalement du pays des Nabathéens Ôc de
Panéade.
1. NABATHR4L , peuples de la Libye intérieure. Pro-
longée , /. 4. c, (■>. les place immédiatement après les Na-
nofbes , ôc les étend jusqu'au mont Arualtus.
2. NÀBATHR/4L , peuples de l'Afrique propre , dans
la partie Occidentale de cette contrée, félon Ptolomée,
/. 4. (. 3.
NABD.£I , peuples différensdes Nabathù. Eufébe3
9. prapar-, dit que David les donna.
NABEL, Nt.B£L ou Nabis , comme les Maures
l'appellent , petite ville d'Afrique , dans la feigneurie
de la Goulette. Ptolomée , /. 4. t. 3. en fait mention
ibus le nom de Neapolis colonia. Les habitans la
nomment encore aujourd'hui Napoli de Barbarie. Elle
a été bâtie par les Romains. Elle eft fituée près de la
mer Méditerranée , à trois lieues de Tunis vers l'orient.
On n'y trouve à préfent que quelques payfans. Cétoic
autrefois une ville très-peuplée. * Dapper , Defc. de
l'Afrique , p. 194.
NABIANI , peuples de 1a Sarmatie Afiatique , fé-
lon Strabon , /. 11. p. yo6. Il les place fur le Palus
Méotide. 1! ajoute qu'ils vivent errans & qu'ils font voi-
iins des Aorfes.
N ABIRI , peuple de l'Amérique feptentrionalc , dans
la Louïiiane. Ce peuple, qui eft nombreux, habitoit entre
les Cenis & les Cadodaquios , fur la route que lefieur
Cavelier tint pour aller des Cenis aux Alkanfa, après la
more du fieur de la Sale , fon frere. On dit que ce peuple
s'eft retiré plus bas , au nerd de la rivière Rouge ôc
de celle des Ouanahinan.
N ABITI , petit peuple de l'Amérique feptentrionale ,
dans la Louïiiane. 11 demeure au bord de la rivière
Ouatchitas , entre les Chiakantefou ôc les Ouana-
hinan.
NABIUS, fleuve de l'Espagne Tarraconnoife, félon
Ptolomée, /. 2. c, 6. qui place Nabii fluminis oflïa ,
entre Mctariflttmittis oftia ôc Navil'ovionis ftuminis oftia.
Pomponius Mêla , A3, c. \. nomme ce fleuve Narius ,
félon Pintaur. Les autres éditions portent [via.
NABLA, ville de la Sarmatie Afiaiique. Ptolomée,
/. j. c, 9. la place auprès du fieuveCorax. Ses interprè-
tes lifent Naana au lieu de Nabla.
i.NABO, ou Nebo , ville de la tribu de Ruben.
Comme elle croit au voifinage du pays de Moab, les
Moabites s'en rendirent maîtres ; ôc du tems de Jéré-
mie elle étoit à eux. * Jerem. 48. 1. Narn. 32 38.
2. NABO , ou Nf.bo , ville de la tribu de Juda ( a).
C'eft apparemment le village de Nabau,à huit milles
d'Hébron, vers le midi (b ) ôc qui étoit défère du tems
d'Eufébe & de faint Jérôme, (a) I. Esdr. 11,29,
10, 43. &\l. Esdr. 7 , 33. ( b ) Dum Calmet , Diction-
naire.
5. NABO ou Nebo , montagne au-delà du Jour-
dain. C'eft-là que Moïfe mourut. Voyez. Nïbo. * Deut.
•32. 49.
4. NABO , cap du Japon , que les Hollandois nom-
ment cap de Goerée. C'eft le plus fcptentrional de la
côte orientale de la grande ifle Niphon , par les 39
deg. 45 min. de latitude nord. Voyez. Nato. * Père de
Gurlevoix.
N ABOR ou S. Nabor , abbaye de France , en Lor-
raine , diocèfe rie Metz. Saint Fridolin , abbé de Saine
Hilaire de Poitiers , quittant le Poitou pour aller s'ha-
bituer en Allemagne , fonda placeurs monafteres fur
la route. L'un' des plus célèbres fut celui qu'il fît bâtit-
vers Pan 516, dans le diocèfe de Metzs , fous le nom de
Saint Hilaire de Mofelle , quoique fort loin de cette
rivière ; mai en 765, faint Chrodegung, évêque de Metz,
y ayant dépofe le corps du martyr faint Nabor , qu'il
avoit eu des cimetières de Rome , le monaftere de Saine
NAC 4&Î
Hilaire de Mofelle changea de nom & fut appelle l'ab-
baye de S. Nabor. * Tupug. des Saints , p. 3 30.
NABOTH , ville bâtie par les enfans de Ruben. La
verfion Chaldéenne lit Nebo. Voyez. Nebo i. ôc Nobe. *
Num. 32. 38.
• NABOUZAN. Voyez. Nebouzan.
NABRUM , fleuve d'Aile .dans la Gédrofie. Pline,
L.G.C. 33. dit qu'il efl navigable.
NACANNE , petit peuple de l'Amérique feptentrio-
nale, dans la Louïiiane, au bord oriental delà rivière
des Cenis vers le haut de ce fleuve.
NACACHES , peuple de l'Amérique feptentrionale ,
dans la Louïiiane. Il habite à l'occident du Mifnifipi*
au bord de la rivière que le fieur Tonti appelle Ono»
royfte, c'elt-à-dire rivière Rouge.
NACADUMA, ville de Pille de Taprobane. Pto-
lomée , /. 7. c. 4. la place dans les terres auprès de Vlis-
pada.
NACCARARUM , ancien nom d'un marais dans
l'Espagne Tarraconnoife, félon Ortelius. Avienus , On
Mark. t». 492 , en fait mention dans ces vers ;
Palus per Ma Naccararum extenditur :
Hoc nomen ifti nam paludi mos dédit ,
Stagnique medioparva furgit infula ,
Ferax olivi , & bine Minerv&ftatfacra.
NACCHEB , ville de la Tartaric , dans la Transoxia-
ne. On la nomme affez fouvent Carchi , ôc quelquefois
Nesef. Voyez. Nekshcheb. * Petis de la Croix, Hift. de
Timur, 1. 3. c. 7.
NACCH1DGEHAN. C'eft le nom du palais du roi
de Perle à Ispahan. * Petis de la Croix , Hiit. d« Timur t
c. 27.
NACCHIVAN, ville de l'Arménie, dans la partie
de cette province dont elle eft la capitale. Les hiftoires
de Perfe font foi que Nacchivan a été une des plus
grandes & des plus belles villes de l'Arménie. L'hiftoire
qui fe garde dans le célèbre monaftere des Trois Eglifes,
porte que cette ville efl l'ancienne Ardaschad , nommée
Artaxate Ôc Artaxafate pir les écrivains Grecs. D'autres
auteurs Arméniens font Nacchivan encore plus ancien-
ne. Ils difent que Noé commença à la bâtir, ôc qu'il
y établit fa demeure après le déluge. Ils rapportent à
cette origine l'étymologiedu nom Nacchivan , qui , félon
eux , fignine envieux arménien , première habitation ou
premier hospice. Ptolorhée , /. j.c. 13. fait mention en
cet endroit d'une ville qu'il nomme Naxuana , ce pour-
roit être Nacchivan. On croit que c'eft la fameufe
Artaxate , ou du moins qu'Artaxate en étoit fituée fort
proche. Tacite dit que l'Araxe pafïbic près de la ville j
ôc ce fleuve n'eft qu'à fept lieues de Nacchivan. La
hauteur du pôle fur fon horizon eft marquée fur les
aflrolabes perfans , 38 deg. 40 min. ôc la longitude
81 deg. 34 min. * Chardin, Voyage à Ifpahan, t. 2. p„
30f.
Les ruines que l'on y voit aujourd'hui (a) témoignent
aufïï fon ancienneté , ôc marquent combien elle a fouf-
fert par les guerres , fur-tout de la barbarie d'Amurath
qui la ruina. Il ne laifla fur pied aucune de ces fuper-
bes mosquées que les fecïateurs d'Aly avoient fait bâtiri
Les Turcs les croyoient impures: de même les armées
des Perfans ruinèrent les mosquées des Turcs par une
jaloufie de fe&c ( b). Nacchivan n'eft proprement au-
jourd'hui qu'un grand ôc prodigieux amas de ruines qu'on
relevé ôc qu'on repeuple peu à peu : il n'y a que le
chœur de la ville qui foit rebâti ôc habité. On y voie de
beaux bazars ou rues couvertes , remplies de boutiques i
on y vend toutes fortes de marchandifes ôc de denrées.
Il y a cinq caravanferais, des bains, des marchés , ai
grands cabarets à tabac & à café, ôc deux mille maifons
ou environ. Les hiftoires du pays affurent qu'il y a eJ
autrefois quarante mille maifons. Le fauxbourg eft périt
ôc fes maifons reflernblent à des grottes, (a) Carerïi
Voyage autour du monde , t. 2. p. 18. (b) Chardin.
On voit proche de Nacchivan un grand édifice de
briques , haut de près de 70 palmes , octogone ôc ter-
miné par une aiguille : on y entre par une grande porte ',
on monte par un escalier en limaçon à deux tour?
fort élevées qui foin de chaque côté , fans avoir de «©iîi-^
4-6
NAC
NAD
nmnication avec l'aiguille. On dit que Tamcrlan le fit
faire , quand il alla à la conquête de la Perfe. La ville
Se le pays qui en dépend font gouvernés par un kan.
Il eft bon de remarquer ici que cette ville fert de titre
à l'archevêque des Arméniens Catholiques, qui réfideau
monaftere d'Abrener , fitué tout près , avec un bourg.
Ce Prélat eit élu par les Arméniens qui habitent une
douzaine de bourgs aux environs de Nacchivan. Les
■religieux de faint Dominique font leurs feuls ecciéfiafti-
ques , & c'eft parmi eux qu'ils choififient l'archevêque.
Le pape le confirme après fon élection.
NACE. Voyez. Ptolemaide.
NACHABA , ville de l'Arabie déferre. Ptolomée ,
l.$.c. 19. la place dans le voifinage de la Méfopota-
mie, entre Artemita & Dumxtha. Au lieu de Nacha-
ba , les interprètes lifent Banacha.
NACHAL ou Nehel Escol , c'eft-à-dire le torrent
de la Grapc. Voyez. Nehel-Escol.
NACHES . peuples de l'Amérique feptenttionale ,
dans la Louiïiane. Voyez, Natchïs , qui eft le vrai
nom.
NACHITOCHES , peuples de l'Amérique fepten-
trionale. Voyez, Natchicotes.
NACHOD , principauté du royaume de Bohême, dans
le cercle de Konigingrats. Elle appartient à la maifon
de Picolomini.
NACHON. Il eft parlé de l'aire de Nachon , dans le
fécond livre des Rois , c. 6. v. 6. Ainfi Nachon , dit D.
Calmer, Ditt. devroit être un nom d'homme , qui ne
nous eft connu par aucun autre endroit de l'écriture ,
que par celui où il eft dit que quand les bœufs qui por-
toient l'arche furent arrivés à l'aire de Nachon , ils com-
mencèrent à regimber ; ce qui ayant mis l'arche en dan-
ger d'être renverfée , Oza y voulut mettre la main ,
&c. Mais d'autres traduifent l'hébreu }>33 pa *iy par
l'aire préparée, l'aire d'Obédédom, que l'on trouva, près
delà , dispoféc pour y placer l'aiche. Les livres des
Paralipoménes , /. Par. 13.9. lifenc l'aire de Chidon,
au lieu de l'aire de Nachon-, le Chaldécn dit fimple-
ment , au lieu préparé. Ce lieu , quel qu'il foit , étoit
eu dans Jérufalem , ou fort près de Jérulalcm & de la
maifon d'Obédédom qui étoit dans cette ville. II. Reg.
6. 10.* D.Calmet,mù..
NACHOR , ville de Méfopotamie , fuivant les Sep-
tante , Se de Syrie auprès de l'Euphrate , fuivant le
Chaldécn. 11 en eft parlé dans la Genéfe , c. 24. v. ic.
où au lieu de Nachor , Jofephe1 lit xàppai. On croit que
c'eft la ville de Haran , qui eft nommée la ville de Na-
chor dans deux autres endroits de la Genéfe , c . 20. v.
20. 21. 22.
NACHSHAB ou Nasaph , ville de la grande Tar-
tarie , dans le Mawaralnahar , fur la frontière. Nachshab
eft le nom que les étrangers donnent à cette ville: les
Arabes la nomment Nalaph. Elle eft fituée dans une
plaine. Les montagnes en font éloignées de deux jour-
nées de chemin du côté du fleuve de Cash. Entre
Nachshab Se Jihun , il y a un défert : tout le refte du
pays eft fertile. Cette ville fournit ordinairement un
gr.ind nombre de favans. Selon Alfaras , elle eft fituée à
88 deg. 40 min. de longitude & à xy deg. o min.de
latitude; mais , fuivant Albiruni, elle n'eft qu'à 88 d. o
min. de longitude, & à 39 deg. 50 min de latitude.*
Abulfeda , Chorafmiar, &c. defeript. p. 60.
N ACIS , village d Ethiopie , que Ptolomée , /. 4. c. 7.
place fur le bord occidental du Nil, entre Mori Se Ta-
thif.
NACKEL , château de la grande Pologne , dans le
Palatinat de Kalisch , au nord de Gnesne , fur la rive
droite du Notecz. Uladiflas Herman , roi de Pologne,
fut obligé l'an 1092, d'en lever le liège , après avoir
perdu une partie de fes troupes. * De I'Ijle , Aths.Andr.
Cellar. Polon. defeript. p 499.
NACLENSES. F^Thessalie.
NACLES, ville de la Phénicie , auprès d'Héliopo-
lis, félon Ortelius, Thefaur. qui cite Suidas.
NACMUSII , peuples de la Mauritanie Céfarienfe.
Ptolomée, /. 4. c. 2. les place derrière le mont Durdus
avec les Tolou Se les Elulii, jusqu'aux montagnes Gara-
phes.
NACOLE. Vojtz, Nacoma.
NACOLEIA , ville de la grande Phrygie , félon Pto-
lomée , /. j. c. 2. Se Strabon , /. t2. Etienne le géogra-
phe Se Ammian éciivent Nacdia , NetK&Ai'a. Suidas
dit Nacoleum Se Nacoleia, mettant ce dernier mot au
pluriel ;& Leunclavius lit Einagiol. Selon d'Herbclor,
Biilwth. orient, cette ville eft fituée auprès d'un lac que
les Turcs appellent , aufîi bien que la ville , Ainehghiol.
Ce lac eft le Sangarius des anciens. Comme il forme
un marais , d'Herbelot a pu lui donner le nom de lac.
Cette ville a été épiscopale : Bafiluts , fon évêque , fou-
ferivit au concile de Chalcédoine , tenu l'an 4; 1 , Se
Phoiius à celui de Conftantinople , de l'an 870.
NACONA , en grec Nuxgv», ville de Sicile , félon
Etienne le géographe , qui cite Philiftus. Phavorinus ,
Lexic. écrit N«ko?w.
NACONENS1S Colonia. Onuphre, Ex Ulpia-
no. fait mention de cette colonie , Se la met dans la
Syrie.
NACRAS A, ville de Lydie, félon Ptolomée, /. ;.<•.
2. qui la met entre Hiero-Cxfarea , & Tbyatire.
NACRI. Voyez, Campi Ma cri.
NACRIA ou Nucria, ville de la Tyrfénie, félon
Etienne le géographe Se Suidas. Il fe pourroit faire que
ceferoit Nuceria. ' Ortelii Thefaur.
NACSIA. %«.Naxe.
NACSIVAN , ville de Perfe , dans la province d'A-
ran , au 39 deg. ij min. de latit. Elle pafle pour erre
une des plus anciennes de toute la Perfe ; mais , comme
elle a beaucoup fouffert dans les dernières guerres entre
les Turcs Se les Pcrfans , elle eft fort déchue : Schek
Abas le grand a encore achevé de la ruiner , craignant
que les Turcs ne s'en prévaluflent contre lui. * Hiji.
généalogique des Tatars , p. 428.
NACUENSII peuples de la Mauritanie Ccfariehfe.
Ptolomée , /. 4. c. 2. les met au pied des monts Gara-
phes. Les interprètes , au lieu de Natucnfîi , écrivent
Acitcifii.
N ADDAUER , grande ville d'Ethiopie , félon Orte-
lius, qui cite Abdias le Babylonien, in Vita Matthœi
Api'ft. Se Fortunat , de Partu Virginis , & de atemx vit*
gaitdiif.
NADER, ville des Indes orientales, dans llndouftan.
Elle eft éloignée d'Agra de 60 lieues , Se fe trouve fur
la route de cette ville à Surate. On ne compte que
quatre lieues de Nader à Gâte. Nader eft une grande
ville fur la pente d'une montagne , au-deffus de laquelle
il y a une forterefle; Se toute la montagne eft entourée
de murailles. La plupart des maifons font couvertes
de chaume , Se n'ont qu'un étage. Celles des gens riches
vont jusqu'à deux étages , Se font en terrafle. On fait
à Nad^r quantité de couvertures piquées , les unes blan-
ches, les autres brodées en or, en argent ou en foie.*
Tavernier , Voyage des Indes ,1. 1. p. 42.
On trouve aux environs de certe ville pluficurs
grands étangs , qui ctoient autrefois revêtus de pierres
de taille, Se que l'on a négligé d'entretenir. A une lieue
de la ville il y a quelques lépulrures remarquables. La
même rivière qu'on pafle avant que d'arriver à Nader,
Se qu'on reparle quatre ou cinq lieues au-delà, entoure
les trois quarts de la ville Se de la montagne, dont
elle fait comme une presqu'ifle , Se , après un long
cours , en ferpentant , elle va fe rendre dans le
Gange.
NADIN (a) y petite ville de laDalrqatie, fur une
montagne , dans le comté de Zav/a. Elle eft à fept milles
de la côte du golfe de Venife ; à dix d'Urana & à quinze
de la ville de Zara. Elle fut piife en premier licu(/>)
par les Turcs en 1539. Les Vénitiens la leur enlevè-
rent en 1647. Ils la rendirent au Turc à la paixdeCan^
die -, mais enfin ils s'en rendirent de nouveau les maîties
en 1684 , Se la détruifirent enfdrte qu'on n'en voit plus
aujourd hui que les ruines, (a) Corneille , Ditt. (b) Fres-
thor. Memor. geogr. délia Dalmatia. p. 283.
NADIR (Le) ,on appelle ainfi, en géographie , l'ex-
trémité inférieure d'une ligne que l'on conçoit pafferpar
le centre de l'horizon d'un homme qui eft debout. Nous
avons obfervé ailleurs que fon horizon le fuit par tout:
car fi nous fuppofons un homme marchant dans une
plaine où la vue n'eft bornée par aucun objet plus élève
que le relie , il apperçoit autour de lui tous les objet?
NJEF
qui fe trouvent dans une certaine diftance ; & fa vue
forme autour de lui un cercle d'autant plus régulier que
le terrein fera plus égal & plus de niveau. S'il avance ,
il perdra à la vérité la vue de certains objets qu'il laide
derrière Ilu , mais il en regagne autant devant lui ; de-
forte qu'a vrai dire , il ne perd rien , & ne fait que chan-
ger d'ob;cis. Or , h l'on imagine une ligne auifi longue
que l'on voudra , & qui coupe perpendiculairement le
plan de cet horizon d.ms le centre , en palTant par la tête
& par les pieds de cet homme , que nous fuppofons de-
bout , cette ligne aura deux extrémités , l'une au-deflus
de fa tête , 1 autre fous fes pieds. Nous avons pris des
Arabes deux noms pour défigner ces extrémités. Nous
appelions la Supérieure Zenith , & l'inférieure Nadir.
On devroit dire Natir ; l'arabe étant TOa hx , al-
Natir , du verbe 1133 , Natar , voir , confidérer , ob-
ferver, remarquer -, mais ce 13 ou t , eft pondue & fe pro-
nonce en arabe comme d. Ainfi nous écrivons Se pro-
nonçons Nadir. Voyez Zenith.
NADOUBAH, ville du pays que les Arabes appel-
lent Kofarah , qui eft la Cafrerie , & qui eft diftingué
du pays des Zinges , qui eft le Zanguebar. Cette ville
eft éloignée de celle de Beroah , environ de trois jour-
nées par mer -, & elle eft à pareille diltance de Melinde ,
qui eft au pays des Zinges. * D'Hcrbelot , Biblioth.
orient.
NADOUESSANS , ou Nadouessioux , ou Nx-
douessions, peuples fauvages , dans l'Amérique fep-
rentrionale. Ils ont leur demeure vers le lac des Iffati ,
à foixante & dix lieues à l'oueft du lacfupérieur. Il eft
impoiîible d'aller par terre de l'un à l'autre , à caufe
des terres marécageufes & tremblantes qui font entre-
deux. On peut y aller en raquette , quand il y a de la
neige. Si le voyage n'eft pas impoiîible par eau , il
n'eft pas fans difficulté, parce qu'il y a plufieurs por-
tages, ë< que d'ailleurs on eft obligé de faire plus de
cent cinquante lieues de chemin , par les détours qu'on
eft forcé de prendre. Aux environs de ce lac des Is-
fati , il y en a quantité d'autres , d'où fortent plufieurs
rivières', fur les bords desquelles habitent les Iffati , les
NadouefTans, lesTintonha, c'eft-à-dire , gens de prai-
rie j les Ouadebathon , ou gens de rivière ; les Chongas-
keton , nation du Chien ou du Loup -, le mot de Chon-
ga lignifiant chez ces peuples un chien ou un loup. Il
y a encore plufieurs aunes nations comprifes fous le
nom général des NadouefTans. Tous ces Barbares peu-
vent faire huit ou neuf mille hommes de guerre : ils
font vaillans, grands coureurs, & très-bons archers. *
Le père Hemtpin , Nouvelle découverte dans l'Améri-
que feptentrionale , chap. 4. Amfterdam , 1688. Corn.
Diction.
NADRAVIE , ou Nadrovie , province du royaume
de Pruffe, dans le cercle de Samland. Elle eft bornée
au nord par la Sclavonie , a l'orient par le fleuve Nié-
men , au midi parleBiff, & à l'occident par le Sam-
land propre. La petite ville de Labiaw eft le lieu le plus
confidérable de cette province , dont les rivières princi-
pales font
»
La Wippe , Le Schilup , L'Infter ,
Le Lauckne , Le Niémen , Le Schhkup ,
Le Neuken , L'Iodup , Le Biff,
Le Meldanck , L'Eimen , Le Deme ,
L'Argo, Le Nipot , LeSwerupe,
Le Schenecke, Le Strige , Le Mavers.
* Zeyler , topog. Electorat. Brandeburg.
N/EFELS, ou N^hefels, en latin Navalia , bourg
de Suiffe , dans le canton de Glaris , fur la Lint. Ce
bourg eft fort joli. Il y a fur la rivière un pont qui con-
duit à Mullis ou Mollis , beau & grand village. Quel-
ques-uns prétendent que N^fels eft un mot corrom-
pu du latin Navalia , & quec'étoit autrefois un port ,
fur le lac de Wahleftatt , qui s'étendoit jusques-là. On
remarque dans ce lieu deux bâtimens magnifiques :
l'un eft le palais de l'illultre maifon de Frauilers , &
l'autre un couvent de Capucins , fitué fur une hau-
teur , &c conftruit de manière, qu'il peut fervir de cita-
delle en cas de befoin. Il a été bâti à l'endroit où étoit
autrefois un fort château , qui fervoit de réfidence aux
NJES 463
gouverneurs du pays , lorsqu'il étoit fous la domina-
tion de la maifon d'Autriche. Ce château s'appelloit
anciennement Burg-Stock , & fon nom eft maintenant
Mariebourg. Le château fut rafé en 1352, & le cou-
vent a été bâti en 1677 , & dédié en 1679.* Etat &
délices delà Suiffe , t. 2. p. 470.
N^GELSEE , petit lac de la Suiffe , dans le comté
de Bade : il eft fur une montagne-, il appartient à l'abbé
de Wettingen, & il fournit une grande quantité de
poiflons. * Etat & dtlices ae Li Sitijfe , t. 3. p. 144.
N/ELDWICK, viliage de Hollande, dans le Del-
fland , à deux lieues de Delft , & à une petite lieue
de 'sGravefend. Ce viliage eft ancien. * Dut. géugraph.
des Pays-Bas.
N^ELUS. Voyez, Melsus.
N/EPAPHA , village de Galilée. Jofeph , in vitafua.
dit qu'il le fit fortifier.
N AERDEN , petite ville des Pays-Bas, dans la Hol-
lande , fur le Zuiderfée, a quatre lieues d'Amfteidam ,
& à même diltance ou environ d'Utrccht. Elle eU la
capitale du Goyland. Sa fondation ne remonte pas au-
delà du milieu du quatorzième fiécle. Des lettres pa-
tentes de Guillaume de Bavière , données l'an 1350,
en font foi. On y voit que l'ancienne ville de Naerden ,
ayant été brûlée & détruite, on penfa à en bâtir uns
nouvelle. L'ancienne étoit aufli bâtie fur le Zuiderfée,
cv' fes ruines en ont été fubmergées. Lorsque l'eau eft
baffe, on découvre encore aujourd'hui les veftiges des
principaux édifices. Il ne feroir pourtant pas aifé de
marquer précifément en quel tems cette ville fut incen-
diée ik ruinée. La plupart des écrivains rapportent cet
événement au tems de Jean d'Arckcl ,évêqued'Utrecht.
On fait que ce prélat eut en 1348 une rude guerre avec
Guillaume de Bavière. On conjecture que la ville de
Naerden s'y trouva mêlée. Cette première ville s'appel-
loit Naerdinc. Ceft du moins le nom qui lui eft don-
né en 1233 , dans des lettres de Gilbert d'Amftel, à
l'abbeffe & aux religieufes du couvent de Reinfburche ;
au bas de ces lettres on lit : Daatm in Naerdinc , &c.
Les habitans de cette ancienne ville rendirent en 1296
de grands fervices à Florent V , comte de Hol-
lande.
Les fondemens de la nouvelle Naerden ayant été
jettes, Guillaume de Bavière, dans la vue d'y attirer des
habitans, accorda en 1355 , diverfes immunités à Ces
habitans. Elle fe peupla en fi peu de tems , que dès
l'année fuivante , elle fut en état de tenir tête à ceux
d'Amersford , fur qui elle eut même l'avantage. En
1472, Charles de Bourgogne , comte de Hollande,
donna aux habitans de Naerden des lettres , par les-
quelles il leur promettoit que leur ville ne feroit jamais
feparée du comté de Hollande. Les habitans d'Utrecht
ayant furpris en 1481 la ville de Naerden > elle ne fe
racheta que moyennant une groffe fomme d'argent ;
mais la même année les habitans de Naerden eurent
leur revenche , ils entrèrent en armes fur le territoire
d'Utrecht j ils y raferent quelques châteaux , livrèrent
un combat , dans lequel quinze cens de leurs ennemis
demeurèrent fur la place , & remportèrent un butin
confidérable. Des dépouilles des habitans d'Utrecht , ils
bâtirent une tour , fur laquelle ils mirent cette inferi-
prion : Swiicht Utrecht, c'eft-à-dire, tais-toi, Utrecht.
En i486 , la ville de Naerden fut presque toute ré-
duite en cendres, par un embrafement arrivé par acci-
dent. Les Espagnols, qui la prirent en IJ72 , y firent
un grand carnage ; & les François s'en étant rendus
maîtres en 1672, le prince d'Orange la reprit fur eux
un an après. Comme cette ville eft à la tête des canaux
de la province de Hollande , on y a fait de bonnes
fortifications avec de doubles foffés. L'églife paroiffiale
étoit dédiée à faint Vit. Elle fut bâtie en 1440. Il y
avoit un couvent de religieufes de faint François , Se
près de la ville un prieuré de chanoines réguliers , fon-
dé en 1400.
NAERDINC. Voyez. Naerden.
Ni£SOPOLlS , en grec NHa-ovwo'*/?, place que fit forti-
fier l'empereur Juftinien , & dont Procope, /. 4. Edif. c.
1. de latraduElion de Coit/tn, parle ainfi : » Il a réparé de
» telle forte les murailles de Sardique, de NaÏsopole, de
» Germane & de Pantalie , qu'elles font maintenant im-
464 NAG
» prenables. Il â fondé tout auprès trois autres villes ,
y Cratiscar,Quimedabe, & Rumifiene, parce qu'il avoic
» deiîein que le Danube fervîr comme de rempart à l'Eu-
» rope , Se à toutes les places que je viens de nommer. »
Ortelius, Thefaur. croit que Njïsopolis pourroit être
la même ville que Keu ira-os.
NAESSON , ville épiscopale , aux frontières de la
Perfe , félon Métaphrafte dans la vie de fainte Acepfime.
NAESSOS. Voyez. Nessus.
NAETyE, peuples aux environs du Pont-Euxin , félon
Onelius , qui cite Orphée , in Argonaut.
N^EVIA SILVA. On appelloit ainfi une forêt à qua-
tre milles de Rome ; la mai fou d'un certain Nacvius, bâtie
dans ce quartier , lui avoit fait donner ce nom. Vairon ,
/. 4. de L. L. fait mention de N&v'ia Silva Se de Nœvia
porta, C'eft aujourd'hui Porta Majore. * Sexti Pomp.
Fcfti , de verb.fgnif. 1. 12.
NAFA. Voyez, Hafa.
N AFIA , Naphia ou Naphitia , petit lac de la val-
lée de Noto , en Sicile , auprès de Mineo , en tirant vers le
nord. On le nommoit anciennement Valicorum Lacus :
il eft au midi de P alicor umT emplum ; & l'on voit fur fes
bords les ruines de l'ancienne Palica. * De t'Ifle , Carte
de la Sicile.
N AGADEBA , en grec Nayet^ti^*. Ptolomée, /. 7. c. 4.
nomme ainfi une des treize cens ("oixante Se dix huit ifies
qu'on difoit être devant l'ifle de Taprobane.
NAGADIBA , ville de l'iile de Taprobane, furla côte ,
appellée Litus Magnum. Ptolomée ,/. 7. c. 4. la place
entre Spatana Portas Se Famifinus.
NAGADIBI,en grec N*>a<r»/3«'a/, peuples de l'ifle deTa-
probane. Ptolomée , /. 7. c. 4. les met avec les Anuro-
grammi dans la partie la plus feptentrionale de l'ifle, fous
les Galibi Se les Mitdutu.
NAG AI A , partie de laTartarie , entre les rivières de
Wolga Se d'Iaïka : elle s'étend jusqu'à la mer Caspienne.
Voyez, Tartares-Ncgaïs.
1 . N AG AR A, ville métropole, dansl'Arabic Heureufe ,
félon Ptolomée , /. 6. c. 107.
2. NAGARA, ville des Indes en-deçà du Gange. Voyez,
DlONYSOPOLIS.
NAGARGARITANUS , fiége épiscopal d'Afrique ,
dans la province proconfulairc. Vitlorinus , fonévêque,
fouferivit au concile de Carthage tenu l'an $ij.*Har-
dnïn, collect. conc. vol. 2. p. 1082
NAGARUR1S ou Natarura , félon divers exem-
plaires de Ptolomée, /. 7. c. 1. ville des Indes, en-deçà du
Gange , entre le fleuve Bynda & Pfeudo flomus , au nord
d'Hippocura. Cette ville étoit dans les terres , Se par con-
féquent peu connue des étrangers.
NAGASACKI. Voyez. Nangasacki.
NAGASAMA, petite ville du Japon, dans l'ifle de Ni-
phon , au royaume d Omi. Dans l'année 1 j8é , la moitié
de cette ville fut abymée par un tremblement déterre,
& l'autre moitié fut confumée par un feu qui fortit de la
terre. Elle avoit environ mille maifons. * Kampfer , Hifl.
du Japon , delà traduction de Scheuchzer, r. 1. p. 90.
NAGAZ on Nagar, ville d'Afie dans l'empire , du
Mogol , Se dans la province de Cabuleflan , entre l'indus
Se la rivière de Cabul. * Pctis de la Croix , Hiftoire de
Timur-Bec , /. 4. c. 8.
NAGERA , Najara ouNaxera , ville d'Efpagne,
dans la province de Rioxa , au pied d'une petite hauteur ,
avec une fortereffe élevée au bord du ruiflèau Nagerilla ,
dans un canton fertile en grains , en vin , en fruits , en
gibiers , en volaille , en poiflon Se en jardinage. Il y atreize
cens feux , trois paroifles , trois couvens d'hommes ,& un
de religieufes. On y tient marché toutes les femaines , Se
une foire à la faint Michel. Elle a été autrefois le fiége
d'un évêché , & Garcie , fon évêque , aflïfia au concile
de Pampelunc l'an 1030. Ce fiége fut transféré en 1 196
à Saint Domingue de la Calz.<nda , à l'inftance de don
Rodrigue , prélat de Calahorra. On y conferve avec foin
un crucifix que le peuple croit être un ouvrage de Ni-
codème. Quelques rois de Navarre y ont fait leur féjour ,
particulièrement don Sanche le Grand en igq6. Il fe
qualifioit don Garcie , roi de Nagera. * Rodrigo Mendez.
,Sï/<y*,problncion gênerai de Efpaha , fol. 27.
Les rois Catholiques don Ferdinand Se doha Ifabelle
érigèrent Nagera en duché , par lsurs lettres patentes,
NAG
données a Cordouc le 30 Août 1481, en faveur de don
Pedro Manrique de Lara , fui nommé le Vaillant , fécond
comte de Trevigno , & dixième feigneur d'Amusco , qui
l'avoit acquife un peu auparavant. Ce nouveau duché
fut d'abord revêtu de la prérogative de la perpétuité j
mais il eft tombé fi fouvent en quenouille , que depuis
fon érection il eft paifé dans fix familles. * Vayrac , état
préfent de l'Espagne , 1. 5. p. 1 3 2.
NAGERI , peuples de l'ifle de Taprobane. Ptolomée ,
l.j.c. 4. les met dans la partie la plus méridionale de l'ifle.
Au lieu de Nageri , les interprètes lifent Nanigeri.
NAGERILLA , ruiflèau d'Espagne. 11 a fa fource dans
la Vieille Caftille , aux frontières du petit pays de Rioxa ,
qu'il traverfe , prenant fon cours vers le nord oriental ,
jusqu'à l'Ebre où il fe perd , au-deffous de Logrogne, après
avoir arrofé la ville de Nagera. * De l'ifle, Carte d'Espa-
gne.
1. N AGIA, ville de l'Arabie Heureufe, dans le pays des
Gébanites, félon Pline , /. 6. c. 28. qui ajoute que cette
ville étoit très-grande.
2. N AGI A, ville de la Barbarie Ethiopique, dans la pro-
vince de Berberah. Elle eft au midi de la ville de Mara-
cah , qui en eft éloignée d'une journée Se demie par mer ,
Se de quatre par terre. * D'Herbelot , Biblior. orient.
3. N AGIA ou Calaat Alnagia , c'eft-à-dire le châ-
teau de Nagia. Cette place eft fituée fur les confins de la
province de Schirvan > avec celle d'Adherbigian , Se ces
deux villes font la Médie des anciens. Ahmed- Ben-A'iab-
fchah fait pafler Nagia pour la plus forte place de toute
l'Afie. Ce château, que quelques hiftoriens appellent auiîi
Nagion , eft celui oùThogrul Ben Arflan , fultan des Sel-
giucides de l'Iraque perfienne , fut enfermé ; Se c'eft aufli
le même que Tamerlan tint afliégé pendant l'efpace de
douze ans. Il tomba enfin entre les mains de ce prince pat
la fuite de Dhaher , fils du fultan Ahmed Ben Avis.
NAGIAD ou Neged, petite province de lArabie,
dans laquelle la ville de Médine eft fituée. On l'appelle
ainfi à caufe que fon ten ein eft un peu plus élevé que celui
de la province de Tahamah , où la ville de la Mecque eft
bâtie.
NAGIAGAH, petite villedu pays de Habaschah, qui
eft l'Ethiopie. Elle eft fituée fur une grande nvicre , qui fe
décharge, auprès de la ville d'ilak, dans le Nil. Cette ville
eft éloignée de huit journées de celle de Giambita , & feu-
lement de fix journées de celle de Marcathah. On dit
qu'au-delà de cette ville , en tirant vers le midi , on ne
trouve plus aucun lieu habité.
NAGIAT , peuple d'Ethiopie. Au rapport d'Ebn Ba-
trik , ce peuple fe circoncifoit encore de fon tems avec des
couteaux faits de pierre dure, femblables à ceux desquels
Jofuéfe fervit pour faire circoncire les Juifs qui ne l'a-
voient pas été dans le défert.
N A GIB A NI A , petite ville de la Transylvanie, aux con-
fins de la Haute-Hongrie, fur la rivière de Samos, à l'orient
de la ville de Zatmar. De l'ifle, dans fa carte de 1703, dit
qu'elle s'appelle Nagibania ou Neustadt. Cependant
dans fa carte de 17 17, drefléefur de nouveaux mémoires,
on n'y trouve ni Nagibania , ni Neuftadt -, il n'y
eft pas même fair mention d'aucune ville qui appro-
che de ces noms. On trouve feulement le comté de Neu-
bania , dont Koforvar paroït être le chef-lieu.
N AGIDOS , ville fituée entre Ja Pamphylie & la Cili-
cie, félon Etienne le géographe , Se Srrabon , /. 14. L'in-
terprète de ce dernier avoit par erreur écrit Agidos pour
Nagidos. Ce changement étoit pourtant fondé fur un ma-
nuferit, où on lifoit eç-iv A'? /Jo? , pour l'sv NâytSo; ; mais la
faute étoit dans le manuferit où la lettre Af , qui eft la pre-
mière de t<âyiSo<; avoit été jointe avec ïçs.* Pintaut , dans
fes not. fur Mêla ,1. 1. c. 13.
N AGIDUSA , ifle fur la côte de Cilicie, aux environs
de Nagidos , félon Etienne le géographe.
NAGIREM , ville de la province de Fars , c'eft-à-djre
de la Perfe proprement dire , Se firuée dans le fécond
climat , félon l'auteur de Maflahat Alàrdh. * D'Herbelot ,
Bibliot. orient.
N AGNATA , ville de l'ancienne Hibernie , félon Pto-
lomée, /. 2. c. 1. qui 1a place fur la côte occidentale, Se
ajoute que c etoit une ville confidérable. On croit que
c'eft aujourd'hui Liraerich.
NAGNAT/£, peuples de l'ancienne Hibernie, fur la
côte
NAH
côte occidentale. Ptolomée,/. 2. c. i. les met fous les
Erdini.
NAGNIA. Voyez. Narni.
NAGR ACUT , ville des Indes dans les états du Grand
Mogol (a) ,au royaume de Nagracut-Ayoud, dont elle clt
la capitale. Elle ert fituée fur la rivière de Ravi , qui la
traverfe (£). Il y a dans cette ville un petit temple fore
riche , pavé de carreaux d'or maliif. Il y vient tous les ans
un nombre infini d'Indiens en pèlerinage pourvoir l'idole
de ce temple , appellée Matta ; 8c parmi ces pèlerins il
s'en trouve quelques-uns qui fe coupent un peu de la lan-
gue pour lui en faire un facrifice. (a) De l'Ifie, Atlas, (b )
Terri , Voy. au Mogol , p. 10
NAGRACUT-Ayoud, royaume des Indes, dans les
états du Grand Mogol (a), il eil borné au nord par le
royaume du petit Tibet ; à l'orient, par le grand Tibet j
au midi , en partie par le royaume de Siba , 8c en partie
par celui de Pengab ; à l'occident, par ceux deBankich
8c de Cachemire (b). 11 y a dans ce royaume deux pèleri-
nages fameux, l'un à Nagracut, l'autre dans un lieu
nommé Jallamaka , où l'on adore des flammes qui for-
tent du creux d'une roche 8c d'une fontaine , dont l'eau eft
très-froide, (a) De l'Ile, Atlas, (b) Terri, Voyage aii
Mogol , p. 10.
NAGRAM ou Nogran , ville de l'Arabie Heureufe,
& l'une des principales du pays de Sabéens ou Homéri-
tes. Elle étoit toute Catholique au commencement du
fixiéme fiécle. Son éveque Paul étant mort en 520 , Aré-
tas, principal magiltrat de la ville, prit foin de l'églife jus-
qu'en 522 » qu'il fouffrit le martyre fous Dunaam. Trois
cens quarante autres citoyens de la ville eurent auflî
la tête coupée : plufieurs furent jettes dans des bûchers
allumés ; le refte fut vendu comme des esclaves dans le
pays même , ou emmené en captivité. * Topograpb. des
Saints , p. 3 3 1.
NAGRAN ou Nedgeran , ville de la province d'ïe-
men en Arabie , dont le terroir efl; couvert d'arbres contre
l'ordinaire de ce pays-là. Abulfeda , Defcr. génér. de l'A-
rabie , de la Traducl. de la Roque , dit que cette ville eft
petite , 8c qu'il y a des palmiers. Elle elt habitée par des
familles des tribus de l'Iemen , de qui l'on tire des maro-
quins. Nagran efl éloignée de dix flations deSanaa, 8c
fuuée entre Aden 8c Hadramout, dans des montagnes où
l'on trouve quantité d'arbres. On va fur des chameaux
de la Mecque à Nagran , presque en vingt jours de tems,
par un chemin uni 8c fort droit. Cette route fe fait entre
Sanaa & la Mecque , à l'orient de Saadah. Nagtan efl une
des dépendances de la tribu de Hamadan , fituée entre des
villes , des villages , des bâtimens 8c des eaux. * D Her-
belot , Biblioth. orient.
NAH. Koy<x Naw.
NAHALIEL , campement des Ifraëlites dans le défert.
De Mathana ils allèrent à Nahaliel, 8c de Nahalielà Ba-
moth. Dom Calmet , Dict. qui cite Eufebe , dit que Na-
haliel efl fur l'Arnon, & que Mathana efl au-delà de l'Ar-
non vers l'orient , à douze milles de Medaba. Nahaliel
fignifie , Mon fleuve cft le Seigneur. Voyez. Nathan ael. *
Num. 11. 19.
NAHAR. Ce nom fignifie en arabe un fleuve ou une
rivière-, c'eft ce qui fait qu'il fe trouve joint au nom de
quelques villes fituées fur des rivières. * D'Herbelot ,
Biblioth. orient.
NAHAR-MALEK ou Nahar-Melik , c'efi-à- dire le
fleuve du Roi. C'efl le nom d'une ville de l'Iraque Arabi-
que ou Babylonienne, qui efl éloignée de la ville de Cou-
fa h de quatre paralanges , qui font huit de nos lieues. Elle
porte ce nom , a caufe qu'elle efl fituée fur un grand bras
de l'Euphrate : ce bras fut féparé de ce fleuve , dès le tems
des guerres que les Romains firent aux Perfes; & c'efl
autour de ce bras de l'Euphrate, que les bourgades, appel-
lées par les Arabes Souad-Erak, font difperfées.
C'eft donc proprement ce bras de l'Euphrate qui s'ap-
pelle Nahar al Malek , de même que les anciens l'ont
appellée FoJJa rezxa 8c Bafilicus fluvius.
NAHAR-OBÔLLAH & Nahar Al Obolla : c'eft
le nom d'un vallon coupé par une petite rivière , qui fe
décharge dans le Tigre, auprès de la ville de Baflbrah. Ce
vallon pafle chez les Orientaux pour un des quatre lieux
qu'ils appellent Montazehat al Duniah >• c'eft-à-dire les
plus délicieux de toute l' Afic, & auxquels ils donnent auflî
le nom de Feradis , c'eft-à-dire Paradis.
NAHARTES. Voyez. Interamna I.
NAHARU ALI, peuple de la Germanie. Tacite , De
morib. Germatior. fait entendre qu'ils habitoieiit avec d'au-
tres peuples, entre la Ouatre 8c la Viflule. 11 ajoute qu'ils
avoient un bois facré ; que le prêtre étoit vêtu en femme ,
8c que la divinité qu'on y adoroit, s'appelloit Alcé. Elle
avoir quelque rapport à Caflor & à Pollux. C'étoi: deux
jeunes hommes que l'on croyoit frères. Il n'y avoit pour-
tant aucune flatue , ni aucune image étrangère.
NAHARU AN , ancienne ville des Indes , fituée entre
Bagdet 8c Vafleth, a quatre lieues du Tigre du côte de l'o-
rient. Elle a donné fon nom à un petit pays dans lequel un
trouve une autre petite ville nommée Afl'af. Il y aplufieurs
auteurs qui confondent la ville de Naharuan , avec celle
de Nahar-Malek ; mais c'efl fans aucun fondement. Cette
dernière n'efl fituée qu'à deux lieues de Coufah fur un des
bras de rEuphràte. Le géographe Perfien dans fon troifié-
me climat, écrit, pour diflinguer ce bras de l'Euphrate ,
que les Arabes l'appellent Nahar Coufah , le fleuve de
Coufah. * D'Herbelot , Biblioth. orient.
NAHE. Voyez. N av. 1.
NAHIAH, ville d'Afie, félon Corneille , Dïïlion. Il
cite la bibliothèque orientale de d'Herbelot , qui ne dit
n'en de pareil. L'erreur efl double de la part de Corneille :
premièrement , il n'y a point dans la bibliothèque orien-
tale de ville nommée Nahiah , mais bien une ville appellée
Nagia , qui efl celle dont il efl queftion dans cet article :
fecondement , ni Nagia , ni le Zanguebar , ni les provin-
ces deBetberah & de 2enghe, où Corneille met Nahiah ,
ne font point en Afie , mais dans la Barbarie Ethiopique.
Voyez. Nagia 2.
NAHON , Naon , Nahom 8c Naum , petite rivière
de France, dans le Berri. 11 en efl fait mention dans la vie
de S. Genou , /. 1. c. 16. fous le nom de Naum. Elle a
deux foulées^ l'une à l'orient, & l'autre à l'occident : la
première, au-deflùs de S. Phaher où elle pafle , auflî bien
qu'à Levroux , à Moulins 8c à Tarzay -, la féconde qui vient
d'au-defl'us d'Heugnes , fe rend de cet endroit à Selles fut
Naon , à Croix & a Géez. Un peu au deflbus de ce dernier
lieu les deux bras fe joignent 8c ne forment plus qu'un
ruiffeau , qui , après avoir baigné Balzème , Langeai ,Vic,
Bourneuf, Veuil, Bourg de l'Hôpital, Valançay, Varen-
nes 8c Menetou-fur-Naon , reçoit la rivière de Fouzon ,
8c celle de Fourion , déjà jointes enfemble un peu au-des-
fus , fe rend à Paumery 8c à Meusnes , au-deflbus duquel
il va fe jetter dans le Cher auprès de Gouffi.
N Al A , fontaine dans la Laconie , aux environs de la
Teuthrone , félon Paufanias, in Laconica, l. 3. c. 2j.
NAJAC, Najacum , petite ville de France , dans le
Rouergue, diocèfe de Rodez, élection deVillefranchc.Elle
efl fur la rivière d'Aveïrou , à fix lieues au nord d'Albi, 8c
elle a une fênéchauflféenon refibrtifiante. On trouve auprès
de cette ville une mine de cuivre rouge , qui fut ouverte
par ordre du roi en 1672. Ses jambons font en réputation.
NAIACIS.JV^Nain,
NAlBOTH ,011 Naioth, ou Nabad , comme écri-
vent les Septante, lieu de la Paleftine auprès de Ramatha ,
où David fe retira pour éviter la violence de Saiil,qui
cherchoit à le faire mourir. Samuel avec les enfans chs
prophètes demeuroit à Naioth, près de Ramatha. C'étoit-
làquefe tenoit le collège des prophètes. Naioth fignifie
maifon de Doctrine. * I. Reg. c. 19. v. 25.
NA1D , c'efl la terre où habita Caïn après fon péché :
elle étoit vers la région orientale d'Eden. Le paraphrafle
Chaldéen lit Nod au lieu de Naïd. Voyez. Non. f Genef.
c. 4. v. 16.
N A1M , ville de la Palefline , peu éloignée de Caphar-
naiim, 8c où Jesus-Christ refluscita le fils d'une veuve ,
dans le tems qu'on le portoit en terre. Eulébe , Onomajh
in Endor . dit que cette ville étoit aux environs d'Endor
& de Scythopolis. Ailleurs il dit qu'elle cft à deux milles
duThabor vers le midi. Le ton eut de Cifon coule entre le
Thabot/Naïm 8c Endor, félon Phocas,cité par Reland,
de Urb. PaUfl. I. 3. mais il ajoute que Naïm étoit au
Nord du Thabor , environ à douze ftades, oc qu'Endor
étoit à l'orient de Naïm. * Luc. c. 7. v. 11. & juiv.
NAIMA , Taimi , ou NaVm , village d'Afrique, au
royaume de Tripoli, dans la province deMacellata, fui la
côte. C'efl là qu'eftle tombeau des Philénes, deux frètes
qui s'étoient immolés pour leur patrie , 8c à qui ts*
Tum. IV. Nnn
466
NAL
NAM
Carthaginois avoient confacré des autels. Ainfi ce lieu
feroit la petite ville que les anciens appelloient Pbilcni
Vicus. ' Oapper , Description du royaume de Tripoli ,
202.
NAIMAN ou Nagman , pays ficué dans le Petcheli,
proche la grande muraille de la Chine. C'eit la patrie
des anciens Naïmans. 11 commence à la rive méridionale
du Siramouran. La latitude , prife fur le lieu , eft de qua-
rante-trois degrés , trente fept minutes , ôc la longitude
de cinq dégrés à l'eit de Pckmg. Topir-tala eft le princi-
pal point du nord. " Hiftoire générale des Huns par M.
JJeguignes , /. 4. p. 23e.
NAIN, ville , bourg , ou village de l'Idumée , félon
Jofephc , de Bell. I. f . c . 7. Simon, fils de Giora, entou-
ra ce lieu de murailles. Hegefippus, /. 4. c. 21. appelle
cet endroit Aiacïs munis \ mais il faut lire Naiaeis munis.
N AIR IN Keutel, montagne du Mogoliiîan , félon
Petis de la Croix, Hiftoire de Timur-Bec , l. 3. C.6.
1. NAlPvN, rieuve d'Ecofle dans la province de Mur-
rai. Il fort des montagnes quiféparent Stratherin deGlen-
rarf, parte par la vallée de Strathnairn , ôc fe jette dans
la mer auprès de Nairn. * Etat préfent de la Grande
Bretagne , p. 176.
2. NAIRN, contrée d'Ecofle , avec titre de comté,
appellée communément the Shire of Nairn. C" eft une
des deux parties ôc la plus grande de la province de
Mu irai.
3. NAIRN, ville d'Ecofle, dans la partie occiden-
tale de la province de Murrai , fut le fleuve de même
nom , & à fon embouchure.
NAIS, village du pays de Samarie , dans le grand
Champ, félon Jofephe, Ànt. 10. 5 .Ailleurs ce même au-
teur,^ Beil.l. 2. c. 1 1. l'appelle iH/uai'.L'interpréteRufin,
au lieu de NaÏs, avoit écrit GinaÏs, dans une ancienne
notice eccléfiaftique : K&!u» Nai? étoit mile au rang des
villes de la féconde Paleftine. * Rcland. de urb. Pal. I. 3 .
NAISUM&Ingidunum. Ce font deux villes de 1*11—
lyrie , fuivant Marcellinus Cornes ; il dit qu'elles furent
enlevées aux Huns. Peut-être faut-il lire Nestum & Lin-
gidunum. * Ortelii Thefaur.
NA1THUM ou Naithus , ville d'Egypte , félon la no-
tice des dignités de l'Empire ,fccî. 1 8. qui la met dans la
province Auguftamnique. On y lit Cobors prima Sagitta-
riorum Naithu.
NAKHLAT Mahmoud , lieu fort agréable dans l'A-
rabie , à trois journées de la ville de Coufah : les pèle-
rins de la Mecque ont coutume de s'arrêter dans cet en-
droit, ôc de camper fous les palmiers qui lui ont don-
né le nom. * D' Herbelot , Bibliot. orient.
N AKI, cité delaChine, dans la province de Suchuen ,
au département de Liucheu , cinquième grande cité de
la province. Elle eft de 11 degrés 4 minutes plus occi-
dentale que Peking, fous les 29 deg. 12 min. de lati-
tude ieprentrionale. * Atlas Swenf.
NAKSCHEBE -, c'eft le nom de la campagne aux en-
virons de Carschi , dans la Transoxiane. On donne à la
ville le nom de la campagne , & on les prend fouvenc
l'une pour l'autre , ainfi que Nefef. Voyez. Naccheb. *
Petis de la Croix , Hiftoire de Timur-Bec , 1. 1. c. 1 2.
N ALAY , petite ifle à l'occident de l'Ecofle , proche de
l'iflede North-Vift. Elle a quatre milles de tour, & elle
eft fertile en bleds ôc en pâturages. On y compte trois
chapelles.* Etat préfent de la GrandcBretag. t. 2. p. 204.
NALB ANE, montagne de Perfe, à une petite lieue de
la ville d'Amadan. 11 y en a qui l'appellent la montagne
du Soleil , parce que ie foleil la regarde toujours depuis
fon lever jusqu'à fon coucher. Elle n'a guère que cinq
quarts de lieue de long ôc autant de haut, ôc elle fe joint à
d'autres montagnes fort élevées-, mais il n'y a que ce petit
espace qui s'appelleNalbane.On aflure qu'elle produit des
herbes très- précieufes pour la fanté, Ôc qu'on dit avoir-
fait vivre jusqu'à deux cens ans ôc au-delà des perfon-
nes qui s'en font fervies. Ce qu'il y a de certain , c'eft
qu'on trouve dans cette montagne de quoi fatisfaire fa
curiofité par rapport aux fimplcs. Il femble qu'on y ait
femé de toutes les plantes qui font au monde. Pour peu
qu'on s'éloigne d'un endroit où l'on voit une certaine
plante , on ne la retrouve plus dans les autres endroits
de la montagne , quelque paît qu'on la cherche. On y
refpire de fi agréables odeurs , & l'air y efi fi bon, qu'on
fc fenr dans un état plus tranquille & plus délicieux que
par tout ailleurs. On ajoute qu'il n'y a fur cette mon-
gne aucune herbe dans laquelle on connoirte la moin-
dre malignité. Il paroît en différens endroits des rui-
nes d'habitations, qu'on croit avoir été occupées par
des folitaires , ou par des perfonnes curieufes , qui ve-
noient y apprendre la vertu des fimples. 11 femble en
efiet que l'on doit compter pour rien les grands voya-
ges que les curieux ont entrepris pour la recherche des
plantes , s'ils n'ont pas été au mont Nalbane. Dans le
printems on y voit venir de tous côtés des malades qui
fe couchent fur les herbes pour y recouvrer leur fanté.
Les moutons, quiy paiflenr , ont la laine plus fine ôc plus
longue que les aimes. * Paul Lucas , 2. Voyage au levant,
tome 2. chap. 10.
NALCUA. Voyez. Caleva.
NALEU, forterefie de la Chine , dans la province
d'Iunnan, au département de Lingan , troifiéme métro-
polede la province. Elle eft de 14 deg. 25 min. plus
occidentale que Peking, fous les 23 deg. 19 min. de
latitude feptentrionale. * Atlas Sinenf.
NALO, montagne de la Chine, dans la province d'Iun-
nan, au voifinage de la ville de Chinyven. Elle eft dan-
gereufe à caufe des tigres & des léopards qui l'habitent.
NALPOTES, lieu dans l'Afrique propre , félon 1 iti-
néraire d'Antonin. 11 étoit fur la route d'Hippon à Uti-
que , entre le lieu nommé Ad Dianam ôc la ville de Ta-
brac.i , à quarante mille pas à' Ad Dianam , ôc à vingt-
quatre mille de Talraca.
NAM ADOS, fleuve de l'Inde , en-deçà du Gange.
Ptolomée , /. 7. c. 1 . dit que ce fleuve prend fa fource
au mont Vindius , & qu'il a fon embouchure dans le gol-
fe Canthicolpique.Dans un endroit il le nomme Na/zadV,
ôc dans l'autre Na/Sai^ç. D'autres l'appellent Amaudau-
ne. Ce pourroit bien être le LAMN^us^Aa^uya^j d'Arrien,
* l'erip. Mar. Erjthr. p. 2J.
N AMAQUAS, nation d'Afrique furla côte occidentale,
entre l'Ethiopie Ôc le cap de Bonne Espérance. Quelques
Hollandois la découvrirent pour la première fois en
1632 ; ils entrèrent dans leur village, & envoyèrent au ca-
pitaine du tabac , une pipe , de l'eau de vie, un couteau ôc
quelques grains de corail. Le capitaine, en teconnoiflance,
envoya aux Hollandois deux moutons gras, dont la queue
pefoit chacune plus de vingt livres , avec un vafe plein de
lait ôc une certaine herbe, qu'ils appellent Kanna,qui eft,
félon les apparences , cette plante fameufe que les Chi-
nois appellent Genseng. Ces peuples ufent du Kanna aufll
fréquemment que les Indiens du Bétel & de l'Areka. Le
lendemain un de leurs capitaines alla trouver les Hollan-
dois : il menoit à fa fuite cinquante jeunes hommes, avec
autant de femmes & de filles. Les hommes portoient à la
main une flûte d'un certain rofeau , très - bien travaillée
ôc qui rendoit un fon affez agréable. Le capitaine leur
ayant fait ligne , ils fe mirent à jouer tous enfemblede ces
inftrumens , auxquels les femmes & les filles mêloient
leurs voix,& le bruit Qu'elles faifoient en frapant des
mains. Us fe rangèrent en deux cercles renfermés l'un
dans l'autre ; le premier , qui étoit extérieur & formé
par les hommes , entouroit le fecond ou celui des fem-
mes , qui étoit intérieur. Les uns ôc les autres danfoient
ainfi en tond ; les hommes tournant à droite ôc les fem-
mes à gauche, tandis qu'un vieillard, qui fe tenoit debout
au milieu d'eux un bâton à la main , battoit la mefure &
régloic leur cadence. La mufique , entendue de loin , pa-
roirtbit agréable ôc même afiez harmonieufe ; mais la
danfe n'avoit rien de régulier,ce n'étoit qu'une confufion.
Ces Namaquas font en grande réputation parmi ces
nations, ôc font eftimés braves, guerriers ôc puiflàns,
quoique leurs plus grandes forces ne partent pas deux
mille hommes portant les armes. Ils font tous de gran-
de taille ôc robuftes : ils ont un bon fens naturel , &
lorsqu'on leur fait quelque queftion , ils ne répondent
qu'après avoir bien pefé leurs paroles , ôc toutes leurs
réponfes font courtes Ôc accompagnées de gravité. Ils
rient rarement & parlent fort peu. Les femmes parois-
fent artificieufes, ôc ne font pas à beaucoup près fi
graves que les hommes. * Voyage de Siam , 1. 1. Traduit,
d'une relation latine des environs du Cap. Ibid. & Juiv.
NAMAR , nom d'une tribu des Arabes.
NAMARINI. K*)>«. Egurri.
NAMARIS. Voyez. Nabaris.
NAMAST/E. Voyez. Nomast*.
NAM
NAM 467
laume III, roi d'Angleterre, qui lui avoit donne ion nom.
Coehorn ayant été bleiTé , le fort fe rendit le 22. Les
François attaquèrent enfuite le château qui capitula le 30.
Ils n'en réitèrent que trois ans les maîtres ; ils rendirent
NfAMBU,on prononce Nambou, province du Ja-
pon , dans la grande ifk Niphon , ôc la plus feptentrio-
nale de toutes : elle a fait long-tems partie du royaume
d'Oxu : fa capitale eA très-riche ôc fort marchande. En
1643, le roi de Fitachi, auquel toute cette province obéis- Namur le/ Septembre 1695, après un fiége de deux
foit, y avoit un magnifique palais : elle a un bon port fur mois , formé par Guillaume lil , roi d'Angleterre, ôc par
la mer du Japon. * P. de Charlevoix, Hiltoire du Japon. Maximilien-Emmanuel.ckdeui de Bavière ; la place avoic
NAMFIO. Voyez. Nanfio. été défendue par le maréchal de Bouflets. Le 26 de
NAMKING. Kçy^i Nankin. Juillet 1704 , le feldt-maréchal Auwcikeike s'approcha
NAMMANTIA , ville delà Valérie , fur le Danube , de Namur avec l'armée des allies , ôc le retira après y
félon le livre des notices de l'Empire. On y lit, fett. jj. avoir jette quantité de bombes ôc de boulets rouges, qui
Equités DalmatA ad Nammantia. ' ne rirent presque aucun mal. Enfin en 1713 la paix ayant
NAMNET.fE. Voyez. Nannetes. été conclue à Utiecht, la ville de Namur fut cédee par le
N AMSLAU, petite ville de Si lélle, dans la principau- traité aux Etats-Généraux pour leur fervir de barrière
té de Breflau , fur la rivière de Wcida. Elle n'a rien de
remarquable qu'un château affez joli. * Hubner , Géog.
1 . NAMUR. , ville des Pays Bas , capitale du comté de
même nom. Elle prend fon nom d'une idole nommée
contre la France.
L'églife cathédrale eft dédiée à S. Alban , martyr de
Mayence. On voit fur le maître-autel l'epiraphe de dom
Jeand'Autriche, gouverneur desPays-Bas. Alexandre Far-
Nam , par où ceux du pays avoient voulu défigner Ne- nèfe l'avoit fait faire en mémoire de fon oncle , dont le
ptuue. On veut que S. Materne , apôtre des Namarois
ôc disciple de S. Pierre , ait fait taire cette idole , & que
écNum mutum fe foit formé infenfiblement Namur cum.
Quoi qu'il en foit, on place cette ville à cinq lieues de
Hui , a égale dillance de Dinant , à fix lieues de Char-
leroi ,6c a dix de Liège , de Bruxelles & de Louvain.
Elie elt fituée au confluent de la Meufe ik de la Sam-
bre , entre deux montagnes , 6c défendue d'un château
très-fort, placé fur un roc escarpé, à l'oppofitc de la Sam-
bie , ôc qui a été bâti long-tems avant la ville , au 50 de-
gré 24 min. de latitude.
Cluvier ik Sanfon veulent que cette fortereffefoit l'an-
cienne capitale des Aduatiques, que Céfar décrit dans
corps avoit été mis en dépôt, en attendant qu'il fût trans-
porté en Espagne. Le chapitre elt compofé de 20 cha-
noines. 11 a un prévôt , un doyen, deux archidiacres , un
chantre, un écolàtre , un pénitencier , un archipictre ik
neuf gradués. Ce chapitre fut fondé en 1046 par Albert,
comte de Namur, ik confirmé enfuite par Frideric de
Lorraine , beau-frere du comte Albert, qui, d'archidiacre
de Liège , devint pape , fous le nom d'Etienne IX. Ou-
tre l'églife cathédrale , il y a encore la collégiale de No-
tre-Dame, où elt un chapitre compofé de douze cha-
noines , avec un abbé féculier , qui ell l'évêque colla-
teur des prébendes avec le pape, outre un prévôt & urti
doyen. 11 y a eu au château une autre collégiale dédiée à
fes commentaires , où il dit qu'elle étoit environnée de .S. Pierre, fondée en 1212, par Philippe le Noble, comte
.rochers , ik qu'on n'en pouvoir approcher que par une de Namur ; mais elle a été unie au chapitre de famt
langue de terre laige de deux cens pas ; mais ce n'elt Alban. Notre-Dame elt la principale paroiffe , les au-
tju'une fimple conjecture. On ne peut déterminer la pla- rrcs font S. Jean l'Evangéliite , S. Jean-Baptilte , S Loup
ce où étoit cette capitale des Aduatiques, qui ne paroit ou S» Leu, dont le curé ell religieux de l'abbaye de Ma-
pas convenir à un fimple château comme Namur : ou- logne , &S. Nicolas.
ne que Céfar, en décrivant cette capitale des Aduati- Il y a des Jéfuites qui enfeignent les humanités, des
ques, qu'il fait voifins des Nerviens ôc des Eburons , ne Recollets , des Dominicains , des Capucins , des Carmes
parle ni delà Meufe, ni de la Sambre, qui fe joignent à déchaullés ik des Croifiers. On compte fept monalteres
Namur , ôc qui font des rivières qu'il a bien connues , de filles -, lavoir , l'abbaye des Bénédictines réformées ,
& qu'il nomme Mofa ôc Subis. Ce château étoit déjà bà- dite Notre-Dame de Paix ; les Urfulines , les Annoncia-
ti dans le feptiéme fiécle. Le continuateur de Frcdegai- des , les Carmélites déchauffées , les Recollectines , les
re , marquant que Gislemar , maire du palais, y furptit Dames Blanches, ou Carmélites chauffées ôc les Has-
par une trahifon les troupes de Pépin le gros, appelle pitalieres. L'églife des Jéfuites elt d'une grande beauté,
cette place caftrum Manucum. Ce nom a été long-tems toute incruftée de marbre rouge & noir , ik foutenuc
en ufage , puisque Flodoard, qui écrivoit près de 300 ans
après , dit qu'un certain Robert fe fortifia l'an 960, con-
tre Brunon, archevêque de Cologne, à qui Othon le
Grand, fon frère, avoit donné le commandement général,
ou l'adminiftration de tout le royaume de Lorraine -, ôc
cette place efl nommée caftrum Matiuviitm,quï doit être
Mirwtum ,1a fituation de Namur convenant à celle dont
par dix grandes colomnes de marbre noir ; fon frontis-
pice cft auffi très-beau.
Entre les autres bâtimens publies , on admire princi-
palement la cour du prince. C'efl: un beau palais carré, qui
fert ordinairement de demeure au gouverneur.
On renouvelle le magiftrat de Namur tous les ans à
la faïnt André. Il a pour chef le grand mayeur , donc
parle cet auteur , du tems duquel on n'avoit pas encore la charge ell perpétuelle, & il ell compofé du bourgue-
transpofe Mm en n , ce qui fut fait peu après; car dans le
dixième fiécle ôc dans le fuivant , on voit toujours Na-
mucum ôc jamais Manuatm.Delz vient que Sigebert, rap-
portant l'expédition du maire Gislemar contre Pépin ,
die que je combat fe donna entre Pépin & Gislemar apud
Namucum caftrum, ôc on continua à appeiler ce château
ôc la ville qui eft au pied Namucum en latin. Mais dès le
douzième fiécle le nom vulgaire étoit Namur , com-
me on le voit par des lettres de Louis, comte de Soiffons,
écrite au roi Louis VII, dit le Jeune , où il ell fait men-
tion du comté de Namur. Dans la fuite on a appelle
en latin cette ville Namurcum , au lieu de Namucum. *
honguerue , Defcrip.de la France, 2. part. pag. 107.
Le château ell maintenant défendu par le fort Guillau-
me, qui vaut une autre citadelle, outre plus de douze
forts qui environnent la ville. Les plus confidérables font
le fort de Meufe , bâti à l'oppofite du château , celui de
Cocquelet, qui eft fi grand , qu'il renferme dans fes for-
tifications l'étendue de deux villages. * Délices des Pays-
Bas , t. 3. p. 17. drfuiv.
Louis XIV, roi de France , afliégeaen perfonne cette
place en 1692. Le premier de Juin on ouvrit la tranchée,
ôc la ville ne tint que fix jours. On attaqua enfuite le fort
Guillaume, dans lequelcommandoit l'ingénieur Coehorn;
\\ l'avoit confinât l'année précédente par ordre dcGuil-
mellie ou premier élu , du lieutenant mayeur ou fécond
élu , de fix échevins , parmi lesquels il y en a deux qui
font nobles, de deux avocats, de deux bourgeois, du
greffier de la ville , du greffier des élus ôc de quatre jurési
11 y a encore un autre tribunal, qui eft le fouverain bail-
liage; il eft compofé de fix avocats , qui jugent de tou-
tes les matières féodales en première inilance. Le gou-
verneur de la ville elt chef de ce corps.
L'évêché de Namur ell fuffragant de l'archevêché de
Cambrai. Il fut démembré de l'évêché de Liège en 15J9,
par le pape Paul IV , à la prière de Philippe II. Cec
évêché, outre le comté de Namur, comprend tout le
Brabant , deforte qu'il a huit villes , trois cens quarante-
fept villages , quatorze doyennés , quatre abbayes de Tor-
dre de fàinc Benoît , quatorze de l'ordre de Cùeaux , une
de Piémontré , une abbaye ôc deux prieurés de chanoines
réguliers, fept chapitres de chanoines, trois chapitres
de nobles chanoineffes , ôc un grand nombre de couvens.
Le bailliage de Namur comprend douze villages avec
le bois de Mailagne , un grand nombre d'abbayes ôc de
couvens , ôc plufieurs hameaux. Toute cette contrée elt
arfofée des eaux de la Meufe & de là Sambre.
2. NAMUR, province des Pays-Bas avec titre de
comté. Elle cil bornée du côté du nord par le Brabant-
Wallon j à l'orient , par l'évêché de Liège ) au midi, pa£
Tom. IV. N 11 n ij
4*8 N A M
NAN
le même évêché & par la terre d'Agimont , y& tre Sam-
bre & Meufe ; à l'occident , par le pays ent re Sambre
Ôc Meufe , qui dépend de Liège , & de ce côté elle tou -
che au Hainaut.
Ce comté , qui faifoit autrefois partie du pays des Ebu-
10ns Se des Tongriens , fut mis fous la féconde Germa-
nie par les Romains. Il fut enfuite occupé par les Fran-
çois, qui le mirent fous le royame d'Auftrafie. Ce royau-
me ayant été conquis par Othon le Grand , ôc polîédé
par fon fils & fon petit-fils , ils y établirent des ducs ,
& entre autres Charles, frère de Lothaire , roi de Fran-
ce; Ermengarde, fille de Charles, ayant époufé l'an iooo,
un feigneur nommé Albert , il fut premier comte de Na-
mur. 11 laifla ce comté à fon fils Albert II , qui eut pour
fuqcefleur fon fils Geofioi. Ce dernier eut deux eni'ans ,
Henri, comte de Namur , ôc Alexie ou Aleïfe. Henri, en
mourant , laifTa fa fille Ermefende ou Ermenfon , qui fut
privée de la fucceifion de fon père par fon cou fin Bau-
douin le Courageux, comte de Hainaut, fils d'Aléxie ,
tante d'Eimenfon. L'ainédes fils de Baudouin fut comte
de Flandre ôc de Hainaut, &enfin empereur de Conftanti-
nople. Il eut pour fuccefièur à l'empire fon frère Henri ,
qui étoit comte de Namur , ôc qui céda ce comté à fon
frère Philippe qui mourut fans enfans, ôc eut pour héri-
tière fa Cœur Yoland , qui époufa Pierre de Courtenay ,
comte d Auxerre ôc de Nevers. Pierre fut, par fa femme,
comte ou marquis de Namur. Ce comté relevoit de ce-
lui de Hainaut , «Se il n'avoit été donné à Henri , qu'à
la charge de le tenir en fief de fon frère Baudouin.
Pierre de Courtenay ayant été tué en Grèce, il eut
pour fuccefleur au comté de Namur fon fils Philippe .
qui mourut fans enfans l'an 1216. Son frère Henri lui
fuccéda , & étant mort fans poftérité , fa fœur Margue-
rite, nommé Sibylle par Alberic, laquelle avoir époufé'
Henri de Luxembourg , comte de Vianden , s'empara du
comté de Namur , ôc en jouit , jusqu'à ce que l'empereur
de Confiantinople Baudouin II , fils de Robert , Ôc pe-
tit-fils de Pierre de Courtenay, étant venu de Grèce en
France , obligea lacomtefie à le lui rendre. Baudouin en-
gagea ce comté à Blanche , reine de France, & pour cela
la comteiTe de Flandre ôc de Hainaur Jeanne , foutint
qu'elle pouvoit confisquer le fief de Namur.
Jean &c Baudouin d'Avênes, neveux de Jeanne & fils
de fa fœur Marguerite, cédèrent au roi faint Louis le
droit que la comteiTe Jeanne Ôc l'empereur leur avoienc
donné , ne réfervant rien que l'hommage dû au comte
de Hainaut. Jean ôc Baudouin révoquèrent la donation
qu'ils avoient faite du comté de Namur à Henri de Lu-
xembourg. Saint Louis fit généreufemenr rétablir l'em-
pereur Baudouin en la jouiiïance de ce comté; mais com-
me il avoit de la peine à s'y maintenir, il le vendit , par le
confeil de faint Louis, l'an 1161, à Gui de Dampierre,
comte de Flandre ; ôc ce comté demeura,dans cette mai-
fon près de cent foixante ôc dix ans; car Gui , comte de
Flandre, le donna à un de fes jeunes fils nommé Gui,
dont-ies descendais mâles, qui prenoient le nom de
Flandre, furent comtes de Namur jusqu'à Jean de Flandre,
dernier comte , qui vendit tous fes biens en 1421 , à Phi-
lippe , duc de Bourgogne,
On le divife en fept bailliages , qui font
Namur ,
Waffeige ;
Foix ,
F leur us ,
Bouvigne ,
Sanfons ,
Polvache.
ge
Les états du comté de Namur font compofés du cler-
, de la noblefle ôc des députés des villes. L'évêque
de Namur eft le chef de l'état eccléfiaftique ; & le gou-
verneur de la province eft le chef de la noblefle. Les
états ne s'aflcmblent que lorsque le fouverain l'ordonne \
mais chaque corps choifit fes députés.
11 y a dans le Namurois douze anciennes pairies ,011
fiefs, qui relèvent du château de Namur ; favoir ,
Le ban de Syes,
La feigneurie de Bailleul ,
Le fief d'Oudenarde,
Lefiefd'Obay,
Lefiefd'Avelois,
Ham fur Sambre ,
Faux , pairie éteinte ,
La terre de BoiTu en Hair
naut ,
Zetrud & Lumay,
Le fief deWanghes, ,
Le fief de Bergilers,
Polvache, pairie éteinte.
Dans les grandes révolutions du feiziéme fiécle, Na~
mur & Luxembourg furent les deux provinces qui reliè-
rent les plus fidèles au roi d'Espagne , leur fouverain. *
Délices des Pays-Bas , t. 3. pag. 1. & fuiv.
NAMUTENSIS , dans les décrétales , /. i.c. 36. de
Refcripiis , il eft fait mention d'une comtefie de ce nom.
Ortelius croit que ce lieu pourroit être en France aux
environs de Toul.
1. NAN, forterefle de la Chine, dans la province
de Chekiang.au dépanemenr de Chinxan , grande for-
terefle de la province. Elle eft de quatre degrés fix
minutes plus orientale que Péking , fous les vingt-fepe
degrés vingt minutes de latitude feptentrionale. * Atlas
Sinenfis.
2. NAN, lac de la Chine, dans la province deHo-
nan, au midi de la ville de Queitc. 11 y a fur ce lac
un pont de pierres, avec un grand nombre d'arches.
3 . NAN , grande montagne de la Chine , dans la pro-
vince de Quangfi , au voifinage de la ville de Quei. On
lui compte jusqu'à vingt-quatre fommets.
NANA. Voyez. Tussa.
NAN/EUS, fleuve de l'ifle d'Albion. Ptolomée,/.
2.c. i.met Nand fluminis oftia dans la partie fepten-
trionale de l'ifle. Au lieu de Nanaus, les interprètes lifent
Nabaus. Je crois avec Baudrand que e'eft aujourd'hui
Navern. La fituation ôc la refièmblance de nom parois-
fent le prouver.
NANAGUNA , fleuve en-deçà du Gange , félon
Ptolomée ,l.j.c. 1. Ce géographe place Nanagunaflu-
vii oflia dans le golphe Barygazene. On croit que c'eft
aujourd'hui Paddar , rivière de 1 Indouftan.
NANCEI. Voyez. Nancy.
i.NANCHANG, prononcez Nantchang, ville
de la Chine , dans la province de Kiangfi , où elle a
rang de première métropole. Elle eft d'un degré trente-
Le duc , après la mort du comte Jean , prit pofleiîion fix minutes plus occidentale que Péking , fous les vingt
l'an 1429 du comté de Namur, qui fut dès-lors in
dépendant du comté de Hainaut , ôc mis fous le reflbrt
du parlement de Malines , d'où Namur relevé encore
aujourd'hui. Ce comté , porté dans la maifon d'Autriche
par le mariage de Marie de Bourgogne , y ell encore au-
jourd'hui. Par le traité de Barrière les Etats Généraux
des Provinces- Unies ont la gatde de la ville ôc du châ-
teau de Namur , où ils ont garnifon. * Longuerue , De-
feription de la France , part. 2. p. 106.
Le territoire du comté de Namur eft montucux ôc
inégal , arrofé des rivières de. Meufe, de Sambre & de
la Mchagne. 11 eft rempli de forêts , fur-tout dans fa
partie méridionale où eft la forêt de Marlagne , qui a
plusieurs mines de fer ôc de plomb , des carrières de di-
verfes fortes de marbre , des fortes d'où l'on tire des pier-
res blanches ôc bleues ôc des charbons de terre. Ce terri-
toire renferme les villes de
Namur,
Charleroi ,
Charlemont,
Maiienbourg;
Bouvigne ,
Walcourt ,
neuf degrés treize minutes de latitude feptentrionale.
Quoique cette ville ne foit pas mife au nombre des plus
grandes & des plus célèbres , elle eft très-renommée par
la multitude des lettrés qui s'y trouvent : elle n'eft mê-
me pas fi petite , puisque fon enceinte eft de deux mil-
les tout au moins. Il eft arrivé à cette ville une chofe,
dont l'hiftoire de la Chine ne fournit point d'autre
exemple ;c'eft que deux rois de la famille Taiminga y
ont demeuré en même tems. Les Je fui tes y avoient au-
trefois une églife aflez belle & une maifon commode,
mais ces édifices furent réduits en cendres, lorsque les
Tartares brûlèrent cette ville pour la punir d'une révol-
te. Nanchanga été rétablie depuis, ôc elle a aujour-
d'hui un viccroi ôc d'aurres magiftrats; mais les Jéfuites
ne fe font pas trouvés en état de relever leur églife. *
Atlas Sinenfis.
Cette ville eft fituée fur le bord méridional d'un
grand lac , nommé Poyang ou Pengly , dans une ifle que
forme la rivière Kiam. Elle étoit anciennement la borne
entre les royaumes de Çu Ôc d'U. Sous la famille Cina,
NAN
NAN
«lie étoit unie an pays de Kiei,kiang : la famille Hana
lui donna le nom d'Iuchung ; celui qu'elle porce aujour-
d'hui , lui a été donné par la famille Tanga : la famille
Sunga le changea en celui de Lunghing ; mais enfin la
famille de Taiminga rétablit le nom de Nanchang. Il y
a plus de trois fiécles que cette ville eut le titre de
ville royale. Le prêtre Chu , après avoir chaflè les Tar-
tares de la Chine , prit le nom de roi , Se fixa fa de-
meure à Nanchang , qu'il nomma Hungtu , c'eft-à-dire
grand palais royal : lorsqu'il eut remporté d'autres victoi-
res , il transporta fon trône à Nankin , & rendit à
Nanchang fon premier nom. Aujourd'hui cette métro-
pole a dans fa dépendance fept villes, qui font
4^9
Nanchang, Cinhien, Cinggan,
Fungchin, Fungfin, Ning,
Vuning.
Tout le territoire de cette ville eft fertile ; le moin-
dre petit endroit eft cultivé , Se tant dans la ville qu'au
dehors on élevé une quantité prodigieufe de cochons. Le
nombre en eft fi grand , que fouvent il n'elt pas pofli-
ble de palier dans les rues , tant elles font remplies de
ces animaux. Malgré cela la ville ne lâifle pas d'être
propre , parce qu'on a grand foin d'enlever les excré-
mens des cochons pour fumer les champs.
2. NANCHANG, ville de la Chine , dans la pro-
vince de Huquang , au département de Siangyang , troi-
fiéme métropole de la province. Elle eft de cinq degrés
quarante-huit minutes plus occidentale que Péking,
fous les trente-deux deg. neuf minutes de latitude fep-
tentrionale. * Allas Sinenfisi,
NANCHAO, ville de la Chine , dans la province
de Honan , au département de Nanyang , feptiéme mé-
tropole de la province. Elle eft de fept degrés trente-
cinq minutes plus occidentale que Péking, fous les
trente-quatre degrés , o min. de latitude feptentrionale.
1. NANCHUEN, ville de la Chine, dans la pro-
vince de Quanfi , au département de Kingyuen , troifié-
me métropole de la province. Elle eft de dix degrés qua-
rante-fept minutes plus occidenrale que Péking , fous
les vingt-quatre degrés trente-trois min. de latitude fep-
tentrionale.
2. NANCHUEN, ville de la Chine , dans la pro-
vince de Suchuen , au département de Chungking , cin-
quième métropole de la province. Elle eft de neuf deg.
cinquante minutes plus occidentale que Péking , fous
les trente deg. cinquante minutes de latitude fepten-
trionale.
NANCING , ville de la Chine , dans la province
de Fokien , au département de Changcheu , troifiéme
métropole de la province. Elle eft de o deg. trente-
quatre min. plus orientale que Péking , fous les vingt-
quatre degrés trente neuf minutes de latitude fepten-
trionale.
NANCUNG, ville de la Chine, dans la province
de Péking , au département de Chinting , quatrième mé-
tropole de la province. Elle eft d'un degré trente-neuf
minutes plus occidentale que Péking , fous les trente-
fept degrés cinquante-fix minutes de latitude fepten-
trionale.
J. NANCY , ville de Lorraine, dans le bailliage Fran-
çois. Elle eft le chef-lieu de ce bailliage , Se la capitale
des états du duc de Lorraine , où eft fa cour fouve-
raine qui décide en dernier reflort les procès de Ces
fujets. Quelques-uns prétendent que cette ville s'appel-
loit autrefois Nancei , Se que c'eftlamème que Nafium
de l'itinéraire d'Antonin ; mais Nafiitm étoit entre An-
dclot Se Toul , Se Nancy eft au delà de Toul. Frede-
gaire marque Nafium dans la même fituation que l'itiné-
raire, Se dit au chapitre 27, que le roi Thierri , mar-
chant contre fon frère Théodebert , alla de Langres à
Andelotj {Andelaum) que de-là il marcha à Nafîum
fur la rivière d'Orne , qui étoit un château ou place
forte qu'il prit , & enfuite alla rencontrer fon frère à
Toul. Voyez. Nasium. * Longuerue , Defcription de la
France , 2. part. p. 143.
Nancy n'a pas été connue avant le douzième fiécle.
Ce n'étoit alors qu'un château qui appartenoit à un fei-
gneur nommé Drogon. Matthieu I du nom, duc de Lor-
raine, l'acquit l'an iijj , en donnant à Drogon en
échange les feigneuries de Lénoncourt Se de Roficre
aux Salines. Cette feigneurie de Nancy étoit alors de
fort petite étendue , puisque Simon , duc de Lorraine ,
avoir tout auprès un château , où il fit une donation a
FabbeiTe de Bouxieres l'an 1130, comme on le voit par
la àate,datum in Caftromeo jitxta Nanceium , en mon
château près de Nancy. Le duc Matthieu commença
d'y faire fa réfidence fur la fin de fa vie , car aupara-
vant il demeuroit a Chatenoi. Cette terre de NancV
rclevoit du comte de Champagne , qui avoit de grands
fiefs dans le diocèfe de Toul.
Thibault , comte de Champagne , qui fut depuis roi
de Navarre , invertit Matthieu II du nom , duc de Lor-
raine, de Nancy & de fes dépendances l'an 1220. Ferri
II, duc de Lorraine, fils de Matthieu II, donna aux
bourgeois de Nancy des privilèges, & à ceux des villes
de Port, aujourd'hui faint Nicolas de Lùnéville , Lu-
naris-VilU , Se à Amance , Esmantix. Il reconnut par
fes lettres datées de l'an 1 265 , le jeune Thibault , comte
de Champagne pour garant Se protecteur , confentant
qu'en cas qu'il vînt à manquer à fa parole , le comte
de Champagne pût prendre fes fiefs fans lui faire tort,
carpere Feoda mea fine mesfacere. Lé duc ne dit point
quels étoient ces fiefs , mais on voit ailleurs que c'étoit
Nancy Se fes dépendances , Neuf- château , Chatenoi ,
Montfort près de Mirecourt, Se Grands en Baflîgny ,
Se on ne voit point que les ducs de Lorraine ayeiît fait
hommage au comte de Champagne de Port , d'Amance
Se de Lunéville , que le duc foumet à la loi de Beau-
mont en Argone , qui appartenoit à i'archevêque de
Reims en fouvetaineté ; ce comte étoit établi feule-
ment garant des promenés faires pat le duc à fes fujets.
Depuis la fin du treizième fiécle Se la réunion de là
Champagne à là couronne , on ne Voit pas que les ducs
de Lorraine ayent reconnu les rois de France ou les
comtes de Champagne pour Nancy , Se ils y ont été
Souverains , quoiqu'ils ayent continué loiig-tems à recont
noître les rois pour Neufchâteau , Chatenoi , Frouar-
& Montfort. Nancy étoit aloi's fort petit, n'y ayanc
que la vieille ville , fermée d'une muraille à l'antique.
Eile fut prife par Charles , dernier duc de Bourgogne
après un long liège , l'an 147; , fur le duc René , qui fut
chafie de fon pays par les Bourguignons , & contraint
de fe retirer chez les Allemands Se les Suifies.
Le duc de Bourgogne , ayant attaqué les Suifles l'an
1470 , fut défait en deux batailles , & René rentra dans
Nancy. Le duc de Bourgogne l'afiiégca encore : mais il
fut encore défait par les Suifies Se les Allemands , &
périt dans l'action. René Se fes fuccefieurs jouirent en-
fuite paifiblement de Nancy Se de la Lorraine , bâti-
rent la nouvelle ville d'une manière régulière , la forti-
fièrent aulfi bien que l'ancienne qui fervoit de citadelle
à la nouvelle.
Le duc Charles s'étant brouillé avec Louis XIII , roi
de France, fut contraint de lui remettre Nancy pour lé
garder durant la guerre qui étoit allumée dans l'empire,
Se les François en ont été les maîtres jusqu'après la paix
des Pyrénées, par laquelle on accorda que les fortifia-
cations des deux villes de Nancy feroient rafées, fans
pouvoir être refaites. Cet article fut confirmé par la
traité que le duc fit à Paris l'an 1661 , le dernier Fé-
vrier avec Louis XIV , Se enfuite les François évacuè-
rent Nancy , qui fut démantelé cette même année. Neuf
ans après ce traité le duc Charles fut contraint de fè
retirer en Allemagne , lorsque les François, fous la
conduite du maréchal de Créqui , occupèrent la Lorrai-
ne l'an 1670 ; Louis XIV fit après cela refortifier les
deux villes de Nancy , & obtint au traité de Nimé-
gue la cefïîon de ces deux villes en échange de celle dé
Toul ; mais le duc Charles, neveu de celui qui avoic
perdu fon pays , ne voulut point accepter ces condi-
tions , Se le roi continua de jouir de Nancy jusqu'au
traité de Risirick conclu le 31 Octobte 1697, parle-
quel il fut arrêté que la Lorraine feroit rendue au duc
Léopold , fils du duc Charles , pour en jouir comme fon
grand oncle Charles en jouifloit l'an 1670.
Cependant on accorda par l'article 19 que tous les
remparts Se les baltions de Nancy , qui dévoient être
démolis , feroient confervés •, mais il fallut dé-
truire tous les dehors de l'une Se de l'autre ville -
470 NAN
Tans pouvoir être relevés dans la fuite des tems , en
laiflant néanmoins au duc Se à fes fucceffeurs la liberté
d'enfermer la ville neuve d'une fimple muraille fans
angles.
Le corps de faint Sigebert , roi d'Aufhafie , mort en
£jj , fut transporté en ijjz de Mets à Nancy , où il
eft confervé dans l'églife collégiale. * Topograph. des
Saints , p. 391.
Nancy eft divifé en trois paroiffes, qui font, faint
Evre , donc le chapitre de faint George eft patron. Ce
ti'étoit dans fon commencement qu'un petit oratoire
que l'on bâtie peu après l'egliie du prieuré de Notre-
Dame ; Les religieux de ce prieuré firent les fondions de
curé dans cet oratoire jusqu'en 1340, qu'il fut érigé en
pareille , dont la cure fut unie au chapitre de faint
George , qui la fit deffervir par un chanoine qui chan-
geoit toutes les femaines; enfuite par un vicaire amo-
vible, qui devint dans la fuite perpétuel. Au commen-
cement du quinzième fiécle , l'églife fut bâtie en l'état
où elle eft à préfenticn 1^9^ , le chapitte fe déporta
de cette cure Se s'en réferva le droit de patron. 11 y a
dans cette églife neuf chapelles en titre. La féconde pa-
roiffe eft dédiée fous le titre de l'Affomption de No-
tre-Dame , c'eft un prieuré : le chapitre de la prima-
tiale étoit autrefois collateur de cette cure ; mais il
s'eft déporté de ce droit en faveur des pères de l'Ora-
toire, que le duc Henri appella pour la dellerte de
cette cure, Se s'eft feulement réfervé les droits hono-
rifiques. Le titulaire de la cure n'a qu'une commiffion de
fon général. Le prieuré de Notre-Dame , qui eft affecté
à la même églife , fut fondé vers l'an 1075, Par Thier-
ri , duc de Lorraine, Se Haduide de Namur , fa mère ; ils
y appelèrent les religieux de Molesme , qui dans la
fuite abandonnèrent ce prieuré à l'abbaye de faint Mar-
tin de Mets , dont les religieux s'y retirèrent après l'in-
cendie arrivé à leur abbaye , dans le quinzième fiécle , Se
ils apportèrent avec eux le corps de faint Sigebert , roi
•d'Atiftrafie. Ce prieuré a depuis été uni à la primatiale
de Nancy par Clément VIII ; il y a dans fon églife dix
chapelles en titre. La troifiéme paroifie eft celle de faint
Sébafticn dans la Villeneuve : elle a quatre chapelles. Il
y a dans Nancy trois collégiales, la primatiale, faint
George Se faint Michel. La primatiale a été érigée par
Clément VIII, au commencement du dix-feptiéme fié-
cle , à la prière de Charles III, duc de Lorraine. Ses
revenus font formés de la fuppreffion de la menfe ab-
batiale de Clair-Lieu , de l'abbaye faint Martin , de trois
prébendes de faint Dié , de la collégiale de Dieuloiiart,
•des prieurés de Varengeville, de faint Nicolas, de S.
Dagobert de Stenay, deSalone, ôcc. Elle eft fous le
titre de Notre Dame. Le chapitre eft compofé d'un pri-
mat qui officie pontificalement, d'un doyen , d'un chan-
tre , d'un écolâtre , de treize chanoines Se de dix vi-
caires : toutes ces prébendes font à la collation du duc
de Lorraine pendant onze mois , & du chapitre feu-
lement dans le mois d'Avril. Les prébendes font de
mille liv. Le primat a dix mille livres ; le doyen a deux
prébendes ; le chantre Se l'écolâtre en ont trois à eux
•deux. Le prince a fait pîufieurs efforts pour faire éri-
ger cette collégiale en cathédrale. La collégiale de S.
George a été fondée par Rodolphe , duc de Lorraine ,
en 1339, & confirmée par Thomas de Bourlemont ,
évêque de Toul la même année. Ce chapitre eft com-
pofé d'un prévôt , d'un chantre , d'un écolâtre , d'un
tréforier , d'un aumônier Se de huit chanoines : les pré-
bendes font d'environ trois cens cinquante livres ; la pre-
mière eft pour le duc , qui fe qualifie de premier cha-
noine de faint George ; le prévôt a double prébende :
toutes ces prébendes font à la collation du fouverain.
L'églife fut achevée par Jean I, duc de Loi raine. 11 y
a quatre chapelles en titre. Le petit chapitre de faint
Miche!, compofé de quatre chanoines, eft aufii dans cette
ville. Ils n'ont que douze écus de rente. 11 y a deux
abbayes , la première eft d'hommes , de l'ordre de faint
Benoît, de la congrégation de faint Vanne & de faint
Hidulphe. Cette abbaye eft quinquennale à la nomi-
nation du chapitre de la congrégation de faint Vanne.
Le favant père dom Auguftin Calmer, fi connu par
fes commentaires fur la Bible , en eft ancien abbé.
Le prieuré de Belval du même ordre eft uni à cette ab-
NAN
baye. La féconde abbaye eft celle de Notre-Dame de
Confolation; c'eft une abbaye de filles, ordre de faint
Benoit , fondée par Catherine de Lorraine , abbeiïe de
Remiremont , Se Marguerite de Lorraine , ducheiïc
d'Orléans , fa nièce. En 1625 , le titre abbatial a été fup-
primé , Se la maifon donnée aux religieufes Bénédi-
ctines de l'Adoration perpétuelle du Saine Sacrement en
1669. 11 y a à Nancy une communauté d'ecclefiakiques
compofee de huit prêtres pour aider le cure de faint
Sebamen. On voit un hôpital fous le titre de faint Ju-
lien : il eft fous 1 adminikration des notabics bourgeois:
il eft de fondation ducale : l'on y enuetient un grand
nombre de pauvres. Le chapelain en a la charge d'ame
qu'il reçoit de lcveque. Les Jéfunes ont trois maifons ,
le noviciat fondé par Charles, cardinal de Lorraine Se
Antoine de Ltnoncourt , à U fin du itiziéme fiécle ; le
collège fondé par M. de Maillane , éveque de Toul , peu
de tems après le noviciat , Se la Million royale , fon-
dée par le roi Stanifias. Les prêtres de l'Oratoire ont
une maifon a Nancy. Le duc Henri , comme je l'ai
déjà dit ci-devant, les appella en 1619 pour deffervir
la paroifle de Notre-Dame. Les chevaiieis de fainr Jean
de Jérufalem , dit de Malte , ont la commenderie de
faint Jean de Vielatre , à laquelle on a uni celle de faint
George ; elle vaut oix mille livres. Il y a neufeouvens
d'hommes Se huit de filles. Les Coraeliets fondés en
1484, par René II, duc de Lorraine. C'eft dans leur
églife que font les tombeaux des ducs de Lorraine. Les
Capucins fondés en 1593 , par le cardinal de Lorrai-
ne. Les Picpus vulgairement nommés Tiercelins , pat
le fieurs Bouvet en 1720. Les Prémontrés à l'hospice de
faint Jofeph. Les Jacobins fondés en 1644, par M. du
Hailler. Les Auguftins dans l'ancien hôtel de Mayanne.
Deux couvens de Minimes; l'un fondé en IJ92, par
meilleurs de Bafiompiere -, Se celui de Bon Secours, pour
deffervir la chapelle des Bourguignons en 1609. Les
Carmes en ont auifi un. Les couvens de filles font les
fœurs Grifes ou religieufes de fainte Elifabeth , fondées
en 148; , par René II, duc de Lorraine. Les religieufes
du Refuge. Les grandes Carmélites fondées le ij Juillet
1618. Les petites Carmélites fondées le 19 Mai !(>/)■.
Les religieufes de la congrégation de Notre-Dame en
1627. Celles de faint Dominique fondées en 1299, par
Ferri IV, duc de Lorraine, Se Marguerite de Navarre,
fon époufe. Les Annontiadescclefl.es fondées l'an 1616.
Les religieufes de la Vifitation fondées l'an 1630. Les
filles de la Charité fondées par M. Chauvenel , con-
firmées par Charles IV , approuvées par M. du Sauffay ,
évêque de Toul en 1663 , Se engagées à faire des vœux
par M. de Fieux , auffi évêque de Toul , en 1679.
Le roi Stanifias a embelli cette ville par des ouvra-
ges fuperbes. Nancy eft la patrie de Jacques Callot,
fi célèbre par fes deiîeins.
Outre la cour fouveraine , il y a à Nancy une cham-
bre des comptes , une fénéchauflée Se une prévôté.
2. NANCY ou Grand Nancey, village de Lorrai-
ne , dans le duché de Bar , entre Donremi-au-Bois Se
Villeroncourt , environ à trois lieues de Bar-le-Duc, du
côté du levant. On le prend affez communément pour
l'ancien Nafiura. Voyez. Nasium.
3. NANCY ou petit Nancy, village de Lorraine,
dans le duché de Bar, fur la rivière d'Orne a la droite,
entre Bar-le-Duc Se Ligny en Barrois , mais plus près
de cette dernière ville.
NANDE, ville de Médie. Ptolomée, /. 6. ç. 2. la
met dans les terres , entre Gabris Se Zazaca.
NANDER , ville des Indes , dans les états du Grand
Mogol , Se dans la province de Doltabab. Elle eft firuée
à cinq lieues de Lazana. * Thevenot , Voyage des Indes,
pas. 22J. Se fuivantes.
NANDIA Nullus ou Nantianulum, lieu d'A-
fie, aux confins delà Galatie Se de la Cappadoce, en-
tre Archelaïde colonie Se Safima, à vingt-cinq mille
pas de la première , Se à vingt-quatre mille de h fé-
conde. * Antomm itin.
NANDRIA. Voyez. Neandria.
NANDUBANDAGAR, ville de l'Inde, en-âeçk
du Gange , félon Ptolomée, /. 7. c. i. qui la plaLC dans
laSandrabatide.
NANESSUS. Voyez. Neanessus.
N..AN
NAN
NANFIO , en grec ANA<l>H, & ANAPHE, ifle de l'Ar-
chipel ,vcts la met de Candie (y). C'eft une de ces ifles qui
faifoient partie du duché de Naxie , fous les princes des
rriaifons de Sànudo «Se de Crispo. Jacques Crispo.douziémc
duc (/>) , donna cette ifle à fon frère Guillaume , qui y
fit bâtir la fôrtefèffe , donc on voit les ruines fur un rocher
tout au haut du bourg : il fut duc de Naxie après la mort
de Jacques , fon frerc. Sa fille unique Florence Crispo
relia dame de Nanfio, & lifte ne fut réunie au duché qu'a-
près fa mort. ( a) loiirnefort , Voyage du Levant , lettre 6.
(b) Hifi. des ducs de l'Archipel.
Membliaros a été l'ancien nom de l'ifie de Nanfio (a) ,
nom tiré de Membliarès , parent de Cadmus , Se qui vint
s'établir à Thera , au lieu de fui vie les aventures de ce héros.
Nanfio ne fut nommée Anaphe qu'à l'occafion des Argo-
nautes , qui la découvrirent après une tempête horrible ,
qui les jetta au fond de l'Archipel. Cette ifle n'a que feize
milles de tour , point de port , Se fes montagnes font toutes
peLes ; elles fourniffent pourtant de belles fources, capa-
bles de porter la fécondité dans les campagnes pour peu
qu'on fût les employer utilement.
Les habitans de Nanfio font tous du rit grec , Se fournis
à l'évêque de Siphanto : on n'y voit ni Turcs ni Latins. Le
cadi Se le vaivode font ambulans. En 1700, ils payetent
cinq cens" écus pour tous droits , la capitation n'y étant
qu'à un écu~& demi par tête, & tout leur négoce confille
en oignons, en cire & en miel : ils n'ont de vin Se d'orge
que pour leur entretien. Quant au bois, il n'y en a pas allez
pour faire rôtir les perdrix qu'on y pourroit manger. La
quantirédecetteespéce de gibier eft: fi prodigieufe, que pour
conferver les bleds , on amaffe par ordre des confuls tous
les œufs que l'on peut trouver vers les fêtes de Pique , Se
l'on convient qu'ils fe montent ordinairement à plus de
dix ou douze mille. On les met à toutes fortes de faufles ,
Se fur-tout en omelettes ; cependant , malgré cette pré-
caution , on ne peut faire un pas dans l'ifie fans voir lever
des perdrix. La race en eft ancienne ; elles font venues
d'Aftypalia ou Srampâlia , s'il en faut croire Hegefander :
un habitant d'Aftypalia n'en porta qu'une paire à Anaphe;
mais elle multiplia fi fort (b) , que les habitans faillirent à
en être chaffés : c'eft apparemment depuis ce tems qu'on
s'eft avifé d'en cafter les œufs, (a) Sccp. Dict. ( b) Athen.
Deipn. 1. 9.
Du côté de la Marine vers le fud , en allant à la cha-
pelle de Notre-Dame du Rofeau , on voit fur un petit
tertre les ruines d'un temple d'Apollon Eglete , brillant de
lumière. Strabon , qui parle de ce temple , ne dit pas à
quelle occafion il fut bâti : c'eft Conon , narrât. 49. qui
nous l'apprend. Suivant cet auteur , la flotte de Jafon , re-
venant de laColchide, fut battue d'une fi furieufe tempête,
qu'on eut recours aux prières Se aux vœux. Appollon vint
au fecours de tant de héros :1a foudre , qui tomba du ciel,
fit fortir du fond de la mer une ifle pour les recevoir. On
y drefta un autel à Appollon , fauveur des Argonautes : on
fit des réjouifiànces. Conon afture qu'après que cette
ifle fut peuplée, les habitans célébrèrent tous les ans l'anni-
verfaire : on y facrifioità Apollon , le vin n'y étoit pas
épargné. Les ruines du temple confiftent en quelques mor-
ceaux de colomnes de marbre, qui en indiquent la fitua-
tion: on y voit une belle architrave de même pierre ; fur
laquelle il y a une infeription fort longue: peut-être fai-
foit-elle mention du conte de Conon; mais elle eft fi
ufèe qu'à peine connoîr-on qu'il y ait eu des caractères
fur ce marbre. On a bâti à quelques pas de-là une cha-
pelle des débris du temple. La carrière de marbre eft tout
ptoche du côté de la mer , au pied d'une des plus effroya-
bles roches qui foit au monde , Se fur laquelle eft bâtie la
chapelle de la Vierge. On voit aufti dans ce quartier les
ruines d'un bel édifice de marbre , qui paroît du tems des
ducs de Naxie. * Strabon ,1. 10.
NANFUNG , ville de la Chine, dans la province de
Kiangfi , au département de Kienchang, fixiéme métro-
pole de la province. Elle eft de o degré 49 minutes plus
occidentale que Péking , fous les 27 degrés 42 minutes
de latitude feptentrionale. * Atlas Sinenfis.
I.NANGAN, ville de la Chine, dans la province de
Kiangfi , où elle a le rang de treizième métropole. Elle eft
de 3 degrés 3 minutes plus occidentale que Péking , fous
les 23 degrés 49 minutes de latitude feptentrionale. Cette
ville eft fituée dans la partie méridionale de la province.
47 *
Le fleuve Chang baigne Ces murailles, ce qui fait qu'elle
eft un entrepôt confidérable. Toutes les marchandifes
qu'on porte a Quantung des diverfes provinces de l'em-
pire, Se celles qui fe transportent de Quantung dans les
diverfes provinces de la Chine , paffent par cette ville.
Les unes font mifesfur le fleuve Chang & le descendent ,
les autres font transportées par terre. C'eft ce qui fait la ri-
cheffe deNangan. Quoique cette ville foit grande , fc^
fauxbourgs le lui difputcnt presque pour la grandeur. Elle
a dans fa dépendance quatre villes :
Nangan , Nankang , Xangyeu , Çungy.
Autrefois Nangan appartenoit au royaume d'U. C'eft
la famille Sanga qui lui a donné le nom qu'elle porte. *
Atlas S w en fis.
2. NANGAN , ville de la Chine, dans la province de
Fokien , au département de Civencheu , féconde métro-
pole de la province. Elle eft de 2 degrés 29 minutes plus
orientale que Péking , fous les 2; degrés 14 minutes de
latitude feptentrionale.
3. NANGAN, fortereffe de la Chine, dans la province
d'Iunnan, au département de Çuhiung, quatrième metro-
pole de la province. Elle eft de 1 j degrés i 2 minutes plus
occidentale que Péking, fous les 24 degrés jj minutes
de latitude feptentrionale.
NANGASACKI ou Nangazaqui , l'une des cinq
villes impériales du Japon , à l'extrémité occidentale de
lifte de Ximo , dans la province de Figen , au bout du
havre de même nom, dans l'endroit où il a le plus de lar-
geur , Se où, allant au nord ,il forme un rivage en demi-
cercle. Elle eft fituée vers les i 7deg. de long, à 32deg. 36
min. de latit. Elle a ttois quarts de lieue de longueur Se
presqu'autant de largeur. Sa figure repréfente celle d'un
croiflant , tirant un peu fur celle du triangle. Elle eft
bâtie fur le rivage , dans une vallée étroite, qui va du
côté de l'eft. La vallée eft formée par l'ouverture des
montagnes voifines qui ne font pas hautes; maisroides,
Se d'ailleurs vertes jusqu'à leur fommet, ce qui forme
un point de vue très-agréable. * Kœmpfer , Hift du Ja-
pon , de la traduction de Scheuzer , 1. 4. c. 1.
La ville de Nangaficki eft ouverte, comme le font la
plupart des villes du Japon , fans aucunes défenfes. Les
rues n'en font ni droites, ni larges : elles vont en mon-
tant vers la colline , Se finiffent près des remples qui
font au-dehors. Trois rivières , dont l'eau eft belle , tra-
verfent la ville. Elles ont leurs fources fur les montagnes
voifines. Celle du milieu, qui eft la plus gtande, rraverie
la vallée de l'eft à l'oueft. Pendant la plus grande partie
de l'année elles ont à peine affez d'eau pour arrofer des
champs de riz, Se pour faire aller quelques moulins;
mais pendant les pluies elles grofliffent au point qu'elles
entraînent des maifons entières.
Nangafacki tire fon nom de fes anciens feigneurs, qui
la poffedoient avec tout fon diftriét , d'environ trois mille
kokfsde revenu annuel.Ils en ont joui depuis Nangafacki
Kotavi premier du nom , jusqu'à Nangafacki Sijn Seije-
mon , pendant douze générations de père en fils. On mon-»
tre encore au haut d'une colline , derrière la ville , les
ruines de leur ancienne demeure. Le dernier de cette fa-
mille étantenort fans enfans vers la fin du quinzième fié-
cle , la ville Se fon reflbrr tombèrent fous la puiffance du
prince d'Omura. L'endroit où Nangafacki eft bâtie n'étoic
qu'un miférable hameau, habité par quelques pauvres pê-
cheurs : on l'appelloir Fukajeou Irije , c'eft-à-dire la lon-
gue baie, à caufe de la longueur du havre, Se pour le diftin-
guer d'un autre village fitué près du même port , appelle
Fukafori , comme qui diroit le long Etang , nom qu'il
garde encore. Le nouveau feigneur de Fukaje changea le
nom de ce hameau dans celui de Nangafacki ; & ce fut par
fes foins Se par fon attention que ce lieu devint avec le
tems un gros village ou bourg,
Les chofes continuèrent fur ce pied encore quelque
tems après la première arrivée des Portugais au Japon.
On ne leur avoit affigné aucun port particulier : ils firent
divers établiffemens dans les provinces de Bungo Se de Fi-
fen , où ils pouffèrent leur négoce, Se travaillèrent en mê-
me tems à la propagation de la religion Chrétienne. Le
princed'Omuralui-même,ayant embraffé l'évangile, invira
les Portugais à venir s'établit à Nangafacki 3 Se ce nouvel
47
NAN
NAN
ctablifFerncnt devint avantageux à cette ville à divers
égards. La fituation fure & commode du havre 8c le né-
goce des Portugais invitèrent les Chinois d'y venir avec
leurs navires 8c leurs marchandifes. Les Japonnois, attirés
par l'aurait du gain , vinrent en même tems s'y établir en
fi grand nombre , que la vieille ville , qu'on nomme en-
core Utfimatz , ou le cœur de la ville , contenant en tout
vingt- fix rues , ne fut pas afiez grande pour les contenir.
Il fallut bâtir de nouvelles rues. Aintî Nangafacki, de
pauvre 8c chetif hameau qu'il étoit auparavant , de-
vint par degrés une ville riche 8c peuplée , ou il y a
environ quatre vingt fept rues bien habitées.
Les Portugais s'étant établis en grand nombre à Nanga-
facki , cette ville devint extrêmement florifiante , 8c on
y a compté jusqu'à foixante mille âmes. Tous les habi-
rans y étoient Chrétiens ; le prince d'Omura n'ayant pas
fouftert un feul idolâtre dans lés états , 8c les évêques
du Japon y ont presque toujours fait leur réfidence. En
i 580, le prince permit aux Portugais de le fortifier. Vers
l'an 1 J92, l'empereur Taycolama réunit Nangafacki à fon
domaine , 8c la déclara ville impériale ; alors elle s'accrut
tellement qu'on fut obligé de bâtir une nouvelle ville, qui
en peu de tems ne fut point inférieure à l'ancienne, ni
pour le nombre , ni pour la beauté des édifices. Elle ap-
partenoit au prince d'Omura , parce qu'elle étoit bâtie
fur un fonds, dont on lui avoit confervé , la propriété, en
lui enlevant Nangafacki , & elle le dédommageoit afiez
bien de la perte qu'il avoit faite de l'ancienne ville \ mais
cette proximité des deux villes , qui fe gouvernoient fui-
vant des loix différentes , 8c fouvent contraires , caufa
bientôt de grands troubles 8c de grands desordres , fur-
tout par la facilité qu'avoient les criminels & les débi-
teurs de fe réfugier de l'une dans l'autre, & d'y être à
l'abri des pourfuires de la juftice ou de leurs créanciers.
L'empereur Cnbofama ne trouva point d'autre remède à
ce mal , que de réunir encore à fon domaine le nouveau
Nangafacki , 8c de céder en dédommagement au prince
d'Omura un autre terrein qui étoit fort à fa bienféance ,ce
qui fut exécuté en 1604 ou i6oj. Depuis ce tems les
deux villes n'en ont fait qu'une , qui n'a pas aujourd'hui
plus de huit à dix mille habitans , parce qu'on a exter-
miné tous les Chrétiens par l'exil ou par les fupplices.
Nangafacki eft diviféeen deux parties ; l'une eft ap-
pellée Utfimatz ou ville intérieure , 8c confine en vingt-
fix tsjoo ou rues toutes fort régulières ; lautre en1 appel-
lée Sottomatz , ville extérieure ou les fauxbourgs: elle
contient foixante 8c une rues. Lesbâtimens les plus remar-
quables de Nangafacki 8c de fon voifinage, font les Jana-
gura qui appartiennent à l'empereur. Ce font cinq grandes
maifons bâties de bois , au côté feptenrrional de la ville ,
fur un fonds bas auprès du rivage. On y garde trois
grandes jonques impériales ou vaifleaux de guerre , avec
tous leurs agrêts, 8c prêts à mettre en mer au premier li-
gnai. Le magazinà poudre efi fur le rivage vis-à-vis de la
ville ; pour plus de fureté & pour prévenir les accidens ,
on a bâti une grande voûte fur une colline aux environs
où l'on garde la poudre. Les palais des deux gouverneurs
occupent un terrein confidérable , un peu plus élevé que
le refte des rues. Les maifons font propres , belles , toutes
uniformes 8c également élevées. On entre dans la cour
par des portes fottifiées 8c bien gardées. Le troifiéme gou-
verneur loge à Taftejama dans un temple. Outre les palais
des gouverneurs , il y a vingt autres maifor.s 8c des pièces
de terre qui appartiennent a tous les Dai Mio & à quel-
ques-uns des Sio Mio du plus haut rang. Les Dai Mio font
les feigneurs du premier rang ou les princes de l'Empire ,
8c les Sio Mio font d'un rang inférieur. Quelques uns de
leurs gentilshommes réfident perpétuellement dans ces
maifons , pour veiller aux intérêts de leurs maîtres , à qui
ils font relponfables de tout ce qui fe pafie.
Les étrangers demeurent hors delà ville dans des en-
droirs feparés où ils font veillés comme des perfonnes fus-
pectes. Les Hollandois demeurent dans une petite ifle
fituée dans le port tout contre la ville , & qu'on nomme
de Sima , c'eft à-dire l'fie de De. Les Chinois & les nations
voifines, qui profeflenc la même religion & négocient fous
le même nom , demeurent derrière la ville au bout méri-
dional fur une éminence ; leurs demeures fonr entourées
d'une muraille &: font nommées Jàkujin ou jardin de mé-
decine , parce qu'il étoit autrefois en cet endroit. On rap-
pelle aufli Diufensju , nom liié des obfervateurs de l'em-
pereur, employés a obferver du haut des collines voifines
les navires étrangers , 8c à donner avis de leur arrivée au
gouverneur de la ville.
11 y a environ foixante 8c deux temples , tant au-de-
dans qu'au dehors de la ville; favoir, cinq des Sinfia con-
facrés aux cami ou dieux 8c idoles adorés dans le pays de-
puis un temps immémorial ; fept de jammabosou prêtres
de montagne , 8c cinquante tira ou temples en 1 honneur
des idoles étrangères, dont le culte a été apporté d'outre
mer. De ces derniers il y en a vingt- un au-dedans & vingt-
neuf au dehors de la ville , fur le penchant des collines
avec de beaux escaliers de pierres pour y monter.Ces tem-
ples font confacrés à la dévotion & au culte, & fervent
encore au diveniiïement & à la récréation ; c'eft pourquoi
ils font accompagnés &: ornés de jardins agréables, de
belles allées 8c de beaux appartenons. Ce font les plus
beaux édifices de Nangafacki.
Après les temples , les lieux les plus fréquentés font les
maifons de débauche. La partie de la ville où elles font bâ-
ties, fe nomme Kafiematz, c'eft-à-dire le quartier des filles
de joie •, ce quartier efi au midi fur une éminence appellée
Mariam. Il contient les plus jolies maifons de particu-
liers de toute la ville , toutes habitées par des cour-
tifanes. Cet endroit 8c un autre , qui eft dans la province
de Tfikufen , quoique de moindre réputation , font les
deux feuls mariam ou lieux publics de débauche qui
foient dans l'ifle de Saikokf. C'eft-là que le pauvre peu-
ple de cette ifle , qui produit les plus belles filles du
Japon , fi Ion en excepte Miaco , peut placer
fes filles pour ce genre de vie. Ce commerce
eft plus lucratif à Nangafacki qu'en aucun autre
endroit, tant à caufe du grand nombre des étrangers,
Nangafacki étant le feul lieu où ils ayent la permiflion
de féjourner; que parce que les habitans eux-mêmes
font les plus débauchés de tout 1 Empire.
La prifon eft au cœur de la ville , à la descente d'une
rue. Elle confifte en plufieuts hutes ou petites cham-
bres féparées pour loger les prifonniers, félon leur qua-
lité, ou le genre du crime pour lequel on les a arrêtés.
Outre ceux qu'on met dans cette prifon pour les cri-
mes commis à Nangafacki ,on ymetaufii les fraudeurs
de douane, &ceux qui font foupçonnés de profefierla
religion Chrétienne. Les triftes relies des Chrétiens du
Japon font maintenant condamnés à une prifon perpé-
tuelle. Ils ne connoiiTent guère autre chofe de cette re-
ligion que le nom de notre Rédempteur 8c celui de fa
bienheureufe mère ; cependant ils y font attachés avec
tant de zèle , qu'ils aiment mieux mourir miférable-
ment en prifon, que de fe procurer la liberté en fai
faut abjuration.
11 y a à Nangafacki, 35 ponts, tant grands que pe-
tits , vingt desquels font bâtis de pierres. Ils n'ont rien
de remarquable dans leur ftruclure : ils font faits pour
réfifter à la violence de l'eau 8c non pour la parade.
Les rues pour la plupart ne font ni droites ni larges ,
mais irrégulieres, mal propres 8c étroites : elles mon-
tent 8c descendent à caufe de l'inégalité du terrein.
Elles fonr féparées l'une de l'autre par deux portes de
bois, une à chaque bout , que l'on ferme toutes les
nuits 8c fouvent pendant le jour. Les maifons du peu-
ple font petites , baffes 8c ont rarement plus d'un éta-
j;e. Elles font bâties de bois , comme celles de tous les
autres endroits de l'Empire. Les maifons des riches
marchands , tant naturels qu'étrangers, 8c des autres
perfonnes riches , font beaucoup mieux bâties : elles
ont ordinairement deux étages avec une avant-cour 8c
un jardin fur le derrière.
Nangafacki eft habité par des marchands, par des gens
de boutique , des artifans , des ouvriers , des artiftes , des
brafleurs , outre les nombreufes fuites des gouverneurs
de la ville , 8c les perfonnes qui font employées dans le
commerce des Hollandois& des Chinois. 11 y a des men-
dians, qui font plus effrontés que par tout ailleurs , 8c de
pauvres gens qui font vœu de mener une vie dévote , cha-
fte & auftere. Ils fe font rafer la tête , 8c s'habillent de
noir comme les prêtres pour obtenir plus facilement l'au-
mône.
Les manufactures pour la plupart ne font pas fi Don-
nas à Nangafacki, que dans les autres endroits de l'em-
pire ,
NAN
NAN
pire ; Se cependant tout fe vend plus cher, fur-tout aux
étrangers. Il faut pourtant en excepter ce qui fe travaille
en or , en argent Se fawaas. Ces fortes de marchandifes
ne font pas fi propres pour le commerce domeflique que
pour l'étranger ; aufli ces ouvrages fe font-ils avec plus
de goût.
Le riz , qui efl la nourriture ordinaire dans toute l'Afîe,
ne vient pas en allez grande abondance aux environs de
Nangafacki pour nourrit fes habitans : il faut faire ve-
nir des vivres des provinces voifines.
On entend un bruit continuel dans cette ville : on y
crie dans les rues , pendant le jour , les vivres Se les au-
tres marchandifes. Les ouvriers, qui travaillent à la jour-
née s'encouragent l'un l'autre par un cri toujours du mê-
me ton. Les matelots , dans le port, mefurent le pro-
grès de leur manœuvre à un autre ton fort élevé. Pen-
dant la nuit , les gens du guet Se les foldats qui font en
fa&ion , foit dans les rues , fou fur le port , battent deux
fortes pièces de bois l'une contre l'autre , afin de mon-
trer leur vigilance , Se d'enfeigner les heures de la nuit
de tems en tems. Les Chinois augmentent le bruit , fur-
tout fur le foir, lorsqu'ils brûlent des morceaux de papier
doré Se les jettent dans la mer , comme une offrande
qu'ils font à leur idole Maatfo Bofa , ou lorsqu'ils por-
tent en proceflion cette idole autour du temple , ce qu'ils
font au (on des tambours & des cymbales^ mais tout cela
eft peu de chofe en comparaifon des cris Se des clabau-
deries des prêtres Se des païens des agoni fans ou des per-
fonnes moites , qui dans les maifons où efl: le corps mort,
ou ailleurs, dans certains jours conl'acrés à la mémoire du
défunt , chantent des namanda à haute voix , Se battent
des cloches pour le repos de fon ame. Namanda efl une
courte prière , abrégée des mots Nama amida budfu ,
addreflée a leur dieu Amida, à qui ils demandent inter-
cerfion auprès du fupréme juge de la cour des enfers, en
faveur de la pauvre ame condamnée à fouffrir. La mê-
me choie fe fait aufli par les Nembuds Koo, qui font cer-
taines confréries , ou fociétés de voiiins dévots, amis ou
païens , qui fe rendent cour à tour dans leurs maifons
matin ou foir, pour chanter le namanda par précaution,
pour le foulagement à venir de leurs propres âmes.
Le havre de Nangafacki commence au nordde la ville.
Son entrée efl étroite , Se n'a que peu de braffes de pro-
fondeur avec un fond de fable. La mer reçoit auprès
quelques rivières qui descendent des montagnes voifines.
Le port s'élargit enfuite Se devient plus profond ; Se lors-
qu'il a une demi-lieue de largeur , Se cinq ou fix braffes
de profondeur , il tourne au fud-oueft , Se court ainfi la
longueur d'une lieue , le long d'une côte élevée Se des
montagnes. Il a du moins un quait de lieue de largeur ,
jusqu'à ce qu'il aboutiflé à une montagne entourée de mer
ôe appellée Taka Jama , ou Taka Boko , comme qui di-
roit le pic des Bambous , ou la haute montagne des
Bambous. Les Hollandois la nomment Papenberg.
Tous les navires qui doivent faire voile de Nangafacki
à Batavia Jettent l'ancre ordinairement près de cette ifle,
pour attendre l'occafion de fortir du Havre : ce que l'on
feroit aifément en deux heures , fi ce n'étoit la quantité
de bancs de fable, de bas fonds & de rochers, qui ren-
dent le paffage de ce détroit difficile & dangereux. Pour
fe tirer d'affaire les navires doivent gouverner ouefl , lais-
fer la terre à la droite , Se gagner la pleine mer, paffant
entre de petites ifles. On a élevé des Dallions tour le long
du Havre, comme une défenfe-, mais ils n'ont point de
canon. A une demi-lieuc de la ville , il y a deux gardes
impériales vis-à-vis l'une de l'autre Se entourées de pa-
lilTades : elles font de 700 hommes chacune , y compris
ceux qui font en faction dans les bateaux de garde qui
font dans le Havre pour fa défenfe , Se pour empêcher
les navires étrangers de jetter l'ancre. Auprès de Papen-
berg, où, à proprement patler , commence le port ,il y
a une petite ifle où le dernier navire Portugais envoyé de
Macao au Japon , fut brûlé en 1 642 , avec toutes les mar-
chandifes qu'il avoit à bord. Depuis ce tems on appelle
ce lieu l'endroit où on brûle les vaiffeaux ennemis , parce
qu'il efl defliné pour être le théâtre de pareilles exécu-
tions à l'avenir.
Il y a raremenr moins de cinquante navires dans le
port , outre quelques centaines de bateaux de pêcheurs Se
autres petits bâtimens. A l'égard des vaiffeaux étrangers ,
473
fi l'on en excepte quelques mois de l'hiver , il y en a ra-
rement moins de trente, la plupart desquels font des jon-
ques de la Chine. Les vaiffeaux Hollandois ne féjournenr.
jamais plus de trois mois en automne , & rarement tout
ce tems ; parce qu'alors le vent du fud ou d'ouefl , ou la
monfon qui les a amenés au Japon , tourne au nord.
C'efl à la faveur de la monfon du nord - efl , qu'ils doi-
vent retourner à Batavia , ou aux autres ports pour les-
quels on les a équipés. L'ancrage efl au bout de la baie,
à portée des gardes impériales , à une portée de fufil de
la ville. On y mouille fur une argillc molle, à fix braffes
de profondeur , Se à quatre Se demie , quand la marée efl
baffe.
NANGATO , royaume du Japon , dans la grande ifle
Niphon, dont il efl la partie la plus occidentale. Il a un
petit port, nommé Ximonofequi,Cut le canal étroit qui fé-
pare l'ifle Niphon de celle de Ximo. Sa ville capitale efl
Amanguchi, ou félon d'autres, AuAKGVci.Voyez, ce mot.
* Le Père de Charlevoix.
NANGAXIMA, place forte du Japon, dans l'ifle de
Xicoca , Se dans le royaume de Tofa.
NANGIS, petite ville de France, dans la Brie , diocè-
fe de Sens, parlement de Paris, avec titre de mat quifar.
Elle efl fituée dans une plaine fertile en grains , a deux
lieues de la Chapelle-Gautier , à trois lieues de Rofay ,
de Provins Se de Vaudois , à quatre de Melun Se de Mon-
tereau-fur-Seine , Se à quaroize de Paris. On y voit un
beau château , Se l'on y tient marché tous le-- mercredis ,
Se un grand marché franc tous les premiers mardis de
chaque mois. Le revenu de ce marqnifat efl d'environ
quinze mille livres de rente. * Corneille , Dict. Mémoi-
res drejjés fur les lieux.
NANGOLOG^€, NMyaXoyeii, peuples de l'Inde , au-
delà du Gange, félon Ptolomée, /. 1. c. 2. qui les place
après les Dabafœ jusque fur le Méandre.
NANGOYA, port du Japon dans l'ifle de Ximo , Se
dans la province de Figen. Il appartenoit au prince d'O-
mura ; mais en 1 590 , l'empereur Tayco-Sanu s'en em-
para , Se en fit fa place d'armes pour la guerre de Corée.
NANGUEI, cité militaire de la Chine, dans la provin-
ce de Huquang , au département de Xi , grande cité mi-
litaire de la province. Elle efl de 7 deg. 35 min. plus
occidentale que Péking , fous les 30 deg. 10 min. de
latitude feptentrionale. ' Atlas Sinenfîs.
1. NANHIUNG ou Namheung, ville de la Chine,
dans la province de Canton ou Quangtung , où elle a le
rang de troifiéme métropole. Elle efl de 3 deg. 10 min.
plus occidentale que Péking, fous les 2j deg. 32 min.
de latitude feptentrionale. En remontant le fleuve Chin
jusque vers fa fource , on rencontre la ville de Nanhiung,
qui n'en efl: pas éloignée. C'efl la ville la plus feptentrio-
nale de la province , Se en même tems un entrepôt riche
& fréquenté. Le pays appartenoit ancienne ment aux rois
de Çu : fous la famille de Cina il dépendait du pays de
Nanhai , Se de celui de Queiyang fous la famille de Ha-
na. On l'appelloit alors Hiungcheu. La famille Sungalui
donna le nom moderne. Cette métropole n'a que deux
villes dans fa dépendance,
Nanhiung ,
Xihing.
Cette ville efl femblable àSucheu.Elle efl fituée, com-
me cette dernière ville , fur une langue de terre entre les
deux rivières , fituation qui la rendroit imprenable, fi elle
étoit ménagée, fans y employer d'autres avanrages que
ceux qu'elle tire de la nature même. Il y a de bons ponts
de pierres , pour paffer de la campagne en la ville : cha-
cun de ces ponts a huit arcades , Se chaque arcade efl
barrée par de groffes chaines de fer , en forte que per-
fonne n'y peut paffer que du confentement du gouver-
neur , Se après avoir payé le droit de péage : elle a été
fort maltraitée par les Tartares la dernière fois qu'ils l'ont
prife ; cependant du côté de la rivière , où demeurent la
plûparr des marchands Se des voituriers ; les maifons y
font encore en leur entier, apparemment pour s'être
rachetés du pillage à force d'argent. L'on voit dans cette
ville plufieurs maifons, où le nom de notre Sauveur efl
gravé en lettte d'or au-deffus des porres. * Ambajj.uli
des Hollandois à Péking; , au fecueil de l'bevenot.
2. NANHIUNG ou Namheung, montagne de 1a
Tom. IV. ûoo
NAN
474
Chine , d.ms la province de Canton , entre la ville de
Nanhiung Se celle de Nanyang. Cette montagne elt fore
élevée : elle a pris Ion nom de la ville de Nanhiung. Il
faut paiîerpar cette montagne, quand on va parterre à
Nanyang. Le chemin qui conduit par cette montagne ,
depuis la ville de Namheung jusqu'à celle de Naii)ang,
eft au /fi bien pavée que la plus belle ville de Hollande,
ce qui le rend fort commode aux perfonnes qui voya-
gent i la vue d'ailleurs elt fort agréable , à caufe des bel-
les plaines , des campagnes labourables , Se des ruiffeaux
d'eaux courantes que l'on y rencontre.
NANHO , ville de la Chine dans la province de Pé-
king , au département de Xunte , cinquième métropole
de la province. Elle elt de 2 deg. c 3 min. plus occi-
dentale que Péking , fous les 37 deg. 48 min. de latitu-
de feptemrionale. * Atlas Sinenfis.
NAN1A. Voyez. Vania.
NANlABE, petit peuple de l'Amérique feptentrio-
nale , dans la Louïfiane , au bord de la rivière de la Mo-
bile , près de Tomes , à la bande de l'oueft.
NANIAN. Voyez. Nanyang.
NANICHE. Voyez, Anich^.
NANIGANA. Voyez. PanigenA.
NANIGERI. Voyez Nageri.
NANIGERIS, ifle des Indes fur la côte. Ptoloméc ,
/. 7. c. i.la met en-deçà du golfe Colchique , & la place
plus près de ce golfe. Au lieu de Nanigeris, les manu-
ferits grecs portent nwiytipiç, Mercator écrit Nanigeris
dans fa table générale , Se ajoute que nos géographes l'ap-
pellent Zeilan , mais que les habitans de l ifle la nom-
ment Tenarifis.
1. NANKANG, ville delà Chine, dans la province de
Kiangfi , où elle a le rang de quatrième métropole de la
province. Elle elt d'un deg. 1 3 min. plus occidentale que
Péking , fous les 30 deg. 2 min. de latitude feptentrio-
nale. Cette ville eft bâtie affez.près du lac Poyang , du
côté de l'occident. Son territoire elt très-fertile, il pro-
duit du grain Se des légumes en abondance ; les monta-
gnes voifines donnent beaucoup de bois dans les endroits
où elles ne font pas cultivées , &c le lac enrichit les habi-
tans par la quantité de poiffons qu'il fournit. Il y a qua-
tre villes qui dépendent du territoire de Nankang ;
Nankang, Tuchang, Kienchang, Gany.
La métropole appartenoit anciennement aux rois Çu :
la famille Cina l'unit au pays de Kieukiang; celle de Ha-
na l'appella Pengçe; celle de Tanga la nomma Kiancheu,
& celle de Sunga lui donna le nom qu'elle porte aujour-
d'hui. * Atlas Sinenfis.
2. NANKANG , ville de la Chine dans la province de
Kiangfi, au département de Nangan , treizième métro-
pole de la province. Elle eft de 2 deg. 49 min. plus oc-
cidentale que Péking, fous les 2j deg. §6 min. de lati-
tude feptentrionale. * Atlas Sinenfis.
1. NANKI, ville de la Chine, dans la province de Su-
chuen, au département de Siucheu, quatrième métro-
pole de la province. Elle eft de 1 1 deg. 47 min. plusoc-
cidentale que Péking , fous les 29 deg. 7 min. de lati-
tude feptentrionale.
2. NANKI , montagne de la Chine, dans la province
de Xanfi , auprès de la ville de Fung. Il y a fur cette mon-
tagne un grand lac.
NANKIANG , ville de la Chine, dans la province de
Suchuen , au département de Paoning , féconde métro-
pole de la province. Elle eft de 1 1 deg. 35 min. plus oc-
cidentale que Péking, fous les 3 1 deg. 55 min. de lati-
tude feptentrionale. * Atlas Sinenfis.
x. NANKIN , ou Nanking ou Kiangnan , grande
province de la Chine, qui n'a que le neuvième rang par-
mi les provinces de ce vafte empire; mais qui pourroit
pa/Ter pour la première, fi l'on confidéroit feulement fon
étendue Se fa richeffe. Voyez Kiangnan.
2. NANKIN, autrement Kiangning, villede la Chine,
dans la province de Nankin , où elle a le rang de capitale.
Elle eft d'un deg. 25 min. plus orientale que Péking,
fous les 32 deg. 40 min. de latitude. Cette ville , autre-
fois nommée la fuperbe &la nonpareille , reconnoît pour
fon fondateur Guejus, roi de Çu,qui l'appella Kinling,
c'e/t-à-dire pays d'or ; le premkr de la famille Cina la
NAN
nomma Moling : les rois d'U, qui y tinrent leur cour , lui
donnèrent le nom de Kienye : fous la famille Tanga elle
fut appellée Kiangning , nom que la famille de Taiminga
changea en celui dlngtien. Enfin les Tartares, après qu'ils
eurent conquis la Chine, lui donnèrent le nom de Kian-
gning; mais elle n'a pas lai/Té de conferver, fur-rout par-
mi les étrangers, le nom de Nanking.
Cette ville eft fituée dans un fond très - fertile , arrofé
par rout du grand fleuve de Kiang, par le moyen d'une
infinité de canaux artificiels, fur lesquels il y a autant de
ponts bâtis de pierres. Elle avoit anciennement trois en-
ceintes de murailles , à la troifiéme desquelles on donnoit
feize grandes lieues de circuit. On en voit encore quelques
velligcs , Se il femble que ce foient plutôt les bornes
d'une province que celles d'une ville. Quand les empe-
reurs y tenoient leur cour , le nombre des habitans étoit
infini , fa fituation , l'on port, la fertilité des terres qui
l'environnent , les canaux qui facilitent le commerce,
tout cela contiibuoit à fa fplendeur. Depuis ce tems elle
a fort déchu de fon ancien état ; cependant fi l'on com-
pte fes fauxbourgs Se les habitans de fes canaux, il s'y trou-
ve encore plus de monde qu'à Péking. Quoique les colli-
nes incultes , les terres labourées , les jardins & les vui-
des confidérables qu'on voit dans fon enceinte , en dimi-
nuent la grandeur , ce qui eft habité fait une ville d'une
prodigieufe étendue. Elle a encore des palais , des tours
Se des temples très-fomptueux. Ses autres édifices pu-
blics ont auffi beaucoup de magnificence. Ses rues piin-
cipales font droites Se bâties au cordeau , Se ont envi-
viion vingt huit pas de large.
Le milieu efi pavé de grands marbres, & les côtés font
garnis d'un pavé à menus cailloux cimentés. Elles ont
chacune un guichet .qu'on ferme la nuit pour empêcher
les désordres ; chaque rue a aulfi un fyndic qui tient ré-
gi lire de ceux qui y demeurent. Les maifons du me-
nu peuple n'ont qu'une porte pour y entrer & pour for-
tir ; qu'une chambre de retraite pour manger Se pour
coucher, Se qu'un trou carré à la rue , fur lequel ils éta-
lent leurs denrées. Celles des marchands fameux ont
divers corps de logis de plufieurs étages, & de très- bel-
les boutiques remplies d'étoffes de coton Se de foie; de
porcelaines, de perles, de diamans , Se d'autres mar-
chândifes de grand prix. On voit devant chaque bou-
tique , le nom du marchand écrit en lettres d'or fur une
planche , Se tout proche , il y a un mât qui s'élève au-
deffusdu toit : ce mât eft orné d'une banderole , ou d'une
autre marque qui faitconnoîtie la demeure du marchand.
^Corneille, Dici. Le P. le Comte, Mémoires fur l'état pré-
fent de la Chine , t. 2. 1. 3
On compte plus d'un million d'habitans dans cette
ville , où le lieutenant général des provinces du Midi
fait fa réfidence, fans comprendre une garnifon de qua-
rante mille hommes. Les vivres y font à un fort bas prix,
parce que les campagnes voifines font fertiles. Les fini-
pies y croiflent fort heureufement, Se le ciel y eft fi ferein
& fi tempéré, que les médecins choififfent Nankin pré-
férablement à tous les autres lieux du royaume , pour y
établir la première académie de leur faculté.
La première muraille de cette ville a treize portes
revêtues de lames de fer , avec des canons de chaque cô-
té. Son circuit elt de vingt milles d'Italie , Se félon quel-
ques-uns de fix grandes lieues d'Allemagne , fans parler
des fauxbourgs qui font d'une longueur incroyable. Il
y a encore une mviraille qui eft d'une plus valte éten-
due ; mais elle ne va qu'aux endroits où il y a le plus de
dangers , & où la nature femble avoir befoin du fecours
de l'art. Les Chinois ,qui veulent vanter la grandeur de
Nankin , difent que fi deux hommes fortoient à che-
val arf point du jour par la même porte , Se qu'ils
pri/ïent le grand galop , l'un d'un côté , l'autre de l'au-
tre , ils ne pourroientfe rencontrer le foir. * Arnbajja-
de des Hollandois à la Chine.
Le palais impérial , qui n'eft plus aujourd'hui qu'une
mafure de ruines , avoit plus d'une lieue de circuit &
étoit environné d'une fort bonne muraille. Il y avoit
au milieu une voie croiféequi fervoit à la promenade,
Se qui étoit couverte d'un pavé de groffes pierres car-
rées Se unies , & défendue de chaque coté d'un bas
mur de pierres de taille , dont le pied étoit mouillé
des eaux d'un ruiffeau. On voit encore au-deffus de la
NAN
NAN
porte du deuxième rez-de-chauflee une cloche d'une
grofleur extraordinaire, de la hauteur de deux hom-
mes , de trois braffes & demie de tour , Se de l'épais-
feur d'un bon quart d'aune. Les Tartares qui ont fait
dans cette ville de moindres dégâts qu'ailleurs , ont dé-
chargé leur fureur fur ce palais, par la haine qu'ils
avoient pour la famille de Taiminga , qui avoit tenu
long-tems fon fiége en ce lieu.
Au fortir de la ville , on entre dans une grande
plaine que les habitans appellent Paolinki ou Paulingyng.
Cette plaine enferme un beau bois planté de pins: il a
de circuit plus de douze milles d'Italie , & contient un
petit mont , qui a fervi de fépulcie aux anciens rois de la
Chine. On voit dans cette plaine plufieurs magnifiques
bâcimens , de fort hautes tours Se des temples fuper-
bes. 11 yen a un entr'autres qui eft un ouvrage vraiment
royal: il eft bâti dans un lieu élevé, fur une terrafle
faite de pierres carrées , avec quatre escaliers , dont les
degrés font de marbre Se regardent les quatre parties
du monde. Ce temple a cinq nefs , qui ont deux rangs
de colomnes de chaque côté. Ces colomnes font ron-
des, longues , bien polies , Se d'une telle grofleur, que
deux hommes peuvent à peine en embrafler une : cha-
cune a plus de vi-^t-quatre coudées de hauteur. Elles
foutiennent de très-grofles poutres, fur lesquelles on a
dieflé des piliers plus petits pour mettre la couverture,
qui eft faite d'ais, lambriffée & d'une ftruchire rare.
On voit dans les portes de ce temple des lauriers gra-
vés Se des lames dorées , que l'on a pris foin d'y en-
«haffer : les fenêtres y font défendues d'un fil d'archal fi
fin Se fi délié , qu'il ne met aucun obftacle à la lu-
mière. On montre ejhcore au milieu du temple deux
trônes, enrichis de perles & de pierres précieufes. Il y
a aufli deux fiéges dans l'endroit le plus élevé : l'un fer-
voit au roi, quand il vouloit facrifieren ce lieu, ce qui
n'étoit permis autrefois qu'à lui ; l'autre , qui a toujours
été vuide, eft pour la divinité qu'ils croient s'y trou-
ver iuvifiblement. Dans les cours du temple , il y a un
grand nombre d'autels de marbre rouge, où font re-
préfentés le foleil , la lune , les monts Se les fleuves de
la Chine. Ce temple eft , outre cela , environné de di-
verfes chambres , où les bains du roi étoient enfermés :
des chemins fpacieux y conduifent , ainfi qu'aux fépul-
cres. Ces chemins font plantés de pins en échiquier
dans une diftance égale. La tour de porcelaine , qu'on
nomme la grande tour , embellit la même plaine. Voyez.
au mot Tour.
La ville de Nankin , ayant été forcée de recevoir le
joug des Tartares , tâcha par toutes fortes de moyens
de s'infinuer dans les bonnes grâces de l'empereur. Elle
lui envoie, tous les ans à Péking , cinq vaifleaux chargés
de riches rouleaux de draps de foie Se d'autres belles
étoffes. On nomme ces vailTeaux Lungychueu , comme
qui diroit les navires des habits du dragon , parce
qu'ils font deftinés pour l'empereur qui porte des dra-
gons dans fes armes. Lorsque les mariniers apperçoivent
ces vaifleaux , ils calent aufiitôt leurs voiles. Certe mê-
me ville envoie à la cour , vers les mois d'Avril Se de
Mai, d'excellens poiflbns, qui fe pèchent an pied de
fes murailles , dans la rivière de Kiang. Quoiqu'il y ait
plus de deux cens lieues d Allemagne de là à Péking,
ce chemin fe fait en huit ou dix jours. Il y a des
hommes gagés pour tirer les navires jours Se nuits , &
d'autres tout frais pour prendre la place de ceux qui
fe trouvent fatigués. On donne avis du jour précis que
ces vaifleaux doivent arriver ; Se on dit qu'il y va delà
vie même des gouverneurs , s'il y a du retardement.
Pendant cette pêche deux navires fe rendent à la cour
toutes les femaines.
Quand on fort de Nankin par la porte de Suifimon >
Se qu'on a fait environ deux lieues , on trouve au
bout des dernières murailles de cette ville un temple
fort fomptueux , où des Hollandois entrèrent en 1655 ,
Se furent témoins d'un facrifice qu'y firent quelques
Chinois. Ces idolâtres fe profternoient à l'cnvi fur le
pavé , Se fe frapoient la poitrine avec de grands hurle-
mens. Us égorgèrent enfuite des boucs & des pourceaux
qu'ils mirent fur l'autel , au derrière duquel étoit placé
un marnioufet monftrueux , qu'ils difoient être le dieu
tutclaire du lieu , <Sc le fouverain des eaux de cette cor*
,475*
tree. Toutes les autres petites poupées qui Pentoutoient
étoient fes miniftres. Lorsque les boucs Se les pour-
ceaux eurent été immolés , on apporta un grand nom-
bre de coqs qu'on égorgea : on àrrofa de leur fâng tou-
tes ces petites images , qui furent lavées Se nettoyées
un moment après par les afliftans. Enfin on alluma un
grand nombre de flambeaux, Se tôUt le monde- fe
mit à genfcux , les yeux abbatus Se en marmotant en-
tre les dents. Les prêtres, qui faifoient fort les empres-
fés dans cette cérémonie, montrèrent aux Hollandois
une boëte de bambous, garnie de petits tuyaux de -ro-
feau , figurée de différens caractères,' & de laquelle ils
fe vantoient de tirer le don de prophétie , les horos-
copes Se le bonheur ou le malheur de ceux qui les con-
fultoient.
La métropole de Nankin a dans fa dépendance fept
villes ; lavoir,
Nankin ou Kiangnirtg , Lieyang , Caoxun ,
Kiuyung, Liexui, Kiangpu ,
Se Loho.
3. NANKIN , montagne de la Chine, dans la pro-
vince de Fokien , au midi de la ville de Foning , fur lé
bord de la mer. * Atlas Sinenfîs.
NANL1NG , ville de la Chine , dans la province de
Nanking , au département de Ningque , douzième mé-
ttopole de la province. Elle eft de o deg. 40 min. plus
orientale que Péking , fous les 3 1 degi 54 min. de la-
tit. feptentrionale. * Atlas Sinenfîs.
NANLO, ville de la Chine, dans la province de
Péking , au département de Taming , feptiéme métro-
pole de la province. Elle eft de 2 deg. o mih. plus oc-
cidentale que Péking, fous les 36 deg. 3 1. min.de la-
titude feptentrionale.
NANMO, torrent, ou plutôt ruifleau delà Chine»
dans la province d'Iunnan, auprès de la ville de Fu.
Ses eaux font toujours chaudes : on leur attribue la ver-
tu de guérir diverfes maladies.
NANNETES , peuples de la Gaule Celtique, au
diocefe de Nantes, félon Jules Céfar , /. $.c. 9. Pres-
que tous les autres écrivains difent Namnètes . au lieu
de NANNF.TEs.Strabon, /. 4. les met les premiers dans
l'Armorique , aux frontières de l'Aquitaine. Pline, /.
4- c. i S. dit : Vitra peninjulam ( la province de Breta-
gne ) Nannetes. Ce font les Na^^Tcu, Namnett, de Pto-
lomée, /. 1. c. 8. Se leur ville s'appelloit Condivic-
num. Elle étoit fituée fur la Loire , dans le lieu où eft
aujourd'hui la ville de Nantes. Dans le moyen âge (a) t
comme cela eft arrivé à beaucoup d'autres villes, celle
de Condivicnum perdit fon ancien nom , pour prendre
celui du peuple ; Se non feulement on l'appella Civitas
Namnemm {b) , Se Civitas Namnetica ( c) ; on fe con-
tenta même de l'appeller Amplement Namnètes ( à ) ,
du Namnetœ , comme Ptolomée ; d'où s'eft formé le
nom vulgaire de Nantes. Voyez, ce mot. ( a ) CelLir.
Geogr. ant. 1. 2. c. i.(b) Noth.provinc. Litgdun. Hh
(c) Gregori Turon. 1. 6. c. 15. (d) Venant. Fortwiat.
1. 3.
NANNIGI, Nannagi ou Dannagî , nation de
l'Afrique intérieure, félon Pline, /. j. c. j. Elle fut
fubjuguée par Cornélius Balbus,
NANNING, ville de la Chine , dans la province
de Quangfi , où elle a le rang de feptiéme métropole.
Elle eft de 9 deg. 30 min. plus occidentale que Pé-
king, fous les 23 deg. 40 min. de latitude feptentrio-
nale. Le territoire de Nanning eft fort étendu , fi l'on
regarde fa longueur : il prend depuis le fleuve Puon4
Se s'étend jusqu'au Ly ; mais fa largeur ne répond pas
à fa longueur. Le terrein eft partagé en plaines Se en
montagnes ou collines; Se c'eft un des plus beaux &
des meilleurs endroits de la province. La ville de Nan-
ning eft fituée au confluent de deux rivières , qui fe
jettent dans le fleuve Takiang , au midi de la ville ,
& y perdent leur nom. La partie méridionale de ce
pays fut envahie par les rois de Tnngking , lorsque les
Chinois fe révoltèrent contre leur empereur. Avant
qu'il fût réuni à l'empire de la Chine, il dépendoit
de la principauté de Pegao : la famille Cina l'unit au.
pays de Queileu : celle d'Hana le nomma Yolin;le rçi
Tom. IV> O e o Ij
47* NAN
Cyn l'appella Xihing : fous Suius la ville eut le nom
de Yhoa , Se celui de Vute fous la famille de Tanga ;
la famille Sunga lui donna le nom moderne. Cette mé-
tropole a fix villes fous fa jurisdi&ion >
Nanning , Heng , 0 Xangfu , @
Lunggan , Yunghiang , Sinning. 0
* Atlas Sinenjîs.
NANOSBES , peuples de la Libye intérieure. Pto-
lomée , /. 4. c. 6. les place entre les Gongalca Se les
Nabathra.
NANPI , ville de la Chine , dans la province de Pé-
king , au département de Hokien , troifiéme métropole
de la province. Elle eft de o deg. 20 min. plus orientale
que Péking, fous les 38 deg. 20. min. de latitude fep-
tentrionale. * Atlas Sinenjîs.
NANPU, ville de la Chine, dans la province de
Snchucn , au département de Paoning, féconde métro-
pole de la province. Elle cft de 11 deg. 1 min. plus oc-
cidentale que Péking, fous les 31 deg. 38 min. de la-
titude feptentrionale.
NANSBERG , montagne du pays de Trente: elle
eft à quatre lieues de la capitale , Se remarquable par
tout ce qu'elle produir. On y trouve du froment, du
vin , des prés , des forêts , des pommes , des noix , de
l'or , de l'argent , du plomb , de l'étain , du fer, des cha-
mois , des chevreuils, des rats de montagne, quantité
de bétail gros Se menu , du beurre , du fromage , des
oifeaux , Se beaucoup de gibier. * Corn. Dict.
NANSOUA , peuple de l'Amérique feptentrionale ,
fur le bord du lac des Hurons : il eft allié des Fran-
çois.
NANTCHAO, ou Tau, ancien royaume de l'Inde.
Il y avoit dans la province de Yunnan , du tems des
Han , des barbares appelles Gnailas , gouvernés par
leurs chefs , qui envoyoient des ambafTadeurs aux Chi-
nois. Quelquefois auffi ils firent des courfes dans la
Chine. Tchao,dans la langue de ces peuples, lignifie
un roi , comme il le fignifîe encore dans la langue Sia-
moife. Ces barbares avoient anciennement fix chefs , qui
portoient le titre de rois: celui qui étoit le plus au mi-
di , poitoit le nom de Mum-che-long. Ses descendans
régnèrent fur une partie du Yunnan Se du Sse-tchuen.
Mum-che long demeuroit originairement à l'occident de
Tias-tcheou : fon pays étoit borné au fud-eft par le
Tonquin , au nord oueft par les Toufan. Dans la fuite
fies descendans devinrent très-puifians , Se il eft fouvent
parlé d'eux dans l'hiltoire Chinoife. Kublai , Kan des
Mongoûs , descendans de Gengiskan, entra dans ce
pays l'an 1 2.5 3 , le fournit, & le royaume de Nan-
tchao fut détruit. * Hift. générale des Huns , par M.
de Guignes . 1. 1. p. 173.
NANTERRE, Nemetodorum, félon la vie de faint
Germain d'Auxetre , village de France , à deux lieues
de Paris , fameux par la naifiance de fainre Geneviève.
La tradition veut fotement que cette fainte fût une pay-
fane Se une gardeufe de mourons. Les peintres ont été
fort fidèles à copier cette fotife : ils nous repréfentent
fainte Geneviève en bergère , avec un bavolet & une
quenouille à la main , gardant un troupeau. Le judi-
cieux Se favant de Valois prétend qu'elle étoit fille du
feigneur de Nanterrc , ou du moins de quelque Pari-
fien de diftinétion , qui avoit une maifon de campagne
en cet endroit. Ce que faint Germain d'Auxerre lui dit ,
en la confactant à Dieu , prouve parfaitement qu'elle
n'écoit point bergère. Ce faint homme lui rccomrncnda
de renoncer à la braveric, Se de ne plus porter à l'ave-
nir aucuns joyaux. L'exhortation auroit été rifible, fi
elle avoit été adreflée à une payfane. Ce fut dans
l'églife paroiffiale de Nanterrc qu'elle fit vœu de vir-
ginité , entie les mains de faint Germain. Elle y ren-
dit auffi la vue à Geronce , fa mère , en lui lavant les
yeux avec de l'eau du puits que l'on voit dans l'églife
qui eft fous fon invocation, Se où l'on tient qu'étoit
fon domicile ordinaire. Les religeux de fainte Gene-
viève ont un collège à Nanterre , où l'on inftruit la
jeunefle.
NANTES ( a ) , en latin Condivicnnm , Civitas Nan-
tie tum, Civitas Namnetica , Namnetes , Namneta , ville
NAN
de France , dans la Haute-Bretagne , fur la Loire &
l'Erdte , eft très-heureufement fituée pour le commer-
ce -, aufli en fait-elle un des plus confidérables du royau-
me. Elle eft fort ancienne \ Strabon , Céfar , Pline &
Ptolomée en font mention. Nantes eft une allez grande
ville, entourée de remparts , qui ont des fo fies très-pro-
fonds Se quelques fortifications. Elle a été fouvent la
réfidence des ducs de Bretagne. Ils demeurcient dans le
château Saint Hermine , qui fubfifte encore aujourd'hui.
Alain , dit Barbe-torte , le fit bâtir fur le bord de la
rivière: il eft flanqué de groffes tours rondes du côté
de la ville , Se de quelques demi-lunes du côté du faux-
bourg Saint Clément. L'églife cathédrale eft dédiée à
faint Pierre. On voit dans les aétes de faint Félix , que
du tems deConflantin , on éleva à Nantes une églife;
du tems de Clotaire , fils de Clovis , Eumelius , éve-
que de cette ville , jetta les fondemens d'une plus
grande, Se mourut avant qu'elle fût achevée. Saint Fé-
lix , fon fuccefïeur, conduifir cet édifice jusqu'à fa per-
fection , Se le fit bénir en j68. Cette églife étoit cou-
verte d'étain, Se la grande nef étoit flanquée de deux
autres, Se au-deflus s'élevoit une tour cariée, termi-
née en dôme , & foutenue de plufieurs arcades. La dé-
coration intérieure étoit fomptueufe \ un grand nom-
bre de colomnes , dont les chapiteaux étoient de mar-
bre de diverfes couleurs , foutenoient cet édifice , &
les autels étoient enrichis des marbres les plus rares ,
de couronnes d'or , de vafes d'argent Se d'ornemens
précieux. Saint Félix fit pofer au milieu de l'églife fur
une colomne de marbre un crucifix d'argent, ceint d'un
jupon d'or, embelli de pierres précieufes , & attaché à
la voûte principale par une chaîne d'argent. Tout le
pavé étoit de diftérens marbres , Se Félix avoit fait met-
tre fur une colomne , auffi de marbre , un gros rubis
qui éclairoit toute l'églife pendant la nuit (b). Ce ma*
gnifique temple fut détruit par les Normands, Se après
que leur fureur fut appaifée, on en bâtit une nouvelle
dans la même partie de la ville. Jean V , duc de Bre-
tagne, pofa la première pierre de la façade que l'on
voit aujourd'hui, au mois d'Avril de l'an 1434. Elle
eft d'une architeéture gothique , flanquée au-dehors de
deux tours carrées & fort hautes, qui augmentent la
façade fur les ouvertures des grandes pones. On voit
dans l'églife quelques anciens tombeaux des ducs de
Bretagne. Celui de François II , dernier duc de cette
province, eft dans l'églife des Carmes, avec ceux de
les femmes Se de fes enfans. Leur tombeau eft de mar-
bre, & eftimé pour fa fculpture, qui eft de Michel Co-
lombe. La maifon de ville eft un bâtiment tout neuf,
Se afîez bien entendu, (a) Piganiol de la Force ,Defc.
de la France, r. $. p. 220. Se fuiv. (b)Fertunat. Lib.
3. A et. de faint Félix. Mém. de Trévoux, mois d'Août
17141
11 y a à Nantes évêché , chambre des comptes > bu-
reau des finances , préfidial , une univerfité , fénéchaus-
fée , préfidial Se chambre des monnoies.
On compte dans Nantes plus de cent mille habi-
tans, tant dans la ville que dans les fauxbourgs , qui
font beaucoup plus grands que la ville. Ils font au nom-
bre de quatre ; Saint Clément , le Marché , la FofTe ,
&«Pillemil. Celui de la Fofle eft près du port, coha-
bité par de riches marchands. La bourfe eft proche le
port au vin; on y a confttuit un très-bel édifice, c'eftlc
fiége de la jufiiee concernant les affaires du commerce.
Il y a un grand quai , le long duquel on voir de belles
maifons & de grands magazins. C'eft par ce fauxbourg
que l'on pane pour aller à l'Hermitage , fitué fur un
roc d'où l'on découvre la ville, les fauxbourgs , &une
grande étendue de pays le long de la Loire. Les foli-
taires qui habitent cet hermitage, ont creufé dans le
roc , Se y onr pratiqué des jardins & une fort jolie
églife. Une partie de ce rocher, qu'on appelle la pierre
Nantoife, cft en pente Se d'un grand poli. Ce fut en
cette ville que le roi Henri le Grand donna au mois
d'Avril de l'an 1598 , le fameux édit de Nantes , par
lequel il permettoit aux Calvinifles de fon royaume le
libre exercice de leur religion. Cet édit a été révoque
par Louis le Grand l'an i68j.
On croit que faint Clair fut le premier évêque de
Nantes vers l'an 177 , Se qu'il y fut envoyé par faint
NAN
NAN
Catien, évêque de Tour»: du moins eft-îl certain que
Nunnechius, évêque de Nantes, affifta en 468 au con-
cile de Vannes , convoqué pour l'ordination d'un évè-
que. Leurs fucceffeurs onr eu la feigneurie d'une par-
tie de la ville, Se font confeillers-nés au parlement de
Bretagne. L'évêché eft un des plus confidérables de la
province pour le revenu : fon temporel eft affermé trente
mille livres , fans compter quelques autres revenus qui
ne s'afferment point , comme le fecrétariat , le droit de
procuration, &c. L'églife cathédrale, comme je l'ai dit
ci-deffus , eft dédiée à faint Pierre , Se fon chapitre
confifte en dix-neuf canonicats , non compris les di-
gnités qui font , le doyen , deux archidiacres , le chan-
tre , l'écolâtre & le tréforier. Le chapitre de l'églife
collégiale de Notre-Dame à Nantes , compofé d'un
chefeier , d'un chantre , Se de dix-fept chanoines , fut
fondé l'an 940, par Alain Barbe-torte, duc de Breta-
gne. Il y a encore deux autres chapitres dans le dio-
cèfe; favoir,
Guerande ,
Cliûou.
On compte dix paroiffes dans la ville dont l'une eft
dans la cathédrale , une autre dans la collégiale. Les Ja-
cobins , Cordeliers , Carmes , les religieufes Carmélites >
Se de fainre Claire font auffi dans la ville.
Dans le fauxbourg Saint Clément fe trouvent la pa-
roi ffe qui en porte le nom , une communauté d'ecclé-
fiaftiques , les Chartreux , les prêtres de l'Oratoire , qui
ont le collège , les filles de la Vifitation , les Uffuli-
nes , les Minimes , deux Séminaires. C'eft dans ce faux-
bourg qu'eft la feule promenade de la ville , qui prend
depuis la porte de faint Pierre jusqu'au bord de la ri-
vière de Loire & le long des murs de la ville jusqu'à
la porre du château. Elle eff ornée de lièges d'espace
en espace , & embellie de trois rangs d'arbres.
'A y a dans le diocèfe deux cens douze paroiffes,
Se huit abbayes.
Blanche-Cou-
ronne ,
La Chaume ,
S. Gildas-des-Bois,
Pornid ,
Genefton ,
Buzé »
Mêlerai ,
Villeneuve.
* Fortunat. Lib. 3. Act. de S. Félix. Mém. de Tré-ùoux ,
mois d'Août 17 14. p. 138.
L'univerfité de Nantes fut fondée par Pie II, à la
prière de François II , dernier duc de Bretagne , vers
l'an 1460.
Nantes eft très-heureufement fituée pour le com-
merce , n'étant éloignée de la mer que d'une journée.
Les vaiffeaux de cent tonneaux Se au-deffus font obli-
gés de décharger leurs marchandifes à Painbœuf, Se de
les faire transporter à Nantes , qui en eft à 9 lieues: pour
ce transport on fe fert de bateaux légers nommés Ga-
bares. Les vaiffeaux, ainfi déchargés, remontent la ri-
vière, Se fe rendent devant un gros bourg appelle
Pellerin, à cinq lieues au-deffus de Painbœuf, Se à
quatre au-deffous de Nantes. C'eft-là qu'on les désarme
entièrement. C'eft-là auffi que fe font les radoubs i Se
quand les vaiffeaux font en état de recevoir les mar-
chandifes qui leur font deftinées , on les fait descen-
dre à Painbœuf, Se on leur envoie les marchandifes
par les gabares. Quant aux bâtimens qui font au-dès-
fous de cent tonneaux , ils peuvent remonter la rivière
& fe rendre devant la ville de Nantes.
Depuis que le roi a fupprimé la compagnie de Gui-
née , Se qu'il a permis aux négocians d'y envoyer , l'on
arme tous les ans dix-huit ou vingt vaiffeaux à Nan-
tes pour ce commerce, Se ils transportent au moins
trois mille Noirs dans les colonies françoifes. Outre
cela , on arme tous les ans foixante Se dix ou quatre-
vingt bâtimens pour les ifles françoifes de l'Amérique,
la plus grande partie pour Saint Domingue & la Mar-
tinique. Les cargaifons de ces vaiffeaux confident en
toutes fortes de chofes néceffaires à la vie , Se elles ne
différent, quant à la deftination , qu'en ce qu'on porte
à la Martinique une très-grande quantité de bœuf falé
qu'on tire d'Irlande. On arme auffi tous les ans des
vaiffeaux qui vont à la pèche de la morue verte , fur
le banc de Terre-Neuve, Si, à celle de la morue que
477
l'onféche au cap Breton. Ces bâtimens appouem ici
le poiffon Se l'huile de leur pèche , dont la meilleure
partie eft envoyée par la rivière de Loire dans diffé-
rentes provinces du royaume. Avant la ceffion faite
aux Anglois, par le traité d'Utrecht, de Plaifance &
de la côte de Terre-Neuve, il partoit de Nantes pour
cette pêche un plus grand nombre de bâtimens -, donc
plufieurs portoient leur poiffon en Espagne Se dans la
Méditerranée -, mais cette ceffion a beaucoup dérangé ce
commerce : on court même risque de le voir tomber
entièrement aux Anglois, fi on n'apporte autant de
foin à le foutenir , qu'ils en apportent à s'en rendre les
maîtres.
On arme encore à Nantes, quinze ou vingt vaiffeaux „
depuis quarante jusqu'à cent tonneaux -, pour le com-
merce avec les états voifins. Quelques-uns vont en Ir-
lande pour y prendre des viandes falées : les autres en
Angleterre , en Hollande , dans la mer Baltique , en Es-
pagne Se en Portugal.
Le commerce , qui fe fait par les vaiffeaux qui vien-
nent des ancres ports du royaume » ou même par les
vaiffeaux étrangers, n'eft pas moins confidérable. II en-
tre tous les ans à Nantes neuf cens milliers de morue
verte, dont la plus grande partie eft apportée par des
bâtimens d'Olonne. Dans les tems où la France eft en
guerre avec la Hollande Se l'Angleterre , il y en vient
un plus grand nombre, à caufe du danger qu'il y a
d'entrer dans la Manche pour aller à Rouen ou au Ha-
vre. Pour lors Nantes eft le feul entrepôt du royaume
pour la diftribution de la morue. La plupart des vais-
feaux que l'on arme dans les autres ports du royaume ,
foit pour les iffes de l'Amérique , foit pour la pêche
de la morue , déchargent à Nantes , à l'exception des
bâtimens de la Rochelle Se de Bourdeaux : le débit de
toutes fortes de marchandifes eft plus aifé Se plus vif
à Nantes qu'ailleurs. Il vient auffi tous les ans à Nan-
tes plufieurs bâtimens de Bayonne Se de cous les ports
de la province de Bretagne , Se même de presque tous
les ports du royaume.
On voyoit autrefois à Nantes Un grand nombre de
vaiffeaux Anglois , Hollandois , Suédois , Danois , Ham-
bourgeois, &c. pour y enlever des vins du comté Nan-
tois Se d'Anjou , des eaux-de-vie , du fel Se différens
fruits ; mais les longues guerres que la France a eues
avec la plupart de ces nations ; Se plus encore les droits
qu'on a impofés fur l'entrée de ces vaiffeaux Se fur la
fortie des marchandifes , ont fort diminué ce com-
mercei
On remarque une fociété bien finguliere, établie de-
puis plus d'un fiécle , entre les marchands de Nantes
Se ceux de Bilbao. Cette fociété s'appelle la Contr avia-
tion , Se a un tribunal réciproque en forme de juris-
didtion confulâire : un marchand de Nantes qui fe trou-
ve à Bilbao , a droit d'affilier à ce tribunal , Se a voix:
délibérative \ Se les marchands de Bilbao , quand ils font
à Nantes, font traités de même. C'eft à caufe de cette
fociété que les laines d'Espagne ne payent qu'un droit
fort léger à Nantes ■-, Se en revenche les toiles de Bre-
tagne font traitées furie même pied à Bilbao. Ces deux
villes avoient même autrefois des vaiffeaux Communs
qui trafiquoient au profit de la fociété ; mais cet ufage
a ceffé.
Depuis quelques années on a établi à Nantes une
manufacture de toiles cotonades , qui réuffit auffi bieri
que celle qui eft établie à Rouen depuis long-tems : elle
pourra même la furpaffer un jour, parce que le co-
ton Se l'indigo font ici à meilleur marché qu'à
Rouen.
Le pays Nantois ou le comté de Nantes eiï
divifé en deux parties par la Loire. La partie d'outre-
Loire eft à la gauche , en descendant la rivière, & celle
d 'en-deçà eft à la droite. Cette dernière a eu fes comtes
particuliers , Se a été réunie à la Bretagne il y a plu-
fieurs fiécles : la partie qui eft à la gauche ou au midi de
la Loire, dépendoit anciennement de l'Aquitaine. Hé-
rispée, roi des Bretons, s'en empara , Se elle lui fut cédée
par Charles le Chauve avec Rennes Se Nantes en 8 p.
On l'appelle en latin Pagits Ritiatcnfis ou Raftn/î.'^
Voyez. Rez. Les villes de ce comté font
/
47 8
NAN
NAN
- Nantes,
A la droite de la Loire , ) ^hareàubriant ,
C. Guerande ,
Outre-Loire ,
Painbœuf ,
Le Croific,
Machecou ,
Bourgneuf s
Titfauge ,
Cliiïon.
Il n'y a que les villes de Nantes , de Guerande Se
du Croific qui foient au roi; les autres appartiennent à
des feigneurs particuliers. Les villes de Nantes , de
Guerande , de Châteaubriant , d'Ancenis , le Croific Se
le bourg de la Roche-Bernard ont droit d'envoyer des
députés à l'aflémblée des états de la province.
On fait du fiel dans deux cantons différens du Nan-
tois. L'un à la baie de Bourgneuf , qui eft compofé de
neuf paroiffes, dont les marais falans produifent envi-
ron douze mille charges de Ici , qui font feize ou dix-
fept mille muids de la mefure , dont l'ufage eit établi
dans la ferme générale des gabelles. Les autres marais
falans font dans le territoire de Guerande Se du Croi-
fic , qui ne comprend que cinq paroiffes. On eftime ,
qu'année commune, ces marais falans produifent la quan-
tité de vingt-cinq mille muids. Il le fai: auiîï des nour-
ritures de beftiaux & des engrais dans les paroiffes d'ou-
tre Loire; ce qui produit un grand avantage au pays:
enfin on y recueille du bled & du vin.
Il y a dans le comté Nantois une redevance feigneu-
riale , appellee laQuintaine. Les hommes de bas état,
qui fe font mariés depuis un an , doivent courre la
Quintaine , un certain jour de l'année , ou payer l'amen-
de au feigneur , fur le fief duquel ils ont couché la
première nuit de leurs noces. La quintaine confitte à
aller rompre une perche ou lance de bois contre un
poteau qui eft planté exprès. On court la quintaine ou
en bateau, ou à cheval en trois courfes. La quintaine
du roi fe court à Nantes par terre , Se celle de l'évê-
que par eau fur la Loire. Il y a un grand nombre de
feigneurs hauts jufticiers dans ce comté , qui onr droit
de quintaine.
i. NANTEUIL , en latin Nantogilum, Nantoilum
Se Nantolium ; tous ces mots viennent de Nant , vieux
mot , dont les Gaulois Se les Bretons fe fervoient pour
défigner une eau couranre ou une quantité d'eau qui fe
ramaffoit dans un lieu. Il y a divers villages en Fran-
ce , qui portent le nom de Nanteuil , Se divers autres
lieux , dont le nom , formé du mot Nant , a la même
origine.
2. NANTEUIL ou Nantueil le Haudouin ,gros
bourg deflfie.de France, dans le duché de Valois, à
dix lieues de Paris , fur la route de Soiflons. L'hiftorien
de l'églife de Meaux fait remarquer l'antiquité de ce
lieu ,en l'affignant pour celui de la naitfance de faint
Valbcrr, qui fut abbé de Luxeu après Euftafe , au fep-
tiéme fiécle j au moins dès le teins de l'auteur d'une
partie de fa vie , qui eit le dixième fiécle , on appelloit
Nanteuil , Famofi Virus nominis. De Valois obferve aus-
fi en fa notice des Gaules , que l'écrivain de la vie de
Louis le Débonnaire en fait mention fous le nom de
Nantagilum. Il y a apparence que ce lieu exiftant avant
l'origine de l'ordre de Cluni , il y a eu un rnonaftere
d'anciens Columbanifies, comme à Luxeu , d'autant plus
que faint Valbert avoit donné à cette abbaye de Bour-
gueil les biens qu'il avoit dans ce lieu de Nant ou Nan-
teuil ; ainfi le prieuré de l'ordre de Cluni qui y fut éta-
bli , fut enté fur certe ancienne , celle de Luxeu , com-
me le penfe dom du Pleflis. L'églife en elt très-ancienne.
On y voit dans le côté droit un beau, maufolée du
maréchal Schomberg -, le portail eft orné de deux tours.
L'églife eft fous le titre de la fainte Vierge. On y honore
auffi faint Babylas , martyr , évêque d' Anrioche , dont on
y apporta des reliques au retour d'une croifade , qui font
avec quelques-unes de faint Agfibert. L'Eglife paroiiîiale
eft fous le titre de faint Pierre , & eft à la préfentation
du prieur. Ç'eft l'abbé de Cluni qui confère de plein
droit le prieuré. Il eft deffervi par les Réformés qui
l'ont rebâti. Nanteuil eft le titre d'un doyenné rural
du diocèfe de Meaux, érigé en 1730. Le château fei-
gneurial eft régulier Se bien fitué. Il appartenok au
maréchal d'Ettrées , & il en eft fait mention dans l'é-
loge funèbre que l'académie de Soiflons a fait imprimer
de ce maréchal. La juftice du prieuré de Nanteuil reflor-
tiflbit autrefois à Pierre-Fond , mais elle en fut dé-
membrée en «3J4, & attribuée à Senhs. Le furnom
de Nanteuil le Haudouin lui vient d'un nommé Hil-
duinus , à qui il a appartenu autrefois. * Notes manu-
ferites de Lebœuf,
3. NANTEUIL , en latin Nantus , & quelquefois
Nantogilum , lieu près de la mer ,en Baffe- Normandie ,
aux extrémités du Côtentin , du côté du BeiTin. Ce fonds
fut donné par le roi Childebert à faint Marconi , pour
y bâtir un monaftere , dont il fut le premier abbé. Son
corps y fut enterré l'an 55 8, par faint Lo , évéquede
Coutances : mais la crainte des Normands l'en fit enlever
vers la fin du neuvième fiécle. * Baïllet , Topogr. des
Saints , p. 332.
4. NANTEUIL en Vallée , Nantolium in Valle ,
bourg de France , dans le Poitou , au diocèfe & à douze
lieues au midi de Poitiers , à fept au nord d'Angoulêmc,
au confluent des petites rivières d'Or & d'Argent. Il y
a une abbaye d hommes , de l'ordre de faint Benoît ,
qui le rend confidérable. Charlemagne fonda cette ab-
baye dans un lieu qu'on nomme Foffe , Se elle fut re-
bâtie en 1046, par le feigneur de Château-Rouffy. *
Corbeille , Diètion.
NANTIEN , forrerefle de la Chine , dans la pro-
vince d'Iunnan , au départemenr de Mengyang , grande
cité de la province. Elle eft de 18 deg. 43 min. plus
occidentale que Peking , fous les 2j deg. 8 min. de
latit. feptenti ionale. * Atlas Simnfis.
NANTONENSE Castrum , ancien château ou
forrerefle de France , dans le diocèfe de Sens , felor»
Ortelius , qui cite Ivon , Epi/lola 122.
NANTOUNAGAN ou Rivière Talon , rivière
de l'Amérique feptentrionale dans la nouvelle France,
à la bande du fud du lac fupérieur, près de l'Anfe de
Kiaonan. Cette rivière a reçu fon fécond nom d'un in-
tendanr de la nouvelle France.
NANTUA , Nantuacum, ville de France, dans le
Bugey , où elle a le fécond rang , entre Montréal &
Seyflèl , à l'extrémité d'un lac qui eft à l'occident Se
qui a un quart de lieue d'étendue , entre la rivière d'Ain
Se le Rhône. 11 n'y a dans cette ville qu'une grande rue ,
longue d'environ mille pas. Se dont les maifons font
affez bien bâties. La largeur de Nantua n'eft que de
deux cens pas. 11 y a un prieuré de l'ordre de fiant
Benoît , Se de la congrégation de Cluni ; il eft confidé-
rable. Le piieur eft commendataire , Se les religieux
font gouvernés par un prieur clauftral. Ils ne font
point réformés , cependant ils doivent vivre en com-
mun , fuivant l'arrêt du grand confeil de l'an 1688,
qui porte auflî que nul n'y fera reçu , s'il n'eft de famille
noble. Il n'y a qu'une feule paroiffe à Nantua , dont
l'églife eft collégiale. Le couvent des religieufes Béné-
dictines eft fort pauvre, & nouvellement établi. Le col-
lège eft occupé par quelques prêrres du féminaire de
fainr Jofeph de Lyon , qui montrent aux jeunes gens
à lire , à écrire, la grammaire, Se les principes des hu-
manités. La feigneurie Se la terre de Nantua font fort
confidérables , Se dépendent en toute juftice du ptieuré.
* Piçanitl , Defcript. de la France , t. 3. p. 537.
NANTUATES Se Antuates. Céfar n'écrit qu'une
feule fois Nantuates, Se trois fois Antuates ; mais
dans ces trois occafions il y a deux fois in Antuates,
Se une fois in Antuatibus , toujours N avant A : ce
n'eft pas le paflage feul du livre IV qui fait juger qu'il
faut mettre la lettre N par tout , Se lire in Nantuates
Se in Nantuatibus ; c'eft encore le témoignage de tous
les anciens géographes. Pline, /. 3. c. 10. Strabon, /. 4.
Se la table itinéraire , écrivent tous Nantuates , Nan-
t/tatœ, Nantuani. Marlianus.à la vérité , a voulu lire
Antuates dans le livre 3 , Se Nantuates dans le livre
4. I! a fait plus : il a placé les Antuates entre les Allô-
broges Se les Vcragri , Se mis les Nantuates à Conftan-
ce.°D'autres encore fe font avifés de mettre les Nw
NAO
tuâtes à Nantua , ville du Bugey ; mais Jofeph Scaligcr
tourne en ridicule ces deux opinions; Se Sanfon , Kcmar.
fur la carte de l'ancienne Gaule , les réfute par l'auto-
rité de Pline, de Scrabon Se de la table itinéraire. Ce
dernier met les Nantuates entre les Allobroges Se les
Veragri; Se c'ciï la place que femble leur aiïigner Céfar,
/. 4. en les joignant avec les Veragri Se les Seduni , qui ,
félon cet auteur , habitoient depuis les confins des Al-
lobroges , le lac de Genève & le Rhône , jusqu'aux plus
hautes Alpes. * De beli Gall. 1. 3. Se 4.
NANTWICH, ville d'Angleterre, dans le Cheshire
ou le oomté de Chefter. Elle eft remarquable par Ces
mines de fel : c'eft où fe fait le meilleur. * Etat préfent
de la Grande Bretagne , t. 1. p. 48.
NANTZ ou Nant, en latin Nantum , petite ville
ou bourg de France , dans le Rouergue , au diocèfe de
Vabres. Il y a une abbaye de Tordre de faint Benoît ,
dédiée à faint Pierre : l'abbé eft feigneur du lieu , Se jouit
de fix mille livres de rente.
1. NANUANG , lac de la Chine , dans la provin-
ce de Xantung , auprès de la ville de Ven. * Atlas Si-
nenjîs.
1. NANUANG , haute montagne de la Chiné , dans
la province de Queicheu , au nord de la ville de Quei-
yang. Peu de perfonnes ofent y monter, tant elle eft es-
carpée.
NANYANG , ville de la Chine, dans la province
de Honan , où elle a le rang de feptiéme métropole
de la province. Elle eft de 5 deg. 1 5; min. plus occi-
dentale que Piking, fous les 33 deg. /3 min. de latit.
feptentrionalc. Cette ville eft bâtie fur la rive occiden-
tale du fleuve Yo, Se fon territoire paffepour le plus
fertile de la Chine. On y compte treize villes,
Nanyang ,
Chinpcing,
Tang ,
Pieyang ,
Tungpc ,
Nanchao ,
Teng ,
Nuihiang,
Sinye ,
Chechuen,
Yu,0
Vuyang , Se Ye.
Le territoire de la ville de Nanyang eft tout entouré
de montagnes Se de rochers ; Se la ville eft féparée en
deux par la rivière de Kian , qui vient du côté du nord-
nord-oueft. 11 s'y fait un grand négoce. Cette ville eft
un peu plus petite que Naheung ; mais elle n'eft pas
fi ruinée. Du côté du nord il y a un temple bâti fur
la pente de la montagne. Le pays eft coupé de rivières ,
Se il produit une fi grande abondance de grains , qu'on
pourroit y faire fubfifter de grandes armées. L'empereur
Yous unit ce pays à la province de lu. C'étoit le royau-
me propre de la famille Hiaa , avant qu'elle envahît
l'empire. Sous la famille Cheva , il s'appelloit Xinpe :
les rois Çu s'en emparèrent enfuite ; Se après eux la
famille Han le pofleda. Le nom qu'il porte aujourd'hui
lui a été donné par la famille Cina : celles de Sunga Se
de Tangale nommèrent Voncheu. La ville de Nanyang
eft très-peuplée & très-riche. On y voit des édifices
magnifiques Se en grande quantité -, on remarque entre
aunes neuf temples dédiés à des héros. Ce qui a princi-
palement illuflré cette ville , c'eft le féjour qu'y fit un
roi de la famille Taiminga.
NAO. Voyez, Anao.
NAON. Voyez, Nahon.
NAOPOURA, ville d'Afie, dans l'Indoufian, au
royaume de Décan , fur les frontières des provinces de
Candich & de Guzurate , au bord méridional de la
rivière de Tapti , qui , coulant de-la vers l'occident , paffe
à Surate. Les terres des environs font en labour; Se le
riz , dont les campagnes font couvertes , eft le plus beau
qu'il y ait dans toutes les Indes. Il a un goût odori-
férent , qui n'eft pas commun au riz des autres pays.
On y fait auiïï quantité de coton. Il y a des cannes de
fucre en divers endroits ; & les gens à qui elles appar-
tiennent «ont tous un moulinet pour brifer les cannes,
Se un fourneau pour en cuire le fuc.
NAOUBAKHT, ville du pays d'Ilak , dans le Ma-
verannahar. Ce pays d'Ilak , qui eft le même que celui
de Schah , s'étend depuis les confins du territoire de
Naoubakht jusqu'à celui de Faganah. * D'Herbelot ,
Bilblioth. orient.
NAOUBENDAN , nom d'une grande campagne
NAP 479
déferte Se ftérile qui s'étend entre le pays de Fais, qui
eft la province de Perfe proprement dite , Se celui de
KhoraiTan.
NAOUBENDGIAN ou Naoubendighian, ville
de la province de Fars , ou de Perfe proprement dite.
Elle a été bâ:ie par Schabour ou Sapor , ancien roi de
la troifiéme dynaftie de Perfe. C'eft auprès de certe ville
qu'on trouve un petit pays nommé Schibbavan. Voyez.
ce mo:. Le géographe Perfien écrit , dans fon troïficmO
climat, que la ville de Naoubendgian eft aulTi com-
munément appellée Casbah Schabour , c'eft-à-dire
la vil:e ou la bourgade de Schabour.
NAOUDIKHE , nation de l'Amérique feptentrio-
nalc, dans la Loui'fiane, Se alliée des Cénis.
NAP/E, peuples de la Scythie , félon Diodore de
Sicile , /. 2. c. 43. ce font les Napxi de Pline , /. 6. c. 7.
Voyez. ScYTHvE.
NAP^EI, peuple de l'Epire , félon Etienne le géo-
graphe.
NAPARIS , fleuve de la Scythie, Se l'un des cinq
qui , félon le témoignage d'Hérodote, /. 4. c. 48. fe jet-
tent dans l'Ifter. Peucer a prétendu que les habitans du
pays nommoient ce fleuve Dnieper ; mais il ne paroît
pas que le Dnieper fe jette dans l'Ifter , ce que fait le
Naparis. Selon le fentiment de plufieuts géographes,
entre autres d'Ortelius, c'eft aujourd'hui Sereth appelle
aufll Moldaw, qui fe rend dans le Danube.
NAPATVE. Voyez, Tanape.
NAPATH/EI. Voyez. Nabath>ea.
NAPE, ou Nap^, ville de l'ifle de Lefbos , félon
Etienne le géographe , qui cite Hellanicus : cependant
Strabon , /. 9. dit qu'Hellanicus la nomme par igno-
rance Lape au lieu de Napje. Le même Strabon ajoute
que cette ville etoit dans la plaine de Méthymna. Voyez.
Pytho.
NAPEGUS, petite ville ou gros village de l'Arabie
Heureufe:il étoit dans le pays des Elefates , félon Pto-
lomée , /. 6. c. 7.
NAPES. Voyez. Pau.
NAPHAT-DOR. Voyez. Nephatdor.
NAPF11LUS, rivière de l'Arcadie, félon Paufanias,'
/. 8. c. 3 8. c'eft une des cinq rivières qui fe jettenc dans
le fleuve Alphée.
NAPHTHUIM.F^cAFRrQUE Propre.
NAPIS, village de Scythie, fuivant Etienne le géo-
graphe. Voyez. Pâli
NAPITlA(tf), ville de la Calabre , dans le pays
des Brutiens. Barri prétend que c'eft aujourd'hui la
ville d'Amantea , dans la Calabte Citer ieure; maisSci-
pion Mazella , dans fa defeription du royaume de Na-
ples , fait voir que Barri fe trompe (b) ,Se qu'il prend
Nepetia pour Napuia; il ajoute que Napitia eft Piz.z.0 ,
château de la Calabre Ultérieure, au royaume de Na-
pies , dans le golfe Hipponiate , qui eft aufli nommé
Napitïnus Sinus , vulgairement le golfe de Sainte Eu-
pbemie , environ à fix milles d'Hipponium, vers le fep-
rentrion. (a) Ortelii Thefaur. (b) Baitdrand , Diction.
édit. 1 68 1 .
NAPITÏNUS SINUS. Voyez. Hipponiates.
NAPLES , ville d'Italie , capitale Se métropole du
royaume auquel elle donne fon nom. Cette ville eft
très-ancienne, Se fut appellée d'abord Parthenope , à
caufe , difenr quelques-uns , cfu'Ulyffe Se fes compa-
gnons s'étoient échapés des douceurs du chant de la
firéne Parthenope , cette nymphe marine qui fe pré-
cipita de désespoir , Se fur enterrée à Palsopolis : d'au-
tres prétendent qu'une Parthenope , fille d'Eumeleus ,
roi de Theffalie , Se petite-fille d'Alcefte , y amena une
colonie des états de fon père , Se qu'elle donna fon
nom à cette ville , qui en portoit auparavant un qui
eft inconnu. * Mijjbn , Voyage d'Italie , t. 2. p. 27.
L'hiftoire ajoute que les Cumains ayant détruit cette
ville, de peur qu'elle ne s'élevât au-deflus de celle de
Cumes , furent attaqués d'une cruelle pefte , Se aver-
tis en même-tems par l'oracle qu'elle ne cefferoit point
jusqu'à ce qu'ils euffent rebâti la ville de Parthenope ,
Se qu'ils y honoraiTent le tombeau de cette déeffe : les
Cumains remirent cette ville fur pied , Se la nommè-
rent Neapolis, des mots Grecs ttgàk ville , Se via. neu-
ve. Quoi qu'il en foit , ces noms Grecs prouvent qu'elle
48
NAP
NAP
a été bâtie par des Grecs. Ce qui eft encore certain ,
c'eft qu'elle eft plus ancienne que la ville de Rome,
à laquelle néanmoins elle fe fournit. Elle lui garda tou-
jours inviolablement la foi , & en reconnoifiance les
Romains la mirent au nombre des villes libres 8c con-
fédérées. * Journal d'un voyage de France & d'Italie,
pag. ;i6.
La beauté de fa Situation , la quantité de noblefle
qu'on y voit , la multitude de fes marchands , le grand
nombre de fes palais , la magnificence de fes églifes ,
tout cela la rend considérable. Quoiqu'elle ait fouvent
efïuyé de terribles afiauts , c'eft encore une des plus "bel-
les villes du monde , 8c peut-être la plus également
belle. Elle eft toute pavée d'un grand carreau d'échan-
tillon. Les mes font droites 8c larges pour la plupart :
les maifons font hantes , presque toutes à toits plats 8c
d'une Structure uniforme. Rome , Paris , Londres ,
Vienne , Veniiè,& quantité d'autres villes fameufes, ont
à la vérité des beaux palais ; mais ces palais font entre-
mêlés de vilaines maifons ; au lieu que Naples eft gé-
néralement toute belle. La mer y fait un petit golfe
qui Farrofe au midi. Vers le nord elle a de riches co-
teaux , qui montent infenfiblement à la Campagne
Heureufe : à l'orient , c'efl la plaine qui conduit au
mont Véfuve, & à l'occident c'ell la haute Naples ,
où font les grands Chartreux & le château de Saint
Erasme. On compte communément, qu'en fuivant les
murailles de la ville, Naples a neuf milles de tour,
& a dix huit milles en fuivant fes fauxbourgs. * MiJJon,
pag. 28.
La place qui règne des deux côtés du palais du roi
eft des plus agréables , tant parce qu'elle s'étend jus-
que fur le bord de la mer , que par les deux belles
fontaines dont elle eft ornée. La première , qui eft la
plus belle de la ville , a été faite par le duc de Médina ,
viceroi. Autour de fon grand baffin font huit lions de
marbre , qui font autant de grands jets d'eau , entre les-
quels il y en a plufieurs autres petits. Au milieu il y
a un baSfin plus petit , où quatte hommes montés fur
des tigres font rejaillir autant de fontaines, & entre
eux font des têtes de différens animaux qui donnent
leurs eaux d'une manière fort ingénieufe : on voit au
milieu une taffe où quatre chevaux marins fourniflent
de l'eau en abondance , ainfi qu'un Neptune par fon
trident. La féconde fontaine , qui fert d'ornement à la
même place , eft de Gusman,auSfi viceroi: des dauphins,
des chevaux marins y forment différens jets d'eau. Du
côté de la mer , à l'extrémité de la place qui eft de-
vant le palais , il y a une belle Structure de marbre
où font diverfes Statues , & au milieu un baffin qui
reçoit les eaux d'un jet d'eau fort élevé. L'eau de la
fontaine qui eft devant le palais eft reçue dans un
aqueduc , fur lequel d'espace en espace font des ti-
gres , des lions 8c d'autres animaux qui fe donnent de
l'eau les uns aux autres; 8c à l'extrémité de cet aque-
duc eft une autre fontaine , au/fi de marbre , avec di-
verfes ftatues. Il y a encore un grand nombre de mai-
fons qui méritent le nom de palais : on peut mettre de
ce nombre celles des ducs de Matalone , de Gravina ,
d'Airola , de la Tour , des princes de Sainte Agathe ,
de Mont-Milct, de Botera , de Cellamare, &c.
Il n'y a qu'un fofie qui fépare le palais du viceroi d'avec
le Château neuf: il y a même une communication par le
moyen d'une galerie fecrette. Ce château eft le plus fort
des quatre qui font à Naples. 11 eft élevé fur le bord de la
mer , entre le Mole 8c le Palais royal. 11 fut bâti par les
rois de la maifon d'Anjou. Ses tours font de pierres de
taille , très-hautes & d'un travail admirable. C'efl à l'en-
trée de ce château qu'on voit ce bel arc de triomphe en
marbre blanc, érigé en l'honneur du roi Alfonfe. Ferdi-
nand le Catholique , roi d'Arragon , engagea le fameux
Pierre de Navarro à l'environner d'une enceinte à la mo-
derne. C'eft un carré long à quatre baftions. Celui qui eft
le plus proche du Mole fut bâti , à ce qu'on dit , des de-
niers provenais d'une impofition fur les filles de mauvaife
vie. On a gravé des lofanges fur toutes les pierres dont il
\(l revêtu. C'étoit autrefois un couvent des Frères Mi-
neurs de l'Obfervance , & on le nommoit Sanila Maria
délia nuova , 8c quelquefois la Torre Maeftra. Charles I,
roi de Naples , transporta le couvent à l'endroit où il eft
préfentement , 8c fit un château de cette Torre Maefîra.
En continuant le long du rivage de la mer, on rencontre le
château de l'Œuf, ainfi appelle parce qu'il eft bâti fur
une petite ifie de figure ovale, appellée Megaris 8c Mega-
lia par les anciens. On y peut aller de la ville par le
moyen d'une levée faire de main d'hommes , defius laquel-
le font deux ponts qu'on levé ou qu'on abbaifie, fuivant le
befoin. On prétend que ce fut le fameux Lucullus Romain
qui fit bâtir ce château ; 8c que c'étoit une de fes maifons
de plaifance. Les princes Normands , firent une forterefie
de ce lieu. C'eft un amas de tours rondes 8c carrées, ex-
cellentes avant l'invention du canon 8c des bombes ; mais
qui fetoient aujourd'hui une foible réfiftance. Entre ce
château & le Mole on trouve la tour de S. Vincent, ou
de gli Kçigatzj. , parce qu'on y renferme les fous & les en-
fans qui ont befoin de correction: c'eft unegroflé tour ron-
de, fort élevée, renfermée dans un ouvrage à plufieurs fa-
ces. Le château Saint Elme ou Saint Erasme eft dans la
partie occidentale de la ville , fur le fommet d'une petite
montagne au couchant. D'un côté il commande presque
toute la ville , & de l'autre il regarde la mer. La figure de
ce château n'eft qu'une étoile, mêmeirréguliere. Ses mu-
railles font extrêmement hautes , & toute l'escarpe eft
taillée dans le roc. On ne peut l'attaquer dans les formes
que par un feul endroit , tout le refte eft presque inacces-
fible.
Près du grand marché , il y a un autre château moins
confidérable, qui prend fon nom de l'Eglife de Notre-
Dame dcl Carminé , 8c du couvent des Carmes , qui eft
presque tout enclavé dans ce château. Ce pofte étoit
autrefois fort négligé ; mais on en connut l'importance à
l'occafion des tumultes de l'an 1646 , qui firent aller le
duc de Guife à Naples; c'eft pourquoi on y bâtit un grand
baftion , qui d'un côté garde une des principales avenues
de la ville & le fauxbourg de Lorctte ; & de l'autre la
mer : comme ce baftion fut bâti à la place de quelques
tours à l'antique , qui étoient du tems du roi Ferdinand I
d'Arragon , on l'appelle la Torrione del Carminé. Le roi
Robert bâtit cette forterefie , 8c Charles V y ajouta de
nouveaux ouvrages.
Le nonce du pape a fon palais dan» la rue de Tolède
(a) 8c fon tribunal , fes prifons, fon barigel, fes fbirres, en
un mot tout l'attirail de la judicature. Comme il a bien
des gens qui ont leurs caufes commifes devant lui , 8c
qui croient en être quittes à meilleur marché qu'aux
tribunaux féculiers , il eft fouvent chargé d'affaires. Le
co'lége de l'univerfité , appelle Studii Novi , eft d'une
grande beauté. Le bâtiment eft immenfe. Les profefleurs
en toutes fortes de feiences y ont leurs écoles 8c leurs
appartenons. Leurs appointerons font confidérables ,
8c le nombre des écoliers eft très-grand. Il y a encore
d'autres collèges , fans compter ceux qui font chez les
Réguliers. Le mont de Piété a auffi été bâti par le
chevalier Fontana. On y obferve les mêmes régies &
les mêmes formalités que dans le mont de Rome ; 8c
tout s'y pafle avec un extrême fecret 8c une fidélité
à toute épreuve. Bien des gens riches y dépofent leur
argent , afin qu'il y foit plus en fureté que chez eux ,
& qu'il foit prêté aux pauvres fans intérêt. On a remar-
qué plufieurs foisque , pendant les plus grands troubles
8c les plus grandes féditions , ce lieu a toujours été
refpeété même du bas peuple , 8c qu'on y étoit auiïi
tranquille que dans la plus profonde paix (b). L'aca-
démie où l'on enfeigne à monter à cheval, les couvens,
les hôpitaux , l'arfenal 8c les magazins pour les galères ,
font encore autant d'édifices confidérables ; mais ce qui
paroît le plus extrarodinaire à Naples, c'eft le nombre
& la magnificence des églifes. Cela furpafle l'imagina-
tion. Si on veut voir de beaux morceaux d'architecture,
il faut vifiter les églifes, il faut voiries chapelles, les
autels , les tombeaux ; il y a à la vérité peu de belles
façades à Naples : presque toute la beauté eft en-de-
dans. Si on veut voir de rares peintures , de la fculp-
turc 8c des charretées de vafes d'or & d'argent , il ne
faut qu'entrer dans les églifes. Les Toutes, les lambris,
les murailles , tout eft , ou revêtu de marbres précieux
& artiftement rapportés, ou à compartimens , de bas
reliefs & de menuiferie dorée, & enrichie des ouvrages
des plus fameux peintres. On ne voit par tout que jaspe ,
que porphyre , que mofaïque de toutes façons , que
chef d'eeuvres
NAP
NAP
chef-d'œuvres de l'art. Que l'on parte d'une églife à
l'autre , on fe trouve toujours nouvellement furpris.
(a)Labat, Voy. d'Italie, t. y. p. 264. (b) MiJJon , p.
L'églife de la maifon profefie des Jéfuites , entre au-
tres, eft une pièce admirable : le dôme eft peint de la
main du cavalier Lanfranc , Se de quelque côté qu'on
fe tourne dans ce fuperbe édifice , tout y eft chargé
d'enrichifiemens qui disputenr enfemblc de prix .depuis
le pavé jusqu'à la voûte. C'en: la même chofe à Sainte
Marie de l'Annonciade. On peut dire que ce vaifleau
eft d'une éclatante beauté : c'eft-là que l'on voit aufli
ce fameux hôpital dont le revenu monte à plus de
deux cens mille écus. Ces quatre vers fe lifent fur la
porte :
Lac puerif , clotem innuptis , velumque pudicis ,
Datque medelam agris , hœc opulent a domus.
Hinc mérita facra eft Mi , qiu nupta , padica ,
Et laclans , Orbis ver a medelafuit.
Tout eft encore riche Se furprenant à Saint Philippe
de Neri , à Santa Maria la Nuova , à Saint Severin ,
à Saint Paul , à Saint Dominique , à l'églife Se au mo-
naftere du mont Olivet , aux Saints Apôtres, à Saint
Jean Carbonara , à la Cathédrale , à l'Hospitalette , à
Sainte Marie de la Santé , & en plus de trois cens au-
tres églifes , dont la plupart renferment des rréfors Se
des lacrifties où l'on voit des richeffes immenfes. Par
exemple, dans la facriltie des Saints Apôtres, églife
qui appartient aux Théatins , on trouve quatorze grandes
armoires à doubles battans, toutes remplies de vaiffelle,
de vafes facrés d'or Se d'argent , & d'autres chofes pré--
cieufes. La grande Chanrcufe de Saint Martin efi un
lieu extraordinairement rempli de chofes rares Se ma-
gnifiques. On artiirc que fous un feul Priorat , il y fut
dépenfé jusqu'à cinq cens mille ducats en argenterie,
en tableaux & en ouvrages de fculptuie. Leur églife n'eft
pas des plus grandes ; mais elle n'a aucune partie qui
ne mérite d'être admirée. La Nativité , du Guide , dans
le cœur de cette églife , cil une pièce ineftimable. Les
quatre tableaux de la Cène, qui fe voient dans le mê-
me lieu , font de l'Espagnolet , d'Ann. Carache , de
Paul Véronèfe & du cavalier Maiïimo. Le cloître a
cent pas en carré : tout le pavé eft; de marbre , rap-
porté en rinceaux Se en autres ornemens de cette forte •■,
Se les quatre galeries font foutenues de foixante colom-
nés d'une feule pièce d'un beau marbre blanc de Car-
rare. Les religieux font agréablement logés , Se l'appar-
tement du prieur eft digne d'un prince. On y voit la
mer Se plufieurs ifles : on peut confidérer diftinctement
la grandeur de Naples , avec fes châteaux , fon port ,
fon mole & fon fanal. On fe plaît à regarder les jardi-
nages qui environnent la ville ôc les châteaux fertiles
qui montent à la Campagne qu'on appelle Heureufe.
Si on jette les yeux d'un autre côté , en fuivant le ri-
vage , les finuofités qui fe mêlent réciproquement avec
les petits caps que cette paifible mer arrofe , Se les
jolis villages dont cette côte eft parfemée , on a des
objets tout-à-fait agréables. Un peu plus loin , l'air s'é-
pairtît des horribles fumées du Véfuve , Se l'on voit
tout à plein cette affreufe montagne.
Les reliques, les ftatues Se les images miraculeufes
font en fi grand nombre , qu'il n'eft- pas pofiîble de les
détailler. Une des plus célèbres eft le fang de faim Jan-
vier qu'on garde dans l'églife de l'Afi'omption, qui eft
la métropole. Tous les ans le jour de la fête de ce
faint Martyr , on approche fon chef , qui eft confervé
dans la même églife , de la fiole où eft renfermé fon
fang, qui fe liquéfie , dit-on , à la vue de tout le peu-
ple.
A l'exception d'un certain nombre de rues de mé-
diocre largeur, qui aboutifient au port, presque toutes
les autres font larges Se autant droites , qu'il a été
pofiîble de le pratiquer dans une ville où il y a à mon-
ter confidirablement. Toutes les maifons, comme il eft
dit plus haut, font belles, avec des toits la plupart en
terrafle , & où il y a des loges pour prendre le frais.
Le pavé des rues eft grand , parfaitement bien entrete-
nu Se très-propre. Outre le foin qu'on a de balayer
48 î
les rues , on les inonde pour les rafraîchir, Se ces tor-
rens d'eau emportent avec eux toutes les ordures. 11 a
déjà été parlé de quelques fontaines : il y en a de tous
côtés, Se toutes ont quelque chofe de beau Se defin-
gulier dans leur figure Se dans leur matière ; à peine
en trouvera-r on cinq ou fix qui ne mériteront pas l'at-
tention des curieux. * Labat , p. 27 3.
Cette abondance d'eau n'empêche pas qu'il n'y ait
un très-grand nombre de gens qui gagneur leur vie à
vendre de l'eau aux paflans, foit pour fe désaltérer ,
foit pourfc rafraîchir.
Le meilleur favon Se les meilleures favonnettes fe
font à Naples. On y a aufiTt des manufattutes d'étoffes
de foie de toutes fortes , de bas, de bonnets, de ca-
mifoles , &c. Il y en a aufiî de toile , de coton & de
laiue. La rue des orfèvres peut pafier pour la plus ri-
che de la ville. Rien n'eft plus beau que les boutiques ,
les ateliers Se les magazins de ces ouvriers. Ils excel-
lent fur-tout dans l'argenterie d'églife : comme ils en
font beaucoup , ils fe perfectionnent dans ce genre d'ou-
vrage.
On compte dans la ville Se aux environs dix-huit
couvens de Dominicains , Se huit monafteres de religieu-
fes de l'ordre de faint Dominique ; huit couvens d'Au-
guftins Se cinq d'Auguftines ; huit de Carmes Se cinq
de Carmélites ; deux de Chartreux ; deux de Céleftins -y
cinq de chanoines Réguliers Se un de Chanoinefles ;
un de Bénédictins ; cinq de Bénédi&ines ; un d'Olivé-
tains ; quatre de Minimes ; trois de Servîtes ; un de Jé-
ronymitains ; un de Camaldules ; un de Baiîléens ; un de
moines de Monte Virgini -, fix de Théatins ; un de Théa-
unes ; trois de Clercs réguliers ; trois de Clercs appelles
Minuties des infirmes ; fix. de la Compagnie de Jefus ;
trois de Clercs appelles. Operarii pu \ trois de Barna-
bites ; quatre appelles ScboU pU ; un de Somasques ;
cinq de pères de la Merci Espagnols ; deux de religieu-
fes Espagnoles ; deux de Clercs Réguliers de la Congré-
gation de Luques ,cinq confervatoites de garçons ; vingt-
neuf de filles Se de femmes ■■, onze hôpitaux ; cinq fé-
minaircs d'eeelefiaftiques ; quatre paroiiTes principales,
ayant titre de Bafiliques-, trente deux autres paroirtes ;
foixante Se dix autres églifes ou chapelles deflèrviespar
des prêtres féculiers , 6V plus de cent rrente chapelles
de confréries ou oratoires. Un fi grand nombre d'églifes
& de couvens fuppofe un très-grand nombre de per-
fonnes : il va jusqu'à trois cens mille âmes , ce qui eft
confidérable , quoique bien au-deflous de ce que l'on
en débite communément.
La noblefie de Naples eftdivifée en deux clartés prin-
cipales. La première , qui eft divifée en cinq fiéges , qu'on
appelle le Seggi, Se qui a l'adminiftration de la police
de la ville. La féconde , qui ne veut point fe mêler des
affaires publiques , & qui par conféquent n'eft ni inferite
ni entoilée dans les fiéges. Ces fiéges , ou lieux d'aflem-
blée , font des falons magnifiques , accompagnés des au-
tres pièces nécertaires , où la noblefie fe rend pour
traiter des affaires particulières Se de celles de fon
reflbrt. Ce font , à proprement parler, des tribunaux;
car elle eft chargée de beaucoup de détails; comme de
la confervation des privilèges , franchifes Se immunités
de la ville , du foin d'y maintenir l'abondance , chofe
abfolument nécefiaire pour contenir dans le devoir un
peuple naturellement mutin Se volage '■> de mettre les
taxes aux vivres Se à toutes les denrées , de châtier ceux
que l'on furprend en contrebande , d'empêcher qu'on
ne mette de nouveaux impôts fans fon agrément. Elle
eft encore chargée de l'entretien Se de la réparation des
murailles de la ville , des aqueducs , du pavé des rues ,
des édifices publics, & de quamité d'autres chofes qui
regardent le bien public. Les fiéges de la noblefie font
la porte Capuane , le Nido , la Montagne, le Port &
la Porte-neuve. On les appelle ainfi, parce que les fa-
lons ou tribunaux font voifins de ces lieux. Le peuple
a aurtî un fiége pour veiller à fes intérêts particuliers ,
Se pour empêcher qu'il ne foir opprimé par la no-
blefie. Ce fiége eft dans le cloître des Auguftins. Ceux
de la noblefie choififlenr chacun tous les ans un chef
à qui on donne le nom d'élu ; mais le chef du fiége
du peuple eft nommé par le viceroi , Se demeure en
charge , tant qu'il plaît à celui qui l'a nommé. G'efl «in*
Tom. IV. P p p
482 NAP
choie incroyable que la quantité de gens de juftice &
de pratique qu'il y a dans la ville de Naples. Tout le
monde fait la réponfe du marquis Carpio à Innocent
XI , lorsque ce pontife le fit prier de lui fournir trente
mille têtes de cochon. Je ne faurois fournir tant de
cochons, dit le marquis ; mais fi fa fainteté a befoin
de trente mille avocats, je lésai tous prêts à fon fer-
vice. Ces fortes de gens ne manquent pas d'occupation
à Naples. Il y a peu de perfonnes de confidération qui
n'ayent quelque procès. On dit communément que, lors-
qu'un cavalier Napolitain n'a rien à faire, ce qui ar-
rive fouvent , il fe renferme dans fon cabinet 8c fe met
à feuilleter fes papiers , pour voir s'il ne peut point com-
mencer quelque procès 8c tourmenter fes voifins : tant
a changé le génie de ce peuple depuis le tems de Stace ,
S;/./. 5.
Nulla foro rabier, aut flritt* jurgia legis ,
Moris jura virisfolum & fine fascibus xqitum.
Un autre point, fur lequel ils n'ont guère changé, c'eft
la parefie. Les habitans de Naples ont toujours été ré-
putés très-parefieux 8c très-voluptueux. Ces défauts
pourroient bien venir en partie de la grande fécondité
du pays , qui ne leur rend pas le travail fi ncçeffaire , 8c
en partie du climat , qui relâche les fibres de leur corps
& dispofe le peuple à une humeur fainéante & indo-
lente. De quelque côté que cela vienne, les Napoli-
tains étoient autrefois aulfi fameux à cet égard qu'au-
jourd'hui. Horace , epifi. ;. dit,
Oliofa Neapolis.
Ovide , Metam. /. 1 ; . dit la même chofe.
Et va otia natam
Parthenopen.
* Jddijfon , Voyage d'Italie, t. 4. p. 130.
La Baie de Napi.es cfi: la plus agréable que
l'on puifie voir : elle eft presque ronde , d'environ trente
milles de diamètre. Les côtés font couverts de forêts
8c de montagnes. Le haut promontoire de Surrentum
fépare cette baie de celle de Salerne. Entre l'extrémité
de ce promontoire & l'Ifle de Caprée , la mer entre
par un détroit large d'environ trois milles. Cette ifle eft
comme an varte mole , pour rompre la violence des va-
gues qui entrent dans la baie. Elle eft en long , 8c presque
dans une ligne parallèle à Naples. La hauteur exceffive
de fes rochers fert d'abri contre une grande partie des
vents & des ondes. Cette baie elt appcllée le Crater par
les anciens géographes , probablement à caufe defares-
femblance à une boule ronde , à moitié pleine de quel-
que liqueur. Peut-être que Virgile , qui compofa à Na-
ples une partie de fon Enéide , prenoit de cette baie le
plan de ce beau Havre , dont il donne la defeription
dans fon premier livre : car le port Libyen n'elt que la
baie de Naples en petit.
Eft in feceffii longo lecus. Infitla portum
Efficit objeilu laterum , quibiis omnis ab alto
Frangitur , inque finit! jCindit fefe unda redit flos:
Hinc atque bine vaftm. rupes geminique minanuir
In cœlumf copiai , quorum fuh vertice laté
JEquora tut a. filent , tumfilvisjcenacoriticis
Dejuper , horrentiqite anirum nemus imminet timbra.
* JEneid. I. v. 163.
Le mole elt large 8c fort long. Il paroît ancien : il a
une branche en retour d'équerre , à un bout de laque1 le
cfi; la tour de la Lanterne , autrement le Fanal . où l'on
doit allumer des feux pour diriger les vaifleaux , qui
veulent s'approcher pendant la nuit. L'autre extrémité
elt chargée d'une batterie fermée en forme de tour car-
iée baffe. On l'appelle le fort Saint Jacques Tous les
bâtimens mouillent à couvert de ces deux branches. La
douane eil vis-à vis. Elle a une place de grandeur rai-
fonnable , avec trois frn quatre petites jettées , accom-
pagnées de degrés pour la commodité du débarquement
NAP
des chaloupes. Il y a une petite chapelle à un bout de
cette place.
2. NAPLES (Le royaume de) , grande contrée d'I-
talie , dont il occupe toute la partie méridionale. Il efi:
borné au nord-oueft par l'Etat eccléfialtique , & par la
mer de tous les autres sôtés. Cet état , le plus grand
de l'Italie , pafia dans le cinquième fiécle de la domi-
nation des Romains à celle des Goths : enfuite les Lom-
bards en furent les maîtres , jusqu'à ce que leur Roi
Didier eut été vaincu & pris par Charlemagnc. Les
enfans de ce grand Empereur partagèrent cet état avec
les Grecs , qui n'y voulurent point de compagnons , 8c
prirent la part des autres. Les Sarrazins leur en enle-
vèrent une grande partie vers la fin du neuvième fié-
cle , 8c au commencement du dixième. Ils y étoient
très puiflans, lorsque dans le fiécle fuivant , les enfans
de Tancréde , gentilhomme Normand , les en chaue-
rent. Lesdescendans de ceux-ci y régnèrent jusqu'à Guil-
laume III , qui ne laiffa point d'enfans. Confiance , fille
pofihume de Roger , duc de la Pouille , porta cette riche
fucccHion a l'empereur Henri VI. Après la mort de
Conrad , leur petit-fils, en 1 257, Mainfroi, fon frère bâ-
tard, fut reconnu pour fon héritier; mais Charles de
France, frère de S. Louis , comte d'Anjou , de Proven-
ce , ckc. ayant été invelli du royaume de Naples 8c de
Sicile par le pape Clément IV , en 126"/, défit & tua
Mainfroi l'année fuivante , 8c fit couper la tête à Con-
fadin , fils de Conrad , le 29 Octobre 1 269 ; il avoit pris
ce prince dans une bataille près du lac Celano le 23
Août de l'année précédente. Pierre III , roi d'Arragon ,
qui avoit époufé Confiance , fille de Mainfroi , fit au
premier coup du fon des vêpres égorger tous les Fran-
çois , en 1 282 , le jour de Pàque , d'où ce maflacre a été
appelle les Vcpres Siciliennes. Cette catafirophe com-
mença les fameufes querelles des deux maifons d'An-
jou 8c d'Arragon. La première eut auiïi fes divifions
particulières : la reine Jeanne, petite-fille de Robert,
ayant adopté par fon tefiament du 29 Juin 1 380 , Louis
de France , premier du nom , duc d'Anjou , & devenu
par-là chef de la féconde branche d'Anjou à Naples,
Charles de Duras , fon coufin , s'établit fur le trône ,
d'où fon compétiteur fit fes efiorts pour le faire descen-
dre. Jeanne II ou Jeanntlle , fille de Chai les, renouvella
les prétentions des Ariagormois, en adoptant Alfonfe V,
roi d'Arragon, l'an 1420; ce qu'elle fit en haine de ce
que le pape Martin V avoit donné, trois ans auparavant,
l'inveititure du royaume à Louis III, petit fils de Louis I.
Il elt vrai que cette princeffe, pénétrée de l'ingratitude
d'Alfonfe , révoqua cette adoption par fon tefiament ,
fait le 22 Février 1434 , & reconnut René d'Anjou , fils
de Louis, pour fon fuccefieur. Ce prince qui avoit en-
core lieu de prétendre au royaume d'Arragon par fa
mère Yolande , fut contraint de borner fes prétentions
à ce qu'il pofièdoit en France -, 8c ayant vu mourir tous
fes enfans avant lui , il laiffa fes états à Charles , fils de
fon frère , de même nom , comte du Maine. Celui-ci
infiitua pour fon héritier Louis XI ;roi de France, fon
coufin germain , &: les rois de France fes fucceffeurs , par
fon teiiament le 10 Décembre 1681. Charles VIII , fon
fils & Louis XII , fon fuccefieur , fe rendirent maîtres de
ce royaume : mais 1 eloignement& la mativaife foi des Ar-
ragonnois leur firent perdre leurs conquêtes presque au ffi-
tôt qu'ils les eurent faites. Pour revenir à Alfonfe V ,
roi d'Arragon , ce prince s'empara du royaume en 1442 ,
8c y laiffa en mourant Ferdinand , fon fils naturel , qui
perdit deux fois fes états , & les recouvra deux fois avec
le fecours des papes. Son fils Alfonfe II 8c fon frerc
Ferdinand II lui fuccéderenr. Frédéric , fils de ce dernier,
fur chaffé par le roi Louis XII , 8c par Ferdinand V , roi
d'Arragon: ces deux princes partagèrent lesdépouillesdc
Ft ederic;mais l'Arragonnois fe fervant d'une dispute con-
certée pour les limites l'an 1 j 04 , en chaffa les François ,
qui n'y ont pu mettre le pied depuis ; fi l'on en excepte la
révolte des Napolitains, qui appellerent à leur fecours
Henri de Lorraine, II du nom >duc deGuife, en 1647.
Mais ce prince, pour n'avoir pas été fecouru à propos,
fut fair prifonnier l'année fuivante par les Efpagnols. Ce
royaume, après avoir pafie en deux branches de la mai-
fon d'Anjou , pafia encore avec toute la fucceffion d'Es-
pagne en 1700, à Philippe de France , duc d'Anjou , qui
NAP
fît fon entrée publique à Naples le 29 Mai 1702. ; mais
les affaires des François étanr fur leur déclin en Italie ,
l'Archiduc Charles , depuis empereur , fous le nom de
Charles VI, envahit le royaume de Naples en 1706" , Se
le pofieda jusqu'à la paix d'Utrecht. Les alliés en gra-
tifièrent le duc de Savoie , qui porta le titre de roi de
Sicile. L'Espagne ayant attaqué ce royaume , les Pié-
montois appellerent les Autrichiens à leur fecours. Le
traité de Londres dispofa de ce royaume en faveur de
l'Empereur , qui réunit fous une feule domination les
royaumes de Naples Se de Sicile. Mais , par le traité de
paix conclu entre les rois de France , d'Espagne Se
l'Empereur, le 18 Octobre 1738 , l'Infant dom Car-
los en fut déclaré roi; mais ayant hérité du royaumed'Es-
pagne par la mort deFerdinandIV , il y a pafïé, & a laiffé
celui de Naples à fon fécond fils Ferdinand. * La Ferêt
de Bourgon , Géogr. hiftor. r. 2. p. 537.
Le royaume de Naples, qu'on appelle auflî Sicile en-
beça du Fare , cil gouverné par un Viceroi triennal :
cependant la plupart font continués deux ou trois fois ,
félon que les rois le jugent à propos. Le fouverain de
Naples tient ce royaume avec la Sicile en fief de l'E-
glife , & en rend tous les ans la veille de S. Pierre , le
tribut d'une bourfe de fept mille écus d'or ; & le lende-
main d'une haquenée blanche , qu'il fait préfenter au
pape.
La plus grande longueur du royaume de Naples eft
d'environ trois cens milles , à compter depuis l'extré-
mité de lAbruzze ultérieure , jusqu'à Reggio , au fond
de la Calabre ; Se fa plus grande largeur , depuis Gacte
jusqu'à l'embouchure du Pescaire , cil de près de 80 mil-
les. L'air y etl fi admirable & la terre fi fertile en grains ,
vins Se fruits excellens , que les Italiens difent en pro-
verbe ; que N.iples e(t un paradis habile par des diables.
11 eft vrai que les habitans de ce royaume font grofilers ,
inconftans , fainéans Se même diffimulés ; mais ils font
généreux , bienfaifans , Se les meilleures gens du monde ,
lorsqu'on fait s'accommoder à leurs manières. Il y a
quantité de fleuves dans cet état; mais la plupart , Se
presque tous,doivent être confidérés comme des torrens.
Division du Royaume de Naples.
NAP 481
Le
royaume
de Na-
ples divi
fé em
douze
parties.
Sur ou:
proche de'
la mer fu-
[péri cure.
Sur ou
proche la
mer in-
férieure, i
La terre d'Otrante .
La terre de Barri ,
LaCapitanate,
Le comté de MolifiTe,
L'Abruzze Citérieure ,
L'Abruzze Ultérieure ,
La terre de Labour ,
i La Principauté Citérieure .
La Principauté Ultérieure.
' La Bafilicate ,
La Calabre Citérieure,
>La Calabre Ultérieure.
NAPLOUSE , ville de la Palefline , à dix lieues de
Jérufalem , du côté du nord. C'en1: la même que Sichem
ou Sichari , ville célèbre de la tribu d'Eprahïm ; ou du
moins Naploufe étoit très-voifine de la place de Si-
chem (a). Cette ville a eu pluficurs noms. S'il eft vrai
qu'elle foit la véritable Sichem , elle fut appellée depuis
Mabarta, félon Jofephe , de Bello , /. 5. c. 4. ou Mamor-
tba , comme écrit Pline , /. 5. c. 13. On lui donna en-
fuite le nom de Flavia Cœfarea de celui de l'empereur
Flavien Domitien : on a des médailles avec cette in-
feription *A. neaC. riOAEnc. CTP. nAA. c'ell-à-dire
Flavia Neapolis Syr'u PaLftinœ : enfin elle fut nommée
Amplement Neapolis , Se elle a aujourd'hui ce nom par-
mi les Arabes , qui le corrompent pourtant , en l'appel-
lant Naplos. Naploufe efi presque auiïï grande que Jéru-
falem 5 & il y a une milice entretenue de divers ordres.
LesJaniflairesfontà la folde du bâcha de Damas; le relie
dépend de l'émir Hhagge , c'efi-à-dire du prince con-
ducteur des pèlerins de la Mecque. Cette ville eft à pré-
fent fans murailles & fans portes , au fond d'une vallée,
terminée au midi par la montagne de Garizim , Se au
feptentrion par celle d'Hebal , deux montagnes fameu-
fes dans l'écriture par les bénédictions que les fix prin-
cipales tribus donnèrent aux obfcrvateurs de la loi , &
par les malédictions que les fix autres tribus donnèrent
à ceux qui la violeroient. Ces deux montagnes font
proches 1 une de l'autre , Se les Mahométans racontent
qu'un géant , nommé Aïrout , neveu de Noé , mettoit un
pied fur l'une Se un pied fur l'autre. Il y a encore dans
cette ville quelques Juifs Samaritains, que les autres Juifs
désavouent Se maudiflent. On dit qu'ils adorent les co-
lombes. Cependant ils prient Se lifent dans des livres
femblables à ceux des autres Juifs. Ils ne mangent rien
de ce que les Chrétiens ou les Mahométans apprêtenr ,
ni même de ce qu'ils touchent ( b ). La terre des envi-
rons de Naploufe eft fertile Se produit desolives en abon-
dance : les jardins font remplis d'orangers 3c de citron-
niers , qu'une rivière Se divers ruifleaux arrofent. A cinq
cens pas de la ville, fort une fontaine fous une voûte vers
le levant. Son eau fe répand dans un réfer voir de mar-
bre tout d'une pièce , long de dix pas Se large de cinq ,
avec autant de hauteur. Au devant il y a quelques feuil-
lages Se des rofiers en relief, taillés fur le marbre. Voyez,
Sichem. (a) Le P. Naît, Voyage de la Terre Sainte,
I.4. c. 22. (b) Thevenot, Voyage du Levant, part. 2. c. j6.
1. NAPO , rivière de l'Amérique méridionale, au Pé-
rou, dans l'audience de Quito. Elle a fa fource au-deflbus
de Ba'èça : elle prend d'abord fon cours en ferpentant
du coté du fud-eft ; elle tourne enfuite du côté du fud i
Se après avoir baigné Napo , elle court du côté du nord
oriental : après avoir reçu le Coca Se le Curaray , elle fc
rend dans la rivière des Amazones au-deflus de S. Joa-
chim d'Omaguas , à 3 dégrés 24 minutes de latitude
auftrale.
C'eft par cette rivière que François d'Orellana , en
1^40, parvint à la rivière des Amazones, Se jusqu'au cap
du nord fur la côte de la Guiane en 1638. Pedro Texeiraj
s'étant embarqué fur cette même rivière à Napo , tint la
même route. Le Napo eft encore devenu célèbre parla
prétention des Portugais fur le domaine des bords du
fleuve des Amazones jusqu'au Napo , dont l'embou-
chure, félon les obfervations faites, a 600 toifesde large.
Voyage de la Condaminc en Amérique.
2. NAPO , bourgade de l'Amérique méridionale , au
Pérou, dans l'audience de Quito, fur la rivjcre de Napo ,
à la droite , dans l'endroit où elle prend fon cours du
côré du nord oriental.
NAPOCENSISColonia. Il eft fait mention de cettet
colonie dans le Digefte, /. $o.tit. de Cenfib. Un manuferit
lit NacocenfiSy Turnebe lit Naponenfis , Se fans auto-
rité il en fait deux lieux , favoir , Ncapolif Se Occnfist
Ortelius , Tbefaitr. parle d'un autre manuferit où il y
avoit Narporenfis.
i.NAPOLI (a), ville de Grèce , dans l'ancienne
Argic , qui eft aujourd'hui la Saccania ou la Romanie
mineure , riche contrée de la Morée, vers le 37 degré
40 minutes de latitude. De toutes les villes de l'ancienne
Argie , Napoli eft-, pour ainfi dire , la feule qui ait con->
fervé jusqu'à préfent des relies de fa première fplcn-
deur. Les anciens l'appelloient Anaplia ; Se Ptolomée ,
/. 3. c. 16. la nomme Nattp'ia navale. Cette ville fut
bâtie par Nauplio , fils de Neptune Se d'Amimone , dans
l'endroit le plus reculé du golfe appelle , communément
le golfe de Napoli , Se par Ptolomée Argolicus Sinus ,
fur le haut d'un petit promontoire qui fe fépare en deux
pointes. Celle qui eft vers la mer , forme , un port fpa-
cieux , Se l'autre gêne les paflages , parce qu'ils ne peu-
vent y monter que par un fentier étroit & escarpé, qui eft
entre le mont Palamides Se la Marine {b). Son port ,
qui eft un des meilleurs du pays , eft à couvert des cor-
faircs Se du vent par un petit château que l'on a bâti
fur un écueil , Se qui en défend l'entrée. Comme il y a
plus d'abri & plus de fond qu'en aucun autre port de
tout le parage oriental de la Morée , il s'y fait un grand
trafic de bleds , de vins , d'huiles , de foie , de coton Se
de tabac. Pour entrer dans la ville du côté de la terre
ferme , il n'y a qu'une avenue Se qu'une porte qui re-
garde 1 i'oueft : par -tout ailleurs la mer bat contre les mu-
railles qui font aflez bonnes , & flanquées par des tours à
l'antique. Pour chaque cheval qui entre dans la ville par-
cette porte ,on paye trois âpres. Outre le château qui eft
à l'entrée du port , il y en a un autre du côté du nord :
il avoit autrefois trois enceintes , qui font réduites pré-
fentement à une feule. De quelque côté qu'on regarde
Tem. IV, P p p ij
484 NAR
cette place , on trouve que la nature & l'art ont éga-
lement concouru pour la rendre forte. Comme elle eft
fituee au pied d'une roche qui regarde le midi , 6c qui
renvoie en bas les rayons du foleil avec force , les cha-
leurs font presque infupportables à Napoli. Les rues
font extrêmement fales. Elles font peuplées de Chrétiens,
de Turcs & de Juifs ; car les Arnautes demeurent dans le
fauxbourg. Les Grecs ont fept ou huit églifes dans la
ville. L'églife cathédrale s'appelle Sotiras , parce qu'elle
eft dédiée au Sauveur. Les Juifs ont une fynagcgue , &
les Turcs ont trois mosquées , fans compter celle du châ-
teau. Les Capucins François , qui ont été appelles à la
million de la Morée par la congrégation de propaganda
Fide ,ont leur principale rélidence à Napoli. ( a ) Coro-
nelli , Mem. hift. 6c géogr. part. 2. p. 107. ( b) La Guil-
htiere , Lacédémone ancienne 6c moderne, 1. 4. pag.
329.
Parmi les cabanes des Arnautes qui compofent le faux-
bourg de Napoli , il y a trois ou quatre petites églifes
grecques , 6c à côté de celles qui font dédiées à la Pa-
nagia 6c à Agios Thomas , on voit un Takias ou mo-
naïtere de dervis. Celui-ci a été bâti par Muftapha Bâ-
cha. Au nord du fauxbourg de Napoli 6c au nord-oueft
de la ville , on voit le Vouai toit, Palamedou , c'eft-à-dire
la montagne de Palaméde. Voyez, ce mot. Au nord de la
ville font les ruines de l'ancienne Nauplion. Voyez.
ce mot. Crufius a été trompé par de faux avis , quand
il a écrit que les Grecs de Napoli étoient exemts du
tribut des enfans. Les plus anciens du pays n'ont jamais
entendu parler de ce privilège.
Les habitans de Napoli ont beaucoup d'efpik. Quand
deux hommes veulent faire quelque complot fecrét de-
vant le monde & tromper les témoins , ils tiennent tous
deux les mains couchées fur l'eftomac , 6c feignant de
faire un gefte d'étonnement ou de joie , félon la nature
des affaires 6c le fujet de la converfation , ils lèvent le
bras & fe montrent les doigts ouverts de la manière qu'ils
ont concertée : ils expliquent ainfi leurs penfées en as-
furance.
Napoli a paffé fous la domination de différens prin-
ces. Eile fut prife en 1 205 par les Vénitiens ligués avec
les François. Quelque tems après le roi Giovanifia rem-
porta d'affaut , pafia la garnifon au fil de l'épée , 6c ruina
la ville. Unedespœne ou princeffe, appellée Marie, dont
les aïeux étoient François d'origine , cemmandoit dans
Napoli 6c dans Argos , dans le quatorzième fiécle. Elle
époufa un noble Vénitien , nommé Pietro Cornaro , 6c
lorsqu'elle fut veuve, elle céda en 1385 ces deux vil-
les à la république de Venlfe, moyennant une penfion
annuelle de deux mille pièces d'or. En 1539 la répu-
blique l'abandonna au Grand Seigneur pour acheter
la paix. Elle la reprit en 1686 ; mais enfin cette place
tomba entre les mains des Turcs au commencement de
ce fiécle.
2. NAPOLI de Barbarie. Voyez, Ne bel.
1. NAPOULE(La), bourg ou village de France ,
dans la Provence , diocèfe de Fréjus , fur la côte occiden-
tale d'un golfe appelle de' même nom , 6c par d'autres ,
Plage de Cannes. Il contient environ 430 habitans. Il
y a auprès de ce lieu un étang qui a une demi - lieue
de circuit , où l'on trouve beaucoup de poiiîon 6c
quantité d'oifeaux aquatiques. Quelques - uns ont cru
que c'étoit l'ancienne Athenopoiis. Voyez, ce
mot.
2.NAPOULE(Le golfe de la ) , dans la mer Mé-
diterranée ,fur la côte de France. Quelques-uns l'appel-
lent pourtant Plage de Cannes. Il eft fitué entre le cap
de la Napoule 6c celui de la Croifettc , le premier à
l'occident , & le fécond à l'orient. Les Ifles de Ste Mar-
guerite &z de S. Honorât font à l'entrée
3.NAPOULE, cap fur la côte de France , dans
la mer Méditerranée, dans la partie occidentale du goliè
de même nom , 6c au midi du bourg de la Napoule.
N A P U C A , ancienne ville de la Dacc , félon Pto-
lomée, 1.x. c. 8. qui la place entre Ulpiamim 6c Patruiffa.
Lazius , 1 2. R. P. R. Jecl. z.c. 1 . la nomme Bufa 6c Bti-
faten.
i.NAR, rivière de l'Umbrie. Tacite , Annal.
I. i.c. 79. dit que le lac Vélinus y décharge Ces eaux.
NAR
Elle donna le nom , félon Tite- Live , /. 10. c. 10. à une
colonie que les Romains envoyèrent dans l'Urabiic.
Pomponius Sabinus a remarqué qu'elle tiroit fa fource
des montagnes d'Amiterne. Selon Léandre , c'eft aujour-
d'hui le Negra.
2. N A R , petite ville de Pologne en Mazovie , nu
palatinat de Czersk fur le Bug , à 16 lieues de Biehk.
C'eft le chef-lieu d'une châtellenie. * Buudrand , édic.
170;,
1. N A R A. Voyez. Narensis.
2. N A R A , ville du Japon , dans la grande ifle Ni-
phon , dans la province de Jamatfyro , 6c à une journée
au nord de Méaco , avec un château d'une grande ma-
gnificence. Toutes les maifons de la ville font aufli fort
belles 6c fort riches , 6c dans un très-bon goût d'archi-
teéturc. Le père Alencida , qui eft entré dans un dé-
tail des beautés de cette ville , remarque que dans le
mortier dont on fe fert dans ce pays-là , ce n'eft pas du
fable qu'on mêle avec la chaux , mais une espèce de
papier fort blanc. * Le P. de Char levoix , H iftoire du Ja-
pon, /. 3.
N A R A B O , fleuve de la Pannonie inférieure , félon
Ptolomée, /. 2. c. 16. Quelques-uns nomment ce fleuve
Arrabo , & prétendent que ce foit le Rab. L'itinéraire
d'Antonin écrit Arrabona , & le met fur la route de
Taurunum dans les Gaules , entre le lieu nommé Ad
mures , & un autre lieu nommé Ad ftatuas ; à quinze
milles de l'un 6c de l'autre, dans la première Pannonie,
en allant de Valérie vers le Norique.
NARACCATENSIS, liège épiscopal d'Afrique,
dans la Numidie. La notice épiscopale d'Afrique nom-
me Fortunation fon évêque. 11 eft vrai que dans l'édi-
tion ordinaire , on lit Fortunatianus Naratcatenfs ;
mais dans le concile de Carthage, tenu l'an 52; fous
le pape Boniface , on trouve entre les pères qui y fou-
ferivirent, Colombus, episcopus plebis Naraccatenjis :
c'eft le même fiége.
NARACUM. Fôv^Inariacium.
NARAGGARRITANUS,fiége épiscopal d'Afrique,
dans la province Proconfulaire. La notice épiscopale
d'Afrique fournit ce mot très- corrompu. On y lit Ma-
ximinus Maragaritanus ou Maraggavitanus. Dans le
concile de Carthage de 5 2; , Viclorin eft qualifié episco-
pus plebis Nagargarttana ; 6c dans la lettre fynodale
des évêques de la province Proconfulaire , qui fe trou-
vèrent au concile de Latran , fous le pape Martin, on
lit entre les fouferiptions , Benenatus episcopus ccclefiA
Naraggaritanx,. Ce qui fait voir que cette dernière or-
thographe eft la véritable , c'eft que Ptolomée , /. 4. c.
3. nomme la ville Naraggara. Tite-Live,/. 30. c. 29.
• la nomme Nadagara. Antonin la met fur la route
d'Hipporegius à Carthage , entre Tagafte 6c Siéca Ve-
ncria , à vingt-cinq mille pas de la première, & à
trente-deux mille pas de la féconde.
NAR ANGARA. K^zlNaraggarritanus.
N ARANGIA , ville d'Afrique , au royaume de Fez ,
dans la province de Habad ou Elhabad , à trois milles
d'Ezagen , près du fleuve Licus , au-deffus de l'embou-
chure de ce fleuve. Dans le voifinage de cette ville ,
mais un peu plus avant dans le pays , on voit les ma-
fures de Befar ou Besray autrefois Lixa. * Dapper ,
Dcfcr. de l'Afrique , 153.
NARANUS. Voyez. Volceium.
NARBAS , rivière aux environs de la Perfide. Cé-
drene en fait mention dans fon hiftoire de la guerre
d'Héraclius contre Cosroès , 6c dans fon hiftoire Mis-
cellanée.
NARBASES. C'eft ainfi que Vafa?us lit ce nom dans
Ifidore ; ce doit-être un peuple d'Espagne , dans la Ga-
lice. D'autres placent dans le même canton des monta-
gnes nommées Arbases ou Arvases : c'eft aujourd'hui
Aruas cutreLéon 6c Oviedo. Cet atticle n'eft jusqu'ici
que le fentiment d'Ambroife Morales, rapporté par Or-
telius. Il ajoute à cette occafion que Ptolomée, /. 2.
c. 6. nomme entre les peuples de l'Espagne Tarragon-
noife une. nation qu'il nomme Narbafi: il lui donne
une ville, appellée forum N^rbajorum : fes interprètes
la prennent pour Aruas.
NAKBATA, ville ou lieu de laPalcfline, capitale
NAR
NAR
du canton nommé Narbatène. Elle étoit fituée, félon
Jofephe, de Bello , l. n. c. 14. à foixante ftades de
Céfarée de Paleftine. Rufin lit Nabata, & la met dans
la Samaiie.
NARBATÈNE , canton de la Paleftine , auquel la
ville de Narbata , qui en étoit la capitale , donnoit le
nom. Ce canton , fclon Jofephe , de Bello , L u.c. 22.
croit voifin de Céfarée de Paleftine c/xopoç th$ Kauntptïctç.
Rufin , fur la foi apparemment de quelque manufcrit
particulier , traduit finitimam Samaru Nabartenem ,
pour finitimam Gzfareœ. Ccdrenc , p. 189. qui a cou-
tume de copier Jofephe , fait aufli mention de Narba-
tène , en ces termes : K«< NapjSaSoi' ko.) tw Utfccia.v.*Reland.
deUrb. & Vie. Tahft. t. 2. p. 90 j.
NARBINCENSIS. Voyez. Nasbincensis.
NARBIS, ville de l'illyrie, félon Etienne le géo-
graphe : ne feroit-ce point la Narbona colonia de Pto-
lomée, /. 2. c. 17? 1
NARBON, ou Narbo Martius, fleuve de la
Gaule, félon Polybej /. 3. c. 37. qui le donne pont*
la borne de la plus grande partie de l'Europe , Se le
place auprès de Marfeille Se des bouches du Rhône.
Comme on ne troiiTc point de fleuve confidérable en-
tre les bouches du Rhône Se la ville de IVlarfeille , 8c
que d'ailleurs le nom de Narbo Martius n'a jamais été
donné qu'à la ville de Narbonne , il eft vifible que
Polybe.par ce fleuve Narbo Martius, n'entend autre
chofe que la rivière de Narbonne , c'eit-à-dire , l'Atax ,
aujourd'hui l'Aude , à l'embouchure de laquelle Strabon
dit que Narbonne cft fituée.
1. NARBONA, ville de l'illyrie, dans la Dal-
matie , félon Ptoloméc , qui dit que c'étoit une co-
lonie Romaine , Se qu'elle étoit fituée dans les ter-
res.
2. NARBONA. Voyez Narenta.
NARBONENSIS L O C U S. Voyez. Rubren-
fezs.
NARBONENSIS PROVINCIA. Voyez. Narbo-
NENSIS GALLIA.
NARBONENSIS Gallia , ou Provincia Roma-
na. Avant la divifion des Gaules par Augufte , les
Romains appelloient Provincia Romana {a) tous les
pays de la Gaule qui ctoient compris depuis les Py-
rénées ou les frontières d'Espagne , jusqu'aux Alpes
ou jusqu'à l'Iralie , Se entre la mer Méditerranée , les
Cévénes, le Rhône avant qu'il foit joint à la Saône
Se le lac de Genève. On lui avoit donné ce nom , Se
Céfar l'avoit appellée Provincia ou Provincia noftra ,
parce qu'elle étoit la première Se la feule province des
Romains au-delà des Alpes. Belga, dit Céfar , /. 1, c.
1. à cidtu atque humanitate Provincia longifflmè ab~
fient ; Se dans un autre endroit il dit : Quum nunti attira
effet Helvetios per Provinciam nqflram iter facere ca-
nari. Lorsqu'Augufte eut fait la divifion des Gaules , la
province Romaine fut appellée Gallia Narbonenfis, ou
Gaule Narbonnoife. Pline, lib. 3. cap. 4. en donne
les bornes en cette manière : Narbonenfis Provincia
pars Galliarum : qiu interno mari abluitur Braccata
antea d'tla amne Varo ab Italia discreta , Alpiitmque
vel faluberrimis Kornano imperio jugis : à r cliqua vero
Gallia laterc feptcntrionali montibus Gebenna & Jura.
Elle fe trouva alors fi peuplée de colonies Romaines
& de villes municipales . que Pline eft tenté de la re-
garder plutôt comme l'Italie même , que comme une
province dépendante de l'Italie. Elle fournit suffi de
grands hommes à la ville de Rome , ce qui fait dire
à Claudius ( b ) : Num pœnitet Balbos ex Hispania ,
nec minus infignes viros è Gallia. Narbonenfi trans-
ivijfe. Après Augufte ,mais avant Conftantin , félon Ca-
rolus à fanto Paulo, Geogr. Sacra, l. f. n. 3. la pro-
vince de Narbonne fut démembrée , & de ce démem-
brement on forma deux autres provinces ; favoir , la
province des Alpes Se la province Viennoife- Enfin dans
la fuite , comme on le voit dans la huitième lettre du
pape Hilaire, du 3 des nones de Décembre 462 , la pro-
vince Narbonnoife étoit divifée en première Narbon-
noife «Se féconde Narbonnoife ( c ). Elle fut toujours re-
gardée comme appartenant aux Gaules jusqu'au règne
des Goths , qui la mirent fous la dépendance de l'Es-
pagne , & elle y demeura jusqu'à la fin du feptiéme
48*
fiécle, Se quelques années même au-delà , puisque l'on
voit la foufeription de Suniefredus , métropolitain de
Narbonne , parmi celles des éveques qui affilièrent au
quinzième concile de Tolède l'an 726. Voici de quel-
le manière le père Briet divife la Gaule Narbonnoife
du tems d'Auguite. ( a ) Cellarius , Geogr. ant. 1. 2. c.
2. (b)Tacit. 1. 11. c. i^.{c)Scbelflrate > Antiq. ec-
clcf. t. 2. p. 298.
Division de la Gaule Narbonnoise;
ou province Romaine.
VolccTec-1
tosages ,
Tout l'arche-
vêché de Toulou-
fe , & les diocè-
ses de Narbonne,
de Bejîers , de
Carca]fonne,de S.
Pons er d'Aleth.
Narbo Martius , Narbonne ,
Tolofa, Touloufe,
Carcaflo , Carcaffonne ,
Blieerrœ Septimanorum , Befiers ,
Dunitari , Caftelnaudari ou Mire-
poix,
Alethum , Aleth ,
Safula , Salfes ,
| Leocata , Leucate ,
Ruffino , aujourd'hui la Tour de
Rouffillon , auprès de Perpignau ,
Illiberis , El ne ,
Telis , rivière , aujourd'hui Egli.
Nemaufus , Nîmes ,
Ç Rhode ou Civitas Rbodiorim, Pccais ,
VoLCtë Are-1 Agatha, ad Araurarim , Agde fut
comici, 1 l'Errault,
Lesdiccèfcsde 1 Agatha , Ifle : Magalone ,
Nîmes , d'UfezA Ucecia , Ufez,
de Montpellier, de j Gemma ou Ugernum, Bcaucaire ,
Lodève & d' A- 1 Lutena ou LutanaCaftritm,Lodève,
gde. f Blascon , Ifle :1e Brescou ,
v. Mans Setius , le cap d'Agde.
Le Vivant. ?^W"A*, Viviers.
Allobroges,
Le Viennois, du
ché de Savoie
Graifivaudanje
Genevois, leCha
biais & FoJJigny
)
Vienna Col. Rom. Allobrogum , Vien-
ne en Dauphiné ,
Cularo ou Acu/îorum Col. Grenoble ,
Gcneva , Genève ,
Lacus Lemanus , le lac de Genève
ou de Laufane.
Segalauni ou 1
Segovellani ,
Le duché de
Valcminois.
Centrones
La Tarentaifc
& le Vaide Mo-
rienne.
Valentia , Valence ,
Troph&um JEmiliani
Curfol.
auprès de
Forum Claudii , Mouftier en Taren-
taifc.
Caturiges , r Vapincum , Gap en Dauphiné , ou
Le Gapenfois. \_ Charges auprès de Gap.
Segusiani ,
ou
Segusini , } Segufium , Suze ,
Le marquifat\Brigatium, Briançon.
de Suz.e & le
Brianconnois.
Ebroduntii, r
Le diocefel Ebrodunum , Embrun.
d'Embrun. L
Ditiatii ,
Les diocèfes de
Glandève , de.
Vence & de
Graffe.
Antipolis, Antibes,
Glanateva Capillatoriim , Glandève,
Vintium Neruforum , Vence ,
Varus , fleuve : le Var ,
Lero , ifle Sainte Marguerite ou S,
Honorai
486 NAR
NAR
VOCONTI ,
'LeDioisJesBa-
ronnies & l'évê-
ché de Vaifon ,
au Comtat.
Tricastini,
L'évêché de S.
Pol ou de TV ois-
Châteaux,
Cavares ou/
Cavari,
Le comtat d'A-
vignon , la prin-*
cipauté d'Oran-
ge & l'évêcbél
d'Apt.
NlMENT ,
Les diocèfes de
Cifleron , de Di-
gne , de Senez. & ■
de Riez..
Sauiou Sa-i
iies ,
Les diocèfes
d'Aix& d'Arles.
Anatili oui
Auatili ,
La Cran &*
Camargue.
Commoni ,
Les diocèfes de ,
Marfeille , de
Toulon & de
Fréjus.
Peuples attri-
bués à la Gaule '
Narbonnoife
quoique fitués<
hors des limites
de cette provin-
ce.
, Vafw , Vaifon ,
Dea Vocontiorum , Die.
Augufla Tricaftinorum , S. Pol des
Trois-Châteaux ou de Tricaitin.
Avenio , Col. Rom. Avignon ,
CarpentoraEle , Carpentras ,
Araufîo, Col.Sccundanorum, Orange,
Undalitm , le pont de Sorge ,
Cabellio, Cavaillon,
Apta Julia , Apt.
' Durlo , Cifteron ,
l Forum Neronis , Forcalquier ,
Dinia Sontiorum , Digne,
Sanicium Veidantiorum , Senez ,
Reij Apollinarii Albicorum , Riez.
Aqu& Sextiœ, Aix en Provence,
Arelate , Arles ,
Tarasco , Tarascon.
Maritima Colonia , Martegue ou Mar-
tigue,
Fojfa Mariana ,
Dian<x. Fanum , Notre-Dame ,
Rhodani Oftia , la Robine , le Gras
d'Orgon , le Gras de Paflon ,
Campus Lapideus , la Crau.
Majfilia , Marfeille,
Promontoriitm Ciihariftes , le cap de
la Croifette ,
Olbia, Hières,
Taurois , ou Tauroe'ntum , peut-être
la Ciotat,
Telo Martin s , Toulon ,
Forum Julii , Fréjus,
C Prote , Porquerolles ,
Stoeca- \ Mefe , ou Pomponiana
DES,fe-\ Porte Cros,
.Ion Pline. / Hypa?aou Hippata, lifle
^ de Titan.
S alaffi Augufla Pretoria, Aorte,
Leponti Oscela , Domo d'Oscela,
■rr . , ,r r Otlodoïiis , Mar-
Veragrt^leVz-f tinachj
^ lais ' \ Sedinum , Sion ,
r Nicea , Nice ,
Vediantii ,< Caput Camelenum ,
L Monte Cameliono ,
Vagienni Salinœ , Salufles ,
Libici Riomagus, Trin,
Taurini, AuguftaTaurincrum , Turin.
[Sed,
uni
NARBONESIA , nom que quelques-uns ont donné
à la ville de Narbonne.
NARBONNE, en latin Narbo , ville de France,
dans le Bas- Languedoc. Elle eft fituée fur un canal tiré
de la rivière d'Aude (a) , qu'on appelle en latin Atax :
elle eft à deux lieues de la mer près du lac , nommé
par Pline & par Mêla , Rubrefus ou Rubrenfis , ôc en
francois, l'Etang de la Rubine, qui formoit autrefois un
port où les vaiflfeaux abordoient , &■ par où ceux de Nar-
bonne faifoient un très-grand commerce en toutes les
provinces , qui font fur la mer Méditerranée , jusqu'en
Egypte. C'eft ce que nous apprenons de plufieurs
auteurs , ôc particulièrement de Sulpice Sévère , qui
vivoit fous les empereurs Valentin II , Théodofe<.\: Ho-
norius ; mais il y a long tems que ce port a été bou-
ché, la mer s étant retirée de fes côtes , où les na-
vires ne peuvent plus aborder à caufe des bas fonds,
Narbonne a donné fon nom à la province Narbonnoi-
fe ou Gaule Narbonnoife ( b ) , dont elle étoit la capi-
tale : ôc qui dans la fuite fut divifée en Narbonnoife
première, Narbonnoife féconde , Viennoife , Alpes
Graïennes , ôc Alpes Maritimes. Elle a auffi donné fon
nom à cette partie de la mer Méditerranée , qui mouil-
loit les côtes de la province Narbonnoife , & que Stra-
bon appelle Mare Narbonenfe , ôc d'autres, Mare Nar-
bonicum. Narbonne étoit la plus ancienne colonie des
Romains dans la Gaule-Transalpine. Elle fut fondée l'an
deRomeôjiS ,fous leconfulatdePorcius& Martine, pac
l'orateur Licinius Crafîus, qui avoir été chargé de la
conduite delacolonie. Il donna à Narbonne le furnom
de Martius ôc de Decumanorum Colonia , à caufe qu'il y
établit des foldats vétérans de la dixième légion »
furnommée Martia. Cette ville fut durant quelque tems
confidérable , & un boulevard de l'empire Romain con-
tre les nations voifines qui n'étoient pas encore foumi-
fes. C'eft ce que nous apprenons de Cicéron , dans fon
oraifon pour Fonteius, où il appelle cette colonie de
Narbonne , Spécula populi Romani ac propugnaculum
iftis ip/ïs nationibus oppofitum & ob']eilum. Pomponius
Mêla , qui vivoit fous l'empereur Claude , parle au V
chapitre de fon II liv. de Narbonne , comme d'une co-
lonie qui I'emportoit fur les autres ; voici fes termes.
Sed anteftat omnes Atacinorum Decumanorumque Co-
lonia , unde olim bis terris auxilium fuit , nunc & nomen,
& decus eft Martius Narbo. On voit par-là que Nar-
bonne s'appelloit Decumanorum Colonia & Atacino-
rum , à caufe de la rivière Atax , ou Aude , fur la-
quelle cette ville avoit été bâtie , à caufe de laquelle on
nommoit les habitans de Narbonne Atacini , comme le
po'ête Gaulois Vairon, qu'on nomme Atacinus , pour le
diftinguer du favant Vairon , qui étoit Romain ; on a de-
puis détourné le cours de l'Atax ou Aude. Sidonitis fait
auffi l'éloge de cette ville , dans la pièce de vers qu'il a
intitulée Narbo. Il dit entr'autres qu'elle étoit célèbre
Mûris, Civibus , ambitu , tabernis ,
Portis , porticibus , foro , théatro ,
Delubris , Capitohis , monetis ,
Tbermis , arcubits , borreis , maccllis ,
Pratis , fontibus, infulis ,fahnis ,
Stagnis , fiumine , mer ce , ponte , ponto.
Les écrivains du moyen âge nomment quelquefois
cette ville Narbona au lieu de Narbo : c'eit une faute ;
Narbona eft une ville de 1 Ulyrie , & aucun ancien au-
teur, fi cen'eft Ammien Marcellin, /. ij.p. y?, ne don-
ne le nom de Narbona à la ville de Narbonne. (a) Lon-
guerue , Defcription de la France , I. part. pag. 241. ( b )
Hadr. Valefîi Not. Gall. p. 370.
Narbonne , après les premiers Céfars , fut obligée de
céder le rang à Vienne , fur le Rhône, à qui les Romains
avoient donné de grandes prérogatives ; mais lorsque
fous Conftantin les charges de l'Empire Ôc les provin-
ces furent multipliées , Narbonne fut reconnue métro-
pole de tout le pays qui eft entre le Rhône & la Ga-
ronne, quoiqu'il y eût alors en cepays des villesqui nelui
cédoient pas en grandeur ôc en puiflance, ôc cette pro-
vince fut nommée la Première Narbonnoife.
Narbonne vint au pouvoir des Vifigoths fur la fin
du regnede Valentinien III, au milieu du cinquiémefiécle,
& ils l'ont confervée jusqu'à la mort de leur dernier
roi Roderic , tué en Espagne par les Sarrazins , qui éta-
blirent une colonie de Mahométans à Narbonne , la-
quelle devint leur place d'armes au- deçà des Monts. Ils
s'y foutinrent long-tems contre les François; mais enfin
fous le règne de Pépin , les Sarrazins furent contraints
l'an 759, après avoir fourFert un blocus de plus de fix ans,
de rendre la place.
Sous le règne de Charlemagne , Narbonne fut prife
encore par les Sarrazins ; leur roi , qui avoit fon fiége à
Cordoue en Espagne , ayanr pafie les Pyrénées , défit
en bataille les François , commandés par Guillaume , qui
étoit alors duc ou gouverneur général d'Aquitaine ôc de
Septimanie. Ce roi , après fa victoire, s'empara de Nar-
bonne. Les Sarrazins en furenr chartes deux ans après par
les troupes de^Charlemagne : enfuite les François con-
quirent en plufieurs années la Catalogne ; ce qui éloigna
entièrement les Sarrazins du voifinage de Narbonne.
NAPv
Le roi Pépin donna la moitié de la Seigneurie de cette
▼ille & de fon domaine aux archevêques, ce qui fut con-
firmé par Charlemagne & fes fuccefTeurs : néanmoins les
ducs qui commandoient pour le roi , avoient une jurisdi-
ction fupérieure à celle de l'archevêque ; ce qui dura jus-
qu'au déclin de la race de Charlemagne, lorsque les com-
tes de Touloufe & de Carcaflbnne , Se même plufieurs
vicomtes fe rendirent propriétaires Se indépendans. Ou
voit que les vicomtes de Beziers avoient quelque parc à
la feigneurie de Narbonne &de fon territoire; mais ce-
lui qui avoit le plus d'autorité , étoit le vicomte de cette
ville, qui relevoit de l'archevêque : ce prélat renoit alors
lieu de duc de Narbonne, ce qui dura jusqu'à la fin du
onzième fiécle. Ce fut alors que Raimond de S. Gilles,
comte de Touloufe , prit le titre de duc de Narbonne,
auquel fesprédécefleurs, les comtes propriétaires de Tou-
loufe , n'avoient jamais prétendu : car ceux qui ont joui
fous Charlemagne Se fes fuccefieurs du titre de duc de
Narbonne, deSeptimanie Se de Gothie, n'étoient que
de fimples officiers Se commandans par commiiUon du
roi; ce fut donc uniquement par la loi du plus fort que
Raymond de Saint Gilles s'empara du haut domaine de
Narbonne & des villes voifines , ayant même ufurpé une
partie de la Provence. Ses enfans Se fes fuccefieurs vou-
lurent fou tenir fes prétentions, à quoi ils trouvèrent de
grandes oppofitions; les archevêques fe maintinrent tou-
jours dans leurs droits, & continuèrent à recevoir l'hom-
mage des vicomtes de Narbonne , Se même , lorsque
Simon de Montfort , après avoir vaincu les Albigeois ,
fc fut rendu le maîrre de tout le pays , il fit hommage
& prêta ferment de fidélité à Renaud Amauri, archevê-
que de Narbonne , comme on voit par une lettre d'In-
nocent III écrire à Simon , ou ce pape le blâme d'avoir
fait plufieurs attentats fur la ville de Narbonne& fur fon
é^iife , quoiqu'il eût fait hommage Se ferment de fidéli-
té à l'archevêque , lie et ei bominium feceris £r fidelitatis
pr&jliteris juramentitm.
Enfin ce vicomte, après avoir pafie dans bictl des fa-
milles, s'elt trouvé réuni à la couronne de France par
Henri IV, qui en hérita du coté de fa mère, Jeanne d'Al-
bret.
Il y avoir autrefois à Narbonne grand nombre de
bàtimens antiques , un capitole , un cirque, un amphi-
théâtre ; mais tout cela a été ruiné , Se on s'eft feevi des
matériaux pour bâtir les nouvelles fortifications de cette
ville, qui étoit un boulevard de la France, au tems que les
Espagnols tenoient Perpignan.
La ville de Narbonne eft divifée par fon canal en ci-
ré & en ville.On y entre par quatre portes, dont la Roya-
le Se la Connétable font anciennes : les deux autres font
aflez nouvelles, Se leurs inferiptions marquent les raifons
qu'on a eues de les ouvrir. Le féminaire elt auprès d'une
de ces dernières, Si fon bâtiment eft eftimé des con-
noifieurs. La cathédrale pafie dans l'efprit des gens du
pays pour un chef-d'œuvre , à caufe de fes voûtes , Se de
la hardieffe de l'a ftructure. Ce bâtiment fut commencé
fous le pontificat de Clément IV , qui en avoit été ar-
chevêque^ fous le règne de faim Louis. Il fut inter-
rompu après la conltruction du chœur , Se on ne la re-
prit qu'en 1708. Ce fut le 17 de Juin de cette année-là,
que Charles le Gcux de la Berchere , archevêque de Nar-
bonne, pofa folemncllement la première pierre pour la
continuation de cet édifice. Ce prélat a eu la confola-
tion avanc de mourir d'en avoir fait élever la croifée ,
ouvrage qui avoit été toujours regardé comme un cho-
fe très-difficile. Il mourut le deux Juin 1719, Se fut enter-
ré dans la chapelle de faint Charles : elle fait partie du bâ-
timent qui a été élevé de fon vivant. On trouve dans cet-
te Eglife plufieurs tombeaux de marbre : celui du milieu
du chœur elt de Philippe le Hardi , & un des plus an-
ciens que l'on voyc de nos rois de la troifiéme race. Ce
prince mourut à Perpignan d'une fièvre chaude, le troi-
fiéme des nones d'Octobre 1285. Il fut porté à Nar-
bonne ; fes entrailles Se toutes les chairs furent mifes
dans ce rombeau , & fes os avec fon cœur furent poirés à
Paris. Il eft repréfenré fur ce tombeau en marbre blanc,
revêtu de fes habits royaux & couché : il tient de la main
droite un long feeptre , Se de l'autre fes gants. Derrière
le chevet du tombeau ii y a une infeription latine en let-
tre gothiques : elle eft conçue en ces termes;
NAR 487
Scpiilclontm bonne, memoriœ Pbilippi quondam Franco-
rum régis , fi tii B. Ludovici , qui Perpi niant calidâfe-
bre ex bac lace mi gravit in tertio nonas Oclobris , anm
Domini MCCLXXXy.
Sur les quatre faces de ce tombeau on a repréfenté
le convoi : les chanoines y portent leurs aumuces , les
uns fur la tête , Se les autres fur le bras ; de l'autre
côté on voit des princefies qui portent auffi des aumu-
ces fur la tête. Enfin on voit Philippe le Bel entre
Ces deux gardes de la manche : il eft en habit de deuil
qui ne traîne point. Sa cornette elt rabaiffée fur les épau-
les, au lieu que les autres la portent fur la tête. Cette
repréfentation fait connoître que les rois de France as*
fiitoient alors aux funérailles de leurs prédécefleurs. Ceft
Philippe le Bel, qui fit élever ce tombeau bientôt après
la mort de fon père , pour qui il fie une fondation. *
Piganiol , Description de la Fiance , t. 4. p. 364.
Le foleil où l'on expofe le Saint Sacrement elt fi grand
Se fi maffif , qu'il faut huit prêtres pour le porter. Le
tableau qui repréfenté la réfurrection du Lazare , eft un
chef-d'œuvre deSéballien de Venife, Se unpréfent du
cardinal Jule de Médicis , archevêque de Narbonne.
Parmi les reliques de cette églife, on garde dans un
magnifique reliquaire un morceau de la vraie Croix. L'é-
glife des Carmélites fait l'admiration des curieux par la
beauté des marbres de fon maître- autel Se de fes cha-
pelles. Dans l'églife de Saint Paul , il y a des tapifieries
qui font anciennes Se d'un goût exquis.
Saint Paul eft honoré comme le premier évêque de
Narbonne. Saint Rultique fut évêque de cette ville après
la mort d'Hilaire , vers l'an 427, ou peu après: d'autres
diient l'an 430. 11 mourut vers l'an 462. Saint Théo-
datd ou Thodart en fut fait évêque l'an 885 , Se mourut
l'an 893 à Monrauban , où fon corps eft demeuré. Saine
Jufi , martyr de Complute en Espagne , eft devenu le
patron de la cathédrale de Narbonne. * Topograpb. des
Saint i , p. 3 3 4.
Le palais de l'archevêque eft une espèce de fortc-
reffe , compofée de plufieurs corps de logis , Se flan-
quée de plufieurs tours carrées. Le jardin eft fpacieux ,
& on y remarque un antique Se magnifique tombeau de
marbe blanc, Se une niche aufli de marbre au travers de
laquelle les prêtres du paganisme rendoient les oracles
par un rrou carré qui paroît au milieu de la niche.
Bachaumont Se Chapelle étoientbien de mauvaife hu-
meur, lorsqu'ils ont apoftrophé Narbonne en ces termes s
Digne objet de notre couroux ,
Vieille ville toute de fange ,
Qui n'es que ruifleaux Se qu'égouts;
Pourrois tu prétendre de nous
Le moindre vers à ta louange î
Il faut néanmoins convenir que comme Narbonne eft
fituée dans un fond environné de montagnes', lorsqu'il j
pleur cinq ou fix jours de fuite, les eaux fe ramafient en
fi grande abondance , qu'il eft presque impoflible d'en
fortir, fans courir risque de fe noyer. * Piganiol, page
365.
L'archevêque de Narbonne éroir autrefois le feul qu'il
y eût dans le Languedoc. Le pape Jean XXII érigea ce-
lui de Touloufe en 1 3 1 6, & l'évêché d'Albi a été démem-
bré de Bourges Se érigé en archevêché en 1676. Les ar-
chevêques de Narbonne perdirent auffi , il y a environ fix
cens ans, la jurisdiction que leurs prédécefieurs avoienc
eue fur toutes les églifes de la Catalogne , Se dont ils
avoient été mis en pofleffion dans le huitième fiécle, où
la ville métropolitaine deTarragone fut ruinée jusqu'aux
fondemens par les Sarrazins. Cette dernière métropole ,
ayant été rétablie fur la fin du onzième fiécle Se au
commencement du douzième , rentra dans fes pre-
miers droits; cependant l'archevêque de Narbonne prend
toujours le titre de Primat. Cer archevêché eft ainfi con-
fidérable par fon ancienneté , par fa primatie , par fon
droit de préfider aux états de la province , & par fon re-
venu. On prétend que le proconful Sergius Paulus, qui
fut converti par faint Paul , fut le premier évêque de
Narbonne. Cette ville ayant été la métropole de la pie-
488 NAR
fniere Narbonnoife , la primatre fut dévolue à fon arche-
vêque. Celui d'Aix voulut lui contefter la primatie fur
fon diocèfe ; mais le pape Urbain II décida en faveur
de l'archevêque de Narbonne. On remarque qu'en 588,
l'évêque de Narbonne aflifta au troifiéme concile de To-
lède , 8c qu'il y prit la qualité d! évêque de Narbonne , mé-
tropolitain de la province des Gaules. La préfidence aux
états dont jouiffent les archevêques de Narbonne , leur a
été acquife par la pofiéflion 8c parles délibérations des
états mêmes. L'églife métropolitaine eft fous l'invocation
de la fainte Vierge , 8c des faims Juft 8c Pafteur. Son
chapitre eft compofé d'un grand archidiacre , d'un pré-
centeur , des archidiacres de Corbieres 8c du Razes, d'un
fuccenteur , & de vingt chanoines.
11 y a deux autres chapitres -.Saint Paul qui eft une col-
légiale compofée d'un abbé & de douze chanoines : la
collégiale de faint Sébaftien a un prévôt , un facriftain ,
un précenteur 8c douze chanoines.
Le diocèfe de Narbonne n'elt compofé que de cent
quarante paroiffes; 8c le revenu de l'archevêché eft cepen-
dant de près de cent cinquante mille livres. Il y a onze
fuffragans qui font
Carcaffonne, Beziers, Lodévc, Nisme, S. Pons,
Aleth, Agde, Montpellier, Uzès,
Alais. Perpignan.
On compte dans le diocèfe de Narbonne quatre ab-
bayes d'hommes 8c une de filles,
NAR
Abbaye
d'hommes.
Cannes , S. B.
Fontfroide , C. &
S. Policarpe. S. B.
Quarante .... S. A.
Abbaye Ç _.,. „
de filles. I OIlvCS-
Le diocèfe de Narbonne produit beaucoup de bled ,
qui même , à ce qu'on affûte , eli d'une meilleure quali-
té qu'ailleurs. Il eft fort recherché pour les femailles , 8c
il y a à Narbonne de fort riches marchands qui entendent
parfaitement le commerce du bled , 8c de toute fortes de
grains. Il y a peu de vin , mais la récolte d'huile eft rrès-
confidérable. Lesfalins de Périac fourniffent des fels qui
fe débitent dans le Haut-Languedoc. Ce pays produit en-
core beaucoup de falicot.
2. NARBONNE ( Le golfe de ) en latin Narbonenfe
mare ; c'eft une partie du golfe de Lyon ou de Léon. Il
commence au port ou cap de Lanfranqui , 8c finit au
cap de Cette.
N ARC ASUS , natio n 8c ville de Carie, félon Etien-
ne le géographe , qui cite Apollodore.
NARCESou Narce, ville de Numidie. Appien d'A-
lexandrie , De bell. Pun. pag. 14. dit qu'Annibal fur-
prit cette ville.
NARC1SSI Fons. Paufanias /. 9. c. ji. dit qu'aux
confins des Tespiens , il y a un village nommé Hedo-
riacon -, que dans ce village , on trouve une fontaine ap-
pelle Napx/svK îra>» , Narciffifons , 8i que l'on préten-
doit que c'étoit dans cette fontaine que Narciffe fe re-
garda, 8c entra en admiration de lui-même. Ovide, Met.
/. 3. a décrit élégamment cette fontaine.
NARCY, en latin Narciacum , paroiffe de France,
du diocèfe d'Auxerre. Elle étoit au IX fiécle de l'an-
cien patrimoine de l'églife d'Auxerre. L'évêque Hen-
fride obtint, vers l'an 900, de Charles le Simple , qu'elle
lui fût reltituée. Mais Rainard , vicomte d'Auxerre , &
Manaffesde Vergi,fon frère, s'en emparèrent presque
aufluôt. Geran, évêque d'Auxerre , travailloit à fe la faire
rendre , lorsqu'il mourut à Soiffons l'an 9 1 4. La cure du
titre de Saint Marcel eft fous le patronage du prieur
de la Chanté : elle lui apppartenoit dès le XII fiécle.
Il y a fur fon territoire une chapelle dite de Saint Syl-
vain, qu'on dit être de l'ordre de Malte. On a établi
aux environs de Narcy plufieurs forges, à la faveur de la
petite rivière de même nom, qui a fa fburce auprès de
l'abbaye de Bouras , 8c qui va fe jetter dans la Loire à
Mêve, au-defibus de la Charité. * Notes mamtfcrites de
Lebœuf.
NARDINIUM , ville de l'Espagne Tarragonoife.'
Ptolomée , /. 2. c. 6. la met fous les S&lini.
1. NARDO , Neritum , ville d'Italie, au royaume de
Naples , dans la terre d'Otrante , dans une plaine à quatre
milles de la côte du golfe de Tarente, à neuf au nord do
Gallipoli, Se à quinze au fud-ouefi de Lecce. Elle eft peu-
plée ; c'eit le fiége d'un évêché , érigé par le pape Jean
XXIII, fuffragant de l'archevêché de Blindes, quoiqu'il
ne relevé que du faine Siège 3 ayant été tiré de la jurisdi-
clion de l'archevêque de Blindes. Le pape Alexandre VII
poffédoitcet évêché dans le tems qu'il faifoit les fonctions
de nonce à Cologne 8c à Munfter. Nardo a auffi le titre
de duché , 8c appartient à la maifon d'Aquaviva. Cette
ville fut presque entièrement détruite par un tremble-
ment de terre en 1745 > Pjlls de cinq cens perfonnes fu-
reur enfevelies fous les ruines des bâtimens. Voyez. Ne-
ritum.
2. NARDO. C'eft ainfi qu'écrivoient quelques an-
ciennes éditions de Sidonius Apollinaris , /. 2. cap. 9.
Ortelius , The/aur. dit avoir eu un manuferit en parche-
min , où on lifoit Wardo. 11 y a apparence que c'eft ainfi
qu'il faut lire. C'eft aujourd'hui le Gardon qui conferve
encore fon ancien nom , à la première lettre près. 11 eft
affez ordinaire de voir le double W changé en G.
N ARDUS, ville de l'Inde, au-delà du Gange, & dans
le voifinage de ce fleuve. Ptolomée , /. 7. c. 2. la place
proche de Rbandamarcotta.
NAREA , Nerea, Enarea ou Enarja. Ludolf,
/. \. c. t.Jetl. 14. préfère ces deux derniers. C'eft un des
royaumes d'Afrique dans l'Abiffinie , entre le huitième
& le neuvième degré de latitude feptentrionale. Ce
royaume eft habité par des Chrétiens 8c par des Païens.
Melec Saghed s'en rendit maître, lorsque le fouverain
du pays eut embraffé la foi Chrétienne. La terre eft fer-
tile, & produit beaucoup d'or. Les peuples qui l'habi-
tent , quoique peu policés , font fort eftimables. Ils font
plus finceres que ne le font ordinairement les peuples d'E-
thiopie 8c d'Abiffinie. Ils font aufli religieux obfervateurs
de leurs promeffes ; 8c ils ne furpaffenr pas moins leurs
voilîns par les qualités du corps que par celles de l'efptir.
* Ludolf, 1. 1. c. 3. fecL 18.
NARE/E, peuple de l'Inde, félon Pline, l.G.c. 20.'
NARENS1S, fiége épîscopal d'Afrique , dans la Byza-
cène. Janvier , fon évêque , fut préfent à la conférence de
Carthage. La notice épiscopale d'Afrique, n. 11. met
Victor Narenfîs entre les évêques de la Bizacène > 8c A11-
tonin place Nara fur la route âïAJfurœ à Thenœ , entre
Suffit ula 8c Mardarfuma , à 15 milles de la première »
& à 2j de la dernière.
1. N ARENTA , Naro , Naron 8c Narona , ville
de la Dalmatie dans M Herzégovine, fur une rivière de mê-
me nom à la gauche. Cette ville eft moins fameufe par fes
fortifications préfentes , que par la réputation de fes
premiers habitans. Ils fe rendirent fi puiffans fur mer ,
que les villes de la Dalmatie, la république de Venife mê-
me , furent forcées pendant plus de 1 70 ans de leur payer
tribut, pour avoir la liberté d'entrer dans le golfe de Na-
renta. Elle fut anciennement nommé Naro , Narona, 8c
même Narbona. Son territoire confifte en une feule val-
lée d'enviton trente milles de longueur : la rivière l'inon-
de en certains mois de l'année , ce qui rend le pays ex-
trêmement fertile. Elle a eu autrefois l'honneur d'être la
capitale de toute la Dalmatie. Les députés des autres vil-
les s'y rendoienr , pour travailler aux intérêts communs
de la province. Du tems de Cicéron , Narenta étoit une
fortereffe de conféquence , comme on le voit dans la let-
tre où Vatinius , Epijl.adfa.md. I. $.cpift. 10. lui man-
de la peine qu'il avoit eue à emporter cette place. Elle
fut une des villes où les Romains envoyèrent des colo-
nies , après la conquête du royaume de l'Illyrie. Dans la
fuite elle eut des fouverains indépendansdes rois des deux
Dalmatics; & comme ces fouverains faifoient leur prin-
cipale occupation de la piraterie , ils n'embrafferent que
fort tard la foi Chrétienne.L'Evangilen'y fut reçu que dans
le onzième fiécle j l'Empereur Bafile s'étant rendumaître
de la partie orientale de la Dalmatie, procura la conver-
fion des habitans de Narenta. Cette ville devint bientôt
épiscopale fous la jurisdiction de l'Archevêché de Ragu-
fe, d'où Narenta eft éloignée de 30 milles vers le fep-
tenttion. Son évêque fe trouve eormnunément nommé
évêque
NAR
NAR
évêque de S. Etienne , parce que l'églife cathédrale efl:
fous l'invocation de ce faint. Pfarenta a encore été de-
puis une principauté particulière , fous le nom de princi-
pauté de Chulmia, & quelques rois de Dalmatic ont pris
ce titre. Aujourd'hui le pays s'appelle Y Herzégovine ,
ou le duché de S. Saba, quoique ce duché s'étende jus-
qu'aux frontières de la Bosnie.
2. NARENTA, fleuve de Dalmatie. Il ne porte ce
nom qu'après la jonction des rivières Vifera & Trebi-
fat, qui le forment de leurs eaux ,& qui viennent des
montagnes de Bosnie. Autrefois il fe liommoit Naro
ou Naron. Après avoir couru quelques lieues du nord
au midi , il reçoit à £1 droite la rivière de Rama ; il
tourne alors du côté de l'orient pour recevoir la Buna :
grofli des eaux de cette rivière , il prend fon cours du
côté du midi , & , après avoir reçu à droite la Rado-
bugla , à gauche la Boiogaua , Se encore à droite l'Ya-
biak , il fe rend à Narenta , au-deflbus de laquelle il
fe partage en deux bras qui forment une ifle, auprès de
laquelle on a bâti la forterefle de Ciclut avec un bourg
d'environ 300 maifons. A cinq milles par terre, & à
neuf milles au-deflbus de Ciclut , il forme encore l'ifle
de Norin , où il reçoit à la droite une rivière aufli
nommée Norin ; Se enfin il va fe décharger dans le
golfe de Narenta, par diverfes embouchures qui forment
différentes ifles.
3. NARENTA , golfe de la mer de Dalmatie ; il eft
entre les côtes de l'Herzégovine au nord, celles de la
république de Ragufe à l'orient , celles de Sabioncelo
au midi, Se l'ifle de Liéfina à l'occident.
NARESII, peuples de la Dalmatie, félon Pline, /.
3. |(. 22. ce font les N*pW«/ , que Ptolomée, /. 2. e.
17. place avec les Sardiota dans l'intérieur des terres,
au-deflus des Comenii Se des Vardet.
NARETI , ancien peuple de l'Arabie Heureufe , fé-
lon Ptolomée , 1.6. c.j.
1. NAREW, rivière de Pologne ; elle a une fourec
dans le duché de Lithuanie , au palatinat de Brzefcie du
côté de l'occident , Se dans la partie la plus feptentrio-
nale. L'autre dans la Podlaquie au midi de Bielsck où
elle pafle. La première prend fon cours d'orient en
occident , pafle à Narew , à Sieras , à Tykoczin , à
Wizna , à Rozana, à Pultausk ; Se après avoir ainfi
traverfé les palatinats de Podlaquie & de Mazovie ,
elle va fe jetter dans le Boug au-deflus de Serolzeck.
* De l'ifle , Carte de la Pologne.
2. NAREW , petite ville ou bourgade de la Pologne ,
fur la rivière de même nom , dans la partie 'orientale
du palatinat de Podlaquie, au nord oriental de la petite
ville de Bielsk.
NARGARAou Nadagara, ville de l'Afrique pro-
pre. Scipion Se Annibal y eurent une conférence , félon
Tite-Live , /. 30. c. 29. Cependant Surîta Se Sigonius
ont remarqué qu'on lifoit Narangara dans des anciens
manuferits. Polybe écrit Margarum ; mais c'eft une
faute, félon les apparences. Voyez. Naraggarrita-
nus.
NARGOLOGiE. Voyez. Nangoloce.
NARGUR, ville de l'Inde , en-deçà du Gange. Pto-
lomée,/. 7. c. 1. la place la dernière dans les terres au
pays des Soretanes. Quelques interprètes lifent Magur
pourNARGUR.
NARIAD ou Niriaud , petite ville des Indes orien-
tales» dans le Guzerat , entre Broudra Se Amcdabad. Il
fe fait beaucoup de toile dans cette ville. * Thevenot ,
Voyage des Indes , c. 18.
NARIANDUS , ville de la Carie , félon Pline , Z. ;.
c. 29. Voyez. Caryanda.
1. NARIME ou Narvm, contrée de la Tartarie,
en Sibérie, au nord du fleuve Kéta, Se au midi de la
contrée d'Ostiaki. A l'orient Se à l'occident leurs bornes
ne patoiflent pas fixées.
2. NARIME ou Narym , ville de la Tartarie, en
Sibérie, dans la contrée de Narym , fur le bord oriental
de l'Oby , un peu au-deflbus de l'endroit où il reçoit le
Kéta.
NARINSII. Voyez. Narïsii.
NARISCI ou Narisques , anciens peuples de la
Germanie , félon Tacite , Germ. c. 42. Ils font nom-
més Varifii par Ptolomée, /. 2. (. 11. Se Dion > /. 71.
4*9
les appelle Narifta. Il y a grande apparence que ces
peuples tiroient leur nom d'une rivière , nommée Na-
vus, la Nawe qui travetfoit leur pays. Peut-être que le Na~
vus fut aufli appelle Narus , ou que les Navisd furent
nommés Nurisci par les Romains , en changeant \'n
en r. Le lieu qu'ils habitoient s'étendoit au midi du
Danube des deux côtés de la Nawe , Se félon la pofition
que Ptolomée leur donne, ils étoient bornés au fep-
tentrion par la forêt Gabreta Se par les montagnes Her-
cyniennes , à l'orient par la forêt Hercynienne , au midi
par le Danube, & au couchant par le pays des Hei-
munduri ; de cette façon leur pays renfermoit le haut
Palatinat ou le palatinat de Bavière avec le landgraviat
de Leuchtenberg. Tacite , Germ. c. 42. fait l'éloge des
Narisques : après avoir donné des louanges aux Mar-
comans, il dit que les premiers ne cèdent en rien à
ceux-ci. Il y a apparence que leur pays compofoit une
partie du royaume de Marobodus Se d'Ariovifte. Les hi-
ftoriens ne le difent pas néanmoins pofuivement , mais
tout concourt à le perfuader. Si après que Marobodus eut
été chafle de fes états , ils jouirent de leur liberté, ou
bien s'ils furent gouvernés par un roi ou par un duc ,
c'efl ce qu'il n'eft pas pofljble de décider , parce que l'an-
tiquité n'en dit rien ; nous apprenons feulement de
Dion, /. 71. & de Capitolin, in Anton'mo, c. 22. que ces
peuples fubfift-oient du tems des Antonins, puisque ces au-
teurs les mettent au nombre des nations qui confpirerent
contre les Romains. * Spener , Not. Germ. ant. 1. 5. c. 6*
NARÏSII. Vvyez Narnii.
NARIST^L. Voyez. Narisci.
NARITI , peuples de l'Arabie Heureufe, félon Pto-
lomée , /. 6. c. 7. qui les place fur le golfe Perfique.
NARIUS. Voyez. Nacius.
N ARM AL1S, ville delaPifidie, félon Etienne le géo-
graphe.
NARMUNTHUM , ville d'Egypte. Voyez. Hêrmun-
Trtis.
N ARNI , Narnia , petite ville d'Italie , dans la terre
des Sabins, province de l'Etat Eceléfiaflique , fur la riviè-
re de Néra. Elle efl en partie fituée fur la croupe, & en
partie fur la pjrnte d'une montagne élevée • escarpée , Se
d'un accès difficile ( a ). Ses habitans difent qu'elle eft
plus ancienne que Rome ; mais le plus grand nombre
prétend qu'elle efl. postérieure. Il feroit plus facile de
s'accorder fur ce point, que fur l'étymologie de fon an-
cien nom. On l'appelloit Nequinum , qu'on fait venir de
Nequitia , méchanceté. Les uns difent que ce nom lui eft
venu de la difficulté des chemins qui y conduifent ( b ) ,
ou à caufe de fa fituation fur une montagne rude Se es-
carpée, où l'on ne peut arriver qu'avec peine : d'autres
îbutiennentque cette ville avoit mérité fe nom odieux,
à caufe de la méchanceté de fes habitans , & de leur na-
turel cruel Se barbare. Ils fondent ce fentiment fur un
point de l'hifloire , qui dit que cette ville ayant été as-
siégée Se tellement preflee par la difette , qu'il falloir fe
rendre ou mourir de faim, les. habitans réfolurenr de
tuer lents mères, leurs fœurs Se leurs femmes , afin d'é-
pargner le peu de vivres qui leur reftoient ; Se que ces
vivres étant confumés , ils fe tuèrent les uns les autres,
préférant la mort à la perte de leur liberté. On conclud
de ces aérions barbares , qu'elles ont donné l'origine au
nom Nequinum. Il faut pourtant qu'il foit reflé quel-
ques-uns de ces désefpérés , puisqu'on voit dans l'hik
ftoire Romaine, que les Nequiens Se les Samnites con-
fédérés furent défaits par les Romains commandés par
le conful M. Fulvius Tetunius , qui triompha d'eux
l'an de Rome 454. Leur ville a pris depuis le nom
de Narnia ou de Nami , à caufe de la rivière Néra ,
qui pafle au pied de la montagne fur laquelle eft bâ-
tie Natni. Ce changement arriva lorsque les Romains
la peuplèrent d'une colonie à qui il ne convenoit pas
de porter un nom aufli odieux que celui de Nequi-
num.(a) Labat , Voyage d'Italie, t. 7. p. 86. Se fuiv.
(b) Tite-Live, 1. 10. c. 9.
On voit à Narni les relies d'un pont magnifique ,
qu'on dit avoit été bâti par Augufle après la défaite
des Sicambres Se de leurs dépouilles. Ce pont étoit ex-
traordinairemenr exhaufle , afin de pouvoir joindre les
fommets des deux collines , au milieu desquelles pafle
la Néra , Se pour donner un cours plus libre à l'eau de
Tom. IV. Q q q
NAR
49°
ce tentent , qui #eleve fouvent à une hauteur confi-
dérable. On juge par ce qui en refte , que l'arche du
milieu avoit deux cens pieds de large Se cent cinquante
de haut ; il étoit bâti de grands quartiers de marbre joints
enfemble par des bandes de fer fcellées en plomb. On
a fait un autre pont au-deffous, Se à une affez petite
di (tance de celui qui eft rompu. Il .eft de pierres de
taille Se de briques. Il s'en faut beaucoup qu'il foit de
la beauté de l'ancien : auïîi n'eft-il pas permis à tout le
monde d'imiter Augufte. Ce nouveau pont a fept ar-
ches , au lieu que l'ancien n'en avoit que quatre. Une
de ces arches eft en pont-levis. La tête du côté oppo-
fé à la ville eft fortifiée d'une tour carrée de peu de dé-
fenfe. Le chemin qui conduit du pont à la ville eft
difficile Se rude. On trouve en entrant par ce côté ,
une espèce de fauxbourg environné de vieilles murail-
les flanquées de tours ; on continue de monter , & on
trouve la ville auffi environnée de vieilles murailles
avec des créneaux Se des tours. Il y a de ce côté trois
boulevards , qui paroiffent d'une maçonnerie plus mo-
derne que le refte de l'enceinte.
La ville de Narni eft beaucoup plus longue que
large. Quoique fa fuuation n'en rende pas le terrein
commode , les rues ne biffent pas d'être belles : les
maifons font bien bâties, Se les églifes font propres. La
cathédrale eft fous l'invocation de faim Juvenal , pre-
mier évêque de Narni , au quatrième fiécle , félon Bail-
ler ( a ). Elle eft ancienne , bâtie dans le goût gothi-
que ; mais réparée à la moderne Se ornée autant
qu'on a pu. Le revenu de l'évêché n'eft pas fort con-
fidérable; mais le chapitre eft très-riche. L'ordre de S.
Dominique y a un couvent bien bâti avec de bons re-
venus. Les Auguftins , les Conventuels de faitu Fran-
çois Se les Obfervantins y onr chacun une maifon , Se
les Capucins en ont deux : elles font à la vérité hors des
murs. Il y a un collège fous la direction des écoles
pieufes : ces pères ne fe mêloient autrefois que d'en-
feigner aux enfans à lire , à écrire Se à leur apprendre
les premiers rudimens de la grammaire ; ils les condui-
foient enfuite au collège des Je fuites ou d'autres , dans
les villes où ils étoient établis ; mais peu à peu ils fe
font érigés eux-mêmes en maîtres, Se ont fait des clo.ffes.
( a ) Topograph. des Saints , p. 334.
Narni , qui réfifta à toute la puiffance d'Annibal ,
fut foumife par les Vénitiens qui avoient embrafié le
parti de Charles V. On ne fauroit exprimer les rava-
ges qu'ils y firent : ils brûlèrent Se démolirent la plupart
des maifons Se des édifices publics : ils égorgèrent fans
pitié jusqu'aux femmes Se aux enfans, Se réduifirent
cette ville dan%un étar fi affreux , que l'hiftorien Léan-
dre témoigne n'avoir pu trouver un endroit pour y
loger dans le voyage qu'il fit en cette ville , en 1/30,
le peuple Se les magiftrats mêmes, qui gouvei noient la
ville fous le nom de prieurs , n'avoient pas de quoi fe
mettre à couvert. Elle eft heureufement reffuscirée de
fes cendres, riche & bien peuplée. Ses citoyens font
polis -, il y a nombre de familles nobles qui donnent
tous les jours des chevaliers aux ordres de Malte Se de
faint Etienne, dans lequel, comme dans le premier,
il faut faire les mêmes preuves de nobleffe. Les familles
nobles les plus confidérables , font celles des Scotti, des
Cardoli, des Cardoni , des Gérémics, des Mangoni ,
des Vipera Se plufieurs autres , à la tête desquelles on
doit mettre la maifon des princes Cefi , établie à Ro-
me depuis bien des années, & qui pofféde encore de
grands biens dans cette ville & aux environs; mais ce
qui relevé infiniment cette ville , c'eft que l'empereur
Ncrva y étoit né. L'eau n'y manque pas , quoiqu'elle
foit bâtie fur une montagne haute Se escarpée. Elle y
eft conduite par un aqueduc auquel on donne quinze
milles de longueur. Il paffe fous des montagnes , une
desquelles eft ttès-haute Se très-difficile à percer ; on
n'a pas laiflc de creufer fon lit avec des peines Se des
dépenfes très-grandes ; il fournit l'eau à trois fontaines
publiques , ornées de baffins de marbre Se de ftatues de
bronze qui font plufieurs jets , dont les eaux fe parta-
gent en différens canaux de plomb , qui les condui-
fent dans plufieurs maifons.
On voir, auprès de la ville , le lieu d'où fort une fon-
NAR
taine que l'on appelle la fontaine de la Famine : parce
qu'on a obfervé qu'elle n'y donne de l'eau , que pour
marquer que l'année fuivante fera ftérile. Elle étoit
alors à fec. Ceux qui en voudroient douter, n'ont
qu'à confulter les regiftres de l'hôtel de ville , où l'on
a marqué avec exactitude les années que cette fontaine
a coulé , Se les ftérilités qui les ont fuivies. Il y a à l'ex-
trémité Se au plus haut de la montagne , fur laquelle
la ville eft fituée , une ancienne fortereffe carrée , flan-
quée de quatre tours carrées , qui étoit refpectable dans
le rems qu'on n'avoir ni canons ni bombes. Elle eft à
préfent forr délabrée. Quoiqu'on la veuille fane paffer
pour un ouvrage des Romains , le père Labat dit qu'il
a des raifons de croire qu'elle n'eft rout au plus que
du tems des Lombards. Une des choies extraordinai-
res que l'on remarque dans ce canton , c'eft que les
revers des montagnes qui regardent le midi , qui , dans
toute l'Italie, & je crois dans tout le refte du monde ,
font les plus fertiles à caufe de leur expofition au fo-
leil t le nourricier des plantes Se des arbres , font dans
celui-ci les plus ftériles. Ce ne font que des rochers
nuds , fecs , brûlés ^incapables de rien produire , Se qui
n'offrent rien que de trifte Se de désagréable à la
vue ; au lieu que ceux qui font tournés vers le fepten-
trion , l'orient Se l'occidenr , font très fertiles. On y
voit quantité d'oliviers, dont les fruits produifent une
huile fort vantée pour fa bonté. Les vignes y viennent
très-bien , & le vin eft bon. 11 y a auffi de ces treilles
qui . portent le raifin appelle Paffarine , qui eft une
efpéce de raifin de Corinthe forr petit , d'un goût ad-
mirable ; on le fait fécher , Se on l'envoie piesque par
toute l'Italie. Il s'en fait une grande confommation.
Les Italiens, les Hollandois, les Anglois Se toutes les
nations du Nord les mettent à toutes fauecs.
Narni n'eft pas féconde feulement en nobleffe , elle
l'eft encore en favans » Se en grands capitaines. C'eft la
patrie du fameux Gattamelata, général des aimées des
Vénitiens , qui les conduifit avec tant de fageffe , de
bravoure & de bonheur, qu'après avoir remporté une
infinité de victoires, ces fuperbes républicains lui firent
élever une ftatue de bronze dans Padoue, celte ville
célèbre qu'il avoit prife Se unie au domaine de la ré-
publique. Sans parler des cardinaux Cefi , Se de plu-
fieurs favans évêques de la famille des Carduli , on con-
ferve avec refpect la mémoire d'un François Carduli ,
favant au-delà de ce qu'on peut s'imaginer , & dont la
mémoire, étoit fi prodigieufe , qu'il répétoit mot pour
mot deux pages entières , qu'il avoir entendu lire
une feule fois, mais même en rétrogadant du dernier
mot jusqu'au premier. Son frère Marc étoit un des
favans hommes de fon fiécle, & d'une mémoire qui
ne cédoit guère à celle de fon frère François. Galeoto ,
Maxime Arcano , Michel-Ange Arrono , Pierre Do-
minique Scoro, Se une infinité d'autres , qui ont honoré
la république des lettres , dans les feiziéme Se dix-fep-
tiéme fiécles , étoient de Narni.
1. NARO , ville du royaume de Sicile , dans la
vallée de Mazzara. Elle eft fituée vers la fource de la
rivière de Naro , à dix milles de Gergenti vers l'orient.
* De l'I/îe, Carte de la Sicile, 17 17.
2. NARO, rivière de la Sicile, dans la vallée de
Mazzara. Elle prend fa fource auprès de la ville de
Naro ; fon cours eft du côté du midi , Se elle fe jette
dans la mer d'Afrique auprès de Vallone di Mole.
3. NARO, ville Se rivière de Dalmatie. Voye z, Na-
renta , n°. 1 Se 1.
NARQN, fleuve de la Dalmatie. Voyez. Narén-
ta 2.
NARONA. Voyez. Narenta i.
NAROUA, lac "de l'Amérique feptentrionale , dans
la Nouvelle France, du côté du midi, à douze lieues
ou environ de Montréal Se de la grande rivière de S.
Laurent, du côté du fud. * Corn. Dict.
NARRACUSTOMA. Voyez. Inariacium.
1. NARRAGA , fleuve aux environs de la Babylo-
nie , félon Pline , /. 6. c. 16. Narraga vient du chal-
déen Naarraga , qui fignifie faimcn fcijfum , fleuve
coupé. Le père Hardouin prétend que Bochard , Geogr.
I. il c, 8. fe trompe, lorsqu'il dérive Narraga, de
Naar-agatQ. C'eft le canal ou la branche la plus «c-
NAR
NAR
cidcntale de l'Euphrate ; Se ce canal a été creufé de
mains d'homme. Ptolomée, l.j. c. 20. l'appelle Maar-
farej;Ôc Ammien Marcellin, /. 13. p. ijz, le nomme
Marfias.
2. NARRAGA , ville aux environs de la Babylonie,
félon Pline , /. 6. c. 26. qui die qu'elle tire fon nom du
fleuve. Narraga.
NARRAGARA. Voyez Narangara.
NARSAPOUR , ville de l'Inde , dans le golfe de
Bengale, fur la côte de Coromandel, au royaume dé
Golconde , à l'embouchure méridionale de la rivière de
Veneron , environ à douze lieues au-deffiis de Ma-
fulipatan, du côté du nord-eft. * De l'IJle , Atlas.
NARSEPILLE , rivière des Indes orientales ; elle
prend fa fource dans les montagnes d'Orixa , court dii
nord-oueft au fud eft , pafl'e à Narfingaparan , Se va fe
jetter dans la mer , à l'extrémité de la côte de Coro-
mandel, entre l'embouchure orientale dé la rivière de
Veneron Se l'embouchure de la rivière de Coran-
gui-
NARSINGAPATAN, ou Narsingue , ville de l'In-
de , dans le golfe de Bengale , à l'extrémité de la côte
de Coromandel, dans la pauie orientale du royaume
de Golconde , fur la rivière de Narfcpille à la droite ,
Se environ à dix lieues au-deflus de fon embouchure ,
en tirant vers le nord. Corneille, trompé par Maty ,
qu'il fuit aveuglément , fait une ville de Narfingaparan
Se une autre de Narfingue ; cependant le rapport qu'il
trouvoit entre les deux noms , Se la pofition qu'il donne
à l'une Se à l'autre, dévoient bien lui donner à pen-
fer qu'il ne s'agifibit que d'une feule ville. * De l'IJle ,
Atlas.
NARTABRE , petite rivière de France , dans la Pro-
vence. Elle prend fa fource près de Trigance , Se fe jette
dans le Verdon auprès d'Aiguines.
NARTES. Voyez Narni & Interamna.
NAKTEX.Voyez Narthecis.
NARTHACIENSIUM Mons , autrement Anthra-
ceorum Mons, c'eft-àdire, la montagne des Char-
bonniers. Xénophon , Orat. de Agcftlao , p. 658. la
place dans la Theffalie. On trouve dans cette monta-
gne quatre belles fontaines , dont les eaux s'afiemblent
dans la plaine de Pharfale , Se forment grand nombre
de mifleaux qui vont fe jetter dans le Penée. Ce fut
fur cette montagne qu'AgefilaLis , étant revenu d'Afie ,
éleva un trophée après la victoire qu'il remporta fur
ceux de Pharfale; Se ce fut-là aufli que l'Ephore Di-
phridas vint trouver ce prince iin peu avant la bataille
de Coronéc. A côté de la montagne de Narthacium
il y a des forêts peuplées de bêtes fauves Se de bêtes
noires. * La Guilletiere , Lacédémone anc. Se mod.
liv. 4.
NARTHACIUM, ville d'Afie, dans laPhthiotide,
félon Ptolomée, /. 3. c. 13.
NARTHAICUM.Kçye*. NartMecium Se Nartha-
CIENSIUM MONS.
NARTHECIS , en grec Nafflau/c , petite ifle fur la
côte de celle de Samos , félon Strabon Se Etienne le
géographe. Suidas écrit Narthex. On trouve cette ifle
à la droite , en allant à la ville de Samos par mer.
NARTHECIUM , ou Narthacium, lieu de la
Thefialie, félon Xénophon , Orat, de Agefilao , p.
658. Ortelius croit que ce pourroit être le Napâasaoy
de Ptolomée. Voyez Narthacium Se NartHacien-
sium Mons.
NARTHECUSA , ifle jointe au promontoire Par-
thenium par un tremblement de terre , félon Pline ,
/. 2. c. 89. mais plus bas,/. 5. c. 31. il fait entendre
que c'étoit encore une ifle aux environs de celle de Rho-
des. * Chejtnus.
1. NARVA ou Nerva (a) y rivière de Livonie.
Elle fort du lac de Peipus , baigne la ville de Narva dont
elle reçoit le nom , Se à deux lieues au-defTous, elle va
fe jetter dans le golfe de Finlande. Elle elt presque aufïï
large que l'Elbe , mais beaucoup plus rapide , & fes
eaux font fort brunes. A demi-lieue au-deffus de la ville,
elle a un faut ; ces eaux tombent avec un bruit effroya-
ble & avec tant de violence , qu'elles fe brifent contre
les rochers , Se fe réduifent en de très-perites gouttes
Lorsque le foleil y donne le matin , on y voit une forte
49 !
d arc en-ciel aufli admirable que celui qui fe forme quel-
quefois dans les nues. Ce faut fait qu'on eft contraint
de décharger en cet endroit-là toutes les marchandifes
que l'on envoie de Plefcow Se de Derpt à Narva. Cette
rivière a cela de particulier (£),que fon eau ne peut
fournir aucune bête venimeufe. Cette rivière eft la mô»
me que Welikarzcka Se Muldow.VoyezWELiKARZtKA.
(a) Olearins , Voyage de Mofcovie, t. 1. p. 85. (b)
Voyage hi/tor. de l'Europe.
2. NARVA ou Nerva, ville de l'empire Ruffien t
dans la Livonie, fur la rivière de Narva qui lui donne
fon nom. On tient que cette ville fut bâtie par Valde-
rharll , roi Danemark en 1213. Jean Bafilcwitz, grand
duc de Moscovie, la prit en 1558 , Se Pontus de la Gar-
die la leur enleva en ij8i. Les Suédois en demeurè-
rent les maîtres jusqu'en 1704, qu'elle fut reprife par le
ézar Pierre le Grand. Narva a longtems joui des pri-
vilèges des villes Anféatiques -, mais les guerres entre la
Moscovie Se la Suéde y avoient tellement ruiné le com-
merce , qu'il a été longtems à fe rétablir : il ne s'eft mê-
me relevé qu'aux dépens de celui de Revel. La guerre
entre les Anglois Se les Hollandois fut favorable à la
ville de Narva ; le commerce d'Archangel fe trouvant
alors interrrompu , les vaiiTeaux, qui avoient coutume
daller en Moscovie , furent obligés de fe lérvir du ha-
vre de Narva. Il y en aborda plus de 60 en 1654. On
commença après cela à nettoyer Se aggrandir la ville : on
y fit des rues neuves Se régulières pour la commodité
des marchands étrangers , Se on raccommoda le havre
pour faciliter l'abord dés navires. La reine Chriftine dé
Suéde avoir retiré cette ville de la jurisdiction générale
du gouvernement de la province , Se lui avoir donné
un vicomte particulier pour juger en dernier reffort les
affaires , tant féculieres qu'eccléfiaffiques. Le château e(t
au-deçà de la rivière , Se au-delà fe trouve celui d'Iwa-
nogorod , bâti par les Moscovites fur un roc escarpé ,
dont la rivière de Narva fait une péninfule. Au pied de
ce château eft un bourg qu'on appelle Narva la
Russienne , pour la diftinguer de la Narva Teuto*
nique ou Allemande. Voyez l'article fuivant. * Olea-
rins , Voyage de Moscovie , t. 1. p. 8j.
3. NARVA LA RUSSIENNE , bourg de l'empire
Rufiien , dans l'Ingrie , fur la rivière de Narva , au pied
du château d'Iwanogorod. Dans le tems que la Livo-
nie Se l'Ingrie appartenoient aux Suédois , ce bourg étoit
habité par des Moscovites , fujets de la couronne de
Suéde ; mais cette couronne , en perdant ces provinces ,
a perdu ce bourg.
i.NARVAR , ville des Indes, dans les états du grand
Mogol , Se dans la province de Halabas. Cette ville eft
allez confidérable , mais les peuples y font rrès-fuperfti-
tieux. Ils donnent dans tout ce qu'ils voient ^approu-
vent toutes les actions de ceux qui font paroître de la
dévotion , quelque extravagantes qu'elles puiflent être. *
Thevenot , Voyage des Indes, p. 19$. Delifle ne fait
qu'une ville de Halabofs , Se une province de Narvar.
2. NARVAR, royaume ou province des états du
Grand Mogol , dans les terres : il eft borné au nord par
les royaumes d'Agra , de Doab & de Mevat ; à l'orient
par celui de Patna -, au midi par ceux de Bengale Se de
Malva , Se à l'occident par celui d'Asmer , Se JeiTelmere,!
Ses principaux lieux font
Narvar ,
Halabas ,
Gehud.
* De l'I/le , Carte des Indes Se de la Chine.
■ 3. NARVAR, petite rivière d'Afie , dans l'Indouftan.
Elle a fa fource au couchant méridional , Se allez près de
la ville de Mandoa. Elle ferpente d'orient en occident
dans le pays de Candich , fe joint avec la rivière de Ce-
pra , Se forme avec elle la rivière de Nerdaba , qui pas-
sant à Baroche, a fon embouchure dans le golfe de Cam-
baye. * De l'IJle , Carte des Indes Se de la Chine.
NARULLA , ville en-deçà du Gange. Ptolomée,
/. y. c. 1. la place fur le PJettdoJtomiif.
N ARYCION , ville des Locres Ozoles , félon Pline ,
/. 4. c. 7. Suidas & Etienne le géographe écrivent Na-
ryx , NÛput; Se Naryciurn , aafw.m. * Ortelii Ths-
faur.
Tom, IV. Q q q ij
NAS
492,
NARYTIA. Voyez. Locri.
NASABATH , fleuve de la Mauritanie Céfarienfe ,
félon Pcolomée , /. 4. c. 2. Quelques manufciits grecs
portent Ha.a-a.ua. , 8c celui de la bibliothèque Palatine
écrit N*oW<srr. Pline , /. j. c. 2. le nomme Nabar ; 8c
Marmol , /. j. c. 49. dit qu'on l'appelle Hael-elle-quïbir
ou Rio dï Zinganor. Selon ce dernier géographe , Na-
fabath a fon embouchure au levant de la ville de Bu-
gie. Cette rivière eft aflez petite , mais elle s'enfle ex-
traordinairemcnt , quand les neiges fe fondent. Elle eft
très poiflbnneufe. Dans le tems que Bugie appartenoit
aux Chrétiens , il n'entroit point de vaiffeaux dans cette
rivière , à caufe du fable qui étoit à fon embouchure.
Cependant la même année que Salharraes prit Bugie , il
plut tant , que les eaux emponetent la barre de la ri-
vière ■■, il y entra depuis des galères 8c des galiotes , &
même de gros vaifleaux. Ils y font à couvert de la tem-
pête ; ils ne peuvent être incommodés que du vent du
nord. La rivière Nasabath pane entre les montagnes
de Coco 8c d'Abez , l'une au feptentrion ,& l'autre au
midi.
NASABUTES ou Nazabutes , peuples de l'Afri-
que propre. Ptolomée , /. 4. c. 3. les place , dans la par-
tie occidentale , entre les Mifulam& les Nifibes ,au-des-
fous des premiers, & au-deflus des derniers. Quelques
interprêtes, au lieu de Nazabutes , lifent Natabutes.
NASA1TENSIS, fiége épiscopal d'Afrique ; mais dont
on ne connoît point la province. La notice épiscopale
d'Afrique fournit feulement le nom Nafaitenfis ; & la
conférence de Carthage nous apprend que Liber alis >
episcopus loct Nafaitenfis , y fut préfent.
NASAMONES, peuples d'Afrique, félon Hérodote ,
/. i.c. 32. Ils étoient nombreux, habitoient la Syrte ,
ÔC étoient fitués à l'occident des Auschifœ. Dans l'été, ils
lailToient leurs troupeaux le long des côtes de la mer , 8c
fe rendoient à un lieu , dans les terres , nommé Augila
pour y cueillir des dattes. Lorsqu'ils prenoient des faute-
relles à lachaffe , ils les faifoient fécher au foleil 8c les
nettoient en poudre , ils jettoient enfuite du lait fur
cette poudre 8c avaloient le tout. Ils prenoient plufieurs
femmes ; mais la première nuit des noces , la femme
s'abandonnoit à tous les convives , qui après avoir
habité avec elle , lui faifoient chacun un préfent. Ils
avoient l'ufage du ferment 8c de la divination ; ils ju-
roient au nom des perfonnes qui avoient vécu avec
probité , 8c ce jurement fe failbit en touchant leurs tom-
beaux : pour prédire , ils fe rendoient aux tombeaux
de leurs ancêtres ; après avoir fait leurs prières , ils s'en-
dormoient , 8c tout ce qu'ils revoient durant le fom-
meil étoit réputé pour des prédictions. Quand deux
perfonnes vouloient fe donner la foi, elles buvoient
dans la main l'une de l'autre •■, fi elles n'avoient aucune
liqueur , elles prenoient de la pouflîere qu'elles lé-
choient. Ptolomée , /. 4. c. y. place ces peuples dans
la partie feptentrionale de la Marmariquc , entre les
AuçiLcSclcs Bacatœ 8c dans le voifinage des Auschifœ,
ce qui convient aflez à la fituation que leur donne Hé-
rodote. Pline , /. 4. c 5. leur donne aufli la même po-
fition en les plaçant dans la Syrte i mais il met au-des-
fous d'eux les Hasbitœ 8c les Mac£. 11 ajoute que les
Nasamones avoient été appelles Mesammones par
les Grecs , parce qu'ils étoient fitués au milieu des fables.
NASANIA_, fontaine dans la forêt d'Ardcnne, fé-
lon Ortelius , Thefaur. qui cite la vie de S. Monon.
NASAUA. Voyez. Nasabath.
NASAUDUM, ville d'Ethiopie, fous l'Egypte, fé-
lon Pline , /. 6. c. 19.
NASBANA , ville des Indes , en-deçà du Gange. Pto-
lomée , /. 7. c . 1. la place à l'occident de ce fleuve , dont
il die qu'elle étoit lin peu éloignée. Quelques inter-
prètes lifent Sabana.
NASBINCENSIS, fiégc épiscopal d'Afrique, dans
la Mauritanie Céfarienfe. L'unique monument que l'on
en ait , eft la notice épiscopale d'Afrique , n°. 39. où l'on
trouve Januarius Nasbincenfis , nommé entre les évê-
ques de cette province.
1. NASCA ou la Nasca , lieu de l'Amérique méri-
dionale ,fur la côte du Pérou , dans l'Audience de Lima ,
environ à 15 deg. de latitude méridionale, entre le
port S. Nicolas & le cap de Saugalla. Ce lieu efl à l'em-
NAS
bouchure d'une petite rivière qui forme une efpece de
cap. * De l'IJle , Carte de la terre ferme du Pérou.
2. NASCA , nom d'une montagne , félon Serapion ,
Cap. de Vifco, cité par Ortelius,
NASCARO , rivière d'Italie ,au royaume de Naples,
dans la Calabre ultérieure. Elle a fa fource dans l'A-
pennin , auprès du village Marulata. Son cours eft du
nord - oueft au fud-eft , depuis fa fource jusqu'à Bel-
caftro , 8c depuis cette petite ville, dont elle mouille les
murailles , elle court du nord au fud. Elle a fon em-
bouchure dans le golfe Squilacci , entre l'embouchure
du Tacina à l'orient , 8c celle de la petite rivière d'Aco-.
ni à l'occident. Cette rivière s'appelloit anciennement
Cirus. * Ant. Magini Calabria ultra.
NASCI , peuples de la Sarmatie Européenne , félon
Ptolomée , /. 3, c. 4. qui les met au voifinage des monts
Riph&i , auprès des Acibi , «Se au-deflus des Vibiones &
des Idrœ.
NASCICA. Voyez. Calaguris.
NASCUS , ville de l'Arabie Heureufe. Pline , /. 6. c.
28. la met dans les terres , de même que Ptolomée ,
/. 6. c. 7. qui en fait une métropole. Quelques inter-
prêtes , au lieu de Nascus , lifent Maocosomos. Ammien
Marcellin écrit Nafcum.
NASENUR. La table de Peutinger place une Iflc
de ce nom entre la Gaule Belgique & lifte des Bre-
tons. * Ortelii Thefaur.
1. NASIBINE , ville de Perfe , dans le Courdiftan.
Elle eft fituée à j6 d. 30 m. de longitude , fous les 37
d. de latitude. * Feus de la Croix , Hift. de Timur-Bec ,
/. ;. c. 31.
2. NASIBINE , ifle de Perfe , dans la province de
Hamid Eïli , au milieu du Iac-Falac-Abad On y avoir
bâti une forterefle , avec des maifons 8c des jardins. Ti-
mur Bec prit cette forterefle en 1413.
NASIBIS. Voyez. Nisibis.
NASICA, ville des Jndes, en-deçà du Gange. Pto-
lomée , /. 7. c. 1. la nomme parmi les villes qui étoient
à l'orient du Gange.
NASIUM, ancienne ville ou forterefle des Gaules,
chez les Lcuci , fur la rivière d'Orne , entre Andelot
8c Toul. Ptolomée , /. 2. c . 9. met deux villes dans le
pays des Leuci ; favoir , Tullum 8c Nafîum , 8c l'iti-
néraire d'Antonin* place Nafium entre Caturrigœ ôc
Tullum , à feize milles de celle-ci , & à neuf milles
de la première , fur le chemin de Durocoriorum à
Divordurum. Frédégaire , Cbron. I. 5. c. 38. défigne la
fituation de ce lieu en ces termes : Anno XVII. regni
Theuderici Lingonas de univerfis regni fui provinciis
menfe Madio exercitus adunatur : dirigensque per An-
delaum , Nafio cafiro capto , Tullum civitatem perrexit.
On voit par-là que Nafium étoit fur le chemin d'An-
delot à Toul. Nous en trouvons une nouvelle preuve
dans la chronique de l'abbaye de S. Béngine de Dijon ,
8c l'auteur de cette chronique ajoute de plus , que Na-
fium. étoit fituée fur la rivière d'Orne : ainfi en allant de
Langtes à Touî , & panant par Andelot , on rencon-
troit Nafium fur la rivière d'Orne. Comme il y a encore
aujourd'hui fur l'Orne deux villages , l'un nommé le
petit Nanci , l'autre le grand Nanci , il eft hors de doute
que l'un ou l'autre ne foit le Nafium des anciens , puis-
qu'ils en confervent 8c le nom 8c la fituation. Quel-
ques-uns ont cru que Nanci , la capitale de la Lorraine ,
étoit cet ancien Nafium ; mais ce fentiment ne peut fc
foutenir , car Nafium étoit entre Andelot 8c Toul. Ceux
qui veulent que Nafium foit le village de Nus , dans
le duché de Bar , à douze milles de Nanci , ne font
pas mieux fondés : la fituation de Nafium (m l'Orne,
entre Andelot & Toul , y répugne. * Hadr. Valefii
Not. Gall. p. 371.
1. NASO ou Nasso , bourg 8c château de Sicile,
avec titre de comté, dans le val Démona ,fur une mon-
tagne , au pied de laquelle pafle une rivière de même
nom. Ce bourg eft environ à quatre milles de la côte
feptentrionale de l'Ifle , au fud-oueft du fort de Brolo ,
& au fud-eft du cap d'Orlando. * De l'Ifle , Atlas.
2. NASO ou Nasso , rivière de Sicile ; dans le Val
Démona : elle a fa fource entre Ucria 8c Raccuria , court
l'cfpacede quelques milles du fud-eft au nord-oueft,^&:
baigne Uciia 8c Caftania ; après quoi , tournant du côté
NAS
NAS
du nord , elle paficauprès du château deNàfo , Se va Ce
décharger dans la mer , entre le cap d'Orlando 8c le
fort de Brolo.
NASONNACUM. Il eft parlé d'une ville de ce nom
dans le douzième livre du code, th. 1 1. aufllbien que
dans le code Théodofien , Th. 6. de Prœtoriù.
NASOR. Voyez. Asor.
NASOS , ville du Péloponnèfe , félon Paufanias ,
in Arcad. I. 8. c. i$.
NASOTIANI, peuples d'Afie. Pline, /. 3. c. 16.
femble les placer aux environs de la Sogdiane.
NASQUE ou Nesque , rivière de France , dans la
Provence. Elle prend fa fource dans les Omergues de
Forcalquier au diocèfe de Cifteron , pafife à Sault , tra-
verfele diocèfe de Carpentras , ôc, après avoir reçu un
ruiffeau à la gauche , ôc l'Aufon à la droite , elle va fe
joindre à la Sorgue un peu avant que cette dernière ri-
vière fe décharge dans le Rhône.
NASSA ou Nessa , bourgade d'Afie, dans le terri-
toire deFarganah. C'eft la première qu'on trouve, quand
on entre dans cette ville du côté de Khogend. Elle eft di-
vifée en haute ôc en baffe bourgade. La première eft ap-
pellée Najfa-Aliah , parce qu'elle eft fituée fur une
montagne couverte de bois , ôc où l'on recueille beau-
coup de poix ôc de raifine : l'autre eft nommée NaJJa-
Alfefeli , parce qu'elle eft dans une plaine fort unie , où
il n'y a pas la moindre hauteur. * D'Hcrbelot , Bi-
blioth. orient.
NASSAFou Nesef. Voyez. Neckscheb.
NASSARloti Nausari , petite ville des Indes , dans
les états du Grand Mogol , au royaume de Guzurate , ôc
à fix lieues de la ville de Surate, vers le midi. Elle eft
fttuée environ à deux lieues de la mer. On y fait quan-
tité de groffes toiles de coton , ôc c'eft dans ce quar-
tier là que l'on coupe le bois qui s'emploie dans tout
le royaume , au bâtiment des maifons Se des navires.
* Mandefl» , Voyage des Indes ,1. 1. p. 194.
NASSARIES ( Les ). Voyez. Nazerinorum Te-
TRARCHTA.
NASSARO , Naxaro ou Casal Nasehar , vil-
lage de Pifle de Malte , à deux ou trois lieues de la cité
de la Valette , du côté du feptentrion. Il eft orné d'une
fort belle églife. Tout auprès , on voit un beau jardin
de plaifance , appelle Saint Antoine , du nom du grand-
maître qui le fît planter. Ce jardin eft grand , ôc divifé en
plufieurs autres jardins , ou quartiers plantés de vignes ,
d'orangers , de limonniers, de grenadiers , de citron-
niers , d'oliviers. Il eft de plus embelli d'un palais mé-
diocrement grand , & orné de plufieurs fales , cham-
bres , fontaines ôc jets d'eau. * Dapper , Defcript. des
ifles d'Afriqde , p. 517.
1. NASSAU , petite ville d'Allemagne, dans le cer-
cle du Haut-Rhin , Se dans un comté auquel elle don-
ne fon nom , à fut milles de Hâger , Se à deux de Dietz ,
fur la rive droite de Lohn , que l'on y paffe fur un pont
de pierres qui a dix arches. Son terrein eft fort maré-
cageux. De l'autre côté de la rivière , fur une hauteur ,
on voit un château nommé Stein , dont le pied eft lavé
des eaux de la Lohn ; Se fur une montagne plus haute
Se ifolée eft l'ancien château de Naflau , qui a donné
le nom au pays & à l'illuftre maifon , qui a fourni un
empereur à l'Allemagne , un roi à l'Angleterre , des
ftadhouders à la république des Provinces-Unies , ôc
des ducs à la Gueldre.
2. NASSAU , pays d'Allemagne , avec titre de com-
té. Ce pa^ renferme plufieurs autres comtés partagés
entre un afTez grand nombre de branches , qui portent
les unes le titre de prince , les autres celui de comte,
Se qui prennent chacune le nom de leur réfidence ;
favoir ,
Siegen,
Dillenbourg,
schaumbourg,
DlETS ,
Hadamar ,
Verburg&Idstein.
On peut voir ces articles , chacun en leur rang par-
ticulier. Le pays de Naflau eft montueux en quelques
endroits, uni en d'autres -, une partie eft couverte de fo-
rêts , une autre peuplée de vignes ; en d'autres endroits
il y a de gras pâturages Se àes terres fertiles qui pro-
495
duifent du froment ôc des légumes. On y trouve auiïi
des mines de plomb ôc de cuivre, & une pierre donc
on tire une certaine maffe de fer qui fert à faire des
marmites , des enclumes , ôec. La principale forêt eft
celle de Weftcrwald : les autres font Kaldt-Eych , Hei-
ger-Struth , Schelder-Waldt , Horre ôc Calmberg. Là
Lohn, le Dill ôc le Siegen font les principales rivières.
Le comté de Naffau a toujours été mis au rang des
fiefs les plus libres de l'Empire , comme ne reconnois-
fant que l'empereur , ôc jouifTant de tous les privilèges
& de toutes les prérogatives dont jouiffent les comtes
de l'Empire, ôc particulièrement du pouvoir de battre
monnoie d'or , d'argent ôc de cuivre. La maifon de
NafTau pofTéde encore dans le Weftreich , aux confins
delà Lorraine, les comtés de Saarbruck & de Saar-
Werden. Voyez, ces articles particuliers.
3. NASSAU , forterefTe des Pays-Bas , entre Berg op-
Zom ôc Tholen , dans les marais.
4. NASSAU (Le cap de ). Dans le temsqueles Hol-
landois cherchoient dans le Nord un chemin , pour
pafler dans les mers d'Orient , ils donnèrent le nom
de Naffau à plufieurs endroits des côtes. Ces noms
pour la plupart n'ont pas été confervés : le cap de Naffau
eft de ce nombre.
). NASSAU, ifle de l'Océan Indien. Voyez. Isle de
Nassau.
6. NASSAU, château en Afrique. Voyez. Fort de
Nassau.
7. NASSAU, détroit entre la nouvelle Zemble &
les Samoyedcs. Voyez. Fort de Nassau.
NASSAVELS. Voyez. .Nassenfels.
NASSENFELS, beau bourg d'Allemagne, en Fran-
conie , dans l'état de l'évêque d'Aichftadt. Aventin,
Annal. Boior. ôc le père Gretzer , De episetp. Eycb-
ftedt. p. ij 5. le prennent pour l'ancienne Aureatum,
ôc en rapportent beaucoup d'antiquités. On prétend
que la cour qui eft dans le château fur une roche eft
un ouvrage des Romains. Les payfans y ont quelque-
fois trouvé dans la terre d'anciennes monnoics, des ar-
mes telles que celles dont fe fervoient les païens, &
des épées rompues. * Zeyler , Francon. topogr. pag.
71-
NASSIBIN. Voyez, Nisibe.
NASSO, ou Asso , forterefTe de l'ifle de Céfalonie,
dans la partie orientale. Les Vénitiens relevèrent eii
lS9S Pour ta défenfe de l'ifle, que la ville de Céfalo-
nie feule ne pouvoit pas mettre en fureté contre les
infulres des ennemis. Cène forterefTe eft fituée fur une
montagne très haute, qui forme en cet endroit une pé-
ninfule environnée de la mer de trois côtés , ôc qui eft
très-escarpée. Ses fortifications font proportionnées à
l'inégalité du terrein -, de forte qu'il n'y fimt pas chercher
de régularité. L'ifthme , qui communique de l'ifle à la
forterefTe , n'a que vingt pas de largeur ; & on a même
parlé plufieurs fois de le couper pour rendre la forte-
refTe entièrement ifolée. On y compte foixante bâtimens
publics deftinés au logement des officiers Se des fol-
dats , Se a. fervir de magazins pour les munitions: il
peuï y avoir outre cela deux cens maifons de particu-
liers. Le petit port , qui eft au pied , ne peut êtred'auJ
cune utilité, parce que les torrens qui tombent des
montagnes dans les tems de pluie , le rempliffent de
pierres ; ôc l'on ne fauroit y apporter de remède. * Ije-
lario , del P. Coroticllï, p. 177.
NASSONY ou Assony , peuples de l'Amérique fep-
tentrionale , dans la Louïfiane , à trois lieues des Naou-
dikhes , du côté de l'orient. Ils font alliés des Cenis^
De la Salle, qui les reconnut dans le tems qu'il cherchoic
le Miffiffipi, les nomme Assony. Le P. Anaftafe Ré-
collet , qui accompagnoit de la Salle, les appelle Nas-
sony : d'autres écrivent As-sinais. Il paroît qu'il y en
a deux colonies : Tune près de Cenis ; c'eft celle dont il
eft parlé au commencement de cet article ; l'autre près-
dès Cododaquios , Se alliés de ceux-ci. On appelle à
préfent les derniers Nassonis.
NASSUNIA ou Nasunia , ville de la Sarmatie Afia-
tique. Ptolomée, /. 5. c. 5. dit qu'elle étoic fur le haut
d'une montagne.
NASTEDE ,-beau bourg d'Allemagne, dans la Wet-
téravie , au bailliage de Hohnftein , à un demi-mille
NAT
494
de Grima qui étoit autrefois un monaftere , Se qui eft
pféfentement un hôpital. * Zeyler , Topogr. Hafiïx ,
Se finitirp. reg. pag. 72.
NASTUS. Voyez. Nestus.
NASUS, lieu dans i'Arcadie, félon Paufanlas, in
Arc ad. I. 8.c. 2.3.
NATA , ville de l'Amérique méridionale , dans le
gouvernement de Panama. Elle eftfituée fur la baie de
Parita ou de Paris, à trente lieues de Panama vers l'oueft;
& on l'appelle aufîî San Jago de Nata. Son terroir eft
fertile, plat Se agréable. 11 eft fermé du côté du Nord
par les montagnes d'Urraca, ou de Veragua. Après le
golfe de Parita, s'élève le cap Chama, où le rci Chia-
pes commandoit , quand Balboa découvrit la mer du
Sud. Vers le levant de la petite ville de Nata , on ren-
contre d'abord la rivière de Coquira ou de Chcpo ; puis
celle de las Balfas ; Se la côte fe courbant de-là vers le
fud , on trouve le golfe de San Niguel , au fond duquel
fc décharge la rivière de Congos. * Laet , Defcript. des
Indes occident. 1. 8. c. 10.
NATAL, pays d'Afrique dans la Cafrerie, comprend
environ 3 deg. Se demi de latitude du nord au fud , puis-
qu'il eft fitué entre le 3 1 deg. 30 min. & le 28 deg. de
latir. méridion. 11 eft borné au fud par un pays qu'une
petite nation de Sauvages habite : ils demeurent dans des
cavernes ou trous de rochers , Se n'ont ainfi d'autres mai-
fons que celles que la nature leur fournit. Ils font bafanés,
ont la taille perite & les cheveux crépus. Ils patient pour
fort cruels envers leurs ennemis : ils tirent de l'arc,
Se fe fervent de flèches empoifonnées. Les Hottentots
font leurs voifins au fud. Le pays de Natal eft borné au
nord par la rivière Dellagoa qui eft navigable. Ceux qui
habitent auprès de cette rivière, ont commerce avec les
Portugais de Mozambique, qui s'y rendent fur de peti-
tes barques , Se leur achètent des dents d'éléphant , dont
ils ont grande abondance. Quelques Anglois y font aufli
allés depuis peu dans la même vue , entr'autres le capi-
taine Freke, qui après avoir embarqué huit ou dix ton-
neaux de dents d'éléphant , eut le malheur d'échouer
fur un roc proche de Madagascar. Le capitaine Rogcrs
y a été auflî à bord d'un vaifleau qu'il commandoit. Ce
pays eft borné à l'eft par la mer des Indes ; mais on ne
fait pas encore jusqu'où il s'étend à l'oueft. Le quartier
qui regarde la mer , eft un pays de plaines Se de forêts;
mais plus avant dans les terres , il y a plufieurs monta-
gnes de différentes hauteurs. On y voit un mélange fort
agréable de vallées Se de grandes plaines , de bocages &
de favanes. On n'y manque pas d'eau non plus, puisque
toutes les montagnes en fournitient , & qu'il en décou-
le une infinité de petits ruifleaux , qui , après plufieurs
tours & détours, fe joignent enfemble Se forment la ri-
vière de Natal, qui fe décharge dans l'Océan oriental
des Indes , au trentième degré de latitude méridionale.
Son embouchure eft aflez large Se profonde , pour re-
cevoir de petits vaifleaux ; mais il y a une barre , fur la-
quelle on n'a pas plus de dix à douze pieds d'eau, dans les
plus hautes marées , quoique l'on trouve aflez de pro-
fondeur au-delà. 11 y a d'autres rivières qui courent
vers le nord , fur-tout une , qui eft aflez confidérable ,
à cent milles ou environ de la mer, Se qui court droit
au nord. Les bois font remplis de diverfes fortes d'ar-
bres de haute futaie, dont les uns fout fort gros , & pro-
pres à tous les ouvrages de charpente. Les favanes y
font aufli revêtues de très bonne herbe , foire épaifle.
Entre les animaux terreftres , on voit ici des lions , des
tigres , des éléphans , des bufles , des bœufs, des bêtes
fauves, des cochons, des lapins, &c. Il y a aufli quan-
tité de chevaux marins , ou de vaches de montagnes.
On y apprivoife les bufies , les bœufs, mais les autres
font tous fauvages. Les éléphans y font fi communs ,
qu'on en voit des bandes de mille ou quinze cens. Soir
Se matin , on leur voit brouter l'herbe dans les favanes;
mais durant la chaleur du jour, ils fe retirent dans les
bois. Du refte ils font fort paifibles , pourvu qu'on ne
les inquiète pas. Il y a aufli un grand nombre de bêres
fauves , que les naturels du pays laiflent vivre tranquil-
lement dans les favanes avec le bétail domeftique. 11
y a des canards fauvages Se domefliques , des farce lies ,
quantité de coqs Se de poules; outre une infinité d'oi-
fèaux fauvages qui nous font inconnus. On y en trou-
NAT
ve d'une efpéce , qui eft aflez rare Se timide , de la
groflèur d'un paon , Se dont le plumage eft bigarré de
très-belles couleurs. 11 y en a d'autres, qui reflemblent à
nos corlieux , quoiqu'ils foient plus gros , Se dont la
chair eft noire, mais de bon goût Se fort faine. La mer
Se les rivières abondent en poiflon de diverfes for-
tes ; mais les habitans du pays- ne prennent guère que
des tortues , fur-tout lorsqu'elles viennent de nuit pon-
dre à terre. Quelquefois ils les pèchent d'une manière
aflez plaifante. Ils ont pour cet effet un poiflon en vie ,
qu'on appelle Rémore, Se après lui avoir mis un cor-
don à la tête & un autre à la queue, pour le tenir bien
ferme , ils le jettent dans l'eau à l'endroit où les jeunes
tortues fe rendent. Le poiflon ne manque pas de s'atta-
cher d'abord fur le dos de quelqu'une , & dès que
les pêcheurs s'en apperçoivent , ils les titent tout d'un
coup l'un & l'autre. La principale occupation des ha-
bitans eft l'agriculture. Ils ont quantité de taureaux , de
vaches , dont ils prennent grand foin ; Se quoique ces
bêtes s'entremêlent dans les favanes , chacun connoît
celles qui font à lui. D'ailleurs ils ont de petits
pates tout auprès de leurs maifons, pour y tenir leurs
vaches, & les accoutumer à fe laitier traire. Ils enfer-
ment leurs champs , pour empêcher le bétail d'y en-
trer. Il n'y a ni arts ni métiers établis parmi eux ; mais
chacun fait pour foi ce qui lui eft nécefiaire , foit pour
la vie ou l'ornement , les hommes d'un côté , & les
femmes de l'autre. Le hommes bâtitient les maifons ,
châtient, plantent, Se gouvernent toutes les affaires du
dehors. Les femmes vont traire les vaches , apprêtent à
manger , & ont foin de tout ce qui regarde le domefti-
que. * Dampier , Voyage autour du monde , tome 2.
page 141.
Leurs maifons ne font ni grandes, ni richement gar-
nies ; mais elles font fi ferrées Se fi bien couvertes de
paille , que les vents Se la pluie ne fauroienty pénétrer.
Les hommes vont presque tout nuds, puisqu'ils ne por-
tent d'ordinaire qu'un morceau carré d'étoffe , faite
d'herbe à foie , ou d'écorce de Moho , en forme de ta-
blier court. Aux deux bouts d'en haut , il y a deux cor-
dons, qui fervent à l'attacher autour de la ceinture , Se
au bas il y a une jolie frange de la même étoffe , qui leur
pend jusqu'aux genoux.lls portent des bonnets faits de fuif
de bœuf, Se hauts d'environ neuf ou dix pouces. Us y tra-
vaillent long-tems, parce que le fuif doit être bien épuré,
auparavant qu'on le puifle employer à cet ufage. Ils n'en
mettent qu'un peu à la fois, ôc ils le mêlent fi bten avec
leurs cheveux, qu'il y demeure toujours collé dans la fui-
te. Lorsqu'ils vont à la chafle , ce qui n'arrive guère, ils
en ôtent trois ou quatte pouces du fommet, afin qu'il
tienne mieux fur la tête ; mais ils ne manquent pas de le
réparer le lendemain. Ce feroit la chofe du monde la
plus ridicule, fi un homme y paroiflbit fans avoir un bon-
net de fuif fur la tête ; mais ils ne commencent à le con-
ftruire qu'après avoir atteint un âge raifonnable , Se il
n'eft pas permis aux jeunes garçons d'en porter. Lorsqu'il
pleut , ils jettent fur leurs épaules un fimple cuir de va-
che , dont ils fe couvrent comme d'un manteau. Les fem-
mes n'ont qu'une efpéce de jupon fort court, qui ne
pafle pas le genou. Ils fe nourritient pour l'ordinaire avec
du pain rout de bled de Guinée , du bœuf, du poiflon ,
du lait , des canards , des poules , des œufs , &c. Ils boi-
vent aufll fort fouvent du lait pour fe désaltérer, fur-tout
après qu'il eft un peu aigri. Outre cette boiflon , qui leur
eft ordinaire , ils en font une d'une petite graine qui n'eft
pas plus grofie que celle de moutarde. Les^iommes fe
rendent aux réjouiflances avec leurs bonnets, chargés des
plus longues plumes qu'on trouve à la queue des coqs.
Ils portent aufli une bande de cuir , large d'environ fix
pouces , qui leur pend fur le derrière en forme de queue»
depuis la ceinture jusqu'à terre, Se dont les bords de l'un
& l'autre côté font ornés de petits anneaux de fer qu'ils
.fabriquent eux-mêmes. Il eft permis à chaque homme
d'avoir autant de femmes qu'il en peut entretenir; mais
il faut qu'il les acheté, puisque c'eft la feule marchandi-
fe de ce pays. Les pères, les frères, ou les plus proches
païens maies dispofent des jeunes filles, dont le prix
eft proporrionné à la beauté. Comme il n'y a point d'ar-
gent, on donne des vaches en troc pour des femmes:
de forte que le plus riche eft celui qui a le plus de fille*
NAT
NAT
ou de fœtus à marier , & qui eft par conféquenr en état
d'acquérir le plus de bétail. Ils fe réjouiflent bien quand
ils fe marient ; mais l'époufe pleure tout le jour des no-
ces. Ils demeurent enfemble dans de petits villages, coin-
pofés de familles toutes alliées les unes avec les autres.
C'eft pour cela qu'ils fe foumettent volontiers au plus
âgé d'entre eux qui les gouverne tous; Ils font fort ju-
ftes ôc civils envers les étrangers. Deux de nos Matelots
Anglois , dit Dampier , en ment une heureufe expérien-
ce cinq années de fuite. Après que leur vaiileau eut
échoué fur la côte, & que leurs camarades eurent pafle
à la rivière Delhgoa, ils s'arrêtèrent ici jusqu'à ce
que le capitaine Rogers y toucha par accident , ôc les
prit fur fon bord. Ils favoient déjà la langue du pays ,
6c les habitans leur avoient donné des femmes ôc des
vaches , d'une manière fort généreufe. Tout le monde
les aimoit, & l'on avoit de fi grands égards pour eux,
que leurs paroles étoient rcfpectées comme des loix :
de forte qu'a leur embarquement , il y eut quantité de
jeunes gai çons qui plcuroicnt , parce que le capitaine
Rogers ne vouloit pas les prendre avec lui.
t. NATANGEN , cercle du royaume de Prufle. Il eft
borné au nord par la Samlandie ôc par la Nadrovie ,
dont il eft féparé par le PrégeL, à l'orient en partie par
la Nadrovie , & en partie par le palatinat de Troki
ôc par la Podlachie; au midi par le duché de Mazo-
vie , ôc à l'occident par le Frifch-HafF, par le palatinat
de Marienbourg & par le Hockerland. Ce cercle con-
tient quatre provinces, qui font
Le Natangen propre,
Le Bartenland ,
La Sudavie ,
La Galindie.
1 NATANGEN, natangerland ou natangie,
contrée de la Prufle ducale fur le Pregel , qui la borne
au nord : à l'orient elle a le Bartenland , dont elle eft fé-
parée par la Deme : au midi elle eft bornée par le pala-
tinat de Matienbourg, ôc à l'occident par le Frifch-Haff.
Ses principaux lieux font
Brandebourg, Heiligpeil, Fridland, Landfperg.
* Homan , Carte du royaume de Prufle.
NATABURA. Voyez. Nagaruris.
NATAURI. voyez. Nothabris.
NATCHEZ, Nachez ouNachié, peuple de l'A-
mérique feptentrionale , dans La Louïfiane, finie fur le
bord oriental du Mifliflipi , ÔC à quatre -vingt lieues
ou environ de l'embouchure de ce fleuve. Du tems de
Ferdinand de Soto , cV même du tems de M. de la Salle ,
ce peuple étoitunde plus nombreux de ce continent. Le
gouvernement y eft despotique. Le grand chef, qu'on
appelle le Soleil , parce qu'il fe prétend être iflu de cet
aftre , a droit de vie ôc de mort fur les fujets ; il faut
même que ceux qui font à fou fervice, pendant fa vie,
Se qu'on nomme fes Alloués, le fuivent en l'autre mon-
de : ce qui arrive au lïi à la mort de la femme chef.
Cette femme eft toujours là plus proche parente du So-
leil , Se la mère de fon fuccefleur. On lui rend à peu
près les mêmes honneurs qu'au grand chef; mai. elle
n'a aucune part au gouvernement. Au relie , quoiqu'il
y ait dans cette nation une efpéce de police & des loix ,
qu'on ne connoît point dans la plupart des autres de
ee continent , les Natchez ne différent point à l'exté-
rieur , ni dans la manière de vivre des antres Sauva-
ges. Leurs cabanes font un peu mieux bâties , toutes
ifolées ôc en forme de dôme en dedans , un peu car-
rées en dehors-, mais fans aucun ameublement que
ceux des fauvages du Canada.
Les Natchez adorent le Soleil dans un temple où
ils entretiennent un feu perpétuel. Ce temple , dont
quelques-uns nous ont donné des deferiptionsde fan-
taifie , n'etoit au moins en 1741 , que le pere de Char-
ievoix le vit, qu'une efpéce de cabane longue, avec un
toit couvert de feuilles de laraniers , comme les caba-
nes des Sauvages. Aux deux extrémités du toit, il y
avoit deux figures d'aigles groflîerement taillées , ôc
qui reflembloient aflez à des girouettes. Au milieu du
temple il y avoit fur le fol , qui éroit la terre toute nue,
trois bûches dispofées en triangle, Se qui brûloient par
V s bouts qui fe touchoient , ce qui rempliflbit de fu-
49/
mee le temple où il n'y avoit p4>int de fenêtres. On a
dit que les corps des grands chefs y étoient rangés en
rond fur une eftrade , 6c couchés tout de leur long ;
il n'y avoit rien alors de tout cela. Vis-à-vis de la porte,
il y avoit dans le fond une table attachée au mur qui
pouvoit fervir d'autel , ôc une autre un peu en-deçà fur
laquelle il y avoit quelques peaux de chevreuils /quel-
ques figures comiques de bois , une tête de même ma-
tière. On voyoit auflî quelques oflemens fecs dans des
caifles qui étoient par terre fans aucun arrangement.
11 eft vrai que tout étoit en desordre dans ce temple,
& que les gardes n'y étoient point.
Le pays des Natchez eft fort beau, & n'eft pasfujet
aux inondations du Mifliflipi , parce qu'il eft fort éle-
vé. D'iber ville s'étant a\ancé jusques-là en 1700 ,
trouva le lieu fi beau & la^fituation fi avantageufe ,
qu'il y traça le plan d'une ville qu'il deftinoit à être
la capitale du pays ; il lui donna même d'avance le
nom de Rofalie, qui étoit celui de madame la chance-
liere de Pontchartiain , ôc on la trouve marquée dans
la carte de la Louïfiane de de PIflc ; mais elle n'a ja-
mais exifté qu'en projet. Les François y ont eu un fort ,
6c c'étoit le canton de la colonie le plus peuplé , lors-
qu'à la fin de Novembre 1629, les Natchez firent
main-bafle dans toutes les habitations , ôc en une heure
de tems tuèrent plus de 200 hommes , ayant commencé
par le commandant ; ils rélcrverent les femmes & les
enfans pour en faire des esclaves, ôc les Nègres pour
les vendre à la Caroline. Ils dirent aux femmes qu'il
ne reftoit plus de François dans la colonie \ ôc en effet,
il y avoit un complot général de toutes les nations fau-
vages pour faire le même traitement à tous les Fran-
çois , mais il fut découvert au fieur du Pericr , gou-
verneur de la Louïfiane, qui fe tint fur fes gardes,
& n'eut pas le tems de faire donner le même avis au
commandant des Natchez.
L'année fuivante on fit la guerre à ces traîtres , qui
fe défendirent très-bien d'abord , mais qui , poursuivis de
toutes parts , font préfentement réduits à très peu de
chofe, 6c tellement disperfés , qu'ils ne font plus un
corps de nation. Leurs villages ont été rafés ôc le tem-
ple brûlé.
NATCHITOCHES , peuple de l'Amérique fepten-
trionale , dans la Louïfiane , fur la rivière Rouge , à
quarante lieues environ de fa décharge dans le Miflîs-
fipi. Cette nation a presque toujours été alliée des
François , qui ont un fort ôc quelques habitations dans
fon voifinage.
NATEL, ville de Perfe , fituée, félon Tavernier ,
/. j. p. 402.. à 77 deg. 40 min. de longit. fous les 56
deg. 7 min. de latit.
NATEMBES , peuple de la Libye intérieure : il étoit ,
félon Pline , /. 4. c. 6. plus au nord que la montagne
Ufargala.
NATENS , ville de Perfe -, c'eft la même que Con-
tarini nomme Nehas; les habitans du pays l'appellent
Natens. Elle eft fituée dans un vallon au pied d'un
grand rocher , qui eft entre le midi Ôc le couchant de
la ville j clic a du côté de l'orient ôc du nord d'autres
montagnes pins petites , enlbrte qu'elle eft environnée
de hauteurs de tous côtés. Quoique les montagnes, qui
fépaient la Perfe de la Médic , foient û unies , qu'on n'y
voit presque point des roches , celles de Natens en font
hériOees ôc font par conféquent très difficiles cepen-
dant elles ne laiflent pas de donner en certains endroits
des pafiages aifés du côté par où elles coupent le che-
min. Ce qu'il y a de particulier & d'avantageux , c'eft
qu'on y trouve de l'eau en quantité. Cette eau , descen-
dant depuis le fommet des montagnes par toutes leurs
pentes, fe va rendre dans le fond de la vallée qui eft
toute pat feméc de jardins , où il vient de très-excellens
fruits , quoique la terre y foit aflez ftérile Si pierreufe.
Le lieu même eft tellement environné d'arbres , de
vergers ôc de levées de pierres pofées les unes fur les
autres , que ceux qui ne connoifient pas bien le che-
min , ont beaucoup de peine à le trouver. Natens eft
fituée à l'oppofite de ce vallon , quand on va de Cas-
bin à Ispahan , & ce vallon eft parfemé de petits vil-
lages bâtis entre les jardins-, mais fi peu feparés les uns
des autres , qu'ils fcmblent ne faire qu'une feule ville.
45)6 NAT
En arrivant à Natens^on laifle à la droite deux mon-
tagnes fort hautes Se fort pointues : une de ces mon-
tagnes a fur fon fommet une groffe tour que Schach
Abas fit bâtir en mémoire de l'avantage qu'un de (es
faucons eut en ce lieu fur une aigle qu'il attaqua , ab-
batit & tua , après un combat fort opiniâtre. Ce bâ-
timent eft fait de briques Se de forme oétogone par le
bas : il a environ huit pas de diamètre : à mefure qu'il
s'élève, il perd peu à peu de cette forme Se de fagros-
feur : il cil percé en haut de tant de fenêtres , que le
jour y entre de tous côtés. * Olearius , Voyage de Per-
fe, 1. 4. p. 477.
NATERNBERG, bourgade d'Allemagne, dans la
Bavière, au midi du Danube, fur la rive gauche de
l'Ifer , Se près de fon embouchure dans le Danube. *
Zeyler , Topog. Bav. p. 11.
NATERS , bourg du H%ut-V allais , au département
de-Brieg, à la droite du Rhône, dans un lieu pier-
reux , femé de rochers , Se néanmoins paffablement fer-
tile. Il a de belles maifons conftruites de pierres, Se beau-
coup de vignes. * Etat & Délices de la Suijfe , tom. 4.
pag. 178.
NATHABUR , fleuve de l'Afrique intérieure, fé-
lon Pline, /. 5.C. 5. Peut-être arrofoit-il le pays des
Nathabres. Voyez. Nothabres.
NATHAN. C'eft le nom que faint Jérôme donne à
un lieu de la Paleftine , nommé Hanatbon par les Sep-
tante. La frontière des enfans de Zabulon tournoit au
feptentrion vers Hanathon. * Jofué, c. 19. 14.
NATHAN AEL , lieu dans le Defert. Saint Jérôme ,
n". 21. 19. lit Nahaliel. De Matthana le peuple vint
à Nahaliel , de Nahaliel. à Bamoth.
NATHO, ifle de l'Egypte, dans le Delta. Héro-
dote,/. 2. c. 165. dit que la moitié de l'ifle Profopitis
s'appellôit Natho.
N ATHUMBES. Voyez. Mentoubes.
NATIDOS. Voyez. Nagidos.
NATION , fubftantif féminin. Ce mot dans fa ligni-
fication ptimitive veut dire un nombre de familles for-
ties d'une même tige , ou nées en un même pays. On
entend otdinairement par le mot de nation un grand
peuple gouverné par les mêmes loix & parlant une
même langue ; Se quelquefois la nation fe divife en tri-
bus , comme la nation Juives en cantons , comme la na-
tion Helvétique; en royaumes , comme la nation Es-
pagnole ; en divers peuples , comme dans l'ancienne
Gaule , où le mot de nation eft exprimé par celui de
Civitas , qui comprenoit fous lui des peuples particu-
liers. Voyez, Civitas. Plufieurs peuples font une feule
nation ( Civ itas) : les Bourguignons , les Champenois,
les Picards, les Normands , les Bretons , les Angevins,
les Tourangeaux , &c. font autant de peuples qui font
partie de Ja nation Françoife.
Les Nations , en latin Gentes , dont nous avons
pris le mot de Gentils , dans le fens de Païens Se d'I-
dolâtres. Les auteurs facrés Se les pères de l'églife onc
employé ce mot pour lignifier tous les peuples qui
étoient plongés dans l'idolâtrie. On a dit en ce fens
que faint Paul étoit l'apôtre des Nations , c'eft-à-dire des
Gentils.
NATIONENSIS , fiége épiscopal d'Afrique, dans
la province de Byzacène. La notice épiscopale d'Afri-
que nomme Pirafius fon évêque ; & l'on trouve dans
la conférence de Catthage , Fauftin qualifié episcopus
Nationenfïs. * Geft. Collât. Carthag. n°. 208.
NATISCOTEC , ifle de l'Amérique feptenxrionale ,
dans l'embouchure du grand fleuve de Canada qui la
divife en deux. Natiscotee eft le nom que lui don-
nent les Sauvages. Quartier , en la découvrant , l'appella
l'ifle de l'Affomption , Se Jean Alphonfe lui donna le
nom d'ifle de l'Ascenfion.
NAT1SO , fleuve des Venetes , félon Pline , /. x.e.
18. qui dit qu'il paffoit auprès à'Aquileiacolonia.Jot-
nandes , de reb. Getic. dit la même chofe en ces termes :
Aquile'u muros ab oriente Natifo amnis elambit. Lean-
der le nomme Natifone. Il prend fa fource dans les
Alpes , court d'abord en ferpentant du nord-oueft au
fud -eft , jusqu'à Starafelle ; de - là tournant de l'eft à
l'oueft , il fe rend à San Pietro , d'où après avoir reçu
les eaux du Cofice Canal Se de San Leonardo Canal ,
NAT
il court du nord au midi , paffe à Cividal de Friuli
Se à Palmala Nuova, après s'être joint à la rivière
Corno : enfin , prenant fon cours du côté du fud-eft,
il va fe jetter dans la Lifonzo au-deflbus de Gradisca.
Les anciens font entendre que le Natifo fe jettoit dans
la mer ; ainfi ils donnoient le nom de Natifo à la Li-
fonzo avecJaquelle il fe joint.
N ATIUS , port dans la Bœtique , félon Avienus , cité
par Ortehus, Tbefaur.
NATO , château aux environs de la Mœfie , félon
Ortelius , qui cite Marcellinus Cornes : il étoit fitué fut
la rive du grand fleuve.
1 . N ATOLIE ou An atolie , anciennement appelléc
I'Asie Mineure , eft une grande presqu'ifle qui s'a-
vance entre la mer Méditerranée Se la mer Noire , jus-
qu'à l'Archipel & la mer de Marmara. Les Turcs la
nomment Anatol Vilaiete. On la divifoit autrefois en
plufieurs royaumes ou provinces. On mettoit la Cap-
padocc , la Galatie , la Lycaonie Se la Pifidie vers le
milieu : la Bithynie, la Paphlagonie Se le royaume de
Pont vers la mer Noire ; l'Arménie Mineure à l'occi-
dent de l'Euphrate -, la Cilicie, la Pamphylie , la Carba-
lie, l'Ifaurie Se la Lycie vers la mer Méditerranée ; la
Carie , la Doride , la Lydie , l'Ionie , 1 '^Eolide , la grande
& petite Phrygie , la grande & petite Myfie , Se laTroa-
de fur l'Archipel. Tous ces royaumes Se provinces fe
divifoient encore en plufieurs autres , ce qui fe peut voir
fous chaque article particulier. Aujourd'hui la Nato-
lie eft divifée en quatre principales parties, dont la
plus occidentale Se la plus grande eft encore appelléc
du même nom. Voyez, l'article fuivant. Les trois autres
font laCARAMANiE, l'Amasie & l'Aladulie. Voyez.
ces trois articles fous leur titre particulier. * Robbe »
Méthode pour apprendre la géographie, r. 2. p. 10.
Division di la Natolie.
Natolic propre.
Caramanie.
Natglie<
Amafie.
Aladulic.
Chiutaye ,
Burfe,
Angouri ,
Bolli,
Chiangarc,
Smyme,
Ephèfe .
Cogni ,
Tiagna,
Scalemurc ,
Satalie ,
Tarfun.
Amafie ,
Toccat ,
Sivas,
Trébifonde ,
Arfinga ,
Charaifar.
Maraz ,
Sis,
Sarmufada,
Lajazzo ,
Adena.
Les principales rivières font Zagari , Porreni , Ai-
toefu , Cafalmach , qui fe jettent dans la mer Noire j
Jechel Irma ou la rivière Verte qui fe joint au Kara j
Kara ou la rivière Noire qui fe décharge dans l'Eu-
phrate \ Satalie qui a fon embouchure dans la mer Mé-
diterranée ; Madré Se Sarabat qui fe rendent dans l'Ar*
chipel.
2. NATOLIE Propre, contrée de la Turquie en
Afie , & l'un des quatre go.uvernemens de la presqu'ifle
de Natolie. Elle occupe presque la moitié de la
presqu'ifle , s'étendant depuis la rivière de Casalmach ,
fur la mer Noire , fur la mer de Marmara , fur l'Ar-
cnipel Se fur la mer Méditerranée , jusqu'à la côte qui
eft entre l'ifle de Rhodes Se le Xante , d'où tirant une
ligne à l'embouchure du Casalmach , elle fe trouve f<é-
parée de la Caramanie Se de l'Amafie. La ville de
Chiutaye
NAU
NAV
Chiutayc , fituée fur le fleuve Ayala , eft la capitale de
cette province Se I« fiége d'un Béglyer-bej. On compte
dans fon gouvernement les Ziamets 5c les Timars fui-
vans.
Sangiaci,
Ziamets »
Timars.
Kiorahia,
39
948.
Saruhan ,
4*
674.
Aidin ,
i?
Sjx.
Caftamoni ,
*4
570.
Hudavendighiar,
4*
100;.
Boli,
H
;n.
Mentesché,
;*
381.
Augura ,
IO
*J7-
Cara hifar,
IO
6"i/.
Tekeili ,
7
M7-
Kiangri ,
7
381.
Féamid ,
9
585.
Sultan-Ughi ,
7
390.
Carefi ,
7
241.
Jcnigehifar.
7
112.
En tout
19$ Ziam.
Se 7440 Tira.
Ainfi, en comptant fuivant la plus baffe eftimation ,
quatre Gebelus pour chaque Zaim , ils peuvent monter ,
avec ceux qui les accompagnent , au nombre de - 11 80
En doublant le nombre des Timariots , félon leftima-
tion la plus baffe, ils font 14880,
En tout
16060.
Pour l'entretien de cette armée le revenu , fui-
vant l'état du grand feigneur, eft de 37310700 as-
pres.
Outre ces cavaliers, on entretenoit autrefois environ
fix mille neuf cens hommes , pour nettoyer les che-
mins, pour porter des ptoviiions Se pour le fervicc
de l'artillerie ; & il y avoit encore un fonds pour douze
cens quarre-vingt futlers ou vivandiers , Se pour cent
vingt-huit trompettes & tambours qui étoient Egyptiens;
mais cela n'aéré en ufage que lorsque la Natolieétoic
frontière des Chrétiens ; car en ce tems-là elle étoic
mieux fournie Se mieux fortifiée qu'elle n'eft aujour-
d'hui. Depuis qu'elle elt devenue une des provinces des
plus tranquilles & des moins expofées aux attaques des
ennemis, on a donné ce revenu aux Zaims Se aux
Timariots ; de forte qu'on a augmenté leur nombre de
trois cens trente fix Ziamets, & de onze cens trente fix
.Timars, Voyez. Caramanie. * Ricaut , Etat préfenc de
l'empire Ottoman, 1. 3. p. ;i8. de la traduction de
Be.'p'.er.
NATSOHOS, peuples de l'Amérique feptentriona-
le , dans la Louïfiane : ils font amis des Affonys.
NATUPHA , défert aux environs de la PaLftine,
félon Ortelius , Thefaur. qui cite Méraphrafte.
1. NAU, Nave.ou Nahe, Nava , rivière
d'Allemagne. Tacite, Hifl. L 4. c. 70. fait mention de
cette rivière , Se dit qu'elle fe joint au Rhin auprès de
Bïngium , aujourd'hui Bingen: en effet , Bingen eft en-
core fitué au lieu où la Nau fe jette dans le Rhin.
Aufcne parle auffi de cette rivière dans ce premier vers
de fa rviofelle , Edyl. 3.
Tranjieram celerem nebulofo litmine Navam.
Les Allemans nomment aujourd'hui cette rivière N*-
he. Elle a fa foui ce dans la Lorraine, à l'orient de
Neukirch , prend fon cours du fud-oueft au nord eft,
paffe à Werdenftein & à Oberfien , traverfe le Lenahe-
gaw, où elle reçoit diverfes rivières & pluficurs ruiffeaux,
Se baigne Kirn , Martenftein , Sobernheim , Eberburg,
Crcutznah -, enfin tournant du midi au nord , après
avoir mouillé les murs de Bretzenheim, elle va fe
jetrer dans le Rhin au-deffous de Bingen.
NAU-A. Voyez. Naît.
NAVALE. Ce mot latin peut avoir beaucoup de
497
lignifications différentes. 11 peut fignificr un port, un
havre i quelquefois le lieu du port où l'on conitruit
les vaiffeaux, comme à Venife ; ou le bajfin où ils font
confervés Se entretenus , comme au Havre de Grâce :
mais ce n'eft point la le principal ufage de ce mot. il
y avoit des villes, qui étoient affez importantes pour
avoir un commerce maritime, Se qui néanmoins n'é-
toient pas fituées affez près de la mer pour faire un
port. En ce cas on en choififfoit un le plus près Se le
plus commode qu'il étoit poffàble. On bâti (Toit des mai-
ions à lentour , Se ce bourg ou cette ville devenoit le
Navale de l'autre ville. C'eit ainfi que Corinthe, fituée
dans l'ifthme du Péloponnèfe, avoic deux ports , (du*
Navalia ) , favoir , Lech&um dans le golfe de Corinthe ,
Se Cenchrees dans le golfe Saronique. Quelquefois une
ville fe trouvoit«bâtie en un lieu qui n'avoic pas uri
port fuffifant pour fes vaiffeaux , parce que fon com-
merce, auquel des barques avoient iufh au commence-
ment , étoit devenu plus florilTant , Se demandoit un
havre où de gros bâtimens puffent entrer ; alors, quoique
la ville eût déjà une espèce déport, elle s'en procuroit
un autre plus large, plus profond, quoiqu'à quelque
diftance , Se fouvent il s'y formoir une colonie qui de-
venoit auffi floriffante que la ville même. C'eft une
erreur de croire que le port ou Navale fût toujours
contigu à la ville dont il dépendoit ; il y avoit quelque-
fois une diffance de plufieurs milles.
NAVALE. Voyez. Epenium.
NAVALE Ci€s. Aug. Voyez, Forum Jolii , & Fre»
jus.
NAVALE Stagnum. Voyez. C^saris Dictatoriî
Vilia.
NAVALIA, ville de la Germanie inférieure , Félon
Ptolomée , 1. 1. c. 11. qui la met entre Asciburgutm Se
Mediolamum. On croit que c'eit la ville de Zwol.
NAVAN , petite ville d'Irlande, dans la province
de Leinfter , au comté d'Elt-Meath , fur la Boyne , à dix
milles Se à l'oueft de Duleck , à fept , presque au fud-
eft , de Kells , & à huit milles au nord-eft d'Athboy. Elle
a droit d'envoyer deux députés au parlement. Cette
ville eftunedes onze baronnies qui compofent le com-
té d Eft-Meath. * Etat préjent de l'Irlande , p. 39.
NAVAPOURA , gros bourg des Indes , fur la route
d'Agra à Brampour. 11 elt firué à quinze coffes de Kekoa,
Se à neuf de Nafarbar. On y trouve une grande quan-
tité de tifferans ; Se il y paffe une rivière qui rend fon
territoire excellent Se fort abondant en riz , dont le
négoce eft le principal de ce lieu-là. Tout le riz qui
croit dans ce quartier-là , a une qualité particulière qui
fait qu'il eft fort eftimé. Son grain eft la moitié plus
petit que celui du riz ordinaire & quand il eft cuit , la
neige n'eft pas plus blanche : outre cela il fent le musc.
Les grands feigneurs des Indes ne mangent point d'au-
tre riz , & quand on veut faire un préfent agréable
à quelqu'un en Perfe , on lui donne un fac de ce riz.
NAVARETTE (a) , ville d'Espagne, dans la petite
province de Rioxa. Elle eft fituée fur une montagne a
deux lieues ou environ de Logrogno , du côté du cou-
chant , & à pareille diftance de Nagera ou Najara, du
côté du levant, entre ces deux villes (b). Ce fut Al-
phonfe de Caftille qui la fit bâtir pour mettre le pays
en fureté. L'an 1367 il s'y livra une bataille , où le
fameux du Guesclin fut fait prifonnier par le prince de
Galles, (a) De l'IJle , Carte d'Espagne, {b) Corn.
DicF.
NAVARI ou Navarri, peuples de la Sarmatie
Européenne , félon Ptolomée , /. 3 ■ c. $ .
NAVARIN ou Zonchio, ville de la Morée, dans
le petit pays de Belvédère , fur la côte du golfe de
Zonchio , au-deffus de Modon, en tirant vers le nord.
Il y a apparence que c'eit la même ville que Ptolomée,
/. 3. c. 16. nomme Pylus , & Abarinus ; il la met dans
la Meffenie. Navarin eft à dix milles de Coron fur une
hauteur, au pied de laquelle eft le port , qui peut con-
tenir plus de deux mille vaiffeaux. Ce port a deux châ-
teaux pour défenfe : l'un eft le Vieux Navarin, fur
une haute montagne , & qui commande l'entrée du
port du côté du nord; l'autre château commande l'en-
trée du port du côté du midi , Se défend la ville do
Tum. IV. Jl r r
NAV
498
Navarin, qui eft bâtie fur le penchant d'une colline. Na-
varin a pa<Té de tout tems pour une place importante ;
C'eft ce qui fait qu'elle a changé fouvent de maîtres.
En 1 498 , les Turcs la prirent fur les Vénitiens , ôc ceux-
ci y rentrèrent peu de tems après ■■> les Turcs les en chafle-
rent bientôt , & la gardèrent pendant près de deux fié-
cles. En 1686, le généraliifime Morofini l'obligea de
rentrer fous l'obéiffance de la république ; mais enfin les
Vénitiens la cédèrent aux Turcs avec toute la Morée
en 1715.
1. NAVARRE, royaume d'Europe, fitué entre la
France & l'Espagne , Se divifé en haute & baffe Navarre.
La première appartient à l'Espagne , 8c la féconde à la
France ; 8c toutes les deux enfemble fe divifent encore en
plufieurs diftric~ts ou bailliages, qu'on appelle en Espagne
Merïndades : la haute Navarre en comprend cinq , qui
ont pour leurs capitales,
Pampelune, Eftella, Tudéle , Olite, & Sangueffa.
NAV
La baffe Navarre ne contient
Se a pour capitale Saint Jean
Etat préfent de l'Espagne , 1. 1.
z. NAVARRE (La Haut
des provinces de Guipuscoa Se
le Bearn Se le pays de Labour
Basques ; à l'orient une partie
les Pyrénées Se les vallées qui
par Roncevaux , par le val
lui de Roncal, jusqu'à Yfava.
font
L'Ebre , l'Arragon ,
qu'un de ces ba illiages ,
Pié-de- Port. * Vayrac ,
P-74-
E ) , a au nord une partie
d'Alava , les Pyrénées ,
, autrement le pays des
du royaume d'Arragon ,
fe jettent dans l'Espagne
de Salazar , & par ce-
Ses rivières principales
l'Arga, l'Elba.
Et fes principales vallées font celles de
Roncevaux , Salazar , Roncal , Ahescoa , Se Baftan.
Ce royaume avoit autrefois une étendue bien plus
grande que celle qu'il a aujourd'hui. Il comprenoit les
provinces de Guipuscoa, d'Alava, de Rioja , Se une
partie de l'Arragon 5 mais à préfent il efl: restreint à ce
qu'on appelle proprement Haute-Navarre , Se peut
avoir vingt huit ou trente lieues de longueur, & en-
viron vingt-trois on vingt-quatre de largeur. Quelques-
uns prétendent qu'on y peut compter jusqu'à quarante
mille familles ; mais il y a des écrivains qui en comp-
tent beaucoup moins. On y va de France par Ronce-
vaux , par Maya 8c par Vera.
On n'eft pas d'accord fur le tems de la fondation de
ce royaume. Il y en a qui veulent qu'il ait été établi
dès l'an 716 , après que les Maures eurent occupé l'Es-
pagne. Voici le fentiment de plufieurs hiftoriens à cet
égard. Dans une roche , difent-ils , appellée Pena de
Oreul , près de la ville de Jacca , vivoir un bon her-
mite en compagnie de quatre confrères. Ce faint foli-
taire étant mort , trois cens gentilshommes , ou environ,
s'aflemblerent pour honorer fon enterrement , Se étant
venus à parler du malheur de l'Espagne, ils délibérè-
rent d'élire un chef pour conferver le refle de leur li-
berté Se de leur religion dans les détroits de ces mon-
tagnes. Après une mure délibération, le choix tomba
fur Garcie Ximenès , le plus confidérabïe d'entre eux ,
François de naiffance , comte de Bigorre & pofleffeur
de plufieurs riches terres dans la Biscaye. Ce prince fe
fignala par une infinité d'exploits contre les Maures.
Gardas Ignigo , fon fils , Fortunio , Sanche Gardas ,
Ximenès Gardas , un autre Gardas 8c Ignigo Xime-
nès , fumommé Arifta , lui fuccéderent de père en fils.
Cependant d'autres foutiennent que cet Ignigo Arifla ,
que les Espagnols donnent pour le dernier fucceffeur de
Garcie Ximenès , efl le premier qui ait régné dans la
Haute Navarre. Ils ajoutent qu'il fut nommé par les
principaux de la noblefle pour les conduire contre les
Sarrazins.
Les descendans d'Ignigo Ariita jouirent du royaume
de Navarre jusqu'en 1234 , que Sanche VII , dit l'En-
fermé ou le Fort , mourut fans enfans , Se ne laifla que
deux foeurs ,• l'une appellée Bérengere , fut mariée avec
Richard, furnommé Cœur de Lion , roi d'Angleterre ,
& mourut aufli fans enfans ; l'autre appellée Blanche ,
époufa Thibaut V , comte de Champagne, dont le fils,
nommé Thibaut VI , fut roi de Navarre. Ce dernier
laiffa deux enfans mâles j favoir , Thibaut Se Henri, qui
furent fucceflivement rois de Navarre. Henri laifla en
mourant une fille unique , appellée Jeanne , & qui fut
mariée avec Philippe le Bel, roi de France & de Na-
varre-, mais Jeanne, fille de Louis X, dit Hutin, ayant
hérité de la Navarre après la mort de fon frère , porta
en 13 16, cet état dans la maifon d'Evreux par fon
mariage avec Philippe, comte d'Evreux. Charles, leur
petit-fils , ayant laiflé Blanche 11 , héritière de la Na-
varre , cette princeffe époufa en premières noces Mar-
tin , roi de Sicile, Se en fécondes, Jean, roi d'Arragon Se
de Navarre, de qui elle eut Charles , prince deViane,
mort en 146 1, fans poltérité : Blanche, première femme
d'Henri quatrième, furnommé l'Impuiffant, roi de Caftil-
le , morte en 1463 ,8c Eléonore qui porta la Navarre
à Gafion, comte* de Foix 8c de Bigorre, vicomte de
Bearn. Catherine leur fille la porta à Jean, fire d'Albret ,
à qui Ferdinand le Catholique, roi d'Arragon, l'enleva,
à la faveur d'une bulle du pape, qui expofoit la Na-
varre au premier occupant , fous prétexte que Jean étoit
fauteur du concile de Pife , & allié de Louis XII ,
roi de France , alors , félon lui , ennemi du faint fiége.
Ferdinand & fes fucceffeurs gardèrent cet état à titre
de conquête , fondant leur droit fur les loix de la
guerre.
Les premiers rois de Navarre ne prenoient quelque-
fois que le titre de roi de Pampelune. DonPetro, pre-
mier de ce nom , Se dix-feptieme roi de Navarre , fe
nommoit roi de Pampelune & d'Arragon. Lorsqu'ils pre-
noient pofleflîon , ils juroient fur l'évangile de mainte-
nir les droits , les coutumes Se les libertés du pays ,
& les députés des états lui juroient enfuite de garder
Se de défendre fidèlement fa perfonne , & fes états.
Ces fermens prêtés de part Se d'autre par les états , à
l'exception du Clergé qui ne juroit pas , le roi fe re-
tiroit dans la chapelle de faint Etienne de la même
églife : il y prenoit une robe de foie blanche , Se enfuite
deux évêques le ramenoient dans la grande chapelle ,
où l'évêque de -Pampelune l'oignoit d'huile avec les cé-
rémonies accourumées. Immédiatement après l'onction ,
le roi prenoit les habits royaux & s'approchoit du maî-
tre-autel , où il trouvoit une épée , la couronne du
royaume , garnie de pierreries , Se le feeptre royal. Il
ceignoit lui-même l'épée , 8c la tirant du fourreau , il
la levoit en haut en figne de juftice. Après cela il fe
mettoit la couronne fur la tête , 8c prenoit le feeptre en
main , pendant que les prélats continuoient les priè-
res ■-, Se lorsque les prières étoient finies , le roi mon-
toit fur un pavois ou écn , fur lequel les armes de Na-
varre étoient peintes. Cet écu étoit foutenu par les dé-
putés de la noblefle , des cités Se des villes du royau-
me, qui pouflbient de grands cris de joie, tandis que
le roi jettoit au peuple des pièces de monnoie d'or Se
d'argent. Après cela , les prélats le conduifoient à fon
fiége royal , qui étoit fort élevé Se très-magnifique : on
chantoit alors le Te Deum , à la fin duquel , l'évê-
que de Pampelune , commençoit la méfie pontificale-
ment ; Se à l'offertoire le roi offroit de l'or , de l'argent
& de l'écarlate.
Ce royaume jouit encore de grands privilèges. Lors-
que Ferdinand le Catholique aggrégea le royaume de
Navarre à fes autres états , il ne changea rien dans la
forme du gouvernement , ni dans les loix que les an-
ciens rois y avoient établies ; de forte que le confeil
fouverain , où s'exerçoit la juftice avant cette aggréga-
tion , a toujours fubfiffé dans l'exercice de fes droits ,
fans recevoir la moindre atteinte. 11 efl compofé du
viceroi qui y préfide , quand il lui plaît ; d'un régent ,
qui efl: un homme de robe -, de fix confeillers, avec titre
d'auditeurs ; de quatre alcades ; d'un rapporteur ; d'un
écrivain ou greffier , qui a fous lui quelques commis ;
de divers alguazils , Se de deux portiers. Sa jurisdiction
s'étend fur toute la Haute-Navarre , Se il juge fouve-
rainement , tant au civil qu'au criminel. Il confulte
toutes les femaines avec le viceroi fur les affaires qui
furviennent , par rapport à la police & au gouverne-
ment du royaume; mais il ne prend aucune connoiflan-
ce du gouvernement ecslcfiaftique, militaire, ni des
NAV
NAV
finances royales, qui font de la compétence delà chambre
des comptes , à laquelle le viceroi eft en droit d'affilier ,
quand il lui plaît , de même qu'au confeil.
Comme le royaume de Navarre a des loix particu-
lières ,1a jurisprudence ôc le ftyle n'ont aucun rapport
ni à la jurisprudence, ni au llyle des autres tribunaux
fourerainsd Espagne, fi ce n'elt dans le cas où les uns
ôc les autres le conforment au droit romain. Les ha-
bitans trouvent un avantage dans ce confeil fouverain,
c'eft que les procédures n'y traînent pas en longueur,
comme dans les autres tribunaux. Lorsque le viccroi
n'affilie pas an confeil , le régent y préfide , ôc en fon
abfence le plus ancien auditeur. Les commiffions des
juges ne font que pour trois ans •> mais quelquefois elles
font prorogées ; ôc de-là ils font admis au confeil de
Caftille, ou à quelqu 'autre tribunal fouverain, dont
les émolumens ôc les prérogatives font plus confidé-
rables.
L'air de ce pays eft plus doux , plus tempéré Se plus
fain que celui des provinces voifines, qui font plus avan-
cées dans l'Espagne. Le terrein eft raboteux , entrecou-
pé , hériffé de montagnes ; cependant il ne laiffe pas
de produire affez de grains ôc de vins, dont les meil-
leurs font ceux de Peralta & de Tudele. Celui de Pe-
ralta eft une espèce de vin de liqueur approchant de
celui de Saint Laurent -, mais incomparablement plus
fort ôc meilleur. Celui de Tudele a beaucoup de rap-
port au vin de Bourgogne ; mais il n'efl pas tout à-fait
fi délicat , ni fi bon. La terre produit auffi des fruits
excellens , fur-tout des muscats , des poires ôc des pê-
ches. Il s'y trouve des fangliers en quantité , des che-
vreuils , des lièvres , des loups , des renards , des per-
drix , des bécaffes , ôc toute forte d'autre gibier de de
venaifon. Les mines de fer y font fréquentes ôc abon-
dantes : il y a même , ôc en quantité , des mines d'or ,
d'argent ôc de plomb ; mais on ne fe met pas en peine
de les exploiter. Le cidre qu'on fait dans quelques val-
lées de la Navarre , & fur-tout dans celle de Baftan ,
paffe pour le meilleur qui fe faffe dans toute l'Es-
pagne.
Les Navarrois ont beaucoup d'efprit : ils font polis ,
fins, adroits, induftrieux , laborieux, ôc très propres
pour les feiences & pour les affaires. Leurs mœurs font
affez conformes à celles des François.
3. NAVARRE (La Basse) , c'eft une des Mer'm-
dades ou bailliages dont tout le royaume de Navarre
étoit compofé. Elle a au nord les Landes ôc le terri-
toire d'Acqs, à l'orient la Soûle , au midi les Pyrénées ,
qui la féparent de la Navarre Espagnole , ôc à 1 occi-
dent le Labour. Les Espagnols appellent la Baffe-Na-
varre Merindada. de ultra Puertos ; parce qu'elle eit à
leur égard au-delà des Pyrénées ôc des paffages des mon-
tagnes qu'ils nomment Puerto;, ports.
Ce pays fut occupé des premiers par les Gascons ,
lorsqu'ils paflcren: les monts pour s'établir dans la No-
vempopulanie fur la fin du fixiéme fiécle : auffi tous les
habitans font Basques , ôc parlent la langue basque ,
qui eft la même que celle des Biscayens Espagnols. Les
ducs de Gascogne furent toujours fouverains de ce pays,
qui étoit partagé entre plufieurs feigneurs ou vicomtes.
Les ducs d'Aquitaine fuccéderent aux droits des ducs
de Gascogne , ôc ils en jouirent toujours jusqu'au der-
nier duc Guillaume , qui laiffa fes états ôc les droits
à fa fille Eléonor. Cette princeffe ayant époufé Louis
le Jeune, roi de France , ce prince acquit par ce matiage
route l'Aquitaine ,ia Gascogne & le Navarrois, jusqu'à
la Croix de Charlemagne , usqite ad Crnccm Caroli.
Cette Croix qui eft au port de Roncevaux , étoit autre-
fois la borne de la France ôc de l'Espagne, & le dio-
cèfe de Bayonne s'étendoit auffi jusques-là. Roger de
Hoveden, qui vivoit fur la fin du douzième fiécle , affure
que Richatd, comte de Poitiers , fils de Henri ,roi d An-
gleterre, ôc d'Eléonor de Guienne , fe fit reconnoître
pour fouverain par tous les Basques Ôc les Navairois
jusqu'au port de Sifare , qu'on nomme aujoud'hui com-
munément le port de Roncevaux. * Longuerue } Defcr.
de la France , part. I. p. 2 1 1 .
On donnoit dans le douzième fiécle le nom de Na-
vairois aux Basques qui habitent au nord des Pyrénées;
parce qu' Alfonfe, roi d'Arragon , fe rendit maître de ce
499
pays 5c de celui de Labour, l'an iijo, ayant pris
alors Bayonne, qu'il perdit auffi tôt après ;maisilcon-
ferva le pays voifin. Après fi mort , fon frère ôc fuc-
ceffeur Ramire le Moine, ne fut pas en état de réfifter
à lapuiffance du dernier Guillaume, duc d'Aquitaine ,
ôc encore moins à celle de Louis le Jeune, roi de France,
qui avoit époufé Eléonor , fille ôc héritière du duc Guil-
laume : de forte qu'on voit dans l'ancienne chronique
de Vezelai , écrite par Hugues , auteur contemporain ,
que ce roi fe fit reconnoître pour fouverain de tout le
pays des Basques & de la Navarre, jusqu'aux monts
Pyrénées ôc à la Croix de Charlemagne , Acquifîvit om-
nem Aquitanïam , Gascognam , Bascloriiam &■ Navar-
riam , us que ad montes Pyreneos , &" us que ad Crucem
Caroli. Oeil ce paffage que les anciens appellent P or tus
Sifarœ, ôc quelquefois la Porte d'Espagne. Eléonor ayant
été répudiée par Louis le Jeune , & ayant enfuite épou-
fé Henii II, roi d'Angleterre, elle transporta fes droits
à fon fils Richard, comte de Poitiers ; ôc ce prince fub-
jugua les Basques ôc les Navarrois jusqu'à la Porte d'Es-
pagne , & fut enfuite roi d'Angleterre.
Ce ne fut que fous Jean fans Terre, frère & fuc-
cefieur de Richard, que les ducs de Guienne perdirent
la Baffe-Navarre & les pays adjacens. Alfonfe le No-
ble , roi de Caftille , profitant des malheurs de Jean
fans Terre , fe rendit maître de la ville ôc du territoire
de Saint Sébaltien , ôc fubjugua tous les Basques qui
font au nord des monts Pyrénées, ôc même une par-
tie de la Gascogne ôc du Beam : car il prit la ville
d'Acqs en Gascogne , ôc celles de Sauvetat ôc d'Ortez ,
comme le rapporte en fa chronique Lucas Tudenfis,
autrement Luc , évêque de Tuy , en Galice , qui vivoit
du tems du roi Alfonfe. Néanmoins il eft probable que
ce roi rendit au vicomte de Bearn ce qu'on lui avoit
pris. En effet on voit par un titre , cité dans l'hiftoire
de Bearn , que l'an 1 204 , le roi Alfonfe avoit avec
lui comme un de fes amis le vicomte de Bearn. Il eft
indubitable qu'Alfonfene conferva,des conquêtes qu'il
avoit faites dans le pays des Basques ôc dans la Gas-
cogne , que Saint Sébaltien ôc fon territoire , où font
Fontarabie , lion ôc Oyarçon. Sanche , roi de Navarre,
s'appropria ce qu'on appelle la Baffe-Navarre, & les
Anglois regagnèrent ce qu'ils avoient perdu jusqu'à la
rivière de Bidaffoa , qui fur depuis ce tems la borne
du duché de Guienne du côté de l'Espagne.
Tout ce que Jean d'Albrer ôc Catherine , reine de Na-
varre , fa femme, purent recouvrer des états que Ferdi-
nand,roi d'Arragon ôc de Caftille, leur enleva en 1512,
fe réduit à la Baffe Navatre , petit royaume qui n'a que
huit lieues de long fur cinq de large , ôc qui ne renfer-
me que trois petites villes ; favoir ,
Saint Jean-Pié-de Porr , Saint Palais ,
la Baftide de Clarence.
Henri d'Albret , fils de Jean , ne fut pas plus heu-
reux que fon père , ôc ne régna que dans cette petite
partie de la Navarre. Il ne laiffa qu'une fille de fon
mariage avec Marguerite, fœur de François 1. Cette prin-
ceffe, appcllée Jeanne , époufa le 21 d'Octobre 154S,
Antoine de Bourbon , ôc en eut entre autres énfans
Henri le Grand , qui fut roi de France. Ce magnani-
me prince laiffa la couronne de France ôc de Navarre
à Louis XIII , fon fils. C'eft ce dernier qui a uni au
royaume de France la Baffe Navarre ôc le Bearn en
1620. *Pigœnïol, Defcr. de la France, t. 4. p. 41g. &
fuiv.
Ce pays eft montueux , fiérile , & les terres n'y rap-
portent qu'à force de foins ôc de travail 5 il produit peu
de fruits , mais ils font excellens. Les habitans y font
fort laborieux , d'un efprit vif ôc brillant , ôc fort zélés
pour la religion & pour le fervicè du roi. Ils parlent
la langue Basque. Les deux principales rivières font
la Nive,
ôc la Bidoufe.
Une partie de la Baffe-Navarre e(l du diocefe d'Acqs ,
& l'autre pairie de celui de Bayonne. Au refte, il n'y
a aucun chapitre , ni abbave , ni monaftere. On compte
Tom, IV, R rr ij
NAV
yoo
feulement quatre prieurés-cures , dont le revenu eft très-
modique , Se cent-deux paroiffes.
Quant au gouvernement , la Baffe-Navarre Se le
Bearn n'en font qu'un aujourd'hui , Se font du reffort
du parlement de Pau. La Baffe-Navarre eft divifée en
cinq territoires ; favoir,
NAV
L'Amix ,
La Cize,
Le Baigorri
L'Arberou ,
L'Oftabaret.
La juftice fe Tend conformément aux coutumes du
pays : on les appelle Fors.
Le royaume de Navarre étant un pays d'états , Se fe
ttouvant presque tout paffé en 15 12, fous la domi-
nation de Ferdinand , roi d'Arragon Se de Caftïlle , Hen-
ri d'Albret , fils de Jean , à qui cinq provinces de ce
royaume avoient été enlevées , fongea à conferver dans
la Mérindade, qui lui étoit demeurée, la même forme de
gouvernement, qui étoit obfervée dans la Haute Navar-
re, «5c pour cet effer inftitua des états dans la Baffe. Ils
font compofés du clergé, delà nobleffe Se du tiers état. Le
clergé comprend les évêques de Bayonne & d'Acqs, leurs
vicaires généraux, le prêtre majeur ou curé de S. Jean-Pié-
de-Port, du prieur de la ville de S. Palais, du prieur d'Ha-
rembels & du prieur d'Utziat. Le corps de la nobleffe eft
compofé de gentilshommes poffédans des terres ou mai-
fons nobles, Se ayant entréetaux états. Le tiersérat confifte
en vingt-huit députés des villes & communautés qui
ont entrée aux mêmes états.
Quand ces affemblées font convoquées à Saint Jean-
Pié-de-Port , qui eft dans le dioeèfe de Bayonne , l'é-
vêque de Bayonne eft à la tête du clergé , & lorsqu'elle
eft convoquée à faint Palais qui eft dans le dioeèfe de
d'Acqs , c'eft l'évêque d'Acqs. En i'abfence des deux évê-
ques, leurs vicaires généraux obfervent le même ordre.
Il n'y a point de fang réglé dans le corps de la nobleffe :
chacun fe place félon qu'il arrive dans l'affemblée. Quoi-
que le clergé Se la nobleffe foient deux corps diftingués ,
ils n'ont pourtant qu'une féance où le clergé tient le
premier rang. Le dépuré de Saint Jean-Pié-de- Port pré-
fide dans le corps du tiers état , parce que cette ville
eft la capitale du royaume. Il y a un fyndic , un fecré-
raire Se un huiffier des états , Se ces commiflions font
à la nomination des états. Le fyndic fait les propo-
rtions, rapporte les requêtes, fait délibérer & prend
les avis , car il n'y a point de préfident dans ces affem-
blées ; les évêques ne préfident que le clergé. Le fecré-
taire a foin d'écrire les avis fur le regiftre. Lorsque
des trois corps il v en a deux du même avis , ils l'em-
portent. Néanmoins en matière de finances le tiers état
feul l'emporte fur les deux autres.
La commiffion du roi pour tenir les états eft ordi-
nairement adreffée au gouverneur ou au lieutenant de
roi de la province. Il envoie des lettres circulaires à tous
ceux qui ont entrée, 8c leur marque le jour & le lieu
où ils doivent fe trouver. Quand les états font affem-
blés , ils envoient une dépuration des trois ordres à celui
qui eft chargé de la commiffion du roi , pour l'avertit
qu'ils l'attendent, afin de favoir ce qu'il a à leur propo-
fer de la part du roi. Pour lors le gouverneur , ou celui
qui eft chargé de la commiffion du roi , accompagne la
députation jusque dans le lieu de l'afïemblée , où celui
qui eft à la tête du clergé lui fait un discours qu'il écoute
couvert ôc debout , Se auquel il répond auffi couvert.
11 parle de fa commiffion Se exhorte l'affemblée à faire
le don le plus fort qu'il fera poffiblc. Après ce discours
il fe retire chez lui , Se il eft accompagné àes mêmes
députés. Il envoie enfuite la commiffion aux états affem-
blés Se une lettre de cachet pour les renir. On fait la
lecture de l'une & de l'autre ; on les enregiftre Se on
nomme des députés pour compofer le cahier. Il contient
les griefs que l'on a à alléguer , ou les réglemens que
l'on a à demander pour le bien de la province. Les dé-
putés , pour travailler à ce cahier , ont trois jours , pen-
dant lesquels les états ne s'affemblent point. Au bout
de ce terme le fecrétaire fair la lecture du cahier en pleine
affcmblée; on délibère fur chaque article Se on arrête
que le cahier fera mis au net Se préfenté par le fyndic
à celui , qui repréfente la perfonne du roi Se qui eft char-
gé de l'examiner , en prefence du commiffairc départi ,
qui afîifte aux états , Se fur l'avis de deux gradués. Le
fyndic rapporte alors le cahier aux états ; & s'il y a quel-
ques articles fur lesquels ils ne foient pas fatisfaks , ils
en demandent la réformation par une requête qu'ils
préfentent au gouverneur , ou à celui qui repréfente la
perfonne du roi : en cas de refus on fe pourvoit devant
le roi même.
On procède après cela au don pour le roi Se à l'état
des fommes qui doivent être impefées , ce qui fe fait
en prefence du commiffaire départi qui figne l'état. Après
la lignature on nomme des députés des trois corps pour
en aller donner avis au gouverneur , ou à celui qui eft
chargé de la commiffion du roi , Se pour le prier de
fe rendre à l'affemblée , afin de faire la clôture des états.
11 s'y rend accompagné des députés Se précédé de l'huiflier
des états , ayant à la main une baguette , aux deux bouts
de laquelle font empreintes les armes de Navarre. Celui
qui eft à la tête du clergé rend compte du don fait
au roi par les états: le gouverneur, après l'avoir écouté
debout Se couvert , lui répond , Se les états fe féparent.
Ce n'eft qu'après la clôture que le tréforier rend fes
comptes aux députés nommés par les états , Se en pre-
fence du commiffaire départi.
Les dons ordinaires que les états font au roi , ne vont
qu'à quatre mille huit cens foixante livres , outre deux
mille livres qu'on donne pour la fubfïftance des trou-
pes , encore prend-t-on fur ce don neuf cens livres que
le roi donne pour les frais de la tenue des états. On
donne davantage au gouverneur ; les états lui allouent
fept mille fept cens quatorze livres , & au lieutenant
de roi deux mille fept cens quatorze livres.
Les habitans de ce pays font fort laborieux , & le
commerce qu'ils ont avec l'Espagne fert beaucoup à les
faite fubfifter.
4. NAVARRE , bois de Fiance , dans le Languedoc,
maîtrife de Quillan ; il a quinze cens arpens trois
quarts.
J.NAVARRE ou Château de Navarre, en
France, dans la province de Normandie, auprès d'E-
vieux. Ce château eft d'une ftructure magnifique ; il
confifte en un gros corps de bâtiment à quatre faces
de même deffein , de même hauteur &: demêmefym-
métric. Le bas de ce bâtiment où font les offices, eft
couvert par un talus en forme de boulevard gazonne,
élevé de huit à neuf pieds au-deffus du niveau du jardin.
On monte de ce jardin au premier étage du château par de
grands degrés , qui conduifent par un veftibuie à un fa-
lon d'une grande magnificence , pavé de marbre & or-
né de quantité de buftes de differens marbres. Un grand
dôme ou coupole couvre ce falon , qui eft accompagné
de quatre veftibules qui féparent quatre grands appar-
temens, Se ce dôme eft enrichi de trophées d'armes en
relief fur la pierre , avec les écuffons de la maifon de
Bouillon Se autres ornemens d'une grande beauté. Le
fécond étage contient autour du dôme vingt chambres
meublées pour y loger des perfonnes de diftinction. Les
quatre faces de ce fuperbe château ont des vues diffé-
rentes & variées : une fur Evreux , dont les églifes , avec
leurs tours Se leurs clochers, forment un bel afpcct;
une fur la prairie qui conduit au bois qu'on a ouvert
pour étendre la vue ; les deux autres fur de grandes
pièces d'eau , Se routes les quatre vues donnent fur des
jardins très-bien ordonnés , Se fur des canaux artificiels
formés par les eaux de la petite rivière de Conches.
On arrive à ce château par quantité d'avenues d'arbres.
* Corn. Dicl. fur des mém. dreffés fur les lieux.
NAVARREINS ou Navarrinx , ville de France,
dans le Bearn , fur le Gave d'Oleron , dans la fené-
chauffée de Sauveterre. Elle fut bâtie par Henri d'Al-
bret , roi de Navarre Se prince de Bearn , au milieu
d'une plaine très-fertile : elle eft de figure carrée. Son
enceinte eft affez petite , mais elle a de belles murailles
Se quatre bons baftions. D'ailleurs elle n'a nuls dehors,
Se elle eft commandée au levant par des hauteurs. C'é-
toit du tems du prince qui la fit bâtir une affez bonne
place, on la regardoit comme le boulevard de ce pays;
mais préfentement elle ne peut plus paffer pour telle.
Il y a à Navarreins un gouverneur particulier , un lieu-
tenant de roi Se un major. * Piganiol, Defcr. de la
France ,1.4. p. 445.
NAU
NAVAS DE TOLOSA, montagne d'Espagne, dans
la partie feptentiionale de l'Andaloufie , à l'orient de
Sierra Morena. Elles font remarquables par la grande
bataille que les Chrétiens y gagnèrent fur les Maures le
iô" Juillet 1 2 1 z , fous les ordres d'Alfonfe , roi de Cas-
tille. Ce fut près du partage que l'on appelle el Puerto
de Muladar. * De l'ifle , Carte d'Espagne.
NAUATA , ville de la Valérie Ripenfe , félon la no-
tice des dignités de l'Empire ,feit. 57. Dans un ancien
manufcrit, au lieu de Nauata, ou lifoit Poneuata.
Il elt fait mention d'un évêque de Navata dans les dé-
crétâtes, Dcjcr. z.caufa q. & Decreto 1. difl. 14.
NAVAZA , ifle de l'Amérique feptentiionale, à huit
degrés de la ligne (a). Elle eft fort petite Se âpre par
les rochers , Se n'a pour verdure que de petits arbris-
feaux. On met entre les merveilles du monde une fon-
taine qui elt en mer à demi-lieue de cette ifle (b). Cet-
te fontaine eft profonde au plus de feize pieds, Se jaillit
d'une telle force, que l'on puifefoneau douce au mi-
lieu des ondes de la mer. {a) De Laet , Defc. des In-
des occidentales , 1. 1. c. 8. (b) Corn. Diét.
NAUBARIS. Voyez* Navari.
NAUBARUM, ville de la Sannatie Européenne.
Quelques manuferits de Pline, /. 4. c. 12. lifent Nava-
rum. Ptolomée, /. 3. c. 5. la met la dernière ville dans
les terres.
NAUBOLENSES. Voyez. Drym^a.
NAUBONENSES , lieu de la Mauritanie Céfarienfe.
N AUCRAT1S , ville d'Egypte, dans le Delta , au des-
fus de Metelis , à main gauche en remontant le Nil.
Cette ville étoit ancienne , Se Strabon dit qu'elle fut
bâtie par les Miléfiens , mais il l'appelle n«i^j3«tcx ; il y a
apparence que c'eit une faute de copilte ; car Strabon
un peu plus bas l'appelle Naucratis. C'eft ainfi qu'é-
crivent Hérodote , Gymnofopkiftar. I. 11. c. 9. Ptolo-
mée Se Etienne le géographe. Cette ville a été la pa-
trie d'Athénée, célèbre grammairien , comme il le té-
moigne lui-même dans un de fes ouvrages. Elle a été
aufli épiscopale. Parmi les évêques qui fouferivirent
au concile de Nicée, tenu l'an 325 , on trouve Harpo-
cration Naucratites , Se Ifaias fouferivit à celui de Con-
ftantinople de l'an 460.
NAUECTABE , ville d'Ethiopie, fous l'Egypte. Pli-
ne, /. 6. c. 30. la met au bord du Nil.
NAVEDAD. C'eft le nom que Criftophe Colomb
donna au premier fort qu'il bâtit dans l'Ifle Espagno-
le ; il étoit fuué à Puerto Real , à la côte feptentriona-
le de l'ifle , où Colomb étoit entré le jour de Noël
1492. Il y laifla trente-huit hommes avec quelques piè-
ces de canon ; mais l'année fuivante il fe trouva dé-
moli, & tous les Espagnols avoient été égorgés parles
Infulaires qu'ils avoient fort maltraités. * P. de Cbar-
levoix.
NAUEGO. Voyez. Bubegent^c.
NAVEILLE , bourg de France , dans la Beauce , dio-
cèfe de Blois , élection de Vendôme.
NAUENNA. Voyez. Ravenna.
N AVERN , Nub.uts , Nan&us , rivière d'Ecofle ; elle
prend fa fource dans les montagnes de Sutherland , Se
donne fon nom à la province de Stratb-Navern qu'elle
traverfe du fud au-nord. * Etat préfent de la Gran-
de Bretagne , t. 2 p. 280.
NAVES , bourg de France , dans le Limoufin , dio-
cèfe Se élection de Tulle ; il a 1700 habitans.
NAUGRACUT. Voyez. Nagracut.
NAVIA , port d'Espagne , dans l'Afturie , aux fron-
tières de la Galice. Il y a auprès de ce port un bourg
firué dans une plaine. Les habitans prétendent que leur
bourg doit fa fondation à Noé , Se qu'il l'appella Navia
du nom de fa belle fille, femme deCham. Voyez, Noega.*
Délices d'Esp.igne , t. 1. p. 114.
NAUIA Voyez. Flavionavia.
NAUILLOINUS , fleuve de l'Espagne Tarragon-
noife. Ptolomée, /. 2. c. 6. met Nauillouionis fiuv. vftia
immédiatement après Nabiifluv. ojlia , chez les Cal-
laici Lucenfes. Pline , /. 4. c. 20. écrit Nauilubio.
NAUILUBIO Voyez, Nauilloinus.
NAULIBE , ville des Indes , en-deçà du Gange , fé-
lon Ptolomée, /. 7. c. 1. qui la place entre le Sua-
fins Se Xlndus.
NAU JOE
NAULIBIS, ville ou bourg de la Paropamifade. Pto-
lomée, /. 6. c. 18. la place entre Gauz,aca Se Parfia.
NAULOCHIUM , lieu de la Sicile, fur la côte, en-
tre Pclorum Se Mylas, félon Suétone , in Aug. I, 2. c.
1 6. Auguftc remporta une viétoire fur Pompée , entre
Mylas Se Naulochium.
NAULOCHOS, ifle fur la côte de l'ifle de Crète.
Pline,/. 4. c. 12. la place devant le promontoire Sam'
monicum. Voyez, Naumachos.
1. NAULOCHUM, ville de la Phocide , félon Pli-
ne, /. 4. c. 3.
2. NAULOCHUM Promontorium. Pline , lib. j.
cap. 32. met ce lieu dans la Bithynie. Quelques-uns
croient que c'eft le Naufimachium de Denys de Byzance
NAULOCHUS. Voyez, Smyrna.
NAULOGON. Voyez, Naumachos.
1. NAUM ou Naun , ville d'Afie, aux confins de
la Tartarie Moscovite & de la Tartarie Chinoife. La
carte d'Isbrantz Ides écrit Navnkoton , Se la nouvelle
carte de l'empire de la grande \uflie porte Amplement
Naun. L'une Se l'autre placent cette ville fur la riviè-
re de Naun , à la gauche Se à peu près dans l'endroit
où elle fait un coude pour prendre fon cours à l'eu.
2. NAUM ou Naun , rivière de la grande Tarta-
rie, aux confins de la Tartarie Moscovite & de la Tar-
tarie Chinoife. Elle prend fa fource au midi d'Albas-
finskoy , ville des Rufles , ruinée par les Chinois Se
par les Mongales : elle court en ferpentant du nord au
midi, baigne Mergeen & fe rend à Naum , au-deflus de
laquelle ayant reçu l'Ialo , elle commence à courir du
côté de l'elt : elle va enfuite fe joindre au Chingal, qui
fe décharge dans le fleuve Amur. * Nouvelle carte de
l'empire de la grande Ruf/ie.
NAUMACHOS, ifle fur la côte de cellede Crète:
Pomponius Mêla, /. 2. ç, 7. v. iij en fait mention.
Ne feroit ce point l'ifle Naulochos de Pline, /. 4. c. 12?
1. NAUMBOURG, ville du cercle de la haute Saxe ,
dans les états de la branche de Saxe-Zeitz fur la Sale (a).
Avant la réformation elle étoit le fiége d'un évêché, qui
y avoit été transféré de Zcitz en 1028. Ce fiége ne fub-
fifle plus aujourd'hui. Il y a une foire célèbre à Naum-
bourg le 29 de Juin, jour de la fête de faint Pierre &
faint Paul(^). En 17 14, cette ville fut réduite en cen-
dres par un incendie arrivé le jour de la foire. On y
voit un château allez grand, ouvrage de Louis , furnom-
mé de Fer, landgrave de Turingc. {a) tPagenfeil, Lo-
culament. IL ad orbis notit. p. 306 (b). Hubner , Geo-
graph. p. 577.
2. NAUMBOURG , petite ville de Siléfie , fur la
Queifs , dans la principauté de Jauer , Se aux confins
de la Haute-Luface. Les Suédois y étoient l'an 1642.*
Zeylcr , Bohem. topog. p. 163.
3. NAUMBOURG, ville de Siléfie, dans la princi-
pauté de Sagan , fur le Bober. Il y a eu autrefois un
évêché ; mais Primiflas, duc deGlogau, feigneurde
Sprotau Se de Sagan , le transféra le 19 Mai 1284, de
la ville de Naumbourg , où fon aïeul le duc Henri le
Barbu l'avoit établi , à Sagan , qui devint grande Se ri-
che avec le tems.
NAUNDA. C'eit le nom que donne Isbrantz Ides à
la rivière de Naum , depuis fa fource jusqu'à la ville
de Naum i au-deffousde cette ville jusqu'à fon embou-
chure dans le Chingal, il la nomme Naun. Voyez Naum.
* Nouvelle carte de l'empire de Rujfie.
NAUNES ou plutôt Genaunes , peuples des Al-
pes, félon Pline , /. 3. c. 20. Tous les manuferits écri-
vent Genaunes , Se le perc Hardouin , in not.p. 177,
avertit que c'eft ainfi qu'il faut lire. La première fylla-
be de ce mor eft retranchée mal-à-propos d?.ns les exem-
plaires latins. Ils étoient voifins des Brettk\ Horace,
/. 4. od. 14. a parlé de ces peuples en ces termes :
Dritfus Genaunos , implacidum genus ,
Breunosque veloccî , or arecs
Alpibus impofitas tremendis
Dcjicit accr , &c,
NAUONIUS PORTUS, aujourd'hui Porto Navo-
ne , port de l'ifle de Corfe, dans la partie méridionale
de cette ifle , & dans le voifinage de Portus Syracu-
y 02, NAU
NAU
fanus de Ptolomée, /. 3. c. 2. Quelques manufcrits
de l'itinéraire d'Antonin lifent Nauonius l'ortus , &
placent ce port dans l'ifle de Corfe fur la route de
Mariana à Plalas, entre Pr&fidum Se Plalas , à trente
milles de la première & à vingt-cinq milles de la der-
nière -, cependant les exemplaires revus par Surita 8c
par Bertius , au lieu de Tortum Nauomum . écrivent
Portum Favorit.
NAUOS , ville d'Ethiopie , fous l'Egypte , fur le bord
du Nil, félon Pline, /. 6. c. 30. Le père Hardouin,
Not. & Emend. n° 118. foupçonne que ce mot pour-
voit être corrompu , aufîi bien que celui de Nantis ,
qu'on lit dans quelques manufcrits.
NAUPACTUS, ville de Grèce, dans l'iEtolic. C'eft
aujourd'hui Lépante. Strabon,/. 9. p. 427. nous don-
ne fa fituation & l'origine de fon nom : Naupailus ,
dit-il , Antirrh'io vicina , à navibus ibï compattis nomi-
nata Pline , /. 4. c. 2. la place dans le golfe de Co-
rinthe, parmiles villes d'/Etolie. A la vérité, Ptolomée, /.
3, c. i'j. la donne aux Locriens Ozoles -, mais Strabon ex-
plique la chofe. 11 dit que de fon tems Naupactus étoit
de l'/Etolic , parce que Philippe avoir jugé à propos de
l'attribuer à cette province: Nunc vero NaupattusJEto-
lornm eft Philippo adjudicante.
NAUPHRA , ville de Crète , félon Pomponius Sa-
binus, Ad not. in Cirim. qui dans ce vers de Virgile,
Gnofia neu Partho contendens fpicula cornu :
au lieu de neu Partho , lit Nauphreo : d'autres au con-
traire , pour neu Partho, lifent Naupacto.
NAUPL1A ou Nauplia Navale , ville & port de
mer , dans l'Argie. Strabon , /. 8. la place après Te-
menium. Ptolomée,/. 3. c. 16. & Hérodote,/. <a.c.j6.
en font mention; &Paufanias, /. 2. c. 38. dit qu'el-
le étoit à cinquante ftades de Temenium. Ces auteurs
en ayant parlé comme d'un port fort commode , on a
jugé que ce devoit être Napoli de Romanie. Du tems
de Paufanias, Nauplia étoit détruite Se à peine en
voyoit - on les ruines. On prétend qu'elle avoit été
bâtie par Nauplius , fils de Neptune 8c de la nymphe
Amymone , fille du roi Danaù's , & l'un des Argonau-
tes. On voit encore auprès de Napoli de Romanie
les ruines de l'ancienne Nauplia. On y découvre entre
antres un grand portail frit en voûte. Il eft bâti de
pierres de taille d'une grofleur & d'une dureté extraor-
dinaire. Il paroît aufli une grande enceinte de murail-
les fort hautes , qui enferment un champ de terres la-
bourables , 8c où l'on feme du grain. La montagne de
Palaméde eft dans le voifinage •, mais on ne peut plus
démêler la célèbre fontaine de Canathus , où la déefle
Junon alloit fouvent fe baigner , 8c d'où elle fortoit
toujours en état de vierge : fans doute que les femmes
du pays, ayant inutilement eflayé fi elles en fortiroient
comme Junon , ont laifle perdre la mémoire du nom
de Canathus. * Lacédcmone ancienne & nouvelle , 1. 4.
NAUPLIUM , ville aux environs de l'Eubée ,* félon
Ortclius , Thefaur. qui cite Euripide.
NAUPONTUS. Voyez. Nauportus.
NAUPORTUM , ville des Taurisques , vers la four-
ce de la rivière Nauportus. Strabon,/. 7. c. 18. la nom-
me NaÛ77ovToy , Nauponium ; mais c'eft une faute , car
elle tire fon nom de la rivière Nauportus , félon • le
témoignage de Pline , /. 3. c. 17. Dans la table de Peu-
tinger cette ville eft placée entre Longaticum 8c JEmo-
na » à fix milles de la première Se à douze milles de
la dernière. On juge de-là que Nauportum étoit pré-
cifément où eft aujourd'hui Ober-Laubach. * Cellarius ,
Geograph. ant. 1. 1. c. 8.
NAUPORTUS ou Naupontus , rivière , qui , félon
Pline,/. 3.C-. 18. prend fa fource dans les Alpes, en-
tre /Emona & les Alpes, auprès de Longaticum , lieu
qui , dans la table de Peutinger , eft à fix milles de la ville
Nauportus. Cette rivière pafibit à /Emona , 8c à un mille
au-defl'ous de cette ville elle fe joignoit avec le Save.
On croit que cette rivière eft le Laubach. * Cellarius ,
Geogr. ant. 1. 2. c. 8.
NAURA, contrée de la Scythie Afiatique, félon
Quinte-Curfe. Arian , dans le périple de la mer Rouge ,
en fait une ville de l'Inde, en-deçà du Gange , dans la Li-
myrique. Stukius de Zurich prétend, qu'au lieu de Nau-
ra , on doit lire Nitria , comme Pline , /. 6. c. 24. Se
Ptolomée , /. 7. c. 1. à moins qu'on n'aime mieux corri-
ger ces deux écrivains , 8c y lire Naura pour Nitria.
NAURIA, place d'Afie, dans la Syrie, qu'on croit être
l'ancienne Cbalybon ou Calybon : elle eft fituée à trente
mille pas d'Alep, du côtéde l'occident , 8c elle eft fort peu
confidérable. * Corn. Dict.
NAUROUSE , lieu de France , où l'on fait le point
de partage des eaux qu'on a aflemblées pour fournir aux
canaux qui font la jonction de la mer Océane avec la
mer Méditerranée. C'eft une petite éminence fituée dans
la route qui conduit du bas au haut Languedoc , &
où il y a deux vallons qui naiftent : un de ces vallons
a fa pente du couchant au levant , 8c eft arrofé par une
petite rivière qui descend dans celle de Fresques. La
rivière d'Aude , qui reçoit cette dernière au-deflus de
Carcaflbnne , fe rend d'un côté par fon canal naturel
dans l'étang de Vandres , qui communique avec la Mé-
diterranée , 8c elle eft conduite de l'autre par un canal
artificiel jusqu'à Narbonne , d'où elle va fe perdre dans
la mer même. L'autre vallon, qui descend du levant au
couchant , eft traverfé par les eaux de la rivière de Lers.
Elle entre dans la Garonne au-deflous de Touloufe,
& ces deux petites rivières , Aude & Lers, ayant leurs
fources à la tête de ces deux vallons , à un quart de
lieue l'une de l'autre , on connut qu'en les élargifîant , on
pourroit faire approcher à une fort petite diftance les
bateaux dont on fe ferviroit fur l'une 8c fur l'autre.
La difficulté ne confiftoit plus qu'à faire fur l'éminence
de Nauroufeun baffin Se un canal à droite 8c à gauche,
pour descendre d'un côté à la fource de la rivière de
Lers , 8c de l'autre à celle de Fresques , qui entre dans
l'Aude , 8c fuppofé que ce baffin eût pu fe faire , s'il
feroit poffible d*aflembler des eaux, 8c de les y ame-
ner en aflez grande abondance pour remplir les deux
canaux 8c les rendre propres à la navigation. * Vie de M.
Colberr. Corneille , Dict.
Pour cet effet on vifita toutes les montagnes voifi-
nes ; on chercha la hauteur des fources de plufieurs ri-
vières que l'on y voit naître : on parcourut , on con-
fidéra , on nivella tant de fois le terrein , qu'on trouva
enfin qu'il étoit aifé d'aflembler les eaux des petites
rivières , qui fortoient de ces petites montagnes. Ces
rivières arrofent la plaine de Rével 8c d'autres contrées
du Laurageois , & s'appellent Aliau , Bernaflbn , Lam-
py , Lampillon , Rientort & Sor. On trouva même qu'en
pratiquant un canal qui cotoyeroit les montagnes , on
en feroit descendre les eaux jusqu'à l'éminence de Nau-
roufe , qu'on regarda comme le point de partage où
l'eau fe diftribueroit pour aller à droite 8c à gauche
vers l'Océan Se vers la Méditerranée , remplir les ca-
naux qu'on auroit faits pour la navigation. On fit enfin
l'eflai de cette entreprife par une petite rigole dans la
montagne Noire, au-deflus de la ville de Rével, Se
elle fut conduite fi heureufement, qu'elle porta à Nau-
roufe l'eau de ces rivières. Alors , au lieu de la rigole^
on fir un canal de largeur Se de profondeur fuffifante
pour le transport des eaux nécefiaires. 11 fut ouvert,
près delà forêt de Ramondins,un peu au-deflus delà
fource de l'Alfau, & conduit en la manière fui vante. A près
qu'il a descendu jusqu'aux deux petits ruifleaux de Cam-
berouge 8c de Coudiere , il prend la rivière de Ber-
naflbn , avec un autre rui'fleau du même nom un peu
au-defibus; enfuite il reçoit les rivières de Lampy Se de
Lampillon , avec le ruifleau de Cofière , Se porte toutes
ces eaux dans la rivière de Sor au defllis de Campinafe,
petit village , près de la forêt de Crables mortes. Tout
ce chemin eft fort fumeux , Se a de longueur dix mille
fepteens foixante & une toifes. Pour faire entrer l'eau
de ces rivières dans la rigole, il a fallu les barrer par
des digues de terre bien cimentées : la hauteur de ces
digues eft telle, que fi l'eau devenoit trop abondante,
elle pourroit fe furnager Se fe répandre dans les canaux
naturels. Comme on a cherché à donner de l'eau à ces
mêmes rivières, après que les baffins de communication
en feroient fournis , on a fait à la rigole plufieurs dé-
charges appellées dans le pays Escampadours. La rivière
de Sor , étant enflée de toutes ces eaux , les porte la lon-
gueur de trois mille quatre cens quarante-neuf toifss,
NAU
NAU
jusqu'au pied de la montagne , où elles font arrêtées
par une digue femblable aux premières, pour les fane
entrer dans un autre canal , qui ferpente le long des
coteaux jusqu'à Nauroufe durant l'espace de dix-neuf
mille trois cens foixante Se dix-huit toifes. La crainte
qu'on eut de ne tirer pas allez d'eau de toutes les petites
rivières que la rigole recevoir , fur-tout pendant l'été
où la plupart font à fec , fit chercher dans la montagne
un lieu propre à faire un réfervoir fi confidérable ,
qu'il put en rout tems fuppléer au défaut des rivières.
Ce lieu fut trouvé : c'eft un vallon fitué à un quart
de lieue au-deffous de la ville de Rével. On lui a don-
né le nom de Suint Ferréol , à caufe d'une métairie de
ce nom qui en eft proche. Comme le ruiffeau d'Au-
daut le traverfe entièrement, ce fut de fan eau Se de
celle des pluies Se des neiges qui font fort fréquentes
dans cette montagne, qu'on prétendoit le pouvoir rem-
plir. Ce vallon qui a fept cens toifes de longueur fur
cinq cens cinquante de largeur , eft fort étroit à la tête ,
s'élargit au milieu , Se eft refferré au pied par l'appro-
che de deux monragnes qui le bornent de l'un Se de
l'autre côté , Se qu'on a jointes enfemble pour former
un étang , Se retenir l'eau par le moyen d'une chauffée.
On peut appeller cette chauffée une troifiéme mon-
tagne , tant elle a de hauteur Se d'épaiffeur. 11 n'y a
qu'une petite ouverture audeffus en forme de voûte , à
rez de terre , Se qui fert de paffage à l'eau de ce réfer-
voir. On s'eft affujetti à fuivre le ruiffeau d'Audaut qui
coule dans ce vallon , afin que l'eau paffant par un côté
qui lui cil naturel , Se n'ayant aucune violence à fouftïir ,
elle ne caufàt aucune ruine : on a donné neuf pieds de
hauteur à ce paîTage , douze de largeur , Se quatre-vingt-.,
feize toiles de longueur , en allant en lignecourbe. Un gros
mur eft élevé fur le corps de cette maçonnerie , qui ex-
cède de quelques toifes la hauteur de la voûte en aque-
duc. Ce mur prend depuis la tête de la digue , Se
va jusqu'au pied en droite ligne. Dans l'épaiffeur de ce
mur eft une autre voûte en forme de galerie , qui a fon
entrée vers le pied de la chauffée , Se fa hauteur auffi
bien que fa largeur eft parallèle à celle de la première. La
galerie qui fe rétrécit infenfiblement au fond , n'a qu'une
toile de largeur , Se une demie à la tête de l'ouvrage. Elle
eft moins longue que l'aqueduc , parce qu'elle eft tirée en
droite ligne Se non pas en ligne coufbe ; ainfi elle n'a
que foixante Se une toifes , au lieu que l'aqueduc en a
quatre-vingt-quatorze. Elle répond par en haut , c'eft-à-
dire , à la tête de la chauffée , perpendiculairement àl'ori-
fi.ee de cet aqueduc , Se par en bas elle eft à côté Se à
main gauche de l'on embouchure. Ces travaux ayant été
ainfi dispofés , on bâtit trois murs , qui allant d'un bout
de la chauffée à l'autre , font fondés fur le corps de la
maçonnerie qui fait la bafe du travail : ils font auffi enla-
cés avec la maçonnerie de la galerie , qu'ils traverfent en
forme de croix , ancrés Se enlacés à droite & à gauche
dans les rochers des deux côreaux du v.dlon. Le premier ,
placé à la tête de la chauffée , eft de doUze pieds d'épais-
feur à l'extrémité , étant plus large au bas , à caufe du talus.
11 n'a que fept toifes de hauteur , Se huit à dix de lon-
gueur. Le fécond , qui eft le plus élevé des trois , a cent
dix-huit toifes de longueur , quinze pieds d'épaiffeur Se
feize toifes deux pieds de hauteur. Il eft placé à peu près
au milieu de la chauffée , à ladiftance de trente-trois toifes
du premier : il peut être prolongé jusqu'à la diftance de
deux cens quatre-vingt-neuf, Se même davantage. Le troi-
fiéme , qui eft éloigné de trente Se une toifes du fécond ,
fait le pied de la chauffée , Se a. la même hauteur & la mê-
me longueur que le premier , avec huit pieds d'épaiffeur.
Des deux voûtes dont il a été parlé , celle d'en bas fert
pour l'écoulement des eaux du magafin , Se celle de des-
fus pour en ouvrir ou fermer le paffage par le moyen de
deux trébnehers de bronze , pofés horizontalement dans
un tour , qui eft attaché au premier mur. Au troifiéme
mur , font les ouvertures de ces deux voûtes. Quant au
balfin de Nauroufe , qui eft le lieu où les eaux de la
montagne Noire Se du réfervoir de Saint Ferréol font
apportées par le canal de dérivation, on l'appelle le Point
de Pattage ; à caufe que c'eft de- là que l'eau fe diftribue à
droite Se à gauche dans les canaux qui conduifent aux
deux mers. Sa figure eft un octogone ovale , dont le
grand diamètre eft de zoo toifes, Se le petit de i jo, Se
*°3
il eft rout revêtu. Ce baffin reçoit les eaux de la rigole
par l'un de fes angles , Se les diftribue par deux canaux
fortant de deux autres angles -, l'un qui va vers l'Océan ,
gagne la vallée de Lers ■■> Se le fécond fe rend dans la Ga-
ronne. Il a 18 éclufes, tant doubles que fimples , qui font
27 corps d'éclufes dans l'espace de vingt-huit mille cent
quarante-deux toifes : ce font quatorze lieues de France.
L'autte canal, qui va vers la Méditerranée, jusqu'à l'étang
de Thun , a quarante éclufes , tanr doubles que triples *
quadruples Se octuples , Se contient en longueur quatre-
vingt-neuf mille quatre cens quarante toifes , qui font
près de cinquante lieues de France. Il y a encore deux au-
tres canaux. Le premier pour décharger le baffm , quand
il y a trop d'eau ; Se comme il feroit inutile de le répan-
dre dans les canaux qui fervent à la navigation , on le fait
décharger dans la rivière de Lers. Le fécond , qui ne tient
point au baffin , a fon iffue à la rigole pour faire couler
les eaux fales & boueufes qu'elle pourroit amener , afin
que l'étang ne recevant que des eaux claires Se nettes ,
ne foit pas fujet à fe remplir de boue , Se à fe combler ,
comme font les autres étangs , qu'il faut nettoyer Se ap-
profondir de nouveau de tems en tems. Pour faire la
communication des mers, rien n'étoit plus favorable que
la rivière de Garonne , qui donne un paffage libre &
commode à l'Océan. Il n'en étoit pas de même des riviè-
res qui vont à la Méditerranée , le long des côtes du
Languedoc. Mais on trouve un fond fuffifant pour les
vaifieaux de cinq à fix cens tonneaux au cap de Sete.
C'eft un promontoire dans le voifinage de la petite ville
de Frontignan, recommendable par fes vins muscats. Elle
a d'un côté la mer , de l'autre les étangs de Thau , de
Maguelone & de Péraut , bornés par les plaines du Bas-
Languedoc , & à droite Se à gauche la plage qui eft entre
la mer Se ces étangs. Cette montagne pouffe dans la mer
un longue pointe , Se d'un autre côté , cela fait un ven-
tre dans la terre , où l'on a trouvé ce fond fuffifant dont
il a été parlé. Les bords qui font le long de la plage , re-
liant de la plage même, font remplis de fable, comme rou-
tes les autres côtes du Languedoc. Aux environs du golfe
de Lyon , le cap eft plus enfoncé , Se A a tout à l'entour
depuis vingt jusqu'à vingt-quatre pieds d'eau. Comme les
étangs n'ont d'eau que ce qu'ils en peuvent tirer des graux
ou pafiages que la mer , quand elle eft forte , donne à
travers la plage , ils changent au gré du vent , Se donnent
communication des étangs à la mer. Cela ne pouvoir fer-
vil' qu'à de petits batimens , à caufe qu'il n'y a pas affez de
fond , ni en la plupart des étangs , ni aux graux , ni en
plufieurs endroits de la mer où ils aboutiffenr. Il falloir ,
afin que cette communication fût parfaite , chercher les
moyens de la rendre propre pour toutes fortes de vais-
feaux. L'étang de Thun , comme le plus profond Se le
plus grand , fut choifi. On y navige auffi finement que
commodément , & dans un befoin, il pourroit fervir de
port. D'un côté , on y fait aboutir les canaux qui
viennent à Nauroufe, Se qui communiquent à l'Océan ±
Se de l'autre côté , on y joint un canal , qui , en traver-
fant la plage , fe rend dans la mer Méditerranée. Ce ca-
nal qui eft profond de deux toifes , en a feize d'ouvertu-*
re , huit de bafe , Se environ huit cens de longueur. Voyez.
à l'article Canal Royal 2.
NAURUS, rivière de la Theffalie.Fçre*. Anaurus i.
N AUS , lieu maritime en Italie, aux environs de Cro-
tone, félon l'itinéraire d'Antonin', qui le marque fur la
route des endroits où l'on doit toucher, lorsqu'on navige
de la province de l'Achaïe jusqu'en Afrique , en paffant
par la Sicile. Ce lieu , fuivanr cet itinéraire , eft entre
Crotone & Stilida , à cent ftades de la première, Se aux
cens de la féconde. * It'wer. Maritim.
NAUSICLIA. Voyez. Apsasium.
NAUSIMACHIUM. Voyez. Naulochus.
NAUSTAQUION , rivière de l'Amérique feprentrio-
nale, dans la Nouvelle France , à la côte de la terre des
Eskimaux. Cette rivière fe jette dans l'embouchure du
fleuve Saint Laurent , vis-à-vis de l'ifle d'Anticofti.
1 . N AUST ATHMUS , port de Sicile , félon Pline , /„
3. c. 8. Prolomée le nomme Qotvixv; ^i/um. C'eft aujour-
d'hui FoneanA Biancha , entre Syracufe Se le fleuve Acel-
laro , autrefois nommé Elorus.
1. NAUSTATHMUS Portus , port d'Afrique dans
la Penrapole , félon Ptolomée , /. 4. c. 4. PomponiusM'é-
NAX
504
la , /. 1. c 8. v. 13. en fait mention a, mais il le place dans
laCyrénaïque, où Strabon , /. 17. met pareillement un
port nommé Nauftathmus.
3. N AUSTATHMUS, lieu matitime de l'Ane Mineu-
re , félon Arrien , Peripl. Pont, Eux. p. 16. qui dit qu'il
y avoit quatre-vingt-dix ftades du fleuve Halys à Nau-
ftathmus , Se qu'on trouvoit un marais dans ce lieu.
4. NAUSTATHMUS , port à l'embouchure du fleuve
Indus, félon Marcian Héracléote, Peripl. p. 27. 28. &
fuiv. Il dit que ce porr étoit dans le golfe Canthi.
5 . NAUSTATHMUS , port d'Afie, aux environs de la
Troade , félon Strabon.
NAUTAC A , ville d'Afie , dans la Sogdiane. Arrien , /.
3. p. 147. dans l'hiftoire de l'expédition d'Alexandre , dit
que Beflus ayant appris que ce prince n'étoit pas loin ,
traverfa le fleuve Oxus, brûla les vaifleaux qui lui avoient
fervi à faire pafler fes troupes , & fe retira à Nautaca
dans la Sogdiane. Le même auteur & Diodore de Sicile ,
in Fragmento , lib. 17. patient aufli des peuples nommés
Nautacœ.
N AUZESoulas Nauzes , forêt royale de France , dans
}e Languedoc , maîrrife de Saint Pons : elle contient trois
cens quatre-vingt-huit arpens.
NAW. Voyez. Nau.
NAX , bourg de France , dans le Botirbonnois , diocèfe
& élection de Nevers , à neuf lieues de Moulins , Se à
quatre de la Loire, en plaine. Ce bourg a plus de quatre
cens habitans : les terres des environs font varennes à fei-
gle & de bon rapport. Il y a aufli des vignes.
NAXE. Voyez. Naxos.
NAXERA. Voyez. Nagera Se Anagarum.
N AXIA , ville de la Carie , félon Ortelius , Thefaur.
qui cite Etienne le géographe Se Suidas.
NAXIO, bourg de l'Anatolic , dans la province de
Becfangil , anciennement Acone. Ce bourg efl fur la côte
de la mer Noire : il a un port proche de Pcndarachi.
*Corn. Diction.
N A XI US , fleuve de la Myfie , auprès de la ville To-
mis , félon /Elien , Animal. I. 14. c. 25.
NAXK.OW , Nachsow & Naschou , ville de Da-
nemarck.dansl'ificdeLalandjfur la côte feptentrionale
de l'ifle. Cette ville a un port commode qui procure aux
habitans l'avantage de pouvoir exercer le commerce Se
la navigation : la pêche outre cela efl abondante fur cet-
te côte , Se les terres qui font fettiles , produifent des
grains pour la nourriture des habitans , Se de bons pâtura-
ges pour les beftiaux qu'on y élevé en quantité. En 1510,
ceux de Lubec furprirent cette ville , Se la réduifirent en
cendres, après l'avoir pillée. Les Suédois qui la prirent
dans le dernier fiécle, après un long fiége , la traitèrent
plus humainement ,Se la tendirent par le traité de paix.
* Rntgeri Hermanid. Daniatdefcr. p. 683.
NAXON , ville del'Euboée, félon Tzetzès, in Variis ,
Cbeliad. I. n°. 32. Voyez. Tauromenium.
1. NAXOS , ifle au milieu de l'Archipel (-0, à trente-
fepr degrés d'élévation , fon circuit efl: de plus de cent
milles , c'eft-à-dire , de près de trenre-cinq lieues françoi-
fes , Se fa largeur efl de trente milles, qui font dix lieues
de France. C'efl la plus grande , la plus fertile Se la plus
agréable de toutes les Cyclades. Les anciens l'appelloient
Dionyfia(b) , parce qu'on afluroit que Bacchusy avoit
ëténourri , Se les habitans prétendoient que cet honneur
leur avoit attiré toutes fortes de félicités. D'autres (<)
croyoient que Jupiter avoit confié Bacchus à Mercure
pour le nourrir dans l'antre de Nyfe , fur les côtes de la
Phénicie , d'où vient que Bacchus fut furnommé Diony-
fuu. Ce n'efl: pas ici le lieu de débrouiller l'hifloire de
Bacchus , il fuffit de dire que Bacchus éroit particulière-
ment adore dans l'ifle de Naxos Cette ifle s'appella aufll
Strongiliy à caufe de fa figure ronde, (a) Hftoire nouvelle
des anciens ducs de l'Archipel , p. 4. (b) Ton me fort ,
Voyage du Levant, Iett. j. (c) Diodor. Sicil. Biblioth.
hift. 1. 4.
Les principales chofes qui rendent Naxos célèbre ,
font la hauteur de fes montagnes , la quantité de marbre
blanc qu'on en tire, la beauté de fes plaines , la multitu-
de des fontaines Se des r ni fléaux qui arrofent Ces campa-
gnes, le grand nombre de jardins remplis de routes forres
d'arbres fruitiers , les forets d'oliviers , d'orangers , de li-
»wjiiniets Se de grenadiers d'une hauteur prodigieufe.
NAX
Tons ces avantages lui ont acquis le nom de reine des Cy-
clades. Cependant cette ifle n'a jamas eu que peu de com-
merce par le défaut d'un beau port , où les bâtimens pus-
fent être en fureté j car , quoiqu'outre le port ordinaire
qui efl: au-deflbus de la ville , il y en ait quatre autres ,
favoir , Driagatha , Agiaj]o , Panermo Se les Potami-
des , ce ne font , à proprement parler , que des rades , où
les galères Se les vaifleaux peuvent être a l'abri du vent du
nord, mais jamais de celui du fud-oueft qui excite fouvent
de violentes tempêtes dans toutes ces mers. * Hifioire des
anciens ducs de t Archipel , p. j.
Naxos (a) , quoique fans ports , étoit une république
très-florifiante Se maïtrefle de la mer , dans le tems que
les Perles paflerent dans l'Archipel. Il efl: vrai qu'elle pos-
fédoit les ifles de Paros & d'Andros , dont les ports font
excellens pour entretenir Se recevoir les plus grandes
flottes. Arillagoras (b) , commandant à Milet en Ionie ,
forma le deflein de furprendre Naxos , fous prétexte de
rétablir les plus grands feigneurs de l'ifle chartes par la
populace Se réfugiés chez lui. Darius, roi de Perfe, lui
fournit des troupes Se uue flotte de 200 vaifleaux. Les Na-
xiotes avertis de cette entreprife » fe mirent tellement en
défenfe , qu'Ariflagoras fut obligé de fe retirer après un
fiége de quatre mois , & tout le fervice qu'il put rendre
aux Infulaires, qui s'étoient retirés à Milet , fut d'obtenir
qu'on leur bâtiroit une ville à Naxos pour les mettre à
couvert des infultes du peuple, (a) Tournefort , Voyage,
du Levant , lett. 5 . (b) Hérodote , 1. j.
Les Perfes firent un féconde descente dans cette ifle ,
lorsqu'ils ravagèrent l'Archipel. Daris Se Arraphernes,n'y
trouvant pas de réfiflance, firent brûler jusqu'aux temples,
Se emmenèrent un très grand nombre de captifs. Naxos
fe releva de cette perte , Se fournit quatre vaifleaux de
guerre à cette puiflante flotte des Grecs qui battit celle
de Xerxès à Salamine , dans le fond du golfe d'Athènes.
Lefouvenirdes maux que les Perfes avoient faits à Na-
xos, Se la crainte de s'en attirer de nouveaux , obligèrent
le peuple à fe déclarer pour les Afiatiques -, mais les offi-
ciers de l'ifle furent d'un fentiment contraire,& menèrent
à l'armée grecque , par l'ordre de Démocrite , le plus ac-
crédité des citoyens de Naxos , les vaiffeauxqu'ilscom-
mandoienr. Diodore de Sicile , Biblioth. hift. I. j. allure
que les Naxiotes donnèrent des marques d'unegrande va-
leur à la bataille de Platée , où Mardonius , autre général
des Perfes, fut défait par Paufanias. Néanmoins les alliés,
ayant donné le commandement des troupes aux Athé-
niens, ceux-ci déclarèrent la guerre aux Naxiotes pour
châtier les partifans des Perfes. La ville fut donc affiégée
Se forcée à capituler avec fes premiers maîtres ; car Héro-
dote, qui place Naxos dans le département de Viorne, Se
l'appelle la plus heureufe des ifles , en fait une colonie
d'Athènes, & rapporte que Pififtrate l'avoit pofledée à
fan tour. * Thuiydid. 1. 1.
Voilà ce qui fe pana de plus remarquable en l'ifle de
Naxos dans les tems floriflans de la Grèce. Si l'on veut re-
monter jusqu'à l'antiquité la plus reculée , on trouvera
dans Diodore de Sicile Se dans Paufanias , l'origine des
premiers peuples qui s'y établirent. Butes, fils de Boreas,
roi de Thrace, ayant voulu furprendre en embuscade fon
frère Lycurgus, fut obligé par ordre de fon père de quitter
le pays avec fes complices. Leur bonne fortuneles condui-
fit à l'ifle Strongili , autrement l'ifle ronde. Comme les
Thraces n'y trouvèrent que peu ou point de femmes , &
que la plupart des ifles de l'Archipel étoient fans habi-
tans , ils firent quelques irruptions dans la terre ferme
d'où ils emmenèrent des femmes , parmi lesquelles étoit
Iphimédie , femme du roi Alœus , Se Pancraris , fa fille.
Ce roi, outré de dépit, ordonna à fes fils Ocus Se
Ephialtes de le venger : ils battirent les Thraces , & fe
rendirent les maîtres de l'ifle ronde . qu'ils nommèrent
Dia. Ces princes s'entretuerent enfuite dans un com-
bat, comme dit Paufanias: ainfi les Thraces reflètent
paifibles poflefleurs de l'ifle , jusqu'à ce que la grande
fécherefle les contraignît de l'abandonner , plus de deux
cens ans après leur érabliflement. Elle fut enfuite occu-
pée par les Cariens, Se leur roi Naxios ou Naxos, fui-
vant Etienne le géographe , lui donna fon nom. Il
eut pour fuccefleur fon fils Leucippus, père de Smar-
dius, fous le règne duquel Théfée , revenant de Crète
avec Ariadne . aborda dans l'ifle , où il abandonna fa
maître fle
NAX
niaîtreffe à Bacchus , dont les menaces l'avoicnt horri-
blement frapé dans un fonge.
Dans le tems que les Athéniens étoient maîtres de
cette ifle , ils y bâtirent un aqueduc long de deux
lieues ; il portoit de l'eau jusque dans le fameux tem-
ple de Bacchus . & pour réunir deux fontaines d'où
l'on tiroir cette eau , il fallut percer une prodigieufe
montagne. Ils bâtirent encore à l'extrémité de l'ifle ,
du côté qu'elle regarde Délos , un temple magnifique en
l'honneur d'Apollon , dont il ne reite plus aucun ve-
rtige. Ils y établirent le culte des dieux qui étoient en
vénération dans leur pays , & ainfi l'idolâtrie s'y aug-
menta tellement , qu'on ne voyoit par tout que des
temples Se des idoles. Les nabi tans de Naxos demeu-
îerent dans les ténèbres de l'idolâtrie, jusqu'à l'arrivée
de faint Jean l'Evangéliiîe dans l'ifle de Patmos. Ce
grand apôtre , fe voyant dans le voifinage d'une ifle fi
peuplée , y envoya un de fes disciples pour y prêcher
la foi. C'efl pour cela que les peuples reconnoiflent
faint Jean pour leur apôtre, Se qu'ils célèbrent fa fête
avec beaucoup de magnificence. * Hift. de l'Archipel ,
pag. 7-
Pendant la guerre du Péloponnèfe(^) , Naxos fe dé-
clara pour Athènes avec les autres ifles de la mer
Egée , excepté le Milo Se Thera ; enfuite elle tomba
fous la puifîance des Romains , Se après la bataille de
Philippes, Marc-Antoine la donna aux Rhodiens(^).
Cependant il la leur ôta quelque tems après, parce
que leur gouvernement étoit trop dur. Elle fut fou-
mile aux empereurs Romains , Se enfuite aux empe-
reurs Grecs, jusqu'à la prife de Conftantinople par les
François & par les Vénitiens en 1Z07 ; car trois ans
après ce grand événement , comme les François tra-
vailloient fous l'empereur Henri à la conquête des
provinces & places de terre -ferme ( c) , les Vénitiens,
maîtres de la mer , donnèrent la liberté aux fujets de
la République qui voudraient équiper des navires , de
s'emparer des ifles de l'Archipel ( d) Se autres places
maritimes , à condition que les acquéreurs en feraient
hommage à ceux à qui elles appartenoient , à raifon
du partage fait entre les François & les Vénitiens (c).
Marc Sanudo , l'un des capitaines les plus accomplis
qu'eut alors la République , s'empara des ifles de
Naxos , Paras , Antiparos , Milo , l'Aigentierc , Si-
phanto , Policandro , Nanfio, Nio Se Santorin. L'em-
pereur Henri érigea Naxos en duché , Se donna à Sa-
nudo le titre de duc de l'Archipel Se de prince de
l'Empire. Ses descendans régnèrent dans la même qua-
lité jusqu'à Nicolas Carceiro , neuvième duc de Naxos,
qui fut aûaffiné par les ordres de François Crispo ,
qui prétendait descendre des anciens empereurs Grecs ,
Se qui avoit époufé la fille du prince Marc , frère de
Jean Carceiro, feptiéme duc de Naxos. Après la mort
de Nicolas Carceiro , François Crispo s'empara du
duché ; fon fils Jean lui fuccéda , & transmit le duché
à fa pofferité , qui en jouit' jusqu'à Jacques Crispo,
vingt Se unième & dernier duc de Saxe. Les Grecs , qui
haiflbient les Larins , envoyèrent deux députés à la
Porte , pour demander au Grand Seigneur qu'il leur
donnât de fa main quelqu'un qui fût plus digne de les
commander. Voyez, au mot Archipel , de quelle ma-
nière prit fin la fouveraineré du duché de Naxos. Le
Grand Seigneur eflaya pendant quelque tems de met-
tre dans l'ifle de Naxos un officier qui gouvernât en
fon nom ; mais les Armateurs Chrétiens qui couraient
ces mers, leur faifoient tous les jours tant d'infultes ,
que la Porte a pris le parti de ne gouverner plus cette
ifle que de loin. Depuis ce tems Naxos crée des ma-
gistrats tous les ans , & fait comme une petite Répu-
blique à part. Ses magiftrars fe nomment Epitropcs. Ils
ont une autorité fort étendue, Se à la mort près , qu'ils
ne peuvent ordonner fans- la participation de la Porte,
ils font maîtres d'infliger toutes les autres peines (a)
Thitcydid. 1. 1. (b) Appian, 1. 5. {c). Flavius Blond.
Breviar. Rer. Venet.(^) Du Cinge , Hifl. des empe-
reurs de Conflantinople , 1. 2. ( e) Hiftoirc des ducs de
l'Archipel.
Il faut parcourir Naxos , pour en découvrir les beaux
endroits , qui font
NAX $of
Les plaines de
Les vallées de
{
Naxia ,
Angarez,
Carchi,
Sangri ,
Sideropetra :
Potamides ,
Livadia.
Melanes,
Perato.
Les anciens ont eu raifon de l'appeller la petite Si-
cile. Archilochus , dans Athénée , compare le vin de
Naxos au nectar des dieux. On voir une médaille de
Septime Sévère, fur le revers de laquelle Bacchus eft re-
préfenté le gobelet a la main droite Se le thyrfe à la
gauche : pour légende il y a ce mot NASlflN. On boit
encore aujourd'hui d'excellent vin à Naxos : les Naxio-
tes , qui font les vrais enfans de Bacchus , cultivent bien
la vigne , quoiqu'ils la laiflent traîner par terre jusqu'à
huit ou neuf pieds loin de fort tronc ; ce qui fait que
dans les grandes chaleurs le foleil defléche trop les rai»
fins, & que la pluie les fait pourrir. * Agathem. 1. i.c. /;
Quoique les ports de Naxos ne foienr pas commo-
des , on ne laine pas d'y faire un trafic confidérable
en orge , vins , figues , coton , foie , émeril Se huile.
Le bois Se le charbon, marchandilés très-rares dans
les autres ifles , font en abondance dans celle-ci. On
y fait bonne chère : les lièvres Se les perdrix y font à
bon marché. Les perdrix s'y prennent avec des trapes
de bois ou avec des filets.
z. NAXOS ou Naxie, ville de l'ifle de même nom,
dont elle eft la capitale. Cette ville eft fit née fur la
côte occidentale de l'ifle , vis-à-vis de l'ifle de Paros.
Suivant les apparences , la ville de Na\ie a été bâtie
fur les ruines de quelque ancienne ville du même nom,
dont il femble que Ptolomée , /. 3. c. iy. ait fait men-
tion. Le château, fitué fur le haut de la ville, eit l'ou-
vrage de Marc Sanudo , premier duc de l'Archipel, c'eft
une enceinte flanquée de groffes tours qui en renfer-
me une plus confidérable & cauée, dont les murail-
les fonr fort épaiffes , & qui proprement étoit le par-
lais des ducs. Les descendans des gentilshommes La-
tins qui s'établirent dans l'ifle fous ces princes , occu-
pent encore l'enceinte de ce château. Les Grecs , qui
font en beaucoup plus grand nombre , s'étendent de-
puis le château jusqu à la mer. La haine de la no-
blefle grecque Se de la latine eft irréconciliable. Les La-
tins aimeroienr mieux s'allier à des payfanes que d'é-
poufer des demoiielles Grecques; c'ett ce qui leur a
fait obtenir de Rome la dispenfe de fe marier avec
leurs confines germaines. Les Turcs traitent tous ces
gentilshommes fur un même pied. A la venue du moin«
dre bey de galiote les Latins Se les Grecs n'oferoient
paraître qu'en bonnets rouges , comme les forçats ue ga-
lères , Se tremblent devant les plus petits officiers. Dès
que les Turcs fe font retirés, la nobleffe de Naxie re-
prend fa première fierté : on ne voit que des bonnets
de velours, & l'on n'entend parler que d'arbres de gé-
néalogie ; les uns fe font descendre des Paléolopues ou
des Comnénes; les autres des Juftiniani, des Giimal-
di , de Summaripa ou Sommerives. Le grand Seigneur
n'a pas lieu d'appréhender de révolte dans cette ifle ;
dès qu'un Latin fe remue, les Grecs en aver ■iflent le
cadi , Se fi un Grec ouvre la bouche , le cadi fair ce
qu'il a voulu dire avant qu'il l'ait fermée. ' Tournefort ,
Voyage du Levant , t. 1. p. 82.
Les dames y font d'une vanité ridicule. Les Lati"
nés s'habillent quelquefois à la Vénitienne : l'habit des
Grecques eft un peu différent de celui des dames de
Milo.
Il y a deux archevêques dans Naxie, l'un Grec Se
l'autre Latin : le Latin eft allez à fon aife . c'eft le pa-
pe qui le nomme : fon églife, qui s'appelle la méne^
pôle, fut bâtie Se rentée par le premier duc de l'ifle $
auflî le chapitre eft compofé de fix chanoines , d'un
doyen, d'un chantre, d'un prévôt Se d'un tréfoiier*
outre neuf ou dix prêtres habitués qui forment le r<-
fte du clergé.
Tom.IV. Sff
So6 NAX
Les Jéfuites ont leur réfidence auprès de la tour du-
cale : ils font ordinairement fept ou huit occupés à
élever la jeunefle , ôc à faire des millions avec beau •
coup de zélé dans les autres ifles de 1 Archipel. Les Ca-
pucins font auffi établis à Naxie, ôc ne s'appliquent
pas avec moins d'ardeur ôc de fuccès à 1 inihuction
des Chrétiens. La maifon des Cordeliers eft hors de
la ville; mais il n'y a qu'un prêtre Se un fiere lai,
logés dans l'ancien monaftere de Saint Antoine , éri-
gé en commenderie de Rhodes , ôc donné aux cheva-
liers par la duchefle Françoife Crispo.
La médecine y eft exercée par tous ces religieux.
Les Jéfuites & les Capucins y ont de très-bonnes apothi-
caireries. Les Cordeliers s'en mêlent auffi.
La maifon de campagne des Jéfuites eft jolie pour
un pays où l'on ne fait pas bâtir^ Les Grecs, qtiifavent
à peine placer une échelle en dehors pour monter au
premier étage d'un bâtiment, admirent l'escalier de
celui-ci, qui eft renfermé en dedans ; cela paffe la ca-
pacité de leurs architectes. Nous en admirâmes les jar-
dins ôc les vergers : les champs s'étendent jusque dans
la vallée de Melanez , quartier des plus agréables de
l'ifie.
L'archevêque Grec de Naxie eft fort riche : Paros
& Antiparos dépendent de lui pour le fpirituel : il y
a dans la ville trente-cinq prêtres ou moines faciès qui
lui font fournis. Voici les noms de Ces principales égli-
fes:
NAY
La Métropolitaine,
Deux églifes fous le nom
de Chrift,
L'églife de la Croix ,
Notre-Dame de Miféri-
corde ,
Notre-Dame protectrice
de l'ifle,
Saint Jean l'Evangélifte ,
Saint Dimitre,
S. Pantaléon, ouïe Grand
Aumônier,
Deux églifes fous le nom
de Sainte Venerande ,
Saint Jean Baptifte,
Saint Michel Archange ,
Saint Hél:e ,
L'églife du Favori
Dieu,
Sainte Théodofïe ,(
Saint Dominique,
Sainte Anaflafie,
Sainte Catherine ,
L'Annonciade.
de
Les principaux Monafleres de l'ifle font
La Vierge de Publication ,
La Vierge h plus élevée ,
Le Saint Efprir ,
Saint Jean por te-lumiere ,
Le couvent de Bonne
Remontrance ,
Le couvent de la Croix ,
Le couvent de S. Michel.
Les villages de l'ifle fe nomment
Comiaqui,
Votri ,
Scados ,
Checrez ,
Apano Sangri ,
Cato Sangri ,
Cheramoti ,
Siphones,
Moni,
Perato ,
Caloxylo,
Charami ,
Filoti ,
Damariona
VoLirvouria ,
Sca\a.ùa,oùfe
fabriquent les
marmites,
Couchouchera-
do ,
Gizamos ,
Damala,
Melanez ,
Cabonez ,
Cournocorio ,
Engarez,
Danaio ,
Tripodez ,
Apano Laga-
dia,
Cato Lagadia,
Metochi,
Pyrgos ,
Carchi,
Acadimi ,
Mognitia,
Kinidaro ,
Aiolas ,
Apano Pota-
mia,
Cato Potamia,
Aitelini ,
Vazokilotifa ,
Saint Eleuthere , dont la tour s'appelle Fafonilla.
Tous ces villages ne font pas fort peuplés : on affure
qu'il n'y a guère plus de 8 mille âmes dans l'ifle. En
1700, les habitans payèrent cinq mille écus de capi-
tation, ôc cinq mille cinq cens écus de taille réelle.
On élit tous les ans dans la ville fix adminiftrateurs.
Les gentilshommes de Naxie fe tiennent à la cam-
pagne dans leurs tours , qui font des maifons car-
rées affez propres , & ne fe vifitent que rarement :
la chalTc fait leur plus grande occupation. Pliki eft
un quartier de l'ifle où l'on dit qu'il y a des cerfs : les
arbres n'y font pas fort hauts ; ce font des cèdres à
feuilles de cyprès.
A une portée de funlde-L' île, tout près du château,
s'élève un petit écueil , lui lequel on voir une très-
belle porte de maibre, parmi quelques grofles pièces
de la même pierre ôc quelques moiceaux de granic:
les Turcs ôc les Chrétiens ont emporté le relie : on
dit que ce font les débris du palais deBacchus; mais
il a plus d'apparence que ce font les relies d'un rem-
ple de ce dieu. Cette porte , qui n'eft que de trois piè-
ces de marbre blanc , eft de grand goût dans fa (im-
plicite : deux pièces en font le montant , ôc la troifiéme
le linteau : le feuil éroit de trois pièces ; on a emporté
celle du milieu. La porte dans œuvre a 18 pieds de haut,
fur 1 1 & 5 pouces de large : le linteau eft épais de 4
pieds ; les montans ont trois pieds ôc demi de lar-
geur, fur quatre d'épaifïeur : tous ces maibres éroient
cramponés avec du cuivie : car on en trouve encore
des moiceaux parmi ces ruines.
Zia , qui eft la plus haute montagne de l'ifle , fi-
gnifie le mont de Jupiter, & a retenu le nomdcDia,
qui étoit autrefois celui de l'ifle. Coron o , autre mon-
tagne de Naxie , a confervé celui de la nymphe Co-
ronis, nounice de Bacchus ; ce qui fen ble autorifer
la prétention des anciens Naxiotes, qui vouloient que
l'éducation de ce Dieu eûr été confiée dans leur
ifle aux nymphes Coronis , Philia & Cléis , dont les
noms fe trouvent dans Diodore de Sicile. Fanari eft
encore une autre montagne de Naxie affez confidérable.
Vers le bas de la montagne de Zia , à la droite du
chemin de Pérato , fur le chemin même , fe préfente
un bloc de marbre brur , large de huit pieds , natu-
rellement avancé plus que les autres d'environ deux
pieds ôc demi. On lit fous ce marbre cette ancienne
infeription : OP02 £102 MHAOSlOT , c'eft-à-dire ,
Montagne de Jupiter , conjervatcur des troupeaux.
Galand , de l'académie royale des infciiptirns , qui
accompagna de Nointel dans fon voyage de l'Aichi-
pel , a communiqué cette infeription à Spon , ôc le pè-
re Sauger l'a rapportée auffi. La manière d'écriie par
defleus } ou pour mieux dire , fur la furface infé-
rieure d'un marbre, eft fort propre pour en confer-
ver le caradere.
On voit auffi la grotte où l'on prétend que les Bac-
chantes ont célébré les Orgies. On allure qu'il y 3
des mines d'or Si d'argent tout près du château de
Naxie. Celles d'émeril font au fond d'une vallée au-
deffous de Perato. On d'éeouvre lémeril en labourant _
ôc on le porte à la Marine , pour l'embarquer à Trian-
gata ou à Saint Jean. Les Anglois en lellent fouvent
leurs vaifleaux : il eft à fi bon marché fur les lieux ,
qu'on en donne vingt quintaux pour un écu , ôc cha-
que quintal pefe cent quarante livres.
3. NAXOS, ville de Crète, fuivant Suidas, cité
par Ortelius , Thefaur.
4. NAXOS, ville de l'Acarnanie, félon Polybe, ////?,
/. 4. 9. c. 35. les vEtoliens enlevèrent cette ville aux
Acamaniens.
5. NAXOS, ouNaxus, ancienne ville de la Sicile,
fur la côte orientale de cette ifle. Elle étoit bâtie fur
un petit promontoire , au midi d'Apollinis Archaget*
Ara , ôc à l'orient de Veneris Fanum. C'eft aujourd'hui
Cafiel Schifo. * De lifte , Siciliœ ant. Tabul.
NAXUANA , ville de la Grande Arménie. Ptolo-
mée , l. $. c. 13. la place auprès de l'Euphrare, dans
le voifinage à'Artaxata.
1. NAY, ville de France, dans le Betarn , diocèfe
deLescar, fur le Gave Béarnois. Cette ville eft fort
marchande : elle fut presque entièrement confuméepar
le feu du ciel en 154; ; elle a été rebâtie depuis. *
Piganiol , Defcr. de la France , t. 4. . p. 44 j .
2. NAY, bourg de France, dans l'Auvergne, diocèfe
de Saint Flour.
3. NAY, bois de France, dans le Rouergue , maî-
trife de Rhodes : il contient dix arpens.
4. NAY ou NÉ , rivière de France : elle prend fa
fource à Maints-Fonts en Angonmois , entre dans la
Sainronge , Se arrofe toute cette grande plaine que les
habitans du pays appellent la Champagne de Cognac :
elle fe jette dans la Charante entre Cognac ôc Saintes.
* Q>u Ion , Rivières de France, p. 44;.
NAZADA , ville de Médic : elle étoit dans les ter-
NAZ
NAZ
res, félon Ptolomée , /. 6. c. z. qui la mer entre Pha-
naca 6c Alinz.a.
NAZALA , ville de Phénicie. On lit dans la notice
des dignités de l'Empire, _/k7. 23. Equités promotiin-
digen& Naz.aU.
NAZAMA, ou Naz,areus\ ville de Syrie, dansl'A-
pamenes, félon Ptolomée , /. 5. c. 15.
NAZAMBA, perite ville de la Cilicie. Rubeus dit
d'après Andréas Agnellus , que cetre ville fut abymée
par un tremblement de terre. * Orteïïus , Thef.
NAZAMONS. Voyez, Nasamones.
NAZARBONENSEM. S. Athanafe , /. 1. félon Or-
telius , Tbef. donne le titre de Nafarbonenjïs à un cer-
tain Athanafe.
NAZAKÉEN, Naz,arœus ou Naz.arenus : ce ter-
me peut fignifier ,
1 . Celui qui eft de Nazareth ; un homme natif de
cette ville , quel qu'il l'oit.
2. On a donné ce nom à Jesus-Christ 6c à les
disciples , 6c ordinairement il fe prend dans un fens
de mépris ou de dérifion dans les auteurs , qui ont
écrit contre le Chriftianisme.
3. On l'a pris pour une fecte d'hérétiques nommés
Nazaréens.
4. On entend par un Nazaréen , un homme
qui a fait vœu d'obferver les régies du Nazaréat.
j. Le nom de Nazaréen, Nazarœus , dans quel-
ques endroits de l'Ecriture , marque un homme d'une
diftinction particulière , 6c qui poffede une grande di-
gnité dans le palais d'un prince. * Gcnef. 49. 26. Dent.
53. 16.
NAZARETH, petite ville delà Paleftine, dans la-
tribu de Zabulon, dans la Baffe Galilée, au couchant
du Thabor 6c à l'orient de Ptolémaïde. Eufebe dit qu'elle
eft à quinze milles de Légion vers l'orient. Cette ville eft
très-célèbre dans l'Ecriture, pour avoir été la demeure
de Jesus-Christ , pendant les trente premières années
de fa vie (a). Ceft-là où le Sauveur s'eft incarné ,
où il a vécu fous l'obéiffance de Jofeph 6c de Marie ,
Se d'où il a pris le nom de Nazaréen. Depuis qu'il eut
commencé fa million , il y prêcha quelquefois dans la
Synagogue ( b ) ; mais comme fes compatriotes n'avoient
point de foi en lui , 6c que la baffeffe de fa nais-
fance leur caufoft du fcandale, il n'y fit pasbeaucoup
de miracles (c) , 6c ne voulut pas même y demeu-
rer ; de forte qu'il fixa fa demeure à Capharnaiim pen-
dant les dernières années de fa vie. La ville de Naza-
reth étoit fituée fur une hauteur, 6c il y avoir à côté un
rocher, d'où les Nazaréens voulurent un jour préci-
piter le Sauveur ( d ) , parce qu'il leur reprqchoit leur
incrédulité, (a) Luc , 1 1.5 1. {b ) Luc ,4. 16. ( c ) Mat th.
I3.I4... 5§- id) LltC , 4. IC).
Saini Epiphane , Heraf. xo.c. 11. p. 136. a. dit que
de fon tems Nazareth n'étoit plus qu'une bourgade ,
&que, jusqu'au règne de Ccnftantin , les Juifs feuls
Phabitoient à l'excluilon des Chtétiens. Adamnanus,
/. 2. de locis SS. écrivain du feptiéme fiécle , dit que
de fon tems on voyoit à Nazareth deux grandes égli-
fes : l'une au milieu de la ville , & bâtie fur deux arca-
des , au lieu où étoit autrefois la maifon où notre Sau-
veur fut élevé. Au-deffous des deux arcades ,il y avoir
une fort belle fontaine, qui fourniffoit de l'eau a toute
la ville , 6c d'où par une poulie l'on en tiroit auffi
pour l'églife qui étoit au-deflus. La féconde églife de
Nazareth étoit bâtie au lieu où étoit la maifon dans la-
quelle l'Ange Gabriel annonça à Marie le myftere de
l'incarnation. Saint WiHibrode , au huitiémefiécle (a ),
parle de la même églife de Nazareth , 6c dit que les
Chrétiens étoienr fouvent obligés de la racheter à prix
d'argent des payens qui la vouloient démolir. Phocas ,
qui écrivoit au douzième fiécle , dit qu'auffitôt qu'on
étoit entré dans Nazareth , on trouvoit l'églife de faint
Gabriel , 6c qu'au-deffous étoit une petite voûte , où
fe trouvoit la fontaine près de laquelle l'Ange avoir
parlé d'abord à Marie. Il eft à remarquer que les Orien-
taux ( b) croient que d'abord l'Ange parla à Marie près
d'une fontaine , Se enfuite dans fa maifon. Phocas ajoute
qu'il y a dans la même ville une fort belle églife ,
qui étoit autrefois la maifon de faint Jofeph. ( a )Vtdc
y QJ
in atl. SS. ord. S. Bctied. t. 4. pag. 374. ( 0 ) Voyez, te
Protévangile de faint Jacques, n°. 2.
Tous ces témoignages rendent tort fuspeéte la fi-
meufe tranflation de la maifon de la fainie Vierge en
Italie , fi connue fous le nom de Notre-Dame de Lu-
rette. * Voyez, l'Hiftoire de Lorette , par le père Tur-
félin.
Aujourd'hui (a) Nazareth n'eft qu'un très-petit
village, compofe de cinquante ou foixante maiibns.
Il eft fitué fur le penchant d'une montagne environ-
née d'autres petites montagnes 6c collines , dans un ter-
rein ingrat 6c ftérile , à l'exception de quelques peti-
tes vallées, qui fonr arrofées des eaux de diverfes fon-
taines (b). Le feul bâtiment qui ait un peu d'apparence ,
eft le couvent des religieux de faint François : on le
prendroit de loin pour un petit château , parce qu'on
à été obligé de l'environner de hautes murailles pour
le défendre des courfes des Arabes. Les étrangers ont
coutume d'y loger en laiffant quelque aumône poi:r
la dépenfe qu'ils y font. Auprès de ce couvent eft une
chapelle bâtie au même endroit où fe, trouva Marie ,
lorsque l'Ange lui annonça le myftere de l'incarnation.
On prétend que la chambre , qui eft aujourd'hui à Lo-
rette, fut tirée miraculeufemcnt de ce faint lieu, qui
eft en partie creufé dans la montagne, comme I'étoient
les autres maifons des Nazaréens. Us avoient ( c ) creu-
fé dans la roche même de petites chambres en for-
me de cabinets , 6c fur le devant ils avoient bâti un pe-
tit corps de logis , confiftanr ,en une fale baffe feule-
ment-, car pour l'ordinaire il n'y avoit qu'un étage aux
maifons du commun , comme on y en voit encore.
De ces deux places , qui netoient fépâréesque d'un mur
Se d'une porte, on ne Faifoit qu'un feul appartement;
car on alloit de plein pied d'une chambre à l'autre.
( a ) Doubdan , Voyage de la Terre-Sainte , p. 508.
( b ) Coppin , Voyage de Phénicie, p. 436, ( c ) Doub-
dan , Voyage de la Terre-Sainte, p. 509.
La maifon de la fainte Vierge 6c de faint Jofeph con»
fiftoit en une grotte ou cabinet taillé dans le roc , 6c
unechambrebâtie fui la rue. Après la dernière pertequ'en
firent les Chrétiens , les Infidèles avoient comblé ce
lieu 6c caché fous des ruines , afin d'en dérober la con-
noiffance. Au bout de plufieurs années, un religieux
de faint François apprit d'un vieux Juif où étoit la
place , qui avoit été confacrée par le myftere de l'in-
carnation du Verbe. 11 commença alors à nettoyer ce
lieu , 6c il trouva d'abord le pavé : il rencontra enfuite
un peu à côté deux colomnes de pierre grife, qui
avoient été plantées anciennement , l'une à l'endroit où
l'on avoit cru qu'étoit la Vierge , lorsque l'Ange Ga-
briel lui apparut , 6c l'autre à l'endroit où étoit l'An-
ge quand il falua la Vierge. Ce religieux, affilié de quel-
ques Chrétiens , remit la grotte en quelque forte de
décence ,. 6c la fit connoître aux pèlerins. Les Turcs
le battirent au point qu'il en mourut quelque tems
après. * Coppin , Voyage de Phénicie 6c de la Terre-
Sainte, p. 437.
On ne fait pas fi les chapelles que l'on voit mainte-
nant à Nazareth furent trouvées par ce religieux dans la
forme où elles font , ou fi l'on y a ajouté quelque chofe
depuis. Quoi qu'il en foit , voici le véritable état où fe
trouvent les chofes. On entre par deux poires différentes
dans la principale chapelle ou grotte, qui eft du côté
du chemin : elle a 1 8 pieds, de long d'orient en occident ;
fur onze de Luge. Dans les endroits où le roc a manqué ,
on y a fuppléé par des murs qui paroiflènt très-art-
ciens. II y a un autel qui regarde du côté du le-
vant , 6c dans la muraille du midi , on voit une fe-
nêtre à l'endroit où l'on dit que l'Ange paffa -, c'étoit
la chambre de la fainte Vierge: toute la maçonnerie,
qui étoit de brique, eft , à ce qu'on dit , à Lorette ;
il ne refte plus que le pavé ; que les Chrétiens a-
voient enrichi d'une marqueterie de marbre blanc ,
noir Se rouge , dont la plus grande partie fubfifte
encore. Cette première chapelle n'a qu'un fimple cou-
vert ; mais du côté du feptentrion , elle eft jointe
par une arcade à une plus petite chambre , qui eft
voûtée , 6c qui fervoit apparemment ou de chambre de
provifions , ou de cabinet , ou d'oratoire à la Mère
Tom.lV. Sffij
./
yo8 NAZ
NAZ
de Dieu. Sur l'autel de cette féconde chambre , Se
aufli du côté de l'orient , on lit ces mots écrits en gros-
fes lettres : Hic Verbum caro factum est ; ôc
les deux colomnes qui marquent le lieu de l'Annon-
ciation , font dispofées à cinq pieds de diftance ,
comme pour foutenir la voûte dans fa longueur : elles
ont chacune dix-fept ou dix-huit pieds de hauteur. La
colomne de l'Ange eft encore dans fon entier , mais
l'autre eft rompue par le bas : il s'en manque deux
pieds qu'elle ne pofe à terre ; elle demeure comme
fuspendue en l'air par une espèce de prodige ; car
elle ne tient que bien peu à la voûte. Les Turcs qui
avoient abattu une belle égiife , bâtie par fainte Hé-
lène , au-deflus de la fainte Grotte , vouloient encore
détruire la grotte , & avoient déjà commencé à renver-
fer cette colomne ; mais une telle épouvante les prit ,
que pas un d'eux n'ofa continuer l'ouvrage : ils rem-
plirent les deux chapelles d'immondices , ôc répandi-
rent les ruines de l'églife au-deflus , afin de dérober
la connoiflance de ce lieu. Tout refpire une extrême
pauvreté dans ces deux chapelles : les murs en font
grofirers , fans être blanchis : fur les autels il n'y a
pour tout ornement que des chandeliers de bois fort
fimples , ôc l'on n'y lailTe pas même de cierges , parce que
les Turcs, à qui l'on n'oferoit refufer les portes,y alloient
quelquefois , commandoient qu'on allumât les cierges, ôc
Ôc s'en fervoient pour mettre le feu à leurs pipes.
On allure que la colomne qui eft rompue , opère tous
les jours de grandes merveilles. On dit que les femmes
enceintes, qui peuvent s'y aller frotter, accouchent heu-
reufement ; qu'en y touchant du dos , on eft délivré de
toutes fortes de douleurs de reins; en forte que non-feule-
ment les Chrétiens , mais encore les nations infidèles y
accourent pour recevoir la guérifon. On ajoute que des.
ceintures que l'on avoic fait toucher à cette colomne ,
ont produit les mêmes merveilles en différens pays.
Au fond de la grotte, du côté du nord, il y a une ouver-
ture qui répond à un petit caveau de figure ovale , qui
fert de facriftie -, & au fond de cette facriftie , aufli du cô-
té du nord , on voit un escalier fort obscur , qui fait la
communication avec le couvert qui eft fort pauvre , ôc
dont toute la communauté confifte en un feul prêtre
ôc un feul frère.
Il y a plufieurs autres endroits remarquables , tant au
dedans qu'au dehors de Nazareth. Tout proche du cou-
vent , du côté du feptentrion, eft un lieu où faint Jofeph
avoitfa boutique. Il y avoir autrefois en cet endroit une
belle égiife, autant qu'on en peut juger, par quelques
bouts de murailles , ôc par des relies de beaux piliers. Elle
fert maintenant d'habitation aux Infidèles.
A quelques centaines de pas du couvent , presque au
milieu de la ville , en tirant un peu vers le couchant , on
trouve un vieux bâtiment de pierres de taille , qu'on dit
être un refte de la fynagogue,où notre Seigneur étant en-
tré (7) , on lui donna le livre du prophète Ifaïe , qui re-
gardoit fa miflion , Ôc où s'étant fait admirer d'abord de
fes auditeurs , il en fut enfuite maltraité , lorsqu'il vint à
leur reprocher l'aveuglement de leur efprit &' la dureté de
leur cœur ; de forte qu'ils fe faifirent de lui à deffein de
l'aller jetter dans un précipice (b). Ce précipice eft en-
viron à une demi-lieue de Nazareth -, ôc c'eft un des plus
tiffreux qui fe puiffe voir. Il eft presque fur l'extrémité
de la montagne qui va du nord-oueft de cette ville au fud-
eft. Il eft extrêmement profond , ôc le côté de la mon-
tagne par où on avoit réfolu de jetter le Fils de Dieu , eft
tout-à-fait escarpé : il aboutit à une vallée étroite , qui
eft couverte de gros grès , difficile à marcher , mais
agréable par la diverfité des arbrifleaux, entre lesquels on
marche à couvert. A l'endroit où ceux de Nazareth con-
duifirent le Sauveur , il y a une pierre d'une grofleur
énorme , élevée ôc comme mife à deflein fur le haut de
la roche du côté du précipice. On dit que lorsque notre
Seigneur disparut , cette pierre fe leva d'elle même ,
comme pour marquer le lieu du crime des Nazaréens ,
ôc pour leur reprocher leur injuftice ; mais quoiqu'il y ait
quelque chofe d'extraordinaire dans la firuarion de cette
pierre , die peut être un effet de la nature & du hazard.
Quoi qu'en difenr quelques écrivains , on ne trouve point
en cet endroit les veftiges des pieds du Sauveur im-
primés dans le roc , comme on les trouve fur la monta-
gne des olives: on montre feulement au-deffous de ce
lieu , dans la descente du précipice , une grotte large
d'environ quatre ou cinq pieds ôc peu enfoncée. Il y en
a qui veulent que notre Seigneur s'y cacha , le haut de
la montagne s'étant ouvert pour le recevoir , ôc s'étant
au même moment refermé. On y a bâti un autel , où l'on
die la Méfie aux pèlerins , Ôc c'étoit l'églife d'un monafte-
re du voifinage. On y voit encore quelques peintures >
mais fi effacées qu'on n'y peut rien reconnoître. Pour ve-
nir du haut du précipice à cette grotte , il y a des degrés
qu'on dit que fainte Hélène fit faire pour rendre le che-
min plus aifé. (a) Luc , 4. (b) Le père Nm, Voyage de la
Terre Sainte , 1. 5. c. 16.
Près de cette grotte , en retournant vers Nazareth , on
rencontre deux citernes : l'une d'environ douze pieds de
diamètre , où il y a de l'eau ; l'autre une fois plus grande ,
ôc qui cfl à fec. Toutes deux étoient pour l'ufage du mo-
naftere.
Vis-à-vis de la haute montagne du précipice, on en
voit une autre encore plus haute , ôc qui n'eft guère
moins roide. Leur fommet n'ert éloigné que d'une bon-
ne portée de fufii , & le bas dans la vallée s entre-touche
presque : le torrent qui paffe entte deux dans les grandes
pluies en fait la féparaàon. Toutes deux regardent à leur
pointe le champ ■;! Esdrelon , qui eft une des plus belles ,
des plus fertiles Ôc des plus grandes plaines qu'on puiffe
voir. Le torrent de Cifion y pafl'e environ à une lieue
de ces montagnes ; mais il eu a fec la plus grande partie
de l'année. 11 n'a de l'ëau en tout rems que depuis En-
dor, dont il eft proche , jusqu'à la mer de Galilée , où il fe
décharge du côié de l'orient. 11 en a auih" toujours , à ce
qu'on dit , vers le mont Cafrnel, au pied duquel il coule ,
ôc va enfuite s'emboucher dans la mer Méditerranée ,
du côté de l'occident.
En montant la montagne vers l'occident de la fainte
Mai fon , on voit fur la descente une groffe pierre , fur la-
quelle on dit que notre Seigneur mangeoit quelquefois
avec fes Apôtres. Sur un des côtés de cette pierre on re-
marque comme des plis de robe , ôc la figure des plis
qu'elle fait fous les genoux , quand on courbe un peu
les jambes pour fe repofer. On voit ces plis , comme ve-
nanr jusqu'à mi-corps , ôc à prélènt on n'en découvre
pas davantage, parce que la pierre eft couverte de terre
vers l'autre bout. Elle étoit ci-devant vers le haut de la
montagne , ôc il y avoit à quelques pas une fontaine
que les Chrétiens nomment la Fontaine de Saint Pierre.
Une tradition veut , que notre seigneur ayant envoyé
S. Pierre cheicher de l'eau en cet endroit , faint Pierre
obéit, quoiqu'il fut qu'il n'y avoiepoint d'eau. On ajoute
qu'à fon arrivée la fontaine commença à couler. C'eft
pout cela qu'on l'appelle auffi en arabe Aain gedide , la
Fontaine Nouvelle. Depuis environ cinquante ans, cette
fontaine ne paroît plus , ôc la grande pierre dont je
viens de parler , eft descendue bien bas dans le penchant
de la montagne. Elle a été pouftée hors de fa place
par un tremblement de terre ôc par le tonnerre qui
tomba dans la place où elle étoit , & tarit la fontaine.
On alloit fouvent dire la Me(Te fur cette pierre , pour
laquelle on a une grande vénération.
Il y a une autre pierre fur le chemin de Nazareth
au précipice , ôc pour laquelle les Chrétiens ont aus-
(i de la vénération. On y apperçoit la figure de deux
genoux imprimés fort avant. On dit que c'eft celle des
genoux de la fainte Vierge. Quand elle apprit le des-
fein que les Nazaréens avoient de précipiter le Sau-
veur , elle alla après eux , ôc ayant été informée en
chemin qu'il s'étoit miraculeufement fauve de leurs
mains, elle fe mit à genoux pour en rendre fes actions
de grâces à Dieu:ce fut alors, à ce qu'on prérend, que cet-
te pierre reçut la forme de fes genoux. On avoit bâti fur
cet endroit de la montagne un monaftere nommé Sairitt
Marte de la Crainte :_il étoit habité par des religieufesj
mais on n'en voit plus que les ruines.
La montagne où étoit ce couvent ôc le précipice,
fembleêtre féparée delà montagne fur laquelle la ville
de Nazareth eft bâtie. Cette réparation eft formée par-
une petite vallée fort étroite -, ce qui fait douter fi le
précipice eft au lieu où on le montre. Saint Luc die
exprefTément qu'il étoît fur la montagne où Nazareth
étoit bâtie : Et Jurrexerwn & (jecerunt eum extra ci-
NAZ
NEA
vitatem , & duxerum ilhtm usque ad fttpercilium mon-
tis Juptr quem civitas illorumerat adificata. Cette diffi-
culté cit grande ; & pour y répondre , on dit que ce ne
furent pas ceux de Nazareth ; mais les habitans d'un vil-
lage ou bourg voifm qui étoit fur cette montagne ,
& dont on voit quelques vertiges , qui fe faifirent de
notre Seigneur pour l'aller précipiter. Cependant l'é-
vangile exprime, ce femble, affez clairement que ce
furent les Nazaréens. D'autres ont dit qu'une partie de
Nazareth étoit bâtie fur cette montagne; mais alors Na-
zareth n'auroit pas été une ville fi petite qu'on nous la
repréfente. 11 conviendroit mieux , peut-être , de dire
que toutes ces montagnes entourant Nazareth , ôcs'ap-
pellant les montagnes de Nazareth, & la féparation
qui fe voit entre celles dont il eft queftion étant fort
petite, elles peuvent palier toutes pour une feule mon-
tagne. Elles ne font en effet rien autre chofe -, on eft
forcé d'en convenir , fi l'on y veut faire quelqu'atten-
tion Se l'on explique ainfi l'Evangile à la lettre. *
Doubdan, p. 508.
• La ville de Nazareth diminua beaucoup dans les
premiers fiécles de l'églife. Saint Jérôme témoigne,
que de fon tems , ce n'étoit qu'un fort petit village ;
mais dans la fuite les Chrétiens , confidérant combien
elle avoir été honorée par le myftere de l'Incarnation
ou de la Conception de Jefus-Chrift , Se par une de-
meure qu'il y avoit faite de plus de trente ans , y fi-
rent mettre le fiége d'un évêché , qu'ils firent même
depuis ériger en archevêché fous le patriarchat de Jé-
rusalem. Depuis que les Mahométans fe font rendus
les maîtres du lieu , l'archevêché a été éteint , ou du
moins rendu titulaire, comme ceux qui font demeu-
rés ou péris dans les pays infidèles, puis transporté au
royaume de Naples, mis dans le diocèfe de Trani ,
annexé à l'églife de Batletta, dans la terre de Bari ,
vers ia côte de la mer Adriatique. Cet archevêché de
Nazareth , dont on a vu Urbain VIII titulaire avant
qu'il fut pape , a été uni à l'évêché de Monte Ver de ,
petite ville de la Principauté Ultérieure , fur les li-
mites de la Bafilicatc Se de la Cnpitanatc, dont le
fiége étoit fufrragant de l'archevêché de Compfa. * To-
pograph. des Saints , p. 3 35.
Saint Jofeph mourut , félon les apparences , à Na-
zareth , & peut-être les païens de la fainte Vierge ,
faint Joachim Se fainte Anne y moururent auffi. Pour
clic , depuis le batême de fon fils , elle quitta ce fé-
jour , Se alla demeurer à Capharnaiim.
NAZAVITIUM. Voyez. Taurus.
NAZEBY , bourg ou village d'Angleterre , dans la
province de Northamptonshire. C'eft le lieu où fe
donna le 14 de Juin 1645 , la fameufe bataille en-
tre le roi Charles I & l'armée du parlement , Se où
cette dernière remporta la viétoire. * Etat préfent de la
Grande Bretagne , t. 1 . p. 94.
NAZELLES, NavicelU , bourg Se château
de France , dans la Touraine , élection d'Amboife , au '
levant de Tours. Ce lieu eft fitué fur la rivière de
CifFe (adSiceram) ; il eft deftiné particulièrement au
culte de faint Martin dès le cinquième fiécle. La cure
eft à la collation de l'archevêque de Tours. * Topograph.
des Saints, p. 6 3 4.
MAZERINORUM Tetrarchia , la Tétrarchie
des Naz,erini , étoit dans la Cœlefyrie , félon Pline ,
/. 5. c. 23. Le père Hardouin , ibid. in Not. n°. 6. croit
que ce font les peuples que Strabon , /. 10. donne pour
voifins aux Apamiens , du côté de l'orient, auprès du
fleuve Marfyas, Se que ce géographe appelle ^vxâpx^i
Awp«/2ac. Ils venoient de ceux qui s'avancetent vers l'oc-
cident , pafferent le Marfyas Se l'Oronte , s'établirent
dans les montagnes , entre l'Oronte à l'orient , la mer
Méditerranée au couchant, le Marathus, To^tofc , au
midi , Se Laodicée au nord , & où ils confervent leur
ancien nom , s'appellant encore les Najfarics.
NAZIANSUS , lieu fortifié dans l'Afie Mineure ,
félon Ortelius , Thejattr. qui cite Suidas , & dir qu'il
y avoit une auberge. Il pourroit fe faire que ce feroit
la même chofe que Nazianze. Voyez, ce mot.
NAZIANZE , ville d'Afie , dans la Cappadoce , au
foifinage d« Céfarée. Cette ville étoit petite; mais elle
T09
devint célèbre dans la fuite. Selon Bailler , Topograph*
des Saints, p. 336. elle fut d'abord fuffragante de Cé-
farée : depuis on l'érigea en métropole. Saint Grégoire
le père en fut fait évêque l'an 528. Il y mourut Se
y fut enterré en 373. Le grand Se do&e faint Gré-
goire le fils y naquit peu de tems après l'ordination
de fon père. Il n'en fut point évêque ; mais il fervit
l'églife après la mort de fon père durant la vacance du
fiége , comme il avoit fait pendant quelques tems , dès
le vivant de fon père. Saint Céfaire , le dernier des
enfans de faint Grégoire Se de fainte Nonne ; mourut
le ptemier de cette fainte famille , en Bithynie ou à
Conftantinople , l'an 379 y mais fon corps fut rapporté
à Nazianze , où fon père Se fa mère le mirent dans
le tombeau qu'ils avoient préparé pour eux ; Se fon
frère , Grégoire le théologien , fit fon oraifon funè-
bre. Sainte Gorgonie, leur fœur, étoit aufli née à Na-
zianze; mais elle fut mariée à Séleucie enlfaurie, &
elle y mourut;, On n'a point laine d'affigner fon culte
à Nazianze dans les martyrologes. Sainte Nonne ,
femme du vieux faint Grégoire , mère de Saine
Grégoire , de faint Céfaire Se de faint Grégoire , fur-
nommé de Nazianze, mourut dans cette ville, Se fut
enterrée auprès de fon mari.
NAZORIUM, montagne dont fait mention Phavo-
rin , dans fos Lexicon. * Ortelii Thef.
N E.
1. NEA ou No A , ville de la tribu de Zabulon. Voyez.
No a. * Jofué , 19, 13.
2. NEA , ville d'Egypte , dans la province Thébaï-
que , au voifïnage de la ville de Chemnis. Héro^ c,
in Euterpe , i. 1. c. $1. en fair mention, Se Ces inter-
prètes, milieu de Nea , lifent Neapolis. La notice des
dignités de l'Empire dit Ala. oftava Vandilorum
Ne<s.
3. NEA ou Née, ville de la Troade, félon Pli-
ne, /. 2. c. 96. Etienne le géographe la met dans h
Myfie.
4. NEA , lieu fortifié dans la Myfie, félon Etienne
le géographe.
y. NEA , ifle d« la mer ALçée. Pline, /. 2. c. 87. la
met entte Lemnos & l'Hellespont. Elle étoit confa-
crée à Minerve. D'autres en comptent plufieurs dans
le même quartier , Se les nomment Nex.
1. NEVE , ville de la Sicile , félon Diodore de Sicile.
Fazell dit que c'eft le Neetum de Ptoloméc, /. 3. c. 4.
mais dans les manuferits de ce géographe on lit Nhctwc,
Netlum. C'eft la même ville que Pline, /. 3. c. 8. nom-
me Netini, Se queCicéron, /. 5. 22. in Verr. appelle
du même nom. Quelques-uns croient que c'eft aujour-
d'hui Non ; d'autres foutiennent que c'eft Mineo.
2. NE/E. Voyez, Nea 5.
NE/ETHUS , fleuve de la gtande Grèce , félon Pli-
ne , /. 3. c. 1 1. & Strabon, /. 6. Il étoit dans le ter-
ritoire de Crotone. Ovide, Metamorph. ij. ^.5!.
le furnomme Salleniinum dans ce vers:
Pr&terit & Sybarim Salleminumqite NeœtLum.
Il avoit fon embouchure dans le golfe de Crorone.
Théocrue , Idyl.$. v, 24. en parle . Se fon fcholiafte
en fait un fleuve de Sicile , mais c'eft toujours le même
fleuve ; car par le nom de Sicile ce fcholiafte n'entend
autre chofe que cette partie de 1 Italie , à laquelle les
écrivains du moyen âge ont donné le nom de Sicile ,
& que Ton appelle encore de la forte, quand on diftin»
gue les deuxSicilcs. * Cellarius , Geogr. ant. lib. 2.
cap. 9.
NÉAGH , grand lac d'Irlande , dans la province
d'Ulfter, entre les comtés d'Antrym , de Downe , d'Ar-
mach , de Tyrone Se de Londonderry. Il renferme deux
principales ifles , favoir , celle de Sidncy au midi, Se
celle d'Enisgarden au nord. Il reçoit grand nombre de
rivières , dont la plus confidérable eft celle de Ban , qui
le traverfe du fud au nord. Baudrand fe trompe en
donnant à ce lac le nom d'Eagh. * Allard , Carte d'Ir-
lande. Robert, 17JO.
fio NEA
NEAMA , lieu de la Palestine. Jofué , ij. 41. en
parle : la yerfion des Septante porte No^ua, Noma.
NEANDRÏA ou Neandrium, ville de la Troade,
fur l'Hellesponr , félon Strabon. Quelques-uns ont
écrit Leandria pour Neandrïa , mais c'eft une faute. Les
habitans, de cette ville furent transférés à Alexandrie.
Neandrïa. eft appellée Neandros par Pline, /. 5. c. 30.
Antigonus cité par Ortelius, Tbefaur. écrit Neandri-
d<x. au nombre pluriel.
NEANE ou Neyne. VoyeaNtu.
NEANESSUS , ville de la Garfaurie , dans la Cap-
padoce , félon Ptolomée , /. j. c . 6. Ses interprètes
écrivent Nanefliis. Ortelius, Thefaur. croit que c'eft le
Nanianullus d'Antonin.
NEAOAT1SEOTON , ou aux Aunages , petite
rivière de l'Amérique, dans la Nouvelle France j elle fe
jette dans le Lac fupérieur , à la bande du fud, à l'oc-
cident de l'anfe Chaguamicon , Se près de l'ifle de Saint
Michel.
NEAPAPHOS. Voyez. Paphos.
NEAPECHA , en grec Nê«^%« , lieu où étoient les
ftatues que fit Tilefius l'Athénien , félon faint Clément
d'Alexandrie , ad gentes. Léopardus lit ïvvitt7i»x» > c'eft-
à-dire , de neuf coudées -, ce ne feroit donc pas le nom
d'un lieu. Cette remarque eft d'Ortelius , Thef.
1. NEAPOLIS , autrement Naplouse. Voyez, ce
mot en fon rang. Le vrai nom de Neapolis , comme
il eft marqué dans les médailles , eft Flavïa Neapolis
Syr'u , PaUftïn& ou Samar'u. Voyez, au mot Sichem.
* Dcm Calmet, Dicl.
2. NEAPOLIS , aujourd'hui Napoli , dont il eft
parlé dans les actes des apôtres, c. 16. v. n.C'eft
une ville de Macédoine , où faint Paul arriva en ve-
nant de l'ifle de Samothrace. De Napoli il alla à Phi-
lippes. Napoli eft toute voifine des frontières de la
Thrace. Voyez. Napoli.
3. NEAPOLIS, ou Neapolis colonia, ville de
l'Afrique propre , félon Ptolomée, /. q.c. 3. qui l'ap-
pelle auiïi Tripoli dans fes manuferits grecs; mais dans
les exemplaires latins, au lieu deTripoli on lit Leptis
magna. Voyez. Leptis Magna.
4. NEAPOLIS ou Nabel. Voyez. Nabel.
j. NEAPOLIS. Voyez. Naples.
6. NEAPOLIS , lieu fortifié , dans la Cherfonnèfe
Taurique , félon Strabon.
7. NEAPOLIS , ville de la Carie. Pline , /. f . c. 29.
la place entre Narianduscv Caryanda. Pomponius Mê-
la, /. i,e. 6. Se Ptolomée , /. y. c. z. parlent auflide
cette ville , ainfi que la notice des évêchés de la pro-
vince de Carie.
^ 8. NEAPOLIS , ville de Grèce , dans i'Ionie , félon
Strabon , qui la place entre Samos Se Ephéfe.
9. NEAPOLIS, ville d'Afie, dans l'Ifaurie, félon
Suidas , au mot rWsoccç. Il fe pourroit faire que ce fe-
roit la même ville que Ptolomée, /. r. c. 4. place dans
la Pifidic.
10. NEAPOLIS, ville d'Egypte, dans la Thébaïde.
Hérodote , /. 1. c. 91. la place auprès de Chem-
nis.
11. NEAPOLIS. Métaphrafte, in S. Spirione , donne
ce nom à un des ports d'Alexandrie , Se fait une ma-
gnifique defetiption de ce port.
12. NEAPOLIS, ville de la Pifidic. Voyez. Neapo-
11s 9.
15. NEAPOLIS , ville de l'ifle de Sardaigne, fur
la côte occidentale. Ptolomée, i. 3. c. 3. la place en-
tre Sardopatoris fanum Se Pachia extrema.
14. NEAPOLIS , ville de la Colchide. Ptolomée,
/. 5. c. 10. la mer entre Siganeum Se Acapolis.
15. NEAPOLIS, ville de la Cyrénaïque, félon Pto-
lomée , /. 4. c. 4. il la met dans les terres , entre la
ville de Cb&recla Se le village A'Artamis.
16. NEAPOLIS , ville de l'Afle propre, dans la Ly-
die ou dans la Mœonie. Ptolomée , /. ;..c. 2. la place
entre Ortbofia Se Bargaza.
\-j. NEAPOLIS, ville de l'ifle de Cypre , Se dont
Sigebert de Gemblours femble donner la defeription ;
il nomme fon évêque Leotius. Ortelius , Thefaur. dit
NEB
que Méthaphrafte&Lufignan font mention de cette ville.
Selon le témoignage de ce dernier les Grecs la nom-
ment Lcmife la neuve , Se les Latins l'appellent Nemo-
fia ou Lemonce.
iS. NEAPOLIS. Voyez. Anazarcus.
NEAPOLITVE, peuples de l'ifle de Sardaigne. Pto-
lomée , /. 3. c. 3. les met au nord de l'ifle, auprès
des Valentini Se au-deflbus des Siculenfiï. Pline , /. 3.
c. 7. les nomme Neapolïtanï. Leur ville s'appelloit
Aquœ Neapolicana. L'itinéraire d'Antonin la met fur la
route de Tribulis à Caralis , entre Otboca Se Cara-
lis , à feize milles de la première, Se à trente-fix milles
de la dernière. Cette ville , félon le père Hardouin ,
conferve encore aujourd'hui fon nom: on l'appelle Na-
poli.
NEAPOLÏTANÏ Aqu^e. Voyez. Aqw/E Neapoli-
tan^ Se Neatolit^e.
NEARA. Voyez. Naaratha.
NEARCHI , peuples delà Gaule Narbonnoife, fé-
lon Ortelius , Tbefaur. qui cite Sextus Avienus.
NEARDA , ville de la Babylonie. Jofephe , Ant , l.
18. c. 16. dit que l'Euphrate la baignoit de tous les
côtés. Ce pourroit être la même ville que Ptolomée,
/. $. c. 18. appelle N A arda.
NEARTHI , nation Ichthyophage , félon Etienne le
géographe.
1. NEATH (a) , petite ville ou bourg d'Angleter-
re, dans le Glamorganshire, fur une rivière de même
nom à la gauche. Elle eft fituée entre Swanfey Se Lan-
daff. Quelques-uns ( b ) croient que c'eft l'ancienne Ni-
dum , cité des Silures. ( a) Atlas. Robert de Vaugondy. (b)
Corn Dicr.
2. NEATH , rivière d'Angleterre : elle a fa fource
dans le South-Walles , traverfe le Glamorganshire ,
mouille la ville de Neath , & va fe jetter,un peu au-
deflbus , dans le canal de Saint George * Atlas. Ko-
bert de Vaugondy .
NEAUFLE-le-vieux, bourg de France, fur la Mau-
dre , dans la prévôté de Paris , élection de Mante ,
diocèfe de Charrres , à une lieue de Montfort-l'Amau-
ry , Se à deux lieues de Villepreux. L'abbé Chaftc-
lain a cru qu'il falloit écrire Neaufle l'Evicnx ou l'Ai-
veux , enforte que fon nom feroit Nidelfa Aquofa ,
à caufe qu'elle eft fur la rivière , à la différence de
Neaufle le-Château qui en eft éloigné. De Valois , en fa
notice , croit au contraire qu'on dit Neaufle-Ie-vieil,
pour Neaune-la-ville. Il y a une abbaye d'hommes de
l'ordre de Saint Benoît non - réformée , elle eft fous
l'invocation de faint Pierre. Il n'y a que deux reli-
gieux , le prieur Se le préchantre. Le nouveau Pouillé
de Chartres dit qu'elle a 5000 liv. de revenu. En ce
même lieu eft un prieuré-cure fous le titre de Saint
Nicolas, à la préfentation de l'abbé. Les châteaux ou
maifons feigneuriales font Villiers Se le Sours. C'eft un
feigneur de Neaufle qui a fondé l'abbaye des Vaux de
■ Cernay , au diocèfe de Paris.
NEAUFLE-le-Chateau, bourg de France, dans la
prévôté de Paris , élection de Montfort. Il eft autre-
ment dit Pont-Chartrain. Ce lieu eft à une lieue ou
environ de Neaufle-le-vieux vers l'orient. Chaftelain
l'appelle Nidelfa Petrofa , par oppofition à l'autre qu'il
nomme Nidelfa Aquofa. Saint Nicolas eft patron de
l'églife , qui eft à la préfentation de l'abbé de Bour-
gueil.
NEBALLAT, ville de la tribu de Benjamin. * Esdr.
n. 34.
NEBBITANUS , fiége épiscopal d'Afrique. On ne
fait dans quelle province la conférence de Carthage
fournit Quod-vult-Deus Nebbitanus. * Harduïn. Col-
leét. conc. t. 1. p. 1102.
NEBBITENSIS. Voyez. Nebbitanus.
NEBEL. Voyez. Nabel.
NEBESSE, ouEnabeesse ( a), ville d'Afrique, dans
le royaume de Goiame. Cette ville eft remarquable par
un temple magnifique , que l'impératrice Hélène , mè-
re de l'empereur David , y fit bâtir autrefois. Il fut en-
fuite détruit par les Galles , Se il a été relevé depuis
par les Jéfuites , qui ont une réfidence à Enabeesse ,
(b) appellée vulgairement Nebesse. (a) Corn. Difet.
NEB
Defc. de l'empire du frète- Jean. ( b ) Ludolf, Hiftoirc
./Ethiop. 1. j.c. 1 1.
NEBIO, ou NtBBio , ville ruinée de l'ifle de Corfc ,
dans fa parcie feptenuionale. Ce n'eft plus qu'un vil-
lage , quoiqu'il ait un évéché furhagant de l'archevê-
ché de Gênes. Il eft à un mille de la côte ôc du châ-
teau de Saint Florent, ôc à neuf milles de la Baitie.
Olivier croit que c'e&i'cLiicieimcCc)juTium.*Bauarand,
Diét. édir. 1707.
NEBIODUNUM , nom de lieu. Il en eft parlé dans
le code , lib. 1 1. tu. 8. mais peut-être Nebiodunum eft-
il la pour Noviodunum.
1. NEBO, montagnes au-delà du Jourdain , dans 11
tribu de Ruben , au pays des Moabites, à l'orient delà
ville de Jéricho , mais à une diftance de plus de dix
lieues de cette ville: on les nomme auiîî Abarim ôc
même encore Phasga. Ce fut du haut de l'une de ces
montagnes qui le touchoient que Dieu lit voir à Moï-
fe la terre promife aux Ifraëlites, & dontil ne lui per-
mettoit pas l'entrée. Moïfe y mourut tnfuitej mais le
Seigneur voulmt cacher fon corps aux Ifraëlites pour
les empêcher d'en abufer , l'enfevelit ( par un de fes An-
ges) dans la vallée du pays de Moab , vis-à-vis de Pho-
gor, de forte que nul homme n'a jamais fu où il avoit
été enterré. A la prife de Jérufalem par Nabuchodo-
sofor , le prophète Jérémie , profitant de la faveur &
du crédit que fa réputation lui avoit donné auprès de
Nabuzardan ôc des autres généraux des Chaldccns ,
fit retirer le feu facré du temple, avec le tabernacle,
l'arche d'alliance ôc l'autel des encenfemens. Il les fit
porter au-delà du Jourdain , Se alla lui-même les en-
terrer dans une caverne de la montagne de Nebo , où
Moïfe étoit mort. * Topographie des Saints , pag.
337-
2. NEBO , NABO ou Naboth , ville de la Pale-
ftine, au-delà du Jourdain , dans la tribu de Ruben ,
au pays des Moabites. La montagne de Nebo donna
fon nom à cette ville , qui fut toujours peu confide-
rable. L'opinion de la mort ou de la fépulture de
Moïfe, n'eut point la force d'y attirer les peuples en
pèlerinage. Voyez. Nabo, n°. 1. * Topographie des Saints,
pag. 537*
3. NEBO. Voyez. Nabo, ri0. 2.
NEBOPRIDUM , ou Novobardum , ville de
Mœfie , à ce que croit Ortelius , Thefaur. qui cite
Laonicus.
NEBOUZAN , pays du gouvernement de Guienne
& de Gascogne. Il eftlitué le long du pays de Commin-
ges. Ce pavs a titre de vicomte , relevant de la prin-
cipauté de Bearn , & il fait partie de 1 ancien domaine
de Navarre Se du pays d'Armagnac. Ses lieux les plus
confidérablcs font
Barbazan, Maurefug ,
S. Gaudens.
Quoique la juftice du pays , dont le fiége eft à S. Gau-
dens , ait le titre de fénéchauffée , les appellations des
jugemens ne lailTent pas de Ce porter dans tous les cas
au fénéchal ôc fiege préfidial de Touloufe. Le féné-
chal de Nebouzan a foixante & quinze livres de ga-
ges de fa charge ; cent cinquante livres que le roi lui
donne pour fa table , ôc cinq cens livres que le pays
lui paye tous les ans pouf l'ouverture des états com-
me commilTaire du roi. Ses appointemens font payés
pat le tréforier général de Navarre établi à Pau ,
fur les deniers du don annuel que le pays fait au roi.
Les états du Nebouzan s'affemblent routes les années
à S. Gaudens. L'abbé de Nifos eft chef ôc préfident
né de clergé ; le baron de la Rocque eft le chef de la
nob!e(Te , & le premier confiai de S. Gaudens eft le
chef du Tiers état.* Piganiol , Defcription de la France ,
t. 4. p. jii.
NEBRIM ou Nemium. Il eft parlé des eaux de Ne-
brim dans Ifaïe , c. 1;. 6. S. Jérôme dit que c'eft un
village appelle Benamsrïum , au nord de Zoaras. Eu-
fébe en fait mention au mor Nw»p</u. , mais il faut
lire N^Bf/yu.
NEBRISSA ou Nabrissa , ville d'Espagne , dans la
Bœtique. Ptolomée , /. 2. c. 4. la met dans les terres
au voifmage de la Lufitanie , entre Sala ôc Ugia. Pli-
NEC jftt
ne, /. 3. c. 1. la furnomme Veneria; ôc elle a le mê-
me (m nom dans une médaille de l'empereur Claude,
félon le témoignage de Ligorius , qui n eft pas toujours
bien exact. Ow la voit dans le recueil de Holtein *
pag. 128. & on y lit cette infeription : Colonia VE-
nerea Nabrissa Augusta. Cette ville étoit fuuéc
fur la branche orientale du Bonis ; mais cette branche s'é-
rant bouchée avec le rems , elle fe trouve aujourd'hui
à deux bonnes lieues du fleuve Guadalquivir. Mariana $
Hift. Hispan. I, 1. c. 3. dit qu'elle eft a prêtent éloi-
gnée du Battis de huit mille pas. On la nomme main-
tenant Lebrixa. Voyez, te mot.
NEBRODES , montagne de la Sicile. C'eft ainfi
qu'écrivent PomponiusMéla & Solin ; mais on lit dans
Strabon , Nevrodes , Neupî&ç. 11 eft furprenant que Xy-
lander ne fe foit pas apperçu que c'étoit un nom pro-
pre ; il l'a traduit par Nervofus; cependant Solin décide
que ce mot ne vient pas de Nervi , mais de Damai,
Fazell , Decad. I. I, 10. qui dit qu'on le nomme au-
jourd hui Madonia , veut que ce foit le Cratona de Pto-
lomée , /. 3. c. 4. mais on lit Cratas ,KpxTa.<; ,Sc non
pas Craton , dans Ptolomée , Ôc Cratas même eft diffé-
rent de Nebrodes. Silvius ltalicus fait mention de cette
montagne en ces termes:
Nebrodes gemini nutrit divortia fonds ,
Quo mons Sicania non fur gît ditior umbru. .
NEBSAN , ville de la tribu de Juda : 1 hébreu Ut
Nipfan. * Jofité , ij. 62.
NECAMIDON. Voyez. Sosippus Portus.
NECATE, promontoire dans le Piccntin , auprès de
n/aurum, félon Ortelius, Thefaur. qui dit que quel-
ques-uns le nomment Focaria.
NECAUS, ville d'Afrique, au royaume de Tré-
mecen , dans la province de Bugie , fur les confins de
la Numidie. Ptolomée, /. 4. c. 3. la nomme Vaga , ôc
la place avec cinq autres entre le fleuve Ampfigu. ôc la
ville de Thabraca. Necaus eft une ville ancienne , fer-
mée de hautes murailles de pierres, ôc bâtie par les Ro-
mains a vingt lieues de Teztéza , du côté du midi. Tout
auprès pâlie une rivière dont les bords font couverts
de bocages d'arbres fruitiers , parmi lesquels il y a des
noyers ôc des figuiers confiderables par leur grandeur
& par leur beauté. Les figues de ces quartiers font les
meilleures de l'Afrique : après les avoir ftLhées , on les
porte vendre à Connantiue, qui en eft a plus de cin-
quante lieues , entre le levant & le nord. Le territoire
de Necaus eft un plat pays , qui rapporte de bon fro-
menr ; de forte que les gens de la contrée font fort à
leur aife. Au dedans de la ville il y a une fuperbé
mosquée , dont l'ouvrage eft très-delicat , ôc où l'on
trouve un grand nombre d'alfaquis. Auprès de cette
mosquée il y a un collège, où l'on inftruit la jeunefle
aux feiences & dans la religion Mahométane , ôc où
il y a plufietir> bourfiers qui vivent des pendons qu'on
a fondées. Les femmes de cette ville font fort blanches
ôc ont les cheveux noirs : les hommes y font fort fo-
ciables ôc amisdes^étrangers. Il y a des bains en plu-
fieurs endroits de la ville : les maifons y fiant agréables ,
quoique pludeurs n'ayent point de plancher , la plu-
part font embellies de fontaines & de jardins où Ion
voit des jasmins, des rofiers , des géroflees , des myr-
tes, des lauriers Se d'autres fleurs, avec des grandes
treilles, ôc quantité d'orangers, de limonnieis , de ci-
tronniers ôc d'autres arbres de cette nature. Ce feroit
une des meilleures ôc des plus belles villes de la Bar-
barie , Ci les Turcs , qui en fonr les Seigneurs , ne char-
geoient les habitans d'impôts. * Marmot , Defeript. du
royaume de Trémecen , 1. j\ c. s S-
NECCARTHAL. Voyez. Neckerthai.
NECEB. Voyez. Adami.
NECHERS , bourg de France , dans l'Auvergne , éle-
ction de Clermont.
NECHES1A, lieu en Egvpte. Ptolomée, /. 4. c. /„
le place fur le golfe Arabique , entre les montagnes
A. abe ÔC SmaradgvS.
NECHILIS , nom de lieu dans la Syrie, à ce que
croit Ortelius , Thefaur. qui cite Sozomene. Callifte,
/. x. c. 41. écrit Michilis,
JTI2,
NEC
NED
NECHR^EI, peuples des Indes, voifins des Oxy-
dracét, 8c des Brachmanes. Lucien , in Fugitivis , éci'ic
qu'ils font adonnés à la philolbphie.
NECICA , ville de la Dalaflide , dans la Cilicie , fé-
lon Ptolomée , /. 5. c. 8. Ses interprètes lifent Nirrica.
NECII, nation voifine de la Grèce, à ce que croit
Ortelius , Tbefaur. qui dit que Frontin , Stratagan. I. 2.
c. -il. en parle.
NECIUM , c'eft un des noms latins que l'on donne
à la ville d'Annecy , dans les états du duc de Savoye.
Voyez. Annecy.
NECKAR , Necker ou Necre , rivière d'Alle-
magne. Elle a fa fource dans la Foret-Noire , auprès
du village de Schwenningen , environ à deux lieues au-
deflusde Rotweil, en tirant du côté du midi. Son cours
eft en partie du midi au nord en ferpencant , Se après
avoir mouillé les murs de Rotweil , elle pafle à Obern-
dorff, à Sultz , à Horb , à Hohenberg , à Rotenbourg ,
a Tubingen , à Niertingen , à Eflingen , à Canftatt , à
Marpac , à Lauffen , à Hailbron , à Wimpfen , à Gun-
delsheim , à Neckerelrz , d'où, en commençant à couv-
rir de l'eft à l'oueft , elle fe rend à Eberbach , à Hirsch-
horn , à Neckers-Gemund , à Heidelbeig 8c enfin à
Manheim , où elle fe décharge dans le Rhin. Les prin-
cipales rivières qu'elle reçoit , font le Breim, au-deflbus de
Rotweil, le Teyach & le Staitzeck, entre Horb &
Hohenberg ; le Lauter Se le Wils , au-deflus d Eflingen ,
le Remms , le Murtz , le Botwar , entre Eflingen , 8c
Hailbron i le Koker, l'iagfl, entre Hailbron &c Necke-
reltz: toutes ces rivières fe jettent dans le Neckar à la
droite. Elle reçoit encore à la gauche le Glact , entre
Sultz & Horb -, le Zaber , au-deflous de Lauffen i l'Entz,
entre Marpac & Hailbron ; le Bellingenbach , entre
Hailbron ôc Wimpfen , Se l'Elfats à Neckcrs - Ge-
mund.
NECKARS-ULM(>), ville d'Allemagne, dans la
Franconie , aux frontières de cette province , fur le
Neckar , à la droite , entre Hailbron & Wimpfen, à
égale diflance de chacune de ces villes. Elle appartient
(b) au grand maître de l'ordre Teutonique. (a) San-
fon , Carte du Cercle de Suabe. ( b ) Corneille , Di-
ctionnaire.
NECKERSGEMUND, vi'le d'Allemagne, dans h
palatinat du Rhin , fur le Necker, à la gauche de ce
fleuve , Se à l'endroit où l'Elfarz a fon embouchure.
* Sanfon , Carre du Cercle éledt. du Rhin.
NECKER-THAL, ou Ne-ccarthal , vallée de la
Suiffe , dans le comté de Toggenbourg : elle eft parta-
gée en Necker-thal fupérieur, 8c en Necker-rhal infé-
rieur. * Etat & délices de la Suiffe, t. 3. p. 319.
Necxer-Thal Supérieur ( Le) ; il n'a qu'une com-
munauté 8c qu'une paroifle principale , appcllée Pe-
terz.ell. Aux confins du Necker - thaï Supérieur ,
on voie les reftes d'une ancienne fortereffe qui a été dé-
truite.
Necker -Thal Inférieur (Le) ; il ne compofe
qu'une feule juftice; mais les paioiiïes fuivantes y font
comprifes ,
Brimaderen ,
Mogelsperg ,
Helffenschweil ,
Ganderschweil.
NECOU1A , ou Necuia, ville de l'Umbrie , félon
Etienne le géographe, qui cite le dix fepriéme livre des
antiquités romaines deDenys d'Halicarnafle, livre que
nous n'avons plus. 11 ajoute que le nom vulgaire de
cette ville étoit N«Kot//aT«< , Necuiata. Cet endroit eft fus-
peét à Cluvier. 11 croit que Denys d'Halicarnafle avoit
écrit unxmiv», 8c que le nom vulgaire étoit nhkh/mt»?. Or-
telius, Thef. juge que ce doit être Ne quimtm.
NÉCRÉTI CE, contrée de la Colchide , félon Pto-
lomée, /. j. c. 10. Le manuferit de la bibliothèque Pa-
latine porte Ecrétice, Se Pline, /. 6. c. 4. lit Ecre-
ilicc Pomponius Mêla,/. 1. c. 19. lit auflî Ecrettice ;
mais Arrien , Peripl. Ponti Euxini. p. 18. appelle cette
contrée Nitke , Se dit qu'elle fut anciennement habitée
par une nation Scythe.
NECROPOLIS, c'efl-à-dire , la ville def Cadavres.
Ce nom avoit été donné à une espèce de fauxbour» de
h ville d'Alexandrie, en Egypte. Il y avoit en cet en-
droit une grande quantité de jardins , de tombeaux &
de maifonsoù l'on trouvoit les chofes propres pour em-
baumer les corps morts. * Strabun , 1. 17.
NECROPYLA Sinus , golfe qui borne à l'occident
la Cherfonnèfe Taurique, dans la côte feptentrionale
du Pont-Euxin i le Danapris ou Borifthène, le Bogu&
le Danaftris s'y jettent. * Atlas. Robert de Vaugondy.
NECROTHALASSA , grand golfe ou port que la
mer fait fur la côte de l'ifle de Coi fou, du côté de
l'ouell, dans la Vallée des Saints. Un écueil , embelli
d'un monaftere de Caloyers Grecs , occupe le milieu de
l'entrée. Ce port étoit autrefois fort profond & capa-
ble de contenir deux cens galères ; mais à préfent il
eft en grande partie rempli de fable, 8c par-là devenu
inutile. 11 s'y prend néanmoins une grande quantité de
poifTons qui font très-bons. Il fert comme d'étang ou
de réfervoir à des particuliers qui en ont le droit, ÔC
s'appelle en langue grecque Necrothdajfa , c'eft-à dire .
Mer Morte. * Davuv,t. 3. p. 167.
NECTENSIS Sylva, forêt de l'Hibernie, félon
Ortelius, Thcfaur. qui cite Surius Se Vincent de Beau-
vais , dans la vie de faint Ethbin.
NECTIBERES , peuples de la Mauritanie Tingita-
ne. Ptolomée, /. 4. c. 1. les place au-deflbus des Angar>
caucani.
NECTUM. Voyez. Ne,*.
NECUIA. ^«.Necouia.
N ECYOPA , marais fitué quelque part aux envi-
rons de la Campanie , félon Ortelius , Thcfaur. qui cite
Cedrène : ce dernier écrit qu'Ulyfle y apprit diverfes
chofes , qui dévoient lui arriver.
1. NEDA , en grec nh<Th , fleuve , qui , félon Pau-
fanias , /. 4. c. zo. prend fa fource au mont Lycée,
traverfe l'Arcadie , Se fépare les Mejfenii des Elet , du
côté de la mer. Paufanias , /. 8. c. 41. dit encore qu'a-
près le Méandre , le Neda eft celui de tous les fleuves ,
qui ferpente davantage. Il pafle au voifinage de la ville
de Leprius , & fe jette dans la mer , félon Ortelius,
Thcfaur. qui cite Callimaque. On croit que c'efl la Lon-
garola , le même fleuve que Strabon , /. 8. appelle Ne-
das.
1. NEDA , ville d'Arcadie , félon Ortelius, Thefaur.
qui cite Etienne le géographe.
NEDGERAN. Voyez, Nag'ran.
NEDINUM, ville de la Libuinie. Ptolomée,/. x.
c. 17. la met dans les terres. Ortelius , Thefaur. qui cite
Niger , dit que les habitans du pays l'appellent Sufied.
1. NEDON , lieu dans la Lycaonie , félon Strabon
8e Etienne le géographe. Le premier ajoure que Tele-
chus y avoit bâti FœceJJa , Echeias , & Tragium.
2. NEDON , ville de la Lycaonie. Etienne le géo-
graphe , qui fait mention de cette ville , avertit que
Ns'Jwf fait au génitif n/JWoç.
3. NEDON, fleuve du Péloponnèfe. Strabon dit qu'il
traverfe la Lycaonie, 8c qu'il ell différent du Neda.
NEDROMA ou Ned Roma , ancienne ville d'A-
frique , dans le royaume de Trémecen , bâtie par les
Romains , dans une grande plaine à deux lieues 8c de-
mie du mont Atlas,& à quatre de la mer. Sa fituation eft
femblable à celle de Rome , dont elle a tiré fon nom.
Les interprètes de Ptolomée ,/. 4. c. 2. difent que c'eft
l'ancienne Celama , 8c la mettent à 12 d. 10 m. de lon-
gitude fous les 3 3 degré 20 min. de latitude. Les murs
font bâtis de gros moilons , liés avec de la chaux , à la
façon des Romains. Les maifons ont été ruinées dans
les guerres , que les rois de Trémecen ont eues avec ceax
de Tunis 8c de Fez : 8c les maifons qui fubfiftent au-
jourd'hui , font bâties à la manière du pays. On voit
hors des murailles , les reftes de quelques valtes édifi-
ces des Romains : il y a de grandes tables , des colom-
nés d'albâtre 8c des tombes de pierre avec des inferip-
tions latines. Près de la ville pafle un fleuve , dont les
bords font couverts d'arbres fruitiers , de toutes fortes*
Les montagnes d'alentour , portent de certains arbres ,
appelles carrobiers : le fruit en eft fi doux , que les ha-
bitans en font du miel , Se en mangent toute l'année
avec leurs viandes. Cette ville , fituée au plus bel en-
droit de l'Afrique 8e dans un bon pays , eft tellement
ruinée, qu'on la prendroit, en y entrant, pour une
baiTc-cour. Les habitans cueillent quantité de froment
Si
NEF
N£G
& d'orge ; ils ont beaucoup de troupeaux , '8c font les
plus belles toiles de coton de toute la Barbarie. La plu-
part font marchands , trafiquent à Alger & à Trémc-
cen i& pour la liberté de ce commerce , ils payent quel-
que reconnoiffance au roi. Ils pourroient néanmoins
s'en dispenfer ; parce qu'ils ont pour amis les Zénétes de
la montagne , qui font les plus braves de toute l'Afri-
que. Ces Zénétes font vingt-cinq mille combattans bien
équipés , ôc la plupart ont des mousquets. * Marmot ,
Defcript. du royaume de Trémccen, 1. j. c. 7.
NEDUBA , ville d'Afrique, félon Corneille , Diilion.
qui cite la bibliothèque orientale de d'Herbelot. Cette
ville eft dans le pays qu'habitent les Cafres , Ôc plus
feptentrionale que celle de Berua , dont elle n'eft éloi-
gnée que de trois journées de chemin , fur le rivage de
la mer Ethiopique.
NEDUS. Voyez. Nedon 1,
NEE. Voyez. Nea.
NEEDHAM , bourg d'Angleterre , dans le comté de
Suffolc. Il s'y tient un marché. *Etatpréfeni de la Gran-
de Bretagne , t. 1 . p. 1 1 2 .
NEERDA , ville de la Babylonie ou de la Méfopo-
tamie. Les Juifs y avoient une école célèbre. Les deux
frères Afinée ôc Amlée , connus dans l'hiftoire de Jo-
fephe, Antiqmt. I. 18. c. 12. étoient natifs de Néerda ,
& les Juifs de Méfopotamie , perfécutés à caufe d'eux,
furent obligés de fe retirer à Nifibe & à Néerda , vers
l'an 40 de Jefus-Chtift , ou de l'ère vulgaire. * Dom
Calmet , Diétion.
NEERE ou Neerre , rivière de France ; elle arrofe
la Sologne. Sa fource eft à une lieue au-deffus d'Aubi-
gny ; Ôc , après l'avoir traverfé , elle va fe joindre a la
grande Saudre , un peu au-defibus de Clermont. On y
pêche beaucoup d'écrevifles. * Coulon , Rivières de Fran-
ce , p. 311.
NEEREN5IS. C'eft, félon Ortelius, Tbefaur. le nom
d'un village de France, dont fait mention Grégoire de
Tours ; mais on lit Nereenfis dans cet ancien hiftorien ,
& non pas Neerenfis. Voyez. Nereensis.
NEETO ou Netho , rivière d'Italie , dans le royau-
me de Naples , en latin Ne&tbm. Elle coule fur les con-
fins des deux Calabres, du coucliant au levant. Elle pafle
à S. Severina , ôc va fe jetter dans la mer Ionienne ,
entre le cap del Alice , & le cap délie Colonne , environ
à égale diftance de l'un ôc de l'autre. * Atlas. Robert de
Vaugondy.
NEFÇAOA , ville d'Afrique , dans la province de
Biledulgerid , à 42 degr. 1 j min. de longitude , ôc à
30 degrés de latitude. Ce font trois villages aiïcz près
l'un de l'autre , ôc allez bien peuplés ; mais les maifons
ou les murailles n'en valent rien. * Da^per , Defcript.
de l'Afrique, p. 213.
NEFISE. Voyez. Nefusa i.
NEFTA , ville d'Afrique, au défert de Numidie, dans
la province de Zeb. Cette ville eft partagée en trois ;
elle fait comme trois places , féparées les unes des au-
tres par des murailles , ôc dans l'une desquelles il y a
une fortereffe , dont la ftrudhire témoigne que c'eft un
ouvrage des Romains. Nefta eft fort peuplée , mais
il n'y a aucune police. Les habitans étoient autrefois
aflez riches, ce qui venoit de ce qu'ils étoient fur la
frontière de la Libye , ôc fur le chemin qui va de la
Barbarie au pays des Nègres; mais comme ils fe révol-
tèrent plufieurs fois contre les rois de Tunis , ils furent
pillés & faccagés , il y a environ deux cens ans. Enfin
Mahamet, père deHascen, roi de Tunis , que Charles V
rétablit dans fon état , ayant pris Nefta de force , tua une
partie des habitans , ôc fit abbatre quelques pans de mur.
Il y a auprès de cette ville , une petite rivière d'eau chau-
de : le peuple en boit ôc en arrofe les terres. * Marmot ,
Defcript. de !a Numidie ,1. 7. c. 50.
1. NEFUSA , montagne d'Afrique, qu'on nomme
maintenant Derenderen ou d'ADREN. C'eft une bran-
che du grand Atlas , ôc qui borne du côté du coucha nt
celle de Tenzete dans la province de Hea. Ily neige ordi-
nairement , parce qu'elle eft très-haute -, cependant ou
ne laide pas d'y cueillir quantité d'orge. Elle eft peu-
plée des communautés de Recrée , de Hascure , de
Janface ôc autres Béréberes de la tribu de Muçamoda ,
dations vaillantes , mais û fimples ôc fi ruftiques , qu'el-
ï*3
les croient tout ce qu'on leur dit en matière de religion.
Us ont quantité de troupeaux de chèvres, ôc beaucoup
de miel , de cire ôc de ces fruits dont on fait de l'huile.
Ils ne font occupés qu'à tromper les éi rangers. Ils n'ont
point de villes fermées , ôc leurs maifons répandues çà
ôc là par la montagne , font faites de pierres féches ,
ou de méchans carreaux de terre qui ne font liés avec au-
cun mortier, ôc elles font couvertes d'une cfpéce d'ar-
doife , ou feulement de branches d'arbres. La princi-
pale habitation n'eft pas compofée de plus de cinquan-
te maifons , & la plupart n'en ont que huit ou dix ,
qui font placées dans des fonds qui fe trouvent fur les
plus hautes montagnes. En IJ43, Cidi Abdalla , al-
faqui ou prédicateur Morabite de la fecte de Moay-
din , fe fouleva dans cette montagne contre le cherif
Mahamet, roi de Maroc , ôc afiembla plufieurs Barba-
res. Auflîrôt le cherif envoya contre lui fept cens ar-
quebufiers Turcs , ôc quatre mille Maures à cheval ,
fous le commandement d'un marchand Fcrfan. Les
Turcs grimpèrent fur la montagne aprts avoir laifle
leurs chevaux au pied , ôc comme elle eft fort droite ,
& qu'il y a des endroits difficiles , ils ne parvinrent jus-
qu'au haut , qu'avec beaucoup de peines ôc de dangers.
Les Barbares rouloient fur eux de grandes pièces de ro-
cher ,les effrayoient avec leurs hurlemens ôc leurs cris ,
ôc fans fe foucier des coups d'arquebufe , paflbient à
leur vue , d'une montagne à l'autre , & franchiflbient les
déttoits ôc les détours de la montagne. Malgré ces dif-
ficultés , les Turcs tinrent un fi bon ordre , faifant fou-
tenir un peloton par un autre , qu'ils arrivèrent au haut
de la montagne. Abdalla fe retira d'abord au lieu le plus
élevé ; cependant comme les montagnes voillnes étoient
foumifes au cherif , ôc qu'il ne lui reftoit plus aucune
reiïburce , il fe rendit , à la charge qu'il pourroit fe re-
tirer au royaume de Fez avec fes enfans & fa fuite. On
le lui promit ; mais le cherif , fuivant la maxime de Ja-
cob Almanfor , qui veut qu'on ne foit point obligé dé
garder la foi à un traître, lui fit couper la tête en fa
préfeuce. Abdalla étoit grand magicien , ou du moins fe
donnoit pout tel. Quand il voulut fe foulcver , il aflem-
bla d'autres Béréberes de la montagne de Chauchava , &
leur dit qu'il viendroit aifément à bout des ennemis ,
par fon favoir. Les troupes du cherif trouvèrent en ar-
rivant à la montagne , dans le milieu du chemin , des
moutons égorgés : la laine en étoit grillée , & les pieds ,
qui étoient coupés, étoient pafles dans les yeux. Il avoit
fait encore divers autres fortilége^ aux pafiages diffi-
ciles, ce qui épouvanta d'abord les troupes du cheru,
ôc leur faifoit appréhender quelque chofe de finiflie;
mais le Perfan , qui les commandoir , ayant fait avancer
quelques Chrétiens qu'il avoit avec lui , & leur ayant
dit de brûler ces fortiléges , fes troupes fe raffinèrent -,
ce qui fit dire à Abdalla , qu'il avoit été vaincu par
les Chrétiens , ôc non par les Maures contre qui il avoit
fait fes enchantemens , au lieu qnil n'en avoit point
fait contre les premiers. La plus belle fille du pays ,
voyant fuir fes compatriotes , délia fes beaux cheveux
qui étoient trèfles ôc fort longs , ôc prenant deux dards
à la main , commença à crier à la jeunefie : courage , qui
m'aime me fuive. Ne fouffrez pas que d'autres joniilcnt
de ce que vous aimez , ni que je fois en proie à des bri-
gans : après avoir ainfi rafiemblé autour d'elle une trou-
pe de jeune gens , elle alla tomber fur les ennemis , à qui
elle eût pu donner de la peine , fi un coup d'arquebuie
ne l'eût renverfée. Depuis ce tems , les habitans de cette
montagne fe font révoltés encore plufieurs fois. * Mar-
mol , Defcript. du royaume de Maroc, 1. 3. c. 4}.
2. NEFUSA, rivière d'Afrique ; elle a fa fource
dans la montagne du même nom , ôc elle fe joint au
Tanfift.
3. NEFUSA , montagne d'Afrique , au royaume de
Tunis , auprès du défert de Numidie , fur la frontière
des Esfaques & des Gelves, dix lieues au dedans du pays,
du côté du midi. Voyez, au mot Benitéferen , autre
montagne du même canton. Marmol , Defc. du royaume
deTuniî ,/. 6. c. 56. dit de l'une ce qu'il dit de Faune.
NEGA, ville de l'Albanie, félon Ptolomée,/. 5. c. 12,
fes interprêtes écrivent Niga.
NEGADE , ou I'Isle noyée. Voyez. Anégada.
NEGAPATAN , ville des Indes, fur la côte de Co-
Tom. IV. T 1 1
NEG
J14
romande! , au royaume de Tanjaour , un peu au-deflus
du cap de Cagliamera , en tirant vers le nord (a). Elle
eft faute à 1 1 degrés de latitude feptentrionale. Les In-
diens l'appellent Nagapattenam, c'eft-à-dire , la ville
des Serpens. On lui a donné ce nom à caufe de la multi-
tude des ferpens qui y font ( b ). De tout tems il y en a
eu beaucoup ; les habitans ne les tuent point. Cette ville
a été bârie par les Portugais , Se c'étoit un de leurs plus
beaux établifiemens fur la côte de Coromandel. Comme
ils pofledoient la côte delà Pescherie & Tille deCeylan ,
Negapatan étoit d'un grand abord : on y voyoit plufieurs
belles églifes, Se un collège appartenant aux Jéfuites.
Les Portugais la conferverent jusqu'à l'an 1558, qu'elle
fut fubjuguée par les Hollandois , avec le fecours du roi
de Tanjaour , qu'ils engagèrent à trahir les Portugais.
Depuis ce tems elle a été afliégée par le roi de Tanjaour;
mais ayant été battu dans une fortie que les Hollandois
firent , il fe retira. La place eft aflez forte , revêtue de
murailles , fortifiée d'un foffé plein d'eau Se de quelques
ouvrages. La garnifon elt nombreufe Se bien fournie
de tout ce qui eft néceflaire pour une bonne défenfe.
On y a même bâti une forterefle. Les rues de Negapa-
tan font larges , les maifons aflez grandes , mais vieil-
les & bâties à la mode de Portugal , c'eft à-dire , avec
de grandes fales , de grandes chambres , de grands ap-
partemens Se des galerie";. Il y a auffi plufieurs églifes ,
entr'autres , une églife Catholique , deflervie par un re-
ligieux de S. François. Les habitans font en grand nom-
bre , Se la plupart font des Métifs , descendus des Por-
tugais , ou des Caftillans Chrétiens. On y voit des Mau-
res , des Benjanes Se des Indiens , qui font tranquille-
ment leur commerce, fous la régence des Hollandois. En
fortant par la porte du nord , on trouve un beau faux-
bourg qui a plufieurs pagodes Se temples d'idoles ; mais
ils font obscurs , fales Se presque bâtis comme les fours
à brique , qu'on voit en Hollande. Ils font ornés d'ido-
les , de itatues Se de têtes de monftres -, Se presque toutes
les idoles font des figures de monftres affreux , faites
d'argille. Plus loin , on voit une tour ou une pagode con-
itruite de pierres, [a] Lettres édifiantes , t. 15. p. 32. (/•)
Voyage de Gaut. Schoitten , p. 4J4.
NEGEUGNUS , montagne d'Italie. Le pape S. Gré-
goire le grand, Epifi. I. 7. c. 2. en fait mention. Orte-
lius , Thifaur. croit qu'elle eft aux environs de Spolete.
NEGLA , ville d'Arabie , félon Etienne le géogra-
phe. Ortelius dit que Suidas écrit Negne , Se il juge
que ce pourroit être la Negra de Cédréne.
NEGLIMELA , ville de l'Afrique intérieure, félon
Ortelius, Tbefaur. qui cite Pline ; mais au lieu de Ne-
glimela , on lit Negligemela dans Pline, /. j. c. j.
C'efi; une des villes que fubjugua Cornélius Balbus.
NEGLINA , petite rivière de l'Empire Rulîien,au
duché de Moskou. Elle a fa fource au-defiîis du mo-
naftere de la Trinité auprès duquel elle paflie , Se elle
va le jetter enfuite dans la rivière de Moska , un peu au-
defiiis de la ville deMoskou.* Atlas. Kob. deVaugondy.
NEGNE. Voyez. Negla.
NEGOAS ou IIsle des Nègres , ifie d'Afie & l'une
des Philippines , entre l'ifie de Luçon au nord , Se celle
de Mindanao au midi ; clic eft accompagnée de l'ifie
du nom de Jefus à l'eft , & de celle de Panay au nord-
cft. Cette ifie eft grande Se bien peuplée.
1. NEGOMBO, forterefle de l'ifie de Ceylan,au pays
de la Canelle , fur la côte occidentale , à l'embouchure
de la rivière du même nom. Ce lieu n'étoit proprement
qu'un carré fermé de murailles , avec deux redoutes
que les Portugais avoient bâties , pour empêcher qu'on
ne vînt inquiéter leurs caneliers dans le tems de leur
travail. Ils y avoient mis cinq pièces de canon , un ca-
pitaine avec quelques foldats Se un chapelain pour dire
la méfie. Les Hollandois la leur enlevèrent en 1640,
Se s'y fortifièrent. Les Portugais la reprirent en 1643 ,
mais ce ne fut pas pour long-tems -, les Hollandois s'en
rendirent maîtres l'année fuivante, Se elle leur eft de-
meurée. * /. Ribeyro , Hift. de l'ifie de Ceylan , p. 9t.
2. NEGOMBO , rivière de l'ifie de Ceylan , dans le
pays de la Canelle , auparavant dit le royaume de Cota.
Elle prend fa fource au nord de la province de Dehi-
bambarc-Corla. Elle court de l'eft à Poueft , Se va fe jet-
ter dans la mer au midi de la forterefle de Negombo.
NEG
NEGRA , ville de l'Arabie Heureufe , où quelques-
uns veulent que S. Arethas ait été tué par les Homéri-
tes. Peut-être eft-ce la même ville que Negla. Voyez.
ce mot. * Ortelius , Thefaur.
NEGRAILLES, ifie des Indes , au royaume de Pégu ,
dans le golfe de Bengale , aflez près de la terre ferme ,
dont elle n'eft féparée que par un détroit peu large.
Elle n'eft remarquable que par fa pagode. * Atlas de
Robert de Vaugundy.
NEGRAM. Voyez, Nag'ran.
NEGRAN. Voyez. Egra.
NEGREPELISSE , Nigrapelifsa , petite ville de
France, dans le Querci , diocèfe Se élection de Montau-
ban, à quatre lieues au nord-eft de cette ville fur l'Avei-
rou. Elle avoit été fortifiée par les Calviniftes -, mais
Louis XIII l'ayant prife d'aflaut le 11 Juin 1622 , il
la livra au feu & au pillage. La feigneurie de Negre-
pelifle fut autrefois vendue par un comte d'Evreux à Pier-
re de la Deveze , de qui eft fortie la maifon de Carmain ,
Se qui étoit frère du pape Jean XXII. Le maréchal
de Lavardin, descendu d'une fille de cette maifon , ven-
dit le comté de Negrepelifle à Henri de la Tour , grand-
pere de M. le duc de Bouillon, mort en 1722. C'efi:
aujourd'hui M. Bergeret , Receveur général des Finan-
ces , qui en eft le propriétaire. * Piganiol, Defcr.de la
France, t. 4. p. J58.
1. NEGREPONT , ifie de Grèce ( a) , que les an»
ciens appelloient Euboée , Se qui eft , après Candie ,
la plus belle de toutes les ifles de l'Archipel. Voyez, Eu-
boée. Elle a trois cens foixante milles de tour , & s'é-
tend le long de la Béotie , dont elle n'eft féparée que
par le fameux canal de l'Euripe. Le nom moderne de
Negrepont ou Negreponte, ou mêmeNiGROPONTE
(b) , vient de celui à'Egripos que les Grecs lui donneur.
Les premiers François qui paflèrent dans cette ifie , en-
tendant dire aux gens du pays , eis ton Egripon , ce qui
fignifie à Egripos , crurent qu'on appelloit ce lieu Ne-
gripon, confondant la dernière lettre de l'article ton avec
Egripon. Il ne faut donc point aller chercher d'autre
origine de ce nom fur l'erreur des Italiens , qui l'appel-
lent Nigroponte , comme s'il y avoit quelque pont de
pierre noire qui pafsât de la Béotie dans l'ifie. Le nom
de Negrepont eft commun à l'ifie, à la ville Se au dé-
troit. ( a ) Hiftoire de l 'Archipel , 1. 2. p. 127. (b) Spon ,
Voyage de Negrepont, t. 2. p. i8<5.
Plufieurs ont eru que cette ifie a été autrefois jointe
à la Béotie , Se qu'elle en a été féparée par des trem-
blemens de terre , ou par l'effort impétueux des eaux
de la mer. Piano de Negroponte , ou la plaine de Ne-
grepont , eft au milieu de l'ifie , Se en occupe environ le
tiers. Il y a quatre principaux promontoires : l'un au
nord, & qui a l'Archipel à l'orient , Se le golfe de Zci-
ton à l'occident : le fécond eft dans la partie méridio-
nale du côté de l'eft , Se fe nomme le cap d'Oro. C'cft
fur la coupe de ce promontoire que Nauplius , roi de
cette ifie , fit allumer des feux , afin qu'à la faveur de
cette lumière, l'armée des Grecs qui revenoit de Troye ,
pût arriver à bon port : le cap Mantello eft dans la par-
tic la plus méridionale; & le cap Zittar eft du côté du
nord dans la partie la plus occidentale : il eft baigné d'un
côté par les eaux du détroit de Negrepont , Se de l'autre
par celle du golfe de Zenon. Au voifinage de ce promon-
toire étoit la côte d'Artcm/ïa , ainfi appellée du tem-
ple qui y avoit été élevé fous le nom à'Artemijïa , Se
c'eft-là que les Grecs mirent leur armée navale à l'abri
durant les guerres que leur firent les Perfes. * Coronclli,
Defcriptiwn delà Morée , p. 205.
Les principaux lieux de cette ifie font aujourd'hui,
au nord , £ Litad ou Litar.
à l'orient ,
Oreo ,
Cerinto ,
Valonis ou Vakna ,
Giaspitea ,
Acatia ,
Aimcnia.
NEG
NEG f.%%
au midi,
rp
Porto Chimi ,
Bocca di Silofia,
orto Carilto ,
à l'occident,
Dans les terres >
Porto Buffalo ,
Disco ,
Cariflo ou Chateauroux,
Stura ,
Potiri ,
Cupna ,
Protino ,
Andi ,
Varia,
Negroponte ,
Polirica ,
Limiilt ou Limea »
Dipfo »
Colochit ,
Porto Caloss
Nefo
)do
r r\eio ,
J Iltrodo
L Tianto.
+ Coronelli , Carte de Negrepoiit.
Après la prife de Conflantinople (a) , plufieurs fei-
gneurs Grecs,profitant de la confufion où fe trouvoit l'em-
pire , formèrent divers petits états dans la Grèce ; mais
ils en furent bientôt dépouillés par les François & par les
Vénitiens. Boniface (b), marquis de Montferrat, devenu
roi de ThelTalie , pour reconnoître les fervices qu'il avoir
reçus de Ravan on Ravin de Carceiro , originaire de
'Vérone, lui aida à conquérir fur les Grecs l'ifle de Ne-
grepont , que ce Ravin Se ("es descendans pofiederent à
titre de fouveraineté. Guillaume Carceiro,fon fils,pouffa
la fortune encore plus loin : outre qu'il fut fouverain de
Negrepont par fucccflîon , Se de l'ifle de Schyro par
conquête, fa femme Hélène de Monferrat, petite-fille de
l'Empereur Ifaac, lui apporta encore en dot le royaume
deTheflalie. De ce mariage fortirent trois enfans, Fran-
çois , Conrad & Boniface , auxquels Guillaume parta-
gea l'ifle de Negrepont , Théodore Comnéne ayant en-
vahi la ThefTalie. François , qui étoit l'aîné , eut la ville
de Negrepont Se toutes fes dépendances : Conrad eut
pour fa part la partie fupérieure qui regarde le nord ,
dont la principale ville étoit Oreo , que les anciens
nommoient Orcum : la partie méridionale fut le par-
tage de Boniface , qui choifit la ville de Cariflo pour le
lieu de fa réfidence. François Carceiro n'eut qu'un fils ,
nommé Jean , qui devint duc de l'Archipel , du chef
de fa femme Florence Sanudo , fille unique de Jean Sa-
nudo , fixiémeduc de Naxe. NicolasCarceiro ,fon fils ,
neuvième duc de Naxe Se feigneur de Negrepont , ayant
été aflafliné par les ordres de François Crispo , celui-
ci (c), devenu par ce crime duc de Naxe Se feigneur
de Negrepont , rechercha la protection des Vénitiens ,
fans lesquels il n'eut pu coni'erver long tems fon ufur-
pation. Il céda à la république la partie de Negrepont ,
qui avoit appartenu à Carceiro , Se qui n'avoit point
laiffé d'autres héritiers que Marie , fa iœur utérine. Les
foumiiïions dont il accompagna fa donation , lui ac-
quirent l'affection des Vénitiens, qui fe déclarèrent hau-
tement Ces protecteurs.
Les Vénitiens , devenus peu à peu maîtres de l'ifle
entière , y envoyèrent un baile , avec des troupes de
terre , & une escadre de vaiffeaux de guerre pour la dé-
fenfe de l'ifle. Ils lui confièrent aufii 1 adminiflration de
lajultice.Ils gouvernèrent ainfi cette ifle jusqu'en l'année
1469 , que les Turcs la leur enlevèrent. Voyez, l'article
fuivant.
La terre de Negrepont efl très-fertile ( à) : elle pro-
duit quantité de bled , de vin Se de coton , & l'huile
aufïi bien que le miel y font en grande abondance. Il
y a de beaux Se vaftes pâturages où l'on élevé des trou-
peaux fans nombre : la laine , les fromages & les autres
denrées qu'on en tire , font une partie des richefles de
l'ifle. Il y avoit autrefois plufieurs villes fort peuplées ,
un très-grand nombre de gros bourgs Se plus de huit
cens villages -, mais depuis que cette ifle efl paflee feus
la domination des Infidèles , elle a beaucoup déchu.
On y voit de hautes montagnes , couvertes de neiges
fix mois de l'année. La partie méridionale efl C\ étroite
en quelques endroits , qu'elle n'a pas plus d'une demi-
lieue de large : vers la fin du dernier fiécle , un arma-
teur François s'étoit engagé dans le détroit de Ne-
grepont , dans l'efpérance d'y faire quelque bonne ren-
contre -, mais il s'y vit enfermer de côté Se d'autre par
fix galères Turques , qui lui ôterent tout moyen d'écha-
per. Le capitaine , ne fâchant quel parti prendre , S'a-
vifa de faire tirer à terre fa galiotc fur le foir , Se pen-
dant la nuit il la fit porter en filence d'une mer à l'au-
tre fur les épaules de Ces foldats & de fes matelots ,
traverfant ainfi toute la largeur de l'ifle en cet endroit ,
c'efl-à dire urt efpace de près de deux lieues. Les Turcs,
qui n'attendoient que le jour pour attaquer & prendre
l'armateur , furent furpris de ne plus le trouver le len-
demain, (a) Hiftoire de l'Archipel, 1. 1. p. 2. (b) L. 2.
p. 126. Se fuiv. ( c) L. 3. p. 194. &fuiv. (d) L. 2. p*
127.
2. NEGREPONT , ville de Grèce , capitale de l'ifle
de même nom , fur la côte occidentale , dans le fa-
meux détroit de l'Euripe ( a ) , aujourd hui le détroit
de Negrepont. C'eft l'ancienne Chalcis. Voyez, ce
mot. L'enceinte des murailles de Negrepont efl d'en-
viron deux milles ; mais il y a plus de maifons Se plus de
peuple aux fauxbourgs où font les Chrétiens , que dans
la ville où font les Turcs & les Juifs. Les Turcs y ont
deux Mosquées , Se deux autres au-dehors. Les Grecs
ont leurs églifes dans les fauxbourgs, Se tous les habitans
peuvent monter à près de quinze mille. 11 n'y a guè-
re que fept ou huit familles de Francs Se quelques es-
claves des galères , qui fe tiennent à terre une partie d»
l'année. Les Jéfuites y ont une maifon où ils enfei-
gnent la jeuneffe. La ville efl: féparée des fauxbourgs par
un grand foffé à fond de cuve, Se elle efl; fituée dans
un lieu plain Se uni. Le ferrail du capitan bâcha , bâti
fur le détroit , efl enjolivé de galères & de portiques
de bois rouge vefniflë. Cefl lui qui commande toute
l'ifle Se une partie de la Béotie : en fon abfence, les or-
dres font donnés par fon kiaja ou lieutenant , & dans
l'abfencc de celui-ci , par le fous-kiaja. 11 y a aufli un
bey qui a quelques revenus , dont il doit entretenir un«
galère. Dans l'endroit où le détroit efl le plus reflerré
(b) , on traverfe de Béotie dans l'ifle par un pont de pier-
res de cinq petites arcades , Se qui n'a que trente pas de
long : il mené fous une tour , bâtie au milieu du canal
par les Vénitiens , Se l'on voit encore la figure de faine
Marc fur la porte de la tour dans la ville : il n'y a qu'un
pont-levis en dos d'âne d'ehviron vingt pas de long : il
fe levé , la moitié du côté de la totir , Se l'autre moi-
tié du côté de la ville , pour donner paffage aux galères
Se aux bâtimens qui veulent paffer ; ce qui ne fe peut,
faire aifémeiit fans retirer les rames. Le palais qu'occu-
poit le baile ou provéditeur des Vénitiens ( c ) , efl dans
la ville. On y trouve des caves voûtées ; Se dans la cour ,
on voit fur une pierre du pilier une infeription de l'an-
née 1273 , qui fait mention d'une chapelle de S. Marc ,
bâtie par le baile Nicolas Miliani. (<?) Sport , Voyage de
Negrepont, tom. 2. p. 188. {b) Coronelli , Defcription
de la Morée , p. 207. (c) Spon , Voyage de Negrepont ,
r. 2. p. 188.
Les Dimanches , qui font les jours de marché , les
payfâns d'une partie de la Béorie , Se de presque toute
l'ifle , fe rendent à la ville de Negrepont , comme à une
foire , ce qui fait que les denrées font à très-bon mar-
che. La livre de mouton ne valoit pas en 1676 tour-à-
fait un fol , monnoie de France ; celle de chèvre ne cou-
toit qu'un demi-fol , Se la livre de poiffon valoit trois
liards ou un peu plus. On a pour trois aspres le Cron-
diri de vin , ce qui revient à un fol , mefure de Lyon.
Les confitures de coins , de poires Se d'amandes au vin
cuit , qui font meilleures dans cette ifle qu'en aucun
lieu du monde , ne valent que cinq liards la livre.
Ce fut en 1469 que les Tuf es entreprirenr la con-
quête de cette ville. Ils fe rendirent dans le détroit de
Negrepont avec une flotte de 300 voiles, firent d'a-
bord un pont fur l'Euripe , pour avoir la liberté de ré-
pandre leurs rroupes dans les campagnes de l'ifle ; mais
les habitans du pays s'oppoferent fi fortement à lade-i
Tirth IV.Tti V)
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cerne, que les Infidèles fuient contraints de retourner
fur leurs galères. Peu de tems après , Mahomet II y
parut lui-même en perfonne à la tête d'une armée for-
midable. Il fit dreflèr un nouveau pont à un mille de la
ville , & fe fit par- là un chemin pour faire le fiége. La
ville de Negrepont étoit fortifiée à la manière de ce
tems ; j$c il y avoit dedans une forte garnifon fous les
ordes de Giovanni Bondulmiero , Ludovico Calbo &
Paolo Erizzo. Ce dernier avoit été baile de la ville , Se
quoique le tems de fa charge fût expiré , il ne voulut
point partir dans un tems qu'il pouvoit contribuera la
défenfe de la place , Se fignaler fon zèle pour le fervice
de la patrie. Les Turcs, après avoit battu en brèche , li-
vrèrent quatre afiauts , quarante mille de leurs gens y
furent tués. La place étoit afiiégée par mer Se par terre,
& preflee vivement de tous les côtés. Néanmoins les
afliégés tenoient toujours bon , Se ils avoient déjà foute-
nu un mois de fiége , lorsqu'on découvrit une trahifon.
Une petite fille trouva une lettre à l'adrefle de Thoma-
fo Schiava , Se dans cette lettre, il étoit parlé des moyens
de foumettre au plûto: la ville au pouvoir des Ottomans.
Luigi Delfino, transporté d'indignation , attaqua le traî-
tre en pleine place , Se lui fit avouer à grands coups d e-
pée fa confpiration. Les afliégés s'en animèrent de plus
en plus à la défenfe : ils donnoient à tous momens des
marques deleur valeur Se de leur conftance:mais enfin ils
fe trouvèrent fi abbatus du travail continuel Se û preffés
de la faim , que ceux qui faifoient garde à la porte Bu-
reliana, abandonnèrent leur porte, Se forment de la ville
le il Juillet 1469. Les Turcs, s'appeteevant que l'en-
trée de cette porte étoit libre , s'avancèrent Se péné-
trèrent dans la ville l'épée à la main. Ils laiflcrent par tout
des marques de leur barbarie. Calbo fut tué au milieu
de la place, Se Bondulmiero dans fa maifon. Erizzo ,
s'étant retranché dans un porte avantageux , fe défen-
doit vaillamment : le fultan lui promit la vie , s'il vou-
loit fe tendre. Erizzo fe rendit ; mais le cruel vainqueur ,
au lieu de lui tenir fa parole , le fit feier en deux. Une
des filles de ce brave Vénitien , jeune perfonne d'une
rare beauté , aima mieux fe lai (Ter poignarder que de
recevoir des carènes du fultan. On fit mourir toutes les
perfonnes qui paffoient vingt-ans. Mahomet partit en-
fuite , laiflant dans la place une garnifon qui devoit veil-
ler fur toute l'ifle. * Coronelti , Defcription de la Mo-
rée , pag. 210.
3. NEGREPONT , détroit ou petit bras de mer ,
qui fépare l'ifle de Negrepont de la Livadie en terre
ferme. Voyez. Euripe.
i. NEGRES, mot que les François ont emprunté
des Portugais , qui difent Negro, Noir , Se qui appellent
de ce nom les peuples de cette couleur , qui habitent la
Nigritie , la Haute Se la Bafie-Guinée , l'Abifunie Se
autres pays voifins. Quelques uns ont appelle très-impro -
prement pays des Nègres , le pays qui ell des deux côtés
du Niger , & dont le vrai nom elt la Nigritie ; mais
ils n'ont pas fait réflexion que ce nom convient géné-
ralement à tous les pays qui font habités par des peu-
ples noirs ; que le mot de Nègre ne vient pas de Niger ,
nom propre de ce fleuve , mais des Portugais , qui dans
ces derniers fiécles , ont les premiers découvert les cô-
' tes occidentales de l'Afrique , Se transporté les habitans
qu'ils ont employés , foit en Europe , foit ailleurs , à
tous les travaux ferviles : ainfi fous le nom de Nègres ,
on comprend comme autant d'espèces un grand nombre
de nations différentes , qui , à la honte du genre humain,
entrent dans le nombre des marchandifes dont on tra-
fique , tant dans leur propre pays qu'ailleurs. Les Eu-
ropéens, depuis quelques fiécles , font commerce de
ces malheureux esclaves , qu'ils tirent de Guinée Se
des autres côtes d'Afrique , pour foutenir les colo-
nies qu'ils ont établies dans plufieurs contrées de l'Amé-
rique.
Le commerce des Nègres eft fait par toutes les na-
tions , qui ont des établiflemens dans les Indes occiden-
tales , Se particulièrement par les François , les An-
glois , les Portugais , les Hollandois , les Suédois Se les
Danois.
A l'égard des Espagnols , quoiqu'ils foient les mieux
établis dans cette vafte partie du monde qu'ils ont dé-
couverte les premiers , Se dont ils ont été aufli les pre-
miers conquérans , ils n'ont guère les Nègres de la
première main: ce font les autres nations qui font des
traités avec eux pour leur en fournir , comme ont fait
long-tems la compagnie des Grilles établie à Gènes,
celle de l'Afliento en Fiance , Se à prefent la compa-
gnie du Sud en Angleterre, depuis la paix d'Utrecht en
17 13 , paix qui a terminé la guerre pour la fucces-
fion d'Espagne.
Il paroît presque indubitable que ce font les Fran-
çois qui ont fait les premiers le commerce du Cap-
Verd Se des côtes de Guinée , où fe fait préfentement
le plus grand commerce d'esclaves Nègres. Les noms
de baie de France, de Paris, de Petit Diépe , que plu-
fieurs lieux d'Afrique confervent encore , rendent cette
opinion plus que vraifemblable , & il y a même des
auteurs, qui, parlant plus affirmativement, avancent
que les Diépois en ayant entrepris le voyage dès l'an
1364, s'y étoient établis , Se y avoient des habitations
plus de cinquante ans avant que les Portugais en eus-
fent eu connoiflance ; mais on n'y faifoit point le com-
merce des Nègres.
Ce n'eft qu'affez long-tems après l'établiflement des
colonies Françoifes dans les ifles Antilles , qu'on a vu
des vaifleaux François fur les côtes de Guinée , pour y
faire le trafic des Nègres , qui commença à devenir un
peu commun , lorsque la compagnie des Indes occiden-
tales eut été établie en 1 664, Se que les côtes d'Afrique ,
depuis le Cap-Verd jusqu'au Cap de Bonne-Efpérance ,
eurent été comprifes dans fa conceflîon. La compagnie
du Sénégal lui fuccéda pour le commerce ; mais quel-
ques années après , la conceflion de cette dernière , com-
me trop étendue, fut partagée , & ce qu'on lui en ôta,
fut donné à la compagnie de Guinée , qui prit enfuite
le nom de compagnie de l'Afliento. De ces deux com-
pagnies Françoifes , celle du Sénégal fubfi/ta long-tems:
mais celle de l'Afliento finit , comme il a été dit , après
le traité d'Utrecht.
Les meilleurs Nègres fe tirenr du Cap-Vcrd , d'An-
gole, du Sénégal , du royaume de Joloffes , de celui de
Galland , de Damel , de la rivière de Gambie , de Muju-
gard , de Bar , Sec. Un Nègre pièce d'Inde, comme on
les nomme , depuis dix fept à dix-huit ans jusqu'à trente,
ne revenoit autrefois qu'à trente ou trente-deux livres
en marchandifes propres au pays , qui font des eaux
de vie , du fer , de la toile , du papier , des mafles ou
rafades de toutes couleurs , des chaudières Se baflïns
de cuivre , & autres chofes femblables que ces peuples
eftiment beaucoup ; mais depuis que les Européens ont ,
pour ainfi dire, enchéri les uns fur les autres, ces
barbares ont fu profiter de la jalonne des marchands,
Se il eft rare qu'on traite encore de beaux Nègres pour
foixante livres, la compagnie de l'Afliento en ayant
acheté jusqu'à cent livres la pièce.
Ces esclaves fe font de plufieurs manières : les uns ,
pour éviter la faim , fe vendent eux-mêmes , leurs en-
fans Se leurs femmes aux rois , ou aux plus puiflans
d'entre eux qui ont deqaoi les nourrir ; car , quoiqu'ils
fe paflent de peu , la itérilité eft quelquefois fi extraor-
dinaire dans certains endroits de l'Afrique , fur-roue
quand il y a pafle quelque nuage de fauterelles , qu'on
ne peut alors faire aucune récolte , ni de mil , ni de
riz , ni des autres légumes dont ils ont coutume de
fubfifier. Les autres font des prifonniers faits en guerre,
Se dans les incurfions que ces petits roitelets font fur
les terres de leurs voifins , fouvent fans d'autres rai-
fons que de faire des esclaves: ils emmènent jeunes,
vieux , femmes , filles , jusqu'aux enfansà la mammel-
le.
Il y a des Nègres qui fe furprennent les uns les
autres, pendant que les vaifleaux d Europe font à l'an-
cre: ils y amènent ceux qu'ils ont pris , les vendent Se
les embarquent malgré eux , & il n'eft point nouveau
de voir des fils vendre de cette forte leurs malheureux
pères , des pères leurs propres enfans , & encore plus
fouvent ceux qui ne font liés d'aucune parenté ;&
mettre la liberté des uns des autres à prix de quelques
bouteilles d'eau de vie , ou de quelque barre de fer.
Ceux qui font ce négoce , outre les victuailles pour
l'équipage du vaifleau , portent du gruau , des pois
NEH
gris & blancs , des fèves , du vinaigre Se de l'eau de
vie pour la nourriture des Nègres qu'ils efperenr avoir
de leur traite.
Sitôt que la traite eft finie , il ne faut pas perdre de
tems pour mettre à la voile : l'expérience a fait con-
noître que tant que ces miférables l'ont encore a la vue
de leur patrie , la triltefle ou le désefpoir les prend :
l'une leur caiife des maladies , qui en font mourir une
bonne partiedurant la traverféc ; l'autre les porte a s'ôter
eux-mêmes la vie , foit en fe refufant la nourriture ,
fuit en s'ôtant la refpiration par une manière don: ils
faveur plier & contourner la langue, qui à coup fur
les étouffe , foit enfin en fe brifant la tête contre le
vaifleau, ou fe précipitant dans la mer, s'ils en trou-
vent l'occafion. Cet excès d'amour pour la patrie fem-
ble pourtant diminuer à mefure qu'ils s'en éloignent :
la gaieté même leur prend ; Se c'efi un fecret presque
immanquable pour la leur infpirer- , Se pour les con-
ferver jusqu'au lieu de leur defiination , que de leur
faire entendre des infirumens de mufique.
A l'arrivée aux ifies , chaque tête de Nègre fe vend
depuis rrois jusqu'à cinq cens livres , fuivant leur
jeuneffe , leur vigueur Se leur fanté > ce n'eil pas pour
l'ordinaire en argent , mais en marchandifes du crû du
pays.
Ces Nègres font la principale richefle des habitans
des ifies : quiconque en a une douzaine peut être efii-
mé riche. Comme ils multiplient beaucoup dans les pays
chauds, leurs maîtres, pour peu qu'ils les traitent avec
douceur , voient croirre infenfiblement cette famille de
Noirs , Se augmenter en même - tems le nombre de
leurs esclaves , l'esclavage étant héréditaire parmi ces
iniféribles. Il eu vrai qu'il eu quelquefois dangereux
d avoir trqp d'indulgence pour eux: car ils font pour la
plùparr d'un naturel dur , intrairable Se incapable de
fe gagner par la douceur ; mais il faut éviter les deux
cxrrémités : un châtiment modéré les rend fouples Se
les anime au travail : au contraire , trop de dureté les
rebute ; Se dans leur désefpoir ils fe jettenr parmi les
Nègres Marrons ou Sauvages , qui fe tiennent dans des
lieux inacceflîbles , où ils mènent une vie très-mi féra-
ble, mais plus à leur gré , parce qu'elle efi libre. Voyez,
Ethiopie , Abissinie Se Nigritie.
2. NEGRES ( Fond des ) , lieu de l'Amérique fepten-
rrionale, dans l'ifle de Saint Domingne.au quartier
François, fur le chemin du petit Goave, au fond Jac-
quin. Il efi à huit lieues au fud du petit Goave : il y a une
quantité prodigieufe de cacao.
3. NEGRES ( La pointe des ) , petit cap de l'Amé-
rique feprentrionale , dans l'ifle de la Martinique , Se
qui , avec la pointe du Fort Royal , forme la rade de ce
forr. Cette pointe cù de la paroiflede la Cafie-Pilottf .
à une lieue au nord du Fort-Royal. Il y a une fucrerie
en cet endroit , Se les terres v fonr fort hautes.
NEGRETES. Voyez. NigritjE.
NEGRO , en latin Niger ou Tanager , rivière du
royaume de Naples , dans la Principauté Citérieure , fé-
lon Baudrand , D'iEl. éd. 1705. Elle a fa fource aux
frontières de la Bafilicate , à quelques milles de Policas-
tro , d'où , courant au feptentrion par Atino , Auleta Se
ouelques autres lieux , Se étanr accrue des eaux de la
Bota Se d'autres rivières moins confidérables , elle fe
rend dans la rivière de Selo. Baudrand , qui cite Clu-
vier , ajoute que cette rivière fe perd fous terre avec
un grand bruit l'espace de quatre milles , entre l'hôtel-
lerie de la Polla Se le château d'Auleta.
1. NEGRO ou Capo Negro. Voyez, le Cap Nè-
gre I.
2. NEGRO ou Monte Negro. Voyez, Amanus.
NEHA VEND, ville de Pcrfe, dans le Couhefian (*),
au midi de Hamedan fur une montagne , à quatorze
lieues de Hamedan , près de Ouroudgerd. On dit que
cette ville fut bâtie par Noé , Se que de Nouhavend ,
qui efi fon véritable nom , on a fait par corruption
Nehavend. Elle efi fituée à 83 deg. 50 min. de longit.
cV à 34 deg. 10 min. de latit. 11 s'y donna le fameux
combat des Mahométans , commandés par le calife
Omar, fils d'Elcatrab, avec le roi de Perte Isdegerde,qui
fut vaincu Se perdit fon royaume en l'an 638. Après
ce combat , les Perfans n'oferent plus parokre en corps
NEÎ ft
d'armée devant les Arabes, & c'efi cette journée fatale
pour la Perfe que les Arabes appellent Fath-al-Fotouth,
c'efi-à-dire la victoire des victoires, (a) Feus de la
Croix , Hifloire de Timur-Bcc , 1. 3. ch. 22.
NEHAUS, ville d'Allemagne , dans la Weftphalic >
félon Corneille , DïcL c'efi ainfi qu'il a traduit Neu-
hufium ; mais c'efi une faute. Le véritable nom eft
NlENHAUS
NEHELouNîHELAMjOuplûtotNAHAL.SéméïaSi
faux prophète de Juda ,étoit de Nehelam( a). Le nom
de Nehelamith peut lignifier un fonge -y ainfi Séméïas
Nehelamith peut figniiîer Séméïas le rêveur (b).Nous
connoifibns une ville deNÉHELAL ou Nahalal dans
la tribu de Zabulon(c ). C'efi peur-être delà qu'étoic
Séméïas. (a) Jerem. 39. 24. ( b ) Dom Culmet , Diction.
(c)Jofué, 19. 15.
NEHEL-ESCOL ,en latin Vallis Botri , le torrent
du Raifin , ou la vallée du Raifin : on donna ce nom à
la vallée de la Terre Promife , où les envoyés des Ifra'ê-
lites cueillirent un raifin que deux perfonhès appor-
tèrent au camp de Cadès fur un bâton (a). Le terme
hébreu Nehel ou Nachal (b) , fignifie une vallée ou un
rorrenr. Nehel-Escol étoit vers le midi de la Terre-
Promife. ( a ) Nitm. 1 3. 2j. {b ) Dom Calmet, Dicl.
NEHEM1ANE, petite ville ou bourg d'Espagne, dans
la Galice , auprès du cap de Coriane. * Délices d'Es-
pagne , tom. 1. pag. 127.
NEHER-TERU, ville de Perfe , fituée à 7; degrés
de longitude , Se à 3 2 degrés 40 minutes de latitude.
Cette ville fut démolie l'an 279 de l'hégire» * Taver-
nier , Voyage de Perfe ,1.3.
NEHIEL. Voyez. Neiel.
NEI A , ville de Phénicie, félon la notice des digni-
tés de l'Empire , fetl. 23. on y lit ces mots: Ala pri-
ma A'amannorum Ncia.
NEîBE. Quelques carres donnent ce nom à une ri-
vière de l'ifle de S. Domingue , que nous appelions
Ne y va. Voyez, ce mot.
NEIDINGEN , abbave de filles , ordre de Cîteaux
dans la Suabe, en la principauté deFurfienberg , à deux
lieues des fources du Danube au diocèfe de Confian-
ce. Les princes de Furfienbergy ont leur fépulture.
NEIEL ou Nehiel , en grec noc/m'a , ville de la
Palefiine. La frontière de la tribu des enfans d'Afer s'é-
tendoit jusqu'à Nehiel. * Jofué . 19. 27.
NEIFFEN , ville d'Allemagne, dans le duché de
Wirtemberg Se chef-lieu d'une feigneurie de même nom»
d'où dépend encore la ville de Nirtingen. *Zeyler, Suev.
topogr.
1. NETLIOS , colonie Romaine conduite en Afie ,
félon Ortelius , Tbefaur. qui cite Suidas.
2.NEILIOS, contréede l'Ethiopie , félon Ortelius »
qui cite Strabon , où je l'ai cherchée en vain.
NEIN ou Neyn , fiége épiscopal en Syrie , fous la
métropole de Bererca d'Arabie , félon la notice de 1 e-
vêqne de Cathara. * Schelftrat , Ant. Ecc. t. 2. pag. 769.
1. NE1NDA , montagne du Bas-Vallais, dans le gou-
vernement de Gondes ou Gonthey : cette montagne
abonde en vignes Se en pâturages. * Etat ûr Délices de
la Suiffè , tom. 2. p. 203.
2. NEINDA , village du Bas-Vallais, dans le Gondes
ou Gonthey. Il elt au pied de la montagne de même
nom.
NEISCHABOUR ou Nischabourg, ouNescha-
bur , ville de Perfe, dans la province de Khorafian ,
dont elle pafie pour erre la plus grande Se la plus riche.
Elle efi; fituée au 5 1 deg. de latit. félon Nafir Eddin
Toufli , auteur des Ephémerides. Elle fut bâtie , félon
les hifioriens de Perfe , par Thahmurath , roi de la pre-
mière dyna^ie des Perles , Se ruinée par Alexandre le
Grand. Schabour, fils d'Ardeschir Babegan , furnom-
mé Dhoulacthaf , que nous pourrions nommer Sapor
aux épaules , Se qui fur un des anciens rois de Perfe de
la quatrième dynafiie , étant en marche dans fes états ,
fe trouva un jour auprès des ruines d'une ville , Se vou-
lut y camper. Ces ruines étoient celles d'une ancienne
ville qui portoit le nom à'Aber Scheber , mot qui fi-*
gnifie Haute-ville , Se que l'on dit communément avoir
été le nom ancien de la ville de Neischabour. Sapor
trouva ce lieu fi fort à fon gré , qu'il réfoluc d'y bâtir
fi8
NEI
NEL
une ville. Il fit couper une grande quantité de rofeaux
qui éroient à l'cntour , & défricha ainfi la place , où il
prétendoit établir le fiége de fon empire «Se fa ré-
iidence. Ce fut alors que cette ville prit le nom de
Neïschabour , qui eft compofé de Ne ï , qui fignifie en
perfien un rofeau , & de Schabour qui étoit le nom du
fondateur. Sa ftatue a demeuré long-tems fur pied auprès
de cette ville , & on l'y voyoit encore lorsque les Mu-
fulmans fe rendirent maîtres de cette place ; mais ils la
renverferent & la mirent en pièces. Cette origine de
la ville de Neïschabour eft rapportée par Al-Meïdani ,
dans fon livre intitulé Alanfab , c'eft-à-dire des gé-
néalogies Se des origines , & par Ben-Khalecan , dans la
vie d Ahmeth-al-Thalebi, furnommé Al-Niscabouri , à
caufe qu'il étoit natif de cette ville. * D'Herbelot ,
Biblioth. orient.
La ville de Neïschabour a toujours paffé pour une
des quatre villes , qui ont été fucceflivemenc capitales
Se royales dans la province de KhorafTan. Les fultans
Selgiucides y ont fait leur réfidence ordinaire depuis
que Thogrul Beg , le fondateur de cette dynaftie , s'y
fit couronner.
Sous le règne de Sangiar , fulran de cette même dy-
naftie , Neïschabour fut tellement défolée par les Tur-
comans, que les habitans , après la retraite des ennemis,
ne pou voient reconnoître ni le quartier , ni la lltuation
de leurs maifons. Le po'ète Perfien Khacani , qui fleu-
riffoit en ce tems , a déploré le miférable état de 'cetre
ville , d'une manière fort touchante. Neïschabour fut
encore réparée Se poiïédée par les fultans de Khoua-
rezm ; mais elle fut une féconde fois ruinée par les Mo-
gols & Tartares de Ginghizkhan , fous le règne du mal-
heureux Mohammed Kouarezm Schah. Cette ville eft
grande «Se bien peuplée , «Se l'on y fait beaucoup de com-
merce en toutes fortes d'étoffes de foie «Se en tapis. Les
plus belles turquoifes de Perfe fe trouvent dans les mon-
tagnes qui font proches de cette ville;mais il n'eft permis
aux habitans de négocier que les plus petites : les plus
belles font refervées pour le tréfor de la Couronne.
Hift. des Tatars , pag. 3 24.
1. NEISS ou Neisse, ville d'Allemagne, dans la Hau-
te-Siléfie , proche d'une rivière dont elle a pris le nom ,
Se arrofée d'une autre rivière nommée Biela. Cette ville,
qui eft la réfidence ordinaire de l'évêque de Breflau ,
égale en grandeur celles de Lignitz «Se de Brieg dans la
même province ; mais elle les fur patte beaucoup en ma-
gnificence. La plupart de fes maifons , qui font fort
élevées , font bâties de pierres de raille , «Se forment de
belles rues «Se de belles places publiques. Elle eft envi-
ronnée chine bonne muraille «Se défendue d'un fotté plein
d'eau : fes fauxbourgs font fort fpacieux, & fon terri-
toire eft très-fertile. Encre un grand nombre d'édifices
publics , on remarque le palais de l'évêque «Se la maifon
de ville. Ces deux bâtimens ont un air de grandeur. La
paroitte de faint Jacques eft la plus ancienne Se la plus
remarquable. L'églife des chanoines de faint Jean , celle
des Frères Mineurs «Se celle des Jéfuites peuvent pas-
fer pour belles. Le collège qui appartient à ces derniers ,
fut richement fondé en 1615 par l'empereur Ferdinand
II. Il y a aufli différens hôpitaux pour les malades ,
pour les pauvres habitans «Se pour les étrangers. Le bon
air dont on jouit dans cette ville , Se les autres avan-
tages que fa fituation lui donne , y ont fait fouvent te-
nir l'afiemblée des princes «Se des états de la Siléfie. *
Zeyler , Topogr. Silefue , pag. 164. Cette ville fut bom-
bardée par les troupes du roi de Prufte l'an 1741 , «Se la
garnifon fut obligée de fe rendre prifonniere de guerre.
2. NEISS , rivière d'Allemagne , dans la Siléfie. Elle
prend fa fource dans les montagnesdu comté deGlatz, en-
viron à une demi-lieuede Mittelwald. Après avoir patte
«Glatz fous un pont,«Se enfuite auprès de la ville deNeifs,
où elle a aufli un pont , elle va fe perdre dans l'Oder ,
au-dettus de Brieg. * Zeyler , Topogr. Silefiac , p. 164.
j. NEISS, rivière d'Allemagne , dans la Siléfie , «Se
différente de la précédente : elle prend fa fource dans
les montagnes de Bohême , d'où elle entre dans la Hau-
re-Luface , arrofe Zitrav «Se Gotlitz , traverfe un coin
de la principauté de Sagan , où elle baigne Prybus ,
au-dettbus duquel elle entre dans la Bafte-Luface ,
eu elle forme une ifle qui renferme la ville de Ferft ,
patte enfuite à Guben , & va fe joindre à l'Oder au-
dettbus de Croflen. * Zeyler. top. Bohem. Jaïlloi , Atlas.
NEITRA , ville «Se comté de Hongrie. Voyez. Ney-
tracht.
1. NEIVA ou Neyva , rivière de Portugal , dans la
province d'Entre- Minho «5; Douro. Elle prend fa four-
ce à quelques milles de Braga , à l'oueft de cette ville ,
elle court, en ferpentant, du nord-eft au fud oueft, patte
à Ponte , fe rend à Neiva , au-dettbus de laquelle elle
fe décharge dans l'Océan occidental. Elle a fon em-
bouchure entre celles des rivières de Lima 2u nord,
Se de Cavado au midi. Cette rivière s'appelloit ancien-
nement Nabis. * Sanfan , Carte de Portugal.
2. NEIVA ou Neyva , petite ville de Portugal , dans
la province d'Entre-Minho & Douro , fur la côte oc-
cidentale , Se à l'embouchure de la rivière de Neiva ,
qui lui donne fon nom. Elle eft capitale d'un comté
qui appartient au roi en qualité de duc de Bragance.
* Délices de Portugal , pag. 704.
NEIUM , montagne de l'ifle d'Itaque , dont parle
Homère, Odyff. I. z.v. 81. Strabon , /. 10. dit qu'il eft
incertain fi Homère , par le mot Neium , entend le
mont Ncritum , ou une autre montagne , ou quelque
autre lieu. Ortelius , Thefaur. dit que Suidas appelle
cette montagne Hyponeium j mais qu'Etienne le géo-
graphe écrit Hyperneium.
NEKERKOUS , pays rempli de montagnes : il eft de
la dépendance de Lahor, au royaume du Mogol , où il
y a une forterefie & un château très-élevé. L'on voit au
pied de la montagne où eft le château , une pierre or-
dinaire , fous un dôme , pour laquelle les Indiens ont
une grande vénération. 11 y va deux fois l'an plufieur*
milliers d'hommes , la tête Se les pieds nuds : ils fonc
une proceflion autour du dôme ; fe coupent le bout de
la langue, le mettent fous le feuil de la porte de ce
dôme, «Se demandent avec ferveur ce qu'ils défirent. S'ils
l'obtiennent , ils fe perfuadent que leur langue revien-
dra comme elle étoit auparavant. * Manuscrits de la
bibliothèque du Roi.
NEKHIL-BANLHELAL , c'eft-à-dire les Palmier»
des enfans de Helal. On donne ce nom à un lieu dan»
l'Arabie , à treize journées de la ville de Coufah , Se à
quatre de Médine. C'eft un des entrepôts de la cara-
vane des pèlerins de la Mecque. * D'Herbelot , Bi-
blioth. orienr.
NEKSHCHEB , ville de la Tranfoxane , c'eft-à dir«
du pays qui eft au-delà du fleuve Gihon ou Amou ,
que les auteurs on nommé Oxus. Les Arabes ont adouci
la prononciation du nom de cette ville : ils l'appellent
ordinairement Neffef ou Naffaf. Elle eft fituée dans une
gtande plaine arrofée deplufieurs ruiffeaux qui rendent
le terrein très-fertile , «Se elle n'eft éloignée que de
deux journées du mont Imaiis. Les fruits qui croiffent
aux environs , l'ont rendue fameufe -, on n'en peut voir
ni de plus beaux ni de meilleurs : les grands hom-
mes qui en font fortis , Se qui ont porré le furnom de
Nafiafi ou Neffefi , l'ont aufli rendue célèbre. Ce fut
Nekshcheb , que le fameux impofteur Barcâï choifit
pour le théâtre de fes preftiges, «Se où il fit fortir du
fond d'un puits une machine qu'il difoit être la lune,
«Se que l'on a toujours appellée depuis la Lune de Neksh-
cheb. Abulfeda «Se Ahmedben A'rab Schah écrivent qu«
certe ville porte aufli le nom de Carschi , qu'elle eft fi-
tuée fur le chemin qui conduit depuis les bords du
Gihon jusqu'à la ville de Kasch, & que du ritage de
ce fleuve jusqu'à Nekshcheb , le pays eft déferr «Se fort
ftérile. Le Canoun de Baïnouri donne à cette ville 88
degrés de longitude & 39 degrés jo min. de latitude fep-
tentrionale. Quelques-uns pourtant retranchent les /©
min. de latitude.
NELAXA, ville de Syrie, dans la Batanée. Prolo
mée , /. j. c. 15. la met entre Elere Se Adrama.
NELCYNDA , ville d'Arabie , fur la côte de la mer
Rouge. Arrien, Peripl. 11. p. 30 & 31. en fait men-
tion , «Se dit qu'il s'y faifoit du commerce. Ortelius ,
Thefaur. croit que c'eft la ville Mclenda de Prolomce ,
/. 7. c . 1. que fes interpréres écrivent Melcynda.
NELEA. Voyez. Pvlus.
NELEUS , fleuve de l'Euboée , félon Ortelius , The-
faur. qui cite Antigonus. Il eft nommé Nueas par
NEL
NEL
Strabon, & il femble que Pline, /. 31. c. 2. l'appelle
Mêlas. Onelius juge que c'eft une faute.
NELI , peuples Troglodytes, que Pline , /. 6. c. 29.
place fur le golfe Arabique.
NELIA , ville de Grèce, fur le golfe Pélasgique , fé-
lon Strabon , /. 9.
r. NELLENBOURG, landgraviat d'Allemagne, dans
la Suabe Autrichienne , entre l'evéché de Conllance,
le canton de Schafhoufe 8c la principauté de Furfienberg.
On l'appelloit autrefois le Hegow, 8c il avoit une
étendue beaucoup plus grande qu'il n'a préfentement ;
parce qu'il comprenoit la ville de Schafhoufe 8c plu-
iieurs terres qui appartiennent à l'évêquede Conllan-
ce & à la maifon de Furftenberg. 11 a été poffédé par
des feigneurs particuliers qui portoient le titre de land-
graves de Nellenbourg. Marguerite , fille aînée de
Conrad , ht parler ce landgraviat dans la maifon de
Tengen , par fon mariage avec Evrard , comte de Ten-
gen. Chriflophe Ladiflas, prévôt de l'églife de Stras-
bourg , fut le dernier de fa race , & l'empereur Ro-
dolphe 11 donna l'inveAiture de ce landgraviat à l'ar-
chiduc Ferdinand, L'empereur Léopold Ignace en dé-
membra le comté de Tengen, qu'il vendit en 166} à
Jean Wicard, prince d'Aversperg. Il n'y a dans ce
landgraviat que les petites villes de Stockeim & de
Nellenbourg , avec la forterefle de Hohentwiel , qui
efl à deux milles de Schafhoufe, fur un rocher presque
inacceflible. * D'Audïjret , Géogr. anc. 8c mod. t. 3 .
p. 201.
2. NELLENBOURG, petite ville d'Allemagne, dans
la Suabe Autrichienne, au landgraviat de Nellenbourg,
dans la partie feptentrionale.
NELO . fleuve de l'Espagne Tarragonnoife , félon
Pline , /. 4. c 20. Le P. Hardotiin dit que ce fleuve s'ap-
pelle aujourd'hui Ulla.
NELOUR » ville des Indes , fur la route de Mafulipa-
tan à Gandicor. A un quart de lieue de cette ville ,
il paffe une grande rivière. Ce qu'il y a de plus re-
marquable fur cette route , ce font les pagodes qui
font en fort grand nombre. * Tavcmier , Voyage des
Indes , t. 2. p. 192.
NELSON ( Le Port) , dans l'Amérique feptentrio-
nale , fur la côte méridionale de la baie d'Hudfon. Les
Anglois donnèrent ce nom également au port & au
fort que les François appelloienr le fort Bourbon. Le
port efl une petite baie dans laquelle fe déchargent fore
près l'une de l'autre les rivières de fainte Thérèfe 8c
de Bourbon. Le fore eft fur la première , environ à
une demi-lieue de fon embouchure. Les Anglois pré-
tendent qu'un nommé Nelfon , pilote de Henri Hud-
fon . découvrit ce port en 1 6 1 1 , 8c en prit poiTcfiion
au nom de la couronne d'Angleterre : mais il elt cer-
tain qu'en 1682, deux François Canadiens, rangeant
la côte occidentale de la baie d'Hudfon, entrèrent dans
ce port, donnèrent aux deux rivières les noms qu'elles
portent , & bâtirent un fort à l'endroit où eft le port
Nelfon , 8c le nommèrent le fort Bourbon ; mais l'an-
née fuivante , ayant eu quelque mécontentement de la
cour de France , ils livrèrent la place aux Anglois : elle
a été depuis prife & repiïfe pluficurs fois, 6c elle éroit
enfin demeurée aux François jusqu'à la paixd'Utrccht,
qu'elle fut cédée à la couronne d'Angleterre. C'eft une
perte confidérable pour la France, parce que dans nul
autre port on ne fait la traite des pelleteries d'une ma-
nière plus avantageufe, 8c que ce font les meilleures
pelleteries de l'Amérique feptentrionale. Ce fort eft au
57 deg. 30 min. de latit. nord. C'eft la dernière place
de l'Amérique de ce côté. Il a la figure d'un trapeze
flanqué de trois bâfrions 8c demi. L'un eft au nord ,
le fécond à left-fud-eft , 8c le troifiéme au fud-fud-
ouett. Celui du nord & le demi-baftion font rêvé; lis
d'un chemin couvert. La fituation du pays parok a,0«z
agréable ; il eit tout couvert de bois taillis , 8c beau-
coup marécageux , d'ailleurs la terre y eft ingrate. Le
froid commence dès le mois de Juin, mais il ne qr.kte
pas pour cela. Il n'y a point de milieu entre le froid
& le chaud: ou les chaleurs y font exceflâves , ou le
froid y eft perçant. Les vents du nord qui viennent de la
mer diflîper.t cette chaleur , 8c quiconque a bien fui
le matin çfl glacé le foir. Il y pleut rarement : l'air y
$ 19
efl pur 8c net tout l'hiver. Il y neige même peu à
proportion , (k. l'on n'y voit que neuf pieds de neige
tout au plus. Les rivières y font fort poilTonneufes. La
chaffe y elt abondante. Il y a des perdrix en fi grande
quantité, que l'on en peut tuer des quinze à vingt
mille dans un an. Elles font toutes blanches presque
toute l'année , 8c grofles comme des geli notes ; mais
beaucoup plus délicates qu'en Europe. Elles ont les
pieds païus, 8c dans le mois d'Août elles ont une pat-
tie des ailes grifes avec plufieurs taches rouges. Les ou-
tardes 8c les oies fauvages y abondent fi fort au prin-
tems 8c en automne , que tous les bords de la rivière
de fainte Thérèfe en font converts. L'outarde eft uu
très-bon manger qui reflemble aflez à l'oie , mais beau-
coup plusgrofie 8c d'un autre goût. Le caribou fe trou-
ve presque toute l'année , principalemenr au printems
8c en automne , 8c en bandes de fept à huit cens. La
viande en efl plus délicate que celle du cerf. Lorsqu'un
chaffeur en tue quelqu'un fur la place ; les autres s'ar-
rêtent tout-à-coup fans s'émouvoir du bruit de l'arme
à feu ; mais lorsque le caribou n'eft que blefle , il court
avec une grande vitefle , 8c tous les autres le fuivent.
Il y a aufli beaucoup de pelleteries fines , comme des
martes fort noires, des renards de même, des loutres,
des ours , des loups , dont le poil eft fort fin , 8c prin-
cipalement du caftor , qui eft le plus beau de tout
le Canada. * La Potherie , Hiftoire de l'Amérique fep-
tentrionale, p. i 10.
Les peuples qui viennent faire la traite^ ce fort font
les
Oùene b'izpnhtlin'u ,
Ajfin'iboeli ,
Morij'aunis ,
Savunoïs ,
Chnjlinaiix ou Kricqs ,
Migichihilbrous ,
Osk,quijaqttamaïs ,
MichinipiCpoets ,
Netaoïtatum'ipoets
Attimospqaaies.
Ceux d'entre ces nations qui viennent de loin pour
faire la traite , s'y dispofent au mois de Mai. Lorsque
les lacs 8c les rivières commencent à charrier, ilss'as-
femblent quelquefois douze à quinze cens fur le bord
d'un lac , qui efl un rendez-vous. Les chefs repréfen-
tent les befoins de la nation , engagent les jeunes chas-
feurs à prendre les intérêts publics , les conjurant de
fe charger de caflors au nom des familles. Quand ils
ont jette les yeux fur un certain nombre , ce font des
feflins que chaque famille leur fait. La nation fe donne
mutuellement toutes les marques d'eftime que l'on peut
fouhaiter. La joie, le plaifir, la bonne chère régnent
alors, & pendant ce tems,l'on conflruitdes canots pour
le départ. Ils font faits d'écorce de bouleau , 8c ces ar-
bres y font d'une grofleur extraordinaire. Les fonde-
mens font des varangues ou petites pièces de bois blarc
de la largeur de quatre doigts, qui en font le gabari.
Ils attachent au bout des bâtons d'un pouce de large,
qui foutiennent l'ouverture des deux cô:és. Ces petits
bâtimens font d'une diligence furprename. L'on peut
faire en un jour plus de trente lieues fur les rivières.
On s'en fert aufli pour la mer. Leur grandeur n'efl pas
réglée. On les porte facilement furie dos. Us font fort
volages à l'eau, 8c lorsqu'on veut ramer , il faut fe te-
nir debout , à genoux ou aflis dans le fond , car il n'y
a point de fiéges.
Lorsque les Sauvages font prêts de descendre , l'on
choifit outre ces chafleurs , quelques chefs qui viennent
lier commerce de la part de la nation. Il uc:t pas
poflîble de donner au jufle le nombre des Sauvages qui
descendent , parce qu'il y a des années qu'ils font oc-
cupés à la guerre , ce qui les détourne de la chaffe; il
peut arriver ordinairement mille hommes, quelques
femmes 8c environ fix cens canots. Ils ne prennent
point leur pofle en arrivant , que quelqu'un ne leur-
air limité auparavant un endroit. Et lorsqu'ils font à
une certaine diilance du fort , il fe laiflent aller infenfi-
blcmcnt au courant , afin que Ion ait le rems de les ap-
percevoir , & ils font enfuire des cabanes fur le bord
de la rivière.
Le chef d'une nation entre au fort avec un ou deux
de fes Sauvages les plus qualifiés.
Celui qui commande dans cette place leur fait d'à-
5*20
NEM
NEM
bord préfent de pipes Se de tabac. Ce chef lui fait un
compliment fort fuccincT: , le priant d'avoir quelque
confidération pour fa nation. Ce que le commandant
lui promet. Le chef, ayant fumé , fort fans prendre con-
gé de qui que ce foit. L'on ne s'en formalife même
pas. Il affemble fes gens , leur fait le récit de l'accueil
qui lui a été fait , & rentrant enfuite au fort , fait
préfent au commandant de quelques pelleteries , le
priant derechef d'avoir en mémoire fa nation , (c'eft-là
leur exprefiion) Se de ne point traiter fes marchandi-
fes auflï cher qu'aux autres nations, car c'eft à qui au-
ra bon marché. Le commandant l'anure de fa bienveil-
lance , lui fait encore préfent de pipes Se de tabac pour
faire fumer tous fes députés. La traite fe fait auprès
du fort par une fenêtre grillée, car l'on ne fouffre
point que le commun des Sauvages y entre. Lorsqu'elle
etl faite avec le chef d'une nation, on lui fait un fe-
ftin hors du fort. L'on apporte fur l'herbe une gran-
de chaudière , dans laquelle il y a des pois , des pru-
neaux & de la mélafle. Lorsque les Sauvages font as-
femblés , une perfonne de la part du commandant
vient les prier de continuer toujours la même allian-
ce , préfente le calumet au chef , Se fait fumer tous les
autres. Après que ce repas eft fait , on les prie de faire
une danfe , ce qu'ils font avec plaifir. Le chef com-
mençant le premier , dit un air fur le champ , fur l'a-
gréable accueil qui lui a été fait. On lui donne à fon
départ du tabac pour faire fumer ceux des autres na-
tions qu'il rencontrera , Se les engager de venir faire
la traite , en cas qu'elles ne foient point encore venues.
Le rabac eft le préfent le plus confidérable dont on
puifle les régaler. Tel a été l'ufage pratiqué par les
François , dans le tems qu'ils ont été maîtres du fort
Nelfon.
NELUPA, lieu dans l'Egypte , félon Ortelius , The-
faur. il cite faint Athanafe, qui nomme l'évêque de
ce lieu Théo».
NEMALONI , peuples des Alpes. Pline /. 3. c. 20.
les met au nombre de ceux qui, furent fubjugués par
Augufle. 11 y en a qui croient que c'eft aujourd'hui
Miolans , au voifinage d'Embrun ; mais dans les états
du duc de Savoie.* Honor. Bouche, p. 104.
NEMANTURISTA, ville d'Espagne, félon Ptolo-
mée , /. 1. c. 6. qui la place chez les Vajcones , dans
les terres , entre Andelus Se Curnomum ; quelques-uns
croient que c'eft Olite , ville de la Navarre.
NEM AS , lieu fortifié auprès de Forum Julium, fé-
lon Paul Diacre , dans fon hiftoire des Lombards : les
manuferits varient fur ce mot. 11 y en a , qui , au lieu
de Nemas , lifent Nemausum , Si. d'autres portent
Memasum. Voyez. Biliga.
NEMASI A , lieu dont il eft parlé dans le code Théo-
dofien,au titre douzième , De Ponderatoribus.
1. NEMAUSUS. C'eft l'ancien nom latin d'une
fontaine de France , qui , félon les apparences, a don-
né le nom à la ville de Nismes , dans le lias-Langue-
doc. C'eft de cette fontaine que parle Aufone , Clara
Urbes , v. 1 1 4. en ces termes :
.Vitrea non luce Nemaufus
Purior.
Elle s'appelle aujourd'hui le Viftre : c'eft un petit
ruiffeau , qui pafle au travers de la ville de Nismes ,
Se qui , après avoir mouillé le Bourg , Vergezes , Ves-
tric, Vauvert , Salmoze, va fe jetter dans l'étang du
Tau , au voifinage d'Aigue-Mortes. Comme les eaux
de cette petite rivière font extrêmement claires , on
lui donna dans le moyen âge le nom de Vïtreus ,
d'où l'on a fait le nom françois Viftre , en ajoutant
une/. * Adr. Valefii.Noi. Galliar. p. 618.
2. NEMAUSUS, ville des Gaules, chez les Vol-
c&Arecomici. Strabon dit que Volcarum Arecomicorum
Nemaufus , étoit à cent ftades du Rhône , Se Mêla
met Arecomicorum Nemaufus au nombre des villes les
plus riches de la Gaule Narbonnoifc. Pline, /. 3. c.
4. la place dans la même province, Se d'anciennes
médailles lui donnent le titre de colonie Romaine.
On trouve avec ces inferiptions : Col Nem. c'eft-à-
dire Colonia Nemaufus ;Cot. Aug. Nem. Colonia Ah-
gufta Nemaufus. Selon Ptolomée, /. 2. c. 10. Ne-
maufum Colonia , étoit au pays des Voice. Aricomii dans
les terres. Etienne le géographe dit que Parthemces
avoir avancé que la ville Nemaufus dans les Gaules
avoit été fondée par Nemaufus l'Héraclide -, mais il
eft bien plus probable que cette ville tiroit fon nom
de celui d'une petite rivière qui la traverfe. Voyez.
Nemausus , n° 1. Dans les anciennes notices despro-
viuces Se des villes des Gaules , on lit ordinairement
Civicas Ncmaufienfum , Se une feule fois Civitas Ne-
maufa ; ce qui eft une faute. Quelquefois on lui don-
ne le quatrième rang entre les huit principales villes
de la Gaule Narbonnoife ; mais le plus fouvent on
ne lui donne que le cinquième rang , & ce qui eft
furprenant , les notices poftérieures ne la mettent
qu'au feptiéme rang. L'itinéraire d'Antonin place jus-
qu'à deux fois Nemaujus entte Arelate Se Ambrus-
fum , à dix-neuf milles de la première , & à quinze de
Ja féconde -, dans un autre endroit néanmoins il la
place à quatorze milles à' Arelate. Enfin Grégoire de
Tours , /. 8. c. 30. la met dans la Septimanie. C'eft
aujourd'hui la ville de Nismes. Voyez, ce mot.* Adr.
Valefii Not. Galliar. p. 618.
1. NEMEA, ville du Péloponnèfe , dans l'Argie, fé-
lon Ptolomée, /. 3. c. 16. qui la place dans les ter-
res. Paufanias, /. 2. c. 1;. Se Strabon, /. 8. fontauffi
mention de cette ville. Au lieu de Nemea 011 lit Ne-
mefa dans Appien ; mais Ortelius , Thcfmr. juge que
c'eft une faute : il ajoute que Niger veut que cette
ville Se fon territoire s'appellent aujourd'hui Triftena.
2. NEMEA , fleuve du Péloponnèfe. Strabon , /. 8.
p. 382. dit qu'il féparoit le royaume de Sicyone du
Territoire de Corinthe. Quelques-uns ont cru que c'eft
le même fleuve qui eft appelle Langia , dans plu-
fieurs endroits de Stace , Thebaid. I. 4. v. 1 j8 & fuiv.
3. NEMEA , contrée du Péloponnèfe, dans l'Elide,
félon Etienne la géographe.
4. NEMEA , rocher dans le voifinage de Thebes ,
félon Ortelius , Thefaur. qui cite Servius. Virgile en
parle dans le livre 8. de fon Eneïde.
$. NEMEA Charadra , lieu du Péloponnèfe, félon
Ortelius , Thefaur. qui cite Suidas.
NEMEIUMlieu dans la Locride. Plutarque , In Sa-
pient. Convivio , dit que c'eft l'endroit où Héfiodefut
tué. Ce lieu étoit chez les Locres Ozoles , fuivant Orte-
lius , Thefaur.
NEMEN. Voyez. Niémen.
NEMENTURI, peuples des Alpes. Pline, /. 3. c.
20. les met au nombre de ceux que fubjugua Augu-
fte. Ortelius , Thefaur. croit qu'il faut IheNemeturi,
comme portent quelques manuferits. Columelle , qui
parle de la poix de ce pays , Se la nomme Neme'
turica pix , appuie le fentiment d'Ortelius.
NEMEROW,commenderie de Malthe , en Allema-
gne , dans le duché de Mcckelbourg , comprife dans la
ieigneuiie de Stargard. Elle a été fécularifée depuis la
paix de Weftphalie.
1. NEMESA , contrée du Péloponnèfe; c'eft celle
où Hercule tua le lion. Ortelius , Thefaur. qui fait
mention de ce nom , Se qui cite S. Grégoire de Na-
zianze , doute fi on ne devroit pas lire Nemea , au lieu
de Nemesa.
2. NEMESA, rivière qui, félon Aufone, Mofel-
la , v. 3J4. fe joint au Saur. Ortelius dit qu'elle s'ap-
pelle aujourd'hui le Nyms.
1. NEMESIUM , en grec ni/ulUiov , ville de la Mar-
marique. Ptolomée /. 4. c. ;. la met entre Aùcis Se
Tifarchi.
2. NEMESIUM , temple de la Grèce , dans l'Eoli-
de. Paufanias /. 7. c. j. dit qu'il étoit bâti fur le mont
Pagus.
NEMETA , nom d'une fontaine ou d'une rivière
d'Espagne , félon Maniai » Epigr. 49. ad Licinianum;
mais, au lieu de Nemeta , quelques-uns lifent Ncmea
Se d'autres Nutha.
NEMETACUM. Voyez. Nimetacum.
NEMETATI, peuples de l'Espagne Tarragonnoife,
félon Ptolomée , /. 2. c. 6. qui ne leur donne qu'une
feule ville, nommée Volobriga. Quelques interprètes
de Ptolomée lifent Nemetani pour Nemetati.
NEMETES,
NEM
NEM
NEMETES , peuples du diocèfe de Sj-iié, puisque
leur ville capitale efl: Noviomagus , félon Ptolomée,
ëc que cecte Noviomagus répond à Spire , fuivant les
itinéraires romains. Du cenis de Cefar , ces peuples
«toient des deux côtés du Rhin. Il dit que la ioiCt
Hercynienne, qui traverlbit toute la longueur de la
Germanie, commençoit ab Hclvetiorum, Rauracorum
(y* Nemetum fi.iibus , fur les confins de la Suifle , de
Bile, de l'Aiface 6c du palatinat du Rhin. Tous ces
peuples ont donc occupé ce qui en: deffus 6c au-delà
du Rhin , jusqu'aux montagnes qui l'épatent l'Alface
de la Suabe , dans l'endroit où commence la foret Noi-
re , que les Romains appelioient dans ce quartier Mar-
ciana. Sylva , laquelle eit le commencement de l'an-
cienne foret Hercynienne. Ces peuples, naturels Ger-
mains d'au-delà du Rhin , étoient habitués dans cette
partie de la Gaule Belgique , un peu avant l'anivée de
Céfar dans les Gaules. Durant toutes les guerres qu'il
fit dans Ls Gaules, on ne voit les Nemetes que dans les
troupes d' Ariovijl us joi des Germains, 6c jamais unis aux
Gaulois. * Sanfon , Remarques fur l'ancienne Gaule.
NEMETOBRIGA, ville des Tiéuri , dans l'Espagne
Tanagonnoife , félon Ptolomée, l. 2. c. G, Quelques
uianufcrits de l'itinéraire d'Antonin écrivent Ni-.meto-
brica , ëc tous les exemplaires la placent fur le che-
min de Bracara à Afturica/-, entre Pr&fidium ëc Fo-
rum , à treize milles de la première, & à dix-neuf mil-
les de li féconde. Il y en a qui veulent que ce foit
aujourd'hui Val de Ncbro.
NEMETOŒNNA ou Nemetocerna : Nemetocer-
rta.'/i cvllucat CliiVerius in Bellovacis (dit le père Lab-
bc) quibuidam (celt de nous qu'il entend) efi Arras
Monda Gand , Boiiïllo , Narnur. Ego ver à hic vn.t%u. Le
père Labbe , dit Sanfon , Remarques fur la carie
de l'ancienne Gaule , fe trouve ici bien empêché , par-
ce qa'il rencontre diverfes opinions; quand il ne faut
que copier le travail d'autrui , cela ne l'empêche pas
tant. Ce géographe ajoute qu'il a montré dans fon
traité de Britama ou Abbeville , que Nemetocenna efl
dans ie Belgium , 6c précifément dans l'Artois , qu'il
le prouve par Céfar même , que c'eft la même ville
que les itinéraires romains appellent Nemetacum 6c
qu'ils placent entre Teruanna , Samarobriva 6c Baga-
cum , entre Terouenne, Amiens , 6c Bavay , ce qui
ne peut répondre ailleurs qu'à Arras.
NEMETURI. Voyez. Nementuri.
i. NEMEUS ou Nem^.us. Voyez. Nemea , n° 3.
2. NEMEUS, Mons Cieonensium ou Deinonen-
tium. C'en: ainfi qu'on lit, félon Ortelius , Thcjaur.
dans les divers exemplaires de Vibius, 6c d'autres
écrivent Nem&us par une diphthongue , 6c Clionenfium
pour Clcvnenfîum; mais il y a apparence que toutes ces
orthographes fontvicieules, & qu'il faut lire Nemeus
mons Cleonensium -, car la ville de Nemée n'étoit
pas éloignée de celle de Cléonis : on la trouve dans
l'Argie, contrée du Péloponnèfe.
NEMIA , ville deTheffalie , félon Ortelius Thcfaur.
qui cite le grand Etymologique.
NEMI/EUM , montagne du Péloponnèfe , félon Pha-
vorin , Lexic.
NEMINIA ouNeminie, fontaine d'Italie , dans le
territoire des peuples Reatini. Pline, /. 2. c. 103. fait
mention de cette fontaine i il dit qu'elle fortoit tan-
tôt d'un endroit , tantôt d 'un autre , 6c qu'elle mar-
quoit la fertilité ou la ftérilité de l'année.
1 NEMISCO, rivière de l'Amérique feptentrionale,
dans la nouvelle France. C'eft une grande rivière qui
part du grand lac de Miflafin , à cent lieues au nord
de Québec ; elle traverfe le lac de Nemisco, & fe rend
dans le fond de la baie d'Hudfon , au bas de la côte
orientale après un cours de foixante à foixante-cinq
lieues à travers des montagnes. De cette rivière on
peut communiquer en canot au fleuve de S. Laurent
par la rivière de Kokigaou \ on va du lac de Miftafin
dans le l?c de S. Jean; 6c du lac de S. Jean par la
rivière du Saguenay , on descend dans le fleuve de S.
Laurent auprès de Tadoufiac. * Atlas, Rob. de Vangondy.
1. NEMISCO, lac de l'Amérique feptentrionale,
dans la nouvelle Fiance. 11 ett formé par les eaux de
J2.I
h rivlerè de même nom , environ aux deux tiers de
fa courfe.
NEMITZI, peuple de la Gaule, félon Ortelius,
Thejaur. qui cite Zonare. H. Wolfius croit que ce
font les Nemetes.
NEMORENSIS AGER. Voyez. Tkivije.
NEMORENSIS LACUS. Voyez. Tribus,
NEMOS ville du Latium, félon Appien, ;. Civiliumi
NEMOSSUS, ancienne ville des Gaules, fur la Loi-
re 6c la capitale des Arverni , félon Strabon , /. 4. pi
191. Lucain, Pharfal. I. 1. v. 419. paile aulli de
cette ville. On croit communément que c'elt l'Augu-
Jlcmeneium de Ptolomée, /. 2. c. 7. ce qui a faic
croire à Cafaubon qu'il faut lire nifvfloc dans Strabon
au lieu de mptaWç : il le fonde fur ce qu'il efl allez
ordinaire aux copifles de même un u pour un t 6c de
changer le double t7 en double a<r. On a aulli cru de-
voir faire un changement dans le 419 vers du premier
livre de la Pharfale de Lucain , au lieu de tune rura.
NemoJJi , les uns lifent tune rura Nernetis; d'autres
pour Nemo/Ji ont écrit Monethis , ou Nanttii ou Me-
né tis.
NEMOURS, Ncmus , ville de 1 Me de Fran-
ce, fur la rivière de Loing , a quatre lieues de Fon-
tainebleau 6c à dix-huit de Paris ( a ). On la nomma
anciennement Nemox , 6c Ncmoux en hançois , ëc de
ce dernier on a fait le nom moderne Nemours. Quel-
ques-uns l'ont appellée Nemojïum 6c Nemoftim , mais
ces noms font corrompus* Celui de Nemus lui aveie
été donné , parce qu'elle étoit fuuée dans la forêt de
Bière ou de Fontainebleau : aujourd'hui que l'on a
coupé une partie de cecte forêt , Nemours fe trouve
entre les forets de Fontainebleau & de Montargis ,
mais plus près de la première que delà dernière. Elis
efl entre deux collines (b) , dans l'endroit où étoit la
ville de Grex du rems de Céfar. On a trouvé depuis
peu du côté dufauxbourg S. Pierre, les fondemens des
murailles 6c des fortifications de cette ancienne ville.
Nemours a commencé par un château qu'on nommoic
Nemus. Il étoit bâti dans une ifle que forme le Loing,
6c n'étoit point fermé de murailles. Ce château n'a
pas aujourd'hui grande apparence. 11 y a quelques tours
fort hautes qui fervent de priions. La ville fe forma
peu à peu quand la terre eut été érigée en duché.
Dans la grande rue efl un marché couvert , & la pa-
roifle de la ville, appellée le prieuré de S. Jean , lequel fut
fondé par Louis VII , à fon retour de Jerufalem. Ce
prince le dota de grands revenus 8c lui donna une
partie de la mâchoire fupérieure de S. Jean i il aveie
obtenu cette relique de l'évêque de Sébafle (c). Le
prieuré-cure 6c la paroifle appartiennent à l'ordre de
S. Auguflin , ayant été mis dès le tems de leur fonda-
tion fous le patronage du monaftere des chanoines
réguliers de S. Jean de Sébafle en Arménie, qui a
été détruit , comme tous les autres du même pays , par
les Mahométans. Le couvent des religieufes de Ste
Marie (d) efl un bâtiment neuf 6c beau. Dans le
fauxbourg de S. Pierre efl une autre églife paroifliale ,
fous l'invocation de ce prince des apôtres. Tout au-
près efl une abbaye de filles de l'ordre deCîteaux ; on
l'appelle Notre-Dame de la Joie , 6c on y voit quel-
ques tombeaux des anciens feigneurs de Nemours (a)t
Hadr. Valefti Not. Gall. p. 372 (b) Piganiol , De-
feriptionde la France, tom. 3. p. 99. (c) Longuerue t
Defcription de la France, part. 1. page 29. (d) Pi-
ganiol, p. ico.
Il y a dans cette ville un bailliage royal, établi par
François I , en 1524. Il efl régi par la coutume de
Louis rédigée en 153 I. malgré les oppofitions qu'y for-'
merent les députés de la ville de Sens. On compte
cinq prévôtés royales dans le reflbre de Nemours j
ce font
Château-Landon , Cheify ,
Pont-fur-Yonne î Lorrey,
Vaux.
Le commerce du pays fe fait en bleds, farines, vins
& fromages qu'on vend à des marchands des enviions ,
ou qu'on transporte à Patis par la rivière de Seine ,
mais il n'y a aucune manufacture.
Tom. IV. V «1 a
NEO
5*22,
François Hedciin, connu fous le nom d'abbé d'Atibi-
gnac , etoit né à Nemours , dont le père écoit lieu-
tenant général. Il mourut en 1673. La pratique du
théâtre eft celui de fes ouvrages qui lui a fait le plus
d'honneur.
Nemours a eu autrefois fes feigneurs particuliers, qui
n'avoient d'autre qualité que celle de chevaliers ; 8c
ce fut d'eux que le roi Philippe le Hardi, fils de S.
Louis, l'acquit vers l'an 1176. Le roi Charles VI , vou-
lant récompenfer Charles, roi de Navarre ,de fes droits
fur le comté de Champagne Se d'Evreux , lui donna
entr'autreschofes Nemours. * Longucrue , pag. 29.
Ce roi de Navarre étant mort l'an 141; , Blanche
fa fille & femme de Jean , prince de Caltille , laquelle
avoit hérité des terres que fon père avoit en France ,
prit le parti des Anglois l'an 1425 ,ce qui lui fit con-
fisquer fon bien , dont Charles VII jouit jusqu'à fa
mort.
Blanche avoit eu une fille , nommée Beatrix, qui épou-
fa Jacques de Bourbon, comte de la Marche, dont elle
n'eut qu'une fille , appellée Eléonore, qui époufa Ber-
nard d'Armagnac , dont le fils Jacques d'Armagnac fut
mis en polleflion de Nemours & de plufieurs aunes
terres fousCharles VIII. Jean, fils de Jacques , eut une
fille, nommée Mai guérite, qui époufa Pierre de Rohan
de Gié , maréchal de France , lequel étant mort fans en-
fans , Louis XII donna Nemours à fon neveu Gallon
de Foix, Se l'érigea en duché-pairie l'an 1507,1a pre-
mière érection que Chailcs VI en avoit faite ayant
été fupprimée. Après la mort de Gallon 8e celle de
Louis XII , ce duché fut donné par François I , l'an
1 j 15 , à Julien de Médicis, frère de Léon X , 6e enfuite
ce même roi donna ce duché à Louife de Savoye fa
mère : elle le fit transporter à Philippe de Savoye fon
frère, comte de Genevois, fur la fin de l'an 152.8; mais
par arrêt du parlement du 22 Février 1531, le duché
de Nemours fut réuni à la couronne , quoique Jacques
de Savoye , fils de Philippe , prît toujours le titre de duc
de Nemours. Charles IX , l'an 1570 , pour récompen-
fer Renée de France , ducheffe de Ferrare , de fes pré-
tentions fur la fucceffion d'Anne de Bretagne fa mère,
donna à cette ducheffe de Ferrare , le duché de Ne-
mours , qu'elle transporta à Anne d'Eft fa fille Se à Jac-
ques de Savoye , duc de Nemours fon gendre , qui laiffa
ce duché à fes fucceffeurs. Les deux derniers ducs de
cette mai fon étant morts fans enfans mâles , Louis XIV ,
retira ce duché qu'il a donné à fon frère Philippe , &
qui eft poffedé aujourd'hui par monfieur le duc d'Or-
léans.
NEMRA ou Nimra , ville de la tribu deGad , ou
plutôt de la tribu de Ruben , à 1 orient de la mer Mor-
te. Eufébe , fur le nom Nebra , dit qu'il y a un grand
bourg dans la Batanée , nommé Nabara. Dom Calmer ,
DiEL ne doute pas que Nimra , Nimra , Nimrim ,
Nemrim Se Beth-Ntmra ne foient la même ville. Jé-
rémie parle de Nemrim Se de fes belles eaux.' Ifaïe fait
aufli mention des eaux de Nemrim, Se faint Jérôme,
in If. 15. 6. dit que Nemrim eft fituée fur la mer
Morte ; il ajoute que fon nom de Nemrim vient de
l'amerrune de fes eaux qui n'ont contracté cette qua-
lité que depuis la défolation de cette ville , qui a été
annoncée par les prophètes Ifaïe Se Jcrémie.
NEMRIM. Voyez. Nebrim Se Nemra.
NEN , NEANE ou Neyne , rivière d'Angleter-
re. Voyez. Nyn.
NENSIA , en grec N-'t-o-a 3 ville de l'Afrique propre.
Ptolomée , /. 4. c. 3. la met au nombre des villes qui font
entre celles de Thabraca Se le fleuve Bagrada.
NENTIDAVA , ville de la Dace , félon Ptolomée,
/. 3. c. 8. & l'une des plus confidérables de cette pro-
vince. On veut que ce foit la ville que les Allemands
appellent Nofenftadt , & que les Hongrois nomment Bi-
ftrick.
NEO A. Vbyez. Neva.
1. NEOCASTRO , bourg de la Morée , fur la cô-
te du Bclvcder : on l'appelle aufli Aliarcho , mot cor-
rompu d' Al'nirtits , nom qu'il portoit autrefois. Il eft
fitué à fix lieues d'Arcadia vers le nord. * Atlas de
W~it.
2. NEOCASTRO , ou Nouveau Chatsau , for-
NEO
tereffe de la Romanie , fur le promontoire Hermatus ,
à deux ou trois lieues au nord de Conftantinople.
Calchondyle écrit mal-à-propos que cette forterefle eft
fituée fur la Propontide , puisqu'il dit lui-même qu'elle
eft au milieu du Bosphore. Cet auteur nous apprend
par qui ce château a été bâti. Au commencement
du printems , dit-il , Mechmet , fils d'Amurat , bâtit
auprès de la Propontide , dans l'endroit où le trajet
du Bosphore , pour pafîèr de l'Afic en Europe , eft le
plus étroit , une forterefle qui fut appellée L&mccopien ;
Se y ayant auftitôt appelle des Afiariques Se des Euro-
péens j à qui il dilhibua des emplacemens pour bâtir
«les maifons , il confomma dans peu de tems fon ou-
vrage. Le deffein qu'il eut , en élevant cette forterefle ,
fut d'affiner le paffage du Bosphore , & d'empêcher
que les- peuples de l'Europe n'en puffent faire le tra-
jet pour aller recommencer la guerre en Afie : d'ail-
leurs il prévoyoit qu'elle lui feroit d'un grand fecours
pour le fiége de Conftantinople. Les murailles furent
flanquées de trois tours les plus grandes qu'on eût en-
core vues : deux regardoient le continent , la troifié-
me étoit du côté de la mer , Se elles furent toutes
trois couvertes de plomb. L'épailTeur des murs de la
place eft de vingt-deux pieds , Se celle des tours de
trente-deux. L'ouvrage fut porté à fa perfection dans
l'espace de trois mois. Depuis ce tems les Turcs y
ont toujours tenu une forte garnifon. Us Ce fervent
aujourd'hui de ces tours pour y renfermer les prifon-
niers de conféquence qu'ils font fur les Chrétiens pen-
dant la guerre. 11 ne peut demeurer que des Turcs dans
cette forterefle , non plus que dans les maifons qu'on
a bâties au dehors furie rivage, dans un espace de pr,ès
de quatre cens ftades. Rob. de Vaugondy , Atlas , appelle
cette forterefle les nouveaux Châteaux , fans doute
parce qu'il y a 'une autre forterefle oppofée à celle-ci
de l'autre côté du Bosphore. * Gyllius , de Bosphoro
Thracico, p. 165».
1. NEOCÉSARÉE , ville de la province du Pont ,
comprife allez fouvent dans la Cappadoce , fituée fur
la rivière de Lyque , Se appellée par divers auteurs Ha-
drianopolis. Ptolomée , /. 5. c. 6. la place dans les
terres , entre Ablata Se Saurania. Elle fut érigée en
évêché dans l'année 240 , par Phédime , évêque mé-
tropolitain d'Amafée , qui y établit S. Grégoire Thau-
maturge pour premier évêque. Cette ville , que les
Grecs aujourd'hui nomment Nixar, d'un mot abrégé ou
corrompu de Neocéfarée , Se que les Turcs appellent
Tocate , étoit alors métropole civile de la province du
Pont , dite Polémoniaque , Se elle devint enfuite mé-
tropole pour le gouvernement eccléfiaftique. Elle étok
célèbre par fon commerce , Se fort peuplée; mais tout
y étoit encore païen , Se S. Grégoire, en y entrant, n'y
trouva que dix-fept Chrétiens. Sainte Macrine , grand-
mere de S. Bafile le Grand , étoit de ce lieu. S. Troa-
de, Se plufieurs autres , furent martyrifés en cette ville
durant la perfécution de l'empereur Dece. * Baillet ,
Topogr. des Saints, p. 338.
2. NEOCÉSARÉE , ville de la Bithynie , félon Orte-
lius , Thefaur. qui cite Suidas Se Etienne le géographe.
Elle étoit différente de Neocéfarée de Cappadoce.
3. NEOCÉSARÉE , ville de Syrie ou de l'Euphra-
tenfe. La notice des dignités de l'Empire , fetl. 24. en
fait mention en ces termes : Equités Mauri Illyricianï
Neocxfareœ.
4. NEOCÉSARÉE , ville d'Afie , fur le bord de
l'Euphrate , fclon Ortelius , qui cite l'hiftoire Tripar-
tie Se Callifte , qui dit que fon évêque préfida an con-
cile de Nicée ; ce pourroit être la même que celle
dont fait mention la notice des dignités de l'Empire.
Voyez, l'article précédent.
5. NEOCÉSARÉE , ville de Mauritanie, félon
le martyrologe : elle donna la naiffance à S. Sévé-
rian.
NEOCL AUDIOPOLIS, ville de Paphlagonie. Pro-
lomée , /. 5. p. 8. la place dans les terres, entre Co-
nica Se Sabanis. Elle eft auflî appellée AndRapa.
NEOCNUS. Voyez. Neognus.
NEOCORES. On donnoit ce nom chez les Grecs
à ceux qui prenoienr le foin des temples communs à
toute une province , 6e dans lesquels on s'affemWcii
NEO
à l'occafion des jeux publics. La charge de Ncocore
xépondoit à peu près à celle de Marguillier ; mais
comme dans la fuite on s'avifa de déifier les empe-
reurs , les villes qui demandèrent qu'il leur fût permis
de leur drefler des temples , acquirent auflï le nom de
Néocores. Par exemple, la légende d'une médaille du
vieux Valérien , marque que la ville d'Ancyre étoit deux
fois Néocore. Elle reçut cette dignité pour la premiè-
re fois fous Caracalla , & pour la féconde fois fous
Valérien le vieux. Le revers de cette médaille repré-
fente trois urnes , de chaque côté desquelles forcent
deux palmes. Voici la légende : ANKTPA2 MHT. B. N.
c'eft-à-dire , Ancyra Metropolis bis Neocora. Cette re-
marque elt de Tournefbrt , Voyage du Levant , lett.
21.
NEOCORIA , village dans la Béotle , an pied du
mont Zagara ou Hélicon. Neocoria veut dire nou-
veau village. * Whcler , Voyage de Grèce , t. 2. 1.
3. p. 50;.
NEOCRETES. Pline , /. 37. c. 40. Se Polybe , /.
5. c. 6y. parlent d'un peuple de ce nom. 11 y a appa-
rence qu'il étoit de l'ifle de Crète.
NEOCUM. Voyez. Moradunum.
NEODA. Voyez. Netad.
NEODUNUM , ville de France , dans la Bretagne ,
félon Grégoire de Tours , Hijtor. I. 2. Ortelius , 'fhc-
faur. croit que c'efl Dol , ou , comme lit Cenalis, £)<«//,
qui anciennement a été appelle Neodunum.
NEOGIALA ou Neogilla , port de l'Arabie Heu-
reufe. Ptolomce , /. 6. c. 7. place Neogilla Navale
dans le golfe Sachalite , entre le village d'Ajha &
Hormani fiuv. Ofiia.
NEOGNUS , fleuve aux environs de la Colchide , à
ce que croit Ortelius , Tbefaur. qui cite Agathias i mais
les manuferits grecs portent kiokvoç.
1. NEOMAGUS. Ce mot hybride eft compofé du
grec 6c du gaulois , 8c donné à diverfes villes ou bourgs
de France , des Pays bas 8c d'Allemagne , 8c même en
Angleterre à la ville de Chichefter.
2. NEOMAGUS , NOVIMACUS ou Novioma-
cus , ville des Regni , peuples de l'ifle d'Albion , félon
Ptolomée, /. 2. c. 3. L'itinéraire d'Antoniu la marque fur
la route du retranchement au port Ritupœ , entre Londi-
nio 8c Vagniacis , à dix milles de la première Se à
dix-huit milles de la féconde. Cambden croit que c'eft
aujourd'hui Wooicote , 8c une ancienne 8c confiante
tradition veut qu'il y ait eu autrefois une ville dans cet
endroit. Diverfes chofes appuient cette opinion. On
y voit de vieilles mafures , des tuiles , des rues , des
fondemens de murailles , des pierres taillées , & une
grande quantité de puits fort près les uns des autres, &
d'une profondeur incroyable , û l'on en juge du moins
par celle d'un d'entr'eux : les laboureurs rencontrent
fouvent des pierres polies, pour peu qu'ils creufent dans
le voifinage ; enfin la fituation de ce lieu convient
fi fort avec la difiance marquée par l'itinéraire d'Anto-
nin ; qu'on ne peut guère fe dispenfer d'y placer Neo-
magus. La pofition que Ptolomée donne à Neoma-
gus convient aufli bien que celle que marque Auto-
nin , car il met Neomagus après les peuples Cdntia-
ni 8c chez les Regni ou Reïerfes. On peut même dire
que fi on change une lettre dans le nom Pnyim , 8c que
l'on écrive Pvyvvs , on y verra le nom de l'ancien peu-
ple Regni , comme il s'en conferve encore quelques
traces dans les noms modernes de Suth Rie , de Rei-
gate 8c de Rye. *■ Gale , dans fon commentaire fur Anto-
nin, p. 73.
3. NEOMAGUS NEMETUM. Voyez, Noviomagus
Nemetum.
4. NEOMAGUS ou Novtomagus Batavorum
( a ) , ancienne ville de la féconde Germanie , fur la
rive gauche du Wahal , à l'extrémité de la Gaule. La
table de Peutinger , Segment. 1. eft le plus ancien
monument qui foffe mention de cette ville ; elle la
met fur le Rhin, entre caftra Hercuïis 8c Arenatio , à
huit milles du premier , 8c à douze milles du fécond.
Cependant quelques-uns- prétendent que Tacite , Htjl.
L 5. c. 19. l'a connue, 8c que c'eft elle qu'il a indi-
quée fous le nom d'oppidum Batavorum (b) , jugeant
qu'elle étoit fuftifamment défignée par le titre de eapi-
NEO J23
taie du pays. Tous les géographes ne s'accordent pas
néanmoins à lui donner ce titre de capitale des Bata-
ves : on peut voir à l'article Batavodurum , n° 1.
que Cluvier donne ce titre à une autte place. Dans les
fiécles fuivans cette ville fut plus connue (c). Charle-
magne y fit bâtir un palais royal : Inchoavit , dit Egin-
hard , & palatia operis egregii , unum haud longé à
Moguntiaco , juxtà villam cid nomen efl Ingelheim , al-
ler um Noviomagi fuper Vahalem fluvïum. Le même au-
teur ajoute que ce prince célébra la pâque à Novioma-
gus en 777, qu'il j pana le carême , 8c y fit pareille-
ment la pâque en 806. Qu'en 817 l'empereur Louis
le Débonnaire s'y rendit 8c y prit le divertifiement de
la chafle \ 8c qu'en 821 , le même empereur y convo-
qua une diète au mois de Mai. Les autres écrivains
la nomment Niumagus , Niumagum , Niumaga , Nio-
maga , Neomagum 8c Neumaga , tous noms cor-
rompus de Noviomagus. Dans ce pays elle a été ap-
pellée , tantôt Nmmegen , tantôt Nimmegben , Nime-
gen , ou plus communément Nimmeguen. Les Fran-
çois écrivent 8c prononcent Nimégue; quelquefois pour-
tant ils ont écrit Nimaye. C'efl aujourd'hui la capitale
de la Gueldre hollandoife. Voyez, Nimegue. {a) Ponta-
mts , Hift. Gelric. {b) Job. Imith , Oppid. Batav. c. 1.
O) Hadr. Valefii Not. Gall. p. 38;.
1. NEON , ville de Grèce , dans la Phocide , au-
près du Parnafle, félon Paufanias, /. ic. c. 2. 8c 3. 8c
Etienne le géographe. Hérodote , /. 8. c. 3 2. & 33. fait
auffi mention de cette ville.
2. NEON , bourg de France , dans le Berri , élection
de Blanc : il a 82; habitans.
i.NEONTlCHOS, ville del'Eolide, félon Pline,
/. j. c. 30. & Etienne le géographe. Stiabon, /. 13.
p.6zi. dit qrfellc étoit éloignée de Larifle de vingt fta-
des , 8c Hérodote , in Homero. la met au voifinage du
fleuve Hermus.
2. NEONTICHOS, ville de la Phocide, félon Or-
telius, Tbef. qui cite Paufanias.
3. NEONTICHOS, ville de Thrace , fur la Pro-
pontide. Ortelius parle de cette ville, 8c cite Xéno-
phon.
4. NEONTICHOS, ville de h Carie. Ptolomée,
/. ;. c. 2. la place entre Ortbojia 8c Bargaffd ; mais
presque tous les exemplaires lifent Neapolis pour Ncon-
tiebos.
NEOPACTUS. Voyez, Naupactus.
NEOPAGUS , lieu aux environs de l'embouchure
du Rhin. Ortelius , Tbef. qui cite Hunibaldus , dit que
c'efl: l'endroit où les Franco-Galli avoient coutume d'éli-
re leurs rois.
NEOPOLICHNA , ville du Péloponnèfe , félon Or-
telius , qui cire Calchondyle.
NEOPOLIS. Voyez, Neapoli?.
NEOP1VVTENSIS , Fiége archiépiscopal , dans la
Thefialie, fuivanr la notice de l'abbé Mi Ion , qui lui don-
ne deux fuffragans i favoir les évêques de Zaroconium
& de Caflorie. La notice de l'évêque de Cathara lui
donne des fufiragans au pluriel , 8c n'en marque qu'un
qu'elle nomme Lunacenfis ou Lauaten/îs. Ce fiége s'ap-
pelle Nespotrenfis. On trouve parmi les évêques Léo
Neopatrenfîs.
NEOPTANA , rivage de la Carmanie , à l'occident
& à cent fiades du fleuve Anamis , félon Arrien , in
Induis , c. 33.
NEOPTOLEMI Turris , tour à l'embouchure du
fleuve Tyra. Strabon, /. 7. p. 305. dit qu'il y avoit au-
près un village, nommé Uermonaclis.
NEORIS, ville de l'Ibérie Afiatique, félon Pline,
l.6.c. 10. Peut-être efi-ce la ville oWpwa, que Ptolo-
mée , /. j. c. 1 1. place dans l'Ibérie.
NEORIUM Portum. C'eft ainfi qu'on lit dans k
defeription de Conftantinople , Région fixiéme.*/»-
certi AuBoris.
NEOS. Voyez. Nov^.
NEOSTI, ville de Syrie, fuivant Jofephe, Anùquu.
I. 4.
NEOTENSES. Ortelius, trouvant ce mor dans Dé-
mofthene , foupçonneque c'étoit un peuple de la Béo-
e.
NEOTERIDIS , contrée des Indes, aux environs de
lom. IV. V u u ij
tre.
NEP
724
la Gédroiïe. Diodore de Sicile la place au voifinage du
fleuve Indus.
NEOTTIUM, montagne de la Némée, félon Pha-
vorin ; mais comme le nom de Némée étoic commun à
divers lieux , c'eft ne rien expliquer.
NEPA, lieu fortifié, dans quelque quartier de la
Syrie , fuivanc Ortelius , Thefaur. qui cite Guillaume
de Tyr.
NÈPEIUM. Voyez. Nepias.
NEPETA, ville d'Italie, dans la Toscane. Ptolomée,
/. 3 . c. 1. là mer dans les terres , encre Forum Clau-
dii Se Falerinum. Tire-Live,/. 6. c. 9. & Pline écri-
vent Nepet Se Nepete. C'efl aujourd'hui la ville de
Nepe ou Nepï , auprès du ruiffeau Pozzolo , encre Ro-
me Se Viterbe. Dans les décrets du pape Hilaire on lit:
Frojeflm Nepefinus episcepus. On lit au (fi Nepejïnos fur
un ancien marbre. * Leand. Alb.
NEPHADOR , lieu ou pays de la Paleftine , fur la
Méditerranée ,• il en eft parlé au croifiéme livre des Rois ,
c. 4. v. 1. où il eft die que Benabinadab en avoir l'inten-
dance. Ortelius , 'ïhefaur. dit que Jofephe l'appelle Do-
renSis & Littoralis. Saine Jérôme, dans Jofué , tra-
duir Ntphat-Dor par regionei Dor , les cantons de Dor,
ou la province de Dor.
NEPHARIS. Voyez. Nepheris.
NEPHELE, c'eft-à-dire , Nue. Ortelius dit que c'eft
un lieu dans les montagnes , ou un village quelque parr
dans la Grèce : il cite pour garant Palephatus dans fes
fables.
NEPHELIDA , promontoire de la Cilicie. Tite-Li-
ve , /. 3 3 . c. 20. dit qu'il étoic célèbre par une ancienne
alliance des Athéniens. Voyez. Nephelis.
NEPHELIS, ville de Cilicie, félon Prolomée ,
h 5. c 8. Elle étoic bâtie fur le promontoire Nephe-
lida.
NEPHEONIT7E , peuples de la Sarmarie Afiatique,
félon Pline , /. 6. c. 7. Au lieu de Neophenitas , le père
Hardouin lit Inap&os , fans marquer la raifon de ce chan-
gement.
NEPHERIS , ville de l'Afrique propre. Scipion la
prie après vingt-deux jours de fiége : elle lui fervic beau-
coup pour le fiége de Cairhage. Scrabon , /. 17. p. 834.
dit que de cette dernière ville à Nepheris il y avoir
cent vingt ftades. Nepheris étoit forte par fa ficuation
fur un rocher. * Appïan. de Bell. Pun.c. 57.
NEPHI. C'eft le nom que plufieurs donnoient au
lieu où Néhemie trouva l'eau boueufe , qui éroir dans
le puits où le feufacré avoic été caché (a). Les exem-
plaires varienc fur le mot Nephi (b) : le Syriaque ôc
le Grec de l'édicion romaine lifent Naphtaï ; le manu-
ferit alexandrin , ôc les autres exemplaires grecs por-
tent Nephtar. (a) IL M.ichab. 1. 36. {b) Dom Cal-
me t , Diction.
NEPHTALIM , ville de Judée , à trois lieues de
Nafon , du côté de l'orient , Se à égale diftance de
Dotaim, du côté du nord, félon le moine Brocardus.
Il ajoute que du tems de la deftruétion de Jerufalem ,
elle s'appelloit , à ce qu'on croit, Jonapa, ôc que Beth-
faïde en étoit éloignée de trois lieues. Ortelius , The-
faur. qui cire Poftellus , dit que les Arabes la nom-
ment aujourd'hui Sizir , & que d'autres l'appellent Sy-
rin Se Suziz. * Terrœ fanflx defer. p. 16.
NEPHTAR (a). C'eft le nom que Néhemie donna
au lieu où avoir été caché le feu facré , Se où l'on
trouva une eau boueufe , qui ayant été répandue fur
le bois de l'autel, s'alluma dès que le foleil commença
à paroître ( b ). Ce mot peut dériver du chaldéen petir ;
c*eft à-dire pur , fans mélange ; ou en lifant Neephar ,
il dériveroir de l'hébreu caphar , expier , purifier ,
nettoyer, (a) Dom Calmet , Diction, (b) IL Ma-
chab. 1. 36.
NEPHTHALI. C'eft le nom d'une des douze tribus
d'Ifra'el.Nephthali étoit le fixiéme fils de Jacob & de Bala,
fervante de Rachel. Le nom de Nephthali vient de l'hé-
breu Phatal , qui fignifie lutter , combattre , faire ef-
fort , fupplanter. Lorsque Rachel lui impofa le nom ,
elle dit (a) : J'ai lutté contre ma fœur par une lutte de
Dieu , Se j'ai remporté la victoire. J'ai combattu contre
elle à la manière des lutteurs , qui cherchent à fe
renverfer ; j'ai fait de grands efforts , ôc je fuis enfin
NEP
fortie victorieufe. Nous ne favons aucune particula-
rité de la vie de Nephthali : fes fils furent (b) Jaziel ,
Guni , Jezer ôc Sallem. Le patriarche Jacob , dans la bé-
nédiction qu'il donne à fon fils Nephthali, lui die (c);
Nephthalieft comme uncerf échapé, il parle avec beau-
coup de grâce* La plupart des rabbins Se des commenta*
teurs expliquent cela de Barac , qui éroit de la rribu de
Nephthali , ôc qui ayant d'abord témoigné la timidité
d'un cerf , en refufanc de marcher contre les Chana-
néens , à moins que la prophéteffe Débora ne vint
avec lui (d) , imita dans la fuite la vîteffe d'un cerf
en pourfuivanc l'ennemi : il fignala fon éloquence
dans le beau cantique qu'il compofa avec Débora ,
pour rendre grâce à Dieu de fa victoire. («) Gemj'.
30. 8. (b) Ibid. 46. 24. (c) Ibid. 49. 21. {d) Judic*
4- S-
Les Septante expliquent autrement le texte de la
Genèfe : Nephthali eft comme un arbre qui poulie
des branches nouvelles , ôc dont les rejetons font
beaux. Ce fens me paroît du moins aufii bon que ce-
lui qu'on fuit ordinairement. Jacob loue la grande fé*
condité de Nephthali ôc la beauté de fa race. Nephthali
n'eut que quatre fils , Se cependant au fortir de l'E-
gypte, fa tribu étoit compofée de cinquante- trois mille
quatrecenshommescapables de porter les armes. Moïfe,
dans la bénédiction qu'il donne à la même tribu , lui
die : Nephthali jouira en abondance de coûtes chofes ;
il fera comblé des bénédictions du Seigneur -, il poffé-
dera la mer ôc le midi , c'eft-à-dire , la mer de Ge-
nezareth , qui étoit au midi du parrage de cette tribu.
Son terrein étoit très- fertile en froment Se en huile.
Il s'étendoit dans la baffe & dans la haute Galilée ,
ayant le Jourdain à l'orient , les tribus d'Afer Se de
Zabulon au couchant , le Liban au feptencrion Se la
tribu d'Iffachar au midi. * Deut. 33. 23.
La rribu de Nephchali étoic campée dans le défert
au feptencrion du Tabernacle , entre les tribus de-
Manaffé & de Dan {a). Après le partage que Jofué
fie de la eerre promife , les enfans de Nephthali n'ex-
rerminerenc pas rous les Chananéens , qui éeoient
dans leur pays (b) : ils aimerenr mieux les y laiffer Se
leur faire payer eribut. Les Nephthalites , comme les
plus avancés vers le feptentrion du pays , furent aulîi
des premiers emmenés captifs par les rois d'Affyrie(c).
Ifaïe , 9. 1. leur prédie qu'ils verronr la lumière du
Meifie , Se qu'ils ferone des premiers éclairés de l'évan-
gile. En effec , norre Sauveur prêcha plus fouvenc
Se plus long-cems dans la Galilée , Se en parciculier
dans lacribu de Nephthali (d) , que dans aucun ancre
endroic de la Judée. On lie dans le reftamenc des douze
pacriarches , quelques particularicés de la vie de Neph-
chali , Se quelques prédictions qu'on lui accribue ; mais
ce livre eft reconnu pour apocryphe , Se il n'eft d'au-
cune aueoriré parmi les favans. (a) Num. n. 2;.
26. 27. &c. (b) Judic. 1. 33. (c) IV. Reg. ij. 29.
(d) Matth. 4. 13. 1;.
Les villes de ceree eribu écoiene crès-fortes ( a ) , ôc
montoient à dix-neuf , félon Jofué , qui n'en marque
néanmoins que feize -, favoir ,
Affedin,
A rama ,
Magdalel ,
Ser 1
Afor ,
Horem ,
Emath ,
Cedès »
Bethanath ,
Reccath ,
Edraï ,
Bethfamès.
Cenereth ,
Enhafor ,
Edema ,
Jeron ,
Quelques-uns croient que pour remplir le nombre
des dix neuf villes , il faut y en ajouter trois de celles
que Jofué (b) met aux frontières de cette tribu ; telles
que font
Heleph ,
Lecum ,
Hucuca.
( a ) Jofué , 1 9. 3 ;. ( b ) Ibid. v. 3 2 & 34.
NEPHTHOA. La fontaine de Nephthoa étoit dans
la tribu de Benjamin (#). On moncre aux voyageurs
(b) une fonraine que l'on dir être celle de Nephthoa ,
Se près de laquelle il y avoic aucrefois une églife dé-
diée fous l'invocacion de faint Jean-Bapeifte ; parce que
NEP
NEP
l'on croyoit que la demeure de Zacharîe Se d'Eli-
fabeth avoic été en ce lieu , Se que cette fontaine
leur avoir fervi. (a) Jojué , ij- 5?. (b) Dom Calmet ,
Diction.
NEP1 , petite ville d'Italie , dans le patrimoine de S.
Pierre , fur la rivière de Triglia , qui fe jette dans
le Tibre ( a ). Le titre cpiscopal de Sutri , ville aban-
donnée à caufe du mauvais air qui y règne , a été
transféré à Népi , autre ville dépeuplée , Se qui ne
vaut guère mieux. La feigneurie (b) avec la princi-
pauté de Camerin , qui appartenoient aux Farnèfes , fu-
rent données au faint fiége par Pierre- Louis Farnèfe ,
en échange de Parme Se de Plaifance , que lui donna
le pape Paul III , fon père , chef de la maifon de
Farnèfe. Ces deux feigneuries étant plus voifines de
Rome , croient par conféquent plus à la bienféance de
l'Eglife , que le Parmefan qui en étoit plus éloigné.
(a) Labat , Voyage d'Italie , t. 3. p. 40. (b) lbid„
t. 2. p. 245.
NEPIAS, en grec NimW , campagne aux environs
de la ville de Cyzique , dans la Myfie , félon Orte-
lius , Thefaur. qui cite le Scholiafie d'Apollonius.
Phavorin lit nmwhW.
NEPISTA , ville de la Carmanie. Ptolomée , /. 6.
f. 8. la place dans les terres entre Thaspis Se Chodda.
Ses interprètes écrivent Nipifla.
NEPOMUC , château du royaume de Bohême ,
dans le cercle de Pilfen. C'eft dans ce château qu'eft
né S. Jean Nepomucéne , que l'empereur Wenceslas
V fit précipiter dans la Moldaw à Prague , pour n'avoir
pas voulu révéler la confeffion de l'impératrice.
NEPOS , nom d'une montagne , félon le grand Ety-
mologique , qui nous dit feulement qu'elle étoit fans
une goutte d'eau ', mais il ne marque point où elle eft
fituée. * Ortelius , Thefaur.
NEPR. COL. CARENORUM. On lit fur une
médaille de l'empereur Gordien ces mots grecs : Nn-rp. nox.
xxpwu. Cette ville pouvoit être aux environs de la Per-
fide , où étoient les peuples Careni. Voyez, ce mot.
* In Goltzji Thefaur.
NEPTÈ , ville d'Afrique , dans la province Byzacè-
ne , félon Bailler , Topogr. des Saints , p. 634. d'où étoit
évêque faint Laetus , martyrifé l'an 484 , fous les Van-
dales.
NEPTOA. Voyez. Nephthoa.
NEPTODURUM ou Nemetodurum. Ce font les
noms latins du bourg de Nanterre , lieu de la nais-
fance Se de l'éducation de fainte Geneviève. Voyez. Nan-
terre.
NEPTRECUM ou Neptricum. C'eft le nom pri-
mitif de la Neuftrie , ancienne partie des Gaules qui
formoit un royaume. Le terme de Neufiria , Se celui de
Neuflrafïi , en ont depuis été dérivés. L'abbé Lebœuf a
fait cette obfervation à l'aide d'un rnanuferit de la chro-
nique de Frédégaire , qui eft du fiécle même de l'au-
teur -, Se il penfe que ce Neptrecum ou Nemptrich ,
fignifioit en langage des Francs le royaume principal.
Voyez, fa diflertation imprimée à Paris , en l'année
1740, chez de Lespine.
NEPTUNE , dieu de la mer : ce nom a été
donné à plufieurs lieux, où il y avoitdes temples éle-
vés en l'honneur de cette divinité.
1. NEPTUNI AR,£ , ville maritime dans l'Afri-
que propre. Ptolomée , l. 4. c. 3. la place dans le
golfe de Numidie , entre Apollinis Templum & Hip-
pon.
2. NEPTUNI FANUM. Strabon , /. 8. p. 336. pla-
ce un temple de Neptune dans le Péloponnèfe, entre
Patras Se /Egium : il ajoute que ce temple éroit fort
beau.
3. NEPTUNI TEMPLUM , temple dédié à Nep-
tune dans l'Eléc , félon Strabon , /. 8. p. 351. qui dit
que de Pylus de Meuenie jusqu'à ce temple , il y
avoit quatre cens ftades par mer.
4. NEPTUNI TEMPLUM. Strabon , /. 8. p. 363.
met ce temple dans la Meflenie : In orœ maritime
fitm , dit- il , Tœnarum efl , alla in mare porrella , qu&
commet Neptuni Fanum. Ce temple étoit dans un
bois.
5. NEPTUNI TEMPLUM. Strabon , /. 8. p. 580.
$2.?
témoigne que fur l'ifihme de Corinthe il y avoit un
temple ombragé d'une forêt de pins , où les Corin-
thiens célébroient les jeux nommés les Combats de
l'ifihme.
6. NEPTUNI TEMPLUM , temple de Neptune
dans l'Achaïe, félon Strabon , /. 8. p. 38;. où on lit
ces mots : Pofl Sicyonem P aliène efl fita , deinde fecun-
da JEgira , tertïa JEgs. , qim templum habent Nep-
tuni.
7. NEPTUNI TEMPLUM , il y avoit un temple
de ce nom à Gerefie , dans l'Euboée. Strabon , /.
10. p. 446. dit que ce temple étoit le plus beau de
tout le pays.
8. NEPTUNI TEMPLUM , temple dans rifle de
Tenos , l'une des Cyclades. Il y avoit , à ce que dit
Strabon , /. 10. p. 487. une petite ville dans cette ifle»
hors de la ville un bois où étoit un temple de Nep-
tune , Se ce temple méritoit d'être vu.
9. NEPTUNI TEMPLUM , temple de Neptune
dans l'ifle de Samos : Ad dexteram , dit Strabon , 1.
14. p. 637. qtix intro navigatur ad arbem (Samum)
efl Poffidium promontorium , quod cum oppofita Myçala
fretum includit VII. fladiorum : templum habet Nep-
tuni. Au-devant de ce temple étoit fituée la petite
ville Narthecis.
10. NEPTUNI TEMPLUM. On voyoit ancienne-
ment un temple de ce nom à Poflidium fur la côte
d'Egypte, au voifinage d'Alexandrie. Strabon , lié. 17.
pag. 794. en fait mention.
1 1. NEPTUNI TEMPLUM. Plutarque , Vie de Dé-
moflhene , trad. de M. Dacier , t. 7. p. 242. parle
d'un temple de ce nom dans l'ifle de Calaurie. Ar-
chias ayant appris que Démofthene , retiré dans l'ifle
de Calaurie , s'étoit rendu fuppliant dans le temple
de Neptune , il y pafla fur des esquifs , Se étant des-
cendu à terre avec quelques foldats de Thrace , il alla
dans le temple , Se là il confeilloit à Démofihene de
fe lever Se de venir avec lui vers Antipater , l'afluranc
qu'il ne lui feroit fait aucun mal ; mais Démofihe-
ne avoit eu la nuit précédente un fonge qui le diflua-
da de faire ce qu'Archias defiroir.
12. NEPTUNI TEMPLUM. A Onchefle dans la
Béotie il y avoit un temple de ce nom , félon Stra-
bon , /. 9. p. 41 2. qu'il appelle Templum nudum, parce
qu'il étoit fans arbres ; mais les poètes par coutume ,
ou pour l'ornement de la po'éfie , ne laiflent pas de
donner à un pareil temple le nom de Lucus ou de
Nemus. Homère lui-même , parlant du temple de Nep-
tune à Onchefte , l'appelle ficrum nemus dans ce vers
de l'Iliade , /. 2. v. 506.
Oncheflumqite facrum Ncptimium clarum nemus.
13. NEPTUNI ASPHALII TEMPLUM. Les Rho-
diens élevèrent ce temple dans une ifie , qui félon le
témoignage de Strabon , /. 1. p. 57. fortit de la mer
par une forte de prodige. Il place cette ifie entre celles
de Triera Se de Therafia. C'eft l'ifle Automate de Pli-
ne , /. 4. c. 1 2.
1 4. NEPTUNI ^GEI TEMPLUM. Voyez, Neptuni
Templum 7.
15. NEPTUNI HELICONIf TEMPLUM, temple
dédié à Neptune Héliconien. Voyez. Helicie 2.
16. NEPTUNI ISTHMII FANUM. Voyez, Nep-
tuni Templum 6. Se Samicum.
17. -NEPTUNI SAMEI TEMVLUM.Voyez, Neptu-
ni Templum 9.
NEPTUNI A COLONIA , ville d'Italie. Velleïus , /.
1. c. 15. eft , je crois , le feul qui en parle. Orte-
lius , Thefaur. foupçonne que ce pourroit être Pofi-
donia de Strabon , qui eft la même ville que Paflo.
Voyez, Pj€stum Se Regium.
NEPTUNIA CLAUSTRA , lieu d'Italie dans lç
pays des Brutii. Il étoit au pied du mont Moscius ,
Se auprès de Scyllatium , félon Cafllodote , 12. Varia?\
* Ortelius , Thef.
NEPTUNIUM NEMUS, en grec Uoruhma «W.
Ortelius , Thefaur. croit qu'il faut chercher cette forer
quelque part en Grèce. 11 devoir dire plutôt qn il fal-
loir la chercher dans l'imagination des po'etes , qui ,
Ïi6 NER
pour la grâce de la po'éfie , mettent des bois Se des
forêts où il n'y en eut jamais. Neptunium Nernus n'eft
autre chofe qu'un bois imaginaire que les poe'tes ont
fuppofé être autour du temple de Neptune à Onche-
fte. Voyez, Neptuni Templum 13.
NEPTUNIUM POSIDIUM ou Posidium pro-
Montorium , promontoire de l'Arabie Heureufe dans
le golfe Arabique , félon Ptolomée } /. 6. c. 7. Se Dio-
dore de Sicile , /. 3.
NEPTUNIUS FONS , fontaine d'Italie , dans la
Terracine. Vitruve , /. 8. c. 3. dit que fes eaux étoient
empoifonnées , Se que ceux , qui en buvoient impru-
demment , en mouroient. Il ajoute qu'on difoit qu'an-
ciennement on avoit jugé à propos de combler cette
fontaine. Ortelius , Thejaur. juge que ce pourroit être
de cette fontaine que parle Tite-Live , /. 39. c. 44.
lorsqu'il dit : Flaccus melem ad Neptutùas aquas , ta
iter populo effet & viam per Formïamim montent ,
Sec. Voyez, Posidian>€.
NEPTUNIUS AIONS , montagne de la Sicile , qui
prend depuis les racines de l'Etna , Se s'étend jusqu'à
la pointe de Mefline. Solin , c. 5. edit. Salmaf. parle de
cette montagne , Se dit qu'an fommet il y avoit une
guérite qui avoit la vue fur la mer de Toscane Se fur
la mer Adriatique : on nomme aujourd'hui cette mon-
tagne Spreverio monte. * Atlas. Roi?, de Vaugondy.
1. NERA , village de l'Arabie Heureufe. Strabon ,
/. 16. p. 78 z. le place fous Obida , fur le rivage de
la mer.
i. NERA (La) , rivière d'Italie , ou plutôt torrent ,
qui a fa fource dans l'Apennin , un peu au-deffus de
Montaglioni : elle parte à Terni & à Narni , & après
un cours de quarante-cinq à cinquante milles , elle va
fe perdre dans le Tibre a Guaftanello , un peu au-des-
fus , Se au nord- eft d'Orta. C'eft plutôt un torrent
qu'une rivière. Elle- groflït confidérablemcnt par les
moindres pluies , ou par la fonte des neiges : les fauts
& les cascades qu'elle fait en rendent la navigation
impraticable.
3. NERA ou Neero , ou même Banda, ifled'Afie ,
dans les Indes ; c'eft la féconde des ifles de Banda.
Elle eft fituée entre rifle de Gunnanappi ou Goenongapi ,
Se celle de Lontoor , Se à vingt-quatre lieues d'Amboi-
ne (a). Ceux qui la nomment Banda , difent qu'elle com-
munique fon nom aux deux autres ifles qui font auprès :
ils ajoutent qu'elle eft de la figure d'un fer à cheval , s'é-
tend du nord au fud l'espace de trois lieues , ce qui fait
toute fa longueur , & qu'elle n'a guère qu'une lieue de
largeur, (b) Le principal fort que les Hollandois ayent
dans les ifles de Banda , fe trouve dans celle de Nera :
il fe nomme Naffau , Se il y en a encore un autre
plus petit fitué fur une montagne : on a donné à celui-
ci le nom de Belgica. L'ifle de Goenongapi , qui eft
une montagne ardente peu éloignée de Nera , Se où
perfonne n'habite , fume jour & nuit , Se vomit quel-
quefois des flammes de feu & des pierres. Au commence-
ment du dernier fiécle , elle jetta une fi grande quan-
tité de pierres qu'elles comblèrent le canal qui fépare
les deux ifles : ce canal avoit alors vingt braffes de
profondeur ; Se il n'a plus été navigable depuis ce
tems.
Il y a quantité de grands ferpens à Nera. Ils dévorent
les poules , les canards Se jusqu'aux petits cochons.
Rechteren, dans fa relation , rapporte (c) qu'un jour
ayant fait tuer un de ces ferpens , on lui trouva dans
le ventre un cochon de lait, un canard Se cinq pou-
les : il ajoute qu'on les fit cuire , Se qu'on les mangea
avec la chair de ferpent qui n'eft point venimeufe. (a) Se-
cond Voyage des Hollandois aux Indes orient, p. 488.
{b) Voyage de Rechteren aux Indes orient, p. 116. (c)
îbid. p. izo.
L'ifle de Nera a plufieurs montagnes toutes couver-
tes d'arbres qui produifent la noix muscade. On y
trouve quantité de cerifters dont le fruit eft aufli gros
que des prunes ; il y a même de ces cerifes qui font
auflî groffes que des poires ; elles font d'un beau rou-
ge , pleines de jus , & d'un goût très-agréable. On a
dans les bois une forte d'arbres qu'on nomme Sag-
gueiieres ou Clappes : on en tire , comme d'une fontaine ,
une agréable liqueur qu'on boit Se qui enyvrc comme
NER
le vin. Pour la tirer , on coupe une branche de l'ar-
bre , Se on pend au bout qui relie de la branche
coupée un roîeau creux , capable de contenir environ
cinq pots de liqueur. On va au matin Se au foir bat-
tre Se fecouer l'arbre , & il diftille dans le rofeau fa
liqueur , qui eft à peu près de la couleur du petit
lait ; mais fi l'on ne fecoue point ces arbres , au lieu
de rendre leur liqueur , ils produifent des noix qui font
presque aufli groffes que la tête d'un homme , Se à
peu près du goût des noifettes. On les prépare pour
les faire cuir dans l'eau comme le riz. Elles ont au-
dedans une liqueur à peu près femblable à celle qui
coule de leurs arbres.
On trouve aufli dans les bois beaucoup de perroquets ,
des cacataus qui font plus gros que les perroquets, Se qui
ont un beau plumage ides corbeaux des Indes, dont les
plumes font plus belles que celles des perroquets ; des
oifeaux nommés Lo , qui ont aufli un beau plumage ,
Se d'autres qui ne vivent que de noix muscades. On
leur a donné le nom de mangeurs de noix : ils font
de la grandeur d'un coq de bruiere , Se ne font pas
moins bons. Quand on veut les manger on les fait cuire
fans les vuider. Voyez. Banda.
4. NERA , ville des Indes , dans l'ifle de même
nom , dont elle eft la capitale. Elle eft fituée dans la
partie occidentale de l'ifle. Ses habitans font presque
toujours en guerre avec ceux d'une autre petite ville
nommée Labbetacca , qui en eft à une petite lieue.
Us fe livrent des combats fur terre Se fur mer. Ils ont
des galères dont ils fe fervent dans ces occafions. Elles
font fort foibles de bois. Les pièces en font liées en-
femble avec des cordes. Les côtes font à une braffe de
diftance les unes des autres , Se on prend garde en
bordant le bâtiment que toutes ces côtes- , qui tiennent
les bordages , s'accordent bien enfemble , Se viennent
l'une fous l'autre pour former le gabarit ; & pour les
joindre Se en faire la liaifon , on met deux taquets ou
pièces de bois aux deux côtés de chaque endroit où les
côtés du gabarit portent carrément l'un fur l'autre ; ce
qui fuffit pour les lier Se les affermir. On ne fe fert ni de
brai ni de goudron. On prend des écorces des plus groffes
noix des Indes , calepas ou coco , Se on les bat avec un
maillet pour les réduire en étoupe , Se en calefater le
vaiffeau. Enfuite on frotte les coulures d'une compo-
fition de chaux mêlée avec certaines autres matières qui
la rendent propre à cet ufage , Se qui la mettent en état
de n'être pas détrempée Se ôtée par l'eau. Quand ces
galères mettent à la mer pour aller exécuter quelques
entreprifes , les habitans font un fi grand bruit de cris ,
de hurlemens , de fons de tambours Se de retentis-
fcment de baflîns fur lesquels on frape , qu'on les
prendrait pour des gens furieux Se hors de leur bon
fens. Les nobles, qui font fur le haut de la galère,
font des fauts périlleux Se gefticuknt avec leurs armes ,
Se celui qui faute le mieux eft le plus admiré. Aux
deux côtés de la galère il y a comme deux galeries*
ou un petit toit de rofeaux , qui fait faillie en dehors Se
touche presque à l'eau. C'eft là-deffus que font les es-
claves , deux ou trois par rang , pour nager. Les rames
font proprement des pelles de bois, qu'ils font paffer
par-deffus leur tête pour ramer , jettant ainfi l'eau à-cô-
té. Pendant ce tems , ils ne laiffent pas de chanter de
toutes leurs forces , de battre la caiffe Se de fraper quel-
quefois fur leurs baflins. Cette manière de nager donne
tant d'air à leurs bâtimens , qu'ils avancent autant
qu'un navire pourroit faire par un bon vent. 11 y a or-
dinairement fur chaque galère deux pierriers , dont ils
favent paffablement fe fervir ; enforte qu'ils fe défen-
dent fort bien contre leurs ennemis. * Voyage des Hol-
landois aux Indes, p. 488.
NER ABUS , en grec n»/js/3o« , ville de Syrie , félon
Etienne le géographe.
NERAC , ville de France, dans la Gascogne , la fé-
conde ville du Condomois ( a). Elle n'eft pas fort an-
cienne ; mais elle eft devenue confidérable , parce que les
feigneurs d'Albrct, à qui elle appartenoit, & qui fe
trouvoient rois de Navarre Se fouverains de Bearn ,
l'aggrandirent Se y bâtirent un château ou palais , dans
lequel ils tenoient fouvent leur cour. Ils y établirent le
principal fiége de juftice du duché d'Albret ( b ). Nérac
NER
NER
eft à deux lieues de la Garonne, à quatre d'Agen Se fur
la lîvierc de Baife , qui la fépare en deux parties , ap-
pelles le grand Se le petit Nérac, trois lieues environ
au -défions de la ville de Condom. Des collines s'élè-
vent de chaque côté. Le grand château que les Anglois
ont bâti , elt ce qu'on y voit de plus remarquable. Il
eft au bord de la Baife , avec de profonds foffés Se des
pont-lcvis , d'où l'on va dans une garenne , où eft un beau
jeu de mail. Celle-ci s'appelle la Garenne de Bas , parce
qu'il y en a deux. Dans le milieu de cette garenne , fin-
ie bord de la rivière , il y a une fort belle allée , qui con-
duit à un moulin appelle Nazareth. A gauche Se près
du château , il y a une fontaine dans un roc : on la nom-
me la fontaine de Saint Jean. Elle fournir de l'eau à
la ville par trois gros jets différens. Proche de cette fon-
taine eft un arbre, appelle Yarbre de la Reine. La garenne
d'en haut eft de la même longueur que celle d'en bas ,
& on la peut voir d'un bout à 1 autre, par le moyen
d'une allée qui eu; formée par de gros arbres. L'églife
paroiffiale elt renfermée dans le grand Nérac. Elle eft
proche du château ik dédiée à faint Nicolas. Il y aauïîi
des Capucins qui ont un foit beau couvent ; des Doctri-
naires , des Cordcliers &: un monaltere de religieufes.
Du coté de la ville , pour entrer dans le château , eft un
pont-levis , après lequel on trouve une belle cour. La
place qui elt devant ce pont , eft ornée d'une belle croix
de marbre & de quantité de grands ormeaux , avec une
belle halle à côté , ik plus bas une grande & large rue ,
qui s'appelle k Pavé, & qui aboutit à la rivière. Cette halle,
où fe vendent toutes fortes de denrées , eft proche d'une
très-belle fontaine , appcllée le Grif , & de la rue d'Hou-
rinder , au bas de laquelle eft la porte de Bordeaux. Le
grand Nérac a encore deux autres portes ; celle de Mar-
cadion , où fe tient le marché du bétail , ik celle de Con-
dom. Autour de la ville , eft une promenade très agréa-
ble , qui s'appelle les Allées. On paffe du grand Nérac
au petit par le moyen d'un pont , où il y a un très-beau
moulin à eau, & au delà une affez longue chauffée. Le
petit Né tac eft plus élevé que le grand, parce qu'il eft
bâti fur des rochers. Il y a auiîi trois portes ; celle de Gau-
jac , celle d'Agen Se celle de Saint Germain. A côté du
château » il y a un très-beau jardin nommé le jardin du
Roi : il eft orné d'une fontaine qui jette de l'eau de tous
côtés , Se qui fert à l'arrofer. A la fortie du jardin ,
on trouve une longue allée où l'on joue au mail. ( a ) Lon-
guerue , Defcript. de la France , part, i . p. 1 87. ( b ) Corn.
Diét. Mémoires manuscrits.
Les habitans de Nérac embrafferent la plupart le Cal-
vinisme dans le feiziéme fiécle , Se y firent établir la
chambre mi-partie de Guienne , où les Huguenots du
parlement de Bordeaux avoient leurs caufes commifes.
Cette ville , qui étoit affectionnée à fon parti , prit les
armes contre Louis XIII, en 1621; mais ayant été at-
taquée par l'armée royale , elle fut contrainte de fe
rendre.
Nérac fut érigé en fiége préfidial l'an 1629 ; mais
le fiége ne fut établi qu'en 1639.
Comme la Baife commence à être navigable à Né-
rac , cette ville elt affez marchande , Se les habitans y
font plus aifés que ceux des villes des environs. Il y
avoit autrefois une chambre des comptes pour les par-
ties du domaine de Navarre étant dans le royaume de
France : mais elle a été reunie à celle de Navarre féante
& Pau. * Mémoires dre/jés jur les lieux.
NERATA , ville de Liburnie , félon Ortelius , qui
cite un manuferit de Pline.
NERBII. Voyez. Nervio.
NERDABA , rivière de l'Indouftan , où elle prend fa
fouree , au nord de Brampour , capitale de la province
de Candisch , d'où elle court vers le couchant , où elle
arrofe la partie méridionale de Baroche , Se va fe
rendre dix lieues au-deffous dans le golfe de Cambaye.
Cette rivière blanchit fort bien les toiles. * Tavemier ,
Thevenot : , voyage des Indes.
NERE , bourg de France, dans la Saintonge , éle-
ction de Saint Jean d'Angeli.
NEREA ou Alapia , ville de Cœlefyrie , fclon
Guillaume de Tyr , /. z. c. 19. Il y en a qui croient
que c'eft aujourd'hui Alépo.
NERE/E, Voyez. Narb^.
NEREENSIS Vicus, bourg ou village de France,
vers les confins du Bourbonnois , au voifinage de 1 ab-
baye de Colombieres en Bcrri. Grégoire de Tours, in
vita S. Patrocli retiaii/i , fait mention de ce lieu , Se dit
que faint Patrocle y bâtit un oratoire , qu'il y mit des
reliques de faint Martin , Se qu'il s'y appliqua quelque
tems à l'inltrucLion de la jeuneffe. 11 ajoute que faint
Patrocle étant mort, le piètre de ce lieu , qu'il qua-
lifie Archipresbytcr Nereenfts Vui, à la tête d'une trou-
pe de fes clercs , voulut aller enlever de force le corps
de ce faint , pour l'enterrer dans fon village , d'où il étoit
forti quelque tems avant fa mort ; mais dès que cet
archiprêtre apperçut le drap mortuaire , il fut faifi
d'une telle frayeur , qu'il neut pas la force d'exécuter
le deffein qu'il avoit formé. Au lieu de penfer à en-
lever le corps du faint , il fe joignit avec les religieux
qui faifoient l'enterrement , Se les accompagna jusqu'à
l'abbaye de Colombieres, où le corps de faint Patro-
cle fut enterré , ainfi qu'il l'avoit demandé. Voyez. Ne-
ris 3.
NERESHEIM, abbaye d'hommes, ordre de S. Be-
noît, dans la Suabe , au nord du Danube, dans la prin-
cipauté d'Oè'ting, à deux lieues au fud-oueft de Noxd-
lingue.
NERESSUS, en grec N«p»w«f , ville de l'Archipel ,
dans l'ifle nommée Cia par les Latins , Se Zea par les
modernes. Ortelius , îhefaur. parle de cette ville &
cite yEschius , in Epifiolis. Mais Ptoloméc, Pline, Stra-
bon, &c. au lieu de Nerejfus , lifent Caressus. Veyez.
ce mot.
NERESTABLE, bourg de France, dans le Forez,
élection de Roanne. 11 a plus de mille habitans.
NERETINI , ou , comme portent quelques manu-
ferits , Nerecini , peuples d'Italie dans le pays des Sa-
Imtini , félon Pline, lib. 3. cap. iz. Ptolomée , lib.
3. cap. 1. nomment leur ville tinpiTov , Se la place
dans les terres. C'eft aujourd'hui !a ville de Nardo.
NERGHES, ville de Géorgie, ou de Mingrelie, à
77 degrés de longitude , Se à 43 degrés de latitu-
de. * Petit de la Croix , Hift. de Timtu-Bec , liv. 3.
chap. 6.
NERGOBRIGES. Voyez. NertobrIGa.
NERIiE ou Nerii. Voyez. Celtici.
NERICIA. Voyez. Ithaque.
NERICIE, province de Suéde, dans les terres.
Elle eft bornée au nord par la Weftmanie , à l'orient
par la Sudermanie, au midi en partie par l'Oftrogo-
thie Se en partie par l'extrémité feptentrionale du lac
Vater, Se à l'occident en partie parla Weftrogothie,
Se en partie par le Vermeland. Il n'y a proprement
qu'une ville dans la Nericie -, favoir , Orebro , Ore-
borg ou Orcbroa ; fes autres lieux les plus confidéra-
ble font
Askelfund , Hielmersberg , Glanshammar ,
Entre plufieurs lacs qui fe trouvent dans cette pro-
vince , le lac Hielmer en occupe une partie confide-
rable à l'orient , Se le lac Vater au midi. Il y a aufli
quelques rivières , entre autres la Trofa , qui coupe la
province en deux, d'occident en orient. * Atlas , ÂV
bert de Vaugondy.
Il y a des mines d'argent dans la Nericie ; mais on
n'y travaille point : les habitans fe contentent de faire
valoir celles de fer , d'alun Se de foufte. Il fe trou-
ve parmi eux quantité de forgerons , qui font de tou-
tes fortes d'inftrumens de fer , dont ils fouiniffent les
étrangers. * Martin. Zeyler , Suecia: defer. p. 7.
NERICUM. Voyez. Leucas.
NER1EU. Voyez. Neronica.
NER1GON. Quelques-uns fe font imaginés, que
par ce mot Pline /. 4. c. \6. entendoit parler d'une iile
aux environs de celle des Bretons; mais Ortelius, The-
faur. fur le témoignage de Becanus , Si le père Har-
douin dans fes notes fur Pline , prétendent que Neri-
gon ne fignifie rien autre chofe que la Norwege. Il
n'eft même pas permis de penfer autrement.
NERII , peuples de l'Espagne Tatragonnoife. Pompo-
nius Mêla, de fuuOrkis a l. 3. c. 1. les place avec.
5-28 NER
les Tamarici , auprès du promontoire Nerium. Pintaut
croie qu'on doit lire Neria, au lieu de Nerii.
NERIPHUS , ifle dél'erte , auprès de la Cherfon-
nèfe de Thrace, félon Pline, /. 4. c. 12.
NER1P1 » peuples de la Sarmatie Afiatique : Pline .
/. 6. c. 7. les place entre les Catom Se les Agandei.
1. NERIS, ville de Mefienie, félon Etienne le géo-
graphe. Stace en parle dans le quatrième livre de la
Thébaïde. * Ortelius , Thefaur.
2. NERIS , ville de Grèce , dans l'Argie. Paufa-
nias, lib. 2. cap. 38. la met aux confins *.4e la La-
conie.
3. NERIS, Nerus, Nerea, Aqus Neri, ou Ne-
reensis Vicus , ville d'une ancienneté Gauloife , que
quelques-uns prennent pour la Gergobia Boiorum, dont
il eft parlé dans Céfar. Ce qu'il y a de certain , c'eft
qu'aujourd'hui ce n'eft qu'un bourg, fur les confins du
Bourbonnois & de l'Auvergne , élection de Montluçon.
Plufieurs prétendent que c'eft en cet endroit que laint
Patrocle reclus en Berri , fie bâtir un monafiere de fil-
les. D'autres cependant l'appellent Mère, Se lui don-
nent une autre fituation. Kov^Neerensis Vicus. Ne-
ris eft fituée fur un coteau, ou plutôt fur des rochers,
Se les environs font terres à feigle. Il y a des eaux
minérales infipides. D'une livre de ces eaux on en a ti-
ré plus de huit grains de réfidence, & le fel a été trou-
vé fort femblable à celui des eaux de Bourbon. Les
anciens les ont connues Se les nommoient Aqus Ne-
RiyE. Il en eft fait mention dans la table de Peutinger ,
Segm. 1 . qui met , Aquïs Neri , entre Meàiolanum Se
Cantilia. Les eaux qui s'écoulent font tourner fept à
huit moulins. On y trouve encore de beaux relies d'an-
tiquités. On tient trois foires chaque année à Neris.
* Baillet , Topograph. des Saints, p. 635
NERISUM , en grec mparov , montagne de Thrace ,
félon Etienne le géographe , qui la place auprès de la
ville de Cynetha.
1. NERITUM, ville d'Arménie. Ferculphe écrit
que l'Apôtre faim Jacques y a été enterré. * Ortelius,
Thefaur.
2. NERITUM, ville d'Italie, dans le pays des Sa-
le ntini , félon Ptolomée , /. 3. c. 1. On croit allez gé-
néralement que c'eil aujourd'hui la ville de N.irdo. C'elt
peur- être auffi la même choie que les Neretini de Pline.
Voyez. Neretini.
3. NERITUM Actoricum, lieu de l'Epire, appel-
lé depuis Ltttcas. Voyez. Leucade. * Ortelius, Thefaur.
NERITUS, montagne, dans l'ifie d'Ithaque. Ho-
mère en parle dans le fécond livre de l'Iliade , v. 139.
Pline , /. 4. c 1 2. en fait auffi mention. Ortelius , The-
faur. foupçonne que c'eft cette montagne que Suidas
appelle Neritum.
1. NERIUM. Voyez. Artabrum.
2. NERIUM, petite ville d'Espagne, dans la Ga-
lice , auprès du cap de Finiftere , appelle par quelques
auteurs Nerium promontorium. Ce cap lui adonné fon
NER
nom.
NERLAC ou Noirlac, abbaye de France, dans
le Berri. Son nom latin eu" Nigri laciîs abbatia , ou
Domus Dei deNigrolacu. C'eft une abba)e d'hommes ,
ordre de Cîteaux , fille de Clairvaux. Elle eft fituée fur
le Cher , à une lieue de Saint Amand. Dom Etienne
rapporte fa fondation à Robert , parent de faint Ber-
nard , l'an 1 1 36 : on lui donne néanmoins ordinairement
pour fondateur Ebbon de Charenton, qui donna, du
confenrement d'Agnès , fa femme , aux moines de Clair-
vaux, l'an 1150, un lieu appelle Maifon- Dieu , pour
rétabliflement d'une abbaye , avec des revenus pour
l'entretien Se la fubfiftancc des moines qui l'habiteroient.
Pierre , archevêque de Bourges, confirma cette fonda' ion
l'an 11 55). Le cloître, le réfe&oire, le vivier, le dor-
toir , la celle des novices Se le chapitre, font très-beaux.
On voit dans le chapitre les tombes d'Ebbon, fon fon-
dateur , d'Agnès fon époufe , d'Ebbon leur fils , Se de
Mahaut ou Matilde de Charenton , & de Raimond de
Montfaucon le Jeune. Dans le cloître eft la tombe du
feignent de la Chaftre , Se dans 1 eglife près du grand
autel du côté de l'évangile , fe voit celle d'Henri d'A-
vaugour, archevêque de Bourges, qui mourut l'an 1 346.
On compte trente- fix abbés de cette maifon jusqu'en
1714.
NERMAY, petite ville d'Allemagne. Elle eft fituée
dans une campagne très fertile, Se des dépendances de
Neubourg à caufe de Juliers. L'enceinte en eft afiez gran-
de ; mais elle n'a point de foliés. Le long de fes mu-
railles , qui font extrêmement fimples , legne une ga-
lerie couverte , où l'on peut faire la ronde; le tout fans
terre-plein. * Mémoires & plans géographiques. Corn.
Dici.
NERMONSTIER. Voyez. Noirmoustier.
NERO, bois au fauxbourg près d'Antioche, capi-
tale de la Syrie : il fut premièrement appelle Daphné.
Voyez, ce mot , n° 3.
On a donné à ce lieu le nom de Nero, du mot fy-
riaque Ner , qui veut dire fontaine ou fleuve, à caufe
de la grande abondance de fes eaux , outre que Nero ,
dans la langue grecque moderne, lignifie de l'eau. Cet-
te remarque eft de Corneille, qui cite Sozomène, Ba-
ronius Se Procope.
NEROASSUS. Voyez. Nera.
1. NERON, ifle de la mer Rouge, fur la côte de
l'Arabie. Pline , /. 37. c. 2. dit que le cryftal y croît.
Selon le père Hardouin, tous les manuferits portent Ne-
cron. Il prétend que Néron eft une faute.
2. NERON ou Nerondes , ville de France , dans le
Forez , élection de Roanne. Il y a une châtellenie
royale relTortilTante de la fénéchaufïée de Saint Etienne.
NERONDES , bourg de France , dans le Berri , éle-
tion de Bourges , & à huit lieues de cette ville. Il y
a plufieurs annexes. Precilli-Milli en eft la plus confi-
dérable. Le terroir eft excellent : il produit du bled
de toutes espèces ; il y a des étangs Se de bons pâtu-
rages pour les beftiaux.
NERONIA eu Neronias , ville de la Paleftine ,
près de la fource du Jourdain. Jofephe /. 20. c. 8.
dit que le jeune Agrippa donna le nom de Néronia-
de à la ville de Panéade.
NERON I AN A , c'eft le nom d'un aqueduc , en Ita-
lie , à trois milles de Rome : il avoir été bâti par Né-
ron pour conduire les eaux Claudiennes au mont Ce-
lius Se au mont Aventin dans la ville.
NERONIANA Piscina , lac d'Italie, dans le Pa-
douan aux environs de Bagni d'Abano. Voyez. Abano.
NERONIANA Villa Sublacensis , maifon de
campagne d'Italie, dans le Latium, auprès de Sublac,
félon Frdntin.
NËRONIANjE Thermo , bains conftruits à Ro-
me , par l'empereur Néron. On les appella depuis
Thermœ Alexandrins , félon le témoignage d'Eutrope.
NERONIANI Campi. Procope fait entendre que
les Champs de Néron étoient aux environs de Rome,
entre Salaria ôc Pinciana.
NERONIAS, ville de la féconde Cilicie , & aujour-
d'hui appellée Irenopolis, félon NicephoreCallifte, lib.
8. c. 18. Théodoret , /. 1. c. 7. dit la même chofe.
On lit HERENoroLis pour Irenopolis dans une anciens
ne infeription. Saint Athanafe , félon Orrelius, The-
faur. fait mention d'une ville nommée Neronipolis, de
donne le nom de Narcifle à fon évêque ; mais dans
un autre endroit il appelle ce même évêque épiscopus
Neroniadis ; ainfi Neronias Se Neronipolis font la mê-
me ville.
NERON ICA, ancienne ville de Suifle, dans la fei-
gneurie de Neuchâtel. On la nommeit en François
Nerieu. Elle étoit très -grande : on prétend qu'elle tc-
noit depuis le mont Jura jusqu'à la Thiele, Se depuis
Landeron jusqu'au village de Crefly. Landeron , à ce
qu'on croit , a été bâtie de fes ruines. * Etat & Dé-
lices de la Suijfe , t. 3. p. 244.
NERON1ENSES ou Foro-Neronienses. Voyez.
Forum Neronis.
NERONIS Imperatoris Suburbanum. Ce lieu
étoit entre la voie Salaria Se la voie Numentana ,
félon Suétone , /. 6. c. 48. Se environ à quatre mil-
les de Rome ; peut-être étoit-il dans les Champs Ne-
roniens.
NEROUER , montagne des Indes , dans les états
du Grand Mogol , à cinq journées au-delà de la ville
d'Agra , fui le chemin de Surate à Golconde. Il y a dans
cette
NER
NER
cette montagne une mine d'excellent fer; mais ce n'en:
pas pat où elle rapporte le plus de profit : les chafïeurs
d'Agra s'y rendent pour y prendre certaines vaches fau-
vages qu'ils nomment Mérous. Ils les trouvent dans des
bois aux environs de cette montagne, & comme ces va-
ches font ordinairement fort belles, ils en tirent un grand
profit. *.Thevenot, Voyage des Indes, p. 1 13.
NERRE (La) , rivière de France, dans le Berri. Elle
a fa fource à trois lieues au-defTus d'Aubigni , coule du
levant au couchant, 8c tombe dans la grande Sàudré
aux Planches du bourg de Clémorit, au-deiïbus d'Au-
bigni. * Piganiol, Defcr. de la France, t. 6. p. 406.
NERTERAN/EouNerteriAni, ancien peuple de la
Germanie. Ptolomée,/. 2. c. 11. les place entre les Cu-
fuarï 8c les fianduti, au-defïbus des premiers, 8c au-
defTus des derniers.
NERTOBR.IGA , ancienne ville de l'Espagne Tàr-
ragonnoife, félon Ptolomée, /. 2. c. 6. qui la place
chez les Celtiberes , entre Turiajfo 8c BilbiliS. Elle étoit
grande & fort confîdérable. On en voit encore les rui-
nes auprès de Merida , à une lieue de Frexenal, dans
un lieu nommé Valera , Se ces ruines font connoître
de quelle grandeur elle étoit. Elle fut détruite dans le
rems de l'invafion des Barbares , & de fes ruines on
a bâti trois ou quatre bourgades; favoir , Frexenal,
Fuentes, Bodenal 8c Higuera. Les manuferits varient
beaucoup fur le nom de cette ville : les uns écrivent
Nertobriga , qui efl le véritable nom : d'autres por-
tent Ncrgobrïges , Nitobrica 8c Natobrica. * Délices
d'Espace, t. 2. p. 384.
NERTZINSKOY. Voyez. Nerzinskol
NERUA , fleuve d'Espagne , dans le pays des Can-
tabres , félon Ortelius : il cite Ptolomée , /. 2. c. 6.
qui met l'embouchure du fleuve N'enta chez les Autri-
gones , peuples voifius des Cantabres. Pomponius Mê-
la,/. 3. c. 1. appelle ce fleuve Nesva\ 8c Pintaut
croit que c'eft ainfi qu'il faut lire , tant parce que
quelques manuferits de Ptolomée portent aufit Nefua}
que parce que le nom moderne, qui elt Nanfx, fem-
ble confirmer cette otthographe.
NERVESI/E , village d'Italie , au pays des JEqui-
coles. Pline, /. 2j. c. 8. dit que l'herbe nommée par
les Latins Con/iligo , 8c Pommelée en François , crois-
foit aux environs de ce village.
NERVICIQ , bourg de France , dans le Forez , éle-
ction de Montbrifon.
NERVII , anciens peuples de la Gaule Belgique :
ils tiroient leur origine des Germains , félon Strabon ,
/. 4. p. 194. qui les place au voifinage des Treviri. Ils
affeéloient eux-mêmes cette origine germanique & s'en
faifoient gloire ; ce qui a fait dire à Tacite , de Mo-
rib. Germ. eap. 2 S. Treveri & Nervii cire a adfeïha-
t'wnem Germanie £ originis ultra ambitiofi Junt , tanquam
fer banc ghriam fanguinis à fim'liiudiiie & inertia
Gallorumfeparentur. Céfar , /. 2. e. 4 en parle com-
me d'un peuple confîdérable , qui pouvoit fournir jus-
qu'à cinquante mille hommes pour une guerre com-
mune. Leur cité en effet étoit d'une fi grande étendue,
qu'elle prenoit depuis les Treviri , félon le témoigna-
ge de Strabon , jusqu'aux Bellovaci , comme Céfar , /. 2.
c. ij & 16. nous le fait entendre. Ils confinoient ou-
tre cela aux Ambiant , aux Atrebates 8c aux Veroman-
dui. Ils avoient ces derniers auffi bien que les Rhemi
au midi , au nord les Aduatici , 8c à l'orient la Meufe.
Céfar dit que lorsqu'il fut aux frontières des Ambiant* qui
touchoient les Nervii , s'étant informé des mœurs de
ces derniers, il apprit qu'ils ne permettoient l'entrée
de leur pays à aucuns marchands étrangers, 8c ne fouf-
froient point qu'on leur apportât du vin , ni aucune
autre chofe capable de relâcher la vertu. Ils avoient
excité les Atrebates 8c les Veromandui à une généreu-
fe défenfe , 8c avoient joint leurs forces à celles de ces
deux peuples : ils donnèrent à Céfar une bataille , dont
il parle comme de la plus fanglante 8c de la plus pé-
rilleufe où il fe fût trouvé de fa vie. Il paroît par le
récit qu'il en fait , que les feuls Nerviens , après que
les deux autres peuples eurent été défaits , le reduifi-
rent à l'extrémité , 8c que quand le fecours que lui en-
voya Labienus, un de fes lieutenans, les y eut réduits
eux mêmes , il ne fut pas pofiible de les rompre. Dès
f*'9
qu'il en romboit quelqu'un, un autre incontinent le
mettoit fur fon corps , où il combattoit comme fur un
rempart, 8c Céfar, qui admira ces derniers efforts, dir
qu'il ne falloir pas s'éronner fi des gens qui en étoient
capables avoient parte une large rivière, franchi une rive
escarpée , 8c grimpé fur une montagne pour le venir
attaquer. Leur réfiftance fut fi opiniâtre , que de foi-
xante mille qu'ils étoient, ils fe virent réduits à cinq
cens , 8c de fix cens perfonnes de familles Patricien-
nes il n'en refla que rrois. Céfar leur laifl'a toutes leurs
villes, 8c pour empêcher qu'on ne profitât de leur foi-
bleiïe , il fit défendre à tous leurs voifins de les opprimer.
Par les bornes que Céfar donne aux Nervii , on peut
conjecturer quelles étoient leurs villes. Il femble que
C imeracum , Cambrai , en devoir être la capitale , quoi-
que cette ville ne foit nommée par aucun des écrivains
qui ont précédé la table de Peutinger & l'itinéraire d'An-
tonin. Ce dernier, en décrivant la route AcCaffellumh
Cologne, obferve cet ordre :
Cafldlo,
Minariacum ,
XI
M.
Pas
Nemctacum ,
XIX
M.
P.
Camaracum,
XIV
M.
P.
B.igacum ,
XVIII
M.
P.
Vodgoriacura ,
XII
M.
P.
Germiniacum _,
X
M.
P.
Perviciacum,
XXII
M.
P.
Advocam Tongrorum ,
XIV
M.
P.
Et dans une autre route de Tarvenna à Durocorto-
rum , le même itinéraire garde «et ordre :
Tarvenna ,
Nemetacum ,
Camaracum ,
XXII M. Pas.
XIV M. P.
AuguftamVeromanduorum, XVIII M. P.
Ces routes nous apprennent la fituation de Cam-
brai , 8c celle de Bagaeum, Bavay , qui appartenoit
pareillement aux Nervii, comme le témoigne une in-
feription qui fe voit dans le même itinéraire : on y
lit ces mots : Iter à Bagaco Nervioritm > Durocorto-
rurn , Rcmorum us que.
La table de Peutinger appelle pareillement cette ville
Bagacum Nerviorum, dans cer ordre :
Turnacum , * — .
Ponte Scaldis , XII M. Pas.
Bacaco Ncrvior. X M. P.
* Ceîlarius, Gcogr.ant. 1. 2. c. 3.
Pons Scaldis , aujourd'hui Condé , doit auffi être mis
au rang des places qui appartenoient aux Nervii : car
la table de Peutinger 8c l'itinéraire d'Antonin le placent
entre Turnacum , Tournai , 8c Bagacum Nerviorum.
Peut-être doit-on également leur donner Fanum Mar-
ris , dont il efl parlé dans la notice des dignités de
l'Empire en ces termes : Prafetlus Lœtorum Nerviorum
Fano Martis Belgicxfccunda. De plus , on voit que les.
Nervii avoient différens peuples fous eux. Céfar, /. y.
c. 39. le dir pofitivement , 8c nomme même ces peuples :
Facile, dit-il , kâc oratione (Ambiorix } Nerviis perfua-
det. Itaque confeftim dimi/fis nunûis ad Centrones , Gru-
dios , Levacos , Pleumofios , Gordunos , qui omries Juù
eorum imperio fitnt , quam maximas manus ro(funt ,
cogunt. Ces peuples ne font point connus dans les au-
tres auteurs ; ce qui doit faire croire , ou qu'ils changè-
rent de nom , ou , ce qui efl plus vraifcmblable , qu'ils fu-
reur compris fous le nom général de Nervii. Cluvier,
croit que ces peuples fournis aux Nervii, formèrent en-
femble le peuple nommé Sueconi , dont Pline feul , /.
4. c. 17. fait mention , 8c leur donne encore la ville de
Tournai ; mais outre que Ce nom Sueconi efl fuspect ,
aucun autre écrivain ne le connoifTant point , la fitua-
tion de Tornacum , 8c l'ordre des itinéraires rappor-
ts ci-defTus , obligent de donner cette ville aux Ner-
vii.
Le père Briet , Gallia ant . p irt. i.l. 6. paroît de l'opi-
nion de Cluvier , par rapport aux Sueconi , 8c à la ville
de Valenciennes , Valentinianct > qu'il donne aux Net'.
Tom. IV. Xxx
530 NER
va i quoiqu'il foie probable que cette ville appartient à
la géographie du moyen âge plutôt qu'à l'ancienne. Voici
la table que nous a donné ce père j
Bacacum ou Ba-
garnira , Bavay
NES
Nervii ,
leHainault,
le Cambre-
fis & la Flan-
dre Françoi-
fe.
en Hainault,
Ventinianœ , Va-
lenciennes ,
Pons Scaldis ,
Condé ,
Cameracum ,
Cambrai ,
Sueconi ou les
environs de
Tournai, fous
la dépendance
des Nervii.
Centrones ,'
Grudii, Le-
vaci , Ple-
mofi , Gor-
duni.
Torna-
\cum ou
Turna-
)atm t
Tournai.
NERVIO, rivière d'Espagne, dans la Biscaye, & la
plus confidérable de la province. Les Biscayens l'appel-
lent en leur langue Ybay çabal, ce qui fignific unelaige ri-
vière. Elle traverfe le milieu du pays du midi au iep-
tentiion, pafle à Bilbao, capitale de la province, &àdeux
milles au-deflbus de cette ville, ôc non à deux lieues,
comme Moreri le dit dans fon dictionnaire , elle va fe
jetter dans l'Océan. Les anciens l'ont appeiléè Chalybs.
Son eau eft excellente pour la trempe des armes ; de-
là venoit que les Cantabres n'eftimoient nullement les
epieus ou les autres armes de cette forte, fi le fer n'en
avoit été trempé dans le Chalybs. Voyez. Ybay-ç aval ,
c'eit la même rivierequcquelques auteurs appellent aufli
Negangesia. * Délices d'Espagne, t. i. p. 72.
NERULA (a), château d'Italie , dans la Sabine, fur
la rivière Farfaio a la droite. Certe terre, qui apparte-
noit (b) autrefois à la maifon des Urfins, a le titre de
duché & appartient aujourd'hui à la maifon des Barbet ins.
(a)Leander, Defcr.di tutta Italia, p. 105. (b)Com. Diét.
NERULONENSIS. ^«.Neruium.
NERULUM, ville d'Italie, dans la Lucanie: Tite-
Live,/. 9. c. 20. dit que le conful yEmilius la prit d'em-
blée. Litinéraire d'Antonin la met fur la route de Mi-
lan à la Colomne , entre Semunclam ôc Summuramtm ,
à feize milles de la première & à égale diftance de la
féconde. 11 la place auflî fur la route de la ville Jjpia,
à la Colomne , ôc la met entre Cafariana ôc Summu-
ramcm , à trente- fix milles de la première ôc à qua-
torze milles de la féconde. Ainfi ces deux routes va-
rient pour la dirtance de Nerulum à Summuranum.
Cette différence a engagé quelques géographes moder-
nes à dite qu'il y avoit dans la Lucanie deux villes nom-
mées Nerulum; mais fi cette raifon étoit fuffifante , il
faudroit admettre pareillement une troifiéme Nerulum ,
puisqu'il y a des manuferits d'Antonin qui ne mettent
que treize milles de diltance de Nerulum à Summura-
num. Ortelius , Thefaur. croit que c'eft aujourd'hui La-
gonero. On lit Nerulonenfïs dans Suétone , in Aitgiifi.
c. 4. mais tout le monde avoue ne favoir ce que ligni-
fie ce nom , qui ne paroît avoir aucun rapport avec la
ville Nerulum.
NERVOSI Montes , montagnes d'Espagne , dans la
Galice, fclon Ortelius, Thejaur. qui cite lfidore.
NERUSU ou Nerusi , peuples des Alpes. Pline, /. .
3. c. 20. les met au nombre de ceux qui fuient fubjugués
par AugulTe. Quelques exemplaires portent Verufi pour
Nerit/i, mais c'eft une faute. Ptolomée, /. 3. c. 1. les
place dans les Alpes maritimes, ôc leur donne une ville
nommée Vintium. Voyez, ce mot.
NERWINDE ou Neerwinde, village du Bra-
bant à une lieue de Tillemont , ôc à une lieue & de-
mie de Landen. Ce lieu eft fameux par la bataille qui
s'y donna le 29 de Juillet 169} , & qu'on nomme éga-
lement la bataille de Neerwinde Ôc la bataille de Lan-
den. Voyez. Landen. * Ditlion. geogr. des Pays-Bas.
NERZINSKOI , ville (a) de l'empire de Ruine , en
Sibérie, fur les frontières delà Tartane , vers les 52
deg. 10 min. de latir. ôc les 128 de long, fur la riviè-
re de Nerza , à 500 toifes de fon embouchure dans l'O-
rne. C'ell la feule ville que les Uuflcsont à palier aux
environs de cette dernière rivière. Elle eft allez grande
& bien peuplée , a une forte garnifon avec une affez bon-
ne artillerie. Les environs de certe ville, quoique très»
montueux, font allez fertiles, (ù) On y trouve toutes
fortes de fleurs ôc de plantes ; de la rhubarbe bâtarde
ou du rapontica d'une grofleur extraoïdinaue , des
beaux lis blancs , des lis orangés , des pivoines rouges
& blanches d'une odeur charmante , du romarin , du
thim , de la marjolaine ôc de la lavande , outre plu-
fleurs autre plantes odoriférentes inconnues parmi nous;
mais on n'y trouve point de fruits, fi ce n'eft des gro-
feilles. Les Païens, qui habitent depuis long-tems ce
pays là , vivent fous la domination du czar de Mosco-
vie ôc font de deux fortes -, favoir les Konni Tungu-
fi ôc les Olenï Tungu/ï. Les premiers font obligés de
monter à cheval aux premiers ordres du vaivode de
Nerzinskoi , ou quand les frontières fonr infeftées de
Tartares : les Olenï font tenus de comparoître à pied ÔC
armés dans la ville, lorsque la néceffité le requiert, (a)
Hiftoire généalogique des Tatars p. 233. (b) Lt
Brun , Voyage de Moscovie , p. 1 16.
NESA, ville d'Afie, dans la Perfe, au défert deKi-
vac , entre le KhoralTan ôc le Carezem , à 93 deg. 20
min. de longitude , & 48 deg. 4; min. de latitude. *
Petïs de la Croix , Hiltoire de Timur-Bec, liv. 2. chap.
48.
NESACTIUM ou Nesartium , ville de l'Inné, fe-
lonTite-live , /. 41. c. 15. qui fuit la dernière orthogra-
phe. M. Julius ôc A. Manlius allîégerent & prirent cette
villel'anj7j de la fondation de Rome. Du tant le fiége
ils avoient détourné le cours de la rivière Arfia qui
paflbit au travers de la ville : le manque d'eau, qui de-
voir naturellement obliger les habi ans à fe rendre ,
leur infpira au contraire des fentimens de fureur. Ils
égorgèrent leurs femmes & leurs enfans, ôc jerterent
les corps par defius les murailles, afin que les Romains
euflent horreur de l'extrémité à laquelle ils les redui-
foient i mais les alliégeans profiterenr de ce rems pour
escalader les murailles, ôc fe rendirent ainfi maîtres de
la ville, où le roi /Epulo & les princes du pays s'é-
toient renfermés pour la défendre. Sitôt que le roi ap-
prit que la ville éroir au pouvoir de l'ennemi , il fe pas-
fa fon épée au travers du corps pour s'épargner les cha-
grins de la captivité. Tout le refle des habitans fut, ou
fait esclave, ou pafle au fil de l'épée. Pline, /. 3. c.
1 9. parle de cette ville, ôc la nomme Nefaclïum. Pto-
lomée,/. 3. c. 1. écrit Nefatlum. On convient que c'eft
aujourd'hui Caftel Nuovo,k l'embouchure de l'Arfa.
NES/EA , en grec ■tiwa.ia.. C'eft le nom que donne
Strabon à une partie de l'Hyrcanie, ôc dont d'autres ce-
pendant font un pays entièrement féparé. Le fleuve
Ochus coule au travers de cette contrée.
1. NES/EUM, lieu ou campagne, dans la Médie,
félon Ortelius, Thefaur. Vvyez. Hippoboton , nç 1.
2. NES/EUM , lieu fur les côtes de la mer Rouge,
félon Suidas qui cite Orphée. * Ortelii Thefaur.
NESAIS. Voyez. Nisa.
NESB1N. Voyez. Nesib.
NESCANIA, ville de la Bétique, à fix millepasd'An-
riquera ; il en eft fait mention dans un ancien marbre,
à ce que dit Ambroife Morales. * Ortelii Thefaur,
NESEF. Voyez Carschi.
NESEI , peuples de l'Inde. Pline, /. 6. c. 20. nom-
me feulement ces peuples.
NESIADES, ifles de la Gaule Celtique. Ce font les
mêmes que Pline, /. 4. c. 1. appelle Venetic&infuU.
Voyez ce mot.
NESIB , ville de la Palefline , dans la tribu de Ju-
da. Eufébe dir qu'elle eft à fept milles d'Eleutheropo-
lis , ôc S. Jérôme la met à neuf milles de cette même
ville , tirant vers Hébron. *■ Jofué, 1 $. 43.
NESIBIS. Voyez. Nisibis.
NESIDION. Fô^Halonese, n° 1.
NESIDUM. Voyez. Amnit^.
NESIOPE. Voyez-Nisorz.
NESIOT.E,, Cranii, Sam^i & Pallentes, peu-
ples de 1'ifle de Céphallenie, félon Tite-Live , /. }S.c.
58. qui fair entendre qu'ils n'éroient pas fortpuiflans.
Strabon , /. ! o. p. 45^5. & fuiv. connoît quelques-uns de
ces peuples ôc leur donne quatre villes , qu'il dit être de
peu de conféquence. Ces villes font
NES
NES
S3l
SamoouSame, Paleis, Pronefits , Cranii.
NESIOTIS. Voyez. Henesiotis.
i. NESIS , ifle d'Italie , fur les côtes de la Campa-
nie. Pline, /. 19. c. 8. vante la bonté des asperges
qui y croiflbient. Cicéron , /. 1 6. epifi. ad Attie. epifi.
1. 3 çr 4. parle auflî de cette ifle. C'efl aujourd'hui l'ifle
NlSITA.
2. NESIS, ville ou lieu de la Sarmatîc Afiatique ,
félon Arrien, Peripl. Pont. Eux. 18. Cr 19. qui dit
que de Borgy à Ne fis , où efl: le promontoire d'Hercu-
le , on comptoit foixante flades , 8c que de Nefis à Ma-
j&iica on en comptoit quatre-vingt-dix.
NESLAU , village de Suiiïe , dans leToggenbourg.
C'efl le chef-lieu de la communauté de Zum-Waffer
ou Waflergmcind , & le feul village de cette communau-
té. * Etat & Délices de la Suifie, t. 3. p. 3 1 7.
1. NESLE ou Nelle, en latin Nigella, petite ville
de France, (a) dans la Picardie , au gouvernement de San-
terre, fur le Lingon ou l'Ingon qui fe jette dans la Som-
me. Elle efl fituée entre Koye 8c Ham , au nord-eft
de la première 8c à l'occident de la féconde. C'efl le
premier marquifat de Fiance , 8c l'une des plus grandes
terres du royaume , car elle a dans fa mouvance plus
de 80 fiefs. S. Louis (b) , avant que de paflér la mer
pour la féconde fois, confia la régence de fon royau-
me à Matthieu , abbé de S. Denis, & au feigneur Si-
mon de Nèfle, perfonnagesfages, prudens&d'une fidélité
reconnue, 8c lorsque Philippe, fon fils &fuccefieur, mar-
cha contre le roi d'Arragon , il mena avec lui Radulfe
de Nèfle, connétable de France. L'an 1472, (c) Char-
les le téméraire, duc de Bourgogne, afliégea la ville de
Nèfle 8c la prit après plufieurs aflauts, qui fureur vail-
lamment foutenus par le gouverneur nommé lePetit Pi-
card. Il fit pendre ce gouverneur 8c la plupart de la
garnifon , 8c couper le poing à quelques autres , pre-
nant pour prétexte de cette cruauté la vengeance de la
mort du duc de Guienne , dont il aceufoit le roi ; mais
dans la vérité c'étoit la rage où il étoit de n'avoir pas
été remis en pofleflîon d'Amiens 8c de S. Quentin ,
tomme on en étoic convenu par un traité que le roi
avoit refufé de ratifier. Le marquifat de Nèfle palTa
autrefois dans la maifon de Clermont en Beauvaifis par
le mariage de Gertrude, dame de Nèfle. Il appartient
préfentement à la maifon de Mailli ; il s'eft tenu l'an
1200 un concile dans cette ville, (a) Atlas, Robert de
Vaugondy.(b) Hadr. Valefii not. Gall. p. 375 (c) Le
F. Daniel, Hifl. de France , vie de Louis XL
2 NESLE LA REPOSTE, en latin Nigella , village
de France, au diocèfe de Troyes , dans la Brie, doyen-
né de Pont-fur-Seine. Il y avoit autrefois en ce lieu
une abbaye d'hommes de l'ordre de S. Benoît , con-
nue dans l'hiftoirc fous le nom de Nigella abscondi-
ta , Nigella Repofita. On l'a cru fondée par Clovis 8c
Ste Clotilde , fur ce que leurs figures étoient repréfen-
tées au vieux portail. Elle a été ruinée par les Cal-
viniftes en 1568, & l'abbaye a été transférée à Ville-
noce, qui n'en efl éloigné que d'une lieue vers le midi.
Nèfle elt dans un fond , entre deux montagnes & dans
un lieu fort couvert de bois , ce qui lui avoit donné
le fui nom de laRepofte. Desguerrois, qui dit s'y être
transporté en 1632, jugeoit de l'antiquité de l'églifecV:
de l'abbaye par fa reiTemblance avec celle de Ste Ge-
neviève de Paris. Le portail qui étoit ce qu'il y avoit
de plus vénérable pour l'antiquité , a auflî été trans-
porté 8c placé à Villenoce , où l'abbaye efldeflervie par
des Bénédictins de la congrégation de S. Vanne. Il y
avoit eu à Nèfle un monaflere de filles , féparé de ce-
lui des religieux. On honoroit particulièrement dans
ces maifons un S. Albain 8c une Ste Balde , abbefle de
Jouarre. Le portail, aujourd'hui transféré à Villenoce ,
a été gravé dans les annales bénédictines de dom Ma-
billon , t. 1.
NESONIS. Voyez, Thessalia, Nessum 8c Nes-
SONIUM.
1. NESOS , ville de l'Iberie , félon Etienne le géo-
graphe.
2. NESOS , lieu de l'Arcadie , au voifinage de la
ville d'Orchomene. Denis d'Halicarnafle, lib. 1. pag.
39. en parle. Voyez. Atalanta, Mesus 8c Okcho-
JHENUS.
NESPETOS. Voyez. Nepeta.
NESS , rivière d'Ecofie , dans la province de Mu ■»
ray. Elle fort du lac de Loch- Neffè ,8c va fe jetter dans
la mer à quelques milles au-delà ; quelque froid qu'il
fafle cette rivière ne gelé point , non plus que le lac. *
Etat préfent de la Grande Bretagne , t. 2. p. 276.
1. NESS A , ville de Sicile avec une forterefle , félon
Thucydide, /. 3. p. 241. Les Athéniens qui avoient
fait une descente dans la Sicile, attaquèrent cette place
en vain.
2. NESS A , ville de l'Arabie Heureufe. Pline, /. 6.
c. 28. la donne aux peuples Amatbei. Agatharchides,
/. de Rubro Mari, c. 45. fait mention d'une ville nom-
mée Nessa, qui tiroit fon nom de la grande quanti-
té de canards qu'on voyoit aux environs : mais peut-
être que cette ville efl: différente de celle de Pline ; car
Agatharchides fait entendre qu'elle étoit fort éloignée
de la mer, au lieu que Pline la met fur la côte. * Le
P. Hardouin , Not. fur Pline.
3. NESSA, ville de Perfe, dans le Khorafan ; c'eft-
là que les Selgiucides , après avoir paflé le Gihon , s'ar-
rêtèrent 8c fixèrent leur demeure, auflî bien qu'à Bavard
qui n'en efl; pas éloignée. Cet événement arriva fous le
règne de Mahmoud, fils de Scbekteghin, fultan de la
dynaflie des Gaznerides. Nefla a donné la naiffance à
plufieurs auteurs célèbres. * D'Herbdvt , Bibl. orient.
NESSAH , ville de Perfe, que les géographes du
pays mettent à 84 deg. 45 min. de longitude, & à 38
deg. 40 min. de latitude. Par cette polîtion elle doic
être dans la partie méridionale du Schiiwan. Taver-
nier, /. 3. p. 403. qui en parle dans fon voyage de
Perfe , dit qu'il y croît d'excellens fruits.
1. NESSONIUM. Voyez. Thessalia.
2. NESSONIUM , étang de la Theflalle, félon Or-
telius, Tbef. qui cite Suidas , 8c dit qu'il étoic auprès
de la ville de Larifle. Strabon, /. 9. p. 430. en fait un
marais , 8c le nomme Nefonis.
1. NESSUM, ville de la Theflalie , fclon Etienne
le géographe.
2. NESSUM, ou Nessus , ville de la Haute Mœ-
fie , dans le canton de la Dardanie , félon Ptolomée , lib.
3. cap. 9
NESSUS, fleuve de Thrace. Ptolomée, /. 3. c. 11.
nomme Nejfus le fleuve qu'Hérodote, /. 7. c. 109. &
Pline, /. 4. c. 11. appellent Nestus. Les Turcs, fé-
lon Belon , lui donnent le nom de Charafon , 8c les
Grecs celui de Mcftro. *Ortelii Thefaur.
NESTvEI, peuples de l'Illyrie. Apollonius les place
au-près des Monts Ccrauniens , & du fleuve Nifis.
* OrteliiThehiu.
1. NESTE, rivière de France; elle prend fa four-
ce vers le haut Comminge , dans trois lieux différens;
favoir des fontaines de Bagneres, de Luchon 8c de Goueil,
trois fontaines , ou petits étangs appelles Boms par cetir
du pays, 8c dont les eaux, quoique glacées la plupart,
du tems , font renommées pour la guérifon de diverfes
maladies. Cette rivière coule enfuire dans la vallée d'Au-
re, & va enfin fe jetter dans la Garonne à Montréal.
* Coulon , Rivières de Fiance, p. 502 8c 505.
2. NESTE, petite vallée de Fiance, en Gascogne,
au pays des Quatre-vallées , & au nord de celle
d'Aure. Elle prend fon nom de la rivière qui la tra-
verfe du midi au nord. C'efl: dans cette vallée qu'efl fi-
tué le château de la Barthe.
NESTENIA. Voyez, Nostia.
NESTER. Voyez. Niester.
1. NESTUS ou Nastus , ville de Thrace, félon
Etienne le géographe 8c Suidas. C'efl peut être la ville
que Ptolomée , /. 3. c. 9. appelle nsVk , 8c qu'il place
dans la Myfie. Quelques-uns veulent que ce foit au*
jourdhui Nyssa, métropole de la Servie. * Ort. Thef.
2. NESTUS, ville de l'Illyrie, fclon Etienne le géo-
graphe. Orrelius, l'hejaur. dit fur la foi de l'itinéraiie
de Corneille Scepper , que cette ville fe nomme aujour-
d'hui NlSSAUA.
3. NESTUS, fleuve de l'Illyrie. Etienne le géographe en
parle, 8c les cartes géographiques lenomment Nissava.
NESUA-Voyez. NeruA.
Tom. IV. X x x \)
NET
J32
NtbWlCZ, ville de la Ruffie Lithuanienne, dans
le Palatinac de Novogrodeck , 8c chef-lieu d'un des
quatre territoires. Cette ville eft confidérable , 8c fi-
tuce fur la rivière d'Usza , qui fe jette dans le Niémen,
dans la pattie orientale du Palatinat: les Jéfuites y
ont un collège, une maifon de noviciat, «Scunetroi-
fiéme maifon.
NESYDRION. Voyez. Halonesb.
NETAD , fleuve de la Pannonie , félon Jomandès.
qui écrit Nedaok la marge-, d'autres lifent Neoda.
NETAOUATSEM1POETS ( Les) , c'eft - à - dire ,
hommes de Pointe. Ce font des peuples de l'Amérique
feprentrionale , qui vont tous les ans faire la traite
au fort Nelfon. Leur demeure ordinaire en eft cepen-
dant éloignée de quatre cens lieues. * La Poterie ,
Hiftoire de l'Amérique feptentrionale , p. 177.
NETEC. Voyez. Notecz.
NETHE.ou plus communément Neehete , rivière
des Pays Bas , dans le Brabant. Elle eft divifeeen grande
8c en petite: la grande a fon commencement entre Po-
llel 8c Moll , dans le quartier d'Anvers, paffe à Moll ,
à Gheel , à Oofterloo , à Wefterloo , à Heeft-Meer-
beck, à Ramey , à Gheftel, à Ballar 8c à Liere , où
elle reçoit la petite Neehete. * Dict. géographique des
Pays-Bas.
La. petite a fa fource au-deffus du village de Refthy ,
d'où elle paffe à Herentals , à Thoren , à Grobben-
donck , à Neetwerfel , à l'abbaye de Nazareth 8c à
Liere , où elle fe joint à la grande ; depuis Liere elles
ne font plus qu'une même rivière , qui fe rend à Duf-
fel , à l'abbaye deRofendael &àHeydonck , où elle fe
perd dans la Dyle.
NETHERBY. Voyez. ^Zsica.
NETHUM , Ne a , Ne^thum , ce font les noms
latins de la ville de Noto en Sicile. Voyez. Noto.
NET1NENSES. Voyez. Ne*.
NET1NI. Voyez. Ne*.
NETIS , autrement Homeri Vicus. Théodoret parle
de ce lieu , in vita S. Maris. Ortelius fupçonne qu'il
pouvoit être chez les Homérites.
NET1UM , ville d'Italie. Strabon , /. 6. p. 282.
la place chez les Peucetii , fur la route de Brundufe
à Benevenr. Comme aucun géographe ne parle de cette
ville , mais bien à'Ehetium , il y en a qui ont cru
que Netium étoit un mot corrompu A'Ehetium , ou
qa'Ehetium étoit corrompu de Netium ; mais Surira ,
dans fes remarques fur l'itinéraire d'Antonin , avertit
qu'au lieu de Netium il faut lire Neritum.
NETOPHA. Voyez. Netupha.
NETSIBIS. Voyez. Nisibis.
NETTACOURT , bourg de France , dans la Cham-
pagne , élection de Châlons.
N E T T U NO , Ncptunium , ville d'Italie ,
dans la Campagne de Rome , à l'embouchure 8c fur
la rive droite de la Loracina , 8c à l'eftdu cap d'An-
zio. Cette ville eft petite 8c affez mal peuplée. Elle
cil ceinte de murailles qui forment des baftions fans
remparts , fans foffés 8c fans chemin couvert. On a
joint à fa partie occidentale une petite fortereffe car-
rée , dont les angles flanqués de baftions font arron-
dis. L'ingénieur en a tiré l'avantage de pouvoir y pla-
cer une embrafure qui n'auroit pu y être, fi l'angle
avoir été aigu. Il y a dans cette fortereffe un Gouver-
neur , auquel , félon l'ufage du pays , on donne
le nom de Caftelan. Il a fous lui un lieutenant , avec
une garnifon proportionnée au pofte qu'elle doit gar-
der. * Labat , Voyage d'Italie , t. 6. p. 27.
On ne fait , ni par qui cette ville a été bâtie ,
ni dans quel tems , ni à quelle occafion , ni pour-
quoi on lui a donné le nom de Nettuno , corrompu
de celui de Neptune , dieu de la mer. Le père Labat
dit , fans citer fes garans , que quelques-uns croient
qu'il y avoit très-anciennement dans cet endroit un
temple dédié à Neptune , pour qu'il fût favorable à
ceux qui arrivaient fur cette côte , fujette à des vents
impétueux 8c à des tempêtes qui rendent le rivage très-
dangereux. Il ajoute qu'il y a apparence que ce tem-
ple n'étoit pas fi feul , qu'il n'y eût autour de lui
quelques maifons , dont le nombre s'augmentant peu
à peu , auroit à la fia formé quelque espèce de villa-
NET
ge ou de bourg , à qui on auroit donné par honneur
le nom de celui a qui le temple éroit dédié. Les an-
ciens nous apprennent que , lorsque les Romains atta-
quèrent les Antiates , ils leur enlevèrent d'abord une
petite ville maritime qui leur fervoit de port , & que
Denis d'Halicarnafie , /. 9. p. 612. appelle Navale
Antiatium. Tite-Live , /. 2. c. 63. en parlant de
cette première expédition des Romains , fous la con-
duite de Numicius , nomme cette petite ville Ceno.
On doit conclure qu'elle étoit voifine d'ANTiuM , puis-
que , félon Denis d'Halicarnaffe , /. 9. p. 612. les
Antiates y tenoient leurs marchandises & leur butin,
outre que c'étoit le marché où les habitans d'Antium
achetoient toutes les choies néceffaires à la vie. Cela
ne décide pourtant pas de quel côté de la ville d'An-
tium étoit Ceno ; car le rivage paroît fans ports des
deux côtés , & il n'y a aucune rivière proche d'An-
tium , fi ce n'eft la Loracina , à l'embouchure de laquel-
le eft aujourd'hui la ville Nettuno , ce qui fait que
Olivier , liai. ant. I. 3. Holftenius , Cellarius , Geo-
gr. antiq. I. 2. c. 9. 8c la plupart de autres géogra-
phes modernes s'accordent à dire que Ncptunium ou
Nettuno eft précifément au même lieu où étoit la pe-
tite ville Ceno , 8c par conféquent le Navale Antia-
tium. Le P. Labat , Voyage d'Italie , t. 6. p. 28.
dit qu'il n'a pu découvrir de port aux environs ;
mais le tems 8c la mer ont pu le ruiner 8c renver»
fer les travaux que les Antiates avoient faits.
Nettuno fut ravagée au huitième & neuvième fié-
clés par les Sarrafins. Cependant ces mêmes Barbares
s'aviferent , on ne fait pourquoi , d'établir une colo-
nie de leur nation en cet endroit ; mais les Chrétiens
ayant pris le deffus , chafferent ces infidèles ou les ruè-
rent 8c ne firent grâce qu'aux femmes 8c aux enfans.
On prétend que les habitans de Nettuno viennenc
de ces femmes Sarrafines , qui , en embraffant la reli-
gion Chrétienne , n'ont pas tellement quitté les cou-
tumes de leur pays , qu'elles n'en ayent confervé plu-
fieurs qu'elles transmettent à leurs descendantes , qui
les confervent encore avec foin. De ce nombre peut
être mife la coutume de s'habiller de rouge , celle de
porter de petits corfets , comme en portent les fem-
mes de Barbarie; d'être extrêmement laborieufes , obéis-
fantes 8c foumifes à leurs maris , fort économes , fort
retirées , élevant leurs enfans avec un foin tout par-
ticulier , en un mot , telles qu'étoient celles dont elles
descendent.
Le terrein aux environs de Nettuno feroit fer-
tile , s'il étoit cultivé : mais les habitans n'en cultivent
qu'à peu près autant qu'ils croient en avoir befoin
pour eux. Ils ne penfent point au trafic qu'ils pour-
roient faire avec les étrangers , foit qu'ils ne l'aiment
pas , ou qu'ils n'en aient point befoin ; ils n'ont au-
cun impôt à payer. Leur paffion eft pour la chaffe.
Ils font tous chaffeurs 8c oifeleurs. Leur pays eft fort
propre pour ces exercices ; il eft environné d'épaiffes
forêts 8c de marais , où l'on trouve des fangliers , des
dains 8c des chevreuils en quantité. Les plaines 8c les
bords de la mer fourniffent des lièvres 8c des lapins.
On rrouve des bécafles dans la faifon 8c d'autres oifeaux
de mer & de rivière. On a dans le printems 8c dans
l'automne le retour 8c le paffage des cailles qui vien-
nent d'Afrique , & qui s'y en retournent après avoir fait
leur ponte. Quelque quantité de gibier qu'ils ayent ,
ils font furs d'en trouver un prompt débit à Rome ,
où ils ont coutume de le porter. Les rues de cette petite
ville font propres , le pavé bien entretenu , les maifons
peu élevées 8c en affez bon état -, il y manque du peu-
ple. Ce défaut eft ordinaire dans presque tout l'Etat
eccléfiaftique , excepté dans quelques grandes villes , tout
le refte paroît défert , quoiqu'on n'y paye moins d'im->
pots , que le pays foit fertile, que les vivres y foienrà
grand marché , & que les femmes y foienr fécondes.
Il y a une collégiale à Nettuno , dont les prébendes
font d'un revenu affez raifonnable pour le pays. Ils
font quatorze ou quinze chanoines. Il eft vrai qu'ils
l'abrègent autant qu'ils peuvent, à caufe du mauvais air
dont les lieux peu fréquentés font plus fusceptibles que
ceux qui le font davantage. C'eft par cette raifon qu'ils
vont tous, ou presque tous, paffer leur fémeftre à Rome ,
NEU
NEU
c'eft-à-dire,Ie rems de la canicule, qu'on fair durer depuis
la fin de Juillet jusqu'au commencement d'Octobre , ou
peu s'en faut. Il eft cerrain que dam ces chaleurs les exha-
laifons qui s'élèvent des marais infectent l'air ôc caufent
de grandes maladies , ôc fur- tout des fièvres ardentes
avec des Transports au cerveau , des dyflentetics opiniâ-
tres qui dégénèrent fouvent en hydropifies presqu'incu-
rables. Autli y voir on communément dans ce pays les
vifages plombés , les yeux jaunes ôc battus , ôc les enfans
s'y élèvent difficilement.
Cette malheureufe ville a effuyé dans le mois de
Février 1757 un affreux ouragan qui a emporté tous les
toits des maifons , ôc a fracaflé les vaiiTeaux qui étoient
dans le port. Mémoires du tems.
NETUM. Voyez Micite.
NETUPHA , Netuphat & Netophathi , ville &
campagne entre Bethléem ôc Anatoth. On trouve dans
l'écriture quelques perfonnages natifs de Netophathi.
Dom Calmer croit que Netophathi, fils de Salma , dont il
eft parlé au premier livre des Paralipoménes , n. 54.
fur le perc des habitans de Netuphat. * /. Efdr.
II. 22. & IL Efdr. 7. 76. Jérem. 40. 8. /. Tarai. 9. 16.
NETUSE , ville de Perfe , dans la province d'Ye-
rach ou d'Iraque ; elle eft dans le voifinage de Ca-
chan. * fetis de la Croix , Hift. de Ti mur- Bec , 1.
$. c. 4.
1. NEVA, rivière de l'empire Ruflien. Voyez. Nar-
VA.
2. NEVA , ville de la Cœlefyrie. L'itinéraire d'An-
tonin la place fur la route de Bemmari à Néapolis ,
entre JEtc Se Capitoîiada , à trente milles de la pre-
mière , ôc à rrente-fix milles de la féconde.
NEUBOROUGH , ville d'Angleterre , dansl'ifle d'An-
gleiey.
1. NEUBOURG , ville d'Allemagne , capitale du du-
ché cie même nom , fur le Danube , dans le diocefe
d'Augfbourg, à trois lieues au-deffus d'IngoIftadt. Elle
eft petite , mais bien bâtie. Marc Vellér,/o/. 2jj. rer.
Auguftan. Vindel. dit que du rems de Charlemagne ,
cette ville avoir un éveque nommé Manno ; mais que
dans la fuite cet évêché fut réuni à celui d'Augfbourg.
André Bruner , /. Annal. Boic. p. 711. ajoute que ce
même Manno préfida au concile tenu à Dingolving
( Dingelfing ) en 772. C'eft le feul évêque de cette ville,
dont l'hiftoire faffe mention. Selon Wiguleus Hund ,
Metro-ç. Salif. t. 1. fol. 524. cette ville fut appellée
Neubourg pour la diftinguer d'un ancien château nom-
mé Altenbourg , donr les ruines fe voient un peu au-
deffus de Neubourg. Matthieu de Pappenheim , en par-
lant de l'origine des feigneurs Palatins, avance que Neu-
bourg avoir appartenu à fes ancêtres. Quoi qu'il en foit ,
il eft certain que ce lieu a appartenu à la maifon de
Bavière , puisque Louis le Boffu , duc d'ingoliladr , y
alfiégea fon père Louis le Barbu ; mais après la guerre
de Bavière , l'empereur Maximilien unir en ijoj cette
ville au Palatinat, ôc il s'en forma une nouvelle prin-
cipauté avec titre de duché , dont Neubourg fut le
chef-lieu. On lit dans la cosmographie de Munfterus,
l.$. c. 324. que Neubourg eft fief masculin ôc femi-
flin , relevant de l'empire. Du tems de l'empereur Char-
les V , le comte Otton fit rebâtir le château , & le comte
Wolfgang Wilhelm fit fortifier la ville. Il y a eu à
Neubourg un monaftere de filles nobles de l'ordre de
faint Benoît, fondé ou du moins rétabli en 1007, par
l'empereur Henri II ôc Cunigonde , fa femme , née
comiefle Palatine. La dernière abbeffe fut Magdeléne
de Hundt de Lautterbach ; elle mourut en 1575. Le
Luthéranisme s'étanr alors introduit dans la ville , on
fit fortir ces religieufes , & on leuraffigna une penfion
à chacune. Cependant le comte Wolfgang Wilhelm
ayanr introduit de nouveau la religion Catholique dans
fes états, changea cette abbaye en un collège, qu'il
donna aux Jéfuites en 161 8. La'ville de Neubourg fouf-
frit beaucoup durant les guerres de religion. Dans les an-
nées 1632 ôc 1633 , elle fut fouvent prife & reprife ,
foit par les Suédois, foit par les Bavarois. Il fe tient
foutes les femaines dans certe ville un marché pour le
vin. * Zeyler , Topogr. Palat. Rheni.
2. NEUBOURG, duché d'Allemagne , fur le Danu-
be; C'eft un petit pays entre Donawerth ôc Ingolftadc.
Au commencement du feiziéme fiécleilfut érigé en cuchc
fouverain , en faveur d'une des branches de la maifon
Palatine , qui prit le nom de Neubourg , ôc qui eft par-
venue depuis a la dignité électorale. Ainfi ce duché ap=
partient aujourd'hui à l'électeur Palatin, Voici fes prin-
cipaux lieux ,
Neubourg i Keifersheim , ou Keisheim ,
Laugingen , Hochftadt.
* Hubncr , Geogr. p. 408.
3. NEUBOURG , en allemand Neuburg vorm Wald±
petite ville avec un château , dans le Palatinat , à trois
lieues de Cham, entre Retz & Schwandorff, fur une
petite rivière appellée Schwatzach , qui va fe jetter dans
la Nabe. Les Suédois attachèrent le pétard à une des
portes en 1634, ôc y entrèrent. En 1641 , le général
Banier s'en rendit encore maître ; mais peu de tems
après les Impériaux la reprirent. * Zeyler , Topogr. Pa-
lat. Rheni.
4. NEUBOURG ou Neuenbourg , petite ville d'Al-
lemagne, fur l'Ens , dans le duché de Wirremberg j
au-deffus de Pfortzheim. Elle a un château , ôc elle eft
le chef-lieu d'un bailliage. Elle jouit du droit d'afyle : un
meurtrier , qui , dans un premier mouvement de colère ,
a tué quelqu'un , peut y demeurer en fureté fix femai-
nes & trois jours. L'empereur Sigismond , à la prière
du comte Louis de Wirremberg, accorda à cerre ville
le privilège de tenir deux foires par an , l'une à l'As-
cenfion , Ôc l'autre à la faim André. Une ancienne chro=
nique dit qu'elle fut ceinte de murailles en 1 274. * Zey-
ler , Topogr. Suevia:.
$. NEUBOURG, en allemand Neuenbourg , ville
d'Allemagne, dans le Brisgaw. Elle eft fituée près du
Rhin, entre Bâle ôc Brifack. Cette ville a eu ancienne-
ment Ces comtes particuliers. On dir qu'elle fur entou-
rée de murailles en 1212, par Wulfelin , gouverneur
du pays pour l'empereur Fridéric II. Ce fut une des
villes que l'empereur Louis de Bavière donna en hy-
pothèque pour les frais de la guerre à Otton , duc d'Au-
triche , fui nommé le Joyeux. Depuis ce tems, elle eft
reftée à la maifon d'Autriche. Elle fut prife en 1631
& en 1634 par les Suédois, & en 1638 par le duc de
Saxe-Weymar , qui y mourut l'année fuivante. Le Rhin
eft fi rapide en cet endroit t que l'églife qui en étoit
autrefois allez éloignée , a éré emportée pour la plus
grande partie par ce fleuve, dont les eaux ont gagné
jusque-la. 11 y avoit quelques forts auprès de cette ville >
mais les payfans du voifinage les raferent en 1 649. * Zey-
ler , Topogr. Alfaria?.
6. NEUBOURG, ville delà Baffe-Autriche , fur le
Danube , à deux lieues de Vienne , près de la monta-
gne de Kalenberg. On la nomme communément Clou-
ter Newbourg, pour la mieux diftinguer de Kornew-
bourg , qui eft de l'autre côté du Danube. Le fameux
monaftere qu'elle renferme, & qui lui fait donner com-
munément le nom de Clofter Newbourg, a été fondé eri
1 120 , par Léopold , marquis d'Aurriche , ôc Agnès, fa
femme , qui étoit fille de l'empereur Henri IV. Il eft
vrai qu'ils n'y mirent d'abord que des chanoines fécu-
liers -, mais ceux-ci embrafferent enfuite la règle de faine
Auguilin, qui s'y eft maintenue jusqu'à préfent : en con-
féquence de cette démarche , la maifon fut comblée des
grâces du faint Siège, qui lui accorda de trcs-gràndcs
prérogatives. Elle conferve encore les rombeaux de fes
deux illuftres fondateurs. Il n'y a point de monaftere plus
confidérable ôc plus magnifiquement bâti dans toute
l'Autriche. Cette ville a au Ai un château où fes princes
ont fait leur réfidence. Elle vint au pouvoir de l'empe-
reur Rodolphe 1 , en 1 275 , par l'adrefle d'un petit nom-
bre de Bavarois , qui la furprirent. Elle fur emportée
en 1477 par les armes victorieufes de Matthias Cor-
vin , roi de Hongrie , après la mort duquel elle fut re-
prife par l'empereur Maximilien I , l'an 1490. * Zeyler i
Topogr. Auftria;.
7. NEUBOURG , ou Nyborg, ville du royaume de
Danemarck , fur lacôteorientaledel'iflede Funen. Cette
ville eft allez bien bâtie : elle rapporte fa fondation à
l'année 1 175 , ôc les états du royaume s'y font affemblés
fort fréquemment , parce qu'elle fe rrouvoit fituée
NEU
*34
comme au milieu du royaume. C'eft dans le port de cette
ville qu'on s'embarque pour traverfer le Belt ôc palier
de l'iflc de Funen dans celle deZelande. En 1549 , le roi
Chriftian Iil la fit fortifier. Elle eft fameuie par la
victoire que les troupes de l'empereur, de l'électeur de
Brandebourg , du roi de Pologne ôc des états généraux
des Provinces-Unies y remportèrent fur les Suédois,
qui s'étoient emparés de toute l'ifle de Funen , ôc qui
en furent chalTés par-là. * Rutg. Hermanid. Defcr. Da-
nia: , p. 711.
8. NEUBOURG , en latin Novus Burgus ( a ) , bourg
de France , dans la Normandie, entre la Rille Ôc la Seine ,
à fix lieues de Rouen Se à quatre d'Elbeuf , au mi-
lieu d'une belle plaine. Ce bourg eft confidérable : il a
donné le nom à un petit pays. Il a un château avec
titre de marquifat. Le marché qu'on y tient toutes les
femaines pour le bétail , ôc qui eft un des plus beaux
marchés de la province, le rend fort connu ôc forr
fréquenté. Il s'y tient aufti quatre foires par an. La pa-
roifTe eft fous l'invocation de faint Pierre ôc de faint
Paul ( b ). On y trouve un prieuré de Bénédictines ôc un
hôpital, avec une commenderie de l'ordre de Malte,
dans fen voifinage à Saint Etienne de Renneville. Les of-
ficiers du bailliage Se de la vicomte de Beaumont-le-Ro-
ger , viennent tous les mercredis à 1 alternative admini-
strer la juftice dans ce bourg. Le château , nommé le
Champ de bataille , n'eft éloigné de Neubourg que de
demi-lieue, (a) Figaniol> Defcr. de la France, t. j. p.
389. ( b ) Corn. Dict. Mémoires drejjes fur les lieux en
NEU
170
-•
9. NEUBOURG , plaine de France, dans la Nor-
mandie. C'eft un petit pays qui s'étend entre les rivières
d'Eure ôc de Rille , Ôc les contrées de Lieuvin ôc du Ru-
mois. Il eft très-fenile en bons grains , qu'on transporte
aux marchés d Elbeuf , de Brionne , d'Harcourr & de
Beaumont-le-Roger. Ce pays eft une portion de la Cham-
pagne , contrée de la Normandie.
On y trouve les villes ou bourgs, qui fuivent ,
Le Pont de l'Arche ,
i-ouviers
Neubourg,
Harcourt ,
Evreux
Gaillon, &c.
10. NEUBOURG , Neoburgum , abbaye régulière de
l'ordre de Citeaux , filiation de Bellevaux , en Alface ,
au diocèfe de Strafbourg , fur la Motter , à une lieue ôc
demie de Haguenau. Elle fut fondée en 1228 par les
comtes de Lutzelbourg , dont la feigneurie n'eft plus
qu'un village près de Phaltzbourg. Ils appellerent douze
religieux de l'abbaye de Lutzel , fous la conduite du moi-
ne Waldrick, qui étoit de la maifon des comtes de
Bourgogne , ôc qui fut le premier abbé de Neubourg.
L'abbaye jouit d environ dix mille livres de rente. Son
abbé ne prend point de bulles à Rome ; il reçoit fes
provifions&r l'inveftiture de l'abbé de Lutzel , fur le bre-
vet que le roi lui accorde après l'élection ; il reçoit en-
fuite la bénédiction comme un autre abbé.
1 1. NEUBOURG , ancienne abbaye de Bénédictines
en Allemagne, dans le Palatinat , près dHeidelberg ,
de l'autre côté du Ntckre. 11 y a eu des comtefies palati-
nes pour abbefles.
NEUBURY, ou Newberry, bourg d'Angleterre,
fur la rivière de Kennet, dans le Berkshire , autrement
le comté de Bciks. Il s'y tien: un marché. 11 fe livra une
bataille aux environs en 1644 , entre Charles I ôc les
parlementaires. Elle ne fut décifive pour aucun des deux
partis.
NEUCAN , ville de Perfe , dans le Khorafan : elle
eft fituée au 82 deg. 41 min. de longitude , fous les
38 dcg. 8 min. de latitude feptentrionale. * D' Herbe-
lot , Biblioth. orient.
NEUCHAN , NieuWschans ou Schans-ter-Nie,
tous noms qui fignifient le Fort- neuf. C'étoit une for-
tereffe fituée fur la Nieva , du côté de la Finlande , à
quarante werftes au couchant de Nootebourg , & dans
un angle formé par un gros ruiffeau qui fe joint dans
cet endroit à la Nieva. Les Suédois y tenoient garnifon
dans le teins qu'ils en étoient en poiîeflïon , Ôc les ha-
bitans faifoient un commerce allez confidérable. Pierre
Je Grand, empereur de Ruifie , s'en étant emparé au
commencement de ce ficelé, a ruiné cette forterefle.
1. NEUCHATEL. C'eft le nom que l'on donne à un,
lac de la Suiiïe , que l'on nomme également le lac db
Neuchatel ôc le lac d'Yverdun. Il a plus de fept
lieues de long , depuis Yverdun jusqu'à Saint Blaife ;
mais il n'a guère plus de deux lieues dans fa plus grande
largeur , qui eft de Neuchatel à Cudrefin. Ce lac fé-
pare la fouveraineté de Neuchatel ôc le bailliage de
Granfon en partie , des terres des deux cantons de Ber-
ne &de Fribourg. Il y a beaucoup d'apparence qu'il a été
autrefois plus longicar on voit vers fes deux bouts , d'un
côté dans le bailliage d Yverdun, à compter depuis la vil-
le , ôc de l'autre , dans le lieu ôc dans le voifinage de S.
Blaife , un allez long espace de pays marécageux ôc uni ,
environné de rochers ôc qui femble avoir été autrefois
couvert d'eau. Comme il fe retire à préfent tous les
jours , on a lieu de croire qu'il l'a fait dès les rems pafles.
II y a cinquante à foixante ans qu'il venoit battte jus-
qu'aux murailles d Yverdun ; maintenant il en eft éloigné
d'environ la portée d un canon. De même à Neuchatel
plufieurs vieillards le fouviennent qu'il alloit quelque-
fois jusqu'à la porre de la ville, aujourd'hui il en eft
bien reculé. D'autre côté , on remarque que le pays de
Vullics , qui eft la presqu'ifie fituée entre les lacs de Neu-
chatel ôc de Morat, s'abaifle peu à peu, de forte que
de certaines hauteurs du bailliage d'Avenche, on peut
découvrir par-defïus cette presqu'ifie , de certains endroits
du côté de Neuchatel , qu'on ne pouvoit pas découvrir
auparavant. On remarque que ce lac n'eft pas fort pro-
fond : c'eft ce qui fait qu'il eft très-orageux & très-péril-
leux. Il fe gelé quelquefois , comme cela lui eft arrivé
au commencement de l'année 169J. Néanmoins ce qui
eft furprenant , il ne fe gela point dans le rude hiver de
1709. * Etat & Délices de la Suijfe , t., 3. p. 26 1.
2. NEUCHATEL, en allemand WeUch-Ncwenbourg%
ôc en latin Neocomum , Neoburgum , Neopyrgum , Noi-
dedolex-Aventicus ôc Novic.ijlrum , ville de SuifTe fur
un lac , auquel elle donne fon nom, & la capitale d'un
comté fouverain de même nom, au 47 degré j minutes de
latitude. Cette ville eft belle , pafiablement grande ôc
dans une fituation inégale. Elle eft partie fur une col-
line, dont la pente eft allez rude, & en partie dans
la plaine. Il paroît qu'elle n'occupoit autrefois que la
colline , ôc qu'elle s'eft étendue dans la plaine à mefu-
re que le lac s'eft retiré. Les maifons y font générale-
ment bonnes & bien bâties, ôc l'on y voit divers beaux
édifices, tant publics que particuliers. La rivière de
Sion coule au milieu ôc y forme d'espaces à autres di-
verfes cascades agréables. Le château eft fur la hauteur
qui commande la ville. C'eft un grand bâtiment à l'an-
tique. On y monte par un escalier de pierre d'une
centaine de marches , dont quelques-unes font taillées
dans le roc. A côté du château eft un beau temple an-
tique & dans la même enceinte, avec une belle place
en terraffe , qui donne la vue fur la ville & fur le lac.
On dit que ce château ôc ce temple ont été bâtis par
la reine Berthe , femme de Rodolfe II, roi de Bour-
gogne, mort l'an 937. On voyoit autrefois en has re-
lief au-defius du grand portail de ce temple , la Ste
Vierge aifife fur un trône , la reine Berthe à genoux
devant elle en habit royal, préfentant un temple à la
Vierge , ôc S. Ulrich, fon frère , en habit de prêtre auS-
fi à genoux. On y lifoit cette infeription en latin bar-
bare : Kespice , Vit go pia , me , Bertha Scamaria , & fi
mul Ulricus Ù" fugiens inimici -y dat domus honoris in
facientibus & Paradifum •■, mais de faux zélés ont
abbatu tout celai ce qui a fait dire aux Catholiques ,
que les habitans de Neuchatel avoient ôté la Ste Vier-
ge de la porte de leur temple , ôc y avoient laide le
diable. En effet, on le voit repréfenté en pierre à un
des côtés de la même porte. Il y a dans ce temple quel-
ques maufolees des anciens comtes ôc comteffes de Neu-
chatel.
Au milieu de la place qui eft devant le temple , on
montre une pierre, fous laquelle eft enterré Guillaume
Farel , le réformateur de l'égliie de Neuchatel. En des-
cendant la ville, on rencontre une ancienne & grofic
tour, épaiffe, conftrviite de gros quarriers de pierre, &
qui eft un refte de l'antiquité de cette ville. Dans la
plaine, on voit la maifon de ville ôc le temple neuf,
qui eft commode ôc fort propre. 11 fut bâti en 169J.
NEU
De trois côtés il eft entoure de grandes Se larges ga-
leries conftruites en amphithéâtre pour la commodité
des auditeurs. 11 fert aux aflembléesde l'églife du lieu,
ôc à celles de l'églife Allemande. Au bord du lac il y a
une très-belle place , longue , large , Se bordée de plu-
sieurs belles maifons.
3. NEUCHATEL, comté fouverain dans laSuiflej
à l'occident des cantons de Berne Se de Fribourg , ôc
à l'orient de la Franche Comté , de laquelle il eft fé-
paré par le mont Jura. Ce comté eft un démembre-
ment du duché de la Bourgogne Transjurane , pofiedé
par les princes de Zeringue. * Longuerue, Description
de la France } p. 299. B.
Le premier comte de Neuchàtel qui eft connu , efl
Ulric , qui vivoit vers la fin du douzième flécle Se au
commencement du treizième. Il avoit un fils nommé
Bertold, qui fit l'an 12 14 , une convention avec les ha-
bitans touchant les franchifes de ces bourgeois Se des
gens du pays. Bertold eut pour héritier Rodolfe I , dont
vint Rolin.
Jusqu'ici les comtes avoient relevé des empereurs im-
médiatement ; mais Rolin ayant réfigné volontairement
fon comté à l'empereur Rodolfe de Habfbourg l'an
1288, cet empereur en invertit Jean de Châlon. Rolin
reprit en fief ce comté de Jean de Châlon pour le te-
nir de lui à foi Se hommage , félon la nature des fiefs
impériaux -, ainfi Rolin ne fut plus qu'arriere-vaflal de
l'empire. Rodolfe , qui fuccéda à Rolin a ce comté , en
fit hommage l'an 1 3 1 1 , au même Jean de Châlon, Se
alors les tilles furent déclarées habiles à fuccéder au dé-
faut des maies.
Louis, comte de Neuchàtel , fon fils, rendit homma-
ge l'an 1357, aux mêmes conditions : ce comte Louis
mourut l'an 1373, ne laiflant que deux filles, dont l'aî-
née s'appelloit Ifabclle, Se la cadette Frena ou Varen-
ne. Ifabclle jouit feule du comté de Neuchàtel ; Se n'ayant
point d enfans , elle déclara que fon héritier étoit Con-
rad de Fribourg , fils de fa fœur Frena ou Varenne ,
qui rendit hommage l'an 1407 , de ce comté, à la réferve
du droit que les filles avoient d'y fuccédet.
Conrad de Fribourg lailîa ce comté à fon fils Jean
de Fribourg , qui fit le même hommage que fes prédé-
eelTeurs. L'an 1406, les habitans de Neuchàtel ayant
obtenu la confirmation de leurs privilèges de Jean de
Châlon , feigneur direcF du comté , lui pafferent cette
reconnoiflance , que fi la poltérité de Conrad manquoit
du côte des mâles, ils reconnoîtroient alors Jean de
Châlon pour leur feigneur ; Se que fi Conrad ou fes
héritiers vouloient donner , vendre ou transférer par tes-
tament , inftitution héréditaire ou autrement , le tout
ou partie du comté de Neuchàtel à d'autres qu'aux en-
fans qui leur dévoient fuccéder , les habitans de Neuchà-
tel promettoient par ferment qu'ils ne fe foumettroient
point à ceux à qui ce comté autoit été aliéné , mais
qu'ils reconnoîtroient pour leur feigneur Jean de Châ-
lon.
L'an 1409, Conrad mécontent de ce que ceux de Neu-
chàtel avoient fait , s'en plaignit au fénat de Berne »
qui eft juge compétent des différens qui furviennent en-
tre les feigneurs de Neuchàtel Se fes fujets ; il renonça
à fes plaintes, ôc l'acle demeura dans fa force. Jean
de Fribourg n'eut point d'enfans, ôc mourut l'an 14J7.
Il avoit cédé fon comté à fon coufin germain Rodol-
fe, marquis de Hochberg Se de Rotelin , qui étoit de
la tnaifon de Bade , Se fils de Guillaume de Bade ,
marquis de Rotelin , Se d'Anne de Fribourg,, fœur du
comte Conrad. Le marquis Rodolfe avoit époufé Mar-
guerite de Vienne, fille de Guillaume de Vienne, fei-
gneur de Sainte Croix , Se d'Alix de Châlon.
Par ce mariage Rodolfe crut avoir réuni ôc acquis
les prétentions que ceux de la maifon de Châlon avoient
eues fur le comté de Neuchàtel. Il mourut l'an 1 487, ne
laiflant qu'une fille & unique héritière Jeanne de Hoch-
berg , qui époufa Louis d'Oiléans , duc de Longueville.
Elle fut reconnue dame de Neuchàtel , & reçue dans l'al-
liance des quatre cantons de Berne , Lucerne , Fribourg
ôc Soleure , en laquelle ce pays de Neuchàtel étoit entré
cent ans auparavant.
Les Suifles étant devenus ennemis de Louis XII , roi
de France , dépofféderent Louis ôc Jeanne l'an 1/09. Les
NEV S3S
cantons , après avoir joui dix ans de Neuchàtel , reltitue-
rent a cette princefle fafouveraineté, en confirmant les
anciennes alliances Se le droit de Bourgeoifie , avec les
franchifes des habitans , par lesquelles ils n'ont aucun
pouvoir fur eux , que de leur confentement.
Ils ont même changé de religion fans l'aveu du prince ,
ôc ont aboli la Méfie Se tous les cultes de l'Eglife Romai-
ne l'an 1 r 30 , étant appuyés de ceux de Berne leurs pro-
tecteurs. Du relie ils ont laifie jouir ceux de la maifon
d'Orléans- Longueville de leurs droits Se de leurs re*
venus.
Le dernier mâledecette maifon a été Jean Louis d'Or-
léans , mort l'an 1694. Le prince deConti , fondé fur un
teftament de Jean-Louis, fait en fa faveur , lui voulut fuc-
céder ; mais il eut les trois états contraires , qui rejette-
rent fa demande dans les années 1694& 1699.
Dans ce tems , Guillaume , roi de la Grande-Bretagne
ôc prince d'Orange , foutint qu'il avoit des droits fur le
comté de Neuchàtel , à caufe de la maifon de Châlon.
Ce prince étant mort l'an 1702,1e feu roi de Prufle fe dé-
clara fon héritier comme fils de la fœur aînée de Guillau-
me, prince d'Orange , perc du roi Guillaume, ôc fou-
tint que la principauté d'Orange ôc le comté de Neu-
chàtel lui appartenoienr.
L'an 1707, après la mort de Marie d'Oiléans, du-
che/Te de Nemours, inveftie de cette principauté par les
trois états l'an 1694 ,cc roi envoya demander l'inveûiture
de Neuchàtel aux trois états, qui la lui accordèrent , par-
ce qu'il étoit de leur religion; ils rejetterent les parens
de la défunte & les autres prétendans.
Après fa mort, fon fils le roi de Prufle , faifimt la paix
à Utrccht l'an 1713 avec Louis XIV , a obtenu par le neu-
vième article que le roi Très-Chrétien le reconnoîtroit
pour fouverain feigneur de la principauté de Neuchàtel
ôc de Valengin : le roi promit , pour lui Se fes fuccefleurs ,
qu'il ne le troubleroit point dans la poffeftîon de cette
principauté , les habitans de laquelle jouiront en France
des mêmes avantages dont jouiflènt ceux des autres pays
de la SuiiTe.
Les comtes de Neuchàtel d'autrefois avoient toujours
un gouverneur qui réfidoit dans le pays. Le roi de Prude
en envoie pareillement un; mais la juftice ordinaire eft
administrée par un confeil qui réfide dans la ville de Neu-
chàtel. Il eft compofé de foixante-quatte perfonnes , qui
rendent la juftice au nom& de la part du prince. La ju-
ftice en dernier reflbrt eft rendue par le corps des états ,
formé de quatre confeilleis d'état , de quatre officiers de
judicature , & de quatre confeilleis de la ville. C'eft àa
corps d'état feula qui il appartient de faire des régle-
mens, des ftatuts , des loix ôc des ordonnances. C'eft
lui qui repiéfente lafouveraineté, & qui exerce l'auto-
rité fuprême. Le prince y fait préfider fon gouverneur ;
mais il n'entre point en confuLation avec les confeillers.
C'eft ce tiibunal qui donna l'inveftiture de la fouveiai-
neté au feu roi , ôc devant qui tous les prétendans firent
valoir leurs prétentions , ôc inftruifirent leur affaire. *
Etat & Délices de la Sui/Je , tom. 3. pag. 2jo. Ôc fui-
vantes.
Quoique les habitans de Neuchàtel foient fort jaloux
de leurs privilèges , ils ne Enflent pas d'être attachés à
leur prince. Ce pays n'eft pas à beaucoup près fi riche
qu'il étoit autrefois. i°. 11 en fort tous les ans des fom-
mes confidérables pour les deniers feigneumux. 20. Le
commerceyeft entièrement tombé depuis 1 interdiction
que la France a publiée de celui qui fe faifoit par la
Bourgogne , ôc on y eft réduit au feul commerce des
vins.
L'air du comté de Neuchàtel eft doux le long du lac ,
mais un peu vif dans les montagnes. De même le terroir
y eft différent , félon la différente fituation des lieux ; mais
le travail des habitans l'a rendu fertile en général. Au pied
des montagnes il y a de bonnes prairies & des champs fer-
tiles. Les coteaux le long du lac font couverts de vignes
qui rapportent de deux fortes de vins , du blanc ôc du
rouge. Le blanc eft médiocre, &Ie rougeeft excellent.
On trouve beaucoup de bêres fauves dans les bois , auffi
bien que d'autre gibier. Le lac Se la Reufe fourniflent
de très-bons poiflbns. Il y a dans ces montagnes plus de
pierres rares ôc de coquillages pétrifiés qu'en aucun au-
tre endroit de laSuiffe. 11 s'en trouve aulfi dans le tor-
NEV
536
rentdeSyon. Dans divers endroits du pays, on a des
mines de fer Se de plomb, des carrières de marbre Se
des minières de craie : il y a auili quelques eaux miné-
rales.
Les habitans paflent généralement pour être gens d'es-
prit , induftrieux , adroits , appliqués , laborieux ; mais
un peu glorieux, ce qui vient des grands privilèges dont
ils jouiffent. Ils font tous Proteltans, depuis l'an ij 30 ,
à l'exception d'un petit nombre , qui demeure ferme dans
la religion Catholique. Parmi les Proteltans , la discipli-
ne eccléfiaflique s'exerce avec plus de rigueur qu'en au-
cun autre endroit de la Suilïe. On va jusqu'à condamner
à faire amende honorable en pleine affemblée ceux qui
font convaincus de mener une vie libertine ou fenfuelle.
A l'égard des Catholiques » ils font uniquement dans la
baronnie de Landeron , qui contient une petite ville &
trois ou quatre villages , qui dépendent actuellement ,
pour le fpirituel , de l'évêque de Fribourg. Quant au
gouvernement fpirituel des Proteltans , il ett tout entier
entre les mains de la claffe oudufynode des miniftres ,
qui s'affemblent tous les ans à Neuchâtel, & auili quel-
quefois extraordinairement. C'eft la claffe qui donne l'im-
pofition des mains ou l'ordination ; c'eft elle qui donne
les pafleurs aux églifes , à la réferve de la ville de Neu-
châtel quia le droit de choifir les fiens.
Dans tout le pays on parle françois , ou plutôt un
jargon ou patois particulier , approchant du bourgui-
gnon , Se qui efl affez agréable dans la bouche des fem-
mes.
NEV
Les principaux lieux de ce comté font
Neuchâtel,
Serrière ,
S. Aubin,
Vaumarcus,
Creffy ,
Rochefort ,
Bevais ,
Boudri(j/*Buldri,
Colombier ,
Cortaillot ,
Vaux-Travers ,
Travers ,
Auvergnez,
S. Blaife,
Landeron ,
Nerieu ,
Les Verrières.
Les comtes de Neuchâtel ont une ancienne alliance
de combourgeoifie , avec les quatre cantons fuivaas ,
Berne, Lucerne , Fribourg «Se Soleure ; Se la ville de
Neuchâtel a aufli une étroite alliance de combourgeoi-
fie avec Berne.
NEUDINGEN, abbaye de filles , ordre de Cîteaux,
en Allemagne , dans la Suabe , au diocèfe de Con-
fiance.
NEtJDRUS, fleuve de l'Inde. Arrien , in Indlcis c.
4. dit qu'il a fa fource dans le pays des Attaccnï , Se qu'il
fe décharge dans le fleuve Hyraotes. Dans un manulcrit
on lit EûJpoç pour Nivtyoç.
NEVEIA , en grec nm/3«'/c«, ville de la Toscane. Voyez
Larnia.
NEUENCALEN , ou Niencalen , petite ville d'Al-
lemagne , dans le Melkelbourg , près du lac de Kumme-
row , en.tre Dargun Se Malchin. Le nom de ce lieu ligni-
fie le nouveau Calen , & dénote que fes habitans y fu-
rent transportés du vieux Calen , ou , félon la langue du
pays , Old Calen , qui efl à quelque diftance de-là , près
de Dargun. Neuencalen eft le chef-lieu d'un bailliage. *
Zeyler , Topogr. Infer. Sax. p. 186.
NEVERD, ville d'Afie : c'eft une des dépendances de
Cazeron , félon Petis de la Croix , dans fon hiftoire de
Timur-Bec , /. 5. c . 68.
NEVERS, ville de France, fur la Loire , Se la capi-
tale du Nivernois. Plufieurs écrivains ont appliqué à cette
ville ce que les commentaires de Céfar difent de Novio-
dunum , fitué dans le pays des Eduens. Mais d'autres
regardent cette application comme fauffe , Se préten-
dent que les anciens ne lui ont donné d'autre nom que
celui de Nivernum , qui a été formé de la rivière de Niè-
vre , qui fe jette en cet endroit dans la Loire. Selon ceux-
là , Nevers n'auroit été d'abord qu'un château bâti à ce
confluent. Il n'eft pas en effet dans les plus anciennes co-
pies du dénombrement des cités de la Gaule , fait fous
l'empereur Honorius , Se cette ville ne peut produire
d'évêques avant le règne de Clovis.
Après l'irruption des Barbares , Nevers relia fous la
domination de ceux auxquels Autun appartenoit , Se ce
ne fut que depuis qu'il fut érigé en cité Se en ville épis-
copale. Les rois de France pofféderent Nevers depuis la
mort de Clovis jusqu'au déclin delà race de Charlema-
gne. Ce fut pour lors que les gouverneurs s'étant rendus
abfolus dans les villes où ils commandoient, le comte
Guillaume devint propriétaire du comté de Nevers ,
vers le milieu du dixième fiécle, fous le règne de Lothai-
re. 11 laifla ce comté à fon fils Landri , Se Landri à fon
fils Renaud, qui époufa Alix, que quelques-uns font
fille, & d'autres, feeur du roi Robert. Ce comte Renaud
fut aufli invefti du comté d'Auxerre ; Se fon petit-fils Re-
naud fut comte de Tonnerre. Gui , aniere-petit-fils de
Renaud II , n'eut qu'une fille nommée Agnès , qui épou-
fa Pierre de Courtenai , empereur de Conftaminople ,
qui n'eut d'Agnès qu'une fille nommée Mathilde , fem-
me d'Hervé, baron de Donzi , dont la fille Agnès époufa
Gui de Châtillon , qui n'en eut qu'une fille nommée
Yolande , femme d'Archambaud, feigneurde Bourbon.
De ce mariage , il n'y eut encore qu'une fille nommée
Mathilde, laquelle hérita des trois comtés de Nevers ,
d'Auxerre & de Tonnerre , après la mort de fa bisaïeule
Mathilde de Courtenai. Mathilde de Bourbon , époufa
Eudes , fils de Hugues de Bourgogne , dont elle eut trois
filles , Yolande , Alix Se Marguerite. Yolande , qui étoic
l'aînée , eut en partage la baronnie de Donzi Se le comté
de Nevers : elle époufa premièrement JeanTriHan , fils
de faint Louis , dont elle n'eut point d'enfans , Se en fé-
condes noces elle époufa Robert , dit deBethune, filsde
Gui , comte de Flandre , qui étoit de la maifon de Bour-
bon-Dampierre. Robert eut d'Yolande, Louis , comte de
Nevers , qui mourut avant fon père , & laifla un fils
nommé Louis, qui fut comte de Nevers, & fuccéda à
fon aïeul Robert au comté de Flandre Se à d'autres grands
états. Mais cette maifon étant tombée en quenouille ,
Marguerite qui en fut l'héritière, époufa Philippe , fils
de France , dit le Hardi, duc de Bourgogne, dont le
troifiéme fils , nommé Philippe , eut en partage les com-
tés de Nevers Se de Rétel. Le dernier mâle de cette
branche de Bourgognc-Ncvers , fut le comte Jean qui
n'eut que des filles, dont l'aînée Elilabeth avoit époufe
le duc de Cléves ; Se la cadette , Charlotte , le firc ci'Or-
val;cequi forma une grande conteftation , qui fut as-
foupie par le mariage de Charles de Cléves avec Ma-
rie d'Albret, fille du lire d'Orval. Cet accord fut fait
l'an 1 504 par l'autorité de Louis XII.
Charles de Cléves Se Marie d'Albret , eurent pour
fucceflèur au comté de Nevers Se à leurs autres gran-
des terres , François de Cléves , qui fut premier duc
de Nevers. Les ducs François & Jacques furent fucces-
fivement ducs de Nevers Se moururent fans enfans ,
laiffant pour héritières leurs fœurs, dont l'aînée Hen-
riette , qui eut en partage les duchés de Nevers Se de
Rétel , époufa Ludovic de Gonfagues , cadet de la mai-
fon de Mantoue. Leur fils Charles , fuccéda aux du-
chés de Mantoue Se de Montferrat l'an 1627 , Se de-
puis tous les duchés Se les autres grandes terres qu'il
avoit en France , furent vendues à la pourfuire de fes
filles Marie , reine de Pologne , Se Anne , princeffe Pa-
latine. Le cardinal Mazarin acheta le duché de Nevers j
qu'il donna à fon neveu Mancini , qui ne s'étant jamais
fait recevoir duc Se pair , le titre ducal après fa mort fut
fupprimé Se celui du comte de Nevers rétabli en la
perïbnne du fils Se fucceflèur du duc de Nevers-Man-
cini.
La ville de Nevers efl bâtie en forme d'amphithéâtre ,
fur les bords de la Loire , qui paffe fous un pont de pier-
res , compofé de vingt arches , au bout duquel il y a une
levée fort large &' fort longue , qui rend l'abord de cette
ville magnifique du côté de Moulins. Les rues font étroi-
tes , Se le terrein fort inégal. L'églife cathédrale efl belle
Se dédiée à S. Cyr. Il y a onze paroiffes Se plufieurs
maifons religieufes de l'un Se de l'autre fexe On découvrit
en 1719 , dans l'abbaye de Notre-Dame , un tombeau
couvert d'une pierre d'environ flx pieds de long. On
voyoit deffus une figure en boffe dont la tête poire une
couronne radiale , ou à pointes. On trouva dedans onze
pièces de monnoie , parmi lesquelles il y en a de Charles
VII , de François I , d'Henri II , &c. Quelques antiquaires
croient que ce tombeau efl celui d'un comte, enterre dans
cette églilc , au treizième ou quatorzième ficelé , Se
que les pièces de monnoie , qui font poftérieures au qua-
torzième
NEU
NEU
forz'iénte fiécle , onc été jettées après coup dans ce mo-
nument , ou y ont été cachées comme dans un lieu facré
ôc inviolable. * PiganioL , Defc. de la France , t. 6. p.
163.
On compte dans Nevcrs environ huit mille habitans ,
ôc mille huit cens feux. Le château des ducs eft ancien ,
ôc fait face à une grande Ôc belle place ,xbnt les maifons,
bâties avec fymmétrie, font un afped très- agréable. On y
fair un débir affez confidérable de verrerie ôc de fayance.
Les environs de la ville font beaux , & il y a une prome-
nade publique appellée le Parc.
Adam Billaud , connu fous le nom de maître Adam ,
étoit menuifier à Nevers , ôc fit quelqie figure parmi les
poètes qui fe fignalerent fous le miniltere du cardinal de
Richelieu. Jaques Carpentier , fieur de Marigni , étoit
aullî de Nevers, ôc fils d'un marchand de fer. 11 eut beau-
coup d'accès auprès du prince de Condé , qu'il fuivit en
Flandre : il y trouva des gentilshommes de fon nom , qui
le reconnurent pour leur parent , ce qui fut caufe qu'il fe
fit réhabiliter. Il y a quelques lettres ôc quelques poëfies
de fa façon qui ont été imprimées. Voyez, fur cette ville
les écrits inférés dans les mercures d'Avril ôc Mai 1740.
Voyez, aulfi Nivernois.
NEUF-BRISAC (Le) , ville de France dans la haute
Alface. C'eft une ville régulière , flanquée de huit ba-
ftions,& fondée par le feu roi Louis XIV , aprèsla paix de
Ryswick. Elle eft fituée dans une plaine , environ à mille
pas du Rhin -, ôc fur la rive gauche il y a un fort nommé
le Mortier.qui eft demeuré entier à la France par les trai-
tés de Ryswick, de Raflât & de Bade. 11 eft vis-à-vis du
vieux Brifac , ôc il fervoit autrefois à défendre la tête
du pont du Rhin : ce pont étoit de bois, & il a été deux fois
ruiné en exécution des traités de paix. * Longuerue ,
Defcr. de la France , part. r. p. 240.
NEUF-CHATEAU , en latin Neomagns , changé en
celui de Neocafirum , dont on a fait le nom moderne.
C'eft une ville des états du duc de Lorraine , fur la Meufe,
dans la châtellenie de Châtcnoi , dont elle eft la capitale.
Il y a long-tems que les ducs de Lorraine en font fei-
gneurs , ôc l'on voit que Matthieu premier demeuroit ,
vers le milieu du douzième fiécle, à Châtenoi. Ils tenoient
cett« feigneurie avec les dépendances ( qui étoient Mont-
fort , Frouart , & la moitié de Grand , qui eft à l'occident
de la Meufe ) en fief des comtes de Champagne. * Lon-
guerue , Defc. de la Fiance , part. 2. p. 150.
Neuf-Château faifoit d'abord une châtellenie féparée
de Châtenoi. Matthieu II , duc de Lorraine , en rendant
hommage à Blanche, comteffe de Champagne , & à fon fils
le comte Thibaut , reconnut par un acte du 30 Juillet
1220, qu'il avoit reçu Neuf-Château en augmentation
des fiefs qu'il tenoit de ce comte ,Ôc promettoit de rendre
Neuf-Château fitôt qu'il en feroit requis. Depuis ce tems,
les ducs de Lorraine regardèrent Neuf-Château, Châte-
noi, Montfort & Frouart comme unis.
Après la mort de Matthieu , fon fils ôc fucceffeur , Ferri
II obtint la confirmation des droits , tant des feigneurs
que des bourgeois de Neuf- Château , de Thibaut , roi de
Navarre & comte de Champagne , qui donna fur cela fes
lettres , où il eft exprimé que Neuf-Château eft un fief qui
relevoit de lui. Philippe le Bel, ayant époufé l'héritière de
Champagne , fut reconnu feigneur fuzerain de Neuf-
Château , Châtenoi ôc Frouart ; ôc en les déclarant fiefs
de Champagne, il ordonne que les habitans feront reçus
aux foires de Champagne, par fes lettres du 22 Janvier
1296 ou 1297. Ce monarque renonça enfuite aux droits
de fouveraineré ôc de reffort fur Neuf Château en faveur
du duc : mais le parlement ôc la chambre des comptes ne
reconurent pas cette renonciation , ôc le duc Ferri ayant
donné à fon fils Thibaut en mariage Neuf-Château ,
Châtenoi , Frouart ôc Montfort , avec ce qu'il avoit à
Grand, il en fit foi ôc hommage au roi Philippe , qui lui
jiccorda plufieurs privilèges , ôc entr'autres celui de bat-
tre monnoie, pourvu qu'elle n'eût cours que dans l'em-
pire , ôc non dans le royaume de France , par fes lettres
Jonnées à Orléans au mois de Juin l'an 1 300 , dans les-
quelles il eft expreffément marqué que s'il arrive quelque
:onteftation pour ces fiefs , les caufes feront portées aux
iflifes d'Andelot en Champagne , & en cas d'appel , aux
grands jours à Troye. Louis , dit Hutin , fils aine de Phi-
ippe le Bel , ayant eu i'adminiftration du comté de Cham-
Ï37
pagne, qui étoit un propre de fa mère, confirma les lettres
du roi fon pere,données aux Bourgeois de Neuf-Château,
à la prière du duc de Lorraine, par d'autres lettres don-
nées à Paris au mois de Juin 1312. Dans le même tems,
Louis Hutin , roi de Navarre , ôc comte de Champagne ,
traita avec Ferri , fils aine de Thibaud , duc de Lorraine,
pour la réparation des injures ôc desobeiffances qu'il avoit
commifes contre le roi de Navarre,&: en même tems Ferri
fit hommage au roi , comte de Champagne , de Neuf-
Château , Châtenoi , Frouart, Montfort, d'une partie de
Grand ôc de leurs dépendances. Les lettres du roi Louis
furent confirmées par fon frère Charles le Bel , roi de
France ôc de Navarre , par d'autres lettres données au
mois de Novembre 1322. Sous Philippe de Valois, l'an
ï 344 , Neuf-Château fut reconnu fief de Champagne du
reffort d'Andelot. Le même roi fit taxer les habitans de
Neuf-Château pour l'entretien des hommes d'armes , ôc
le bailli de Chaumont commit le prévôt d'Andelot pour
les contraindre. Sous le règne de Charles VI , Jean , duc
de Lorraine , reconnut tenir du roi Neuf Château ôc fes
dépendances à caufe du comté de Champagne ; cependant
l'efprit du roi étant aliène, ôc les troubles affaibli fiant la
Fiance , Charles duc de Lorraine , fils & fucceffeur de
Jean , voulut fe dispenfei de l'hommage qu'il devoir pour
Neuf-Château ôc les autres biens: mais il fut comdâmric
à faire hommage pour ces villes par un arrêt célèbre dç
la cour rendu l'an 1 399, Labeau , fille de Charles , ayant
porté le duché de Lorraine dans lamaifon royale d'Anjou,
par fon mariage avec René , dont nous avons déjà parlé ,
les princes d'Anjou reconnurent ce droit du roi , comte de
Champagne, pour Neuf-Château , Frouart ôc Châtenoi.
Jean , duc de Calabre ôc de Lorraine , fils de René , pré-
fenta fes aétes de foi , hommage , ôc fon dénombrement
pour ces villes, comme Charles VII le reconnut par fes
lettres du 21 d'Août 1456". Le même duc de Calabre re-
connut la fouveraineré du roi pour Neuf- Château & les
autres terres , & il obtint un délai d'un an, à caufe qu'il
étoit occupé à la guerre pour le recouvrement du royau-
me de Sicile tenu par les Arragonnois , ôc Louis donna
Tur cela fes lettres le 9 Mars 1463. Aprèsla mort du jeune
duc Nicolas , fils du duc Jean , René , coufin germain du
duc , fils d'Yoland d'Anjou , ayant fuccédé au duché de
Lorraine , on ne voit pas qu'il ait reconnu les rois pour
Neuf Châtheau& fesannexes,ni même que les officiers du
roi l'ayenr pourfuivi.il n'y a eu que Grand qui eft demeuré
uni à la Champagne ; mais Neuf Château , Châtenoi ôc
Montfort ont été unis au bailliage de Vosge , ôc Frouart
à celui de Nanci. Enfin , la chambre des réunions , éta-
blie à Metz , donna des arrêts où l'on allégua la plupart
des titres Ôc des aétes dont j'ai fait mention ; enexécution
de ces jugemens ,on réunit Neuf-Château , Châtenoi ôc
Frouart , l'an 1 68 1 , le feigneur ayant encouru la commife
ôcla. confiscation pour n'avoir pas reconnu le roi à caufe
de fon comté de Champagne -, mais ces réunions ayant
été révoquées, & les arrêts de cette chambre annullés paf
le traité deRyhvick, Léopold I, duc de Lorraine , a été
rétabli l'an 1698 , non -feulement dans la propriété ,
mais dans la fouveraineté de ces lieux , comme fon
bisaïeul le duc Henri ôc fon grand-oncle Châties en
jouiffoient.
Cette ville eft confidérable ôc bien peuplée , ôc elle a
titre de Doyenné dans le diocèfe de Toul. Son églife pa-
roiffiale eft dédiée à faim Chriitophe. Les religieux de
faint Manfui font patrons de la cure , ôc ils ont les
deux tiers des dîmes. La cure eft unie au prieuré de Notre--
Dame,& cependant deffervie par un prêtre féculier. Il y a
une églife fuccurfale , dédiée à S. Nicolas, & fondée par
Thierri , duc de Lorraine , à la fin de l'onzième fiécle.
Cette églife eft très-bien entretenue. On trouvedans cette
ville un abbaye , une maifon de l'ordre de Malte, un hô-
pital, deux couvens d'hommes ôc trois maifons de reli-
gieufes. L'abbaye fut fondée en 1 29; par Ferri IV, duc de
Lorraine , ôc Marguerite de Navarre fa femme. Jean de
Sirck, évêquedcToul,enconfacral'églifeen 1 301. Elle
eft occupée par des religieufes de l'ordre de Ste Claire ,
qui choififfent leur abbeffe tous les trois ans. Ste Colette
effaya envahi d'y mettre la réforme , les religieufes s'y op-
poferent , ôc voulurent fuivre la commune obfervance.
Le prieuré eft dédié à Notre Dame. Il a été fondé pac
Thierri } duc de Lorraine , fur la fin du onzième fiécle ,
lorn.lV. Yyy
y38 N'EU
pour Tordre deS. Benoît. On l'a uni à l'abbaye de Manfui ,
6c il eft defTervi par un religieux de cette raaifon. La mai-
fon de l'ordre de Malte , dont l'églife eft dédiée à S. Jean ,
fe trouve aujourd'hui unie à la commenderie de Robe-
court. L'hôpital eft fitué dans un fauxbourg : il a été uni
à la mai Ton de Befançon, de l'ordre du S. Efprit. C'eft une
commenderie eccléfiaflique. Le comtnendeur eft aidé
par des religieufes du même ordre pour le foulagemenc
des malades. Cet hôpital n'a que douze cens livres de
rente. Lescouvens de religieux l'ont les Cordcliers 6c les
Capucins: les premiers furent établis en 1249 par Mat-
thieu Il ; Ferri IV, Ton fils , 6c Marguerite de Navarre
achevèrent le monaftere 6c l'églife , qui fut confacrée
en 1291. C'eft le premier couvent de la Cuftodie de
Lorraine. Les Capucins furent appelles en 1619 par
Louis de Lorraine, prince de Phaltzbourg , 6c Henriet-
te de Lorraine , fa femme. Les couvens de filles font les
Annonciadesdes dix vertus fondées en 1630 , par Hen-
riette de Lorraine , princefle de Phaltzbourg : les reli-
gieufes de la congrégation de Notre-Dame, qui furent
établies en 1639, les Carmélites établies en 164J par
la libéralité de la reine mère , Anne d'Autriche & de
Henriette de Lorraine , princefle de Phaltzbourg. 11 y
a aufli un hermitage fur le bord de la Meufe : il eft dé-
dié à S. Léger.
1. NEUF-CHATEL , bourg de France , dans le Mai-
ne, diocèfe 6c élection du Mans.
2. NEUF-CHATEL, bourg & lieu de paffagedans
la Picardie, aux confins de la Champagne, diocèfe de
Laon. IPa titre de comté fous le nom de comté d'Avaux*
3. NEUF-CHATEL en Ardenne , feigneurie ôc châ-
teau au duché de Luxembourg, à quatre grandes lieues
d'Arlon. * Dicl. des Pays-Bas.
4. NEUF-CHATEL , ville de Lorraine. Voyez. Neuf-
Chateau.
5. NEUF-CHATEL EN BRAY, petite ville de Fran-
ce , m Normandie , fur la rivière d'Arqués , à neuf lieues
au nord-eft de Rouen , 6c à fept au fud-eft de Dieppe.
Ce n'eft pas une ville ancienne , ni connue dans l'hi-
ftoire avant les derniers fiécles. Le pays où elle eft fituée*
eft abondant en pâturages , mais fort bourbeux , d'où eft
venu ce nom Bray , qui dans l'ancienne langue françoife
fignifioit de la boue , comme on le voit dans le livre
des miracles de faint Bernard, dont l'auteur vivoit il
y a près de fept cens ans ; car en parlant de Brai- fur-
Seine , il dit Caftrum Braium quod littum interpretatur.
La fituation de cette petite ville eft agréable & commo-
de. Elle renferme trois paroifles dans fon enceinte : celle
de Notre-Dame , celle de faint Pierre & celle de faint
Jacques. Il y a un prieuré royal de Bemadines , un cou-
vent de Cordeliers , un hôpital 6c couvent de Pénitens
dans un des fauxbourgs. Neuf-Châtel eft le chef lieu
d'une élection , compoféede 1 1 3 paroifles. 11 y a un bail-
liage 6c un grenier à fel. Il s'y tient deux foires tous les ans.
Corneille &Baudrand difent dans l'article du pays de Bray,
que !a ville de Neuf Ghâtel y eft renfermée : cependant,
à l'article de Neuf-châtel , ils fe donnent la main pour la
placer dans le pays de Caux. Ce font des fautes qui écha-
pent dans des ouvrages d'une auffi grande étendue qu'un
dictionnaire géographique. Tout ce qu'on étoit en droit
d'exiger d'eux , c'étoit que ces fortes de fautes ne fus-
fent pas aufli fréquentes qu'elles le font. * Longuerue ,
Defcr. de la France , part. 1. p. 69.
NEUF-FONS , NEUF-FONTAINES & AUBE-
TERRE , en latin Novem Fontes 6c Alba terra; mo-
naftere de France, eu Auvergne. Saint Gilbert, gentil-
homme d'Auvergne, au retour de la malheureufe croi-
fade de la Paleftinel'an 1 149, ayant trouvé fa femme Pé-
tronille & fa fille Ponce , dispofées à renoncer au mon-
de, comme lui, vendit tout fon bien, dont il diftri-
bua une partie aux pauvres, 6c employa l'autre à bâ-
tir 6c doter deux monafteres : l'un pour des religieufes ,
au diocèfe de Clermont ; c'eft aujourd'hui le prieuré
d'Aubeterre , de l'ordre de Prémontré, fur les limites
du Bourbonnois & de l'Auvergne, près de la rivière
de Sioulc. Pétronille & Ponce s'y renfermèrent , en fu-
rent abbefles fucceflivement 6c s'y fancti fièrent. L'autre
monaftere deftiné pour les hommes , fut bâti dans un
lieu , appelle Neuf-Fons ou Neuf-Fontaines, à une lieue
£c demie de celui d'Aubeterre, dans le même diocefe ,
NEU
fur la petite rivière d'Andelot , dans la paroifie de S.
Didier , à une grande lieue de Saint Pourçain , vers le
midi. C'étoit un lieu marécageux , mal-fain 6c convena-
ble à des pénitens. L'abbaye fut fonmife aufli à Tordre de
Prémontré ; 6c faint Gilbert en fut fait le premier ab-
bé.* Baillet , Topogr. des Saints, p. 339.
N EU FOSSE (-Le ). On nomme ainfi le Canal qu'on
a tiré depuis Aire jusque par de-là Saint Orner en Artois.
NEUF-MARCHÉ, bourg de France , en Norman-
die , diocèfe de Rouen , avec prévôté. Il eft fitué fur
TEpte , quatre lieues au-deflus de Gifors, & une lieue
au-defibus de Gournai en Bray, dans une vallée entre
Vardes 6c Boucheviller. L'églife de faint Aubin eft pa-
roifle primitive de ce bourg ; mais aujourd'hui celle de
faint Pierre eft la réfidence du curé , qui y fait toutes
les fondions curiales , 6c tout le fervice paroiflîal. Le
bâtiment du prieuré fimple communique à cette der-
nière églife , comme celui d'un monaftere. Neuf-mar-
ché étoit autrefois plus confidérable qu'il n'eft à pré-
fent. On y voit les ruines d'un grand château qui dé-
fendoit le paflage «Je fon pont de pierres. Ses murail-
les ont été entièrement détruites-, mais il y a encore des
relies de belles tours à fes trois portes. Son territoire
confifte partie en terres de labour 6c partie en pâtura-
ges. La chapelle du titre de la Magdeléne , qui eft pro-
che de-là , eft en décadence ; mais la chapelle du Mont
Crispin eft affez bien entretenue. * Corn. Di<ft. Mémoi-
res drejjés fur les lieux en 1 704.
NEUF-MOUSTIER, abbaye de chanoines réguliers ,
dans le pays de Liège , fituée dans un vallon près de
la ville d'Hui.
1. NEUFVI , bourg de France, dans le Maine , éle-
ction du Mans.
2. NEUFVI , bourg de France, dans la Champagne ,
diocèfe de Sens , élection de S. Florentin.
NEUFVILLETTE, bourg de Fiance, dans le Mai-
ne , élection du Mans.
1. NEUFUY , bourg de France , dans le petit pays
de Puyfaye. Voyez. Neuvi.
2. NEUFUY - SUR -BARANGEON. Voyez. Nsuvy
sur Barangeon.
NEUGARTEN , petite ville d'Allemagne, dans la
Poméranie, à un mille 6c demi de Golncw, 6t à deux
de Platte , furie chemin de Cammin. Elle appartenoit
autrefois aux évêques de Cammin: elle a été depuis pos-
fédée par les comtes d'Eberftein , qui la reçurent en fief
de Tévêque Hermand , qui étoit de la même famille. A
la droite de cette ville , eft un fort château que le comte
Louis fit bâtir fous le règne de Barnime, duc de Pomé-
ranie. Neugarten fut presque entièrement brûlée en 1635;
mais elle s'eft affez bien rétablie depuis. Il s'y tient une
foire tous les ans le premier Dimanche après l'Aflbmp-
tion. * Zeyler , Topog. Bohem.
i.NEUHAUS , autrement Hradetz, Novadomus ,
félon le nom bohémien , ville avec château , dans le cer-
cle de Bechyn , en Bohème , fituée proche de Strasch Se
de Cardaflawa , en tirant vers l'Autriche. File a tu ci-
devant des feigneurs du même nom , qui ont fait du biuit
dans Thiftoire , 6c fe font rendus redoutables aux Huffi-
tes Se au roi George par le zèle qu'ils avoient pour la
religion Catholique. Après Fcxtincîion des feigneurs du
nom de Neuhaus , cette ville , avec la plus grande par-
tie de leurs domaines , a paffé aux feigneurs de Slawata.
L'an 1467 , elle fut afliégée par les deux fils du roi Geor-
ge. En 1618, au commencement de la guerre de Bohê-
me , les états de ce royaume mitent fi bonne g.irnifon
dans Neuhaus, que ce fut en vain que le général Tam-
pir entreprit d'en faire lefiégepar deux fois, & que les
efforts du général , comte de Buquoi , ne furent pas plus
heureux. Cependant les Suédois l'emportèrent aifément
en 164J , fous la conduite du général Torftenfon , après
qu'ils eurent gagné la bataille de Jankow , & ils eurent
foin d'y confti uire de nouvelles fortifications. Cetre ville
appartient au comte de Czcrniu. LesJcfuites y ont un col-
lège & un féminaire. * Zeyler , Topog. Bohcm.
2. NEUHAUS , lieu fortifié dans le cercle de Bechyn,
en Bohême, proche Dobrawoda. Ce château eft fitué
fur une montagne.
NEUHAUSEL, Neofclium ou Ovarias , ville de
la Haute- Hongrie , dans une plaine marécageufe , mail
NEU
NEU
dont le fond eft fi bon,qu'on peur palier partout. Elle efi à
deux milles ou environ du confluent du Vag avec le Da-
nube. Elle eft fortifiée de fix battions revêtus d'une
bonne maçonnerie. Les courtines font de différentes lon-
gueurs. Il y a un foiTe plein d'eau de fcpt à huit pieds
de profondeur , Se large de dix-fept à dix-huit toiles.
Cette place ayant été afiiégée en 1663 par Mahomet
Coprogli , fournit trois aflauts ; Se trois mille hommes
que le comte Forgatz , gouverneur , & le comte Palfi
Se le marquis Pio, commandèrent pour furprendre l'en-
nemi , ayant été mafiacrés ou faits prifonniers , elle per-
dit toute espérance d'être fecourue , Se le rendit par corn-
pofition le 27 de Septembre. Le prince de Lorraine la fit
invertir le 3 de Juin 1683 , Se Aly Bâcha qui y com-
mandoit, fie arborer deux drapeaux blancs Se un rouge ,
Se mettre le feu aux fauxbourgsaux premières approches
des Chrétiens, qui , après quelques attaques, ayant ap-
pris que les Turcs étoient en marche pour la fecourir ,
levèrent le fiége fi précipitamment , que quelques trou-
pes qui étoient au fourrage n'en ayant pas été averties ,
furent presque entièrement taiLées en pièces. On l'as-
fiégea de nouveau en 1685 ; on ouvrit la tranchée le
11 de Juillet , Se on la prit le 19 Août. 11 y eut plus de
fix mille hommes paffés au fil de l'épée , Se le bâcha fut
blefle à mort. On y trouva quatte-vingt-trois pièces de
canon , trois mortiers, deux chambres pleines de bom-
bes, quatre cens milliers de poudre & quantité d'autres
munitions. Le butin qu'on y fit alla au-delà de deux mil
lions. En général, la place fut tellement ruinée, qu'il
n'y refta presque pas une maifon qu'on pût habi-
ter. La principale mosquée, qui étoit autrefois l'églife
de faint François, fut de nouveau bénite, Se l'on re-
commença à y célébrer la méfie. Les Hongrois donnent
à la ville de Neuhausel le nom d'OuvAR , ce qui fi-
gnifie château. * Corn. Dict. Hiftoire & Defcription du
royaume de Hongrie , 1 . 3 .
1. NEUHAUSEN3 bailliage de Suifle, dans le can-
ton de Schafthoufe , au-deflus de la ville de Klergaw ,
dans le petit pays de même nom. On envoie un membre
du grand confeil de SchafFhoufe pour gouverner ce bail-
liage. * Etat & Délices de la Sut/Je , r. 3. p. 96.
». NEUHAUSEN SUR EKEN , bailliage delà Suis-
fe , dans le canton de Schafthoufe, au vieux comté de
Baar. On donne ordinairement ce bailliage à un bourgeois
d'Engen en Suabe.
NEUHAUSS , maifon ou château appartenant aux
princes de Bnms'Wich-Wolffenburtel , en Allemagne. Il
elt fitué fur un rocher Se au milieu d'un bois allez près
de Dromling. Il y a deux fortes tours , qui , jointes à
fes autres dé feules , l'ont mis en état de foutenir des liè-
ges. Ceft aufii un bailliage. * Zeyler , Topogr. Brun.w.
Se Luneb. p. 159.
NEVIAN , bourg de France , dans la Saintonge , éle-
ction de Saint Jean d'Augely.
NEVIASCA , fleuve de Ligurie , félon Ortelius, Thef.
qui le met auprès de Gènes , & cite pour garant une an-
cienne table de cuivre qui fe trouve à Gènes.
NEVIDUNUN. Voyez. Noviodunum.
NEVIL SOUS PASSAVANT , bourg de France ,
avec château dans l'Anjou , élection de Montreuil-Be-
lav.
NEVILLAC , bourg de France , dans la Saintonge ,
élection de Saintes.
NE VILLE, bourg de France , ou gros village,dans la
Haute- Normandie , à une lieue de Saint Valcri , en
Caux. 11 eft au milieu d'une belle campagne de terres
de labour. L'églife, qui eft: ornée d'une tour , eft afiez
bien bâtie, entretenue proprement , Se les autels ont
des retables dorés. Le château de Bréauté fe trouve dans
le territoire de cette paroifie. 11 eft bâti de pierres de
grès & flanqué de bonnes tours , avec des foffés & un
pont-levis. De belles chênaies forment quantité d'agréa-
bles avenues autour de ce château. * Corn. Dict. Mé-
moires drejjés fur les lieux en 1703.
NEVILLE AUX BOIS, bourg de France, dans l'Or-
léanois , élection de Petiviers.
NEVILLE-PONT-SAINT-PIERRE, bourg de Fran-
ce , dans la Touraine , élection de Tours.
NEUILLE, bourg de France , dans l'Anjou, avec
château, élection de Saumur.
*39
1. NEUILLY , bourg de France, dans la ToumuiC,
élection d Amboife.
2. NEUILLY , en latin Neuv'tllium , Neucallium Se
Nulhacum, bourg de Franceavec feigneurie, dans laTou-
rair-, élection de Chinon.
> NEUILLY, bourg de France, dans la Champa-
gne , élection de Joigni.
4. NEUILLY-SAINT-FRONT , petite ville de Fran-
ce , dans le diocèfe de Soifibns , au levant de la Ferté-Mi-
lon, «3c a fix lieues de Soiflons vers le midi. Ceft un gou-
vernement particulier , dépendant du gouvernement de
l'Ifle de France. 11 y a une prévôté. On l'appelle Neuilly-
Saint-Front , pour le diftinguer des autres lieux de mê-
me nom, à caufede l'églife de Saint Front qui eft dans
le château, entouré de folTés pleins d'eau coulante. Ceft
la principale paroifie de la ville ; l'autre , qui eft Saine
Rémi, n'a dans la ville que quelques mai Ions : l'églife eft
fituée hors les murs à un demi-quart de lieue. On honore
à Neuiily-faint-Front , premier évêque de Périgueux. On
y croit , fur la relation d'une vie fabuleufe Se rejettée
par du Bosquet , qu'il y eft venu , qu'il y a célébré fur
un grès : il y a apparence, comme Lebeuf la avancé
dans fa difiertation fur les premiers évêques de Sois-
fons , que ce faint Front a été un cor-évêque de Sois-
fons dans les fiétles reculés , Se qu'on l'a depuis confon-
du avec le Saint le plus célèbre du même nom. On peut
encore voir là-dcflus un écrit du Mercure de Mars 1752.
Il y a fur le territoire de Neuilly-Saint-Front la chapelle
faint Front des Bruyères, unie à la cure du lieu, qui
pourroit bien être l'endroit où faint Front auroit habi-
té , Se feroitmort. Dans la partie fupérieure de la ville de
Neuilly eft l'Hôtel-Dieu , dont la chapelle du titre de
Notre-Dame fait voir qu'il a été une maifon confidé-
rable. On croit ordinairement que tous les lieux appel-
lés Neuilly, viennent de l'ancien mot Noviliacum ou
Nobiliacum ; celui-ci eft le titre d'un doyenné rural. *
Mémoires drejjés fur les lieux.
y. NEUILLY-SUR-LA-SEINE, à une lieue de Pa-
ris , nord-nord-oueft de cette ville. L'on y fait du rata-
fiat qui a quelque réputation.
NEVIUS. Voyez. Pons jElii.
NEUKERCK, bourg de Flandre, dans le bailliage
de Baillieu ou Belle , entre cette ville & celle de Vat-
neton. * DiU. des Pays-Bas.
i.NEUKIRCH, petite ville d'Allemagne, dans la
Principauté de Troppau, en Siléfie.
2. NEUKIRCH ou Neunkircm , bailliage de laSuis-
fe, dans le canton de Schafthoufe, au pays de Kletgaw.
On donne ordinairement ce bailliage à un bourgeois de
la ville de Neukirch. De ce bailliage dépendent Hallaui ,
Sieblingen, Wiichengen, Ofterfingcn , &c. * Etat &
Délices de la Suijfe , t. 3. p. 98.
3. NEUKIRCH ou Neunkirch , petite ville deSuis-
fe , dans le canton de Schafthoufe. Elle eft fituée dans le
Haut-Kletgau , &compoféede trois tues parallèles. Hu-
gues de Landenberg , évêque de Confiance , la vendit
au canton de Schafthoufe en 1 5 20.
4. NEUKIRCH , petite ville de la Baffe-Siléfie , dans
la principauté de Javet , fur la rive droite du Katzbach ,
entre Schonavr au midi Se Goldberg au nord. * Zeyler ,
Boh. Top. Jaillot , Atlas.
1. NEUMARCK , petite ville d'Allemagne, dans la
principauté de Brefiau , entre la ville de ce nom & celle
de Lignitz , à quatre lieues de difiance de l'une Se de l'au-
tre. L'an 1 24J , pendant la guerre que les fils du duc
Henri le Pieux fe firent , Bolefias , un de ces pt inces ,
prit cette ville d'aflaut , & y commit de grandes cruau-
tés : il alla même jusqu'à faire mettre le feu à une églife ,
où plus de cinq cens bourgeois s'étoient retirés avec leurs
femmes & leurs enfans , comme dans un afyle où ils
avoient cru que leurs vies pourroient être en fureté. On
trouvecet événement dans la chronique de Siléfie , écrite
par Cureus en 1 459. Neumarck fut prife par les troupes
de George, roi de Bohême. En 1632, les troupes de
l'électeur de Saxe s'en emparèrent. Quelques années
après elle efluya encore diverfes viciflitudes , en palîant
aux Suédois , puis aux Impériaux > de ceux-ci encore aux
Suédois, qui furent enfin contraints de la rendre aux Im-
périaux. * Chron. part. 1. fol. 94.
a. NEUMARCK ou Neuenmarck, bourg d'Allema-
Tvm. IV. Y y y ij
NEU
54°
gne , dans le Voigtland , entre Plawen & Zwickau , à
deux lieues de chacun de ces deux endroits. Il apparte-
noit en 1632 au feigneur Haubolden de Schonberg. *
Zeyler , Top. friper. Sax. p. 144.
3. NEUMARCK, autre bourg d'Allemagne, en Thu-
ringe, fitué fur la petite rivière de Vippach, proche du
lac appelle Schwanfée , c'eft-à-dire , lac des Cygnes.
4. NEUMARCK, petits ville d'Allemagne, dans la
Poméranie , entre Stettin & Pyrits. Elle eft du cercle Se
bailliage de Colbatz. Il s'y tient une foire dans le Carême.
* Zeyler , Topogr. Pomerania%
y. NEUMARCK (Les Polonois l'appellent Novo
Miafto ) , petite ville de Pruffe , fur la rivière de Drie-
bentz , auprès de Bretchem. Elle fut bâtie l'an 1329-.
6. NEUMARCK, bourgade de la Prufie , auprès de
Chriltburg.
7. NEUMARCK, petite ville d'Allemagne , dans le
Haut-Palatinat. Elle elt fuuée dans une plaine à cinq
milles de Miïrnberg , & à deux d'Aldorff, anez près de
WorTstein, fur la Sultz.Autrefois elle appartenoitau mar-
grave de Vochbourg , en Bavière ; Se elle a été enfuite
fous la puiffance des rois de Bohème," mais en 1266 ,
le duc de Bavière l'enleva. D'autres veulent pourtant
qu'elle ait appartenu à Conradin > dernier duc de Sua-
be , Se que ce ne foit qu'après fa mort qu'elle foit tom-
bée entre les mains du duc de Bavière. L'empereur Al-
bert I la prit en 1300 ou 1301 , fur l'électeur palatin,
Rodolphe ; mais elle fur reftituée dans la fuite. Le com-
te palatin , Fridéric II , avant que de parvenir à l'éleélo-
rat, y faifoir fa réfidence. Il y a un beau château. Les Sué-
dois la prirent en 163 3 , Se la gardèrent allez long-tems.
* Zeyler , Topogr. Palatinat.
8. NEUMARCK, bourg d'Allemagne, dans la Hau-
te-Styrie , à trois milles au-defibus de Muraw , Se à deux
de Friefach. Ce bourg eft fermé , Se eit du domaine du
fouverain.
9. NEUMARCK, bourg d'Allemagne, dans le Ty-
rol,à quatre milles ou à une demi-journée de chemin
de Trente , dans l'Etschland. Ce bourg en; bien bâti , Se
eft accompagné d'un château fitué fur une hauteur. Il ap-
partient aux comtes de Trautfam.
10. NEUMARCK, ville de la Tranfylvanie , fur la
rivière de Marisch ou Marosch, dans une ifle formée
par cette rivière au nord d'Albe- Julie. Elle eil capitale
du comté de V a fa tel , dont elle porte auflï le nom.
NEUMASUM CASTRUM. Voyez. Nemas & Bi-
LIGA.
N EU MUNSTER ou Niemunster , petite ville d'Al-
lem.igne , dans le Holftein , entre Itschoa Se Ploën, fur
la rivière de Schwala ou de Schala , qui va fe jetter dans
la Stor. Selon la chronique des villes du Holftein , faite
par Andréas Angélus, c. 18. le premier nom de ce
lieu étoir Vippenrode , il a eu enfuite celui de Falder ;
après qu'on y eut bâti un monaftere , il n'a plus eu d'au-
tre nom que celui de Neumunfter. Sa longitude eil de
27 deg. 40 min. Se fa latitude de jo deg. 16 min. La
grande antiquité de cette ville fait qu'on en ignore la pre-
mière origine. A l'égard de la fondation du monaftere
qui lui a procuré le nom qu'elle a préfentement , elle
s'eil faire , félon Crantzius , du rems d'Adolphe I , com-
te de Holftein, & d'Adalberon, archevêque de Ham-
bourg Se de Brème , & un certain Vicelinus en fut le
premier abbé. Neumunfter fut presque entièrement
ruiné par le fer& le feu des Wendes en 1 140. Il éprouva
le même fort en 1322 delà part des Ditmarfiens. * Zey-
ler , Top. inf. Saxon, p. 1 86.
NEUNHAUSS , ou Nienhuss , fortereilc de la Bas-
fèSaxe, en Allemagne , fuuée fur l'Elbe , entre Do-
mits Se Lawembourg , dont elle eft éloignée rie quatre
lieues. Les eaux Si les marais qui l'environnent contri-
buent le plus à fa défenfe. Cependant le général Tilly
l'emporta en 1627 après qu'il eut pris Buytzenbourg.
Le comte de Pappenheim , général des troupes impéria-
les, s'en rendit aufïi maître en 1630. Ceft le chef-lieu
du bailliage de même nom. * Zeyler , Top. inf. Saxon,
p. 186. J
NEURI ou Neur^ei , peuples de la Sarmatie , en Eu-
rope , félon Etienne le géographe. Hérodote , /. 4. c.
105. Pline,/. 4. c. 11. Se Pomponius Mêla, /. i.c. 1.
en font mention. Hérodote ajoute , qu'avant l'expédition
NEU
de Darius , ces peuples furent forcés d'abandonner leur
pays , qui étoit infecté d'une quantité prodigieufe de
ferpens , Se qu'ils allèrent demeurer dans le pays des Bu-
dïni. Ammien Marcellin met les Neuri au nombre des
Alains/. 3.
1. NEURIS. C'eil le nom qu'Hérodote, /. 4. c. ji.
donne au pays de Neuri. Il dit qu'un vafte marais le
féparoit de la Scythie.
2. NEURIS. Voyez. Proconnesus.
NEU RODES. Voyez. Nebrodes.
NEUROE. Voyez. Neuri.
NEUS. Voyez. Nessus.
NEUS1UM , en grec NsaTf/xov, lieu deThrace, en-
tre Philippopolis Se Hadrianopolis , félon Nicetas. * Or-
telii Thef.
1. NEUSTADT ou Neustattlein , petite ville
d'Allemagne , dans la principauté de Glogau , en Silé-
fie. Elle eft fituée entre Milkau Se Freyftatt , fur la pe-
tite rivière de Weisfurt , qui va fe jetter dans l'Oder,
au-deffous de Beuten. Elle fut entièrement brûlée en
1474. Elle a auiîi beaucoup fouffert dans la guerre que
les Suédois ont portée en ce pays. * Zeyler , Topogr.
Silefia*.
2. NEUSTADT ou Nienstadt , ville d'Allema-
gne, au cercle de la BafieSaxe, dans la Wagrie. Cette
ville qui eft fituée au bord de l'Oftfée ou mer Balti-
que, fut prife en 1644 par les Suédois fous la con-
duite du général Wrangel. * Zeyler , Top. Saxon, inf.
p.ig. 186.
3. NEUSTADT, petite ville d'Allemagne, au cer-
cle de la Balle Saxe, dans le duché de Meckelbourg,
fur l'Elde , qui reçoit le lac de Schwerin & tombe dans
l'Elbe à Domitz. Elle forme à Newftadt un petit lac.
Cette ville qui eft à quatre milles de Schwerin eft peu
de chofe ; mais elle eft remarquable par un ancien châ-
teau dans lequel fe voit une tour dont les murs font
fort épais , Se dans le milieu de laquelle eft une fofle
où on ne peut descendre que par une échelle. Ceft
dans ce trou, que Waldemar II , roi de Danemarck, fie
une rude pénitence de l'incontinence qu'il avoit eue en
deshonorant la femme d'un duc de Meckelbourg, corn*
te de Schwerin. Ce roi fut pris & enfermé en cet en-
droit par le mari qu'il avoit outragé. Ce château étant
fort vieux Se mal bâti , le duc Frédéric Guillaume en
fit conftruire un nouveau qui ne confifte qu'en un corps
de logis avec deux ailes. Le premier deflein n'a point
été exécuté. L'architeéte Sturme , fils du fameux mathé-
maticien , y a fait des changemens qui en ont fait un
léjour allez incommode. Ce n'eft après tout qu'une Am-
ple maifon de chafle. Le terrein où eft la ville n'eu
qu'un fable où l'abfynthe croît naturellement Se en
abondance. En récompenfe c'eft le plus beau pays de
chalTe qu'il y ait au monde. * Mémoires drejfésfur les
lieux en 171 8.
4. NEUSTADT, ville de la Bafle-Autriche, fituée
fur le grand chemin de Styrie Se de Gratz , à huit lieues
de Vienne. Elle a été appellée de ce nom , qui fignifie
nouvelle ville , parce que divers incendies qui l'ont en-
tieremenr confumée , l'ont auffi fait entièrement renou-
veller. Elle avoit d'abord été fondée par Léopold fur-
nommé le Glorieux , marquis d'Autriche , qui mourut
en 1230. Son château ,qui a un très-beau parc , a été
magnifiquement rétabli par l'empereur Ferdinand I. II
y a un arfenal tout vis-à-vis. Cette ville, dont l'aifiet-
te eft fur un terrein uni, a de fortes murailles & peut
être entièrement environnée d'eau lorsqu'on le juge à
propos , ce qui fait fa meilleure défenfe. L'empereur
Frédéric IV y avoit fondé un évêché , qui fut enfuite uni
à celui de Vienne; mais ce fiége a été relevé depuis
peu, & a un évêqtie particulier, le feul fuffragant de
Vienne. Ce même empereur fut aflîégé dans Neuftadt
par l'armée des étars d'Autriche , parce qu'il ne leur vou-
loit pas rendre le jeune Ladiflas , légitime héritier de
cette province , Se prétendoit , fous prétexte de tutelle ,
y dispofer de tout. 11 fut enfin contraint de rendre la
ville , Se le jeune prince qui étoit pour lors dans fa
treizième année. Matthias Corvin , roi de Hongrie, la
prit en l'an 1485 , après un fiége de 19 mois , fi on en
croit Bonfinius ; mais après la mort du prince Hongrois,
les Autrichiens la recouvrèrent par la faveur des ha-
NEU
NEU
bitans , qui aidèrent eux mêmes à chaflcr les Hongrois.
Néanmoins ceux-ci gardèrent encore quelque tems le
château. ' Zeyler, Topogr. Aulhiae.
j. NEUSTADT, ville d'Allemagne , dans la Fran-
conie , évêché de Vurtzbourg , fur la Saale , près de
KoeningshorTen. Munfterus dit que Charlemagne bâtit
dans ce lieu , nommé pour lors Ober Salt^a , un magni-
fique palais ; Se qu'après lui les empereurs Louis le Dé-
bonnaire, Arnould Se Otton I, y tinrent quelques diè-
tes. Ce palais a depuis été ruiné ; on en voit encore
les relies ; mais il s'elt formé d'Ober-Saltz une ville qu'on
nomme Neuftadt. * Zeyler , Topogr. Franconiœ.
6. NEUSTADT, ville d'Allemagne, dans le Hol-
ftein , fur un golfe que forme la mer Baltique fur la
côte de la Wagiie. Elle a un port commode , capable
de recevoir un bon nombre de vailTeaux marchands.
Son enceinte eft un vieux rempart fans billions ni bou-
levards ; il s'y fait quelque négoce. On ignore le tems
de fa fondation ; on fait feulement qu'il en eft parlé dans
l'acte de partage fait en 1339, entre Gerhard, Albert
Se Henri, ducs de Holltein Se de Stormarie. Elle eft
fituée à quatre grands milles d'Oldenbourg , Se envi-
ron à pareille diftance de Lubec , d'Eucin Se de Plocn.
En IJ44, elle paffa entre les mains d'Adolphe, duc
de Schleswic Se de Holftein , Se elle eft toujours de-
meurée depuis en la poflefllon des ducs de Gottorp. *
Ktttger. Herrnanid. Holfatiac defcr. p. 96$.
7. NEUSTADT SUR L'ORLA , ville d'Allemagne,
dans la Thuringe , fur la petite rivière d'Orla , à une
lieue dePesneck. Elle eft préfentement ruinée. Drefferus
dans fon livre des villes , rapporte qu'il y avoit en ce
lieu un monaftere d'hermites , de l'ordre de faint Au-
guftin, qui avoit été fondé en 1 292 ; mais ces religieux
ayant , dès les premiers tems de la réformation , brûlé les
images Se pris des femmes , fans celTer néanmoins de
vivre en communauté , les habitaus peu fatisfaits de leur
conduite, pillèrent entièrement le monaftere, Se priè-
rent d'une manière peu gracieufe les moines d'aller lo-
ger ailleurs avec leurs femmes. Cette ville étoit venue
en ijci avec le comté d'Odamond & quelques autres
domaines en la puiffance de Frédéric , marquis de Mis-
nie , par fon mariage avec Elifabeth, comteffe d'Arns-
haug. Elle fubliftoit encore en 1632, & fut pillée cette
même année par les Cravattes , Se on ne fait pas pré-
cifément le tems où elle fut détruite. * Zeyler , Top. fu-
per. Sax. p. 144.
8. NEUSTADT AM RUBENBERG , ville Se châ-
teau d'Allemagne , dans le duché de Brunswich-Lune-
bourg , à trois milles d'Hanover , fur la- rivière de Leyne.
Ce lieu faifoit autrefois partie du comté de Wolpe ,
avant qu'il eut été érigé en ville par les ducs de Bruns-
wich-Lunebourg. Le château eft entouré de fortes mu-
railles ; la ville n'eft encore ceinte qu'en partie. * Zcyler t
Top. Duc. Biunsw. p. 160.
NEUSTAT AN DER HART ou fur la Hart ,
ville d'Allemagne.dans le Palatinatdu Rhin, fur une petite
chaîne de montagnes appellée la Hait. Comme fon terri-
toire fait partie duSpeyrgow , les Latins l'appellent Nea-
polis Nemetum. Les habitans y jouifTent d'un air fort bon ;
plufieurs eaux vives y donnent des truites, des écrevifles,&
diverfes aunes fortes de poilTons en abondance. C'éroit
autrefois le fiége d'un tribunal pour tout le Speyrgow -, il
étoit compofé de tous les nobles de cette contrée qui s'y
affembloient en certain tems de l'année. Robert l'ancien ,
électeur Palatin , qui mourut en 1 3 90 , & Beatrix fa fem-
me , avoient fondé en ce lieu un chapitre de feize chanoi»
nés ; mais les revenus de quatre prébendes furent enfuite
appliqués à l'entretien de l'univerfité de Heidelberg. Le
duc Se comte palatin Jean Cafimir , frère de l'électeur
Louis, fe rendir maître de Neuftat en 1579. Ce prince
ayant trouvé moyen de fe faire inviter à un repas que les
magiftrats donnèrent dans la maifon de ville, & ayant pous-
l'é alîez avant dans la nuit le divertiftement , demanda en-
fuite qu'on lui ouvrît une porte pourfortir avant le point
du jour , fous un prétexte qu'il leur expofa ; on y confen-
tit , quoiqu'avec peine. La porte ne fut pas plutôt ouverte,
que des troupes qui s'en étoient approchées , à la faveur
des ténèbres , s'en faifirent , Se entrèrent en aflez grand
nombre pour mettre le duc en état de faire la loi auxbour-
geois. Dès que ce prince lut poflefleiu' tranquille de es
*4i
nouveau domaine, il y établit des écoles pour les Huma-
nités, & enfuite pour toutes les autres facultés. Son but
étoit de faire fleurir en ce lieu Se dans fes autres domaines
la religion Calvinifte dont il faifoit profeflion , 8c d'y faire
inftruire , félon fes idées , de jeunes gens , qui auttemenc
auroient été faire leurs études à Heidelberg, où fon frère
Louis , électeur palatin , avoit rendu l'univerfité Luthé-
rienne. Aufli l'académie de Neuftat tomba-t-elle, dès que,
par la mort de l'électeur Louis, l'univerfité de Heidelberg
eut encore une fois changé de fentimensou deprofefleurs.
11 y a aufli eu ci-devant deux monafteres de religieufes ;
l'un étoit dans le fauxbourg , Se fes bâtimens fubfntent en-
core ; mais ils ont été appropriés à une école appeliée la
CUufs ; l'autre qui étoit près des murs de la ville, fut en-
tièrement ruiné, lorsque les habitans eurent livré en 1 525
leur ville aux payfans qui s'étoient attroupés , Se avoienc
déjà détruit tous les châteaux des environs. Dans les guer-
res qui précédèrent la paix de Weftphalie , cette ville fut
obligée de fe rendre tantôt à un parti , tantôt à l'autre ;
mais comme elle ne fit pas beaucoup de réfiftance aux uns
Se aux autres , elle ne fut pas beaucoup endommagée
par ces viciflitudes. * Zeyler , Topogr. Palat. Rheni ,
pag. 38.
1. NEUSTATT ou Neu Stattelein , petite ville.
d'Allemagne , dans la Franconie , fituée aftez près de
Chronnach ,8e à deux milles de Cobourg, fur le territoire
de laquelle elle fe trouve.
2. NEUSTATT, petite ville d'Allemagne, dans U
Franconie , près de Schnabel wyd , Raukulm , Eschen-
bach Se Grattent erd. Elle eft le chef lieu d'un bailliage ,
Se appartient au margrave de Culmbach.
3. NEUSTATT AN DER A1SCH, petite ville d'Al-
lemagne , dans la Franconie : elle eft aflez jolie ; c'eft le
chef-lieu d'un bailliage. Lorsque l'électeur palatin Frédc*
rie le Victorieux donna du fecours â Louis de Bavière ,
contre le margrave Albert de Brandebourg , cette ville
tomba entre les mains du Palatin.
4. NEUSTATT , petite ville d'Allemagne , dans le
landgraviat de Heflé , à cinq lieues de Marpurg , vers
l'orient feptentrional. Elle appartient à l'électeur de
Mayence , avec un petit pavs qui en dépend. * Corn.
DiCt.
;. NEUSTATT , petite ville d'Allemagne , dans le
cercle de Weftphalic.au comté de la Marck. Elle eft fituée
à la fource de î'Egers , vers les confins du duché de Veft-
phalie & de Berg , environ à fix lieues de Ham , du côté
du nord. * Zeyler , Topogr. Weftphalia;.
6. NEUSTATT ou Neustettlein , ville d'Alleu
magne, dans la haute Bavière, fur l'Abenz , près du Da-
nube. Elle a été nommée anciennement Salingftat. Oli-
vier l'appelle Celeufitm. * Zeyler , Topogr. Bavaria?.
7. NEUSTATT , petite ville d'Allemagne , dans le
Nortgau , entre le bourg de Dompach Se la petite
ville de Kemmath , fur le chemin d'Eger à Nurnberg.
8. NEUSTATT , petite ville d'Allemagne , dans la
Bavière , près de Wald-Nabe , fur le chemin d'Eger à
Ratifbonne , entre le bourg de Schone-fecht & la ville
de Vyden , dont elle eft éloignée d'un mille. Elle eft aflez
jolie, Se a un château.
9. NEUSTATT, petite villedu royaume de Bohême,
dans la Moravie , environ à trois lieues d'01mutz,vers le
nord. * Corn. Diét.
NEUSTATT AM KOCHER , ville d'Allemagne ,
dans la Suabe , à deux lieues de Wimpffen au levant, Se à
trois au nord-eft de Heylbronn, fur le Cocher ou Rocher.
Selon le rapport de Crufius , dans fes annales de Suabe ,
ce lieu ou domaine qu'on appelloit autrefois Helmftadt ,
avoit appartenu aux barons de Weinfperg , enfuite à la
maifon électorale palatine , d'où il paffa dans celle des
ducs de Wiirtenberg en 1404, à l'occafion des guerres
du haut Palatinat. Depuis il eft entré dans celle des
comtes de Trautmandorff. * Zeyler , Topog. Suevia? ,
p.; 8.
NEUSTATT W UNICO , ville d'Allemagne, dans
la Moravie , fituée proche Littaou Littowal, à deux mil-
les Se demi d'Olmiïtz , vers le comté de Glatz , qui eft
dans la Siléfie. Les Suédois qui s'en étoient rendus maî-
tres en 1642 y furent bloqués en 1643 par les Hongrois.
Peu de tems après , un incendie en ruina une grau*
de partie. * Zeyler , Topogr. Marg. Morav. p. 103,
NEU
542
NhuSTATTLElN, très-petite ville d'Allemagne,
dans le duché d'Oppelen en Siléfie , près du petit Glogau
ôc de Ziilch. * ZeyUr , Top. Silefue.
i. NEUSTRIE. Ccft le nom que l'on impofa après la
mort de Clovis, ou un peu auparavant , à cette partie de
la France qui comprend tout ce qui eft renfermé entre la
Meule & la Loire , &les Amoriques , qu'on appelloit dès
lors petite Bretagne , par ce que les Bretons y habitoient.
On l'appella en latin Neufirto , Neujirafia ou Neufier , ôc
quelquefois Neptricum ou Neptria ; les habitans du pays
furent nommés Neuftrajîi ; on ne donnoit le nom de
Franci qu'aux Neufirafii Ôc aux Aufirafii joints enfemble;
comme on n'appelloit France que la Neuftrie ôc l'Auftrafie
prifes conjointement. Voyez, à l'article France. * Had.
Valefii Not. Gall. p. 372. M. de Cordemoi , Hift. de
France, pag. 1J9.
Vers le teins de Charlemagne les bornes de la Neus-
trie furent plus étroites ; elle fe trouva alors ren-
fermée entre la Seine & la Loire. C'eft ce que nous
apprennent entr'autres Adrevald , moine de Fleury ,
dans fon livre des miracles de S. Benoit j Guillaume ,
moine de Jumiége , dans fon livre des geftes des Nor-
mands, & Conrad , abbé d'Uferche, dans fa chronique,
où on lit ces mots : Neujiria pars eft Gallia Celtiea , Ma
Jcilicet qu& Sequana. Ligerique interjacet. La partie de l'an-
cienne Neuftrie , comptife entre la Seine , l'Escaut ôc la
Meufe , fut appellée Francei ôc toutes les fois que les écri-
vains de ce tems veulent distinguer la France de la Neu-
ftrie ôc de l'Auftrafie , ils donnent le nom de France
à cette portion de l'ancienne Neuftrie , qui comprend les
environs de Paris ôc le pays au-delà de la Seine.
Comme l'Armoriquc , qui comprenoit d'abord les terres
qui font entre la Seine & la Loire,fut enfin réduite à l'éten-
due de la feule Bretagne -, de même la Neuftrie , bornée en
premier lieu par la Meufe ôc par la Loire , ôc enfuite par
la Seine & par la Loire , fut enfin tellement reflerrée ,
qu'on ne donna plus ce nom qu'au pays que nous appel-
ions aujourd'hui la Normandie. On lit dans les geftes des
Normands , que Charles le Simple, roi de France , donna
en 8 j»y à Rollon , duc des Normands, la Neuftrie que ces
peuples avoient nommée Nortmannie ; mais il en arriva
encore à la Ncuftrie<ommc à l'Armorique : l'une ôc l'au-
tre perdirent leur nom ; ôc comme on ne connut plus
celle-ci que fous le nom de Bretagne , on ne donna plus à
la première que le qom de Normandie.
2. NEUSTRIE , contrée de l'Italie entre la Ligurie ôc
l'Emilie. Les Lombards s'étant rendus maures d'une partie
de l'Italie , donnèrent , à l'imitation des François, les noms
de Neuftrie ôc d'Auftrafie à une portion de leurs conquê-
tes. Ils appeilerent Auftrafie la partie qui étoit à l'orient ,
& Neuftrie ou Hesperie , celle qui étoit à l'occident , ôc
laiflerent à la Toscane fon ancien nom. * Hadr. Vakfii
Not. Gall. p. 372.
NEUTRE , nation fauvage de l'Amérique feptentrio-
nale: elle a été détruite par les Iroquois. Elle habitoit en-
tre les trois lacs Huron , Erié & Frontenac.
NEU VERBURG,feigneurie, dans le Luxembourg ,
à deux petites lieues de Vianden.
N E U V I , Novus viens , bourg de Ftance , dans
la Touraine , à une lieue au deflus de Beuil. Ce bourg eft
bien bâti , Ôc a l'air d'une petite ville ; tout auprès , on
voit le château de Grois-Bois , qui eft aufli très-bien bâti.
* Piganiol, Defcr. de la France , t. 7. p. 45.
N EU V IC , bourg de France , dans le Périgord , élection
de Périgueux.
NEU VIC ENTIER , bourg de France, dans le Limou-
sin , élection de Limoges.
NEUVICQ, petite Ville de France, dans le Limoufin,
élection de Tulle.
1. NEUVILLE, petit village en Hainatu , vis-à vis de
la Buiîiere.
2. NEUVILLE, petite ville delà bafleAlface, à demi-
lieue de la rivière de Zinzel.
3. NEUVILLE , bourg de France, dans le Poitou, élec-
tion de Poitiers.
4. NEUVILLE , bourg de France , dans la Norman-
die , élection de Caudebec , pioche de la mer.
j. NEUVILLE AUX BOIS , village de France , dans
la Picardie , éledïon d'Abbeville. Ste Goberre , l'unedes
patronesde la ville deNoyon, naquit à Neuville aux Bois.
NEU
6. NEUVILLE LES DAMES, bourg de France , dans
la BreiTe, au diocèfede Lyon, gouvernement & généralité
de Bourgogne. 11 y a un célèbre chapitre de dames qui font
obligées de faire des preuves de noblefle. Le roi vient de
les décorer d'un ruban bleu , bordé de rouge , qu'elles
portent en écharpe , au bas duquel eft une croix d'or
cmaillée. * Mémoires dre fiés fur les lieux.
7. NEUVILLE SUR SAONE, petite ville de France,
capitale du Franc-Lyonnois , ôc où les afiemblées géné-
rales du pays fe tiennent. Elle eft à deux lieues de Lyon
ôc de Trévoux. Cette ville s'appelloit autrefois Vincy ;
mais Camille de Neuville , archevêque de Lyon , de la
maifon de Villeroy , lui donna fon nom , ôc en fit un mar-
quifat. * Mémoires drejjés Jur les lieux.
8. NEUVILLE-CHAMP-D'OISEL (La), bourg de
France , dans la Normandie , élection de Rouen.
9. NEU VILLE-EN-HEZ (La), bourg de France, au
diocèfe de Beauvais , ainfi dit , parce que la forêt dans
laquelle il eft fitué , ôc dont il y a des reftes , s'appel-
loit He z. ou Haye. Ce lieu eft fur la route de Beauvais
à Clermont. C'étoit autrefois une terre royale , & peut-
être fut-elle l'un des villages que Louis VII fe plut à
bâtir au milieu des forêts , ou dans les lieux dont la
fituation paroiflbit agréable , ôc qui ont tiré delà le nom
de Villeneuve ou Neuville. Saint Louis y eft venu quel-
quefois réfider dans le château qui fubfiftoit alors. 11
y a même affez de fondement pour croire qu'il y étoit
né , ôc qu'il fut auflîtôt porté a PoiiTy pour y être bap-
tifé. On peut voir là-deflus le procès littéraire agité en-
tre le père Matthieu Texte , Jacobin , & l'abbé Lebœuf ,
dont les pièces font dans les mercures de 1737 & 1738.
Louvet rapporte dans fon hiftoire de Beauvais, l'ére-
ction de la cure de la Neuville à l'an 1 251. Jeanne,
comte/Te de Blois ôc de Clermont , témoigna par un acte
de 1 208 , qu'il y avoit un chapelain du titre de fainte
Catherine , dans les murs de la forterefie de la Neu-
ville-en-Hez, Scelle le dota. A une demi-lieue de ce
bourg , dans un vallon , au delà de la montagne, eft le
couvent des Cordeliers appelle de !a Garde , dont il eft
parlé dans la vie du célèbre Adrien Bailler , qui étoit
natif de la Neuville-en-Hez. En 1269 , faim Louis don-
na à Robert , fon fils , avec le château de Clermont
en Beauvaifis, la Neuville-en-Hez, la forêt ôc les ap-
partenances. * Tom. I. Tbtf. ùtiecdot.
10.NEUVILLE-LALAIS, bourg de France, dansle
Maine, élection du Mans.
1 1. NEUVILLE-LA-MARC , lieu de la naiflance de
S. Lomer , à trois ou quatre lieues de Chartres.
12. NEUV1LLE-AU PONT, bourg de France, dans
la Champagne. Il fut bâti dans l'année 1 203 par Blanche ,
comeefle de Champagne , fur les terres de l'abbaye de
Moirmont.
13. NEUVILLE -SUR-SARTE, bourg de France,
dans le Maine, élection du Mans.
NEU VILLER .petite ville de France, dans l'Alface.
Elle eft fituée au pied d'une haute montagne, fon enceinte
eft fermée par un mur de dix-huit ou vingt pieds de haut,
ôc elle a une ancienne faufle-braie presque entièrement
ruinée. Le fofle eft comblé \ il étoit autrefois revêtu ,
comme on en peut juger par des marques qui en re-
ftent. Il y avoit autrefois une abbaye de l'ordre de faint
Benoît. Elle fut fécularifée en 1496, fon chapitre eft
compofé d'un prévôt , d'un doyen , de fix chanoines
réfidens ôc de quatre autres non réfidens. Les canoni-
cats font de mille livres. La prébende du prévôt elt de
deux canonicats , ôc celle du doyen d'un canonicat ÔC
demi. * Pigamol , Defcription delà France, tom. 7. p.
4<fc.
NEUVILLY , bourg de France, dans la Normandie,
éledion de Bayeux.
1. NEUVY. Ce mot a été fotmé du latin Novus Vi*
eus ou de Noviacus ôc de Noviaeum , mots corrompus
de Novus Virus. En effet , tous les lieux appelles Neu-
vy ont cette origine. On en trouve autant d'exemples
qu'il y a de lieux qui portent le nom de Neuvv.
2. NEUVY, bourg de France, dans la Touraine.
Voyez. Neuvi.
3. NEUVY , bourg ou village de France , dans le pe-
tit pays de Puyfayej fon nom latin eft Novus Vient
NEW
NEW
ou Noviacus ad Ligerim. Il efl fitué fur la Loire , aux
frontières du Nivernois, Se visa vis du Item, quatre
lieues au-defïus de Briare , en allant vers Cône. Ce bourg
efl accompagné d'un château. * La Thaiima/Jiere , 1 Ii-
ft'oire de Berri, p. 610. Mémoires de littérature , t. 9.
p. 378.
' 4. NEUVY-SUR-BARANGEON , petit village de
France, dans le Berri, à cinq lieues de Vierzon.à à
feptde Bourges. De Valois croit que c'efl la ville No-
viodunum que l'armée de Céfar trouva fur fon che-
min dans le pays des Buuriges ( le Berri ) , lorsqu'elle
s'approcha de l'armée de Vcrcingetorix -, mais Lancelot ,
Mémoires de littérature , t. 9. p. 578.11e peut fouferire
à cette opinion , parce que tous les lieux appelles Neu-
vy , viennent de Novits Viens , d'où Noviacus Se No-
viacum. VoyeL Neuvv , rP u
;. NEUVY-LE-PAILLOUX , en latin Novus Vi-
ens Faludofus , bourg ou village de France , dans le
Berri. ,
6. NEUVY-SAINT-SÉPULCRE , bourg de France ,
dans le Berri , élection d'Inoudun. C'eft une châtcllenic
qui relevé du duché de Château-Roux. Ce bourg efl fi-
tué à dix-huit lieues de Bourges & à neuf d'Iflbudun ,
dans un pays où il y a beaucoup de bois & d'étangs ,
fur la petite rivière de la Bouzane. Dans le château qui
«Il auprès du bourg, il y aune collégiale , fous l'invo-
cation de faine Jacques le Majeur, & fondée avant l'an
1228. Le cardinal de Châceau-Roux ayant fait préfent
en 1245 au chapitre de cette églife d'une pierre du faine
Sépulchre ; ce bourg qui s'appelloit fimplement Neuvy ,
prit le nom de Neuvy-saint-Sépulchre.
NEW-ABERDEEN. Voyez. Aberdeen.
NEW-ANGERMUND. Voyez. Angermund,
NEWARK , bourg d'Angleterre , dans le Nottin-
ghamshire, fur la Trente. 11 a pris fon nom d'un châ-
teau qu'Alexandre , évêque de Lincoln ,y fit bâtir fous
le règne d'Etienne , Se dont on voit encore les murailles
qui font de belles preuves de fa magnificence. Il y a une
belle églife. Ce bourg a droit de députer au parlement.
* Etat préfent de la Grande Bretagne , tom. 1. pàg.
98.
NEWBERRI , bourg d'Angleterre. Voyez, Neubu-
RY.
NEWBRANDEBOURG , petite ville d'Allemagne ,
dans le duché de Meckelbourg , comprife dans la fei-
gneurie de Stargard. Elle fut réduite en cendres en
1757.
1. NEWCASTLE , ville d'Angleterre , capitale de
la province de Noi thumberland , fur la Tine , à fept
milles de la mer & à 212 milles de Londres. Elle
efl bâtie fur le penchant d'une colline , avec un
quai fur la rivière pour la commodité des vaifïeaux qui
y abordent. Elle efl grande & bien peuplée , négocian-
te Se riche. Les maifonsy font la plupart bâties de pier-
res , Se la plupart des rues ont une fort grande pente.
La maifon de ville n'eft pas éloignée du quai , ni ce-
lui-ci du pont de pierre qu'il y a fur la rivière, avec
une porte de fer au milieu qui fépare cette province de
celle de Durham. C'efl ici que le fait le grand négoce
du charbon de terre , cette ville étant presque toute
environnée de mines de charbon. Il s'en débite à Lon-
dres jusqu'à 6ocooo chaldrons par année, à 36 bois-
feaux le chaldron. De-là vient qu'on y voit toujours des
flottes de vaiffeaux charbonniers , quelquefois de 3 , 4
oujoo voiles , dont le rendez -vous efl à Sheals, à l'em-
bouchure de la Tine. C'efl ce négoce particulièrement
qui rend cette ville opulente. Elle a quatre grandes pa- '
roiffes Se quatre églifes , dont la principale ell celle de
faint Nicolas. Cette ville étoit autrefois défendue par
un château , dont on voit encore les murailles. Camb-
den dit qu'elle s'appelloit Monkchefier, Se qu'elle ne
prit le nom de Newcaitle , qui lignifie Château- euf,
qu'après que ce château fut bâti par le prince Robert ,
fils de Guillaume le Conquérant. Enfin cette ville jouit
de grands privilèges qu'elle obtint fous la reine Elifà-
beth. Elle efl du nombre de celles qui le gouvernent
elles-mêmes , indépendamment du lieutenant de la pro-
vince , Se qu'on appelle County-Toivns ou QtMttesÇor-
forate. Tout y abonde, & les provifions s'y vendent à
-T43
grand marché. * Etat préfent de la Grande Bretagne ,
t. 1. p. 9j.
2. NEWCASTLE, bourg d'Irlande, dans le comté
de Staflbrd , à la fourec de la rivière de Trente.
3. NEWCASTLE, bourg d'Irlande , dans le comté
de Dublin , à huit milles de cette capitale , presqu'à
l'ouefl. 11 a titre de baronnie , Se droit d'envoyer deux
députés au parlement.
4. NEWCASTLE , bourg d'Irlande , avec titre de ba-
ronnie , dans le comté de Wickiow.
j. NEWCASTLE, petite ville d'Angleterre , dans
la province de Stafford. Elle a féance au parlement Se
droit de tenir marché public. * Etat préfent de La Grande
Bretagne , t. 1.
NEWENDEN. Voyez. Anderida.
NEWENT , bourg d'Angletrre, dans la province de
Glocefler. On y tient marché public. * Etat préfent de
la Grande Bretagne , t. 1 .
NEW-FOREST , l'une des principales forêts de l'An-
gleterre. Elle ell; dans l'Hampshire. * Etat préjent de la
Grande Bretagne , t. i.p. 16.
NEWHAM-REGIS, village d'Anglctetre , en War-
wickshire. Il n'efl connu que par fes eaux minérales ,
qui ont le goût Se la couleur du lait. On dit qu'elles
font laxatives lorsqu'on les boit avec du fel , Se aftringentes
lorsqu'on y met du fucre. * Baudrand , édit. 1705.
NEW- JERSEY ou Nouveau Jersey , province de
la Nouvelle Albion, divifée en Efl-Jefey , ou Jer-
fey orientale j Se en Oueft-Jerfvy , ou Jeifey occiden-
tale.
La province d'EsT- Jersey efl fituée entre le 39 &
le 41 degré de latitude feptentrionale. Elle ell bornée
au fud-efl par là met Océane ; à l'efl par un gros torrent
navigable , appelle la rivière de Hudfon -, à l'oueft par
une ligne de féparation , qui la difiingue de l'Ouell-
Jerfey , Se au nord par pluiieurs terres qui s'étendent
en long fur les côtes de la mer, & au long de la ri-
vière d'Fludfon , l'espace d'environ cent milles d'Angle-
terre.
La commodité de la fituation , la bonté de l'air & la
fertilité du terroir ont fait qu'on y a bâti fept villes
confidérablcs , qui font :
ShrtWsbury , Burgin ,
Aîiddlc-ToAjvn, Ncuwark,
Elifabcth Town ,
Voodbridge ,
Piscatav, av.
Cette province a de grands avantages pour la navi-
gation ; elle ell G tuée le long de la partie navigable de
la rivière d'Hudlbn , elle s'etend encore pluc le cin-
quante milles fur la mer. Vers le milieu de la côte
il y a une baie pour les navires dans SandhooJç. Les bâ-
timens peuvent y demeurer en fureté dans les plus
grandes tempêtes, & l'on peut les expédier de tous vents ,
Se entrer Se fortir auffi bien en été qu'en hiver. La pê-
che y ell abondante. On trouve dans ce pays plulieurs
fources d'eau & de petites rivières qui fe rendent dans
la mer, ou dans la rivière d'Hudfon. Il y a une grande
quantité de bois propres pour la conflru&ion des na-
vires Se pour des mars. La terre efl généralement fer-
tile. Elle produit abondamment de toutes les espèces de
grains qui ci oiffent en Angleterre -, de bons lins Se des
chanvres dom on fait de la toile. Les habitans n'ont
point encore cherché quelles fortes de mines ou de
minéraux fe trouvent dans la terre : il y a cependant
dans cette colonie un fourneau de fonte Se une forge
où l'on fait de bon fer; ce qui efl d'un grand revenu
dans le pays. Il y a des Indiens naturels ; mais en pe-
tit nombre , ti on les compare à ceux des colonies voi-
fines. lis ne font point ennemis des Planteurs Se autres
habitans ;au contraire , ils leur rendent toutes fortes
de bons qrfices. Ils chaffent Se prennent les bêtes fa
rouches Se fauvages : ils les fourniflent de poiflbn Se
d'oifeaux pour manger : ils détruifent les caflors, les
leups , les renards , Sec. dont on porte les peaux & les
fourrures en Angleterre.* Etat préfent des tores des
A 'lois dans l'Amérique , p. 94.
La province d'OutsT-JERsEY s'étend fur la mer Se
far la rivière Delaware. Elle a tous les avantages dont
jouit la province d'Ell Jciiey , Se l'emporte même à di-
NEW
5*44
vers égards. C'eft une des meilleures colonies de toute
l'Amérique, tant par fa fituation avantageufe , par la
bonté de l'air qu'on y refpire , ôc par la fertilité de
fon terroir , que par fes ports , fes criques Se fes havres.
Les Anglois qui font établis dans ce pays, achètent des
terres des naturels , Se font par-là aflurés de leur ami-
tié. Ces Sauvages fe trouvent , par le moyen du tra-
fic , fournis de tout ce qui leur manquoit. Il y a dans
cette province une ville nommée Burlington. Il y a du
miel , de la cire , de la foie. La terre produit de la
poix liquide , du brai , de la réfine , de la térébenthine ,
Sec. Pour les fourrures , il y a des caftors , des renards
noirs , des loutres , &c Le tabac y eft excellent , fur-
tout fur la rivière Delaware. La pêche de la morue Se
de divers autres gros poiflbns eft abondante.
NEWIS. Voyez. Mewis.
i. NEWMARKET, grande plaine d'Angleterre , fur
les frontières deSuffolc Se de Cambrige. Elle ell fameufe
par les courfes à cheval qui s'y font ordinairement après
la faint Michel Se au mois d'Avril. * Etat préfent de la
Grande Bretagne , t.Is- p. 2J.
2. NEWMARKET , maifon royale en Angleterre,
fur les frontières de Suffolc& de Cambrige. Charles II ,
la fit bâtir feulement pour s'y loger dans la faifon des
courfes : elle n'en1: pas fort confidérabie.
5. NEWMARKET, petite ville d'Angleterre, dans
la province de Suffblc , aux frontières de Cambriges-
hire , & à dix milles de Cambrige. Cette ville feroit peu
connue fans les courfes des chevaux , qui rendent fon
nom fameux , Se qui fe font dans une grande plaine
voifine. Le roi Charles II , qui prenoit un grand plai-
fir à ces fortes de courfes , bâtit une maifon à Ncw-
'market. Voyez, ce mot , n°. 1 Se 1. * Mémoires d'An-
gleterre , p. 306.
NEW-MILS , lieu d'Ecofle , dans la partie occiden-
tale de ce royaume. On y trouve une eau admirable
pour les maux feorbutiques Se hypocondriaques. * Etat
préfent de la Grande Bretagne , r. 2. p. 206.
NEW-MINSTER , en latin novum Monafterium, ab-
baye en Angleterre , au diocèfe d'Yorck , près de Mor-
pet , au pays de Northumberland , félon Bailler , Topo-
graphie des Saints , p. 635. Cette abbaye étoit de l'or-
dre de Cûeaux. Saint Robert en fut le premier abbé au
douzième fiécle.
NEW-MUNSTER , NEUENMWNSTER ouNien-
munster, petite ville du duché de Holftein , fur la
Swale. Voyez, Neumunster. Il y a vingt-huit villages
Se divers hameaux dans le reflbrt de cette ville. Elle
n'eft habitée aujourd'hui que par des charretiers Se des
laboureurs. * Rutger. Hermanid. Holfatiœ. Defcript.
pag. 496.
NEWNHAM , bourg d'Angleterre , dans la province
de Glocefter. On y rient marché public* Etat préfent
de la Grande Bretagne , t. r.
NEW-PLYMOUTH , ville & colonie Angloife , dans
l'Amérique feptentrionale , fur la côte de la Nouvelle
Angleterre , où elle eft la capitale d'une province nom-
mée aufli Plymout , Se qui s'étend l'espace de cent
milles le long de la mer, depuis Kabeliawuskaap, au
canton de Barnftable , jusqu'à Manchefter , dans la pro-
vince de Briftol , fur environ cinquante milles de lar-
geur. Cette province eft divifée en fept cantons qui
prennent chacun le nom de leur ville -, favoir ,
Flymouth, Duxbury, Middlebury,
Bridgewater, Marsfeild, Scituate.
La capitale eft en même-rems la principale Se la plus
ancienne colonie de la Nouvelle Angleterre. Elle eft fi-
tuée dans le grand golfe de Patuxet , Se confiile en trois
ou quatre cens familles. La féconde ville pour la gran-
deur eft Scituate qui a deux églifes , quoique Plymouth
n'en ait qu'une. * Het Britan. Ryl^, in Amerik^, pag.
77-
1. NEW -PORT, bourg d'Angleterre , dans l'ifie
de Wight. On y tient marché , Se il a le privilège de
députer au parlement. Ce bourg eft aflez grand ôc bien
peuplé. A l'entrée du havre de New-Port on trouve
Cowes , où les vaifleaux viennent fouveut fe mettre à
couvert, fous la protection d'un château qui défend
NEU
fa place Si le havre, & au couchant de New-Port ii v
a un autre châreau , nommé Carifbrook-Caftle. « Ei.it
préfent de la Grande Bretagne , t. 1 . p. 70.
2. NEW-PORT , ville ou bourg d'Angleterre, dans
le Buckinghamshire. Il s'y tient un marché.
3. NEW-PORT, bourg d'Angleterre, dans la pro-
vince de Cornouailles. Il a droit de députer au par-
lement.
4. NEW-PORT, ville d'Angleterre, dans le Mon-
mouthshire, fur la rivière d'Usk. On y tient marché.
5. NEW-PORT , bourg d'Angleterre', dans le Shiews-
bury. On y tient marché public* Etat préfent -de la.
Grande Bretagne , t. 1.
i.NEWRY, petite rivière d'Irlande. Elle fort de
Longh-Neagh , prend fon cours du nord au fud , fépare
le comté de Down de celui d'Armagh , mouille la ville
de Newry , Se va fe jetter dans la mer un peu au-des-
fous de cette ville.
2. NEWRY, petite ville d'Irlande, dans le comté
de Down, à vingt-cinq milles au fud oueft de Dcwn
fur la rivière de Newry , près des frontières d'Armagh.
Elle envoie deux députés au parlement , Se a le droitde
tenir un marché public.
NEWSHOREHAM , bourg d'Angleterre , dans la
province de Suflex. Il a droit d'envoyer fes députés au
parlement. * Etat préfent de la Grande Bretagne ,
tom. 1.
NEWSIDEL , petite ville de la Baffe-Hongrie , au
comté de Sporon , fur la rive feptentrionale du lac New-
fidlerzée, auquel elle donne fon nom. Elle ne confilie
qu'en une feule rue , avec quelques maifons deriicie.
11 y a un petit château bâti fur une montagne , d'où
on découvre facilement le lac. * Atlas , Kob. de Vax-
gondy. Defc delà Hongrie, p. 12.
NEWSIDLERZÉE , lac fitué dans la Bafte-Autri.
che, à quelques milles du Danube, au midi de ce
fleuve. Les Allemands lui donnent le nom démet àcaufe
de l'abondance des poiflbns que l'on y prend. Les Hun -
grois l'appellent Terteu ou Terto. Pline, /. $,c. 24.1e
nomme l'tifo. Il a fept milles d'Allemagne de longueur ,
& trois milles de largeur. Pendant les troubles de Bot-
feai, les Turcs Se lesTarrares brûlèrent quatorze villa-
ges qui étoient bâtis aux environs de ce lac * Edouard
Brown , Defc de la Hongrie, p. 12.
NEWTEICH , petite ville d'Allemagne , dans h
Prude , dans le grand Werder , fur la rivière de Schwen-
te. Elle fut bâtie en 1 329,0^ ruinée par un incendie
en 1400. * Zeyler , Topogr. Pruflîa?.
1. NEWTOWN, ville d'Irlande, dans le comté de
Down , à quatre miiles presque au fud de Bangor. Elle
eft fnuée fur le côté feptentrional du lac de Srrangford*
Elle envoie deux députés au parlement. * Etat préfent
de la Grande Bretagne , r. 3 . p. 60.
2. NEWTOWN , bourg d'Angleterre , dans la pro-
vince de Lancaftre. On y tient marché public * Etat
préfent de la Grande Bretagne , t. 1 .
NEWYN , petit port de mer , dans la Grande Bre-
tagne , au pays de Galles, au fond d'une petite anfe , fur
la côte occidentale de Carnarvanshhe, au midi de rifle
d'Anglefey. C'eft une bourgade où il y a quelque com-
merce. * Allard , Atlas.
NEU-ZOLL, ville delà Haute-Hongrie ( a) , Se l'une
des fept villes des montagnes, parmi lesquelles elle a
le troifiéme rang. Elle eft fituée fur la rivière de Gran.
C'eft une ville aflez jolie (£), au bout de laquelle il y
a une belle tour. Le château eft grand. 11 y a dedans
une églife toute couverte de cuivre Se dans laquelle font
plufieurs figures de bois Se quelques reliques. Comme
ce fonr les Luthériens qui les pofiedent, ils nelesefti-
ment pas beaucoup , quoiqu'ils les confervent avec
foin.
Il y a dans cette ville Se aux environs les plus belles
mines de cuivre qui foient en Hongrie ; mais comme
le cuivre eft fort attaché à la pierre qui eft dans la mi-
ne , on a bien de la peine à l'en tirer. Quand on en
eft venu à bout, on le fait brûler Se fondre quatorze
fois avant qu'on s'en puifiè fervir. On le fait première-
ment fondre avec une pierre appellée Fluff-ftein , Se
avec un peu delà propre écume Se du kis, qui cil unç
forte de pyrite. On le porte enfuite dans l'endroit où
on
NIA
«n le fait rôtir , Se on le place fur de grands monceaux
de bois auxquels on met le feu. On le fait brûler de
cette manière fept ou huit diverfes fois , & on l'ap-
pelle alors rôti. On le fait encore après cela fondre une
fois dans la fournaife , avant qu'il puifle fervir à quel-
que chofe.
On voit dans cette ville un pont fur lequel on pafle
la rivière. On y a élevé un très-beau bâtiment pour ar-
rêrer le bois qu'on jette dans cette rivière dix milles au-
deflus de la ville. C'eft par ce moyen qu'on fait venir
du bois à Neu-Zoll, fans qu'il en coûte beaucoup , 8c
on s'en fert pour travailler aux mines qui font dans la
ville, (a) Atlas, Roi?, de Vaugondy. {b) Edouard Bïovin ,
Voyage de Komara , p. 153.
NEX ou Nexoe, petite ville de Danemarck , dans
rifle de Bornholm, fur la côte occidentale (a). On la
nomme communément Nexoe. Elle a été ruinée (b)
par les guerres. ( a ) Rutger Hermanïi. Def. Danix , p.
1 3 4. ( b ) Theat. Eur. fol. 807.
NEXON , bourg de France , dans le Limoufm , éle-
ction de Limoges.
NEYSTRISS , abbaye d'hommes , ordre de Prémon-
tré , en Allemagne , dans la Bavière.
1. NEYTRACHT , ou Neitra , contrée de la
Haute-Hongrie , avec titre de comté. Elle eft bornée
au nord par le comté de Trànchin ; à l'orient par le
comté de Zv/ol ; au midi par le comté de Comore ,
& à l'occident par celui de Pofon. Elle a pris fou nom
de fa capitale. * Atlas , Rob. de Vaugondy.
1. NEYTRACHT ou Neitra, ville de la Haute-
Hongrie , & la capitale d'un comté de même nom. Elle
eft fituée fur la rivière de Neitra. Elle ell remarqua-
ble par le fiége d'un évêché , nommé en latin. Nurien-
fis epiicopatuf.
3. NEYTRACHT ou Neitra , rivière de la Haute-
Hongrie. Elle a fa fource dans le comté de Trànchin.
Après avoir mouillé la ville de Neitra, elle pafle à
Neuhaufel , Se va enfuite fe joindre au Danube , un
peu au-deflbus de Comore. * Atlas, Rob. de Vaugondy.
i.NEYVA, rivière de l'Amérique feptentrionale ,
dans l'ifle de Saint Domingue (a). Elle a fa fource
vers le milieu de l'ifle, court presque du nordaufud,
&c fe partage en fept branches avant que de fe déchar-
ger dans la baie à laquelle elle donne fon nom. Cette
rivière eft aflez profonde à fon embouchure (/>) -, mais
un peu plus haut elle eft plate & pleine de bancs: elle
change fouvent de lit. ( a ) Frez.ier , Carte de l'ifle de
Saint Domingue. (b ) Laet , Dcfcr. des Indes occid.
1. 1. c. y.
2. NEYVA , baie de l'Amérique feptentrionale , fur
la côte méridionale de l'ifle de Saint Domingue , en-
viron à trente lieues de la ville de San Domingo, en
tirant à l'ouefl. Elle tire fon nom de la rivière de Neyva
qui s'y décharge. * Frezier , Carte de l'ifle de Saint Do-
mingue.
3. NEYVA , petite ville de Portugal. Voyez. Neiva
1. 2.
NEZ , rivière de France , dans le Bearn. Son cours
n'eft que de deux lieues : elle prend fa fource près
du château de Ravenac , pafle au bourg de Gan 8c à
Juranfon , & va fe jetter dans le Gave , auprès de
Pau , fans avoir reçu d'autres eaux que celles de fa
grande fource. * Coulon, Rivières de France , p. J71.
NI.
NI, montagne de la Chiue, dans la province de
Kiangnan, au voifinage de la ville de Nanking. Il y a
fur cette montagne un temple , dans lequel on compte
au-delà de mille idoles. * Atlas Sinenfis.
NIA, fleuve dans la Libye intérieure. Ptolomée, /.
4. c. 6. place l'embouchure du fleuve Nia , dans le gol-
fe Hespérien , entre Catharum Vromomormm 8c Hespsri
Ceras.
NIACCABA , ville de la Commagene. L'itinéraire
d'Antonin la place fur la routed'Antiocheà Emefa, en-
tre Antioche 8c Caperturi , à vingt cinq milles de la
première , 8c à vingt-quatre milles de la féconde. Quel-
ques manuferirs lifent Niacuba ; d'autres portent Nu-
coaba , 8c Ortelius , Tbejatir. Niaccura;
NIA *4#
I. NIAGARA , rivière de l'Amérique fepicntrib-
nale, dans le pays des Iioquois. Elle fort du lac Erié ,
ôc après un cours de quatorze lieues , tîle va f: jetter
dans le lac Ontario , autrement le lac de Frontenac y
mais à quarre lieues au deflus de fon embouchure , elle
fait un faut prodigieux. Au pied de cet affreux faur , la
rivière n'a qu'un demi quart de lieue de large ; mais clle-
eft très-profonde en quelques eudroirs. Elle eft û ra-
pide au deflus de fon faut , qu'elle entraîne avec violence
toutes les bêtes l'auvages qui veulent la traveifer pour
aller pâturer dans les terres qui fonr au-delà. Rien ne
peut réfifter à la force de fon cours , & tout ce qu'elle
entraîne eft précipité de plus de cent quarante pieds
de haut. * Le père Henncpïn , Nouveau voyage de l'Amé-
rique feptent. c. 7.
Cette chute incomparable eft compofée de deux
grandes nappes d'eau 8c de deux cascades , avec
uneifle en talus au milieu. Les eaux qui tombent d'une
hauteur fi prodigieufe , écument 8c bouillonnent de la
manière du monde la plus éronnante. Elles font un
bruit rerrible qui elt plus fort que le tonnerre , &
quand le vent fouffle au fud , on entend cet effroyable
mugiflement à plus de quinze lieues. Depuis ce grand
faut, ou chute d'eau , la rivière de Niagara fe je're
fur-tout pendant l'espace de deux lieues, jusqu'à un gros
rocher, avec une rapidité extraordinaire ; u.a.s pen-
dant deux autres lieues fon impétuofleé fe ralientir.
Depuis le furt de Frontenac , on peut aller en bar-
que, ou fur de grands bâtimens jusqu'au pitd du g: os
rocher qui eft à l'ouefl; , 8c détache de la terre par la
rivière de Niagara , à deux lieues du grand faut. C'eft
dans ces deux lieues qu'on eft obligé de faire le por-
tage , c'eft-à-dire , de transporter les marchandifes par
terre. Heureufemenr ie chemin eft très-beau. Il y a peu
d'arbres : ce font par tout des prairies , dans lesquelles
on trouve d'espace en espace des chênes & des lapins*
Depuis le grand faut jusqu'au rocher , les deux bords
de la rivière fonr d'une hauteur fi prodigieufe , qu'on
ne peut s'empêcher de frémir , en regardant ; fixement
la rapidité avec laquelle les eaux coulent au bas. Sans
ce grand faut qui interrompt la navigation , on pour-
roit aller avec de grandes barques , 8c même avec des
navires plus de quatre cens cinquante lieues , en tra-
versant le lac des Huions , jusqu'au bour du lac des
Illinois.
2. NIAGARA. C'eft le nom d'un fort de l'Amérique
feptentrionale , à l'embouchure de la rivière de même
nom. On l'appelle auil'i le Fort de Coati , ou le Fort
de Denouville , du nom de l'officier qui le ht bâtir.
11 eft fitué à l'eft de la rivière , fur le bord du lac de
Frontenac, 8c il fert à aflûrer le paflage aux Fran-
çois 8c aux Sauvages qui leur font alliés , contre les in-
ftiltes des Iroquois qui en font voifins. Ce fort fut
commencé par le ficur de la Salle en 1679. Ce n'etoit
alors qu'une maifon 8c un magafin fous le nom de
Conti. Depuis, le fleur Denouville y fi> un fort de
pieux à quatre battions ; mais , ou il ne fubfilte plus,
ou il n'y a pas d'apparence qu'on le puifle confeiver.
Ce pofle ett regardé comme infourenable à caufe de
la difficulté des cataractes inaceeflibles , où dix Iroquois
embusqués pourvoient aifément arrêter mille François
à coup de pierres. * La Hornan , Voyage de l'Améri-
que feptentrionale , r. 1. p. 10 1 8c loç.
3. NIAGARA , village des Iroquois Tfonnontouans ,
près du fort & du faut qui portent le même nom ,
fur le bord oriental du lac de Frontenac , à l'embou-
chure de !a rivière de Niagara dans ce lac.
N1ANG, montagne de la Chine, dans la province
de Kianfl , au midi de la ville d'Ivencheu. Niang en
chinois , fignifie viflble. Ce nom a été donné à cette
montagne , parce qu'on peut feulement la voir , fans
qu'il foit pofllble d'y monter , à caufe des rochers 6c
des précipices dont elle eft environnée. Elle occupe en-
viron trois cens flades de terrein , & il en fort une
fontaine dont l'eau eft fl froide en toute forre de
tems, que perfonne ne peut en boire, fi on ne l'ex-
pofe un peu au foleil. * Atlas Sinenfis.
NIAOSO , ifle de la Chine , dans la province de
Huquang : elle eft formée par les eaux du fleuve Kiang ,
8c fituée auprès de la ville de.Ki.
Tom, IV. Z z 2
S46
NIC
NIC
NIAPOLLINIS. Voyez, Aqu^c.
NI ARA, ville de Syrie. Ptolomée, L $. C. l$ . la
place dans la Cyrreftique , au-deflbus d'Héraclée. Théo-
doret en fait aufli mention. Voyez. Cittaca.
NIBA, fontaine de Thrace, félon Ortelius, Thef.
qui cite Suidas.
t NIBARUS , fleuve de la grande Arménie , félon
Strabon , /. 1 1 . c. 5 2 7.
NIBAS, lieu au voifinage de Theflalonique. iElien,
* j. Animal, dit que les poules y font muettes.
NIBENES. Voyez. Minius.
NIBENSIS , fiége épiscopal de la Numidie : Faulus
Nibenjts fe trouve au nombre des évêques Catholiques
de la province de Numidie , dans la lifte des évêques
d'Afrique , cités à Carthage la fixiéme année du règne
de Huneric , pour rendre raifon de leur foi. * Scbel-
firate , Append. ad opus geogr. p. 657.
NIBIANO, petite ville d'Italie, dans la partie oc-
cidentale du duché de Plaifance , fur le Tidone, à qua-
tre ou cinq lieues de Plaifance, en tirant vers le fud-
oueft. * Nie. Wischer , De Stoel des Oorlogs in Ita-
lien.
NIB1S , village d'Egypte , félon Suidas. Etienne le
géographe en fait une ville. * Ortelii Thefaur.
NICA, ville de Thrace, félon Ortelius* qui cite
Callifte , U 9. c. 41. & Socrate le fcholaftique, /. 2. c.
29. Voyez. NrcE 8.
1. NI(L£A. Voyez. Nicée.
2. NICEA , ville des Locres Epicnemidiens , dans le
golfe Maliacus , félon Strabon , /. 9. p. 42e. Tite Li-
ve, /. 32. c. 32. dit que le conful Q. Minutius eut
une entrevue avec le roi Amynander , dans le golfe
Maliacus , auprès de Nicaa. Etienne le géographe fait
aufll mention de cette ville.
3. NlC/£A,ville del'lllyrie, félon Etienne le géo-
graphe.
4. NIC.&A , ville de l'Inde, au voifinage du fleuve
Hydaspe. Arrien , de exped. Alexandrie l. 5. p. 219.
Etienne le géographe, Quinte Curfe , l.y.c, 3.&JU-
ftinien , /. 12. c. 8. parlent de la fondation de cette
ville , 8c difent qu'elle t\u bâtie par Alexandre après
la victoire qu'il remporta fur Porus.
5. NIC^£A , ville des Indes, au voifinage des Pa-
rapamifades , & auprès du fleuve Cophene. Arrien,
/. 4. p. 183. dit qu'Alexandre entra dans cette ville,
& qu'il y fît un facrifice à Pallas.
6. NIŒA , ville de l'ifle de Corfe : elle fut fondée ,
félon Diodore de Sicile , /. j. c. 13. par les Errti riens ,
lorsqu'ils avoient l'empire de la mer , & qu'ils s'ap-
proprioient les ifles voifines de l'Etrurie. Etienne le géo-
graphe fait aufli mention de cette ville. Ccllarius croit
que c'eft aujourd'hui Mariana.
7. NIC/EA , ville de la Bœotic , chez les Leuttrienf ,
félon Etienne le géographe.
8. NIC/EA. Etienne le géographe met une ville de
te nom dans la Thrace , 8c ajoute qu'il y en a encore
d'autres aux environs des Thermopy les 8c de la Thrace.
Théodoret,/. 2. c . 21. parle aufll d'une ville nommée
Nicxa , dans la Thrace , 8c devenue fameufe par la
fupercherie que les Ariens y firent aux députés que le
concile de Rimini avoit envoyés à l'empereur. Ces
députés , qui étoient à Andrinople , dit Théodoret , fu-
rent conduits malgré eux à une petite ville voifine,
nommée Nice ou Nicée , 8c auparavant Vflodizo ; où
les Ariens féduifant les plusfimples, & intimidant les
autres, leur rirent fouferire une formule de foi fem-
blable à la dernière de Sirmium , qui avoit été rejet-
tée à Rimini , ôc encore pire , en ce qu'elle difoit que
le Fils elt femblable au Père , félon les écritures , fans
ajouter en toutes chofes. Elle rejette abfolument le mot
de Subftance , comme introduit par les Pères avec trop
de fimplicité,& feandalifanr les peuples : elle ne vent
pas que l'on parle d'une feule Hypoftafe en la perfonne
du Père, du Fils & du Saint Efprit. Enfin, elle dit
anathême à toutes les héréfies tant anciennes que nou-
velles , contraires à cet écrit, c'ert-à dire, qu'elle con-
damne la doctrine Catholique. Ceux qui fe trouvèrent à
Nicée lignèrent cette formule, & les Ariens voulu-
rent la faire palier pour la profefllon de foi de Nicée en
Bithynie , & tromper les fimples par cette confufion
de nom : car c'eft pour cela qu'ils avoient affe&é ce lieu ;
mais l'artifice étoit fi grofller , que peu de gens y furent
trompés. * Fleury , Hift. Ecclef. I. 14. »° 13.
NICAGUAYA , rivière de l'Amérique feptentriona-
le , dans l'ifle de Saint Domingue. Elle eft remarqua-
ble par l'or qu'elle porte. Elle traverfe la province de
Cibao j 8c après avoir reçu les eaux de trois autres ri-
vières , elle va fe jetter dans la mer. * Corn. Didt. La'et
Defcr. des Indes occid. 1. 1. c. 5.
NIC AM A, ville de l'Inde, en- deçà du Gange. Pto-
lomée , /. 7. c. 1. la place chez les Baii, 8c lui donne
le titre de métropole : fes interprètes lifent Nigama ,
au lieu de Nicama.
1. NICARAGUA i province de l'Amérique fepten-
trionale (a), dans l'audience de Guatimala. Elle eft:
bornée au nord par la province d'Honduras i à l'orienc
par la mer -, au midi par la province de Coftarica , &
à l'occident par la province de Guatimala. Cette pro-
vince eft fertile (b ) , l'air y eft très-fain , 8c le payfagc
un des plus agréables du monde. Il offre à la vue des
plaines, des rivières , desruiffeaux , des bosquets, dont
les arbres s'élèvent jusques dans les nues , & il s'y en
trouve d'une fi prodigieufe grofleur , que douze hom-
mes fe tenans par les mains , les peuvent à peine em-
brafler. Il y a dans cette province un grand nombre
de villages, de bourgs & de villes, dont les principa-
les font,
Léon, Ségovie, Grenade, Nicaragua.
Il y a aufli quelques rivières qui ont leur cours de l'oc-
cident à l'orient ; favbir ,
L'Yare , L'Yairepa , Desaguadero.
A cinq milles de Nicaragua, on voit une très-belle
ifle fur un lac de même nom. Cette ifle eft fertile en ca-
cao , ouatte , teinture d'écailate 8c en fruits d'un goût
délicieux. Ses ports fur la mer du Sud , font ceux de Ni-
coya , de Réalexo & de Mafoya ; 8c cette célèbre ha-
bitation des Indiens du pays , qu'on appelle le Vieux
Bourg , eft fi grande 8c fi peuplée , qu'on y compte vingt
mille perfonnes. On y voit dans le couvent des religieux
de faint François une image de Notre-Dame , qui , par
fes miracles, rend cet endroit célèbre. Dans toute cette
province , on recueille en abondance du fucre , de la
teinture d'écarlate , de la gomme , de la poix , de la ré-
fine , du goudron, du bois pour les navires, du chan-
vre , du lin & du meilleur cacao de toutes les Indes ;
mais il ne fort guère du pays , à caufe que ce fruit eft le
principal ingrédient qui entre dans la compofition du
chocolat , dont on fait un ufage exceffif. C'eft entre les
rochers de ces côtes qu'on pêche ce petit poiflbn à écaille
fi renommé qui travaille la pourpre , dont on teint une
fi grande quantité de toiles de foie, de coron 8c de fil ,
& cette teinture ne perd jamais fa couleur , quoiqu'on
la lave dans la lefllve la plus forte. ( a ) Atlas , Rob.
de Vaugondy. ( b ) Wafer , Voyage , p. 218.
2. NICARAGUA, lac de l'Amérique feptentriona-
le , dans l'audience de Guatimala, au gouvernement de
Nicaragua. La tête de ce lac n'eft qu'à quatre lieues de
la mer du Sud. Il a quatre-vingt lieues de circuit. Les
vaiffeaux y peuvent naviger commodément ; mais ce qu'il
y a de merveilleux , c'eft qu'étant par-tout d'une eau
très-douce 8c bonne à boire , il ne laifle pas d'avoir fon
flux 8c fon reflux comme la mer. Une chofe encore as-
fez extraordinaire , c'eft que dans la grande ifle qui fe
voit au milieu , 8c où il y a une grande quantité de
fruits délicieux de toutes espèces ,,on trouve un volcan ,
qui jette beaucoup de flammes 8c presque autant que
celui de Guatimala. On peut en quelque façon dire quç
ces flammes fortent du fein des eaux , puisque ce vol-
can eft tout environné de celles du lac. * Voyage de Wa-
fer , p. 257.
3. NICARAGUA , ville de l'Amérique fepxentrio-
nale, dans la province de Nicaragua, dont elle eft la
Capitale. Cette ville eft épiscopale , & fon évêché rap»
porte huit mille écus de revenu. Cette ville de Nicara-
gua eft la même que Léon de Nicaragua. Voyez.cc mot.
NICARIA» ou Icaria , ifle de l'Archipel, entre
NIC
ÏC
celle de Samos à l'orient , & celle de Tîne à l'occident.
Cette iile (a) a. foixante milles de tour , ôc s'étend de-
puis la pointe Papa, qui regarde Mycone , jusqu'à celle
duaFanar , qui eft vis-à-vis du cap Catabate de l'ifle de
Samos. Strabon , /. 14. p. 639. ne donne à Nicaria que
trois cens ftades de circonférence , qui font çrente-fept
milles ôc demi. Il détermine la diftante de ces deux
caps à quatre-vingt ftades , qui ne font que dix milles ;
cependant le grand Bougas , ou le canal qui eft entre
Sainos & Nicaria, eft de dix-huit milles de large. L'ifle
de Nicaria , anciennement appcllée Doliche & Macris
(b), eft fort étroite , ôc traverfée dans fa longueur par
une chaîne de montagnes en dos d'âne , qui lui avoit fait
donner autrefois le nom de l'ifie Longue ôc Etroite. Ces
montagnes font couvertes de bois ôc fourniflent des four-
ces à tout le pays. Les habitans ne vivent que du com-
merce des planches de pin , des chênes ôc des bois à
bâtir ou à brûler qu'ils portent à Scio ou à Scalano-
va : suffi ces Nicariens font fi miférables , qu'ils deman-
dent l'aumône dès qu'ils font hors de leur ifle. Ils fe-
roient plus heureux , s'ils vouloient cultiver leur terre.
Ils recueillent peu de froment , afléz d'orge , de figues,
de miel ôc de cire ; mais ils font greffiers ôc à demi-
fauvages. Ils font leur pain à mefure qu'ils veulent dî-
ner ou louper. Ce pain n'eft autre chofe que des foua-
ces fans levain: on les fait cuire à demi fur une pierre
plate bien chaude. Si la maître/Te de la mailbn eft gros-
fe,elle tire deux portions de fouaces, une pour elle &
l'autre pour fon enfant. On fait la même honnêteté aux
étrangers. (a)Toitrnefort , Voyage du levant, 1. 1. p. 153.
{b) Pliti.l 4. c. 12.
Cette ifle n'a jamais été bien peuplée. Strabon , /. 10.
p. 488. en parle comme d'un pays inculte , dont les pâ-
turages étoient d'une grande utilité aux Samiens. On ne
croit pas qu'il y ait préfentement plus de 1000 âmes. Les
deux principales villes font d'environ ico maifons cha-
cune ; l'une s'appelle Malïeria Se l'autre Peramaré. Les
villages fonC
Aratufa ,
Ploumara ,
Nea,
Perdikis ,
Oxo ,
Lan gara.
On appelle villages dans cette ifle les endroits où il y a
plus d'une maifo». Le plus fort n'en a que fept.
Nicaria n'a pas changé de nom ; elle s'appelle Icaria.
Voyez,lcAKiA , »° 1. mais les Francs qui ne favent pas le
grec , corrompent la plupart des noms. Tout le monde
fait que l'on attribue ce nom à Icare, fils de Dédale, qui
fe noya aux environs dans la mer , qui pour la même
raifon fut nommée Icarienne. Strabon enferme dans
cette mer les ifles de Leros Ôc de Cos. Pline , /. 4. c . 1 2.
ne lui donne de l'étendue que depuis Samos jusqu'à My-
cone. Iiochart eft le feul qui dérive le nom d'Icarie d'un
mot phénicien Icaute, qui' lignifie poiffonneux -, il con-
vient cependant affez à un nom grec que les anciens
ont donné à la même ifle. Quoi qu'il en foit , la fable
d'Icare paroît bien expliquée par Pline , /. 7. c. $6. qui
attribue l'invention des voiles des navires à Icare. Pau-
faniasveut que ce foit Dédale \ mais de quelque manière
qu'on le prenne, il v a beaucoup d'apparence que les ai-
les que la fable a données à Icare pour fe fauver de
Crète , n'étoient que les voiles du bâtiment fur lequel
il paffa jusqu'à l'ifie de Nicaria, ou Icaria , & où il fit
naufrage faute de favoir les gouverner.
Tous les habitans de Nicaria font du rite grec , ôc leur
langue tient plus du grec littéral , a ce qu'on dit , que
celle des autres ifles, où le commerce a fait établir
plufieutsétrangersqui ont introduit une infinité de mots
ôc de tetminaifons de leur pays. On ne s'eft jamais em-
barrafle de conquérir cette ifle : il y a beaucoup d'appa-
rence qu'elle a fuivi le deftin de celle de Samos, fa
voifine ôc fa maîtreile. Il n'eft parlé de l'ifle Nicaria
dans la relation d'aucune guerre ; fi ce n'eft dans celles
qui fe pafierent entre Baudouin II du nom , empereur
de Conftantinople , ôc Vatace , gendre de Théodore
Lascaris ; car la flotte de Vatace prit en j 247 les ifles de
Metelin , de Scio , de Samos , d'Icarie ôc de Cos , com-
me nous l'apprend Gregoras, /. 2. c. y. Les Nicariens re-
connoiflent l'évêque de Samos pour le fpirituel. Il y
tient fon protopapas , fous lequel il y a vingt-quatre pa-
pas , qui ont foin de pluficurs chapelles. Il n'y a <
monaftere appelle Sainte Lelbie , dont ils ont le corps j,
à ce qu'ils croient ; mais ce monaftere eft aufli bien en
religieux , que les villages , dont il vient d'être parlé , le
font en habitans; car il n'y a qu'un feul câloyer. * Du
Cange , Hiftoire des empereurs de Conftantinople,
1. 4.
L'ifle manque déports, comme Strabon, /. 14. p. 639.
l'a remarqué. L'une des principales calanques eft à Fa-
nar , où étoit l'ancienne ville Dracanr.i. L'autre regar-
de Scio, ôc s'appelle Carabouftas , c'eft- à-dire, la Ca-
lanque ou le Porr. Les ruines de la ville d'/Eiioë font
tout auprès , dans un quartier appelle le Champ
ou le Champ des Rofeaux. C'eft apparemment
dans ce lieu que les Miléfiens menèrent une colonie ;
év comme Carabouftas eft le meilleur port du pays , il y
a lieu de croire que c'eft celui qu'on nommoit 7/?i,
dans ce tems-là. Les bons ports de ces quartiers font
aux ifles de Fourni , qui ont pris leur nom de leur figure ;
car ces ports font creufés naturellement dans les ro-
chers , comme des voûtes de fours. Ces ifles font à égale
diftance de Nicaria ôc de Samos au-deflbus du vent,
& par confisquent plus méridionales. On n'y voit que
des chèvres fauvages.
Strabon , /. 14. p. 639. aflïiïe qu'il y avoit dans Ni-
caria un temple de Diane appelle Taitropolium. Golt-
zius a donné le type d'une médaille repréfentant d'un
côté une Diane chaflerefle, & de l'autre une perfonne
fur un taureau : on y lit ce mot : IKAPION. Nonius pré-
tend que c'eft Diane , Ôc que le taureau marque l'a-
bondance des pâturages de l'ifle. Voyez. Icaria , n°
2.
Le Fanar ou Fanari de Nicaria eft une vieille tour ,
pour éclairer le paffage des vaifleaux entre cette ifle ôc
celle de Samos ; car ce canal eft dangereux , quand la
mer eft grofle , quoiqu'il ait dix-huit milles de large. Ce-
lui de Nicaria à Mycone a près de quarante milles , ôc
il en faut faire plus de foixante pour aller d'un port à
l'autre. Fcrmanel Se Thevenot fe font trompés en parlant
de Nicaria : ils l'ont piife pour Niffaro où font les plus
fameux plongeurs de l'Archipel. Les habitans de Nica-
ria n'ont ni Cadi , ni Turc chez eux. Deux adminiftra-
téurs qui font annuels , font toutes les affaires du pays.
En 1700 ils payèrent cinq cens vingt-cinq écus pour la
capitation , ôc cent trente au douanier de Scio pour la
taille, ôc fur-tout pour avoir la liberté d'aller vendre
leurs bois hors de l'ifle. On ne fe fert à Nicaria que
de moulins à bras que l'on fait venir de Milo ou de l'Ar-
gentiete -, mais les pierres de Milo font les meilleures.
Ces moulins confiftent en deux pierres plates & rondes
d'environ deux pieds de diamètre , que l'on fait roûlec
l'une fur l'autre par le moyen d'un bâton , qui tient
lieu de manivelle. Ces moulins à bras ne fe vendent qu'un
écu , ou un écu ôc demi la pièce.
NICASIA, petite ifle de l'Archipel , auprès de celle
de Naxos , félon Ortelius , Tbcf. qui cite Etienne le
géographe Se Suidas.
NICASTRO, Neocaftram , petite ville d'Italie , au
royaume de Naples , dans la Calabre Ultérieure, aux
confins de la Citérieure , à deux lieues du golfe de Ste
Euphémie. Elle a un évêché , fuffragant de Rhegio.
Elle fut presque ruinée en iû'38 par un tremblement
de terre."* Baudrand , édit. 170 jf.
NICATES , montagne d'Italie, dont Tite-Live fait
mention. Niger juge que c'eft aujourd'hui la monta-
gne que l'on appelle Matellaôc Mathcfio , ôc que Cio-
fanus & Leander, Defcr. di tutta Italia , p. 259. pla-
cent chez les Peligni. * Ortelii Thef.
N1CATORIUM , montagne d'Aflyrie : Strabon ,
/. 16. p. 737. la met auprès d'Arbele. Sur une mé-
daille de Vespafien , rapportée par Goltzius , on lit m-
KO.Ta.ptov.
1. NICE. Cédrène met une ville de ce nom aux con-
fins de la Macédoine. * Ortelii Thef.
2. NICE, ville de Thrace, félon Ortelius qui cite
Callifte.
3. NICE, ville de Thrace, ou fimple Station , com=*
me l'appelle Ammien Marcellin, /. 3 1. p. 490.
4. NICE. Voyez. Nicensis,
j. NICE , ville aux confins de la France ôc de l'Ita-.
Tem, IV. £ z z ij
j48
NIC
NIC
lie, à demi- lieue à l'orient de l'embouchure du Var ,
dans les états du roi de Sardaigne , au 43 deg. 43 min.
de latit. & au 24 d. 5 2 m. de longit. Les Phocéens , fon-
dateurs de la ville de Marfeille, voyant leur colonie ac-
crue confidérablement , s'étendirent le long de la côte,
& ayant trouvé fur le Var un endroit fort agréable,
ils y bâtirent une ville , au retour d'une expédition con-
tre les Saliens & les Liguriens, ils nommèrent cette nou-
velle ville Nic&a. Leandet , qui l'appelle Nicia , prétend
qu'elle fut fondée par Nicius Laërtes , duc d'Etrurie-,
cependant tous les anciens géographes & les modernes
attribuent la fondation de cette ville aux Marfeillois ôc
non aux Etturiens. * Theatrum Pedemontii , p. 141.
André Thevet , Géographie itnïverfelle , dit qu'il n'a
point vu de ville fi agréablement fituée. Les Romains
faifoient leurs délices de ce lieu , où croiflent en abon-
dance tous les fruits que produit l'Italie. Ceft une erreur
gtoffiere dédite que la ville de Nice fe forma des rui-
nes de Ctmeilemtm ; car celle ci fubfifla, félon Sidonius
Apollinaris , jusqu'au tems de l'irruption des Lombards
dans les Gaules, & la ville de Nice, dès le tems de
Ptolomée, étoit regardée comme une des plus célèbres
de l'Italie. En effet , ce géographe la met immédiate-
ment après Rome. Aujourd'hui cette ville eft déchue
confidérablement de fon ancienne dignité. Elle a beau-
coup fouffert durant les guettes , parce qu'elle fe ttou-
voit fur le paîTage des armées françoifes qui alloient en
Italie ; mais le plus grand desafirc qu'elle ait effuyé arri-
va en 1; 43 que François I l'afliégea avec une armée
de terre , tandis que les Turcs la preffoient du côté de
la mer. Elle fut prife , pillée ôc presque réduite en
cendres par Barberoufle II , roi d'Alger. Depuis ce tems ,
le nombre des habitanseft beaucoup diminué. * Europa
Tabula VI.
La citadelle de Nice fait cependant regarder encore
cette ville comme une place très-importante. Au milieu
d'une plaine , s'élève fut le bord de la mer un gros rocher ,
qui fut premièrement- fortifié par Louis ôc par Charles
III , duc de Savoie , de forte qu'il n'y avoit guère de
places en Europe capables de faire une meilleure dé-
fenfe ôc qui fuflent plus en fureté contre le canon &
contre la mine. Du côté de l'orient ôc du midi , le ro-
cher fe trouvoit tellement escarpé , qu'il n'avoir pas be«
foin de murailles pour être hois d'attaque. L'endroit le
plus foiblc étoit du côté du notd , à caufe d'une hau-
teur contigue au rocher , & fur laquelle les Turcs avoienr
monté leur canon , qui avoit presque renverfé toute la
muraille de la citadelle de ce côté; mais Emmanuel Phili-
bert, duc de Savoie , fit fottifier cette hauteur , qui , de-
venue une féconde citadelle , pourroit donner une re-
traite aflurée aux habitans , au cas que la ville vînt à être
prife. Les fortifications ont été élevées de façon qu'il fe
trouve une triple muraille , dont la plus bafie efl défen-
due par la plus haute. Quand on y eft entré , on trou-
ve une grande place , à la gauche de laquelle on a bâti
une églife magnifique toute de marbre , fous l'invocation
de la Sainte Vierge \ ôc à l'extrémité de cette place , on
a ménagé une longue battetie de canon , qui donne fur
la mer. Au pied de cette batterie, il y a un puits d'une
profondeur extraordinaire & dont l'eau eft très-bonne.
Quelque forte que foit cette place , elle ne put réfifter
en 1691 au maréchal de Catinat , ni au duc de Bar-
wick , fous le règne de feu Louis XIV.
La ville eft bâtie au-deffous de la citadelle du côté
de l'occident , où le rocher a une pente douce , de n'el t
point escarpé comme ailleurs. La hauteur des maifons
iupplée à la petiteiTe de l'enceinte, qui d'un côté eft baigné
par la mer, ôc de l'autre par le fleuve Polone, & il y
a fur ce fleuve un pont de pierres qui donne la com-
munication avec les fauxbourgs. La ville eft aufii forti-
fiée.
Elle fut anciennement foumife aux comtes de Pro-
vence, rois de Naples. Dans le rems des démêlés de La-
diflas & de Louis II , elle prit le parti de la maifon de
Dutas contre le duc d'Anjou. Au bout d'une guerre de
fix ans , Ladiflas lui permit de fe mettre fous la pro-
tection du prince qu'elle choifiroit , pourvu que ce ne
fût point le duc d'Anjou. En conféquence de cette li-
berté, elle fe donna à Amé ou Amédéc VII, comte
de Savoie en 1 388 ; elle lui fit ferment de fidélité , & ce
prince devint par-là fouverain de tout le comté de
Nice.
On prétend que dès le tems des Apôtres , faint Na-
zaire prêcha l'évangile dans cette ville , & que du telfcs
des premières perfécutions, quelques-uns de fes évê-
ques eurent la gloire de foufrrir le martyre. Après la
ruine de Cemele , on transporta à Nice le corps du mar-
tyr faint Pons , ôc l'on y bâtit fous Chaiiemagne un mo-
naftere de fon nom. Au dixième fiécle, une partie de ce
faint corps fut porté à Tomières , en Languedoc, ôc
l'autre demeura à Nice. Saint Hospice , reclus en Pro-
vence , étant mort près de Villefranche, à une lieue de
Nice l'an ;8i , fon corps fut transporté dans la cathé-
drale de cette ville. Outre la cathédrale, il y a à Nice
un grand nombre d'églifes anciennes ; celles de fainte
Réparate , vierge & martyre , de faint Dominique , de
faint François , de faint Auguftin , de faint Jacques, da
faint Roch , de fainte Croix , du faint Sépulcre , du
faint Suaire , du Saint-Esprit 5 celles des filles de fainte
Claire,' de la Vifitation, ôc des Bernardines ; celles des
Jéfuites, des Minimes, des Auguftins déchauffés & des
Théatins ; ôc celles des religieux des quatre ordres men-
dians; outre un grand nombre d'hôpitaux fondés pour
le foulagement des pauvres ôc des malades. La ville de
Nice eft le fiége d'un évêque fuffragant d'Embrun , &
le tribunal d'un fénat ou parlement , que le duc Char-
les-Emmanuel y établit dans le fiétle dernier. * Baillet ,
Topogr. des Saints , p. 341.
Le gouvernement de Nice eft une espèce de démo-
cratie. Elle eft divifée en quatre claffes,qui font celle
des nobles, celle des marchands, celle des artifans,&
celle des habitans de la campagne. Chaque claffe élit un
conful annuel, qui a pour confeillers dix perfonnes de
fa claffe.
Il y avoit autrefois de grands fauxbourgs auprès de
Nice ; mais on n'en voit plus aujourd'hui que les
ruines.
Le comté de Nice s'étend du fud au nord l'espace de
quatre-vingt-dix milles. Comme les Alpes féparent l'Italie
de l'ancienne Gaule, il eft afiez furprenant comment d'ha-
biles géographes ont placé dans l'Italie le comté de Nice ,
qui eft en- deçà de ces hautes montagnes , ôc qui a fait du-
rant plufieurs fiécles partie de la Gaule Narbonnoife , ôc
enfuire partie du comté de Provence. IT fut , comme on
l'a vu , démembré de ce dernier en 1388, que les habitans
du pays fe donnèrent à Amé VII , comte de Savoie. Yo-
lande d'Arragon, mère & tutrice de Louis III, roi de Na-
ples, le céda à Amé VIII par le traité de Chamberi du
5 Octobre 1419 , pour quelque fomme d'argent qu'Ame
le Verd avoit autrefois piêtée à Louis 1 , comte de
Provence. * La Forêt de Bourgon , Geog. hift. t. 2.
p. ;o7.
Ce pays , quoiqu'entrecoupé de hautes montagnes, eft
affez fertile en vin ôc en huile. Ses bornes font au nord ,
le marquifat de Saluées -, le Piémont propre à l'eft ; la
Méditerranée au fud , ôc la Provence à l'oueft. Son éten-
due du feptentrion au midi eft d'environ treize lieues , &
celle d'orient en occident de près de dix-huit. Sous le
comté de Nice , on entend le comté de Nice particulier ,
ôc d'autres états qui lui font annexés , favoir :
Le comté de Nice pro-
prement dit ,
Le comté de Tende ,
LecomtédeBeuil,
La principauté de
Barcelonette.
Le comté de Nice particulier eft entre le marquifat
de Saluées , le comté de Tende , l'état de Gènes , la mer
Méditerranée , la Provence ôc le comté de Beuil : il com-
prend deux villes qui font
Nice
ÔC
VillefranGhe.
6. NICE DE LA PAILLE .petite ville du Montferrar,
dans les états du roi de Sardaigne. Elle eft fituée fur lft
rivière de Belbo, entre les villes d'Acqui& d'Api, (c'eft
fans doute Afti ) à neuf milles de la première 3 & à douze
milles de l'autre.
1. NICÊE, ville de Bithy nie, aujourd'hui Ismch.C'eit
la Nii£«/x de Ptolomée , /. }. e. 1. Sttabon , /. 12- p- S^f.
lui donne k même nom & le titre deprimaria Bitbjnix
NÏC
IC
urbs. Il la place fur le lac Ascanius. Elle étoic entourée
d'une grande plaine , très- fertile ; mais l'air n'y étoit pas
fort fain en été. Antigonus, fils de Philippe , en avoit été
le fondateur , Se l'avoit nommée Antigonia. Dans la fuite
Lyfimachus l'appella Nicœa , du nom de fa femme , fille
d'Antipater. Cette ville étoit de figure carrée, Se avoit
du tems de Strabon feize ftades de circuit. Elle étoit éloi-
gnée de la mer (a) , Se diftante de vingt-cinq mille pas
de Prufa, cV le lac Ascanius, aujourd'hui Laço di Nicea,
à une journée de la mer , fe trouvoit entre deux. Nic&a ,
ou la ville de Nicée , eft principalement célèbre par la te-
nue du premier concile général. On a diverfes médailles
de cette ville depuis Augufte jusqu'à Gallien. Néanmoins
elle n'a dans aucune le titre de métropole. La médaille
de l'empereur Domitien,où on voit cette infeription : Nl-
KAIEIC nPHTOITHC EriAPXEIAC, Nic£enfes pnmi pro-
vincix, ne dit pas que Nicée fut la première de la provin-
ce : elle apprend feulement que l'es habitans furent les
premiers qui firent des facrifices à Jupiter pour la confer-
vation de Domitien.C'eft ce que prouve l'autel qui paroît
fur cette médaille avec ces mots : AIOC ATOPAlOr >
Jovis , qui Fori Cuftos & Prœfes eft. Cette médaille eft
dans le cabinet du roi de France. Nicée (b) fut d'abord
évêché : elle devint enfuite métropole pendant quelque
tems. Sainte Théodote Se fes enfans , au nombre de trois
au moins, y fouffrirent le martyre vers l'an 305. Saint
Tryphon Se S. Refpice , transférés d' A pâmée , ville de la
même province, avoient déjà été martyrifés dans Nicée
vers l'an 2 y 1 , fous l'empereur Déce. Saint Théophane ,
frère de S. Théodore Grapt , défenfeur des images , fut
évêque de Nicée après la mort de ce frère , au neuvième
fiécle. (a) Le père Hardouia , dans l'es notes fur Pline >
1. j. c. 3 2. (b) Topograph. des Saints , p. 341.
2. NICEE, ville de Bithynie, fur la côte. Pline, /. y. c.
3 2. dit qu'elle fe nomnooit anciennement Olbia , nom
que lui donne auffi Ptolomée, /.j.c. 1. Cette ville eft diffé-
rente de la précédente.
NICENS1S , fiége épiscopal d'Afrique , félon Orte-
lius , Tbef. mais c'eft une faute. Il falloit lire Oensis.
Voyez, ce mot.
1. N1CEPHORIUM, ville de Méfopotamie, fur l'Eu-
phrate , félon Ptolomée , / y. c. 18. qui la place entre
Muube Se Maguda. Pline , /. 6. c. x6. dit que la fituation
avantageufe du lieu engagea Alexandre à bâtir cette ville.
Elle fut depuis rétablie par l'empereur Conltantin, félon
le témoignage de Suidas Se d'Etienne le géographe. Quel-
ques-uns veulent qu'elle fe nomme aujourd'hui Nafiuan-
cafr. d'autres l'appellent Nephrun.
2. NICEPHORIUM , ville de l'Afie Mineure , auprès
de la Propontide. Arrien , In Mithridaticis , c. 114.
en parle comme d'un lieu foçtifié , Se où il y avoit des
temples.
NICEPHORIUS AMNIS , fleuve de l'Arménie. Ta-
cite, Annal. /. 15. c. 4. dit qu'il arrofoit Se défendoit
d'un côté la ville de Tigranncerta.
NICER , fleuve de Germanie. Voyez. Neckar.
NICERTE, village très grand Se très-peuplé , félon
Ortelius , Tbefaur. Il cite Théodoret , In Tbeophilis , Se
dit que ce village étoit aux environs d'Apamée , fans dire
de quelle Apamée il entend parler.
NlCETÂ. Ortelius , Tbefaur. croit que c'eft un lieu de
la Thrace , ôc cite l'hiftoire Miscellanée.
NICETIANA , nom d'un lieu dans la France , félon
Ortelius. Tbefaur. qui cite Sidonius Apollinaris, Epift. t.
/. 3. où on lit ces mots : Nicetiana namque ,/ï nefeis , ba-
reditas Curticiaci fupernum pretium fuit ; mais il y a ap-
pat ence que Sidonius parle en cet endroit de la fucceflîon
d'un certain Nicetius, & non d'un héritage ou terre ap-
pellée Nicetiana.
N1CHABOUR , gros bourg de Perfe , renommé par
une mine de turquoifes qui fe trouve dans fou voifinage.
Il eft à trois journées de Mesched , tirant au nord-oueft.
Cette mine eft appellée la Vieille Roche. Depuis plufieurs
années le roi de Perfe a défendu d'y fouiller pour tout au-
tre que pour lui , parce que n'y ayant point d'orfèvres du
pays qui fâchent émailler fur l'or , il fe fert de ces turquoi-
fes au lieu d'émail pour les garnitures des fabres , des poi-
gnards Se autres ouvrages. Ceux qu'il emploie pour ce tra-
vail taillent ces turquoifes & les appliquent dans des cha-
tons , félon les fleurs Se autres figures qu'ils font. Cela
49
frape aflez la Vue, Se part d'un travail patient , mais qui n'a
aucun deffein. * Tavernier , Voyage des Indes , 1. 1,
c. 19.
Nichabour n'eft point au nord-oueft de Mesched»
mais à fon midi, à vingt lieues dediftance d'Anville j carte
de l'Afie , 17JI.
• NICHIOS. Voyez. Nichocis.
NlCHOClS,ifle d'Egypte, félon Achilles Tatius ,
Amer. /. 4. p. 2;o. éd. U. Salmafii. Ortelius , Thefaur.
croit que ce pourroit être la même ifle que Nichies donc
parle Théophile d'Alexandrie.
NICI. Voyez. Tonica.
1. NICIA. Voyez. Nice ;.
» 2. NICIA , fleuve d'Italie, félon Pline , /. 3. c. 16. On
croit communément que c'eft le Lenz.a , d'autres veulent
pourtant que ce foit le Nura.
3. NICIA. Kçy^Nicu.
NIC1BENSIS, fiége épiscopal dans la Numidic , fé-
lon la notice des évêchés d'Afrique. Juftus,episcopus Ni-
tïbenfis , eft aufli nommé dans la conférence de Car-
thage.
1 . NICII , ville métropole de la baffe Egypte. Ptolomée,
/. 4. c. 5. la place fur le Nil. Magin remarque fur cet en-
droit de Ptolomée , que Nicn eft la même chofe que le
village Nicia de Strabon , /. 17. p. 75,9 -, cela ne fe peut.
Strabon met Nicia fur la mer , 6e Ptolomée place Nicii
fur le Nil.
z.NiCII. Parmi les évêquesquifoufcrivirentàlalettre
adreffée a l'empereur Léon, on trouve Tlufaminon Nicio-
tarum. Ce même prélat aflifta au concile de Conftanti-
nople tenu l'an 460. * Harduin. coll. conc. t. 2. p. 786.
NICKLSPURG ou NiKLAusPURG.ville d'Allemagne,
dans la Moravie , fur les frontières de l'Autriche. Elle eft
fort bien bâtie , Se a un bon château qui la commande
tout entière. Il y a , à quelque petite diftance,de très-beaux
vignobles fur des côteaux,en tirant vers Laba. Cette place
avoit été promile en propriété à Ladiflas Keretfchin , qui
avoit livré aux Turcs Giula en Hongrie; mais on ne lui tint
pas parole. Fridcric , baron de Tieffenbach , général des
états de Moravie , la prit en 1620 , Se y fir un butin con-
iidérable. Le tréfor qu'il y trouva appartenoit en grande
partie au comte Tampier , qui avoit ramaffé en ce lieu les
richeffes qu'il avoit tirées d'une infinité d'endroits. Ce fut
en cette ville que la paix fut conclue en 1 6i 1 , entre l'em-
pereur Se Bethlem Gabor , prince de Tranfilvanie. En
Ï64J , les Suédois , fous la conduite du général Torten-
fohn, s'emparèrent de Nicklfpurg , Se y trouvèrent un
grand nombre de canons de bronze ; mais l'année fuivan-
te les Impériaux prirent d'affaut la ville , Se peu de tems
après le château. * Zeyler , Topog. Mor. p. 103.
NICKLSTATT ou Nicklastatt, Se proprement Nr-
colstat , petite ville d'Allemagne , dans la Siléfie , au du-
ché de Lignits. Il y a eu autrefois près de-là une mine
qui donnoit de l'or , mais , foit qu'on l'ait épuifée ou gâ-
tée , elle a ceffé d'en donner en 1 3 60 ; en récom-
penfe il s'en eft découvert une nouvelle d'argent à Rei-
chenrtein , lieu qui n'eft pas bien éloigné de Nicklftatt , Se
le Katfbach , petit ruiffeau fur lequel Lignits eft fitué,a
commencé à donner des grains Se des paillettes d'or pur.
* Zeyler , Topog. duc. Silefue. p. 1 66.
1 . NICOBAR , N 1 c o u b a r , Nicubar ou Nr-
coubars , iflesdes Indes , àl'entrée du golfe de Bengale,
vis-à-vis l'une des embouchures du détroit de Malaca. El-
les s'étendent depuis le feptiéme degré , jusque vers le di-
xième de latitude feptentrionale. La principale de ces ifles
s'appelle Nicobar , & elle donne l'on nom à toutes les
autres, quoiqu'elles ayent outre cela un nom particulier,.
Voyez, l'article fuivant. * Lettres édifiantes , t. 10. p. 67.
2. NICOBAR , ifle des Indes , à l'entrée du golfe de
Bengale. C'eft à cette ifle que vont mouiller les vaiffeaux
des Indes , Se que les peuples qui l'habitent paroiffent plus
traitables que ceux des autres ifles , que l'on comprend
quelquefois fous le même nom. Voyez, l'article précédent.
Lifle de Nicobar n'eft éloignée d'Achen que de trente
lieues ; car elle eft la plus méridionale des ifles Nicobar,.
Le gros de cette ifle eft à 8 degrés 30 minutes de latitude
feptentrionale. Elle peut avoir dix lieues de long , Se trois
ou quatre de large. Le côté méridional eft aflez élevé : Se
pi es de la mer, il y a des rochers escarpés. Le refte de Lifle
eft bas , plat Se uni. Le terroir eft noir & profond , & ar-
NIC
rofé par de petits ruiffeaux. Il produit quantitéde grands
arbres , bons à toutes fortes d'ufages , ôc qui paroiffent
ne former qu'un feul bocage; mais plufieurs cacaotiers
qui croiflent autour de cette ifle dans chaque baie , en ren-
dent la vue agréable. Les baies ont un demi-mille , ou
un mille de long plus ou moins, & elles font divifées les
unes des autres par autant de'petites pointes pierreufes de
terres garnies de bois. Comme les cacaotiers croiflent par
bocages dans les baies, il y â aufli une autre forte d'arbres
fruitiers, qui fonr face derrière les cacaotiers, ôc qui font
plus éloignés de la mer. Les habitansdel'ifle appellent ces
arbres Mélori. Ils font delà groffeurde nos gros pommiers,
ôc à peu près de la même hauteur : lécorce eft noirâtre ,
Se la feuille allez large. Le fruit eft de la grofleur d'un pair»
d'un fol , & de îa figure d'une poire , avec la peau dure ôc
polie, Se d'un verd clair. Dampier déclare n'avoir jamais
vu de ces fortes d'arbres ailleurs. * Dampier , Voyage au-
tour du monde, r. 2. p. 1536»: fuiv..
Leshabitans de Nicobar font grands & bien proportion-
nés: ils ont le vifage affez long , les cheveux noirs & liflés,
le nez médiocre, ôc leur teint en; de la couleur du cuivre.
Les hommes font tout nuds, à la referve d'une longue Se
étroite pièce de toile ou ceintUrequ'ils ont autourdes reins,
& qui, leur descendant entre les cuiffes, fe relevé par der-
rière Se fe retrou fie dans la ceinture: les femmes ont une
espèce de jupon court , qui s'attache fur les reins , & des-
cend jusqu'aux genoux. Leur langage eft différent de tous
ceux des Indes. Cependant ils ont quelques mots malayans,
& il y en a parmi eux qui parlent quelques mots du por-
tugais. Ils les apprennent des vaiffeaux qui paffent par-là.
En effet , quand ces gens voient un vaiffeau , ils prennent
incontinent leurs canots Se fe rendent à bord. Souvent ils
s'y rendent à la nage.
Ilsfont fi bons nageurs, qu'ils peuvent atteindre un vais-
feau qui va à pleines voiles. En nageant ils fautent de rems
en tems hors de l'eau. Ils portent leurs marchandifes atta-
chées au cou, tk les troquent contre des ameçons , de pe-
tits couteaux & d'autres iemblables bagatelles; mais prin-
cipalement contre du linge. Dequelque côté qu'ils abor-
dent le vaiffeau , ils y grimpent avec une légèreté & une
adreffe furprenante. On dit qu'ils font encore fort cruels,
& que fi un Européen tomboit entre leurs mains , ils le
mangeroient. * Kœmpfer, Hift. du Japon , de la traduér.
de M. Schcuchzer, tom. 1. page 9.
Tout ce qu'on a pu connoître de la religion des Nico-
i>arois , c'eft qu'ils adorent la lune , Se qu'ils craignent fort
les démons, dont ils oht quelque grofiiere idée. Us ne font
point divifés en divers caftes ou tribus, comme les peuples
de Malabar Se de Coromandel. Les Mahométans même
n'ont pu y pénétrer , quoiqu'ils fe foient répandus fi aifé-
ment dans toute l'Inde , au grand préjudice du Chriftia-
nisme. On n'y voit aucun monument public qui foit con-
facréàun culte religieux. Ily a feulement quelques grottes
creufées dans les rochers, pour lesquelles ces Infulaires
ont une grande vénération , ôc où ils n'ofent entrer de
peur d'y être maltraités du démon. * Lettres édifiâmes ,
T. 10. p. 69..
Comme il ne croît ni bled, ni riz, ni autre forte de grains
dans l'iile , les Nicobarois fe nourriffent de fruits, de pois-
fons ôc de racines forts infipides, appellées Ignames. Il y a
pourtant des poules & des cochons en affez grande quan-
ti:é; mais ces Infulaires n'en mangent point : ils les trafi-
quent, lorsque quelque vaiffeau paffe. Us vendent de là
même manière des fruits , ôc leurs perroquets, qui font
fort eftimés dans l'Inde , parce qu'il n'y en a point qui par-
lent fi diftinétement. On y trouve encore de l'ambre ôc de
l'étain.
Il n'y a que les côtes qui foient habitées (a). Les Nico-
barois demeurent tout autour de! ifle dans les baies proche
de la mer. Il peut y avoir dans chaque baie quatre ou cinq
maifons plusou moins. Elles font bâties fur des pilotis : leur
figure eft carrée , ôc elles font petites & bafles. Chaque
maifon n'a qu'une chambre exhauffée d'environ huit pieds.
Le toit n'a point de gouttières: il eft fait en forme de dôme,
avec de petits folivaux de la grofleur du bras: ils font cour-
bés en rond comme un demi-croiffant, & forr adroitement
couverrs de feuilles de Palmeto. Leurs plantations font
compofées uniquement de cacaotiers , qui croiflent près
de la mer; la terre n'eft point défrichée plus avant dans le
pays ; car quand on a pa-fle les fruitiers , on ne voit point
NIC
de chemins qui conduilent dans les bois. Les hommes s'oc-
cupent principalement à la pêche : chaque maifon a pour
le moins deux ou trois canots qu'on ti re à terre. Ces canots
font pointus par les deux bouts, qui aufli bien que le fond,
font fort minces ôc fort polis: ils font plats d'un côté ; de
l'autre ils font un affez gros ventre, & d'un côté ils ont de
petits ailerons légers. Comme ces canots font minces Se
légers, on les mené mieux à la rame qu'à la voile. Cepen-
dant ils vont affez bien à la voile , & on les gouverne par
le moyen d'une pièce de bois qui pend dans l'eau perpen-
diculairement. Il y a communément fur un de ces canots
vingt ou trente hommes , & il eft rare qu'il y en ait moins
de neuf ou dix. Leurs avirons font courts , & ils s'en fer-
vent , comme nous faifons des nôtres. Les bancs fur les-
quels les rameurs s'affeyent , font des bambous fendus , mis
en travers , ôc fi près les uns des autres, qu'il femble que
ce foit un pont. Ces bambous font mobiles , ôc quand
quelqu'un entre pour ramer , il enlevé le bambou de l'en-
dreit où il veut s'affeoir ,Se le met à côté pour faire place
à fes jambes. Les autres canots des ifies voifines font faits
comme ceux de l'ifle de Nicobar; & il y a apparence qu'il
en eft de même pour toutes les autres chofes. Au commen-
cement (b) de 171 1 , les pères Fouie & Bonnet, Jéfuites,
fe firent débarquer par un navire Malouin dans les ifles
Nicobar, où l'on eut avis quelque tems après qu'ils avoient
été maflacrés par les Infulaires. (a) Dampier , Voyage,
t. 2. p. 1 1 j. (b) Le P. de Charlevoix.
NICOLAS ( llfle de Saint ) ou San Nicolao , ifle ,
une de celles du Cap verd, à trente lieues à l'oueft de l'ifle
de Sel. Sa figure eft triangulaire , le plus long de fes trois
côtés , qui eft à l'eft , n'a pas moins de trente lieues , &
les deux autres, vingt lieueschacun. Elle eft montagneufe,
ôc toutes fes côtes font ftériles , 16 d. 45 min. latit. nord.
6 d. j 2 min. de longir. oueft du Cap verd (ci).
La meilleure rade de Saint Nicolas elt celle de Terrœ-
falt firuée à l'oueft de l'ifle. On y voit une multitude de
grandes barques qui entrent «Se fortent continuellement.
Du côté du fud , il y a celle de Paraghi/ï, de Puerto vel-
ho, ôc de Porto lappa; à l'eft de l'ifle , on trouve celle de
Currifal.
Au centre de l'ifle , il y a quelques vallées où les Por-
tugais ont leurs vignobles ôc leurs plantations. Le terroir
eft fertile pour le maïz, les plantains, les bananes , les
courges , les limons ôc les oranges. On y voit quelques
cannes de fucre. Aujourd'hui le principal commerce de
l'ifle fe réduit aux tortues, ôc à quelques autres poiflbns.
La ville de Saint- Nicolas , qui eft la feule de l'ifle , ôc
au fud , eft une des mieux bâties , ôc des plus peuplées de
toutes les ifles du Cap verd. Cependant les maifons n'y
font pas fi grandes qu'à Saint-Jago, ni fi bien couvertes.
Les toits, celui même de l'églife,n'y font quede chaume,
onde feuilles d'arbres; d'ailleurs les rues font très régu-
lières. Pour le gouvernement eccléfiai tique, ils ont un prê-
ti e Portugais : quant au civil , il y a un gouverneur qui dé-
pend de celui de Saint-Jago. Voyages de Roberts Se de
Dampier. (a) Carte des ifles du Cap verd, par Nebel-
lin, I746- ,
NICOMÉDIE , ville d'Afie , capitale ôc métropole de
la Bithynie, fur la Propontide , entre Chalcédoine & Ni-
cée , aujourd'hui appellée Comïdia par les Italiens ; elle a
toujours été tecommendable, depuis que Nicoméde, roi
de Bithynie , fils de Zipoltes, père de Zéla , Se grand-per*
de Prufias , l'augmenta & lui donna le nom de Nicomé-
die , au lieu de celui d'Olbia qu'elle avoir eu auparavant
de la nymphe Olbia , qui en jetta les premiers fondemens.
Pline, /. j. c, ult. lui donne le titre à'Urbs praclara :
Ammien Marcellin , /. 17. c. 1 5. l'appelle la mère des
villes de Bithynie. Paufanias, Eltac. I. 1. cil. dit que
c'éroir la plus grande des villes de Bithynie , Se ajoute
qu'elle fe nommoit Ajiacus , nom qui fut changé par le
roi Nicoméde. Trébellius Pollio. in Gallienis , c. 4. &
Ammien Marcellin,/. 22. c 12. font du même fenti-
ment ; mais malgré ces autorités on ne peut guère fe dis-
penfer de dire , qu'Aftacus Se Nicomédie font deux villes
différentes. Voyez. Astacus. Prolomée, /. j. c i.faic
trois villes voifines de Nicomédie , d'Olbia ôc A'Aftacus ,
ce qui n'eft pas fans vraifemblance. Ce fut à Nicomédie
qu'Annibal , après toutes fes défaites, fe réfugia ôc fe don-
na la mort. * Tz.etz.es , Chil. 3. hift. 1 1;. v. 9/0. Etienne
le géographe.
NIC
La ville tkNicomédic ne fut pas célèbre feulement fous
fes rois, elle le fut auffi fous les Romains. Pline, /. lo.epift.
16. 40. 42. <T 50. qui fut préteur de Bithynie, parle de
cette ville avec éloge. Elle a été une des premières qui ait
reçu la foi Chrétienne , & le grand nombre de martyrs
qui y ont verfé leur fang pour la défenfe de la foi , l'ont
rendue encote plus illuftre. Ce fut , félon Bailler ,
Topogr. des Saints, p. 341. par la ville de Nicomédieque
commença la perfécution fous Dioclétien. Saint Anthime ,
qui en étoit évêque, eut la tête coupée, Se l'on fît mourir
beaucoup de citoyens , & même des officiers de la maifon
de l'empereur dans cetre ville. Les eunuques de la cour ,
Se les officiers de la chambre , furent martyrifés. Enfin on
compte un grand nombre de Martyrs dans cette ville.
* Cellarius , Geogr. Anr. 1. 3. c. 8.
Saint Arface menoit une vie folitairedans Nicomédic ,
vers le milieu du quatrième fiéde. 11 y mourut l'an 358
durant le tremblement de terre qu'il avoit prédit. Le trem-
blement arrivé le 24 d'Août ne dura que deux heures ;
mais il caufa un incendie qui acheva la ruine de Nicomé-
die.
Ce fut proche de cette ville , dans un bourg nommé Ac-
ciron , que le grand Conftantin , âgé de foixante-fix ans ,
mourut d'une fièvre chaude en l'année 340. Cela eft con-
traire à ce quedifent les bons hiftoriens.* Greloe , Voyage
eje Conftantinople , p. 41.
Il feroit difficile de trouver une fituation plus avanta-
geufe, que celle de Nicomédic: elle remporte,après Con-
ftantinople, fur toutes les autres villes. Elle eft placée au
fond d'un golfe , à qui elle donne le nom ; Se elle couvre
tout le penchant d'une petite colline embellie de fontai-
nes , & chargée d'arbres fruitiers , de vignes & de grains.
Elle a quantité de grands jardins,dont les fruits font excel-
lens , entre autres les melons qui ne cèdent en rien à ceux
de Cachan en Perfe , que l'on eftime pat-deffus tous les
autres. Les voyageurs curieux des belles inferiptions trou-
vent de quoi fatisfaire leur curiofité dans la ville de Nico-
médie ; il n'y a guère de rues ni de cimetières où l'on n'en
voye quelque fragment , Se fouvent même d'entières , foit
grecques foit latines.
La ville de Nicomédie eft grande Se bien peuplée. Il y
a quantité d'églifes grecques Se de belles mosquées , pla-
ceurs kans ou caravanfeiais , Se plufieurs beaux bazars ,
halles ou marchés. Elle eft peuplée d'environ trente mille
ames , tant Grecs & Arméniens , que Juifs Se Turcs , qui
exercent ptesque tous le commerce des foies , cotons , lai-
nes ,toiles,fruits , poterie, verrerie Se d'autres chofes qui
rendemeette ville d'un grand trafic. La plupart des grands
vaifieaux , faïques , barques , kaïques Se autres bateaux
des marchands de Conftantinople, fe fabriquent à Nico-
médie j mais les Turcs ne réufliflent pas mieux dans lacon-
ftructioii des bânmens de mer que dans l'architecture ci-
vile & militaire. Il s'y fait à la vérité des vaifieaux qui
font de très-haut bord Se fort grands , mais qui font auflï
très-méchans voiliers Se de facile prife.
LeGoLFE de Nicomédie n'a pas plus d'une demi lieue
de large : il eft alTcz long , Se on découvre de côté Se d'au-
tre quantité de petites collines , qui par leurs inflexions
& finuofités différentes, forment avec le golfe qui eft en-
tr'elles un des plus charmans payfages qu'on puiffe voir.
On trouve à la droite de ce golfe , ou à fon nord , au cou-
chant de Nicomédie , une fontaine d'eau minérale , alu-
mineufe, à ce qu'on prétend , Se dont les Turcs Se les
Grecs difent des merveilles : ils y vont en troupes de tous
côtés ; Se à les entendre parler , il n'y a guère de maladies
que cette fontaine ne guériffe. Elle eft au pied d'un rocher
attaché à une petite montagne , d'où s'écoulant vers le gol-
fe , elle arrofe avec quelques autres petits ruiffeaux , une
plaine couverte de joncs Se autres herbes.
Un peu plus avant .vers le couchant , on trouve dans
le golfe , à main gauche au fud , une avance de terre com-
me un grand mole , qui n'a pas plus de cinq à fix toifes de
large Se un demi quart de lieue de long.- Au bout de cette
avance il y a une mosquée , pour laquelle les Turcs ont
une grande vénération.
N1COMEDIUM , entrepôt dans la Bithynie , félon
Etienne le géographe , qui cite Arrien , in Bithyniacis. Or-
telius , Thefaur. foupçonne que ce pourroic être le Nava-
le de Nicomédie.
N1CON. Voyez. Tonica.
NIG sïl
1. NICONIA , ville du Pont. Etienne le géographe la
mer à l'embouchure de l'Ifter. Ce pourroit être le tfi-
conium que Ptolomée , /. 3. c. 10. place dans la Baffe -
Myfie. Niconium feroit néanmoins un peu plus reculé
puisqu'il eft mis près du fleuve Hierajus. * Ortetii The-
laur.
2. NICONIA , ville du pays des Getes , fur le fleuve
Tyras, a la gauche. Strabon, /. 7. p. JC<S , qui parle de cette
ville , nous apprend , qu'il y en avoit une autre à la gauche
du même fleuve , qu'on la nommoit Opbiufa , Se que ces
deux villes étoient à cent vingt ou à cent quarante ftades
au-deflus de l'embouchure du Tyras. Ortelius , Tbefaur.
dit que Niger donne à la ville de Niconia le nom de
Nomanofter.
NICONIUM. Voyez, Niconia , n° 1.
NICOPING. Voyez, Nikoping.
1. NICOPOLI ou Nicopolis , ville de la Grèce dans
l'Epire , à l'entrée du golfe de Larta , fur la côte jfepten-
trionale à l'oppofite de la ville d'Aclium. Cette ville doit
fa fondation à Augufte qui la fit bâtir pour être le monu-
ment de la victoire qu'il avoit remportée fur Antoine à la
journée d'Aétium. Ce prince n'oublia rien pour la rendre
recommendable dès fes premiers commencemens: Pline ,
/. 4. c. 1 . la nomme Ville libre : Tacite , Annal, l.j.c. 10.
lui donne le titre de colonie Romaine , Strabon, /. 7. p.
3 2;. dit quVUigufte voyant que les villes des environs de-
venoient défertes , raffembla leurs habitans , Se les attira
dans la ville à laquelle il venoit de donner le nom de Ni-
copolis ; enfin , Paufanias , Eliac . I. i.c.11. nous a confer-
vé les noms de deux de ces peuples , qu'il nomme Ambra-
ciou Se Anailoni. Comme il y avoit déjà plufieurs villes
nommées Nicopolis ; pour diftinguer celle-ci , on l'ap-
pella (a) Achat* Nicopolis ou Aétia Nicopolis (b). (a) Ta-
cite. An. 1. 2. c. 5 3 . (b) Anton. Itin. l'Anonyme de Raven-
ne , 1. 4. c. 8.
S. Paul paffa dans cette ville l'hiver de l'an 64 , de l'ère
commune. Il manda à S. Tite , qui étoit en Grèce , de l'y
venir trouver {a). Cependanr quelques-uns {b) croient
que la ville de Nicopolis , où S. Paul voulut pafler
l'hiver , n'étoit pas celle de l'Epire , mais celle de
Thrace , à l'entrée de la Macédoine, fur la rivière de
Nèfle, {a) Ttt. }. 14. (b) Cbryfofi.Théodoret Jbéophyl.
Capell. J
Le pape S. Eleuthére étoit de ce lieu ; mais on ne voit
pas qu'on lui ait décerné un culte particulier dans cette
ville , qu'on nomme aujourd'u* Prevefa , fur le golfe de
Larta.
2. NICOPOLIS , ou Nicopolis ad FLîmum , ville
de la Thiace au pied du mont Hemus , vers la fource du
fleuve Iatrus. Ptolomée, /. \.c. 1 1. la place dans les terres
entre Pra/ïdium Se Ofiapbos. Elle étoit différente d'une
autre Nicopolis auffi dans la Thrace , fur la rivicre de
Nèfle.
3. NICOPOLIS, ville de la baffe Mœfie fur l'Iarrus , à
l'embouchure de ce fleuve , dans le Danube. Pour la diftin-
guer de Nicopolis fur PHemus, bâtie auflifur l'Iatrus , on
l'appclloit Nicopolis ad Danubium , ou Nicopolis ad
Ijlrum. Trajan en fut le fondateur , félon Ammien Mar-
cellin,/. 3 1. c. \6. Se il la bâtit après la victoire qu'il rem-
porta furlesDaces.Bonfinius, Rer. Hungar.Dccad. 3. /.
2. met fur le Danube , deux villes nommées Nicopolis ;
favoir, une peu confidérable au-delà du Danube, fondée
par Trajan ; l'autre plus grande , au- deçà de ce fleuve, &
fondée par Adrien : il ajoute que ces deux villes étoient
feulement féparées par le Danube. Le mal qu'il y a , c'eft
qu'il ne cite aucun ancien écrivain pour garantir ce qu'il
avance. Ce qu'ily a de sûr, c'eft que ni Antonin ni la table
de Peutinger ne font point cette diftinetion. Cette ville
s'appelle aujourd'hui Nigeboli , ou Nicopoli. Voyez. Nl-
geboli. * Cellarius , Geogr. ant. 1. 2. c. 8.
4. NICOPOLIS, ou Nicopolis ad Nessum , ville
de la Thrace , fur la rivière de Neffe ou Nefte.à la gauche,
à quelques lieues au-deffus de fon embouchure. Elle fur
fondée par Trajan. Ptolomée, /. $.c. 11. la place dans
les terres entre Pantalia Se Topiris. Nous avons quelques
anciennes médailles de cette ville; elle y eft furnommée
Ulpia ou Olpia , ce qui eft la même chofe ; car quel-
quefois dans les médailles on met O potufl. L'in-
feription d'une de ces médailles , qui fe trouve dans le
recueil de Spanheim , eft conçue en ces tenues : Or ait.
NIC
5*2,
NiKOnOAEOC npOC nectoj c'eft à-dire , Ulpu Nico-
poleos ad Neflum.
5. NICOPOLIS , ville d'Egypte , aux environs d'Ale-
xandrie. Jofephe, de Bello Jud. I. 4. c. 14. parle de cecre
ville en décrivant la route que prit Titus pour fe rendre
d'Alexandrie en Judée, ôc il la met à vingt ftades de cette
dernière ville. Dio Caflius, /. 5 1. p. 456. nous apprend
qu'Augufte en fut le fondateur ; qu'il la bâtit dans le lieu
où il avoit donné la bataillejqu'il lui donna le même nom,
Se lui accorda le privilège des mêmes jeux qu'il avoit ac-
cordés à la ville de Nicopolis enEpire.
6. NICOPOLIS , ville de l'Arménie Mineure. Strabon,
2. n.p. $$$. ne nomme que cette feule ville dans cette
province , & il nous apprend qu'elle fut bâtie par Pom-
pée. Pline, /. 6. c. 9. Ptolomée , /. 5. c. 7. & Etienne le
géographe en parlent. Ptolomée la met dans les terres ;
c'eft-à-dire, qu'il l'éloigné de l'Euphrate , & il ajoute
qu'elle étoit au voifinage des montagnes. Pour la diftin-
guer des autres Nicopolis, on lui donna le nom de fon
fondateur (a) : on l'appella Nicopolis Pompeii. Dans le
moyen âge , elle fut la féconde ville de la première Armé-
nie. C'étoit un fiége épiscopal , fuffragant de Sebafte (b).
On la nomme maintenant Gianicb: elle eft fur la rivière
de Ceraune. C'eft aujourd'hui un fiége de juftice ôc de
gouvernement chez les Turcs. S. Grégoire d'Arménie,
qui fut depuis reclus à Pluviers en France , fut élevé dans
cette ville , ôc en fut évêque vers la fin du dixième fiécle.
(a) Dio Caflius , /. 49. p. 415. (b). Bailla , Topogr. des
Saints , p. 343.
7. NICOPOLIS , ville de Bithynie fur le Bosphore,
ou du moins dans le voifinage. Pline & Etienne le géogra-
phe font les feuls qui connoifient cette ville. Le premier
en parle ainfi , /. y. c. 32. Ultra Calchedona Chryfopolis
fuit. Deinde Nicopolis , à qua nomen etiamnum Sinus reti-
net. Le fécond nomme feulement cette ville qu'il appelle
Nicopolis de Bithynie. Le P. Hardouin prétend que c'eft
aujourd'hui Scutari.
S. NICOPOLIS , ville de l'Afie Mineure , dans la Cili-
cie propre , félon Ptolomée , /. 5. c . 8. qui la place entre
Caflabala Ôe Epiphania; mais il ne s'accorde pas avec
Strabon, /. 14. p. 676. qui la met au nombre des villes
qui font fur la côte du golfe Iffits. Quoi qu'il en foit , ces
deux écrivains distinguent la ville de Nicopolis de celle
d'Iflus; de forte qu'Etienne le géographe fe trompe.quand
il dit qu'Alexandre donna le nom de Nicopolis à la ville
d'Iflus , après qu'il eut vaincu Darius auprès de cette der-
nière ville.
9. NICOPOLIS, ville d'Afie, dansla Phrygie falutaire,
félon la notice de Léon le Sage. Cette ville ne paroît point
dans la notice d'Hieroclès.
10. NICOPOLIS, autrement Emmaus, ville de la Pa-
leftine. Voyez. Emmaus, n° 2. Elle commença à porter le
nom de Nicopolis fous l'empereur Alexandre , fils de
Mammée. Jules A fricain (a) , auteur eccléfiaftique , célè-
bre par fes chroniques, fut envoyé à l'empereur , pour
folliciter le rétabliflement de cette ville qui s'appelloit
Emmaus ; cependant Sozomene Hifi. Ecclef. I. f.c. 21.
dit que cette ville eut le nom de Nicopolis , auflitôt après
la ruine de Jerufalem par les Romains. Ce n'étoit avant
cela qu'un bourg nommé Emmaus (b). Vespafien l'érigea
en ville, en lui donnant le nom de Nicopolis , lorsqu'il y
eut envoyé une colonie. Ce bourg avoit été ruiné par Va-
rus qui y avoit fait mettre le feu. La ville devint évêché
fous les empereiKs\Chi:étkns.(a).Chronic.Pascbal.adAn.
Chrifti. 223. (b) Topogr aph. des Saints, p. 344.
1 1. NICOPOLIS , ville de Cappadoce , fur les limites
d'Arménie, évêché fuffragant deSébafte.Koy^CoLONiA,
n° 2. * Topograph. des Saints, p. 343.
NICOPOL1TANUS SINUS , petit golfe auprès de la
ville de Nicopolis. Voyez.ce moi , n° 7.
NICOPSIS. Voyez Zicchia.
NICOSIA ou Nicusia, ville de Sicile, dans le val
Demone , auprès de la rivière de Cérame , à la gauche ,
entre Trahina ôc Calataxibeta. Quelques-uns croient
que c'eft l'ancienne Erbita. Voyez, ce mot* * Atlas , Rob.
de Vaugnndy.
NICOSIE, ou Leucosie , anecinnement Leucoto ,
capir.ie de l'ifle de Cypre. Elle cil fituée dans les terres ,
à une journée de la mer , ôc dans la grande plaine de Mas-
farée. Elle eft grande , allez belle, & bâtie à la façon des
NIG
Orientaux. Son enceinte eft de forme ronde , flanquée
d'onze baftions , & défendue par de bons foflés. Elle a eu
autrefois jusqu'à quarante mille maifons -, mais elle a été
ruinée en divers endroits durant les guerres 5 qui en ont
fait perdre la domination aux Vénitiens , ôe l'ont fait
palier fous celle des Turcs. Les rois de la maifon de Lu-
fignan y avoîent établi leur féjour. C'étoit le fiége de l'ar-
chevêque de toute l'ifle. Le bâcha y fait actuellement fa
réfidence. Les tours ôc les clochers font pour la plupart
en ruine ôc fans cloches. Il y * à Nicofie quatre fortes
d'églifes. Les mosquées des Turcs font les plus confidé-
rables, tant par leur nombre, que par la beauté &
par la grandeur de leurs bâtimens. Celle qui a été ci de-
vant le temple de Sainte Sophie, eft la principale ôc la
plus magnifique. C'eft un grand & fpacieux vaifleau , qui
a quantité de colomnes. 11 y a à la porte de cet édifice
une belle fontaine, qui n'y étoit point du tems des Chré-
tiens. Les Turcs s'y lavent le haut de la tête , les mains ôc
les pieds , avant que d'entrer dans la mosquée aux heures
ordinaires de la prière. Les Grecs occupent une autre
forte d'églifes mais fi quelque prêtre Latin y dit la mefle,
ils ne croient pas que toute l'eau de la mer foit fuffifante
pour la purifier : ils lavent l'autel ôc toute l'églife dans la
penfée qu'ils ont que la mefle des Latins la rend impure
& profane. Les Latins n'ont qu'une petite églife, oti
plutôt une chapelle, qui eft bien entretenue & deflervie
par un prêtre. Les marchands Italiens qui demeurent dans
la ville, lui fourniflent fa nourriture, fes habits & les
ornemens facrés. Enfin , les Maronites y ont auflî leur
églife , qui eft en aflez mauvais état. * Dandini , Voyage
au mont Liban , p. 2 1. &fuiv.
NICOTERA i ville d'Italie chez les Brutii. L'itinéraire
d'Antonin la met fur la route de Rome à la Colomne par
la voie Appienne , entre Vibo ôe Ad Mallias , à dix-huit
milles de la première , ôc à vingt-quatre milles de la fé-
conde. Leander , Dejcrit. di tutta Italia , p. 205. dit
qu'on la nomme aujourd'hui Nicodro. Baudrand , Difv.
édit. 1705. la nomme Nicotera fans aucun change-
ment de l'ancien nom ^ ôc dit qu'elle eft dans la Calabre
Ultérieure , avec un évêché fuftragant de Rhegio, fur la
côte de la mer de Naples & du golfe de Gioia. 11 ajoute :
Elle eft bien petite ôc peu habirée, & fut fort maltrai-
tée par un tremblement déterre en 1638. Elle eft fur
le haut d'une montagne, à fix milles de l'embouchure du
Metramo vers le nord en allant du côté de Tropea.
NICOURIA, ifie de l'Archipel, à un mille de celle
d'Amorgos. C'eft une roche escarpée , ou proprement
c'eft un bloc de marbre au milieu de la mer. Il eft peu
élevé , & il a environ cinq milles de tour. On n'y voie
que des chèvres aflez maigres , ôc des perdrix rouges
d'une beauté mrprenante , mais qui font maigres & co-
riaces. * Tour ne fort t Voyage du Levant , lett. 6.
NICOYA, ville de l'Amérique feptentrionale, dans
la Nouvelle Espagne ( a ) , fur la côte de la mer Pacifi-
que , au fond dû golfe des Salines. Elle eft fituée aux
confins des provinces de Nicaiagua Ôc de Coftarica (b) ,
ôc dirigée par le lieutenant du gouverneur de la pre-
mière de ces provinces. La ville , appellée Aranjucz , eft
du territoire de N icoya : ce territoire s'étend jusqu'aux
limites des Sauvages que l'on nomme Chômas , ôc n'eft
féparée que de cinq lieues de leurs principales bourga-
des. Ce quartier éroit anciennement fous le parlement
de Panama; mais en 1576, il fut joint à Coftarica ,
quoiqu'il y ait un lieutenant de Nicaragua pour le tem-
porel , & un vicaire de 1 evêque de la même province
de Nicaragua , pour ce qui regarde le fpiriruel. Il y a eu
autrefois, fur la côte du golfe, une colonie d'Espagnols,
nommée Bruxelle. Il n'en refte plus aujourd'hui aucune
marque, (a) Atlas , Rob. de Vaugondy. (b) Corn.Dict.
De Laet , Indes occid. 1. 7.C 22.
NICSAR A ou Neoc^sarea , ville de l'empire Otto-
man , dans la Natolie, à deux journées de Tocat, Se
presque ruinée. Elle eft encore la métropole de la Cap-
padoce , Ôc l'on n'oubliera jamais que dans le troifié-
me fiécle elle a eu pour pafteur faint Grégoire Thau-
maturge , ou le faifeur de miracles. Niger & quelques
autres géographes n'ont pas eu raifon de confondre
certe ville avec Tocat. L'archevêque de Nicfara a la cin-
quième place parmi les prélats qui font fous le patriar-
«h:
NID
NID
che de Conftantinople. * toumefort > Voyage du Levant,
lect. 21.
NID , forât de Fiance , dans la Bourgogne , maîrrife
de Chalons , châtcllenie de Buxi. Elle elt de quatre cens
trois arpcns.
i. NIDA , fleuve de l'Inde , félon Ortelius , Tbef. qui
cite Ifidore.
2. NIDA , petite rivière de Pologne, dans le Palati-
nat de Sendomir : fon cours elt du couchanr au fud-
eit. Elle fc joint à la Viltule au-defTous de Cracovie ,
après avoir paffé à Wislicza, * Atlas , Rob. de Vaugondy.
1. NIDAUou Nidow , ville de Suifle, dans le can-
ton de Berne , au bord du lac de Bienne, Se à l'endroit
où ce lac fe dégorge Se rend la Thiele telle qu'il l'a
reçue. Nidait lignifie en allemand une prairie baffe;
aufli cette ville eft-elle dans un terrein fort bas , Se à
la moindre inondation qui arrive , toute la campagne eft
couverte d'eau. Si cette fituation la rend un peu mal -fai-
ne , elle contribue d'un autre côté à la rendre forte ,
Se peut lui fervir de rempart dans un befoin contre les
infultes des ennemis. Cette ville peut pafler pour jolie,
& elle a un château bien bâti qui fert de réfidence ait
bailli. Elle a eu anciennement les comtes particuliers ,
qui , profitant de la foiblefle des empereurs , fe rendirent
fouverains indépendans. * Etat & Délices de la Suijfe ,
t. 2. p. 175.
2. NIDAU, bailliage de Suide, dans le canton de
Berne, Se dont la ville de Nidau elt le chef-lieu. Ce
bailliage s'étend aux deux côtés du lac de Bienne Se
comprend une dixaine de paroiffes. Son territoire elt
fertile: il a été autrefois un comté dont les comtes font
affez célèbres dans l'hiftoire de Suifle ; car Rodolphe I,
comte de Nidow , fut tué avec plufieurs autres dans
une bataille où les Bernois & leurs alliés les vainquirent
l'an 1291 , & firent lever le fiége de Loupen. Dans
le fiécle fuivant, Rodolphe II, comte de Nidow, fut
tué l'an 137; , faifant la guerre aux Suifles. Il ne laiffa
point d'enfans mâles. Son gendre Rodolphe, comte de
Kibourg Se de Habfbourg , fe faifit du comté de Ni-
dow, qu'il vendit à Léopold d'Autriche ; mais ce duc
avant été vaincu Se tué à la bataille de Sampach l'an
13 87, avec le marquis Hocberg, le comte deFuilem-
berg Se plufieurs autres grands feigneurs , les Bernois
affiegerent Se prirent Nidow. * Longuerue , Defcript.
de la France, part. 2. pag. 262.
1. NIDDA, rivière d'Allemagne (a). Elle a fa fource
dans la partie orientale du comté de Solms , au-deflus
de Schotten qu'elle baigne. Elle pafle enfuite à Nidda
Se à AiTenheim ; au-deflus de ce lieu , elle reçoit le Kir-
lof Se au-defTous le Wetter. D'Afiénheim ( b ) elle entre
dans l'éleétorat de Maycnce , Se , après avoir mouillé
Dorreweil & divers autres petits lieux , elle va fe jetter
dans le Meyn , au-deflus de Hoechlt. [a) Gerhard
Valk, Carte de la HefTe. ( b) Sanfon , Carte de l'électo-
rat de Mayence.
2. NIDDA , comté d'Allemagne , dans les états du
landgrave de Heffe-Darmftar. Il eu: borné au nord par
la principauté de Lahn ; à l'orient par celle d'Ifenbourg ;
au midi auffi par la principauté d'Ifenbourg , Se à l'oc-
cident , partie par le comté de Solms , Se partie par les
terres du comté de Hanau. * Gerhard Valk. » Carte de
la NefTe.
3. NIDDA , petite ville ou bourg d'Allemagne , dans
les états du landgrave de HefTe- Darmftat, Se le chef-
.lieu du comré de même nom. Ce lieu eft fitué fur la
rivière de Nidda, à la gauche, entre Schotten & Affcn-
heim. Les anciens comtes de Nidda tenoient leur cour
dans cette ville.
NIDE, rivière de Lorraine. Elle eft formée de deux
rivières , qui font la Nide Françoise Se la Nide Alle-
mande. La première a diverfes fources dans le marqui-
fat de Pont à Mouflon. Les principales font dans la par-
tie orientale de ce marquifat -, favoir , au-deflus de S.
Jean, au-deflus de Martille, au-defius de Cartel Bre-
hain. Elles fe joignent au-defTous de ce lieu où la ri-
vière commence à couler du fud au nord.- Elle pafle
à Luci , à Ste Eve, à Remilli ,à Courcelle fur Nide,
à Pange , à Pont , à Chaufly , à Condé Se à Norten.
La Nide Allemande prend fa fource dans la prévô-
té de Gemunde , au-defius de Mongas ; elle coule d a-
J/3
bord del'eft à l'oueft jusqu'à Fauquemont , où elle com-
mence à prendre fon cours du côté du nord en ferpen-
tant. Sur fa route , elle mouille Créange, Foligny ^la-
ville, Bionviile, Voirife, Lautremang , Se va fe join-
dre à la Nide Françoife , au-deflbus de Norten. Ces deux'
rivières jointes enfemble n'ont plus alors qu'un feul lit
qui porte le nom de Nide, fe rendent en ferpentant à Gen-
kirchen, à Bouflbnville , à Felftroff , à Hiritroff Se à1
Omcrflroff, au dcllbus duquel elles vont fe jetter dans la
Sare. * Jaillot , Carte des états du duc de Lorraine.
1. NIDECK , château & bailliage d'Allemagne, dans
le duché de Brunswich-Lunebourg , fur une haute mon-
tagne, à deux milles de Gottingen , fur le chemin de
Duderltatt. Il fait partie du diftrict ou de la principauté
de Calenberg. * Zeyler , Top. Duc. Brunsw.
2. NIDECK, petite ville d'Allemagne , dans le du-
ché de Juliers, fur la rivière de Roer ou Ruhr, en-
tre Duren Se Zulpich. * Zeyler , Top. Wcftphal.
NIDER- ALTAICH, Altahimum inferins , abbave
dans la Haute-Bavière , au diocèfe de Paflaw. Elle fut
fondée , félon Baillet , Topogr*. des Saints , p. 63 j. par
les .foins de faint Pyrmin , inftituteur ou réformateur de
l'ordre monaftique , Se dont faint Godard , évêque de
Hildesheim , fut l'élevé , puis abbé à la fin du dixième
fiécle.
NIDER-BAZENTHEIDT; c'en: le nom que l'on a
donné à un petit quartier du Tockenbourg , Se qui com-
pofe. la moitié de la juflice de Bazentheider. * Etat &
Délices de la SuiJJe , t. 3. p. 320.
NIDER-BUNDT , petit pays delà Suifle, dans la
dépendance de l'abbaye de S. Gall. Il eft partagé en
quelques bailliages. * Etat & Délices de la Sttijfe , t. 3 .
p. 30;.
NIDER-MOTTERN , château d'Allemagne , dans
l'Alface. 11 a appartenu autrefois aux feigneurs d'Albcn,
Se depuis à ceux de Burn qui le vendirent à Frideric,
comte de Deux- Ponts. En 1592, les feigneurs de
Sultz y faifoient leur réfidence , mais cette maifon finit
en 1 648, à la mort de Nicolas Jacques deSultz. En 1653,
il appartenoit aux feigneurs de Bocklen. Ce château a
été appelle Nider-Mottern ou le Bas-Mottcrn , pour le
diltinguer du Haut-Mottern ou Ober - Mottern qui eft
dans le comté de Hanau. * Zeyler, Top. Alfatiœ.
1. NIDER-MUNSTER , b.ferius Monaflerwm, ab-
baye en Alface , au diocèfe de Strafbourg. Selon Bailler,
Topographie des Saints, pag. 6$$. Elle fut bâtie par
fainte Odile, au commencement du huitième fiécle.
2. NIDER-MUNSTER, abbaye d'Allemagne , dans
la Bavière. Elle fut réformée , à ce que dit Baillet , par
faint Wolfgang, puis changée en chapitre de chanoi-
nefles.
NIDER-URNEN , village de la Suifle , dans le can-
ton de Glaris. Entre ce village Se celui d'Ober-Urnen ,
on trouve un excellent bain d'eau minérale , qui char-
rie divers métaux & minéraux, &qui eft utile pour la
guérifon de diverfes maladies. L'eau en eft ordinairement
froide ; mais elle s'échauffe quelquefois de façon , qu'il
n'eft pas pofiible de la boire. Il y avoit anciennement
à Nider-Urnen , un château affez fort, qu'on nommoit
Windek ; il eft maintenant ruiné. L'an 1703 , ce village
fouffrit beaucoup le 1 3 d'Août , par un déluge d'eau qui
tomba tout près Se qui enfla fi fort le ruiffeau qui y
pafle , que femblable à un lac, ou plutôt devenu un tor-
rent impétueux , il inonda tout le village , renverfa les
haies, remplir d'eau les étages d'en bas de toures les mai-
fons , de forte que les habitans purent à peine fc fau-
ver dans les étages d'en haut -, il couvrit les campagnes
voifines de fable , de gravier Se de pierres , entraîna di-
vers ponts, détruifit un moulin Se une blancherie , Se
déracina quantité d'arbres. La perte fut confidérable pour
le lieu ; Se fi le torrent ne s'éroit pas partagé bientôt ,
il auroit entièrement ruiné le village. Les eaux avoient
été prodigieufement grofies dans la montagne & avoient
arraché quantité de lapins Se d'autres arbres , de déta-
ché de gros quartiers de roche. Auprès du village de
Nider-Urnen , on voit un pont nouvellement bâti: il
donne une libre communication aux Réformés du can-
ton de Glaris qui habitent des deux côtés de la Linr.
On a confiant ce pont dans la crainte que fi les Ré-
formés demeuroient féparés , ils ne fuffent un jour op-
Tom. IV. A a a a
NIE
S 5*4
primes pariesCatholiquesdc Glans, psrceuxdeSchwîtz
ou par ceux du pays des Grifons.* Etat & Délices de la
Suijfe , t. 2. p. 467-
NIDER-UZWEIL. C'eft le nom de la dixième juftice
du Tockenbourg inférieur , en Suiffe. * Etat & Délices
delaSuijJe , t. 3. p. 523.
NIDISDAIL.K^y^ Nithsdale.
NIDOISEAU , abbaye de filles , ordre de fainr Be-
noît , dans l'Anjou , au couchant d'Angers. 11 y a qua-
rante bénéfices qui en dépendent.
NIDROSIA. Voyez. Drontheim.
NIDS ou S. Pierre de Nids , bourg de France , dans
le Maine, élection du Mans.
NIDUM ou Nidus, ville d'Angleterre , félon l'itiné-
raire d'Antonin , qui la. met fut la route de Calleva Mu-
ridunumi Uriconium, entre Bomium ôc Iscelegua Au-
gufli , à quinze milles de la première ôc à égale diftance
de la féconde ; mais Gale , dans fon commentaire fur l'iti-
néraire Britannique d'Antonin , prétend qu'il y a une
transpofition dans l'itinéraire , & qu'il faut Nidus
au lieu de Bomium , ôc Bomium à là- place de Ni-
dus. Il fe fonde fur la fituation des lieux. En effet,
Nidus, qui eft aujourd'hui Neath , fur la rivière de mê-
me nom, fe trouve fur cette route avant Bomium, qui eft
Boverton. Il prétend auffi que Nidus étoit éloignéde Leu-
carum d'onze milles , & de vingt-deux milles de Bo-
mium.
NIEBE ouNiibe , petite ville du Danemarck, dansle
Jutland , furie détroit du Lymfiord, à quelques mil-
les à l'oueft d'Albourg. Elle eft fituée auprès d'un angle
d'un petit lac formé par le détroit dans ce quartier. *
Atlas , Rob. de Vaitgundy.
NIEBLA , ville "d'Espagne , dans l'Andaloufie , fur
la rive occidentale du Rio Tinto , environ à fix lieues de
la mer. Niebla eft une ancienne ville, fermée de mu-
railles paffablement bonnes. Elle appartient aux ducs de
Médina Sidonia , fous le titre de comté , dont les aînés
de ces feigneurs prennent le nom. Le Rio Tinto & l'O-
dier ou Odiel forment une petite presqu'ifle en cet en-
droit : au milieu de cette presqu'ifle , à cinq lieues de Nie-
bla, eft un beau bourg nommé Traigueros. La campagne
voifine eft fertile en bled & en vin ; feulement du côté
qu'on vient de Niebla, on rencontre de grandes bruyè-
res d'une bonne lieue d'étendue, peuplée de ferpens&
d'autres femblables infecte. Bailler , Topogr. des Saints,
pag. 6 36. dit que c'eft le lieu de la naifiance de fainte
Marie , compagne de fainte Flore , vierges ôc martyres ,
fous les Sarrazins. Niebla étoit autrefois une ville confi-
dérable : elle fe nommoit Elepla ou Ilipla * Délices d'Es-
pagne , t. 3. p. 446.
NIEBROECK , village des Pays-Bas , dans la Guel-
dre , au quartier de Veluwe , à demi- lieue de l'Iffel. *
Ditï'onnaire des Pays-Bas.
N1EDERN BRECHEN , bourg d'Allemagne, dans
les états de l'électeur de Trêves. La chronique de Lim-
bourg lui donne le titre de ville. * Zeyler , Topogr. elect.
Trevirenf.
N1EM ou Nihem , petite ville d'Allemagne , dans
l'évêché de Paderborn , fituée près de Driborg. Les Sué-
dois la pillèrent en 1639. * Zeyler , Topograph. Weft-
phalia?.
NIEMECK, petite ville d'Allemagne , dans l'électo-
rat de Saxe , fur la rivière d'Ada : elle fait partie du
bailliage de Belzioi , ôc n'eft pas loin de cette dernière
ville. Elle a été fort maltraitée dans les guerres qui ont
précédé la paix de Weftphalie , ôc ne paroît plus qu'un
amas de ruines. * Zeyler, Topograph. fup. Saxon,
pag. 144.
N1EMECZ ou Nimiec , place forte de la Moldavie.
Elle eft fur les confins de la Tranfylvanie , entre Socoz-
wa & Cronftadt , à deux lieues de l'une ôc l'autre pla-
ce , félon Baudrand , Ditt. ôc à dix lieues de ces deux
villes > félon Corneille , Ditl. Les Polonois s'en rendi-
rent maîtres en 169 1 , Ôc la reftituerent à la paix qui fut
faite enfuite.
NIEMEN , grande rivière de Pologne. Elle a fa four-
ce dans la Lithuanie , vers la partie méridionale du pa-
latinat de Minski. Depuis fa fuurce jusqu'aux frontiè-
res du palatinat de Troki , fon cours eft du fud-cft au
cord-oueft. Elle fait un coude en cet endroit ,ôc prend
NIE
fon cours du nordeft au fud-oueft , recevant fur Ca
route diverfes rivières ; favoir, l'Usza , le Molziac, ia
Sezara , le Zehvio à la gauche, & le Kotra à la droite.
Un peu au-deffous de cette dernière, elle fait un nou-
veau coude , coule alors du fud au nord , mouille Grod-
no cv Merecz , au-deffus de laquelle elle reçoit la rivieie
de même nom. Après avoir ainfi traverfe le palatinat
de Troki. elle tourne à l'oueft, côtoyé le royaume de
Pruffe ôc la Samogitie , ôc va fe jetter dans le Curish-
haff par plufieurs embouchures , dont la plus fcp;en-
trionale prend le nom de Rus , qui eft celui d'un bourg
fitué fur cette embouchure à la droite. Les anciens ont
connu cette rivière fous le nom àcCbronus, félonie
témoignage de Ccllarius & de la plupart des géographes.
* Atlas , Rob. de Vangondy.
1 . NIENBOURG , ville & château d'Allemagne , dans
le duché de Erunswich-Lunebourg , fituée fur le W'efer,
entre Stolzenau ôc Eloye. Elle appartient aux comtes de
Hoye, ôc en étoit autrefois la réfidence. Son territoire
eft fi fertile qu'il entretient- les habitans de grains ôc de
fruits , ôc qu'ils en font même commerce avec le relie
de la province. Comme il y a auffi des pâturages, on
y nourrit une grande quantité de bétail. On croit que
les comtes de Eloye ont bâti cette ville & fon château
■ fur les débris d'une feigneuric qui avoir appartenu aux
feigneurs de Stumpcnhaufen. Ce qui eft certain , c'eft
qu'aux murs du château , dans l'églife , ôc en quelques
autres endroits on voit les anciennes armes des comtes
de Hoye , qui paroiffent y avoir été pofées en même
rems que les édifices ont été conftruits. Le château qui
eft au couchant par rapport au refte de la ville , eft bâri
en carré fur le Wefer , qui en baigne les murs de ce cô-
té. Du côté de la ville , il a des foffés larges & profonds,
ôc un bon rempart. Par fa firuation , il commande une
bonne partie de la ville ôc le paffage du Wefer. La ville
a auffi de fortes murailles terrafites , dont un double
foffé ôc quelques autres ouvrages environnent la plus
grande partie ; il y avoit autrefois un fort beau ponc
fur le Wefer , mais il a été ruiné ; cependant on y fup-
plée par des bacs , parce que c'eft un principal paffr.ge
qui fert beaucoup à Ja communication ôc au com-
merce du cercle de Saxe avec la Weftphalie. La facilité
qu'on a de transporter beaucoup de chofes par le We-
fer, facilite le commerce de cette ville, qui confifte
principalement en bled , en laine, en lin , en miel , en
cire ôc en bétail. * Zeyler, Topograph. duc. Brumv/.
pag. 161.
Nienbourg a une très-belle églife'paroiffiale , où tous
les ornemens que peut donner l'aichirecture ne parois-
fent point épargnés. Un grand nombre des comtes de
Hoye y ont leurs monumens. C'eft auffi à cette églife
qu'eft attachée la furintendance ou l'infpection fur tou-
tes celles du comté de Hoye. Ceux qui feront curieux
de favoir comment le Luthéranisme s'eft introduit en
cette ville , pourront le rrouver dans l'hiftoire eccléfia-
ftique que Herman Hamelman a donnée du comté de
Hoye. Cette ville , qui , de même que le refte du comté,
a paffé aux ducs de Brunswich-Lunebourg , a été foit
inquiétée par les guerres qui ont agité le dix-feptiéme
fiécle , principalement avant la paix de Wefiphalie. Le
roi de Danemarck, s'en étant emparé en 1625 , y mit
une bonne garnifon : peu après , le général Tilli la vint
affiéger avec une armée de rrente mille hommes d'in-
fanterie, ôc de neuf mille de cavalerie ; il faigna les fos-
fés , battit en brèche avec une très-nombreufe artillerie,
donna plufieurs afiauts , enfin preffa extrêmement la
ville pendant plus d'un mois : mais la garnifon , qui étoit
fous les ordres du commandant Danois , nommé Lym-
bach, ôc les habitans firent une telle réfiftance , que le
général Tilli fut obligé de lever le fiége , ôc de décam-
per à la fourdine -, encore ne put-il éviter d'être atta-
qué dans fa retraite , ôc d'y perdre une partie de fon
ârriere-garde. La ville avoit fait un tel feu fur les en-
nemis , pendant le mois qu'avoit duré le fiége, qu'elle
avoit employé cinq cens tonnes de poudre: cependant,
après que le roi de Danemarck eut perdu la bataille de
Lutter, Nienbourg ayant été derechef bloquée par les
troupes impériales, fous les ordres du comte d'Au-
holt, ôc le commandant Lymbach , étant venu à mou-
rir de la. pefte , la garnifon fut obligée de fe rendre par
NIE
NÏE
sss
accord l'an 1627. Cette ville revint en 1632 Tous La
puiflânee de George , duc de Brunswich-Lunebourg. Les
Suédois s'en emparèrent quelques années après , & la
gardèrent jusqu'en l'année i<5;o, où elle fut reftituée à
Louis , duc de Brunswich-Lunebourg.
2. NIENBOURG , château 8c bailliage d'Allema-
gne , dans la Haute-Saxe , dépendante de la principauté
deKothen, une des quatre parties de celle d'Anhalt. Il
y avoir autrefois une abbaye qui a été détruite depuis
que le Luthéranisme a été introduit dans cette partie
d'Allemagne. * Htibner , Geogr. p.; 60.
N1ENCHEU, ville de la Chine , dans la province
de Chekiang , où elle a le rang de quatrième métro-
pole. Elle eft de 2 deg. 24 min. plus orientale que Pé-
king , fous les 29 deg. 33 min. de latitude feptentrio-
nale. Presque tout fon territoire eft couvert de mon-
tagnes ou de collines ;ce qui fait que cette ville ne peut
être comparée aux autres de la même province , ni pour
fa grandeur , ni pour le nombre de fes habitans. Elle
a néanmoins un avantage allez confidérable que lui
procurent deux rivières navigables , qui fe joignent au-
près de fes murs ; outre que fes habitans font un afiez
grand commerce de papier. Dans les montagnes voifi-
nes,il y a des mines de cuivre. Anciennement cette
ville étoit appellée Sintu. La famille Tanga la nomma
Locheu , 8c celle de Sunga lui donna le nom de Nien-
eheu. Il y a fix villes fous cette métropole ,
Niencheu ,
Xungan ,
Tungliû ,
Suigan ,
Xeuchang,
Fuenxui.
* Atlas S'menfis.
NIENCUNG, montagne delà Chine, dans la pro-
vince de Queicheu,à l'orient de la ville de Ganxun.
Cctcemontagne eft extrêmement haute, quoiqu'elle n'oc-
cupe qu'environ dix ftades de terrein.
NIENHAUSEN , ville de Livonie, dansl'évêchéde
Derpr. Quelques-uns lui donnent feulement le nom de
château ; d'autres lui donnent le nom de petite ville. *
Zeyler , Topogr. Livonix.
i.NIENWUSS ou Neuhauss, bourg & château de
Weftphalie , dansl'évêchéde Paderborn, à la jonction
de la Lippe 8c de l'Alm , auprès de la ville de Pader-
born , en tirant à l'oueft. Il y a plus de quatre fiécles
que ce lieu eft la demeure ordinaire des évêques de
Paderborn. Quelques uns prétendent que c'eft le lieu
où Drufus éleva la fortereffe Alifon , pour arrêter les
courfes des Sicambres , 8c que Charlemagne répara ce
lieu dans le delTein de tenir les peuples voifins en res-
pect. Dans la fuite, les évêques de Paderborn bâtirent
un château , 8c penferent à y fixer leur demeure pour
fe mettre à l'abri des infultes des bourgeois de Paderborn ,
avec lesquels ils avoient de tems en rems de grands
démêlés. * Monumtnta Paderborn. p. 252.
2. NIENHUSS ou Newhausen, bourgade d'Alle-
magne, dans le comté de Bentheim, fur le Vecht, ri-
vière de Wellphalie. * Zeyler , Topogr. Veftphalia:.
NIENOVER, château d'Allemagne, dans le duché
de Brunswich-Lunebourg , fur une montagne , au milieu
de la forêt de Solling, à un demi- mille d'Ufier. C'elt le
chef lieu d'un bailliage delà principauté de Calemberg.
* Zeyler , Topogr. ducat. Brunswic.
NIENWARPE , bourg de la Poméranie , fitué au
bord du lac qui fait pat tie de celui qu'on nomme FrischarT.
11 eft à l'oppofite d'un bourg nommé Oldtwarpe , qui
eft de l'autre côté du lac. On tient que ces deux en-
droits ont été autrefois contigus , avant que les eaux eus-
fent emporté le terrein qui les uniffoit. Eneffet, Goro-
pius Becanus.faifant mention de ces deux bourgs de Po-
méranie, Gorop. Bec. lib. 1. Orig. Aniw. dir , quecé-
toienr deux jettées que la nature 8c l'art réunies avoient
contribué à former fur ce lac; 8c que leur nom même ,
qui ne fignific autre chdfe que nouvelle 8c vieille jettée ,
marque que cela étoit ainfi.
i.NlÉPE, petite rivière ou canal, dans la Flandre
Teutone , dans la partie méridionale de la châtcllenie de
CafTel. Elle fort de la rivière de Borre , traverfe la
forêt de Niepe, &va fe joindre à la Merle. -"Atlas, Rob.
fie Vaugondy.
1. NIEPE , forêt ou bois, de la Flandre Teutone ,
dans la partie méridionale de la châtcllenie de Cafiel ,
au nord de la Lis , au-deffus de Saint Venant. Cette fo-
rer contient quatre mille cinq cens arpens. Elle prend
fon nom de la petite rivière de Niepe, qui la traverfe
du nord eft au lud-oueft.
3. NIEPE , gros village ou bourg de la Flandre Teu^
tone , dans la forêt de Niepe , fur la rivière de même
nom. Il y a autour de mille habitans.
NlEPER ou Dnieper. C'eft le Borysthenes, fleuve
de Ruine. Pomponius Mêla , /. 2. c. 1 . Ptolomée , Euro-
px tab. 8. en parlent , mais d'une manière très-confufe.
Ce fleuve eft plus connu préfentement qu'il ne l'étoitdu
tems de ces deux écrivains. Il a fa fource dans la Ruffie
Moscovite , vers la partie méridionale du duché de Rec-
chou , entre Wolock 8c Oîeschno. Il prend d'abord fon
cours (a) de l'orient à l'occident , traverfe le Palatinat de
Smolenskow , mouille la ville de ce nom , pafTc à Dr-5,
browna , enfuite à Orfa , d'où il commence à couler , en
ferpentant du nord au midi, dans laparrie occidenrale
delà Lithuanie, où il reçoit à droite la Cobosna, la Bere^
zina 8c la Wyedrzyez : aux confins du Palatinat de Czer-
nichow , de la terre de Ryeczifca 8c de la Ruffie Polo-
noife ,il reçoit la Sosz à gauche. Environ vingt lieues au-
defibus , il fe grolfit des eaux du Pripecz, coule dans le
Palatinat de Kiow, 8c reçoit la Dezna à une lieue au-
deflbus de la ville de ce nom. Enfuite il court du nord-
oueft au fud-eft , recevant , à droite 8c à gauche diverfes
petites rivières -, il tourne enfuite du nord au midi, reçoit
à gauche la Samaia 8c la Kuhaczow. Il reçoit encore plu-
fieurs autres rivières , 8c fe jette dans la mer Noire ; fon
embouchure a une bonne lieue de large.
Entre la Samara 8c la Kuhaczow , le Boryflhenes eft
coupé par une chaîne de rochers, à travers lesquels il
fe précipite, pendant plus d'un quart de lieue, avec tant
d'impétuofité, que le moindre bâtiment n'y peut paiTer
fans un danger extrême. Comme les RufTes appellent ces
fortes de Cataractes Porovi , ils ont donné aux Cofaques,
qui habitent de ce côté, le nom de Sa Porovi, c'eft-à-dire
Cofaques au-delà des Cutaratles. Au défions de ces ca-
taractes , il fe trouve une infinité de petites ifles, au mi-
lieu desquelles il s'en trouve de plus grandes , dont il eft
i m poffible d'aborder, fans une connoiffance parfaite des
routes qu'il faut prendre. C'étoit-là que les Cofaques
avoient établi leurs magafins 8c leurs chantiers : ils y équi-
poient de petites flottes compofées de barques, avec les-
quelles ils couroient la mer Noire, faccageoint & brû-
loient toutes les villes 8c bourgades desTurcs&Tartares,
où ils pouvoient aborder. Dans les guerres de la Suéde
8c de la Ruffie , ils embrafierenr le parti de Charles XII,
& le czar , pour fe venger , envoya , après la bataille de
Pultava, un corps de troupesdansces ifles du Borvfthenes
où les Cofaques s'étoient retirés: on en fit un horrible
carnage, 8c on y laiffa des foldars pourles tenir dans le
devoir: mais depuis la morr du czar, on leur laiffe un peu
plus de liberté, (a) Atlas, Rob. de Vaugondy. (b) H'ifl. gé-
néalogique des Tatars , p. 436. 8c fuiv.
N1ERS, Nerifîum, rivière d'Allemagne : elle prend
fa fource , partie dans l'électorat de Cologne à l'occident
de Nuys , partie dans le duché de Juliers à l'orient d'Er-
kelens de Gueldre. Elle coule du midi au fud , pafTe par
Wachtendonck, par Gueldre, par Goch , 8c fe rend à
Gennep , au deffous de laquelle elle fe jette dans la Meu-
fe. * Atlas, Rob. de Vaugondy.
NIERTINGEN , bourg d'Allemagne, dans le Bas-
Palatinat. Il eft fitué fur le Necker , à trois lieues de la
ville d'Efling , du côté du fud. Ce bourg qui appartient
auducdeWirtenberg étoit autrefois ville impériale.''' Cor tu
Dict.
NIESABATH ( Le terriroirede)eftdans leSchirwan,
tout près de la mer Caspienne. On le confond fou vent
avec celui de Muschkur. Ce pays étoit autrefois fournis
à la Perfe : il s'y faifoit commerce entre les Ruffiens , les
Perfans 8c les Dagiltans qui venoient y échanger leurs
marchandifes. Pour cet effet, on avoit conftruit divers
magafins le long de la mer , 8c les droits que l'on droit
de ces marchandifes étoient au profit du fultan de Scha-
machie ; mais lors de la rébellion , tous ces magafins fu-
renr détruits , 8c le commerce fut aboli.
Il y a plufieurs villages dans ce territoire, 8c chacun cil
gouverné par un Cauchah, qui, lorsque ce pays étoit fous
Tom. IV. A a a a ij
SS6 NIE
la domination de la Perfe , étoit fournis au Darga éta-
bli fur Muschkur, à qui ils faifoient tenir les revenus de
leurs villages. Ce territoire eft fournis à la Ruflîe depuis
1726 ; Se depuis ce tems, les bâtimens d'Aftrakan n'y
abordent plus. 11 y a de très-bons pâturages Se d'excel-
lentes terres pour les bleds : elles fonr fi grades que , pour
le labourage , on eft obligé d'attacher fix ou huit bufles à la
charrue. Comme il n'y a point de port à Niefabath , que
la côte eft un terrein mou & plat, que le fond n'eft que de
fable fin& de coquillages brifés, les bâtimens qui y abor-
dent jettent rarement l'ancre ; mais ils attendent que le
vent du levant règne , & viennent à toute voile échouer
fur le fable fin ; le vent , auflî - bien que les vagues ,
affemblant beaucoup de fable autour des vaiffeaux , ils y
font auflî en fureté que dans un port ; Se le fond fur le-
quel ils font pofés étant mobile, ils font toujours en mou-
vement , fi-tôt qu'il fait vent. Pour s'en retourner , ils
attendent le vent du couchant qui , emportant peu à peu
le fable , les dégage : alors ils tendent leurs voiles, Se par-
tent très- facilement.
Les habitans de ce territoire font Mahométans Sunni ,
Se leur langage eft un mélange du Turc Se du Tartare.
Description des peuples Occidentaux delà mer Caspienne
par Al. Garber , officier aufervice de la RuJJie dans ces
pays.
NIESEN , montagne de la SuifTe , au canton de Berne ,
«ans l'Oberland ou paysd'en-haut, au voifinage du lac de
Thoun. Cette montagne eft très-haute, Se Rabman, De
Montib. lui fait disputer la prééminence avec le Stoër-
horn , autre montagne voifine. * Etat & délices de la
Sitiffe , t. 2. p. 211.
NIESN A , ville de l'Empire Ruflien. Voyez. Nisen.
NIESTER , rivière de Pologne: elle a fa fource au pa-
latinatde Ruflîe , dans les montagnes appellées ancienne-
ment mont Carpathiens. Son cours efl du nord-oueft au
fud-eft. Elle traverfe la Pokucie, fépare la Moldavie du
palatinat de Podolie Se de celui de Bracla-w , Se fe rend à
Akierma, autrement Billogrod, où elle fe décharge dans
la mer Noire. *Andr. Cellarius, PoloniaeDefcript. p. 2J
Se 328.
NIE VA, rivière dans les états de l'Empeteur de Ruflîe.
Ceft le canal par lequel le lac de Ladoga fe décharge dans
le golfe de Finlande.
N1EVES , qui fignifie des neiges , ifle de l'Amérique
feptentrionale: elle eft au fud de S. Chriftophe , dont elle
ne fe trouve éloignée que d'une lieue. Ceft une petite ifle,
mais affez fertile en fucre, en coton , en gingembre Se en
tabac. On y a auflî des dains & quelques fources d'eau
douce. Les Anglois en prirent pofleflîon en 1628 , & y
bâtirent un fort qui faitla fureté de la colonie, forte d'en-
viron quatre cens hommes. En 1700", MM. de Chava-
gnac Se d'Iberville la prirent fur les Anglois , ausquels
elle fut reftituée par le traité d'Utrecht. Voyez. Me-
wis. * Etat préfent delà Grande Bretagne, tome 3.
page 208.
1. NIEUIL, Niolium , abbaye d'hommes , de l'ordre de
S. Auguftin , dans le Bas-Poitou , près de Fontenai-le-
Comte, fur l'Autire, fous l'invocation de S. Vincent. Elle
étoit autrefois du diocèfe de Maillezais , Se elle eft pré-
fentement de celui de la Rochelle. La chronique de
Maillezais qui en place la fondation fous l'an 1068 ou
1069 , lui donne pour fondateur Ayraud Gaffadener, que
les tables de Nieuil appellent feigneur de Vouranr. La pre-
mière chartre de fa fondation eft perdue , on n'a que la
féconde de l'an 1076, & celle de l'an 1141. Depuis 170c,
les revenus de cette abbaye ont été unis au chapitre de la
Rochelle , Se les religieux ont été fécularifés Se incorpo-
rés avec les chanoines ; on a confervé la dignité d'Abbé
qui doit être la féconde du chapitre , Se dont le revenu eft
fixé à 5000 livres.
2. NIEUIL, bourg de France, dant le paysd'Aunis, à
une lieue de la Rochelle.
3. NIEU IL LES SAINTES , bourg de France , dans la
Saintonge , élection de Saintes.
4. NIEUIL LE VEROUL, bourg de France, dans la
Saintonge , élection de Saintes.
NIEUKI , forterefle de la Chine , dans la province
à Iunnan , au département de Lungchuen , grande cité de
la province. Elle eft de 16 d. 3 m. plus occidentale que
NIE
Péking , fous les 24 d. 17m.de latitude feptemrîonalev
* Atlas Sinenfis.
NIEULAND , village des Pays-Bas, au voifinage de
la Brille , dansi'ïtte deV 00m. + Diction, des Pays-Bas.
NIEULET , fort de France , dans la Picardie. Il eft placé
dans les marais de Calais à l'occident de cette ville , dont
il eft fort près. On l'a bâti pour la défenfe des éclufes. 11
eft très-bien fortifié.
1. NIEUPORT , ville des Pays-Bas Autrichiens, dans
la Flandre, fur la rivière d'Yperlée qui la traverfe , à trois
lieues d'Oftende, à deux de Fui nés, Se à cinq de Dunker-
que. Cette ville , fituée à un quarr de lieue de la mer , a
un port propre pour de moyens bâtimens , & qui eft for-
mé par un canal où fe déchargent les eaux de la rivière
d'Yperlée & celles de la châtellenie de Fumes. Le port
devient presque fec , lorsque la mer s'eft retirée , & à fon
retour il y a rreize pieds de profondeur. La principale dé-
fenfe de cette ville confifte encore plus en feséclufes qu'en
fes fortifications-, car on peut inonder en un inftant tous
les environs. Elle s'appelloit autrefois Sandbooft, c'eft-à-
dire, la tête du fable. On la nomma Nieuport vers l'an
1 168 , lorsque Philippe d'Alface , comte de Flandre , y
fit un port , Se donna à ce même lieu de grands privilèges
& de belles loix , qui ont été fort louées des JurisconfuI-
tes , Se entr'autresde Cujas. * Longuerue , Defcript. d«
la France, part. 2. p. 61.
2. NIEUPORT, eft une vicomte que Jeanne, dame de
Halluin Se de Commines , porta en mariage à Philippe de
Croi , duc d'Arfchot. Elle dépend pour le fpirituelde l'évê-
que d'Ypres. Il n'y a qu'une paroiffe , qui eft fous l'invo-
cation de Notre-Dame. On y voit des Recollets, des Car-
mçs Se un Béguinage. L'hôpital de Notre-Dame eft des-
fervi par des religieufes du tiers- ordre de faint François.
Il y a auffi un monaftere de Chartreux Anglois , fondé l'an
141 $ à Schene en Angleterre, par Henri V, roi de la
Grande Bretagne , mais durant la perfécution de la reine
Elifabeth, ils furent obligés de quitter le pays. Après avoir
demeuré quelque tems à Malines , ils vinrent s'établir à
Nieuport l'an 1626. 11 y a eu aufli dans cette ville un mo-
naftere de religieufes Angloifes du tiers-ordre de faint
François , mais elles fe font transportées à Bruges. * Dé-
lices des Pays-Bas , t. 2. p. 131.
Dans l'année 1 183 , cette ville fut brûlée par les Gan-
tois rébelles. En 1488, elle foutint un fiége contre Phi-
lippe, duc de Cléves, Se les femmes des aflîégésy firent
admirer leur courage. Elle fut cnvclopée dans la révolte
des Pays-Bas j mais e lie fut foumife en 1583 par le duc de
Parme.
Ce fut dans le voifinage de cette ville , que le 2 de Juillet
de l'an 1600 fe donna cette fameufe bataille , nommée !a
bataille de Nieuport , entre le prince Maurice de Naffau,
commandant l'armée des étais des Provinces Unies, Se
l'archiduc Albert d'Autriche: l'armée de celui-ci fut en-
tièrement défaite, lui-même bleffé, Se dom Francisco de
Mendoza ,amirante d'Arragon, fait prifonnier. En 1706,
le feld maréchal d'Owerkerke , général des troupes des
états généraux de Provinces-Unies, fe préfenta devant
cette ville le 17 Juin avec plufieurs régimens Anglois Se
Hollandois pour en former le fiége -, mais foit que l'expé-
dition parut trop difficile, foit que ce ne fut qu'une feinte,
il décampa le 1 9 du même mois pour aller attaquer Often-
de. Enfin la paix ayant été conclue l'an 171 3 entre la
France & F Angleterre , les François qui y étoient en gar-
nifon , cédèrent Nieuport aux Anglois , qui en fortirenc
en 1 7 1 ; , pour faire place aux troupes de l'empereur
Charles VI.
3. NIEUPORT, petite ville des Pays-Bas en Hol-
lande, fur la rive gauche du Leck , proche de Schonhove,
Se à trois petites lieues de Gorcum. * Diilion. des Pays-
Bas.
NIEURE , rivière de France, dans le Nivernois,& qui,
à ce qu'on croit, a donné fon nom àlavilledeNevers Elle
entre dans la Loire, fous le grand pont de Nevers, auprès
de Bify , paroide de Parigny. Elle prend fa fource en deux
lieux différens : favoir , à Giry & dans l'étang de Bouras,
près de Champlcmy. Il y a fur cette rivière plufieurs mou-
lins Se des forges de fer & d'acier. * Coulon , Rivières de
France , page 261.
NIEUSA VANNE ou Nieusaverne , rivière de
l'Amérique feptentrionale, qui a fon embouchure dans la
NIG
baied'Hudfon, environ à trente Ueues au-deffous du fort
Nelfon, en tirant vers le fond de la baie. Cette rivière fort
d'un lac , qu'on nomme le Lac des deux décharges , parce
qu'il en fort une autre rivière, dont le cours eft d'occident
en orient jusqu'à la baie d'Hudfon. Pour celle dont il eft
ici queltion, elle court du fud au nord. * LaPotherie,
Hiftoire de l'Amérique feptentrionale, p. 164.
Le fort de Nieusavanne eft à l'embouchure de la ri-
vière de Nieulavanne dont il porte le nom,& fur la côte
orientale.
N1EUSTAT ou Nieuwerstat , feigneurie des Pays-
Bas Autrichiens], dans la Gueldre, enclavée dans le duché
de Juliers , à une lieue de la Meufe. * Diilïon. des Pays-
Bas.
N1EUWECK , Nova cella , abbaye d'hommes , ordre
de Cîteaux , dans la Baffe Luface , à fix lieues au nord-eft
de Guben , au confluent de la Neiffc & de l'Oder , fur les
frontières du duché de Croffen.
NlEUWE-HOON , petit village des Pays-Bas , dans
Vide de Voorn, entre la Brille 8c Helvoetfluis.
NIEUWEND AM , gros village du Pays-Bas , proche
de Nieuport en Flandre.
NIEUWENRODE , village des Pays-Bas, dans la fei-
gneurie d'Utrecht, fur la rivière du Wechr.
N1EUWERBURG, village des Pays- Bas, fur le Rhin,
entre Vocrden 8c Bodcgrave.
NlEUWERKERK,villagédesPays-Bas,dansleSchie-
land , à deux petites lieues de Rotterdam.
NIEUWERWART. Voyez. Clundert.
NIEUWKERCK, petit villagedes Pays-Bas, dans l'ifle
de Cadfant.
NIEW-FRIESLAND. Voyez Frîesland.
NIEWKOOP, village des Pays Bas, dans le Rhinland,
à une lieue & demie d'Alphen , & à une grande lieue de
Bodegrave.
N1EUWOLDE , monafiere de nobles en Allemagne ,
dans le duché de Brème , au bailliage de Wurften. Ceft le
feul du pays qui n'ait pas été féculatifé.
NIG A. Voyez, Nega.
N1G/EA. Voyez. Nisjea.
NIGAMA. Voyez, Nicama.
NIG ATA , port du Japon , fur la mer de Corée de Jel-
fingo , vis-à-vis de l'ifle de Sado.
NIGBENI , peuples de l'Afrique propre. Ptolomée,
/. 4. c. t. les place entre les Damenfii 8c les Nycpii , au-
deffous des premiers 8c au-deffus des autres.
NIGDE ou Nigida , petite ville de la Natolie,dans k
Caramanie ou pays de Cogni. Elle elt bâtie en dos d'âne.
Son château eft au milieu, & dans l'endroit le plus élevé.
Elle a été confidérable autrefois, mais à préfent c'elt peu
de chofe , 8c elle fe détruit même tous les jours. Il y a un
affezbon nombre de Grecs, & quelques Arméniens feu-
lement. Les deux fectes y ont chacune leur églife ; mais
celle des premiers eft plus belle &c beaucoup mieux or-
née. Nigde n'a que trois bazars affez beaux : tous les fa-
medis il s'y tient un petir marché qui dure jusqu'au di-
manche. Son terroir eft plein de jardinages , ce qui rend
le pays très- agréable. Les collines d'alentour font pleines
de fouterreins travaillés qui reffemblent fort à des cata-
combes. On affure que fur les autres montagnes plus hau-
tes & plus éloignées , il croît des herbes fort fingulieres ,
tant pour la figure que pour les propriétés médeci-
nales. * Paul Lucas , Voyage de l'Afie Mineure, t. 2„
p. 114.
NIGEBOL1 , ville des états du Turc , dans la Bulgarie ,
fur le Danube. Les Grecs y ont un archevêque. Les Ar-
méniens & les Juifs y furpaffent les Turcs en nombre. Il
fe donna près de cette ville en 1396 une célèbre bataille
entre Bajazet , empereur des Turcs , qui la gagna , 8c qui
J perdit 6oco hommes , & Sigismond,qui fut enfuite em-
pereur d'Allemagne , lequel en perdit 20000. Cette ville
croit anciennement appellée Nicopolist Voyez ce mot
NIGELLA. Voyez, Nesle.
NIGENTIMI , peuples de l'Afrique propre, félon Pto-
lomée, lih. 4. c. 3. qui dit qu'ils s'étendoient depuis les
Cnichii jusqu'au fleuve Cyniphus. Quelques-uns croient
que ce font les Cinichii de Tacite , annal. I. 2. & les
Sihini de Pline , /. 4. c . 4. mais Ortelius , Thefaur. foup-
NIG $$j
çonne que les C'inuhii de Tacite font les Gncthti de Hu-
lomée.
NIGER, Nigris ouNigir, autrement la Rivière
du Sénégal , grand fleuve d'Afrique. Ptolomée, /. 4.
c. 6. l'appelle Nigir, 8c Pline,/, j. c. 4, le nomme
Nigris : il le donne pour la borne qui féparoit l'Afri-
que de l'Ethiopie , &c plus bas il ajoute : La nature du
Nigris eft la même que celle du Nil: il produit .dit-
il , le rofeau & la plante appellée Papyrus: on y voit les
mêmes animaux, 8c il a fes accroiffemens dans les mêmes
tems.
On ne connoît que depuis peu d'années le cours de ce
fleuve dont les anciens 8c les modernes ont parlé au ha-
zard. Les François qui ont pénétré affez avant dans le
pays , ont en partie reconnu par eux-mêmes , 8c en par-
tie appris des Nègres , des particularités que l'on avoit jus-
qu'ici ignorées. Les Nègres Mandingues , dit le père Labat ,
Nouvelle re.'at. dAfriq. t. 2. p. 101. qui font de tous les
peuples noirs ceux qui voyagent davantage , 8c qui font
les plus habiles commerçansi rapportent que ia fource du
Niger eft dans un lac qu'ils nomment Maberia. On ne
peut s'en rapporter à eux fur la fituation de ce lac ,
parce qu'ils ne font pas affez habiles pour connoître les
longitudes 8c les latitudes. Ils ajoutent que cefleuve , étant
arrivé à un lieu nommé Baracota , fe partage en deux
branches •, que celle qui court vers le fud , eft appellée
Gambea ou Gambie , laquelle, après un affez long cours ,
fe perd , ou femble fe perdre dans un lac marécageux ,
rempli d'herbes 8c de rofeaux , fi forts 8c fi preffés j
qu'il eft impénétrable ; qu'elle en fort à la fin , & re-
prend la forme d'une rivière belle 8c profonde , telle
qu'on la voit au village de Baraconda , ou les Anglois
8c les Portugais , établis fur cette rivière , vont faire leur
traite avec les marchands Mandingues. Les canots peu-
vent aller de Baraconda jusqu'au lac des Rofeaux; mais
les barques ne le peuvent faire , même dans la faifon des
grandes eaux, àcaufed'un banc de roches qui borne toute
la rivière entre ces deux endroits , & qui ne laiffe que
de petits chenaux étroits qui fuffifent à peine pour le
paflage d'un canot , quoique d'ailleurs affez profonds
pour porter une barque. Ils fuppofent encore qu'à quel-
que diflance de Baracota . où le Niger a formé la ri-
vière de Cambie , il fe partage de nouveau en deux
bras. Celui qui va à l'oueft traverfe le pays de Bam-
bouc qui renferme tant de mines d'or 5 on l'appelle la
rivière de Faleme. Ses bords font fertiles, elle retombe
dans le Niger, un peu au-deffus de Guion , dans le royau-
me de Galam. Ils affurent qu'après que le Niger a formé
la rivière de Gambie , il fe partage derechef en deux
branches , qui font une ifle fort confidérable 3 appellée
Baba Degou j ils nomment la branche du Niger qui des-
cend à gauche, la rivière Noire, 8c l'autre la rivière Blan-
che : ces deux branches fe réunifient à Caffou , vingt lieues
ou environ au-deffus de la cataraéte de Govina , 8c con-
tinuent à former le Niger. A leur compte , on trouve à
l'eft du lac Maberia, le pays ou royaume deGuinbala*
gouverné par un roi Nègre , nommé Tonca-Quata , dans
les états duquel eft la rivière de Guion , qui paffe par la
ville de Tombut. C'eft-là où ils vont traiter de l'or , du
morphil 8c des esclaves. Ils comptent deux lunes ou foi-
xante jours de chemin du rocher Felou à cette ville, ce
qui feroit environ quatre cens cinquante lieues.
Si on pouvoit s'en rapporter aux relations des Nègres ,
& fixer au jufte la pofition du lac Maberia , il feroit fa-
cile de donner une defeription complette du cours du
Niger ; mais il faut fe contenter de marquer les décou-
vertes qui ont été faites depuis fon embouchure jusqu'à
la cataraéte de Govina. En prenant par le bas de la ri-
vière , à la gauche, on trouve que le Niger a fait un coude
environ à vingt-cinq lieues avant que de fe jetrér dans la:
mer , & que cette partie de fon coUrs eft du nord au fud.
C'eft au village de Serinpeta que ceux qui le remontent
s'apperçoivent qu'il court de l'eft à l'oueft. Depuis l'ifle
de S. Louis » jusqu'à quatre ou cinq lieues au-deffus , la
côte de terre ferme n'eft point habitée , elle eft maigre 8c
fablonneufe en bien des endroits ; le relie eft couvert de
brouffailles 8c de quelques prairies qui fervent pour le
pâturage des belliaux. A mefure que le terrein devient
meilleur , on le trouve cultivé & habité par des Nègres
y;8
NIG
NI G
qui choififient presque Toujours pour leur demeure le bord
de la rivière ou les marigots qui en forcent.
On trouve à dix ou douze lieues au-deffus de l'ifle de
Saint Louis , une pointe de terre aflez confidérable , où le
terrein s'eit trouvé fi bon, qu'il s'y eft formé fept ou huit
villages , dont le principal s'appelle Buckfar. A mefure
qu'on l'éloigné de la mer , on trouve le pays plus gras
ôc aflez bien cultivé j il abonde en mil ou maïs.
Le Niger peut porter en tout tems des barques de 40 à
50 tonneaux, depuis fon embouchure jusqu'à Donguel:
c'eft une étendue de cent quarante lieues ou environ.
Il y a en cet endroit un banc de rochers qui traverfe
toute la rivière , & fur lequel il ne peut pafler que des
canots. On trouve encore des bancs de fable ôc de terre à
Abdala ôc à Santavis , qui empêchent la navigation des
barques depuis le mois de Décembre jusqu'à la fin de Mai.
Dans les autres mois , les barques peuvent monter jus-
qu'au rocher Felou : c'eft une étendue de deux cens quatre^
vingt-fept lieues.
On a remarqué que le Niger faifoit plufieurs ifles con-
sidérables , plufieurs marigots ôc plufieurs lacs , entre les-
quels il y en a deux qui font fort grands. Le premier eft
le lac du Pania Fouli : on le trouve à la droite de la ri-
vière , à trente-fept lieues un quart de la Barre. On y entre
par un bras de la rivière , appelle la rivière Portu-
gaife, avecaurti peuderaifon qu'on a nommé l'ifiet aux
Anglois celui qui eft voifin de la Barre y car il eft certain
que les Portugais n'ont jamais eu d'établiflement de ce cô-
té. Quoi qu'il en foit, cette rivière , quin'eft , à proprement
parler , qu'un canal naturel qui joint le Niger au lac , ôc
par lequel l'eau de la rivière reflue dans le lac au tems de
fon inondation , ôc en fort à mefure que la crue des eaux
diminue ; cette rivière , dis-je , n'a que cinq à (ïx lieues de
longueur. Vbye^PAmA Fouli. Le fécond lac que leNiger
fait , ou du moins dont il augmente feseaux dans le tems de
fon inondation , s'appelle Cayor. Il eft fitué à la gauche
de la rivière , à cinquante lieues ou environ de la Barre
en la remontant. On ne le connoît pas parfaitement , on
fait feulement qu'il eft très grand, & plus confidérable que
celui du Pania Fouli.
Les ifles les plus confidérables que fait le Niger
au-deffus de celle de Saint Louis , font celles de Bifé-
che , de Buckfar ôc du Palmier , dans le pays d'Oval ;
celles d'Ivoire ou de Morfil, de Bilbas ôc de Sadel, dans le
pays des Foulis ; celle de Cagneux, au deffous du rocher
Felou, ôc celle deLonr,ouau-deflusdu même rocher, dans
le royaume de Galam.
Nous avons vu ci-devant que le Niger couloit presque
toujours de l'eft à l'oueft , depuis qu'il étoit forti du lac
Bournou jusqu'à deux lieues ôc demie près de l'Océan oc-
cidental , ôc que dans cet endroit il faifoit un coude , ôc
tournoit tout d'un coup au fud. 11 n'eft alors féparé de la
mer que par une digue naturelle ou langue de fable ôc de
terre , qui dans quelques endroits n'a pas cent toifes de
large, & dans d'autres une ou deux, ôc jusqu'à deux lieues
Ôc demie. Après un cours d'environ vingt-cinq lieues du
nord au fud , il s'ouvre enfin un partage dans la mer par
les 2 y degr. j j min. de latitude. Ce partage a quelquefois
une demi-lieue de large, mais il eft fermé par une digue de
fable mouvant qu'on appelle Barre , dont le trajet eft très-
volages , c'eft-à-dire , qu'ils lont fujets à tourner deflus
deffous ; maix ceux qui les montent s'en embarraflent peu.
Ils ont foin de bien attacher au fond ôc aux côtés ce qu'ils
y mettent ; ôc quand il leur arrive de virer , ils en font
quittes pour retourner le canot , après quoi un d'eux entre
dedans ôc le vuide , & les autres qui ont foutenu le bâti-
ment pendant ce tems-là y montent , ôc continuent leur
voyage.
Les ouvertures ou partes que la rivière fe fait dans la
Barre pour fe jeteer dans la mer , ne font pas toujours au
même endroit : félon la grofleur de fes eaux & la rapidité
de fon cours, elle s'ouvre ces partages, tantôt dans un lieu,
tantôt dans un autre ; de forte que l'ifle du Sénégal , où
eft le fort Saint Loui<; , fe trouve quelquefois à quatre
lieues , ôc quelquefois feulement à deux lieues de la
Barre. C'eft uniquement cette Barre qui empêche les
navires de quatre ou cinq cens tonneaux d'entrer
dans la rivière , & d'aller mouiller fous le fort de Saint
Louis. Cette incommodité oblige la compagnie du Séné-
gal à l'entretien d'une barque montée de quelques Nègres
libres : d'un autre côté , cette difficulté met la compagnie
dans une entière fureté contre les attaques de fes ennemis ,
tels qu'ils puiflent être. La faifon la plus commode pour
pafler la Barre , eft depuis le mois de Janviei jusqu'à ce-
lui d'Août : les vents font alors variables , ôc le flot
porte en haut , c'eft à dire veis le nord : deux circonftan-
ces qui favorifent le partage , parce que la mer eft alors
plus traitable , ôc que du moins elle donne lieu d'attendre
que les vents & la marée ne s'oppofent point directement
au courant de la rivière. Ce choc impétueux des eaux de
la mer qui montent contre celles de la rivière qui descen-
dent , fait ces groffes lames qui s'élèvent extrêmement
haut , ôc qui fe brifent fur la Barre de manière à faire
trembler les plus hardis.
Cet Obftacle étant furmonté , on fe trouve dans une
belle rivière d'une largeur très confidérable de dix-huit ,
vingt & vingt-cinq pieds de ptofondeur , dont l'eau eft
parfaitement belle, & le cours eft aufli agréable ôc auffi,
uni, que fon entrée eft rude & dangereufe. Le terrein que
l'on trouve à gauche , en entrant dans la rivière , ôc qui la
fépare de la mer , eft cette langue ou pointe de fable mou-
vant , fin ôc fec comme de la pouffiere , que le vent en-
levé ôc fait voler çà ôc là. On l'appelle Pointe de Barba-
rie : elle eft plate , inculte ôc ftérile ; elle n'a pas plus de
cent toifes de large à quelque diftance de la Barre. Elle
s'élargit dans la fuite jusqu'à deux lieues ôc deux ieues&
demie , ôc conduit la rivière en fuivant le bord de la mer
presque droit au nord pendant près de vingt-cinq 1 eues.
Lorsqu'on a monté la rivière environ une lieue ôc de-
mie au-deffus de fon embouchure, on trouve que cette
pointe, en s'élargirtànt, devient meilleure ôc fablonneufe.
Elle commence à fe couvrir d'herbes ôc de verdure ; ôc
c'eft en cet endroit que la compagnie fait paîrre fon bétail.
La droite de la rivière , après que l'on a parte la Barre, eft
incomparablement plus agréable ôc meilleure que la Poin-
te de Barbarie : on l'appelle Terre de Guinée , c'eft-à-dire,
dans le langage du pays , Terre du Diable. On trouve à deux
lieues de la Barre un marigot, c'eft-à-dire, un bras ou
canal naturel de la rivière qui conduit au village de Bi-
cart. Ce marigot a une barre à fon entrée qui eft quelque-
difficile & très-dangereux, à caufe du peu d'eau qu'il y a fois dangereufe. 11 renferme deux petites ifles , celle qui
défais. Elle eft formée par les vafes «Se par les fables
que la rivière emporte avec elle dans fes déborde-
mens , ôc que la mer repouffe continuellement vers la
terre. Cela fuffiroit pour rendre fon embouchure im-
praticable ; mais la violence du mouvement de la ri-
vière , & la pefanteur de fes eaux y font deux ouvertures;
& c'eft proprement ce qu'on appelle les Partes de la Barre
eft fur la grande rivière s'appelle l'ifle de Bocos. C'étoit-
là que la première compagnie avoir bâti fon comptoir.
L'ifle qui eft derrière celle de Bocos eft inculte ôc inhabi-
tée. On l'appelle l'ifle de Mogue. Entre l'ifle de Bocos ôc
la grande irte de Biféche , on trouve une ifie de cinq à fix
lieues de circonférence , on l'appelle l'ifle de Jean Barre.
Elle eft accompagnée de deux autres,qui lui font presque
La plus grande a pour l'ordinaire cent cinquante à deux parallèles , &: à peu près de même grandeur. Elles font à
cens brafles de largeur , ôc depuis une braffe ôc demie ,
jusqu'à deux brafles de profondeur. 11 s'en faut de beau-
coup que cette profondeur fuffife pour des bâtimens ,
même médiocres: il n'y peut paffer que des barques de
quarante à cinquante tonneaux , qui ne tirent que dix
pieds d'eau au plus ; le furplus leur eft nécertàire pour le
l'eft de celle de Jean Barre , & dans le même marigot ; la
première s'appelle Guiogoa , & la féconde Doremour. Il
y a encore un iflet peu confidérable , à la tête de l'ifle de
Jean Barre , on l'appelle l'ifiet à Galet. On trouve vis-à-
vis l'ifle de Bocos un petit Iflet , au milieu delà rivière , à
qui on a donné le nomd'irtetaux Anglois. Environ à trois
tangage, qui eft rude fur cette Banc, où il s'élève des lames quarts de lieues au-deffus , on rencontre l'ifle du Sénégal ,
rrès-grofles,courrcs& qui febrifent dune manière à épou- nommée auffi l'ifle de Saint Louis, à caufe du fort de ce
vanter ceux qui n'y font pas accoutumés. La petits eft droi- nom qui y eft fitué. La pointe de la grande ifle de Bif< :che
te, &afi peu de profondeur, qu'il n'y a que les canots des eft environ à deux lieues plus haut que l'ifle du Sénégal, à
Nègres qui y puifleur pafler. Ces canots font extrêmement la droite de la riviere.Le royaume de Cayor finit à cet en-
NIG
NIG
droit , 6c c'eft-là que commence celui deHoval , qui a en-
viron 46 lieues d'étendue de .1 eft à l'oueft. Le royau-
me des Foules eft à l'eft de celui d'Hoval, Se s'étend en
remontant la rivière jusqu'au-defius du village d'Emba-
cané ou Embacany. Les pays qui font depuis Embacané
jusqu'au rocher Fclou Se au-delà , font partie du royaume
de Galam. On compte quarante-cinq lieues depuis Emba-
cané jusqu'à ce rocher , es: environ quarante lieues depuis
ce rocher jusqu'à une autre cataracte appellée Govina ,
plus haute Se plus escarpée que la première. Ce qui eft
au-delà , comme ou l'a vu ci-devant , n'eft connu que
fur les relations des Nègres.
Le rocher Felou fait une cataracte de plus de trente
toifes de hauteur , presque perpendiculaire. Avant que
la rivière arrive à cet endroit , qui eft reflerré entre
deux montagnes fort élevées , elle coule pendant plus
de quatre à cinq lieues entre des rochers, dont ion lit ,
fort large en cet endroit , fe trouve femé. Il fcmble
qu'ils fanent partie d'une montagne , par le milieu de
laquelle J'eau fe feroit ouvert un chemin , en détrem-
pant les terres Se les emportant avec elle , fans laifler
autre chofe que les rochers, qu'elle n'a pu déraciner,
entre lesquels elle coule par cent canaux difféfehs , qui
reflerrent fes eaux Se en rendent le cours très - rapide
Se impraticable. Ces rochers Unifient à une grande Se
belle ifle que la rivière forme en fe partageant en deux
bras. Cette ifte n'a point encore de nom.
La cataracte , appellée Govina , eft encore plus hau-
te que celle de Felou. La rivière y forme une nappe
d'une largeur confidéiable, Se tombant enfuite avec un
bruit qu'on entend de fort loin , elle s'élève en petites
parties qui font une espèce de nuée épaifie , où les
rayons du foleil repréfentent quantité d'Iris ou d'arcs-en-
ciel , félon lesdifférens points de vue dont on les regarde.
Les inondations du.Niger font caufées par les pluies
qui tombent entre la ligne Se le tropique. Ces pluies
commencent tous les ans au royaume de Galam Se aux
autres pays qui lui font à l'eft , les premiers jours du
mois de Juin ; elles continuent pendant trois à quatre
mois , fans qu'il fe pafle presque jamais un jour entier
fans pluie, Se fouvent il pleut jour & nuit fans discon-
tinuer. Ces pluies avancent de l'eft à l'oueft , félon que
le vent d'eft les pouffe ou les retarde.
On ne les voit guère au bas de la rivière avant le ij
de Juin , ni plus tard que le 19 du même mois. Elles
font tellement croître les eaux , qu'elles rendent la ri-
vière navigable jusqu'au pied de la première cataracte ,
appellée le rocher Felou. Elles fe répandent en même-
tems de tous côtés , rempliffent une infinité de mari-
gots Se de petits ruiffeaux qui n'ont de l'eau que dans ce
tems : elles forment les lacs de Cayor Se du Paiiia Fou-
li , Se d'autres moins conlidérables , ou du moins elles
augmentent tellement leurs eaux , qu'elles les font res-
sembler à de petites mers ; & en inondant tous les pays
plats, elles engraiffent les terres par le limon qu'elles
y laiffent , Se les rendent extrêmement fertiles. Elles de-
meurent dans presque toute leur hauteur jusqu'à la fin
de Novembre, fans qu'on s'apperçoive de leur diminu-
tion; mais auflitôt qu'elles commencent à fe retirer , el-
les décroiflent fi promptement , qu'on s'en apperçoit à
vue d'œil -, de manière que du 6 au huit de Décem-
bre , on a trouvé qu'elles étoient quelquefois diminuées
de quatre pieds fur le banc des roches de Donguel. Le
9 , il ne s'en trouvoit plus qu'un pied de haut ; ce qui di-
minuaen peu d'heures fi confidérablement, qu'il n'y reftâ
plus qu'un petit canal , où à peine un canot de Nègre
pouvoit être à flot. Telle eft la crue des eaux du Ni-
ger Se leur abbaiffement qui arrivent fi régulièrement tou-
tes les années , qu'on n'y voit jamais plus de différence
que celle qui a été remarquée.
NIGER. LAPIS, en grec mîxu; xiôo; , montagne d'E-
gypte , félon Ptolomée, /. 4. c. 5.
NIGER MONS, montagne de France, dans le Limou-
fin. Grégoire de Tours, bi/f. I. 4. c. 16. parle de cette
montagne.
NIGER TUMULUS, lieu aux environs delaThra-
ce , félon Ortelius , Thefaur. qui cite Nicetas.
NIGETIA , lieu aux frontières de l'Affyrie & de la
Médie , félon Ortelius, Thef. qui cite Calchondyle.
NIGILGIA , ville de la Mauritanie Céfarienfe. Ptor
SS9
ioméc , /. 4. c. z. la place dans les terres , cuire Tig-i-
va Se Thijîz.ima.
NIGIR. Voyez. Niger.
NIGIRA, ville métropole de la Libye. Ptolomée, /.
4. c. 6. la place près du Nigir ou Niger , fur h rive fcp-
tentrionale de ce fleuve.
NIGIRIS. Voyez. Niger.
NIGOLA, rivière d'Italie , dans le duché d'Urbin ,
où elle prend fa fource , fur les confins de h Marche
d'Ancone, Se , courant au nord-eft , elle fe rend dans la
mer à Sinigaglia. C'eft la rivière appellée Mtfus , dans
la table de Peutinger. * Corn. Robert , Atlas.
NIGRA REGIO, contrée dans le voifinage des Mé-
des. Galien en fait mention , dans fon livre de la bonté de
l'Eau , Se dit que l'eau de cette contrée s'allumoit
avec le feu. * Ortelii Thefaur.
NIGRAMMA, ville de l'Inde, en-deçà du Gange ,
félon Ptolomée, /. 7. c. 1. qui la place fur FIndus. Le
manuferit de la bibliothèque Palatine porte Nigrani-
gramma.
NIGRANIGRAMNA. Fojv^NigrÀmma.
NIGRENTIUM MAJORUM, fiége épiscopal d'A-
frique , dans la province Proconfulaire , félon la confé-
rence de Carthage , où il eft fait mention de Lucrus
Nigrentïam Major um. * Harduin. collect. conc. tom.
1. p. 1085.
NIGR1S, fontaine chez les Ethiopiens Hcspériens,
félon Pline , /. ;. c. 9. 11 y en a qui la prennent pour U
fource du Nil. Ceft peut eue le Nigritis Valus de Pto-
lomée. * Ortelii Thefaur.
NIGRIT^, c'eft le nom que Pline, /. ;. c. 8. Se
Ptolomée, /. 4. c. 6. donnent aux Ethiopiens les plus
feptentrionaux. Ils difent que ces peuples étoient ainfi
nommés à caufe qu'ils habitoient fur les bords du Ni-
ger. Denys le Periégete, Orbis defeript. v. 2ij. les nom-
me N/VpHTêÇ , Nigretes.
NIGRITIE , grand pays d'Afrique. Il s'étend d'orient
en occident, des deux côtés du Niger. Les déferts de
Barbarie le bornent au feptentrion ; il a la Nubie Se l'A-
byffinie à l'orient , la Guinée au midi , Se l'Océan occi-
dental au couchant. Ce pays comprend plufieurs royau-
mes , tant au notd qu'au midi. Voici les noms qu'on
leur donne en les prenant d'orient à l'occident, cnlém-
ble leurs principaux lieux.
" Gaoga
Bournou ,
Au nord/ A8adès>
du Niger. \ Ouangara,
Zanfar,
1
I
Gaoga ou
Kaugha.
Bournou
Défert de Seth.
\ Agadès.
2. Zanfara.
Cano , i" Cano.
^Goubour, S Goubour.
'Gorham ,
Courourea ,
NoufTy, <> NoufFy.
Au midi
du Niger.
.Zarzac 5 Zarzac.
Yaourry , 5 Yaourry,
Gonge, JGoafty,
c Gago
Les Mallous, | Guinala ,
S6o NIK
NIL
&
Tombut ,
Des deux
côtés du<
Niger.
Jaga ou pays)
1 des Mauciin->
gués ,
Galam.
Foules,
Ouale.
Tanbouctou ou Tom-
but,
Cabra ,
Cachine ,
Gaby , petit royaume.
Quequia,
Boufa ,
Cormachy ,
Cormaya, petit royaume,
Téloué , petit royaume.
Collega ,
Caftaba , petit royaume.
Bourgou ,
Gingiro, petit royaume.
Jara-Saracolé ,
Jagou ,
Barou ,
Conjour ,
Borocata ,
Banbouc ,
Songo.
Foules,
Tuabo.
* Atlas , Rob. de Vaugondy.
NIGR1TIS PALUS , marais de la Libye intérieure.
Ptolomée , /. 4. c. 6. dit qu'il eft formé par les eaux du
fleuve Nigris. Voyez. Nilides.
NIGRO^E , peuples d'Ethiopie, félon Pline, /. 6.
c. 30. qui dit que leur roi n'avoit qu'un œil au front.
Oeil apparemment le même peuple qu'il nomme ailleurs
NlGRIT/E.
^ NIGRONIS MONS, montagne de la Palcftine, félon
Guillaume de Tyr , l.i.c. n.
NIGROPOLI , ville qui eft , dit on , dans la petite
Tartarie , au fond du golfe & fur la rivière de même
nom. Ortelius Se Mercator en font mention dans leurs
cartes ; mais les relations modernes n'en difent rien : ce
qui donne lieu à Baudrand , édit. 1705. de croire que
c'eft une ville ruinée , ou qu'elle n'a même jamais exifté.
Il ne laide pas de l'appellcr en latin Carcina , comme fi
elle occupoit la place de cette ancienne ville. Il demeure
toujours vrai que le golfe de Nigropoli ou Negrepotiçft
le nom moderne du golfe que lés anciens ont nommé
Carcinites Sinus.
NIGRO PULLO , lieu dans le pays des Bataves, fé-
lon la table de Peutinger , Segment. 1 . qui la place en-
tre Albamana Se Lauris.
NIGRUM MONASTERIUM. Voyez. Noirmou-
TIER.
NIGRUM PROMONTORIUM. Voyez. Acritas.
NIGUA , rivière de l'Amérique feptenrrionale , dans
l'ifle de Saint-Domingue. Elle fe décharge dans la mer , à
quatre lieues de la ville de San-Domingo. Cette rivière
eft petite-, mais on la tient fans pareille pour la fertilité
des terres qui en font voifines , Se pour la quantité des
villages qui font fur fes bords. * Corn. Dict. Laet , Defcr.
des Indes occid. 1. 1 . c. j.
NIGUZA , ville de Médie. Ptolomée , /. 6. c. 2. la pla-
ce dans les terres , entre Vcfaspe Se Sanais.
NIGUZUBITENSIS , flége épiscopal en Afrique, fé-
lon Ortelius , The/aur. qui cite la conférence de Canna-
ge ; mais il faut lire Niguz.ubitanus. On trouve en effet
dans la conférence de Carthage ,edit. de Dupin , p. 28;.
que Gaudentius epucopus Niguzubitanus y aflîfta Se y
fouferivit. On ne fait pas de quelle province il étoit.
NIKIKON , lac de l'Amérique fcptentrionale , dans
la nouvelle France Se dans la terre de Labrador: il eft peu
confidérable , Se fe forme des eaux d'une rivière , qui
prend fa fource à quelques lieues au nord , Se qui , après
avoir pane par le lac Pereitibi , fe va jetter dans le
fleuve de Saint-Laurent, à vingt-cinq lieues au-deflbus de
Tadouffac.
NIKONATICHIOU, rivière de l'Amérique fepten-
trionalc , dans la nouvelle France , fur les côtes de la terre
des Eskimaux. Elle fe rend dans l'embouchure du fleuve
de Saint-Laurent > vis-à-vis l'ifle d'Anticofte.
NIKOPING , ville du royaume de Danemarck , dans
l'ifle de Falfter, dont elle efl la capitale. Elle eft fituée dans
le Synderberrit , autrement dans la préfecture méridio-
nale , fur la côte occidentale de l'ifle , dans le détroit qui
fépare l'ifle de Falfler de celle de Laland. En 1 288 , le roi
de Norwege pilla Se brûla ce;te ville , Se affiégea la cita-
delle , qui a été démolie. On a bâti à la place une aune
for:erefié. Elle fut commencée en 1589. Ce fut dans ce
lieu que Sophie , fille d'Ulric , duc de Mecklenbourg ,
Se veuve du roi Frideric II , fixa fon domicile * Rutga:
Hemtanid. Defcrip. Dams, p. 677.
I. NIL , grand fleuve d'Afrique , qui a fa fource dans
la Haute-Ethiopie. Pluficurs l'ont pris pour le Géhon
(a) , un des quatre fleuves du paradis terreflre. Ce fenri-
ment a trop peu de vraifemblance pour qu'on entrepren-
ne de le réfuter. Jofephe , Ant. l.i.c. 2. l'appellerez;
d'autres écrivains (b) le nomment Gihon , Se les peuples
du royaume de Goyam lui donnent encore aujourd'hui ce
nom. Les Abyfïïns l'appellent Abari ou Abanhi , le père
des eaux ou des rivières ; mais ce ne font pas-4à fes anJ
ciens noms. Il s'appella d'abord /Egyptus ,OceamtsiSiris t
Triton , Aftapus SeAftaboras. Homère , OdjJJ. 14. Dio-
dore de Sicile, /. 1 .p. 3 9. Se plufieurs autres écrivains an-
ciens témoignent que ion ancien nom étoit JEgyptus \
mais ils ne difent point fi c'eft le Nil qui a porté d'abord le
nom d'Egypte, & qui l'a communiqué au pays qu'il arro-
fe, ou fi on l'appella ainfi du nom du pays. Hefychc oit
que le Nil s'appelloit d'abord Egy pte , Se que c'ei t ce fleu-
ve qui a donné fon nom au pays , Se Diodore afiure qu'il
ne prit le nom de Nilus que depuis le règne d'un roi
d'Egypte,nommé Nilus. Pline , /. j. c. 9. rapporte le Cen-
timent du roi Juba , qui ditoit que le Nil avoit fa fource
dans la Mauritanie , qu'il paroiiïbit Se reparoiflbit en dif-
férens endroits , fe cachant fous terre , puis fe montrant
de nouveau , qu'en ce pays il s'appelloit Nigir ; que dans
l'Ethiopie on lui donnoit le nom d'Aftapus; qu'aux en\i-
rons de Méroé , il fe partageoit en deux bras , dont le
droit s'appelloit Aftufapes Se le gauche Aftabore;Se qu'en-
fin il ne prenoit le nom de Nil qu'au-deffus de Méroé.
Denys le Périégete dit que les Ethiopiens l'appellent
Sirïs , Se que lorsqu'il eft arrivé à Siéne, on lui donne le
nom de Nilus. 11 y a afiez d'apparence (c) que le nom Siris
vient de l'hébreu Sihors ou Sic bor , qui fignifie trouble, Se
que Nilus vient de l'hébreu Nabal ou Nachal, qui figni-
fie rivière ou torrent. Dans l'écriture , on ne donne com-
munément au Nil que le nom de fleuve d'Egypte. Jo-
fué , 1 3 . 3 . Se Jérémie , 11. 1 8. le défignent pourtant fous
le nom de Sicbor , ou fleuve d'eau trouble. Les Grecs
le nomment Mêlas , qui fignifie aufli noir ou trouble. En
effet l'eau de ce fleuve eft ordinairement trouble : mais
on l'éclaircit très-aifément en jettant dedans quelques
amandes ou quelques fèves pilé-es. Servius, Geogr. L 4. en
expliquant ce vers de Virgile ,
Et viridem JEgyptum nigra fecundat arena ,
remarque que les anciens nommoient le Nil Melo. Me!o
en hébreu fignifie rempli ; ce qui peut convenir au Nil , a
caufe de fes grands débordemens. Selon Diodore de Sic**
le,/. 1. c. \.& l. 2. c. 2. le plus ancien nom que les Grecs
ayent donné au NU , c'eft celui d'Oceanits. On l'appella
aufli JEtus ou Aqiiila , c'eft-à dire Aigle , puis JEçyput, ;
Se à caufe de ces trois noms Oceanus , JEtus , JEgypius ,
on lui donna celui de Triton. Enfin les Grecs Se les Latins
ne le connoiffent aujourd'hui que fous le nom de Nil. Les
Egyptiens qui croyoientlui être redevables de lafécondité
de leurs terres, & de tout ce qu'elle produit, lui ont pro-
digué les noms de Sauveur , de Soleil , de Dieu Se de Père.
C'eft peut-être pour cela , dit D. Calmet , Ditlion. que le
Seigneur dans ks Prophètes (d) , menace quelquefois le
fleuve d'Egypte de le deffécher , de faire mourir fes pois-
fons , comme pour faire fentir 3ux Egyptiens la vanité
de leur culte , Se la foibleffe de leur prétendue divini-
té, {a) Dont Calmet , Diction, (b) Ortclii Thefaur. (c)
Dom Calmet , Diction, {d) If ai. 1 1. 15.Ez.ecb. 29. 3. &
fuiv.
Les plus grands hommes de l'antiquité ont fouhaité de
pouvoir découvrir les fources du Nil , s'imaginant , après
plufieurs conquêtes (a) , que cette découverte manquoit
encore à leur gloire. Cambyfc perdit beaucoup de tems ,
NIL
&facr*fia beaucoup de monde dans cette recherche. Lors-
qu'Alexandre confulta l'oracle de Jupiter Amraon , la
première choie qu'il demanda , fur où croit la fourcc du
Nil. Et depuis ayant campe à la tête du fleuve Indus, il crut
que c'étoit celle du Nil , & il en eut une joie infinie. Pto-
lémée Philadelphe , un de Ces fuccefieurs , porta la guerre
en Ethiopie , afiu de pouvoir remonter le Nil. Lucain fait
dire à Céfar qu'il auroit abandonne le defiein de faire la
guerre à fa patrie , s'il avoit cru être allez heureux pour
voir le lieu où le Nil prenoit fa fource , qui étoit la chofe
qu'il defuoit le plus :
Nihil efl qnod nofeere malint ,
Qjtam Fluvii caufas perfacula tant a latentis ,
Ignotum caput ; fpesflt mihi certa videndi
Niliacos fontes , bcllum civile relinquam*
Néron, pouffé par d'autres motifs, eut la même envie: il
envoya des armées entières pour faire cette découverte ;
mais le rapport qu'on lui fit ôta toute efpérance d'y pou-
voir réuflir. La fource du Nil demeura toujours inconnue
(b). Er quoique dans le feiziéme fiécle la navigation eût
ouvert le chemin de l'Ethiopie , il ne fe trouva pourtant
perfonne qui pût fe vanter d'avoir vu couler les premiè-
res eaux de ce fleuve. C'eft dans le fiécle paffé que cette
découverte fut faite par le P. Pierre Pays , Jéfuite Portu-
gais : voici la relation qu'il en a donnée, {a) Le Grand ,
Voyage d'Abyfiînie , page 207. (b) La Chambre, Du dé-
bordement du Nil , page 286.
Le Nil, que les Ethiopiens apellent maintenant Abaoi,
a fa fource dans le royaume de Goyam , en un certain ter-
ritoire que les habitans nomment Agous.
L'an 16 1 8, dit le père Pays, le 2 1 d'Avril, je me trouvai
avec l'empereur d'Ethiopie , qui étoit à la tête de fon ar-
mée dans le royaume de Goyam. Il étoit campé dans le
territoire de Sacala , pays des Agaux , aflez près jd'une
montagne qui ne paroït pas fort haute , parce que toutes
celles qui l'environnent le font beaucoup plus. Je montai
dans ce lieu , Se j'y obfervai attentivement routes chofes.
Premièrement , je découvris deux fontaines rondes , Se le
diamètre de chacune étoit large de quatre palmes. Je ne
puis exprimer quelle fut ma joie en confidérant ce que
Cyrus , ce que Cambyfe , ce qu'Alexandre , ce que Jules-
Céfar avoient defiré fi ardemment de favoir. L'eau de ces
fontaines efl très-claire , très-légère & très-agréable à boi-
re. Aucune des deux n'a de fortie dans cette plaine; mais
feulement au pied de la montagne. Je voulus fonder la
profondeur decesfources : j'enfonçai dans la première une
lance longue de douze palmes , il me fembla qu'elle ren-
contrait les racines des arbres voifins , qui étoient entre-
lacées. J'allai pour fonder la profondeur de 1 autre, qui
eft difiante de la première, vers l'orient, d'un jet de picrie:
je n'en trouvai point le fond avec la lance de douze pal-
mes : je liai enfemble deux lances qui faifoient la lon-
gueur de vingt palmes ; je les enfonçai dans la fon-
taine ; mais je ne pus encore trouver le fond par cette
voie.
Les habitans affurent que toute la montagne eft pleine
d'eau ; & que ce qui en fait la preuve , c'eft que toute la
terre qui ell autour de ces fontaines tremble Se efl; mobi-
le , figue certain que l'eau efl: deflbus. Ils ajoutent une cho-
fe que l'empereur, qui étoit préfent, confirma j favoir que
cette année la terre avoit été peu tremblante à caufe de
la grande fécherefle qui avoir 'précédé ; mais que dans les
années précédentes , elle avoit fi fort tremblé , qu'on avoit
cru n'y pouvoir aller fans péril.
L'enclos de cette plaine reffemble à un lac de figure
tonde , & une pierre jettée avec la fronde pourroit la tra-
verfer. Au-deflbus de la montagne , il y en aune autre vers
l'occident , & qui efl éloignée de cette fource d'environ
une lieue. C'eft l'endroit où habite le peuple qu'on nomme
Guyx. Au relie , il eft difficile de monter au lieu où font
ces fontaines, à moins qu'on ne prenne par le côté de la
montagne qui regarde le nord ; dans cet endroit , la mon-
tée eft aflez facile. Une lieue au-deflbus de la montagne ,
il y a une profonde vallée où fort un autre ruifleau qui fe
joint bientôt à celui du Nil. On croit qu'il vient de
la même fource ', mais qu'après avoir coulé dans des
canaux fouterreins , il commence à paroître dans cette
vallée.
NIL ?6t
Le NiJ , qui fort du pied de la montagne , coulé
d'abord vers l'orient environ l'espace d'une portée de ca-
non ; alors il fe détourne tout à coup , Se va vers le
nord. A trois quarts de lieue de-là , il rencontre un autre
ruifleau qui fort des rochers ; un peu après , il en re-
çoit deux autres qui viennent du côté de l'orient ; Se
fe joignant encore à quelques autres , il croît confidéra-
blement. Enfuite ayant couru l'espace d'une journée d«
chemin , il fe joint avec un gros ruifleau nommé Ima ; de-
là il coule vers l'occident jusqu'à trente lieues loin de fa
fource. Après quoi, changeant fon cours , il va vers l'o-
rient , Se tombe dans un grand lac de la province de Bcd
Se dont une partie eft dans le royaume de Goyam, & l'au-
tre dans celui de Dambia ; mais il traverfe ce lac de ma-
nière qu'il eft aifé de discerner les eaux de l'un Se de l'au-
tre, parce qu'elles ne fe mêlent point. En forçant de ce
lac , il prend fon cours vers le midi, baigne par les divers
détours qu'il fait le pays d'Alata , éloigné du lac de cinq
lieues. Il rencontre en cet endroit des rochers , qui font un
précipice de quatorze brades de haut ; il s'y précipite avec
un bruit épouvantable , Se avec rant de violence , que de
loin on diroit que toute fon eau s'en va en écume Se en
fumée. Après qu'il s'eft ainfi précipité , il eft comme en-
glouti entre deux grandes roches , qui le refferrent telle-
ment , qu'on a peine à le voir : ces roches font fi près
l'une de l'autre , qu'en jettant un pont deflus , l'empereur y
a pafle quelquefois avec route fon armée. Le Nil coule
enfuite en ferpentant par les royaumes de Bagamidri Se
de Goyam, Se par tous les autres royaumes qui font entre
deux , comme ceux à'Ambara , d'Olaca , de XaoaSc
de Damot ; il arrofe le pays de Bizan Se celui de Gu-
macanca , Se fe rapproche infenfiblcment dii royaume de
Goyam ; en forte qu'il n'eft éloigné de fa fource que d'en-
viron une journée de chemin. De-là il prend fon cours
vers les royaumes de Fazelo Se d'Ombarea , qu'Eraz Sela-^
chriftes , frere de l'empereur , conquit en 16 1 3 , Se qu'il
nomma Ayz.o!am, c'eft-à-dire , nouveau monde , parce
que c'eft un pays vafte , & qui étoit inconnu auparavant.
Le Nil quitte alors l'orient (l'Abyflinie) Se commence
à couler vers le nord , Se après avoir traverfe une infinité
de pays , Se pafle par des précipices effroyables , il tom-
be dans l'Egypte , Se va fe décharger dans la mer Médi-
rerranée.
Le père Pays n'expliquant pas davantage le cours du
Nil, & n'en difant presque rien depuis que ce fleuve a lais-
fé l'Abyflinie , il faut avoir recours à ce que l'Abyflin Gré-
goire en a appris à Ludolf, Hift. JEthiop.l. i.e. S.Sei
à ce que les autres voyageurs nous en apprennent.
Après que Je Nil a paffé entre Bizamo & Goyam f
il entre dans le pays des Shankclas ; Se alors , tôurnans
fur la droite, il laifl'e à gauche la partie occidentale cv
traverfe le royaume de Sennar : mais avant que d'y ar-
river , il reçoit la rivière de Tacaze , qui a fa fource
dans le royaume de Tigré , Se le Gangue qui vient de
Dambée. Lorsqu'il eft dans le royaume de Sennar , il
pafle par le pays de Dangala , Se entre dans la Nubie ,
Se tournant encore plus adroite, à mefure qu'il s'ap-
proche d'Alexandrie, il arrofe le pays d'Abrim, où\
s'arrêtent toutes les barques qui viennent d'Egypte ,
étant impoflible de remonter cette rivière plus haut à
caufe des rochers dont elle eft remplie. Le Nil entre
enfuite dans l'Egypte ; il couvre toujours les royaumes
de Sennar Se de Nubie du côté du levant -, les Abys-
fins , Se ceux de Sennar qui descendent en Egypte , ont
toujours ce fleuve à leur droite. Dès qu'ils ont pafle 11
Nubie, ils traverfenr pendant quinze jours fur des cha-
meaux un defert où ils ne trouvent que du fable. Us ar-
rivent enfin dans le pays de Rif, qui eft la haute Egyp-
te, & là ils quittent les chameaux Se fe mettent fur
Peau ; quelques-uns néanmoins vont par terre . Se à
pied.
Le Nil , continue le même Grégoire , reçoit dans fort
cours toutes les rivières grandes Se petites , hors le Ha-
nazo , qui a fa fource dans le royaume d'Angore Si
l'Aoaxe ou Hawash, qui pafle par les royaumes deDa»
wara Se de Fatcgur.
Atlas, Rob.de Vaugondy marque une cararaéîe du Nil ,
environ les 23 deg. de latitude feptentrionale , fous les
47 deg. 50 min. de longitude , & il l'appelle la petite
Cataracte , pour la diftineuer d'une plus grande qu'il
lom. IV. B b b b
f62. NIL
met auprès de Souené , à 49 dcg. 50 min. de latitude ,
fous les 2 3 deg. 60 min. de longitude. Le Nil tombe
là par plufieurs endroits d'une montagne de plus de deux
cens pieds de haut. Le feul endroit remarquable eft
une belle nappe d'eau , large de trente pieds , Se qui
forme en tombant une espèce d'arcade , par-defious la-
quelle on pourroit paflèr fans fe mouiller. 11 y a appa-
rence qu'on y prenoit autrefois ce plaifir. On y voit
en effet comme une petite plate- forme où il y a plufieurs
niches pour s'afleoir . Se plufieurs ouvertures qui con-
duifent à des lieux fouterreins -, mais on n'y fauroit al-
ler préfentement, patee que l'eau quipaffe par plufieurs
endroits en empêche l'abord. Depuis cette cataracte *
le Nil coule , en ferpentant du nord au fud , jusqu'à Chi-
lacan. Les principaux lieux qu'on trouve dans ce grand
espace , tant à la gauche qu'à la droite , font
NIL
d. Afluanâ,
g. Siout,
d. Naafla,
g. Mans allit ,
d. Des cabanes d'A-
g. Fai faire ,
rabes ,
g. Meloué ,
g. Eflenai,
g. Minio ,
g. Luxor,
g. Samalut,
g. Bellade Moufle',
d. Le couvent de la Poulie,
g. Barbampou pays ,
g. Fefene ,
g. Dandre ,
g. Benefuées,
d. Caana,
g. Guifle ,
d. Hus,
d. Le vieux Caire,
g. Girgé,
d. Le grand Caire ,
d. Aquemin ,
d. Boulac ,
g. Taata,
g. Ernbab ,
g. Cardoufle,
g. Couratije,
g. Aboutiche,
d. Chilacan.
Au-dcflbus de Chilacan , le Nil fe divife en deux
principaux canaux qui forment cette partie de la bafle
Egypte , à laquelle les anciens ont donné le nom de
Delta. Voyez, ce mot.* Lucas , Voyage du Levant,
t. 1. p. 9J.
On remarque que le Nil a très-peu de poiflbn -, cela
vient fans doute du grand nombre de chevaux marins
& de crocodiles qui le dépeuplent ; peut être auflf fc-
roit-ce en partie l'effet de fes cataractes , parce qu'il
eft difficile que le poiflbn ne fe tue pas en montant. * Le
Grand , Relation de l'Abyflinie , p. 1 1 o.
Il n'eft pas étonnant que les Grecs Se les Romains
n'aient pu arriver aux fources du Nil : ils ont toujours
été arrêtés par les cataractes. Si cependant ceux qu'on
avoit envoyés pour faire cette découverte , éroient en-
trés par la mer Rouge , ils auroient pu avec moins de
frais Se de dépenfe trouver ce qu'ils cherchoienr , en
allant de Maçua un peu plus au midi qu'au fud-oueft.
En prenant cette route, il n'y a guère plus de vingt
journées de chemin de la mer Rouge aux fources du
Nil.
Le point qui a le plus tourmenté les écrivains anciens
& modernes, c'eft l'accroiflement ou le débordement
du Nil. Us vouloient en favoir la cruifc, Se croyoient
Fa pouvoir trouver à force de bâtir les fyftêmes. Diodo-
re de Sicile, /. 1. c. 37. après avoir décrit le cours
du Nil , traite de fon accroiflemenr. Il rapporte toutes
les opinions de ceux qui l'ont précédé , Se dont il a eu
connoiflance. Il commence par Thaïes Miléfien, un des
fept Sages , qui dit que le Nil ne fe déborde, que par-
ce que fes eaux font arrêtées par la violence des vents
du nord, que les Grecs appellent Etefies ou Etefiens.
Diodore dit que 11 cette raifon étoit vraie, routes les
rivières qui coulent du fud au nord devroient fe dé-
border de la même manière que le Nil. Anaxagoras&
Euripide , fon disciple , prétendent que le débordement
du Nil eft caufé par la fonte des neiges i mais, com-
me remarque Diodore de Sicile , il n'y a point de nei-
ges dans les montagnes d'Ethiopie, ou du moins il n'y
en a presque point. D'ailleurs, fi le Nil eaofliflbit par
la fonte des neiges, l'air feroit beaucoup plus froid ,
Se cette rivkte feroit couverte de brouillards. Or , le
Nil a cela de particulier , qu'on ne le voit point cou-
vert de nuages épais dans aucun tems. On ne rapporte
point le fentiment d'Hérodote. Démociite paroit ap-
procher davantage de la vérité , quoique Diodore le
réfute comme les autres. Il dit que les vents du nord
qui foufflent un peu avant ta débordement du Nil
amènent la neige des pays plus froids ; que cette neiie
fe convertit en pluies , Se que les pluies, qui tombent en
quantité dans ce tems , le groflîflent Se le font fortir de
fon lir.
Plufieurs ont cru que la mer communiquoir au Nil
par des canaux fouterreins, & que l'accroiflement du
Nil venoit dans une faifonoù la mer , étant violemment
agitée , pouflbir fes vagues fous terre Se faifoft
déborder cette rivière. D'autres, ont cru que c'étoit des
vents réglés , qui retardoient le cours des eaux du Nil.
Quelques-uns fe font imaginé que la Goutte , qu'on dit
tomber dans ce fleuve , le faifoit fermenter & cau-
foit ce débordement On appelle Goutte , dans les re-
lations qu'on fait de l'Egypte, une certaine rofée qui
tombe en ce pays vers le mois de Juin , & qui vient
un peu avant l'accroiflement du Nil au pays du Sud ,
à fept ou huit journées du Caire. Ce font des vents
du Nord Se du Ponent qui la caufent , en portant des
nuages de la Méditerranée. Elle eft fi fubtile qu'elle
pénètre le verre , en forte que du fable qu'on enferme
dans une boureille bien bouchée en eft humecté. On
connoît cette forte de rofée au coton que l'on met
dans une bo'éte fur une fenêtre. Ce coton devient hu-
mide lorsque la goutte eft tombée , & auflitôt toutes
les maladies cèdent , & on peut communiquer fans au-,
cun péril, même avec ceux qui font atteints de la pelle.
* Dit!, de l'acad. Franfoife , éd. 1694.
Peu fe font arrêtés à ce que les géographes Se les
hiftoriens les plus exacts parmi les anciens Se parmi les
modernes ont écrit, ôc dont on ne peut plus douter
aujourd'hui; favoir, que les pluies tombent en abon-
dance dans l'Abyifmie pendant les mois de Juillet ,
Août Se Septembre. Strabon , lib. 15. p. 693. l'avoir
écrit : faint Athanafe , in v'ua S. Amonii , l'avoit con-
firmé : Cosmas Indopluftes, quia parlé plus pertinem-
ment qu'aucun autre de l'Abyflinie, a dit la même
chofe que Strabon Se faint Athanafe i enfin, tous les
Jéfuites Portugais , qui ont demeuré long-tems en ce
pays , ne nous permettent plus de douter que l'inon-
dation du Nil eft caufée par les pluies qui tombent
pendant les mois de Juin Se de Juillet. Ils réfutent ceux
qui l'attribuent à la fonte des neiges , Se ils aflurent
qu'il ne neige point en Ethiopie , à moins que ce ne
foit fur le fommet de quelques-unes de ces hautes
montagnes , qui font dans le royaume de Tigré ; mais
s'il y tombe de la neige, c'eft en fi petite quantité,
qu'elle ne pourroit faire enfler le moindre ruiiïeau. Ain-
fi , comme l'Abyflînie , où le Nil prend fa fource,
eft pleine de Montagnes , que l'hiver y commence au
mois de Juin , Se dure jusqu'en Septembre : que pen-
dant ce tems , il y pleut tous les jours : que l'Ethiopie
eft beaucoup élevée au-dcfiiis de l'Egypte : que le NI
reçoit dans fon lit toutes les rivières , tous les îuis-
feaux , tous les torrens qui tombent de ces montagnes ,
Se enflent conlldérablcment ce fleuve -,jl faut nécefiai-
rement qu'il inonde toutes les campagnes de l'Egypte.
Cette inondation arrive régulièrement vers le mois de
Juillet , c'eft-à-dire , environ trois femaines ou un mois
depuis que les pluies ont commencé en Abyflinie;&
félon que l'inondation eft plus ou moins grande , l'an-
née eft plus ou moins abondante. Aufli a-t-on foin de
remarquer au Caire jusqu'à quelle hauteur le Nil mon-
te , Se de publier par la ville de combien il croît cha-
que nuit. "Voyez, pu mot Caire.
On relevé fort la bonté de l'eau du Nil : on dit que
quoiqu'elle foit toujours un peu trouble , elle eft très-
légère Se très-faine. Galien dit que les femmes groflès
qui boivent de l'eau du Nil , accouchent plus aifé-
ment , que fouvent elles accouchent de deux , de trois
Se même de quatre enfans ; que les brebis Se les chè-
vres font plus fécondes fur les bords du Nil, que par
tout ailleurs. J'ai déjà dit que la fertilité de l'Egypte
dépend du débordement du Nil : l'année eft mauvaife ,
quand le débordement eft au-de(Tous de quatorze cou-
dées , ou au-dcfl"us de dix-huit : elle eft très-bonne lors-
qu'il eft de feize coudées. * Le Grand, Relar. d'A*
byfllnie , p. 21 j.
2. NIL ou NiLoriE, ville de l'Egypte, dont étoit
NIL
NIM
évoque faint Chérémont , félon Baillet, Topographie
des Saints , pag. 6)6. Ce faint évêque vivoit durant
la perfécution de l'empereur Dece. Voyez, Nilopo-
iis.
NILAB , rivière des Indes : elle a fa fourec dans le
royaume de Caboul -, qu'elle mouille du nord au midi.
Elle fe jette dans l'Inde, à l'oricnc du royaume do Ha-
jacan , un peu au-defïbusde la ville Atok. * Atlas , Rob.
de Vaugondy.
D'Herbelot , dans fa Bibliothèque orientale , dit :
Nilab, l'Eau, ou plutôt le fleuve du Nil. Les Per-
ilcns appellent ainfi une des rivières qui fe jettent dans
le fleuve Indus , à caufe de la grande quantité d'indi-
go qui croît fur fes bords , & duquel on fait un très-
grand trafic dans les états du Mogol. Ce Nil , rivière
des Indes , ajoute-t-il , poturoit mieux convenir que
celui d'Egypte à la fuuation du Paradis Terreflre , le-
quel , félon le commun confentement de tous les an-
ciens , étôit dans le milieu de l'Ane , Se non pas dans
l'Afrique.
NILCOS , port de l'Amérique fcptcntrionale , fur
la côte du gouvernement de Panama. Il efl: tout pro-
che de l'embouchure de la rivière de Darien , qui fé-
pare ce gouvernement de celui de Carthagene. C'eft-là
que finit le golfe d'Uraba, d'où ce lieu a été appelle
par les Espagnols la Culata , comme qui diroit le fond
du golfe. * Corn. DicL. Lact , Indes occidentales , 1.
8. chap. io.
NILEUS. Voyez'Ntttvs Se Thonis.
NILIDES LACUS, lac fur une montagne de la
Baffe-Mauritanie , au voifinage de l'Océan. Pline, /. y.
c. 9. Se Solin, c. 32. p. 59. parlent de ce lac. On pré-
rendoic que c'étoit la fouice du Nil , & on le plaçoit
fur le mont Atlas. Voyez. Nuchui..
N1LI OSTIA. Pomponius Mêla, lib. 1. c. 9. Stra-
bon , /. 17. p. 788. Se Diodore de Sicile,/, r. c. 33.
prétendent que le Nil a neuf bouches par lesquelles il
le décharge dans la mer. Ptolomée ,/. 4. c. 5. en compte
neuf 5 mais il y en a deux qu'il appelle fauffes embou-
chures. Hérodote, qui n'en compte que fept, en ad-
met pareillement deux fauffes. Voici les noms de ces
embouchures :
Heratleoticum , Sebennuwum , Thatriuicum ,
Pelujîacum, Tuniticum , Mendefmm ,■
Bulbitinum.
$6$
Les deux que Ptolomée ajoute , font
Dioclos y
Si
Pincptim'u
Pline, /. y. c. ïo. nomme la première des embou-
chures du Nil Heraclcoûcam ou Naucraticum , com-
me mots fynonymes , Se Pomponius Mêla, /. l.c. 9.
l'appelle Canopicum au lieu de Phatniticum. Ptolomée,
/. 4. c. y. écrit Vathmeticum. Strabon , /. 17. p. 7S8.
& Diodore de Sicile, /. 1. c. 33. lifent Phathmicum s
mais dans un autre endroit ce dernier change fon or-
thographe, Se écrit Phagneticum. Hérodote, /. 2. p.
17. femble aulïi varier fur le nom de cette embouchu-
re: car il y a apparence que c'eit celle-là qu'il appelle
Bucolicum. Quelques-uns pour Tuniticum lifent Saiti-
cum, Se les exemplaires de Pomponius Mêla , /. 1. c. 9.
portent Tanicum.
NILI VEN,£. Voyez. Mophi.
NILOPOLIS , en grec NêM«W/ç félon Ptolomée , /.
4. c. 5. Se N'Sxcç 7rc/uç félon Etienne le géographe. C'é-
toit une ville d'Egypte. Ptolomée , /. 4. c. r. la place
dans les terres. Eui'ebe en fait mention dans fon hi-
ftoire Eccléfiaflique , /. 6. c. 34. il fuit la même or-
thographe qu'Etienne le géographe, Se il nomme fon
evêque Charremon. Eufebius , fon évêque, feuferivit au
concile d'Ephèfe , tenu l'an 43 1.
NILOPTOLEM/EUM.lieu d'Ethiopie, fur la côte
de la mer Rouge , félon Arrien , Penpl. maris Ery-
thrdi , p. 7.
1. NI LUS. Voyez Nil.
2. N1LUS, contrée quelque part dans l'Arabie, fé-
lon Strabon, /. 16. p. 774. Il la met dans les terres
Se dit qu'on y ttouveit de la myrrhe Se de l'encens.
NIMBOURG , ville du royaume de Bohême , dans
le cercle de Konigingratz , près du bord feptcntrional
de l'Elbe.
NIMEGUE, ville des Pays Bas, dans la Gueldre
Hollandoilê , fur la rive gauche du Wahal , à trois lieues
communes de Cléves , à trois du fort Skenk , eiv.ro
Arnhcm Se Grave. Le nom de cette ville efl. diverfe-
ment écrit dans la langue du pays. Les uns écrivent
NlEW-MEEGEN , d'aUtlXS NlEW MAGEN , NYMEGEN,
Nimwegen, Se Nimmegen, d'où les François ont dit
Nimegue. Cette ville efl très-ancienne : il n'en faut pas
d'autres preuves que les monnmens d'antiquité Ro-
maine que l'on découvre de tems en tems , au-dedans
de fes murailles Se dans fon territoire : de plus , on là
trouve nommée Noviomagus , dans la table de Peutin-
ger , où elle efl; marquée à fix milles à'Arenututmt
qu'on croit être Arnhem. De Noviomagus , on a fait
par corruption Niomagus , Neumagus , Neumaga ,
Se enfin Nimegue. Après la décadence de l'Empire
Romain , elle demeura quelque tems dans l'alliance que
les Batavesavoient avec les François -, mais quelque tems
après , le pays ayant été démembré Se fournis à la puis-
fance des comtes de l'Empire, la ville de Nimegue fut
foumife , premièrement aux rois d'Auflrafie , Se enfuite
aux empereurs. Chailemagnc, vers l'an 774, rétablit
le château , ouvrage des Bataves , Se en fit un palais
royal , où lui-même , ion fils , Louis le Débonnaire Cv
divers autres empereursdemeurerentaffez fouvenr. L'An-
lialifle de Metz dit , que de fon tems , ce palais étoit
très-grand & d'une mcrveilleufe architecture, ingentis
magnitudinis mirique operis ; enforte qu'on comptoit
pour les deux premiers palais impériaux, Aix-Ia Cha-
pelle Se Nimegue , Noviomagus. L'empereur Fridéric
Barbcrouffe le répara en 115; , comme on le voit dans
une infeription gravée fur un marbre en lettres gothi-
ques. * Theatr. urb. Belg.
Dix ans après , naquit dans ce même palais Henri,
fils de Fridéric Barberouffe , Se fon fucceffeur à l'em-
pire. Fridéric II , fils de celui-ci , Se Henri II , fon
petit-fils , confirmèrent à la ville de Nimegue fes an-
ciens privilèges , Se lui accordèrent tous ceux dont
jouiffoit la ville d'Aix-la-Chapelle. Les empereurs leurs
fucceffeurs confirmèrent ces mêmes privilèges -, Se quoi-
que Guillaume , roi des Romains , eût engagé en 1248 ,
à Otton , comte de Gueldre , le palais impérial avec
fon domaine , la ville conferva toujours le titre de
ville impériale, & les privilèges que les empereurs lui
avoient accordés en diftérens tems i & même les com-
tes, Se enfuite les ducs de Gueldre, lorsque là ville
fe fut mife fous leur protection , n'étoient point re-
connus qu'ils n'euflènt auparavant confirmé ces privi-
lèges , tant par ferment , que par une patente qu'ils en
faifoient expédier. La ville de Nimegue jouit encore dû
l'exemtion de tous impôts fur la Meufe : ces avanta-
ges ont engagé les autres villes à lui céder le premier
rang.
Ses habitahs , pendant les troubles des guerres civiles
dans les Pays-Bas , demeurèrent fidèles à Philippe II ,
jusqu'à l'extrémité. Ce ne fut qu'en IJ79 , que le cha-
grin de voir leurs privilèges violés par l'empiifonnc-
ment de leurs concitoyens fufpects d héréfie , les en-
gagea à entrer dans l'alliance d'Utrecht, qui a donné
le nom aux Provinces Unies des Pays-Bas. Une fédi-
tion qui s'éleva dans la ville , les fit retomber en
i j 85 fous la puifiànce du roi d'Espagne ; mais en 1 590 ,
le comte Maurice, pour les bloquer, ayant fait bâtir
fur la rive droite du Wahal , vis-à-vis de Nimegue , le
fort Knodfebourg, Se l'année fuivante, ce comte les
ayant attaqués vivement , ils furent contraints de ca-
pituler , de rentrer dans l'alliance des Provinces-Unies,
& de confentir à l'abolition de l'exercice de la religion
Catholique.
L'enceinte de la ville de Nimegue efl: fortifiée de
divers ouvrages. Au-delà du Wahal, il y a le fort de
Knodfebourg , bâti en premier lieu pour bloquer les
habitans, mais qui depuis efl devenu leur fureté & les
rend maîtres du paffage du Wahal. Le bourg ou le
palais impérial , appelle vulgairement Vakkhof, efl une
grande forttreffe qui commande le fleuve Se la ville.
Elle elt bâtie fur une colline affez élçyée & escarpée
Tom. IV. Bbbb |j
564 NIM
par-tout , excepté d'un côté. Son enceinte qui eft de
pierres de taille , efl flanquée de plufieurs tours ; du
côté du midi néanmoins la muraille n'eft que de bri-
ques , auffi eft-elle nouvelle: l'injure du tems avoir ruiné
l'ancienne muraille de ce côté. Outre une grande quan-
tité de bâtimens , cette fortereffe renferme trois gran-
des places Se deux chapelles , dans la plus grande des-
quelles on voit des infcriptions anciennes. De cette for-
tereffe, & fur-tout de fa principale tour, on aune des
plus belles vues qu'on puiffe fouhaiter. Le palais eft re-
spectable par fon antiquité & remarquable par fon
architecture. L'enceinte de cette ville étoit autrefois bien
moins gra"nde qu'elle n'efl préfentement ; les anciens
fauxbourgs Se la citadelle ont été renfermés dans la
ville : on voit encore deux des anciennes portes. La
ville eft bâtie fur plufieurs collines , on en compte
neuf, Se dans l'endroit le plus élevé il y a trois fon-
taines qui fourniffent de l'eau abondamment. On a
creufé dans presque toutes les rues des puits publics;
ils font d'une grande profondeur ; Se ce qui eft Surpre-
nant , ils ne tirent pas leur eau du Wahal qui eft û
voifin , mais de la Meufe qui en eft allez éloignée.
Avant les troubles des guerres civiles, on voyoit à
Nimegue un très-grand nombre d'églifes. Il n'en refle
plus que dix qui ayent des clochers , les autres ont été
deftinées à l'ufage du public. La principale églife, qui
porte le nom de faint Etienne , étoit collégiale autre-
fois; elle fut bâtie en 1272, Se confacrée par faint Al-
bert le Grand , évêque de Ratifbonne. On y voit dans
le chœur un fuperbe monument de Catherine de Bour-
bon , fille de Charles de Valois , femme d'Adolfe d'E-
gmond , duc de Gueldre. L'école eft voifine de cette
eglife. On compte à Nimegue un grand nombre d'hô-
pitaux bien fondés Se bien entretenus; Se entre plu-
fieurs beaux édifices, on remarque la maifon de ville
qui eft magnifique Se ornée des ftatues de divers em-
pereurs.
C'eft dans cette ville que les plénipotentiaires de la
plupart des princes de l'Europe , après y avoir été as-
femblés près de trois ans, conclurent une paix générale
dans les années 1678 Se 1679.
Les habitans de Nimegue paffent pour être ceux de
toutes les Provinces-Unies, qui ont confervé avec plus
d'attachement les mœurs Se les ufages de leurs ancê-
tres. Ils accordent difficilement le droit de bourgeoifie
aux étrangers. Le plus grand nombre s'adonne au com-
merce , qui eft favorifé par la fituation avantageufe de
la ville Se parles exemtions d'impôts. Plufieurs famil-
les nobles des Provinces-Unies tirent leur origine de
cette vilie.
NIMEGUE ( Le QUARTtER de ), contrée de la Guel-
dre , bornée au nord par le quartier de Veluwe , donc
elle eft féparée par le Rhin ; le comté de Bcrg Se le
duché de Cléves la bornent à l'orient ; elle a au midi
le Brabant , dont elle eft féparée par la Meufe , Se elle
eft bornée à l'occident par la Hollande. Cette con-
trée eft partagée en fix autres quartiers on préfectures ,
qui font
H et Eykjvan Nimxvegen , ou diftrict de Nimegue ,
De Over-Bctinoe, ou le Haut-Betuwe ,
De Neder-Betuwe, ou le Bas-Betuwe ,
Tielertuardc , ou le territoire deTiel ,
Bommelerwardt , ou le territoire de Bommel,
MaasenWaal, c'eft-à dire entre la Meufe
& le Waal.
Il y a dans ces préfectures deux villes , qui font
Tiel & Bommel , Se deux autres lieux qui participent
à quelques droits des villes , favoir Bateburg Se Genr.
On y compte cinquante terres feigneuriales avec droit
de juftice criminelle , Se un plus grand nombre qui
n'ont que la juftice civile. Il y a cinq fortereflés où
on tient toujours gamifon ; favoir ,
Le fort de Skenk , Le fort S. Andries ,
Le fort de Knodfebourg , Le fort de Lœwenflein.
Le fort de Naffau ,
N1METACUM. L'itinéraire d'Antonin met cette
NIN
ville fur* la toute de Ceftelhim à Coloma Àgntpina
entre Mmariacum Se Camaracum , à dix-huit mille pas
de la première Se à quatorze mille de la féconde. Or-
telius , Thef. dit que ce doit être Lens en Artois, à
moins qu'il n'y ait erreur dans le nombre des milles.
Meyer prétend au contraire que ce foit Mainy , dans
la châtellenie de Lille. La notice des dignités de l'Em-
pire , J'eci. 65. femble pourtanr favorifer l'opinion d'Or-
telius; on y lit ces mots : Tr&fùlus L&ioram Batavo-
rwn Nimetacenfium Atrebatis Belgicx. fecundœ.
IMIMETSCH , monaftere de filles, en Allemagne,
dans la Misnie. 11 eft remarquable , parce que c'en; dans
ce couvent qu'étoit religieufe la femme de Luther.
N1MIROUF , ville de Pologne , dans le palatinat de
Ruine. Elle eft affez grande Se bâtie toute de bois.
Elle a un étang coniidérable , au milieu duquel on
voit dans une ifle un ancien château aujourd'hui fort
délabré. C'eft la maifon de la Staroftie. * Cor». Di6t.
Mémoires du chevalier de Beaujeu.
NIMIS. Voyez. Minius.
NIMISSAKOUAT ou Naouessacouet , petite ri-
vière de l'Amérique feptentrionale , dans la Nouvelle
France. Elle fe jette dans l'extrémité occidentale du lac
fupérieur. Les deux noms qu'on donne à cette rivière font
proprement le même : ils ne différent que dans la pro-
nonciation. Les François prononcent de la première
manière , Se les Sauvages de la féconde. La différence
vient de ce que les Sauvages ne fe fervent jamais de la
lettre M.
NIMOSIENSIS ,Nimociensis , fiége épiscopal, dans
fifle de Cypre. Parmi les évêques qui fouferivirent au
concile de Trente , on trouve Andréas Morenhus Ni-
mofienfïs. * Harduin. colleét. conc.
NIMPTSCH , petite ville d'Allemagne, au duché
de Siléfie, dans la principauté deBrieg, entre Franc-
kenftein Se Breflau , Se fur le chemin qui va de Pra-
gue Se de Glatz à Breflau. Cette ville étoit déjà confi-
dérable dans l'onzième fiécle. L'empereur Henri II ,
l'an 1017 , fut obligé d'en lever le fiége au bout de
trois femaines. Il eft encore fait mention de cette ville
& de fon château dans l'hiftoire dès l'an 1 3 3 1 ; mais
particulièrement au tems des Huflites , qui fe défendi-
rent fi vaillamment dans cette place en 1431 Se 1434,
contre les Siléfiens , qu'ils les obligèrent d'en lever le
fiége, après leur avoir fait perdre l'élite de leurs trou-
pes. * Zeyler , Top. Duc. Silef.
NINiEA, ancienne ville d'Italie, dans l'Oenotrie.
Ortelius , Thef. dit que Suidas Se Etienne le géographe
la placent dans les terres , Se que félon Gabriel Barri ,
les Latins la nomment Ninetum , & les Italiens San-
Donato.
1. NING , ville de la Chine , dans la province d'Iun-
nan , au département de Lingan , troifiérne métropole
de la province. Elle eft de 14 deg. o min. plus occi-
dentale que Peking, fous les 24 deg. 10 min. de lati-
tude feptentrionale. * Allas Sinenfis.
2. NING , ville de la Chine , dans la province de
Xenfi, au département deKingyang, feptiéme métro-
pole de la province. Elle eft de 8 deg. 54 min. plus
occidentale que Péking , fous les 37 deg. jj min. de
latitude feptentrionale.
3. NING, ville de la Chine, dans la province de
Kiangfi, au dépai rement de Nanchang , première métro-
pole de la province. Elle eft de 2 deg. 59 min. plus occi-
dentale que Péking , fous les 29 deg. 1 1 min, de latitude
feptentrionale.
1. NINGCIN, ville de la Chine , dans la province
de Péking , au département de Chinting , quatrième mé-
trople de la province. Elle eft de 2 deg. 14 min. plus oc-
cidentaleque Péking, fous les 38 deg. 23 min.delatitude
feptentrionale.
2. NINGCIN, ville de la Chine , dans la province
de Péking , au département de Hokien , troifiérne mé-
tropole de la province. Elle efl de o deg. 3 min. plus
orientale que Péking , fous les 3 8 deg. o min. de latitude
feptentrionale.
NINGC'ING, fortereffe delà Chine, dans la pro-
vince de Channton , où elle a le rang de première grande
fortereffe de la province. Elle eft de 4 deg. ;; min. plus
NIN
NIN s6f
orientale que Péking , fous les 36 deg. 18 min. de latit.
feptentrionale.
NINGCO, fortereffe de la Chine, dans la province de
Queicheu , au département de Ganxun , quatrième gran-
de cité de la province. Elle eft de 12 deg. 16 min. plus
occidentale que Péking , fous les 25 deg. 2j min. de
latitude feptentrionale.
1. NINGHAI , ville de la Chine , dans la provincede
Chekiang, au département de Taicheu , dixième métro-
pole de la province. Elle eft de ; deg. 18 min. plus orien-
tale que Péking, fous les 29 deg. 3 min. de latitude fep-
tentrionale.
2. NINGHAI , fortereffe de la Chine, dans la pro-
vince de Channton , au département deTengcheu , cin-
quième métropole de la province. Elle eft de 4 deg. 40
min. plus orientale que Péking , fous les 37 deg. 4 min.
de latitude feptentrionale.
3. NINGHAI, fortereffe de la Chine , dans la pro-
vince de Chekiang , au département de Chinxan , gran-
de fortereffe de la province. Elle eu; de y deg. 28 min.
plus orientale que Péking, fous les 29 deg. 10 min. de
latitude feptentrionale.
NINGHIA , fortereffe de la Chine, dans la provin-
ce de Xenfi , au département d'Iungchang , première
fortereffe de la province. Elle eft de 10 deg. 20 min. plus
occidentale que Péking, fous les 38 deg. 50 min. de
latitude feptentrionale. Cette fortereffe eft environnée
du mont Holan , qui forme une espèce de muraille tout
autour. Dans le voifinage , il y a deux lacs d'eau falée ;
l'un eft grand 8c l'autre petit. La nature d'elle même
y produit du fel, fins que l'induftrie des hommes y con-
tribue en rien.
NINGHIACHUNG , fortereffe de la Chine , dans
la province de Xenfi , au département de Jungchang ,
grande fortereffe de ia province. Elle eft de 11 deg. 10
min. plus occidentale que Péking, fous les 38 deg. 40
min. de latitude feptentrionale.
1. NINGHIANG, ville de la Chine, dans la provin-
ce de Channfi, au département de Fuencheu , cinquiè-
me métropole de la province. Elle eft de 6 deg. 4^ min.
plus occidentale que Péking, fous les 38 deg. 10 min.
de latitude feptentrionale.
2. NINGHIANG, ville delà Chine, dans la pro-
vince de Channton, au département d'Yencheu , fé-
conde métropole de la province. Elle eft de o deg. 16
min. plus orientale que Péking, fous les 36 deg. 30
min. de latitude feptentrionale.
3. NINGHIANG , ville de la Chine, dans la pro-
vince de Huquang , au département de Changxa , hui-
tième métropole de la province. Elle eft de y deg. 22
min. plus occidentale que Péking , fous les 29 deg. 1 1
min. de latitude feptentrionale.
NINGHOA, ville de la Chine, dans la province
de Fokien , au département de Tingcheu , fixiéme mé-
tropole de la province. Elle eft deo deg. 44 min. plus
occidentale que Péking, fous les 26 deg. 30 min. de
latitude feptentrionale.
NINGKIANG, fortereffe de la Chine, dans la pro-
vince de Xenfi, au département deHanchung, troifié-
me métropole de la province. Elle eft de 10 deg. 3 min.
plus occidentale que Péking, fous les 35 deg. 13 min.
de latitude feptentrionale.
NINGLINÇ , ville de la Chine , dans la province de
Honan , au département de Queite , féconde métropole
de la province. Elle eft d'un deg. 46 min. plus occiden-
tale que Péking , fous les 3; deg. 11 min. de latitude
feptentrionale.
NINGO, Lempi ou Lampi, félon les François,
Lampa ou Alampo félon les Anglois , royaume d'A-
frique , fur la côte d'Or , borné à l'oueft par celui de
Labade , à l'eft par celui de Soko , 8c au fud par la
mer. 11 a treize lieues d'étendue le long de la côte. Son
fouverain eft dépendant de celui d'Aquambo. Le pays
n'eft ni fertile, ni peuplé; mais il nourrit beaucoup de
beftiaux , comme vaches, porcs , moutons, 8c quantité
de volailles. Les principaux lieux font le petit Ningo ,
Temina, Chincka , Brambo, Pampena , le grand Nin-
go , & Lay : les deux derniers font les plus connus pour
le commerce. * Artits , p. 52. 'Côtes de Guinée, par
Sc/Aa.
NINGOUTA , ville de la Tartane Chinoife , dans
la province de Kirin, fur la rivière de Hourka-Pira ,
à cinquante lieues au nord-eft de Kirin. Les Chinois y
commercent beaucoup.
1. NING'PO, ville de la Chine, dans la province
de Chekiang, où elle a le rang de neuvième métro-
pole. Elle eft de 4 deg. 46 min. plus orientale que
Péking, fous les 29 deg. 40 min. de latitude fepten-
trionale. Les Portugais fréquentoient autrefois beaucoup
le promontoire de cette ville , qu'ils appellercnt Liaf/i-
po par corruption. On dit communément que de ce
promontoire , lorsque le rems eft ferein , on voit les côtes
du Japon ; mais la chofe n'eft guère pofllble , vu la
grande diftance qu'il y a.
Sous les rois de Jue, cette ville futappellée Jung-
tung. La famille Cina la joignit à la province d'Hoei-
ki ; la famille Tanga lui donna le nom de Mingcheu ;
celle de Sunga celui de Kingyuen , 8c celle deTaimin-
ga la nomme Ning'po , mot qui fignifie qui appnije les
ondes. L'air qu'on refpire dans ce quartier eft afièz
pur ; le pays eft agréable 8c le terroir eft très-fertile,
fi ce n'eft en quelques endroits où l'on trouve des ro-
chers escarpés. Il fe fait à Ning'po un grand com-
merce de poiffbn, foit frais, foit féché au foleil. Ses
habitans partent pour avoir beaucoup d'cfprit , 8c à
chaque examen , elle fournit un grand nombre de do-
cteurs à l'empire. Dans la ville , comme dans la campa-
gne, on ne mange guère que des chofes falées. Cela a
donné lieu à une espèce de proverbe. On dit commu-
nément que les corps des habitans de Ning'po ne fc
corrompent point après leur mort, parce qu'ils ont
été confits dans le fel dès leur vivant. Il y a cinq villes
fous cette métropole ,
Ning'po, Çuki, Funghoa, Tinghai , Siangxan.
2. NING'PO, fortereffe delà Chine, dans la pro-
vince de Suchuen , au département de Cienguei , gran-
de fortereffe de la province. Elle eft de 14 deg. 42 min.
plus occidentale que Péking , fous les 28 deg. ;o min.
de latitude feptentrionale. * Atlas Sïnenjis.
1. N1NGQUE, ville de la Chine, dans la provin-
ce de Nanking , où elle a le rang de douzième mé-
tropole. Elle eft d'un degré o min. plus occidentale
que Péking, fous les 31 deg. 40 min. de latitude fep-
tentrionale. La rivière Von baigne fes murailles du cô-
té de l'orient , & facilite fon commerce , en portant
les navires de cette ville jusque dans le grand fleuve
Kiang. Tout fon territoire eft couvert de hautes mon-
tagnes. Au-dedans de fes murailles , il y a d'agréables
collines , de petits bois 8c de magnifiques édifices , Se
l'on y fait beaucoup de papier. Cette métropole a fix
villes dans fes dépendances :
Ningque,
Ninque ,
King ,
Taiping ,
Cingte,
Nanling.
2. NINGQUE, ville de la Chine, dans la province
de Nanking , au département de Ningque , douzième
métropole de la province. Elle eft d'un deg. 1 3 min.
plus orientale que Péking , fous les 3 1 deg. 9 min. de
latitude feptentrionale.
NINGTE , cité de la Chine , dans la province de
Fokien , au département de Foning , grande cité de la
province. Elle eft de 3 deg. 34 min. plus orientale
que Péking , fous les 26 deg. 3 2 min. de latitude fep-
tentrionale.
N1NGTU, ville de la Chine, dans la province de
Kianfi , au département de Cancheu , douzième métro-
pole de la province. Elle eft d'un deg. 20 min. plus
occidentale que Péking, fous les 27 deg. 10 min. de
latitude. * Atlas Slnenjts
NINGUM ou Mingum: on lit l'un & l'autre dans
l'irinéraire d'Antonin , qui place cette ville fur la route
d'Italie en Dalmatie , en paffant par l'Iftrie, & plus par-
ticulièrement furlarouted'AquiléeàSnlone , par l'Iftrie,
en ne prenant point la mer. Il h met entre Tergelle 8c
Parentium , à vingt-huit milles de la première , 8c à
dix-huit de la féconde. Oitelius , Thcfaur. dit que Sim-
S66
NIN
NIN
1er veut qu-e ce foit Mitgia , ville de l'Iftrie ; d'autres
croient que c'eft Umago.
NiNGYANG, ville de la Chine , dans la province
de Fokien , au département de Changcheu , troifiéme
métropole de la province. Elle eit d'un deg. 15 min.
plus orientale que Péking, fous les 24 deg. 56 min. de
latitude feptentrionale. * Atlas Sinenjis.
1. NINGYUEN , ville de l'empire Chinois , clans la
province de Leaotung, au département de Leaoyang,
métropole de cette province. Elle eit de 2 deg. 38 m.
plus orientale que Péking, fous les 40 deg. 26 min. de
latitude feptentrionale.
2. NINGYUEN , forterefie de l'empire Chinois , dans
la province de Leaotung, au département de Leaoyang ,
métropole de cette province. Elleeil de 2 deg. 55 min.
plus orientale que Péking, fous les 40 deg. 13 min.de
latitude feptentrionale.
1. N1NGYVEN , ville de la Chine , dans la province
de Xenfi , au département de Cungch'ang , cinquième
métropole de la province. Elle eh; de 10 deg. ;8 min.
plus occidentale que Péking , fous les 36 deg. 38 min.
de latitude feptentrionale.
2.N1NGYVEN, ville de la Chine, dans la pro-
vince de Muquang , au département d'Iungcheu ,
treizième métropole de la province. Elle eft de ; deg.
50 min. plus occidentale que Péking, fous les 26 deg. '
< min. de latitude feptentrionale.
NIN1A , ville de la Daluuuie , félon Strabon , /. 7.
f. 315.
NINTCA. Voyez Necica-
1. NINIVE , Niniue , félon les écrivains facrés, ou
Ninos félon les profanes. Ce font les noms que l'on a don-
nés à l'ancienne ville deNinive, capitale de l'Afiyrie, fon-
dée par Aflur , fils de Sem , ou par Nemrod, fils de Chus;
car ces paroles de Moiïe (a): De Mo egrejjus eft AJurdr
adificavit Niniven , fe rapportent , félon quelques-uns , à
Nemrod , dont il eft parlé auparavant , enforte qu'il fau-
droitlire:De terra Ma {Babylonia Nemrod) egre/fat eft
in Ajjyriam & adificavit Niniven. Quoi qu'il en foit (/>) ,
il faut convenir que Ninive étoit une des plus ancien-
nes , des plus illuftres , des plus puiffanres Se des plus
grandes villes du monde. Il feroit difficile de marquer
au jufte le tems de fa fondation : cependant on ne peut la
mettre long-tems après la tour de Babel. Elle étoit fi-
tuée fur le Tigre , & du tems du prophète Jonas, qui y
fut envoyé fous Jéroboam II, roi dlfracl , Se, comme
on croit , fous le règne de Phul , père de Sardanapal , roi
d'Afiyrie ; Ninive étoit une très-grande ville , ayant trois
jours de chemin de circuit. Diodore de Sicile qui nous
en a confervé les dimenfions dit , Qu'elle avoit cent
cinquante flades de longueur , quatre-vingt-dix de lar-
geur , Se quatre cens quatre-vingt de tour ; c'eft-à-dire ,
pour réduire ces mefures aux nôtres , fept lieues de'long ,
en prenant la lieue à trois mille pas , environ trois lieues
ide large , & dix huit lieues de tour. Ses mursétoienthauts
de cent pieds, & fi larges, que trois chariots y pou-
voient marcher de front. Les tours qui étoient au nombre
de quinze cens , étoient hautes chacune de deux cens pieds.
Strabon fait aufli mention de la grandeur de cette ville.
Comme elle ne fubfiftoit plus de fon tems , il dit qu'elle
avoit été beaucoup plus grande que Babylone , Se que ,
comme Babylone , elle renfermoit des jardins , des champs
& d'autres lieux qui n'étoient point habités, (a) Genef.
10. 11. (/') Dom Cilmet , Diction.
Diodoie de Sicile place Ninive fur l'Euphrate -, mais
c'eft une erreur. Hérodote, /. 1. c. 193. &7. 2. e. ijo.dk
quelle étoit fur le Tigre. Pline , /. 6. c. 1 3. dit la même
chofe , Se ajoute qu'elle avoit été bâtie fur la rire gau-
che de ce fleuve, quoique d'autres 1.1 placent fur la rive
droite. Enfin Strabon , Ptolomée Se les autres géo-
graphes , la mettent pareillemenr fur le Tigre. Du
tems que Jonas y fut envoyé , elle étoit fi peuplée
qu'on y comptoit plus de fix-vingt mille perfonnes ,
qui ne favoient pas difiinguer leur main droite de leur
main gauche , ce qu'on explique communément des
enfans qui n'avoient pas encore l'ufage de leur rai fon;
deforte qu'à ce compte il devoit y avoir plus de fix cens
mille perfonnes à Ninive. Elle fut prife l'an du monde
32^7 , 743 ans avant Jefus-Chtïft , Se 747 avant l'ère
vulgaire. Ce fut Arbacès Se Bclcfus , qui la prirent fur le
roi Sardanapal , du tems d'Achas, roi de Juda, vers le
tems de la fondation de Rome (<?). Elle fut prife une
féconde fois par Aftyages Se Nabopolaflar fur Q.i-
naladan , roi d'Afiyrie, l'an du mcnde3 378, 622 ans
avant Jefus-Chrift , Se 616 ans avant l'ère vulgaire.
Strabon, /. 16, pag. 737, dit qu'auffitôt après la de-
ftruclion de l'empire des Syriens ( ou plutôt des Afiy-
riens ) la ville de Ninive fut ruinée , Si. elle l'étoit telle-
ment du tems de Lucien de Samofate , qui vivoit fous
Adrien , qu'on n'en voyoit plus aucuns veftiges , & qu'on
ignoroit même le lieu où elle avoit été bâtie. Auffi Sau-
maife a-t-il repris Ptolomée d'avoir mis Ninive au nom-
bre des villes de l'Afi'yrie , qui fubfiftoient de fon tems.
Le témoignage ce Tacite feroit plus embarrafiant ; il dit
An. t. 12.. c. 13 : Sed c^pta in transita urbs Ninos , ve-
tuftijjim.ifedes Affuris, s Se même Ammien Marcellin, /.
1 3. c. 20. met de fon rems une ville de Ninive dans l'A*-
diabene. 11 cil à croire (/) qu'après la deftruction de Ni-
nive par les Mcdts , il fe forma de fes ruines une
nouvelle ville , à laquelle on donna le nom de la pre-
mière , & qui cependant ne lui étoit comparable ni en
grandeur ni en magnificence, {a) Diodor. 1. 2. Aihen.
1. 12. exCiejïa. (b) Cellarius , Geogr. ant. 1. 3. c. 17.
Ce fut cette dernière Ninive que les Sarrazins ruinè-
rent vers le feptiéme fiécle , félon Marsham , Canon
JEgy\,t. Sacnlo xvin. tit. Nini excid. Se Ufierius , Ad.
an. mundi 3257, Se 3378. Les voyageurs modernes
difenr , qu'on voit fur le bord oriental du Tigre les ruines
de l'ancienne Ninive , Se que fur le bord oppofé, on trou-
ve la ville de Muz.nl ou Moz.il , que plufieurs confon-
dent avec Ninive. Voyez. Mozul.
Les hifioriens profanes veulent que Ninus l'Ancien
ait été le fondateur de Ninive ; mais l'écriture fainte infi-
niment plus croyable , dit que ce fut Afiur ou Nemrod
qui la fonda ; comme je l'ai remarqué au commencement
de cet article. Les auteurs facrés ont fou vent parlé de
Ninive. Les rois Teglathphalafar , Sennacherib , Salma-
nàfar, Se Aflarador , fi fameux par les maux qu'ils firent
aux Hébreux , regneient à Ninive. * Dom Calmet ,
Didion.
Tobie a vécu dans cette ville. Nahum &: Sophonie (u)
ont prédit la ruine de Ninive d'une manière très-claire Se
très-pathétique. Tobie, 14. 6. l'avoit aulTi prédite. On
fait ce que fit Jonas a Ninive , Se la pénitence des Nini-
vites louée même dans l'Evangile (b). Ce fut le lieu de la
fépulture de Tobie (c). Son fils quitta enfuite cette de-
meure pour fe retirer à Ecbatanc en Médie , auprès de
fon beau-pere , pour n'être point enveloppé dans la ruine
de Ninive. (a) Nahum Se Sophon. per rotum. (b) Maté.
14. 41. Luc. il. 32. (c) Baillée , Topog. des Saints ,
P- 34J-
2. NINIVE , ville de l'Arabie. S. Jérôme la diftmgue
de Ninive, capitale de 1'Afly rie. 11 dit qu'elle étoit frués
dans l'angle de l'Arabie, Se que de fon tems on l'appelloit
par corruption Neuve. * Ortelius , Thefaur.
NINOE , ville de la Carie. Elle s'appelloit au/fi
Aphrodifias , félon Suidas Se Etienne le géographe. Elle
avoit été bâtie par les Pelasges Leleges ; ce qui l'avoit
fait nommer Kihiywnêuc. Dans la fuite on lui donna en-
core le nom de Mcgalopolis , c'eft-à-dire grande ville,
en latin Magna urbs.
NINOVE , petite ville des Pays-Bas, dans la Frandre
Autrichienne , fur la rivière de Denre", à deux lieNes
au-deflus d'Alofi. Cette ville efi très ancienne. Elle étoit
déjà en réputation dans l'onzième fiécle , Se avoit fes
feigneurs, dont plufieurs ont été connétables des com-
tes de Flandre ; ce qui fait qu'on leur a donné le fur-
nom de Connétables. Ils étoient eilimés très-braves ;
deforte que Baudouin le Grand , feigneur d'Aloft , ayant
attaqué Amauri , feigneur de Ninove , il fut défait Se
pris prifonnier par le feigneur de Ninove vers l'an
1090. Gérard, qui lui fuccéda , y fonda l'abbaye de faint
Corneille , de l'ordre de Prémontré , l'an 1 137. Cette
feigneurie ayant enfuite été réunie au domaine des corn-
tes de Flandre , la ville fut fermée de murailles l'an
11 94. Jean Defpautère , célèbre grammairien, étoit
de Ninove. * Longuerue , Defcr. de la France , part. 2.
p. c 8.
NINTIACUM. Voyez. Minaticum.
NIO
NIO
i. NINUS, fleuve de la Lycie, félon Etienne le géo-
graphe Voyez. Calbis.
2. MINUS , c'efl le nom que les écrivains profanes
donnent à la ville de Ninive. Voyez, ce mot.
5. N1N US, ancienne ville de la Comagéne, félon
Ortelius , Thefaur. qui cite Ammien Marcellin.
NIO ou Ios , ifle de l'Archipel , entre celle de Na-
xie au nord , celle dAmorgo à l'orient , celle de San-
torin au midi , 8c celle de Sikino à l'occident. Cette
ifle (a) a été connue des anciens fous le nom de Ios ,
8c nommée ainfi par les Ioniens qui l'habitèrent les
premiers. Elle a quarante milles de tour ; elle efl: cé-
lèbre par le tombeau d'Homère (b). Ce fameux poè'te ,
paflant de Samos à Athènes , vint aborder à Ios , y
mourut fur le port , 8c on lui drefla un tombeau , où
l'on grava long-tems après l'épitaphe rapportée par Héro-
dote , à qui on attribue la vie d'Homère. Strabon ,
Pline 8c Paufanias parlent de ce tombeau : ce dernier
ajoute qu'on y montroit aufli celui de Climene , mère
de cet illuflre poète , & allure qu'on lifoir un vieil
oracle à Delphes , gravé fur une colomne qui foute-
noit la flatue d'Homère. Il paioifibit par cette inferip-
rion que fa mère étoit de l'ifle d'Ios : on lit le mê-
me oracle dans Etienne le géographe , qui a été fuivi
par Euflathe fur Homère 8c fur Dcnys d'Alexan-
drie i mais Aulugelle , notl. Attic. lib. ?. cap. n.
prétend qu'Ariflote a écrit qu'Homère avoit pris nais-
fance dans l'ifle dont nous parlons. Quoi qu'il en (bit ,
on cherche inutilemenc les refles de ce tombeau à Nio
autour du port : on n'y voit qu'une excellente fource
d'eau douce qui bouillonne au travers d'une auge de
marbre > à un pas feulement de l'eau falée. (a) 'ïour-
nefort , Voyage du Levant , Lettre 6. p. 9;. (b) l'U-
ne , 1. 4. c. 12.
Pline a bien déterminé la diflance de Nio à Na^
xie , à vingt quatre milles : car on compte douze mil-
les de Naxie à Radia , 6c autant de Raclia à Nio.
Le même auteur a fort bien connu la diflance de Nio à
Santorin. Elle efl de trente milles , quoiqu'il ne la
marque que de vingt-cinq 5 mais cette différence n'eft
pas confidérable.
Marc Sanudo , premier duc de Naxie , joignit Nio
à fon duché , 8c cette ifle n'en fut démembrée que
par Jean Crispo , douzième duc , qui la donna au
prince Marc fon frère. Ce prince fit bâtir un château
dans un lieu élevé , à deux milles au de (lus du port ,
pour défendre fon petit domaine contre les Mahomé-
rans : 8c voyant que les terres de Lille , naturelle-
ment fertiles , demeuroient incultes faute de labou-
reurs , il fit venir quelques familles Albanoifes pour
les cultiver. Par les foins de ce prince , cette ifle ,
regardée comme un délért , fe trouva très-peuplée en
peu de tems , 8c tout le néceflaire en abondance. Le
bourg qui fubfifle encore à prélcnt , fut bâti autour du
château en manière d'aniphitéatre , fur les ruines ap-
paremment de l'ancienne ville d'Ios : car l'auteur de
la vie d'Homère rapporte que les habitans de la ville
descendoient à la marine pour prendre foin de cet
homme admirable. * Hifi. des ducs de l'Archipel.
Le Turc , qui efl aujourd'hui en pofleflion de Nio ,
y tient un cadi , 8c la coutume efl d'y élire tous les
ans un conful ou deux. A l'égard des droits du Grand
Seigneur , les habitans de Nio payèrent en 1700 deux
mille écus pour la capitation , 8c trois mille pour-
la taille réelle. L'ifle efl allez bien cultivée , 8c n'efl
pas fi escarpée que les ifles voifines ; ainfi l'étymolo-
gie que lui donne Bochart , geogr. Sacr. I. 1. c.
14. ne lui convient pas : les terres en font excellen-
tes , & l'on eftime beaucoup le froment qu'elle pro-
duit , 8c qui fait presque tout le commerce de fes ha-
bitans ; mais elle manque d'huiie 8c de bois. On n'y
voit pU'.s de palmiers , quoique , fuivant les apparen-
ces , ces fortes d'arbres lui ayent anciennement attiré
le nom de Phénicie qu'elle a porté , fuivant la remar-
que de Pline & d'Etienne le géographe. Il y a dans le ca-
binet du roi de Fiance une médaille à la légende de
cette ifle ,( IHTQN. ) : d'un côté c'efl la tête de Jupiter ,
de l'autre une pallas £c un palmier. Le père Hardouin
fait mention d'une aune médaille de cette ille : la tête
de Lucjlla y çfl repréfentee avec cette légende , N»M,
S 67
popul. et urb. Il ne refte pourtant aucune marque
d'antiquité dans Nio. Ses habitans ne font curieux que
de piaflres , 8c tous voleurs de profeflion. Aufli les
Turcs appellent Nio la petite Malte , c'efl-à-dirc la
retraite de la plupart des corfaires de la Méditerranée.
Les Latins n'y ont qu'une égiife deffervie par un vicaire
de l'eveque de Santorin. Les autres églifes font Grec-
ques , & dépendent de l'évêque de Siphanto.
La beauté des ports de cette ifle y attire fouvent
des armateurs. Au-deflbus du bourg , il y a im des
ports les plus affurés de tout l'Archipel , 8c fon en-
trée décline du fud au fud-fud oueft. Le port de Man-
ganari regarde l'eft , 8c les plus grandes flottes peu-
vent y mouiller fans crainte 8c fans précaution. Les
pilotes de Nio panent pour les plus habiles du Le-
vant , parce qu'ils connoiflent bien les ports de Sy-
rie 8c d'Egypte , où fe font les prifes des meilleures
faiques.
On n'oubliera jamais dans Nio les grandes actions
des chevaliers d'Hoquincour 8c de Téméricourt. Le
premier vint s'y radouber , après avoir combattu dans
le port de Scio , avec un feul vailïeau , trente ga-
lères commandées par le capitan bâcha : le fécond,
à la faveur d'un bon vent , obligea dans le porc
de Nio foixante galères Turcques à le quitter , après
en avoir maltraité plufieurs : cette flotte eut toutes les
peines du monde à arriver en Candie , où elle con-
duifoit deux mille Janiffaires.
Le terroir de Nio ne rapporte aucun fruit. L'ha-
bit des dames de cette ifle n'eft guère mieux que celui
des femmes des autres ifles , quoiqu'il paroifle un peu
moins embarraflanr.
D'une des hauteurs qui font autour du port ,
de Tournefort a remarqué la pofition de cette ifle,
par rapport aux ifles du voifinage. L'Argentiere refle
entre l'ouefl 8c l'oueft-nord-ouefl de Nio : Siphanto,
entre le nord-ouefl 8c l'ouefl nord-ouefl : Santorin , au
fud-fud-eft : Chrifliania décline du fud au fud-fud-oueft :
Sikino fe trouve à l'oueft-fud-ouefl : Avélo décline du
nord-nord-cfl au nord.
NlOBE , fontaine de la Laconie , félon Pline , /.
4. c. j-. Elle fut ainfi nommée de Niobe , fœur de
Pelops , 8c femme d'Amphion. * Strabon , 1. 8.
p. 360.
NIOBES LACRYMAL. Les anciens avoient donné
ce nom à une fource qui couloit d'un certain promon-
toire de la Phrygic. Ortelius , Thefaur. ajoute , fur
le témoignage d'Euflathe , que de loin ce promon-
toire avoir la reflemblance de la tète d'une femme.
NION. Voyez. Nvon.
NIONS ou Nyon , petite ville de France, dans le.
Dauphiné , 8c dans la baronnie de Montauban. Ella
efl fituée dans un vallon , fur le bord de la rivière
d'Aygues. Il y a dans cette ville un pont qu'on die
être un ouvrage des Romains. Il y fouffle un vent particu-
lier , qu'on appelle Fomias , du nom de la montagne , où
quelques-uns croient qu'il commence. C'efl un vent froid;
quifouffleordinairementdepuisminuitjusqu'àdixouonze
heures du matin. Jacques Bernard , pafteur de l'Eglifq
Walonnc , 8c profefleur de Philofophie à Leyde , étoit
né à Nions le 1 de Septembre 16; 8. Il mourut à Leydq
le 27 d'Avril 17 18. Il a donné au public plufieurs ou-
vrages qui ont été bien reçus. * Piganiol. , Defcr. dç
la Fiance , t. 4. p. 5 1 .
NIORA , autrefois Hélice , ancien bourg de la Mo?
rée, dans le duché de Clarence . à l'embouchure du Cimo,
dans 1* golf»- de Lépante , à douze lieues de Patras ,
du côté du couchant. Ce lieu a été presque englouti paç
les eaux. * Baudrand , édition 170;.
1. NIORT , ville de Fiance , dans le Poitou , vers
les confins de la Saintonge , à quatoze lieues de Poi-
tiers , 8c à autant de la Rochelle. C'efl une des plus
confidérables du Poitou. Elle n'eft pas fort ancienne i
puisqu'il n'en eft fait aucune mention avant le dou-
zième fiécle. Guillaume le Breton , dans fon poëme,
loue la fertilité du territoire de cette ville , fur-tout
en vin
fera.x Bacchique Niortum*
?68
NIP
NIP
L'auteur de la vie de Louis VIII nomme Niort un
château noble , Caflrum nobile. Cette place a toujours
été du domaine des comtes de Poitiers : elle eft fituée
dans une plaine fur la rivière de Sevré , qu'on écri-
voit autrefois Savre , en latin Savara. Il y a la pa-
roiffe de Notre-Dame , Se celle de faint André , une
maifon de Prêtres de l'Oratoire , un couvent de Ca-
pucins , un de Cordeliers, & un de Frères de la Charité ;
auifi bien que des Carmélites , des Bénédictines , des
Urfulines , des Hofpitalieres , Se des Filles de faint
François. Quant à la justice , il y a un fiége royal ,
une élection , une maréchauffée , une jurisdiction des
eaux Se forêts , une des traites foraines , Se une de ju-
ges Se de confervateurs des marchands.
Dans 1 élection de Niort on fait un gtand commerce
de beltiaux , de chevaux Se de mulets aux foires de
Niort, de la Motte-Sainte-Heraye , de Chandenier ,
&c. Le principal commerce des habitans de la ville de
Niort confifte dans la manufacture du chamois , dont
il fe fait un grand débit , comme aulïï de droguets , fer-
ges, Se autres étoffes de laine qu'on y fabrique.* Lon-
guérite, Defc. de la France, part. i. p. 149.
2. NIORT ou Saint Martin de Niort , bourg
de France , dans la Saintonge , élection de Saintes.
NIOSSUM, ville de la Sarmatie Européenne. Pto-
lomée, lib. 3. cap. $. la met fur un bras du Bory-
fthéne.
NIPCHU , Nipchou ou Nerezin , ville de l'em-
pire Ruffien . dans la Tartarie Moscovite , au pays des
Daouri , fur la rivière d'ingueda , félon Atlas , Robert
de Vaug. mais que les lettres édifiames,f. 7. p. 178. nom-
ment Hélonkian. Cette ville eft fituée au 52 deg. de
'latitude feptcntrionale , Se presque fous le même méri-
dien que Péking. Ce fut à Nipchou , nommé pat les
Moscovites Ncgoviim, que les plénipotentiaires duezar
& de l'empereur de la Chine lignèrent la paix entre
les deux empires, le 3 de Septembre 1689. * Hift.de
l'édit de l'empereur de la Chine , 1. 2. p. 210.
NIPES ou Nipe , colonie Françoifc , dans Pifle de
Saint Domingue , au quartier du Sud , au bord d'une
petite rivière, à deux lieues de la mer, & à quatre ou
cinq à l'oneit du petit Hoare. L'on trouve aux envi-
rons de cette colonie des chevaux marons qui ne font
pas plus gtands que des ânes , mais plus ramaffés Se
furt bien proportionnés : ils font vifs, infatigables & de
très-petite nourriture. Nipes eft une paroiffe deffervie
à préfent pat les Jacobins ; elle n'eft presque compo-
fée que de Mulâtres Se de Nègres libres qui ont une
infinité d enfans.
NIPHAGR^E , en grec N/<p*>pa C'étoit , félon Héro-
dote , /. 7. c. 1 1 2. le nom d'une muraille chez les Pie-
res, peuples voifins de la Macédoine ; mais Oitclius,
Thejaur. après quelques autres écrivains , avertit qu'il
faut lire <!>«■; p»« Phagres.
NIPHANA , nom d'un pays. Il en eft fait mention
dans le fécond livre des Pandectes. * Ortelii Thef.
NIPHANDA, ville de la Paropanifade , félon Pto-
lomée, /. 6. c. 18. qui la place entre Citifa Se Dra-
fioca.
N1PHAS , village de la Terre Sainte. Benjamin ,
dans fon itinéraire cité par Baudrand , Dill. prétend
qu'il tient aujourd'hui la place de Gad , ancienne ville
de la tribu de même nom ; mais l'un ou l'autre au-
roient dû nous dire quelle autorité ancienne ils trou-
Vent de l'exiftcnce de cette ville de Gad.
1. NIPHATES, montagne de l'Arménie. Ptolomée,
/. j.r. 13. dit que ceft une partie du mont Taurus,.
Se il l'éloigné beaucoup du mont Abos qu'il place au
nord. Strabon , /. 1 x.p. 527. au contraire met les mon-
tagnes Niphates , Abus Se Nibarus fur la même ligne:
au-deffus de Mafium , dit-il , mais allez loin du côté
de l'orient, eft fitué Niphates; enfuite Abos, Se après
Abos, Nibarus ; Se quelques pages auparavant,/. 11.
p. 523. il dit que du côté du midi on trouve dans cette
montagne les fonrces du Tigre. Quant aux fources de
ce fleuve , Ptolomée les éloigne du mont Taurus du
côté du feptentrion, Se les place à trente neuf deg.
vingt min. de latitude ; mais dans la carte qui a été
dreffée fur la defeription que donne Ptolomée , le mont
Niphates fe trouve être une partie du mont Taurus,
Se fur la même ligne. Les poètes ont parlé de cette
montagne : Virgile en fait mention dans le troifiéme
livre des Géorgiques, v. 30. en ces termes :
Addam urbes Afî& domitas , pulfumque Niphatem.
11 donne ainfi au peuple le nom du fleuve. Horace ,
/. 2. Od*t). dit :
Cantemus Augufti troph&a.
Claris , & rigidum Niphaten :
Medumqtte flumen , gentibus additltm
Viilis minores volvere vortices.
Cette montagne s'appelle aujourd'hui Curdo. Voyez.
ce mot.
2. NIPHATES. Ceft le nom d'une partie de la Mé-
fopotamie , fi on s'en rapporte à Probus , ad 3 . G1.0rg,
Voyez. Nymphates & Taurus.
NIPHAUANDRA , ville de Médie. Ptolomée, /. 6,
c. 2. la place dans les terres , entre Choaftra Se Guriau-
na. Ses interprètes lifent Niphanandra.
NIPHON ou Nipon , gtande ifle de l'Océan orien-
tal , Se la plus confidérable partie de l'empire du Japon.
Ce mot s'écrit toujours Nipon , & fe prononce par les
Japonnois Niphon. Les Chinois difent Zipon ou Sii-
pon. 11 fignifie le commencement du Soleil , Se il doit
ion origine à l'idée qu'avoient les Japonnois Se les Chi-
nois , qu'au-delà du Japon il n'y avoit rien , Se par con-
féquent que les ifles du Japon étoient les premières
éclairées du foleil. Quoique proprement Nipon n'étoit
que la plus grande de ces ifles, comme elle paffe de
beaucoup en grandeur toutes les autres , fon nom s'éten-
doit dans l'ufage à tout cet empire. Je n'en ferai ici ni
defeription ni divifion ; je ne le pourrois , fans répéter
ce que j'en ai dit au mot Japon , fur les mémoires
de Kxmpfer, celui de tous les écrivains qui a le mieux
débrouille cette matière. J'ajouterai feulement ici , qu'a-
vant que le Kubo eut abforbé tous les petits états de ce
pays, on comptoir cinquante-trois royaumes dans cette
feule partie de l'Empire. Voyez. Japon. * Notes manu-
scrites du P. Charlevoix.
N1PISS1GNIT ou Nepegiguit, rivière de l'Amé-
rique fcptentrionale , dans la Gaspefie. Elle coule de
l'occident à l'orient Se va fe jetter dans le golfe de S.
Laurent , à l'extrémité de la baie des Chaleurs (a). L'en-
droit où elle fe décharge eft un beau baifin , ferma
également par deux autres rivières. Il y a derrière ce
baifin de grandes Se belles prairies qui s'étendent une
grande demi-licue dans les terres ( b ). Le baifin a plus
d'une lieue Se demie de longueur Se près d'une lieue
de large. A trois lieues en mer , vis-à-vis de fon entrée,
il y a des battures dont la moitié afféche de baffe mer:
il refte un petit canal par où des chaloupes peuvent
entrer environ une portée de fufil dans le baifin , Se
tout le relie du baifin afféche de baffe-mer. On y Trou-
ve une quantité prodigieufe d'outardes , de canards Se
decravans. ( a ) Atlas , Rvb. de Vaugondy. ( b ) Denis ,
Defc. de l'Amérique fcptentrionale, c 8.
NIPISS1NG, ou Nipissiriniens , fauvages de l'A-
mérique feptentrionale , dans la Nouvelle-France. Ce
font les Algonquins de la première tribu. On leur a
apparemment donné ce nom , parce qu'ils habitoient les
bords du lac Nipiffing , fitué au nord eft du lac Hu-
ron , dans lequel il fe décharge par le moyen d'une pe*
tite rivière , appellée la rivière des François.
N1PISTA. Voyez. NEPrsTA.
NIPONBAS, c'eft-à-dire , le pont du Japon. Ceft
le cinquième grand pont de cet Empire. Il eft nom-
mé Niponbas par excellence Se par prééminence. Il eft
placé précifément à l'oppofite du palais royal , au mi-
lieu de Jcdo , & il eft particulièrement renommé à
caufe que les lieues qui fervent à mefurer tous Les"
grands chemins du Japon , commencent à fe compter
de cet endroit, Se s'étendent jusqu'aux extrémités de
ce grand Se puiffant Empire. * Kampfer , Hilt. du Ja-
pon , delà traduétion de Schcuchz.er,t. 2. p. r^J.
NIPPES, petit pott du grand cul-de-fac de !a par-
tie occidentale de 1 ifle de S? Domingue , à quatre lieues
à l'oueft du petit Goave.
N1PSA .
NÎS
NIPSA, ville de Thrace , félon Etienne le géogra-
phe , qui a formé ie nom aiilfibien que la ville du nom
des peuples nommés So-4-a.roi dans quelques anciens
exemplaires d'Hérodote , /. 4. c. 9 5. Mais comme aujour-
d'hui au lieu de nu-^moi 011 lit uv-\-ctïoi > fi ces peuples
avoient une ville , elle devoir fe nommer Mipfa , Se non
pas Nipfa.
NIRETHINE. Voyez. Nithine.
N1RIDANUM , mohaftere en Italie , au voifinagede
Naples , félon Bede , qui nomme fon éveque Adrianus
Aftr. * Ortelii Thclàur.
NIRIZ , grande ville Se forterelTe de la Pevfe pro-
prement dite, à 90 deg. de longitude , Se à 29 & demi
de latitude. L'on en tire de l'acier, plufieui s fortes d'ar-
mes , Se d'inltrumens de fer. L'air y elt plus chaud que
froid : le pays abonde en raifms de Corinthe. * Manu-
scrits de la Bibliothèque du Roi.
N1RSTEIN ou NERsTtiN , bourg d'Allemagne ,
dans ie Bas-Palatinat , fur le Rhin. Avant la guerre qui
précéda la paix de Weflphalie, il y avoir pluiieurs châ-
teaux Se maifons de plaifance qui ont été ruinés. Ce
bourg eft à un demi mille d'Oppenheim , allez près
du bourg & château de Schvartzbourg, qui elt auiîi
ruiné. * Zyler , Top. Palar. infer. p. 64.
N1RT1NGEN ou Nurtingen , ville d'Allemagne ,
dans ie duché de Wurtenbcrg , fit'uée fur le Necker,
entre Tubingen Se Kirchheim, Elle a un beau château
qui a été quelquefois la réfidence des princes de Wur-
tenberg. File fait néanmoins partie de la feigneurie de
Neiffcn. Il y a des vignobles à l'entour , mais le vin
n'en cil pas d'une fort agréable faveur.* Zeyler , Top.
SueviîE , p. 58.
1 . NISA , ville de Lycie , dans la Myliade. Ptolomée,
/■ 5. c. 3. la place entre Podalia Se Chôma. Ortelius,
Thefaur* conjecture que le territoire de cette ville pour-
roit bien être la même chofc que le Nyfais ou Ncfais
de Strabon, /. 12. p. 579. Voyez. Nysais.
2. NISA, ville de l'Alie, dans la CoraiTane , aux
confins du déferr:elle cft fituée au 39 deg.de latitude,
tlle lervoir autrefois de frontière aux Turcs Se aux
Perfans , &c l'on dit qu'elle a été bâtie par Darius Hy-
ftaspes, roi de Perfe , que les Turcs appellent Guifeh-
raibe Le fultan Mehemet avoir ufurpé cette ville fur
les enfans mineurs d'un prince, nommé Nasreddin , qui
en étoit le fouverain. Il en avoir fait rafer la citadelle ,
& par fon ordre, on avoir femé de l'orge fur la place
où elle avoit été bâtie ; mais depuis , il avoit permis
aux habirans de la faire rétablir ;& comme elle étoit
bien fortifiée , les habitans efpérerent en 1 221, de s'y
défendre Contre l'armée du grand Kan ; mais après quin-
ze jours d'une vigoureufe défenfe ," les Mogols firent une
brèche que les alfiégés ne purent réparer. Ils le faifirerit
des murailles une nuit j on ne put les en ehaffer, Se le
lendemain , s'étant rendus maîtres de la place , ils al-
lerenr dans routes les maifons , ils en firent fortii les ha-
bitans Se les conduifirenr dans une plaine , où ces mal-
heureux ne furent pas plutôt affemblés , que l'armée du
Mogol les environna de toutes parts pour les empê-
cher de fe retirer dans la montagne. Alors on fir rom-
ber fur eux une grêle de flèches & de traits qui les
percerenr Se les tuèrent tous , fans qu'un feul pût fe
fauver de ce carnage. On dit qu'ils étoielit au nombre
de foixante Se dix mille, tant habitans naturels , qu'é-
trangers Se payfans , qui s'étoient retirés dans la ville.
Il paroît que c'eft la même ville que l'Hiltoire généa-
logique des Tatars nomme Nasaï, & qu'elle met au
lud de la rivière d'Anin , vers les confins des provin-
ces d'Altarbarh Se de Chorafan , à 38 deg. 20 min.
de latitude. Elle ell à prefent fous la domination des
Tartares Usbecks, du pays de Charas'm. * Vêtis de la
Croix , Hill. du grand Gengis-Kan , 1. 3. c. .8.
3. NISA , Niss/e ou Nysa , ville de l'Alie procon-
fulaire, fur le Méandre ; elle étoit épiscopale , fous la
métropole d'Ephèfe, félon la notice de Léon le Sage.
La notice de Hieroclès écrit Nyjfa, en grec M><r<ra.. Voyez.
Antioche , n° 3. & Nysa , n° 4.
4. NISA , lieu fur la mer Rouge, félon Suidas,
qui cite Orphée au mor 1W05 vtotung. * Ortelii The-
jaur.
;. NISA ou Nyssa, ville de la Cappadoce. L'iri*
NIS S69
ncraire d'Antonin la met fur la route d'Ancyrc à Lé-
farée, entre Parnagus Se Oftana, à vingt quatre mille
pas de la première Se à trente-deux mille de la fé-
conde. Elle étoic épiscopale. Voyez. Nysa , n° 3.
NlSvEA, ville d'Afie, dans la Margiane , félon Pto-
lomée, /. 6. c. 10. Dans fon huitième livre il la nom-
me Nig&a-, 11 y a apparence que c'eft une faute de co~
piite. Voyez. Niss^ea.
NIS.LE. Voyez. Niss^ea.
NIS/EI, peuple de l'Arie. Ptolomée , /. 6. c. 17. dit
qu'ils en occupoient la partie feptentrionale avec les
Aftabcnu
NISARO, Nisari ou Nissari , f/lè de l'Archi-
pel , à l'occident de celle de Rhodes , Se entre celles de
Piscopia Se de Galy. Elle elt habitée par des Grecs qui
payent tribut aux Vénitiens Se aux Turcs. Il y croît du
bled, du coton , du vin, Sec. Il n'y a guère de vais-
feaux qui la fréquentent, parce que la rade elt mau-
vaife Se qu'on n'y peur faire de l'eau. C'eïï la Nifyrus
des anciens. * Voyage de Robert, t. 4, p. 29;.
11 NISA WAE Y, contrée d'Ane, dans le Schiiwan ,
fur Ja côte occidentale de la mer Caspienne. On ne
trouve ni villages, ni maifons fur cette côre qui eft
baflê ; de forte qu'on elt obligé d'y dreffel des ten-
tes , ou d'avancer plus avant dans le pays , félon qu'on
le juge à propos, Se félon le féjour qu'on y veut fai-
re. Les Arabes y viennent trouver les voyageurs avec
des chameaux Se des chevaux pour les conduire à Sa-
machi. Les^ Turcs Transportent aulli des marchândifes
fur cette côte, Se les uns Se les autres habitent fous
des tentes en été, Se en hiver, dans des villages allez
éloignés des cotes. Avant que de partir , il faut payer
les droits ; ils fe montent à quarante-fix fols par bal-
lot, Se chaque ballot pefe quatre cens livres, charge
ordinaire d'un cheval. On trouve fur ce rivage de gros
animaux avec de petites têtes; on les nomme des chiens
marins. 11 y en a d'àu/Ii gros qlie des chevaux , & leur
peau elt admirable pour couvrir des coffres: Dans la
faifon où ces animaux s'accouplenr , on en voir des
milliers fur le rivage de Nifawaey. * Le Brun, Voyage,
pag. 148.
2. NISAVVAEY , rivière d'Afie , dans le Schiiwan
(a), qui donne fon nom à une partie delà côte oc-
cidentale de la mer Caspienne. Elle a fa lburce dans les
montagnes. Son cours e/t du couchant au levant; elle
fe jette dans la mer Caspienne par deux embouchures
différentes, Se (h) elle elt remplie de poiffons en cer-
tain rems, (a) Reiner Ottens , Carte de la mer Caspien-
ne, (b) Le Brun , Voyage , p. Î48.
NISBARA Se NiscHanabe , ville de Perfe, félon
Ortelius, Thef. qui dit, d'après Zofime , /. 3. que le
Tigre féparoirces deux villes.
NISCHABOUR , ville d'Afie. Voyez. Neischabour;
NISCHANABE. Voyez. Nisbara.
NlSE. Voyez. Nissa.
NISE. Voyez. Nisa.
NISE. Voyez Nisen.
NISEN, NIESNA, NISI-NOVOGOROD ou le
petit Novogorod Se Nisen Nieugarten , ville de
l'empire Rulfien , au confluent de l'Occa & du Wol-
ga, Se la capitale d'un petir duché de même nom.
Elle eft bâtie fur un rocher , Se ceinte d'une belle mu-
raille de pierres avec uUe chadelle. On rraverfeun grand
bazar ou marché , avant que d'arriver à la porte d'I-
V/anofskie, qui eft du côré de la rivière. Cette porte
eft bâtie de grandes Se gi odes pierres , Se eft fort pro-
fonde ; on va de-là toujours en montant par une gran-
de rue , remplie de ponts de bois , jusqu'à l'autre porre
nommée Diawietrofskie. On voir auprès de celle ci la
grande églife qui elt de pierres , Se dont les cinq dô-
mes font vernis de verd Se ornés de belles croix. Le
palais archiépiscopal elt à côré Se auifi bâti de pierres.
Il y a dans ion enceinte une jolie petite églife avec tut
clocher Se deux aurres églifes , l'une de pierres Se l'au-
tre de bois. Le prikaes ou la chancellerie eft aulli pro-
che de cette porte, Se de bois aulTi bien que la mai-
fon du gouverneur ; c eft rour ce qu'il v à de plus re-
marquable dans certe ville, qui n'eft pas bien grandes
Se dont toutes les maifons font de bois. Les murailles
fout flanquées de rours tohdes Se cariées; on en voit-
Tom. IV \ C e e e
NIS
170
entr'aurres une grande , beaucoup plus élevée que les
autres , Se que l'on découvre de fort loin ; il n'y a que
deux portes. Les fauxbourgs font très-grands, fur-tout
celui qui eft du côté de la rivière , & où il y a plu-
fieurs églifes de pierres. La montagne qui eft féparée en
diverfes parties , fur lesquelles il y a des églifes & des
maifons , fait un très - bel afpect. Les hauteurs Se les
vallées empêchent cependant d'en voir le tour. La ri-
vière eft toujours remplie d'un grand nombre de bar-
ques, qui vont & viennent de tous côtés fur l'autre ri-
ve. A l'oppofite de la ville , il y a un grand village
dans lequel on trouve une grande églife Se une grande
maifon, bâties de pierres. L'eau de vie y en; à ii bon
marché , qu'on en a huit bouteilles pour quarante fols.
Les vivres n'y font pas plus chers à proportion. On y
acheté un agneau ou un mouton ordinaire treize à
quatorze fols-, deux petits canards un fol, une bonne
poularde trois fols , vingt œufs un fol, deux pains
blancs de grandeur raifonnable un fol, un pain bis de
fept à huit livtes aufli un fol. La bière y eft bonne Se
à grand marché. * Le Brun , Voyage , p. 80.
On compte que la ville de Nifen eft à huit cens
werltesde Moscou ; ce qui fait cent foixante lieues d'Al-
lemagne ; mais il n'y en a pas plus de cent par terre.
La ville n'eft habitée aujourd'hui que par des Rufliens:
on n'y voit plus de Tartares. Elle eft fort peuplée. Les
jours de fêtes fe folemnifent dans cette ville par la dé-
bauche. On ne fait rien que s'enyvrer ces jours - là.
Les riches boivent chez eux : les pauvres fe rendent de-
vant les Kabaks ou maifons où l'on vend de l'eau de
vie, & en prennent outre mefure. Lorsque laboiflbn leur
monte à la tête , ils fe couchent fur le pavé •, car il
faut qu'ils relient dans la rue : il ne leur eft pas per-
mis d'entrer dans la maifon. Il y a à la porte une ta-
ble, fur laquelle ils mettent leur argent: on leur mefure
alors la quantité d'eau de vie qu'ils fouhaitent. On la
•tire d'un grand chauderon avec une cuiller de bois ,
& on la met dans une rafle qui eft auflï de bois. Les
femmes y vont comme les hommes Se s'enyvrent de
même.
NISERGE , ville de la Perfide. Ptoloméc , /. 6. c.4.
îa place dans les terres.
1. NISI , rivière de Sicile, dans le Val-Demone. Elle
a fa fource dans le mont Spreverio : elle coule du nord-
oueft au fud eft , & fe décharge dans le Fare de Mes-
fine , au nord du cap Saint Aleflio. * Atlas, Rob. de
Vaugondy.
2. NISI , bourg de Sicile, dans le Val-Demone, fur
une rivière de même nom. Il a titre de baronnie.
NISJBEou Nisibis , ville très ancienne & très-célè-
bre, dans la partie feptentrionale de la Méfopotamie.
Elle étoit fort éloignée de l'Euphrate , mais voifine du
Tigre , donr elle étoit diflante de deux journées de che-
min , félon Procope , Fcrjïc, l. 1. c. 11. ainfi Pierre
Patrice fe trompe , lorsqu'il dit , in ultimis Excerf ùs ,
p. 30. que Nifibe étoit firuée fur le bord du Tigre. Il
eft bien vrai qu'elle étoir fur une rivière, mais c'étoit fur
leMygdonius, Se non fur le Tigre. Julien, Orat. 1.
p. 27. de Nifibe , & Oral. 2. p. 6t. le dit pofuivement
en ces termes : Amnis Mygdonius inundans infundïtur
in adjacentem mœmbus campum. A la vérité, Etienne
le géographe paroît la placer fur le Tigre ; mais il
faut traduite avec précaution ce paflage de cet écri-
vain , N/V//3/Ç 770A/Ç w Tti ntpaid tïi 7rpoç raTi,)p>tri7roTtitfA.u: il
doit fe rendre de la forte; « Nifibe eft une ville fituée
«dans le quartier appelle Trans-Euphratenfe, qui eft
» dans le voifinage du Tigre. » * Cellarius , Geogr.
ant. 1. 3. c. if.
La ville de Nifibe pafTe pour être û ancienne, qu'on
ne fait aucune difficulté d'attribuer fa fondation à
Nemrod. En effet , on lit dans faint Jérôme , que Neir-
rod régna Se dans Arac , qui eft Edefle , & dans Achad ,
qu'on appelloit de fon tems Nifibe. Les Macédoniens
ne la fondèrent pas, ils ne firent qu'en changer le nom:
comme ils donnèrent à ce canton de la Méfopota-
mie le nom de Mygdonie , ils donnèrent à la ville de
Nifibe , qui s'y trouve fituée , le nom d'Antioche de
Mygdonie. Les Barbares , dit Plutarque , in Lucidlo ,
p. 514. la nommoient Nifibe, Se les Grecs l'appel-
îoient Antioche de Mygdonie. Sti abon , /. 16. p. 747.
NIS
eft de ce fentiment , Se ajoute qu'elle étoit fituée à\i
pied du mont Mafius. Tigranes en étoit poflefleur
du tems de la guerre de Mithridate, & Lucullus la
lui enleva. Elle devint alors le boulevard de l'empire
Romain, contre les Pannes; mais l'empereur Jovien la
leur rendit ignominieufement (a). Saint Jacques, qui y
étoit né , en fut fait évoque (b) , vers les commence-
mens du règne de Conftantin , qui le regarda toujours
comme un puiflant protecteur de la ville. En effet,
tant qu'il vécut , il la garantit des aflauts des Teffes.
Après fa mort , Jovien ayant cédé Nifibe aux Perfes ,
la plupart des habitans , plutôt que de fubir le joug de
ces nouveaux maîtres, s'en allèrent demeurer dans un
bourg éloigné Se emportèrent le corps de faint Jacques
avec eux. Saint Ephrem étoit né dans le territoire de
cette ville , Se y avoir demeuré long-tems avant que de
paffer à Edeffe. Saint Makh , folitaite célèbre par fa
captivité , dont faint Jérôme nous a donné l'Hiftoire ,
étoit né aufli dans le territoire de Nifibe. {a) Ant*.
Marcel. 1. 2j. c. 31. {b) Baillet , Topographie des
Saints , p. 547.
Dans l'infcription d'une médaille de Julia Paulla , ori
lit ces mots Ce KOAn.NECiBi , c'eft-à dire , Sep-
timiœ Colonie Neftbitana. Etienne le géographe veut que
quelques uns ayent écritN«V//2/J, Nafibis ; mais par tout
ailleurs on lit Ntjibis. Aujourd'hui on écrit Nf.sbin,
Nassibin ou Naisibin , c'eft le nom moderne ; mais
la ville n'eft plus que l'ombre de ce qu'elle étoit an-
ciennement. Elle eft partagée en deux quartiers fépa-
rés par une terre labourée, & ces deux quartiers ne
valent pas un bon village. Il y avoit autrefois une
églife dédiée à faint Jacques , qui eft appelle frère de
Notre Seigneur: on ne voit à préfent que les arcades
des portes , ôc un petit espace qui étoit , félon les ap-
parences, le fond de l'églife. Les Syriens ont fermé cet
endroit, Se y célèbrent encore aujourd'hui , de même
que les Arméniens. Nefbin dépend du bâcha de Mer-
din. * Olearius , Voyage du Levant, t. 3. p. 92.
A une grande demi-lieue de Nefbin, du côté du levant,'
il pane une affez belle rivière, qu'on traverfe fur un
pont de pierres ; Se l'on voit fur le chemin plufieurs pans
de murailles avec une grande arcade ; ce qui fait juger
qu'anciennement la ville s'étendoit jusqu'à la rivière. A
deux portées de mousquet du pont , vers le couchant ,
on rencontre une pierre, à moitié enfoncée dans la
terre Se fur laquelle font écrits quelques mots latins
qui font connoitre que c'eft le tombeau d'un général
d'armée , François de nation ; mais le tems a effacé le nom.
Naflibin eft éloignée de Mouiïul de cinq journées :1e
pays eft presque par tour défert & inhabité de ce cô-
té. On ne trouve de l'eau qu'en deux endroits , enco-
re n'eft-ellc pas trop bonne : de tems en rems on ren-
contre quelques Pâtres qui habitent fous des tentes. A
deux ou trois lieues en deçà de Nefbin , il y a proche
du chemin un hermitage. C'eft une petite chambre dans
un enclos de murailles, Se dont la porte eft très-baffe.
Quelques Juifs vont de tems en tems à cet hermitage
pour y faire leurs prières , parce qu'ils croient que c'eft
le lieu où eft enfeveli le prophète Elifée.
Le pays qui s'étend depuis Coufafar jusqu'à Nefbin ,
eft une large campagne , & la première journée on ne
voit d'autre herbe fur la terre , que de la pimprenelle î
la plante en eft fi groffe , qu'il s'en trouve d'un pied
Se demi de diamètre. La journée fuivante , on trouve
la campagne couverte d'une autre plante , dont la feuille
eft grande , large Se épaifle , Se l'oignon gros comme
un œuf d'oie : on y voit aufli quantité de fleurs jau-
nes, rouges & violettes, des tulipes de différentes cou-
leurs , des anémones Se des narcifles fimples. * Tavtr-
nier. Voyage de Perfe , 1. 2.-
N1SIRES. Voyez Nisives.
1. NISIBIS. Voyez. Nisibe.
2. NISIBIS, ville de la Méfopotamie, fur l'Euphra-
te, félon Jofephe, Amiq. I. i8.c. 12. Je ne crois pas
qu'aucun autre écrivain fafle mention de cette ville.
3. NISIBIS, ville d'Afie , dans l'Ane. Ptolomée ,
lib. 6. cap. 17. la place entre Arcitane Se Taraca-
nece.
NISICATES , ou Nisicastes Se Nisn\£ , peuples
de l'Ethiopie, fou* l'Egypte, félon Pline, /. 6. (. 30,
ms
N
qui die que ces noms lignifient des hommes qui ont
trois ou quatre yeux : non pourtant que ces peuples
faflent tels , mais parce qu'ils appliquoient toute leur
attention , en tirant leurs flèches, 8c tiroient jufte.
NISIOBENSES. Ortelius , Thef. dit qu'il trouvoit àes
peuples ainfi nommés fur une médaille en cuivre de
l'empereur Trajan , qu'il avoit entre les mains.
NISIS. Voyez. Nestus.
NISISTA, nom d'une ville dont il étoit parlé dans
les fanerions pontificales des empereurs d'Orient: Or-
telius , Thefaur. juge qu'elle écoit aux environs de
l'Epire.
NISITA , ifle fur la côte du royaume de Naples ,
tntre Pozzuolo & l'ifle de Lagajola. Elle elt de forme
ronde , & n'a guère qu'un mille 8c demi de tour. Du
côté du midi , elle a un petit port appelle Porto Pa-
voue. On lit les deux vers fuivans (<?) dans un marbre
ancien fur la porte du pont qu'il faut paffer pour mon-
ter dans l'ifle :
Navita , fijle ratem , terrtonem hic velaque fige.
Meta laborum h&c eft , Uta quies ammo.
Quelque petite que foit cette ifle (b) , elle rapporte
huic mille ducats tous les ans. Elle en l'apporterait
davantage , s'il y avoit moins de lapins. Ces animaux
femblent en être les maîtres , 8c il pourrait bien ar-
river aux habitans ce qui arriva à ceux de Porto Santo ,
près de Madère, que ces animaux chafferent de l'ifle.
On fait ce qu'on peut pour empêcher que le nombre
n'en devienne exceffif;car pour les détruire , il ne faut
pas y fonger. Ils font leurs trous dans des rochers es-
carpés, qui environnent l'ifle , &: où l'on ne peut grim-
per. On trouve auffi dans cette ifle quantité de per-
drix, de faifans &'de cailles, dans la faifon de leur
paffage. Outre cela, il y a une Madrague pour la pê-
che du ton ; 8c le ter rein de l'ifle eft excellent : c'eft
dommage qu'il n'y en a pas davantage. En fuivant la
route par mer , à environ un demi-mille , on rencon-
tre un petit écueil, qui n'en: détaché de la terre que
de l'espace de quinze pas. Il eft nommé par les gens
du pays Lagajola , la cage. Sur le fommet 8c aux en-
virons même dans la mer , on voit des mannes de bâ-
rimens anciens, & au rivage de la terre ferme , il y a
le refte d'un temple ancien , qu'on appelle 1 Ecole de
Vitgile. C'eft à préfent un hermitage fort bien finie 8c
dans une folitude très agréable, (a) Corn. Dict. (/•) La-
bat, Voyage d'Italie, t. y. p. 241.
NISIT/E. Voyez. Nisicates.
N1SIVES, peuple de l'Afrique propre , félon Pline ,
/. j. c. 4. Ptolomée, /. 4. c. 3. les place après les Na-
tabiitA. Ce font peut-être les mêmes peuples que Ti-
te-Live, /. 33. c. 18. nomme Ntjueta.
N1SMES, Nemaufus , ville de France, dans le Lan-
guedoc. Elle eft fort ancienne , &: il paraît qu'on peut
lui trouver environ 3400 ans de durée depuis fa première
fondation , dont on fait honneur à Nemaufus , fils
d'Hercule , foit du Thebain , foit de l'Egyptien , foit
du Libyen. On prétend doneque l'un de ces Hercules, qui
vint dans les Gaules pour combattre le tyran Tau riscus,
8c qui paffa en Espagne pour domter un autre tyran ,
nommé Gérion , cur des femmes de ces princes vain-
cus , un grand nombre d'enfans , 8c entr'autres un ap-
pelle Nemaufui , qui fonda Nismes , & lui donna fon
nom. Cet Hercule 8c ce Nemaufus , félon Eufebe 8c
Prosper , étoient à peu près du tems de Priam , roi de
Troye , un peu avant l'époque de fâ deftrnction. Se-
lon ce fentiment , Nismes aurait été feulement fondée
j ou 600 ans avant Rome. Cette origine paraît afièz
vraifemblable , d'autant qu'on fait qu'il y a eu en effet
un Nemaufus , fils d'un Hercule. Diodore de Sicile
8c Ammien Marcellin rapportent que les enfans qu'Her-
cule eut de plufieurs femmes dans la Gaule Celtique y
fondèrent beaucoup de villes, auxquelles ils donnèrent
leurs noms ; depuis cette fondation de Nismes par Ne-
maufus , on ne connoît plus l'état de cette ville jus-
qu'au tems que les Phocéens de Marfeille , colonie
Grecque , vinrent s'y établir mille ou onze cens ans après.
Quelques-uns prétendent que cette ville fe gouverna
pendant ce long intervalle en République , & qu'elle
S
7 r
avoir même vingt-quatre bourgs ou villes dans fa d&
pendance au tems que les Phocéens de Marfcillc y vin-
rent. Ces Phocéens avoienr été premièrement habitans
de l'Ionie dans l'Alie Mineure , autrefois colonie d'Athè-
nes , 8c avoient été contraints de quitter leur pays dé-
folé par les Médes & par les Perfes. Ils étoient venus fur
les côtes de Provence , & y avoient fondé Marfcille du
tems de Taïquin, cinquième roi des Romains. Ils avoient
même été rejoints , 60 ou 80 ans après , par le refte de
leurs compatriotes , lorsque Cyrus , roi des Perfes eur
porté de nouveau la guerre dans. l'Ionie ; mais cette
double colonie s'étant trouvée trop refferrée dans le
territoire de Marfeille , fut obligée de fe répandre du
côté d'Avignon , à Orange , à Nice f à Amibes , à
Turin , à Tarragone , & à Nismes. Auffi voit-on qi.e
la plupart des noms des lieux circonvoifihs de cette der-
niefe font grecs ■, comme celui du Catarau , torrent
qui coule avec une très-grande impéruofné , 8c qui tra-
verfoit l'ancienne ville. On a même trouvé quelques
épiraphes grecques qui doivent achever de confirmer
cette opinion. De plus , le fymbole ou les armoiries
anciennesde Nismes , qui étoient un taureau d'or, eu
champ de gueules, femblables à celles de Marfeille &
de Turin , font voit que ces villes avoient eu quelque
chofe de commun dans leur origine. Au refle , les Pho-
céens qui vinrent habiter Nismes , s'accommodant avec
les plus anciens habitans qui fuivoieht les fupérftitioris
égyptiennes , adorèrent les mêmes divinités en chan-
geant feulement les noms. Ainfi la Décile Ifis devint
Diane , &c. & les temples ne recurent aucun chan-
gement. * Gautier , Hift. de la ville de Nisme.
Nismes relia environ 440 ans dans l'état où les Pho-
céens la mirent , & tomba , avec le refle des Vols-
ques , dont elle éroit capitale , fous la puiffancé des
Romains. Les Volsques habitoieht le long du Rhône ,
ils avoient affujetti cette ville , ou avoient été con-
quis par elle. Ce qu'il y a de fur , c'eft qu'au tems où
Fabius Maximus la fournir aux Romains , elle étoit ap-
pellée Nemanjus , urbs Volsterum Arecofnkoriim. Ap-
paremment qu'elle fur dans la fuite fe fbuflraire de
cette nouvelle domination , car on trouve qu'elle fut
du nombre des 837 villes que Pompée conquit dans
Ces exploits , depuis les Alpes jusqu'aux derniers con-
fins de l'Espagne.
Plufieurs marbres que l'on a trouvés dans les débris
de Nismes avec des inferiptions latines, font voir que
les Romains y ont envoyé des colonies ; qu'elle a été
gouvernée par des conflits 8c des àuumv'irs , qu'il y avoit
des édiles comme à Rome , un fénât , une compagnie
de décurions, unquefteuii qu'il y avoir un collège de
prêtres 8c un temple dédié à Augufte. Ces inferiptions ,
répandues en différens endroits , font au nombre de cinq
à fix cens.
Le gouverneur , qui avoit été établi à Nismes avec
les colonies Romaines , y dura jusqu'en l'an de la fon-
dation de Rome 1160, qui fe rapporte à l'année 410
de l'ère Chrétienne, auquel tems les empereurs Flo-
norius 8c Àrcadius» cédèrent Nismes aux Goths , après
que cette ville eût été environ jco ans ou plus fous la
domination des Romains. Durant ces cinq fiécles, Nis-
mes a produit de grands hommes dans la profvifion
des lettres, & dans celle des armes. On en vit fortir
fous l'empire de Tibère un préteur , orateur d'une
grande réputation , appelle Domains Afer. Elle .donna
auffi la naiffance à Aurtltus Fidvhts , qui fut confulà
Rome, 8c père de l'empereur Antonin Pie. il ne faut
pas douter que cette ville ne fe foit beaucoup aggran-
die , pendant qu'elle a été fous la puiffancé des Romains.
Ou fait par certains indices ou reftes , que les murs
dont ils l'environnèrent , faifoient 46^0 toiles de cir-
cuit , & que l'étendue de ces murs, comparée avec
celle des murs de Rome, du tems de Vespafien , n'en
étoit moindre que de mille toifes. Ce fut pendant le
même tems que la plupart des monumens qu'on y vois
aujourd'hui , furent conftruits : mais on ne fair par qui.
Dès que les Gors furent arrivés à Nismes, ils firent une
citadelle des Arènes, y bâtirent les deux tours qu'on
y voir encore aujourd'hui, du moins en partie.
Quoique fous les derniers empereurs Romains, 8i
fous les premiers rois Gorhs, le Christianisme' eût fait
'lom, IV. C e c c ij
NIS
172,
quelque progrès dans Nismcs, cène fut qu'environ l'an
J3 5 > qu'on changea divers établiffemens du Paganis-
me en d'autres plus conformes à l'eiprit de la vraie
Religion. Néanmoins comme les Goths voulurent ab-
folumcnt faire régner l'Arianisme , les Chrétiens ortho-
doxes ne laifferent pas d'être encore l'objet de la per-
sécution qui ne finit que par la converfion du roi Re-
carede. Ce prince fit prélent de fa couronne à l'églife
de S. Julien.
Cette ville étant enfuite tombée au pouvoir des Wifi-
goths , fouffrit beaucoup fur la fin du feptiéme fiécle,
ayant ofé foutenir un long fiége contre le roi Wamba.
Dans le huitième fiécle, Nismes, malgré fes efforts, fuc-
comba fous la puiflance des Sarrazins qui s'étant empâté
de l'Espagne,vouloient réunir toutee qui enavoit dépendu.
Ses habkans ayant marché à la rencontre de ces nouveaux
conquérans , défendirent pendant quelque temsle partage
de la rivière du Vidoure; mais ces derniers l'ayant enfin
traverfée , Se s'étant établis d'abord à Galargues Se àSatu-
rargues , qui font à trois Se quatre lieues de Nismes ,
prirent enfin cette ville Se quelques autres places du
Languedoc qu'ils conferverent environ vingt années. Pen-
dant ce tems l'exercice public de la religion Chrétienne
y ceiTa , Se les églifes furent changées en mosquées ; mais
après que Charles Martel eut délivré la Guienne des
Sarrazins, par la célèbre victoire qu'il remporta à Poi-
tiers , où plus de trois cens mille de ces infidèles péri-
rent, il vint affiéger Nismes qui tenoit encore pour eux,
Se l'ayant prife d'aiïaut, il la brûla, & renverfa presque
tout ce qui n'avoit pu être confirmé par le feu ; néan-
moins l'amphithéâtre & quelques autres monumens écha-
perent à ce ravage. Les Wifigoths, qui vinrent peu après
du côté des Alpes , rétablirent un peu cette ville ; mais
les Sarrazins la reprirent encore une fois, & la gardèrent
Jusqu'à ce que Pépin reconquit tout ce pays. Nismes fut
dans la fuite gouverné par des vicomtes fous l'autorité
des ducs de Septimanie.Ces vicomtes de Nismes fe rendi-
rent propriétaires dans le dixième fiécle &c prirent quel-
quefois le nom de Comtes : car on voit que Berthe ,
mère de Raimond , à laquelle ce territoire appartenoit
l'an 960 , dans la feptiéme année de Lothaire , fils de
Louis d'Outremer , prenoit la qualité de Comreffe; mais
fous le règne de Robert, fils de Hugues Capet, Hermen-
garde, en fes Chartres, ne prend que le titre de vicom-
te/Te.
Raimcnd , comte de Touloufe , ufurpa pendant quel-
ques annnées le haut domaine de Nismes , quoique les
habitans,l'évêque& le vicomte prétendirent être vaiïaux
immédiats du roi. Les comtes ou vicomtes deCarcafibne
Se deBeziers avoient aufii leurs prétentions fur Nismes,
de forte que les rois d'Arragon, de qui toutes les terres
de ces Seigneurs relevoienr , croyoient avoir aufii droit
fur cette ville Se fur fon territoire , appelle le Nemofez.^
mais Jacques , roi d'Arragon , y renonça en faveur de
S. Louis Se delà couronne de France, par une trans-
action de l'an 1 2.58. Quant aux prétentions des comtes
de Touloufe, elles furent anéanties avec eux.
Sur la fin du douzième fiécle , l'héréfie des Albigeois
s'étoit répandue jusqu'à Nisrnes. Le mal s'étant fortifié ,
le pape Honorius 111 exhorta infiamment les habirans
de cette ville de rentrer dans le fein de l'églife , comme
on le voit par fes Lettres, qui font encore dans les
archives du lieu même. On déféra à fes ordres ou folli-
citations en 1226 , mais ce ne fut pas pour long tems-;
de forte que le faint père fut obligé de faire agir les
armées des princes catholiques j pour mettre ces réfra-
ctaires à la raifon. Cette héréfie finit à Nismes au décès
de Jeanne, leur dernière Comtefle, Se d'Alphonfe, comte
de Poitiers, fon mari, vers l'an 1170, & le Languedoc
fut alors réuni à la couronne de France.
En 1417, Nismes, qui appartenoit à Charles VI , roi
de France , fut pris par le prince d'Orange , qui étoit
à la tête des Anglois ; ce fut alors que le château des
Arènes fut ruiné, Se réduit en l'état où on le voit au-
jourd'hui. Depuis 1 extinction des Albigeois jusqu'en l'an
1560 la religion catholique ne fouffrit plus aucun trou-
ble dans Nismes -, cependant il y avoir déjà du tems
que plufieurs perfonnes fuivoient la réforme de Calvin.
Plufieurs Miniftres venus de Genève l'y avoient prèchée
fccrçttemeni ; mais comme ceux-ci , après que leur Secte
NIS
eut fait du progrès , ne gardèrent plus de mefures en
1560 , il y eut bientôt plufieurs troubles Se divers mas-
facres au fujet de la religion , Se on y bâtit un temple
en 156 j , pour les Calviniltes; mais il fut brûlé en
1568 , rétabli en 1 569 , Se dura jusqu'en l'année 1685 >
qu'il fut abbatu par ordre de Louis XIV. Quelque
tems après , ce même monarque fit bâtir à Nismes , le
château ou fort à quatre battions qu'on y voit aujour-
d'hui , pour la tenir mieux en bride. Depuis que cette
ville avoit été fous le domaine des rois de France , elle
avoir obtenu de grands privilèges; mais comme elle parue
en abufer Se vouloir fe rendre indépendante , après
qu'elle eut embraffé le Calvinisme ; qu'elle fe diftingua
même par fa fierté , entre routes les villes de fon parti ,
pendant un tems allez considérable, elle fut contrainte
par la force de fe foumettre, Se fe vir dépouillée d'une
partie de fes privilèges. C'étoit-là qu'avoit été publié
ï'édit de grâce & de pacification l'an 1629.
On prétend que faint Sernin, disciple des Apôtres,
fut le premier qui apporta le Chriftianisme en Lan-
guedoc , Se par conséquent à Nimes , Se qu'il y con-
vertit d'abord Honeftm natif de cette ville. Quoi qu'il
en foit, faint Cafior , qu'on dit être né dans les Arènes,
fut le premier évêque de Nismes, Se la cathédrale lui
a été dédiée dans la fuite.
Il s'eft tenu à Nismes quatre conciles : le premier en
l'an 389 : le fécond en 886 , contre Salva , clerc Espa-
gnol, qui fe portoit pour archevêque de Natbonne.
Théodat , véritable archevêque de Narbonne , y étoit
avec trois autres métropoli:ains , Gilbert de Nismes étoit
du nombre des évêques. Un troifiéme en 897 ; enfin le
quatrième en 1096 parle pape Urbain II, qui retour-
noit à Rome après la célébration du fameux concile de
Clermont. Ce pontife y donna l'archevêché de Narbonne
à Bertrand, évêque de Nismes.
Cette ville jouit d'un ciel pur & ferein pendant pres-
que toute l'année , & fe trouve fituée dans un des plus
agréables pays du monde. Une belle plaine couverte de
beaux jardins, dont les graines fe répandent dans toute
l'Europe , fait une partie de fon terroir. L'autre et! com-
pose de plufieurs coteaux Se vallons couverts de vignes
& d'oliviers , Se d'autres coteaux nommés Gangues , qui
font des endroits couverts de bois taillis, où croiiïent
pour l'ordinaire le thim , le ferpolet , la farriette , le ro-
marin. Ces Garigues produifent une belle espèce de
vermillon , qui s'y ramaffe fur des feuilles de certains
arbuftes, où un petit ver le jette. On en compofe la
couleur rouge de Garance, Se lefyrop de Kermès , qu'on
envoie dans les pays les plus lointains. Dans tout ce ter-
ritoire les vins , le gibier Se le bétail , font des plus ex-
cellens de la province. Enfin , tout ce qui peut contri-
buer à rendre la vie délicieufe , s'y trouve tellement
raffemblé , qu'il n'eft pas étonnant que les colonies Égy-
ptiennes, Grecques & Romaines , ayent préféré ce pays
au leur.
Un des plus confidérables monumens antiques de Nis-
mes, eft l'amphithéâtre nommé les Arènes. Il eu de figure
ovale, parce que les jeux qu'on y faifoit, étoient con-
factés à Cafior Se à Pollux , frères jumeaux , que la my-
thologie des Gentils difoit être nés d'un œuf. Il eft
compofé de deux rangs d'arcades , dont le nombre fe
monte à vingt-deux : elles font l'une fur l'autre , for-
ment quatre portiques tout autour; un contour de cent
quarre-vingt toifes. Comme les Goths en firent une for-
tereffe, on voit une fort grande brèche que firent ceux
qui les y forcèrent.
Le pont du Gard, qui n'eft pas loin de cette ville,
eft une des plus belles antiquités du monde, Se l'ouvrage
le plus hatdi qu'on ait jamais pu imaginer. Il fervoit
en même rems d'aqueduc pour conduire les eaux de la
fontaine d'Eure depuis U fez jusqu'à Nismes, en les faifant
paffer fur la rivière du Gardon d'une montagne à l'au-
tre , à la hauteur de vingt-cinq toifes. Cet ouvrage eft
compofé de rrois rangs d'arcades à plein ceintre les
unes fur les autres, qui four trois pour s les uns fur les
autres. L'aqueduc qui eft au-defius du troifiéme pont ,
Se qui en fait le couronnement a quatre pieds de large
Se cinq de haut dans œuvre. On ne fait précifément
à quel ufage fervoient les eaux que cet aqueduc con-
duifoit à Nismes: les uns veulent qu'elles croient pour
NIS
NIS
Pufagedu temple de Diane ; d'autres pour donner lieu
à des Naumachies , ou combats navals dans l'amphi-
théâtre ; d'autres à des bains, ou pour fervir à la boillon
des habiians de ceire grande ville, qui étoit regardée
comme une féconde Rome.
On voit aufîi un beau refte des anciens murs , qui >
comme je l'ai déjà dit , avoient un circuit de 4640 roifes-
Ce relie fait connoître qu'ils avoient fix toifes de hau-
teur Se une d'épaiffeur , deforte qu'ils foutenoient un
corridor ou chemin de ronde. Ces murs parçouroient
fept montagnes ou collines comme celles de Rome.
Ces fept montagnes, fur lesquelles on voit encore quel-
ques débris de ces murs , font 1 °. celle de Tafi.au ou des
Juifs; z°. celle de Pïed-Ferrié ; 30. celle de Pied Crema\
4°. celle de Lampez,e ; 50. celle de la Tour magne ; 6°,
celle de Canteduc \ 70. celle de Montauri ou du Peirel.
Charles Martel fit abbatre ces murs en 736 , à l'exce-
ption de la partie qui eft entre la tour du Château Se
la plate-forme. Entre les quatre vingt-dix tours, qui dé-
fendoient les anciens murs, la plus , grande appellée la
Tourmagne, fubfiite encore en partie. Elle commandoit
toutes les autres ; elle avoit fept faces par en bas Se
huit en haut. Sa circonférence eft par le bas de qua-
rante toifes cinq pieds. Depuis fon rès de chauffée jus-
qu'à la galerie, elle a de hauteur cinq toiles deux pieds.
Cette galerie regnoit tout autour à la hauteur des murs
de la ville , Se avoir deux toifes deux pieds de largeur ,
à la réferve de la face du levant, qui n'avoit qu'une
toife de large. La tour au-deffus de la galerie avoit dix-
fept toifes cinq pieds de circonfcrence. Elle avoit en
tout dixmeuf toifes trois pieds de haut , lorsqu'elle étoit
en fou entier-. Les ornemens de cette tour.étoient d'or-
dre dorique. Trois corniches la partageoient différem-
ment, au deffus desquelles l'ouvrage alloiten diminuant
de deux pieds de recraite vers fon centre. Il n'y a que
les premiers pilaftres du premier étage qui foient en-
tiers. Ils font au nombre de quatre fur chaque face. Le
fécond étage , qui ctoit également compofé de colomnes
doriques, Se en pareil nombre , eft renverfé,dc même
que l'escalier , dont on voit encore l'emplacement. On
croit que cette magnifique tour étoit un ouvrage des
Phocéens , qui avoient coutume de bâtir leurs tours de
forme pyramidale ; Se que les Romains pouvoient avoir
conftruit les autres.
Il refte encore quelques anciens temples qui donnent
pareillement une grande idée de la puiffance de ceux
qui les ont fait bâtir , Se de l'état où les arts étoient
alors. Celui qu'on croit avoir été dédié à Diane, ou
même , félon quelques-uns , à Vefta , eft entièrement
bâti de groffes pierres fans cimenr ni mortier , avec
pluficurs niches dans les intercolonnes. 11 eft de dix-
neuf toifes de long, de fept Se demi de large, Se de
fix de hauteur dans œuvre ; il a feize colomnes d'ordre
Corinthien, qui fupportent une corniche , fur laquelle
pofe la voûte avec des arcs doubles.
Ce qu'on appelle vulgairement la maifon Carrée,
paroît auffi avoir été un temple ; on a voulu que ce
fût autrefois le capitole , parce que les confuls Se les
magiftrats s'y font affemblés pour délibérer des affaires
publiques -, mais il faut remarquer que ce n'a été que de-
puis la deftruction de Nismes par Charles Martel, qui
respectant la beauté de cet édifice, l'avoit biffé dans
fon entier. Les premiers citoyens de la ville de Nismes
alors fans maifons, purent fe fervir pour un tems de ce
bâtiment , mais ils l'abandonnèrent, dès qu'ils furent en
état d'avoir un hôtel de ville.
Cette maifon n'a aucune fenêtre qui n'ait été faite
après coup. Selon qu'elle a été conftruite d'abord , elle
ne pouvoit avoir de jour que par la porte, qui étoit
à la vérité fort grande à proportion du relie. Elle eft
enrichie en dehors de trente colomnes canelées de l'or-
dre Corinthien. Le plan de tout l'édifice eft de douze
toifes de long, Se de fix de large fur autant d'éléva-
tion. Les ornemens de la corniche Se de la frife font
fort beaux , mais les ornemens des chapitaux Corin-
thiens ont paru inimitables aux plus habiles architectes
& fculteurs , qui font allés exprès de Rome ou de
Paris, pour examiner ce beau morceau d'antiquité. Louis
lf Grand, informé que cet admirable édifice dépéiifToit ,
le fit reparer en 1689, & de profane qu'il cton aupa-
ravant , en a fait un temple confacré au vrai Dieu.
On croit , ce femble , avec fondement , que la cathé-
drale de Nismes , eft le temple même qui avoir été dé-
dié à Auguite , de qui elle avoit reçu beaucoup de
bienfaits. 11 eft vrai qu'on rrouve au-deffous de fon
fronton en bas relief, l'hiftoire de notre religion, de-
puis la création du monde jusqu'à J. C. mais on pré-
tend que cela eft poftiche Se fair après coup. En effet ,
on y voyoit autrefois la coupe d'un grand arc, avec un
pavé à la mofaïque qui a été recouvert par le moderne.
Se de deux têtes de taureaux de marbre fur la petite
porte du feptentrion. 11 n'y a pas de doute que ces
têtes de taureaux ne foient des marques de la religion
païenne. L'on voit encore à cet édifice une figure cou-
ronnée , tenant deux bâtons à la main , Se près d'elle
deux taureaux élevés par deux griffons, avec une autre
figure ailée, un autel, & un facrificateur , tenant
une patere à la main qu'il offre en libation , Se
tout proche un autre perfonnage qui tient un bé-
lier.
La colonne de la Salamandre, fur laquelle eft une
efpéce de dragon qui brûle au milieu des flammes , eft
un monument qu'on éleva à la gloire do François I , en
15 f 3 , lorsqu'il fit fon entrée à Nismes. Ce prince y
fonda alors , pour l'éducation de la jeuneffe , un collè-
ge.
Il s'en faut de beaucoup que la ville de Nismes ne
foit auffi grande aujourd'hui qu'elle l'a été autrefois.
On y compte cependant encore d juze mille cinq cens
familles ou environ. On entre dans la ville par neuf
portes. Les rues en font affez belles Se les maifons bien
bâties. La maifon de ville n'eft remarquable que par
fon horloge. L'esplanade eft une promenade hors de là
ville Se fort, agréable : on y va le foir prendre le fiais.
Le couvent des Récollers eft à la poire de la Magde-
léne. 11 v a au-devant de ce couvent une avenue de plu-
fieu rs allées d ormes, Se qui fert auffi de promenade. Le jar-
din de ces religieux eft fort beau. L'églife qui appartenoic
aux Jéfuites eft belle Se magnifique , fon feul défaut eft
d'avoir trop d'ornemens dans les ordres d'architecture ;
ce qui en rend le goût mesquin Se colifichet. * Piga-
nïol , Defcriprion de la France, t. 4. p. 392.
Nismes eft la patrie de Jean Nicot, auteur du di-
ctionnaire François Se latin qui porte fon nom. 11 fut
ambaffadeur en Portugal en 1 _$■ j 9,& en rapporta la plan-
te , qui de fon nom fut appellée Nicotiane , Si que nous
nommons aujourd'hui tabac. Jean-Baptifte Cotelier,
docteur delà maifon Se fociété de Sorbonne Se Pro-
feffeur royal en langue grecque , étoit auffi de Nis-
mes. Il a donné divers ouvrages au public ; il mourut
à Paris le 12 Août 1686.
NISOPE , ifle fur la côte de celle de Lefbos , Se qui
forme le port Sigrif, félon Etienne le géographe. Les
dernières éditions portent Nefope , nh^Wh , Se Suidas
écrit nîwW».
NISORS , N'fortiitm, bourg de France , dans la Gas-
cogne, au diocciède Comminges, entre la rivière de Gi-
mone Se la Save, vers la fource de la première. Ce
lieu eft remarquable par une abbave d'hommes de l'ordre
de Cîteaux, fille de Bonnefont, à laquelle il donne (on
nom , Se qu'on appelle auffi la BéniJ]îns-Diçu , en latin
Beneditlio Domini. Cette abbaye fut fondée , félon quel-
ques uns, en 1184, & félon d'autres, en 1x13. Elle
vaut 2000 liv.
1. NISSA (a) .ville de la Turquie, en Europe , dans
la Servie, aux confins de la Bulgarie, fur la rivière de
Niffava , qui peu après fe joint avec la Morave, à
l'orient de la ville d'Uschup , ou Precop. C'cft la Neftus-
des anciens. On y voit ( b ) plnfieuts mosquées, dont
la principale eft nommée Ditnkiar Giami/fî: on appelle
la féconde Yufouf Begi-Giqmi(Jf. Les autres font moin-
dres. Il y a deux bains Se plufieurs fontaines dans la
même ville. ( a ) Atlas , Robert de Vaugondy. [b) Corn.
Dict. Voyage de Ojj'iclct , à Conftantinople , 1664.
2. NISSA, Nis,€A, ou Nisa, ville de l'Achaïe „
dans la Megaride : on l'appelloit auffi Megara , félon
Ptolomée /. 5. c. 15. Voyez. Megara. La mer, dit
Spon, n'eft qu'à deux lieues de Megare, Se il y a un
petit port qu'on appclloic anciennement Nifaa, On y
NIT
5*74
voit encore les ruines d'un couvent , 6c quelques églifes
déferres, fans aucune habitation.
NISS^A. Voyez. Nissa 2.
NISSAVA , rivière de la Bulgarie. Elle fa fource dans
la plaine de Sophie ; fon cours eft d'abord del'eft à loueft,
jusqu'à Pirot ou Chercui ; de-là elle coule du fud-eft au
nord-oueit jusqu'à Niffa , au-deffous de laquelle elle fe
jette dans la Morave. * Atlas , Robert de Vaitgondi.
NISSOS , ville aux environs de Pallene, péninfùlé
de la Macédoine , félon Pline , /. 4. c. 10. Le père Har-
douin juge qu'il faut lire Nyssos, comme portent les
meilleurs manuferits ; 6c parce que Hefyche nomme
une montagne de la Thrace Nva-trctv 6c avtriov , ou tiûovtov,
il foupçonne qu'il a pu y avoir auffi une ville de même
nom. Du refte il biffe à juger, fi au lieu de Nijfos on
ne devroit point mettre Ehn , qui eft une ville de Thrace
& colonie des -Mendri , dont parle l'Hârpocration , p.
141, ex Thucidyde.
NISTKOW ou Nistko , petite ville d'Allemagne , au
duché de Siléfie , dans la principauté de Teschen , près
de la fource de l'Ofhawitz. Comménius 6c quelques
autres la mettent dans la 'Moravie , & la nomment
Misko. * Zeyler , Top. duc. Silefiat.
NISTRA , c'eft le nom d'une ville, quelque part
aux environs de l'Illyrie , félon Calchondyle. * Ortelii
Thefaur.
NISUA , ville de l'Afrique propre. Ptolomée , /. 4.
c. 3. la place fur le golfe de Numidie , entre Carpis
Ôc Clipea. Ortelius , Thefaur. foupçonne que c'eft la
même ville , que Pline , /. $.c. 4. nomme Mifua. Fazel
l'appelle Nubia.
NISUET.dE. Voyez, Nisives.
NISUM. Voyez. Nestus.
NISYRIORUM INSUL/E , petites ifies de l'Archi-
pel. Strabon les place au voifinage de l'i/le Nisyrus.
1. NISYRUS ou Nisyros, ifie des Rhodiens, fé-
lon Pline , /. 5. c. 3 1 , qui dit , d'après Apollodore ,
qu'elle avoir été féparée de l'ifle de Cos; & qu'on la
nommoit autrefois Porphyris. Strabon , /. 12. p. 489.
îa met auprès de l'ifle de Cnide. Cette ifle s'appelle
aujourd'hui Nisaro. Voyez, ce mot.
2. NISYRUS ou Nisyros , ville dans l'ifle de même
nom , félon Strabon.
3. NISYRUS. Strabon donne ce nom à une des
quatre villes de l'ifle Carpathus.
NITASUM ou Nitalis, ville de Galatie, félon l'i-
tinéraire d'Antonin, qui la met fur la route de Con-
ftantinople à Antiochc, entre Ozzala & Colonia Ar-
chelaïda , à dix-huit mille pas de la première , 6c à
vingt-fept mille de la féconde. Quelques manuferits
portent Hitafis.
NITERIS, peuples de l'Afrique Intérieure. Pline,
/. 5. c. 5. les met au nombre de ceux que fubjugua
Corn. Balbus. Il y a des manuferits où on lit Nitebrcs
pour Niterit.
NITH, rivière d'Ecoffe (a), qui donne fon nom à
la province de Nithsdale, qu'elle traverfe du nordau fud.
Elle a fa fource dans la partie méridionale de la pro-
vince de Kyle , 6c fon embouchure fur la côte méri-
dionale du golfe de Solwai (b) , auprès de la ville de
Dumfries. Son eau eft fort claire, (a) Etat préfent de la
Grande Bretagne , t. 2. p. i$i.(b) Atlas , Robert de
Vaugondy.
NlTHAGOU , contrée de la Germanie. Eginhardy
place ces trois lieux, Hecgftadt , Urfel 6c Suntiligen ,
dont il donne la defeription dans le troifiéme livre de
la tranflation des faints martyrs Marcellin 6c Pierre.
* Ortelii Thefaur.
N1TH1NE ouNichine, ville d'Egypte , félon l'iti-
néraire d'Antonin , qui la mer fur la route de Con-
ftantinople à Antioche , entre Andron 6c Hermupolis ,
à douze mille pas de i-i première, 6c à vingt quatre
mille de la féconde. Les manuferits varient fur ce nom :
les uns écrivent Nitine ; d'autres Nircthine , & d'autres
Naith:t 6c Niciit. Voyez. Nicii.
NITHSDALE , province maritime d'Ecoffe , dans fa
partie méridionale, à l'eft de Galloway. Elle a tiré fon
nom de la rivière de Nith , qui la traverfe du nord au
fud. Cette province , particulièrement le territoire de
Durnfiici , abonde en bled Se en pâturages , 6c les ha*
NIT
bitans trouvent bien leur compte dans la vente qu'ils
font de leur bétail en Angleterre. 11 y a beaucoup de
forêts dans cette province: Holy-wood , qui elt la prin-
cipale , a donné le nom au fameux altronome Johannes
de Sacro Bosco. Les places les plus confidérables de
cette province font
Sanquehar, Dumfries, Drnmlanrig.
* Etat préfent de la Grande Bretagne , tom. 2. pag.
231.
NITIBRUM, ville de l'Afrique Intérieure. Pline,
/. $. c. j. la place au nombre de celles qui turent fub-
juguées par Corn. Balbus.
N1TICE. Voyez, Necreticé.
NITIOBRIGES, peuples que Cefar , de bell. Gall.
I. 7. c. 7. & J'eq. place entre les Celtes : dans la fuite
ils furent mis entre les Aquitains. Pline , /. 4. c. 19.
en a corrompu le nom en Antobroges. Leur ville ca-
pitale e(l Aginnum , encore aujourd'hui Agen , 6c le
peuple répond au diocèfe d'Agen.
NITOBRICA. Voyez, Nertobriga.
NITRA. Voyez. Nitrie.
NITRyE^E, lieu dans l'Egypte, félon Etienne le
géographe. Le Nitriotes Nomits de Strabon , /. 17. p. 803.
avoit pris fon nom de ce lieu.
NITRAN , contrée de la Palefline , à ce que croit
Ortelius , Thef. qui cite Serapion.
i.NITRIA, Neitra ou Neytrack, ville de la
Haute-Hongrie , capitale d'un comté du même nom.
Voyez, Neytrack.
2. N1TRIA , montagne d'Egypte , aux environs de
Scété. Voyez. Nitrie.
NlTRI/E , entrepôt dans l'Inde, en-deçà du Gan-
ge, félon Ptolomée, /. 7. c. 1. Ses interprètes lifenc
Nitra.
1. NITRIE (Le défertde) , fameufe foiitude , dans la
Baffe-Egypte , contigue au défert de Sceté , en avan-
çant du côté d'Alexandrie , vers l'embouchure la plus
occidemale du Nil , auprès d'une haute colline ou mon-
tagne médiocre, aufft nommée Nitrie. Le défert & la
montagne ont pris ce nom d'un lie de nitre qui s'y
rencontre ; & le bourg qui en étoit le plus proche ,
s'appelloit encore Nitrie avant qu'il tombât fous la
puiffance des Sarrazins. Le défert a plus de quarante
milles de longueur : il eft borné au nord par la Mé-
diterranée 5 à l'orient par le Nil; au midi par le dé-
fert de Scété, 6c à l'occident par ceux de Saint Hi-
larion , 6c des Cellules. Comme le Nil ne peut ap-
procher jusques-là, le terrein eft aride 6c inculte, 6c
tout ce défert eft une grande plaine de fable , entre-
coupée feulement de deux ou trois petites montagnes.
Ce fut fur la montagne de Nitrie, félon Bailler,
Topogr. des Saints, p. 348. que fe retira fainr Amons
ou faint Ammon , vers l'an 326. Il fut le premier qui
habita cette célèbre montagne ; il y fut fuivi par quel-
ques anachorètes , 6c bientôt après, il s'y vit le fupé-
rieur d'un grand nombre de folitaires. 11 eft regardé
comme le fondateur de ce fameux hermitage. Ce lieu
fut long tems le fejour de faint Macaire d'Alexandtie.
Saint Indore , prêtre hospitalier de l'églife d'Alexandrie ,
eft auffi qualifie folitaire de Nitrie, qui étoit fa retraite
ordinaire. Il n'y a plus aujourd'hui que quatre cou-
vens habités par des Cophtes, qui ont les mêmes régies
6c les mêmes vêtemens que ceux de la ThébaVde. Les
voyageurs qui veulent vifirer ce défert , fe rendent par
le Nil à un gios village nommé Terrana, fur la rive
occidentale du fleuve , & où réfide un cachef qui eft
chargé de veiller fur les frontières de Libye : on lui
fait un préfent pour obtenir l'escorte qu'on demande ,
afin d'être en état de fe défendre des troupes Arabes,
qu'on pourroit rencontrer. * Coppin , Voyage d'Egypte,
pag- 343-
Du village de Terrana , en marchant vers le cou-
chant 6c le nord , on arrive en une journée au pre-
mier des monafteres. On n'entre point dans ceux-ci par-
deffus les murailles comme à la ThébaVde : ils ont cha-
cun une porte couverte de lames de fer , 6c les murs
en font élevés. Ils font tous quatre dans la plaine. Le
premier qu'on trouve, 6c qui eft le plus près du Nil,
NIT
porte le nom de faine Macaire, à qui fon églife elt
dédiée. C'elt un bâtiment très-varte , donc les débris
annoncent la beauté : l'on y voit encore cinq ou fix ta-
bles d'autel de marbre. Le corps de fon fondateur y
repofe dans un fépulchre grillé de fer. 11 y a aulli plu-
sieurs autres faints inhumes dans cette églife, qui eft
encore fournie de tous les ornemens néceflaires pour
Je fervice divin. La plus grande partie de cette mai-
fon , qui étoit fort nombreufe , a été détruite : auiïï
n'y demeure t- il qu'un petit nombre de religieux. Le
meilleur de leur bâtiment ^ eft une tour carrée , où
l'on entre par un périt pont-levis; c'clt-là qu'ils tien-
nent leurs provifions ôc leurs livres . dont ils font
tant de cas , qu'il elt défendu aux religieux d'en di-
vertir un feul fous peine d'anathême. Les autres cou-
vens de ce défert , ont chacun une tour femblable , qui
fert de retraite aux folitaires quand ils fe voient at-
taqués de quelques Arabes qui ne leur font pas con-
nus. Le premier , qu'on appelle faint Macaire , n'a
d'autre eau que celle d'un puits, qui eft unpeufalée,
Se manque de jardinage , parce que le terrein où il
elt iitué , n'elt qu'un fable Itérile.
Le fécond , qui porte le nom d'AMBACiocHÉ, eft
éloigné du premier d'environ dix ou douze milles, &
l'on trouve dans cet espace, de petites éminences ou
hauteurs de terre qui ont deux ou trois pieds de lar-
ge , ôc qui font dispofees par intervalle le long du che-
min. On dit qu'elles furent faites pour guider les her-
mites répandus dans le défert ; parce qu'ils s'égaroient
fouvent le Dimanche en venant entendre la Méfie à
quelqu'un des monalteres , dans le tems qu'il n'y eh
avoit qu'un peiic nombre. Il leur étoit aile de s'éga-
rer quand le vent foulevoit les fables de la plaine. En
travetfant ces petites éminences, on apperçoit des rui-
nes de tous côtés : ce font les reltes de trois cens mo-
nalteres. Tant de graves auteurs ont marqué ce nom^
bre , qu'on ne fauroit guère le révoquer en doute :
peut être cependant que dans ce nombre, on compre-
noit les petites demeures où quelques-uns des religieux
les plus parfaits fe retiroient deux ou trois enfemble
pour y vivre avec plus de folitude ôc d'auftérité qu'on
ne faifoit dans les communautés. Entre toutes ces ma4
fines, on voit encore un petit dôme qui faifoit par-
tie d'une églife dédiée à faint Jean le Petit ; Se tout au-
près on montre l'arbre que produific, à ce qu'on dit,
le bâton fec qu'il arrofa par l'ordre de fon fupérieur :
on lui a donné le nom de Chad^tret-el-Taa , c'elt-à-
dire, arbre d'obéiflTance. Ambacioché elt le couvent le
plus agréable & le mieux bâti des quatre : il y demeure
vingt religieux , Se l'églife elt d'une belle fculpture.
Elle eft dédiée à la Vierge fans tache. Les eaux font
beaucoup meilleures en ce lieu qu'à faint Macaire ; 8t
comme le terrein n'en elt pas fi fablonneux , il y a un
jardin d'une grandeur raifonnable.
Le troifiéme monaltere , qu'on appelle des Syriens , eft
dédié à faint George , Se n'eft éloigné d'Ambacioehc
que d'un petit mille. Ces trois monafîeres forment comme
un triangle , & fe regardent l'un & l'autre. Ce dernier eft
peu habité Se tombe en ruine. 11 y a deux églifes .
dont l'une fert pour les Syriens ou Jacobites qui vont
vifiter ce défert. On a confervé jusqu'ici beaucoup de
reliques dans ces deux églifes. C'elt dans ce couvent
que l'on montre l'arbre de faint Ephrcm, qui eft uni-
que de fon espèce dans toute l'Egypte. On attribue fa
production à un miracle. On dit que le ferviteur de
Dieu étant entré dans la cellule d'un folitaire pour le
Vifiter , fon bâton qu'il avoit laide à la porte prit ra-
cine & fleurit pendant l'entretien qu'il eut. L'eau de
cette maifon elt àfTez bonne , ôc les jardins y produifent
affez de fruits.
Le quatrième monaftere eft éloigné d'une journée
de celui des Syriens, ôc en y allant on voit la mer
Sèche , que les gens du pays appellent Bjhr-el-malame ,
c'eli-à-dire , mer de reproche. C'eft préfentement une
plaine de fable, ôc lesCophtes affûtent que c'étoit au-
trefois une anfe ou baie. Ils difenr que faint Macaire
Se fes religieux , ayant apperçu des barques pleines de
pirates qui venoient par ce petit golfe , fe profterne-
rent en terre pour implorer l'afliftance divine , & que
la mer s'étant en un mitant retirée de la baie , tout ce
NÏU S7f
qui s y trouva d'hommes, d'animaux ôc de baïques
fut pétrifié ; du moins la chofe paffe t-elle pour cer-
taine en Egypte. On allègue pour preuve de ce grand
miracle les pétrifications dont cet endroit eft parlemé.
En effet , on y en voit d'affez curieufes : on y trouve
des os humains qui n'ont rien de reconnoifiable que
la figure. Ce dernier couvent qui porte le nom de
Notre-Dame eft allez éloigné de la mer Sèche. On
ne s'y rend qu'aux approches de la nuir. Il eft fort
grand, mais un peu ruiné; & quoique l'eau y fbit fa-
lée, il eft le plus rempli de religieux, à caufedes re-
venus qu'il tire du nitre. Il y a une affez belle églife
Se un jardin avec une tour, où l'on entre par un pont-
levis , comme aux trois autres. A quelques mille pas
de ce monaftere , on trouve le lac où fe fait le nitre.
Voyez, l'article fiiivanr.
2. NITR1E ( Le lac de ). On appelle ainfi un lac qui fe
trouve dans le défert de même nom , parce qu'il s'y
fait du nitre , que l'on appelle communément Natroii
en Egypte. Il paroît comme un grand étang glacé, fur
lequel il feroit tombé un peu de neige. Il eft plus long
que large, ôc il rétrécit par le milieu, en forte qu'il
eft presque divifé en deux parties. Celle qui eft au
feptentrion eft formée par des eaux qui fourdent du
fond , fans qu'on puiffe remarquer de quel endroit pré-
cifément ; mais celle qui eft au midi , eft formée par
une groffe fource qu'on voit bouillonner , Se qui de-
meure liquide trois ou quatre pieds à l'entout de la
bouche qui la vomit. Par tout ailleurs cette eau , qui
eft rougeâtre , fe congelé d'abord ; cependant elle ne s'en-
durcit pas fitôt : elle refte pendant long tems comme
une glace affez tendre ;& il faut le cours d'une anneç
pour achever d'en former le véritable nitre. Quand le
nitre eft dans fa perfection , le deffus du lac eft une
glace qui reffemble à un fel rougeâtre , Se dé l'épaiffeur
d'un demi pied , au-deffous de ce premier couvert elt
un nitre noir , dont on fe fert pour faire la leifive en
Egypte ; Se quand on a ôté tout ce qu'il y a de noir ,
en trouve le véritable nitre ou natron , qui ert fem-
blable à la glace de defîus , excepté qu'il eft plus dur
ÔC plus folide. Il s'en fait un grand commerce , parce
qu'il eft utile à plufieurs chofes. Ce nirre a une qua-
lité déterfive qui blanchit ôc qui nettoie. * Coppm ,
Voyage d'Egypte , p. 347.
3. N1TRIE, bourg d'Egypte. Vvyez.Nnp.iE r.
NFTRIOT/E, peuples de la Libye. Ptolomée , /. 4;
c. 5. les place avec les Oafn& , auprès des Mafiit£, mais
plus au midi. Ortelius, Thcf. foup^orme qu'ils prenoienc
leur nom du mont Nitria.
NITRIOTES. Voyez. Nitr**.
NIVAL1S. Voyez. Nivigella.
1. NI VARIA , une des ifles Fortunées , félon Pline,
/. 6. c. 31. qui dit qu'elle avoit pris ce nom de la
neige qu'on y voyoit perpétuellement. Tous lesmanu-
ferits , dit le père Hardouin , portent Ninguaria ; Ôc
Ptolomée , /. 4. c. 6. écrit KêiT«p«'« pour vuvyxpio. ou n/>-
r*<apU. C'eft Lille de Teneriffe ou fille d'Enfer ; cardans
les autres Canaries , on ne voit point de neige ; on n'en
trouve que dans celle-là.
2. NI VARIA, ville d'Espagne , félon l'itinéraire d'An-
tonin, qui la met fur la route à'Emerita à C&jareaai -
gufta , entre Scptimanca ÔC Cauca , à vingt-deux mil-
les de la première & à égale diltance de la féconde.
NIU-TCHE ou Niù-tchin. (les Tartares ) ont en-
core été appelles Y-leou, So-ehin , Ous-kjje , ou Moka.
Ils font fitués au nord de la Corée , Se s'étendent jus-
qu'à la mer Orienrale , & au fleuve Amour. Ils font
les mêmes que ceux qui portent à préfent le nom dé
Man-Tchéous. Dès la plus haute antiquité , ils ont été
connus des Chinois, auxquels ils payoient des tributs.
Ils étoient fournis aux Kitans , & avoient differens chefs*
Dans la fuite , ils fe révoltèrent contre les Kitans ,
fur qui ils prirent une grande étendue de pays. Ils pro-
clamèrent un empereur , firent alliance avec les Chi-
nois : mais fitôt qu'ils eurent mis le pied dans la Chi-
ne, ils n'en voulurent plus fortir , s'emparèrent de rou-
te la partie feptentrionale de cet empire , ôc contrai-
gnirent l'empereur de fe retirer au midi. C'eft au fi
que les Chinois ont fouvent, par leur imprudence ata
tiré les étrangers chez eux , Se fe font donné de» mai-
S76 NIV
très. Les Niu-tche devinrent alors les fouverains de la
Tartarie, comme les Huns, les Turcs, les Kitans l'a-
voient été auparavant. Dans la Chine , ils polTédoienr
les provinces de Chan-tong , Ho-nan , Pe-tche-li , Chan-
fi , plufieurs villes du Kiang-nan& duChen fi , le Leao-
tong , ôc tout ce qui eft au nord ôc au nord-eft jus-
qu'aux rivières de Kerlon , Saghalien-oula , Toula &
Ârghon. Le père Gaubil , dans fon Hiftoire des Mon-
gous , remarque que ces peuples , dans les commence-
mens , n'avoient ni caractères , ni livres , ni hiltoire ;
mais que l'an 1119, ils inventèrent des caractères fur
le modèle de ceux des Kitans. Ceux qui font aujour-
d'hui en ufage chez les Niu-tche, s'ils font les mêmes
que les anciens , reffemblent presque à ceux que les
Syriens appellent Stranghelo, ce qui fait foupçonner
que les Neftoriens y auront eu quelque part. Cette
nation fut fubjuguée par les Mogols vers l'an 1234,
après avoir régné dans la Tartarie l'espace de 1 20 ans.
* Hiftoire générale des Huns , par M. de Guines.
NIVE , rivière du royaume de Navarre , appellée
Errobi dans la langue du pays. Elle descend des mon-
tagnes de la Baffe-Navarre , ôc prend fa fource en trois
endroits 5 favoir , auprès de Saint Jean-Pied de-Port ,
dans la terre de Baigorri ôc dans celle d'Offez. Après
avoir paffé à Jatfu , à Cambo, à Uftans , à Villefran-
che , elle va fe joindre avec l'Adour , dans les foffés de
Rayonne , pour aller fe jetter dans la mer à une lieue
de cette ville. Elle eft navigable depuis la mer jusqu'à
Cambo. Un grand canal , détaché de cette même rivière ,
va fe rendre plus bas dans la mer , entre Saint Jean
de Luz ôc Sibouré, deux gros bourgs fitués fur la cô-
te, & joints enfemble par un pont qui traverfe ce ca-
nal , où le reflux de la mer monte. Les gros vaiffeaux
y peuvent entrer. * Coitlon , Rivières de France , pag.
J77-
NIVELLE , ville des Pays-Bas Autrichiens , dans le
Brabant Wallon , diocèfe de Namur , à cinq lieues
de Bruxelles , à fept de Namur ôc à neuf de Lou-
vain. On l'entoura de murailles l'an 1210, ôc on y fit
fix portes. Outre l'églife collégiale de fainte Gertrude
ôc celle de faint Paul , il a cinq paroiffes qui font S.
Jacques, Notre-Dame , faint André , faint Nicolas ôc
faint Sépulchre qui eft à un pas de la ville. Il y a des
Recollets t des Carmes , des religieufes de la Concep-
tion , des Annonciades , des Béguines, des Hospitalières
un féminaire que François Buifferet , évêque de Na-
mur , y a fondé pour vingt étudians, ôc un collège.
La bienheureufe Itte ou Iduberge , veuve du bien-
heureux Pépin de Landcn, maire du palais d'Auftrafie,
fonda , vers l'an 640, l'abbaye de Nivelle pour des re-
ligieufes, fur les avis de faint Amand, qui fut depuis
évêque de Maftricht. Elle y joignit auffi un monailere
pour des hommes , félon 1 ufage de ce tems. Elle s'y
retira auffuôt avec fa fille, fainte Gertrude, qu'elle
y fit établir abbeffe en 647 , quoiqu'elle n'eût que vingt
ôc un ans. La discipline de cette abbaye s'eft confervée
avec réputation dans fa première régularité jusqu'à ce
qu'elle a été changée dans un chapitre double de cha-
noines ôc de chanoineffes , qui font les maîtreffes de la
ville avec l'abbeffe. Elles peuvent fortir Ôc fe marier ,
à l'exception de l'abbeffe qui fait vœu de virginité. *
Topogr. des Saints , p. 348.
Les chanoines chantent journellement leur office dans
l'églife de faint Paul , excepte en certaines fêtes de l'an-
née , qu'ils font l'office conjointement avec les chanoi-
neffes dans l'églife de fainte Gertrude. On ne reçoit
dans le chapitre des chanoineffes , que des filles nobles
de quatre générations , tant du côté paternel que ma-
ternel. On nomme leur abbeffe la princeffe de Nivelle.
La nomination appartient au prince , après que les cha-
noineffes lui ont préfenté trois fujets de leur Corps.
Elles s'habillcm le matin en religieufes ôc l'après dînée
en féculieres.
La bienheureufe Marie d'Ognies naquit à Nivelle
l'an 1177. Elle s'appelloit d'abord Marie de Wiliem-
proek , qui efl au fauxbourg de Nivelle. Elle fe retira
depuis au village d'Ognies , à une lieue de Nivelle ,
qui eft maintenant dans le diocèfe de Namur , & y
mourut.
Jean de Nivelle dont on parle tant , n'eft autre chofe
NIV
qu'un homme de fer qui eft tout droit fur fes pieds au
haut d'une tour , auprès de l'horloge de la ville , qui
répond fur la grande place j cet homme de fer fonne
les heures avec un marteau.
On voit aux enviions de cette ville un prieuré des
pères Trinitaires , dit Orival : l'abbaye de Nivelle en eft
à une lieue : elle fut commencée vers l'an 1425 par
quelques religieux de l'ordre de Cîteaux , qui y furent
envoyés de l'abbaye de Moulins , au comté de Namur.
Les armes de Nivelle font d'argent à une crofle de gueu-
les niife en pal.
NIVERN1UM. Voyez. Nevers.
NIVERNOIS , province de France, bornée au nord
par le pays de Puifaie , à l'orient par le duché de Bour-
gogne , au midi par le Bourbonnois, ôc au couchant
par le Berri. Une partie de cette province a été dé-
membrée du territoire des peuples Mdui , à qui ce pays
appartenoit avec la ville Noviodunum , fituée fur la
Loire, félon Jules Céfar , /. 7. de bello Gai. Quant à la
partie du Nivernois , qui eft dans le diocèfe d'Auxer-
re, elle a été démembrée des peuples Sénonois , de
qui Auxerre dépendoit. Le Nivernois a pris le nom qu'il
porte aujourd'hui de la ville de Nevers fa capitale ,
qui, comme on l'a vu à l'article Nevers, a reçu le
fien de la petite rivière de Nyevre , qui entre dans la
Loire fous le pont de cette ville. * Longuerue, Defc.
de la France, part. i.p. 119.
Cette province eft affez fertile en vins, en fruits &
en grains ; excepté le Morvant , qui eft un pays de mon-
tagnes fort ftériles, & où on ne recueille pas allez de
grains pour la nourriture des habitans. On y trouve
auffi quantité de bois ôc plufieurs mines de fer. Ces mi-
nes font principalement dans la partie de cette provin-
ce , qu'on appelle les Vaux de Nevers. On fond la mine
de fer avec une matière appellée Caftine. Les pièces
de fer qu'on tire des fourneaux, font affinées dans les
forges , ôc par le moyen d'un gros marteau , font bat-
tues ôc réduites en bandes plates. C'eft de la même
matière de fer bien affinée ôc bien trempée , que Ce
fait l'acier , qui fe met en petits carreaux. Auprès de
Decife, il y a des mines de charbon de terre, gras &
visqueux. 11 s'allume auffi facilement que le charbon
de bois , mais le feu en eft plus ardent , Ôc ceux qui
travaillent aux forges s'en fervent plus volontiers. *
Figaniol , Defcript. de la France , t. 6. p. 147.
Le Nivernois eft arrofé par un grand nombre de ri-
vières, dont trois font navigables-, fçavoir,
La Loire, L'Allier,
L'Yonne.
Les antres rivières arrofent de belles prairies, ôc fervent
à plufieurs moulins & à plufieurs forges: ces rivières font:
La Nyevre, LaCreffonne, L'Aubois ,
L'Arron , L'Acolin, LaNarcy,
L'Alaine , L'Abrcn, La Guerchy,
La Quenne , La Befbre, La Noain,
L'Andarge , L'Acolaftre , L'Arrou , ôcc.
L'Yffcure ;
Il y a deux fontaines d'eaux minérales , celle de St
Parise ôc celle de Pougues. Voyez, ce mot.
11 y a dans le Nivernois deux évêchés, celui de Ne-
vers ôc celui de Bethléem. La plus grande partie de cette
province efl de l'évêché de Nevers -, la partie fepten-
trionale eft de l'évêché d' Auxerre, ôc celle qui eft au-
delà de l'Yonne , eft de l'évêché d'Autun.
L'évêché de Nevers, félon quelques-uns, reconnoît
pour premier évêque faint Are ou Arcy , en latin Are-
gins , qui vivoit vers le milieu du fixiéme fiécle ; mais
on lit ailleurs , que l'an vingtième de Childeberr , roi de
France, c'eft-à-dire , environ l'an 5 34,Rufticus, évê-
que de Nevers , affilia au concile nationnal affemblé à
Orléans. Clementius, autre évêque de Nevers , fe trou-
va au cinquième concile, tenu à Orléans l'an trente-huit
du même Childebert, environ l'an 552. 11 n'eft donc
pas polfible que faint Are ait été le premier évêque de
Nevers.
Cet évêché eft fuffraganr de Sens : il vaut trente
mille livres de rente, & renferme dans fon diocèfe deux
cens foixante& onze paroiffes, partagées entre l'Archi-
diaconé de Nevers & celui de Décife. L'évêque de Ne-
v ers
NIV
NIV
vers eft feigncur temporel des châtclleniesde Premery,
d'Urzy & de Parzy ; Se de fon évêché relèvent plusieurs
fiefs, entre autres quatre principaux, qui font
Drui, PoifeuXj Cours-les-Barres, Givry.
Chacun de ces fiefs a le titre de baronnie de l'évêché-,
Se ceux qui les poflèdenc , font obligés de porter l'évê-
que le jour qu'il fait fon entrée à Ne vers.
L'églife cathédrale de Nevers étoit autrefois dédiée
à faint Gervais ; mais Charles le Chauve l'ayant ag-
grandie, la fit dédier à faint Cyr, dont il lui donna
les reliques. Le chapitre eft compofé d'un doyen , de
l'archidiacre de Nevers, d'un tréforier , d'un Chan-
tre , de l'archidiacre de Decife, qui font dignités ; d'un
facriftain Se d'un fcholallique , qui font perlbnnats , Se
de quarante prébendes, dont quatre font amorties ; l'une
a été affectée au doyenné, une autre à l'entretien des
enfans de chœur, la troifiéme Se la quatrième aux re-
ligieux de faint Gildard. Tous ces bénéfices font à la
collation de l'évêque. Le doyenné vaut environ douze
cens livres , Se les prébendes trois cens au plus. Le tré-
forier a droit, par un ancien ufage, d'affilier au chœur
l'épée au côté , l'oifeau fur le poing, botté Se épe-
ronné. Les autres chapitres du diocèfc de Nevers font
ceux de Franay-les-Chanoines, de Premery , de Tannai,
de Notre-Dame , de faint Pierre-le-Mouftier , de Dorne
& de Mclins. On compte trois abbayes : celle de faint
Martin de Nevers , de l'ordre de faint Auguftin , oc-
cupée par des chanoines réguliers de la congrégation
de France. Cette abbaye fut fondée par Hervé ,
baron de Donzy , Se Mathilde de Courtenai, fa femme.
Le revenu de l'abbé eft d'environ trois mille livres, Se
celui des religieux de deux mille. Bellevaux eft de l'or-
dre de Prémontré, Se rapporte à l'abbé environ huit cens
livres, Se aux religieux environ mille. Notre-Dame de
Nevers eft une abbaye de filles de l'ordre de faint Benoît.
Elle jouit d'environ dix mille livres de rente.
L'évêché de Bethléem a été établi à Clameci. Voyez
Bethléem Se Clameci.
Le Nivernois eft du reflbrt du parlement de Paris,
& a fa coutume particulière, qui fut rédigée par écrit,
mais non entièrement accordée par les états du pays ,
aflemblés parle commandement de Jean de Bourgogne,
comte de Nevers, l'an 1490. En l'année 1 j 34 , les états
du pays furent encore aflemblés par commiflïon du roi
adreflëe à Marie d'Albret , comtefl'e de Nevers ; Se la
coutume du Nivernois fut arrêtée, accordée ÔV mife par
écrit pardevant les commiflaires du roi.
11 y a dans le Nivernois deux bailliages ; une féné-
chauffée Se un préfidial : un de ces bailliages , la féné-
chauflee Se le préfidial font établis à Saint Pierre le-
Moustier. Voyez, cet article en fon rang. L'autre bail-
liage eft à Nevers : fon reflbrt eft d'une grande éten-
due , Se les appellations font portées immédiatement au
parlement de Paris. On compte vingt-quatre châtelle-
nies qui dépendent du duché de Nevers , Se qui res-
fortiflent à ce bailliage. Ces châtellenies fonc
Cufy ,
Chàtel-neuf fur
Allier,
Pougues ,
Garchefy ,
Chaugne ,
La Marche ,
Saint Saulge ,
Decife ,
Gannat ,
Charrain ,
Champuer,
Cercy la Tour,
Lucy ,
Moulin en Gil-
bert ,
Liemaix
Saint Briflbn ,
Montruillon ,
Chaftel-Cenfoi ,
Clameci ,
Metz-le-Comte,
Monceaux - le-
Comte ,
Neusfontaines ,
Château-Ncufau
Val de Bar-
gis ,
Champalemand ,
& Montenoifon.
f?7
Le Nivernois eft , pour la plus grande partie, de la gé-
néralité de Moulins. Il y a deux élections qui en dé-
pendent i favoir , Nevers & Château-Chinon. Celle de
Clameci eft de la généralité d'Orléans , Se celle de la
Charité eft de celle de Bourges.
Le duc de Nevers a une chambre des comptes pour la
confervation de fon domaine. Elle eft compofee d'un
préfident, de quatre maîtres des comptes, d'un procu-
reur général , de deux fécretaires , d'un Greffier Se d'un
huiifier. Cette chambre fut établie par Philippe de
Bourgogne, comte de Nevers, troifiéme fils de Philippe
le Hardi, duc de Bourgogne. 11 y a encore une maî-
trife particulière des eaux & forêts, Se une maîtrife du-
cale. La première eft pour les forêts du roi , Se l'autre
pour celles du duc de Nevers.
Danscette province, les revenus du roi confiftent dans
les tailles , lacapitation , les gabelles , les aides , le domai-
ne, ia ferme du tabac, la ferme des bureaux des polies,
la vente Se la coupe des bois , Sec. Les greniers à fel de
Saint Pierre-le-Mouftier, de Decife, de Moulins en
Gilbert, de Saint Saulge, de Château Chinon, de Nevers,
de Luzi Se de Cencoings, font tous de vente volontaire.
A l'égard du domaine , le roi n'en a point d'autre que
celui de la Tour carrée de Saint Pierre-le-Mouftier Se
de fes dépendances. Les fermiers du domaine ont autre-
fois prérendu que le comté de Château-Chinon avoir
été engagé ; Se ils intentèrent procès à ce fujet à mes-
dames de Carignan Se de Nemours ; mais l'inftance eft
demeurée indécife.
Le commerce du Nivernois confifte en bleds, chan-
vres , bois , charbon de pierre que l'on tire du côté de De-
cife, Se qui rapporte à la province envi Ion 12000. liv.
par an, en poiflons , en cochons, en fer, qui, année
commune, produit trois cens mille livres ; en fer blanc,
qui rapporre environ cinquante mille livres $ en fayan-
cerie & verrerie, qui peuvent produire environ deux
cens mille livres ; en draps de Château-Chinon. Quanc
au commerce de fer , il feroit aifé de l'augmenter , en
y continuant les manufactures des boulets , ancres & ca-
nons que le roi y a fait faire pour la marine. Il faudroic
encore, par des franchifes & par des privilèges , y atti-
rer des ouvriers pour la manufacture du fer blanc ; elle
feroit aufli confidérable que celle d'Allemagne , fi elle
étoit foutenue. La manufacture de draps de Château-
Chinon feroit avantageufe , fi la pauvreté des ouvriers
n'étoit pas fi grande.
11 y a à Nevers un collège dont l'ancienne fonda-
tion a été augmentée par Ludovic de Gonzague Se
Henriette de Cleves, fa femme, en 1571.
Il y a dans le Nivernois un gouverneur , un lieute-
nant général Se un lieutenant de roi de nouvelle créa-
tion.
Le ban du Nivernois eft partagé en deux corps :
l'un eft compofé de la noblefle du bailliage de Saine
Pierre-le-Mouftier, qui élit fon commandant Se fes offi-
ciers : l'autre confifte dans la noblefle du bailliage &t
comté de Nevers, qui nomme aufli fon commandant &
fes officiers. Ces deux corps marchent néanmoins tou-
jours enfemble , Se les commandans commandent alter-
nativement la compagnie , ayant chacun leur jour. 11 y
a un prévôt provincial à Nevers , Se fa compagnie eft
compofee d'un lieutenant, d'un afleffeur Se de dix-fepe
archers.
Cette province eft divifée en huit contrées princi-
pales , dont quelques-unes renferment des villes ; fa-
voir ,
Outre ces châtellenies , il y a deux cens cinquante au-
tres juftices fubaltcmes. Les châtellenies du Donziois
font
Antrain ,
Eftaiz ,
Dreve
Se le Châtel de Cosne
Billy,
Coroul l'orgueilleux ,
Saint Sauveur en Puifaie ,
r Nevers ,
Les Vaux de Nevers. 1 La Charité ,
L Chamlemy.
Les Amognes.
Ç II n'y a ni ville , ni
s bourgs qui méritent
t quelque attention;
lom. IV. D d d d
f78 NIV
,,, . r Montenoifon ,
Les vallées de l Pre ville,
Montenoifon , ^ Champalemand.
NIZ
Les vallées
d'Yonne,
Clamecy ,
Tannay ,
Domecy ,
Vezelay ,
Vaify ,
1 Corbigny ou S. Lconaid.
, , , <■ Château-Chinon ,
LcMorvant, £Aul-0UX.
Le Bazois,
!
Moulins-Engilbert j
Montruillon ,
Cercy ,
Decife ,
Saint Saulge ,
Chatillon ,
Luzy.
Le pays d'entre Loire C Saint Pierre-le-Mouftier,
8c Allier. ^ La Ferté-Chauderon.
Le Donziois ,
Donzy ,
Antrain ,
Dreve ,
Saint Sauveur ,
Coroul l'Orgueilleux ,
Billy,
Eltaiz,
Cosne-fur-Loire.
N1VESDUM ou Nivesdonck , village des pays Bas ,
dans le Brabant , félon L'auteur de la vie de faint Cum-
mar. Ce village regardoit d'un côté le pays des Taxan-
dri de 1 autre la province de Rien ,8c la Nethe le fé-
patoit en deux. On l'appelloit vulgairement Ledo, 8c
bien des gens prétendent que c'eft aujourd'hui la ville
de Lire- Voyez» ce mot. * Grtelii Thefaur.
Saint Gomer , né au village d'Emblehem , dont il
étoit feigneur , au canton de Rien ou Riiii , dans le Bra-
bant, à une lieue de la ville de Lire, étant rebuté par
la mauvaife conduite de fa femme , fe retira dans un
hermitage qu'il fe bâtie dans une petite ifle de la rivière
de Nethe , en un lieu qui s'appelloit Nivesdunck. Les
peuples lui donnèrent depuis le nom de Ledo ; & c'eft
aujourd'hui la ville de Lire , qui eft petite , mais forti-
fiée, parce que fon territoire touche le Brabant-Hol-
landois. Saint Gomer y mourut vers l'an 774 , après y
avoir paffé neuf ou dix ans. L'on y bâtit dans la fuite
une églife en fon honneur , 8c l'on y transféra fon corps.
C'eft aujourd'hui une collégiale de fon nom , où fe gar-
dent fes reliques. * B aille t , Topogr. des Saints, p. 272.
NEVIGELLA on Nivalis. Ce font les noms latins de
la ville de Nivelle dans le Brabant. Voyez. Nivelle.
NIV1SIUM. Voyez. Novesium.
NIUKIANG, ville de Chine dans la province de
Suchuen , au département de Chingtu , première mé-
tropole de la province. Elle eft de 1 1 degrés ; 8 minutes
plus occidentale que Peking , par les 30 degrés 6
minutes de latitude. * Atlas Sïnenfis.
N1ULHAN , royaume de la Tartarie Orientale ou
Chinoife , & qui dépend du royaume de Niuche: c'eft
proprement la partie de ce dernier royaume , qui re-
garde vers le nord-eft & vers le nord. Les Tartares
Ypicns , qui ne font pas loin de la mer , font pioche
de Niulhart. On les nomme ainfi , parce qu'ils fe font
des casques 8c des corfelets de peaux de poiffons très-
dures 8c très fortes. Plus loin, il y a une terre ferme
de grande étendue : les Chinois l'appellent Yeço -, c'eft
fans doute la même que celle qu'on nomme d'ordinaire
Jlso. Voyez, ce mot. * Le P. Martini , Relat. de la
Tartarie orientale , p. iyi.
NIVOMAGUM , ou comme d'autres lifent , No-
Viomagum, ville fur laMofcllc, aujourd'hui Numa-
gen. Voyez, ce mot. Aufone, Mofella , v. 11. appelle
cette ville,
- - - Divi Cajlra inclyta Confiantini.
Ortelius, Thefaur. dit qu'elle eft aufli appellée Mo-
fomagum.
N1VOS ou Nivors , bourg ou petite ville de Tur-
quie , dans la Baffe-Bulgarie , aux confins de la Beflara-
bic , fur le Danube , qui s'y partage en deux bras. Elle
eft dans le pays des Tartares de Dobruce , à vingt-trois
lieues de Chiuftinge. On prétend que c'étoit autrefois
une ville confidérable. * Baudrand. Dict. édit. 1705.
N1XAPA , Ville des Indes occidentales , dans la nou-
velle Espagne. Elle eft bâtie fur le bord d'une rivière
que l'on croit être un des bras de la grande rivière d'Aï-
varado. Cette ville , qui n'eft pas loin de celle d'Ante-
quera , a du moins huit cens habitans Espagnols 8c In-
diens. On y voit un riche couvent de religieux de l'or-
dre de faint Dominique, où une image de la Vierge,
qu'on dit avoir fait plufieurs miracles , attire par
dévotion grand nombre de gens de divers endroits. H
y a quantité de lampes d'argent 8c d'autres richefles. La
ville de Nixapa eft eltimée un des plus riches lieux de
tout le pays de Guaxuca , à caufe de la grande quantité
d'indigo, de fucre & de cochenille qu'on y recueille. Il
y a aufli beaucoup d'arbres , qui produifent le cacao 8c
1 achiote , dont on fait le chocolat. * Corn. Diction.
Thomas Gage , Nouvelle relat. des Indes occid. p. 2. c. o.
N1XAR , mot abrégé ou corrompu de Néocéfarée ,
ville du Pont , puis de la Cappadoce, appellée Tocatc
par les Turcs. Voyez. Néocésarée.
NIXE , petit pays dans la Baffe-Navarre. Del'Ifle écrit
Mixe dans fa carte de la Navarre. Il y a dans ce pays
un bailii d'épée 8c un lieutenant général de robe lon-
gue, qui a fon fiége dans la petite ville de Gai ris. Il
connoït en première inftance de toutes les affaires avil-
ies 8c criminelles dans l'étendue de fa jurisdiction. Le
bailli eft d'épée & employé dans l'état du roi pour deux
quartiers de gages , à cinquante-fept livres quatorze fols
quatre deniers. * Piganiol, Defcr. de la France, t. 4.
p. 419.
NIXI. Le duc de Northumbetland , auteur de YAr-
cano del Mare , appelle ainfi la pointe occidentale
d'Yeffo , 8c a cru que c'étoit un nom propre ; mais dans
la langue du pays, félon le P. Jérôme de Angelis, Nixi
veut dire occidentale.
1. NIZAO, rivière de l'Amérique , dans l'Ifle Espa-
gnole ou Saint Domingue. Elle prend fa fource vers le
milieu de rifle," court du nord au fud, 8c va fe jetter
dans la mer à neuf ou dix lieues au couchant de la ville
de San Domingo. Cette rivière n'eft ni profonde ni large ,
mais elle eft confidérable pour le terroir 8c pour les
prairies qu'elle arrofe : elle fort du pied d'une mon-
tagne , au haut de laquelle il y a une lagune qu'on n'a
jamais ofé approcher de fort ptès , à caufe d'un bruic
épouvantable qu'on y entend. 11 y croît des cannes
de fucre fort hautes. * Frcz.ier , Carte de l'ifle de S.
Domingue.
2. NIZAO, cap de l'Amérique, fur la côte méri--
dionale de l'Ifle Espagnole ou Saint Domingue. Der-
rière ce cap , il s'ouvre une baie remarquable par trois
havres qu'on y trouve ; favoir , Porto Fomiofo, à feize
lieues de San-Domingo , auprès duquel il y a des fa-
lines excellentes : Zez.ebin 8c Ocoa , à dix-huit lieues de
la même ville. La flotte Espagnole, qui va dans la Nou-
velle Espagne , a coutume de mouiller dans ces ha-
vres, principalement dans celui d'Ocoa. Elle y fait de
l'eau , 8c s'y rafraîchit -, car il y a une habitation de
quarante ou cinquante maifons , qui eft à une lieue
du rivage, & l'on peut s'y fournir de routes fortes de
vivres. Près de cette habitation , eft un moulin à fu-
cre , que pillèrent les Angloisi lorsque Chriftophe de
Neuport, qui les commandok , aborda en ce lieu. * Laè't ,
Delcripr. des Indes occidentales, 1. 1. c. j.cv 8. Corn.
Diction.
NIZARI. Voyez. Nisaro.
N1ZELLE , abbaye d'hommes, ordre de Cîteaux,
dans les Pays Bas , au Brabant Walon.
NIZ1BIS. Voyez. Nizibe.
NIZYN, petite ville de l'empire Rufficn, aux fron-
tières du palatinat de Kiow , fur la rive gauche d'un
/
NOA
NOB
petit ruifleau qui fépare ce palatinat du duché de Czcr-
mchow. Les Polonois enlevèrent cette place aux Co-
faques en 1652; mais ils la cédèrent aux Moscovites
en 1687. Nizyn elt une petite place foi -te Se bien peu-
plée. * And. Cellarii Defcript. Polonia? , p. 400.
NIZZA. C'eft le nom que les Italiens donnent à la
ville de Nice. Voyez. Nice.
N O.
NO, ville d'Egypte, dont parlent les prophètes
Ezechiel , c. 30. 14. Se Nahum , c. 3. 8. félon 1 hé-
breu. Saint Jérôme a traduit No, par Alexandrie, pont
faire entendre quelle ville c'elt. Les Septante portent
Diospolis , qui elt la même que Thébes, Se dans Na-
hum ils lifent Artimon. Ils entendent fans douta le tem-
ple de Jupiter Ammon , qui , félon Diodote de S.cile ,
ctoit bâti dans la Thebaïde. Voyez. Noo.
1. NOA , ville de l'Arabie Hcureule , félon Oitehus ,
Thef. qui cite le faux Bcrofe.
z. NOA ou Nea , ville aux confins de la tribu de
Z.ibuloiî . félon Jofué , c. 19. 13. Réland , de Uibib.
PaUfl. I. 3. dit qu'Eufebe la nomme A'vcui. Je foupçon-
ne , dit Dom Calmet, Ditl. que c'elt la même que
Neifé , marquée dans l'itinéraire d'Anronin , à trente nx
milles de Capitoliade : mais il faut avouer que la ma-
nière dont Nea s'écrit n'eft pas favorable à cette
conjecture.
NO^£ . ville de Sicile, félon Etienne le géographe
Se Suidas. Les habitans de cette ville font nommés Note-
nt par Pline, /. 3. c. 8. On croit que c'elt aujour-
d'hui la ville de Noara. * Ortelii Thef.
NOAILLAN , bourg de France , dans le comté de
Comminge.
NOAILLÉ , Nobiliacum , bourg de France , en Poi-
tou , à trois petites lieues de Poitiers , vers le midi. Cor-
neille écrit mal à-propos Noailles pour Noaillé , Se
par une autre erreur auiîi grande , il dit que ce bourg
a donné fon nom à l'illuitie maifon de Noailles , com-
me fi cette maifon étoit originaire de Poitou , & non
du Limoufin. Voyez. Noailles.
Saint Junien , né à Bnou , fur la Boutonne , en Poi-
tou , qui étoit une terre de fa famille , comme celle de
Champagne , fe fit reclus à Chaunay , puis à Chàtel-
Achar. Il bâtit un monaltere a Mariac , aujourd'hui
Maire, où fon corps fur apporté de Chaunay -, car il
y étoit retourné pour mourir dans fon hermitage. Il
fut transporté l'an 830 à Noaillé, qui de prieuré dé-
pendant de l'cglife de faim Hilaire de Poitiers , avoit
été érigé en abbaye vers la fin du huitième fiécle. Le
jour même de cette tranfiation fe fit la dédicace de la
nouvelle églife de Noaillé fous fon nom , Se il en a
toujours été le patron depuis. * Baillet , Top. des Saints ,
p. 349.^
Maire avoit été ruiné fous Charles Martel ; & Noail-
lé ayant été fait abbaye fous Charlemagne , il n'eut
point d'autres abbés que ceux de Maire jusqu'à cette
tranfiation. L'églife de Maire fut raccommodée depuis
& érigée en paroi fie , qu'on appelle Maire l'Eve s eau ,
c'elt -à-dire , l'épiscopil , pour être diltingué de Mnrê
le Gaulier. L'abbaye de Noaillé fubfilte toujours dans
la régie de faim Benoît.
NO AILLES , duché pairie de France , dans le Limou-
fin. Elle cit corn po fée des châtellenies d'Ayen , de Lar-
che , de Manzat , de Terraflbn Se de vingt-quatre pa-
roifles , dont quelques unes font dans le Périgord. La
châtellenie d'Ayen fut acquife en 1581 , par François
de Noailles , évêque d'Acqs , de Henri IV , pour lors
roi d« Navarre. Elle fut érigée en comté en 1594. en
faveur de Henri de Noailles , lieurenanr général Se gou-
verneur de Rouergue. 11 y a cinquante neuf vaflaux
qui en relèvent. La châtellenie de Tcrrafion eft fur la
Vczere , en Périgord , Se n'appartient qu'en patrie au
duc de Noailles. Ces quatre châtellenies furent érigées
en duché-pairie, fous le nom de Noaiiles, par lettres
patentes du mois de Décembre iéc»3 , cnregiltrées le
15 du même mois, en faveur d'Anne de Noailles,
premier capitaine des gardes du corps du roi , Se grand-
pere du duc de Noailles d'aujourd'hui. * Piçaniol ,
Defcript. de la France, t. 6, p. 371.
5*79
NOAIN , rivière de France , dans le Ni', émois. fcJIé
pafle à Donzy , à Vergez Se à Sully, où de fc dé-
charge dans la Loire. * Coulon , Rivières de France ,
p. 2.61,
NO-AMMON , ville d'Egypte , que faint Jérôme
traduit toujours par Alexandrie. Dom Calmet , Dict.
croit que c'elt plutôt la ville de Diospolis , dans le
Delta , entre Bufiris au midi Se Mendeie au nord. Voyez.
No. N/hum ,3.8.
NOARA, NOARATH, NoARATHA OuNeARATH,
ville de la tribu d'Ephraïm , à cinq milles de Jéri-
cho , a ce que dit Eufebe fur le mot Naaratha.
NOARUS Voyez. Sauus.
NOAS, fleuve de Scythie. Valcrius Flaccus en parle
quclq.ie part. Hérodote , /. 4. c. 49. le nomme Ne»'? ,
Noei , il fe décharge dans le Danube, & Peucer croie
que c'elt aujourd'hui le Sithniz.
NOB, Nobé, Noba ou Nomba (a), ville facer-
dotale de la tribu de Benjamin ou de celle d'Ephraïm.
Saint Jérôme (b) dit que de fon tems elle éroit dé-
truite , Se qu'on en voyoit les ruines au voifinage de
Diospolis. David chafle par Saiil, étant allé à Nobé,
& ayant demandé quelque chofe à manger au grand
prêtre Achimelech , celui-ci lui donna des pains qu'on
avoit ôtés tout récemment de delTus la table facrée , Se
lépée de Goliath (c). Saiil en ayant été informé pat
Doeg , fit tuer tous les prêrres de Nobé , Se faccagea
leur ville. And. Mafius prérend que ce foit la même
ville qu'Anab, que faint Jérôme appelle Beth-Anoba.
Quelques-uns la nomment Bochonopolif; Se Guillau-
me de Tyr , /. 14. c. 8. dit qu'on lui donnoit vulgai-
rement le nom de Bettemubie. {a) Ksdr. 11. 32. (b\
In Epiîaphio PauU. Eufeb. in locis voce Nombra. Dom
Calmet t Dict. (t) L Rcg. 22. 9. Se feq. Se 21. 6. ÔC
feq.
NOBA. Voyez. Noua & Nomba.
NOBA BARBARENS1S ou Nova Barbarensis,
fiége épiscopal d'Afrique $ dans la Numidie , félon la
notice d'Afrique , qui fournit Adeodatus , un de Ces évê-
ques. * Harduin. collect. cohe. t. 2. p. 870.
NOB£. Voyez. PygmjEi.
NOBA GERMANIA Voyez. Nova Germanià.
NOBALICIANENSIS , fiége épiscopal d'Afiique,
dans la Mauritanie SLifenfe. Redux , fon évêque , fe
trouve dans la notice d'Afrique* * Harduin. 10m. 2.
pag. 876. '
NOBANA. Voyez, Novana.
^NOBASINENSIS, fiége épiscopal de la Numidre.
Candidus , fon évêque , eft nommé dans la norice d'A-
frique. * Harduin. collect. conc. t. 2. p. 8711
NOBASPARSENSIS. La notice d'Afrique fait aufit
mention de ce fiége épiscopal , qui étoit dans la Nu-
midie. Parmi fes évêques,on trouve Félix. * Harduin.
t. 2. p. 871.
NOBATyE, peuples d'Ethiopie , aux environs dit
Nil> dans le voifinage de la ville Oafis. Procope, Per-
fiel. 1. c. 19. en parle-, & Ortclius, Tbefa'ur. foup-
çonne que ce font les mêmes peuples que quelques-
uns appellent Nubai.
NOBÉ , Naba , Canatha ou Canath, ville delà
tribu de Manaffé. Elle étoit au-delà du Jourdain. Le
nom de Nobé lui fut donné depuis qu'un Ifra'elitc de
ce nom en eut fait la conquête (a). Gédéon poutfui-
vit les Madianites (b) jusque-là. Eufebe dit qu'il y a à
huit milles d'Efebon vers le midi un lieu nommé No-
bé , Se qu'il eft abandonné; mais ce n'elt pas le Nobé ,
dont il eft ici queftion -, car il étoit beaucoup plus avant
vers le feptentrion. Les Septante écrivent Na/2a. Voyez,
Nob Se Nomba. (a) Num. 32. 42. (b) Judic.%. 11.
NOBENSES& NoBicENsEs.Kojy^ Nova.
NOBENS1S, fiége épiscopal d'Afrique, dans la Mauri-
tanie Céfarienfe. La conférence de Carthage fournit Vc
recundus , qui en étoit évêque ,& on trouve Min gin ,
dans la notice d'Afrique. * Harduin. colleét. conc.
t. 2. p. 78?. 874.
NOBICENS1S , fiége épiscopal d'Afrique , dans la
Mauritanie Céfarienfe , félon la notice d'Afrique , où
on trouve Donatus Nobicenfis. * Harduin. collect,
conc. t. 2. p. 874.
NOBIL1A Se Cusibi , villes des Otetanes, dans
Tmt. IV. D d d d ij
*8o NOD
l'Espagne, fur le Tage , félon Tite-Live , /. 3;. c. 32.
Morahs lie Nuliha dans l'es antiquités : il s'agit de fa-
voir , fi c'eft une faute de copifte , ou s'il eft fondé
fur quelque ancien manuicrit.
NOBILIACENSIS PAGUS, ancien canton de la
Fiance, près de la ville de Tours, félon faint Grégoire
<le Tours, 2 Martyr 11m.
NOBÎLIACUM. C'eft le nom d'un ancien fauxbourg
de Ki ville d'Arras , félon Meyer. Il en eft auffi fait
mention dans la vie de faint Wall. Ortelius ,Thef. pré-
tend que c'eft l'ancien nom de l'abbaye même de
faint Walt.
NOBOPYRUS , ville de Mcefie , félon Ortelius, qui
cite Calchondyle.
NOBUNDi£, peuple des Indes , félon Pline, /. 6.
c. 20.
NOCEN , ville du Japon , dans l'ifie de Ximo , ôc
dans le royaume de Bungo : elle eft presque fur la côte
orientale de l'ifie. * Le P. de Charlevoix.
1. NOCERA, ville d'Italie, dans l'Umbrie ou du-
ché de Spolette , au pied de l'Apennin , Ôc au voifi-
nage d'une des fources du Topino. Elie eft nommée
Nuceria par Strabon, /. ;. p. 227. qui dit qu'il s'y fa-
briquoit des vafes de bois qui étoient eftimés. Ptolo-
mée, /. 3. c. 1. lui donne le nom de colonie, & Pli-
ne , /. 3. c 5. la nomme Amplement Nuceria. On
l'appella auffi anciennement Nuceria Alfa'enia , fans
doute pour la diftinguer des autres villes qui portoient
le nom de Nuceria. Voyez, ce mot. Cette ville eft épis-
copale.
2. NOCERA, ville d'Italie, dans la principauté Ci-
térieure, a quatre milles de la rivière Sarno ou Safa-
ti , & à neuf milles de la côte de la mer. On la nom-
mou autrefois Alfatema , pour la diftinguer de Nuce-
ria-Camellaria , dans l'UmDric. Goltzius rapporte
quelques médailles grecques de cette ville. Voyez. Nu-
ceria.
3. NOCERA, ville d'Italie, au royaume de Na-
ples , dans la Calabre Ultérieure. Elle eft fituée envi-
ron a huit milles au notd du golfe de Sainte Euphé-
mie , dans les terres , entre Martorano a l'orient , ôc la
mer a l'occident , à égale dillance de l'une ôc de
l'autre.
NOCETUM , village ou château de Fiance , fur la
Marne. Grégoire de Tours & Aimoin en font, mention.
* Ortelii Thef.
NOCHETI , peuples de l'Arabie Heureufe. Pline,
/. S. c. 28. les place fur le golfe Perfique.
NOCKES, peuples de 1 Amérique feptentrionale ,
dans la Nouvelle Fiance , fur le bord du lac des Hu-
rons , à vingt lieues à l'occident des Miflîflaguez.
NOCOR , rivière d'Afrique , au royaume de Fez. Elle
fort des montagnes d'Elchans , prend fon cours vers
le nord , fépare la province d'Errif de celle de Gared ,
& fe jette dans la mer Méditerranée. Caftel croit que
c'eft le Molocath de Ptolomée , /. 4. c. 1. ôc Davity
la prend pour la rivière de Milucan. * Dapper, Defc.
d'Afrique , p. 140.
NOD ou Terre de Nod. C'eft le pays où fe retira
CaYn après fon crime (a). Les Septante, auffi bien que
Jofephe , ont lu Na'i'd (b) au lieu de Nod , ôc font pris
pour un nom de lieu. On ne fait pas distinctement
quel étoit ce pays de Nod , fi ce n'eft peut-être le pays
de Nvfeou Nyfée, vers l'Hyrcanie. Saint Jétôme ôc le
Chaldéen ont pris le terme Nod dans un fens généri-
que pour vagabond , fugitif : Habit avit profugm in
terra. L'Hébreu porte (c) : Habitavit in terra Nod.
(*) Genef. 4. 16. (b) Dom Calmet , Di£t. (c) Genef.
4. 16.
NODAB , pays voifin de l'Iturée & de l'Idumée , mais
aujourd'hui inconnu. On lit dans le premier livre des
Parai ipnménes , c. y. 19. que la tribu de Ruben , aidée
de celles de Gad ôc de Manafie, eut une guerre con-
tre les Agarécns , les Tharéens & les peuples de Nophis
ôc de Nodab , dans laquelle le* lfra'élites eurent de
l'avantage , mais on ignore le tems ôc les autres parti-
çulariés de cette guerre.
NODALES, bourg ou village de la Vieille Caftille,
en Espagne , entre les villes de Siguença ôc de Medi-
na-Celi. Corneille , Dicl. dit qu'il y a des géographes
NOG
qui le prennent pour l'ancienne Aracillum. J'ai marqué
au mot Aracillum en quel endroit les meilleurs géo-
graphes plaçoient cette ancienne ville. Voyez. Aracil-
lum.
NOE , ville de France, dans le Haut Languedoc,
diocèfe ôc recette de Rieux.
NOEGA, ancienne ville d'Espagne, félon Pompo-
nius Mêla, /. 3. c. 1. qui la place chez les Afluri fur
la côte. Pline , /. 4. c. 20. la met auffi dans le même
quartier. A la vérité Ptolomée , /. 2. c. 6. qui l'appelle
■HoiyaL Ovxicrla. , Noega Ucefla , la place chez les Canra-
bres, parmi leurs villes maritimes; mais lautorité de
Pomponius Mêla paroît préférable. On croit commu-
nément que c'eft aujourd'hui Navia.
NOELA, ville de l'Espagne Tarragonnoife , dans le
pays des' Afluri , félon Pline, /. 4. c. 20. C'eft aujour-
d'hui Noya , fur le T ambre. Ptolomée , /. 2. c. 6. nom-
me cette ville Novium , ôc l'attribue aux Artabres. Quel-
ques manuferits portent Noeia pour Noela.
NOEL^E& Noegl* , colonies des Celtibériens fortis
d'Hispal , félon le faux Bérofe. * Ortelii Thef.
1. NOEMAGUS, ville de la Gaule Lyonnoife. Pto-
lomée, /. 2. c. 8. l'attribue auxVœdicaffi.
1. NOEMAGUS, ville de la Gaule Lyonnoife. Pto-
lomée la place chez les Lexubi, ôc de Villeneuve la
nomme San Salvator.
3. NOEMAGUS TRICASSINORUM ou Trecas-
tinorum. Voyez. Saint Paul Trois-Chateaux.
NOEODUNUM , ville des Gaules. Ptolomée la don-
ne aux Auierci Diablimes , peuples de la Gaule Lyon-
noife. De Villeneuve dans fon Ptolomée la nomme Leon-
doul.
NOERE, rivière de France, dans l'Angoumois. Elle
fe jette dans la Charente , entre la ville d'Angoulême
Se Château Neuf. * Coulon , Rivières de France , pag.
45 5-
NOES. Voyez, Noas.
NOESA ou plutôt Noeslau , ifle de la merdes In-
des, à l'embouchure du détroit de Ceru , à l'orient d'Am-
boine. Les habitans (ont anthropophages. * Hifloire de
la conqutte des Moluques , 1. 7. p. 97.
NOESIA, ifle de l'Archipel , au voifinage de celle
de Rhodes , félon Euftathe. C'eft une des Sporades. *
Ortelii Thef.
NOGALES, Nuceria, abbaye d'hommes, ordre de
Cîteaux , en Espagne , dans le royaume de Léon ôc au
diocèfe d'Aftorga.
NOGARO, petite ville de France, dans la Gasco-
gne , ôc la capitale du Bas-Armagnac. Cette ville eft fi-
tuée fur la rivière de Midouze , à trois lieues d'Eaufe
ôc à quatre d'Aire. C'eft une des cinq villes qui fu-
rent données en échange au duc de Bouillon pour la
principauté de Sedan. Il s'eft tenu deux conciles en cette
ville , où il y a une églife collégiale, l'un en 1290, &
l'autre l'an 1 3 1 j. * Piganiol , Defc. de la France , t. 4. 1
P- f7«. , ..''',
NOGENS, bourg de France, dans l'Anjou, élection
de la Flèche.
NOGENT , bourgade de l'ifie de France , à deux
lieues de Paris : c'eft un grand bourg au bord de la Sei-
ne. Ce lieu eft fort ancien , ôc fon nom latin étoit No-
vigentum ou Novientum. Il étoit déjà une bourgade dès
le commencement du fixiéme fiécle , fous les enfans de
Clovis. Ce fut-là où Clodoald , vulgairement appelle^.
Cloud, fils du roi Clodomir , fe retira après avoir évi-
té la mort. Il y bâtit un monaftere, qui depuis a été
changé en une églife collégiale, où le corps de ce faint
eft gardé dans une chaiïe. La grande dévotion que le
peuple a eue pour lui , a fait changer le nom de No-
gent en celui de S. Cloud. Voyez, Saint Cloud. * Lon-
guerue ,Defc. de la France, part. 1. p. ij.
NOGENT-L'ARTAUT , bourg de France, dans la
Brie , diocèfe de Soiflbns , élection de Château-Thierri.
Il y a uneabbaye de religieufes de l'ordre de S Benoît,fon-
dée par la reine Blanche , mère de S. Louis.Ce font à pré-
fent des religieufes de l'ordre de Ste Claire: l'abbefleeft
triennale. Cette maifon n'a qu'environ fept mille livres
de rente , quoiqu'il y ait une grande quantité de reli-
gieufes. Ce lieu a pris le nom d'Artaut , tréforier de
NOG
NOI *8i
Thibaut, le libéral comte de Champagne, fou fon-
dateur.
NOGENT-SUR-AUBE, bourg de France, dans la
Champagne, élection de Troves.
NOGENT-LE-BERNARD', bourg de France, dans
le Maine , élection du Mans.
NOGENT-SOUS-COUCY , Nogentum , bourg de
France , dans la Picardie , diocèfe & élection de Laon ,
vers les limites du diocèfe de Soiffons, fur la rivière de
Delette. Il y a une abbaye d'hommes de l'ordre de S.
Benoît , congrégation de faint Maur. Elle eft lltuée à
une demi-lieue de Coucy vers le midi , ôc à deux lieues
& demi de Prémontré, vers le couchant d'hiver. Saint
Godefroi , depuis évêque d'Amiens , fut abbé de ce mo-
naftere fui la fin de l'onzième fiécle. Les fires de Cou-
cy font pour la plupart enterrés dans cette abbaye , qui
vaut fept à huit mille livres à l'abbé. On veut qu'il y ait
eu autrefois dans ce lieu un temple des Druïdes , con-
facré à la Vierge qui doit enfanter : Vtrgini pariturœ.
L'abbé Lebeuf a conjecturé que l'on tnettoit quelque-
fois cette infeription fous les images de l'Annoncia-
tion, qui eft la fête la plus ancienne de la fainte Vier-
ge , ôc dont le fondement eft explique dans l'évangile.
Ainfi cette infeription , quelque ancienne qu'elle ait pu
paraître , ne devoit naître que depuis le Chriftianisme.
* Baillet , Topog. des Saints , p. 350.
NOGENT-SUR-MARNE , bourg de l'Iflede Fran-
ce , élection de Paris. Ce lieu exiftoit dès le règne de
Chilperic , qui y reçut une ambafiade des grands du
royaume d'Auftrafie, vers l'an j8o. Cette ville relevoit
autrefois de l'abbaye de S. Denis.
1. NOGENT-LE-ROI , ville de France, dans la
Champagne , élection de Langres. C'eft le fiége d'une
prévôté royale , reflbrtifiante au bailliage de Chaumont
en Baffigny.
2. NOGENT-LE-ROI, Novigentum Régis, petite
ville de France , dans l'Orléanois , à cinq lieues de Char-
tres & à quatre de Dreux. Elle eft fituée dans un val-
lon à l'endroit où l'Eure commence à porter bateau.
Quelques-uns croient qu'elle a pris le nom de Nogent-
le-Roi , parce que Philippe VI , roi de France , y mou-
rut en 1350. D'autres prétendent que cette petite ville
s'appelloit autrefois Nogent-Ifembert ou l'Erembert;
mais qu'Ifabelle de Blois l'ayant donnée à Philippe Au-
gufte, elle fut nommée Nogent-le Roi. * Piganiol,
Defc. de la France , t. 6. p. 100.
NOGENT-LE ROTROU, bourg de France, dans
le Perche, fur la rivière d'Huine, diocèfe de Chartres ,
élection de Mortagne. Cette ville a pris fon nom de
Rotrou , comte du Perche, qui demeurait fouvent dans
le château qui eft fort ancien : on l'appelle en latin
Novigentum Rotrodi ou Rotroci. C'étoit anciennement
NoVIODUNUM DlABLINTUM. Voyez. DlABLINTES. Ce
n'eft aujourd'hui qu'un bourg , mais auffi peuplé que
beaucoup de villes. La baronnie a toujours eu fes fei-
gneurs particuliers , qui y ont leur jufticereflbrtiuanteau
fiége royal de Bellême. Il y a dans Nogent-le-Rotrou
une églife collégiale du titre de faint Jean , fondée en
1 194 , par GeoftroilII , comte du Perche ôc feignenr de
ce lieu. Renaud de Montreuil , foixante-feptiéme évêque
de Chartres, unit à la menfe de ce chapitre la cha-
pelle de faint Etienne fondée dans le château , où il
y avoit un chevecier & des chanoines, ôc n'en fit qu'un
même chapitre. En 1 1 98 , Guillaume , évêque de Char-
tres i comte du Perche ôc feigneur de Nogent , y fon-
da un doyen , un chantre , un tréforier, un prévôt.
Le nombre des canonicats étant trop grand en 1467 ,
Miles d'Illiers, évêque de Chartres, les réduifit à dix,
dont le doyen en a deux , du confentement de Char-
les , duc d'Anjou, comte de Mayenne, alors feigneur
de Nogent. Au bourg de Nogent eft contigu celui de
Saint Denis, qui en eft entièrement féparé pour la
feigneurie & le renort , ne relevant que du roi Se ap-
partenant au monaftere de Saint Denis , qui y eft fitué
& dépend de Clugni. Henri de Bourbon I du nom ,
prince de Condé , obtint du roi Henri Iil des lettres ,
par lesquelles la baronnie de Nogent le-Rotrou fut
érigée en fa faveur en duché-pairie, fous le nom d'En-
ghien le François. Son fils , Henri II , s'accommoda de
Nogcnt-le-Rotrou avec Maximilien de Béthunc , duc de
Sulli, qui a laide cette baronnie à fes enfans du fécond
lit. Le prince Henri II obtint des lettres de Louis XIII
en 16 14, pour faire transférer le titre de duché d'En-
ghien, fur KIoudun, en Berri. Il s'y trouva de la diffi-
culté , parce qu'Ifioudun eft un domaine royal qui eft
feulement engagé. Enfin , Henri- Jules de Bourbon ,
qui le dernier a porté le titre de prince de Condé ,
obtint des lettres de Louis XIV , pour faire changer le
nom de Montmorenci en celui d'Enghien ; ainfi le du-
ché de Montmorenci eft aujourd'hui celui d'Enghien*
La terre de Montigni eft jointe à celle de Nogent -,
il y a cent fiefs qui relèvent l'un de l'autre , & plus
de quarante juftices-,
NOGENT-SUR-SEINE , Novigentum ad Sequa-
nam , petite ville de France , dans la Champagne >
fur les frontières de la Brie , au bas d'une côte , fur
la rivière de Seine. Elle eft à vingt-deux lieues de Paris ,
à douze de Troyes, & à neuf de Montereau. Elle relevoit
autrefois de l'abbé de faint Denis , Se fut comprife
dans le douaire d'Elifabeth de Bavière. Cette ville eft
le fiége d'un bailliage , d'un grenier à fel , ôc d'une
maréchauffée. Les prairies font le principal revenu de
l'élection de Nogent. 11 s'y fait un afiez grand com-
merce de foin , qu'on transporte à Paris par le moyen
de la Seine. Il y a auffi des vignes dans quelques pa-
rojfles , où l'on recueille , année commune , environ
deux mille muids de vin , mais il fe confume dans
le pays. * Piganiol , Defcription de la France , t. 3.
p. 58;.
C'eft à Nogent-fur-Seine que naquit , vers le milieu
du fixiéme fiécle , S. Vinebaud , abbé de S. Loup de
Troves. Il y avoit pratiqué un hermitage où il de-
meura jusqu'à ce que l'évêque de Troyes l'eût appelle
dans la ville , pour le retenir dans fon clergé , ôc
le faire abbé du monaftere de S. Loup. Pour conferver
la mémoire de S. Vinebaud , il refte à Nogent un
prieuré dépendant de l'abbaye de faint Loup de Troyes.
* Baillet , Topogr. des Saints , p. 3 50.
NOGENT-LES-VIERGES , village de France , au
diocèfe de Beauvais, presque fur le bord occidental de
la rivière d'Oife. Il eft fitué un peu au-defius de Pont-
Saint- Maxence. Lebeuf fait remarquer que ce doit
être le Novigentum où étoit retiré le roi Thierri ,
dans le tems de la mort de Childeric II , fon frère, l'an
673. Ce lieu eft furnommé les Vierges , à caufe des
faintes Maure ,0c Brigide dont on y a confervé des
reliques. Il y a encore une crypte dans l'églife , dont
elles font patrones. On y voit à l'entrée , à main gau-
che , une cheminée à l'antique proche les fonts , qui
fervoit dans le tems qu'on baptifoit par immerfion.
Nogent-les-Vierges eft encore connu par un rrfande-
ment de M. l'évêque de Beauvais , donné il y a envi-
ron dix- huit ans , touchant la vifite des reliques des
faintes de ce lieu. * Notes manuferites de Lebeuf.
NOGNE , Nunez , ou Nunho , rivière d'Afri-
que , à feize lieues de Rio grande , vers le fud. Elle
a le même cours , ôc forme une petite ifle appelléd
Taffagan , proche fon embouchure. Il fe fait fur leâ
bords de cette rivière un commerce annuel de trois
cens quintaux d'ivoire , & d'une centaine d'esclaves. Le
riz y eft excellent , ôc à fort bon marché. Les cannes
de fucre ôc l'indigo y croifient naturellement. Le pays
aux environs de cette rivière produit un fel que les
Portugais" regardent comme un contre-poifon ; il eft
blanc , ôc a le goût de l'alun. On prend une dragme
de ce fel délayée dans de l'eau chaude. * Voyage de
Brue en Afrique , 1 70 1 .
NOGRUS. Voyez. Mogrus.
NOGUERA , rivière d'Espagne , dans la Cata-
logne.
"nOHAN EN GOUST , bourg de France , dans le
Berri , diocèfe ôc élection de Bourges. La petite rivière
de Tripende y pafie. La cure eft à portion congrue
de trois cens livres. Le commerce confifte en laines ,
vacives , vacivaux Ôc chanvres.
1. NOIA , bourg d'Italie , au royaume de Naple? ,
dans la terre de Bari , au nord oriental de Rutigliano,
environ à quatre milles de la côte du golfe de Ve-
nife , ôc à dix milles de Bari. * Magin , Carte de la
terre de BarL
*82, NOI
2. NOIA, bourg d'Italie, au royaume de Naples ,
dans la partie méridionale de la Bafilicate , environ à
cinq milles de Franca Villa , en tirant vers l'orienr. *
Magin « Carte de la Bafilicate.
3. NOIA , château d'Italie , au royaume de Na-
ples , dans la terre d'Otranre , à fix milles de Con-
vertino. Ce château eft très-fort par fa fituation. *
Leander , Defc. di tima Ital. p. 240.
NOINTEL , village de France , en Picardie , dio-
cèfe de Beauvais , à quelque diitance du rivage gau-
che de la rivière de Bresche , dans l'élection de Cler-
mont. Ce lieu eft aujourd'hui un marquifat. Il elt en-
core plus célèbre pour avoir été la patrie du cardinal
Jean Cholet , ou du moins le Heu où il fut éjevé ,
ainfi que l'a écrit du Boulay au catalogue des hommes
illuftres du XlIIfiécle, t. 3. p. 696. 11 étoit fils dOu-
daid , chevalier , feigneur de Nointel : ôc par l'on
teitament , il donna aux pauvres du même village la
fomme de trois cens livres parifis.
1. NOIRE (Rivière)^ c'eft une rivière de l'Amé-
rique feptentrionale , dans la Nouvelle France. Elle
fort du lac Manikouagen , dans la terre des Eski-
maux , & fe rend dans le fleuve de S. Laurent , à vingt-
cinq ou trente lieues au-deflbus de Tadoufïac , après
avoir travetfé une partie de la province de Saguenay
& le pays des Berfiamites,
2. NOIRE (La pointe), autrement le Quartier
de Caillou à la Guadeloupe. Ce quartier elt entre
celui de l'ifle à Goyave & l'Ance Ferri. Il elt coupé
de mornes ou de petites ances : le terrein en elt pier-
reux ; il ne laine pourtant pas d être allez bon ôc
bien cultivé. On y a bâti une églife paroifhale.
3. NOIRE (La rivière); c'elt une des petites riviè-
res de l'Amérique feptentrionale , dans la Nouvelle
France. Elle fe jette dans le lac des Illinois , à la
bande de l'efl. Son embouchure eft entre celles des
rivières Mars mec ôc des Miamis.
4. NOIRE (Rivière), c'eft une petite rivière de l'Amé-
xique feptentrionale , dans le pays des Iflatis , qui la
nomment Chabaâcha ou Ooabaoudtba. Elle fe jette
dans le fleuve du Miffiffipi , à la bande de l'eft , à
vingt lieues au nord de la rivière d'Onisconfing , par
les 43 deg. de latitude feptentrionale.
/.NOIRE (Rivière), rivière d'Afrique, dans le royau-
me de KafTan , au nord du Sénégal. Qupiqu'elle prenne
fa fource à un quart de lieue du Sénégal , on prétend
que c'en eft une branche. Elle forme avec la rivière
Blanche , qui eit a fon nord , l'ifle ou peninfule de
KafTan ; & apvès un cours de foixante lieues , elle fe
rend dans le grand lac de KafTan. Sa fource eft fi confi-
dérable qu'elle n'elt plus guéable à une lieue de fon
origine. * Second voyage de Brue fur le Sénégal.
6. NOIRE (Montagne). On appelle ainfi une mon-
tagne de l'ifle de S. Domingue , dans le quartier du
fud. C'eft la retraite ordinaire des Negres-Marons de
l'ifle , où ils font en grand nombre ôc armés.
NOIREAU , petite rivière de France , dans la Nor-
mandie. Elle a fa fource au-deflus de Condé , & va
fe jetter dans l'Orne , au defibus de Clifly. * Coulon ,
Rivières de France , p. 20J.
NOIRLAC , abbaye de France , fur le Cher. Voyez.
Nerlac.
1. NOIRMOUTIER , ifle de l'Océan occidental ,
fur la côte de France , aux extrémités du Poitou ôc
de la Bretagne , au midi de l'embouchure de la Loire.
Elle a environ trois lieues de long , ôc fept de tour.
Elle eft fort étroite depuis la Barre de Mont , jus-
qu'à Barbaflre ; mais elle s'élargit en approchant de
la ville de Noirmoutier. Elle eft du diocèfe de Luçon ôc
de la généralité de Poitiers. Il y a deux paroiffes , ôc
S. Nicolas dans le bourg de Barbaflre , S. Philibert dansla
ville de Noirmoutier , dans laquelle on compte mille huit
censhabirans.* Pigamol, Defcr. de la France., t. j. p. 1 2 1.
Cette L9e s'appello^ autrefois Her , Her'to , Hero
ou Hervis. S. Philibert (a) , qui avoir été chaffé de
fon monaftere de Jumieges par S. Ouën , parrifan
d'Ebroïn , maire du palais , s'éta.it retiré en Poitou ,
pour fuir la perfécunon de fes ennemis , Anfoald ,
évêque de Poitiers , lui donna une retraite dans l'ifle
de Her. Le faint y fonda vers l'an 674 un monaftere
NOL
qui fut appelle Hermoutier , ôc depuis Noirmou-
tier , ou par corruption , ou à caul'e de l'habit noir
des Bénédictins qui l'occupoient. S. Philibert y mou-
rut , ôc le monaitere fublilta jusqu'au rems des cour-
fes des Normands , qui le ruinèrent fous le règne de
Louis le Débonnaire, (b) Lorsqu'en l'année 834 , dans
leurs premières courtes , les Normands ravagèrent les
ifles ôc les côtes de France , ces moines furent plu-
fieurs années errans en diverfes provinces , ôc s'arrê-
tèrent enfin à Tournus , fur la Saône , que Charles
le Chauve leur donna. Us conferverent néanmoins leur
ancienne maifon de 1 ifle , où ils avoient un prieure
conventuel. Les moines de Cîtcaux s'établirent au dou-
zième fiecle dans cette ifle : ils y vinrent du mona-
ftere de Buzay , près de Nantes ; ôc c'eft à caufe de
leur robe blanche que l'abbaye de Notre-Dame en l'ifle
de Noirmoutier fur appellée l'Abbaye blanche. On a
donné encore anciennement à cette ifle le nom à'in-
fiLi Dei , l'ifle de Dieu ; parce qu'elle étoit habitée
par des moines qui y vivoicnt faintement \ mais de-
puis long tems il n'y a plus de moines Noirs dans le
prieuré de S. Philibert ; ôc les Blancs ne font pas en
grand nombre dans l'abbaye de Notre-Dame. Il y a
long-tems que les laïcs fe font rendus les maîtres de
l'ifle. El'e vint au pouvoir des feigneurs de la bran-
che cadette de la maifon de la Trémoille , qui pour
cette ifle relevoieut de la baronnie de la Garnache
dans la terre ferme du Poitou qui appartient à pré-
fent à la maifon de Villeroi , comme héritière de la
duchefle de Lesdiguieres. Au commencement de 1720,
madame la princefle des Urfins , de la branche ca-
dette de la Trémoille , vendit l'ifle de Noirmoutier à
M. le duc de Bourbon. Son revenu elt d'environ feize
mille livres de rente, (u) Bailler , Topogr. des Saints ,
p. 334. (b) Longucrue , Defcripr. de la France, part,
x. p. 1/4.
En allant de Barbaflre à la ville de Noirmoutier ,
on trouve beaucoup de marais falans , des terres la-
bourables , dont la plupart font cultivées , ôc qu'on
feme alternativement de froment , d'orge ôc de féves ,
fans les laifler repoler. Il y a auiTi des vignes , dont
le vin eft très-médiocre ; peu de pâturages , ôc par
conséquent peu de beftiaux. Il y a un partage réglé
de la Barre de Mont , en bas Poitou , à la fofle de
l'ifle de Noirmoutier : il eft denviron un quart de
lieue de large. Du refte , c'eft une espèce d'ifle
Fortunée ; la maltôte n'y a jamais pénétté. Les habi-
tans ne payent ni taille , ni capitation , ni dixième , ni
aucun autre fubfide que le papier timbré & les droits
de controlle & d'infinuation.
2. NOIRMOUTIER , ville de France , dans l'ifle de
même nom. Voyez. Noirmoutier. Elle peut contenir
deux mille cinq cens habitans. * Pigamol , Defcript. de
la France, t. 5. p. 122.
NOISEAU ou Nid-Oiseau , Nldus Avis , bourg
de France , dans l'Anjou , élection d'Angers, Il y a une
abbaye de filles , de l'ordre de S. Benoît , congrégation
de S. Maut. Elle eft dédiée à Notre Dame , Ôc jouit de
dix mille livres de revenu. Ce lieu eft fitué entre Craon
& Château-Gontier , à une lieue de Segré , vers le nord.
Il y a environ quarante bénéfices qui en dépendent. Elle
fut fondée en 1068 par Airaud Galfeneder , feigneur du
lieu ôc de Vouvant fur l'Autife.
NOIZ AY , bourg de France , dans la Touraine , élec-
tion de Tours : il eft au bord delà rivière deLifïe.
1, NOL A , ville d'Italie chez les Picentini , félon Pio-
lomée , /. 3. c. 1. ôc Strabon,/. $. p. 249. Tite-Livc,
/. 9. c. 28 & 93. la met dans le Samnium. Elle eft ap-
pellée par Frontin , Colonia Augufla. Son nom eft cor-
rompu dans Polybc , qui la nomme NoAtlfa^. Elle con-
ferve encore fon ancien nom. Voyez, l'article fuivanr.
2. NOLA ou Nole , ville d'Italie, au royaume de
Naples , dans la terre de Labour , avec évêché fufira-
gant de Naples. Cette ville eft très-ancienne. Les hiflo-
riens ôc les géographes en parlent comme d'une place
forte , ôc qui avoit été fondée par les Chalcidiens. Elle
fubfifte encore aujourd'hui , ôc conferve fon ancien nom.,
qui étoit Nola : mais elle a beaucoup perdu de fa fplen-
deur. Silius Italicus en parle delà forte, lib. 12. vgrf.
\6i.
NOM
Hl.ic ad Chaltidham transfert citus agmina Nolam.
Campa Nolafedct , crebris circumdata in or 6cm
Turribits , & celfo facilcm tutaïur adiri
Planiciem vallo.
Juftin , /. 20. c. 1. appuie le fentiment qui veut que
Noie ait été fondée par les Chalcidiens ; car il appelle
les habitans de Noie Chalcidienfmm Coloni : cependant
Velleïus , /. i.r. 7. dit que quelques-uns prétendoient
qu'elle avoit été bâtie par les Toscans. Annibal l'aiïïé-
gea inutilement l'an 5 40 de la fondation de Rome , &
ce fut aux portes de cette ville , que le conful Marcellus
lui préfenta la bataille. Augufte y mourut. Vespafien
honora Noie du titre de colonie Romaine. Tite-Live ,
lib. 23. cap. 14. appelle les habitans Notant , 8c le ter-
ritoire de la ville Nolanus ager. On conferve plufieurs
corps faints dans cette ville ; entr'aimes ceux de S. Félix ,
martyr , & de S. Paulin , qui a été évêque de Noie. Jean
de Noie, excellent fculpteur, & Jordanus Brunus ,
philofophe, ont fait honneur à leur patrie , ainfi que plu-
fîeurs autres perfonnages fameux de la même ville. S. Fé-
lix , prêtre de Noie 8c confefleur , félon Baillet , Topo-
graphie des Saints, p. 3 ;o , eft patron de la ville de Noie.
Saint Maxime fut évêque de ce lieu , vers le milieu du
rroifiéme fiécle. Saint Paulin , reclus près de Noie , 8c
facriftain de l'églifc de S. Félix , fut fait évêque de cette
ville , vers la fin de l'an 409. Il mourut en 43 1. * Tit-
Liv. /. 22. c. 16.
NOLASENA, ville de la petite Arménie. Ptolomée,
l. $. c. 7. la met dans la préfecture nommée Lavia-
nenfis , auprès de l'Euphrate. Ses interprètes lifent No-
falene.
C'eft fans doute la même ville dont l'evêque fou-
ferivit au concile de Conftantinople de l'an 448 , 8c qui
eft nommé Secundinus Nojalenenjts.* Hardiiin. collect.
conc. t. 2. p. 170.
NOLAY , bourg de France , dans la Bourgogne, bail-
liage de Beaune. 11 eft lîtué dans un vallon fort étroit.
La fontaine , nommée la Tournée , y a fa fource , 8c les
environs font plantés de vignes. Nolay a ti;rede Mar-
quifat.
NOLI , ville d'Italie , fur la côte de Gènes , à l'occi-
dent de cette dernière ville. Elle a été fondée par les ha-
bitans de Gènes , 8c par ceux de Savone. Le pape In-
nocent IV y mit un évêque fuffragant de 1 archevêque de
Gênes. Il y en a néanmoins qui veulent que l'évéché
ait été établi par le pape Alexandre III. Noli a un port
fort confidérable , non feulement pour fon étendue , mais
encore pour les avantages que les habitans en retirent.
Us ne font plus néanmoins ce qu'ils étoient. 11 y avoit
autrefois de très riches marchands dans cette ville , mais
le nombre en eft confidérablemcnt diminué ; parce que
la ville a beaucoup fouffert en différens tems des démê-
lés des Génois ; outre qu'elle fut pillée par l'armée
d'Alfonfe I d'Aragon , roi de Naples 8c d'Espagne. On
attribue ces calamités de Noli à la malédiction d'un de
fes évcqucs.qui, voyant qu'il ne pouvoir les détourner
de porter du fer 8c autres chofes femblables aux infidè-
les , les menaça de la colère du Ciel. * Leaader , Defc.
di tutta ltnlia. p. 12.
NOLON ou Nolos. Voyez, Berecinthe , 1.
NOLYNADES. Voyez. Nola.
NOMA , lieu de la Paleftine , félon Jofué , r. 1 j. 41 .
S. Jérôme lit Ncama.
NOMADES. Ce nom a été donné à divers peuples ,
qui n'avoient point de demeures fixes , 8c qui en chan-
geoient perpétuellement peur chercher de nouveaux
pâturages ; de forte que ce mot ne défigne pas un peu-
ple particulier , mais le genre de vie de ce peuple ; e'eft
ce qui fait qu'on trouve dans les anciens écrivains des
Nomades Arabes, Numides, Scythes, &c. Feflusctoit
que le nom de Ne/*a<Tês , Nomades , fut donné à ces
peuples , parce qu'ils commerçoient en bétail, ou parce
qu'ils fe nouriiflbient d'herbes comme les animaux ;
mais il eft plus probable qu'ils furent ainfi appelles , à
caufe qu'ils changeoient de pâturages , appelles en.Grcc
no/ahV En effet , les meilleurs MSS. de Piine portent
Nomades , à permutandis p.ibulis. A la vérité , dans l'é-
dition de Parme , on lie à permutandis papilionibus ;
NOM 583
mais cette leçon feroit fupportable ; car on ap^elloir
anciennement PapiUiones des tentes, 8c c'eft delà que
les François ont fait leur mot Pavillon.
NOMADES ARABES. Après les déferts Palmire-
nés, dit Pline,/. 6. c. 28. fuivent du côté de l'orient
les Nomades Arabes , 8c ils s'étendent du côté du midi
jusqu'au-delà du tac Asphaltite. Enfuite on trouvé les
Anales , peuples accoutumés à faire des courfes fur les
terres des Chaldéens , voifins de l'Euphrate. Ces deux
peuples , favoir les Nomades 8c les Attales , étoient bor-
nés au midi par les Scenites , qui, félon Euftathe, In Dio-
nyf.p. 121. habitoient depuis la Ccelefyrie jusqu'à l'Eu-
phrate. Strabon, /. 16. p. 767. eft du même fentimenc
que Pline , par rapport à la fituation de ces peuples.
NOMADES NUMIDES , les Numides furent ap-
pelles NojUî<<r« Nomades, par les Grecs, félon Pline,
/. 5. c. 3. de forte que le mot Nomades auroit une ori-
gine grecque. Ab Ampfada Nitmidia eft , dit cet auteur,
M.tfinijfa clara nomine, Met agoni lis terra à Grœcis ap-
pellata : Namidœ vero Nomades à permutandis pabulis ,
&c. Ni l'un ni l'autre ne plaît à Ifaac Voiïïus , /. 1, c. 7.
ad Melam. Voyez. Metagonitide. Quant au mot No-
mades , il dit qu'il a trouvé que pluficurs des anciens
s'étoient trompés en prenant les Nomades pour les Nu-
mides. Polybe , /. 3. c. 33. place dans la Numidic les
Nomades Maffylcs , & les Nomades Maflœfyliens : De-
nys le Périegéte , v. 186. appelle les Maflœfyliens & les
Maflyles No?nadum Gcntes : 8c Dion Canins , /. 41. p.
172. dit que Juba , filsd'Hiempfal , regnoit fur les No-
mades , c'eft-à-dire , fur les Numides. On ne fauroit nier
que dans l'Afrique , 8c même dans la Numidie, il n'y eût
des Nomades ; c'eft-à-dire, des peuples qui changeoint
de lieu à mefure que les pâturages venoient à leur man-
quer ; mais il ne feroit pas aufli aifé de décider fi le nom
de Numidie a une origine grecque. Il eft à croire qu'un
pays barbare a eu un nom barbare. * Cellarhts , Geog.
Antiq. I. 4. c. 5.
NOMADES SCYTHES. Pline , /. JÇ.e. 12. les place
à la gauche de la mer Caspienne , 8c dit que le fleuve
Panticapes les féparoit des Géorgiens. Strabon, /. i$.
p. 76-/. ajoute qu'ils habitoient fur des chariots.
NOM/EA , peuple de la Libye. Elien , Annibal. I.
17. c. 27. nous apprend qu'il fur détruit par les lions.
NOM/EI , peuple de la Thrace. Etienne le géogra-
phe dit qu'ils furent dans la fuite appelles Scythes.
NOMANIAH, ville de l'Iraque Arabique ou Baby-
lonienne , qui eft la Chaldée. Elle eft fituée fur le Ti-
gre , entre les villes de Bagder 8c de Vafléthe. Elle a été
bâtie par un roi appelle Noman-Ben-Mondir. * D'Her-
bclot , Bibliothèque orientale.
NOMANTIA. Voyez, Numantia.
NOM ARE. Voyez. Melck.
NOMAS , fleuve de la Sarmatie Européenne , à ce
qu'il paroîr , félon cet endroit de Valerius Flaccus , /. 4.
v. 719.
QuasTanais .fiavusqiie Lyccs^Hyspanïsque Nomasque
Ad dit opes.
Cependant quelques exemplaires au lieu , de N ornas ,
portent Mclas,
NOMAS, lieu de la Sicile , félon Diodore de Sicile,
/. U.c. 90. Les habitans de ce lieufe nommoient No-
m£. Ils dévoient être voifins d' Amajlratum. Silius Ita-
licus, /. 14. v. 267. en parle dans ces vers:
----- comitâta Nomœis
Venit Amaftra Viris.
Atlas , Rob. de Vaug. place Nom/E au nord des monts
Nebrodes , à quelques milles de la mer.
NOMAST/E , peuples de la Scythie. Ptolomée, /. 6.
c. 14, les met en-deçà du mont Iinaiis. Ses interprètes
lifent Numaftœ pour Nomaftœ..
NOMATIS AGER. Il en eft parlé dans le livre des
Limites. Ortelius , Tbefaur. foupçonne qu'il pourroit
être en Sicile , 8c tirer fon nom de Nom a s ou Nom/E.
NOMBA , ville de Judée , fclon Etienne le géogra-
phe , d'après Jofephe, antiq. I. 8. mais ce dernier dans un
autre endroit , /. 1 . c. 14. écrit Oba pour Noba.
584 NOM
NOMbRE DE DIOS, ville ruinée en Amérique l
dans la Nouvelle Espagne , fur la côre feptentrionale
de l'iilhme de Panama , au nord de la ville de même
nom, 8c à l'orient de l'orto Belo.
Llle étoit bâtie au fond d'une baie , tour auprès de la
mer, dans un lieu qui eit à prefenc rempli d'une espèce
de cannes fàuvagcs , qui reffemblent beaucoup à celles
donc les pêcheurs fe fervent en Angleterre ; 8c il n'y a
plus de traces d'aucune maifon. Cette fituation ne pa
Toît pas avoir été fort avantageufe , puisque la baie eit
toute ouverte à la mer, & qu'il n'y a presque point d'a-
bri pour les vaiiTeaux. C'ert aufli la raifon , a ce qu'on dit ,
qui obligea les Espagnols à l'abandonner ; 8c peut être
que l'intempériede l'air, qui eit fort mal-fain dans ce pays
bas 8c m a récage ux,en fut un autre motif ; cependant il y a
un petit ruiffeau d'eau douce qui coule à l'elt , du lieu où
étoit la ville. Ce fut en 1402 que Chriftophe Colomb
le découvrir dans fon dernier voyage & qu'il le nomma
Puert ode BaftimentoS , parce qu'il y trouva quantité de
vivres ; mais en 1 5 io,Diego deNicueffa,qui s'étoit chargé
d'établir la Caltilie d'or , ayant perdu presque tous l'es
navires & la plupart de fes gens , entra dans ce havre , 8c
il dit en y entrant : Paremas à qui en el nombre de Dios :
Arrêtons-nous ici , au nom de Dieu : il en prit poffes-
fion , 8c y bâtit un fort qui fut nommé Nombre de Dios ;
ce qui , avec le tems , devint une ville , dont il ne refte
plus que les ruines. L'embouchure du havre eit fort large,
& quoiqu'il y ait deux ou trois pentes ifles ou rochers
qui le couvrent , on y étoit pas trop en fui été. Les Es-
pagnols le quittèrent .peur aller s'établir à Portobel ,où
le havre ell merveilleux & facile à défendre. * Voyage de
Waj'er , p. ; 1 .
NOMBRE DE JESUS, petite Ville fortifiée que bâ-
tirent les Espagnols dans l'Amérique méridionale, au
nord de l'entrée orientale du détroit de Magellan , au-
près du cap de las Vtrgines , ou des onze mille Vierges.
Elle eit préfentement ruinée 8c abandonnée. * Sanfon t
Carte du déiroir de Magellan.
NOMENTUM , ancienne ville d'Italie , chez les La-
tins. Elle n'étoit pas el >ignée du Tibre , puisque Stra-
bon,/. y. p. 2.28. rire les limites des Sabins du côté de
l'occident , depuis le Tibre 8c la ville Nomentum , jusque
chez les Vc/lini. Tire-Live , /. ï c . 3S. la place au nom-
bre des villes des anciens Larins , qui furent réduites
fous la puiffance de Rome par Tarquin le Vieux. Etienne
le géographe la nomme Nm/asctoj. Leander dit que c'elt
aujourd'hui Lamentana dans la Sabine,& Baillée , Topogr.
des Saints , pag. 3^0, la* mec à quatre ou cinq lieues de
Rome vers le nord. Il ajoute que c'étoit autrefois une ville
épiscopale à l'entrée du pays des Sabins ;8c que ce fut
le lieu du martyre de faint Prime 8c de faint Félicien ,
dont les corps furent transportés à Rome trois cens
foixante ans environ après leur mort.
NOMENY , petite ville de Lorraine , fur la Seille ,
avec titre de marquifat. Elle eit fituée à cinq lieues de
Nancy vers le nord , 8c à pareille diltance de Metz ,
entre l'une 8c l'autre ville. Elle a été une des princi-
pales places de l'évêché de Metz. Le comte Sauvage ou
Wiidgrave, étoit avoué de cette ville, 8c un de fes
comtes fit hommage de cette avouerie à l'évêque Re-
nnud de Bar, l'an 1306. Sur la fin de ce fiécle, Raoul
de Couci , évêque de Metz , engagea à Charles I.
du nom , duc de Lorraine , pour fept mille francs de
bon or , la ville 8c le château de Nomeny 8c le Ban de
Dehne. L'année fuivante, l'évêque retira du duc le tiers
de ce qu'il avoit engagé. L'évêque Conrad Baïer retira
encore un tiers de Nomeny 8c de Delme l'an 1436 , de
René d'Anjou 8c de fa femme Ifabelle -, enforte que
peu à peu Nomeny 8c Delme furent dégagés entière-
ment. Ils demeurèrent unis au domaine de l'évêché jus-
qu'à l'an 155 1, que les Cardinaux de Lenoncourt 8c
de Lorraine, qui poffédoient l'évêché de Metz , inféo-
dèrent Nomeny à Nicolas de Lorraine , comte de Vau-
demont, à quoi le chapitre de Metz confentit le 6 de
Juillet 155 1 » pour la crainte des incommodités que le
comte de Vaudemont pouvoir apporter à l'églife de Metz.
Dix ans après , le Cardinal de Lorraine, adminillrateur
de Metz , donna en fief perpétuel au comte de Vaude-
mont Delme Se fon ban , achetés 8c unis au domaine de
l'évêché de Metz par l'évêque Jacques de Lorrain e ,
NOM
qui tenoit ce fiége vers 1 240. Le chapitre néanmoins ne
voulut confentir a cette aliénation l'an 1562, que pour
les héritiers mâles du comte > ce qui ne le fatisfic pas.
Le roi Charles IX , alors protecteur de l'évêché , loin
de s'oppofer à cette aliénation , l'appuya de fon auto-
rité , 8c écrivit au chapitre des lettres pour l'obliger à
conlentir à une aliénation pure 8c fimple de Nomeny &
de Delme ; 8c le maréchal de Vieillev îlle , gouverneur
de Metz , avec les autres officiers royaux , renouvel-
lerent leurs inllances-, de manière que le chapitre de
Metz donna l'an ij66 , fon commencement à l'aliénation
8c a l'accroiffement de Delme au fief de Nomeny pour
le comte de Vaudemont 8c fes descendans en loyal ma-
riage. * Longuerue, Defcrfptionde la France, part. 2. p.
Le cardinal Charles de Lorraine , adminillrateur de
l'évêché, tranfigcal'an ij7i,avecle comte de Vaude-
monc fur planeurs dirférens. Le droit de fupériorité ter-
ritoriale fuc confervé a l'évêque de Merz, auffi bien que
le droit d'appel du juge de Nomeny au bailli de l'évê-
ché , duquel on pourroit appeller a la chambre impé-
riale.
Le comte de Vaudemont eut pour héritiers en Ces
feigneuiies de Nomeny 8c de Delme, fon fils Philippe
Emmanuel de Lorraine ,duc de Mercœur , qui n'eut de
fa femme , Marie de Luxembourg, qu'une fille unique
nommée Françoife , femme de Céfar, duc de Vendôme.
Après la mort du duc de Mercœur, le cardinal de Lor-
raine, évêque de Metz, demanda a Françoife de Lor-
raine i'hommage , les reconnoiflancts 8c les devoirs que
les vaffaux dévoient à cette églife; mais la duchefie,
mère 8c tutrice cte Françoife, demanda l'an 1607 , un
délai jusqu'à ce que la fille tût maiiée :enfuite la ducheflè
Marie de Luxembourg vendit Nomeny 8c Delme a Hen-
ri , duc de Lorraine , moyennant cinq cens mille livres.
Le duc fe fit reconnoitre pour vaffal immédiat de l'Em-
pire , en qualité de marquis de Nomeny. Les Lorrains
ont même prétendu que leur duc n'étoit vraiment vaffal
de l'Empire, que pour ce feul marquifat , & que pour
toutes les autres feigneuries,il n'étoit que fous la protec-
tion de l'empire, dont les Allemands ne conviennent pas.
Le duc Charles de Lorraine fuc rétabli l'an 1661 en
poffoflion de Nomeny 8c de Delme , à la réferve de ce
qui a été cédé par le traire de Vincennes en fouverai»
neté , pour le chemin royal, large d'une demi-lieue de
Lorraine ; 8c enfin par le traité de Paris de l'an 17 18 ,
le Roi a déchargé le duc pour le marquifat de Nome-
ny de tous les droits de fuprême domaine que la cou-
ronne de France avoir acquis, cane par le craicé de Mun-
fler l'an 1648 . qu'autrement.
NOMIC1US. Voyez. Numicius.
NOM1I , en grec uc/xia. , montagne de l'Arcadie.
Paufanias , /. 8. c. 38 , dit qu'il y avoit dans ces monta-
gnes un temple confacré au dieu Pan le Nomien.
NOM1STERIUM , ville de la Germanie. Pcolomée,
/. 2. c. 1 1 , la place entre Redimuinum 8c Melïodunum.
NOMMANA. Voyez. Combana.
1. NOMUS, canton, province, ou plutôt préfectu-
re. Ce terme eit employé dans la divifion des préfe-
ctures de l'Egypte, que l'on partageoit en plufieurs no-
mes. Il paroit plutôt être de la langue égyptienne , que
de la langue grecque. Strabon /. 17. p. 787 , 8c Ptolo-
mée , /. 4. c. f , 8c les Latins même fe font fervis du
mot Nomus. Pline, /. j. c. 9. dit , l'Egypte eft divifée
en préfectures de villes, que l'on appelle Nomus. Saine
-Cyrille d'Alexandrie, in Efa. c. 19. parle encore plus
clairement : il dit qu'on appelle Nomus , chez les
Egyptiens , chaque ville avec fes bourgs 8c villages.
Trajan ayant demandé à Pline de quelle préfecture,
ex quo Nomo , 'étoit fen patfumeur , Pline lui ré-
pondit , qu'il étoit delà préfecture de Mcmphis, ng/xcu
Mî/j.ipiTiy.ov. Il ne feroit pas poffible de dire combien il y
avoit de ces fortes de préfectures dans l'Egypte, Strabon
les compee d'une façon, Pcolomée de l'ancre, 8c Pline
encore différemment. Le nombre n'étoic réglé , félon les
apparences , que fuivant le caprice du fouverain, qui dis-
tribuoit fes états en plus ou moins de préfectures, fui-
vant qu'il le jugeoit à propos. Par exemple , Strabon
compte neuf préfectures dans la Thébaïde , Pline y en
met onze , 8c Ptolomée treize. Il en écoit ainfï des
autres
NON
autres grandes parties de l'Egypte. En général, chaque ville
un peu confidérable , formoit un nome avec ion terri-
toire, & chaque nome portoit le nom de Ta ville capi-
tale.
2. NOMUS , en grec Nôy.oç, lieu dans PAttique , fé-
lon le fcholiafte de Sophocle, cité par Ortclius , Tbe~
faur.
NONA , ville de la Dalmatie , dans la partie de l'an-
cienne Liburnie qu'elle renferme. On l'appelloit ancien-
nement JEnona 8c ACnonum. Elle eft éloignée de Zara
du côté du nord-oueft , de dix milles par terre , & de
vingt milles par mer. Cette ville a douze cens pas de
tour , & environ huit cens habitans. Elle appartient aux
Vénitiens, & la mer l'entoure de tous côtes , fi ce n'eu:
lorsque les eaux font baffes. Elle a un évêché fous la
métropole de Spalatro * Corn. Dicïionn. Niger. Eur.
coin. 6.
NONACRINUM NEMUS , forêt de l'Arcadie, au
voifinage de la ville Nonacris , qui lui donnoit fon nom.
Ovide , Faftor. lib. z. v. 175. en fait mention dans
ce vers :
CmUaque Vineùs nemorïs juga Nonacrini.
1. NONACRÏS , ville du Poloponnèfe , fameufe par
la fource du Styx , qui étoit auprès , félon Hérodote ,
/. 4. c. 74. Paufanias , /. 8. c. 17. dit que le nom de
Nonacrïs lui avoit avoir été donné par une fille de Ly-
caon ■, 8c il ajoute que de fon tems cette ville ne fubfiftoit
plus.
2. NONACRÏS, montagne de l'Arcadie, félon Pli-
ne,/. 2. c. 103. C'eft au pied de cette montagne qu'é-
toit la ville de Nonacris , qui lui avoit donné le nom.
Paufanias , /. 8. c. 17. témoigne n'avoir jamais vu de mon-
tagne fi haute. De (es roches il diftille , dit Vitruve , /. S.
s. 3. une eau appeilée Styx , & cette eau eft fi froide ,
qu'elle ne peut être contenue en aucun vafe , fut-il d'ar-
gent , d'airain ou de fer. Elle paffe au travers 8c fe dilîî-
pe : il n'y a que la corne du pied du mulet qui puiffe
la retenir.
NONAGRIA. Voyez. Andros.
NONAGRIS. Voyez. Nonacris.
NONA NCOURT, Nonanticuria , ville de
France, en Normandie , avec titre de vicomte. Mie eft
fituée fur la rivière d'Aure dans lediocèfe d'Evreux , en-
tre Dreux , Damville 8c Tillieres. Ses murailles bâties
de briques fe dégradent fort , 8c la plupart de i'ts mai-
fons n'ont pas beaucoup d'apparence. C'étoit une place
de défenfe dans L douzième fiécle. Il y a à Nonancourt
trois fiéges ; celui du bailliage , celui de la vicomte , &
celui d'une jurisdiction des eaux & forêts. *• Corn.
Dicftionn.
NONANT , bourg de France , dans la Normandie,
éle&ion d'Argentan , avec titre de marquifar. 11 eft fnué
au bord de la forer d'Hiefine , entre Seez , Argentan 8c
Gaffey. Il y a une belle verrerie à Nonant. Les Hagio-
logiftes placent à Nonant , en Normandie, la mort de S.
Godefranc , évêque de Seez , frere de fainte Opportune.
11 y fut maffacré au huitième fiécle , le 3 Septembre par
un émiffaire de Chrodebett, qui avoit envahi ies biens
de 1 évêché.
NONANTOLA , ville d'Italie, au duché de Mo-
déne (j) , dans une ifle formée par les deux bras de
la Muzza , aux confins du territoire de Bologne. Elle eft
ceinte de bonnes murailles , 8c de foliés pleins ( b ). Elle
a une riche abbaye , où l'on voit une bibliothèque rem-
% plie d'anciens manuferits : entre autres , on y garde le
I bréviaire de la comteffe Mathilde. Il y a dans l'églife fept
corps Sts dans une grande chaffe : on y voit celui de S.
Adrien, pape , 8c une partie de celui de faint Sylveftre.
Entre les peintures, on remarque les tableaux de la fainte
Vierge , de faint Roch , 8c de faint Sébaftien , par le
Guerchin. ( a ) Mag'in , Carte du territoire de Bologne.
{b) Cor. Dift.
NONASINUENSIS. Voyez Novasennensis.
NONDAQUO , petit peuple de l'Amérique fepten-
trionale dans la Louïliane : il eft voifin des Cenis ,8c ha-
bite enrre ces derniers & les Nacanncz.
NONENQUE , Nonnaticum , abbaye de filles en
France , de l'ordre de Cîteaux , filiation de Silvanès ,
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dans le Rouergueau diocèfe , 8c a trois lieues au fud eft
de Vabres. Gérard III , abbé de Silvanès , la fonda en
I 16 1 , 8c plufieurs rois de Fiance l'ont dotée. Elles ne
font point cloîtrées : l'abbeffe jouit de 2/coo liv.
NONIGENTUM. Voyez. Alisium 8c Novigen-
TL'M.
NUNNENBOCK, abbaye de filles, ordre de Cîteaux,
dans la Flandre , au diocèfe , 8c près de la ville de
Gand.
1 . NONNETTE , rivière de France. Elle prend fa
fource auprès de la Fontaine Saint Pierre, paffe à Nanteuil
à Veifigny , à l'abbaye de la Viètoire , dans un faux-
bourg de Senlis : au-deffous de certe ville , elle entre dans
l'étang de Gouvieux , 8c quand elle en eft fortie , elle va
fe joindre avec l'Oyfe. Le château de Chantilli , à l'en-
trée de l'étang de Gouvieux, eft auffi fitué fur cette ri-
viete. * Coulai , Rivières de France . p. 1 57.
2. NONNETTE , bourg de France , dans l'Auver-
gne, élcdtion d'Iffoire. C'eit une châtellenie royale, du
reffort de la fénéchauffée de Riom.
NONSUCH (a) , c'eft le nom d'une maifon royale
d'Angleterre , dans la province de Surrey , auprès de
Cheam , dans. un lieu fort fain 8c fort agréable , nommé
Cudintlon (b). Ce mot de Nonsuch veut dire fans
pareille , 8c en effer , il n'y avoit rien de fi beau en An-
gleterre, On y avoir employé tout ce que 1 architecture
a de plus parfait : elle étoit environnée de jardins déli-
cieux , de parcs remplis de daims , de boccages où étoient
taillées les figures de toutes fores d'animaux , 8c elle
étoit affortie des plus belles promenades. La reine Marie
l'échangea pour d'autres poffeffions avec Henri-Fitz'
Alan , comte d'Arondcll , qui l'augmenta de nouveaux
ouvrages , 8c d'une fort belle bibliothèque. En montant ,
il transporta tous fes droits au baron de Lumley ; & cette
maifon retourna depuis aux lois d'Angleterre , qui l'ont
fi fort négligée (c) , qu'à peine en voit-on aujouidhui
les traces, (a). Etat préfent de la Grande Breta^,ie , r. 1.
p. 116. (A) Corn. Diéticn. (c) Etat préfent de la G. E,
t. 1. d. 116.
NONTRON , bourg de France , dans le Périgord,
élection de Périgueux. Quelques-uns lui donnent le nom
de ville 8c le titre de baronnie. Nontron eft fitué fur
le Bandiat , 8c fut fujet autrefois a la vicomte de Li-
moges , comme on le peut voir par les alliances & les
armoiries de Bretagne 8c de Limoges , qui (ont dans
) églife de faint Etienne , bâtie dans le château. * Du
Chérie , Antiquités des villes de France. Corn. DicTion-
naire.
NONYMNA, ville de Sicile, félon Orrelius , Tbe-
faur. qui cite Etienne le géographe & Suidas. Il n'v a
rien de certain touchant la fituation de cette ville.
Quelques-uns prétendent pourtant que c'eft aujourd'hui
Nauny. Ce n'eft qu'une pure conjecture imaginée par
Fazell , Decud. 1. /. 10.
NOO, c'eft la ville de Thcbes, en Egypte, à ce
que croit Matth. Beroald. Voyez. No , 8c Alexan-
drie.
NOOENI. Voyez. No*.
NOORDA , lieu de l'empire des Perfes , au-delà
du Tigre, félon Zofime , /. 3. Oirehus, Thefaur. foup-
çonne que c'eft le Neard.i de Jofephe.
NOORDEN, ville d'Allemagne , dans le cercle de
Weftphalie, à deux milles d'Embden. Elle appartient
au prince d'Ooftfrife. Elle eft affez grande & affez peu-
plée , mais elle n'a ni murai les ni portes : Ci grande t la-
ce , où fe tient le marché , n'eft pas même pavée , quoi-
que la maifon de ville 8c plufieurs autres édifices bien
bâtis y foient fitués. On y fuit la confeffion d'Augibourg,
II y a auffi desCalviniftes, mais en petit nombre. Cette
ville a un port, qui pourrait être mis en meilleur état.
La fèpulture des comtes d'Ooftfiife étoit auuefois à
Noorden -, mais lorsque Balthafar , feigneur d'Efens , eut
ravagé cette place par le fer & le feu , en 153 1 , &
détruit les deux monafteres qui y étoient , avec la belle
églife paroiffiale qui éroir dédiée à faint André , le com-
te d'Ennon fut enterré à Embden en 1^40; les os de
fes ancêtres furent auffi tirés de Noorden pour être
placés dans le nouveau monument qui fut conftruit à
Embden, pour la fèpulture des comtes d'Ooftftitè. L hi-
ftorien Adam de Brème rapporte que les Normand*
Tem. IV. E e e s
586 NOR
ayant abordé en Frife du tans de faint Rembert , arche-
vêque de Brème, furent défaits au nombre de plus de
dix mille près du village de Nordw'ide. C'eft ce lieu-
là même qui eft devenu la ville de Noorden dont nous
parlons, quoique Boxhorn ait voulu que le champ de'
bataille ait été à Noiv/yk , pour faire honneur à fes
compatriotes Hollandois : deux raifons prouvent que le
Nordwide de ce tems , eft la ville de Noorden d'aujour-
d'hui. Premièrement , on trouve dans l'hiftoire des ar-
chevêques de Brème , ôc en particulier dans la vie de
faint Rembert , le lieu en queftion , défigné auffi par le
mot Norden , & il en eft parlé comme d'un endroit
qui étoit fous la jurisdiction de l'églife de Brème. En
fécond lieu, il eft marqué dans cette vie de faint Rem-
bert que Norden avoit un port , ce qui convient à la
ville dont nous parlons ici , ôc non au bourg de Nord-
wyck , dans la Hollande. * Zeyler , Topograph. Weft-
phal.
NOPH. J'exterminerai , dit le Seigneur, les idoles,
& j'anéantirai les ftatues de Noph. Saint Jérôme tra-
duit Noph par Memphis. Voyez, ce mot. * Ez.ech}el,
c. 30. 15.
NOPHAC, & Nophé, lieu dansledéfert. Il eneft
parlé au livre des Nombres , c. 11. 30. où faint Jérôme
traduit Jopbe. Nophé , dit Dom Calmet , Dittion. eft
une ville des Moabites , qui fut enfuite aux Amor-
rhéens, ôc enfin aux Ifrae'lites. Nophé étoit près de
Medaba. Il y a quelque apparence que c'eft la même
que Nephis (a) , ou bien (/>) Nebo, ou Nabo. La fitua-
■tion des lieux y convient parfaitement. Nabo eft jointe
à Medaba, dans le prophète Ifaïe , 15. 2. 46. \.{a)
III Esdr. 5.41. {b) II Esdr. 7. 33. ôc 1. Esdr. 11.
29. &c.
NOPHET. Ce nom fe prend dans Jofué ôc ailleurs
pour un canton ou pour une province. Aiïez fouvent (a)
on le joint à Dor : Nophct-Dor ou Nophar-Dor ; le can-
ton des environs de la ville de Dor, fur la Méditerranée,
au midi du Mont-Carmel &au nord de Céfarée de Pale-
fline. Dans l'endroit où Jofué lit dans la Vulgate(£),
tertia pars urbis Nophet ; Ihébreu porte Amplement
tertiapars Nopbct , le tiers du canton nommé Nopheth.
Ce canton étoit aux environs de Dor , ôc il étoit poffé-
dé par la tribu de Zabulon , pour deux tiers -, ôc par
celle de Manaffé pour l'autre tiers, (a) Jofué , 1 1. 2. &
12. 23. (b) Jofué y 17. 11.
NOPIA ou Cnopia , ville de Bœotie , dans la dé-
pendance de Thebes, félon Strabon , /. 9. p. 404.
NOPOIN, petite ville d'Allemagne , dans la Mar-
che de Brandebourg. Les habitans ne voulurent point
donner des quartiers aux troupes du général Mansfeld
en 1626. * Zeyler , Top. Pomeraniae.
1. NOR A , ville de lifte de Sardaigne. Ptolomée,
/. 3. c. 3. la place fur la côte méridionale de l'ifle ,
entre Heruùis Portus ôc Litus Anneum. L'itinéraire
d'Antonin la nomme Nura , ôc la met à trente-cinq
mille pas de Tegula, ôc à trente-deux mille de Gara-
lis. Pline, /. 3. c. 7. ne la connoît que fous le nom
de Norcnfes. Solin l'appelle Norus ôc Léander la nom-
me Calvin. Paufanias , /. 10. c. 17. dit qu'elle fut bâ-
tie par les lbércs , ôc que leur chef Norax lui donna
fon nom.
2. NORA , lieu fortifié dans la Phrygie , félon Dio-
dore de Sicile, /. 18. c. 41. Plutarque, in vita Eitme-
nis , p. 589. dit que cette fortereffe étoit fituée aux con-
fins de la Lycaonie ôc de la Cappadoce. Cornélius Ne-
pos , la met , comme Diodore de Sicile , dans la Phry-
gie ; mais il y a des écrivains qui étendent fort loin les
bornes de la Phrygie. Du refte , Strabon, /. 12. p.
J57. la place dans la Cappadoce , ôc nous apprend que
de fon tems on la nommoit Nnpoewrév , Neroajjttm.
3. NORA ou Noran, ville de Palefline, dans la
tribu d'Ephraïm. Elle étoit du côté de l'orient. L'hé-
breu porte Naaram. Dom Calmet , Dillion. femblc
croire que c'eft la même ville qu'Eufebe nomme Noo-
ratb ou Naarath, ôc qu'il place à fix milles de Jé-
richo. * I. Parai. 7.28.
4. NORA. Voyez. Ora.
5. NORA , petite ville de Suéde , dans la Weflma-
nic ou Weftermanland , entre les mines de Norbcrg au
NOR
midi , Se celles de Lindefberg au nord , fur la rivière
d'Arbogha. /
NORACUS, ville de la Pannonie , filon Etienne
le géographe. Dans presque toutes les anciennes édi-
tions on lifoitNwfctxaç, 7J&À« ria/ciiaç, pour 7tcXiç ï\uvvovia.ç ;
C'eft une faute allez ordinaire dans les écrits anciens ,
de confondre na/ei'/a avec nanoviu. On a rétabli la véri-
table leçon -, mais c'eft toujours une faute dans Etienne
le géographe , comme dans Suidas qui la fuivi, d'avoir
fait une ville d'une province. Nuracus n'eft autre cho-
fe que le Norique. La ville s'appelloit NoreÏa. Voyez.
ce mot auifi bien que Norique.
NORAGH , baronnie dit lande, dans la province
de Leinfter. C'eft une des huit qui compofent le com-
té de Kiidare. * Etat préfent de V lrlat.de , p. 40.
1. NORBA , ville d'Italie, dans le Latium. Denys
d'Halicarnaffe , /. 7. p. 428. en fait l'éloge > ôc Tite-
Livc, /. 2. c. 34. lui donne le nom de colonie Romai-
ne. Il appelle , /. 8. c. 1. le peuple Norbani , ôc le ter-
ritoire Norbanus Ager. Ces Norbani de Tite-Live font
diffétens des Norbanenjes de Pline, /. 3. c. 11. qui
place ceux-ci dans la Calabre. Norba s'appelle aujour-
d'hui Norma. On la trouve dans la Campagne de Ro-
me , au midi de Segni. * Magini , Campagna di
Roma.
2. NORBA CiESAREA , ancienne ville de la Lu-
fitanie , félon Ptolomée, /. 2. c. 5. qui la place dans
les terres , entre Ebura ôc Ltcinniana. Mine , /. 4. c. 22.
la nomme Norbenfis Colonia C&jariana ; Ôc ne la met
point fur le Tage ; ce qui pourroit donner lieu de dou-
ter que ce fût aujourd'hui Alcantara , comme plufienrs
l'ont prétendu. 11 fe pourroit faire pourtant , qu'/?/-
cantara auroit été bâtie dans fon voifinage ôc de fes
ruines. Voyez. Alcantara.
NORBANI. Voyez. Norba î.
NORBENSES. Voyez. Norba 2.
NORBURG ou Nlrburg, petite ville d'Allema-
gne , qu'on met communément dans l'électorat de Co-
logne. Dans l'hiftoire d'Allemagne du dernier ficelé , il
eft dit que cette ville appaitenoit au duc d'Arfchot.
Le général Suédois Bauditz s'en empara en 1633. *
Zeyler > Top. elecc. Colonirnf.
NORCIA , Nursia ou Norsia , petite ville d'Ita-
lie, dans l'Ombrie, au duché de Spolete , autrefois
épiscopale. Son évéché a été réuni à Spolete. Elle eft
fituée entre les montagnes , vers le nord du duché de
Spolete , ôc à vingt-cinq milles ou environ de cette
ville. Quoiqu'elle foit fujette au pape, elle conferve
une espèce de gouvernement républicain : elle élit fes
magiftrats qui font au nombre de quatre , ôc qui ne doi-
vent favoir ni lire ni écrire ; ce qui les fait appeller li
quatri Illiterati. On prétend que les habitans ont pris
ce parti fi extraordinaire, danslapenfée que l'étude in-
fpiroit l'efprit de chicane. On nourrit dans le territoi-
re de Norcia une quantité prodigieufe de cochons, &
ils font presque tous noirs. Bailler , "ïopograph. des
Saints , p. 351. dit que faint Benoît naquit dans cette
ville ou dans fon territoire vers l'an 480 , & que faint
Eutique, abbé en Ombrie , mort dans fon rr.onaftere
vers l'an J40, fut mis au rang des patrons de Norcia,
fur-tout depuis l'an 1492.. * Atlas, Robert de Van-
gondy.
NORD , Nort ou North, mot que les Septen-
trionaux emploient pour fignifier la partie du ciel &
celle du globe de la terre qui eft oppofée au midi , ÔC
qui fe trouve entre l'équateur ou la ligne équinoxiale ôc
le pôle, où les anciens remarquèrent fept étoiles qu'ils
nommèrent Septem Triones , d'où eft venu à cette
partie le nom de Septentrion , ôc celui de Septentrio-
nal à tout ce qui eft tourné de ce côté-là. C'eft la mê-
me conftellation que les aftronomes appellent la petite
Oitrfe , ôc le peuple le chariot de S. Jacques. Comme
le pôle doit être un point fixe dans le ciel , Ôc que
cette conftellation tourne avec le ciel autour du pôle,
on peut conclure qu'elle n'eft pas précifément au point
du pôle. On choifit donc pour l'étoile du Nord , la der-
nière de la queue de la petite Ourfe , parce qu'elle
décrit le plus petit cercle, & eft par conl'équent la plus
voifine du pôle qui doit être un point immobile au cen-
tre du cercle qu'elle décrit. Ce centre eft le véritable
NOR
Nord. Le Nord moins proprement dît , eft cette cotî-
ftellation que le peuple appelle le Nord ; & on appelle
vent du Nord le vent qui vient de ce côté-là. Le Nord
jufte & le Midi jufte font diamétralement oppofés , ôc
une ligne que l'on tireroit de l'un à l'autre, eft la Mé-
ridienne. Voyez. Méridien.
On appelle encore Nord tout ce qui cil depuis l'oueft
jusqu'à l'eft , c'eft-à-dire , depuis l'Occident vrai jusqu'à
l'Orient vrai; mais les navigateurs divifent ce demi-cer-
cle en quatre , en plaçant le Nord-Est entre le nord &
feftj c'eft à-dire , entre le vrai Septentrion ôc l'Orient
vrai ; ôc le Nord-ouest entre le nord ôc rouefl , c'eft-
à-dire, entre le même Septentrion ôc l'Occident
vrai.
lis fubdivifent encore les espaces qui font entre l'oueft ,
le nord-oueft , le nord , le nord-eft ôc l'eft. Ils placent
I'ouest-nordouest, entre l'oueft Ôc le nord-oueft , ôc
le nord-nord-ouest entre le nord-oueft ôc le nord. De
même ils mettent le nord-nord est entre le nord-eft ôc
le nord, ôc I'est-nord-est entre l'eft ôc le nord-eft
Comme cette fubdivifion ne fuffifoit pas, ils en ajoutè-
rent une autre. Entre l'oueft ôc l'oueft-nord-oueft , ils di-
fent ouest-quart au-nord-ouest. Entre ï'oueft-nôrd-
oueft ôc le nord-oueft , ils difent nord-ouest quart-a-
i'ouest. Entre le nord oueft ôc le nord-nord-oueft , ils
difent nord-ouest quart-au-nord. Entre le nord-
nord-oueft & le nord, ils difentNORD-QUART-Au nord-
ouest. De même en avançant vers l'orient , entre le nord
& le nord-nord-eft , ils difent nord quart-au-nord-
est. Entre le nord- nord-eft ôc le nord-eft , ils difent
mord-est quart-au-nord. Entre le nord-eft & l'eft-
nordeft, ils difent nord-est quart a-lest; ôc enfin
entre l'eft-nord eft & left, ou l'orient vrai, ils difent est-
quarT-au-nord est.
Quand les voyageurs ôc le plus grand nombre des géo-
graphes,aprcs eux, difent qu'un lieu eft au nord de l'autre;,
ils parlent rarement avec affez de précifion -, ainfi il ne
faut pas toujours l'entendre du vrai nord ; mais du nord
plus ou moins oriental ou occidental.
On appelle les trois Couronnes du nord , le Da-
nemarck, la Norvège & la Suéde.
Quelques-uns nomment les puifïances du Nord, les
£tats qui ont des ports & leurs forces autour de la
mer Baltique , ôc y comprennent la Russie , la Polo-
gne ôc l'électeur de Brandebourg, en qualité de roi de
Pruffe.
On appelle une partie de l'Océan la mer du Nord ,
par oppoikion à la mer du Sud. Voyez. Mer.
Maty nomme rivière du Nord la rivière qui tombe
au fond du golfe de Californie. Son vrai nom eft Rio
Colorado -„les Espagnols l'ont quelquefois nommée
Rio del Norte; mais ils femblent avoir préfentement
réfervé ce nom à une grande rivière du nouveau Mexi-
que. Voyez. Rivière du Nord.
On appelle Nordalbingie , dans les écrivains d'à
moyen âge, le pays fitué au nord de l'Elbe.-, favoir le
Holftein ôc le Sleswig.
Le NoRD-LAND&lesNoRDELLEs font les provinces
feptentrionales de la Suéde.
On appelle cap du Nord le cap le plus feptentrional
de l'Europe. Voyez.CAP.
NORD ET SUD FOELE. C'eft ainfi que le Brun ,
Voyage s , p. 434. nomme des rochers ou ifles au nord
de la Laponie Danoife. Il dit que ces rochers font la-
vés de la mer de tous côtés , & qu'il y en avoir qui
étoient couverts de neige. Il ajoute que ces rochers
font inconnus , ôc que les géographes ne les marquent
point dans leurs cartes. Je crois que dé l'Ifle , Carte
des Couronnes du Nord , les a connus , ôc que ce font
ceux qu'il place au nord des ifles de Tromfond , ôc qu'il
nomme Nord-fottlen.
NORDBOURG ou Norbourg , c'eft à dire . forte-
reffe du Nord. On a donné ce nom a un château 11-
rué dans la panie feptentnonale de l'ifle d'Allen , dans
la mer Baltique , fur la côte du duché de Schleswig „
& qui eft la réfidence des ducs de Nordbourg. Ce châ-
reau eft très-ancien : on prétend qu'il fut bâri par le roi
Suénon Gratenhédc : il eft dans la partie de l'ifle la plus
fertile. 11. a. donné le nom à une branche de la niaifon
NOR J87
de Holftein. * Rutger Hermanid. Defcript. Dama: ,
pag. 697.
NORDELLES , partie de la Suéde qu'on nomme
communément les Provinces du Nord , Nordlandm ou
Frovincu Boréales. Elles renferment la Geftricie , l'Hel-
fingie, la Médelpadie , l'Angermanie , la Bothnie, la
Laponie Suédoife , le Jemptland ôc le Harndall. * Ait-^
difret , Geogr. anc. ôc mod. t. 1. p. joj.
NORDEN. Voyez. Noorden.
NORDHAUSEN , ville impériale d'Allemagne,'
dans les confins de la Thuringe, près de la rivière ap-
pellée Hartz , qui fépare cette province de la Saxe électo-
rale, fous la protection de laquelle elle eft, quoiqu'elle
appartienne proprement au cercle de la Baffe -Saxe. Elle
a reçu fon nom de fa ntuation à l'égard de la Thurin-
ge , au nord de laquelle elle fe trouve. Cette ville eft
foumife à la confeilion d'Augibourg , ôc faifoit autrefois
une des villes Anfeatiques. On prétend que l'empe-
reur Théodqfe II, en jeua les fondemens, ou du moins
lui accorda la plupart de fes privilèges. Cependant:
Dnjjcrus veut que Mérovée , roi de France , en ait
été le fondateur. Ce qui eft de certain, c'eft qu'on lit
fur une de fes portes linfcriprionfuivante tracée en let-
tres d'or: Anno Domini 410. Theodofiits H, Nobitijf.
Hispanus Roman. Imp. anno imperii fui quarto banc
Vrbem fundavit , liber tatibus armïi que Imperialibus do-
tavit. IÎ faut favoir fi cette infeription eft du tems de
Théodofe II. Cette ville a fonconfeil fouverain qui dé-
cide toutes les affaires publiques ôc particulières. Néan-
moins la charge du bailli qui répond a celle de grand
prévôt en France , eft à la dispofirion de l'électeur de ,
Saxe , comme landgrave de Thuringe. Le bon air donc
on jouit à Nordhaufen , la fertilité du terroir qui eft
à l'entour , ôc les autres agrémens que fa fituation offre ,
y ont fait tenir pluiieurs diètes de l'Empire , ôc célé-
brer quelques tournois , entr'autres celui que Henri, fur-
nommé l'illuftre , landgrave de Thuringe & marquis de
Misnie , fit durer pendant huit jours confecutifsen 1 12.5.
Si nous en croyons Reusncr us ,da.ns fa defeription des vil-
les impériales , celle-ci a eu beaucoup à fouffrirfous Her-
mand , landgrave de Thuringe , ôc fous les empereurs
Othon IV, ôc Adolphe. Elle a eu aufli beaucoup à dé-
mêler avec les comtes de Hohnftein & quelques autres ,
qui étoient ligués avec ces premiers. L'an 16 iz, un in-
cendie la confuma presque entièrement. A peine étoit-
elle relevée de ce malheur , qu'elle fe vit expofée aux
guerres qui agitèrent l'Allemagne dans le fiécle paffé,
avant la paix de Weftphalie. Elle tint d'abord le parti
des Impériaux ôc leur rendit de bons fervices; mais
lorsque les Suédois en approchèrent avec une armée
confidérable , elle reçut garnifon du duc George de Lu-
nebourg. Comme elle ne l'avoir reçue que parce qu'elle
ne voyoit pas lieu de faire autrement , elle ouvrit fes
portes aux Impériaux , lorsqu'ils furent en état de lui en-
voyer des troupes fuffifantes pour lui fervir de défenfe.
Cette démarche ayant piqué les Suédois , ils vinrent l'at-
taquer , fous la conduite du général Konigsmarck , rem-
portèrent d'alfaut ôc firent prifonniers les chefs de la gar-
nifon impériale. * Zeyler , Topog. Sax. fup. pag.
14J.
Sainte Mathilde avec le roi Henri l'Oifeleur, fou
mari , bâtit en Thuringe, vers l'an 9 3 4, deux grands mo-
nafteres , l'un à Palid ou Poled, pour trois mille ecclé-
fiaftiques religieux -, l'autre à Nordhaufen , pour trois
mille religieuïes. Elle fe retira elle-même dans ce der-
nier pour y achever fa courfe. * Bàillet, Top. des Saints ,
p. 351.
NORDERHERDE. C'eft le nom que Ton a donné à
la partie feptentrionale de l'ifle d'Alfen , dans la mer-
Baltique , fur la côte du duché de Schleswig. Le châ-
teau de Nordbourg , qui eft la réfidence des ducs de ce
nom , eft fitué dans cette contrée: elle renferme outre
cela quatre églifes qui ont chacune leur territoire ,
favoir ,
Eeckenkirche ,
Schwenftrupkirche ,
Ôxbyllkirche ,
Tundtofftkirche.
* Rutger Hermanid. Defc. Daniae , p. 6*97.
NORDKIRCHEN, magnifique château, en Veftpha-
lom. IV. Eeeeij
j88 NOR
lie , dans l'évêché de Munfter. Il appartient à une des
branches de la maiibn de Plettenberg.
NORDKOPING, ville de Suéde. Voyez. Norko-
ping.
NORDLINGEN ou Norlin, ville d'Allemagne,
dans la Suabe. On rapporte la première origine de cette
ville à un campement que Tibère Néron , conduifant
une armée entre les Vindélices, forma en ces quartiers ,
Se d'où on prétend que le nom de Nordlingen lui eft
refté. Quoi qu'il en foie , il eft certain qu'elle étoit fur
les hauteurs voifines, où les Proteftans campèrent en
1546. Après un incendie qui ne laifia qu'un fort petit
nombre de maifons entières , on jugea à propos de la
rebâtir dans le lieu qu'elle occupe , à caufe de la com-
modité de l'eau. L'empereur Frédéric II lui donna alors
de nouveaux privilèges , les inftrumens authentiques des
anciens ayant été brûlés. L'empereur Louis IV Faggran-
dit encore confidérablement en 1 3 27 , ôc l'environna
de murailles , de tours ôc d'autres ouvrages qui pou-
voient fervir de défenfes en ce tems. Sa figure eft ron-
de , elle a cinq portes ôc des folles qui font pleins d'eau
en quelques endroits , ôc fecs en d'aurres.jSes rues font
fort larges & ont des maifons afTez bien bâties ; néan-
moins la plupart font de bois. Entre fes édifices pu-
blics , l'églife ôc paroifTe de faint George eft remarqua-
ble ; elle efl fou tenue fur vingt-deux colomnes , ôc a un
clocher qui pafle pour le plus haut de toute l'Allema-
gne : il eftconftruit de pierres de taille presque jusqu'à
fa pointe. L'églife qui avoit appartenu aux Carmes avant
la réformation qui fut introduite en 1524 dans ce lieu,
efl un aflez beau vaiffeau : c'eft-là que le récitent les
oraifons funèbres. Les bâtimens de l'école latine ôc de
l'hôpital du Saint Efprit font propres ôc commodes.
Ce dernier efl fort ample, ôc la fondation y efl riche.
Enfin la maifon de ville , Farfenal ôc la maifon des
marchands font encore honneur à ce lieu. On fait à
Nordlingen un trafic confidérable , principalement de
toiles & de peaux aprêtées. Elle étoit même autrefois,
félon que le rapporte l'ancienne chronique d'Augfbourg ,
la ville la plus marchande de toute l'Allemagne. On y
tient encore tous les ans aptes pâques une foire , qui ne
laifle pas d'être confidérable. Il y vient des marchands d'as-
fez loin , qui y apportent toutes fortes de marchandifes ôc
remportent celles des fabriques du pays. La plus grande
partie de la bourgeoifie profefie la religion Luthérienne.
La ville qui avoir d'abord été impériale , devint enfuite
un domaine de l'évêque d'Eichftatt. Le treizième évê-
que de celle-ci la céda pour un équivalent à celui de
Ratifbonne ; mais Nordlingen , après avoir été quelque
tems fous cette nouvelle domination , crut avoir lieu
de s'en plaindre -, elle fe fouleva ôc redevint comme au-
trefois ville impériale. Son contingent pour chaque mois
romain qui fe paye pour les nécefiités de l'Empire , efl
de deux cens foixante florins du Rhin. Elle eft gouver-
née par quinze confeillers, douze juges ôc trois bour-
guemaîtres. Au refie elle a eu beaucoup à fouffrir en
différentes occafions. Dès le tems de l'empereur Sigis-
mond , les comtes d'Oetingen, fur le terrein desquels elle
eft bâtie , ont fait plufieurs tentatives pour la foumet-
tre à leur domination. Pendant la guerre que fit éclore
la ligue de Smalcalde , elle fut expofée à bien des dan-
gers , ôc un grand nombre de fes habitans y périt par le
fer ou par la famine. L'an 1634, elle fut affiégée par
Ferdinand III , roi de Hongrie ôc de Bohême, depuis em-
pereur ; ôc comme les Suédois , dans l'alliance desquels
elle étoit , furent mis peu de femaines aprèsque le fiége
eut été commencé, hors d'état de la fecourir , elle fut
dans la néceffité de fe rendre à discrétion. Néanmoins
Ferdinand lui accorda fon pardon , &la laifia jouir com-
me auparavant du libre exercice de fa religion ôc'àe [es
autres privilèges.
NORDSTEIMKE, château ou maifon feigneuriale
d'Allemagne, dans le duché de Brunswich-wolftenbtu-
tel , fituée à une demi-lieue de Droinling. Il n'y avoit
autrefois en ce lieu que quelques maifons de payfans ;
mais les feigneurs de Marenholtz , l'ayant acquife , y fi-
rent bâtir la maifon qu'on y voit. * Zeyler , Top. Duc.
Brunsw.
NORDSTRANDou Noorstrand, ifle du royau-
me de Danemarck, dans le duché de Schleswig , fur la
NOR
côte occidentale, vis-à-vis les préfectures de Flenlbourg
ôc de Hufum. On afiure qu'anciennement elle faifoit
partie du continent, ôc que ce font les tempêtes & les
inondations qui l'en ont détachée. Quand elle fut ré-
duite en ifle , elle avoit trois milles d'Allemagne de lon-
gueur, & fa largeur étoit inégale: dans des endroits elle
alloit à un mille , •& dans d'autres elle étoit moindre.
Elle renfermoit vingt ôc une ou vingt-deux paroifles ,
peuplée d'environ huit mille habitans , ôc divifée en
cinq territoires ; favoir
Pilwormharde , Edomsharde , Beltringharde;
Lindtbollharde. Widtichshardc.
Le nombre de ces territoires fut enfuite réduit à
trois j favoir ,
Pilwormharde , Edomsharde , Beltringharde.
Le terroir de cette ifle eft très-fertile. Il produifoit dii
froment en abondance, avant les inondations , dont je
parlerai plus bas. 11 y avoit de gras pâturages où onéle-
voit du bétail qui étoit eftimé pour fa bonté , & tous les
jours on portoit à Hufum , & ailleurs , une quantité in-
croyable de moutons, de poules, d'oies, de canards &
de beurre. * Rutgeri Hermanid. Defcript. Dania:,pag.
900.
Les anciens habitans étoient originaires de la Frifc
feptentrionale. Dans la dernière divifion du duché de
Schleswig , entre Frideric , roi de Danemarck , & Adol-
fe , duc de Schleswig ôc de Holftein , l'ifle de Nordftrand
fut adjugée au duc , ôc elle eft toujours demeurée de-
puis dans la ligne des ducs de Gottorp.
Cette ifle a été affligée en differens tems par de fu-
neftes inondations, qui l'ont peu à peu diminuée, ôc l'ont
enfin fubmergée , à quelques endroits près , dans le der-
nier fiécle. En 1300, la petite ville de RunghoJt, plu-
fieurs églifes ôc divers villages , furent emportés par les
eaux , qui firent périr beaucoup de monde ôc beaucoup
de bétail. En 1 j 3 2,1e lendemain de la Toufiaints, il s'éleva
une furieufe tempête , qui inonda presque toute l'ifle»
feize cens perfonnes , ou dix-neuf cens , félon d'autres , y
furent noyées. L'année fuivante , une nouvelle tempête
caufa beaucoup de dommage aux digues. Depuis 1 612,
jusqu'en 1 6 1 8 , il y eut tous les ans des inondations , qui
Gaulèrent de grandes pertes , & engagèrent dans de gros
frais : celle de 16 r 5 > entre autres , fit périr jusqu'à trois
cens perfonnes. On refpira les années fuivantes , ôc on
eut le tems de réparer les digues ; mais les foins qu'on
s'étoit donnés , ôc les précautions qu'on avoit prifes ,
ne purent rien contre la tempête du 1 1 Oétobre 1634.
A dix heures du foir , toute l'ifle fe trouva couverte
d'eau ; plus defix milles perfonnes furent fubmergées. De
tous les habitans , il s'en fauva à peine quinze cens. Les
églifes qui étoient fur des lieux élevés réfifterent , à la vé-
rité , mais elles tombèrent dans la fuite. Cette tempête
renverfa vingt-huit moulins à vent : on comptoit que la
perte du bétail fe montoit à cinquante mille pièces ,
tant bœufs , chevaux , vaches ôc veaux , que brebis &:
cochons. Les digues furent rompues en quarante-quatre
endroits. Toute l'ifle demeura ainfi fubmergée , à l'ex-
ception d'un endroit , qui étoit plus élevé que le refte.
Depuis, les habitans ont travaillé avec le fecours de quel-
ques Hollandois , à regagner quelque partie du terrein
qu'ils avoient perdu.
NORDUMBRI , peuples de l'ifle d'Angleterre , fé-
lon Bede : il dit qu'ils étoient partagés en deux pro-
vinces ; favoir , les Dciri ôc les Bernici. * Ortelii Thefaur.
1. NORE. Voyez. Nora , n. 2.
2. NORE, ruifleau de France en Champagne:il fe rend
dans la Vefle à Fimes. *Coidon, Rivières deFranccp. 167.
NORENA. Voyez. Bedunia.
NORENSES , peuples de Sardaigne , félon Pline.
Voyez. Non a ,n. 1.
NORFOLCK , province maritime d'Angleterre , dans
le diocèfe de Norwich. Elle eft bornée au nord , Ôc à
l'eft par l'Océan Germanique. On lui donne cent qua-
rante milles de tour , ôc elle contient environ un million
cent quarante-huit mille arpens,& quarante-fept mille
cent quatre-vingt maifons. Son terroir varie fort. En
NOR
certains endroits ,il eft gras , en d'autres , fablonneux , Si
en d'autres pefant. Vers la mer , c'eft un pays plat ,
qui abonde en bled. Ailleurs on trouve des bois Se des
bruyères: les bois nourrirent beaucoup de bétail , &les
bruyères nourrifiènt une infinité de brebis & de lapins.
Ses principales rivières font l'Oufe , le Waveney , la
Yare Se le Thym. Ses marchandifes confiftent en bled ,
laine , miel Se fafran,dont le meilleur croît auprès de
Walfingham. Il y a quelques manufactures, commeétoffes
Se bas d'eftame. Les côtes abondent en harengs , & l'on
y trouve quelquefois du jayet Se de l'ambre fur le ri-
vage. * Etat préfent de la Grande Bretagne , tom. i .
pag. 89.
Les habitans de cette province ont la réputation d'ai-
mer fort la chicane : de-là vient qu'elle fourmille de
procureurs. On en compte jusqu'à quinze cens , qui
taillent plus de befogne aux juges dans les Aflifes , que
ne font trois autres provinces.
Les villes Se bourgs , où l'on tient marché , font
NOR 5-89
* Norwich , la capitale.
* Lvn ,
* Yarmouth ,
* Thetford,
* Caftlc-rifing ,
Attleborough ,
Alesham ,
Buckenham ,
Burnham ,
Dereham ,
Downham ,
Walfingham ,
Walsham ,
Windham ,
Repeham ,
Snasham ,
Swafham ,
Fakenham ,
Foulham ,
Hingham ,
Carton,
Clay,
Cromer ,
Diff,
Harlfton ,
Herling ,
Hickling ,
Holt,
Mcthwould ,
Lodden ,
Wotton ,
Worfted,
NORIN , ( Tifle de ) petite ifle de Dalmatie , for-
rnée par la rivière de Narenta , entre fon embouchure
au midi, Se l'ifle de Ciclut au nord. *CoroneUï carte de
Dalmatie.
NORINE. Voyez. Orine.
NOR1QUE , en latin Noricwn , gtande contrée ,
fituée entre le Danube Se les Alpes , que le Danube
féparoît de l'ancienne Germanie , & qui s'y trouva de-
puis entièrement enclavée. Ses bornes étoient originai-
rement le Danube du côté du nord , le mont Cetius à
l'orient , les Alpes Noriques au midi , Se l'Inn à l'occi-
dent. Ces bornes font conformes à celles que marque
Ptolomée , /. 2. c. 14. Il ne paroît pas qu'il ait été fait
aucune divifion du Norique avant l'empire de Conftan-
tin. Jusques-là , il avoit été compris fous une feule con-
trée , qui fut premièrement le royaume Norique , Se en-
fuite le pays ou la province Norique. La notice de l'Em-
pire & Sextus Rufus ,Brev. c. 7. & 8. nous apprennent
que ce pays fut partagé en deux principales provinces ,
l'une nommée Nuricum Ripenfe , parce qu'elle étoit fi-
tuée le long du Danube , l'autre Noricurn Mediterra-
neum , parce qu'elle fe trouvoit dans les terres. Les bor-
nes de ces deux provinces font incertaines : il n'y a au-
cun écrivain ancien qui nous les ait données. On fait
que le Drave partageoit la féconde en deux portions , Se
l'on conjecture feulement , que le Mitrus ( Muer ) étoit
la borne des deux. Lorsque le Norique eut fecoué le
joug des Romains , fes limites furent tantôt plus éten-
dues , tantôt plus refferrées. Les Boiariens s'emparèrent
d'une partie du Norique. Ce ne fut qu'allez tard que ce
pays recouvra fes premières bornes , qui furent enfuite
étendues jusque dans la. Pannonie , Se qu'il fe trouva
comprendre une grande partie de l'Autriche , l'archevê-
ché de Saltzbourg , avec la Stirie Se la Catinrhie. * Spe-
ner , Not. Germ, antiq. I. 6. c. 2.
L'ancien Norique renfermoit plufieurs villes , dont
la plupatt fubfiftent encore aujourd'hui , Se confervent
leur ancien nom ; favoir ,
Boioditrum ,
JLcnua ,
Laureacum ,
Ar lapis ou Arlape ,
Pirum tortura ,
(E/ii ports ,
Innftadt,
Lintz ,
Lorch , mais mieux Ens,
Pechlarn,
PixendorfT,
Oetingen ,
Jovamtm ou
via ,
Vifcelli ,
Graviacis ,
Solva Fia via ,
Celeïa ,
Jura-
Saltzbourg ,
Weltz ,
Gurck ,
Solfeld ,
Cilley.
J'ai dit que le Norique fut premièrement un royau-
me. En effet , nous voyons dans les anciens hiitoriens^
que ce pays avoit fes rois particuliers. Céfar nous a mê-
me confervé le nom d'un, qu'il appelle Vocion. Nous-
trouvons aufli que les habitans du Norique , étoient ori-
ginaires de l'Ulyrie ; mais on doit regarder comme des
fables , tout ce qu'on dit de Noricus , fils d'Hercule , ou
d'un autre Noricus , que l'on fait descendre du roi Ale-
mannus. On ne doit pas plus compter fur l'opinion de
ceux qui veulent que le Norique tirât fon nom de celui
de l'ancienne ville Noreia ; car il feroit plus natutel de
dire que c'etoit le pays qui avoit donné fon nom à la
ville. Ce qu'on peut regarder comme confiant , c'eft que
le Norique fut fubjugué par les Romains , Se réduit
en province Romaine fous Augufie , que les Germains
en tentèrent fouvent la conquête fans luccès , Se que les
Quades , les Marcomans Se les autres Sueves ne réuni-
rent pas mieux dans une pareille entreprife. Les Goths
s'emparèrent du Norique : Alaric parut même quelque
tems vouloir y fixer fa demeure-, mais à la fin, il aima
mieux porter fes armes dans les Gaules Se dans l'Espa-
gne. * Velleïus , 1. 2. c. 9. Sueton. in Tiberio , c. 16. Ge-
far , bell. Gall. 1. i.c. 5 3. Se Bel. civ. 1. 1. c. 18.
Après le départ des Goths , le Norique fut expofé
aux incurfions de divers peuples. Les Sueves, les Ru-
giens , les Hernies , &c. y partagèrent fucceflivement les
dépouilles des Romains.
Saint Severinfut l'apôtre de ce pays, au cinquième
fiécle. Les lieux où il fit plus de féjour , font Aftures ou
Aftaris , où eft aujourd'hui Stockeraw ; Comagenes , où
eft aujourd'hui Langenleber ; Se Favianes, que quelques-
uns prennent fans fondement pour la ville de Vienne
en Autriche. * Baïllet ,Top. des Saints , p. 35 1.
NORITiE. Voyez. Orit^.
NORKOP1NG, ou No r ko e pin g, Nor-
copia , ville de Suéde (a) ,dans l'Ofirogothie , entre Su-
dercoeping& Nicoeping,fur le bord d'un grand étang (b),
qui a fa décharge allez près de cette ville , Se dont les
eaux vont fe rendre dans le golfe Brawiken. Comrn*
l'eau de l'étang , fur lequel cette ville eft bâtie , fe trouve
douce , les faumons montent jusques-là ; ce qui produit
une pêche avantageufe aux habitans. Cette ville eft gran-
de Se afiez peuplée : on y a donné le nom de Norko-
ping , qui veut dire marché du nord , parce qu'elle eft
fituée dans la partie feptentrionale de 1 Oftrogothie. (a)
Atlas, Rob. de Vaugondy. (b) Zeyler , Succiœ Defcr.
p. 120.
NORMANDIE .grande province de France , avec
titre de duché , Se l'un de fes plus importans gouverne-
mens généraux , par fa fituation fur la mer Océane ,
dans le voifinage de l'Angleterre , qu'elle a au fepten-
trion , Se dont elle n'eft féparée que par le canal de la
Manche. Elle a à l'orient , la Picardie Se l'ifle de France ;
au midi ,1a Beaufle , le Perche Se le Maine , Se au cou-
chant , la Bretagne. Son étendue de l'orient à l'occi-
dent , pafle foixante lieues , depuis Aumale fur la Brefle ,
& Gifors fur l'Epte , jusqu'à Grandville Se au Mont
faint Michel , fitués fur l'Océan vers la côte de Breta-
gne. Sa largeur du midi au feptentrion eft de ttente lieues,
depuis Verneuil fur l'Aure , Se les environs de Dreux ,
jusqu'à la ville d'Eu Se Treport , fitués au pied de la côte
de Picardie , Se fa largeur eft aufli étendue depuis Pon-
torfon fur le Coesnon , jusqu'au cap de la Hogue Se jus»
qu'à la pointe de Barfleur , au-deffous de Cherbourg.
Le circuit de la Normandie , eft d'environ deux cens
quarante lieues , dont la plus grande partie eft en côtes
de mer ; mais particulièrement le Cotentin , qui avance
dans la mer en manière de peninfule. * Corn. Diét.
Ce pays , du tems des empereurs Romains , faifoit
partie de la Gaule Celtique ou Lyonnoife. Lorsque les
François eurent conquis les Gaules, il fit partie du royau-
me de Ncuftrie , fous les rois Mérovingiens. Sous les
NOR
590
Carlovîngkns , nprès le partage des enfans de Louis le
Débonnaire, cette province demeura à Charles le Chau-
ve , roi de la Fiance occidentale. Ce prince en donna le
commundement , 6c de tous les pays voifins , finies entre
la Seine Se la Loire , à Robert le Fort , tige de la mai-
fon des Capets , & ce gouvernement fut nommé le du-
ché de France j les Normans , ou Danois , s'étant em-
parés de la Neullrie maritime , fous la conduite de Rollo,
Charles le Simple , petit fils de Charles le Chauve , leur
céda ce pays en pleine propriété. Rollo fe fitbâtifer,& fe
rendit vaffal des rois de France. Charles lui donna en
mariage fa fille Gifelle , Se en cette confidération , il lui
céda la partie du Vcxin , qui eft entre les rivières d'An-
delle & d'Epte. Les fuccefieurs de ce duc Rollo , fu-
rent ttès-puifians , non-feulement au-deçà de la mer ,
mais au-delà: car Guillaume , duc de Normandie, fils
naturel du duc Robert , descendit en Angleterre l'an
icGG , y vainquit & rua Harald , qui s'étoit fait roi après
la mort de faint Edouard , Se s'étant rendu maître de
tout le royaume , il en fut couronné roi le jour de Noël
de la même année. Henri I , roi d'Angleterre , Se duc
de Normandie , fils de Guillaume , n'ayant eu qu'une
fille légitime , Mathilde, mariée à Geofroi Plantageneft ,
comte d'Anjou , la Normandie premièrement , Se en-
fuite l'Angleterre vinrent au pouvoir de Henri , fils de
Geofroi. Ce roi Henri II , eut plufieurs fils , Se ie plus
jeune nommé Jean , après la mort de lés frères , s'empara
de tous les états du roi Richard I , fon frère , Se de fa
mère Eléonore de Guienne. Geofroi, duc de Bretagne,
frère aîné du roi Jean ,avoit Iaifle un fils, nommé Anus,
que Jean fit mourir étant en Normandie , Se qui pour
cela fut mis au ban du royaume , l'an 1 202 , par Philippe
Augufte , du confentement des pairs ; ce q*„ii fit perche à
Jean (ans Terre, la plus grande partie des états qu'il
avoir en deçà de la mer, & la Normandie fut conquife
ce réunie a la couronne l'année fuivanre 1203. Henri
III , fils de Jean , par le traité de paix qu'il conclut
avec faint Louis, lui céda , & à fes fuccefieurs, toutes
fes prétentions fur la Normandie , Se depuis ce tems-là ,
quelques-uns des rois de France , jusqu'à la fin du qua-
torzième fiécle , donnèrent à leurs fils aînés , le titre
de duc de Normandie , jusqu'à ce que celui de Dau-
phin ait prévalu. * Longuerue , Defcription de la France,
part. I. p. 66.
Comme cette province eft une des plus grandes Se des
plus fertiles du royaume , elle eft aufii celle qui donne
le plus au roi. La terre y produit en abondance toute
forte de grains , du lin , du chanvre & des herbes pro-
pres pour la teinture , telles qnelagarence, le paftel Se la
guesde. 11 n'y a de vignobles que dans quelques cantons
des diocèfes de Rouen Se d'Evteux , Se le vin en ell même
d'une petite qualité ; mais en récompenfe, il y a dans
cette province une prodigieufe quantité de pommiers
& de poiriers , du fruit desquels on fait le cidre Se le poi-
ré , qui eft la boiffon ordinaire des habitans du pays. On
y voit aufii de vaftes prairies Se des pâturages très-gras ,
qui fervent à l'engrais de quantité de beftiaux. On vante
le bœuf du pays d'Auge , le veau & les confitures de
Rouen , les moutons Se les lapins de Cabour , les
poules de Caux Se de Befiin , Se les perdrix rouges du
Bec. La mer y eft très-poifibnneufe , Se le poifibn en eft
excellent. Il fe fait beaucoup de fel blanc dans l'Avran-
chin , dans le Cotentin 8c dans le Befiin , dont on fale
les beurres du pays. On dit que parmi les cailloux appel-
les Galets , que la mer roule fur la côte de Normandie ,
il y en a dans lesquels on trouve de fort beaux cryftaux
de différentes couleurs , qui ne le céde'roient pas à beau-
coup d'autres qu'on eftime , fi on favoit les tailler Se les
polir comme les diamans.
Cette province a des mines de fer à Conches , à Saint
Evroul , à Carouges , à Baleroi , Sec. où l'on fait des
canons , des bombes , des boulets , des pots , des mar-
mites , Se toutes fortes d'ouvrages de ferrure Se de clou-
terie. Elle a auffi quelques mines de cuivre dans la fo-
ur de Briquebcc, en Cotentin, à Carolles auprès d'A-
vranches Se ailleurs. Ces mines font caufe qu'il y a un
grand nombre de fontaines minérales en Normandie.
L'eau de la fontaine de Belesme ell froide Se infîpide ,
Se participe d'un fel fembhble au fcl commun; celle
de Saint Paul de Rouen eft froide , limpide , & a une
NOR
légère âpreté qui rend la langue un peu féche. Les eaux de
celles d'Hebecrevon , près de Saint Lo , de Menitoue ,
de Bourberouge , Se de Pont-Normand , dans l'élection
de Morcain , de Monbosq , dans l'élection de Bayeux 5c
celles des Forges font froides Se de faveur ferrugineufe
ou auftere. Il y a aufii des mines de charbon de terre,
une entr'autres très-abondante à Litri , au diocèfe de
Bayeux , & pour laquelle il s'eft formé depuis peu d'an-
nées une compagnie qui en retire déjà de grands avan-
tages.
Les rivières qui arrofent cette province , font
La Seine ,
L'Eure ,
L'Aure ,
L'Iton ,
L'Andtlle,
LaRille,
La Dive ,
La Touque ,
La CarentonneJ
L'Ante ,
L'Orne ,
&laDrome.
On trouve dans cette province plufieurs petits ports J
dont les plus confidérables font Dieppe, le Havre , Hon-
fleur, Cherbourg & Granville ; à ceux-là quelques-uns
ajoutent la Hogue Saint Waaft, dans le Cotentin ; mais
ce n'eft pas un port , ce n'eft qu'une rade défendue de
quelques ifles.
La Normandie comprend fous la métropole de Rouen
fix évêchés , qui font
Bayeux ,
Avranches ,
Evrenx ,
Séez,
Lifîeux ,
Cou tance.
L'on compte dans ces fept diocèfes quatre-vingt ab-
bayes Se quatre mille deux cens quatre-vingt-neuf pa-
roilïes. L'archevêque de Rouen prend la qualité de pri-
mat de Normandie, quoiqu'il n'air aucun archevêque
pour fuffragant; mais ce titre ne lui donne d'autre pré-
rogative que de n'avoir point de fupérieur en France , Se
de dépendre immédiatement du faint Siège : encore cet-
te immunité lui a-t-clle été conteftée par l'archevêque
de Lyon jusqu'en 1702. C'cft un droit de l'églife cathé-
drale de Rouen, que les évêques fuffragans de la pro-|
vince font obligés de lui prêter ferment d'obéifiauce ; com-
me aufii à l'archevêque. Ils prêtent ce ferment entre les
mains de ce prélat , ou , en fon abfence , entre celles du
célébrant , lorsqu'il eft monté à l'autel avant que de dire
l'introït. Jusqu'à ce qu'ils s'acquittent de ce devoir , ils
ne font point reconnus pour évêques fuffragans dans l'é-
glife métropolitaine , ne font point admis aux affemblées
provinciales , Se ne peuvent être députés de la pro-
vince pour les affemblées générales du clergé de
France.
Les principales ou plus riches abbayes de la provincft
font
S. Ouè'rt de Rouen , de l'ordre des Bénédictins ré-
formés.
Fecamp , Mortemer,
Jumicge , Foucarmont,
Le Bec, Beaubec ,
Saint Vandrille , Saint Etienne de Caen ,
S. George de Bocherville , Cerify ,
Saint Amandde Rouen , La Trinité de Caè'n ,
La Valace , Mondée , ou Mons Dei±
Savigni , Mont Saint Michel ,
Lyre , Saint Evroul ,
Saint Martin de Séez , Bernai ,
La Trappe , Leffei.
Lorsque Rollo fut maître de la Normandie, il y éta-
blit des loix compofées de quelques coutumes de Danè-
marck , Se de quelques ufages François. Ce prince étoit
fi équitable , que ceux de fes fuiets qui fe trouvoient
vexés, s'écrioient Ha Roi, comme pour implorer fon
afiiftance. Il fut informé de cet ufage , & ordonna que
ceux qu'on entendroit ainfi l'appeller, fuffent conduits
devant lui , afin qu'il leur fît juftice 8c punît ceux qui les
vexoient. Voila l'origine de la Clameur de Haro. Apres
la conquête de l'Angleterre par Guillaume le Conqué-
rant , les Normands empruntèrent quelques ufages des
Anglois, qui de leur côté avoient reçu les loix norman-
des avec leur fouverain. Tel eft le droit de Garde-noble
Se le droit de Viduitc , qu'Us appellent la Courtoifie
NOR
NOR
d'Angleterre. Ceft de tous ces ufàges qu'cft formée la
coutume de Normandie , qui fut réformée -en 1583.
Cette coutume eil favorable aux maris , aux femmes
veuves , aux aînés de familles i mais elle lailfe peu de li-
beité de dispofer de ion bien. Comme Louis Hutin ac-
corda une chartre aux Normands pour la manutention
de leur coutume , 6c pour l'établiiTement de quelques
privilèges en faveur de la nation , & que cette chante
fut augmentée par Philippe de Valois , on a été. obli-
gé dans la fuire d'employer dans les édits ôc déclarations
du roi la çlâufe dérogatoire à la chartre Normande.
Le tribunal fupérieur que Rollo , duc de Normandie ,
avoit établi pour juger les appellations des jugesinférieurs
fe nommoit l'Echiquier. 11 éteit compofé de juges ecclé-
fiaftiques ôc laïcs. Rollo avoit auffi établi en rhême-
tems un grand fenéchal pour redrefier les fentences des
vicomtes Se des baillis , pour vifiter la province , ôc pour
juger toutes les caufes provifoires , en attendant la féan-
ce de l'échiquier , qui fe tenoit en tel tems , ôc en tel lieu
qu'il plaifoit au prince. L'échiquier, à proprement par-
ler, étoit l'affcmblée de tous les notables de. la province,
ou un parlement ambulatoire qui fe tenoit deux fois l'an ,
à Rouen , à Caé'n , ôc quelquefois à Falaife , ôc qui du-
rcit trois mois ou environ chaque fois. Aux échiquiers
que les ducs de Normandie , fucceffeurs de Rollo , ont
fait tenir, les eccléfiaftiques ôc les nobles avoient ainfi
voix délibérative ; mais les rois de France ayant réuni
la Normandie à la couronne , députoient tels juges qu'il
leur plaifoit pour tenir le parlement ou l'échiquier, & ces
juges feuls décidoient, comme on le voit par celui qui
fut tenu en 142e, où les évêques «Scies autres eccléfia-
ftiques . les comtes ôc les nobles eurent feulement féan-
ce , ôc non pas voix délibérative. Ils y étoient unique-
ment appelles pour la décoration , & pour y donner l'or-
nement, ainfi que porte le titre.
Louis XII , qui avoit été gouverneur deRouen , chan-
gea en 1499 , la forme de l'échiquier à la prière des
états de la province, ôc principalement à celle du car-
dinal d'Amboife. 11 établit donc à Rouen un corps de
juftice fouveraine &c perpétuelle , compofé de quatre pré*
fidens ôc de vingt-huit confeillers , dont il y en avoit trei-
ze eccléfiaftiques. Ses fucceffeurs augmentèrent dans la
fuite le nombre des officiers , & depuis quelques années
on y a établi une féconde chambre des enquêtes. La
jurisdiétion de ce parlement s'étend fur toute la Norman-
die , qui eft divifée en fept grands bailliages , ôc autant de
fiéges préfidiaux.
Les bailliages font
Rouen, Evrenx, Caën , & Gifors.
Caux, Alençon, Coutance ,
Les fept fiéges préfidiaux ont été établis par édit du
roi Henri II , donné à Rheimsen ij; 1 , ôc font dans les
villes fuivantes,
S9
Le bureau des finances de Rouen fut établi en ij$i.
Il eft compofé de vingt-fix officiers, y compris les gens
du roi «Se le greffier. Cette généralité comprend quator-
ze élections , qui font
Rouen ,
Pont de l'Ar-
Magny ,
Gifors,
Arques ,
Eu,
che,
Andely ,
Evreux ,
Lions ,
Caudcbec,
Montivillicrs ,
Neuf-Châtel ,
Pont-Audemer ,
«ScPont-l'Evêque.
Le bureau des finances de Caën eft auffi de l'an i;y 1 ,
& compofé d'un pareil nombre d'officiers que le précé-
dent; mais cette généralité ne renferme que neuf éle^
«fiions , qui font
Caën ,
Bayeux ,
Carentan ,
Valogne ,
Coutance ,
Avranches,
Morrain,
Vire,
& Saint Lo.
Le bureau des finances d'Alençon n'eft compofé
que de vingt-un officiers, ôc comprend neuf élections,
qui font
Bernai ,
Lifieux ,
Couches,
Verneuil ,
Alençon ,
Domfront ,
Falaife ,
Argentan ,
ôc Morragne
dans le Perchée
Rouen , Caudebec ,
Evreux, Caën,
Alençon, ôc Coutance.
Andely ,
Ce dernier avoit d'abord été mis à Saint Lo.
Dès l'an 1580 , une chambre des comptes fut créée
à Rouen. Elle fut fupprimée en 15-53, par Henri II , Ôc
rétablie en 1580, par Henri III. Elle eft compofée de
quatre préfidens , de vingt neuf maîtres des comptes ,
de huit correcteurs, ôc de trente auditeurs fervant par
femeftre.
La cour des aides de Normandie fut établie à Rouen
par l'édit de l'an 1 483. Il y en eut une féconde érigée à
Caën en 1638 ; mais elle fut unie à celle de Rouen par
un édit donné à Saint Germain en Lave en 1 64 1 . La cour
des aides de Rouen fut unie à fon tour à la chambre des
comptes de la même ville en 1705.
Il n'y eut d'abord que deux généralités en Norman-
die , celle de Rouen ôc celle de Caën , & par confé-
quentque deux bureaux des finances ; mais en 1636 , le
roi créa celle d'Alençon, qui eft un démembrement
des deux autres.
Outre ces jurisdidions , il y a à Rouen une table de
marbre, une jurisdiclion appelléc la vicomte de l'Eau,
qui eft très-ancienne, ôc dont le juge connoît de tout ce
qui arrive fur la rivière , depuis Vernori jusqu'à la mer ,
ôc de tous les poids ôc mefures de Rouen : il y a aurtl
dans la même ville un fiége d'amirauté , «5c un con-
fular.
Comme la Normandie eft une des grandes provinces
du royaume, il y a trois grands maîtres des eaux & fo-
rets. L'un a le département de Rouen, le fécond celui
de Caën , ôc le troifiéme celui d'Alençon.
Le commerce de la ville ôc généralité de Rouen eft
ttès-confidérable. II confifte en laines , draperies , toiles,
cuirs , chapeaux , peignes , cartes , papier , ôc une infi-
nité d'autres marchandifes. En particulier le commerce
des draperies ôc autres étoffes eft fort avantageux pour
toute la province. Toutes ces étoffes fe vendent ôc fe
confomment en France , ou font utiles au royaume eu
empêchant l'argent d'en fortir pour l'achat des draperies
étrangères. Le commerce des toiles qui fe fabriquent dans
cette généralité , qui fortent pour la plus grande partie
du royaume, attire beaucoup d'argent dans la France.
Ces toiles font envoyées en Espagne , ôc paffeht pour
la plupart aux Indes occidentales , où elles font en gran-
de réputation fous le nom de Toiles de Rouen ; ks re-
tours s'en font en or ôc en argent. L'on compte qu'en
tems de paix, il s'en débite pour plus d'un million par
an.
Il fe fait d'antres toiles dans le pavs de Caux propres
pour faire des chemifes , des mouchoirs , «S: pour tous
les ufages du ménage. On en fabrique encore d'autres
propres pour les voiles de vaiffeaux Se les emballages.
On en fait d'autres à carreaux dont une partie paffe en
la Nouvelle France ; mais la fabrique la plus conlidjia-
ble eft celle des toiles brunes qui fervent à doubler les
habits. Il s'en fait jusqu'à fîx ou fept mille pièces par
an , ôc cinq ou fix mille ouvriers y font occupés.
Les verreries font dans cette province en très-grand
nombre , Se y attirent beaucoup d'argent. On y fabrique
du verre de toute espèce , & des glaces de miroir d'une
grandeur extraordinaire ; de forte que le profit de ces ma-
nufacturés cft«un des plus avantageux à la province.
Les cuirs des bêtes que loi ttie aux boucheries, Se
quantité de ceux qui viennent des ifles font tannés à
Rouen ôc atix environs, ôc delà transportés dans le
refte du royaume.
La pêche eft encore un des principaux commerces dé
toute la province. Ce font principalement les habitans de
Dieppe qui la continuent toute l'année. En tems de paiis
la pêche du hareng commence avec le mois d'Août fur
les côtés d'Angleterre au nord , proche d'Yarmoutf»,-
NOR
592,
Les Dieppois y envoient ordinairement foixante grands
bateaux , qui portent leur fel Se des barils , Se revien-
nent à la mi-octobre. Ces mêmes pêcheurs vont enfuite
faire une nouvelle pêche fur la côte , depuis Boulogne
jusque vers le Havre. Le hareng qu'ils y prennent étant
moins bon que celui de la côte d'Angleterre , fert à faite
du hareng foret. Cette pêche eft ordinairement de cent
bateaux , Se lorsqu'elle efl abondante , elle va jusqu'à
trois ou quatre cens mille écus.
La pêche des vives commence avec le Carême, Se Ce
fait vers la côte d'Angleterre : celle desmarquereaux com-
mence à la fin d'Avril , Se eft très-confidérable. On con-
tinue toute l'année celle des merlans, des foies & au-
tres poifïbns.
Celle de la morue fur le grand banc à Lille Royale Se
à Labrador fe fait principalement par les vaiflèaux de
Honfleur, du Havre Se de Saint Valeri en Caux.
La foire de Giubraï , qui fe tient clans un des fauxbourgs
de Falaiiè, contribue beaucoup au commerce de cette
province : elle commence le 16 d'Août, & dure huit
jours. 11 s'y fait un grand commerce , à caufe des exem-
ptions de péage Se d impôts accordées par Guillaume le
Conquérant.
Comme la Normandie a toujours produit des gens
d'efprit, & propres aux feiences , on a eu foin d'établir
des collèges dans presque toutes les villes. Dès l'an
143 1 , Henri VI , roi d'Angleterre Se duc de Norman-
die , fonda une faculté de droit civil Se canonique à Caën.
Les facultés de théologie Se des arts y furent établies par-
le même prince en" 1436, Se la faculté de médecine l'an-
née fuivante. Charles Vil, roi de France , ayant con-
quis la Normandie fur les Anglois , fit expédier en. 1452.
de nouvelles lettres de fondation à cette univerfité. Depuis
ce tems , il y a eu quantité d'autres établiffemens en fa-
veur des feiences Se des arts en divers autres endroits de
cette province. Le goût que plufieurs perfonnes d'efprit
ôc de favoir avoient pour les belles lettres , forma en
i6ji , une académie à Caën , fur le modèle de celle de
Paris. Il fuffir, pour en donner une idée, de dire que
Huer , qui a été depuis éveque d'Avranches, de Segrais ,
Bochart Se Morin en étoient membres. Cette compagnie
obtint en 1705 , des lettres-patentes du roi qui l'érigent
en compagnie réglée , Se rendent fon établiflement fohde.
Le gouvernement militaire de la Normandie étant un
des plus confidérables du royaume , eft divifé en deux
lieutenanecs générales , celle de la Haute & celle de la
BafleNormandie.il y a auffi un lieutenant de roi dans
chacun des fept grands bailliages de cette province. Les
places fortifiées de cette province font Cherbourg, h Ho-
gue, Caën, Honfleur, le Havre, qui fait un gouvernement
féparé , Se indépendanr du gouverneur général de Nor-
mandie, Dieppe, Saint Valeri en Caux, Treport, Sec.
Dans chacune il y a un gouverneur particulier, Se dans
quelques-unes un état major.
Les pairies & duchés de cette province qui fubfiftent
aujourd'hui font Eu, Aumale , Elbœuf& Harcourt ,
ci-devant nommé Tury.
Du tems des Romains , le pays que comprend la Nor-
mandie s'appelloit la féconde Lyonnoife , (Se étoir divifé
en fept peuples ; aujourd'hui eile eft divifée en Haute
Se Basse-Normandie.
La Haute-Normandie , efl: vers l'orient , Se confine
à l'ifle de France & à la Picardie. Sa principale ville eft
Rouen , capitale de toute la province , & le lieu de la ré-
fidence des cours fouveraines. Voyez. Rouen.
La Basse-Normandie, eft la partie occidentale de
la province : elle s'étend jusqu'aux confins de la Bretagne ,
Se fa capitale eft Caën , une des plus confidérables vil-
les de France. Voyez. Caen.
NORMAN VILLE, bourg de France, en Norman-
die , avec château, titre de baronnie Se haute juftice.
Il eft fitué fur la rivière d'Iton , dans le diocéfe d'E-
vreux, à une lieue & demie au-deflous de la ville de ce
nom , dans un vallon dont on voit les deux coteaux
couverts de bosquets. * Corn. Diction. Mémoires mu-
nuferitr.
NORONH A ( Ifle de Fernando de ) , ifle de l'Améri-
que méridionale, fur la côte du Brefil. Quoique cette
ifle foit commode aux voyageurs par fa fituation , rien
«'eft fi dangereux que fes bords. L'agitation des vagues
NOR
y eft fi violente , qu'elle occafionne de fréquens naufra-
ges. On y voit beaucoup de chèvres Se de vaches fau-
vages, de tourterelles', & plufieurs autres espèces d'oi-
feaux. Eile produit auffi du maïs en abondance , du co-
ton , des gourdes fauvages , Se des melons d eau. * Hifi,
générale des Voyages , t. I. 1. 3.
Elle eft à 60 lieues de la côte du Brefil , félon les pi-
lotcs François , Se à 80 félon les Portugais qui "font beau-
coup plus fouvent cette traverfée. Latit. mérid. 3. J3.
Les Portugais s'étant appercu qu'il venoit dans cette
if|e des vaiflèaux des puifiances étrangères , Se ne vou-
lant pas fouffrir qu'aucun pût s'établir fi près du Brefil ,
l'ont fortifiée , Se y entretiennent une garnifon aftez for-
te. On y fait venir de Pernambuco tout ce qui efl néces-
faire , Se on change tous les fix mois les troupes réglées.
Le refte font des habitans qui nourrifïent un peu de bé-
tail , comme ils n'en font presque aucun ufage pour
eux-mêmes, ils en fourniflent aux équipages qui îela-
chent. * Voyage fait dans l 'Amérique mérid.par D. Juan, '
& Antonio de Ulloa. 1742.
NOROSSI , peuples de Scythie. Prolomée , /. 6. c. 14.
les place avec les Norosbes , en-deçà de i'Imaiis , entre les
Marcbetegi Se les Cachaga , au-deflbus des premiers,
Se au-deflus des derniers.
NOROSSUS , montagne de la Scythie, félon Ptolo-
mée.
NORRE-TELGE ou Norr Talge , ville de Suéde,
dans la partie orientale de l'Uplande,fur unpetirlac,
à quelques milles dUplal , en tirant vers l'orient, & as-
fez près de la mer. * Atlas , Rob. de Vattgondy.
NORTBARW1CH , ville d'Ecoffe, dans la province
de Lothian, environ à fix limes d Edimbourg, vers le
levant. Elle eft fituée fur la côteméiidionale du golfe
de Forth. * Atlas, Rob. de Vai.çondy.
NORTCURREY , bourg d'Angleterre, dans la pro-
virce de Sommerfer. Il a droit de tenir marché public.
* Etatpréfent de la Grande Bretagne , r. 1.
NORTGAW , NortCow ouNortcoew, contrée
d'Allemagne, appel'ée autrement le Haut ralarinat du
Rhin, ou le Palatinat de Bavière , en allemand l'faltz.
in Bayern ou Ober Tfdtz. , Se en latin Nortgavia. La ca-
pitale de cette contrée eft Amberg. + Le père Labbe t
Géograph. royale, p. 263.
Le nom de Nortgau eft préfentement peu uficé , Se
négligé dans presque toutes les cartes,
NORTHALBEN ouNortalben , bourg Se baillia-
ge d'Allemagne , dans l'évêché de Bamberg , en Franço-
ise. * Zeylcr , Top. Franconia?.
NORTHALVERTON ou Norshailerton , petite
ville ou bourg d'Angleterre , dans Yoikshire. 11 s'y tient
un marché.
NORTHAMPTON , ville d'Angleterre , fur le Nen.
Elle eft la capitale du Norrhamptonshire , &fituée à cin-
quante cinq milles de Londres. C'eft une des plus agréa-
bles villes du royaume. Le 3 de Septembre 169; , elle eue
le malheur de fe voir enfevelie fous fes cendres , Se peu
de tems après, par la généreufe contribution de diver-
fes perfonnes, elle eut l'avantage de fe relever beaucoup
plu» belle Se plus uniforme qu'auparavant. Il s'eft tenu
dans cette ville un concile l'an 1136. * Etat présentât
la Grande Bretagne , r. 1 . p. 9 3 .
t NORTHAMPTONSHIRE , province maritime
d'Angleterre, dans le diocèfe de Peterborough. Elle a
cent vingt milles de tour , Se contient environ cinq cens
cinquante mille arpens, Se vingt quatre mille huit cens
huit maifons. C'eft une des meilleures provinces d'An-
gleterre , extrêmement peuplée , & où il y a beaucoup
de noblcfle. L'air y eft fain Se le terroir fertile. Elle
abonde en bled Se en bétail , & ne manque ni de bois ,
ni de falpêtre. Ses principales rivières fon" l'Oufe , le
Wcland & le Nen, qui ont toutes trois leurs fources
dans cette province.
Les villes Se bourgs où l'on tient marché font
Northampton , capitale,
Pcreiborough , Tuwcefter ,
Brackley, Rothwell ;
Higham Ferrers , Wellingborough,
Davenrry , Kettering ,
Rockingham , Thrapfton ,
Oundle, Cliff.
NORTHAUSEN.
NOR
NORTHAUSEN. Voyez. Nordhausen.
i. NORTHEIM, ville d'Allemagne, dans le duché
de Brunswich-Lunebourg, fimée entre les rivières de Rhu-
me 6c de Leina. C'en: une des principales villes de ce du-
ché , 6c un lieu de partage fort fréquenté. Quelques-uns
prétendent qu'elle a tiré fon nom des Normands qui fe
font arrêtés en cet endroit en 878 ; mais il eft plus pro-
bable que c'en: des comtes de Northeim , du domaine
desquels elle a autrefois fait partie. Quoiqu'il en foit,
on ne commença à l'entourer de murs que l'an 1246 ,
6c ils ne furent achevés que long-tems après, aufîî bien
que les fortes. Ses principales défenfes confirment en qua-
rante-huit tours qu'on a conftruites au-dedans des murs
Se en quinze autres ouvrages extérieurs 3 mais contigus
aux murs qui font des espèces de baftions à l'antique.
Il y a trois portes ; celle qui eft vers l'orient eft appel-
lée Oùerthor ou la Haute Porte. Celle qui regarde le
couchant, fe nomme Hockelbeimerthor , parce qu'elle eft:
vis-à-vis du monaftere de Hockelheim. La dernière, qui
eft du côté du nord, s'appelle Mublentbor , parce que
le moulin qui eft fur la rivière, eft devant elle. CelJe-
ci eft une des mieux fortifiées. L'églife paroirtlale eft allez
belle. Il y a dans cette ville un chapitre du nom de faint
Blaife, fondé en 1050, par Othon, duc de Bavière,
6c comte de Northeim; mais ce premier chapitre ayant
péri entièrement par la cruauté du comte Adolphe de
DafTel, qui fit confumer parle feu lesbâtimens , 6c un
bon nombre de perfonnes de diftinction qui s'y trouvè-
rent enfermées , le comte Siftoi de Northeim en fit une
nouvelle fondation en 1141. * Zeyler , Topog. duc.
Brunsw.
La religion Proteftante s'établit dans cette ville l'an
1539, du confentement des magiftrats&: des chefs des
communautés 6c corps de métiers. Depuis on y a éta-
bli une école qui eft pourvue de difTérens maîtres ou
proferteurs , pour l'inftruétion de la jeunefte.
On tient à Northeim tous les ans quatre foires. On
y brarte beaucoup de bière qui fe transporte en diffé -
rens endroits , Se fait une des fources de l'opulence de
cette ville.
2. NORTHEIM s bourg d'Allemagne , dans le comté
de Henneberg, en Franconie. 11 y a dans ce lieu un doyen-
né. * Zeyler , Top. Franconia;.
NORTHEN, petite ville d'Allemagne • dans l'éle-
étorat de Mayence , fur la rivière de Bibert , au-dertlis
de fon embouchure dans la Leine. Entre cette ville &
le château de Hardenberg , on trouve le monaftere de
Sein , qui appartenoit aux feigneurs de Fiefs.
NORTHLEECH , bourg d'Angleterre , dans la pro-
vince de Gloceftcr. On y tient marché public. * Etat pré-
fent de la Grande Bretagne , t. l .
NORTH-RONALSA. On appelle ainfi une des irtes
Oicades. On lui a donné ce nom par oppofltion à South-
Ronalfa. De toutes les Orcades elle eft la plus avan-
cée vers le nord. On lui donne environ trois m'Ues de
longueur 6c un demi-mille de largeur. * Etatpréfent de la
Grande Bretagne , t. 3. p. 302.
1. NORTHUMBERLAND , ancien royaume de la
Grande-Bretagne. Il étoit fitué au nord de l'Humber ,
comme fon nom le porte. Cette rivière qui lebornoitdu
côté du midi , le féparoit de la Mercic. Il avoit la mer
d'Irlande à l'occident , le pays des Piétés & des Ecos-
fois au nord , 6c la mer Germanique à l'orient. 11 con-
tenoit les provinces qu'on nomme aujourd'hui Lanca-
ftre , Cumberland, Weftmorland , Northumberland,
Yorck &c l'évêché de Durham. Ses principales villes
étoient Yorck , Dunelm , appellée depuis Durham ,
Carlifle , nommée par les Romains Lnguballia, Hen-
ham ou Hagulftat, Lancaftre , & quelques autres moins
confidérables. Ce pays ecoit divifé en deux parties ; fa-
voir,la De'ire & la Bernicie , dont chacune fit quel-
quefois un royaume à part. La première étoit le Nor-
thumberland méridional , 6c l'autre le Northumberland
feptentrional. Celle-ci étoit en partie au nord de la mu-
raille de Sévère , & s'étendoit en pointe du côté de l'o-
rient , jusqu'à l'embouchure delà Tv/ede. Tout le royau-
me , en y comprenant les deux parties , avoit environ cent
foixante milles dans fa plus grande longueur , 6c cent
milles dans fa plus grande largeur. Ida , premier roi de
çe pays, commença fon règne l'an 747. Ces royaumes
NOR yçj
fubfifterent fous trente-cinq rois , quelquefois iouve-
rains feulement d'une partie du Northumberland , quel-
quefois portédant les deux portions. Enfin , dans l'année
810, fous le règne d\Andred, dernier roi dç ce pays,
le Northumberland fe fournit à la domination d'Éc-
bert, roi de Wellcx. * Rapin , Hiltoire d'Angleterre, 1.
3- P- i/4-
2. NORTHUMBERLAND, province maritime &
feptentrionale de l'Angleterre , dans le diocefe de Dur^
ham , 6c qui confine a i'Ecorte. Elle a cent quarante-trois
milles de tour, & contient environ un million trois cens
foixante 6c dix mille arpens , & vingt-deux mille fept cens
quarante 6c une maifons. Cette province n'efi pas des
plus fertiles , quoiqu'il y ait d'afiéz bons endroits , fur-
tout du côté de la mer. Elle a plufieurs mines de char-
bon de terre , qu'on transporte dans la plupart des ports
d'Angleterre , Se principalement à Londres. Il y a aurtl
plufieurs mines de plomb ; le gibier 6c le poirtbn abon-
dent dans cette province. * Etat préfent de la Grande.
Bretagne , t. 1 . p. 94.
Les villes 6c bourgs où Ton tient marché, font
Newcastle, capitale,
Benvick ,
Morpheth ,'
Alnwick ,
Hexham ;
Learmourth,
Hattwifle ,
Beltingham ,
Billingham ,
Hellcrdofi
Rothbury ,
Weller.
Sur les côtes de cette province on trouve trois ifles £
qui font
Holy Ifland ,
Cocker ,
Farn;
NORTHUMBRIE. Voyez. Northumberland;
»" 1.
NORTHWALES , partie feptentrionale de la princi-
pauté de Galles , 'en Angleterre. Voyez. Galles.
NORTMANNI.Sigebert 6c les écrivains du même
fiécle donnent ce nom à presque tous les peuples du
Nord, favoir aux Norwegiens, aux Suédois & aux au-
tres nations qui habitent la Scandinavie 6c la Ruflle. *"
Ortelii Thef. I
NORTMANNIA , province du royaume de France;
appellée auparavant Nèustrie , 6c depuis Normandie.
Voyez, ces mots.
NORTVICH , ville d'Angleterre , dans le Cheshire.
Elle eft fituée fur la rivière de Weever , 6c elle' eft remar-
quable par fes mines de fel. * Etat préfent de la Grande
Bretagne , r. 1. p. 48.
NÔRUS. Voyez. Nora.
NORWEGE , royaume d'Europe , dans la Scandina-
vie. Il s'étend du midi au nord , depuis le 59 deg. jus-
qu'au 72 de latitude , 6c depuis le 26 jusqu'au 52 de lon-
gitude, fans y comprendre fes dépendances (a). 11 eft
borné au feptentiion par la mer du Nord ; à l'orienc
par une longue chaîne de montagnes qui le féparent de
la Suéde ; au midi par l'entrée de la mer Baltique , 6c à
l'occident encore par la mer du Nord. Il eft penché fur
la Suéde ( b ) en forme d'une côte de baleine , 6c il peut
avoir environ quatre cens lieues de côtes, & foixante &
quinze de largeur, (a) Rutger Hermamd. Dcfcript. Nor«
wegix, p. j.{b) La Forêt de Bourgon , Géograph. hiflv
t. 2. p. 207.
On veut que fon nom lui vienne de fa fituation Vers le
Pôle Arctique , 6c qu'il foit formé de Nor 6c de Weg ,
qui dans la langue du pays fignifient chemin du Nord.
Il a été appelle en latin Norimannia , du nom de fes
peuples connus fous celui de Norrnanni, qui veut dire
hommes du Nord. Les anciens l'ont connu 6c l'ont ap-
pelle Nérigon. * Pline, 1. 4. c. 16.
Les Sithons qui habitèrent originairement la Norwege»
vécurent long-tems fans loix & fans religion. Un certain
Norus , à ce qu'on prétend , leur apporta l'un 6c l'autre
environ 1300 ans avant Jefus-Chrift. Quelques-uns de
fes descendans gouvernèrent ces peuples , tantôt comJ
me monarques , tantôt comme chefs de république ; mais
ces gouvernemens furent fouvent interrompus par des
anarchies. On n'a rien de certain fur les premiers tems
Tom. IV. Ffff
NOR
*94
de ces peuples. Les hiftoriens font commencer la fuc-
ceffion chronologique des rois de Norwege vers le milieu
du dixième fiécle par Harald. La plupart affûtent que
fa poftérité s'y perpétua , à l'exception d'un interrègne
de quatre ans , entre Gibbus ôc Magnus IV , jusqu'après
la mort d'Olaiis IV , que ce royaume fut incorporé à ce-
lui de Dancmarck en 1587, par le mariage d'Aquin,
roi de Norwege , avec Marguerite de Danemarck. De-
puis ce tems , le royaume de Norwege a fuivi le fort
de ce dernier. La juftice y eft adminiftrée en plufieurs
tribunaux , dont les appellations relTortiffent à celui de
la capitale du royaume, où le viceroi, qui gouverne
avec un pouvoir abfolu , fait fa réfidence.
La fituation de ce pays, partie dans la Zone tempé-
rée , ôc partie dans la Zone froide feptentrionale de no-
tre hémisphère, y rend le froid extrême & la terre
peu fertile. Le froment n'y vient point : celui dont on
ufe eft apporté d'ailleurs à Berghen , la feule ville qui
ait droit de le diftribuer. Cependanton en recueille dans
la partie méridionale du royaume. Dans le refte du pays ,
le terrein eft fablonneux ôc plein de cailloux : outre que
les rochers , les bois & les montagnes en occupent la plus
grande partie. Tout ce qu'on en peut tirer confifte en
mâts de vaiffeaux , en poix , en goudron , en cuivre , en
fourrures ôc en poiffonsjce qui fait tout le commerce
de la Norwege.
Il n'y a que deux rivières de remarque: leTeno vers le
feptentrion , ôc le Glama vers le midi. Il n'y a même que
cette dernière qui puiffe porter quelques bateaux : les
principales montagnes font celles qu'on appelle Félices ,
Domines ôc Daars-Field.
La ftérilité fut caufe des fameufes irruptions de la plu-
part de fes habitans , fur les côtes de la Frife ôc des ifies
Britanniques , ôc comme la bafe de leurs conquêtes ôc de
leur établiffement dans une des meilleures provinces de
France , ôc du grand nom que leurs descendans fe font
fait en Europe , fous celui de Normands , par leurs ex-
ploits en Angleterre , en France , & jusque dans l'Italie
& dans la Grèce.
Aujourd'hui les habitans de Norwege paffent pour
être forts , vigoureux, bons matelots , groffiers & fort
fimples. Les Lapons ,qui habitent la partie la plus fepten-
irionale de ce royaume , ôc par conféquent du continent
de l'Europe, font mal faits, fauvages, jaloux .trom-
peurs , ôc fans aucune induftrie que pour la pêche ôc
pour la chaffe. Les Norwegiennes font belles, moins
groffieres ôc plus fpirituelles que leurs maris. Quant aux
femmes des Lapons , elles font affez paffables pour le
vifage; mais petites ôc mal faites, à demi-fauvages , vin-
dicatives ôc colères.
Le roi Olaiis , furnommé le Saint , établit le Chriftia»
nisme dans fes états , avec tant de zèle , qu'il en chaffa ,
au commencement du onzième fiécle , ceux qui ne vou-
lurent pas fe convertir , ôc quelques autres qui fe mê-
laient de magie. La fuperftition , excitée par la fimpli-
cité de ces peuples , altéra fouvenr la religion , ôc enfin
la doctrine de Luther abolit la religion Catholique en
ijzy. On trouve encore quelques idolâtres danslaLa-
ponie Norwegienne.
On divife le royaume de Norwege en deux parties
principales ■■> favoir , la Norwege propre ôc l'es dépen-
dances.
La Norwege propre eft partagée en quatre gouver-
nemens généraux , qui font
NOT
Aggerhus ,
Berghen,
Drontheim,
Wardhus.
Voici les villes ôc les principaux bourgs qu'ils con»
tiennent :
Gouvernement,
à' Aggerhus ,
Opfolo , Obfolo ou Chriftiania ,
Aggerhus,
Frideiichftadt,
Tonfberg ,
Vleckeren ,
S een,
Salrzbcrg,
1 Hammçr.
Gouvernement J" Berghen ,
de Berghen , .«- Stavanger.
Gouvernement
de Drontheim ,
Gouvernement
.Drontheim ou Druntheim,
Romsdael ou Romsdalen ,
Lofoten , ou Lofoeren ,
Maelftrom ,
Samien , ille ,
Salière, ifie,
Tromnes , ifie.
gouvernement r ,„, -,
, „7 „ • 2 Watdhus.
de Wardhus, £
Les Dépendances de la Norwege font
L'Islande ôc L'Isle de Fero.
NORWICH , Norvicum ou Norâovicum , ville d'An-
gleterre, dans la province de Norfolck, dont elle eft
la capitale. Elle eft fituee au cœur de la province, dans
l'endroit où le Winsder fe jette dans la Yare , à qua-
tre-vingt dix milles de Londres. On croit que f;ette ville
fut bâtie par les Saxons clés ruines de Venta Icenonm,
qu'on appelle aujourd'hui Cafter , & où l'or-i a trouvé
depuis quelque tems plufieurs urnes romaine 5. Du tems
des Angio-Saxons, Norwich étoit la capitale des An-
gles Orientaux. Dans la fuite elle fut réduite en cen-
dres par Suenon , roi des Danois. Elle fe r établit Ôc fuc
forcée par la famine de fe rendre à Guillaume le Con-
quérant. La rébellion fuscitée par Kett , tanneur de Wind-
ham , fous le règne d'Edouard VI , cau'fa derechef la
ruine de cette ville ; mais elle fut rétablie par la reine
Elifabeth, qui y envoya une partie des Wallons, qui
fe réfugièrent en Angleterre du tems que îe duc d'Albe
étoit gouverneur des Pays-Bas. Ce furent ces Flamaus
qui établirent la manufacture des étoffes de Norwich ,
dont le débit monte tous les ans à la fomme de cenc
mille livres fterlin. C'eft ce qui rend cette ville floris-
fante. On y compte fept mille maifons ôc au moins
trente mille âmes. Enfin c'eft une des plus grandes ôc
des plus belles villes d'Angleterre. C'eft le fiége d'un
évêque : l'évêché a été transféré de Thetford à Nor-
wich en 1088 , par l'évêque Herebert. Les principaux
bâtimens de cette ville font la cathédrale , la maifon
du duc de Norfolck, le palais de l'évêque ôc l'hôpital.
Elle a trois marchés par femaine. * Etat présent de la.
Grande Bretagne, t. 1. p. 90.
NOSALA. Voyez. Sous Insula.
NOSALENA. Voyez. Nolasena.
NOSCOPIUM, ville de Lycie, félon Pline, /. /.'
c. 17.
NOSORA. Voyez, Sous Insula.
NOSTANA, ville de laDrangiane.Ptolomée , /. 6.c.
lç), la place entre Xarxiara ôc Pharaz.ana.
■ NOSTIA , village de l'Arcadie. Il y en a qui écri-
vent Neftania , on lit Eftiania dans Etienne le géo-
graphe , ôcNefiana dans Paufanias , /. 8. c. 7. * Ortelii
Thefaur.
NOTEBOURG , ville de l'empire Ruffien , dans
l'Ingrie, ôc qu'on appelle aujourd'hui Sleutelbourg.
NOTECZ , rivière de Pologne. Elle fort du lac de
Goplo , ou Guplo , dans le palatinat de Cujavie , à
l'orient de Gnesne. Elle prend fon cours du côté de
l'oueft , traverfe la Grande Pologne , arrofe les villes
ôc châteaux de Nackel , Pyla , Usztye ôc Zandock , ôc
va fe joindre à la Warta, un peu au-deffus de Lands-
perg , dans le Brandebourg. * Atlas , Robert de Vaii-
gondy.
' NOTHABUES , peuples d'Afrique , félon Orofius.
Un manuferit en parchemin porte Nathabres ; ôc l'itiné-
raire d'Antonin lit dans cet endroit Natauros. * Orte-
lii Thefaur.
NOTi CORNU , en grec n/t» xtpaç , promontoire ■
de l'Ethiopie , fous l'Egypte. Ptolomée , lib. 4. cap. 7.
le place dans le golfe Arabique, entie Apocopa ôepar-
yum Litur,
NOTI A, lieu fortifié dans la Macédoine , à cç qu«
NOÏ
.croit Ortclius , Tbcf. Cedrene & Ciiropalace le mettent
dans le voifinage de Moglene.
NOT1T.E, peuples de Méfopotamie. Pline,/. 6. c.
16. les place vers le midi.
1. NOTIUM, en grec no't/oc, c'eft-à-dire, méridional
On appelloit ainfi anciennement un cap de l'Irlande,
fur la côte méridionale : il regardoit l'Espagne. Il y en a
qui prétendent que c'eft le cap de Claie ; d'autres le
nomment Biarheat. * Cellar. Geograph. antiq. lib. 2.
cap. 4.
2. NOTIUM, ville de l'Ionie, félon Hefyche Se
Etienne le géographe. * Ortclii Thef.
3. NOTIUM, ville de l'^olide. Hérodote, /. 1. r,
149. en fait mention ;& Tite Live, /. 37. c. 16. die
qu'elle étoit éloignée de douze mille pas de l'ancienne
Colophene.
4. NOTIUM , ville dans l'ifle de Calydna , aux envi-
rons de l'ifle de Rhodes , félon Pline , l. 5. c. 31.
j. NOTIUM , promontoire de la Chine. Ptblomée ,
/. 7. cap. 3. le place auprès de l'embouchure du fleuve
Senus.
1. NOTO, ville de Sicile (a) , dans la partie méri-
dionale de l'ifle , vers la fource d'une petite rivière de
même nom. C'eft l'ancienne Nceturru Elle eft fituée
dans les terres fur une petite montagne allez escarpée ,
• à neuf milles de Modica du côté de l'orient; à huit mil-
les de la mer de Sicile , en tirant au couchant , Se à
quinze milles du cap de Pafiaro du côté du nord. Cette
ville eft grande Se belle : elle donne le nom à une des
trois contrées qui partagent la Sicile , Se qu'on nomme
Valdi Noto. Ce fut à Noto(£) que fe retira le bien-
heureux Conrad de Plaifance. Il paflade-là fur une mon-
tagne déferte qui en étoit proche. Il y mourut l'an 1 3 5 1 ,
Se fon corps contefté entre les habitans de Noto Se ceux
d'Avola , fut adjugé aux premiers après la décifion des
armes, (a) Atlas , Rob. de Vangondy. (b) Baillet , Top.
■des Saints, p. 352.
2. NOTO NOVO, petite ville de la Sicile, dans fa
partie méridionale , à trois milles de la ville de Noto ,
en tirant vers le midi.
3. NOTO , petite rivière de Sicile, dans le Val No-
to. Elle a fa fource à l'orient de la montagne fur laquelle
eft bâtie la ville de Noto. Son cours eft du couchant
au levant. A quelques milles de fa fource , elle prend
1 nom de Nuciforo , Se à fon embouchure , qui eft fur
Ja côte orientale de l'ifle , elle fe nomme Fiitme de
Falconara.
4. NOTO , ou Val di Noto , l'une des trois vallées
ou provinces qui partagent la Sicile , Se à laquelle la ville
de Noto , qui en eft la capitale , donne fon nom. Elle eft
bornée au nord par le Val Demone, à l'orient Se au midi
par la mer , Se à l'occident , partie par la mer , partie
par le Val di Mazzara , dont elle eft féparce par les ri-
vières Amurello Se Salfo.
Ses principales villes ou forterefles font »
Sur la
côte ,
Dans
les terres,
Catane >
Augufta,
Fargia, forterefle4
Syracufe ,
Terra nova , duché ,
Falconara , fortereffe»
Calascibetta, principauté ,
CaftroGiovane,
S.Philippe d'Argiron,
Pietra Prezia , principauté ,
Piazza ,
Butera , principauté ,
Calata Girone »
Mineo,
Lentini ,
Carlentini ,
Vifini ,
Buccheri , principauté ,
La Vittoria ,
Palazzolo , principauté >
NOT s9f,
Ragufa ,
Dans les 1 Modica ,
terres, i £«0 ,
■ oichili ,
Novo Noto.
Parmi les principales rivières on compte
Jaretta, Cafibli, Mazzuruni;
Gobella, Atellari, Manumufa,
FiumediS. Paolo, Mauli , Fiume di Terranova^
Alfeo, Camarana ,
J. NOTO , province du Japon , dans l'ifle de Niphon ;
où elle forme une espèce de péninfule. Elle a deux jour-
nées Se demi de longueur de l'eft à l'oueft. On la di-
vife en quatre diftriéb où fe trouvent des mines de
fer. Les habitans ont en abondance du poiffon Se des
écrevifles.
1. NOTRE-DAME, bourg de France, dans l'Age-
nois , élection d'Agen.
2. NOTRE-DAME , abbaye de France , dans l'ifle de
Ré. C'eft la même que les petits Châteliers. On la nomme
en latin Beat.t Maria, de Reaco abbatia, C'étoit une abbaye
d'hommes , de l'ordre de faint Benoît , fille de Pontigni.
Elle fut fondée au mois de Mai 1156. Depuis elle a
été unie à la maifon des prêtres de l'Oratoire de la
rue faint Honoré à Paris. Elle vaut environ fept mille
livres.
3. NOTRE-DAME ( les Montagnes) , montagnes de
l'Amérique feptentrionale , dans la Gaspefie. Elles font
toujours couvertes de neige. Leur vue caufa, dit-on,
tant de mépris aux Espagnols , qui les premiers décou-
vrirent ces côtes , qu'ils appellerent cette contrée , Capo
di nada ,. Cap de rien. De-là eft venu le nom de Canada »
qui depuis a été donné à la plus grande partie des terres
fituées au midi du fleuve S. Laurent.
4. NOTRE-DAME D'AMBROUEL, abbaye de
France, dans le diocèfe d'Angoulême, à cinq lieues de
la ville de ce nom. Elle doit fa fondation aux feigneurs
de Mont-Moreau.
5. NOTRE-DAME-DES ALLEUDS , abbaye de
France , dans le Poitou : elle eft de l'ordre de faint
Benoît.
6. NOTRE-DAME DES ANGES , autrefois million
des Jéfuites, dans l'Amérique feptentrionale, au Cana-
da, à trois quarts de lieue de Québec.
7. NOTRE - DAME DES ARDILLIERS. Voyez.
Saumur.
8. NOTRE-DAME DE BEAUPREAU, bourg de
France , dans l'Anjou , élection d'Angers.
9. NOTRE-DAME DE BEON , bourg de France ,
dans la Normandie , élection de Vire.
10. NOTRE-DAME AUX BOIS, autrement I'Ab-
baye aux Bois, ou la Franche Abbaye de Notre-
Dame aux Bois, Beata Maria in Boscisi ou in Bosco ;
abbaye de France , dans le diocèfe de Noyon , en Pi-
cardie. C'eft une abbaye de filles , ordre de Cîteaux ,
•fille de Clairvaux. Elle a été transférée dans la ville de
Paris , au fauxbourg de faint Germain.
11. NOTRE DAME DE BOIS VAYER, prieuré
de France , dans la Touraine , près de Tours. Il eft de
Tordre de Grammont , Se fut fondé par Henri II , roi
d'Angleterre. Le revenu du prieur eft de trois mille
livres.
12. NOTRE DAME DU BOIS, bourg de France,
dans la Normandie, élection de Lifieux.
13. NOTRE-DAME DE BONNE NOUVELLE.
Voyez. Orléans.
14. NOTRE-DAME DU BOURG, ou Ste Marie >
abbaye d'hommes en France , en Bretagne , au diocèfe
Se au fud-oueft de Nantes, près de Pornid , dans le
duché de Retz , vers l'Océan. Elle eft de l'ordre de faine
Auguitin.
ij. NOTRE-DAME DE BUSS1ÈRES. Voyez. Bus-
SIÈRE.
16. NOTRE-DAME DE CELLES ou Selles, ab-
baye de France , dans le Poitou. C'eft une abbaye d'hom-
mes de l'ordre de faint Auguftin §: qui fuit la reforme.
Tarn. IV. Ffffij
?96 NOT
NOT
Elle cil fîtuée à cinq lieues de Saint Maixant , fur la ri-
vière nommée la Belle. Elle exiftoit dès l'an 1 100 , puis-
qu'on trouve qu'en cette année Pierre , évêque de Poi-
tiers , lui accorda les églifes de faim Hyppolitc de Lu-
ché, de faint Martin d'Asnieres, de faint Maixant , de
Payiai le Chapt , ôc la chapelle du Poupon. Cependant
cette abbaye n'étoit alors qu'une Celle ou Cellule, qui
dépendoit encore de l'abbaye de Stirp en 1121 , que
l'évêque Guillaume , de l'avis & confentement des clercs
de la mère églife de Poitiers , y donna encore les églifes
de faint Sulpice de Teillou , de faint Hilaire de Ligné ,
de faint Sauvan & de faint Martin de Perigné. Cette
Cellule ou Celle n'eut le titre d'abbaye que vers l'an
11 37 : elle eft du moins honorée de ce titre dans une
chartre de Guillaume , évêque de Poitiers , de l'an 1 148 ,
par laquelle il oblige les chanoines de Stirp de céder
rout ce qu'ils fembloient avoir de droit dans l'églifede
Celles. Le roi Louis XI répara magnifiquement cette
églife, qui eft regardée comme une des plus belles du
Poitou. Elle a en tout dix-huit mille livres de rente : la
portion de l'abbé eft de dix mille livres.
17. NOTRE DAME DE CEZANNE, abbaye de
France , diocèfe de Troyes. C'eft un monaftere de fil-
les de l'ordre de faint Benoit. 11 y a vingt-huit rcli-
gieufest
18. NOTRE DAME DES CHAMPS, bourg de Fran-
ce, dans le Maine , élection du Mans.
19. NOTRE-DAME DE LA CHAPELLE AUX
PLANCHES. Voyez. Chapelles aux Planches.
20. NOTRE-DAME DE CHASSÉ , bourg de France,
dans le Maine , élection du Mans.
21. NOTRE-DAME DU CHASTELIER , bourg
de France , dans la Normandie , élection de Bernai.
22. NOTRE-DAME DES CH ATELIERS. Voyez.
ksCHATELIERS.
23'. NOTRE-DAME DE LA COLOMBE , prieuré
fimple Se régulier de l'ordre de faint Benoît , dans le
diocèfe d'Angers, près de Briftac. 11 dépend de l'abbaye
de Ta Trinité de Vendôme , ôc rapporte actuellement,
quitte de charges , 500 liv.
24. NOTRE DAME DE DURETAL , petite ville
ou bourg de France , avec titre de comté , dans l'An-
jou , élection de la Flèche. 11 y a un château.
iS. NOTRE-DAME DE L'EPINE , bourg de Fran-
ce , dans la Champagne , élection de Châlons. Ce n'étoit
en 1400 qu'un hameau avec une chapelle dépendante de
la paroifle de Mélay , ôc faifant partie du village de Cor-
tifou:on l'appelloit le territoire de fainte Marie, ôc il
n'étoit compofé que d'une ferme ôc d'une maifon fei-
gneuriale , qui appartenoient aux religieux de S. Jean de
Laon. Son églife , qui elt fort belle , fut bâtie à l'occafion
d'un miracle qui arriva près cette chapelle, où l'on vit
vers la fête de l'Annonciation de la même année , re-
nouveller le miracle du buiffon ardent , ce qui dura un
jour ôc une nuit : l'on trouva enfuitedans le buiffon une
petite image de la Vierge tenant fon cher fils entre Ces
bras, ôc le buiffon refta auiïï verd qu'auparavant. Ce
prodige y fit accourir une grande multitude de peuples
qui laifferent de quoi bâtir l'églife : les habirans de Mé-
lay s'y établirent , & ce lieu devint conlidérable. Louis
XI y vint en pèlerinage en 1472, ôc fit préfent à l'é-
glife de douze mille écus d'or. Les feigneurs, qui ache-
tèrent en 1550 ce lieu, le défendirent contre les Cal-
viniltes dans le tems des guerres de la Religion. En mé-
moire de cette défenfe , le curé eft obligé de faire pré-
fent de deux épées bénites au feigneur du lieu , qui les
diftribue aux jeunes gens du village qui ont gagné le
prix à la courfe. Cette églife eit un des plus grands pèleri-
nages de la France.
26. NOTRE-DAME D'ERI VAL , bourg de France ,
dans le Maine , élection du Mans.
27. NOTRE-DAME D'ESPAN , ouEsperan , ab-
baye de France , au diocèfe de Perpignan , Abbatia Bea-
tœ Mariai, de Sperano ou Esperano. C'eft un monaftere
d'hommes de l'ordre de S. Augirftin,
28. NOTRE-DAME D'ESTRÈE, ouEstrez , bourg
de France, dans le Berri . avec titre debarôhnie. Il eft
dans l'élection de Bourges, fur la rivière d'Indre , à trois
Jicues de Châtillon, Il y a un monaftere d'hommes de l'or:
dre de faint Benoît , ôc dont le revenu monte à fix mille
livres.
29. NOTRE-DAME D'EU. Voyez. Eu.
30. NOTRE-DAME DE FRESNAY , petite ville
de France , dans le Maine. Il y a un grenier à fel.
3 1. NOTRE-DAME DE GONTAUD , bourg de
France, dans l'Agenois, élection d'Agen.
32. .NOTRE-DAME DE GRACE. Voyez. Cam-
brai.
33. NOTRE-DAME DES HERM1TES, prieuré de
France , dans le diocèfe de Châlons , à une lieue de Vas-
fy, dans la forêt qui eft voifine. Il fut fondé en faveur
de Drogon , hermite , par Blanche de Navarre , com-
teffe de Champagne. 11 a été conventuel ôc d'un revenu
confidérable ; mais fes biens ont été pris ou aliénés pen-
dant les guerres de la religion : il ne vaut plus que trois
cens livres de rente.
34- NOTRE-DAME D'ISSOUDUN. Voyez. Issou-
DUN.
35. NOTRE-DAME DE LANDRECY, abbaye de
France , dans la Champagne , au diocèfe de Châlons.
C'eft un monaftere de filles de l'ordre de S. Benoit , fon-
dé en 1 1 3 1 , par Simon de Broyés , feigneur de Bay. 11 y
a trente-trois religieufes.
36. NOTRE-DAME DE LISIEUX. Voyez. Li-
SIEUX.
37. NOTRE-DAME DU MONT , bourg de Fran-
ce , dans le Poitou , élection des Sables d'Olonne.
38. NOTRE-DAME DE MONTENEGRO, pè-
lerinage en Italie , à quatre ou cinq milles à l'eft de Li-
vourne , fur une montagne très-haute. C'eft un lieu d'une
très-grande dévotion , ôc dont l'accès feroit presque im-
poiTible, fans les travaux que le grand duc ôc d'autres per-
fonnes dévotes ont fait faire pour rendre le chemin pra-
ticable , même aux calèches. Il y a un couvent qui eft:
fort joli , en bon air Se en belle vue. C'eft la plus gran-
de dévotion de Livourne ôc de tous les environs. On y
conferve une image de la fainte Vierge , qui eft une fource
intariffable de prodiges ; aufli y a-ton recours de toutes
parts , ôc les tableaux ou autres marques d'actions de grâ-
ces tapiflent toute l'églife ôc toutes les chapelles. * La-
bat , Voyage d'Italie , t. 7. p. 122.
39. NOTRE-DAME DE MONTS ET AIGRE,
bourg de France , dans l'Angoumois , élection de Lou-
dun.
40. NOTRE-DAME DE TROIS MOUTIERS,
bourg de France y dans la Touraine , élection de Lou-
dun.
41. NOTRE-DAME DE NANTILLE. Voyez. Sau-
MUR.
42. NOTRE-DAME DU NID D'OISEAU , Nidus
Avis , abbaye de filles , en France , de l'ordre de faint
Auguftin , dans l'Anjou , diocèfe d'Angers , entre Craon
ôc Château-Gonthier.
43. NOTRE-DAME DE LA NOUE. Voyez, la
Noue.
44. NOTRE-DAME D'OLONNE. Voyez. Olon-
NE.
4;. NOTRE-DAME D'ORBEC, ville de France,
dans la Normandie , élection de Lifieux , avec titre de
vicomte. Voyez. Orbec.
46. NOTRE - DAME DE PAREDE. Voyez. Pim-
■nrc
47. NOTRE-DAME DU PÉ , bourg de France, dans
l'Anjou , élection de la Flèche.
48. NOTRE-DAME DES PIERRES , Beata Maria
de Pétris , abbaye de France, au diocèfe de Bourges, dans
laparoiffe de faint Paul Sidiables , dans une vallée affreu-
fc. C'eft une abbaye d'hommes de l'ordre de Cîteaux , ôc
fille d'Aubepierre , fous Clairvaux. Elle fut fondée l'an
1149, des bienfaits de Raoul & d'Ebon , princes de
Déols : elle a reçu auffi beaucoup de biens d'Adélard de
Château-MeiTin(ûte Caftro Meiiano ), ôc de Marie Agnès ,
première prieure du monaftere d'Ourfan , ( Urf.r/iienfîs
Tarthenoriu)ox.fcz Se fille de Fontevrault& des feigneurs
de Culent.
49. NOTRE-DAME DE LA PIERRE , Tetra Ma*
ruina , abbave d'hommes , ordre de faint Benoît , eu
Suiffe, danslcvêché de Bâle, entre cetévèché ôc l'Ai-
face.
NOT
NOV
jo. NOTRE DAME DES TREIZE PIERRES, lieu
de France , dans le Rouergue. Ceit un pèlerinage très-
fréquente, pioche de Ville franche. Ce font des prêtres
féculiers qui defiervent cette églife.
ji. NOTRE-DAME DU PORT, petite ville de Fran-
ce, dans l'Agenois, élection d'Agen.
52. NOTRE-DAME DU PRÉ, abbaye de France ;
dans la Normandie , diocèfe de Lifieux , en latin Beau
Maria de Frato abbatia. C'eft un monaftere de filles de
l'ordre de S. Benoît, dans le fauxbourg de S. Difier,à
Lifieux.
;5. NOTRE-DAME DES PRES , abbaye de France ,
dans la Champagne , au diocèfe Se près de Troyes. Ceit
un monaftere de filles de l'ordre de Cîteaux , filiation
de Clairvaux. Il n'a le titre d'abbaye que depuis l'an
123J, que des religieufes s'étant établies dans cet en-
droit de la Champagne , furent obligées d'embraffer la
règle de Cîteaux, quoiqu'il y eût alors, vingt-cinq re-
ligieufes. Cette maifon n'a que deux mille liv. de rente.
j4. NOTRE-DAME DE PROVINS. Voyez. Mont
Notre-Dame.
;;. NOTRE-DAME DE RIÈ , bourg de France,
dans le Poitou , élection des Sables d'Olonne.
56. NOTRE-DAME DE LA ROE , abbaye de chanoi-
nes réguliers, dans l'Anjou, diocèfe d'Angers, vers le
couchant.
57. NOTRE-DAME DE ROQUEMADOUR.
Voyez. ROQUEMADOUR.
58. NOTRE-DAME LA ROYALE , abbaye de Fran-
ce , au diocèfe de Paris , élection de Beauvais , à un quart
de lieue de Pontoife. C'eft une fort belle abbaye de fil-
les de l'ordre Se de la filiation de Cîteaux. Elle eft de
l'étroite obfervance. Elle fut premièrement fondée en
1241 , par Blanche de Caftille , mère de faint Louis ,
dans un lieu appelle Aulnaii Se après que cette reine , en
a 245 , eut acquis la terre de Maubttiffon, qui a donné
le nom à l'abbaye, les religieufes furent incontinent trans-
férées dans ce lien.. Elle vaut cinq mille livres de rente à
l'abbeffe.
j9. NOTRE-DAME ET SAINT COSME DU
VERD, bourg de France, dans le Maine, élection du
Mans.
60. NOTRE-DAME DE SAINT DISIER , abbaye
de France , dans la Champagne , au diocèfe de Châ-
lons. C'eft un monaftere de filles de l'ordre de Cîteaux ,
fondé par les comtes de Champagne. Il y a quinze
religieufes qui jouiffent de quinze mille livres de
rente.
61. NOTRE-DAME DE SAINTES , abbaye royale
de France, en Saintonge. Elle fut fondée en 1047 , par
le comte Gaufrai Se Agnès, fa femme, dans un fauxbourg
de la ville de Saintes , en l'honneur de faint Sauveur Se
de la fainte Vierge. Elle eft occupée par des filles de l'or-
dre de S. Benoît. Cette abbaye eft très-riche.
62. NOTRE-DAME DE SENILLY, bourg de
France , dans la Normandie , élection de Courance.
Ce lieu dépend de l'abbaye d'Aulnai , ordre de faint
Bernard , diocèfe de Baveux.
63. NOTRE DAMÉ DE SONNEBEKE , abbaye
de chanoines réguliers , en Flandre , au diocèfe Se à
deux milles d'Ypres.
64. NOTRE-DAME DU TIL , bourg de France, dans
la Picardie , diocèfe Se élection de Beauvais.
6$. NOTRE-DAME DU VAL, abbaye de France ,
entre Pontoife Se l'Ifle Adam , à huit lieues de Paris. C'eft
une abbaye d'hommes de l'ordre de Cîteaux , fille de la
Cour-Dieu. Elle fut fondée le dix fept des calendes de
Décembre 1 143. Son revenu eft de fix mille livres. Elle
eft entièrement unie à la maifon des Feuillans de la
me faint Honoré à Paris. Son nom latin tiïVallis Bea-
tœ Marix.
66. NOTRE DAME DU VAL , Beata Maria de
Valle , abbaye d'hommes , en France , de l'ordre de S.
Augufiin , en Normandie , au diocèfe de Baveux , près
de la rivière d'Orne . fur la droite , à fept lieues au
midi de Caè'n. Elle fut fondée l'an iifv-
67. NOTRE-DAME DU VAL DES ECOLIERS,
abbaye de Fiance , dans la Champagne , diocèfe de Lan-
ces. C'étoit autrefois un prieuré fimple : il fut érigé en
abbaye en 1639, Se uni en meme-tems à la congréga-
*97
non des chanoines réguliers de France. L'abbé eit régu-
lier , Se l'abbaye jouit de quatre mille livres de rente
68. NOTRE-DAME DU VAL DE PARADIS, ab-
baye de France , dans la Picardie. Elle fut fondée près
dAbbeville, en n9o, par Enguerrand des Fontaines,
fenechal de Ponthieu. Elle a été transférée dans la ville
d'Abbeville, où elle eft à préfent. Ceit un monaftere
de religieufes de l'ordre de Cîteaux.
69. NOTRE-DAME DU VAL SAINTE CROIX.
Voyez. Val Sainte.
70. NOTRE-DAME DE VALENCE. Voyez. Va-
lence.
71. NOTRE-DAME DE LA VEGA, abbaye de
filles , ordre de faint Benoît , dans la Galice , en Espa-
gne , au diocèfe d'Oviedo.
72. NOTRE-DAME DE VERTU, Beau Mari*
deVirtute ou de Virento Abbatia, abbaye de France,
dans la Champagne , au diocèfe de Châlons , Se dans le
bourg auquel elle donne le nom, Ceit une abbaye
d'hommes de l'ordre de faint Augufiin. Elle vaut pal-
an 3000 liv. à l'abbé.
73; NOTRE DAME DE VICO, abbaye de Tordre
de Cîteaux , de la congrégation de Lombardie , dans le
Piémont , à un mille de Mondovi. On y voit la fépul-
ture de plufieurs ducs de Savoye.
74. NOTRE-DAME DU V(EU , ou Valace , ab-
baye de France , dans la Normandie , au diocèfe de
Rouen. C'eft une abbaye d'hommes de l'ordre de Cî-
teaux. Elle fut fondée en 1157, par Valeran, comte
de Meulan. Mathilde , mère du roi Henri II, lui a fait
beaucoup de bien. Elle jouit de trente mille liv. de rente.
NOTTINGHAM, ville d'Angleterre, dans le Not-
tinghamshire, dont elle eft la capitale. Cette ville eft
fiuuée fur la rivière de Tient pu Trente , à quatre-
vingr-feize milles de Londres : elle eft fort agréable Se
bien bâtie. Il y a trois paroiffes Se un château d'Angle-
terre ou de la Couronne. La place du marché eft très-
belle. * Etat préfent de la Grande Bretagne , r. 1. p. 98
NOTTINGHAMSHIRE , province d'Angleterre \
au diocèfe d'Yorck , dans les terres. Elle a cent milles
de tour, Se contient environ cinq cens foixante mille
arpens , Se dix-fept mille cinq cens cinquante-quatre mai-
fons. L'air y eft pur ; mais le terroir n'eft pas le même
par tout. Au fud-eft elle eft fertile , Se à l'oucft elle eft
pleine de bois Se de mines de charbon de terre. C'eft
dans cette province que fe trouve la famenfe forêt de
Shervood. Outre la Trente , rivière qui fépare cette
province de Lincolnshire , il y a l'Iddle Se quelques
ruiffeaux.
Les villes Se bourgs où l'on tient marché , font
Nottingham la capitale,
Newarft ,
Retford ,
Mansfield ,
Southwell,
Bingham ,
Tuxford ,
Woïkfop.
NOVA ou ad Novas , ville de la Mauritanie Tin-
gitane : elle eft , félon l'itinéraire d'Antonin , fur la routé
de Tocolofida à Tingis , entre Oppidum novitm Se ad
Mercurii, à trente-deux milles de la première, Se à
douze milles de la féconde.
NOVA, ville de l'Afrique propre, félon S. Auguftin
Se S. Cypricn , cités par Ortelius , Thef.
NOVA BARBARENSIS. Voyez. Nobabarbaren-
SIS.
NOVA CIVITAS, ville d'Italie , à quatre mille pas dé
Modene, félon Sigonius, Reg. ItalU. Ortelius , Thef.
dit qu'on la nommoit auîfi Geminianx.
NOVA CIVITAS ARRU ClTftNA. Voyez, Aruc-
ci Se Moura.
NOVAGERMANÏA, ou Noba Germanîa , ville
épiscopale d'Afrique, dans la Numidie. Florentins No-
ba Germanienfis eft nommé dans la notice dAfriquc
parmi les évêques de la province de Numidie. Cette
Nova Germania étoit différente d'une autre Germania
dont il elt parlé plus bas dans la même notice. Senîo-
res Nova. Germanix font nommés jusquà deux fois dans
le code des canons de l'Eglife d'Afrique, Can. iooi
NOVA PETRA, ville épiscopale d'Afrique-, dans la
Numidie. L'itinéraire d'Antonin la place fur la route de
S9%
NOV
NOV
Thevifte à Sitïfis par Lambèfe , entre Diana Se Gcrnel-
J<e , à quatorze milles de la première , Se à vingt-deux
railles de la féconde. Dativus eft qualifié ephcopus hlo-
vapetrenjïs dans la conférence de Carthage.
NOVA SPARSA ou Noba Sparsa , ville de l'Afri-
que propre. L'itinéraire d'Antonin la met fur la route
de Lambèfe à Sitifis , entre Taduttis & Gemellœ , à
trente-deux mille pas delà première, Cv -à vingt-fept
mille de la féconde. Félix Nobasparjenfis eft nommé
dans la notice des évêchés d'Afrique parmi les évêques
de la province de Numidie.
NOVA URBS , en grec Newro*/s , ville de Thrace.
Hérodote, 7. 7. c. 122. la met aux environs de Pal-
lene.
1. NOV AL, en grec New», ville de la Bafle-Mœfie*
Ttolomée, /. 3. c. 10. la place fur le Danube , entre
Diacum Se Trimanium. L'itinéraire d'Antonin la met
fur la route de Viminacium a Nïcomédie , en prenant le
Jong du rivage de la mer, Se placée entre D.mon Se
Scaidava, à dix-fept milles de la première ,Se à dix- huit
de la féconde. C'etoit la demeure de la première 'légion
Italique. Marcellinus Cornes l'appelle Novenfis ùvi-
tas , Se Lazius, Novomom. * Ortel'u Thef.
z. NO VAL j ville de la féconde Mœfie , félon la no-
tice des dignités de l'Empire , fett. 29. Parmi les éve-
ques qui fouferivirent à la lettre adreilée à l'empereur
Léon , on voit la foufeription de Petrus Novenfis. *
Harduin. ccilect. conc. t. z. p. 711.
3. NOV AL , ville de la Haute-Mœfie. L'itinéraire
d'Antonin la met fur la route de Viminacium a Nïco-
médie , entre Qippœ Se Talia , à vingt-quatre milles de
la première, Se a douze milles de la féconde.
4. NOV/E, ville de la féconde Pannonie, félon la
notice des dignités de l'Empire , feu. $6. L itinéraire
.d'Antonin la place fur la route de Taurunum , dans les
Gaules , en prenant le long de la côte , & il la met
entre Murfa Se Amiante , à vingt-quatre milles de la
première , & à vingt trois milles de la féconde.
j. NOV^£ ou ad Novas , ville de Macédoine, fé-
lon l'itinéraire d'Antonin , qui la met fur la route d'J-Jy-
drus à Aidon , entre Apollonia Se Claudiante , à vingt-
cinq milles de celle-ci, Se à vingt quatre de la pre-
mière.
6. NOV.E ou ad Novas , ville d'Espagne , que l'iti-
néraire d'Antonin place fur la route dAftorga à Tar-
ragone , entre llerda Se le lieu nommé ad feptimum de-
cimum , à dix-huit milles de la première. Se à treize
milles de la féconde.
NOV^E AQUILONLE ou Aquiuanje , lieu de l'A-
frique propre, félon l'itinéraire d'Antonin, qui la met
fur la route de ToJulofida à Tingis , entre Oppidum no-
vum Se ad Mercurii , à trente-deux milles de la premiè-
re , Se à douze milles de la féconde.
NOV^E AUL^E ou Theodosiupolis. Le concile de
Chalcédoine fait mention de cette ville , fans marquer
de quelle province elle étoit. Ce pourroit être la même
ville que la notice des dignités de l'Empire appelle l'hco-
dofiopolis , Se qu'elle place dans la Méfopotamie. * Or-
te/h Thefaur.
N OU AILLE ( La ) , bourg de France , dans le Limou-
fin , électionde Gueret. Ce bourg eft fitué dans le Limou-
fin j mais une bonne partie des villages qui en dépen-
dent font dans la Haute- Marche. La cure dépend du
chapitre de faint Etienne de Limoges. Le terroir de cette
paroifle eft très- fertile.
i.NOU AILLÉ. V0yez.NoMi.1i.
z. NOUAILLÉ ou Saint Sauveur de Noaillé ,
bourg de France, dans le pays d'Aunis, élection de la
Rochelle.
NOVALE , petite ville ou gros bourg d'Italie , entre
Padoue & Trévife. Ce lieu pafie pour être riche & eft
bien peuplé. '* Leander , Defcript. di tuta ltalia , pag.
480.
NOV ALESE ou Novaleso, bourg du Piémont, dans
le marquifat de Suze ( >), au pied du mont Cenis , fur le
torrent de ce nom. On y voit une abbaye de l'ordre de S.
Btaoît (b), fondée par Frodonius , prince du iang de
France, Se augmentée confidérablement par Charlcma-
gnc. Plnfieurs abbayes d'Italie, de France & d'Espagne
€n dépendoient autrefois. 11 y a une Chartreufe près de
ce bourg, (a) Leander , Defcr. di tuta ltalia , pag. 4c 6.
(b) Corn. Dict.
1 . NOUAN , bourg de France , dans l'Orléanois , éle-
ction de Beaugency.
2. NOUAN , bourg de France, dans la Touraine , éle-
ction de Loches.
NOVANA , ville d'Italie , dans le Picenum , félon
Pline, A3, c. 13. Quelques manuferits portent Nobana.
On croit que c'eft aujourd'hui Citia Nova.
NOV ANT 'AL , ou Novantes , peuples de l'ifle d'Al-
bion , félon Ptolomée, /. z. c. 3. qui les place dans la
partie feptentrionale , Se leur donne deux villes } fa-,
voir ,
Lcucopibia Se Retigonium.
NOVANTRIUM FORUM, ville d'Italie. Ortelius,
Ihejaur. foupçonne que ce pourroit être la ville Nova-
na de Pline. Dans le tréfor de Goltzius , on lit une an-
cienne infeription, qui porte ces mots : Forum No-
vant.
NOVANTUM CHERSONESUS. Ptolomée , /. z.
c 3. donne ce nom à une contrée de la partie feptentrio-
nale de Tifle d'Albion.
NOVANTUM PROMONTORIUM , promon-
toire de rifle d'Albion , félon Ptolomée , qui le place
dans la partie la plus feptentrionale, au pays des No\
vantA.
NOVANUSFLUVIUS, fleuve d'Italie , dans l'Um-
brie , au territoire de Pitinum , au-delà de l'Apennin*
Pline , /. z. c. 103. dit qu'il s'enfle dans tous les folfti-
ces , Se qu'il fe defléche tous les hivers. Le père Har-
douin croit qu'on doit lire Vomanus au lieu de Nova-
nus ; parce que Pline parle ailleurs,/. 3. c. 13. d'un
fleuve nommé Vomanus dans le Picenum y au-delà de
l'Apennin.
NOVARE ou Novara , ville d'Italie , dans le du-
ché de Milan , & la capitale du Novarèfe , petite con-
trée à laquelle elle donne fon nom. Les anciens l'onr
nommée Novaria, Se il en eft fait mention dans un*
ancienne infeription qui fe conferve à Rome ,
C. Livius. C. F.
J u s t u s.
Novaria. Mil.
Cho 1111. pr.
£). Licini. Milit.
Ann.XVlIII.
Vix. an. XXVII.
H.S.E.T.F.I.
* Paittli Meruh Cosmogr. part. z. 1. zl
Le livre des origines, attribué à Caton, porte que cette
ville fe nomma anciennement Aria , Libya Se Leonlina.
D'autres veulent qu'elle fut fondée par Eltius Troyen ,
fils de Venus, Se qu'il nomma Novaria pour Nova Ara ;
parce qu'il y avoit élevé un temple dédié à Venus. Pline
dit cependant qu'elle fut bâtie des ruines de la ville Ver-
tacomacori , dans le pays dcsVocont.i, Selon Tite-Live,
c'eft une des colonies forties des Gaules , Se envoyée
par le roi Ambigate, 613 ans avant J. C. fous la conduite
de Bcllovèfe. C'eft auïfi à ce général que Jnftin attri-
bue la fondation de Novare. Quoi qu'il en foir, cette
ville qui eft le fiége d'un évêque fuffragant de l'arche-
vêché de Milan , eft bâtie fur une petite colline. Elle
demeura long-tems fous la piiifTance des ducs de Milan ,
après quoi elle fut poflédée fucceflivement par les de
la Torre , par les Visconti , par les Sforce , par les
François Se par les ducs de Parme. Ce fut dans le châ-
teau de cette ville , que Louis Sforce , duc de Milan ,
fur arrêté prifonnier en 1500 par les Suifles , Se livre
aux François qui l'emmenèrent en France , où il mou~
rut.
Entre les grands hommes que cette ville a produits,
on compte Albutius Silon , célèbre orateur du rtms
d'Augufte. Mérula ajoute qu'elle a donné la naifiance
à Pierre Lombard , évêque de Lyon , dit le maître des
fentencesj mais Fleuri marque feulement qu'il étoit ne
pi es de Novare. Mérula erre encore en difant que
Pierre Lombard fut évêque de Lyon t efisçopitm Lug*
NOV
NOV
dunetifem : il fut évêque de Paris en 1 1/9 ou 11 60;
Se mourut en 1164, comme le porte fon épitaphe,
qui fe voit en l'églife de faint Marcel de Paris , où
il fut enterré.
NOVARESE , petite contrée d'Italie, dans le duché
de Milan. Elle eft bornée au nord , partie par les val-
lées de Seflla , ôc partie par celles d'Ouola ; à l'orient
parle Milanez propre ; au midi par le Vigevanasc , ôc
à l'occident par le Piémont. Les principaux lieux de
cette contrée , font
Novara , Borgomanero , Trccafte , Se Biandrate.
Orta , Romagnano , Silavengo ,
NOVARIA , ville de l'Infubrie. Ptolomée /. 3. c 1.
& Pline /. i.c. 17. parlent de cette ville. C'eft aujour-
d'hui la ville de Novàre. Voyez, ce mot.
NOVASENNENSIS, Novasumensis , Novasi-
nensis ou NoBasinensis, ville épiscopale d' Afrique,
dans la province de Numidie. Rcjlitutus elt qualifié épis-
copia plebis Novafmenjîs , dans la conférence de Cac-
thage , n. 1 1.1 .
NOUDARD, bourg de Portugal, dans la province
d'Alentejo. Il eft fitue à l'orient de Mouraon fur la
rivière d'Ardita , Ôc défendu par un château. * Délices
de Portugal , tom. y. p. 798.
NOUDAUGUSTA, ville d'Espagne, chez les Are-
vac&y félon Ptolomée, /. 2. c. 6. Pline, /. j. c. 3. la
nomme Nova Augufia.
NOUE (La), abbaye de France , dans la Normandie ,
au diocèfe d'Evreux , entre cette ville ôc celle de Con-
ches, fur un ruiffèau qui va de Conches à Evreux. C'eft
une abbaye d'hommes de l'ordre de Cîteaux , fous la
filiation de Jouy. On rapporte fa fondation au premier
de Janvier n 44, ôc on l'attribue à l'impératrice Ma-
thilde. Cette abbaye vaut huit mille livres par an à
l'abbé.
NOVÉ ou Novi , petite ville duRovaume de Prune,
dans le palatinat de Culm, deux lieues au-delTous de
Graudentz. Elle eft fituée fur une montagne , dont la
Viff ule , qui commence à s'élargir dans cet endroit , lave
le pied. * La Forêt de Bourgon , Géograph. hift. t. 2,
p. 30.
1. NOVELLARE , petite ville d'Italie, dans le comté
de même nom , dont elle eft le chef-lieu. Elle eft fituée
entre Guaftalla vers le nord, Carpi à l'orient, Reggio
au midi , ôc Verceil au couchant. Elle a un affez beau
château , où le comte fou fouverain fait fon féjour or-
dinaire.
2. NOVELLARE , petite contrée d'Italie, avec ti re
de comté, au midi du duché de Gualtalla, ôc encla-
vée dans le duché de Reggio. Ce comté eft poffédé
par une branche cadette de la maifon de Gonzague ,
ifllie de Louis III de Gonzague , marquis de Mantoue.
Cette branche de la maifon de Gonzague s'étant éteinte
en 1728 , l'empereur dispofa en 1757 du convé de No-
vellare en faveur du duc de Modene , auquel il le
donna en fief.
NOVEMPAGI , ville ancienne de la Toscane. Pline,
1. 3. c. 5. la met dans les terres, ôc Leander foutient
que c'eft aujourd'hui Bagnarea. Il reprend Volaterra-
nus de l'avoir nommée Dccempagi au lieu de Novcrn-
pagi. L'un ôc l'autre difent que dans le moyen âge ,
elle fut connue fous le nom de Balneoregium , ôc que
le roi Didier la nomma Roda. * Ortelii Thefaur.
NOVEMPOPULANIE , nom qui fut donné ancien-
nement à une grande contrée de la France. L'Aquitai-
ne , du rems de Jules Céfar , étoit renfermée entre la
Garonne , les Pyrénées ôc l'Océan. Augufte l'érendit
jusqu'à la Loire ; ôc elle demeura long-tems en cet état ,
ne formant qu'une feule province. On croit que , fous
Conflantin le Grand, elle fut divifée en deux provin-
ces, qui fureur nommées Aquitaine ôc Novempopula-
nie. Enfin quelque tems après, toutes les terres qu'Au-
gufte avoir renfermées dans l'Aquitaine , furent divi-
fées en trois provinces , qui furent nommées l'Aquitaine
première, l'Aquitaine féconde ôc la Novempopulanie.
Ce fut Adrien qui fit cette dernière divifion , lorsquil
multiplia les provinces des Gaules, où il jugea à pro
pos de mettre un grand nombre de gouverneurs, afin
?99
de contenir plus aifément les peuples. On appella a ors
Novempopulanie, l'ancienne Aquitaine ou l'Aquitaine
proprement dite, qui comprenoit du tems de Céfar les
terres qui le rrouvoient entre la Garonne, les Pyrénées
& l'Océan. Rufus Feftus , in Breviar. rer. gefl. Populï
Rom. appelle cette province Novempopidana. La no-
tice de l'Empire fe fert tantôt du nom de Provincia
Novempopidunu , tantôt de celui de Novcmpopuli : les
anciennes notices des provinces des Gaules difent Pro-
vincia NovempopuLma : Grégoire de Tours, Hift. I. 2.
c.15. emploie le nom de Nevempopulana: une ancienne
inscription confervée dans le recueil de Goltzius, porte
Gemem Poptdanam\ &dam le concile d'Aquilée, aufii-
b/en que dans le décret que l'empereur Hon< riusadrefia
à Agricola , préfet des Gaules, cette province eft ap-
pelle Novrmpopitlania. C'elt le nom que les écrivains ,
qui font venus depuis , lui ont donné plus communé-
ment , quoiqu'ils fe foient aulïï fervis de celui de No-
vempopuli. Ces neuf»peuples étoient, à ce que croit de
Valois, Notit. Gai. p. 381.
Elitfates y
A 11. ici ,
Aqjfenfes ou Aqiàtani ,
Lacloraies ,
Convenu ,
Conforani ,
Tarbelli ou Boates ,
Vafates ,
Bigerrones ou Bigerri.
* Cordcmoy , Hift. de France, t. 1. p. 63.
Ce font encore aujourd'hui les peuples les plus con-
fidérables de cette province , du moins fi on en excep-
te les Elufates, Quant aux Benarnenfes , Aturenjes Se
Eloronenfes , qui fe trouvent aufli renfermés dans les
mêmes bornes , ce font des noms de villes , plutôt
que de peuples. Ortelius , Thef. place mal à propos dans
la Novempopulanie les Vwuci, peuples cnnfidérables
dans la féconde Aquitaine , les Medulli ôc les Boii »
petits peuples qui n'ont jamais fait grande figure, ôc
dont on ne connoît guère que les noms. En effet , Bor-
deaux étoit la capitale des BiairigesVivisci, de qui dé-
pendoient les Medulli ôc les Boii. Quoiqu'ils raflent
au-delà de la Garonne , ôc aux confins de la Novempo-
pulanie , ils étoient cependant compris fous la féconde
Aquitaine.
Ifidore , dans la notice des Gaules qu'il publia vers
l'an 800 , donne à la Novempopulanie le nom de troi-
fiéme Aquitaine, Provincia Aquitania tcrri.r, nom nou*
veau, mais qui paroiffoit aflèz convenir. D'autres l'ont
appcllée Provincia Aitscenfis ou Auscitana , ôc quel-
quefois même Amplement Auscitania , du nom de la
ville d'Ausch, qui étoit la capitale ôc la métropole de
la province. Enfin les modernes par corruption ont
écrit Auxitana ôc Auxitania.
Sous les règnes qui précédèrent celui de Chilperic II ,
les Gascons , quittant leurs montagnes , ôc ne fe con-
tentant plus de faire des courfes fur les terres de France ,
s'étoient rendus maîtres du pays ôc des villes entre la
mer , la Garonne ôc les Pyrénées. La Novempopula-
nie commença alors à s'appeller Gascogne , du nom
de fes vainqueurs ; ôc ce n'eft en effet que vers le tems
de Chilperic II , que les Hiftoriens commencèrent à
l'appeller ainfi. Les Gascons avoienr alors à leur tête un
duc, nommé Eude, que les uns font François & les autres
Espagnol. Quel qu'il fût , c'étoit un très-habile hom-
me, qui avoir profiré des guerres civiles de la France,
ôc du mauvais état du gouvernement, pour fe faire duc
abfolu ôc indépendant des Gascons ôc d'Aquitaine. Il
pouffa fes conquêtes fi loin , qu'il laiffa peu de chofe
aux François au-delà de la Loire.
NOVÊM TURRES. C'eft ainfi que Diodore de Si-
cile nomme un lieu de la Sicile, où il dit que le roi
Gelon fut enterré. Ce lieu étoit à deux cens ftades de
Syracufe, félon Ortelius , ibefaur.
NOVEM VL€. Voyez, Amphipolis.
NOVENS , bourg de France , avec château , dans le
Maine , élection du Mans.
NOVENSIS C1VITAS. Voyez, Nova.
NO VENSIS , iïége épiscopal d'Afrique, dans la Mau-
ritanie Céfarienne , félon la conférence de Carrhage,
où on trouve Félix Novenfis. * Harduin. collecF. concj
C. I. p. un.
£oo NOV
NOVERUS, NABARUS ou Novarus , ancien
bourg ou village de France, dans la Saintonge , au-delà
de la Charente , par rapport à Bordeaux. C'eft dans
ce lieu qu'étoit fituée la maifon d'Aufone (a). On croie
que c'eft aujourd'hui le village appelle (b) ies Nouliers.
(a) Aufon. Epift. 23. (b) Vinetus , in Aufon. epift.
NOVESIUM. C'eft le nom ancien de la ville de
Nuvs, dans l'électorat de Cologne. Voyez. Nuys.
NO VI, petirc ville d'Italie, autrefois dans le Mila-
nez , aujourd'hui dans la partie la plus feptentrionale
de l'état de Gènes, au nidi delà ville de Tortone. Les
Génois s'emparèrent de Novi vers le milieu du feizié-
me flécle , à la faveur des troubles qui agitoiem l'Ita-
talie. * V;J]er , Carte du Milanez.
NOV1A , ville d'Italie. On trouve dans le tréfor de
Goltzius, une ancienne inicription qui fait mention de
cette ville ; Se Lazius, l.$.R. P. Roman, ditquecette
inicription fe conferve à Urbin en Italie. On la voit auiïï
dans le recueil de Smécc. * Ortelii Thefaur.
NOVI-BASAR du Jeni-BasAr , ville de la Turquie,
en Europe, dans la Servie, aux frontières de l'Herzé-
govine. Elle eft fituée fur la rivière de Rasca , entre
Urchupou Précop à l'orient , & Pleusglie à l'occident.
1. NOVIDUNUM, ville fur le Danube, aux envi-
rons du pays de Grutungi , félon Ammien Marcellin ,
l. 27. p. 36;.
2. NOVIDUNUM, nom latin de la ville de No-
G£NT le Rotrou. Voyez, ce mot.
i. NOVIENTUM. Voyez. Ebersmunster.
2. NOVIENTUM , village de France aux environs
de Paris. Surius en fait mention dans la vie de faint
Rémi * Ortelii Thefaur.
NOVIGENTUM , petite ville de France fur la Mar-
ne. Il en eft parlé quelque part dans Grégoire de Tours
de dans la vie de faint Germain , éveque de Paris. Quel-
ques manuferits portent Nunigentum. Il fe pourrait fai-
re que ce feroit le même lieu que Novientum.
Voyez, ce mot, n° 2.
1. NOVIGRAD, ville de la Haute-Hongrie, dans
le comté de même nom , dont elle eft le chef-lieu. Elle
eft bâtie fur une colline environ à deux milles du Da-
nube à l'orient de ce fleuve. * Atlas , Rob. de Vaugonây.
2. NOVIGRAD , contrée de la Haute-Hongrie ,
avec titre de comté. Elle eft bornée au nord , partie par
le territoire des fept villes des Montagnes , partie par
quelques terres du comté de Hont ; à l'orient par le
comté de Hont; au midi parle comté de Peft , Se à l'oc-
cident , partie par le comté de Bars, partie par le Danube.
3. NOVIGRAD, lac de la Dalmatie , au fond du
golfe de la Morlacca; il tire non nom de la ville de
Novigrad, bâtie fur l'un de Ces bords. Il reçoit à l'o-
rient les eaux de l'Obrazzo, & celles du lac Carin ; au
midi celles de la rivière de Novigrad , & à l'occident,
il fe décharge par un long canal dans le golfe de Mor-
lacca. Il y à dans ce lac divers écueils tous voifins de la
terre , & fur lesquels fe trouvent quelques habitations.
* Coronclli , Carte de la Dalmatie.
4. NOVIGRAD , petite rivière ou torrent de la
Dalmatie. Elle fe jette dans le lac de même nom , à
l'occident de la ville de Novigrad.
5. NOVIGRAD , ou Stretto di Novigradi , détroit
dans la Dalmatie : c'en: par-là que les eaux du lac de
Novigrad fe déchargent dans le golfe de Morlacca.
6. VOVIGRAD ou Novegradi , ville de la Dal-
matie, fur la rive méridionale du lac de même nom. Elle
eft fortifiée & bâtie fur une éminence.
7. NOVIGRAD, petite ville, ou plutôt château,
de la Croatie, fur la rivière de Dobra , à l'occident de
Çarlftat. * Atlas, Rob. de Vaugondi.
NOVILIACUM ou Nobiliacum, c'eft le nom la-
tin du bourg de NoailJé , en Poitou. Voyez. Noaille.
NOVIODUNUM OPPIDUM SUESSONUM ,
Soi fions , ville de France, & non pasNoYON, dont le
nom chez les anciens n'a jamais été Noviodunum , mais
Noviomagus , ou Neomagus Verom anduorum.
Voyez Soissons Se No von.
'NOVIODUNUM ,£DUOPvUM. Il eft incertain fi
ectre ville éroit où l'on voit aujourd'hui Nevers. Quel-
qu'un du Bourbonnois a promis de prouver que ce No-
NOV
v'iodunum étoit plus proche de la fource de la Loire que
n'eft Nevers. * Notes manuscrites de Lebeuf
NOVIODUNUM BITURIGUM, ville des Gaules,
chez les anciens Bituriges. Quelques uns croient qu'elle
étoit où eft Neuvi fur Baranjon ; d'autres que c étoit où
eft placée aujourd'hui la ville de Sancerre. Lancelot eft
d'avis que ce foit Nouan le Fuzelier qui repréfentece
Noviodunum. * Mém. de l'Acad. des Belles-Lettres ,
t.;. p. 643.
NOVIODUNUM DIABLINTUM. Voyez. Nogent-;
LE-ROTROU.
NOVIODUNUM TRICASTINORUM ou Trecas-
tinorum. Voyez. Saint-Paul-trois-Chateaux.
NOVIODUNUM ou Nuiodunum, ville de la Bafle-
Mcefie. Ptolomée, /. 3. c. 10. la place dans l'endroit
où le Danube fe partage en diverfes branches qui for-
ment ces différentes bouches. L'itinéraire d'Antonin la
met fur la route A'Arrubium à Nicomcdie , entre Dini-
gulliaSe JEgifon, à vingt milles de la première, Se à
vingt-quatre milles de la féconde.
NOVIODUNUM , ville de la Pannonie. L'itinéraire
d'Antonin la place fur la route à'/Emona à Su mu m ,
entre Pr&torium Latovicorum Se Quadratum , a trente
8c un milles tde la première , Se a vingt huit miîlev de la
féconde. On croit que c'eft aujourd'hui Krinbmg.
NOVIOMAGUS BATAVOilUM. Voyez. Nimfgue.
NOVIOMAGUS NEMETUM. Voyez, Nemetes
Se Spire.
NOVIOMAGUS TREVIRORUM. Voyez. Nu-
MAGEN.
NOVIOMAGUS TRICASTINORUM ou Trecas-
tinorum. Voyez. Saint-Paul-trois-Chateaux.
NOVIOMAGUS VEROMANDUORUM , ville
des Gaules , dans la féconde Belgique , aujourd'hui
Noyon. On l'a confondu mal à propos avec Novio-
dinum Suessionum , aujourd'hui Soissons. Voyez.
Noyon Se Soissons.
NOVIOMUS, NOVIONUS Se NOVIONUM.
Voyez, Noviomagus Veromanduorum.
NOVION ou Nouvion le Vineux , bourg de l'Ifle
de France , élection de Laon. Les habitans de cette
paroifie doivent à leur feigneur une espèce de taille en
vin de cent muids par an. 11 intervint arrêt du parle-
ment de Paris en 150J , confirmatif d'une fentence qui
débôutoit les habitans de Novion le Vineux , dé la
demande qu'ils faifoient, à ce que cette rente de cent
muids par an fût fixée à une fournie en argent, La fin
de cet arrêt qui eft en latin, eft remarquable : Sauf
toutefois à l'intimé de faire aux appellanf telle grâce ,
qu'il az>ifera bon être, à caufe de la misère & cala-
mité du tems. Cette claufe, qui fembleroit à préfent
inutile jusqu'à l'impettinence , étoit apparemment pour
lors de quelque poids, pour infinuer dans l'efprit d'une
perfonne de qualité , une confidération d'équité que le
parlement ne pouvoir pas preferire avec juflice. * Pi-
ganiol , Defcription de la France, t. 3. p. 84.
NQVIOREGUM, ville d'Aquitaine. L'itinéraire
d'Antonin la met fur la route de Bordeaux à Autun,
entre Tamnum Se Mediolanum Santonum , à douze milles
de la première Se à quinze milles de la féconde. Orte-
lius , Thefaur. croit que cette ville eft la même chofe que
Noverus. Voyez, ce mot.
NOVIS. Tite Live , /. t. c. 48 , dit que c'eft aînfi
que s'appelloit de fon tems le lieu où Virginius tua fa
fille Virginia. Ce lieu étoit vis-à-vis du temple de Ve.
nus Cîoacinc.
NOVISONA , petite rivière de France , en Franche-
Comté dans le bois de Saint Claude. Il en eft parlé dans
la vie de faint Claude. * Ortelii Thefaur.
NOVITO , petite rivière d'Italie , au royaume de Na-'
ples. Elle a fa fource dans l'Apennin, coule dans la Ca-
labre ultérieure, un peu au nord de la ville de Giera-
ce , Se va fe jetter dans la mer Ionienne. Cetre rivière
s'appelloit anciennement Butrotus. * Magin> Carte de
la Calabre ultérieure.
NOVIUM. Voyez, Noela.
NOVIUS ou Nuius , fleuve de la Libve intérieure.
Ptolomée, /. 4. c. 6. met fon embouchure entre la ville
de Bagazi Se le promontoire Soloentia ©u Soluentia.
NOVIUS,
NOV
NOVIUS, fleuve de rifle d'Albion , félon Ptolomée ,
/. z.c. 3. qui place fon embouchure entre celle du fleuve
DevaSc le golfe Ituna. Ortelius, Thefaur. croit que
c'efl aujourd'hui le Nyd. Cambden efl: de même fenti-
mentj mais au lieu de Novias, il voudrok lire Nodius
dans Ptolomée. Voyez. Pons ALui.
NOVOBARDUM. Voyez. Nebopridum Se Novo-
PYRGUM.
NOVOCOME. Voyez. Novum-Comum.
NOVO-COMUM. Voyez. Come.
NOVOGORD-SEVIERSKI ou Novogrodeck ,
forêt de l'empire Ruflien, dans la partie méridionale du
duché de Séverie , entre la rivière de Nevin à l'orient ,
& celle d'Ubiecz ou Dubica à l'occident. La rivière de
Dezna la traverfe du nord au fud. On lui donne vingt-
quatre lieues d'Allemagne de longueur , 8c fa largeur
n'efl pas de beaucoup moindre.
1. NOVOGOROD ou Novogrod, ville de l'em-
pire de Ruine , de la grande Novogorod, fur la rivière
de Wolchowa. Lundorp dans la continuation de Slcidan,
la met à- 62 deg. d'élévation, Se Paul Jove à 64dcg.
mais dans l'obfervarion qu'OIearius en fit le 1 j de Mars
i6$6 , il trouva qu'à midi le foleil étoit élevé fur l'ho-
rizon de 3 3 deg. 4J min. Se que la déclinaifon du foleil ,
à caufe du biflexte , à raifon de jj deg. étoit de 2 d.
8 min. lefqucls étant déduits de l'élévation du foleil ,
celle de la ligne équinoéïiale ne pouvoir être que de 3 1
deg. 27 min. lesquels ôtésde 90 deg. il n'en pouvoit de-
meurer que 58 deg. 23 min. Cette obfervation s'accorde
à peu près avec le calcul qu'en avoir fait Bureus , quel-
que tems auparavant étant ambafladeur de Suéde en Mos-
covie , Se qui dans fa carre géographique de Suéde Se
de Moscovic , met la ville de Novogorod à 58 deg. 1 3
min. Cette ville efl fituée dans une grande plaine fur
le bord de la rivière de Wolchowa ou Wolcbou , qui fort
de la partie feptentrionale du lac d'Ilmen, à une demi-
lieue au-deflus de la .ville, Se qui efl très abondante en
poiflbn , particulièrement en brèmes, qui y font excel-
lentes Se à grand marché. Mais le plus grand avantage
que Novogorod tire de cette rivicre , c'efl celui du com-
merce. Comme elle efl navigable depuis fa fource , Se
que le pays elt très-riche en bled , lin , chanvre , cire
Ôc cuir de Ruilie , que l'on prépare mieux à Novogo-
rod qu'en aucune autre ville de Moscovie ; la facilité
du transport de ces marchandifes attiroit autrefois les
Livoniens , les Suédois , les Danois, les Allemands Se
les Hollandois. Les villes Anféatiques y avoient leur
bureau ou comptoir , ôc les privilèges dont elle jouiffbit
fous fon prince , qui ne reconnoiiïbit point le grand duc,
l'avoient rendue li puiflante, qu'il étoit pafîé en pro-
verbe : Qui èft-cc qui peut s'oppojer à Dieu & à la
grande ville de Novogorod ?
On l'appelle communément^-/^/ Novogorod, c'efl-
à dire , le grand Novogorod ; elle a beaucoup diminué ;
l'on voit dans fon voifinage les reftes des murailles Se
de plufieurs clochers , qui faifoient , fans doute , partie
de la ville. Le nombre des clochers qu'elle a confèrvés
promet quelque chofe de plus beau que ce qu'elle efl:
en effet. Lorsqu'on en approche , on n~ voit que des
murailles de bois Se des maifons bâties de poutres ôc
de folives de fapin entaffées les unes fur les autres.
Vithold , grand duc de Lithuanie, & général de l'ar-
mée de Pologne, fut le premier qui contraignit cette ville
en 1427 à payer tribut. On prétend qu'il étoit décent
mille roubles. Le tyran Jean Bafili Giotsdin, après une
guerre de fept ans, remporta,au mois de Novembre 1467,
une grande victoire fur une armée que cette ville avoir
tnife fur pied , Se força les habitans de fe rendre Se de re-
cevoir un Gouverneur de fa part. Enfuite ne s'y croyant
pas allez abfolu , il y alla en perfonne , fe fervant du
prétexte de la religion , Se les vouloir empêcher de fui-
vre la Catholique Romaine. L'archevêque Théophile,
qui y avoit le plus d'autorité, fut celui quifavorifa da-
vantage fes dentins. Il en fut mal récompenfé dans la
fuite ; à peine le tyran fut-il entré dans la ville , qu'il la
pilla. En fe retirant , il emmena avec lui trois cens cha-
riots chargés d'or , d'argent & de pierreries , des riches
étoffes & des meubles précieux, qu'il fit mettre fur plu-
fieurs autres chariots Se porter à Moscou. 11 y transporta
NOV 601
aufll un grand nombre d'habitans Se envoya des Mosco-
vites tenir leur place à Novogorod.
La cruauté de Jean Bafilowitz, grand duc de Moscovie,
fut encore plus funefle à cette ville. Sur la feule dé-
fiance qu'il eut de la fidélité des habitans , il y entra en
1569, Se y fit tuer , ou jetter dans la rivière, deux mille
fept cens foixante Se dix perionnes , fans diflinction de
qualité , de fexe ni d'âge, outre une infinité de pauvres
gens qui furent écrafés par la cavalerie qu'on lâcha fur
eux. On jetta tant de corps dans le Wolchowa , que
-les eaux fe débordèrent fur toute la campagne voifine.
La pelle, dont la ville fut infectée à la fuite de ce des-
ordre, fut fi furieufe , que perfonne ne voulant fe ha-
zarder d'y porter des vivres, les habitans furent réduits
à manger les corps morts. Le tyran prit prétexte de cette
espèce d'inhumanité pour faire tailler en pièces la plus
grande partie de ceux qui avoient échapé à fa première
cruauté , à la pefle & à la famine. L'archevêque de ia.
ville, croyant adoucir le tyran, lui fit dans fon palais
un grand feflin , pendant lequel le duc envoya piller le
riche temple de fainte Sophie& tous les tréfors des autres
églifes qu'on y avoit retirés, comme dans un lieu de
fureté. Il n'en demeura pas-là; après le diner , il fit aufll
piller l'archevêché , déclara à l'archevêque qu'il vouloir
qu'il fe mariât, Se que tous les autres prélats & abbés
qui s'étoient réfugiés dans la ville fufient des noces; &
il ordonna à chacun la fournie dont il vouloit qu'ils fifient
préfent aux nouveaux mariés. Tous apportèrent ce qu'ils
avoient pu fauver, dans l'espérance que leur archevêque
en profiteroit : mais le tyran , après avoir pris l'argent ,
fit amener une cavale blanche , & lier l'archevêque in-
dignement deflus , avec des flageolets pendus au cou,
une vielle Se un ciflre, & l'obligea de jouer du flageolet.
On le mena ainfi à Moscou -, tous les autres prélats ,
abbés Se moines furent taillés en pièces , ou chafles à
coups de piques Se de hallebardes dans la rivière.
On dit qu'anciennement, avant que la ville de No-
vogorod eût embraflé le Chriflianisme , il y avoit une
idole qu'on appelloit Perun, c'efl-à dire, le dieu du
Feu. Cette divinité étoit repréfentée la foudre à la main;
Se on enttetenoit auprès un feu perpétuel de bois de
chene, Se s'il s'éteignoit, ceux qui éroient chargés de
le conferver , éroient punis de morr. On dit que le Mo-
naflere Perunski Mmafler, a été bâti au lieu où étoit
autrefois le temple de l'idole.
Hors de la ville Se de l'autre côté de la rivière , on
trouve un château ceint de murailles de pierres. C'efl la
demeure du vaivode Se de l'archevêque. Ce château efl:
joint à la ville par un grand pont , d'où le duc Ivan
Bafilowitz fit précipiter dans la rivière ce grand nom-
bre d'habitans, dont il a été parlé. Vis à vis du château
du côté de la ville } on voit un couvent dédié à faint
Antoine. Les Moscovites difenr que ce faint étoit venu
de Rome en ces quartiers fur une pierre de moulin ,
avec laquelle il descendit par leTibie, paffa la mer Se
remonta la rivière de Wolchowa jusqu'à Novogorod. Ils
ajoutent qu'en arrivant il rencontra des pêcheurs avec
lesquels il fit marché de tout ce qu'ils prendroient du
premier jet; qu'ils amenèrent un grand coflïe plein d'or-
nemens facerdotaux , de livres & d'argent appartenant
à ce faint , Se qu'enfuite il bâtit dans ce lieu une cha-
pelle, où ils prétendent qu'il efl enterré, Se que fon
corps y efl encore aufll entier que le jour de fa morr.
On allure qu'il s'y fait beaucoup de miracles ; mais orl
ne permet pas aux étrangers d'entrer dans la chapelle.
On montre feulement la pierre de moulin, fur laquelle
on prétend que le faint a fait le voyage : elle efl cou-
chée contre la muraille. Les grandes dévotions qui s'y
font , ont fourni de quoi bâtir le couvent de faint An-
toine. * Olearius, voyage de Moscovie, 1. 2. p. 89. Se
fuiv.
2. NOVOGOROD WELIKI, duché dans les états
de l'empire Ruflien. La ville de Novogorod Weliki qui
en efl la capitale , lui donne fon nom. Il efl borné au
nord , partie par le lac d Onega , partie par le Carga-
pol; à l'orient par le duché de Belozero Se par celui
de Twere ; au midi par la province de Kzeva ; & au
couchant par l'Ingrie Se par la feigneurie de Plcskow,
* Robert de Vaugondi , Atlas.
Tom.lV. Gggg
602 NOU
Ce duché efl partagé en divers quartiers, qui font
Ob-Oneskaia Petina , ou Quartier d'au-deçà de
l'Onega ,
Grufîna Pogofi , ou Tribu de Grufîna,
VichneyVolock. / Espèces de républi-
ZioufolikhêVolock^ $ ques,
Befvohk'i Petina , Quartier aride.
Parmi les lacs qui fe trouvent dans ce duché , on compte
l'Ilmen, le Voldai, le Lutinifch , le Mftim.
Le pays eft arrofé de plufieurs rivières ; favoir ,
Wolchowa , Niescha , Uffa ,
Viregra, Mfta, Vidocha ,
Suite, Palamit, Strupin,
Bad agh-konza , Sna , Pchega ,
Pach , Lovai , Loega.
Ochtoma , Salona ,
Les villes ou principaux lieux , font
NOY
Novogorod ,
Nitzgora ou Vitegra ,
Ochtoma
Tiffina ,
Ludoga ou Ladiskia,
Soltza ,
Gorodna ,
Poliffa ,
Parcof ,
Nova-Ruffa ou nou-
velle Rnffa ,
Staraia Ruffa ou vieil-
le Ruffa,
Krocka ,
Quclcor »
Niubocki,
Chem,
NOVOGOR-SËRPSKOY, ou Novoserpskoy ,
yille de l'empire Ruilîen , dans le duché de Severie , fur
la rivière d Ubiecz. , autrement de Dubica , au midi de
Stari Zaugra ou du vieux Zaugra. * Robert de Vaugondi ,
NOVOGOROD, NISI-NOVOGOROD, ou Nis-
kei Novogorod. Voyez. Nisen.
NOVOGRODECK, Palatinat de PaRuflie Lithua-
niene , & le plus occidental. La rivière de Niémen le
fépare au nord de celui de Trcki , & au nord eft de
celui de Minski ; il a au midi , & en partie au cou-
chant celui de Brzescie , & celui de Troki achevé de le
borner au couchant. Il a plus de 60 lieues communes
de France d'étendue du levant au couchant, Si 50 du
midi au nord. Ce Palatinac eft partagé en quatre ter-
ritoires ; favoir , Novogrodeck , Slonim , Wolkovirs &
Neswis.
NOVOGRODECK , ville de la Ruffie Lithuaniene,
capùale du Palatinat de même nom. Cette ville , qui
eft fans défenfe . eft fituée au milieu d'une vafte plaine ,
à fix lieues à la gauche du Niémen. Ses maifons font
de pierres , & le parlement ou confeil fouverain de Li-
thuanie s'y affemble en été à l'alternative , & dans la ville
de Minski. Les Je fuites y ont un collège.
NOVOMONTE. Voyez. Monte-novo.
NOVO-PYRGUM, Chalcondyle place cette ville
auprès du Morave. Ortelius, Tbejaur. dit qu'il y avoit
à la marge Novobardum , qui eft la même chofe que
novus Mons ou Monte novo. Voyez, ce mot.
NOURAGUES , peuples de l'Amérique méridiona-
le (a), dans h Guiane ou Goyane. Ils demeurent vers
la fource de la rivière Yapoco, environ à foixante lieues
dans les terres. Ils cultivent beaucoup de coton ( b ) ,
dont ils font des amacs, ou lits pendans , qu'ils vendent
aux autres Sauvages , qui ont moins d'induftrie qu'eux.
Ils jouiffent d'un air beaucoup plus fain que ceux qui
habitent près du rivage. On trouve dans leur contrée
de certaines pierres, qui approchent en couleur des ru-
bis appelles Rubis-baluys. ( 1) Robert de Vaugondi, Atlas.
(b) Com. Dict. Lae't. Defcr. des Indes occid. /. ij.ç. 7.
NOUS. Voyez. Nus.
NOU V ION, village de France , dans la Picardie,
diocèk- d'Amiens, élection d'Abbeville , fur la route
d'Abbeville à Montreuil. Le château de ce lieu a été
célèbre au quatorzième fiécle. Louis XI vint de Rouen
y faire fa réfidence l'an 1464 ; François I y a auffi donné
des déclarations en Février & Mars 1539. Kn 1465 &
1474, le roi confirma à Jean d'Eftouteville le droit de
garenne ëc de chaile dans les bois de Nouvion. Blan-
chard a quelquefois écrit dans Ces tables Noyon ; l'édi-
teur de l'abrège de la vie de Charles VII l'a nommé
Nommon encore plus mal. La cure eft à la nomination
du chapitre de faint Vulfran d'Abbeville. C'eft une
châtellenie pairie de Ponthieu,qui a de belles mouvances.
NOVUM CASTRUM, nom commun à divers
lieux. Voyez. Neucastle, Neuf-Chatil , Chateau-
NEUF & NEOCASTRO.
NOVUM LOMUM. Voyez. Côme.
NOVUS MURUS Voyez. Neontichos.
• NOVUS PORTUS , port de Lifte d'Albion. Ptolp-
mée , /. 2. c. 3. le place fur la côte méridionale de 1 Ifle,
entre l'embouchure du fkuv cTrifaaton & le promon-
toire Cantiurn. Il pourroit avoir confervé fon ancien
nom i car il y a dans ce quartier un port qu'on appelle
aujourd'hui Neviaven , ce qui veut dire la même chofe.
NOUY , village de France, dans la Champagne , éle-
ction de Rhetel. 11 y a dans ce village un prieuré con-
fidérable, de l'ordre de faint Benoit & de la congréga-
tion de faint Vanne. 11 jouit de quinze mille livres de
rente. 11 n'y a que le prieur &c huit religieux.
NOYA , rivière d'Espagne dans la Catalogne ; elle
tombe dans le Llobregat auprès de Martorel. * Déli-
ces d' Es-pagne, t. 4. p. 589.
NOYA, Noela , ville d'Espagne , dans la Galice,
fur la rive méridionale d'un petit golfe que la T'ambre
forme à fon embouchure. Cette ville eft fituée ai bout
d'une plaine très-fertile. C'cft l'un des chantier;, dt la
Galice : on y fabrique un grand nombre de vaiffeaux.
* Délices d' Espagne , t. i.p. 127.
NOYAN , village de France, proche Soiflbns. Voyez.
Noviodunum Oppidum Siteffonum.
i.NOYELLES SUR MER, bourg de France, dans
la Picardie , fur la côte , élection d'Abbeville. 11 y a un
chapitre compofé d'un doyen, qui eft élu par le cha-
pitre ,& confirmé par l'évêque d'Amiens. Ce doyen eft
à la tête de douze chanoines. * Piganiol, Defcr. delà
France , r. 3. p. 137.
2. NOYELLES , château de la Flandre Françoife
dans la châtellenie de Lille , au pays de Mélantois , au
nord de Seclin.
NOYEN , bourg de France, dans le Maine, élection
de la Flèche.
NOYERS, Nuceru , petite ville de France, dans
la Bourgogne , entre Montbart & Auxerre , dans
un vallon entouré de montagnes de tous côtés. Cet-
te ville a fix cens pas de long & trois cens dans fa
plus grande largeur. Elle eft ceinte de murailles fort an-
ciennes, avec vingt-deux tours bâties de pierres de taille.
Elle a deux portes , l'une au midi , & l'autre au fepten-
trion. La rivière de Serin l'environne de tous côtés ,
hors celui du nord. Cette ville eft du diocèfe de Lan-
gres. Ses anciens comtes étoient de puiflans feigneurs;
on n'en connoît point l'origine : on fait feulement que
Hugues de Noyers , évêque d'Auxerre , mort en 1 206" ,
doir en être regardé comme le fécond fondateur. Ce
prélat la mit en état de fe défendre contre les attaques
les plus fortes, & la laifiâ en cet état à fon neveu
Milon , fils de Clerembaud. Ceci fe prouve par fon
hilloire dans les geftes des évêques d'Auxerre. On doit
regarder comme fabuleux tout ce que Gaspard Marin
a écrit en 1591 > fur les anciens feigneurs de Noyers
avant ce Clerembaud , quoiqu'il affine avoir tiré ce qu'il
en dit des manuferits d'Evrard, abbé de FontenaLau
diocèle d'Autun , qui, félon lui, vivoit en 1350. Le
collège a été fondé de l'union de quelques chapelles,
& de cent écus de rente , que îa ville donne aux pères
de la Doctrine Chrétienne; qui y en feignent les baffes
clafles. Il y a deux petits hôpitaux, l'un dans la ville,
l'autre dans le fauxbourg. La juftice appartient au fei-
gneur , qui la fait exercer par un bailli, un lieutenant ,
lin procureur fiscal, cVc. Ce bailliage eft ad iriftar des
royaux & en a les privilèges. L'appel des fentences fe
relevé au préfidial de Semur. 11 y a auffi un grenier à
fel.L'églife paroiffiale eft dédiée a Notre-Dame. le faux-
bourg, quoique féparé de la ville, en dépend auffi-
bien que le village de Puis-de-bon raifin. Les métairies
de Champferin , de la Borde, de la Folle de Vaux , des
Veilles ôc de Beauvais; les granges neuves d'Arfan , de
Clavifi , de Burfon , les métairies de Seuhe- Bouteille , &
iNOY
du Pois de l'Echelle, font auffi des dépendances de la
paroille de Noyers. 11 y a quantité de vignes. L'abbé
de Molesme eft collateur de la cure. Il y a deux cha-
pelles dans l'églife paroiffiale. Dans le fauxbourg eft le
prieuré de faint Jacques , qui appartient aux religieux
Bénédictins. Il y a un couvent de religieufes Urfuli-
nes , Se une maifon des pères de la Doctrine. On voit
au-deflus de la ville de Noyers les vertiges d'un ancien
château , qui fubfiftoit encore au feiziéme fiécle , qui
fut pris par les Calviniftes en 1568, Se qui a été dé-
moli depuis. Noyers eft le partage des troupes de Mont-
bar à Auxttze.*Pigamol3 Defcr. de la France, t. 3. p. ;o6.
NOYERS , bourg de France , dans la Touraine , éle-
ction de Chinon.
NOYERS , NitcerU, Abbaye d'hommes en France,
de l'ordre de faint Benoît , de la congrégation de faint
Maur dans la Touraine : elle eft fuuée fur le bord fep-
tentrional de laCreufe, &à droite de celle de Vienne
au diocèfe de Tours, à deux lieues de fainte Maure,
& à une demi-lieue du port de Piles , dans le bailliage
&à trois lieues de Chinon, Se à quatre petites de Châ-
relleraud. Elle a été fondée l'an 1030. Le revenu de
l'abbé eft de douze cens livres, & celui des religieux,
qui font au nombre de neuf ou dix , au moyen des offi-
ces clauftraux , eft de deux mille cinq cens douze livres.
L'on veut qu'il y ait de l'or mêlé dans le terrein de ce
monaftere : on en a cherché la mine inutilement , parce
que l'eau de la rivière remplit les foflës que l'on fait.
Il y a auffi des mines de fer Se de cuivre. Ceft dans
ces dernières qu'on prétend qu'il y a de l'or.
NOYON , ville de France , dans le Vermandois , en
Picardie , aujourd'hui du gouvernement del'Ifle de Fran-
ce, à vingt-deux lieues de Paris, fur la petite rivière
de Vorfe , qui fe jette à un quart de lieue de-là dans
l'Oife.
Cette ville eft fort ancienne. Elle étoit la féconde
du pays des Veromandui , & s'appelloit Noviomagus
Veromanduorum. Elle ne porte point d'autre nom
chez tous les anciens. C eft fous ce nom que la défigne
l'itinéraire d'Antonitr, en décrivant la route de Medio-
lanum Santonum à Vienne par les Alpes Cottiennes.
Ceft auffi le feul nom qu'elle porte dans la notice de
l'Empire, où l'on lit : t'rjfeElus Lœtorum Batavorum
Contruginenflum Noviomago Bclglcn, fecundx. Dans la
fuite par corruption de Neomagus , on a fait Noiomtis
Se Noiomum , Noiomts Se Noionum , d'où s'eft formé
Noyon ; que depuis Se dans les derniers ficelés on a re-
traduit , par ignorance , en latin par Noviodunum. Cette
ignorance a produit une bévue , dans laquelle beau-
coup de favans ont donné. Trompés par ce mot No-
viodumim , ils ont cru que Noyon étoit l'ancien Novio-
dunum Suc/ftonum; mais Sueffiones & Veromandui étoienc
deux peuples tres-diftincts , quoique voifins ; Se ce que
Céfar a dit de Noviodunum , dont il fait la cité des
Sueffiones, ne peut jamais convenir à Noviomagus.
Voyez Soissons. Ceft d'ailleurs une règle confiante pour
la géographie des premiers fiécles de l'églife , que les
diftriôts des évêchés étoient les mêmes que les dillricts
civils. Les Sueffiones eurent leur évêque , dont le fiége
fut à Augufta , précédemment Noviodunum Sutffîonum,
Soijjons , les Veromandui eurent auffi leur évêque qui fié-
geoit à Augufta Veromanduorum , ville bâtie par les
Romains, &: qui , lorsque cette ville eut été ruinée,
transporta fon fiége à Noviomagus , Noyon. Le diocèfe de
cet évêque Se celui de l'évêque de Soifîons, font en-
core aujourd'hui les mêmes qu'ils ont été dans leur ori-
gine. L'un comprend tout le pays des Veromandui , Se
l'autre tout celui des Sueffiones.
Noyon étoit peu confidérable avant que les Romains
fulfent maîtres des Gaules , & lorsqu'ils les poffede-
rent , parce que la capitale des Veromandui étoit Au-
gufta, qui fut ruinée vers j31.Ce fut alors que faint
Médard , évêque des Vermandois , transféra fon fiége à
Noyon , qui depuis s'eft beaucoup accrue ; elle eft au-
jourd'hui parTablement grande, Se dans une fittjation
commode pour le commerce. On y compte quatre mille
cinq cens habitans. Il y a huit paroiffes dans la ville,
Se deux dans les fauxbourgs. La plus ancienne eft celle
de fainte Magdelène, & celle de faint Martin eft la plus
grande. La ville renferme encore dans fon enceinte deux
NOY 603
abbayes , qui étoient autrefois dans fes fauxbourgs. La
plus ancienne Se la plus confidérable eft celle de faint
Eloi , fondée , ou du moins amplifiée par ce Saint , &
illuftrée dans la fuite de fon tombeau Se de fon nom.
Elle eft occupée par vingt religieux Bénédictins de la
congrégation de faint Maur. Son revenu eft de douze
mille livres. L'églife, bâtie à la moderne, & achevée
vers lan 1680 , eft très belle, auffi-bien que la maifon
conventuelle. L'autre abbaye eft celle de faint Barthcle-
mi, fondée l'an 604. par Baudoin I , évêque de Noyon.
Elle eft oectipée par douze chanoines réguliers de l'or-
dre de faint Auguftin. L'églife, quoique petite, eft affez
jolie. Elle a été bâtie vers l'an 17 10. Les Cordeliers ,
qui, d'abord ne furent que dans un des fauxbourgs vers
l'an 1230, ont à préfent dans la ville un fort beau cou-
vent. Les pères Capucins s'établirent auffi en 1 6 1 o , dans
un fauxbourg, Se ils y font encore. Il y a de plus dans
Noyon un Hôtel-Dieu , ou hôpital Saint Jean , fondé
au douzième fiécle. Il eit deliervi par une nombreufe
communauté de religieufes de l'ordre de faint Augultin.
Les Urlulines forment à préfent une communauté de
foixante religieufes. Les fœurs de la Ste Famille ont été
établies vers la fin du dernier fiécle, pour la retraite
des femmes Se pour l'inftruction des jeunes fille* : e les
font au nombre de huit ou dix religieufes. Il y a encore
deux ou trois filles établies depuis long-tems pour le
même fujet , fous le nom de Béguinage. Le collège eft oc-
cupé pai quatre chanoines réguliers de l'ordre de S. Augu-
ftin. L'hôpital général des pauvres enfermés eft deflervipar
un curé Se par un chapelain. Le féminaire a été bâti en
1700. Il eft adminiftré par quatre prêtres de la con-
grégation de la Milfion.
La ville de Noyon a quatre portes principales avec
quatre fauxbourgs qui en prennent le nom. Ces faux-
bourgs font Damejoume, Saint Eloi, Saint Jacques Se
Due. Il y a encore une autre petite porte qui conduit
au fauxbourg de Saint Blaife, dans lequel il y a une
chapelle du nom de ce Saint, avec titre de prieuré fim-
ple, qui dépend de l'abbaye de Saint Eloi.
Depuis l'an 1108, les habitans de Noyon jouiflcnt
du droit de commune, établi par l'évêque Balderic , <5c
confirmé par le roi Louis VI , dit le Gros , & par Louis
VII, dit le Jeune. On dit par fobriquet les Friands de
Noyon ; ce qui eft venu des excellentes patilîeries qui
s'y faifoient.
Chilperic II , roi delà première race, fut enterré à
Noyon en 72 1 ; Charlemagne , de la féconde , y fut cou-
ronné en 768 , & Hugues Capet , de la troifiéme , y
fut élu roi en 987. Elle eft la patrie de Jean Cauvin ,
qui changea fon nom en celui de Calvin , Se qui n'eft
que trop connu par fes ouvrages, par fes disciples, Se
par les peuples chez qui fa doctrine eft devenue la re-
ligion dominante. Antoine le Comte , Antonins Contins ,
étoit auffi de Noyon : il fut profeffeur de droit à Bour-
ges, enfuite à Orléans Se puis à Bourges , où il mourut
l'an 1586. Cujas difoit que le Comte avoit plus de gé-
nie que lui pour le droit.
La ville de Noyon a effiiyé en differens tems diveifes
calamités. Céfar s'en rendit le maître avec beaucoup de
peine. Les Normands la prirent Se h faccagerent dans
le neuvième fiécle. Elle a été brûlée fix fois dans les
onzième , douzième Se quinzième fiécles. Du tems de
la Ligue , elle fut prife Se reprife diverfes fois. Elle fut
enfin rendue à Henri le Grand le 18 d'Octobre IJ94.
L'églife cathédrale qui exifte aujourd'hui , a été bâtie
par Pépin le Bref Se par Chailemagne fon fils. Elle
eft longue de trois cens vingr pieds, & fon portail eft
orné de deux grofics tours hautes de deux cens pieds.
Elle eft dédiée à la fainte Vierge , Se reconnoît auffi
pour patrons faint Medard Se faint Eloi. Il y a dans cette
églife fix dignités; favoir, le doyen, l'archidiacre, le
chancelier , le tréfoiier , le chantre Se l'écolatre. L'ar-
chidiacre, le chancelier Se le tréfoiier font à la collation
de l'évêque ; le doyen , le chantre & l'écolatre font à
la nomination du chapitre. L'archidiacre Se le chance-
lier ne font point capiculans , à moins qu'ils ne foient
auffi chanoines. Il y a cinquante fix prébendes ou ca-
nonicats effectifs, tous à la collation de l'évêque, Se
égaux en revenu. Ils font tous de mille livres. Dans
le nombre de ces prébendes on n'en compte pas cinq au-
Tom. IV, G g g g ij
6o4 NOZ
très qui font affectés au doyen , au tréforier , au chan-
tre, à l'écolâtre & au principal du collège. Il y a encore
trente-neuf chapelles , toutes affez bien fondées. Dix
de ces chapelles , jointes à deux autres richement fon-
dées pour les premières méfies , ont été rendues vica-
riales, ôc attribuées aux feuls vicaires muficiens par
Clément VII, le 22 Novembre 1348. Outre cela il y
a la chapelle royale de Notre Dame de bonnes-Nou-
velles , fondée par le roi Louis XI. C'eft le roi qui y
nomme. Quatre autres bénéficiers, appelles Marguil-
liers ou Cornets d'Autel , font obligés de coucher dans
l'églife par quartier pour la garder , ôc de remplir quel-
ques autres devoirs pendant le jour. Enfin , il y a fix
enfans de chœur.
Dans la chapelle de l'évêque il y a deux chapelle-
nies , dont les titulaires n'ont point entrée dans le chœur
de la cathédrale, comme tous les autres qu'on vient
de nommer, lesquels jouiflent de ce privilège, aufll-bien
que les dix curés de la ville.
Noyon efi bâtie fur une pente douce qui regarde îe
midi. Elle eft bien percée & en bon air. Elle eft ornée
d'un palais épiscopal , d'un cloître de maifons canonia-
les fort logeables, ôc d'un hôtel de ville fort régulier,
bâti fur la grande place , au milieu de laquelle il y a
une fontaine , dont les eaux conduites d'une montagne
voifine,y coulent continuellement par trois canaux. Le
furplus cil reçu dans un baflin de pierre dure , qui les
conferve en cas d'incendie. 11 y a encore diverfes fon-
taines , plufieurs marchés ôc deux jardins publics : celui
des chevaliers de l'Arc , ôc celui des chevaliers de l'Ar-
quebufe.
Le principal commerce de cette ville confifte en bled
Se avoine qu'on transporte à Paris : celui des toiles de
chanvre ôc de lin , & de cuirs tannés y efi aufil fort
confidérable.
L'eveché de Noyon eft fuffragant de Rheims » ôc
fon évêque eft comte ôc pair de France. Il porte le cein-
turon ôc le baudrier au lacre du roi. Cet évêché vaut
au moins vingt-deux mille livres de revenu , &c le ca-
fueleneft très-confidérable. On compte dans le diocèfe
dix-fept abbayes , & quatre cens cinquante paroifies , qui
font partagées en douze doyennés ruraux.
Outre le chapitre de la cathédrale , il y en a un au-
tre dans le diocèfe , c'eft celui de la ville de Nèfle.
En 532, faintMédard, évêque des Vermandois, fut
chargé de l'évêché de Tournai , après la mort de faine
Eleuthere ; & depuis ce rems-là , les deux évêchés de
Noyon ôc de Tournai demeurèrent unis jusqu'en 1 147.
Vers la fin de l'épiscopat de Simon de Vermandois ,
faint Eberland , qui fut depuis abbé d'Aindre fur Loire
en Bretagne ,étoit de Noyon , ôc delà première nobleflè
du pays. Il y fut élevé & y demeura jusqu'à ce qu'il re-
nonçât au monde , après avoir eu les premières char-
ges de la cour. Sainte Godeberte, vierge, native du
diocèfe d'Amiens , fut fupérieure d'une communauté de
filles à Noyon. Ses reliques font dans la cathédrale.
Sainte Hunégonde étoit religieufe à Homblieres , où
fe garde fon corps , à une lieue de Saint Quentin en Ver-
mandois, dans le diocèfe de Noyon.* Longuerue , Defcr.
de la France. Piganiol de la Force , Defcript. de la Fran-
ce, t. 1. Baillet, Topogr. des Saints, p. 352.
NOYON-SUR-ANDELLE , beurg de France , dans
le Vexin. On le nomme à préfent Charleval. Voyez.
ce mot.
NOYONNOIS , petit pays de France , compris dans
le gouvernement de rifle de France, ôc dont la ville
de Noyon q{\ la capitale. Il eft borné au nord par le
Vermandois , dont une partie eft de l'élection de Noyon ;
à l'orient parle Laonnoisjau midi parle Soiflbnnois,
ôc à l'occident par le bailliage de Roye. Ce pays étoit
compris autrefois dans la Picardie. On n'y compte que
deux villes , qui font Noyon ôc Chauny. * Rob. de Vmi-
gondy, Atlas.
NOZEROY ou Nozeret, petite ville de France,
dans la Franche-Comté , au bailliage de Salins. Elle eft
fituée près d'une des fomees de la rivière de Dain ,
au haut d'une montagne , avec un château couvert de
plomb , enfermé des mêmes murailles que la ville. Gil-
bert Coufin , auteur célèbre du feiziéme fiéele , étoit
natif de cette ville. Il en a donné une notice dans fa
NUB
defeription de la Bourgogne.il y dit qu'elle a tiré fon
nom de la quantité de noifetiers qui y étoient : que
Louis de Challon , I du nom , étant de retour de Jéru-
falem , l'ayant réparée, lui donna le nom de Naza-
reth, à caufe de fa reffemblance du côté de la fitua-
tion avec le Nazareth de la Palefiine ; mais que le peu-
ple changea depuis la prononciation d'à en 0. Il ajoute
que la forme de cette ville e(l triangulaire: que vers le mi-
di el\ le château , dont une tour eft couverte de plomb ,
enfermée des mêmes murailles que la ville. Les princes
d'Orange y ont fouvent fait leur féjour. Vers l'an 141 i,
Jean de Challon, fire d'Arlay , prince d'Orange, ôc
Marie de Baul, l'on époufe , fondèrent à la place où étoit
l'ancien hôpital , une collégiale du titre de faint Antoine,
compofée d'un doyen ôc de fix chanoines : ils furent
dotés depuis , en partie par Louis , leur fils aîné , ôc
par Gui d'Efternol, chevalier ôc curé de Coulans en
1424. Le prieuré ôc paroifié faint Germain de Miége&
autres y furent annexés. Gilbert Coufm faifant rénumé-
ration des anciens chanoines, apprend qu'il a été de
ce nombre, après avoir été disciple ôc fecrétaire d'E-
rasme. Il ajoute qu'en 15 15 , les habirans bâtirent une
églife fous le titre de la Trinité , ôc qu'on l'appella la
chapelle des Calendes , à caufe qu'on y célébroit ces
jours-là des fervices. Coufin fait l'éloge des places, fon-
taines & citernes de ce lieu , & encore davantage des
beaux esprits qui en font fortis , fur-tout Jean Chap-
puis, grand Jurisconfulte. 11 y a aufli un couvent de
Franciscains.
NOZIEUX, château de France , dansl'Orléanois, fur
la rivière de Loire , vis-à-vis le château de Menars.
Cette feigneu rie fait aujourd'hui partie du marquifat de
Menars. * l'iganiol , Defcript. de la France , t. 6. p. 138.
N U.
NU ou LU , rivière de la Chine : elle prend fa fource
dans le royaume de Tufan , & coule auprès de la ville
d'Iungchang, dans la province d'Iunnan. * Allas Sinenfir.
NUAILLE ou Saint Martin de Nuaillé , beurg
de France , dans le pays d'Aunis , élection de la Rochelle.
Il y a un ancien château qui tombe en ruine , ôc le
bourg a titre de marquifat.
NUBA. Voyez. Nutha.
NUB;£. Voyez, Naimîi.
1. NUB/EI, Arabes aux environs du mont Liban,
félon Pline , /. 6. c. 28.
2. NUB^EI, peuples d'Ethiopie. Pline, /. 6. c. 30.
les place au-delà de Méroë , entre l'Arabie Pétrée ôc h
rive orientale du Nil. Ptolomée , /. 4. c. 8. les nomme
No5j3a/ , Nubm , Ôc comme il les place au même endroit,
il eft vifible que ni l'un ni l'autre de ces géographes n'a
prétendu parler des peuples qui habitent le pays appelle
le royaume de Nubie , qui eft bien plas haut ôc de l'au-
tre côté du Nil. Voyez. Nubie.
NUBARTHA, ville de l'ifle Taprobane, félon Pto-
lomée , /. 7. c. 4. Il en fait une ville maritime.
NUBIE , royaume d'Afrique, borné au nord par l'E-
gypte, à l'orient par le Nil , au midi par le défert de
Gorhan , ôc à l'occident par le royaume de Gaogn. II
n'eft pas poflible de descendre de ce royaume en Egy-
pte le long du Nil ; car ce fleuve eft fi peu profond dans
ces quartiers , qu'on pourroit aifément le pafler à pied.
La principale ville du pays s'appelle Dangala. Dans le
refie du royaume on ne trouve que quelques bourgs &c
quelques villages fitués fur le bord du Nil. Tous les
habitans du pays s'adonnent à l'agriculture , ôc la terre
produit du bled en abondance, des cannes de fucre;
mais dont on ne connoît pas l'ufage. Le musc Ôc le
bois de fandal font communs , fur- tout aux environs de
Dangala. Il y a aufli beaucoup d'ivoire , parce qu'on
prend une grande quantité d'éléphans. On a encore
dans le pays un poifon fi vif, que fi on en diftribue
un gra'n entre dix hommes , ils feront tous morts avant
un quatt d'heure , & fi on donne ce grain tout entier
à un feul , il meurt au même infiant. L'once vaut cent
ducats , mais on ne le vend qu'aux étrangers , à qui on
fait promettre par ferment qu'ils ne s'en ferviront point
dans l'étendue du royaume de Nubie. Celui qui acheté
de cette efpéce de poifon , eft obligé de donner au roi
NUC
la même fomme, qu'il paye au vendeur, Se fi quelqu'un
en vendoit en cachette , il s'expoferoit à perdre la vie ,
fi on venoit à le découvrir. Le roi eft presque conti-
nuellement en guerre, tantôt contre les peuples du
royaume de Gorhan , qui habitent dans des déferts Se
qui ont une langue particulière , tantôt contre les peu-
ples qui habitent d'autres déferts au delà du Nil, jus-
que fur les bords de la mer Rouge. La langue de ceux-
ci eft mêlée du chaldéen , de l'arabe, de 1 égyptien. Ces
peuples font pauvres Se desarmés , ils vivent de lait ,
de chair de chameaux Se de bêtes fauvages , Se ne lais-
fent pas pourtant de tirer quelquefois des contributions
de Suaquin Se de Dangala. Ils avoient autrefois une
grande ville près la mer Rouge, avec un port qui ré-
pondoit à celui de Siden , qui eft à quatorze lieues de
la Mecque i mais il y a long-tems que le foudan d'Egy-
pte , irrité de ce qu'ils avoient pillé une caravane de
pèlerins qui alloient du Caire à la Mecque , envoya une
armée navale prendre leur ville Se leur port. Ceux qui
fe fauverent, fe retirèrent à Dangala Se à Suaquin ;
mais le fouverain de ce dernier endroit ne pouvant
fouffrir leurs brigandages , les tailla en pièces , en tua
en un jour plus de quatre mille , Se en prit mille qu'il
mena prifonniers à Suaquin, où ils furent déchirés en
pièces par les femmes Se les enfans. Voyez. Sennar. *
Joan. Leonis , Defcript. Africx, 1. 7. c. 17.
NUBIS , nom latin du Carrion , rivière d'Espagne.
Voyez. Carrion , n° 2.
NUCARIA , nom latin de deux rivières d'Espagne.
1. NUCERIA, ville d'Italie , dans la Pouille, pres-
que aux confins des Hirpini ; c'étoit une colonie Ro-
maine. Pline , /. 3. c. 11. Strabon /. 6. p. 284. Se Ci-
céron , pro Tlancio , c. 69. la nomment Luceria ; mais
foit que le nom de cette ville fe fur corrompu , foit
qu'il y ait faute dans Ptolomée , /. 5. c. 1. ce géographe
écrit -HovKifict A7Tov?\m' , Nuceria Apulorum. La table de
Peutinger porte aufli Nuceria ApuU. Tice-Live , /. 27.
c. 10. appelle les peuples Lucerini. Aujourdhui cette
ville s'appelle Lucera Se Nocera.
2. NUCERIA , ville d'Italie , dans l'Umbrie, en-deçà
de l'Apennin , auprès de la fource du 'ïinia. C'eft au-
jourd'hui la ville de Nocera , furnommée Camellaria ,
comme dans la table de Peutinger. Strabon , /. y. p. 227.
Se Ptolomée , /. j,f, 1. l'appellent Now«p/<x , Nuceria.
Ce dernier ajoute le titre de colonie.
3. NUCERIA, ville d'Italie, dans laCampanie, aux
confins du Picenum , auprès du fleuve Sarno. On l'ap-
pelle à préfent Nocera. Pour la diftinguer des autres
villes de même nom, on lui donna le furnom d'Al-
phaterna ou Alfaterna. Elle eft ainfi nommée dans
Diodore de Sicile , /. 19. c. 6r. Se dans Tite-Live , /. 9.
c. 41.
4. NUCERIA , ville d'Italie dans la Gaule Cispa-
dane fur le Pô , au-deffous de Brixellum. Ptolomée ,
/. 3. c. 1. qui eft peut-être le feul des écrivains anciens
qui en fafie mention , la nomme Ncw«p/a. Elle conferve
encore fon nom , du moins à une lettre près , car on
l'appelle aujourd'hui Lucera ou Luzara.
NUCHALO , nom d'un lieu dans les Gaules , aux
environs de Touloufe , à ce que croit Ortelius , Thefaur.
qui cite Cicéron dans l'oraifon pour M. Fonrejus ; mais
dans l'édition de Gronovius , de. Or. pro M. Fontejo t
on lit Bttlchaltne, au lieu de Nuchalone.
NUCHEYLA , ville d'Afrique, au royaume de Fez,
dans la province de Tremecen. Elle avoit été bâtie par
ceux du pays au milieu de cette province , & l'on en
voie encore les ruines. Elle étoit peuplée de braves
gens , fur-tout lorsque Quimen Se fes descendans en
étoient les maîtres. Il s'y tenoit un grand marché tou-
tes les femaines , où l'on accouroit de toutes parts avec
diverfes fortes de marchandifes. Cette ville ne s'eft
point repeuplée depuis la défolation générale du pays.
La tour de la grande mosquée eft encore debout Se ceinte
d'une épaifie forêt d'arbres fruitiers , qui font devenus
fauvages faute de culture. Les Caviens viennent fouvent
dans ces quartiers, à caufe de l'eau Se des pâturages ,
outre que le labourage en eft fort bon. Ils font caufe
en partie, aufli-bien que les Arabes, que la ville ne fe
repeuple point , ce qui leur ôteroit la liberté d'errer aux
environs avec leurs troupeaux : c'eft ce qui fait pareil-
NUE 6of
lement que la plupart des autres villes de cette province
demeurent défertes , quoique ce foit le plus riche Se le
meilleur pays de toute la Barbarie , Se où l'on ponrroit
vivre plus à fon aife. * Marmot , Defcript. d'Afrique,
1. 4. c. 7.
NUCHUL, lac chez les Liby -Egyptiens, félon Oro>
fius , qui dit que les Barbares le nomment Dura. Pom-
ponius Mêla, /. 3. c. 9. ne donne à Nuchui que le nom
de Fontaine, Se dit qu'on la prenoit pour la fource du
Nil. Quelques-uns l'ont pris pour la fource du Niger.
*Ortelii Thef.
NUCITO ou Nuciti, petite rivière de Sicile: elle
arrofe le Val Démone. Les anciens la nommoient Mê-
las ou Facelmus. Elle a fon embouchure fur la côte mé-
ridionale de l'ifle . un peu a l'orient de la ville de Mi-
lazzo. s Atlas , Rob. de Vaug ndy.
NUCR1A. Voyez. Nacria.
NUCULjE. Voyez. 1JR*NESTE.
NUDIODUNUM , lieu de la Gaule Lyonnoifc , fé-
lon Onelius , Thej. qui cite la cable de Peutinger ; mais
dans cette table , Segment. 1. au lieu de Nudiodunum on
lit Nudionnum , entre Arngenne Se Subdimtm. Vellér
croit que c'eft le Nov-omigus , qu'Antonin place entre
Breviodirum Se Condace.
NUDITANUM, ville d'Espagne , chez les Baftita-
ni , félon Pline,/. 3.C. 1. Quelques manuferits portent
Ufiduanum , pour Nuditanum.
NUD1UM, ville du PélOjionnèfe , dans l'Elide. Hé-
rodote , /. 4. c\ 148. dit quelle fut détruite de fon
tems.
NUER , rivière d Irlande : elle a fa fource dans le
comté delà Reine : elle baigne Kuke,wy ScTbum u Toivn ,
Se fe joint à la rivière de Barrcw , un peu au-deflus de
Rof. * Etat préfent de la Grande Bretagne , t. 3. p.
20.
NUESTRA SENORA DE CARVALLEDA (a),
bourgade de 1 Amérique méridionale , fous le dixième
degré de latitude notd, dans la province de Venezuel-
la , au feptentrion de la ville de Caracas , fur le ri-
vage de la met du Nord. Cette bourgade ( b ) a un port ,
mais ii commode Se mal afluré. Comme la mer brife
fort & eft extrêmement agitée proche de la côte , il
eft trè^-difncile d'y aborder avec des chaloupes pour y
mett'e pied à terre , fi ce n'eft auprès d'un fort que les
Espagnols ont bâti dans une petite baie. ( a ) Atlas, Rob.
de Vaugoniy. [b) Corn. Dièt. De Laet , Description des
Indes occidentales , 1. 18. c. 11.
NUISTRA SENORA DE L'OCCA. Voyez. Auca
Se Occa.
NUESTR A SENORA DE ORETO , petite églife du
royaume d'Espagne , dans la Caftille-Neuve , auprès de
Calât rava , Se dans le nom de laquelle on trouve des
traces de l'ancienne Oretum Germ.inorum \ ce qui prou-
ve que fi Calatrava n'eft pas cette Oretum , du moins
cette ancienne ville n'étoit pas bien loin de là. L'églife
de Nueflra Seiïora de Oreto eft d'une architecture ro-
maine , Se dans le voifinage on trouve un pont de
même architecture-, on y voyoit autrefois cette inferiptiou
qui a é;é transportée à Almagro.
P. B^bius. Venustus.
P. B^tBii. Veneti. F.
p. b^esiceris. nepos.
Oretanus.
Petente. Ordine. et Populo.
in hon. domus. divine.
pontem fecit.
ex. hs. xxc. circens. editis. d. d.
* Délices d'Espagne , r. 2. p. 358.
NUESTR A SENORA DE LA PAX ( a), ville d«
l'Amérique méridionale , au Pérou , dans l'audience de
Los-Charcas , vers la fource de la rivière de Choquea-
po , dont on lui donne quelquefois le nom , Se à l'orient
du lac de Titicaca. Cette ville eft bâtie au pied d'une
montagne ( h ) , ce qui la met à couvert des vents. La
vallée dans laquelle elle eft bâtie n'a guère qu'une demi-
lieue de circuit. I! y a plufieurs fontaines aux environs
Se de fort bons pâturages : on y voit auifi des vignes , des
figuiers & autres arbres. Tous les fruits y commencent
6o6
NUI
NUI
à mûrir en Janvier , ôc les raifins depuis le milieu d'A- de la^province. Elle eft de 3 deg. 10 min. plus occiden
vril jusqu'à la fin de Mai. ( a ) Atlas , Rob. de Vaugon- taie que Péking , fous les 38 deg. o min. de latitude fep
dy.(b) Corn. Dicl. De Laét , 1. 2. c. $.
NUESTRA SENORA DE REMEDIOS, ville de
l'Amérique méridionale. Comme elle efl: près de l'em-
bouchure de la rivière de la Hacha , on l'appelle com-
munément Rio-de-la-Hacha. Voyez, ce mot.
NUESTRA SENORA DEL ROSARIO. Les Espa-
gnols avoient donné ce nom à une ville de l'ille de Ter-
nate, dans les Molucques.
NUESTRA SENORA DE LOS TORMES , autre-
fois ville d'Espagne , dans la Vieille Caftille. On en voit
encore les ruines près d'Osmo. On croit qu'elle avoir iuc-
cédé à Termantia , ville des Arevaques. * Baudrand,
édit. 1705.
NUESTRA SENORA DE LA VITTORIA(^),
ville de l'Amérique feptentrionale, au Mexique, fur la
côte de la baie de Campêche , dans la province de Ta-
basco, vers les confins du Yucatan.On la nomme aum
Tabasco , ou Amplement Vittoria. On prétend qu'elle
fe nommoit autrefois Pontonchan (b). Cortez ayant as-
fiégé cette place en 1; 19 , la prit ôc la faccagea. Les Es-
pagnols qui la peuplèrent depuis , lui donnèrent le nom
qu'elle porte , pour confervcr le fouvenir de la victoire
qu'ils y avoient remportée fur les habitans de ces con-
trées. ( a ) Atlas, Rob. de Vaugondy.(b) Corn. Dicl:. De
Laët.
NUESTRA SENORA DE LOS ZACATECAS,
ville de la Nouvelle Espagne , en Amérique. Voyez. Za-
catecas.
NU ETES ( La rivière des ) , c'eft-à-dire , la rivière des
Noix. Elle eft dans l'Amérique feptentrionale &c dans
la Louïfiane. Elle fe jette dans la rivière du nord , à
vingt lieues ou environ de l'embouchure de cette der-
nière rivière dans la mer.
NUETINI. Voyez. Gravisc/e.
NUEVA SEGOV1A ou Nouvelle Segovie, ville
des Indes orientales , dans la partie feptentrionale de
l'ille de Luçon , l'une des Philippines. Elle eft fituéefur
le bord d'une rivière de même nom , qui vient des mon-
tagnes de Santor, dans Pampanga, &quitraverfe pres-
que toute la province du midi au nord. Atlas , Rob.
de Vaugondy , place la Nouvelle Ségovie , vers l'embou-
chure de cette rivière qu'il appelle rivière de Cagayan.
L'alcade major de la province fait fa réfidence à la Nou-
velle Ségovie , avec une garnifon d'infanterie compofée
d'Espagnols & de gens d'autres nations. On y a bâti un fort
de pierres ôc élevé d'autres ouvrages pour fe défendre
contre les Irayas , qui font des Indiens révoltés Ôc qui
habitent dans les montagnes qui partagent toute l'ille.
Nueva Segovia fut fondée par le gouverneur don
Confalvo Ronquillo. Il y a une églife cathédrale , dont
frère Michel de Benavides fut élu premier évêque en
1598.
NUGNE2J (rio), Nueva, ou Maguiba , rivière
d'Afrique, dans la Haute-Guinée, entre la rivière de
Galinhas, ôc le cap Monte. Cette rivière vient du pays
de Galaveis. Elle étoit autrefois beaucoup fréquentée
par les François ôc les Portugais, aujourd'hui on n'y
voit que les Anglois qui la remontent une quinzaine de
lieues jusqu'au village de Dova-Ruja , d'où ils tirent des
dents d'éléphaus. Plus loin , le canal efl interrom-
pu par des rochers Ôc des chutes d'eau. * Côte de Gui-
née , par Bellin.
NUIHIANG , ville de la Chine , dans la province
de Honan , au département de Nanyang , feptiéme mé-
tropole de la province. Elle efl de 6 deg. 27 min. plus
occidentale que Péking, fous les 34 deg. 2 min. de lati-
tude feptentrionale.il y a auprès de cette ville une fon-
taine" dont l'eau efl très-précieufe aux Chinois ; ils pré-
tendent qu'elle a la vertu de prolonger la vie de l'hom-
me. * Atlas Sinenfis.
NU1KIANG, ville de la Chine, dans la province
de Suchuen , au département de Chingtu, première mé-
tropole de la province. Elle eft de 1 1 deg. f 8 min. plus
occidentale que Péking , fous les 30 deg. 6 min. de la-
titude feptentrionale. Auprès de cette ville il y a une
fontaine qui a rlux ôc reflux. * Atlas Sinenfis,
NUîKIEU , ville de la Chine , dans la province de
Péking, au département de Xunte , cinquième métropole
tentrionale.
1. NU1LLÈ , bourg de France , dans le Maine , élection
de Laval. C'ell le fiége d'une châtellenie , avec haute ,
moyenne & balte juflice.
2. NUILLE SUR OUETTE , bourg de France , dans
le Maine , élection du Mans.
3. NUILLE ET VANDIN, bourg de France, dans
le Maine , élection du Mans.
NUIODUNUM , ville de la Bafle-Mœfie, félon Pto-
lomée, /. 3. c. 10. Elle étoit près d'une des bouches
du Danube , un peu au deffus de l'ille de Pence.
NUIGHANG, ville de la Chine, dans la province
de Péking , au département de Taming, feptiéme mé-
tropole de la province. Elle eft de deux deg. 36 min.
plus occidentale que Péking, fous les 36 deg. 40 min.
de latit. feptentrionale. * Atlas Sinenfis.
NUlQUA , montagne de la Chine, dans la province
de Huiquang , au voifmage de la ville de Choxan. Elle a
pris fon nom de celui d'une femme nommée Nuiqua , en
l'honneur de laquelle on a élevé un temple magnifique
fur cette montagne.
NU1TLAND. D'Audifret, Géograph. anc. & mod.
t. 2. p. 498. nomme ainfi le territoire allemand du canton
de Berne. 11 y renferme les bailliages fuivans :
Chonolfîngen ,
Soefcingen,
Sternemberg ,
ZollighofTen ,
Loupen ,
La vallée d'Hafel ,
Alberg ,
Thun,
Spietz ,
Stratlingen,
Bipp,
Burgdorff,
Signou ,
Wiffemburg ,
UnJerzée ,
Oberhoffen ,
Summiswald ,
Biberitein ,
Emmethal ,
Interlnch ,
Nidow ,
Buren ,
Landshut ,
Fruttingen ,
Wangen ,
Arwangen ,
Tracheswald t
Brandis ,
Erlac ,
Schenkeberg ,
Saarun ,
Ober-Sibenthal , Arburg,
Nider-Sibenthal, Lentzbourg ,
Blankemburg , Kunigsfelden.
Wimmis ,
NUITONS , Nuithones , anciens peuples de la Ger-
manie , compris autrefois fous les Sueves feptentrionaux.
Tacite , Germ. c. 40. les joints avec fix autres peuples :
il dit qu'ils avoient les mêmes coutumes & la même re-
ligion , ôc que les fleuves ôc les forêts du pays faifoient
leurdéfenfe. Cluvier , Philip. Cluv. Germ.ant. I. 3. après
avoir marqué la place de fix autres peuples alliés des
Nuithones, met ces derniers entre les Sitar dones , les
Deufingi , les Langobardi ôc le Suevits ou l'Oder. Leur
pays^uroit ainfi compris la partie de la Marche de Bran-
debourg où font les villes de Prentzlow , de Templin ,
de Nv ôc d'Angermund ;{une portion du duché de Mec-
klenbourg , du côté qu'ell fitué le village de Forten-
fée ,& encore une portion de la Poméranie du côté que
fe trouve le village de Gartz. Spener , Carte de l'ahcie.we
German. les met à peu près dans le même endroit-,
mais il leur marque des bornes plus générales. Il leur
donne au nord oriental les Suar dones 1 à l'orient le Sue-
vus ; au midi le pays des Langobardi ; à l'occident les
Reudingi , ôc à l'occident feptentrional les Caviones.
Les grands ravages que firent ces peuples avec les
Bourguignons dans le pays des Rauraques , ôc dans ce-
lui des Helvétiens , les fit conno'itre vers le milieu du
cinquième fiécle. Ils y ruinèrent les villes d'Augu/la , de
Vindonijja ôc d'Aventicum. Une partie de ces Nuirons
s'établit dans ces pays, ôc donnèrent le nom de Nuit-
land , au pays qui forme aujourd'hui le territoire alle-
mand du canton de Berne. * D'Audifret , Géogr. anc.
ôc mod. t. 3. p. 21.
NUITS, ville de France, dans la Bourgogne, fur le
ruifleau de Mutin. Elle efl fituée dans une plaine au pied
d'une montagne , à quatre lieues de Dijon ôc à trois de
Beaune , fur la grande route de l'une de ces villes
à l'autre. Son enceinte n'eft que d'onze cens pas, dans
laquelle font enfermées cent trente maifons fort ferrées.
Elle efl fermée de murailles garnies de fix tours , cinq
rondes ôc une carrée. 11 y a encore quelque relie d'ancien-
nes fortifications , & deux portes, l'une au midi & l'au-
tre au feptentrion. On ne peur rien dire de certain fut
l'ancienneté de cette ville , qui tient cependant le uoi-
NUM
fiéme rang aux états de Bourgogne. La fcigneurie de
Nuits appartient à M. le prince de Conti, comme en-
gagifte, Se en cette qualité il a toujours nommé le gou-
verneur, qui, fur fa prélentation, obtient desprovifionsdu
roi. La principale églife de cette ville elt la collégiale
de faim Denys , qui fut cédée à ce chapitre , lorsqu'il y
fut transféré du château de Vergi , après que le roi Henri
IV l'eut fait démolir. L'églife paroilliale elt fous le titre
de faint Symphorien. Les chanoines de faine Denys en
font curés primitifs , Se nomment un d'entre eux pour
faire les fondions curiales. Il y aaulïiun couvent de Ca-
pucins, un d'Urfulines, un hôpital , un bailliage royal,
une prévôté royale, Se un grenier à fel. Le voilmagc de
la rivière de Saône lui favorife le commerce des bieds,
foins Se charbon , qui fe transportent a Lyon. Quant à
fes vins, qui ont une grande réputation pour leur bonté,
ce font les marchands de Paris qui les enlèvent. + IJi-
ganiol, Defcr. de la France , r. 3. p. 470.
NUITZ , ou Terre de Nuitz , contrée des terres
Aultrales, dans la NouvclL-Hollande, à l'orient de la
terre de Leewin ou de la Lionne. C'eit l'extrémité orien-
tale des terres qui nous font connues dans la Nouvelle
Hollande. Les navigateurs n'ayant pas poulfé plus avant ,
on ne fait encore quel rapport peut avoir cette terre avec
celle de Diemen. Sur la côte de la terre de Nuitz, il
y a plusieurs ifles allez près les unes des autres: on leur
a donné le nom d'IsLES de saint Iterre. Pierre de
Nuitz ou Nuytz Hollandois , découvrir cette terre en
162;, Se lui donna fon nom. * Atlas, Kub. de Vait-
g"idy.
NULUCH. Voyez. NucHut.
NUMAGANÎ, On lit ces mots dans Didysde Cré-
te : Diits cir Epijtrophus filii, Numaganorum régis. Ces
Numaganes feroient-ils les mêmes peuples que les H.i-
li^ones , fur qui Homère , liiad.B.v. 3 <5_j. die que ces
deux princes régnèrent ?
NUMAGEN ou plutôt Neumagen , Neomagtts ,
village & château d'Allemagne , dans l'électorat de Trê-
ves , fur la Mofelle , à trois milles au-delfous de Trê-
ves. On y remarque encore un édifice d'architecture ro-
maine. Les anciens ont nommé ce lieu Noviomago ,
Numago, Neonmagen , Se Aufone lappelle Nivo-
magum :au lieu de quoi Orrel.lit Neumagum. Aujour-
d'hui les habitans du pays la nomment Nymagcti Se Nu-
?7z.7g«7.0npcutlireli-delius le commentairedeMaïquard
Freher, fur la Mozelled'Aufone. Ce lieu de Numagen
a eu aullî titre de comté Se de baronnie , qu'ont porté en
divers tems des feigneurs particuliers qui en étoient pro-
priétaires , Se qui néanmoins étoient feudataires de l'ar-
chevêque de Trêves. * Z.yler, Topogr. Mogunt. Trevir.
Se Colon, p. 38.
NUMANA , ville du Picenum. La table de Peutinger
la met à douze milles d'Ancone, Se Pomponius Mêla,
/. z.c. 4. la place auprès de Potent'ia. Elle fut bâtie par les
Siciliens , félon Pline , /. 2. c. 1 3. Silius Italiens lui don-
ne l'épithéte de Scopulofa dans ce vers , /. 8. v. 432.
Heic & quts pasciuitfcopulofx rura Nuraanx.
C'étoit une ville municipale , félon une ancienne in-
feription rapportée dans Gruter. On y lit , p. 146. »° 1.
Municip. Numanat. C'eft-à-dire , Nnmanates Muriicï-
pes. On l'appelle aujourd'hui Humana (a ). Cette ville
a été épiscopale (/>). Adrianus , fon évêque affilia au
concile tenu à Rome l'an 680 , Se Gcrmanus à celui de
Latran , l'an 649. (a) Cellar. Geograph. ant. 1. 2. c. 9.
(b ) Harduiti. collect. conc. tom. 3. pag. 1138. Ibid. pag.
928.
NUMANCE, Numanùa , ville de l'Espagne Tarra-
gonnoife , dans le pays des Arevaci. Florus l'appelle
Hispanixdccus; ce qui a rapport à la vigoureufe léfiltan-
ce qu'elle fit aux Romains pendant quatorze ans qu'ils la
tinrent affiégée, Les Romains la détruifîient j mais elle
fut rétablie dans la fuite , car Ptolomée & l'itinéraire
d'Antonin en font mention. Celui-ci la place fur la route
àAflur'wa à Cxfaraugitfta , Se détermine même fa fituà-
tion , entre Voluci Se A/tgitftobriga, a quinze milles de
la première, Se à vingt-trois milles delà féconde Le
Duiius Parrofoit , comme le dit Strabon , /. ^ p. 162.
■rais ce fleuve étoit peu confidérable en cet endroit ,
NUM 607
parce qu'il étoit encoie près de fa fourec. * Cellarius ,
Geogr. ant. 1. 2. c. 1.
Ilorus , en pailant de la guerre de Numance , décric
ainfi la fituation de cette ville Se le courage de fes ha-
bitans : cette ville , fituée fur une petite élévation auprès
du fleuve Durius , quoique fans murs , fans tours, Se mu-
nie feulement d une garnifon de quatre mille Celtibères ,
foutint feule pendant quatorze ans les efforts d'une ar-
mée de quarante mille hommes. Cet hiltorien elt peut-
être le feul, qui cii: que Numance n'avoir point de mu-
railles : Strabon lui en donne ; Paul Oiolè , / 5. c. 7. die
que le circuit des murailles de Numance étoit de trois,
mille pas;mais Mariana femble devoir décider la quellion.
Voici ce qu'il rapporte touchant les murailles, la fitua-
tion Se les ruines de cette ville , qu il avoir vues Se exa-
minées avec foin. On montre , dit il , les ruines de Nu-
mance , a l'extrémité de la Celtibérie , du côté du fep-
tentnon , a l'orient du fleuve Durius, à quatre milles
& plus deSoria& du pont de Garay. L'art avoit moins
contribué à fa défenfe que la nature. Elle étoit bâtie fur-
une colline, dont la pente étoit affez douce , mais de
difficile aeeè^ , parce que de trois côtés elle étoit entourée
de montagnes ; un d eux aboutifloit à une plaine fertile ,
qui s'étendoit l'espace de douze milles le long de L
rivière de Tera , jusqu'à l'endroit où elle fe joint au Du-
rius. Semblable a la vilie de Sparte, Numance n'avoir
point de murailles , ni de tours pour fa défenfe ; car
comme elle avoit quantité de terres où elle faifoit paî-
tre fes troupeaux, il n'eût pas été portable de renfermer
de murailles une fi grande étendue de pays. Elle éroit
feulement munie d'une forterefle , où les habitans avoienc
mis cequ'iL avoient de plus précieux , Se ce fut dsns cette
forterefle qu'ils foutinrent fi long-tems contre les attaques
des Romains.
NUM ATSJU , ville du Japon , dans Pifle de Niphon ,
aux confins des provinces Suruga Se Idlu , à l'embouchure
de la rivière Sifingava. 11 y a dans cette ville environ deux
mille maifons. Elle n'a point de murailles, Se reflera-
ble plus à un grand village qu'à une ville. La princi-
pale rue > qui elt au milieu , s'é-end en longueur environ
une demi Feue. Il y a un temple appelle Kamanomia,
Se par quelques-uns Sannomia, où l'on garde une pièce
fort curieufe. C'eft une grande marmite , qui appartenoie
à Joritomo , ou félon quelques-uns, à fon frète aîné
Foilfine , généra! des troupes impériales , & premier
monarque féculier du Japon. On dit qu'elle a deux nattes
de diamètre , & qu'elle fervoit à cuire les fangliers que
l'on avoit tués à la chaflfe autour de la montagne Fufi-
nojamma. * K&mpfer , Hiit. du Japon, de la trad. de
Scbeuchz.er , t. 2. 1. j. p. 2 18.
NUMBOUKG, petite ville d'Allemagne, du domaine
de l'électeur de Mayence, dans la Bafle-Hefle , fur une
montagne , près d'un château qui appartient auffi à cet
électeur. Il y a dans le voifinage de cette ville , une
petite rivière nommée Elbe. C'eft le chef-lieu d'un bail-
liage. * Zcyler , Topogr. elecL Moguntin.
NUMEDIA. Fov^Numidie.
NUMENIA, nom d'une contrée , félon Jean Lydus.
Ortelius , Tbef. foupçonne que Numenia elt employé par
cet écrivain pour Numidia,
NUMENTANUS PONS, pont fur le fleuve Anio,
aujourd'hui Teverone. Le pont fe nomme à préfent Pon-
te Lamentano. * Or t élit Thefaur.
NUMEKIA SISENNA , on trouve ce nom dans No-
nius , où on lit : Protinus agros populabundus ad Nume*
riam convertit. Ce lieu eft entièrement inconnu. A la
vérité , Nicéphore dans fa chronologie , parle d'une
ville nommée Numeria, où il dit que l'empereur Ca-*
rinus fut tué ; mais c'eft une erreur: au lieu de Nume-
ria , il falloir dire Murtia.
NUMERITA. Curopalate Se Cedrene nomment de
la forre un certain peuple Arabe.
NUMESTRANF Voyez, Numistro.
NUMIC1A VIA, chemin Romain. Horace , Epijf;
lib. 1. Epifi. 18. fait entendre qu'il conduifoit à Brun-
dufe.
NUMICIUS ou Numicus , il couloit auprès de La-
v'in'wm , Se ce fut entre ce fleuve Se le Tibre qu'Enée
prit terre , lorsqu'il arriva en Italie , félon ces vers d£
Virgile, Mmid. /. 7. v. i/o.
6o8 NUM
.... Urbem & fines & littor a gentis ,
Diverfi explorant : h&cfontisftagna Numici , &c.
Et plus bas, v. 242.
.... Fonds vadafacra Numici.
Le même poé'te ajoute, v. 797.
Qui faltus , Tiberine , titos, facrumque Numici
Littus arant Rutulosque exercent vomere colles.
En effet , ce fleuve couloit aux confins des Rutules»
Quelques-uns le nomment à préfent Rivo.
NUMICUS. Voyez. Numicius.
NUMIDES. r«y«, Numidie.
NUMIDICUS SINUS. Voyez. Laturus.
NUMIDIE , Numidia , grande contrée d'Afrique ,
qui eut anciennement le titre de royaume , mais qui n'a
pas toujours eu les mêmes bornes: elles croient différen-
tes avant la guerre de Carthage , de ce qu'elles furent fous
les premiers empereurs Romains. D'abord la Numidie
comprenoit deux grandes nations : l'une connue fous le
nom de Numides MdfllrfyliensJ'autre fous celui de Numi-
des MafTyliens. Les premiers habitoient à l'occident , les
autres à l'orient. Les MafTa?fyliens , félon Tite-Live, /.
28. c. 17. nation voifine des Maures, avoient leur de-
meure à l'oppofite de la Nouvelle Carthage , en Espa-
gne ; Se auparavant-, /. 24. c. 48. il avoit donné à leur-
pays le nom de Numidie. Strabon , Polybe, /. 3. c. 33.
Se Denys lePériégete, v. 187. font la même diltinction.
Pline , qui a coutume de fuivre Mêla , l'abandonne en
cette occafion , ne décrivant que la Numidie des Mas-
fyliens , que Ptolomée appelle la Nouvelle Numidie :
il donne à l'autre le nom de Mauritanie Céfarienfe,
fous laquelle elle fut effectivement comprife dans la
fuite. Cependant Mêla donne à la Maffofylie le nom de
Numidie, à laquelle il joint quelque partie de la Nu-
midie Maffylienne , mettant le relie de cette dernière
dans l'Afrique propre. Pline au contraire renferme fa
Numidie entre les fleuves Ampfaga Se Fusca, étendue
que comprenoit la Numidie des MafTyliens, & où ré-
gnèrent Mafiniffa Se fes fucceffeurs. L'autre, félon Mê-
la , commençoit au fleuve Mulucha , qui la féparoit de
la Mauritanie, Se finiffoitaux environs du fleuve Amp-
faga : car , quoique Mêla place dans fa Numidie Cir-
t.i , qui étoit au-delà de l'Ampfaga , dans la Numidie
Maffylienne , elle appartenoit à Mafiniffa. Si Siphax la
lui enleva, il fut contraint delà lui reftituer , lorsqu'il
eut été vaincu.
D'abord les deux Numidies étoient poffédées par des
rois amis du peuple Romain; mais Rome déclara la
guerre à Jugunha , à caufe du meurtre d'Adherbal Se
d'Hiempfal, fils de Micipfa. Le conful Metellus défit
Jugurtha ; Maiius le fit prifonnier, Se la Numidie tom-
ba ainfi fous la puiffance du peuple Romain , qui n'en
fit pas encore une province , mais la donna à d'autres
rois. En effet , Aurclius Victor , qui écrivoit environ
cinquante ans après Marius , dit , en parlant de Pom-
pée , qu'il conquit la Numidie fur Hiarba , & qu'il l'a
rendit à Mafiniffa. Ce ne fut que fous Jules Céfar qu'el-
les furent réduites en provinces Romaines. La Numi-
die Maffylienne fut appellée fimplement la province de
Numidie, Se la Numidie Maffefylienne ne fut plus
connue que fous le nom de Mauritanie Céfarienfe.
La Province de Numidie, appellée par Ptolomée
la Nouvelle Numidie , étoit bornée au feptentrion par-
la mer , à l'orient par la province Confulaire , au midi
par la Libye intérieure , & à l'occident d'abord par la
Mauritanie Céfarienfe , & enfuite par la Mauritanie Si-
tifenfc , dont elle étoit féparée par une ligne tirée de-
ptais l'embouchure du fleuve Ampfaga , jusqu'à la ville
nommée Maximuiianum Oppidum. Sa métropole civile
étoit Cirta, qui avoit le titre de colonie, Se qui depuis
eut celui de colonie Conflamine. La Numidie fut aufïï
une province eccléfiaftique dans laquelle il fe forma un
grand nombre d'évechés. La notice épiscopale d'Afrique
en fournit jusqu'à cent vingt-deux , dans l'ordre fui-
NUM
vant » Se elle y joint les noms des évêques , tels que
nous les rapportons.
NOTICE
Des Evêques de la province de Numidie.
Félix Berceritanus.
Augentius Gaz.afulenfis.
Quod-vult Deus Cala-
menfis.
Honoratus Caftellanus.
Leontius Burcenfis.
Firmianus Centurionen-
fis.
Rufianus Vadenfis.
Paulus Nibenfis.
Martnilis Girenfis.
Viclor Cuiculitanus.
Cresconïus Amporenfis.
Adeodatus FeJJèitanus.
Vitalianus Bccconienfis.
Dumvirialis Damateo-
rienfis.
Donatus Aufitccurrenfis.
Valladius ldicrenfis.
Gaudentius Putienfis.
Viclor Suggitanus.
Benenatus Lambirita-
nus.
Timotheus Tagurenfis.
Melior Fuffdlenfis.
Frumentius Tuburficen-
fi/-
Félix Lamforienfis.
Abundius Tididitamts.
Valentianus Montenfis.
Adeodatus Hobabarba-
renfis,
Adeodatus IdaJJenfis.
Florentins Nobagcrma-
nienfis.
Villaticus Dec a fis Me-
dianenfis.
Eufebius Suzicafienfis.
Viclorinus de Nobacœfa-
ris.
Vitalianus Vaz.aritamts.
Junior Tigillabenfis.
Vtgilius Refjanenfis.
Leporius Augurenfis.
Pascentius Oclabenfis.
Petrus Madenfis.
Félix Matbarenfis.
Florentins Centenarien-
fis.
Félix Gilbenfis.
Florentianus Midilenfis .
Fluminius Tabndenfis.
Optamius Cafenfi, Cala-
nenfis.
Peregrinus Punetianen-
fis.
Félix Nobasparfenfis.
Felicianus Metenfis.
Dominicus Cœfarienfis.
Quod-vult- Deus Cda-
nienfis.
Jamiarius Zattarenfis.
Viclorinus de Caftello 1i-
tuliano.
Frucluofus de Girit Mar-
celli.
Crasconius Tharafenfis.
Maximus Sdlitanus.
Vigilius Hizirz.ardenfis.
Vittor Munic'ipcnfis.
Servus Arficaritanus.
Félix Cafennigrenfis,
Donatiamts Vefelitaiws.
Prudentius Madaurcn-
fis.
Donatus Rufticianenfis.
Donatus Villadegenfis.
Crescens Buffadenfis.
Adeodatus Siftronianen-
fis.
Rufticus Tipafenfis.
Simplicius Tibilitanus.
Stcphanus Sinitenfis.
Pascentius Cethaquen-
fusca.
Donatiamts Teglaten/is.
Cresconius Zabenfis.
Antonianus Muftitamts.
Reparatus Tubinienfis.
Anafiafius Aquenoben-
fis.
Viclorinus Babrenfis.
Félix Tebejiinus.
Domninus Moxoritanus
Métallo.
Secundus 'famogazien-
fis.
Viclorinus Legienfis.
Quod-vult- Deus Respe-
clenfis.
Jamiarius Velefitanus.
Benenatus Maz.acen(is.
Donatus Lugurenfis.
Viflor Cirtenfis.
Pardalius Macomadien*
fis.
Jamtarius Legenfis.
Quod-vult -Deus adTur-
res concordi.
Maximus LamfuenfiSi
Marcellinus Vagrauten-
fis.
Domnicofus Tigi/îtanus,
Donatus Gilbenfis.
Fortunius Regianenfis.
Donatus Silenfis.
Viclor Gandabienfis.
Januarianus Marculita-
nus.
Jamiarius Centurienfis.
Félix Suabenfis.
Crescemianus Gcrma-
nienfii.
Annibonïus Vadefitanus.
Jamiarius Gaurianenfis.
Fortunatianus Naratca-
tenfis.
Maximus I-.amiggiz.en-
fis.
Félix Garbenfis.
Julius Vagarmelitanus.
Pontieanus Formenfis.
Vifior de Turrcs Àmme-
niarum.
Servus Belefafenfis.
Honoratus Fatenfis.
Menfor Formenfis.
Peregrinus Malienfis.
Gedalius Ospitenfis.
Fulgenùus Vagadenfir.
Secundinus hamaf nenfis.
Crescentius Tacaraten-
fi*'
Benenatus Mdevitanus.
Quod-vult'Dcus Villita-
mis.
Pruficius
NUR
NUR
Froficius Seleuciannen-
fa
froficius Vadenfis.
Januarïus Tagajlen-
fis.
Donatus Maximianen-
fis.
AdcodaXus Zaradten-
fi*.
Felicianus de Giru Ta-
rafi.
Cirdelus Lamiggigen-
fis.
Flaviamts Vcopacenfîs.
60 9
Fais de la Croix ,
NUM1DIENSIS, fiége épiscopal d'Afrique , dans la
Mauritanie Céfarienfe. La conférence de Carchage four-
nit Januarius Numidienfls , 8c la notice d'Afrique fait
mention de Victor , évêque du même lieu. * Harduin.
collecfc. conc. t. 1. p. 1100. 2. p. 87;.
NUMINIENSES, peuples d'Italie. Pline , /. 3. c.$.
les place dans l'ancien Latium.
NUMISTRO ou Numestro, ville d'Italie , chez
les Bruni. Tite Live , /. 27. c. 2. la met dans la Luca-
nie , parce qu'il a coutume d'attribuer aux peuples de
cette province une partie du pays des Brutii. Prolo-
nge, /. 3. c. 1. place auiîi Numiftro chez les Brutiens
& dans les terres. Pline , /. 3. c. 1 1. appelle Numeftrani
le peuple de Numiftro. Quelques-uns croient que c'eit
aujourd'hui Clocento.
NUMNULITANUS , fiége épiscopal d'Afrique ,
dans la province Proconfulaire. Aurelius Numnulitanus
étoit du nombre des évêques qui affilièrent à la confé-
rence de Carthage. * Harduin. colleét. conc. tom. 1.
pag. ic8i.
NUN ou Non , petite contrée d'Afrique, dans la pro-
vince de Sus. Le cap de Non fe trouve dans cette con-
trée. Voyez, au mot Cap de Non.
NUNDRECI , bourg de France, dans le Berri , éle-
ction de Bourges, dans la baronnie de Graçai. Il y a dans
ce bourg un chapitre fondé au commencement du on-
zième fiécle.
NUNEATON, bourg d'Angleterre, dans le War-
vrickshire. On y tient marché public. * Etat préfient de
la Grande Bretagne , t. 1.
NUNEZ , rivière d'Afrique. Voyez. NognÉ.
1. NUPAL, petit état des Indes, au voifinage du
royaume de Boutan. A cinq ou fix lieues au-delà de Gor-
rochepour , dit Tavernier , on entre fur les terres du Ra-
ja de Nupal , qui vont jusqu'aux frontières du royaume
de Boutan. Ce prince eft vaffal du Grand-Mogol, Se
lui envoie tous les ans un éléphant pour tribut. Il fait
fa réfidence dans la ville de Nupal de laquelle il prend
le nom , & il y a fort peu de négoce 8c d'argent dans
fon pays qui efl tout couvert de bois 8c de montagnes.
* Voyage des Indes, 1. 3. c. iy.
2. NUPAL , ville des Indes , dans un petit état de
même nom. Voyez, l'article précédent.
NUPHEOS , ville d'Egypte, à ce que croit Ortelius ,
Tbefi. Saint Athanafe, dans le concile d'Alexandtie , fait
mention d'un évêque, nommé Adelphius : il le qualifie
episcopus Nupheos , quœ efl Licbnorum.
NÙPSAS , lieu fortifié près de Boftra, dans l'Arabie.
Baronius dit , d'après les dialogues de Palladius , que
l'évêque Eulifius fut relégué dans cet endroit. * Ortelii
The faur.
NUPSIA, ville de l'Ethiopie fous l'Egypte, félon
Pline , /. 6. c. 29. Le même écrivain parle quelque part
ailleurs d'une ville qu'il nomme Nitpfis. Peut-être cft-
ce la même que Nupfia.
NUR , ville d'Afie dans le Zagatai , entre Samar-
cande & Bocare , presque à égale diftance de ces deux
villes. Le nom de Nur, qui lignifie lumière, lui avoir
été donné parce qu'elle renfermoit plufieurs lieux , dont
la fainteté artiroit de toutes parts un grand nombre de
gens. Les Mogols fe préfenterent devant cette ville en
1220, 8c les portes leur en furent d'abord fermées.
Les habitans fe flatoient que le fultan leur enverroit du
recours , comme il leur avoir faitefpérer; mais le gou-
verneur , foie par lâcheté , foit qu'il ne crût pas que
Mehemet fût en état de les fecourir, foit qu'il fût corrom-
pu par les Mogols, engagea les habitans d'envoyer de-
mander au grand Kan à quelle condition il fouhaitoit
que la ville fe rendit. Il n'exigea que des bleds 8c la
fomme de quinze cens écus d'or , que les habitans s'o-
bligèrent de lui payer tous les ans,ainfi qu'ils avoient
coutume de la payer au fultan.
Hiff. du grand Genghizcan , 1. 3. c. ;.
1. NURA. Voyez. Nora I.
2. NURA, ville d'Italie dans le duché de Plaifance;
elle a fa fource dans la partie méridionale de ce duché ,
aux confins du marquifat de San Steffano. Elle prend
fon cours du midi au nord, tiàvcrfe la vallée de Nura,
& va fe jerter dans le Pô , un peu au-deffus de l'em-
bouchure de la Ghiavcnna. * Nie. Vi/fer , Carte du du-
ché de Plaiïànce.
3. NURA, vallée d'Italie dans le duché de Plaifan-
ce : elle s'étend le long de la rivière de même nom,
entre les vallées de Trebbia & de Prino à l'occident , 8c
celle de Chavenna à l'orient*
NURCIA. Voyez. Nursia.
NURCONENSIS ou Murconnf.nsis , liège épis-
copal d'Afrique dans la Mauritanie Céfarienfe. Aitxi*
lins eft qualifié episcopus Nurconenfis , dans la confé-
rence de Carthage, num. 125. Dans la notice épisco-
pale d'Afrique on lit Maddanius Murconenfis pour
Maddanius Nurconenfis.
1. NURENBERG, ville impériale d'Allemagne,dans
le cercle de Franconie , fur la rivière de Pegnirz, dans
un terrein fablonneux 8c inégal. Quelques - uns veulent
que ce foit le Segodunum de Ptolomée, qui dans la fuite
a été appelle Nahrunsberg, d'autres qu'elle ait été fon-
dée par Drufus Néron, frère de l'empereur Tibère , &
que de- là elle ait été appellée Neroberg ; d'autres di-
fent que Tibère Néron lui-même a donné occafion à
fa fondation avant qu'il fût parvenu a l'empire, lorsqu'il
mena les légions Romaines contre un certain roi de
Thuringe. Plufieurs rejettent ces conjectures comme
mal fondées , parce qu'il n'y a pas d'apparence que les
Nérons foient venus dans ce pays : ils prétendent que
Nurenberg tire fon nom des Noriques , dont elle a été
la métropole. Ils difent que ceux qui habitoient ancien-
nement une partie des renés qu'on nomme Autriche ,
Stirie , Carinthié, évêché de Saltzbourg , &c. ayant va
leut pays ravagé ou envahi par les Huns , (e retirèrent
en partie dans cette contrée que la Pegnitz 8c la Red-
nitz arrofent , 8c y bâtirent pour leur fureté fur la hau-
teur une efpéce de château avec quelques autres habi-
tations, qui formèrent avec le tems une ville. Cette opi-
nion eft confirmée par des Chartres fort anciennes, où
il eft parlé d'un Caftrttm Noricum , qui étoit dans la
Franconie , 8c qui devoit avoir fnbfifté avant Charlema-
gne. On voit auffi une confiitution de l'empereur Fré-
déric contre les incendiaires 8c les perturbateurs de la
paix , où la date eft marquée , In Ciftro noftro Norim-
lercenfi , arme 1 187. Quoi qu'il en foit , cette ville qui
apparteÉoir au duc de Franconie, avoir recula religion
Chrétienne fous le règne de Charlemagne. Après la
mort d'Albert , duc de Franconie 8z comte de Bambcrg ,
elle fut foumife immédiatement à l'empire par l'empe-
reur Louis III, fils de l'empereur Amoul. Ce fut à Nu-
remberg que fe tint fous Oihon I , dit le Grand , la
première diète de l'Empire en l'année 938, fous le rè-
gne de ce prince 8c fous ceux d'Othon II 8c d'Oihon
III. Cette ville prit de tels accroiffemens , que plufieurs
comtes de l'Empire, év entre autres ceux de Naffau, y
établirent leurs demeures. L'empereur Henri II y fit
auffi le plus fouvent fon féjour , 8c y expédioit les plus
confidérables affaires de l'Empire. Henri 111 ne parut
pas l'honorer moins. Dans la guerre que les empereurs
Henri IV & Henri V, père 8c fils fe firent , Nurer.beig
ayant tenu pour le premier , fut affiégée par le fécond
l'an 1 106 , 8c prife après avoir fouffert trente & un difTé-
rens afiauts. Ce prince y fit tuer, fans diftinction d'âge
ni de fexe , tout ce qui fe trouva expofé à la fureur
du foldat , cette ville fut pendant rrenre- trois ou trente-
quatre ans presqu'entierement dépeuplée 8c dans un état
fi pitoyable , qu'on lui donnoit le nom de Rudenberg.
Elle commença à fe relever fous l'empereur Lothaire,
& principalement fous le règne de Conrad III , qui en
iijo , après fon retour de la Terre Sainte, y fit fou
féjour ordinaire. * Zeyler, Top. Franconiar.
L'an ijfo, fous l'empereur Charles IV. elle reçut
les accroiffemens qui la rendirent telle qu'elle eft. Ce
fut alors qu'elle fut environnée d'un double mur, de
fortes tours, de folles profonds , &de divers autres ou-
Tom. IV. Hh h h
6io NUR
vrages , qui ont été perfectionnés clans la fuite. On y
compte trois cens foixante-cinq tours, tant groflesquc
petites. Il y en a au moins cent quatre vingt-trois qui
font bâties de grolïes pierres de tailie, 8c fur lesquelles
on peut placer de la girofle artillerie. Il y a fix grandes
portes munies de leurs défenfes , 8c deux autres petites
pour la commodité des bourgeois. On y compte cinq
cens vingt-huit rues, onze ponts de pierres 8c feptde
bois fur la Pegnirz , qui la coupe en deux parties pres-
que égales , 8c dix marchés ou places publiques. Cette
rivière y forme plufieurs ifles , qui donnent , ou d'a-
gréables promenades, ou des places de jeu , & des
prairies propres à blanchir le linge au foleil. L'étendue
de la ville eft d'environ huit mille pas de circuit. Elle
a deux fauxbourgs, dont le premier, qu'on nomme Wehrd
ou Marckt Wehrd , a fa juridiction particulière , qui
eft néanmoins fubordonnée à celle de la ville. Le fé-
cond, appelle Gouenhoff ou Marckt Gollenhoff, étoit
ci devant un bon village , allez éloigné de l'ancienne
ville , 8c qui , dans la nouvelle augmentation , y a été
compris .quoiqu'il foit encore hors des foliés. Ce lieu eft
aufli le fiége d'un bailliage particulier , 8c n'eit pas moins
fortifié prefentement que le refte de la ville. Quoique
Nurenberg foit par-tout affez peuplée , elle n'a que
deux paroilTes : faint Sebald 8c faint Laurent. Tout le
peuple y elt généralement induftrieux, 8c montre une
grande adreffe pour toutes fortes d'ouvrages , d'où il tire
aufli très aifément fa fubfiftance. Les magiltrats veillent
même tellement pour entretenir cette heureufe activi-
té , que les parefieux pourroient difficilement y refier.
Pour cet effet , ils défendent tout concours 8c aflemblées
du peuple , fi ce n'eft dans les églifes 8c aux enterre-
mens. On a certains divertiffemens pour lesquels il y
a des jours marqués. Il n'eft pas permis de s'aflèmbler
pour des régals , fi ce n'eft en cas de noces. Les mar-
chands de cette ville, qui commencèrent dès l'an 1300.
ou environ, à négocier dans les pays étrangers, ont rendu
leur négoce fort étendu. Leurs marchandifes font por-
tées par toute l'Europe , aux Indes orientales 8c dans
l'Amérique , 8c leur banque eft réglée à peu près fur
Je même pied que celle de Venife. Une ville fi indu-
ftrieufe n'a pu manquer d'être gratifiée de plufieurs
grands privilèges. Aufli en a-t-elle de fort utiles 8c de très-
honorables ; entre ceux de cette dernière espèce , on
remarque celui qu'elle a de garder les ornemens impé-
riaux qui doivent fervir au couronnement de l'empereur.
Le domaine de Nurenberg eft confidérable : il ren-
ferme les petites villes de Herspruck , de Lauff,d'Al-
torff , de Velden , de Hohenftein , de Hippolltein, de
Haufleck , de Liechtenaw , de Grefenberg , plufieurs fei-
gneuries qui ont haute 8c baffe juflice , 8c diverfes au-
tres dépendances. Lorsque les troupes de l'Empire doi-
vent marcher, elle fournit pour fon mois Romain qua-
rante cavaliers , deux cens cinquante fantaflins , & mille
quatre cens quarre-vingt florins en argent.
La régence de Nurenberg eft compofée d'un grand
confeil de quarante-deux perfonnes , dont huit font du
corps des marchands & artifans , 8c compofent ce qu'on
appelle petit confeil ; les trente-quatre autres , qui font
appelle le confeil interne , font pris de vingt-huit an-
ciennes 8c nobles familles , qui feules ont droit aux
places de ce fénat. De ces trente-quatre nobles, treize
font bourguemaîtres, & treize autres échevins. Les au-
tres font apellés anciens. Toutes les quatre femaines
deux nouveaux bourguemaîtres , dont l'un eft toujours
un des anciens bourguemaîtres, entrent en exercice. Les
huit membres du petit confeil n'affilient aux délibéra-
tions que pour certaines affaires , 8c à certains jours mar-
qués Outre les quarante-deux membres actuels du grand
confeil de régence, il y en a encore quatre ou cinq cens
qui font aufli qualifiés membres du même confeil, mais
qui n'y affilient jamais , que lorsqu'il s'agit d'affaires de
la dernière importance, qui intéreffent le bonheur 8c la
tranquillité publique ; ils y font alors invités par les
membres actuels delà régence. Au refte, ce grand confeil
neconnoît ordinairement que des affaires du gouverne-
ment. 11 y a d'autres tribunaux pour la décifion des caufes
par iculieres , qui néanmoins, félon leur espèce, peu-
vent auffi être portées par appel 8c en dernier rcffbrt
au grand confeil. Le premier 8c principal de ces tribu-
NUR
naux eft celui qu'on nomme proprement le Tribunal ou
la juflice de la ville; il elt compofé de quare docteurs,
de douze échevins, d'un juge, de deux greffiers 8c de
quatre fubftituts. Il y en a d'autres qui connoiffent feu-
lement des caufes concernantes l'agriculture , ou le né-
goce , ou les eaux 8c forêts , 8cc. En général , on peut
dire que tout elt réglé avec beaucoup d'ordre dans cette
ville , éc qu'elle a de très bonnes loix. Les magiltrats
lesobfervem avec une fcrupuleufe exactitude, & jugent ,
fans acception de perfonnes , conformément à l'efprit
de ces loix. La chronique de Nurenberg en fournit
quantité d'exemples mémorables.
L'églife de faint Sabas elt la plus ancienne , ayant été
bâtie, à ce qu'on prétend, en 740, & d'abord dédiée
à faint Pierre. Elle eft fort vafte & a fept portes. Sa groffe
cloche, qui pefe cent cinquante-fix quintaux , fut fondue
l'an 1392. Le tombeau de faint Scbald, fon nouveau
patron , elt fait avec beaucoup d'air. On y a employé
cent cinquante-fept quintaux 8c vingt neuf livres de lai-
ton. Cette églife & celle de faint Laurent , qui n'a été
bâtie que lorsque la ville a commencé à s'étendre de
l'autre côté de la rivière, ont de très beaux vitraux,
de belles colonnes 8c de belles voûtes. Celle de Notre-
Dame , qui fut /confiante l'an 1355. fur la grande place
du marché , dans l'endroit où étoit auparavant la fy'na-
gogue des Juifs , ne cède guère aux deux premières en
magnificence. Les églifes de faint Gilles, du faint Es-
prit 8c de l'hôpital faint Jacques , font encore remar-
quables. Elles font remplies de quantité de moniunens
de princes & de comtes de l'Empire , une grande par-
tie des épitaphes qu'on y lit, furent imprimées en 1622,
dans l'églife , qui , avant le changement de religion ,
étoit celle des Dominicains. On y conferve une magni-
fique bibliothèque , qui appartient au grand confeil de
régence : on y trouve quantité d'anciens manufetits 8c
de très-beaux globes: elle elt eflimée comme le pluspré
cieux tréfor de cette ville. On y lit cette infeription:
D. O. M. S.
Illuflris cura ftudioque favenre Senatûs ,
Heic habitant Mufie , Pallas , Hugcia , Themîs ;
Et Dea Lux veri 8c Reverentia Numinis : Hospes
Pasce volens licitis mentem oculosque modis.
Aft ungues cohibe , Rhamnufia non proci.l , 8c quae
Stipremum claudit mortis imago locum.
Cette ville a toujours frit grand cas des favans, &
encouragé par toutes fortes de moyens les feiences; aufli
n'a-t-elle point manqué de gens très-capables dans tous
les genres. La manière dont Erasme, Luther 8c Mé-
lanchton fe font expliqués à ce fujet en divers ouvra-
ges , 8c particulièrement dans leurs lettres à des favans
de cette ville, fuffiroit feule pour le prouver. Ce der-
nier , écrivant à VitusThéodoricus , appelle Nurenberg
Lumen , Oculum , DecusQr Ornamcntitm pracipuum Ge? *
mania. Le même Mclanchion, écrivant à Camerarius en
IJ47 , compare Nurenberg à Athènes. Enfin, les foins
que le magiitrat de cette ville s'efl donné pour y établir
divers écoles, comme celles de faint Laurent , du Saint-
Esprit , de faint Jacques, 8c fur- tout le collège de faint
Gilles , qu'il transporta depuis , pour plus grande com-
modité, à Altorff, ville de fon domaine, marquent
aflez combien cette ville a toujours été affectionnée aux
feiences. L'empereur Rodolphe II , voulant concourir
aux defirs des magiltrats à cet égard , érigea ce collège
d'Altorff en académie , qu'il décora de plufieurs pri-
vilèges , & particulièrement de celui de créer des maî-
tres-èsarts 8c des bacheliers. Ferdinand II. lui donna
enfuite celui de faire des doéteurs. Après la guerre
qui défola l'Empire vers l'an 1632, la ville de Nuren-
berg rappclla cette univeifité d'Altorff, cV releva non
feulement le collège de faint Gilles, mais établit encore
de nouvelles chaires en 1642, tant pour la tl-éo!og;e 8c
la philofophie, que pour l'étude de la langue hébraï-
que.
Parmi les bâtimens purement civils , un des plus con-
fidérables eft le château ou la forrerefTe impériale , où'
les Caflelîans , gouverneurs ou vicaires des empereurs ,
faifoient autrefois leur réfidence,& qui eit la demeure
NUR
NYE 6ir
ordinaire d'un des feigncurs créforiers , depuis que ces
mêmes empereurs l'ont abandonnée & cédée à la ville
avec toutes ("es appartenances , fous la condition de
l'hommage & de la reconnoiffânce que toute ville Im-
périale doit à l'Empire. Ce château, fitué fut le roc , eft
bien fortifié. Les feigneurs de la régence le firent re-
nouveller en quelque manière en 1538, & y firent ajou-
ter phifieurs ouvrages, tant pour la fortifier , que pour
l'embellir. Il a quatre tours , dont deux regardent la
ville, les deux autres font du côté de l'orient ôe du
feptentrion.
Lorsque l'empereur vient à Nurenberg, on le reçoit
encore dans ce même château, où il y a des apparte-
mens qui ne fervent à aucun autre ufage. Cette por-
tion du château a une chapelle, où l'empereur fait alors
célébrer le fervice divin de la manière qu'il lui plaît.
Outre ce château , il y en avoit encore autrefois un
autre appartenant aux bourgraves, dont la dignité étoit
héréditaire; mais ceux-ci ayant vendu , en 1427, ce do-
micile avec toutes les appartenances, droits, privilèges»
Sec. qui y étoient attachés , on a conftruit en ce lieu
les greniers de la ville, ôc un boulevard qui avoit paru
jiéceffaire pour la fureté de la place.
On veit dans le reffe de la ville quantité de mai-
fons bien bâties, ôc à l'agrément desquelles la nature
Se l'art femblcnt avoir également contribué.
11 y a dans des collines, ôe même dans les plaines
voifines de Nurenberg, des carrières qui font d'un grand
fecours pour la conftruétion de ces maifons. La mai-
fon de ville , qui fe trouve vis-à-vis de Féglife de faint
Sebald , eft bâtie de grandes pierres de taille. Cet édi-
fice , qui eft fort vafte , ôc où l'on n'a rien épargné pour
l'embellir, eft rempli de plufieurs chofes curieufes. Il
y a fur-tout des tableaux de plufieurs grands maîtres,
Se particulièrement d'Albert Durern, qui étoic natif du
lieu même, ôe qui eft mort en 1 j z8. L'arfenal ôc les
greniers de la ville font encore des pièces dignes de
remarque. Ces derniers renferment toujours une grande
quantité de bled, qu'on a L'induftrie de garder pendant
bien des années , fans qu'il fe corrompe. On trouve
même dans les chroniques de cette ville > que l'on y fit
manger en 1541 à l'empereur Charles V , un pain qui
avoit été fait de bled que l'on y gardoit depuis cent
cinquante ans. On ne peut guère trouver un morceau
[d'architecture plus hardi que le pont de pierres qui eft
fur la Pegnitz devant la boucherie. Il eft tout d'une
feule arcade, qui d'une bafe à l'autre aquatre-vingt-dix-
fept pieds ôc demi d'étendue , fans en avoir que treize
d'élévation, & il a cinquante pieds de largeur. Il fut com-
mencé l'an 1597, après qu'un autre bien différent eut
été emporté par un débordement de la rivière, Se il ne
fut achevé qu'en quatre années avec beaucoup de peines
Se de grandes dépenfes. Cet ouvrage fut fait fur le deiïein
du fameux Pierre Cari, natif de Nuienberg, ôc qui
conduifit l'ouvrage. C'eft le même qui a conftruit au
château d'Heidelberg un grande falle qui a cent pieds
d'étendue , fans qu'il y ait aucune colonne poui en fou-
tenir la voûte,
2. NURENBERG , petite ville d'Allemagne , dans
la nouvelle marche de Brandebourg , près de Friedberg.
Elle fouffrit un incendie dans le dernier fiécle, ôc il
y demeura peu de maifons fur pied. * Zeyler , Topogr.
Pomerania%
NURIA , montagne du royaume d'Espagne. Elle fait
partie des Pyrénées. Elle eft au nord de Campredon,
en tirant à l'occident. On y trouve du cryftal. * Délices
d'Espa%ne , t. 4. p. 623.
NURISBOURG, abbaye d'hommes , de l'ordre de
faint Benoît , en Allemagne , dans la Baffe-Saxe , au dio-
cèfe d'Hildesheim.
NUROLI. Voyez, Nurum.
_ NURSA , ville d'Italie. Virgil , JEnetd. I. 7. v. 744.
fait mention de cette ville. Servius remarque fur cet
endroit , qu'elle étoit dans le Picenum , ôc Leander dit
que c'eft aujourd'hui Norza.
NURSIA, ville d'Italie, dans le pays des Sâbins, fé-
lon Ptolomée, /. 3. c. 1. C'eft aujourd'hui Norcià.
Voyez, ce mot.
NURUM , ville de l'Afrique propre. Ptolomée là
place fous Cartilage, entre le fleuve Bxgrada & celui
de Trîtcn. Les intei prêtes de ce géographe, au lieu
de Nurum écrivent Nuroli.
1. NUS, ruiffeau de -la Cilicie , auprès de LV ville
Cescum. Pline, /. 3 1. c. 2. qui en parle , ajoute d'après
Varron , que les eaux de ce vuiiïeau ont la propriété de
rendre plus fubtil l'esprit de ceux qui en boivent. Or-
telius ,Thefaur. dit que Suidas ôc Hefyche ont prétendit
que dans cet endroit de Pline il falloit lire Anus au lieu
de Nus ; mais qu'Hartungus foutenoit le contraire. Il
dit encore que dans quelques-uns des exemplaires qu'il
avoit entre les mains , on lifoit Jusgum ôc Visc.im pour
Cescum, ôc de même Sic'dia pour Cilicia.
2. NUS, fleuve de l'Arcadie. Paufanias, /. 8. c. 3S
le met au nombre des fleuves qui fe déchargent dans
l'Alphée.
NUSARIPLA , ville de l'Inde , en-deçà du Gange,
Ptolomée, /. 7. c. 1. là place dans le golfe Barigazene,
entre Camanes ôc Pulifitla.
NUSCO, petite ville d'Italie, au Royaume de Na-
ples , dans la Principauté Ultérieure , environ à flx lieues
de Benevent, vers l'orient méridional , entre faint Ange-
lo ôc Monte Marana, au pied d'une montagne. Il y a
un fiége épiscopal , fuffragant de Salerne. * Magin ,
Carte de la Principauté Ultérieure.
NUSEA , contrée d'Afie, limitrophe de la Médie du
côté du couchant , félon Polybe , cité par Ortelius , Tbef.
qui croit qu'il y a faute dans le texte , ôe qu'il faut lire
Nifaum.
NUSIPI. Voyez. Usipiï.
NUSTADT ou Neustadt, petit bourg d'Allema-
gne , dans le duché de Juliers , vers les Frontières du
Liégeois. Il y a auffi un bourg ou village de ce nom
dans le comté de la Marck. * Zeyler , Top. Weftphaliaî.
NUTHA, lac de la Libye intérieure, félon quelques
exemplaires de Ptolomée , /. 4. c. 6 , qui dans un autre;
endroit le nomme Nuba. Ses interprètes lifent par-
tout Nuba.
NU TRI A, ville de l'Illyride, félon Polybe, /. 4.
c. 11.
NUYS ou Neus , ville d'Allemagne ,dans l'électorat
de Cologne , à une demi-lieue du Rhin , fur la petite
rivière d'Errîr, & à quatre lieues ou environ de la ville
de Cologne. Elle fut prife en ij8o, après quatre jours
de tranchée ouverte ■, par le duc de Parme , qui fie
pendre auiîi-tôt le Gouverneur ôe un certain miniftre
Calvinifte aux fenêtres du château , ôc abandonna les
biens & la vie des habitans à la fureur du foldat. Ceux-
ci , non contens de piller les maifons ôc de tuer tout ce
qu'ils rencontrèrent de bourgeois, brûlèrent presque
entièrement cette malheureufe ville. Cette fureur des Es-
pagnols provenoit d'un motif de vengeance. Ils favoient
que les Calviniftesavoient brûlé quelques mois auparavant
le corps AzS.Quirin, quel'onconfervoitdanscet endroic
avec une grande vénération , ôc qui y attiroit même
des pays éloignés quantité de pèlerins. Egidius Gele~
nus , dans fon livre de Magnitudine Colonua, , dit que
Nuys ôe fon territoire furent donnés à l'archevêque de
Cologne par Luthard ôc Berthe fa femme , qui étoienc
de la maifon de Cléves. Cette ville a été rétablie depuis
ôc bien fortifiée , deforte que dans plufieurs guerres qui
fe font faites depuis ce tems-là dans l'Empire, elle a
toujours été regardée des diftérens partis comme une
place dont il étoit important de s'affûrer la conferva*
tion ou la conquête. * Zeyler , Topograp. elect. Colont
N Y.
NYBE , rivière de France. Voyez. Niée.
NYBOURG , ville de Danemarck, dans l'i/le de
Fuhnen. Voyez. Neuboubg.
NYCHOPONTIUM. Voyez. Acherusia.
NYCPII , peuples de l'Afrique propre. Ptolomée /,
4. c. 3. les place entre lesNigbemôc les Macœï Sytita
au-deffbus des premiers ôe au-deflus des derniers.
NYE-CARLEBY , ville de Suéde , dans la Finlande,1
fur la côte orientale du golfe de Botrvnje j au midi de
Jacobftat. Elle eft bâtie à l'embouchure d'une petite
rivière. On a nommé cette place Nve-Carleby, pour
la diftingueï d'une aune ville nommée Carleby , fuuée
Twk. IV. Hahhi;
6i2, NYM
un peu plus haut fur le même golfe, en tirant vers le
Iioi'd. * Robert de Vaugondy , Atlas.
NYEVRE , rivière de France. Voyez. Nièvre.
NYGBENITjE , peuples de l'Ethiopie, fous l'Egypte.
Ptolomée, /. 4. c. 8. les place aorès les Orip&i.
NYGDOSA , ville de l'Inde, en deçà du Gange. Elle
eft placée par Ptolomée , /. 7. c\,i. entre Soara Ôc Ana-
ra. Ses interprètes lifent Nigdofora.
NYKOPING , ville de Danematck- Voyez. Niko-
riNG.
1. NYLAND , province de Suéde , dans la Finlande.
Elle eft bornée au nord parla Tavaftie, à l'orient par-
la rivière de Kymen , qui la fépare de la Carélie Fi-
noifei au midi par le golfe de Finlande, & à l'occi-
dent par la Finlande méridionale. Les principales places
de cette province font
NYO
Ekenes ,
Rafeborg ,
Helfingfors ,
Borgo.
2. NYLAND , bourg d'Angleterre , dans la province
de SurFolck. On y tient marché public. *' Etat préféra
de la Gr. Bret. tom. 1.
NYMB^EUM , étang dans la Laconique. Paufanias,
/. 3. c. 23 > dit qu'il étoit aux environs du promontoi-
re MaUa.
NYMBOURG, ville forte de Bohême, fitnée fur
l'Elbe , près de Ronow & de Liiïa , fur la grande route
qui va de Prague à Jaromir , Glats ôc liiefla . Elle
eft environnée d'un double mur ôc d'un double foffé
rempli d'eau. Les nouveaux hirtoriens Allemans l'ap-
pellent fouvenr Lymbourg ; mais c'eft un abus , d'au-
tant que dans les auteurs Bohémiens elle eft toujours
nommée Nymbourg. Boregk » auteur de la chronique
de Bohême, rapporte que ce lieu, qui n'etoit d'abord
qu'un très-petit bourg , fut revêtu de murailles ôc de
tours , & gratifié des droits de cité par Wenceflas , qui
fut le pénultième des rois de Bohême de la race Li-
bufîîque, &c mourut en 1305. L'an 1411, elle prit le
parti de ceux de Prague , & fe vit fur le point d être
forcée en 1426. par Boczko Podiebrack ,qui étoit en-
nemi des Taborites ; mais ce général ayant été tué fous
la porte même par les bourgeois, elle échapa à ce
danger. En 1^54. les troupes de l'élçcteur de Saxe
l'afliégerent , la prirent d'aflaut , ôc panèrent au fil de
l'épéc la plupart des habitans. * Zcyler , Top. Bohem.
NYMPHE MARINA MINTURNENS1S TEM-
PLUM , temple en Italie «fur la rive du fleuve Liris.
Or elius, Tbef. prétend qu'au lieu de Marina, il faut
lire Maric/e.
1. NYMPH./EA, ifle de la mer Méditerranée, au voi-
finage de l'ifle de Sardaigne , félon Ptolomée , /. 3. c. 3.
2. NYMPHEA, ifle de la mer Ionienne. Pline,
/. 5. c. 31. la met aux environs de Fille de Samos.
3. NYMPHEA , ifle de la mer Adriatique, félon
Etienne le géographe , qui dit que c'étoit la demeure
de la Nymphe Calypfo.
1. NYMPH£UM, ville de la Cherfonéfe Tauri-
que , félon Ptolomée, /. $.c. 6. Marius Nigeria nom-
me Ciprico.
2. NYMPHjEUM , lieu de la Bithynie, fur le Pont-
Euxin. Arrien. Peripl. Pour. Eux. p. 14. compte quinze
ftades de Tyadaride à Nymphœum.
3. NYMPH/EUM , fortereffe du Pont , félon Suidas
cité par Ortelius , TheJ.
4. NYMPFî/ÉUM, lieu fur la mer Ionienne, au-
près du fleuve Aous, dans le territoire d'Apcllome. Plu-
tarque , in Sulla , p. 466. en parle dans ces termes. Au-
près de Dyrrachium fe voit Apollonie, ôc dans le voi-
finage il y a un lieu facré , nommé Nympbxitm , où de
toutes parts il fort perpétuellement comme des veines
de feu , du fond d'une vallée & d'une prairie verdoyante.
Bio Caflius , /. 41. p. 174. dit de plus , que ce feu ne
brûle point la terre d'où il fort, qu'il ne la rend pas
même plus aride ; que les herbes & les arbres y croiflent
à la faveur des pluies, & que c'eft ce qui a fait donner à
ce lieu le nom de Nymphmm. Il ajoute qu'il y avoir
dans cet endroit un oracle ôc un feu merveilleux , qui
confumoit l'encens de ceux dont les vœux étoient agréa-
bles , ôc rejettoit au contraire l'encens des perfonnes
dont les vœux n'étoient point acceptés. Tire Live h
42. c. 36. parle aufli de ce lieu , de même qie Flines
/. 3. c. 22. qui le nomme promontoire , & Céfar , Bell.
Civil. /. 3. c. 16. qui l'appelle un port, ôc le met à trois
nulles au-delà de Liflus.
5. NYMPHiEUM PROMONTORIUM. ptolo-
mée, /. 3. c. 13. donne ce nom au promontoire du
mont Athos.
6. NYMPH/EUM SPECUS , caverne de Syrie , au
voifinage de l'embouchure del'Oionre. Strabon , /. 16.
p. 7ji. lui donne )e titre de Sacrum Spccus.
7. NYMPHiEUM. Pline, /. 6. c. 27. appelle ainfî
le lieu où le Tigre , après avoir laide le lac Thofpites
ôc s'être perdu fous terre , recommence à paraître.
NYMPH/EUS, port de l'ifle de Saidaignc. Ptolo-
mée, /. 3. c. 3. le place fur la côte occidentale, entre
la ville de Tilium ci le promontoire Htrm&us.
NYMPHA1S, ifle de la mer de Pamphilie, félon Pli-
ne, /. 5. c 31.
NYMPHARENA, ville de Perfe. Urne, /. 17. r.
10. la nomme ainfi , ôc fait mention d'une contrée du
même royaume , auflî appellée Nymphurena.
1. NYMPHARUM ANTRUM. Voyez. Phorcv-
NUS.
2. NYMPHARUM CUBILE. Voyez, Sons Insula»'
3. NYMPHARUM INSULTE, ifle de laLydie,au
milieu d'un étang. Nonne, dit Martianus Capella, /.
9. c. 1 p. 214. ipfias vetuftatis \erjuafione tompertum ,
in Lydia Nympharum injulas dut , qtias ttiam recen-
tior ajferentium Varro Je vidiffe ujiatur : qii& in me-
d uni ftagnum à continent! frocedemes tanin libiarum ,
primo in circulum mont, dehinc ad littora revêt tun-
tur. Le paflage de Varron , dont parle Martianus Ca-
pella, eu au livre troilîéme , De ?e ruftica , c. 17. ôc
Fulvius Urfinus y rappoite dans fes notes 1 n fragment
de SoMcn, qui dit la même choie des ifles qui font dans
le lac Calamina. Delà en peut conclure , dit le père
Hardouin j dans fes remarques fur Pline, /. 2. c. 95.
que quelque partie du lac Calamina étoit nommée Nym-
phœitm , & que dans ce Nymphaum il y avoi. de petites
ifles flottantes , que le pied des danfeurs étoit capable
de faire remuer. Pline met effectivement ces ifles dans
un lieu nommé Nymphaum; il les appelle InJuU falu*
tares,
NYMPHATES , montagne de la grande Arménie;
félon Ptolomée, /.je. 13. Quelques-uns de fes inter»
prêtes lifent Nyphates. Pline , /. f. c. 27. écrit Nyphates;
ôc Strabon, /. 1 1. p. J^Q. dit que le Tigre y prenoit
fa fource. Le poète Claudien met le nom Nymphates
dans le pays des Parthes. * Ortelii Thefaur.
NYMPHE CATABASSI , lieu à treize milles de
Rome , fur la voie Cornélienne, félon Suriusdans la vie
de faint Valentin ôc de faim Afturius. Baronius dit que
ce lieu s'appelle aujourd'hui Santa Nympha , & place
cette voie Cornélienne , entre la voie Aurélienne ôc la
voie Triomphale. "* Ortelii Thefaur.
NYMPHEUS. Il femblc que Q. Calaber en fait tm
fleuve dans la Bithynie, aux environs de la caverne
d'Acherufe.
NYMPHIUS ou Nvmph^us , fleuve de Méfopota-
mie , Selon Ammien Marcellin , /. 18. p. 141. Suidas
fait entendre qu'il fe jette dans le Tigre. Il fervoit de
bornes entre les Perles ôc les Rome , à ce que dit Pro-
cope . Perfic. L 1. Ortelius, Thef. croit que c'eft la
même chofe que le Nymphaum de Mme.
NYMPoCH. Voyez. NimpscH.
NYMS ou Nims , rivière du Luxembourg. Elle a
fa fource dans l'archevêché de Trêves, à l'oiienr de la
ville de Pruym. Son cours eft du nord au fud. Elle
paffe près de Bibrich, reçoit la Pruym à ladroire,&
va fe jerer dans la fource a Minheim , au-deiïous
d'Echternach. * Jaillor , Atlas.
NYN ou Nen, rivière d'Angleterre. Elle a fa fource
dans le Northamptonshire , pâlie à Norrhampton , oà
elle reçoit l'Aufon, ôc prenant fon cours du midi au
nord oriental, elle mouille W< llingborough, g. Higham
Fevres, d. Thrapfton, d. Onnlde, g. Pererboroug , g.
CrcAVluid , d.&va fe décharger dans le Bofton Deep.
*Blaeu, Atlas.
I. NYON , ville de la Suiilè, dans le canton de Bcrn,
NYO
près du lac de Genève , 8c chef-lieu d'un bailliage de
même nom. Cette ville eft médiocrement grande 8c
fort ancienne. On voit à Nyon , 8c dans les lieux voi-
fins, des inferiptions Romaines qui marquent qu'il y a
eu des Romains érablis dans ce territoire i mais on n'y
voit pas le nom de la ville , que Pline nomme Colonia
"Eque/iris , ainfi appellée, parce qu'elle avoit été peu-
plée de cavaliers vétérans, lien eft fait mention dans les
auteurs qui ont écrit fous les empereurs|Romains jusqu'au
cinquième fiécle , 8c ils la nomment Amplement Eque-
fir'u ouEqueftres au pluriel, comme on peut voir dans l'i-
tinéraire d'Antonin, 8c dans la carte de Peutinger. Ce lieu
étant une colonie & une cité fous l'empire Romain, a
dû avoir un évêque , félon l'auteur de l'hiStoire des Se-
quanois, t. i. paru 2. p. 78. Il croit qu'Amandus, nom-
mé dans la vie de faine Lautein , en fut évêque. Tauri-
cianus, qui a affilié au concile d'Espagne en j 1 7 , en
a aufli été évêque , félon d'autres. Les mêmes écrivains
croient que le fiégc de Nyon a depuis été transféré à
Bellay. * Longuerue , Dcfc. delà France , part. 2. p. 2.66.
La ville de Nyon eft fituée pour la plus grande partie
fur une colline qui s'élève au bord du lac de Genève, 8c
en partie dans la plaine , qui s'étend le long du lac au pied
de la colline. Le quartier d'en-bas, quon appelle la Rive,
n'eit qu'un fauxbourg tout ouvert ; au lieu que le quar-
tier d'en-haut, qui eft proprement la ville, eft fermé
de murailles. Nyon a été autrefois, c'elt-à-dire, fous
les empereurs Romains , beaucoup plus considérable
qu'elle n'eft aujourd'hui. On y voit encore quelques
vertiges de fon ancienne fplendeur. Une des portes de
la ville eft faite de gros quartiers de pierre dure 8c
jaunâtre , dont iïjy en a qui ont jusqu'à dix pieds de long
tic quatre ou cinq de haut. Au bord du lac on voit une
vieille tour, construite aufli de beaux quartiers de la
même pierre , 8c qui font ornés de feuillages ; mais com-
me ces pierres font mifes la plupart à contre-fens, on
peut juger que cette tour a été bâtie des débris de quel-
que édifice plus ancien 8c plus riche. Au haut de cette
tour, on apperçoit une Statue qui paroît être celle de
quelque empereur , habillé à la Romaine, en guerrier,
couronné de lauriers, 8c qui femble regarder du côté
de l'Italie: cette figure eit attachée à la muraille en de-
hors. Dans un endroit tout près de la ville , on a trouvé
bien avant dans la tene un beau pavé à la mofaïque.
Dans la ville même il y a un bon nombre d'inferiptions
Romaines ; 8c dans un coin de maifon on voit une tête
de Medufe en relief fort bien repréfenree. Le château ,
ou réfide le bailli , eft à l'extrémité de la ville , du côté
qu'elle regarde fur le lac. Il y a de ce côté-là , derrière
les murailles, une jolie promenade où l'on jouit d'un
très-bel afpeèt-, on a la vue fur le bas de la ville, fur
le lac , fur les campagnes voisines , fur toute la Savoie
& fur le pays de Gex , jusqu'à Genève , qui eft à qua-
tre lieues de-là. A l'autre extrémité eft le temple qui n'a
[rien de bien remarquable ; mais en y allant on voit dans
la muraille du cimetière qui l'environne , une Statue à
demi-corps , fort défigurée , 8c au bas de laquelle on
lit fur un marbre l'infcription fuivante, faite pour un
homme qui étoit l'un des chefs de la colonie 8c prê-
tre d'Augulk.
C. Lucconi. Co>,
Tetrici Pr^efec.
Arcend. latroc.
pr/efect. pro iivir.
iivir. bis flamini. s»
AUGUST.
La ville de Nyon eft fort bien Située pour le com-
merce , dans le voisinage de Genève 8c au bord d'un
beau lac , 8c près de la Bourgogne, d'où elle tire quantité
de chofes : les Bourguignons y viennent toujours aux
foires, 8c très-fouvent aux marchés de femaine. Elle
fut réduite en cendres en 1399. Elle commence à fe
rétablir. * Etat & délices de laSuiJJe, t. 2. p. 282.
2. NYON, bailliage de SuiSTe,dans le canton de
Bern, entre le pays de Gex , le lac de Genève & le mont
Jura. C'eSt, comme tout le voifinage, un pays de vignes ,
de champs 8c de prairies, 8c abondant en excellens
fruits, fur-tout en châtaignes. Ce bailliage eft compo-
NYS 613
fé d'une ville , d'un bourg 8c de plus de trente villages»;
Les endroits les plus remarquables font
Nyon j Copet , Prangin.
Avant le changement de Religion introduit par les
Bernois, Nyon étoit du diocèfe de Genève avec tout
fon territoire, qui çontenoit douze paroiSfes 8c quarante
villages.
NYPFLEUS, montagne delà Phtiotide. Pline, /. 4.
c» 8. dit qu'elle étoit remarquable par quelques figu-;
res que la nature avoit pris plaifir d'y repréfenter.
NYRAX , ville Celtique, félon Etienne le géographe;
1. NYSA ou Nyssa:oii veut, dit Diodore de Si-
cile, /. i.c. 1; , qu'Ofiris ait été élevé à Nyfa, ville
de l'Arabie Heureufe, aux confins de l'Egypte, &que
ce foit de-là qu'il ait été appelle Dionyfius , nom for-
mé de celui de Jupiter Son père , 8c de celui de la
ville de Nyfa. Diodore de Sicile répète la même chofe
dans un autre endroit, /. 3. £.54, où il dit que Jupi-
ter porta le petit Bacchus fon fils à Nyfa , ville de
l'Arabie , afin qu'il y fût nourri par les Nymphes,
Cependant le même auteur , /. 4. c. 2. dit plus bas ,
que la ville de Nyfa étoit fituée entre la Phénicie 8c
le Nil ; pofition qui ne s'accorde guère avec celle qu'il
a marquée plus haut^ mais cela ne fuSfit pas pour nier
qu'il n'y ait eu anciennement dans l'Arabie une ville »
nommée Nyfa, quoique pourtant l'on n'en trouve au-,
cune trace dans les autres écrivains.
2. NYSA ou Nissa. Voyez. Nysse.
3. NYSA ou'NïssA.en François Nysse, ville de
la Cappadoce. Par la pofition que lui donne l'itiné-
raire d'Antonin , elle devoit être dans la Garfaurie. Pto-
lomée, /. 5. c. 7. néanmoins la marque dans la Mu-
riane. Dans l'itinéraire d'Antonin elle eft placée fur la
route d'Ancyre à Céfarée , entre Parnaffus 8c Ofiana ,
à vingt-quatre milles de la première de ces places , 8c à
vingt-deux milles de la féconde. S. Grégoire , appelle
communément S. Grégoire de Nyflè, fut établi évê-
que de cette ville en 371 par fon .frère faint Ba-
sile, archevêque de Céfarée, dont l'évêché de Nyfie étoic
fuffragant.
4. NYSA ou Nissa, ville de la Carie, félon Etien-
ne le géographe , qui dit qu'on la nommoit aupara-
vant Antiochia. Voyez, Antioche , n° 3. C'eft la mê-
me ville que les notices Ecclésiastiques appellent Nt-
sa, n° 3.
5. NYSA ou Nissa, ville de l'Inde , entre les fleu-
ves Cophenes & Indus, félon Arrien, lib.i.ineumc ,
8c Strabon, /. iy. qui font pour la dernière orthogra-
phe. Diodoie de Sicile , Pline & Pomponius Mêla écri-
vent Nisa ; èc il femble que c'eSt ainfi qu'il faut écri-
re , du moins fi on regarde l'origine que l'on donne
communément \ cette ville : car on prétend qu'elle
fut bâtie par Bacchus, qui lui donna fon nom. Les
habitans font appelles Nissaei par Arrien, qui die
qu'ils envoyèrent des députés au-devant d'Alexandre pour
Se Soumettre à ce conquérant. La ville de Nyfa étoit
commandée par une montagne, nommée Merus, mot
qui, en langue grecque, Signifie une cuijfe. On voit
affez que ce nom fait allufion à la féconde naiflanec
de Bacchus , forti de la cuiSfe de Jupiter. En effet , Dio-
dore de Sicile , /. 2. c. 37. rapporte que Bacchus & fon
armée fe retirèrent fur cette montagne , & qu'ils y
furent préfervés de la pefte qui regnoit dans la cam-
pagne.
6. NYSA ou Nyssa , ville de la Lydie.au voifina-
ge de Trahis , félon Strabon. C'eft le même qu'Etienne
le géographe met dans la Carie. Voyez. Nysa , n° 4.
Ptolomée qui écrit NyJJa , la place aufli dans la Carie,
parce que quelques géographes étendent les bornes de
la Carie au-delà du Méandre. Elle étoit néanmoins pro-
prement dans l'ancienne Lydie que le Méandre bornoic
principalement vers la mer. J'ai vu , dit Wheler , voyage
de l 'Anatolie , /. 3. p. 339. une médaille de Nyfa, frapéc
du tems de l'empereur Maximin , dont elle porte la
tète 8c le nom , 8c fur le revers il y a une Fortune qui
tient en fa main une corne d'abondance , & un gou-
vernail en l'autre , avec ces lettres Eni atp. nPrMOT.
powinoy niCeqn , c't. ' -dire , que cette médaille de.
£i4 NYS
là ville de Nyfa à été frapée fous le gouverneur Au-
rélius Primus Ruphinus. Strabon die que Nyfa étoit
fur le mont Méfogis, de façon que la plus grande par-
tie écoic batte fur la pente de îa montagne. Elle étoit
féparée en deux villes par le moyen d'une vallée où
pafibit un torrent. Elle avoit la plaine du Méandre au
midi : elle fe trouvoit ainfi fur le chemin d'Ephéfe à An-
rioche, entre Trallis & Antioche, Se elle étoit em-
bellie d'un amphithéâtre Se d'un théâtre. Je n'ai pu fa-
voir , ajoure Wheler , quelle ville ce peut être à préfent ;
à moins que ce ne foir Noflie, dont Smith parle com-
me d'un petit village , environ à trois lieues de distan-
ce de Trallis. Voyez. Antioche 3.
7. NYSA , ville de la Bœoti-e , félon Etienne le géo-
graphe, qui la place fur le mont Hélicon; mais Stra-
bon, /.il. dit que ce n'étoit qu'un village.
8. NYSA , ville de la Thrace , Etienne le géogra-
phe eft , je penfe, le feul qui en parle.
9. NYSA , ville d'Egypte , félon Etienne le géo-
graphe. H y a grande apparence que c'efT la même
eue Diodore de Sicile place dans l'Arabie Heureufe.
Voyez. Nysa i.
10. NYSA, ville de rifle de Naxie, félon Etienne
le géographe.
11. NYSA, ville de l'Eubée. Erienne le géographe
dit qu'aux environs de certe ville , on voyoit le raifin
fleurir «Se mûrir dans le même jour. Il ne l'aflure pas
néanmoins : il dir , perhibent.
12. NYSA, ville de la Libye : c'en: encore Etienne
le géographe qui en fait mention.
NYSAE-ANTRUM , lieu où Diodore de Sicile ,
/. 4.C. 2. dit que Bacchus fut élevé. Il le place entre
le Nil Se la Phénicie. Voyez. Nysa i.
NYS/EUM, lieu de la mer Erythrée, félon Suidas,
in voce 'itjttoç Nve-moç.
NYS AIS ou Nysvïa-Regio, contrée del'Afie Mi-
neure, entre la Carie & la Phrygie, au-delà du Méan-
dre, félon Strabon, /. 12. p. 579.
WYSES , fleuve de l'Afrique. Ariftote , /. 1. Meteor,
NYS
dit que ce fleuve avoit fa fource dans les montagnes
de l'Ethiopie. Quelques exemplaires latins portent Ony-
ses pour Nyses ; mais Ortelius, Thefaur. a remarqué
que cette faute étoit venue de ce qu'on avoit joint mal-
à-propos l'article avec le nom.
NYSI/E PORT^. Voyez. Phila.
i. NYSLOT ou le Fort de Nyslot, fortetefle de
l'empire Ruflien , dans îa Livonie, fur la rive occidentale
delà Narva , près de l'endroit où elle fort du lac de Pei-
pus ou Kzud-Kow. Nyslot veut dire nouveau château
ou nouvelle fortereffe. * Robert de Vaugondi , Atlas.
2. NYSLOT , bourg ou château de Suéde , & le
principal lieu du Savolax. Il efl; bâti dans l'eau. La
reine ChriûMne y a fondé un collège : les Ruffiens pri-
rent ce château en 1741 fur les Suédois, & le leur
reftituerenr deux ans après avec un diftricr. de quatre
lieues d'étendue.
NYSSA ou Nysa. Ces deux mots fe prennent aflez
indifféremment l'un pour l'autre par les anciens géo-
graphes -, de forte que la même ville fe trouve fou-
venr défignée fous ces deux orthographes. Voyez,
Nysa.
NYSSvEA-VIA, lieu de l'Inde vers l'embouchure du
Gange , félon Denys le Periégete , vers 1 1 5 2. Ce lieu
étoit confacré à Bacchus, qu'on fuppofoir avoir péné-
tré dans ce pays-là. ■Hïil, dans fon commentaire fur
Denys le Periégete, prétend que ce géographe par
Nyff&a-via entendoit le Zodiaque. Voyez, fa remarque
fur le iij-2 vers de Denys le Periégete.
NYSSEIUM ou Nyssa , montagne de la Thrace,1
félon Ortelius, Thefaur. qui cite Euftathe.f» Home-
rum, Se le lexicon de Phavorinus. Peut être la ville
Nysa d'Etienne le géographe croit-elle fur cette mon-
tagne ? Voyez. NisA 8.
NYSTAD, ville de Suéde dans la Finlande fepten-
trionale avec titre de comté. Elle eff fort commerçante;
Se célèbre par le traité de paix conclu entre la Ruffie
Se la Suéde l'an 172 1.
NYSTRUS. Voyez. Mystus.
J?JN DE LA LETTRE N^
ES* <t*
LE GRAND
CTIONN AIRE
GÉOG RAPH I QU E>
HISTORIQUE ET CRITIQUE.
OAG
OAG
Ou S.Martin d'O, bourg de Fran-
ce, en Normandie, au diocèfe de
:>éez , élection d'Argentan, avec titre
de marqujfat. Ce lieu a 940 habitans
«S: appartient à la rnaifon de Montai-
gu d'O.. Un feigneur d'O fut à la con-
quête de la Terre Sainte l'an 1099.
François d'O , l'un de fcs fuccefleurs ,
étoit premier gentilhomme de la chambre du roi Hen-
ri 11 , & gouverneur de Paris &c de l'ifiede France.
1. O A ,"o«, village de Grèce, dans l'Attique, fous la
tribu Pandionide. Phavorinus lit Oc ,"OJi;Spon, dans fa
lifte de l'Attique , diningue ces deux noms & dit : Oa
étoit au commencement de la tribu Pandionide, com-
me plufieurs 1 écrivent , & même il rapporte ailleurs
une infcription qui le marque. Il pourfuit ■-, mais lors-
qu'on ajouta la tribu Adrianide aux anciennes , Oa fut
rangé fous elle , comme on le peut remarquer dans
l'înfcription rapportée au mot T.teoZea. dans cette même
lifte. A l'égard d'O'é ,'On, il dit : OÉ , de la tribu Oeneïde
d'où étoit Lyficlès , dont une infcription qu'il rapporte
fait mention.
2. OA , jfie du Pont ou de la Thrace, félon Orte-
lius , qui trouve ce nom dans la vie de faint Par-
thenius.
OACCO , province d'Afrique, dans l'Ethiopie, au
royaume de Dongo ou d'Angola. Elle eft bornée par les
provinces de C^bezzo & de Lubolo , du côté du nord ,
& elle a du côté de l'eft les bords de la Coanza. On
n'y voit que des collines qui laiflent entr'elles des val-
lons Se des plaines arrofées de quantité de ruifléaux &
de fontaines d'eaux très-légcres & très bonnes; enfin ce
pays eft fort agréable ; il le feioit bien davantage , s'il
étoit bien cultivé : mais les habitans n'ont point de ter-
res en propriété : ils ne cultivent que celles qui leur font
affignées à chaque faifon par leurs feigneurs ou gouver-
neurs , qui n'en donnent à chaque famille que ce qu'il
lui en faut précifémënt pour fa fubfiftance. Tout le re-
ftccft en friche. Le fleuve Cango,qui fe perd dans le
Coanza , pafle par cette province. Les pluies le groffis-
fent beaucoup ; alors il devient très-large &c très rapï«
de , & par conféquent rrès-dangereux à traverfer.
Le terrein produit des fruits, mais la plupart infipi-
des. Il y en a pourtant quelques-uns du fuc desquels
on compofe une boiflbn qui n'eft pas désagréable. Quin-
zababé , qui étoit feigneur de cetie province en 1657 ,
reçut le baptême, Ôc engagea un grand nombre des ha-
bitans à fuivre fon exemple.
Le père Labat , qui nous a confervé les mémoires d'un
miifionnaire de ce tems , en parle ainfi : II a fous lui
vingt-deux foni ou gouverneurs qui ont un foin parti-
culier d'exercer leurs milices au maniment des armes,
même des armes à feu dont ils font bien pourvus ; de
forte que ces troupes panent avec raifon pour les meil-
leures de tout l'état.
Ces peuples font fujets à plufieurs maladies particu-
lières à ce climat , & fur-tout à une douloureufe ré-
traction de nerfs. Elle commence par une violente dou-
leur de tête, accompagnée de vertiges, deconvulfions ,
de tremblement de jambes & d'autres fymptômes qui
réduifent en peu de tems le malade à n'avoir que la
peau & les os. On croit que cette maladie eft une fuite
de leur incontinence. La providence leur a donné un
remède fouverain contre ce mal dans une plante de ce
pays. Les étrangers y trouvent un excellent préfer-
vatif.
Ils font encote fujets à une horrible enflure de bou-
che qui fe répand fur le cou , qui devient plus gros que
la tête , avec de grandes douleurs & beaucoup de dan-
ger d'en être fuffoqués. On l'appelle Garamma.
On trouve dans ce pays un petit animal fort dange-
reux , nommé Ban-Zo, de couleur grife , gros comme
ces mouches qui tourmentent les chevaux. Son ventre
eft tout environné de pieds. Sa niorfure ou fa piquu-
re eft mortelle , fi on ne fe fait tirer du fang promp-
tement. Elle caufe des douleurs exceinves& une fièvre,
qui, quoiqu'éphémere , ôte la connoiflance au malade ÔC
le fait tomber en phrénéfie. On dit que ceux qui ont
été guéris , y retombent une féconde fois fans avoir été
6ï6 OAR
piqués de nouveau , feulement par le fouvenir du mal
qu ils ont enduré.
Les miniftres de leurs idoles prétendent guérir cette
maladie par des charmes Se par des opérations que l'on
regarde comme l'effet d'un padte avec le démon ; mais
ce remède même , fi c'en cil un , ne produit fouvent
aucun effet pour fauver la vie du malade , Se jamais il
ne le guérit entièrement. Ce mal eft fi prenant , que des
Européens ne pouvant le fupporter , ont été affez mal-
heureux pour risquer ce cruel remède aux dépens de leur
confeience, malgré les défenfes de l'églife, les dangers
& les fuites fâcheufes dont on vient de parler. * Labat ,
Relat. de l'Ethiopie occidentale, t. i. p. 78.
OAKHAM, ville d'Angleterre, dans le Rutland ,
au diocèfe de Pererboroug , à foixante Se quatorze mil-
les de Londres. Elle eft fituée dans la belle Se riche val-
lée de Cathmofs. Il y a un château où fe tiennent les
afiifes, un hôpital pour les pauvres & une école pu-
blique pour la jeuneffe. Il y a une coutume finguliere.
Il eft établi que quand un feigneur entre à cheval dans
cette ville , il eft obligé de faire hommage d'un des
fers de fon cheval ou de le racheter en donnant de l'ar-
gent. Par rapport à cette coutume, on voit fur la porte
de la maifon de ville plufieurs fers à cheval qui y font
attachés , & au-deffus du tribunal des juges, il y' a un
grand fer à cheval artillement travaillé, avant cinq pieds
& demi de long , & de la largeur à proportion. * Etat
de Ij Grande Bretagne , t. 1. p. 103.
OANSON , ville de la Chine , dans la province de
Canton , fur la route de Macao à Canton ( ou Quan-
geheu , capitale de la province ) , félon Gctnclli , Voyage ,
t. 4. p. 11. Oanfon , dir-il , rcffemblc plutôt à un village
qu'à une ville. 11 eft fans murailles, & les maifons bas-
fes font presque toutes bâties de bois Se de terre. Cette
ville eft fituée dans une plaine le long de la rivière ,
parce que les Chinois ne veulent point bâtir fur des
lieux élevés de crainte des ouragans. Elle a deux milles
de long, Ses places fonr grandes & pleines de belles bou-
tiques , où l'on vend des étoffes de foie, des toiles,
des drogues, des provifions de bouche & autres chofes.
Elle eft gardée par un grand bâtiment de deux milles
& demi de circuit, fitué fur la pente & fur le fommet
de la montagne. Ils appellent ce bâtiment la forterefle,
quoiqu'il n'y ait que cinq petites pièces de canons poul-
ies jours de réjouiffance, Se qu'il n'y ait qu'une garnifon
de fort peu de foîdats. Il y a toujours des fentinelles fur
de hautes tours pour donner avis de ceux qui appro-
chent. La ville eft gouvernée par un quaafou ou man-
darin , comme difent les Portugais , qui garde le canal
avec neuf barques bien armées. On trouve fouvent en
cet endroit des bateaux pour pafler à Canton , parce
que ceux qui viennent de Macao, foit par mer, foie
par terre, font abfolument obligés de s'embarquer.
Ces dernières paroles ne font pas intelligibles. Macao
étant dans une ifie , comment peut-on aller de cette
ville par terre à Canton , qui eft dans le continent ,
fans pafler au moins quelque bras de mer ? Je foupçonne
YOaufon de Gemelli d'être la même forterefle que l'Atlas
Chinois nomme Hangxan ou Hanxan , qui eft dans
une autre ifie fur la route de Macao à Canton. On fait
que l'X prononcé par les Portugais revient au Ch des
François ; ainfi ils prononcent Hauchan. Quoi qu'il en
foie, Hanxan de l'Atlas Chinois eft d'un deg. io min.
plus occidental que Macao , & fa latitude eft de 25 dcg.
42. min.
1. OANUS , rivière de Sicile, félon Pindarc. Fazell
croit que le nom moderne eft Frascolari , rivière qui
coule fur la côte méridionale.
2. OANUS , ville d'Afie , dans la Lydie , félon
Etienne le géographe \ il cite les Baflàtiques de Denys,
l 3.
OARACTA.Voyez. Vorochta.
OARII , province de l'Ethiopie occidentale , au royau-
me de Dongo ou d'Angola , fur Je bord îeptentrio-
nal de la Coanza, qui y reçoit la rivière de Lutato.
Elle eft arrofée de plufieurs rivières , entre lesquelles le
Lutato eft la plus confidérable. Elles font toutes dange-
retifes dans les tems de pluie , qui les rendent très-lar-
ges , très profondes Se très-rapides. Elle a à l'orient la
Hnure-Ganghelle Se le Bondo; au nord-oueft le Mofe-
OAS
ché -, au fud-oueft le Cabezzo. Les Portugais ont une
forterefle à Mapungo , où ils entretiennent une gar-
nifon auflî bien qu'à Quitonga , qui eft une ifie impor-
tante de la Coanza. Tous les peuples y font à leur ai-
fe , & bons Chrétiens. On fe loue même de leur zèle
pour étendre la religion , Se pour favorifer les miflion-
naires. * Labat , Ethiop. occid. t. 1. p. 97.
C'eft dans cette province que réfide un prince à qui
les Portugais laiffene le vain titre de roi d'AngoleOa-
rii , & qui eft leur tributaire. 11 a fous fa ju.risdicr.ion
immédiat plufieurs Soni ou gouverneurs. La Libate où
il fait fa réfidenec , fe nomme Maspungo , à deux lieues
de laquelle on voit encore les fépultures des anciens rois
de Congo. On les appelle les Imbuilles de Cabazzo.
J'explique au mot Libate , ce que c'eft que cette forte
de bourgades, Se comment elles font conftruites.
OARUS, rivière de la Scythie, en Europe. Elle fe
jette dans le Palus Méotide. Hérodote , /. 4. c. 123.cn
fait mention.
OASIS , ville Se défère de l'Egypte , aux confins de
la Libye. Il y avoitdeux villes nommées Oafs, Se que
l'on diftinguoit par les furnoms de Grande Se de Fe-
tite.
La Grande Oasis étoit fituée dans les montagnes
de la Thébaïde , au couchant Se aux confins de la
Libye , dans une vallée qui conferve encore quelque
chofe de l'ancien nom avec l'article El ; car on la nom-
me El Ouah.
La Petite Oasis étoit à quelque difiance plus vers
le nord , au midi du lac de Kerron ou Kern : on nom-
me encore le lieu où elle étoit la petite el-Ouah.
Auprès de la plus grande de ces deux villes étoit l'af-
freux défertd'Oafis , dont je parlerai ci-après. Chacune de
ces villes avoit un nome. Ptolomée , /. 4. c. 5 . place après
le lac de Moeris les nomes Oafites , Se y met la petite
& la grande Oafis.
Pline, /. 5. c. 9. dit de même: Il y a deux nomes
Arfinoïtesj ceux-là avec le Memphite s'étendent jusqu'à
la pointe du Delta , Si ils font limitrophes aux deux Oa-
fites , du côté de l'Afrique. Strabon nomme Oafis avec
un changement de lettres , Auasis. Quelques manu-
fcritscS: les imprimés ordinaires ont Anafis , qui eft une
faute , d'autres manuferits portent Avaeiç , qui eft bon.
Etienne le géographe a lu de même : Auafîs , dir-il ,
ville d'Egypte , quelques-uns la nomment auffi Oafis.
On voit donc que c'eft la même ville ; mais le paffage
de Strabon ell remarquable. Après Abydus , dit-il ,/. 17.
p. 813. eft la première Oafis des trois qui font en Afri-
que ; elle en eft à la difiance de fept journées de che-
min. C'eft , pourfuit-il , une habitation qui abonde en
eau Se en vin , Se qui ne manque point des autres cho-
fes néceflaires. La féconde eft auprès du lac Moeris, ôc
la troifiéme eft voifine de l'oracle d'Ammon. Ce font
auffi d'excellentes habitations.
Il y a plus d'une remarque à faire fur ce paffage. i°.
Trois villes nommées Oafis. 20. Leur fituation. La ma-
nière dont il s'exprime ne laiffe aucune obscurité. La pre-
mière Oafis , qui eft vis-à-vis d'Abydus,eft la grande Oa-
fis de Ptolomée. La féconde, voifine du lac Moeris,
eft la petite Oafis du même auteur. La troifiéme eft
moins célèbre -, cependant elle ne laiffe pas d'être con-
nue. Olympiodore , dont Photius nous a conferve un
fragment, fait mention de trois Oafis, deux grandes,
l'une extérieure, l'autre intérieure, c'eft-à-dire, l'une plus
près de la frontière , l'autre plus avant dans l'Egypte. Il
dit qu'elles font à cent milles de diftance l'une de l'autre.
La troifiéme, ajoute-t-il, eft la petite Oafis , qu'un long
intervalle fépare des autres. La troifiéme , que nous cher-
chons ici , eft une des deux gtandes de cet auteur , Se elle
doit avoir été voifine du temple de Jupiter Amraon.
Elle a été omife par Ptolomée Se les autres géographes
qui ne comptent que deux Oafis ; Se d'ailleurs cette troi-
fiéme ne devoit pas être dans l'Egypte même ; mais dans
la Marmarique, ou dans le canton d'Ammon. Quanta
la grande de Ptolomée, elle eft nommée la Haute ,
( Oafis Juperior ) , par faint Athanafe , qui a adreffé aux
folitaires relégués dans ces quartiers une lettre , où il
leur trace l'hiftoire des Ariens. Elle étoit en effet la plus
haute par rapport à la Haute Se à la Baffe Egypte. L'autre
croie
OAX
croit nommée La Basse ou l'I n t é r i e u a. e par la
même raifon.
Lorsque les hifloriens parlent d'Oafis, fans marquer
laquelle des trois, il faut ordinairement l'entendre de
la grande de Ptolomée, ou de la haute qui eft la même.
Par exemple, lorsqu' Hérodote , /. 3. c. 16. raconte que
l'armée de Cambyfie , marchant contre les Ammonicns ,
'furenfevelie fous des monceaux de fable auprès d'Oafis,
qui eft à fept journées de chemin de la ville de Thé-
bes;ou quand Zozime, /. ;. c. 9. raconte que Timafe ,
chef des gens de guerre fous Arcadius, fut relégué à
Oafis , &c conduit en cet endroit par des gardes qu'on
lui donna. Suivant ce dernier écrivain , ôV Sozomenc ,
/. 8. c. 7. les environs d'Oafis étoient extraordinairement
fertiles , ôc perfonnede ceux qui y étoient confinés, ne
pouvoit en fortir , parce qu'il falloir traverfer un grand
défert rempli d'un fable mouvant , fans habitation , fans
aucun arbre , en un mot, parce qu'on n'y trouvoit quoi
que ce foit qui pu i (Te fervir d'indice pour leirouver l'on
chemin. Ulpien , dans le digelle , ( Leg, vu. deinerdï-
ttis & relegatis , fecl. $. ) dit , Eft quoddam genus quafi
in infulam relegattonis %n provtncia JEgypts _, inOnaJîrh.
relegare. Il dit , quasi in Insulam, parce qu'Oafis étant
entouré de ces affreux défens de fable , il n'étoit pas plus
aifé de fortir de-là , que de s'enfuire d'une ifle entou-
rée des eaux de la mer. On voit par une loi du code ,
leg. ult. de Tœriis , qu'on y reléguoit les uns pour fix
mois, d'autres pour un anjSozomene dit que Timafe
y fut relégué pour toute fa vie. Il y avoir à cette gran-
de Oafis une fortereffe nommée Ibis ou Hibis. La no-
tice de l'Empire met au département du commandant
de la Thébaïde , Aïa prima Aba>gorum Hibe Oafeos
Mctjoris,
La petite Oafis ou la baffe avoit auffi fagamifon , ôc
la même notice met Ala featnda Armematwrum Gafi
Minore.
11 relie une difficulté à éclaircir. C'eftla contradiction
apparente qu'il y a entre les témoignages des auteurs tou-
chant Oalis. Zozime, dit que ce lieu elt extraordinai-
rement ftérile , & un féjour très-désagréable. Srrabon ,
au contraire, dit que c'elt une habitation qui ne man-
que ni d'eau ni de vin, ôc quia tout le relie en abon-
dance , à quoi on peut ajouter ce que di: Hérodote ,
qu'elle a été appellée l'Ifle de-; Bienheureux. 11 cil aifé
de mettre d'accord ces écrivains. Srrabon parle du cen-
tre de la contrée , & non pas du défert qui l'environne;
Zozime n'a eu égard qu'au défert , ôc ne parle point du
milieu qui e/t beau ôc fertile. Un lieu fitué au milieu
d'un defert . tel que le décrivent ces deux auteurs ,
peut bien n'être ni aride , ni flérile. On en a la preuve
dans l'article d'AMMON. Aufli Olympiodore cV Strabon
mettent-ils leur troifiéme Oafis près de l'oracle d'Am-
mon.
La fituation de ces trois Oafis efl du refle doctement
obfervée par de l'Ifle dans la carte de l'Egypte , où il
marque très-bien les trois El-Ouah. Les interprètes de
Ptolomée difent que la grande Oafis elî préfentemént
Gadcmet, Ziégler le dit auffi, ôc Onelius, après lui:
en quoi il fe trompe.
Sanfon n'a pas mieux rencontré lorsqu'il nomme la
grande Oafis Alguchet , ôc la petite El éocat , les pla-
çant l'une ôc l'autre au bord de deux lacs , donr les eaux
4fe communiquent par une petite rivière qui va de l'un
dans l'autre. Les anciens difenr en termes exprès que le
défert d'Oafis elt fans eau. Les deux lacs & la rivière font
de pure imagination.
OASIT/E, habitansde quelqu'une des trois Oafis.
OASITES NOMOS , le nome Qafite. On a vu dans
l'article Oafis que la grande & la petite étoient cha-
cune le chef-lieu d'un nome qui en prénoit fon
nom.
1. OAX ACA , vallée de l'Amérique , & province de
la Nouvelle Espagne; c'eftla même que Guaxaca. Voyez.
ce mot.
2. OAXACA , ville de l'Amérique , dans la Nou-
velle Espagne. Baudrand dit que les naturels du pays la
nomment ainfi ■■, mais que les étrangers la nom-
ment Guaxaca ôc Antiguera. S'il prend Guaxaca pour
la même ville qu'Antiquera , il fe trompe ; Guaxaca eft
la capitale. Antiquera en eft à plus de foixante & cinq
OBÀ 617
mille pas, c'eft-à-dire , plus de feize lieues espagnoles
au fudeft. De l'Ifle ne s'y eft pas trompé.
OAXES, rivicrede l'ifle de Crète, félon Vibius Se-
quefter. Voyez. Armiro 2.
OAXIA, ou
1. OAXISou Oaxus , ville de l'ifle de Crète , dans
la côte fcptentrionale, félon Hérodote , I.4. c. 1 y 4- Elle
eft remarquable , parce que c'etoit alors un royaume qui
avoit fon roi particulier , dont la feconde femme donna
lieu par fa méchanceté à de grands événemens qu'on
peut voir dans cet auteur. Vibius Sequcîier dit a l'occafiort
de la rivière Oaxcs :.Oaxes , rivière de Crète , de laquelle
a été nommée la ville Oaxie. Oaxes Cretx à jeto C civi-
tas Oaxia. Il cite Varron pour fon garant. Etienne le
géographe dit: Oaxus, ville de Crète, près d'Eleuthere;
Elle a eu pour fondateur Oaxus, fils d'Apollon. C'elt
Servjus qui le dit en expliquant la première Lglogue de
Virgile où eft ce vers ,
Et rapiditm Ci'tta veniemus 0 axent*
Il eft vrai que ce grammairien fe trompe dans l'expli-
cation qu'il donne du mot Creu ; mais cette erreur eft
utile par l'érudition qu'il apporte pour la défendre. Voi-
ci fon explication. Hapidum Crettt (îgnifie, fclcn lui,
un fleuve qui entraîne une terre blanche femblabie à la
craie: Car, pourfuit il, Oaxiseftune rivière de la Mé-
fopotainie, qui, par fa rapidité , entraînant de la terre
blanche, devient fort trouble, ou bien lOaxiseftun
fleuve de Scythie : il n'eft point dans l'ifle de Crète ; mais
c'elt fon eau qui eft de couleur de craie. Eratofthene
dit qu'Oaxeétoit fils d'Apollon & d'Anchiale , ôc Varron
dit que ce même Oaxe bâtit en Crète une ville qu'il ap-
pella de fon nom.
Quos magno Ancbiale partus addiciJa dolore ,
Et gemink cafiens tcllttrem Qaxida palmis ,
Scinder e dicta fuit.
.. Oaxis eft aujourd'hui Paleocaftro , dans l'ifle de
Candie.
2. OAXIS TELLUS, et! donc la terre où coule !a
rivière d'Oaxes , ôc où eft fituee la ville d'Oaxus. Des
témoignages d'Hérodote, d'Etienne le géographe, de
Vibius Sequefter & de Varron , combinés en femble , il
réfulte que Virgile a parlé d'un lieu de l'ifle de Crète.
3. OAXISou Oaxes, rivière de Mcfopotamie , fé-
lon Servais. Voyez, l'article précédent.
4. OAXIS , rivière de Scythie, filon le même.
OBACATIARAS( Les ) , peuple de l'Amérique méri-
dionale , dans le Brefil. IL habitent les ifies qui font dans
la rivière de Saint François. Ils fe fervent d'arcs & de
dards , font robu!tes& ont un langage particulier. Quand
leurs ennemis les viennent fhrprendre , ils courent
promptement vers l'eau & s'échapent en plongeant. De
Laët les donne pour anthropophages. * Indes occident:
1. 15.C.3.
OBACER , nom d'une rivière d'Allemagne. Dans le
moyen âge on a dit Ovacra , au rapport de Baudrand,
éd. 1682. On dit préfentemént l'Ocker. Voyez, ce
mot.
OBAMA, bourg de la principauté d'Omura, dans
l'ifle de Ximo , au Japon. 11 elt célèbre par les eaux
chaudes. On ne dit point que les malades en boivent ,
mais ils s'y baignent en obfervant pour tout régime ,
de ne rien manger de chaud , ôc de fe même au lie en
fortant du bain pour fe faire fùer.* F* de Obartevoix ;
Mémoires manuferits.
OBANA , ville d'Affyrie , félon Ptolomée , liv. 6.
ebap. i.
OBARENI , n'/?*p»i'o* , peuple qui habitoitune partie
confiderable de l'Arménie , aux environs du fleuve Cy-
rus. Etienne le géographe cite ces mots de Quadratu ,
dans l'hiftoire de Parthc de cet auteur : Frope Cyrum flu-
vium ObarenitA & Oteni habitant , quifunt Armenin
magna pars-. Suidas fait auffi mention de ce peuple.
OBARES, 0"/3*/>«, ancien peuple dejrArie,au midi
des Panut,, autre peuple du même pays , fclon Ptolo-
mée , /. 6. c. 1.7.
1 om. IV. I i i i
6i8
OBD
OBE
OBASINE , Obacina , abbaye d hommes en France ,
de l'ordre de Citeaux , dans le bourg de même nom,
dans le Bas-Limoufin , à trois lieues au midi de Tulle ,
ôc à une demie de Brive , proche la Coureze. Elle a été
fondée par Etienne , lequel ifl'u de condition honnête
dans le Limoufin , eut pour père Etienne , ôc pour mè-
re Gaubertc ; il fut d'abord clerc , puis prêtre. Au lieu
d'habits, il fe vêtit d'un cilice , ôc ne vouloit d'autre
nourriture que celle du pain qu'il trempoit de fes lar-
mes. Il fe baignoit fouvent dans l'eau gelée , dont il rom-
poit la glace-, il s'affocia un autre faint perfonnage nom-
mé Pierre , lequel étoit auffi prêtre , ôc ils cherchèrent
enfemble un lieu écarté du commerce des hommes
pour s'y retirer. Ils arrivèrent enfin au bois d'Obafine ,
& trouvèrent un endroit à leur gré , éloigné feulement
de trois lieues de la ville de Tulle, environné de tou-
tes parts de rochers escarpés , près de la rivière nommée
la Coureze. Ils s'y arrêtèrent & le choifirent pour en faire
leur retraite. Ils y eurent beaucoup à fouffrir de la faim
dans les commencemens. Euflorge tenoit alors le fiége
épiscopal de Limoges. Ce prélat ayant ouï parler de
ces deux faims perfonnages , féconda leurs pieufes in-
clinations , ôc les fit bientôt devenir les pères d'une gran-
de communauté. Le monaftere qui s'y établit fut dans
le commencement pour l'un &pour l'autre fexe. L'aullé-
rité y étoit extrême , ôc le filence également rigoureux ,
auflî bien que le vêtement ôc la nourriture. On en peut
voir le détail dans la vie de faint Etienne, que Baluze
a mife au jour , t. 4. Miscellanea , ôc dans les Atla San-
Ûorum de Bollandus die Marin 8. Etienne étant demeuré
long-tems incertain fur le choix qu'il feroit ou de l'infti-
tutdes chanoines réguliers, ou de celui des moines; en-
fin , par le confeil d'Acineric , évêque , en Auvergne ,
il fe détermina au dernier , dont il embraffa la règle avec
tous fes disciples , ôc reçut du monaftere de Dalon tous
Jes meubles, dont ils avoient befoin pour s'établir ; en-
fuite l'an 1142, le jour du dimanche des rameaux , il
reçut l'habit de l'ordre , ôc fe fit moine en préfence de
Geraud , évêque de Limoges , Ôc dès le même moment
il fut auffi élu ôc béni abbé. Quelques années après , le
pape Eugène III , étant venu en France , la féconde an-
née de fon pontificat , ôc ayant fait quelque féjour à Ci-
teaux , Etienne vint y voir fa fainteté , la priant de le
recevoir lui ôc les fiens dans l'ordre de Citeaux. Le plus
grand obftacle à cette réunion étoit qu'il auroit à con-
duire les hommes auffi bien que les femmes ,ce qui étoit
contraire à l'inftitut de Citeaux ; mais il y eut espérance
d'abolir peu à peu tout ce qui fe trouverait contraire à
l'ordre. Après cela, Etienne fonda encore deux autres
monalteres , l'un au diocèfe de Cahors qui eft celui de
la Garde-Dieu {Garda. Dei) ; l'autre au diocèfe de
Saintes, dit la Frenade ou la Frenaye (Frenada) ,
auquel il donna pour abbé Robert , qui fut enfuite le
premier abbé d'Obafine. On compte quarante-trois ab-
bés de ce monaftere jusqu'en 171 3.
OBBA , ville d'Afrique , dans la Mauritanie Céfarien-
fe. La notice d'Afrique fournir dans cette province Eu-
febius Obbitanus , Eufébe , évêque d'Obba. Entre les
évêques qui affilièrent au concile de Carthage tenu fous
faint Cyprien, on lit Paulus confejfor ab Obba. Dans
quelques manuferits & dans faint Auguftin , on lit
àBobba. Pline, /. f. c. 1. met dans la Mauritanie Bib-
ba. Quelques-uns lifent Bobba. Quoi qu'il en foit , cette
colonie parait différente d'Obba. Au cinquième concile
général affifta Valérien , évêque d'Obba , en Afrique. La
conférence de Carthage fournit Féliciffime , évêque
d'Obba . Obbenfis.
OBBE , bourgade de l'Amérique , dans la Californie ,
fur la côte de la mer Vermeille. Elle eft dans la miffion
de faint François Xavier , au nord , ôc à huit lieues de
Biaundo , félon le mémoire du père François-Marie Pi-
colo , Jéfuite.* Lettres édif. r. y. p. 261 ôc 262.
OBDACH, bourgade d'Allemagne, dans la Stirie ,
fur le Levant. Voyez Badacum.
OBDORA ou I'Obdorie , autrefois Lucomorie ,
contrée de la Tartarie Moscovite , au couchant du Jé-
niscéa , & à l'orient de l'Oby , qui la féparede la Con-
dora. Selon la carre du monde , l'ifle de ce pays eft ha-
bitée par des Samoyedes , qui ont les Oftiaques au mi-
di. Ce pays eft coupé par le cercle polaire en deux par-
ties à peu près égales. La partie feptentrionalc eft nom-
mée la côte d'Oby , ôc bordée de montagnes de glaces
qui figurent allez bien avec celles de la Nouvelle Zem-
ble , dont le bras de mer qui les fépare, eft bordé au
nord. De l'ifle y met trois espèces de villes ; favoir ,
1. Mangaseia ou Taasofstat, fur une îiviere qui
fort d'un lac nommé comme elle Taas , ôc eft appellée,
vers fon embouchure Mangaseia ou Malcamsei ; 2.
Serrofka , fur le bord oriental de la même rivière , au
confluent de la Stour. 3. Turuganskoi au bord occi-
dental du Jéniscéa. Il y a quelques bourgades le long
de l'Oby. La nouvelle carte de l'empire Ruffien change
ces notions. Elle met les Samoyedes tout au nord; les
Mantzela entr'eux & le cercle polaire, & les Oftia-
kes au midi de ceux-ci dans I'Obdorie, quoique ce mot
n'y foit point marqué. Elle met Stara Mangaseaou
la Mangaseia de de rifle, presque fous le cercle po-
laire , ôc Turukan fous le 60 deg. de latitude. 11 y a ,
outre cela, le monaftere de Kolskoi , furie bord orien-
tal de l'Oby , vis-à-vis de l'embouchure de la Berefo-
va. Ce pays au refle fait partie de la Sibérie. Pierre le
Grand y avoir commencé quelques habitations. Oléa-
rius en fait quelques détails ; mais comme dans fon
voyage de Moscovie, il n'a point approché de ces can-
tons-là , il n'en peut rapporter que des ouï-dires.
OBEA , ville d'Afrique. Voyez. Obba.
OBEL/E, ancien peuple de la Marmatique, félon Pto-
lomée. Ils étoient entre les peuples Sentîtes ôc ALza-
ri.
OBER, prépofition » qui en Allemand lignifie haut ,
élevé: elle fe compofe avec un nom propre , ôc alors elle
lignifie haut, pour diftinguer ce lieu de quelqu'autrede
même nom. Le mot oppofé eft Nieder , bas; ainfi les
Allemands difenc
Gber-Baden , Nieder-Boden , le Haut , le Bas pays
de Bade.
Ober-Bayern , Nieder Bayern , la Haute ôc la Basse
Bavière.
Ober-Elfafz.- Nieder-Elfas , la Haute ôc la Basse
Alsace.
Obcr-Ocfierreich , Nieder-Ocfterrcich , la Haute ÔC
la Basse Autriche.
Et ainfi des autres lieux ou pays diftingués en Haut ôc
en Bas ; ainfi au lieu de répéter ici tous les articles qui
commencent par ces deux fyllabes , il faut chercher aux
noms mêmes ;c'eft-à dire, par exemple, aux mots Bade,
Bavière, Alsace, Autriche, &c. Le dictionnaire
de la France fait trois articles d'OBER-EHENHEiM, dans
la Baffe Alface , fous cette orrhographe , fous celle d'O-
benheim , ôc enfin fous celle d'OBERNHEiM. Cette ville
n'eft point différente d'Ehenheim, ville d'Alface. Un
peu plus bas, fur la même rivière , il y a un bourg de
même nom , comme je l'explique au mot Ehen-
he:m.
OBERBRONN, lieu d'Alface. Il eft fertile en vi-
gnobles ôc en autres biens de la terre. Il fait partie de
la feigneurie de Liechtenberg & Ochfenftein , & eft ve-
nu à titre d'hérédité aux comtes de Wefterburg, donr l'un
y a fait bâtir un château. Ce nom lignifie haute [ource.
* Zeyler, Al far. p. 40.
OBERKIRCH ou Haute Eglise , petite ville ôc châ-
teau d'Alface, dans l'Ortnau , à trois milles de Stras-
bourg, au delà du Rhin, vers la forêt Noire. Les mo-
dernes la nomment en latin ou plutôt en grec Iatinifé
YpERGRytciA. En 1428, elle appartenoit à ceux de
Strafbourg. C'eft pour cela quel'évêque deStrafbourg,
qui étoit mécontent de cette ville , fit faire quelques
fortifications croyanr l'affamer ; cependant elle fe défen-
dit allez bien durant fix mois, jusqu'à ce qu'enfin l'an
fuivanr, ceux de Stralbourg abandonnèrent la partie.
Dans la fuite du tems ce lieu ôc fon bailliage revint en-
core à ceux de Strafbourg ôc apparrinr à l'évêque jus-
qu'en l'année 1592; alors dans la guerre de Strafbourg,
ce lieu ôc les environs, y compris Noppenau, furent
cédés au duc de Wurrcnberg , par le margrave Jean Geor-
ge de Brandebourg , élu évêque de Strafbourg; & quoi-
que le margrave eût été forcé, le cardinal de Lorraine ,
de concert avec fon chapitre , ne fit point d'oppofition
OBL
OBO
à cette ceffion , mais les fujecs reflètent la plupart atta-
chés à la religion Catholique. On ne changea rien dans
Téglife. Il n'y eut que dans le château où le bailli eut
un prêtre Luthérien. Après la bataille de Nordlingen en
1634, le duché de Wurtenbeig étant presque perdu ,
Oberkirch Se Oppenau ou Noppenau Se autres lieux qui
en dépendent , revinrent à l'évêque de Strafbourg. Je
ne fais quel autre évêque l'engagea de nouveau au duc
de Wurtenbeig ; mais Corneille dit que François de Fur-
ftenberg , évêque de Strafbourg , la racheta en 1 664 , en
payant la fomme marquée dans l'acte d'engagement ; de
forre qu'elle eft aujourd'hui réunie à cet évêché. Sur la
tour de la porte de la ville, on lit un monument en
l'honneur de l'évêque , Jean IV , Se des habitans de Stras-
bourg. Le voici : Quod municipia eorum, itnà cum adh&-
rente traita , nexiEus alienis plané libéra fecerit , fuo-
quenitori refiituta excoluerit & adomâritiquodque ma-
jorant immunitates novis additif juribus confirmant ac
confervârit , injlgnibus ejasdem domefticis pitblicHsque ;
respublica Ypergracia cumfocia communitatc Nopinavio-
rum , bumillime D. D. anno falutiferi partits 15 8(5.
Cette ville fut ravagée par les François en 1-641 , Se elle
eut diverfes révolutions durant la longue guerre d'Alle-
magne.
OBERLAUBACH. Voyez. Laubach.
OBERMONDAT. Voyez, Mondât.
OBERNDORF, petite ville d'Allemagne , au cercle
de Suabe, dans la forêt Noire, allez près de Sultz Se de
Wolfach.EHe a appartenu à la maifondeZimmeren,&efl
à préfent à celle d'Autriche , Se fait partie du comté de
Hohcnberg. Il y a un monaftere de filles de l'ordre de
faint Auguftin , fondé par les ducs de Teck. C'eft un
prieuré. * Zeyler, Sue vis Top. p. J9.
OBERNPERG ou Obernberg, bourg d'Allemagne ,
dans le cercle de Bavière. Il appartient à l'évêque de
Paffau , & en ell à quatre milles. L'an 1640, il fut ré-
duit en cendres , hors trois maifons. Depuis ce tems-là ,
on l'a très-bien rebâti , 6c il a toutes les beautés d'une
jolie ville , il y a un château & une muraille , avec une
douane. Il doit fa fondation à Wolfger , évêque de Pas-
fau, qui le bâtit en 1198 ou 11 99. * Zeylcr , Bavar.
Topog.p. 78.
OBERSCHONENBERG , abbaye de religieufes,
ordre de Citeaux , dans la Suabe, au diocèfe d'Aus-
botirg.
OBERSTEIN , baronnie dans la Baffe- Alface. Elle
etoit , dit de Longuerue , Defc. de la France , 2. p.-irt.
p. 237. de même condition que celle de Fleckenftein ,
comme on voit à l'article Teneatur du traité de Wcttpha-
lie. C'eft-à-dire , que fes feigneurs avoient été mis com-
me immédiats & vaflaux de l'Empire, Se que fes ba-
rons , par le traité de Wellphalie , font comptés entre
ceux qui doivent demeurer immédiatement fournis à
l'Empire. Les François fe faifirent du château d'Ober-
flein l'an 1680, fous la conduite du comte de Telle.
Anne-Elifabeth de Falkenftein , tant en fon nom , qu'au
nom de fes fœurs , filles du baron Guillaume Wh'ich
( Ulrih) préfenterent un mémoire pour fe plaindre à la
diète de Ratifbonne. Ces difFérens ont été terminés par
le traité de Riswick qui a laide les chofes en l'état où
elles étoient alors ; Se les réunions au-dedans de l'Al-
face ont été confirmées par-là.
OBIDIACENI , peuple de la Sarmatie Afiatique , fin-
ie Pont-Euxin, félon Strabon , /. 1 1. p. 49 j.
OBIGENE , contrée d'Afie j dans la Lycaonie , félon
Pline, /. j. p. 32.
OBII. Athénée, /. 6. c. 4. parlant des monts Rhi-
pées, dit que P'i7raîci op» ell l'ancien nom , qu'on les nom-
ma enfuite Obii ,0"|8/«, Se que'jde fon temson lesappel-
loit Ai.pes. Ortelius remarque qu'il y a encore dans ces
cantons un fleuve qui conferve le nom d'Obii ; favoir
LOby. Voyez. Oby.
OB1LA , ville d'Espagne, dans la Lufitanie , chez les
Venons, félon Ptolomée , /. t. c. j. 11 la met entre
Deobiiga Se Lama.
OBILUMNIUM , d'autres exemplaires portent Bi-
iumnum.' Voyez, ce mot.
OBLIMUM. Voyez. Bilumnum>.
OBLINCUM, félon Corneille; Oblicnum, félon
6l 9
Baudraud. L'un Se l'autre prétendent que c'eft le Blanc ,
ville de France , dans le Berri.
OBLIVIONISFLUV1US. Voyez. LethÉ.
OBNOBI1 MONTES, pour Abnobii. Voyez. Abe-
NOW-
OBOB ou Ebob , ville des Moabites , félon He-
fyche.
OBOCA, 0'/3oW, rivière de l'Irlande. Ptolomée en met
l'embouchure dans la partie orientale de rifle. Sile Mo-
donus efl, comme on le croit, la Liffe qui coule à
Dublin , l'Oboca devroit être la Boyne. Cela convien-
droit mieux par la fituation que Ptolomée donne à ces
deux rivières entr'elles , que de dire que c'cfl la rivière
d'Auven-More qui pafle à Arklow , comme le difent fes
interprêtes.
OBODOWKA, forterefle de Pologne, dans la Bafle-
Podolie, au palarinat de Braclaw, fur la- petite rivière
'deBercad, qui fe perd dans le Bog , rivière qui tombe
dans le Borylthene. Elle efl au couchant & au- de (Tus d'une
autre forterefle de même nom.
1. OBOLCOLA, ville de la Lufitanie, félon Ap-
pien , Iberic. I. i.p. 293. dit que Viriate y avoir mis une
garnifon , Se que Servilianus ne laifïa pas de s'en rendre
maître. Il écrit O '(ZoXttoha..
2. OBOLCOLA ou Obulcol a, ville d'Espagne, dans
la Bétique , félon Ptolomée, /. 2. c. 4. car cefl ainfi
qu'Ortelius lit dans cet auteur O'^XxoXa , ville des Tur-
detains, dans la Bétique. LesTurdetains , comme nous
le difons ailleurs , étoient partie dans la Bétique Se par-
tie dans la Lufitanie-, ainfi Obocola pouvant être aux
confins de ces deux provinces, auroit pu être attribuée
à l'une Se à l'autre par deux auteurs; mais on verra leur
différence dans la fuite de cet article. L'édition de Bcr-
tius porte Obocola oaObacola,0'^'dzoXa..E[lc cil nommée
Obulcola par Pline , /. 3. c. 1. Rodericus Carus dit
que c'eft il Caflillo de la Moncloua , château de l'Anda-
loufie. Mais Mariana Se autres penfent que c'eft Porcuna.
Voyez. ByEcuLA 3. Obucula efl le nom que lui donne
l'itinéraire d'Antonin. Il eft dans deux routes différences ;
l'une de Séville à Mérida , Hispali Emeritam.
Hispali
Carmonem
Obulculam
Afligi
XXII. M. Pas.
XX. M. P.
XV. M. P.
L'autre eft de Séville àCordoue , Hispali Cordubam.
Hispali
-
-
Obulculam
-
- XLIII. M. Pas
Afligi
-
- XV. M. P.
Les manu ferits varient pour l'orthographe de ce nom
dans l'itinéraire ; les uns portent Abucula , d'autres Abi-
cul^ ; mais la première , favoir Abicula, c'cfl la plus
commune. Sur quoi ilefl bon de remarquer que cette vil-
le de Ptolomée Se d'Antonin ne fauroit être l'Obolcola
d'Appien , s'il efl vrai que celle-ci étoit dans la Lufita-
nie , car celle d'Antonin étant entre Séville Se Cor-
doue, étoit trop avant dans la Bétique pour pouvoir être
attribuée à la Lufitanie.
OBOLCON , ville d'Espagne , dans la Bétique, Pto-
lomée./. 2. f. 4. dit OBuLco'O/SyAm'. Etienne , Obol-
con ,"0[ZoMov. Voyez. Obulcon.
OBOLLAH, ville de Perfe, dansl'Iraque Babylonien-
ne , aflez près de Baffbra ; delà vient qu'Ebn Alvadi Se
autres géographes Orientaux , appellent le golfe Perfiqne
Bar al-obollah ou Khalig'-al-obollah a c'eft-à -di-
re, la mer d'Obollah ou le golfe d'Obollah. Cette
ville efl petite , mais forte & bien peuplée, fur un bras
du Tigre , qui a été tiré en forme de canal de la lon-
gueur de quatre parafanges, c'efl-à-dire , félon d'Herbe-
lot, de fept ou huit lieues , & c'eft fur les deux rives de
ce fleuve , que l'on voit une longue fuite de jardins Se de
portiques qui fe répondent les uns aux autres avec une
fymmétrie admirable. Les géographes Orientaux placent
ce lieu dans le ttoifiéme climat , à 84 deg. de longitu-
de , Se à 30 deg. 15 min. de latitude feprcntrionale , 8e
le vantent comme un des quatre endroits les plus déli~
Tom, IV. I i i i ij
620 OBO
OBO
deux de route l'Afie , qu'ils appellent les quatre Para-
dis. * D'Hcrbelot , Biblioth. orient.
OBOM . 0/3«/x , ville des Moabites , félon Hefyche.
OBOR1TANUS , fiége épiscopal d'Afrique. Il y en
avoir deux de ce nom dans la Mauritanie Céfarienfe , 8c
la notice d'Afrique les diftingue de cette manière. Après
avoir nommé Pierre , évêque d'un de ces deux lièges ,
Petrus Oboritanus , entre les églîfes qui avoienr leurs
pafteurs, elle met encore une fois Oboritanus entre les
lièges qui n avoient point alors d'évêques, Cathedra qua
epïiCnpos non habiter unt.
OBORKOW, petite ville de Pologne , au palatinat
de Belcz, environ à quinze milles italiques ou cinq lieues
de cette ville , en tirant versKrasnoflaw. *1$anfon , Atlas.
OBOTRITES ou Obotriti, Obotriti, Obodri-
ti, Obodrit^, A'bodrit^s 8c Abodriti , peuples
d'entre les Vandales. Une chronique du moyen âge ,
dont l'auteur eft inconnu, 8c que Lambécius a inférée
dans fon recueil des écrivains, rerum Germanie arum
feptentrionalium ; nous marque aiTez jufte la pofition
de ce peuple, en marquant ainfi fes voifins en com-
mençant à l'orient par la Poméranic. Poft Pomeranos
ad occidentem funt Vinuli idololatrœ , dclnde venitur ad
Circipanos & Kicinos ubi civitas eft Dcmmyn. Ultra
illus funt Lingones & Varnavi. Hos sequuntur Obo-
TRrTi civitas illorum Mekelenburg , inde ver/us
nos Polabiy civitas illorum Racisbttrg. inde tranftta Tra-
l'cna vel potins Trabena , venitur in noftram Vagiren-
fem provinciam , cujus quondam fuit civitas Maritima
nobilis valdè Oldcnburg. On voit par ce partage que
les Obotrites avoient pour ville Mecklenbourg , dont
nous parlerons en fon lieu , 8c qu'ils étoient entre les
Varnaves d'un côté , peuple qui habitoit le long du
Varnav/ , 8c de l'autre , qu'ils confinoient aux Polables,
dont la ville eft Ratzbourg , & à la Trave , rivière
qui coule à Lubec. Comme l'auteur de cetre chroni-
que la finit à l'an 1 165 , il eft par conféquent moins
ancien qu Helmold , qui a écrit pareillemenr une chro-
nique des Slaves, & qui finit en 11 70. On va voir
que l'anonyme a copié Helmold avec bien du déchet,
Après avoir parlé de Rethré , capital ou peuple Re-
darii ou Tholenzi , Helmold , continue ainfi : ûeinde ve-
nitur ad Circipanos & Kyzdnos quos à Tholenzjs & Re-
daris Jeparat {lumen Panis ( la Pêne ) 8c civitas Di-
mine (Demmyn) Kyzjni (yCircipani, cis Panim:Tho-
IsnzX & Redari trans Panim habitant. Les Kyzins 8c
Circipaniens écoient donc au-delà de la Pêne, lesTho-
lenfes 8c les Rédaires étoient autour de Réthré , au-
delà de la même rivière. Hi quatuor populi à fortitu-
dine WiltziyjW Lutici a\pellantur. Ces quatre peuples
avoient un nom qui leur étoit commun. On les ap-
pelloit les Wiltzes. Voyez, ce mot. Ultra illos , c'eft-
à dire, au couchant de ces derniers, funt Lingones &
IVamavi, étoient les Lingons, autrement nommés Lini,
êc les Varnaves. Hos fcquuntur Obotriti, civitas
coritm Miklinburg. Inde verfus nos Prolabï, civitas
corum Racisburg. Inde trjnsitur fluvius Travenna , in
noftram Vagirenjem pravimiam ; civitas hujus provin-
cia quondam fuit Aldenburg maritima. C'eft ce que
dit Helmold (b) , auteur qui parle de tous ces peuples
comme exiftans de fon tems. On voit par-là que les
Varnaves occupoienr ce qu'on appelle aujourd'hui la
feigneurie de Rollock , l'évêché ou la principauté de
Schwerin où eft Butzcvr , & une partie de la véritable
Vandalie où eft Guftrow. Les Wagres ou hsbitans de
ia Wagrie occupoient la partis du Holitein qui eft au voi-
finage de Lubec , & le long de la mer Baltique : au midi de
la Wagrie étoient les Polabes , aujourd'hui la princi-
pauté de Ratzebourg , & entre ces peuples étoient les
Obotrites, qui par conféquent. occupoient le duché de
Mecklenbourg , proprement dir , avec le comté de
Schwcrin , où font Wîfmar , Schwerin , &c. (a) Incerti
AuclorisÇ\uo\\\cz. Sclavica, capitul. 3. (b) Chron. Sla-
vor. 1. i.c. 2. n. 8. & fcq.
C'étoit bien-là le pays des Obotrites , mais la domi-
nation de leurs princes s'étendoit bien plus loin. Ils
étoient originairement Vandales, comme nous difons
à l'article des Vandales. Un auteur de ces pays-là ,
nommé Nicolaus MarcschalcusTurius , a écrit un livre
intitulé , Annales Vandalorum & Herulorum , où il
prétend donner furies archives de la cour de Guftrow
une généalogie des rois Vandales , qu'il fait remonter
à Anthyrius, l'un des capitaines d'Alexandre le Grand.
Pour ne pas me copier ici moi-même, je. renvoie le
lecteur à l'hiftoire générale & politique des principaux
états de l'univers, ouvrage commencé par Samuel Puffen-
dorff, & auquel j'ai fait des additions importantes.
Voyez ce que j'y dis à l'occafion de la maifon des ducs
de Mecklenbourg, t. 3. p. 312. édit. Amfterd. chez
Châtelain 1 7 3 2. Je vais donner une fuite des rois Obotri-
tes depuis Charlemagne, où ils commencent à être
connus dans l'hiftoire , 8c je n'en dirai rien qui ne foit
appuyé fur des hiftoriens célèbres. Lorsque Charlema-
gne mena fon armée en 789. contre les Wilfes ( on
Wiltzes ) peuples dont nousavons expliqué la fituation,
Witzan (b) regnoit alors fur les Obotrites. Il étoit allié
de Charlemagne , & lui amena quelque renfort de fes
troupes. Depuis ce tems-là les Obotrites fe joignirent
de tems en tems aux François , foit par la perfuaiion de
leur roi, foit par la crainte des forces de l'empereur,
foit que fe (entant appuyés d'un tel allié, ils cruflent être
plus redoutables à leurs voifins , & fur-tout aux Wilt-
zes qui les incommodoient par des hoftilités continuelles.
L'empereur , voulant fe les attacher , prit les Saxons
d'en-deçà de l'Elbe du côté de Brème , 8c les Transférant
en 804. dans la France , donna leurs terres aux Obo-
trites. Leur roi Witzan , que Sigebert de Gemblours
appelle Withan , ne vivoit plus ; car dès l'année 79 j ,
les Obotrites ayant été appelles par Charlemagne con-
tre les Saxons ieptentrionaux , Witzan, en paflanr l'Elbe,
périt dans une embufeade qu'ils lui avoient préparée. Il
eft nommé Vififias dans la chronique manuferite de
Latome , qui lui donne pour fils & fuccefleur Thrafi-
con , ou le Thrascon des annales. En 798. les Saxons
d'en-deçà de l'Elbe, ayant tué les officiers de Charle-
magne , 8c attaqué les Obotrites fes alliés , Thraficon
leur prince, foutenu par Eberwin, Annal. Franc. Ebu-
rifius , Annal. Fuld. ou Helbruin , Regino. marcha
contre les Saxons, 8c leur tailla en pièces quatre mille
hommes auprès de la rivière de Suentine. Dix ans après,
en 808 , le même prince gouvernoir encore les Obo-
trites , qui s'étoient fournis à Charlemagne , & dont une
partie penchoit vers le Chriftianisme ; cetre dispofition
avoir redoublé pour eux la haine des Wilfes , qui ani-
mèrent le roi de Danemarck Godefrid , avec qui ils fe
joignirent pour les mieux opprimer. Le Danois entra
dans les terres des Oborrites , chafla Thraficon, fit pen-
dre le duc Gotlieb , 8c mit la plus grande partie du
pays à combultion. L'empereur envoya au fecours des
Obotrites fes alliés (c) un fils nommé Charles comme
lui , 8c Godefrid , ayanr perdu dans une bataille fon ne-
veu Rheinhold avec l'élite de fon armée , fut réduit à
fe retirer. L'année fuivante 809 , Thraficon ayant fait
là paix avec le Danois , & donné fon fils en otage ,
s'aflura d'un renfort que les Saxons lui donnèrent , fie
la guerre conrre les Wiltzes , 8c faccagea entièrement
leur pays; mais peu après le roi de Danemarck le fit
aflaifiner à Reriche. L'an 81 j l'empereur Louis le Dé-
bonnaire envoya du fecours à Harald,roi de Danemarck,
contre les fils de Godefrid. Ce fecours fut renforcé par
un bon nombre de (d) Saxons 8c d'Oborrites. (a) In
Tabul. p. 287. (b) Eghinart.'m vira Carol. Mag. p. 6.
Annal. Reg. Franc. Annales Fuldenfes. Regino. Albert.
Stad.Krantz.ius, Vandales ,/. 2. c. 19. & 23 , &c. Métro-
pol. /. 1. c. 1 j.Saxon./. 2. c. 19. 8c I. 5. c. 27. (c)
Annales 8c Pontan. 1. 4. ad ann. 808. {d) Annales Re-
gite Franc.
Thraficon eut pour fuccefleur Slaomir , 8c comme il
laiflbit un fils nommé Céadrog, 8c que l'empereur vou-
loit obliger Slaomir à partager avec Céadrog le gouver-
nement de l'état , le premier de ces deux princes en-
gagea les Obotrites en 817 à abandonner les intérêts de
l'empereur. Deux ans après on envoya une armée de
François & de Saxons pour le réduire. Il fut pris, mené
à Aix-la-Chapelle, où les principaux de fa nation fe
rendirent , 8c comme il ne put fe juftifier des aceufa-
tions portées contre lui , il fur exilé , & le trône donné
à Céadrog , qui n'en,, fut pas plus attaché aux intérêts
de Louis. En 821. on le foupçonna de cabaler avec les
fils de Godefrid -, il fut détrôné à (on tour,& on rap-
OBO
OBO 621
pella Slaomir pour lui fuccéder. Celui-ci s'en retour-
nant, fut à peine arrivé en Saxe, qu'il tomba malade,
après avoir reçu le baptême. Il paroît que Ceadrog
chercha à faire Va paix avec Louis le Débonnaire ; car
l'année fuivante ce monarque étant à Francfort , où il
tenoit une diète , il y vint des députés des Obotrites ,
avec des autres peuples Slavons , 6c ils lui apportèrent
des préfens. Annal. Reg. Franc. & Annal. Fuld.
En 823 , au mois de Mai, dans une autre diète,
Ceadrog fut aceufé auprès de l'empereur de manquer
d'attachement pour les François , 6c d'avoir refufé de
comparaître , ayant été cité plufieurs fois. Il s'exeufa
par les miniftres de ne s'être pas préfenté lui-même,
6c promit de venir l'hyver fuivant à Compiegne. Il tint
parole 6c fe juftifia. Il fut aceufé de nouveau auprès
de l'empereur en 826" par les principaux des Obotrites.
Il eut ordre de venir répondre à ces plaintes au mois
d'Octobre fuivant à Ingelheim ; il s'y rendit en effet ;
mais les députés de toute fa nation interrogés par l'em-
pereur, ayant témoigné qu'elle le recevroit avec plai-
fir , on le leur renvoya après avoir pris de lui des otages.
La décadence de l'Empire qui fut une fuite du partage
des états de Charlemagne , donna lieu aux peuples Slaves
de fecouer peu à peu le joug 6c de fe reffaifir en toute
occafion , de leur première indépendance. Les Obotri-
tes conferverent plus long-rems que les autres leur ar-
rachement pour la famille impériale , mais à la fin ils
fe biffèrent entraîner par le torrent, jusqu'à ce qu'enfin
Gozzomuil ( Lambert d'Affchaffenbourg le nomme Gefli-
mulus ) fut roi des Obotrites. Sous lui ce peuple com-
mença ouvertement à fe détacher des François en 844 ;
mais Louis , roi de Germanie 6c frète de l'empereur
Lothaire,mit fouvent les Obotrites &Ies autres Slaves
à la raifon , 6c cette même année il remporta fur eux des
avantages fi grands , qu'il fit mourir Gozzomuil , &
força fes fujets à rentrer fous Pobéiffance accoutumée.
Annal. Fuld. & Sigebert Gcmblac. ad ann. 84J.
Cette réduction dura à peine rreize ans. En 858, ils
fongeoient encore à remuer, puisque l'empereur Louis
II. fut obligé d'envoyer fon fils de même nom , avec
une armée pour les combattre, eux 6c les Linons leurs
voifins. * Annal. Fuld. & Lambert Schafnaburg.
En 862. Tabamvizil commandoit aux Obotrites. Sons
ce prince ils oublièrent de nouveau toutes leurs pro-
meffes , 6c cherchèrent à s'affranchir. L'empereur en-
voya une armée contre eux , domta Tabamvizil , &
l'obligea de donner fon fils en otage. En 889, fous l'em-
pire d'Amolphe, les Obotrites remuèrent de nouveau,
& l'armée que l'on envoya contre eux , fut fi vigoureu-
fement repouffée, qu'elle revint fans avoir pu les réduire.
On ne fait pas, du moins par les annales publiques,
quel roi ils avoient en 906. Elles rapportent fimple-
ment que s'étant joints avec les Sorabes , ils s'oppoferent
à Ofton, duc de Saxe ; que ce prince , accablé de vieil-
leffe , fe déchargea de cette guerre fur Henri , fon fils,
qui fut enfuite empereur. Les Vendes ou Slaves fe trou-
vant alors ttop foibles, appellerait à leur fecours les
Hongrois qui parcoururent toute l'Allemagne , 6c la
remplirent de brigandages 6c d'incendies, (a) Cela prou-
ve que les Obotrites s'étoient fouftraits à l'obéiffance
de l'empereur. Henri l'Oifeleur les réprima avec plus de
fuccès qu'aucun de ceux qui l'avoient précédé. En 925 ,
la fixiéme année de fon règne , il fit marcher un corps
de troupes contre les Slaves , leur prit la ville de Bran-
debourg, (Brenncburg) 6c rendit tributaires les Obo-
trites , les Wilfcs 6c les Havellans (b). Un peuple fi ac-
coutumé aux armes, ne put demeurer tranquille. Dès
qu'il vit Henri occupé ailleurs , il commença de fe ré-
volter. Les Rédariens furent les premiers , 6c à ce fignal
route la nation fuivit , fous les ordres de Niflas ou Mi-
ciflas,roi des Obotrites. Cette révolte arriva en 931 ,
ils faccagerent Hambourg , le démolirent , ravagèrent
rout le voifinage avec la dernière inhumanité. L'em-
pereur envoya contre eux Bernard , duc de Lunebourg ,
qui , s'avançant vers k mer Baltique , tua jusqu'à fix
vingt mille de cette nation , & pour la tenir dans le res-
pect:, établit la marche du Sleswig. (a) Lambert Schaf-
naburg. (b) Wntichind. annal. 1. 1. p. 12.
Les Obotrites , réprimés fi vivement , promirent de
payer le tribut à l'avenir, & de fe faire baptilcr. Leur
roi en donna lui-même l'exemple (a) ; mais comme cette
converfion n'étoit qu'une feinte politique, elle dura peu.
Ce peuple , amoureux de fa liberté, attaché d'ailleurs
au culte de fes idoles , n'eut pas fitôt appris qu'Henri
avoit licencié fon armée vi&orieufe , 6c ne f ongeoi:
qu'à des tournois qu'il avoit ordonnés à Gottingen ,
qu'il égorgea les prêtres & les gouverneurs impériaux
en 934. L'empereur fut confferné d'apprendre que les
Obotrites, non contents de s'être révoltés, avoient affo-
cié à leurs deffeins les Hongrois. Il fe hâta de rappeller
fon armée , & donna fon rendez-vous au camp d'Anger-
munde fur l'Elbe. Pendant qu'elle fe forme , arrivent
les principaux d'entre les Obotrites , avec deux cens che-
vaux , 6c quarante chariots ; 6c s'offrent de prouver à
l'empereur {b) , que les prêtres 6c les gouverneurs fe
font eux-mêmes attiré , par leur avarice 6c leurmauvai-
fe conduite , le traitement qu'ils ont reçu , (a) Wuichind.
1. 1. p. 12. Herman. contrat}. Lambert. Scbajnab. Si-
gebert. Gcmblac. Regin. Contin. ad ann. 93 1. 6c Georg.
Fabric. Chemnio.ann. 930. (b) Latom. Chron. Manufc.
Cette nation recommença en 941 , tailla en pièces la
garnifon Saxone , & Haica ou Hugues , que l'empereur
avoit établi gouverneur ; mais d'un autre côté Geron ,
commandant de la frontière, tomba fur eux, 6c ré-
duifit tous les Slaves à payer le tribur. On ne fair pas
bien qui étoit roi des Oborrites en 95 j , il cft feule-
ment certain qu'ils fe révoltèrent de nouveau ; qu'eux
& tous les autres Slaves , le long de la Poméranie , pri-
rent les armes contre l'empereur, & qu'ils furent bat-
tus 6c mis en déroute , comme le rapporte Hepidannus,
moine de S. Gall , ad ann. 9;;. Il eft vrai qu'il défi-
gure un peu ces noms. Otto rcx & finis ejus Liutolf
( Ludolphe ) in fefiivitate fantli Galli pu^naverum cum
Abatarenis ( les Obotrites) & Vulcis , ( les Wilfes ) &
Cyripfanif, X. les Circipaniens ) & Tbolofenis, ( les Tol-
lenfes ) & victoriam in illis fumpfît , occifo duce illorum
Ztoignano ( Stonesgar ) & fteit illos Tributarios. Cette
victoire eft décrite par Ditmar , évêque de Merfbourg ,
/. 2. p. 18. & par George Fabricius , ad ann. 9^7. * Wui-
chind. lib. 2. pag. 19. Georg. Fabric. Origin. Saxon ,1. 2.
L'an 964, les Obotrites avoient pour roi Miffaw,
& les Vagres obéiffoient à Selibur. Ces deux princes re
levoient également de l'empereur , Otton le Grand , &
d'Herman Billing. Ayant entre eux une querelle héré-
ditaire à vuider , ils prirent pour juge Herman qui pro-
nonça contre Selibur. Celui-ci ne fe tenant pas à la fen-
tence, prie les armes ( a ) , & fut attaqué dans la ville
d'Aldenbourg ( b ) Cil capitale, par Herman , envoyé en
exil. Vers la fin de l'empire d'Otton II , c'eft-à-dire , en
982, Millaw ou Miftui , félon Ditmar. ou Miflas ,
félon d'autres, regnoit fur les Obotrites. Durant tout le
tems des trois Ottons , c'eff-à-dire , environ foixante
ans, la religion Chrétienne fit de grands progrès dans
les provinces des Slaves. Il n'y eut qu'un contretemsjors-
qu'Otton fécond, étant occupé en Italie à combattre les
Sarrazins qui s'étoienr introduits dans la Pouille 6c dans
la Calabre. Quelques nations d'entre les Slaves , sas-
femblerent dans le deffein de fe venger , difoient-clles,
des anciennes injures qu'elles avoient reçues. Ces mutins
prirent Havelberg &c Brandebourg , tranchèrent la tête
aux évêques de ces deux fiéges , 6c commirent des cruau-
tés atroces. Sur ces entrefaites , Miffaw , prince des Obo-
trites, fe mit auifide la partie. Après la conquête de la
Wagrie, fa cour avoit été quelque rems à Aldenbourg ,
6c il avoit quitté cette ville pour établir fa réfidence à
Mecklenbourg. Il prit les armes , 3c abandonna en mc-
me-temsle Chriffianisme 6c fes engagemehs envers l'em-
pereur ( c ). Gifelai ius , évêque de Magdebourg , 6c quel-
ques princes de Saxe fe liguèrent contre un fi cruel en-
nemi. Ils reprirent Brandebourg , livrèrent bafaille.,aux
Obotrites , 6c en tuèrent 30700. Ce même Miftaw re-<
gnoit encore deux ans après , car il fe trouva à la diète
que Henri, duc de Bavière tint à (d) Quedlinbourg.
(a)Wituhind. 1. 3. p. 33. (b) Ditmar. 1. 2. p. 18.
(c) Ditmar, ibid. Krant-Jus. Sax. 1. 4. c. 19. Georg.
Fabric. anno 982. (d) Ditmar, 1. 4.
Vers l'an 986' , Billung , fon fils , lui fuccéda. C'eft de
celui là que descend la famille des ducs de Mecklen-
bourg , 6c on a une généalogie affez nette rie fa pofié-
rité , depuis lui jusqu'à notre tems. 11 avoit fous lui le
6%% OBR
Holftein , le Sleswig , le Ditmarfe , la .Wagïie , les Obo-
rrites , les Polabes & la Poméranie. On prétend même
qu'il étendit fa domination depuis le Vefer jusqu'à la
Viftule. Avec le tems , les conquêtes des Saxons , les par-
tages de famille, & mille autres révolutions changèrent
la face de ce gouvernement. La Poméranie eut fes prin-
ces à part. Le Holftein eut les fiens , les villes de Ham-
bourg Se de Lubec s'accrurent Se étendirent leur terri-
toire. Les Oborrires , harcelés , tantôt par les Danois Se
tantôt par les Saxons , s'affoiblirent extrêmement , leurs
princes prirent infenfiblement le nom général de la na-
tion Slave, dont ils faifoient partie. Leurs vainqueurs
établirent chez eux des colonies de Saxons , & à la fin
la poftéritéde Billung a pris le nom de ducs de Mecklen-
bourg, princes des Vandales. Leurs autres titres font ve-
nus long-tems après , par exemple , ceux de prince de
Schwerin Se de Ratzbourg ont fuccédé à ces deux évê-
chés féculatifés en leur faveur.,Celui de comte de Schwe-
rin leur eft dévolu depuis l'extindtion d'une famille ,
qui descendoit d'un comte établi dans leur pays avec un
petit état pour fonentretien , c'étoit proprement un pro-
tecteur que l'on avoit donné à l'évêque & aux eccléfialti-
ques du pays.
QBRACA. Voyez, Obrapa.
OBRACH » ville de la Turquie, en Europe , dans la
Servie , près du Drin. Elle a été autrefois plus confidé-
rable qu'à préfent. * Bandrand , édit. 1705.
OBRAPA , ville de l'Arabie Heureufe. Quelques
exemplaires portent Obraca ,'0/3p<*7ra ou "OjipctKot. Pto-
lomée , /, 6. c. 7. la met dans les terres.
OBRICOLUM, ville d'Italie , vers le milieu, dans
le pays des./Equicoles, félon le même géographe, /. 3.
c. 1. mais ce mot ne fe trouve que dans les exemplaires
latins.
OBRIMAS , rivière d'Aile , dans la Phuygie. Pline,
/. y. c. 29. parlant d'Apamée, furnommée Ciboton , dit
que cette ville eftfituée au pied du mont Signia, entre
les rivières Marsyas , Obrimas Se Orgas , qui tou-
tes tombent dans le Méandre. Tite-Live , /. 38. c. ij.
met les fources de cette rivière , Obrima fontes , près d'un
village nommé Aporipos Come.
OBRINCUS, félon Ortelius , qui écrit en grec
'0/2p/>rc?. C'eft la même chofe qu'OBRiNGA qui fuit.
OBRINGA , rivière. Ptolomée , /. 2. c. 9. la met dans
la Gaule Belgique : La partie du pays qui eft autour du
Rhin , dit cet auteur, depuis la mer jusqu'à la rivière
d'Obringa , s'appelle Baffe-Germanie. Beatus Rhenanus
s'eft imaginé que cette rivière étoit laMofellc.Hérold, qui
d'ailleurs a fait d'affez belles recherches fur quelques an-
tiquitésde la Germanie, s'eft figuré quecenomn'étoit pas
celui d'une rivière > mais d'un cantonrommé Ober-Rhin-
gam. Il n'avoir pas lu apparemment ces mots de Ptolo-
mée, /*ixf' T°v 'Ofipifya, wcTa/xcv, jus qu'à la rivière d'Obrin-
ga. Ortelius dit qu'un de fes amis , qu'il ne nomme point ,
croyoit que ce mot ne veut dire que le Haut-Rhin. Ober-
Rhyn. Il cite un autre anonyme qu'il y a encore fur la
Mofelle un canton qui conferve le nom dîObrincits. Cel-
larius , dit-il lui-même, ne fait pourquoi Ptolomée a
donné le nom d'Obringa à une rivière célèbre , fur-tout
long-rems après que Tacite l'avoit nommée la Moselle ;
mais , pourfuit-il , c'eft allez la coutume de cet auteur
d'employer des noms inufités , lorsqu'il parle de la Bel-
gique , comme quand il nomme l'Escaut Tabuda , Se la
Sambre Pbrudis. Quoique le favant Adrien Valois croye
que l'Obringa de Ptolomée eft la Mofelle , comme ce der-
nier donne l'Obringa pour borne entre la Haute Se la
Baffe- Germanie , Se que la Mofelle n'eft point cette bor-
rie, je ne puis m'empêcher de foupçonner avec Cluvier,
qu'il faut chercher quelque autre rivière moins grande
qui^air tenu lieu délimite. Marcien d'Héraclée dans fon
périple , nomme cette même rivière Abricca , A'/Sp/nxa.
il femble qu'il ait copié Ptolomée , car il dit comme
lui : Depuis la.mer jusqu'à la rivière d'Abricca, le pays
s'appelle Germanie Inférieure: au-deffus de l'Abricca eft
la Haute-Germanie. Or , comme Cellarius lui-même le
remarque , Ptolomée a tellement diftingué les villes de
la Haute Se de la Baffe-Germanie, qu'il a mis lesUbiens
dans la Baffe , & les Vangions dans la Haute. Il faut
donc chercher entre ces deux pays une rivière qui foit
l'Obringa , ancienne borne de l'un Se de l'autre. Il ne s'en
OBU
trouve point de plus remarquable que l'A ar. Voyez, Aar
1. * Notit. Orb.vet. 1. 2. c. 3. p. 268.
OBRIS , ou Orbis ou Orobis , nom latin de I'Or-
be , rivière de France , en Languedoc , auprès de Béziers.
Voyez. Orbe.
OBRITv£ , ancien peuple de la Sicile, félon Ortelius,
il ci;e Ptolomée qui dit Orbit/e , 'Op$uT<*.i.
OBROÀTIS, ou Orebatis, ville de la Perfide,
félon Ptolomée. Ammien Marcellin la nomme Oro-
batis.
OBROAZZO, félon Baudrand , ou ObroWazza,
félon Corneille , ou Obrowatz , félon de l'ifle , place
de la Morlaquie , aux confins de la Dalmatie , au nord
Se à vingt-deux milles de Sebenico. De l'ifle la met vers
le fond du canal de la Morlaque. Le père Coronelli ,
IJolario , fart. 1. la met fur une rivière nommée
Obroazzo , qui plus Haut s'appelle la Zermagna,
qu'il prétend être le Tedanium des anciens. Ce père
dikingue donc ,
1. OBROAZZO (L'), rivière dont on vient de
parler.
2. OBROAZZO Ficolo, c'eft-à-dire, le petit ou le
Haut-Obroazzo , par rapport au cours de la rivière ,
Se il dit qu'il elt fans murailles.
3. OBROAZZO, Grande, ou le grand ou le Bas-
Obroazzo , qui eft , félon lui , l'Argyruntum de Pto-
lomée. 11 y a des murailles Se une citadelle , avec environ
cinq cens habitans. 11 obferve que les Marfiglianes, forte
de barques, remontent la rivière jusques là.
OBSERVATOIRE , heu deltiné aux obfervations
aftronomiques. C'eft presque toujours un vafte bâti-
ment, où l'on a pratique toutes les commodités poffibles
pour obferver , fans obftacle ,tous les mouvemens du
ciel & des planeues; Se on y trouve les inïtrumens né-
ceffaires pour donner une extrême précifion aux opéra-
tions aftronomiques. Blaeu, qui avoit été disciple de
Tichobrahé , nous a laiffé une belle defeription de l'ob-
fervatoire que ce grand homme avoit élevé dans fon
ifle d'Huene , qu'il nommoit Uranibourg. Elle fe trou-
ve dans le grand Atlas de Blaeu , Se elt d'autant plus
précieufe, que tous ces beaux ouvrages ne fubfiftent plus.
On peut voir dans la defeription de Paris , celle du ma-
gnifique obfervatoire que Louis le Grand y a fait bitir.
Plufieurs villes de France , d'Italie , d'Angleterre, d'Al-
lemagne Se d'ailleurs , ont auflî des obfervatoires. C'eft
par-la que l'aftronomie a fait de fi grands progrès de-
puis environ un fiécle & demi. Il eft important defa-
voir la différence vraie qu'il y a d'une obfervation à
l'autre pour les méridiens , parce que le calcul des aftro-
nomes étant toujours relatif au lieu de l'obfervatoire ,
on ne pourroit pas , fans cela , tirer un fruit certain de
leurs travaux. L'influence qu'ils ont fur la certitude de
la géographie eft prouvée ailleurs.
OBTR1NCENSI MOS/E OPPIDO. C'eft ainfi que
Genelius a lu le premier dans un paffage d' Ammien Mar»
cellin , /. 20. c. 8. éd. Valef. Se là-deffus les conjectures
ont été aux champs pour y trouver Maftrecht. L'édition
Romaine portoit Obtrincesim^ Oppido. Celle d'Aus-
bourg Se quatre manuferirs confultés par meffieurs Va-
lois lifent de même. Caftel avoit changé hardiment ce
mot en Tafandro, nom de ville qu'il avoit vu quelque
part. Meffieurs Valois ne doutent point qu'il ne faille lire
ici Tricenfima Oppido , conformément à Ammien Mar-
cellin qui nomme de fuite Caftra Hercults , Çj^tadribur-
gium t Tricen/îma , Novejîum Bonna. L'un d'eux ajoute
qu'il a prouvé dans la notice des Gaules , pag. ijo. que
Tricesima , Colonia Trajan a , Se Castra Ulpia
font trois noms d'un même lieu. Il prenoit ce nom à
caufe du féjour qu'y avoit fait la légion nommée Legio
tricesima Ulpia victrix. Voyez, l'article Coionia
Trajana.
OBULCOLA. Voyez, Obolcola.
OBULCON, en ^xec"0^uXnov , ville d'Espagne , dans
la Bériquc , félon Ptolomée , /. 2. c. 4. Il la met au pays
des Turdules , dans ks terres. Pline l'écarté à quatorze
mille pas dans l'intérieur des terres , & XIX M. pas-
fuum remotum in Mediterraneo , Obulco , auod Ponti-
ficenfe appeUatur. Etienne le géographe dit Obolcon
'Oj3o*koV. Mariana, Hift* Hupan.l. 3. c. 21. croit que
c'eft préfentement Porcuna, petite place , entre Coc-
OCA
doue & Jaën. On y a trouvé une ancienne infcription ,
rapportée dans le recueil de Grurei , où il eft fait
mention de Municip. Pontificis , Se une autre dans
laquelle on lit , pag. 4j8. Ordo Pontificiensis Obul-
conensis. 11 faut au refte que les quatorze milles de di-
ftance , dont parle Pline , ne fe prennent pas du bord
de la mer : car au lieu de cette diftance , il y en a plus
de cent neuf en droite ligne de Porcuna, à la mer,
en prenant des milles Romains, tels que Pline les con-
noiflbir.
OBULENSII , en grec'0/2«A>W/o/ , ancien peuple de la
Baffe-Myfie , félon Ptolomée. Quelques exemplaires
tronquent ce mot, Se portent Bulensii.
OBY , grande rivière d'Aile ( a ). Les Chinois la nom-
ment Kern. Elle prend fa fource au lac Ofero-Tcleskoi a
qui eft dans la Grande Tartarie. Cette rivière porte d'a-
bord le nom de By , & ne prend celui d'Oby qu'après
avoir reçu les eaux de la rivière de Chatun. Le cours
de l'Oby e/t à peu près nord-oueft , jusqu'à ce que le
fleuve Irtis vienne s'yjetcer au fud-oueil à Go dcg. 40
min. de latirude. Enfuite elle tourne tout-à-fait au nord ,
Se va fe décharger vers les 65- deg. de latitude dans la
Guba Taflaukoya , par laquelle les eaux font portées
dans la mer Glaciale , vis-à-vis de la Nova Semla, vers
les 70 deg. de latitude , après un cours d'environ cinq
cens lieues. Cette grande rivière cft abondante en tou-
tes fottes de bons poiffons. Ses eaux font blanches Se
légères , Se fes bords font fort élevés , Se par tout cou-
verts de grandes forêts. On trouve fur fes rives de fort
belles pierres fines, tranfparentes: elles font rouges Se
blanches , Se reffemblent beaucoup aux agathes. Il n'y
a de villes fur cette rivière que celles que les Rudes y
ont bâties depuis qu'ils font en poffeflîon de la Sibérie.
Le grand nombre de rivières qui fe déchargent dans
l'Oby , la groiïiiTentau point qu'en paffant devant la ville
de Nargin , à plus de 15 lieues de fon embouchure,
elle a plus d'une demi- lieue de largeur. La Guba Ta-
faukoya , par laquelle l'Oby fe décharge dans la mer Gla-
ciale, eft un grand golfe de cette mer qui s'étend de-
puis les 65 deg. jusqu'au détroit de Naffau, & à 70 lieues
d'Allemagne dans fa plus grande largeur. Comme plu-
ficurs autres rivières , outre l'Oby , viennent s'y déchar-
ger , telles que celles de Nadim, Pure , & Tap , &c.
Ses eaux font douces jusqu'auprès de Waigar. Comme
ce pays eft extrêmement froid , il arrive fouvent que
les glaçons bouchent les embouchures de ces rivières ,
& les font déborder, (a) Hift. généalogique des Tatars ,
p. 114, 1 1 5 & 116.
OCA. Strabon , lié. ij. pag. 728. ayant parlé de
quelques vilks de Pcrfe que les rois avoient pris plaifir à
orner , ajoute : 11 y a encore une aurre ville royale à
Gabes , dans le haur-pays de la Perfe , Se près de la côte
de la mer , près de celle qui étoit nommée Oca : fur
quoi Cafaubon doute fi ce ne feroit point la Taoca de
Ptolomée. Voyez. Taoca.
OCAELLI. Voyez. Ocelli.
OCAK , ville de la Tartane, fur la rive occidentale
du Wolga. Elle eft ruinée auffi bien que Serai , capitale
d'un royaume , dont cette ville dépendoit. Les petits
Tartares ou Nogais , qui occupoient autrefois ce can-
ton , font préfentement rapprochés à l'occident Se au
nord du Palus Méotide. C'eft ce qui a trompé Cor-
neille , Ditl. qui a cru qu'une ville fituée fur le Wolga
pouvoir être dans la Tartarie Crimée. * D'Herbelot ,
Biblioth. orient.
OCALEA Se Ocalée , ancienne ville de Grèce ,
dans la Béotie. Homère dit au commencement du dé-
nombrement des troupes Grecques & de leurs vaifleaux :
Ceux qui tenoient Harme, Ilefium & Ervtres , Eléon ,
Hyle Se Peteon , Ocalée , Medéon, &c. Pline, /, 4. c
7. nous en apprend la fituation fur la côte. Au-deffous
de Thebes , dit- il , Ocalée , Heléon , Scolos , Schoenos ,
Peteon, Hyrie, Mycaleflus , Hilefion, Pteleon, &c. Au-
dejfous de Thebes eft apparemment le nom particulier
d'un lieu nommé par Homère 'r^oô^aç , & que madame
Dacier traduit la Nouvelle Thebes, p. 7. v. yy. Di-
fôarque la nomme Ocalca dans fon érat de la Grèce.
E/t' Çïy.a.^.îct Tronic ici.
O CC 625
Srrabon , /. 9. p. 410. eft celui qui nous apprend le
plus de détails de cette ville. Ocalée , n.;ia.x(» , elt , dit-
il , à diftance égale d'Haliarte Se d'Alalcomene , à
3ofiadesde l'une & de l'autre. Elle cft baignée par une
petite rivière de même nom. Après ces auteurs, les
témoignages d'Etienne le géographe & de Suidas devien-
nent affez inutiles. * Iliad. B. m c.;t>i!og;. v. &.
1. OCANA, ville d'Espagne, dans la Nouvelle Ca-
ftillc , à neuf lieues de Madrid , au midi oriental , Se à
trois & demie d'Aranjuès , dans une plaine où la vue eft
fort belle. Elle a d'afiez bonnes murailles, une belle
fource , abonde en pain , en vin , en olives , en viandes
de boucherie, en gibier , en volaille, en fruits, outre
ceux que lui fournit le lieu d'Yepes qui en dépend , Se
la délicieufe rivière d'Aranjuès. On y fait de la vaiffelle
de terre d'une grande blancheur , que l'on envoie de
tous côtés, Se qui tient la boiflbn fraîche en été. II y a
environ deux mille habitans , parmi lesquels il y a beau-
coup de nobles : la ville a trois paroiffes , fix couvens
d'hommes & quatre de religieufes. Elle fut reprife fur
les Maures par Alfonfe VI, l'an 1106, Se mille cinq
cens Chrétiens furent alors tirés d'esclavage. Juan II y
tint les Cartes , ou les états généraux du pays en 1412,
Se l'an 1499. On y reconnut pour prince défigné fuc-
ceffeur de la monarchie d'Espagne D. Miguel, fils de
D. Manuel de Portugal , & de dona Ifabelle , fille de
leurs majeftés Catholiques ; mais il mourut l'année fui*
vante , avant que la fucceflîon fût ouverte. * Mémoires
manuscrits.
2. OCANA , bourgade de l'Amérique méridionale ,
dans la terre ferme, dans le gouvernement de Sainte
Marthe , au bord feptentrional de la rivière de Céfar
Pompatao , à l'orient méridional de la montagne de Sainte
Marthe. De Laé't , lad. occid. I. 8. c. 20. dit que c'eft une
petite ville habitée par les Espagnols, qui lui donnent le
nom de Sainte Anne.
OCANGO , petite contrée de l'Ethiopie occidentale,
à l'orient du Congo, entre le Zaïre au nord-oueft, la
Zambre au nord Se au nord-eft , Se le Coango. D'Ain-
ville, géographe de fa majefté Très-Chrétienne, nom-
me ce canton O Canga , Se marque qu'il a titre de
marquifat. Ce pays eft peu connu , les Millionnaires
n'ayant guères été plus loin que le duché de Suedi , ou ,
ce qui revient au même , n'en ayant point publié de re-
lation.
OCBARA , ville d'Afie, dans l'Iraque Babylonienne.
Elle eft fituée fur le Tigre , à dix lieues au-de(ïiis de Bag-
dat. Elle eft fort petite , Se néanmoins plufieurs kalifes
d'entre les Abaflîdes en ont fait le lieu de leur réfidence.
* D'Herbelot , Biblioth. orient.
OCBAS,en grec '0;:/2*c. Callifie , cité par Ortelius,
Tbcfaur. nomme ainfi un château d'Afie , fitué vis-à-vis
de Martyropole , de l'autre côté du fleuve , fur une roche
fort élevée.
1. OCC A ou Oca, rivière d'Espagne, dans la Vieille
Caftillc. Elle a fa fource dans les montagnes de Bur-
gos, près de Rodillas , au nord de Burgos , baigne les
villages ou bourgs de Caflet, de Poenes d. Pradanos Se
Bibiera , g. Se Senoveda d. reçoit un ruiffeau qui vient
de Pan Corvo , d. Se va fe perdre dans l'Ebre , à Puenta
de Ra, au-deffous de Frias , Se au deflùs de Miranda
de Ebro , félon la grande carte d'Espagne , chez Jaillot.
De l'Ifle met fon embouchure immédia:cment au àes-
fus Se à l'occident de Frias. Voyez, Auca.
2. OCCA ( Sierra d' ) , chaîne de montagnes d'Es-
pagne , dans la Vieille Cal tille , au nord-eft, au levant
& au fud-eft de Burgos. Elle a pris ce nom d'AucA , an-
cienne ville de ce canton , de laquelle il elt parlé en fon
lieu. Mariana nomme ces montagnes Avcm Montes.
Il dit, (1.6. c. i$.) Auca cujus Urbis vefligiafupra Bur-
gos monfirantur , unde O" Auca Montes ditli. Cette
chaîne de montagnes fait partie de celle qui court de-
puis l'Elbre , le long de la Caftille , des Afhuïes Se de
la, Galice jusqu'à l'Océan, Se dont Ptolomée a connu
une partie fous le nom de Vindius Mons. Elle eft très-
éloignée de I'Idubeda de cet auteur; quoique l'une &
l'autre chaîne puiffe être confidérée comme autant de
branches forties des Pyrénées.
3. OCCA(Nuestra Signora de), églife d'Espa-
gne , dans la Vieille Caftille, auprès de Villafranca. Ce
624 occ
nom 8c cerrc fituatipn à l'orient de Burgos, & affez
près de la Sierra d'Utbion , font voir que le norn de
Sierra d'Occi. s'étendoic autrefois plus loin qu'aujour-
d'hui.
4. OCCA , rivière de l'empire Rnffien. Elle a fa four-
ce dans l'Ukraine , dans une campagne où l'on voit fort
près l'une de l'autre les fources de trois rivières qui pren-
nent des cours bien differens. La plus occidentale forme
îa Sem , qui tombe clans la Desna , par laquelle elle ar-
rive dans le Boryfthène qui la porte dans la mer Noire.
La plus méridionale de ces r rois fources produit la Snez-
na qui fe débouche clans le Don. La plus fepcentrionale
elt celle de l'Occa , qui ferpente vers le Nord , baigne
les rivières de Cromi 8c d'Arool , g. reçoit un ruiffeau ,
puis un autre qui vient de Bochol , g. entre dans la
principauté de Vorotin , en traverfe les marais , y re-
çoit un ruiffeau , d. paffe à Mexin 8c à Belof , g. à
Livni , d. à Peiemift , à Vorotinskoi , capitale de la pro-
vince g. Au-deffous & au nord de cette ville, elle re-
çoit I'Ucra , g. entre le duché de Rczan , arrofe Co-
louga g. reçoit I'Uppa rivière , qui par un canal com-
munique au lac Ivan , d'où fort le Don , d. baigne So-
ioska j d. & Czerpacof , 8c reçoit divers ruiffeaux ,
g. paffe à CociiiRAjd. à Colomna 8c à Golutwina
Slobona, recevant la Moska entre ces deux places -, coule
ènfuite vers l'orient un peu feptentrional , entre le duché
de MoskoW au nord , 8c celui de Rezan au midi , bai-
gnant diverfes places , dont les plus confidérables font
Pereslawle Resanski , Rezan ruinée , 8c Tinerskaya
Sloboda : dès qu'elle a reçu la Gus-Reca qui vient du
nord, 8c la Tzna Reca qui vient du midi , elle pour-
fuit fon cours entre la principauté de Cachine où elt
Murum, ville au nordoueft, &c le pays des Mordua
ou Morduates au midi oriental, & la principauté de
la Baffe Novogorod, où elle fe perd dans le Wolga. *
Atlas , Rob. de Vaugondy.
OCCARIBA. Ko^Octariba.
ÔCCATOTI , bourgade de Ceylan , dans fa partie
orientale , dans la province de Batecalo ou Matecalo ,
entre la capitale de cette province 8c Viado , au couchant
Se affez près de la rivière de Paligam. Mandeflo la met
à deux lieues de Viado , 8c à une de More. More Oc-
catori & Viado , font des aidées ou villages où l'onpas-
fe en allant de Batecalo à Candi.
OCCELLO ( Colme del ) , montagne des Alpes , 8c
partie du Mont Saint Gothard. Voyez. Vogelberg.
OCC1ACUM, ancien nom d'un lieu de France , en
Forez , au-delà de la Loire, où étoit le monaftere de S.
André. C'efl préfentement Saint Rambert ou Raimberr,
depuis qu'oïl y à eu tranfporté le corps de faint Ra-
gnebert, martyrifé à Bredo, lieu du Bugey , qui en prit
auflî le nom de faint Rambert , en Bugey. * Voles. Notir.
Gall. p. 464. Baillet , Top. des Saints , p. 6ji.
OCCIDENT, Occident, on fousentend le mot Sol,
le Soleil couchant. On appelle ainfi en géographie la
partie de l'horizon où le foleil fe couche , ou paroit fe
coucher. Ce mot a plufieurs degrés d'étendue qui en
changent la fignification; & comme ce que je dirai de
l'Occident , fe peut appliquer à l'Orient , je joindrai dans
cet article , ce qui convient également à tous les
deux.
L'Occident vrai eft le point de l'horizon ,
où le Soleil femble fe coucher dans les tems des équi-
noxes.
De même I'Orient vrai eft celui où il fe levé dans
la même faifon.Ces deux points font ceux où l'horizon eft
coupé par l'Equateur. Celui qui eft du côté de l'Orient ,
eft appelle Point du vrai Orient ou Orient équinoxial.
Celui de l'Occident ffe nomme l'oint du vrai Occident
ou Occident équinoxial.
Auffi-tôt que le Soleil eft dans l'Equateur, il avance
vers le nord ou vers le midi , & s'en éloigne de jour
en jour jusqu'à la diftance de vingt-trois degrés trente
minutes. Deux cercles que l'on conçoit paffer par ces
quatre points , font ce qu'on appelle les Tropiques.
Voyez, ce mot. Leur nom vient de ce que le Soleil étant
arrivé à l'un des tropiques , il s'y arrête , 8c s'en retour-
ne vers l'Equateur , & de là vers le tropique oppofé.
Le rems de l'année où le Soleil eft dans l'Equateur
s'appelle I'Eqùinoxe, 8c alors les jours 8c les nuits font
OCC
d'une égale grandeur, qui elt de douze heures, le
lever 8c le coucher marquent alors I'Orient vrai 8c
POccident vrai. Cela arrive deux fois l'an, à l'é-
quinoxe du printems , 8c à l'équinoxe de l'automne.
Le tems de l'année où le Soleil s'arrête à l'un de ces
deux tropiques s'appelle Solstice. Ces deux tropiques
font diftingués par des noms convenables aux faifons
que le Soleil produit lorsqu'il s'en approche. Le tro-
pique qui eft vers le pôle feptentrional s'appelle le
Tropique d'Eté , parce que nous avons cette faifon quand
le Soleil y arrive. On appelle Sol/lice d'Etéle tems auquel
le Soleil s'y arrête ; 8c alors nous avons les plus longs
jours de l'année. Le tropique qui eft vers le pôle mé-
ridional s'appelle le Tropique d'Hiver ,- parce qu'alors
le Soleil elt auffi éloigné de nous qu'il peut l'être , ce
qui nous donne l'hiver. On appelle Sol/lice d'Hiver ,
le tems auquel le Soleil s'arrête à ce tropique , & alors
nous avons les plus courts jours de l'année.
Les points follticiaux , c'eft-à dire , les points où le
Soleil fe levé 8c fe couche dans le tems du folllice , don-
nent deux fottes d'Orient 8c deux fortes d'Occident ,
également éloignés de l'Orient vrai ou de l'occident vrai.
Le point où fe levé le Soleil durant le folllice d'été,
s'appelle I'Orient d'Eté. Celui où il fe couche le
même jour , s'appelle Couchant d'Eté ou I'Occident
d:Été. L'un 8c l'autre eft à vingt-trois degrés trente
minutes au nord du point du véritable Orient ou du
véritable Occident. Le point où fe levé le Soleil durant
le folllice d'hyver s'appelle l'Orient d'Hiver. Celui où
il fe couche le même jour s'appelle le Couchant d'Hi-
ver ou l'Occident d'Hiver. L'un 8c l'autre font à vingt-
trois degrés trente minutes au midi du vrai Orient, ou
du vrai Occident.
11 s'enfuit qu'il y a fur l'horizon un arc de quaran-
te-fept degrés de diftance de l'Orient d'hyver à celui
d'été , & autant de l'Occident d'été à celui d'hyver.
Les géographes trouvant cette exprcflîon commode
s'en fervent , lorsqu'ils voient qu'un lieu n'eft pas à
l'Orient vrai , ou à l'Occident vrai d'un autre lieu. Ils
difent alors à l'Orient d'été ou d'hyver , ou bien au
Couchant d'hyver ou d'été ; mais il ne faut jamais pren-
dre cette expreffion à la rigueur : car outre qu'il n'arrive
prefque jamais que pour s'en fervir ils examinent fi
entre ce prétendu Orient d'été & l'Orient équinoxial
il fe trouve un angle de vingt-ttois degrés 8c demi, il
y a une autre raifon prîfe de la rondeur de la terre ,
qui rend ce calcul difficile. Il fuffira de l'indiquer ici,
fans l'approfondir.
L'inclinaifon du globe vers les pôles de la terre, caufe
une affez grande variété dans l'expofition des différen-
tes parties de la terre à la lumière du Soleil. De-là
vient cette diverfité pour la durée des plus longs jours,
entre les lieux fitués fous un même méridien ; c'eft ce
qui régie l'étendue 8c les bornes des climats. Quiconque
fera réflexion fur cette différence de la longueur des
jours , comprendra que l'Orient d'été 8c l'Orient d'hiver
ne peuvent avoir une mefure commune qui puiffe fervir
à tous les climats également.
Cette raifon demandetoit une discution plus étendue,
pour être mife à la portée de certains lecteurs, qui
n'ont que peu de connoiffance du fyftême des faifons,
c\r de ce qui les produit , mais ce n'eft pas ici le lieu
de m'étendre fur cette matière. Cela fuffit à ceux qui
ont étudié les principes de la géographie agronomique.
Il me paroit que l'on ne fait pas affez de réflexion fur
la différence que la variété des climats doit mettre né-
ceffairement entre l'Orient d'été dans un climat , & l'O-
rient d'été dans un autre. Outre l'abus que j'ai dit, qui
eft commun aux géographes de fe fervir de cette fa-
çon de parler fans aucune exactitude , c'en eft un autre
de l'employer également fous le cercle polaire ou fous
l'équateur.
Il y a moins de risque de fe tromper en détermi-
nant le rapport par un des trente-deux rhumbs de vent,
pourvu que fur le rerrein on ait égard à la déclinaifon
de là bouffolc , ou que fur la carte on tienne compte
de la projection des méridiens , on de la courbure des pa-
rallèles. Baudrand, Corneille & autres, difent fouyenr.
au Nord , au Midi , à l'Orient ou à l'Orient d'été ,
d'hiver, au Couchant , ou au Couchant d'été , d'hiver,
fans
occ
uns s'embarraffer d'une certaine jufleflfe. Qu'une place
l'oit au nord-quart , au nord-efi , Sec. ils difent au nord ,
c'efl: mal parler ; quand on fait combien elle diffère du
vrai nord , il faut l'exprimer , finon fe fervir d'une ex-
preffion qui n'induife point en erreur ; par exemple ,
on peut dire au Nord oriental , ou au Nord occiden-
tal. Si l'autre ville efl: par rapport à celle ci plus près
de 1 Orient que du Nord , alors il faudra dire à l'O-
rient feptentrionaU & ainli des autres points cardinaux.
C'eft une façon de parler plus vraie.
On entend quelquefois par occident en général , tout
ce qui cfl au couchant du méridien d'un lieu , depuis
un pôle jusqu'à l'autre. Cet occident elt plus aflrono-
mique que géographique. Il en efl de même de 1 Orient.
Il n'y a ni Uricr/t ni Occident que relativement > Se
par rapport à tel ou à tel autre pays. Ce qui efl orient
à un égard , eft occident à un autre. La Perfe eft: orient
pour la Turquie , Se occident pour l'Indouftan. Il en
elt de même de quelque pays , ou de quelque mer que
ce foit. Nous appelions Océan oriental , la mer qui
baigne la Chine Se le Japon, Se où font les Philippi-
nes , parce qu'il eft à l'extrémité orientale de notre hé-
misphère ; mais ce même Océan oriental elt Océan
occidental pour les peuples de l'Amérique le long de
la mer du Sud , dont il eft la partie occidentale.
Les Italiens difent Ponente , pour défigner le Cou-
chant ou l'Occident. Les Allemands , les Hollandois Se
les Anglois écrivent West . mais avec des prononciations
différentes. Les Hollandois Se les Allemands pronon-
cent le W comme notre V françois , & les Anglois
prononcent cette même lettre comme notre diphthon-
gue ou ; Se c'efl d'eux que nous avons pris la coutume de
dire Ouest, terme employé par les gens de mer, Se
dans le Ityle de navigation, pour défigner l'Occident
équinoxial.
OCCIDUUS, a, um, adjectif latin , qui figni fie oc-
cidental. On a dit Occiduum Mure , pour lignifier la
trier qui eft au couchant de l'Europe Se de l'Afrique.
Occ'uhu Plaga , les pays Occidentaux, cvc.
OCCIMIANO. Voyez. Ocimiano.
OCC1TAN1A, mot que quelques auteurs moder-
nes, ou tout au plus du moyen âge, ont donné à la
province de Languedoc. Dominici.au chap. 20 de fon
traité du Franc-Aleu, étend ce nom à tous les pays
qui font au-delà de la Loire. Occitania, dit-il , cas re-
gionef ampleclebatur, qu&jus Rumanum agnoSCUM & qinz
cis Ligenm [tint , quxque Occitania? rtominè veniunt.
Il en donne la raifon : c'efl; , dit-il , qu'ils difent oc au
lieu d'oui. Adrien Valois dit de même : Quidam Occi-
taniam , alii provinciam Lingiu Occitanœ vocitant. H<s.c
aillent divifio Francité faita eft ditas in linguas , qitod
Vascmies , Gothi five Septimani , Provinciales , Delfina-
tes aliiqne lingiu torta populi ,- pr&cipuè Gothi pro ita
utique oc dicere confueverant ; id eft hoc. CateriFran-
cu incoU oui. Ces peuples conferverent la langue la-
tine plus long tems que les provinces au nord de la
Loire. Le mot oc eft latin , c'efl la même chofe que
hoc. Comme s'ils euffen: dit c'efl cela ; mais par le paffa-
gc de Valois , il paroît qu'il ne s'agit pas feulement du
Languedoc, mais encore de la Gascogne, de là Pro-
vence Se du Dauphiné. Dans l'appendice de la chroni-
que de Guillaume de Nangis à l'année 1337, lingua
Orcitana pour lingua Occitana. Quidam nobilis homo
de lingua Orcitana qui Renaldus de Normania veca-
hatur , Pariftus in Platea Porcorum ftcuri judicio Ré-
git percittitur. L'auteur du livre intitulé , de geftis quo-
rumdam episcoporum urbis Romx , parlant d'une fa-
mine , dit : Eo tempore ( du tems de Clément VI , )
fuit in Regno Francis C? prœjertim in lingua Occitania
Cariflia validiffima. A l'occafion du pontificat d'Inno-
cent VI, il fait mention de Jean d'Armagnac, lieute-
nant de roi en Languedoc , Locum tenens Regius in lin-
gua Occitana. Ce nom , commun à tous les peuples
qui difoient hoc ou oc pour oui , a été enfuite refferré
Se borné au Languedoc , dont le nom moderne vient
de-là. Dans un diplôme de Philippe le Bel , roi de Fran-
ce , il efl fait mention de lingua Auxitana , mais ce mot
vient de la ville d'Auch , comme le remarque Mén3ge
dans fon Dictionnaire étymologique , au mot Lan-
«uedoc.
OCE §£f
OCCOSACCI. Voyez. Okasaki.
OLCRE , (LJ) petite rivière de France, en Berrh
Elle vient d'auprès de Cernoi , pa'iTe par Aulrrî, Saint
Briffon, Saint Martin fur Occrc, entre dans la Loire
auprès de Gien. De 1 Iflc diflingue deux ruiffeaux , dont
aucun ne convient à cette deferipeion. Le plus occiden-
tal des deux , Se en mème-tems le plus grand, a fa fource
dans le Puifaye à Sury-ès bois , paffe à Pierrc-Fitte aux
Bois, à Aulrri-le-Châtel, à Aului-la Ville , à Poilli,
& le perd dans la Lcire au-deffous du pont de Gien.
Il nomme ce ruilï'eau la Nortieufe. L'autre ruiffeau ,
qui efl plus à l'orient, ne vient aucunement de Cer-
noi , ne paffe ni à Aulrri, ni à Saint Briffon, mais au
village de Saint Martin -, il tombe dans la Loire entre
Gien Se le canal de Briarc. * Coulon , Rivières de Fran-
ce, p. 278.
OCEA , colonie Romaine , dans l'Afrique propre.
On lit dans l'itinéraire d'Antor.in
Sabratam ,
Vax Villam Repent ,
Oceam coloniam ,
Megradi Villam Aniciorum,
Minnam Villam Marfi ,
Leptim Magnam coloniam ,
XXVII. M. Pas.
XXVIII. M. P.
XXXV. M. P.
XXIX. M. P.
XXIX. M. P.
Ortelius croit qu'il faut lire Oea , & que c'efl la
même ville qui efl plus d'une fois nommée i/EA par
Apulée, où il croit qu'il faut lire auffi Oea. En ce
cas, ce lieu étoit dans la Tripolitaine. Voyez, Oeensis
URBS.
OCEAN. Ce mot dont j'ai rapporté létymologicau
mot Mer , fignifie cette immenfe étendue de mer , qui
embraffe les grands continens du globe que nous ha-
bitons. On peut le conlidéver en quelque façon com-
me le tronc d'un très grand arbre, dont les différentes
mers feroient les branches. Je ne répéterai point ici
ce que j'en ai dit à l'article déjà cité.
OCEANI OSTIUM. Les Romains ont nommé
quelquefois ainfi le detro.it, par lequel on fort de la
Méditerranée pour paffer dans 'l'Océan.
OCEANIDE , ville de l'Arabie Heureufe , Se
OCEANFT\£ , peuple d'une ifle de l'Arabie Heu-
reul'e. Voyez Panch^a.
OCELENSES, ancien peuple delà Lufitanie , félon
Pline,/. 4. c. 32. qui dit : Ocelenjei qui & Lancienfes.
Ils étoient, félon l'ordre où il les nomme , entre Plum-
barii Se Tardait: Leur ville efl Ocellum dans Ptolo-
mée , /. 2. c: 3. entre Aagufto'briga Se Cppara.
OCELIS , ancienne ville de l'Arabie Heureufe -, elle
etoit marchande Se avoir un port fameux par le com-
merce des Indes. Il ne faut pas la confondre avec Acila,
comme nous en avons déjà averti. Ocelis , dit Pline ,
1.6. c. 23. étoit le meilleur endroit d'où on pût partir
pour aller aux Indes. Il décrit même la route qu'oh
prenoit pour ce voyage. Du port de Berenlx , où Ion
s'embarquoit fur la mer Rouge , au mois de Juillet ,
on venoit en trente jours à Ocelis , port d'Arabie, ou
à Cane, au pays qui porte l'encens. Il y a un rroi-
fiéme port nommé Muza , où on ne paffe point quand
on va aux Indes ; il n'efl abordé que par ceux qui
trafiquent l'encens Se les parfums -, mai-, pour ceux*qui
vont aux Indes , le plus avantageux efl de partir dO-
celis , &c. Huet a employé ce paffage dans fon hifloiré
du commerce Se de la navigation : Ils partoient delà,
dit-il , vers le milieu de l'été , Se alloient toucher à
Ocelis, port d'Arabie , à l'extrémité du même golfe,
ou à celui de Cana , un peu plus oriental dans la mê-
me contrée. Il parle atilïi du port de Muza , finie au-
deffus d'Ocelis Se fur la même côte , mais dont le com-
merce ne conllfloit que dans le débit de l'encens Se des
autres aromates de l'Arabie , Se n'alloit point aux Indes ;
mais pour ceux qui y alloient , le mieux étoit de partir
d'Ocelis Se d'aller fnrgir au port de Muziris dans les
Indes, ou au port deBarace, qui n'en eft pas fort éloi-
gné. Ptolomée donne Muza Cr Ocelis , qu'il qualifie
l'une Se l'autre d' Emporium , au peuple Elifari. Il place
Cane , aurre Emporium , avec un promontoire, au pays
des Adramites. Il diftineue ainfi ces trois places:
Tom. IV, Kkkk
6x6 OCH
Long. Lac.
Muz.a Ernporium, 74 d. 30 m. 14 d.om.
Ocelis Ernporium , jf o 1 2 o
CW/e Ernporium Cpromonto-
rium, 84 o 12 30
Dans le périple d'Arrien, p. 6. e^ir. Oxon. K»*/« >:«< Msfa ,
Celis & Muz,a. C'eft une lettre oubliée , il dit ailleurs
'OkyiMç. C'eft , dit-il, un village maritime des Arabes ,
qui n'elt pas tant un lieu de commerce qu'un port Se
une aiguade , Se le premier entrepôt de ceux qui na-
vigent de ce côté-là.
OCELLI PROMONTORIUM , OkÙx« a*x/« , cap
dans l'ille d'Albion. Les interprètes de Ptoloméc , /. 2.
c. 3. ont cru que c'étoit Spurnhead, 6c Ortelius ,
Tbefaur. la voit dit comme eux -, mais il changea en
fuite pour le ranger au fentiment de Cambden , qui
croit que c'eft Kellensey.
1. OCELUM ou Ocelus, ancienne ville ou bourg
de la Gaule , dans les Alpes. Céfar , Bell. G ail. I. 1 . dit,
Ocelum oppidum Cita ions provincu extremum. De Va-
lois , Notit. G ail. p. 389. fe moque de Marlien , qui a
cru que c'étoit Novaleze , Se dit que c'eft Exilles
en Dauphiné , clans la vallée de la Doria, entre le mont
Genève Se la ville de Suze , mais plus près de cette ville.
Je ne fais par quel hazard Sanfon dans les remarques fur
fa carte de l'ancienne Gaule, s'exprime précifément dans
les mêmes ternies. « Ocelus , dit-il , oppidum Citerions
w provbicia extremum , la dernière place de la province
» Citérieure. Exilles eft aufli dans la vallée de la Docre
«du côté de 1 Italie , & entre le mont de Genève Se
» Suze , plus près de Suze, Se néanmoins aujourd'hui
»du Dauphiné ». Vigenere eft dans le même fentiment.
Varrerius Se quelques autres , frapés par une reffem-
blance de lettre , ont cru que c'étoit Oulx.
2. OCELUM . ville ancienne d'Espagne, danslaTarra-
gonnoife, au pays des Callaiei Lucenfii ; ce pourroit
bien être I'Ocilis d'Appien , de Bell. Hispan.p. 281.
3. OCELUM , ou comme écrit Ptolomée , /. 2. c. 4.
Ocellum , ville de la Lufitanie chez les Vettons. On
croit que c'eft Hermosello.
OCETIS , ifle de la mer d'Ecofte , félon Ptolomée ;
elle étoit auprès du promontoire nommé Orcas Se voifin
des ifles Orcadcs. Il la fait plus orientale que ces
ifles ; mais la manière dont il tourne la côte de cette
partie de l'Ecoffe , fait connokre qu'il n'en avoit pas des
idées fort juftes : aufli ne fait-on aujourd'hui quel nom
lui donner. Ortelius en rapporte trois d ifle rens ; favoir,
Sandes , Ranalsda Se Hethy, Se peut-être YOcetis
de Ptolomée n'eft clic aucune de ces trois ifles.
OCHA. Voyez. Oche.
OCHAGAVIA. Voyez. Ochogavm.
OCHAM , ville d'Angleterre, au comté de Rutland,
félon Corneille, qui la diftingue mal-à-propos d'OA-
cham. Voyez, ce mot.
OCHANI, ancien peuple d'Afie, félon Pline, 1.6.
c. 16. qui le met avec d'autres peuples au nord-eft de
la Margiane.
OCHARIUM FLUMEN .rivière delà Scythie , au-
près du Palus Méotide. Pline , /. 6. c. 8. dit qu'il avoit
fur fes bords les peuples Canteci Se Sapei.
OCHE ,"Ox.n> montagne de l'ille d'Eubée , félon Stra-
bon , /. 10. p. 146. qui met la ville de Caryfte au pied
de cette montagne. Euftathe, p. ijy.edit. Rom. i^i, fol.
expliquant un des vers de l'Iliade, dit que c'eft le nom
d'une montagne , Se en même-rems celui de toute l'ifle.
Le P. Hardouin foupçonne que c'étoit à caufe d'une
ville de même nom. En effet , Pline , /. 4. c. 1 2. nom-
me Ocha entre les villes qui rendoient autrefois l'Eu-
bée célèbre.
OCHIO, grande contrée du Japon, dans l'ifle de Ni-
phon. Elle s'étend le plus vers le feptentrion Se vers
l'orient , Se comprend onze provinces ou petits royau-
mes , félon Baudrand, qui cite François Cardin > favoir,
Aizu Dcva ou Devano, Voxu^
Aquita , Fitaqui ou Fitayts , Ximola ,
Ava , Mulaxi , ou Ximotcuque.
Canzula, Nambu ,
OCH
La capitale eft ledo. 11 eft étrange que ces noms
foient fi difféiens de ceux que nous avons donnés dans
ladefcripiion du Japon ; on y peut pourtant reconnoitre
^it;^ , Deva , Fitatz. , & Ojju.
OCHOGAVIA ou Ochagavia , bourgade d'Espa-
gne , en Navarre , aux confins de la France , Se plus par-
ticulièrement du pays de Soûle dans , les Pyrénées , dans
une vallée à laquelle elle donne fon nom. Elle occupe
l'angle que forment à leur jonétion deux ruiffeaux qui
produifent la rivière dont la vallée de Salazar eft ar-
rofée. Cette même rivière , fe grofliffant d'une autre à
Lumbier, va fe perdre dans l'Arragon, rivière au-defîus
de Sanguefa. * Jaillot , Atlas.
1. OCHOVEGEN , lieu de l'Amérique feptentrionale,
dans le Canada , au pays des Iroquois , à peu de diùance
de Gannentaa. C'eft un pofte ou les François ont com-
mencé un établifiement ; il prend fon nom de la rivière.
2. OCHOVEGEN , rivière de l'Amérique fepten-
trionale , dans la nouvelle France , au pays des Iroquois;
elle eft conlidérable par le grand nombre de petites
rivières qui y portent les eaux de plufieurs lacs. Ces
rivières Se ces lacs arrofent les cantons de quelques na-
tions Iroquoifes , entr'autres des Onnontaguez , dont
on donne fouvent le nom à cette rivière. Elle fe dé-
charge dans le lac de Frontenac à la bande du fud.
OCHR/E , lieu d'Afie , en Cappadoce, fur la route
de Tavia à Céfarée , à vingt-quatre mille pas de cette
dernière , félon l'itinéraire d'Ànronin.
OCHR1DA ou Ocrida, ville de la Turquie, en
Europe > près d'un lac de même nom , aux confins de
la Macédoine Se de l'Albanie. C'eft la même ville que
Giustandi. Voyez, ce mot , Se les articles Achride
Se Lychnidul.
OCHRIDA ( Le lac d' ) ou d'OciuDA , lac de la
Turquie, en Europe, entre l'Albanie au couchant Se
le Comenolitari au levant. C'eft de ce lac que fort le
Drin Noir au nord , auprès de la ville d'Ochrida , la
feule ville qui foit le long de ce lac. 11 a environ une
demi-lieue de large fur dix lieues de longueur. Les an-
ciens l'ont nommé lac d'Acrjde , Se Lychnidia ou
Lichnicus. De l'ifle dit Lacus Lychnidus feu Pre-
spa
OCHSENFORD. Quelques géographes Allemands
nomment ainfi Oxford , ville d'Angleterre.
OCHSENFURT , ville d'Allemagne , en Franco-
nie, dans l'évêché de Wurtzboi.rg, auquel elle appar-
tient ; elle eft fituée fur le Mevji , trois lieues au-deffus
de Vurrzbourg, au midi en allant vers Rothenbourg.
Il y a un pont fur la rivière; la ville a de grands gre-
niers qui apartiennent au chapitre de Wurtzbourg. Les
bourgeois ont un privilège fort fingulier ; favoir »
qu'aucun noble n'y peut acheter une maifon , ni même
y féjourner plus de trois jours. C'eft Corneille qui me
fournit ces détails; il cite la Germanie d'Altamer qui
ne dit rien de pareil.
OCHSENHAUSEN , abbaye d'Allemagne, dans la
Suabe , entre Memmingen & Biberac ; fon abbé eft en-
tre les princes de l'Empire, Se a féance à la diète en-
tre les ptélats du cercle de Suabe. Elle eft de l'ordre
de faint Benoît . fituée fur la rivière de Rottam qui
y reçoit un ruiffeau. Elle fut fondée par les barons
Hatton, Conrad Se Adelberg de Volthart Schwendin,
& dépendoit dans fon origine de l'abbaye de S. Blaifc
dans la Forêt noire; mais l'an 1420, le pape Martin
V l'affranchit de la jurisdicrion de cerre abbaye , en
reconnoifTance des honneurs qu'il y reçut , n'étant enco-
re que Cardinal, lorsqu'il alloit au concile de Confian-
ce. * Cor». Dicî. D Audifret , Géogr. t. 3 .
OCHSENSTEIN , feigneurie Se canton d'Allema-
gne, dans la Baffe- Alface , auprès du comté de Lichten-
berg, qui eft au comte de Hanau. Ochfenftein,dit de
Longuerue , eft une annexe de Bouffevillers , pour la-
quelle les comtes de Deux-Ponts ont reconnu les évê-
ques de Metz ; car la race des feigneurs d'Ochfenftein
vaffaux de l'églife de Metz, étant éteinte, & cette fei-
gneurie retout née par-là au domaine de l'évêché, Henri
de Lorraine en donna l'inveftiture à George , comte de
Deux-Ponts, qui en fit hommage à Henri l'an 1490.
Après cela tous fes biens furent poflédés par les com-
tes de Hanau , qui en ont fait hommage à tous les évê-
OCH
quesdeMetz, jusqu'à Guillaume Egon,princede Furfien-
berg , depuis cardinal & évêque de Srrafbotug , qui étoic
en poffeifion de l'églifede Metz l'an 1661. Ce fut alors
qu'il confentît à l'engagement que le Comte de Hanau
fit de la feigneurie d'Ochfenftein à Antoine Egon ,
prince de Furftenberg, de forte qu'elle eft demeurée
dans fa famille , qui jouir auifi de la feigneurie de la
Marck, de la viliede Marmonftier, & de plufieurs vil-
lages Se fiefs pour lesquels ils ont reconnu la feigneurie
directe de 1 'évêque de Metz. D'Audifret , zéogr. t. 2. p.
374. parle ainfi de cette feigneurie: Elle eft compofée
du château d'Ochfenftein , d'onze villages qu'il nomme
Se des deux forts de Querolzeck ( Gerolds-Eck. ) Eli-
fabeth , fille de Louis, feigneur de Lichtcnberg, & femme
de Simon Wccker , comte de Deux Ponts , qui l'ac-
quit dans la portion qui lui échut en partage de l'hé-
ritage de fon père. Marguerite-Louife , fille de Jacques,
comte de Deux-Ponts , la fit palier avec l'autre portion
des biens de la maifon de Lichtenberg, à Philippe IV,
comte de Hanau , qu'elle époufa. Ses descendans l'ont
donnée depuis en engagement, à la réferve de quelques
droits, au prince de Furftenberg. * Defcrip. de la Fran-
ce , 1. part. p. 236.
OCHUMS , rivière delà Mengrelie. Le P. Archange
Lambeni en parle ainfi : L'Ochums pafie par un lieu
nommé Tarfcen , Se c'eft peut-être de-la que vient le
nom de Tarsura, fous lequel il eft marqué dans les
cartes. Dans la carte de Mengrelie drcfléc par ce père ,
il n'eft fait aucune mention de ïarfeen, à moins que ce
ne foit Turké, fitué fur une montagne, à quelques lieues
au midi de cette rivière. Dans cette même carte, la ri-
vière d'Ochums, jadis Tarfura , a deux fources dans
le Caucafe . au pied d'une muraille de foixante milles
de long, bâtie autrefois pour arrêter les courfes des
Abattes, Ces deux fources , s'écartant l'une de l'autre ,
forment une ifie affez grande, où il y a plufieurs mon-
tagnes, fur l'une desquelles eft Bedias, ville épiscopale.
Sur une autre , au couchant méridional de celle-là, eft
le bourg de Saccino , & à la pointe de l'ifie , à la jon-
ction des deux rivières eft Sanaar. Au midi de cette
jonction eft Armeni , ville afiez grande , g , & de l'au-
tre côté au couchant eft Pozeuor , bourgade, d , & plus
loin eft Subeis d , & au midi à l'embouchure de la ri-
vière dans la mer Noire, clt Cudas , lieu maritime.
* Tbevenot, Recueil, t. 1. p. 47.
1. OCHUS, rivière d'Alic, dans la Bictriane, fé-
lon Ptolcmée , 1.6. c. 11. qui nous apprend à ne le point
confondre avec l'Oxus. Entr'aurres rivières qui fe per-
dent dans l'Oxus, il compte l'Ochus ev le Dargomanes.
Selon lui
Longitude. Latitude.
Les fources de l'Ochus font à nod. o m. ; 9 d. o m.
celles du Dargomanes, 1 16 d. o m. 39 d. o ni.
Ces deux rivières fe joignent
enfcmble , 109 d. o ni. 40 d. o m.
Et en fuite vont fe perdre dans
l'Oxus, ii()d.om. 44 d. 2111.
Ammien Marcellin , dont la géographie eft conforme
à celle de Ptolomée , /. 23. c. 6. dit que les Bactriens
ont fous eux diverfes nations que les Tochares furpas-
fent , & que ces peuples font arrofés de diverfes riviè-
res , comme en Italie, entre lesquelles rArtemis& le
Zariaspe, après s'être joints, de même l'Ochus Se l'Or-
gomanes , après avoir mêlé leurs eaux dans un même
lit , vont fe perdre dans l'Oxus. Je me fers de l'édition
des frères Valois. Ils remarquent que ce nom Oigoma-
nes eft dans l'édition d'Augfbourg Dargamanes , dans
Ptolomée Aap^ojuaraç dans l'édition de Rome Orchamo-
ties , & dans un manuferit de la bibliothèque Colber-
tine Orcbomanes. Pline, /. 6. c. 16. parlant des Bactriens,
dit qu'ils habitent à l'autre côté du mont Paropamifes,
à l'oppofite des fources de l'Indus , &qu'ils font enfer-
més par le fleuve Ochus ; le P. Hardouin l'explique par
ces mots Batlrianam claitdit ab occafu. Selon lui 1 0-
chus terminoit la Bactriane an couchant.
Strabon, /. 1 1. p. 509. parle aufli du fleuve Ochus ;
mais il s'exprime de manière qu'on ne peut lavoir ce
que c'eft. L'Hyrcanie eft, dit-il, divifée par l'Ochus Si
OCI 627
POxus jusqu'à leurs embouchures dans la mer. 11 avoic
dit plus haut que la contrée Nesjea fait partie de
l'Hvrcanie , il dit ici que cette même Néfée eft cou-
pée par l'Ochus. Il pourfuit : Quelques-uns aflurent que
l'Ochus entre dans l'Oxus. Ariftobule écrit qu'à la ré-
ferve des fleuves des Indes , on n'en a point vu de plus
grand que celui-ci dans toute l'Afie ; ce que cet auteur
Se Eratofthene ont pris de Patroclc, Se que par fon lit
on descend quantité de marchandifes des Indes dans la
mer d'Hyrcanie, d'où on les transporte dans l'Albanie
par le Cyrus , Se enfuite par terre jusqu'au Pont-Euxin.
Les anciens parlent peu de cette rivière Ochus ; cepen-
dant Apollodore, le même qui a écrit les Parthiques,
le nomme de tems en tems , Se dit qu'il coule auprès
des Parthes. Après une digreffion fur les fables des hi-
ftoriens d'Alexandre , Strabon continue ainfi : Des mê-
mes montagnes des Indes d'où coulent l'Ochus , l'Oxus &
plufieurs autres rivières, coule auifi le Jaxarte, qui,
comme tous les autres , dont il eft le plus fcptentiïo-
nal , a fon embouchure dans la mer Caspienne. Il dit
ailleurs , /. 1 1. p. 5 18. en fouillant auprès de l'Ochus ,
on trouve , dit-on une fource d'huile. Les uns difent
que l'Ochus coule par la Bactriane , d'autres difent qu'il
coule auprès de ce pays, les uns lui donnent des em-
bouchures différentes de l'Oxus, avec lequel ils préten-
dent qu'il ne fe mêle point du tout , qu'il en eft même
à une afiez grande diftanec au midi , quoiqu'ils fe dé-
chargent l'un Se l'autre dans la mer en Hyrcanie. D'au-
tres avouent que ces deux rivières font d'abord différen-
tes l'une de l'autre, & qu'elles fe joignent enfuite. Avec
des connoiflances aufli incertaines que celles-là, il eft
difficile de dire ce qu'eft l'Ochus aujourd'hui. Cepen-
dant de l'Ifle dans fon théâtre hiftorique de l'an 400 ,
fait tomber le Zariaspe , le Margus Se le Zorale dans un
même lit , avant que d'entrer enfcmble dans l'Oxus.'
Selon lui , le Zotale eft l'Ochus de Strabon , Se le Mar-
gus eft l'Ochus d'Arricn. Je ne connois point d'autre
Ochus dans ce dernier qu'une montagne de ce nom.
2. OCHUS , montagne de la Perfe proprement
dite , félon Arrien , in Indicis , c. 38 , qui en parle ainfi r
La flotte étant partie de la côte de Catamanie , fit voile
le long de la Perfide, Se arriva à tin lieu nommé lia,
qui eft derrière une petite ifle déferte , nommée Caican-
drus , Se fait un port. La navigation eft de 400 ftades.
Vers le point du jour elle fe trouva à une autre ifie ,
qui eft habitée, près laquelle Néarque dit que l'on pê-
che des perles de même que dans la mer des Indes.
Ayant dépaffé le cap de cette ifie Se fait quarante ftades ,
elle mit à l'ancre. Dc-là elle relâcha auprès d'une mon-
tagne , nommée Ochus ,& y ttouva un porta l'abri des
vents Se des pêcheurs qui y avoient leur demeure. Après
avoir fait enfuite 400 ftades, ils abordèrent chez le
peuple Apflani.
OCHYRA (ii), c'eft ainfi que le Poge nomme une
ville de Sicile , qu'il croit trouver dans le quatrième li-
vre de Diodore; mais un critique (/-) ne voit dans le
mot d'xvpa qu'une cpuhétc qui ûgniûi: munie , fortifiée,
(a) Ortetii Thefaur. (b) Léopard. Emcndat. 1.
OCHYROMA , Oy.vfa.ixa. forterefie de l'ifie de
Rhode. Strabon , /. 14. p. 655 , dit : Enfuite eft Ata-
byris , la plus haute montagne de ces lieux là, delà
Camyrus, puis le village Jalifus ; Se au-deflu s une for-
terefie ou citadelle , qui en prend le nom d'Ochyroma.
OCICA , ville du royaume de Gotto , au Japon. Cette
ville n'eft pas tout-à-fait fur le bord de la mer , mais
elle eft très- peu éloignée du port , qui eft afiez bon. Elle
eft à cinquante lieues de Firando au midi. * Le P„
Cbarlevoix ,Hil\.. du Japon.
OCILA. Voyez. Acila Se Ocelis.
OC1LIS. Voyez. Qgelum 2.
OCIMIANO , bourg d'Italie , dans le Montferrar, fur
la petite rivière de Grana , à deux lieues de Cafal , du
côté du levant méridional , félon Baudrand. Quelques
cartes Se dictionnaires écrivent ce mot par deux c , Oc-
cimiano. Cela revient au même.
OCINA , nom d'un lieu fur la côte de la Paleftine,'
félon le grec du livre de Judith. Au lieu de ces mots
dans la vulgate, Se cecidit timor illius Juper omnes in-
babitantes terram , qui n'expriment qu'une terreur gé-
néralement répandue fur tous les habitans du pays, le
Tm. IV. Kkkk ij
62,8 OCR
grec entre dans un plus grand détail , Se dit , que le-
pouvante fe faifit de tous les habitans de la côte de la
mer, Se nomme expreffément les Sydoniens , les Ty riens
Se rous les habirans de Sur , ( ou les Syriens , ) Ocina Se
Jemnaan Se les villes d'Azoth & d'Ascalon. * Judith ,
c. 2. v. 16.
OC1NARUS , rivière de la Chonie , félon Lvco-
phron , c'eft-à-dire , rivière d'Italie dans la Calabrc. Elle
doit être voifme de la ville de Terina, félon ce poe'te ,
i>. 719. & v. 1008. Cluvier & Barri nous affinent que
c'eft aujourd'hui Savuto.
OCKER , ( L' ) rivière d'Allemagne , en Baffe-Saxe,
dans les états de lamaifon de Brunswick; elle a fa fource
dans les mêmes montagnes d'où naiffent le Rodan à
l'orient Se la Loffe au couchant. La dernière paffe à
Goflar , Se toutes les trois s'unifient à l'orient de cette
ville aux confins du pays de Grubenhagen , d'où elles
viennent , Se de l'évêché de Hildesheim , dont elles
arrofent une lifiere \ l'Ocker ainfi groffie s'accroît encore
des eaux de l'Ecker , rivière qui vient du midi , & qui
s'y perd auprès du bourg de Wïdela : elle fert quelque
tems de bornes entre l'évêché de Hildesheim , Se l'évê-
ché de Halberftat, reçoit plufieurs ruiffeaux à droite Se
à gauche , traverfe les villes de Wolfenbutel Se de Bruns-
wick , baigne les bourgs de Meinerfen Se Dighorft au
pays de Lunebourg , & enfin fe perd dans l'Aller , au-
deffous de Gifhorn au couchant , Se à deux petites lieues
Se demie de cette ville. Son cours eft presque toujours
du md au nord , fur-tout depuis Widela.
OCKINGHAM , bourg d'Angleterre , dans la pro-
vince de Barck Il a droit de tenir marché public. * Etat
préfent de la G. Bret. t. 1.
OCLOMON. Ortelius dit que c'eft la même chofe
que Machmetath. Voyez, ce mot. 11 fait cette remar-
que : ce lieu eft vis-à-vis de Sichem , il en eft parlé au
livre de Jofué , c \6. L'édition de Sixte-Quint porte
Iscasmon, & avertit que les anciens manuferits ont,
les uns Oclomon , d'autres Moschot, Se quelques
autres Machthot.
OCOLUM , "OxaXov , place des Eretriens , félon
Théopompe, au xxive livre de fes Philippiques, au rap-
port d'Etienne le géographe. Ortelius foupçonne que ce
lieu étoit en Theffalie.
1. OCRA , montagne qui fait partie des Alpes.
Strabon, /. 7. p. 314. en parle en deux endroits. 1. Il
dit que c'eft la plus baffe partie des Alpes, qui s'éten-
dent depuis les Rhetes jusqu'aux Japodes, entre Aquilée
& Naupontum. 2. Il dit ailleurs, /. 4./?. 207. Ocra eft
la plus baffe partie des Alpes, par laquelle on va chez
les Carni -, Se c'eft par cette montagne que l'on porte
d'Aquilée , fur des chariots , les marchandifes à un lieu
nommé Pamportum. Elle fervoit de bornes entre les
peuples Carni Se le Norique. Ce font aujourd'hui les
Alpes enue Gorice, Laubach Se Triefte. Cellarius fe
trompe , quand il met Ocra dans la Pannonie. Ptolo-
mée , /. 3. ci. met cette montagne en Italie du côté
du Norique.
2. OCRA, ville d'Italie , chez le peuple Carni, ap-
paremment dans la montagne de même nom. Piine ,
/. i.c. 19. dit qu'elle ne fubfiftoit plus de fon rems,
non plus que Segefte, autre ville du même peuple.
OCRICULUM , ( au génitif Ocriculi, ou Ocriculi,
au pluriel, génitif orum ) Strabon , /. 5. p. 227. dit: La
rivière du Nar tombe dans le Tibre un peu au-deffus
d'Ocriculi. Les anciens Latins ont dit Ocriciditm , com-
me Tite-Live , /. 20. c. 1 1. Tacite, /. 3 . c. 78. Se Pline
le jeune , Epijl. 15 l. 6 Ptolomée , /. 5. c. 1. dit Ocrico-
lum,0\pixw*ov , Se le met au pays des Vilumbri. Le nom
vulgaire eft aujourd'hui OtrigolI, ce qui avoir donné
lieu de changer Ocricidum en Otricuhtm , dans quel-
ques éditions de Tacite , mais Rickius a corrige cette
faute fur l'autorité des manuferits. Cette ville eft fur
la voie Flamihienne , Se dans l'Apennin. Les habitans
ctoient nommés Ocriculani. Antonin la met à 1 2000
pas de Natni fur la route de Rome à Ancone.
OCRIDA. Voyez. Ochrida.
OCRINUM PROMONTOR1UM , promontoire
de l'ifle d'Albion. Ptolomée,/. 2. c. 2. avertit que Dam-
y."!riium Se Ocrimim Promontorium , font un feul Se mê-
OCT
me cap. Quelques-uns foutiennent que c'eft aujourd'hui
Landsend , d'autres que c'eft la pointe du Lézard.
OCR1S1VA. Ce nom fe trouve dans une ancienne
infeription, au tréfor de Goltzius, Se Ortelius le don-
ne pour un nom de lieu.
OCTABUM. Voyez, Octavum.
OCTAPlTARUM,0'ic7£CT<Tapoi<, promontoire de l'ifle
d'Albion , fur fa côte occidentale, félon Ptolomée, /.
2. c. 2. Cambdcn croit que c'eft S. Davids Head.
OCTAPOL1S, ancienne ville d'Afie, dans la Lycie,
félon Ptolomée, l. $.c. 3. Il la met dans les terres,
au voifinage du mont Cragus.
OCTARIBA , place avec gamifon Romaine , en Aile.
Elle étoit au département de la Syrie Se de l'Euphraten-
fe, félon la notice de l'Empire ,feùi. 24.
OCTAVANORUM COLON1A. Pline parlant de
Frcjus , /. 4. c . 4. dit : Forum Juliurn Octavanorum Co-
lonia qita Pacenfîs appellatur & Oajjïca. Cela veut
dire que Frejus , nommé en latin Forum Julium, devint
une colonie d'Odraviens, c'eft à-dire, des foldats d'Au-
gufte , dont le vrai nom etoit Octave ; qu'on la furnom-
ma auifi Pacenfîs , à caufe de la paix , Se. Claflïca , parce
que la flotte d'Augufte y fut quelque tems. Cette ville
étoit alors maritime. Voyez, Octavianus Ager.
OCTAVIAN US , caverne d'Italie, à deux mille pas
de Rome , auprès de Labicum , félon Frontin , De Aqiu.
duel.
OCTAVIOLCA , ancienne ville de l'Espagne Tarra-
gonnoife, chez les Cantabres , félon Ptolomce , /. 2. c.
6. elle étoit dans les terres.
OCTAVIUS VICUS , rueds la ville de Velctri , en
Italie. Suétone, in Augufto , c. 1. allègue ce nom en
preuve de l'illuftre naifianec d'Augufte, qui étoit de la
maifon des Qétavius.
OCTAVUM , ville d'Afrique ,. dans la Numidie. ■
C'étoit un fiége cpiscopal , dont 1 évêque , nommé
Vi&or , aflîfta au concile de Catthage tenu fous faint
Cyprien. La notice épiscopale d'Afrique, n° 36. met
entre les prélats de Numidie , Pascentius Otlabenfii. Il
ne faut pas confondre ce lieu avec un autre fiége épis-
copal de même nom , fitué dans la Byzacene ; Se dont
l'évêque eft nommé dans la notice citée, n° 38. Al-
binus OEiavenfis , ni avec un autre de cette dernière
province , dont l'évêque eft nommé n° 24. Sabinianus
Orfabienjis. Ce font trois lieux différens ; favoir,
Oilavum , fiége de Numidie ,
OUavum , fiége de la Byzacene,
Et Octavium , aufli de la Byzacene.
Dans la décadence de la langue latine XV conforme
Se le B , ont été facilement changés l'un en l'autre.
OCTAVUS VICUS , ancien village de la Gaule.
Saint Grégoire de Tours en parle , H'ift. Franc. I. 9. c.
21. & Ortelius a cru que c'étoit Fréjus; mais il a lu
trop légèrement le paffage entier ; le voici. Nam tune
ferebatur Majfdiam à lue inguinaria valde vafiari , &
hune morbum usque ad Lugdunenfcm Vicum, Octavunî
nomme , fuiffe celeriter propalatum. La maladie avoir
commencé à Marfeille en Provence : Fréjus eft auffidans
cette province. Voilà ce qui a trompé Ortelius. Il n'a
point fait attention à Lugdunen[em Vicum. Le village
dont il eft ici queftion étoit dans la Lyonnoife , félon
Grégoire de Tours ; or Fréjus étoit de la Narbonnoife.
Voyez, Octovianus ager.
OCTEVILLE, bourg de France, en Normandie,
au diocèfe de Rouen Se dans le pays de Caux , dans
l'élection de Montivilliers.
OCTOBES , lieu d'Afie , dans la petite Arménie , à
foixante-fix ftades, c'eft-à-dire , à un peu plus de huit
milles romains de Sarela , félon Procope dans Con hi-
ftoire des Perles.
OCTODORUS ou Octodurus , village dont parle
Jules Céfar, de Bell. Gai. l.z.c.i.&6. qui le donne
au peuple Veragri. Sanfon , dans fes remarques fur la
carte de l'ancienne Gaule , en parle ainfi : Octodurus ,
Martigni , fur les côtés de la Dranfe qui tombe in-
continent dans le Rhône. Les Allemands difent Mar-
tinAch. Elle a été la capitale du Bas-Vallais, comme
OCT
Sion du Haur-Vallais , 8c l'une & l'autre ont ( m) leurs
évoques & leurs diocèfes diliindts, comme elles avoient
eu chacune leur peuple. Qtlodurus Vtragrorum t Sedu-
mtm Scdunorum, ou, félon quelques autres , ces deux-
peuples ayant été réduits en un feul diocèfe , les évê-
ques ont fait leur réfidence dans l'une 8c dans l'autre
place alternativement, jusqu'à ce que la Drance ayant
beaucoup ruiné Martigni , les évêques ont arrêté leur
demeure à Sion.
Comme je ne trouve aucune trace de l'évêché d'Otlo-
âorus ou Ottodurus , dans les anciennes notices , je ne
fais d'où Sanfon a pris ce qu'il en dit. Elles ne donnent
que deux fuffragans aTarantaife ; lavoir, Sion, Sedunen-
fis, 8c Aoft, Augufienfis. Cependant l'abbé de Comman-
ville dit dans fa table alphabétique des évéchés : Ododu-
rum,\\\\ç. des Alpes Cottiennes &c de l'exarchat des Gau-
les , qui eft un bourg dans le Bas-Vallais , nommé Mar-
tinach : il y eut éveché vers l'an 550 transféré à Sion
vers l'an; 81. Le P. Charles de S. Paul, dans fa géogra-
phie facrée , dit que Théodore , évêque à'Otlodurus ,
cil nommé au concile d'Aquilée fous le Pontificat de
Damafel'an 381 : ainfi ce liège eft plus ancien que ne le
dit l'abbé de Commanville. Conftantius, autre évêque
du même liège Octodurus , foufciivit l'an j17.au con-
cile d'Epaone ; ce qui fournit une autre preuve. Le tems
de la tranflation de ce fiége doit être entre Rufus , évê-
que d'Otlodurus , qui fouferivit au concile d'Orléans
tenu en J41 , 8c Heliodore , évêque de Sion, qui figna
le fécond concile de MâconenjSj.
OCTODURUM , ville de l'Espagne Tarragonnoife,
dans les terres au pays des Vaccéens , félon Ptolomée ,
/. 2. c. 6. Ses interprètes veulent que ce foit Toro.
OCTODURUS. Voyez. Octodorus.
OCTOGESA , ancienne ville de l'Espagne Tarra-
gonnoife , au pays des Ilergetes. Céfar , de Bello Çiv.
I. 1. c. 6 1. dit : Ayant pris cette réfolution , ils font ras-
fembler le long de l'Ebre toutes les barques 8c ordonnent
qu'on les mené à Octogefa : c'étoit une ville fituée
fur l'Ebre à vingt mille pas du camp , ( qui étoit à Le-
rida. ) De Marca Hupanis. , /. 2. c. 2.7 -P- ^ 1 j. conclut
de cette pofition fur l'Ebre à vingt mille pas de Lerida ,
qu'Octogefa devoir être au lieu où elt aujourd'hui Mc-
quinenza, au confluent de la Segre 8c de l'Ebre , comme
l'a très-b/en jugé Ambroife Morales. Cette même ville
fut enfuire nommée Itlofa par corruption , 8c fut un
liège épiscopal , ainli nommé dans une ancienne notice
qui fe trouve dans le cartulaire de l'églife d'Oviedo.
Ictofa eft aulfi nommée comme évêché dans la notice
des évechés d'Espagne fous le roi Vamba. Par la de-
feription des limites des deux diocèfes de Lerida 8c Der-
tofa , il eft vilible qu'Ictofa étoit entre l'un 8c l'autre.
De 1 i l'hiltorien des comtes de Baicelonne a fagement
inféré , qu'Octogefe 8c Mequincnza font deux noms
d'un même lieu. La conjecture d'Orrelius , que c'étoit
la même chofe qu' Etovifa ou Etobcfa, ne fauroit fub-
fifter, puisque cette dernière ville n'étoit point fur l'E-
bre, comme il l'a cru, trompé par une fauffe ponctua-
tion. * Didacus , Hilt. Comit. Barcin. lib. 2.
OCTOLOPHUM ou Octolophus, lieu aux con-
fins de la Macédoine 8c de la TheiTalie , peu éloigné de
Diitm. Tite-Live en parle en deux endroits, lib. 31.
cap. $6. & lib. 44. cap. 3.
OCTOPAS , '0«tw77c4ç , rivière dont parle Hefyche ;
il ne marque point en quel pays.
OCTOTATA , peuple de l'Amérique feptentrionale ,
dans la Louïfiane, fur les bords de la rivière des Pa-
nis , près de fa chute dans le Miffouri. Cette nation
habitoit autrefois dans de belles plaines entre le Min-
gona 8c le Miflburi à l'orient de cette dernière rivière.
OCTOVIANUS AGEK; c'eft ainfi qu'Ortelius lit
dans une lettre de Sidonius Apollinaris , /. 8. epifi. 4.
Il croit que c'eft Fréjus; dans cette lettre il n'elt que-
stion ni de ville ni de colonie, mais fimplement d'une
terre voifine d'une ville, d'une rivière, & de la mer.
Confentius, à qui il écrit , 8c à qui elle appaitenoit , y
avoit une belle maifon ornée de portiques, bien meu-
blée , avec une riche bibliothèque , 8c y partageoit fon
tems entre l'étude 8c l'agriculture , 8c cultivoit égale-
ment fon efprit & fa campagne. 11 compofoit des vers
que l'on chantoit à Narbonne, à Béziers, & dans les-
ODE 6*9
quels on ne la. oit qu'admirer le plus, la facilité ou la
beauté. Cette terre pourroir bien avoir été dans le voifi-
nage de ces deux villes, plutôt qu'en Provente. Ce qui a
déterminé Ortetius, c'eft la refferribjtance de te nom avec
Octavanorum Colonia de Pline. Voye^ ce mot. Ce
nom au refte elt Octavianus agf.r , dans l'eduion de
Sidonius Apollinaris, par le père Sirmond.
OCTULANI, ancien peuple d'iralic , dans le Latium,
l'un de ceux qui avoient part à la distribution des vian-
des fur le mont Albano , félon Pline, /. 3. 6'. 5.
OCURA , ville du Japon, capitale du royaume de
Gotto , 8c diftante d'Ocica d'une lieue & demie. Hifi.
du Japon par le P. Charlevoix.
OCYNARUS. Voyez. Ocinarus.
OCYPODES. Strabon , /. 15. p. 711. nomme ainfi
certain peuple des Indes, à qui on avoit donné ce nom,
à caufe de fa légèreté à la courfe , qui étoir telle qu'il
couroit plus vite que les chevaux , flVjV/ocTsç.
OCYREGAVE , bourgade de France , en Gascogne ,
au diocèfe de Dax.
OCZAKOW , ville de la petite Tartane, dans un
pays auquel elle donne fon nom.
Le pays d'OczAKovE, où elle eft fituée à l'Ukraine
au nord-oueft -, cette même province à l'orienta le Bo-
ryfthéne qui la fépare de la Tartane Gimée, au fud-
eftia mer Noire, au Sud-ouelt le Budziac. & la Mol-
davie au couchant.
La ville d'Oczakcw , nommée par les Turcs , à qui
elle appartient, Dlian-Crimenda , eft à l'embouchure
du Boryfthéne qui s'y jette dans la mer Noire. Il y elt
large d'une bonne lieue Françoife. Il y a même en cet
endroit un des cinq paflfages où les Tartares traverfent
ce fleuve. Voici comment: Ils ont des bateaux allez plats,
8c mettent des perches de travers où ils attachent leurs
chevaux de rang, l'un près de l'autre, 8c de chaque
côté également , afin de faire la balance égale. Les ba-
gages font dans le bateau. Ils font enfuire aller le ba-
teau , les chevaux attachés nagent ainfi & uaveifent
doucement la rivière. Il eft vrai qu'ils font hors d'ha-
leine quand ils arrivent à l'autre bord; mais comme
ils font attachés de court à la perche, & que le Bateau
ne va pas vite, ils partent aifément; ce qui doit s'en-
tendre d'un tems calme. * Beauplan , Dcl'cript. de l'U-
kraine, pag. 16. &fuiv.
Cette ville e(i la retraite des galères Turques qui
gardent l'embouchure du fleuve,- afin d'empêcher les
Ccfaques de courir 8c d'infefter la Mer noire. Il n'y a
point de port , ce n'eit feulement qu'un bon ancrage.
Sous le château, il y a deux villes qui font fituées fur
une pente d'un côté , 8c de l'autre côté ce font des pré-
cipices. Les murailles du château ont environ vingt-
cinq pieds de haut ; celles de la ville font beaucoup
plus baffes, 8c il peut y avoir environ deux mille habi-
tans. Au midi de ces villes, il y a encore un petit châ-
teau en façon de plate-forme, où font quelques piè-
ces d'artillerie pour rafer à fleur-d'eau la rivière, d'un
bord à l'autre ; & il y a une tour où les Turcs font la
garde, pour découvrir de loin les Cofaques en mer,
8c en pouvoir avertir par un fignal les galères. Les Rus-
fîens affiégerent cette ville, 8c la prirent en 1737, &
ils l'abandonnèrent l'année fuivante, après en avoir rafé
les fortifications.
ODAAGNA ou ODAGANA , félon les divers exem-
plaires de Ptolomée, /. ;. c. 19. ancienne ville de l'A-
rabie Déferte , au voifinage de la M.'foporamie.
ODALONGO , village d'Italie , en Lombardie , dans
le Montferrat fur la Sture, à trois lieues de Cafal.
Quelques inferiptions trouvées en cet endroit, & dans
lesquelles Bodcacomagus ou Bodincomagum eft nom-
mée, ont donné lieu de douter fi ce n'étoit pas l'an-
cien nom de ce village. Voyez. Bodincomagum.
ODANEI. On cite une médaille de l'empereur Ca-
racalla , fur laquelle on lit ce mot , comme fi c'étoit
le nom d'un peuple. * Ortelii Thefaim
ODENSÉE ouOttensée, Ottonia , ville de Dane-
marck, dans lifte de Funen, dont elle elt à peu près
le centre. Baudrand dit qu'elle fut bâtie par le roi Ha-
rald, 8c ainfi nommée en mémoire de l'empereur Or-
ron I. Un voyage de Danemarck dit qu'elle reçut ce
nom de l'empereur Otton I l'an 948 , aulfi- bien que le
ODE
630
pa(Tage du petit Belt , Ottenfundt ou détroit tTOt-
ton. Elle me parut une grande ville , dit ce voyageur.
On me dit qu'il y avoit quatre égliles. La bière d'O-
denfée eft excellente, très-iemblable de goût Si de bonté
à celle de Derbi ou de Nottingham , de même couleur
ou plus pâle , «Se paffe pour la meilleure de tout le Da-
nemarck. Odenfée eft ville épiscopale , «Se reconnoît
Lunden pour fa métropole.
ODENWALDou Ottenwald , c'eft-à-dire , la Fo-
rêt d'Otton , en latin Ottonia Silva, petite contrée d'Al-
lemagne , au palais du Rhin , au levain de Bergftrat ,
entre le Necker «Se lecomté d'Erpach, aux frontières de
la Moravie & à la fource de la rivière de l'Oder, à
quatre milles d'Allemagne d'Olmurz au levant. * Ban-
drand , édit. 170$-.
1. ODER , ( L' ) rivière d'Allemagne. Elle a fa fource
dans la Moravie , au village de Giebe , parte à Oder
bourgade, circule de là vers l'orient , reçok le ruiflèau
deTiscHEiN d. Auprès de Waguadt , entre dans la Si-
lène <5e reçoit IOppa , qui vient de Troppa g. I'Osler
& I'Elsa , «Se entre ces deux jonétions baigne Oden-
berg , d. parte à Ratibord^ fe tourne vers le nord oc-
cidental, fe charge des eaux du Cladinitz , d. & du
Brudnig , g. parte à Oppelen ; fe groflu du Malpe-
new, de la Blonitza , du Brinnirz d. de la Steina,
jointe à la Neiss , g. de la Stobra d. coule à Brigk, g.
rraverfe Brertaw, <Se reçoit au-deffous de cette ville les
rivières d'OsLA, de l'Aw , g. de Weida , d. de Polsnitz ,
g. de Lignitz , g. «Se de Bartfch, g. court vers l'occident,
vers Glogau , reçoit le Weisfurt auprès de Bentten , &
après avoir coulé quelque tems vers le nord , elle fe
replie vers le couchant , parte à Kroflen , où elle reçoit
le Bober , femble même retourner vers le midi pour aller
au devant de la Neis, entre dans le Brandebourg, qu'elle
fépare de la Luface , coule à Francfort, qui en prend le
nom de Francfort fur l'Oder, pour le dillinguer de Franc-
fort furie Meyn. On y a ménagé un canal de commu-
nication avec la Sprée. Elle paffe enfuite à Lebus ; «Se
lorsqu'elle eft arrivée à l'orient de Cufirin , elle reçoit
laWarte, grande rivière de Pologne. Elle environne
Cultrin Se forme plufieurs petites irtes jusqu'à Zelin -,
mais au deflbus de Freyenwalde , elle fe fépare en deux
branches qui fe communiquent l'une à l'autre par quan-
tité de coupures , & forment une multitude d'irtes. C'eft
ainfi qu'elle arrive àGartz«Se à Stetin, Se tandis qu'une
partie de Ces eaux va par un lit afiez régulier baigner
AJerborg Se Jafenirz , «S: le terminer dans un grand lac
nommé Grosse FIaff , l'autre partie commence auprès
de Dam une inondation qui va de même fe joindre à ce
lac. Toutes ces eaux fe rendent enfuite à la mer par trois
embouchures. La plus orientale s'appelle Duvenow Se
paffe à Vollin Se à Cammin; celle du milieu s'appelle
Ja Swine , l'irte qu'elles forment porte le nom de Vollin.
La troifiéme , ou la plus occidentale des trois, paffe à
Wolgaft . Se comme elle reçoit les eaux de la Pêne, elle
en prend le nom jusqu'à la mer. L'irte que ces deux
embouchures embraffent, prend le nom de la ville d'U-
fedom , qui eft dans fa partie méridionale. Cette irte eft
presque partagée en deux par une inondation , Se Ces deux
parties ne font jointes que par un ifthme fort étroit au
bord de la mer.
1. ODER , ( L' ) rivière de France, dans la Bretagne ,
dans le diocèfe de Quimper. Elle a fa fource au nord-
eft du village de Corai qu'elle baigne , paffe à Pont-
Bourchis , à Quimpercorentin , où elle fe grortit de quel-
ques ruiffeaux ; elle devient alors plus large Se va le per-
dre dans la mer, trois lieues au-dertbus de cette ville.
3. ODER. Voyez. Odra.
ODERBERG , petite ville de Siléfie , dans la prin-
cipauté de Ratibor, à l'embouchure de l'Elfe dans l'O-
der au midi de Ratibor.
ODERBURG , fortereffe d'Allemagne , dans l'électo-
rat de Brandebourg , dans l'Ukermarck fur l'Oder.
ODERNHEIM , petite ville d'Allemagne , dans le
Bas-Palatinat, entre Altzey Se Oppenhfim (a). Elle a
appartenu à l'évêché de Metz, «5c l'an iz;8,le cha-
pitre de cette églife vendit tout ce qu'il y portédoit au
chapitre de Mayence pour mille quarante livres pefant
de monnoie de Metz , comme le rapporte Trithème
dans fa chronique de Sponheim. Il dit que faim Ruf ,
ODO
évêque de Metz, fut eirerré en;ore à Odernheim (b).
Cette ville peut bien avoir appartenu à l'Empire, car
l'an 1402 , elle fut engagée par l'Empire au comte Pa-
latin pour la fomme de cent mille florins avecOppen-
heim, Kayferflaïuern Se Ingelheim , après que l'empereur
Charles IV eut réuni à l'Empire en 1353 cette place
Se celle d'Oppcnheim , qui avoient été engagées au cha-
pitre de Mayence pour foixante mille guides ; comm#
le rapporte Albert de Straibourg. 11 ne faut pas con-
fondre cette ville avec Drecks Odernheim , dont je parle
en fonlieu. (a)Zcyler , Palat.Topog. p. 39. (b) Munjter,
1. $. c. IJO.
ODERZO , petite ville d'Italie , dans l'état de Ve-
nife , dans la Marche Trévifane , fur le ruiffeau de Mot-
tegan ; elle étoit épiscopale , fon fiége a été transféré à
Ceneda , qui eft près de la fource du même ruiffeau :
elle en eft à douze milles, & à pareille diftance de
Trévigio. C'eft I'Opitergium des anciens. Voyez, ce
mot.
ODESSUS , o'<r*iVa-oç ville «5c montagne dans le Pont ,
félon Etienne le géographe, c'eft-à-dire, dans la Thra-
cc , au bord du Pont-Euxin , fans quoi ce qu'il ajoute
n'y conviendroit pas, favoir qu'elle étoit voifine de
Salmydeffus. Ainfi c'eft la même qu'Odeffus , ville bâ-
tie par les Miléfiens au rapport de Pline, /. 4. c. 2.
O diffus Milejîorum. L'auteur du périple du Pont-Euxin,
p. 1 2. Voyez Strabm , /. 7. p. 3 19. le dit auflî. Elle étoic
entre Calatis «Se Apollonie, Se par conféquent affez loin
de Salmydeffus Se bien plus au nord. C'eft YOdyJfus de
Ptolomée , /. 3. eu. qui la place bien «5c la nomme
mal. Entre autres médailles , il y en a une d'Antonin
Severe dans le recueil de Patin, fur laquelle on lit ces
mots OAHCCEITON. Cette ville a été épiscopale ; fon
évêque Diz.z.a fouferivit à la lettre adreffée à l'empe-
reur Léon. Son nom moderne, félon quelques géogra-
phes , eft Vaine , ville de la Bulgarie.
ODIA , irte de la mer Egée, félon Pline , /. 4. c. 12,
C'eft l'une des Sporades.
ODIA. Voyez. Juthia.
ODIA BU M , lieu de la Valérie Ripenfe , félon la no-
tice de l'Empire, /f«f/. 57.
ODIATES , peuple ancien de la Ligurie. Ce peuple
eft nommé dans une infeription trouvée à Gènes. * Or-
telii Thefaur.
ODIER , rivière d'Espagne, dans l'Andaloufie. Elle
a fa fource aux frontières de l'Eftramadure Se du Por-
tugal , entre Cumbre , San Bartholomeo «Se la Nava,
où elle paffe. Elle arrofe de même Cortegana , Almo-
nalter , El Cerro, d. El Vilar ,g. Cataiias , d. Buitron,
g. Ortalguillo , d. Veas Se Gibraleon , d. après quoi
elle s'élargit «Se forme un petit golfe où fe rend une autre
rivière , «5c a enfin fon embouchure dans le golfe de Ca-
dix, entre celles de la Guadiana «5c du Guadalquivir.
* Jaillot , Atlas.
ODIHAM , ou Odiam, bourg d'Angleterre, en
Hantshire( a ). On y tienr marché public. On y voit
une maifon royale ( b ) , fameufe par la prifon de David
II ,roi d'Ecoffe. (a) Etatpréfentdc la Grande Bretagne ,
r. 1. ( b ) Dav'uy , Ecoffe.
ODILE ( Mont Saint), un des fommets de la
grande montagne des Vosges , d'où l'on découvre l'Al-
face , le Palarinat, l'Ortenaw , le Brisgaw. On diitingue
de-Ià douze villes , plus de deux cens bourgs, la plupart
confidérables, «Se le Rhin qui roule fes eaux dans un val-
lon prolongé entre ces montagnes des Vosges , «Se celles
d'Allemagne. * Aljacia illuflrata auli. D. Schoc^fàn,
v. in-fol. à Colmar, 175 1 .
ODIUPOLIS, en grec o'JW™*/? château près d'Héra-
clée , auprès du Pont, félon Caliiftrate , cité par Etienne
le géographe. Ortelius , 'Thefaur. foupçonne que ce peut
être rOdyffopolis de Cédrene.
ODMANA , ville de Syrie, dans la Palmyrene, fé-
lon Ptolomée, l.$.c. ij.
ODOCA, rivière de la Taprobane, félon Prolomée.
Quelques exemplaires portent Hodoca par une afpira-
tion. C'eft ce qu'on lit dans Ortelius ; mais dans Prolomée
même je trouve que ce n'étoit pas une rivière , mais une
ville , Odoca Civitai, o"<fW77o;\/<r. Elle étoit fur la côte
méridionale.
ODOGA , ou Odogra, ville d'Arte, en Cappadoi
ODU
ce , dans la préfecture de Chamane , félon Ptolomée ,
/. 5 . c. 6.
ODOLENCUM. Baudrand Se quelques autres nom-
ment ainfi en latin Odalengo, bourg d'Italie , dans là
Lombardie.
ODOLLAM , Ooullam ou Adullam , ville de la
tribu de Juda (a). Eufebe, m voceB.'yXm, dit qu'elle
croit à douze milles d'Eleutheropolis vers l'orient, ainfi
elle éroit dans la partie méridionale de la tribu de Juda
vers la mer Morte. Jofué , 1 2. v. i j\ tua le roi d'OdoI-
lam, & David pendant fa fuite ( b ) fe retira dans la ca-
verne d'Odollam.(d) Jofué > c. i 2. v. i j. Parai. I. 2. c.
ï i. v. 7. Machab. 1. 2.c. 12. v. 58. (b) Reg. 1. 1. c. 22
& 25.
ODOMANTICA , contrée de la Thrace. Elle éroit
presque toute à l'orient du Strymon , an nord de la Bi-
falue Se de l'Edonide. Tite-Live fait mention de ce pays ,
Se y met Sir a. Il dit, lib. 45. cjp. 4. que Paul-Emile ;
conful , avoit fon camp apud Stras terrx OdomamicÀ. Les
habitans en font nommésOdomanti , 'CjfâfMvlaf, par Thu-
cydide. Hérodote, /. 7. c. 112. diflingue très-bien ce
pays de i Edonide. Ptolomée, /. 3. c. 13. les confond,
Se les met dans la Macédoine. Il ne faut point fe lafTer
d'avertir les jeune? gerrs qu'une grande partie de laThra^
ce conquffe par Philippe Se par Alexandre a été fou-
vent attribuée à la Macédoine.
ODO.viANTlS, contrée de la grande Arménie, fé-
lon Strabon , /. 11. p. 528.
ODOMBOF.R.E , peuple de l'Inde. Pline , /. 6. c. 20.
dit qu'ils avoient allez d infanterie Se de cavalerie pour
fe pafTer d'eléphans.
ODON , rivière de Normandie. Vuyez.OvDOtf 1.
ODONES, peuples de 1 ancienne Thrace : ils étoient
voifins du peuple Mxdl , félon Etienne le géographe. Or-
telius , Thejuur. foupçonne que ce font les Edo-
NES.
ODONTOMANTES. Suidas nomme ainfi un peuple
de Thrace qui avoit une espèce de circoncifion. Ortelius
croit qu'ils font les Odomanti.
ODOW ARA, petite ville du Japon, dans la grande
ifle Niphon , <5e dans la province de Sangami. Elle eft à
deux ou à trois journées de Jcdo par terre, «Se à l'em-
bouchure d'une petite rivière qui fe décharge dans le
golfe de Jedo du côté de l'oued. 11 n'y a au Japon que
cette ville Se celle de Meaco où on prépare le catchou
parfumé, autrement appelle Terra Japonica. * Le P. de
Charlevoix , Mem. manuferits.
ODRA, petite rivière d'Espagne , dans la Vieille Ca-
ftille. C'eft une de celles qui tombent dans la Pifuerga.
Butdrand en donne de faux indices , Se la confond avec
la Pifuerga elle-même. Il la nomrrie en latin Oder ou
Oderus.
ODRANGIDl , en grec '0<J)>*? Ttfn , peuples de la Li-
bye intérieure, félon Ptolomée.
ODRISTA , fiége épiscopal , fous le patriarchat de
Conflantinople , félon Balfamon. Oeil peut-être le
même fiége qu'OBRYsus. Voyez, ce mot. * Ortelii The-
faur.
ODRUS/E &
ODRYS/E , ancien peuple de Thrace. Ilétoit rrès-puis-
fant , Se les poètes en ont pris occafion d'appeller la Thra-
ce Odrysia Tellus. Silius Italicus,/. 4. verf. 452.
dit:
Mavors in pr&lia currus
Odryfia tellure vocat.
Tacite, Ann.il.l. x.c. 38. nomme les habitans Odru-
Sit. Siméon le Métaphraile met chez eux la ville d'A-
drianople , dans la vie de faint Luc Se de faine Arte-
mius. Une notice qui marque les villes qui ont changé
de nom, met Odrvsus, nommée aulji Orestiade,
à préfenc Adrianople. * Schelflratte, Antiq. Ecclef.
t. 2. p. 782.
ODUCIA. Ce doit être le nom d'une ville de la Bé-
tique , Ci on s'arrête à une infetiption que rapporte Mo-
rales. Elle étoit auptès de Lora. Voyez.QD\ssiA 2.
ODWALD, petite ville de Norwege , au gouver-
nement de Bahus , fur un petit golfe du Categat , aux
OEB 631
confins de la Dalic , à huit ou neuf lieues de Bahus.
* Baudra/id , éc!it. I70f .
OUYCK , feigneiirïe des Pays-Bas, dans la province
d'Utrecht, fur le Rhin, à deux grandes lieues au des-
fus d'Utrecht.
ODYSSEA. Voyez. Od'yssia.
ODYSSES , en grceo'JWw , rivière de l'Afie Mineu-
re, dans la Mygdonie. Strabon, /. iz. p. 5; 1. dit qu'el-
le arrofoit quantité de villages del'Al«zie4 dont il
nomme les habitans Alazons.
1. ODYSSIA, promontoire de Sicile, vers l'extré-
mité orientale de la côte méridionale , félon Ptolomée ,
/. }.c. 4. Ses interprètes difent que c'eft aujourd'hui Ca*
po Marzo. Cluvier rapporte en cet endroit 1Ediss^€
Portus dont parle Cicéron dans fa dernière Verrine.
Comme ce nom n'efl point connu d'ailleurs , Cluvict
a cru qu Edijfa étoit corroinpu d'ODYssE^-, cependant
îl y a des favans qui croient que le port d'EdiJJa eft
aujourd'hui Porto de Pâli , qui eft allez éloigné de Porto
de Marzo , Se aflez près du cap de PafTaro.
1. ODYSSIA , ville d'Espagne , dans les montagnes »
au-defTus d'Abdere , félon Strabon. Voyez. Ulissea. Or-
telius croit que ce doit être le. même lieu qu'ODUCiA.
Voyez, auffi Uussis portus.
ODYSSIS. Voyez. OlysippÔ.
ODYSSUS, ville de la Baffe-Moëfie, fur le Pont-Eu-
Xin avec un port , à deux cens flades de Dionyfiopolis.
Cette ville n'eft point différente d'Odeffus de Thrace
dont nous parlons en fon lieu ;mais il ne faut pas la con-
fondre avec une autre ville maritime que quelques-uns
nomment par abus Odcjfus pour Ordesus,ou même
Ordessus. Voyez. Odessoeus Se Ordessus.
OE , ifle de l'Afie , fur la côte de la Troade , felort
Diclys de Crète.
OE. Voyez. Oh &Oeensis.
OEA , ville ou bourg de l'ifle de Thera , félon Pto-
lomée , /. 3. c. 15.
OEAGRUS , c'eft le nom d'un roi de Thrace , on
plutôt , félon Servius , c'eft le nom d'un ruiffeau qui
donne la naiflance à l'Hebre , fameufe rivière de Thra--
ce. De-là vient que Virgile, G cor g. I. 4. i». 524. nom-
me l'Hebre
Oeagrius Hebrus.
OEADENSES, peuple de l'Afie Mineure, félon
Pline , /. r. c. 32. Le R. P. Hardouin juge qu'il faut lire
Oenoandenses , Se que ce mot vient d'OENOANDA.
Voyez, ce mot.
OEANTHE , ville de Grèce , dans la Locride , félon
Pline , /. 4. c. 2. Etienne dit de même Oeanthe , ville des
Locres. Comme les Locres & les Etoliens étoient voi-
fins, Polybe donne cette ville à l'Etolie. Cela s'explique
par un paffage de Scylax dans fon périple ; auprès des
Etoliens, dit-il, font les Locres, furnommés Ozoles »
dont les villes font Evantis, Amphïjfa , &c. Ce qu'il
nomme Evanthis eft la même qu'Oeanthe. Ptolomée i
l. 3. C. 15. dit de même Evanthia, pour défigner
cette même ville. Le nom moderne eft Pentagii. De
l'Ifle écrit l'ancien nom Oevanthe.
OEANTHIA. Voyez, l'article précédent.
OE ASIT/E pour Oasit*, les habitans d'OhSis.Voye z.
ce mot.
OEASO , bourg Se promontoire d'Espagne, au pays
des Vascons , au pied des Pyrénées. C'eft aujourd'hui le
village d'OiARço , à deux lieues de Fontarabie. Ptolo-
mée , /. 3. c. G. écrit Oeaso -, Pline dit Olarso,6£
Martianus Capella Jarso.
OEAXUS. Voyez. Oaxis. /
OEBALIA, furnom donné au pays de Lacédémone ,
à caufe d'un roi nommé Oebalus. Ce furnom n'a pas
été borné au pays des Lacédémoniensdans le Pélopon-
nèfe. De même que Tarente , colonie Lacédémonienne,
a été nommée par Ovide, Metamorpb. lib. ij. y. 50.
Lacedamonium 'tarent um, cette même ville a été ap-
pclléepar Virgile , Georg. I. q.v. 125. Oebalie :
Namque fub Oebali&memmi meturribus altir,
Qiià niger htimeilal flavemia cuit a Galeftts ,
Corycium vidijje fenem , &c. ç^r
7
632. OED
Baudrand ditaflez plaifamment quela ville de Taren-
te , en Italie , fe nommoit Oebalie , à caufe d'une tour
bâtie par Ocbale. Voilà une admirable preuve de l'é-
rudition de cet auteur.
OECALIC/E POFULT , peuples de l'Ethiopie , chez
lesquels eft la fourec du Niger , à ce que rapporte Pline,
lib. 5. cap. 8; Ptolomée les nomme Acalicces, aW»/k-
xik.
1. OECHALIA , ancienne ville de Grèce, dans la
Theflalie, félon Strabon , /. 8. p. 539. qui remarque
qu'il y avoit pluficurs villes de ce nom, mais pour bien
entendre le partage de cet auteur , il faut que le Iecleur
fe rappelle qu'Eurytc , roi d'Oechalie , ayant promis fa
fille Iole en mariage à Hercule , Se la lui ayant en-
fuite refufée , ce héros détruifit la ville où Euryte re-
gnoit. Une ville détruite par Hercule n'eft pas ai fée à re-
trouver. Il eft arrivé de-là qu'on a cherché cette ville
par tout où un nom femblable donnoit matière à la con-
jecture. Apollodorc avoit hazardé la fieline , Strabon le
critique : Ce n'eft pas , dit-il , la feule chofe qu'il y ait
à reprendre dans ce que dit Apollodore ; mais il faut re-
marquer que, quoiqu il y ait plufieurs Oechalies,il
n'en fait qu'une ; favoir , celle qui étoit foumife à Eu-
ryte l'Oechalien. Il eft donc évident que c'eft celle de
Theflalie , de laquelle parte Homère , lliad. B. verf.
730.
O) T iX*v Oîy.et'X'iw 7toXiv EJoutou O'X^'HVÇ'
Mais quelle eft celle d'où étoit parti Thamire le Thra-
ce , à qui les Mufes ôterent la voix î car il ajoute,
(c'eft toujours Strabon qui parle),
OixaXwQîv livra mttf Lvpi/Tov Oi^eL^iwi.
Car fi cette Oechalie étoit celle de Theflalie , Scep-
fuis a eu tort de préfenter celle d'Arcadie , qui eft au-
jourd'hui Andanie ; ou , fiScepfius a eu raifon , cette Oe-
chalie d'Arcadie a été aufîi nommée la ville d'Euryte ;
de forte qu'il n'y aura pas eu pour une ville nommée
Oechalie , comme Apollodore l'a cru. * lliad. B.
™rf. 596.
2. OECHALIA, dans l'Euboée. Strabon, /. 10. p.
448. dit de celle-là , que ce n'étoit plus qu'un village du
territoire d'Eretrie , Se que c'étoit les reftes de la ville
qu'Hercule avoit détruite.
3 . OECHALIA , ville du Péloponnèfc , dans la Mes-
fenie, félon Etienne le géographe. Pline, /. 4. c . 5. la
nomme entre Ithome Se Arène.
4. OECHALIA , ville d'Arcadie , félon Strabon , qui
remarque qu'on la nomma enfuite Andania. Voyez.
ce mot, & Oechalia i.
$. OECHALIA, ville de l'Etolie , félon Strabon,
liv. 10. pag. 448. Elle étoit chez les Eurytanes, peu-
ple qui , félon Etienne le géographe, étoit dans l'E-
tolie.
La ville de ce nom , que Strabon appelle apudTric-
cam, eft la même que celle de Theflalie. Ortelius con-
fond Oechalie de Mertenie Se de PArcadie. Je les crois
différentes.
OECHARD^E , peuples de la Sérique, félon Ptolo-
mée. Ils habitoient auprès du fleuve de même nom.
OECHARDUS , ou, félon d'autres exemplaires,
Oechordas par une rranspofition de lettres , rivière
de la Sérique , félon le même géographe. * Lib. 6.
c. 16.
OECUBARIA , château d'Italie aux environs de Bo-
logne , félon Zofime.
OECUS , en grec 0«w, ville de la Carie, félon Etien-
ne le géographe.
OEDANAS, fleuve de l'Inde : c'eft un de ceux qui
fe jettent dans le Gange, félon Strabon, liv. if.pag.
719.
OEDANTIUM, ville de l'Illyric, félon Etienne le
géographe , qui cite Théopompe.
OEDENBOURG , ville de Hongrie. Les Allemands
la nomment ainfi ; maisfon vrai nom eft Sopron. Voyez.
ce mot.
OEDIMUS, golfe de l'Afie Mineure, quelque part
OEI
vers la Dotlde , entre Gnide & Loryma , félon Con-
ftantin Porphyrogenete , ciré par Ortelius.
OEDIPODIA , fontaine de Thebes. Elle eft nom-
mée la fontaine d'Oepide par plutarque * Vie des hom-
mes illuftres , t. 4. p. 333. dans la vie de Sylla qui y
fit dreflér un théâtre pour donner des jeux de raufi-
que Se célébrer une viétoire qu'il venoit de remporter.
Pline, /. 4. c. 6. la nomme Uedipoàia, Se Paufanias,
/. 9. p. 569. dit qu'elle eut ce nom, patee qu'Oedipe
s'y lava pour fe purifier du meurtre qu'il avoit fait en
tuant Laïus.
OEENSIS URBS , ville d'Afrique , dans la province
Ti ipolitaine. Antonin marque la fituation de cette place ,
mais il la nomme Ocea. Voyez, ce mot. Pline l. f.c.
4. la nomme Oeensis civitas. Ammien Marcellin,/.
29. c. 6. met dans la province Tripolitaine Oeensis
ager ; c eft le terriroire de cette ville. Ptolomée l'ap-
pelle Heoa par un renverfement de lettres. Saint Au-
guftin , Epifl. 138. dit qu'on avoit érigé une ftatue à
Apulée apud Coenses. Onze manuferits portent Ocen-
fes Se cinq Oeenfes. Ce dernier eft le vrai mot, cela
paroït par ce qu'ajoute faint Auguftin , qu'Apulée avoit
époufé une femme de cette ville ; car , félonie témoi-
gnage même d'Apulée , dans fon apologie , fa femme Pu-
deutilla étoit d'ÛEA , Oeensis. Ce lieu étoit le fiége
d'un évêché. Noël d'Oea , Natalis ab Oea , donna fon
fiiffrage au concile de Carthage tenu fous faint Cy-
prien , tant en fon nom , que pour Pompée de Sabra-
ra &c Diogas de la grande Leptis. La notice épiscopale
d'Afrique fournit, entre les évêques de la province Tri-
politaine , Cresconius Qeenfis. Une médaille d'Antonin
Pie , en petit bronze , porte ces lettres C. A. O. A. F.
que le P. Hardouin explique ainfi , colonia Antoni-
niana Oeenfis Angnfia Félix. Cette ville eft une des
trois dont l'ancienne Tripoli étoit formée (Tripoli
Vecchio ) ; les deux autres étoient Sabrata Se la grande
Leptis. Chacune avoit fon évêque , comme on vient
de voir.
OEETIS, 'O/mt/ç , ville du Péloponnèfe, dans la Laco-
nic. Paufanias , /. 8. c. 12. la nomme ainfi dans ce pas-
fage : Dans l'un des deux chemins , dit-il, qui condui-
fent àOrchoméne, eft le mont Anchifia , Se au pied
de cette montagne eft la fépulture d'Anchifc -, car lors-
qu'Enée paflbit en Sicile , il relâcha en Laconie , Se
après y avoir fondé deux villes, favoir, Aphrodifiade
Se Oeetis , il enterra en cet endroit fon père qui s'y
étoit rendu pour quelque raifon , Se y étoit mort. Pau-
fanias , l.i.c. 22. parle encore ailleurs de ce même lieu,
Se dit , en parlant de la ville de Boea : Son fondateur fut
Boe'us , l'un des Héraclides, & une colonie y fut me-
née de trois villes, Etide , Aphrodifiade Se Sida. Le»
deux premières de ces trois villes furent , dit-on , bâties
par Enée, lorsque s'enfuyant en Italie , il fut poufle dans
ce golfe par une tempête 5 Se la féconde fut ainfi nom-
mée d'Etiade , fille d'Enée. Il la nomme donc Oeetis
&Etis.
OElE,'OniA. Voyez. O a.
OEIS. Voyez. Oa.
OELAND ( L'Isle de ), ifle de la mer Baltique , Ai*
la côte de Suéde , le long de la province de Smaland ou
Gothie méridionale, dont elle eft féparée par le Calmar-
fond ou détroit de Calmar. Son nom fignifie l'ifle du
Foin , Se fe prononce comme nous prononcerions Oeu-
land. Elle eft coupée en deux parties presque égales
par le 35 deg. de longitude , Se Borckholm , qui en eft
la capitale , eft presque à la rencontre de ce méridien
Se du 57 deg. de latitude. Elle eft fur la côte occiden-
tale de l'ifle ; l'ifle même a un peu plus de quinze lieues
fuédoifes , qui font dix-neuf milles Se demi d'Allema
gne , mais elle eft fort étroite. La côte occidentale n'a
que la capitale Se deux villages ; favoir , Aiebek Se Sme-
debi. L'orientale au contraire eft fort peuplée. On y
trouve en commençant par le nord Boda , Konings-
gard, Hogabi , Kelda , Scapelind , Genfiofa, Runaften ,
Moklebi , Stcnafa & deux bourgs ; favoir , Hulfterftad
Se Ottenbi.
OELEN , feigneurie des Pays Bas , avec titre de com-
té , dans le Brabant -Espagnol , à demi-lieue d'Heren-
thals.
OELS. Baudrand dit, petite ville du royaume de
Bohême -,
OEN
Bohême , dans la Siléfie» On l'appelle plus fouvent Ets.1
Voyez. Olss , qui eft le vrai nom.
OEMPHYLE, montagne à Dyrrachium , félon Vi-
bius Sequefter. rlufieurs manufcrits portent Oeniphi*
1E OU OÉNtPWYLE.
i. OENA. C'eft , dit Etienne le géographe, une ville
delà Tyrrhénie très fortifiée \ il y a au milieu une col-
line de trente ftades de haut, au Commet de laquelle
eft une fource 8c une forêt de toute forte d'arbres. Il ci-
te Ariftotc , De admir. auscultation. On trouve bien
ces détails dans le livre cité, mais cette ville y eft nom--
mée Oenaria. Pierre Victorius croit qu'il faut lire
VoLATERRA.
i. OENA, rivière d'Aflyrie. Ammien Marcellin, /. 23.
c. 3. dit que l'Adiabène ell enfermée entre cette rivière &
le Tigre , & que l'une 8c l'autre portent des barques. /«-
ter Oenam &• Tigridem/ita navigeros fluvios.
OEN/EUM , bourg fitué quelque part vers la Pam-
phylie , félon Nicetas 8c Glycas, cités par Ortelius.
1. ÔENAENTH1A , ville de la Sarmatie Afiatique ,
fur le Pont-Euxin , félon Ptolomée , /. 5. c. 9. 11 la
met entre l'embouchure du Burca & du Thefiyris.
2. OENAENTHIA , ville maritime de Grèce , dans
l'Etolie , aux confins de l'Acarnanie , félon Ortelius.
Polybe dit qu'elle eft vis-à-vis d'A^gyre. En ce cas, elle
ne fauroit avoir été aux confins de l'Acarnanie , mais
bien fur la frontière de l'Etolie 8c de la Locride. Ainû
ce fera la même qu'OEANTHE.
OENANDA. Voyez. Oenoanda.
OENARIA. Voyez, Oena i.
OENE , ville du Péloponnèfc , dans l'Argie, félon
Etienne le géographe.
OENEANDA. Voyez. Oenoanda.
OENEI , ancien peuple de la Dalmatie , félon Pli-
lie, /. 3. <. I 2. où Hermolaus Baibarus a mis ce mot pris
de I'Onei de Ptolomée i mais tous les manuferits por-
tent Ozu/tr , au rapport du P. HardoUin.
OENEON. Voyez.Oi.-Hw vi.
OENEUS , rivière de l'Illj rie , dans la Libumie , fé-
lon Ptolomée, /. 2» c. 17. lien met l'embouchure en-
tre Tarfatica 8c V cirera.
OENIADA. Voyez. Oenoanda.
OEN1AD/E, ancienne ville de Grèce, dans l'Acâr-^
flanie , à l'embouchure de l'Acheloiis , aux confins de
l'Etolie. Scylax de Caryatide dit dans fon périple , la
ville d'Aftacus , le port , le fleuve Acbelous & la ville
d'Oeniades. Les Etoliens s'érant approprié cette ville
qu'ils prétendoient être dans leur territoire, les Romains
par un décret la rendirent aux Acarnanicns ( a ) , à qui
elle avoit anciennement appartenu ( h ). Etienne le géo-
graphe dit : Oeniad*, ville d'Acarnanie fur l'Acheloiïs t
on la nomme auifi Erysiche. On croit que c'eft au^-
jourd'hui Dragomestro. (a) Tue-Livc , 1. 38. c. 11.
( b ) Thucydid. I. 1 . p. 73.
OENIANDOS. Voyez. Epiphanie, n° 1.
OENIANES. Voyez. JErnA^s.
OENION, port de Grèce , chez les Locres Ozoles,
félon Etienne le géographe : il cire le troifiéme livre de
Thucydide où ce mot eft écrit itviùv par un t au lieu qu'E-
tienne l'écrit par un / , ontuv.
OENIPH1LE. Voyez, Oemphile.
OENI PONS , pont fur une rivière qui coutoit entré
la Rhétie 8C le Norique. Cette rivière eft celle de l'Info
qui coule en Bavière 8c vient du Tirol , qu'elle traverfe ,
& des Grifons , où elle a fa fource. Il s'agit d'un pont fur
J'Inn. La notice de l'Empire & Antonin en font men-
tion , comme je dirai ci -après. Inspnick veut dire préci-
fément Pont fur Vlnn , ôc de-Ià on a conclu qu'In-
fpruck eft ['Oeni Tons des anciens , comme fi une rivière
de cette longueur n'avoit jamais eu qu'un pont , & qu'il
eût toujours été au même endroit. Cluvier croit que ce
pont étoit un partage fur la route qui va de Munick à
Salrzbourg, 8c il le prend au bouig à'Alt-Hohcnau. Il
le fonde fur cette route d' Antonin ;
OEN 6$$
Ambrant > XXX il
Auguftam Vin-
delicum, XXXVII
M. P.
M. P. Augfbourg.
Juvavum ,
Salrzbourg.
Bidaium ,
XXXIII
M.
Pas.
Buichaufen.
Tontem Aeni ,
XVIII
M.
P.
Alt-Hohcnau.
Ifiniscum ,
XX
M.
P.
Munick.
Velfër dispofe les chofes bien autrement \ il met lé
Pont de Vlan à Oetingen en Bavière , 8c donne le nom
d'Ifinisca à la rivière qui vient du couchant fe jetteC
dans l'Inn , au defious d'Oetingen. Cellanus appelle ce
pont Oeni-pons inferior , afin qu'on ne le confonde point
avec Infpruck, qui eft bien plus haut 8c bien plus mo-
derne. Il ajoute qu'on ne fait pas fi auprès de ce pont il
y avoit une ville ou un village , ni au cas qu'il y eût
l'un ou l'autre, s'il étoit fur la rive droite ou fur la-
gauche. Il eft vrai que ni l'itinéraire d'Antonin , ni la ta-
ble de Peutinger ne le difent pas ; maisc'étoit un paffage,
ôc ce pont étoit gardé par une garnifon Romaine ; il y
avoit au moins de quoi la loger. La notice de l'Empire ,
fecl. 29. met au département du commandant de la
première 8c de la féconde Rhétie Equités Stablefiani
juniores Ponte Oeni ; mine Fabianis. On les en retira
enfuite pour les mettre à Fabiana. Rien n'eft plus or-
dinaire que ces changemens. Simler , Velfer 8c Lazius
mettent Y Oeni pons des anciens à Oetingen. Il eft fur
qu'il ne faut point le chercher à Infpruck qui eft mo*
derne.
OENIS , tribu de l'Attique , félon Pollux*
OENIUM NEMUS , bois ainfi nommé dans l'Afie
mineure, dans la Lycie, auprès de Candyba, félon Pli-
ne , /. 5.C. 27.
OENOANDA , ou Oeneanda, ou même Enean-
da ( au pluriel , genit. orum ) ancienne ville de la Lycie».
Tire- Live dit , liv. 38. cap. 37. Ayant envoyé de Perga
ion frère , L. Manlius, avec un corps de quatre mille
hommes à Oenoanda pour recevoir le refte de l'argent
qu'on y avoit promis de payer , il ramena lui-même
l'armée à Apamée. On lifoit anciennement Oroanda s
maisSigoniusa averti qu'il falloir lire Oenoanda, 8c Gro*
hovius a reçu cette correction dans le texte. Pline , U
5. c. 28. dit que la Lycie a dans les terres la Cabâlie oà
font trois villes ; favoir , Oenoanda , B.ilbura 8c Bubon*
Ptolomée donne de même à la Cabalie Bubon y Oenean-
da 8c Balbura. Strabon , /. 13. extrême nommé aulîî
cette ville , mais d'une manière vicieufe , car on y lie
«Voeti/W pour wcà.vS'w. Etienne écrit auftî Oenoanda»
Cette ville a été épiscopalc > au premier concile de Con-
ftantinople on trouve Patricius Oenoandenfîs. Elle eft
nommée Henoanda , 'Hi^ai-J*. dans la notice de Hie-
roclès.
OENOCHALACORUM OPPIDUM , nom d'une
ville qui doit être quelque part dans la Perfide, félon
Ortelius , Thef. qui cite Procope au deuxième livre de
la guerre des Perfes.
OENOCHOUS, partie du mont Oïta , félon Athé-
née , /. 9. fub fin.
1. OENOE, ou OenoA, bourg de l'Attique, dansi
les tetres. Spon , lifte de l'Attique , p. 370. en marque
deux de ce nom , l'une dans la tribu jtantide, vers les
limites de l'Attique 8c de la Bcotic , proche des Eleutho*
riens.
2. OENOÉ (l'autre ) , étoit de la tribu Hippothoon-
tide , près de Mararhon. C'étoit l'une des quatre pre-
mières & plus anciennes villes de l'Attique. C'eft de
celle-là que parle Ptolomée > /. 3. c ij. qui la met dans
les terres.
3. OENOÉ, ville de l'Elide» au Péloponnèfe , fe«J
Ion Strabon, /. 8. p. 338. Il femble douter fi une qua-<
triéme Ephyre dont il parle , étoit la même qu'OE»
noé, nommée auffi Boeonoa , ou fi elle en étoit feu*
lement voifine.
4. OENOÉ , l'une des deux villes qui étoient dan9
l'ifle d'Icaria, félon Etienne le géographe. L'autre ville
étoit Dracanum. Strabon parle auffi de cette Oe-
Ndé.
5. OENOÉ, ville de la" Laconie, au Péloponnè-
fe, à l'occident d'Epidaure , félon Ptolomée, liv. 3,'
c. 16,
6. OENOE , lieu maritime d'Afie , dans la Cappa-
docc. Le périple du Pont Euxin par Arrien , p. 16. édiu
Qxqïl met ce lieu entre le Thoaris Si le Phigamws, tàj
2m. ir. Lll|
634 OEN
OEN
la féconde.
7. OENOE , lieu des Corinthiens , fur le promon
vïeres , à trente ftades de la première & à quarante de de fon nom : que Siculus fut reçu parmi eux favorable-
ment ; mais qu'il desunit la nation contre les loix de
l'hospitalité 6c qu'il s'y fit un peuple particulier ; il con-
toiire d'Olenia. Strabon , /. 8 & 9. 6c Thucydide en clut enfin ainfi : Ceux qui ont porté fucceflivement les
font mention. noms de Sicules , de Morgetes 6c d Italiens font
8. OENOÉ , fontaine d'Arcadie , au Péloponnèfe , les mêmes que les Oenotriem.
félon Pau iànias, cité par Ortelius. Mais voyons, continue Denys d'Halicarnaffe , ce
9. OENOE , ville delà même contrée, félon Suidas 6c qu'on doit penfer des Oenotriens fur le témoignage d'un
Etienne le géographe.
10. OENOÉ, village de l'Algie , au Péloponnèfe,
félon Paufanias, /. 2. c. 25.
n. OENOE, Me de l'Archipel, l'une des Spora-
des. Pline , /. 4. c. 1 2. en fait mention. On la nomma
enfnite SicrNUS.
1. OENONE, deux bourgs de l'Attique.
2. OENONE , ancien nom de l'ifle dVEgine.
OENOPARAS , ruiffea'u qui coule en Ane , dans
le territoire d'Antioche de Syrie, félon Strabon, liv.
16.
OENOPHYTA , lieu de Grèce , dans la Beotie. Il eft
des plus anciens auteurs : c'eit Pherecyde , qui de tous
les Athéniens a le mieux écrit les généalogies. Voici ce
qu'il dit des rois d'Arcadie: Lycaon fut fiis de Pelasge
6c de Déjanire : il époufo Cyllene , nymphe Nayade,
d'où le mont Cyllene a tiré fon nom. Cet hiftorien
nomme enfuite tous leurs enfans , indique les lieux où
ils s'établirent , parie de Peucetius 6c d Oenotrus en
ces termes : Oenotrus , dont les Oenotriens portent le
nom, 6c Peucetius, qui donna le fien aux Peucétiens ,
panèrent l'un 6c faune la mer dlonie. Tel eft le fen-
timent des anciens poètes 6c des premiers auteurs de
la fable au fujet des Oenotriens , 6c des pays qu'ils
remarquable par la victoire que les Athéniens, conduits pnt habités. Pour moi , c'ell toujours Denys qui parle,
par Myronide, y remportèrent fur les Béotiens, félon Je crois fur leur autorité que les Aborigines descen-
Thucvdide , lïb. \-P*g- 70. & /. 4- p- 316. Son Sco- doient de ces Oenotriens, s'il eft vrai que ces Aborigi-
nes foient originaires de Grèce, comme Caton, Sem
pronius 6c plufieurs autres l'ont dit. Je trouve en effet
que les Pélasgiens , les Créais 6c les autres qui ont
demeuré dans l'Italie , y font venus long-tems après les
Aborigines , 8c je ne fâche pas qu'aucune flotte avant
qui les cite , dit qu'ils allèguent Appîen & Ruffin , 6c la leur foit paflëe de Grèce dans les parties occidentales
ne garantit point la fidélité de leur citation. de l'Europe. J'ai raifon même d'être perfuadé que les
1. OENOTRI, ancien peuple de la Méfopotamie , Oenotriens s'emparèrent de plufieurs endroits de l'ita-
felon Etienne le géographe. lie qui étoient incultes 6c abandonnés, 6c qu'ils enle-
liafte dit : t* O'ivoçvt* %t»f'm,ns Bo/oTW^Oeriophyta, lieu
de Béotie.
OENOPLlA.Bodin,dans fa méthode,& Vignier, dam
fa bibliothèque hiftoriale , difent , que c'éioit le terme
de la domination romaine au midi. Ortelius , Thcfaur.
2. OENOTRI , anciens peuples d'Italie, Denys d'Ha-
licarnafie dît : Ç'étoit une colonie d5 Arcadiens. Les Ar-
cadiens furent les premiers Grecs qui traverferent la
mer Ionienne , fous la conduite d'Oenotrus, fils de Ly-
caon , 6c qui vinrent s'établir en Italie. Cet Oenotrus
écoic le cinquième depuis Efée 6c Phorônée , qui ré-
gnèrent les premiers dans le Péloponnèfe. Niobe éioit
fille de Phoronée. De Niobe 6c de Jupiter , dii- on , na-
quit Pelasge. Lycaon fut fils d Efée : il eut pour fille Dé-
janire. De Déjanire & de Pelasge , fortit : un autre Ly- OENOTRIA , félon Antiochus de Syracnfe , cité par
caon , dont Oenotrus fut fils , dix-fept générations avant Strabon , /. 6. Dans les commencemens l'Oenotria n'é*
la guerre de Troye. Ce fut en ce tems que la colonie tojt qPje ja (]out>]e presqu'ifle , qui comprend les deux
veren: encore une grande partie de l'Ombrie Se qu'on
les appella dborïginéSy de la demeure qu'ils avoient fur
les montagnes (du mot grec epejquiveut dire Montagrtt )
où les Arcadiens s'étabîiflent plus volontiers que tout
autre part ; de même que chez les Athéniens on ncm-
moit Hypers cri en s , ectix qui habitoient les hauteurs,
6c Parhalifns , ceux qui demeutoient proche de la
mer. * Denys d' ' HalicartiûJJc , Aniiq. Rom. 1. t. c. 3.
6c fuiv.
Grecque pafla en Italie : Oenotrus s'en fit le chef, peu
content du patrimoine qui lui devoit tomber en parta-
ge , paice que Lycaon fon père avoit vingt-deux en-
fans , entre lesquels il falloir divifer l'Arcadie. Oeno-
trus conflruifit une flotte 6c traverfa la mer Ionien-
ne, accompagné de Peucetius, l'un de fes frères, 6c
d'un grand nombre de fes comparriotes qui s'embar-
quèrent avec lui pour chercher ailleurs une meilleure
deftinée. A peine eurent-ils abordé l'Italie ,du côté que
s'élève le promontoire Japyge , que Peucetius débarqua
fes troupes , 6c fe pla'ça fur le fommet de la monta-
gne, donna fon nom aux habitans du pays & les fit
appeller Peucétiens. Oenotrus pouffa plus loin avec la
plus grande partie de la colonie, & vint mouiller dans
un autre golfe, qui baigne l'Italie du côté de l'occident.
Ce golfe fe nommoit alors Aufonien ,du nom des peu-
ples de cette côte ; mais après que les Thyrréniens fe
furent rendus maîtres de cette mer, ils changèrent ce
nom en celui de Thyrrénien qu'il porte aujourd'hui.
Oenotrus trouva ce pays abondant en pâturages & très-
propre à être cultivé. Il chaffa les Barbares de l'en-
droit qu'il choifit pour fon établiffëment, 6c bâtit fur-
ies montagnes plufieurs petites villes à la manière de
ce rems. Toute cette vafle région qu'il occupa, fut ap-
pelée Oenotiue , 6c les peuples qui lui furent fournis ,
changèrent de nom pour la troilîéme fois. Ils fc nom-
moient Esiens fous le règne d'Efée , Lycaoniens fous
celui de Lycaon, qui lui fuccéda, 6c, après qu'Ocno-
trus les eut fait pafier en Italie , ils prirent le nom d'Oe-
notriens , Denys d'Haiicarnaffc dont j'emprunte ceci ,
fe fert des témoignages de Sophocle, & d'Antiochus de
Svracufe , très-ancien auteur qui dit : Cette région qu'on
appelle maintenant Italie, fut autrefois pofledée par les
Oenotriens. 11 dit ou'Italus régna quelque tems dans
le pays , 6c qu'il donna fon nom aux habitans ; que
"Moigévt lui fuccéda, & fit appeller ces mêmes peuples
Calabres , 6c qui eft terminée du côté de la mer infé-
rieure par le fleuve Lnns ; 6c du côté d" la mer fupérieu-
re par le Sybaris de Tburimn. * Le I\ de Charlcvoix ,
Mém. manu fer.
OENOTRIDES ; il y avoit deux ifles de ce nom qu'il
n'eft pas aifé de retrouver. Pline , /. 3. c. 7. dit : Contra
Ftiftamm Sinlim Leucafea tft à Sirène ibi fipulta appel-
lata. Contra Veliam Pontia & Iscia , tt traque uno nomi-
ne Oenotrides : Argnmenuirn f"JJeJ]œ ab Oenotrus ltulis. ;
c'eftà-dire, devant le golfe dePeiti (c'eft aujourd'hui ce
lui de Saler ne ) eft Leucafie , ainfi nommée à caufe d'une
Syrène qui y efl enterrée , (ce heu eft préfentement la Li-
cosa , vis-à-vis de Vtiia (qui , félon le P. Hardouin,
eftCaliel a Mare délia Btucca) font Pontia & Iscia,
toutes deux nommées Oenotrides, d'un nom qui leur efl
commun , 6c qui efl un monument de la poffeflion
que les Oenotriens ont eue de l'Italie. Ces ifles qui de-
vroient être au midi du golfe de Salerne ne s'y trou-
vent point. Elles devroient fe trouver dans la partie
feptcntrionale de la Principauté Citérienrc; mais en re-
montant beaucoup plus haut 6c fur la côte de la terre de
Labour , on trouve fept ou huit ifles , dont les plus cou-
la!, tables font Ponza &Isckia. Il y a bien de l'ap-
parence que ce font les deux dont Pline fournit les
noms-, mais y en a-t-il beaucoup qu'il les ait fi vilaine-
ment dérangées, lui qui connoiflbit fi bien l'Italie î C'ett
en cela que confifte la difficulté. Strabon parle auili des
ifles Oenotrides ; 6c ne les place pas autrement que
Pline, /. 6. p. 2; 2 & 258. Il ajoute même que ces
ifles 6c quelques autres étoient des parties du conti-
nent ; donc elles en dévoient être fort proches , 6c ainfi
ces Oenotrides ne peuvent être les ifles de Ponza cx'd'ls-
chia que nous connoiffons.
OF NOTRIE , nom donné à la partie de l'Italie, habi-
tée par les Arcadiens qu'Ocnouiisy avoit amenés comme
OES
on voit dans l'article précédent. Sewius expliquant
«s vers de Virgile , JEneid. I. 7. v. %$.
Hinc ItaU Gentes omnisque Oenotria Tellus ,
In dubiis responja petunt.
fait cette remarque : L'Oenorrie eft proprement la terre
des Sabins , à caufe du roi Oenotrius. Denys d'Halicar-
nafle, plus favant que ce grammairien , donne bien plus
d'étendue à l'Oenotrie , comme on peut voir dans l'ar-
ticle Oenotrie.
OENS1S , fiége épiscopal d'Afrique , dans la Tripoli-
laine. Voyez. Oeensis qui eft le vrai nom. Voyez, auflï
NlCENSIS.
OENUNIA.Koyec Sinunia.
OENUNS , rivière du Péloponnèfe, auprès de Sparte
& de Salafic. Polybe 8c Tite-Liveenfont mention. Voyez.
Babyce.
OENUS. Quelques-uns écrivent vEnus , nom latin
de I'Inn, rivière d'Allemagne. Voyez. Inn. L'ancien pont
fur l'Inn ,Oeni-Valus . s'appelle en allemand Inthal ,
& la ville qui eiî fituée à fon embouchure dans le Da-
nube, fe nomme Instadt, en latin Oenopolis , ou
en latin barbare OenÏstadium. Vtycz. Oenipons, ln-
fpruck, Instadt, &c.
Le nom d'Oeaus eft diverfement écrit par les anciens:
car outre I'/Enus d'Antonin &1'Enus de la table de Peu-
tinger , on trouve Henus dans Arrien , Hinus dans Paul
le Diacre , & Aventin croit que I'Atesinus de Strabon
eft cette rivière. Cette remarque eft d'Ortelius.
1. OENUSSA , ifle fur la côte de l'Afie mineure,
félon Etienne le géographe. Hérodote, /. 1. «° 165. &
Pline, /. j. c. 31. en font auffi mention. Elle croit voi-
fine de l'ifle de Chio. Son nom marque la bonté de fon
vignoble.
2. OENUSSA , l'un des anciens noms de Carthage.
Voyez. Carthage.
OENUSS/E. Pline , /. 4. c . 1 2. nomme ainfi trois ifles
qu'il place vis-à-vis de Meflene. Paufanias, /. 4. c. 34.
parle auffi d'OENUsSiî , mais il n'en fait qu'une ifle voi-
fine du promontoire Acritas. Pomponius Mêla, /. i.c.
7. dir de même , mais au fingulier. Cythera contra Ma-
leam, Oennja & Theganufa contra Acritam. Il n'y avoit
proprement qu'une ifle qui méritât ce nom , Si c'eft au-
jourd'hui Carpe ra. C'eft la plus grande , les autres ne
font que des écueils.
OEOS, petite bourgade, dans la dépendance de Te-
gée. Eschyle en parle dans un de fçs po'émes qui n'exi-
fte plus. Ortelius demande avec raifon de quelle Te-
gée ? Car il n'y en avoit pas pour une feule.
OEPOLIUM. Voyez. iEponuM.
OEROA , petite ifle de Grèce ; elle eft formée , dit
Hérodote , in Calliope. par la rivière d'Afopus & par la
fontaine de Gargaphie.
OEROANDA. Voyez. Oenoanda , Se Oroanda.
OESCA. Voyez. Osca.
OESCUS , ancienne ville de la Baffe-Mœfie. La noti-
ce de l'Empire , fetl. 31. dit : Sous le département du
commandant de la Dacie Ripenfe, Auxilium Marienfium
Oesco. Ptolomée met dans la Baffe-Mœfie , auprès du
Danube Oescus Triballorum. L'itinéraire d'Antonin
la nomme Escon.Legi. Mag. Simler dit qu'il faut lire Le-
gio I. Macédonien. Procope, JEdifc. I. 4. c. 6. parle d'une
place éloignée du Danube , nommée Iscos ; & fortifiée
par Juftinien ; ce ne fauroit être l'Oescus des anciens qui
étoitprèsdu Danube ; mais outre la ville d'Oescus, il
y avoit une rivière de même nom qui a pu donner le
nom au fort de Juftinien. Le nom ancien de cette ri-
vière eft bien reconnoiflablc dans celui d'Ischa ou Isca
qu'elle conferve encore à préfent.EIlceft nommée Escus ,
dans la carte de Peutinger. Pline, /. 3. c. 20. qui la.
nomme Oescus, dir qu'elle a fa fource dans le mont Rho-
dope. Ortelius foupçonne que c'eft peut-être le Cius
d'Hérodote.
OESEL , prononcez Oeufel, ifle de la mer Baltique ,
fur la côte de la Livonie , & particulièrement de l'E-
fthonie dont elle relevé. On la nomme en latin Oftlta ;
elle eft devant le golfe de Riga , & n'eft feparée de
l'ifle de Daghoé que par un détroit d'un mille de lar-
geur. Les Danois l'ont poffédée jusqu'à l'an 164; ,
OES 6if
qu'ils la cédèrent à la Suéde par le traité deBromfebroe
Elle a fuivi le fort de la Livonie dans les conquêtes de
Pierre le Grand , empereur de Ruffie.
OESFELD ou Ossfeld , petite ville de Saxe , dans
la Baffe-Saxe , aux confins du duché de Brunswick & du
duché de Magdcbourg ; partie dans l'un & partie dans
l'autre. Elle eft fituée fur l'Aller. * Zeyler , infer. Sax.
Top. p. 191.
GESPORIS ou Isporis , félon les différens exem-
plaires de Ptolomée , ancjgfnnc ville de l'Afrique pro-
pre. Marmol croit que le nom moderne eft Sibaca.
OESTERREICH. Les Allemands appellent ainfi 1' Au-
triche en leur langue.
OESTROS. C'eft ainfi qu'Ortelius a lu dans Pompo-
nius Mêla le nom d'une rivière de Pamphylie ; maison
lit préfentement dans cet auteur, /. 1. c. 14. Cestros.
On peut voir l'obfervation d'Ifaac Voffius fur ce nom.
OESTRYMNICUS SINUS.
OESTRYMN1DES INSUL^.
OESTRYMNIS PROMONTORIUM.
Comme ces lieux ne font connus que de Fefhis Avie-
nus , le feul des anciens qui en ait parlé que je fachc,
il faut rapporter ici ce qu'il en dit dans le poeme ou il
décrit la côte de la mer. Après avoir parlé du détroit ,
des colomnes d'Hercules , de la ville de Gaddir , nom-
mée autrefois Tarteffus , il ajoute , Ora Marit. verf.
90.
Et prominentis hic jugifurgit caput,
( Ocftrymmn iftud dixit œvum antiquius , )
Moles que ce If a faxei faftigii ,
Iota in tepemem maxime vergit notum.
Voilà pour le promontoire; c'eft une montagne donc
le fommet eft de roche , ôc dont la pente eft tournée du
côté du midi. Voici pour le golfe ;
Sub hujus autem prominentis vertice ,
Sinus dehiicit incolis Oeftrymnicus.
Voilà pour le golfe , qui commence à ce promontoire.
Voici pour les ifles qui font dans ce golfe, & pour les
peuples qui les habitent ;
In quo infulafefe exerunt Oeftrymnides ,
Laxè jacentes , & métallo divites ,
Stanni atque Tlumbi. Multa vis hiegentis eft,
Superbus animas , efficax folertia ;
Ncgotiandi cura jugis omnibus ;
Novisque Cymbis turbidum latè fretum ,
Et bclluofi gurçitcm Oceanifecant.
Non hi carinas quippe puni texere
Aureve norunt , non abiete , ut ufus eft ,
Curvant fafelos :fed rei ad miraculum ,
N-ivigia \unïlis femper aptant pellibuf ,
Corioque vaftum fœpe percurruntfalum.
Ajl hinc duobus in Sacram , (fie inj niant
Dixere pris ci ) Solibus curfus rati eft.
Ujx inter undas Ceipitem multum jacitt
Eumque latè gens Hibernorum colit ,
Tropinqua rurfus infitla Albionum patet.
Ta> tejjiisque in terminos Otftrymnidum ,
Ncgotiandi moserat, Carthaginis
Etiam Coloni , & vulgus , inter Herculis
A gitans Columnas h&c adibant aquora , Sic.
Ces ifles étoient riches en métaux , principalement en
plomb ik en ctain. Cela rcffemble bien à l'idée que les
anciens ont eue des ifles Caffiterides. L'Irlande & l'An-
gleterre qui viennent enfuite , confirment de plus en
plus la conjecture d'Ortelius qui croit que ce golfe eft le
golfe de France. A l'égard du naturel àes peuples , on
n'en peut faire aucune comparaifon avec l'état préfenr.
Le mélange des divers peuples qui fe font établis dans
ces ifles , a dû faire un grand changement dans les mœurs.
Il eft naturel que des Infulaires foient de bons hommes
de mer. Quant à leurs bateaux de cuir , on remarque
par l'exemple des Eskimaux & des autres peuples fau-
vages de l'Amérique , que l'ufage des canots de cuir eft
une invention affez commune.
j6m.iV. LUI ij
6$6 OET
OFF
OESYMA , ville maritime de la Macédoine , dans les
conquêtes faites fur la Thrace , entre le Strymon Se le
Neftus. Pline, /. 4. c. 1 1. Pcolomée , /. 3. c. 13. Se Scy-
lax , p. 2.6. en font mention. C'eft la même que IVEsymé
d'Etienne le géographe.
OETA , longue chaîne de montagnes dans la Grèce,
qu'elle traverfe depuis le pas des Thermopyles, jusqu'au
golfe d'Ambracie , félon le P. Hardouin , qui fuit en
cela Strabon » & joinr l'Oeta avec le Pinde. L'Oeta com-
mence aux Thermopyles, au bord du golfe Maliaque ,
court d'orient en occident , au nord des Locres Epicne-
midiens, de la Doride, la fépare au couchant d'avec le
peuple Agruà ; traverfe enfuite l'Etolie le long de l'Eve-
nus , Se va le terminer avec elle dans la mer, auprès
des ifles Echinades. Sophien dit que le nom moderne
eft Bunina. La fable a dit qu'Hercule s'étoit brûlé fur
I'Oeta : auffi le peuple , qui habitoir au pied de cette
montagne , avoit-il un culte particulier pour ce héros.
Voyez. Thermopyles.
OETENSII , peuples de la Baffe Myfie , félon Pto-
loméc, /. 3. c. 10.
. OETES. Etienne le géographe nomme ainfi le
mont Oeta. On lit à préfent Oeté , O/V», dans cet auteur.
z. OETES, ville de Grèce, auprès delà montagne
de même nom , félon Antonius Liberalis , qui dit qu'elle
eut pour fondateur Amphiffus, fils de la nymphe Drio-
pe. Ortelius dir que Diodore nomme auffi cette ville.
1. OETING ou Oetingen , ville d'Allemagne,
dans la Haute-Bavière , fous la jurisdiclion de Burck-
haufen. Elle a elle-même une jurisdiction qui comprend
le bourg de Tisfling , un monaftere , deux châteaux ,
fept maifons de nobleffe , huit lieux où l'on tient mar-
ché , Se quelques villages. Elle eft fituée fur l'Inn , au-
deffus de fon confluent avec la Saltgach. Quelques-uns
croient que c'eft le pont de l'Inn , connu chez les an-
ciens fous le nom A'Oeni-Pons. Cette ville eft avanta-
geufement fituée pour la chaffe & pour la pêche, Se a
été long-tems la réfidence des rois Se des ducs de Baviè-
re, Se même les princes de l'Empire s'y font fouvent
affemblés à caufe des irruptions des Huns Se des Hon-
grois. Le nom d'Otting vient , dit-on , d'UTo ou Oto ,
duc de- Bavière, fils de ThéodonH, qui y établit fon
fiége , Se à caufe duquel elle fut nommée Huodingen ou
Ottingen. Welfer n'eft pas de ce fentimenr. Au milieu
de l'égliie de iaint Philippe Se de faint Jacques , où «toit
la fépulture des princes, faint Rupert y baptifa Die-
then , fils d'Otton le Grand , duc de Bavière. L'églife que
ce prince bâtit auprès de fon palais, confacréeà Jefus-
Chrift & à la Vierge, eft appellée la. vieille chapelle.
Quelques-uns en attribuent la fondation à Charlema-
gne. Les Jéfuites commencèrent en 1591 un établiffe-
ment auprès de cette chapelle , & en i6o5 le duc Ma-
ximilien les y affermit Se les logea. Les Hongrois ont
autrefois brûlé l'ancienne Oetingen jusqu'à cette ancien-
ne chapelle, où il fe fait beaucoup de pèlerinages. Le
fauxbourg devint une ville, qui eft la Nouvelle Ot-
tingen fur l'Inn, à demi heure de chemin de I'an-
cienne , qui eft à un quart de mille de cette rivière.
Ce changement arriva en 907. Carloman , roi de Ba-
vière Se d'Italie , bâtit à Oetingen , en 876 , un monaftere
de Bénédictins, auquel il donna des biens , tant en Ita-
lie qu'en Allemagne : il y fit apporter quantité de re-
liques -, entre autres de faint Maximilien, de fainte
Félicité & un bras de faint Philippe. L'an 1*28 le duc
Louis de Bavière fonda un chapitre de douze chanoines,
avec un doyen Se un prévôt. L'ancienne Oetingen n'eft
plus qu'un bourg; il y a la collégiale de Saint Philippe
Se de Saint Jacques. Ces lieux font du diocèfe de Saltz-
bourg. L'empereur Arnolphe remporta en cet endroit
une victoire fur les Hongrois.
L'ancienne a aux environs une belle plaine de terre
a grain. C'eft un lieu ouvert , qui n'eft ni ville , ni bourg
ni village. L'églife de faint Philippe, les maifons du
doyen , du prévôt Se des chanoines, Se celle de l'arche-
vêque de Saltzbourg en font un affez beau lieu. La
chapelle &: l'image miraculeufe que l'on y garde , y at-
tire quantité de pèlerins , Se font ornées de tant d'of-
frandes , qu'on appelle cette églife la Lorette d'Alle-
magne , à caufe du tréfor & du concours de ceux qui
y viennent.
La nouvelle eft bien bâtie , fermée de murailles. Il
n'y a point de monaftere, mais il y a d'affez belles
paroiiles.
2. OETINGEN , ville, château, comté & princi-
pauté d'Allemagne , dans la Suabe. Le château a été
depuis long-tems la réfidence des comtes d'Oetingen (a).
Les biens de cette maifon font partagés en deux bran-
ches , dont l'une eft des ptinces d'Oetingen , & l'autre
ne prend que la qualité de comtes d Oetingen. Les prin-
ces d'Oetingen font Luthériens, les comtes font Catho-
liques. La ville d'Oetingen eft affez jolie fur la rive
droite du Wernitz , Se n'eft qu'à deux milles de Nord-
lingen. Wallerstein , qui appartient auffi à cette mai-
fon , eft peu de chofe.
L'érection de ce comté (b) en principauté eft de l'an
1574. ia) Hubner3Géogï. p. 417. (b) Baudrand , éd.
1705.
OETMARSEN , prononcez Outmarsen , ville des
Provinces Unies des Pays-Bas dans l'Overiffel, dans le
pays de Twent , proche du comté de Benthem. *Vitt.
géogr. des Pays-Bas.
OETUS VICUS , village du Péloponnèfe , dans la
Laconie. Diogene Laè'rce en parle à l'occafion de My-
fon le philofophe , qui en étoit originaire par fon père.
Voyez.. Oeetis.
OETYLUS, Voyez. Tylus.
OEUIL ( V ) , rivière de France, dans le Bourbonnois.
Elle a fept eu huit fources entre Mont-Luçon, Mont-
Meraut Se le Montet-aux Moines, aux villages de Cham-
blet , Commenta , Colombier , Hids , Saint Preject ,
Sazeret , Chavenon Se au bourg de Montet : tous ces
ruiffeaux fe réunifient peu à peu , Se forment au-deflbus
de Cosne une feule rivière qui paffe à Heriffon Se à
Meaule; elle fe perd dans le Cher à Valifini , aux
confins du Berri. * Jaillot , Atlas.
OEUM. Voyez, Oium.
OE^ENIS , ancien nom de Trebizonde, félon Etien-
ne le géographe. Voyez. Trapezus.
OFANTE (L'), ouI'Offante, Auf.dus , riviè-
re du royaume de Naples. Elle fort de l'Apennin qu'elle
traverfe d'occident en orient. Elle a fa principale fource
dans la Principauté Ultérieure , auprès de Nusco& de
Sant Angelo, dans les mêmes montagnes qui produifent
laSabata ;de-làelle paffe à Conza, remonte vers le nord,
coule à Monte-Verde, Se un peu au-deffus elle fe courbe
vers l'orient , coule au midi de la Capitanate , qu'elle
fépare de la Bafilicatc Se de la Terre de Bari ; arrofe dans
cette dernière Canofa, & va fe perdre dans la mer
Adriatique au golfe de Manfredonia , entre Salpé Se
Barlette. Il y a à fon embouchure une tour nommée
Torre di Ofanto. * Jaillot , Atlas.
OFEN ou Offen. Voyez. Bude.
OFFELD. Voyez, Oesfeld.
OFFEMBACH , petite ville ou bourg d'Allemagne,
dans la Franconie , fur le bord méridional du Meyn ,
à une lieue Se demie au-deffus de Francfort, félon Bau-
drand , éd. 170; , qui ajoute que le comte d'Ifenbourg,
à qui elle appartient , y. fait ordinairement fa demeure.
OFFENBURG, ville impériale d'Allemagne, au cercle
de Suabe dans l'Ortnaw , ou, pour parler comme Zeyler,
Suev. topogr.p. 60. dans le Mordnaw. On prétend qu'el-
le prend fon nom d'un nommé Offon , qui bâtit une
cellule auprès de la rivière de Schutter. Ce lieu, qui de-
vint un monaftere, fut nommé Offonis Cella , Se la
ferme du monaftere fut nommée Offonis Villa , Se
communément Offonis Villare, en allemand Of-
fen Weiller. Ce même Offon bârit auffi la ville d'Of-
fenbourg fur le Kintzig , à un mille d'Offenzell , Se ce
lieu fut nommé Offonis Pyrgum, d'où eft venu Of-
fenburg, qui en eft le nom moderne. On a voulu dire
que cet Offon, qui vint en ce pays, vers l'an 605 , étoit un
prince du fang royal d'Angleterre , Se que le roi d'Au-
ftrafie le mit en cette contrée. On a encore d'anciennes
monnoies qui portent le nom à'Offènburge r , ou de de-
niers anglois ( Englisch Pfennïng : ) on en trouva un. bon
nombre, l'an 15 26, lorsqu'on démolit à Strafbourg le
cloître de Sainte Claire. Cette ville eft petite, mais affez
joliment bâtie , à deux milles de Strafbourg. On y pro-
feffe la religion Catholique. L'églife, la chapelle, qui
eft auprès de l'hôpital Se l'hôtel de ville font des chofes
OGE
«jni méritent d'être vues , au rapport de Zeyler. Cette
ville fut engagée par l'Empire, partie à l'églife de Stra-
sbourg , partie au Markgrave de Baden , & enfuite ra-
chetée des mains de l'évêque , à qui on dit qu'elle ap-
partenoit encore, auflï bien que Gegenbach en 1418.
Baudrand dit que cette ville avoit un ancien château , 6c
qu'elle étoit allez forte ; mais qu'elle fut prife 6c presque
ruinée par les François en 1689.
OFFENWEILLER 6c OFFENZELL. Voyez, l'article
précédent.
OFFER. Voyez Offra.
OFFIDA , bourg 8c château d'Italie , dans l'Etat de
PEglife,dans la Marche d'Ancone , vers les frontières du
royaume de Naplescx: de l'Abruzze Ultérieure, & proche
de la rivière du Tronto, entre Ascoli & Ripa-Ti anfone, à
cinq lieues deFermoau midi, félon Baudrand, édit. 1705.
OFFIDIUM , montagne d'Italie. Le nom moderne
eft Bazzano. C'eft où vécut fainte Juftine , félon Scipion
Mazellâ , dans fa defeription du Royaume de Naples.
OFFRA , place d'Afrique , dans la Guinée , au midi de
la rivière de Popo , fur la côte au royaume d'Ardres ,
environ à cinq lieues du bord de la mer, 6c à feptd'Affem
ou Arda, capitale de ce royaume. Bien des gens con-
fondent Jaquin avec Offra, 6c ils n'ont pas tour- à-fait
tort, (dit le chevalier des Marchais, dans fon voyage
publié parle P.Labat, voyage de Guinée, &c. t. i.p.
284. ) car ces deux lieux font très-voifins , 6c la ville
d'Offra s'étant extrêmement augmentée depuis cinquante
à foixante ans , elles fe font trouvées unies , 6c ne faire
qu'une ville , que les Européens nomment indifférem-
ment Offra ou Jaquin » 8c plus communément Ja-
quin qu'OFFRA. C'eft dans cette ville que demeure or-
dinairement le viceroi du royaume , 6c où les Européens,
qui trafiquent ordinairement dans le pays,- ont leurs
comptoirs 8c leurs magafins ; mais les rois d'Ardres
n'ont pas voulu- permettre à aucune des nations Euro-
péennes de bâtir des forts, de crainte qu'ils ne fe ren-
diffent maîtres du pays.
" OFFRAN VILLE, bourg de France, dans la Haute
Normandie, au pays de Caux , élection d'Arqués.
OFICA, petite ifle de l'Océan oriental , entre les ifles
de Firando 8c de Goto , au Japon.
OFITANUS, fiége épiscopal d'Afrique, dans la pro-
vince proconfulaire. Parmi les évêques de ce lieu , ou
trouve FortuniusOfitanus.* Harduin. coWzâ.. conc.
OGALIBA, ou félon d'autres exemplaires de Ptolo-
mée. /. 7. c. 4. Galiba extrema , promontoire de l'ifle
deTaprobane, félon cet auteur. Les cattes dreffées d'a-
près ces tables en font une ville. Ortelius préfère Gali-
ba à Ogaliba, à caufe du peuple & des montagnes de
la même ifle , nommés par Ptolomée Galibi. Ce der-
nier y met la fource de deux rivières , appelléesle Phafe
6c le Gange , qui coulent dans la Taprobane.
OGARA, province d'Afrique, dans l'Ethiopie, au
nord-eft de Gondar , 6c féparée de celle de Siry par la
rivière de Tekefel. Les chaleurs font plus fupportables
dans cette province que dans les autres parties de l'E-
thiopie , à caufe des montagnes qui y font en grand
nombre. * M. Poncet, voyage d'Ethiopie.
Il y a fur ces montagnes une fi grande quantité de
maifons, qu'il femble que ce foit une ville continuelle.
Elles font bâties en rond: le toît , dont la figure reffem-
ble à celle d'un entonnoir renverfé , eft de jonc , 6c
appuyé fur des murailles qui s'élèvent à dix ou douze
pieds de terre. L'intérieur des maifons eft propre, 6c
orné de cannes d'Indes rangées avec art. On trouve de
tous côtés des marchés où l'on vend toutes fottes de den-
rées 6c de bétail ; l'on voit par tout un monde infini.
* Le même.
OGDMMl ,'Oyfa.iju.ot , peuple ancien dans la partie
méridionale du Nome de la Libye , félon Ptolomée ,
/. 4. c j. Il étoit voifin des Buzcs &des Adyrmachires.
OGDAMUS. Voyez, Oglamus.
OGE. Les Portugais nomment ainfi le royaume de
Wed , pays de l'Abyifinie envahi par les Galles.
OGERSHEIM, petite ville d'Allemagne, dans le Bas-
Palatinat du Rhin , entre Manheim 8c Franckendal. Elle
s'appelloit Agredf.sheim du tems de Charlemagne , au
rapport de Freher, dans fes origines Palatines, z.part. c.
1 j./è/. 64. L'an 1644, les Espagnols, qui occupoient
OGN 637
alors Franckendal , manquant de bois , démolirent cette
ville, n'y laifferent que quelques maifons , & emportè-
rent le bois dans leur garnifon, au rapport de Zeyler f
qui déplore la ruine de cette petite ville. Quelques-uns
veulent que ce foit l'ancienne Borbetomagus, que d'au-
tres cependant placent à Worms.
OGIA , petite ifle de France , quelque part fur la côte
de Guienne (a). Il en eft parlé dans la vie de S. Amand ,
où l'on dit qu'elle eft à quarante milles du rivage. Il en
eft auffi parlé dans la vie de S. Landoald. On croit que
c'eft l'ifle d'OYE {b) au pays d'AuNis. {a) Ortelius , Thef,
(b) Cor». Did.
OGLAMUS ou Ogdamus , fclon les divers exem-
plaires de Ptolomée, /. 4. c. j. montagne de la Libye,
Ce qui me fait croire que la féconde manière de lire
eft la meilleure , c'eft que le peuple Ogd^mi habi-
toit cette montagne.
OGLASA , ifle de la Méditerranée, félon Pline , /„
3. c.6. Il parok par la fituation qu'il lui donne, que
c'eft Monte Christo, où vivoient autrefois les moines
à qui S. Grégoire écrivoit , /. 1. ep. 9.
OGLIO (L') , Ollius , rivière d'Italie , dans la Lom-
bardie. Elle a fa fource au Breffan , dans fa partie la plus
leptentrionale, aux confins des Grifons &duTrentin,
d'où, ferpentant par le Breffan, vers le midi occidental, elle
reçoit divers ruiffeaux des deux côtés , paffe à Ponte di
Legno , à'Edolo, reçoit le Rino 6c la Sanazara, baigne
Capo di Ponte 8c Breno , reçoit la Palobia au<1effus de
ce lieu 6c la Laneca au-deffous, vis-à-vis du bourg de la
Civeda 5 plus bas elle fe charge de la Grigna , du Ri &
duDerzo, entre dans la partie feptentrionale dulacd'Ifeo;
en fort au midi occidental auprès de Calepio , baigne
Palazzuolo , fe groflît d'une rivière qui lui apporte le»
eaux du lac Spino , coule fous Ponte d'Oglio , arrive
à Calzo , où elle commence à fe partager en plufieurs
branches, qui fe rejoignent , fe divifent 6c fe réuniffenc
de nouveau dans le Crémonèfe. L'antre branche , qui
elt proprement l'Oglio, coule entre cette province 6c le
Breffan, reçoit du nord quantité de rivières, dont les
principales font la Mêla , la Chiefa & le Navilio , quitte
enfin le Breffan pour couler quelque tems entre le Cré-
monèfe 6c le Mantouan , qu'elle traverfe enfuite après y
avoir baigné Canette. Elle s'y perd dans le Pô au couchanc
de Borgoforre. Les autres places qui font fur l'Oglio, font
Orago , Rudiano , Orci Vecchi , Orci Nuovi 6c Ponte
Vico dans le Breffan , Oftiano dans h principauté de Boz-
zolo » Soncino 8c Cartel Visconte dans le Crémonèfe.
OGNATE, les Espagnols écrivent Onate , petite
ville d'Espagne , dans la Biscaye. L'abbé de Vayrac , Etat
■préfent de l' Espagne , i. 3. p. 137. /. j. en parle ainfi:
Ognate eft une ville allez confidérable dans la province
de Guipuscoa, laquelle eft poffédée depuis plufieurs fié-
clés par l'illuftre& ancienne maifon de Guevarra. D. P.
Vêlez de Guevarra en fut créé comte par Henri IV, roi
de Caltille , félon le fentiment de D. Louis de Salazar
de Caliro. D'autres difent que D. Inic, fon frère 8c fuc-
cefleur , fut le premier revêtu de cette dignité en 1469.
Quoi qu'il en (bit, ce comté s'eft confervé dans la pofté-
rité de D. Inic jusqu'à prêtent, avec les prérogatives de
la grandeffe : car quoiqu'il foit tombé deux fois en
quenouille; favoir, en IJ93, après la mort de D. Pedro
Vêlez Ladron de Guevarra, quatrième comte d'Ognate,
&en 165S, par celle de D. Inic Vêlez, huitième comte,
l'un 8c l'autre n'ayant laiffé que des filles , il ne fortit
pourtant pas de la famille de Guevarra , parce que les
héritières de cet état furent mariées avec leurs plus pro-
ches parens, qui d'ailleurs étoient à portée de leur dis-
puter la fucceifion au Mayoraz.z.0 de leur maifon. Bau-
drand dit qu'il y a un collège fondé en 1543 par Ro-
drigue de Mercado , évêque d'Avila , natif d'Ognate.
Corneille en fait une académie.
OGNI , village des Pays-Bas, fut la Sambre , au comté
de Namur. C'eft la même chofe qu'OiGNiEs. Voyez.
l'article fuivant.
1. OGNIESouOignies, village des Pays-Bas, fur la
Sambre , à quatre ou cinq lieues de Namur vers le cou-
chant. C'eit le lieu où une fainte fille , nommée Marie,
fe retira pour être reclufe après avoir quitté fa folitude
de Villebroucq près de Nivelle , 8c où , après avoir long-
temsvécuprès l'églife de S.Nicolas, clic mourut en odeur
638 OGY
de fainteté le 25 Juin l'an 1203. Gazet die qu'on y
bâtie depuis un monaftere de chanoines réguliers. Ce lieu
étoit anciennement de l'évêché de Liège , mais il eft pré-
fentement de celui de Namur. Cette abbaye fut fondée
en 1192 par un faint prêtre,nommé Gilles de Walcoiut.
Entre les perfonnes que la réputation de Sainte Marie
d'Oignies y attira, le plus célèbre fut Jacques de Vitri ,
docteur de Paris , qui s'y fit chanoine régulier , qui de-
vint par la fuite cardinal. On y voit dans le tréfor fa
discipline , fon miffel , fon pontifical, fa croffe d'yvoiie
& deux de fes mitres, dont une eft de parchemin, &
les reliques qu'il y envoya d'Italie. Son tombeau eft en
marbre noir dans le fan&uahe. Le corps de Ste Marie
eft dans une très-belle chaûe d'argent. On y voit aufli
fon couteau & fa chemife de laine , en laquelle les fem-
mes ont grande confiance dans le tems de leur accouche-
ment , au rapport de Gazer. * Notes vianufcrues de
Lebcuf.
2. OGNIES , Seigneurie de France, en Artois, dans
le voifinage d'Efpinoi , à trois grandes lieues de Lens, fur
les confins de la Flandre. Ditt. géogr. des Pays-Bas.
OGRYLL1S. Voyez. Olbia i.
OGUELA , beau bourg & château de Portugal, dans
la province d'Alentejo aux confins de l'Eftrcmadure .
entre Campo Mayor de Alegrette , & à l'orient de ces
deux places, fur une haute montagne, au pied de laquelle
coule la Chevora. On y voit une fontaine merveilleufe
qui tue tous les animaux qu'on y jette , à la réferve des
grenouilles , .5c dont l'eau , quoiqu'échauftée par le feu ,
ne peut cuire , ni la chair, ni les légumes. * Délices ae
l'Espagne C7" du Portugal, p. 791.
OGURZA , piovincc particulière du pays de Cha-
rafen , firuée vers le rivage de la mer Caspienne. Elle
étoit fort fertile autrefois, lorsque le bras feptentrionale
de la rivière d'Amn la traverfoit encore, pour venir
fe dégorger de ce côté dans la mer Caspienne : mais
depuis qu'il a pris un autre cours , cette province n'eft
plus qu'un défert , parce qu'elle eft dépourvue de Peau
qui lui eft néceflaire pour arrofer fes terres. C'eft de la
grande quantité de concombres qu'elle produifoit , qu'el-
le a pris fon nom ; carlemotOgurza veut dite un con-
combre , en tartare comme en rulTe. * H fi. généalogique
des Tatars , p. 54J.
1. OGYGIA , grande ville de Thrace , fur le mont
Hemus. Nicetas & Cédrène en font mention , félon
Ortelius , Thefaur.
1. OGYGIA. C'eft ainfi qu'Homère dans l'Odyffée ,
nomme l'ifle de Calypfo. Hefyche dit de même Ogy-
gie, nom de l'ifle de Calypfo. Pline, /. 3. c. 10. par-
lant du promontoire Lacynium ( Capo délie Colonne )
dit: Devant la côte, à dix milles du continent ,eft Fifie
des gémeaux Caftor & Pollux,& une autre, favoir ,
l'ifle de Calypfo qu'Homère a nommée Ogygie, à ce
qu'on croit-, outre cela Tiris , Erantifa &.' Mélocfia. Ces
ifles que Pline nomme ici , font ou couvertes d'eau , ou
tellement diminuées, qu'on n'en fait plus mention. Voyez.
au mot Calypso.
3. OGYGIA, autre ifle de la Méditerranée, entre
la mer de Phœnicie & celle de Syrie, félon un moderne
qui cite le troifiéme livre de Vairon , de re Rufiica ,
& qui eft lui-même cité par Ortelius.
4. OGYGIA , ancien nom de I'Attique , félon Etien-
ne le géopgraphe.
5. OCYGIA. On a aufli anciennement donné ce
nom àl'EGVPTE, félon le même.
6. OGYGIA. Cet auteur l'attribue aufli à la Béotie.
7. OGYGIA. Plutarque femble décrire fous ce nom
l'Irlande dans fon opuscule d'un vifage fur le disque
de la lune.
8. OGYCIA , ancien nom de la Lycie , félon Etien-
ne le géographe.
9. OGYGIA, furnom de l'ifle Thassus, dans l'Ar-
chipel , fur la côte de Thrace.
10. OGYGIA , furnom de Thébes , félon l'auteur
du poé'me fur l'Etna , attribué à Virgile.
Nunc juvat Ogygiis circttmdata mœnia Thebis ,
Cerner eque hic fratres , 6cc. v. $70.
Rien n'eft plus fameux dans l'antiquité que le déluge
OHI
d'Ogyges. C'eft le nom d'un roi de Thebes antérieur à
l'arrivée des Phœniciens dans ce pays. Paufanias , in
Bcotic. dit : On dit que les premiers habitans du ter-
ritoire de Thébes étoient les Eéténes , &: qu'ils avoient
pour roi un homme né dans le pays nommé Ogyge ,
Cv' que c'eft de lui que beaucoup de poètes ont donné
à Thébes le furnom d'Ogygienne.
OGYG1ANUM , colonie Toscane, félon les fragmens
attribués à Caton. * Ortelii Thef.
OGYG1US ou Ogyus mon s , montagne fabuleufe
dont parle Strabon.
OGYLOS. Voyez. ./Egiaue. Etienne le géographe
femble lui donner ce nom.
OGYRIS , ifle de la mer des Indes. Pline , /. 6.
c. 28. dit qu'elle eft en pleine mer , & qu'elle eft fa-
meufe par le roi Erythras, qui y a fon tombeau, & qu'el-
le eft à cent vingt milles du continent. Denys le Pe-
riégete ëc fes deux paraphraftes parlent conformément.
Feftus Avienus , v. 8oj. dit :
Oçyris in de falo promit caput , aspera ritpes ,
Carmanides quaje pelagi procid invehit undas ,
Régis Erythrxi tcllus hxc notafcpuLhro ,
Per ficus hine œfius fautes' hiat.
Priscien dit dans fa périegèfe , v. 604.
V Itérais pergas, fipofl Carmanida fummam ,
Ogyris occurrat : qua dicitur tjpjqulchrum,
Régis Erythrœi; dederat qui nomma porno ,
Perficus inde Sinus penctratur.
Denis le Periégete , v. 6c6. avoit dit plus Ample-
ment : Plus loin au-delà du promontoire de la Car;na-
nie , vous avez l'ifle d'Ogyris où eft le tombeau du roi
Erythre, de-là vous panerez à i'entrée de la mer de Pcr-
fe. Cette fituation avoit fait croire à quelques-uns que
cette ifle doit être celle d'Ormus,mais Or mu s ne convient
pas aux marques données par ces auteurs. Ogyris eft en
pleine mer , félon Pline , de-là on palïe au détroit du
golfe Perfique , félon Denis ; on ne peut pas dire cela
d'Ormus , qui eft dans le détroit même. Le P. Har-
douin qui a bien vu qu'Ormus ne pouvoir être Ogyris,
a été chercher l'ifle de Mazira fur la côte d'Arabie ,
en quoi il fe trompe -, car en venant du cap de Carama-
nie faudroit-il pafler devant l'embouchure du golfe, cou-
rir une centaine de lieues pour trouver cette ifle fur la
côte d'Arabie, & revenir d'autant fur fes pas pour fe
rapprocher du golfe ? A la vérité il eft pius aifé de dire ,
queile ifle ce n'eft pas , que de la trouver.
OGYS. Jofephe , Antiq. I. 1 . c. 11. dit : Abraham de-
meuroit alors aux environs du chêne d'Ogys ; c'eft le nom
d'un champ peu éloigné de la ville d'tkbron. Voyez.
les articles Luza Se Mambré.
OGYUS. Voyez Ogvgius.
OHAN , pays fitué dans le Petcheli , proche la gran-
de muraille de la Chine. Il n'eft guère h..bité que fur
les bords du Narkonipiia, dans les endroits où cette
rivière reçoit quelques petits ruifleaux , tels que Chaka-
kol ou Chalan-kol , qui donne fon nom au village de
Chakakol Kaïan. On voit de ce côté , à 41 deg. 15 m.
de lat. lc<; ruines d'une ville , qui fe notnmoir Orpan , ou
Kurban Subharan-Hotun , fur la petite rivière de Nucha-
ka , qui fe jette dans celle de Talenho. Le terroir de ce
pays eft fablonneux & nitreux. Il eft cependant entremê-
lé de petites montagnes buiflbnneufes , qui fourniflfenc
du bois à chauffer, & qui font remplies de gibier, fur-
tout de cailles , qui volent , fans frayeur entre les jam-
bes des paflans. Il eft très-froid. * Hift. générale dts
Huns par de Guiaes , t. 4 p. 2 3 7.
OHIO (L') , grande rivière de l'Amérique fepren-
trionalc , dans la nouvelle France. Elle eft ainfi nom-
mée par les Iroquois, & par les aunes peuples qu'el-
le arrofe, ôc ce nom marque fa beauté. Elle a fes
fources chez les Iroquois, à l'orient du lac Erié , tra-
verfe le pays où étoit la nation du Chat , Se, prcilnnt fon
cours vers l'occident méridional , elle baigne les Ton-
goria, reçoit une grande rivière , dont la fource eft voi-
fine du lac Erié , ôc qui coule chez les Miamis. Elle
prend alors le nom de rivière d'Ouabache ou de faiut
OïR
OIS 6zq
Jérôme, & coupe un défert de fix-vingt lieues, où les
Ilinois fonr la chaffe du bœuf ; fe groint encore de là
Rivière ces Chaouanons , ainii nommée par un
peuple qui en habitoit autrefois les bords ; Se enfin , ac-
crue par la rivière des Casquinambaux » elle fe perd
dans le Miflïfîipi , au pays nommé par les François la
Louïiïane. Voyez Ouabachs.
OJA , ville d'Afrique, dans le Zanguebar , à d;x-fcpt
lieues de Mclindc, fur un rivage ouvert Se fans défen-
fe, mais fermée du côté de la terre par un mur qui la
défend de l'invafipn des Caffres. Elle eft entre Mélin-
de au midi , Se Lamo au feptentrion* Le roi de Mé-
linde,en iro8 > fc voyant chagriné par les habitans
d'Oja , réclama le fecours des Portugais , qu'il avoit tou-
jours favorifés en Afrique. Triftan de Cunna parut de-
vant cette ville avec fix vaiffeaux ; malgré l'oppofition
des Maures , il entra dans la ville qu'il pilla Se brûla.
Elle fut brûlée avec tant de précipitation , qu'il périt
quelques Portugais dans les flammes. * Hiji. génêr, des
voyages , tom. i .
OÏARCO, village d'Espagne. Voyez. Olarso.
OIBO , ifle d'Afrique, fur la côte de Zanguebar ,
l'une des ifles de Quirimba(a). Elle n'eu pas fi grande
que celle qui donne le nom à toutes les autres (b) ,
mais l'air y eft plus tempéré Se beaucoup plus fain. On
y trouve des plus belles Se des meilleures fontaines du
monde , dont fon terroir eft arrofé. Les autres iiles voi-
fines n'ont ni port ni rade , parce que le plus profond
de tous les canaux qui les réparent , n'a pas trois pieds
de profondeur > lorsque l'eau eft baffe, (a) Corn. Dicl.
(b) De la Croix , Relat. de l'Afrique , t. 4.
OIDERIEGA ou Ondegue, ville d'Afrique , à l'ex-
trémité occidentale du royaume de Dambea dans i'Abis-
fmie. C'eft où Faciiidas fe retira avec fes troupes , à
caufe de la pefte. Des Jéfuites Se des Capucins y ont
fouffert la mort pour la foi Chrétienne. * Defcripc. de
f empire du Prête-Jean..
OIGNI Se OIGNïES. Voyez. Ogni & Ognils.
OIGNON (L'), rivière du Suntgaw. Elle prend fa
fource en deux endroits différens au fud ■ oueft des mon-
tagnes de Vosges : la première eft près de la fonderie,
au pied de la montagne de Giromagny. De la féconde
il fort on ruifleau , qui, traverfan't le val de Sc.rvance,
fe joint au bras que forme ia première fource, un peu
au-deffous de Scley. En Général , fou cours eft dirigé
au fud-cucft jusqu'à l'embouchure de la Linotte ; de-ià,
faifant un coude, dont la convexité regarde le fud eft,
elle tombe à Moncley , d'où cirant à l'oueft jusquà Ba-
lançon , au-delà duquel elle s'incline un peu an nord-
oueft, & fe jette dans la Saône vis-à-vis de Talenay. Cette
rivière a plus de trente lieues de cours. * Suplément au
raamifcrit de la bibliothèque de M. de Corberon , pre-
mier prcfldcr.t au confeil d'Alface.
OIGNY ,Ungiacum , abbaye d'hommes & de l'ordre de
Saint Auguftir', en France , au diocèfe d'Autun , à trois
lieues de l'abbaye de S. Seine , à une lieue de la fource
de la Seine & fur fes bords, dans un lieu affreux. Elle
fut fondée en 1106 par Gaudin de Bruismo& Adelin ,
fa femme, fous l'invocation de Notre-Dame , faint Lau-
rent é\r faint Nicolas. Ceux qui y demeurèrent d'abord ,
s'étoient propofé la vie éremhique , enfuite ils em-*
brafferent l'inllitut des chanoines réguliers. Leurs pre-
mières conftitutions font tirées delà régie de faint Be-
noît, où l'on s'étoit contenté de changer le mot Monachi
en celui de Canonku Dorn Marteneles trouva fort belles ;
il remarque en fon premier voyage littéraire, que l'églife
eft dans l'enclos du monaftere j ce qui prouve que les
femmes n'y entroient pas au commencement. Frère
Oniftophe fut le premier ftipérieur ou abbé. Les cha-
noines de fainte Geneviève y entrèrent en 1644. * Mer,:,
tnanufer. de Lebeuf.
OIRAT, ville d'Afie, dans la Perfe, au Couheftan.
Il en eft parié dans l'hiftoire de Timurbec, lib. j.
c. 7.
OIRSCHOT , petite ville franche des Pays-Bas, au
Brabant-Hollandois , dans le Kempenland ; ce n'eft pro-
prement qu'un bourg, Se Janiçon en parle ainfi dans fon
état des Provinces Unies, r. 2. p. 150. Après Lindhoven,
dit-il, le principal bourg du quartier de Kempenland eft
Oirfchot , dont la jiuisdiction a onze lieues de circuit.
C'eft une fcîgneurïe qui a haute, moyenne & baffe ju-»
fticc , èv' qui appartient moitié à l'état ôc moitié à la fa-
mille de Swerts. C'eft aulii un fief qui relevé du con-
feil de Brabant. La régence eft compofée de fept échc-
vins, fept jurés, fept Radsmannen oucenfeilleis, deux
Kerkjmc^jîcrs Se trois administrateurs des deniers des pau-
vres. Les charges d'echevins, de jurés ôc de confeillers
font à vie, & s'exercent alternativement tous les ans,
c'eft-à dire , que ces magiftrats font échevins pendant un
an, enfuite jurés, & enfin confeilleis. Ces charges font
auffi conférées alternativement par les états généraux ôc
par le feigneur d'Oirschot ; mais le feigneur a fcul la
dispofition de la charge de droffard. Ce bourg eft par-
tagé en huit quartiers , qui font les environs de l'églife „
les hameaux de Verrenbest.SpooRdonck.Strathum,
Naastenbest , Aarle , Notel ôc Hedel. Tous ces
quartiers forment quatre compagnies de bourgeois ou
payfans , fortes d'environ quatre-vingt hommes chacu-
ne, qui ont obtenu quelques privilèges des fouverains
de Brabant, & qui certains jours de l'année fe divertis-
fent , & s'exercent à tirer l'oifeau. Ce font autant de
confréries, qui ont leurs patrons. Il fe tient à Oitschot
un marché tous les famedis , ôc quatre autres marchés
francs tous les ans, le mardi après ia faint Antoine, le
mardi de la femaine Sainte , le lendemain de la fête de
faint Servais, ce le lendemain de la faint Hubert. Oirs-
chot eft le bourg capital où fe tiennent les affernblées du
quartier , Se où le bailli fait fa réfidence. L'églife eft
fortgrande.il y avoit autrefois un chapitre d'onze cha-
noines. Ce chapitre eft aboli ; mais les prébendes fub-
fiftent, & fonr conférées alternativement par les états gé-
néraux &par le feigneur du lieu. Cette églife fert pré-
fentement auxProteftans. Le clocher avoit autrefois une
affez haute flèche , mais elle fut brûlée par le feu du
ciel le dernier fiécie. Il y à encore à Oirschot une pe-
tite églife fort ancienne , dans laquelle on ne fait pré-
fentement aucun fervice. Il y a quelques maifons de
charité qui ont été fondées ôc dotées par des feigneurs
de Mérode ôc par d'autres particulier.-;.
OIR7AUX ou AirvAux, Aitrea Vallis , bourgade
de France , dans le Pokou ; c'eft le fiége d'un bailliage»
Il y a une abbaye d'hommes, ordre de faint Auguftin, fon-
dée l'an 5^75 par Hildegarde d'Aurevalle , vicomteffe de
Thouars. Ce lieu eft au bord duThoué, à trois lieues
de Thouars , ôc à dix de Poitiers.
OIS. Voyez. Oh.
OISANS, bourg de.France , en Dâuphinéj dans le
Graifivaudan fur la Romanche, au bord oriental d'un lac.
OISCA. Voyez Ose a.
1. Ol^E , lf ara , Oc fia ou Efïa , rivière de Fran-
ce. Elle a fa fource dans les Ardennes, aux confins du
Hainaut êc du Tierache , d'où, ferpentant l'espace de
huit lieues, vers le couchant méridional , jusqu'à Guife ,
elle fc courbe vers le midi , pane à la Fere, à Chauni ,
près de Noyon , reçoit l'Aisne à Compiégne» paffe à
Verberie., à Pont Sainte- Maixance, à Verneuil, à Creil»
à Beaumont, à l'Iile d'Adam » a Pontoife, ôc va tomber
dans la Seine, entre Conrlans Sainte Honorine ôc André-»
fy. Comme elle eft navigable a Chauny , elle facilite le
transport des bleds Se des foins de Picardie , que l'on
transporte à Paris. Le poiffon n'y eft pas abondant, mais
il eft excellent. Le brochet », la tanche , la carpe cv l'an-
guille que i'en y pèche, ont un goût exquis. * Jaillot »
Atlas.
2. OISE , bourg de France , dans le Maine; il eft re-
marquable pour être la patrie de Marin Merfenne , cé-
lèbre mathématicien Se philofophe , qui y naquit le 8
Septembre 1588. il fe fit Minime en 1641 ,Sc mourut le
premier Septembre 1648. on peut voir fon éloge entre
les hommes illuftres de Perrault.* Corn. Dictionn.
OISELMONT, bois de France, en Champague;
dans la maîtsife des eaux Se forêts de Troyes. Il eft
de trois cens quatre-vingt-quatre arpens.
OISEMONT, bourg de France , en Picardie , dans
le Vimeu, au diocèfe d'Amiens, entre Pont de Remî
fur Somme Se Blangi fur Brefle. Le curé eft croifé de
Malte : le commendeur d'Oifemont eft collateur de
cette cure. Ce bourg eft une commenderie de l'ordre
de Malte , Se vaut au moins dix mille livres de revenu.
Il y a un petic hôpital» 11 fe fait à Oifemont un grand
<>40
OKA
OLA
commerce de bleds Se d'autres grains , on y tient marché
deux fois la femaine. C'eft le fiége de la prévôté de
Vimeu.
OISERIE , bourg de France , an diocèfe de Meanx.
Les Seigneurs de ce lieu , de la maifon des Barres , étoient
autrefois fort puilïans Se fort pieux. En 1189, Simon,
évêque deMeaux , érigea l'églife paroiflîale d'Oiferie, du
titre de faint Germain d'Auxerre , en collégiale pour fix
chanoines, dont l'un feroit curé. L'on y voit dans le
chœur les maufolécs des anciens feigneurs. On a fort
parlé d'éteindre ce chapitre à caufc de la modicité de
fes revenus. * Notes manuscrites de Lebœuf.
OISON , bourg de France , dans le Berri ; il fait
partie du duché d'Aubigni. 11 y a une verrerie de ver-
res communs.
OISTA ou Ostia , anciennement Ph/EStus , félon
Baudrand ; c'eft, dit-il, un ancien bourg de Grèce dans
la Theffalie fur les confins de l'Albanie , au feptentrion
occidental de la ville de Janna , dont il eft éloigné de
douze lieues.
1. OITZ , petite ville du Japon , dans le royaume d'O-
Mi. Voyez, ce mot. Oitz eft à trois lieues de Méaco , en
fuivant le grand chemin qui conduit de cette capitale
à Jedo ; c'eft par-là qu'on entre dans le royaume d'O-
mi. Elle eft compofée d'une grande rue, qui tourne en
forme d'arc , Se de quelques autres plus petites , qui y
aboutiffent à droit Se à gauche. Elle peut avoir envi-
ron mille maifons , Se elle eft du domaine impérial. Elle
eft fituée furie bord d'un lac, qu'on appelle ordinai-
rement le lac d'Oitz, Se quelquefois le lac d'Omi, parce
que Oitz eft dans la province d'Omi.
2. OITZ , ( Lac d' ) , dans le Japon , que les annales
de cet empire difent s'être formé en une nuit , le rer-
rein ,dont il occupe la place, ayant été englouti par un
tremblement de terre. Il n'a pas beaucoup de largeur
d'orient en occident , mais il s'étend à plus de foixante
lieues au nord , jusqu'au royaume de Canga. Il a à
l'orient les royaumes de Mino Se de Voati , Se la fti-
perbe ville d'Anzupuiama, bâtie dans le premier de ces
deux royaumes , étoit fur fes bords. Du côté de l'oc-
cident il a le royaume de Jamatfyro , & Oitz eft à fon
extrémité méridionale. Ce lac eft très-poiffonneux , Se
on y pêche fur-tout beaucoup de faumons qui font ex-
cellens ; tous fes bords font couverts de canards fau-
vages. Il fe décharge dans deux rivières , dont l'une ap-
pellée Jodogawa , paffe à Jodo Se à Ozaca. * Le père
de Charlevoix , Hift. du Japon, t. 1.
OIUM ou Oeum. Il y avoit dans l'Attique deux lieux
appelles ainfi, Se on les diftinguoit par un furnom.
OIUM ou Oeum Deceleïcum ,c'eft-à-direpjoche de
Decelea , reconnoiffoit la tribu Hippothoontidc.
OIUM ou Oeum Ceramicum , étoit un «quartier
d'Athènes , proche du Céramique de la tribu Leontide.
Spon , l'ijle de l'Attique , p. 370 , remarque que ce quar-
tier portoit le nom d'Oeum , comme qui diroit un défert,
parce qu'on n'y voyoit pas l'afTluence du peuple qui étoit
au Céramique , quoiqu'ils fe touchaffent. Voyez. La
Guilletiere , Athènes ancienne Ç-r moderne , p. 295".
OIUM , château ou citadelle au- demis de la ville
d'Opus , félon Strabon.
OIXANT, Uxantus , ifle de France, fur la côte
de Bretagne. On dit communément Ouessant. Voyez.
ce mot.
OIZAY-CERNEI , bourg, château Se châtellenie de
France, en Touraine , élection de Loches.
1. OKASAKI , ifle du Japon , dans la province de Mi-
cava , fur la côte méridionale de l'ifle de Niphon. Oka-
faki , dit Kœmpfer dans fon hiftoire du Japon , t. 2. /.
5. p. 209. eft une grande ville: on y compte environ
quinze cens maifons , la plupart bien bâties. Elle eft
ceinte d'une haie fort jolie ou paliffade de bambous ,
Si en quelques endroits de murailles. Le château eft fi-
nie àl'extrémité méridionale de la ville, fur unecolline,
& eft entouré de foffés , & d'une muraille blanche éle-
vée fur un rempart bas. Cette muraille eft défendue
avec de bons corps de garde , bâtis de pierres en diffé-
rens éloignemens. Du côté de la colline , où il feroit
plus aifé de l'attaquer, il eft défendu par une triple
muraille forte. La haute tour qui eft au milieu du châ-
teau , Se qui eft la marque oïdinaive de la léfidencc d'un
prince , fait un effet merveilleux à l'œil du côté du mîdù
Les fauxbourgs contiennent environ deux cens maifons j
une grande rivière , qui tire fon nom de la ville ,1a tra-,
verfe.
2. OKASAKI (lariviered') , rivière du Japon, dans la
province deMicava.EHe a fa fourcedans les montagnes qui
font au nord-oueft de la ville d'Okafaki qu'elle traverfe.
Elle eft affez large , & ne manque pas d'eau , mais à
caufe de fon peu de profondeur , elle n'eft pas naviga-
ble. Elle coule avec beaucoup de rapidité jusqu'à la mer.
Il y a un pont de bois folide ôc magnifique, qui a trois
cens cinquante pieds de long.
OKI, ifle du Japon, fur la mer de Corée , au nord
de l'ifle de Niphon. Cette ifle, qui a deux journées de
circuit, a le titre de province» divifée en cinq diftriéts.
OKI A , ville de la Chine, dans la province d'Iun-
nan , au département de Cuhiung , quatrième métro-
pole de la province. Elle eft plus occidentale que Pé-
king de 1$ deg. 17 min. par les 24 deg. 24 min. de
latitude. * Atlas Sinenfts.
OKINGHAM , bourg d'Angleterre , au comté de
Bereks -, félon Corneille , c'eft une ville renommée pour
fa grandeur ôc pour fes beaux ouvrages de laine. C'eft le
même lieu quOckingham.
OKU-JESO , c'eft-à-dire , le Haut Jeso, grand con-
tinent d'Afie à fon extrémité orientale. Kasmpfer , Hift.
du Japon , /. i.c. 4. t. I. p. 37. ayant parlé de Jefo-
Gafima , où l'ifle de Jefo ou leço , dit : Derrière cette
ifle, ( par rapport au Japon dont il eft écrit) vers le
nord eft le continent d'Oku- Jefo , comme l'appellent
les Japonnois , c'eft-à-dire, du Haut Jefo. Les géogra-
phes conviennent tous qu'il y a là un grand pays ; mais
ils n'ont pas encore déterminé , s'il confine avec la Tar-
tarie ou avec l'Amérique. L'éditeur Anglois de fon ou-
vrage , parlant du pays de Kamtschatka, dit dans fon
discours préliminaire : Ce pays femble être le même que
les Japonnois appellent Oku-Jefo , ou Jefo fupérieur ,
dont ils ne favent presque rien , excepté que c'eft un
pays, comme je l'ai rapporté à l'article Kamtzchat-
ka. Oku Jefo feroit en ce cas l'extrémité méridionale
de cette presqu'ifle-, ôc ce qui eft appelle Terre d'ieço par
de PIfle , qui n'a pas connu cette presqu'ifle Se ce golfe,
lorsqu'il a fait fa carte des Indes Se de la Chine, puis-
qu'il ne les y a pas marquées exactement , quoiqu'il pa-
roiffe en avoir eu une idée au moins commencée. Le
pays d'Oku- Jefo , dit Ka^mpfer , /. 1. c. 4. p. 59. eft di-
vifé en plufieurs provinces , dont voici les noms tels
qu'ils font exprimés par les caractères dont ils fe fer-
vent communément en écrivant : Kabersari, Oran-
kai , Sitsii , Ferosan & Amarisi. Entre ces deux der-
nières provinces on marque une rivière affez grande ,
qui fe perd dans la mer derrière l'ifle ,de Jefo au fud-
oueft.
OKUS , golfe de la principauté d'Omura , dans l'ifle
de Ximo au Japon. Il y a environ foixante ans qu'une
montagne, qui étoit fur ce golfe, après avoir long-tems
penché d'un côté , tomba dans la mer ; Se comme on
s'avifa de creufer à l'endroit où elle avoit été , on y
trouva que la moitié du fable étoit d'or pur. 11 efl vrai
qu'il y falloit creufer beaucoup pour y arriver , Se bien-
tôt même on fut contraint de fe fervir des plongeons
pour le tirer •-, mais la dépenfe Se la peine n'étoient rien
pour une fi riche récolte. Le mal eft qu'elle dura peu.
Au bout de quelques années un autre grand tremble-
ment de terre , qui fut fuivi de marées extraordinaires ,
couvrit la mine de bourbier Se d'argille à la hauteur de plu-
fieurs'braffes,& les travaux cefferent aufli-tôt. Les pauvres
du voifinage continuèrent encore quelques rems de s'oc-
cuper à laver le fable des environs , mais à peine y
trouvoient-ils affez d'or pour avoir de quoi fubfifter.
* Le père de Charlevoix.
OLABI , ancien peuple de l'Ethiopie fous l'Egypte,
félon Pline,/. Ce. 30. Quelques exemplaires portent
Alabi. Il dit que ce font des peuples Nomades ou er-
rans , qui fe nourrirent de lait.
OLACHAS , rivière d'Afie, dans la Birhynie : elle
paffe à Bryazum, félon Pline, /. 31. c. 2. qui ajoute
que c'eft le nom d'un temple & d'un dieu. On dit que
les parjures ne fauroient en fouffrir J'eau , qui eft pour
eux un feu brûlant.
OLAN,
OLB
OLC
6±\
OLAN. Voyez. Olon.
OLANE, ville de la grande Arménie, félon Sera-
bon, /. 11. p. 529, ou plutôt félon Ortelius Tbejaur.
car Scrabon die que Babyrsa ôc Olane étoienr des
châteaux voifins d'Artaxate , ôc fitués dans les montagnes ,
où l'on gardoit les riche/Tes de Tigrancs ôc d'Artabasde.
OLAPIA , ville de l'Arabie Heureufc-, félon Ptolo-
mée. Quelques exemplaires portent Olaphia.
OLAR.GUES , bourg , ou félon d'autres, petite ville
de France , en Languedoc , au diocèi'e deS. Pons. Piganiol
de la Force, Defctipt. de la France, t. 4. p. 568, le
nomme bourg d'ÛRLAQUES. Sanfon, carte du Langue-
doc , en fait une ville fur le ruilTeau de Taure , qui vient
de S. Pons , ôc tombe dans i'Orbe à l'orient d 0;aigues.
OLARIO ou Olarinum. Voyez.Ui.iAKV s ôc Ole-
RON.
OLARSO , ancienne ville d'Espagne , félon Pline ,
/. 4. c. 20. Ptolomée , /. 3. c. G. la met dans l'Espagne
Tarragonnoife , & dans les villes maritimes des Wcons.
G'elt aujourd'hui Oliarço, village à deux lieues de Fon-
tarabie.
OLAW , ville d'Allemagne , dans la Siléfie , au du-
ché de Brieg. Elle eft fort jolie ,au nord-oueft de Brieg ,
fur la petite rivière d'ÛLA ou Olaw (a) , qui a fa fource
auprès de Moniterberg , & qui fe perd dans l'Oder (b)
auprès de Breflau. (a) Habner , Géogr. p. <5"22. {b) Hel-
wlg. Silef.
OLBA. Voyez. Oliba.
OLBASA. Il y avoit trois villes de ce nom dans l'A-
fie Mineure, félon Ptolomée, au rapport d'Ortelius.
1. OLBASA , ville de Pifidie. L'édition de Bertius
porte Obasa , "O&w* Ortelius la met dans la Pam-
phylie , parce que le chapitre où il en eft parle , porte
-effectivement ce titre. * Ptolomée, 1. $.c. /.
2. OLBASA , ville de la Cappadoce , dans l'Antio-
chiane. * Ptolomée, 1. j.c. 6.
3. OLBASA, ville de la Cilicie, dans laSécide. Strabon,
/. 14. p. 672. la nomme Olbus , & dit qu'il y avoit un
temple de Jupicer, confacré par Ajax , frère de Teucer.
Le grand Prêtre de ce temple étoit feigneur de 1a Tra-
chiotide. Ptolomée, 1. 5. c. 8.
OLBE , ville de l'Ilaurie , félon la notice d'Hierocles,
qui la met fous la métropole de Séleucie.
OLBELUS , ancienne ville de la Macédoine , félon
Etienne le géographe. Voyez. Orbelus.
OLBI , ville d'Egypte , du côté de la Libye , ftlon le
même.
1. OLBI A , ville maritime de l'ifle de Sardaigne fur
la côre orientale , félon Ptolomée , /. 3. c. 3. Cet auteur
diftingue la ville du port , ôc met quinze minutes de
différence en latitude entre Olbia civitas ôc Olbianns
Portas. Paufanias dit qu'elle avoit été bâtie par des
Grecs. Elle fut ravagée par Scipion , comme il paroîr
par ce palfage de Florus : Sardiniam adnexamque Cor-
Jicam tranfit. Olb'u hic , i'oi Alerta urbis exedio inco-
laf terrait. Zonare a dit de même : 11 attaqua la ville
d'OLBiA , en parlant de Scipion. Claudien , de Btllo
Gild. Vé 519. die;
Fartem littoreo completlitur Olbia muro.
Les habitans font nommés Olbienses. Orofe, /. 1. c.
2. les appelle Ulbienses. On a dit auffi Ulbia pour
Olbia. Antonin fe fert de cette dernière orthographe.
Elephantaria
Lor.gones , - - -
Olbiam ; - - -
Coclearia , - - ■
Portum Luguidonïs ,
XII.
XXXVIII.
XV
XII
M. Pas.
M. P.
M. P.
M. P.
On en voit encore les ruines près du cap de Comin
un peu à l'orient du village d'Orofe.
2. OLBIA , autre ville de Sardaigne,
méridionale. C'efl celle dont parle Tite
17. Elle fut bâtie par lolaiis, d'où lui vint
lea. Elle efl maintenant détruite. Il en
des ruines auprès du village de Suilli , à
gnôles des ruines deSulci, félon l'hiitor
Vico de Sardaigne , cité par Baudrand ,
dans fa partie
Live , /. 17. c.
le furnom d'Io-
refte pourtant
fix lieues espa-
ien Francifc. de
édlt, 170J.
Il y a une difficulté fur cet article , c'efl que Tite-
Live parle d Olbia immédiatement après la prife d'A-
leria , ôc à l'occafion de Scipion.
3. OLBIA , ancienne ville de la Gaule Narbonnoife,
félon Pomponius Mêla, /. 2. c. 5 , qui , allant d'orient
en occident, nomme de fuite Forum Juin, (Frejus),
Athenopolis , Olbia , Taurou , Citbariftes , Lacydon ,
le port de Marfeille ôc la ville même de Marfeille. Quel-
ques-uns doutent li c'efl Hyeres , lieu de Provence qui
donne fon nom aux i/les voifines.
4. OLBIA , ville de la Sarmatie en Europe , à Lem-
bouchure de Boryiihène. Elle portoit auffi le nom de ce
fleuve , félon Ptolomée, /. 3. c. $. qui dit Olbia qu&
& Borysthenes dicitur. Voyez, les articles Borysthe-
nis & Borysthenits. C'efl I'Olbiopolis de Pline.
f, OLBIA , ville de l'Afie Mineure , en Bithynie , fur.
la Propontide, félon Ptolomée, /. 5. c. 1. Quelques
exemplaires portent Oliba. Sophien dit que le nom
moderne efl Verlia.
6. OLBIA , ville de l'Afie Mineure , dans la Pam-
phylie , aux confins de la Lycie , félon Ptolomée, /. 5.
c. j. Strabon la donne à la Lycie, à ce que dit Orte-
lius. Je trouve le contraire dans Strabon ; car il dit ,
qu'après Phafeiide , ville de Lycie , fituée fur la frontière
de la Pamphylie , eft Olbia , où la Pamphylie com-
mence : Poji Pbafelidem Olbia eft Pam\byli& ini~
tium , magna Munitio.
7. OLBIA. Cette ville, que Pline,/. ;. c. 16. attri-
bue auffi à la Pamphylie, étoit épiscopale. Différentius ,
fon évêque , fouferivit au concile de Conftantinople te-
nu l'an 448 , ôc Publias , affilia à celui d'Ephefe de l'an
43 1. ' Harduin. col'.ect. conc. t. 2. p. 170. t. 1. p. 1529.
8. OLBIA , ville dlbétic , félon Etienne. C'efl 10-
lyba de Ptolomée. Voyez, ce mot.
9. OLBIA , ville de la Cilicie , félon le même. C'efl
la même que Séleucie , dont Olbia eft l'ancien nom.
10. OLBIA , ville de l'Illyrie, félon le même Etienne.
1 1. OLBIA , ville épiscopale d Egypte , félon Orte-
lius , qui cite le concile de Chalccdoii.e. 11 ajoute qu'el-
le eft nommée Ulbia au troifiéme concile d'Ephefe.
OLBIOPOLIS , ville de la Sarmatie , en Europe, an
bord du Boryfihène , à quinze mille pas de la mer.
Pline , /. 4. c. 12. dit : Et oppidum à mari recèdent ,
quindecbn millibus pajfuum Olbiopolis & Miletofolis an-
tiquis nomitiibus'. Sur quoi le P. Rardouin obferve
quOlbiopùlis ôc Miletcpo'.ii é.oient d'anciens noms de la
même ville. Voyez. OLBIA 4.
OLBIOPOLlT,£. Voyez. Bgrysthenit,£.
OLBÏS1N1I Ôc
OLBISSI. Etienne la géographe nomme ainfi un peu-
ple voifin des colonnes d'Hercule ; mais fans nous ap-
prendre s'il étoit en Afrique ou en Espagne.
OLBIUS , rivière du Pél oponéfc , dans l'Arcadie. Pau-
fanias, /. 8.r. 14 dit que quelques uns la nommoienc
Aroanium, & Ortelius, Tbefaur. obferve qu'Athénée
l'appelle Aomos.
OLBUS. Voyez, Olbasa.
OLBUTANUS, fiége épiscopal d'Afrique, dans la
Mauritanie Céfarienfe, ftlon Oitelius , qui cite Viclor
d'Utique. Je n'en trouve aucune trace dans les différen-
tes notices , & je foupçonne que ce doit être Obeita-
nus, le même qu'OBBENsis.
OLC ACHITES , en grec 'Oàk*;^'™? golfe de la Nou-
velle Numidie, félon Ptolomée, /. 4. c. 3. Quelques
exemplaires afpircnt la première fyllabe , 'Oxzayjmç ,
Holcachitef.
OLCADES , ancien peuple d'Espagne. Polybe , Tite-
Live ôc Etienne le géographe en font mention ; ôc mal-
gré tout cela , il n'eft pas aifé de dite où ils étoienr,
Tite Live, /. u.c. $. dit d'Annibil : Il mena d'abord
fon armée dans le pays des Olcades ,( nation qui étoit
au-delà de l'Ebre , plutôt enclavée dans le pays des Car-
thaginois , que rangée fous leur domination ) , afin qu'il
ne parût pas avoir attaqué directement les Sagontins ,
mais avoir été engagé à cette guerre par l'enchaînement
des conjonctures , après avoir fournis leurs voifins, ôc
être venu jusqu'à eux de proche en proche. Les Olca-
des vaincus par Annibal, fe joignirent aux Carpetaniens:
contre leurs ennemis communs. Polybe racontant la mê-
me hittoire, /. 3. c. 13. & fuiv. dit qu'Annibaî arta,-
Tom. IV. M mm m
642, OLD
qua d'abord les Olcades , en fuite les Vaccéens ÔC tous
les peuples au-delà de l'Ebre, & les fournit aux Car-
thaginois ; de forte que tous ayant été fubjugués , il ne
reftoitplus quelesSagontins qui ne pouvoienc manquer
de l'être à leur tour après la défaire de leurs voifins.
Tout cela ne nous apprend point quel canton les Ol-
cades occupoient. Etienne le géographe , in voce'OXxa.S'iç,
cite Polybe, ôc dit d'après lui , que c'eft une nation en-
deçà de l'Ebre j mais in voce 'Axùuîa. , il nomme Al-
tHjïa leur ville , que Tite-Live nomme Carteia. Cel-
larius veut que l'on corrige ce nom dans Tite-Live.
Etienne dit donc que Altha?a étoit voifine de la Nou-
velle Carthage. Ainfi les Olcades étoient voifins des
Orétains , ôc au midi. Antoine de Lébrixa , Mariana 6c
Louis Nuiiez, tous gens habiles dans les antiquités d'Es-
pagne , mettent Alth^a au royaume de Tolède au-
près d'Ocana , à l'orient 6c environ à dix milles de To-
lède ; ce qui convient allez au récit de Tite-Live , qui
ne met pas ce peuple fur la côte , mais dans les terres.
Althaa eft le féal lieu de ce peuple que les anciens ayent
nommé.
OLCHINIUM, ancienne ville de la Dalmatie. Pto-
lomée, /. 2.- c. 17 l'appelle Ulcinium. Tite-Dive, /.
4f. c. 16. en fait auflî mention, ôc la nomme Olcinium.
Pline,/. 3. c. 22 dit Olchinium , anciennement Col-
chinium , parce, dit-il, qu'elle fut bâtie par les Col-
ques. Ce nom s'ell confervé en celui de Dulcigno , qui
elt le nom moderne.
OLCHLUMEUTS, petite ville du royaume de Bo-
hème , dans le cercle de Konigingrats. Elle appartient au
comte de Kinski , qui y a un beau château avec de
beaux jardins.
OLCIMUS, nom d'une montagne & d'une rivière
de Macédoine. Dioscoride dit de la montagne , qu'on
y trouve l'espèce de rue qu'il appelle Ruiba Silvefiris.
Mathiole ne trouvant point ce nom entre les mon-
tagnes de la Macédoine, lui fubftitue celui d'Halyac-
mon ; mais Apulée , de virtut. Herb. parlant de la rue
de jardin, dit: Memorarit ad Olcimum fluviam appcl-
lari viperalem. Il fousentend le mot Ruibam. Ainfi Ol-
cimus elt le nom d'une montagne ôc d'une rivière , ôc
ce mot doit être confervé dans Dioscoride.
OLCINIUM. Voyez. Olchinium.
OLCIUM , ville de la Tvrrhenie, félon Etienne le
géographe. Il cite le fixiéme livre de Polybe . dont nous
n'avons que des ftagmens, où ce nom ne fe trouve point.
OLD. Ce mot elt le même que Alt en Allemand ,
ôc veut dire en Hollandois & en Anglois , vieux , ancien.
C'eft dans ce fens qu'il entre dans la compofition de plu-
sieurs noms géographiques.
OLD-AMPT, c'eit-à-dire , le Vieux Bailliage,
contrée des Pays-Bas dans les Provinces Unies. On
nomme ainfi un quartier de la feigneurie de Groningue ,
renfermé entre les marais 6c le bras de mer nommé le
Doilaert. Il a le quartier de Fivelingo au nord , & con-
fine avec l'Oofifrife. Wmschoten en elt le principal lieu.
* DiElion. géogr. des Pays-Bas.
OLD CARLILE , ou l'ancienne Carl'de. Voyez. Car-
lile.
OLD-PENRETH, village d'Angleterre, au comté
de Ctimberland , près de Penreth. Voyez. Voreda.
OLD-RADNOR , village dAngleterre, dans la prin-
cipauté de Galles , près de la ville de Radnor. C'elt le
lieu nommé Magnis dans l'itinéraire d'Antonin , ôc par
l'anonyme de Ravenne.
OLD-TOWN , village d'Angleterre , au comté de
Hereford , près de la ville de Hereîord.Voyez. Blestium.
OLDA , rivière de France , dar.s la Guienne , où elle
fe jette dans la Garonne. Le nom moderne elt Loda ,
par un renverfement de lettres , félon Jofeph Scaliger ,
in Letï. Aufon. C'elt le Lot.
1. OLDENBOURG , ville du Holitein , dans la Va-
grie. Voyez. Altenbourg 2.
2. OLDENBOURG , château d'Allemagne, en Weft-
phalie , fur la montagne de Furltenbcrg , aux confins des
comtés d'Arenfbeig & de la Marck. La rivière de Roer
arrofe le pied de cette montagne. 11 y a plus de trois
fiécles que ce châteu eft détruit. Il en refie encore une
chapelle. Ce château étoit l'ancienne demeure des ba-
rons de Furltenberg. * Monument , Paderborn.p.zyi.
OLE
3. OLDENBOURG .villcd' Allemagne , en Weftpha-
lie , dans un comté de même nom , dont elle elt le
chef-lieu, vers le 53 degré 1; m. de latitude. Le duc
Waldbert descendu de Wuikind , roi de Saxe , qui vivoic
en 8/0 , époufa Altburg ou Oltburg, fille unique du
comte de Lefsmona , aujourd'hui Lefshem , vaille de
levêché de Brème fur la Wimmer , 6c en fon honneur
il bâtit dans l'Ammerland le château d' Altenbourg ou
Oldenbourg , au-deffous de la ville de Wildeshaufen , ôc
ce château donna enfuite ce nom à la ville ôc au comté.
Crantzius , Metropol. I. 3. c. 1$. Chyrraus, Saxon, in
Proœm. Helmold & Albert de Stade parlent fouvent&
honorablement des comtes d'Oldenbourg. Oldenbourg
eft muni de remparts ôc de foliés , ôc arrofé par le Hun-
te , rivière qui porte des barques. Il y a trois églifes ; fa-
voir , faint Lambert , le S. Esprit , 6c faint Nicolas. Le
château étoit la refidence ordinaire des comtes. Il y a un
pont fur le Hume. Le Laboureur , qui y pafia avec la reine
de Pologne en 1640", en parie ainfi : La ville d'Olden-
bourg elt de médiocre grandeur, fortifiée d'une bonne
muraille , avec des bafiions terraffés , ôc un large fofie
plein d'eau, qui repalie dans la ville pour ladéfenfedu
château qui fert de citadelle. La cour eft carrée , &
allez grande pour mettre fix cens hommes en bataille :
tout autour elt bâti le palais , en divers corps de logis
magnifiques. La maifon des comtes d'Oldenbourg pos-
féde aujourd hui la couronne de Danemarck ôc de Nor-
wegue , depuis ChriltianI, couronné l'an 1448, jusqu'à
préfent. * Relation du voyage de la reine de Pologne ,
pag. 93.
4. OLDENBOURG ( Le comté d' ) , eft entre la mer
d'Allemagne au nord, le Wefer qui la fépare du pays
de Brème , ôc le comté de Delmenhorlt à l'orient ; Wil-
deshufen ôc l'évêché de Munfterau midi , &le comté
d'Ooltfrife au couchant. Il peut avoir quinze lieues du
nord au fud, Ôc neuf du couchant au levant. C'elt un pays
très-fertile en grains ôc en pâturages , ôc qui abonde
en chevaux ; de grands marais le féparent du pays de
Munftcr. Le Hume l'arrofe ôc le Wefer le termine com-
me j'ai dit. Il a fur l'Océan quelques allez bons ports ,
qui lui attireroient un commerce avantageux , s il n'é-
toit pas détourné par les villes de Hambourg, de Bre-
men ôc d'Embden. Le comté de Delmenhorlt lui eft uni
depuis long-tems , ôc étoit poffédé par les mêmes com~
tes. La maifon royale de Danemarck n'étoit qu'une bran-
che de la maifon d'Oldenbourg. Celle qui étoit reftéeen
poffeflîon de ce comté s'éteignit en 1667 , dans la per-
fonne d'Antoine Gonthier. Il y eut de grands débats pour
la fucceflîon entre la branche de Holitein ôc celle de
Danemarck , qui en refta en poffeïïion.
OLDENDORP, petite ville d'Allemagne, en We-
ftphaiic, au comté de Schawenbourg , fur le Wefer,
entre Hameln ôc Rintelen. Il y a une douane. Les Sué-
dois y gagnèrent une bataille le 28 Juin 1633. * Zcyler,
Weltphal. Topog.
OLDENPOA , canton de la Livonie , dans l'Eftonie ,
entre le lac de Wortz au couchant ôc le lac Peipus au
levant. La ville de Derpt en eft l'unique ville. Il y a au
nord le bourg de Lais , au midi Oldenpoa bourgade ,
à l'orient le château de Verbeck , au couchant celui de
Ringen ôc quelques villages. Pernau , que Baudrand y
met aufli , n'a rien de commun avec l'Oldenpoa. * Atlas,
Rob. de Vaugondy.
OLDENZEEL ou Oldenseel, Sali a vêtus , petite
ville dçs Pays Bas , dans les Provinces-Unies , au pays
de Twente , dans l'OverilTel , à trois lieues d'Oetmar-
fen , & à dix de Deventer. * Dicl. géograp. des Pays-
Bas.
OLDESLO , petite ville d'Allemagne , au cercle de
la Balle Saxe , dans la partie du Holftein , appellée pro-
prement la Vagrie, fur laTrave, à trois milles deLur
beck. * Baudrand , édir. 170;.
OLEA , en grec 'EX«<* , mot qui veut dire l'Olivier Se
l'Olive. Plutarque parle de deux fontaines , dont l'une
s'appclloit ainfi, ôc l'autre la Palme ou le Palmier ,
Palma , <î>o;wf , elles étoient dans la Bœotie , auprès de
la montagne deDelos. On difoit qu'Apollon étoit né en
cet endroir. Voici le paflage de Plutarque pris de la
vie de Pelopidas. Traditci.de D acier , t. 3. p. 199. Un
peu au-defibus de ce marais eft le temple d'Apollon
OLE
Tégyrécn & fon cr.icle. . . On prétend que ce fut là
que ce dieu naquit. En effet , la monragne voifine eft
appellée Delos , & c'eft au pied de cette montagne que
finiffenr les inondations du Mêlas. Derrière ce temple
faillent deux fources très-abondantes d'une eau merveil-
leufe pour fa douceur Se fa fraîcheur : nous les appelions
encore aujourd'hui l'une la Palme Se l'autre l'Olive ;
comme Latone ayant accouché, non entre deux arbres,
mais entre ces deux fources. On voie même près delà
le mont Ptoum , d'où l'on die que fortit ce furieux fan-
glier , qui fit une fi grande frayeur à cetre déeffe.
OLEASTRO , ville d'Espagne, au département de
Gades , félon Pline, /. 3. c. 1. Elle eft nommée Glea-
ftron , 'OAêaç-pof , par Ptolomée , /. z. c. 4. qui la mec
dans la Bétique. Pomponius Mêla fait mention d'un
bois nommé Oleaflrum , dans le golfe de Cadix. Irtpro-
ximo Sinu Portas eft qitem Gaditanum , &" Lucas aucm
Oleaflrum appeltant.
OLEATRON , ou félon la rerminaifon latine Olea-
trum j ancienne ville d'Espagne. Strabon , /. 3. p. 15-9.
dit après avoir parlé de Sagonre , ville détruite par An-
nibal. Les villes voifines font Cherronefe , Oleatron ,
Cartalias , Se DertolTa qui eft au paffage même de l'Ebre.
Zurita croit que c'eft I'Oleastrum d'Antonin.
1. OLEASTRUM , ville d'Espagne , fur la route de
Tartagone à Tortofe , félon Antonin , Itiner. à vingt-un
mille pas de la première.
2. OLEASTRUM, promontoire d'Afrique, dans la
Mauritanie Tingitane, félon Ptolomée, /. 3. c. 1.
OLENA , ville de la Toscane. Il en eft parlé dans
les fragmens de Caton.
OLFNACUM ou Olenagum, lieu de la Grande-
Bretagne. Il en eft fait mention dans la notice de l'Em-
pire. Ortelius dit que c'eft Elenborrow , Se cite Camb-
den. Cambden dit que c'eft Linstock , bourgade d'Angle-
terre , dans le Cumberland.
OLENIA PETRA. Voyez. Scollis.
OLENON , bourg dans l'Aulide , dit Ortelius , Se il
cite Hygin ; ajoutant qu'il fut bâti par Olenus, fils de
Vulcain.
OLENUM, félon Pline, /. 4. c. ;.ou
1. OLENUS , ville du Péloponnèfe, dans l'Achaïe ,
■entre Patras <c Dyme. Etienne dit, Olenus, ville d'A-
chaïe. Strabon, /. 8. p. 386. la met fur une grande ri-
vière nommé le Mêlas ; c'eft la même rivière qu'Héro-
dote nomme le Pierus > Se Paufanias Pirus. Ptolomée
la nomme entre Patra Se Dyme. Spon dans fes voyages ,
f. 2. croit que c'eft aujourd'hui Caminitza. Cette ville a
été épiscopale. Parmi fes évêques > on trouve Sifoes
Olenx.
2. OLENUS , défert entre Patras & Dyme, félon
Euftatrie , fur le fécond livre de l'Iliade.
3. OLENUS, ville d'Afie, dans laGalatie, félon Pto-
lomée, /. j.c. 4 qui la met au couchant d'Ancyre.
4. OLENUS, ville de Grèce, dans l'Etolie , félon
Strabon , /. 8. p. 386. Il n'en reftoit déjà plus de fon tems
que les ruines. Baudrand , édit. 1705. nomme Oleno un
village de la Livadie , furie Fidari , au-deiTus de Neo-
Caftro , Se croit que c'eft cette Olenus d Etolie.
1 . OLERON , ifte de Fiance , fur la côte d' Aunis Se de
Saintonge. Le Permis d'A mioche la fépare de l'ifle de
Ré , celui de Maumiffon au midi la fépare du conti
nent de la Saintonge. Les anciens l'ont connue fous le nom
d'UliariuSj comme on le peut voir dans Pline, /. 4. c.
19. Sidonius Apollinaris l'appelle Olario. Elle a en-
viron cinq lieues de longueur fur deux de largeur , Se
ellen'eft qu'à deux lieues du continent. Ses habitans pas-
fent pour bons hommes de mer depuis fix à fept cens
ans , dit l'abbé de Longuerue , Defcript. de la France ,
1 , part. p. 163.de forte que c'éroit eux qui donnoient les
loix de la marine qu'on appelle aujourd'hui les Lcix
d'Oleron. Ces Infulaires ont toujours eu de grands pri-
vilèges, tant fous les ducs d'Aquitaine que fous les rois
de France & d'Angleterre. Ils avoient un gouverneur par-
ticulier qui avoir de fort beaux droits- Les RocheLiis au
feiziéme fiécle s'emparèrent de cetre ifle & de celle de Ré ,
& comme les habitans leur étoient affectionnes à caufe
de la religion Proteftanre qu'ils avoient embraffée pour
la plupart , les Rochelois furent toujours les maîtres
de cette ifie jusqu'à l'an 1G1 $ , que Louis XIU. la fub-
OLE 643
jogua avec celle de Ré , & fit bâtir une fortereffe au lieu
où étoit l'ancien château. Le gouvernement de cette ifie
qui ne dépend plus de celui de Saintonge, eft fubor-
donné à celui d'Aunis, quoique les infulaires d'Oleron
reconnoiffent toujours la jurisdiction du fenéchal de
Saintonge , Se en cas d'appel le parlement de Bordeaux.
Lorsque les comtes d'Anjou poffédoient la Saintonge,
ils avoient le domaine utile de l'ifle d'Oleron, comme
on le peut voir par la chartre de Géofroi Martel , com-
te d'Anjou , & de fa femme Agnès , pour la fondation
du monaftere desreligieufes de Notre-Dame de Saintes,
datée de l'an 1 047. Dans la même chartre , le comte
loue beaucoup la fertilité du terroir de cette ifle en
ces termes : Infula cai Blarium nomen eft , quamque for-
moftjfimafoli fcrtilitas & amœnïtatis commoditas nobili-
tat. Après la réunion de la Saintonge an duché d'Aqui-
taine, quoiqu'il y eût en cette ifle un gouverneur, il y
avoir un feigneur propriétaire qui étoit de la maifon de
Montmor. Lorsque le roi Charles V l'acquit Se l'unit à
la couronne par fes lettres du 17 Février 1372 ou
1373 , le roi donna le gouvernement de lifle au fei-
gneur de Montmor , avec les droits qui y étoient at-
tachés. On avoit promis une récompenfe àcesfeigneurs
pour laquelle il y eut de grands différens avec les of-
ficiers royaux. Cependant les droits de ceux de la maifon
de Montmor palTerenr aux lires de Pons , qui plaidèrent
long-tems contre le domaine à caufe de plufieurs terres
qu'on leur conteftoit en Saintonge , jusqu'à ce que par
arrêt, rendu au parlement de Paris,le 16 Scpten bie i 5 14,
on adjugea plufieurs terres à la maifon de Pons ; mais
l'ifle d'Oleron tk toutes fes dépendances furent adjugées
au roi.
L'ifie d'Oleron a douze lieues de circuit Se dix ou don-
ze mille habitans. Son terroir eft très fertile Se produit
du^ bled, du vin , du fel , Sec. Elle eft défendue par un
château fitué dans la partie orientale , qui a une garnifon
de cinq à fix cens hommes. Il y a dans cette ifle fix
paroifies, un couvent de Récolets Se plufieurs bénéfices
fimples. Il y a deux hôpitaux, l'un pour les foldatsdé
la garnifon tk l'autre pour les ouvriers cV les matelots :
ce font des fœurs Grifes qui gouvernent ce dernier tk qui
infiruifent les jaunes filles du bourg tk des villages des
environs. La tour de Chaftîron eft un fanal fitué à l'une
des pointes la plus avancée de cette ifle pour faire con-
noître aux vaifTcaux l'entrée du Pertuis d'Antioche. *
Pïgamol de la Force , Defcription de la France , tom. r.
pag. 68.
2. OLERON, ville de France, enBearn, furie Ga-
ve , qui , à caufe d'elle , eft appellée Gave d'Oleron ; fes
noms latins font Haro , îllurona> Elloronenfiam Civitas.
C'eft une allez grande ville à quatre lieues de Pau , à
rrois de Navarreins , à fept des frontières de la Na-
varre Se de l'Arragon. Elle eft fort peuplée, Se la plu-
part de fes citoyens font négocians , & font presque
tout le commerce d'Arragon. Il y en avoit beaucoup de
riches avant le premier jour de Juin de l'an 1694, que
leurs correspondans qui demeuroient à Satragoce fu-
rent pillés par le peuple de cette ville qui fe foulcva con-
tre eux & les chafià, après avoir enlevé tous leurs errèts.
Depuis ce tems , Oleron ne s'eft point rétablie Se le
commerce y a été hnguiffant. La rivière fépare cette
ville d'une autre nommée Ste Marie , tk ces deux vil-
les fe communiquent par un ponr de pierres. C'eft dans
cette dernière qu eft la cathédrale Se h réfidence de
l'évêque d'Oleron. Oleron , dit de Longuerue , Defcf.
de la France , 1. pirt.p. 210. fituée dans les Pyrénées
eft dans le territoire des anciens peuples Tarbclliens
& n'a point été connue avant le cinquième fiécle, où
on la trouve marquée dans l'itinéraire d'Antonin fous
le nom d'Iluro , corrompu peu après en Eloro Se
Oloro. On ne voir point auln qu'il y ait eu d'évêques
en cette ville avant le commencement du fixiéme fié-
cle , Se avant l'évêque Gratus, qui affilia l'an 506 au
concile d'Agde , Se qui eft appelle dans les fie-natures
Episcopus Oloronenfis ; mais dans le quatrième concile de
Paris Se dans le fécond de Mâcon qui ont été tenus après
celui d'Agde ; l'évêque Licerius d'Oleron eft appelle epis-
copus Elororenfis. Oleron fut minée avec la ville de
Béarn par les Normands Se les Sarraiîus , Se fon éve-
ché fut long-tems tenu par les évêques de Gascogne,
Tom. IV. M m m m ij
644 O L I
c'eft-a dire, par des prélats qui poffédoient feuls tous
les évêchés de Gascogne ; mais après la dépofition de
l'évêque Raimond , on donna à ce fiége un évéque par-
ticulier , nommé Etienne , qui étoit déjà en poffeflîon dès
l'an ioj8. Ce fut en fon tems que l'églife cathédrale
d'Oleron fut rebâtie, Se la ville enfuite, par Centule,
vicomte de Béam , qui donna le vicomte d'Oleron en
partage à fon fils naturel , nommé Aner-Loup. 11 jouit
long-rems de cette vicomte Se fon fils Aner-Loup , après
la mort duquel les vicomtes de Béarn unirent à leur vi-
comte celle d'Oleron ; enforte que depuis elle n'en a plus
été féparée. * Piganiol de la For-ce , Defcr. de la Fran-
ce, t. 5. p. 44e.
L'évêché d'Oleron a zoo paroiffes Se s'étend encore
dans tout le pays de Soulle qui en a foixante-quatre \
il eft fous la métropole d'Auch. Le chapitre de la ca-
thédrale eft l'unique qu'il y ait dans ce diocèfe , Se eft
compofé d'un archidiacre & de douze chanoines. Il n'y
a auffi dans ce diocèfe que l'abbaye de faint Vincent de
Luc ; elle eft de l'ordre de faint Benoît; celui qui en eft
pourvu a entrée aux états de Béarn , Se elle lui rapporte
cinq à fix mille livres de revenu. La menfe monacale eft
aujourd'hui poffédée par les Barnabites. * Figatiiol de la
Force, Defcription de la France, tom. 4. pag. 416 Se
427.
OLERUS , ville de l'ifle de Crète, au-deffus à' Hier a
Tytna , félon Etienne le géographe.
OLESKO , petite ville de la Pologne , au palatinat de
Volhinie, aux confins des palatinats de Belz Se de Ruffie ,
à l'orient de Busk , qui eft du premier de ces deux pa-
latinats voifins Se au nord de Soloczow , affez près âes
fources de la rivière de Boug qui tombe dans la Viftule ,
Se de celle de la rivière de Ster qui fe perd dans le
Przypietz , au levant d'été Se à dix milles géographi-
ques de Léopol. * Atlas , Robert de Vaitgondy.
OLETTE , bourg de France , dans le Rouffftlon , au
diocèfe de Perpignan , dans la viguerie de Conflans.
OLEUM , rivière de l'Espagne Tarragonnoife , félon
Feftus Avienus, cité par Ortelius.
OLEZO ou Olegio , bourg d'Italie , dans la Lombar-
die.au duché de Milan, dans le Novarez , fur le Te-
zin , à fix milles au-deffous de l'endroit où cette rivière
fort du lac majeur , à fept de Sefto Se à dix de Novara.
* Baudrand, édit. 170 y.
OLGANUS, nom de lieu , félon Ortelius , Thefaur.
Etienne le géographe , in voce Mi'eza , le nomme fans
autre éclairciffement ; il femble néanmoins infinuer que
c'étoit une rivière. Peut-être cette rivière n'eft-elle pas
différente de YOlcimusde la Macédoine, dont parle Dios-
coride.
OLGASSUS. Voyez. Olyssas.
OLIA , ville de la Méfopotamie, félon Ptolomée ,
/. /. c. 18. Quelques exemplaires portent Eliïa.
OLIANA , rivière d'Espagne. Elle a fa fource dans
la Nouvelle Caltille, aux confins du royaume de Va-
lence , d'où , coulant vers le midi , elle patte à Gaude-
te , à Utiel , à Requena , entre dans le royaume de
Valence, fe joint au Cabriel , Se fe perd avec lui dans le
Xucar.
OLIAROS , ifle de l'Archipel , l'une des Cyclades ,
entre l'ifle de Siphnus au couchant , Se celle de Paros
au levant. Voyez. Antiparos.
OL1BA, ancienne ville de l'Espagne Tarragonnoife, au
pays des Béions. On croit que c'eft préfentement Olit.
Voyez, ce mot.
OLIBANUS , montagne des Locres Epizéphyriens ,
dans la Grande Grèce. C'eft ainfi que Celfus Contadi-
nus vouloit qu'on lût ce mot , au lieu de Clibanus qui
fe lit dans Pline.
OLîBERA. Voyez. OrixA.
OLIBRIONES. Voyez. Labrones.
OL1CANA , ville de lifle d'Albion, au pays des Bri-
dantes , félon Ptolomée , /• 2. c 2. C'eft aujourd'hui IlK-
ley , fur la petite rivière de Wherf, félon Baxter. Camb-
den, Glojfar. anùq. Britann. dit que c'eft Otf.iey, Se
Lhuyd que c'eft Halegfex.
OLIEN A , petite ville de Sardaigne , fur la côte orien-
tale de l'ifle , environ à dix-huit lieues de Cagliari , vers
le levant , fur une rivière de même nom. * Baudrand ,
«dit. 170;.
OLI
OLIERGUES, petite ville delà Baffe Auvergne, au
diocèfe de Clermont. 11 y a une manufacture de camelots
de laine. Elle eft fit uée fur la Dore , vers les confins du
Forez , à fept lieues deMontbrifon , Se à cinq au deffus
de Thiers. Elle a ritre de baronnie.
OLIETE , Olita , village d'Espagne , dans l'Àrragon ,
fur la rivière Martin , entre Montalvan Se Ixar. Quel-
ques-uns y ont cherché Leonica. Voyez, ce mot.
OLIGYRTISou Ologyrtis, ville du Péloponnèfe;
félon Polybe. Plutarque la nomme Ologuntus dans la
vie de Cléoméne. C'étoit une petite ville de l'Arcadie ,
félon la remarque de Dacier , Hommes illuftres de Blw
tarque, t. 7. p. 81.
OLIKA, ville de Pologne, avec titre de duché , dans
la Volhinie , entre la rivière de Ster Se le duché de Clé-
van ; elle eft forte , a une bonne citadelle , une académie,
& appartient à la maifon de Radziwil. Les Cofaques re-
belles l'affiégerent inutilement en i6ji.
OLIMACUM, ville ancienne de la Haute Pannonie,
félon Ptolomée,/. i.c. i$. On croit que c'eft aujour^
d'hui Lymbach en Hongrie ,aux confins de la Styrie.
OLIMPE. Voyez. Olympe.
OLIMPIA. Voyez. Olympia.
OLIMPUS. Voyez. Olympus.
1. OLINA, nom d'une rivière de la Gaule Celtique;
félon Ptolomée,/. 2. c. 8. C'eft préfentement l'Orne.
Voyez, ce mot.
2. OLINA, ancienne ville de FEspagne Tarragon-
noife , chez le peuple Callaïci Litc'wfn dans les terres ,
félon Ptolomée. On croit communément que c'eft au-
jourd'hui Molina.
3. OLINA. Voyez, Ollina.
OLINDE, ville de l'Amérique méridionale > au Brefil,
dans la Capiranie de Femambouc , dont elle étoit la ca-
pitale. Elle étoit auffi le fiége de l'évêque Se la réfidence
du gouverneur, avant que la ville de Beciffa qui n'en
eft féparée que par un pont , fût auffi confidérable qu'elle
l'eft aujourd'hui. Il y a plufieurs collines dans fon circuit,
Se une grande inégalité de terrein. Le collège qui a ap-
partenu aux Jéfuites , s'y fait diftinguer parmi les édifices
publics. Il a été fondé par Sébaftien , roi de Portugal,
Se il eft bâti fur le penchant d'une colline en un lieu fort
agréable. Il y a dans le territoire de la ville un village de
Brafiliens qui dépend de ce collège : on y compte plus
de neuf cens habitans qui font tous baptifés. Le couvent
des Capucins eft auprès de ce même collège , & celui
des Dominicains eft presque au bord de la mer. Le mo-
naftere de faint Benoît eft dans la ville haute. Il y a
encore un couvent de religieux, appelle la Conception de
Notre-Dame. La principale églife paroiffiale d'Olinde a
le nom de faint Sauveur. Il y en a une autre dédiée à
faint Pierre , fans compter l'églife jointe à l'hôpital , &
qui eft appellée de la Miféricorde;elle eft vers le mi-
lieu de la ville fur un haut coteau auprès duquel eft
l'églife de Nojfa Signora. del Emparo. On y voit encore
les églifes de faint Jean Se de Notre-Dame de la Gua-
daloupe. La chapelle de faint Amaro eft tout proche de
la ville, hors laquelle eft auffi Notre-Dame du Mont.
On tient que les bourgeois font au nombre de deux mil-
le tant hommes, que femmes Se enfans, fans les eccléfia-
ftiques Se les esclaves. Il n'y a aucune ville dans tout
le Brefil qui manque plus des chofes néceffaires à la
vie, de forte qu'il y faut fouvent porter des vivres des
autres gouvernemens , Se même des Canaries & du
Portugal.
Le port , qui n'eft pas fort grand , eft fermé de bancs
Se de rochers comme d'une barre qui borne la côte l'es-
pace de plufieurs lieues , ce qui fait que les gros navi-
res n'y entrent que par une ouverture étroite. Us y
font dans une petite baie , où fe décharge une petite ri-
vière qui descend du continent à une lieue ou un peu
plus de la ville. Sur le port il y a une manière de
fanxbourg où font quelques maifons -, on y porte le fu-
cre Se les autres marchandifes. Il eft défendu par un
château bâti fur un long col de terre vis-à-vis de l'en-
trée du port, qu'il peutaifément fermer aux navires.
Jacques Lancafhe , Anglois , ne laiffa pas d'y entrer en
ÏJ9J avec huit ou dix vaiffeaux ; les Portugais ayant pris
la fuite à fon arrivée , il fe rendit maître du château
& du fauxbourg, dans lequel il y avoit alors cent mai-
OLI
OLI
fons. Il fie un riche butin , de après y avoir demeuré un
mois, il emmena fes vaifleaux chargés de djverfes mar-
chandifes du Brefîl & de tour ce que l'Orient produit
de plus riche. Lorsqu'il fut parti , les Portugais bâtirent
un autre petit château vis-à-vis du premier fur un ro-
cher dans la mer même , ce qui a rendu l'entrée de ce
port presque inacceftîble à l'ennemi. Les Hollandois étant
arrivés dans le Brefîl avec une forte armée navale , pri-
rent cette ville en 1630, & quand ils l'eurent aban-
donnée , les Portugais y rentrèrent 6c en font demeu-
rés maîtres..
Telle étoit la ville d'Olinde , quand de Lact en fai-
foit la defeription. Durret , Voyage de Marjalle à Li-
ma, parc. 2. p. 1 36. qui y a été en 17 10 ou 171 1 , dit :
A une lieue 6c demie de Fernambouc du côté du nord ,
on trouve la ville d'Olinde qui étoit autrefois fort gran-
de 6c fort belle , avant que les Hollandois renflent rui-
née. Elle eft fituée fur quatre petites montagnes dont les
coteaux font d'un très-agréable aspect ; on y voit encore
des maifons 6c des mafures qui font des vefliges de
l'éclat qu'elle a eu au commencement du dernier fié-
.cle, & fur la fin du précédent. La maiion occupée ci-
devant parles JéfuiteSj & qui eft encore entière fur un
de ces coteaux , a coûté plus de douze cens mille li-
vres à bâtir. C'en; la plus belle maiion, tant pour fa
fituation que pour la régularité 6c la magnificence de
fon bâtiment , où rien n'a été épargné. 11 y a auflî des
Bénédictins , des Carmes, des Cordeliers 6c des Capu-
cins. La rivière qui tombe dans ie port eft nommée Bi-
BIRIBE.
OLINTHE. Voyez. Olynthe.
OLIOULLES , bourg de France, en Provence, au
diocèfe de Toulon , à une lieue de cette ville. 11 envoie
fes députés aux aflemblées du pays. 11 femble avoir pris
fon nom de la grande quantité d'oliviers qui font plan-
tés dans fon territoire , 6c qui font les plus beaux
qu'il y air dans toute la province.
OLIT ou Olite, ville de France , dans la Navarre,
fur la route de Pampelune à Sarragoce. C'eft une fort
jolie ville , honorée du titre de cité l'an 1630 , par Phi-
lippe IV. Elle efl: fituée fur le Cidaço 6c capitale d'une
Mérindadc qui contient une cité, dix-neuf bourgs 6c
vingt-fix villages. Elle a été autrefois le fiége des rois
de Navarre, qui y tenoient leur cour dans un beau pa-
lais donr il refie encore quelque chofe. Son terroir efl:
très-fertile , arrofé par de belles fontaines , 6c abondanr
en bled, en vin, en fruits, en lin , en chanvre , en trou-
peaux & en gibier. Selon Baudtand , les Basques nom-
ment cette ville Erriberi, mot qui lignifie Ville Neu-
ve. Elle efl; près de Tafala, à fix lieues de Pampelune
en allant vers Tudèle & vers l'Elbre, dont elle eft à
pareille diftance. Ce fut en cette ville que mourut Char-
les V , roi de Navarre , dernier de la maifon d'Evrcux ,
le 7 Septembre l'an 142.5. On croit que cett la Neman-
tttrifta de Ptolomée. Le dernier roi de Navarre de la
maifon d'Evreux ne s'appelloit pas Charles V ; mais
Charles III , fils de Charles 11 , dit le Mauvais. * Dcli-
ces d'Esp.îgne , p. 679.
1. OLIVA ou Olive , monaflete de Pologne , dans la
Prude Polonoife, fur la côte, à un mille de Dantzig.
On y voit les tombeaux de plufieurs ducs de Poméra-
nie. Les Dantzicois ayant ruiné ce monauere dans la
guerre qu'ils eurent contre Etienne Batori , roi de Po-
logne, l'an i;j7, furent obligés de donner cinquante
mille florins pour le rebâtir. Ce lieu efl remarquable
par le traité de paix qui y fut conclu en 1660, entre
l'empereur & les rois de Suéde & de Pologne. * Bau-
drand , édit. 1705.
2. OLIVA , abbaye d'hommes, ordre de Cîteaux , de
la congrégation d'Arragon , dans le royaume de Navar-
re, au diocèfe de Pampelune.
OLIVARES, bourg d'Espagne, dans la Vieille Ca-
ftille, près de Valladolid. Il fut érigé en comté par l'em-
pereur Charles V , en faveur de D. Pedro de Guzman ,
quatrième fils de D. Jean Alfonfe de Guzman , troifie-
me duc de Médina Sidonia , en confidération des fer-
vices qu'il enavoit reçus dans la guerre. D. Gaspar de
Guzman , petit fils de D. Pedro 6c troifiéme comte d'Oli-
varès , ayant été élevé à la dignité de duc par le roi Phi-
lippe IV, dont il étoit premier miniftre 6c favori, fe
64/
fit appeller comte-duc d'Olivarès, & fe rendit fameux
dans toute l'Europe , tant par le grand ascendant qu'il eut
fur fon fouverain, pendant long-tems, que par la cruelle
disgrâce où il tomba enfin l'année 1642, à caufe du
mauvais fuccès qu'il avoit eu dans toutes fes entrepri-
fes qui réduifirent cette monarchie à une extrême foi-
blefle.^ 11 ne laifla aucun enfant légitime. La fucceflïon
pafla à fon neveu , D. Louis Mendès de Haro , fils de
fa Cœur, cinquième marquis del Carpio. ' Vayrac
Etat préfent de 1 Espagne, 1. j. p. 13;.
i. OLIVE ( L' ) , abbaye de filles , dans les Pays Bas ,
au Hain'aut , diocèfe de Cambrai , à trois lieues de Ni-
velle , entre cette ville & celle de Binche. Elle efl; de l'or-
dre de Cîteaux , fille de Clairvaux , 6c fut fondée en
1220 ou 1240. On la nomme aufli I'Hermiiage.
2. OLIVE. Voyez Oliva.
3. OLIVE, Oliva, petite ville d'Espagne , avec ti-
tre de comté , au royaume de Valence, fur la côte , en-
tre Dénia & Gandie. Elle appartient au duc de Gan-
dic.
OLIVEE, abbaye de France, dans le Berri:elle efl:
de l'ordre de Cîteaux , à une lieue de Monefon-fur Cher,
6c fut fondée en 1144. Cet article eft faux, on l'a con-
fondu avec Olivet. On met ici Mcnefon-fur-Cher : il
n'y a aucun lieu de ce nom , c'eft Menetou.
OLIVELLAS, célèbre abbaye de Bernardines, en
Portugal, dans l'EAramadure , compofée de 250 reli-
gieufes. 11 y a auflî dans le même lieu un monaftere de
religieux du même ordre. L'abbaye fut fondée l'an
1295.
OLIVENÇA , ville de Portugal, dans l'AIentejo , au
midi d'Elvas , à l'orient de la Guadiana, dans une vafle
campagne. Elle eft pallablement grande ; 6c fort impor-
tante à caufe du voifinage de l'Andaloufie , dans un
pays tout uni àc tout ouvert ; auflî les Portugais ont-ils
eu bien foin de la fortifier. On l'a munie de neuf grands
battions , d'un baftion détaché au devant de la courtine
ôc d'un large fofle d'une profondeur extraordinaire. Ou-
tre ces ouvrages qui font revêtus de pierres de taille,
on y voit encore un grand ouvrage à corne conftruit
fur une hauteur. Cette ville fut prife par les Espa-
gnolsl'an 1658, & l'antipathie entre les deux nations étoit
alors fi grande , que de tons les bourgeois il n'y en
eut pas un qui y voulût demeurer , quoique les vain-
queurs le leur permiflenr. Ils aimèrent mieux perdre
leurs biens 6c s'exiler volontairemenr, que de recon-
noître leurs ennemis pour leurs maîtres. L'Espagne l'a
enfuite rendue au Portugal par le traité de Lifbonne en
1668. * Délices du Portugal , p. 79J.
OLIVENSIS , fiége épiscopal d'Afrique , dans la Mau-
ritanie Sitifenfe, félon la conférence de Carthage, où
Lucnts eft nommé episcopus Olivenfis. * Harduin. col-
lect. conc.r. 1. p. ni 1.
OLI VER A, bourg d'Espagne, dans l'Andaloufie,
aux confins du royaume de Grenade , à fept ou huit
lieues de Cordoue , vers le midi. Baudrand dit qu'on
conjecture que c'eft peut-être la petite ville des Turdu-
lcs , nommée Attubi , Atubi , AcubiS , Claritas Ju-
lia. Voyez, ce dernier nom.
OL1VERO , Helicon, rivière de la Sicile , dans la
côte feptentrionale de la vallée de Demona. Elle pafle
à Monte Albano, à Olivero & fe jerredans la mer de
Sicile, près de Tindaro , enrre Patti & Milazzo.
1. OLIVES (Les ), Oliva, abbaye de filles en Fran-
ce , de l'ordre de Cîteaux , filiation de Fontfroide , dans
le Languedoc , aujourd'hui dans la ville de Narbonne.
2. OLIVES ( Le mont des ) Voyez, Oliviers.
1 . OLIVET ( Le mont ) , Mons Oliveti. Voyez. Oli-
viers.
2. OLIVET, Oliveuim, abbaye de France, dans le
Bcrri. Ce font des moines de l'ordre de Cîteaux , de la
filiation de la Cour-Dieu , fous Cîteaux. Elle eft fituée
au diocèfe de Bourges , dans la paroifle de faint Julien
fur le Cher , à deux lieues de Romorentin. Elle a été
fondée le 13 des Calendes de Février de l'an 1 14e. En
171 2 , on y comptoit 27 abbés.
OLIVIERS ( La montagne des) , (a ) montagne de la
Palefline , aux portes de Jérufalem, à l'orient de cette
ville dont elle eft féparée feulement par le torrent de
6^.6
OLL
OLM
Cédron êk la vallée de Jofaphat , qui s'étend du fepten-
trion au midi. Jolèphe , Antiq. I. 20. c. 6. & /. 6. deBel-
lo, c. 5. dit que cette montagne eft éloignée de Jéru-
falcm de cinq ftades, ou fix cens vingt-cinq pas géo-
métriques. Le mont des Oliviers avoit trois fommets ,
ou étoit compote de trois espèces de montagnes , ran-
gées l'une auprès de l'autre du feptentrion au midi. Le
fommet du milieu eft celui d'où Notre Seigneur monta
au ciel. C'eft fur celui du midi que Salomon bâtit des
temples aux idoles , d'où le mont des Oliviers eft nom-
mé Montagne de Corruption. Le fommet qui eft le
plus feptentrional, eft éloigné de celui du milieu de
deux fiades j c'eft le plus élevé des trois , & on le nom-
me ordinairement Galilée ( b). Du tems du roi Ofias , le
mont des Oliviers fut tellement ébranlé par un tremble-
ment de terre , que la moitié de la terre qui étoit du
côte de l'occident s'éboula Se roula jusqu'à quatre fta-
des ou cinq cens pas de-là , vers la montagne qui lui
étoit oppofée à l'orient , enforte que la terre ferma les
chemins &: couvrit les jardins du roi. On peut voir les
voyageurs modernes , & en particulier Jean Cotovic ,
p. z-Ci. pour favoir l'état moderne de la montagne des
Oliviers, (a) D. Calmet , Dict. (b)Rdand, Palxft. t.
2. p. 538.
OLIVOLA ou Olivula. Cetoit autrefois une pe-
tite iile qni faifoit partie de la ville de Venife. Selon le
père Hardouin , c'étoit un évêché , & il cite Domïriicm
Olivolenfis episcopus. Aujourd'hui c'eft le lieu de Venife
où a été bâtie l'églife patriarchale. * Hardiv.n. collecl.
conc. t. 6. p. 5.
OLIVULA, lieu de la Gaule Narbonnoife, à cinq
mille pas de Nice, félon Antonin. Quelques-uns (a)
difent que c'eft faine Ospice , d'autres que c'eft Ville
Franche ; d'autres (b ) enfin la partie de Nice , nommée
Il Castello. ( a ) Corn, Dicl. ( b ) Ortelii Thef.
OLIXUM , 'OA/f&V.Ortelius écrit Olyzun , vjlle de
Grèce, dans la Theffalie. Scylax, Teripl. écrit Olizon.
Homère, Catalog.v. 224. de même
Et asperam Olizonem. Son nom marque fa petitefie ,
félon Etienne le géographe. Plutarque en fait mention
dans la vie de Thémiftocle. Pline, /. 4. c. 9. en parle
auffi.
O L I Z O N E S , ancien peuple de la Thrace , félon
Suidas.
OLKUS, ville de Pologne , entte Czertochow &Cra-
covie , à cinq grandes lieues de la première & à fix de
la féconde. C'eft un pays de montagnes , Se depuis Cze-
rtochow jusqu'en Hongrie on monte toujours. Olkus ,
dit le Laboureur, Retour de la Maréchale de Guébriant ,
p. 16. eft renommée pour les mines d'à "gent Se de plomb
qui font en grande quantité autour de cette ville , qui el-
le-même eft une minière avec tout fou territoire , dans
l'étendue de plus d'une lieue. On y travaille perpétuel-
lement, Se plus de cent perfonnes fe dévouent libre-
ment à cette peine , laquelle de toute antiquité pafibit
pour un fupplice plus cruel que la déportation & les
galères , & cela pour une risdale par femaine. Ils ont
pour tout habit un miférable pantalon d'un fimple ca-
nevas ■ fi bien peint de cette terre métallique , qu'il fem-
bletoit qu'ils fortent d'une teinture jaune. Ils vont nuds-
pieds à travcisdeces pierrettes dans les faifons les plus
îudes. Auprès des mines font les fourneaux pour fépa-
rer & pour affiner les métaux ; on y fond continuelle-
ment. C'eft ce qui a fait bâtir & accroître infenfible-
ment cette ville dans un pays ingrat Se au pied de tant
de montagnes fiériles.
Les mines ne font point du droit royal en Pologne ,
elles appartiennent au feigneur fur la terre duquel elles
fe rencontrent , lequel en fait quelque reconnoiffance ;
& celles qui font fur les terres de la couronne , com-
me celles d'Olkus , fe partagent entre le roi , le pala-
tin Se l 'évoque.
OLLAR1A. Voyez. ChytropoIia.
OLL1CULANI , ancien peuple d'Italie , félon Pli-
ne, /. j. c. $. Il ne fubfiftoit déjà plus depuis long-
teins.
OLLINA ou Olina , ville voifine de la mer Cas-
pienne , félon Etienne le géographe.
OLLIOULES , qui eft une petite ville dont les Pcres
de l'Oratoire ont le collège , eil dans la viguerie & du
diocèfe d'Aix.
OLL1US , nom latin de I'Oglio , rivière delà Lom-
batdie. Sigonius femble croire que c'eft la même ri-
vière que le Clusius de Polybe. Ortelius allure que ces
rivières font différentes , 6c il a raifon.
OLLONE. K^&Olone.
1. OLME. Voyez. Olmi.
2. OLME , bourg de France, en Auvergne, au dio-
cèfe & dans l'éleétion de Clermont.
OLMEDO, petite ville d'Espagne , dans la Vieille
Caftille , fur la frontière de Léon Se au bord oriental
de l'ddaja, rivière qui fépare ces deux royaumes. Elle
eil fituée dans une plaine fort agréable' & très -fertile j
elle a été autrefois plus confidérable qu'elle n'eft pré-
fentement Se a pafle pour une des clefs de la Callille
de ce côté. Elle eft entre Valladolid au nord , Avila
au midi, Médina del Campo au nord-oueft, Se Ségo-
vie au fud-eft. * Délices de l'Espagne , p. 212.
OLMEUS. Voyez. Olmones.
1. OLMI ,"OAju,o/, ville de la Cilicie.dans les monta-
gnes , félon Etienne le géographe , qui dit que de fon
tems elle s'appelloit Séleucide , ItMÛKii;. Pline , /. 5. c.
27. la nomme Olme dans quelques éditions. Celle du
R. Pcie Hardouin porte Holmoe. Voyez, l'article
Holmi.
2. OLMI. Voyez. Olmium.
OLMI/E, 'Ox/xtii, ptomontoire de Grèce, dans la Mé-
garide , fur le golfe de Corinthe. Il y avoit le bourg
de PaGjE qui appartenoit aux Mégariens, Se Oenoa
qui étoit aux Corinthiens , félon Strabon , /. 8. cap.
380.
1. OLMIUM , ville de l'Afie Mineure, dans la dé-
pendance d'Ephèfe. Hefyche dit Amplement ville d'E-
phèfe. Elle eft nommée Holmus , "oa/xb? , par Strabon.
2. OLMIUM , ville de Grèce , dans la Bœotie , félon
Etienne le géographe, qui cite les homériques d'Epa-
phrodite. On verra ci-après qu'il y avoit une rivière de
Bœotie, nommée Olmius, rien n'ernpcche qu'il y ait
eu fur cette rivière un bourg , un village ou une ville
de même nom , Se même elle pourroit bien n'être
point différente du village Olmones. Voyez, ce mot.
OLMIUS, 'OXjuiioi; , rivière de Grèce , dans laBœorîe,
où elle avoit fa fource dans le mont Hélicon. Héfidore
dans fa théogonie , w, f & 6. dit des Mufes , qu'elles
fe baignent dans le Permefle , ou dans l'Hippocréne ,
ou dans le facré Olmius ; Se qu'enfuite elles danfent fur
le fommet de l'Hélicon. Son Scholiafiedit que l'Olmius
eft une rivière fur l'Hélicon, ainfi nommée d'Olmius,
fils de Sifyphe. Strabon écrit que le Permefle Se l'Ol-
meius , fleuves qui descendent de l'Hélicon , fe join-
gnent auprès d'Maliarte , Se fe perdent dans le lac Co-
païde. Strabon écrit ailleurs Olmius.
OLMONES ou Holmones , village de Grèce , dans
la Bœotie, félon Etienne le géographe & Paufanias. Le
premier dit que ce village fut ainfi nommé à caufe
d'Olmius, fils de Sifyphe, Se cite le neuvième livre de
Paufanias , dont voici le paflage : Si de Copa: on prend
fur la gauche, on trouve à douze ftades Olmones ,
& à fept fiades de Holmones, on arrive à Hyertus.
Ce font à préfent deux villages , comme ils ont toujours
été , Se félon mon fentiment ils font du territoire des
Orchomeniens avec la campagne d'Athamnnte. Je rap-
porterai dans l'hifioire des Orchomeniens , ce que j'ai
appris touchant Hycttc qui étoit d'Argos Se Olmus ,
fils de Sifyphe. Cela a donné fujet à Berrius de penfer
que I'Olmium , l'Olmones Se I'Almona d'Etienne,
n'étoient que des noms d'un même lieu , favoir d'un
village firué fur la rivière d'Olmius.
OLMUS. Voyez. Olmium i.
OLMUTZ , ville de Bohême , dans la Moravie , fur
la Morave, au 48 deg. 30 min. de latitude. Elle n'efi pas
grande , mais elle eft bien bâtie, Se fa fituarion cfl fa-
vorable au commerce qu'elle entretient avec l'Autriche ,
la Bohême, la Hongrie Se h Pologne. Elle pafle depuis
long-rems pour la capitale de la Moravie ; quoique quel-
ques-uns prérendent qu'elle a perdu cet avantage que
goflede préfemement la ville de Biinn. Us difenr que cela
OL
vient de la réfiftance que les Suédois trouverenc à Brinn ,
au lieu qu'Olmutz fe tendit fans beaucoup marchander
avec l'ennemi, & témoigna peu de zèle pour l'empereur.
Elle eft à fept milles de Brinn , à vingt de Vienne , à
trente de Cracovie, &fituée dans un pays plat. La Mo-
rave , que l'on y paffe fur un grand pont , fert à la for-
tifier du côté qu'elle remplit (es foiTés, Se de l'autre elle
fait tourner plufieurs moulins propres à divers métiers.
Lupacius, dans ion calendrier hiftorique , au 15 Juin,
nomme cette ville Mans Julius. Goldaft de même, il
ajoute qu'elle a aufii été appellée Spéculum Juin & So~
rigutura. Ortelius, Thefaur. Bertius, Rcr. Germ.p. 107.
Se les interprètes de Ptoiomée croient que c'eft l'Ersu-
bum de ce géographe. Voyez ce mot. La Morave y re-
çoit deux rivières, une qui vient de Sterneb:rg, & un
peu plus bas laFrusTRiTZ. L'évêque en; feigneur fpirituel
Se remporel de la ville. Son palais , qui efl très-beau ,
eft dans l'une de fes deux grandes places. La façade en
ett magnifique , & la cour bordée de galeries Se de qua-
tre grands corps de logis. La cathédrale, qui eft fort belle,
fut bâtie par Uladifhs , marquis de Moravie, frère
d'Ottocare, roi de Bohême, qui y fut enterré ; elle
eft fut les ruines de celle que faint Cyrille avoit con-
facrée. Le fiége d'OImutz fut fondé par faint Cyrille,
qui vivoit en 889 , félonie calcul de Dubravius. C'é-
roir un Slavon favant , à qui on attribue une tradu-
ction de la bible en fa langue maternelle , Se l'invention
des lettres Se des caractères esclavons (a) ; d'autres en
font honneur à faint Methodius, qui mourut à Rome
l'an 907 , au lieu que faint Cyrille mourut à Olmutz ,
& y eut fa fépulture. Après le départ de faint Metho-
dius, la deftruction du royaume de Moravie &: le dé-
membrement de cette couronne , Olmutz ceffa d'avoir
des évêques particuliers ; elle fut fourni fe pour le fpi-
rituel , tantôt à Paflaw » tantôt à Ratifbonne ou à Saltz-
bourg, ou à Prague, jusqu'à l'année 1065. V ratifias ,
roi de Bohême , fépara les évêchés de Bohême Se de
Moravie , qui avoient été réunis à celui de Prague pen-
dant quelque tems , Se mit Jean fon chapelain fur le
fiége d'OImutz ; mais peu d'années après Gebhard ,
évêque de Prague , frère du roi Vratiflas ., s'appropria
l'évêché de Moravie, Se Jean étant mort , Gebhard réu-
nit le fiége d'OImutz à celui de Prague en 1086. Quatre
ans après , le roi, quin'aimoit point l'évêque fon frère,
détacha de nouveau l'évêché d'OImutz , Se le partagea
entre deux évêques. Bruno, dix-ncuviéme évêque d'Ol-
multz depuis faint Cyrille , étoit de la maifon des com-
tes de Holftein & Schauenbourg, vers l'an 1250 , il fixa
fa réfidence à Cremfir qu'il entoura de murailles. L'em-
pereur Guillaume l'ayant invité à la guerre qu'il faifoit
en PrulTe aux Livoniens encore idolâtres, ce prélat s'y
rendit avec Ottocare , roi de Bohême , Se y bâtit la ville
de Brunfberg, qui porte encore fon nom. L'an 13.46 ,
Jean VIII étant vingt-fixiéme évêque d'01mutz,fous l'em-
pire de Charles IV , l'évêché d'OImutz fut retiré de la
jurisdiction de Mayence , Se fournis au nouvel archevêché
de Prague , de manière néanmoins qu'il confervoir fon
évêque. Il fut compté depuis entre les prélatures d'Al-
lemagne , fon chapitre confervant la liberté d'élection,
de jouiffant des droits accordés par les concordats Ger-
maniques. On dit (h) pourtant que cet évêché ne dépend
plus immédiatement que du faint fiége , droit que les
évêques ont obtenu après que l'archevêché de Prague
eut été ravagé par les Hufiites. (a) Aventin, Hift. Boior.
1. 4. (b) Goldafl. de regno Bohem. c. j. p. 583.
La maifon de ville eft détachée de tout autre bâtiment.
Deux des plus grandes rues d'OImutz aboutiflent à la
place qui eft devant cette maifon ; toutes les autres rues
font larges , droites Se bordées de belles maifons , dont
tout le dehors eft peint-, il en eft de même des maifons
de l'autre place , dont une partie eft foutenue par de
grands portiques qui la rendent un lieu de promenade
pour les bourgeois. Le collège des Jéfuites, leur églife
&leur maifon, avec la place qui leur fait face, méri-
■ tent d'être vus. Il y a un couvent de Capucins •, les
Chartreux ont leur monaftere hors la ville , où eft aufii
î'abbaye de Raditz , pofte fi avantageux pour défendre
l'approche de la ville de ce côté , qu'on l'a fortifié &
muni d'une bonne garnifon. Il y a plufieurs églifes fort
belles #: de nouvelle fabrique. Olmutz eft une des plus
O LO 647
agréables villes Se des mieux bâties de l'Allemagne. *
Jouvin de Ruche fort , Voyage d'Allemagne.
OLO ou Ololo , village de l'ifle de Candie, fur la
côte orientale ; c'eft l'Olus des anciens. * Baudrand ,
édit. 170;.
OLOBAGRA ou Olobogra , ville de la Macédoi-
ne , félon Etienne le géographe.
OLOCHARA , ville de l'Inde , en-deça du Gange ,
félon Ptoiomée , /. 7. c. r.
OLOGITUM. Ifidore nomme ainfi Oliba , ville
d'Espagne. Voyez ce mot. Ortclii Thefaur.
OLOGUNTUM , en françois Ologonte, ville du
Péloponnéfe , félon Plutarque. C'eft la même ville qu'O-
LIGYRTIS.
1. OLON , ville de la Paleftine , dans les montagnes
de la Tribu de Juda. Il en eft parlé dans le livre de Jofué,
c. 15. v, ji.C'étoit une ville facerdotale , c. z\.v. 15.
& 1. Parai, c. 6. v. 6ç>. Se de refuge. Olon , Holon ,
Cholon , Heson , Holan ou Cholan , c'eft le mê-
me nom , félon dom Calmer.
2. OLON, Aulon ou Aulona , village de Suiffe,
au pays Romand. 11 eft grand Se paroifTial, & chef-lieu
d'un mandement. Il eft iltué à une lieue d'Atg:eau pied
de la montagne. De ce mandement dépendent l'Abbaye
de Sale , dont l'abbé de faint Maurice tire les revenus ;
saint Thyphon , fitué fur une hauteur, au milieu d'une
plaine, avec un vieux château ruiné, dont on voit en-
core une tour de marbre qui paroît de fort loin ; Se Pa-
nex qui eft dans la montagne , où font des fources d'eau
falée. Il y a dans ces quartiers- là des montagnes entiè-
res de très-beau plâtre & quelques carrières de marbre
noir. * Etat & délices de Suifle , t. 2. p. 258.
3. OLON , petite rivière de Lombardie , au duché
de Milan. Elle a fa fource aux confins des Grifonsprès
d'Arcifa , d"où , coulant au midi affez près de Varefe ,
vers Seprio , qu'elle arrofe, elle ferpente, tantôt vers
l'orient Se tantôt vers le midi, baigne les bourgs de
Caftellanza , Legano , Parabiaco , Nerviano , Rho , & va
tomber en partie dans les fofles de Milan ; une autre bran-
che traverfe le grand Naviglio, entre dans lePavefe Se va
fe perdre dans le Pô , presqu'aux confins du Milanez Se
du Plaifantin , au deftous d'Arena. * Jaillot , Atlas.
OLOND^£, peuple de la Sarmatie Afiatique, félon
Ptoiomée. Il les met auprès de la mer Caspienne.
1. OLONE , château d'Espagne. Tite-Live , /. 33.
dit qu'il fut pris par M. Fulvius. Ce mot s'écrit aufii par
un H. Holone. C'eft la même chofe que Holo. * Or-
telii Thefaur.
2. OLONE ou Olonne , bourg de France , dans le
bas Poitou , à neuf lieues de Luçon, avec un port fur
la côte de l'Océan. Corneille ditd'Olone, que c'eix un
bourg , Baudrand dit que c'eft une petite ville. Il faut
dillinguer l'ifle , le bourg , le château , la ville Se le port.
L'isle d'Olonne confifte en quelques marais répan-
dus autour de cette ville , & où la mer fe répand dans
les hautes marées, ce qui fait une ifle.
Le port d'Olonne eft dans un petit golfe, au
commencement de la côte méridionale du Poitou , à
l'entrée d'une petite rivière. Un château en défend l'en-
trée. Ce port peut recevoir les plus gros vaifîeaux de
l'Océan, Se même une armée navale entière. D'un côté
les rochers le bordent presqu'entierement , & de l'autre
il y a un grand quai où s'étend la plus grande partie des
maifons. On voit quelquefois à ce port plus de cin-
quante navires qui viennent de l'Amérique où fe fait la
pèche de la morue. Auprès de ce port eft la ville.
La ville s'appelle les Sables d'Olonne, nom que
porte aufii toute l'élection dont elle eft la capitale. Voyez,
au mot Sables , l'article Saeles d'Olonne.
Le bourg eft plus avant dans les terres, au nord
oriental Se à rrois quarts de lieue du port. C'eft pro-
prement ce bourg qui eft l'ancienne ville d'Olonne : pres-
que tous fes principaux habitans font paffés dans la ville
des Sables, attirés par les avantages que le port donnoit
à leur commerce. Ce lieu avoit fon feigneur particu-
lier , nommé Hervé , au douzième fiécle. 11 eft nommé
dans une lettre de Géofroi de Vendôme. Cette feigneu-
rie vint enfuite à la maifon de Mauléon en Poitou ,
dont les biens vinrent à celle de Thouars. François de
la Trimouille, vicomte de Thouars, avant eu defa femme
648 OLO
Anne.de Laval,plufieius cntans, laiffa à fon fils , Geor-
ge de la Trinioeille , les baronnies de Royan & d'Olon-
ne. George eue pour fuccelieur Ton fils , Gilbert de la
Trimoeille , en faveur duquel Royan fut éiigé en mar-
quifat Se Olonne en comté. Le duc de Châtillon , de
la maifon de Montmorenci-Luxembourg , époufa l'hé-
ritière de cette branche cadette de la Trimoeille.
Le château d'Olonne eft au levant d'été du bourg ,
Se au nord eft de la ville.
OLONITZ ou Alonitz, ville de l'empire Ruflien,
entre le lac d'Onega à l'orient Se celui de Ladoga au
couchant , au midi d'une montagne où il y a des mi-
nes de fer. Une fource minérale ayant été découverte
auprès de ces mines , Pierre le Grand y envoya un mé-
decin pour en examiner les qualités, Se pour en faire
boire à quelques malades. Comme ces eaux leur firent
du bien , & que le Czar lui-même s'en fetvit avec fuc-
cès , elles devinrent fort célèbres. On croit que la répu-
tation que ces eaux eurent en 1718, étoit un effet de la
politique ; le Czar avoit remarqué que quantité de per-
fonnes de diftinction vont fe divertir à Pyrmont , a
Calfbad , & à Spa, ce qui rend ces lieux célèbres Si
floriffans. Olonitz n'efl rempli que d'artifans , qui n'ont
pour vivre que les petits gages qu'ils reçoivent de la
cour. Ils font des fufils & des épées, & tous les ans on
en forge beaucoup plus qu'ils n'ont occafion d'en ven-
dre. 11 eft à croire que le Czar connoiffant l'averfîon na-
turelle qu'ont les Rumens pour les remèdes d'apothi-
caire , avoic pris cette occafion de recommender ces eaux,
en donnant lui-même un exemple qui les mettait à la
mode <, Se de faciliter par-là le débit des armes qu'on y
vendoit, Se en même-tems procurer quelque douceur
aux habitans. * Mémoires de l'empire Rujjîen , pag. 264.
Le docteur Breynius fouhaitant de connoîtie la nature
& les qualités de ces eaux , s'adrefia au fieur Remus ,
docteur en médecine à Peterfbourg. Voyez, la réponfe
de celui ci , Bibliothèque German. t. 5. p. 117.
Les vertus de ces eaux , par rapport à la médecine,
au moins celles que l'expérience a fait connoîtie , font
affez confidérables. Elles tiennent le ventre libre , quoi-
que dans quelques perfonnes elles le relTerrcnt , de ma-
nière pourtant qu'elles donnent aux déjections groffiercs
une forte teinture de noix. Elles opèrent beaucoup par
les urines, Se n'excitent aucun vomiiTement, à moins
qu'on en prenne en trop grande quantité , ou qu'on y
mette du fel polychrefte. Plufieurs perfonnes auxquelles
la moindre nourriture caufoit des naufées & des vomis-
femens, ou qui étoient incommodées de diarrhées ou
de mal de rate, Ont trouvé dans l'ufage de ces eaux un
remède à leurs indispositions. Elles font auffi propies
à diflîper les obftructions. On a même remarqué , avec
étonnement, qu'elles avoient diflbus de gtos farcocele:;,
& qu'elles avoient beaucoup contribué au foulagement
d'une perfonne incommodée de grandes palpitations de
cœur caufées par un polype , qu'on trouva confidéra-
blement diminué lorsqu'on fit l'ouverture du cadavre.
Pour les maladies du poumon , ces eaux ne leur font
point favorables : ce qui leur eft commun avec toutes
les eaux minérales.
Outre ces qualités , ces eaux en ont peut-être d'au-
tres qui font inconnues, Se que l'expérience n'a pas en-
core manifeftées. Quant à la manière de les prendre ,
on en porte la dofe jusqu'à dix ou douze livres. On
n'en fera pas furpris, ft l'on confidere qu'elles n'incom-
modent , ni par leur quantité , ( à moins qu'elle ne foit
excefïîve ) , ni par le féjour qu'elles font dans l'efto-
mac. Il faut feulement remarquer qu'on va par degrés
jusqu'à cette dofe , Se qu'on la diminue dans la même
proportion qu'on l'avoit augmentée. On en commence
Se on en finit l'ufage par la purgation , Se on fe fert
pour cet effet de pilules de Spa.
OLONNE. Voyez. Olone & Sabi.es d'Olonne.
OLONOIS ( Les ) , habitans des Sables d'Olonne ,
au Bas-Poitou.
OLONSAC , petite ville de France , dans le Bas Lan-
guedoc , au diocèfc de S. Pons. C'eft une ville diocéfaine.
OLOOSSON , ville ancienne de la Theffalie. Stra-
bon dit dans la Perrhébie. Etienne dit Oloo>son , ville
de Magnéfie. Cellarius a fait voir par l'autorité de Scy-
lax, que les Pcrrhébiens occupoient dans les terres le
OLP
pays contiguà la Magnéûe. Homère, Ili'ad. B.v.-x%.
nomme Oioojfon la B. anche. Le traducteur latin de Stra-
bon rend ces mots par ceux-ci : Allisqite OlooJJona mu-
ris , comme fi le furnom de Blanche venoit de la cou-
leur des murailles de cette ville. Ce n'eft point cela.
Strabon , /. 9. p. 440. explique l'épithéte de Blanche ,
en difant que le poète nomme ainfi Oloofion à caufe
de la blancheur de l'argiilc dont fon terroir étoit com-
pofé.
OLOPHYXOS , ville de Thrace , auprès du mont
Athos , félon Etienne le géographe. Hérodote , /. 7. ».
22. la met entre les villes que le roi de Perfe voulut
détacher du continent où elles étoient , en coupant l'ifth-
me du mont Athos. Thucydide, l. 4. p. 325. en parlé
auflï , & dit que cette ville Se celles du voifinage étoient
habitées par un ramas de peuples barbares qui partaient
deux langues ; apparemment la grecque Se celle de l'A-
ile. Pline , / 4. c. 10. la nomme de même. Une pon-
ctuation vicieufe a fait croire à Ortelius que Pli-
ne donnoit ce nom à un gclfe. Voici le paffage : Poli-
d&a , mine Cajjandria Culonia Anthcmus Glcphyxus Si
nus , Mecyberna. C'eft ainfi qu'on lit encore dans l'é-
dition des Elzévirs , poftéiieure à Ortelius. Le P. Har-
douin a rectifié cette ponctuation , & lit Potidœa nunc
CafJ'andria Colonta : Anthcrnuf , Olcphyxos : Sinus Me-
cybern.tits. Alors tout fe retrouve dans l'ordre , cha-
que chofe fe retrouve ce qu'elle doit être.
OLORENSIS ou Oloronensis Voje ~Oleron.
OLOROS , ville de Grèce, dans la Piérie ; félon Fline,
lib. 4. c. 10. cité par Ortelius ; mais l'édition du P.
Haidouin rétablit Aloros. C'eft ainfi qu'il faut lire.
Voyez Aloros 2. qui eft la même.
OLOSTR./E, peuples de l'Inde, joignant l'ifle de Pa-
tale , félon Pline , /. 6. c. 1 9.
OLOT , ville maritime d'Espagne, dans la Tarragon-
noife , félon Corneille , qui dit que les tremblemens de
terre l'ayant ruinée en 1^28, les habitans en changeient la
iltuation Se la rebâtirent au lieu où elle eft préfentemenr.
Il ajoute que c'eft l'ancienne ville que Ptolomée appelle
Basi. L'Espagne Tarragonnoife étoit fort grande, &
s'étendoit depuis le cap de Finiftetre jusqu'aux Pyré-
nées ; mais la Basi de Ptolomée ramené dans la Ca-
talogne aux environs de Gironne. Mes cartes ne font
point mention d'Olor. Olot eft une petite ville de Ca-
talogne dans l'Ampoutdan.
OLOTOEDARIZA , ancien lieu de la petite Ar-
ménie. Antonin le met fur la route d Arabiflus à Sa-
tala , en abrégeant le chemin, Se le place entre Nico-
polis Se le lieu nommé ad Dracones , à vingt-quatre
mille pas de la premiete , Se à vingt fix mille pas du
fécond. Les exemplaires varient beaucoup. Simler lit
Outto Eulariza ; l'exemplaire du Vatican Oluto
Eulariza -, les éditions des Juntes & des Aides ont,
comme Simler, Olitto Eulariza. Zurita préfère
Clotoédariza. Il avoue pourtant que le manuferit
du roi porte Olotoedariza : on peut voir dans fa
note toutes les variantes de ce mot qu'Antonin emploie
dans trois routes différentes. i°. Ab Arabijfo per com-
pendium Satalam. 1°. A Cœfarea Satalam. 30. A Ni-
Cupoli Satalam,
OLIVE , ville de Grèce, dans l'Acarnanie , félon Etien-
ne le géographe. Thucydide , /. 4. c. 247. dit également
Olpa au fmguîier, Se l. 3. c. 243. Olpje, au pluriel. 11
en donne cette defeription -, Ceux d'Ambracie entrè-
rent dans le pays d'Argos ( l'Amphilochique ), Se s'em-
parèrent d'Oipes, fertereffe fituée fur une colline au
bord de la mer. Les Acatnaniens l'avoient fortifiée pour
y tenir leurs" affemblees , Se y terminer leurs dirrérens.
Ce lieu eft éloigné de la ville maritime de ceux d'Ar-
gos de près de vingt-cinq ftades. Je ne puis m'empê-
cher de relever ici une louidc bévue que fait d'Ablan-
court, faute de connoîcre les anciennes diltances, qu'il
évalue félon fon caprice. Il traduit les vingt cinq fta-
des par deux lieues ou environ. D'Ablancourt. fait. Ces
lieues de quatre milles italiques -, car il n'en connoît
point d'autres. Ces quatres milles italiques valent cinq
milles romains, comme je l'explique au mot Mesure
itinéraire : or, huit ftades finit un mile romain ,
donc vingt -quatre ftades font trois mille romains, donc
cinq font la lieue de d'Ablanconrt. Comment fe peut-il
qu'un
OLT
qu'un peu moins de vingt-cinq ftades fafle environ
deux lieues, puisqu'il s'en faut un peu moins de deux
cinquièmes qu'ils ne faflent une lieue entière ? Il de-
voir donc réduire les vingt-cinq ftades par environ trois
quarts de lieue.
OLPIA , en grec *Oaot*. Phavorin nomme ainfi !cs
Alpes.
OLPIT A , petire rivière d'Italie , au duché de Caflro.
EMe tire fa fource du lac de Mezzano , Ôc après avoir
bai"né le pied du château Farnefe & les ruines de Ca-
ftro , elle va fe décharger dans le Fiore, qui porte les
eaux dans la mer. * Magin, Italie.
OLRUNA. Baudrand dit que c'eft un des noms la-
tins de la rivière de Tolder. Voyez, ce mot.
OLSARUM , bourg d'Angleterre, dans la province
de Wilts. Il envoie lès députés au parlement. * Etat
préfent de la Gr. Bret. t. i.
ÔLSNA. Voyez. Olss.
OLSNITZ. Zeyler, Saxon. Super. Topogr. pag. 147.
écrit Oelssnitz , ville d'Allemagne, dans la Haute-
Saxe en Misnie, dans le Voigtland fur l'Eilert , entre
Audorf Ôc Plawen , à un mille de ce dernier. Elle a
toujours dépendu d'un château voifin nommé Voigts-
burg ou Voigtsberg , que quelques-uns prétendent
avoir été fondé par Drufus. Zeyler dit beaucoup mieux,
qu'il doit fon origine à un bailli impérial qui y faifoit
fa réfidence.
OLSS , ville du royaume de Bohême , dans la Baffe-
Siléfie , à quatre petits milles au nord-efl de Breflau ,
avec titre de principauté. Baudrand dit que l'on pro-
nonce ôc que l'on écrit Els , ce qui n'eft pas vrai. La
prononciation de cet O eft comme notre Ûeu ; c'eft
une diphthongue pour le fon, L'orthographe d'Ei.s eft
inulitée. Hubner écrit Oels , Zeyler Olss & Olse. Ce
n'étoit qu'un bourg , lorsque l'empereur Henri I 1 éri-
gea en ville , l'an 936 , qui fut l'année de fa mort. 11
lui accorda de beaux privilèges. Elle eft pafTablement
grande , ôc jouit d'un allez bon air. 11 y a une belle
églife joignant le palais. Il y a auflï une prévôté ôc un
collège. La réfidence du prince a de fort beaux apparte-
mens. Au milieu de la ville eft l'hôtel de ville , qui elt
un allez bel édifice. La place où fe tient le marché eft
un grand carré , ôc les rues font belles. Les murs ôc les
foffés en font une place de réfiftance , ôc les fauxbourgs
en font très-beaux. * Zeyler , Silefiae Topogr. p. 168.
La principauté d'Olfs a eu depuis long-rems des ducs
particuliers. Le dernier de cette famille , favoir Con-
rad VIII, étant mort en 1491 fans poftérité , fa fuc-
ceffion fut dévolue à Vladiflas , roi de Bohême , qui s'en
accommoda avec Henri , duc de Munfterberg , fils de
George, roi de Bohême , prédécefleur de Vladiflas.
Cette principauté eft venue enfuite avec l'héritière de
Munflerberg Elifabeth-Marie , fille de Charles Frédé-
ric , dernier duc ôc prince d'Oels , à une branche de la
maifon de Wurtenberg, par Silvius Nimrod de \Y/ur-
tenberg , qui époufa cette princeffe. Il hérita de la fuc-
ceflion en 1648, parla mort de fon beau-pere. 11 mou-
rut en 1664, fon fils aîné mourut à dix-huit ans en
1668. Silvius-Frederic fécond, fils de Silvius-Nimrod,
fut prince d'Olfs , n'eut point d'enfans , ôc mourut en
1697. Le troifiéme fils, Chriflian-Ulric, qui avoit fa
réfidence à Bernflad , dont il portoit le nom , prit alors
la qualité de prince d'Olfs. Le quatrième fils étoit Ju-
les-Sigismond , qui donna le nom de Juliusberg , à
la réfidence qu'on lui avoit affignée. Il mourut l'an 16S4.
Son fils unique quitta cette réfidence pour celle de Bern-
flad , quand la ligne de Bernflad eut fuccédé à celle
d'Olfs. Il n'y a dans cette principauté que ces trois lieux
qui foient remarquables -, favoir ,
OLY 649
Olfs , Bernflad ,
Juliufberg.
C'étoient autrefois trois réfidences ; maintenant il n'y
a plus que les deux premières qui ayent cet avantage.
Cette branche de Wurtenberg , elt celle qu'on nomme
la branche de Siléfie. * Divers Mémoires.
OLT , ALT ou Alaut. Cette rivière nommé Alu-
ta par les anciens , eft la même quel'ALAUT, dont je
donne la defeription en fon lieu. Elle coule dans la
Tranfilvanie , ôc traverfe la Valaquie.
OLTEN, petite ville de Suifie, au canton de bo-
leure, où elle elt capitale d'un bailliage ; elle eft
jolie ôc fituée fur une colline, a la rive gauche
de l'Aar , fept lieues au-deffous de Soleure. On y
remarque un fort beau pont de bois fur la rivière , il
eft long de 372 pieds , ôc toutes les pièces en font liées
par des crampons de fer. 11 y a la un partage fort com-
mode ôc allez important. La Dinnere , petite rivière ,
s'y jette dans l'Aar , ôc produit des écrevilTes naturelle-
ment rouges. On les ferc quelquefois fur la table avec
des écrevifïes cuites, pour faire une malice aux étran-
gers , pour qui ce phénomène eft nouveau. Il y a dans
le bailliage d'Olten, près deDulliken , une fontaine d'eaii
minérale, nommée Tunkerbrun , qui eft bonne , princi-
palement contre la dyllenterie. * Etat & délices de la
ouijfe , tom. 3. p. 82.
OLUC-COUL. Les Tartares nomment ainfi le grand
couranr du fleuve Irtisch , qui coule dans le Mogoliftan.
* Timur-Bec , 1. 3. c. G.
OLVERS-AA , rivière de l'Iflande. Elle traverfe
dans la partie méridionale de cette ifle , la contrée
d'Olves , qui lui donne ce nom , & fe va perdre dans
l'Océan près du port d'Eyrarbaka, félon Torlae cité
par Baudrand.
OLUG-YURT, les Tartares nomment ainfi la gran-
de Horde , fiége des rois de Calmac , ou plutôt des
rois Kans ou empereurs Mogols, près de Caracorom^
capitale de Calmac. * Timur-Bec , 1. 4. c. 6.
1. OLULiS, ancienne ville de l'ifle de Crète, dans fa
partie orientale, félon Ptolomée , /. 3. c. 17.
2. OLULIS, ancienne ville de Sicile, dans fa partie
occidentale , félon Ptolomée, /. 3. c. 4. Ses interprètes
difent que c'eft préfentement Soronto.
OLURO, village quelque part vers. Fldumée. Jofephe
en fait mention dans la guerre des Juifs, /. s- cj.
1. OLUROS , ville ancienne du Péloponnèfe dans
l'Achaïe propre. Pline,/. 4. c. 5. dit, après avoir nom-
mé Léchée port des Corinthiens -, Mox Oluros Pclle-
norum Caftellum. C'étoit un château élevé pour la fu-
reté de la ville de Pellene d'Achaïe. Le nom d'Olic-
ros fait connoître que ce château étoit là pour la dé-
fenfe d'un port , car "Oxvpoç en grec fignifie la même
chofe que P anhormos , qui veut dire un port propre à
recevoir toutes fortes de vaiffeaux. Pomponius Mêla t
Xénophon& Etienne le géographe parlent aulfi de ce lieu.
2. OLUROS ou Oluris , lieu du Péloponnèfe dans
la vallée de Meffenie. Quelques-uns le nommoient Do-
rium, au. rapport de Strabon , /. 8. c. 350.
OLUS, ville de Crète , félon Etienne le géographe.
Paufanias en parie aufli , /. 9. c. 40. C'eft peut-être
I'Olulis de Ptolomée.
OLUTORSK1 ( Les ) , habitent les bords de la mer
Orientale , au fud des Tzuktzchi , ôc des Tzchalatzki ,
avec lesquels ils font forr liés , ont la même religion ,
les mêmes mœurs ôc la même haine pour les RufTes.
Voyez les Tz.itl^tz.chi .
OLYBAMA , ville des Scythes-Arméniens , félon
Berofe , cité par Ortelius.
OLYBRIA. Voyez. Selymbria.
OLYCA , ville de Macédoine, félon Etienne le géo-
graphe , qui cite Théopompe.
OLYCR^E , ville voifine de Naupacte , félon le même.
OLYMPE , ville de l'Illyrie, félon le même.
OLYMPENA CIV1TAS , ville d'Afie en Myfie, au
voifinage du mont Olympe, félon Pline, /. j.c. 32.
OLYMPENI , habitaus du mont Olympe dans la
Myfie.
1. OLYMPIA, ville du Péloponnèfe dans FElide ,
auprès de l'Alphée. Strabon , /. S. p. 353. parlant du
temple de Jupiter Olympien qui y étoit , dit qu'au-
devant étoit un bois d'oliviers, dans lequel étoit le itade f
ou lieu defliné à la courfe. Ce temple elt, dit-il, à
trois cens pas d'Elide. Olympie fut d'abord célèbre
par les oracles qu'y rendoit Jupiter Olympien. Après
qu'ils eurent celle , le temple ne JaifTa pas de conferver
fa gloire, & devint même plus fameux que jamais par
le concours des peuples qui s'afiembloient pour voir
les jeux , ôc couronner ceux qui avoient remporté le
prix. Il y avoit une flatue d'yvoire qui repréfentoit
Jupiter j c'étoit l'ouvrage de Phidias. Jupiter paroiflbic
Tom. IV. N n n n
6*0 OLY
aflis , & fi grand , que fa tetc touchoit presque au haut
du temple , & il fembloit qu'en fe levant il devoit em-
porter le comble de cet édifice. C'efi ce que Pomponius
Mêla, /. 2. c. 3. a exprimé en peu de mors. In Elïde
Fanum Delubrumqiie Olympu Joins , certam'me gymni-
co C?" Jtngulari fantlitate , ipfo quidem fimulatro quod
Pbidu opus eftt maxime nobile. Pline, /. 4. c. j. dit:
A douze mille pas de Tylos , plus dam les terres , ejl
le temple de Jupiter Olympien , qui par la célébrité de
fes jeux renfermoitles faftes de la Grèce. Comme ces jeux
fe célébroient tous les quatre ans , on s'accoutuma à
prendre ces quatre ans pour l'espace d'une Olympiade
à l'autre , & à marquer de-là les dates des événemens
remarquables : c'eft pourquoi on trouve dans les hi-
ftoriens, telle année de telle Olympiade. Etienne le
géographe dit qu'Olympia s'appclloit anciennement Pis A ;
de-là viennent les noms de Pis^ci , & de Pisat* pour
les habitans de cette contrée ; ôc de Pisaus Ager ,
de Regio , ou Terra Pisatis pour la contrée mê-
me, dont Strabon ôc Polybe , /. 4. c. 74. fe font fervis.
Strabon, /. S. p. 356, dit : Quelques-uns dérivent le
nom de Pifatide de Pise , ville qui porte ce nom , aufli
bien qu'une fontaine : D'autres difent qu'il n'y a jamais
eu de ville de Pifê, mais feulement une fontaine ; mais
la ville de Pife efi fuffifamment prouvée par Paufanias,
Eliacoi. c. 10. qui dit que les Eléens détruifirent Pife
durant la guerre , ôc enfuite , /. 2. c. 22. qu'il ne refioit
aucune trace âes murs ni des édifices, mais qu'on avoir
planté des vignes au lieu où Pife avoit été. Pindare dit :
O bois de Pife bien garni d'arbres au bord del'Alphée!
Etienne le géographe dit : Pife , ville ôc fontaine d'O-
lympie. Ptolomée , /. 3. c. 16. joint les deux noms en-
femble , & dit Olympie Pise, 'Ohvfj.7iia uitr^ai. Ce qu'il
y a de certain , c'efi que tous les hiftoriens parlent d'O-
lympie , & ne parlent non plus de Pife que \\ elle n'eût
jamais exifté. Il patoît qu'Olympie fuccéda à la ville
de Pife, qu'elles n'étoient pas fur le même terrein, mais
en des lieux très-voifins & à côré d'un même bois -, que
l'une fe forma des ruines de l'autre-, ôc que quand , dans
les tems hifforiques , il y eut occafion de parler d'OIym-
pie , il n'étoit plus quefiion de Pife , dont le fol étoit alors
couvert de vignes. Cette ville d'Olympia efi aujourd'hui
appellée Longanico , fur la rivière d'Erafino , autrefois
l'Alphée.
2. OLYMPIA. Philofirate, in PaUflra. met un lieu
de ce nom dans l'Arcadie.
OLYMPIAS, fontaine du Péloponnèfe , dans l'Arca-
die , félon Paufanias , /. 8. c . 29. qui dit qu'elle jette al-
ternativement de l'eau d'une année à l'autre ; c'efi à dite ,
qu'elle coule durant une année , & qu'elle ne coule plus
l'année d'après. Auprès de cette fontaine la terre jette
des flammes. Les Arcadiens regardoient cela comme une
fuite du combat des Titans contre les dieux.
OLYMPICUM TEMPLUM, temple de Jupiter
Olympien en Sicile, à quinze cens pas de Syracufe , félon
Tite-Live , /. 24. c. 33. Les nouvelles éditions portent
Olympium. Diodore l'appelle de même 'OXv/jlttiov.
Thucydide en fait aufli mention, & l'appelle Olym-
riETJM.
OLYMPIENI , les mêmes qu'Oi-YMPENi.
1. OLYMPIEUM. Voyez. Olympicum.
2. OLYMPIEUM , lieu parriculier de l'ifle de De-
los , où il y avoit des Athéniens établis. C'eft de cette
colonie qu'il faut entendre ces paroles d'Etienne le géo-
graphe : Olympieum, lieu en Delos , qui ayant été bâti
aux dépens d'Adrien, fut nommé parles Athéniens La
nouvelle Athènes d'Adrien. Cet établiffement des
Athéniens à Delos eft prouvé , non feulement par ce
pafiage , mais encore par quelques inferiptions de Gru-
ter. On lit dans une AGHNAinN TON EN AHAft , ôc
dans une autre , A0HNAOI2 TOI2 EN AHAQ. A quoi
on peut en ajouter une autre trouvée à Delos , ôc por-
tée de-là à Confiantinople chez l'ambafiadeur de France,
fur laquelle on lit AHMOX AeHNAIfiN , ce qui doit s'en-
tendre des Athéniens établis dans l'ifle de Delos. * Mis-
cell. er udit a Antiquït. p. 345-,
OLYMPIS , place forte du Péloponnèfe , près des
montagnes, aux confins des pays de Lacédémone &
d'Argos. * Polybe , /. 3.
1. OLYMPIUM. Voyez. Olympicum.
OLY
1. OLYMPIUM, lieu du Péloponnèfe .près de Co-
tinthe, félon Paufanias, de Caitfis Plant. I. 5. Théo-
phrafte dit que Corinthe-Cranium ôc Olympium funt
des lieux voifins.
OLYMPIUS MONS. Voyez, Olympus.
OLYMPUS , ce nom étoit commun à trois villes,
à un promontoire ôc à douze montagnes. Entrons dans
le détail. On dit Olympe en françois, quelques-uns
écrivent Olimpe.
Villes nommées Olympe, en latin Olympus.
1. OLYMPUS , vile d'Afie, dans la Pamphylie, fé-
lon Etienne le géographe.
2. OLYMPUS, ville d'Afie, dans la Lycie, félon
Ptolomée , /. y. c. 3. Elle étoit auprès de la mer, entre
Phafelis Se le promontoire Hyeron ou facré, félon cet
auteur. Ortelius, Thefaur. dit que Socrate le Scholaftiqne
en fait mention. Pline, /. 5. c. 27. dit qu'elle ne fub-
fifioit plus de fon tems. Olympus Oppidum ibi fuit.be-
lin,c. 39. edit. Salmaf. qui le copie d'ordinaire, dit de
plus qu Olympe avoit été une ville fameufe , mais qu'el-
le étoit détruite ôc qu'il n'y avoit plus qu'un fort ( Ca-
ftellum). Strabon, /. 14. p. 665. la compte entre les fix
principales villes de la Ljcie , & dit qu'ellr étoit grande,
ôc voifine d'une montagne de même nom ; mais dans le
même livre , il nomme une forterefie & une monta-
gne Olympe, & dit que Zenicete, brigand, s'y retiroir.
Si Ptolomée la nomme, ce n'eft pas une preuve qu'elle
fubfifiât de fon tems. Saumaife , in Solin.p. 802. obferve
que cet auteur nomme comme exillantes des villes dé-
truites. Solin avoit lu dans Strabon eu ailleurs , qu'il y
avoit une forterefie-, & dans Pline, que la ville ne frb-
fifioit plus : il en a conclu que la ville avoit fait place à
la forterefie. Voila les raifons donr le (ertSaumaife : mais
il falloit bien que cette ville fe fût relevée, puisqu'il y eut
un évéque. La notice de Léon le Sage y met bien ex-
prefiément un évêché. Leunclavius met entre les évêques
de Lycie celui d Olympe }é'OXv/x7Tn. Le P. Hardouin ,
in Plinium. rapporte à cette ville d'Olympe lAriftocri-
tus Olympenfis , dont il eft parlé au concile de Chal-
cédoine ; mais il étoit de la province de Pamphylie ,
félon le P. Hardouin lui-même. Et par conféquenr il
appartenoit à l'Olympe d'Etienne le géographe. Ortelius
foupçonne que cette Olympe eft la même de laquelle
Athénée dit que le roi Cyrus avoit fait préfent à Pythar-
que ; mais il la nomme Olympium.
OLYMPUS , ville d'Afie , dans la Cilicie. Cette der-
nière n'eft pas fort connue : je fuis même perfuadé qu'el-
le n'eft point différente de celle de Lycie. Ortelius qui
fournit cette troifiéme ville d'Olympe , s'appuie de l'au-
torité de Florus & d'Asconius Pedianus. Or le premier,
à l'endroit cité par Ortelius, /. 3. c. 6. dit feulement,
que dans la guerre contre les Pirates . Publius Servilins
alla ruiner leurs plus fortes villes , Phafcles ôc Olvm-
pe, qu'ils avoient enrichies depuis long tems de toutes
leurs prifes , Se Ifaure même le boulevard de toute la Ci-
licie, &c Asconius Ptdianus fur la troifiéme verrine de
Cicéron , appelle villes de Cilicie, Corycum , Olympe
& Phafelis. Pline donne Phafelis à l'extrémité de la Ci-
licie ôc Olympe à la Lycie. Ptolomée les place dans la Ly-
cie l'une & l'autre. Strabon parle de cette même guerre
à l'occafion de fon Olympe de Lycie. Concluons
donc que c'eft la même.
Après cela il eft aifé d'appprérier l'article de Bau-
drand qui fait trois villes épiscopales. Olympe , dit-il ,
étoit anciennement une grande ville épiscopale de Cili-
cie , fur la côte de la mer , au pied du mont Phœnix ,
entre Phafele & Corice. 11 ajoure : Il y avoit une autre
gtande ville épiscopale de même nom en Lycie au mi-
lieu des terres. Elle étoit fuffragante de l'archevêché de
Myre. Dans les terres eft une faure. Ptolomée la fait
maritime. On voit que ces deux villes épiscopales n'en
font qu'une. Il y en avoit aufli, continue Baudrand , une
troifiéme dans la Pamphylie ; mais elles font toutes trois
ruinées depuis long-tems.
Promontoire.
OLYMPUS , promontoire dans l'ifle de Cypre , félon
Strabon , cité par Ortelius.
OLY
OLY
6$i
Montagnes nommées Olympe, en latin Olympus.
i . OLYMPUS , montagne de la Macédoine , félon
Ptolomée. Il la fait de 40 min. plus orientale que le mont
Offa. C'efl moins une montagne qu'une chaîne de mon- vard. Il mit les troupes auxiliaires fur l'Eve, & fc porta
tagnes , entre la Pierie & la Pélasgiotide. Son nom mo- fur l'Olympe , ôVc
arriva ainfi. Ce défilé cil entre deux collines, dont i une
s'appelle Eve , l'autre Olympe ; l'Oenus coule entre deux ,
8c le long de cette rivière efl le chemin qui mené a La-
cédémonc. Cléomene avoit fait devant ces deux collines
un retranchement confiflant en un foffé 8c un boule-
derne efl Lâcha. Sophien lui conferve l'ancien nom. Le
traducteur François d'Edouard Brown , Voyages, p. 77.
dit de même le mont Olympe. Les Grecs , dit-il , qui
ont toujours fort aimé leur pays, difent beaucoup de
chofes du mont Olympe. Homère écrit que c'eA la de-
meure de Jupiter 8c des dieux , & qu'il n'y a point de
nues au-deffus. Pour moi , continue ce voyageur An-
5. OLYMPUS , le mont Olympe , montagne de
1'ifle de Lefbos , félon Pline, /. 5. c. 32.
6. OLYMPUS, le mont Olympe , montagne d'Afie,
dans la Lycie. Pline, /. 21. c. 6. parlant du fafran fau-
vage, dit qu'on donnoit le premier degré de bonté à
celui de Cilicie , fur le mont Coricus; 8c enfuite à celui
de Lycie fur le mont Olympe. Prima mbilitas Cilicie ,
glois , je trouve quelques parties des Alpes plus élevées , & ibi in Coryco monte : Dein Lycio , in monte Olympo.
& je peux affiuer que j'ai vu des nuages au-deffus, & 7. OLYMPUS, le mont Olympe, montagne d'Afie,
qu'il n'y avoit point de neige en Septembre , au lieu qu'il dans la Lydie , félon Athénée.
y en a toujours furie fommet des Alpes , auffi bien que
fur le haut des Pyrénées , des monts Krapacks & de plu-
fieurs montagnes de l'Europe. Mais le mont Olympe en
fut bientôt tout couvert , fitôt qu'il commença à pleuvoir
dans ce pays. J'avoue qu'on voit cette montagne de bien
loin , car j'ai commencé à la voir d'Eccifo Verbcni ,
8. OLYMPUS , le mont Olympe , montagne d'Afie,
près d'Antandre , & joignant le mont Ida , félon Strabon ,
/. i o. p. 470.
9. OLYMPUS, le mont Olympe, montagne d'Afie ,
dans la Myfie. Strabon qui le nomme , le distingue du
mont précédent. Hérodote, l.i. p. 36. le nomme auifi
place qui en eu éloignée d'environ 24 lieues. Elle ne POlympe Myfien. Pomponius Mêla , /. i.c. 19. & Pline,
fait pas feulement une pointe, comme on la décrit quel- /. j. c. 32. difent aura Olympus Myfius, Mêla y met la
quefois, mais elle efl auifi affez longue, 8c ainfi elle fource du Rhyndacus. Cet Olympe de Myfie n'eu point
rend très-propre 8c très jufle l'épithéte que lui donne différent de l'Olympe de Bithynie. Tournefort , Voya-
Homere , lorsqu'il dit : Longum tremefecit Olympvm , il ge du Levant , t. 2. p. 1 86. dit : Nous laiffâmes tout ce
fit trembler l'Olympe dans toute fa longueur. L'éten- jour-là le mont Olympe à notre gauche. C'efl une hor-
due qu'elle a principalement d'orient en occident, fait rible chaîne de montagnes fur le fommet desquelles il ne
que les habitans qui font au pied du côté du nord 8c paroiffoit encore que de la vieille neige 8c en fort grande
du midi, ont une température d'air auffi différente que quantité. En approchant du mont Olympe on né voit
s'ils vivoient dans des pays fort éloignés. Lucain dit dans que des chênes, des pins, du thym de Crête, du cifte
fa Pharfale , /. 6. v. 341. à ladanum , d'une autre belle espèce de cille, que J.
Bauhin a nommé cille de Crète à larges feuilles. L'aune ,
Nec metuens imi Borean habitator Olympi, l'iéble , le cornouiller mâle 8c femelle , la digi'ale à dent
Lucentem totis ignorât noElibus Arcton. ferruginée, le piffenlit , la chicorée, le périr houx , la
ronce font communes aux environs du mont Olympe....
Paul-Emile , conful Romain , après avoir été quelque La montée de cette montagne eil affez douce, mais après
temsaux environs de cette montagne, défit le roiPer- trois heures de marche à cheval, nous ne trouvâmes que
fée , & fe rendit le maître de la Macédoine. Lorsque le des fapins 8c de la neige ; de forte que nous fûmes obli-
roi Antiochusaffiégea la ville de Lariffe, Appius Clau- gés de nous arrêter près d'un petit lac dans un lieu fort
dius lui fit lever le fiége par le moyen de plnfieurs élevé. Pour aller de-là au fommet de la montagne qui eff
grands feux qu'il fit faire fur une partie du mont Olym- une des plus grandes de l'Afie, femblable aux Alpes 8c
pe. Le roi crut que toutes les forces des Romains ve-
noient fondre fur lui, & fe retira. Le conful Martius,
ayant été envoyé contre le roi Philippe, dernier de ce
nom , mena fes foldats fur le mont Olympe, 8c les fit
aux Pyrénées, il faudroit que les neiges fi; fient fondues ,
& marcher encore pendant toute une journée. Les hê-
tres, les charmes, les trembles, les noifeticts n'y font
pas rares. Les fapins ne différent point des nôtres. C'efl,
paffer par des chemins ii difficiles , que la plupart de fes près de cemont Olympe que les Gaulois furent défaits par
Manlius , qui , fous prétexte qu'ils avoient fuivi le par-
ti d'Antiochus, voulut le venger fur eux des maux que
leurs pères avoient faits en Italie.. .. Le mont Olympe
s'appelle en turc Anatolai Dag , c'eft-a-dire , Monta-
gne de Natolie. Les Grecs l'ont autrefois nommé la mon-
tagne des Caloyers , parce que plufieurs folitaires s'y
gens furent obligés de fe laiflcr glifler en bas. Il fit des
cendre fes éléphans un à un par une machine qu'il in-
venta j c'efl: ce qu'Edouard Biown remarque fur cette
montagne dans fon voyage de Lariffe 8c deThcffalie.
2. OLYMPUS, le mont Olympe. Ortelius trouve
une montagne de ce nom en Theffalie, 8c cite le fcho
lialte d'Apollonius. Je doute que cette montagne foit étoient retirés. Cela eiï conforme a ce que dit Baillée
différente de la précédente ; car Strabon parlant d'un dans fa topographie des Saints : Cette montagne etoit
mont Olympe du Péloponnèfe 8c d'un mont Offa , ajou- célèbre au huitième fiécle , par divers monalleres où
te paroccafion qu'il y avoir auffi deux montagnes de me- la discipline monafiique fe trouvoit dans un état Ho-
me nom de la Theffalie 8c de la Macédoine, partie dans riffant.
l'une , 8c partie dans l'autre. Ainfi il n'efl pas étonnant que
Ptolomée l'ait mis dans cette première province, & Stra-
bon dans la féconde. Voyez, l'article fuivanr.
3. OLYMPUS, le mont Olympe , montagne du Pé-
loponnèfe , dans l'Elide. Strabon dit à l'occafion de la
ville d; Pifc , dont quelques-uns nioient l'exiftence , que
10. OLYMPUS TRIPHYLIUS, le mont Olympe
furnommé Triphylien , haute montagne de l'ifle Pan-
cha:a , dans l'Océan , près de l'Arabie Heureufe. On la
nommoit auffi le Siège du ciel , OJf ■•• S'ftppoç , félon Dio*
dore de Sicile. Une haute montagne lemble en effet mon-
ter jusqu'au ciel 8c le (outenir. C efl dans ce fyftemè que
d'autres prétendoient en montrer la place entre le mont la fable a fuppofé qu'Atlas , haute montagne' perfonni-
Olympe 8c le mont Offa ,_& ajoute : Il y a de ce nom fiée , portoit le ciel fur fes épaules
deux autres monragnes en Theffalie. Ortelius cite le fcho-
liafie d'Apollonius , comme ayant parlé de cette mon-
tagne en Elide.
J> OLYMPUS, le mont Olympe, montagne ou pul-
tôt colline du Péloponnèfe, aux confins de l'Arcadie 8c
de la Laeonie. Polybe , l. 1. c. 6f. en décrit ainfi la fi-
tuation : Cléomene , s'attendant bien que les ennemis
viendroient l'attaquer , fit munir tous les pafiagès de
troupes , de foffés 8c d'abbatis ; pour lui il s'en alla avec
le gros de l'armée, confiflant en vingt mille hommes ,
prendre fon pofle à Sélafie , prévoyant que l'ennemi
11. OLYMPUS, le mont Olyaipe , montagne d'A-
fie, dans l'ifie de Cypre , au milieu de l'ifle, félon
Ptolomée , /. 5. c 14.
12. OLYMPUS, le mont Olympe, montagne fur
la côte méridionale de l'ifie de Cypre, félon Strabon ,
/. 14. p. 683. qui dit : Après Citium fuit Amathonte vil-
le, & au milieu» c'eft-àdire, entre ces deux villes,
une place nommée Pal^ea , c'efl à dire, la Vki!le;&;
une montagne qui a la figure d'une mammelle , 8c que
l'on appelle Olympe. 11 diflingue cette montagne du
promontoire de même nom i car il met la montagne cn-
choifiroit ce paffage pour entrer dans le pays, 8c h çhofe tre Ckium 8c Amathonte, fur la côte méridionale,
Tom. IV. N n n n ij
6$% OMA
au lien qu'il place le promontoire à l'orient, auprès des
ifies Cleïdes.
Au mot Alb ou Alp , on peut voir que les mots Al-
pes . Albion , Alben , Elethas Se Olympe, ont une
origine commune. Les poètes ne fe font pas contentés
d'établir une communication entre les monts nommés
Olympe & le ciel, ils ont appelle ainfi le ciel même.
OLYNTHE , ancienne ville de Thrace , dans la Pa-
raxie, au fond du golfe Thoronéen. Lorsqu'elle fubfiftoit ,
ce pays faifoit partie de la Thrace ; dans la fuite il fut
conquis par Philippe, & les limites furent reculées jus-
qu'au Strymon Se même plus loin, Se alors Olynthc
auroit dû être appellée ville de Macédoine. Toureil ,
Oeuvres, t. i.p. 186. dit qu'elle étoit dans la péninfu-
le de Pallene, entre les golfes de Theffalonique & de
Torone. Si cela eft vrai , de l'Ifle l'aura mal placée dans
fa carte de l'ancienne Grèce ; car il la met au fond du
golfe de Torone, non pas dans la presqu'ifle de Pallene ,
mais dans la Paraxie , au commencement de la presqu'ine
qui féparele golfe de Torone Se celui de Singitique. Se-
lon Toureil , elle étoit poffédée par des Grecs origi-
naires de Chalcide , ville d'Eubée , colonie d'Athènes
(a). Elle parvint fucceflivement à un tel point de gran-
deur , qu'elle eut de fréquentes querelles à démêler , tan-
tôt avec Athènes, tantôt avec Lacédémone. Elle ne fe
ménagea pas trop non plus avec Philippe , roi de Ma-
cédoine. Elle ofa recueillir deux frères fugitifs qu'Amyn-
tas , père de Philippe, avoit eus d'un autre lit ,& qu'en
ufurpateur ou en rival ombrageux, Philippe fe hâta de
proferire. Philippe encore mal affermi fur fon trône,
diiïimula fon dépit , rechercha l'amitié des Olynthiens ,
leur céda Anthcmonte , place que les rois de Macé-
doine leur disputoient depuis long-tems , Se conquit pour
eux Potidée fur les Athéniens. Les conquêtes rapides de
ce roi alarmèrent les Olynthiens : ils intriguèrent con-
tre lui & firent une ligue avec les Athéniens. Philippe,
informé de la paix particulière qu'ils avoient conclue ,
invertit Olynthe & l'afiiégea. Elle eut recours à fes nou-
veaux alliés (b). Démofthène parla pour elle, & Ces
trois Olyntbienncs roulent fur la néceflué de fecourir
cette ville. Le fecoursne la fauva point. Deux traîtres ,
Euricrate Se Lafthéne, tous deux d'Olynthe , lui livrè-
rent leur patrie. Il eft vrai qu'il les fit périr plus mifé-
rablement que les autres citoyens-, mais il y exerça de
grandes cruautés & la ruina de fond en comble. Héro-
dote lui donne le furnom de Shhonia , qui défigne le pays
où elle étoit. ( a) Liban , argum. in Olynthia. [b) Ibid.
p. 149. & t. 4. p. 50,195 Se 173.
OLYNTHIACUS FLUVIUS ; Athénée appelle ainfi
la rivière qui paflbit à Olynthe.
OLYROS, lieu particulier de Grèce, dans la Bcco-
tie , entre Ptéleon Se Tanag^a , félon Pline , liv. 4.
Cap. 7.
OLYSIPPO ; c 'eft ainfi que quantité d'auteurs écri-
vent le nom d'une ville très-ancienne , fituée à l'em-
bouchure du Tage , & qui eft aujourd'hui Lifbonne»
Voyez. Lisbonne.
OLYSIPPONENSE PROMONTORIUM , c'eft le
même qu'ARTABRUM Promontorium. Voyez, l'arti-
cle Artabri. Le nom moderne eft RoccaSintra.
OLYSSA ,'OAJ<nni, ville de Crète , félon Strabon,
/. 10. p. 479. C'eft peut-être I'Olus d'Etienne le géo-
graphe.
OLYSSAS , montagne d'Afie , dans la Galatie, félon
Ptolomée, /. 5. c. 4. cité par Ortelius. L'édition des Ai-
des porte Olysas Mous , aliàs Gigas , al'd Oligas ,
Olgasis. Celle de Bâle en 1520, porte Olica Mons.
Bertius préfère Gigas Mons. Ces divers noms ligni-
fient une même montagne. Celui d'OLGASSus eft de
Strabon.
OM , rivière de l'Arabie Heureufe. Elle fe jette dans
le golfe Perfique , félon Baudrand , éàït. 1705, qui cite
Caftald. Cette rivière eft le Lar de Ptolomée.
OMAGH , ville d'Irlande , dans la province d'Ul-
fter , au comté de Tyrone , à fix lieues au nord d'Ag-
her. Elle envoie fes députés au parlemenr. * Etat pré-
fent de l'Irlande.
OMAGUAS, peuple de l'Amérique méridionale,
& dont la principale habitation eft Saint Joachim d'Oma-
gua, fur le bord de l'Amazone, à l'embouchure de
OMA
rUcayale. Cette nation autrefois puiffante occupoit , il y
a un fiécle, les ifles Se les bords de l'Amazone , dans
la longueur environ de deux cens lieues. Elle ne pafle
pas cependant pour originaire du pays, & on croit
qu'elle eft venue s'établir fur les bords de l'Amazone ,
en descendant quelqu'une des rivières qui ont leur four-
ce dans le nouveau royaume de Grenade , lorsque les
Espagnols en firent la conquête. Quelques veftiges de la
cérémonie du baptême Se quelques traditions défigu-
rées confirment la conjeèture de cette transmigration. A
la fin du fiécle dernier , on comptoit dans ce pays
trente villages i on n'en voit aujourd'hui que les rui-
nes, tous leurs habitans effrayés parles incurfions de
quelques brigands du Para , qui venoient les faire es-
claves chez eux.fe font disperfés dans les bois Se dans les
miflions Espagnoles Se Portugaifes Le nom d'Omaguas
dans la langue du pays fignifie Tête plate: en effet, ces
peuples ont la bizatre coutume de preffer entre deux
planches le front des enfans qui viennent de naître,
pour les faire mieux reflembler , difent-ils , à la pleine
lune. La langue des Omaguas eft aufii rude Se auffi dif-
ficile à prononcer que celle des Yameos, leurs voifins.
* Relation du cours de ÏAmaz,one, par de la Conda-
mine.
OMAGUM. Voyez. Umago.
OMALIS , rivière de l'Inde-, c'eft une de celles qui
grofliffent le fleuve Indus , félon Arrien , in Indic. Peut-
être cette rivière eft-elle la Jomanes de Pline.
1. OMAN. Ortelius nomme ainfi une ville de la Pa-
leftine , Se cite le quinzième chapitre de Jofué. C'eft
apparemment Amam. Voyez, ce morfc
2. OMAN , ville de l'Arabie Heureufe. Abulfeda ,
dans fa defeription de l'Arabie, ed't. Oxonienf. p. 6j.
dit : Oman eft fur la mer; c'eft une belle ville , Se il y a
un havre pour les vaifleaux. Dans Ces tables il dit : Sonar
la ville ou la forterefle d'Oman , dans le pays de Bah-
raïn , & en donne la pofition , félon quatre auteurs
différens :
Longit. Latitud.
Selon
A proprement parler Sohar eft le nom de la ville ,
Oman eft celui d'un pays de l'Arabie Se même d'une
mer, comme on verra dans l'article qui fuit.
3. OMAN , pays de l'Arabie. D'Herbelor, dans fa
bibliothèque orientale , dit que les Arabes appellent ainfi
la partie la plus méridionale de l'Yemen ou Arabie Heu-
reufe, qui s'étend depuis Mascate jusqu'à Aden , c'eft-
à-dire, depuis le golfe Perfique jusqu'à l'Arabique. Le
géographe Perfien écrit dans le troifiéme climat que Loth ,
neveu d'Abraham, qu'il appelle prophète, bâtit dans ce
pays la ville d'Aman ou Oman qui a donné le nom
au pays ; mais il fe trompe, car cette ville de Loth eft
celle d'Ammon , capitale des Ammonites , qui a tiré
fon nom d'Ammon , fils de Loth. C'eft celle qui a porté
le nom d'Ammon Rabatah , Se enfuite de Phila-
delphie.
La partie de l'Océan , qui eft entre l'Ethiopie Se les
Indes, s'appelle auffi par les Arabes Bahr-Oman V Er-
kend , à caufe qu'elle borde cette partie de lYemen.
Mirkhond rapporte qu'un roi d'Oman , nommé Dhoul
Zogar , fut défait par Caicaous , roi de la féconde Dy-
naftie de Perfe, qui ne lui accorda la paix , qu'à con*
dition qu'il lui donneroit en mariage fa fille Saudabah,
princeffe douée d'une rare beauté.
Les géographes Arabes comptent entre les ifles de la
mer d'Oman Zocotorah , Carmouah . Cothorbah , avec
une autre petite qui jette du feu. Ils difent auffi que les
ifles appellées Raneg , qui font les Maldives , font dans
la mer d'Oman , avec une aurre qu'ils nomment Gezi-
rat Al Coroud, l'ifle des Singes x Se que c'eft dans
cette mer que l'on trouve la plus grande quantité d'am-
bre gris , & plufieurs pierres précieufes.
1. OMANA, ville de l'Arabie Heureufe, félon
Atwal ,
74 0
19
20.
Kiyas ,
74 °
*9
4j .
Ibn Said ,
81 1;
*9
16.
Refem ,
84 30
*9
4J-
OMB
OMB
Etienne le géographe. Elle éroic fur le golfe Perfique ;
ôc l'auteur du périple de la mer Erythrée dit qu'elle
étoit de la Perfe propre , ou Perfide. S'il elt vrai que
ces deux auteurs ayenr parlé de la même ville , com-
me le perc Hardouin l'a cru , faute d'avoir affez exa-
miné les chofes , il faut donc diftinguer ces places ,
qui étoienr féparées par le golfe de Perfe.
2. OM AN A , ville de l'Arabie Heureufe , félon Etien-
ne le géographe, qui cite les antiquités Arabiques de
Glaucus, auteur que nous n'avons plus. Elle étoit dans
les terres, c'eft la même que Ptolomée , /. 6. c. 7. ap-
pelle Omanum Emporium , ôc dont le peuple eft ap-
pelle par le même auteur dans le même endroit Oma-
nit^c. De l'Ifle met cette ville précifément fous le tro-
pique d'été.
5. OMANA. L'auteur du périple de la mer Erythrée
écrit par une double mm Ommana , ville de la Per-
fide. Ce port ne devoit pas être éloigné de la Carmanie;
car Pline , /. 6. c. 28. dit:OMAN^ quod priores cele-
brem portum Carmani&fecere. Ce lieu étoit d'un grand
trafic, félon Arrien, dans le périple cité. Pline dit que
le peuple Omani avoit autrefois habité depuis Petra
jusqu'à Charax, ôc qu'il y avoit alors les villes d'Abe-
famis & Soraécie , villes fameufes bâties par Semiramis.
A préfent , dit-il , ce ne font que des déferts. Quoi qu'il
en foi: , ce porc de Carmanie ne fauroic être l'Oma-
na d'Arabie qui n'étoit pas un port, mais une ville dans
les terres.
Ce nom d'Oman s'efteonfervé chez les Arabes , com-
me on a pu voir dans l'article d'OMAN.
OMAN.£.
OMANI.
OxVIANIT^.
\ Voyez.OuhUA, 1.
ôc 2.
OMARA , ville de Perfe, vers le Khoraffan. Molet
en parle ôc croit que c'eft l'ancienne Obroatis ou
Orebatis de Ptolomée , nommée Orobatis par Am-
mien Marcellin.
OMBI , ancienne ville d'Egypte , capitale du Nome
auquel elle donnoit le nom d'OMBiTES Nomos. Ce
peuple eft mal nommé Ombri , "Ofxfipci, dans Ptolomée ,
où il faut lire Ombi , "O/ajSo/. Etienne le géographe dit
Ombi ,"0^oi , ville dEgypte , du côté de la Libye. Les
éditions vicieufes portoient Olbi ,'0>/3:/. Pline, /. 5. c.
9. fait mention du Nome de ce peuple Ombites No-
mos. Il dit ailleurs , /. S. c. 24 & zj- 'Tentyris ôc Om-
bi font deux villes d'Egypte , voifmes l'une de l'autre.
Les habitans de la dernière ( Ombit^e) adorent le cro-
codile ; les Tcnty rites le pourfuivent, & par le moyen
d'un frein qu'ils lui paffent , ils le domtent en nageant.
yElien , Hifl. Anim. bb. 10. cap. 11. dit : Les Ombi-
tes , peuples d'Egypte , adorent le crocodile & lui por-
tent le même refpett que nous avons pour les divini-
tés de l'Olympe. S'il arrive que leurs enfans foient en-
levés par les crocodiles , ils s'en réjouiffent ôc les mè-
res en témoignent publiquement une extrême joie , en
ont une plus haute idée d'elles-mêmes d'avoir eu l'hon-
neur de mettre au monde une nourriture agréable
aux dieux. Les Apollonoponites qui font partie des Ten-
tyrites , les prennent dans des filets , les fuspendent à
des arbres , les coupent par morceaux ôc les mangent. Il
dit auffi que les Ombites font exprès des lacs où ils nour-
riffent des crocodiles qui s'y apprivoifent ôc qui enten-
dent quand on les appelle. Ils leur donnent , dit-il, les
têtes des victimes dont ils ne mangent point eux-mê-
mes , afin de les leur réferver. La première lettre de ce
nom Ombi eft corrompue dans la notice de i'Empire,yi£?.
20. où on lit Ambo pour Ombo. Equités promoti indi-
gent legivnis tertiœ Diocletianœ Ambo, fous le dépar-
tement du commandant de la Thébaïde C'eft une
faute, il s'agit ici de la ville à' Ombi. Ptolomée place
cette ville entre Toum ôc Syene : Antonin la met entre
Contra Apollonos ôc Syene , à trente mille pas de cette
dernière. Il y avoit vis-à-vis de cec deux places de
l'autre côté du Nil des lieux qui en prenoiem le nom ,
& que l'itinéraire appelle Contra- Ûmbos , ôc Con-
tra Suenem. Juvenal , Sot. \j.v. $u& feq. a parlé
de cette guerre des Ombites ôc des Tentyrites au fujet
de la diverfité de leur goût pour des divinités difté-
oj3
rentes j & il en parle comme d'ur.e c'.iofe arrivée de fon
rems.
Accipe , nofîro
Dira quod, exemplum feritas produxerit <svo.
Inter pnitimos vêtus atque an tiqua fîmultas ,
Immortalc odium , numqttam JanaHle vulnus ,
Ardet adhuc Ombos & Tentyra : fummits utrinque
Indefuror vulgo , quod Numina Vicinurum
Odit uterque locus , quhmjolos credat babendos
Efi'e Deos quos ipfe coiit.
C'eft-àdire : Ecoutez le récit d'une hiftoire fanglante
& barbare dont notre fiécle a été le témoin. Les ci-
toyens de la ville d'Ombe ôc ceux de Tcntyre ont été
de tout tems ennemis irréconciliables. Jamais ils n'ont
pu fe fournir ; leur haine elt invétérée ôc immortelle ,
ôc cette plaie elt incurable. Ces deux peuples font ani-
més d'une extrême rage l'un contre l'autre , parce que
l'un adore un dieu que l'autre detefte , chacun croyant
que la divinité qu'il refpecte, mérite feule d'être ado-
rée. Juvenal raconte enfuite une longue hiftoire où l'on
voit la folie de ces deuxpeuples.il faut remarquer que
quelques éditions anciennes portoient Combos au lieu
d'Ombos. Ortclius a relevé cette faute , ôc averti que ce
Cqui défigure ce mot eft pris du mot précédent qui eft
adhuc.
OMBLA , rivière de la Dalmatie , à l'orient de Pille
de Mcleda, au nord de l'ancienne Ragufe. Elle a fort
peu de cours , mais elle elt très-large ôc forme une es-
pèce de golfe , à l'embouchure duquel cil un écueil nom-
mé Daxa. Au nord , ôc presque à fon embouchure . efi
une an fe nommée Porto Malfa ouMalphis, où il
y a quantité de fourecs. Au midi , mais plus au levant ,
elt le porc de Santa Croce , où il peut tenir cent ga-
lères. Vers fa fourec , font les ruines d'une ville détruite
nommée Cumulax. Le perc Coronelii nomme cette ri-
vière Ombla Futmera Arion. Sont-ce trois noms 3 Cor-
neille dit que les anciens Pont connue fous le nom d'AR-
jona. Voyez. ArjonA 2. c'eft la même rivière.
OMBRE , obscurité caufée par un corps opaque op-
pofé à la lumière. La géographie confiderc principale-
ment l'ombre c.uifée dans la lumière du foleil , ôc en
tire plufieurs ufages.
Les hommes onr confidéré de bonne heure que lors-
que le foleil éclaire l'hémifphere où ils font , tous les
corps élevés, jettent une ombre; mais elle ne va pas tou-
jours du même côté. Elle elt infailliblement en droirc
ligne avec le corps opaque ôc le ioicil. Et comme cet
allre parcourt fucceffivemem divers points de l'horizon ,
l'ombre le fuit dans fon cours , ôc eft tantôt d'un côté ,
tantôt de l'autre. Par exemple ;fi on plante perpendicu-
lairemenr une perche bien droite dans un champ , après
en avoir obfcrvé l'ombre à midi , on verra que l'ombre
de fix heures du matin ôc de fix heures du fuir font en-
fcmble une ligne droite qui coupe à angles droits l'ombre
du midi au pied de la perche. A quelque heure du jour
que ce foit , l'ombre que jette un corps élevé perpen-
diculairement elt toujours en droite ligne avec le corps
lumineux.
Le foleil femble fortir de l'horizon , il s'éleve jusqu'à
midi , après quoi il descend ôc fe perd dans l'horizon qui
nous le dérobe peu à peu , ôc enfin il disparoît entière-
ment. Ces différens degrés de hauteur mettent une ex-
trême variété entre les différentes longueurs des ombres.
Plus il eilbas, plus elles font longues ^ plus il eft haut ,
plus elles font courtes. Il s'enfuit qu'étant au point de
midi dans la plus grande hauteur où il puiffe être ce jour
là , l'ombre la plus courte efi celle que donne alors le
corps élevé.
Le foleil n'eft pas toujours dans la même hauteur à
fon midi par rapport à nous. Durant les équinoxes il
elt dans l'équateur; il s'en écarte enfuite pout s'avancer
de jour en jour vers l'un ou l'autre tropique. Quand il
efi au tropique du Capricorne , ce qui arrive au folfii-
ce d'hiver, il elt dans fon plus grand éloignement par
rapport à nous. Il s'éleve beaucoup moins que quand
il eft dans l'éqnateur , ôc par conféquenc l'ombre du
midi , quoique la plus courte de celles de tout ce jour-là ,
OMB
6*4
eft plus longue, à proportion, que celle du midi des
jours où il eft dans l'équateur.
Après être arrivé au tropique d'hiver , il fe rappro-
che de jour en jour de l'équatcur , & la longueur de
l'ombre à midi décroît à proportion jusqu'à l'equinoxe
du printems ; alors il avance vers le tropique du Can-
cer, & comme il fe rapproche encore plus de nous,
l'ombre de midi s'accourcit à proportion qu'il s'élève par-
rapport à notre pays.
Ce qu'on vient de voir prouve que les faifons mettent
de la différence entre la longueur des ombres à midi.
Plus les climats que nous habitons font éloignés de
l'équatcur terreftre, (car la terre a auiïi le fien) plus l'om-
bre méridienne d'un corps élevé doit être longue , à
proportion de l'éloignement. Cela s'enfuit naturellement
des principes qui viennent d'être déduits. Prenons un
même jour, par exemple, le premier de Juin à midi,
l'ombre d'une perche de douze pieds fera plus longue
en Suéde qu'à Paris Se à Paris qu'à Alger. Cela eft fa-
cile à concevoir.
Ceci pofé , l'ombre peut fervir à conno'itre combien
les lieux font plus proches ou plus éloignés de l'équa-
teur -, elle peut auffi fervir à déterminer la durée des
faifons -, auffx voyons-nous que dans la plus haute anti-
quité les nations favantes ont élevé des colomnes ou
des obélisques , dont l'ombre étant obfervée par d'ha-
biles gens , fervoit à déterminer le cours du foleil Se
les faifons qui en dépendent.
Appion , dansfes égyptiaques , dit : Moyfe , comme je
Par entendu rapporter à des plus anciens d'entre les
Egyptiens , étoit d'Héliopolis , Se il fut caufe que , pour
fe conformer à la religion dans laquelle il avoit été
élevé , on commença à faire dans la ville en des lieux
fermés , les prières que l'on faifoit auparavant à décou-
vert hors de la ville & que l'on obferva de fe tourner
toujours du côté du foleil levant ; comme auffi. de ce
qu'au lieu de pyramides on fit des colonnes au-deiîus
de certaines formes de baffins , dans lesquels l'ombre
tombant , elle tournoit comme le foleil. C'eft ainfi que
traduit Arnaud d'Andilli. Ce pafTage d'Appion femble
être une explication anticipée du pafTage de Pline qui
fera rapporté dans la fuite. * Jofcph , Réponfe à appion,
1. 2. C I.
Ces colonnes, ces obélisques des anciens n'étoient
pas un fimple ornement , mais un inflrument de mathé-
matique , qui fervoit à décrire fur le terrein par le
moyen de l'ombre , le chemin que le foleil fait ou fem-
ble faire dans le ciel. Appion prétend que Moyfe érigea
des colonnes de cette nature. Il eft vrai que Jofeph le
lui contefte , mais fans nier que cet ufage fût chez les
Egyptiens & les Chaldéens, les plus anciens peuples
qui fe foient adonnés à l'aftronomie , il nie feulement
que les Juifs ni Moyfe ayent rien fait de pareil.
Une preuve plus décifive de l'ancienneté de ces obé-
lisques , c'eft qu'on en voit fur des médailles grecques ,
antiques & antérieures à Pytheas de Marfeille. Telle elt
entr'autres celle de Philippe, roi de Macédoine , rap-
portée par Goltzius, f. 3. Tab. 30. ». 5.
L'ufage de ces obélisques étoit très-ancien , mais celui
de mettre une boule au haut , n'eft pas fi ancien à beau-
coup près. Pline, /. 36. c. 10. femble nous en marquer
l'invention dans ce pafTage , où , après avoir parlé de deux
fameux obélisques transportés d'Egypte à Rome , Se pla-
cés l'un dans le grand Cirque , l'autre au Champ de
Mars , il pourfuit ainfi : Ei, qui eft in Campo , Divus Au-
guftus addidit mirabilem itfurn ad deprehendendas folis
timbras , dierumque ac noilium ita magnititdines , fira-
to lapide ad magnitudmem obelisci , cui par fier et um~
bra , brurnx, confeEla die fexta hora , paulatimque per
régulas ( quœ funt ex are inclufœ )fîngulis diebus decres-
cerct ac rurfus augesceret : digna cognitu res & inge-
nio fœcundo matbematici. Apici auratam pilam addi-
dit , cujus timbra vertice colligeretttr in je ipfa , aliàs
enormiter jaculantc apice , rations , utjerunt, à capite
hominis intelleila.
On voit, par ce pafTage, que cet obélisque avoit été
d'abord un fimple objet de curiofité , & qu'Augufte y
fit des additions qui les rendirent propres à mefurer avec
plus de juflefTe la longueur des ombres , félon les fai-
sons. Ce qu'Augufie fit pour cela confifloit en un pavé
OMB
ànfli long que pouvoir l'être la plus grande ombre de
l'Obélisque , prife le jour le plus court de l'hyver a
midi. Ce pavé avoit des lignes de cuivre qui marquoient
les divers accroiilemens ou décroiffemens de l'ombre.
C'eft ce que Pline appelle une chofe digne d'être con-
nue , Se qui marque la fécondité de l'esprit du mathé-
maticien , qui guida Augulte dans ce projet. Le P. Har-
douin dit que les manuferits ne nomment point ce Ma-
thématicien. Avant fa correction , les éditions ordinai-
res , au lieu de Mathematici au génitif, mettent le point
final après le mot fœcundo , Se commencent l'autre phra-
fe par ces mots : Manlius mathematicus apici, &c.Que ce
foie Manlius ou unautre> il n'importe; mais Pline ajoiue
une chofe qui eft très-digne de remarque , c'eft qu'au
haut de l'obélisque on pofa une boule dorée , afin que
l'ombre étant raffemblée en elle-même en devînt plus
fenfible. Pline a bien vu que l'ombre d'une pyramide
ou d'un obélisque n'eft presque plus fenfible vers la
pointe , à caufe que les rayons de la lumière venant a
fe rapprocher les uns des autres, afïoibliffent trop l'om-
bre en cet endroit. Ce peut être une des raifons qui
ont engagé les aftronomes à terminer ces obélisques pat-
une boule, mais il y en a une autre que Pline peut
n'avoir point connue, Se que ces anciens aftronomes
favoient fans doute.
L'ombre d'un obélisque à fa pointe répond au bord
fupérieur du foleil : pour avoir le point central du
foleil , il faut quelque chofe qui reclifie cela , en met-
tant une boule , le centre de l'ombre qu'elle forme ,
donne ce point fans autre opération , ce qui eft une
facilité. La différence qui réfulte du calcul de l'ombre
d'un obélisque, avec, ou fans cette boule, eft confi-
dérable, puisqu'elle elt de tout le demi-diamétre du
foleil; cette différence doit être obfervée pour la ju-
flefie du calcul aftronomique.
Ces obélisques ont été appelles Gnomon , Tvù/uw,
mot qui en grec fignifie ce qui montre, ce qui marque ,
ce qui fait conno'itre , Se que l'on a adopté en notre lan-
gue. La feience de l'ombre a recommencé à être cul-
tivée avec fuccès en ces derniers fiécles , Se a produit
cette variété prodigieufe de cadrans folaires pour tou-
tes les expofkions poffibles. La feience qui enfeigne la
mefure & la pofition du ftyle, que l'on appelle Gno-
mon , Se à trouver les lignes où l'ombre du ftyle doit
tomber aux différentes heures du jour , s'appelle la Gno-
mon ique. On peut voir les diftérens traités que le P.
Deschales , Ozanam , de la Hire & autres en ont écrit.
Ce que j'ai dit jusqu'à prefent des ombres, ne con-
vient généralement qu'aux peuples fitués entre l'Equa-
teur Se le Pôle feptentrional , vers lequel leur ombre
elt toujours tournée à midi. Au-delà de l'Equateur c'eft
tout le contraire. L'ombre d'un objet élevé fe tourne
toujours vers le fud, lorsqu'il eft midi. Cela fe conclud
fans peine du principe général , que l'ombre eft toujours
oppofée en droite ligne au corps lumineux. Puisque
les habirans de ce pays font entre la ligne du foleil Se
le pol méridional , il faut qu'à midi leur ombre foit
tournée néceffairement vers ce pôle.
Pour diftinguer les ombres , on les nomme du nom
de la partie du monde vers laquelle elles fe jettent ;
l'ombre d'une pyramide à fix heures du matin eft oc-
cidentale, à midi feptentrionale pour nous, méridionale
pour les peuples au-delà de l'Equateur, &à fix heu-
res du foir elle eft orientale. Ceci n'a pas befoin d e-
tre prouvé.
Les Grecs appellent l'ombre 1k îa , Scia , de- là vien-
nent tous ces mots terminés en Scii , & formés de di-
verfes propositions , comme a , fans ; a/j.(piç , amphii ,de
deux côtés ; nvfi ,pcri, tout à l'cntour, ou du mot Ë'repos ,
Eteros , l'un ou l'autre ; Se ces mots que les géogra-
phes Latins ont empruntés des Grecs, ont fervi à di-
ftinguer les habitans du globe terreltre par la différence
des ombres.
Ainfi on appelle Asciens , Afcii du mot Pita-iuùi,fans
ombre , les peuples qui à midi n'ont point d'ombre ,
font fitués entre les deux Tropiques : car en certains
tems de l'année, ils ont à midi le foleil à leur zénith,
ou, .pour dire la même chofe, le foleil parte à plomb
fur leurs têtes , de façon que leur ombre eft alors fous
eux. Cela n'arrive pas en même tems à tous les peu-
OMB
pies fitués entre les deux Tropiques , mais fucceiîîve-
ment & à mefure que le foleil s'approche du Tropi-
que vers lequel ils font. Par exemple , tous les peuples
qui font fous l'Equateur , n'ont point d'ombre a midi
dans le tems des équinoxes. Ils ne commencent à en
avoir que quand il s'éloigne vers l'un ou l'autre des Tro-
piques. Alors ceux qui l'ont entre l'Equateur & le Tro-
pique , dont le foleil s'approche de jour en jour , de-
viennent Asciens, ou fans o /ibre à midi , à mefure que
le foleil paffe par leur parallèle.
Les Amphisciens , Amphijtii , font ceux qui ont
deux ombres différentes , c'elt-à-dire, dont l'ombre eft
alternativement feprentrionale ou méridionale; ce font
les peuples qui habitent la Zone torride. Suppofons
une pyramide ou un obélisque fur la côte d'Or en Gui-
née au bord de la mer , auprès de faint George de la
Mine ou Elmina, comme l'appellent les Hollandois,
ou en tel autre lieu de cette côte ; lorsque le foleil eft
parles 3 d. environ 30 m. cette pyramide ou cet obélis-
que fera fans ombre ; mais lorsqu'il s'avance vers le
tropique du Cancer, ou qu'il en revient , jusqu'à ce qu'il
ibit parvenu à ce parallèle , que nous avons dit de 3
deg. environ 30 minutes , l'ombre de la pyramide ou de
cet obélisque fera méridionale & tombera dans la mer.
Au contraire, lorsque le foleil aura repaffé ce parallè-
le pour gagner l'Equateur 1 Se enfuite le tropique du
Capricorne , jusqu'à ce qu'il foit revenu à ce même pa-
rallèle , l'ombre de la pyramide ou de l'obélisque fera
feptentrionale, & tombera dans les terres.
11 faut fe fouvenir que nous ne parlons ici que de
l'ombre de l'inftant du midi vrai. Le lecteur fe rappel-
lera auffi ce que nous avons dit de l'ombre de fix heures
du matin, & de celle de fix heures du foir, qui, quoi-
que jettées l'une à l'occident, l'autre à l'orient, font
enfemble une ligne droite continuée aux deux côtés de la
petche , dont le pied les unit. Il en eft de même de l'ombre
méridionale ou feptentrionale qu'aura fuccefîivemcnr la
pyramide dont nous parlons. Ces deux ombres feront
enfemble une ligne droite
Les Perisciens , Periscii, font ceux dont les ombres
tournent autour d'eux. On a vu ailleurs que les peuples
qui demeureroient fous un des pôles, n'auroient dans
toute l'année qu'un jour de fix mois ôc une nuit d'égale
durée. Or , il eft aifé de comprendre que le foLil ne
quittant point leur horizon durant fix mois, leur om-
bre devroit tourner autour d'eux autant de fois qu'il
y a de jours de vingt quatre heures dans ces fix mois
de jour perpétuel dont ils jouiraient. Il eft ici queftion
de l'ombre perpétuelle, Se de toutes les heures , &
non pas de l'ombre méridienne qui eft toujours tournée
du même côté, félon le pôle.
Mais fi on conçoit que le méridien ne fe termine
pas au pôle, & qu'il fe continue au-delà, en faifant un
cercle entier , alors le foleil coupe deux fois le méri-
dien, une fois à midi, & l'autre à minuit. Pour nous il dis-
paroît, mais les peuples que nous fuppofons fous le
pôle , ne cèdent point de le voir pendant fix mois ,
puisqu'il ne quitte point leur horizon. Alors l'ombre de
midi & l'ombre de minuit , tracées fur une même ligne ,
qui eft le méridien , fe jettent en deux parties oppofées ,
èc font enfemble une ligne droite ; Se ces deux ombres
font à douze heures l'une de l'autre. Si le corps élevé
qui forme l'ombre eft précifément fous le pôle , les
deux ombres feront également tournées vers le midi -, s'il
en eft à quelque diftance , l'ombre à midi fera fepten-
trionale , & à minuit méridionale.
Les Heterosciens , Heteroscii , font les peuples dont
l'ombre méridienne eft toujours tournée du même côté.
Ce font ceux qui habitent entre le Tropique cV le cer-
cle polaire. Ceux qui font au nord du Tropique du
Cancer , ont toujours l'ombre méridienne feprentrio-
nale. Ceux qui vivent au fud du Tropique du Capri-
corne , ont toujours l'ombre méridienne au midi.
Les peuples finies fous l'un ou fous l'autre des deux
Tropiques , n'ont point d'ombre quand le foleil eft ar-
rivé à leur Tropique. Le refte de l'année ils ont une
ombre qui eft toujours la même à midi. C'eft ce que
les géographes expriment par ces paroles , qu'ils font
Asciens Se Heterosciens.
Les peuples de la Zone torride fitués entre le* deux
OMB 6?f
Tropiques, n'ont point d'ombre quand le foleil patte
par leur parallèle \ mais dès qu'il s'en écarte , ils ont
une ombre qui eft ou feptentrionale ou méridionale,
félon qu'il avance vers l'un ou vers l'autre Tropi-
que. C'eft ce que veulent dire ces mots Ai tiens Se
Amphis ciens.
Les peuples des Zones tempérées n'ont qu'une om-
bre , qui eft toujours , ou feptentrionale , ou méridio-
nale, comme nous l'avons expliqué ci defïus. Ainfi ils
font Hétéro s tiens , &nefauroient être Asciens, parce
que le foleil n'atrive jamais à leur parallèle.
Les peuples des Zones froides , ont toujours, durant fix
mois, le foleil qui tourne autour d'eux, & fait tourner
leur ombre de même. 11 coupe deux fois en vingt quatre
heutes le méridien, ainfi ils font Perisciens, comme
nous l'avons expliqué ci deffus. Ils ne fauroïént être As-
ciens , nous en avons dit la raifon , après ce que nous
venons de dire , il n'y a aucune difficulté à concevoir
le fuis de ces deux vers de Lucain :
Ignotum volis Arabes veniflis in Orbem ,
timbras mirati nemorum non ire finiftras,
II parle des nations les plus éloignées qui furent for-
cées a prendre parti dans les guerres civiles des Ro-
mains , Se nomme entr'autres les Arabes. Ils étoient ac-
coutumés de voir qu'en été , lorsqu'ils étoient dans leur
patrie, le foleil étant feptentrional à leur égard, l'om-
bre fe jettoit alors vers le midi. On étoit alors dans la
faifonoù cela devoir être ainfi dans leur pays. Ils voyoient
pourtant leur ombre , ou celle des bois jettée vers le
nord , parce qu'ils étoient bien en-deçà du Tropique
du cancer , & dans des climats où l'ombre à midi eft fep-
tentrionale toute l'année. Cela les furprenoit , 6c ils
croyoient être venus dans un autre inonde. Cet éron-
nemeut montre que ces Arabes étoient de "Arabie Heu-
reufe, les feuls Arabes qui foient entre le Tropique &
l'Equateur. L'Arabie Déferre & la Pétrée étant en-de-
çà , leurs habitans n'ont jamais à midi que l'ombre fep-
tentrionale. On pourroit demander pourquoi Lucain ap-
pelle le midi la gauche , ca-r comme cela dépend de
la manière de fe tourner, qui eft une chofe arbitraire,
la gauche d'une perfonne peut être indifféremment de
tous les côtés imaginables. Voici la raifon. L'auteur parle
en poe'te. 11 faut fçavoir que les géographes , les aftro-
nomes , les prêtres ôc les poètes ont choifi chacun un
des points cardinaux du ciel , vers lequel ils affectent
de fe tourner.
Les géographes fe tournent vers le nord, Ôc dispo-
fent leurs cartes de manière que le Nord eft en haut
quand elles font bien orientées. Les aftronomes fe tour-
nent au contraire vers l'Equateur pour examiner le
cours du ciel ôc des planettes. Les Prêtres fe tournent
vers l'Orient. Les Eglifes où l'on n'a point été gêné par
le terrein , font dispofées de manière que l'autel eft à
l'Orient , ôc le grand portail à l'occident. Les poètes
enfin fe tournent vers le Couchant ; ainfi ils ont le
Nord à leur droite , ôc le Midi à leur gauche. Ces dis-
positions différentes font exprimées dans ces deux vers.
Ad Boream terrœ, /fat cœli menfor ad Auflrum ,
Trizco Dei videt exortum , occaf unique po'eta,
Lucain dans un poëme ne devoir point parler autre-
ment ; ainfi chez lui finiftra , ou h gauche, eft le midi.
Celle d'un prêtre feroit le Nord , d'un géographe l'Oc-
cident, ôc d'un aftronome l'Orient;
Je n'entre poinr dans les dérails de l'ufage du Gno-
mon , cela me meneroit trop loin.
OMBREA , ville de la Méfopotamie , félon Ptolo-
mée, /. y. c. 18. Quelques exemplaires portent OU-
BR/EA par une diphfhongue.
OMBRI. Voyez. Ombi.
1. OMBRICI , ancien peuple de l'Illyiie. Hérodote
e\' Stobée en font mention. Le premier au quatrième
livre de fon hiftoire ; l'autre à l'endroit où il parle du
courage , de l'avarice Se de l'iniuftics. Peucer croit que
c'eft à préfenr la Croatie. * Ortelii Thefaur.
z. O.YIMICI, ancien peuple d'Italie , vers la Japy-
6?6 OMM
gie , Se près de la mer Adriatique -, Athénée & Etien-
ne le géographe en font mention.
OMBRIE, province de l'Etat Eccléfiaftique. L'ancien
nom étoit Umbria , le nom moderne eft pris de Spo-
i.ette fa capitale. Comme les limites en font différen-
tes. Voyez ces deux articles.
OMBRIO , nom d'une des ifles fortunées , félon Pli-
ne, /. 6. c. 11. Il n'yavoitde fon tems aucune trace
d'édifices. On conjecture que c'eff prefentemenr Ils le
de Fer.
OMBRIT^E pour Ombit^e. Voyez. Ombi.
i. OMBRONE ( L' ), nom moderne de I'Umbro,
rivière d'Italie dans l'état de Toscane. Elle a fa fource
dans le Siénois , près des confins du Florentin , à dix
milles de Siéne , d'où, coulant au midi , elle reçoit l'Ar-
bia au-deffous de Bonconvento ; Se enfuite la Mersa Se
I'Orcia , puis paflant près de Groffetto , elle fe jette
dans la mer de Toscane, cinq milles plus bas , à fept
milles de Telamone. * Baudrand , édit. 1705.
2. OMBRONE, bourg d'Italie , dans l'état de Tos-
cane , dans les Maremmes de Siéne , à quatre milles
au-deffous de Groffetto , à l'embouchure de la rivière
dOmbrone.
OMBRONES, ancien peuple de la Sarmatie Eu-
ropéenne , félon Ptolomée , /. 3 . c . 5 .
OMBRUS , lieu toujours couvert de neige au pied du
mont Tarbellus, félon Quintus Calaber. 11 femble ,
dit Oitelius, Thefaur. qu'il étoit auprès de Caunus ,
dans la Doride.
OMEGNA , bourg d'Italie, en Lombardie, au du-
ché de Milan , dans le Novarez , avec un ancien châ-
teau près du comté d'Anghiera, fur le bord du lac d'Or-
ta, entre le lac Majeur au levant , Carallo au couchant ,
à fept milles d'Ona , en paflant vers Domo d'Oscella ,
félon Baudrand , édit, i70f.
OMENOGARA , ville de l'Inde, en-deçà du Gange.
OMETEPEC , rivière de l'Amérique , dans la nou-
velle Espagne , au gouvernement de Guaxaca. Elle tire
fa fource de plufieurs marais qui font au bas des mon-
tagnes de Xicayan , dans lesquels divers torrens cou-
lent des montagnes de Cacatepec. Cette rivière en re-
çoit deux autres cinq lieues au-deffus de fon embouchu-
re j favoir celle de Tlacolula d'un côté, Se Tlacomama de
l'autre. Groflîe de leurs eaux, elle va fe décharger dans
la mer du Sud , au port de Tecuanapa. * De Laèt ,
Indes occidentales, 1. 5. c. 22.
1. OMI , ville de la Chine , dans la province d'Iun-
nan , au département de Lingan , troifiéme métropole
de cette province. Elle eft près de la montagne d'U-
chung. Elle eft de 13 deg. $7 m. plus occidentale que
Péking, à 24. deg. 2 min. de latitude. * Atlas Smenfis.
1. OMI, province & royaume du Japon, dans la
grande ifleNiphon -, elle a au fud-oueft Se au fud les
trois villes impériales de Meaco , d'Ozaca Se de Sacai.
Elle eft célèbre par le grand lac d'Oitz , qu'on appelle
auffi quelquefois le lac d'Omi. Quelques auteurs écri-
vent Vomi. * Le P. de Charlcvoix.
OMILUS , lieu qui doit être quelque part dans la
Grèce. Hippocrate , Morb.popular. L ;. en fait mention.
Ortelius conjecture que c'eft peut-être Omolus.
OMINGIS , ancien lieu d'Espagne. Voyez. Oningis.
OMIRAS. Pline, /. C. c. 23. dit qu'on nommoit
ainfi l'Euphrate avant qu'il fût atrivé au mont Taurus,
& qu'il ne prend le nom d'Euphrate qu'au fortir de cette
montagne.
OMISE ou plutôt Omisch. Les Esclavons donnent
ce dernier nom à la ville d'Almiffa en Dalmatie. Bau-
drand fournit le premier.
OMIZA , ville de la Gédrofie , félon Ptolomée , /.
6. c. 21.
OMM A ( L') , rivière d'Italie , dans l'état de l'Fgli-
fe, où elle arrofe la Campagne de Rome. Elle a fa fource
entre Paleftrina Se Palliano , coule entre Segni Se Fio-
rentino , reçoit deux ruiffeaux , & va fe perdre dans le
Gariglan. Je fonde cette description de fon cours fur ce
que Baudrand, Mati & Corneille affûtent qu'on la nom-
me auffi Trero , & que c'eft le Trerus des anciens,
auquel convient le cours que j'ai marqué. De rifle nom-
me le Trerus des anciens dans fa carte latine du La-
tutrn , & appelle cette même rivière Sacco dans fon
OMM
Italie moderne. Peut-être qu'Omma eft le nom d'un des
deux ruiffeaux qu'elle reçoit. Magin donne le cours de
cette rivière fans la nommer.
OMMEI , peuple aux environs de Sodome,dans la
terre de Chanaan , félon S. Jérôme , in locis.
OMMELANDES (Les). Les Hollandois écrivent
Ommelanden Se fousentendent Groninger-, ils ap-
pellent ainfi le plat pays aux environs de Groningue ,
qui , avec cette ville , compofe une des fept Provinces-
Unies. Le Clerc, dans fon hiftoire des Provinces Unies ,
dit I'Omlande au fingulier en françois. Il parle ainfi de
cette province : La province de Groningue eft compofée
de deux membres, favoir celui de la ville de Gronin-
gue Se celui du pays circonvoifin , qu'on appelle en
flamand Ommelanden , qui eft entre les rivières d'Ems
Se de Lauwers. Ces deux membres font une province
fouveraine. Il parle enfuite de la vilie, dont il décrit
le gouvernement , Se paffe enfuite au pays dont il eft
iciqueftion. Le plat pays, ou I'Omlande, eft divifé en
trois quartiers , «Se fes loix portent que tous ceux qui
y poffédent trente arpens de terre , de la valeur de mille
francs monnoie d'Embden , Se qui payent huit florins à
l'état à chaque fnbfide , qu'on nomme Vcrponding , ont
droit de comparoure a l'affemblée de la province. Ces
trois quartiers n'ont néanmoins qu'une voix Se la ville
une autre , de forte que la Souveraineté eft partagée
également entre la viile Se I'Omlande. Chacun de ces
trois quartiers eft fubdivifé en trois fous-quartiers , Se
l'on ne peut prendre aucune réfolution pour les affaires
de la province , que les deux tiers , c'eft-à-dire , fix de
ces fous-quartiers , ne foient d'accord. Il y a plufieurs
juridictions , tant civiles que criminelles , mais on ap-
pelle de leur fentence à une chambre établie dans la
ville. La chambre eft compofée d'un lieutenant, qui eft
nommé alternativement par la ville ou par I'Omlande,
Se de huit affeffeurs , dont quatre font des bourgue-
meftres de la ville alors en régence ; les quatre autres
font perpétuels , dont un eft nommé par la ville Se
trois par I'Omlande. Voyez, Groningue. * Gouverne-
ment des Provinces-Unies.
Les Ommelandes ( ou I'Omlande ) font partagées ,
comme on vient de dire , en trois quartiers , dont voici
les noms, Hunsingo , Fivelingo Se Wester-quar-
tier, c'eft-à-due , le quartier occidental. Ces trois
quartiers n'ont point de villes, mais des villages. Vers
l'an 890, il n'y en avoit que cinq, mais fort étendus,
favoir, Hugomonhi, Hunisga , Fivolgo , Emisga
c^Federitga, avec la petite ifle de Bandt , que l'on
foupçonne avoir été entre le Dokkumerdiep Se le Lau-
wers. A préfent le nombre des villages fe monte à cent
vingt-huit, fans compter quelques-uns qui dépendent
de la viile de Groningue. * Halma , Tooncel der Ve-
reenigde Nederlanden.
OMMEN , petite ville ou bourg des Trovinces-Unies
des Pays-Bas ,dans le Sallant en Overiffel, fur le Wech ,
à cinq lieues de Swoll , Se à fix de Coevorden. Ce n'eft
proprement à préfent qu'un gros village , mais qui a
les mêmes privilèges Se franchifes qu'une ville. * lbid.
DicF. des Pays Bas.
OMMERSCHANTZ , fortereffe du même pays.
Cette fortereffe Se le hameau d'OvERYRST ne font pas
éloignés d'Ommen. * Halma , lbid.
OMMIRABI, rivière d'Afrique, dans la Barbarie,
au royaume de Maroc. Elle a fa fource dans le mont
Atlas , à l'endroit où il fépare la province de Tcdles de
celle de Ségelmeffe; de-là ferpenrant vers le couchant
feptentrional , elle fe charge de plufieurs rivières , dont
la principale eft la Dema , qui vient de Tefza ; elle
baigne enfuite Tegageta , coulant toujours entre la pro-
vince de Tedles Se celle de Temesne, Se fe grolfiffant
enfin de la grande rivière , que Marmol appelle la
rivière des Nègres , &queSanfon appelle Quadeeha-
bid ou Hued-ala-Abid , elles coulent enfemble entre
la province de Temesne & celle de Ducala , arrofant
dans cette dernière, c'efl -à-dire à fon midi,' Be-
nacasi, Bulahuana ou Bulaghen , Tergum,Te-
mera Costa , SubeÏta & Azamor. Là elle s'élargit
Se forme un golfe à fon embouchure , au midi de la-
quelle Mazagan eft fituée. On la nomme quelquefois
rivière d'Azamor. De l'Ifle la nomme Marbea &
écrit
OMU
écrit rivière des Noirs, au lieu de rivière des Nègres.
Il croie que c'efi: I'Asama ou Azana des anciens , Se
met leur port de Rutubis ou Rusubis; en cela il ren-
verfe l'ordre de Ptolomée , qui met Rufubis au nord
de l'Afama. Selon l'ordre de cet ancien géographe , en
le fuppofant jufie, l'Ommirabi devroit être la Cufa,
qui eff au nord de cette place , Se non l'Afama qui eu
au midi. Voyez, l'article Asama. Voyez, auiïi Uma-Ra-
EEA.
OMN£ , ville du peuple Omani , dans l'Arabie Heu-
reufe, félon Pline , l. 6. c. 28.
OMOENUS , iile fur la côte de l'Arabie Heureufe ,
félon Pline. Oac\\\xs .Tbefaur. la prend dans le fein Per-
iique.
OMOLE , 'O/x/aji , montagne de Thefialie , félon
Strabon Se Etienne , cités par Ortelius. Etienne dit Omo-
ié ou Homo le ( car cela dépend d'un accent tourné
d'une manière ou d'une autre O ou O' ) montagne de
Thefialie dont parle Paufanias ; on la nomme aufii O-
mulus ( ou Homolus par la même raifon ). Les portes de
Thébes du côté de cette montagne en portent le nom de
Homolaides forts.. On adore en Bœotie Jupiter Homo-
loïen. Le fcholiafie de Théocrite , in Idyl. 6. fait men-
tion de la fête de Jupiter Homoloïen, Se du culte de
Cerès Homoloïenne. Apollodore,décrivant les fept por-
tes de Thébes , parie de celle qui étoit nommée Omo-
ioïs. Paufanias dit Omolé , & dit de cette montagne,
que c'étoit la plus fertile Se la mieux arrofee de la Thes-
falie. Je trouve dans Strabon , /. 9.?. 442. Homolium
cV Homolis •, c'étoit le nom d'une ville Se d'une monta-
gne, félon la remarque de Cafaubon. Tite-Live nom-
me effectivement ainfi Omolium , dans fon 42e livre ,
li la citation d'Ortelius eit jufie.
OMONT , village des Pays-Bas , dans le Hninaut ,
fur la rive droite de la Sambre , une lieue au-de(ïus
de Maubeuge. Il y a une abbaye de Bénédictins , elle
eu régulière.
OMPA1 , rivière de Tranfilvanie : elle coule au nord
d'Albe-Julie, Se fe joint un peu au-defius à la Marisch.
* Defcrip. de Hongrie , t. 4.
OMPHACE, ancienne ville de Sicile , félon Etienne
le géographe , qui cite l'hifioire Sicilienne de Philifie.
Voyez, Agrigente.
1. OMPHALIUM , lieu de Tille de Crète, entre
Thenu Se Gnojfus , félon le même.
2. OMPHALIUM, ville de Thefialie, félon le mê-
me.
3. OMPHALIUM, ville d'Epire, félon Ptolomée,
/. 3. c. 14. Elle étoit dans la Chaonie & dans les terres.
OMPHALOS , mot grec , qui lignifie le nombril ,
en latin Umbilicus. Comme la fituation de cette partie
dans un homme régulièrement bien fait eu à difiance
égale du fommet de la tête Se de la plante des pieds Se
ptécifément au milieu , ce mot a été aufii employé pour
îîgnifier un lieu fitué au centre d'une ifie , d'une con-
trée, Sec. Paufanias parle dans fes corinthiaques de
l'Omphalos du Péloponnèfe i Se Tatien , dans fon traité
contre les Grecs , dit que Denis fut enfeveli in Ont-
fhalo. * Ortelius , Thefaur.
OMURA, ville Se principauté particulière du Ja-
pon , qui compofe une petite contrée dans la province
de Figen , au fond d'une baie Se au nord de Nagazaki.
Elle eu à la côte occidentale de Ximo au Japon. Il y
avoir un prince d'Omura qui televoit du royaume d'A-
rima , Se faifoit fa réfidence dans la ville d Ômura. Elle
tu fur le bord de la mer , dans le fond d'une baie avec
une rade qui n'elt pas des plus fures. Il y a fort peu
d'eau dans la baie d'Omura, & elle n'elt point du tout
propre pour de grands vaifleaux. Elle s'étend à l'oneu-
iud-ouelt , a flux Se reflux, Se communique à la mer pat-
un petit détroit. On y trouve des coquilles qui produi-
fent des perles. Autrefois on y ramaflbit de très-beau
fable d'or, le long des côtes qui font préfentement inon-
dées, la mer ayant gagné du terrein de ce côté. Ce
petit canton ert coupe par la mer de toutes parts -, c'efi:
le plus riche de totit le Japon en ports Se en baies. J'ai
parlé de la baie d'Okus Se de fa mine d'or , du port de
Facunda , de celui de Nangoya Se de la grande baie de
Nangazaki. Le prince d'Omura en avoir encore un fort
beau à Vocoxiura. Sumitanda , prince d'Omura , fut le
ONC 6s7
premier des fouverains du Japon qui embrafla la reli-
gion Chrétienne , Se fon zèle n'avoir pas laiffé un feul
idolâtre dans fon petic état , aufii a i-il été le théâtre le
plus fanglant de la perfécucion , Se on ne fauroit croire
combien de Chtétiens de tout âge , de tout fexe y ont
fouffert les plus affreux tourmens. * Le B. de Charle-
voix , Hirtoire du Japon.
1. ON ^ancienne ville d'Egypte. Le texte hébreu
nomme ainfi la ville dont étoit prêtre le beau-pere dt-Jo-
fephimais les Septante la nomment Héliopolis. Dans
l'Exode, c. x. outre les deux villes que les Hébreux,
devenus esclaves , réparèrent , il y en a une uoifiéme
appelles On, la même ^m'Heliopolis. Dans Ezechiel ,
c. 30. v. 17. on voit les jeunes gens d'Héliopolis Se de
Bubafie. Jofeph dit que le beau-pere du patriarche
Jofeph étoit un des prêtres d'Héliopolis , tuv h 'ha/«-
tfoMi 'lifuv. On ne peut pas dire que ce nom d'Hélio-
polis ait été donné par les Grecs Se par les Macédo-
niens à la place d' px. On , nom hébreu ; car Jere-
mie fait mention de ©Oï? n>3 , Beth Semés , la mai-
fon du Soleil , Se la met en Egypre DnïD \"MiZ , Béa-
retz Misraïm ; les Septante l'ont traduit par Héliopo-
lis , 'HXÎx 713X1;. Voyez, Heliopous 2. * Gène], c. 41.
v. 4j. Se jo. Se c. 46. v. 2c.
2. ON , ville de la Paleftine , au pays de Samarie ,
félon faint Jérôme, de loch, qui dit qu'au lieu de ce
mot , on lit dans l'hébreu Aun. Eufebe dit Anna.
Aquila Se Symmaque rendent ce mot par cette épithéte
inutile, Se Théodoiion par le mot d'iniquité. Quelque-
fois, comme l'a remaïqué le P. Bonfrtrius, les Septan-
te ont retenu ce mot dans leur verfion, fans addition,
lorsqu'il y a dans l'hébreu ptî , dont la fignifica*-
non eu iniquité , menfonge , idole. C'efi ainfi qu'ils gar-
dent ce nom dans Ofée , c. 10. v. 8. Ew/zoî ifv , Ali.oia
On , les Autels d'On , au lieu de quoi la verfion latine
porte Excel/a idoli , les hauts lieux de l'idole. De mê-
me dans Amos hinnSià ifi» , dit champ d'On, la vci-
fion latine dit de campo idoli. Il fe prend quelque-
fois pour Bethhaven , où étoit placé le veau d'or de
Roboam , Se ati lieu du nom de Bethaven , que notte
vulgate retient , les Septante difent la maifon d'On. Le
P. Bonfrerius conclud que le mot On féparément n'elt
point le nom d'une ville particulière de la Palcfiine ,
mais qu'étant joint au mot mai] 'on , alors il devient un
nom vraiment géographique, foit dans le propre, foit
dans le figuré.* Ofée , c. 4. v. ij. c. j. v. 8. Se c. io.
v. ;.
ON/EUM, ville de l'Ill) rie , dans la Libu mie , félon
Ptolomée. Sophien croit que c'efi préfentement Caeo-
CuiMANO. Cumano n'eu que le cap, il y avoit outre
cela une ville.
ONAGRINUM CASTELLUM, ville de la féconde
Pannonie, le long du fleuve , aux environs de la Save,
félon la notice de l'empire , fect. $6.
ONANO, bourg d'Italie, dans l'Etat de l'Eglife&
dans lOrvietan , entre Aquapendente Se Petigliano , à
deux lieues de l'une Se de l'autre. Il a titre de duché.
* Baudrand , édit. 1705.
ONAPJEU , peuple de l'Amérique feptentrionale ,
aux environs de la route que fuivit de la Salle, pour
aller de la baie de Saint Louis chez les CeniSi
ONATE. Voyez, Ognate.
t. ONC/E, ville d'Arcadie, félon Iface , fcholiafie
de Lycophron. Voyez. Oncium.
2. ONC^E, ville de Thcbes , félon le même. Il
entend, fans doute, un village de ce nom dans la Bœo-
tie , dont parle Phavorinus. Ericnne le géographe parle
d'une porte de Thcbes, qui prenoit fon nom de ce
lieu.
ONCIUM. Voyez, Oncium.
ONCH£. Voyez, Unch^.
ONCHESMUS, port de l'Epire, félon Ptolomée,
lié. 3. c. 14. O"yU<r^0i , Onchismus , félon Strabon ;
ancien port de la côte d'Epire. Les anciens donnoient
le nom à'Omhesmhes au vent qui étoit propre à pafi'er
de ce port en Italie. Cicéron dit', dans une de fes let-
tres à Atticus , /. 7. epifi, 2. Nous fommes venus à
Blindes le fixiéme jour avant les calendes de Décem-
bre, ( c'efi-à dire , le 25 Novembre) Se nous avons eu
dans ce trajet le même bonheur que vous avez fur mer \
Tom. IV. O o o o
65-8 OND
un doux Oncbesmite n'a point ceffé de favorifer notre
navigation. Les anciens ont fuppofé que ce mot d'On-
cbcsmus vient d'Anchife, Se qu sîncbifœ portus , ou le
port d'Anchife , eft l'ancien nom. C'eft ce que veut dire
Dcnys d'Halicarnafie , lorsqu'il dit : Us côtoyèrent de-
puis Buthrot , jusqu'au port qui portoit alors le nom
d'Anchife , Se qui a maintenant un nom où l'ancien
cft un peu déguifé. Ce port étoit dans la Chao-
nie, félon Ptolomée, qui le nomme entre Panorme Se
Cafliope. Ainfi ce ne fauroit être l'Echinus de Pline ,
qui étoit dans l'Acarnanie , bien loin de-là.
ONCHEST1 PALUS. Voyez, l'article fuivant , Se
CoPAÏS.
i.ONCHESTUS, ville de Grèce, dans la Bœotie.
Elle étoit grande & fituee entre Haliarte Se Acraîphies ,
près d'une montagne nommée Phocmchts Morts. Ce n'étoit
d'abord qu'un bois confacré à Neptune. Homère, C^-
talog. v. 13. n'en parle que fur ce pied-là:
O'î'Xnçôv $'npov notrifriitov , àyXa.ov «Aroç.
Ontbefte , bots fameux confacré au Dieu Neptune. Il y
eut eufuite une ville en cet endroit , Se Paufanias, Bœotie.
c. 26. parle de fes ruines. Strabon , /. 9. p. 410. la
compte entre les villes qui bordoient le lac Copaïs. Elle
eu étoit au midi , comme je le dis au mot Copaïs. On
croit que Diminia en occupe le terrein. Voyez ce mot.
2. ONCHESTUS , bois facré de la Bœotie. Voyez.
l'article précédent.
5. ONCHESTUS, autre bois confacré à Neptnne
dans l'Eubée, félon Ortelius,T/7c/tfw. qui cite le ttoi-
fïéme livre d'Apollonius.
4. ONCHESTUS. Ortelius trouve une rivière de
ce nom en Thefialie , & cire Etienne Se Polybe. Ces
auteurs écrivent félon la prononciation greque o"yx^^ >
& Polybe la nomme bien exprefièment dans un fra-
gment de fon dix-feptiéme livre.
ONCHISMUS. Voyez. Onchesmus.
ONCHOBRICE , ifle fur la côte orientale de l'Ara-
bie Heureufe , félon Pline, /. 6. c. 28.
ONCHOE , ville de Grèce , dans la Phocide , félon
Etienne le géographe.
ONC1UM ou Onceium , 'O>Ks/0f , forterefle de
Grèce , dans l'Arcadie. Elle prenoit fon nom d'Oncus
qui y avoir commandé. C'eft peut-être I'Onc/f. d'ifacc,
fcholiafte de Lycophron.
1. ONDA , ancien nom de la rivière d'ONHAR en
Espagne.
2. ONDA , bourg Se château d'Espagne , au royau-
me de Valence , Se au pied des montagnes , fur la droire
de la rivière de Millas , à deux petites lieues de la côte
du golfe de Valence au couchant.
ONDEVES ( Les ). Ce nom lignifie perdu , 8è fe
donne à une des quatre fortes de Noirs de la province
d'Anoiîi dans l'ifle de Madagascar. Ce font les moindres
de tous. Us font esclaves d'origine du côté du père Se de la
mère , achetés ou faits prifonniers pendant la guerre.
Us ne peuvent quitter leur maître , fous quelque pré-
texte que ce foit , fi ce n'eft que dans un tems de fa-
mine , ou d'une grande cherté de vivres , il leur eût
refufé la fubfiftance qu'il leur doit. En ce cas , il leur
eft permis de choifir un autre maître. * Corn. Did.
De la Croix , Relat. de l'Afrique , r. 4.
ONDICAV/E , ç>vhy.àvcu , c'eft ainfi qu'on lit ce
nom bouleverfé dans les éditions de Ptolomée , lib. 2.
cap. 8. au lieu d'AYJWaw , AhdicaVi , peuple de la
Gaule Lyonnoife. Ce peuple eft le même que les An-
gevins, Se fa ville Juliomagus eft Angers.
ONDZATZI ( Les ). On diftingue par ce mot, dans
l'ifle de Madagascar , une condition particulière des ha-
bitans. Ce fonr des gens qui -ont la peau rouge , les che-
veux longs & plats , fi ennemis du fang , qu'ils ne peu-
vent pas couper la gorge à un poulet. Ils s'adonnent à la
pêche. Us n'ont ni temple ni religion, Se font par coutu-
me quelques facrifices de bêtes, quand ils font mala-
des , quand ils veulent planter leurs ignames cV leur riz ,
quand ils veulent les cueillir , quand ils circoncifent leurs
enfans, quand ils entreprennent une guerre, quand ils
prennent pofleflion d'une maifon nouvellement bâtie ,
quand ils ont eu quelque reve , ou quand ils enterrent
ONE
un parent. * Fiacourt , Hift. de l'ifle de Madagascar „
chap. 2. pag. 6.
ONE , ville d'Afrique, au royaume de Trémecen.
Les Africains la nomment Deyrat Uneyn ; elle étoic
fur la côte. Marmol , /. 5. c. 9. t. i.p. 326. dit qu'elle
eft fur la côte , à la hauteur d'Almerie , Se au levant de
Tevecrit. Elle a été bâtie par les anciens Africains ;8e
avoir de fortes murailles Se un petit porr fermé de part
Se d'autre d'une bonne tour. Les mosquées y étoient
bien bâties , Se les maifons habitées de marchands Se
d'artifans , parce que les galères de Venife , qui al-'
loient à Trémecen , s'y arrêtoient tous les ans. Elle
étoit donc fort peuplée alors , Se l'on y faifoit de bel-
les toiles Se d'autres étoffes de coton. Outre cela il v
avoit diverfes contrées d'oliviers, de vergers Se de terres
labourables, tant autour de la ville, que le long d'une
rivière qui la borde. Du refte , quoiqu'elle eût com-
mence à fe dépeupler , quand on prit Oran , le roi de
Trémecen y avoit envoyé garnifon pour la fureré du
commerce , & elle étoit en allez bon état ; mais les
habitans ayant donné retraite aux Corfaires , s'étanc
même mêlés avec eux pour courir les côtes d'Espagne ,
Charle V y envoya D. Alvar Baflan , général de tes
galères , qui la prit en 1 5 3 3 , la faccagea Se y mit gar-
nifon ; mais l'empereur la fit rafer pour épargner la
dépenfe. Le pays eft cultivé par les Bereberes d'une mon-
tagne voifine nommée Tarara , où il y a force mines
de fer Se d'acier.
Le cap de cette montagne s'appelle maintenant le
cap d'One. Marmol croit que c'eft le Uty a. àr.fkjTripov ,
ou le grand promontoire que Ptolomée place à l'en-
trée de la Mauritanie Céfarienfe , immédiatement après
l'embouchure de la rivière de Malva , auquel il donne
1 1 d. 30 m. de long. & 35 d. de latir. C'eft la latit.
que donne effeéh'vcmenr de l'ifle à ce lieu , qu'il nomme
Hone; à l'égard de la longitude, peu s'en faut qu'elfe
n'aille à 17 d. ainfi celle de Ptolomée n'y convient pas.
Voyez. Tarare.
1. ONEGA, rivière de l'empire Ruflîen. Elle a fa
fource dans la province de Cargapol , forme une efpé-
ce de périt lac auprès Se à l'orient de la ville de Car-
gapol , Se ferpentanr tantôt vers le nord , & tantôt
vers le nord-eft , elle va le perdre dans la mer blanche;
fon cours eft d'environ quarante-cinq milles, de 15
au degré.
A l'orient de fon embouchure , la côte s'avance vers
le nord-eft , & forme une pointe que l'on appelle ie
cap d'Onega.
On appelle Onega, le pays où elle entre au fortir
de la province de Cargapol , qui le borne au midi,
celle de Vaga le termine au fud-eft ; Koureeska Voloft,
ou contrée de la Koureeska , au nord eft , la mer blan-
che au nord , & Kargaposkaia Corela , ou la Carelie
Moscovite , au couchant. On n'y connoît point d'aune
rivière que l'Onega, point de ville ni de boutg,
mais beaucoup de forêts.
2. ONEGA ( Le lac d' ) , grand lac de l'empire Rns-
fien , entre la Carelie Moscovite au nord & au noid-
eft , le pays de Cargapol à l'orient , Se la Carelie Sué-
doife au couchant feptentrional. Le pays qui eft à l'oueft,
& celui qui eft au fud , prennent leur dénomination de
leur fituation à l'égard de ce lac. 11 s'étend du nord
au fud, depuis le 60 d. 46 m. de latitude , jusqu'au 63
d. fa côte occidentale eft en quelques endroits par ks
j 3 d. delongitude , Se l'orientale avance jusqu'à 64 d. 40
m. de longitude. 11 reçoit diverfes rivières , au nord
celle dePovENZA, auprès d'une ville de même nom,
au-deflbus de laquelle les eaux s'élargiflént , & fe reffer-
rent enfuite. Sur la côte orientale eft l'embouchure de
la Zelmosa qui groflît ce lac. Il continue de fe rétré-
cir jusqu'à l'orient de la ville de Kustranda , après
quoi il s'élargit rour à coup. Il reçoit du pays de Car-
gapol les rivières de Saaia, de Pudoa, de Nikiflîma-,
d'Andama, &deux aurres dont les noms ne fe trouvent
point fur la carte. Dans fa pairie méridionale fonr les
embouchures de la Vitegra Se de la Susta , qui vien-
nent de I'Oboneskaia Petina, ou Quartier d'ait-deçà
de l'Onega: ce mot au-deçà eft relatif à la ville de Mos-
cou. Au midi de la côte orientale eft la rivière de Svir,
qui porte les eaux de ce lac dans celui de Ladoga ; au
ONE
bord fcptentrional de cette rivière , près du lac d'Onega
eft le monaftere de Vosnefenie ; plus haut eft la rivière
par laquelle on peut le rendre à Olonitz ou Olo-
>jecz, ôc de-la à Notebourg par le lac de Ladoga. Plus
haut eft la petite rivière de Soyo , avec une ville de ce
nom à fon embouchure , & enfin une grande rivière qui
vient de Lindujeiwi ôc de Maejeiwi , ville de la Care-
lie; au nord de cette rivière, ce lac forme plufieurs
anfes, ôc a des ifles aflez grandes dans fa partie fep-
tentrionale.
ON EU. Voyez. Onii Montes.
ONE1LLE. Les Italiens difent Oneglia. C'eft une
Ville d'Italie fur la côte de Gènes , à l'orient de l'em-
bouchure de la rivière Impériale dans la mer Méditer-
ranée , entre Port-Maurice au couchant , ôc la bourga-
de de Diano au levant. Ce port ôc cette bourgade font
à la république de Gènes . dans les terres de laquelle
Oneille eft enclavée de tous côtés. Elle ell la capitale
d'une principauté qui appartient au chef de la maifon
de Savoie , aujourd'hui roi de Sardaigne. Elle eft aflez
bien bâtie , ôc avoir autrefois une grande Ôc bonne ci-
tadelle , qui a été détruite avec plufieurs autres de ces
quartiers, pendant les guerres entre les ducs de Savoie
& la république de Gènes Un gentilhomme François
patloit ainfi d'Oneille en 1660, dans le journal de fon
voyage de Fiance ôc d'Italie : Oneille , ville agréable
& principauté du duc de Savoie, à dix milles du port
Maurice, fur le bord de la mer, ôc fituée dans une
plaine que joint une vallée merveilleufement belle , ôc
riche en oliviers, qui fournie d'huile tout le pays. Elle
cft fermée de murailles nouvellement rebâties. Les rues
en font belles ôc polies au dernier point , ôc les mai-
fons s'appuient ôc fe feutiennent par le moyen des arcs-
boutans qui les joignent Comme il n'y a aucune foite-
refle, elle a été prife ôc reprife pendant les guerres. Si
vous voulez, aioute-t-il, voguer fur mer, & vous tirer
des fàcheufes montagnes où je fuivis ma route , prenez
un bateau ou une felouque , vous en trouverez qui
partiront à toute heure. * Theatr. Pedemont. 2. part.
V- J59- •
A l'orient d'Oneille eft une montagne, qui , avan-
çant dans la mer , forme un promontoire. On le nom-
me tantôt le Cap d'ONEiLLE ou le Cap de Dian,« caufe
de l'une ou de l'autre de ces deux places entre lesquel-
les il eft fitué ; ôc tantôt Capo Verde. Michclot , dans
fon portulan de la Méditerranée, dit du port d'Oneille
êc de ce cap : La ville eft entourée de murailles, prin-
cipalement du côré de la mer , & eft fituée fur le rivage
dans une très-belle plaine , où il pane d'un côté & d'au-
tre deux petites rivieies. Celle qui eft du côté du port
Maurice eft la plus grande , ( c'elt l'Impériale dont nous
avons parlé ci deflus ; l'autre eft négligée fur les cartes
que j'ai confultées. ) Du côté de la mer , il y a trois
petits forts , un à chaque bout , & l'autre au milieu ,
Se vers le cap d Oneille, il y a quelques maifons de pé-
cheurs ôc une tour octogone fur une pointe pour en
défendre le mouillage. On mouille avec les galères vis-
à-vis la ville , à demi-portée de canon , fur cinq oufix
brades , fond d'herbe ôc de vafe. Les vaifleaux qui vont
charger de l'huile fe tiennent un peu plus au large ,
pour être plus près à faire voile en cas de befoin ,
quoique le fond y foit très bon. ... Le cap d'Oneille
eft une groiTe pointe ronde, fur laquelle eft une tour
de garde qui eft ronde , ôc un hermirage au-deflbus du
côté du noid-eft , avec une autre tour. L'huile d'O-
neille , qui fait le principal commerce des habitans
fe charge pour la France, les Pays-Bas, la Hollande,
l'Angleterre , ôcc.
La Principauté d'Oneille s'étend depuis la mer
jusqu'à Pornafio , qui eft au pied de l'Apennin, ôc
eonfifte en trois vallées ;
Le Val d'Oneille, le Val de Marro,
le Val de Préla.
Le Val d'ONEULE commence à Oneille , ôc finit à
Saint Lazare. C'eft un jardin continuel , une fuite d'ar-
bres ôc de maifons. De l'Ifle prend au contraire le Val
d'Oneille au- deflus de Saine Lazare jusqu'à ia fource de
l'Impériale.
ONÎ 6ïy
Le Val de Marro, Vallis Mari ou Macri , prend
fon nom du bourg de Marro , fitué fur la gauche de
l'Impériale , & s'étend par une branche depuis S. Lazare
jusqu'à S. Bernard, & le joint auprès de cette colline à
la vallée de la Piéve Ôc de Teïco.
Le Val de Préla, Vallis Tetra. Lau , eft à
l'occident des deux autres , & va fe joindre au Val de
Port-Maurice ôc à Dolcedo , bourg de la feigneurie de
Gènes.
On compte dans la principauté d'Oneille cinquante-
trois bourgs ou villages , environ quatorze mille âmes ,
ôc elle peut mettre fur pied deux mille hommes. Le val
d'Oneille appartenoit anciennement à l'évêque d'Alben-
gue , qui en jouît en qualité de feigneur temporel jus-
qu'en l'an 1298, que ne pouvant réfifter à fes voifins,
qui l'attaquoicnt continuellement , il s'en accommoda
avec le fils de Babilan de Doria , patrice de Gènes. Ceux-
ci la vendirent aux ducs de Savoie , qui acquirent auflî
les vallées de Marro ôc de Préla.
Baudrand dit que l'union de ces trois vallées fe fit en
1620, pour ne faire enfemble qu'une principauté.
ONELLABA, lieu d'Afrique, dans la Numidie. An-
tonin , Ituier. le met fur la route d'Hippone la Royale
àCarthage, entre cette Hippone ôc le lieu ad Aquas ,
à cinquante mille pas de cette ville , ôc à vingt-cinq de
ce lieu.
ONENSES , ancien peuple de l'Espagne Tarragon-
noife. Comme Pline, lié. 3. c. 3. fuit fouvent l'ordre
alphabétique pour l'arrangement des peuples, & qu'il
nomme celui-ci entre Aquicaldenses ôc B/eculonen-
ses , il y a toute apparence que ce mot commence par
un A ; cependant le père Hardouin dit que tous les ma-
nuferits s'accordent pour Onenfes par un O.
ONERICI. Quelques manuferits de l'hiftoire des
Lombards de Paul Diacre, /. 1. c. 19. portent One-
rici fine), ôc Onericorum fines , cette faute eft répétée
en deux lignes tout de iuite. Il faut lire Norkiôc Nori-
corum , comme Ortelius ôc Vulcanius l'ont fagement ré-
tabli Un copifte aura écrit Nerici pour Norici. Un ré-
vifeur aura mis en marge un O pour avertir que ce
doit être Noria. Quelque autre copifte ne l'entendant
point , ôc ne fâchant où placer l'O , l'aura mis au com-
mencement , où il achevé de défigurer ce nom. C'eft
ainfi que les noms propres ont été barbouillés par les co-
piftes.
ONESi^ THERMO , eaux minérales dans la Gau-
le , vers les Pyrénées. Strabon , ayant parlé du pays ôc de
la ville de Comminge, ajoute , /. 4. p. 190. Et les Ther-
mes Onefunncs : l'eau en eft excellente à boire , celle
d'Auch eft aufiî très-bonne.
ONEVATHA, lieu de la Phcenicie:il y avoir garni-
fon romaine. On lit dans la notice de l'Empire , fett. 23 .
Lobors quintapacata Alamanoritm Onevathx.
ONEYOUTS, un des cinq cantons Iroquois , dans
l'Amérique feptentrionale. Voyez. Iroquois.
ONGHETGECHATON , nation de l'Amérique fep-
tentrionale , dans la Louïfiane , vers le nord . à peu de
diftance du Miffifllpi , vers la jonction de ce fleuve , avec
la rivière dont les bords font habités par les Méchémeton
ôc les Ouidachénaton. Elle fait partie des Sioux occiden-
taux. On la nomme nation de la Fiente ; parce que ,
n'ayant point de bois dans fon canton , elle eft obligée
de brûler la fiente des animaux après l'avoir fait fé-
cher.
ONHIOT , contrée de la Tartane , proche de la
grande muraille de la Chine , au-delà des maifons de
plaifance de l'empereur du côté du nord. Le terroir en
eft d'une bonté médiocre Les princes de ce pays ont été
long-tems alliés à la maifon impériale de la Chine. Ce
pays eft habité par la horde des Mogols , appelles Hun-
guts. * Hifl. générale des Huns , par M. de Guignes ;
t. 4. p. 238,
ONI A, monaftere de France, dans le Berri. On lit
dans Grégoire de Tours , ( V.u Patrum , c. 18. p. 1 241.
edit. Benedittin.) Igitttr Urfus Abba Cadurcinœ itrbis
Incota fuit $ abineume atate religiojus , & in Dci amo-
re devotus : de quo egrcjfus hco Bituricum terrninurn eft
ingrejfus , fimdatisque Monaftcriis apud Taufiriacum ,
Oniam atque Pontiniacum. . . . Turonicum Territorium
efi iiigrejjiis ,& ad locum quem Senapariam voekari pr \U -
Jom, IV. O o o o ij
66o ONI
ONI
inJMtuit autlor , acceffit , adijic nuque Oratorio Mona-
fterium Jlabilivit , commijfaque Leobatio Pr&pofito fum-
ma Regulœ, Monajietium aliudftutuit , quod mine Loc-
cis vocant , &c. On voit dans ce partage que faint Ur-
fe , citoyen de la ville de Cahors , ayant quitté le Quer-
ci , entra dans ,1e Berri , où il fonda les monafteres
de Tauriji, d'Onie , Se de P on tint : que de là il palla en
Touraine , alla au lieu auquel il donna le nom de Se-
napaire , où ilcohftruifit un oratoire, & établit l'ab-
baye i Se qu'y ayant laifle Léobace pour fupérieur, il
inftitua un autre monaftere nommé Loccîs. 11 s'agit de
retrouver tous ces lieux. La chofe n'eit pas aiféei &«pour
commencer par 7W//?,car c'eft ainfi que l'auteur de
l'abrégé de l'hiftoire de l'ordre de faint Benoit, /. i.
c. 4. §. 8. écrit ce nom, les manuicrits de Grégoire de
Tours portent Taufiriacum Se Saufîriacum. C'eft peut-
être Taufiliacum , en françois Toiselay,où eft en-
core à préfent un piieure aaenant les murs du bourg,
fous le titre de faim Théobald, & qui dépend de l'abbaye
de Bourgdieux. Onia paroit être ici la forêt d'HEUGNE
en Berri , avec un village nommé comme elle : peut-
être y a-t il eu là un monaftere ; mais ce n'eft qu'une con-
jecture. On ne fait ce que c'eft que Pontini ou Pontigni ;
mais il y a dans le diocèfe de Bourges , un lieu nommé
Montigw , qui dépend du chapitre de Sancierge. Senupa-
ria ou Sinaparia eft préfeniement Seneviere , village
de la Touraine: cette abbaye eft préfèrrtémènt changée
en paroiffe , & reconnoit faint Leubafié ou Liberté pour
fon patron. Le nom latin vient de Sinapi , moutaide,
Se le nom françois vient de S. nevé , qui veut dire la mê-
me chofe. Ce lieu eft entre les rivières d'Indre & d'In-
drois , au levant d'été de Loches & de l'abbaje de Beau-
lieu. Loccis eft cette abbaye de Loches fui 1 Indre.
ONIABATHES , ville d'Egypte , félon Etienne le
géographe , 0\u*$^k. Cet auteur cite Hécate e dans fa
périégrfe de la Libye.
ONI/E REGIO, contrée d'Egypte, entre l'Arabie
Se le Nil , félon Ortelius qui cite Hégéfippe. Voyez.
Onium.
ONIENSES , ancien peuple dont il eft parlé fur une
ancienne médaille de Pofthumus , fur le revers eit la
figure d'Hercule avec ces mots, Hercules Deus Onien-
si. Ortelius croit qu'il s'agit là d'un peuple de la Belgi-
que , Se nomme un de fes amis qui croyoit , aufli bien que
lui , qu Ogny conferve encore des traces de cet ancien
nom. Nous avons marqué deux lieux qui portent ce
nom , l'un fur la Sambre , l'autre dans le voifinage de
Douai.
ONU MONTES ou Oneii, en grec 'OiJa/Op,
montagnes de Grèce , près de l'ifthme de Corinihe. Plu-
tarque , dans la vie de Cléomène , dit : Cléomène ne
jugea pas a propos de défendre le partage de l'illhme ,
Se crut qu'il é'oit plus expédient de fortifier par de
bonnes nanchées Se de fortes murailles les pas des mon-
tagnes Onitnes, Se de faire des combats déporte pour
amufer plus long tems les Macédoniens , Sec. Ces mon-
tagnes , dit Srràbon , s'étendoienr depuis les rochers Sci-
ronides fur le chemin de l'Attique jusqu'à la Béotie Se
au mont Cithéron. Leur nom fignifie les montagnes des
Anes. Polybe Se Thucydide parlent auflî de ces monta-
gnes. * Vie des Hommes llhtftres , tom. 7. p. 68. trad.
de Dacier.
ONII. Dans les exemplaires latins de Ptolomée , com-
me dans l'édition de Magin , à Venife en \$y6 , on lit ,
/. 4. c. f.
Heliopolites Nomits & Metropolis
Onii , aliter Llii 62 30
30-10.
Ce qui donneroit à entendre qu'Onii ou Elii auroit été
le nom de la métropole du nome Héliopolite en Egypte.
Le fécond mot n'eft que le vrai nom grec latinifé par
rapport à la terminaifon : car le nom du Soleil ,"HA/oç ,
Helws, fait au génitif "hX/s, Heliu , Se y ajoutant le mot
wo^/ç, ville, il s'eft formé Heliupolis ou Heliopvlis. Le
premier vient du nom On, que cette ville a porté an-
ciennement , Se que l'on a confondu avec Onium ,
dont je parle ci après en fon lieu.
ON1K , château d'Artc , dans la Méfopotamie. Il éroit
entre les maiiis de Maffar , fils de C ara Mohammed ,
prince Turcoman , de là dynaftie du Mouron Noir.Ta-
merlan s'en rendit le maître l'an 796 de l'hégire, après
qu'il eut pris la ville d'Amid. * D'Herbelot , Bibhoth.
orient.
ONINGIS, ville d'Espagne, fur la côte méridiona-
le. Pline, /. 3. c. if la compte entre les villes tribu-
taires, avec Sucrana Se Obulçula. C eft la même que
I'Oringis de Tite Live , /. 28. c. 3. félon Ambroife Mo-
rales.
ONISA , ou plutôt Onisia , ifle de la mer de Crète,
à l'orienr de cette ifle , vis-à-vis du promontoire lta-
num. C'eft aujourd'hui Gofoniji , près de Capo Xacro ,
félon le père Hardouin , in Phn. * Pline , liv. 4.
chap. 12.
1. ONIUM , ou plutôt Oneius ou Onius, mons
'Oviîov , Thucydide , /. 4. p. 282. nomme ainrt au
fingulier la même montagne, que Hurarque nomme an
pluriel Onii montes. Pclycn , /. 2 & 4. en fait aufli men-
tion. Xénophon, Hifl. Grue. I. 6. txtrem. dit de mê-
me au fingulier YOneion , fans y joindre le mot monta-
gne. Nous difons de même l'Olympe , le Caucaie , le
Taurus, fans y joindre le mot mont. Orteliub eu a
pris occafion de croire que c'étoit un lieu particulier,
différent , mais fort proche des montagnes Onienes , Se
il a mis ce lieu au Péloponnèfe. Ces auteurs parlent de
ces mêmes montagnes au fingulier.
2. ONiUM ou Onion , c'eft le nom que l'on donna
au temple qu'Ornas IV, fit bâtir dar.s l'Egypte, 150
ans avant l'ère vulgaire, félon D. Calmer. Onias IV,
fils d'Onias III , grand prêtre des Juifs , neveu dejafon
Se de Menelaiis, fe voyant exclus de la grande facrifi-
cature par Antiochus Eupator, Se par Lyfias , régenr du
royaume de Syrie, fe réfugia en Egypte , auprès de Pto-
lomée Philometor. Il fut fi bien s'infinuer dans l'efprit
de ce roi Se de Cléopatre fa femme , qu'il gagna entiè-
rement leur confiance, jusques-là qu'ils lui donnèrent
le commandement de leurs troupes. Onias profiranr de
fa faveur , demanda au roi la permiflion de bâtir un
temple en Egypte , fur le modèle de celui de Jérufalem ,
Se d'y établir des prêtres S? des lévites de fa nation. Ce
qui le détermina à entreprendre cer ouvrage , fut prin-
cipalement un partage d'Ifaïe , qui plusde fix cens ans au-
paravant , avoir prédit que le Seigneur auroit un jour un
temple dans l'Egypte , & cela par le moyen d'un Juif,
qui le lui bâtiroit. Jofephe ne cite pas les paroles d'I-
faïe, mais on ire doute pas que ce ne foi en t celles ci ,
c. 19. v. 18. & 19. En cetems-Li, il y aura cinq vil-
les dans la terre d'Egypte qui parleront la langue Cha-
nanéenne ( la même que l'Hébraïque ) & qui jureront
far le nom du Seigneur des Armées. L'une de ces villes
s'appellera la ville du Soleil. ( l'Hébreu dit aujour-
d'hui la ville d'Anathême , Civitas Anathcmatis , ) D")itn
*VJ? Hir Hacherem. Aquila , Symmaque Se la vulgate ,
ont lu 0TH1 "VJ? Hir H.cheres , Civitas Solis , la res-
fcmblance de ces deux lettres D a fait toute la différen-
ce -, Se c'eft peut-être cette idée du Soleil, qui donna
lieu à Onias de contacter ce temple dans le Nôme Hé-
liopolite. Suivons le partage d îlaïe que cette remarque
a interrompu. En ce tems-là , il y aura un autel au mi-
lieu de la terre d'Egypte, & il y aura un titre (ou un
monument ) érigé en l'honneur du Seigneur fur les fron-
tières de ce pays , pour fervir de témoignage au Seigneur
dans la terre d'Egypte. * Jufepbe , Antiq. liv. 13.
chap. 6.
Jofephe, /. 7. de Bell. c. 30. décrit ainfi ce temple :
Le lieu où il étoit bâti , eft à cent quatre-vingt ftades
de Memphis. Ce canton s'appelle le Nôme d'Héliopo-
lis, & le temple qui s'y voit, a une tour pareille à cel-
le de Jérufalem, defoixante coudées de haut, Se bâtie
avec de très grandes pierres. L'autel eft de même rtru-
éhire , que celui de Jérufalem. Onias orna ce temple
de dons Se de monumens précieux , que la libéralité
des Juifs d'Egypte lui fournit ; mais au lieu du chande-
lier qui étoit dans le temple de Jérufalem , il fuspen-
dit dans celui d'Onias une lampe d'or qui l'éclairoit;
tout le contour du temple étoit environné d'un mur de
brique avec des portes de pierres. Le roi , Ptolomée
Philometor lui avoit aflïgné de grandes terres Se de
magnifiques revenus, pour l'entretien des prêtres Se des
lévites , Se pour fubvenir aux befoins de ce faint lieu.
ONO
ONT 661
Les Juifs & les prêtres de Jérufalem ne virent ce tem-
ple qu'avec peine , 6c il y eut toujours quelque divifion
pour ce fujet entre les Juifs d'Egypte, 6c ceux de la Pa-
lestine.
Après la ruine du temple de Jérufalem par les Ro-
mains, il y avoit lieu de craindre que les Juifs , chaffés
de leur pays , ne fe retiraffent en Egypte , 6c que s'as-
femblant dans le temple d'Onion , ils ne priffent quelque
nouvelle occafion de révolte ; ce qui fut eau fe que Lu-
pus , gouverneur d'Alexandrie 6c préfet d'Egypte , ayant
mandé à Vcspafien ce qui s'étoit paffé touchant les
aflaflins qui s'étoient retirés de la Judée dans l'Egypte ,
ce prince lui ordonna de faire abbatre ce temple ; mais
Lupus fe contenta de le fermer vers l'an 73 de l'ère com-
mune , environ 226 ans après fa fondation. Paulin qui
lui fuccéda peu après , fît ôter tous les ornemens 6c les
richefles qui y étoient , en fît fermer toutes les portes,
6c ne fournit point qu'on y fit aucun exercice de reli-
gion Telle fut la fin du temple d'Onion.
On ion eft la terminaifon grecque ; Onium eft la ter-
minai (on latine.
ONNANS, abbaye de filles en France, de l'ordre
de Cîtcaux , dans la Franche-Comté , près de la rive
gauche de la Louve . à une lieue de fon embouchure
dans le Doux. On y a uni les revenus de l'abbaye de Cor-
celle , & elle a été transférée en la ville de Dole. Elle eft
gouvernée par des abbeffes électives & triennales , de-
puis que le roi d'Espagne, alors comte de Bourgogne,
6c fouverain de ce pays, céda aux religieufes de cemo-
nafteie le droit qu'il avoit de nommer des abbeffes per-
pétuelles , en venu d'un induit. * Piganiol de la For-
ce , Defcr. de la France, t. 7. p. 527.
ONNATE. Voyez. Ognate.
ON N E, *Ow», ville de l'Arabie Heureufe, près du fond
du golfe Elanite , félon Ptolomée, /. 6. c. 7.
ONNONTAGUES, c'eft le plus puiflant des can-
tons Iroquois. Voyez. Onontagues.
ONO ( u ) , ville de h Palestine , dans la tribu de
Ikniamin. Elle fut bâtie, ou rebâtie par la famille d'El-
phaal , de la tribu de Benjamin ( b ). Elle n'étoit qu'à cinq
milles de Lod, ou de Lydda, qui avoit été aufli bâtie
par ceux de Benjamin, [a) D.Calmet, Diét. ( b) Fa-
rai%. 1. 1 . c. 8. v. 1 2.
OMOBA , ville d'Espagne , dans la Bétique , chez les
Turduks. Pline, /. 3. c. 1. met Ripepora Sacilis
Mar.tiai.ium , Onoba , dans les terres, 6c quelques
favans modernes prennent Ripepora ou Ripa Epora pour
Montoro , ik pour l'Ebora de Ptolomée ; Sacilis Mar-
tialutm , que Ptolomée nomme fimplement Sacilis pour
Alcorrucen. Ptolomée, /. 2. c. 4. diftingue Onoba de
Sacilis , premièrement en mettant fept autres places
entre deux , fecondement , par la différence de , leur
pofition.
Longitude.
Latitude.
Onoba ,
6 d.
fo min.
36 d.
20.
Sacilis ,
10
z6
37
JO
min.
C'eft à l'une de ces deux places qu'appartient le fur-
tiom de Martialutm. Selon les éditions ordinaires de
Pline , on le joint à Onoba ; de forte que c'eft Onoba
Martialutm , furnom pris de la légion de Mars ; comme
Narbo Martius , autre furnom qui a la même origi-
ne. Cependant le père Hardouin aime mieux le donner
à Sacilis.
ONOBA ^STUARIA , ancienne ville d'Espagne ,
dans la Bctique , au pays des Turdirains, au bord de
la mer , & au couchant de l'embouchure orientale du
fleuve Bœtis, ou Guadalquivir ; dans le golfe , d'où lui
vient ce furnom JEftuaria, pour la distinguer de l'autre
Onoba. Ptolomée, /. 2. c. 4. eftropie fuiieufement ce
nom. On lit dans fon livre Onobalisturia. C'eft pré-
fentement Gibraleon.* Pline, 1. 3. c. 1.
ONOBALA , ancien fleuve de la Sicile , félon Ap-
pien , & que Vib.us Sequelter appelle Tauromcnius.
Celt aujourd'hui leCANTARA. Voyez, ce mot. ■
ONOBRISATES , peuple de la Gaule Aquitanique,
félon Pline, /, 4, c, 19. Outre qu'il efi le fcul qui le
nomme , il n'en dit point affez pour en faire bien con-
noîti e la fituation.
ONOC ARSIS/Ocozct/xr/ç, lieu agréable dans la Thra-
ce, félon Athénée,/. 12. c. 14.
ONOCHONUS , rivière de la Theflalie , félon Pli-
ne , /. 4. c. 8. Hérodote , /. 7. n. 1 29. le nomme auffi
entre les cinq principales rivières de ce pays.
ONOCHRINUM, ancienne ville de la Pannonie ,
félon Lazius, qui croit que c'elt préfentement Kew.
C'eft I'Onagrinum CASTELLuMde la notice de l'Em<*
pire.
ONOGLIS , lieu voifin de Pitane. Athénée en vante
le vin, au rapport d'Ortelius , Thcf.
ONOGOIUS ou Onoguris, ville d'Afie , dans la
Colchide. Agathias dit: Mermérocz dreffaun pont avec
desais, 6c avec des claies qu'il avoit préparées pour
cet effet , & fit pafler le Phafe à fon armée fans aucune
réfiftance. Enfuite, il renforça les garnifons qu'il avoit
mifes dans le fort d'Onogure , qu'il avoit bâti aupara-
vant dans le territoire d'Archéopole, ôc y ayant donné
tous les ordres néceflaires, il fe retira à Cotefe. Or-
telius trouve dans Agathias , que cette ville fut ainfî
nommée par les Huns que l'on appelloit auffi Ono-
gori , 6c qui y avoient été battus \ mais qu'après qu'on y
eut bâti une églife en mémoire de faint Etienne, pre-
mier martyr , ce lieu en avoit pris le nom. * Coiiftn ,
Hift. de Confiantinople, t. 2. p. 417. Hilt. de Jufti-
nien par Agathias, 1. 2 c. 10.
ONOGUNDURENSES & Onogunduri , nom
d'un peuple d'entre les Bulgares. Onelius cite l'hiftoirc
mêlée , 19,
ONONTAGUES ou Onnontagues , ou Ononta-
hé , ou Onondaguez, peuple derAmériquefeptentrio-
nale , le plus puiflant des cinq cantons des Iroquois. Voyez.
au mot Iroquois.
ONOP1PTES, félon Curopalate,ou Onopnicites,
Ovom'iiiltç , félon Cedrène: rivière d'Afie , quelque part
vers l'Arménie , félon Onelius, Thef.
ONOR , ville & fortereffe d'Afie, dans la presque-
ifle ,en deçà du Gange , fur la côte de Malabar , au pays
de Canara , à douze lieues de Barcelor, & à dix-huit de
Goa. Son port eft grand & sûr ; il eft formé par deux
rivières qui entrent dans la mer par une même embou-
chure , au-deflbus de la fortereffe qui eft fur un ro-
cher affez élevé. La ville vaut beaucoup moins que la
fortereffe. Ce qu'il y a de gens confidérables y demeu-
rent avec le gouverneur , & il y a plufieurs Portugais
habitués. Sa fituation eft au I4deg. de latitude fepten-
trionale. * Thevenot , Voyage des Indes, 1. 2. c. 2.
ONOROYSTE , rivière de l'Amérique feptentrio-
nale , dans la partie occidentale de la Louïfiane , au
couchant du Miffiflîpi. On la nomme auffi la rivière
Rouge ; c'eft le nom que les François lui ont donné , à
caufe qu'elle jette un fable rouge comme le fang , au
rapport de Tonti.
ONOSARTHA , ville de Syrie. Il en eft fait men-
tion dans les actes du concile de Chalcédoine. Cette ville
a été épiscopale. Cyrus , fon évêque , fouferività la let-
tre adreffée à l'empereur Léon. * Harduin. colleét.
conc. t. 2. p. 71 j.
ONOVA pour Onoba.
ONS-EN-BRAY , bourg ou village de France , dans
leBeauvaifis , fur une petite montagne , à quatre lieues
de Gournay , à trois de Saint Germer 6c à deux gran-
des de Beauvais , fur érigé en comté avec haute juitice
en 1702. Ce comté comprend la feigneurie de trois pa-
roiffes du pays de Bray , Ons , Villers ik Saint Aubin ,
toutes trois dans le diocèfe de Beauvais. A l'entrée de
la paroiffe d'Ons du côté de Saint Germer, il y a un
étang où s'affemblent les eaux vives qui tombent des cô»
tes voifines , & il en fort un ruiffeau qui fait tourner un
moulin, ik qui, après une lieue de cours , va fe ren-
dre dans la petite rivière d'Avelon. * Corn. Dict, fur des
mémoires manuferits.
ONTARIO, nom que les Américains du Canada
avoient donné à de Frontenac; il a été auffi donné à un
grand lac 6c à un fort de ce pays. Voyez. Fronte-
nac.
ONTHYRIUM , ancienne v|le de la Theflalie , fé-
lon Etienne le géographe.
66* OON
ONTSOAS ( Les) , peuples de l'ifle de Madagascar,
dans la province d'Anofli. C'en: l'une des quatre fortes
de Nous qui habitent dans cette province j ils font au
defious des Lohavohits & leurs plus proches parens.
Lorsqu'ils font près de mourir , ils ne quittent leurs
cnfans qu'avec une mortelle inquiétude , parce qu'ils
font affurés que les grands dont ils font fujets ne man-
queront pas , félon leur coutume , de les dépouiller de
leur bétail Se de tout ce qu'ils polTedent , fans leur lais-
fer autre chofe qu'une campagne toute fimple & nue
pour s'y exercer à la culture du riz , & a planter les
autres chofes néceflaires à la vie. Ce fentiment leur eft
commun avec les Anacandrians Se les Ondzatfis. Les
Oontfoas font pourtant en liberté , lorsque leur feigneur
eft mort, d en choifir un autre tel qu'ils veulent parmi
les grands , Se ce feigneur par reconnoinance leur fait
un préfent qui lui donne droit d'hériter après leur
mort , de toutes les chofes qu'ils pofiedenr. * Corn.
Dic"t. De la Croix , Relat. de l'Afrique , t. 4.
i.ONUGNATOS, mot grec qui veut dire la mâ-
choire d'un Ane , promontoire du Pcloponnèfe , fur la
côte méridionale au coin de la Laconie, félon Ptoloméc ,
/. j.r. 16. Ses interprètes difent que c'eft préfentement le
cap Xili.
2. ONUGNATOS , promontoire d'Afie , dans la
Doride, vis-à-vis de l'ifle de Rhodes, félon Ptolomée ,
/. j-, c. 2.
ONUGURIS. Voyez. Onogoris.
ONUOTA ,OV«Ta, c'eft-à dire, les oreilles d'un
rAne, ancien village de Phrygie. Tzetzès , Chdiad. 1.
w. 2. emprunte ce nom d'Ariltote. Suidas , in voce Mi-
sas-en fait aufli mention , & Iface dans fon commen-
taire fur Lycophron, dit qu'on appelle ainfi deux col-
lines.
ONUPH1S, ville d'Egypte, félon Ptolomée ,/. 4.
cap. 5. O'Wp/c. Elle étoit dans le Delra , vers le mi-
lieu , fur la rive droite du canal du Nil , nommé
Âthribiticus fiitvius. Cet auteur la fait capitale d'un
nome particulier nommé Onuphite s nomos ,àuq, cl Hé-
rodote Se Dion de Prufe font aufli mention. Elle étoit
épiscopale , Se la notice de Léon le Sage la nomme
Onuphes. Celle de Hicrocles dit Onuphts. Ad*l\hius
Onupheos fouferivit au concile d'Alexandrie, tenu l'an
362. * Harduin. t. 1. p. 730. conc.
ONUPHITES NOM OS. Voyez, l'article précé-
dent.
ONUS , lieu épiscopal d'Afie , fous la métropole de
Céfarée , dans la Paleftine. Ce fiége fe trouve dans la
notice du parriarchat de Jérufalem , dans celle de l'évê-
que de Cathare , S: dans celle de l'abbé Milon.
ONUSA Si Onus«. Voyez. Oenussa i.
ONYCHIUM , lieu de l'ifle de Crète , félon Etien-
ne le géographe.
ONZAIN , bourg de France, dans le Blefois.
OOLTEN , ville de Suifle. Vtyez. Olten.
O0Ni€ , ifles des Sarmates , félon Pomponius Mê-
la. Il femble les mettre au fond de la mer Baltique ;
mais nous ne connoiflbns point d'ifles dans ces cantons
auxquelles convienne ce qu'il en dit ; favoir que l'es-
pace qui efl entreelles Se la terre , efl fuccefllvement cou-
vert d'eau & découvert , ce qui fait qu'elles paroiflent
quelquefois des ifles , Se quelquefois le continent mê-
me. Entre ces ifles , dit il , fituées à l'oppofite des Sar-
mates , font les Oones , Voflius écrit O/Eones, qui fe
nourriflent d'avoine Se d'œufs d'oifeaux fauvages, qui
vivent dans les marais. Mercator dit que ce font les
ifles d'Alandr-, mais la circonftaneeque nous avons dite
ne leur convient pas. Becan aime mieux les ifles dEû-
giaford , Se croit que ce mot vient d'EYERFORD.
Pline , /. 4. c. 13. qui a copié Mêla , dit : On dit qu'il
y a les Oones, où l'on vit d'œufs d'oifeaux Se d'a-
voine
Jules-Céfar , /. 4. c. 10. parlant du Rhin , dit que,
lorsqu'il approche de l'Océan, il fe divife en plufieurs
branches, Se qu'il forme plufieurs grandes ifles, dont
la plupart font habitées par des nations fauvages , en-
tre lesquelles il y en a que l'on croit qui ne vivent
que de poiflbns Se d'œufs d'oileaux. Ortelius a cru que
ce partage défignoit PEyerland ou Ytfle des Oeufs ,
auprès du Texel , mais il fe trompe : Du tems de Ce-
oos
far, le Rhin ne paflbit point encore dans le Zuyder-
fée. Ce fut Drufus qui l'y conduifir par le moyen des
foflès qui portoient fon nom.
OOST. Les Hollandois appellent ainfi l'Orient, &
Ooster chez eux veut dire Oriental.
OOST, petite rivière d Allemagne, au cercle de
la Bafie-Saxe , dans le duché de Brème. Elle baigne U
ville de Bremerfurde, Se fe joint à l'Elbe. * D Audi-
fret , Gecgr. t. 3 .
OOSTBOURG, petite ville des Pays Bas , dans U
Flandre Hullandoife , dans le Franc de l'Eclufe , à
quelque dii tance d'un canal qui fe jette dans le Swin .'
& à une lieue au nord-Ut de l'Eclufe. Elle efl fituée
dans une petite ifle , Se avoit autrefois un havre qui
s'ell tellement comblé, qu'il n'y peut plus entrer de
bârimens. C'éroit ci devant une place de guerre où il
y avoit un commandant , un major de la place & un
commandant du magafin ; mais Ces fortifications font
démolies depuis quelque tems. Cetre ville renfeime trois
ou quatre rues, une centaine de maifons , Se environ
cent cinquante chefs de famille.
Il y a deux éghfes Proteflantes. L'une pour les Fla-
mands, deffervie par un minutie de la clafle de Wal-
cheien , Se l'autre pour les Françpis , dont le pafleuc
efl: du Synode Wallon Cette dernière a été bâtie de-
puis peu , parce que celle dont ils fe fervoient a été
donnée aux Flamands de qui l'églife avoit été brûlée.
Il n'y a point de chapelle pour les Catholiques. La
maifon de ville efl fur une grande place , cV l'on y
monte par un aflez beau degré. La régence efteompo-
fée d'un bailli , d'un bourguemaîne Se de quatre éche-
vins avec un greffier Se un trefoiier. Le bailli efl éta-
bli à vie par les Etats Généraux ; mais le bourguemaî-
tre Se les échevins font changés ou continués tous les
ans par les dépurés de L. H. P. Les magirtrats dispo-
fent de la charge de greffier Se de celle de tréforier.
Ils fuivent les loix Se la coutume de Bruges , Se on ap-
pelle de leurs fentences civiles au confeil de Flandre i
mais pour le criminel leurs fentences font fans appel*
Leur jurisdiction eft d'une fort petire étendue.
On prétend que cetre petite ville efl plus ancienne
que celle de Bruges. Pour fe venger des Gantois qui
avoient ravagé Se brûlé ce lieu en 13 84, les habitons
percèrent une digue , inondèrent toute la campagne , &
par-là firent périr ces incendiaires En 1604, le prince
Maurice fe rendit maître de cette place Se de tous les
forts aux environs, que l'on a démolis en nicme-tems
que les fortifications de la ville. Ses armes font d'ar-
gent au château de fable. * Janifon , Etat préfent des
Provinces. Unies, t. 2. p. 344.
Le Bailliage d'Oosteourg efl borné au nord & à
l'occident par l'ifle de Cadfandt , à l'orient par le bail-
liage d'Yfendyck , &au midi parle Swin qui paffe entre
Ooftbourg Se Ardembourg. Il efl pour la plus grande
partie de la jurisdiction du Franc de l'Eclufe , Se il com-
prend les villages de G roede & de Breskens , fitués dans
l'ifle de Cadfandt avec les Polder} ou marais defléchés
du prince Henri , la féconde pa^ie du Polder du prince
Guillaume, celui de Baerfande ,'Sec. * Janiçon , Eta.C
préfent des Provinces Unies, r. 2. p. 344.
OOSTEINDE , c'eft-à dire , extrémité orientale ,
bourgade dans l'ifle de Vlieland, fur la côte de Frife.
Son nom marque fa fituation dans cette ifle. * Vischer,
Atlas.
OOSTENBEY, petite ville de Suéde, dans Pifle
d Ocland.
Le nom de ce lieu n'eft point Oostenbey, mais Ot-
tendyk , & eft formé d Otten , Otton, nom d'homme
& non pas d'Oofte n ; au/fi fa fituation n'eft-elle guère
orientale , quoiqu'elle foit à l'extrémité méridionale de
la côte orientale de Pifle , elle eft néanmoins p>resque
d'un degré entier plus occidentale que la partie fep-
tentrionale de l'ifle. C'eft moins une ville qu'une bour-
gade.
OOSTERGO ou Ostrogouwe. Le grand nombre
de mots terminés eu Awe, Ouwe, Gawe , Golwe ,
Ga, Go , Gey , Goy , fait voir que les anciens ont
donné certe terminaifon à des plaines où il y avoir de
l'herbe abondamment pour les pâturages. A l'orient de
h Weftfrifc qui écoit autrefois entre le Kinnem Se le
oos
lit de l'IlTel, aujourd'hui changé & perdu, croient trois
comtés rangés de fuite le long du rivage de la mer. Le
premier entre ce lit de l'Iffcl Se le Flevus , aujourd'hui
le Vlie , étoit nommé Iflegowe , nom pris de la rivière ,
ou le comté de Staveren , du nom de fa capitale. Le fé-
cond entre le Flevus Se le Borne ou Burdo , Boerdippc
ou Burdippe, s'appelloit le Weflrogouwe , parce qu il
étoit au couchant de cette rivière. Le troifiéme nommé
Oilrogouwe ou Ooflei go par la même analogie , en étoit
àl'orient,& s'étendoit depuis elle jusqu'au Lauwers. Cha-
cun de ces trois comtés , depuis Charlemagne , avoit fon
commandant particulier , que l'on appelloit Podeflat à la
manière d'Italie. Le premier qui s'en empara fut Go-
defroi le Bofïu , duc de la Baffe Lorraine ou Brabant.
Après luicette proie pana , à titre de fucceflion , à Thicr-
ri V , comte de Hollande , qui en fut bientôt après
dépouillé par Ecbert , margrave de la BafTc Saxe , qui
par la faveur de l'empereur Henri IV , fon parent ,
garda non -feulement ce qui efl en-deçà du Lauwers;
mais encore tout ce que Godefroi le Boffu avoit enva-
hi fur les Frifons. II en jouit auffi long-tems qu'il fut
fidèle à l'empereur ; mais il cabala contre lui, fut pro-
ferit Se Ces biensfurent partagés. L'évêque d'Utrecht eut
ce qui étoit en-deçà du Lauwers ; celui de Brème, ce qui
étoit au-delà. Lothaire II le leur ôta pour en gratifier
le comte de Hollande, fils de fa fœur , à qui Conrad
III l'ôta de nouveau en faveur de l'évêque d'Utrecht -,
enfin Frédéric I le partagea entre le comte Se l'évê-
que l'an 1 165 , & cela fut confirmé par un traité entre
les deux parties l'an 1 204 ; mais Guillaume I , comte de
Hollande , fe faille de tout ce qui efl en deçà du Lau-
wers , & fa poltérité en jouit quelque tems. L'empe-
reur Rodolphe l'an 1290, & Albert, fon fils , en 1299,
réglèrent que les Hollandois feroient bornés en-deçà
du FUkus , Se ne leur accordèrent que la Wefifrife, don-
nant l'Ooflfrife aux Gueldrois. C'eft ainfi que ces prin-
ces fe jouoient de la liberté des peuples.
L'Ooflergo a été nommé tantôt Pagus , quand c'é-
toit un fimple pays dont les peuples avoient leur liberté ;
ComitatUf, lorsqu'il y avoit des comtes particuliers , Se
Decan.itus , doyenné , par rapport au gouvernement
de l'évêque d'Utrecht.
Dans ion état préfent , il fait la partie orientale de
la Frife , & contient onze grietenies, c'eft à-dire , bail-
liages ou préfeétures, Se deux villes ; favoic Leuwarde
Se Dockum. Comme la province de Frife efl partagée
en quatre quarriers , favoir Oostergo, Westergo ,
Sevenwolde Se celui des Villes ; POoilergo a le pre-
mier rang. * Aking , Not. Germ. part. 2. p. 140.
1. OÔSTERLANT, village des Pays-Bas, dans l'ifie
de Wolferdyck en Zélande.
2. OOSTERLANT , village des Pays-Bas, dans l'ifie
de Vieringcn , qui ell dans le Zuiderzée.
OOSTERVEL, petit village des Pays-Bas , au-defïbus
d'Anvers. Il efl remarquable par la défaite de Jacques de
Marnix , baron de Sainte Aldegonde en 1567 , par Phi-
lippe de Lannoy , feigneur de Beauvoir.
OOSTERWYK , bourg des Pays Bas , dans le Bra-
bant Hollandois. Il efl fitué au confluent de deux pe-
tites rivières, à deux lieues de Bois lc-Duc , Se jouit du
même droit que les villes -, ce qui lui fut accordé en
1230, par Henri I, duc de Brabant. Ce bourg étoit
autrefois très-confidérable , Se il y avoit une rue pavée
de cinq cens pas de longueur , bordée de chaque côté de
maifons joignantes les unes aux autres. On y comptoit
jusqu'à cinq cens métiers d'ouvriers en laine ou en fil ,
Se trente-huit brafieries. 11 y a une grande place où fe
tient un marché tous les mercredis, Se trois marchés
francs tous les ans; le deux Mai ,1e vingt-quatre Août
Se le vingt neuf Oclobre. Il y avoit autrefois une grande
Se belle églife deffervie par vingt-cinq prêtres , Se l'on
y comptoir jusqu'à cinq mille communians. Elle fut
brûlée en 1585 , Se rebâtie quelque tems après; mais
la nouvelle n'approche point de l'ancienne , fur-tout
depuis que la tour en ell tombée. Les Proteflans occu-
pent ces deux églifes, Se font en beaucoup plus petit
nombre que les Catholiques, qui ont l'exercice de leur
religion dans des chapelles privées. Le bourg d'Oofler-
wvk aune jurisdiétion fort étendue, puisque les villa-
ges d'Udenhout, de Heukelum , Betkel, Enschot, Ha-
OPA 663
ren Se Belveren en dépendent. Son tribunal efl com-
pofé du Schout du quartier , de fept échevins , de fept
jurés Se d'un Secrétaire ; Se il y a un gerechts-bode
ou Huiflîer exploitant. On peut appeller des jugemens
de ce tribunal à celui des échevins de Bois le-Duc , Se
de celui ci au confeil de Brabant à la Haye , par voie
de réformation de la Sentence. Il en efl de même dans
toute la mairie de Bois- le Duc.
Le quartier d'Ooflerv/yk a au nord la Hollande ; à l'o-
rient les quartiers de Maâfland , de Péelland Se de Kem-
penland ; au midi la mairie de Tumhout , Se à l'occi-
dent la baronnie de Breda. Il a environ neuf lieues de
longueur du nord au midi , Se fept de largeur d'orient
en occident. C'eil l'un des quatre quartiers de la mai-
rie de Bois- le-Duc. * Janicon , Etat des Provinces-Unies,
t. 2. p. 119.
OOSTFR1SE. Ce font les Hollandois qui écrivent
ainfi par deux OO. Les Allemands, dont le pays parle
la langue , rappellent Ostfriesland. Nousdifonsen
françois Ostfrise. Voyez, ce mot.
OOST INDIEN. Les Hollandois nomment ainfi les
Indes orientales. Voyez, au mot Indes.
OOF-ZEE (L'). Le même peuple nomme ainfi la
mer Baltique , parce que pour s'y rendre de Hollande ,
on fait route vers l'orient feprentrional.
OOTMERSUM , petite ville de la république des
Provinces Unies , dans l'Ovéïiffcl , vers les confins du
comté de Bentheim. Une ancienne chartre de l'éghfe
dUtrccht& Bcka écrivent auffi Omershem Se Oth-
mersheim. Cette petite ville ell du pays de Tuente Se
fort ancienne , Se ell remarquable , parce que Radbod ,
évêque d'Utrecht, y mourut l'an 917, & par le rude
combat qui s'y donna entre ceux d'Utrecht Se Otton ,
Caflelan de Bentheim. Elle fut faccagée Se brûlée par le
comte de Gueldre l'an 1 1 96. On l'a rebâtie , non fur
fes ruines, mais à cinq cens pas de là. Le lieu où elle
étoit anciennement , s'appelle Olt oomersum , ouïe
Vieux Otmerfum. La nouvelle ville s'appelle fimple-
ment Ootmersum. * Alting , Notit. infer. Germ. 2.
part. pag. 137.
OPALE , forte de pierre précieufe. Ifidore dir qu'elle
prend fon nom du pays d'où elle efl tirée. Caffiodore,
Var. 5. femble nommer l'Opale Pandia , félon la re-
marque d'Ortelius , Thefaur.
OPANE, en grec'cWi'», ou Opone , 'OVawj , an-
cienne ville de l'Ethiopie , fous l'Egypte, félon Ptolo-
mée, /. 4. c. 8. dans le golfe Barbarique. La féconde
ortographe efl la feule que Bertius ait employée.
OPANTE pour Opunte. Voyez. Opus.
OPARIENSIS , fiége épiscopal , dont il efl parlé
dans la vie de faint Jean Chryfoflôme, écrite par le
patriarche Grégoire. Palladius en parle auffi dans fes
dialogues. Or telius , 'thefaur. foupçonne que ce fiége
étoit au voifinage de Conflantinople.
OPATOW, petite ville de Pologne , au Palatinat de
Sendomir, à quatre milles de cette ville du côté de
l'occident. Elle ell fituée dans un terroir fertile Se agréa-
ble. Il y a un chapitre de chanoines Se quelques cou-
vens. Elle efl affez peuplée. * Anâr. Cellar. Polon.
defer. p. 192.
OPATOW1TZ, abbaye de l'ordre de faint Benoît,
en Bohême , près de Gratz la Royale : on en met la
fondation en 1089. Elle ell fameufe par un tréfor que
l'on dit être très-riche, Se dont on prétend que per-
fonne n'a connoiflance » finon l'abbé Se deux des plus
anciens religieux de l'abbaye ; encore dit-on qu'on ne
leur confie le fecret , qu'après qu'ils fe font obligés par
le ferment le plus terrible à ne le jamais révéler à qui
que ce foir. On raconte à ce fujet , que Charles IV ,
empereur & roi de Bohême , ayant eu la curiofité de
le voir , Se fait de grandes infiances auprès des religieux
pour avoir cette fatisfadlion , l'obtint en 13J9. Ce ne
fut pas fans de grandes précautions , auxquelles il con-
fentit. Voici de quelle manière il fut, dit on , intro-
duit dans le lieu où ce dépôt étoit gardé. L'abbé Se les
deux moines commencèrent à lui faire faire plufieurs
tours, afin de le mieux dépayfer. Lorsqu'il fut dans le
lieu même du tréfor , on lui ôta le bandeau. Il con-
tenta fa curiofité, après quoi on le reconduifit avec les
mêmes précautions, Se on lui fit faire quelques tours
664 OPH
de plus. Dans la fuite cet empereur dit à quelques fei-
gneurs de fa cuur qu'il avoir vu d'immenfes richeffes ,
mais qu'il n'étoit point rente d'y roucher, tant à caufe
du ferment qu'il avoit fait aux moines , que par re-
coiuioiiî'ance pour une bague de grand prix qu'ils lui
avoient donnée. Que ce foit un fait on un conte, la
réputation de ce trclbr s'eft accréditée » & a fouvent
fait des affaires à cette abbave. Des feigneurs peu feru-
puleux, Se amorcés par l'efpérance de tant de richefl'es ,
y font venus avec des gens armés , Se ont exercé des
cruautés fur l'abbé Se fur les moines pour les obliger
à leur livrer ce tréfor. Cette abbaye a été ruinée. *
ZcyUr , Bohem. Topogr. p. 158.
OPENI , en grecO^wo» , ancien peuple de l'ifle de
Corfe , félon Ptolomée , /. J.c z.
OPHALL1, baronnie d'Irlande, dans la province
de Lcinfter. C'eft une des huit qui forment le comté
de Kildare. * Etat préfent de l'Irlande.
OPHARlTvE, ancien peuple de la Sarmatie Afiati-
que. Il habitoit aux environs de la rivière dont il pre-
noit fon nom. Voyez, l'article qui fuit.
OPHARUS , rivière de la Sarmatie , en Afie. Pli-
ne , /. 6. c. 7. dit qu'il tombe dans le Lagons , Se nom-
me dans ce même canton un peuple Opharit^, les
OpbarileSf
OPHAZ (a) , ou Uphaz (b) , ou Phaz (c). Selon
dom Calmer, l'or d'Opbas , d'Uphas, on de PbazSc
dOpbir , eft le même. C'eft, dit-il, apparemment l'or
que l'on rrouvoit dans le Phafis , dans la Colchide ,
Se qui fç vendoit ou s'échangeoit anciennement dans
quelques villes du pays d'Ophir. Huec , ancien éveque
d'Avranches, dans fon favant traité des navigations de
Salomon , convient que Paz, Uphaz Se Parvajim font
la même chofe qu'Ophir : que l'Arabe Auphar fignifie
Ophir -, Se il le prouve par des démonftrarions gram-
maticales , qu'il feroit trop long de rapporter ici , &
que l'on peut voir dans fon livre même, dont j'ai pu-
blié en 1730, une traduction françoife dans le recueil
des traités géographiques Se hiftoriques par divers au-
teurs célèbres. A l'égard de la fituation du pays d'O-
phir, le fentiment de dom Calmet fera réfuté à l'arti-
cle d'OPHiR. Voyez.ce mot. (a) Cant. c. j. v. II. (b)
Daniel, c. 1 o. v. 5 . (c) Jerem. c. 10. v. 9.
OPHEL. On ttouve dans l'écriture a Jérufalem un
Mur. & une Tour d'Ophel (a). Joathan, roi de Juda,
fit divers bâtimeus fur le mur, ou dans le mur d'O-
phel (b). Mana.Té , roi de Juda , fit bâtir un mur à l'oc-
cidenr de Jérufalem Se de la fontaine de Géon , au-delà
de la ville de David, depuis la porte aux Poi lions jus-
qu'à Ophel. Ce qui peut faire conjecturer que ce mur
& cette tour étoient au voifinage du temple, c'eft que
les Nathinéens , au retour de la captivité, demeuroienr'à
Ophel (c) : or , comme ils étoient obligés de rendre au
temple leurs fervices à toute heure, leur demeure n'en
devoir pas être éloignée. Dans Michée , c. 4. v. 8. il
eft parlé de la tour d'Ophel : Et vous , tour du Trou-
peau y fille deSion, environnée de nuages. L'hebrcu porte :
Et vous , Tour du Troupeau Ophel, fille de Sion. Jofêphe,
de Bcllo, l. z. c. 18. /. 6. c. 6. &l. j.c. 13. parle d'O-
phlar , qui eft la même chofe qu'Opber. (a) Dom Cal-
met, Dict. (b) Parai. 1. z. c. 33. v. 14. (c) Efdr. 1.
l. c. 3. v. 16. c. 1 1. v. 11.
OPHELÏME, en grec iïçhifjui. Voyez. Ballade.
OPHELTA , en grec OV™*, & Zarax, Za'/te|;
Ces deux noms fe trouvent dans Lycophron , & Iface
fon commentateur croit que ce font deux montagnes
de l'Eubée.
OPHENSIS POPULUS , peuple d'Afrique. Ce peu-
ple eft nommé dans Tacite , Hift. lib. 4. c 50. fous
l'empire, de Vespafien, Ôc il en eft parlé à l'occafion
d'une brouillerie furvenue entre ce peuple Se celui de
Leptis, laquelle avoit dégénéré en une guerre. Le pre-
mier de ces peuples avoit appelle les Garamantes. Les
Romains s'en mêlèrent , Se mirent ceux-ci en déroute.
Cujas a bien vu qu'il y avoit faute dans les manuferits
de Tacite, Se qu'il falloir lire Oeensis. Jufte Lipfe ,
dans fes remarques fur Tacite , a très bien profité de
la correction , Se la confirme ainfi : Rodolphe , dit Jufte
Lipfe , a voulu changer Ophen/ïum en Ruspenfium ; mais
fur une fimplc conjecture. 11 n'eft point parlé ailleurs
OPH
du peuple Opbenfïs. N'en déplaife à Jufte Lipfe , ce
ne feroit pas une preuve , mais ce qu'il ajoute en eft
une. Pline , /. 5. c. j.dit : Le chemin pour arriver aux
Gatatnantes a été jusqu'à préfent impraticable. Dans la
dernière guerre que les Romains ont faite à ceux diOeea,
au commencement de l'empire de Vespafien , on a abré-
gé ce chemin de quatre jours. Ce paffage convient avec
l'autre, il s'agit dans l'un Se dans l'autre d'une guerre
des Romains avec un peuple appuyé par les Garaman-
res, Se cela fous Vespafien. Cela détermine alite Oeen-
sium Se Oeensis populus.
1. OPHER , ville dont il eft dit que Jofué , c. 12.
v. 17. fit mourir le roi qui étoit Chananéen. Dom Cal-
met dit: Cette ville d'Opher eft peut-être la mêmequ'O-
phera dans la tribu de Benjamin , de laquelle il eft
parlé au chapitre XVIII de Jofué, ou la même qu'E-
phron dans la même ttibu, nommée au livre 11 des
Paralipoménés, c. XIII. v. 19. ou E'phra , patrie de Cé-
déon, ou Ophra , à cinq milles de Béthel vers l'orient»
félon faint Jérôme.
z. OPHER. L'Ecriture nomme ainfi le fécond fils
de Madian, Se petit-fils d'Abraham Se de Cethura. On
conjecture qu'il a pu peupler l'ifle d'Urphe dans la mer
rouge , ou la ville d'Orpha dans le Diarbeck. Saint Jé-
rôme cite Alexandre Polyhiftor & Cléodème , furnoin»
me Malc, qui aflurent qu'OpHER ou Apher fe jetta
dans la Lybie, la conquit & lui donna le nom d' Apbri-
ca , Afrique. Ce font d'anciennes conjectures. * Genef.
c. 25. v. 4.
Oi'HERA , lieu de la Paleftine. Il en eft parlé au
chapitre XVIII de Jofué. C'étoit une ville de la tribu
de Benjamin , peut-être la même qu'OrHER , mais dif-
férente d'EpHRA , patrie de Gédéon.
1. OPHIENSES. Voyez Ophionia.
2. OPHIENSES, en grec 'Oç/sX, peuple de Grèce,
dans l'Etoile. Strabon, /. 10. p. 465. dit des Curetés
que c'eft une nation d'Etolie , comme les peuples Ophien-
ses , Agr-ei , Euritanes, Sec. Les manuferits por-
tent , félon Cafaubon , «ç 'OquCts ; quelques copiftes
doublant 17 finale du mot «î , ont écrit ù; 2«ç«/î , ut
Suphienfes , faute que Cafaubon a bien relevée.
1. OPHIODES , 'OçuùiïK , ifle du golfe Arabique,
vis-à-vis de la ville de Bérénice : mais comme nous
avons remarqué qu'il y avoit pluileurs villes de ce nom
dans le golfe, cela eft trop vague. Strabon, Agathar-
chide Se Diodore de Sicile font mention de cette ifle.
Strabon, /. \6. p. 770. dit qu'après Myos Hormos il y
a un golfe ("innommé Immonde , parce qu'il eft hériffé
de roches que l'eau couvre, Se fujet à de fréquentes cem«
pêtes, qu'au fond de ce golfe eft la ville de Bérénice;
qu'après ce golfe eft l'ifle d'Oph iodes , ( ou l'ifle aux fer-
pens) parce qu'un roi en extermina les ferpens, qui
tuoient la plûparr de ceux qui y abordoient , afin d'y
chercher des topazes qu'elle produit. Il met après cetr«
ifle des Idryophages , ou mangeurs de poiflbns,& des
Nomades. 11 fcmble avoir copié Agatharchide, qui dit
à peu près la même chofe, Se presque dans les mêmes
termes -, tant du port de la Souris, ou Myos Hormos,
que du golfe Immonde ; mais Agatharchide ajoute que
cette ifle a quatre vingt ftades de long. L'un Se l'autre
décrivent enfuite le topaze , qui fe forme dans cette
ifle. Saumaife a imaginé que cette ifle étoit la même
que celle que l'écriture appelle Uphaz ou Ophaz ,
que comme elle produit le topaze elle doit être l'ifle
Topazios ou le vrai Paz , Se qu'ainfi Paz , Ophaz , To-
pazion Se Ophiodes ne font que le même lieu-, que
du nom Ophaz. on en a fait Ophiodes; Se qu'enfin c'eft
de-là qu'eft venue la fable des ferpens dont cette ifle
étoit infectée. Pour réfuter cette imagination de Sau-
maife , Huet , Des navigat. de Salomon , c. 5. dit qu'il
ne faut pas faire attention aux paroles de Diodore ,
pour voir le cas que l'on doit faite de cette opinion.
Diodore dit que les rois d'Alexandrie, dans le deflein d'a-
voir de ces topazes , détruiilrent tous les ferpens de cette
ifle ; Se pour autorifer ce qu'il avance , il ajoute que du
tems qu'il écrivoir , la race de ces rois fubfiftoit encore.
Agarharchide , p. 54. dans le 1. vol. de la Col le ci. d'Ox-
ford , dir de même , qu'autrefois cette ifle étoit pleine,
de ferpens , mais que de fon tems elle en étoit nettoyée.
Strabon
OPH
Strabon die nettement que ce fut un roi qui fit détruire
ces ferpens.
2. OPHIODES , 'Oçiùht , rivière de la Libye inté-
rieure, félon Ptolomée , /. 4. c. 6. 11 en met l'embou-
chure dans l'Océan , entre le promontoire Chaunaria
ou Gannaria , Se la ville de Bagaze.
OPHIOGENES ( Les ) , race particulière d'hommes
dans l'Aile Mineure , qui avoient la propriété d'être
craints par les ferpens. Leur nom fignifie engendrés d'un
ferpent. Pline , /. 7. c. 2. en parle ainfi : Cratès de Per-
game dit qu'auprès de Parium , dans l'Hellespont , il y
avoit une tace d'hommes, nommés Ophiogenes , qui par
leur attouchement foulageoient les piquures des ferpens,
Se qui, en appliquant leur main, chaflbient le venin
d'un corps. Varron dit qu'il y en a là quelques-uns
dont la falive cft un remède contre la piquure des fer-
pens. Pline parle enfuite des Pfylles, qui étant invul-
nérables aux ferpens , les tuoient ou les endormoient
fans danger. Strabon , /. 13. p. ;88 , parle aufli de ces
Ophiogenes à l'occafion de cette même ville de Parium.
OPHIONIA, ville de Grèce, dans l'Etolie. Thucydide,
/. 3. p. 2 37 & 238. en nomme les habitans Ophionenfes,
'Qçiwus , en plus d'un endroit , de même que Stra-
bon, /. 10. p. 451. Mais dans un de fes partages on
lie Sophienfes pour Ophienfes. C'eft toujours le même
peuple. Cette nation des Ophioniens étoit fubdivifée en
plufieurs autres, comme il paroît par les partages de
ces deux auteurs cités.
OPHIOPHAGES ( Les ) , peuples anciens d'Ethio-
pie. Ce nom veut dire mangeurs de ferpens. Leur vé-
ritable nom étoit Candel , l'autre n'eft qu'un furnom.
Au lieu de ce mot Candei , Voflius , à qui il ne plai-
foit pas, a fourré mal à propos Panca^ci , qui n'y a
aucun rapport , Se qu'il dit avoir trouvé dans tous les
anciens manuferits. * Pline , 1. 6. c. 29. Mêla , 1. 3 .
c. 8.
OPHIORIMA , ancien nom de Hiérapolis de Phry-
gie , fi nous en croyons Siméon le Métaphrafte , dans
la vie de faint Jofeph , furnommé l'humble.
OPHIR , pays où la flotte d'Hiram , roi de Tyr , Se
de Salomon , roi de la Paleftine , alloit une fois tous
les trois ans , Se d'où elle rapportoit de l'or. L'Afie ,
l'Afrique Se l'Amérique ont joui tour à tour de l'hon-
neur de pofféder ce pays fi fameux par fes licheffes ,
grâces aux imaginations des interprètes de l'écriture ,
qui ne fâchant où placer ce pays, l'ont cherché par
tout où la moindre lueur de reffemblance les a pro-
menés. Avant que d'entamer cette matière , je com-
mencerai par rapporter les principaux partages de l'é-
criture où il eft parlé d'Ophir ; en fécond lieu je rap-
porterai , aufli fommairement qu'il fera poflible , les
différentes opinions des favans fur ce pays 5 j'y ajou-
terai les motifs qui m'empêchent d'entrer dans les vues
de ceux que je n'approuve point, Se enfin je me dé-
clarerai pour le fentiment qui me paroît le plus fage
& le mieux fondé , Se je marquerai ce qui me déter-
mine en fa faveur.
Paflages oh il eft parlé d'Ophir.
On lit au troifiéme livre des Rois , c. 9. v. 26 , 27
Se 28. Le roi Salomon éfuipa au/fi une flotte à Afion-
gaber, qui eft près d'Elat,fur le rivage de la mer Rouge,
au pays d'Idumée; & Hiram envoya avec cette flotte
quelques-uns de fes gens , bons hommes de mer , & qui
tntendoient fort bien la navigation , qui fe joignirent aux
gens de Salomon. Et étant allés en Ophir , ils y prirent
quatre cens vingt talens d'or , qu'ils apportèrent au roi
Salomon.
Au même livre , c. 10. v. 11. on lit ces mots : La
flotte d'Hiram qui apportoit l'or d'Ophir , apporta auffi
en mème-tems quantité de bois très-rares , (bois de thia ,
du mot Ôu'ùi , parfumer; c'eft à-dire des bois de fente ur )
& des pierres précieufes ; £r le roi fit faire de ces bois
les baluftres de la rnaifon du Seigneur , & de la mai-
fon du roi , des harpes & des lyres pour les mufîciens.
On n'apporta , & on ne vit jamais , de cette forte de bois
jusqu'à ce jour.
Au fécond livre des Paralipomenes , c. 8. v. 17 &
18. on lit : Enfuite il ( Salomon ) alU à AJîwgaber
OPH 66?
& à Aïlath qui font fur les bords de la msr Rouge ,
qui eft dans la terre d'Edom. Hiram lui avoit envoyé
par fes Jujets des vaiffeaux & des matelots expérimentés
& bons hommes de mer , qui s'en allèrent avec les gens
ds Salomon à Ophir , d'où ils rapportèrent au roi Salo-
mon quatre cens cinquante talens d'or.
Le même écrivain facré répète enfuite au chap. 9.
v. 10. ce qu'avoit dit l'auteur du troifiéme livre des
Rois : Les fujets de Hiram , dit-on ici , avec les fujetï
de Salomon , apportèrent au/fi de l'or d'Ophir , C7" d'une
espèce de bois très-rare ( bois de thia ) & des pierres
précieufes , Sec.
Courtes remarques fur ces paffages.
La flotte combinée de Salomon & de Hiram aUoit
chercher de l'or à Ophir. Ces vaiffeaux partoient cn-
femble d'Aliongaber , Se revenoient charges d'or , de
bois de fente ur , de pierres précieufes.
Ils fortoient de la mer Rouge pour fe rendre dans
la mer, ou des Indes ou d'Ethiopie , félon la route qu'ils
prenoient , car il n'eft pas encore tems de décider cette
queftion.
L'écriture ne dit point par où les vaiffeaux d'Hiram
entroient dans la mer Méditerranée. Elle ne dit pas
même qu'ils y entraffent. Peut-être que les PhœnicienS,
de tout tems grands navigateurs , avoient des vaiffeaux
dans les ports d'Egypte, où ils les avoient bâtis du
confentement des Egyptiens avec qui ils faifoient le
commerce delà mer des Indes. Peut - être ces vaiffeaux
remontoient-ils le Nil , d'où , par un canal , ou des
machines on les faifoit paffer dans la mer Rouge. Les
vaiffeaux de Hiram alloient avec ceux de Salomon à
Ophir, Se partoient d'Afiongaber. L'écriture fainte la
dit. C'eft un fait révélé Se certain , quoique l'on ignore
la manière dont ils étoient entrés dans cette mer, Se
le lieu de leur conftruction.
Comme une partie des obfcurités que les interprètes
ont répandues fur l'Ophir de Salomon , vient de ce
qu'ils ont joint cnfcmble le voyage de ce pays avec
le voyage de Tharfis , quoique l'écriture ne les mêle
pas, mais en parle féparément , il faut de même les
traiter à part , fans confufion Se fans mélange , Se fe
borner ici à ce qui regarde Ophir ; mais avant que d'aller
plus loin , nous rapporterons le partage où Jofephe parle
de cette flotte d'Hiram Se de Salomon. Il eft au hui-
tième livre, chap. 1 1. des antiquités, 337. « Salomon ,
» dit cet hifforien , fit aufli conftruire plufieurs na*
» vires dans le golfe d'Egypte , près de la mer Rouge ,
» en un lieu nommé Afiongaber , qu'on nomme au-
» jouid'hui Bérénice , Se cette ville n'eft pas éloignée
» d'une autre nommée Elan , qui étoit alors du royau-
» me d'Ifraël. Le roi Hiram lui témoigna beaucoup
» d'affeétion en cette rencontre , car il lui donna
» autant qu'il voulut de pilotes fort expérimentés en la
» navigation pour aller avec fes officiers chercher de l'or
» dans une province des Indes, nommée Sophir , qu'on
» nomme aujourd'hui la terre d'or , d'où ils apporte-
» rent quatre cens talens d'or. » Ce que cet auteur
dit enfuite , regarde le voyage de Tharfis, Se ne doit
rien conclure pour Ophir , puisqu'il distingue lui-même
ces deux voyages, comme on le verra ci après. Venons
aux différentes opinions des interprètes. Mon but n'eft
pas de les rapporter toutes ; cela feroit ennuyeux Se
inutile. Je ne toucherai que les principaux. Je les dis-
tingue en trois clartés. i°. Ceux qui ont cherché Ophir
en Amérique. 20. Ceux qui l'ont cherché en Afie.
3°. Ceux qui l'ont cherché en Afrique.
Auteurs qui ont cherché Ophir. en Amérique.
Génébrard, Vatable Se quelques autres, prétenden
que Yifle Espagnole , autrement Xijle de S. Domingue , eft
l'Ophir de l'écriture , Se affurent que Chiiftophe Co-
lomb , qui le premier découvrit cette ifle en 1492 ,
aptes avoir traverfé les mers Occidentales , difoit or-
dinairement qu'il avoit trouvé l'Ophir de Salomon ,
parce qu'il y avoit trouvé de l'or. Plaifante preuve. Voici
comment ils font faire la courfe à cette flotte. Elle
partoit , difen:-ils , d'Afiongaber , paffeie de la mer Rouga
dans la mer des Indes, côtoyoit la presqu'ifle en de ça
Tom. IV. P p p p
666 OPH
OPH
du Gange , alloit reconnoître Malaca , & Sumatra ,
enfuite s'abandonnant aux vents d'elt , elle dépalToit
Madagascar Se le cap de Bonne-Espérance , venoit re-
connoître le Bréill , & arrivoit à Saint Domingue, en
iuivant les côtes. Je laifle à part la difficulté de revenir,
il y en a une autre que je dirai dans un moment.
Goropius , Poftel Se quelques autres mettent l'Ophir
de Salomon au Pérou. Si on les en croit, Salomon faifoit
à peu près ce que font à préfent les Espagnols. Il faifoit
transporter l'or du Pérou fur des vaiffeaux par la nier
du Sud jusqu'à l'ifthme de Panama. D'autres vaiffeaux
le chargeoient de l'autre côté de l'ifthme , alloient pren-
dre des rafraichiffemens aux ifles de Cuba 8c de Saint
Domingue, venoicnt chercher le cap de Bonne-Espé-
rance, rafoient les côtes orientales d'Afrique, &ren-
troient dans la mer Rouge.
Arias Montanus va plusbien loin. Il mené la flotte droit
en Orient , la fait paffer par les Moluques, traverfer
toutes les mers qui féparent ces ifles d'avec le Mexique ,
de- là voguer vers le Pérou , y charger de l'or, côtoyer
enfuite le Chili , paffer le détroit de Magellan, doubler
le cap de Bonne- Espérance , & rentrer dans la mer
Rouge. Voila fans doute bien du chemin. Ne diroit-on
pas que les découvertes des Portugais & des Espagnols ,
encore nouvelles , quand ces auteurs écrivoient , avoient
été faites fur des mémoires laiffés par Salomon ?
j'aurois demandé à ces critiques s'ils croyoient que
de parciFcs navigations ayent pu fe faire fans bouffole ?
Ils auroient répondu apparemment que Salomon pos-
sédoit cet admirable guide de la navigation moderne.
Cela ne fuffic pas. Il faut encore nous dire par quel
prodige un fecret de cette nature , étant connu de deux
grandes nations , les Juifs Se les Phœniciens , un fecret
lî néceffaire , fi aifé à pratiquer , a pu fe perdre fans
une interruption totale de la navigation. Car il e(l cer-
tain au contraire que les Grecs , les Romains & les
Carthaginois, descendus des Phœniciens, l'ont entiete-
ment ignoré ; on fait que faute de le pofféder , ils
alloient terre à terte ; Se que dans les rivages qu'ils ne
connoiffoient guère , ils jettoient l'ancre tous les foirs ;
fi par malheur ils avoient perdu la terre de vue Se
ne favoient de quel côté la retrouver , ils avoient
des pigeons qu'ils lâchoient. Si la terre étoit encore
viable pour ces pigeons , ils voloient de ce côté , Se
on fuivoit la route qu'ils avoient tracée -, finon , ils
revenoient & on les reprenoit pour les lâcher encore
enfuite , jusqu'à ce que l'on trouvât quelque terre. Or ,
c'eft fe moquer que de prétendre que des navigations
pareilles à celles que ces auteurs attribuent à la flotte
d'Hiram Se de Salomon , ayent pu fe faite fans le
feeburs de la bouffole. Venons aux auteurs qui for-
ment la ffeonde claffe.
Auteurs qui ont cherché Ophir en Asie.
Jofephe , dans le paffage qui a été rapporté ci-deffus ,
dit que Sophir ( ou Ophir ) étoit aux Indes , Se que
de fon tems on l'appelloit la Terre d'Or. Il y a deux
chofes à remarquer fur ce fujet. i°. Nous avons fait
voir au mot Indes , qu'il s'eft dit non feulement des
Indes proprement dites , mais encore des pays qui en
font très-éloignés , Se particulièrement de l'Ethiopie ;
ainfi ce mot Indes, employé fans aucune détermination,
ne fixe rien. z°. Le même auteur dit qu'on l'appelloit
la Terre d'Or ; mais fans expliquer fi c'étoit fimple-
ment fa nation qui l'appelloit ainfi, inîtruite comme
elle étoit des richeffes que Salomon en avoit tirées ,
ou fi ce nom étoit adopté par les Romains , pour qui
il écrivoit , ou parles Grecs dont il employoit la lan-
gue. Ce nom a bien quelque rapport avec la Cher-
fonnèfe d'Or des géographes , mais il a un égal rapport
avec tous les lieux où il y avoit , ou des mines d'or ,
ou des rivières dont le fable en étoit mêlé ; cependant
on a vu des auteurs infifter fur le mot Indes , comme
s'il fe fût agi de ce pays, qui s'appelle proprement
ainfi i Se fur le nom de Terre d'Or , comme n'étant
qu'une même chofe avec la Cherfonnèfe d'Or. Venons
au détail.
François Ribera , Torniel , Adrichôme , Maphée ,
Varrerius, Grotius, Bochart , Reland, dom Calmer,
Se quantité d'autres mettent Ophir en Afie , mais ils
ne s'accordent pas fur le lieu. Quelques-uns veulent
que ce foit Ormus , ou quelque ifle peu éloignée de
la mer Rouge. Maphée veut que ce foit le Pegu , où
il y a encote aujourd'ui , dit-il , beaucoup de mines d'ot
Se d'argent. Il apporte en preuve des lettres d'un Cor-
delier François qui écrit que ceux de Pégu prétendent
venir des Juifs exilés Se condamnés par Salomon à
travailler aux mines d'or du pays. Il eit inutile de faire
voir qu'Ormus n'eft pas un lieu à fournir la quantité
d'or que les vaiffeaux de Salomon rapportoient. Quant
à la tradition des Péguans , elle n'eft pas affez certaine
pour faire preuve. Pereriusdit que c'eft Malaca, dans
la presqu'ifle de même nom. Jean Tzetzès aime mieux
mettre Ophir dans l'ifle de Sumatra , où il y a encore
des mines d'or.
Lipenius , dans un traité compofé exprès fur Ophir,
prétend , fur l'autorité de S. Jérôme , qu'un petit-fils
d'Héber, fils de Noé , nommé Ophir , donna fon nom
à la parqe de l'Inde qui eft au-delà du Gange ; ainfi
il nomme terre d'Ophir, non feulement laCherfbn~
nèfe d'Or , qu'il croit être la Terre d'Or de Jofephe;
mais encore les ifles de Java Se de Sumatra , les
royaumes de Siam , de Pégu Se de Bengale. Il fe fonde
fur ce que l'on trouve, dit-il, à préfent dans ce pays,
tout ce que les navires de Salomon rapportoient a
Jérufalem : on entrevoit par-là qu'il confond les flottes
de Tharfis Se d'Ophir. Il ajoute que le voyage pouvoic
aifément durer trois ans, fuite du préjugé qui fup-
pofe que le voyage d'Ophir duroit trois ans, ce qui
n'eft point vrai. Aufli l'écriture ne dit-elle rien de
pareil. Voici comment il règle le détail de cette route.
Si on l'en croit, les navires, en fortant de la mer
Rouge , rangeoient les côtes d'Arabie , de Perfe Se de
l'indouftan. Ils faifoient le tour de la presqu'ifle en deçà
du Gange , côroyoient Golconde où ils prenoienr des
diamans , Bengale qui leur fournifloit des étoffes , & le
Pégu où ils trouvoient de l'or& des rubis, Se ilsabor-
doient à Sumatra , où ils trouvoient encore de l'or.
Enfuite ils remontoient le long de la presqu'ifle ou
Cherfonnèfe d'Or jusqu'à Siam , où ils ne man-
quoient pas de dents d'éléphans. Ils n'y dévoient pas
non plus manquer d'or: puisqu'on a, dit-il, fujet de
croire qu'il y a eu autrefois des mines d'or dans ce
royaume , fans quoi on n'y verroit pas toutes les fla-
tues d'or qui font dans les pagodes , & tout l'or en
barre qu'on prétend être dans le tréfor du roi : les
particuliers de Siam n'étant pas riches , Se n'y ayant pré-
sentement aucune marchandife affez précieufe pour y
attirer d'ailleurs une fi grande quantité d'or. Il y a dans
tout ce raifonnement un défaut affez général. C'eft
qu'en premier lieu on juge par l'état préfent de ces
pays , qu'il étoit le même du tems de Salomon. Cette
navigation , en fuppofant le commerce actuel de ces
peuples, conviendroit affez à une flotte de Hollandois;
mais convient-elle de même à une flotte de Salomon ?
le feul avantage qu'ait cette opinion fur celle qui met
Ophir en Amérique , c'eft de fe pouvoir paffer de la
bouffole. L'abbé de Choifi , dans fa vie de Salomon ,
trouve ce fentiment fur Ophir le plus raifonnable , Se
la poflibilité de faire cette navigation fans perdre la terre
de vue eft un des motifs qui le portent à le préférer.
Grotius raccourcit beaucoup cette navigation. Il con-
jecture que la flotte de Salomon n'alloit peut-être pas
jusqu'aux Indes , mais feulement jusqu'au port d'une
ville d'Arabie, nommée par Arrien Aphar, par Pline
Saphar, par Prolomée Sapphera, Se par Etienne
Saphirina. Cette ville étoit fituéefur la côte d'Arabie
que l'Océan baigne. 11 conjecture que les Indiens ap-
portoient-là leurs marchandifes , Se que la flotte de
Salomon les y alloit charger. On voit que Grotius
s'eft laiffé guider par une reffemblance de nom.
Bochart , dans fon Phaleg , prend une autre route ,
& diftingue deux pays d'Ophir. 11 place un Ophir dans
l'Arabie au pays des Sabéens , Se l'autre dans les Indes.
Il fuppofe que l'Ophir d'Arabie eft le pays dont les
habitans font nommés Cassanites par Ptolomée. Le
rapport qu'il trouve entre ce nom de Caflanites Se
le mot hébreu qui fignifie un Tréfor , lui fuffit pour
prouver cet Ophir de l'Arabie : C'eft de lui , dit-
il , qu'il faut entendre ces paffages du livre de Job ,
OPH
OPH
ch. XXII. Vous mettrez, l'or fur la pouffiere & l'or
d'Ophir Jur les rochers des Torrens. Et plus bas :
// rieft point comparable à l'or d'Ophir. Il n'y a pas ,
dit-il, la moindre apparence que dans ces partages il
foie queftion de l'Ophir des Indes , atuTi n'en eft-il pas
plus queftion que de celui de l'Arabie. Il s'y agit d'un
feul Ophir, quelque pa/t qu'il foie, Se la difficul-
té eft de le trouver.
Bochart , fentant bien que l'Ophir d'Arabie , où il
met les Carthnites, nefuffitpas , en cherche un fécond
dans les Indes. Plufieurs chofes , dit-il , nous perfua-
dent que cette contrée où Salomon n'envoyoit fa flotte
qu'une feule fois en trois ans , Se d'où , outre une grande
quantité d'or , on apporroit du bois d'Almuggim, de
l'yvoire , des finges , des paons , Se des pierres pré-
cieufes, n'étoit point l'Ophir d'Arabie, ou l'Ophir des
Caflanites. Il en apporte enfuite trois raifons : i°. Parce
qu'on employoit, dit-il, trois ans à faire ces voyages.
2°. On n'auroit pu rapporter de l'yvoire d'Arabie, parce
qu'il n'y a point d'éléphans , à moins qu'on ne dife
que l'yvoire y avoir été apporté du pays des Adulites.
3°. L'unanimité des anciens à foutenir qu'Ophir etoit
dans les Indes eft pour lui une troifiéme preuve.
Il elt remarquable que ce favant brouille tout en
confondant le voyage d'Ophir avec celui de Tharfis.
L'écriture ne parle ni de finges , ni d'y voire , ni de paons
apportés d'Ophir : tout cela , félon le texte même , venoit
de Tharfis , comme on le peut voir par ce partage du
II. livre des Rois , ch. 10. v. n. La flotte du roi faifoït
voile de trois en trois ans , er alloit avec celle de
fliram en Tharfis , & elles apportoient delà de l'or ,
de l'argent , de l'yvoire , des finges & des paons. Quel
rapport tout cela a-t-il avec Ophir ? Ce qui eu: dit de
Tharfis prouve-t-il rien pour Ophir ? Il eft étrange que
Bochart n'ait pas vu que les trois raifons qu'il allègue
font également frivoles. Où a-t-il trouvé dans l'écriture
fainte que ce voyage d'Ophir duroit trois ans? Il y cft
dit feulement que les vairteaux qui faifoient le voyage
de Tharfis ne panoient que tous les trois ans. C'eft-à-dire ,
qu'en trois ans on ne faifoit qu'un voyage en ce pays. Eft-
çeà dire qu'on y employoit trois ans? Il a fenti lui-même le
foible de la féconde raifon , en la détruifant d'avance par
l'aveu ingénu qu'il fait qu'on pouvoity apporter d'ailleurs
de l'yvoire. Sa troifiéme raifon n'a pas plus de force.
Les anciens ayant placé en Afie & en Afrique des lieux
qu'ils ont appelles les Indes , ce nom eft équivoque ,
Se qui plus eft , c'elt bien artez d'un feul Ophir fans
en établir deux. Du relie , il choifit ce fécond O-
phir , ou l'Ophir des Indes dans la Taprobane , qui
eft l'ifle de Ceylan. Le Clerc , dans fon commentaire
fur l'écriture fainte , a adopté le fentiment de Bochart
pour ce dernier Ophir ; car il eft perfuadé qu'il n'en
faut qu'un. Les preuves qui le convainquent le rédui-
fent à ceci : qu'on trouve dans l'ifle de Ceylan de l'or ,
de l'yvoire , des pierres précieufes , Se que dans la
presqu'ifle voifine il y a des paons Se des finges. Re-
marquez que ces favans retombent tous dans la mê-
me faute de chercher à Ophir de l'yvoire , des paons
& des finges , que l'on apporroit de Tharfis.
Reland, dans fa differtation fur Ophir, a prétendu
que tout ce qui en eft dit dans l'Ecriture convenoit artez
au pays où elt fituée la ville d'OuPARA ou Soupara.
( Voyez. Suppara Se Uppara dans ce dictionaire ) :
car on lit l'un Se l'autre nom dans les anciens, de
même qu'ils ont dit également Ophir Se Sophir. 11
met ce pays dans la presqu'ifle de l'Inde en-deçà du
Gange , entre le 112. Se le 113 degré de longitude , Se
par le 15e degré de latitude méridionale. Ce mot de
Méridionale elt fans doute de trop , quoique le Clerc
l'ait mis, en expofant le fentiment de Reland : car on
fait que toute cette presqu'ifle eft en-deçà de l'Equa-
teur, & par conféquent fa latitude ne peut être que
feptentrionale. En fécond lieu , la longitude fixée ici
elt, à la vérité , celle que Ptolomée donne à Suppara ,
mais elle elt très- faiifie -, car il la mer dans le golphe
de Barigaza , c'eft-à-dire fur la côte orientale de ce
que nous appelions aujourd'hui le golfe de Cambaye :
or , l'embouchure même du Gange e!t toute en-deçà
du 107e degré de longitude-, Se la côte orientale du
golfe où doit être la Suppara de Ptolomée , eft fous le
66f
90 degré -, ainfi l'erreur elt de 22 ou 23 degrés de riup
fur la longitude. La latitude pèche par un autre excès :
car la Suppara de Ptolomée, mife où elle doit être
dans une carte rectifiée, fera entre le 20 & le 22e degré
de latitude feptentrionale. On voit bien que la relTem-
blance d'Oupara Se d'Ophir a été le gtand mobile de
Reland ; mais il n'eft pas l'auteur de ce fentiment. Le
fameux Luc Hollknius l'a eu avant lui. Dans fes re-
marques fur le rréfor d'Ortelius , imprimées à Rome
en 1666. D. Calmer prend une route bien différente.
Il elt inconteitable , dit ce père , que le pays d'O-
phir n'eft autre que celui qui a été peuple par Ophir,
fils de Jeétan, ou par fes descendans. On fait que l'écri-
ture ne défigne pas autrement les pays , que par le nom
de ceux qui lesont habités. Or , Ophir eft placé par Moyfe,
Genefe, 10. v. 30. avec fes frères , depuis Mefa jusqu'à
Sephar , montagne d'Orient. C'elt donc dans ce pays
qu'il faut le placer , Se voir en même-tems fi c'eft un pays
où la flotte de Salomon ait pu aller chercher les mar-
chandifes dont il elt parlé dans fon hiltoire ■-, s'il faut
trois ans pour faire ce voyage , Se fi l'on y peut aller d'A-
fiongaber par le golfe d'Arabie. Ce père parle dans la
fuite de fa differtation , des finges , des paons, & au-
tres chofes qui venoient de Tharfis. On voit par-là qu'il
brouille les deux voyages , celui de Tharfis év d'Ophir,
comme on a vu que les autres interprètes ont fair. Le
préjugé des trois ans auquel j'ai déjà répondu , revient
encore ici ; de forte que voilà déjà deux de Ces indices
retranchés ; quant au troifiéme, la queftion cft artez in-
utile : on fait que d'un port de mer on petit aller à tous
les autres.
Auteurs qui ont cherché Ophir en Afrique.
Le paraphrafte Jonathan met Ophir en Afrique , mais
fans déterminer en quel endroit. Des auteurs ont été
prendre Ophir à Carthage. On leur répond que Car-
rhage n'a été fondée que quelques centaines d'années
après Salomon > ce qui n'eft vrai que dans la fuppofitiori
que cette ville a été fondée par Didon ; mais quoique cette
objection ne foit pas exactement jufte , puisque Car-
thage étoit plus ancienne que Didon & que Salomon , le
fyftëme n'y gagne rien ; car premièrement Carthage avant
Didon étoit fi peu de chofe , que les flottes de Salomon
n'y auroient pas trouvé les richefics qu'elles rapportoienc
d'Ophir. D'ailleurs , comment paffer du porr d'Afion-
gaber dans la mer Méditerranée , Se par quel caprice des
vairteaux chargés à Carthage dans la Méditerranée pour
Jérufalem , auroient-ilsété porter leur charge à Afionga-
ber, fi éloigné de Jérufalem plutôt qu'à Joppé qui en elt Ci
proche? Il elt vrai que Goropius& Bivarius trouvent une
folution à cette demande ; c'elt d'ô'er Afiongaber delà
mer Rouge , Se de le mettre fur la mer Méditerranée. Ils
difent qu'Afiongaber , félon récriture, étoit dans l'Idu-
mée ; que l'Idumée rouchoit à la Méditerranée ; que
fur cette mer on trouve Gaftion-Gabria dans Strabon ,
Se Beto-Gabria dans Ptolomée. Ils fuppofent libérale-
ment que ce devoir être le port d'Afiongaber , d'où par-
toit la flotte de Salomon ; mais il eût fallu pour cela
un long canal pour arriver delà mer à ce port, car la
Beto-Gabria de Ptolomée eft dans les terres à huit ou
neuf lieues ( de 20 au degré ) du rivage de la mer. Cela
feul rend allez inutile la chicane que font ces auteurs ,
fur ce que l'écriture met Afiongaber fur la mer Rouge,
ou , fuivant l'hébreu , fur la mer de Suph. Ils prétendent
que ce nom peut être expliqué par la mer des Limites _,
expreffion qui convient à la mer Méditerranée , au/fi,
bien qu'à toute autre mer. Hornius, dans fon traité de
l'origine des nations Américaines , ne desapprouve pas
ce fentiment , qui n'en vaut pas mieux pour cela. Car
1°. la mer de Suph ne Ce prend en aucun lieu que
pour la mer Rouge. 20 Afiongaber étoit fur le golfe
d'Aïlath ; & l'écriture elle même dit dans vai des pas-
fages mis à la tête de cet article , Afiongaber qui eft près
d'Elath ou d'Aïlath. 30. L'Idumée a pu s'étendre du
tems de Salomon jusqu'à ces deux villes. L'écriture le
dit , faut-il une autre auroriré ? Tous les favans con-
viennent qu'Afiongaber étoit dans le golfe d'Aïlath
Se que la flotte de Salomon fortoit du détroit de la
mer Rouge. Elle ne perdoit point la terre de vue, félon
I'ufàge de ce tems : elle rafoit la côte , ou d'Atabie
ou d Ethiopie. Il n'y en a point de troifiéme.
Tem, IV. P p p p ij
668 OPH
Les vents font réglés fur cette côte , & ils foufflent
entre le nord Se l'eft depuis le mois d'Octobre jusqu'en
Avril , & entre l'oueft Se le fud depuis Avril jusqu'en
Octobre, c'eft ce qu'on appelle la Mouflon. Si on favoit
en quelle faifon parcoient les vaifleaux de Salomon ,
on pourroit prononcer fur la route qu'ils prenoient au
fortir du détroit de la mer Rouge, Se cette preuve
lèroit excellente ; mais on ne le fait pas. Cornélius à
Lapide croit qu'Ophir étoit à Angola fur la côte occi-
dentale de l'Ethiopie. Ainfi il lui fait doubler ce cap
formidable, connu long-tems fous le nom de cap des
Tempêtes , aujourd'hui cap de Bonne-Espérance.
Huet ne met pas Ophir fi loin à beaucoup près. Il
commence par établir qu'il faut appeller Ophir toute
la partie orientale d'Afrique, depuis le cap des Aro-
mates , aujourd'hui le cap de Gardafui , jusqu'à l'extrémi-
té méridionale qui eftappellée par les Arabes Zangue-
bar , où commence la Caffrerie. ( J'ai fait voir ailleurs
que la côte que nous appelions Zanguebar , cil le pays
de Zeng , Zenghi font les habitans de ce pays. Bar
veut dire Mer ; ainfi Zenhibar eft la mer de Zen%, D'Her •
belot entend parle Zanguebar, la côte de la Caffre-
rie. Voyez, ce mot. ) Si on s'arrêtoit à ces paroles de
Huet , on auroit une idée fort confufe de fon Ophir ;
mais il s'explique. 11 veut que l'on donne principale-
ment le nom d'Ophir à la contrée de Sophala , qui eft »
félon lui , au 21 degré de latitude méridionale , Se
où il fe faifoit un commerce plus confidérable que dans
les autres pays. Voici les raifons qui l'attachent à ce
fendaient. C'eil lui-même qui va parler, ou plutôt fon
traducteur. Je retrancherai quelques digreiïions plus
favantes que néceflaires au fujet.
1. Quelques anciens ont dérivé le nom d'Afrique
de celui d'Ophir : Se la Libye , au rapport d'Etienne ,
a été autrefois nommée Ophirisa ; car c'eil ainfi que
les commentateurs affurenr qu'il faut lire ôc non O-
phiufa , comme on lit communément. De plus , entre
le promontoire de Mofylon Se celui des Aromates ,
on trouve une montagne, un promontoire & un fleuve
appelles Elephaf , nom dérivé, félon les apparences
de celui d'Gpbir , auquel on a ajouté au commence-
ment l'article des Arabes Le Rhapt , fleuve fort
confidérable de cette contrée , a été appelle par les
habitans du pays Obii , nom dans lequel il eft facile
de trouver un rapport au mot Ophir , Se la racine de
celui de Sophala ; car les Septante Se Théodotion inter-
prètent le mot hébreu Ophir , par ceux de Sophir ,
2wp;p , 2oup*p , SooÇjip , 2w9<p« , au lieu de quoi on
lit dans le manuferit Alexandrin , Sw^ap*, qui eft la
même chofe que Sophala. Jofephe écrit aufli luçapà. ,
Eufebc Swpsjp Se Sot-'^/p*. Saint Jérôme Sophera ; He-
fiche Xovçùp , que Suidas par erreur écrit 2owpeiç ; car je
ne puis convenir , comme quelques auteurs le font ,
que ce foit par une erreur decopilte, d'autant que
plufieurs auteurs Grecs Se même des nations entières
affectent d'ajouter cette lettre S à certains mots , comme
dans Ittdi, Suidi ; Mer dis , Smerdis\Ofthanes , Softhanes,
Ardi&i , Sardiœi; Athcns. , Setines\ Tbeba, Stives; Tibare-
ni, Stibaretii; Mtixpoç, ï/umpoçyMiffoù, 2//8pJa>.Ce qui fevoit
encore dans Néhemie , chap. 3 v. 27. où le même lieu que
lesSeptante ont nommé 'npa,ils l'écrivent peu après VepAa,
ainfi dans Pline Aphar , ville d'Arabie , elt appellée Sa-
phar , &dans Ptolomée Sapphara ; de même encore,
les Alpes font appelles par Lycophron 2 ax-nla. 'Opu , Se
dans Eupoleme , Hiram , ami du roi Salomon , eft
appelle Zcvpov.
2. En fécond lieu > on trouve dans toute la partie
de l'Afrique une grande quantité d'or , ce qui a fait dire
aux Caftres que c'eft leur pays qui a fourni l'or
que l'on porta à Salomon. C'efl de cette abondance d'or
que l'on peut dire que lui a été donné le nom d'Ophir ,
qui comme le mot Ephraïm , tire fon origine de l'hé-
breu ma , qui fignifie abondance , richefle , Pharah ,
ma , croître , fortifier •-, mais s'il fe trouve dans cette
partie de l'Afrique de l'or en abondance, Sophala ,
fuivant les relations des hifloriens Se des voyageurs ,
eft l'endroit qui en fournit le plus : enforte que l'on
peut aflurer qu'il n'y a point d'endroit dans le monde
d'où les anciens en ayent tiré une plus grande quan-
tité ; car c'eft-là que les Indiens , les Perfes^ les Arabes
OPH
& les Portugais l'alloient chercher pour le transporter
chacun dans leur pays.
3. Troifiémement, on trouve à Sophala (c'efl- à-dire
dans les terres aflez avant vers les mines ) d'anciens édifi-
ces bâtis de ces grandes pierres de taille , telles que
celles dont Salomon s'eit fervi pour les édifices qu'il a
fait élever ; il ne s'en voit point de cette espèce dans le
voifinage de ce pays , Se il y a fur ces pierres d'anciens
caractères gravés, inconnus véritablement aux origi-
naires du pays , aux Arabes, aux gens de mer Se aux
voyageurs ; mais qui pourroient fort fervir à quelque
habile homme qui iroit fur les lieux pour en décou-
vrir l'auteur Se l'ancienneté. La circonftance , qu'il fe
trouve dans le pays des Abyflins des édifices bâtis avec
de femblables pierres où l'on dit qu'a demeuré la reine
de Saba , me paroît encore d'un très-grand poids ; car ,
quoique ce foit une erreur de croire que c'étoit-là fa
demeure , puisqu'il efl; certain qu'elle demeuroit en
Arabie , ce nous eft pourtant un indice très-fort qui
prouve que les vaifleaux ont été en ce pays.
4. Quatrièmement, les gens du pays aflurent qu'ils
ont en leurs archives des manuferits très-anciens qui
font foi que c elt dans cette contrée que Salomon en-
voya chercher fon or , après en avoir eu connoifiance
pat la relation que lui en fit la reine de Saba. Le P.
Jean JDos Santos ( en latin Santius , dont nous extrai-
rons enfuite la relation ) dit que la montagne , en laquelle
ces monumens de l'antiquité font gardés,s'appelle Apura,
nom qui approche beaucoup de celui d'Ophir ; mais
ces traditions ne font pas fort fores , car elles font cette
navigation en Ophir poftérieure à l'arrivée de la reine
de Saba en Judée, quoique l'écriture fainte Se les inter-
prètes la mettent auparavant.
j. Cinquièmement, la religion des Sophaliens qui
n'adorent qu'un feul Dieu , Se qui ont en horreur l'i-
dolâtrie Se la magie , à quoi leurs voifins font fort at-
tachés , ne me paroît pas moins une preuve du fenti-
ment que j'ai établi , qu'un monument précieux de la
vraie religion.
6. Sixièmement , comme Pcolomée avoit marqué A-
gifimba pour bornes à l'Afrique du côté du midi, elle
a été prife avec quelque fondement par Marmol pour
Sophala. C'efl aufli ce qui a été caufe que plufieurs
ont cru qu'Ophir avoit été le terme des navigations
de la flotte de Salomon vers le midi -, Se l'on n'a point
connu dans ces quartiers d'endroit plus célèbre qu'O-
phir , Agifimba &,Sophala , que l'abondance de leur or
a rendu fi recommandables.
7. Septièmement , le peu d'intelligence que l'on avoit
de la marine en ce tems , obligeoit les vaifleaux à
côtoyer les terres ; ainfi il faut néceflairement qu'Ophir
foit placé dans un lieu où l'on ait pu aller aifément &
avec peu de risque. Telle eft aufli la fituation de So-
phala. On pouvoit commodément y arriver du port
d'Afiongaber, fans perdre presque les terres de vue.
8. Huitièmement, les fréquens voyages delà flotte
de Salomon en Ophir , font encore voir clairement que
ce lieu n'étoit pas fort éloigné du golphe Arabique j
car l'auteur du texte facré dit que tous les ans on rap-
portoit à Salomon d'Ophir , fix cens foixante-fix ralens,
au lieu qu'on ne faifoit qu'un feul voyage à Tharfis en
trois ans.
9. Neuvièmement , je fais que quelqu'un m'objec-
tera l'autorité de Jonathan , interprète Chaldéen, qu'on
dira avoir rendu flotte d'Ophir par flotte d'Afrique ,
Se celle d'Origene à qui on attribuera d'avoir dit dans
fon explication du livre de Job, que quelques inter-
prètes ont aufli rendu le mot d'Ophir par celui d'A-
frique ; mais û on examine la chofe un peu exactement ,
on verra que c'efl Tharfis Se non Ophir que l'auteur
Chaldéen a rendu par le mot d'Afrique, Se que le témoi-
gnage d'Origene paroit tiré de quelque chaîne des Pères.
Or , j'ai fait voir ailleurs combien on doit ajouter peu
de foi à ces chaînes j mais de quelque part que vienne
ce témoignage , il eft certainement produit par un an-
cien écrivain,& il fuffira du moins à faire voir que l'o-
pinion qui veut que l'Ophir foit la même chofe que
l'Afrique, n'eft pas une invention de nos jours, mais
que les anciens avoient eu la même penfée.
Huet s'applique enfuite à réfoudre les objections qu'on
OPH
OPH 669
peut lui faire ; il réfute enfuite ceux qui mettent Ophir proprement qu'une dialeéte différente que le rems &
dans les Indes proprement dites. A l'égard de tomes les différentes manières de prononcer de chaque pays
les imaginations que quelques anciens écrivains fe font peuvent avoir introduite. Il eft très-conftanr qu'il y a
faites delà terre d'Or, de l'ifle de Chryfé , de celle d'âr- beaucoup d'or , & très-fin , autour de cette montagne,
gent , Argyré , des montagnes d'or gardées par des grif- qu'on peut aifément le transporter par le moyen de
fons, de cette fontaine dont l'eau fe changeoit en or cette rivière, comme font aujourd'hui les Portugais j
auffi tôt qu'elle étoit puifée \ les auteurs d'un jugement & comme faifoicnt avant eux les Maures de Mozam-
lblide les ont toujours regardées comme des fables, bique 8c de Quiloa , ik que de même qu'on le porte
Une raifon allez forte & générale contre l'opinion qui aujourd'hui aux Indes, on pouvoit le porter ancienne-
met Ophir dans quelque endroit que ce foi t des Indes ment par là mer Rouge à Afiongaber, 8c de-là à Jé-
oricntales , c'eft l'idée effrayante que les anciens avoient rufalem.
encore de cette navigation plulicurs fiécles après celui Le P. Dos Santos s'applique enfuite à faire voir la
de Salomon. Arricn nie formellement dans fon huitième convenance de trois ans , dont il n'eft point queflion
livre , que perlbnne eût jamais été par mer du golfe pour le voyage d'Ophir. Il efu même cmbanalle de ce
Arabique au golfe Perfique ; & Eratofthene dans Stra- qu'il n'a point vu de paons, 8c affure néanmoins qu'il
bon, /. 16 8c 17. foutient que qui que ce fût n'avoir y en a plus avant dans les terres. Recherche inutile
avancé plus de fix cens itades au delà du détroit de la il n'en faut point pour la flotte d'Ophir. A l'égard du
mer Rouge, en faifant route vers le fud-eft. Strabon bois que la flotte d'Ophir rapportoit , l'hébreu le nom-
dit qu'avant le fiécle où il vivoit (fous Augufte 8c Tibère) me Almuggim ou Algummim par une transpofition
à peine pouvoit-on dire qu'il fût arrivé à une ving- de lettres ordinaire aux hébreux. Les Grecs le nom-
taine de vaiffeaux de franchir le détroir du golfe Ara- ment bois de &6*,Thya ,8c Huet fait voir avec beau-
bique. Je paffe d'auttes autorités femblables. Ces auteurs coup d'érudition que c'eft le même bois que les Ro-
même en difent trop , «Scieur négative eft trop générale : mains appelloient Citronnier, espèce de cèdre qui n'eft
mais elle fert néanmoins à faire voir combien les an- point rare en Afrique , dans la Mauritanie , 8c dans l'E-
ciens croyoient qu'il y avoir de difficulté à aller de thiopie où eft Sophala. D'autres ont cru que c'étoit
la mer Rouge aux Indes. Au contraire celle de Sopha- Je bois de Bréfil , d'autres que c'eil l'ébéne ; en un mot
la é;oit aifée , &on y couroitlipeu de risques, qu'on cette diverfité d'opinions fur la qualité fpécifique de ce
pouvoit y aller avec les plus petites barques , en évi- bois , marque qu'on ne fait ce que c'eft ; ainfi il feroit
tant de s'expofer au large 8c en côtoyant toujours le inutile.de chercher s il y en a dans le pays de Sopha-
tivage. Nous bifferons la réfutation des autres opi-
nions qui mettent Ophir dans le golfe Perfique , dans
le Pérou ou à S. Domingue , 8c celle de l'imagination
qu'a eu Bochart de faire deux Ophirs.
On ne peur pas reprocher au fyftême , qui met O-
phir à Sophala, l'inutilité des risques de la naviga-
tion , comme à celui de D. Calmet. Cette route étoit
impoffible par terre, mais elle étoit fort aifée par
eau. Au fortir du détroit de Bab-el-Mandel ,& prenant la cour de Salomon immédiatement après le premier
la.
Jofephe 8c la tradition des Abyflins mettent la reine
de Saba en Ethiopie. Le Négus, ou empereur des A-
byffms , prétend descendre d'un fils qu'elle eut de Sa-
lomon. A ne prendre cette généalogie que pour ce
qu'elle vaut , il efl: pointant remarquable que l'écri-
ture , rant au troifiéme livre des Rois , qu'au deuxième
des Paralipomenes , parle du voyage de cette reine à
la faifon convenable , on a les vents de la mouflon qui
durent fix mois , 8c les fix autres mois on a le tems
de revenir avec ces vents qui font dans un rumb tout
oppofé. Cela eft commode 8c ne fe trouve point
dans la navigation de Tapfaque. Mais voici de quoi
voyage de la flotte de ce monarque à Ophir. S'il étoit
vrai que cette reine eût régné en Ethiopie , comme Jo-
fephe le dit , 8c comme les Ethiopiens le prétendent, 8c
qu'elle eût fait le commerce de l'or d'Ophir , il ne feroit
pas fur prenant que la navigation des vaiffeaux de Salomon
confirmer le fentiment de Huet j c'eft l'autorité d'un à Ophir eût donné occafion au voyage qu'elle fir presque
écrivain qu'il ne cite qu'en paffant. Le Grand me la aufli-tôt elle-même pourvoir de près un roi dont on lui
fournir. avoit tant loué la magnificence & la fageffe ; mais fi elle
Le père Jean Dos Santos, religieux Dominicain, partit regnoit en Ethiopie , elle poffédoit donc auffi une par-
de Lifbonne avec treize religieux de fon ordre au mois tie de l'Arabie, puisque l'écriture la nomme reine de
d'Avril de l'année 1^87. Il arriva à Mozambique le Saba, 8c la fait arriver avec des chameaux qui portoient
mois d'Août fuivant ; il fut employé pendant onze ans des aromates , une grande quantité d'or 8c des pierres
aux militons de ce pays. Il a fair plufieurs voyages
de Sophala à Mozambique qui font à cent foixan-
te lieues l'une de l'autre. Il a pénérré deux cens lieues
dans les terres, en remontant la rivière de Cuama jus-
qu'à Tété. Il a fait imprimer à Evoraen 1609 , ce qu'il
avoit pu apprendre dans fes miflions , 8c il a donné à
precieufes.
Pour ce qui eft des pierres precieufes que la flotte
apportoit d'Ophir , on voit dans les anciens que l'E-
thiopie en avoit quantité. Pline fait mention des es-
carboucles d'Ethiopie, de fes hyacinthes , de fes chry-
folites , de fes hématites 8c de Ces defiropoeciles , à
fon ouvrage le titre d'Ethiopie orientale, qu'il a divi- quoi Juba ajoute encore les topazes: d'ailleurs, quoi-
fé en cinq livres,
Il y dit que près de Maffapa , dans le royaume de Mo-
nomotapa eft la grande 8c haute montagne de Fura ou
Afura, furie haut de laquelle on voit des ruines de
bâtimens , & qu'on tient pat une tradition du pays que
ces ruines font des reftes des magafins de la reine de
Saba ; que cette princeffe droit de cette montagne tout
fon ot : que cet or descendoit par la rivière de Cuama
dans la mer d'Ethiopie , d'où on le portoit par la mer
Rouge jusque fur les côtes de l'Ethiopie qui eft au-
qu'Ophir , ou le pays compris fous ce nom , fur le
principal objet de la flotte , il ne faut pas croire qu'elle
ne touchât qu'en un feul endroit. Elle touchoit fur fa
route par -tout où elle favoit qu'on trouvoir les mar»
chandifes qui lui convenoient.
Que Paz , Uphaz., Ophaz & Parvajim
font la même chofe quOvHiR.
Huet le prouve en premier lieu par l'origine des
deffus de l'Egypte 8c où regnoit cette reine. Le père noms. Ophir en arabe s'appelle Auphar, comme Bo
DosSantos foutient cette ttadition par l'autorité deJc-
fephe , qui parlant de cette princeffe , la nomme Nicau-
lis , reine d'Egypte & d'Ethiopie. Antiq. liv. VIII. chap.
a. n. 338. par l'autorité d'Origene 8c de faint Jérôme ,
& par la croyance où font encore les Abyflins que la
reine de Saba éroit de leur pays ; par le village qui porte
encore fon nom aujourd'hui , 8c qui n'eft pas fort éloigné
d'Auxuma.
D'autres tiennent que Salomon avoit fait bâtir ces
chair l'a remarqué , 8c tous les gramnairiens convien-
nenr que l'R & le Z font fouvent changés l'un pour
l'autre , fur-tout par les Arabes chez qui ces deux let-
tres ne fe diftinguent que par un feul point. Il eft con-
fiant auffi que les Grecs & les Latins changent fouvent
l'R 8c l'S. Cet ufage eft encore pratiqué parmi nous
autres François , & ces termes 'A<TsA?oV , 'hhtoç , font chez
les Eoliens 'AAAtpôp , îwTrop \ le mot BtVwp des Grecs eft
chez les Latins Tefiis , 8c c'eft ce qui a caufé ces dii-
magafins, & que c'étoit-là qu'on prenoit cet or d'Ophir, férentes terminaifons, Honor 8c Honos : Arborée Arbos ,
dont fes flottes étoient chargées ; qu'il n'y a pas une de même d' Auphar , on a fait Ophas 8c Uphas ; d'où
grande différenc encre Afura 8c Ophir ; que ce n'eft fi vous retranchez les deux lettres ferviles qui font a >
6yo
OPH
OPH
devant delSIK , Opbaz. , vous aurez 19, Paz. Je les
appelle ferviles , parce qu'on ne retient ordinairement
que la racine. Les Lettres , fur tout celles que l'on ap-
pelle gutturales , font fouvent retranchées du com-
mencement des mots -, c'eft encore ainfi que du mot fyria-
que VIN , Ano : les Grecs ont fait vm ,no , Se les Latins
nos ; de Cham a été fait Amman , &c. L'O aufli a été
fujet à être retranché comme d'"Opa./jLioç pour faire ra-
mus, rameau; d'O'W^apour faire nome «, nom ; Se d'0'/>&»
potir faire rus , campagne.
Parvajim femble encore dérivé du mot Ophir , car
en étant la première fyllabedumot Aupbar , le refte
du mot prend la forme du nombre duel, ce qui arrive
dans les noms qui d'eux- mêmes ne figninent pas deux
chofes, comme dans C3>ntf , Schamaim,\c ciel ;E3>0,
Maïm , l'eau ; O'tny , Tjabaraïm , le midi... Et l'on en
fera d'autant plus perfuadé fi on fe rappelle que fous
le nom d'Ophir on comprenoit toute la côte orien-
tale de l'Afrique, depuis Sophala inclufivement jus-
qu'au cap de Gardafui. Ainfi il eft facile de conjedu-
rer que le nom d'Ophir ou Aupbar, peut avoir été
donné à qudqu'aùtre lieu confidérable , auflî bien qu'à
Sophala; d'autant qu'il fe trouve fur ce rivage quel-
que autre port commode d'où les vaiffeaux de Salo-
mon ont pu apporter l'or en queftion , & que ces
deux lieux ont pu être appelles du feul nom de Par-
vajim qui leur étoit commun, Se les fignifîoit tous
deux.
Cela s'accorde avec les autorités des anciens. Jona-
than, interprète Chaldéen, veut que l'Ophas de Jére-
mie, cb. 10. v. 9. foit Upbir. Dans l'endroit où Ifaïe
déclare que les hommes feront plus rares que Paz, Se
Opbir , faint Jérôme précend que Paz, eft employé pour
le nom générique de l'or , Se aufil pour fignifier l'or
le plus pur; de manière que l'or à'Qplrir étant une
espèce de celui de Paz,, on peut dire que toute la
différence de ces mots eft de l'espèce au genre, Se
que les noms différens de cet or ont été donnés aux
lieux d'eù on le tiroir. Le même faint Jérôme appel-
le encore or pur ce que Jérémie appelle Opbaz, , d'où
fe tire cette oonféquence qu'il a regardé Paz, , Opbaz.
ôc Opbir pour la même chofe. Cela prouve que c'eft
avec fondement que fiochart a dit que Paz, , Upbaz,
Se Opbaz. étoient nommés Opher, Se qu Ophir Se Par-
vajim étoient regardés comme les mêmes : ceci foit
dit fans approuver fon fyftême , qui cherche Parvajim
ôc Opbir dans la Taprobane des anciens.
Dans une matière fi obscure , il n'eft pas étonnant que
les favans fe foient partagés. Paz, Se Pbaz. font la
même chofe , & s'écrivent avec les mêmes lettres. En
hébreux P Se Pb font également exprimés par la let-
tre 3 ; toute la différence confifte en un point que l'on
met dans cette lettre. 3 eft un P ; 3 eft un Pb , ou
le <t> des Grecs. Or dans l'hébreu fans ponctuation ce
point difparoit, Se devient fousentendu , s'il faut pro^
noncer P. Ceci eft en faveur des perfonnes , qui , ne
connoiflant point la valeur des lettres hébraïques , pour-
raient s'étonner de ce que l'on dit presque indifférem-
ment Paz. Se Pbaz.. Dom Calmée trouvant le mot
Pbaz. fi femblable à celui de Pbafis , nom d'une ri-
vière de la Coichide, y met fon Ophir. Ce Phafis eft
mis dans l'Ethiopie , nom que l'on a donné auflî à la
Coichide , comme on le fait voir ailleurs. Huet en
conclud que , s'il eft vrai que les Colques foient une
colonie venue d'Egypte , les Egyptiens arrivant dans
ce pays, & y trouvant un fleuve qui rouloît de l'or
avec fou fable , ils lui donnèrent le hom de Pbaz, ou
Pbafis , qui eft celui d'un autre fleuve de l'Ethiopie
vraie , lequel a la même qualité , & dont le commer-
ce fréquent qu'ils avoient fait aux environs leur avoit
dortné une entière connoiffance. C'eft encore par la
même raifon qu'il eft arrivé qu'on a nommé Pbafis une
autre rivière de Mauritanie , qui a donné fon nom à
la célèbre ville de Fe?.. Léon l'Africain rapporte deux
étymologies de ce nom , l'une tirée de l'or que l'on
trouva en jettant les fondemens de cette ville , Se l'au-
tre du nom du fleuve fur le bord duquel elle eft bâ-
tie.
Qui pourroit fe perfuader que l'écriture fainte qui
rapporte, exacteraeat Se en détail , les actions 6e les na-
vigations de Salomon , eût voulu paner fous filence Paz,3
Upbaz. Se Parvajim ? Car foie qu'on place ces con-
trées dans l'Inde, dans la Perfe , dans la Coichide, ou
par tout ailleurs , la chofe méritoit afiez qu'on en con-
fervât la mémoire. La caufe de ce filence ne peut venir
que de ce que l'écriture ayant fait mention de la na-
vigation d'Ophir, elle avoit par là fuffifamment indiqué
celles de Paz. , d'Uphaz. Se de Parvajim.
L'opinion de Saumaife eft bien différente. Il recon-
noit que Paz, Se Opbaz. font des noms de lieux ; mais il
veut que Paz. foit la même chofe que Tonthnov , Topafion ^
pierre précieufe qui porte le même nom que TopafosJ
iflede l'Arabie , où cette pierre fe trouvoit, & que l'on
nommoit auiîi Pafion , uâa-iov. 11 fe fert , pour appuyer
cette opinion, du témoignage d'Hefyche, dont voici les pa-
roles. Uda-iov 0 naù To7ta.7iûv,Xiôoç 7ro\vTi[/.oç, c'eft -à-dire Pa~
fion ou Topafion , pierre précieufe , d'où Saumaife conclut
que l'Ifle qui produifoit cette pierre , avoit été nommée
Paz.on Se Topaz.on ; mais ce qui prouve que Paz. ne
peut être Topafos , ifle d'Arabie, c'eft quêtons les auteurs
difent bien qu'elle produifoit la topaze , mais aucun
ne dit qu'on y ait trouvé de l'or. Il eft vrai que Sau-
maife , dans le même endroit , in Solin. affure que Paz.
fignifie de l'or ; en quoi il eft conforme à tous les in-
terprètes , à la réferve de quelques-uns qui ont rendu
ce mot Paz. par pierre prccieuje ; mais l'erreur de Sau-
maife vient d'avoir mal entendu Hefyche , ce docte gram-
mairien , dans l'endroit où il dit que PazÀon , nâÇtov Se
ToWçW , figni fient la même chofe. Sa méprife confine
en ce qu'ayant vu dans quelque auteurTomis au-devant
du mot riaf/oc ,to naÇiov , il a confondu ce mot compo-
fé de l'article Se du nom. En quoi l'on peut dire qu'il
a fait une injure très-grande a Hefyche. Tondo-iov eft cette
pierre précieufe que les Hébreux appellent mtJ3,
Pitdath , d'où eft formé le nom de Topafe par un ren-
verfement de deux confonnes radicales ; mais to nà.Çioy
fignifie Paz. , c'eft-à-dire de l'or. Voilà avec combien
peu de fondement Saumaife avoit conclu que cette
ifle, d'où l'on tiroit les topazes avoit été appellée Pafof
Se Topafos. Saumaife , de même que Grotius , place l'iflc
Topa/os ouTopafios dans les Indes. Ils ont fuivi en cela
Etienne & faint Epiphane. Ce dernier , de XII Gcm-
mis , e. 2. écrit que la topaze, pierre précieufe, fe trou-
ve dans une ville de l'Inde ; mais il auroit dû , pour évi-
ter tout fujet de chicane ou de méprife, avertir que
les anciens ont étendu la mer des Indes jusqu'à la
mer. Rouge , enfôrte que l'ifie de Topafos , quoique pla-
cée dans la mer Rouge, a pu êtie appellée aufli ifle
de la mer des Indes. Pour être convaincu qu'il n'y a
aux environs des côtes de l'Inde aucune ifle nommée
Topazios , à qui on puifle attribuer la production des
Topazes ; il n'y a qu'à faire attention que cette pierre
nommée Topaze , non celle que nous connoiflons fous
ce nom , mais la vraie Topaze des anciens , Se qui eft
proprement la Chryfolite , étoit dite naître dans une iflé
d'Arabie , & non dans les Indes.
C'a été avec plus de fubtilité que de vraifemblancei
que le même Saumaife a imaginé qu'ÛPHioDES , ifle
du golfe Arabique, eft l'Opbas ou \U\baz. de l'écri-
ture , que Paz , Ophaz , Topazion Se Ophiodes font
un même lieu , Se que du nom Opbaz. on a fait Ophio-
des. Cela eft réfuté a l'article Ophiodes.
Il eft étonnant que Bochart ait mis Paz, , Uphas Se
Parvajim dans l'ifie de Taprobane ; il afflue lui-même
que l'iile de Taprobane ne fut point connue des Ifraé'-
lites, Se du rems de Job les Indes n'avoient pas encore
été découvertes; or, comme dans le livre de Job, 9»
28. il eft expreiîément parlé de Paz., Bochard en de-
voir néceflairement conclure que Paz. n'eft point l'iflc
de Taprobane ; conférez fon Phaleg , /. 2. c. 27 avee
fon Chanaan, /. i.c. 46.
Ceux qui ont prérendu que Parvajim étoit la Par-
batie , ne fe font arrêtés qu'à la prononciarion , fans
faire attention à fa fituation , Se aux autres indices qui
peuvent la faire connoître ; car Pline , qui eft un de
ceux qui ont fait mention de la Parbarie , la place fore
avant dans les terres. On pourroit remarquer que Pline
ne l'appelle point Parbatie, mais Barbarie; dans le
fond ce feroir une très-légère difficulté , fi d'ailleurs
le refte avoit quelque^ rapport»
OPH
OPH
La plupart des noms des lieux qui produifcnc l'or font
dérivés d'Opbir Se de Pat., félon Huer. L'Espagne ,
dit-il, peut être apportée pour exemple ; ce ne lotit
que fes richeffes, fes mines abondantes en or, en ar-
gent Se autres métaux , que Strabon vanre extrêmement ,
qui ont pu lui faire donner le nom d'Ibene, comme à
fon plus célèbre fleuve, celui d'Ibère, noms qui tuent
leur origine de celui d'Ophir. C'elt encore de la même
fource qu'a été tiré le nom de l'Ebre , fleuve de Thrace,
qui roule des pailles d'or avec fon fable. Il ne faut pas
non plus oublier les noms d'Opbis Se d'Ophare , fleuves
aux environs de la Colchide , contrée fertile en or.
Du nom de Paz. , ont aufli été tirés ceux de plufieurs
lieux ou fleuves abondans en or, comme Phafe , ville
& fleuve de la Colchide -, Phafif, golfe de fleuve de la
Taprobane , ceux de Fez., fleuve Se ville de Barbarie.
Quelques interprètes disputent s'il eft arrivé de pren-
dre Ophir & Paz. , pour des noms appellatifs, Saint Jé-
rôme , epifi. 14,0. in Ifai.c. 13. in Jerem. (.10. Se un
grand nombre d'auteurs tiennent pour' l'affirmative ; Se
il ne fera pas difficile d'en trouver des exemples. Rha ,
la rhubarbe qui fc trouve dans la province du Pont , tire
fon nom du fleuve Rha , qui cft le Wolga; Pifiacia
piitache , de Pittaché i Tharfis , pierre précieufe , de
Tharfis , contrée -, Smaragdus , émeraude , de Smaragd ;
Magnes , l'aimant , de Magnefia. Il s'en prefente une
infinité d'autres de cette nature. 11 femble néanmoins
qu'il n'en eit pas de même d'Ophir Se de Paz.. L'écri-
ture fainte ne fait en tout mention d'Ophir que huit
fois , Se il n'y en a qu'une dans le livre de Job , c. 22.
où ce mot Ophir peut être regardé comme un nom ap-
pellatif ; encore faut-il fuppofer qu'on interprète ainfi
ce partage : Et vous mettrez, l'or fur la poujfiere ( l'or d' )
Ophir fur les rochers des torrens : qu'on ne pourroit
plus dite , fi on le changeoit de cette façon : & fwr les
rochers des torrens d'Ophir. Il elt vrai que Paz. Se Thar-
fis font alTez fouvent pris pour des noms appellaufs.
En voilà affez fur cette matière : ce que j'en ai dit
fuffit pour mettre le lecteur intelligent en état de choifir
entre ces différons fentimens. Je ne diffimule point que
celui qui place Ophir fur la côte orientale de l'Ethio-
pie , entre le pays de Saphala inclufivement , Se le dé-
troit de la mer Rouge, me paroît préférable à tous égards.
Il a l'or en abondance, & il falloir qu'Ophir en tut bien
pourvu , pour en fournir tous les ans à Salomon fix cens
ïoixante-fix talens. Il ne falloir pas que le voyage fût
trop long ni trop difficile, puisqu'on le faifoit tous les
ans C'elt l'écriture qui .le dit : Et la flotte d'Hiramqui
apportait de l'or d'Opbir , apporta au/fi en grande abon-
dance d'Ophir du bois de Tbya & des pierres precieu-
fes... Et le poids de l'or que l'on apportait à Salomon
chaque année étoit de fix cens foixante-fix talens d'or.
Voilà pour Ophir. Enfuite, parlant de Tharfis , elle dit :
Le roi avait en mer fa flotte avec la flotte d'Htram,&
U flotte alloit en Tharfis en trois ans une fois. Voila les
voyages bien distingués. Celui d'Ophir tous les ans : ce-
lui de Tharfis tous les trois ans. L'écriture dit de cette
dernière flotte , quelle apportait de l'ar , de l 'argent ,
de l'yvoire , des finges & des paons. Cela eit fort net -,
cependant nous avons vu que presque tous ceux qui fe
font mêlés de chercher Ophir , ont fourré dans leurs re-
cherches des chofes qui n'y avoient point de rapport.
Ils ont fuppofé qu'il falloit trois ans pour faire le voya-
d'Ophiti &ont compaffé le chemin de la floue pour
lui faire employer utilement ce tems. Ils ont été em-
barraffés à chercher dans le voifinage de leur Ophir ,
des Singes & des paons ou des perroquets ; en un mot ,
ils ont grofli la difficulté. Faute de lire attentivement
les paffages de l'écriture , ils fe font égarés de gaieté dé
cœur. D. Calmer eft tombé dans cette faute , dont Huet
eft presque le feul qui fe foit garanti.
Du relte le fentiment de D. Calmet pourroit bien
lui être venu en lifant ces paroles d'Huet dans le V
chap. de fes navigations de Salomon : Je fuis furpris que
perfonne n'ait fongé à mettre Ophir dans la Colchi-
de, vu la grande diverfité des opinions fur ce fujet ;
d'autant que l'expédition des Argonautes efi antérieure
au tems du règne de Salomon > que l'on trouve aux en-
virons de la Colchide des fleuves nommés Ophis & O-
pharus , dont le nom a la mime origine qu'Ophir , 6-
6yi
qu'il n'efl pu vraifemblable q.te les Phœniciens ayent né-
gligé un pays abondant en or, que les Grecs avoient
connu & fréquente. Voilà fon thème tout fait , mais
Afiongaber , d'où partoit la flotte , l'a forcé de faire
le tour de la presqu'ifle d'Arabie, Se l'a pouffé dans le
Tigre Se dans l'Euphrate , qui malheureufement n'ont
pu le conduire au terme.
Je le repère , il faut qu'Ophir foit maritime , que la
courfe foit aifée,de forte qu'on la puiffe faire rous les ans ;
que ce foir un pays fertile en or , & où une flotte puiffe
arriver fans avoir befoin de labouffole. Tout cela con-
vient à la côte de Sophal.i , dont après tant de fiécles
les richeffes ne font pas encore épuifées. Une mouflon
y menoit laflorte, l'autre femeitre lui donnoit le vent
propre pour revenir à la mer Rouge. Point de golfe ,
ni de cap dangereux qui interrompe la courfe d'une flot-
te qui rafe la côte. Je crois qu'on peut fe tenir à ce
fentiment , qui eft celui de Thomas Lopes , dans fa na-
vigation des Indes ; de Baros , dans fes décades ; d'Or-
telius & de Huet. Si le lecteur compte mon jugement
pour quelque chofe , j'avoue que c'eft le feul qui me
paroiffe fatisfaifanr dans rous fes points.
1. OPHIS , rivière d'Afie , dans la Cappadoce» félon
Ortelius. Arrien , Perip. Pont-Eux. p. 6. ed.it. Oxon.
met l'embouchure de cette rivière dans le Pont-Euxin ,
à quatre-vingt Itades du port d'Hyffus, & à trente de
l'embouchure du Pfychrus. Il dit expreffément que l'O-
phis féparoit le pays des Colques de la Thiannique.
Stuckius n'y penfoit pas quand il a jugé que ce devoir
être l'Opharus de Pline qui étoit de la Sarmatie , c'eft-
à-dire , qu'il y avoit du moins toute la Colchide entre
deux.
2. OPHIS , rivière du Péloponnèfe, dans l'Arçadie,
auprès de Mantinée , félon Paufanias, /. 8. (. 8. c'eft
une des rivières dont fe forme le fleuve Alphée.
OPHITEA. Voyez. AmpHiclée.
OPH1TES. Pomponius Laetus dit qu'on a ancien-
nement ainfi nommé l'Oronte. Le mot Ophis en grec
veut dire un ferpent , Se convient affez à une rivière
donr le cours va en ferpentant.
1. OPHIUSA, ifle de la Propontide , félon Pline,
/. 4. in fine; elle n'elt pas loin de Cyzique. Etienne le
géographe, in roce h(<r(iixoç la nomme 'Qtploia-a-ct.
2. OPHIUSA, ifle de la mer Méditerranée, dans
le voifinage dlviça. Les Latins l'ont nommée Colubra-
ria , Se les grecs , Ophiusa ; c'eft aujourd'hui Mon-
colibre. * Pline , 1. 5. c. f .
3. OPHIUSA , ancien nom de l'ifle de Rhodes , félon
Pline , /. j. c. 31.
4. OPHIUSA , ville de la Scythie , en Europe. Scy-
lax de Caryande , p. 59. de l'édit. d'Oxford., dit : Après
la Thrace font les Scythes : Se les villes grecques de
Scythie font :1e fleuve Tyras, Niconium ville, Ophiu-
fa ville. Il ne faut pasetoire que par le fleuve Tyras,
il ait entendu une ville ainfi nommée , quoiqu'il y ait
eu véritablement une ville de même nom que le fleu-
ve , comme Pline le dit très bien ; mais il remarque
que cette même ville n'elt point différente d'Ophiufa,
qui eft fon ancien nom. Voici le partage : Clams am-
nis Tyra , Oppido nomen imponens , itbi anteà Opbiufa
dicebatur. Etienne le géographe dir de même Tyras,
ville Se rivière fur le Pont Euxin : on l'appelloit O-
phiusa. Voyez Tyras.
y. OPHIUSA , c'elt un des noms qu'a eu la Libye,
félon Etienne le géographe. Huer , entr'autres fuvans ,
veut qu'on life Ophir isa ; il dérive ce mot d'Ophir.
6. OPHIUSA ARVA. Ovide au dixième livre de
fes Métamorphofes :
Ipfa fuas Urbes Ophiufaque arva par abat ,
Deferere aima Venus.
Par la fable où ce vers e(t placé, on voit qu'il nom-
me ainfi l'ifle de Cypre , ou du moins un canton parti-
culier de cette ifle.
7. OPHIUSA , ancien nom de CythnUs. Vyez, ce
mot.
8. OPHIUSA, ancien nom deTHENos, l'uhe des
Cyclades, aujourd'hui l'ifle deTiNE. Pline écrit ce nom
672.
OPH
OPI
par une double S, Ophiussa , dans l'édition du P. Har-
douin.
1. OPHIUSSA. Voyez, l'article précédent.
2. OPHIUSSA , petite ifle voifine de 1 ille de Crète ,
au voifinage d'Hierapytna , félon Pline , /. 4. c . 1 2. C'eft
un des écueils voifins de Gaidurogniffa ,. a l'extrémité
orientale de la côte méridionale.
3. OPHIUSSA, ille des Rhodiens , félon Hygin.
Elle étoit aux environs de leur ifle apparemment. Peut-
être auiTi n 'eft-ce que l'ifle même de Rhodes , qui ,
comme le dit Pline , a été aufll nommée Ophiufa. Voyez.
Ophiusa , n° 3.
OPHLAS , lieu de la Palestine ; c'étoit apparemment
un lieu obscur. Jofephe, de la guerre des Juifs, /. 2.
c. 32. de la dïvifion de d'Andilh. n° 206. parlant de la
fédition excitée par Manahem , dit , que s'étant fait voir
au temple de Jérufalem vêtu à la royale, on alla pour
l'y attaquer. Son parti, après une légère réfiftance , prit
la fuite. Eléazar fe fauva à Maffada , où il fe foutinr
quelque tems. Quant à Manahem , ayant été trouvé
dans un lieu nommé Ophlas , où il s'étoit caché , on
l'en retira , ôc on l'exécuta en public , après lui avoir
fait fouffrir des tourmens infinis.
OPHL1MUS, montagne de l'Arménie mineure, fé-
lon Strabon, /. 12. p. 556.
OPHLONES, peuples de la Sarmatie, en Europe ,
félon Ptolomée , /. 5. c. j. 11 les met au coude du Ta-
naïs.
OPHNI , ancienne ville de la Palefline , dans la tri-
bu de Benjamin. 11 en eft parlé dans le livre de Jofué,
<. 18. v. 24. C'eft apparemment, dit D. Calmer, la
même que Gophni ou Gophna ; c'eft en effet le même
mot. L'Haïny fe prononce, félon quelques-uns, com-
me un efpnt qui fe fait à peine fentir , en ce cas , c'eft
Ophni ; quelques-uns le prononcent comme un G , ôc
difent Gophni. Les Juifs de quelques pays le pronon-
cent comme Gn dans les mots régner , magnifique , ôc
ceux-là prononcent Gnopbni. Les grammairiens moder-
nes, comme Wasmuth , Schickard , Buxtorf & autres,
difent que c'eft un efprit très dur \ mais , comme dit
Wasmuth , à préfent on n'en connoit plus la valeur ,
& Buxtorf qui prétend que le haut du gofier ôc le nez
doivent concourir pour le bien prononcer, obferve que
les Grecs l'ont fouvent omis , parce qu'ils ne le connois-
foient pas , & qu'en effet il eft très-difficile à pronon-
cer. Quelquefois auflï ils l'ont exprimé par leur y , qui
eft le G ou plutôt Gh. Il traite de ridicule ceux qui le
prononcent comme gn, ôc dit que ceux qui en font un
efprit très-doux, & comme fi c'étoit un aleph N , con-
fondent deux efprits très-différens. Gophna , félon Eu-
febe , Onomafl. ad vocem QapctyÇ Borpucs , devoir être
à quinze milles de Jérufalem, tirant vers Naploufe ou
Sichem. Ailleurs il dit in Gebena , r«|3ê>« , qu'elle
étoit à cinq milles de Geba ou de Gabaa. Ces deux cita-
tions font de D. Calmet , qui nomme Jofephe pour Eu-
febe par inadvertence. Saint Jérôme , traduifant Eufe-
be , dit au mot Adasa : Adafa dans la tiibu de Juda,
village auprès de Gupbna. Il ajoute : Mais je m'étonne
qu'il ait mis la contrée de Guphna: dans la tribu de
Juda, puisqu'il eft clair, félon le livre de Jofué,
qu'elle tomba dans le partage d'Ephraïm. Le P. Bon-
frerius , à fon tour, s'étonne que faint Jérôme trouve
clairement cela dans Jofué qui n'en parle aucunement,
ni dans la verfion latine ni dans les Septante, lorsqu'il
eft queftion de la tribu d'Ephraïm. Ce faint auroir parlé
plus exactement, s'il eût dit que de fon tems la ville
fubfiftoit encore , ôc que le nom s'étoit confervé. Car
ailleurs il parle d'une ville de ce nom, comme d'un lieu
très-connu. On voit même par Jofephe que c'étoit de
fon tems une ville illuftre de la Judée , ôc entre les onze
toparchies , elle tenoit le premier rang après celle de
Jérufalem ; mais il y a lieu de douter fi elle étoit de la
tribu dEphraïm , comme faint Jérôme le dit , j'aime-
rois mieux dire qu'elle étoit de la tribu de Benjamin ,
quoiquaux confins de celle d'Ephraïm ; car je ne crois
pas que Gufna , ou Gofna , ou Gophna, foit différenre
de l'Ophni dont il eft parle au livre de Jofué, où elle
eft attribuée à la tribu de Benjamin. Le même P. Bon-
frerius , qui parle ainfi dans fa note , dit dans fon arti-
cle de Gophna , ou Guphna» ou Gufna , que c'étoit une
ville , ôc qu'avec le tems elle devint une fameufe to-
paichie. Je foupçonne , dit-il , qu'elle étoit dans la tri-
bu de Benjamin , aux confins de celle d'Ephtaïm -, cac
elle ne paroît point différente de l'Gphm de Jofué , c,
18. v. 24. ce mot s'écrivant au commencement par un
j? , ôc l'y fe rendant fouvent par un g , on a pu ren-
dre Ophni par Gophni , qui n'eft guère différent de
Gophna. Du refte , comme le remarque le P. Bonfi erius ,
ce que D. Calmet dit de Gophna ôc de la toparchie
Gophnirique, revient aflez à la pofition d'Eufebc. Par
exemple, il dit que Vespafien ayant fubjugué la Gophniu-
que , affujettit Béthel ôc Ephraïm, ôc que Tites'avan-
çant de la Samatie vers Jérufalem , vint à Gophna. *
Antiquit. 1. 14. C. 18. de Bell. 1. I, C. 9. & 1. i. C. 2J,
ôc 1. 3.C. 2.
OPHRA. Voyez, Opher i.
OPHRADUS, rivicre d'Afie. au pays des Doris-
ques , peuple fitué entre l'Ane ôc la Drangianc , fclôQ
Pline, /. 6. c. 23.
OPHRYNIUM , lieu d'Afie, dans la Troade , près
de Dardanum. Hérodore, /. 7. c. 43. dit : Etant partis
du Pergame de Priam , c'eu-à-dire , des ruines de Troye ,
ils côtoyèrent avant à leur gauche Rhœtcum , Cphry-
nium ôc Dardanum, voifn.e d'Abydos. Srrabon , /.
13. p. 598. dit, après avoir parlé de Dardanus ou
Dardanum : Allez près de-la eft Ophrynium : il y a là le
bois d'Hector, dans un lieu qui eft fort en vue , Se en-
fuite le lac de Ptelée.
OPHTH1S , ville de la Libye , au voifinage de l'E-
gypfe, félon Etienne le géographe , 'Op6/ç.
OPLE , 'O™*/ , ancien peuple des Indes, fur les bords
du fleuve Indus , félon le même.
OPICA TERRA. Voyez,Opici.
OPICI , ancien peuple d'Italie. Denys d'Halicar-
nafie, /. 1. p. 58. cite Ariftore en ces termes : Annoté
le philofophe raconte que quelques Grecs venant de
Troye abordèrent au pays des Opicicns, dans
l'endroit où eft le Latium , pioche de la mer Thyné-
nienne •, E/'ç tgc tIhw TbToi' t«$ 'Ottikvç l; xateacii Aaricv vni
TulvffwiKu TTi^a^n Kîijutvcç. L'hiftorien cité avoit dit
auparavant , en parlant de la navigarion d'Enée: Enfuite
ils abordèrent à une ifie qu'ils nommèrent Lucafie , ciu
nom d'une parente d'Euée qui mourut tout auprès ;
de là ils allèrent mouiller dans un port beau ôc pro-
fond , au pays des Opicicns îv 'OtihicIç , ôc Mifene , hom-
me de diitinétion y étant mort , ils donnèrent fon nom
au port II pat le aulfi des Sicules , qui, étant chaffés de
leurs pays par les Opicicns , fe retirèrent dans l'ifle
qui a pris d'eux le nom de Sicile. Paufanias , in Achaïa »
met la ville de Cumes dans le pays aes Opicicns. Et
Ariftore , Pol'uic. I. 7. c. 10. prétend que ce même peu-
ple a été aufîi nommé les Ausoniens. Ce qu'il y a
de cerram , c'eft qu'il n'eft nullement différent des Os-
ques qui habitoient la côre de la Campanie ôc quel-
que chofe du Latium. Voyez, l'article Osci.
OPIDANI LANCIENSES. Voyez. Lancia Oppi-
DANA.
OPIDONOBENSIS. Voyez. Oppidonobensis.
OPIDUM Voyez. Oppidum.
OPINENSIS ou Ospinensis , fiége épiscopal d'Afri-
que. Au concile de Carrha^e tenu en 419 fous Aure-
lius , fur préfent Léon , episcoyus Ospinenfis , député de
la Mmrirnnie Tingitane. Voyez. Oppinum.
1. OPINUM , perite ville de l'ifle de Corfe , dans les
terres , félon Ptolomée , /. 3 c . 2.
2. OPINUM, lieu d'Italie, fur la route de Milan,
à l'extrémité méridionale de l'Italie , ôc plus précifé-
ment entre Venufe ôc Potentia, à quinze mille pas
de la première , félon l'itinéraire d'Anronin.
OPIS, ancienne ville d'Afie, fur le Tigre. Héro-
dote ,l.i. n. 189. en fait une ville , •ni'Kiç,, Strabon ,/.
2. p. 80. ne la traite q.ie de village , miy.» , fuite de la
décadence où elle étoit tombée dans l'intervalle qui eft
entre les tems où ils ont vécu. Strabon , /. 16. p. 740.
ajoute que les Perfes avoient fait des travaux pour em-
pêcher au'on ne pur remonter le fleuve depuis la mer
jusques là , mais qu'Alexandre les fit démolir. Il dit
qu'Opis étoit le rendez-vous des marchuiidifes des en-
virons. Arrien , /. 7. c. 7. fait aufli mention de ces ca-
talanes pratiquées par les Pcïfe* , ôtées par Alexandre.
Xénophcn ,
OPO
Xénophon , dans fa retraite des Dix mille , parle d'Opis
Comme d'une grande ville qui avoir un pont fur le Tigre.
OPIS1N A , vi Ile de la Ttirace, dans les terres , félon
Ptolomée,/. 3. c. il. Voyez. Qpizum.
OPITERG1N1 MONTES. Pline nomme ainfi les
monragnes où la Livenza ( Liquentiu ) a fa fource. Ce
fontcellesqui font entre Cencda, Belluno & les bourgs
d'Aviano Se Polcenigo. Elles font allez loin d'OJerzo ,
Se il y a au moins feize milles communs d'Italie d'O-
derzo à ces montagnes. Le père Hardouin ne devoir
donc pas dire que ces montagnes font Juxta Opitcr-
gium , quand il met Oderzo fur la Livenza. Elle cil fur
le Motregan , à cinq milles Se demi de Motta , qui eit au
confluent des deux rivières.
OPITERGIUM , ancienne ville d Italie , au pays du
peuple Veneti, entre Ceneda Se la mer Adriatique. Pline ,
/. 3. c. 19. la nomme immédiatement après Padoue. Pto-
lomée, /. 3. c. 1. la nomme entre Acelum Se Ahinum
dans les terres de la Venctie. Tacite , Hift. 3. dit que Pri-
mus Se Varus s'emparant de toutes les places voifines d'A-
quilée, furent reçus à Opitergium Se à Altimim avec de
grandes marques de joie. Paul le Diacre , De Gefi. Lan-
gobard. /. 5. c 28. dit que Grimoald, roi des Lombards,
irrité contre les Romains qui avoient trompé Se fait périr
Tafîion&: Caccon, fes coufins, détruilit de fond en com-
ble la ville à! Opitergium où on les avoitfair mourir. Cec-
te ville avoit déjà eu plufieurs fois le même malheur. Am-
jaiien Marcellin dit que les Quades Se les Marcomans
avoien'taffiégé long-tems Aquilée,& rafé Opitergium. Pve-
levée de ce malheur,elle avoit été encore ravagée par Ro-
thaire, roi des Lombards ; c'eftPaul Diacre, /. 4. c. 45. qui
le dit,Opitergium quoqitc civitatem interTarv'tjïum £? Vu-
rum Juin pofiuim, pari modo expiignavit & diruh Roiburi
rex. Ce nom eil eftropiédans Strabon,auffi bien qu'un au-
tre nom qui !e fuit: on lit,/. $.p.i 14 : >K?7rrsp77$i' «.uVo^ici,
Epiterpon Se Ordia. Cluvier, bal. Mit. /. 1. c. iS. a
très-bien vu qu'il faut Ihe'OTTtTipyjw y.ui Kwx.opS'ioi , Opi-
tergion Se Concordia. Il n'elt pas moins corrompu dans
la table de Peutinger , Opttergio , où le premier feu;
mis pour l'i. Elle place cette ville entre Vicenze Se Con-
cordia à trente-trois mille pas de la première Se à qua-
rante de la féconde. Les habitans font nommés Opiter-
gini par Lucain , Florus, /. 4. c. 2. Pline,/. 3. c. 18.
&c. Le nom moderne eft Oderzo Se Uderzo ; quel-
ques-uns ont écrit Ovederzo. Elle eft nommée dans
la notice de Léon le Sage. Voyez. Oderza.Cc fut ap-
paremment après fa destruction par les Quades Se les
Marcomans, qu'Héraclius la rebâtit Se qu'elle fut nom-
mée Héraclée.
OPlUS,'OOTaî, ville du Pont Cappadocien, félon
Ptolomée,/. 5. c. 6. Quelques exemplaires portent
Pitiusa.
OPIZUM , ville de Thrace. Anconin la met entre
Philippopolis Se Hadrianopolis. Voici les diftanecs ,
Philippopoli ,
Cellts, XXX. M. Pas.
Opiz.o, ' XX. M. P.
Ajjo, XVIII. M. P.
Subz.uparay XX. M. P.
Burdipta, XXII. M. P.
Hadrianopoli , XXIV. M. P.
On ne doute presque point que ce ne foit l'Ôpisi-
na de Ptolomée.
OP-LINTER , abbaye de filles , ordre de Cîteaux,
dans le Brabant , fur la Geete , une lieue au-defibus de
Tillemont.
OPLONTOSou Opulentos. On croit que c'eft ce
qu'on appelle aujourd'hui Torredell Anminziata , en-
tre Pompeii Se Hirculanium. Voyez Pompeii.
OPOCIN , ou Opoczno , ou Opotzno , petite
ville de Pologne, au palatinat de Sendomir , dans la pe-
tite Pologne , aux confins de la grande.
OPOES. Voyez. Opus.
OPONE. Quelques exemplaires de Ptolomée nom-
ment ainfi une ville de l'Ethiopie , fous l'Egyp:e , fur le
golfe qu'il appelle Barbaricus Sinus. D'autres exemplai-
res portent Opane. Voyez.ce mot. M fis ce qui favorife
Opone , c'eft qu'Arrien le dit aulîi dans fon périple de
la mer Erythrée.
OPOTANA , çu
OPP 673
OPOTON , ville de la Paleflinc , félon Pline , /. 5,
c. 18. Dans quelques éditions très-vicieufes ûù on lit:
Flurimi tamen Damascum & Opoton r'iguàS amne
Chryforrhoafertilem , ce qui ne forme alicim Cens bien
raifonnable. Saumaife a bien vu qu'il falloit Vue riguis ,
mais il lit : Eupoton riguis ex amne , Sec. Le perc Har-
douin rétablit le tout ainfi , flurimi tamen Damascum
ex epoto riguis amne Chryfùrrhoà fertilem ; ce qui eft
très-jufte Se convient à la véritable fituàtion de ce ter-
roir. Celui de Damas eil: rendu fertile par le Chryfor-
rhoas , rivière qui eft tarie par les rigoles qu'on en tire
pour arrofer les jardins & fournir de l'eau aux maifons
de Damas. Ainfi la ville d'Opoton devient une place chi-
mérique. Relie à l'avoir où l'on doit chercher Opotan a ,
ville dont Onelius dit qu'il eil: fait mention au concile
de Chalcédoine.
OPOTURA, ville de l'Inde, en-deçà du Gange,
félon Ptolomée , /. 7. c. 1.
OPOULS, bourg de France, dans le Roufullon. Il
y a une petite jurisdiction Se un gros marché de moutons
toutes les femaines.
OPPA , rivière delà Haute Silène. Elle a fa fource
dans les montagnes de Gesenk, qui féparent la Siléfie
Se la Moravie , d'où , entrant dans le duché de Troppau ,
où elle fait un grand détour, elle paffe à IagerdorrF&
à Troppaw , où elle reçoit le ruifleau de Mora , Se fe
perd dans l'Oder, auprès du village de Hiltschin. Bau-
drand dit que c'eft au-deflbus de ce lieu qu'eit la jonction.
La carte de Martin Flelwïg la met au-deflus.
OPPAU , ville. Voyez. Troppau.
OPPEDE , bourg avec titre de baronnie, dans lecom-
tat Venaiffin. Il y a une collégiale.
OPPELEN , ville de la Fiante Silcfie, au duché donc
elle eft la capitale , Se auquel elle donne Ion nom. Elle
eft fituée fur la droite de 1 Oder , dans une belle plaine, où
l'air elt fain , Se le terroir affez bon , quoique fablonneux
en quelques endroits. Elle efi aux frontières de Polo-
gne, Se on y parle polonois. L'églife paroiffiale eft bel-
le ; il y a auffi une collégiale , Se auprès de la porte de
l'Oder un hôpital , où on lit ces vers :
Da tua , dttm tu a [uni , pofl mortem nulla potefias
Dandi ; fi dederis , non peritura dabis.
La maifon de ville eft affcz belle. La place eft carrée ,
entourée de maifons, dont quelques-unes font de bri-
ques Se d'aurres de bois. On vit dans cette ville à fort
bon marché. * Zeyler , Silef. Topogr. p. 169.
OPPELEN ou Oppeln ( Le duché d' ) , petit pays
de la Haute Siléfie. Il eft borné au nord-eft Se au fud-
eit par la Pologne , au raidi par les duchés de Ranbor Se
de Troppau t au couchant par celui de Grorkaw , &
au nord-ouelt par celui' de Brieg. Les rivières qui l'ar-
rofent , outre l'Oder qui le partage, font, à l'orient de
cette rivière , la Brinnitz qui le borne , le Malpenew,
.& IaKLADiNiTZ ; au couchant de l'Oder, la Brudnig , la
Steina, que reçoit la Neifs , laquelle fe joint avec l'O-
der au pont qui fépare les duchés d'Oppelen Se de
Brieg. Il contient, outre la capitale, vingt-une bourgades*
que Zeyler appelle villes. Voici leurs noms,
Oppelen , capitale , Lublinitz ,
Le haut ou petit Glogaw , Schurgaft ,
Neuftadt , Krappitz ,
Kofel, Peifskrotschampi
Beuthen , Leifsnitz ,
Gleibitz , Gorzoba ,
Toft, Dobradin,
Le Grand-Strelitz , Steinau ,
Falkcnberg , Fridland ,
Zultz, Le Petit-Screlitz ,
Rofcnberg , Grosfmuck.
Cette principauté a eu autrefois fes feigneurs parti-
culiers. Nicolas , duc d'Oppelen , fut exécuté en pu-
blic l'an 1497, pour avoir voulu poignarder dans l'as-
femblée des états, le grand bailli de Siléfie, teducCa-
fïmir de Teschen Se l'évêque de Breflau. L'an 1/32,
fon frère mourut fans enfans , Se ce petit état fut dé-
volu au roi de Bohême. C'eft en cette qualité que l'em-
peieur en jouit immédiatement. Oppelen Se Ratibor
n'ont enfemble qu'une feule Se même régence.
OPPEMIENSIS.Ortelius trouve dans un Victor d'U-
tique manufciit , c'eft-à-dire , dans une notice d'Afri-
Tem, IV. Qqqq
é74 OPP
OPP
que jointe à cet auteur , Oppcmienfis , fiége', épiscopal
d'Afrique. 11 doute s'il ne faut pas lire Oppinensis àOp-
pinum. La notice d'Afrique imprimée à Rome , mar-
que entre les. évêques de la Byzacénc Honorius 0\pc-
nuenjîs , d'autres lifent Oppermenfîs.Gt fiége étant dans
la Byzacéne , ce ne fauroit être Oppimtni qui étoit dans
la Mauritanie Tingitane.
OPPENHE1M, ville & bailliage d'Allemagne, dans
le BasPalatinat du Rhin, fur une montagne, au bord
du Rhin , à trois milles au-deiïiis de Mayence. Il y a
la haute yille qui eft fur le penchant de la montagne
Se la banc ville qui eft au bas. Ficher, Olivier & Bei-
tius tiennent que c'eft la Bonconica ou Bauconia des
anciens , Se quelques auteurs comparent la fituaiion
avec celle de Jérufalem. Les uns en attribuent fa fon-
dation à Jules-Céfar ou à Drùfus, d'autres aux empe-
reurs Probus , ou Valentinien , ou Gratien. Charlema-
gne en fit préfent a l'abbaye de Lorfch ; ce n'étoit alors
qu'un village, nommé Obbenheim , au comté du comte
Zeizolfe. L'empereur Conrad II le retira de cette ab-
baye par échange en cédant Ausftafch , & l'unit au do-
maine impérial. Freher veut qu'il foit venu au Palatin
fous l'empire de Louis IV. D'autres difent que Char-
les IV , qui vouloit élever Vencefias , fon fils , à l'empi-
re , & qui avoit promis beaucoup d'argent aux éle-
cteurs Se engagé , pour en avoir , les.bicns , les domai-
nes Se les revenus attachés à la dignité impériale, hy-
pothéqua à Rupcrt l'aîné , comte Palatin du Rhin &
électeur , les villes d'Oppenhcim , d'Odernheim , d'In-
gelheim & de Keyferilautern 5 Se Cuspinien dit dans fa
vie que ces princes le forcèrent à leur aflurer par fer-
ment qu'il ne retirerait point ces places qu'il leur avoit
engagées. Il y en a d'autres qui difent que l'empereur
Rupert vers l'an 1402, aiîigna pour cent mille gui-
des à Louis, comte Palatin, fon fils, les villes d'Op-
penheim, Ingelheim & Keyferilautern.il exifte un di-
plôme de l'empereur Rupcrt de l'an 1401 , par lequel
on voit qu'Oppenheim appartenoit encore au domaine
impérial.
La ville d'Oppenheim jouit d'un bon air ; il y vient
de fort bon vin Se de bon bled. Il y a des caves très-pro-
fondes , & aux environs de la ville beaucoup de nobles-
fe. La paroilTe , dédiée fous le titre de fainte Catherine ,
tft afléz grande , Se l'églife eft une des plus belles qu'il
y ait au bord du Rhin. Eile eft allez bien bâtie , percée
• de quantité de fenêtres & a deux choeurs , l'un au levant ,
l'autre au couchant. Elle fut fondée en 1158 , par Gé-
rard , archevêque de Mayence. On peut voir dans la
chronique de Sponheim , par Tritheme , fol. 283. une
lettre à cette occafion. On y parle d'Oppenheim com-
me d'une ville nouvellement bâtie, après avoir été ou
brûlée ou faccagée auparavant. 11 y a deux couvens ,
l'un de religieux Déchauflés , l'autre de filles fous le
titre de fainte Anne , une maifon appartenante aux che-
valiers de l'ordre Teutonique, une paroiffe fousl'invo-'
cation de faint iSébaftien, & dans le fauxbourg l'é-
glife de faint Antoine. Il y a fur la montagne dans l'en-
ceinte de la ville , un château nommé Landfcron, c'eft-
à-dire , la couronne du pays. Cette ville a extrême-
ment fouffert durant les longues guerres d'Allemagne ,
avant la paix de Wcflphalie ; les François la faccagerent
de nouveau en 1 689. * Zeyler , Palat. Rheni top. p. 40.
OPPENHEIM(Le bailliage D')eft fitué en-deçà
du Rhin, Se confine au pays de Mayence , il n'y a que
deux places confidérables.
Oppenheim Se Ingelheim.
OPPENNENSIS. ^«.Oppemiensis.
OPPIDIUM, ville de la Mauritanie Céfarienfe 3 fé-
lon Ptolomée, /. 4. c. 2. Elle étoit dans les terres.
OPPIDO , ville d'Italie , au royaume de Naples,dans
la Calabre Ultérieure , au pied de l'Apennin, fur une
montagne , à la fource de la rivière de Métro , avec
un eveché fufTragant de l'archevêché de Regio , entre les
ruifleaux de Trecofio & de Madema qui l'environnent.
Elle eft fort petite , Se n'eft qu'à douze milles de la côte
Se de kl mer de Toscane au levant , Se à vingt de Mi-
leto au midi. * Baudrand, édit. 1705.
OPPIDONEON. Ce mot eft formé du latin Oppidum
Se du mot grec vîov pour novum, ainil ce doit être Op-
pidum novum , ville de la Mauritanie Céfaricnfe. Elle
étoit dans les terres , fclon Ptolomée , /. 4. c. 2.'qui en
fait une colonie. Cela eft conforme à ce que dit Pline ,
/. 5. c. 2. que l'empereur Claudius y avoit établi des
vétérans. Antonin la nomme entre Tigavœ, municipe , Se
Ttgava, fortereffe, à trente-deux mille pas de l'une, & à
onze mille pas de l'autre. L'anonyme de Ravcnne en fait
auili mention. C'eft le même fiége épiscopal qu'Oppi-
donobensis. Voyez, ce mot.
OPP1DONOBENS1S ou Oppidonfeensis , fiége
épiscopal de la Mauritanie Céfarienfe. 11 en eft fait men-
tion dans la notice d'Afrique , où fon éveque eft nom-
mé Venantius Oppiàonoberms ; d'autres exemplaires por-
tent Oppidoncbenfis. Marmol croit que le nom moderne
de ce lieu eft Mezuna.
OPPIDUM. Plufieurs écrivent Opidum par un Am-
ple p. Mot latin qui veut dire une petite ville : les Latins
le donnoient fouvent à ce que nous appelions bourg. Il
faut avouer en même-tems que les anciens ne s'atta-
choient pas fcrupuleufement à cette diftinction , fur-
tout les poètes qui employoient indifféremment ces mots
Urbes Se Oppida , félon que l'un ou l'autre convenoit
à la mefure de leurs vers , comme dans ces exemples:
Cingere mûris oppida. Virgil.
Foflli précipites cingebant Oppida. Ovid.
Oppida moliri. Horat.
Erutaconvulfîs profternes Oppida mûris. Siliusltal.
Annofa vafiant Oppida. Stat.
Oppida debellata. Claudian.
Et une infinité d'autres; mais les auteurs en profe& les
orateurs eux mêmes ont mis les mots oppidum Se urbs
en parlant du même lieu. Cicéron au premier livre de
la divination , c. i^.Scribit ( Ariftoteles ) Eudemum Cy-
prium Fberas venijje ; qu& erat Urbs in Yheffa-
lia tum admodum nobilis , ab Alexandro autim Tyran-
no crudeli dominai u tenebatur : in eo igitur Oppido ita
graviter agrum EiuLmum fuijjt , Ut ornnes Medici dif-
jîdercnt , Sec. appelle dans la même phrafe Urbs Se Op-
pidum le même lieu. 11 dit dans fon premier livre de
la gloire que nous n'avons plus , Se dont il ne relie que
quelques fragmens disperfés , dit que le mot Oppidum
venoit du fecours que les hommes s'étoient promis mu-
tuellement, en demeurant les uns auprès des autres,
Oppida quod Opcm datent. Paulus le grammairien dit
dans le même fens Oppidum diïtum eft quod Opem pr&-
bel. Il en donne encore une autre étymologie ; il prétend
que le mot Oppidum eft venu de ce que les hommes y
porroient ce qu'ils avoient de plus précieux. Oppidum
quod Un homines opes fuas conferunt. Il ne faut donc pas
s'aheurter à expliquer toujours Y Oppidum des écrivains
Latins par notre mot bourg, puisqu'il eft certain qu'ils
s'en font fouvent fervis dans le fens de ville , Se même
de ville confidérable. Les habitans étoient nommés Op-
pidani.
1. OPPIDUM NOVUM, ville de la Gaule, dans
l'Aquitaine, félon l'itinéraire d'Antonin. 11 la met entre
Bencharnum Se aquœ Convenarum , à dix huit mille pas
de la première , Se à huit de la féconde. Aqiu Convena-
rum eft , félon lui , à feize milles de Lugdmmm Conve-
narum , aujourd'hui Saint Bertrand , Se s'appelle Aques.
Beneharnum fut entièrement détruite par les Sarrazins ,
Se on ignore abfolument la place qu'elle occupoit.
2. OPPIDUM NOVUM, ville delà Mauritanie Cé-
farienfe , félon l'itinéraire d'Antonin. Elle étoit épisco-
pale , félon la notice ei'Afrique qui nomme ce fiége Or-
pidonobensis. Ptolomée la nomme OppiDONEON.Fojfj.
ces deux mots.
3. OPPIDUM NOVUM, ville de la Mauritanie
Tingitane, félon l'itinéraire d'Antonin, entre TremuLt
Se ad Noi>as, à douze mille pas de la première, Se à
trente-deux de la féconde.
OPP1NUM, ville de la Mauritanie Tingitane, felori
Ptolomée. Quelques exemplaires portent fimplement
Opinum. Quoique la notice d'Afrique ne fournifie rien fur
cette ville, on ne laiffe pas de croire qu'elle étoit épis-
copale, Se que c'étoit le fiége de LeoOp'wenfis ouOs-
pinensis dont je parle au mot Opinensis. Simler croit
que c'eft I'Oppidum Novum d'Antonin, dans la Mauri-
tanie Tingitane. Je fuis perfuadé que la route de ces deux
géographes ne mène pas au même endroit.
OPPIUS MONS, montagne de Rome, félon Var-
OPU
OR
ron & Feftus, au mot Septimontio ; mais le partage de
Feftus où ce nom fe trouve , cil fore dérangé , félon
Ant. Auguftin , qui obferve qu'au lieu de fept montagnes
de Rome , on en nomme ici huit endroits.
OPSCI. Voyez Osci.
OPSICELLA, ville d'Espagne, dans la Cantabrie. Stra-
bon , /. 3. p. 1 57. dit qu'elle avoir été bâtie par un des
compagnons d'Antenor , qu'elle en porroit lé nom , &
qu'il pana enfuitc en Italie, avec Antenor 8c fes enfans.
OPSICIANA REGIO Zonare 8c Cédrene nomment
ainfi nn pays où l'empereur Juftinien fit reléguer un
grand nombre de Salvini ou Slaves. Porphyrogénéte fait
mention d'un canton qu'il nomme Opsicium ,'04"'-'«
Gû/uutTot , qui eft le quatrième Thema ; car cet auteur,
félon l'ufage de l'on tems , partage l'empire d'Orient par
Thèmes; mais ce mot peut être latin pour Obfequium.
Cependant, comme le remarque Ortelius, Tbejaur. l'hi-
ftoire mêlée, /. 20 & 22. fait mention d'Obficium. Le
Thème dont Porphyrogénéte fait mention, répond à
la Myfie , l'Hellcspont & la Phrygie.
OPSLO , ville de Norwege ; c'eft la même que Chris-
tiania. On la nomme auffi Atisto.Voyez, fous ces deux
noms.
OPTENSIANUS, fiége épiscopal d'Afrique, félon
Onelius , qui trouve Léon , évêque de ce lieu, nommé
dans les canons d'un concile de Carrhage.
OPTIMATUMTHEMA. Voyez. Thema.
OPUNS , -)
OPUNTII& \ Voyez. Ovvsi.
OPUNTIUS SINUS. J
OPUROCARR A , nom d'une montagne d'Afic , qui
fait partie d'une longue chaîne de montagnes décrite par
Ammien Marceliin , /. 23. c. 6. En fuppofant, avec les
frères Valois, que c'elt l'Ottorocorras de Ptolomée , /.
6. c. 16. cette monragne étoit dans la Sérique des an-
ciens. Elle eft nommée Ottorogorras par Orofe.
;. OPUS , au génitif Opuntis, ancienne ville de Gré-
ce , dans la Locride. Comme les François forment leurs
noms de l'ablatif latin , le mot Opus lé doit rendre par
Opunte , ou même en faveur de la prononciation Oponte.
Les mots françois terminés en té , 8c dérivés des mors la-
tins terminés en tas , fe forment de même de l'ablatif.
Libertas , libtrtate , liberté : familiarita s , familiaritate ,
familiarité : majeftas, majeftate , majelté , 8c ainfi des
autres ; mais il y a encore une raifon particulière pour les
noms propres : j'ai fait voir ailleurs que l'ufage de labartc
latinité a été de nommer les villes à l'ablatif; qu'An-
tonin 8c l'anonyme de Ravennes les marquent ainfi ; 8c
que même des hiftoriensdel'hiftoired'Augufte ont em-
ployé des noms à l'ablatif, comme s'ils euffent été in-
déclinables à la place de l'aceufatif. Il n'eft pas éton-
nant que ces mors nous étant préfenrés ainfi , nous nous
foyons accoutumés à cet ablatif; ainfi d'Orons, rivière
d'Àfie , dans la Syrie, à l'ablatif fait Oronte , nous difons
YOronte : d'Amathus , ville de Cypre, à l'ablatif Ama-
thunte , nous avons fait Amatbonte : de Trapez.ni , ville
fur le Pont-Euxin , à l'ablatif Trapez.unte , nos ancê-
tres ont fait avec un peu plus de changement Trébi-
z.onde : ainfi d'Opus , à l'ablatif Opunte, on doit dire
Oponte. Les Grecs écrivoient Opous , 'OTr«V,par contra-
ction , au lieu à'Opoe s , 'oW« , qui efi le vrai nom. Ho-
mère , v, 38. dans fon catalogue des vaifleaux , dit ,
'OWct<x à l'aceufatif, 8c Pindare , Oljmp. Ode 9. 'o-
woecToçau génitif.Des auteurs ont parlé de même, 8c Mêla,
/. 2. c. 3. dit Opoës. En récompenfe Strabon dit : Opûs ,
oW?,eftla métropole des Locres, à environ quinze
rtades de la mer ; cela revient à une bonne demi lieue.
Tite-Live , /. 3 2. c. 3 2. dit : Quintius ayant pris fes quar-
tiers d'hiver dans laPhocide 8c dans la Locride , il s'éleva
une fédition à Oponte. Opunte ortafeditio eft. Cette ville
étoit la patrie de Patrocle. Outre qu'Homère le dit ,
Ovide, de Ponto , /. 1. Epift. 3. v. 73. l'affure :
Csde puerfatla Patroclus , Opunta reliquic.
Oponte étoir la capitale des Locres, qui en prenoient
le furnom de Locres Opuntiens ; nous avons remarqué
qu'il y avoir trois Locrides. L'une dans la Grande Gré-
ce, où étoient les Locres Epizephyriens ; l'autre dans le
golfe de Corinthe, entre l'Etoliecx: laPhocide. C'étoient
S
des Locres Ozolcs ou occidentaux ; la troifiéme entre la
Theflalie , la Plmcidc 8c la Béotie: ces Locres prenoient
leur nom du mont Cncmis , 8c éroient furnbrnrriés Epic-
némidiens. Cette troifiéme Locride n'étoit point ancien-
nement divifée , & Strabon fait Opus , métropole des
Locres Epicnémidiens ; Pline la leur donne aufli. Dans
la fuite , on partagea cette Locride ; 8c les Locres Opun-
tiens furent diïtingués des Epicnémidiens , comme on
peut voir au mot Locris. Thucydide J.j.p, 23 3. parle
des Locres Opuntiens.
La ville d'Oponte étant à demi-lieue de la mer, com-
me on a vu, avoit un port nommé Cynus. Voyez, ce mot»
Ce port étoit fur un golfe , nommé par les anciens
Opuntius Sinus. Ce n'eft proprement que le détroit qui
fépare l'Eubée de ce pays , 8c qui s'élargit en cet endroit.
* Pline , 1. 4. c. 7.
On vient de remarquer qu'OpoES étoit le nom dans
fa conftruction naturelle. 11 y avoit encore une autre
Opoes, dansl'Achaïe propre, félon Homère & Orphée,
cités par Ortelius , Théjaur. 8c une autre "en Elide , fé-
lon Etienne le géographe.
La ville A'Opus étoit épiscopale , comme on le voit
par le concile d'Ephèfe , tenu l'an 43 1 , auquel Domnus
Opuntius foufcrivR.
2. OPUS, ifle de la Dalmatie , entre le golfe de Ve-
nife 8c deux branches que forme le Narenta à fon env
bouchure. Le père Coronclli , dans fa carte particulière
des ifles qu'enferme ce fleuve, nomme celle-ci , IJola di
Posdriniza , 8c réferve le nom A'Opus au fort qui en
occupe l'angle feptentrional ; mais dans le discours où il
explique cette carte , Ifolar. part. 1. p. 157. il dit : En-
tre ces branches divifées efi en droite ligne dans un an-
gle , à deux milles ou environ de la tour Norin, Y ifle
Opus , portedée à préfent par les Vénitiens. Sa figure eft
presque triangulaire, elle eA baignée des deux côtés par
deux bras de la rivière ; celui de la droite eft large com-
me l'Adige , celui de la gauche, comme la Brenta.
La bafe de l'ifle efi vers les Lagunes par où elle a la
mer ouverte , 8c a environ fept milles de largeur. Le
terroir de l'ifle eft propre, partie au labourage, partie
pour le pâturage , le refte eft marécageux , mais ttès-
fertile. L'air eft malfain à caufe du marais , 8c qu'on ne
peut le nettoyer , depuis que les embouchures du fleuve
ont été remplies de terre par les Turcs , afin d'empêcher
le partage des galères. Il ne laifle pas d'y pafter des galiotes
8c de petites barques , quoique la rapidité de l'eau rende
le partage fort difficile. La Lagune fournit beaucoup do*
poirtbn. La fituation de l'ifle d'Opus eft importante .
car outre qu'elle conferve la pofleflîon de la Fiumana,
elle ouvre un chemin pour la conquête de l'Hertzégo-
vine. C'eft par cette raifon qu'en 1 6Sj , à la pointe
feptentrionale de cette ifle , Pierre Valier , alors géné-
ral de la Dalmatie , bâtit un fort de même nom que l'ifle.
Dans l'hiftoire abrégée de Ragufe , on voit qu'à cette
même pointe d'Opus, il y a eu un ausre fort, nommé
CosÉ , que Bajazeth IV détruifit pour fe faire un pas-
fage clans l'Hertzégovine ; & ce qui confirme cela , c'eft
qu'en travaillant au fort d'aujourd'hui , on a trouvé dans
la terre des pierres qui avoient fervi de balles de fau-
conneau, & des ruines de maçonnerie démolie.
OQUI ou Oki , ifle du Japon. Voyez, l'article Ja-
pon n° 8. Elle fait la huitième province comprife dans
le Sanindo, quatiiéme grande contrée de l'empire du
Japon.
OR. Les Hébreux emploient ce mot pour fignifier
une montagne en général , "Ifl. Quelques-uns ai'pirenr
ce mot, 8c l'écrivent par une h. Voyez. Hor.
OR , méral le plus pur 8c le plus précieux de tous. Ce
nom entre dans la cornpofition de plufieurs noms géo-
graphiques , parce que les lieux , auxquels on le don-
ne , contiennent de l'or. Telles font certaines rivières
qui roulent des pailletés d or dans leur fable , comme
le Pactole , le Tage , le Rhin, le Rhône , l'Ariege , dont
le nom latin eft Aurigera.
1. OR, fource de France, dans lAngoumois. Voyez.
Argent i.
2. OR , ruirtcau de France , dans le Forez. Voyez.
Argent 2.
La Chersonnese d'Or. Voyez, au mot Querson-
nese.
Tom. IV. Q q q q ij
6j6 ORA
Le mont d'Or. Voyez, au mot Mont.
La terre d'Or. Jofephe dit qu'on appelloit ainfi
de fon tems le pays d'Ophir. Voyez. Ophir.
ORA. Ce mot latin veut dire le rivage, la côte de
la mer.
i. ORA, en grec rîp* , ville de l'Inde, félon Ar-
rien, /. 4. c 27. qui parle du fiége qu'en fit Alexandre.
Remarquez que ce mot cil pluriel > Se fait Ororum au
génitif.
2. ORA , en grec "Of<t , ville de la Carmanie, dans
les terres, félon Prolomée, /. 6. c. 8.
ORABA , ville de l'Osrho'ene , félon le livre des no-
tice?, fttt. 1$.
ORACANA. Voyez, Orocana.
ORACH , petite ville de la Turquie , en Europe ,
dans la Bosnie, aux confins de l'Hertzégovine, fur le
ruifleau de la Drucia , au-defius & au midi occidental
de la ville de Cotzio ou Cozza. Ce ruifleau fe jette peu
après dans le Di'in , qui porte fes eaux à la Save. * De
l'IJle, Atlas.
ORADOUR, bourg de France, dans l'Auvergne,
au diocèfe de S. Flour.
ORADOUR- SUR- VAIRS, bourg de France, en
Poitou.
ORAEA. Voyez. Althepia.
ORAGISON. La notice du patriarchat d'Antioche
nomme ainfi le dernier des quatre évêchés qui recon-
noi fient Emijja pour métropole.
ORAISON , bourg de France , en Provence , dio-
cèfe d'Aix , dans la viguerie de Digne. Il fut érigé en
marquifat en i;88 , d'autres difent en 1558.
ORAISON-DIEU ( L' ) , abbaye de France, en Guien-
ne , dans le Rouergue , au diocèfe de Rhodez , près de
S. Antonin fur l'Aveyrou , aux confins de ce diocèfe ,
& de ceux d'Albi Se de Cahors. Cette abbaye eft de fil-
les , de l'ordre de Cîteaux.
OR AN , ville d'Afrique , fur la côte de Barbarie, au
royaume de Trémecen , que Maroc Se Alger ont parta-
gé entre eux. Les Africains la nomment Guaharan.
Quelques-uns , comme Logier de Taffi , écrivent Uo-
ran. Marmol croit que c'eft I'Unica Colon 1 a des
Romains , Se avoue que quelques-uns lui donnent un
autre nom. Elle efl: à une lieue de Marfalquivir , à vingt
de Trémecen, & à cinquante d'Alger: fa fituation eft
presque nord Se fud avec Canhagène , ville d'Espagne ,
au royaume de Murcie. Elle efi à un jet de pierre de la
iier , moitié dans une plaine , Se moitié fur la pente
d'une montagne roide Se escarpée. Il y a une forterefïe
fur la montagne , & à. la cime il y en a une autre pKus
ancienne qui a un boulevard qui regarde une muraille ,
que les Chrétiens ont fortifiée avec des tours Se des
fortes à fond de cuve. Au-delà d'une rivière qui efl: en-
viron à mille pas de la ville, il y a un autre château
nommé Arazel Cassar, fur une montagne qui com-
mande encore la place , & qui découvre toute une val-
lée jusqu'à la fource de la rivière. Ce château a deux
fofles à fond de cuve, & un rempart entre deux bien re-
vêtu, & fi large , que les charrettes de l'artillerie peuvent
tourner autour. Du côté de la mer il y a une faufle por-
te, & du côté de la terre il y en a une autre défendue
par un fofle de dix verges de profondeur , Se de plus de
fix de large. Ce château fut bâti par D. Pedre de Navar-
re depuis la conquête de cette place par les Espagnols.
Oran n'a que deux portes -, favoir , celle de Trémecen
au midi , Se celle de Canaftel à l'orient. Les murailles
ne font point fofibyées par tout. Cette ville étoit une
des plus riches du pays. Il y avoit un grand trafic , quan-
tité de mosquées , de collèges , d'hôpitaux , d'hôtelleries
& autres maifons confidérables. Les habitans étoient
autrefois laboureurs , pafleurs Se marchands , Se il y
avoit force tiflerans en toile •■, Se quoique le pays ne fût
pas bon pour le bled , il ne laiflbit pas d'en venir beau-
coup des lieux voifins , Meliana, Saphina Se Ago*
bel , où il y en a en abondance. Cette ville s'eft mainte-
mie long-tems en liberté durant les guerres de Fez :
quoique le roi de Trémecen y eût des fermiers de la
douanne pour recevoir fes droits , les habitans ne fbuf-
froient pas qu'il y mît un gouverneur , & nommoient
tous les ans un des principaux pour juge fouverain , tant
au civil qu'au criminel , Se lui joignoieut quelques afles-
ORA
feurs pour le gouvernement de la ville. Dans cette pro-
fpérité quelques habitans armèrent des fuftes , qu'ils en-
voyèrent ravager les côres d'Espagne. Cela donna lieu
aux Espagnols d'entreprendre le fiége de Marfalquivir,
fitué au fond de ce port , Se celui d'Oran qu'ils firent
trois ans après, l'an 1509. Le Cardinal Ximenès , alors
premier miniftre d'Espagne , y alla en perfonne ; Se les
Espagnols ont confervé cette place jusqu'au tems où l'on
vit l'Archiduc d'Autriche mettre l'Espagne en combu-
ftion : les Algériens en profitèrent en 1708 , Se repri-
rent la ville d'Oran. Laugier de Taffi, qui a féjourné
à Alger dans le tems que les Algériens jouiflbient de
cette conquête , en parle ainfi : L'Espagne a beaucoup
perdu en perdant cette ville. Elle en titoit un grand
nombre d'esclaves , des grains, de l'huile , des cuirs , de la
cire , Se quantité d'autres denrées , fans compter que
c'eft une entrée favorable pour exécuter quelque des-
fein fur les Algériens , ayant auffi le village S< la rade
de Marfalquivir, qui en langue arabe fignifie grand
port. En eitet , il eft mis au nombre des plus grands
porrs qu'il y ait au monde. Depuis que les Algériens
ont conquis cette place , qu'ils efliment de la dernière
importance, dit l'hiltorien cité, ils donnent tous leurs
foins a la conferver. Et le bey du Ponant , qui fe tenoit
à Trémecen avec fa cour , fait à préfent fa réfidence à
Oran. Outre la gamifon ordinaire , ce bey entretient
toujours avec lui , Se à Çts dépens , deux mille coulo-
lis , nom dont on appelle les fils des Turcs ou des rené-
gats mariés à des femmes Arabes ou Maures , Se quinze
cens Maures qui le fuivent toujouts. On peut voir par
ce détail qu'il n'étoit pas aifé de fe refaifir de cette
place. * Uifioire du royaume d'AVer , p. ijo.
Cependant la flotte d'Espagne , au nombre de douze
vaifleaux de ligne , deux frégates , deux galiotes à bom-
bes , fept galères , dix-huit galiotes, Se plus de cinq cens
vaifleaux de transport , après avoir été retenue fept
jours par les vents contraires, arriva le 25 Juin 1751
fur la côte de Barbarie , Se entra dans le port le 28.
Dix à douze mille Maures s'oppoferent en vain au dé-
barquement , l'artillerie de la flotte les écarta , Se la
descente fe fit le 29. Le 30, il y eut une action géné-
rale entre les Espagnols & les Barbares, qui furent
chafles des montagnes qu'ils occupoient , & abandon-
nèrent la ville Se les forts. Les Espagnols y trouvèrent
une nombreufe artillerie, & quantité de munitions de
guerre Se de bouche. Le comte de Montemar comman-
doit cette expédition. Les Algériens ont déjà fait de
grands, mais inutiles efforts , pour reprendre cette ville.
ORANCAYS, nation de Tartares de l'Afie , préci-
fément au nord de la Corée , Se voifine des Niuches ,
autre nation Tartare. * Le P. de Charlevoix.
ORANGE. Comme les princes d'Orange ont fait
une très-grande figure dans l'établiffement de la répu-
blique des Pays-Bas , il n'eft pas étonnant que les Hol-
landois ayent donné ce nom à des lieux fitués hors de
l'Europe.
ORANGE , Arofw Cavarum Se Secunâanorum Co-
loria , ville de France , autrefois capitale d'une prin-
cipauté de même nom. Elle efl le fiége d'un évêque ,
& d'une univerfité fondée en 1 3 6 j . Elle eft fituée dans
une belle plaine , arrofée de plufieurs petites rivières ,
dont celle d'Eigues porte presque aux portes d'Orange
les denrées que les habitans font venir des provinces
voifines. La petite rivière de Maine lave les murs de
la ville. Sur la montagne il y avoit un château que
Maurice de Naflau , prince d'Orange , fit fortifier en
1622 d'onze bâfrions ; mais Louis XIV fit démolir ces
fortifications en 1660 Se rafer le château en 1673. On
voit à Orange un cirque , des arènes , qui font à quatre
cens pas de la ville, un aqueduc, Se des bains publics
qui étoient à deux cens pas de la même ville. Quant
au cirque , l'égalité & les proposions qu'on remarque
dans les arcs , dans les foubaflemens , Se dans les pi-
laftres , fonr voir que ce monument eft des Romains.
* Piganiol de la Force, Defcrip. de la France, t. 4.
p. 63.
La principauté d'ORANGE , qui depuis le dernier rraitc
de paix ( à Utrecht ) a été cédée à la France , efl jointe
à prefent au Dauphiné , Se enclavée dans l'état d'Avi-
gnon, touchant feulement vers l'occident au Rhône,
ORA
qui la féparc du Languedoc. Sa capitale Orange, dont
le mot eft corrompu d'Araufio , eil très- ancienne, étant
l'une des quatre villes des peuples Cavarcs, comme
Ptolomée le marque. Pline l'appelle Colonia Secun-
danorum , Se Mêla marque le même nom , Secunda-
norum, qu'on avoir donné à cette ville, parce qu'on
y avoit établi des foldats vétérans de la féconde légion.
* Longuerue , Defcrip. de la France, part. i.p. 336.
Orange a toujours été de la première Viennoife ,
& a reconnu Arles pour fa métropole eccléfiaftique ;
car on ne voit point que les archevêques de Vienne
ayent jamais eu aucune fupériorité fur l'églife d'Oran-
ge ; elle eft l'une des plus anciennes des Gaules , puisque
le prêtre Fauftin aflifta au nom de cette églife, l'an 3 14,
au premier concile d'Arles.
Cette ville , après la chute de l'Empire Romain en
Occident , tomba fous la domination des Bourguignons
Se des Goths, d'où elle vint au pouvoir des François
Mérovingiens Se Carlovingiens ; Se enfin elle obéir de-
puis le neuvième fiécle aux rois de Bourgogne Se d'Ar-
les, dont le dernier fut Rodolfe le Lâche, qui mou-
rut l'an 1032 , Se après lui ce royaume fut fournis aux
empereurs Allemands.
Les premiers comtes d'Orange, dans l'onzième fié-
cle, n'étoient proprement que des gouverneurs, qui
avoient au-deflus d'eux les comtes ou marquis de Pro-
vence ; il n'y a aucune fuite dans l'hiftoire de ces pre-
miers feigneurs d'Orange, qui ne paroiffent pas avoir
été propriétaires Se héréditaires , les auteurs les plus
exacts ne donnant que des conjectures, dont on ne
peut rien tirer de certain-, on fait feulement que l'an
1096 un feigneur, nommé Rimbauld, étoit comte d'O-
range, & alla à la Terre Sainte avec Raymond, comte
de Saint Gilles. Tiburge , fille de Rimbauld, époufa
un -certain Guillaume, dont l'origine eft obscure; il
laifla deux fils qui partagèrent Orange également : Guil-
laume étoit l'aîné , Se Rimbauld le cadet. Celui-ci don-
na fa part à Tiburge fa fœur , mariée à Bertrand des
Baux , qui par elle fut prince d'Orange, Se prir poffes-
fion de toute cette principauté, après que Rimbauld,
petit-fils de Guillaume , frère aîné de Tiburge , fut mort
fans enfans. Bertrand des Baux Se Tiburge eurent pour
héritiers d'Orange leur fils Guillaume , qui prit le pre-
mier le titre de prince par la grâce de Dieu. 11 obtint
de l'empereur Frédéric Barberoufle , Se de fon fils Hen-
ri, plufieurs privilèges. Frédéric fécond lui fit don du
royaume d'Arles , mais.il n'en jouit pas non plus que
fes fils & petits-fils , qui cédèrent leur droit à Charles
I, comte d'Anjou Se de Provence , l'an njy, mais ils
fe réferverent dans les terres de leur patrimoine , les pri-
vilèges qui leur avoient été accordés par les empereurs.
L'ordre de Saint Jean de Jérufalem avoit obtenu une
portion de la principauté d'Orange d'un des cofei-
gneurs de cet état ; ce qui avoit fervi à fonder la com-
menderie d'Orange. Les chevaliers ayant échangé ce
qu'ils avoient à Orange avec Charles II , roi de Sicile
& comte de Provence , il céda le tout libéralement à
Bertrand des Baux , prince d'Orange.
Jeane II, reine de Sicile Se comteffe de Provence , qui
descendoit de Charles II , pourfuivit Raymond des
Baux , prince d'Orange , comme rebelle, Se le dépouilla
de fes biens. Elle l'y rétablir quelque tems après , & lui
laifla même le droit de battre monnoie , non feulement
de cuivre, mais d'argenr Se d'or. Le roi Charles II,
bisaïeul de Jeanne , avoit reçu à certaines conditions
l'hommage Se la principauté d'Orange , Se il laifla ce
droit à fes fucceffeurs. Raymond des Baux , qui étoit
du tems de Jeanne , réunir toutes les portions de la prin-
cipauté , qu'il laifla entière à fa fille unique Marie des
Baux.
La princefle Marie des Baux , époufa Jean de Chal-
lori , baron d'Arlay ,dans la Franche-Comté ; Marie, en
mourant, fubflitua fa principauré d'Orange à fes enfans ,
en établiflant le droit d'aînefle. Louis étoit l'aîné , Se
Jean le cadet, Se ils avoient une fœur nommée Alix,
qui époufa Guillaume de Vienne ; Louis fut prince d'O-
range , Se acquit pour quinze mille francs de René , roi
de Sicile , la fouveraineté d'Orange : Louis eut deux en-
fans , Guillaume , prince d'Orange , Se Jeanne de Chal-
lon , femme de Louis , comte de la Chambre.
ORA 677
Guillaume fut pris prifonnier par Louis XI , toi de
France, qui le contraignit à lui vendre la fouveraineté
de fa principauté pour quarante mille écus. Le roi con-
fentit que Guillaume prit toujours le titre , par la grâ-
ce de Dieu, qu'il fit battre monnoie, Se pût donner
grâce aux criminels de fon état d Orange , Se ce droic
que le roi avoit acquis fur cette principauté , fut uni au
Dauphiné.
Jean de Challon fuccéda à fon père Guillaume en
la principauté d'Orange , Se obtint de Louis XII la cas-
fation de ce contrat palîé entre Louis XI Se Guillaume,
comme fait par force Se par un prifonnier : ainfi le prin-
ce Jean fut rétabli dans fa fouveraineté libre Se indé-
pendante l'an 15 00, après que les lettres de Louis XII
eurent été enregiftrées à Grenoble.
Quelques écrivains peu exacts ont ofé aflurer , que
les princes d'Orange de la maifon des Baux Se de Chal-
lon avoient, avant le règne de Louis XI, rendu hom-
mage de leur principauté d'Orange aux Dauphins:
mais l'hommage rendu par Raymond des Baux , ne re-
gardoit que la terre du Poët dans le Gapençois , Se les
autres hommages rendus aux Dauphins par ceux de
la maifon de Challun , ne peuvent concerner que les
terres d'Orp'erre Se de Trescloux , qui avoient été don-
nées en fief par les Dauphins à cette maifon , ainll
qu'on l'a fait voir à la p. 400. dans les exc<. liens mé-
moires du Dauphiné , donnés au public il y a quelques
années.
Pour revenir à Jean de Challon , il eut deux enfans ,
un fils Se une fille. Son fils unique Philibert de Cbal-
lon lui fuccéda en la principauté d'Orange, Se mourut
fans enfans l'an 1/31, ayant inftitué héritier fon ne-
veu René de Naflau, fils de fa fœur Claude , Se d'Henri,
comte de Naflau , à la charge de porter le nom Se les
armes de Challon. René mourur fans enfans l'an 1544,
ayant inftitué par fon teftament Guillaume de Naflau ,
fon coufin germain, héritier de la principauté d'Oran-
ge, & de tous fes autres biens, au préjudice de fes hé-
ritiers maternels, contre la fubftitution de Marie des
Baux , qui avoit apporté cette principauté à la maifon
de Challon , Se contre une féconde fubftitution de Louis
de Challon, prince d'Orange , faite l'an 14S2; le mê-
me Louis étoit bisaïeul de Claude , femme de Henri
de Naflau , Se mère de René, prince d'Orange.
Comme les princes Philibert de Challon & René de
Naflau tenoient le parti de Charles-Quint Se de la
maifon d'Autriche , leurs parens de France prirent de-
là occafion de former diverfes inftances au grand con-
feil Se au parlement de Grenobe , pour la totalité , ou
pour une partie de la principauté d'Orange , qui fut
adjugée au prince Philibert de Challon , par les traités
de Madrid Se de Cambrai. Son fuccefleur , René de Nas-
fau, fut tué devant Saint Dizier, l'an 1 ; 44 > & il étoit
alors ( à caufe de la guerre ) privé de fa principauté d'O-
range , Se de fes biens de France.
Les héritiers naturels de René de Naflau étoient
descendans de Jeanne de Challon , femme de Louis de
la Chambre; ils obtinrent des arrêts au parlement de
Grenobe, qui les mirent en pofTefllon delà principauté
d'Orange. Les ducs de Longueville prétendoienr exclure
rous les autres qui descendoient de Jean de Challon
& de Marie des Baux , parce que ces ducs repréfentoient
Alix de Challon , femme de Guillaume de Vienne ,
dont la fille, Marguerite de Vienne , avoir époufé Ro-
dolphe, marquis de Bade-Hochberg, dont la petite-
fille Jeanne , avoit été mariée à Louis d'Orléans , duc
de Longueville , de laquelle Alix de Challon , les des-
cendans étoient appelles à la fucceflion , au défaut des
enfans mâles de Marie des Baux , par fon teftament. Il
fut accordé par le traité de Cateau Cambrefis , que
Guillaume de Naflau feroir mis en poflefllon de la prin-
cipauré d'Orange , dont il jouiroit en toute fouverai-
neté; ce que Charles IX confirma par fon édit de l'an
1 570, Se en conféquence , Guillaume de Naflau , prince
d'Orange, qui à caufe des troubles avoit été dépouillé
de fa principauré , y fut rétabli. Le droit de fouverai-
neté de la maifon de Naflau fur la principauté d'Oran-
ge fut confirmé au traité de Vervins de l'an 1 ? 98. Il l'a
été depuis par ceux de Nimégue en 1678, Se de Ris-
wyck l'an 1697. Les princes de la maifon de Naflau
678 ORA
ORA
avoient fair faire à Orange une citadelle , qui etoit une
des meilleures places de l'Europe; mais le feu roi Louis
XIV , étant allé en Provence , obligea le comte de Don-
na , gouverneur de la principauté , à lui remettre cette
citadelle, qu'il fit démolir, durant le bas âge de Guil-
laume Henri, qui fut déclaré ftathouder d'Hollande,
i'an 1672 , & enfin couronné roi de la Grande Breta-
gne en 1689.
Le prince d'Orange avoit établi dans cette ville, des le
mois de Février de lan 1470 ou 1471 , une cour fouve-
raine , qu'on appelloit parlement , pour décider les af-
faires de la principauté en dernier reflbrt. Cette cour
ayant été plufieurs fois abolie 8c rétablie , a été cas-
fée pour la dernière fois , après la mort du roi Guil-
laume.
Il y a eu de grands différends pour la fuccefïion des
biens patrimoniaux de ce prince, entre plufieurs cohé-
ritiers 8c prétendans. Celui qui s'eft trouvé le plus puis-
fant a été Frédéric, roi de Pruffe , dont la mère étoit
Louife-Henrietre de Naffau , fœur aînée de Guillaume,
prince d'Orange , & rante du roi Guillaume , mort fans
enfans. Frédéric étant mort l'an 17 13 , a eu pour fuc-
cefieur fon fils, Frédéric Guillaume , qui la même an-
née faifant la paix avec Louis XIV , lui a cédé 8c à fes
fuccefièurs la principauté d'Orange. Ce monarque réunit
la incipauté d'Orange au Dauphiné, 8c la mie fous
l'élection de Montelimar.
Il y a deux bourgades qui dépendent de la princi-
pauté d'Orange , Tune nommée Courteson , 8c l'au-
tre Gigondas -, elles ont eu autrefois leurs feigneurs par-
ticuliers , qui et oient cadets des princes d'Orange, de la
mai fon des Baux; mais Marie des Baux jouifibit de ces
deux feigneuries , qui avoient été réunies en un corps ,
lorsqu'elle époufa Jean de Challon. Il y a encore une
troifiéme bourgade dans cette principauté, favoirJoN-
QUIERES.
L'évêché d'Orange eft fuffragant d'Arles ( a ) , 8c re-
connoît Confiantius pour le premier de fes évêques. Le
chapitre de la cathédrale eft compofé de neuf chanoi-
nes, dont il y en a trois qui remplirent les dignités de
prévôt , d'archidiacre 8c de capicol. Il s'eft tenu trois
• conciles à Orange, le premier en 441 , fous le pape
Léon I. Il étoit compofé de dix fept évêques, 8c ce fut
Hilaire d'Arles qui y préfida. Le fécond fous le pape
Félix IV , l'an 527. Il étoit compofé de treize évêques ,
afiemblés contre les Semipélagiens , & ce fut Céfaire ,
évêque d'Arles , qui y préfida. On y fit vingt-cinq ca-
nons , où la doctrine de la grâce, du libre arbitre , &
de la prédeftination eft expliquée par les paroles mêmes
de faint Auguftin. Le troifiéme fous le pape Honorius
III , l'an 1228 , à l'occafion de l'héréfie des Albigeois.
Le légat du pape y afiifta. Quelques-uns en mettent un
quatrième, qui félon les autres, n'eft qu'une continua-
tion du troifiéme. (a) Piganiol delà Force , Defcription
de la France , r. 4. p. 28.
L arc de triomphe , dont j'ai déjà touché quelque cho-
fe , étoit un des plus beaux morceaux qui ait échapé
aux injures du tems. Plufieurs favans , comme de Peyrefc ,
Pontanus, Gronovius, &c. ont cru qu'il avoit été érigé
en faveur de Domitius ^nobarbus, & de Quintus Fa.
bius Maximus iEmilianus , après qu'ils eurent vaincu
les Allobroges; & il y a un partage dans le chap. IL du
troifiéme livre de Florus , qui feroit décifif , fi l'on n'en
avoit pas encore un qui eft plus précis pour convain-
cre que cet arc de triomphe a été élevé pour Caius
Marius , 8c Luctatius Catulus , dès qu'ils eurent vain-
cu les Teutons 8c les Cimbres. On lit fur quelques bou-
cliers qui font mêlés parmi les trophées d'armes dans
la face méridionale de cet tac Mario & Dacudo. Ce qui
paroît démonftratif à Piganiol de la Force , t. 4. p. 0^4.
pour le parti qu'il embraffe , 8c pour ne point quitter
cette même face , on y voit la figure d'une femme qui
eft à une fenêtre, 8c qui pourroit fort bien repréfenter
Marthe la Syrienne, que Marius confultoit toujours,
avant que d'entreprendre quelque chofe de conféquen-
ce. Le docteur Jean Frédéric Guib, qui a étudié cet
arc de triomphe avec foin , a fait une difiertarion favan-
te , où il prouve que les figures repréfentées fur cet an-
cien monument , n'ont rien qui convienne à Marius 8c
aux peuples qu'il a vaincus ; mais que tout quadre par-
faitement avec les victoires de Domitius vEnobarbus.
Je renvoie pour les détails des preuves à fa differtation
imprimée à Lyon, chez P. Maleray, troifiéme édition.
Je remarquerai feulement qu'une partie de la face occi-
dentale , tomba en 1707 & 1709, 8c que depuis ce
tems, le refte eft entièrement renverfé.
ORANGE ( Le Cap d' ) , cap de l'Amérique méii-
dionale , dans la mer du Nord , à l'orient de l'embou-
chure de la rivière d'Yapoco ; à l'orient &c afiëz près de
Cayenne 8c environ à cinq lieues de Comaribo. Les
vaiffeaux qui vont d'Europe à Cayenne , font obligés
d'aller reconnoître ce cap pour redrefièr leur route ,
fans quoi ils courent risque de s'en écarter.
i. ORANGE ( Le Fortd' ) , fort & ville de l'Amé-
rique feptentrionale, dans la Nouvelle Belgique, fur
la rivière de Manhate , vers les 42 deg. 40 min. de
latitude feptentrionale. Les Anglois qui pofledent ce
pays, ayant changé les noms, le pays s'appelle au-
jourd'hui la Nouvelle Yorck , 8c la ville fe nomme
Alban.
2. ORANGE ( Le Fort d' ) , fort de l'Amérique mé-
ridionale , au Bréfil , dans la Capitainie de Tamaraca.
Les Portugais qui pofledent ce pays, ont, je penfe ,
détruit ce fort.
ORANGEBOURG , ou , pour fuivre l'orthographe
allemande , Oranienbourg, château 8c petite ville d'Al-
lemagne, dans l'électorat de Brandebourg, fur la ri-
vière de Havel , à quatre milles de Berlin. Ce n'étoif
qu'un village nommé Boetzau, lorsque l'électeur Frédé-
ric Guillaume , ayant époufé en 1646 Louife Henriette ,
fille d'Henri Frédéric , prince d'Orange, y fit commen-
cer en ce lieu un château pour elle, auquel il donna le
nom d'ORANGEBouRG. Frédéric troifiéme , leur fils ,
qui a été le premier roi de Prune , augmenta ce château
de la moitié , & y ajouta plufieurs ornemens en l'hon-
neur de l'électricc fa mère , comme on le voit dans Pin-
feription latine qui eft fur la grande porte. * Mémoires
communiquer.
Cette maifon de plaifance eft fituée dans un pays qui
refiemble fort à la Hollande. Au lieu du village, il s'eft
bâti une petite ville , qui a pris aufli le même nom ,
8c tout autour ce font de belles prairies à perte de
vue , arrofées & entrecoupées par divers canaux qu'on
a tirés de la rivière de Havel. Ces prairies font envi-
ronnées de bois, au travers desquels, on a pratiqué des
vues fi belles 8c fi longues , que quelques-unes s'éten-
dent jusqu'à d'autres maifons de campagne.
Orangebourg confifte en deux cours , le corps du lo-
gis eft au milieu ; le jardin eft fort grand 8c orné de fiâ-
mes , de fontaines , d'obélisques , de grottes, il y a aufil
une volière, une orangerie, 8c quelques pas plus loin
une maifon appellée la Favorite , où le roi peut lpger
commodément. On y a ajouté encore une ménagerie,
un hermitage , 8c tout ce qui en dépend. Le jet d'eau
qui eft dans le grand escalier , monte à la hauteur de
quarante-fix pieds ; celui du jardin monte encore plus
haut. Pour y conduire de l'eau on a élevé de belles ma-
chines fur le bord de la rivière, dans une grande plaine
où il n'y a pas la moindre éminence , qui air pu contri-
buer "à l'élévation de ces eaux. La galerie 8c le cabinet
de porcelaine, où l'on voit un nombre infini de pier-
reries antiques , de cachets 8c autres curiofirés de cette
nature , eft une merveille qu'on ne trouve guère ail-
leurs ; cela fait un très-beau coup d'oeil par la manière
dont tout eft rangé en obélisques , en colonnes, & au-
tres figures, depuis les plus petites curiofités, jusqu'aux
plus grands vafes. Le lambris de ces chambres eft tout
de miroirs , ce qui produit un charmant fpectacle ; les
moulures & les cadres de ces miroirs font d'une pein-
ture très fine , 8c la, dorure en eft très-belle.
r.ORANI, peuple de la Sarmatie Afiatique , félon
Pline , /. 6. c. 7.
2. ORANI , montagnes du Japon , dans le royaume
d'Achita , le plus feptentrional de la grande i/le Ni-
phon. Ces montagnes font les plus hautes , qui foient
dans toutes ces ifles. * Le P. de Cbarlevoix , Mémoires
manuferits.
ORANIENBAUM, joli château de plaifance, en
Allemagne, aux confins du cercle électoral de Saxe. Il
ORB
dépend de la principauté de Defiau , une des quatre
parties de celle d'Anhalr. * Hubncr , Geogr. p. 560.
ORANRAGANA. C'elt , félon Corneille , le non»
latin d'ARTOMAGAN , iile de l'Océan oriental.
ORAS. Voyez. Horas.
ORATAVA , ville de l'ide Teneriffe , une des Ca-
naries , à l'oued de l'ifle. C'eft le porc le plus célèbre
qu'il y ait pour le commerce. Les Anglois y ont un con-
fiai, & plufieurs marchands. Il eft plus dangereux dans
les venrs de l'oueft , que Sama Crux dans ceux de l'eft.
La ville eft grande ; il y a plufieurs couvens , mais une
feule pat oiffe. Niçois donne mal à-propos à cette ville
le nom delà Rotava. Selon l'obfervation faite par le
père Feuillée en 1714, la différence du méridien entre
Oratava & Toulon , eft de 22 deg. 23 min. 6c par con-
fisquent entre Paris 18 deg. 48. min.
ORATELLI, peuple des Alpes. II en eft parlé dans
le monument érigé en l'honneur d'Augufte , ôc rapporté
par Pline , /. 3. c. 20.
ORATHA , ville d'Afie , fur le Tigre , au pays de
Melïene » félon Etienne le géographe , qui cite le fei-
ziéme livre des Parthiques d'Arrien, que nous n'avons
plus.
ORATOIRE , petit édifice , ou partie d'édifice , con-
facré à la prière. Il diffère de la chapelle , en ce que la
chapelle a un autel où l'on célèbre les faims Myfferes :
au lieu que l'Oratoire n'a point un pareil autel , où
quoiqu'il y ait une table en forme d'autel on n'y célèbre
point. Les hermites qui n'ont point les ordres facrés,ni
par conféquent le pouvoir de célébrer , ont un Oratoire
où ils récitent leurs prières. Plufieurs perfonnes pieufes
qui mènent la vie commune , ont chez elles un Oratoire
où elles fe retirent pour prier. On voir en France beau-
coup de villages & de bourgs du nom d'ORoiR , Qroair,
Orouer , Aurouer, Oradour, qui prennent leur
nom , & leur origine de quelque Oratoire de fainrs re-
tirés dans les hermitages 6c dans les folitudes de la cam-
pagne.
ORATORIUM , Oroir ou Oroair , monaficre de
France , près de Beauvais \ c'étoient des filles qui l'oc-
cupoient. Il a été ruiné , puis transporté au lieu où eft
maintenant l'abbaye de Saint Paul. Ce premier monaftere
avoit été établi 6c gouverné par fainte Andrageme qui
y mourut. * Baillée, Topog. des Saints, p. 639.
Quelques-uns ont cru que c'étoit Aurouer, village 6c
paroiffe environ à deux ou trois lieues de la ville , vers
le nord.
ORATUR;£, peuple de l'Inde, félon Pline, /. 6.
c. 20.
ORAXI (Montagnes ) , les plus hautes qui foient
au Japon , fituées dans le royaume d'Achita , le plus
feptentrional de la grande ifle Niphon.
ORAXUS, ou, félon quelques manuferits de Pli-
ne, /. 18. c. n. Araxus. H dit Or axi f ornes , ce qui
peut s'entendre de deux manières, ou les fources de l'O-
raxus , ou les fontaines nommées Oraxi. Quoi qu'il en
foit , ces fources ou ces fontaines étoient dans la Cam-
panie , encre Pouzol 6c Naples , fur la colline Louco-
gée. Pline dit que leur eau avoit la vertu d'éclaircic les
yeux , de nettoyer les plaies 6c de raffermir les dents.
* Baudrand , édit. 170J.
ORBA , petite ville d'Italie. Elle fott de l'Apennin ,
dans l'état de Gènes, d'où, traverfant une partie du Mont-
ferrat , elle paffe dans le Milanez , 6c s'y jette dans la
Bormia , un peu au-deffus d'Alexandrie.
ORBA. Kov^Sinna.
ORBACUM, nom latin d'ÛRBAis.
1. ORBADARI, 'OpGtfJpH, village de l'Ethiopie, fous
l'Egypte , félon Ptolomée , /. 4. c. 7.
2. ORBADARI , 'OpCuSup* , ville de l'Inde , en deçà
du Gange \ mais dans les terres à l'orient , 6c allez loin
du fleuve Indus , félon Ptolomée , /. 7. c. t.
ORBALS , Orbatum , abbaye d'hommes, en Fiance ,
de l'ordre de faint Benoît, en Champagne, frontière
de Brie , au diocèfe de Soiflbns, fur le bord du Sour-
melon, à trois lieues de Montmirail , & à fix de Châ-
teau-Thicrri , en allant vers Vertus. Elle eft fous le titre
de faint Pierre, 6c a été fondée pat" faint Rieul , arche-
vêque de Rheims , vers l'an 673 , ou 680. Il y eft en-
tené 6c fes reliques y font en vénération. Le corps de
ORB 679
faint Rcmi y fut dépofé , lorsque les Normands faifoicnt
descourfes dans la Champagne. Foulque, archevêque
de Rheims, & abbé de faint Rémi, le fit reporter à
Rheims en 882.* Divers Mémoires.
ORBAL1SEINA , 'OfÇaÀ/rxuî, contrée de lapeiicc Ar-
ménie , félon Ptolomée , /. 5. ç. 6. Il en fait h partie la
plus feptcntrionale.
ORBAN ASSA , '0>S»«W«, ville d'Afie , dans la Pifi-
die , félon Ptolomée , I. y c. 5.
ORBAS, rivière de l'Alîc Mineure, dans la Phry-
gie , auprès de Célenes , félon Dion de Prufe , cité par
Ortelius, Thef. Ce dernier croit que c'elt la même que
I'Orga de l'line , & que l'Orgas de Strabon.
ORBASSAN , petite ville d'Italie, dans le Piémont,
entre Turin & Pignerol. * Baudrand , édit. 1705.
1. ORBE ( L') , rivière de France , félon Jaillot, de
SuilTe, félon Scheuchzer , de l'une & de l'autre, fclon de
rifle. Elle eft dans le mont Jura , entre la Franche-Comté
6c le pays de Vaud ; 6c en forranr de fa fource , qui eft en
SuilTe , elle entre dans le lac de Roilèt , en fort au nord-
eft , rentre enfuiteconfervanr le nom d'Orbe , 6c fe char-
ge d'un ruifieau dont elle porre les eaux dans le lac de
Joux, qui en reçoit encore quelques autres. II ne paroît
pas que ce lac reçoive allez d'eau ni de l'Orbe , ni de ce
ruifieau, pour être auifi grand qu'il eft ; mais ce qui
étonne encore davantage, c'elt qu'il abou:it à un canal
étroit que l'on paffe fur un grand pont de bois , 6c à de-
mi-lieue au-deiTous de ce pont, le lac fe perd dans la
terre. On croit affez communément qu'il va par des con-
duits fouterreins vers le nord , 6c qu'il traverfe ainft
invifiblement des montagnes , au-delà desquelles la ri-
vière d'Orbe fe reproduit. * Cartes de Suiffè.
2. ORBE (L'), rivière de SuilTe , au pays de Vaud.
Elle a fa fource dans une espèce de lac au nord oriental
de celui de Joux , dont ce périt lac eft féparé par des
montagnes qui font partie du mont Jura. Ses eaux for-
tent d'un rocher 6c font déjà une rivière toute formée.
La vallée où elle coule , s'appelle Valorbes j c'eft par
cette vallée que la rivière ferpente d'abord vers le fud-
eft , enfuite vers le midi. Elle paffe à Valorbes, village
au-deffous duquel elle reçoit un ruiffeau qui vient du
nord. Elle paffe enfuite à Clés ou Clées , puis à Orbe où
elle forme, en circulant, une presqu'ifle où cette ville
eft fituée ; après cela , ayant coulé quelque tems vers le
nord , elle fe détourne au nord-cft, prend avec elle la
Thile &c entre dans le lac de Neufchâtel , où elle ne
porte déjà plus fon nom. Voyez, l'article qui fuit. * Cartes
de Suijfe de Jaillot.
3. ORBE, ville de SuilTe , au pays de Vaud , dans un
bailliage de même nom dont elle eft capitale. C'eft, die
l'auteur de l'état 6c des délices de la SuilTe , t. 1. p. 3 1 c.
une jolie ville , médiocrement grande , dans une fi tuât ion
fort agréable 6c un peu élevée , à deux lieues du mont
Jura, fur une colline, au pied de laquelle coule la ri-
vière de l'Orbe, fous un beau pont de pierres. Il y
avoit deux couvens, l'un de Cordeliers , 6c l'autre de
religieufes de fainte Claire-, ces deux couvens étoient
contiens l'un à l'autre , 6c outre leurs églifes particuliè-
res, ils avoient une chapelle commune entre deux. On
chaffa les uns & les autres en 15 54 , lorsque la ville
d'Orbe embraffala confeffion Helvétique. Le premier
de ces couvens devint la maifon de ville , 6c de l'autre
on fit un collège. 11 y avoit encore cinq autres églifes,
tant grandes que petites , 6c en tout vingt-fix autels qui
furent la plupart renverfés en 1531. La ville d'Orbe eft
fort ancienne , 6c quelques auteurs croient ( avec affez
de probabilité) qu'elle étoit la capitale du canton nom-
mé Pagus Vrbigenus , lorsque la Suiffe étoit partagée eu
quatre cantons. Orbe a été floriffante fous l'ancienne
monarchie des Francs. Les rois de la première 6c de la
féconde race y avoient un palais royal , où ils alloient
quelquefois. On doute fi le château à demi ruiné que l'on
y voit , en étoit une partie. Ce qu'il y a de sûr , c'eft
qu'Orbe étoit très-propre pour en faire un lieu de plai-
fance •, car , «somme elle eft un peu élevée, qu'elle a
une vafte campagne au-deffous d'elle, Se que la vue
s'étend même bien avant fur le lacd'Yverdun , que l'on
y voit de profil, un lieu fi agréablement fitué dévoie
être un agréable féjour peur des princes. Une prino
nommée Theudclinde , de la première race des rois do
68o ORB
ORB
Fiance , y faifoit fa réfidence ordinaire avant & après
l'année 610 ( a) , Se ce fut a Orbe que la reine Brune-
haut fut ancrée , comme le raconte Fredegaire , ôc qu'on
la ramena de-là au roi Clotaire II , qui la lit mourir (b).
La rivière d'Orbe fert pour le commerce des habitans.
On a lu la rendre depuis quelques années navigable de-
puis Orbe jusqu'à Yveidun qui eft à deux lieues de-là ,
& comme elle eft fort rapide , on fait ce chemin bien
vire en descendant ; mais elle eft fort dangereufe lors-
qu'elle vient à fe déborder. Toute cette ville eft de la
coufefiîon Helvétique ; le bailliage n'eft pas de même
comme nous dirons ci-après, (a) Longuerue , Defcr.
de la France , part. 2. p. 269. ( b ) Etat & Délices de la
SuiJJ'e , p. 3 1 2.
4. ORBH (Le bailliage d' ) , petite contrée de
SuiiTe , au pays de Vaud , près du mont Jura. C'eft un
des treize bailliages du pays Romand. La fouveraineté
en eft partagée entre les cantons de Berne ôc de Fribourg.
11 s'étend plus en long qu'en large, & s'avance vers le
midi jusqu'à deux petites lieues au-deffus de Laufanne,
entre les bailliages de Romain-Motier, de Morges,de
Laufanne & d'Yverdun -, celui de Granlbn lui eft con-
tigu & le fépare de la principauté de Neufchâtel. Se-
lon de Longuerue, Defcr. de la France , part. i.p. iGcj.
le bailliage d'Orbe Ôc d'Eschalans eft rout enclavé dans
le pays de Vaud ; les Suiffes s'en emparèrent .quand ils
eurent vaincu le duc de Bourgogne ; les cantons de Ber-
ne ôc de Fribourg conferverem cette conquête , quoique
rout le pays des environs eût été remis au duc de Sa-
voye par le traité de paix de l'an 1476. Selon l'état ôc
les délices de la SuiiTe , les deux bailliages d'Orbe ôc de
Granfon appartenoient autrefois aux comtes de Mont-
beliard; après cela ils vinrent , je penfe, ( c'eft cet auteur
qui parle toujours ) par mariage , dans la maifon de Châ-
lons ; ôc les cantons de Berne ôc de Fribourg les conqui-
rent fur cette maifon l'an 1475, du tems de la guerre de
Bourgogne. Ces deux bailliages font enfembie 17 à 1 8 pa-
roiffes. Dans celui d'Orbe , la religion Catholique ôc la
Protestante font également permifes ; ôc l'églife parois-
fiale fert aux uns ôc aux autres à des heures différentes.
5. ORBE ( L' ) , rivière de France dans le Languedoc.
Elle a fa fource au diocèfe de Lodeve , au nord de la
ville de ce nom , fur la frontière du Rouergue. De là elle
coule vers le fud-oueft, paffe à Ceilles d , fet pente vers
le midi , ôc reçoit au-deffous de Bederieusun ruilïeau qui
vient de S. Gervais, Se plus bas le Jaure qui vient de
S. Pons Ôc d'Olarguc , puis un autre qui vient de l'ab-
baye de S. Chignan , paffe à Caffenon d , à Beziers g ,
ôc traverfant le Canal royal , elle baigne Villeneuve d.
ôc Serignan g , & fe jette enfin dans le golfe de Lyon ,
par le Grau de Serignan. * Sanfon , Atlas.
ORBEC , petite ville de France , en Normandie , dans
le diocéfc deLifieux, entre Bernay, Montreuil , Vimons-
tier ôc Livarot , fur une petite rivière qui tombe dans la
Touque à Lifieux qui n'en eft éloigné que de quatre
lieues. Les Capucins ont un couvent à Orbec. Le ter-
ritoire de la ville confifte principalement en prairies ôc
en gras pâturages, dans lesquels on nourrit beaucoup
de bétail. On en fait une vente confidérable au marché
qui fe tient en cette ville. A trois quarts de lieues de-là
eft un prieuré clauftral de chanoines réguliers de S. Au-
gustin, en un lieu nommé Frialdel. De l'ifle écrit
Friardel II ne fait qu'un bourg d'Orbec. Baudrand lui
donne titre de baronr.ie, & le met fur une rivière de
même nom. Le vrai nom de la rivière eft I'Orbiquet.
On ne l'appelle la rivière d'Orbec que de la même ma-
niere que les Hollandois, pour ne point trop charger
leur mémoire , nomment la Loire la rivière de Nantes,
ôc la Seine la rivière de Rouen. * Corneille , fur ans
mémoires manuferits.
ORBEGA (L') , d'autres difent l'Orbego , Urbieus , ri-
vière d'Espagne, au royaume de Léon. Elle a deux fources
dans les montagnes qui font au couchant feptentrional
de Léon. Elles s'uniffent à S. Miguel de Caminho. Elle
a fur fes bords trois ou quatre villages où jjjaffe la route
de Léon à Allorga; plus bas elle reçoit laTuerta , ri-
vière qui vient d'Aftorga , ôc plus bas encore un ruiffeau
nommé la Tcra. Elle fe joint enfuite au-deffous de Be-
navente à l'Effa , avec laquelle elle va tomber dans le
Dueto, au-deffous de Zamora. * Jaillot, Atlas.
ORBELIA , contrée au nord de la Macédoine , dans
les montagnes. Ptolomée , /. 3. c. 1 $. a. écrit Orbelia ,
'Op/3sA/sc , que quelques copifies ont changé en 'Opfiùtx.
Ce qui prouve que ce doit être un £dans la féconde fyl-
labe, c'eft que ce nom vient d'Orbelus, montagne au-
près de laquelle ce pays étoit fitué. Ptolomée y met
une ville unique , favoir Garescus.
ORBELUS, montagne, ou plutôt montagnes, au nord
de la Macédoine, entre la Péonie au midi, les Scordi^-
ques au nord, les Dantelethes à l'orient , ou , pour s'ex-
pliquer d'une manière moins fujette aux révolutions ,
entre l'Axius au couchant , ôc le Strymon au levant , à
l'orient d'Uscopia. Ces montagnes font aujourd hui pour
la plus grande partie dans la Servie. Les rivières de Mo-
rava, de Lipe ritza 5c de Lietniza y prennent leurs four-
ces. Le lieu d'où fort cerr.;' dernière s'appelle Monte
Negro. Lazius nomme l'OrbelusKAROPNiTZE. Ptolo-
mé< . /. 3.C 9. Hérodote, /. 5. t. 17. ôc l'abréviateur
de Scrabon en font mention.
ORBESINE 'Op/2«s-/|/M , contrée de la petite Armé-
nie , félon Ptolomée , /. ;.c. 7. C'en étoit la partie la
plus méridionale,
ORBESTIER , Orbifierium , abbaye d'hommes , en
France, de l'ordre de S. Benoît, dans le Bas-Poitou,
fur le bord de la mer , à deux lieues au couchant de
Talmont , au diocèfe de Luçon. Elle a été fondée en
1007, par Guillaume IV , furnommé le Grand, duc d'A-
quitaine , comte de Poitou. On en a la chartre de fon-
dation dans l'hiftoire des comtes de Poitou , par Befly.
* Piganiol de la Force , Defcription de la France, t. 5.
pag. 82.
ORBETANE , ville d'Afie , dans l'Ane , félon Pto-
lomée. Quelques exemplaires portent Orbitane , 'Op-
/èiravn.
ORBIEU ou Orbiou » Orbio ou Urbio , petite ri-
vière de France , au Haut-Languedoc ; elle a fa fource
à la Graffe, &: fe rend dans l'Aude à deux lieues au-
deffus de Narbonne.
ORBILIA. Voyez Orbelia.
ORBIS. Ce mot latin a plufieurs fignifications , qui
routes fe rapportent à la principale , favoir la Rondeur.
Comme la ligne que les planettes décrivent dans le ciel
à notre égard eft circulaire , Cicéron appelle Orbis Si-
gnifer le Zodiaque -, ôc Orbis Aftrorum , le mouvement
circulaire des aftres. Pline appelle par la même analo-
gie Orbis Rotarum, la circonférence des roues. Com-
me le globe de la terre & de l'eau eft une maffe ronde
ou approchant de la ronde , les Latins l'ont exprimé
par Orbis , ou Orbis 'ïerrarum, ôc de même que nous
employons en françois le mot Monde, pour lignifier une
multitude d'hommes, Ovide s'eft fetvi du mot Orbis ,
dans le mêmefens : higens Orbis in urbe fuit , c'eft-à-
dre , il s'amaffa beaucoup de monde dans la ville. Nous
difons dans le ftyle géographique ôc altror.omique, I'Or-
be de la terre, I'Orbe du foleil , I'Oree de la lune ,
pour exprimer le contour , la circonférence de ces corps.
L'aftronomie a encore un autre' fens qui eft en ufage ,
c'eft de dire I'Orbe , pour fignifier tout l'espace qui eft
enfermé dans le cercle qu'une planette décrit ; mais ce
n'eft pas ici le lieu de s'étendre fur cette matière.
Les géographes qui écrivent en latin appellent Orbis
Vêtus , le golfe tel qu'il a été connu des anciens, c'eft-
à-dire l'hémifphère que nous habitons, ôc Orbis Ne-
vus , ou Orbis recens deteclus , l'hémifphère où eft l'A-
mérique. Voyez, aux mots Monde & Terre.
ORBIT/E , peuple des Indes, félon Etienne le géo-
graphe , qui cite Apollodore. Ortelius , Thefaur. croit
que c'eft pour Arbiti. Voyez. Arbiti.
ORBITANIUM , ancienne ville d'Italie , dans le pays
des Samnites. Elle fut prife par Fabius , félon Tite-Live.
ORB1TAON, ou, avec la terminaifon latine , Or-
bitaum , montagne de la Pannonie , félon Diodore de
Sicile.
ORBITELLE , Orbitello ou Orbetello, ville
d Italie , en Toscane au Siennois , dans un étang près
de la rivière nommée Albegna par Baudrand , & Al-
bengia par Léandre , au pied du mont Argentaro. Elle
étoit autrefois de la république de Sienne ; mais lorsque
le roi d'Espagne céda le Siennois au grand duc , il fe
réferva Orbitelle avec les places de Telamone , Porto-
Hercolt ,
ORC
Heicolc, Porto San-Stcfano, Se le mont Argentaro
l'ur la côte. La principale des places réfervées eft Or-
bitelle. Les Espagnols l'ont fortifiée. Ce petit état elt
fort voifin du patrimoine de faint Pierre, & Orbitelle
n'eft qu'à trente cinq milles de Civita-Vecchia. Cette
ville dépend, pour le fpiriruel, de l'abbaye de Trois-Fon-
taines près de Rome , dont elle étoit autrefois fujette
pour le temporel , par la libéralité de Charlemagne ,
qui lui donna tout ce territoire ; car la ville ne fut bâ-
tie qu'en 1201. Léandre, p. 33. folio refto, dit toujours
Orbetf.llo , foit en parlant du lac , foit en parlant
de la ville qu'il qualifie Caftello.
Orbitelle , die le P. Labat , Voyage d'Ital. t. 6. p. 46.
cil au milieu d'un étang falé , formé par la rivière d'Al-
begna , qui fe décharge dans la mer par une ouverture
affez large qui elt au couchant. ( Voyez, fon article par-
ticulier. ) Cet étang , qui eit très-poiflbnneux , a dix ou
onze milles de circonférence , Se elt ovale. La ville qui
lui donne le nom , elt bâtie fur une motte de terre au
milieu, Se ne. tient à la terre ferme que par une chauffée
naturelle ou artificielle de peu de largeur, qu'il eit ailé
de couper. Par ce moyen la ville eft très-facile à fe dé-
fendre ; auiïï les Impériaux ne s'en rendirent-ils les
maîtres que par la trahifon du gouverneur Espagnol :
l'empereur en a joui jusqu'à la guerre terminée en
173J-
ORBITELLE ( La seigneurie d' ). Baudrand , édit.
170;. appelle ainfi les places que le roi d'Espagne fe
réferva dans le Siennois, lorsqu'il le vendit au grand
duc , à caule qu'Orbitelle en elt le principal lieu. Les
autres font Telamonc, Porto-Hercole Se Porto San-Ste-
fano.
ORBITELLE (L'étang d' ). Si on juge de cet étang
parla defeription qu'en fait le P. Labat , on croira qu'il
elt formé par la rivière d'Albengua. Cependant cette
rivière , dont le vrai nom elt Albegna , en latin Albina ,
a fon embouchure à part , Se ne communique ni peu ni
point avec l'étang. Cet étang étoit autrefois fermé de
tous côtés , Se n'avoit aucune communication vifible avec
la mer. Une langue de terre le feparoit & le fépare en-
core du golfe méridional où elt Porto-Hercole -, qui étoic
nommé par les anciens Portas Herculis ou Portas Co-
fanus , à caufe de Cofa, ville fuuée à l'extrémité orien-
tale de cette langue de terre. Une autre langue de' terre
le feparoit d'un golfe fitué à l'occident où étoit Portas
Domitianus. C'elt cette dernière langue qui a été coupée,
Se cette ouverture fait l'entrée de 1 étang. Cet étang étoit
presque partagé en deux par une langue de terre d'orient
en occident, & c'eit fur cette dernière langue de terre que
font bâties la ville & la fortereffe d'Orbitelle. Cluvier, qui
croit que le Domitianus Portas elt aujourd'hui le port
de S. Sébaftien , coupe cette langue occidentale , qui eft
au nord de Monte Argentaro , Se y fait un paffage tel
qu'il eft aujourd'hui. Voyez, ce qu'il dit de ce canton. Cet
étang au refte elt le A;//t'oÛa>aT7* de Strabon ; Stagnum
Marinumt en françois l'étang lâlé. * Ital. aut. 1. 2.
c. 2.
ORBITUM. Voyez. Oropitum.
0RB1US. Koj/^Urbicus.
ORBO ( L' ) , petite rivière de l'ifie de Corfe. Elle
a fa fource près du village de Sacra , Se fe jette dans la
mer de Toscane , à la côte orientale de l'ifie , à douze
milles des ruines d'Aleria, au midi. Voyez. Hierus I.
ORBUS. Voyez. Orobis.
OR.CADES ( Les ) , ifles au nord de l'Ecoffe. Pom-
ponius Mêla ,/. 3. c. 0. Se Pline , /. 4. c. 16. s'accordent
à dire qu'elles ne font féparées que par de petits détroits;
mais ils ne s'accordent pas pour le nombre. Mêla & Pto-
lotnéc , /. 2. c. 3. en comptent ttente ; Pline quarante, &
a fans doute mis au nombre les écueils tant grands que
petits. On n'en compte préfentement que vingt huit au
plus. On en retranche Stroma fur la côte de Caithnefs ,
à laquelle elle appartient. Orofe , /. 1. c. z. compte vingt
ifles déferres Se treize habitées. Les Anglois les nomment
les ifles d'ORKNEY. Leur fituation elt depuis le 58 d. 40
m. de latitude jusqu'au 59 d. 40 m. & entre le 14 & le
16 d. de long. Le plus long jour y elt de dix-huit heures
& quelque minutes. Elles font féparées de l'Ecoffe par
un déttoit nommé Pentland Firth , qui a vingt-qua-
ORC 681
tre milles en longueur, Se douze en largeur , & eft plein
de gouffrçs fort dangereux. On les diltingue en deux clas-
fes par rapport à leur grandeur.
Les principales font
PoMONA OU MEINLAND ,
Hoy,
south-ronalsa ,
Shapinsija ,
Stronza.
Les autres font
Eda ,
Sanda ,
Westra,
Rousa.
BURRA ,
Flotta ,
Faira ,
Cava ,
Grawsey ,
CoPINSHA ,
Papa Stronsa,
nord-ronalsa ,
Papa Westra ,
Se quelques autres moindres.
Elles doivent être très-peuplées, s'il eft vrai, ce que die
Blaeu dans Ion Atlas , que dans une revue qui fe fit pro-
che de Kiikwal dans l'ifie de Pomone, il s'y trouva dix
mille hommes fous les armes , outre ceux qu'on avoir
laiffés pour cultiver la terre. Ces Infulaires font généra-
lement vigoureux, robultes , bienfaits. * Etatftréfem de
la Grande Brttagne , t. 2. p. 303.
Le négoce de ces ifles confilte principalement en pois-
fon , en bœuf, en porc falé , en beurc , en fuif , en cuirs,
en peaux de loutre, de lapin , en fel blanc, en étoffés,
en bas d'eftame , en laine , en jambons , en orge , en plu-
me Se en grain germé pour faire la bierre.
On n'y voit d'arbres que dans quelques jardins de Kir-
kwal , où ils ne croiffent pas plus haut que les murailles ,
Se c'elt rarement que leur fruit vient en maturité ; cepen-
dant elles produilént de bonnes herbes & d.s racines,
Se même de gros artichauts.
On y déterre quelquefois des chênes ; ce qui a donné
lieu de croire que le bois de charpente y viendroit bien ,
li on avoit foin de planter Se de cultiver les arbr< qui le
fourniffent. D'autres s'imaginent que ces chênes foutei-
reins y ont été enterrés par le déluge, &: que l'ait de la
mer y empêche les arbres de croître.
On trouve aulh dans ces ifles des pierres figurées , des
poiffons Se des oifeauxqui leur font particuliers -, fur-tout
une forte d'oye qu'on appelle Claik^Goofe , ou Barnacle »
qui s'engendre , à ce qu'on dit , dans des troncs d'arbres
ou dans des planches de vieux navires. On affnre que ces
oies de mer font leurs œufs comme les poiffons, Se les
abandonnent à la merci des vagues.
Il y aeuauttefois des rois des Orcades, mais leur règne
finit quand les rois d Ecoffe s'emparèrent de ces ifles ,
après avoir fubjugué les Piétés. Enfuite elles panèrent entre
les mains des Danois Se des Nor\. egiens ; mais elles fu-
rent reprifes par les Ecoffois. Le roi Alexandre les don-
na en fief à un gentilhomme nommé Spcirc ; Se une hé-
ritière de la famille les fit paffer , par mariage , dans celle
de Sinclairs , un desquels prit le titre de comte des Orca-
des Se feigneur de Schetland ; mais ayant refufé de com-
paroître devant le parlement, ce comté & cette feigneu-
rie furent réunis à la couronne, jusqu'au règne de Ma-
rie qui les donna à Jacques Bothwel , qu'elle époufa
enfuite. Elles ont été données après cela à d'autres per-
fonnes, & enfin réunies encore une fois à la couronne.
Mais par l'union des deux royaumes , le gouvernement
en a été donné au comte de Morton , avec tout le reve-
nu , à condition qu'il payeroit tous les ans la fomme de
cinq cens livres fterlin à l'état, Elles donnent le titre
de comte d'Orkney au fieur George Hamilton , oncle
du duc Hamilton.
ORC AMP, félon Baudrand, Ourcamp, félon Pi-
ganiol de la Force, De fer. de la France , t. 3. p. 28.
abbaye de France , au diocèfe de Noyon. Elle fut fon-
dée en la forêt d'Esgue le 10 Décembre 1129, fur la
gauche de la rivière d'Oife , à une lieue de Noyon , à
la place d'un ancien oratoire de faint Eloi. Elle eft de
l'ordre de Cîteaux , de la filiation de Clairvaux. Elle rap-
porte trente mille livres" de rente à l'on abbé.
Tum. IV. R i" 1 r
68a ORC
ORCAN. C'étoit, die Baudrand , édit. 1705, une
ville de l'ifle de Rugen. 11 la nomme Areona en latin,
& ajoute que Voldemar, roi de Danemarck , la ruina
l'an 1168 , 8c que le lieu qui eft fur la côte feprentrio-
nale de l'ifle en conferve encore le nom , quoiqu'un
peu corrompu. Voyez, Arkon.
ORCANy£,en grec 0"pxetvcti ; Pollux fait mention
d'une espèce de chiens nommés ainfi du pays d'où on
les prenoit. Ortelius doute fi ce n'eft point des Orcades.
ORCAORYCI , en grec "QpKo.opvy.ot , peuple de l'A-
ile Mineure. Selon Strabon, /. 12. p. 567. ils étoient
auprès de PeiTinonte , aux confins des Teélofages 8c de
la grande Phrygie , & ne dévoient pas être éloignés de
Tatta , étang dont les eaux formoient naturellement du
fel. Ils étoient aufîl au voifinage de la Lycaonie.
ORCAS , nom d'un promontoire à l'extrémité fep-
tentrionale de la côte orientale de l'ifle d'Albion. On le
nommoit aufïi Tarvidum. Voyez, ce mot.
1. ORCELIS, ancienne ville de Thrace, félon Ptolo-
mée, /. 3. c. 11. Elle étoit dans les terres quelque part
aux environs de Delvetus 8c de Carpudxmum , entre les
montagnes 8c le Pont-Euxin.
2. ORCELIS, ancienne ville de l'Espagne Tarragon-
noife, chez le peuple Baftïtanï dans les terres, félon
Ptolomée , /. 2. c. 6. On croit que c'efl préfentement
Origuela. Voyez, ce mot.
1. ORCHENI , en grec 'Op%wo< , ancien peuple
de l'Arabie Déferte , félon Ptolomée,/. 5. c. 19. Il les
met auprès du golfe Perfique.
2. ORCHENI , ancien peuple d'entre les Chaldéens ,
dans la Méfopotamie , vers Hipparenum , & plus au
midi. On peut juger de leur fituation par ce que Pline
en dit : félon lui , l'Euphrate 8c le Tigre avoient chacun
une embouchure propre, à vingt-cinq mille pas dedifiance
l'une de l'autre , ( ce qui revient à cinq lieues géogra-
phiques de quinze au degré j) mais les Orchenes 8c au-
tres peuples, qui avoient befoin d'une partie des eaux
de l'Euphrate pourarrofer leurs terres , coupèrent fi bien
ce fleuve , qu'il n'arrive plus à la mer que par le Pafiti-
gris. * Pline ,1. 6. c. 16.
ORCHESTHENE ( L' ) , province de la Grande Ar-
ménie, félon Strabon, Lu. p. 5 28. Elle fournifïbit beau-
coup de chevaux, 'Opx'W1'- Ceux qui lifent le grec, fé-
lon la prononciation du grec moderne , écrivent Or-
chistene.
ORCHESUM , fotterefle de l'Arménie, dans le voi-
finage de la métropole de la Mélitene , félon Siméon
Métaphrafte , dans la vie de faint André le capitaine.
* Ortelii Thefaur.
ORCHIANUM, ville de la Toscane. Ortelius cite
pour garant un édit du roi Didier.
ORCH1ES , ville de France , dans la Flandre Fran-
çoife , & chef-lieu d'une châtellenie de même nom , à
quatre lieues de Lille, entre Tournai 8c Douai. On pré-
tend qu'elle étoit autrefois plus grande que n'efi aujour-
d'hui la ville de Lille ; mais à préfent elle n'eft plus con-
fidérable que par le droit qu'elle a d'envoyer fes dé-
putés à PafTemblée des états de la province. Elle a un
bailliage & un magiftrat. Le bailliage a la juftice féo-
dale, le bailli en cil le chef 8c le Semonceur, & a en-
trée aux aflemblées du magiftrat. Ce dernier exerce la
juftice ordinaire dans la ville , à la réferve des cas royaux
dont la connoiflance appartiert à la gouvernance de
Douav , à laquelle reflbrtiflcnt les appellations du ma-
gifttat d'Orchies. Ce magiftrat efl compofé de fept éche-
vins , qui , en fortant de charge , nomment trois bour-
geois pour électeurs. Ces électeurs nomment trois éche-
vins, qui en nomment deux autres, & ces cinq éche-
vins enfemble nomment les deux autres , ce qui fait en
tout le nombre de fept : les revenus de la ville font fi
peu de chofe, qu'à peine eft-elle en état de payer les
dix-huit mille livres qu'elle doit pour fon contingent du
don gratuit que la province doit au roi. * Piganiol de
la Force, Defcription de la France , tom. 7. pag.
243.
ORCHILLA , petite ifle, fur la côte feptentrionale
de la terre ferme, & plus particulièrement au nord de
Venezuela , au nord-oueft de la Marguerite , entre cette
ifle & celle de Curaçou. Elle a la petite ifle de Roques
ORC
au couchant, & celle de Blanca.au levant. Elle efl di-
viféeen plufieurs partie, dont la plus grande, qui eft
bafle presque par tout , eft en manière de croiflanr. Les
autres font féparées les unes des autres par des canaux
peu profonds. Au cap d'orient & à celui d'occident il
y a quelques montagnes, où principalement fe gardent
les chèvres Au fud-oueft de l'ifle la mer efl extrême-
ment profonde , & le rivage y efl auffi droit qu'un mur,
ce qui fait que les navires peuvent en approcher de fort
près. 11 n'y a presque ni arbres , ni herbes du côté du
nord-oueft. Il y en a feulement du côte de l'eft 8c du
nord. La terre eft falée 8c peu propre aux plantes ; 8c
comme il n'y a point de fources d'eau douce, il s'y
trouve peu d'oifeaux , 8c une feule espèce de léfards
pour tous animaux. * De Laet, Indes occident. 1. 18.
ci;.
ORCHIMONT , château 8c fèigneurie des Pays-Bas ,
au duché de Luxembourg , fur une montagne , au pied
de laquelle coule un ruiffeau qui tôt après fe jette dans
le Semoy. DeLonguerue, defcription delà France, 2.
part. p. 117. écrit Orcimont, 8c l'appelle Prévôté :
Elle a eu, dit-il, il y a quatre ou cinq cens ans, fes
feigneurs particuliers , 8c c'eft à préfent une dépendan-
ce du comté de Chini. La fèigneurie d'Orchimont eft
fort étendue des deux côtés du Semoy , 8c vient fort
près de Méfieres & de Charleville. * Jaillot , Atlas.
ORCHINIA. Voyez, Orchoe.
ORCHOE , ville de la Babylonie , félon Ptolomée,
/. 5. c. 20. On croit que c'eft l'Ur de Chaldée, patrie
d'Abraham. Voyez. Ur.
1. ORCFIOMENE , Orchornenus, ancienne ville
de Grèce , dans la Béotie. Plutarque en parle dans la
vie de Pélopidas , & dit que la garnifon en étoit fortie
pour faire une courfe dans la Locride. Thucydide, dit-
il , donna Cheronée à Orchomene, furnommée au-
trefois Myniée , & a préfent de Béotie. Et c'eft ce que
Pline , /. 4. c . 8. fait entendre quand il dit : Ûrcbomenus
Minyeus antea ditlus ; mais il la met dans la Theflalie ,
de quoi il eft repris par Cellarius. Le P. Hardouin ,
qui ne dit rien de cette faute , remarque feulement
qu'au lieu de ces mots qu'il y a dans les éditions or-
dinaires In Theffalia autem Orchornenus Minyeus anteà
ditlus \ l'édition de Parme porte In Tbejjalia amnis
Orchornenus ; de forte qu'il y auroit eu une ville 8c
une rivière de même nom , ce qui s'accorderoit avec
ce vers d'Homère rapporté par le P. Hardouin.
E ci Sï t/ç -7r&Ta.fAoç Mivvtiict ik àA* ficû\Aw.
Et cette rivière Minyeus feroit la même que la ri-
vière d'Orchomene, de l'édition de Parme. Orchome-
ne étoit effectivement fituée au couchant du lac Co-
païde, à l'embouchure d'une rivière dans laquelle tom-
boit LHippocrene , fi fameufe dans les ouvrages des
poètes , 8c rien n'empêche que du tems d'Homère cette
rivière ne portât le nom de Minyeus ; mais je ne vois pas
que la rivière dont parle Homère , convienne au Mê-
las , rivière qui couloir à Orchomene. Voyez, Minyeus.
Paufanias , Bœot.c. 36. dit qu'Orchomene étoit fils de
Minye -, que fous fon règne la ville fut nommée Or-
chomene , 8c le peuple les Orchomcniens; que cependant
le furnom de Minym demeura afin de diftinguer cette
ville 8c cette nation d'une autre Orchomene qui étoit
dans l'Arcadie. C'eft à Orchomene qu'étoit la fontaine
Acidalie. Servius expliquant ces mots de Virgile, JEneid.
I. 1. v. 120.
Matris Acidalim ,
dit : Venus eft furnommée Acidalie ,à caufe d'une fon-
taine Acidalie qui eft à Orchomene, ville de Béotie,
où fe baignent les Grâces que l'on fait être confacrées
à Venus. Homère , Iliad. B. v j 1 2. diftingue très-
bien les deux villes d'Orchomene, il nomme celle-ci
'Opxopirov uivvuov. Strabon en parle comme d'une ville
qui ne fubfiftoit plus; cependant Pline , après lui, en
parle comme fi elle eût encore exifté. Voyez, Orco-
MENO.
ORC
i. ORCHOMENE, heu du Péloponnèfe , dans
, ï'Arcadie. Homère , lltad. B. v. 606. le nomme dans
l'Iliade Orchomciic , riche en troupeaux , 'O^/Avov
ncxùfxivov , Se le range entre les Arcadiens. Hérodote ,
/. 7. num. 1C2. pour le diftinguer de la ville de Béo-
tie , dit : Orchomcne d'Arcadie, 'Of%^wW«î A'paJW.
Paufanias /. 8. c. 27. fait entendre que T'hifoa, Aletby-
drium Se Thutîi étoient compris avec les Orchomé-
niens d'Arcadie. Cette Orchomcne, nommée Urcbome-
mtm par Pline , /. 4. c . 6. étoit auprès de Phenée , le
lac de Phenée entre deux , à l'orient du neuve Ladon.
ORCKOMENIUS LACOS. Pline,/. 16. c. 35. ap-
pelle ainfi le lac de Béotie , fur lequel Orchomcne étoit
fituée. C'eft le même que CopaÏs. Voyez, ce mot.
1. ORCHOMENOS, rivière de Grèce, dans la
Béotie , auprès du temple de Trophonius , qui , com-
me on fait, étoit dans le voifinage de Lebadie. Voici
le paffage de Pline , l. 3 1. c. z. où il eft parlé de cette
rivière : In Bœotia ad Tropbonium Deum juxta fiumen
Orchomenon duo funt fontes , quorum aller memoriam ,
alter oblivionem affert , inde nominibus inventif. Je parle
ailleurs de ces deux fôurces , dont l'une donnoit de la
mémoire, Se l'autre failbit oublier , Se qui tiroient de-
là leur nom.
2. ORCHOMENOS. Strabon , l.y.pag. 416. die
qu'il y avoit encore un lieu nommé Orchomene auprès
de Caryfte , qui étoit une ville de l'Eubée.
3. ORCHOxMENOS. La chronique d'Eufebc , citée
pat Ortelius , Thefaur. porte que Cecrops fonda dans
l'Eubée une ville nommée Diades , que les Eubéens
nommèrent Orchomene. Niger, corrompant ce paffage,
Se lifant la Béotie au lieu de l'Eubée, Se les Béotiens
au heu des Eubéens , a cru que Diades étoit l'ancien
nom d'Orchomene de Béotie,
ORCI-NUOVI, fortereffe d'Italie, dans l'état de
Venife, fur la rivière d'Oglio, dans le Breffan , aux
frontières de l'état de Milan Se du Cremonèze. Elle a
été bâtie par Tes Vénitiens pour la défenfe de leur état
en ces quartiers contre les enrreprifes des Espagnols ,
qui poffédoient alors le Milanez. Elle eft presque au
milieu, entre le lac d'Ifeo au nord , Se Crémone au fud.
* Baudrand, édit, 1705.
ORCI VECCHI , ville d'Italie, au Breffan, à l'o-
rient & affez près de l'Oglio, presque fur la route de
Crème à Bresciâ, au nord oriental, 6V à deux milles
italiques d'Orci Nuovi , Se à pareille diltance du Pô.
* Magin , Italie.
ORCIA. Voyez. Orgia.
ORCINIA. Voyez. Hercynia.
ORC1STENSIS , fiége épiscopal de la féconde Ga-
larie , félon des notices Greques , où l'on voit 'Opx'eos.
Domines Oràflenfis allifta au concile d'Ephèle de l'an
43 1 , Se Longinus 3 l'an 45 1 , à celui de Calcédoine. *
Harduin. Collect. Conc. t. i.p. IJ29.
1. ORCO , petite place de la Baffe-Albanie. Baudrand
nomme ainfi I'Oricum des anciens. Voyez Oiucum.
2. ORCO , rivière d'Italie, en Piémont. Elle a fa
fourre dans les montagnes au midi du duché d'Aoufte,
aux environs de Cérefole , coule dans le Val de Loca-
na jusqu'au bourg de ce nom , puis dans le Val-di-Ponte
jusqu'à Ponte , reçoit la rivière de Soana , paffe à Ca-
rugne Se à Rivarolo, quitte la province d'Yvrée où elle
a coulé jusques-là , Se va tomber dans le Pô auprès de
Chivas , au-deffus de cette place , Se non au-deffous ,
comme le dit Baudrand.
ORCOMENO , château de Grèce , dans la Livadie,
félon Baudrand, au pays de Stramulipa , à cinq lieues
de Livadie. 11 a été fore défolé par les Turcs , à qui
il appartient préfentement. C'eft l'Orchomene de Béotie.
ORCOMOSION ou Horcomosion , lieu de l'At-
tique, dahs le territoire d'Athènes. Plutarque, parlant
de la guerre des Amazones contre Théfée, dit qu'elle
fut terminée par un traité de paix, &cela, dit- il, eft
fondé , non feulement fur le nom du lieu où cette paix
fut jurée, qui s'appelle de là Horcomofion ( ou Orco-
mofion ) , qui eft vis-à-vis du temple de Théfée , mais
encore fur l'ancien facrince qu'on fait tous les ans aux
Amazones la veille des fêtes de ce héros. Le verbe
grec , félon la remarque de Meziriac , fignifie propre-
ment jurer une paix, une alliance ou confédération,
ORD 6-8$
'OfKUfA.cTÛv ; d'où vient qu'O' pxufjLwia. Se 'Opim/Attriov li-
gnifient le ferment prêté en pareilles occasions. * Hom-
mes illnfires , trad. de Dacicr, t. i.p. 85.
ORCUS. Les anciens ont ainfi nommé l'enfer poé-
tique.
i.ORCYNIA, pour Hercinia. Voyez, ce mot.
2. ORCYNIA , lieu oujcontrée de la Cappadoce, oà
Eumene fut vaincu par Antigonus. Plutarque dir darîS
la vie d'Eumene : Ayant perdu une grande bataille con-
tre Antigonus dans le pays des Orcyniens en Cappado-
ce , par la trahifon d'un de fes officiers , Sec. * Hortt~
mes Ulu/tres , trad. de Dacier , r. j. pag. 2; G.
ORCYNIUM. Voyez. Ordymnus.
QR.DABAL , peuple Indien, voifin de i'Indus, Se à
l'orient de ce fleuve , félon Pline , /. 6. c. 20.
ORDA.A , ville de la Macédoine , félon Nicandre ,
cité par Etienne le géographe.
ORDESUS PORTUS , port de la Sarmatie. en Eu-
rope , fur l'Axiace , rivière qui coule entre le Tyrasei
le Boryfthène. Pline , /. 4. c. 12. le nomme Ordessus
Bonus. Ptolomée Ordesus , Se félon d'autres exemplai-
res Ordessus. Arrien,/. 3. c. j. dans fon périple du
Pont-Euxin , nomme ce lieu Odeffus ; il compte foixan-
te ftades depuis le Boryfthène jusqu'à une ifle fans nom
qui étoit alors déferte , Se de cette ifle jusqu'au porc
d'Odeffus , quatre-vingt autres ftades. Cela fait en tour
dix-fept milles Se demi , qui reviennent à trois lieues Se
demie , lieues géographiques de quatre milles d'Italie
chacune. Il ne faut pas confondre ce port avec Odessus,
autre port fitué au pied du mont Harmus.
ORDIA. On lit dans Strabon ce mot, au lieu de
Concordia, les copiftes en ayant oublié une partie.
ORDINGEN , ou Ordungen , ou Urdingen;
Baudrand Se fes copiftes écrivent Ordingue , félon la
prononciation françoife , petite ville d'Allemagne , dans
l'électorat de Cologne , fur le Rhin , aux confins du com-
té de Meurs. Ce fut près de ce lieu que les troupes Hes-
foilès furent battues en 1641 ,par les François que com-
mandoit le maréchal de Guébriant , qui la prit au com-
mencement de l'année fuivante. Elle venoit d'être rava-
gée par un incendie , qui en avoit réduit la moitié en
cendres. Gelenius la nomme Castra Ordeonii , Se
dit que près de là , fur la rive gauche du Rhin & le
village de Gelb, la Gelduba des anciens. J'ai fuivi ce
femiment au mot Gelduba. * Ze'yler , Trev. ôc Col.
fopogr. p. 32.
ORD1SSUS , rivière de la Sarmatie , en Europe. Hé-
rodote , /. 4. ». 48. dit Ordessus, & la met dans la Scy-
rhie , ce qui revient au même. "opJWiw peut être lu
Ordijfos Se Qrdejjos , & ce pays a été également aux deux;
nations. C'eft une des rivières qui tombent dans le Da-
nube. Peucer dit que les Hongrois la nomment Cras-
so en leur langue.
ORDONA ou Ardona , dans la Capitanate , au
royaume de Naples , entre la petite rivière Cervaro Se
celle de Carapella. C'eft la Herdonia ou Hordeonium
des anciens. Cluvier a écrit mal-à-propos que Herdonia.
étoit la Cédogna d'aujourd hui. Ordona n'eu plus qu'un
petit bourg ou village. * P. de Cbarlevoix , Mémoires
manuferits.
ORDOVICES ( Les;), ancien peuple de l'ifle d'Al-
bion ( la même que la Grande Bretagne ) , fur la côte
occidentale , félon Ptolomée , /. 2. c. 3. Il les met entre
les Briganus au nord , Se les Comavii à l'orient. Le P.
Briet , t. part. I. 2. (. 4. §. 2. dans fes parallèles de l'an-
cienne géographie Se de la nouvelle , explique leur pays
parles comtés de Flint , de Denbigh .deCAERNAER-
van , de Merioneth Se de Montgomeri , toutes coin
tuées du pays de Galles. Voici les anciens lieux qu'il y
met :
Segontium , elle n'exifte plus.
Ditlum , en Anglois Ganoc , en Breton Digamvev,
Mediolanium. Voyez, ce mot.
Varis , aujourd'hui Bodilari , c'eft-à-dire , la demein
le de Varus,
Maglona , aujourd'hui Macbenitb ou Macbenetb.
Covoniam ou Conovium : aujourd'hui Aber Convey.
Seteia afiiiarium, l'embouchure de laDee, Dee-MoHth.
lom. IV. R r r r ij
£84 O RE
Çanganorum Promontorium ou Canganitm, aujour-
d'hui la pointe de l'Hein , en Breton Canigion.
Uedrosy ifle déferte. Ptolomée la donne à l'Irlande.
C'eft I'Andros de Ptolomée.
Ce peuple au relie faifoit partie de la féconde Bre-
tagne.
ORDRE ( La tour d' ). On appelloit ainfi le phare
que les Romains avoient élevé à Boulogne fur 4mer ,
pour fervir de guide aux vaiffeaux. Voyez. Boulogne.
ORDUGNA , ou plutôt
ORDUNA (a) , ville d'Espagne , dans la Biscaye ,
au milieu de ce pays, dont elle eft la feule qui ait le
titre de cité. Elle eft dans une vallée fort agréable ,
ceinte de toutes parts de montagnes fort hautes & fort
roides. Il (b) y a deux églifes paroiffiales , dont l'une
eft collégiale » & deux couvens , l'un de religieux de S.
François , & l'autre de filles du même ordre. Les Jéfui-
tes y ont un collège. Alphonfe le Sage, roi deCaftille,
accorda en i2;o , de grands privilèges à ceux qui s'y
viendroient établir. On croit que c'eft l'ancienne Dar-
dariia. Alphonfe , dit le Sage , ne monta fur le trône
que l'an 1 25 2 , ainfi il ne peut pas avoir accordé des
privilèges deux ans plutôt à la ville d'Ordugna. (a) Dé-
lices de l'Espagne , p. 101. (b) Poblaieen , Général
de Espana, fol. 237.
ORDYMNUS. Pline, /. ;.f. 31. appelle ainfi une
des montagnes de l'ifle de Lefbos , aujourd'hui l'ifle de
Metelin , dans l'Archipel. Théophrafte , Hïft. Plant. I.
$.c. i8. nomme cette même montagne Ordynus ou
Ordunos , "OpcTtw.
OREAT^E, ancien nom de Brasi^ ou Prasia.Kov^
Prasi^c. C'étoit une ville du Péloponnèfe, dans la La-
conie , félon Paufanias.
OREB. Voyez, Horeb. C'eft la même montagne ; mais
comme quelques voyageurs peu inftruits de la véritable
orthographe des anciens noms écrivent Oreb , nous
ajouterons ici quelques remarques fur fon état mo-
derne.
Quelques Arabes le nomment Gibel Moufa,c'tù.-ï-
dire, le mont de Moïfe. Il eft voifin du mont Sinaï, mais
beaucoup moins élevé. Au pied de ce mont eft le mona-
ftere de faint Sauveur , bâti par Juftinien , ôc où réfide
un évêque Grec avec des religieux qui fuivent la règle
de faint Bafile. Lorsqu'il vient des pèlerins , il leur donne,
un religieux pour les conduire jusqu'au fornmet de la
montagne. On voit d'abord une belle fource qui tombeau
monaftere. De-là , par des degrés taillés dans le roc , on
arrive à une chapelle bâtie fous l'invocation de la fainte
Vierge , au lieu où l'on dit qu'elle apparut aux religieux
qui habitoient le monaftere de faint Hélie , qui eft qua-
tre ou cinq cens pas au-deflus. Au-deflus de cette cha-
pelle font deux grandes portes un peu éloignées l'une de
l'autre qui ferment le paflage. On y tenoit autrefois
deux gardes pour ne pas laifier avancer ceux qui avoient
négligé de fe confefler. La montée eft fort droite entre
ces deux portes, ôc presque toute pratiquée par degrés
dans le roc : elle conduit jusqu'au monafiere de faint
Hélie qui eft préfentement inhabité. Il eft dans une
belle esplanade , & il y a trois petites églifes dont une
renferme la grotte, où ce grand prophète demeura du-
rant la perfécution de Jéfabel , reine de Syrie. Ce fut-
là qu'il fut vifité de Dieu , comme il eft rapporté au
livre III des Rois. Au-deflus de ce couvent font plufieurs
autres grottes où divers foliraires ont fait pénitence.
Parmi celles-là , on montre la caverne où faint Etienne
l'hermite demeura renfermé toute fa vie. On rapporte
qu'il y a eu anciennement jusqu'à quatorze mille foli-
taires dans cette montagne , ôc qu'enfuite les Grecs ont
tenu dans tous ces hermicages des religieux qui y célé-
broient l'office divin. 11 n'y en a plus préfentement à
caufe des fréquentes infultes des Arabes. En approchant
du fornmet de la montagne , on voit à main droite une
fente dans le roc. Lorsqu'on eft arrivé au haut , on
trouve une petite place en plate-forme , où il y a une
aflez belle églife , longue d'environ trente cinq pieds ôc
large de feize ou dedix-fept. On y voit des peintures
fort anciennes & deux autels pour célébrer la Méfie , l'un
ORE
àl'ufage des Latins, l'autre à lufage des Grecs Schism*-
tiques.C'eft dans l'espace qui eft contenu entre ces murs,
que Moïfe reçut les tables dudécalogue.LesMahométans
révèrent extrêmement ce lieu , ôc ont une petite mos-
quée à l'oppofite de l'églife. Les Arabes qui conduifenc
les pèlerins y vont faire leur prière. Un peu plus bas,
on voit un pied de chameau fi bien empreint dans le
roc , qu'il ne l'eft pas mieux dans le fable par où cet
animal pafle. Les Maures ôc les Arabes prétendent
que c'eft la figure du pied du chameau de Mahomet,
ôc ils la baifent avec beaucoup de dévotion. Il y a ap-
parence que cette tradition mahométane vient de quel-
que pieufe fraude des Grecs , qui fe font avifés de cet
artifice pour obliger les Arabes ôc les Turcs à refpe-
cter ces faints lieux. Au-deflbus de l'églife du côté de
l'occident , il y a une petite caverne dans le rocher où l'on
dit que Moyfe fe retira, quand il ne lui fut accordé de
voir Dieu que par derrière. Au-deflbus de la mosquée
eft une autre grotte où il pafla les quarante jours qu'il
employa à recevoir la loi. La descente du haut de cette
montagne jusqu'au monaftere de faint Sauveur qui eft
au bas , étoit autrefois de quatorze mille marches, dont
aujourd'hui une partie eft rompue. Celles qui reftent
font bien faites ôc faciles à monter ôc à descendre. *
Coppin , Voyage d'Egypte, 1. 4. c. 10.
Thevenot, Voyage du Levant , c. 28. n'appelle point
autrement la montagne que nous venons de décrire ,
que la montagne de Moyfe, mais il femble la diftinguer
d'Oreb. Il ne met pas feulement une églife avec deux
autels comme Coppin , mais deux églifes , dont l'une
eft aux Latins , l'autre aux Grecs -, la première eft dé-
diée à l'Ascenfion de Notre Seigneur. Il dit la plupart
des circonftances déjà rapportées , & parle toujours de
la montagne de Moyfe. Il parle en un autre lieu du
mont Oreb , ôc n'en dit presque rien.
OREBATIS. Voyez. Obroatis.
OREBRO, petite ville de Suéde, dans la Nericie,
avec un ancien château , dans une plaine , fur la rivière
de Trofa , qui s'y jette dans le lac d'Hielmer , à quatre
lieues fuédoifes, & au midi occidental d'Arboga. * Rob.
de Vaugondy , Atlas.
OREE. Vtyez. Oreum;
OREGRUND , ville de Suéde , dans l'Upplande ,
fur la côte du golfe de Bothnie ôc dans le détroit qui fépare
les ifles d'Aland du continent , à une bonne lieue fuédoife
& au levant d'été d'Ofthamar , à fept d'Upfal Se à onze
de Stockholm.
OREJA, village d'Espagne, dans l'Eftremadure, fur
le Tage , au midi de Coria , félon Baudrand , édit.
1705. Quelques-uns y cherchent I'Aurelia de Lufi-
tanie.
OREIDLANE ou Orellane, rivière de l'Améri-
que méridionale , au Pérou. C'eft , félon Baudrand , la
même que l'Apurima.
ORELHANA LA VIEJA»c'eft-à-dire,IaM«//«0«/-
hane , bourg ou petite ville d'Espagne , aux confins de
la Caftille , au bord feptentrional de la Guadiana ,
dans un fond , avec un aflez bon château. Son terroir
eft abondant en pâturages , & les forêts des environs
font remplies de lapins : elle appartient à cics feigneurs
qui la pofledenr à titre de marquifat , par la conceflion
de Philippe III.
OREM ou Ourem , bourg de Portugal , en Eftrema-
dure, dans la Comarca de Tomar : il eft fitué au cou-
chant de cette ville , entr'elle& Liria , à diftance éga-
le, dans un lieu élevé dont l'accès eft difficile. lia titre
de comté ôc appartient aux ducs de Bragance.
ORENOQUE (L' ) ou I'Orinoque , grande rivière
de l'Amérique méridionale dans la terre ferme. Sa fource
a été long-rems inconnue , ôc de Laët dit qu'il y a ap-
parence qu'elle descend pour la plus grande partie de
la Nouvelle Grenade. De 1 Ifie , dans fa carte de la terre
ferme publiée en 1703 , croyoit encore que l'Oreno-
que eft nommée plus haut Barraquan , ôc qu'elle doic
fes commencemens à la rivière de Caketa , dont il mer
la fource au Popayan , aflez près de la mer du Sud. Il
fuppofe que cette dernière rivière fe partage en deux
branches , dont la méridionale conferve fon nom ôc va
tomber dans l'Amazone. L'autre , montant au nord-eft ,
prend le nom de Barraquan , & fe chargeant de quan-
ORE
ORE
68
rite d'autres rivières & de ruiffeaux, devient l'Oreno-
que. Dans fa carte de 1721, il rectifie ainfl fes idées :
L'Orenoque fe forme de deux rivières principales qui
n'ont aucune liaifon avec la Caketa ni avec l'Amazone.
La principale a fa fource au Popayan , dans des mon-
tagnes , au midi de Santafé de Bogota. Elle arrofe au
pied de ces mêmes montagnes une place nommée par
les Espagnols S. Juan de Los Llanos. Elle court long-
tems en ferpentant vers l'orient , fe tourne enfuitc vers
le nord-eft , Se reçoit l'autre rivière dont j'ai parlé. Celle-
ci a fa fource entre Pamplona & Merida dans la Ca-
mille d'Or , &,courant vers l'orient , elle fe joint avec
l'Orenoque, elles continuent enfuite leur cours dans
un même lit jusqu'à S. Thomas & jusqu'à la mer. De
Laët, Indes occid. I. 17. c. 18. & /«iv. traite ainfi la
découverte de cette rivière.
Il eft certain que ce fut Chriftophc Colomb qui dé-
couvrit l'Orenoque à fon troifiéme voyage en 1498»
étant entré dans un golfe où il penfa périr , Se qu'il
appella Boca del Drago. Lorsque la marée fut baiTe ,
il fut entraîné à dix lieues en mer par le courant , &
trouva que l'eau étoir encore douce \ il remonta en-
fuite le golfe de la Baleine où l'Orenoque fe déchar-
ge , Se reconnut toute l'embouchure de ce grand fleu-
ve. * P. de Charlevoix , Hiftoire de Saint Domingue
tom. 1.
Il n'y a point à douter qu'Améric Vespuce , qui l'an
1499 , vifica ces côtes jusqu'au cap de la Vêla , n'ait fait
Ja même chofe , Se après lui Pinfon vers l'an ijooj
mais aucun Espagnol n'y eft entré avant Diego de Or-
das , qui l'an 15-31, obtint des lettres de Charles V , par
lesquelles il n'étoit permis qu'à lui feul de vifiter le
Continent de l'Amérique méridionale , depuis le cap de
Ja Vêla jusqu'à deux cens lieues vers le levant , d'y
mener des colonies Se d'établir un gouvernement dans
ces provinces. Il arriva près du Maranon , où il prit dans
un canot quatre Sauvages qui avoient deux pierres com-
me des éméraudes. L'une étoit grotte comme le poing :
ils faifoient entendre qu'il s'en trouvoit quantité au-
delà de la rivière , Se qu'environ à quarante lieues au-
dedans du pays , il y avoit fur le bord de la rivière
une haute montagne couverte d'arbres qui portent de
l'encens. Ces aflurances lui faifoient fouvent fouhai-
ter avec ardeur d'entrer dans cette rivière, mais ne
pouvant approcher plus près , à caufe des bancs , &
ayant brifé un de fes navires contre les rochers , em-
porré enfuite par un fort courant vers Foueft au-delà
de fon embouchure , il courut le long de la côte de
xe continent , jusqu'au pays de Paria, dont après fa
mort le gouvernement fut accordé à Jérôme d'Ortal
l'an 15-33.
Celui-ci envoya fon lieutenant avec deux cens fol-
dats Se cinq barques, découvrir la rivière d'YvAPATi,
où étant entré il arriva à Caroa, lieu déjà connu ,
Se tira vers la rivière de Carinaca. Il monta enfuite celle
de Caxavana, qui traverfe des déferts, & fit pri-
sonniers quelques Caribes qui lui dirent qu'il avoit
déjà laiffé la Guiane derrière lui , mais qu'il avoit devant
lafpacieufe région de Meta, dont les habitans étoient
vêtus Se poiïédoient de grandes richefies. ( Yvapati n'eft
point différent de l'Orenoque , &Sanfon la nomme vers
fon embotichureYAYAPARi,&dans foncours la rivière
be Paria. Celles qui font nommées ici tombent dans ce
fleuve. La rivière de Mata en eft auffi une. ) Plufieurs
croienr, comme Herréra le rapporte, que cette rivière qui
traverfe la région de Meta , eft la même que celle qui
tire fa fourcedu nouveau royaume de Grenade , Se eft ap-
pelléeTuRMEQUE par les naturels du pays : mais ceux
qui l'ont parcourue , conviennent que le pays de Mata eft
arrofé par l'Orenoque , Se que cette rivière eft fi dif-
férente du Maranon , qu'entr'elle Se lui il y a de gran-
des provinces.
Les Espagnols partirent de Cabaruto, dont les ha-
bitans leur avoient montré le chemin de Meta, & ar-
rivèrent à une cataracte jusqu'où Diego de Ordas avoit
été & d'où l'eau fe précipitoit avec un grand bruit fur
les rochers. Après avoir déchargé leurs chaloupes qui
furent portées au-delà , ils entrèrent dans une contrée
inhabitée , plate Se pleine de campagnes , Se après plu-
fleurs journées ils parvinrent à. l'embouchure de la ri-
vière qui traverfe le pays de Meta. Ils y descendirent à
terre, tirèrent leurs chaloupes Se fuivirent un chemin
fort ennuyeux au travers des marais jusqu'au village des
Xaguas , Sauvages qu'on difoit être fort furieux Se
mangeurs d'hommes. Après y avoir pris beaucoup de vi-
vres, parce qu'ils les firent fuir, ils pafferent de l'autre
côté de la rivière , Se entrèrent dans un autre village , où
entr'autres animaux ils trouvèrent des chiens muets
que les Sauvages appellent Mayt Se Auries , Se donc
la chair égale celle des chevreaux en délicateffe. Ils pré-
tendoienf y paffer l'hiver ; mais en ayant été attaqués avec
perte peu de tems après, ils furent contraints de rega-
gner leurs barques Se de s'en retourner à Paria. Ce me
tout ce que firent , jusqu'à l'an 1636, les Espagnols danj
cette rivière.
Walter Raleigh , Anglois , dans la relation du voya-
ge qu'il a fait dans la Guiane, dit qu'Antoine Berreo,
voulant y entrer , partit du nouveau royaume de Gre-
nade Se descendit par la rivière de Cassanar , qui
tombe dans la grande appellée Pato , Se que cette der-
nière fe décharge dans la Meta , qui fe rend enfin
dans la Barraquan, appellée plus bas Orenoque.
Suivant l'idée que Berreo donnoit de fon voyage , toutes
ces rivières font comme autant débranches de la gran-
de dans laquelle elles fe perdent avec leurs noms. Ber-
reo étant descendu avec fon monde par le Caffanar
dans la Meta Se de-là dans la Barraquan , partie en mar-
chant le long des bords des rivières , Se partie potté
par des chaloupes , il en perdit plufieurs qui furent
brifées contre des rochers, ou renverfées par le grand
courant , Se enfin il atriva fur les limites de la con-
trée d'Amapaia , fituée le long des rivages de l'Oieno-
que Se riche fur-tout en or. Il y féjourna fix mois,
& après plufieurs combats contre des Sauvages fort har-
dis, nommés Anabas , il fit la paix avec eux Se en
obtint huit ftatues d'or fin. On trouve , dans la rela-
tion de Raleigh , une fuite de l'expédition de Berreo,
ôclaconverfation qu'ils eurent enfemble.L'Anglois même
fe fait honneur d'avoir tiré le fecret de 1 Espagnol ; mais
par la relation qu'il en fait lui même, on voit que Ber-
reo , ne fe fiant guères à lui , battit la campagne & n'eut
garde de lui dire les chofes comme il les favoit. Quoi
qu'il en foit , les Espagnols firent encore d'autres ten-
tatives, & envoyèrent même dans ce fleuve une colonie
qui y bâtit la ville de faint Thomas. * A la fuite des
voyages de Coréal , t. 2. p. 178 Se fuivantes.
On ne fait précifément par combien d'embouchures
l'Orenoque fe décharge dans la mer : la plus commune
opinion en fixe le nombre à cinquante ou foixante qui
forment un labirinthe de différentes ifles affez grandes.
La principale embouchure répond à lifte de la Trinité.
Le flux Se reflux de la mer fe font fentir dans l'Ore-
noque jusqu'à 1 60 lieues. Il croît Se décroît d'une fa-
çon finguliere. 11 employé cinq mois de l'année à croître.
Sa marche eft presque imperceptible , fes progrés font
lents Se font à la longue une augmentation confidé-
rable , fa profondeur alors eft au moins de cent brafles.
Il eft un mois entier à la même hauteur ,• enfuite il
s'abbaifTe , Se continue cinq mois à décroître. Il n'a alors
que 60,70 ou 80 brades de profondeur, félon que
fon lit eft plus ou moins rétréci. Il eft un mois dans
fon plus grand abaiflement , après quoi le retour pério-
dique des eaux recommence. Les mois qu'il employé
à croître fonc avril, may, juin, juillet Se août. Tout
le mois de feptembre il fe repofe fans altération. Il dé-
croît pendant les mois d'octobre, de novembre , de dé-
cembre , de janvier , Se de février. Tout le mois de
Mars il refte au même point de diminution. Par une
tradition confiante on a obfervé que tous les 25 ans
la crue de l'Orenoque eft d'une brailé plus grande que
pendant les 24 autres années. Ce desordre plein de ré-
gularité fe fait aifément remarquer par les traces que
le fleuve imprime fur les rochers
Les ifles qui font à l'embouchure de l'Orenoque étant
inondées fix mois de l'année , il eit difficile de concevoir
comment les Guaraunas, qui les habitent , peuvent y
faire leur féjour. Cependant ils ne les abandonnent pas.
Dès-que le tems des crues approche , les Guaraunas
enfoncent profondément en terre de groffes poutres à
l'aide desquelles ils formenc une. espèce de fol :, ils y
6%6 ORE
ORE
élèvent leurs cabanes , conftruifent des rues, des places ceurs du prinrems , ôc on cueille les fruits de l'automne J
publiques. Ces cabanes ôc ces rues font réunies par à eau le d'un grand nombre de fources d'eaux chaudes
de petits ponts de communication. Il croît dans leurs qui échauffent Tait par leurs vapeurs. Quelques-unes
villes un arbre qu'on peut appeller un fécond arbre de de ces fources ont une chaleur modérée , & on peut
vie; c'eft une espèce de palmier, qui dans leur langue s'y baigner fans craindre aucune incommodité; au con-
s'appelle Muriche. Cet arbre leur fournit non feulement traire il y en a d'autres dont l'eau efl fi bouillante qu'on
de quoi bâtir leur ville aérienne , il pourvoit encore y peut cuire des œufs , ôc que la main ne peut en fou-
à leurs befoins. Ils y trouvent du pain, de la viande, tenir la chaleur; mais elles font toutes d'un grand ufa-
& du vin. ge pour la guérifon de diverfes maladies. C'eft à cauie
En faifant une ouverture dans le muriche , il en de ces eaux , que les Romains ont connues , qu'ils ont
découle auffi-tôt une liqueur fort douce , mais qui s'ai- appelle ce lieu Aqu& Calida. Tous les environs d'O-
grit en vieilliflant. Du refte de la fève il fe forme une renie font très-agréables & très-fertiles. 11 y croît d'ex-
multitude ptodigieufe de vers blancs de la groffeur du cellent vin , & on y recueille en abondance des fruits
doigt , & ces vers leur fervent de viande. Plufieurs délicieux de plufieurs espèces. Dans cet espace de
Espagnols , s'étant déterminés à jen manger , ont eu de terre qui eft entre le Minho ôc le Vigo , on trouve deux
la peine à s'en raflafier. Il refte dans le tronc de l'ar- vallées fort agréables ôc très-fertiles ; on les appelle
bre un fédiment que les Indiens recueillent avec foin; Val de Rozal Ôc Val de Mignore. (a) Délices.
ils l'expofent au foleil , & c'eft une farine très-belle d'Espagne, p. iji. (b)Vuyrac , Etat de l'Espagne, r,'
2. p. 362. (c) Délices d'Espagne , p. 131.
OREO, place de Grèce, dans l'ifle de Négrepont , fur
la côte orientale de cette ifie. C'étoit , dit Baudiand ,
édit. 17c;. anciennement une ville épiscopale , fuffra-
gante d'Athènes. Voyez. Oreum.
OREOL , ville de l'empire RulFien, dans la pro-
vince de Permski, ou Permie,fur la rivière de même
nom, qui, venant de l'occident, fe rend au-deuous de
dont ils font un pain fort ragoûtant, mais lourd & difficile
à digérer. Rien n'eft inutile dans cet arbre. Son écorce
épaifle fait les cloifons ôc les toits des cabanes. Les
feuilles fervent de parafols , & de voiles pour les canots.
Des ftlamens ils en forment des cordages pour leurs ba-
teaux , des filets pour la pêche , ôc des liens pour at-
tacher leurs lits qu'ils fuspendent. Au refte cet arbre
eft très-commun dans ces ifles. * ElOrinoco ilhtftrado ,
y deffendido , Hiftoria natural , civil , y geographica , cette vi/le dans le Kama. * Robert de Vaugondy , Atlas ,
por el Padre Gumilla , en Madrid , 1745.
Les Sauvages apportent quelquefois des bords de cette
rivière en terre ferme une pierre verte qui eft un re-
mède étonnant pour le mal caduc. 11 n'en faut que la
grofTeur de la tête d'une épingle : il y a deux manières
de s'en fervir. On la porte dans une bague percée au-
defibus , enforte que la pierre touche la chair , ôc cela
fiiffit , ou bien on la fait entrer par une légère incifion
entre cuir ôc chair dans quelque partie du corps que
ce foit : elle y demeure, ôc exerce toujours fa vertu.
Un particulier de Paris, foit qu'il eût lu cet article
des mémoires de l'Acad. 1724, ou qu'il tint le fecret
d'un homme qui avoit beaucoup fréquenté les bords
de l'Orenoque , comme il le publia au commencement
de l'année 1 7J2 , ôc qui lui avoit , difoit-il , remis quan-
tité de ces pierres précieufes, s'afficha pour guérir ra-
dicalement tous les épilepuques, de quelque genre que
fût la maladie , ôc fe croyant feul po/TeiTeur de ces pierres,
il ne douta pas que ce ne fût un moyen allure de s'en-
richir. Un médecin, uniquement animé du bien public,
inftiuit que M. de la Condamine avoit fait porter beau-
coup de ces pierres en France , parvint à en avoir. Il en
fit l'efiai dans des hôpitaux, ôc ailleurs. Ce «emede
a éré falutaire aux uns , indifférent à d'autres , ôc per
Olearius , Voyage de Moscovie.
OREON. Voyez. Oreum.
OREOPHANTE, ville de l'Inde , en-deçà du Gan-
ge , Cette ville eft citée par Ptolomée , /. 7. c. 1. ôc pla-
cée parmi les Mandrales.
ORESA , place de la Syrie ou de l'Euphratenfe. La
quatrième légion Scythique y avoit fes quartiers d'hiver ,
félon la notice de l'Empire, Jecl. 24.
ORESAND, petite ifle de Zélande , au nord-nord-
oueft de Noort-Bevelandt, dont elle n'eft féparée que
par un étroit canal; après en avoir fait autrefois partie.
Le pays que cette ifle renfermoit , a été en partie fub-
merge, & il y en a près de la moitié fous les eaux au
couchant ôc au fud-oueft. Corneille dit très - bien de
l'Overfand : Cette ifle doit ce qui lui refte de terroir au
foin des habitans de la ville de Ziriczée , qui l'ont com-
me repêchée ôc fortifiée de digues ôc de levées contre
la violence de la mer.
ORESCA , ouOreschek , ou Oreska , ville de !.a
Garelie, à préfent dans l'empire Ruffien, à l'extrémité
méridionale de la côte occidentale du lac de Ladoga,
dans une ifle que forme la Neva , rivière qui fert à ce
lac de décharge. Elle eft nommée Notebourg dans
quelques cartes, ôc c'eft le nom que les Allemands lui
nicieux à quelques-uns. D'où l'on peut conclure que cette ont donné. Le czar Pierre le Grand l'ayant prife , y a
pierre a une vertu, ôc qu'il ne s'agit que de la rendre
propre à la maladie dont nous parlons , en reconnois-
fanr la quantité qu'il faut en employer, ou le régime
qu'il faur obferver , ce qu'on ignore fàn; doute.
ORENSE ( a) , J:-rla , cité , ville épiscopale d'Espa-
gne , au royaume de Galice , fur la rive gauche du Minho ,
que l'on y paiTe fur un pont qui eft d'une feule arche ,
Ôc fi haute qu'une barque peut commodément pafîer des-
fous. L'évêque a dix mille ducats de revenu. Il étoit fuf-
fragant de l'archevêché de Braga , du tems des rois Goths;
mais après l'invrilon des Maures il fut mis fous la dé
fait une forterefïe pour couvrir du côté du lac fa ville
de Saint Peterfbourg , qui eft fur la même rivière au
couchant , ôc a nommé cette forterefle Sleutel-
BOUP.G.
1. ORESTA , contrée de l'Eubée , félon Héfyche.
2. ORESTA de Thrace. Voyez, Andrinople.
ORESTiE , ancien peuple de la Grèce , dans la Mo-
loilide, félon Ortelius. Il cite Thucydide, qui, décrivant
une armée, y compte mille Oreftes venus avec la per-
miffion de leur roi Antiochus. Comme la Moloiïide fai-
foir partie de l'Epire du tems deStrabon , /. 7. p. $16.
pendance du métropolitain de Compoftelle (b). On croir, il compte ce peuple entre les Epirotes , ôc ajoute que
mais fans„beaucoup de fondement , que Théodomir , roi l'Oreftidc avoit reçu ce nom d'Orefte , qui , après avoir:
des Suéves, fonda cette églife en 462. Elle fut ruinée tué fa mère , s'étant fauve ôc ayant habité ce pays , y
de fond en comble en 716 par les Maures ,ôc rebâtie bâtit une ville nommée Argos l'Oreftique. Etienne le
par Alphonfe le Catholique, vers l'an 740 ou 742. Son géographe dit, 'Op/ç-a; MoXoa-a-ty.cv ïèva , les Oreftes, peu-
chapitre eftcompofé de onze dignitaires , de dix-huit pie de la Moloffide. Il ajoute :Théagehe , /. ;.de l'hi-
ftoire de Macédoine, dit qu'Orefte délivré de la fureur ,
ôc fe fauvant de honte avec Hermione, vint dans ce
pays , ôc eut d'elle un fils nommé Orefte , fous le règne
duquel les Oreftes prirent ce nom. Pour lui, piqué
d'une vipère , il mourut en Arcadie , dans un lieu nom-
mé Orestion. Cela revient à ce que dit Solin , c. 9.
edit. Salmaf. en rapportant l'origine du nom de ce peu-
ple. Orefte , s'étant fauve de Mycenes après le meurtre
de fa mère , uéfolut de fe retirer bien loin , ôc prit des
mefiucs pour cacher en ce lieu un fils encore enfant qui
chanoines , de douze prebendiers , de huir prêtres avec
titre de prêtres cardinaux , lesquels font obligés de dire
les méfies conventuelles qtii fe célèbrent au maître-au-
tel ,& de quatorze chapelains. Cette églife eft unie pat-
filiation avec celle de Tours en France , de Tuy , d'O-
viedo ôc d'Aftorga en Espagne. Ce diocèfe s'étend fur
<)J4 paroiffes (c). Orenfe eft remarquable par une des
plus fingulieres chofes qu'il y ait dans la nature. Une
partie de cette ville, fltuée au pied d'une montagne, eft
extrêmement froide , ôc éprouve la rigueur des plus longs
fcivers, tandis qu'à un autre quartier ou jouit des dç-u- lui cioit ne en Emathie, & 4qoc la, mère Hermione
ORE
ORF
avoit partage avec lui les fatigues Se les dangers de fes
vovages. L'cnfant'fur élevé avec des fentimens conformes
à fa naiffance royale, porta le nom de fon père, &
s'étant rendu maître de tout ce qui e/t entre le golfe de
Macédoine Se la mer Adriatique , il appella Orestide
le pays où il avoit établi fa domination. Tite-Live ,
/. 33. c. 34. dit que les Oreites font un peuple de Ma-
cédoine , Se qu'ayant été les premiers à quitter le parti
de Philippe , les Romains leur rendirent la liberté de
fc gouverner par leurs propres loix. Leur pays cfl: nommé
Orestide , Oreftis par Solin , Se Orestiade, Orcfiias
par Strabon. Pline les nomme Oreflœ. Liberi par rapport
à ce privilège dont parle Tite-Live. Leur principale ville
s'appelloit Laodicée , félon Thucydide.
ORESTJi, ancien peuple de l'Inde, il on lit ainfi
dans ce vers de Lucain,/. }.v. 240.
Tune fît ror extremos movit Romanus Oreflas.
Mais il faut lire Oretas , ôe il s'agit -là du peuple
O.ItTyÇ.
ORESTEUM ou Orestium. Euripide , dans fa tra-
gédie d'Orefie , v. 1 645. introduit Apollon parlant ainfi
à Oreite : Après que vous ferez forti de ce pays , il faut
que vous habitiez la Parrhafie un an entier, Se ce lieu
prendra fon nom du vôtre , à caufe de votre exil, &
fera appelle Orefteum parles Arcadiens, &c. Ortelius
croit que ce lieu étoit en Arcadie ; Se cerrainement le
mêmequ'OREsTHAsiuM de Paufanias.
ORESTIDE (!.'), Orestis ou Orestias , pays ha-
bité par les Orestes. Voyez, l'article Orestj«.
ORESTIS PORTUS , le port d'Orefte , port de la
Grande Grèce , au pays des Brutiens , félon Pline , /. 3.
c. j.ll le met au midi du Marro, fur la côte occiden-
tale de la Calabre ultérieure : c'elt aujourd'hui Porto
Ravaglioso. Cluvier n'a pas ofé décider fur la fi-
tuation d'Qreflis Portus. Lachofe n 'elt pas encore bien
décidée entre les géographes. * Le P. de Charlcvoix , Mé-
moires manuferits.
ORESTIUM ou Orestum. Voyez, ce mot.
ORESUND. C'eft ainfi que les Danois appellent le
Simd , qui fépare l'ifle de Séeland Se la province de Scho-
nen , qui elt de la Suéde.
ORETyE , contrée d'Afie. Denys le Periégete les nom-
me Orit«, Se les place quelque part au voifinage de
l'Arachofie Se de l'Atie. Je m'étonne qu'Ortelius lui at-
tribue de les avoir mis près du Pont Euxin , dont cet
auteur n'a garde de parler en cet endroit. Ces Otites fai-
foient partie de l'Atie , Se étoient aux confins de la Car-
manie Se de la Gédrofie : ils prenoient leur nom de la
ville d'QRA , que Ptolomée place dans la Carmanie.
Sulpicius , dans une remarque fur Lucain, dit que les
Oretes font dans les Indes ; mais il falloir dire entre la
Perfe Si les Indes, aux confins de la Carmanie : auiîi Lu-
cain , liv. 5. verf. 249, 2jo. a t-il joint ces pays en-
feaible :
Tune furor extremos movit Romanus Oretas
Carmanosque Duces.
* Periegef. vers 1096.
ORETANA JUGA font des montagnes du même
pays. Pline appelle ainfi la montagne nommée aujour-
d'hui par les Espagnols la Sierra di Alcaras.
ORETANI, lesORÉTAiNs , ancien peuple de l'Es-
pagne Tarragonnoife. Ptolomée, /. 2. c. 6. dit qu'ils
étoient plus méridionaux que laCeltibérie Se la Carpé-
tanic. Pline , /. 3. c. 3. dit :Oretani qui & Germani-
ci cognominantur , les Orétains furnommés Germains ,•
mais il dit aufiî dans la même ligne, Mentesani qui
& Oritani. Cette variété d'orthographe , Oretani ou
Oritani ne fignLfie rien. Pline , parlant de Menti fi , qui
etoit dans l'Orétanie , la défigne par le nom des fes ha -
bitans , Mentefani , Se ajoute le furnom d' Oretani pour
la distinguer d'une autre Mentefa qui étoit au pays des
Bafiules. Parlant enfuitede la ville d'ORETUM qui don-
noit îe nom au peuple i il la défigne encore par le nom du
peuple même , Se ajoure le furnom particulier de la ville ,
qui elt nommée par Ptolomée, Oreunn Germanorum.
6%f
Cette dernière ville étoit fur la Guadiana , Se fon nom
eftreftc à une chapelle voifine de Calatrava. Elle cft dé-
diée fous le titre de la fainte Vierge , Se porte aujour-
d'hui le nom de Nuestra Signora de Oreto. Cette
églife e/t d'une architecture romaine , Se près de-là fe
trouve un pont de pareille architecture , où l'on voyoit
autrefois cette infeription , qui a été transportée à Al-
magre, Se qui cft rapportée par Nonnius , Defcr. Bis-
pan, c. 61.
P. Bœvius. Venustus. P. B^bii
Veneti. F. P. B/ebii. Ceris. Nepos
Oretanus.
PetenteOrdine et Populo in
HONOREM DoMUS DlVINS PoNTEM
FtCIT EX H-S. XXC. ClRCENSlBUS
Editis D. D.
Cette ville d'Oretum étoit donc dans la Caftille, dans
la Campagne de Calatrava , fur la Guadiana. Elle a
été épiscopale , & entre les pères qui fignerent , au
troificme concile de Tolède l'an 589, on trouve Ando-
mus Oretanus. Marianus fouferivit aufii à un autre con-
cile de Tolède , c'elt -à-dire , au feiziéme, tenu l'an 693.
* Harduin. colleét. conc.
Les villes des Orétains , félon Ptolomée , étoient
Salaria , Caz.orla > Salica , Mentifa la Guar-
Sifapon , Almaden , Lilnfoca , diana ,
Oretum Germanorum , Lez,uz.a , Gervarïi,
JEmiliana , Cajiulo , Biatia , Baeca
Mirobriga , Villa de Ca- Lupparia Lacuris Loquera,
pilla , ou Lusparia , Tiva.
1. ORETO. Voyez. Oretani.
2. ORETO, Orethus, rivière de Sicile, dans la val-
lée de Mazare. Elle pafle à Mont-Réal Se à Païenne
où elle fe rend dans la mer. De l'ifle la nomme Ad-
mirante , Baudrand Admirati ou Fiume dell Ami-
raglio, rivière de l' Amiral. Ottelius dit que Léan-
dre l'appelle Fiume de la Muraglia , ce qui voudroit
dire rivière de la Muraille , en quoi fa citation eit julte ;
mais Léandre paroît avoir été trompé par une eonfon-
nance de fyllabes.
ORETUM. Voyez. Oretani.
OREUM , ou Oreos , ou Oreus , ancienne ville
de l'Eubée. Tite-Live , /. 28. cap. 5. la décrit ainfi : Ils
firent voile vers l'Eubée, prenant leur route fur la ville
d'Orcum, qui, lorsqu'on vient du golfe Démétriaque ,
Se que l'on va vers Chalcide Se l'Euripe, elt la première
ville de l'Eubée à gauche. Il dit ailleurs , /. j 1. c. 40". Oïl
commença de délibérer fi on attaqueroit Oreum. Cette
ville étoit en très - bon état , foit par la force de fes mu-
railles , foit parce qu'ayant déjà été infultée, on y avoit
mis unenombrcufegainifon ; Se peu de lignesaprès il a-
)ome:Oreum fut attaquée de plufieurs côtés en même tems.
Les Romainsavoient leur attaque auprès du fort de la mer;
le roi Attale Se fes troupes avoient la leur parla vallée qui
eit entre deux forts , Se dont la ville elt féparée par une
muraille de ce côté. Cette ville elt la même qu'IsTi,£E
ouHESTiyfE, quielt fon ancien nom.Strab. l.ic. mit. dit :
Leslltiéens ont été enfuite nommés Orit^e; Se leur ville j
au lieu du nom Isti^e , a pris celui d'OREos. Pline, /. 4.
c . 1 2. parle d'Oreum , comme d'une ville autrefois célè-
bre, mais réduire en village; cependant Paufanias, A-
cb.de. c. 2.6. écrivain pofierieur à Pline, dir : 11 y a encore
de mon tems des gens qui appellent Oreum d'Eubée de
fon ancien nom Ift'ue. Ptolomée , /. 3. c. if, la nomme
Hor/Eus. Le paflage de Paufanias fait voir que , quoique
déchue de fon ancien éclat , elle gardoit encore fon rang
de ville dans le tems où il écrivoit. Son nom moderne elt
Orco dans la partie feptentrionale de l'ifle. Corneille
joint mal-à-propos l'article avec le mor.
OREXARTES pour J^xartes.
OREXIS , montagne d'Arcadie , au Péloponnèfe ,
félon Paufanias , /. 8. c. 14.
ORFA , ou Orph a. De TIfle écrit Ourfa , ville d'A-
fie , à l'orient de l'Euphrate , dans le Diarbcck ; c'eft
l'ancienne ville d'Edefle. Thevcnotqui y a été , la décris
688 ORF
ORG
ainfi : Elle a environ deux heures de circuit ; fes murailles
four belles ôc affez entières; elletft presque carrée ; mais
en-dedans on nevoit guère que des ruines :cepcndantclle
eit fort peuplée. Du côté du midi elle a un château qui lui
eit joint ; ce château eit fur une montagne. 11 a de tics-beaux
foffés, qui font larges ôc bien profonds, quoiqu'ils foient
taillés dans le roc : il cil allez grand , mais plein de rui-
nes ; il n'a que de méchans canons tout rompus. Au plus
haut du chaieau il y a une petite chambre carrée, d'où
l'on voit fort loin, Ôc les gens du pays difent qu'Hélie a
demeuré dans cette chambrette -, ce qu'il n'elt pas néces-
faire d'entendre du prophète Hélie. * Suite du voyage du
Levant , c. 9. p. 78.
Du côté qui regarde la ville , il y a deux grandes co-
lonnes de pierres éloignées l'une de l'autre de fix ou fept
pas , toutes droites fur leurs piedeltaux: elles font d'or-
dre corinthien , ôc compoiées chacune de vingt- fept as-
files de pierres à dix neuf pouces de hauteur, ôc leur dia-
mètre eit de deux pieds ôc demi. Les gens du pays difent
qu'il y en avoit autrefois deux autres femblables , ôc que
fur ces quatre colonnes étoit pofé un des trônes de Nem-
rod : que ce fut de cet endroit , auquel ils portent grand
refpeét, qu'on précipita Abraham dans une fournaife qui
étoit au bas, ôc que dans le moment même il en iortit la
fontaine qu'on y voit encore , ôc qui emplit un canal qui
eft tout proche. Il eit long de plufieurs toifes , ôc Luge
de cinq ou fix ; ôc l'on eau , après avoir arrofé toute la vil-
le, va fe perdre en terre à quelques heures de chemin loin
delà, il y a dans ce canal une fi grande quantité de poilions
qu'ils paroiffenr par gros monceaux. Je crois , dit l'auteur
ciré , que ce font des carpes -, mais ils difent qu'elles cau-
fent lr fièvre, & ne permettent à perfonne d'en prendre ,
fi ce n'elt paffé un petit pont qui eit au bout du canal : car
ils d\(cm qu'étant ptifes au-delà de ce pont , il n'y a plus
de danger.
Entre ce château & ce canal , il y a un autre canal plus
petit qui eit éloigné d'environ cinquante pas du premier,
6c fou e ru fe mêle avec l'autre aulïi-tôt qu'elle eit hors du
canal. Comme 1rs habitans d'Orfa croient que tout eft mi-
racle d-ms leur pays , ils difent que c'clt une autre fource
qui fortit du lieu où l'on jerta un esclave , qui , ayant vu
qu'Abraham étoit miraculeufement forti de l'eau du lieu
où on l'avoir précipité, ditàNemrodquecet homme étoit
un véritable prophète, ôc non pas un magicien, ce qui
futcaufe qu'on le précipita auifi. Sans ces canaux, Orfa
n'auroit pu fubfitler fi long-tems , ôc auroit péri par la
foif : car il n'y a point d'autre eau dans cette ville quecelle
de ces deux fources. 11 y a du côté du château , qui regar-
de le midi , plufieurs montagnes allez proches quile com-
mandent, fur-tout une que les gens du pays appellent
Nembrod Tahhtasi , c'elt-à-dire, letrônede Nemrod,
parce qu'ils croient que fon principal trône étoit fur le
fommet de cette montagne. On voit dans ces montagnes
plufieurs grottes , où ils difent que logeoient cent mille
foldats de Nemrod. En fortant de la ville par la porte mé-
ridionale , on voit un puits nommé Eyam Capise, c'eft-
à-dire , le puits du Mouchoir. J'ai rapporté au mot E-
desse , ancien nom d'Orfa , ce que les anciens ont dit de
la dépuration ÔC de la lettre d'Âbgar , roi d'Edcffe , à
N. S. J. C.& d'un portrait du Sauveur , auquel Evagre
attribuoit la délivrance de cette ville. La tradition mo-
derne d'Orfa enchérit beaucoup fur les anciens. Si on
les en croir , Abagarus, roi d'Orfa , étant tout lépreux ,
de ayant oui dire beaucoup de merveilles de Jcfus-Chrilt ,
envoya des gens le prier de venir le guérir , avec charge
de l'affiner de fa part qu'il le protégeroit contre tous fes
ennemis, ôc il fit aller avec eux un peintre pour tirer fon
portrait. Us difent que Notre Seigneur répondit à ces
envoyés qu'il ne pouvoit y aller , parce que le tems de
fa paffion s"approchoit , ôc que s'étant apperçu que le
peintre tiroit fon portrait, il mit un mouchoir fur fon
vifage , après quoi fon effigie y relia empreinte , & il le
leur donna pour le porter à leur prince. Ces gens s'en
retournèrent, & comme ils étoient pioche delà ville,
ils furent rencontrés par des voleurs qui les mirent en
fuite. Celui qui avoit le mouchoir le jetra vite dans le
puits dont il eit queftion & fe fauva à lavilleoù il racon-
ta le tout au roi. Ce prince alla le jour fuivant en pro-
ceffion avec tout fon peuple au puirs , dont ils trouvèrent
l'eau accrue jusqu'au bord, ôc le mouchoir nageant deffus.
Le roi le prit , fut auifi-tôt guéri de fa lèpre Se fe fie
Chrétien avec tout fon peuple. Ils difent qu'ils ont long-
tems gardé ce mouchoir ; mais qu'enfin les Francs l'ont
enlevé & porté à Rome. Enfin ils racontent au iujet de
ce puits une multitude de fables dont je crois devoir faire
grâce au leéteur.
Ce puits eft enfermé de murailles , & il y a quantité
de monde tant hommes que femmes qui s'y lavent. Us
fe mettent derrière de petites murailles de pierres , fe des-
habillent , ôc reçoivent fur le corps l'eau de ce puits , qui
coule d'une petite auge percée qui eft fur la petite mu-
raille ôc qu'ils ont emplie auparavant. 11 y a à Orfa, auffi-
bien qu'a Damas , plufieurs lépreux. Us font noirs, hi-
deux , mélancoliques , ils ont peine. à parler, ôc tout le
corps leur fait mal. Leur maladie approche fort de la ma-
ladie vénérienne, mais c'eû autre chofe , ôc l'on dit qu'elle
provient d une caulè difiéieine.
OKFEA , rivière de Grèce , dans la Morée. C'eft la
même que I'Alfhée. l'oyez, ce mot.
ORIORD, petite ville d'Angleterre, avec titre de
comté , dans la province de Suflolk. Elle envoie fes dé-
putés au parlement, & tient maiché public routes les
femaines. * Etat préjtnt de la Grande-Bretagne >x. 1.
p. iii.
ORGA ou Orgas , rivière de l'Afie mineure. Pline,
/. 5. c. 29. dit qu'elle fe jette dans le Méandre , auprès
d'Apamée. Strabon , /. 12. p. 577. la nomme auffi en-
tre celles qui tombent dans ce fleuve.
ORGABA , ville de la Baffe -Ethiopie. Elle eft fituée fur
les bords de la rivière d'Onchk , qui fe décharge dans le
Nil , pioche des monts Amara , où commence le royau-
me de Mélinde , félon Corneille ôc de la Croix : le pre-
mier a été trompé par le fécond qui s'eit fié à de mau-
vaifes cartes. Sanfon mer Orgaba fur une rivière qui cou-
pe l'Equateur , ôc tombe dans le Nil en un climat où il
n'eft nullement queftion du Nil.
ORG ADE ( L' ) , contrée de Grèce , dans l'Afrique ,
félon Paufanias , /. 3. c, 4. 'O^àç •)«. Elle étoit confacrée
aux mêmes divinités que l'on adoroit à Eleufine.
ORGALEMA.'OpîaAii^a, ville fituée fur Lifter, félon
Etienne le géographe, qui cite Hécatée dans fon hiftoire
de l'Europe.
ORGALICUS SINUS. Voyez. Argaricus.
ORGAMENA, ville de l'Ulyrie , félon Etienne le
géographe , qui la diflingue d'ORGOMENE.
OHGANA , iflefur les côtes de. l'Arabie Heureufe ,
felcn Ptolomée, /. G.c.y. On croir que c'clt IOgyris
de Pline, & LOaracta d'Arrien. Voyez. ces mots.
ORG AN AG/E , ancien peuple de l'Inde , félon Pline,
/. 6. c. 20.
ORGAS. Voyez. Orga.
ORG ASI,'Op>«(rc< .ancien peuple de la Scytie, en-
deçà de l'Imaiis , félon Ptolomée, /. 6. c. 14.
ORG AZ , ville d Espagne , dans la Nouvelle Caftille,
à trois ou quatre lieues vers le midi de Tolède. Elle a le
titre de comté que Charles V donna à Alvar Perez de
Gusman , pour récômpenfe de fes fervices. * Délices de
l'Esp. p. $57.
ORGE , fontaine des Gaules , dans la province Nar-
bonnoife. Celt préfentement Sorgue. Voyez, ce mot.
Pline, /. i8. c. 22. qui parle de cette fontaine dit : Qu'il
y croiffoit dans leau une herbe dont les bœufs éioicnt fi
friands qu'ils plongeoient la tête dans l'eau pour y attein-
dre. Comme il dit : Eft ta Narbonenfi provinci'à nobilis
fons : Orge nomme eft , &c. Ortelius ibupçonne que Pli-
ne pourroit bien l'avoir nommée fons Sorge , de forte que
l'S finale de fons auroit fait négliger l'S initial de Sorge;
de manière que le nom moderne qui eft Sorgue feroit le
même que l'ancien.
ORGELET , petite ville de France , dans la Franche-
Comté, au bailliage auquel elle donne fon nom ; ôc dont
elle eit le chef-lieu. Elle eit fituée à la fource de la Va-
louze , rivière qui coulant vers le midi fç jette dans l'Ain
que quelques uns appellent mal-à-propos Dain. Il y a
un couvent de Capucins , ôc un de Religieufes. Cette mal-
heureufe ville compofée d'environtroismille habirànsfuc
réduite en cendres au mois de novembre de l'année 1752.
ORGEL1TANUS, titre que prend un évcqne d'Es-
pagne nommé Julte , qui a écrit fur le cantique des can-
tiques. Son fiege étoit Urgei.. Voyez, ce mot.
1 b ORGELLA
ORÏ
ORI
ORGELLA ou Orgellum. Voyez.U rgkl.
ORGEMPI. Voyez. Argipp^i.
ORGENOMEbCI , anciens peuples d'Espagne : ils
failbient partie des Cantabres , félon Pline , /. 4. c. 10.
Ils avoient , dit le P. Hardouin, la côre d'Afturie, depuis
Santillane jusqu'à l'Afta qu^coule à Oviedo.
ORGESbUM , ville de Macédoine , félon Tite-Live.
ORGIA, ville de l'Espagne Tarragonnoife , au pays
des Ilergetes , félon Pcolomée , /. 2. c. 6. Quelques exem-
plaires portent Orcia.
ORGOCYNI , ville de la Chcrfonnèfe Taurique , fé-
lon Pline , /. 4. c. 12.
ORGOaIANES , pour Dargomanes. Voyez, ce
mot.
ORGOMEN/E, ville de l'Illyrie, félon Etienne le
géographe.
ORGON , quelques-uns écrivent Orguon , petite
ville de France, en Provence , à quatre lieues d'Avignon
Se presque fur le bord de la Durance. 11 y a un couvent
d'Auguftins dechauffés. * Piganiol de la Force, t. 4.
p. i93.
ORGON ( Le Gras d' ) , c'eft l'une des embouchures
du Rhône, dans fa branche occidentale. Il fépare la gran-
deCamargue de la petite, pâlie auprès du bourg des Sain-
tes Maries , ou Notre Dame delà Mer.
OR.GONESOS. Vyei Urgo.
ORGOSOLO , petite place cicl'iflc de Sardaigne, vers
la côte orientale de l'iflè à trois lieues de Lode , du côté
du couchant. Baudrand croit que c'eft la Grillene des
anciens.
ORGYSUS, ville de Macédoine, aux Piffantins, fé-
lon Polybe. C'eft peut-être I'Orgessum deTite-Live.
ORI , peuples maritimes , au voilinage de la Carma-
nie,dont peut - être ils failbient partie. Pline, /. 6. c.
23. les place dans ce fens-la. Le P. Hardouin veut que
l'on diltingue ces Ori de Carmanie , d'un autre peuple
de même nom. Ceux-ci tiraient leur nom d'Ora, Q*pa ,
ville de Carmanie , dont parle Ptolomce, /. 6. c. 8. En
cecas ils ne différent point des On tas. Voyez. Oret^e.
ffp*, dont parle Atrien, efj très-différente. Il y avoit d'au-
tres Ori près desfources de 1 Indus, &e ce font ceux-là qui
prenoient leur nom de l'Orad' Atrien. * Expédie. Alex.
I. 4.
1. ORIA. Strabon , /. 3. p. 1 y 2. nomme ainfi une
ville d'Espagne , au pays des Oretains. On croit que c'elt
la même ville qa'Oretym , qu'il nomme ainfi.
2. OR-IA : le même Auteur, /. 10. p. 44;. nomme
de même Oreum, ville d'Eubée.
3. ORIA, ville d'Italie, au royaume de Naples, dans
la Pouille , Se dans la province d'Otrante , fur une mon-
tagne de l'Apennin. Elle en; le fiége d'un éveché fuma-
gant de l'archevêché de Tarente. Son évêché avoit été
autrefois uni à celui de Blindes , dont il fut féparé par
le pape Grégoire XIV. La ville eit encore allez peuplée ,
avec un vieux château fur un rocher, vers Lifourcede
la rivière de Galafo ( feion Baudrand, édit, 1 70; ) , pres-
qu'au milieu , entre Blindes ôe Tarente, au couchant
d'hiver, ôe à vingt trois milles de Lecce. C'elt l'Uriades
anciens. Son territoire pourroit bien être la même chofe
qn'ORiANUsAGER, dont il eft fait mention dans le livre
des limites. Magin, fuivi de plufieurs autres géographes,
ne met aucune rivière au voifinage d'Oria , ni près de
Tarente ; il fe trompe, car Tite- Live nous apprend for-
mellement, que le Galefus étoit a cinq milles de Taren-
te, aujourd'hui il n'eft qu'à trois milles.
ORICîA, contrée aux environs d'ORicuM. Voyez, ce
mot.
ORICINUS. Voyez. Oricum. i.
1. ORICUM eu Oricus , ancienne ville de l'Epire.
Ptolomée dit au neutre Oricum ,'Op/JcoV , Pline Se Mêla
de même \ mais Etienne ôe Scymnus de Chio difent Ori-
cos , 'Op/zcç. Ce dernier dans fa defeription du monde ,
v. 440. dit : Oricos , ville Grecque & maritime , fut bâ-
tie par les Eubéens qui revenaient du fiége de Troye ,
Se qui furent jettes en cet endroit par les gros vents.
Elle avoit un port fameux , dont il eft parlé dans les com-
mentaires de Céfar, B II Civil, c. 7 , 8 , 1 1 , 12. Il y eft
dit , que Lucretius Vespillo & Minucius Rufus y étoient
avec dix-huit vaiffeaux d'Afie. Lucius Torquatus » qui y
commandeit pour Pompée, fut forcé par les habitans,
Se par la garnifon même, de la remettre à Jules Cé-
far. Les environs font nommés par Denys le Periégttc
(v. 399'/) Oricia terra; Tite-Live , /. 26 en appelle
les habitans Oricini. Je ne puis m'empêcher de relever
ici une faute d'Acron , ancien commentateur d'Horace ,
qui dit qu'Oricum eft de la GiliBie': Gfoifai CilicUut
aut Onca Terebimho. Le po'ete , /. 3.0^. 7. parle à Aliè-
ne , dont un jeune amant , nommé Gygès , éroit allé faire
un voyage de Birhynie. Un vent de midi l'avoit pouffé à
Oricum , fur la côte d'Epire. Dacier qui a bien remarqué
la faute d'Acron , en fait lui-même une nouvelle. Ho-
race , dit-il , a fort bien obfervé la fituation ôe le côté
du vent ; car dès que l'on eft dans la mer d'Ionie , le ve rit
du midi pouffe droit en Epire. Le venr du midi pouffe
également vers l'Italie ; mais ce qu'Horace veut dire ,
c'eft que ce jeune homme , partant pour la Bithynie Se
par conféquent obligé de rafer les côtes d'Epire', d'Ita-
lie , Se de doubler le Péloponnèfe , ne pouvoit faire fa
route à caufe des vents contraires. C'eft ce que les ma-
rins appellent avoir le vent debout ; ainfi il avoit relâché
en Epire , fur la route , pour attendre un meilleur venr.
Oricum au refte n'eft point différente d'OREUM.
2. ORICUM, montagne d'Affyrie , félon Polybe.
OR1ENSIS ou Horrensis , fiége épiscopal d'Afri-
que , dans la Mauritanie Sitifenfe. C'eft peut-être le mê-
me lieu que la table de Peutinger nomme Horrea ,
entre Sitifi & Tubufuptitm , félon Dupin , dans fa 338
note fur la conférence de Carthage , à Poccafion de Vi»-
ctor, qui y eft qualifié Episcopuf Orienfis. La notice
d'Afrique fournit VicFor Horrenfis. 11 y a lieu de croire
que ces deux évêques de même nom , ont occupé le
même fiége en des tems différens ; car la conférence de
Carthage eft de l'an 4 10 , Se la perfécution d^Huneric , à
l'occafion de laquelle a été dreffée la notice épiscopale
d'Afrique , eft de l'an 484 ; ainfi ce font deux évêques
nommés Victor , l'un ôe l'autre.
1. ORIENT, mot emprunté des Latins: il fignifie
qui fe levé ; ôe s'emploie en géographie pour fignifier
les divers points où fe levé le foleil, à l'égard des diffé-
rens climats , Se félon les diverfes faifons de l'année.
J'ai déjà traité cette matière, en parlant de YOccident.
Voyez. Occident Se Levant.
2. ORIENT ( L'empire d' ). Voyez, l'article Constan-
tinople.
3. ORIENT, pays fitué à l'Orient; quoique dans
l'exactitude il n'y ait point de pays qui ne foit à l'O-
rient d'tm autre , ôe à l'Occident d'un autre -, cependant
ons'eft accoutumé à dire l'Orient en parlant des Indes
par rapport à l'Europe. Voyez au mot Levant , la di-
ftindion que l'on doit faire entre ces deux termes le Le-
vaut Se l'Orient. Les Grecs ont nommé l'Orient AVa-rc,/»
dont s'eft formé Anatolia , l' Anatolie , Se par corru-
ption la Natolie , nom que l'on donne aujourd'hui à l'A-
fie Mineure.
4. ORIENT ( L') , ville & port de France , en Bre-
tagne , au fond de la baie du Port-Louis , à l'embou-
chure de la rivière de Scorf , qui vient du Pont Score.
Quelques-uns , comme Piganiol de la Force lifent Crof ,
PontCrof. Elle eft fituée à onze lieues de Vannes, à
trente-cinq de Nantes , ôe à cent treize de Paris. Les
magazins Se l'arfenal de la Compagnie des Indes , for-
mée vers l'an 1720, font dans cette ville. Elle fait tous Ces
embarquemens dans ce port. Tous les vaifieaux qui en
partent , font deftinés pour la Chine , pour Bengale ,
pour Pondichery , pour Moka , pour Mahé, pour l'ific
de Bourbon , pour le Sénégal Se les côtes de Guinée. La
vente des marchandifes qu'elle tire de ces différens pays;
fe fait pour l'ordinaire en Septembre; elles confident ert
café de Moka ôe de Bourbon , en poivre, en bois rou-
ge, en cardamome , en coton filé , en thé de toutes qua^
lires, en nacre de perles, en gomme de Sénégal; en foies de
Tany ôeàe Nanquin, en diverfes étoffes de foie, en caba-
rets Se porcelaines de la Chine , en borax , vermillon , ci-
nabre, rhubarbe, &autresdrogues&épiceries, & en tou-
tes fortes de mouffelines ôe mouchoirs des Indes. Toutes
les principales villes du royaume y envoient pour en
acheter, & il y a des banquiers à Paris Se dans quel-
ques autres villes qui reçoivent l'argent de ceux qui veu-
lent y aller acheter des marchandifes. Les Angloistente-
rcm inutilement de s'en emparer en 1746. Elle eft fous le
lom. IV. S f f £
6$o
ORI
ORI
14 deg. 12 min. de long. 47 deg. 45 min.de latir.
* Mémoires manufcrùs.
ORIGARlUxM , nom d'un marais ou étang, qui eft
nommé Palus Commiaclenfis , dans la vie de S. Romuald.
Il eft en Italie , ôc Ortelius conjecture très bien que c'eft
le lac de Ccmmachio.
ORIGENI , ancien peuple d'Espagne , félon quel-
ques éditions de Pline /. 4. c. 20. Quelques manuferits
portent Origenonensci è Cantabris , d'autres Origeno-
misci , de quoi quelques éditeurs , comme Dalechamp ,
ont fait Origcni miftis Cantabris. Le P. Hardouin ,
trouvant dans un manuferit Orgenomesci e Can-
tabris , a préféré cette leçon. On lit dans Ptolomée
Argeno mescum , qui étoit aufli parmi les Cantabres.
Pline ou Ptolomée a mal écrit la première lettre ,
du refte , ils font d'accord pour la fuuation. L'un nom-
me la ville, l'autre le peuple.
ORIGEVIONES , peuple ancien d'Espagne , voi-
fin des Autrigons , ôc au bord de la rivière de Ne-
fua, félon Pomponius Mêla , /. 3. c. 1. Cette rivière
traverfoit la Cantabrie. Ce pourvoit bien être le mê-
me peuple que celui dont il s'agit dans l'article précé-
dent.
ORIGIACUM , ancienne ville de la Gaule Belgi-
que , & la feule que Ptolomée donne au peuple Atre-
eates. Quelques exemplaires de ce géographe portent
Metacum. Cette ville , avec le tems, a quitté ce nom
pour prendre celui du peuple qu'elle porie déjà dans
les anciens itinéraires. Le mot Metacum eft eftropié
de Nemetacum. Voyez. Arras.
1. ORIGNI , Ifle de France , fur la cote de Nor-
mandie Voyez. Aurigni.
2. ORIGNI , bourg de France , en Picardie , fur la
rivière d'Oife , au diocèle de Laon , dans une grande
prairie qu'arrofe la rivière d'Oife diviiee en plusieurs
branches ,au deffus de la ville de Ribemont , ôc à trois
lieues de la ville de S. Quentin au levant d'hiver. Ce
lieu eft célèbre par le martyre de Ste Benoîte , dame
Romaine , que Macrocle,lieutenant des empereurs, y fit
mourir , pour avoir confeflé ôc conftamment prêché la
foi de JefusChiift. 11 y a une ancienne ôc célèbre ab-
baye de filles de l'ordre de S. Benoît , où l'on conferve
le corps de cette fainte , ôc un chapitre de douze cha»
noines , à la nomination de l'abbcfle ôc de la commu-
nauté pour le fervicc de l'autel , ce qui marque que c'é-
toit anciennement un monaftere double.
1. ORIGUELA, ville de Portugal, dans l'Alentejo.
Elle eft fituée aux frontières de l'Eftrcmadure à une
lieue ,ôc au nord-eft de Campo Major, ôc à quatre lieues
( de 2j au degré ) au nord d'Elvas, fur une montagne
aflez roide , ôc eft défendue par une bonne muraille
& par un château. 11 y a une fontaine qui ne reçoit dans
fes eaux aucun poilïon ni infecte vivant , que des gre-
nouilles , ôc dont les eaux ne fauroient fervir à cuire
la viande.
Corneille s'eft bien égaré dans cet article. Il met
cette ville aux frontières de la Cailille , quoiqu'il y
ait toute l'Eltremadute entre deux. Enfuite , confon-
dant cette ville avec une autre de même nom en Espagne,
il dit que Jouvin de Rocheforr la place au royaume
de Murcie. Comment une ville peut-elle être dans deux
royaumes aufli éloignés l'un de l'autre • que Murcie
l'eft du Portugal .J La vérité eft , qu'aucune des deux
n'eft au royaume de Murcie. Celle dont il s'agit ici elt
du Portugal i l'autre elt du royaume de Valence aux
confins de Murcie.
2. ORIGUELA ou Orihuela , ( Cette prononcia-
tion revient presque au même , le G ôc l'H ayant l'un
& l'autre une forte afpiration difficile aux étrangers. )
ville d'Espagne au royaume de Valence , ôc la première
que l'on trouve en venant de Murcie , dont elle elt à
quatre lieues -, elle elt à une lieue de la frontière des deux
royaumes. Elle eft fort ancienne , ôc on tient que c'elt
I'Orcelis de Ptolomée. Elle eft entre des montagnes,
au bord delà Segura dans un lieu fortifié par la nature ,
au milieu d'une plaine fi fertile en bled , qu'elle a don-
né lieu à ce proverbe des Espagnols : Llueva à nollueva ,
trigo en Orihuela , c'elt- à-dire , qu'il pieitve ou ne pleu-
ve pas , il y a toujours du bled à Origuela. Elle eft en-
tourée de jardins très-agréables. Il y a une univerfué,
fondée l'an ijn* C'eft aufli Je lîégc d'un évêché. L'au-
teur des délices d'Espagne prétend que cet évêché a
étélong-tems joint à celui de Carthagene , qu'il en fut
fépare par le pape Jules III, au milieu du XVI fiécle,
ôc que l'on en fit une nouvelle piélàture ,avec dix mille
ducats de tente. Ce qu'il ajoute femble infinuer que ce
fitge exiitoit dès le quatrième fiécle. L'un des premier»
évèques de cette ville , dit-il , envoya des députes au fé-
cond concile d'AiL's ( tenu l'an 353, fous le pape Libè-
re ). 11 s'en faut bien que l'abbe de Vayrac , Etat pré-
féru de l'Etpagne , / 4. t. 2. p. 372 , lui donne cette an-
tiquité. Selon lui , l'églife d'Oiihuela fut fondée en col-
légiale l'an 14 14. Elle ne fur érigée en cathédrale que par
Alphonfe V , roi d Arragon ( qui régna depuis l'an 141 6
jusqu'à l'an 1458 ; ) un nommé Gallus en fut le premier
évêque.En 1521, elle fut unie à celle de Carthagene, fous.
le règne de Charles V , par le pape Léon X ; mais en
1564 , elle fut rétablie dans fes droits par Pie IV ,
à la prière de Philippe II. Ce qui me perfuade que
cette églife eft nouvelle , c'eft qu'il n'en eft fait aucune
mention dans les trois anciennes notices eccléliaftiques
d'Espagne , à moins que ce ne foit le fiége de Bagasta
que Mariana , de rébus Hispan. I. 6. c. 1 5-, met entre
les évêchés du tems du roi Wamba. Il ajot te qu'on ne'
fait aujourd'hui où étoit cette ville ; qu'il paroît pour-
tant qu'elle étoit aux environs d'Orihuela , tant pnr l'ar-
rangement des lieux , que parce que l'une des portes
de cette dernière ville porte le nom de Magaflri. Ce
qui eft d'autant plus vraifemblable ,que les notices nom-
ment cette Bagafta , Bagastri dans l'édition de Ro-
me ; ce fiége au relie compte foixanre pàroilTes dans
fon diocèfe. Le chapirre de la cathédrale eft compufé
de fix dignitaires , de fix chanoines câ: de douze preben-
diers. Quelques-uns ont attribue là fondation à Hercule
le Thébain ; mais ce qui eft plus cer am , c'elt que cette
ville étant tombée dans une espèce de décrépitude, Al-
phonfe le Sage la releva , ôc y fit de grandes réparations
dans l'XI fiécle. Elle eft capitale d'un gouvernement
indépendant de Valence, & dont Li jurisdiction s'étend
douze lieues en longueur , fur lix de large. La campagne
où elle eft fituée produit , outie du bled , du vin en abon-
dance , du lin , du chanvre du miel , de la foie , des
herbes , des légumes , des fruits , ôc même du fel.
* Vayrac , Ibid.
ORII , 6'pioi Polype nomme ainfi un peuple de
Cl'ére.
ORILHAC. Voyez. Auriliac
ORIN/tl. Voy e t. Ekinai.
ORINDICUS AGER , campagne d'Afie. Cicéron
en parle dans fa dix-huitiéme oraifon , de lege Agrar.
contra Rullum,c. 19. Jubet venWe, qum Attalent'mm, qu&
Phafelitum , qita Olympenorum fuermt a Agrumque Age-
renfem & Ormdicum & Gedujamim. Les trois premières
places , Attalie , Phafelis ôc Olympe étoient fur la côte
méridionale de la Natolie ■ ôc voifines l'une de l'autre
dans la Pamphylie -, & comme Oroanda étoit plus dans
les terres dans la Pifîdie .Ortelius foupçonne qu'il faut
lire dans Cicéron Oroandicum.
1 . ORINE , ifle de la mer Rouge , vis à-vis de Prcv
lemaïde , furnommée t'erarum , au fond d'un golfe , oU
elle s'avance vers la mer deux cens ftades , ( qui revien-
nent à cinq milles géographiques de 1 f au degré ). Elle
eft de deux côtés entourée du continent ; ce font les ter-
mes d'Arrien dans fon périple de la mer Erythrée. Ra-
ratifio croit que c'eft l'ifle de Maczua, à quoi convient
allez la deferiprion d'Arrien.
2. ORINE. Pline , /. $. c. 14. nomme ainfi là contrée
de la Paleftine , où étoit Jérufalem. C'eft ce que S. Luc ,
c. 1. v. 39. appelle Montana Judœa , lorsquil parle de
la fainte Vierge , qui alla vifiter Elifabeth. Il y avoir
plufieurs villes dans ces montagnes , Jérufalem , Rama ,
Berhlcem , &c. Le grec de faint Luc porte lïfw Qjptnw ,
d'où a pu aifément s'écrire en lettres laines Uriné.
ORINGïS , ancienne ville d Espagne , félon Bmdrand
ôc Corneille. Voyez. Orinx , dont Oringis n'elt que
le génitif.
ORINI pour Opifl-w Montani , nous difons en
françois les Montagnards. Ce nom convient générale-
ment à tous ceux qui demeurent dans les montagnes
d'un pays. C'eft un mot grec traveiti à la latine.
ORI
ORI
OR INUS , rivière de l'IIlyrie, félon la conjecture
d'Ortelius, qui cite Califte ,/. 17. c 28, Se qui dit que
le Dtin lui porte les eaux.
ORINUS ou ORiNOS.rivicre de Sicile, fur fa côte
orientale . au midi de Syracufe ; c'eft plutôt un ruiffeau
qu'une rivière ; fon nom moderne cil Miranda. Ptolo-
mée, /,?.£•• 4- le nomme Orinus , Thucydide le nom-
me Erineus.
ORINX , ancienne ville d'Espagne , dans la Bétique.
Elle étoit très-riche Se fituée aux contins des Melefies ,
félon Tite-Live , /. 28. c. 3. qui raconte de quelle ma-
nière elle fut prife par L. Scipion , frère du grand Sci-
pion. Il ajoute que fon territoire étoit très-fertile , &
qu'il y avoit des mines d'argent. Les géographes font allez
d'accord fur le nom moderne, qui eft Jaen.
1. ORIO , Menlascus , rivière d'Espagne , dans la
principauté de Biscaye. Elle a fa fource au Mont S.
Adrien , qui fépare l'Alaca du Guipuscoa où elle coule.
De- là elle ferpente au nord eft , paiïe à Segu'ra , d. à
Villa Franca , g. à Tolola , fe tourne vers le nord-oueft ,
Se va fe perdre dans la mer , au couchant de S. Séba-
tien. * Jaillot , Atlas.
2. ORIO , petire ville d'Espagne , au Guipuscoa , à
l'orient de l'embouchure de la rivière de même nom,
Quelques-uns croient que c'eft la Menosca des anciens.
* Baudrand , édit. 1705.
11 faut remarquer que l'Orio eft plufieurs fois nom-
mé I'Oria dans les délices de l'Espagne. Cet auteur
dit que c'eft moins une rivière qu'un torrent large & im-
pétueux , qui court parmi ces rochers avec un grand fra-
cas , Se fait tourner un très- grand nombre de moulins à
forges. On y prend , dit-il , de fort bon poiflbn , &
entr'autres d'excellentes truites \ de teins en tems on la
pafife fur des ponts de pierres , Se elle eft bordée de jar-
dins , de vergers Se de figuiers. L'Orio fe charge de plu-
sieurs ruifleaux , dont l'un eft appelle Araxe.
1. ORIOLO , petit bourg d'Italie , dans l'état de l'E-
glife, dans la Romagne > entre la ville de Fayence Se
Cita del Sole, félon Baudrand, édit. 170J. Léandre ,
dans fa defeription de l'Italie, fol. 317. recto , dit qu'il
elt à quatre milles au-deflus de Fayence.
2. ORIOLO , bourg Se château d'Italie , au Patri-
moine de S. Pierre , dans le duché de Bracciano. On
croit que c'eft en ce lieu qu'étoit Forum Claudii. Ce
lieu elt à quatre milles du lac de Bracciano , a cinq de
Bracciano , Se à vingt-cinq de Rome.
OKIOW , OrihoW ou Orhe , bourgade de Mol-
davie, aux confins de la Pologne , fur le ruifleau de Rès ,
qui fe jette peu après dans le Niefter ouTuiïa, au nord-
oueft Se à fix milles Se demi de Tekiu. * Rob. de Vaw-
gondy , Atlas.
OKIPPO, ancien lieu d'Espagne , dans la Bétique,
fur la route de Cadix à Cordoue , félon Antonin ,
itiner. entre Ugia Se Séville , à vingt quatre mille pas de
la première , Se à neuf mille pas de la féconde.
OKISON , fiége épiscopal en Afie. Une ancienne
notice du patriarchat dAntioche met pour treizième
fiége Emiffa ,& lui foumet quatre évêchés qui font Ar-
qui , Orison , Herigeni & Oragison. Ortelius écrit
Or i fon par deuxSS , Orisson.
ORISSAVA , ville de l'Amérique , au Mexique , fur
le chemin de la Vera Cruz à Mexico , entre Cordoua Se
Pueblade Los Angeles. Elle elt auprès d'une haute mon-
tagne , que l'on apperçoit de vingt-cinq lieues en mer ,
& dont le fommet elt toujours couvert de neiges , quoi-
qu'elle foit fous la Zone Torride. Cette montagne , qui
porte auflî le nom d'Oiifïava , cil beaucoup plus haute
que le Pic de Teneriffe. La plaine d'Oriflava a du moins
deux bonnes lieues , Se fe termine à une montagne , ou
plutôt à une forêt de chênes toufus. * Lettres édifiantes ,
t. 1 1. p. 112.
ORISTAGNI , ville de l'iflè de Sardaigne , fur fa
côté occidentale , où elle donne à un golfe le nom qu'elle
reçoit elle-même d'un étang. Le P. Briet , parallel. 2.
part. U j. c. 12. p. 688. dit très-bien Usellis Colo-
nia : IncoU Usellitani quos Ptolemîus corruptè Cel-
sitanos vocat. Eidem Ftolem&o dicitur Colonia , Ko-
huvit*. , quomodo ergo Pliniits unam clixit ejfe toloniatn
Turrem LibiJJonis ? Hodie Usellis eft Oristagni. c'eft-
à-diie Ufellis colonie > fes habitans ont été appelles
<M
Ufellitani , Se Ptolomée les appelle par corruption co-
lonie, comment Jonc Pline a 1 il dit qu'il n'y avoit ( en
Sardaigne ) qu'une colonie , Turris Libiffonis ? Ujellif
cft aujourd'hui Oriftagni. Le pire Briet ne fait que co-
pier Cluvier. Ce dernier avoit remarqué avant lui que
Ptolomée avoit placé Ufellis , colonie , au lieu^où efl
préfentement Ôriftagni , que le peuple étoit nommé
Ujellitams que quelques copiftes négligeais ayant trou-
vé dans ce géographe vq> «« Oùa-iXXnavoi ont facilement
changé ces mots en tf ' & Kthmavm \ ces deux lettres «? ,
répétées une foiscomme pronom, & l'autre fois comme
première fyllabe d'un nom propre les ont dérangés , Se la
faute a été copiée. L'objection du père Ériet , tirée de
Pline, îi'eft.pas fort embarraffante , il vi voit fous Ves-
pafien > Ptolomée floriflbit fous Adrien. Pline ne con-
noit pas Ufellis : il elt aifé d'en conclure, ou qu'il a ignoré
qu'il y eût une pareille ville en Sardaigne , Se à plus
forte raifon , que ce fût une colonie ■■, ou que cette ville
n'eft devenue colonie que dans les cinquante cinq on
foixante ans , qui fe font écoulés entre lui Se Ptolomée.
Ce dernier fentiment, qui me paroît préférable , eft ce-
lui de Cellarius , Geogr. ant. I. 2. c. 11. p. 964. Le
même père Briet , dans l'endroit où il décrit la Sardai-
gne félon fon état préfent, dit: Arbore A , Oriftagni t
Caput Marchirnatus , &c. Baudrand a cru qu' Arbore ia.
étoit le nom ancien Se latin d'Oriftagni ; quoique le
nom d'Arborea ait été inconnu aux anciens. Le père
Ferrari avoit dit avant Baudrand , qa' Arborea eft Orf-
ftagni , en quoi il s'eft trompé : en voici la preuve. La
notice de l'abbé Milon , écrite vers l'an 122J , fous le
pontificat de Celeftirt III , met en Sardaigne trois arche-
vêchés , Calaritaftus , Turri'.ânus Se Arborenfîs. Elle
nomme leurs fuffragans, or , le piemier fuffragarit qu'elle
donne à l'archevêque d'Arborea , eft nommé UJellimts
pour Ufelluanus. Si le fiége d' Ufellis étoit fuffragant
d'Arborea , ces deux noms ne fauroient fignifier là
même ville. Ufellis étoit Oriftagni ; il faut donc cher-
cher ailleurs Arborea. Ce u'eft pas feulement cette no-
tice qui fournit cette diftïnction. Celle de l'évêque de
Cathare met de même trois métropoles en Sardaigne,
la troifiéme qu'elle nomme Alborenfis , à pour premier
fuffragant Ufelenfii pour Ujfellenfis. Il eft furprenant que
ces deux fiéges ayent été également inconnus au père
Charles de Saint Paul , qui , dans fa géographie facréc i
n'en dit pas le moindre mot.
Quant au uoin d'ORisrAGNO , ou Oristagni , ou
ORisTANo,il y a dans le tcirituire de cette ville , une
eipece d'étang foi mé par la nviere Sacro, le 'Apoç des
Grecs, lé Sucer des Latins , qui s'élargit à fon embouchu-
re , Se plus haut un lieu nomme Ores fur la rive droite
de cette rivière , lequel peut avoir donné le nom à cec
étang , Ovis ftagnum. Quoi qu'il en foit , cet étang que
le Sacro forme en s'élargiflant , eft nommé ftagno d'0~
rifiano , Se donne ce nom à la ville d'UsELLis. Arborea.
ayant été détruite par les guerres qui ont long-tems dé-
finie la Sardaigne, la métropole a été transférée à Ufel-
lis , dont l'évéché , devenu inutile , s'eft trouvé perdu
dans 1 archevêché. J'ai même bien de la dispofition à
croire qu' Arborea n'a jamais été le nom d'une ville ,
mais d'une contrée \ Se il h'eft point rare de trouver des
fieges épiscopaux , qui pnt pris le nom du pays préfé-
rablement à celui de la réfidence épiscopale. 11 y a. en
Pologne les évêques de Varmie Se de Cujavie : ce font
des diocèfes & des contrées.
L'abbé de Vayrac , parlant de la Sardaigne dans fon
état préfent de l'Espagne , dit que l'archevêque d'Ori-
ftan , jadis archevêque d'Arborea, avoir pour fofTra-
gans les évêques d'Uflelen , de Santa Jufta , de Torre
Alba Se de Gatelli. Cela eft conforme à la notice de
l'abbé Milon , qui porte Archi-cpucopauis Arborenfîs
hos babet [affravdnéos , Ufelletium , Santlx Jujfx , Terra
Alba. , Civitatenfem q:ii eft Djmini Papx , GateHinen*
fem qui efl Domi/ii Papœ. Ces mots , qui tfl l5orhïm Va-
p.e lignifient un fiége qui relevé immédiatement du
Saint Siège i 5: e'eft ce que l'évêque de Cathare expri-
me par le mot /■. xémptus. Archiepiscjpus Alborenfts ,
dit- il , hos habet fujfragà/ieof , Ujjelienfi m , Sanila, Jufx,
Terra Alba, , CivUatenfèm exemptum , Cacellinenfem
exempium.
Il faut remarquer, i°. que ces deux notices appcL
Tom.lV. Sfl'f ij
692, ORI
lent ïcrra Alba , ce que l'abbé de Vayrac & le père
Coronelli nomment Torre Alba , Tour Blanche. 20. Cet
abbé ne parle point-là d'un fiége nommé Civitatenfis
dans ces notices. A préfent, continué -t- il, Oriftan n'en a
aucun ( fuffragant ) , d'autant qu'Ujfclen fiit uni à Cartel
Anagonefe , Santa Jufta ôc Torre Alba à l'archevê-
ché d'Orirtan.
Il ne dit point ce qu'ert devenu Gatelli ■■> mais ce n'eft
pas en quoi confiite la difficulté. Si ce qu'il nomme
UJJelen , UJellenfîs ou Vfellentis , eft ÏUfdlis de Ptolo-
mée , dont Oriftagno occupe aujourd'hui le terrein ,
comment cet évêché a-t-il pu être uni avec Cartel Arra-
gonefe , qui ert fous une autre métropole , tout à l'autre
bout de l'ifle , & devenir en même-tems le même fiége
que la métropole d'Orirtagno î II devoir citer fes garans.
Il rerte toujours la difficulté de lavoir où réfidoir
l'archevêque d'Arborea. Si on le met à Oriftagno , com-
me presque tous les écrivains modernes , on retombe
dans le même inconvénient à l'égard à'Ufellenfts episco-
patitf , l'évêché d'Ufellis , dont il faut trouver la place.
Je me contente d'avoir marqué ces difficultés } je laide
le foin de les lever à ceux qui font à portée de conful-
ter fur cette matière les livres que je n'ai pas.
Le marquisat dOristagno, contrée de la côte
occidentale de 1 ifle de Sardaigne. Cerre ifle a été au-
trefois partagée en quatre juvisdiâions ou espèces de
fouverainetés ; (avoir , Torres , Arborea , Cagliari ÔC
Gallura. Ceux qui poffédoient ces petits états , pre-
noient la qualité de juges , ôc ce fut par leur moyen que
l'ifle fecoua peu à peu le joug des Romains dans la dé-
cadence de l'Empire. Ces quatre juges occupèrent long-
tems la Sardaigne. On ne fait au jurte , ni l'époque
de leur établiiïement , ni les limites d'un chacun. Ces
limites changèrent fouvent. Leurs querellés , dans les-
quelles les Génois ôc les Pifans s'intérefferent , cauferent
des guerres qui furent caufe que le pape , à qui ces ju-
ges avoient long-tems rendu hommage , y appella le
roi d'Arragon qui la conquit , ôc la jurisdiction d'Ar-
borea fut changée en marquifat d'Orirtagno. Ces mar-
quis conferverent quelque-tems le domaine de leur
marquifat ; mais l'un d'eux s'étant révolté contre le roi
d'Arragon , ce prince l'en dépouilla 8c fe faifit du mar-
quifat. Les rois d'Arragon Ces fucceffeurs , Se enfuite
les rois d'Espagne en ont joui de la même manière.
* Léandre , Sardigna , fol. 21. verfo.
Oriftagno eft dans une plaine à peu de diftance de la
mer , dans un canton & au fond d'un golfe , auxquels
elle donne fon nom. Son port eft expofé à l'oueft. L'air
y eft très-mauvais , à caufe des marécages dont elle eft
environnée ; ôc c'eft pour cette raifon , que toute mé-
tropole qu'elle eft , elle n'e-ft pas auffi peuplée qu'elle
devroit l'être. On y montre un crucifix fort antique > que
l'on dit avoir été fait par Nicodeme , 8c pour lequel
le peuple a une grande vénération. Léandre ajoute; Le
territoire d'alentour, nommé autrefois Arborea, ert pré-
fentement appelle le marquifat d'Oriftagni.
Le golfe d'Oristagno , golfe de la côte occiden-
tale dt l'ifle de Sardaigne. On peut le confidérerde deux
manières •, dans toute fa grandeur , en le prenant dès fon
entrée depuis Capo délia Frasca au midi , jusqu'à Colla
de Doua , petite ifle au nord , qui tient en quelque ma-
nière au continent de la grande ifle par une baffe , fur
laquelle il n'y a qu'onze pieds d'eau , ou en le prenant
dans une moindre étendue , depuis le cap de San Marco,
où fe termine la baffe , 8c le cap de San Mafca au midi.
Il y tombe plufieurs rivières , dont les trois plus considé-
rables , font la rivière de Caures , le Thyrfo qui coule
à Solarofa & à Néapoli , Se le Sacro qui coule à Ores ,
& forme l'étang d'Orirtagno. Ce golfe , en rangeant la
côte du nord , a onze à douze brades de fond. Vis-à-
vis la tour qui fert de fanal au milieu de cette côte , il
n'y a que quatre btaffes ; par le travers de l'embouchure
de Caures , il y en a fix. En côtoyant la côte méridio-
nale de ce même golfe , on n'en trouve que cinq , en-
fuite quatre , puis trois devant le fanal cfe l'embouchure
du Sacro , ôc neuf devant Oriftagno^ au milieu du golfe,
devant Néapoli il y en a quatorze ou quinze. Ce golfe
au refte eft quelquefois nommé Baie de Néapoli.
I. ORISTAN. Les François difentee mot pour On-
ftagni ou Oriftagno. Voyez, l'article précédent.
ORI
2. ORISTAN , ville que les Espagnols avoient bâtie
dans l'ifle de la Jamaïque , lorsqu'ils en étoient les maî-
tres. Elle-itoit au fond d un petit golfe , fur la côte mé-
ridionale de l'ifle , au couchant du cap du Faucon. Les
Anglois qui jouiffent de cette ifle depuis long-tems , ont
changé les habitations ôc les noms. Le golfe où étoit Oris-
fan ert le même où eft l'embouchure de la rivière de
Blatwfields. Elle étoit à quelque diftance delà mer, au
quartier de Sainte Eîifabeth. C'eft le fentiment de l'au-
teur de l'Amérique Angloife , dans l'édition en hollan-
dois. De Laé't , de Deel pag. 268. dit'qu'elle étoit à qua-
torze lieues de la ville de Séville. Ni l'une ni l'autre ne
fubfiftent plus. * In Occident. 1. 1. c. 1 j.
OR1STIDES. Ptolomée, /. 4. c. 8. nomme ainfi deux
ifles du golfe Arabique , félon Ortelius \ il ajoute: Quel-
ques exemplaires latins portent Trisitides. Ildevoit dire
Thrissitides. Cette différence vient de ce que l'O a
été pris par quelques uns pour une qui eft le Th des
Grecs. Le Ptolomée de Bertius porte Oriffitides ,'Opt<rvi-
t/<T«î , dont il a été facile de faire Thriflltides, en chan-
geant O en e, comme j'ai dit. Ces ifles éroient fur la côte
de l'Ethiopie , fous l'Egypte.
1. ORIT^E, peuples fitués à l'extrémité occidentale
de l'Inde, aux confins de la Gedrofie , à laquelle Etien-
ne le géographe les donne. Pline , /. 7. c. 3. dit que le
fleuve Arbis les fépare des Indiens.
2. ORIT/E. Voyez. Orest* ôc Oret;e.
3. ORM7E , peuple d'Espagne, félon Polybe. C'eft
le même qu'ORiTANi 2. Voyez, ce mot.
4. ORIT^E. Voyez. Oritani i.
i. ORITANI , ancien peuple de Grèce, dans la
Locride , aux environs d'Orus. C'eft Tite-Live qui les
nomme ainfi, /. 28. c. 8. Polybe,/. 11. num. j. die
Orit/e,
2. ORITANI 1 ancien peuple d'Espagne. Il y avoit
chez eux un fiége épiscopal à Mentefa. Pline , /. 3. c. 3.
parlant des habitans de Mentefa , dit : Mentesani qui
Çr Oritani. Voyez. Mentes A.
ORITANUM, lieu de l'Eubée, félon Pline , lib. 4. c.
1 2. Le P. Hardouin avoue qu'il ne connoît point ce lieu.
ORIXA , royaume de l'Indourtan , fur le golfe de
Bengale, à l'extrémité feptentrionalc de la côte de Co-
romandel , entre le Bengale & le royaume de Golcon-
de. Il eft borné au nord par la rivière deGanga, qu'il
ne faut pas confondre avec le Gange , ôc elle le fépare
des terres du Raja Rotas , depuis les 98 deg. 20 min. de
longit. jusqu'à 102 deg. 20 min. Au-delà les limites
courent au nord-eft, & enfuite à l'eft jusque fort près de
Balaffor. Après quoi ces limites courent vers le fud-oueft
ou vers l'oueft , coupent la Ganga au-deffousde Buda-
rak qu'elles laiffent dans ce royaume , ôc continuent
de ferpenter jusqu'au 102 deg. 15 min. Enfuite elles fe
replient vers le midi oriental , traverfent la rivière de
Marfapour , ôc vont joindre la mer entre Brambour ôc
Calecote. La côte borne enfuite ce royaume jusqu'à un
petit ruiffeau , dont l'embouchure eft au nord orien-
tal de Cicocol. Ce même ruiffeau ferr de bornes depuis
la mer jusqu'à fa fource, ôc une ligne tirée de cette four-
ce vers le couchant jusqu'à la rivière de Narfepille ,
vers les 18 deg. 50 min. de latit. qui termine ce royau-
me au couchant, ôc le fépare de celui de Golconde jus-
qu'à fa fource, depuis laquelle on imagine une ligne
continuée jusqu'à la Ganga, au lieu où nous avons com-
mencé. Il y a dans l'enceinte que nous avons décrite à
l'orient, le pays de Jagrenat , qui a un raja' particulier,
ôc qu'il enferme presque de tous côtés , excepté de celui
de la mer, & à la réferve d'un périt coin du côté de
Bengale. Il enferme de même dans fa partie méridionale
le royaume de Cicocol , à qui il fert de bornes au nord
ôc au nord-eft , ôc qui auffi bien que lui eft fépare du
royaume de Golconde, par la rivière de Narfepille.
L'Orixa peut avoir environ vingt-neuf lieues de cô-
tes , ( des lieues de quinze au degré ) qui courent du fud-
oueft au nord-eft. Ces côtes font arrofées de plufieurs ri-
vières peu' confidérables , fi on en excepte celle de
Ganga. Il y a auffi beaucoup de montagnes. En allant du
nord-eft au fud-oueft on y trouve de fuite Maningapa-
tan, village, Barampour, ville, Ganga, autre ville, ou
les Anglois ont un comptoir , Carepare , bourgade, Gal-
condi, ïon,Manfereata> autre fort , Marac, Pondi &
ORL
Caletaire .bourgades. Une chaîne de montagnes nommée
les montagnes d'Orixa , 8c qui a fes racines au royaume
de Golconde , s étend dans l'Orna , au midi de la Gan-
ga, & envoie quelques branches vers le midi. Elle s'é-
tend d'occident en orient entre le 20 & le 21 deg. de la-
titude. Ceft à fou extrémité orientale que prend fa fource
la rivière de Marfapour. Au midi de cette montagne ,
& allez près des frontières de Golconde eft un lac , au
couchant duquel eft la ville d'ANGEUE, 8c à fon orient
eft celle d'ULNE. Au levant d'été de cette dernière eft Pa-
musia, & au midi des montagnes, près de la fource de
la rivière de Ganjam , eft la ville d'iMADELMOLUCH.En
avançant vers le nord-eft on trouve Budatak > autre ville
au bord méridional de la Ganga, 8c à l'extrémité du
pays , à fix lieues de Balaffor (lieues de quinze au degré )
eft Ramana , réfidence du roi d'Orixa.
Sanfon , Baudrand & autres , mettent dans ce royau-
me une capitale de même nom , dont les relations mo-
dernes ne donnent aucune idée. La carte de l'Afie de San-
fon bouleverfe tout ce pays. De l'Ifle lui-même , dans fa
carte des Indes 8c de la Chine , l'avoit fort mal débrouil-
lé , mais dans celle des côtes de Malabar 8c de Coroman-
del , il a re&ifié fes idées fur de bonnes relations, 8c
c'eft à cette dernière que j'ai conformé cet article. La
villed'Orixa,qui étoitdans l'une, nefe trouve point dans
celle-ci , 8c eft fupprimée comme chimérique.
ORIZA , ville de Syrie , dans la Palmvrene , félon
Ptolomée , /. j. c. ij. Elle étoit au nord-eft de Pal-
myre, en tirant vers l'Euphrate.
ORKNEY ( Les ifles d' ). Voyez. Orcades.
ORLA ( L' ) , petite rivière d'Allemagne , dans la
Haute Saxe , dans la partie la plus occidentale de la
Misnie , affez près de Weida, aux confins du petit état
delà maifon de Saxe Altenbourg, où, coulant vers le
couchant , ellepaffe à Neuftadt , qui en prend le furnom
de Neuftadt am der Orla ; elle fe charge de quelques
ruiffeaux , 8c ferpentant vers le nord occidental , elle
va fe perdre dans la Sala , auprès d'Orlamunde qui en
prend le nom. * Valek^, Saxon. Super. Tabula.
ORLAMUNDE , ville & comté d'Allemagne, dans
la Haute Saxe , fur la rive gauche de la Sala, vis-à-vis
de l'embouchure du ruiffeau d'Orla. Son nom ne fignifie
que l'embouchure de l'Orla. Cette ville étoit le chef-lieu
d'un ancien comté de même nom , qui comprenoit en-
core les villes dlene, Neuftadt, Kala , 8c autres lieux
de la Thuringe , 8c Humelshayn , près d'OtJamunde.
Ces comtes faifoient leur réfidence dans un beau châ-
teau qui eft détruit , 8c qui étoit auprès de leur capi-
tale. Après l'extinction de ces feigneurs, le comté vint
aux landgraves de Thuringe , margraves de Misnie.
La ville a été enfuite dans le partage de la branche d Al-
tenbourg. Il y avoir ci-devant un couvent de Guillau-
mets, ou religieux de faim Guillaume , mais il fut brû-
lé en IJ20, 8c n'a point été relevé.* Zeylcr , Saxon.
Topog. p. 148.
ORLANDE ou Orlando. Pag. 12J. col. 2. Voyez.
au mot Cap.
ORLAU , abbaye d'hommes , ordre de faint Benoît ,
dans la Haute Siléfie , dans la principauté de Troppau ,
fur les frontières de la Moravie.
i.ORLÉANOLS( L'), province de France, fur la
Loire. Ce nom a deux lignifications très-différentes , pat-
rapport à l'étendue des pays que l'on nomme ainfi.
2. ORLÉANOIS ( L' ) peut fignifier le gouvernement
général de l'Orléanois ; &en ce fens il contient plufieurs
moindres provinces , dont I'Orléanois proprement dit
n'eft qu'une partie. Les autres font
La Sologne ,
La Beauce particulière ou le pays Charcrain,
Le Dunois,
Le Vendômois ,
Le Blaifois ,
La plus grande partie du Gâtinois ,
Et le Perche-Gouet.
Comme nous traitons chacune de ces provinces dans
fon article particulier, nous n'en dirons rien ici que ce
qui leur eft commun.
ORL 693
Ce gouvernement a trois évêchés :
Orléans, Chartres & Blois,
Tout l'Orléanois eft du reflbrt de Paris. Il y a quatre
grands bailliages avec fiéges préfidiaux -, favoir ,
Orléans, Chartres, Blois, Montargis,,
Et trois petits bailliages,
Gien, Dourdan, Vendôme.
Les deux premiers baillis font d'épée , 8c leurs châ
périffent par mort comme les autres charges des baillis
d'épée du royaume ; celui de Vendôme eft de robe , 8c
fa charge eft hériditaire.
Les quatre grands bailliages ont chacun leur coutume
particulière.
Il y a des maîtrifes des eaux 8c forêts dans ce gouver-
nement ; où font plufieurs forêts confidérables , comme
celles de
Blois, Rufli, Boulogne, Chambort.
Ces quatre font dans le Blaifois, & appartiennent
au roi.
Le duc d'Orléans a auffi les fiennes ; favoir ,
Orléans , Dourdan ,
Montargis , Beaugenci
Romorantin.
Le gouvernement de l'Orléanois a fous lui trois lieure-
nans généraux , trois lieutenans de roi , 8c plufieuiè
gouvernemens particuliers ; favoir, Chartres , Montar-
gis, Gien, Jargeau , Pluviers 8c Beaugenci.
Les maréchaux de France ont des lieutenans à Orléans
à Chartres, à Blois, à Montargis 8c àYenville, qui
connoiffent des différens de la noblefié.
L'Orléanois proprement dit eft borné au nord par
la Haute-Beauce , à l'orient par le Gâtinois , au midi par
la Sologne , au couchant par le Dunois 8c le Vendô-
mois, & en partie par 1 élection de Beaugenci dont il.
enferme une partie ; l'autre ett de la Baffe - Beauce. Il
s'étend des deux côtés de la Loire qui le divife en haut
8c en bas Orléanois. Le haut eft au nord , 8c le bas eft
au midi de cette rivière. Duval , Dejcription de la Fran-
ce , p. 1 29. enferme l'Orléanois dans la Beauce. Robbe
donne à l'Orléanois les villes fuivantes ,
Orléans , Lorris ,
Beaugenci , Sully ,
Gergeau ou Jargeau,
PluviersouPithiviers.
Voyez, ci-après le bailliage d'Orléans.
ORLEANS, ville de France, capitale de l'Orléa-
nois, eft fituée vers le milieu du cours de la Loire , fur
la rive droite de ce fleuve. Sa figure forme un arc ,
donc la rivière eft la corde. Sa longueur principale eft
de 101 2 toifes , & fa largeur de ;6o. Le nouveau pontj
qui eft un des plus beaux de l'Europe , a été fini au mois
de Juillet 1 760 -, il a 1 6 j toifes de longueur , ei t compo-
[édç neuf arches , dont celle du milieu a 102 pieds d'ou-
verture , 8c les autres vont en diminuant de deux pieds
chacune, fa largeur eft de 46 pieds, y compris l'épais-
seur des parapets ; 8c les trotoiis font de huit pieds. Deux
petits pavillons accompagnent ce pont du côté du faux-
bourg Saint Marceau, 8c la rue royale, qui y repond
à l'entrée de la ville forme un effet agréable. Sans en-
trer dans la dispure de ceux de Gien avec ceux d'Orléans
fur l'antiquité de leur ville , il paroît que pour accorder
à chacun ce qui lui appartient , on peut regarder Gien
comme repréfentant , par fa fituation , le Gcnahum. des
commentaires de Céfar. Ce Genabum ayant été détruit
par les Romains , fut rebâti par la fuite quelques lieues
plus bas , fur la même rivière 8c du même côté , 8c on
lui donna le même nom qu'avoir eu l'autre , parce que
Genou Gben , ngnifioir un port chez les Celtes; ainfi
le nom transféré en ce lieu avec le port , fut ufué jus-
694 ORL
qu'au tcms de l'empereur Aurelien. La beauté Se h com-
modité de la fuuaciondu nouveau Genabum engagè-
rent cec empereur à augmenter la ville Se à lui donner
fon nom (a). 11 l'érigea même en cité j de forte qu'on
l'appella AutelianaCivitas ou Aurelianum , en fousen-
tendant Oppidum ( b ). D'autres prétendent que ce fut
Marc Aurele , & la nommèrent Aurélia Qvitas. Ils
fondent leur fentiment fur ce qu'en 1643 , on trouva
dans les fbndemens de l'ancienne enceinte des murailles
plufieurs médailles de M. Auiele. Mais cet empereur ne
vint point dans les Gaules , Se aucun auteur ne lui at-
tribue le rétabliffement d'Orléans. Le fentiment de ceux
qui font pour Aurelien eft plus probable. Orléans de-
vint alors indépendante des peuples Chartrains , Se fut
l'une des plus confidérables des Gaules. Comme elle
étoirdutems de Valentinien III , lorsqu'elle fut attaquée
en vain par Attila , dans le milieu du cinquième fié-
cle , on ne voit pas que Childeric fe foit rendu maî-
tre d'Orléans , quoique quelques modernes l'ayent écrit.
Ainfi elle ne vint au pouvoir des François , qu'après que
Clovis eut vaincu Siagrius , Se eut détruit le relie de
l'empire Romain dans les Gaules. ( a ) Longuerue >
Defcription de la France , part. 1. p. 108. ( b ) Piganiol
de la Force , Defcription de la France , t. 6. p. 82.
Après la mort de ce roi, fes enfans ayant partagé
en quatre fa monarchie , Orléans échut à Clodomu ,
qui y établit fa réfidence. Clotaire , fon frère , réunit
toute la monarchie Françoife ; mais après fa mort elle
fut de nouveau partagée entre fes quatre fils , & Gun-
tran eut Orléans, où il faifoit fouvent fa réfidence. Après
la mort de Gontran, Childebert , roi d'Auftrafie, eut Ces
états Se Orléans. Clotaire II réunit toute la monarchie:
mais elle fut encore partagée après lui , Se Orléans échut
& demeura toujours aux rois de Neuftrie. Les ducs Se les
comtes s étant à la fin rendus propriétaires, Orléans
vint au pouvoir d'Hugues le Grand , Se de fon fils
Hugues Capet , qui le réunit à la couronne. Ainfi les
rois demeurèrent propriétaires de cette ville jusqu'au
tems de Philippe de Valois , qui donna Orléans érigé en
duché à fon fils Philippe. Ce prince étant mort fans
enfans, Charles VI donna le duché d'Orléans à fon
frère Louis, l'an 13 91. Ses fucceffeurs jouirent de ce
duché jusqu'à la mort de Charles VIII , que Louis XII ,
étant monté fur le trône , fon apanage fut réuni au
domaine. Louis XIII donna le duché d'Orléans à fon
frère Gafton , qui étant mort fans enfans mâles l'an
1 660 , ce duché fut donné par Louis XIV , à fon frère
Philippe , qui étant mort en 1701 , le laiffa à fon fils
Philippe , & fon petit-fils en jouit aujourd'hui.
Cette ville eft à trente-deux lieues de Paris , à dix-huit
au-deffus de Blois & à trente quatre de Tours. C'cft
une des grandes , des plus connues Se des plus agréa-
bles du royaume. On y entre par fix portes , fans parler
de quatre autres , ou poternes , qui ne fervent que pour
aller à la rivière , ni des portes de l'Evangile Se de S.
Euvcrie , qui ont été bouchées. Sa forme eft une espèce
d'ovale allongée le long de la Loire. Les rues font peti-
mais il y en a d'affe£ droites. La grande •"■:e qui va
ORL
tes
de la porte de la Magdelène jusqu'à celle de Bourgogne ,
a mille dix-huit toifes de longueur , Se eft affez large.
Les maifons font mal confiantes , & font un allez vi-
lain effet par elles-mêmes. 11 y a quatre places publi-
ques, en y comprenant le Marché , Se celle que l'on
appelle les Quatre Coins, qui eft parfaitement carrée.
Dans la grande place eft la croix qu'ils appellent le
Murtroy. L'églife defainte Croix, qui eft la cathédrale,
eft une des belles qu'il y ait dans le royaume. Gilles
de Paray , évêque d'Orléans , mit la première pierre
de cette églife l'onzième de Septembre 1287. Il y a au
jambage de la tour des cloches , à main droite en en-
trant,uneinfeription ancienne d'environ fix cens ans , gra-
vée fur la pierre. C'eft l'acte de manumiffion ou d'aftïan-
chifTement d'un esclave nommé Letbert , par Albert fon
maître. Il eft conçu en ces termes : Ex beneficio Santta
Crucis per Jobannem , Episcopum ,& per Allurtum
Santlœ Crucis Cafatum failus eft Liber Letbcrtus , tefte
hâc Santtâ Ecclefiâ. La plupart des écrivains qui ont
rapporté cette infeription, fe font copiés Se ont mis
Lembertus pour Letbertus , comme le remarque de Mo-
leon,dans fon voyage Liturgique. Le féminaire eft un
affez beau bâtiment qui a été fondé & bâti par le feu
cardinal de Coiflin. On y inftruit les jeunes eccléfialti-
ques & on y enfeigne la théologie. Les Bénédictins de
la congrégation de faine Maure ont à Orléans le mo-
nafttre de Notre-Dame de Bonne- Nouvelle , où eft une
bibliothèque publique donnée par Guillaume Proufteau,
profeffeur en droit à Orléans , dont on a quelques ou-
vrages. L'enceinte delà ville eft de 3950 pas communs,
& confifte en unemuraille du côté de la terre , avec deux
gros baftions du côté de la rivière. Le mail eft dans le
foffé de la ville Se a 450 toifes de long ; il eft beau Se
droit, Se le foffé eft revêtu d'une bonne muraille. Le
pont dont on a parlé tiaverfe la rivière fur une ifle. En-
tre la ville Se cette ifle , il y a trois ftatues de bronze que
Charles VII y fit mettre, l'an 1458 ; l'une repréfente
la fainte Vierge aflife au pied de la croix , tenant entre
fes bras le corps de fon Divin Fils ■, d'un côté eft le roi
Charles VII 5 armé & à genoux , & de l'autre eft Jeanne
d'Arc, furnommée la Pucelle d'Orléans, auffi armée
& à genoux. 11 y a dans cette petite ifle , dont une par-
tie s'appelle Mote Saint Antoine , l'autre Mote des Pois-
fonniers , quelques bâtimens Se une petite églife. Le
pont eft fermé du côté du fauxbourg par un petit châ-
teau appelle les Tourelles, couvert par une double te-
naille ou bonnet de prêtre, ayee un foffé tiré de la
Loire.
11 s'eft tenu à Orléans plufieurs conciles ; le premier
fous le règne de Clovis Se fous le pape Symmaque en
5 1 1 , le fécond , fous le pontificat de Jean II , en j 3 3 ;
le troifiéme fousSilvere, en 5 3 8 i le quatrième fous
Vigile ,en 541 ; lecinquiémeen J45 , fous le même pape*
le fixiéme fous Théodore , en 64J ; le feptiéme fous
Paul I, en 766 ^ le huitième fous Benoît VIII, en
1022 ; le neuvième fous Jean XIX , en 1029 ; le dixiè-
me fous Honorius II , en 1 1 27 j & enfin l'onzième
fous Jean XXIII , l'an 1411. On a outre cela les actes
de quatre fynodes d'Orléans ; favoir , de Bertaudde Saint
Denys, l'an 13 00 -, de Jean de Conflans , en 1333 j de
Jean d'Orléans , en 1J25 ; Se de Germain de Valens de
Guel, en 1587.* Voyez. Labbe , Concilior. gêner. Hift.
Synopfis.
ORLEANS ( L'université r>' ) n'eft qu'une facul-
té de dioit civil Se canonique. Cette école eft fort ancien-
ne, Se le Pape Clément V lui accorda plufieurs privilè-
ges le 27 Janvier 130J. Les régens Se les écoliers
n'ayant pas penfé à les faire approuver par le roi Philippe
le Bel, & ayant voulu en 1309, dans une affemblée
convoquée exprès , en faire lecture Se publication pour
les faire obfcrver , les habitans s'affemblerent Se allèrent
tumultueufement au couvent des Dominicains où fe te-
noit l'affemblée , & menacèrent les régens Se les écoliers
qu'ils n'auroient jamais ni repos ni paix avec eux , s'ils
ne renonçoient aux privilèges qu'ils avoient obtenus du
pape. Les profeffeurs eurent recours au roi Philippe le
Bel en 1 3 1 2 ; il confirma les privilèges , Se établit l'u-
niverfité de droit civil Se de droit canon en la ville d'Or-
léans. Les brouilleries des régens Se des écoliers conti-
nuant toujours avec les habitans d'Orléans , les t égens
Se les profeffeurs fe retirèrent à Nevers , Se firent un trai-
té avec les habitans , le 27 Mai de l'an 1 3 1 6 ; mais le roi
Philippe le Long, & le Pape Jean XXII , envoyèrent à'
ces mutins des perfonnes propres à leur faire entendre
raifon , Se l'univerfité fut rétablie à Orléans. D'autres
difent que les écoliers ne furent pas moins mutins à Ne-
vers qu'ils l'avoient été à Orléans , & qu'ils eurent de fi
fréquens démêlés avec les habirans, que quelques-uns
de ces derniers prirent la chaire des profeffeurs Se la jet-
terent dans la Loire, en difaut (b) : que de par le diable
elle retournât à Orléans d'où elle étoit venue. Ces parti-
culiers féditieux furent condamnés à de groffes amendes
envers le roi, à caufe que les univerfités font fous fa
fauve-garde. L'arrêt du pailement qui les condamne,
eft du premier de Juin de l'an 1320. Cette univerfité ,
ou plutôt cette faculté, eft aujourd'hui compofée d'un
chancelier, qui eft une des dignités de l'églife cathédra-
le , de Cix profeffeurs qui font tous les jours des leçons.
Se de douze docteurs aggrégés , dont la fonction
eft d'affifter aux examens Se actes de ceux qui veulent
prendre les grades. Le recteur eft chef de la faculté ,
6c toujours l'un des fix profeffeurs. (a) Piganiol de la For'
ORL
ce , tom. 6. pag. 7J. (b) Coquille, Hiftoire du Ni-
vcrn. p. 373.
ORLEANS (L'évÊchéd') eft un des plus anciens
Se des plus illuftres de France. L'inftallation de l'évêque
fe fait avec beaucoup de pompe & de magnificence. 11
avoit autrefois le privilège fingulier de délivrer, le jour
qu'il faifoit fon entrée , tous les criminels du diocèfe
feulement , lorsqu'ils n'étoient coupables que de certains
crimes. Mais ce privilège fur réduit par un édit du mois
d'Avril 1758 , enregiftré au Parlement le 18 du même
mois. Cet édit porte : Qu'au tems à venir , à perpétuité
les évêques d'Orléans , promus au liège épiscopal de
cette ville , au jour de leur première entrée Se priïe de
pofleffion folemnelle , pourront donner aux prifonniers
qui fe trouveront conftitués en toutes prifons quelcon-
ques de ladite ville , pour crimes commis dans l'éten-
due & limites du diocèfe d'Orléans & non ailleurs , leurs
lettres d'interceiîïon Se de précation à nous adrefTantes ,
for lesquelles nous accorderons Se ferons expédier , fans
aucuns frais auxdits criminels nosdites lettres de grâce ,
rémifTion ou pardon fur ce nécefTaires , à la fupplication
desdits évêques , dont les lettres déprécatoires lêront at-
tachées fous le contre- feel , pour être nosdires lettres
entérinées pareillement fans aucuns frais , fuivant la dis-
pofition de nos ordonnances.
L'églife cathédrale fut entièrement détruite par les Caî-
Viniftes aux premiers troubles de religion , Se depuis elle
a été rebâtie , Se la première pierre en fut pofée par
Henri IV l'an 16*01. Quoiqu'Orléans ait été avec fon ter-
ritoire déraché des peuples Camutes , fes évêques ont
été néanmoins célèbres dans les Gaules ; ils furent attri-
bués fous l'empereur Honorais à la quatrième Lyonnoife
<5c à la métropole de Sens , dont Orléans n'a été déta-
ché que l'an 1613 , lorsque Paris fut érigé en arche-
vêché , auquel on donna pour fuffragans les évêques
d'Orléans , de Chartres, de Meaux Se de Blois. * Lon-
guerue , p. 109.
Le chapitre de la cathédrale, qui eft dédié à Jefus-
Chrift crucifié, efl: compofé de douze dignités, de qua-
rante-fix chanoines capitulans, dont un eft théologal, Se
fix font appelles de réfidence, parce qu'ils font un fer-
ment particulier de réfidence , Se d'alïifter au chœur où
Ils ont une place fixe, quoiqu'ils gardent leur rang de
réception au chapitre Se aux proceffions. Il y a aulTi
deux chanoines Mammertins y ainfi nommés, parce qu'ils
prennent pofleffion à l'autel de S. Mammert , fécond
patron de la cathédrale ; ils ne font pas proprement cha-
noines , mais feulement Sitbfidiarit ou Hebdomadarii ,
femainiers , parce qu'ils font les femaines chacun à leur
tour , pour les chanoines de femaine qui ne peuvent
s'acquitter de ce devoir. Il y a en outre cinq chanoines
femi-prébendés Se un grand nombre de chapelains. * Pi~
ganiol de la Force , p. 25.
Les dignités font le doyen , qui de tems immémo-
rial eft aulïi grand archidiacre ; & pour marque de cet-
te dignité qui lui eft réunie , il y a toujours une ftale
vuide après la fienne , & dans laquelle il ne fe met
qu'après fa prife de pofTeffion. 11 a deux portions de
chanoines. Le fous-doyen Se le chantre en ont autant.
Les autres dignités font l'archidiacre de Pithiviers, celui
de Beauce , celui de Sologne, celui de Beaugenci , celui
de Sulli ; le fcholaftique , qui eft aulTi chancelier de l'u-
ni verfi té , a deux portions, le fous chantre autant, le
pénitencier , l'archiprêtre qui eft nommé alternative-
ment par l'évêque Se par le doyen. Ces deux dernières
dignités ne font proprement que des offices Se des per-
fonats. L'évêque nomme les quatante-fix chanoines capi-
tulans Se les dignités , hors le doyen , qu'il confirme feu-
lenacnt Se qui eft élu par le chapitre. Il faut pour fon
éleétion plus de la moitié des voix , Se qu'il foit pris
d'entre les chanoines capitulans. Il efl remarquable que
Jefus-Chrift eft regardé comme premier chanoine de ce
chapitre , étant mis à la tête de toutes les diflributions,
pour une double portion, qui efl donnée en forme d'au-
mône à l'Hôtel-Dieu , où le chapitre a la jurisdidion
fpirirtielle Se temporelle. Le chapitre de S. Aignan a
prétendu long-tems dépendre immédiatement du faint
fiége , Se il exigeoit des évêques qu'ils confervafient leur
cxemtion ; mais l'arrêt de 1 674 l'a remis au droit com-
mun. Il eft compofé de huit dignités Se de trente - un
ORL 69$
chanoines. Le roi ou le duc d'Orléans, comme apâ-
nagifte Se ayant les droits du roi , eft qualifié abbé Se
chanoine de cette églifè ; il nomme au doyenné ; le
doyen aux autres dignités , Se le chapitre aux autres
eanonicats. Il arrive quelquefois que le doyen n'eft pas
chanoine, Se alors il a les honneurs du chœur, mais
il n'entre point au chapitre.
L'églife collégiale de faint Pierre en Poncï, ( in Pun-
ilo , c'eft à-dire in medio urbis , parce qu'en effet elle
eft au milieu de la ville d'Orléans) , e.i. compofée d'un
doyen , d'un chantre , qui chacun prennent double Se
d'un chefecier , qui eft en même-tems curé de la parois-
fe qui eft dans la même églife. Ce dernier eft nommé
par le doyen , Se c'eft l'évêque qui nomme le doyen
& tous les chanoines. C'eft au doyen que l'on préfen-
te tous les ans la veille de l'Ascenfïon , pendant Ma-
gnificat, un bélier couvert de fa laine , ayant les cornes
dorées , auxquelles font attachés deux édifions aux ar-
mes de faint Pierre, Se une bourfe pendue au col, dans
iaquelle il y a cinq fols Parifis. M. Phelvpeaux de la
Vriliere, marquis de Château-neuf , eft chargé de cette
redevance féodale à caufe de la rerre de Bapaume ,
dont il eft feigneur.
Le chapitre de faint Pierre le Puellier eft de même
que le précédent pour les dignités Se pour la nomina-
tion ; mais il n'eft que de dix chanoines.
L'abbaye de faint Euverte eft de l'ordre de faint Au-
guftin. Elle étoit autrefois occupée par des chanoines
fécuiiers, qui, vers l'an 1163 , prirenr l'habit Se la ré-
gie des chanoines réguliers de faint Victor de Paris.
Saint Euverte pafTe pour le fixiéme évêque d'Orléans:
il avoit fuccédé à faint Defignan , mort en 361. Il mou-
rut en 391. Il s'étoit démis l'année précédente de fon
épiscopat , dont faint Aignan commença dès Ion de faire
toutes les fonctions , Se mourut l'an 453. 11 eut pour
fuccefTeur faint Prosper, qui mourut en 463. Saint Eu-
cher fut fait évêque d'Orléans l'an 721 , Se mourut ert
exil l'an 743. Saint Thierri, évêque d'Orléans, deuxiè-
me du nom, mourut en 1022. Ce diocèfe renferme
deux cens foixante Se douze paroi (Tes , dix chapitres ,
cinq abbayes d'hommes Se trois de filles
On peut mettre entre les hommes illuftres qui onc
fait honneur à Orléans leur partie ,1e perc Denys Petau,
Jéfuite , né en cette ville en 1583, mort à Pajis le 1 1
Décembre 1652. Jacques Bongars, le chevalier de Cailli
ou d'Aceïlli , fameux par fes petites po'efies , Se Nicolas
Toinard , né à Orléans au mois de Juin 1627 , mort à
Paris le 5 Janvier 1706.
Les Orléanois ont de l'esprit, mais tourné à la rail-
lerie , ce qui leur a f.iit donner le fobiiquet de Gués*
pins , par allufion à la piquure des guêpes.
La généralité d'Orléans eft compofée de douze
élections, qui font
Orléans , Pithiviers , Vendôme ,
Gien, Dourdan, Blois,
Clameci dans Chartres, RoMoRANTiNi
le Nivernois , Chateaudun, Beaugenci.
Montargis ,
* Piganiol de la Force , pag. 6Z.
Les appellations de leurs jugemens font portées à 1a
cour des aides de Paris. L'an 1685 , Louis XIV avoic
uni aux élections les charges des officiers des greniers à
fel pour n'en faire qu'un même corps ; mais en 1694, il
les désunit, Se ces jurisdictions ont aujourd'hui leurs offi-
ciers particuliers. Suivant l'édit de 1694, chaque com-
pagnie d'officiers de grenier à fel doit être compofée
d'un préfident , d'un grenetier, d'un receveur , d'un con-
trôleur Se d'un greffier. Il y a dans cette généralité vingt-
deux greniers ou chambres à fel de vente volontaire ,
qui font à
Orléans ,
Sulli ,
Bois-Commun »
Gien ,
Bonni ,
Cosné ,
Clameci ,
Saine Fargeau,
Montargis ,
Pluviers ou Pi-
thiviers,
Yenville,
Bonneval ,
Chateaudun ,
Chartres,
Brou,
Vendôme ,
Montoire,
Blois ,
Chiverni ,
Romorantin ,
Mer ,
Be-augcnci.
6$6 ORL
Année commune, il fe diltnbue dans ces vingt-deux
■•greniers jusqu'à neuf cens muids de fel. La généralité
d'Orléans paya depuis l'an 1695 jusqu'en 169S , tant
pour la taille, l'uftenfile , le l'upplément de fourage,
l'habillement , l'état major du régiment de milice , que
pour la capitation , plus de trois millions cent mille li-
vres par an. Toute cette généralité eft fujette aux gabel-
les &. aux aides , dont les droits ont produit au roi ,
année commune, plus de deux millions cinq cens mille
livres par an. Le roi jouit encore dans cette généralité ,
de même que dans les autres , des droits établis fur le
tabac , du controlle des exploits Se des actes des notaires
& de ceux du fceau , qui font régis féparément , Se du
produit de la capitation , Se du dixième denier. Il y a
auffi à Orléans un bureau des finances. Dès la création
de ces bureaux , Orléans fut compris dans la généralité
île Bourges. Sept ans après, c'eft à-dire en 1558, Henri
II créa la généralité d'Orléans avec fon bureau Se recette
générale. Elle fut fupprimée par Charles IX Se rétablie
par le même roi en 1 573 ; mais elle n'eut lieu qu'en 1575.
Les tréforiers généraux de ce bureau font en poffeffion,
comme tous les autres, de vérifier & arrêter les états
au vrai des receveurs particuliers des tailles , Se de tout
ce qui dépend de la voirie , dans laquelle ne font pas
néanmoins comprifes les réparations des chemins royaux,
la conftruction & l'entretien des ponts & chauffées : car
ces ouvrages font fous la direction de l'intendant, qui
les adjuge cependant en préfence d'un tréforier de France.
Ils n'ont auffi aucune connoiffance des domaines, quoi-
qu'elle foit attribuée à tous les bureaux des finances
par l'édit de l'an 1 62.7 , parce que dans toute cettegénéra-
lité , fi on en excepte le comté de Blois , le domaine du
roi eft engagé , ou fait partie de l'apanage du duc d'Or-
léans, qui en donne la direction & la jurisdiètion con-
tentieufe aux lieutenans généraux, aux avocats Se pro-
cureurs du roi de fes bailliages , & aux receveurs Se
controlleurs généraux, qualifiés officiers de fes domaines.
Les mêmes officiers reçoivent la foi Se hommage , les
aveux & dénombremens, & règlent toutes les conte-
ftations qui furviennent à cette occafion; néanmoins la
"réception de foi & hommage n'appartient aux lieute-
nans généraux des bailliages , qu'en conféquence d'une
commiffion particulière du chancelier du duc d'Or-
léans, lequel a droit de les recevoir, ou qui donne à
qui bon lui femble la commiffion de les recevoir à fa
place. Lorsque l'intendant va faire le département des
railles dans chaque élection , il n'y appelle point d'of-
ficiers du bureau , comme il fe pratique dans la plupart
des autres généralités.
ORLEANS ( L'élection d') a un négoce fort avan-
tageux. Le commerce qui fe fait par la Loire eft , fans
contredit , le plus étendu du royaume ; comprend ce
qui fe tire des provinces méridionales Se occidentales
de la France, Se celui des nations étrangères. Ce com-
merce confiite en bleds , avoines , vins , eaux de vie ,
vins de liqueur , fucres , foies, laines, chanvres, hui-
les , fer , acier , poiffon frais & falé , fruits , fromages ,
bois de charpente, planches de chênes & de fapins, écha-
lats , bois de chauffage , charbons de bois Se de terre ,
poteries , fayances , ardoifes , pierres , cuirs Se autres
espèces de marchandifes, dont la plus grande partie eft
deftinéé pour Paris. Presque toutes ces marchandifes
font déchargées à Orléans , Se de-là difiribuées félon
l'exigence. Celles dont le commerce eft le plus confi-
dérable , font les vins , les eaux de vie , les bleds Se les
épiceries. Le vignoble d'Orléans eft un des plus confidé-
rable du royaume , & on compte qu'il produit, année
commune, plus de cent mille tonneaux de vin; mais
par rapport au commerce , il y faut comprendre tous
les vins qu'on tire du Languedoc ou de la Guienne. Le
vin d'Orléans paffoit autrefois pour le meilleur qu'il y
eût en France , & les rois n'en buvoient point d'autres.
On lit dans Duchesne que Louis le Jeune , pendant fon
voyage d'Outre Mer , manda aux régens du royaume
d'envoyer à Arnauld , évêque de Lifieux , fon très-cher
ami , foixante muids de fon meilleur vin d'Orléans. Les
bleds viennent de Bretagne , du Poitou , d'Auvergne Se
Se delà Haute-Beauce : ils font amenés en magazin par
les marchands qui les débitent à Uair plus grand avan-
tage. Les épiceries viennent de la Provence par Lyon ,
ORL
ou des ifles de l'Amérique par Nantes. Ce négoce s'cTî
trouvé allez fort pour donner lieu à l'établiflement de
trois fucreries dans la ville d'Orléans , qui confument
par an environ quinze cens milliers de mocade. Le
Lucre qu'on y fabrique eft blanc , bien travaillé, Se très-
effimé par les marchands de Paris. 11 s'eft fait de tout
tems à Orléans un grand commerce de bas au tricot
Se à l'aiguille. La plus grande partie de ces bas vient de
Beauce -, mais il s'elt formé à Orléans deux manufactu-
res des mêmes ouvrages , l'une de bas tricotés , Se l'au-
tre de bas au métier. Quoique ces derniers ne foienc
pas d'un auffi bon ufage que les autres , on s'appercoit
que la manufacture de bas au métier détruit l'autre in-
fenfiblement. Il fe fait encore à Orléans un grand né-
goce de peaux de mouton paffées en chamois , Se il s'en.
débite par an environ douze mille douzaines. Paris & tout
le royaume les enlèvent avec empreffement , foit qu'elles
foient en huile , en blanc ou en chamois. Le débit des ar-
bres fruitiers par les jardiniers d'Orléans Seàes environs eft
encore très-confidérable, non-feulement pour le dedans
du royaume , mais auffi pour les pays étrangers. Le
roi d'Angleterre Guillaume III en fit enlever une gran-
de quantité après la paix de Ryswyck. Je parle ailleurs
du commerce des autres places de 1 Orleanois.
ORLEANS (Le bailliage d') s'étend auffi loin
que le duché , Se eft compofé de neuf châtellcnics roya-
les , qui forment enfcmble le corps du bailliage divifé
en neuf fiéges particuliers, dans chacun desquels un
lieutenant du bailli connoît en première infiance des
caufes des nobles, des privilèges de fon diftrict Se des
appellations des juftices fubalternes.
Ces neuf châtellenies font
Orléans , Neuville , Lorris,
Beaugenci , Vitri , Le Château*
Yenville , Bois-Commun , Regnard.
Yevre-le-Châtel ,
Les lieutenans que le bailli d'Orléans a dans chaque
châtellenie royale ou fiége, font indépendans les uns
des autres; mais celui d'Orléans a droit de tenir les as-
fifes dans tous les fiéges de ces châtellenies , Se comme
officier principal de tout le bailliage , eft qualifié
lieutenant général , Se les autres fe qualifient lieu-
tenans particuliers. Les appellations des neuf châtelle-
nies font également portées au parlement , hors le cas
des préfidiaux dans lesquels celles des châtellenies d'Or-
léans, de Beaugenci, d'Yenville , de Neuville, d'Ye-
vre-le-Châtel de Vitri, & de Bois-commun, font
portées au préfidial d'Orléans , Se celles de Lorris Se de
Château-Regnard à celui de Montargis. La châtellenie
royale de Château-Neuf faifoit autrefois la dixième;
mais M. de Château- Neuf, fécietaire d'état, ayant
obtenu du roi, avec le confentement du duc d'Orléans,
l'union de la juftice royale de Château-Neuf au domaine
de cette châtellenie qui lui appartenoit , cette juftice
eft devenue feigneuriale , Se reffortit au bailliage d Or-
léans. Le Bailliage d'Orléans qu'on appelle Châielet ,
du nom du lieu où il tient fes féances , a , comme ce-
lui de Paris , le privilège du fceau qui eft attributif de
jurisdiction.
ORLEANS (Le canal d' ). Voyez Canal.
ORLEANS ( La forest d') , grande forêt de Fran-
ce dans l'Orléanois , au nord de la ville d'Orléans & de
la Loire : fa plus grande partie eft dans l'élection d'Or-
léans , Se fes deux extrémités entrent dans l'élection de
Montargis à l'orient , & dans celle de Beaugenci au
couchant. Cette forêt eft une des plus grandes du royau-
me , Se contient quatre-vingt-quatorze mille arpens en
bois plein ; mais elle renferme des plaines fort éten-
dues Se des villages , de forte que toute fa longueur eft
de vingt lieues. Sa largeur eft différente ; en quelques
endroits elle eft de fept à huit lieues, Se de deux ou
trois en d'autres. Son bois, qui eft de haute futaie , eft
mêlé de chêne , de charme Se de tremble , de l'âge de
quarante ans au plus. Le prix des ventes de cette forêc
peut monter chaque année à cent mille livres. Elle eft
de l'apanage du duc d'Orléans. * Pïganiol de la For-
ce , p. 10.
'"' ORLEANS,
ORM
ORLEANS (l'Isle d'). Vojei au mot Isle.
ORLEANS ( La Nouvelle) , ville capitale delà
Louïfiane , dans l'Amérique feptentrionale , fui le bord
oriental du Miffiffipi , par les 28 deg. de latitude nord.
Elle fut ainfi nommée en l'honneur de Philippe, petit-
lils de France, duc d'Orléans, fous la régence duquel
on commença à la bâtir. Ses progrès ont été lents >
mais elle commence aujourd'hui à prendre forme de
ville. Les PP. Capucins en deflervent la paroifle ; les Jéfui-
tes y avoient une aflez belle habitation , ôc les religieufes
Urfulines y deflervent l'hôpital , y tiennent école pour
les filles , ôc y élèvent des penfionnaires. Depuis l'année
1 72 z on y a transporté du Biloxi le quartier général
de la colonie ; ainfi elle efl le fejour du gouverneur, du
commiflaire ordonnateur , d'un état major ôc du confeil
fupéneur. L'embouchure du fleuve n'en efl: qu'à un degré
au fud ; cependant on compte trente-trois lieues de-la à
la mer par le fleuve, qui fait beaucoup de tours pour
s'y rendre. C'eii ce qui a fait penfer à changer cette
ville de place , ôc à la Transporter huit ou neuf lieues
plus bas au-deflbus du détour aux Anglois , qui fait
presque le tour du compas -, mais on s'en efl tenu à fa
première fituation : ce qui l'avoit fait choifir éroit en
partie, un petit ruifleau qu'on appelle Bayorie S. Jean;
qui ett à une lieue au-deflus de la ville , ôc qui fe dé-
charge dans le lac Pontchartrain, par lequel on peut
aller à la mer en chaloupe fans être découvert. * Jour-
nal d'un voyage de l'Amérique.
ORL1TZ, rivière de Bohême, dans le cercle deChru-
dim. Elle prend fa fource fur les confins de la Moravie ,
près de la bourgade d'Oditz , d'où prenant fon cours
vers le couchant , elle va fe joindre au Worlitz au-
deflbus de Borubradeck. * Jaillot , Atlas.
ORLO ou Orlovecz , ville de l'empire Rufllen ,
dans la province de Viatka, fur la rive gauche de la Viat-
ka , au-deflbus de Chlinof. * De l'Ifle , Robert , carte de
la Rtij/ie.
OR.LOGUE (Lecapd') pag. 12;. colon. 2.
ORMANUS ou Hormanus, rivière de l'Arabie
Heureufe , félon Ptolomée , /. 6. c . 7. Il en met l'em-
bouchure au pays des Sachalites, entre Neagole ôc les
monts Dydimes.
ORMENIUS , ou plutôt Ormenium , ou même
Orminium. Oncl'ws ,Thefaur. dit: Ormenius ville de
Theflalie , <Sc citeStrabon. Ce dernier , /. 9. p. 4.58. dit
à l'occafion d'un vers d'Homère, lliad. B. v. 734 , où
il elt parlé d'Ormenium , Ormenium s'appelle aujour-
d'hui Orminium : c'ell un village au pied du mont Pe-
lion, derrière le golfe Pagaféen, c'eft-à-dire, du golfe
où étoit la ville de Pagafa ; ôc que l'on nommoit au-
trement le golfe Pelasgique , au nord & au levant du-
quel étoit la Magnefie , dont le mont Pelius occupoit
une partie. Ormenium étoit au fond de ce golfe , au
pied du mont Pelius. Cela s'accorde avec ce que dit
Pline , qui nomme cette ville Hormenium avec une as-
piration. La Magnefie , dit-il, /. 4. c. 11. efl: annexée à
la Theflalie. Il y a la fontaine Libcthra,les villes Iol-
cos, Hormenium, Pyrrha, &c.
ORMINIUS MONS, montagne d'Afie , dans la
Bithynie. Ptolomée, /. j. c. i.y met le peuple Cauco-
nes, voifins des Maryandini.
ORMION. Ortelius nomme ainfi un fiége épiscopal
de Syrie, fous la métropole Hiérapolis. La notice pa-
triarchale d'Antioche nomme ce fiége Orymon.
ORMOAS , bourg ou petite ville de Grèce dans la
Morée , dans la Brazzo di Maina , au fond du golfe de
Colochine. De Witt , dans fa carte de la Morée , écrit
Ormoas » autrefois Acrïa. Voyez, Acria.
ORMOND. Il y a en Irlande, dans la province de
Munfler , au comté de Tipperarv , deux baronnies nom-
mées Ormond : favoir , Lower Ormond, ôc Ormond
Arra. Voyez. Tipperary".
ORMSKIRK , bourg d'Angleterre, dans la province
de Lancaflre. On y tient marché public. * Etat préfent
de la Grande Bret. t. 1.
ORMUS , petite ifle d'Afie , au fond d'un golfe ,
auquel elle donne fon nom , ôc à l'encrée du golfe Per-
fique , par les 27 deg. de latitude , félon l'eflime de quel-
ques navigateurs , félon d'autres à 16 deg. 15 min. Cette
ifle n'eft qu'un amas, de rochers couverts de fel, ôc les
ORM 697
rnaiibns y font bâties de pierres falées ;' il n'y a ni ar-
bres fruitiers, ni herbages; en été la chaleur y eit Cï
grande , que les hommes font obliges de s'enfoncer dans
les bois ( du voifinage) où il y a des eaux allez profon-
des , ôc de s'y mettre jusqu'au cou. Les toits des mai-
fons font plats & percés a jour en plulieurs endroits ,
ainfi qu'au Caire, afin que la fraîcheur y puifle entrer.
L'eau de l'ifle elt mauvaife , ôc il en faut apporter dit
continent. Cette ifle efl: nommée Harmuz par Pedro
Texeira , qui nous a donné une hiitoire de les rois. Elle
a été autrefois un royaume aflez important , quoiqu'elle
n'ait guère que trois lieues de tour (d) ; mais ce royau-
me s'étendoit en terre ferme au pays de Laer , & dans
le Kerman du côté du nord , & dans l'Arabie. Seyfadin,
fon XXVIe roi, gouvernoit l'état, lorsque les Portugais
s'en emparèrent , fous la conduite d'Alfonfe d'Albuquer-
que (ê>) l'an 1 J07. Ils y laiflèrent la maifon royale , avec
une espèce d'autorité. Ils fe contentèrent d'aflurer leur
conquête par une forterefle qu'ils bâtirent, ôc par une
ville qu'ils peuplèrent de Portugais. Les chofes étoient
encore en cet état, lorsqu'on en faifoit la defeription fui-
vante, inférée dans le voyage de Hagenaar au Ve tome
des voyages de la compagnie Hollandoifedeslfles Orien-
tales. Le naturel des habitans d'Ormus tient un peu
des Perfans ôc un peu des Arabes. Les pays voifins lui
fournillcnt abondamment toutes les chofes dont elle a
befoin. Les marchands de Perfe , d'Arabie , de Turquie
ôc des Indes y fréquentent ; mais la plus grande par-
tie vient d'Arménie , de Perfe ôc de Venife ; ces der-
niers étoient très curieux des pierreries qui y font portées
des Indes. On y trouve auffi quantité de beaux tapis de
Perfe , de Coraçon , de Dias ôc d'ailleurs , qu'on nom-
me Alcatiffes ; beaucoup de camelots de Tuiquie, de
fimples d'Arabie, de drogues médicinales de Sandra-
gon , de manne , de myrrhe , d'encens, de beaux che-
vaux de Bahrain , de perles de Mascate , quantité de
raifins fecs ôc diverfes fortes de dattes. Ce qui attire
toutes ces marchandifes à Ormus , c'efi qu'il y a tous
les ans deux troupes de marchands qui s'aflèmblent pour
aller dans cette ifle, partant d'Alep , ville de Syrie , êc
partant par Tripoli , qui efl; à trois journées de chemin
d'Ormus. Ils y portent des marchandifes du pays d'où
ils viennent, ôc en emportent de celles qui y font ap-
portées de divers endroits du monde. L'autuir parle
enfuite des grands profits , que faifoient alors les gou-
verneurs d'Ormus , après quoi il pourfuit ainfi : La
force de ce royaume confifte dans la place que les Por-
tugais y ont fortifiée ; ils ont fait dans la forterefle des
citernes, parce que l'ifle manque d'eau. Elle efl pourvue
d'artillerie & d'une bonne garnifon, pour tenir les Ma-
hométans en bride. Les autres forts qu'on voit dans
l'ifle , font peu de chofe ; les Portugais s'y gouvernent;
à la mode de leur pays. Le roi d'Ormus ne demeure
pas dans leur ville. Ce roi ôc tous fes fujets font Ma-
hométans. Les Portugais ôc ceux qui en font ifllis pro-
fe fient la religion Catholique. Tel éteit le royaume
d'Ormus . lorsque les Portugais en étoient les maîtres.
Cela ne dura pas un fiécle entier. Us firent un peu trop
fentir leur pouvoir à Schach Abas, roi de Perfe, qui,
s'étant aflbcié avec les Anglois, qui s'accommodoient
auffi peu que lui de la grande puifl'ance des Portugais ,
les attaqua à frais communs. Les habitans Portugais fe
fauverent avec leurs familles , ôc leurs plus précieux
effets. Les Mahométans ôc les Idolâtres , qui demeu-
roient avec eux dans lifle , firent peu de réfiftance ;
mais la forterefle, dont étoit gouverneur François de
Soufa , Contint plufieurs aflauts. Le fiége dura deux mois
ôc demi , & auroit duré plus long-tems fans la mort du
gouverneur. Elle capitula & fe rendit moyennant La vie
fauve. Ainfi Ormus tomba au pouvoir des Perfans le
premier Mai 1622. Le roi d'Ormus , fon vifir&route fa
cour furent menés en Perfe , ôc les Portugais, félon l'ac-
cord , furent remis aux Anglois , qui en renvoyèrent
beaucoup à Goa. Hagenaar , t. j. p. 274 , qui pafl'a dans
ce pays là , dix à onze ans après , dit : La rareté des
pierres dures ôc du bois de charpente , fait qu'on dé-
molit peu à peu les belles maifonsqui étoient à Ormus
pour en transporter les matériaux à Gamron, où ils
fervent principalement à bâtir -, il ajoute , la forterefle
de l'ifle d Ormus, qui efl confidérable ... efl gardée
Tom. IV. T 1 1 c
698
ORN
ORN
pai trois cens hommes, donc aucun n'a la liberté de
forcir. Les montagnes de fel qui lune dans l'ifle la ren-
dent toute blanche. On y trouve aufli une matière qui
eft comme du mecal , de peu de valeur : elle gît a trois
lieues Se demie de Gamron a l'eft-fud eft. La profon-
deur de l'eau entre, ces deux places e!c de 14318 bras-
fes : ainfi finie le royaume d'Ormus. La Perfc s'empara
de l'ifle & de couc ce qui écoic en terre ferme de fon
côté au pays de Laer , Se aux environs de Gamron , où
elle transporta le commerce qu'avoir eu Ormus. Les
Arabes s'emparèrent de leur côté de ce que les rois
d'Ormus avoienc poffédé en Arabie. Le Brun , Voyage
de Moicovie , de Perfe, &c. c. 60. remarque qu'il y
avoit autrefois près de certe ifle , un fable fur lequel
on trouvoit des perles ; qu'on y a empoifonné, à ce
qu'on dit, c'eft-à-dire , que par quelque poifon on
avoit fait mourir les coquillages où ces perles fe nour-
riffoient. Gemclli , Voyage du tour du Monde , t. 2. p.
520. parlant d'Ormus, ne lui donne que trois milles de
circuit. Il ajoute : 11 n'y croît ni arbre, ni herbe, étant
toute couverte de fel très-blanc, ce qui caufe fa fté-
rilité. L'eau qui tombe du ciel eft la feule eau douce
qu'on y boive ■■, on la ramafle dans des citernes pour
la garnifon du fort. On en eftime le fable à caufe de
fa noirceur, Se de fon luifant, aufli-bien que fa terre
rouge , dont les Banianes fe peignent le front, (a)
Scboitten , Voyage „ t. 1. p. 374. (b) Relation de los
Rciez. de Harmuz. , p. 44.
Ceux qui voudront voir une ample defeription , fé-
lon l'état ancien d'Ormus , la trouveronc dans l'ambas-
fade de dom Gardas Figueroa.
ORN AIN. Voyez. Ornay.
ORNANO , petite rivière d'Italie3 dans l'ifle de Cor-
fe,fur fa côte occidentale ,où elle arrofe un quartier que
l'on appelle Pif.ve d'Ornano , Si qui coniïfte en une
trentaine de Hameaux. 11 y avoit aufli le château d'Or-
nano ; mais il y a déjà environ deux fiéçles Se demi qu'il
eft détruit. Cette rivière a fa fource près de Cafa di San
Pietro , Se fe décharge dans la partie feptentrionale du
golfe de Talabo.On croit que c'eit le Titianus des anciens.
ORN ANS , ville de France, dans la Franche-Comté ,
au deffous de Villafans , fur la rivière de Louve qui la
traverfe , Se qu'on paffe fur un pont. C'eft le chef lieu
d'un bailliage qui en porte le nom. Elle eft petite , 8c
fituée au pied des montagnes. Il y a une paroirte unique ,
avec une Familiarité , c'eft-à-dire une communauté de
prêtres , un couvent de Minimes & un d'Urfulines. Près
de cette ville , eft un puits très-profond , qui dans les
grandes pluies dégorge de telle manière , qu'il inonde
les campagnes voifines , Se jette quantité de poiflbns ,
appelles Umbres , dont la rivière fe rempoiffonne.
ORNAY. Voyez. Aurigny.
1. ORNE ( V)Argenes, rivière de France,en Norman-
die. Elle a fa fource au village d'Aunon, Se reçoit un ruis-
feau, avant que d'entrer à Seez qu'elle arrofe. Elle reçoit
enfuireles rivières de Seneviere &deTouane paffe au mi-
di d'Almenêche , Se au couchant de cette a*bbaye reçoit
une autre rivière, qui en vient , puis une autre au-deffus
d'Argentan où elle pafie. Au deffus d'Ecouffe elle reçoit
la Caence , Se le Chandon au defious -, près de S. Phili-
bert elle fe charge de deux petites rivières , dont l'une
vient de Neuvi , l'autre de Brioufe. Plus loin elle fe
groflît de Noireau , qui lui porte les eaux de la Durance.
A Fontenai elle reçoit la Laife , Se dans les fortes de
Caen , elle eft accrue par l'Odon. C'eft la qu'elle com-
mence à être navigable jusqu'à la mer , d'où les bar-
ques artez grandes peuvent remonter. Enfin, trois lieues
au-dertbus de Caen elle fe perd dans la mer, formant
par fon embouchure un port à Eftrehan , dont nous
parlons en fon lieu. L'Orne fait beaucoup de détours -,
c'eft pour cela que Segrais , qui étoit de Caen , Se de-
voit bien connoître cette rivière , aux bords de laquelle
il étoit né , l'appelle le Celtique Méandre dans fon
églogue intitulée , JJmire. Voici les vers où il en parle:
Tels étoient les penfersde l'amoureux Cléandre ,
Retournant vers les bords du Celtique Méandre ;
Car quiconque a vu l'Orne aux tortueux détours ,
Au Méandre fameux a comparé fon cours.
On lit cette remarque dans les Segrefiana : La ri-
vière qui parte par nocre ville de Caen,& que nous nom-
mons l'Orne , s'appelle en latin Olena ; Si nous appel-
Ions I'Odon , l'autre rivière qui y parte aurti , & qui efl;
beaucoup plus petite. Elles font mal appellées d'ORNE
Se d'Odon , dans la carte particulière de Normandie,
dont la plupart des pofitions ne font pas juftes. 11 faut
que Segrais parle ici de quelque ancienne carte ; cette
faute ne fe trouve point dans les cartes de Normandie,
dans l'Atlas de Blaeu , ni dans celle de de Fer , ni dans
celle de de l'ifle. Malherbe , dans fes (tances aux ombres
de Damon , compofées en Provence , porte la parole à
quelqu'un , avec qui il s'étoit entretenu en Normandie.
Le commencement de cette pièce eft perdu. Les pre-
miers vers de ceux qui reftent font ceux ci :
L'Orne, comme autrefois , nous reverroit encore j
Ravis de ces penfers que le vulgaire ignore ,
Egarer à l'écart nos pas Se nos discours.
Cette rivière a été nommée Olena par les anciens,
^ 2. ORNE ( L' ), rivière de France , dans le Maine.
Elle a fes fources aux frontières du Perche , 1 une à
Saint Hilaire de Soifai , d'où elle descend à la Periere }
l'autre à Mont-Gaudry , d'où elle descend à Sure. Ces
deux fources fe joignent cV partent à Origni le Roux , à
Peré où elle reçoit Dive , au nord de Saint Aignan , de-
là elle vient à Balon, & tombe dans la Saite à Montbifot.
3. ORNE (L'), rivière de Champagne. Kf/y^ Ornay.
ORNE^£,au génitif Ornearum , lieu du Pélopon-
nèfe.dans le pays d'Argos. Il eft remarquable par la
bataille qui s'y donna entre le peuple d'Argos & les
Lacédémoniens. Diodore de Sicile , Thucydide & Pau-
fanias en font mention. Ce dernier J.i.c.iy dit que
Lyrcée étoit à foixante ftades d'Argos tout au plus,&
Se à pareille diftance d'Ornées. Il ajoute que Lyrcée
étoit déferte du tems d'Homère , qui par cette raifon
ne la nomme point ; mais qu'Ornées fi. bfirtnnt alors ,
il la nomme la première aux frontières du pays d'Ar-
gos , avant Phlius Se Sicyone. Il pourfuit ainfi : Elle
prenoit fon nom d'Orneus, fils d Ercchthée, qui fur père
de Petéus. Celui-ci eut un fils nommé Mnefihée , le
même , qui avec les Athéniens aida à Agamemnon à
détruire le royaume de Priam. Les Ornéates étanc en-
fuite chartes de leurs demeures par les habitans d'Ar-
gos, furent incorporés dans la nation' victorieufe. Il y
a à Ornées un temple confacre à Diane , dont la ftatue
eft de bois. Il y a aufli un autre petit temple dédié à tous
les dieux en commun. Thucydide , /. 6. p. 416 , dit que
les Lacédémoniens , avec tous leurs alliés , excepté les
Corinthiens , fe jetterent fur le pays d Argos ,enfoura-
gerent une partie , en enlevèrent des grains , rétabli-
rent à Ornées ceux qui en avoient été bannis , leur lais-
ferent quelques foldats pous les y maintenir ; Si qu'ayant
fait un traité pour quelque-tems , ils réglèrent que les
Ornéates Se ceux d'Argos s'abrtiendroient à l'avenir du
ravage des terres , les unes des autres , Se qu'ils s'en
retournèrent enfin chez eux ; Que peu après les Athé-
niens étant arrivés avec une flotte de trente voiles , Se
fix cens hommes armés pefamment , les habitans d'Ar-
gos joignant leurs forces à cellcs-Ia , marchèrent con-
tre la ville d'Ornées ; mais , comme durant la nuit , ilsfe
retiroient dans leur camp , qui étoit loin de la ville , les
Ornéates s'enfuirent. Ceux d'Argos trouvant le lende-
main que la place étoit abandonnée , la raferent jus-
qu'aux fondemens ; Se les Athéniens s'en retournerenc
avec leur flotte.
1. ORNEON , 'Opi-êwV, c'eft-à-dire, des oifeaux , au
génitif pluriel. Ptolomée , /. 4. c. 8. place une ifle des
Oifeaux dans le golfe Arabique , fur la côte d'Ethiopie ,
vis-à-vis du promontoire Colobon.
2. ORNEON. Le même auteur , /. 7. c. 4. met une
autre ifle des Oifeaux au couchant de l'ifle de Taprobane.
3 . ORNEON, 'Opviùn' ciKfct, c'eft-à-dire, le Vromontoire
des Oifeaux , cap fur la côte méridionale de l'ifle de Ta-
probane , félon le même.
ORNEY ( L' ) , ou I'Orne , rivière de France , en
Champagne. Elle a fa fource aupiès de Grands, dans le
Vallage , d'où courant vers le nord , elle parte à Gondre-
court Se traverfe une lifiere du Barrois, en fort pour y
rentrer presque aufli-tôt, parte à Ligny , à Bar-le-Duc ,
& après avoir ferpenté vers le nord Se l'occident , elle
revient vers le midi occidental , reçoit la rivière de
ORO
ORO 699
Saux , celle de Vi ère Se quelques autres, donc elle porte faire payer ce qui refloit de lafomme dont ils étoient con
les eaux dans la Marne , au couchant de Vitri le Brûlé ,
où elle pafle, Se au nord de Vitri le François.* De
l'IJle, Champagne.
ORNIACI , ancien peuple de l'Espagne Tarragon-
noife, félon Ptolomée, /. 2. c. 6. qui luiafligne pour
ville unique Intercatia.
ORNIS, lieu du Péloponnèfe , devant la ville de Co-
rinthe. PI marque , in Arato , en fait mention.
venus, il remena l'armée à A famée. Il eft certain que
Tite-Live ne fait fouvent que fuivre Polybe pas-à-pas-
Voici le paflage de Polybe , Exe. 3 f . Oneus ayant appris
leur arrivée , envoya jortjrerc avec une armée vers les
Oroandiens , pour en recevoir le refle de la fomme
ftipulée. On voie bien que c'eft le même fait dans l'iirt
& dans l'autre hiftorien, Se que Tite-Live trouvant
les Oroandiens dans Polybe qui le guidoit , il a dû
ORNlTHÔN,c'cft-à-dire, la ville des Qiieaux, ville é:rire Oroanda Se non pas Oenoanda. A l'égard de
de Phénicie, entre Tyr & Sidon , à cent ftades de l'une la capitulation , où cette fomme avoit été réglée, elle
Se de l'autre , félon Pline, /. j. c. 19. Se Strabon , /. i6#
p. 7; 8.
ORNOIS ou Ornez, contrée de Lorraine, qui fe
rrouve en deux difFéfens cantons de cette province. Il y aie
pays d'Ornez , qui tirefon nom delà petite rivière d'Or-
pez , qui prend fa fource entre l'abbaye de Muraux Se
Grands, pafle à Gondrecourt , traverfe le Barrois & le
Perçois , Se fe jette dans la Marne , près de Vitri le
François. Ce pays n'eft confidérable , ni par fon étendue,
ni par ce qu'il renferme ; c'eft plutôt un enclave du Bar-
rois qu'un pays particulier. Il a pour voifins au midi le
Bafligny , au couchant le Barrois, à l'orient le pays des
fe trouve dans le même livre de Tite-Live , /. 38. c.
18. où il eft dit , que les députés des Oroandiens (Le-
gati Oroandenfutm ) vinrent trouver le conful Manlius.
11 eft étonnant qu'un aufli grand homme qu'étoit J.
Fréd. Gronovius ait laiffé en ce paffage Oroandenfutm ,
Se qu'aux chapitres 37 Se 39 , où il eftqueftion du mê-
me peuple , il ait fourré dans le texte de fon édition
Oenoanda , qui n'y convient aucunement ; Se cela par
une déférence exceflne pour le fentiment de Sigonius.
Il eft certain que dans Tite-Live il faut lire Oroanda ,
Se quand même , ce qui n'eft pas , tous les anciens ma-
nuferits porteroient en cet endroit Oenoanda , ce feroit
Vaux, avec lequel fa partie orientale a été autrefois une faute palpable, qu'il faudroit corriger , au mépris
confondue. On trouve en effet dans cette partie l'ab
baye des Vaux , qui conftamment étoit de ce pays. On
croit que faint Bodon , évêque de Toul , Se fainte Sa-
laberge étoient de ce pays. Les manuferits les font naî-
tre in pago Oàornenfi. Leur peie , nommé Gondoin ,
de tous les manuferits du monde. Sigonius a beau dire
que YOroanda du dix-huitiéme chapitre étoit de la Ga-
latie , cela n'en eft pas plus vrai pour cela. Dans tous
ces partages il ne s'agit que d'un même lieu, d'un mê-
me fait , ou des fuites d'un même fait. En laiffant Oroan-
a donné le nom à Gondrecourt , Se afléz proche de-là denfium dans le chapitre 18 ,il ne falloir point changer
eft un prieuré dédié à fainte Salaberge. L'abbaye de ce mot en celui cX'Oenoandenftum dans le chapitre 19,
Muraux , ordre de Prémontré , eft dans la partie de l'Or
nez qui appartient à la France. Une autre rivière appel-
lée Orne , & dont la fource eft dans le Verdunois , a
formé le nom d'Ornois que les titres donnent aufli à cet
autre canton : c'eft au couchant de la ville de Metz. Ce
pays , encore plus petit que l'Ornez , eft comme ren-
fermé dans un autre petit pays appelle Voivre ( Vabren-
fis ). C'eft par le moyen de ces deux pays , tous les deux
dits en latin Pagtts Odornenfis , qu'on peut entendre ce
qui eft dit dans le partage fait en 870. Odornenfe quod
où Sigonius n'avoit marqué aucune correction à faire ,
comme on a fait dans l'édition de Gronovius. Pline ,
/. 5. c. 27. parlant de la Pifidie , lui donne Céfarée ,
colonie, nommée aufli Antioche , Oroanda Se Saga-
lejfof. Il parle ailleurs , /. 5. c. 32. à' Oroandiens tratlus i
qu'il met bien distinctement dans la Pifidie. Ptolo-
mée place fes Orondici entre la Pifidie &l'Ifaurie.
OROANDENSES , habitans d'OROANDA. Voyez.
l'article précédent.
OROANDES, montagne ou partie de cette longue
Bemardus habita , Se aliud Odornenfe quod Tetmarus chaîne de montagnes , dont leTaurus Se l'Imaiis étoient
habuit. * Notes manuferites de Lcbceuf.
ORO ( Capo del ) , cap de fine de Negreponc , dans
la partie méridionale , du côté de l'eft. C'eft le cap ap-
pelle par Ptolomée Caphereus , Se Caphareus par Stra-
bon. Nauplius, roi de l'ifte de Negtepont , fit allumer
des feux fur la croupe de ce cap, afin que l'armée des
Grecs qui revenoit de Troye , pût à la faveur de cette
lumière, arriver à bon port.* Coronelli, Defcript. de
la Morée , p. 205.
OROANDA (au génitif orum ) , ville d'Afie , dans
la Pifidie. Il ne paroit pas qu'elle fublîftât du tems de
des branches confidérables. L'Oroandes de Pline, /. 5.
c. 27. paroît le même qu'Orontes , que Ptolomée , /.
6. c. 2. place dans la Médie , Se qui étoit auprès d'Ec-
batanc , comme on peut le voir, en conférant avec ces1
auteurs , ce qu'en dit Diodore de Sicile.
OROASCA , OpoaV«st, ou Throasca , Qpccto-y.a., fé-
lon les divers exemplaires de Ptolomée , /. 6. c. 8. ville
de la Carmanie , dans les terres.
OROATESouOroatis , rivière de Perfe , dans lai
Sufiane. Pline , /. 6. c. 25. dit qu'il féparoit la Per-
fide ou Perfe propre de l'Elimaïde. Il dit plus loin : Au-
Ptolomée,quife contented'en nommer le peuple Oron- deflbus de l'Ëulée eft l'Elimaïde, qui fur la côte eft
dici. Tite-Live, /. 38. c. 37. patle de cette ville , mais
ce nom a été défiguré en quelques éditions. Celle de
Scheffer 1 5 1 8 , porte Oronda , celles de Gryphe Se de
Gruter Oroanda ; Charles Sigonius change le mot en
Oenoanda , Se rend ainfi raifon de cette correction. Oe-
noanda , dit-il , eft une ville de Pamphylie , félon Etien-
ne. Strabon a fait une faute dans fon treizième livre vers
la fin. On y lit OIvm tym -ri, au lieu qu'il faut O/VaiJw-Ts.
Appien , /. 4. nomme OtveaS'w i mais comme en ce mê-
me endroit, il y a d'autres villes nommées delà Pam-
phylie Se de la Lycie, il faut certainement lire Oe-
noanda Se non pas Oroanda , qui , comme on a dit
ci-devant , étoit de la Galatie. Charles Sigonius étoit
jointe à la Perfide. Depuis l'Oroatis jusqu'à Charax ,
il y a deux cens quarante mille pas. Saumaife , in So-
lin. p. 494. croit que c'eft la même rivière que le Pa-
sitigris. Ce qui favorife fon opinion, c'eft que ceux
qui ont fait mention à'Oroatis , n'en font aucune du
Pafitigris de Petfe. Pline & Ptolomée, /. 6. c. 3. font
de ce nombre. Ceux au contraire qui nomment le Pa-
fitigris , comme Quinte-Curfe Se An -j'en , ne connois-
fent poinc l'Oroatis. Il n'y a que Strabon qui parle de
l'un Se de l'autre , Se qui met près de deux mille fta-
des , entre le Pafitigris Se l'Oroatis ; mais ce même pas-
fage fait voir que Strabon ne parle point du Pafiti-
gris , dont il eft ici queftion , Se qui couloit dans 1»
très-favant -, cependant en ce peu de mots, il y a plus Perfe. On voit par un autre qui luit , que la côte ma-
d'une méprife importante. Premièrement, il fuppofe ritime des Arabes eft jointe à l'embouchure de l'Euphrate
qu'Etienne met Oenoanda dans la Pamphylie; mais cet Se du Pafitigris ; d'où il faut conclure que le Pafitigris
auteur dit qu'elle eft une ville de Lycie. En fécond lieu , de Strabon eft celui de Chaldée , Se non pas celui de
il place Oroanda dans la Galatie, où il n'y en a pas Perfe. La diftance même le fait voir. Pline met entre
la moindre trace. La troifiéme méprife eft de vouloir l'Oroatis Se Charax deux cens quarante mille pas , qui
faire dans Tite-Live un changement de nom, dont Po- re/iennent à mille neuf cens vingt ftades. Les quatte-
lybe fait voir l'inutilité. Voici le paffage de Tite-Live : vingt ftades qui relient pour faire les deux mille fta-
A Perga , L. Manlio cum quatuor m'ùlibus militum des de Strabon , font la diftance qu'il y avoit depuis
Oroanda-, ad reliquum pecuniœ , ex eo quod pepigerant , Chatax jusqu'à l'embouchure du Tigre. Strabon , qui
exigendum miffo , ipfe Apameam exercitum reduxit. dans cet endroit parle furie témoignage de Néarquei
C'eft à- dire :Le conful ayant envoyé de Perge L. Alan- non du Pafitigris des Uxicns , mais du Tigre même des
lins avec quatre mille hommes à Oroanda pour s'y Chaldécns, cite peu après le véritable Pafitigris, &5
'lom. IV, T 1 1 1 ij
ORO
700
dit: Après le Choaspe eft le Copratas, Se enfuite le
Pafitigris. C'eft ce dernier que nous difons être le même
que I'Oroatis.
1. OROBA , ville de l'Aiîyrie , près du Tigre. Ptolo-
mée, /. 6.c. 1. la nomme dans cet ordre, Ninut , Saca-
da , Oroba , Tbelde , Ctefip honte.
2. OROBA, autre ville de l'Aflyrie, mais dans les
terres , félon le même géographe , entre Corcura Se
Degia. Il les diftingue , aiufi par rapport à leur po-
fition.
Longitude. Latitude.
i.Orobaprès du Tigre, 79 d. 20m. 30 d. 20m.
2. Qrobadans les terres. 79 20 38 ic.
OROBATIS , ville de l'Inde , vers le Haut-In-
dus , félon Arrien, dans les guerres d'Alexandre. Voyez.
Obroates.
ORODI^ , lieu de l'Eubée , félon Thucydide.
OROBII , peuple de la Gaule Cifalpine , en Italie,
félon Pline, /. 3. c. 17. qui en parle ainfi:Caton as-
fure que les habiians de Corne, de Bergame , de Fo-
rum Licïnii , Se autres peuples des environs , font des-
cendus des Orobiens ; mais il avoue qu'il ignore l'origine
de ceux-ci , que Cornélius Alexander croit être venus
de Grèce, comme le fait voir la fignification de leur
nom, qui veut dire des gens qui vivent dans des mon-
tagnes. Les Orobiens avoient une ville fituée de mê-
me , nommée Barra , dont Caton dit aufli que les
Bergamasques étoient venus. Caton en parloit comme
d'une ville qui tomboit en ruine. Pline dit qu'elle ne
fubfiftoit plus» interiit. Zanchius , favant Italien, pré-
tend que Cenomani étoit le véritable nom de ce peu-
ple , Se qu'Orobii étoit une épithéte , qui marquoit la
nature du pays qu'il habitoit.
OROBIS , nom latin de I'Orbe , rivière de France.
Voyez, ce mot.
OROCANA ou Oracana , ville de la Médie , fé-
lon Ptolomée , /. 6. c. 2. Il la met dans les terres.
OROCASIA , lieu de Syrie, fur l'Oronte, autour
d'Antioche , dit Ortelius , qui cite Procope. Cet au-
teur, dans fon hiftoire de la guerre contre les Perfes,
/. 2. c. 6. dit Orocafîar , qui doit fe rendre en fran-
çoîs Orocasiade. Il dit en parlant de la ville même
d'Antioche : Il fe trouva néanmoins que la muraille
pouvoir être attaquée par l'endroit le plus élevé , ap-
pelle par les habitans Orocafiade , ce qui procédoit de
ce qu'elle étoit trop proche d'une roche fort haute. Il
commanda donc de creufer un fofle dans la roche ou
de bâtir une tour deflus, Se de la joindre à la muraille.
Ce partage fait connoître qu'Orocafiadc eft le nom que
les habitans d'Antioche donnoient à la plus haute par-
tie des murailles de leur ville , qui , comme le dit ce
même auteur , étoit limée, partie dans un fond & par-
tie fur des hauteurs.
OROLAUNUM , village de la Belgique , fur la rou-
te de Rheims à Trêves , félon Antonin , itiner, qui le
met entre Epoijfus Se Andethanale , que l'on croit être
Echternach. Quelques modernes croient que c'eft Ar-
lon , au duché de Luxembourg. Ortelius trouvant ces
lettres dans Antonin , Leg. XX. a cru qu'elles mar-
quoient la vingtième légion. Ce font des lieues gauloifes
de quinze cens pas romains , les vingt lieues équivalen-
tes à trente milles romains , qui valent vingt-quatre
milles d'Italie , ou fix milles géographiques de quinze
au degré. Cette diftance eft celle d'Èpoiffuî à Orolau-
num. La diftance d'Orolaimum à Andethanale , Se de
ce dernier lieu à Trêves eft égale , c'eft-à-dire , de 15
de ces mêmes lieues. Cela gâte un peu la conjecture ,
car la diftance d'Arlon à Echternach eft à peu près dou-
ble de celle d'Echternach à Trêves. En récompenfe les
foixante Se quatre lieues gauloifes qu'Antonin compte
entre Rheims & Orolaunum , conviennent aflez à la
diftance de Rheims à Arlon -, car elles fonr 96 milles
romains, qui reviennent à 77 milles italiques , ou àdix^
neuf grandes lieues , en fuppofant un chemin droit ,
tels qu'éroient ceux des Romains. Voyez. Arlon.
OKOMAG A. Voyez. Artomagan.
OROMANDROS , ville de la petite Arménie , félon
ORO
Ptolomée , /. ; . c. 7, Elle étoit dans le pays , vers les
montagnes.
OROMANSACI, ancien peuple de la Gaule Belgi-
que , au voifinage des Morins. Pline le nomme immé-
diatement après eux , Se dit que les Oromanfaques
étoient joints au canton nommé GeJJonacui Pagus , qui
eft aujourd'hui le Boulenois.
OROMENUS, montagne de l'Inde. Pline, /. 21. r.
7. qui en fait mention , dit que c'étoit une montagne de
fel formé naturellement , Se qui fe reproduifoit à me-
fure qu'on le tailloir , comme dans les carrières de pier-
re. Il ajoute que les rois en tiroient un plus riche revenu
que de l'or Se àcs perles.
ORONGE. Jofephe , Anûq. I. 1 3. c. 23. dans un dé-
nombrement des villes que les Juifs pofledoient , dit : Les
Juifs pofledoient alors dans le pays des Moa-
bites , Eflebon , Medaba , Lemba , Oron , Thalithon ,
Sec. C'eft ainfi que d'Andilli écrit ce nom en fran-
çois.
ORONDICI. Voyez. Oroanda.
ORONTE ( L' ) , grande rivière de Syrie. Pline ,
/. 5. c. 22. le fait naître entre le Liban Se l'Antiliban,
auprès d Héliopolis, qui eft aujourd'hui Balbec, mais il
fe trompe, comme on verra ci-après. Strabon , /. 16.
p. 750. en parle aflez au long. Après avoir décrit la ville
d'Antioche , il dit : Auprès de la ville coule l'Oronre ,
qui ayanr fa fource dans la Cœlefyrie , fe perd enfuite
dans la terre, puis en fort, traverfe le territoire d'Apa-
mée, Se s 'avançant vers Antioche , fe jette dans la mer
au voifinage de Séleucie. Il ajoute : On l'appelloit aupa-
ravant Typhon ; ce nom fut changé par celui qui y fit un
pont , Se on l'appella Oronte. Auprès de Séleucie , au
couchant d'Antioche, eft la mer où fe perd l'Oronte.
Séleucie eft à quarante ftades de fon embouchure , Se
Antioche en eft à deux cens vingt. On va en un jour
depuis la mer jusqu'à Antioche en remontant la mer j
voilà ce que dit Strabon. Oppien , Cymget. I. 1. v.
120. parle de l'ifle Méliboée que l'Oronte formoit un
peu avant que d'entrer dans la mer. 11 en parle po'éti-
quemenr fous la figure d'une nymphe dont Oronte étoit
l'amant. La ville d'Epiphanie & celle d'Apamée étoient
aufli fur cette rivière. Comme elle ferpente beaucoup,
Pomponius Lstus dit qu'elle a été anciennement ap-
pellée Ophites. De la Roque , dans fon voyage de Sy-
rie Se du Mont Liban , t . \.p. 1 66. détruit ainfi ce que
Pline dit du voifinage d'Héliopolis Se des fources de
1 Oronte. Il eft certain qu'auprès de Balbec il n'y a au-
cune rivière, & que les eaux qui paflent dans cette ville
ou qui en font proches , ne conviennent nullement à
l'Oronte. On va voir cependanr , poui fuit-il, que l'auto-
rité de Pline n'eft ici d'aucune conféquence , Se que
n'ayant pas été fur les lieux , il a été trompé par de
faux mémoires. Nous avons parcouru l'Oronte , le fé-
cretaire du patriarche des Maronites Se moi , Se nous
avons remonté jusqu'à fa fource que nous avons trouvée
très-mal placée dans Pline-, car elle fe trouve presque
dans la plaine , à quatre ou cinq lieues de diftance du
Mont Liban , entre l'orienr Se le midi , Se à un éloi-
gnement confidérable de toutes les montagnes qu'on peut
appeller Antiliban , félon même que Pline le décrit ail-
leurs. Au refte , cette autorité a trompé la plupart àcs
géographes qui ont décrit l'Oronte ; ils placent fa fource
près d'Héliopolis , dont ils déterminent la pofition , fé-
lon cette idée. Ils mettent Emefetout-à-fair fur les bords
de ce fleuve, Se tombent dans d'autres erreurs qui fe-
ront aifées à comprendre Se à corriger par le moyen
de la carte du véritable cours de cette rivière , depuis
fa fource jusqu'à la mer , que nous avons dreflee avec
beaucoup d'attention. Voici les lumières que l'on peut
tirer de cette carte. A l'orient d'une longue chaîne de
montagnes qui font partie du Liban, eft BALBEK.l'Hé-
liopolis des anciens-, au nord& à huit lieues & un quart
de cette ville eft Hermel, à trois lieues Se demie de
laquelle on trouve au nord un peu oriental Giranije ,
au nord Se à trois lieues Se demie de cette dernière font
les fources de l'Oronte qui courr en ferpenrant vers le
nord. 11 pafle au couchant , Se à ptès de deux lieues
d'Emefe , traverfe la ville d'Apamée, Sek neuf Se de-
mie delà , il fe courbe vers l'oueft Se enfuite vers le
fud-oueft , enfermant , par le détour qu'il fait, une lan-
ORO
gue de terre de fix lieues Se demi de largeur fur huit
de longueur , après quoi il détermine fa courfe vers l'oc-
cident , pane entre Antioche qui eft au midi , ôc le mo-
nafterc defaint Maron qui eft au nord , & fe jette dans
la mer , fans que cette carte mette aucune trace d'ifle
à fon embouchure. Otter , Voyage en Turquie Se Per-
fe , /. i.p. Sz. dit : L'Orontc , qu'on appelle aulTi la ri-
vière Renverfée , à caufe qu'il coule du fud au nord »
prend fa fource près d'un endroit nommé Reeskieuik ,
à une journée de Balbec. Il fe rendde-là à Kaim-ul-her-
mel, entre Djoufia Se Rees , & descend dans un vallon
où il reçoit les eaux qui forcent d'une grote, appellée
la grote du Moine : enfuite il prend fon cours vers le
nord, Se fe jette dans le lac de Kadés , d'où il pafle à
Hims, autrement Hemefa , à Reften, à Hama, Se à
Chizer. Après quoi , il forme le lac d'Efamia. Au fortir
de ce lac , il pafle à Derkiouche , coulant à l'elt de la
montagne de Likiam jusqu'à Dgisrul-hadid, c'eft -à di-
re, le Pont de Fer où cette montagne eftféparée. Après
l'avoir tournée, il prend fon cours au fud-oueft, pas-
fe fous les murs d Antioche , Se va fe jetter dans la mer
de Roum.
ORONTES, montagne de la Médie, prèsd'Ecbatane.
Voyez. Oroandes.
OROPE. Voyez. Orovvs.
i.OROPESA, ville d'Espagne, dans la Nouvelle
Caftille, près des frontières de l'Eftremadure, entre
Talavera de la Reina Se Plazentia , à neuf lieues de la
dernière , au nord du Tage. D. Garcie Alvarez de To^
léde , frère aîné de D. Ferdinand Alvarez de Tolède ,
feigneur de Valdecorneja , dont font iflus les ducs
d'Albe Se le marquis de Villefranche, en fut le premier
feigneur. D. Ferdinand , arrière petit-fils de D. Garcie
Se quatrième feigneur d'Oropefa , en fut créé comte
par Ferdinand & Ifabelle , en 1475. D- Jean Alvarez
de Tolède, cinquième comte d'Oropefa, n'eut que des
filles qui moururent avant lui ; mais Doha Béatrix ,
l'aînée , ayant époufé dom Edouard de Bragance , mar-
quis de Flechille , laifla un fils appelle D. Ferdinand Al-
varez de Tolède, qui fuccéda à fon grand- père , de
c'eft par cette voie qu'Oropefa pafla de la maifon de
Tolède , dans la famille royale de Portugal où elle eft
encore. * Vayrac , Etat préfent de l'Espagne, tom. 3.
p. 158.
2. OROPESA, ville de l'Amérique méridionale , au
Pérou , dans l'audience de Los Charcas , dans la val-
lée de Cochabamba , fur un ruifleau qui eft l'une des
fources de la rivière de Cachimayo ou de Guapay. De
Lae't dit qu'elle a été bârie par D. Francesco de Tolède,
à vingt-cinq lieues au nord-oueft de la Plara. On a vu
dans l'article précédent que le comté d'Oropefa , en Es-
pagne , appartenoit à la maifon de Tolède \ cela fait voir
pourquoi cette colonie fut nommée ainfi à caufe de fon
fondateur. De Laè'c ajoute que les habitans de cette ville
font un grand profit à l'agriculture & à la nourriture
des brebis, Se qu'ils vont vendre principalement leurs
grains Se leur bétail à Potofi , qui eft à trente lieues au
midi d'Oropefa.
Cet auteur ajoute : Garcilaflb écrit que dans la vallée
de Chocapampa ( ou Cochabamba ) , les Espagnols
avoient bâti à caufe de fa merveillcufe fertilité, l'an
1565, la ville de S. Pedro de Cardenna. Il doute fi ce
ne feroir point la même qu'Oropefa.
OROPESO ( Le cap d' ). Pag. uj. col. 2.
OROPI. Ortelius trouve un fiége épiscopal de ce nom
fous Anazarbe métropole , Se cite Guillaume de Tyr ,
c'eft-à-dire une notice attachée à fon exemplaire de
Guillaume de Tyr , Se qui , félon ma conjecture , ne
fauroir être que la notice du patriarchat d'Anrioche ,
qui fe trouve jointe de même dans un manuferit du
Vatican , n° 2002 , à l'hiftoire de cet auteur. Ortelius
a pu avoir une copie manuferite de cette notice où
ce fiége étoit déplacé. Il n'y en a aucun fous Anazar-
be dont le nom foit approchant d'Oropi , mais fous
Hiérapolis métropole , dans le même patriarchat d'An-
rioche, on trouve Europi. Cela eft conforme aux no-
tices de Léon le Sage Se d'Hierocles , qui n'ont aucun
nom pareil dans la féconde Cilicie , fous Anazarbe.
Tous deux mettent Enropus dans l'Euphratenfe, fous
Hiérapolis. Ce fiége d'Oropi eft donc ou l'Europ us des
ÔRO 701
trois notices , ou plutôt Oropi , que !a notice du pa-
triarchac d'Antioche, la même qu'Ortelius a conftiltéè
dans une copie défcouieufe, mec fous Séleucie , autre
métropole du même patriarchat , mais dans l'Ifauiie.
La notice de Léon le Sage Se celle d'Hierocles n'ont
aucune crace de ce nom. Dans celle de l'évêque de Ca-
thare , on trouve fous Séleucie Oropi changé en Diro-
Pï. Voyez. Oropus.
OROP1TUM , félon Antonin , cité par Ortelius ;
Oropite , félon Caton. Ortelius ajoute : Elle a été nom-
mée Urbivemurn par Procopc , fi on en croit Léan-
drej pour moi , je trouve au fécond livre de Procope ,
de l'hiftoire de la guerre des Goths , Urbevetanum.
L'ancienne édition latine de Procope , imprimée à Ro-
me l'an ijotf, porte Urbcvetana , à l'accufatif Urbeve-
tunam. Il s'agit de la ville que l'armée de Bclifairc as-
fiégea après la prife d'Urbin. On y trouve pour com-
mandant , félon cette édition , Arbilas , capitaine Goth ,
qui encourageoic les aflïégés. Or Procope , parlant ail-
leurs des dispofitions que Vitigez avoir faites, dit dans
cette édition , qu'il avoit mis à Ûiifium mille hommes
fous la conduite de Gelimer , Se autant ( à une autre
ville que l'on y appelle Urbibento) auxquels il avoit
donné pour commandant un Go;h, nommé Albilas.
On voit qu'Urbibemo Se Urbevetana n'eft qu'une mê-
me place. Grotius nomme le commandant Aibilas
dans les deux paiTages ( a ) , & la ville Urbs vêtus dans
tous les lieux où il en eft parlé. La variation de l'édi-
tion de Rome fur le nom du commandant Se fur celui
de la ville ne me furprend point ; mais je m'étonne que
le président Coufin n'aie pas vu que c'étoit la même ville
Se le même gouverneur , ou que , le voyant, ii ait tra-
duit en un endroit le nom de la ville par Orviete, Se
dans un autre parOviTA Vecchia; d'autant plus que le
Grec fur lequel il dit avoir traduit, porte conttammenc
Oô^i^ivrU , Oiip/S/j&fTsV Se OùffÀilîtvTu fans variation. Il
(b) pouvoit donc voir que c'eft la même ville. Il ne
devoir pas changer dans la fuite. Ce qui l'a trompé ,
c'eft l'Urbs Vêtus de Grotius , qui eft un des noms latins
que les modernes emploient pour dire Orviete (c);
comme Urbs Vêtus en latin, Se Civita Vecchiaen ita-
lien lignifient également une vieille ville , il a cru que
ce rapport fuffifoir. La voici celle que la fournie la tra-
duction du préfident Coufin, /. 1. e. 20. Au milieu
d'une rafe campagne s'élève une colline , dont le fom-
met eft large Se plat, le bas plein de rochers Se de pré-
cipices. La colline eft ceinte de roches qui font éloignées
les unes des autres de l'espace d'un jet de pierre. Les
anciens bâtirent une ville fur cette colline , fans l'en-
tourer de murailles Se fans la fortifier, parce qu'ils
crurent qu'elle étoit imprenable par fon affiette. Il n'y
a qu'un chemin par où l'on y puifle entrer , où , lors-
que les habitans ont mis bonne gatde , ils n'appréhen-
dent plus d'aflaut de tous les côtés. Tout le refte de l'es-
pace qui eft entre la colline Se les roches fert de lit à
une rivière fort large Se fort profonde. Les anciens Ro-
mains y bâtirent quelques ouvrages, &c. Rien de tout
cela ne convient à Civita Vecchia , qui eft un port de
mer, non au milieu d'une plaine, Se dans le voifina-
ge de laquelle il n'y a aucune rivière. D'ailleurs le nom
d'Urbs Vêtus, d'où s'eft formé YUrbhcntum de Proco-
pe, n'eft pas (1 moderne qu'il nefe trouve dans Paul le
Diacre , /. 4. c . 33. qui met cette ville entre celles de
la Toscane que les Lombards envahirent. A l'égatd d'O-
ropitum , je ne l'ai pu trouver dans Antonin, & quand
même il s'y ttouveroit , ce ne feroir poinr Orviete , qui
n'eft point fur une ancienne voie Romaine. Quoi qu'il
en foir , elle eft nommée Orbitum dans un édit de Di-
dier , roi des Lombards , Se c'eft de-là qu'eft formé le
nom moderne cI'Orviete. Voyez, ce mor. Du rems de
Pline on la nornmoir Herbanum, Se il ne l'appelle
pas autrement. De l'Ifle , le plus favant moderne dans
le géographie ancienne , a fort bien mis dans fon an-
cienne Italie les deux noms Herbakum & Urbs Vê-
tus dans la pofition d'Otviete. ( a ) Goth. h'ifl. 1. 2. p. 24S
Se ijz.(b) Guerre des Goths , 1. 2. c. 11. (c)Andr.
Schoti, Itiner. Irai. 1. 1. p. 200 Se 201 , Sec.
1. OROPUS , ville de Syrie , félon Etienne le- géo-
graphe , qui dit qu'elle avoit été bâtie par Nicator. Se-
ORO
702,
voit-ce celle que la notice du patriarchat d'Antioche
met fous Séïeucie , métropole.
2. OROPUS , viiie de Macédoine , félon le même ,
qui dit que Séleucus Nicâtor étoit de cette ville > fur
quoi Bertius, fon commentateur , remarque que quand
des rois ou des empereurs avoient bâti une ville , elle
étoit appellée leur patrie. Il cite Saumaife. Il dit qu'elle
étoit auprès d'Amphipolis, 8c qu'on la nommoit au-
trefois Telmifius.
3. OROPUS, ville de Grèce, dans laBéotie, aux
confins de l'Attique , auprès de la mer. Strabon ; pas-
fant de l'Attique à la Béotie , die qu'elle commence à
Oropus. Etienne la donne auiïi à la Béotie , 8c dit qu'el-
le avoit reçu fon nom d'Oropus , fils de Macedo , 8c
peiit-fils de Lycaon. Etant fi voifine de l'Attique , fon
territoire fut mis en litige par les Athéniens , à qui Phi-
lippe l'adjugea , comme le rapporte Pa.uanias , Attic.
c. 34. qui dit qu'elle étoit fur la mer , 8c n'avoit rien
de remarquable. Ce ne fut pas feulement le territoire ,
mais la ville même que les Athéniens prétendirent , ôc
ils vinrent à bout de fe l'approprier. De-là vient qu'elle
efi nommée Oropus , ville de l'Attique par Tite-Live ,
/. 4;. c. 27. & Ptolomée la met dans l'Attique , 8c la
dernière du côté de la Béotie. Le nom moderne eft
Ropo, 8c non pas Zucamini, ou Susamino ou Zu-
TAMMi) comme le difent les interprètes de Ptolomée,
8c d'autres auteurs allégués par Ortelius , que Cor-
neille a copié. Spon , Voyage , t. 2. p. 186. qui y a
paffé, en parle ainfi: Nous côtoyâmes & pafsâmes fous
Ropo , grand village de Grèce de plus de deux cens
feux , qui étoit l'ancienne ville d'Oropos ou Oropus ,
pour laquelle les Athéniens Se les Béotiens étoient fou-
vent en conteftation , parce qu'elle étoit fur les frontiè-
res. Elle eft à deux milles de la mer , 8c à fix du vil-
lage de Marcopoulo. Trois milles au-delà, nous tra-
versâmes une petite rivière qui vient des montagnes en-
tre Thebes 8c Athènes , 8c que je crois être l'Afopus,
n'y en ayant point d'autre de confidérable jusqu'à Ne-
grepont. Au-delà de cette rivière , paroït fur les bords
un grand village qui n'efi guère moindre que le précé-
dent , 8c que nous aurions pris pour Oropus même ,
à caufe de quelques inferiptions que nous y trouvâmes ,
entre lesquelles etoitl'épitaphe d'une ertain Aphrodifius ,
fils de Zopyrus, natif d'Oropos ; mais les noms qui font
demeurés 8c à Oropo ex à celui-ci , qu'ils appellent en-
core Sycmino ou Scamino , quand ils parlent vite,
nous firent connoître que c'étoit cette petite ville de
la Béotie , qu'on nommoit anciennement Sycaminon.
4. OROPUS ou Orope , en grec 'ap6)77oç ou 'o.pu7t'i ,
ville de l'Eubée. Il y avoit un temple confacré à Apol-
lon , félon Etienne le géographe.
j. OROPUS, ville de Grèce, dans la Thesprotie :
il parok par l'expiefiîon de ce même auteur qu'elle étoit
dans la ville même de Nicopolis, dont elle faifoit peut-
être partie.
6. OROPUS, ville du Péloponnèfe , dans l'Argie ,
félon le même.
OROSA. Voyez. Alinza i.
OROSAN A , ville de la Serique , félon Ptolomée , /.
6.c. 16. c'e il- à-dire , dans la partie feptentrionale de la
Chine.
OROSBES, peuples de la Scythic, en-deçà de l'I-
maiis , félon Ptolomée , /. 6. c. 14. Il les met entre les
Machageni, les Norossi 8c les Cachasse.
OROSCHICK , ville de la Bulgarie. Voyez Rot-
ZIG.
OROSCOPA , ville d'Afrique. Les contefiations
qu'Appien, Bell. Punie, p. 38. dit que les Carthaginois
8c Maifinifle eurent , au fujet de cette ville, font voir
qu'elle étoit aux frontières de leurs états. La verfion lati-
ne de cet auteur y ajoute une afpiration Horos-
copa.
OROSINES , rivière de Thrace, félon Pline , /. 4.
c. 11.
OROSOLOGIA. Voyez. Rhosologia.
OROSPEDA, ancien nom d'une montagne de l'Es-
pagne Tarragonnoife , félon Strabon. On lit dans Pto-
lomée , lib. 2. cap. 6. Ortospeda : il paroït par la de-
scription de Ptolomée qu'il a compris fous ce nom cette
chaîne de montagnes qui commencent aux confins du
ORS
royaume de Valence , 8c s'étendent dans la Caftille Sc-
ie royaume de Grenade jusqu'aux environs d'Almerie.
Strabon , /. 3. p. 161. leur donne bien plus de terrein :
il y comprend la Sierra, la Sierra Moreha, la Sierra
d'Alcaraz, la Sierra Nevada, en un mot, les diverfes
branches qui courent depuis l'Arragon par les deux Ca-
fiilles , jusque dans l'Andaloufie , y compris I'Ortos-
peda de Ptolomée II met dans cette montagne les
fources du fleuve Bœtis ou Guadalquivir. Il y loge les
Oretains 8c autres peuples jusqu'à Malaga , 8c le long
des Celtiberiens , lesSidetains , les Bailitains, &c. J'ai
fait voir au mot Montagne que celles-ci ne font qu'une
extention des Pyrénées.
OROUZE(L'), petite rivière de France, en Cham-
pagne. Elle prend fa fource à deux lieues au nord-eft
de Sens. Elle coule au bourg de Voifine , à la Chapel-
le , à la Pomeraye , 8c fe rend dans l'Yonne, au-des-
fous de Pont-fur-Yonne.
ORPHA. Voyez. Orfa.
ORPHEA , lieu haut 8c couvert de bois , en Italie ,
au territoire de Laurentum , félon Vairon , de re Kuft,
L).
ORPHES , anciens peuples de la Libye , félon Pto-
lomée, /. 4. c. 6. Us étoient voifins de la montagne,
nommée par les anciens Deorum Currus , le Char des
dieux , que quelques modernes expliquent de Sierra
Liona.
ORREA ouOrrhea. Les Grecs ont écrit "Op^a, le
mot qu'ils ont emprunté des Latins , Horrea , les
granges, les magafins de grains. Il y en avoit en di-
vers lieux de l'empire Romain , comme nous l'avons
marqué au mot Grange. Tel étoit I'Morreum Mar-
gi d'Antonin , itiner. que Ptolomée , /. 3.C. 9. appelle
"Oppea , & qu'il place dans la Haute Mcefie. 11 ne fait en
cela qu'écrire le nom latin en lettres grecques. Il mec
de même, /. 2. c, 3. chez le peuple Venicontes, dans
rifle d'Albion , un lieu qu'il nomme "Opp'êct , 8c qui n'é-
toit fans doute qu'un magafin pour les troupes. Ces
magafins netoient pas fans être accompagnés de quel-
que bourg ou ville. Il paroït que celui du Margus dans
la Mœfie étoit une ville , puisqu'il y avoit des manu-
factures, 8c la notice de l'Empire, /if/. 9. en fait men-
tion : Horreo Margenfis Fabrka. Voyez Margus 2.
De même entre les évèchés d'Afrique , on trouve dans
la Byzacene Horrea Ctlia. Ortelius trouve au feptié-
me concile de Carthage Orreocelensis. Dans le con-
cile tenu fous faint Cyprien étoit Teriax ab Horreis
Cdi&. Au concile tenu fous Aurelius en 419 , Hila-
rimis , episcopus Horrea Cdenjis , étoit député de la Bi-
zacene , 8c Janvier , episcopus Horrea C&lienfis , com-
parut dans la conférence de Carthage. Ils ne faifoienc
pas attention qu; Horrea étoit un pluriel neutre , ils en
étoient venus jusqu'à le regarder comme un fingulier fé-
minin. C'eft de même qu'en France Turonitrn , génitif
pluriel de Turones , nom d'un peuple , eft devenu un
nominatif neutre , nom propre d'une ville. Horrea
CiïaiA fe trouve dans Antonin , entre Putput 8c Adru-
mete , à dix mille pas de la dernière. Il y avoit un
autre magafin à dix-huit milles de Sitifi, en allant vers
Salda.Ce lien étoit auïïi le fiéged'unévêché nommé Ab
Horrea Arimicenfi , ou fimplement Horrensis. * An-
tonini Itiner.
ORRERY , baronnie d'Irlande, dans la province de
Munfier. C'en; la plus feptentrionale des quinze qui com-
pofent le comté de Corck. * Etat préjent de l' Irlande ,
p. 48.
ORRHOHENI. Voyez. Osrhoene.
ORRHONTES. C'étoit une rivière d'Italie , fi l'on
s'en rapporte à Iface , commentateur de Lycophron. Il
doit avoir eu fa fource au mont Meliboée , & il étoit
dans la Campanie, à ce que conjecture Ortelius. 11 faut
reporter ce fleuve & cette prétendue montagne en Syrie ,
où étoit l'Oronte & l'ifle Meliboée qu'il formoitàfon
embouchure. Voyez. Oronte.
1. ORSA, montagne & ville dans la mer Rouge,
fur la côte de l'Arabie Heureufe. Pline,/. 6. c. 28. en
fait mention.
2. ORSA, ville de l'Inde , en-déçà du Gange, félon
Ptolomée , /. 7. c. 1.
j. ORSA. Voyez, Orsara.
ORT
ORT
ORSARA ou Orsa, ville de la petite Arménie ,
vers les montagnes , félon Ptolomée, /. 5. c. 7.
ORSAS ouOrsan, prieuré de France, en Berri ,
ordre de Fontevraulr. 11 elt remarquable en ce que le B.
Robert d'Arbriflel, fondateur de cet ordre, mourut en
ce monaftere qu'il avoir fondé dans la paroifle de Mai-
fonnet , aux confins de celle d'Argent - Léger. Son
cœur y eft demeuré. * Baillet , Topogr. des Saints, p.
640.
ORSEI. Le P. Hardouin écrit Ors^ci , peuple In-
dien. Pline , /. 8. c. 21. en parle à l'occafion de la
charte de certains litiges blancs par rout le corps.
ORSENA , contrée d'Afie , dans la partie méridio-
nale de la petite Arménie , auprès de l'Orbeiine , félon
Ptolomée , /. j. c. 7.
ORSER A , petite ville d'Italie , dans l'état de Venife ,
fur la côte de l'Iftrie, au nord de l'embouchure du Le-
mo, à l'orient de lifle de Converfera, entre Parenzo au
nord& Rovigno au midi. * Jaillot, Atlas.
ORSII , ancien peuple de l'Inde , félon quelques édi-
tions de Pline, l.6,c. 20. Dans celle du P. Hardouin
les Orfii disparoiflent, 8c cèdent la place aux Osa ,
que l'on ne connoît pas davantage.
ORSIMA, ville de l'Ethiopie, fous l'Egypte , félon
Pline, /. 6. c. 29.
ORSIMARSO, bourg d'Italie , au royaume de Na-
ples , dans la Calabre Cicérieure , fur une montagne ,
auprès d'une rivière de même nom qui tombe dans la ri-
vière du Laino , à deux heures & demi de chemin de
Scalea , 8c à pareille diîtance de Laino , aux confins de
la Bafilicate. On croit quec'ellla ville que Pline, /. 3.
t. n. appelle Urfœ,o\\ Urfeatum, & qu'il donne au
peuple Urfentinu Barri croit que c'eft la ville appellce
par les anciens Abyfirum. * Jaillot Atlas.
ORSIPPI , ancien peuple de la Bactriane , /. 6.
c. 11.
ORSOLOGIACUM ou Rosologiacum , lieu d'A-
fie, fur la route d'Ancyre à Céfarée , par Nyfia, entre
Gorbxum 8c Afpona , à dix-huit mille pas de la première
8c à vingt mille de la féconde. C'eft le Rhosologia de
Ptolomée, /. j. c. 4. au pays des Teclofages , dans la
Galatie. * Itimr. Anton.
ORSON. Appien nomme ainfi , au rappott d'Orte-
lïus , un promontoire d'Espagne , nommé par Ptolomée
Oeaso , & par Pline Olarso , auprès d'Ojarço.
ORSOY, petite ville d'Allemagne , au pays de Clèves
fur le Rhin, au-deffus de Rhinberg , à diftance presque
égale de Wefel au deflous , 8c de Duifbourg au-deffus ,
au nord du comté de Meurs. Elle a été long tems pos-
fédée par les Provinces-Unies qui la fortifièrent. Ce fut
le prince d'Orange qui la prit en 1634. Corneille qui en
parle , félon l'état où les Hollandois l'avoieni mife , dit
dans fou dictionnaire : Cette place , quoique petite, eil
fort importante , ne pouvant être minée , à caufe qu'on a
bâti fes remparts de troncs d'arbres & de terres , fi bien
mêlés qu'on n'y peut faire d'ouverture. Philippe de Fran-
ce , frère unique de Louis XIV , la prit néanmoins en
1672. Les fortifications en furent détruites l'année fui-
vante , 8c on la rendit à l'électeur de Brandebourg à
qui elle appartient. * Mémoires du tems.
ORSSA, ville de Pologne, au grand duché de Li-
thuanie , au Palatinat de Witepsk , fur un ruifieau nom-
mé Orffa, 8c qui tombe dans le Boryithène, au coude que
fait ce fleuve , quand après avoir ferpenté depuis Smo-
lensko vers le couchant , il fe plie vers le midi , un peu
au-deflous de Dubrov/na aux confins du Palatinat de
Mfciflaw , félon de l'IAe , qui écrit Orsa. Une nom
me point la rivière. André Cellarius nomme la ville
Orsza , eV le ruifieau Orszank. Il met la ville dans
le palatinat de Smolensko ; mais la ville même de Smo-
lensko 8c tout le duché 8c le palatinat de ce nom font à
l'empire Ruflien, 8c Orfla eflde la Lithuanie, aufli bien
que Dubrowna , fituée entre elle 8c Smolensko. Bau-
drand, Mati 8c Corneille mettent Orssa dans le pa-
latinat de Mfciflaw. Les deux derniers ont été trom-
pés par le premier ; 8c celui ci n'a fait que fuivre la car-
te deSanfon,où ce palatinat eil plus aggrandi qu'il ne
faut au couchant 8c au nord ; au lieu qu'au nord le Bo-
ryithène le fépare du palatinat de Witepsk.
i.ORTA. Voyez. Hortanum 8c Orti.
2. ORTA , bourg d'Italie, dans la Novarele , au du-
ché de Milan a avec un petit lac de même nam , à cinq
milles d'Atone , 8c du lac Majeur au couchant , en allant
vers les frontières du Piémont , dont il n'eft qu'à fepe
milles & à douze de Novarre, vers la Tramontane.'
ORTA ( Le lac d' ) qui eft tout proche , n'a que neuf
milles de long au plus, du feptentrion au midi fur deux
de large. Il y a une petite ifle nommée Saint Julien.
Voyez. Horta 2.
OUTACEAS, rivière de la Sufiane , félon Pline,
/. G. c. ij.
ORTAGUREA. Voyez. Maronea I.
ORTEGAL ( Le cap d'). p. 126. col. 1.
ORTENBOURGou Ortnburg, ville d'Allema-
gne , dans la Haute-Carinthie , au bord de la Drave ,
vis-à-vis de l'embouchure du Lifer , entre Dabourg au
couchant 8c Villach au levant. C'eft le chef-lieu d'un an-
cien comté de même nom. * Zeyler , Carte de la Ca-
rinthie.
ORTEZ , ou Orthez , ou Ourtes , ville de France ,
dans le iiearn , dont elle eft une des principales places t
quoique petite. Elle eft fituée fur le Gave de Pau , fur
le penchant d'une colline, à fept lieues 8c au-defibus
de Pau. Au - deffus de la colline , on voit les ruines
d'une forterefle que les princes de Bearn y avoient bâtie
pourfervirde defenfeà leur province contre les Vicom-
tes , 8c les Angiois qui vinrent enfuite. Ortez avoit été
autrefois aux vicomtes d'Acqs. Galton III , vicomte de
Bearn, la conquit en 1106. Les vicomtes d'Acqs fou-
tinrent toujours leurs prétentions jusqu'à l'an 1264,
que par une transaction paffée entre Gafton , vicomte
de Bearn ,8c Robert , vicomte d'Acqs , tout le territoire
d'Ortez fut cédé à ce Gallon , qui fit bâtir le Château
Noble , qui eft la forterefle dont on a parlé. C'eft dans
ce château que ce vicomte & fes fuccefleurs firent leur
demeure jusqu'à l'an 1460. Ce fut alors que Galton de
Foix Grailli, prince de Bearn, transféra fa cour à Pau,
Jeanne d'Albret, reine de Navarre, femme d'Antoine de
Bourbon 8c mère d'Henri IV , roi de France 8c de Na-
varre , aimoit Ortez , où elle établit une univerfité eu
faveur des Proteltans, & cette univerfité a fubfiflé jus-
qu'au règne de Louis XIV. Cette princefle l'avoit rentée
des revenus 8c des biens des évêques 8c autres ecelé-
fiaftiques qu'elle avoit chafles de fes états , 8c on voit à
Ortez fur la rivière un pont où l'on montre une fenêtre,
par laquelle on précipitoit dans la rivière , par l'ordre de
Jeanne, les prêtres & les religieux qui refufoient d'em-
brafler fes fentimens. * Longuerue , Delcription de la
Fiance , part. 1. p. 210.
OKTHAGA. Voyex. Ortheaga.
ORTHAGORIA, Voyez Stagira.
ORTHE , ville de la Theflalie , dans la Magnéfie.
Homère , lliaâ. B. in catal. v. 246. 8c Pline . /. 4. c. 9.
en font mention. Strabon, /.. 9. p, 440. la donne à la
Perrhebie , 8c dit : Quelques uns prennent Ortbe pour
une forterefle des Phalanéens > Pline diftingue Orthe&
Phalana , 8c nomme Thepies entre deux.
ORTHEAGA , ville de Méfopotamie , félon- Ptolo-
mée, /. j-. c. 18. Quelques exemplaires portent Or-
thaga.
ORTHIA , canton de l'Arcadie , félon Hcfyche.
Pline, /. 19. c. 6. vante le poireau de ce rerroir.
ORTHIANA, ville de l'Avie, félon Ptolomée.
ORTHIOMAGUS , lieu maritime de la Cilicie. Po-
lyen , /. 4. c. 6. § 9. en parle , & dit : Des vaifleaux des
Phéniciens ayant mouillé a Rofion , port de la Cilicie ,
8c étant chargés d'une grande fomme d'argent qui ap-
partenoit à Eumene , choifirent Sofigene pour amiral.
Sofigene paflbit le tems à Orthiomagus à obferver les
marée1;.
ORTHOCORY BANTII. Hérodote /, 3. c. 92.
nomme ainfi des gens , qu'Ortelius foupçonne d'être
un peuple de Perfe.
ORTHOPHANT^€ ou Orotophanitve, ancien
peuple d'Afie, voiiïn des Chaldéens , félon Pline, /.
6. c. 16.
1 . ORTHOSI ADE , ancienne ville maritime de Phé-
nicie. On lit au premier livre des Machabées, ch. 15.
V. 3f 8c 37. que Tryphon, ufurpateur du royaume
de Syrie, étant afliégé à Dora par terre , s'enfuit dans
ORT
7°4
une barque à Orthofiade , Se de-la à Apamée fa pa-
trie. Cette dernière circonftance eft de Jofephe, Antiq.
I. 13. c. 1 2. & comme il dit que Tryphon s'enfuit de
Dora à Apamée , fans nommer Orthoiiade entre deux ,
cela a trompé Vignier , qui , dans fa bibliothèque orien-
tale, dit que Jofephe appelle Apamée, Orthofiade. Ceft
une erreur. Apamée étoit dans les terres , Orthofiade
étoic au bord de la mer , vis à-vis de Lifte d'Arade ,
pas loin de Tripoli , à ce que croit D. Calmet. Pline»
/. j. c. 20. la nomme Orthosie. Denys le Périegete
<!it Orthosis.
2. ORTHOSIADE, ville d'Afie, dans la Carie ,
félon Strabon , /. 14.J». 650. Pline, /. j. c. 29. la nomme
Orthosie ; Ptolomée , /. y. c. 1. dit comme Strabon Or-
thosia's , adis.EUc étoit épiscopale ,Se les notices de Léon
Je Sage & de Hieroclès mettent Orthofiade dans la Ca-
rie. Onelius dît néanmoins que le concile de Chalcé-
doine fournit une Orthofiade en Pifidie.
ORTHOSIUS MONS. montagne du Péloponnèfe,
félon Tzetzès , commentateur de Lycophron. C'ell de-
là que Minerve , furnommée Orthofienne > étoit adorée
des Arcadiens.
ORTHURA, ancienne ville des Indes, en-deçà du
Gange ; c'étoit la réfidence d'un roi, que Ptolomée,
/. y. c. 1. Sel. 8. appelle Sornage.
ORTI , ville d'Italie , dans l'Etat de l'Eglife , dans la
province du Patrimoine , près du Tibre qui reçoit la
Nera vis à-vis , Se aux confins de d'Ombrie , avec un
évêché qui ne relevé que du S. Siège , Se qui elt uni
à celui de Citta Cafteliana depuis lan 1457. Elle eft
près d'Otricoli , à 34 milles de Rome, a 9 de Citta
Cafteliana, & à 14 de Viterbe. Ceft I'Hortanum
de Pline. * Baudrand, édit. 17OJ.
ORTICARIA, abbaye d'hommes de l'ordre de
Cîteaux , en Italie , dans le diocèfe de Pife.
ORTISIA , ville d'Italie , félon la conjecture d'Or-
telius , qui cite Phlégon.
ORTÏUM. Voyez. Orton.
ORTNAU, pays d'Allemagne, dans la Suabe , le
long du Rhin qui le fepàie del'Alface, & lui fert de
borne au couchant ; il a le Biisgau au midi , le Margraviat
de Bade au nord, Se le duché de Wurtenberg au levant.
L'empereur en a la préfecture provinciale Se eft proprié-
taire de la plus grande partie. Ce petit pays contient trois
villes impériales, favoir, Offenbourg, Gegenbach,
& Zell. Le refte du pays appartient , partie a l'evêque
de Spire , & partie au comtede Hanau.
ORTOBRIGA , grande ville, fort peuplée &quieft
comptée enire les principales du pays, dit Suidas, qui
ne marque point en quel pays. Ortelius foupçonne que
ce pourroit être d'Espagne, Se il fe fonde fur ce qu'il
yavoit en Espagne une vingtaine de villes dont le nom
fe termine ainfi , mais il y en avoit aufii dans les Gaules
& ailleurs.
1. ORTON, 'OpTwe , ville d'Italie, chez le peuple Te-
l'xgni , félon Ptolomée , /. $.c. 1. qui fe trompe. C'étoit
le port de mer du peuple Frentani , félon Strabon , /.
j. p. 242. Pline , /. 3. c. 12. la donne auiïi à ce peu-
ple. Ceft aujourd'hui Ortona a Mare, c'eft-à-dire ,
Ortone fur mer. Elle eft au royaume de Naples dans
l'Abruzze Cirérieure ,au bord du golfe de Venife , à huit
milles de Lâhciàno Se à douze de Chieti , entre les pe-
tites rivières de Foro Se de Moto. Elleaun évêché éri-
gé , en 1570 , par Pie V, & auquel l'évêché de Campli
eft uni , & qui eft fuffragant de Chieti. Elle avoit au-
trefois un port qui a été gâté par les Vénitiens.
2. ORTON , bourg d'Angleterre , dans le Weftmor-
land. On y tient marché public. * Etat préfent de la G,
Brct. r. 1.
1. ORTONA , ville d'Italie, félon Pline, /. 3. c. 12.
chez le peuple Frentani. Ceft la même qu'ORTON.
2. ORTONA A MARE. Voyez, Orton.
3. ORTONA DE MARSI , château d'Italie , dans
la même province , félon Baudrand.
ORTONS( Les) font des Mogols. Ils font bornés
au fud par la grande muraille de la Chine, & aux trois
autres côtés par le Hoangho ou Caramoran. Ces con-
trées font défertes Se ne contiennent rien de remarqua-
ble. On voit fur le Caramoran, au-delà du mur, les
ruines d'une ville nommée Toto, qui paroît avoir été
ORV
grande. Ceft apparemment la ville de Tum-van-tching,
bâtie par Popo , roi de ce pays, l'an 413. Les Ortons
font gouvernés par plufieurs princes fous fix bannières.
Ils mettent de la rivalité à qui aura les plus grandes
tentes , Se les plus nombreux troupeaux. * hilloire
générale des Huns , par de Guignes , tom. 4. pug,
239.
ORTOPHANT^E. Voyez, Orthophant*.
ORTOPOLA , village de la Morlaquie, près de la
ville de Segna, vis-à-vis de l'ifle de Vegia. C'étoit au-
trefois Ortopula ou Ortopla , ville maritime de la
Liburnie, félon Ptolomée, /. 2. c. 17.
1. ORTOSPANA. Strabon, /. 1 1. p. J14. nomme ainfi
une ville fituée fur la route de l'Arachofie aux Indes.
Ptolomée,/. 6. c. 18. place chez les Paropamifades ,
peuple fitué au nord de l'Arachofie, Carura ou Ca-
bura, nommée aufii Ortospana. Pline la nomme
Ortospanum
2. ORTOSPANA, villede laCarmanie, félon Am-
mien Marcellin. Ceft la Porto/pana de Ptolomée.
ORTOSPEDA. Voyez. Orospeda.
1. ORTYGIE, petite ifie , fur la côte orientale de
Sicile devant Syracufe , à l'embouchure de l'Alphée. Vir-
gile, JEaeid. I. 3. v, 692. en parle ainfi:
Sicanio pr&tcnta finit jacet Infula contra
F lemmyrïum undofum : nomen dixere priores ,
Ortygiam. Alpheum fama efl hue , Elidis amneru ,
Occultas egijje v ias fubter mare , qui nunç
Ore , Arethufa , tuo Siculis confunduur undis.
Ceft aujourd'hui l'ifle de San Marciano , devant le
port de Siragusa.
1. ORTYGIE. Voyez Delos.
3. ORTYGIE. Voyez. Afrique.
ORVAL , abbaye de France , aux Pays-Bas , à l'ex-
trémité leptentrionale du Luxembourg François , dans
la prévôté d'ivoy , fur la route de Montmedi a Chiny,
entre quelques iburces de ruiffeaux, qui , fe joignanc
au midi de l'abbaye , vont groflir le ruifleau de Limes ,
Se fe perdre avec lui dans le Chiers, rivière qui , panant
à Montmedi , à la Ferté Se à lvoix,fe jette dans la Meufe
un peu au-defius de Sedan. Ce monaftere eft du dio-
cèfe fous lequel Piganiol de la Force a oublié de le ran-
ger. Il fut fondé en 107c , pour des religieux de l'ordre
de faint Benoit , au diocèfe de Verdun , félon D. Pierre
le Nain , fouprieur de l'abbaye de la Trappe, au tome
III de l'hiftoire de Cîteaux (a). Il pafia, dit-il, depuis
entre les mains de quelques chanoines qui , dans la fuite
des tems , fe laifferent aller au relâchement & à la li-
cence. Alberon , évêque de Verdun , voyant qu'il ne
pouvoit les obliger à vivre plus faintement , fit paftec
ce monaftere, du confentement de ces chanoines, dans
l'ordre de Cîteaux , Se le mit entre les mains de faine
Bernard, qui , étant alors occupé aux affaires de l'églife ,
donna à Gui , abbé de Trois- Fontaines , la coinmiffion
de recevoir en fon nom ce monallere Se de l'incorpo-
rer à l'ordre. Gui , pour obéir à faint Bernard , envoya
à Orval fept de fes frères , auxquels il donna pour abbé
Conftantin, un des religieux que le faint avoit envoyés aux
Trois-Fontaines , quand il fonda ce monaftere; ce chan-
gement arriva l'an 1131. L'abbaye eft au milieu des
bois à deux lieues Se demie de Montmedi Se h fix de
Sedan : l'églife Se les bâtimens des religieux font mag-
nifiques. On a rétabli en cette abbaye (b) dans le dernier
fiécle , l'étroite obfervance de Cîteaux à l'exemple de
la Trappe , mais on n'y néglige point les études , Se
on y enfeigne aux religieux les principales queftions de
philofophie Se de théologie, félon le P. Mattcne, en
fon voyage littéraire, part. 1. p. 149. Près de l'ab-
baye font des forges de fer qui en dépendent, (a) Vie
de S. Bernard, liv. 4. cap. 7. pag. 353. (b) Corn,
Did.
ORVAL (La nouveile ). On donne ce nom en Hol-
lande à un nouvel établiflement qu'ont fait dans la pro-
vince d'Utrecht quelques moines d'Orval , qui ont quit-
té l'abbaye d'Orval pour ne pas fouferire à la bulle Uni-
geninti , de qui fe font retirés dans cette maifon , dont ils
ont fait un monaftexe.
j.ORUBA,
ORV
1. ORUBA, félon d'autres, Aruba , petite îilc de
l'Amérique, unedesifles fous le vent, entre l'ifle de
Curaças au levant , 6c le cap de Coquibocao au cou-
chant Elle efl aux Hollandois, longitude 309. lati-
tude i 2.
2. ORUBA. Voyez. Oryba.
ORUBIL/M. Voyez. Orvium.
ORUDIZA , lieu de Thrace , félon Antonin , itiner.
ou Orudisza ad Burgum, fur la route de Cabyle à
Hadrianopolis. Ces mots ad Burgum marquent que ce
lieu étoit fur la rivière de Burgus , nommée aufli Ton-
zus, aujourd'hui la Toneia, qui tombe dans l'Hébre à
Andrinople. Ce lieu étoit à peu près où elt le village
d'Ere- Kioi.
ORVIETAN ( L'), petit pays d'Italie, dans le Pa-
trimoine de S. Pierre ,dont il elt la partie la plus fepten-
trionale. 11 efl borné au nord 6c à l'orient par l'Ombrie ,
au couchant par le Siénois , 6c au midi par le Patri-
moine Se par l'état de Caltro. Il n'y a que trois villes
remarquables , Orviéte , Aquapendcnte 6c Bagnarca.
* Baudrand, édir. ijoj.
ORVIETE , Herb^mim, Vrbs vêtus ou Urbiventum ,
ville d'Italie, dans l'état de l'églife , dans la province
du Patrimoine 6c dans un petit canton qui en prend
le nom d'Orviétan. Elle eft fur un rocher escarpé de
tous côtés , près du confluent des rivières de la Paglia
& delà Chianà, qui fe jettent enfuite dans le Tibre.
Elle efl: à fix milles de Bolfena , à vingt de Viterbe 6c
à foixante de Rome (a). Voyez, l'article Oropitum. Le*
dôme qui a quatre clochers , eit une églife fort consi-
dérable; l'architecture en efl: gothique. Elle fut com-
menece par Nicolas Pifan tk par quelques Allemands
l'an 1260. Le portail efl: embelli de ftatues , entr'au-
tres d'une vierge 6c des quatre évangéliftes , avec un
bas relief dujugementuniverfel, du même Nicolas Pifan.
Le haut efl: peint en mofaïque. Dans l'églife efl; un bas
relief de l'adoration des rois , de Raphaël de Monte
Lupo , qui ayant été long-tems architecte du dôme ,
l'embellit de plufieurs ouvrages de fculpture. On y
voit auffi une chapelle commencée à peindre par frère
Jean Angélique de Fiefoli , 6c continuée par Luc Si-
gnorelli , qui y a repréfenté plufieurs fujets terribles de '
l'Apocalypfe 6c du Jugement dernier > dont Michel Ange
fut bien depuis faire fon profit. Il y a auffi une ré-
furrection du Lazare de Nicolas Pomaranci. Simon 6c
François Moca, père & fils, y ont taillé en marbre
plufieurs anges 6c autres figures , un bas relief de la
vifitation , 6c beaucoup de ftatues en concurrence de
Raphaël de Monte Lupo. Ce que ce voyageur ap-
pelle le dôme efl: la même églife que la cathédrale.
Une defeription de l'Italie dit (b) que cette églife efl: in-
cruflée de porphyre , 6c que le veitibule l'cft de marbre
& orné d'ouvrages des plus habiles peintres 6c fculp-
teurs; elle ajoute qu'il y a à Orviéte un magnifique
palais bâti par le pape Urbain VIII, en 1367. Comme
Orviéte efl: fi élevée qu'il ne fauroit y avoir de l'eau
de fontaine, Clément Vil y a fait creufer un puits
de deux cens cinquante coudées de profondeur ; on y
descend par un escalier de cinq cens cinquante mar-
ches, éclairé par foixante 6c dix fenêtres. Les mulets
y descendent par un escalier 6c remontent par un au-
tre , afin de ne fe point embartafler en fe rencontrant.
Ce fut Antoine de S. Gai qui fut l'architecte de cet ou-
vrage ; le tout efl: taillé dans le roc , 6c à l'entrée on
lit cette infeription , Quod natura mitmmento invider at ,
indu/tria adjecit. La ville n'a point d'autres murailles
qu'une ceinture de rochers hauts 6c escarpés , d'où l'on
ne peut regarder en bas fans frayeur. L'air y efl: très-
bon , excepté durant l'Automne : lorsqu'on emploie l'eau
delà Paglia à faire rouir le chanvre , cela caufe alors une
puanteur fort mal-faine 6c fort incommode aux habi-
tans. ( a ) Corn. Dict. E. D. R. nouveau voyage d'I-
talie, t. x. (b) Italix brev.& accurat. Defc. Utrecht.
16/0 6c 16/9. p. 138.
ORVINIE , Orvinium , ville d'Italie , dans le ter-
ritoire de Rieti. Denys d'Halicarnafle , /. \.c. 6. dit : Il
refloit de mon tems peu de villes où les Aborigènes
enflent eu des établifiemens. La plus grande partie avoir
été ruinée 6c défolée par les guerres ou par d'autres ca-
lamités 3 quelques-unes fubfiftoienc encore don le ter-
OSA 70 s
ritoire de Riete , proche du mont Apennin , comme
écrit Terentius Varro dans fes antiquités , 6c n'etoienc
éloignées de Rome que d'une journée ; il nomme enfuite
Palatium , Trebule , Vcfbule , Sune , Mephyle , Otvi-
nie , le mont Corete. Les deux premiers 6c le dernier
lieu ont une fituation connue. Voici ce qu'il dit plus
particulièrement d'Orvinie : Environ quarante ftades au-
delà de Mephyle eft Orvinie , la plus grande & la plus
renommée de tout le pays. On découvre encore les
fondemens de Ces murs , anciens reftes de fa magnificen-
ce, & l'enceinte de plufieurs fépulchres qui sétendent
fort loin fur des hauteurs. On y voit un temple antique
de Minerve bâti dans l'endroit le plus élevé de la ville.
Sylburge s'eft douté que ce devoit être Corphinium ou
Corfiniitm ; Orteliusquec'étoir Urbin ; cène peut être
ce dernier ; Orvinie devoit être entre Norcia, Rieti 6c
les frontières de l'Abruzze Ultérieure.
ORVIUM ou Orubium, promontoire de l'Espa-
gne Tarragonnoife , félon Ptolomée, liv. 2. chap. 6.
au pays des Çallaici Lucenfa ; il doit être entre le cap
de Finiftere 6c l'embouchure du Minho.
ORUROS , lieu d'Afie , où étoit du tems de Pom-
pée la borne de l'Empire Romain de ce côté-là , à deux
cens cinquante mille pas de Zeugma , félon Pline , /. 6.
c. z6.
ÔRUZA, fiége épiscopal delà Paleftine , félon Or-
telius , TheJ'aitr. qui cite le concile de Chalcédoine. Je
n'en trouve aucune trace dans les notices, fi ce n'eft
Onus ou Honus , qui étoit fous Céfarée , métropole
de la Paleftine.
ORXUL.ïl, peuple de l'Inde, au-delà du Gange,
félon Pline, /. 6. c. 19.
ORYBA , ville des Arabes , dans la Paleftine. C'cfl:
une des douze qu'Alexandre avoit prifes fur les Ara-
bes, & qu'Hircan , fon fils , promit de lui rendre , s'il le
rérablifloit dans fon royaume de Judée occupé par fon
frère Ariftobule. Jcfephe, Antiq. 1. 14. c. 2.
ORYCANDENSIS , fiége épiscopal , danslaLycie,
félon une notice grecque. C'eft la même qu'ARYCAK-
ea. Voyez, ce mot.
ORYMAGDUS. Voyez. Arymagdus.
ORYMNENSIS , fiége épiscopal, dans la premier»
Pamphylie , félon plufieurs notices grecques où l'on
trouve 'Op-jyuixç , Paulus Orymnorum aflifta au concile
d'Epheiè , tenu l'an 541. "*" Harduin. collect. conc. t. r.
p. 143 1.
ORYX , lieu du Péloponnèfe , en Arcadie , fur le
Ladon , félon Paufanias , /. 8. c. 25.
1. OSA ( L'), petit ruifieau d'Italie, dans la Cam-
pagne de Rome ; il coule au midi du lac 6c du bord
de Ste Praxede , 6c fe perd dans le Teverone au-deflus
de Lunghezza. * Magin, Ital.
2. OSA ( L' ) , petite rivière d'Italie, en Toscane.
Elle a fa fource dans les Maremmes de Sienne , entre
Monte Fano 6c Perretta ; 6c coulant vers le midi, après.
un cours de quatre ou cinq lieues , elle fe jette dans
la mer entre Telamone 6c Telamone Vccchio. Il n'y a
aucun lieu remarquable fur fes bords.
OSACA , ville du Japon , dans la grande ifle de
Niphon, 6c l'une des cinq grandes villes impériales;
fa fituation eft agréable & commode dans la province
de Setzu. Elle eft dans une plaine fertile , fur les bords
d'une rivière navigable , au 55e deg. $° min- de latitude
feptentrionale, défendue au bour oriental par un châ-
teau fortifié , 6c au bout occidental par deux bons corps
de garde qui la féparent des fauxbourgs. Sa longueur
de l'oueft à l'eft , c'eft-à-dire, depuis les fauxbourgs jus-
qu'au château , eft entre trois 6c quatre mille pas com-
muns; fa largeur eft un peu moindre. La rivière de Jo-
docawa pafle au nord de la ville , coule de l'eft à
l'oueft , 6c une lieue avant qu'elle entre dans la ville ,
il s'en fépare un bras qui va droit à la mer. Cette di-
minution eft réparée par deux autres rivières , nommées
Jamattagawa 6c Firanogawa , qui fe jettent dans
celle d'Ofaca, précifément devant la ville au nord du
château ; on les traverfe fur des ponts magnifiques.
Toutes ces eaux jointes cnfemble ayant arrofé un tiers
de la ville: une partie en eft conduite par un large ca-
nal pour fournir la partie du fud , qui eft la plus gran-
de, 6c habitée par les gens les plus riches. Pour ce^
Tarn. IV. V u 11 u
706 OSA
effet , on a coupé divers petits canaux que l'on remplit
des eaux du <nand , ôc que l'on fait pafter dans les prin-
cipales rues. D'autres canaux reportent l'eau au grand
bras de la rivière -, ces derniers font afïez profonds pour
de petits bateaux qui peuvent entrer dans la ville, ôc
apporter les marchandifes devant la porte des marchands.
Tous ces différens canaux qui coulent le long des rues,
font fort réguliers : on a bâti dedus plus de cent ponts ,
plufieurs desquels font d'une grande beauté. Quelques-
uns des canaux , à la vérité font pleins de vafe ôc ne font
pas nettoyés quelquefois , faute d'une quantité d'eau
•fuffifante. Un peu au-defibus , à la fortie du canal dont
nous avons parlé, qui fournit la ville d'eau, un autre
bras fe fépare du grand courant du côté du nord ; les
eaux de celui-ci font bafles , ôc il n'eft pas navigable ;
mais il coule à l'oueft avec beaucoup de rapidité , ôc
fe perd enfin dans la mer d'Ofaca. Le grand courant ,
qui eft au milieu , continue fon cours dans la ville , au bas
bout de laquelle il fe tourne à l'oueft ; ôc après avoir
fourni les fauxbourgs ôc les villages qui font au-dedus
de la ville, il fe fépare en plufieurs branches, & fe
jette enfin dans la mer par différentes embouchures.
Cette rivière eft étroite , mais profonde ôc bien navi-
gable. Depuis fon embouchure , en remontant jusqu'à
Ofaca , Ôc plus haut , il y a rarement moins de mille
bateaux qui montent ôc descendent , les uns avec des
marchands , les autres avec des princes ôc feigneurs de
l'empire qui demeurent à l'oueft d'Ofaca, lorsqu'ils vont
ou qu'iis reviennent de la cour. Les bords de la rivière
font relevés des deux côtés avec des marches de pier-
re de taille ruftiquées , taillées de forte qu'elles paroiffent
comme des escaliers continués , ôc que l'on peut pren-
dre terre par-tout où l'on veut. On a bâti des ponts
fur la rivière qui font magnifiques , à trois ou quatre
cens pas de diftance l'un de l'autre , plus ou moins -,
tous font bâtis du meilleur cèdre du pays ôc le mieux
choifi. Ils font bordés des deux côtés d'une baluftrade
ornée fur le haut avec des boules de cuivre jaune. J'ai
compté dix de ces ponts. Le premier ôc le plus reculé
à l'eft a foixante brades de longueur-, ileft porté fur
trente arches , chacune foutenue par cinq fortes pou-
tres ou davantage ; le fécond eft exactement la même
chofe dans fes proportions. Le troifiéme eft fur les deux
bras de la rivière où elle fe partage. Celui-ci a cent cin-
quante pas de longueur-, de-la à l'extrémité de la ville
il y a fept autres ponts moins longs , à mefure que la
rivière s'étrecit -, leur longueur eft depuis vingt jusqu'à
foixante brades , ôc ils font appuyés à proportion fur
dix ou trente arches. Les rues , pour la plupart , font
étroites, mais régulières , ôc fe coupant l'une l'autre à
angles droits , allant les unes vers le fud & les autres
vers l'oueft. Je dois excepter pourtant cette partie de
la ville qui eft du côté de la mer, à caufe que les rues
vont oueft-fud-oueft le long des diverfes branches de la
rivière. Les rues font propres , quoiqu'elles ne foient
pas pavées; pour la commodité des padans, il y a un
petit pavé de pierre de taille le long des maifons de cha-
que côté de la rue. Au bout de chaque rue , il y a des
portes que l'on ferme la nuit . pendant lequel rems il
n'eft permis à perfonne d'aller d'une rue à l'autre , fans
une permiffionexprelTe , ôc pafleport de l'ottona ou offi-
cier qui commande dans la rue. Il y a aulîi dans cha-
que rue un endroit entouré de baluftrades , où l'on tient
tous les inftrumens nécedaires en cas de feu. Tout au-
près eft un puits couvert pour les mêmes befoins. Les
maifons, félon les loix ôc la coutume du pays, n'ont
pas plus de deux étages , chacune d'une brade ôc de-
mie ou de deux de haut ; elles font bâties de bois, de
chaux ôc d'argille. La façade préfente la porte ôc une
boutique , où les marchands vendent leurs marchandi-
fes, ou bien un lieu ouvert , où les ouvriers travaillent
à découvert. Du haut de la boutique ou chambre , pend
une pièce de drap noir , en partie pour ornement , &
en partie pour les défendre du vent & des injures de
l'air : on fuspend au même endroit des échantillons
ou des modèles de ce qui fe vend dans les boutiques.
Le toît efi plat, &dans les bonnes maifons, il eft couvert
avec des tuiles noires , qu'on fait tenir avec de la chaux.
Le to'it des maifons ordinaires n'eft ordinairement cou-
yert que de bardeaux ou de coupeaux de bois. Toutes
OSA
les maifons en dedans font admirablement propres ;
elles n'ont ni tables, ni chaifes, ni aucun autre meu-
ble, comme nos appartemens en Europe en font four-
nis : l'escalier , les baluftrades ôc les lambris font tous
verniffés ; le plancher eft couvert de nattes fort pro-
pres ôc de tapis : les chambres ne font féparées l'une
de l'autre que par des paravents : de forte qu'en les
ôtant , de plufieurs chambres on n'en fait qu'une , ôc au
contraire d'une on en fait plufieurs , s il eft nécefiaire.
Les murailles font tapiffées de papier brillant , peint
de fleurs d'or ôc d'argent : le haut de la muraille , quel-
ques pouces au-defibus du plafond , eft ordinairement
nud ôc enduit feulement d'une argille couleur d'orange,
que l'on tire de la terre auprès de la ville , ôc qui , à
caufe de fa beauté ,eft portée dans plufieurs provinces
éloignées. Les nattes , les portes ôc les paravents font
tous d'une brade de long , ôc de la moitié en largeur :
les maifons même ôc leurs différentes chambres font bâ-
ties à proportion d'un certain nombre de nattes plus
ou moins. Il y a ordinairement un joli jardin derrière la
maifon , avec une colline artificielle & toutes fortes de
fleurs. Derrière le jardin eft le bain ou l'étuve pour fe
baigner , ôc quelquefois une voûte , ou plutôt un petit
endroit avec des murailles épaifies d'argille ôc de mor-
tier, pour y refierrer, en cas de feu, les meubles les plus
précieux. * Kœmpfer , Hilloire du Japon, liv. 5. p.
18;.
Ofaca eft gouverné par des maires ôc par la cour des
ottona, chefs de communauté ou officiers commandans
de chaque rue. Les maires ôc les ottona font fubordon-
nés à l'autorité de deux gouverneurs impériaux, qui ont
auffi le commandement fur tout le pays voifin , fur les
villages & hameaux. Ils réfident à Ofaca alternativement
chacun une année ; ôc tandis que l'un d'eux eft au lieu
de fon gouvernement, l'autre eft avec fa famille à Jcdo,
capitale de l'empire. Le gouvernement des quatre autres
villes impériales eft fur le même pied, avec cette diffé-
rence feulement , qu'à Nagafaki il y a trois gouverneurs,
dont deux y réfident ôc commandent tour à tour , tandis
que le troifiéme demeure à la cour pendant un an. Les
deux gouverneurs de Meaco font obligés d'aller à la
cour feulement une fois en trois ans. La police y eft la
même qu'à Nagafaki , excepté que le guet marque toutes
les heures de la nuit avec des inftrumens différens. On faic
connoître la première heure après foleil couché, en bu-
tant un tambour ; la féconde en battant un Gum-gum^
(c'eftun infiniment en forme d'un grand baiîin plat);
la troifiéme , ou minuit, en fonnant une cloche, ou
plutôt en la battant avec un bâton de bois. La pre-
mière heure après minuit , ils battent encore le tam-
bour , la féconde le Gumgum , la troifiéme la cloche.
Cette troifiéme heure après minuit ou fixiéme heure de
la nuit, eft auffi la dernière, ôc finit par le lever du
foleil. Je remarquerai ici une fois pour tontes, que les
jours comme les nuits font divifés par les Japonnois en
fix portions égales ou heures , ôc cela tout le long de
l'année : de-là vient que dans l'été les heures du jour
font plus longues que celles de la nuit, ôc qu'en hiver
c'eft tout le contraire.
Ofaca eft extrêmement peuplé , ôc fi nous en vouions
croire ce que les Japonnois nous en difent, on y peut
lever une armée de quatre-vingt mille hommes de fes
habitans feulement. C'eft la ville la plus marchande du
Japon à caufe de fa fituation. Les vivres y font à bon"
marché, quoique la ville foit û peuplée : l'on peut mê-
me y avoir à auffi bon marché qu'ailleurs , ce qui ne fert
qu'au luxe, & à la fenfualité ; auffi les Japonnois ap-
pellent-ils Ofaca le théâtre univerfel des plaifirs ôc des
divertidemens : on peut y voir repréfenter tous les jours
des pièces de théâtre, tant en public que dans les mai-
fons des particuliers : les faltinbanques , les joueurs de
gobelets qui favent faire des preftiges , ôc des tours ex-
traordinaires, tous les montreurs de raretés qui ont à
faire voir quelque animal monfirueux , rare ou drede à
faire des tours ,-s'y rendent de tous les endroits de l'em-
pire, affinés d'y gagner plus qu'en quelque autre lieu
que ce foit. Il fuffit d'en donner un exemple. Il y a
quelques années que notre compagnie des Indes orien-
tales envoya de Batavia un Cafuar , ( c'eft un grand
oifeau des Indes qui avale des pierres ôç des charbons
OSA
OSG
ardens ) pour en faire un préfenr à l'empereur. Cet oi-
feau n'ayant pas plu aux gouverneurs de Nagafaki , à
qui il appartient de marquer quels font les préfens les
plus agréables à l'empereur , nous eûmes ordre de le
renvoyer à Batavia ; fur quoi un riche Japonnois, grand
amateur de ces fortes de curiofités , nous affura que s'il
avoir eu la permiflion de l'acheter , il en auroit donné
volontiers mille Tbails ; étant certain que dans une an-
née de teins, il auroit gagné le double du prix en le
montrant à Ofaca. Tous les princes 8c feigneurs qui
demeurent à l'oueft d'Ofaca » ont leurs maifons dans
cette ville , & des domefliques pour les fervir pendant
leur paflage. Cependant il ne leur eft pas permis de
s'y arrêter plus d une nuit : outre cela , lors de leur
déparc , ils font obligés de prendre le chemin qui eft
hors de la vue du château. L'eau qu'on boit à Ofaca
eft un peu fomache , mais en récompenfe ils ont le meil-
leur Sackj, de tour l'empire , que l'on brade abondam-
ment dans le prochain village de Tenush, 8c qui eft
transporté dans plufieurs autres provinces , même hors
du pays, par les Hollandois 8c les Chinois.
A l'eft de la ville, ou plutôt à fon extrémité au nord-
eft, eft le fameux château bâti dans une grande plaine :
nous paflâmes tout auprès en allant à Miaco : il fut
bâti par l'empereur Taico : il elt carré , 8c l'on n'en
peut faire le tour qu'en une heure de promenade ; il eft
bien fortifié avec des battions ronds, félon l'architectu-
re militaire du pays. 11 n'y en a point dans tout l'em-
pire , après le château de Fingo , qui le furpaffe en éten-
due , en magnificence & en force -, il eft défendu du
côté du nord par la rivière de Jodogaivj , qui baigne
fes murs, après qu'elle a reçu deux autres rivières ; 8c
quoique toutes fes eaux jointes enfemble fufTent d'une
largeur confîdérable , on a pourtant jugé à propos, pour-
plus grande fureté , d'élargir le lit de la rivière. Du
côté de l'eft les murailles du château font baignées par
la rivière de Kasuwarigawa , avant qu'elle fe jate
dans le grand bras de la rivière de Jodogawa. Au-delà
de la rivière de Kafiiwarigawa ,vis-à- vis du château , eft
un grand jardin qui en dépend. Les extrémités du fud 8c
de l'oueft font bornées par la ville , les appuis de la mu-
raille en dehors font extraordinaires ; leur épaifieur eft
de fept brades pour le moins. Ces éperons foutiennent
une muraille haute Ôc épaiffe , bordée de pierres de
taille , qui a au-deffus un rang de fapins ou de cèdres.
Je pris garde qu'il y avoir une petite porte étroite avec
un petit pont pour entrer dans le château. C'eft tout ce
que nous pûmes remarquer de la fituation 8c de l'état
préfent de ce fameux édifice. Quand on a pafle la pre-
mière muraille , on voit un fécond château de la mê-
me architecture que le premier , mais plus petit. Après
être entré dans ce dernier , on arrive au troifiéme ,
qui eft au cœur de tout l'édifice , & qui , félon la cou-
tume du pays, a les angles ornés de belles rouis à plu-
fieurs érages. Il y a dans ce troifiéme château , qui eft
aufli le plus élevé des trois , une tour magnifique, haute
de plufieurs étages , dont le toit le plus haut eft cou-
vert & orné avec deux grands poiffons monftrueux , qui
au lieu d'écaillés font couverts A'Ubungi d'or parfaite-
ment polis. Lorsque le foleil brille , ils en réfléchiffent
les rayons fi fortement , qu'on peut les voir de Fiongo.
Cette tour fut entièrement brûlée vers l'an 1661. On
voit à la porte qui mené au fécond château une pierre
noire Se polie , qui faic une partie du mur. Sa grofleur
extraordinaire & fa pefanteur , Se cette circonftance
qu'elleaété portée par eau à Ofaca , font quelesgens du
pays la regardent comme une merveille : elle a cinq
brades de long , quatre de largeur , 8c à peu près la
même épaiffeur ; ainfi elle eft presque de figure cubi-
que.
Ce fut un gouverneur de Fiongo, qui ayant eu or-
dre de l'empereur Taico, lorsqu'il faifoit bâtir ce châ-
teau, de faire venir de grandes pierres, fit joindre fix
grandes barques pour transporter celle-ci à Ofaca : on
l'avoit tirée de Vide d'iNiTZUMA , fituée à cinq lieues
de Tomit du côté d'Ofaca. L'empereur fir bâtir ce châ-
teau pour la fureré de fa perfonne ; 8c pour exécuter
ce deffein , il fe faifir d'une occafion favorable. Avant
déclaré la guerre aux habirans de la Corée, il trouva le
moyen par- là d'écarter plufieurs des pluspuidansprinccs
& Seigneurs de l'empire , qu'il avoir le plus lujct de
craindre ; il les tira de leur cour 8c de leurs états , Cv les
envoya à cette expédition. On tient toujours une groflè
garnifon dans ce château , tant pour garder les tréfors
de l'empereur , que pour tenir les mêmes provinces
dans la foumiflion, 8c empêcher les princes du côté
de l'occident du Japon , de rien entreprendre contre
la fureté de l'empereur 8c de l'empire. Deux des prin-
cipaux favoris de l'empereur onr le commandement du
château 8c de la garnifon tour k tour, chacun pendant
trois ans. Lorsqu'un des gouverneurs retourne de la cour
au lieu de fon gouvernement , fon prédécefTeur doit d'a-
bord fortir du château, 8c aller a la coui lui-même pour
y re'ndre compte de fa conduite ; 8c il ne lui eit pas
permis de voir ni de parler à fon fucceffeur; mais il
doit lui laiffer fes inftruclions par écrit dans l'ap-
partement qu'il a dans le château. Les gouverneurs dont
nous parlons , n'ont rien à voir aux affaires qui regar-
dent la ville d'Ofaca , 8c rien à démêler avec les gou-
verneurs de la ville : cependant ils leur font fupérieurs
quant au rang ; ce qu'on doit inférer de ce que le der-
nier préfident du tribunal de juftice à Miaco , qui eft
un des principaux officiers de la couronne, 8c comme
le bras droit de l'empereur , fur élevé à ce pofte émi-
nent , immédiatement après celui de gouverneur de ce
château.
OS/EA CIVITAS , ancienne ville de la côte occi-
dentale de l'ide de Sardaigne , félon Ptolomée, /. 3.
c. 3. Simler conjecture que ce pourroit être I'Otiicca
d'Antonin. On nomme aujourd'hui OsÉo un lieu fitué
entre Néapoli 8c Bofa. Cluvicr approuve la penfée de
Simler. Voye^ OsÉo. * Sard'm. A/itiq.
OSAR1 ( L' ) , ruiffeau d'Italie, dans l'état de la ré-
publique de Luqucs. Il pafie fort près & au midi de la
ville de Luques,& fe perd dans la Serchio , qui,tra-
verfant le territoire de Pife , porte fes eaux à la mer.
1. OSC A, ancienne ville de l'Espagne Tarragonnoi-
fe , au pays des Ilergctes dans les teires, félon Ptolo-
mée , /. 3. c 6. Pline , /. 3. c. 3. la place dans un can-
ton particulier nommé la Vescicanie ; mais les Vesci-
tains Cv les Surdaons faifoient partie des Ilergctes , com-
me le remarque le P. Hardouin. Plutarque , Hommes
ïlluflres , t. 5 p. 207. êdit. d'Amft. 1724. dans la vie de
Sertorius dit : Parmi les nations qui lui étotent foumi-
fes, il fit choifir les enfans des plus grandes & des plus
nobles maifons , 8c les mit tous enfemble dans Osça
belle 8c grande ville , 8c leur donna des maîtres pour
leur enfeigner les lettres grecques 8c romaines. C'eft fans
doute cette inftitution de Sertorius qui jetca en Espa-
gne les femences de cet amour des telles lettres , qui
y produifit enfuite tant d'hommes illultres, entr'autres
Columelle, Pomponius Mêla, les Seneques , Lucain ,
Martial , Quintilien , Florus , 8c tant d'autres Espagnols
célèbres , qui fe font fait un grand nom entre les écri-
vains de l'ancienne Rome. Cette ville eft aujourd'hui
Huesca. Voyez, ce mot,
2. OSC A , ancienne ville d'Espagne, dans la Béti-
que, chez les Turdetains , félon Ptolomée , /. 2. c. 4. qui
les diftingue ainfi par rapport à leur pofition , /. 2,
c.6.
Longir.
Latir.
Osca Ilergetum, i5d. o. ni. 42 d. 30 m.
Osca Turditanorum , 5 o. m. 37 ijf.
Il eft donc ridicule que les éditeurs de Ptolomée ayent
mis Huesca , pour nom moderne à toutes les deux. Osca
des Ilergetes eft Huesca en Arragon ■■, Osca des Turde-
tains doit être quelque part dans l'Andaloufie.
3. QSCA, ancien nom de CArouE, félon Ortelius,
qui cite Sempronius.
OSCANA , ville d'Afie. Elle étoit dans le Gédro-
fie , félon Ptolomée , /. 6. c. 21.
OSCARUS , nom latin de I'Ousche, ou I'Ouche ,
rivière de France , en Bourgogne.
OSCELLA , ville ancienne des Léponriens dans les
Alpes Cottiennes , en Italie , félon Ptolomée, /. 3 t. 1.
Ce nom fe conferve encore. Voyez, Domo d'Oscella ,
au mot Domo.
Tom, IV. V u u u V)
708
OSC
OSC
OSCERLEBEN » prononcez Ocherleben , (ch à la
francoife , comme dans cher , cherté , ) petite ville d'Al-
lemagne , dans le cercle de Baffe-Saxe, ou dans la prin-
cipauté de Halberftadt , aux confins du duché de Mag-
debourg. C'eft le chef-lieu d'un bailliage dans lequel le
trouve Hornhausen , village où il y a d'excellentes
eaux , & qui érok autrefois de joo feux ; mais depuis
les guerres il n'eit plus que de cent quarante. * Zcyler,
Saxon, infer. Topogr. p. 190.
OSCHENFURT, ville d'Allemagne , dans la Fran-
conie , à fix lieues au-deffus de YVurtzbourg fur le Mein ,
où il y a un pont de pierre. Cette ville appartient au
chapitre de Wurtzbourg.
OSCI , en françois les Osques , ancien peuple d'I-
talie. On les appelloit égalemenc Opsgi , Obsci &
Opici. En voici des preuves : Ennius dit dans un vers
confervé par Feftus, au mot Oscum:
De maris res gerit Opscns,
Sur quoi Verrius avoit remarqué que les Osques ont
été nommés auparavant Opsques , Oscos qttos dicimus,
ait Verrius , Opscos anteù dictos. Le mot d'Obscène ,
Obscanus , vient de ce peuple dont la corruption étoit
extrême , Se le langage conforme aux mœurs. De-lù vient
ce mot paffé en proverbe Se pris d'une comédie de Ti-
rinius,
Qui Opscè & Vclscè fabulantur ,nam Latine nefciunu
Ofcè loqui , fignifioit également employer de vieux mots
Se parler d'une manière diffolue. Etienne le géographe
dit : Opici, peuple d'Italie , dont parle Eudoxe, au fi-
xiéme livre du tour de la terre. 11 y a enfuite une la-
cune dans cet auteur , qui, voulant marquer l'origine de
ce nom , difoit, fans doute , que les uns le nommoient
ainfi , parce qu'ils fe fervoient d'un langage mêlé de
mots étrangers; d'autres croyoient qu'ils dévoient être
nommés Ophici, du mot OVî , qui lignifie un ferpent.
Servius donne dans ce dernier fens. Car, expliquant le
vers de Virgile, JEncid.l. 7. v. 750.
Oscorumque Manus.
il dit , Capaenfes dicli : qui anîeà Ophici appellati funt ,
quàd illic plurimi abundavere ferpemes. Nam Grx.cè
OVî dicitur jerpens. Il eft certain que les Osques ont
été quelquefois appelles Opici , mot dont les Grecs fe
font fervis avec préférence ; Se leurs Grammairiens ne
•connoiiTant pas ce mot, lui ont donné une étymologie
grecque au hazard. C eft une baliverne grecque que la
dérivation du mot 0"p/ç.
Les anciens Giecs ont mis le peuple Opici non-feu-
lement au-delà du Garillan , mais encore en-deça dans
le Latium, Denys d'Halicarnaffe , /. î.c. 64. dit : Ari-
ftote le Philofophe raconte que quelques Grecs reve-
nant de Troye , fuient accueillis d'une furieufe tempête
vers le promontoire de Malée, Se qu'après avoir été
long-tems battus des vents Se jettes en diverfes mers ,
ils abordèrent au pays des Opicicns , dans l'endroit où
eft le Latium, proche la mer Tynhénienne. Il y a de
l'apparence qu'Annote s'eft trompé, & qu'il a confon-
du les Opiciens avec les Sicules, anciens habitans du
Latium , comme le remarque Cluvier. Quoique les Si-
cules Se les Opiciens fuffent différens, Platon , maître
d'Ariltote , les a confondus dans une de fes lettres;
Autant qu'on peur , dic-il , le prévoir par les malheu-
reux préfages , toute la Sicile oubliera la langue grec-
que, étant au pouvoir des Phœniciens , & des Opiciens.
11 met de fon teins dans la Sicile trois peuples, les
Grecs , les Phceniciens Se les Opiciens. Comme il ne
faic aucune mention des Sicules , qui occupoienc néan-
moins une grande- partie de l'iile, à laquelle même ils
donnèrent leur propre nom ; il faut dire que Platon a
appelle Opiciens les Sicules; mais ce n'eft pas en ce
feu! endroit qu'Ariuote a parlé des Opiciens i voici un
paffage de fes politiques. Dans cetre contrée , qui eft
, uofee par la mer Tyrrhénienne , habitoient les Opici,
que l'on nommoit aufli les Aufbn.cs, Se ou les appelle
encore de même. Ce paffage eft éclairci par un autre
qui eft de Strabon , /. f.p. 242. Après avoir parcouru
fommairement la côte de la Campanie , il pourfuit ainfi :
Sur ce rivage eft fituée toute la Campanie , la plus heu-
reufe de toutes les plaines ; autour d'elle font des hau-
teurs d'un terroir fertile Se les montagnes des Samnkes
& des Osques. Anthiochus dit que ce pays a été habité
par les Opiciens , que l'on appelloit auffi Aufones ; mais
Polybe donne à entendre qu'il les prend pour deux dif-
férentes nations ; car il dit que les Opiciens Se les Au-
fones habitoient le pays qui eft autour du Crater -, il
entend par ce mot de Crater le golfe de Pouzzol. D'au-
tres difent ( c'eit toujours Strabon qui parle ) que les
Opiciens Se les Aufones ayant poffedé ce pays , les Os-
ques s'en emparèrent , Se furent chaffés par les Cumains,
que les Etrusques chafferent enfuite à leur tour. Il ap-
pelle, fans doute, montagnes des Osques, celles où font les
villes de Seffa Se de Tiano. Ce qu'il dit des Opiciens
différens des Aufones elt. fujet à conteftation. Antio-
chus Se Ariftote , auteurs plus anciens que Srrabon Se
que Polybe , difent que ce font deux noms d'un même
peuple. Ils parlent de leur tems , ies autres ne parlent
que fur des mémoires fufpec^s , dès qu'on y fait deux
peuples des Opiciens & des Osques : car il eft certain
que c'eft le même nom défiguré. En voici des preu-
ves.
Thucydide, /. 6. p. 41 3. dit : Zancle fut premièrement
bâtie par des brigands venus de Cumes , ville de la
Chalcidique , au pays des Opiciens. Denys, /. 7. c. 3.
die que dans la foixantequacriéme Olympiade, lesTyr-
rhénicns, les Ombres, les Dauniens, ce quelques aunes
barbares , tâchèrent de détruire la ville de Cumes , bâ-
tie au pays des Opiciens par ceux d'Erythres Se de Chal-
cide. L'auteur anonyme des Olympiades , dit : La pre-
mière année delà foixante-quatriéme Olympiade, les Cu-
mains défirent plufieurs milliers de Tyrrhéniens Se d'O-
piciens. Marcitn d'Kéraclée, ou plutôt Scymnus de
Chio dans fà Périegeie en vers grecs, v. z$$. & feq.
dit : Après les Latins eft Cumes au pays des Opiciens,
dans le voifinage du lac d'Averne. De même à l'égard
des autres lieux du voifinage » les Grecs ont employé
le nom des Opiciens. Denys d'Halicarnaffe ,l.i.c. 4/.
racontant la navigation d'Enée en Italie, dit : De-là ils
entrèrent dans un port beau Se profond du pays des Opi-
ciens , iv"07Tino1ç , qu'ils appeiierent Mifene , <lu nom
d'un des principaux de leur flotte qui y mourut. Strabon,
parlant des Rliodiens , dit : Ils pouffèrent leur naviga-
tion jusqu'en Espagne , où ils fondèrent la ville de Rho-
des ( Rofes) ; Se ils fondèrent au pays des Opiciens Par-
thenope; in Opicis vero Parthenupen. Etienne le géo-
graphe dit dans le même fens ; Parthenope , ville
d'Italie , dans le pays des Opiciens , bâtie par les Rho-
diens : Se ailleurs, Phalere , ville chez les Opiciens :
Se en un autre endroit Atella, ville des Opiciens en
Italie , entre Capoue Se Naples. Le même auteur dir ,
Fregelles, ville d'Italie ; elle fut anciennement auxOpi-
ciens , Se enfuite aux Volsques. Feftus donne aux Au-
fones les pays où font Benevent Se Cales. Cela convient
à ce quedit Tite-Live , /. 8. c. 16. Infequens anrtus , L.
Tapir 10 Crajjo., Cœsone Duilliu Confulibus, Aufonum ma~
gis novo quammagno bello fuit infignis : ea gens Cales
urbcm ïncolebat. Noie , fituée entre Naples Se Benevent,
en étoit auffi. Suidas Se Etienne le géographe difent :
Nola , ville des Aufones, félon Hécatée , Sec. mais les
Latins donnent aux Osques les villes que les Grecs don-
nent aux Opiciens: on a déjà vu que , félon les Grecs,
les Latins difent, des Osques. Velleius Paterculus , /. 1.
c. 4. après avoir dit : Nec multo pofi Chalcidenfes . . .
Cumas in Italia coudidaiint , ajoute enfuite : CumanoS
Oica mutavit vicinia. Diomcde le Grammairien , par-
lant des comédies latines , ïnftitut. L 3. dit : Tertio.
Jpecies eft fabularum latinarurn qux, à civitate Oscorum
Atella, in qua primiim cœptœ , Atella n^£ ditia funt y
argumentis diiliîque jocitlaribus fimiles fatyricis fxbu-
lis Uriccis. Ce que dit Etienne , que Fregelles avoir été
aux Opiciens c\: enfuite aux Volsques , fait voir qu'elle
étoit à l'extrémité des deux nations. Celle des Volsques
finiffoit à Terracine, & c'eft entre cette ville Se celle de
Cumes, que Strabon Se Pline mettent les Osques. Si-
lius Icalicus en pailc ainfi.*
ose
OSI
'Jam vero quos d'wes opum, quos âives dvorum
Ex toto dabat bellum Campania traciu.
Dutlorum. adventum vicirus fedibus Osci
Servabant : Sinuejfa tepens , ftuttuque Jonorum
Valturnum ,• quasque everlere fdentia , AmycU ,
Fundique & regnata Lamo Caieta , domusque
AnvphatA , comprtjfa freto ; ftagnisque palujlre
Luermtm, £r qttonUam jatorum confeia Curai.
Toutes les places qu'il nomme-là , font le long de la
côte de la Cainpame, entre Terracine Se Cumes.
Les Osques avoient une langue particulière , de la-
quelle Strabon patle ainfi , /. j. p. 232. Ccit , dit il ,
quelque chofe de iingulier que ce qui efl arrivé aux
Ooqucs. La nation elt détruite, &fa langue le conferve
cncoie chez les Romains : de manière que certains
vers & certaines forces fe redonnent fur le théâtre dans
des jeux réglés par l'ufage des anciens.
Après ce qu'on vient de lue , on verra facilement
ce qu'on doit penfer de l'imagination qu'a eu Dacia ,
en expliquant le vers 225. de l'art poétique d'Ho-
race :
Verum ita ri 'for es , ita commendare die ace s > &c.
Il parle à cette occafion des Atellanes, qui font les
farces dont parle ici Strabon, & rapporte le paiïage du
grammairien Diomede que j'ai déjà employé, & qu'il
traduit très mal. Voici le paflage : Tirtia fpecies eftfa-
bularum latinarum qux, à civitate Uscorum Attila , m
qua prirnum cœptœ , Aieilana dicta, funt : Argumenlis
dicta que jocularibus f mite s jatyricis fabulis Grœcis.
Voici la traduction de Dacier : Il y a une troifiéme
espece cle comédies Romaines, qui ont été appellées Atel-
lanes , du nom d Atella , ville de la Toscane , où elles
ont commencé , & qui par leur fujet & par leurs plai-
santeries font entièrement femblables aux pièces faty-
liques des Grecs. Où Dacier a cil pris une ville d'Â-
tella en Toscane ? Diomede dit bien exprefiément ville
des Qsques , peuple qui n'avoir rien de commun avec
la Toscane. Au mot Atella , j'ai marqué le fentimenc
de Dacier: je me fuis contenté de rapporrer aurti le
fentiment de l'abbé Danet. je 11 ai point décidé ; je foup-
connois alors que Dacier pourroit bien avoir trouvé
dans Diomede, que je n'avois pas pour le confulter, quel-
que paiïage qui fixeroit un Atella dans la Toscane. J'ai vu
depuis que c'etoit une erreur particulière à Dacier , qui
croyoit que les Osques & les Toscans étoient une mê-
me choie. Vofluis le peie , Inftkut. Poet. I. 2. c. 3/. §.
5 . & 6. citant un autre paiïage de Diomede , au lieu de
ces mots . in Atellana perjunx Qèfcœm, corrige ce der-
nier mot , & veut qu'on life per'onx Ose* ; Dacier dit:
Le fuvanc Voiïïus prétend que dans le paiiage de. Dio-
mede , au lieu de psrfonx Ùbmatia > per tonnages obs-
cènes, il faut lire perionaUiCx , perfonnages Osques,
c'eit- à-dite Toscans. Cette explication elt fatifie. Vos-
fins n'a eu garde de dire des perfonnages Toscans pour
des perfonnages Osques. La correction de Vollius elt
belle , mais elle n'a pas été fort néceflaire , tk nous
avons déjà remarqué que 0:cœ , Obstx étoient l'origi-
ne dCObscœux ; parce qu'en effet ces peuples étoienc
également corrompus dans leurs mœurs & dans leur
langage. De% perfonnages Osques mis fur la feene cou--
fervoient le patois de cette nation , &: ce patois avoit
quelque choie de réjouiiïant. 11 falloit leur conlerver
les mœurs de leur pays, cv' leur faire dire ingénuement
des chofes auxquelles la langue des Osques , plus li-
bre que celle des Latins, étoit propre.
Les Atellanes étoient une forte de fpectacle venu des
Osques : ces pièces étoient encore en ufage quelque
rems avant Çicéron , & il paraît qu'on les avoit quit-
rées depuis quelque tems : car écrivant à M. Matins ,
Famil. I. 7. epifi. 1. il lui dit qu'il ne le foupçonne pas
de regreter les jeux des Grecs ou des Osques. fur-tout
pouvant voir les jeux des Osques en plein fénat, c'elt-
ii-diie , qu'il s'y palïoit des feenes aulïï comiques que
pouvoieut l'être celles des pièces Atellanes. Quoi qu'en
dife Dacier , les Atellanes n'étoient rien moins que des
pièces ucs-honnâes du ceins d'Horace, contemporain
709
d'Augtiite : car on les remit fur pied après Cicéron.
Nous lifons que fous le règne de Tibère la corruption
en étoit fi contagieufe, qu'il follicita le fénat de les abo-
lir : Ojairn quonUarn ludicrum levi/Jimœ apud vulgitm
vbUttatioms , eo jlagiùorum Qr vinum vcuijfc , ut auc-
tontate Patrum cotreendum fit. * Tacite , Annal. 1.
4. c. 14.
Ces Atellanes étoient en langage osque , qui étoit alors
pour les Romains, ce qu'elt aujourd'hui le îtyle matoti-
que, ou même un ftyle plus ancien , tel que Voiture
l'a imité dans quelques letues en vieux gaulois. Com-
bien cette langue O^que a dure chez les Romains ? On
voit par le paiiage de Tacite que les jeunes gens ae Ro-
me s'en fervoient encore ; mais , comme le remarque
Olivier , îtal. am. I. 3. c. 9. on ne fauroit dire s'ils
parloient la langue dans toute fon étendue , ou li leur
favoir fe réduifoit leulemenr à quelques pièces du vieux
teins, qui s'eroient confervées avec l'habitude de les jouer.
OSCIUS FLUVIUS , rivière qui a fa f >urce dans les
mêmes montagnes de Thrace que 1 Hebrecx' le Nelius.fe-
ion Thucydide, /. 2. p. 1 66. Je m'étonne que les critiques
n avent pas vu qu'il y a dans ce nom un renverfemenc
de lettres, & qu'au lieu d"0<7/.ic<; , il faut lire 'Qig-kcs ,
Oescus : c'elt en efîet cette rivière qui a fa fource dans
les mêmes montagnes. Voyez. Oescus.
OSCOBAGUS ou Oscobaras, montagne d'Afie,
partie du mont Taurus.
OSCORI, ville des Volsques: elle eft nommée dans
Je livre des Origines, attribué à Caton.
OSCORON , rivière de Scythie, félon Ifidore au
14e de les Origines. Peut-être, dit Orteuus , Thejaur.
y avoit-il O'wfoç, le Cyrus.
OSCUM > lieu d'Italie, dans le territoire de Veies.
La jùuiifaiiceen étoit affectée au collège des Augures. Ou
lit auiîi Qbscum : on a vu ci-deffus qu'Osci, Objci,Opsci
ScOptct éioient diverfes orthograpnes du même nom.
OSDARA ou Asdara , ville de la petite Arménie.
Antonin, ni/iei . la met fur la route de Céfarée à Me-
îirene, entre Aiabillus <k Melitene , à vingt-huit mille
pas d'Arabiilus.
OSDROcNA. Voyez. Osrhoene.
ObE ou Osen , lieu d'Espagne, dont parle Grégoire
de Tours, De glor. Martyr. I. i.c. 24. a l'occalîon de
quelque fontaine mnaculeufe. Voici ce qu'il en dit ; EJi
O" iltud îllufire miracuLum de fontibus Hupanu quoi
Lufitamu pr.,vhicia projert. Pijcina namque eft apud
Osen Campum aruiquiths fculpta & ex marmore va-
ria in moauni Crucu miro compofita opère , ôcc. Dom
Thierri Ruinard dit que ce lieu ne peut être qu'Os-
ser ou Ohet , près de Scville, dont le même Gré-
goire parle ailleurs, Hiftor.t. 6. c. 43.
OSEO. Il y a deux villages de ce nom , fur la côte
occidentale de l'iile de Sardaigne : l'un près de Cartel
Doria -, l'autre a deux lieues de Bofa , vers le couchanc
méridional. On elt partage fur le choix de ces deux vil-
lages pour y mettre la ville d'Os^EA. * Baudrand ,
édit. 1705.
OSERA ou Ossera, ville d'Espagne , dans l'Arra-
gon , furl'Ebre, à cinq lieues au-deiïo us de Sarragoce.
Voyez. Osicerda.
OSERIATES, ancien peuple delà Pannonie, félon
Pline , /. 3. c. 2j. Ptolomée , /. 2. c. 1$. dit Osseria-
tes par deux S S, & le met dans la Haute.
OSERIETA. Mithridate , cité par Pline , ./. $7. c. 1.
dit que fur la côte de Germanie il y avoit une irte ,
nommée Ofericta , chargée d'une forêt dont les arbres
étoient une espèce de cèdre, cv qu'il en couloir de l'am-
bre fur les rochers. Quelques-uns la prennent pour rifle
d'Oéfel.
OSER.O. Ce mot dans la langue ruflîenne , qui ert
une branche de l'esclavone , lignifie un lac.
OSERO TELESKOY, iac de la Ruffie; il efl firué
vers les 52 deg. de lac. au nord-eft du lac Sayfan. II
peut avoir environ dix-huit lieues de longueur fur douze
de largeur. * Htftoire généalogique des Tatars , p»
114.
OSERO, ifledu golfe de Venife. Voyez. Osoro.
OSI , ancien peuple d'Allemagne. Tacite , Germa».
c 28. qui en fait mention , le trouve fi femblable pour
le langage , pour les mœurs & pour ks loix aux Ara-
OSI
710
visques , peuple de la Pannonic, qu'il juge incertain , fi
ce font les Ofi qui ont paîTé en Germanie , ou les Ara-
visquesqui fe (ont allé établir dans la Pannonie: car il
conclut de leur rcflèmblance , que ce doit avoir été au
commencement: un feul & même peuple. Uirum Ara-
visci in Pannonianz ab Ofis Germanorum natione , an
* Ofi ab Araviscis in Germanium commigraverint , cïun
eodem adhuc fermone , infiitut'n 1 , moribus utuntiir , in-
certain eft. Ce qu'il ajoute , infinité que ces deux peu-
ples n'étoienc féparés que par le Danube , dont les
deux bords avoient des peuples également pauvres ,
également libres , Se à qui les biens Se la mifere étoient
communs : Qitia pari olim inopiâ ac libertate eàdem
utriusqite ripa bona nutlaque erant. La queftion qu'il
trouvoit fi incertaine , il ne laide pas de la décider en-
fuite : il nomme quatre peuples, Marfigni, Gothini ,
Ofi, Burii. Le premier Se le dernier avoient la langue
Se les coutumes des Suéves. Le fécond parloir la lan-
gue gauloife , Se les Ofi- parloient la langue panno-
nienne, d'où il conclue que, ni les Gothini , ni les Ofi,
n'étoient point des Germains naturels^ mais des étran-
gers venus des pays dont ils avoient confervé la langue.
Sur ces deux partages de Tite-Live, il s'eft trouvé en
Allemagne des conjeclureurs qui ont mis ce peuple
enSiléiie, aux environs d'Oppel Si. de Naifia ; d'autres
à Oseneourg , en Weftphalie , d'autres enfin à l'ifle
d'Oéfel , fur la mer Baltique. D'Audifret a donné aulfi
fes conjectures.
OSI AN A , ville de Cappadoce , fur la route d'An-
cyreà Céfarée , à vingt-deux mille pas de Nyfïe, &c vingt-
huit mille pas de Saccazena , qui étoit à vingt-cinq mille
pas de Céfarée. * Anton, kiner.
OSICA, ville d'Afie'i dans l'Albanie, félon Ptolo-
mée ,/. 5. c. 1 1.
OS1CERDA , ancienne ville de l'Espagne Tarra-
gonnoife , chez les Hedétains , félon Ptolomée , lib. 2.
c . 6. Pline , qui la nomme par le nom national de fes
habitans, dit Ossigerdenses. On croit que c'eft Ossera.
1; OSil , ancien peuple de la Sarmatie , en Europe,
félon Ptolomée , /. 3. c. j. L'Interprète Latin met Hosn.
2. OS1I, peuple de l'Inde , au-delà de l'indus , félon
Pline, /. 6. c. 2G.
OSILïA, nom latin de lifle d'OESEL.
OS1MO {a) , Auximum , ville épiscopale d'Italie , dans
ia Marche d'Ancone , fur une montagne , près du Mufo-
ne, entre Jefi& Loiette, dont elle efi à fept milles (b).
C'eft une des cinq villes de la Pentapole , mentionnée
dans les donations de Pépin Se de Charlemagne. Les
revenus de ce fiege font confidérables , Se c'eft ordi-
nairement un cardinal qui en eft évêque. Le palais épis-
copal eft magnifique , Se fut bâti par Jean-Baptifte Si-
nibaldi , évêque dOfimo, qui avoit fuccédé à Antoine
Sinibaldi , fon oncle, qui avoit orné la cathédrale. On
v voit entre autres peintures cftimées , un tableau du
Guide S: un de l'Albane. Il y en a un autre du Guide
dans l'églife de la Trinité , deux dans celle de Sainte Pa-
iaria Se un à S. Silveftre du Pomaranice , qui le fit en
concurrence du Gnide , avec lequel il avoit peint la
coupole du dôme de Loiette. Cette églife de S. Sil-
veftre eft deflervie par les moines de la congrégation
Silveftrine , ainfi appellée de S. Silveftre, Gûzzolino ,
gentilhomme de la ville d'Ofimo. A l'églife de S. Marc
il y a un tableau du Guerchin, Se aux Capucins un
autre du Romanelli , & autres peintures exquifes i mais
le tréfor le plus précieux de cette ville confifte dans
les reliques qui font confervées chez les prêtres de 1 O-
ratoire. L'églife cathédrale a auffi les tiennes. Procope
parle beaucoup de cette ville à l'occafion des Goths
qui s'y retranchèrent contre Belilaire. Voyez, l'article
Auxomum. (a) Baudrand, édit. 1705. (b) Corn. Dict.
Se E. D. R. nouveau vovage d'Italie , t. 1 .
OS1NCUM , ville deïifle de Corfe , dans les terres ,
félon Ptolomée , A3, c. 1.
OS1NTIAS REGIO , contrée d'Espagne , dans la Bé-
turie , aux environs de Sifapone , félon Pline, /. 3.
c. 1.
OS1RIACA. Athcnagoras , dans fon apologie pour les
Chrétiens , nomme ainfi un lieu d'Egypte , confacré
à Ofiris Se qui fervoit d'afyle. C'eft ce que Strabon
appelle Osyridis Asylvm.
OSM
OSISMII , ancien peuple de la Gaule. Céfar, /. 2. c.
34. en parle dans fes commentaires , Se les nomme pêle-
mêle avec des peuples de la Normandie Se de la Bre-
tagne , Ofismïos , Lexovios , Nannetes. On a employé
bien des conjectures pour trouver ces Olismiens. San-
fon , dans fes remarques fur l'ancienne Gaule , en die
fon fentiment en des termes que je rapporterai ici fans
y rien changer. « Leur ville capitale dans Ptolomée,
» eft Vorganium , Se fans doute , Vorgium dans l'itiné-
» raiie romain, puisOsisMii, dans la notice de l'Em-
» pire. Aujourd'hui la place s'appelle encore dans Ber-
» trand d'Argentré Cozqueoudet, c'eft- à-dire , cité
» ancienne , qui ayant été ruinée dès il y a long-tems»
» de fon ancien diocéfe il s'en eft fait trois , S. Paul de
» Léon , Tregnier , Se S. Brieu , de forte que tout ce
» qui eft compris aujourd'hui fous ces trois diocefes ,
» fait la continence de l'ancien peuple Ofismii. Toute
» notre Bretagne étant confidérée en deux parties , la
» plus feptentrionale a été occupée par les peuples Rhe-
« dones Se GJîimli , la plus méridionale par les peuples
» Nannetes , Veneti CT Curiof otites. Les Rhe dones &
» Gfismii n'ont fait , comme je crois , qu'un diocèfe
» chacun du commencement , & qui ont été dès il y
» a long-tems, divifés chacun en trois auttes , Rhedo-
» nes.en ceux de Rhennes qui eft l'ancien, puis de S.
» Malo Se de Dol. Celui à'O/îsmii , comme nous avons
» dit , en ceux de S. Brieu , de Treguier & de S. Paul
» de Léon ; mais les peuples Nannetes , Veneti 6e Cu-
" riojolites n'ont fait que leur diocèfe chacun & n'ont
» reçu aucun changement ; ce qui fait voir que la côte
» vers le feptentrion a été plus fujetteaux couries ôc
» à la descente des étrangers, que celle du côte du
» midi. »
D'autres mettent ce peuple en Bafie-Normandie. Voyez.
l'article Hiemes. * Gitem Thefaur.
OS1UDISO. Voyez, Ostudizum.
OSMA , ville de la Vieille Caltillc, dans une plaine
qui eft au pied d'une colline , au bord feptentnonal du
Duero , entre les ruilieaux Avion Se Ufero, qui l'arrc-
fent & lui fouiniiTent du poiflon; elle a titre de cité.
Rodrigue Mendez Silva dit : Qu'il n'y a pas plus de cin-
quante ou foixante feux -, mais au côté méridional du
Duero , que l'on pafle fur un pont , & à une portée de
mousquet de la rivière, dans la vallce , eft une autre
Osma , que l'on appelle Burgo d'Osma , entourée d'une
muraille avec quatre portes, Se peuplée demirnn det,x
cens familles. 11 y a trois places , onze rues , un cou-
vent de Carmes. C'eft danscerte partie qu'eft la cathé-
drale Se la réfidence de l'évêque , Se l'univeifité fon-
dée en 15 jg, par l'évêque D. Pierre d'Acofia, Por-
tugais , natif d'Alpcdrina , coufin du cardinal George
d'Àcoita. C'eft proprement la cité qui eft l'ancienne
ville, i\ fameufe du tems des Romains > qui la nom-
ment 13 xam a. Voyez, ce mot. Elle eft nommée Oxo-
ma dans les trois notices eccléfiaftiques d'Espagne. Les
Maures s'en étant rendus maîtres ; le roi Alphonfed'Ar-
ragon la conquit l'an 755. Gonçales Tellez fut char-
gé par Con frère , le comte Fernand Gonça'es , de la
repeupler en 950. Les Infidèles la reprirent , Se le
comte D. Sanche de Caflille la rétablit en 1012. Enfin
le roi Alfonfe VI la repeupla de nouveau , 8e y réta-
blit le fiége épiscopal. C'eft ce que fournit Rodrigue
Mendez Silva, Poblacïon général de Espana , p. 20.
L'abbé de Vayrac , dans fon état préfent de l'Espagne,
/. 1. t. i.p. 3 27. dit : De Soria , on va à Osma , autre-
fois Uxama , ville confidérable dans l'antiquité , & in-
comparablement plus grande qu'elle ne l'eft aujour-
d'hui. Elle eft fituée fur le bord feptentrional du Due-
ro , dans une plaine fertile en tout ce qui eft néces-
faire à la vie. On n'y compte qu'environ trois cens feux ;
( cela eft bien différent des cinquante ou foixante de
l'auteur Espagnol.) encore les maifons y font-elles Ci
ruinées Se fi disperfées , qu'elle a bien moins l'air d'une
ville que d'un gros bourg qui efttout proche, qu'on ap-r
pelle El Borgo de Osma ; cependant elle eft honorée,
d'un fiége épiscopal , dont l'évêque fe tient dans le
bourg.
Les fentimens , continue-t-il , /. 4*f. 2. p. 33/. font
partagés touchant l'époque de l'éreétion de cette églife,
Les uns prétendent qu'elle fut fondée du rems des apô-
OSN
OSN
très, par faint Saturnin , disciple de faint Paul, & les
autres par faint Firmin, c'elt-à-dhe, long-tems après.
Flavius Dexter fcmble approcher de l'opinion des pre-
miers, lorsqu'il dit que faint Trophime, faint Ovan-
cc & faint Alîory y prêchèrent la foi l'an 91 , 8c
qu'Alton en fut le premier évêque; mais il fe contre-
dit lui-même , en lui donnant pour fucceffeur Exupe-
rance, qu'il ne place fur la chaire épiscopale qu'en
38/ , de forte que les uns 8c les autres n'étant fondés
que fur une tradition peu exacte , on ne peut s'arrêter
à ce qu'ils difenr. Ce qu'il y a de sûr, c'eit que cette
églife elt très-ancienne , puisqu'un de fes évêques as-
filta au concile de Nicée. Dans le dénombrement qui
fut fait vers ce tems , Osma fut mis au rang des évê-
chés fuffragans de Tolède ; 8c dans le concile de Lugo
les limites de fon diocèfe furent réglées. Suppofé donc
qu'Exupcrancefùt évêque d'Osma en 38/ , il faut que
les noms de fes fuccefleurs , pendant l'espace de 2 1 2 ans ,
ayent été enfevelis fous les ruines de cette églife , puis-
que depuis ce tems , les conciles , ni l'hijîoiie eccléfia-
ftique ne font mention d'aucun évêque de cette églife
jusqu'en 597 , que Jean , évêque d'Osma, affilia au trei-
fiéme concile de Tolède.
Quoi qu'il en foit , les Maures n'épargnèrent pas
plus cette églife que les autres , & le culte divin en
fut banni, jusqu'à ce qu'Alphonfe VI eut repris la ville
d'Osma fur ces Infidèles, 8c rétablit l'églife cathédrale,
après quoi , le célèbre Bernard , archevêque de Tolè-
de, y établit pour évêque, Pierre d'Osma, originaire
de France. (Rodrigue Mendez Silva , cité ci-deffus,
dit qu'il étoit François , 8c archidiacre d'Osma. )
Le chapitre a été régulier depuis fa fondation jusqu'à
l'an IJ33, qu'il fut fécularifé par Paul III. Il cil com-
pofé de onze dignitaires, de dix chanoines , en y com-
prenant le canonicat qui eit affecté à l'inquiiîtion de
Logroûo , de douze prébendiers , d'un curé , d'un ar-
chiprêtre , de divers chapelains , de dix enfans de
chœur, dont les deux premiers s'appellent infantes
Mayores , à caufe qu'ils ne font obligés qu'à réciter le
martyrologe & à marquer les offices dans les livres du
chœur, de quatre féminarhtes , de llx collégiaux de S.
Pierre , de fix clercs , qu'on appelle Miffarios , dont la
fonction coniilte à fervir les méfies, d'un maître de
chapelle & d'un organise. Les dignitaires font le prieur ,
lequel nomme un fouprieur qu'il doit prendre du corps
du chapitre , l'archidiacre d'Osma , l'archidiacre de So-
ria , qui nomme à quatre prébendes , l'archidiacre
d'Az.a, le chantre qui nomme le fous- chantre & huit
enfans de chœur; le tréforier , qui nomme deux fous-
facriltains , l'écolâtre qui nomme un curé & un vi-
caire -, l'abbé de faint Barthelcmi 8c l'abbé de fainte
Croix. Le pape 8c Pévêque nomment alternativement
aux dignités, 8c l'évêque 8c le chapitre nomment auiîi
alternativement aux canonicats dans les mois de Mars ,
de Juin , de Septembre cV Décembre -, l'évêque , le cha-
pitre 8c l'archidiacre de Soria nomment aux douze pré-
bendes , dont ils font fondateurs conjointement. Les
chanoines font obligés de faire preuve de pureté de
fang , c'eit-à-dire , qu'il faut qu'ils jullifient qu'ils ne des-
cendent ni de Juifs , ni de Maures , ni d'Hérétiques ,
ni de perfonnes qui ayent été condamnées par le tribu-
nal de l'inquifition.
Le diocèfe d'Osma eu diviféen deux parties, qui font
celles de Soria 8c d'Aranda, qui comprennent fept ar-
chiprêtrés, quatre églifes collégiales 8c quatre cens cin-
quante paroiffes. Les archiprêtrés font
/
Osma ,
Roa ,
Gomara ,
El Campo ,
Ravanera,
Sant Ellevan de Gormas ,
Andaluz.
L'églife d'Osma eit affociée avec celles de Tolède ,
de Palencin , de Ségovie «Se de Cnença.
OSNABRUG,ou Osnabruck , ou Osenbrucke ,
ville d'Allemagne , au cercle de Weftphalie , dans un
évêché auquel elle donne fon nom , & dont l'évêque
tient un rang confidérable entre les évêques 8c états de
FEmpite. Elle eit fituée fur la rivière de Haze , à huit
milles de Munfter ,8c à cinq d'Hcrvordcn , au y 2 dcg.
30 min. de latitude. On croit que la dernière partie
de fon nom vient de celui des Bructcres , 8c que la
première vient des érables à bœufs, Ochfen Haufen ,
dont ce lieu étoit anciennement environné. D'autres
prétendent , avec plus de fondement, que fon nom vienc
de fa fituation , & que la rivière de Hafa s'appelloit
anciennement Osen , ce qui joint au mot Bruck , qui
fignifie un pont , marque un pont fur l'Ofen. Il ne fuit
pas davantage qu'un pont pour donner l'origine à une
ville, comme Sxmaroùriva , Inspruck, & rant d'autres
places en font des preuves. Charlemagne y établit un
ëvêché 8c une école pour y enfeigner la langue grec-
que & la latine. Crantzius , Metropol. I. 1. c. 2. nous
en a confervé l'acte : on peut l'y voir.
Il raconte ainii cette fondation: L'an 780 , Charles
ayant fait une grande irruption dans la Saxe , livra
bataille à Witikind, qui avoit raffemblé contre lui tou-
tes les forces de fon royaume. Après un combat très-
opiniàtre, Witikind prit la fuite. Charles donna la vie
aux Saxons , qui étoient rechapés du combat , à con-
dition qu'ils recevroient 8c embrafferoient la religion
Chrétienne. Witikind avoir auprès d'Osnabrug un châ-
teau , Charles y mit garnifon ; 8c comme Osnabrug étoit
fort peuplé , il y éleva une églife , qui fut le premier fié-
ge épiscopal de la province. 11 y établit , pour premier
évêque, un faint homme nommé Vihon , natif de Frife,
lui alligna fur les revenus de la province de quoi vivre
avec fon clergé, afin de fortifier ce peuple dans la foi
chrétienne. . . . Dans le tems qu'il étoit occupé de
cet établifièment , il le trouva dans le cas d'avoir be-
foin de gens habiles dans la langue grecque , à l'oc-
cafion des négociations qu'il y avoit alors fur le tapis
entre lui 8c l'impératrice Irène, qui regnoit à Con-
ftantinople , 8c qui, tant pour fe faire un appui , que
pour n'avoir rien à craindre d'un monarque fi puifiant ,
avoit fait fucceffivement diverfes propofitions ; d'abord
de marier Conltamin, fon fils, avec la princeffe Ro-
trude, fille de Charlemagne , & après la mort de Con-
fiant in, elle parla de fe marier elle-même avec Char-
les. C'eit ce befoin qu'eut Charlemagne de gens à qui.
la langue' grecque fût familière , 8c la peine qu'il eue
d'en trouver dans cette occurrence , qui lui mit dans
la penfée d'établir en cet endroit une école pour les
deux langues ; 8c pour intéreffer davantage l'évêque au
fuccès de cette étude, non-feulement il lui donna plu-
fieurs franchifes en faveur de cet établifièment , mais il
le défigna fon ambafiâdeur pour la cour de Conftanti-
nople ; afin qu'ayant lui même befoiu de gens qui fâ-
chent le grec pour bien remplir fon emploi , il ait plus
de foin qu'il s'en forme.
La ville d'Osnabrug clt plus longue que large ; fa
longueur fe prend depuis la rivière d'un côté , où com-
mence la grande rue qui paffe devant le cimetière de
la grande églife , jusqu'à la porte de faint Jean. Il y a
une autre rue qui aboutit d'un côté à l'églife de fainte
Marie ou de Notre-Dame , où elt une place médio-
cre 8c l'hôtel de ville qui eit petit, 8c encore une
rroifiéme qui commence à la porte des Dominicains,
8c qui aboutit à la grande rue. Dans ces trois rues
font les principaux marchands , 8c les meilleures mai-
fons de la ville. Les autres ne font remplies que de
pauvres gens 8c de méchans bâtimens , 8c même quel-
ques-unes de ces rues ne font point pavées. A l'extré-
mité de la ville elt une fortereflè -, c'elt un bâtiment
carré , au milieu duquel elt une cour , 8c à chaque
coin une tourelle. Cela eft entouré d'une fortification
exagone,c\: féparé de la ville par un pont, au milieu
duquel clt un ouvrage qui couvre la porte de la cita-
delle. C'eit la réfidence de l'évêque. Elle fe nomme
Peterbourg ou Petersbourg. * Corn. Dict. Jolli,
Vovage d'Osnabrug.
L'églife cathédrale , qui porte le nom de faint Pierre ,
efl: petite, d'une ftruéture affez commune , 8c la plus an-
cienne de toutes celles que Charlemagne a fait bâtir dans
la Saxe. On nommoit alors ainfi la Weilphalie. On voit
dans le tréfor de cette églife quelques ornemens , dont
Charlemagne lui fit préfeiit. Tels font 'une chafuble<S:
deux tuniques, dont celle de foudiacre elt femblable à la
chafuble, 8c celle de diacre un peu différente. L'étoffe
OSN
712,
eft comme d'un damas fort fin , entremêlé de filets d'or,
où il y a des fleurs -de-lis en plufieurs endroits. La cha-
fuble eft ouverte des deux côtés à la façon de celles
dont les prêtres fe fervent préfentement , mais elle étoit
fermée anciennement , à la manière des chafublcs de ce
tems , Se comme l'eft encore une autre fort ancienne ,
qui eft dans le même tréfor. On y fait voir auffi la
couronne de cet empereur , qui eft d'argent doré avec
cinq petites fleurs-de-lis Se trois un peu plus grandes,
avec quelques escarboucles qu'on ne croit pas fines. On
y garde auiîi fon peigne Se fon bâton , qui a fix pieds
de hauteur , l'un Se l'autre font faits d'yvoiie ; Se vingt-
cinq ou vingt-fix échecs que l'on dit être de lui : ils font
de cryflal, & ont diverfes figures; les uns font ronds,
les autres carrés Se d'autres pointus , Se ne rcfiemblcnt
point à nos échecs d'à préfenr. Je parte d'autres cu-
riofités que l'on y montre. Un grand cimetière eft au-
devanr de l'églife , Se à côté il y a une place encore
plus grande. Les Catholiques ont confervé la cathé-
drale. Le chapitre eft compofé de vingt-cinq chanoi-
nes, dont trois font de la confeifion d'Augibourg;
Se les jéfuites jouiflent du revenu de quatre canoni-
cats pour l'entretien de leur collège. Les dignités font
celles du prévôt qui porte un bonnet carré de velours
rouge , d'un doyen , d'un ancien , qui eft auiTi archidia-
cre Se facriftain de Diefen , d'un facriftain de Schleden-
haufen , d'un facriftain de Mclle , qui elt auiîi prévôt
de Saint Jean & archidiacre ; d'un prévôt de Quacken-
brugge , qui eft archidiacre , d'un euftode , qui eft auffi
prévôt de Widcnbruch Se archidiacre ; & de i'écolâtre
qui eft de même archidiacre.
L'églife de Notre-Dame, qui étoit uneparoifle , eft
aujourd'hui pofledée par les Protcftans ,quiy ont laine
les images de l'autel fur lequel ils célèbrent leur litur-
gie. Plus loin font les Dominicains , dont l'églife eft
médiocre. Tous les faims de leur ordre font peints au-
defllis des fiéges du chœur. Au bout de l'ancienne ville
où font toutes ces églifes , eft une porte où commence
une nouvelle ville ; c'eft-là que l'on voit l'églife des
Jéfuites. Ils en furent chattes en 1630 par les Sué-
dois, qui prirent la ville; & leur éghfe fut laifl'ée aux
Proteftans qui s'en fervirent fans y rien détruire , pas
même un tableau qui eft fur le grand autel, Se qui re-
préfente faint' Ignace célébrant la meffe. Cette églife
eft belle Se fort bien entretenue. Celle de faim Jean
eft un peu plus loin ; c'eft une ancienne collégiale Se
une paroifle tout enfemble. Outre cela il y a une pa-
roiffe du titre de fainte Catherine, les couvens de faint
François, de fainte Claire, un hôpital Se quelques
moindres églifes , comme faint Paul , faint Jacques ,
faint Veit , Sec.
Hors de la ville, fur une petite montagne au-delà
de la rivière , eft une belle abbaye de Religieufes de
faint Benoît , appellée fainte Gerude dans Zeyler, &
fainte Gertrude dans Corneille. Elle fur entièrement
brûlée Se ruinée en 1636 par les Suédois, qui crai-
gnoient que les impériaux ne s'en ferviflent pour re-
prendre Osnabrug. On l'a rebâtie depuis. Peu loin d'Os-
nabrug eft le monaflere de Rulle , fur une montagne où
l'on voit encore les ruines dç-Witil^ndibourg ,- ce château
appartenoit à Witikind , Se Charlemagne le fit fortifier,
lorsqu'il établit l'évèché. Osnabrug eft remarquable auffi
par le traité qui y fut conclu en 1648 entre l'empe-
reur Se les Suédois. La bierre d'Osnabrug appellée Bufe,
eft fort vantée ; Se quoiqu'en presque toute la Weft-
phalie on faffe du pain noir , on en fait de blanc «Se
de fort bon en cette ville.
OSNABRUG ( L'évèché d' ) , fiége épiscopal &
principauté de l'empire d'Allemagne , dans le cercle de
Weftphalie , cet état eft borné au nord par le Bas-
Munfter , au levant par la principauté de Minden, au
fud-eft par le comté de Raveniberg , au midi par le
Haut-Munfter, Se au couchant, partie par le même&
partie par le comté de Lingen. Ce pays peut avoir qua-
rante milles d'Allemagne de longueur , fur environ la
moitié de large. Durant les longues guerres civiles d'Al-
lemagne, les ducs de Brunswick s'emparèrent de cet
évêché. D'un autre côté les Suédois en gratifièrent en
i634Guftave, comte de ValTcbourg , fils naturel dz
Guftave Adolphe. Quand U fut queftion de îettituer
OSN
cet évêché à l'évêque François Guillaume de Warten-i
berg , ce comté ne céda fes prétentions que moyennant
quatre -vingt mille rischdals, que l'évêque, le chapitre
Se les fujets de l'état d'Osnabrug lui payèrent en qua-
tre ans ; Se comme la maiibn de Brunswick y avok
auffi fes prétentions , Se qu'elle facrifioit au bien de la
paix les coadjutoreries de Magdebourg Se d'Halber-
ftadt , en faveur du Biandebourg ; celle de Brème en fa-,
veur du roi de Suéde , Se l'évèché de Ratzbourg en fa-
veur des ducs de Meckelbourg: elle exigea pour dé-
dommagement la jouifl'ance alternative de l'évèché d'Os-
nabrug ; c'eft-à-dire , qu'après la mort de l'évêque ré-
tabli , un prince de Brunswick jouiroit dudit évêché
durant fa vie, après quoi le chapitre éliroir un évêque
Catholique, Se ainfi alternativement; ce qui s <°ft tou-
jours pratiqué depuis. François-Guillaume de Warten-
berg mourut en 1662, Se eut pour fuccefieur Erneit-
Augufte de Bruns'wick , premier électeur de Brunswick
Se père de George I,roi d Angleterre, qui naquit Se
mourut à Osnabrug. Après fa mort , arrivée en 1698,
l'évèché eut pour évêque Catholique Charles- Jofeph
de Lorraine, qui fut auffi électeur de Trêves. Ce der-
nier mourut en 171 5, Se l'évèché paffa à Erneft-Au-r
gulle II , filsd'Emeit-Augufte I , & i'rere de George I,
roi d'Angleterre. Erneft-Augufte II mourut en 1728,
& fut remplacé par Clément- Augufte de Bavière, élec-
teur de Cologne , évêque de Munfter , d'Osnabrug Se
de Paderborn.
Comme l'exercice des deux religions eft également
libre dans le diocèle de Paderborn , lorsqu'il y a un
évêque Catholique , les Proteftans n'en font point in-
quiétés , Se il y a un confiftoire Luthérien auquel ils
s'adrefient pour les affaires de religion. De même , lors-
qu'il y a un prince de la maifon de Brunsvvkk , Se
par conféquent Proteftant , il y a des fupérieurs Ca-
tholiques pour avoir foin de ce qui regarde la religion ;
quelquefois même il y a un évêque avec titre de vicaire
apoftolique , qui fait les ordinations , les vifites Se au-
tres fonctions épiscopalcs ; c'eft quelquefois un chanoi-
ne même du chapitre. Alors il ne prend point le titre
d'étêque d'Osnabrug , mais de fuffragant. On entend
par-là un véritable coadjuteur , mais qui n'eft point fuc-
ceffeur néceilaire , comme les autres coadjuteurs. Le pays
autour d'Osnabrug eft une vallée remplie de jardins Se
de prairies, au milieu desquelles ferpente la rivière de
Haia. Ailleurs il y a des terres labourables bien culti-
vées, Se plus loin , presque rout à l'entour , font de pe-
tites montagnes, dont il y en a quelques unes couvertes
de bois. La principale richerte du pays eonfifte dans
fes pâturages Se dans la nourriture des porcs Se autres
beftiaux. La partie feptenuionale du pays eft rnaréca-
geufe, Se aux extrémités de la partie méridionale s'élè-
vent de hautes montagnes, qui s'étendent vers l'occident
jusqu'au comté de Lingen.
11 n'y a proprement que deux villes ,
Osnabrug, & Iburg.
Les autres lieux , comme Forfienove , Quackenhrugge ,
Worde Se Hitmebourg , ne font que de (impies bour-
gades. Iburg même n'en eft diftingué , que parce qu'il
été la réfidence de quelques évêques. * Divers Mé~
moires.
OSNEGGE , montagne de la Weftphalie. Eghinard,
in vit a Caroli Magni. Voyez Monum. Padirbornenf.
pag. 42 , 43 , 44 cr 48. parlant des victoires de Char-
lemagne fur les Saxons , dit : Quoique cette guerre ait
long tems duré , il ne livra néanmoins que deux batail-
les ; l'une auprès de la montagne nommée Osnegge ,
au lieu appelle Thietmelle ; Se l'autre auprès de la ri-
vière d'Afa , Se cela en un même mois, Se à peu de
jours de diftance. La bataille de l'A fa ou de l'Hafa, eft
la même que celle d'Osnabrug. Le favant évêque de
Paderborn , Ferdinand de Furftenberg , a fait voir que
Thietmelle eft aujourd'ui Dethmold. Osnegçe doit donc
être la montagne voifine , le Teutoburgicus saltus
des anciens. Les annales Se les chroniques la nomment
ASNEGGI, OSNIG , OSNING , OsNINE Se OsiNG. Ce
docte prélat , trouvant des traces de cet ancien
nom jusqu'au voifinage d'Osnabrug , fonpçonne
qu'elle pouapir bien AYoir été anciennement appellée
Osnius
oso
oso
Osnine Bructeri^e. Sans mêler une étymologie in-
cercainc avec des vérités géographiques , on ne peuc pas
douter que la montagne d'Osnégge ne fût voifîne de
Dethmold ; puisqu'une chronique , extraite par l'évê-
que de Paderborn, porte : Cirolus rex in mmte ab
antimio Asneggi diilo t milliare à Lemgaw civitate di-
sante, Saxones itsquequé rebelles iteraio aggrejjus , Ôcc.
Cette diftance d'un mille tombe à Dethmold. * Chrome.
Trembn. apud Stangevol. 1. 2. Armai.
OSNIG ,
OSNING ,
\ Voyez, l'article précédent.
OSONES , lieu ancien de la Pannonie, fur la route
de Sabarie à Acincum , entre Cxjariana ôc Floriana,
à vingt-huit mille pas de la première , ôc à vingt-fix
de la féconde. On croit que c'eft aujourd'hui Zanto.
Voyez, ce mot.
OSOPIUM ou Osopum. Voyez, Osopo ôc Biliga.
OSOPO , forterefle dans l'état de Venife , au Frioul ,
fur la rive gauche du Taiamento , fur un roc escarpé
qui lui tient lieu ds courtine. On l'a rendue en quel-
que façon imprenable par les ouvrages qu'on y a ajou-
tés. Il y a une citerne qui contient trois mille ton-
neaux d'eau. Cette forterefle ôc le bourg qui l'accompa-
gne font entre Saint Daniel &Gimona, à quatorze milles
au nord-oueft d'Udine. * Corn. Diclion. Botero , Délia
Rcpub. Venet. 1. 1.
1. OSOR.NO, bourg & château d'Espagne, dans la
vieille Caltille , vers les montagnes, ôc aux frontières
de l'Afturie de Santilhne , à cinq lieues' de Villa-Die-
go , avec titre de comté. Quelques-uns y cherchent
Segifama Julia , ( Voyez, ces mots ) , que d'autres met-
tent à Bayçama dans la même contrée. * Bj.udra.nd ,
édit. 170J. |
Ce lieu ne fe trouve , ni fur la carte de de l'Ifle ,
ni dans la grande de Jaillot , ni dans la Poblacion gê-
nerai de Espagna , par Rodr. Mendez-Silva.
2. OSOR.NO , ville de l'Amérique méridionale , au
Chili , fur la rive feptentrionale de Rio Bueno , au midi
occidental , ôc à quinze lieues marines d'Espagne de
Baldivia , ôc à diflance à peu près pareille du bord de
la mer , en fuivant le Rio Bueno. Le pays où elle eft
fituée n eft pas fertile , ôc ne produit presque rien des
chofes néceflaires à la vie ; mais il cil fort riche en
mines d'or, & c'eft ce qui fait que cette ville eft bien
peuplée. Corneille nomme Chabrero , la rivière fur
laquelle cette ville eft fituée ; ôc quoiqu'une partie de
ce qu'il dit de cette ville foit pris de La'ec , qu'il ne cite
point , cela ne s'y trouve pas. Le voyage d'Olivier de
Noort , autour du monde , porte qu'Oforno eft une
ville allez avant dans les terres , par les 42 deg de lat.
méridionale ; qu'elle eft plus grande que Baldivia; que
les Espagnols y tiennent un gouverneur , & qu'on y
fabrique des étoffes de laine ôc des toiles. De Lae't .
Indes occid. l. 12. c. 12. p. 424, ajoute que dans le
territoire ôc entre les limites de cette ville habitent ,
comme on dit , plus de deux cens mille Sauvages qui
payent tribut aux Espagnols, ôc leur rendent fervice gra-
tuitement. Corneille nomme ces peuples les Chauraca-
bis , & dit que la ville fut bâtie en 1558 par D. Gar-
de Hurtado de Mendoça. * Voyages de la Compagnie
Hollandoife , tom. 2. pag. 49.
3. OSORNO .( Le détroit d' ). On nomme ainu le
détroit qui fépare la partie feptentrionale de l'ifle de
Chiloë d'avec la terre ferme du Chili , ôc par où l'on
pane de Carelmapo dans le lac d'Anaud , qui eft entre
cette ifle & le continent. * Rob. de Vaugondi , Atlas.
4. OSORNO ( Le Volcan d' ) , montagne de l'Amé-
rique méridionale , au Chili , à l'orient de la ville de
même nom dans les Andes , dont cette montagne fait
partie.
OSORO ou Osero, petite ifle du golfe de Venife,
dans le golfe de Quamero , au midi de la partie orien-
tale de l'ifle de Cherzo , dont elle eft préfentement
féparée par un petit détroit . nommé KiCavanella,
qui n'a guère que cinq pas de large -, de forte que les
deux ifles font jointes l'une à l'autre par un pont levis.
Ces deux ifles n'en faifoient autrefois qu'une , que les
anciens ont connue fous le nom d'Abfyttus j mais après
7M
qu on eut pratiqué entre deux un canal pour le paflage
d'une barque , on les nomma Abfyrtides au pluriel.
On les diftingua même chacune par un nom propre ,
ôc celle-ci fut nommée Abforus par Mêla , Apjorus
par Ptolomée , Auxerum par les Latins , Ojjor par les
Esclavons , OJ'ero ou Ofero par le vulgaire. Ceci , que
je ne garantis pas , eft ciré du père Coronelli. Il eft
certain que Ptolomée ne met qu'une ifle dans cet endroit.
Voyez. l'article Absyrtides. Le père Coronelli nous a
donné une carte des ifles de la Dalmatie , où l'on voit
l'ifle de Cherzo ôc celle d'Ofero féparées par la Cava-
nella , & au nord de ce canal une ville nommée Ofo-
10 ; de forte que cette ville eft dans l'ifle de Cherzo ;
non dans celle d'Ofero. Il met Amplement au midi de
ce canal ,dans l'ifle d'Ofero, le mont Ofero > mais point
de ville. Deux pages après dans une autre carte , on
voit une partie de l'ifle de Cherzo , bien expreflement
nommée , ôc dans la même ifle un deflein de la ville
d'Ofero , le canal ôc le pont , l'ifle d'Ofero & la mon-
tagne de même nom , fans aucune trace de ville.
Je trouve cependant dans plufieurs auteurs qu'Ofero
eft dans l'ifle de même nom. L'auteur des mémoires
hiftoriques de la Dalmatie , imprimés en Italie à Bo-
logne en 1687, dit (a) : Ojfero chiamata AbsoTvUS 0
Absyrtus da Latini , di circa 20 miglia dilonghcz,za,
ma in larghez.z,a affip'm riftretta , e tien un a citta dello
ftejfo nome ^'Ossero , detta ancora Auforenfis civitas ,
episcopale fotto l'arcivescovo di Zara , fotto pojlo alla
republica di VenezXa. Attiene con un Stretto anguflo à
l'ifola del Cherzo. C'eft-à-dire Ofero, appellée Abfo-
rus ou Abjyrtits par les Latins, d'environ vingt milleg
de longueur, mais plus refierréc dans fa largeur. Il v
a une ville de même nom appellée aulïi Auforenfis ci-
vitas , ville episcopale fous l'archevêque de Zara, ôc
foumife à la république de Venife-, elle eft jointe par
un canal étroit à 1 ifle de Cherzo. L'abbé de Comm.in-
ville , dans la table des archevêchés ôc évêchés , félon
l'ordre des noms latins , dit au mot Aufara ou Abfo-
rus : Ofero , ville peu confidérable , dans une petite
ifle de même nom , fur la côte de Dalmatie , ôc de la
dépendance des Vénitiens. On trouve un Dominique
qui en étoit évêque vers l'an 880. Il eft fuftragant de
Zara. Sanfon , dans fa grande carte du golfe de Veni-
fe , dreflee , à ce que porte le titre , fur les plus nou-
veaux mémoires du père Coronelli & autres, met très-
bien Ofero au midi du canal dans l'ifle de même nom ,
ôc non pas au nord dans celle de Cherzo ; mais au-
deflbus même de la carte (b) où le père Coronelli range
la ville, le canal ôc la montagne, comme j'ai dit ; ce
même père , décrivant l'ifle d'Ofero , dit en termes ex-
près : Qu'elle a l'avantage de pofieder une ciré qui fut
honorée de la dignité episcopale par le pape Jean VIII ,
l'an 879 , quoique d'autres lui donnent pour premier
évêque faint Gaudence , qui vivoit l'an 1060. ( On a
vu ci-devant qu'elle avoit en 880 un évêque , nommé
Dominique ). La ville eft en forme triangulaire & dans
une plaine, fur le canal dont on vient de parler. Elle
a environ fepr cens cinquante pas de circuit , eft ceinte
d'une bonne muraille , & a un château médiocrement
grand du côté du canal. L'an 840 , les Sarrazins , ayant
défait près de Tarcnte une armée que le doge Pierre
Tradonico ( Gradenigo ) avoit envoyée eontr'eux , en-
trèrent dans la mer Adriatique ôc ravagèrent les plaines'
de Dalmatie. La féconde fête de Pâquc , ils brûlèrent
ôc faccagerent Ofero , ôc cette ville eut plufieurs fois
le même malheur. Cela joint au mauvais air qui y
règne , en fit une espèce de défert ; de forte que cette
vîllen'aguère au-delà d'une centaine dhabitans. La cathé-
drale , où l'on conferve le corps de faint Gaudence ,
fon évêque ôc fon patron , eft ornée d'un chapitre qui
a trois dignités, favoir, l'archidiacre , l'arehiprêtre ôc
le primicier. Le fécond fait les fonctions curiales : car
il n'y a point dans la ville d'autre paroifle que la ca-
thédrale. 11 y a bien une autre églife fous l'invocation
de faint Pierre , apôtre. Elle étoit anciennement unie à
un monaftere de Bénédictins : c'eft à préfent une ab-
baye en commende. (a) Memorie biflor. geograpb. delta
DalmazÀe , p. $47. (b) Ifolario , part. I. p. 142,
L'évêché d'Ofero comprend les deux ifles, dans les-
quelles conjointement on compte fix mille âmes, qui
Tom. IV. X x x x
714 O SR
toutes font profeffion de la religion Catholique , ôc
pour en régler le fpirituel , il y a cinq autres paroifTes
coniidérables ; favoir , celles de
Lubaniz^ze , Lofino grand , 6c Cherz.o.
CaifoU , Lofino picciolo ,
Cette dernière eft la plus confidérable de toutes. Il
y a enfuire les cures deffervies par des chapelains ; 6c
répandues çà & là dans les vihages j favoir, celles
De faint Jacques de Néréfine ,
De fainte Marie Magdeléne de Néréfine, où eft
auffi un couvent de Frères Mineurs de l'étroite
Obfervance
OSR
De Chiunski ,
lYU/itine ,
De Saint Jean ,
Belley
Ponte di croce ,
Saint Martin en vallée ,
Varana ,
Orlcz. ,
Buebieva ,
Dragoz.etichi ,
De Vier , où eft un couvent du tiers ordre de faint
François.
Et enfin trois autres fur des écueils, S. Pier de
Nanbo , Sanfego 6c Orne.
Autant que la ville eft dépeuplée, autant les lieux
de Losino, tant le grand que le petit, font peuples.
Les anciens ne les nomment point ; mais les écrits du
moyen âge les appellent Lassinium ou Lassinum.
Les villages de faint Jacques de Néréfine & de Chiuns-
ki, éloignés d'environ deux milles de la cité, font peu-
plés médiocrement. Les trois écueils de S. Pier de
Ncmbo, S an [ego 6i ûw'efontfousla jurisdictiondelacité.
Le premier , fe divifant en deux iilots , forme un port
affez grand Se affez commode , fort fréquenté par toutes
fortes de navires. Outre le couvent des pères conven-
tuels établis dans le village, il y a une petite fortereiïe
pour la fureté du port. Sansego , quoique couvert de
fable, ne iaifle pas d'être fer:ile. Onie a un port qui
eft grand & sur. Cette ifle abonde en bois ; on en
tire beaucoup pour le chauffage, & on l'envoie à Ve-
nife où il s'en confume beaucoup. El'e produit quan-
tité de miel , a des beitiaux en abondance. On y pê-
che beaucoup de poiflbn , particulièrement la fardine
& le maquereau, qu'on y fale pour les envoyer ail-
leurs. 11 n'y a ni rivière, ni torrent, ni fontaine, ni
vallée confidérable. Le. deux vallées de Copfagna & de
Valdagorfta font enfemble au-deffus du petit Lofin, un
excellent port d'environ cinq milles de tour, où l'on
entre par deux paffes, & où l'on peut ranger toute une
flotte.
OSPH AGUS , petite rivière de la Macédoine : ellen'é-
toit pas fort éloignée de l'Erigon, autre rivière, vers
la fource de cette dernière , félon le récit de Tite Live ,
/. 51. c. 39.
OSPITENSIS ou Hospitensis , fiége épiscopal
d'Afrique, en Numidie. La notice d'Afrique met dans
cette province Gcdalius Ospitenfis ; 6c Benenatus ,
Episcopus plebis Hospitenfis , fe trouve dans la confé-
rence de Carthage, p. 770. éd'it. Dupin.
OSQU1DATES, ancien peuple de la Gaule, dans
l'Aquitaine .Quelques exemplaires de Pline , /. 4. c. 19.
portent Oscidates. Pline les diftingue en deux branches
par leur fituation -, Osquidates montant , dans les monta-
gnes, & Osqu'idates campeftres , dans la plaine. Peut-
être , dit le père Hanlouin , font-ce les àdrioi que Pro-
loméc , /. 2. c. 7. place entre les Auscitani 6c les Ga-
bali.
OSQUÏI. Voyez. VosuQur.
OSRHOENE, félon les Grecs, Osdroene, félon
les Latins, contrée de la Méfopotamie , le longdcl'Eu-
phrate, depuis le mont Taurus au nord , jusqu'au Cha-
borras , au midi 6c à l'orient, félon Celia'ius, qui en
prend les bornes pour la partie feptcnrrionale de l'An-
themufia de Ptolônléë , qu'il croir érre la même que
l'Osihocne. II eft certain que ce dernier nom eft in-
connu à prolomée, <V à tous les géographes qui l'ont
précédé. On y trouve bien Anthemusia , contrée de
la Méfopotamie , & il la fait confiner avec l'Arménie.
D'un autre côté , Ammien Marceilin , /. 14. c. 3.
nomme Batbne , ville &c municipe de l'Anchcmufie ,
il dit qu'elle étoit à peu de diftancede l'Euphrate,&
qu'elle avoir été bâtie par les anciens Macédoniens ;
mais il dit ailleurs, /. 23. c. 2. Batbnx, municipe de
l'Osdroene. Il eft vrai qu'il y avoit deux Barhnas , dont
l'une étoit dans la Syrie, au couchant 6c en deçà de
1 Euphrate, 6c l'autre au-delà. Cène peut être que cette
dernière dont il eft queftion dans les deux paflages
cités d'Ammien Marceilin -, car l'Anthemufie dont il eft
parlé dans le premier, & l'Osdroene qui eft nommée
dans le fécond, étoient au-delà du fleuve.
L'Anthemufie tiroit fon nom d'Anthemufe , que Ta-
cite nomme Anathcmufiade , dont il parle au fixiéme
livre de fes annales , où il dit que Nicephorium 6c elle
avoient été bâties par les Macédoniens. Ai Tiridates
volentibits Partbis Nictpborium & Antbtmufiada , at-
terasque Urbes , qua Macedonibus fitx Gr&ca vocabula
ufurpant .... reetpit. Il eft probable qu'Antemufiade
tiroit fon nom d'Ambemus , Anthemonte , ville de Ma-
cédoine.
Quant à 1 Osrhoene dont il eft ici queftion , Pro-
cope nous apprend l'origine de ce nom. Voici fes pa-
roles traduites par Coufin , Hifloirc de la guerre con-
tre les Perjes , /. 1. c. 17. Edeflé 6c le pays d alen-
tour ont été nommes Osrhoene , du nom d'Ôsrhcès , qui
y commandoit au tems que cette ville étoit dans l'al-
liance des Perfes. Ce nom étant afpiré devient Chos-
roès. Dion Caiîins, /. 40. p. 129. racontant le mal-
heur de CiaUus , parle d'un certain Abgarus , Orrhoé-
nien,qui par fes conleils perfides, hâta la perte de ce
général. Il parle des Orrhôèïiiens dans la fuite de fon
récit ; mais quoique l'on convienne, qu'il s'agit en ces
deux .pallages de l'Osrhoene , 6c que les traducteurs la-
tins Mes rendent ainfi , on ne peut conclure que le
pays s'appellât ainfi du tems de Craffus. Si cela étoit ,
ce nom auroit-il pu être ignoré de Plutarque , qui a
écrit la vie de Craffus, 6c de tant de géographes,
comme Mêla , Pline , Prolomée , 6c autres qui ont
vécu 6c écrit avant le règne des Antonins ? Dion Caffius
ne s'en eft fervi qu'après coup. Quanta la différence
d'Orrbueni pour Osrbueni , elle n'en point rare. Procope
qui dit Osrboeni , au premier livre de la guerre contre
les Perfes , dit Orrboeni , 'Oppom-oi au troifiéme l.vte des
édifices. Etienne le géographe , au mot BxTvttt dit 'Opfown
Orrboéné. Le nom d'Abgare que Dion Caffius donne
à l'Osrhoenien , qui trahit Craffus , étoit celui d'une
famille confidérable dans cet état. L'Osrhoene 6c l'Adia-
bene avoient été foumifes à l'Empire , par Lncius Ve-
rus. Elles fe révoltèrent fous l'empire de Sévère. Vo-
logele , roi des Parthcs, s'empara de la Méfopotamie ,
6c par conféquent de l'Osrhoene , 6c pouffa Ces con-
quêtes jusqu'à Nifibe. Sévère marcha en perfonne con-
tre lui 5 à fon anivée, Abgare, roi de l'Osrhoene, le
reconnut pour fon prince & fon protecteur , lui donna
fes enfans pour otages , 6c lui amena un grand nom-
bre d'archers pour le fervir dans fes guerres. Spartien ,
pour qui le nom d'Osrhocne étoit nouveau , dit que
Sévère fubjugua Abgare , roi de Perfe. C'étoit appa-
remment le même Abgare, qui, dix ans après, fous
le même Sévère , vint à Rome avec une fuite fi ma-
gnifique , qu'on la compare à celle de Tii idate , fous
Néron. Dion le qualifie roi d'Edeffe, qui étoit capitale
de l'Osrhoene. On peut voir aux mots Edesse 6c Or-
pha , que durant les dernières années de Jefns Chrift ,
il y avoit à Edeffe un roi , nommé Abgare , 6c il y a
apparence que cette famille royale fubfifia long-rems
fur le trône, 6v que le Chosroès ou Osrhoès, qui
donna le nom à ce pays , fut un conquérant dont le
règne ne fut qu'une interruption de cette fuite d'Abga-
re. * Voyez Tillemont , Hift. des empereurs, t. 3. Sévè-
re , art. 23.
Quoi qu'il en foit , Sévère fe trouva fi bien des ar-
chers , qu' Abgare lui avoit donnés , qu'il voulut en
avoir toujours dans fon armée ; auffi voit-on ( a ) que
Caracalla , fon fucceffeur , avoit des archers Osihoé-
niens , dans l'armée qu'il oppofa aux Allemands ; mais
ayant Tourné fes armes vers l'Orient, il ufa d'une ex-
trême perfidie envers Abgue , roi d'Osrhoene. Il lui
OSR
perfuada, fous prétexte d'amitié, de fe rendre auprès de
lui. Ce prince s'y étant rendu , fut arrêté Se chargé de
fers, Se fon état fut envahi fans beaucoup de peine (b).
On le mena apparemment à Rome avec deux enfans
qu il avo.it , Abgare Se Antonin , & tout le relie de fa
famille ; car on a à Rome l'épitaphe d'un Abgare ,
mort à vingt-fix ans , au grand regret de fes partns Se
de fes amis. L'épitaphe eft faite par Antonin , fon frère ,
ôe elle porte qu'ils étoient tous deux fils d'Abgare ,
autrefois roi de l'Osrhoene. Caracalla mit une colonie
à Edeffe , capitale du pays, (a) Dion. I. 77. p. 876.
(£) ïillemont , Caracalla , art. n.
11 femble donc, remarque le favant Tillemonc , que
ce royaume ait été entièrement éteint , l'an de l'ère
Chrétienne 216 , le fixiémede Caracalla ; Se cependant
on trouve encore un roi Abgare, dans les médailles
de Gordien. Occo le prend pour un roi des Parthes,
ce qui ne fe peut foutenir ; Se Spanhcim ne trouve
point de difficulté à croire que c'eft encore un roi
d'Edefle. En effet , George le Syncelle cite , de Jule
Africain : Que du rems de l'empereur Alexandre ,
( ou plutôt d'Heliogabale , ) Abgare , homme facré ,
regnoit à Edefie. Selon que Scaliger rapporte cet en-
droit, on ne voit pas fi cet Abgare étoit roi d'Edefle,
ou plutôt on n'y voit aucun fens. Bede l'a lu comme le
Syncelle. Sans ce paffage , on pourroit croire que l'Ab-
gaie , marqué fur les médailles de Gordien , étoit roi ,
non d'Edefle Se de l'Osrhoene , mais de quelque pays
voifin \ le mot d'Abgare , étant aufli bien un nom de
dignité qu'un nom propre. Le père Noris croir qu' Ab-
gare même , dépouillé par Caracalla , ou (es enfans ,
furent rétablis dans leur royaume , mais non dans la
pofieflion de la ville d'Edefle , parce qu'on en avoit
fait une colonie -y il n'a pas fait attention au paffage
d'Africain. Quoi qu'il en foit , il eft certain que dans
le quatrième fiécle , l'Osrhoene étoit une province fou-
mife abfolument aux Romains.
Comme l'Osrhoene a été une grande province Ec-
cléfiaftique , les notices nous ont confervé en détail
le nom des lieux qui reconnoiffoient Edeffe pour mé-
tropole ; mais elles ne s'accordent , ni fur le nombre ,
ni fur le rang des fiéges qu'elles y mettent ; c'elt ce
qui m'oblige à donner ici trois Osrhoenes diffé-
rentes.
E d e s s a , Metropolis.
Carra , Nov.i Valentina , Macarta ,
Conflantia , Birborum , Marcopolis ,
Tkeodo/iopolis , Monithilla , Anaflafta ,
Baihna , Therimachon , ïhmerius ,
Callinicus five Moniauga , Circifa.
Leontopolis ,
Telle étoit l'Osrhoene , fous Léon le Sage , vers la
fin du neuvième fiécle. Voici celle qu'Hiéroclès nous
repréfente -, le titre même de la province eft corrompu
dans le manuferit du Vatican. On y lit Provincia Ros-
roicen , Vo<riû>uw pour Osrhoenes , 'OtrpawK. Il n'y com-
pte que neuf villes, en y comprenant la métropole,
encore n'en nomme-t-il que huit.
Edejfa ,
Conflantia ,
Theodojîopolis,
Carrha ,
Bathna ,
Nova Vakniia ,
Leontopolis qua
& Calhnica ,
& Birthra ou
Birtha.
Cette dernière eft la même que Birborum, on plu-
tôt Birthorum de la notice précédente ; mais en voilà
déjà fept de retranchées. Le dérangement eft encore
plus grand dans la notice du parriarchat d'Antioche.
Des fiéges de la première notice , on ne reconnoît dans
celle-ci , que fix noms ; encore ceux de Carrœ ou Car-
rha Se à' Hemerius y font-ils fi déguifés , qu'il faut de-
viner pour les reconnoître fous ceux de Garron Se Yme-
ria. Quoi qu'il en foit, voilà l'Osrhoene de cette troi-
fiéme notice.
ÔSS 71*
Edejfa , Marcopolis , Ymeria ,
Verchi , Varnon ou Vatnon , (Juerquenjia j
Conftantia , Gedaron ou Ged- Tapfaron ,
Garron oaCarron, maron, Callinycos.
Baudrand obferve que l'on y remarquoit la ville .de
Nicephorium. C'éroit la même que Conftamine. Voyez.
Constantine 3. Conflantia , nommée ici dans la
notice, eft la même qu'AMED , Se Diarbeck. Voyez.
ces deux articles, ôc Constantia 3.
OSRUSHNAH, ville d'Afie , dans la Tartane, au
Maouarennahar, au-delà de Samarcande, & l'une des
métropoles de cette province. Abulfeda , dans fa de-
feription de la Chorasmie Se du Maouarennahar, en
met ainfi la pofition , félon trois auteurs différens.
Longit.
Latir.
Alfa
Selon
ras
Ptolomée ,
L Albiruni ,
90 d.
0
m.
40 d
■ 0
mir>
9»
10
36
40
h
30
39
30
Abulfeda met enfuite dans le département d'Osrush-
nahSABAT, autre ville. Dans le même ouvrage il dit
qu'Osrushnah eft auili un nom de pays de mê-
me qu'Ai Sogd ; il ajoute : La plus grande partie eft de
montagnes. L'Osrushnah eft terminée à l'orient par une
partie du Fergan , au couchant par les limites de Sa-
marcande, au nord par les terres d'Alshash , Se par une
autre partie du Fergan , au midi par les confins de Cash
& d'Alfaganiyan. On nomme beaucoup de villes dans
l'Osrushnah , dont nous ne mettons point, dit-il , les
noms , parce qu'ils font Barbares , Se que nous ne les
favons pas exactement. Quant à la ville de ce nom , elle
eft grande Se magnifique , à cinq journées de chemin de
Samarcande. On dit qu'il y a quatre cens châteaux ou
fortereffes. La ville d"Ai.sHABiLA en eft aufli. NaifirEd-
din Se Ulug Beig marquent aufli la longitude Se la la-
titude de cette ville. Ils s'accordent à lui donner 100
deg. o min. de longitude Se 40 deg. o min. de latitude.
Ces cent degrés s'accordent avec Alfaras par la dédu-
ction dont nous avons déjà plus d'une fois averti ; mais
je ne fais fous quel climat , Abulfeda fuppofe que Pto-
lomée a défigné cette ville ; du moins la pofition qu'A-
bulfeda met fur le compte de ce géographe, ne con-
vient aucunement à un lieu fitué au-delà de l'Oxus
dans le calcul de ce géographe , Se tombe dans la Mé-
die. Colle tl. Oxon. t. 3.
OSS ou Os , bourg du Brabant Hollandois , dans la
Mairie de Bois-le-Duc , au quartier de Maefland -, il
en eft le chef-lieu , Se c'eft où fe tiennent les affemblées
du quartier. Jeanne, ducheffe de Brabant, donna en
1 399 , aux habitans de ce lieu, la permiflion de l'entou-
rer de murailles & de foffés , pour les garantir des
courfes des Gueldrois, qui peu de teins après renver-
ferent ces murailles ; cependant il en refte encore quel-
ques monumens, entre autres les tours des deux portes ,
l'une fur le chemin de Bois le-Duc , Se l'autre fur ce-
lui de Grave. La même princeffe lui accorda aufli le
privilège d'avoir un marché toutes les femaines Se deux
foires par an ; l'une la veille de la Fête-Dieu , Se l'au-
tre la veille de la faint Michel ; ces deux foires font fa-
meufes par le grand nombre de chevaux qu'on y ame-
né. Elle y érigea en même-tems un tribunal de fept
échevins Se autant de jurés, avec le droit de fommation
dans tout le quartier de Maefland , Se autres privilèges
pour les habitans , parriculierement pour les manu-
facfturiers en laine. Il y a une allez belle églife occupée
par les Réformés , Se dont le miniflre fert aufli celle
de Heesch. Les bourgeois ou habitans d'Ofs forment
quatre confréries ou compagnies. * Janiçon , Etat pré°
fent des Provinces- Unies, t. 2. p. ijo.
1 . OSSA , montagne de Theffalie , dans la Magné-
fie , au midi oriental du Pénée , Se au fud-eft de la
vallée de Tempe. Pline , liv. 4. chap. 8. Se Ptolo-
mée , liv. 3. chap, 13. font mention de cette monta-
gne , qui eft fameufe dans les fables des poètes. Vir-
gile, Géorgie, lib. 1. verf. 281. dit des Titans :
Jom. IV, X x x x ij
7i6 OSS
OSS
Tcrfunt conati imponere Pelio Ojfam ,
Scilicet aique Ojj^ j'rondofum involvere Olympum.
i. OSSA , ville de Macédoine, à l'occident du Stry-
mon , dans la Bilàltie, félon Ptolomée , /. 3. c. 13.
3. OSSA. Strabon, /. S. p. $j6. trouve au Pélopon-
nèfe deux monragnes voifines , nommées Ojja 8c Olym-
pe, de même que deux autres , appellées de même dans
la ThelTalie. J'en ai parlé dans l'article d'Oi-YMPE en
Elide.
4. OSSA , rivière d'Italie , dans la Toscane. Orte-
lius, /. 3. c. 1. croit que c'eft la Maria, nommée
Lartes par Antonin ; mais il n'y a pas d'apparence.
Ptolomée met l'embouchure de lOifa entre Telamon
& Cofa: en ce cas c'eft la même que I'Albinia , au-
jourdhui I'Albenga
5 . OSSA , petite rivière de Pologne , dans le palati-
hat de Culm. Elle fe joint à la Wiftule à Graudentz.
* Arias, Robert deVaugondy. Le Chevalier deBeaujeut
p. 144.
6. OSSA , baronnie d'Irlande , dans la province de
Munfter. C'eft la plus méiidionale de celles qui compo-
fent le comté deTipperari. * Etat préfent de la Grande
"Bretûçne , r. 3.
OSSADIENS ( Les) , ancien peuple de l'Inde, lis
étoient libres, 8c Ortelius, Tbejjur. conjecture quils
habitoientau voifinage du fleuve Indus. * Aman. Ale-
xand. I. 6.
OSSARENA ou Tosarena , félon les divers exem-
plaires de Ptolomée, L f.c. 15. contrée de la Grande
Arménie , le long du fleuve Cyrrhus.
OSSEA , village d Espagne , au royaume de Grena-
de , fur les confins de celui de Mutcie. Il n'eft remar-
quable q te parce qu'on croit qu'il occupe la place d'As-
fo , ville que Ptolomée , /. 2. c. 6. donne aux Ba-
ftifains.
OSSEG, abbaye d'hommes , ordre de Cîteaux , dans
le royaume de Bohème , au cercle de Leutomaritz. Elle
eft riche, Bc on y voit une très belle églife
1. OïSERA ou Osera , bourg d'Espagne. fur l'Ebre ,
dans l'Arragon, à cinq lieues de Saragoce. Voye^Osi-
CERDA.
2. OSSERA, Vrfan'a, abbave d hommes , ordre de
Cîteaux, de la congrégation de Caftille , en Espagne,
dans l.i Galice , au d.ocèfe de Compofttile.
OSSERIATES , ancien peuple de la Haute Panno-
nie , félon Ptolomée, /. 2. c . ij. Ce font les OJeria-
tes de Pline.
OSSERY ou phrôt Ossoky , petite contrée d'Irlan-
de, dans h province de Leinutr , entre les villes de
Queenltown 8c Kilkenny. La rivière de Nure la divife
en haute & en balîe. l/pper Ojjwy eft unedesfept ba-
ronnies du corme de la Reine L'evêché qui eft a Kil
kenny , étoit auparavant a O.Tery , dr-la vient qu'il eft
encore appelle (jjfjrienfîs , quoique transféié , ce qui a
fait croire à quelques uns qu'Odery étoit une ville épis-
copalc.
OSSHT. Voyez. Julia Constantia 2. & Osen.
On dispute fi ce lieu , qui étoit dans la Bétiq ;e , eft pié-
fentement le bourg de Triana ou S. Juan d'Alfa-
RACHE.
OSSIACH , vilhge d'Allemagne, dans la Carinthie ,
au cercle d'Autriche , entre Velckirch & Villach , au
bord oriental d'un lac auquel il donne le nom d'Os-
siachersée. Il y a une belle & ancienne abbaye de Bé-
nédictins. * Zeyler , Carinth. Tabul.
OSSIGERDA pour Osicerda.
O.SIGI, ancienne ville d'Espagne , au département
de Coi doue , félon Pline , /. 3. c. r. Elle étoit épisco-
pnle-, & dans un des conciles d'Espagne, on trouve
Oémenrien d'Ofligi ; c'eft une remarque du père Har-
donin. Je ne trouve point dans les trois anciennes no-
tices d'Espagne, qu'il y ait eu un évêché de ce nom.
Cela me fair foup.çonner qu'au lieu à'ab Offlz't . il faut
lire .tb Aftiçj. Dans les trois notices , Aftigis 8c Cordoue
font nommées de fuire , comme fiéges fuffragans d'His-
pal qui eft Séville. Il n'eft pourtant pas impoflible qu'il
y air eu à 0!fi%i un évêché comme il eft arrivé à plu-
sieurs villes d'Espagne , qui ont eu un fiége épiscopal
pendant quelque tems , & en ont été ptivées par Les in*
valions 8c autres malheurs publics. Strabon , /. 3. p.
154. dit quelque part , que les mœurs & les coutu-
mes des Lacedémoniens étoient en ufage en Espagne.
C'eft peut être de la qu'eft venu le furnom de Laconum
ou Lacutiïcum , que Pline donne à OJfigi. On croit que
c'eft prefentement Megibar , au royaume de Jaen,
entre Anduxar 8c Lienares. * Cône. Illiber.
ObSIGITANlA , contrée d'Espagne, dans la Bétique.
Pline,/. 3. 1. 1. dit que c'eft par cette contrée que le
fleuve Bxusentroit dans la Bétique. Elle prenoit fon
nom d Ossigi.
OSSMIANA , ville de Pologne , en Lithuanie , au
palatmat de Vilna , fur un ruiiieau qui tombe dans la
Viha , rivière qui palle enfuite à Vilna. Elle eft au nord*
ouert de cette ville en tirant vers Minski.
ObSONA. yoyez.OsiVUA.
OSSONOBA , ancienne ville d'Espagne, dans la Lu-
fitanie , fclon lomponius Mêla , /. 3. c. 1. 8c Pline,/. 3.
c . 22. Rodericus Carus croit que c'eit prefentement Es-
tombar Ptolomée la nomme Ossonaba , & la met
dans la Lufitanie , au pays dts Turdetains. Ortelius ÔZ
les inteipré es de Ptolomée la confondent mal-à-propos
avec (jnubu Luflurïa i mais Ptolomée lesdiftingue très»
bien , fou parleur pofition différente que voici :
Longitude.
Latitude.
Onobalifturia, 4 d. 40 m.
Oiionaba , 3 d. o m.
37 d.
37 d.
20 m.
4; m.
foit en mettant la ptemiere dans la Bétique & l'autre
dans la Lufitanie. C< lmenar , dans les délices de l'Es-
pagne & du Portugal , p. 810. parlant de la ville de Faro ,
dans le Portugal , dit : Cette place s'eft accrue des ruines
d'une ville ancienne nommée OjJo»oba, qui étoit dans
fon voifinage , a l'orient 8c qui nVft plus aujourd'hui
qu'un petit vi'lage , nomme F stoi. On voit l'ancien nom
dans l'infeription d'une pierre amique qu'on a transpor-
tée à Faro :
Imp. C^s. P. Lucinio.
Valeffiano. P. F. Aug.
Pont. Max. P. P. Tr. Pot.
m. Cos. Resp. Osson.
Ex Decreto. Ord Dévot.
Numini Majestat.
... 15. Ejus D. D.
Cette ville d'Ofionoba étoit auftl honorée d'un évê-
ché , qui fut d'aûord transféré à Silves, 8c en IJ90 à
Faro.
OSSOTOUÉ , peuple de rAmérique feptentrionale.
C'eft un des quarte qui forment la nation des Akan-
fas.
OSSUNA ou Ossona , ville d'Espagne , dans P An-
dalousie , à fix ou lept lieues au nord de Hardales , de
à cinq ou fix au midi d Excija ; elle eft allez grande 8c
paliabiemenr peuplée. Elle eft ancienne 8c coi' autrefois
connue fous le nom dlJRSAO , Urson 8c Orsona,
fuivant l'aureur des délices de l'Espagne , & elle pas-
foit pour une v, lie foi te par l'a Situation , y ayant feu-
lement une fontaine qui fournifloit d'eau tous les ha-
bi;ans , tandis que toute la campagne d alentour étoit
fans eau à huit milles a la ronde : lorsque Jules Ce far
l'afticgea , il fallut faire tout venir au camp de fort loin.
La même chofe fe veut encore aujourd'hui. OlTuneap-
partient à des feigneurs de la maifon des Girons, qui
n'ont pris que le titre de comtes d'U renia jusqu'à l'an
1562, que Philippe II leur permit de prendre celui
de ducs d Ofiune. Un feigneur de cette maifon, nom-
mé Pierre Giron, grand maître de l'ordre de faint Jac-
ques, conquit Archidona fur les Maures l'an 1472,
8c obtint el'Henri IV , roi de Caftille , la permiflïon de
l'unir à fon domaine avec diverfes autres petites pla-
ces. Après lui , Jean Tellez de Giron , le fécond du
nom 8c de la famille, bâtit à Oflune l'an IJH» u,ie
églife magnifique à l'honneur de la fainte Vierge , eon-
OST
OST
/truite de beau marbre blanc , ôc l'enrichit d'une grande
quantité de vaiffelle d'or , & d'ornemenstrès-fomprueux
de foie en broderie d'or. Il y fonda auiîi divers mona-
ftercs aux religieux de faim Dominique , à ceux de
faint François, à ceux de faint Auguftin ôc aux Mini-
mes. 11 fonda aufli hors de la ville deux autres cou-
vens , l'un pour les Récollets , au mont Calvaire , ôc
l'autre aux Obfervantins. La cormefle Marie , fa femme,
fonda le couvent des religieufes de fainte Claire. Ils
bâtirent encore d'autres couvens en divers endroits de
leurs terres. Ils établirent à Oflline un hôpital pour les
pauvres & pour les enfans trouvés , ôc l'an i J45>, une
univerfité affez bien rentée. Un duc d'Offune , vice-
roi de Naplcs , eft fameux par fes bons mots , ôc par
ceux que lui a prêté Léti , qui a écrit fa vie. Entre
Qffune ôc Excija font les Lagunas ; ce font des marais
ôc des creux fort profonds en terre.
OSTA , ville de l'Inde , en-deçà du Gange. Elle ap-
partenoit au peuple l'rabiou , félon Ptolomée , /. 7.
c. 1.
OSTABARES ou Ostabaretz , contrée de Fran-
ce , dans la Baffe-Navarre , pays dont elle fait un des
quatre quartiers ; il n'y a aucune ville. Elle eit bornée au
nord par le pays de Mixe, où eft Saint Palais, à l'o-
rient par le pays de Soûle , au midi par celui de Ci-
fe, qui la borne auiTi au couchant, en partie avec le
pays d'Iriffari. Elle eft arrofée par le Bidoufe , ruiffeau
qui y a fa fource. Ce n'eft presque qu'une vallée au
midi du bourg d'OsTABAT , qui lui donne le nom, ôc
eft fur la route de Saint Palais à Saint Jean-Pied-de-
Port,à deux lieues de la première. * Atlas, Rob. de
Vaugondy.
OSTALRIC , petite ville d'Espagne , dans la Cata-
logne , fur la rivière de Tordera , à cinq lieues de Gi-
ronne , à huit de Barcelone ôc à quatre de la mer. El-
le éroit défendue par un château escarpé qui n 'étoit
accefîible que du côté de la ville , où il y avoit huit
reiranchemens l'un fur l'autre ; mais le châieau fut pris
d'affaut le 2.0 de Juillet 1694 , par le maréchal de
Noailles, qui en fit depuis ruiner les fortifications.
* Baudrand , édit. 1705.
OSTAMA , ville de l'Arabie Heureufe, félon Ptolo-
mée , /. 6. c. 7. Elle étoit dans les terres.
OSTAPHOS , ville de Thrace , félon Ptolomée ,
/. 3. c. 13. Elle étoit dans les terres, aux confins de
la Baffe-Mcefie , au couchant fcptentrional de Nicopo-
lis.
OSTENDE ou Oostende , ville maritime des Pays-
Bas , dans la Flandre Autrichienne , à quatre lieues de
Bruges , à trois de Nicwport , à deux d'Oudenbourg
Se à fix de Dunkerque. Elle a l'Océan au nord-ouelt ,
fon port au nord & au nord-eft , des inondations à
l'eft ôc au midi. Elle eft entourée des forts d'Albert ,
d'Ifabelle, de Sainte Claire, de Saint Michel, dcBre-
dené, de Sainte Marguerite, d'Oudenbourg & de Blanc-
kenberg. Il y a quatre portes ; favoir , celles de Nieuw-
port , de la Mer , du Nord & des Ravelins. Marchant ,
Flandr. defeript. I. 1. p. 79. parle d'un village nommé
Weftende , fitué au couchant du côté de Nieuwport,
ôc dit que ce fut par rapport à ce lieu qu'Oftende fut
nommée Oltende , comme étant plus 01 ienrale. De Lon-
guerue met Weftende à une lieue d'Oftende. Ce n'é-
toit encore qu'un village en 814, lorsque Gobert de
Steenlande , prenant l'habit de religieux , dans l'abbaye
de Saint Bertin , à Saint Orner , porta en^ot à ce
monaftere trente-huit ou trente-neuf villages , dont les
principaux étoient Kroonenberg , Steenland , Lemper-
nefs, Squerde & Sempie. Oftende comprife alors dans
cette donation , n'étoit qu'un petit village. Elle devint
bourg en 1072, lorsque Robert de Frife y fit bâtir
une églife fous l'invocation de faint Pierre; en 1372 ,
les habirans l'entourèrent d'une fimple paliffade;en
1445 , Philippe le Bon la fit environner de murailles ,
y fit conftruire les portes ôc embellir le port. Elle ne
fut régulièrement fortifiée qu'en 1583 , par le prince
d'Orange , lorsqu'il étoit maître de Gand ôc de Bruges.
Le duc de Parme , général du roi d'Espagne , l'attaqua
la même année, ôc leva le fiége. Les Espagnols, in-
commodés par les ravages que faifoir la garni fon de
cette ville , l'afliégerent de nouveau eu 1601. Cette
7l7
année eft marquée par ce chronographe , ostenÔe
nobIs paCeM. Ambroife Spinola la prit en 1604, le
20 Septembre, après trois ans ôc foixante dix-huit jours
de fiége. Cette année eft aufli exprimée par cet autre
chronographe , ostenDaM InItJa paCIs. Tour le
monde fait les beaux vers que Hugue Grori.iscom-
pofa fur Oftende peu de tems avant la capitulation.
yfrea parva Ducum , totus quam rcfpcit Orbis
Celfîor una malts , & quam damnzre ruina
Nurtc quoqne fat a iiment ; alieno in littore reflo.
Tertius annus abit : loties mutavimus bofhm
Savit hyems Pelago , mor bisque furentibus <n(l,is :
Et minimum eft quoi fecit Iher. Crudclior armis ,
/// nos or ta lues : mtllum eft fine funere funus :
Nccperimit mors unafemel. Fort una, quid hxres ?
Qua mercede tenes miftos inj'anguine maries ?
Çhiis iitmulos moriens bof occupet , hofte peremto
Qii&ritur , C* Jierili tantum de puivere pugna eft.
Ces vers furent traduits en françois par du Vair
par Nicolas Rapui , ôc par Malherbe La traduction de
ce dernier eft au quatrième livre de fes poè'iies. Quant
au fiége, la garnifen fut renouvellee plufieurs t'ois,
ôc on compte que les afliégés perdirent au-delà délin-
quance mille hommes , ôc les a/fiégeans plus de qua-
tre-vingt mille. En i6;8 , le cardinal Mazarin crut le
rendre maître d'Oftende par ftraïa^ême. Le maréchal
d'Aumont, qui devoir exécuter ce projet avec quelques
vaifleaux de guerre, fut pris lui même. En 174J, les
François la prirent après dix jours de tranchées ouver-
te. Sous les Espagnols cette ville s'étoit affez bien ré-
tablie. La maifon de ville étoit aflez belle , mais elle fut
ruinée en 1706, lorsqu'Oftcnde fut afliegée par les al-
liés, qui disputoient la fucceflion d'Espagne a Philip-
pe V. Cette maifon de ville fut rebâtie plus magni-
fique qu'auparavant en 171 1. Les états généraux des
Provinces-Unies, après la prife de la ville en 1706,
y mirent garnifon ôc la gardèrent jusqu'à la conciufion
du traité de Barrière , conclu entre eux ôc l'empereur
vers la fin de 17 1 j , en vertu duquel ils la lui rendi-
rent. L'empereur ne tarda guère ( a ) à faiie drefferun
plan de commerce, pour lequel fe forma la fameufe
compagnie d'Oftende. Le but étoit d'acquérir aux Iavs-
Bas Impériaux le commerce des Indes orientales. De»
Anglois ôc quelques Hollandois , mauvais citoyens,
favorifoienr fous main ce projet aux dépens de leur pa-
trie. Cette affaire révolta les provinces maritimes, qui,
après bien des négociations, vinrent à bout de parer le
coup , que la compagnie d'Oftende vouloir porter à
leur négoce. Le magjftrat d'Oftende fe renouvelle or-
dinairement vers le mois de Septembre (b ). lleftcom-
pofé d'un bailli , d'un bourguemeftre , de fept échevins
ôc d'un tréfurier. La première charge eft à vie. Il y a
des pères de l'Oratoire qui deffervent la cure de la gran-
de églife de faint Pierre. Cette églife étoit très-belle
avant l'incendie, qui la confirma en 1712. Il y a aufli
à Oftende des Capucins , des fœurs Noires , des reli-
gieufes de la Conception , ôc un hôpital fondé par
les bourgeois en 1405. L'eau douce manque dans cette
ville , ôc on eft obligé d'y en faire venir de Bruges. Les
braffeurs l'y envoient chercher dans des barques, d'où on
la met en un réfervoir qui eft tout proche du port. Ce
défaut & les autres incommodités du lieu , font qu'O-
ftenden'a pas attiré chez c\lc(c) les négocians Vau-
tres membres de la compagnie , à laquelle cette ville
donnoit fon nom. Le principal fiége de la compagnie
étoit à Anvers ; ôc Oftende n'en avoit guère plus d'ha-
bitans, fi ce n'eft à l'arrivée des vaifleaux. ( a ) Mém.
du tems.(b) Délices des Pays-Bas , t. 2. p. 137. (c)
Mtm. du tems.
Un des principaux forts au voifinage d'Oftende , c'eft
Plascendal.
OSTEODES , ancien nom de l'une des fept ifles que
les Grecs ôc les Romains ont connues fous le nom
d'ifks d'Eo'.e. Pomponius Mêla le dit ôc la nomme la
première des fept. Pline , /. 2. c. 7. dit mieux les noms
de ces ifles, dont, félon lui, Lipara eft la première,
718 OST
tn effet , c'eft elle qui leur donne aujourd'hui le nom
d'ifles de Lipari, dans la mer Méditerranée, au nord
de la Sicile , donc elles font regardées comme des an-
nexes. Quant à FOfteodes de Pomponius Mêla , elle
n'elt point du nombre des fept , comme Diodore de Si-
cile & Pline l'en excluent fort fagemenr. C'eft une ifle
à part qui en eft éloignée à l'occident ; à dire vrai on
ne s'accorde pas fur la fituation. De l'Ifle croit que
c'eft la même qn'UsxiCA ; cependant Pline ôc Ptolo-
mée distinguent Ofteodes & Ûftica. Pline, /. 3. c. 8.
dit de la première , qu'elle étoit à quatre-vingt milles
de Sofonte , ville dont le fort de Solonte conferve en-
core le nom , auprès de Païenne -, mais il met Uftica
vis-à-vis du peuple Paropini , ou , ce qui revient au mê-
me, vis-à-vis de la ville de Paropiu ; or cette ville étoit
dans les terres, au midi & à peu près de Solonte. Il
n'eft pas aifé de concevoir comment Uftica étoit vis-
à-vis de Paropus , fans être vis-à-vis de Solonte. Pto-
loroée, /. 3. c. 4. diftingue ainfi les deux ifles :
Longitude. Latitude.
Uftica infula & civitas , 36 d. 30 m. 38 d. 4J m.
Ofteodes infula* 36 15 37 o
Il met dans la première , une ville de même nom ,
êz la* fituation qu'il lui donne 4 reliemble allez à celle
que de rifle donne à Fifle qu'il appelle Uftica ou O-
fteodes. Quant à 1 Olteodes de Ptoiomee , elle devoit
être allez voifine de Drepanum, ôc c'eltcequi adon-
né lieu à dire que c'eft préfentement Porcelli ,; ce
qui ne s'accorde point avec l'indication de Mme , que
nous avons rapportée ci-detïus.
OSTERBURG , petite ville d'Allemagne , dans
l'électorat de Brandebourg , dans la Vieille Marche. *
Hubner , Géograph. p. 629.
OSTERGOE ( L' ) , Ostrogouwe ou Oostergô.
Voyez. Oostergô.
OSTERLAND (L') , canton d'Allemagne , dans l'éle-
ctorat de Saxe ; fon nom veut dire le pays Oriental. Il
eft borné au nord par le duché de Naumbourg ôc par
la Misnie qui le termine auffi à l'orient; il a au midi
oriental le Voigtlang & la Franconie, au nord-oueft le du-
ché dcWeymar , coupé par le comte de Schwartzbourg.
L'Ofterland a appartenu en propre à une branche de
la mai fon de Saxe, dont la réfidence étoit à Alten-
bourg. Dc-Ia vient que ce pays a été quelquefois
nommé la principauté d'Altenbourg. Cette bran-
che finit en 1672 , (k la fucceffion tomba à celle de
Saxe Gotha, dont Erneft , qui en étoit alors le chef,
céda à la ligne de Weymar la quatrième partie de
cette fucceffion ; favoir , Dornbourg , Roslau , Bur-
gel & Heusdorff. La capitale de l'Ofterland qui a
demeure a la mai fon de Gothaj eft Altenbgurg. Les
autres lieux remarquables font Orlamunde , ville,
Eisenberg , château , & un aftez bon nombre de
petites villes ou bourgs. * Hubner, Géograph. pag.
y 80.
OSTERLINGS ( Les ). Voyez. Ostfales.
OSTERLOW , abbaye d'hommes , ordre de Prémon-
tré , en Allemagne , dans la Bavière.
1. OSTERODE, petite ville d'Allemagne , dans
l'électorat d'Hanover , dans la principauté de Gruben-
hagen.
2. OSTERODE , ville & château du royaume de
Prufie, dans le Hockerland.
OSTERVAND. Voyez. Ostrevant.
OSTERW1CK , village d'Allemagne , dans la Baffe-
Saxe , dans la principauté d'Halberftadt , fur le ruis-
feau d'Olfe ou Ilfe. Ce n'eft plus qu'une bourgade , mais
c'étoit autrefois une ville confidérable , nommée Se-
lingftadt. Voyez. Halberstad.
OSTERWYK. Kcy^OosTERWYK.
OSTFALES ( Les ) , ou les Ostfaeiens , partie con-
fidéiable des anciens Saxons , établie entre l'Elbe & le
Wefer. Perfonne n'a mieux dû connoître cette nation
que Charlemagne. Dans Ces capitulaires de Fan 797 ,
à Aix-la-Chapelle , il dit qu'il s'y étoit rendu des Sa-
xons de divers cantons , tant des' Weftphales que des
Angariens & des Oftfalcs : Congregati Saxones ex di~
OST
vérfispagis, tam de JVeftfalahis & Angariis; quàm
de Oeftfalabis. Cela eft très-bien expliqué par le poëte
qui amis en vers les annales de Charlemagne , ad an*
num 772.
Se d gêner alis habet populos divifto ternos,
Inftgnita quibus Saxonia floruït olim ,
Nomina nunc rémanent , virtus antiqua receffiti
Denique Weftphalos vocitant in parte manentes
Occidua , quorum non longé terminus amne
A Rheno diftat . Regionem folis ad ortum
lnhabitant Osterlingi ; quos nomine quidam
Oftvalos alio vocitant > confinia quorum
Infeftaht Conjunttajuis gens perfida , Slavï.
Intcr pr&dillos média Regione morantur
Angarii populus Saxon um ter tins. Horum
Patria Irancorum terris fociatur ab Auftro ,
Oceano eadem conjungitur ex Aquilone.
On ne pouvoit mieux dillinguer ces peuples ; la mer
au nord, les Francs au midi ; les Outales nommés auffi
Ofteilmgs, confinoient aux slaves , peuple firué au-dè-
la de l'fc.lbe;lcs Weiifales s'etendoient presque jusqu'au
Rhin. Enrr'eux ôc les Oltiales étoient les Anganens,
dont Engern , qui fublilte encore, etoit la capuaic Se
nous marque la fituation. Voila qui elt clair. On voie
encore que la fituation des Weftfales ôc des Oitrales eft
exprimée par leurs noms , qui lignifient Falej ou Vales
occidentaux, Weftjah ôc t'aie* ou VaUs orientaux ,
Oftfali. 11 y a plus de difficultés au mot Fales ou Va-
les ; car les Allemands prononcent cet V confonne plus
durement que FF , & ils écrivent indifféremment l'une ou
l'autre de ces deux lettres dans les noms peu connus.
Quoi qu'il en foit, Tritheme , Defc. teelef. c. 3. & après
lui Herrius , notit. German. infer. ont cru que ce mot
Fàli ou Vali étoit pour Galli. Le premier dit que Char-
lemagne , à la place des Saxons qu'il avoit transportés au-
delà du Rhin , fit pafler en Saxe trente mille Gaulois ,
qui au lieu de Wejtgalli , furent appelles vulgairement
par corruption IVeftivallen y mais Charlemagne , qui
avoit transporté ces Gaulois, n'auroit-il pas fu leur vrai
nom en 797 2 D'ailleurs , cette transplantation étoif-el-
Ie déjà faite, quand il nommoitainfi ces peuples, qu'il
dit formellement être des Saxons ? Ces Oltfales font
nommés ailleurs Osterlings , Austrelings, Autre-
leudes & Austrasiens. Il y a bien plus d'apparence
de dériver le mot dOsTFALES d'OsTFELDERs du mot
Feld , campagne. Dans le fixiéme fiécle ces Oftfales
s'étendirent aux parties feptentrionales de la Thuringe ,
comme le remarque le docte Spener. Avec le tems ,
ils fe reculèrent , ôc ce qui avoit été la Saxe fut abandon-
né aux Fales occidentaux, qui donnèrent à ce pays le nom
de Weftphalie, qu'il porte encore. Le pays des Angariens
y eft aujourd'hui compris dans les deux cercles de Sa-
xe. * Notit. Germ. medii &vi , c. 4. p. 409.
OSTFRISE ou Oostfrise. Ce mot eft équivoque,
& a fignifié en divers tems des pays fort différens. Quel-
quefois il s'eft dit par oppofition au mot de West-
frise , & alors il ne fignifioit que le pays fituc entre
le Flevus ôc le Lauwers. C'eft de ce canton qu'étoit
fouverain Guillaume , comte d'Oftfrife , dont parle Be-
ka , hiftorien de l'églife d'Utrecht , in Balduino II. Dans
ce canton l'on compte aujourd'hui la Frife proprement
dite , qui eft une àes fept Provinces-Unies , ôc on ap-
pelle Oftfiife , un pays d'Allemagne , aux confins de
la république des Provinces-Unies. Il eft borné au nord
par la mer d'Allemagne , à l'orient par le comté d'Ol-
denbourg , au midi par l'évêché de Munfter , au cou-
chant par la province de Groningue, ôc par l'embou-
chure de l'Embs. On le nomme auffi quelquefois le
comté d'Embden , du nom de fa capitale. Ce pays a
fon fouvetain particulier , dont le titre étoit le comte
d'Oftfrife , ôc qui eft un des princes de l'Empire, depuis
l'an 1 <5y 4. Ce pays a beaucoup de marécages , & fe di-
vife en dix quartiers , dont voici les nomscV les prin-
cipaux endroits»
OST
OST
Sur la
côte
de la
mer.
Dans
les
terres.
r Embden , capitale du pays,
Emland , ) Greetzil,
\ Oidarfum.
Broeckmerland , | Mai.knhaven>
NoRDENLAND , | Nordeo<
Halingerland, £Wmmind<
Fredebourg, £ Frcdcbourg.
AuRICKERLANO, ^^^
LENGERLAND , S n ,
Moermerland, \ Leer.
AVERDINGERLAND,^ Weiîcr.
Sur le ç R
Dollaer.l
EIDERLA
nd , 4 Wener.
* Carte de l'Ofifrife.
La capitale du pays eft Embden. Les habitans , jaloux
de leurs privilèges , ont depuis long-tems donne lieu à
des troubles & des divifions qui caufent le malheur de
ce pays.
L'empereur Frédéric III ou IV férigea en comté, 8c
le donna en fief mouvant de l'Empire, à Uhic, qui
fut proclamé comte d'Embden dans cette ville même le
21 Décembre 1494. Les descendais de ce comre ont
fait ce qu'ils ont pu pour aflervir ce pays ; mais ils
n'ont jamais pu en venir à bout. Voyez, Embden.
Le roi de Prune elt en pofTelîion de cette principau-
té depuis Tan 1744. Voyez, les Mémoires du tems.
OSTHA, ville de l'Inde, en-deçà du Gange , félon
Ptolomée, /. 7. c. 1.
OSTH AM AR ou Ostammar , petite ville de Suéde ,
dans l'Uplande , fur le golfe de Bothnie , environ à deux
lieues fuédoifes d'Oregrund ,vers le couchant.
OSTIA. Ce mot dans les cartes géographiques dres-
fées en latin , eft le pluriel d'OJlium , qui veut dire
l'embouchure d'une rivière. Oftia veut dire les em-
bouchures d'un fleuve qui entre dans la mer par plu-
fieurs ouvertures.
OSTIANO ou Ustiano, petite place d'Italie , dans
le Mantouan , fur FOgLo , aux confins du Cremonez
Se du Brcflan , à vingt deux milles de Crémone , fur
le chemin de Peschiera, 8c à vingt-fept de Mantoue.
OSTIAQUES ou Ostiakes ( Les ) , peuple d'Afie,
dans la Sibérie , aux environs de l'Obi. Le pays que ces
peuples habitent s'étend au nord allez près du cercle
polaire , 8c eft borné au midi par les Calmuques. Il
fait partie de la Tartarie Rullîenne. On peut voir les
coutumes grolïieres de cette nation dans le voyage d'Is-
brand Ides , inféré dans les voyages de Corneille le
Brun par la Moscovie, 8c dans le dictionnaire de Cor-
neille , qui a copié ce que cet auteur en dit ■■, 8c mieux
encore dans la defeription particulière qu'a fait de ce
peuple Jean-Bernard Mullern , capitaine de dragons au
fervice de Suéde, lequel écrivoit en 1716 à Tobos-
koi , capitale de la Sibérie , où il étoit prifonnier de
guerre. Sa relation , qui eft en allemand , eft inférée
dans un recueil intitulé das veràaderte Rusflmd , 8cc.
c'eft-à-dire la Rufjie changée , imprimé à Francfort
in-40. 1721. Les Ostjaques, dit l'auteur des notes
fur l'hiltoire desTatars, pag. 486, habitent au Sud
des Samoyedes , vers les 60 deg. de latir. depuis les
montagnes qui fé parent la Ruine de la Sibérie jusqu'à
la rivière de Jéniféa. Les Oltiaques font à peu près faits
comme lesRulïiensj mais ils font communément d'une
taille au-deflus de la moyenne. On prétend qu'ils font
iflus d'une partie des habitans de la province de Véli-
ka Permia , qui, pouffes par leur attachement à | ido-
lâtrie, quittèrent leur pays, 8c vinrent s'établir en ces
quartiers , lorsqu'on introduifir le Chdltianisme en cet-
. n 7*9
te province. On allure que la langue des Oltiaques a
encore prefemement beaucoup de conformité avec le
jargon des habitans de la province âe Permia 5 & nulle
conformité avec les langues des aunes peuples païens
de la Sibérie , leurs voifins , avec qui ils ne peuvent para-
fer que par interprètes. Ils ont été enfin amenés à la
connoiffance de l'évangile fous Pierre le G rai id & fi it
partie de 1 eglife Grecque du rit rumen. Voici com-
ment fe fit ce changement, félonie capitaine Mullern.
11 y avoit à TobosKoi, capitale de Sibérie, un Arche-
vêque nommé Philothée, qui fe voyant avancé en âge,
voulut fe retirer dans un monaftere de Kiovie , d'où
il avoit été tiré pour la prélature. Le gouverneur de
Sibérie, Matfei Pétrowitz Gagarin , fit fi bien qu'il
l'engagea à relier encore quelque tems dans le pays:
nuis cet évêque voulut s'occuper uniquement à la con-
verfion des païens que le czar avoit fort à cœur. Pour
y réunir , il fe rendit avec quelques eccléfiafliques , ani-
més du même zèle que lui, aux lieux où étoient les
plus célèbres idoles des Oltiaques , & où ils s'aiTembloient
en plus grand nombre. 11 prit de- là occafion de leur
faire connoître leur folie , 8c de leur parler du vrai
Dieu , qui feul mérite d'être adoré. A force de perfévé-
rance, il parvint à les faire douter de la bonté de leurs
anciennes fuperititions. Ils firent plus , ils écoutèrent les
raifons du métropolitain , 8c furmonterent les diifkul-
tés qui les attachoient à leurs idoles. Le commence-
ment de la converfion des Oiliaques arriva l'an 17 12
à Samaiofffur l'Irtifch , un peu au-deflus de fa jonction
avec l'Obi. C'etoit-là qu'étoient alors leurs Staric^r Oh-
k°yt, idoles qu'ils croyoient arbitres abfolus de la pêche.
Ces pauvres gens, perfuadés qu'ils ne pourroient plus
pécher , fi la protection de ces idoles leur manquoit ,
n'oloient les abandonner ; mais peu à peu l'archevêque
les guérit de ce préjugé , 8c parvint à brûler toutes ces
idoles. Quelqu'un d'entre les Oltiaques s'avifa de dire que
pendant qu'on brûloir ces dieux , leur ame sétoit en-
volée vifiblement fous la figure d'un cygne : il fallut
encore dértuire ce préjugé qui s'étoit répandu , 8c enfin
on les détrompa.
Ceux-là une fois gagnés , on avança dans le pays , 8c
ceux qui étoient les plus éloignés n'étoient pas fort dis -
pofés à fuivre l'exemple des . autres. L'archevêque ne
laifla pas de les aller trouver , 8c de leur infpirer des
fentimens bien différens de ceux dont ils avoient été ani-
més , quand ils avoient appris qu'il venoit les trouver.
Us abandonnèrent leurs idoles 8c les brûlèrent. Une chofe
contribua à faciliter la converfion de ceux qui demeu-
roient auprès d'un monaftere fur l'Obi, au-defusdefa
Jonction avec la Keta, 8c nommé Kotskoi , où vivent
quelques moines Ruiïïens. Leurs voifins adoroient le
Scbcitam, qui eu* le faux dieu de la nation. Parmi eux
étoit un kneez ou feigneur, nommé Alaifcho, forti
d'une ancienne famille qui avoit gouverné la nation.
Le métropolitain s'adrefla à lui , 8c lui propofa l'exem-
ple des Rulïïcns, qui après avoir adoré les idoles, les
avoient abandonnées. La converfion d'Alarfcho fut fîn-
cere. Après fou baptême , il voulut faire le voyage de
Kiow pour y vifiter les reliques qui y font en grande
vénération, 8c fa converfion fit un grand effet furfes
compatriotes , qui reçurent auffi le baptême. Dans les
années 171 3 & 17 14, on baptifa plus de cinq mille
Oiliaques , 8c la providence permit que l'on trouvât ras-
semblés ces peuples que l'on n'auroit pu trouver en dix
ans , s'il eût fallu les chercher dans les forêts.
OSTIE , ancienne ville d'Italie, fur la rive gauche du
Tibre 8c à fon embouchure , comme fon nom le lignifie.
Denysd'Halicarnafle,/.3.c. 44. dit: Ancus Mavtius entre-
prit hors de la ville un ouvrage qui fit entrer dans Rome
l'abondance'de toutes leschofes néceflaires à la vie, &
qui lui ouvrit le chemin à de plus glorieufes conquêtes.
Le Tibre qui descend des monts Apennins , 8c qui coule
le long des murs de Rome , va fe décharger affez près
de là dans un endroit delà mer Tyrrhénienne,où les vaîs-
feaux venant de la haute mer , n'abordoient point alors,
parce que les rivages n'étoient pas dispofés pour les y
mettre à couvert : d'où vient qu'il n'y arriyoit alors
que de fimples bateaux -, cependant le Tibre depuis fon
embouchure jusqu'à Rome pouvant porter des navires
de haut bord } 8c par là faciliter le commerce avec les
OST
72,0
marchands étrangers, Ancus trouva le moyen d'y mé-
nager un port commode , capable de retirer les plus gros
vai/Teaux. 11 en vint facilement à bout , parce quece fleuve
étant contigu à la mer dans l'endroit où il s'y déchar-
ge , s'étend fort loin au-delà de fon embouchure , &:
forme des golfes fpacieux. D'ailleurs ce fleuve n'eft ja-
mais engorgé de fables de la mer : il ne fe partage point
en divers marais , coule toujours dans un même canal ,
& porte des vaiffeaux jusque dans fon embouchure , où
il égale la hauteur de la mer. De forte que de longs
navires , chargés de trois cens tonneaux , entrent ailé-
ment par fon embouchure , ôc font conduits jusqu'à
Rome, à l'aide des rames ôc des cordages. Quand la char-
ge cfi plus forte , on mouille l'ancre, alors des bateaux
viennent au feccurs , ôc reçoivent les marchandifes que
les vaiffeaux ont amenées. Ancus mit encore à profit une
langue de terre qui fe trouvoit entre le Tibre & la mer,
Ôc qui formoit une cfpéce de coude. 11 y bâtit une ville
qu'il fortifia, Se qu'il nomma Ollie par rapport à fa fi-
tuation ; ainfi par les foins de ce prince , Rome , quoi-
que placée au milieu des retres , devint en quelque ma-
nière maritime , & en état de participer aux richeflés
qui font au-delà des mers. C'elt ainfi que cet hiltorien
décrit la fondation d'Oltie. Tite-Live . /. 1. c. 3 3. dit en
moins de mots : Sous le règne d'Ancus Martius, in ore
T'.beri' Oftia urbs conâitu , falina circa fatïx. Ces fa-
lines donnoient du fel , qui , transporté à Rome& de
là dans la Sabine , donna lieu au nom d'un grand che-
min appelle Via Salaria >• mais d'Oftie à Rome , ce
chemin s'appelloit Via Oftienfis. Le même Tite-Live ,
/. 2;. <:. 38. parle d'une flotte de cinquante voiles qui
partie d'Oftie pour Tarente. Qjdnquaginta naves ab
Oftia Tarentum profeftâ. Son abréviateur, Epitom. 79.
nous apprend qu'OUie fur prife ôc cruellement facca-
gée par Marius. Une ville fi avanrageufement placée
pour le commerce , fut bientôt rétablie.
Le port d'Oftie, tel qu' Ancus Martius lavoit fait, ôc
qu'il étoit demeuré fous la république Romaine , étoit
ouvert du côté de la mer. Jules Céfar voulut en faire
un port fermé , & fut rebuté par les difficultés. Clau-
dius en vint à bout. Il fit avancer deux digues à droite
ôc à gauche, & oppofa un mole à la nier : pour rom-
pre les flots , & afin de donner plus de folidité aux fon-
demens, il fit couler à fond le grand navire qui avoir
rapporté d'Egypte le grand obélisque , ôc ayant élevé
deffns des piles , il fit bâtir une très-haute tour fur le
modèle de celle d'Alexandrie , pour fervir de phare aux
vaiffeaux. * Sueton. in Claudio , c. 20.
Le perc Labat , qui a donné dans fon voyage d'Italie
une hiftoire de la ville d'Oftie, t. 8. p. 61. en parle
ainfi. Dans la fuite du tems deux chofes contribuèrent
à ruiner la grandeur de cette ville , ôc à rendre fon port
inutile. Sous Vespafien , le Tibre qui n'avoit qu'une feule
embouchure proche des murs d'Oftie , par laquelle il
fe déchargeoit dans la mer , charrioir depuis bien des
années du limon , des pierres, des arbres ôc des terres,
qui , après avoir occupé une place confidérable dans la
mer , devinrent une iile par une ouverture que le fleuve
fe fit dans ces terres rapportées , au travers desquelles
il fe creufa un canal qui devint bientôt plus profond
que fon ancien bras , parce que tombant plus à plomb ,
& fans faire un coude, fon cours étoit plus rapide, ôc
emportoit en pleine mer les immondices ôc le limon ,
dont fes eaux fe trouvoient chargées. Ainfi l'ancien ca-
nal fe combla peu à peu, & ne fut plus capable de
porter de gros bâtirnens , ÔC le port d'Oftie devint tel-
rement inutile , que l'empereur Trajan fut obligé de
bâtir un autre port. C'elt Porto. Voyez, ce mot.
Le Tibre ôc î'ifle Sacrée qui le partage à fon em-
bouchure , féparoient Oftie , fituée fur la gauche du fleu-
ve & au midi oriental du port de Trajan , qui étoir ,
comme Porto eft encore, à la droite Se au nord occidental.
Malgré la célébrité qu'acquit ce nouveau port 3 Ollie
ne laiffa pas de fe foutenir. Vopiscus obferve que
l'empereur Aurelien entreprit de fonder un marché de
fon nom au bord de la mer à Ollie , où l'on a fait un
prétoire public. Oflic ne laiffa pas de tomber dans le
dépériffement à la chute de l'Empire Romain. Procope,
bcll. Goth. I. l.c. 26. dit : Ville autrefois très-renommée,
ôc qui eft préfentement presque fans murailles. Les Bar-
OST
bares achevèrent de la ruiner, lorsque l'Italie, déchi-
rée par les guerres civiles des huitième & neuvième fié-
cles , fe vit en proie à tous les Barbares. Les Sarrazins
prirent Ollie plufieurs fois, ôc la détruifirent enfin de
manière qu'ils n'y laillerent pierres fur pierres. Ils n'en
firent qu'un monceau de ruines. Les habitans furent
emmenés en esclavage : ceux qui échaperent au fer ou
àlafervitude, fe retirèrent bien loin de ce lieu fatal,
qui devint défert , abandonné ôc inculte. * Le P. Labat.
Le pape Grégoire IV voulut rétablir cette ville Ci
ancienne & fi refpeétable; mais au lieu d'une ville, il
fe vit contraint de n'en faire qu'une efpéce de forre-
reffe , qu'il enferma de murailles avec des tours , ôc faute
de Romains qui vouluffent s'y établir , il la peupla de
Corfes , gens aguerris , accoutumés au mauvais air ôc à
la fatigue, ôc qui fe trouveroient encore mieux en cet
endroit , tout mauvais qu'il étoit , qu'en leur pays. Ceci
arriva vers l'an 830, mais la plupart y périrent par les
maladies j le relie fe fauva autre part, & le nom même
de cette malheureufe ville feroit perdu , fi elle n'avoit
été le titre du premier fuffragant de Rome. On voit
que faint Auguftin écrivoit a l'évêque d'Oltie au défaut
de celui de Rome. Le droit de confacrer le pape eft
attaché à cet évêque, qui eft toujours le doyen des
cardinaux. Ceft à lui à facrer l'empereur en l'abfence
du pape. Il a l'ufage du pallium , comme les archevê-
ques év les patriarches , & il a confervé fon rang &
fes droits , quoique la ruine de fon fiége air obligé les
fouverains pontifes de le transférer & de l'unir à celui
de Véletri. Ce fut Eugène 111 qui fit cette tranflation en
1150. L'églife cathédrale d'Oltie étoit fous l'invocation
de fainte Aurée. L'églife qui fubfifte aujourd'hui , a en-
core le même titre , avec un prêtre qui n'y réfide pres-
que jamais , ôc qui n'y vient que les Dimanches ôc les
Fêtes pour y dire la Méfie , Se y administrer les Sacre-
mens aux paftres , gardiens des buffles, pêcheurs >
fauniers, & autres gens en petit nombre, qui s'y affem-
blent. On diftingue encore à pi éfent les ruines de l'an-
cienne Ollie, bâtie & ornée par les Romains, de celles
de la nouvelle Ollie , bâtie par Grégoire IV ôc habitée
par les Corfes. Ni l'une ni l'autre ne fubfiftent plus.
L'Oùie d'aujourd'hui ne confifle qu'en l'églife , autour
de laquelle il y a quelques miférables maifons à demi-
détruites. Elle eft dans le milieu d'un ifthme borné au
couchant par l'ancienne branche du Tibre , & à l'orient
par un lac ou marais nommé par les Latins L,acus
Oftienfis, ôc par les habitans Stagno. Ce lac ou étang
eft entouré de bois & de bruyères.
Le corps de fainte Lée , dame Romaine, morte à
Rome vers l'an 383 , fut tranfportée à Oftie , où étoit
apparemment le tombeau de fa famille ; mais on ne voit
pas que fa mémoire y ait été honorée d'un culte plus
particulier qu'ailleurs. Sainte Monique , mère de faint
Auguftin, mourut à Oftie, ôc y fut enterrée. On pré-
tend que dans la fuite des tems fon corps en fut enlevé
ôc transporté à Arouaife , au pays d'Artois.
2. OSTIE, Oftia, ville d'Italie, félon Vibius Se-
quefter. Antonin appelle Ostia Aterni , une ville fi-
tuée à l'embouchure de la rivière Aternus , dont le
nom moderne eft Pescara , nom commun à la ville
& à la rivière. Voyez. Pescara.
OST1ENSIS PORTA, porte de la ville de Rome,
du côté d'Oftie : on la nommoit auffi Porta Trigemina.
Ceft aujourd'hui la porte de faint Paul.
OSTIENSIS VIA , route qui mené de Rome à Os-
tie. Dans le tems que ce port étoit floriffant , toute
cette route étoit bordée de maifons de plaifance& d'hô-
telleries. Sa longueur eft de douze mille pas.
OSTIGLIA , huftilia , bourg ôc château de Lom-
bardie , dans le Mantouan , fur le Pô , aux confins du
Ferrarois, vis-à-vis de Révère, à vingt milles de Man-
toue , & à douze de la Mirandole. Ce lieu eft fort
par fa fituation, à caufe, des marais ôc de plufieurs
ruiffeaux ou rivières qui coupent le terrein des envi-
rons. * Corn. Dict.
OSTIONES, peuple fur l'Océan occidental, félon
Etienne le géographe , qui dit qu'on le nommoit au/ïï
CossiNii Pythéas,cité par Strabon, les appelle Os-
tivei, ôc Cambden a tâché d'en faire un peuple de la
Grande Bretagne.
OSTIOUG.
OST
■
OST
OSTIOUG. Voyez. Oustioug , ville Se province de
l'empire Ruffien.
OSTIPPO, ancienne ville d'Espagne, dans la Bceti-
que. Pline,/. 3. c. 1, la met au département d'Mispal
ou Séville, Se Antonin , ïùner. la place fur la route de
Gadtes à Cordoue, entre Uipa Se Barba, à quatorze
mille pas de la première, & à vingt de la féconde. Elle
eft nommée A/lapa par Tite-Live , /. 28. c. 22. Se
par Appien , in Iber. p. 273. C'eft préfentement Eliepa
en Andaloufie,à près de trois lieues d'Excija.
OST1UM. Ce mot veut dire l'entrée , la porte d'un
pays , d'un lieu ; Se à l'égard des détroits & des rivières ,
il fignifie leur embouchure. Les anciens ont nommé le
Bosphore de Thrace , Oflium Cyaneum. Voyez, l'article
Cyanées. C'étoient des iiles voifmes de l'entrée de ce
détroit.
OSTOBALASSARA. Voyez. Sobalassara.
OSTOBARA , ville de la Bactriane , félon Ptolo-
mée , 1.6. c. 11. Quelques exemplaires portent Efto-
bara.
OSTODIZUM. Voyez, Ostudisum.
OSTOROG. Baudrand Se Corneille mettent une
ville de ce nom dans la Grande Pologne , à cinq milles
de Posnan (ou Posnanie, ) Se ajoutent qu'elle eft dé-
fendue par un bon château. Cette ville en: chimérique ,
félon nos cartes modernes.
OSTRA , ville d'Italie, dans les terres, au pays
des Semnons , félon Ptolomée, /. 3. c. 1. Elle doit avoir
été entre Urbin Se Senigaglia.
OSTRACHE. Ortelius , Thefaùr. croit que c'eft un
canton de la Frife, où faint Boniface fut martyrifé.
Corneille, Dic~t. dit beaucoup mieux, Ostrachia,
nom que les auteurs Latins donnent à Oftergoë , petite
contrée des Pays-Bas-Unis ; ils l'appellent auiîi Fi'ifia
orientalis. Il devoit dire que ce canton Ostrache ou
Ofrachia , eft la même chofe que l'Oftergo ou Oftro-
gowe, qui elt aujourd'hui la partie orientale de la Fri-
fe , l'une des Provinces-Unies. L'Oftergo eft' arrofé par-
la Bourde , Bitrdo ou Borne. On fait d'ailleurs que ce
faint évêque étoit campé au bord de cette rivière , où
il travailloit à la converfion des Païens de cette pro-
vince , quand une bande de païens furieux fondirent
fur lui , & fur ceux qui l'accompagnoient , les tuèrent
Se pillèrent le camp.
1. OSTRACINE, ancienne ville d'Egypte. Selon
Ptolomée , /. 4. c. 5. elle éroit dans la Caliïotide. Elle
fut épiscopale , Se fon nom fe trouve dans la notice de
Hiéroclès , mais renverfé , Ostranice, 'o<?pa.A>>.n , pour
'Oç-pautivn. Au refte cet auteur la met dans la première
Auguïtamnique.
2. OSTRACINE, quartier de la ville d'Antioche de
Syrie. Ortelius , "ïhefaur. dit que c'étoit un lieu de
Conltantinople , Se citel'hiftoireeccléfiaftique d'Evagre,
/. 2. c. 11. G* l. 6. c. 8. en quoi il 's'abulè , car Evagie,
dans ces chapitres , parle de deux tremblemens de terre
arrivés à Antioche, Se des ravages qu'ils y cauferent.
3. OSTRACINE , montagne du Péloponnèfe , dans
l'Arcadie , félon Paufanias, /. 8. c. 12. qui dit qu'il y
avoir un antre où fe logea Alcimedon , un héros dont
Hercule avoit deshonoré la fille. Il y avoit auprès une
fontaine nommée CifTa.
OSTRANI , peuple d'Italie , félon Pline. 11 le met
entre les Vdumbri ; ce font , fans doute , les habitans
d'OsTRA. Voyez, ce mot. Le territoire de cette même
ville elt nommé OstrenSis Agir , dans le livre de>
colonies. '
OSTRENUS , fiége épiscopal d'Afie , dans la Phrygie
Salutaire. Hiéroclès fait mention dans fa notice d'Os-
t rus , 'Oçp-k , fiége de cette province , dont l'adjectif
doit avoir été Oftrenus (fçpwoç. Je ne voudrois pour-
tant pas aflurer que ce fiége tut celui de Zotique évê-
que Zoticus Oflrenus , dont parle Callilic ; parce
que je fais qu'il n'en fait mention que par le rapport
d'Ortelius. Cet auteur moderne ajoute que Baronius
prend ce mot OftrenUs, pour un nom de lieu dans l'Ar-
ménie , apparemment parce qu'Eufebe nomme Zorique
évêque de Côrnana , village.
OSTREODES, lieu voifinde Conftantinople , atte-
nant le promontoire Metopium , félon Denys de Byzan-
ce, cité par Pierre Gilles.
OSTREVANT ( L'), Aufirebatenfis Partis, Aus-
terbatensis Pacus , Se Aufterbantum , contrée des
Pays-Bas , entre l'Artois & le Hainault , auxquels elle
a appartenu fuccclfivement. Elle elt nommée Aufterb.m,
dans Pacte de Louis le Débonnaire , pour le partage de
fon royaume entre (es enfàus. Le moine Hugbald , au-
teur de la vie de fainte Richtrude , nomme ce canton ,
en parlant du mariage de cette fainte avec le bienheu-
reux Adalbaud , qui poffédoit de grands biens dans 1 Os-
trevant , in Auflrebatenfi Page. Elle eut de ce mariage
faint Mauronte, abbé de Bruel , fainte Clotfende, ab-
befie de iMarchiennes ; fainte Eufebie ou fainte Yfoiç,
abbeffe de Hamaige. Ces monalîeres font fitués dans
lOftrevant , comme le remarque Bailler , Tpfog. des
Saints, p. 640. L'Oftrevant a eu le titre de comté &
faifoit partie de l'Artois. Des lettres de l'empereur Char-
les le Chauve mettent le monaitere de Hasnon au com-
té d Artois dans l'Oltrevant, fur la Scarpe , & Wave-
rein fur l'Escaut en eft auiîî; Bouchain eft la capitab
de ce pays. Wendelin , auteur Flamand , trouvant dans
fa langue maternelle qu'OoJhrbande fignifie limite i
l'o>ient,a cru que ce nom avoit été donné, parce que ,
dit-il , c'eft la borne orientale du diocèfe de Cambray. 11
fe trompe , dit Adrien de Valois ; l'Oltrevant étoit aux
frontières de l'Auftrafie Se delà Neultrie, & il étoit la
borne orientale de la Neullrie à laquelle il apparte-
noir. De- là vient fon nom, il la terminoit du côté de
l'Auftrafie. Selon Baudrand , l'Escaut le borne au midi
& au levant , Se le fépare du refte du Hamaulr. La
Scarpe le borne au nord , Se le fépate de la Flan-
dre, cv le ruifièau de Senfet, qui le jette dans l'Escaut
à Bouchain , borne l'Oltrevant au couchant , Se le fé-
pare de l'Artois. Ce pays aiufi ifolé , a été quelquefois
nommé l'Isle de S. Amand, à caufe d'une fatneufe
abbaye de ce nom. * H,tdr. Valef. not. Gall. p. 67.
OSTRIANUM Cœmetetittm , cimetière ainfi nom-
mé à trois milles de Rom; , fur la voie Salarienne. Saine
Pierre ybaptifoit, au rapport du Rofll , dans fon his-
toire de Ravenne.
OSTROBUM STAGNUM , étang dont parle Gly-
cas. Voyez. Bodena.
OSTROG , ville de Pologne , dans la Volhinie ; elle
eft fortifiée , e%: a une citadelle fur le Horin. Baudrand ,
édit. 170J. dit qu'Olhog a titre de duché, Se qu'elle
eft à trois millesde Zaflaw nord-oucft.D'Audifret, Ùéogi\
anc. Grmod.t. 1. remarque de plus, que ce duché eft
entré dans la maifon de Wisnowiczki par le mariage
de l'héritière d'Oflrog avec Démétrius Wisnowiczki ,
grand général du royaume : il ajoute que l'ordre de Mal-
te Se le prince Lubomirski ont de grandes prétentions
fur ce duché. * Andr. Ceilar. Defcriptio Polon. pag.
401.
OSTROGOTHIE ou Ostrogothland. Ces deux
terminaifons reviennent à la même fignification. Les Al-
lemands fe fervent delà dernière, qui eft prife de leur
langue, Se les François, dont la langue s'accommode
affez des terminaifons en ie , comme Italie, Livonie,
Eftonie , Poméranie , Sec. s'en fervent fouvent au lieu
du Land ; Se de Gothia Se de fes dérivés ils font Go-
thie, O/lrogoihie Se Weftrogothie. Nous avons déjà mar-
qué au mot Gothie la divifion de ce pays; voici pour
l'Oltrogothie en particulier.
1. OSTROGOTHIE ( L' ) , hors de la Suéde, eft le
pays que les Oltrogoths ont habité dans la décadence de
l'empire. On peut voir leur deftinée à l'article Goths.
2. OSTROGOTHIE ( L' ) , dans la Suéde, eft la
partie orientale du Gothland , ou delà Gothie, grande
contrée de Suéde , qui eft bornée par le Schager Rack
au couchanr , Se par la mer Baltique à l'orient , comme
nous le remarquons au mot Gothie , où nous en don-
nons les bornes. Ce pays elt coupé en deux par le lac
de Vcter. Ce qui eft au levant de ce lac s'appelle Os-
TROGOTHIE OU OsTROGOTHLA ND , c'eft-à-dilC , GoTHIE
Orientale. Cette province eft fort arrofée , mais fa
principale rivière elt celle par où les eaux du lac de Ve-
ter vont tomber dans le golfe de Brawiken , Se portent
avec elles celles de plufieurs petites rivières que ce canal
reçoit à droite Se à gauche. La longeur de cette province
d'occident en orient eft de quinze lieues fuedoifes ; falar-
geui" du nord au fud eft différente de foi-même ; car à
Tom, IV, Y y y y
osw
722,
la prendre auprès du lac, elle eft d'un peu plus de treize ,
Se fur la côte de la mer elle n'elt que de huit , en ne
tenant point compte des fînuofités de la côte. Les prin-
cipaux lieux de cette province font, le long de la dé-
charge du Veter en allant d'occident en orient , Lindkg-
ping , Nordkpping villes , Braborg château , & Skenas
bourgade. Au midi de cette dernière cft Stegeborg ,
château qui tombe en ruine, Se au couchant de ce château
eft Suderkpping ville. Sur le lac de Veter il y a Wafte-
va Se Grenna , à l'orient de Waftena eft Skenmnge \ à
l'orient de Grenna fur la frontière du Smaland , eft le
château de Saby. Il y a dans l'Oftrogothie les mines
d'Atued. * Atlas , Robert de Vaugondy.
3. OSTROGOTHIE (L')ou Ostrogothland s'é-
tend encore plus loin dans une autre divifion de Bau-
drand , édit. 1 70 j , il y fait entrer le Smaland , qui
eft la Gothie méridionale & la borne au midi par la
Schonen Se la Blekingie , Se y ajoute les ifles de Goth-
land & d'Oëland. Voyez. Gothland. Smaiand.
OSTROW , ancienne abbaye d'hommes , ordre de
S. Benoît , au royaume de Bohême , dans une ifle formée
par la Moldau. Elle n'exifte plus.
OSTROWICE ou Ostrowitz, place de la Mor-
laquie , fur la petite rivière de Licha (a) , qui fe joignant
à celle de Corbania , forme un lac au nord oriental de
cette place, qui eft fituée dans l'angle que font ces
deux rivières en fe joignant (/>). Les Vénitiens poffedent
ce pays-là j après avoir autrefois perdu Oftrowitz , ils
la reprirent Se la réparèrent en 1 685 Se y mirent gar-
nifon. Quelques - uns cherchent en ce lieu l'ancienne
Arausa. De l'Ifle qui avoit mis cette place fur la Li-
cha , 1 en ôte dans une autre carte de la Hongrie , &
la rapproche de l'Unna , rivière fur laquelle Baudrand
l'avoir mife. (a) Atlas , Robert de Vaugondy. (b) Bau-
drand , édit. 1705.
OSTVALES ( Les ). Voyez. Ostfai.es.
OSTUDIZUM, ancienne ville de Thrace. Antonin,
itin. la met entre Hadrianople & Burludizum , a dix-
huit mille pas de l'une Se de l'autre -, il la met ailleurs
entre Tarpodiz.on Se Burtudizurn , à la même diftance.
Ce nom a été fort diverfement écrit dans les manu-
ferits qui portent Ostrudo, Ostidizo, Ofiudiz.o , Osin-
dizo Se Ostodizo.
OSTUND. Voyez. Attund.
OSTUN1 , ville d'Italie , au royaume de Naples ,
dans la province d'Otrante, fur une montagne près de
la côte du golfe de Venife , avec un évêché fuffragant de
l'archevêché de Brindifi. Cette ville eft aux confins de
la province de Barri, environ à feize milles de Blindes
Se à ving-deux de Tarente. * Baudrand , édit 1705.
OSURTU , plaine de l'Iberie , ainfi nommée par les
habitans , félon Cédrene cité par Ortelius. Gabius lit
Urtron dans Curapolate.
OSWESTRI. Corneille , Ditt. trompé par Davity ,
dit , ville d'Angleterre , dans le comté de Galles ; il de-
voitdire, bourg d'Angleterre en Shropshire, ce lieu
étant bien allez près de la frontière du pays de Galles,
mais fans en être. Aufli l'état préfent de la Grande
Bretagne , t. i.p. 104.1e met-il fous-Shropshire , entre
les bourgs où l'on rient marché public. Corneille ajoute
dans fon dictionnaire : Elle eft petite, ceinte de murail-
les & de fortes. On y fait un grand trafic , principale-
ment des draps du pays de Galles \ ceux de ce pays l'ap-
pellent Croix Oswalde.
OSWIECZIN , Onvecimia ou Osivccinia , ville ,
de Pologne avec titre de duché , capitale de la Siléfie
Polonoife , affez près du ruiffeau de Sala , qui tombe peu
après dans la Viftule , fept milles au-dertus de Cracovie.
Elle eft entourée de marais, Se les maifons font faites
de bois Se d'argille ; un château de bois fert de loge-
ment au gouverneur. On y parte pou: aller de Craco-
vie à Vienne , & on y fait un grand commerce de fel.
On y voit dans les places publiques des martes de fel fem-
blables à des pierres de taille pour bâtir. Ce fel eft
dur Se d'un cendré blanchâtre , on l'a à fort bon mar-
ché ; il y en a des pièces de vingt à trente quintaux,
que l'on a pour dix ou douze florins ; on le rire des mi-
nes aux environs de Cracovie. * Andr. Cellar. Defc.
Polon. p. \66.Se feq.
OSWIECZIN (Le duché d'), canton aux envi-
OTH
rons de la ville de ce nom , aux frontières de la Silé-
fie , dont il faifoit partie. Les Allemands nomment la
ville Se le duché Auschwitz. Jean , duc d'Oswieczin ,
vendit fon droit au roi de Pologne en 14J4. * Andr.
Cellar. Defc. Polon. p. 166. & feq.
OSZURGHETI , petite ville d'Afie , en Géorgie , au
royaume de Guriel , dont elle eft la capitale Se la réfi-
dence du prince ; elle eft défendue par un château ,
félon François Maggio , cité par Baudrand , édition
170;.
OTADENI ,{qV*<JW , ancien peuple de l'ifle d'Al-
bion, félon Ptolomée. Quelques exemplaires portent
Otalini. Le P. Briet, qui écrit Ottadini, croit que
ce peuple occupoit le Northumberland. Il y met les
lieux fuivans ,
Axelodunum , félon lui , Hexham.
Curia Ottadinorum , Cordbridge.
Vindomora ou Vindobala , Valtend.
Tunocellum , Tinmouth ,
Morftopitum ou Corftopïtum , Morfpit ,
Brumerium ou Brème rium , Brampton ,
Tavus , rivière , la Twede ,
Borcovicus , Barwick ,
Fons Mlii, Ponteland.
OTALINI. Voyez, l'article précédent.
OTCHAGRAS , nation fauvage de l'Amérique fêp-
tentrionale, dans la nouvelle France. On les nomme
ordinairement Puants , Se on prétend que ce nom leur
a été donné, parce que demeurant fur le bord d'une
rivière Se vivant du poiflbn qu'ils y pêchoient , leurs
cabannes , tous leurs villages Se leurs perfonnes même ,
éroient infectés de la puanteur que caufoient les reftes
de ces poiflbns qu'ils laiflbient pourrir. Certe rivière ne
peut être que la rivière des Renards qui fe décharge
dans le fond de la baie des Puants , ainfi nommée a
caufe de ces mêmes Sauvages qui y habitent encore<j
du refte ce font des hommes bien faits , fort doux, ex-
trêmement alertes ; mais toute la nation eft aujourd'hui
réduite à une médiocre bourgade. Ce font les Illinois
qui l'ont presque entièrement détruite. * P. de Char le-
voix , Journal d'un voyage en Amérique.
OTENE , contrée de l'Amérique, félon Pline ,/. 12.
c. 13. qui en parle à l'occafion de ÏAmomum, Se Eu-
febe , au fixiéme livre de fa préparation évangélique.
Etienne place le peuple Oteni , vers le fleuve Cyrus ,
avec les Obaréniens.
OTER , double montagne , dans le voifinage d'Opu-
lentia , félon Hygenus. On fait d'ailleurs qa'Opidemia
étoit dans l'Infubrie. * Ortelii Thef.
OTERO-DEL-REY. Corneille écrit mal Otelo, pla-
ce d'Espagne , au royaume de Galice , au nord Se à deux
lieues de Lugo , à l'orient du Minho , & au couchant
de la fource de la Chança. Une reffemblance de
quelques lettres dans ce nom & dans celui à'Ocelum,
a fait croire que c'étoit l'Ocelum de Ptolomée , qui ,
à dire vrai , marque très-mal le cours du Minho. * Jail-
lot » Carte d'Espagne.
OTESINI , peuple ancien de l'Italie, dans la huitiè-
me région , félon Pline , /. 3. c. 15. Il eft parlé de ce
peuple dans une infeription rapportée par Zanchus ,
dans fon livre de Orobiis. ,On y lit ces mots Reip.
Otesinorum.
OTFORD , maifon royale d'Angleterre , dans le
comté de Kent. Elle avoit été bâtie par Varcham ,
archevêque de Cantorberi , Se appartenoit à fes fucces-
feurs. Crammer l'échangea avec Henri VIII , félon Da-
vity. * Corn. Diét.
OTHANA ou Otana , ville autrefois épiscopale ,
dans l'ifle de Sardaigne , & aujourd'hui détruite. Son
fiége a été transporté à Algieri. Entre fes ruines il en
refte encore l'églife qui conferve toujours le nom dans
la partie feptentrionalc de l'ifle. * Baudrand, édit.
1705.
OTHEouOtte cft une forêt qui s'étendoit autre-
fois entre Sens , Joigny , Brienon , Saint Florentin Se
OTH
Troyes , laquelle a été coupée en bonne partie. Il eft
fait mention de cette forêt dans Nithard , à l'occafion
des guerres enrre les fils de Louis le Débonnaire. Elle
y eft appellée Utta. Elle étoic bornée par la petite ri-
vière de Vanne 6c par l'Yonne. De-là vient que la plu-
part des villages de ces cantons font furnommés en
Otte, Beux en Otte, Aix en Otte , Paroy en Otte.
Les bois de Joigny en occupent aujourd'hui la plus no-
rable partie. L'auteur de la vie de faint Ebbon, arche-
vêque de Sens , l'a appellée Nemus Ottonis \ mais les
chanoines Prémontrés de Saint Marien d'Auxerre , par-
lant de leurs fœurs de Val-Profonde , au deflus de Vil-
leneuve- le-Roi , dans la paroifle de Taloan , l'appel-
lent Forefia quœ dicitur Qua.
OTHENE. Quelques exemplaires d'Antonin , itiner.
portent ainfi , au lieu de Cène , lieu d'Egypte , en al-
lant de Memphis à Oxyrynque , entre Ifiu &c Tacona ,
à vingt mille pas de l'une & de l'autre.
OTHII CAMPI , campagne de l'ifle de Crète , ainfi
nommée d'un géant appelle Othus , félon Servius , in
3. JEneid.c\m cite Sallurte , à l'occafion de ce vers du
troifiéme livre de l'Enéide :
Fama eft , Enceladi femuflum fulmine corpus ,6cc.
OTHOCA , lieu de l'ifle de Sardaigne. Antonin , iti-
ner, le met entre Forum Trajani 6c Aqu& £ïeapolitan&.
On croit que c'eft l'Os «a de Ptolomée.
OTHONA , ancienne ville de l'ifle de la Grande-Bre-
tagne , fur le rivage Saxon , félon la notice de l'Em-
pire , feft. 52. Le favant Guillaume Baxter fait cette
remarque dans fon gloflaire des antiquités Britanniques,
que Radulphe le Noir , cité par Cambden , rapporte
fur l'autorité du vénérable Bede , que la ville d Ithan-
cefter étoit auprès de Maeldon , ôc qu'elle fut abfor-
bée par le fleuve Pantius, Mantius ou Idumamius.
Là-de(Tus , il s'étonne qu'après cela Cambden , qui d'ail-
leurs avoir beaucoup defagacité, ait pris pour Camu-
lodumtm, colonie, le lieu de Maeldon , qui n'étoit que
les moulins , Molendina, de la ville d'Othona , d'où elle
n'étoit qu'à un jet de pierre. Baxter croit que Maeldon
eft Othona Nova, 6c que l'ancienne a été engloutie par
la mer.
OTHONIA. Voyez. Volaterr*.
OTHONIANiA FOSSA , c'eft à-dire , le canal d'O-
thon. Quelques modernes nomment ainfi en latin un
canal creufé par l'empereur Othon II , en 980 , pour
faciliter le commerce entre la Flandre 6c le Beveland ,
&qui eft devenu un bras de mer, nommé le Hont.
Voyez, ce mot
OTHRIONEI , ancien peuple de la Macédoine , fé-
lon Pline, qui le met entre les peuples Lynceftx. 6c Ama?t~
tint. Ces derniers écoient dans l'Oreftide. Le peuple
Othrionei, félon ces indices , doit avoir été vers Anù-
gonie 6c Oeneum.
OTHRONUS, ancienne ifle que l'on ne fait où
placer. Quelques-uns , au rapport d'Etienne , la met-
toient au midi de la Sicile. D'autres , comme Lyco*
phron , la mettoient auprès de Mélite. Son commen-
tateur l'entend d'une ifle , à l'entrée du golfe Adria-
tique. Lui 6c Phavorin difent que cette ifle eft entre
l'Epire , au voifinage de Melita , aujourd'hui Mcleda.
Sur ce pied-là ce pourroit être l'ifle de Saint André ,
voifine de Meleda. Sophien dit que le nom moderne
eft Merlere Fanu. au rapport d'Ortelius. Fanu 6c
Merlere font deux ifles différentes. On croit commu-
nément que Fanu tient la place de YOthronus des an-
ciens.
1. OTHRYS , montagne de Crète , félon Hefy-
che.
2. OTHRYS , montagne de Thrace, félon Vibius Se-
quefter.
3. OTHRYS, montagne de Theffalie. Strabon , /.
8. p. 356. dir que c'eft la que prend fa fource l'Eni-
pée, que groflir l'Apidan, rivière qui vient de Phar-
fale. 11 ajoute , /. 9. p. 433. qu'Aies de Phrhioride eft
à l'extrémité du mont Othrys , qui vers le nord efi au-
deflus de la Phthiotide , & qu'il touche au mont Tym-
phrefte 6c aux Dolopes, 6c s'étend delà jusqu'au voi-
OTR
72,3
finage du golfe Maliaque. Stace, Achilleid. I. I. fait
mention du mont Othrys :
Jam trifiis Pholo'è ,]am mibilus ingemit Othrys.
Et Virgile, JEneid. I. 7. verf. 67;. qui y met des Cen-
taures , dit
Descendant centauri , Omolen , Othrynqite nivalem
Linquenies curfu rapido.
Euripide dans fon Alcefte fait mention de la forêt
qui étoit fur cette montagne. Voyez, au mot Thermo-
pyles.
OTIES ( Les ) , 'CItius, peuple qui faifoit partie des
habitans de Cypre , félon Etienne.
OTLEY , bourg d'Angleterre , dans la province
d'Yorck. On y tient marché public. * Etat préfent de
la Grande Bretagne, t. 1.
OTMARS ou Otmarsheim , village de France ,
dans la Haute- Alface, proche du Rhin, à deux ou
trois lieues de Neuwenbourg , au diocèfe de Bâle. Il y a
une abbaye de filles qui anciennement étoietu , dit-on,
fous la règle de faint Benoît. Ce font à préfent descha-
noinefles qui s'obligent par des vœux Le roi en a là
nomination , 6c les poftulantes font preuve de no-
blefle des côtés paternel 6c maternel. L'abbaye qui a
été autrefois puiflante 6c confidérable eft fort déchue.
Quelques-uns conjecturent que ce lieu eft Stabula
ou ad Stabula des anciens, au pays du peuple Tri-
boci. Leglifede ce monaftere e!t en forme de Roton-
de ancienne 6c fort propre. Quelques-uns croient que
c'a été un temple , mais elle ne paroîr que du rems de
la fondation de la maifon , dont l'origine eft incertai-
ne. * Martene , Hift. licter. t. 2,
OTOCETUM. Voyez. EtocetuM.
OTOMIS ( Les ), peuple de l'Amérique feptentrio-
nale , dans la Nouvelle Espagne, dans la province de
Xilotépéque. De Laé't , Indes occidentales, l. 5. c. ;.
en parle ainfi : Cette nation eft d'un efprit pefant 6c
pervers, peu courageufe & difficile à inftruire fur quoi
que ce foit , à caufe de fon langage bref 6c rude.
OTOPISIUM. Voyez, Topiris.
OTOQUES , petite ville de la mer du Sud , dans
la baie de Panama, 6c environ à dix lieues aufud-oueft
de cette ville. * Le père de Ckarlevoix , Mémoires
manuferits.
OTRANTE , ville d'Italie , au royaume de Naples ,
à l'embouchure du golfe de Venife , fur la côte orien-
tale d'une presqu'ifle, à laquelle cette ville donne fon
nom , & que l'on appelle terre b'Otrante. Les
Latins l'ont connue fous le nom d'HYDRus, au gé-
nitif Hydruntis , 6c de l'ablatif s'eft formé dans le
moyen âge Hydruhtum , qui dès !e tems que l'itiné-
raire de Bordeaux à Jérufalem a été dreflé , s'étok
transformé en Odronto. On dit aujourd'hui Otran-
to 6c Otrante, félon la terminaifon italienne ou frànj
çoife.
La ville eft fituée au nord 6c à quatre milles du cap
de Leuca , avec un port qui étoit bon autrefois; mais
que les Vénitiens ont gâté. On a éré furpris que les
Espagnols , qui ont long-tems pofféde le royaume de
Naples , n'ayent point réparé ce port , qui étant bien
entretenu , rend un roi de Naples maître de l'entrée
du golfe, en cas de méfintelligence entre lui 6c les Vé-
nitiens. Otrante eft le fiége d'un archevêché , & c'eft ce
qui continue de la rendre recommendable (a). Achomat,
bâcha de la race des Paléologues , amiral d'une armée
navale de Mahomet II , compofée de cent voiles , ra-
vagea le territoire d'Otrante , prit la ville d'aflàut , 6c
fit maflacrer tous les Chrétiens , qui étoient dans là
grande églife. L'archevêque fut pris avec fes habits pon-
tificaux , 6c fcié par le milieu du corps. Ferdinand ,
roi de Naples, 6c fon fils Alphonfe, duc de Calabre,
s'étoient avancés pour fecourir cette place ; mais ils
vinrent trop tard , 6c furent forcés de fe retirer. Acho-
mat ayant laifle huit mille foldats d'élite 6c des vi-
vres pour un an 6c demi , s'en retourna à Conftantî-
nople. La mort de Mahomet étant furvenue un an
après, Ferdinand en profita. Son armée fut renforcée
Tirn IV. Y y y y ij
724 OTR
ee deux mille chevaux que le roi de Hongrie lui en-
voya : il vint mettre le fiége devant Ocrante , ôc la pres-
fa de telle forte qu'il s'en rendit maître avant qu'Acho-
mat pût venir au fecours des affiégés. Depuis ce tems
( b ) , Ocrante ne s'eft jamais bien rétablie. Elle eft à dix-
huit mille pas de Lecce , à trente-cinq de Brindifi , &
à vingt du cap de Sainte Marie, (a) Corn. Dict. (b)
Battdrand , édit. 170J.
Le cap d'Otrante , auprès de la ville , eft remar-
quable en ce que , fi de l'extrémité de ce cap on cire
une ligne vers l'orient jusqu'à la côte de l'Albanie,
cecce ligne qui de cap en cap eft de cinquante ôc un milles
d'Italie , fait la divifion de la mer Ionienne ôc du golfe
Adriatique.
La terre d'Otrante eft une province d'Italie , au
royaume de Naples. Elle eft bornée au nord par la
terre de Barri , Ôc en partie par le golfe de Venife ; à
l'orient par la mer Adriatique ôc par la mer Ionienne i
au midi ôc au couchant par un grand golfe qui eft en-
tre elle ôc la Bafilicace, qui achevé de la terminer à
l'occident. Au fond , au nord de ce golfe , eft celui de
Tarente qui en faic partie, ôc dans lequel tombe le Bran-
dano, qui , dans la plus grande partie de fon cours,
fépare la terre d'Otrante d'avec la Bafilicate. Cette pro-
vince comprend l'ancienne Calabre ôc la MeiTapie , où
étoient les peuples Tarentini , Calabri, Salenti-
ni ôc Japyges. Elle a près de cent vingt milles de côte.
C'eft un pays plein de moncagnes & allez fec, qui pro-
duit quanticé d'olives , de figues ôc de vin. Il y a des
tarentules, fur-tout dans le territoire de -Tarente , donc
elles prennent leur nom. Voyez. Tarente > ôc le pays
eft fouvent brouté par les Cavalettcs , forte de faute-
relles ; mais la providence y a mis ordre , en fuscitant un
oifeau qui les détruit. Les corfaires Turcs font bien
plus à craindre. Ils y font des descente^, pillent la cam-
pagne, & emmènent en esclavage tous les habitans qu'ils
peuvent furprendre. Pour les découvrir & s'oppofer
à leurs brigandages , il y a tout le long des côtes un nom-
bre incroyable de tours , où l'on tient du canon ôc du
monde qui y fait la garde jour ôc nuit. Toutes ces in-
commodités n'empêchent par la terre d'Ocrante d'avoir
un aflez grand nombre de villes , encre lesquelles il y
a quatre archevêchés ôc dix évêchés ; favoir ,
Ocrante, Tarente, Brindifi, Macéra.
OTR
Les dix évêchés font
Leccie ,
Cafiro,
Gallipoli ,
Mocala ,
Santa Maria de
Leuca ,
Alefiano ,
Ugento ,
Nardo ,
Oftuni ,
Caftellaneca.
C'eft de cecce province, & principalement du cap
d'Otrance , que Pyrrhus conçut autrefois le deflein ex-
travagant de joindre par un ponc l'Icalie avec la Grè-
ce. Ce ponc auroic eu creize lieues de quacre mille pas
chacune. La capitale de la province eft Ocrance. Quel-
ques-uns cransporcenc cec honneur à Leccie , où le gou-
verneur de la province faic fa réfidence ■■, ce qui y ateire
beaucoup de noblefie. Cecte province eft la feptiéme en
rang entre celles du royaume de Naples.
OTRAR , ville d'Afie , dans le Turkeftan , félon
d'Herbelor. On l'a nommée auifi quelquefois Fa-
rab & FariAb , moc qui veuc dire un terrein arrofe par
des canaux cirés des rivières. En effer , cecce ville eft
arrofée par la rivière de Schasch, ôc n'eftpas loin de
celle de Balaflagoun. L'auteur des notes fin l'hiftoire de
Timur-Bec, tom. 1. pag. 438. ditqu'Otrar eft dans le
Zagacaï, fur la frontière de Gécé, au-delà du Sinon.
D'Herbeloc die : Mohamed Kotbeddin Kouaresm-Schah
prie cette ville vers l'an 610 de l'hégire , dans le rems
qu'elle pafioîc pour la capitale de coût le Turkeftan, ôc
ce fuc la prife de cetee place qui lui accira la cruelle
guerre que Gengiskan ôc fes Mogols lui firent. Abul-
gafi-Kan , dans fon Hiftoire généalogique des Tarars ,
p. 248. en donne une aucre raifon. Alfaras ôc Albiru-
ni fuivis par Abulfeda ôc d'Herbeloc, lui donneur 88
degrés 30 minuces de longirude , ôc 44 degrés de latitu-
de. D'Herbeloc, ou plucôc Corneille qui le fuie, faic
cecte lacitude de 49 deg. ce qui eft une faute. L'auteur
des notes déjà cité , dit 98 degrés ôc demi pour la lon-
girude ; compeanc d'un autre méridien , comme nous le
marquons au mot Méridien ; ôc il met la latitude de
44 degrés ; mais il ne s'accorde pas avec lui-même ; car
au tome 2. pag. 129. il change le tout, ôc met 99
deg. 30 minutes pour longitude, ôc 43 deg. 30 min.
de latitude. L'auteur des notes fur l'Hiftoire généalogi-
que des Tacars, p. 269. mec cecce ville à 41 deg. yo
min. de latitude, vers les frontières des Calmouks , fur
le bord d'une petite rivière qui va fe jeccer dans l'Amu ,
vers les 99 deg. de longitude. Cecre ville n'eft pas fore
confidérable à préfenr. Le fameux Tamerland y mou-
rue l'an 1404. #
OTRENUS , fiége épiscopal , ainfi nommé par Eu-
febe de Céfarée, le même qu'OsTRENus. Voyez, ce
moc.
OTRICOLI, aucrefois ville célèbre de l'Ombrie , à
préfent village d'Italie , dans l'érac de l'Eglife, au duché
de Spoleeee , ôc aux confins de la Sabine. Scrabon , /. 5.
p. izy. qui la nomme O'x/uxAei nous en marque ainfi la
firuation. La rivière du Nar , ( aujourd'hui la Nera ) ,
fe perd dans le Tibre , un peu au-deffus d'OcRicou.
Les Latins ont die Ocriculum. Tite-Live , /. 20. c.
11. dit : Ayanc vu l'armée auprès du Tibre, dans le
voifinage d'Obriculum. Tacite, hift. I. 3. c. 78. die:
L'armée de Vespafien écanc parcie de Narni, pafiatran-
quillement les fêtes de Saturne à Ocriculum. Ec Pline
le jeune, /. 6. epift. 25. die : Vous me mandez que Ro-
bufte a éré de compagnie avec Arrilius Scaurus jusqu'à
Ocriculum. L'ancien , que je défigne fous le nom fim-
ple de Pline, en nomme les habicans Ocricuiani. An-
eonin , itiner. die Ocricoli au pluriel , & mec ce lieu
à quaranee-fepe mille pas de Rome , ôc à douze mille
de Narni.
Le père Labac , voyage d'Espagne & d'Italie , t. 7. p.
102. nous en donne une erifte image. Il ne refte aujour-*
d'hui d'Oericoli, dic-i! , que des ruines dans ia plaine,
aflez près de la hauteur , fur laquelle eft bâti l'Oaico-
li d'à préfenr. On compte huit milles de Narni a Ocri-
coli : ( à ce compte , il n'y auroic eu que dix milles ro-
mains de l'un à l'autre; mais il ne faue rien déranger à
ce compre , puisqu'Oericoli d'à préfenc n'eft poinc fur
les ruines de l'ancien ). La moieié de ce chemin eft
dans les moncagnes ôc fur des rochers , où il a fallu
employer le cifeau pour ouvrir le partage & élargir le
chemin en côtoyanc les rochers ; de manière que d'un
côeé le rocher eft coupé à plomb , comme un mur ,
de plus de trente pieds de hauteur ; ôc de l'autre , on
a un précipice d'une hauteur prodigieufe. Ce chemin eft
large de douze à quinze pieds ôc bien eneretenu ; mais
il eft dangereux , fur-eout quand il pleur abondammenc ,
à caufe des ravines d'eau qui tombent du haut de la
montagne , ôç qui entraînenr fouvenc avec elles des
mafies de terre ou des quarciers de rochers donc la ren-
conere eft erès-dangereufe. Les grandes ruines qui cou-
vrent un espace confidérable de la plaine , prouvent
en partie ce que difent les anciens de la grandeur &
de la magnificence de cecce ville. Je crois, pourfuir le
père Labac , qu'un bon aneiquaire , crouveroic des cho-
fes rares , s'il faifoic fouiller dans ces ruines. Adiflbn ,
Remarques fur divers endroits d'Italie , p. 10 3. die que ces
ruines fonc proche la rive du Tibre : Il y a encore par-
ci par-là des colonnes ôc des piedeftaux , de gros mor-
ceaux de marbre enfevelis dans la rerre, ôcc. LOtri-
coli d'à préfenc , die le père Labac, eft fur une hau-
ceur. L'abbé Baudrand lui faic honneur en le craitanr de
peeiee ville. Je croirois lui en faire crop , fi je le trai-
tois feulement de bourg. Rien n'eft plus peeic, plus
pauvre ôc plus délabré. Le nom moderne Otricoli a
donné lieu à quelques modernes de voir dans les anciens,
au lieu d'Ocriculum qui y éeoic, Otriculum qui n'y
étoic pas , ôc qui eft de la façon de ces prétendus rc-
formatcurs des ouvrages de l'anciquité.
OTRICULUM. Voyez, l'article précédenr.
OTRIS, lieu de la Babylonie, auprès des marais de
l'Euphrare , félon Pline, /. $. c. xC.
OTROEA , perite ville d'Afie , aux confins de la
Bithynie , un peu ati-deflus du lac nommé Ascanius La-
eus , félon Strabon, /. 12. p- 5<>6-
OTT
OUA
OTRYES , lieu de la Phrygie où arriva un prodi-
ge donc parle Plutarque , Hommes illufires , tom. 4. p.
459. de la traduction de Dacier, édition de i724> *
Amfterd. dans la vie de Lucullus. Ce général tâchoic
alors de s'approcher de la ville de Chalcédoine , ôc
Ornes doit avoir été vers les confins de Bithynie. Or-
relius foupçonne que ce lieu pourroit bien avoir quel-
que rapport avec les Oihronicns , peuple que Pline ,
/. j. c. 29. donne à la Méonie ; mais tous les manu-
ferits de Pline , au rapport du père Hardouin , portent
Orthronienses.
OTTAD1NI, félon le père Briet. Ceft un ancien
peuple de la Grande Bretagne , que Ptolomée appelle
Otadeni. Voyez, ce mot.
OTTENBUREN , abbaye d'hommes , ordre de faim
Benoît , en Allemagne , dans la Suabe, au diocèfe
d'Aulbourg , fur la gauche de la rivière de Gtinrz , à
deux lieues au fud-eft de Memmingen. L'églife eft dé-
diée fous le nom des faints Alexandre ôc Théodore ,
martyrs. Les Bénédictins y ont établi un collège pour
l'éducation de la jeuneffe.
OTTENDORFF , château d'Allemagne , dans le pe-
tit pays de Hadelland , enclavé au duché de Brème. Il a
appartenu aux ducs de Saxe-Lawenbourg , & a pafle
avec le relie de leur fuccellion , à titre de féqueftve,
au pouvoir du duc de Zell , de la maifon de Bruns-
wick , ôc enfuite à George I , électeur de Hanovre, fon
gendre. * Hubner , Geogr. p. 552.
OTTENSTEIN , château d'Allemagne, auprès de
Witlich , ville de 1 electorat de Trêves*
OTTENWALD, c'eft-à-dire, la forêt d'Otton ,
Ottonia fîlva , petit pays d'Allemagne, au Palatinar
du Rhin, entre le Mein &le Neckre, aux confins de
la Franconie ôc de l'électorat de Mayence, vers le Gé-
raw & le comté d'Erpach. Il appartient a l'électeur Pa-
latin depuis l'an 1465. Il n'y a aucune place remar-
quable. Quelques-unsécriventODENWALD.*.Bi:?«^rtf/z^,
edir 170J.
OTTERSBERG, fortereffe d'Allemagne, en We-
ftphalie, au duché de Brème. Ceft une place impor-
tante, à caufe que c'eft un partage. Sa fituation dans
un marais la rend forte. * Hubner , Geograph. pag»
OTTESUND , Ottortis Fretum (a), détroit ou bras
de mer du Jutland feptentrional , entre l'ifie de Thy-
holm au nord, & le pays de Lemwyck au midi. Ce
détroit communique à l'orient avec le golfe de Lym*
dans le diocèfe d'Alborg, ÔC il aboutit au couchant avec
un autre golfe qui n'eft. féparé de la mer du Nord que
parl'iflede Harboor , fur le banc de Jutland. Ce détroit
fépare le diocèfe d'Alborg, au nord de ceux de Rypen
& de Vibourg. On lui a donné le nom d'Otton ( b) ±
parce qu'un empereur de ce nom alla dans le Jutland
jusques-là. [a) Atlas, Robert de Vaugondy.(b) Corn.
Dict.
OTTHORA, ancienne ville ou place de Phœni-
cie, félon le livre de la notice de l'Empire , fetl.
OTTINGA , nom latin d'OETTiNGF.N , ville de Ba-
vière.
OTTMASHEIM , ou Ottmarsen , village de Sun-
gaw , frontière de la Haute-Alface , entre le Rhin ôc
la Hait, à cinq lieues de Bàle ôc à trois d'Eirtfisheim
où il y a un chapitre de dames, fondé en 1060, pair
Rodolphe , comte de Habspourg. Ce village tire fon
nom d'un temple en forme de Rotonde , dédié à Mars.
Il fert à préfent deglife au chapitre: il n'y a paslong-
tems qu'on y voyoit encore la ftatue de Mars. Ce villa-
ge n'eft qu'à une lieue de Newburg , dont il eft fépa-
ré par le Rhin. Ce fut près de ce village que M. le
comte du Bourg battit , en 1709 , le comte de Mercy à
la tête d'un corps de troupes Allemandes, & mit à
couvert , par cette victoire le Sungaw & la Haute- Al-
face. * Supplément au Manufcrit de la Bibliothèque
de M. de Corberon , premier préfident au co/ifcilfouve-
rain d'Alface.
OTTOMACOS ( Les ) , peuple de l'Amérique mé-
ridionale , qui occupe les bords de l'Orinoque , vers fon
embouchure. Ce peuple, bien différent des autres In-
diens, a une apparence de gouvernement. Les Or coma-
J2Ï
eos ont leurs jours diltribués 8c partagés avec quelque
ordre dont ils s'écartent rarement. Ils devancent de 11 ois
heures le lever de l'aurore ; ce tems eft confacté a dé-
plorer la perte de leurs parens & de leurs amis. Leur
douleur eft réelle , ôc s'énonce par des larmes. Tout re-
tentit de leurs plaintes & de leurs hurlcmens. Le pre-
mier rayon du Soleil dilfipe la trifteûe, & ramené la
joye qui remplit le relie du jour. Ce ne font que dai>
fes ôc fefiins. Le capitaine nomme chaque jour un
certain nombre de fes fujets pour aller à la chaffe ôc
à la pêche pour toute la peuplade. Le lendemain, ceux-
ci fe repofent , ôc font remplacés par d'autres dans ces
occupations. Toute la nation compofe une nombreuie
famille. Les chaffeurs ôc les pêcheurs dépofent le fruit
de leurs travaux à la porte du capitaine , qui diftribuc
ces provisions aux pères de famille à proportion du
nombre de leurs enfans. La polygamie eft proferite chez
les Ottomacos. Le cacique fait les mariages , Ôc par une
tradition que les vieillards font obferver à la rigueur,
le cacique ne donne aux jeunes hommes que de vieil-
les femmes pour époufes. Les jeunes femmes appartien-
nent aux vieillards. Pour autorifer ôc juilifier cet ùfa-
ge, ils difent que ce feroit mettre deux fous dans une
même maifon, que d'unir deux jeunes perfonnes Les jeu-
nes gens feconfolentpaiT'espérancequ'ils feront bientôt
délivrés de leur gouvernante incommode. Dès qu'ils
font devenus veufs , ils font en droit de fc choisir une
jeune femme. * El Oriaoco dlufirado , ôcc. pur el Padre
Gumilla , en Madrid, 174^.
OTTOMIENS. Corneille donne un nouvel article
fous ce nom, fans fe reflbuvenir que ce font les Oto-
mis de Laët , qui ne différent point des Ottomiens de
Davity.
1. OTTONIA. LVv^Odensée.
2. OTTONIA , ifle dont parle Crantzius , au rap-
port d'Ortelius, Thefaur. Ôc qui doit être dans la met-
Baltique , fur la côte orientale de la Cherfqrmëfe Cim-
biique. Il ajoute que George Brunus lui donne pouf
nom mod.rne Tirholm.
5. OTTONIA SILV A. Vont Ottenwald.
OTTOPAN , ville de l'Amérique feptentrionale ,
dans le Mexique propre , félon Corneille, Dill. qui ne
cite aucun auteur à cette occafion. Il ajoute qu'elle eft
habitée par une colonie Espagnole. Il l'a prife de Bau-
drand , édit. 1682.
OTTOROCORRHA , ville de la Sérique, félon
Ptolomée, /. 7* c. 16.
OTT'OROCORRHjE , peuple du même pays , félon
le même géographe.
OTTOROCORRHAS Mons , montagne de la Sé-
rique j près des monts Emodes , félon le même. Ce font
les Attacor^ de Pline. Voyez, ce mot.
Orofe met aufïi une rivière de ce nom dans le même
pays.
La fyllabe Ou eff diverfement exprimée par les or-
thographes des différentes nations. Lés François joignent
toujours IV ôc Vu pour produire le fon qui finit ces mots
trou , filou , hibou. Les Espagnols , les Italiens , les Al-
lemands , ôcc. prononcent ce fon lorsqu'ils trouvent un
11 fi m pie ; mais les Anglois le prononcent encore quand
ils trouvent un W devant une voyelle: ainfi ils pro-
noncent ces mors Wellminfter , WTithe.il, Winchefter ,
ôcc. comme fi ce double W étoit écrit par un ou. Oite-
ftminfler , Ouitheal , Ouinchefler , ôcc. C'eft de là que
nousdifons VOtteff , au lieu qu'il faudroitdire le Wefl ;
mais c'eft le feul mot que je connoiffe pour qui nous
ayons facrifié l'orthographe à la prononciation ; dans
tous les autres il faut laiffer les lettres que l'ufage y a
attachées. Il fuffit d'avertir que lesfioms de lieu anglois
doivent fe prononcer ainfi , ôc il ne faut pas les défigu-
rer comme a fair Baudrand en rangeanr fous la lettre
O, Ouicht, Ouilr , Ouinchefter, Ouindfor, ôçc. qui
ne s'écrivent pas ainfi. Ils appartiennent au W ,Wi%ht ,
Wï't , Wnchejler , Wmdfor , ôcc. Il y a de la témé-
rité à rendre ainfi les noms propres méconnoiffables
fous prétexte de les accommodera une prononciation
nationale.
OUABACHE , grande rivière de l'Amérique fep-
tentrionale, dans la Nouvelle-France, à laquelle de
l'îfie donne auifi le nom de Saint Jérôme. Elle eft for-
OUB
72.6
niée de i'Ohio ou belle rivière , Se de la rivière des Mîa-
mis. Elle reçoir enfuite la rivière des Chaouanous ,
qui vient de l'orient , puis celle des Casquinambaux ou
des Cheroquis , Se fe décharge dans le Mifliflipi , quel-
ques lieues au-deflbus des 37 degrés de latitude nord.
Tout le pays qu'elle arrofe eft fort beau ; ce font de
vaftes prairies à perte de vue où il y a une quantité pro-
digieufe de ces bœufs fauvages, qu'on appelle bœufs
Illinois. Voyez, Ohio.* Le père de Charlevoix , Jour-
nal d'un voyage en Amérique.
OU ABMACHE, grande rivière de l'Amérique fep-
tentrionale au Canada. Elle tombe dans le fleuve de
Saint Laurent , trois lieues au-deflus du lieu nommé les
Trois Rivières. Autres relations.
OUD
OUANAHINAN , petit peuple de l'Amérique fep-
tentrionale , dans la Louïfiane : il habite le long de la
rivière des Ouarchites près des Nabiti.
OUARVILLE, bourg de France , dans laBeauce,
au pays Chartrain , entre Chartres 8c Angerville. *
Atlas , Rob. de Vaugondy.
i.OU ATCH1TAS , peuple de l'Amérique feptentrio-
nale , dans la Louïfiane , au bord de la rivière des Akan-
fas , vingt lieues au-deflus des Mentons , au midi occi-
dental de la rivière. De Bienville en trouva une colo-
nie au bas d'une autre rivière qui porte leur nom , &
au nord-eft des Natchitoches.
2.OUATCHITAS ou Outachitas, nation fauva-
ge de la Louïfiane , dans l'Amérique feptentrionale. Elle
donne fon nom à une rivière qui paroît fortir d'une
chaîne de montagnes , laquelle borne le pays des Ofa-
ges au midi. Après avoir coulé long-tems entre la ri-
vière des Akanges & la rivière Rouge , elle fe décharge
dans celle-ci. * Le père de Charlevoix , Mémoires ma-
nuferits.
OUATEBAMENIBOUSSE , petite rivière de l'Amé-
rique feptentrionale, au nord de la Louïfiane» au pays
des Sioux orientaux. C'eft une de celles qui grofliflent
la rivière de Sainte Croix.
OUAT1ROU , grand quartier de la Jamaïque ,
dans la baie des Kow , laquelle n'eft féparée de la baie
du Port-Royal , capitale de l'ifle , que par un cap qui
avance au fud , & qui a le Port-Royal à fon occident
&e la baie de Kow à l'orient. Le quartier d'Ouatirou
eft un des plus fertiles de la Jamaïque. Il étoit très-
bien fortifié en 1694 , lorsque du Carte, alors gouver-
neur de Saint Domingue , fit une descente dans cette
ifle. Il la fit attaquer par le fameux Laurent de GrarT,
& par Beauregard , qui après avoir cfluyé un trèj-grand
feu , emportèrent tous les retranchemens l'épée à la
main, en moins d'une heure 8c demie. Le lendemain,
de Graff détacha cinq cens hommes pour faire des pri-
fonniers , 8e pour ravager les habitations Se les fucre-
ries. Le cinquième jour , les vaiffeaux du roi mouillè-
rent à Ouatirou , Se du Cafle étant descendu à terre ,
envoya d'autres détachemens pour achever de ravager
le pays , puis on brûla le bourg Se on y encloua tous
les canons. * Le père de Charlevoix , Mémoires manu-
ferits.
1. OUAYNE(L'), rivière de France, dans le Pui-
faye. Elle a fa fource à un bourg de même nom , d'où ,
coulant vers le nord-oueft , elle pafle à Toufly, re-
çoit la rivière de Mezilles Se quelques autres ru iffeaux,
pafle au midi de Château -Renard, Se va enfin tomber
dans le Loin, au nord eft de Montargis. * Atlas, Rob.
de Vaugondy.
2. OUAYNE ou Ovaine Se Ovene, bourg de
France , au Puifaye , à l'extrémité orientale de l'éle-
ction de Gien. On croit qu'il a donné le nom à la pe-
tite rivière qui y prend fa fource , & qui eft tarie une
partie de l'année.
OUBAH , canton d'Afie , dans le Khoraflan : il s'é-
tend depuis Hevat jusqu'à Rond : la pureté des eaux Se
la bonté des fruits rendent ce lieu charmant. 11 y a
dans ce canton une fource d'eau minérale , propre à
la guérifon de certaines maladies. * Manufcrit de la
Bibliothèque du Roi.
OUBEL , nation d'Afie , elle fait partie des Ouga-
nis , entre Cabul Se Candahar. * Hifioire de limur-
Bec, 1. 3.C. 8.
OUBITS , ville d'Yaflb ou de Kamtschatka , félon
la relation du Caftricoom , inférée dans le fécond to-
me de l'hiftoire du Japon, par le père de Charle-
voix.
OUBRETS ( Les bois des ) , bois de France , en Lan-
guedoc , dans la maîtrife des eaux Se forêts de Mont-
pellier. Il a feize cens vingt arpens d'étendue.
1 . OUCHE ( L' ) , Vticenfis Pagus , pays de France ,
dans la Haute-Normandie, au diocèfe d'Evreux. Il com-
prend les territoires de Conches , de Breteuil Se de l'Ai-
gle , finies entre les rivières d'Iton Se de Carentonne ,
Se s'étend jusqu'à Saint Evroul , auflï compris dans la fo-
rêt d'Ouche. Le territoire produit des grains , des bois
à brûler , Se l'on y trouve des mines de fer. On y di-
ftingue les bourgs de Rugles , de Lyre, de Glos,
de la Ferté Frenay , Sec. C'eft ce qu'en dit Corneille ,
guidé par des mémoires dreflés fur les lieux. Les au-
teurs du dictionnaire de la France y mettent trois vil-
les j favoir
Bernay, L'Aigle , Se Beaumont le-Roger ;
& ils fe trompent en cela. L'Aigle & Beaumont-le-Ro-
ger font de la campagne de Neubourg, Se au-delà de
Rille , qui fépare l'Ouche de cetre campagne , 8e Ber-
nay eft du Lieuvin. Ils ajoutent que le pays d'Ouche fai-
foit autrefois partie du comté d'Hiesme ; qu'il s'étendoit
aufli dans le diocèfe de Liiieux , du moins jusqu'au
lieu où eft l'abbaye de faint Evroul , qui a été long-
tems appellée Ouche, Uticum; paice que la forêt où
elle avoir été bâtie portoit le même nom , Silva Uticen-
fis , la forest d'Ouche ■> maiscela n'eft pas clair , ils dé-
voient dire que le comté d'Hiesme comprenoit autre-
fois une partie du pays d'Ouche , du moins jusqu'à S.
Evroul ; car le pays d'Ouche s'étend bien au-delà vers
l'orient Se le nord-eft , en des lieux qui n'ont jamais
été du comté d'Hiesme. * Corn. Diét. Mémoires dres-
fés fur les lieux.
2. OUCHE ( L' ) , Oscarus , rivière de France , dans
la Bourgogne. Elle traverfe le Dijonnois, pafle à Di-
jon Se fe jette dans la Saône. Elle a autrefois donné le
nom de Pagus Oscarensis, au pays où elle coule.
5. OUCHE (L'), Oscarus , Oscar a, rivière de Fran-
ce , en Bourgogne. Elle prend fa fource dans le bail-
liage, un peu au nord-oueft de Beaune, où elle forme
un étang. Elle court vers le nord , pafle à Lufigny ,
Beligny , Autheuil , Gifley , d'où , tournant vers le le-
vant , elle pafle à Dijon , 8e fe rend dans la Saône ,
au-deflus Se près de Saint Jean de Lône.
OUCHESTIGOUEKS (Les) , peuple de l'Améri-
que feptentrionale , vers le milieu de la terre des Es-
kimaux , vers les fources d'une rivière qui vient fe ren-
dre dans le lac de Manikouagan. C'eft un peuple fé-
dentaire.
OUDAROU , ville du Japon : elle eft fortifiée d'un
château revêtu de pierres de taille avec des tours, que
leur hauteur fait appercevoir de loin. Un tremblement
de terre bouleverfa presque tout le pays d'alentour. II
renverfa dans la ville des maifons , des tours Se des tem-
ples. La forterefle ayant été entièrement abymée, il
fallut jetter des montagnes de boue dans le gouffre pour
rebâtir le château au même endroit. C'eft ainfi qu'en
parle Corneille , Dittion. fur les mémoires de l'ambas-
fade des Hollandois au Japon. Cette ville me paroît
être la même que Karmpfer nomme Odowara. Cet
auteur parle d'abord d'une colline , nommée Odowa-
ra Isii, ou Odowara Iisch, à caufe d'une carrière
fameufe d'où l'on tire une espèce particulière de
pierre que l'on porte à Jedo , Se dont on fait des pots
qui font à l'épreuve du feu. Le fauxbonrg de la ville
d Wdowara eft dans une fort agréable fituation aflez
près de la mer, Se commence fur les bords même de
la rivière qui fort du lac de Fakone, 8c fe décharge
dans la mer , près de la ville d'Odowara , terminant fon
cours entre des montagnes délicieufes , 8e des collines
couvertes de verdure qui s'étendent jusqu'à la ville ,
& dont le pied mouillé d'un côté par la mer , fe ter-
mine de l'autre en une grande plaine d'une lieue d'Al-
lemagne de longueur -, Se c'eft fur cette plaine que la
ville eft fituée. Elle eft bien fortifiée , Se a de bonnes
portes Se des corps de garde ornés de beaux édifices
OUD
OUD
de chaque côté. Les rues en font larges , propies ôc
régulières : fur-tout la rue du milieu eil remarquable
par fa largeur. La ville eft plus longue que large , ôc
j! faut une grande heure pour la traverfer depuis le
bout d'un fauxbourg jusqu'au bout du fauxbourg op-
pofé. On y compte environ mille maifons , petites ,
proprement bâties , blanchies pour la plupart ,avec des
avant-cours carrées au-devant, ôc de jolis jardins der-
rière. Au côté feptentrional de la ville eft le châceau
ôc la demeure du prince. Il fe faic remarquer à l'ordi-
naire par une belle ôc haute tour. Les temples font
bâtis du même côté fur le penchant de la montagne.
Les boutiques mal fournies montrent afiez qu'il n'y a
pas dans cette ville beaucoup de commerce ni de ma-
nufactures , quoiqu'elle foit voifine de la mer. On y
prépare cependant le catchou parfumé , ou Terra Ja-
ponica, dont on fait des pilules , de petites idoles, des
fleurs , ôc plufieurs figures que l'on met dans de jolies
petites boëtes pour les vendre. Les femmes l'aiment
beaucoup ôc en font un grand ufage , parce qu'elle af-
fermit les dents ôc leur rend l'haleine douce. Ce jus
épaiffi eft porté au Japon par les Hollandois Ôc par
les Chinois, ôc après qu'on l'a préparé à Miaco ôc à
Odavrara , mêlé avec de l'ambre , du camphre de Bor-
néo & d'autres chofes , ils le rachètent pour le trans-
porter ailleurs. La beauté des ajuftemens ôc l'extérieur
poli des habitans de cette ville, fur-tout des femmes,
font une preuve qu'il n'y a que des gens aifés qui y
demeurent. Ils n'ont pas befoin de gagner leur vie par
le commerce ou par les arts ; ils peuvent vivre de leurs
revenus , ôc préfèrent le féjour d'Odovrara à tout au-
tre , à caufe du bon air ôc de la beauté de la fkua-
tion. * Hifloire du Japon , 1. j. t. 2. p. 222.
OUDEBATHON , peuple de l'Amérique fepten-
trionale, du nombre des Nadoueffi. Ils habitent le long
des rivières qui viennent du lac de Buade , ou des ter-
res tremblantes des environs, dans le fleuve de Mis-
filTipi. Je ne les crois pas différens des Ouadeba-
TON.
OUDEMBORG, faufle orthographe , pourOuDEN-
bourg. 11 y a à Oudenbourg une belle abbaye d'hom-
mes, ordre de faim Benoît , fondée dans le onzième
fiécle.
OUDENARDE, prononcez Audenarde, c'eft en
faveur de la prononciation que quelques-uns écrivent
ce nom par un A , à la première fyllabe ; ville du Pays-
Bas , dans la Flandre Autrichienne , fut l'Escaut , à
cinq lieues au-defius de Gand , ôc à fix au-deflbus de
Tournai. Les auteurs Flamands Veulent que la ville d'Ou-
denarde foit fore ancienne , & qu'elle aie été une place
confidérable dès le tems que les Huns ravagèrent la
Gaule Belgique au cinquième fiécle ■, mais , comme le
remarque le docte abbé de Longuerue , Description de
la France, deuxième partie , p. 59. ils ne fe fondent
que fur des vaines conjectures , & on ne voit pas qu'Ou-
denarde doive fon origine à d'autres qu'aux comtes de
Flandre. Ces feigneurs la fortifièrent pour brider les
Gantois , qui la prirent ôc la pillèrent plufieurs fois
dans les guerres qu'ils eurent contre leurs comtes , ôc
principalement contre Louis de Mafle , dans les années
1579 ôc 1384. Elle eft célèbre par fa manufacture de
rapifleries de haute-lice. Louis le Grand , l'ayant prife
l'an 1667, la fit fortifier à la moderne. Elle lui avoit
écé cédée par le traité d'Aix-la-Chapelle en 1668 ; mais
dix ans après, par le traité de Nimegue, il la rendit
au roi d'Espagne, Charles IL Le 24 ôc le 2j Mars
1684, elle fut à moitié détruite par un bombardement
fait fous les ordres du maréchal d'Humieres & du ba-
ron deQuinci. Elle a été rétablie ôc elt plus belle qu'elle
n'étoit auparavant. La ville elt fituée dans une vallée où
pafie l'Escaut , ôc à cent pas de fes foifés , eft du côté
du midi la montagne, nommée Kerselaerberg , d'où
l'on découvre la ville. Il y a deux églifes paroiffiales ,
l'une fous le titre de fainte Walburgc, & l'autre du nom
du quartier où elle efi fituée , s'appelle Pamele. 11 y a
aufli un collège de Je fuites , un couvent de Capucins,
un de Récollets, les monafteres de Sion , de la Magde-
lene,des fœurs Noires , & des fœurs Grifesj un be.ui
couvent d'Hospitalières qui font de noble extraction ôc
l'abbaye de Magdendaele, religieufes de l'ordre de Cî-
tcaux. Cette abbaye étoit au village de Vloersberghe ,
mais Arnoul , baron de Pamele , la transféra dans la
ville en 1235. La ville a cinq portes ôc plufieurs édi-
fices afiez beaux , parmi lesquels on difiingue la mai-
fon de ville , devant laquelle il y a une belle fontaine
avec un grand baffin que les François ont fait conitruire
l'an 1670, lorsqu'ils en étoient les maîtres.
Il y a dans cette ville deux jurisdictions différentes i
favoir, celle du magiftrat qui ettcompofée d'un grand
bailli , d'un bourguemaître , ôc de neuf échevins , & celle
du baron de Pamele. Les barons de Pamele ont été au-
trefois feigneurs de toute la ville , ôc ils y ont un châ-
teau qui eft très-ancien ; mais à préfent ces deux juris-
dictions font divifées ôc féparées par l'Escaut. Margue-
rite, duchefle de Parme ôc gouvernante des Pays-Bas,,
naquit à Oudenarde en 1521 ; elle étoit fille naturelle de
l'empereur Charles V , ôc de Marguerite Van Genfte ,
demoiléllc Flamande , quatre ans avant que ce prince fe
mariât. Alexandre Farnefe , fils de Marguerite d'Autri-
che , épargna , en confidération de la naiiiânce de fa mè-
re , la ville d'Oudenarde lorsqu'il la remit fous la domi-
nation espagnole. * Délices des Pays-Bas , t. 2. p. Si. C"
fuw.
Louis XV la prit en 174;, la fit démanteler ôc h
rendit à la maifon d'Autriche.
2. OUDENARDE ( La Chatellenie d' ) comprend
vingt-neuf villages , outre plufieurs feigneuries particu-
lières. Elle envoie fes députés à la cérémonie de l'inau-
guration du comte de Flandre. On y remarque deux
abbayes , favoir , Eenhaeme ? fous l'archevêché de Ma-
lines , ôc Petegem , fous l'évêché de Gand. Il y a aufii le
village de Viciite » dont le feigneur eft maréchal héré-
ditaire du comté de Flandre , ôc le village de Heyne ,
où il y a un petit chapitre de chanoines. La bataille d'Ou-
denarde fe donna près de cette ville le n Juillet 1708,
entre les troupes de France commandées par le duc de
Bourgogne , petit-fils de Louis le Grand & perc de Louis
XV , ôc par le duc de Vendôme, ôc les troupes des al-
liés , commandées par le l^d duc de Marlboroug ôc par
le prince Eugène de Savo* ;'elle fut très-fanglante ; les
François qui la perdirent, ne lai fièrent pas de prendre
Bruges ôc Gand en fort peu de tems,
Il faut remarquer que ces deux fyllabes Ouden figni->
fient Vieux : ainfi Ouden , Old, Olden, Alt, Aj_-
ten ont la même lignification.
OUDENBORG. (De Longuerue écrit Audenbourg,
conformément à la prononciation ) , c'eft-à-dire , le
Vieux Bourg , petite ville des Pays Bas , dans la Flandre
Teutone , à une grande lieue d'Oflende & a deux de Bru-
ges. C'eft le chef lieu d'un doyenné de même nom dans
lequel^ eft Oliende , & qui fait partie de l'évêché de
Gand.* Dictionnaire géographique des Pays-Bas.
OUDENBOSCH , c'eft-à-dire , Vieux Bois , Vêtus
Silva, anciennement den Ouden Barlenbosch , bourg
confidérable des Pays Bas , au Brabant Hollandois , dans
le matquifat de Berg-op-Zoom , à trois lieues de Breda.
Il y a un grand ôc beau Havre qui aboutit à la rivière de
Breda , vis-à-vis de Standaert-Bruiten. 11 y a cinq belles
rues , entr'autres une où il fe tient un marché tous les
Jeudis. Il s'y fait un grand commerce de grains Ôc d'autres
denrées , Ôc il fe pafie peu de jours qo'on n'v charge des
grands bateaux de fascines que l'on envoie dans la Zé-
lande , ôc dans la Flandre Hollandoife , où elles font
employées à l'entretien des digues. Le drofiart du quar-
tier oriental du matquifat de Berg opZoom , fait faré-
fidence à Oudenbosch , ôc y préfide au banc de la jufiiee
ôc de la police , qui ert compofé d'un bourguemaître ,
de fix échevins, de quatre jurés, ôc d'un fécretaire qui
l'eft en même-tems des villages des Standaere Bruiten, de
Rukvenne & de Zeggen. Il y a pour les Proteftans une
églife , ôc pour les Catholiques une chapelle defiervie
par les moines de l'abbaye de faint Bernard , qui pos-
fedent les dixmes à la charge de fournir la fubfiftance
au minifire. * Janiçon , Etat préfent des Provinces-Unies,
t. 2. p. 238.
OUDEWATER , ville des Pays-Bas, dans la province
de Hollande , entre Gouda & Montforc fur l'Yfi'el , aux
confins de la feigneurie d'Utrecht. Elle eft petite ôc peu
agréable par fa fituation. Elle eft remarquable par la
naiflance d'Arminius, fh.édlûgreh Holîandois^chcfd'ui?
72.8 OVE
OUH
parti nombreux entre les Proteltans, connus fous le nom
de Réformés. Ceux qui ont embraflé fon fentiment fur
la Grâce font connus fous le nom d'Arminiens ou de Re-
monjtrans. Après de vives conteftations ils ont enfin
obtenu d'être tolérés. On recueille aux environs d'Oude-
water une grande quantité de chanvre.
OUDGIAN , ville d'Ane , dans la Perfe , dans l'A-
zetbijane , près de Tamis. * Hiftoire de limur-Bec , 1.
;. c. 34.
OUD1N , bourg de France, en Artois , à deux lieues
de Béthune. Il y a un monaftere de Bénédictins, ôc
un couvent de Dominicains.
1. OUDON , petite rivière de France , dans la BafTe-
Normanaie, où elle coule dans le diocèfe de Bayeux.
Elle a fes fources dans le Boscage , un peu au-dtiïus du
village d'Oudes-Fontaines , ôc après avoir paffé dans le
voifinage de l'abbaye d'Aunay ôc arrofé quantité de vil-
lages pendant fon cours, qui eft de huit ou neuf lieues,
elle entre dans la ville de Cae'n où elle fe jette dans l'Or-
ne. * Corn. Dict.
C'eft la même rivière quel'ODON.
2. OUDON, OIdo ou Odo, autre petite rivière de
France , dans la Normandie, qui prend fa fourcc dans
la paroiffe de la Carnette ou tout proche , & à cinq
lieues de Seez ou environ , au levant d'été. Elle fépare
lesdiocèfes de Lifieux & de Seez durant quelques lieues ,
& tombe dans l'Orne deux lieues au-deffus d'Argentan.
Elle arrofe plufieurs prairies excellentes ; mais dans fa
petitefie elle eft fujette à des débordemens qui leur font
fouvent préjudiciables. Elle devoit être ttès-grofTe quand
Geoffroi Plantageneft , comte d'Anjou , la pafla avec
fon armée le premier Octobre 1136, en fe retirant dans
le Maine, après avoir pillé le pays , puisque beaucoup
de fes gens s'y noyèrent ; comme on l'apprend d'Or-
deric Vital, p. 707. * Mémoires manufcrus de Lebeuf.
3. OUDON , rivière qui naît dans la Bretagne , pall'e
par la Gravelle , Craon , Legré , reçoit les ruiffeaux de
Renterie, de Cherrans , d'Urcscé , dArgol ôc autres
avant que de fe perdre dans la Mayenne , un peu au-
deflbus du Lyon d'Angers. 0 Mémoires manufcrus de
'Lebeuf.
OVEfL'), rivière d'Espagne , dans l'Alturie. Voyez,
Oviedo.
OVEIRO. Voyez, Owerre.
OUEL ( La Rivière d' ) , rivière de l'Amérique fep-
tentrionale , dans le Canada ; elle tombe dans le fleuve
•de Saint Laurent , à quinze lieues au-deflbus de Que-
bec. Il y a une colonie avec une églife paroiiïiale.
OVER. Ce mot Flamand veut dire le trans des La-
tins, ôc le de-là, au-delà des François.
OVERFLACKÉE, ifle des Pays-Bas , dans la partie
méridionale de la Hollande, au-de(Tus de l'ifle de Goe-
rée. Elle a au nord les ifies de Voorn ôc de Beyerland
dont elle eM féparée par le Haring-Vliet. Elle a au mi-
di le Volke Raack. autre canal, ôc le Duyveland, au
couchant l'ifle de Schowen , ôc au nord-oueft l'ifle de
Goerée. La côte du fud-oueft ôc celle du fud n'ont
point d'habitation , fi ce n'eit Oude-Tonge, fituée fort
avant dans l'ifle, où les barques arrivent par un canal.
A la pointe orientale eft Soltins-Plaets, de-là en fuivant
la côte vers le nprd-oueft on trouve Bomel, Stadt,
Niddelham , Sommerdyck , ôc Meliflant -, Drixland ôc
Niewtonge font dans l'intérieur de l'ifle. * Mémoires
manufcrus .
OVER-ISSEL (a) (V) , pays des Pays-Bas, au-delà
del'HTel , comme fon nom le fignifie. En latin Trans-
ïsalana Provincia ; l'une des fept provinces de la
république des Provinces-Unies. Elle eft bornée du côté
du nord par la Frife ôc par le territoire de Groningue,
au couchant d'été elle a le Zuiderzéc , à l'occident l'IfTel
qui la fépare du Velau , quartier de la Gueldre ; au
midi elle a le comté de Zutphen , ôc à l'orient l'évêché
de Munfler. Ce pays faifoit autrefois partie du diocèfe
de l'évcque d'Utrccht, à qui il appartenoit depuis l'an
1046 , jusqu'au tems de Henri de Bavière, qui s'en ac-
commoda avec Charles V. On divife préfentement cette
province en trois parties principales, qui font le pays
de Drente, de Twente ôc le Sallant. Voyez, leurs
articles particuliers. Il y a cela de remarquable dans la
province d'Ovenflel , que félon la remarque du chevalier
Temple (b) , tous les gentilshommes qui y pofledent des
terres feigneuriales de la qualité requife , font partie des
états de cette province. Lorsque la république paye cent
mille livres, la quote-pait delOveiiffel ett 3571 livres
8 fols 4 deniers , tandis que la feule province de Hol-
lande paye pour la fienne 58309 livres un fols douze
deniers, {a) Longuerue , Defcrip. de la France, 2. part,
pag. 33. (b) Remarques fur les Provinces -Unies,
c. 2.
OVERMAES. Ce mot eft flamand , Ôc fignifie Ou-
tre Meuse. Voyez. Outre Meuse.
OVERSCHIE, gros village des Pays-Bas, dans U
Hollande , au Schieland fur la Schie , à une grande
lieue de Délit, ôc à une petite de Rotterdam. Dans ces
noms prononcez Scie , Si^land ôc Overskje-
OUESSANT (L'isle d'), Axantos , Pline Uxan-
tijfena , Antonin Uxantus , ifle de France , à la pointe
occidentale de la Bretagne , à l'oppofue du Conqueft.
On lui donne trois lieues de tour. Elle eJt environnée
de plufieurs autres petites ifies , dont chacune a fon
nom particulier, mais qui prennent toutes enfemble ce-
lui de la principale. Quoique cette ifle foit affez bien
peuplée , elle n'a qu'un petit nombre de villages , ôc un
ancien château où les habitans fe retirent , lorsqu'ils crai-
gnent quelque attaque qui furpalTc leurs forces. La plu-
part font des pêcheurs qui ont leurs barques dans un pe-
tit port , où de plus gros bâtimens ne peuvent être re-
çus. * Mém. diejjés jur les lieux.
OUEST , mot employé par les gens de mer , pour fi-
gnifieii'OcciDENT.
OUFENS. Voyez. Ufens.
OUGLANIS ( Les ) , nation d'Afic , aux confins dr.
la Perfe ôc de l'Indoultan. Elle habite la montagne de
Solimancouh,à l'occident de l'Indus , entre Cabul ôc Can-
dahar. * Hift. de Timur-Bcc. L 4. c. 1.
OUGL1N , place du royaume de Hongrie, en Croa-
tie, aux frontières de la Carniole, fur la rivière de Do-
bra près de la Morlaquie , entre Metling au nord , ôc
Zeng au midi. Quelques géographes y cherchent Aven-
do » génit. donis , ou Vendum , ville ancienne de la Li-
burnie , félon Baudrand, édit. 1705.
OUGLY. LesHollandois écrivent OegLi , qui revient
à la même prononciation , ville d'Afie dans l'Indoufian ,
au royaume de Bengale , dans la partie fcptentrionale
d'une ifle que forme une branche occidentale du Gan-
ge. Nicolas de Graaf, qui y a été plufieurs fois , ne nous
en apprend aucun détail. C'eft néanmoins une grande
ville fort marchande , ôc où il y a beaucoup d'Européens
établis» Les Hollandois y ont un beau comptoir , ôc on
travaille parfaitement bien en linge dans cette ville. *
Voyage aux Indes orient. 1675.
OUGNON. Voyez. Lougnon.
OUHUONS (Les) , peuple de la Tarrarie orienta-
le. Ils furent défaits par Me-té , fécond kan des Huns,
fe fauverent dans les montagnes qui font au nord de la
province de Peking , au nord-oueft de la Corée. Ils fe
fournirent aux Huns,& refterent fous leur domination,
jusqu'à ce que les Chinois pénétraflent dans leur pays ,
d'où ils les transplantèrent fur les frontières feptentrio-
nales du Leao-Tong, au nord du pays de Yom-Pim-
Fou , de Pao Gan , Tcheou , & des environs , pour ob-
ferver les monvemens des Huns , avec ordre de n'avoir
aucun commerce avec ces peuples. Les Ouhuons fe mul-
tiplièrent infenfiblement dans cette dernière demeure,
au point qu'ils fe trouvèrent aflez puiflans pour lever le
joug contre les Chinois & les Huns. Ils commencèrent
par violer les tombeaux des kans des Turcs. Les Huns,
indignés, les attaquèrent ôc leur tuèrent beaucoup de
monde : les Chinois , contre lesquels ils avoient com^
mis quelques aétes d'hoflilité , ne tardèrent pas à les at-
taquer auffi , ôc les défirent. Ils n'eurent pas plutôt ré-
paré leur défaite, qu'ils recommencèrent à attaquer les
Huns , ôc , aidés de quelques mécontens de cette nation ,
ils battirent le kan qui fe tua de défespoir , ôc en firent
élire un nouveau -, mais ils fe révoltèrent bientôt contre
lui , refuferent de lui payer les ttibuts ordinaires. Le
kan , indigné , envoya des troupes contre eux : ils fu-
rent battus : une partie fut mife en esclavage , l'autre
fut disperfée. Les Chinois voulurent obliger les Huns
à rendre la liberté aux prifonniers , ce qui oeçafionna
une
OVI
OVI
une guerre entre les Huns Se les Chinois. Quelque rems
après ce peuple inconUant Ci joignit aux Huns courre les
Chinois-, ils ne tardèrent pas a fe révolter contre les
Huns , 8c fecouerent tout-à-fait le joug de leur domina-
tion. Ils firent même une alliance avec les Chinois con-
tre eux. Us devinrent par la fuite fi puilïans , qu'ils éta-
blirent des kans de leur nation. Ils voulurent profiter
des. troubles dont la Chine étoit agitée, entrèrent dans
cet empire, y firent de grands ravages : mais à la fin
ils furent battus par les Chinois, qui firent périr leur
kan , 8c les disperferent dans différens cantons de la
Chine, où ils furent confondus avec les Chinois. * Hifl.
génér. des Hiins par M. de Guignes , r. 2. p. 24 , 77,
$6 , 105 , 111,112, 113, 115,139 8c 142.
OVIDOS , ville de Portugal, avec titre de comté,
dans rEllramadure, fur une hauteur proche la cote , à
neuf lieues au nord-oueft de Santaren , 8c à l'oueft de
Leiria. Elle eft environnée de murailles , 8c défendue par
un fort château aiîis au fommet d'un rocher. Il y a qua-
tre paroifles, un couvent de religieux 8c environ treize
cens*habitans. * Cor». Diét. Defcr. Summaria del reyno
de Portugal.
OVIEDO , ville d'Espagne , dans l'Afturie , dont une
partie prend le nom de cette ville , comme on l'a remar-
qué au mot Asturie. Elle eft la capitale de l'Afturie
d'Oviedo. Elle l'étoit autrefois de toutes les Alluries fous
le nom de Brigetum, félon l'abbé de Vayrac , Etat
de l'Espagne , t. 1 . p. 294. mais Brigs.cium , car c'eft ainfî
qu'il ell écrit dans l'itinéraire , donnoit le nom au peu-
ple Bric-ecini; 8c comme on le peut voir à l'article
Brig&cium , elle étoit dans le pays auquel une légion
Romaine a donné enfuite fon nom, c'elt-à dire , celui
de Léon. Ptolomée distingue très-bien la colonie où
étoit cette légion Romaine , du lieu qu'il nomme Bri-
g&c\um ; mais il les met chez un même peuple & dans
un même canton qu'il diltiugue de l'Afturie. Tous les
modernes ne conviennent pas que Brigacium foit Ovie-
no. Ortelitis croit que Brig&cium eft La ville même de
Léon ; 8c Molet que c'elt Birviesca. Il ell vrai que
Tarapha croit que c'elt Oviedo , 8c cela a été répété
par les interprètes de Ptolomée. C'eft un ancien fiége
épiscopal, qui étoit anciennement compté encre les
évêchés de la Galice , 8c qui avoit Bragues , Braccha-
ra , pour métropole ; elle s'appclloit alors Brito-
mia , 8c c'elt fous ce nom qu'elle fe trouve dans une
ancienne notice de l'an 962 , confervée à Séville dans le
chartulaire de S. Laurent , & dans une autre notice de
l'églife d'Oviedo ; mais ce qui achevé la preuve , c'elt
ce qu'on lit dans la divifion des provinces d'Espagne fous
le roi Wamba, lorsqu'il fut que/lion de marquer à cha-
que métropole les diocèfes qui en rckvoicnt , Bra-
carœ fubfint Dumium , Feftibole , vel Portugale ,
Tude , Auria , Luco , jlftorica , Lia vel Uria ; O-
VETUM VEL BrITONIA, EXEMPTA A GALLyEClyE BRACA-
B.A. c'elt-à-dire }qi\'Oviedooi\Britonia fut alors déclarée
cxeintede la jurisdicr.ion de l'archevêque de Bragues 3 qui
étoit alors de la Galice , province étendue alors jusqu'au
Duero. Son nom moderne Ovetum, d'oùs'elt formé !e
nom vulgaire Oviedo , eft pris d'une des deux rivières qui
l'arrofent , favoir , I'Ove &la Deva. Ce font deux ruis-
leaux qui fe joignent dans lesfofïésde la ville , 8c prennent
cnfemblelenom de rivière d'Afta. Oviedo eft la feule ville
de la province qui foit honorée du nom de cité. Lorsque
les Maures envahirent l'Espagne , plufieurs Chrétiens
fe retirèrent dans les montagnes des Afturies. Pelage ,
qu'ils élurent roi, s'y foutint contre les Infidèles, & fon-
da un royaume à Oviedo. Lui 8c fes fucce fleurs ne pri-
rent que le titre de rois d'Oviedo jusqu'à Ordogno fé-
cond , qui prit le titre de roi de Léon , 8c mourut l'an
913. Ce royaume devint bientôt l'afyle de tous les Chré-
tiens, à qui le joug des Manies étoit infupportable ; fur-
tout il s'y retira beaucoup d'évêques , dont les fiiges
étoient occupés par les Mahomérans cV' les troupeaux
disperfés ; cette ville fut appellée à cette occafion la
cité des évèques. Je ne fais où l'auteur des délices d'Es-
pagne, t.i.p. ii<5. a pris que l'on transporta à Oviedo
le fiége de la province qui étoit dans une ville voifine
nommée Emerita. L'abbé de Vayrac , f. 1. p. iy^. !e
copie, 8c le fait ne m'en paroît pas plus vrai pour cela.
Ces mots de la divifion de Wamba Ovetum vel Britoma,
729
ont quelque chofe de plus authentique que l'autorité ic
ces deux auteurs. Ce qu'il y a de plus beau , diftnt ils ,
di l'églife de San Salvador ou de S. Sauveur, bâtie par
un prince nommé Silo , dont on voit le tombeau à 1 en-
trée du côté de la grande porte, avec l'infcription fui-
vante, qu'on peut lire deux cens foixante-dix fois, bien
que VS , première lettre du mot Silo, ne s'y trouve
qu'une feule fois , précifémenr dans le centre.
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Toutes ces lettres ne font que ces mots : Silo princeps
fecit, qui fe retrouvent en 270 biais différens. Sur le tom-
beau on voit ces lettres
H. S. E. S. S. S. T. L.
Ce ne font que les initiales de ces mots : Hic fît m eft
Silo , fu fibi terra levis. Ce prince Silo fut roi d'Ovie-
do, il ctoit gendre d'Alphonie le Catholique , dont il
avoit époufé la fille Adofinde. Après la mort de I-roi'Ia
& d'Aurelio , frères de là. femme , il leur fuccédà en 774 >
8c mourut en 783. Il étoit Sarrazin d'origine , mais Chré-
rien. Ce fut lui qui fit transporter de Mcrida a Ovie-
do le corps de Ste Eulalie.
Cette ville étant devenue la refiburce de l'Eglife du
rems des Maures , les Chrétiens y apportoient de tous
côtés les reliques des autres villes , afin de les garantir4
de la profanation des Barbares. Ue-là vient qull y en
a tant à Oviedo , qu'un auteur Espagnol ne craint point
de dire qu'il n'y a que Dieu feuï qui en puiffe favoir
le compte ( /). La cathédrale a été fondée par FtoVla,
quatrième roi après Pelage. Ce fut fous lui , vers le
milieu du huitième fiécle , que l'on interdit aux prêtres
le mariage, qui avoit été auparavant toléré en Espa-
gne. Oviedo eft célèbre par un concile qui y fut tenu
l'an 901 .après avoir été commencé vingt ans aupara-
vant. Il fut compofé de dix huit évêques qui y firent
quelques décrets pour la réformation de l'églife d'Es-
pagne 8c du royaume , où le malheur des tems avoir in-
troduit des abus. Ce fut dans ce concile que l'églife d'O-
viedo fut érigée en métropole. Nous avons vu que dès
le tems de Wamba elle étoit exempte de la jurisdiction
de Bragues. Alors elle fut elle-même métropole par la
permiflïon du pape Jean VIII , à la prière d'Alphonfe le
Grand, 8c Ermenegilde en fut le premier métropolitain ;
mais la dignité archiépiscopale ayant été enfuite attachée
à S. Jacques de Compollelle , l'évêque d'Oviedo fut
réduit à la qualité de fimple évêque fuffragant de Com-
pollelle. La ville ell paffablement belle -, l'églife de San
Salvador eft environnée de belles maifons foutenues par
des portiques. Ce qu'il y a de plus remarquable , c'eft
la place du marché. Quand on eft au milieu , on voit
toutes les rues de la ville qui y aboutiffent. L'univerfité
& les collèges qui la compofent font un des plus grands
omemens d'Oviedo. (a ) Hispan. illuft. r. r. p. 348.
J'ai dit. fur l'autorité de l'auteur des délices de l'Es-
pagne , t. 1. p. 380. qu'Oviedo fut fait fuffragant de
Compollelle. Si cela ell , c'a été fans être fournis à la
jurisdiclion de cet archevêché , car Oviedo ne relevé
immédiatement que duS. fiége. Son chapitre ellcompofé
de rreize dignitaires , de vingt chanoines , de douze pré-
bendiersSc de dix chapelains. Le diocèfe s'étend fur qua-
torze archiprétrés divifés en huit archidiaconés qui com-
'lom. IV. Z z z z
OUL
73°
prennent mille q-jarante-huit paroilTes. On y compte
quatre collégiales , qui font Cabadenga , Arvas , Timon
Se tiberga , quatre-vingt-deux prefiimonies , trois cens
quatre-vingt-fix bénéfices fimples, deux cens vingt-deux
chapellenies dotées , vingt-huit couvens , quarante-deux
hermitages Se quarante-quatre hôpitaux.
OVILA, abbaye d'hommes, ordre deCîteaux, en
Espagne, dans la Vieille Caftille, au diocèfe de Si-
guenfa.
OVILABIS , lieu du Norique; il eft nommé Ovi-
lia dans la table dePeutinger, Segment. 3.&Ovilabis
dans Antonin , itiner. entre Lauriacum Se Joviacum,*
vingt-fix mille pas de l'une , & à trente-deux mille pas
de la féconde. On a trouvé en Autriche cette inferi-
ption rapportée par Gruter, p. 345. ». 8.
Pontif. Colonise Aurélia.
Antonian^e Ovil.
Se on en a conclu que ce lieu doit être aujourd'hui
Wels. Voyez, ce mot.
OUILLERS, forêt de France, en Provence ; on y
trouve beaucoup de fimples qui font propres pour la
médecine.
OVILLO , village d'italie, en Lombardie, dans le
Milanez , près d'Alexandrie de la Paille. Il eft remar-
quable pour les géographes par la naiflance de Philippe
Ferrari , fameux géographe. Il mourut à Milan fur la fin
d'Août 1626, fon corps fut porté à Pavie dans l'églife
des pères Services; il avoir enl'eigné quarante-huit ans
les mathématiques dans runiverlîcé de Pavie. Il étoit
de l'ordre des Services, dont il fut deux fois général
& deux fois vicaire général. * Voyez, la Préface.
OUJON , ville d'Afie , dans la Perfe , félon Taver-
nier , qui lui donne 6 1 deg. 3 5 min. de longitude , & 3 2
deg. 24 min de latitude. Il ajoute qu'il y a un fort beau
château dans cette ville , & que les fruits y font très-
bons. * Voyage de Perfe , 1. 3. dernier ch.
OVISCA , ancien lieu d'Afrique , dans la Byzacène.
L'édition de Zurita porte Ovisée , d'autres exemplai-
res Ovifce , Se d'autres Anije. Ce lieu étoit fur la route
de Thena à Thevefie , entre Then<& Se Amudarfa , à
vingt-cinq mille pas de l'une Se de l'autre.
OUISCONS1N , rivière de l'Amérique, dans la
Louïfiane. Elle a plufieurs fources à l'occident du lac
des Illinois Se forme plufieurs lacs , d'où , par un porta-
ge de demi-lieue , on pafle la rivière des Renards qui
tombe dans la baie des Puants. Pour elle, elle a fon cours
d'orient en occident Se va tomber dans le Mifliflîpi. *
Relation du P. Hennepin.
OUKEK , ville d'Aile , en Tartarie , dans le Capschac.
C'en; la dernière place des dépendances de Sarai. Elle
eft à 84 deg. de iongitude , Se à 57 de latitude fur le
Volga, à 15. lieues de Bulgar , Se à pareille diftance
de Gebrai. * Hifi. de Timur-Bec ,1. 3. c. 54.
OUKER KEPTADGI , ville d'Afie , dans le Tur-
keftan. L'auteur des notes fur l'hiftoire de Timur-Bec ,
/. 3. c. 9. donne à cette ville 100 deg. de longitude Se
48 de latitude.
OULAKIAN AOUR. L'auteur de l'hiftoire de Timur-
Bec, /. 3. (. 6, nomme ainfi le paflage du fleuve Anco-
ra au Mogoliftan.
OULANYARLIC, plaine & bourg d'Afie, dans la
Tartarie , au pays de Gété.
OULESSERE , province d'Afie , dans l'Indouftan.
C'eft , félon Thevenot , la même que la province de
Bengale. Voyez. Bengale.
OULNEY, bourg d'Angleterre , en Buckinghams-
hire, fur l'Oufe. On y tient marché public.
OULONGTAC . montagne d'Afie , dans la Tarta-
rie , au Capschac , entre la rivière d'AivrcH Se celle d'I-
lANjouc. * Hifi. deTimitr-Bec, I. 3. c. 1 1.
OULX, bourg de France, dans le Dauphiné, fur la
Doire , aux confins du Piémont , entre Briançon Se Sufe ,
à quatre lieues de l'une & de l'autre , Se à trois lieues
du mont Genevre. Quelques-uns , fe fondant fur une
reflemblance de nom, ont cru que c'étoit I'Ocelum ou
I'Ocelus des Latins ; mais ce nom convient mieux à
Exiles ; Se Oulx fera le même lieu que les anciens ont
nommé Ad Martis , à caufe d'un temple confacré au
dieu Mars. Oulx eft du Briançonnois.
OUR
OUMÎGNON (V ), Dalmanio , petite rivière de
France, dans la Picardie , au Vermandois. Elle a fa four-
ce à une lieue &e demie au-deflus de Vermand où elle
pafle , Se fe jette dans la Somme , à cinq quarts de lieue
au-deflus de Péronne. De l'Ifle l'appelle l'A mignon.
OUNDLE, bourg d'Angleterre, en Northamptons-
hire. On y tient marché public : il y a une école pu-
blique ; mais ce qui eft le plus remarquable , ce font fes
puits , nommés en anglois Drumming Wells , qui ont cela
de fingulier , que de tems en tems on y entend comme un
bruit de tambours, que le peuple croit être un mauvais
augure. * Etat préfent de la Grande Bretagne , t. 1. p.
28.6c 53.
OUNEW ARI , ville du Japon , dans l'ifle de Buugo.
Corneille, Dïit. trouvant dans la carte qui accompagne
l'ambaflade des Hollandois au Japon, ces mots Oune-
wari met het Cafteel , c'eft-à-dire , Ounewari avec le
château , a cru que le mot met appartenoit au nom de
la ville , Se l'appelle Ounewarimet. Du refte , cette ville
eft petite, mais fort agréable, fituée fur la croupe d'une
montagne toute plantée de très- beaux arbres, principa-
lement du côté de la rivière de Doni qui lave une par-
tie de fes remparts. Ils font d'une hauteur médiocre ,
& il y a des arbres deflus à certaines diftances. Apres
un circuit afiez long , cette rivière pafle fous un pont
de pierres bâti fur huit arcades , avec des garde-fous de
chaque côté, & coule de-là infenfiblcment dans la mer
de Corée. Tout proche eft la maifon où les paflagers
payent la douane , qu'on exige d'une manière fi rigou-
reufe, que ceux qui ne déclarent pas leurs marchand!»
fes de bonne foi , font punis de mort fans nulle reflbur-
ce. Un des bouts du ponr porte fur un cap qui avance
dans la rivière , Se la porte par laquelle on entre res-
femble à une barrière enclavée dans une petite murait*
le , bâtie entre deux maifons qui font toutes deux le coin
de la rue par où l'on entre dans la ville. Vers le milieu
de la rue eft un fort beau temple qu'habitent quantité
de prêtres idolâtres. Les autres ne font pas fi belle* ,
excepté celle qui règne le long d'un rocher escarpé. On
monte au château par plufieurs marches taillées dans le*
roc, Se on en voit la pointe de fort loin. La plus haute
tour de ce château , qui eft bâtie fur cette pointe du
roc, a cinq étages qui finiflent infenfiblement. Il y a
dans l'autre , qui eft plus grofle, deux belles fales l'une
fur l'autre , Se d'une grandeur égale. Ces tours ont vue
d'un côté fur de vaftes campagnes pleines de riz en tout
tems, & de l'autre fur force collines, qu'une infinité d'ar-
bres, tous plantés par étages , rendent agréables en toute
faifon. Il eft bon de favoir que l'auteur des ambaflades
mémorables , cité feul dans cet article , donne le nom de
Bungo à toute l'ifle de Ximo , dont le Bungo ne fait
que la neuvième partie , Se place Otinewari dans ce
qu'on appelle le Chicugen. Cet auteur n'a pas d'ailleurs
beaucoup d'autorité -, &eneffer,ni la carte que Sche-
vefler a mife à la têre de la traduction angloife de l'hi-
ftoire du Japon par Karmpfer , ni celle' qu'on voit à
la tête de l'hiftoire du père de Charlevoix. Les deux hi-
ftoires ne parlent point aufli d'Ounewari. * Ambaffade
des Hollandois au Japon.
OVO ( L'ifle de 1' ) , petite ifle du golfe de Colochi-
ne , au midi de la Morce » fur la côte méridionale de
Cérigo. Son nom, qui veut dire un œuf, lui a été donné
à caufe de fa figure ovale. On la prend pour I'Epla
des anciens.
OUPORUM , en grec nWof«c , ancienne ville de
la Liburnie, dans les terres, félon Ptolomée, /. 2. c.
17. Quelques modernes conjecturent que c'eft préfén-
tement Obroazo en Dalmatie.
OURAC, petite ville d'Allemagne, au duché de
Wurtenberg , Se non pas de Wittenberg , comme dit
Corneille. L'auteur des mémoires Se plans géographi-
ques la décrit ainfi. Il eft vrai qu'il fait la même faute;
mais Corneille n'auroit pas dû la copier. Elle a double
fofle Se double ceinture de murailles , le tout fans
flancs , & fi commandée , que des montagnes voifines ,
au pied desquelles elle eft fituée, Se dont elle eft entou-
rée , on voit au milieu de la place.
A demi-mille de la place , à main gauche du grand
chemin qui mené à Tubingue , eft un château fur le fom-
rnet d'une roche très-ha\ite Se fort escarpée , grand ,
OUR
OU
C
5
logeable & bien flanqué. Un forte affez grand règne d'un
coté. La principale porte eft défendue d un petit ouvrage
en forme de ravelin. Cet ouvrage voit une petite plaine
qui fert de place d'armes au château.
Cette ville ôc ce château ne diffèrent point d'AuRAc;
Quelques-uns écrivent Urac.
OURAMANI, rivière de l'Amérique feptentriona-
le, dans la Nouvelle France, au pays des Illinois. Les
François l'appellent la rivière aux pommes. Elle fe jette
dans la grande rivière des Illinois , quelques lieues au-
deilbus du lac Pimitoui. Il y a auprès de cette rivière
une mine de cuivre.
OURANC ou Ouronkyar , ville d'Afie au Ma-
waralnahar dans le pays de Gété. * Hift. de Timur-Bec ,
1. 3. c. $.
OURATURE, ifle annexée à l'irte de Ceilan , à la
pointe de Jafnapatan. Les Hollandois l'appellent I'isle
de Leyden, Elle a environ fix lieues de longueur. Sa
largeur n'elt pas égale. Il y a trois bourgs ou villages ôc
un fort qui contiennent en tout environ deux mille fix
cens habitans. * Ribero , Hiftoite de Ceilan, IL'. 1.
c. 25.
OURCHA , ville d'Afie, dans l'Indouftan fur le fleuve
Jamad, au-deffus de Multan. L'auteur des notes furl'hi-
ftoire de Timur-Bec, /. 4. t. 10. dit qu'elle eft grande,
ôc lui donne 117 degrés de longitude ôc 30 de lati-
tude.
OURDACHE, abbave d'hommes, ordre de Prémon-
tré , dans le Guipuscoa , fur les frontières du La-
bourd , cependant du diocèfe de Bayonne. Cette abbaye
eft régulière , & s'appelle en latin Urdacum.
OURDEBAN , montagne d'Afie , au Mawaralnahar,
dans le pays de Gété. * Ribero , Hift. de Ceilan , 1.
6. c. 3.
OUREM , bourg de Portugal , dans l'Eftremadure.
Voyez. Orem.
OURFA. Voyez, Orîa.
OURICHERO, ville de Perfe , finie e fur les fron-
tières de la Sufiane ôc de la Médie, au 30 deg. de latir.
Eile eft bâtie en amphithéâtre , fur le déclin d'une col-
line en manière de fer à cheval. La rivière de Gama-
fai coule au pied de fes murailles. Son gouverneur , qui
a la qualité de fui tan , entretient mille cavaliers pour
li garde de toute la contrée. Aucun Chrétien n'y ha-
bite, mais il y a beaucoup de Juifs. * Corneille , Diction-
naire.
OURIQUE , ville du royaume de Portugal , dans l'A-
lentejo, près de la rivière de Zadaon , aux frontières de
l'Algarve ôc dans les montagnes de Caldéraon presque
au milieu , entre Béja au nord ôc Silves au midi , à onze
lieues de cette dernière. Elle eft remarquable par la gran-
de victoire qu'Alphonfel, roi de Portugal, y remporta
en 1 1 39, fur cinq rois Maures ; Ôc ce fut fur le champ
de bataille qu'il prit le titre de roi. Les têtes des cinq
rois Maures font aujourd'hui l'ecuffon des armes de Por-
tugal. * Baudrand, édit. 1705.
OUR1TCHOU , bourg d'Afie , au Mogoliftan. *
Hift. de Timur-Bec ,1. 3. c. 6.
OURNAC » Orkag, ou Ornac Lornac , mon-
tagne d'Afie. Les Mogols en font la réfidence d'Oguz ,
dont ils prétendent tirer leur origine , & qui , félon
quelques conjectures, étoit fils de Japhet, 6c petit -fils
de Noë. Les géographes Orientaux donnent à cette
montagne 1 10 deg. de longitude, ôc jj minutes de lati-
tude.
OUROUDGER , ville de Perfe , dans le Khoueftan,
à dix-huit lieues de Hamadam. Elle eft à 8j degrés de
longitude, & à 34 deg. 25 min. de latitude. Elle eft
voifine de Néavend. Malgré la différence de latitude , je
foupçonne que c'eft I'Ourichf.ro de Corneille.
OÛROUMI , ville de Perfe, dans l'Aderbaïdjan , au
fud-oueft Ôc près d'un lac de même nom , que de 1 Ifle
a confondu avec celui de Van : il réfide dans cette ville
un vice roi qui eft toujours la féconde perfonne de l'é-
tat de Perfe. Le lac a vingt lieues d'étendue du fud-eft
au nord oueft , & dix de large.
OUROUX ou Oroux, bourg de France, dans le
Nivernois, généralité de Moulins, élection de Château-
Chinon, entre des montagnes : le pays eft froid Ôc ftéri-
le, ôc les terres ne rapportent que dufeigle, du bied
noir 6c de l'avoine. La nourriture des beftiaux fuit tour
le revenu des habitans.
OURQUE, petite rivière de France. Eile prend fa
fourcedansleTardenois, au levant de la 1ère, qu'elle
arrofe, de-la eile coule vers le couchant, parte a l'ab-
baye de Val Chrétien, à la Ferté Milon , où elle tour-
ne l'on cours vers le midi , parte à Tresmes ôc fe rend
dans la Marne, entre Meaux au couchant , 6c la Ferte-
fous-Jouare au levant.
OURSE ( L' ), ou I'Ource , rivière de France , dans
la Bourgogne, entre celles de Seine ôc d'Aube. Elle com-
mence a Bon Œuvre , paflè à l'abbaye de Mores , au-
delïous de laquelle elle fe jette dans la Seine , près de
Bar-fur Seine.
OURTE ( L') ,Urta,( quelques-uns écrivent IÔurt,)
rivière des Pays-Bas. Elle a fa fource au pays de Liège,
au-deffus du village dont elle porte le nom , parte à Sain-
te Marie , d. à Neuville , d. a Nebermont , d. à Remai-
gue , d. à Bonrieu, g. à Ambarlu , g, a Vicheri, d. à
Romont , d. à Ourteville, d. à Wieupont , g. à Wau-
pont , d. à Hartevaux , g. à Engran , d. à Marbuis , d. à
Roche en Famine , d. à Marcour , d. à Harîton , d. à
Hotton , d. à Durbui , g. a Bohan , d. à Houde , d. a
Bohémal , d. à Hauwvil , d. à Comble , g. à Montforc ,
d. a Bonchesne , g. au château de I'oiiseur , g. a Effe-
neux, d. à Honni, g. a Thiff , d. à Calloniftcr , g. à
1 abbaye de Bf.aufois , d. à Chenai , g. & fe perd dans
la Meufe ait pays de Liège. * Dictionnaire géograpb.
des Pays-Bas.
OURTOUPA , plaine d'Afie , dans le Capschac , fur
le Wolga. La poftérité de Touschi , fils de Genghizcan,
a régné dans le Capschac , ôc ces rois ont fait leur réfi-
dence ordinaire dans cette plaine. * Hift. de Timur-Bec ,
1. 3-c 14-
OUR VILLE , bourg de France , en Normandie , au
pays de Caux, à deux lieues de Foviile,&: a un peu moins
de Valmont ôc de la rivière de Paluelle , au milieu
d'une belle campagne fertile en bleds. Ce bourg a haute
juftice. * Corneille , Dictionn. Mémoires drejfés fur les
lieux'.
OUSCHE ( L' ) Oscarus. Voyez. Ôuche 2. Eile parte
à Dijon , ôc va enfuite fe décharger dans la Saône , entre
Aurtone Ôc Seurre , un peu au-deffus de Saint Jean de
Laune.
1. OUSE ( L') , rivière d'Angleterre : eile a fa fource
dans l'Oxforclshire , aux confins & au midi du Northam-
pconshire , d'où, après avoir couru vers l'orient, elle en-
tre dans la province de Buckingham , \ affe au midi ôc à
l'orient de la capitale par un coude qu'elle fait vers le
nord, traverfe les provinces deBcdfortCv d'Huntington,
en arrofe les capitales , entre dans la province de Cam-
bridge , où elle fe partage en plufieurs branches, & forme
fix ou fept ifles, dans la plus grande desquelles eft la ville
d'Eli. Ses branches fe réunifient en deux canaux , dont
l'un fe jette dans la mer auprès de Lyn , Ôc l'autre en-
viron dix milles plus au couchant. Ses deux embouchu-
res font dans la partie du golfe de Bofton.
Baudrand , Maty Ôc Corneille ne parlent point de
cette rivière , mais de la fuivante.
2. OUSE ( L' ) , rivière d'Angleterre , dan; 1 Yorkshi-
re : les cartes de l'Atlas de Blacu ne la dillinguent peint
del'Youre nommée , Unis en latin. Cambderi , Britanm
dit dans le mêmefens, TJrus quem Saxones jam Ouse
dixerunt. Or , YUrui eft ia même rivière que FUre. Ce
mot s'écrit Youre, pour exprimer le génie delà pro-
nonciation angloife , qui change VU en Yoit au com-
mencement d'un mot. De même les Anglois difenr You-
trecht pour Utrtcht , les Yousbecks pour les Usbecks ,
ôc ainfi de quantité d'autres, comme union , univerfîté ,
tifurper , ôcc. Si donc on en juge par le témoignage de
Cambden , ôc par la raifon qui vient d'être expliquée,
L'Youre ôc l'Oufe font deux noms de la même rivière ;
peut-être aulîi qu'elle porte un nom dans un lieu , & l'au-
tre nom dans un autre , comme l'Ifter Se le Danube ,
le Rhin ôc le Vahal, &c. Baudrand favorife ce fenti-
ment , quand il dit que l'Youre prend le nom d'Otife
au-deffus d'Yorck où elle parte. L'Youre parte effective-
Tom. IV. Z z z z ij
ous
73*
ment a Yorck t Se cependant l'état de la Grande Bre-
tagne , dans la defcription d' Yorck, fait mention de
l'Oufe , Se ne parle point de FYoure. C'eft donc la mê-
me rivière fous deux noms différens. C'eft de quoi le
même auteur auroit dû avertir , quand, en parlant des
rivières d'Yorkshire , il nomme entre autres la Nyd ,
l'Oufe , le Swal , la Youre, le Wars , &c.
OUSIUN ( Les ). On ne tire des hiftoriens Chinois
que des connoiffances fort imparfaites fur ces peuples qui
habitoient le long du fleuve lli, Se dans les pays circon-
voifins. Leur capitale, ou principal campement, étoit
fitué fur le bord de ce fleuve , Se à peu près où eft au-
jourd'hui Xarcas. Ils tiroient leur origine des fron-
tières occidentales de la Chine. Ils ont les mêmes
mœurs que tous les peuples Tartares : ils font fort
braves , mais fourbes , avares Se voleurs. Ils avoient
pour voifins, du côté de l'orient les Huns, au midi la
petite Bucharie , à l'occident le Capschac Se le Maoua-
rennahar. Le roi de ce pays pouvoir mettre fur pied cent
quatre-vingt-huit mille huit cens hommes. II prenoit le
titre de Ta-kuen-mi , 'ou grand Kuen-mi, Cet empire
paroît avoir commencé vers l'an 174 avant Jefus-Chrift;
mais on ignore le nom de ceux qui régnèrent jusque
vers l'an ioj avant .Jefus-Chrift. On fut près d'un (îécle
fans entendre parler des Oufiun : mais vers l'an 2 de
Jefus-Chrift ils furent fouvent aux prifes avec les Geou-
gen , qui faifoient des courfes continuelles fur leurs ter-
res , Se les obligèrent enfin à quitter leur pays. Enfin les
Oufiun pafferent du côté de l'occident , vers les mon-
tagnes qui féparentlapetite Bucharie du Maouarennahar.
* H 'fi. génér. des Huns par M. de Guignes ,1. 1 . p. 3 00.
OUSSIERE , bois de France , en Poitou . Il a cinq
cens foixante-deux arpens d'étendue , Se dépend de la
maïtrife des eaux Se forêts de Poitiers.
OUST ( L' ) , Ulda , rivière de France , dans la Bre-
tagne : elle a fa fource au village de Saint Gilles, évê-
ché de Kimper,d'où, coulant vers l'orient, elle arrive
aux confins de Févêché de Saint Brieu, auquel elle
fert de borne occidentale -, Se dans fon cours , qui eft
vers l'orient méridional , elle arrofe Uzel Se Loudeac ;
enfuite Rohan, qui eft de Févêché de Vannes, qu'elle
fépare de celui de Saint Malo. Elle baigne Joffelin dans
ce dernier , Se entrant enfuite entièrement dans Févê-
ché de Vannes au-deffus de Maleftroît où elle paffe ,
elle y reçoit la Claye , FArs Se autres ruiffeaux , dont
elle porte les eaux dans la Villaine , au-deffous de Rhe-
don , Se au-deffus de Rieux. * Jaïllot , Atlas.
1. OUSTIOUG , Ufliuga , ville de l'empire Ruffien,
dans une province à laquelle elle donne fon nom. Elle
eft fituée fur la rive occidentale de la Suchana , qui ,
fort près delà , eft groffie par la rivière d'Youg , Se l'u-
ne Se l'autre rivière perdant leur nom , leur lit com-
mun s'appelle la Dwina , qui commence à leur jon-
ction Se finit dans la mer Blanche , au - delà d'Ar-
changel.
La ville d'Ouftioug eft le fiége d'un archevêque Grec
du rit ruffien. Elle eft fur la route d'Archangel à Vo-
logda , à cinq cens werftes de la première. Elle a dix à
douze églifes de pierres routes blanches à la réferve des
dômes , dont il y en a deux couverts de fer blanc , auffi-
bien que les petits clochers. Les autres églifes & les
maifons font de bois. Le palais où l'archevêque fair fa
réfidence eft un grand bâtiment, &la plus grande par-
tie de la ville eft fur la gauche de la rivière : le refte ,
qui eft de l'autre côté , eft moins confidérable. Celle
qui eft à gauche s'étend en demi-lune le long de la ri-
vière , Se a bien une lieue de long , Se un quart de lieue
de large en quelques endroits. L'auteut qui me fournit
ce détail lui donne 61 deg. iy min. de latitude fepten-
trionale. Il écrit ce nom à la hollandoife Oeftjoega , ce
qui revient à la même prononciation. * Corn, le Brun ,
Voyage de Moscov. c. 89.
2. OUSTIOUG ( La province d' ) , province de
l'empire Ruffien. Elle eft bornée au nord par la pro-
vince de Dwina , à l'orient par la grande forêt de Ziia-
ni, au midi par la province de Wologda , Se au couchant
par le Cargapol Se par la province de Waga. Elle eft
arrofée de trois rivières confidérables : favoir , la Su-
chana , qui vient de Wologda , Se partage cette pro-
OUT
vince en deux parties presque égales; Floug , qui, com-
me nous avons dit , forme avec elle la Dwina , dont
le nom fignifie jonction ; & la Witsogda , qui appor-
te avec elle les eaux de beaucoup d'autres rivières. Les
autres moindres rivières qui tombent dans la Suchana
du côté de l'orient , font la Peetsenga Reca , qui fé-
pare cette province de celle de Wologda , la Brous-
naia Se la Striunska. Celles qui y entrent au cou-
chant font la Pelsma , FOustiouga , la Sousenga , la
Verchna Iorga , Se un ruiffeau à l'embouchure du-
quel eft fitué le monaftere de Teelego. Les principaux
lieux de la province font
Ouftioug , capitale.
Widfogdskaia Sol
Totma ,
Staraia Totma , ou l'ancienne Totma ,
Wodafemeets Gctfodçck ,
Broufenskoy Gorocleck.
La rivière de Vaga , qui groffit auffi la Dwina , ar-
rofe encore une liliere de cette province au couchant. *
Robert de Vaugondi , Atlas.
La rivière d'OusTiouc a fa fource dans la province
de même nom à l'orient , Se à quatre ou cinq lieues
du cours de la Waga. Elle a le fien d'occident en orient,
Se va tomber dans la Suchana , auprès de Slobotka , à
cent trente werftes de fa fource , en n'ayant point d'é-
gard dans ce calcul aux détours qu'elle fait en ferpen-
tant.
OUTABITIBIS ( Les ) , peuple de l'Amérique fep-
tentrionale , au Canada. Il habite le long d'une rivière
qui porte le même nom , Se qui a fa fource au nord du
fort des Abitibis vers le 49 deg. de longitude. Elle le jette
vers le 5 Ie deg. dans la rivière de Monfony ou de Saint
Louis , qui tombe dans la baie de Hudlon vis-à-vis de
Fifle de Charlefton.
OUTAGAMIS , nation fauvage de l'Amérique fep-
tentrionale , dans la nouvelle France. Le pays propre de
ces peuples , qui font plus connus fous le nom des Re-
nards , eft le long d'une petite rivière appellée la ri-
vière des Renards , laquelle fe jette dans le fond de la
baie des Puants : elle a fa fource affez près delà rivière
Ouiscoufing , Ôc c'eft par là Se par le moyen d'un por-
tage , que le père Marquette Se Joliet entrèrent dans cette
dernière rivière, qui les conduifit dans le Miffiiîipi. Celle
des Renards arrofe un très-beau pays, mais elle eft peu
navigable à caufe des rapides dont elle eft embarraffée.
Les Renards dans ces derniers tems , ayant couru fur
presque toutes les nations de ce continent Se fur les
François, ont été fi fouvent battus , qu'ils font aujour-
d'hui réduits à très-peu de chofe. * Le F. de Charleveix ,
Hift. de la nouv. France . t. 2.
OUTAKOUAMI ( Le lac de ) , grand lac de la terre
de Labrador, aux confins du Canada Se des Kiliftinons,
à l'orient feptenrrional du lac de Miftafin. On le nom-
me auffi lac de Timagaming. Les peuples qui l'envi-
ronnent , s'appellent Outakouamiois, du moins les
François les nomment ainfi.
J
OUTAOUAIS ou Outaouacs , nation fiiuvagede
la Nouvelle France , dans l'Amérique feptentrionale.
C'eft une tribu Algonquine , Se on appelle quelquefois
ces peuples Algonquins Supérieurs, parce qu'ils font
au-deffus de Québec , comme les Montagnais éroient
nommés Algonquins inférieurs , parce qu'ils font au-
deffous de cette capitale, par rapportait cours du fleuve
Saint Laurent. Le vrai pays des Otttaouais eft cepen-
dant fur les bords de la grande rivière , ou rivière des
Outaouais. Dans les derniers fiécles.ces fauvages s'étant
malheureufement trouvés alliés des Hurons , les Iro-
quois , qui faifoienr la guerre a ceux-ci à toute outran-
ce , tombèrent auffi fur ceux-là, qui étoient alors très-
nombreux, & qui furent obligés de s'éloigner. Ils allè-
rent par bandes avec des Hurons en différens pays , Si
jusque chez les Sioux , Se après ces diverfes courfes ,
OUT
o.uv
ils fe trouvèrent fort diminués. Le pins grand nombre
serablit enfuite à Michillimakinac , puis ils fe diviferent
encore; une partie paffa au détroit où ils font encore,
une autre dans les i/les aux Cailors à l'entrée du lac Mi-
chigan, «Se il y en a auffi un village dans le fond de la
baie de Saginan , à la côte occidentale du lac des Hu-
ron s.
De l'Ifle, dans fa cart« de la Nouvelle France, donne
le nom de lacs des Outaouacs à de petites lagunes,
qui font au midi de la partie occidentale du lac fupé-
ricur , dans le pays des Sioux , Se à l'orient du Sault S.
Antoine; c'ell en effet vers cet endroit que les Outaouais
fe réfugièrent d'abord en fuyant devant les Iroquois ,
mais on ne croit point qu'il y en foit demeuré aucun.
La rivière des Outaouais , autrement appellée la
Grande Rivière dans la Nouvelle France, fort du lac
de Temiskaming, petit lac au nord du lac Nipiffing,
coule au fud-eit, Se fe décharge dans le lac des deux
Montagnes, vis-à-vis de l'extrémité occidentale de l'ifie
de Montréal , d'où elle va fe confondre avec le fleuve
Saint Laurent,
OUTCHAH, ville d'Ane, dans l'Indoullan , à l'o-
rient de l'Indus, au nord de Mulran. * Hift. d&Timur-
Bec , 1. 4. c. 1.
OUTCH - KILISSA , ville d'Afle. C'ell la même
qu'EczMiAziN. Voyez, ce mot. Ce nom Outch-KiUJfa
eit le même, à la prononciation près, que celui de
Vich Klissie, qui-, au rapport de Chardin , eit celui
que les Turcs lui donnent , Se qu'il explique par Trois
Etiliies
OUTCFIOEIRA , ville de la terre d'Yeux» ou de
• Kamtfchatka , félonies Hollandois du Cartricojm. *
Le P. de Charlevoix , Mém. Manufcrits.
OUTEBACHICAN, petite rivière de l'Amérique
feptentrionale , Se l'une de celles qui tombent dans la
rivière de Sainte Croix , aux pays des Sioux.
OUTEIRO , château de Portugal, dans la provin-
ce de Tra-los-Montes, fur la route de Miranda a Bra-
gance , à moitié chemin de l'une à l'autre , fur le fom-
met d'une montagne, au pied de laquelle coule la petite
rivière de Sor ou Sabor. 11 eil fort ancien , & on croit
qu'il a été construit par les Maures. On y entretient or-
dinairement une garnifon de vingt- cinq hommes. * Dé-
lices de l'Espagne & du Portugal, pag. 715.
OUTEMEDA , fameux pagode de l'A fie , dans la
ptesqu'ifle en-deçà du Gange, au royaume de Catnate,
fur la route de Gandicor à Madtas , entre Goulupalé
& Goudicour. * Tavernier , Voyage des Indes, t. 2. 1.
1. c. 18.
OUTREMER. Nous appelions pays d'OuTREMER,
les pays où l'on ne va que par navigation C'ell ainfî
qu'on a appelle Louis d'Outremer un roi de France,
parce que durant la vie de fon père, il avoic vécu quel-
que tems en Angleterre.
OUTREMEUSE. Ce mot convient à tous les pays
qui font fitués fur la Meufe ; parce qu'il n'y en a point
qui ne foit Outre-Meufe par rapport au bord oppofé
qui eft à fon égard de l'autre côté de la Meufe. Ce-
pendant il fe dit plus particulièrement de certains
lieux.
1. OUTREMEUSE, à Liège, veut dire la partie de
la ville qui eit iituée à la droite de cette rivière , parce
que la principale où eft la cathédrale • le palais de l'é-
vêque , prince de Liège , en un mot , ce qu'il y a à Liè-
ge de plus important , eil à la droite de cette ri-
vière.
2. OUTREMEUSE ( Le pays d' ) , canton des Pays-
Bas, dans la république des Provinces Unies qui le pos-
fede, comme une annexe du Brabant Hollandois. Il
faifoit partie du duché de Limbourg , l'une des dix-fept
provinces. Ce duché fut uni à celui de Brabant , après
la mort de Henri , dernier duc de Limbourg , lorsqu'A-
dolphe , dernier comte de Bergen Se de Meurs , qui en
avoit hérité, le transporta en 1180 à Jean I , duc de
Brabant. Ce qui caufa une cruelle guerre entre ce duc
& René I, comte de Gueldre , qui prétendoit à ce du-
ché en vertu de fon mariage avec Hermcngarde , fœur
de Henri. Cette guerre ne fut terminée que par la vi-
ctoire que le duc de Brabant remporta à Woeringen
733
fur fon compétiteur. On appelloit cette même picvin-
ce le pays cl Outre-Meufe, à caufede fa fituation , au-
delà de cette rivière à l'égard du Brabant ; Se elle n'a
eu ce nom que lorsque les ducs de Brabant l'ont pos-
fédée. * Janiçon , Etat préteur des Provinces Unies , r„
2. p. 275.
Elle comprend , outre la ville de Limbourg , huit
différens territoires, qui font les cinq bans ou tribu-
naux de Ballen , Hervé , Montzen ,Walhorn Se
Spremont ; les trois autres font Izfeigneurie de Val-
kenberg ou Fauquemont , le comté de Daelem & le
pays de s'Hertogenrade ou Rolduc. Ces trois der-
niers territoires forment un quartier féparé qui fut cédé
aux Etats Généraux par la paix de Munlter ; mais après
la conclufion de cette paix , il y eut de grands différens
Fur ces trois territoires entre Philippe IV , roi d'Espagne,
Se les Etats Généraux, & ces •différens furent enfin ter-
minés par le traité de la Haye le 16 Décembre 1661.
C'ell ce quartier féparé que l'on appelle proprement
le pays d'Outre-Meufe par rapport au Brabant , auquel
il a été annexé. Il comprend les trois territoires, qui
font le pays de Fauquemont , de Daelem Se de Rol-
duc.
OUTTAOUATS. Voyez. Outaouais.
OUVAH , OUVA , OVE ou UVA, canton d'Afie,
dans l'intérieur de l'ifie de Ceilan. Il eil borné au mi-
di & à l'orient par une longue chaîne de montagnes ,
nommée Maimdaicinde, & que nos géographes Fran-
çois appellent les montagnes d'Ove ou d'Ouvah. C'ell
une des provinces du royaume de Candie. Cependant.
Ribcro , Hifi. du Ceilan yl. 1. c. 2. dit : Le royaume
d U^a commence au Pic d'Adam , Se s'étend jusqu'à
Bateculou Se au royaume de Candie. Il l'appelle royau-
me , parce qu'il avoit alors un feigneur particulier ,
mais* il ne prenoit que la qualité de prince dUva, Se
non le titre de roi. Le pays d'Ouvah, dit Robert Knock »
Relit, de Ceilan , prem. part. c. 2. eft bien arrofé, quoi-
qu'il foit raboteux ; il n'a point de montagnes fort éle-
véçs ( il faut fans doute excepter de celles-là la chaîne
dont on a parle ) -, le bois y eft rare , Se on n'en trouve
qu'autour des maifons; mais il y a grande quantité de
beiliaux , parce que le tertoir eil bon pour les pâtura-
ges. Il faut que ces pâturages ayent quelque chofe de
particulier -, car le bétail qu'ils nourriffent étant trans-
porté ailleurs, ne peut vivre long-tems. On n'en fait
point la raifon. . . . C'ell dans la même province que
l'on trouve le meilleur tabac de l'ifie , Se le riz y eft en
plus grande quantité qu'aucune autre chofe.
Le pays d'Ouvah eft très-différemment borné dans la
carte qui accompagne le livre de Knock , Se dans celle
de Reland, qui, pour le dire en paflànt , a été copiée
par de l'Ifle.
1. OWAR , ville de la BaiTe-Hongrie , fur un bras
du Danube, qui y reçoit la rivière de Lcith , vis-à-vis
de l'ifie de Schut. Elle eft à quatre milles d'Allemagne
des frontières de la Baffe- Autriche , à cinq au-delious
de Prefbourg au midi , à cinq milles de Javarin , Se
à onze de Vienne. Lazius Se Ciuvier croient que c'ell
le Flexum des anciens. Les Allemands la nomment
Altenbourg , comme j'en ai averti à l'article Alten-
bourg 4. * Baudrand , édit. 170J.
2. OWAR , ville de la Haute-Hongrie , c'ell la même
que Neuhaufel. Voyez, ce mot.
OUVE ( L' ) , rivière de France , dans la Baffe- Nor-
mandie. C'ell une des principales qui arrofent le diocè-
fe de Coutances dans fa partie fep;entrionale. Elle a
fa fource dans la forêt de Brix , pafle par S. Aquer,Hardin-
vât , S. Martin le Greard Se Sottevât , Se reçoit à gauche
les ruiffeaux de Rade , de Claire & de Gloire. La
chapelle de Norre Dîme de Gloire eil proche de ce der-
nier à l'extrémité de la forêt de Brix. L'Ouve , en con-
tinuant fon cours , reçoit au-deflùs du pont de Romare
la Sie Se le Pomeret, paffe entre Nehou Se Sainte
Colombe ; de-la, ayant reçu la Sandre , elle coule à Saine
Sauveurle Vicomte /prend leHoultbcc,-& enfuite LiSen-
suiere , coule au pont l'Abbé & à l'ifie Marie , Se , en-
flée des eaux des petites rivières de Sève , du Plessis,
de Gorge Se de Taute , elle fe décharge dans le grand
Vay. * Corn, Dicl. Vaudôme , Mém. manufer.
OWE
734
(JWHN , ville d'Allemagne, dans le duché de Wir-
tenberg , au fud-oueft du château de Teck. C'eft une des
quatre villes qui forment le bailliage de Kircheim. *
Zeyler , Suev. Topog.
OWERFLAKEE. Voyez. Overflakée.
OWERRE, Ouwerre ou Oveiro , rivière, villa-
ge & royaume particulier d'Afrique , fur la côte méri-
dionale de Guinée, & particulièrement fur celle de Bé-
nin. Bosman, dont nous avons une relation de la Gui-
née (a) , nomme ce village Awerri, Se le place fui-
un des bras de la rivière de Bénin. Quand, dit-il, on
eft avancé environ une lieue & demie dans la rivière
(de Bénin), on y trouve deux bras éloignés l'un de
l'autre d'une demi-lieue , fur l'un desquels les Portugais
ont une loge & une églife auprès du village à'Aivuri ,
qui a auffi fon roi particulier , que celui de Bénin re-
garde comme fon voifïn Se fon allié , quoiqu'il n'eltime
guère perfonne, Sec. Dapper nous en donne une idée
plus détaillée. On voit par fa defcription, que la riviè-
re qui pafTe a Owerre eft la même que les Portugais
appellent Rio Forcado , ou rivière Fourchue. Voici
au renie ce qu'il dit de ce pays. La ville ou bourgade
d'Owerre (b) où le roi tient fa cour, eft à quarante lieues
de la mer fur les bords de Rio Forcado , qui la baigne
d'un côté Se de l'autre. Elle eft ombragée de forêts. Les
Maifons y font à peu près comme à Bénin ; celles des
nobles font affez jolies , & couvertes de feuilles de pal-
mier : mais au lieu qu'à Bénin les murailles des mai-
fons font de terre rouge , elles font ici de terre grife.
Le palais du roi d'Owerre eft bâti fur le modèle de
celui de Bénin ; mais il eft beaucoup plus petit , & la ville
n'a pas plus de 1500 pas de circuit. L'air ell plein^de va-
peurs chaudes , épaiflès Se malignes , Se par conféquent
fort mal-fain. Le terroir eft maigre Se fec, & ne porte
que des noix de coco , des oranges douces Se des aigres ,
du poivre , mais peu , à caufe de la négligence des ha-
bitans,qui ne le cultivent pas ; du bananas en abondance,
Se d'une graine nommée Mandiboca , qu'on réduit en
farine , dont on fait du pain. 11 n'y a point de bétail ,
faute de pâturages. Tous les animaux privés qu'on y
trouve font des poulets. La pêche y eft bonne, Se on y
prend quelquefois du bœuf marin qui eft de bon goût.
Les habitans du pays font bien faits pour des Nègres, &
ont même plus d'esprit en beaucoup de chofes que ceux
de Bénin. Us peuvent , fans demander permifiion au roi ,
comme on fait à Bénin , porter des habits de coton Se de
foie, qu'ils ceignent au-deffus du nombril, comme on fait
des langes d'enfant. Tous ces Nègres, tant hommes que
femmes , font marqués de trois incifions , une fur le front
Se les deux autres fur les deux temples. Ils portent les
cheveux longs ou courts , comme il leur plaît ; ils ont
autant de femmes qu'ils en veulent. Les veuves ap-
partiennent au roi , qui les donne à qui il lui plaît. Les
Hollandois amènent à Owerre , fur la rivière de For-
cado, les mêmes marchandifes qu'à Bénin , qu'ils échan-
gent contre des esclaves ; on en tire de-là tous les ans
environ 400 , tous gens bien faits. Il y a aulTi des jaspes
Se de l'acori , mais en petite quantité. Ce font d'en-
nuyeux négocians que ces Nègres. Ils marchandent des
mois entiers; mais auiTi quand le prix eft une fois fait,
on ne le change jamais Les Portugais leur faifoient cré-
dit s mais les Hollandois les en ont desaccoutumés , &
prétendent recevoir les esclaves en même tems qu'ils
livrent les marchandifes. Hommes Se femmes, fans diftin-
ftion , viennent en leurs magafins pour négocier avec
eux. Le roi d'Owerre eft allié & valfal , en quelque ma-
nière , du roi de Bénin , d'ailleurs fort abfolu dans fes
états. Il y a trois confeillers qui ont chacun leur dépar-
tement , Se jugent de tout en dernier relTort. Le roi qui
regnoit l'an 1644, étoit Mulâtre ou de race Portugaife ,
&s'appclloit don Antonio de Mingo. Son père avoit
été en Portugal , Se en avoit amené une femme , de la-
quelle il eut ce fils. AuiTi le prince fe reffentoit-il beau-
coup de fa naiffance, allant habillé à la portugaife, &
portant l'épéc au côté , comme font les autres Mulâtres.
Sur les matières de religion , ces Nègres pratiquent à peu
près les mêmes cérémonies qu'à Bénin ; fi ce n'eft qu'ils
font plus raifonnables, qu'ils ont les démons en horreur ,
qu'ils ne fouffrent point de magiciens, Se qu'on n'entend
ouz
point parler d'empoifonnemens chez eux -, de forte qu'il
feroit allez aifé de les convertir. Le roi Se la plupart des
habitans, ont quelque penchant à la religion Catholique.
Il y a une églife dans Owerre avec un autel fur lequel eft
un crucifix , deux chandeliers, Se les images de la fainte
Vierge Se des Apôtres. Il y vient des Nègres portant des
chapelets priant Dieu à la portugaife. 11 y en a qui favent
lire & écrire, Se qui recherchent avec empreffement les
livres Portugais. (./) Lettre 11. p. 4;;. (b) Dapper , Afri-
que , p. 314.
OUVESE, petite rivière de France, en Provence,
dans le comtat Venaiffm. Sanfon , Carte de la Provence,
écrit ainfi ; mais de l'Ifle , Carte de Provence , écrit Lou-
vese ; de forte que félon fa carte , l'L n'eft pas un arti-
cle , mais la première lettre du nom. Quoi qu'il en foit ,
elle a fa fource dans le Comtat , à fon extrémité , aux
frontières mêmes du Dauphiné , près du bourg^nommé
le Buis. De-là , courant d'oiient en occident , elle fe rend
à Vaifon , qu'elle arrofe du côté du nord; de-là , fe
courbant vers le fud-oueft , elle entre dans la princi-
pauté d'Orange, Si. fe divife en plufieurs bras, dont le
plus occidental paffe à Jonquiercs & à Courtefon , le
plus oriental va droit rentrer dans le Comtat , où il fe
charge de plufieurs rivières , qui font le Saleto Se le
Bergon, déjà unies à Sarrian ; l'Aufon Se le Nesque, join-
tes à un bras de la Soigne-, plus bas, cette rivière réu-
nie Se enflée d'un autre bras de la Sorgue , fe va perdre
dans le Rhône au port de Sorgue , au-deffus d'Avi-
gnon. Il n'y a que de l'Ifle qui écrive Louvese; San-
fon, Jaillot , Nolin écrivent Ouvese , & c'eft ainfi
qu'on l'appelle dans le pays, près du bouig nommé le
Buis. C'eft une faute , fa fource eft plus vers le nord ,
près de Montauban , qui eft du Dauphiné, au diocefe
de Gap, & non pas dans le Comtat. Elle paffe à S. Al-
ban , à Buis, à Vaifon, à Courtefon. Elle entre enfuite
dans le Comtat, où elle fe joint Se à la Sorgue & à la
Nesque, & fe rend dans le Rhône avec ces deux riviè-
res au port de Sorgue , au-deffus d'Avignon.
OUVILLE , bourg de France, en Normandie, au
pays de Caux , avec une abbaye de Feuillans. Il eft fitué à
fept lieues de Rouen , Si a cinq ou fix de Dieppe , entre
Eftouteville , Basqueville Se Englesqueviile , près Hier-
ville , dans une campagne très-fertile en bled. Il y a
dans ce lieu un marche par femaine Se deux foires par an.
Cette abbaye étoit un prieuré de chanoines réguliers de
Saint Augultin; mais en 1603 ils firent place aux Feuil-
lans. * Corneille , Dictionnaire. Mémoires dreffés fur
les lieux.
OWNY , baronnie d'Irlande , dans la province de
Muniler. C'eft une des quatorze baronnies du comté de
Tipperari, au couchant de celle d'Ilingh. * Etat préfent
de la Grande Bretagne , t. 3 . ,
OWNYKEH , baronnie d'Irlande , dans la province
de .Munfter. C'eft la plus fcptentrionale des neuf baron-
nies qui compofent le comté de Limer ick, * Etat pré-
fent de l'Irlande.
OWRUCZE , petite ville de Pologne, au palatine
de Kiovie , aux frontières de la Lithuanie , fur la peti-
te rivière de Noren , qui fort d'un marais , & qui au-
defîous de cette ville va groffir la rivière d"UszA , qui
fe perd enfin dans le Boryfthène : tout ce pays, de-là jus-
qu'à Czernicow , étoit autrefois presque noyé. Il eft pré-
fentenient bien peuplé & bien cultivé, plein de bour-
gades Se de villages. * Andr. Cellar. Polon. Defcript.
p. 402.
OUX. Voyez. Oulx,
OUYATANONS. Voyez. Miamis.
OUZOIR SUR TREZÉE. Tous les lieux qui por-
tent le nom d'Ouzoir , ou Ozoir, ou Ozouer , ou bien
Oroer, ou enfin Oroir, viennent du latin Oratorium.
Celui-ci qui eft en France , dans la petite province de
Puifaye , au diocèfe d'Auxerre , eft furnemmé fur Tre-
zée , qui eft le nom de la petite rivière qui y paffe , la-
quelle communique fes eaux au canal de Briare. Son
églife , qui eft affez belle , eft fous le titre de S. Martin,
ce qui fait qu'anciennement on l'appelloit Oratorium
fantti Martini. LaTrezéc fc jette à Briare dans la Loire,
OXF
Il y a fur cette petite rivière un pont qui a donné le
nom de Brïvodurum à ce lieu de Briare. * Mém. man.
de Lebeuf.
OXCAORYCUS. C'eft ainfi qu'Ortelius a lu dans
Strabon, /. n. p. 567. & il a cru que ce géographe
avoit ainfi nommé une ville d'Afie dans la Galarie. L'é-
dition de Cafaubon porte 'Opy.uopix^ à l'aceufatif plu-
riel » & il s'agit là , fi je ne me trompe , d'un peuple dont
le nom étoit les Orcaoriques. Strabon dit : La contrée
des Teétofages s'étend jusqu'à la grande Phrygie , auprès
de Peffinunte 8c des Orcaoriques. Ceux-ci ( les Tecto-
fages ) avoient une forterefie nommée Ancyre , ikc. Si
quelqu'un prétendoit que les Orcaoriques n'étoient point
un peuple , mais des montagnes, je ne lui ferois pas une
grande réfiftance , ce nom elt fi inconnu d'ailleurs , qu'il
peut donner beau jeu aux conjectures.
OXEA. Voyez. Oxia.
OXEI , peuple de l'illyrie, félon Appien , cité par Or-
telius , Thefaur. qui ne dir point en quel livre. 11 ajoute
qu'Antonin en parle dans l'on itinéraire maritime. Il y
trouve en effet que de Naupaéte à Oxées , dans la pro-
vince de l'ancienne Epire , il y avoit quatre cens fiades,
& que d'Oxées à Nicopolis, de la même province , il y
en avoit fept cens. 11 y a bien de l'apparence que les chif-
fres ont été corrompus. Ce lieu Oxe,e, marqué dans
Antonin , ne fauroit être autre part que fur la route de
Naupacte dans le golfe de Lepante à Nicopolis, ville fi-
tuée à l'entrée du golfe d'Embracia. Or , fur cette route il
fe trouve deux petites ifles nommées OxEi/E,entre l'ifle de
Dulichium 8c l'Acarnanie, mais beaucoup plus près de
Nicopolis que de Dyrachium 5 ce qui fait voir la faufleté
du chiffre fept cens , puisqu'il n'y en avoit pas plus de
trois cens cinquante, en prenant même aflez de tour
pour ranger commodément la pointe de Leucade.
OXFORD , ville d'Angleterre , dans la province à
laquelle elle donne fon nom , 8c dont elle eft la capitale.
Elle eft au confluent du Cherwelle 8c de llfis, ou Ife ;
la ville eft belle ôc a une fameufe univerfité fondée en
8j»y. Elle eft fituée fur un terrein beaucoup plus fain 8c
plus agréable que Cambridge. C'eft un fiége episcopal ,
depuis le règne d'Henri VIII, qui fit fix nouveaux évê-
chés en Angleterre , après qu'il en eut fupprimé tous
les couvens. Elle eft gouvernée par un maire 8c des éche-
vins.fujets néanmoins aux ordres de l'univerfité , qui a
dix-huit collèges qui ont de grands revenus ; Se fept autres
qu'on appelle Halls, mais qui n'ont pas de revenu com-
me les premiers. Les dix-huit collèges entretiennent cha-
cun un certain nombre deFelloivs ou aggrégés, 8c de Scho-
lars , ou étudians ; le premier & le plus ancien , qu'on
appelle Univerfity Collège , entretient douze aggrégés 8c
dix-fept étudians. Dans ceux qu'on appelle Halls , on
vit en fociété , 8c chacun paye fa dépenfe , hors un petit
nombre de perfonnes. Enfin , on compte à Oxford jus-
qu'à mille étudians entretenus par les collèges, outre
leurs officiers 8c ferviteurs, & deux mille qui ne le font
pas. Il y a jusqu'à feize profefleurs & un orateur public ,
au lieu qu'à Cambridge on ne compte que dix profes-
feurs ; on y prend fes degrés à peu près comme à Cam-
bridge. Chaque collège ou Hall a fa bibliothèque ; mais
la plus grande & la plus magnifique eft celle de Bodley ,
Tbs Bodley an Library , qui contient plufieurs milliers de
livres imprimés en diverfes langues , outre un grand
nombre de manuferits orientaux.
Oxford fe diftingue auffi par fon Théâtre, par fon
Muj'aum 8c fon jardin des fimples. Le théâtre eft une
très-belle pièce d'architecture , que Gilbert Sheldon ,
archevêque de Cantorbery , fit bâtir à fes propres frais ,
fous le règne de Charles II , pour y faire les exercices
fcholaftiques. Il y a auffi une belle imprimerie. Le Mu-
f&um , à côté du théâtre , eft une fale , remplie de ra-
retés de la nature , 8c de plufieurs antiquités romaines.
On y voit auffi un très-beau laboratoire , avec toutes
fortes de fourneaux, 8c autres machines pour la chy-
mie , une chambre pour les préparations chymiques , 8c
un cabinet de livres de chymie. Ce Muf&um s'appelle
Ashmoleamvm , du nom de Elie Ashniole , qui fit pré-
fenr à l'univerfité d'un très beau recueil de curiofités ,
dont ce Mufaum fut orné dès qu'il fut achevé, au mois
de Mars 1683. On l'a depuis enrichi de plufieurs anti-
OXU 73?
quites apportées d'Egypte, 8c d'un grand cabinet de raie-
tes naturelles. Ce dernier eft un don de Martin Lifter,
dodteuren médecine. Le jardin des fimples mérite d'ê-
tre vu. Il contient environ cinq arpens de rerre , 8c
dans cette étendue, il y a une infinité de plantes. Com-
me chaque collège a un chef qui le gouverne , auffi
l'univerfité eft gouvernée en chef par un chancelier
qu'elle choifit , 8c qui eft ordinairement une perfonne
de la première qualité ; mais il a fous lui un vice chan-
celier qui remplit les devoirs de fa charge , qui gou-
verne l'univerfité , fuivanf fes Statuts 8c fes réglemcns ;
fans parler des autres magiftrats qu'elle a , & de leurs
officiers fubalternes , avec fes jours de folemnités qui
relèvent beaucoup l'éclat de cette univerfité. * Etat pré-
fent de la Gr. Bretagne , p. 99.
OXFORDSHIRE , ou la province d'Oxford , pro-
vince méditerranée d'Angleterre , dans le diocèfe d'Ox-
ford. Elle a cent ttente milles de tour, 8c contient z\v-
viron 5 34000 arpens 8c 19007 maifons, L'air y eft très-
bon, 8c le terroir eft fertile en bled , en fruits 8c en pâ-
turages. Outre la Tamife , compoféc de la Tame 8c de
l'Ifis qui arrêtent cette province, il y a le Cherwel, le
Windrusd , l'Evenlode , 8cc. Ses villes 8c fes bourgs où
l'on tient le marché, outre, Oxford la capitale,
font
* Woodftock,
* Banbury,
Burford ,
Henley ,
Waflington , Bicefter ,
Witney , Bampton ,
Chipping-Norton , Tame.
Deddington ,
OXI , montagne de Grèce , au-deflus de Cenchrées 4
dans l'ifthme du Péloponnèfe , félon Chalcondile , cité
par Ortelius.
OXIA ou Oxea , 'ofew , promontoire de l'ifle de
Taprobane , félon Ptolomée , /. 7. c . 4. La fituation
qu'il lui donne répond à la pointe qu'on laifie au midi,
quand on enrre dans la baie de Trinquilimale , fur la
côte orientale de l'ifle de Ceilan.
OXIA , ifle de la Propontide. Il en eft parlé dans
les conftitutions impériales d'Emmanuel Comnène -, Ni-
cétas , Cédrène 8c Curopalate en parlent auffi ; 8c com-
me le remarque Ortelius , Thefaur. Gabius a rendu ce
nom par le mot acuta dans fa verfion latine ; c'en eft
en effet la vraie lignification.
OXIA CAMPE ,'Ofe/« yJfJLvr» , lieu de Grèce , dans
la Béotic , à l'embouchure du Céphife. Théophrafte dit
qu'il y croifibit les meilleurs rofeaux.
OXIANA, ville d'Afie, dans la Sogdiane, auprès
de l'Oxus , félon Ptolomée , 1.6. c. 12.
OXIANA PALUS, marais ou lac d'Afie, dans la
Sogdiane , félon le même. Pline , /. 6. c. 16. le nomme
Oxus , de même que la rivière qui y prend fa fource ;
Oxus Aïnnis omis in lacu Oxo.
OXIANI, peuple d'Afie, dans la Sogdiane. Il pre-
noit fon nom de l'Oxus , dont il habitoit les bords ,
félon Ptolomée , /. 6. c. 1 1.
OXIB1I. Voyez. Oxybii.
OXIDRAQUES. Voyez, Oxydraque*.
OXII , peuple de Perfe. Voyez. Uxn.
OXIMUM. Surir», dans la vie de Ste Opportune,
nomme ainfi un lieu de France : c'eft aujourd'hui le
bourg d'HiESMEs , en Normandie.
OXIN AS , rivière d'Afie, dans la Bithynie. Arrien
la met à trente ftades de Nymphanim , 8c à quatre vingt-
dix de Sandarac , port où il n'entre que des barques. *
Ortel. Thefaur. Peripl. Ponti Euxini, p. 14.
OXlON;£, ancien peuple de la Sarmatie, en Euro-
pe , félon Tacite , de Mor. German.
OXIRA ou Olibera, ville delà Méfopotamie, fé-
lon Ptolomée, /. j.c. 18.
OXION1UM, nom latin d'Oxford.
OXTRACA , ancienne ville 8c la plus grande des
Lufitaniens. Elle fut détruite par M. Attilius , au rapport
d'Appien, In Iberkis.
OXU, grande province du Japon , dans l'ifle Niphon,
OXY
73 ô
dont elle fait la pointe la plus feptentrionale du côte
de l'orient, comme ,1a province a'Achira du côté de
l'occident. 11 y a eu long-rems des rois d'Oxu ; mais dans
le dernier fiécle cette contrée étoit partagée entre plu-
fieurs princes indépendans les uns des autres. * F. de
CharUyoix , Méra. manufents.
OXUS, grande rivière d'Afie. Comme ellearrofe beau-
coup de pays, loit en les traveriant, l'oit en les terminant
par quelque endroit, de-la vient que les anciens ne parient
pas le même langage à fon égard. Par exemple , l'Oxus
terminoit l'Hyrcanie au nord , Se ce pays s etendoit jus-
qu'à l'embouchure de ce fleuve dans la mer d'Hyrcanie.
Depuis cette embouchure) en remontant l'Oxus jusqu'à fa
fource , on trouvoit au midi de fon cours les pays fui-
varit; (avoir, la-Margiane , la Bachiane & la Sogdiaiie.
Les anciens ne me paroiflent pas bien d'accord fur les
détails de ce fleuve ; il y a eu un tems où ils le connois-
foient fi peu, qu'ils l'ont confondu avec I'Araxe. Pline, /.
6.c. 16. en met la fource dans un lac de même nom.
Prolomée porte ailleurs ce lac , quoiqu'il place allez bien
fa fource aupiès de "celle de l'Indus au nord des mêmes
montagnes qui terminent aujourd'hui au feptentrion le
royaume de Cachemire , Se qui font une extenfion du
Caucafe Se de l'Imaùs. Suivons-en le cours , félon Pto-
lomée. Ce fleuve court vers le nord, baigne l'haraerva,
Suragana, Choana , où elle reçoit le Dargide, palTe à
Maruca Se à Oxiana , où elle le grofîit d'une féconde ri-
vière qui vient de Drepfa, métropole des Diepfiens, dans
la Sogdiane. Elle fe replie enfuite vers le couchant , paffe
à Xaripfa , reçoit du nord une autre rivière à Alexan-
drie, furnommée Oxiana, &deux autres du midi, fa-
voir le Zariafpe Se l'Artames unis dans un même lit ;
elle baigne le peuple Candari , Se reçoit du nord une ri-
vière qui vient de Tribactra, Se qui traverfe VOxiana
Palus de Ptolomée. Plus loin elle reçoit du midi YOchits,
grande rivière déjà unie au Dargomene-, enfuite le Mar-
gus arrofe le pays des Derbiccs Se fe jette dans la mer
d'Hyrcanie. Tel elt le cours que Ptolomée donne à l'O-
xus ; mais malheureufement le tableau qu'il nous en fait
ne s'accorde pas bien avec l'état préfent de cette rivière.
11 fuppofe que fes principales rivières viennent du midi ,
Se n'en met que trois qui viennent du nord ; cependant
il y en a plus d'une douzaine. On ne voit pas comment
il a pu appeller Axiana Faim , le lac qu'il met fur une
rivière différente de l'Oxus. En un mot, il ne paroît pas
que ni lui . ni les aunes anciens , ay.ent eu une idée fort
nette de cette ri vicie. Son nom mode me eftleGiHON, quel-
ques uns l'appellent Amou. Voyez, ces deux articles. Le
paysiltué au-delà de l'Oxus a été nommé LiTransoxane
ou Transoxiane. Les Arabes l'appellent Mauwaral-
narh. Vûjez. ce mot.
OXYB1I, ancien peuple de la Gaule, aux confins de
la Ligurie. 11 occupoit le diocèfe de l'réjus , èv' cette ville
étoit la capitale de la nation , comme Pline , /. i 3. c. 14.
le dit très-bien.
OXYDRAQUES (Les), Oxydraga, ancien peuple
des Indes. Ils étoient voifins des Malliens, Se étoient en-
trés avec eux Se les Catharens, autre peuple des Indes, en
une confédération contre Alexandre. Ce prince combattit
les Catha'ens Se les Malliens, après quoi les Oxydraques
fe fournirent comme les autres. Quinte-Curce, /. 9. c. 4.
&■ fuiv. donne aux Oxydraques la ville où Alexandre
courut risque de la vie en la prenant ; mais Plu tarque , in
Alex, qui rapporte la même hifioire , dit que c'étoit une
ville des Malliens , Se ne nomme pas même les Oxydia-
ques. * Arrtan. Alex. /. J. c. 22.
OXYLITHUM , forterefle des Sarrazins, félon Cé-
diene & Curopalate, cités par Ortelius, Thtfaur. Leun-
clave dit que le nom moderne eft Siuri Chisar. Bau-
drand , édition 1682. dit AurichisAR, bourg de Bul-
garie.
OXYM AGIS , rivière de l'Inde, où elle tombe dans le
Gange , félon Arrien , in Indic.
OXYNIA , ville de Grèce, fur l'Ion, rivière qui fc
perd dans le Pénée , félon Srrabon ; elle étoit par confé-
quent d. ins l'Eftidotide , province de la Thelïalie. Cet au-
teur compte de cette ville à Azore , ville de la Tripolide,
cent vingt fiades.
OXYRYNQt/E, ville d'Egypte, fur la rive occidçn-
OYE
taie du Nil , dans un nome dont elle étoit la capitale , 8c
qui prenoit délie le nom d'OxYRYNCHiTEs Nomos.
Elle prenoit elle-même le fien d'un poifibn qu'on y ado-
roit Se que l'on appelloit Oxyrynquc, 'Oçùpufyjs > a çàufe
qu'il avoit. le mufeau pointu. Ce poiffon y avoit un tem-
ple, c^ Strabon, /. 17. p. 812. obferve que les autres
peuples de 1 Egypte l'adoroientaulïï, yEliendansl'Hifioire
des animaux, /. io. c. 46. dit: L'Oxyrynque tire fon nom
de fon mufeau pointu ; le Nil en nourrit , & il y a un no-
me qui en prend le nom. Ce poiffon y elt honoré d'un
culte religieux. Etienne le géographe dit la même choie
en moins de mots. Cette ville a été autrefois épiscopale.
Apollonius, fon évêque, fbuferivit au concile de Sélcucie,
Se Pierre, aune évêque d Oxyrynqne , au concile d'Ephè-
i'e. Baillet parle ainli de cette ville dans fa topographie
des faines : Oxyrynque ville de la haute Egypte ou de la
bafie Thébaiiie , n'étoit au quatrième fiécle qu'une com-
munauté de faints , où tout le monde vivoit de telle for-
te , qu'on ne eunfidétoit toute fon enceinte que comme
un grand temple Se où l'on comptoir jusqu'à dix mille re-
ligi 1 x cv vingt mille vierges. Cette villeau quatrième fié-
:1e étoit de la Balle Thébaide } mais depuis elle fut de la
province d'Arcadie ou moyenne Egypte. Ce n'étoit pres-
que qu'un aiïembiage des monalteres. Toute l'enceinte
de les murailles éioit remplie de folitaires, Se elle en étoit
environnée au dehors. S'il y avoit eu autrefois des édifi-
ces publics Se des temples dédiés à de faillies divinités , ils
étoient alors changes en des habitations de religieux.
Comme elle étoit grande Se fort peuplée, il y avoit douze
églifes dans lesquelles s'all'embloit le peuple qui demeu-
roit en des maifons particulières , Se dont le nombre étoit
beaucoup moindre que celui des monafleres qui avoient
tous leur chapelle ou églife. Il y avoit long-tems qu'on
n'y voyoit plus de païens. Il n'y avoit plus un feul ncic-
tique depuis qu'elle avoit été purgée de Mélétiens. Com-
me tout y étoit Caholique , l'évêque pouvoir indiffé-
remment prêcher dans les places publiques de même
que dans les églifes. Les magiftrats Se les habitans avoient
foin de mettre des gens à toutes les portes, pour prendic
garde, quand il venoir quek]ue étranger ou quelque pau-
vre, Se dès qu'il en patoifïoit, c'étoit entre les uns &
les autres des conteftations de charité , à qui les mènerait
chez foi pour leur donner ce qui leur étoit nccciîaire.
Le nombre des perfonnes particulièrement confacrées à
Dieu dans le célibat, n'étoit pas moindre alors que de
30000.
OXYRRUM & Perirrum. Denys dcByzance, de
Bosphor. nomme ainfi deux promontoires du Bosphore
de Thrace du côté de l'Europe.
OYA , abbaye d'hommes, ordre de Cîreaux, de la con-
grégation de Calblle , en Espagne , au diocèfe de Tuy ,
en Galice.
OYANO, ifle du Japon, au royaume de Fingo. Elle
aboutit a celle d'Amacuià , Se a deux feigncius , dont l'un
eft nommé Oyandonu , Se l'autre Summorodono , félon
Davity , copie par Corneille.
f. OYAPOC , fort de l'Amérique méridionale, dans
la Gmane, fur le bord feptentrional de la rivière de même
nom, àTix lieues .au-deflus de Ion embouchure j ce fort
appartient aux François. Latitude nord, 3 degrés jj mi-
nutes. * Carte de l'Amérique par de la Condamine.
2. OYAPOC, rivière de l'Amérique méridionale , dans
la Guiane. Elle a une lieue & demie de large à fon em-
bouchure, & porte trois braffes de fond dans fon canal,
Se fe décharge dans la mer près du cap d'Orange. Eile
elt abondante en bon poifibn , Se particulièrement en
Mulets qu'on y prend en fort grand nombre dans le tems
des fécherelïcs , Se qui fe gardent falés trois ou quatre
mois. * la Barre , defer. de la Guiane.
1. OYE (L'ifle d), petite ifle de France , fur la côte
du pays d'Aunis, proche de celle de Re vers la Rochelle.
Quelques-uns écrivent Oyem ; le nom latin elt Ogia Se
Auca. Il y avoit un monaflere où S. Arnaud , qui fut de-
puis évêque de Mafitichc , fe retira vers 609. Le lieu étoit
del'ert Se fort retiré, fervant à cacher divers folitaires d'u-
ne grande fainteté. Ce monaflere ne fubfiite plus; on y x
depuis établi une paroifie qui s'appelle Loye , de même
que l'ifle, par une corruption venue de ce qu'on a joint
l'article
OZA
OZO
l'ar ticle avec le nom. Cette ifle eft maintenant dans la dé-
pendance de S. Michel en l'Herm, in Eremo , de l'ordre
de S. Benoît , en Poitou , au diocèfe de Luçon, qui a été
unie en 1671 , par une bulle du pape Clément X , au col-
lège Mazarin , dit des Quatre nations , à Paris. L'ifle eft à
environ trois lieues de cette abbaye vers le midi. *Baillet ,
Topogr. des Saints, p. 360.
2. D'autres ont imaginé une Isle d'Oye, fur la côte
feptentrionale de Bretagne, où ils prétendent que S.
Amand s'étoit retiré ; mais ils n'ont pas plus de fonde-
ment que ceux qui rapportent cette retraite à la Baffe-Pi-
cardie, entre Calais 8c Gravelines où eft le comté d'Oye.
Voyez, l'article qui fuit.
3 . OYE , petite ville de France , dans la Baffe-Picardie ,
à une lieue de Gravelines , 8c à deux de Calais. Elle don-
ne fon nom au comté d'Oye, qui a environ quatre
lieues de long 8c trois de large : Comhatits Ovienfis. Ce
terroir eft fertile en herbages 8c marécageux , ayant la
mer d'un côté, & Calais, qui en eft la capitale, à l'un
des bouts vers la mer ; à l'autre bout eft Gravelines , terre
de Flandre. Vers la terre 8c le long de la rivière du Ma-
rais , font la ville de Guines 8c le château de Hames , 8c
Ardes eft au bout qui tire vers l'Artois. Les Anglois qui
ont poffédé ce territoire , avoient creufé pour fa fureté
du côté de la terre ferme de très-grands foffés ordinaire-
ment pleins d'eau, garnis de remparts ; & pour les flan-
quer il y avoir des forts 8c des baftions pourvus d'une gar-
ni fon qui défendoit l'entrée du pays. Le roi Henri II, qui
étoit devant Boulogne , ayant deffein d'aller en perfonne
affiéger Guines , 8c de s'y fortifier pour tenir Calais 8c la
terre d'Oye en fujétion , 8c par ce moyen affamer Boulo-
gne , fon entreprife manquai ce qui l'obligea d'ordonner
au maréchal de Biez d'attaquer & de ruiner la terre
d'Oye ; parce que Calais , Guines 8c Hames, que les An-
glois poffédoient en terre ferme , n'avoient de rafraîchis-
ferpent que de ce comté. L'ardeur des troupes les empor-
ta à traverfer les canaux contre le principal fort dee An-
glois. Il fut forcé , 8c on paffa au fil de l'épée tout ce qui
fut trouvé dedans. Enfin tout le comté d'Oye , 8c tous les
forts que les Anglois y avoient, retournèrent fous l'obeis-
fance du roi de France, après qu'il eut pris Calais.
* Corn. Di£t, And. Duchesne, Antiq. des villes & châ-
teaux de France.
4. OYE (La rivière d') , en Picardie. C'eft une bran-
che de \'Aa, laquelle traverfe le comté d'Oye.
L'isle aux OYES, ifle de l'Amérique feptentrionale,
au Canada , dans le fleuve de Saint Laurent, vis à-vis le
cap Tourmente. C'efl où l'on fait le meilleur beurre du
pays. Il y vient auffi une grande quantité d'oyes 8c d'ou-
tardes dans les mois d'Avril 8c de Septembre.
OYOGOU1NS ou Goyogouins. C'eft un des cinq
cantons Iroquois. Voyez, ce mot.
OYSANS (L'), petit pays de France, dans le Haut-
Dauphiné, au Graifivaudan, le long de la petite rivière
de Romanche , entre des montagnes. Le principal lieu eft
le bourg d'OisANs. * Baudrand, éd. 1705.
OYSE. VoyezOïsi.
OYSEMONT, bourg de France, en Picardie, furie
chemin de Beauvais à Abbeville , à quatre lieues de cette
dernière.
OZACCA. Voyez Osacca.
OZAL DIVISIO, lieu où Oza fut frapé divinement
pour avoir ofé toucher l'arche. L'Ecriture Sainte dit que
ce lieu fut nommé Oza divifio , & qu'il gardoit encore ce
nom , quand ''auteur facréécrivoir.* Paralip. I. i.c. 15.
v. 11.
OZAGES, peuple de l'Amérique feptentrionale, dans
la LouÏÏiane, au couchant du grand fleuve Miffiflîpi :
c'eft un peuple fort étendu. 11 a autrefois habité les bords
du Miffouri , maintenant il occupe un pays fi tué autour
de plufieurs rivières , dont la principale prend le nom de
rivière des Ozages, 8c qui toutes vont fe perdre dans le
Miffouri. Il s'étend de-là au couchant jusqu'au-delà de la
rivière des Akanfas. Ce font les courfes des Iroquois qui
ont obligé cette nation de fe reculer ainfi à l'occident,
afin de s'éloigner d'un ennemi fi cruel. Le pays des Oza-
ges a plufieurs mines. Quelques-uns difent Os âges.
OZAMA , rivière de l'Amérique , dans l'ifle Espa-
gnole. Elle a un grand nombre de fources dans les
montagnes qui occupent le centre de l'ifle , ou , ce qui
737
revient au même , elle fe forme de diverfes rivières qui
viennent de-là. Ui/e de ces rivières baigne Baya , 8c
Monte - Plata. Chacune de ces rivières , au nombre de
quatre, arrofe une vallée entre ces montagnes. Quand
cette rivière les a toutes recueillies, elle arrive à Saine
Laurent, où elle eft groflie par la rivière d'ifabellei
de là , coulant vers le midi , elle fe rend à la ville de
Saint Domingue dont elle forme le port. Elle eft mal
nommée Lauzama, dans la carte de l'ifle de Saine
Domingue de liézier. Le père de Charlevoix dans fon
hiftoire de cette ifle, /. 3. vol. 2. p. 291. obferve que
les debordemens de l'Ozama ne font ni frequens , ni
dangereux, parce que fes bords font fort élevés ; mais
il ajoute que les tremblemens de terre font aflez fre-
quens aux environs de ce fleuve , où ils n'ont pourtant
presque jamais aucune fuite fâcheufe. A l'entrée du
fleuve il y a une barre, laquelle n'a ordinairement
qu'onze pieds d'eau , treize à quatorze , quand la marée
eft haute , & quinze au plus dans les grandes marées.
OZARA ou Azora, ville de la Grande Arménie,
félon Ptoloméc , /. j. c. 13.
OZARBA, fortereffe de Thrace. Procope , JEdïf.
I. 4. c. 11. la met entre celles que Juftinien fit fortifier.
Coufin ht Ozorme.
OZECARUS, nom latin de Zézaro ouZézéro, ri-
vière de Portugal.
OZEM ,cap d'Afrique , en Barbarie , au royaume de
Maroc , dans la province de Héa. Il eft peu éloign*
de Mogador. * Corn. Dict.
OZEMAN , petite ville d'Afie , en Turquie , dans
la Natolie, fur la route de Conftantinople à Ispahan,
en paffant par Amafic , entre cette ville 8c Tocia. Elle
eft^ affife au pied d'un coteau , fur lequel il y a un fore
château , & au bas deux caravanferais très-commodes.
La rivière de Gufe.larma; , large & profonde , paffe le
long de la ville du côté du midi , 8c on la traverfe fur
un des plus beaux ponts que l'on puiffe voir. Il a quinze
grandes arches toutes de pierres de taille , & c'eft un
ouvrage qui marque la hardieffe de l'entrepreneur. A
quelque diftance du pont , il y a fix moulins à bled
joints enfemble, comme s'ils ne faifoient qu'un feul
moulin. On y va par un petit pont de bois. * Tuvernier ,
Voyage de Perfe, 1. 1. c. 2.
OZENE, ville de l'Inde, en deçà du Gange, félon
Ptoloméc , /. 7. c. 1. C'étoit la réfidence royale de Tia-
ftene.
OZENZARA ou Ozensara, ville delà Paleftine,
dans la tribu d'Ephraïm , Parai. I, 1. c.j. v. 22 , 23 ,
24. Elle portoitle nom de Sara, fille de Béria & petite-
fille d'Ephraïm. * D. Calmet , Dict.
OZERO. Voyez. Oseko.
OZlZALENSIS. Ortelius, Thefaur. trouvant que
faint Grégoire de Nazianze donne ce furnom à quel-
qu'un dans une de fes lettres , conjecture qu'il unique
ou la patrie de cet homme , ou leglife à laquelle il éroie
attaché i fur quoi il doute fi ce lieu n'étoit pas quelque
part en Egypte aux environs.
OZOA , lieu de la Perfide , ou de la Perfe propre-
ment dite , félon Ptolomée, /. G. c. 4. On ne fait au
refte fi c'étoit ville ou village : car ce géographe le mec
dans une Lfte où il nomme pèle mêle des villes 8c des
villages qui étoient dans les terres.
OZOAMIS, ville de l'Inde, en-deçà du Gange,
félon Ptolomée, /. 7. c. 1.
OZO AN A , autre ville de l'Inde , en-deçà du Gange,
félon le même.
OZOGARDANA , (genit. orurn) , petite ville d'Afie,
au-delà de l'Euphrate. Ammien Marcellin, /. 24, c. 2.
dit : Trajecio fonte featenti bitumme , Oz.ogardana oc-
citpav'imas Oppidum. Ayant paffé une fontaine pleine
de bitume , nous nous emparâmes d'Ozogardana
petite ville. 11 ajoute t Les habitans effrayés l'avoienc
abandonnée à l'approche de l'armée. On y monrroir le
tribunal du prince Trajan. Zofime, /. 3. c. ij. dit :
De l'autre côté du fleuve , où l'armée marchoit , étoit
une fontaine pleine de bitume. De-là s'avançant à Sitha,
8c enfuite à Mégia , on s'approcha de Zaragardia,
où étoit un tribunal élevé , conftruit de pierres , & que
les habitans avoient coutume d'appeller du nom de
Trajan, Les foldats pillèrent ce lieu fans peine > 8c y mi-
Jom.lV. Aaaaa
ozu
738
rént le feu. Ammien Marcellin die de même , que les
Romains brûlèrent cette ville, & s'y repoferent deux
jours. On voit par cet accord que l'un appelle Oz.ogar-
âana , ce que l'autre nomme Zaragardia.
OZOLA ou Axola , ville de l'Arachofie, félon Pto-
Jomée , /. 6. c. 20.
OZOL/E , nom diftinctif d'une partie des Locres.
Voyez, au mot Locres.
OZUS pour Oxus.
OZUTI, nation de l'Afrique proprement dite , auprès
de la Bazacitide , & dans le voifinage du peuple Cero-
ozz
ph^ei , félon Ptolomée , /w. 4. chjp. 3, Le grec porte
OZWIECZIN. Voyez. Osvriiczm.
OZZ AL A , lien d'Afie , dans ia Galatie, entre Ancyre
& Tyane , & plus particulièrement entre Parnaffus &
Nitazi, à XVII. M. P. de la première, & à XVIII.
M. P. de la féconde , félon Antonin , itiner.
OZZAPOLIS. C'en: ainfi que Gabius , tradu&eur de
Curopalate, rend le nom d'une villeque Cédrene nomme
E[/7-Ç«TéAi5ç,EuTZAPELus. Elle étoit voifine de Sardique,
Se par conféquent dans l'ancienne Thrace, ou aux en*
virons. * Ortelius , Thefaur.
FIN DE LA LETTRE O.
LE GRAND
DICTIONNAIRE
GÉOGRAPHIQUE,
HISTORIQUE ET CRITIQUE.
PAC
F A \^j
A , fleuve de la Chine , dans la
province de Suchuew. Il a fa
fource au nord oriental de la
ville de Pa , à laquelle il donne
ion nom , & il fe jette dans le
Si ou Sung. On lui a donné le
nom de Pa , parce que par les di-
vers plis, tours Se îetours qu'il fait, il trace la figure
du caractère Chinois , nommé Pa. * Atlas Sinenfis.
z. PA, ville & fortereffe de la Chine , dans la pro-
vince de Péking , au département de Xuntien , première
métropole delà province. Elles font de o deg. 14 min.
plus orientales qvie Péking , fous les 39 deg. 20 min. de
latit. feptentrionale. * Atlas Sinenfis.
3. PA , ville & fortereffe de la Chine , dans la pro-
vince de Stichucn , au département de Paoning , fé-
conde métropole de la province. Elles font de 10 deg. 25
min. plus occidentales que Péking, fous les 32 degivs
o min. de latitude feptentrionale. * Atlas Sinenfis.
PABII , peuples de la Paropanifade , félon Prolomée ,
/. 6. c. i). qui les met au-deffous des Ariftophylcs. Au
lieu de Pabii , le MS. de la Bibliothèque Palatine porte
Parfit.
PABULA. Voyez. Peule.
PAC A J AS, rivière de l'Amérique méridionale , qui
conjointement avec celle de Guanapu , forme la rivière,
appellée Rio de dos Bocas. Voyez,ce mot.
PACAMORES, Gualsongo ou Los Saunas , fé-
lon Robert de Vaugondy , dans fon Atlas, gouverne-
ment de l'Amérique méridionale , au Pérou , dans l'au-
dience de Quito. Il eft borné au nord par le pays de
los Quixos , à l'orient par la rivière de Moyobamba ,
au midi par l'audience de Lima , Se à l'occident par la
Cordillère ck los Andes. Davity dit , fut la foi d'Her-
rera, que les villes & peuplades Espagnoles de oe gou-
vernement ont été fondées par le capitaine Jean de
Salinas. L'air de ce quartier eft fort tempéré , Se fon ter-
roir eft très-fertile en froment & en autres grains. II
nourrit aufli beaucoup de bétail gros & menu, Se il eft
abondant en mines d'or. Ses principaux lieux font :
S. François de Borgia ,
Salinas ,
Valladolid,
Loyola ou Cumbibania ,
San Jago de las Montanas.
PACAS1ACUS SINUS, golfe de la mer Egée. Saint
Jérôme , in Locis Hebr. dit que c'étoit dans ce golfe
que fe trouvoit l'ifle de Samothrace. Ortelius croit que
l'acafiacus eft un mot corrompu.
PACATI. Voyez Maurusii.
PACCOLINUS. Voyez, Metaurus.
PACD1NE, feigneurie confidcrable du paysdeKat-
cher , en Moravie. Elle fut cédée au roi de Pruffe par
le traité de paix de 1742, Se incorporée à la Haute-
Siléfie.
PACÉ , lieu de France , dans l'Anjou , près de Sau-
mur. C'eft une chàtellenie, dans l'aveu de laquelle on
trouve que le feigneur a des droits bien finguliers,
Tous les chaudronniers qui y paffent font obligés fous
peine de confiscation de toutes leurs marchandifes au
profit du feigneur , d'aller au château offrir d'y raccom-
moder la batterie de cuifine , Se, pour payement, le
feigneur leur doit donner une miche & une chopinede
vin. Les marchands de verres font auffi tenus de fe pré-
fenter au château , & de laiffer le plus beau verre au
feigneur , qui , de fon côté , eft obligé de leur donner
dans un autre verre un coup de vin à boire. Ce fei-
gneur a également droit de mener ou faire mener à la
Tom. IV. A a a a a ij
A A. V-*
74°
dame uc l;acé , le jour de la 1 imite , toutes les fem-
mes jolies , c cit-à-dire , prudes 6c juges , que fes gens 6c
officiers trouveront a baumur 6c dans les lauxbourgs ,
durant tout ce jour. Cnacune de ces femmes jolies doit
donner a fes officiers quatre deniers 6c un chapeau de
rofes , 6c fi quelqu'une réfute de danfer avec eux , ils
peuvent la piquer tiois fois aux refies d'un bâton mar-
qué aux armes du feigneur , & ferré au bout en forme
d'aiguillon. Le même feigneur a droit ce jour-là de con-
traindre par lui même ou par fes officiels , toutes les fem-
mes qui ne feront pas jolies , ( de Bourdeau , qui feront
notoirement affamées de ribaud e ) de venir a ladite dame
de Pacé avec lesdites femmes jolies, ou de payer cinq
fols au feigneur. * Pigantol, Defcript. delà France, t.
7. p. 141.
PACEM ou Pacen , bourgade de l'ifle de Sumatra ,
dans la partie orientale du royaume d'Achem , près de
la pointe du Diamant. Elle eft fituée à 1 15 degrés quel-
ques minutes de longitude, &à 5 deg. 5 min. de latit.
Pacem étoit autrefois la capitale d'un des dix royaumes
qui compofoient l'ifle de Sumatra > mais aujourd'hui
cette ville 6c ce royaume dépendent du royaume d'A-
chem. * Atlas , Rob. de Vaugondy. Mandeslo, Voyage
des Indes, 1. 2. p. 328.
1. PACHACAMAC , vallée de l'Amérique méridio-
nale , au Pérou , à trois ou quatre lieues au midi de Li-
ma. Cette vallée , qui n'a point de pareille en fertilité 6c
en beauté , étoit fameufe avant la conquête du Pérou , à
caufe du temple célèbre qui lui avoit donné fon nom.
Les Yncas , rois du Pérou , avoient reconnu qu'il y avoit
un fouverain Créateur de toutes chofes , qu'ils appel-
loient Pachacamac , c'eft-à-dire, celui qui a fait l'uni-
vers 8c qui le conferve. Ils croyoient que ce Dieu étoit
invifible , ne lui bâtiffoient point de temples, & ne lui
faifoienc point de facrifices comme au Soleil : ils fe con-
tentoient de l'adorer dans leur ame. Les Yncas qui ha-
bitoient cette vallée , ayant embraffé cetre doctrine , bâ-
tirent un temple au Dieu Pachacamac , 6c donnèrent ce
nom à la vallée où ils le fondèrent. Us mirent dans ce
temple leurs idoles qu'ils adoroient fous la figure de
divers poiiïons , & même fous celle du renard. Ce tem-
ple de Pachacamac, remarquable par la îtructure de
fon bâtiment 6c par la folemnité du fervice qui s'y fai-
foit, étoit lefeul dans tout le Pérou où les Yncas facri-
fioient des animaux , 6c même dans leurs plus grandes
fêtes des hommes , des femmes 6c des enfans.
Dans la fuite , les Yncas ayant pouffé leurs conquê-
tes jusqu'à la vallée de Pachacamac, il fut convenu qu'on
bâtiroit en 1 honneur du Soleil , un remple parriculier ,
tel que celui qui étoit dédié à Pachacamac , qu'on pour-
voit continuer de faire des offrandes & des facrifices à
ce dernier , pourvu qu'on ne répandît point de fang hu-
main , 6c qu'on abbatït les idoles. On ajouta qu'à l'ave-
nir on ne drefferoit aucune ftatue à Pachacamac , 6c
qu'on fe conrenteroit de l'adorer dans le cœur , puisque
n'étant pas vifiblc , comme le Soleil , on ne pouvoir fa-
voir fous quelle figure on pouvoir le repréfenter. Enfin
il fut arrêté qu'on fonderoic dans la vallée de Pachaca-
mac une maifon de vierges choifies ; ce qui étoit le plus
grand honneur qu'on pût faire à un pays. * GarcilLijjo
delaVcga, Hiftoire des Yncas, tom. 2. pag. 113. 6c
fuiv.
On dit que Ferdinand Pizarre tira de ce remple la va-
leur de plus de neuf cens mille ducats en or , fans com-
pter un grand tréfor que les foldats y avoient déjà pil-
lé , 6c que les prêtres Indiens avoient fait cacher ail-
leurs avant l'arrivée des Espagnols. La commune opi-
nion eft que les Indiens en avoient ôté autant d'argent
que quatre hommes en pourroient porter. Les ruines
de ce temple fe voient encore aujourd'hui.* De Laé't ,
Defcription des Indes occidentales, 1. 10. c. 23. Corn.
Dic't.
2. PACHACAMAC ou Pachacama, rivière de
l'Amérique méridionale , au Pérou , dans l'audience de
Lima, au midi de la ville de ce nom. Elle coule dans la
vallée de Pachacamac , & a fon embouchure dans la mer
du Sud , entre le port de Callao au nord & le havre de
Chilca au midi. * Arias , Robert de Vaugondy.
3. PACHACAMAC, rochers de l'Amérique méri-
dionale , au Pérou, fur la cote de l'audience de Lima ,
PAG
à trois lieues au fud du Capfolar , près de l'embouchu-
re de la rivière Pachacamac. Ces rochers courent vers
le continent, lis font tout blancs. Il y en a deux gros
6c deux petits. Le capitaine Woodes Rogers , qui nous
a donné la defcription de ces rochers , les nomme Fo-
chacome , quoiqu'il écrive Pachacamac dans la carte de
fon voyage.
PAChARI. Voyez. Tachari.
PACHEQUE ou Pacheca , ifle de l'Amérique , dans
la mer du Sud, dans la baie de Panama , 6c la plus fep-
tentrionale de celles auxquelles on donne le nom d'ifleS
des Perles. Cette ifle eft petite , 6c on la met à onze ou
douze lieues de Panama. Voyez, au mot Isles , l'article
Isles Royales. * Dampier , Voyage autour du monde ,
t. 1. p. 188.
PACHEU , fortereffe de la Chine , dans la province
deQu icheu , au département de Liping , feptiéme mé-
tropole de la province. Elle eft de 8 deg 41 min plus
occidentale que Ptking , fous les 26 deg. 5; min. de
latitude feptentrionale. * Atlas Sinenfis.
PACH1A, promontoire dcl'jfie de Sardaigne. Ptolo-
mée, l, z.c. 3. le place fur la côte occidentale de l'ifle ,
au midi de Neapolis.
PACHISUS, fleuve de Sicile, félon Vibhis Sequefter ,
de Fluminib. qui dit que le jeune Sextus Pompeius y fuc
tué ; mais il y a certainement une faute dans ce pafiage
deVibius ;car Strabon, /. z.p. 141. 6c Appien d'Alexan-
drie , de Bel. Civil. I. j.p. 753. veulent que ce jeûne
Romain air été tué à Miletus, ville de l'Allé Mineure.
Velleïus Paterculus , /. 2. c. 79. Florus , /. 4. c. 8. Au-
relius Victor, <sk Viris illujl. c. 84. & Eutrope,/. 7.
c. -3. difent qu'il fe fauva en Afie , 6c qu'il y fut tué;
ce qui s'accorde affez avec ce que difent Strabon &
Appien. A la vérité , Dion Caffins , /. 49. p. ^oi.édit.
Hanov. 1606 , veut que Sextus Pompeius ait été tué
dans la ville de Midaium , en Phrygie ; mais l'autorité
de ce dernier ne peut être mife en balance avec celle de
tant d'autres hiftoriens. Le témoignage feul de Strabon ,
qui vécut à peu près dans le rems dont il s'agit, devroit
même l'emporter. Une autre rai fon qui doit nous faire
dire que ce pafiage de Vibius eft corrompu .c'efl qu'au-
cun auteur ancien n'a connu de fleuve nommé Pa-
chifus.
PACHIUS, village del'Afie Mineure, félon Appien.
Voyez. Sangia.
PACHLARN- Jty«.PECHLARN.
PACHNEMUNIS , ville d'Egypte , dans le Nôme
Sebennytes. Ptolomée , /. 4. c. $. lui donne le titre de
métropole. Ammonius, fon évêque, affilia au concile d'A-
lexandrie , tenu l'an 362. * Harduin. Collect. conc. t.
I. p. 730.
PACHOMIUS , canton de la Thrace.
PACHSU. Voyez. Paxu.
PACHYNNEi dans quelques éditions d'Ovide, on
trouve ce mot employé au livre fécond de l'Art d'aimer,
v. 81.
DcxtraLcbynthos erat , fylvisque umbroja Faehynne.
Mais les fcholiaftes de ce poëte prétendent qu'au lieu
de Faehynne il faut Calymne , ou Cilymna , comme
dit Ovide lui même, dans le huitième livre desmétamor-
phofes , v. 222.
D extra Lebynthos erat , fecundaque mclle Calymna.
PACHYNI PORTUS , port de la Sicile, fur la côte
orientale de cette ifle au nord, & près du promontoire
de Pachyne, qui en eft le cap méridional. Cicéron, in
Verrem , I. $. fait mention de ce port.
PACHYNUM PROMONTORIUM, ou Pachy-
nus , cap de la Sicile , aujourd'hui cap de Paffai o , dans
la partie orientale de cette ifle , du côté du midi. C'eft
l'un des trois promontoires qui ont fait donner à la Si-
cile le nom de Trinacrie. Corne e dit fur la foi du
père Lubin , Table Géogr. quec' Il le cap le plus orien- §
tal 6c le plus méridional" de l'ifle. Ils fe trompent. On voit
par les cartes de de l'ifle . Atlas , fondées fur les ob-
servations , que le promontoire Pelorus elt beaucoup
plus à l'orient que celui de Pachyne; 6c les pointes de
Pâli ôc de Marza font plus méridionales.
PAG
PAD
PACIDARE, village de l'Inde , en-deçà du Gange.
Prolomée , /. 7. c. 1. le place entre l'embouchure du fleu-
ve Mophis ev celle du fleuve Nainadus.
PAGINATES, peuples d'Italie, félon Feftus ; fy
verbo Peigni, qui die qu'ils étoient originaires d'illyrie.
Il ajoute que ces peuples tiroient leur nom de Pacinus,
un des descendais du roi Volfinus, fumommé Lucul-
lus , qui s'étoit emparé d'une partie de l'Italie. Mais
comme, au lieu de Pacinus, quelques-uns lifent Pecimts ,
de même au lieu de Pacifiâtes , ils lifent Pccinates : en-
fin , il y a des aureurs qui pour Pecinus écrivent Pi-
cinus , 6c qui nomment Picrates les peuples auxquels il
donna Ion nom.
PACIO , montagne de la Chine , dans la province
d'Huquanç , au midi de h ville d'Yocheu. Elle eft
iameufe à caufe d'un temple magnifique 6c d'un mo-
naftere de bonzes qu'on y a bâtis. Le monaftere eft
fitué entre deux lacs. * Atlas Svnenfis.
PACO DE SOUSA (Saint Sauveur de), abbaye
d'hommes , ordre de faiut Benoît , en Portugal , dans
la province entre Duero 6c Minho , au diocèfe de
Porto.
PACONÏA , ifle fur la côte feptentrionale de la Si-
cile. Ptolomée , /. 3. c. 4. la place vers Pille OfteodesSc
l'embouchure du fleuve Bathys, ou environ à moitié
chemin de Panormm à Drcpamtm. Comme il ne fe trou-
ve qu'une ifle dans toute cette longueur de côte , favoir
celle qui eft fituée à l'orient de l'ancienne Hyccara ,
6c qui eft éloignée d'environ 8co pas du rivage, Ou-'
vicr , Sicilùantiq. I. 2. c. 14. juge que cette ifle doit
être la Patonia de Ptolomée. Elle s'appelle préfente-
ment Ifola ai Fimi , ou IJhla dellc Femine.
PACORIA, ville de la Méfopotamie , fur l'Eu-
phrare, entre Addaca 6c Teridata , félon Ptolomée,
/. 5. c. 18.
PACRAE, lieu de Syrie. Antonin , itiner. la place
entre Alexandrie 6c Antioche , à 16 milles de la pre-
mière, & à 25 de lafeconde. Pline , /. j. c. ij. 6c Stra-
bon , /. 16. p. 75- 1. nomment cette ville Pagrae.
PACTENE. ^«.Pactyne.
PACi"! . peuples d'Allé, quelque part aux environs
des Palus Méotides , félon Onclius, qui cite Orphée,
in Argonaut.
PACTIAN^E MATIDLEj vïlte d'Afrique , dans la
Mauritanie Céfarienfe. Antonin ,itw. la met fur ia route
de Lemnae à Carthage , entre Igilgili Colonïa 6c Cbul-
li municipmm , à trente-cinq milles du premier de ces
lieux , 6c à vingt quatre milles du fécond.
PACTiCUS , nom d'une foret des Gaules, félon
Onelius , Tbef. qui cite la vie de S. Lômcr.
PACTIU S , fleuve d'Italie, dans le pays des Feâicu-
li , félon Pline , /. 3. c. 11.
PACTOLE , Pattolus , fleuve d'Afie , dans la Lydie.
Il prenoit fa fource dans le mont Tmolus, mouilloit la
ville de Sardes, 6c fe perdoit dans PHermus, felou
Ptolomée, /. 5. c. 2. 6c Strabon , /. 11. p. 526. On
l'appelloit anciennement Cb>yjoroas , parce qu'il rouloir
de l'or parmi fon fable. Les poètes ont feint que Midas ,
roi de Phrygie , s'étant lavé dans ce fleuve , y laiffa le
don qu'il avoit reçu de Bacchus, de changer en or tout
ce qu'il touch croit.
PACTOLI PHRURIUM , c'eft à-dire, la Forte-
resse de Pactole , lieu fortifié , aux environs du fleu-
ve Pactole, félon Plutaïque, cité par Ortelius, The-
faur.
PACTOLUM : un ancien commentateur de Juvenal
met un fleuve de ce nom dans l'Espagne ; mais ce fleuve
pourroif bien être imaginaire.
PACTOLUS , lieu de la Béotie , félon Diodore de
Sicile , /. 2. Onclius , Tbefaur. dit qu'Amiot , dans fa
traduction de Diodore , a fait de ce lieu un fleuve. 21
ajoute qu'au lieu de Fattolits il faut lire Spmtolus dans
Diodore de Sicile, /. 2. 11 fe fonde fur un paffage de Thu-
cydide , qui met un lieu de ce noni dans la Béotie.
PACTORUM PORTUS. Voyez Symbolon.
PACTYA, ville de Thrace. P-olomée, /. 3. c. n.
la met dans la Propontide , 6c Sophian l'appelle Pa-
nido. Voyez Pabos. Ce fut depuis la ville de Cardic jus-
qu'à celfe de Pactye, que Miiciadç fit bâtir une muraille ,
74f
qui fut en divers tems , tantôt abbatue , tantôt re-
levée, 6c enfin rétablie par Dercyllide , général Lacé-
démonien.
PACTYES, ou Pactyas , montagne d'Afie, dan?
Plonie, au territoire d'Ephèfe , félon Strabon, /. 14.
p. 6$6. & 647. On l'appelle aujourd'hui Figcna.
PACTYIC A, contrée de la Perfide, félon Hérodo-
te;/^, c. 102. C'eft dans cette province , qu'étoit la
ville Caspatyrus.
PACTYNE, ou PACTENEinom d'une ville, quel-
que part dans le monde , félon Ortelius , Tbefaitr. qui
cite Phavorin , Lcxicon. Suidas , qui fait mention de
cette ville, dit feulement qu'elle fe nomme Pullyene
6c PaQyne.
PACURA, ville de l'Inde , dans le golfe du Gange,
félon Ptolomée, /. 7. c. 1. au lieu de Pacura, fes in-
terprètes lifent Palura.
PACUS, lieu de Syrie, d'où l'on tire leGalbanum,
à ce que dit Plutarque, H>JK Plantar. I. 9. Ce lieu
pouvoit être au voifinage du mont Amanus, d'où Pli-
ne, /. 12. c. 2j. dit qu'on droit le Galbanum.
PACY , Paciacum , ville de France , en Normandie,
au diocèfe d'Evreux , fur la rive droite de l'Eure , à deux
lieues au fud-eft de Vernon. Des autres côtés ce font
des bois 6c des plaines. L'églife paroifliale eft dédiée à
faint Aubin. Il y a un hôpital dans l'enceinte duquel
eft la maifon de ville à côté de l'appartement du prê-
tre qui a foin de cet hôpital 6c qui porte le nom de
prieur. Il y a en outre une abbaye de Bénédictines fon-
dée, depuis plus d'un fiécîe , par une dame d'Aibret, qui
étoit auparavant religieufe de l'abbaye de faint Sauveur
d'Evreux. II y a un lieutenant général à Pacy , un vi-
comte , un procureur du roi , 6c tous les autres offi-
ciers de la ville. On y tient tous les Jeudis un marché
considérable. C'eft un grand paffage de Baffe-Norman-
die à Paris , tant pour les carroffes & les trains , que
pour les bœufs. Hors la porte de Pacy , nommée la
porte de France, on trouve le fauxbourg de PaiTcl,
dont l'églife paroifliale eft fous l'invocation de faint
Martin. Ce fauxbourg, en matière de procédure , ne ré-
pond pas à Pacy , parce que Pacy eft du reffortdu par-
lement de Rouen , 6c Paffel du reflbrt de celui de Pa-
ris. Cette ville qui paffe pour très-ancienne , étoit au-
trefois environnée de très-bonnes murailles, avec un
bon foffé , 6c accompagnée d'un château bien baftionné,
entouré aufli de fofiés 6c aflis hors de la ville. La tra-
dition du pays porte que dans les dernières guerres des
Ang'lois en Normandie , ils furprirent Pacy pendant la
nuit, s'étant fervi pour cela de grandes échelles de cor-
de ; qu'ils maffacrerent tout ce qu'ils purent rencontrer ,
6c qu'ils firent un pillage univerfel , dépouillant & pro-
fanant les églifei. * Corn. Diét. fur des Mémoires ma-
nuferits,
PACYRIS , fleuve de Scythie, près du golfe Caret-
nues , félon Pline, /. 4. c. 12. Voyez, Hypacaris, qui
eft apparemment le même fleuve.
PADA. Voyez, Pader.
PAD/EI, peuples de l'Inde , félon Hérodote,/. 3.
c. 99. qui dit qu'ils fe nourriffent de chair crue. Ti-
bulle fait aulfi mention de ces peuples, /. 4. eleg. 1.
v. 145.
Ultima vitïnus Phœbo tenct arva Pad&us.
PADAN. Voyez, Phadana.
PADANE^SILV^, forêt d'Italie , près du PÔa
Solin , ebap. 20. éd'it. de Saumaife , 1629 , en fait men-
tion , 6c fait voir l'erreur des anciens qui avoient cru
que les arbres de cette forêt pleuroient de l'ambre.
PADANG , ville des Indes , dans Pifle de Sumatra s
fur la côte occidentale, au midi de Priaman. Elle eft
fituée fur une belle rivière , où l'on voit fouvent un
grand nombre de bâtimens Indiens , & ou les autres
vaiffeaux peuvent aulfi entrer. Le commerce de cette
ville confifte en benjoin , camphre , 6c même de l'or.
PAD ARGUS, petite rivière delà Perfide , félon Ar-
rien ,in Indic. c. 3 9. Un manuferit porte Padagrus.
PADASIA , ville de la Galatie , ou de l'Arménie,
félon Cedrene. Curopalatc la nomme Phadafia, * Orte-
lius , Thef,
742» PAD
PADBLRY, feigneurie du Saverland , en Weftpha-
!ie. Voyez, les dernières carres d'Allemagne de Hub-
ner.
PADDAR , rivière des Indes , dans les érats du Grand
Mogol. Elle a fa fource dans la province de Bando ou
Asmer , au nord de la ville d'Asmer. Elle coure du nord
oriental au fud occidental , ôc va fe jetter dans la mer ,
aux confins des provinces de Sorec ôc de Guzurat qui
forment un golfe en cet endroit. * Atlas , Rob. de Vau-
gondy.
PADDESTOW, ou Padstow, ville d'Angleterre,
dans la province de Cornoua-.lle , à l'embouchure de
la rivière d'Alain. On y tient marché. * Etat préfent de
la Grande Bretagne, t. i. p. 50.
PADE : nos ancêtres ont ainii nommé la ville de Pa-
doue , en Italie , dans l'état de Venife. Jean Marot ,
dans fon rondeau dont le refrain elt cour foi garder ,
dit:
Pade & Véronne ont bien voulu entendre
Se rendre à lui , ôc pour feigneur le prendre;
Mais à leur prince en a fait la remife
Pour foi garder.
Le peuple dit encore tous les jours Saint Antoine de
Pade , pour dire S. Antoine de Padoue.
PADER, Pczdcra; dans les anciens monumens Pa-
tra , Pathcr , Pater , Padra , Pada , Padus , ôcc. ruis-
feau d'Allemagne , en Weftphalic, dans l'évêché de Pa-
derborn ( Monum. Paderbornenfia. p. 169. & feq. ) 11 a
fa fource dans la ville même qui en prend fon nom,
ôc fe joint à une lieue de-là avec deux autres ruifteaux
dont fe forme la Lippe , rivière qui garde fon nom jus-
qu'à fon anivée dans le Rhin. Voyez, l'article qui
fuit.
PADERBORN, ville d'Allemagne, en Wefiphalie ,
capitale d'un petit état que pofïede fon évêque , qui eft
prince de l'Empire. Le fameux évêque de Paderborn a
raflemblé en peu de mots ce qu'il y a de plus remar-
quable dans l'origine de cette ville. Voici l'infcrip-
tioii :
Hic ubi fons Pader a, mcdïà furgentis in urbe
Duco vêtus magni nomen ab amne Padi.
Marte dm amipiti Carolus certare conclus,
Delcgit Ciftris Concdiisque locum.
Jttffit & bis undis liifiratam fttbderc gentem
Suxonicam vero colla fuperba Deo.
Hit Léo , Romanâ dedutlus ab urbe , facellum
àacravit pnmum Relligionis opus.
Hic fedes longo fuit ordine deinde fecittis
Terrarum Dominis inclyta Gcfaribus.
Virginis hic conjux virgo Cunigunda mariti
Accepit meritis Regia ferîa comis.
Vaftum abus fubeatfeptena per oftia pontum ,
Nobilius nullus me caput amnis habet.
Le nom de cette ville a été diversement défiguré ,
félon les différentes dialectes des écrivains. Adon de
Vienne dit Pater brurna ôc Padrabrunne , l'analyfe de
Canifius P ader britnnen , Padenbrun ôc Padesbrunen,
Jean duTil, dans fes petites annales, Patresbrunna Se
Patresbrunnas , dans les grandes, Patresbrunnon ôc Pa-
tresbrunno , dans les fragmens des annales d'Alex. Peta-
vius , Padresbrunncn ôc Padresbrunnon , dans les anna-
les de Loifeau , P aterbrunnen ôc Padrabrunno , l'au-
teur inconnu de la vie de Charlemagne , P aderburnen
ôc Paderbumum , le Moine dAngoulême , Paderbrun-
nen ôc Padrabruno , le poè'te Saxon , Pathalbrannon ôc
Paderbrunnum , Eghinard , Padabruna, l'Hiftorien de
Louis le Débonnaire, Patrisbruna , l'Hifloire de l'établis-
fement de la Nouvelle Corbie ou Coi wey , Patberbru-
na , les annales de Fulde, Padrabrunno ôc Padrab-
prunno , l'Hiftoire de la translation de faint Vie , Pa-
therbronna , &c.
PAD
L'origine de ce nom de Pader , P ader a , Pada on
Padus vient , félon GobehnusPerfona, dé quelque rap-
port avec le Pô , en latin Padus , que Charlemagne ,011
peut-être les Saxons , qui l'avoient fuivi en Italie , où ils
avoient vu le Pô qui fort de trois fonrees , donnèrent
ce nom à ce ruifTeau qui a auffi trois fources au pied
de la montagne , qui chacune s'appellent Pader avec une
épithéte diftindtive, & forment dans la même ville cet-
te rivière , que le même auteur croit s'être auparavant
appcllée la Lippe. Cer auteur dit qu'avant Charlema-
gne on appelloit cette rivière la Lippe. 11 en apporte
pour preuve qu'elle fe mêle, à vingt ftades, avec deux
autres ruifleaux, dont un elt nommé la Lippe étroite.
Rien n'étoit plus ordinaire aux François , dit Meibom ,
Notœ in Irminfulam Saxon, que de donner des noms de
leur pays aux lieux étrangers qu'ils habitoient. Reicen-
nius , dans l'es notes fur le po'éte anonyme ,dit : In an-
naïibus Francicis perpétua legitur Paderboma ; efi
enim nomen à Padifonubus .... atque ut Italiens in-
terfluvios Italiœ maximus eft tfic Gcrmanicus tanthm à
capite aqu.irum vehit , quant km totitts Europ£ nullus.
Bullandus croit au contraire que ce font les Romains,
qui , étant campés en cet endroit , donnèrent à ce ruis-
feau le nom d'une rivière d'Italie. Pline, /. 3. c. 16.
nous fournit la véritable origine du nom. Il cite Mé-
trodore , auteur Grec , au rapport de qui ce fleuve prend
fon nom , de ce qu'autour de fa fource il y a quantité
d'arbres d'où coule la poix , ôi que l'on appelle Padi ,
' en langue Gauloife.
La guerre de Saxe dura trente ans. Charlemagne ,
voulant la finir abfolument , choifit un lieu du voifmage
pour y établir Ca. cour. A la fource de cette rivière , le
lieu lui parut fi beau , qu'il y forma un camp , où il
indiqua plufieurs diètes , entre autres celles de 777 ôc
785 Le pape Léon , ayant été maltraité par les Ro-
mains , fut conduit à Paderborn , où étoit alors Charle-
magne qui le reçut avec refpecL Ce pape confirma le fié-
ge épiscopal que Charlemagne y avoir érigé.
Paderborn devint confidérable par la réfidence im-
périale : auffi eft-elle nommée Sedes regalis par Erinhei'3
qui a écrit en vers la vie de S. Hemerad , prêtre.
Eft locus egregiits P atherbrunnon vocitatus.
Is quoque regalis Sedes O" Pontifie alis.
Ce ne fut pas feulement Charlemagne qui en aima la
féjour. En 815 , Louis, fon fils, y tint une diète géné-
rale: les députés ôc les principaux d'entre les Slaves orien-
taux s'y rendirent. Trente ans après , il y tint une pa-
reille diète , ôc y reçut les ambaffadeurs de fes frères ,
des Normands, des Slaves, & des Bulgares. L'empe-
pereur Conrad II vint paffer le jour des Rois à Pader-
born. On a de lui un diplôme du même lieu ôc de l'an
1032. Henri III, à fon retour d'Italie , vint à Pader-
born en iojô , ôc y mourut la même année. L'an 1 152 ,
Frédéric I donna un diplôme daté de Paderborn. En
mi , Othon IV, qui fut forcé la même année d'ab-
diquer l'Empire , fit le partage de la Saxe entre lui &
fon frère Henri , duc de Saxe , ôcc. Paderborn efi enfin
demeurée fimplement la cour d'un évêque qui y réfide
rarement , lorsque ce fiége efi joint à quelqu'autre,
comme à préfent qu'il eft pofTédé par l'électeur de Co-
logne. Ce diocèfe a eu le fiécle pafle un évêque célèbre,
par (esMonumenta Paderbornenfia,
Ce diocèfe a eu autrefois dans la jurisdiétion de fon
évêque vingt-quatre villes , tant grandes que petites ,
ou bourgs , vingt châteaux & bailliages , feize Monafic-
res , ôc cinquante-quatre paroifles. L'évêché de Pader-
born e(ï terminé au nord par le comté de la Lippe, à
l'orient par l'abbaye de Corwey , ôc par le pays de Bruns-
wick: au midi par les états de Hefïc ôc de Waldeck ;
& au couchant par un petit canton du comté de la Lip-
pe , où elt Lipftadt , & le comté de Ritberg. D'Audiftet
paile ainfi de Paderborn. Charlemagne donna l'advoca-
tie de cet évêché à Witikind, comte de Swalemberg ,
& de Waldeck, dont les descendais en jouirent jusqu'à
Witikind IV, qui la céda à l'évêque l'an 11 87, pour
trois cens marcs d'argent. L'empereur Henri II donna à
l'églife de Paderborn en ion , le comté de Warbourg ;
le comte de Decon lui avoit donné les terres de
PAD
PAD
Wartberg , de Ruinlefeffun, d'Erungen , de Radi.
Cette donation fut confirmée par Henri II , qui y en
ajouta d'autres. L'étendue de cet évêché n'cft pas grande ;
mais le pays eft très-fertile. Des montagnes fort hautes,
& où il y a des mines de fer , le coupent en deux parties.
L'occidentale corifil te en de belles plaines qui font arrofées
par les rivières de Lippe , d'Alme , & de Haftenbeck.
L'orientale n'cft pas fi unie, elle abonde en bled Se en
pâturages. Les rivières de Dumel Se de Neete la traver-
fent , Se vont delà fe jetter dans le Wefer.
Paderborn la capitale eft grande , Se bien peuplée.
Son chapitre eft oompofé de vingt-quatre chanoines tous
capitulaires. Il faut pour y être reçu avoir étudié dans
une univerfité de France Se d'Italie. La ville pafibit au-#
trefois pour libre ôc impériale ; mais elle eft foumife pré-
sentement à fes évêques , dont la réfidence ordinaire
eftà Neuhaus, château voifin. Cette ville eflà iiïlieues
nord-oueft de Caffel , 1 7 eft par fud de Munftcr , 1 ; fud-
oueft de Minden , 1 54 nord-oueft de Vienne : longitude
26 deg. 28 min. latit. ;i deg. 46 min.
PADICHORA. Vojei.BADEicHORA, qui eft le mê-
me mot.
PADINATES , peuples d'Italie , félon Pline, /. 3. c.
ij. Le père Hardouin croit qu'ils demeuroient vers l'em-
bouchure du Panaro , dans le Pô, dans l'endroit où eft
aujourd'hui le bourg de Bondeno. Il a fuivi la conjecture
deCluvier dans fon ancienne Italie , /. i.p. 282.
PADOUAN (Le ) , contrée d'Italie , dans l'état de
Venife. Elle eft bornée au nord par la Marche Trévi-
fane, à l'orient par le dogat de Venife, au midi par la
Polefine , dont elle eft féparée par l'Adige , Se à l'oc-
cident par le Vicentin. On lui donne trente-cinq mil-
les du feptentrion au midi, & vingt-huit d'orient en
occident. Ce payspaffe pour être le meilleur d'Italie : il
eft du moins le mieux cultivé. Ses principaux lieux
font:
Padouc ,
Anguilara
Monfclice,
Citadella.
EftouEfle,
Campo S. Pietro,
Arqua ,
Quant au fort qu'a eu cet état , voyez. Padoue»
PADOUCAS , grande Se puiffante nation de l'Amé-
rique feptentrionale , dans la Louïfiane. Cette nation
cil mêlée avec les Apaches : les uns & les autres font la
plupart errons , félon que la chaffe les conduit. Il y a
néanmoins une bonne partie de ces peuples qui caba-
nent vers les fources de plufieurs grandes rivières quife
jettent les unes dans le Miffouri , Se les autres dans le
Mifliftipi , à la bande de l'oueft , depuis le 36 deg. de
laritude jusqu'au 45 , à cent ou cent vingt lieues à l'oc-
cident du MifTiffipi. Il y a quelques cabanes ou villages
de Padoucas , dans le Nouveau Mexique. Les rivières ,
dont ils habitent les bords , font la rivière rouge, celle
de Marne, celles des Akanfas, celle des Canfez, Se
une autre qui fe jette dans le Miffouri , à la bande du
fud-oueft. Ils bordent les montagnesqui féparent la Louï-
fiane , du Nouveau Mexique. Les uns habitenc dans
les vallées de ces montagnes , Se les autres dans de
grandes plaines Se prairies fréquentées d'une grande
quantité de bœufs fauvages.
PADOUE, ville d'Italie, dans l'état de Venife, & la
capitale du Padouan, Patavium, Se en Italien Padoua.
Elle eit fituée fur les rivières de Brento Se de Barchi-
glione, à quatre vingt-dix lieuesnord de Rome , au 29 d.
3c. min. de longitude, Se au 41 deg. 24 min. de latit.
Son terroir eft extrêmement fertile , ce qui a fait dire
Boloçna la Grajfa , Venetia la Qjiafta , ma Padoita la
Paffa. Les Romains lui accordèrent le droit de bour-
geoifie , Se lui donnèrent le pouvoir de choifir fon fénat.
En récompenfe Padouc leur fournit quelquefois des trou-
pes. Elle fut ruinée par Attila: Narfès l'ayant rétablie,
les Lombards la détruifirent. Cependant elle jouifibit
de fa liberté du tems de Charlemagne Se de fes fucces-
feurs. Elle eut des confuls Se des gouverneurs ; mais elle
tomba fous la tyrannie d'Ezzelin, Se après fa mort les
Papafava en furent les maîtres : le dernier de ce nom
fut François , dépoffédé de fon état par le vicomte de
745
Milan. La republique de Venife , ayant pris parti dans
cette affaire, rétablit le fils dans l'état de fon père, &
même y ajouta Vérone; mais ce fils ayant fait la guerre
à la république , fut fait prifonnier en 1406 , & depuis
ce tems Padoue Se fon état font demeurés aux Vénitiens.
En ijicj on abbatit tous les fauxbourgs , dans lesquels
étoient compris dix monafteres , fix églifes , fept hôpi-
taux, Se environ trois mille maifons. * journal d'un
Voyage de France & d'Italie, p. 863. Mijfon , Voyage
d'Italie , t. 1. p. 176.
Cette ville eft arrofée par les rivières de Barchiglione
Se de la Brento i qui remplirent fes foffc's d'eau , Se fonc
fort utiles aux habitans. Padoue eft cependant une ville
pauvre Se dépeuplée : le circuit en eft grand ; mais il y
a de grands espaces vuides , Se beaucoup de maifons à
louer. L'ancienne Padoue a encore fes premières murail-
les. Depuis qu'elle appartient à la république , on a fait
une nouvelle enceinte plus grande : mais qui a été fl
fort négligée, qu'elle tombe préfentement en ruine. 11 y
a des portiques presque par toute la ville , ce qui eft affezi
commode pour marcher à couvert ; d'ailleurs cela rend
les rues étroites Se obfcures , Se facilite le fameux bri-
gandage appelle le Qui va-li ? Les écoliers forrent ar-
més par bandes , dès que la nuit tombe ; fe cachent der-
rière les piliers des portiques 5 ck , lorsqu'ils entendent
un paffant ils crient Oui va lï ? une autre bande crie en
même- tems Qui-va-là ? Ils tombent tous en même-
tems fur le paffant , qui périt entre le Qui-va-li Se
le Qui-va-là .' On afi'ure que ces indignités arrivent
aujourd'hui très rarement.
Il y en a qui prétendent que Padoue a été autrefois
un port de mer , parce qu'en creufant des puits Se àes
fondemens de maifons , on a trouvé en divers lieux des
ancres Se des mâts. Mais comme l'hiftoire n'en dit rien , il
eft plus aifé de fuppofer qu'il y avoit un grand canal
qui communiquoit à la mer.
On veut encore que Padoue ait été bâtie par Antenoa
On y montre un grand Sarcophage , dans lequel on a
mis les prétendus os de ce Troyen , Se on l'appelle com-
munément le tombeau d'Antenor. Mais on n'en trouve
aucune preuve décifive. A la vérité on ne peut nier ,
fans s'oppofer directement au témoignage de plufieurs
anciens & fameux auteurs , qu'Antenor ne foit venu en
ce pays ; Se il faut croire , s'ils ne fe font trompés eux-
mêmes , qu'il y bâtit une ville , qui fut appellée d'abord
Antenorea , Se depuis Pataviitm. Ces deux articles peu-
vent être accordés
Pour le tombeau, dit Miffon, p. 178 , c'eft une pute
bagatelle. Le cercueil de plomb qui fut trouvé, il y a
quatre cens ans Se plus , n'avoit aucune infeription; mais
furl'épéequi étoit auprès fe lifoient quelques vers d'un
latin barbare , qui n'avoient aucun rapport à Antenor i
cependant Lupatus , alors magiftrat , fit mettre les os
trouvés dans ce cercueil dans un tombeau qui fe voit à
l'entrée de la rue S. Laurent , & il fit graver deffus quatre
vers latins ; c'eft ce qu'on appelle aujourd'hui le tom-
beau d'Antenor.
On compte dans Padoue vingt-fix paroiffes , quatre
hôpitaux , vingt-trois monafteres d'hommes, Se dix-huit
de filles. Elle a fept portes , fept ponts de pierre , neuf
grandes places publiques , Se un grand nombre de beaux
palais. On la divife en vieille Se nouvelle : fa forme fem-
ble repréfenter un jambon , dont le manche fait le vieux
château , qui a environ deux cens cinquante pas de
largeur. L'hôtel de ville , autrefois confumé par le feu
Se relevé en 1420, eft un magnifique bâtiment. On y
voit , dans une fale , qui eft fort grande Se fort obfcu-
re , plufieurs monumens qui ont été érigés pour hono-
rer la mémoire de diverfes perfonnes illuftres. Après
la découverte de ce prétendu tombeau d'Antenor , le
premier cercueil inconnu qui y fut trouvé , fut regardé
comme devant être celui de Tire Live, ce fameux hi-
florien, à qui Padoue avoit donné le jour. C croit une
châffe de plomb , qu'on couvrit auiïï-tôt dé branches de
laurier , Se qui fut portée par les plus confidérables de la
ville au temple de fainte Juftine , où elle demeura en dé-
pôt jusqu'en 1447, qu'elle fut portée au palais de juftice ,
ou hôtei de ville , où on lui dreffa le monument qu'on
voit aujourd'hui. On y a joint depuis l'infeription fui-.
744 PAD
vante , qui a été trouvée dans le voifinage du lieu où
étoic autrefois le temple de la Concorde.
* V. F. * Vivens fecit.
Titus Livius
L i v i i. T. F.
Quarto L.
H a l y s
CoNCORDIALIS
P A T A R I
SlBI ET SUIS
O M N I B U S.
Au-deffus de cetre infeription on a mis une tête de
marbre , que le vulgaire prend pour la tête de Tite-
Live. L'Orfato a fait une diflertation, par laquelle il
paroît prouvé que Tite-Live , dont parle cette inferi-
ption , n'étoit qu'un affranchi d'une des filles de Tite-
Live hiftorien \ de forte que les os , la tête ôc l'infcri-
ption pourroient être autant de pièces empruntées. Au-
près de l'infcription on a mis d'un côté une ftatue de
bronze qui repréfente l'éternité , Ôc de L'autre côte , la
ftatue de Minerve de même métal. Lazare Bonami , pro-
feffeut à Padoue, a ajouté à ces ornemens les fix vers
fuivans :
OJfa tuumque Caput, Civis , tibi , maxime Livi,
Prompio animo hic omnts compofuere tui.
Tu famam xternam Komx. Patriœque dedijli ,
Huic oriens , illi fortia facla canens :
'At tibi dat Patria bac, & fi majora liceret,
Hoc totus Jlares aurais ipfe loco.
T. Livius , quarto ïmperii Cafaris annoy
Vua excejfu : atatis ver o fut , 76.
Dans la même fale on voit un autre monument que
la ville de Padoue fit élever en 1661 , pour éternifer la
vertu de la marquife d'Obizzi , poignardée par un gen-
tilhomme qui trouva moyen d'entrer dans fa chambre ,
dans le tems qu'elle étoit encore au lit , ôc que fon mari
étoit abfent ; comme il ne put rien obtenir d'elle par* la
perfuafion , fon amour dégénéra en fureur : il la
tua. Quand la marquife fut furprife , elle avoir avec elle
fon fils unique , âgé de cinq ans. Le meurtrier le porta
dans une chambre voifine , avant d'exécuter fon deflein ,
ôc l'enfant ne put voir ce qui fe pafla. Cependant l'affai-
re ayant éclaté, on arrêta le gentilhomme fur les foup-
çons que l'on eut contre lui. On favoit qu'il avoit eu
de l'attachement pour la marquife : l'enfant dit quelque
chofe ; des voifins rapporrerent qu'on avoit vu le gen-
tilhomme dans le quartier, &on trouva fur le lit un
bouton femblable à un autre qu'il avoit encore. Tout
cela donnoit de grands indices. On l'appliqua diverfes
fois à la queftion ; mais il nia toujours. Au bout de
quinze ans de prifon il eut fa liberté , dont il ne jouit
pas long-tems. Le jeune marquis lui donna un coup de
piftoletdans la tête , ôc vengea ainfi la mort de fa mère.
Le palais du gouverneur a de beaux appartemens ,
enrichis de peinture. Celui où fe rend la juftice eft re-
marquable par fa galerie , par fes piliers de marbre qui
le foutiennent , ôc par fes peintures. L'amphithéâtre ne
repréfente plus que de miférabks ruines.
L'églife cathédrale, dédiée à fainte Sophie, eft bien
bâtie. Dans une chapelle qui eft fous le chœur repofe
le corps de faint Daniel , martyr , dans un tombeau de
matbre, enrichi de bas-reliefs fur bronze, qui repré-
fentent le martyre de ce Saint. L'autel eft paré de beau
marbre, ôc de plufieurs ftatues de bronze, de même
que celui de l'églife , qui a été bâtie par faint Prodoci-
me , premier évêque de la ville, ôc enrichie par l'empe-
reur Henri IV. Son rombeau s'y voit avec celui de fa
femme Berrhe.
L'églife de faint Antoine eft fort grande , & remplie
PAD
de plufieurs tombeaux magnifiques , entre lesquels on
voit celui d'Alexandre Contarini, amiral de la républi-
que , ôc procurateur de faint Marc , Ck celui du comte
Horatio Sicco , qui fut tué à Vienne pendant le dernier
fiége. On ne peur voir de plus belles peintures à fres-
que que celles de la Chapelle de faint Félix : elle eit
du fameux Giotto. Mais ce qu'il y a de plus confidé-
rable , c'eft la chapelle de faint Antoine , iurnommé de
Padoue , parce qu'il y mourut , & qu'il y eft enterré.
11 eft le protecteur de la ville , ôc on l'appelle par ex-
cellence il Santo.
L'églife de fainte Juftine eft d'une grandeur ôc d'une
beauté extraordinaire. Elle eft foutenue de quatre rangs
«de gros piliers , ôc toute pavée de marbre de carreaux
d'échantillon , rouge , blanc & noir. La vôute de la gran-
de nef a fept dômes : ce qui l'exhauffe, la rend claire
ôc l'embellir extrêmement : il y en a deux fur chacun
des bras de la croix, Outre le grand autel , qui eft un
ouvrage fuperbe, il y en a vingt-quatre autres de mar-
bres lins, ôc tous difïéiens. U y a une inferiprion,
par laquelle il eft dit que l'églife a été bâtie aux frais
de l'abbaye. Les bas des bancs du chœur font admira-
bles , ôc le deffein en eft très-beau. Ce font les prophé-
ties de l'Ancien Teftament, touchant JEsus-CHRisT.avec
leur accompliffement dans le Nouveau. La facriftie eft
confidérable par la riche argenterie qui s'y trouve, par
fes fupeibes ornemens , ôc par fes reliques : on y mon-
tre entre autres les chefs de faint ProdocimecV de fainte
Juftine, & la plume de faint Marc. La magnificence du
monaftere , qui eft une abbaye de l'ordre de S. Benoîr ,
ôc où la réforme a eu fon commencement , répond
bien à la beauté de l'églife ; les bâtimens font vaftes.
Il y a fix cloîtres , plufieurs cours ôc plufieurs jardins.
Cette abbaye a été bâtie dans le lieu où étoit le tem-
ple dédié à la Concorde.
La grande place , qui eft près de cette abbaye , s'appel-
loit autrefois le Champ de Mars : on l'appelle Prato
délia Vulle. Il y a dans cette place un petit espace qu'on
appelle Campo Santo , parce que c'eft: , dit-on , l'endroit
où plufieurs martyrs ont autrefois fouffert la mort.
L'univerfité de cette ville doit fa fondation à Char-
lemagne. Le pape Urbain IV ôc l'empereur Frédéric
II , l'augmentèrent confidérablement. Elle étoit autre-
fois très- flo ri fiante ; mais aujourd'hui elle eft affez déferte.
De dix collèges, il y en a neuf employés à d'autres
ufages. Celui qui relie eft un affez beau bâtiment. On
le nomme le collège du bœuf, parce qu'il y avoit au-
trefois en cer endroit une hôtellerie qui avoit un
bœuf pour enfeigne. On l'appelle aufli les écoles pu-
bliques. Il y a onze diftérens auditoires , ôc un beau
théarre pour l'anatomie. Le jardin des fimples eft de
forme ronde, ôc environné de terrafies. Il fut planté
en 1J46. Depuis ce tems, il a été rempli des plantes
les plus rares.
Quoique Padoue ait l'air pauvre, trifie ôc fale , qu'elle
foir mal peuplée en général , mal bâtie , mal pavée ;
beaucoup d'étrangers , qui y ont demeuré, ne l'ont quit-
tée qu'avec regret , à caufe des gens de lettres , qui font
ordinairement beaucoup d'accueil aux étrangers. Cette
ville a vu naître les poètes Stella , Valerius Flaccus , ôc
Volufius, lequel après Ennius écrivit en vers les annales
de Rome. Le jurisconfulre Paulus étoit auffi de Padoue.
1. PADRON , ville d'Espagne, dans la Galice, (a)
à l'embouchure de la rivière d'Ulla , fur un petit golfe
qu'elle forme en fe jettant dans l'Océan , à quatre lieues
de Saint Jacques de Compoftelle. L'archevêque de Com-
poftelle en eft feigneur fpirituel ôc temporel. Cette ville
eft peu confidérable. Il y a une grande rue où il n'y a
que des ouvriers , qui demeurent principalement du côté
du grand marché (b). On paffe encore une autre rue qui
n'eft guère plus agréable , ôc d'où l'on va au bord de la
rivière. Cette ville eft ancienne. Quelques géographes
la prennent pour l'ancienne Iria-Flavia. On dit que
c'eft en cet endroit qu'aborda faint Jacques , lorsqu'il
pafia de Jérufalem en Espagne pour y prêchei l'évangi-
le. On montre le lieu où il prit terre, ô< la barque fur
laquelle il étoit venu. Cette barque eft d'une feule piè-
ce , longue de fix pieds , ôc large à proportion. Elle eft
cachée par les fables que la mer y a apportés. On paffe
la rivière fur un grand pont de pierre, (a) Délices B'Es-
pagyic ,
VMO
FMT
■pagne ,p. 127. (b) Joi.vin de Roche fort , Voyage d'Espa-
gne. Corn. Dict.
2. PADRON. Voyez. Patron.
3. PADRON. Voyez, au mot Cap l'article Cap dé
Padron.
PADSTOW , bourg d'Angleterre , dans la province
de Cornouaiile. Il a droit de tenir marché public. * Etat
préfent de la Gr. Bretagne , t. 1.
PADURA , ville ancienne de l'Espagne Tarragonoi-
fe. Voyez, Arrya Gorriaga.
1. "PADUS, nom latin du Pô , fleuve d'Italie. Voyez.
Pô. Les anciens le nommèrent premièrement Eridanus.
^V^Eridan N° 1. Pline , /. 3. c. 16. ditquecefonc
les Grecs qui rappellent Eridanuf. Lucain, /. 4. v. 134.
lui donne le nom de Padus dans ce vers.
Sic Venetus , ftagrunte Pado , fufoque Britannus
Navigat Occano.
Pomponius Mêla , /.
2. c. 4.
2. PADUS. Voyez. Paderborn.
PADUSA : on donne ce nom à cette partie du Pô,
qui dans certains endroits forme un matais , où l'on voit
urte grande quantité de cignes. C'eft l'explication que
donne Servius fur ce partage de Virgile, Emid. lib. 11.
v. 4; 7.
PiiCofo-oe amne Padiift.
Le P. Hardouin , pour éclaircir cette explication de Ser-
vius, dit, après Pline , /. 3. c. i 6. & après Vibius , qu'on
nomme Paditfa le canal qui communique du Pô à Ra •
venne. Pline ajoute au même endroit qu'on appelloit
anciennement ce canal Mejfeniacus.
PADYANDUS. Voyez. Polyandus.
P/EANENSES, 6c V&oniDs..Voycz, P/Eonidem.
PyEANI/EA» 11 y avoit dans l'Attique , félon Suidas ,
deux municipes de ce nom : on appelloit l'un P&an'ua
jiiperïor , 6c l'autre Pœaniaa injtrior. Ils étoient tous
deux dans la tribu Pandionide.
P/EAN1UM, ville de l'Acarnanie. Polibe , /. 4. c. 65.
dit que Philippe détruifu cette ville.
1VEDALII , peuples de l'Inde. Srobée, de Jitflitiâ ,
qui parle de ces peuples , dit qu'ils n'ont point de prê-
tres en titre , mais qu'ils les fuppléent par les plus pru-.
dens d'entre eux.
P/EEESS A, ville de l'Ifle deCeos, félon Pline,/. 4><r. 1 2.
Quelques exemplaires portent Pœcejfa , 6c c'eft ainfi que
lifent Strabon, /. 12. p. 486. Etienne le géographe 6c
Suidas. Cette ville ayant été ruinée, (es habitans furent
dans la ville de Carthea, dans la même iile.
P/EMANI , peuples que Céfar , de Bel. Gai. I. 2. e.
4. place dans la Gaule Belgique. Saqfon , dans Ces re-
marques fur la carte de l'ancienne Gaule, d:t que c'eft
le pays de Famene ou de Famine , où eft Marche-en-Fa-
mine , dans le duché de Luxembourg* Il ajoute : Cette
partie eit du diocèfe de Liège ; j'entends du diocèfe ec-
cléfialtique , 6c non du temporel ou du domaine des
évêques de Liège ■■, car Bouillon , Saint Hubert 6c Ro>
chefort en Ardenne , avec quelques autres places dans
le Luxembourg , dépendent de ce dioeèlè. Diva?us pré-
tend qu'ils habitoient le pays qu'on nomme aujourd'hui
Pcelanderie , dans le Brabant, 6c d'autres les mettent
dans la forêt d'Ardenne , précifément dans le lieu où eft
prefentemetit le village de PeMont. * Ortelms , Thef.
Hubertiis Leodiui.
P/ENA , ifle de l'Océan Atlantique : Ptolomée , /.
4. c. 1. la place à l'occident de la province Tingitane.
Sanut prétend que c'eft aujourd'hui Porto-Sanro.
P^EONES , peuples de la Macédoine. Il eft fouvent
arrivé que l'on a confondu ces peuples avec les Panno-
nes , c'eft-à-dire , les habitans de la Paxmie avec ceux
de la Paunonie. Mais Dion Caflïus, /. 49. p. 413. les
diftingue les uns des autres. Il dit que les Pannoniens ha-
bitent le long du Danube , depuis le Norique jusqu'à la
Myfie Européenne, & qu'ils l'ont voifins de la Dalma-
tie j à l'égard des Pa;oniens , il les met fur le mont Rho-
dope , & fur la côte de la Macédoine. Hérodote , /. j.
74?
c. 1 3 . plaac les Pxonicns fur le bord du fleuve Stç) mon ,
& Ptolomée les met dans la Macédoine , vers ks foui ces
du fleuve Haliacmon.
PjEONIA, contrée de la Macédoine. Elle tira, félon
Paufanias , lib. ;. c. 1. fon nom de Pxon, fils dEndy-
mion , qui vaincu à la courfe par fon frère, en fut fi af-
fligé, qu'il abandonna fa patrie, 6c Ce retira vers le fleuve
Axius. Philippe , après avoir fait la paix avec la républi-
que d'Athènes, dans la féconde année de fon règne, tour-
na Ces armes contre les Pasonicns, qui l'année d'aupara-
vant avoient ravagé la Macédoine, 6c profitant de la
conflernation où les avoit mis la mort de leur roi i4gis,
il les attaqua , les battit 6c les fubjugua. Hérodote, lit. y.
c. 12. & Jeq. nous apprend que Darius, fils d'Hvftaspe ,
étant un jour à Sardes, ville de Lydie, vie une femme qui
en même-tems filoit , menoit un cheval, 6c poi toit une
cruche d'eau fur fa tête. Ayant appris qu'elle étoit Pa:o-
nienne, il prit du goût pour une nation, où le fexe le
plus foible embrafloit tout à la fois tant de travaux diffé-
rens. C'étoit une rufe que l'on employoit pour engager
Darius à entreprendre la conquête de la Pceonie. L'arti-
fice réuffir. Mégabife , qui commandoit pour Darius
dans la Thrace, eut ordre d'envoyer en Afic des peupla-
des de Paroniens; ce qu'il fit , fitôt qu'il les eut affujcttis.
P/EONIDEM PALUDEM : .Elicn, lib. 17. dans fon
hifloire des animaux, parle d'un Marais de ce nom, fans
dire en quelle partie du monde on le trouve. Ortelius
croit qu'il pourroit être dans la Pœonie , contrée de la
Thrace, 6c que c'eft le même marais qu'Hérodote appelle
Prafia Palus.
P/EOPL/E , peuple de Thrace , félon Hérodote , /.
7- c. 13.
P/EPIA, ville de la Mauritanie Céfarienfe. Ptolo-
mée , /. 4. c. 2. la place entre Germiana 6c Vesccthrr.
PALSA , lac dont l'eau , félon Ariftote , in Proi-kmat*
eft bonne à boire , 6c ôtc les taches des habits, je ne fais t
dit Ortelius, Thefaur. où peut être fitué ce lac.
P/ESAG/E , peupies qui habitoient au pied du m ne
Caucafe, félon Etienne le géographe.
P^ESICl.Pomuonius Mêla, /. i.c. j. met un peupla
de ce nojn fur le golfe de Scythie, dans la mer Cas-
pienne.
P/ESTÂNUS SINUS, golfe d'Italie, fur la côte du
pays des Brutiens, félon Pline, /. 5. c. 5. Il prenoit fou
nom de la ville de Pa?flum, bâtie fur la côte. C'elt au-
jourd'hui le golfe de Saleme. Ptolomée le place dans la
Lucanie , 6c il me paroît devoir être plutôt fuivi que
Pline.
P/ESTOS. Voyez. Parium.
P.1ESTUM, ville d'Italie, dans le pays des Brtltiem ,
félon Pline, ibid. Ptolomée, /. r,.c. 1. la place dans le
pays des Lucani , 6c Strabon , /. 5. p. 25 1. la nomme /V
(ïdonia , qui étoit le nom grec , 6c c'elt celui qu'elle re-
tint quand elle fut épiscopale. Depuis elle a changé de
nom. Holftenius prétend que c'étoit ce qu'on appelé
aujourd'hui Agropcli. D. Mattheo Ègitio , dans fa Lettie
à Peflu Lenglet du Ftesnoy, aflure que c'eft Pierti, 6c que
Pa?ftum étoit une colonie des Rhodiens, Voyt'^ Poii-
donia.
P/ESULA , ville de l'Espagne Betique. Ptoloau'e, ' ii
c. 4. la donne aux Turdetanï , 6c la met entre Calciub.t 6c
Saguntia.
ÏVESURES , petite ville ou municipe de la Lufitauk à
félon une ancienne infeription. Les habitans de cette vil-
le furent du nombre des peuples qui aidèrent à achever
le pont d'AJcamara , comme le prouve l'infcription de ce
pont. * Ortel. Thefaur.
P/ESUM. Voyez. P^esus.
i.P/ESUS, ville de la Troade , entre Lampfacus &
Parium. Strabon , /. 13. p. ^89. dit que cette ville ayant
été détruite , les habitans pafferent dans celle de Lampfa-
cus. Homère l'appelle Pxjum , Iliad. I. 2. v. 828. 6c Apœ-
fum , /. j. v-, 611.
2. P/ESUS , fleuve de la Troade , félon Strabcn , /. 13.
p. 589.
P/ETA , ville de l'Inde. Elle étoit très-grande & rrès^
peuplée , à ce que dit Polyœnus , /. 4. de Alexand.ro , 6é
eilt- ouvrit fes portes à Alexandre.
P/ETALIA , contrée de la Thrace , félon Etienne le
géographe.
tom. IV. B b b b b
74*
PAG
PAG
P-eETAONlUM , ville de l'Espagne, au royaume de
Léon frontière de la Galice, félon la notice des digni-
tés de l Empire. Mais Ortelius , fhcfaur. croit que P&-
tavnium pourroit être corrompu de Patavonium. Voyez.
ce mot.
P/ETI , peuples de la Thrace, félon Hérodote, /. 7.
c. 1 10.
P^ETICA, contrée de la Thrace, entre les fleuves
Hebrus Se Melana , félon Arrien , de Exped. Alexand.
I. 1 . c . 11.
PiETOVlUM. Voyez Petovio.
P/EUS, ville de l'Arcadie, félon Hérodote, /. 6. p.
117.
PAFENSIS, lieu de la Méfopotamie. Il en eft fait
mention dans la notice des dignités de l'Empire , fett.
15.
PAFFENHOFFEN , petite ville de France, dans la
Baffe- Alface, à deux lieues au-deffus d'Haguenau, en
montant la rivière de Motter qui paffe près de fes mu-
railles. Cette ville eft fituée fur la pente d'une hauteur
qui la commande extrêmement. Son enceinte eft un mur
flanqué de quelque, tours ; le tout percé de créneaux. Il
v a au pied de ce revêtement un foffé fec de cinq à fix
toi fes de large & de douze à quinze pieds de profondeur.
C'eft un grand paffage pour les troupes. DeLonguerue,
Dtiç. de la France, part. z.p. 235. dit que PaffenhofTen
fft une des deux annexes de la ville de Lichtemberg.
* Piganiol, Defc. de la France , t. 7. p. 45 5.
PÀFUR1ANA. Voyez. PalfuriANa.
PAG A (geniiif Paga) , mot dont quelques auteurs de
la baffe latinité fe font fervis pour fignifîer une contrée.
AfferuSjdansl'FMoire d'Alfred, roi des Anglo-Saxons dit
que ce prince naquit in Villa Regiâ qua dicitur Wana-
ding in illâ Pagâ qua nominatur Barroscire , qua Paga tait-
ter vocatur à Banocjîlva, ubi buxus abundantijjïmè nas-
citur , c'eft-à dire dans une maifon de campagne qui ap-
partenoit au roi , & nommée Vanading dans la contrée
que l'on appelle Barroscire (Barkshire) contrée que l'on
nomme ainfi à caufe de la foiêt deBARROC, oùil croîtdu
buis en abondance. Cet auteur fe fert fréquemment de ce
mot Paga, pour lignifier une Shire d'Angleterre, c'eft à-
dire un comté, félon la remarque de Du Cange, dans fon
gloffaiie latin.
PAG^, ville de Lycie, félon Eufebe, Hifl. Ecclef.
L 8. C'étoit la patrie de Saint Apphian, martyr. Il femble
que Suidas mette une ville de même nom dans la Theffa-
lie. Voyez, Peg^e.
PAG^ATICUS SINUS. Voyez, Pelasgicus.
PAGALA, lieu de laCaramanie, à ce qu'il femble à
Of telius i, Thefaur. 11 fe fonde fur un paffage d'Arrien, in
Indic. c. x. qui met ce lieu à l'extrémité de l'Inde , au delà
du fleuve Arbis , chez les Orites. C'étoit un lieu maritime
que quelques uns prennent même pour une ifle.
PAGANA, bourg de la Grèce , peu éloigné du golfe
Colochina , félon la Guilletiere , Athènes ancienne &
noitv. p. 59. On l'appelle auffi Pago Se Gadepagon , Se
ceux qui prononcent plus jufte difent cap de Pago. C'eft
le promontoire de Diane Didymne des anciens. Le bourg
s'eft formé des débris de l'ancienne ville de Las , dont la
Situation eft aifée à reconnoitre par les trois montagnes
Hama , llion & Cnacadion. Ces montagnes étoient autre-
fois célèbres par les trophées qu'on y éleva pour la défaite
des Macédoniens, & par les temples que Caflor Se Pol-
lux y bâtirent à leur retour de la conquête de la toifon
d'or. A demi-lieue au fud-eft de Pagana on voit la petite
ifle de Spatara , & à trois lieues de Sparara t>n trouve à
l'eft-nord-eft dans la terre ferme, la ville de Colo-
china.
1. PAGAN1A, mot que quelques auteurs du moyen
âge ont employé pour exprimer lcsfuperftitions païen-
nes. On le lit dans les capitulaires de Charlemagne. Oth-
lon , danslavie de S. Bonifiée, archevêque de Mayence,
dit , /. 1. c. 42. Ut popiilas Dti Paganias non facial ,fed
omnes gentilhaiis Jptncitias aljiciat, l. 2 c. 2. & non fi
iflas Paganias ibi pa/ernitas vefira prohibuerit. Le Péni-
rentiel d'Ecbert , archevêque de Cantorberv , dit: de Us
qui Paganias f. ciunt. On a dit aufll dans le fens Fran-
çois du mot Paganisme, Paganismits ; mais ces deux
mots ont aufll eu une lignification géographique. Bromp-
ton ,adann. 1 161. dit : Profitiscens igitur Paganismum
prospéré pertranfivit. Nos auteurs François ont dit de
même Payennie, mot formé de Pagania , pour ligni-
fier le pays de Infidèles. Un érat de laTerre Sainte en ma-
nuscrit dit : Bandas eft chiès de payennie , aufji connue
Rome eft chiès de toute Chrétienté. Il parle du tems des
Califes de Bagdat, fouverains pontifes des Mahometans.
Joinville , dans la vie de S. Louis, dit de même : le Svul-
dan étoit le plus puijfant roi de toute Payennie. On confuii-
doit alors les Mahometans Se les Païens.
2. PAGANIA, nom moderne du port Pelodes , dans
l'Epire , félon Baudrand , Ditl. qui cite Moletius. Viyez.
Pelodes.
PAGANORUM INSULA ; Marcellinus Cornes don-
ne ce nom à une ifle dans laquelle l'empereur Zenon fit
étrangler Plagius. Ortelius, thefaur. croit que c'eft une
ifle de la mer de l'Ulyrie, Se que c'eft celle qu'on nomme
aujourd'hui Pago. Voyez, ce mot.
PAGASA , ou Pagasve , ville de la Magnefie , félon
Apollonius. Strabon, /. 9. p. 436. dit que c'étoit autre-
fois le port de la ville de Pliera , qui en étoit éloignée de
quatre-vingt-dix ftades. Pline , /. 4. c. 8. confond Pagafa
avec Demetrias : mais Strabon les diftingue. 11 nous
aprend que les habitans de Pagafa furent transférés à Dé-
métriade, avec tout le commerce qui fe faifoit aupara-
vant dans la première de ces villes. Communément les
Grecs écrivent Pagafa , Se les Latins Pagafa. On pré-
rend que ce fur à Pagafa que les Argonautes s'embarquè-
rent, pour aller à la conquête de la toifon d'or. Properce
le dit formellement dans fa vingtième Elégie du livre pre-
mier, v. 17.
Namque ferunt olim Pagtifa Navalibus Argo
Egrejjam longe Phafidos ijje viam.
PAGASICUS Se Pagasiticus. Voyez. Pelasgi-
cus.
PAGASSi£, ville fur le promontoire delà Magnefie.
Ortelius, Thefaur. croit que c'eft la même que Pa*
g4a-
PAGEUS, bourg de France , dans le Limoufin, Elec-
tion de Limoges.
PAGI , nom des bourgades établies par Numa en fa-
veur des indigens. Ce fage roi , voyant que Rome étoit
chargée d'une foldatesque oifive , qui avoit contracté
fous Romulus , l'habitude de vivre de rapines lui donna
les terres conquifes, Se les diftribua en Pagi, y mit des
furveillans, qui récompenfoient ceux qui étoient indu-
ftrieux Se diligens. Ilvifitoit fouvent lui-même les travaux
de la campagne, Se élevoit aux emplois ceux qu'il recon-
noiffoit fages Se appliqués.
PAGLIA, rivière d'Italie. Elle a fa fource près d'un
bourg de même nom, dans la partie orientale du terri-
roire de Siene. Elle coule du nord occidental au midi
oriental , jusqu'auprès d'Aquapendente , où faifant un
coude , elle prend fon cours du côré du nord oriental , cv
après avoir joint fes eaux à celles de la Chiane, un peu
au-deffus d'Orviette , elle va fe perdre dans le Tibre à
quelques milles au-deffous. * Magin, carte du territoire
de Siéne.
PAGLIETA, bourg d'Italie , au royaume de Naples,
dans l'Abruzzecitérieure, au midi de Lanciano, proche la
rivière de Sangro. Magin , carte de l'Abruzze.
PAGLION , rivière de Savoye , dans le comté de Ni-
ce. Elle a fa fource dans les Alpes, au nord d'un bourg
nommé Lucerame. Elle coule en ferpentant du Nord au
midi> Se va fe jetter dans la mer Méditerranée, à l'orient
de la ville de Nice. Atlas , Robert de Vaugondy
PAGMAGMARISI , ou Spagmagmarisi , rivière
de l'Epire. Elle a fa fource aux montagnes de la Chimère,
& fe décharge dans le fond du golfe de FArta , près de la
ville d'Arta. Quelques géographes la prennent pour l'an-
cienne Arachtus. * Baud. éd. 1705.
PAGNY, château de France, aux confins de la Bour-
gogne Se de la Franche-Comté, fur la rive gauche de la
Sône , entre S. Jean de Lône Se Seure on Bellegarde. Ce
Château fut bâti en 1 J46 , du tems de François I , par le
Cardinal de Givry, Claude de Longueuil, Evêque de
Langres. On nomme aufll ce lieu Pagny le Château.
Tout auprès il y a deux autres lieux qui ont le nom de
PAG
PAG
Pagny , favoir Pagny la Ville 8c Pagny le Faux-
bourg * Jaïllot, Atlas.
PAGO , ifle de la mer d'Iflrie, près de la côte de la
Croatie, à l'orient des ifles d'Arbe 8e de Veggia. Le P.
Coronelli, Ifolar.t. i.p. 14;. dit : Pline a connu cette
ifle fous le nom de GiJJa : d'autres écrivains anciens l'ont
appellée KeJJa , Quujfa, Se CiJJa : quelques auteurs mo-
dernes l'ont nommée Paganurum Infula , Se les Escla-
vons l'appellent Pagh. On ne fait au jufle le tems au-
quel les Vénitiens en firent la conquête. 11 paroît cepen-
dant que ce fut vers l'an 1 410.
L'ifle de Pago efl: plus près du continent qu'aucune
autre du voifmage. Le canal qui la fépare de la Croatie
n'a que trois milles de largeur : celui qui la fépare de No-
ua a quatre milles. Son circuit peut être de foixame Se dix
milles. Au milieu de l'ifle on voit un château que la Ré-
publique a fait bâtir , Se auquel elle a donné le nom de
l'ifle. Il y a dans cette ifle plufieurs falines appartenantes
à des particuliers ; mais de tout le fel qu'ils font , ils font
obligés d'en donner les trois quarts à la République, ce
qui fait que les propriétaires font allez pauvres; outre
que le bled qui fe recueille n'efl pas capable de nourrir
les habitans trois mois de l'année , cV que le vin qu'elle
produit ne leur fuffit guère que pour fix mois, tant la ter-
re efl ftérile.
Pago efl foumife pour le fpirituel à l'évêché d'Arbe.
Elle a fes coutumes particulières qui furent rédigées en
1453. Ses habitans ne paflent pas le nombre de quatre
mille , ce qui efl occafionné par la flérilité du terrein : ce
nombre diminue même tous les jours, parce qu'outre la
flérilité , l'air y efl fi froid , qu'on a de la peine à y réfi-
fler. La république de Venife tient à Pago deux nobles Vé-
nitiens , l'un pour gouverner , 8c l'autre pour faire la re-
cette des revenus de la chambre.
PAGODE : ce mot , en notre langue , fignifie égale-
ment une idole , ou figure qui repréfente une fat:fle divi-
nité , & le temple où cette idole efl; adorée. Quelques
écrivains François ont voulu difiinguer ces deux fignifica-
tions , en faifant de genre féminin Pagode, lorsquil s'agit
Amplement de 1 idole, de la ftatue à laquelle les idolâ-
tres adreflenr leurs vœux : & ils le font du genre mascu-
lin , lorsqu'ils entendent le temple même où la pagode efl:
placée. 11 y a des pèlerinages établis qui s'y font avec un
concours incroyable de divers peuples. Cela a donné lieu
à des routes remarquables , qui ont fervi à fixer la pofi-
tion de certains lieux de l'Indouflan, 8c des autres pays où
il y a des pagodes bien accrédités.
Tout l'Indouflan en efl plein , & fur-tout la presqu'ifle
en-deçà du Gange. Voici les principaux de ceux que l'on
trouve dans les royaumes de Carnate Se de Maduré , de
Tanjaour, 8c au Marawa,
' Tripiti ou Tripante.
Dans le 3 Les fept Pagodes auprès de Sadraspatan.
Carnate ) Outemada.
Courva.
Ç Madurê.
Dans le 3 Tricherapali. Il a été détruit, 8c le terrein
Maduré j efl occupé par une églife que les pères
(^ Jéfuitcs y ont élevée.
Dans le çTrivaîour ou Tirinvalour.
Tanjaour (.Cagliamera, auprès du cap de même nom.
Au ÇRAMANANcoR.dans une ifle qui fait par-
Maravt a C tie du Pont d'Adam.
J'ai parlé en leur lieu de Jagrenat , au pays de mê-
me nom, & de quantité d'autres pagodes célèbres; mais
il ne faut pas oublier les treispagodes blanches, au royau-
me deGolconde, au bord de la mer , entre Narfapour 8c
les confins du royaume de Ciacola , ni deux autres pagodes,
aufli au bord de la mer , auprès du fameux pagode de Ja-
grenat : l'un efl nommé par de l'ifle Pagode Noir, Se
747
l'autre petit Pagode. La Chine efl pleine de pagodes , ca-
duque ville aies temples confacrésaux hommes illu-
ftres : ce font de véritables pagodes. 11 y en a une multitu-
de innombrable dans le Japon ; je me contenterai de quel-
ques remarques fur les pagodes de l'Indouflan. Les Bra-
mines , qui en font les prêtres , font ingénieux à leur don-
ner de la célébrité, & il y a toujours quelque prodige fa-
buleux qui y attache les idolâtres. Les pagodes conlâcrés
à Viflnou 8c à Eswara font plus hauts Se plus grands que
ceux des puiflances inférieures. Ces édifices font plats 8c
écrafés , mais les tours en font fort hautes.
Ces pagodes ont trois parties. La première efl une voû-
te, qui porte fur des piliers de piene. Les côtés en font
ouverts , 8e il efl permis à chacun d'y entrer. Quelques
images y font autant pour l'ornement , que pour repré-
fenter, par des figures fymboliques, quelque trait des Po-
ranes ; c efl chez eux un livre où font recueillies les fa-
bles de leurs divinités. Ce font deséléphans, des bœufs»
des chevaux , &c. Ces figures font de bois. Il y en a que
l'on porte en cérémonie dans les rues à certains jours.
La féconde partie , qui fe ferme pendant la nuit , efl:
ouverte pendant le jour; mais ko E n-.ircs, quidefler-
vent le pagode, en iirerdifent l'entrée à d autres qu'à
eux. II efl rempli de figures bifarres Se monflrueiiies ,
d hommes à plufieurs têtes 8e à plufieurs bras.
La troifiéme partie, qui efl une espèce de fanituaire ,
efl fermée d'une porte très forte. C'efl là que fe trouve la
flatue du dieu en forme humaine, avec quatre bras, ou
fous quelque autre reprefentation myfléneufe. Quantité
de lampes brûlent nuit Se jour devant ces idoles.
L'édifice efl au milieu d'un préau , qui efl entouré d'u-
ne muraille, dans lenceinre de laquelle il y a des pago-
des qui ont acoutumé d'acompagner celles de Viftnou Se
d'Eswara. Dans le préau il y a un cuvier de maçonnerie ,
dans lequel on cultive la plante Toleje. Quand les Brami-
nés vont dans le préau , ils ont foin , par refuecL , que
leur main droite foitdu côré du pagode, dans lequel ils
n'entrent point fans laifler à la porte leurs fouliers , 8c
fans retrouffer fur leurs épaules une robe de deflus , qui
leur tient lieu de manteau.
Pour l'entretien des pagodes , il y a un impôt établi fur
les marchandifes qui entrent 8e qui fe vendent dans le
pays, 8c une espèce de capitation qui fe levé fur les fa-
milles , qui font de la religion païenne. Car les Mahomé-
tans (qui efl la religion du fouverain depuis les conquêtes
d'Orangzeb, dont tous ces petits rois font tributahes)
n'y contribuent en rien, non plus que les Chrétiens. Le ca-
fuel des pagodes confifle dans les offrandes des pèlerins
qui viennent en foule aux fêtes folemnelles du pagode.
Celui de Tripeti , par exemple , a trois fêtes tous les ans :
l'une en Septembre , où fe rendent les fondras & le me-
nu peuple; la féconde en Décembre, à laquelle les Bra-
mines fe raflemblent de tous côtés ; la troifiéme , dont la
faifon n'efl pas marquée dans les mémoires, n'efl pas
moins lucrative que les autres. Le cal bel de ce pagode s'efl;
monté à foixante , Se même à quatre-vingt mille pagodes
de revenu. La monnoie nommée pagode vaut environ
quatre florins 8e quatre fols , monnoie de Hollande , en-
core , difoit-on alors que ce revenu étoit bien diminué.
D'Herbelot , dans fa bibliothèque orientale, remarque
que le mot Pagode vient du Perfien Potghedah , qui fig-
nifie Temple d' Idoles, ou Idole qui efl adorée comme
Dieu.
PAGON, ifle de la mer du Sud, l'une des ifles des
Larrons , ou des Mariannes Elle efl firuée entre l'ifle
d'Agrigan au nord oriental , Se celle d'Alamagan au mi-
di. On lui donne quatorze lieues de circuit. Le catalogue
envoyé à Rome lui en donne 16. On voit dans cette ifle
trois montagnes qui jettent du feu. Ceft la dixième des
ifles Mariannes. Les Espagnols la nomment l'ifle de Saint
Ignace. * Atlas , Rob. de Vaugondy. Corneille , Diction-
naire.
PAGONUS , port du Péloponnèfe, aux environs du
golfe Saronique, félon Pomponius Mêla, /. z, c. 3.
Voyez Pogon.
PAGOS , montagne de r\£olide , au voifinage du fleu-
ve Melete. C'efl Paufanias , /. 7. c. j. qui en parle.
i.PAGR^E, ville de la Cyreflique de Syrie, dans le
territoire d'Antioche, près de hVïïïcGindœriim, félon
Jom. IV. Bbbbb ij
748 PAG
Strabon, /. \6. p. 751. Se Pline,/. $.c. 23. Ptolomée ,1.
j . 6 . 15.1a met dans la Pierie , province voifine.
2. PAGR/E, port de la Sarmatie Afiatique, fur le
Pont-Euxin. Anien, Periçl. î.p. 19. met de l'ancienne
Achaïe, au port de Pagrœ, trois cens cinquante ftades , Se
du porc de Pagr&zu porc d'Hierum, cent quatre- vingt
flades.
5. PAGR.E., ville de la Cilicie, félon Cedrene &
Glycas , cités par Ortelius , Thefaur.
PAGRASA, ville de l'Inde, en-deçà du Gange. Pto-
lomée , /. 7. c. 2. la mec dans la contrée de Lejti ou des
Pirates , entre Samaramda Se l'embouchure du fleuve Sa-
lamis.
PAGRUM, IN PAGRO, ou Ipagrum , ville de
l'Espagne Bétique , aux environs de Cordoue. L'itinérai-
re d'Antonin la met fur la route de Cadix à Cordoue ,
entre AngelU & Vlia , à vingt milles de la première, Se
à dix milles de la féconde.
PAGUNT/E, peuple des Indes, félon Pline,/. 6. c. 20.
Il les fait voifins des Maj'iu ôc des Moruntes.
PAGUS. Ce mot a divers fens, qu'il communique à
fon dérivé Paganus , & aux autres mots qui en font for-
més. Il vient lui-même de Uayà , moc dorique , pour
Un-) •' , fontaine. Feftus , in voce Pagi, die que les Pagi
( nous expliquerons enfuite ce mot ) ont pris ce nom des
fontaines -, parce que , ajoute- 1- il , ils prennent à une mê-
me fontaine l'eau dont ils ont belbin. Scrvius dit , en ex-
pliquant ces vers de Virgile , Georg. /. 2. v. 3 80.
Non aliam ob culpam Baccho caper omnibus aris
C&ditur & Veteres ineunt proscenia ludi ?
Fr&miaqiie ingeriù pagos & compila circum
Tbejidœ pofuere.
„ Pagos & compila circum, c'eff-à-dire, par les carre-
,, fours appelles Compila, parce que plufieurs chemins
„ aboutiflént à un feul ; ôc les maifons de campagne ,
,, (Villas) que l'on appelle Pagi , Ù7roTwnnyw , c'eft-
,, a-dire à caufe des fontaines, parce que l'on a eu an-
,, dénuement la coutume de bâtir des maifons decam-
„ pagne auprès des fontaines. De-là efl venu le mot Pa-
\, gani , comme qui diroic ceux qui boivent de la même
„ fontaine. ,,
1 . Voilà le mot de Pagus dans le fens de village : en ce
cas Pagus diffère de Vicus , en ce que Vicus fignifie une
rue , ou dans une ville , ou dans un bourg, ou dans un
village, ouïe village lui-même, quand les maifons font
rangées de manière qu'elles forment une rue. Les mots
Vtcinus , voifin , Vicinitas ôe Vicinia , voifinage en vien-
nent , ôc de cette proximité des maifons qui formoient
l'espèce de village nommé Vicus, ôc la rue défignée par
le même mot. Le mot Pagus n'exige pas cette dispofition
en forme de rue , ôc il fuffit que les maifons ayent un rap-
port de voifinage entre elles ■■> ôc elles peuvent être ran-
gées , comme le font certains villages de France , où cha-
cun bâtit fa maifon en tel endroit de fon champ qu'il
trouve le plus commode-, fans s'embarafler de fa fituacion
par rapport à fes voifins. Chaque maifon , avec la baffe
cour, & autres dépendances, fait une maffe isolée , ôc qui
ne tient point à celle de fon voifin. Voilà, je penfe, l'i-
dée originelle de ces deux mots , qui fignifient également
village. Plufieurs Vill^e , maifons de campagne , fermes
ou cenfes, fi elles étoient rangées de fuite , foit à Tocca-
fion d'un grand chemin , foit le long d'un ruiffeau , dont
chacune étoit bien aife de profiter , formoient un village,
proprement Viens. Si elles étoient disperfées , ôc rangées
confufément, elles formoient un village appelle propre-
ment Pagus. De-là vient peut-être que le mot Pagus ne
fe trouve point dans les itinéraires d'Antonin, de Peutinger,
de Jérufalem, &c. mais bien celui de Villa, qui fignifie
une métairie feule, Se celui de Vicus , dont j'ai donné
l'explication. Il faut néanmoins avouer que cette diflin-
ction , entre les mots Vicus ôc Pagus , n'a pas été fort
exactement obfervée par les anciens Romains.
Les Grecs fe font fervi du mot Pagos , uâyoç , dans
un fens différent ; chez eux il ne fignifie, ni Pagus, ni
Vicus , comme l'ont ctu trop facilement ceux qui ont tra-
duit À'pucs uâyoç par Martuts Viens, la rue de Mars. Ces
mors, qui veulent dire l'Aréopage, fignifient littéral»-
PAG
ment la colline de Mars. Le Pagos des Grecs veut dire tire
colline, ôc en effet l'Aréopage d'Athènes étoit furune col-
line confacrée au Dieu Mars : on pourroit cependant dire
que le Pagos des Grecs a une analogie avec le mot Pagus.
Comme il y a de l'avantage à être fitué fur une colline ,
quand elle efl bien expofée , les gens qui ont bâti des mai-
fons de campagne , ont fouvent préféré cette fituation ,
fur-tout quand elle étoit arrofée de quelque fontaine. On
peut voir dans le livre d'Aide Manuce, /. 3. de. (Mtœfît.
Epifl. 7. la différence qui diftingue , félon lui , les mots
de Ca/iellum , Pagus , Viens , Oppidum , Urbs , ôc Villa.
* Dionyf. Halyc.
Le mot Paganus , Payfan dérive de Pagus pris dans fa
lignification primitive. Perfe dans fon prologue fe quali-
fie lui même par modeflie demi-Payfan.
Ipfe Semipaganus
Ad Sacra Vatum Carmen adfero nofirum.
Varron , de Lingua Lat. I. 5. appelle Paganita Fer ta,
certaines Fêtes communes aux gens de la campagne , au
lieu que Paganalia étoient des fêtes particulières à cha-
que village. Pline , /. 28. c. 2. nomme Pagana Lex , une
loi par laquelle il étoit défendu aux femmes qui étoient
en voyage de tourner un fufeau , ni de le porter à décou-
vert , parce que l'on croyoit que par cette action on pou-
voit jetter un maléfice fur la campagne ôc nuire aux biens
de la terre. Dans les premiers tems de la république Ro-
maine on voyoit les plus grands hommes cultiver la ter-
re : mais le luxe s'établit parmi les Romains Ôc l'on ne vit
plus à la campagne que des misérables. Comme ces gens-
là n'étoient point enrôlés dans les armées Romaines , de-
là vint ce conrrafie que l'on trouve entre les mots Miles,
un homme de guerre , ôc Paganus , un homme qui ne va
point à la guerre. Cette oppofition efl fréquente dans les
Jurisconfultes ; mais elle elt bien expreffément marquée
dans ces vers de Juvénal , Sat. 16. v. 3 2,
Citius falfumproducere teflem
Contra Pagatmm pojjis , auàm ver a loquentem
Contra foriunam armati.
Le P.Tarteron traduit ainfi ce paffage " le Soldat trou-
„ vera bien plutôt un faux témoin contre le bourgeois ,
» que le bourgeois n'en trouvera un fincere ôc véritable
» contre le Soldat.» Il explique le Paganus, parun bour-
geois, & en effet Paganus oppofé à Miles, comprend aus-
fi le bourgeois qui ne fervoit point dans les armées.
Du mot Paganus , nous avons fait les mots de Païen
& de Paganisme ; parce que, comme les gens de la cam-
pagne , occupés d'un travail pénible , & deftitués des fe-
cours de l'éducation , font toujours plus attachés que les
autres aux fentimens qu'ils ont fucés avec le lait, il arriva,
lorsque la religion chrétienne eut fait de très-grands pro-
grès dans les villes, que les gens de la campagne confer-
verent long-temps l'idolâtrie après la converfion des vil-
les. Les mots de f agamis Se d'Idolâtre devinrent alors fy-
nonimes, & nous avons adopté ces mots en les accommo-
dant à notre langue. Ainfi nous appelions Païens les ido-
lâtres , ôc Paganisme l'idolâtrie qui efl: la religion des
Païens.
Nous avons auflï adopté le mot Pagus , mais dans un
fens que les anciens lui donnoient auflï , & nous en avons
fait le mot de Pays. Les Romains l'ont employé dans le
fens de Canton, ou contrée. La Thrace & l'Arménie
étoient divifées en Stratégies , ou Préfectures militaires,
la Judée en Toparchies ou Seigneuries, l'Egypte en No-
mes : de même la Gaule & la Germanie étoient partagées
en (Pagi) Cantons. C'efi fur ce pied-là que Jules Céfar
dit quelles Suevcs, peuple de Germanie, étoient divifés
en cent cantons , centum Pagos habere dicuntur , dit Ju-
les Céfar , de bell. G ail. I. 4. c. 1. Pour ne point charger
cet article d'une multitude de citations fuperflues, je dirai
feulement que le mot Pagus efl très-fréquemment em-
ployé par les auteurs de la'bonne latinité , pour lignifier
un pays, ou quelquefois pour la nation qui l'habitoit. Ni-
PAI
PAI
colas Sanlbn divife très bien les peuples en grands & en
petits. Les grands étoient ce que les anciens ont appelle
Civitaf, 8c chaque Cwitas , ou grand peuple, étoit divifée
en Pagi. Mais il fe trompe, lorsqu'il dit que Cwitas 8c Pa-
gi différent comme le tout diffère de fes parties, car Ga-
baltcusVàgns, dont parle Pline, qui eft le Gevaudan, eft la
même chofe que Civitai G.ibalorum , Ager Gabalorum.
Pagus Geforiacus eft le Boulenois ; Pagus Suejfonicus, 8c
Pagus Remenfis de Grégoire de Tours, font la même
chofe que SucJJonum Cwitas , Remorum Cwitas ; le Sois-
fonnois , le Remois , &c. Mais les grands cantons nom-
més Pagi étoient eux-mêmes divifés en des cantons ou
Pagi fuba-lternes qui en faifoient partie; & cela dans l'an-
tiquité, dans le moyen âge, 8c dans 1 hiftoire moderne.
En voici quelques exemples : Pagus Pittavus, le Poitou,
comprenoit Pagus Lausdunenfis , le Loudunois,To^r««-
Jîs, le pays de Thouars , Arbatilicus ou Herbatilicus , le
comté d'Herbauge, Pagus Bellovacus , le Beauvaifis,
renfermoit Pagus Cameliacenjîs ou Camliacenfis , le pays
de Chambly , 8c Braium , le pays de Bray , qui eft aujour-
d'hui de la Normandie, &c.
Les grands cantons ou l'agi du premier ordre ne dif-
férent donc point des cantons appelles Civitas, c'eft- à-
dire des grands peuples. Mais ce font les petits qui en dif-
férent, minores Pagi compris dans les Pagi majores font
proprement ceux fur qui tombe cette diftinction. Les
grands , Pagi Majores , renferment les nations entières
(Civitates , ) les moindres , Minores , n'en font que des
divifions , 8c n'en contiennent qu'une partie; encore faut-
il excepter des grands ceux qui ont plufieurs capitales,
comme Curantes 8c Cenones; car ce que les écrivains
Romains ont entendu par Pagus Carnutinus compre-
noit les cantons ( Pagos , ) Autrkenfis , le diocèfe de
Chartres ; Aurelianenfs , l'Oriéanois; Dunenfîs, le Du-
nois; DurocaJJimts , le Dreugefin , autour de Dreux.
Plufieurs de nos hilloriens de France ont changé le
mot Pagus en celui de Comitatus , Comté. Cela vient
de ce que fous les anciens rois de France il y avoit un
comte pour chaque Pagus. Il y avoit même tel Pagus
qui avoit plufieurs comtes. Par exemple, la divifion du
royaume de Lothaire met quatre comtés au pays de
Hasbaine , autant dans le Brabant , 8c deux au pays de
Vavre. Le poëte Saxon dit conformément à cet ufage ,
Rer. Carol. magni, l. i;
Scd variis divifa modis plebs omnis habebat
Qitot Pagos } tôt perte Duces.
Les annales de S. Bertin , ad ann. S 3 9. nous ont con-
fervé la divifion faite de la Gaule 8c de la Germanie par
Louis le Débonnaire ; tout y eft comté : ce que les autres
appellent Pagus y eft nommé Comitatus.
Il eft bon encore de remarquer que les Pagi fe divi-
foient en Vicarix en quelques endroits ; 8c c'eft de ce mot
que la Provence 8c les Provinces voifines ont faic leur
mot de Viguerie. En quelques autres endroits, au lieu de
Vicariœ, on difoit Ccnte/iœ. Les Vitari& 8c Centeru revien-
nent au même, 8c fe divilbient en Villœ.
Les Pagi prenoient quelquefois le nom d'un lieu affez
obscur, comme Vongenfis , Pertenfis, Virtudenfis , Cor-
bonenfis , Ciftrenfis , Sec. Quelquefois ils prenoient le
nom de la rivière qui les arrofoit, comme Oscar en fis Pa-
gus , le Dij'onois , à caufe de l'Ouche , Pagus Mofanus ,
à caufe de la Meufe , Sambrinfis ou Sambrinus Pagus , à
caufe delaSambre; quelquefois auflî ils prenoient celui
d'une forêt , comme Arduennenfis Pagus , les Ardennes ,
&c.
Du mot Pagus nous avons fait celui de Pays , 8c de
celui-là nous avons formé les mots Paysan , Paysa-
ges, 8cc.
PAGYDA , fleuve de l'Afrique propre , félon Tacite ,
An. I. 3 . p. 6 1 .
PAGYRIT/E, peuples de laSarmatie Européenne :
Ptolomée, /. j.f.5. les place avec les Aorfî, au-deffous
des Agatbyrfi , & au deffus de Savari.
PAHU. Voyez. Phogor.
PAIASSES. Kc>^ Payasses. .
PAÏEN DE , ou PtiENDE , lac de Suéde , dans la Fin-
749
lande , a l'orient de la province de Tavaftie , 8c aux con-
fins de celle du Sawolas. Il s'étend du feptentrion au mi-
di , communique par le moyen de divers torrens à plu-
fieurs lacs d'une moindre étendue, & donne naiffance à
la rivière de Kymen, par le moyen de laquelle il a un
débouchementdans le golfe de Finlande. * Rob. de Vau-
gondy , Atlas ,
PAILLE , bourg de France, dans la Saintonge , élec-
tion de Saint Jean d'Angely. 11 a 736 habitans.
PA1MBEUF. Voyez. Painbœuf.
PAINBŒUF, bourgade de France, dans la Bretagne,
fur la rive gauche de la Loire , à cinq ou fix lieues au-des-
fous de Nantes. Comme il ne peut monter jusqu'à Nan-
tes que de petits bâtimens , les plus gros vaifleaux demeu-
rent à la rade de Painboeuf. Cette bourgade n'eft propre-
ment qu'un amas d'hôtelleries & de cabarets pour les
gens de marine. * Longuerue , Defcr. de la France , parc.
1. pag. 88. Piganiol, Defcription de la France , tom. 5.
p. 227.
PAINBOURG. Voyez. Badacum.
PAINDOUÉ , PADYPOLA , ou PoutADOU , ifle de
la mer des Indes 8c l'une des Maldives. Elle a au nord
l'i/le deMapillas dont elle eft féparée par un canal, &
au midi oriental l'ifie de Malos-Madou , dont elle eft fé-
parée par le courant de Malos-Madou. Sanfon , Atlas ,
met cette ifle à cinq degrés quelques minutes de latitude
feptentrionale.
1. PAINPONT, abbaye de France, dans la Haute-Bre-
tagne , au diocèfe de S. Malo » à deux lieues vers le cou-
chant de Rennes, en Latin Pons Panis. C'eft une abbaye
d'hommes, de l'ordre de S. Auguftin & de la réforme.
Elle fut fondée en 630, par Judicaël. On y fait des pèle-
rinages , 8c il y a une Ste Vierge pour laquelle on a beau-
coup de dévotion.
2. PAINPONT, village de France , dans la Bretagne ,
au diocèfe de S. Malo. Il eft très-renommé par une forge
de fer qui y eft. La qualité de ce fer eft eftimée ; car il
approche fort de celui d'Espagne. On prend à Painponc
tout ce qui eft néceffaire à l'arfenal de Breft. * Piganiol ,
Defcr. de la France , t. 5 . p. 205.
PAJOU , bourg de France , dans la Haute-Auvergne,
au diocèfe de S. Flour, élection d'Aurillac, dont ce bourg
n'eft éloigné que d'une demi-lieue.
PAIPERTA, château de l'Arménie, félon Ortelius,
"ïhefaur. qui cite Cedrene 8c Curopalate.
PAIRIER, bourg de France, dans le Poitou , élection
des Sables d'Olonne.
PA1RIS, ou Péris, abbaye de France , dans la Haute-
Alface , au pied du mont de Vosge , diocèfe de Bâle , fur
la gauche de la rivière de Wais , à quatre lieues de Col-
mar ; elle fe nomme en latin Parifutm. C'eft une abbaye
d'hommes de l'ordre de Cîteaux , fille de Lancelan ou
Lutzelle. Elle fut fondée en n 38, par les feigneursdu
Terret. Après fa ruine , elle fut unie à celle de Mulbrune,
dans le diocèfe de Spire; mais les Luthériens s'en étant
emparés , l'abbé revint à Paris , en rétablit la maifon , &
y fit revivre le titre abbatial , qui ne fubfiftoit plus depuis
long-tems. * Voyage littér. de D. Martenne.
PAITA , ville de l'Amérique méridionale, au Pérou,"
dans l'audience de Quito , avec un pott renommé près de
l'embouchure delà rivière de Chuquimayo. Elle eft fituée
à cinq degrés quinze minutes de latit. mérid. fur un fonds
fablonneux, 8c à l'abri d'une haute montagne. 11 n'y a que
foixante 8c quinze , ou quatre- vingt maifons & deux égli-
fes. * Rob. de Vaugondy, Atlas.
Les maifons font baffes 8c mal bâties , comme le font
celles du Pérou , 8c de toute la côte maritime. Les murail-
les font de brique , faites avec de la terre & de la paille
paitries enfemble. Elles ont environ trois pieds de long,
deux de large 8c un demi d'épais. On ne cuit point là les
briques au four , on les laiffe long-tems fécher au Soleil t
avant qu'on les mette en œuvre. Il y a quelques endroits
où le toit des maifons n'eft que de perches mifes en croix
fur les quatre murailles , 8c couvertes de nates , & alors
les murailles font fort échauffées. Ce qui fait qu'on bâtit
fi mal à Paita , 8c dans tous les environs , c'eft qu'outre le
manque de matériaux , il n'y a jamais de pluie , 8c par
conféquent on ne fonge qu'à fe mettre à couvert du fo-
leil. Ce pays aride commence, du côté du nord , depuis
le Cap Bimane, jusqu'à Coquimbo , & s'étend à environ
PAL
7*o
trente degrés fud. Il n'y a point de verdure fur les mon-
tagnes, ni dans les vallées. Les murailles des maifons des
riches & des églifes font blanchies de chaux en dehors Se
en dedans. Les portes & les poteaux font fort larges, le
tout enrichi d'ouvrages de fculpture. Il y a auffiquantité
de belles peintures, qui ne font pas d'un médiocre orne-
ment, tirées, à ce qu'on croit, des anciens Espagnols j
mais il n'y a point de maifons à Paira qui foient fi parées.
Les églifes font grandes & embellies de fculpture. A un
mille de la ville proche de la mer, eft un petit fort, mais
fans canon. Ce fort, où il n'y a que des mousquets , com-
mande fi bien toute la baie , qu'on ne fauroit y faire des-
cente. Il y en a un autre fur le fommet de la montagne ,
qui commande également la place Se l'autre fort. On ne
trouve là ni bois ni eau, ce qui oblige les habitans d'en
tirer d'une ville Indienne, qu'on nomme Colan. La rade
de Paita eft une des meilleures de la côte du Pérou. Elle
eft à couvert du fud-oueft par une pointe de terre qui
forme une grande baie , Se fait un eau tranquille où les
vaiffeaux font en fureté. Elle peut contenir une flotte con-
fidérable & l'on peut y entrer par-tout , depuis fix jusqu'à
vingt brades d'eau. Vis-à-vis de la ville , plus on s'en
approche , plus l'eau eft baffe. Toute la baie n'eft que fa-
ble. * Dampier , Voyage autour du monde , tom. i.
c . 6.
PAIX ( La ) , abbaye de filles , de l'ordre de S. Benoit ,
dans la ville de Mons , dans le Hainaur. Voyez. Mons.
PAIX DIEU (La), abbaye dereligieufes, ordre de Cî-
teaux , dans le pays de Liège , à une demi-lieue au nord
d'Huy.
i.PALAjOu PaljeA) ville de l'ifle de Céphalonieque le
P. Biiet appelle Pala , & qu'il met à l'oueft , Se près d'un
golfe qui s'enfonce dans les terresde la côte du fud. De l'if-
le la met vers le milieu des terres, Se l'appelle Palle. Selon
Hérodote,/. 9. c. 28. zoo hommes de cette ville fervi-
rentdans l'armée des Grecs à la bataille de Platée. Polybe,
l. $.c. 3. l'appelle PaUa. Sophien dit que c'eft aujour-
d'hui Palichi.
2. PALA. Voyez. Palla.
PALACAS , ou Platamona ; nom moderne d'une ri-
vière de la Macédoine : elle étoit connue anciennement
fous les noms d'Haliacmon ou Aliagmon. Sa rapidité Se
Ces débordemens font beaucoup de mal. Elle fe jette dans
le golfe de Salonichi. Voyez. Aliacmon.
PALACIA. Voyez. Placia.
PALACIOS, ville d'Espagne, dans l'Andaloufie, fur
la route de Scville à Cadix , à cinq lieues de la première.
On la nomme en latin Palatutm, ou Palantia, àcaufe
d'un vieux palais qu'on y voit. Les habitans vivent de la
culture de leurs champs & de la dépenfe qu'y font les
étrangers , qui partent fréquemment par cette ville , pour
aller voir Lebrixa & Cadix. La marée qui monte dans le
Guadalquivir , fait déborder les eaux de ce fleuve jusqu'à
cinq lieues à la ronde ; de forte que dans toute cette éten-
due, le chemin efl: impraticable en hyver, àcaufe des
boues Se des marcs , & fort peu tenable en été , à caufe de
la pouffiere, qui efl comme le fable des déferts de l'Ara-
bie. C'eft auffi ce qui fait que tout ce quartier efl entière-
ment inhabité. Ceux qui y paffent font obligés de fe con-
duire par le moyen d'une bouflble , pour ne pas s'égarer,
& d'avoir avec eux des flacons de cuir remplis de vin ,
pour ne pas mourir de foif parmi ces fables , ce qui efl ar-
rivé à quelques voyageurs, qui n'avoient pas pris ces for-
tes de précautions. Ces flacons font appelles par les Es-
pagnols Boratejos. * Délices d'Espagne , p. 449.
PALACIUM, ville de la Cherfonèfe Cimbrique, fé-
lon Strabon. Voyez. Bao atium «5c Placia.
PALACRINUM, félon l'itinéraire d'Antonin. Voyez.
Phalacrika.
1. PAL^A, ville de l'ifle de Cypre : Strabon, /. 14.
p. 683. la place entre Cirium & Amattuas. Lufignandit
qu'elle fe nomme aujourd'hui Pelandre.
2. PALy£A, village de laMyfie Afiatiquc. Il étoit, félon
Strabon, /. 13. p. 614. à cent trente ltades de la ville
d'Andera.
3. PAL/EA , village de l'Ifaurie , félon Ortelius , The-
faur. qui cite Strabon; mais Srrabon, /. 12. p. 568. ne
donne le nom de PaUa , que comme une épithéte qui
diflinguoit le Village d'Eveicès , d'un autre village de mê-
me nom ; de forre qu'il y avoit dans l'I faune un village
PAL
Amplement nommé Evercès Se un autre appelle PuL.t
Evercès , ou Evercès le vieux.
4. PAL^EA. Voyez. Dyme.
5. PALjEA , village de la Laconie : Paufanias , /. 3. c.
22. le met fur la route de Geronthrx. à Acria.
6. PAL^A, ville de l'ifle de Céphalonie, félon Polybe,
/. j. c. 3 . c'eft la même que Pala. Voyez, ce mot
PAL/EA-LAZICA , flation dans la Sarmatie Afiati-
que, fur le Pont-Euxin, félon Arrien, Peripl. i.p. 19,
PAL^A-MYNDUS. Voyez. Myndus.
PALyEA-PETRA , lieu aux environs de Conftantino-
ple , félon Ortelius , Tbef. qui cite Cedrene.
PAL/EAPOLIS, Pal^epolis ou Pal^copolis , ville
d'Italie , dans la Campanie : les habitans de cette ville
étoient originaires de Chalcis en Eubée. En arrivant en
Italie ils y bâtirent Cumes, Se peu de tems après Neapo-
lis, c'efl- à-dire la ville Neuve. Ils trouvèrent dans le voi-
finage de Naples une ville déjà bâtie, dont ils s'emparè-
rent Se qu'ils nommèrent PaUapolis, PaUpolis, Palaio-
polis c'efl- à-dire, la vieilleville. L'auteur des Délices d'I-
talie parle de Pala;apolis comme d'une ville détruire,
dont le terrein eft aujourd'hui renfermé dans Naples. Il
dit qu'il falloit que Palacapolis fut bien grande, puisque
depuis l'archevêché , jusqu'à S. Pierre à Mafella , on voit
encore préfentement beaucoup demafures, que les an-
tiquaires prérendent être des refles de cette ancienne Pa-
Lxapolis. Il ajoute qu'elle étoit de figure ovale, Se divi-
fée en trois rues fort longues Se fort droites * Tite-Live ,
l.S.c.n.
PAL^BISCA. Voyez. Pal^visca.
PAL.EBYBLOS, ville de la Phénicie, félon Pline,
/. j. c 20.
PAL^GAMBRIUM. %^Gambreium,
PAL/EMARIUS , en Grec na.XaLifJLo.fia. , village d'E-
gypte, dans le Nôme Mareote. Ptolomée, /. 4. c. ;. le
place après Phamothis.
PAL^MYNDUS. Voyez. Myndus.
PAL/EON-BEUDOS, c'eft-à-dire, la Vieule Beu-
dos , ville de la Pamphylie, félon Ptolomée, /. 5. c. y.
qui la met pourtant dans laPhrygie, entre Antioche Se
Baris.
PAL/EOGONI. Voyez.TAvp.oB au a.
PAL.EONTICHUS. Voyez. Gage.
PAL.EOPHARSALUS. Voyez. Pal/Epharsalus &
Pharsalus.
1. PAL/EOPOLIS.Kçv^Paleopous.
2. PAL./EOPOLIS , ville épiscopale de la féconde
Pamphylie, félon le concile deChalcédoine,auquel Baft-
lius Palœopolis fouferivit l'an 45 1. Libanius , fon évêque ,
aflîflaà celui d'Ephefe tenu l'an 43 1. * Harduin. Collect.
Conc. t. 2. p. 373. t. i.p. 143 1.
PAL-rEOTRlUM, ville de Macédoine, fur le mont
Athos, félon Pline, /. 4. c. 10. Quelques Manufcrits
portent UaXaiupioy , PuUorium , Se le Père Hardouin
dit que c'efl ainfi qu'il faut écrire ce mot.
PAL^EPAPHOS. Voyez. Paphos.
PAL/EPATMA , ville marchande de l'Inde , en-deçà
du Gange , félon Arrien , Peripl. 1. p. 30. C'efl la même
ville que Ptolomée nomme Balipaptna. Voyez ce mot.
PAL/EPERCOTE. Voyez. Percote.
PAL^PHARSALUS, ville de la Theflalie, dans la
Phthiotide, félon Strabon, /. 17. p. 796. Tire-Live , /.
44. c. 1. & Eutrope,/. 6. c. 16. font aufli mention de cet-
te ville que quelques-uns prennent pour Thebes.
PAL/EPHARUS, ou Pai^ephatus, ville de la Thes-
falie, félon Tite-Live, /. 32. c. 13. Ortelius, Thefaur.
foupçonne que ces mots pourroient être corrompus de
PALy€PHARSALUS.
PALAPOLIS. Voyez. Pal^apoiis.
PAL/ERUS, ville de l'Acarnanie, félon Strabon, /.
I2.p.4<;9.
PAL^ESCEPSIS , ville de la Troade, auprès d'Adra-
mytton. Pline,/. 5. r. 30. Se Ptolomée, /. ;. c. 2. parlent
de cette ville. Les habitans de PaLcscepfis, ou de la vieil-
le Scepfis , furent transférés dans la nouvelle Scepfis , qui,
dans la notice épiscopale de la province de l'Hellespont ,
eft appellée Im-^k;.
PAL/ESIMUNDUS. Voyez. Palesimundus.
PAL/ESTE , lieu de l'Epire, près d'Oricon , félon ce
vers de Lucain , /, j. v. 460.
PAL
PAL
Lapfa, PaUJîinas tincis confixit arertas.
Ceft l'endroit où descendit Céfar, de Bel. civil, l.^.c.
f>. De PaUfte on a fait Paleftinus. Cependant quelques
MSS. des commentaires de César , au lieu de Pakjte,
portent Pharfalia , Se d'autres Pharfalus.
PAL^STENORUM AGER , territoire de la Sicile,
quelque part aux environs de Meffine, félon Appien,
Bel. civil. I. y.
PAL/ESTINA. Voyez. Palestine.
PAL/ESTINA-AQUA : on trouve ce nom dans ce
Vers d'Ovide , Faftor. I. i. v. 464.
Inque Palaftinx marginefedit aqitz.
Comme ce Poète avoit dit auparavant, v. 46*3 .
Venit ad Euphratem comitata Cupidinc parvo.
Quelques-uns ottt cru qu'il appelloit PaUflina aqita.
l'eau de l'Euphrate ; mais ce fleuve arrofe la Syrie , Se non
la Paleftine. Cette raifon a fait croite à Ortelius , Thefaur,
que c'eft des eaux du Tigre & de l'endroit où il mouille
la Sittacène qu'il s'agit : en effet cette contrée a été appel-
lée Paleftine par Pline , /. u.c. 1 7. De cette forte on de-
vroit dire que Dione , fuyant le terrible Typhon , vint
vers l'Euphrate accompagnée du petit Cupidon , Se avan-
ça jusqu'au Tigre , où elle fe repofa fur le bord de l'eau du
côté de la Palelline.
PAL/ESTINA-PETRA , lieu de l'Arabie Heureufe,
félon Ortelius, Thefaur. qui eue Agatarchis.
PALASTINA PRIMA. Voyez. Palestine.
PAL^STINA SECUNDA. Voyez. Palestine.
PAL^STINA TERTIA. Voyez. Palestine.
PAL/ESTINA-SALUTARIS. Voyez. Palestine.
PAL<LST1NUS. Voyez, Strymon.
PAL.ETYRUS. Voyez. Tyrus.
PAL.£V1SC A , village d'Afrique , dans la Pentapole ,
félon Synefius , Epift. 7. Phavorinus , au lieu de Palevis-
ca , écrit PaUbisca.
PALA FREGEAU, petit village d'Espagne, dans la
Catalogne; entre la pointe du Cap Gros, près de Pala-
mos Se des Fornigues , il y a un petit enfoncement bordé
d'une plage de fable. C'eft-là qu'eft le village de Pala-Fre-
geau. Du côté de l'eft il y a une tour de garde, fituée fur
une pointe de rochers, Se quelques embrafures auprès.
* Micbelot, Portulan de la mer Méditerranée, p. 47.
PALA-FUGELL, cap d'Espagne, fur la côte de la
Catalogne. La Baie de Palamos eft couverte du côté de la
mer par une langue de terre qui forme un cap appelle le
Cap de Pahfugcll , du nom d'une bourgade voifine. * Dé-
lices d'Espagne , p. 6 1 6.
1. PALAIS, ville de France , dans la Bretagne, Se la
principale place de l'ifle de Belle-Iile. C'eft une place de
guerre , fortifiée fous le règne de Louis XIV, pour la dé-
fenfe de l'ifle ; ce qui étoit néceffaire pour la fureté de la
province.
2. PALAIS, abbaye d'hommes en France de l'ordre
de Cîteaux, filiation de Dalon, fous le titre de Notre Da-
me, dans le diocèfe de Limoges au midi, Se près de Gue-
ret. Elle fut fondée l'an 1 162. L'abbé jouit de 2500. /.
3. PALAIS, bourg ou village de France, dans la Bre-
tagne , à quatre lieues de la ville de Nantes : il eft connu
pour avoir donné la naiffance au fameux Pierre Abe-
lard.
PALAISEAU , ou PALOISEL , bourg de France ,
dans l'ifle de France, à quatre lieues de Paris , fur le che-
min de Chartres , à l'orient de la plaine de Saclé , Se au
nord occidental de Longjumeau. Corneille , Dicl. dit que
ce bourg eft fur la petite rivière d'Ivette. Cependant de
l'ifle , dans fa carte de la prévôté Se vicomte de Paris , ne
marque aucune rivière dans cet endroit. Il y a un prieuré
Se un chapitre compofé de quatre chanoines , qui n'ont
entre eux tous que lix cens livres.
PALAMBUAN. Voyez. Balambuan. N° i.
PALAMEDIUM , ville de la Troade, fclon Pline , /. ;.
ysi
PALAMOS, ville d'Espagne, dans la Catalogne, au
fond d'une baie , qui forme tin bon port où les vaiflcaûx
font à l'abri de tous les vents , à la réferve de ceux du fud-
oueft. La ville eft petite, mais extrêmement forte. Elle
eft bâtie en partie dans la plaine, Se en partie le long du-
ne colline fort roidequi avance dans la mer, & dont les
bords fonr fort élevés Se fort droits. On l'a bien fortifiée
au deffus de la colline , à l'endroit qui eft le plus avancé
vers la mer, on a détruit un couvent de religieux Au-
gultins , pour y conftruire une citadelle. * Délices d'Es-
pagne, p. 616.
La pointe de Palamos eft environ neuf à dix milles au
nord-eft de la pointe de Saint Philiou : entre ces deux
pointes il y a une grande ance , bordée d'une plage de fa-
ble. Du côté de l'eft de cette ance , fur le bord de la îr.er,
eft la ville de Palamos. Elle a un mole avancé vers l'oueit
environ 80 toifes, Se le long duquel on peut mettre fept
à huit Galères, pourvu qu'elles retirent leurs rames en de-
dans , qu'elles obfervent de mettre la poupe vers le mole ,
la proue à la plage , Se qu'elles s'amarrent à quatre amar-
res. Il y a dans le mole deux ou trois brades d'eau , fond
d'herbe vafeux. Il faut avoir foin de fe bien amarrer du
côté du nord-oueft, quoique ce vent vienne de terre;
car comme il paffe entre deux montagnes, il eft très-vio-
lent , Se les gens du pays affûtent que les bâtimens n'y font
naufrage que par ce vent. Les vents du large depuis le
fud-oueft, jusqu'à l'eft-fud-eft, donnent dans la plage
de Palamos. Sur la pointe du nord-eft de Palamos, qui
s'avance un peu en mer, on voit les ruines d'une forteres-
fe , qui fut démolie après qu'elle eut été prife par l'armée
du roi , Se fur l'extrémité de la pointe il y a un moulin à
vent qui fert de reconnoiffance. Tout proche de cette
pointe il y a deux écueils entre lesquels Se la terre on ne
peut paffer qu'avec des bateaux. Lorsqu'on vient du côré
de l'eft, Se qu'on veut aller mouiller dans le mole de Pa-
lamos, il ne faut pas s'approcher de la Côte , depuis cet-
te pointe jusqu'à la tête du mole , à caufe de plufieurs ro-
chers qui y font , tant hors de l'eau que fous l'eau. Il y a
de plus au bout de h pointe, vers le fud-oueft, une ro-
che fous l'eau , à demi longueur de fable; mais il ne faut
pas pour cela s'en écarter plus d'une portée de fufil, à
caufe d'un autre danger, dont nous allons parler. On fait
de l'eau hors de la ville a une fontaine qui eft proche d'un
village, dans une plaine , à là petite portée du canon de
la ville. La latitude eft de 41 d. 48 m. Se la variation de y
à 6. dcg. vers le nord-oueft. * Michelot , Portulan de la
mer Méditerranée , p. 45.
Environ à la portée du canOn , au fud-fud-oueft du
moulin qui eft fur la pointe du nord-eft de Palamos , il
y a fous l'eau une roche fort dangereufe, & fur laquelle
il n'y a que huit pieds d'eau. Elle a fort peu d'étendue , Se
a tout au tour 12, 15 Se 20 brades d'eau. Lorsqu'on eft
fur le haut de cette roche , le moulin dont il vient d'être
parlé , refte au nord-nord-eft pour une marque ; &
pour l'autre , il faut voir une maifon , qui eft fur une pe-
tite éminence, presqu'au milieu de la plage, entre deux
rochers noirs, qui font fur le bord de la plage , Se il faut
que ces rochers relient au nord-oueft. On peut mouil-
ler avec des vaideaux par tout le milieu de lance de Pala-
mos; mais le meilleur mouillage eft du côté de l'ouell,
vis-à-vis de la tour qui eft fur la pointe. On pourroir
mouiller auili avec des galères , dans la pl.ige de la Valda
pour les vents d'oueft Se de fud-oueft ; mais tous ces
mouillages ne font bons que lorsqu'on eft obligé de relâ-
cher, Se dans ce cas il faut bien prendre garde de ne fè
point laiffer furprendre aux vents traverfiers de la côte.
Tout proche de la pointe du moulin de Palamos, du côté
de l'eft , il y a une grofle pointe ronde qu'on appelle le
Capyros , &du côté de l'eft fe trouve une petite ance&:
plage de fable, où l'on peut mouiller avec des galercâ
pour les vents de fud-oueft , oueft Se nord-eueft. Ou
y eft par huit à neuf brades d'eau de fable vafeux : quel-
ques galères peuvent porter une amarre du côté de cette
pointe. On peut mouiller par toute cette plage, fuivanr
les vents qu'il fait. Sur une pointe baffe, qui eft fui la
droite, il y a quelques maifons.
Environ quatre milles à l'eft quart de nord-eft de ia
poinre de Palamos, font quelques écueils hors de l'eau ^
qu'on appelle Fornigues, éloignés de la côre d'environ
une petite portée de canon. On peut paffer à terre de?
PAL
7*2-
Fornigues avec des galères fans nulle craînre > y ayant
cinq à fix brades d'eau dans ce partage ; mais il faut ranger
les écucils de plus près que la côte , à caufe de quelques
autres rochers qui font a fleur d'eau du côté de la terre,
où eiî aufli une balle pointe qui s'avance fous l'eau. Si on
veut palier en dehors des Fornigues, il faut s'en éloigner
à discrétion , d'autant qu'il y a quelques rochers fous
l'eau, à plus d'un fable Se demi au large.
i. PALANDA, ville de l'Inde, au-delà du Gange,
dans la Cherfoncfe, d'or, félon Ptolomée, /. 7. c. 2.
2. PALANDA , fleuve de l'Inde, au delà du Gange,
dans la Chersonèse d'or. Ptolomée, /. 7. c. 2. place l'em-
bouchure du fleuve Palanda , entre la ville de Sabana Se
le Promontoire Ma!a:ucolon.
PAL ANGES (les) , forêt de France, dans le Rouei-
gue, élection de Rodés. Elle appartient au roi , Se con-
tient près de trois lieues d'étendue en bois taillis.
PALANTA , ville du comté de Novigrad dans la Hau-
te Hongrie fur la riviers d'Ibola à fept lieues de Novigrad
cV à 21. de Bude.
PALANTA , ville de l'ifle de Corfe : Ptolomée, /. 3.
c. 2. la met dans les terres, entre Cerfunum Se Lurinum.
PALANTEUM. Voyez. Palantium.
PALANTI A , ville de l'EspagneTarragonnoife. Ptolo-
mée , /. 2. c. 6. la donne aux Vaccai; Se Strabon , /. 3. p.
162. qui écrit Pallaniia , la met dans le pays des Are-
■vaci. Pomponius Mêla, /. 2. c. G, dit qu'elle avoit été une
des plus confidérables de l'Espagne Tarragonnoife. Elle
a confervé jusqu'à préfent fou ancien nom , avec un léger
changement ; car elle fe nomme Palencia. Voyez, ce
mot.
PALANTIUM , ou Pallantium , ville de l'Arcadie,
félon Etienne le géographe Se Trogue Pompée. Elle
avoit été premièrement ville : elle fut enfuite réduite en
village ; mais l'empereur Antonin lui rendit, félon Paufa-
nias , /. S.c. 43. le titre de ville, avec la liberté &Iafran-
chife , la regardant comme la mère de Pallantium , ville
d'Italie , qui devint une partie de la ville de Rome. Voyez.
Palatinus. Tite-Live écrit Palanteum, au lieu de Palan-
t'atm,8c Virgile, Mneid. lib. Z.verf. 54. die Pallan-
teum :
Pallanûs prouvi de nom'xne P allanteum.
PALANZA , bourg d'Italie , au duché de Milan , fur
le bord occidental du Lac Majeur , vis-à-vis l'ifle de S.
Ange. On prétend que ce Bourg elt fort ancien. * Migin,
carte de l'état de Milan.
PALAOS , Voyez. Nouvelle Philippine.
PALAPOLI, Palepoli, ou Palopoli, ville de l'A-
natolie , dans la Caramanie , fur la côte , au nord de
l'ifle de Chypre, entre le port de Prodola & la ville de
Sesquin ou SeiTm. Quelques-uns veulent que ce foit l'an-
cienne Celcnderis , Se qu'elle ait eu un fiége Episcopal
fuffraganr de Séleucie. * Rob. de Vaugondy , Atlas ,
PALAQUECHAUNE , nation de l'Amérique fepten-
trionale, dans la Louïfiane. Elle eft voifine Se alliée des
Cenis.
PALAQUESSON, peuple de l'Amérique feprentrio-
nale , dans la Louïfiane, fur la route que tint le Sr de la
Salle, pour aller de la baie de S. Louis aux Cenis. Ce
peuple à dix villages , finies près de Taraha, au delïus de
la Maligne Se de la rivière d'Hicns. Ce fut dans ce quar-
tier que le fieur de la Salle fut artaffiné.
PALARII, peuple del'Illyrie, félon Appien, in Illy-
ric. p. 76 1 .
PALAS. Voyez. Capellatium.
PALASS^. Voyez, ChonvE , N° 2.
PALATIN , ou Mont-Palatin. Voyez. Palatinus,
Le PALATIN AT , province d'Allemagne , divifée en
deux fouverainctés : l'une appellée le Palaùnat de Ba-
vière , ou Haut-Palaùnat ; l'autre nommée le Palaùnat
du Rhin , ou le Bas-Palatiaat. Voyez, le Haut-Palati-
nat & le Bas Palatinat.
Le HAUT PALATINAT, ou le Palatinat de Ba-
vière , fe divife en trois parties, qui font
I. La régence d'Ambcrg ,
IL L'abbye de Waldsachsen ,
PAL
III. La principauté de Sultzbach.
Louis le vieux , Duc de Bavière , laifla en mourant à
Rodolphe, fon fils aîné, le HautP-alatinar. La branche
Rodolphine le pofféda jusqu'à Frédéric V , comte Pala-
tin , qui en fut dépouillé , auflï bien que de l'électorat en
1623, comme je le dirai plus bas. Voyez, le Bas-Palati-
nat.
Le Bas-palatinat ou le Palatinat du Rhin, eft
féparé en deux parties par le Rhin. La partie occidentale
étoit habitée par les Nemetes & par les Vangions ; Se la
partie orientale l'étoic par les Sédu liens qui en furent
chaflês par les Germains. Le pays qu'occupoient les Ne-
metes Se les Vangions fut , par la fuite , compris dans la
Germanie fupérieure, qui fut une des quatre provinces
de la Gaule Belgique. Ces provinces paflerent fous la do-
mination des rois de France : Se après le partage que Clo-
vis fit de fes états entre l'es quatre fils, ehes furent incor-
porées au royaume d'Aultrafie. La partie occidentale
qu'habitoient les Sédufiens, demeura au pouvoir des Al-
lemands, qui après la décadence de l'Empire avoient don-
né le nom d'Allemagne au pays qu'ils ocupoient. Ce pays
fut érigé en duché , Se fit partie du royaume de Germa-
nie , Se presque dans le même tems les terres qui étoient
en-deçà du Rhin furent poflédées par des feigneurs par-
ticuliers. Enfin après plufieurs révolutions , une partie du
duché d'Allemagne pana à de nouveaux maîtres, & l'au-
tre , qui étoit la plus grande , forma le duché de Suabe.
Ce fut pendant ces révolutions que les comtes du Palais
ou Palatins étendirent leur domaine , qui ne confifla d'à- '
bord qu'en quelques terres qu'ils avoient obtenues des
empereurs en fief de 1 Empire. Ces comtes étoient origi-
nairement des officiers des empereurs , qui jugeoient les
affaires entre les particuliers de la cour-, Se lorsqu'il fur-
venoit des affaires importantes, ils en faifoient leur ra*
port à l'empereur , Si en décidoient avec lui. Comme ils
étoient deux , ils partagèrent par la fuite entre eux la ju-
risdiétion de l'Empire; celui du Rhin eur les Provinces
qui s'étendoient depuis le Rhin jusqu'aux Alpes; & ce-
lui de Saxe eut tout ce qui étoit au-delà jusqu'à la mer
Baltique. Ces palatins furent fournis tant que les empe-
reurs furent les maîtres, mais dès que ces princes com-
mencèrent à perdre de leur puiflance , les Palatins, ainfi
que les autres officiers de l'Empire, s'érigèrent en fou-
veiains Se étendirent leur domaine peu à peu : comme
les Palatins, parleur charge de juges impériaux avoient
beaucoup de Seigneurs fous leur jurisdiétion, ils tinrent
les plus foibles dans leur dépendance , Si. les autres devin-
rent leurs vartaux. Parmi les feigneurs qui étoient fous la
jurisdiétion des Palarins , il y avoit quantité d'églifes & de
monafières, ils s'érigèrent en protecteurs , afin d'en être
en quelque manière les maîtres , fous prétexte d'avocatir;
c'eft pour cette raifon qu'il y a un fi grand nombre de fiefs
qui relèvent des électeurs Palatins dans la Suabe, la Fran-
conie, la Hefle, les archevêchés de Mayence, de Trê-
ves Se de Cologne Se le duché de Juliers. * D'Audifret,
Géogr. anc. Se mod. r. 3. p. 206. & fuiv.
Le neuvième fiécle le Palatinat étoit pofledé par une
famille Aultrafienne.Hofmanditquelepremier comte Pa-
latin de cette famille s'appelloit Sigunfrid : un ancien MS.
de la bibliothèque d'Heidelberg le nomme Ehrenfrid; Se
le fait petit-fils de conrad de Suabe , duc de Lorraine , Se
quelques généalogifles prétendent qu'il descendoit par
Godefroi fon père de Ricuin, comte d'Ardcnne. Son fils
nommé Henri fut inverti du duché de Bavière en 1102,
par l'empereur Henri II. Il eut pour fuccefieur un autre
Henri; mais on ne fait s'il étoit fon fils ou fon neveu. On
trouve dans de vieux titres qu'il prenoit la qualité de duc
de Bavière , de comte Palatin du Rhin, Se de feigneur
de Lacu. Sigifi id régna après lui ; Se Herman , qui vivoic
vers le milieu du douzième fiécle, fut le dernier de C\ ra-
ce ; mais il faut obferver que dans le même tems il y
avoit un autre comte Palatin du Rhin, nommé Henri,
qui ajoutoit à ce titre celui de Seigneur de Staleck ,
comme onle voit dans un acte qu'ilfit en 1 i47,avec Hen-
ri , Albert & Godefroi, comtes de Spanheim. Il efl en-
core fait mention dcceprincedansleslettresd'ércdion du
marquifat d'Autriche en duché, fur l'année 1 if6. Il eut
pour fuccefleur Conrad , frère de l'empereur Frédéric I,
cV on trouve dans les archives de la maifon Palatine qu'il
poffédoit le Palatinat du Rhin vers les années 1155 ,
1661,
PAL
1 16 1 & 1 163, Conrad II, fon fils , fie fa réfidence ordi-
naire au château de Sraleck , au-deffus de Baccarac , &
mourut en 1 1 98. Agnès, fa fille unique, époufa Henri de
Saxe, fils de Henri le Lion, qui mourut à Schongau en
1 2 1 j . Louis , père d'Otton , en fut inverti en 1 z 1 5 , par
l'empereur Frédéric II, 8c reçut de l'Evêque de Worms
en 1 22 c , la ville d'Heidelberg en fief de fon églife. Louis
le Sévère , fils d'Otton , mourut en 1 294, & laifTa de Ma-
thilde , fille de l'Empereur Rodolphe I> Rodolphe 8c
Louis : celui-ci eut en partage le duché de Bavière , fut
empereur ; 8c c'eft de lui que les ducs de Bavière font des-
cendus. Rodolphe eut le Palatinat du Rhin avec la di-
gnité électorale, à condition que les ducs de Bavière en
jouiroient après lui, 8c ainfi alternativement de l'une à
l'autre branche. Ce Rodolphe a été le chef de la maifon
Palatine , qu'on a appellée de fon nom la branche Rodol-
phine -, mais , comme il donna fon fuffrage à Frédéric duc
d'Autriche , plutôt qu'à Louis fon frère , pour l'élection
d'un fuccefleur à l'empereur Henri VII, Louis l'ayant
emporté fur fon concurrent, dépouilla Rodolphe de Ces
états en 1317. ce qui l'obligea de pafler en Angleterre, où
il mourut de chagrin deux ans après. L'empereur Louis
rellitua le Palatinat à fes neveux Adolphe , Rodolphe II,
8c Robert I, dit le Roux , après qu'ils eurent confenti par
une transaction faite au Tefin l'an 1329, que conformé-
ment au teftament de Louis lé Sévère, la dignité éle-
ctorale feroit pofiedée alternativement par les deux
branches. Mais cette transaction fut caffée en 1339a la
diétc de Ratifbonne, comme ayant été extorquée fur des
mineurs. Jean , duc de Bavière , étant mort fans enfans
en 1340, l'empereur Louis voulut aufii exclure fes
neveux de cette fucceflîon , fur ce qu'il étoit plus proche •
d'un degré ; cependant par le traité d'accommodement
qu'il fit avec eux , il leur accorda la partie du Norique
qu'on appella depuis le Haut-Palatinar.
Robert le Roux , électeur Palatin , acheta une partie
de la feigneurie d'Uzberg de l'abbé de Fulde : l'empe-
reur Charles IV , qui avoit époufé Anne, fille unique
de Rodolphe II , déclara en faveur de Robert en 1354,
que la dignité électorale devoir appartenir uniquement
à la branche Palatine ; ce qu'il confirma deux ans après
par la bulle d'or. Robert II eut pour fuccefleur Robert
III , fon neveu , fils d'Adolphe. Robert III , furnommé
le Débonnaire, fut élu empereur en 1400, à la place
de Wenceflas qui- fut dépofé : il donna en engagement
à fa maifon l'an 1402, les villes impériales de Lautern
8c d'Oppenheim ; les Rauchgraves lui vendirent la fei-
gneurie de Simmeren ;& Jean, comte de Kirchberg,
étant mort fans enfans en 1108, il réunit à fon do-
maine ce comté avec le Burgraviat de Stromberg. Robert
le Petit , fon fils , époufa Elifabeth , fille unique de Si-
mon, comte de Spanheim, 'laquelle , en reconnoiflance
de l'amitié que l'empereur fon beau-pere avoit confer-
PAL 7/3
vée pour elle après la mort de fon mari , lui fit do-
nation en 1405 , du confentement de fon père , de la
cinquième partie du comté antérieur de Spanheim. Etien-
ne V , fils de cet empereur , acquit le comté de Wel-
dentz,la moitié du comté ultérieur de Spanheim, 8c
deux quints de l'antérieur par fon mariage avec Anne,
fille unique de Frédéric , comte de Weldentz : il fut chef
de la branche de Simmeren , qui parvint à l'électorat
ai 1444, après la mort de l'électeur Otton-Henri, qui
ne laiflà point d'enfans. Frideric le Victorieux envahit
la lèigneurie de Boxberg , 8c s'appropria le comté de
Lutzelftein en 1452, après en avoir chafle les comtes
de ce nom. Otton-Henri eut de la fuccefiîon de Geor-
ge le Riche , duc de Bavière , la principauté de Neu-
bourg. Louis IV embrafla la confefllond'AugiDourg ,
8c unit à fon domaine l'abbaye de Franckendal 8c la
prévôté de Seltz. Frideric IV changea de religion , Se fe
fit Calvinifie , 8c Frideric V, ayant accepté la couronne
de Bohême de la main des rebelles , fut dépouillé de
Ses états 8c de l'électorat après avoir perdu la bataille
de Weiffenberg. Son fils, Charles-Louis, comte Pala-
tin du Rhin , rentra dans le Bas-Palatinat , 8c il fut ar-
rêté par le traité de Munfter , conclu en 1648 , que
l'on créeroit un huitième électorat , pour les descendais
mâles delà branche RodElphinc, 8c que la maifon de
Bavière jouiroir de la dignité électorale , enfemble de
tous les droits régaliens , offices , préféances 8c orne-
mens quels qu'ils fuflent, appartenans à cette dignité ;
à condition que fi la branche masculine Guillelmine
venoit à manquer , non-feulement le Haut-Palatinat ,
mais aufll la dignité électorale , dont les ducs de Ba-
vière étoient en poffeflion , retourneroient aux comtes
Palatins, qui jouiroient cependant de l'invefiiture fi-
multanée , 8c qu'alors le huitième électorat feroit fup-
primé. Charles-Louis laifTa cet électorat à Charles fon
fils, qui mourut en 168;, fans laiffer d'enfans. Phi-
lippe-Guillaume, duc de Ncubourg, malgré le droit qu'a
voit Léopold-Louis , comte Palatin de Weldentz , eut
cet électorat par l'appui de l'empereur qui avoit époufé
fa fille. Le prince de Weldenrz protefta folemnellement
à la diète contre la poffefiîon du duc de Neubourg, par
acte du 4 Juin i68j.
Les terres du Bas-Palatinat font bornées au fepten-
trion par l'archevêché de Mayence , le haut-comté de
Catzenellebogen 8c le comté d'Erpac , à l'orient par une
partie de l'archevêché de Mayence & du comté d'Erpac,
8c par les terres du comté de Lewenftein 8c du duché de
Wirtemberg -, au midi par l'Alface & par le comté de
Bade ; 8c à l'occident par l'archevêché de Trêves. Cinq
contrées faifoient autrefois fadivifion ; mais aujourd'hui
l'on défigne les états du Bas-Palatinat par les terres que
l'électeur Palatin y poflede.
'Le Chrichgow oui
Les trois bailliages de
Au Bas-Palatinat | L'Et*crTO\
• RAToufonr<
Les douze bailliages
de
Heidelberg
MOSBACH
Bretten
'Boxberg
Lutzberg
Neustatd
Germersheim
Lautern
Altzey
Oppenheim
Creutznach
Stromberg
Bacharach
Simmeren
.Kirchberg
rHeidelberg ,
) Manheim ,
^Friderichsburg,
J Mosbach.
rBretten ,
) Sintzheim ,
LEppingen.
ç Boxberg.
^Ultzberg.
{Neuftadt ,
Franckental.
5 Germersheim.
i Kayfers-Lautern.
"$ Altzey.
4 Oppenheim,
t Ingelheim.
Z Creutznach,
ÇEbernburg.
^ Stromberg.
< Bacharach.
^Simmeren.
d Kirchberg.
Tom. IV. C c c c c
7*4
PAL
PAL
Les autres états
font
Le duché de Neubourg où ion:
Le duché de Juliers où font
Le duché de Bergen où font
.La feigneurie de Ravenstein.
Le terroir du Bas-Palatinat eft bon , ôc le pays eft beau.
Le cours du Rhin ôc celui du Necker en rendent la fi-
tuation avantageufe ; mais les malheurs de la guerre lui
ont caufé des pertes dont il a bien de la peine à fe relever.
Peu de princes d'Allemagne ont d'aufli beaux droits
que l'électeur Palatin. Tous les pays qui fe trouvent
entre Andernach ôc Coblents , & entre les comtés de
Virnembourg, de Mandescheid , de Wiedt ôc de Sain ,
avec la plus grande partie du duché de Juliers relè-
vent de lui. Lorsque l'empereur eftaccufé , ou que l'on
intente procès contre lui, c'elt devant cet électeur qu'une
coutume fort ancienne , confirmée par la bulle d'or ,
l'oblige à répondre. 11 peut racheter les feigneuries &
les lieux dépendans de l'Empire , quand les empereurs
les ont engagés , & il a la protection des ouvriers en
cuivre dans quelques contrées de la Franconie. Il jouit
du Wildfang, dans les états de fes voifins , ôc fur les
terres de la nobleffe immédiate du Rhin. Le Wildfang
eft le droit de propriété fur les bâtards , étrangers ôc
gens fans aveu qui viennent s'établir dans ces pays, &
qu'il répète pour fes fujets. Ces lottes de gens font nom-
més Wildfang en allemand , du mot Wild , qui figni-
fie une chofe de domaine incertain , & de celui de Fan-
gen , qui veut dire prendre. Ceux qui viennent habi-
ter les lieux fujets au Wildfang ne font réputés fujets
de l'électeur Palatin, qu'après qu'ils y ont demeuré un
an ôc un jour ; c'eft le terme donné à leurs feigneurs
naturels pour les reclamer. Après ce tems il acquiert fur
eux toute forte de propriété, & en exige les droits or-
dinaires qui font de lui prêter ferment de fidélité , de
donner à l'officier qui leur commande un florin pour
leur réception , ôc de payer le cens annuel pour leur
perfonne , & plufieurs autres.
PALAT1N1, peuple de l'Espagne Citérieure, félon
Frontin, de limitib, agror. p. 38. & Aggenus, p. 47.
Orofius , /. 7. c. 4. connoît aufli dans la même contrée
un pays qu'il appelle Palatini Campi. Cependant à la
marge de Frontin Se d'Aggcnus, on lit Palatini , varian-
te que L. Holftenius avoit mife à la marge de fon exem-
plaire.
PALATINUS-MONS , montagne d'Italie , l'une des
feptfur lesquelles la ville de Rome étoit bâtie. C'eft celle
que Romulus environna de murailles pour faire la pre-
mière enceinte de la ville qu'il fit bâtir. Il choifit ce
lieu, parce qu'il y avoit été apporté avec fon frère
Reitius , par le Berger Fauftulus qui les avoit trouvés fin-
ie bord du Tibre , ôc qu'il vit d'ailleurs douze vautours
qui voloient fur cette montagne , au lieu que Remus
n'en vit que fix fur le mont Aventin. Les uns veulent
que ce mont fût appelle Palatin , de Paies, déeffe des
Bergers , qu'on y adoroit : d'autres le dérivent de Palatia
femme de Latinus , ôc d'autres des Pallantes , originai-
res de la ville de Pallantium , dans le Péloponnèfe ,
Ôc qui vinrent s'habituer en cet endroit avec Evander.
La Maifon des rois qu'on a appellée dc-là Palatium ,
c'eft-à-dire Palais, étoit fur cette montagne. Paufanias,
/. 8. p. 52J. dit que les lettres L ÔC N ayant été ôtées
du mot Pallantium , on forma le nom de cette mai-
fon. L'empereur Héliogabale fit faire une galerie fou-
tenue de piliers de marbre , qui joignoit le mont Pa-
latin avec le mont Capitolin. On y a vu dix temples
magnifiques, feize autres petits, ôc quantité de fuper-
bes bâtimens, dont on admiroit l'architecture-, mais ce
quartier de la ville n'a plus rien aujourd'hui de confidé-
rable, que quelques jardins qui font affez beaux. * Tite-
Live, 1. 1. c. 5.
PALATIUM, ville d'Italie, dans le pays des Abo-
rigènes. Denys d'Halicarnafle , Li.p.u.ôc Varron , /.
4. parlent de cette ville. Elle étoit à 25 ftades de Réa-
tœ , près de la voie Quintia.
C Neubourg ,
JLaugingen,
y Keyfersheim ou Kcisheim ,
CHochftadt.
("Juliers ,
s Duren ,
1- Aix-la-Chapelle»
ÇDufieldorp,
' Solingen.
"\ Ravenftein.
VALATIVM.Voyez. au mot Ad l'article Ad Palatium.
PALAZZO. Voyez, au mot Ad l'article Ad Palatium.
1. PALAZ2UOLO , petite ville de Sicile, dans la val-
lée de Noto, près de la fource de l'Alfeo , environ à
vingt milles à l'occident de Syracufe. Selon la pofition
que lui donne de l'Ifle » dans fa carte de l'ancienne Si-
cile, ce devroit être l'ancienne Acr& ,- mais il eft plus
naturel de croire que c'eft l'ancienne Herèeffus.
2. PALAZZUOLO, bourg d'Italie , dans le Breffan,
& dans le quartier appelle Franzacurta , fur l'Oglio ,
environ à cinq milles du lac d'Ifeo à l'occident ■> ôc à
deux milles de Ponte Oglio , du côté de l'orient. Le.
bourg appartient à la république de Venife. * Magin%
Carte du Breffan.
1. PALE , bourgade d'Italie, dans l'Ombrie , à qua-
tre lieues de la ville de Foligni , du côté de l'orient ,
fur le chemin de Lorette. Elle appartient à la famills
des marquis d'Elifei, qui en font les feigneurs ôc les
protecteurs perpétuels. Ils y ont un magnifique palais,
avec un parc de bêtes fauves , un beau jardin ôc un vi-
vier. Ce qu'il y a de plus fingulier au même palais , eft
une grotte fouterreine , ouvrage de la nature d'une ftru-
cture admirable , ôc qui attire la curiofité de tous les
étrangers qui pafTent par cet endroit. * Corn. Dict. fur
des mémoires dreffés fur les lieux en 1701.
2. PALE , ville de l'ifle de Céphalonie. Voyez. Pala.
PALEA. Voyez. Dyme.
PALEACATE. Voyez Paliacate.
PALEAS , lieu dont fait mention Ammien Marcel-
lin,/. 14. p. G. Il devoit être fur la côte delà Pamphi-
lie , ou fur celle de la Cilicie. Ce lieu étoit fortifié.
PALEMAR1A, village d'Afrique, dans la Marcoti-
de , félon Ptolomée , /. 4. c. $. 11 le place dans les
terres.
PALENA , bourg d'Italie , au royaume de Naples ,
dans l'Abruzze citérieure, entre Sulmona ôc Torricella.
* Magin, carte de l'Abruzze.
PALENCIA , ville d'Espagne, dans le royaume de
Léon , fur la petite rivière nommée Cardon , ôc dans
un terroir très-fertile. Elle a un évêché fort ancien ,
fuffragant de l'archevêché de Burgos. L'évêque,qui a
vingt quatre ou vingt-cinq mille ducats de rente , porte
le titre de comte. Ce qu'il y a de plus remarquable dans
Palencia , eft l'églife de faint Antonin , que le roi San-
che le Grand fit bâtir en l'honneur de ce faint , en mé-
moire d'un miracle qu'il lui avoit vu faire étant à la
chaffe du fanglier. Cette ville, connue anciennement fous
le nom de Palantia ôc Pallantia , avoit été ruinée de
fond en comble. Elle demeura long-tems dans ce trifte
état , ne préfentant à la vue que des murailles à demi
abbatues, des mafures ôc des reftes d'édifices d'une ar-
chitecture ancienne qui montroit fa première fplendeur.
Le Roi Sanche entreprit de la rétablir fur la fin de fes
jours, & l'orna de divers beaux édifices. Le roi de Caftille
Alphonfe IX, que d'autres appellent Alphonfe VIII,
fonda en cette ville une univerfité, vers le commen-
cement du douzième fiécle , à la prière de lévêque Ro-
deric , ôc c'étoit la première qu'on eût vu dans l'Espa-
gne Chrétienne depuis l'invafion des Maures. Ferdinand,
fon petit-fils , la transporta peu de tems après à Sala-
manque , environ l'an 1239. * Délices d'Espagne , p.
151. Mariana, de Reb. Hisp. 1. 8. c. 14.
PALENTIA MASSA. On trouve ce nom dans Cas-
fiodore , in variis , /. y . ad Theobaldum. Ortelius foup-
çonne que ce pourroit être quelque lieu d'ïralie.
PALENSERTHAL ou Palenzerthal. Voyez. Val-
Brenna.
PALENUDO. Voyez. Palinuro.
1. PALEO CASTRO, ou Château- Vieux , félon
le grec vulgaire , ville de l'ifle de Crète , dans les terres,
PAL
PAL
à quelques milles au midi du port de Chifamo.
Elle elt a préfent entièrement ruinée. Il parok que c'é-
toit la ville d'Aptère , puisque Strabon, lib. 10. avance
que Chifamo en étoit l'arfenal Ôc le port. En effet Chi-
lamo elt un port de mer , fur une grande rade , formée
par les cornes du cap des Giabufes ôc du cap de Spada :
or les ruines de Paleocaftro font à la vue de ce port ,
fur une roche escarpée , ôc fortifiée par la nature : c'elt
au pied de cette roche , entre la ville Ôc la mer , qu'eft
ce fameux champ où les Sirer.es vaincues par les Mu-
les dans un célèbre défi de rnufique, perdirent leurs ai-
les. Voyez. Aptera. 11 n'y a pas beaucoup d'anciens mar-
bres dans les ruines d'Aptère , quoiqu'elles foient de
grande étendue. On y voit une aflez belle frife qui fert
de linteau à la porte d'une chapelle , pratiquée dans un
rocher : c'elt un des quartiers de l'ifle où il y a le plus
de grottes ôc de cavernes. Joignant la roche à l'un des
coins d'une des anciennes portes de la ville , on lit fur
une longue pierre, en caractères parfaitement beaux, Imp.
C*sar : comme on ne trouve point le refte de l'in-
faiption , on ne peut favoir de quel prince elle parle.
Sur un autre morceau de pierre , qui fert de linteau à
la porte d'une mafure , on lit ces caractères IVII. COS.
III. Tout cela marque que la ville a été confidérable
dans fon cems ; ôc il n'y auroit aucun doute que Paleoca-
ltro ne fût le relie de l'ancienne ville d'Aptère , fi ce n'e-
toit que Stcabon ne la place qu'à dix milles de la Canée ;
mais peut-être que cet endroit de Strabon elt corrom-
pu. . * Tuurrnforc , Voyage du Levant , lettre z. p. 3 1.
z. PALEOCASTRO, forterefie de l'ifle de Candie,
fur la côte otientale de l'ifle , entre le cap Sidero Se
le cap Palco. Les Italiens qui la bâtirent , félon le P.
Coronelh , la nommèrent Aiba, Il croit que c'elt X An-
teron de Pline, ou XLtanus de Ptolomée. Ce dernier Cen-
timent elt le plus probable. Aujourd'hui , les Italiens
appellent cette forterefle, Paleocaftro diSitia. * Coro-
ttelli , carte de l'ifle de Candie.
3. PALEOCASTRO, ou Policastro, châreau de
l'ifle de Candie , fur la côte feptentrionale , à quelaues
milles de Candie, du côté de l'oueft, au midi de S. Maria
de Fraschia. * Le père Coronetli , carte de l'ifle de Candie.
PALEO-LAMBRICA. Voyez. Lampr*.
PALEOPOLI, bourgade de la Morée , fur la côte
occidentale du golfe de Colochine, un peu au-deflus
de Paflava. Cette pofition fait croire que c'eft l'ancien
port Gythutm. * Robert deVaugondy, Atlas.
PALEOPOLIS , ville épiscopale de l'A fie propre , fé-
lon la notice de Léon le fage, qui la range fous l'archevê-
ché d'Ephèfe , 6c lui donne le dernier rang parmi les
évêchés de la province.
1. PALERME, ville de Sicile, dans le val de Maz-
zara , fur la côte feptentrionale de l'ifle , au fond d'un
golfe, du côté de l'ouelt, au 3 1 deg. 1; min. de longir.
&$8deg. 10 min. de latitude. Elle eft firuée dans une
très-belle plaine , fur le bord de la mer ; & cetre plai-
ne, qui elt fort grande, elt bordée par une quantité de
montagnes ou collines , fur l'une desquelles , vers le fud-
ouelt de la ville, & environ à une lieue, elt la ville de
Mont-Real ; fur les autres on voit de belles maifons de
plaifance , qui font le féjour ordinaire de la nobleflêde
la ville , à caufe qu'elles ont la mer en pçrfpective. *
Mïcbelot , Portulan de la Méditerranée, p. 130.
Cette ville , qui elt l'ancienne î'anormus , elt archi-
épiscopale, ôc feroit la feule capitale de Fille , fi la ville
de Mefline ne lui disputoit ce titre. Voyez, à l'article
Messine les fondemens de cette dispute. On convient
néanmoins aflez généralement que Païenne l'emporte
fur Meffme par la quantité de gens de condition qui
y réfident , par la beauté de fes édifices publics 8c de t'es
maifons, & par la diltribution de fes rues qui font ti-
rées au cordeau, ôc dont la longueur elt remarquable.
La plus grande eft celle de CafTaro , qui pafiant d'un
bout à l'autre de la ville la divife en deux parties. Elle
commence près du palais du viceroi, où elle elt un peu
plus élevée qu'à la porte de la mer où elle finit.
Le palais du viceroi eft grand ôc accompagné d'un
beau jardin. Il elt voifin des murailles de la ville , où
il fert comme de château pour en défendre le port -,
car, du côté que la ville le regarde, elle eft fortifiée
de quelques grofles tours qui environneut ce palais.
7ïï
Deux grands pavillons , Se un corps de logis qui les joint
eniemble, font le principal du bâtiment, ôc enferment
une grande cour, où tout à l'entour font des galeries
qui donnent entrée dans tous les appartemens. La pla-
ce, qui eft au-devant de ce palais, eft ornée de la fta-
tue de Philippe IV , roi d'Espagne, fur un piedeital ,
où fes trophées font en bas-reliefs , au milieu de quatre
figures qui repréfentent les quatre vertus cardinales,
enfermées d'une double baluftrade, le tout d'un très-
beau marbre blanc. Le grand hôpital du faint Esprit eft
fur la droite de cette grande place , ôc fur la gauche eft
l'églife archiépiscopale , au milieu de quatre clochers
qui témoignent fon ancienneté. Le grand autel de cette
églife eft enrichi des figures de plufieurs apôtres, entre
des colonnes de jaspe ôc de porphyre. Il y a une chapelle
confidérable par le dépôt de plufieurs faintes reliques ,
richement enchaflées en or ôc en argent : les principa-
les font celles de fainte Chriftine ôc de fainte Rofalie ,
fille d'un roi d'Espagne , qui pafla fa vie en auftérité
dans une grotte du mont Pélegrino , aux environs de
Païenne. Son corps y ayant été trouvé, fut transporté
dans cette chapelle ; & cette Sainte ayant par fon inter-
ceflion délivré la ville de la pefte , fut depuis recon-
nue pour la parrone de Païenne. Dans la même églife »
(qui a pour infeription , au-deflus de fa petite porte :
Prima Sedes , Corona Régis , Regni caput , pour faire
entendre que Païenne eft la capitale de la Sicile ) font
deux tombeaux de porphyre , l'un de Henri ôc l'autre
de Frédéric fon fils , roi d'Espagne. On voit dans une
belle place de la rue de Caflaro , la figure de bronze de
l'empereur Charles V fur un piedeftal de marbre , &
plus avant le collège des Jéfuites , qui eft magnifique.
L'églife de faint Matthieu, autrement de l'Ame, eft cé-
lèbre pour la quantité de marbre Ôc pour les peintures,
dont fes chapelles font enrichies , ôc pour la beauté de
fon portail, où font plufieurs rangs de colonnes les unes
fur les autres qui foutiennent la figure de faint Matthieu
en marbre très-rare. Le carrefour des rues Neuve ôc de
Caflaro mérite d'être compté parmi les belles places ,
puisqu'aux quatre coins il y a autant de palais , autant
de fontaines avec leurs baifins , ôc autant de ftatues des
rois d'Espagne , qui font celles de Charles V , de Phi-
lippe Il , de Philippe III ôc de Philippe IV. A quelques
pas de-là , dans la grande place où eft le palais de la
jultice , qu'on appelle Palaz.z.0 del Preto , ou la Tavo-
Li , on voit une fontaine qui elt admirable pour fa gran-
deur , pour fes ornemens& pour fon architecture. Cette
fontaine a plufieurs baflins les uns fur les autres, diftin-
gués par des galeries , où l'on monte comme fur autant
de théattes pour y admirer la diverfité des animaux qui
y jettent l'eau d'une manière différente , mais fort agréa-
ble, ainfi que quelques ftatues qui contribuent à orner
ce grand ouvrage , qui occupe une place de près de cent
pas d'étendue. Au-deflus de ces baflins eft une tête fou-
tenue de quatre figures qui reçoit les eaux de plufieurs
jets fort élevés. De chaque côté il y a divers petits ani-
maux qui s'en envoient l'un à l'autre. Enfin on peut
regarder cette fontaine comme un des plus beaux ôc
des plus riches morceaux d'architecture de l'Italie. En
général les fontaines font en fi grand nombre à Paler-
me, qu'il n'y a aucune place publique, aucun palais,
ni même aucun monaftere , où l'on ne vo) e des grottes
& des jets d'eau. Les Napolitains , ennemis des habi-
tans de Païenne , ne laiflent pas de dire pour diminuer
cet avantage : A Palerm» Vaqua non val nieme. On
admire dans l'églife des Théatins , qui font tous nobles ,
la quantité de piliers de marbre qui la foutiennent : leur
grofleur ôc leur hauteur ne font pas moins admirables \
car chacun de ces piliers 'eft d'une feule pièce. Il y a ,
au-dedans de l'églife , une fontaine dont l'eau eft recher-
chée l'été pour fa fraîcheur, ôc on en porte, félon l'u-
fage de la Sicile, à ceux qui entendent le fervice, pour
les rafraîchir. La grande chapelle del Santo Crocifijfo eft
fous l'églife. Dans la grande rue de Caflaro font encore
le grand palais de la vicairerie , Se les prifons de la vil-
le, & plus avant on trouve la belle place de la mari-
ne , qui a pour ornement le grand palais de la Diana.
On ne voit par-tout qu'édifices magnifiques jusqu'à la
porte de la mer , qu'on peut appeller un arc de triom-
phe pour fa hauteur, pour fon architecture, ôc pour
Tom, IV. C c C c e ij
PAL
7*6
plufieurs ftatues qui repréfentent comme autant de tro-
phées de différens rois d'Espagne , dont les figures y font
«levées en marbre. Dans toute la longueur de cette
rue on voit à travers l'arc de triomphe la pleine mer ,
qui fait une perfpective d'autant plus charmante , qu'elle
repréfente un grand canal qui donne beaucoup de plai-
fir à ceux qui s'y promènent , y ayant une grande pla-
ce , bordée d'un quai , revêtu de groffes pierres de tail-
le , & embelli de plufieurs fontaines. Ce quai règne tout
le long de la largeur de la ville, qui en elt féparée par
fes murailles, & par fes autres fortifications, après quoi
on entre dans une belle allée d'arbres , fervant de cours
aux carrodes , qui , après avoir padé par la grande rue
de Caflaro, entrent fur ce quai, & tournent enfuitele
long des murailles de la ville , par cette alite qui finit
au couvent de faint Antoine de Padoue , dont les cloî-
tres font fort edimés pour l'excellence de leurs peintu-
res , pour les jardins , Se pour la beauté de leurs fruits.
L'églife des Jéfuites appellée le Jefa,e(ï un édifice fu-
perbe , tant pour fon architecture que pour fes peintu-
res & fculptures ; mais fur- tout pour fes piliers , qui
font comme rapides de marbre , de porphyre , & d'au-
tres des plus exquis , travaillés en figures , comme de
lions , d'oifeaux Se de fleurs , de diverfes pierres rares
de rapport. Les chapelles qui font autour de la nef font
ornées des plus exquifes peintures & de fculptures en
bas-relief, Ce font autant de chef-d'œuvres , mais fur
tout celles qui accompagnent les deux côtés du grand
autel, à eau fe de leurs belles colonnes, entremêlées de
plufieurs figures, comme de celles de faint Ignace, de
faint François Xavier , qui font en marbre le plus rare
de Sicile, Se de baluftrades qui les ferment, fans parler
de fon pavé de pierres rapportées en façon de tapis de
Turquie. * Corn. Dict. Jouvin de Rochefort , Voyage
d'Italie & de Malthe.
Devant la ville de Palerme il y a un petit port pour
des barques , & environ fix cens toifes vers le nord-oueft
de la ville , il y a un mole ou une longue jettée , où
peuvent mouiller de moyens bâtimens Se des galères.
Ce mole s'avance vers le fud , environ deux cens toi-
fes , Se quatre cens du côté de l'oued , faifant un angle
droit. Sur l'extrémité du mole, il y a deux batteries de
canon & une tour au milieu , où l'on allume le foir un
fanal pour les bâtimens qui y viennent de nuit. Pres-
que par le milieu du mole il y a un petit fort , Se au
bout du mole, du côté de la terre , il y a une petite
forterede à quatre battions , Se dans le fond on voit plu-
fieurs grands magafins Se atfénaux de galères , Se diver-
fes autres maifons ; mais le côté du fud-oueft eft rempli
de roches à fleur d'eau Se fous l'eau. Ainfi , pour venir
mouiller dans la rade de Palerme , on mouille presque
vis-à-vis de la ville & à la tête du mole , où il y a dix-
huit , vingt & vingt-deux brades d'eau fond d'herbe va-
feux -y Se fi l'on veut entrer dans le mole , il faut ranger
fa pointe où il y a douze à quinze brades d'eau : en-
fuite on conduit le long du mole jusque dans le fond ,
fi on le veut , puis on mouille le premier fer de la gau-
che , Se on met la poupe de la galère proche du mole ,
avec deux amarres , ayant la proue vers l'oueft-fud-
oued , où l'on porte un autre fer. On peut reder af-
fourché proche l'entrée du mole : c'ed-là où fe mettent
les vaideaux par cinq à fix brades d'eau fond d'herbe
vafeux : les vents d'oued Se de fud-oued , quoiqu'ils vien-
nent du côté de terre, ne laident pas que d'y être in-
commodes. Le traverfier de la rade ed l'ed-nord-ed qui
caufe gtode mer. Si l'on veut aller mouiller avec de
petits bâtimens dans le petit port qui ed devant la vil-
le , il faut ranger à discrétion la pointe de la gauche ,
où ed le plus profond , parce que fur la droite il y a
un château ras la mer , devant lequel on trouve plu-
fieurs roches fous l'eau , Se qui s'avancent en mer. Dans
le milieu de ce padage il y a cinq à fix brades d'eau ,
Se du même côté dans le fond du port , deux à trois
brades. * Michelot , Portulan de la Méditer, pag. 130.
Après que l'on a padé le fauxbourg où font les ma-
gafins Se l'étape des vins qui viennent de dehors la vil-
le , on trouve un grand quai orné de plufieurs fontaines
qui font devant l'arfenal de la mer ; Se plus avant on
voit les grands greniers à bled de Sicile. Ce quai , l'u-
ne des plus belles promenades de Palerme , fiuit au châ-
PAL
reau de Forlez.z.a del Moïo. La ville de Palerme ed la
patrie de fainte Agathe.
Le Golfe de Palerme , Panormitamis Sinus , c'ed
un très-grand enfoncement fur la côte feptentrionale
de la Sicile. Il eft compris entre le cap Sabran ou le
mont Gerbin Se le mont Pélegrino ou Péregrin , qui
font éloignés de près de douze milles l'un de l'autre ,
fud-ed quart d'ed , Se nord oued quart d'oued. Son en-
foncement ed de cinq milles, & c'ed dans le fond de
ce golfe , du côté de l'oued , qu'efl la ville de Paler-
me qui lui donne fon nom. On peut approcher toute
cette côte affez près : il y a une grande profondeur
d'eau , comme par tout le golfe.
2. PALERME, ou Palorme , ville de PAnatolie,
fur la côte de la mer de Marmora , à l'embouchure de
la rivière de l'Artachi, à l'orient de Spiega. Corneille
fe trompe en difant que c'ed l'ancienne Cyzique, qui
étoit fituée à la pointe méridionale de l'ifle de ce nom.
PALESCHE1D , ou Pallescheid , bourgade d'Al-
lemagne , dans l'éle&orat de Trêves , environ à une
lieue au midi de la petite ville de Schoineck , Se à l'oc-
cident de la forêt de Kill. Quelques-uns prennent cette
bourgade pour l'ancienne Aufava ou Âufana. Voyez.
Ausana.
PALESIMUNDUS, ville de l'ifle de Taprobane^
félon Pline, /. 6. c. zi. qui donne le même nom à un
fleuve de cette ifle. Ptolomée, /. 7. c. 4. Se Marcianus
Heracl. in Peripl. p. 39. difent que l'ifle s'appella auffi
anciennement du même nom.
PALESOLI , village de la Caramanie , entre Sébaffc
au couchant , Se Tharfe au levant. Il y a , dit-on , une
fontaine dont l'eau a la vertu de brûler comme de
l'huile. Ce village a été anciennement appelle Soli , Se
enfuite Pompeiopolis. * Mati, Didionn. 1701. Baudrand ,
1681.
PALESTINE : Ce mot fe peut prendre dans un fens
étendu , ou dans un fens limité. La Palefline , dit dom
Calmet , Diïl. prife dans un fens limité, marquele pays
des Philiftins , ou des Paledins,qui occupoient cette
partie de la Terre promife , qui s'étend le long de la
Méditerranée , depuis Gaze au midi , jusque vers Lyd-
da au feptentrion. 11 femble , dit dom Calmet, que les
Septante ont cru que le mot hébreu Philifliim figni-
fioit des étrangers, puisque ordinairement ils le tradui-
fent par Alluphyli , qui lignifie des étrangers, des hom-
mes d'une autre tribu.
Quand le terme de Palestine fe prend dans un fens
plus étendu , il lignifie tout le pa)s de Chanaan , toute
la Terre promife , tant en deçà , qu'au delà du Jourdain ,
quoique adez fouvent on le redreigne au pays de deçà
ce fleuve ; en forte que dans les derniers rems la Judée
Se la Palefline pafloient pour une même chofe. On
trouve audi le nom de Syria PaUfiïna donné à la Terre
promife, Se on comprend même quelquefois cette pro-
vince dans la Célé-Syrie , ou dans la Syrie-Creufe. Hé-
rodote ,/. 7. c. 89. ed le plus ancien écrivain que nous
connoiflions , qui parle de la Syrie Palefline, 1. 2. c. 6.
il la place entre la Phénicie & l'Egypte. Voyez, ce que
j'ai dit aux mots Chanaan Se Judée.
PALESTRINE , autrefois Pr.<£nf.ste , ville d'Italie,
dans la Campagne de Rome , à l'orient de cette capi-
tale , dont elle ed éloignée de près de vingt milles. Du
temple de la Fortune, qui occupoit une grande partie
de la montagne , il ne reft e plus que le feul premier
mur inférieur , fans lequel il y auroit long-tems qu'une
partie de cette montagne feroit éboulée. Dans ce mur
il fe voit encore deux rangs de niches , mais fans datues
& fans inferiptions. L'autel étoit presqu'au haut de la
montagne, n'y ayant au-dedus qu'un bois confacré , Se
au-dedus du bois un petit temple dédié à Hercule. * Ma-
gin, Carte de la Campagne de Rome. Labat , Voyage
d'Italie , t. 4. p. 43. & fuiv.
On voit par la fituation préfente de la ville de Pale-
drine , que la montagne fur laquelle le temple étoit bâ-
ti , avoit été partagée en cinq terrades. On en trouve
encore aujourd'hui des vediges dans les quatre rues qui
compofent la ville. La plus grande de ces rues eft la plus
bade : les maifons n'y ont aucune beauté. L'églife cathé-
drale eft fur la féconde terrafle -, elle n'eft pas grande ,
mais elle eft propre , Se paroît aujourd'hui toute neuve
PAL
PAL
par les grandes réparations Se les embelliffemens que le
cardinal Porto-Carrero , qui en a été évoque , y a faic
faire. Le chapitre eft peu confidérable : l'églife Se le
couvent des Carmes font à la troifiéme terrafle ; ce font
des Carmes chauffées Se mitigés : en montant encore
deux terraffes , qui ne font pas aifées , car la montagne
de Prxnefte eft haute & rude , on arrive à la cinquième
terrafle, où éroit le temple de la Fortune, Se où eft
aujourd'hui le palais Barberin. On dit que l'arfenal eft
fous ce palais , Se qu'on y garde quantité de beaux canons
de fonte. Les appartenons de ce palais font aflez bien di-
ftribués. Ce qu'on y voit de meilleur ,eft un petit falon
au bout du veftibule; fon plancher eft une très-belle
mofaïque, repréfentant les différens états Se conditions
des hommes qui rravaillenr toure leur vie à chercher
une fortune , à laquelle ils n'arrivent presque jamais :
rien n'eft fi beau que ce ce plancher , & il eft très-bien
confervé ; il peut avoir douze à quinze pieds de lon-
gueur fur dix de large. On affure qu'il a fervi Se qu'il eft
encore dans le même endroit où etoit la ftatue de la For-
tune. On montre dans ce palais quelques petites ftatues
de la déeffe-, c'étoient des vœux qu'on lui avoit of-
ferts.
La chapelle de fainte Rofalie eft à la droite Se un peu
plus bas que le palais. Il y a deux maufolées très-beaux,
l'un du prince Thadée, Se l'autre du cardinal Antoine
Barberin. A côté eft une espèce de facriftie dans laquelle
il y a deux tombeaux fort fimples, qui renferment les
corps de ces deux feigneurs , avec ces mots fur l'un :
Depofitum Thadri Bar banni; Se fur l'autre : Depofitum
Em. Card. Antonii B.irbar'wi. Ce cardinal avoit été
grand Aumônier de France Se archevêque de Rheims.
Le prince Thadée avoit été préfet de Rome , & tous
deux comblés de biens par la France , qui les avoit re-
çus & entretenus pendant leur exil , Se les avoit enfuite
fait rentrer dans la poffeflîon de leurs biens. Il ne refte
plus rien du bois confacré à la déeffe.
La ville de Paleftrine avoit été détruite par le pape
Boniface V1I1, qui avoit transporté tous les habitans au
haut de la montagne. Ils y étoient en belle vue Se en
bon air , mais très-ferrés Se très-incommodés. Ce lieu
éroit plutôt une fortereffe qu'une ville. Nicolas V leur
permit d'abandonner ce mauvais endroit : ils le laifierent
avec plaifir , Se le ruinèrent fi bien , qu'il n'y refte plus
qu'une tour. La ville fut rebâtie fur les anciens fon-
demens. Cette ville a appartenu aux Colonnes , qui l'ont
depuis vendue aux Barberins. Il ne faut pas chercher
plus loin pourquoi Boniface VIII la fit détruire ; il eft
vrai qu'il paya un peu chèrement ce mouvement de
colère.
PALESTRINE ( Le chemin de) , c'eft le nom que
l'on donne aujourd'hui en Italie à la voie Prœneftine
(Via Pramfiina). * Labat , Voyage d'Italie , t. 3. p. 220.
PALET. Quelques-uns écrivent ainfi le nom du vil-
lage où naquit Pierre Abelard. Voyez. Palais.
PALFURIANA, ville de l'Espagne Citérieure : l'iti-
néraire d'Antonin la met fur la route de Nismes à Tar-
ragone, entre Amiftiana ScTarragone , à treize milles
de la première , & dix-fept milles de la féconde. Quel-
ques manuferits portent Pafuriana pour Palfuriana.
1. PALI, champs de l'Arcadie, au pied du mont
Phalantus, félon Paufanias , /. 8. c. $j.
2. PALI , peuples de Scythie , félon Diodore de
Sicile , /. 2. c. 43. Il dit que les Pâli Se les Napi étoient
les descendans de deux frères, l'un nommé Palus, Se
l'autre Napus. ,
PALIANA , ou Palliana , ville de la Sérique. Pto-
lomée , /. 6. c. 16. la place entre Drofache Se Thogara ,
& Caftaldla nomme Panconia , félon Ortelius , Thefaur.
1. PALIACATE , Palicat , Palicate Se Palea-
cate , ville des Indes, fur la côte de Coromandcl , au
royaume de Carnate , fur la route de Mafulipatan à
Gandicote, au nord de Madras. Elle eft fituée par 13
deg. 30 min.de latitude feptcntrionale, & 100 deg. 30
min. de longitude, dans une plaine fablonneufe &Ûérile.
Ce n'eft qu'une plage fans aucun port. Les vaifleaux
mouillent à une petite demi lieue de terre , fur huit ou
neuf braûès , fond de fable argilleux , & il faut avoir une
bonne connoiflance des bancs Se de l'inégalité des pro-
fondeurs , pour conduire les vaifleaux dans les bons
in
mouillages. Palicate eft peuplée de Maures 6e de Gcn-
tives. Les maifons y font aflèz ferrées & baffes. Au nord
de cette ville eft le fort de Gueldres, qui appartient aux
Hollandois. 11 eft en bon état, Se capable de réfifter
aux attaques des Maures. C'eft un carré régulier , flan-
qué de quatre baftions , revêtu de pierres de taille , ainfi
que les courtines, Se bien garni de canons. Le foffé qui
l'environne eft aflez large, mais à fec le plus fouvenr.
Comme le fond eft de fable mouvant , il eft arrivé quel-
quefois que les icourans des eaux , qui dans la mauvaife
faifon font de vrais rorrens , onr ébranlé ce fort. C'eft-
là que les Hollandois , qui habitent le long de la côte de
Coromandel , tiennent leur comptoir, Se où demeure
le chef de tous ceux qui font dans les terres du roi de
Golconde. 11 y a ordinairement deux cens foldats ou en-
viron en garnifon , outre plufieurs marchands qui s'y
tiennenr pour le négoce , Se alirres gens qui, après
avoir fervi la compagnie tout ie tems qu'ils y étoient
obligés , fe font retirés en ce lieu. Entre la ville Se le fort
on a laiffé une place.affez grande , pour que le fort ne
puiffe être incommodé du voifinage de la ville. Dans la
mouflon des pluies il arrive fouvenr que les terres bas-
fes qui font derrière , fe trouvenr couvertes d'eau ; mais
cela ne dure guère : les eaux coulent aflez promptement
dans la mer , & il n'y a que les petites rivières qui en
demeurent enflées, Se où, parle moyen des fables qui
s'y amaffenr Se qui les barrent , il fe fait de profonds
canaux. C'eft dans ces canaux que les Maures fonr paffer
leurs bâtimens plats, en les touant pour les mertre à
couvert de la violence de la mer , jusqu'à ce que la bon-
ne mouflon foit venue. La manière donr les habitans de
Palicate vont prendre l'eau qu'ils boivent , a quelque
chofe de remarquable. Quand la mer eft retirée , ils
vont fur la grève la plus proche de la mer , ils y font
des rrous où ils trouvent de l'eau douce qui eft excel-
lente. * Atlas , Rob. de Vaugondy. Schouten , Voya-
ge, t. 1. p. 288. Tavernier , Voyage des Indes, 1. 1.
c. 18.
2. PALIACATE , ou Palicate , montagne des In-
des , au royaume de Carnate , à fix ou fept lieues à
l'occident de la ville de Palicate. Cette montagne eft
fort haute, Se contribue beaucoup à inonder le bas
pays qui l'environne par les eaux qui coulent dans la fai-
fon des pluies.
PALIANO. Voyez. Palliano.
PALIBOTHRA, ville de l'Inde , en-deçà du Gange.
Ptolomée , l.y.c. 1. la donne aux Mandrales. Arrien ,
in Indic. c. 10. qui parle aufli de cette ville , l'appelle
Palimbothra , Se la place au confluent de l'Erannoboa &
du Gange, aux confins des Prafii. Niger lui donne le
nom de Votkara ; Thevet l'appelle Jadafon ; Mercator
la nomme Ana , & Vincent le Bianc reffuscite le nom
entieremenr , en faifant une ville de Palimbrote, que les
voyageurs ni les cartes ne connoiflent point.
PALICA , ville de Sicile, Selon Diodore de Sicile,
/. u.c. 87. Se Etienne le géographe. On en voit les rui-
nes fur une hauteur , au nord oriental du lac appelle
Palicinus Fon s Se Palicorum Lacus. Voyez. Palici.
PALICATE. Voyez. Paliacate.
PALICE ( La ) , petite ville de France , dans le Bour-
bonnois , élection de Moulins , fur la rivière de Befbre*
On ne compte dans cette ville qu'environ trois cens fix
feux, Se quatre cens cinquante habitans. 11 n'y a qu'une
juftice de feigneur , & le château eft antique Se bien bâ-
ti. Cette ville ne laiffe pas d'être confidérable par (es
foires qui font au nombre de douze , par (es marchés
qui fc tiennent toutes les femaines, Se par le paffage de
ceux qui vont de Paris à Lyon : elle eft auffi renommée
par les bonnes bottes qui s'y font. La Palice eft une an-
cienne baronnie à la maifon de Chabannes.* Pigamol ,
Defcrip. delà France , t. 6. p. 214.
PALICHI , bourg de l'ifle de Céphalonie, fur le bord
occidentaldugolfe d'Argoftoli, vis-à-vis delà ville deCé-
phalonie. On croit que c'eft l'ancienne Paleis. Kcemot.
PALICI, Palici du, ou Palicorum FANUM,rem-
ple dans l'ifle de Sicile , où l'on rendoit un culte aux
dieux Palici. Ce temple étoit auprès de la ville PaUca
qui en avoir pris fon nom ; Se dans le voifinage il y avoit
encore un lac appelle Lacus , ou Stagnum Palicorum.
Les anciens , crédules fur beaucoup de chofes, éproa-
PAL
7j8
voient la vérité des fermens en jettant dans ce lac des
tablecces fur lesquelles le ferment de celui qui juroit étoit
écrit -, fi les tablettes s'enfonçoient , on le regardoit com-
me un parjure , & fi elles fumageoient , on étoit per-
fuadé que fon ferment étoit véritable. * Cluvier , Sicil.
ant. 1. 2. c. 9.
PALICONIA , ou Palagonia , bourg de la Sicile ,
dans le val de Noto , vers la fource de la rivière de Pa-
lagonia , à quelques milles à l'occident du lac Beverio,
avec titre de principauté. Ce bourg n'eft pas bien loin
des ruines de l'ancienne Palica. * Atlas, Robert de
Vaugondy.
PALICOURS , peuple de la France équinoxiale. Ils
habitent une partie de la rivière d'Arican & celles de
Maricari, d'Uninamari & de Caifipoure. Cette nation
eft allez nombreufe, & vit bien avec tous les étrangers
que la traire du Lamcntin attire chez eux , &dont ces
peuples font la pêche dans leurs rivières & dans leurs
marais. Ils ont pour cela des filets deux fois aufli forts
que ceux de France. La rivière de Maricari fur-tout eft
très-abondante en toutes fortes de poiflbn , & il s'y trou-
ve quelquefois jusqu'à cinq ou fix navires Anglois &c
Flamans pour le pêcher & le transporter dans les ifles ,
où ils l'échangent contre du tabac ôc autres marchan-
difes. Après cette rivière de Maricari , on trouve le cap
d'Orange , pointe en langue de terre qui avance fort dans
Ja mer du côté du nord. Dans l'étendue de ce cap font
deux rivières , favoir Epicouly & Agairi. Ceft entre ces
deux rivières qu'habitent les Palicours , gens bien faits
-& fort courageux, Se qui peuvent mettre quatre cens
hommes de guerre fous les armes. Ils font ennemis mortels
des Calibi , qu'ils alloient attaquer jusque dans les rivières
qui forment l'ifle de Cayenne , avant que les François en
fuflent les maîtres. * Corn. Di6t. Briet , Voyage de la
Tetre équinoxiale , 1. 2. c. 1 1 .
PALIGAM, rivière de l'ifie de Ceylan, au royaume
de Batecalo. On l'appelle aufli Batecalo. Voyez, ce
mot.
PALIMBON. Ortelius dit : Siège épiscopal , fous la
métropole de Damas, & cite Guillaume de Tyr. Les no-
tices eccléfiaftiques , publiées par Schelfirate , écrivent
différemment ce nom : celle de l'abbé Milon , au lieu
de Palimbon ,1k Palimpon , & met effectivement ce fiége
dans la Syrie , fous la métropole de Damas , & la noti-
ce de l'évêque de Cathare porte Panuporum pour Pa-
limpon.
PA1.IMBOTHR.A. Voyez. Palibothra.
PALIMBROTE. Voyez. Palibothra.
1. PALIMBUAN , Palinbuan,Palemban,ouPa-
lembaon .ville des Indes, dans la partie orientale de
l'ifle de Sumatra , & la capitale d'un royaume de même
nom. Elle eft fituée au fond d'un golfe, à l'embouchure
de la rivière de même nom.
2. PALIMBUAN , royaume des Indes , dans la par-
tic méridionale de l'ifle de Sumatra. Il eft borné au nord
par le royaume de Jambi , à l'orient & au midi par la
mer, & à l'occident par une chaîne de montagnes qui
court au milieu de l'ifle. 11 tire fon nom de fa capitale ,
qui eft la feule ville confidérable qu'on y trouve.
Le détroit de PALIMBUAN, eft cet espace de
mer qui fe trouve entre l'ifle de Banca à l'orient , ôc
celle de Sumatra à l'occident. Il gît à peu près nord-
oueft & fud-eft.
PALIN^EUM , montagne de l'ifle de Cos. Voyez.
PeLLENj£UM.
PALINII , peuple d'Italie, félon Dicdore de Sicile,
1. 20. Ortelius, T^/W.foupçonne que ce font les Pel-
lenii de Lycophron. Voyez. Pellenii.
PALINORMICUM , lieu voifin de Conflantinople (
félon Pierre Gilles , dans fa description du Bosphore.
PALINURO , Palemiro ou Palenudo 5 cap du
royaume de Naples , dans la principauté citérieure , en-
tre les golfes de Policaftro Se de Salerne. Vojez. Pali-
NURUS.
PALINURUS, promontoire d'Italie , à l'extrémité du
golfe P&flanus , aujourd'hui le cap Palinuro , Palenu-
do ou Palemiro. On prétend que ce cap a pris fon nom
de Palinure , pilote d'Enée , qui étant accablé de fom-
meil , fe laiffa tomber dans la mer avec fon gouvernail.
Les flots, dit-on, ayant porte fon corps jusqu'au port
PAL
de Vilia , les habitans le dépouillèrent Se le rejetterenï
dans la mer, ce qui leur attira une grande pefte peu de
tems après : fur quoi ayant été confulter l'oracle d'A»
pollon , il leur fut dit pour réponfe qu'il falloir qu'ils
appaifaffent les mânes de Palinure. Sur cette réponfe ils
lui dédièrent un bois facré , Se lui drefferent un tom-
beau fur un promontoire voifin qui a retenu le nom de
Palinure, comme le dit Virgile, JEneid. I. 6. verf.
380.
Et flatuent tumulum , & tumulo folemnia minent ,
JEternumqiie Ucus Palinuri nomen habebit.
Pomponius Mêla , /. 2. c. 4. Pline , /. x.c. 5. Velleïus Pa-
terculus , /. 2. c. 79. & autres , parlent aufli de ce pro-
montoire ; mais Denys d'Halicarnafle , /. i.p. 42 eft ,
je penfe, le feul qui y joigne un port de même nom.
PALINZA. Voyez Alinca 3.
PALIONENSES , peuples d'Italie , dans la Calabre ,
félon Ortelius , Tbefaur. qui cite Pline , Se ajoute qu'un
manuferit porte Ballionenfes , & un autre Baltonenfes.
Les éditions de Dalechamp , des Elzevirs , Se duperc
Hardouin , ne connoifient point ces peuples.
PALIRENSES, peuples de l'AcarBanie, félon Thucy-
dide , peut-être étoient-ils les habitans de Palserus , ville
de la même contrée. Voyez. Pal>erus.
PALISCIUS AGER, contrée de l'Arcadie , félon
Paufanias , /. 8. c. 36.
PALISCUS, Voyez. Palici.
PAL1T1NIOS , fiége épiscopal d'Afie , félon Guillau-
me de Tyr, cité par Ortelius, Thefaur. qui le met fous
Sergiopolis métropole. La notice du patriarchat d'An-
tioche, fous lequel étoit Sergiopolis, ne lui donne que
quatre évêchés, favoir,
Bozonovias ,
Marcopolis,
Venotkala,
Hermenia.
Mais deux autres notices , publiées par Schelftrate , fa-
voir celle de Nilus Doxapatrius , Se une autre qui eft
anonyme , donnent unanimement cii q évêchés à cette
même Sergiopolis : ainfi il eft vraifemblable que Pa-
litimos , l'un des cinq , a été fupprimé , ou omis dans
la première de ces notices.
PALIURA , ville de Macédoine : Suidas in verbo
hvTmcLTfoi , dit que c'étoit la patrie d'Anripater , fils
d'Iolaus.
1. PALIURUS , lieu d'Afrique , dans la Cyrenaïque.
Ptolomée , /. 4. c. 4. le place au nord d'un marais , que
quelques-uns ont cru avoir le même nom.
2. PALIURUS , ville d'Afrique , dans la Marmari-
que, félon Ptolomée, /. 4. c. 5. L'itinéraire dMntonin
nomme cette ville Paniurus : il la met aux confins de
la Marmarique , fur la route de Ptolémaïde à Alexan..
drie , entre Papi «Se Metira , à trente milles de la premiè-
re , Se à vingt milles de la féconde.
PALLA , ville de l'ifle de Corfe : Ptolomée , /. 3. c.
1, la met la première fur la côte méridionale. Ortelius dit
que l'itinéraire d'Anronin la nomme Paima , mais il fe
trompe. Il a pris dans Antonin une route de Sicile pour
une route de l'ifle de Corfe. Niger croit que Palla eft
préfentement S. Bonifacio.
PALLACANA CEPA : on trouve ce nom dans Api-
tius , ( Câlinant , /. 9. c. 1. ) mais , dit Ortelius, il n'eft
pas fur que Pallacana foit un nom de lieu.
PALLACOPA 6c PALLACOTTA. Voyez. Pella-
conta.
PALLADIS PETRA , nom d'un lieu du côté de
la Tro'êzene , félon Ortelius , Thefaur. qui cite Euripi-
de , in Hippolyto. C'eft le même lieu qui eft appelle Pal-
latides Scopuli dans Callimaque , qui le place aux envi1
ions du mont Creius.
PALLANT, ville, château & feigneurie du duché
de Juliers , dans le bailliage d'Aldenhofen.
PALLANTIA. Voyez. Palantia.
PALLANTIAS. Voyez. Triton.
PALLANTIS MONUMENTUM, monument en Ita-
lie , environ à un mille de Rome , fur la voi« Tibur-
PAL
tinc , félon Pline , Epift. I. 7. Epift. 29. qui fe rit fi agréa-
blement de ce monument.
PALLANTIOM. Voyez. Palatinus.
PALLAS. Voyez, Triton.
PALLATIDES. Voyez. Palladis petra.
PALLE ( Le cap de ). Environ deux milles au nord-
eft quart d'eft de la pointe de ce cap eft une petite iflc
de moyenne hauteur , qu'on appelle les Fornigues du
cap de Palle. Du côté de l'oued de ces Fornigues,
il y a un gros écueil Se un plus peut entre les deux, &
d'autres aux environs de l'ifle. Lorsqu'on veut pafler en-
tre le cap de Palle & l'ifle Fornigue , il faut pafler à mi-
canal , rangeant tant foit peu plus la pointe du cap que
l'ifle , à caufe d'une féche très-dangereufe , qui eft près
du dernier écueil de l'ifle, Se fur laquelle il n'y a que
fept pieds d'eau -, mais en rangeant à discrétion la pointe
du cap de Palle , on y peut pafler librement , Se avec
toutes fortes de bâtimens. Du côté feptentrional du cap
de Palle il y a une grande ance dans laquelle on peut
mouiller , pour y être à couvert des vents depuis le fud-
eft jusqu'au nord-ouefl. On y mouille, lorsqu'on ne peut
doubler le cap de Palle. * Micbelot , Portulan de la met-
Méditerranée , p. 18. Ce cap eft celui que nous con-
noiflbns fous le nom de Cap de Palos 2. Voyez ce mot.
1. PALLENE , péninfule de la Macédoine. Elle avan-
ce dans la mer Egée entre les golfes Thermaïque Se To-
ronique} Denys d'Halicarnafle, /. 1. p. 39. en parle.
Etienne le géographe dit qu'elle efl; de figure triangu-
laire , Se Scylax , feripl. p. 26. y met cinq villes , qui
font :
Potidœa , Aphytis ,
Mende » Thrambuf ,
Scione,
La première de ces places étoit bâtie fur l'infime , Se
î'occupoit entièrement. Du refle , Palle ne , comme Hé-
rodote , l.-j.c 123. l'a obfervé , s'appelloit ancienne-
ment Phtegra. Ptolomée , lib, 3 . cap. j 3 . la nomme
Pacalena.
2. PALLENE , ville de la Macédoine. Pline, /. 4. c . 6.
& Etienne le géographe la mettent dans la péninfule de
même nom.
3. PALLENE, montagne de la Macédoine, félon
Ortelius , Thefaur. qui la met dans la péninfule de Pal-
lene , Se cite Euflathe.
4. PALLENE. VoyezHA-LCYo-niK. insul/e.
5. PALLENE , municipe de la tribu Antiochidc ,
dans PAttique , félon Etienne le géographe.
6. PALLENE , contrée des pays feptentrionaux , fé-
lon ces vers d'Ovide , Metam. L i$.fab. 8.
Ejfe virosfama eft in Hyper bore â P aliène
Queis foleani levibus velari corpora plumis ,
Cum Tritoniacam novies fubiere paludem,,
Corneille a rendu ces vers de la forte :
Dans le nord , mais jamais rien ne fut moins croyable ,
On parle d'un prodige à nul autre femblable.
Il vous étonnera : Vers Pallene , dit-on ,
Se rencontre un marais qu'on appelle Triton.
Là , tout homme qui veut , revêtu de plumage
Des oifeaux en volant partager l'avantage ,
Trouve un moyen aife d'en acquérir les droits.
11 n'a dans ce marais qu'à fe plonger neuf fois.
PALLENENSES , peuple de la tribu d'Attique. Ceft
Phavorin , Lexicon. qui en fait mention. 11 fe pourroit
faire que ce feroient les habitans du municipe PALLE-
NE. Voyez ce mot , N° j.
PALLENID1S MINERVE FANUM , temple dé-
dié à Minerve Pallenide. Hérodote , l.i.c.61. fait en-
rendre qu'il devoir être quelque part entte Athènes &
Marathon. Euripide , in Heraclid. connoît aufli un bourg
appelle Pallenide.
PALLENSES. Voyez Nesiot^.
PALLIANA , ancienne ville de laSérique, félon Pto-
lomée , /. 6.c. 16,
PAL JS9
PALLIANO, ou Paliano, petite ville d'Italie*
dans la Campagne de Kome, au nord oriental de Segni
Se au nord occidental d'Anagni , à plus de vingt milles à
l'orient de la ville de Rome. Cette ville , qui appartient
au connétable Colonne , efl: fituée fur une hauteur qui
commande tous les environs. Il n'y a rien de remarqua-
ble qu'un vieux château , encore eft-ce aflez peu de chofe.
Au bas de la montagne fur laquelle la ville eft fituée ,
on voit un couvent de Capucins , petit à la vérité , mais
bien ménagé Se fort propre aufli bien que fon églife. *
Magin , Carte de la Campagne de Rome. Labat , voy.
d'Italie, t. 4. p. 52.
PALLIENSES, peuple ou ville d'Italie, auvoifinage
de Rome, félon Vitruve, /. 2. c. 7.
PALLON , ville de l'Arabie Heureufe, félon Pline,
/. 6. c. 28.
PALLON A ( La ) , rivière de la Turquie Européen-
ne , dans l'Albanie. Elle prend fa fource dans les mon-
tagnes de Temorit, Se fe rend dans le golfe de Venife,
près de Pirgo , vis-à-vis de Brindifi. Baudrand dit qu'on
lui donne quelquefois le nom de Pirgo. Le P. Briet l'ap-
pelle Polina. Le P. Hardouin la nomme Pollona , Se
les anciens l'ont connue fous le nom dVËAs.
PALLU ( La ) , bourg de France, dans le Maine,
diocèfe du Mans, parlement de Paris, intendance de
Tours , élection du Mans , a cinq cens vingt habitans.
* Dit't. univerfel de la France.
PALLURA, ville l'Inde, en-deçà du Gange. Ceft
Ptolomée , /. 7. c. 1. qui en fait mention.-
1. PALMA, ville daris la plus grande des ifles Ba-
léares, félon Ptolomée, /. 2. c. 6. Pline, /. 3. c. 5. Se
Mêla , /. 2. c. 7. Ce dernier lui donne le titre de colo-
nie. Ambroife Morales dit qu'elle retient fon ancien
nom , Se le P. Hardouin prétend qu'on l'appelle préfen=
tement Mallorca. Cette ville eft la capitale de l'ifle de
Majorque.
2. PALMA. Voyez Olea.
3. PALMA. Voyez. Palla.
4. PALMA, bourgade d'Espagne, dans l'Andaloufie,
fur la rive gauche du Guadalquivir , un peu au-doflbus
de l'endroit où il reçoit les eaux du Xenil. Elle a été
érigée en comté en 1 307 , en faveur de la maifon de Boc-
ca-Negra, de Cènes, qui a pris le nom de Porto-Carre-
10, * Jaillot, Atlas. '
t S. PALMA , bourgade d'Italie, dans la Calabre Ul-
térieure , fur la côte occidentale , à quelques milles au
midi de l'embouchure du Metauro ou Matro. * Magin ,
Carte de la Calabre Ultérieure.
6. PALMA, bourgade de l'Amérique méridionale,
au nouveau royaume de Grenade , dans la province que
les Munios Se les Colymas habitent , à quinze lieues de
la métropolitaine Santa Fé , vers le nord-oueft. Elle a
reçu des Espagnols le nom qu'elle porte. Ils la bâtirent
en 1572, dans un terroir où l'air eft plus chaud que
tempéré. * Corn* Dict. De La'êt , Defcr. des Ind. occid.
1. 9. c. 6i
7. PALMA ( S. André de ) , abbaye d'hommes , ordre
de faint Benoît , en Portugal , dans la Province , entre
Duero e Minho , près de Barcellos. Elle a été fondée
l'an 1028.
PALMA, ou Palma Nova, viile d'Italie, dans
l'état de Venife , au Frioul , environ à dix milles au fud-
eft d'Udine , ptès de la rivière de Lizonzo. Ceft une
forterefle d'importance. Elle a neuf baftions qui portent
les noms de plufieuts feigneurs Vénitiens. Il y a deux
cavaliers fur chaque courtine. Le rempart eft plus haut
que la muraille , & les foflés ont trente pas de profon-
deur & douze de largeur. On n'y laifle point entrer l'eau,
afin que la ville en foit plus faine -, mais il eft aifé de les
remplir en cas de befoin. Cette ville n'a que trois por-
tes , l'une nommée Porta maritima, l'autre Porta de Ci-
vidal , Se la troifiéme Porta di Udine, Chaque porte eft
couverte d'une demi-lune. Au milieu de la ville on ap-
perçoit un étendard fur un triple puits, qui eft au milieu
de la place publique , & on peut voir delà les trois por-
tes en même-tems, aufli bien que fix rues qui traver-
fent entièrement la ville. Le portail de la grande églife
donne fur la place publique : il eft orné de plufieurs belles
ftatues, Se au-devanc on voit une colonne en pyramide
760 PAL
lïès-bien dorée , 8c qui ne contribue pas peu à l'em-
belliffement de la place. A chaque porte il y a une dou-
ble paliffade avant que l'on aborde le pont , au mi-
lieu duquel eft un pont-levis , fait avec tant d'artifice ,
que fi celui qui fe trouve en faction voyoit arriver des
troupes inopinément, il pourroit en touchant un cer-
tain fer avec le pied, faire en un moment lever le pont.
Enfuite contre la porte , on rencontre encore un autre
pont-levis , avec fes portes 8c l'arriére porte, faite de
barres de fer fort épaifles ; enforte qu'il n'y a point de
pétard qui les puifie rompre , quoiqu'il foit aifé d'ac-
cabler delà les ennemis à coups de fufil.
Les Vénitiens ont fait un port à Palma-Nova, de
forte qu'il peut à préfent entrer dans la ville des bâti-
mens alïez grands pour apporter des provifions, 8c four-
nir la place de tout ce qui lui eft nécelTaire. On com-
mença à la fortifier en 1593 ou 1/94 , pour mettre
la province à l'abri des infulces du Turc , 8c pour fe
mettre en fureté contre les entreprifes de l'empereur ,
dangereux voifin , qui pofféde une partie du Frioul. Ceft
par ce pays que les Huns & les autres nations barbares
entrèrent en Italie , 8c c'eft par-là que les Turcs font
entrés, lorsqu'ils ont fait des cour fes jusque versTre-
vifo.
PALMA DI SOLA , ou Palma di Solz , bourga-
de fur la côte de Sardaigne , près des ruines de l'ancien-
ne Suivi, Sulci ou Sulchi, fur la côte méridionale de
l'ifle , au fond d'un golfe auquel elle donne le nom , à
l'embouchure d'une petite rivière. * Carte marine des
cotes de Sardaigne.
Le Golfe de Palma eft formé par rifle de Palma di
Sola à l'orient , 8c par l'ifle de San Pedro à l'occident.
La bourgade de Palma di Sola eft au fond, dans un en-
foncement que couvre la pointe del U!ga.
PALMA DI SOL , iflefur la côre méridionale de l'ifle
de Sardaigne. Elle forme du côté de l'orient le golfe de
Palma. La pointe feptentrionale eft fort près de la Sar-
daigne à laquelle elle communique par un pont, à la
hauteur de Paragiano. Elle eft allez longue, & fa po-
sition eft presque nord-eft 8c fud-eft. * Carte marine
des côtes de Sardaigne.
PALMACIA. Voyez. Palmaria.
PALMAIOLA. Voyez Palmaruola.
PALMAR. Voyez, au mot Cap , l'article Cap de
Palm^r.
1. PALMARIA , ifle fur la côte d'Italie. Pline , /. 3.
c. 6. 8c Pomponius Mêla , /. 1. c. 7. en ont parlé , 8c
ce dernier dit qu'elle eft aux environs de l'embouchure
du Tibre. Ceft la plus occidentale des ifles qui font
fur la côte du royaume de Naples , 8c elle fe trouve au
midi oriental de l'embouchure du Tibre. Le peie Da-
niel dit qu'on la nomme aujourd'hui Palmaruola; mais
il fe trompe : fon nom moderne eft Palmerola ou Pal-
znirola. Voyez, Palmerola.
2. PALMARIA ( L'ifle ) ,ifle de la mer Méditerranée,
fur la côte de Gènes , vis-à-vis de Porto Venere. Cette
ifle, qui eft grande 8c fort haute, forme le port de
Porto Venere , 8c n'eft éloignée de la ville par la poin-
te de l'oueft que d'environ quarante toifes. On peut
palier entre la ville & l'ifle avec une galère ordinaire ;
mais il faut bien favoir le pafiage , car presque par le
milieu de cette ifle il y a une longue pointe de fable &
de vafe qui s'avance fous 8c vis-à-vis d'un couvent de
faint François , qui eft hors de la ville fur une pointe.
Il n'y a que deux bradés 8c demie dans cet endroit ,
mais entre les deux pointes de l'entrée, il ne manque pas
de fond. * Michelot , Portulan de la mer Méditerranée ,
p. 95.
PALMARIS LUCI , bois dont fait mention Ortelius ,
Thefaur. qui cite Ammien Marcellin , /. 24. Celui-ci le
place aux environs de Ctefiphon , 8c parconfequent dans
ï'Aflyrie. Zofime connoît auffi ce bois ; mais fes inter-
prètes rendent Palmaris Lucas par un bois planté de
palmiers. Ortelius croit que ce pourroit être le Phœni-
cum de Procope. Voyez. Phœnicum.
PALMARUOLA, ou Palmarola, ifle de !a mer
de Toscane , au voifinage 8c à l'orient de l'ifle d'Elbe.
Ce n'eft proprement qu'un écueil dans le canal de Piom-
bino. Elle appartient au prince de Piombino. Elle s'ap-
PAL
peîloit anciennement Jrtemita. * Atlas , Rob. de Vatt-
gondy.
1. PALME (La), petite ville de France, dans le
Languedoc, au diocèfe de Narbonne , dans le pays de
Corbiei.es.
2. PALME, ou Palma , ifle d'Afrique , une des Ca-
naries , à douze lieues au nord-oueft de Gomera. Sa fi-
gure efl ronde, on lui donne vingt-cinq lieues de cir-
cuit. On vante beaucoup fes vins 8c fon fucre. Les meil-
leurs vins croilTent dans un canton , appelle Breniâ , 8c
qui produit tous les ans environ douze mille barils de
malvoifie. Il y a quatre lngenios ou l'on fait d'excellent
fucre : deux qui fe nomment Zanzes , 8c les deux au-
tres Tafiacortes. Le terroir produit peu de bled. Dans
leurs befoins , les habitans ont recours à l'ifle de Tene-
riffe. La capitale qui porte le même nom, & qui eft dans
la partie orientale de l'ifle, eft raifonnablement grande -y
il y a une très-belle églife. L'adminiftration des affaires
8c de la juftice eft entre les mains d'un gouverneur 8c
d'un confeil d échevins. Il y a encore dans l'ifle au nord
de la capitale , une autre ville , nommée Saint André ,
affez jolie , mais fort petite. Les Espagnols firent la con-
quête de cette ifle en 1447, avec une flotte de 2500
hommes d'infanterie, & de 120 lances , fous la conduite
de D. Ferdinand de Caftro. Vers l'an i6jo , il fe for-
ma dans cette ifle un volcan avec un tremblement de,
terre fi violent , qu'il fe fit fentir jusqu'à Teneriffe »
où la première éruption de foufre emflammé fut en-
tendue comme un coup de tonnerre , 8c l'on y vit
tomber quantité de cendre 8c de fable. * Mémoires ma-
nuferits.
PALMEA , petite ville de Portugal , dans l'Eftrama-
doure, au nord eft de Setubal , fur le penchant d'une
montagne. Elle eft accompagnée d'un château qui eft
bâti fur le roc. Cette place eft une commenderie de
l'ordre de faint Jacques. * Délices de Portugal , pag.
779-
PALMEIRAS(Capde).
PALMEROLA, ouPalmirola, ifle d'Italie, la plus
occidentale de celles qui font fur la côte du royaume
de Naples , à quelques milles au couchant de l'ifle de
Ponza ou Pontia. Il ne faut pas la confondre avec l'ifle
Palmaria, qui eft à l'entrée du golfe de la Spezza , fur
la côte de Gènes , ni avec une autre Palmaruola ou
Palmarola, voifine de l'ifle d'Elbe. L'ifle Palmerola eft
bien plus à l'eft que ces deux dernières : elle n'en vaut
pas mieux ■-, car elle eft entièrement déferte. Elle appar-
tient à l'état de l'églife. * Atlas , Rob. de Vaugondy. La-
bat, Voyage d'Italie, t. y p. 58.
PALMES (Cap des).
PALMIERS ( l'ifle des ) , ou I'isle Bichon , ifle d'A-
frique, formée par le Sénégal , & à neuf lieues au nord
de celle de Saint Louis. -Elle ne forme qu'une langue
fort étroite , quoiqu'elle ait deux lieues de longueur.
Cette ifle , ainfi que celle de Bucksar , eft habitée par des
Nègres. Ils ont bâti leurs villages fur desterreins élevés
pour fe garantir des inondations annuelles de la rivière.
* Voyage du (leur de Brue , fur le Sénégal.
PALMISUS , nom de ville , félon Phavorin , Lexic.
qui ne dit point en quel endroit elle eft fituée.
PALMYRE , Palmira , ville de Phénicie , à une jour-
née de diftance dei'Euphrate. On prérend qu'elle fut bâ-
tie par Salomon. Elle eft nommée Tadmor dans l'é-
criture , Palmyre par les Grecs 8c les Latins ; Pal-
mire 8c Tadmor par Jofeph , Tbadmor , 8c Theodmor
par les Septante , Tadmor , Tadmur 8c Tatmor par
les Arabes 8c les Syriens. Ce nom dérive des palmiers
qui font aux environs.
S'il eft vrai , comme le plus grand nombre le pré-
tend , que Salomon eft le fondateur de cette ville , il ne
l'eft pas moins qu'il ne refle aucun veftige des édifices
qu'il y fit faire , puisqu'elle a été plufieurs fois ravagée
8c détruite. Il paroît que l'empereur Adrien la fit ré-
parer. Etienne le géographe la nomme quelquefois Ha-
drianopolis. Le célèbre Odenat, dont la principauté étoit
aux environs de Palmyre , ayant reçu quelques mauvais
traitemens de Sapor 1 , roi des Perfes , fe déclara pour
les Romains, battit Sapor plufieurs fois, le força de re-
pafler l'Euphrate, & prit le titre de roi de Palmyre.
L'empereur Gallicn, pour le récompenferdefes fervices,
le
PAL
PAL 761
le déclara général des armées romaines en Orient ï
& l'aflocia a l'empire. Ocknac , toujours irrité contre
Sapor , entra dans fes états qu'il ravagea. Après fa mort,
fa femme Zénobie prit le titre de reine d'Orient ; plus
ambitieufe que fon mari , elle ne voulut tenir fa puis-
fance que d'elle-même ; elle rompit avec les Romains ,
conquit fur eux 1 Egypte Se plufieurs autres provinces.
L'empereur Aurélien marcha contre elle en 272 , défit
Zénobie en plufieurs rencontres , la pourfuivir jusqu'à
Palmyre qu'il prit après un long & pénible fiége. A peine
Aurélien eut-il quitté l'orient , que cette ville fe révol-
ta : il revint fur fes pas & en fit paffer tous les habitahs
au fil de l'épée. Il mena Zénobie à Rome où elle fer-
vit d'ornement à fon triomphe , Se lui donna allez de
bien pour vivre conformément à fon rang.
Juftinien , dit Procope , JE dit. L 2. c. il. trouvant
Palmyre dans une fituationavantageufe pour arrêter les
courfes des Sarrazins , la répara. Palmyre eft tombée
fucceffivement fous la domination des Sarrazins & des
Turcs, & il y a apparence que ce font eux qui ont dé-
truit ces beaux monumens d'architecture dont on voit
encore les débris.
Palmyre étoit fituée dans un endroit fertile , quoique
environnée de deferts. Par fa pofition elle devoir être
l'entrepôt du commerce de l'Inde, de la Perfe Se de l'Em-
pire Romain -, ce qui devoir lui attirer des richeflès im-
menfes: les débris qu'on y trouve annonceur fa magni-
ficence Se fa fplendeur.
Le premier objet qui s'offre à la vue , lorsqu'on ap-
proche de cette ville , eft un château d'une affez médior
cre architecture -, mais imprenable , & éloigné environ
d'une demi-lieue de la ville. Ce château eft du côté
feptenrrional de Palmyre , qu'on apperçoit de- là enfer-
mée de trois côtés de longues chaînes de montagnes :
mais au midi il y a une vafte plaine qui s'étend à perte
de vue. L'air y eft excellent , mais le terrein produit
beaucoup de palmiers. Cette ville doir avoir été très-
érendue, à en juger par l'espace qu'occupent fes ruines;
mais on ne peut juger de fon ancienne forme, parce qu'il
ne reite aucune trace de fes anciennes murailles. Elle
n'offre à préfent qu'un trifte fpectacle , n'étant habitée
que par trente ou quarante miférables famillîs , qui fe
font fait de petites cabanes de boue dans une cour fpa-
cieufe qui contenoit autrefois un magnifique temple
Païen.
Cette cour , qui eft au bout méridional de la ville ,
a deux cens trente verges de chaque côté, 8c eft termi-
née par une haute muraille de grandes pierres cariées,
Se ornée de colonnes en-dedans & en-dehors , qui
étoient , félon ce qu'on a pu juger , au nombre de foi-
xantedeux de chaque côté. Les magnifiques corniches
ont été, à deffein, jettées à bas par les Turcs, qui ont
ptivé les cutieux du plus beau monument d'architecture
qu'on ait jamais vu dans le monde , comme il le paraît
par quelques fragmens qui ont échapé à leur fureur. Le
côté occidental de cette cour , par lequel on y enrre ,
eft presqu'entierement détruit; Se vers le milieu on Trou-
ve les relies d'un vieux château bâti par les Mammelucs,
à ce que l'on fuppofe, d'une partie des ruines, qui ne
font en cet endroit qu'en trop grande abondance. Ce
château cache les reftes d'un ancien édifice d'une beauté
admirable , comme cela paroîr par ce qu'on en voir en-
core à l'entrée -, favoir deux pierres de trente-cinq pieds
de longueur , fur lesquelles font repréfentées au natu-
rel des vignes Se des grappes de raifin. Elles font l'une
& l'autre dans leur véritable place, Se prouvent que
l'entrée étoit large de quinze pieds. Dans cette cour font
les reftes de deux rangées de magnifiques colonnes de
marbre , hautes de trente-fept pieds , avec des chapi-
raux d'une fculpture exquife ; Se les corniches doivent
avoir éré de la même beauté , quoiqu'abfolument dé-
truites par les Mahométans. Cinquante- huit de ces co-
lonnes font encore entières. Elles doivent avoir été en
bien plus grand nombre ; car , par ce qui paraît , elles
faifoient le tour de la cour Se foucenoient un double
portique. Les arcades du côté occidental de ce portique ,
qui eft vis-à vis le frontispice du temple, femblent avoir
été les plus belles de toutes , & ont à chaque bout deux
niches pour des ftatues de grandeur naturelle. L'espace
renfermé par cet enclos, jadis fi magnifique, doit avoir
été une cour, comme nous l'avons dit, au milieu de
laquelle eft le temple, entouré d'une autre rangée de
colonnes d'un ordie différent & hautes de cinquante
pieds. Il y en a encore feize debour ; mais il y en a eu
environ le double. Une grande pierre eft couchée par
terre, Se paraît avoir atteint depuis ces colonnes, jus-
qu'aux murailles du temple. Tout l'espace contenu en-
tre ces colonnes a cent foixante-dix fept pieds de lon-
gueur, Se quatre-vingt-quatre de largeur. Au milieu de
cet espace eft le temple , qui a quatre-vingt-du-neuf
pieds de longueur , fur quarante de largeur. 11 y a une
entrée magnifique à l'occident, précifément au milieu
du bâtiment , qui , à en juger par les reftes , paraît avoir
été d'une magnificence extraordinaire. On y voit des
grappes de raifin Se des vignes parfaitement bien faites ,
Se au-deffus de la porte on apperçoit un aigle qui a les
aîles étendues , Se qui en occupe toute la largeur. Il y
a fur la même pierre quelques cupidons, & des aigles
fur plufieurs autres pierres qui font tombées. 11 n'y a
debout dans ce temple que les murailles , dont les fe-
nêtres, de médiocre grandeur, font plus étroites par
en haut que par en bas , mais extrêmement ornées d'ou-
vrages de fculpture. Tout ce temple fert préfentement
de mosquée , hors le bour feptenrrional , où l'on Trou-
ve de beaux morceaux ; on ne peut connoître au jufte
s'ils ont fervi de pavillons au-deffus de quelques autels ,
ou à quelque autre ufage. Ils font embellis d'ouvrages
de fculpture , & au milieu eft un dôme de fix pieds de
diamètre tout d'une pièce. Au refte il eft incertain fi
chacun de ces morceaux a été tiré du roc , ou paitri de
quelque ciment fin.
En quittant cette cour Se ce temple, les yeux fonr
frapés d'un nombre étonnant de colonnes de marbre ,
répandues çà Se là l'espace de près d'un mille , mais
dans une fi grande confufion , qu'il n'y a pas moyen
d'en deviner l'ufage.
En quittant le temple , Se en avançant vers le nord ,
on rencontre une haute Se magnifique colonne , confi-
ftant en fept grandes pierres , fans compter le chapi-
teau-, la fculpture en eft comme par-tout ailleurs d'une
extrême beauté. Elle a plus de cinquante pieds de hau
reur, douze & demi de tour , immédiatement au-deffus
du piedeftal , Se il eft croyable qu'il y avoir une ftaïue
au haut. A l'orient Se à l'occident de cette colonne , à
la diftance d'un quart de mille , il y a une grande co-
lonne qui fait un triangle avec celle dont il s'agir. La
hauteur de la colonne orientale , prife par le moyen
d'un cadran , eft de plus de quarante pieds. Sa circon-
férence eft à proportion, Se fur le corps on lit 'une in-
feription grecque , gravée par ordre du fenat Se du
peuple à l'honneur de deux bons patriotes. On trouve
fur la colonne occidentale une inscription femblablc,
mais pas tour-à-fait fi lifib'e que l'autre.
A la diftance d'une centaine de pas de la colonne donc
nous venons de parler , eft une magnifique entrée très-
large Se très-haute , Se nullement inférieure en beauté
à tout ce que nous avons décrit jusqu'à préfent; mais ,
par malheur , la deftinée en a été pareille à tout le refte.
Cette entrée conduit dans un fuperbe portique , long de
plus d'un demi-mille , & large de quarante pieds , for-
mé par deux magnifiques rangées de colonnes de mar-
bre , hautes de vingt-fix pieds. Cent vingt neuf de ces
colonnes font encore debout ; mais fuivant le calcul le
plus modéré , il doit y en avoir eu autrefois au moins
cinq cens foixante. Sur la plupart de ces colonnes il y
a des inferiptions en caractères grecs Se palmyréniens.
D'où l'on conclut que cer endroit a été une des par-
ties les plus fréquentées de la ville , Se par cela plus
propre à rappeller le fouvenir de ceux qui avoient été
uriles à la patrie. Les piedeftaux , qui s'avancent fur ces
colonnes , donnent lieu de croire qu'il y avoir des fta-
tues. Il y a des inferiptions fur ces piedeftaux , même
lorsqu'il n'y en a point fur la colonne à laquelle ils
appartiennent. Le bout le plus élevé de ce portique étoic
enfermé par une rangée , plus proche l'une de l'autre
que celles de chaque côté , Se peut-être qu'il y avoit
au deffus une fale pour faire des feftins, quoiqu'il n'y
en ait aucun vertige. A main gauche , un peu plus loin »
on trouve les ruines d'un fuperbe bâtiment , qui pour-
rait bien avoir fervi à un pareil ufage. Ce bâtiment eft
Jom. IV. Ddddd
j6x PAL
fait de plus beau marbre que celui du portique, &
avec une délicatefie infiniment plus grande. Les colon-
nes qui fotitiennent ce dernier bâtiment font toutes d'u-
ne pièce , «Se ont vingt-deux pieds de longueur , huit Se
neuf pouces de circonférence. Parmi ces ruines fe trouve
la feule infetiption latine qu'on ait découverte en cet
endroit.
Au côté occidental , dont nous venons de parler ,
il y a différentes ouvertures qu'on fuppofe avoir été des
portes qui avoient communication avec la cour du pa-
lais. Deux de ces portes paroiflènt avoir été d'une ma-
gnificence incroyable , tant par rapport à la beauté de
l'ouvrage en général , qu'à caufe des fuperbes colonnes
de porphyre qui leur fervoient d'ornement. Chaque por-
te en avoit quatre , qui n'étoient pas placées dans une
même ligne avec celles de la muraille » mais deux à deux
devant la porte , faifant face au palais , deux d'un côté
Se deux de l'autre. De ces colonnes de porphyre , il n'y
en a que deux d'entières , Se qu'une feule qui foit à
fa véritable place. Elles ont environ trente pieds de
long Se neuf de circonférence, & font fi dures, qu'on
a bien de la peine à en féparer quelques parties. Ce font
les plus belles pièces de porphyre que l'on trouve dans
ces débris. Le palais eft fi ruiné qu'on ne peut juger ce
qu'il a été. 11 y a apparence qu'il faifoit face au beau
portique dont nous avons fait la defeription t Se qu'il
étoit entouré de rangées de colonnes de différens ordres,
dont plufieurs font encore debout , les unes unies , Se
les autre cannelées. Ces colonnes ont aulîi leur piede-
ftaux fur lesquels il y a des inferiptions.
A l'orient de ce même portique , on trouve une fo-
ret de colonnes de marbre , quelques-unes entières , d'au-
tres fans chapiteaux , mais arrangées d'une manière û
confufe, qu'on ne peut ni les mettre en ordre, ni de-
viner quel en étoit l'ufage. Dans un endroit il y en a
onze femblables , formant un carré , dont le milieu eft
pavé de pierres plates , mais fans dôme.
A quelque diftance de-là eft un petit temple ruiné ,
qui , à en juger par ce qui en refte , doit avoir été une
pièce curieufe. L'entrée de ce temple cfi tournée vers le
midi , & au-devant eft un portique de lix colonnes , deux
à côté de la porte, deux à l'autre côté, Se une à cha-
que bout. Les piedeftaux de celles qui font face à la
porte , ont été remplis d'inferiptions Se autres monu-
mens , mais à peine lifibles.
De tous ces refies défolés , il n'y en a aucun qui at-
tire davantage l'admiration des curieux , que les magni-
fiques fépulcres qu'on y trouve. Ce font des tours car-
rées, hautes dç quatre à cinq étages, &; placées à chaque
côté d'un chemin creux . Vers le bout feptentrional de
la ville : ils s'étendent à un mille, Se peuvent avoir été
plus loin. A une certaine diftance, ils reffcmblent à un
clocher d'une églife qui tombe en ruine. Plufieurs de
ces tours , quoique bâties de marbre , ont été ruinées
par le tems Se la barbarie. Elles font toutes de la mê-
me forme , mais de différente grandeur , à proportion
des biens de ceux qui les firent conftruire. Parmi les
ruines d'une de ces tours, qui étoit toute de marbre, l'on
a trouvé les refies de deux ftatues , l'une d'un homme ,
l'autre d'une femme , dans la pofture de perfonnes qui
s'appuient. Leurs habits reflemblent plus à ceux des
Européens qu'à ceux des Orientaux -, d'où l'on peut con-
clure que ce font des Romains. Il y a deux de ces fé-
pulcres qui paroiflènt plus entiers que les autres. Ce font
des tours carrées à cinq étages , dont les portes exté-
rieures font de pierres communes , mais dont tout l'in-
térieur eft de marbre. Elles font embellies de magnifi-
ques cifelures, repréfentant des figures d'hommes & de
femmes jusqu'à la poitrine , mais le tout effacé. Au-
defibus de ces figures, ou h un des côtés, font des ca-
ractères Valmyréniens , qu'on croit marquer le nom des
perfonnes dépofées en cet endroit. Ces fépulcrcs étoient
traverfés par une allée du feptentrion au midi , par la-
quelle on y entroit. La voûte en bas étoit divifée de la
même manière, & la divifion de chaque côté fubdivi-
fée en fix parties , plus ou moins , chacune capable de
recevoir un des grands corps, Se aflez profonde pour
en contenir au moins fix ou fept , mis l'un fur l'au-
tre. Au premier , au fécond Se au troifiéme étage , ces
fubdivifions étoient de même, hormis que le fécond
PAL
avoit une partie qui répondoit à la principale entrée ,
à caufe de l'escalier. Au troifiéme le partage étoit dif-
férent , parce que l'édifice devenoit plus étroit. 11 y a
apparence qu'on ne mettoit point de corps dans les deux
plus hauts appartemens, fi l'on en excepte celui du fon-
dateur , dont la ftatue , enveloppée d'un appareil funè-
bre Se couchée , étoit placée dans une niche ou fenê-
tre , dans la façade du monument , de manière qu'on
pouvoit la voir en-dedans Se en-dehors. On trouve en
cet endroit une épitaphe grecque. * Fhilofophical. trans-
allion. num. 217.
Plufieurs favans avoient tenté inutilement de nous
faire connoître l'alphabet dont on fe fervoit autrefois à
Palmyre , Se la langue qu'on y parloit -, mais ils n'avoient
que des copies informes des inferiptions qu'on trouve
fur les ruines de cette célèbre ville. Dawkins, Robert
Wood , Sec. Anglois, rapportèrent , il y a quelques an-
nées, treize'infcnptions palmyrénicnes , dont huit étoient
gravées à la fuite d'autant d'inferiptions grecques. Com-
me les copies étoient exactes, l'abbé Barthélémy, de
l'académie des inferiptions Se belles - lettres , garde du
cabinet des médailles du roi, efpéra pouvoir découvrir
ce qui avoit , jusqu'alors , coûté tant de peines infru-
ctueufes. Il jugea que les inferiptions grecques Se pal-
myrénienes étoient la traduction les unes des autres. Ses
foupçons devinrent bientôt des convictions, oc en deux
jours d'examen il préfenta fon mémoire à l'académie ,
dont il eft membre : les applaudifiemens qu'il y reçut
l'engagèrent à donner fon mémoire au public. Il parut
ep' 17^4. H y prouve inconteftablement que la langue
de Palmyre étoit le fyriaque ou chaldéen. On trouve
à la fin de ce mémoire trois planches. La première con-
tient les lettres palmyrénicnnes& hébraïques .leurs noms
Se leur valeur ; la féconde deux inferiptions grecques
Se deux palmyréniennes ; la troifiéme les lettres palmy-
réniennes tirées par Gruter d'une infeription que l'on
confervok à Rome dans la maifon du cardinal Carpi.
PALMYRENA SOLITUDO , défert de Syrie , qui
tiroir fon nom de la ville de Palmyre qui y étoit bâtie.
Pline , /. y. c. 24. nous fait entendre que ce défert étoit
vafte : l'Euphrate , dit-il , coule jusqu'à un lieu nommé
Ura ,où, tournant à l'orient , il laiffe le défert de Palmy-
renne , qui s'étend jusqu'à la ville de Pctra Se jusqu'à
l'Arabie Heureufe. 11 ne faut pas ctoire , Se Pline mê-
me ne le dit pas précifément , que ce défert portât
par-tout le nom de défert de Palmyre. On doit con-
clure feulement que le défert de Palmyre joignoit celui
de l'Arabie Déferte (Se fe continuoit ainfi jusqu'à Petra
Se jusqu'à l'Arabie Heureufe. *Cellar. Geogr. ant. 1. 3.
c. 12.
PALMYRENE , contrée de la Syrie. Elle étoit gran-
de Se peuplée d'un aflez grand nombre de villes , in-
connues pourtant dans l'hifioire, à la réferve de Pal-
myre , qui étoit la capitale , Se qui donnoit le nom à
la contrée. Ptolomée , /. y . c. 15. eft le feul des anciens
qui nous ait donné le nom des villes de la Palmyrene.
Ces villes font :
Rhaefapha ,
Cholle ,
Oriza ,
Putea ,
Adada ,
Talmyra ,
Adacha ,
Danaba ,
Goaria ,
Averia ,
Catama ,
Odmana ,
Atera.
Dans les terres J
Sur la rive de
l'Euphrate,
{
Alalis ,
Sur a ,
Alamatha.
PALMYRIA. Voyez. Naufactus.
1. PALO , bourg d'Italie , dans le patrimoine de S. Pier-
re , proche de la côte , à l'orient de l'embouchure de la
rivière Sanguinara. Il appartenoit au duc de Braccrano
PAL
fcjui le vendit au prince don Louis Odescalchi. neveu du
pape Innocent XI. Il y à un château qui eft fortifié Se as-
fez bien muni d'artillerie. On y voit une petite plage ou
acul, propre à retirer des barques Se de petits bâtimens
fous les murailles de ce fort. Ce fut pour cette raifon que
le pape Clément XI y mit un gouverneur & une petite
garnifon, pour empêcher les corfaires de fe faifir de ce
pofle. On croit aflez vraifemblablement que c'eft l'ancien-
ne ville d'AlJtitm. * Magin , carte du Pattimoine de S.
Pierre. Labat , voyage d'Italie, t. 4. p. 1 29.
2. PALO. Corneille, Dict. dit : Bourgade de Sicile,
près du cap de Paflaro , fur le bord oriental d'un petit
golfe qu'on nomme le port de Palo, ou de Caftellucio.
Magin, Carte de Sicile, nomme ce port Paloro , Se de
l'Ifle, Allas, donne le nom de Pâli à la pointe, qui avec le
cap de Paflaro forme ce port qu'il appelle Porto ai Lon-
gobardo. A l'égard de ce que Corneille ajoute, d'après
Maty , que ce port eft celui que les anciens appelloienc
Odyscia, OdyJJea 8c Portas Ulijfis ; nous ne l'en croirons
pas malgré fan garant. Odijfœ.i ou Ulijfeum étoit à quel-
ques milles plus à l'occident auprès de Fanum Apollinis
Libyflim; Se le port de Palo, Pâli, Paloro, ou du Lom-
bard, s'appelloit anciennement Pacbyni portas , ou Refu-
gium Apollinis.
PALODA*, ville de la Dace : Ptolomée , /. 3. c. S. la
place entre Zazàdava Se Zuribara. Lazius & Ortelius ,
'ïbefaur. conjecturent qu'elle étoit dans le quartier qu'on
nomme aujourd'hui les Champs de Blcchisfcld.
PALODIS. Kov^Pelodf.s.
PALOENTA , ville dont fait mention Appien, Bel,
Civil. I. 5. Il paroît qu'elle pouvoir être Corcyra Se Britn-
diifîum. Ortelius foupçonne que ce pourroit être la même
ville que Polybe appelle Palus. Voyez, ce mot.
PALOIS , ville de l'Ethiopie , fous l'Egypte , félon Pli-
ne, 1.6. c. 29.
PALOMBARO, bourg d'Italie, dans la Sabine, à
deux lieues, ou environ, au nord de Tivoli. * Magin,
carte de la Sabine.
PALOMERA, ville d'Espagne, dans l'ifle de Major-
que , au nord-eft de l'ifle : la terre fait une pointe avan-
cée dans la mer , qu'on appelle le cap de Fromcntelli.
Vers le nord-oueit elt Palomera , avec un bon port cou-
vert par une petire ifle , que les anciens appclloicnr Co-
lumbaria. Palomera aéré autrefois appellée Palumbaria.
* Délices d'Espagne, p. 379.
PALOMINO , rivière de l'Amérique méridionale ,
dans là terre ferme, au gouvernement de Sre Marthe.
Elle a fa fource aux montagnes de neiges, d'où elle fe
précipite pour aller gagner la mer. Cette rivière eft ap-
pellée Païominà du nom d'un capitaine Espagnol, qui
s'y noya en tâchant de la pafler à la nage. Il y a grande
apparence que cette rivière eft la même que celle que de
l'Ifle, Atlas , nomme Rio de la Madalena, qui prend
fa fource dans les montagnes, au midi occidental de Ney-
va, «Se va fc jetter avec la rivière de Cauca dans la mer
du nord. * Corn. Dict. De La'ét , Defcr. des Indes occi-
dentales , /. 8. c. 21.
PALONN A , petit peuple de l'Amérique feptenrrio-
nale, dans la Louïfiane, fur la route que tint le S. de la
Salle , pour aller aux Cenis , après avoir paffé la Maligne
Se la rivière d'Hiens. Ce peuple eft voifin des Taraha.
PALORME, ville de la Natolie. Ko^Palerin 2.
1. PALOS, ville d'Espagne, dans l'Andaloufie, à l'em-
bouchure Se fur le bord oriental du Rio Tinto, au-deflbus
de la petite ville de Moguer. La marée y fait un port mé-
diocre; mais néanmoins fameux, parce que ce fut de-là
que Chriftophe Colomb mita la voile en 1492, pour
aller à 1a découverte du nouveau Monde. * Délices d'Es-
pagne , p. 446.
2. PAl OS , cap d'Espagne , fur la côte du royaume de
Murcie. A cinq ou fix lieues à l'orient de Carthagene , la
terre s'avance dans la mer , Se forme une pointe : c'efi ce
qu'on appelle le cap de" Vzlos. * Délices d'Espagne , p.
542.
3. PALOS, Palo ouP^lt, cap fur la côte d'Albanie,
entre le cap Rodom , au nord , & la ville de Durazzo au
midi, à peu près à égale diftance de l'un Se de 1 autre. *
Rob. de Vaago'idy , Atlas.
PALOTT A, bourgade de la Baffe-Hongrie , dans le
«comté d Albe-Royaie, environ à deux milles au nord oc-
PAL 765
cidental de la ville d'Albe-Royalc. * De îïru , Regnum
Hungar.
PALOUIS ,PoLouis , Pollouois , ou Folvoreira ,
ifle de la mer des Indes , à l'orient méridional de celle
d'Adu Se de Caudu, à 95. deg. 50. min. de longitude, Se à
5. deg. 50. min. de latitude feptentrionale. On dit que
cette iflen'cft point habitée. Corneille, Dicl. rapporte de
jolis contes à cette occafion. * Rob. de Vaugondy, Atlas.
PALOUS. VoyezPAtvs.
PALSEY , ou Pasley , ville d'Ecoffe , dans la provin-
ce de Cleydsdale, fur le Cart. Elle étoit autrefois célèbre
par une belle abbaye de l'ordre de Clugny. Elle donne au-
jourd'hui le titre de baron à la famille d'Abercorn , qui
eft une branche de celle d'Hamilton. Les environs de cet-
te ville font agréablement diverlïfiés de collines , de val-
lées Se de forêts. * Etat préfent de la Gr. Bretagne, t. 2.
p. 259.
PALSISIUM , ou Palsatium. ville de l'Italie Trans-
padane, félon Pline , /. 3. c. 1 9. Elle ne fubfifte plus.
PALT»ENSIS> fiége épiscopal dans la première Syrie,
Cymatiits, fon évêque, afllfla au concile d'Alexandrie tu ù
l'an 362, & Patrïcius à celui d'Antioche de Tan 363,
Harduin. Collect. Conc; t. 1. p. 743. c'eft la même que
Paltos , ou Paltus , aujourd'hui Boldo.
PALTOS , ou Paltus. Voyez. Boldo.
i.PALUAU, petite ville de France, dans le Berry ,
éleétion de Châteauroux , fur l'Indre , entre Buzançois ,
Se Châtillon. La paroiflenecontient que cent quatre- vingt
feux Se environ huit cens habitans. Cette ville, que de
Longuerue , Defcr. de la France , part i.p. 130. qualifie
Amplement de château , étoit fortifiée du terris du roi
Philippe Augufle , qui la reprit avec Mont-Luçon fur les
Anglois en 1188. Paluau fut érigée en comté en faveur
d'Henri de Buade, Viceroi de Canada. * Piganiol, Defcr,
de la France , t. 7. p. 5 8.
2. PALUAU, Paladellam, hameau de France, au
diocèfe de Sens, dans la paroifle de Balancourt. * His-
toire de Corbeil & autres.
PALUD , lieu de France , dans la Provence , au diocè-
fe de Riez : il eft fameux par fes cavernes.
PALUDE, ville d'Afie, avec titre de principauté,
dans les états du Turc , au gouvernement d'Erzeron , au
midi de cette ville, fur une montagne, près de l'Euphra-
te. Paul Lucas, Voyage du Levant, t. 1. c. 24. dïrque la
montagne fur laquelle eft fituée Palude eft presque escar-
pée de tous les côtés. En entrant par la première rue , on
trouve des chemins fort étroits , bordés de précipices
affreux , & il n'y a qu'une petire voie lelong des maifons
qui ne font bâties que de terre. La ville eft allez peuplée.
Le prince à qui elle obéit, y laifle vivre tous les habitans
dans une entière liberté de religion; ils y boivent tous
également du vin , Se il y a plus d'Arméniens que de
Turcs. Le château de Palude cil fi fort par fa fituacion ,
que des armées très-nombreufes, envoyées par le grand
Seigneur, l'ont attaqué plufieurs fois inutilement. Le
prince ne reconnoït en rien le Grand Seigneur, Se ne lui a
jamais voulu payer aucun tribut , quoiqu il foit au milieu
de fes états. 11 conferve ainfi fa liberté à la faveur de fon
château où il fe tient toujouts. Cette fortereffe , qui eft;
d'une ftructure fort ancienne , eft bâtie fur le haut d'un ro-
cher escarpé de tous les côtés. Il n'y a qu'un chemin très-
étroit pour y aller, Cx la porte elt taillée dans le roc. Il y
a même fur le haut de ce rocher de la terre , qui pourroit
produire de quoi nourrir une petite garnifon. On dit que
c'eft dans la ville de Palude , qu'ont été inventées les pre-
mières lettres Arméniennes.
PALUELLE,petite rivière de France, au pays de Caux
en Normandie. Elle a fa fource un peu au-deflbus de l'él
glife paroiffiale de S. Melon , arrofe S. Riquier , pafle par
les moulins Se les ponts de Grions Se d'Ourmesnil, Her-
ville , Hanonart , Grainville-la-Teinruiicre , le petit Mot-
teviîie, Barville, Cani, Crosville, Vite/leur Se Palud :
& après un cours de quelques lieues dans un vallon affez
reflerre , elle entre dans la Manche ou mer Britannique '
une lieue au-deffous del'églife de Paluel. Cette petite ri-
vière eft renommée par les excellentes truites qu'on y pê-
che. * Corn. Dict, fur des mémoires dreflés fur les lieux
PALÙMBINUM, ville d'Italie : Tite-Live, /. 10. c.
4f. la met chez lesSamnires, & dit qu'elle fut pri le par
Carvilius. >
fym.IV. Ddddd y
764 PAL
PALUS , ville aux environs du Péloponnèfc, félon Poly-
be , /. j.c. y Curopalate en fait un lieu maritime avec fta-
tion , dans le Péloponnèfe \ mais Cedrene écrit Helos au
lieu de Palus ? Ortelius croit qu Helos eft la véritable or-
thographe. Voyez.. Paioenta.
PALUS-MEOTIDE (ie), Palus Mmis, grand gol-
fe , ou mer , entre l'Europe & l' Afie , au nord de la Mer
Noire , avec laquelle le Palus Méotide communique par
le moyen d'une embouchure appellée anciennement le
Bosphore Cimmérien. Les anciens lui ont donné tantôt le
nom de lac, tantôt celui de marais. Pline , /. i. c. 67. &
/. j. c, 27. Se Pomponius Mêla , /. 1. c. 1 . Se 2. fe fervent
indifféremment des mots Lacus Se Palus pour défignet
cette mer. En effet on pourroit ne la confideter que com-
me un grand marais , attendu le peu d'eau qu'on y trouve
en plufieurs endroits. Lucain dit , /. 2. v. 641.
Pigra Palus Scythitipatiens M&oùca plaufirk
Les Grecs, comme Strabon , /. 2. pk 1 25. le Çériple de
Scylax,p. 30. & Ptolomée, /. 5. c. 9. défignent cette mer
par le mot de A/^wi , qui répond auffi au mot marais.
Depuis l'ifthme qui joint la Cherfonnèfe Taurique
au continent, jusqu'à l'embouchure du Tanaïs, aujour-
d'hui le Don, le Palus Méotide s'étend du fud-oueft
*u nord-eft. Strabon lui donne neuf mille ftades de cir-
conférence , & le Périple de Scylax juge que fa grandeur
répond à la moitié de celle du Pont-Euxin ■■, mais il leur
étoit très-difficile de marquer au jufte l'étendue d'un en-
droit peu connu , & habité par des nations barbares ,
puisqu'aujourd'hui même tous les géographes ne font pas
encore d'accord fur la véritable grandeur du Palus Méo-
tide. Les peuples qui habitoient fur fes bords étoient ap-
pelles anciennement M&ou> Maotici Se M&oùdâi. Ptolo-
mée qui a décrit la côte du Palus Méotide y met les lieux
faivans.
* Nova. Mœnia ,
L'embouchure du Pa/tacus ,
Lianum ,
L'embouchure du Eycus ,
Acra ,
L'embouchure du Gerus ,
Cnema ,
Le promontoire à'Agarum ,
Lucus-Saltus-Dei ,
L'embouchure du Lycus ,
Hygris ,
L'embouchure du Pcritus ,
Caroea ,
L'embouchure occidentale du Ta-
naïs ,
L'embouchut e orientale du fanais.
PAM
Dans la Sarmatie
Européenne , de-
puis l'ifthme jus-
qu'au Tanaïs.
Dans la Sarmatie
Afiatique, depuis
le Tanaïs jusqu'à
l'entréedu Bospho-
re Cimmérien.
<
Faniardist
L'embouchure du Marubius,
Patarve ,
L'embouch. du Grand Rhombitus,
L'embouchure àxxïbeophaniits ,
Az.ara ,
L'embouch. du Petit Rhombitus ,
Az.abitesmiflra ,
Tyrambe ,
L'embouchure de VAtticitus ,
Gerufa ,
L'embouchure du Pfatis ,
Mapeta ,
L'embouchure du Vardanui,
Le Promontoire Cimmerium,
Apathurgus ,
AthilUum.
Dans la Cher fon-C T n •- xm
v/- t- j \ Le Promontoire Myrm&ctum ,
nefe Taurique, de- 1 „ . J
• 1. . ' j r> J "arlbemum.
puisl entrée du Bos-< „ ,. *
u » ., „ 1 - 1 neracltum ,
phore jusqu au gol3 1 L '
fedeByce. £ Legoitede ti)ce.
Aujourd'hui le Palus Méotide qui a confervé fon an-
cien nom , & qu'on appelle auffi la Mer de Zabache , eft
habité au nord par les petits Tartares , à l'orient Se an
midi , en partie par les Circafîïens , & à l'occident méri-
dional par les Tartares Crimées. Les places les plus re-
marquables font :
Depuis l'Iffhme jusqu'au
Tanaïs.
f Or
\ Mi
ou Precop,
Mius ,
Taganirok.
Depuis le Tanaïs jusqu'au
Bosphore.
Azoph ou Azack ,
Kuban ,
Giana ,
Temruk ;
Taman.
PALUTZO, ou Palutze. Voyez. Pautalitorum.
PAMAR1ENSIS, fiége épiscopal d'Afrique, dans là
Mauritanie Céfarienfe, félon la notice épiscopale d'A-
frique , où Longinus eft qualifié Epïscopus P amarïenfis .
PAMBESTITANA COLONIA, ville d'Afrique, fé-
lon Ortelius, Thejaur. qui cite les lettres de faint Cy-
prien.
PAMBOTADES , municipe de l'Attique, Etienne le
géographe & Suidas le mettent dans la tribu Erechthei-
de. * Ortel. Thefaur.
PAMES ANGE, bois de France, dans la maîtrifedes
eaux Se forêts de Moulins. Il eft de cent vingt-neuf ar-
pens.
PAMIERS, ou Pâmiez, ville de France, dans le pays
de Foix, dont elle eft la capitale, fur la rivière d'Ariége.
Au lieu de Pâmiez, on écrivoit autrefois Apamiez.. C'eft
pourquoi on appelle encore cette ville en Latin Apamix
ou Apamia. Les gens du pays débitent quantité de fables
abfurdes , fur l'origine de Pâmiez , dont il feroir fuperflu
de parler ici : ce qui eft certain , c'eft que cette ville ap-
pellée anciennement Fredelas, Se en Latin Fredelacum ,
appartenoit , avec le pays voifin , au comte de Carcaflbn-
ne, qui la donna, dans le onzième fiécle à l'églife de
Saint Antonin, dans laquelle on établit par la fuite des
chanoines réguliers, lesquels fe maintinrent dans leurs
droits contre les comtes de Foix qui vouloient les affujet-
tir. * Longuerue , Defcription de la France , part. 1 . p.
116.
L'Abbé Se le couvent du monaftere de Saint Anronin ,
voulant fe faire un puiflant protecteur , fe mirent l'an
1 226 : fous la fauve-garde du roi Louis VIII^ mais les rois
Philippe le Hardi Se Philippe le Bel donnèrent aux comtes
de Foix le droit de garde qu'ils avoient à Pâmiez, ce qui
ne plut pas aux abbés de Saint Antonin, qui fe plaignirent
des ufurpations du comte. Pour fatisfaire l'évêque de Pâ-
miez , qui étoit entré dans tous les droits de l'abbé de
Saint Antonin par l'érection de l'églife abbatiale en évê-
ché, fous Philippe le Bel, le comte Roger-Bernard fie
hommage à ce prélat , tant du château de Pâmiez , que
de la juftice Se de la feigneurie de la ville. L'évêque &
fon chapitre prétendirent que cette ceffion n'étoit pas
une aliénation perpétuelle faite en faveur du comte; Se
pour fe tirer entièrement de fes mains , ils aflbcierent l'an
1 308, Philipe le Bel, Se les rois de France fes fuccefleurs,
en tous les droits , tant de la juftice que de la feigneurie
directe & utile, qui leur apparrenoient dans la ville de Pâ-
miez & fes dépendances. L'abbaye de Saint Antonin de
Pâmiez étoit fi célèbre Se fi puiflante , que Boniface VIII
crut devoir y établir un fiége épiscopal , dont il créa pre-
mier évêque Bernard Saiffeti, dernier abbé de Saint Anto-
nin , par fa bulle donnée en la première année de fon
pontificat, l'an 1296. Mais Bernard étant odieux à Phi-
lippe le Bel, il l'empêcha de prendre pofreffion, Se le nou-
vel évêché fut adminiftré par faint Louis , évêque de
Touloufe, fils de Charles II , roi de Sicile, jusqu'à l'an
1 298, que le roi reçut en grâce Bernard Saifleti , dernier
abbé de Saint Antonin, & lui permit de prendre pofleiîîon
de cet évêché , diftrait du diocèfe de Touloufe, Se dont le
revenu eft de vingt-cinq mille livres. Les chanoines ré-
guliers font toujours demeurés en pofleflîon de leur égli-
fe, Se ont compofé le chapitre de la cathédrale jusqu'à
préfent , ce chapitre n'ayant jamais été fécularifé.
Il y a douze canonicats Se douze femi-prébendes, dont
le revenu eft de quinze mille livres. Les dignités qui font
au nombre de fix, font jointes à des canonicats. L'Archi-
PAM
PAM
diaconé eft la pjus confidérable dignité : fon revenu mon-
te à deux mille cinq cens livres. Il y a dans Pamiers une
collégiale , compoféc d'un doyen, qui a trois cens livres
de revenu , de huit chanoines qui ont chacun cent cin-
quante livres Se de fept femi-prébendés qui n'ont que
quarante livres de revenu. Cette ville renferme outre ce-
la plufieurs communautés religieufes.
L'ancienne cathédrale de Saint Anronin, & la plupart
des autres églifes, ont été ruinées par les Calviniiies du-
rant les troubles. Pamiers a été Couvent faccagée; ce qui la
réduite à un état fi pitoyable, qu'elle n'a pas aujourd'hui
Ja cinquième partie des habitans qu'elle avoit autrefois.
On n'y compte guère aujourd'hui que quatre mille quatre
cens perfonnes. La cathédrale eft préfentement une jolie
églife ; l'enceinte de cette ville eft grande ,& les rues font
bien percées. *Piganiol, Defcription de la France, tom.
4. pag. 416.
Le territoire de Pamiers eft très-fertile. Cette ville fait
partie du gouvernement de Foix , quoiqu'elle ne foit pas
cenfée du comté , parce que 1 evêque en eft félgneur en
partie. Elle paye les charges en particulier , & eft raxée
au dixième de tout ce que paye le pays de Foix. Elle eft
le fiége d'une fénéchauflée , 8c d'un préfidia! pour le pays
de Foix , & il y a un lieutenant de la prévôté générale de
la maréchauffée de Rouflîllon.
Aux environs de Pamiers, on voit une fontaine d'eau
minérale , qui participe du fer & du vitriol. Les goutteux
s'en fervent : elle elt auiîï d'un grand ufage pour les ob-;
ftructions.
1. PAMISUS , fleuve du Péloponnèfe , dans la Mefle-
nie , félon Paufanias , /. 4. c. 3 1. Pline , /. 4. c. j. & Su-a-
bon, /. 8. p. 344. Ptolomée, /. 3. c. 16. qui le nomme
Panifus , dit qu'il fe joignoit avec PAlphée. Il avoit fon
embouchure au fond du Golfe de Meflenie. Cependant
Strabon connoît trois fleuves de ce nom dans la Mcflenie.
2. PAMISUS , fleuve de Theffalie : Hérodote , /. 7.
€. 120. & Pline, lib. 4. c. 9. font mention de ce fleuve.
3. PAMISUS , fleuve de la Baffe-Mœfie : Pline , /. 4. c.
11. le met aux environs d'Odeffus : Ptolomée , /. 3. c. 10.
l'appelle Panyfus, 8c met l'embouchure de ce fleuve en-
tre Odejfus 8c Mefembria.
PAMMONIA , lieu dans l'Europe , où l'on trouve des
vipères. C'eft Nicander qui nous donne ce nom , fans au-
tre fpécification. Son interprète dit qu'il s'agit d'une mon-
tagne de la Mégaride. * Ortel. Thefaur.
PAMPANGA , province de l'ifle de Luçon , la princi-
pale des Philippines , dans la partie méridionale de rifle.
Gemelli Carreri , Voyage autour du Monde , t. 5. p. S3.
dit : La province de Pampanga , où finit le diocèfe de la
nouvelle Ségovie , 8c où commence celle de l'Archevêque
de Manille , fuit celle de Pangafinan. Cette province elt
grande 8c importante, parce que les gens du pays étant
bien inftruits par les Espagnols font néceffaires pour la
confervâtion de rifle; 8c effectivement on s'elt fervi d eux,
dans Manille, dans Ternate 8c dans d'autres provinces.
Le terrein eft très fertile, fur-tout en riz, àcaufe de la
grande quantité d'eaux , 8c c'eft où l'on en fait provifion
pour Manille. Elle fournit aufli le bois néceffaire pour les
vaifleaux, fes forêts étant fur la baie, 8c peu éloignées du
port de Cavité. On y compte huit mille Indiens , qui
payent le tribut en riz. Les Zambalcs , peuple féroce, 8c
les Noirs aux cheveux crépus, comme ceux d'Angola, de-
meurent dans les montagnes «le cette province. Ils font
continuellement aux mains entre eux, pour défendre les
limites de leur jurisdiction fauvage , 8c s'empêcher tour à
tour l'entrée dans le bois , où ils ont leurs pâturages 8c
leur chaffe.
PAMPANIS, village d'Egypte : Ptolomée, lié. 4. c. 5.
le place dans les terres au nord de Memnon. L'itinéraire
d'Antonin qui le nomme Papa, le met fur la route de
Cereu à Hierafycaminon, entre Contra Copron 8c Her-
munthin , à huit milles de la première , 8c à trente milles
de la féconde. Surita croit qu'on doit lire Pappanis pour
Papa.
PAMPAS, peuple de l'Amérique méridionale qui erre
fans ceffe entre leTucurnan , Buenos Ayres, 8c leChili. Ils
pillent tout ce qu'ils peuvent trou ver.LesJéfuit es ont com-
mencé à les apprivoifer , 8c à les réunir en bourgades. Ils
en ont même déjà gagné quelques-uns à J. C. On appelle
Pamporos les vents qui viennent de la Cordillère du Chili
7
& qui excitent fouvent de grandes tempêtes fut Rio de la
Plata. * Hift. du Paraguay, par le P. de Charlevoix.
PAMPELONNE, ville de France, dans le Langue-
doc, recette d'Alby. Elle eft fur le Biaur , frontière du
Rouergue. On l'appelle dans le pays Pampelune.
PAMPELUNE, ville d'Espagne, capitale de la Navar-
re, (a) près des Pyrénées, mais dans une plaine qui n'eft
commandée par aucun endroit. Cette place fut bâtie par
Pompée , après la mort de Sertorius, & la défaite de fou
parti : delà vient , qu'on l'appelloit anciennement Pom-
peïopolïs ou Pompelo. Elle elt affez grande : fon évêché ,
qui vaut vingt-huit mille ducats de rente, elt fuffraganrdc
Burgos, 8c elle eft fermée, 8c défendue par deux châ-
teaux, dont l'un eft dans la ville 8c l'autre dehors. Il y a une
place fort fpacieufe , ou l'on célèbre la fête des taureaux.
Les fortifications de Pampelune ne font pas confidéra-
bles. Ce qu'il y a de meilleur eft le château qu'on voie
hors de la ville: c'eft une citadelle bâtie par Philippe II,
pour tenir en bride les Navarrois, 8c pour arrêter les
François. Elle eft forte par fa fituation fur le roc , & flan-
quée de cinq baftions revêtus de pierres, avec de bons
foffés à fond de cuve. Au milieu de la citadelle , il y a une
place d'armes, qui eft un espace rond, où l'on fe range
en bataille , 8c d'où , par cinq grandes rues qui y aboutis-
fent, on peut aller tout droit aux cinq baftions. Du coté
de la ville , elle a une belle place avec quelques allées
d'arbres pour la promenade. Au côté oppofé par où on
pourroit l'attaquer, elle eft environnée d'un marais qui lui
îert de rempart. On y a une fort belle tour, des magafins
de poudre & d'autres munitions de guerre , 8ç un moulin
à bras pour férvir en cas de fiége. Ce moulin eft une gran-
de & merveilleufe machine , Compofée de plufieurs roua-
ges, de quatre ou cinq meules, & d'autant de trémies,
où l'on peut moudre à chacune vingt-quatre charges de
bled par jour. On peut le tourner à bras , ou le faire tour-
ner par des chevaux : 8ç Ton entretient continuellement
un homme qui connoît les refforts de la machine , & qui
la remue & la raccommode dans le befoin. Cette citadelle
eft gardée ordinairement par une garnifon , & le gouver-
neur y eft mis immédiatement par le roi. Les murailles de
la ville font baignées d'un côté par la petite rivière d'Ar-
ga. (b) Au dedans de Pampelune on remarque deux pla-
ces, avec des maifons très-bien bâties à l'enrour, 8c deux
ou trois belles rues remplies de riches marchands. 11 y a
une univerfité fondée en 1608, 8c un collège de Jéfuites.
La maifon de ville eft près du marché, ainfi que la grande
églife qui a une haute tour. Cette églife a un fort beau
cloître haut 8c bas. Elle eft deffervie par des chanoines
réguliers de l'ordre de S. Augnftin, vêtus de noir. On
n'y voit point d'autre tombeau que celui d'un Charles, roi
de Navarre, de la maifon de France, & d'Eléonore de
Caftille. Ce doit être celui de Charles III, de la maifon
d'Evreux, mari d'Eléonore, deCaftillc &roi de Navarre,
à caufe de Jeanne de France fon aïeule, fille de Louis
Hurin , laquelle ne pouvant hériter du royaume de Fran-
ce , n'avoit hérité que de celui de Navarre. Le viceroi de
ce dernier royaume fait fa réfidence à Pampelune. Sa
charge lui vaut fix mille écus d'appointemens'.
Comme l'hiftoite nous apprend que Pompée, après
avoir triomphé de tous fes ennemis , éleva dans les Pyré-
nées de magnifiques trophées, où il fe vantoit d'avoir fub-
juguéhuit censquarante-fix villes, depuis les Alpes jusqu'à
l'extrémité de l'Espagne ultérieure , c'eft-à-dire du Portu-
gal , un écrivain moderne a cru que ces trophées n'étoienc
autre chofe que la ville de Pampelune; mais cette opi-
nion eft fans fondement. Un géographe ancien témoigne
que Pompée érigea ces trophées dans le territoire de Jon-
quieres-, 8c des voyageurs habiles 8c curieux ont décou-
vert des reftes de ces trophées, dans les vallées d'Andorre
8c d'Altavaca". On y voit de grands cerceaux de fer , de
dix pieds de diamètre, attachés à des roch/rs avec du
plomb fondu. Ils fervoient à foutenir les trophées j &
l'on y a même remarqué des figures d'arcs de triom-
phe.
On croit que la ville de Pampelune a été une des pre-
mières de l'Espagne, qui ait reçu la lumière de l'évangi-
le; 8c l'on dit que faint Saturnin y ayant été envoyé de
Rome par faint Pierre , le prince des Apôtres, y conver-
tit un nombre incroyable de perfonnes, entre lesquelles
y66 PAN
fut Saint Firmin, le premier évêqùe de Pampelune. * (a).
Délices d'Espagne , p. 676. (/>) Corn. Dicl.
PAMPHAGI , peuple de l'Ethiopie, félon Pline, /. 6.
c. 30.
PAMPHIUM, ville de l'iEtolie : Polybe, /. 5. c. 1 3. dit
qu'elle fut brûlée par l'armée de Philippe.
1. PAMPHYLIA, contrée de l'A fie mineure, bornée
au nord , par la Pifidie & l'Ifaurie , à l'orient par la Cili-
cie, au midi par la mer de Pamphylie , & à l'occident par
laLycie, félon Cellarius , Géograph. antiq. I. 3. c. 6.
on trouve le nom de cette province écrit tantôt Pamphy-
lia , tantôt Pamphilia. Les meilleures éditions de Cicé-
ron, favoir celles de Gruter 8c de Gronovius, portent
presque par-tout , Pamphilia 8c Pamphilius. Dans la feu-
le épitre, /. 1 2. Ep. 15. de Lentulus au fénat, on a laiffé le
mot Pamphy liant, écrit par un Y. La première de ces
orthographes eft appuyée par quelques inferiptions an-
ciennes qu'on trouve dans Gruter, p. 458. n. 6. 8c p.
491. 11. 12. 8c par quelques autres monumens, mais en
fort petit nombre. Au contraire tous les autres auteurs
grecs 8c latins écrivent Pamphyla , ainfi qu'un grand
nombre d'inferiptions ; de forte qu'il ne feroit pas ai-
fé de décider laquelle des deux orthographes eft la meil-
leure. Cependant la queftion fe trouve comme décidée
par Etienne le géographe, 8c par Euftathe, qui dérivent le
nom de Pamphy lia, l'un de Pamphyle, fille de Rhacius
8c de Mantus; l'autre d'un certain Pamphyle, peut-être
celui dont parle Lycophron , vers 442. comme ces deux
noms font formés de <J>t/X>» ou de vvXos , qui veut dire
tribu , il femble qu'on doive plutôt pencher pour Pam-
phylia, que' pour Pamphilia. 11 y a la même incertitude
par rapport au nom des habitans de la contrée , que quel-
ques-uns écrivent Pamphili 8c Pamphilii, &c l'on ne s'ac-
corde guère mieux touchant les bornes de cette province.
Pomponius Mêla , /. 1 . c. 14. place Phafclis dans la Pam-
phylie, en quoi il a été fuivi par Pline, /. j, c. 27. 8c par
Etienne le géographe-, mais le périple deScylax, p. 39.
Strabon, /. 14. p. 6(56. 8c Ptolomée, /. 5. c. 5. mettent
Phafelis dans la Lycie. Le périple de Scylax y place même
Olbia 8c Perga , que tous les autres géographes donnent
à la Pamphylie. Voici les lieux que Ptolomée place dans
cette dernière province :
Mia,
Attalia ,
J L'Embouchure du Catarattus.
Sur la Côte , ) L'Embouchure du Ceftrus ,
Margydis,
•L'Embouchure de VEurymédon ,
ç Side.
Dans les terres,) Perge,
) Silmtm ,
Aspendus.
z. PAMPHYLIA, ville de la Macédoine, félon Etien-
ne le géographe.
PAMPII COLONI. On trouve le nom de ce peuple ,
dans le tréfor de Goltzius,qui le rapporte d'après une an-
cienne infeription, où les Pampii font joints avec les Si-
nuejjani.
PAMPLONE, ville de l'Amérique méridionale, au
nouveau royaume de Grenade , à foixante lieues de San-
ta-Fé, vers le nord eft. Les Dominicains yontunemai-
fon. On trouve aux environs de cette ville des mines
d'or; 8c l'on élevé dans ce quartier une grande quantité
de brebis.* Corn. Dict. De La'ct , Defcr. des Indes occ. /.
9. c. 6.
PAMPOLA, nom d'une ville, félon Phavorinus ,
Lexic. qui ne dit rien davantage.
PAMPORTUS. Voyez. Nauportus.
PAMPOUllG, monaftere fitué en Bavière & dépen-
dant de l'archevêché de Salrzbourg
PAMPROU, Pampro , bourg de France , dans
le Poitou , élection de Poitiers. Ce bourg eft connu dès
l'an 94$ .
PAN , on Pahan , ville des Indes, dans la presqu'ifle
de Malaca , fur la côte orientale , à 3. d. 6. m. de latitude
feptentrionale , quoique clans là plupart des carres elle
ibit marquée par les 4. d. Cette ville, qui eft la capitale
PAN
d'un royaume auquel elle donne fon nonf , eft à une lieue
du rivage. Elle n'eft habitée que pai la noblefie. Le com-
mun peuple eft dans les fauxbourgs. Son enceinte n'elt pas
grande : elle eft fermée par une paliflade de pieux carrés
qui fe touchent 8c qui ont quatre brafiés de hauteur; 8c
par quatre baftions un à chaque coin de la ville.Les rues,
qui font larges , & bordées de cloifons faites de rofeaux,
font pleines de cocos 8c d'autres arbres -, de forte que Pa-
han reffemble plus a un fauxbourg rempli de jardins 8c de
cours qu'à une ville. Les maifons font faites de rofeaux 8c
de paille, à l'exception du palais du roi qui eft* bâti de
bois.
Il y a en beaucoup d'endroits du royaume dé Pahan
quantité d'éléphans. Le roi peut mettre deux ou trois
mille hommes fur pied. Il y a des mines d'or; mais elles
font de peu d'importance. Tout le pays eft bas : il rappor-
te par an environ 300 barets de poivre. Quoiqu'il y ait
une rivière fort large, les galères n'y peuvent naviger que
de haute eau. On ne la fouhaite pas plus profonde , parce
que les vaifleaux européens qui pourroient y entrer, fefe-
roient trop craindre. ' Voyage de C. Matelief , aux In-
des or. p. 476. & 480.
PANAC , bourg de France dans le Berry, élection dé
Blanc.
PAN ACFLEI. Voyez. Panellenes.
PAN A CHAICUS, montagne du Péloponnèfe , dans
l'Achaïe; Polybe, /. 5. c. 30. dit qu'elle commandoit la
ville de Patrœ.
PA NACRA , montagne de l'ifle de Crète, an voifina-
ge du mont Ida; Callimaque en parle dans l'hymne de
Jupiter.
PAN ACRUM, ville de l'ifle de Crète , félon Etienne
le géographe.
PAN ACTUM , lieu fortifié dans l'Attique, feîon Pau-
fanias, /. 1. c. 25. 8c Thucydide : Suidas le place entre
l'Attique 8c la Bœotie,/. 4. p. 345. Ihorin l'attribue à la
Bœotie; 8c Plutarque, in Alcib'hide , Dernetrio & Nicia,
en fait aufli mention. * Ortel. Thefaur.
PAN^I , peuples de Thrace , aux environs d'Amphi-
polis , félon Thucydide 8c Erienne le géographe. Ces peu-
ples faifoient partie des Hedoni. Le nom grec eft:
Uctveuot ; cependant Phavorinus , Lexic. lit Tùmûvoi. * Or-
tel. Thef.
PANAMA, lieu dans l'ifle de Samos. C'eft Plutarque,
in quœjiion.gr&cis , qui en parle.
PANyETOLIUM, montagne deLCrolie, félon Pli-
ne, /. 4. c. 1. Tite-Live fait mention de Pan^tolium ,
enplufieurs endroits de fon hiftoire, à l'ocafion de la
guerre de Macédoine; mais au lieu de le donner pour une
montagne, ou pour une ville , ou pour quelque nom de
lieu , il le donne pour le nom du confeil, ou de l'aûem-
bléedesy£toliens.
PANAGRA, ville de la Libye intérieure. Ptolomée,/.
4. c. 6. la place fur la rive feptentrionale du Niger.
PANAMA, ville de l'Amérique méridionale, dans
l'ifthme qui joint les deux Amériques, 8c la capitale de
l'audience à laquelle elle donne Ion nom. Il y a le vieux
8c le nouveau Panama. Le vieux Panama eft détruit; c'é-
roit une des premières colonies des EspagnoL dans le
continent, à caufe delà communication des deux mers.
Cet endroit fe peupla bientôt 8c devint très-flot ilTant :
il fut détruit par le pirate Morgan en 1670. Panama
étoit ouverte de routes parts, n'ayant ni murailles, ni
fortereffes , que deux méchantes redoutes , une fur le
bord de la mer , l'autre fur le chemin de Crux. Elle pou-
voiteontenir fixa fept mille maifons, toutesbâties de bois
de cèdre. Il y en avoit quelques unesde pierre ; mais en pe-
tit nombre. Les rues étoient belles, 8c larges , 8c les mai-
fons également bâties. On y voyoit huit monafteres cane
d'hommes que de femmes , une églife cathédrale , une pa-
roiffe 8c un hôpital adminiftré par des filles religieufës.
L'évêque étoit, comme il l'eft encore, fuffrâgant de Par-:
chevêque de Lima , & primat de la terre ferme. Les cam-
pagnes éroient afiez bien cultivées ; de beaux jardins 8c
des fermes ornoient les environs de la ville. Le vieux Pa-
nama avoit été bâri en 1 5 1 8, par Diego de Espinofa , qui
en avoit reçu l'ordre de Pedrarias Davile. gouverneur de la
province de Darien. L'année fuivante Pedrarias y trans-
porta l'éveché de Sainte Marie l'antique du Darien , avec
tous les habitans, 8c jusqu'aux troupeaux. L'éveché de
PAN
fainte Marie étoit le premier qui eûr été érigé dans le con-
tinent de l'Amérique : c'eft par-là que l'éveque de Pana-
ma, quoique fuffragant de Lima, fe dit primat de la terre
ferme, ce qui n'empêche point que l'archevêque de San-
Domingo, dans Mlle Espagnole , dont le fiége eft le pins
ancienne tout le nouveau monde, ne foit reconnu primat
de l'Amérique au moins par ics Espagnols. * Voyage de
Coreal aux Indes occ. p. 1 o i . * Le 1'. de Charlevoix ,
Hift. de Saint Domingue , t. i.
Les habitans,voyant leur ville ruinée , allèrent s'établir
à quatre lieues plus loin, ôc bâtirent le nouveau Panama,
qui donne fon nom à une baie confidérable. Cette nou-
velle ville en; revêtue d'une haute muraille de pierre. On
y voit de belles églifes ôc de riches couvens. La maifon du
préfident ôc en général tous les bâtimens publics y font
magnifiques. H y a huit églifes paroiflïales ôc trente cha-
pelles. Elle eft mal fortifiée , on a mis quelques pièces de
canon fur les murailles ôc fur des redoutes qu'on a éle-
vées vers le mer.
Comme tout le commerce du Chili & du Pérou vient
aboutir à Panama , les magafins de cette ville y font tou-
jours pleins, & la mer n'y eh. jamais fans vaifleaux. 11
n'y a ni bois ni marais près de Panama Se l'on n'y eft pas
expofé aux brouillards. Les humidités commencent à la
fin de Mai ôc durent jusqu'en Novembre. Les vents de
mer y régnent alors. Ils viennent du fud-ouefi pendant
fix mois-, mais dans les fix autres ils foufflent de l'eft ôc du
nord-efi. Les pluies ne font pas tout-à-fait fi violentes à
Panama que dans les deux côtés de la baie. * Voyage de
Coréal aux Indes oc. p. ioi.
L'Isthme de VANAMA.Voyez.au mot Isthme, l'ar-
ticle l'Isthme de Panama.
L'audience de PANAMA efi: une province fituée
dans l'irthme de même nom. Elle a de longueur , entre
l'cft ôc l'oueft, environ quatre-vingt-dix lieues, & pour
bornes , vers le levant , les gouvernemens de Cârthagcne
ôc de Popayan, ôc au couchant, le château de la Veragua,
Sa largeur, où le pays efi le plusfpacieux entre les deux
mers, efi a peu près de foixanie lieues, & elle n'efi que
de dix-huit dans l'endroit où le pays efi le plus étroit,
comme entre Panama ôc Porto-Belo. Le terroir ell mon»
tueux , rude , ôc plein de marais aux lieux où il eu. plus
bas. L'air y efi: pefant ôc mal-fahr, ôc depuis le mois de
Juillet jusqu'en Novembre, ce qui efi. le tems de l'hiver, il
y pleut continuellement, ôc y tonne affez fou vent. La ter-
re ne produit guère que du maïs, ôc en petite quantité.
Elle efi meilleure pour le bétail , fur-tout pour les va-
ches , à caufe de la quantité de pâturages. Il y avoir autre-
fois de fort grands troupeaux de cochons, que les Sauva-
ges chaffoient dans leurs rets après avoir mis le feu aux
herbes ; mais aujourd'hui il y en a peu. Les arbres y abon-
dent en feuilles 6V font toujours verds ; mais ils produi-
fent peu de fruits. La mer eft poiflbnneufe , auflï bien que
les rivières , où l'on trouve un grand nombre de crocodi-
les. Cette province a été autrefois très-peuplée ôc très-
riche : les rivières y couloient de l'or-, mais on en a tant
enlevé , que les rivières ôc le pays même fembler.it s'épui-
fer. Quand on veut traverfer de Panama à Porto-Belo on
n'a qu'une journée agréable, on tombe enfuite dans des
bois.
Les officiers du royaume de l'audience de Panama font
le gouverneur, le capitaine général , le préfident , quatre
confeillers, un prévôt, un procureur général, un audi*
teur des comptes, un tréforier général, ôc un commifiai-
re général.
Le revenu de l'évêque, dont le fiége efi. le premier de
Terra Fierma , eft un des moins confidérables des Indes.
* Corn. Dict. De La'ét , Defc. des Indes occidentales, 1. 8.
e. i . ôc fuiv.
La Baie de PANAMA efi; un grand enfoncement fur
la mer du Sud. Elle s'avance jusqu'à la ville de Panama.
On y voit plufieurs petites ifles, qu'on nomme les ifies des
Perles, fans doute à caufe qu'on y en pêchoit autrefois.
Il fe jette dans cette baie plufieurs rivières, qui étoieint au-
trefois abondantes en or , ôc qui en ont encore.
Avis aux Navigateurs.
Pour aller de Panama au Pérou , il tautchoifir les trois
ptemiers mois de l'année : alors la mer efi ouverte , ôc
PAN 767
les vents de bife y foufflent. On peut auiïï voyager à Laln
d'Août ôc en Septembre, mais non fi agréablement qu'en
Janvier , Février ôc Mars. Les vents de fud ÔC de fud-
ouefi régnent le refie de l'année , ôc rendent la navigation
de Panama au Pérou fort dangereufe. Les navires qui
partent de Panama touchent aux ifles des Perles, & s'y
rafraïchifl'enr. De ces ifles on prend fa hauteur à l'ouefi ,
ôc l'on va reconnoître la pointe de Garrachine, qui eft
nord-oueft ôc fud-cft à Caboga ; de cette pointe, qui
eft une terre haute & montagneufe , la côte s'étend à Rio
de Pinas fud-oueft ôc fud-ouefi quart au fud. On voit
le long de la mer quantité de pins , dont cette côte porte
le nom. La côte s'étend enfuite fud &fud-quan a l'oueft
jusqu'à Cabo de Corientcs. 11 faut prendre garde aux
couransqui font fort rapides de ce côté-là : ils ont leur
cours à l'eft, les navires qui filent la nuit dans ces para-
ges doivent fouvent mouiller l'ancre-, ôc il leur arrive
plus d'une fois qu'au matin , croyant avoir avancé , ils fé
trouvent arrêtés, ôc même fouvent les courans les ont
fait dériver : ainfi ils font quelquefois quinze ou vingt
jours à croifer autour de ce cap fans avancer. On va en-
fuite à Palmas, & de- là à Bonaventure: de Corientes à
Palmas il y a vingt-deux lieues, ôc neuf de Palmas à la
rivière ou baie de Bonaventure. Bord à bord du rivage ,
qui efi fort élevé, gît un écueil afiez haut. C'efi l'entrée
de la baie , à trois degrés ôc demi. Tout ce côté efi bordé
de montagnes fort élevées , ôc plufieurs rivières s'y vont
jetter dans la mer.
PANANE, ville des Indes, fur la côte de Malabar,
au royaume de CV.lecut. Elle a un bon port, ôc elle eft
éloignée de Cochin d'environ cinquante milles du côté
du nord. De l'ifle, Atlas, nomme cette ville Pagani.
II la place à 1 embouchure d'une rivière, entre Calecut au
nord ôc Cranganor au midi. * Corn. Dict.
PANARA, ville de l'Arabie Heu reufe, dans l'ifle de
Pancbea , félon Diodore de Sicile , /. 5. c. 42. 11 dit que
les habitans de cette ville étoient appelles Supplians dé
Jupiter Triphylus, dont le temple étoit à foixante {fa-
des de la ville. Voyez, Panch-îa.
PANARI, l'une desfept ifles de Lipari , au nord de
la Sicile.
PAN ARIA , ifle de la mer de Toscane , au nord de la
Sicile, & l'une des ifles de Lipari. Elle eft fituée au nord
oriental de l'ifle de Lipari , environ à huit milles à l'orient
de l'ifle de Saline, environ à fix milles, & au midi occi-
dental de l'ifle de Stromboli, à peu près à même diftance.
On lui donne fix railles de circuit. File eft déferre , ôc c'eft
l'ifle Iccfia des anciens. * Rob. de Vaugondy , Atlas.
PANARO, ou Panara, rivière d'Italie. Elle a fa
fource au duché deModene, dans l'Apennin, & prend
fon cours du midi au nord. Après avoir traverfé la vallée
de Frignano , elle s'approche des confins des états du pa-
pe, qu'elle fépare de ceux du duc de Modene, & enfin
elle va fc jetter dans le Pô près de Buondeno. On la nom-
me aufil en quelques endroits Scultenna qui eft fon an-
cien nom j elle efi affez confidérable , ôc afiez dangereufe
quand elle efi groiïie par les pluies ôc par la fonte des nei-
ges de l'Apennin. * Magin , carte du Modenois ôc du Bo-
lenois. Labat , voyage d'Italie, t. 2. p. 241.
PANARRHOEA , village d'Arménie, félon Orteîius,
Thefaur. qui cite Cedrene.
PANARUCAN, ville des Indes , dans la grande ifle
de Java, à dix lieues au nord de la ville de Balambuam
Plufieurs Portugais, mêlés avec lesjavans, y font leur de-
meure. C'eft le port où ils ont coutume d aborder, lors-
qu'ils viennent des Moluques, de Banda, d'Amboine,de
Timor , & d'autres ifles , ou quand ils y vont de Malaca.
Il y a aufli des naturels du pays qui font Chrétiens: cette
ville eft murée , & a un bon port. Il s'y fait un commerce
d'esclaves , dont on transporte tous les ans une grande
quantité à Malaca. On y débite aufii un peu de poivre
long , ôc on y fait quelques-uns de ces habits de femmes
appelles cofjorins dans la langue du pays. Le roi de Pana-
rucan eft païen ; cependant il affectionne fort les Portu-
gais.
An-deflusde Panarucan, ou derrière, efi: une grande
montagne ardente de foufre. Elle s'ouvrit pour la premiè-
re fois en 1586 , mais avec une fi grande violence , qu'il
en périt plus de dix mille perfonnes. Elle jettoit des pienes
768 PAN
jusque dans la ville , & cous les environs furent pendant
trois jours couverts d'une telle fumée, qu'on eût dit qu'il
étoit nuit. * Premier Voyage des Hollandois aux Indes
orientales , p. 334.
PANASA, ville de l'Inde, en-deçà du Gange. Ptolo-
mée , /. 7. c. 1 . la place fur le bord de ce fleuve. Ses inter-
prètes lifent Panajfa pour Panafa. Quoiqu'il en (bit,
cette ville eft différente d'une autre que Ptolomée met
autTi en-deçà du Gange, & qu'il nomme Panaffa. Voyez.
Panassa.
PANASIUM , ville au voifinage de la Phrygie , félon
Nicetas , cité par Ortelius , Thejaur.
PANASSA , ville de l'Inde , en-deçà du Gange. Ptolo-
mée , l.-j.c. 1 . qui la donne aux Adifathri , la place en-
tre Asphatis Se Sageda. Voyez, Panasa.
PANOTI(Les),peupleScythéqui habitoit la Féningie,
aujourd'hui la Finlande. Les Panoti, félon Hérodote, dé-
voient leur nom à leurs oreilles qui étoient fi grandes,
qu'ils pouvoient en couvrir tout leur corps & s'en faire
un habit. * Hijl. univerf. d'une fociété de gens de lettres.
PANATORIENSIS, fiége épiscopal d'Afrique , dans
la Mauritanie Céfarienfe, félon la notice d'Afrique qui
fournit Donatus Panatorienfîs.*Harduin. Collect. t. 2. p.
874.
PANAY , ifle d'Afie , dans la mer des Indes , & l'une
des Philippines. Elle eft fituée à dix degrés quelques mi-
nutes de latit. feptent. à l'orient de l'ifle de Paragoa , Se à
l'occident de celle des Nègres , mais bien plus près de
cette dernière que de la première. Cette ifle eft la plus ha-
bitée & la plus fertile de toutes les Philippines. Sa figure
eft triangulaire, Se fon circuit de cent lieues. Les noms
de fes principaux caps font Potol, Nafo & Boulacabi.
La côte, depuis Boulacabi jusqu'à Potol, court du nord au
fud ; celle de Boulacabi jusqu'au cap d'Iloilo, qui eft plus
pe:it que les autres , va encore du nord au fud , Se celle
d'Iloilo à Nafo va de l'eft à l'oueft. Le milieu de l'ifle eft
firué tous le dixième degré de latit. Du côté du nord,
presque au milieu des deux caps de Boulacabi Se de Po-
tol , la fameufe rivière de Panay fe rend à la mer vis-à-
vis de la petite ifle Lautaya. Les Espagnols trouvèrent une
fine retraire dans fon port , avant la découverte Se la
conquête de Manille Se de Cavité. La fertilité de Panay
vient de ce que cette ifle eft arrofée de plufieurs rivières,
ce qui fait que l'on ne peut faire une lieue fans trouver
un ruiffeau qui fe rend à la mer, Se fur-tout proche de la
grande rivière qui donne fon nom à tout le pays , Se qui
l'arrofe quarante lieues de chemin. Quand il tonne dans
cette ifle , au lieu de foudre, ce font de petites croix de
pierre d'un verd noirâtre qui tombent, & qui ont, à ce
qu'on dit , une grande vertu. L'ifle eft divifee en deux ju-
risdiétions, afin que la juftice foit mieux adminiftrée. La
première, quielt celle de Panay, comprend tout ce qui
eft entre le cap de Potol & celui de Boulacabi : le relie de
l'ifle dépend de l'alcade d'Ortou , lequel fait fa réfidence
à Iloilo, qui eft fur un cap qui s'avance vers le fud , entre
les rivières de Tig, Bauan Se Jaro, Se vient à former,
avec l'ifle d'Imaraz , un détroit qui n'a pas plus de demi-
lieue de large, ou, pour mieux dire, un port ouvert. Ce
fut fur ce cap que le gouverneur D. Confalvo Ronquil-
lo , fit bâtir un fort en 168 1. Il y a dans l'ifle feize mille
trois cens foixante-une perfonnes qui payent tribut , par-
tie au roi, partie aux feigneurs particuliers, mais le tout
en riz, l'ifle en produifant cent mille boiffeaux , mefure
d'Espagne , mais peu d'autre grain. Les habitans font de
grofic corpulence, bons laboureurs Se bons chaffeurs,
l'ifle leur fourniffant des cerfs & des fanglicrs. Les fem-
mes s'occupent à faire des étoffes de diverfes couleurs. II y
a dans l'ifle quatorze paroiffes dépendantes des Auguftins,
trois bénéfices deffervis par des prêtres féculiers, & un
collège de Jéfuites, dans lequel ils adminiftrent les facre-
mens à la gamifon d'Iloilo. Outre ceux qui payent tri-
but , il y a encore de ces Noirs , qui ont été les premiers
habitans de rifle, Se que lesBifayasont obligés de fe reti-
rer dans l'épaiffeur des bois. Ils n'ont pas les cheveux fi
crépus , Se font de plus petite taille que ceux de Guinée.
Ils vivent dans les lieux les plus escarpés des montagnes
avec leurs femmes & leurs enfansj ils vont nuds comme
des bêtes, & font fi légers à la courfe, que fouvent ils
attrapent des cerfs &desfangliers. Ils demeurent autour
de l'animal jusqu'à ce qu'il foit mangé , puisqu'ils ne peu-
PAN
vent faire d'antre récolte que celle que leur donnent leurs
arcs Se leurs flèches. Ils fuient les Espagnols , non pas
qu'ils les haïffent, mais parce qu'ils les craignent. * Atlas
Kob. de Vaugondy.
1. PANCALE. Voyez. Amorgos.
2. PANCALE, ou Pancalier, petite ville cfu Pié-
mont , fur le Pô , environ à trois lieues au-deffus de la
ville de Turin. Magin, carte du Piémont , n'en fait qu'u-
ne bourgade , qu'il place à un mille à la gauche du Pô.
* Corn. Dict.
PANCALEA , grande campagne dans PAfie mineure:
Cedrene, qui en fair mention , la met auprès du fleuve
Alys ou Halys. * Ortelii Thefaur.
PANCH^.A , ifle de l'Océan , proche de l'Arabie.
Diodore de Sicile, /. 5. c. 42. qui fait mention de cette
ifle, dit qu'elle étoit habitée de naturels du pays appelles
Panchœi, Se d'étrangers Océanites, Indiens, Cretois &
Scythes. Il y avoit dans l'ifle de Panchara une ville célè-
bre, nommée Panara , & dont les habitans étoient les
plus heureux hommes du monde. On les qualifioit du ti-
tre de Supplians de Jupiter Triphylien, & ils étoient les
feuls de toute l'ifle, qui vécuffent fuivant leurs loix, fans
reconnoître aucun roi. Ils choififfoient tous les ans trois
princes , entre les mains desquels étoit remis le gouverne-
ment de la ville , mais qui n'avoient pas le pouvoir de pu-
nir de mort , Se qui étoient même tenus de porter les af-
faires les plus importantes devant le collège des pierres.
Le temple de Jupiter Triphylien étoit à foixante ftades de
la ville. Diodore de Sicile rapporte des merveilles de ce
temple. Par malheur , à ce que nous aprend Plutarque,
in lfide , l'ifle Se toutes fes beautés étoient imaginaires ,
comme l 'étoient auffi apparemment rrois autres villes que
Diodore de Sicile met dans cette ifle , favoir :
Hiracia ,
Dali s y
Oceanis.
PANCHAIA , ou Panch^a. Voyez. Panch/£a.
PANCHARIANA, ftation en Afrique, au voifina-
ge des Sitifis , félon Ammien Marcellin , /. 29. p. 428.
PANCHRYSOS. Voyez. Bérénice. N° 3.
PANCOENUS, lac fabuleux, dans les enfers , félon
Ortelius , Thefaur. qui cite Suidas.
PANCOR. Voyez. Faffelia.
PANCORVO , ou Pancorbo , bourg d'Espagne ,
avec un vieux château dans la vieille Caftille, fur le che-
min de Miranda à Burgos. * Délices d'Espagne , p. 172.
PANDA , fleuve aux environs du Bosphore de Thra-
ce. Tacite , Annal. I. 1 2. c. 16. le met chez les Soraci.
PAND/E. Voyez.? audjea.
PAND/EA , contrée de l'Inde. Les femmes y avoient
la fouveraineté depuis qu'Hercule avoir donné ce pays à
fa fille Pandée , qui y étoit née , félon Arrien , in Indicis ,
p. 321. Nifa étoit une ville de cette contrée , à ce que dit
Ortelius, Thefaur. Il ajoute que Pandaa eft la même
chofe que les Panda d'Etienne le géographe , Se que Pto-
lomée appelle ce pays navfctvw x®f>*' Voyez. PandanO:
rum Regio.
PAND/ESIA. Voyez. Pandosia.
PANDALE, contrée de l'Inde, au royaume de Car-
nate, dans fa partie occidentale, à l'Orient des montag-
nes de Gâte, Se au midi de Raolconda , ou de la mine de
diamansdu royaume de Carnate.* Atl. Rob. de Vaugondy.
PANDANA. Voyez. Saturnia.
PANDANORUM REGIO, ou Pand^a , contrée de
l'Inde, en-deçà du Gange, félon Ortelius, Thefaur. qui
cite Ptolomée. Mais la plupart de manuferits de Ptolo-
mée , entr'autres celui de la bibliothèque Palatine, lifent
nai'Jawi' %wpa , Pandonorum Regio. Ptolomée, /. j.c. I.
place quatre villes dans cetre contrée :
Labaca ,
Sagala ,
Bucephala ,
Jomufa.
PANDARANE , ville des Indes, dans le royaume de
Calecut,fur la côte. Davity, royaume de Calecut , die
qu'elle eft éloignée d'une journée Se demie de Calecut, &
que c'eft une place peu confidérable Se peu peuplée.
PANDARI. Voyez. Ponamus.
PANDARUM. Voyez. Tanadaris.
PANDASSO, ou Pandafa, ville de l'Inde, au-delà
du
PAN
PAN
du Gange. Ptolomée , /. 7. c. z. place Pandafib entre Po-
fmara 6c Sipiberis.
PANDATAR1A , ifle d'Italie, dans la mer Tyrrhene,
félon Pline, /. 3. c. 6. Strabon, /. 5. p. 233. & Suétone,
in Augufto, c. 6$. & in liber, c. $ 3. C'étoit autrefois un
lieu d'exil, où Augufte fit renfermer fa fille Julie. Agrip-
pine y fut aufli reléguée par Tibère , 6c y mourut. Il y en
a qui prétendent que c'eft présentement fine de Palmito-
la ; mais D. Mattheo Egitio , dans fa lettre à l'abbé Lan-
glet du Fresnoy , prétend que cette ifle fe nomme aujour-
d'hui Venjotene.
PANDION, colline, dans la Carie, félon Pomponius
Mêla,/, i.c.16.
PANDIONIS REGIO , contrée de l'Inde, en-deçà du
Gange. Ptolomée, /. 7. ( . 1. la place dans le golfe Agari-
que, & il y met les lieux fuivans :
Le Promontoire Cory
ou Calligiqiie >
Argari ,
Salur.
PANDONIA. Voyez. Panthia.
PANDORÀ. Vtyez.THEssM.iE.
PANDORE, peuples de l'Inde. Pline, /. ;. c. 2. dit
qu'ils vivent jusqu'à deux cens ans, & qu'ils ont les che-
veux blancs dans leur jeuneffe , 6c noirs quand ils vieil-
lirent.
1. PANDOSIA, ville d'Italie, chez les Lucaniens, fé-
lon Juftin, /. 12.C. 2. Strabon, /. 6. p. 156. dit que c'é-
toit autrefois le palais royal de l'CEnotrie, &. Mutarque ,
de Fortuna Rom. qui fait aufïï mention de cette ville,
écrit Pandefia pour Pandojia. Niger dit que Théopompe
appelle cette ville Mardonia. Quelques-uns croyent que
c'eft aujourd'hui Cafiro Franco s mais d'autres veulent
que ce foit Mendicino.
2. PANDOSIA, ville de l'Epire, félon Strabon, /.
7. p. 324. 6c Juftin , /. 12. c. 2. Elle étoit dans les
terres.
PANE AS, ou Panéade {a), ville de Syrie, appellée au-
trefois Laefem, puis Dan , depuis la conquête qu'en fi-
rent quelques Ifraëlites de la tribu de Dan (Z>); enfuite
Panéas à caufe du mont Panius au pied duquel elle étoic
fituée i puis Céfarée de Philippe en l'honneur de l'empe-
reur Augufte à qui i hilippe, fils du grand Hérode la con-
facra (c). Hérode fon père y avoit fait bâtir affez long-
tems auparavant un temple magnifique à l'honneur d'Au-
gufte (Ù). Enfin le jeune Agrippa changea fon nom de
C farée en celui de Nérodiane , en l'honneur de Néron.
Du tems de Guillaume de Tyr on l'appelloit Belinas.
Quelques-uns doutent que Panéas foit la même que Dan.
Eufebe , 6c Saint Jérôme , in Dan , les distinguent
manifeftement , puisqu'ils difent que Dan eft à quatre
willes de Panéas fur le chemin de Tyr. Mais la plupart
les confondent, & faint Jérôme lui-même , in Ez.ech. 48.
dit que Dan ou Lefem s'appella dans la fuite Panéas. El-
le étoit fituée à l'endroit où le Jourdain commence à for-
tir de terre , après avoir coulé quelque espace par des ca-
naux foucerreins. * (a) D. Caimet , DicL (b) Judic. 18.
1.2. 3.&C. (c) Jofeph, Ant. /. 18. c. 3 . {d) Ibid.l. 15.
c. 1 3.
Comme Pline ne connoîc point de ville nommée Pa-
néas , mais feulement une contrée ou tétrarchie qui
avoit pris fon nom de la fontaine Panéas, & quil'avoit
communiqué à la ville de Céfarée , le P. Hardouin con-
clut que Panéas eft le nom de la contrée dans laquelle
étoit bâtie la ville appellée Céfarée de Philippe. Il con-
vient pourtant que cette ville fut nommée Céfarée Pa-
néas , du nom de la fontaine Panéas , 6c il rapporte à
cette occafion l'infcription d'une médaille de laic-Auré-
le , où on lit : kaic. CEB. iep. kai. AC . rn. nA-
NEia. Ainfi , conclut le P. Hardouin , lacon rée Panéas
paroît avoir pris fon nom de la fontaine, comme le di-
fent Pline 6c Etienne le géographe , & de la montagne
d'où fort la fontaine -, car Eufebe , Hiji. Ecelcf. !.. 7. c. 1 7.
appelle cette montagne W<Lvitw ô'psç, c'eft- à-dire la mon-
tagne Panius ou Pav'uim.
PANEBI , peuples de Libye , félon Stobée. , de Se-
■pultura, cité par Ortelius, Tbcfiur. La coutume de
ces peuples étoit d'enterrer les corps de leurs rois ; mais
ils gardoient la tête qu'ils faifoient dorer, & ils la met-
toient enfuite dans leur temple.
PANEGO, peuple de l'Amérique feptentrionale ±
dans la Louïfiane, aux environs de la route que le
fleur de la Salle tint pour aller de la baie de S. Louis
aux Cenis. Ce peuple n'eft pas fort confidérable.
PANELLENES , 6c Panacbti ; Strabon , /. 8. p.
370. 6c Etienne le géographe, donnent ces noms à
rous les Grecs pris en général.
PANELUS , ville voifine du Pont , félon Etienne
le géographe.
PANEMUTICHENSIS , fiége épiscopal de la fé-
conde Pamphylie. Faufius Panemuticborum fouferivit au
concile de Nicée de l'an 3 2 j , 6c Cratinus à celui de
Rome de l'an J03. * Harduin. Colled. Conc. t. 1. 317.
t. z. 987.
PANEPHYSIS, ville d'Egypte. Ptolomée, /. 4. c.
j. en fait la capitale d'un nôme appelle Neut. Le
troifiéme concile d'Ephèfe lit Panephe/is pour Pane-
pbyfis.
PANEUM. Voyez. Pantum.
PANEURA , ville de l'Inde. Etienne le géographe
la place près du fleuve Indus.
PANEX , village de la Suifle , dans le canton de
Berne , au mandement d'Aigle dans la montagne. Il y
a dans ce lieu des fources d'eau falée , 6c au voifinage
des montagnes entières de très-beau gips ou plâtre , 6c
quelques carrières de marbre noir. * Etat & Délices
de la Sitijfe, t. 3. p. 238.
PANGA, ville d'Afrique, au royaume de Congo,
& la capitale de la province de Bambo ou Bamba. Elle
eft fituée à trente-fix lieues de la côte , à moitié che-
min de Pambo 6c de Songo , 6c à fix journées de Lo-
vando S. Paulo. Cette ville eft fort grande ; mais les
maifons ne fe touchent pas , 6c font à peu près com-
me celles de Lovango 6c de Cagongo. Il y a quelques
temples enduits de terre graffe. Panga eft baignée par
deux ruiffeaux , 6c Ces environs font montueux. Son prin-
ce, qui a le titre de duc , eft le plus puiffant de tous les
vaffaux du roi de Congo 6c le général de l'armée roya-
le. Il commande à quantité de villages , 6c a des pré-
rentions fur les Anbondanes ,qui demeurent au raidi de
Danda ; mais le roi d'Angola en eft en poffeffion , 6c
foutient que tour le pays qui eft entre les rivières de
Danda 6c de Quanza eft de fon domaine. * Dapper ,
Defcr. de la Baffe-Ethiopie , p. 342.
PANGASINAN , petite province des Philippines,
dans la mer des Indes, entre Manille 6c Cagayan , ou
nouvelle Ségovie. * Le P. de Cbarlevoix , Mémoires
mànufcrits.
PANG^£US , montagne de la Thrace , félon Pline , l.
4. c. 11. qui dit que le fleuve Neftus en mouilloit le
pied. Dion Caffms, /. 47. p. 347. femble la placer dans
la Macédoine , au voifinage de la ville de Philippe ;
mais elle étoit dans la Thrace & aux confins feulement
de la Macédoine. On la nommoit auparavant Cara\-
man'ms. * Ortelius , Thefaur.
PANGO, province d'Afrique , au royaume de Con-
go , où elle a le quatrième rang parmi les provinces ,
avec titre de marquifat. Le P. Labat, t. i.p. }$. dans
fâ relation de l'Ethiopie occidentale, dit que cette Pro-
vince s'appelloit autrefois Panga Logos, 6c qu'elle avoit
le titre 6c les prérogarives de royaume. Elle a perdu ces
avantages depuis que les rois de Congo l'ont conquife
6c réduire au rang des autres provinces de leur état. Elle
eft bornée du côté du nord par le duché de Sundi , par
le fleuve de Barbola à l'orient , par les montagnes du
Soleil 6c par le pays de Dembo au midij par le du-
ché de Batta à l'occident. La même relation ajoute : La
capitale du marquifat de Pango s'appelle Banz.a-Pango.
Elle eft fituée fur les bords du fleuve Barbola , affez;
près de l'endroit où il fe perd dans celui de Coango.
Les mœurs de ces peuples font fi femblables à celles
du refte des peuples du royaume , qu'il n'eft pas néces -
faire d'entrer dans aucun détail à cet égard. Il fuffir de
renvoyer le lecteur à l'article Congo. Voyez, au mot
Banz.a ce que j'ai dit de la province de Pango & de fa
capitale Banz.a-Pango , fur le témoignage d'écrivains
qui avoient precédé* la relation du père Labat.
PANGTI, ville (Scforterefle de la Chine, dans la
Tom, IV. Eeeee
PAN
77°
province de Quangfi , au département de Kingyven ,
troifiéme métropole de la province. Elle eft de 10 deg.
14 min. plus occidentale que Peking , Tous les 24 deg.
17 min. de latitude feptentrionale. * Atlas Sinenfis.
PANGXUI , fortereffe de la Chine, dans la provin-
ce de Queicheu , au département de Tucho , huitième
métropole de la province. Elle eft de 10 deg. 18 min.
plus occidentale que Péking, fous les 25 deg. 13 min.
de latitude feptentrionale. * Atlas Sinenfis.
PANHELLIENUS, montagne de rifle dVEgine ,
félon Ortelius , Thefaur. qui cite Gyraldus, in Syn-
tavmate Dcorum.
PANHORMUS. ^«.Panormus.
PANIA , port de la Cilicie , félon Etienne le géo-
graphe.
PANIA-FOULI ( Lac de) , lac d'Afrique , au pays
des Foulis , au fud de la rivière du Sénégal. Sa forme eft
ovale. Il a fix lieues de long du nord au fud , Se trois de
largeur de l'eft à l'oueft. Lorsque l'inondation du Sé-
négal celle , la plus grande partie du lac demeure à
fec, Se produit d'abondantes moiflbns de maïs, de riz,
de tabac & de légumes. * La bat , Afrique occidentale.
PANIARDI , ancien peuple de la Scythie, en-deçà
de l'Imaiis , félon Prolomée , /. 6. c. 14.
PANIARDIS, ville de la Sarmatie Afiatique : Pto-
lomée , /. 5. c. 9. la place entre les embouchures du
Tanaïs Se du Marubius.
PANIASSA , peuple de l'Amérique feptentrionale ,
dans la Louïfiane , le long de la rivière des Akanfas ,
à foixante ou foixante-dix lieues de l'embouchure de
cette- rivière, dans le fleuve de Miffiffipi.
PANIGENA, ville de l'Inde, en-deçà du Gange,
félon Pcolomée, /. 7. c. 1. qui la place dans le golfe
même du Gange , entre Faluga Se Conagara. Les in-
terprètes de Ptolomée , au lieu de Panigcna , lifent
Nanigœna.
PANIGERIS. Voyez. Nanigeris.
PANILLEUSE , paroifie de France, au diocèfe de
Rouen , dans le Vexin Normand , avec titre de mar-
quifat. Elle eft firnée dans une campagne fertile en bons
bleds, entre Andely & Vernon, à deux lieues de l'une
& de l'autre de ces villes , près du prieuré de Sauffeufe.
Ce marquifat comprend les paroifles de Panilleufe , de
Méficres , de Precigny-le-Val , de Nezay Se autres. *
Corn. Dièt. fur des mém. manuferits.
PANIMAHA , nation de l'Amérique feptentrionale,
dans la Louïfiane, au midi des Aiaouez, dans le pays
des Parus , au bord de deux petites rivières qui fe jettent
dans celle de Panis par 42 deg. 30 min. de latitude , &
à environ quatre-vingt lieues à l'occident du Miiîifllpi.
Cette nation eft confidérable. Elle a autour de douze
villages. Son nom fait juger que c'eft un affemblage de
deux peuples voifins , qui font les Panis 6c les Maha.
Apparemment que d'intelligence ils fe font réunis pour
cabaner enfemble.
PANINORUM URBS , ville au voifinage de la
Galatic , félon Méraphrafte , dans la vie de faint Théo-
dore l'archimandrite.
PANION. Voyez.?AmvM.
PANIONIA , nom que Pline , /. j. c. 25. donne à
une contrée de ï'Ionie. Voyez. Panionium.
PANIONIUM , ville Se bois facré , dans Ï'Ionie ,
fur le bord de la mer , près d'Ephèfe Se de Samos , fé-
lon Etienne le géographe. Diodore de Sicile & Héro-
dote ,l.i. n° 148. placent Panionium , aux environs de
la montagne Micalès , qui n'étoit pas éloignée d'Ephèfe.
C'étoit dans ce lieu que s'affembloient les habitans des
villes de Ï'Ionie qui y célébroient une fête en l'honneur
de Neptune Héliconien. Pline, /. 5. c. 29. fait de ces
lieux une contrée qu'il nomme Panionia ; &c Pompo-
nius Mêla, /. y, c. 17. appelle Panionium, une con-
trée facrée.
PANIPAT , ville» des Indes . entre l'Inde & le Gan-
ge, à douze milles de Toglocpour , félon Petis de la
Croix , Ni/h de Timur-Bec , /. 4. c. 1 7.
1. PANIS , ifle dans le golfe Arabique , félon Pto-
lomée , I.4. c. 8. Ortelius croit qup c'eft la même que
le périple d'Arricn appelle Orine. Voyez. Orine.
a. PANIS, ville de la Thrace, dans la province
PAN
d'Europe , félon Ortelius , Thefaur. qui cite le fixiéme
concile de Conlîantinople.
3. PANIS. Voyez. Panos.
4. PANIS , petite rivière de l'Amérique feptentrio-
nale , dans la Louïfiane , qui fe décharge dans la rivière
des Canfez.
j. PANIS , grande nation de l'Amérique feptentrio-
nale , dans la Louïfiane. Une partie de cette nation
habite fur les deux bords du Miffouri , au-deffus des
Aiaouez , à plus de cent lieues à l'occident du Miffiffi-
pi . Se l'autre partie habite le long d'une petite rivière j
à laquelle elle communique fon nom, Se qui fe jette dans
le Miflburi. Voyez, l'article précédent. Les Panis ont
plus de cinquante villages dans ces deux cantons. Leur
pays eft beau Se entrecoupé de plufieurs rivières Se
ruifleaux , qui fe jettent dans la rivière des Panis , Si
arrofent plufieurs belles prairies très-fréquentées de bœufs
fauvages.
PANISCOLA. Voyez. Peniscola.
PANISSA. Voyez, Paniasus
1. PANIUMi promontoire d'Europe, fur la côte
du Bosphore de Thrace. Pierre - Gilles , de Bosphoro
Thrac. 1. 2. c. 24. dit , après Denis de Byfance , que ce
promontoire eft parallèle aux ifles Cyanées. Ortelius,
Thefaur. dir qu'on le nomme aujourd'hui vulgairement
Phanorion. Il ajoute que Zonare , Nicetas Se Cedrene
ont parlé de ce promontoire.
2. PANIUM, ou Pan ion , nom d'un lieu , dir Suidas ,
où il y a auflî un château , fur le rivage appelle pa-
reillement Panion , aux confins d'Héraclée. Suidas au-
roit bien dû nous dire de quelle Héraclce il entend
parler.
3. PANIUM, caverne de Syrie, dans la montagne
Paneus } près de la fource du Jourdain , où Hérocie
le Grand fit bâtir un temple de marbre blanc en l'hon-
neur d'Augufte. * D.Calmet, DicL Jofcph, Ant. 1. ij.
c. 13.
4. PANIUM , contrée de la Thrace , au-deffus du
mont Haemus , félon Ortelius , Thefaur. qui cite Chal-
condyle.
PANIURUS. Voyez, Paliurus.
PAN1US , ou Paneus , montagne de Syrie. On la
nommoit auffi Hermon : Elle faifoit partie du mont
Liban , & au pied étoit fituée la ville de Panéas , com-
me le dit faint Jérôme , in Hermon vel Aermon. On
dit qu'il y avoit un ancien temple fur cette montagne,
Se qu'elle étoit fi haute que l'on y voyoit de la neige
pendant tout l'été. * D. Calmet, Dicl.
PANIZA. Voyez, Paniassus.
PANLOQ , ifle de la mer des Indes, l'une des ifles
Palos ou Nouvelles Philippines. Elle fut décou-
verte en 17 10 par le fergent-major dom François Pa-
dilla, Espagnol. Voyez, au mot Nouvelles Philippi-
nes l'hiftoire de cette découverte. A une lieue au large
de l'ille de Panloq , dom Padilla ayant pris hauteur ,
fe trouva par 7 deg. 14 min. de latitude nord. Peu de
tems après , quatre bateaux chargés d'Infulaires s'ap-
prochèrent de fon bord , fe tenant néanmoins au large
de la longueur d'un demi-cable ; Se peu après ces qua-
tre bateaux furent fuivis de deux autres. Enfin quel-
ques-uns des Infulaires, qui étoient dans les bateaux,
fe jetterent à la mer, & afriverent à bord du vaifleau
Espagnol. Ils ne cherchoient qu'à voler ce qui pouvoit
leur tomber fous la main , Se fe jettoient enfuite à la
mer. Dom Padilla, voyant jusqu'où ces barbares por-
toient l'avidité , fit mettre les foldats fous les armes ,
& fit figne aux Infulaires de ne point approcher. Enfin
ceux-ci prirent leur route vers la terre ; mais en fe re-
tirant , ils décochèrent plufieurs flèches -, ce qui obli-
gea à faire feu fur eux. A ce bruit ils fe jetterent tous
à la mer , Se abandonnèrent leurs bateaux , nageant
droit à terre avec une vîteffe extraordinaire. Puis
voyant qu'on ne tiroir plus , ils regagnèrent leurs ba-
teaux , s'y embarquèrent Se s'enfuirent à toutes rames.
Ces Infulaires vont tout nuds.
Quelques-uns d'eux fe peignent le corps de diverfes
couleurs. Leur peau eft communément de couleur oli-
vâtre ; mais d'autres l'ont plus noire. Us ne portèrent
que quelques cocos à bord du vaiffeau espagnol.
PANNONA , ville de l'ifle de Crète : Ptolomée,
PAN
Dans les terres
Sur le bord du Danube ^
/. 3. c. 17. la place dans les terres encre Gorlyna 8c
Gnôjjus:
PANNONIE , Pannonia , ancienne contrée de l'Eu-
rope , Se qui a toujours été regardée comme une de
Ces principales parties. Pline, /. 3. c. 25. die qu'elle avoir
le Danube au nord , Se la Dalmatie au midi. Selon Dion
Caffius , /. 49. p. 41 3. les Pannoniens habitoient fur le
bord du Danube, & étoient bornés des autres côtés par
la Dalmatie, par le Norique, Se par la Myfie Euro-
péene , autrement appellée Mœfie. Jornandès , de rebi
Getic. c. jo. dit: La Pannonie , qui s'étend en une grande
plaine , a la 'Haute - Mœfie à l'orient , la Dalma-
tie au midi , le Norique au couchant , Se le Danube
au nord.
Ce pays fut une des premières conquêtes de Philip-
pe , roi de Macédoine. Les Pannoniens s'étant révoltés
peu de tems après , Alexandre le Grand les aflujettit
de nouveau avec Pillyrie & l'Esclavonie. Les Gaulois ,
conduits par Brennus & Belgius , conquirent depuis la
Pannonie fur Ptolomée, furnommé le Foudroyant, qui,
indigné de ce que Ptolomée fon père, roi d'Egypte,
lui avoic préféré Ptolomée Philadelphe fon cadet, s'é-
toit joint à Séleucus, roi de Syrie, & après s'être em-
paré de la Macédoine , s'y étoit établi en époufant fa
propre fœur Arfinoé , veuve du dernier roi Lyfimachus,
& en faifant mourir deux jeunes princes qu'elle en avoir
eus. Jules Céfar enleva une partie de la Pannonie aux
Gaulois , Se les Alpes Pannoniques , par lesquelles il
s'en ouvrit le chemin, furent appellées Julie s , de fon
nom. Augufte y pouffa encore plus loin fes conquêtes
qui lui firent mériter l'honneur du triomphe : Se Ti-
bère acheva de la foumettre avec diverfes autres con-
trées voifines. Les Pannoniens depuis ce tems- là demeu-
rèrent tributaires des Romains , jusqu'à la décadence
de l'Empire, qu'ils furent aflujettis parlesGoths, Se en-
fuite par les Huns. Ce fut de ces Huns que la Panno-
nie reçut le nom de Hongrie, lorsqu'ils s'y furent re-
tirés Se établis après la victoire qu'Aetius , capitaine Ro-
main , Se Merouée , père de Childeric , remportèrent
fur leur roi Attila dans la plaine de Châlons fur Mar-
ne. D'autres difent que la Pannonie changea de nom
fous l'empereur Arnould , vers Pan 900 , lorsqu'une na-
tion , fortie de la Scvthie ,' défit les Huns en une batail- Dans les terres,
le, Se que s'étant mêlée avec le refte de ces peuples ,
qui avoient reconquis cette province fur les Lombards,
par qui elle leur avoir été enlevée, elle occupa tout ce
qu'on appelle aujourd'hui Hongrie. On compte quatre
empereurs venus de la Pannonie , favoir, M. Aurelius
Probus , Cn. Meffius Decius, furnommé Trajan, Flave
Jovien Se Flave Valentinien , fils d'un Gratien qui ven-
doit des cordes à Gibale. * Corn. Dict. Hift. & Defcr. du
royaume de Hongrie.
11 paroît que la Pannonie fut divifée par les Romains
beaucoup plutôt que ne le furent les contrées voifines,
comme le Norique & la Rhétie ; mais ce fut la divifion
en Haute Se Basse Pannonie qui précéda, & non
la divifion en Première Se Seconde Pannonie.
La Haute Pannonie étoit bornée , félon Ptolo-
mée , au couchant par le mont Cetius , Se en partie
par le mont Carvancasi au midi par une partie de l'I-
flrie & de l'Illyrie ; au nord par le Norique Se par le
Danube jusqu'à l'Arabon -, & à l'orient par la Baflè-Pan-
nonie. Elle étoit moins large que la baffe d'orient en
occident ; mais elle avoir plus d'étendue du nord au
midi. Ptolomée, /. 2. c. i$- place dans cette province
les villes fuivantes >
PAN 77 ï
Noviodunum ,
Sacarbantia j
Murocla ,
Lentudum ,
Currodumim ,
Siscia ,
Olimacum,
Valena ,
Bjlentium ,
Soroga ,
Sifopa ,
Vifomutm ,
Pratorium ,
Magniana ,
Emoncii
La Basse Pannonie comprenoir le refte des terres
au midi du Danube , depuis l'Arabon jusqu'à la Mœ-
fie , Se s'étendoit du côté du midi jusqu'aux montagnes
de la Dalmatie. Ptolomée, /. 2. c. 16. met aulli dans
Cette province un grand nombre de villes, favoir :
Curta ,
Salva , 1
Carpis ,
Aquincum ,
Salinum ,
LuJJ'onium,
Lugiomtm ,
Teutoburgium »
Cornacum ,
Acumincum
Rhitium,
Taurunum.
Bcrbis ,
Serbimtm ,
Jaollitm ,
Certifia ,
Murfelld,
Bibalis ou Cibalis ,
Marfo?iia ,
Vacontium,
Mufia Colonia ,
Salis ,
BaJJiana ,
Farfium ,
Sirmium.
Sur le bord du Danube,
Dans les terres ,
Juliobotia ,
Camus ,
Flexum ,
Chertobahts ,
Bregaetium.
Sala ,
F aetovium ,
Savaria , ou Sabaria ,
Rhitpia ,
Vinundria ,
Bononia ,
Andauionium,
Dans la fuite, la Haute-Pannonie fut appellée
Première Consulaire , & la Basse , Seconde Con-
sulaire. Depuis il y eut diverfes fubdivifions. Les
autres , qui fe trouvoient bornées par la Save Se la Dra-
ve, furent appellées Pannonia Savia , Riparensis
ou Ripensis,& Valeria ou Interamnia. Celle qu'on
nommoit Savia étoit la partie méridionale de la Pan-
nonie Inférieure, qui, s'étendant le long de la rivière de
Save , en prenoir le nom. On l'appelloir aufii par cette
raifon Ripensis ou Riparensis. Divers auteurs mo-
dernes l'ont nommée autrement , ou toute ou en par-
tie , à caufe de quelques-unes de Ces villes. Ortelius »
Tbefaur. par exemple, avance qu'Aurelius Victor donj
ne à une partie delà Pannonie le nom de Pannonia Bu-
balia , Se à une autre celui de Pannonia Sabaria. Mais
il elt certain qu'Aurelius Victor ne connoît point ces for-
tes de Pannonies. Il dit feulement dans un endroit , in
Decio : Decius è Pannonia inferiore , Bubalia natus ,
Se dans un autre , in Didio Julia.no : Niger Pescennius
apud Amiochiam , in Pannonia Sabaria Septimius Se-
vents , creantur Augufli ; de forte qu'on peut unique-
ment conclure de ces témoignages d'Aurelius Vicror ,
que Bubalia ou Bubalis étoit dans la Pannonie Infé-
rieure, &que Sabaria étoit dans la Pannonie Supérieure.
Selon Ammien Marcellin , /. 28. c. 3. la Pannonie
Valeria étoit une autre partie de la BaffePannonie ;
&, comme elle fe trouvoit renfermée entre le Danube Se
h Drave , on l'appeila aurTi Interamnia.
PANOPE , ville de la Phocide : Paufanias, /. 10. c,
Tvm, IV. E e e e e ij
PAN
772.
4. dit qu'elle étoit à fept ftades de Daulis , & Strabon ,
/. 9. p. 41 6. la met au-deflus d'Orchomene. 11 eft fouvent
parlé dePanope dans Homère, A. v. ;8o. qui, entre au-
tres dans l'Odyflee, lui donne le fui nom $ agréable pour
Jes danfes. Hérodote , /. 8. c. 34. Ovide, Mctamorpb.
L z.v. 19. Etienne le géographe Ôc Hefychc font auïfi
mention de cette ville.
PANOPOLIS, ville d'Egypte, dans la Thébaïde.
Prolomée, /. 4. c. ;. qui la nomme Panorurn Qvitas ,
dit qu'elle étoit la capitale du nôme Panopolites. L'iti-
néraire d'Antonin appelle cette ville Pano , ôc Simler
croit que c'eA le Peamum de la notice des dignités de
l'Empire. Cette ville eft remarquable par la naiffance du
poëte Grec Nonnus, qui floriflbit dans le cinquième
ficelé. On a de lui une paraphrafe fur faint Jean, Voflîus,
de Poct. Grxc. p. ixi. avec un poé'me intitulé Dionyfia,
La ville d'Ackemin a été bâtie fur fes ruines.
PANOPROS , village d'Ethiopie. Prolomée , /. 4. c.
7. le met fur la côte de la Barbarie orientale , près du
promontoire ôc du port des Aromates. Ses interprètes
traduifent Pano , au lieu de Panopros.
1. PANORMUS, port de l'Attique, félon Prolomée,
/. 3. c. 15. Le premier le place fur la côte orientale, près
du promontoire Sunium : le fécond le met à quinze fta-
des du promontoire , ôc dit que ce port avoit été nom-
mé de la forte, à caufe de fa commodité. Ceft aujour-
d'hui Panormo , dans la Canina.
I. PANORMUS i port ou lieu de l'ifle de Samos.
Ceft Tite-Li ve, /. 3 7. c. 10. qui en fait mention. On croit
quec'efi aujourd'hui Macri. Voyez, ce mot.
3. PANORMUS, ville de l'ifle de Crète, fur la
côte feptenttionale. Ptolomée , /. i.c. 17. la place entre
Heraclcum ôc Cjtaum. Be"llon croit que c'efl préfente-
ment Volis menï ; ôc Niger veut que ce foie Mirabello.
4. PANORMUS , port de l'ifle de Céphalonie, fé-
lon Ortelius , Thcf. qui cite Porphyrius.
5. PANORMUS , port de l'Epire. Ptolomée , /. 3. c.
14. le place au-deflus du port Qnchesmus.
(■>. PANORMUS , ville de la Chcrfonnèfe de Thra-
ce, félon Pline, /. 4. c. il. qui la met entre Elée &
Cardia.
7- PANORMUS , ville de Sicile , fur la côte fepten-
rrionalede l'ifle. Thucydide , /. 6. p. 412. nous apprend
que les Phéniciens pafToient pour en être les fondateurs.
Polybe , /. 1. c. 38.1a divife en deux parties , dont il
nomme l'une la vieille ville, & l'autre la ville neuve.
Pomponius Mêla , /. z. c. 7. ôc divers autres , en font
aufli mention. Strabon , /. G. p. 172. lui donne le titre de
colonie Romaine. Presque tous les auteurs anciens
difent Panormus ; mais Pline, /. 3. c. 8. écrit Panhor-
•mus , & cette dernière orthographe eft fuivie dans quel-
ques inferiptions. Panormus de l'aveu de tout le monde
efl aujourd'hui la ville de Païenne. Voyez. Paî.erme
8. PANORMUS, ville de la Macédoine , dans la
Chalcidie , félon Ptolomée, /. x.c. 13.
9. PANORMUS , port d'Afrique , dans la Marma-
rique. Ptolomée, /. 4. c. 5. le place fur la côte du nô-
me de Libye.
1 o. PANORMUS , port & ville de I'Achaïe propre ,
félon Paufanias, /. 7. c. 11. Thucydide, /. 2. p. 157.
ôc Pline , /. 4. c. 11. Polybe, /. 5. c. 102. dit que ce
port étoit près de Rhium , vïs-à-vis de NâupàcJur.
I I. PANORMUS , port de la ville Oricuin , fur la
mer Ionienne, félon Strabon , /. 7. p. 316. Ce pourroit
être le port Panormus que Pcolomée place dans l'Epire.
Voyez, Panormus n° 5.
PANORUM VICUS. Voyez, Panopros.
1. PANOS, promontoire de l'ifle de Rhodes, félon
Ptolomée , /. 5. c. 1. Ses interprètes lifent Panis.
1. PANOS, ville d'Egypte , félon Etienne le géogra-
phe ; c'eft la même ville que Ptolomée appelle Panopo-
lis. Voyez, Panopolis.
3. PANOS, village furies bords de la mer Rouge :
c'eft Etienne le géographe qui en parle.
4. PANOS, montagne de l'Attique, félon Paufa-
PAN
PANPHAGl. Voyez, Pamphagi.
PANSWICK , bourg d'Angleterre , dans la province
de Glocefler. On y tient marché public. * Etat préfent
de la Grande Bretagne, t. 1.
PANTA-, villede laPalefline, entre Salaria ôc Lao-
dicée. C'en* Siméon le Métaphrafte qui en fait mention
dans l'Hiftoire des voyages de faint Pierre Ôc de faint
Paul. * Ortelius , Thef.
PANTÂCHUS , Pantagias , Pantacias ou Pan-
tagies, fleuve de Sicile. Ptolomée, /. z.c. 4. placefoa
embouchure fur la côte orientale de l'ifle , entre le pro-
montoire Taurus & la ville de Catane ; ôc Pline, /. 3.
c. 8. la met entre Megaris & Syracufe. Ils fe trompent
tous deux , félon Clavier , Sicil. ant. I. i.c. 11. qui pré-
rend que Virgile a donné la véritable fituation de l'embou-
chure de ce fleuve , favoir entre les cavernes des Cyclo-
pes & le golfe de Mégare. L'extrême exactitude qu'a eu
Virgile à marquer la véritable pofuion des lieux de l'Ita-
lie ôc de la Sicile , efl caufe que Clavier préfère fon fen-
timent dans cette occaflon -, d'ailleurs on ne peut douter
que le Pantagias ne foit la rivière qui a fon embouchure
à la gauche du cap de Saint Croce , & que les habitans
du pays appellent Porcari. La preuve s'en trouve dans ce
pafiage de Virgile.
Pamagui.
Vivo prœtervehor ofiia Saxo
nias
/.
j.PANOS.boisfacré.prèsde l'ifle de Méroé. Hé-
liodore , /. 1. écrit que les Gymnofophifles habitoient
dans ce bois. * Ortelius , Thef.
PANOTIA. Voyez, Phanotïus.
En effet , les deux côtés du Porcat i font hérifles de ro-
chers d'environ vingt coudées de hauteur , la mer remon-
te dans cette embouchure jusqu'à mille pas, ôc forme
un port propre pour de petits bâtimens. La qualité que
Claudien donne à ce fleuve, qu'il appelle Saxa rotan-
tem , convient aufli au Porcari -, car quoique fon cours
foit très petit, cependant lorsqu'en hiver il fe trouve
grofli par les pluies ôc par les torrens qui tombent des
collines voifines , il court avec une telle rapidité, qu'il
entraîne avec lui une grande quantité de pierres.
PANT^I URBIS. On trouve ce nom dans le troifié-
me concile d'Ephèfe , qui nomme fon évêque Macarius.
* Ortelius , Thef.
PANT^NSES, peuplesd'Afie, félon Pline, /. ;. c.
30. Quelques manuferits portent Patœtifcs.
. PANTALIA, ville de Thrace, félon Ortelius , The-
faur. qui cite Procope , Aidif. I. 4. c. 1. Ce dernier dit
que Juflinien répara tellement les murailles de Panra-
lie, qu'il en fit une place imprenable.
PANTALER1E , Pantalarée , Pentelleria ôc
Pantalaria , ifle de la mer Méditerranée, entre la Si-
cile ôc la terre ferme d'Afrique. Elle a environ fept ou
huit lieues de contour. La ville qui porte fon nom , efl:
vers le nord de l'ifle , de défendue par un château bâti fur
l'extrémité d'un rocher escarpé de tous côtés , qui la rend
entièrement inacceflible. La plus grande partie de cette
ifle efl fermée de montagnes, qui forment dans leur
milieu un gonfle profond que les habitans du pays ap-
pellent PoJJa. Le terrein de l'ifle efl fec & pierreux , ôc
produit très-peu de grains. Cette flérilité oblige les ha-
bitans d'avoir recours à la Sicile , qui leur fournit ce
qui leur manque. 11 croît dans cette ifle un arbrifleau ,
qu'on appelle ver ; il porte un fruit pointu ôc rond , qui
devient noir en muriffant. Les habitans en tirent une huile
qui leur fert à divers ufages. Ces Infulaires ont tou-
jours eu beaucoup de commerce avec les Arabes dont
ils font voifins^ce qui n'a pourtant pas diminué le zèle
qu'ils ont pour la communion Romaine. Cette ifle eft
la CoJJyra de Ptolomée.
PANTALICA. Corneille, Ditlionnaire , dit que Pan-
talica efl un bourg de Sicile , dans la vallée de Noto ,
fur la rivière d'Anapo , cinq lieues aii-deflus de la ville
de Syracufe. Selon Robert de Vaugondy , Atlas , Pan-
talica eft un lieu ruiné , fur une éminence , près de la
rivière Fiume Grande , YAnapus des anciens, qui un
peu plus bas s'appelle Sortino , ôc Alfeo encore plus
bas.
PANTANI, peuples de l'Arabie. Pline,/. 6, c . 28.
les met quelque part dans la Syrie. Le père Hardouin
foupçonne que ce pourroit être les Kurdiitoi , que Ptolo-
mée place dans l'Arabie Déferte, au voifinage de la
Syrie.
PAN
PAO
PANTANUS LACUS, lac d'Italie, dans la Pouille
Daunienne , félon Pline » /. 3. c. 1 1. On croit que c'eft
■préfentemcnt Lago di Le/ina.
PANTHAGIAS. Voyez. Pantachus.
PANTHECIUM. J^«.Panticum.
PANTHEIUM , lieu de l'Attique , à foixante flades
d'IIiflus, félon Suidas Se Ariftote , in admirandis. C'eft
dans ce lieu où croiflbit l'olivier appelle calliftephaue ,
Se dont on fe fervoit uniquement pour couronner les
vainqueurs dans les jeux Olympiques.
PANTHEL/EI, peuples de la Perfide. Hérodote,
L 1. ». 1 2;. dit que leur profeffion étoit de labourer l'a
terre ;Se Ortelius croit que ce font ces peuples qu'E-
tienne le géographe , in Aipvo-eiioi appelle Penthiadœ.
PANTHEMONT, abbaye de France , dans la Picar-
die , au diocèfe de Beauvais. C'eft une abbaye de filles
de l'ordre de faint Bernard. On rapporte fa fondation
à l'année 1218. Elle fut réduite en prieuré d'hommes en
1485 , puis rendue aux filles, & enfin transférée au
fauxbourg Saint Germain à Paris. * Piganiol , Dcfc.
de la France , t. 2. p. 2 1 Se 5 27.
PANTHEON , temple de la ville de Rome. Il fut bâçi
par M. Vipfanius Agrippa , en l'honneur de tous les
Dieux. C'eft un des anciens monumens qui fe foit le
mieux confervé. Boniface IV le dédia à la Vierge Se
aux Martyrs.
PANTHIA Se Pandonia , nom de deux lieux dont
il eft fait mention dans les oracles des Sibylles. Ortelius ,
Thefaur. juge que ces deux lieux dévoient être dans
l'Afie.
PANTHIUM. Voyez. Pantheium.
PANTI, golfe de l'ifle de Taprobane. Prolomée , /.
7. c. 4. le place fur le grand rivage, entre la ville Na-
gadeba Se celle d'Anubingara. Quelques manCifcrits
Grecs , au lieu de Fanti , lifent Pafi.
PANTICAP/EA , ville de la Chcrfonnèfe Taurique ,
félon Strabon , /. 7. p. 309. & Ptolomée , /. 3 c. 6,
Etienne le géographe écrit Panticap^eum , Se Niger
veut qu'elle s'appelle aujourd'hui Vospero. Si cela eli ,
elle retient en quelque manière fon ancien nom ; car
Pline, /. 17. c. 32. dit qu'on la nommoit aufiî Bospho-
rium. Le fleuve qui couloir au travers de cette ville,
s'appelloit auifi Panticap^um , félon Etienne le géo-
graphe.
PANTICAPj£UM. Voyez Panticap^a.
PANTICAPES , fleuve de la Scythie Européenne ,
félon Pomponius Mêla, /. 2. c 1. Se Hérodote,/. 6.
n. 1 8. Peucer dit que c'eft préfentemenr le Przypietz ,
dans la Lithuanie. Mercator cependant le nomme Con-
Jcavoda. Selon Pomponius Mêla , /. 2. c. 1. & Pline,
/. 4. c. 12. ce fleuve failbit la féparation entre les No-
mades & les Géorgiens.
PANT1CHIUM. Voyez, Panticum.
PANTICUM, ou Pantichium , ville de Bithynie.
Antonin , itiner. la place entre Chalcédoine Se Lîbyfïa ,
à quinze milles de la première, Se à vingt, quatre mil-
les de la féconde.
PANTIMATHII , peuple de la Perfique , félon Hé-
rodote , /. 3. n. 92.
PANTIPIOLIS, ville de l'Inde , en -deçà du Gange-,
Ptolomée la place entre Berderis Se Adarima.
PANTOM ATRIUM, promontoire de l'ifle de Crête.
Ptolomée, /. 3. r. 17. le met fur la côte feptentriona-
le , entre le promontoire Dion , Se la ville de Riihymna.
Niger Se Pinet veulent que le nom moderne foit Mi~
lopotamo.
PANTOPOT/E, monaftere quelque part aux envi-
rons de Conftantinople , félon Ortelius , Tbef. qui cite
Pachvmerus.
PÂNTUM. Laitance dit , Falfz Relig. I. \. c. 11.
Pantum deducit in montera qui vocatur Ca:li Scella. Le
manufçrit de Sublac lit Paneum. Ennius dit que Jupiter
éleva fur cette montagne un autel en l'honneur de fon
père Saturne. * Ortelius, Thef.
1. PANUCO , province de l'Amérique feptentrio-
nale , dans la Nouvelle-Espagne. Elle eft lituée au nord
de la ville de Mexique , Se formoit anciennement un
gouvernement féparé. Aujourd'hui elle eft jointe au dio-
cèfe archiépiscopal. Sa longueur eft de cinquante lieues,
Se fa largeur eft à peu près pareille. Le terroir eft fer-
773
tile Se riche en veines d'or, du côte qu'elle touche
l'archevêché de Mexico ; mais elle ell ftérilccx triftedn
côté qu'elle regarde la floiidc. Les Espagnols ont feu-
lement trois colonies dans cette province. La principale
eft nommée Villa de San Stivaln del Puerto. Ceux dû
pays lui donnent le nom de Panuco. Elle eft auprès de
Chila, au-deflus de l'embouchure de la rivière de Panu-
co , Se fut bâtie fous les auspices d'Hernando Cortez ,
après qu'il eut détruit la plupart des hàbitans, & brû-
lé leurs bourgades. Cette ville eft à foixante-cinq lieues
de celle de Mexico , vers le nord eft , à huit de la mer ,
furie bord de la rivière qui ouvre l'entrée à fon port,
vis-à-vis de cette ville , fur la rive feptentrionale de là
rivière , qui n'eft pas bien large en cet endroit. Les Es-
pagnols y ont leurs falines , ainfi qu'à une lieue au-
deflus de la ville ; ce qui fait le principal revenu des hà-
bitans. La féconde colonie eft appellée parles Espagnols
San Jago de Los Vallès , Se la troifiéme S. Lodovio
de Tamoico. Dampier , divers voyages , part. 1. c. 5.
appelle Panul^ la ville de Panuco. Il die qu'elle eit
fituée à près de vingt lieues de la mer ; Se que c'eft la ca-
pitale du pays en qualité de lîége épiscopai. Il ajoute :
Il y a deux églifes, un couvent, une chapelle, Se en-
viron cinq cens familles d'Espagnols, de Mulâtres & d'In-
diens. Les maifons font grandes Se fortes , bâties de
pierres Se couvertes de feuilles de petits palmiers. *
Corn. Dicl. De Laët , Defc. des Indes occidentales , 1.
;. c. 14.
2. PANUCO, ou Panuk, ville de l'Amérique fep-
tentrionale , dans la Nouvelle Espagne. Voyez, l'article
précédent.
3. PANUCO, ou Panuk, P arnica, rivière de l'A-
mérique feptentrionale , dans la Nouvelle Espagne , Se
dans fa province de Panuco. Dampier dit : De Tipfo à
h rivière de Panuk, il y a vingt lieues ou environ. La
côte eft nord Se fud au plus près. Panuk eft une grande
rivière qui descend du cœur du pays, & qui , après avoir
coulé vers l'eft , fe jette dans le golfe du Mexique , à
21 deg. 8 min. de latitude. Il y a dix ou douze pieds
d'eau fur fa barre , & les barques la remontent fou-
vent jusqu'à la ville de Panuk. Une des branches de
cette rivière fort du lac de Tompeque , Se fe mêle avec
fes eaux trois lieues avant que de fe jetter dans la mer.
C'eft à caufe de cela qu'on l'appelle quelquefois rivière
de Tolnpequc.
PANUS. VoyezV avos.
PANUSII. Voyez. Satmali.
PANXIANI , ou Panxani , peuples delà Sarmatie
Afiatique , félon Strabon , /. 11. p. jo6.
PANYASUS, fleuve de la Macédoine. Ptolomée,
/. 3. c. 13. place l'embouchure de ce fleuve chez les
Tulantii , entre Dyrrbachium ., &: l'embouchure du
fleuve Apfus. Ortelius, Thefaur. croit que c'eft le Pa-
nijfa ou Panyffa de Pline , /. 4. c. 11.
1. PANYSUS , fleuve de la Bafle-Mœfie , félon Pto-
lomée, /. 3. c. 10. Pline, /. 4. c. 1 1. nomme ce fleu-
ve Panyfus , Se Niger prétend que le nom moderne
eit Laniz.a.
2. PANYSUS, fleuve du Péloponnèfe. Voyez. Pan-
CISUS I.
1. PAO, montagne de la Chine, dans la province
de Suchuen , au midi de la ville Luicheu. Il y a quel-
que chofe de particulier dans l'air qu'on respire" fur
cette montagne. Les hàbitans n'y craignent point la fiè-
vre pendant dix mois de l'année , Se fi elle leur vient
elle paffe auflitôr. Mais elle eit mortelle dans les mois'
de Mars Se d'Avril. Ceux qui en font attaqués font fans
espérance de guérifon. * Atlas Sinenfis.
2. PAO , ville de la Chine , dans la province de Su-
chuen , au département de Chingtu , première mé-
tropole de la province. Elle eit de 14 deg. o min. plus
occidentale que Péking , fous les 3 1 degrés 28 min. de
latitude feptentrionale. * Atlas Sinenfis.
3. PAO, montagne delà Chine, dans la province
de Quantung , près de la ville d'Hoa. Cette montagne
eft des plus riantes ; ce qui lui a fait donner le nom de
Pao, qui veut dire précieux. * Atlas Sinenfis.
PAOCHING , ville de la Chine , dans la province
de Xenfi , au département de Hanchung , troifiéme mé-
tropole delà province, Elle eit de 10 deg. o min. plus
PAO
774
occidentale que Péking , fous les 54 deg. 30 min. de
lati.:. (eptentrionale. * Atlas Sinenfis.
PAOCING , cite militaire de la Chine , dans la pro-
vince de Huquang, au département de Xi , première
cité militaire de la province. Elle cil de 8 deg. 8 min.
plus occidentale que Péking , fous les 29 deg. $ min. de
latitude fcptenrrionalc. * Atlas Sinenfis.
1. PAOFUNG, montagne de la Chine, dans la pro-
vince de Kiangfi , auprès de la ville d'Ieyang. Au fom-
met de cette montagne , il y a une maifon de pierre ,
fi haute , qu'elle fe perd dans les nues. Pour aller à
cette montagne, on pafle fur un pont très-ancien , Se
qui a cinquante perches de longueur. * Atlas Si-
nenfis.
1. PAOFUNG , cité de la Chine , dans l'a province
d'Honang , au département d'Iu, grande cité de la pro-
vince. Elle eft de 4 deg. 46 min. plus occidentale que
Péking, fous les 34 deg. 36 min. de latitude fepten-
trionale. * Atlas Sinenfis.
1. PAOGAN, ville de la Chine, dans la province
de Xenfi , au département de Jengan, huitième métro-
pole de la province. Elle eft de 8 deg. 29 min. plus oc-
cidentale que Péking, fous les 38 deg. 2 min. de latit.
feptentrionale. * Atlas Sinenfis.
2. PAOGAN , cité militaire de la Chine , dans la
province de Péking , au département d'Ycnking , pre-
mière cité militaire de la province. Elle eft d'un degré
o min. plus occidentale que Péking, fous les 40 deg.
10 minutes de latitude feptentrionale. * Atlas Si-
nenfis.
PAOKANG , ville de la Chine, dans la province
de Huquang, au département de Chingtien, quatorziè-
me métropole de la province. Elle ett de 6 degrés 16
min. plus occidentale que Péking, fous les 32 deg. 36
min.de latitude feptentrionale. * Atlas Sinenfis.
PAOKI , ville de la Chine , dans la province de
Xenfi , au département de Fungciang , féconde métro-
pole de la province. Elle eft de 9 deg. 28 min. plus
occidentale que Péking, fous les 36 deg. 9 min. de
latitude feptentrionale. * Atlas Sinenfis.
PAOKING , ville de la Chine , dans la province de
Huquang , où elle a le rang de neuvième métropole
de la province. Elle eft de 6 deg. 5 min. plus occiden-
tale que Péking , fous les 27 deg. 43 min. de lat. fepten-
trionale. Le territoire de cette ville eft couvert de mon-
tagnes , fur-tout du côté du midi , où il confine aux
montagnes de la province de Quangfi. Cependant il
ne manque pas de terres labourables, & il y a des
vallées très-agréables. 11 y a eu autrefois un roi de la
famille Taminga. La ville de Paoking eft voifine du
fleuve Çu , d'où elle tire de grands avantages. Elle étoit
autrefois une des dépendances du royaume de Çu. Les
rois d'U , après avoir conquis le pays , nommèrent cette
ville Kaoling ; la famille Tanga l'appella Xaocheu , &
celle de Sunga lui donna le nom de Paoking. On y
compte trois temples dédiés à des héros. Dans le ter-
ritoire de Paoking il y a cinq villes , qui font :
PAP
défendus par de bonnes forterefles. Cette métropole a
dans fa dépendance dix villes ; favoir :
Paoking ,
Sinhoa ,
Sinr.ing.
Chingpu ,
VuchangG,
PAOLA. Voyez.VAvLA.
PAONING . ville de la Chine, dans la province de
Suchuen , où elle a le rang de féconde métropole. Elle
eft d'onze deg. o min. plus occidentale que Péking ,
fous les 31 deg. ^3 min. de latitude feptentrionale. On
l'a bâtie fur la rive orientale du fleuve Kialing. Son ter-
ritoire eft tout environné de montagnes , qui forment
comme une couronne. La ville eft allez belle : les édi-
fices publics , & les maifons des particuliers ne le cèdent
pas à la plupart des autres villes de l'Empire. On remar-
que fur-tout quatre temples qui font magnifiques. L'em-
pereur Ivus joignit le territoire de cette ville à la pro-
-vince de Leang. Du tems des rois, ceux de Pa en étoient
•les maîrrcs. La famille Hana lui donna le nom de Pafi :
celle de Tanga l'appella Langcheu:cellede Sangala nom-
ma Gante , & celle d'Ivena lui donna le nom moderne,
qui a été occafionné par les paffages rares & étroits par
lesquels on peut entrer dans ce territoire, & qui font
F'aoning ,
Canghi ,
Nanpu ,
Quançyven ,
Pa 0 ,
Chaohoa ,
Tungkiang ,
Kien 0 ,
Cutung ,
Nankiang.
PAOTE , ville & fortereflede la Chine , dans la pro-
vince de Channfi , au département de Taiyvcn , pre-
mière métropole de la province. Elle eft de 6 deg. 36
min. plus occidentale que Péking, fous les 3 y deg. 3 2
min. de latitude feptentrionale. * Atlas Sinenfis.
PAOTi , ville de la Chine, dans la province de Té-
king , au département de Xuntien , première métro-
pole de la province. Elle eft de o deg. 36 min. plus oc-
cidentale que Péking , fous les 39 deg. 27 min. de la-
titude feptentrionale. * Atlas Sinenfis.
1. PAOTING , ville de la Chine, dans la province
de Péking , où elle a le rang de féconde métropole.
Elle eft d'un degré 46 min. plus occidentale que Té-
king, fous les 39 deg. 20 min. de latitude feptentrio-
nale. Cette métropole a un territoire d'une grande
étendue , & qui abonde en toutes chofes. On y compte
vingt villes qui font :
Paoting,
Muonching,
Ganfo ,
Tinghing ,
Sinching,
Tang,
Poye ,
Kingtu ,
Juugching,
Huon,
Hiung,
Khie,
Xince ,
Tunglo ,
Gan ,
Caoyang,,
Singan ,
Yetf,
Laixui.
Sous le règne d'Ivus, toute cette province dépendoit
de la province de Kicheu, & elle étoit déjà célèbre
pour avoir donné la nailTance au fameux Loijus , le
plus habile des généraux du roi de Yen. Du tems des rois
delà Chine, la métropole de cette province s'appelloit
Chao : la famille Hana lui donna le nom de Sintu : celle
de Sanga l'appella Paocheu , & la famille qui règne au-
jourd'hui la nomma Paoting. Au fud-cft de cette ville
on voit des ruines d'anciennes murailles , qui avoient été
bâties par l'empereur Chuenhius , deux mille cinq cens
ans avant la naiffance de Jesus-Christ. il y a à Paoting
fept temples dédiés à des héros , & un confacré à Javus ,
l'un des plus anciens empereurs. On fait grand cas de la
boifibn ordinaire de Paoting, & elle tient lieu de vin.
On ellime aufli les châtaignes de cette contrée : elles
font extrêmement grofies & d'un goût délicieux. * Atlas
Sinenfis.
1. PAOTING, ville de la Chine, dans la province
de Péking , au département de Xuntien , première mé-
tropole de la province. Elle eft fous le même degré de
longitude que Péking, & fous les 39 deg. 20 min.de
latit. feptentrionale. * Atlas Sinenfis.
PAOXAN, ville & forterefie de la Chine, dans la
province d'Iunnan , au département de Likiang , fixié-
me métropole de la province. Elle eft de 16 deg. 4;
min. plus occidentale que Péking , fous les 27 deg. 9
min. de latit. feptentrionale. * Atlas Sinenfis.
PAOYNG, ville de la Chine, dans la province de
Nanking , au département d Yangcheu , feptiéir.e mé-
tropole de la province. Elle eft de 2 deg. 14 min. plus
orientale que Péking , fous les 38 deg. 8 min.de latit.
feptentrionale. * Atlas Sinenfis.
PAP CASTLE. Voyez. Epiacum.
1. PAPA. Voyez. Pampanis.
2. PAPA , autrefois Mcgeciana , petite ville ou bour-
gade de la Baffe-Hongrie, au comté de Vesprin, fur la
petite rivière de Marchaltz , au midi occidental de la
foret de Bakon, entre la ville de Vesprin au midi &
celle de Javarin au nord. Il arriva dans ce lieu une ré-
volte aflez remarquable fous l'empereur Rodolphe,
peu de tems après que l'archiduc Matthias eut repris
cette place fur Mahomet III, en 1^97. La garnifon
PAP
PAP
qui étoit de Lorrains & de Walons , indignée de ce qu'on
différait à la payer , fe donna aux Turc* , Se les mutins
que l'armée de l'empereur aiïiégea , fe défendirent avec
une opiniâtreté extrême. Mais après plufieurs afiauts ,
les fecours que les Ottomans leur avoient promis ne
venant point , à caufe que le fiége de Canife les occu-
poit , ces révoltés tâchèrent de fe fauver à la faveur d'une
nuit obscure. Quelques-uns y réunirent, mais la plu-
part de ceux qu'on put attraper , furent punis par les
plus cruels fupplices. En 1683 , le comte Tckcli , après
une longue conférence qu'il eut à EiTek, avec le grand
Vilir , qui l'affura que fon maître avoit réfolu de le
couronner roi de Hongrie , fit courir un manifefie por-
tant que le Grand Seigneur recevrait fous fa protection
tous ceux qui fe foumettroient à lui , & qu'il les main-
tiendrait dans leur liberté, leur religion &: leurs pri-
vilèges. Comme il y étoit marqué qu'on ne ferait au-
cun quartier aux autres , Papa lui ouvrit fes portes ,
Se reçut garnifon de fes troupes. Un détachement d'Im-
périaux reprit cette place après la levée du fiége de
Vienne, Se la plupart des Turcs que l'on y trouva fu-
rent maflacrés. * Corn. Dict. Hiit. Se Deic. du royau-
me de Hongrie, 1. 3.
PAPA-STRONSA, petite ifie de l'Océan , au nord
del'Ecoiïe, Se l'une des Orcades. Elle elt fituée au nord
de l'ifle de Stronfa , Se parte pour fertile Se pour bien
peuplée.* Etat préfent de la Grande Bretagne , t. 1.
p. 303.
PAPADOROS. Voyez Epicaria.
PAPALOAPAM, nom que quelques-uns donnent à
la rivière d'Alvarado , dans la Nouvelle Espagne. Voyez.
Alvarado.
PAPARIUM. Voyez. Papyrona.
PAPA-WESTRA, ifle de l'Océan, au nord de l'E-
cofle , Se l'une des Orcades. Elle en* fituée au nord de
l'ille de Wçftra , eft aflez bien peuplée , Se elle a l'a-
vantage d'un bon pot t.
PAPE , forterefle de la Chine, dans la province d'Iun-
nan. Elle efl: de 18 deg. 30 min. plus occidentale que
Péking, fous les 22 deg. o min. de latitude feptentrio-
nale. * Atlas Sïnenfis.
PAPEMBERG , petite ifle du havre de Nangazaqui ,
au Japon : elle paraît d'abord comme une montagne
environnée de la mer. C'eft-là proprement que com-
mence le port qui ell: formé par cette ifie. Les Japo-
nois l'appellent Takaboco Se Tak.a-Jama , c'eit-à-dire ,
le Pic des Bambcjuts. Les Hollandois y vont mouiller
l'ancre pour attendre les vents , lorsqu'ils veulent retour-
ner à Batavia. * Le P. de Charlevoix , Hifl. du Japon ,
t. 11.
PAPESIFOU , pays de l'Inde , fitué entre le Bengale
6e l'Iunnan. Les Chinois , voulant forcer les peuples qui
habitoient ce pays , à adopter leur calendrier , marchè-
rent contre eux les armes à la main, vers l'an 1300.
Les habitans de Papefifou firent bonne contenance ; la
guerre fut longue & cruelle. Enfin, Papefifou fe fou-
rnit Se adopta le calendrier.* Hift. générale des Huns ,
t.3. p.192,193.
PAPE-STROSE. Voyez Papa Stronsa.
PAPHARA , ville de Syrie. Prolomée, /. 5. c. 15.
la place dans la Cyrreftique.
1. PAPHLAGONIE , Paphlagonia , province de l'A-
fie Mineure. Elle s'étendoit d'occident en orient , depuis
le fleuve Parthenius , qui la féparoit de la Bithynie , jus-
qu'au fleuve Halys. Au nord elle étoit bornée par le
Pont-Euxin , Se au midi par la Galatie. Homère raie
mention des anciennes villes de la Paphlagonie , dans ces
vers, Catalog. v. 8ji. & fuiv.
P apblagonibus praerat Pylx.mer.is virile cor $
Ex Enetis , ubi mularum genus agreftium ,
Qui Cytorum tenebant & Sefamttm cire a habitabant ,
Circaque Parthenium amnem claras doruos poffide-
bant
Cromnamque , Acgialumqj.ie , & excelfos Bry-
thinos.
Du tems de Ptolomée, le nom de la Paphlagonie fe
trouvôit presque éteint par la divifion des provinces \
car il joint une partie de la Paphlagonie à la Bithy-
IIS
nie, Se attribue le refte à la Galatie, qu'il étend jus-
qu'au Pont-Euxin. Son nom lui fut cependant rendu
dans la fuite , comme il le paraît par les notices ; Se
avant Ptolomée elle étoit parfaitement connue, puisque
Strabon ex: Pline en font mention. A la vérité le pre-
mier en refleri-e extrêmemenr les bornes , parce qu'il
décrit le royaume de Mithridate qui avoit beaucoup
empiète fur la Paphlagonie , de forte que cette province
n avoir plus fes anciennes bornes. Pline , /. 6. c z étend
la Paphlagonie depuis le fleuve Billis ou BilUu's jus-
qu'au fleuve Halys. Mais Xénophon , /. 6. de Expédie.
Alex, fait commencer la Paphlagonie au fleuve Parthe-
nius, & l'étend fans doute jusqu'à celui de Halys, puis-
qu'il reconnoîr que la ville de Sinope étoit dans' cette
province. * Cellair. Geog. ant. I. 3.C. 8.
La Paphlagonie, félon Strabon, /. 4. p. 195. étoit
le pays des Henetes ou Venetes , d'où l'on croit que
font venus les Vénitiens \ Se les Chalybes , félon Pom-
ponius Mêla, /. 9. c. 19. y habitoient les villes de Si-
nope Se cl'Amyfe. Sous les derniers empereurs Grecs
on appella cette ptovince le Thème des Paphlagons.
Si on la confidére fous la domination des Turcs, il
faut faire attention qu'étant échue aux enfans d'Amur ,
ou d'Orner , qui s'appelloient Sphenders ou Spenderes ,
elle fut nommée Penderachie , comme fi l'on eût vou-
lu dire Spendcrachie.
2. PAPHLAGONIE , contrée voifine de la Macé-
doine, du côté du nord, félon Martianus Capella.
J'avoue , dit Ortelius , Tbef. que je ne connois point
cette contrée ; mais peut-être faut-il lire Pe lagonia pour
Paphlagonia ?
PAPHLAGON1US , fleuve au pied du mont Ida ,
félon Ortelius , ,Thcf. qui cite Quintus Calaber. Les poè-
tes ont imaginé que ce fleuve s'étoit formé du fang de
Memnon eue par Achille.
PAPHOS , ville de l'ifle de Cypre , à l'extrémité
occidentale. Strabon, /. 14. p. 683. Ptolomée , /. 5.^
14. Se Pline, /. 5. c. 31. connoiffent deux villes de
ce nom , favoir la Pale a Paphos , vieille Paphos Se Nea
Paphos > la nouvelle Paphos. Strabon dit qu'elles étoient
éloignées l'une de l'autre de foixante ftades ; Se Ptolo-
mée place la nouvelle Paphos entre les promontoires
Adamas Se Drepanum : il met la vieille Paphos entre
les promontoires Drepanum Se Zephyrium. Cette der-
nière étoit dans les terres , à dix ftades de la mer :
elle avoit cependant un port Se un ancien temple dé-
dié à Venus Paphienne. La nouvelle Paphos avoit été
bâtie par Agapenor, Se elle avoit pareillemenr un port
Se un temple. Ces deux villes étoient dédiées à Ve-
nus ; Se quand les poètes font mention de Paphos,
ils ne diftinguent point fi c'efl: de la vieille ou de la
nouvelle qu'ils parlent. Par exemple Virgile, /. 10. v,
M. dit :
Efl Paphos , ldaliurnqite tibi , funt ah a Cytbera*
Et Horace, /. 1. od. 30.
O Venus regina Cnidi Paphique ,
Speme diletlant Cypron.
Et dans un autre endroit , /. 3. od, 28.
Taphon
junUis vifit oloribus;
Cependant lorsqu'on ne diftingue point ces villes
par leur furnom, on entend la nouvelle Paphos. C'en1
dans cette dernière que faint Paul, AU. 13. 6. conver-
tit le proconful Sergius Paulus, & frapa d'aveuglement
un Juif magicien Se faux prophète, nommé Bar-Jefu,
qui s'oppofoit à cette converfion. La nouvelle Paphos
ayant beaucoup fouffert d'un tremblement de terre ,
Augufte la répara & la nomma de fon nom Augusta.
Il n'en* pas fur qu'elle ait confervé long-rems ce nom ;
du moins aucun ancien monument n'en fait foi. * Dio
CaJJlus , 1. 54. p. j 37.
PAPI , lieu de la Marmarique. L'itinéraire d'Anto-
nin le met fur la route de Limniades à Qatabathmon ,
77* PAP
entre Hlppone ôc Paniuri , à vingt-quatre milles -de k
première ôc à trente milles de la féconde.
PAPIA. Voyez. Ticinum.
PAPI^E lNSULy£ , ifles vers le détroit du golfe Per-
fique , félon Arrien , Peripl. i.p. 20.
PAPICA , promontoire de l'Inde , fur le golfe Ba-
rygazene. C'efl Arrien , ibid.p. 24. qui en fait mention.
Il parle aufli d'un lieu nommé Papwa, différent de ce
promontoire & plus à l'orient , ibid.p. 1$.
PAP1ENI, anciens peuples d'Italie, aux environs de
Sinueffe : ils ne font guère connus que par une ancienne
infcription qui fe voit dans cette ville. * Orielius ,
Thefaur.
PAPIN ANCHOIS, peuples de l'Amérique fepten-
Uionale , dans la Nouvelle France, fur la rive fepten-
trionale du fleuve de Saint Laurent. Ils font peu éloi-
gnés des Esquimaux.
PAPING , forterefle de la Chine, dans la province
de Queicheu , au département de Simien , féconde ville
militaire de la province. Elle efl: de 10 deg. 46" min. plus
occidentale que Péking , fous les 26 deg. 26 min. de
latitude feptentrionale. * Atlas Sinenfa-
PAPIRA, ou Papyra , ville de la Galatie, félon
Antonin , itiner. qui la met fur la route de Peflinunte
à Ancyte, entre Vindia ôc Ancyr'e , à vingt-deux mil-
les de la première , & à vingt-iept milles de la fécon-
de. Ne feroit ce point, dit Ortelius , Thefaur. la for-
tereflfe Papiriana, dont parle Evagriusdans fon hiffoire
eccléfiaftique , /. 3. c. 27.
PAPIRIANA YOSSM. Voyez, au mot Foss^e, l'ar-
ticle Foss>£ Papiriana.
PAP1RIUS AGER , territoire d'Italie , aux environs
de Tusculum. Feftus, de Verbor. fignif. I. 14. dit que
ce territoire pouvoit avoir donné le nom à la tribu Pa-
pirienne.
PAPITIUM , ville de la Paphlagonie, félon Etienne
le géographe.
PAPOUS (La terre des). Voyez, au mot Guinée, l'arti-
cle Nouvelle Guinée.
PAPPA» ville de la Galatie. Ptolomée, /. 5. r. 4.
la donne aux Orondiques.
PAPPENHEIM , petite ville d'Allemagne , au comté
de même nom , dont elle efl; l'unique lieu confidérable.
Elle efl: l'origine de la maifon des comtes de Pappen-
heim.Ils font grands maréchaux héréditaires de l'Empire.
Ils y ont un château. Ce comté efl fitué entre Oettin-
gen & Neubourg , aux frontières de la Franconie. Du-
rant les longues guerres d'Allemagne , le comte Gode-
froi-Henri de Pappenheim voulut la faire fortifier , &
y mit une garnifon , qui s'enfuit dans la Franconie à
l'approche des Suédois. * Zeyler , Suev. Top. p. 61.
& Hubner , Géogr. p. 428.
PAPPIANENS1S, fiége épiscopal d'Afrique , dans
la province Proconfulaire. Parmi fes évoques on trouve
Bonifacius Pappianenfis. * Harduin. collecl. conc. t. 3.
p. 750
PAPPONATS , bois de France , dans le Bourbon-
nois , dans la maîtiife des eaux Ôc forêts de Mouliris.
Ce bois efl; de cent feize arpens & demi.
PAPPUA , montagne de la Numidie , félon Ce-
drene & Procope, cités par Ortelius, Thefaur. Au
pied de cette montagne étoit la ville de Medeos.
PAPRANTIS. Voyez. Prantes.
PAPREMIS. Voyez. Paprimis.
PAPR1MIS , ville d'Egypte , félon Etienne le géo-
graphe. Hérodote , /. 2. n. 60, écrit Papremts. Cette
ville étoit la capitale du nôme Papremite ou Paprimi-
te. Mars y avoit un culte particulier, ôc l'hippopora*
me y étoit regardé comme un animal facré.
PAPCNGiE, peuples de l'Inde, félon Ortelius ,
Thefaur. qui cite Pline ,7. 6. c. 20. Quelques exemplai-
res portent Paçungtt , ôc le père Hardouin lit Karung&.
PAPYRA. Voyez. Papira.
PAPYR1UM , lieu fortifié dans l'Ifaurie , félon Mar-
cellinns Cornes. Surita prétend que c'efl le même lieu
qu' Antonin , itiner. appelle Papira. Voyez, ce mot. *
Ortel Thcf.
PAPYRONA , lieu dont Jofeph , ant. I. 14. c. 4,
ÔC Bell. Jud. I. 1. c. 5. fait mention. Il étoit dans la Syrie
00 dans l'Arabie. Egéfippe , /. 1. c, 4. écrit Pararioncm.
PAR
PAPYTIUS MONS , montagne de la Thrace , à et
que croit Ortelius, Thefaur. qui citeZonare. 11 ajoute
que Nicetas le met entre Mojynopolis ôc Drama.
PAQU1TANET, rivière de l'Amérique feptentrio-
nale , dans la Louïfiane. Elle le rend dans le Miflîffipi à
la bande de l'eft , dans le pays des Nadouefli , un peu
au-deflbus de la rivière de Bon-Secours , presque vis-à-
vis l'ancien fort le Sueur.
PAR, rivière d'Allemagne, dans la Bavière. Elle a
fa fource près du lac appelle Ammerfée, du côté du
nord occidental. Elle prend fon cours du midi au nord
jusqu'à Aicha , qu'elle baigne : de-là tournant , au nord
oriental , elle fe rend à Schrobenhaufen , à Schenck-
nau ôc à Hochenwart , ôc enfin elle va fe perdre dans
un bras du Danube , presque vis-à-vis dlngolflad , qui
efl fur un autre bras du même fleuve. * Jaillot , Atlas.
1. PARA. Ortelius , Thefaur. dit : Lieu maritime,
dans l'Afie Mineure, aux environs de l'Hellespont ou
du Tont-Euxin , à ce qu'il paroit par un fragment de
Sallufle.
2. PARA ou la Capitainerie de Para , gouver-
nement des Portugais , dans l'Amérique méridionale , au
Brefil. Jl efl borné au feptentrion par la mer du Nordj
à l'orient par fe Capitainerie de Maragnan -, ôc à l'occi-
dent partie par l'embouchure de la rivière des Amazo-
nes , partie par la rivière de Muju. Quant au côté du
midi , les bornes n'en font pas fixes : il s'étend affez
avant dans les terres, jusqu'à des nations qui ne font
pas encore bien connues. * Rob. de Vaugondy , Atlas.
3. PARA, rivière de l'Amérique méridionale, au
Brefil. Elle n'eft connue que vers fon embouchure. Sou
cours efl du midi au nord. Elle fe jette dans le golfe
que forme la rivière des Amazones à fon embouchure.
Cette rivière que de l'Ifle appelle Para , s'appelle Muju.
Voyez, ce mot.
4. PARA , ville épiscopale de l'Amérique méridio-
nale, au Brefil, dans la Capitainerie de même nom,
furie bord oriental de la rivière de Muju, immédiate-
ment au-deflbus de l'embouchute de la rivière de Ca-
pi , qui vient d'en recevoir une autre appellée Guama.
Les Portugais appellent cette ville le grand Para, c'efl-
à-dire la grande rivière , dans la langue du Brefil. Lé
gouverneur ôc le capitaine général de la province y font
leur réfidence. C'efl une grande ville: les rues y font
bien alignées, les maifons riantes, la plupart rebâties
depuis trente ans en pierre ôc en mo'êlon , les églifes ma-
gnifiques : le commerce direct de Para avec Lisbonne ,
d'où il vient tous les ans une flotte marchande , don-
ne aux gens aifés la facilité de fe pourvoir de toutes
leurs commodités. Ils reçoivent les marchandifes d'Eu-
rope en échange des denrées du pays, qui font , outre
quelque or en poudre qu'on apporte de l'intérieur des
terres du côté, du Brefil , l'écorce du bois de clou , là
falfepareille , le roucou , la vanille , le fucre , le café ,
& fur-tout le cacao , qui efl la monnoie courante du
pays , ôc qui fait la richefle des habitans. Latitude au-
ftrale 1 deg. 28 min. * Voyage dans l'Amérique par
M. de la Condamine.
PARABALI , ville de l'Inde , en-deçà du Gange :
Ptolomée, /. 7. c. 1. la place fur le bord du Gange,
entre Binagara ôc Sydrus.
PARABITA. Voyez. Bavota.
PARABOLUS, lieuvoifin de Conflantinople, félon
Pierre Gilles , dans la description du Bosphore.
PARACA , ville de l'Inde : Ortelius , Thefaur. qui
cite Philoflrate , dit qu'elle étoit bâtie au pied d'une
montagne.
PARACADI , peuples qu'Amen , /. 4. dit avoit été
afliégés par Spitamenès , & au fecours desquels marcha
Alexandre. Mais il y a faute en cet endroit , dit Or-
telius , Thefaur. ôc au lieu de Paracadi , il faut lire Ma~
racandi, comme écrit Arrien lui-même un peu plus
bas. Il y a pareillement faute dans Strabon , /. n. p.
517. qui met une ville de Paracanda dans la Sogdia-
ne. Quelques manuferits de ce dernier portent Mff/-
Kctvèa. ; mais il faut lire MapajcaveTa , MaracaNda.
Voyez, ce mot.
PARACANANE, ville de l'A rie , félon Ptolomée,
/. 6. c. 17 qui la place entre Nijîbis ôc Sariga : fes
interprètes lifent . Paratantce.
v PARACANDA
PAR
PAR
PARACANDA. Voyez. Maracanda & ParACA-
m .
PARACARESUS , nom d'un fleuve dont fait men-
tion Phavorinus , Lexic.
PARACEL , rocher d'Afie , fur les côtes de la Co-
chinchine , le long desquelles il s'étend l'efpace de plus
de cent lieues. Ce rocher efl effroyable , Ôc décrié par
les naufrages qu'on y a faits de tout tems. Faire naufrage
fur ce terrible rocher & être perdu fans retfburce , n'efl:
presque qu'une même chofe. On ne fait que fept ou
huit matelots Chinois qui en ayent apporté des nou-
velles par une aventure des plus furprenantes. Leur vais-
feau s'écant brifé , ils gagnèrent à la nage quelques pe-
tits iflots ou rochers qui s'éle voient au-deflus de la merj
ce n'étoit que pour prolonger leur vie de quelques jours,
ôc ils s'ateendoient d'y mourir de faim tôt ou tard ;
des bandes d'oifeaux venoient fe repofer fur ces ro-
chers > & fe laiflbient prendre à la main. Le poiflbn ne
leur manquoit pas ; ils n'avoient qu'à descendre au
pied des rochers, où ils trouvoient toujours des hui-
tres ou des crabes. L'ingénieufe néceflité leur avoit mê-
me appris à fe faire des habits avec les plumes de ces
Oifcaux qui leur fervoient de nourriture. Ils buvoient
l'eau qui tomboit du ciel : quand il avoit plû , ils l'al-
loient ramafier dans les creux des rochers. Us vécurent
ainfi pendant huit ans dans-ces rochers. Un vaifleau qui
fe brifa fut le Paraccl, vers la fin du dernier fiécle ,
leur fournit du bois pour faire une espèce de gatima-
ron ou radeau , fur lequel ils oferent bien enfin bra-
ver les dangers de la mer. Ils furent aflez heureux pour
gagner la grande ifle d' Hdï'iana , au midi de la Chine,
vis-à-vis la partie occidentale de la province de Can-
ton. * Lettres édif. t. 3. p. 70.
PARACH/fLOlS. Voyez. Paracheloït*.
PARACHANA , ville de Médie : Ptolomée, /. 6.
c. 2, la place dans les terres , entre Caberafa ôc Ar-
facia.
1. PARACHELOIT\£ , peuples de la Theffalie,
voifins de la ville de Malia , fur le bord du fleuve Ache-
loiis, félon Strabon , /. 9. p. 434. Ce même géographe
dans le livre fuivant , p. 458. met le pays, nommé l'ara-
cheloïtis chez les /Etoliens > mais il avertit que c'étoit le
fleuve Acheloiis qui caufoit ce changement par fes dé-
bordemens , qui confondoient fouvent les bornes des
Acarnaniens ôc des j£toliens. Tite-Live , /. 39. c. 26.
connoît une ville nommée Paracheloida : elle devoir
appartenir aux Paracheloites ; car quoiqu'il la place dans
l'Athamanie , il ajoute qu'elle avoit écé unie à la Thes-
falie.
2. PARACHELOIT.E , peuples qu'Etienne le géo-
graphe met dans la Phthiotide. Si cette pofition eiï certai-
ne , il falloir qu'ils fufîcnt différens de ceux de Thes-
falie.
PARACHOATRA. Voyez. Taurus.
1. PARACLET ou Paraclit , abbaye de France ,
dans la Picardie, au diocèfe & à deux lieues d'Amiens.
C'eft une abbaye de filles de l'ordre de Cîteaux. Elle
fut fondée en 1218, à deux lieues d'Amiens par Engue-
randde Bove ôc Adc fa femme. Marguerite de Bovc leur
fille en fut la première abbeffe. Il n'y a pas un fiecle
qu'elle fut transférée dans la ville d'Amiens. * Pigamol ,
Defcr. de la France , t. 3. p. 142.
2. PARACLET ou Paraclit, abbaye de France ,
dans la Champagne , fur le ruifieau d'Ardufion , à deux
lieues au midi de Nogent-fur-Seine. Cette abbaye , qui
eft de l'ordre S. Benoît , doit fon établifiemenr à
Pierte Abailard ou Abélard , qui voyant que fa doctrine
étoit combattue par plufieurs Théologiens, ôc entr'au-
tres par faint Bernard , & depuis condamnée en certains
points, fe retira à dix lieues de Ttoyes, & à deux de
Nogent-fur-Seine, où Hatton , cinquante-fixiéme évê-
que deTroyes, lui fit donner en 11 30, une place fur
laquelle il fit bâtir une petite églife en l'honneur de la
Ste Trinité. Il y demeura quelque tems comme ignoré
avec un de fes amis qui l'avoit fuivi ,• mais plufieurs
écoliers, ayant découvert fa retraite , vinrent le trouver
pour vivre auftérement avec lui. Ils fe logèrent dans des
cabanes qu'ils bâtirent , ôc ne vivaient que d'herbes ôc de
gros pain. Pendant ce tems Suger, abbé de S.Denys, chas
fa du monaftere d'Argenreuil les religieufes , perfuadé
ou prévenu que leur conduite étoit mauvaife. Heloïlc,
qui en étoit la fupérieure , fe retira avec fes religieufes
au Paraclet , auprès de fon époux , qui leur céda la fo-
litude, ôc fe rerira à Clugny. Héloïfe Ôc fes religieufes
réitèrent au Paraclet , où plufieurs filles fe joignirent à
elles , Ôc commencèrent à y vivre fuivant la règle de
faint Benoît. Héloïfe étoit fort favante; car outre la lan-
gue latine qu'elle entendoit & parloit avec éloquence ,
elle favoit parfaitement le gtec , ôc faifoit chanter la
méfie en cette langue tous les ans le jour de la Pente-
côte , qui étoit la principale fête de ce monaftere -, ce
qui s'obferve encore aujourd'hui. Le pape Innocent II
confirma cet érablifiement par fa bulle du 28 Novem-
bre 1131. Pierre Abelard obtint encore une bulle du
pape Eugène en 1145. L'abbaye du Paiaclet eft chef-
d'ordre , quoique petite : elle a plufieurs monnfteres &
prieurés dans fa dépendance. * Baugier, Mémoir. de
Champ, t. 2. pag. 22J.
Héloïfe fut fort aimée ôc respectée de la comtefie Ma-
hault , veuve de Thibaud II , finnommé le Grand , comte
de Champagne , ôc elle obtint de cette princeffe de
grands biens pour fon abbaye : la comtefie Mahaulc
fonda même à fa prière l'abbaye de Pomerave , dans le
diocèfe de Sens, ôc voulut qu'elle fût fujette à l'abbes-
fe du Paiaclet , qui devoir y aller une fois l'année y
faire fa vifite. Gertrude , religieufe du Paraclet , fut la
première abbeffe de ce monafterc.
Pierre AbeLird relia auprès de Pierre le Vénérable ,
abbé de Clugny , où il continua de vivre dans fa péni-
tence. Il y tomba malade ; ce faint abbé l'envoya au;
prieuré de faint Marcel de Châlons-fur Sône , pour y
être plus aifément traité ; mais il y mourut le 2 1 Avril
1 142, en bon catholique , étant fournis aux décifions du
faint Siège. Son corps y fut enterré, &ony voit encore
aujoutd hui fon tombeau. Héloïfe, qui aimoit tendre-
ment la mémoire de ce cher époux , obtint fon corps
du faint abbé de Clugny , qui le lui porta ôc lui envoya ,
enfuite , une abfolution par écrit fcellée ôc fignée
de lui en ces termes : Ego Fecrits Cluniacenjîs abbas , qui
Petrum Aiexanârum in monacbum Cluniacenftm rece-
pi , & corpus ejus furtim delatum Heloifx abbatijjx. &
monïalibus Paracleti concejji , aiitoritàte Omnipotentis
& SanElorum omnium , abfolvo eum pro ojpcio ab om-
nibus peccatïs fuis. Héloïfe fit mettre ce corps dans un
caveau de l'oratoire , qui étoit la première églife du
Paraclet, & qui ne fubfifte plus. A l'égard d'Héloïfe,
elle mourut en 1 1 CT3 , après avoir gouverné cette abbaye
pendant trente-trois ans. Elle ordonna en mourant que
fon corps fût mis auprès de celui de fon époux. En
1497 , ces deux corps , qui étoient dans le même tom-
beau dans le petit monaftere » furent transportés dans la
grande églife, ôc le corps d'Abelard mis proche de la
grille du chœur du côté droit, ôc celui d'Héloïfe du
côté gauche où on voit leurs tombeaux.
Quelques-uns aflïirent que ces corps fuient mis en
dernier lieu dans un même caveau devant l'autel de la
Trinité , deiriere le cheeur des religieufes , fous les clo-
ches , ôc qu'ils y font encore aujourd'hui fans aucune
infciiption ; que cette erreur vient de ce que quelques
perfonnes ayant vu cet autel de la Trinité , qui eft
d'une feule pierre , ôc remarqué qu'il étoit curieux , con-
feillerent à l'abbefie de faite mettre cette pierre en un
Heu où elle pût être aifément vue , ce qu'elle exécuta ,
la faifant mente dans le chœur des leligieufes , près de
la grille , avec une infciiption au bas% qui infînue qu'on
y a auffi transféré les corps d'Abelard ôc d'Héloïfe.
Cette abbaye jouit de quinze mille livres de rente. La
communauté efl nombreufe.
PARACY , bourg de France, dans le Berry , furie
Bougerait! , à quatre lieues de la ville de Bourges, &à
deux de celle d'Henrichemont , en latin de Paraciaco. II '
y a dans le bourg une jurisdiélion avec titre de baillia-
ge , ôc dont les caufes fe portent par appel à la prévôté
de Bourges. Deux villages fitués du côté du midi dé-
pendent de ce bailliage : l'un fe nomme Beauvais , ôc
l'autre la Rougere. Tout le relie ne confifle qu'en mai-
fons éloignées les unes des aurres. 11 y a dans Paiacy uri
prieuré dir de Micharaur. 11 étoir aurrefois féculier,
maintenant il eft réuni à la maifon des chanoines régu-
liers de S. Ambrojfe de Bourses. Le terroir de ce bail-
Tom. iFiFffff
PAR
77
liage produit beaucoup de vin. Il y a auffi des prés ,
des bois ôc des bleds de bonne qualité , ce qui fait le
plus grand commerce du pays. Dans le milieu des bois
on trouve une chapelle dédiée à fainte Marie- Magdelene,
avec une fontaine dont l'eau eft fouveraine pour toutes
fortes de fièvres.
PARADA , ville de l'Afrique propre , fur le chemin
qui conduifoit de Tapfus à Utique. Scipion ne fe con-
tenta pas de brûler cette ville , il fit encore périr les ha-
bitans dans les flammes. C'eft ce qui a fait croire que
Parada ôc Phara étoient la même ville. En effet Stra-
bon, /. 17. p. 831. fait entendre que Phara fat traitée
avec la même rigueur que Parada. Mais cela ne fuffit
pas pour n'en faire qu'une feule ville •, car Strabon joint
Phara avec Thena , Acholla ôc Zella , qui font fur le
golfe de Syrte , hors de la route qui conduit de Thapfus
à Utique. * Hirtius , Bell. Afric. c. 87.
PARADABATHRA , ville de l'Inde, en-deçà du
Gange : Ptolomée, /. 7. c. 1. la place fur le bord de ce
fleuve , entre Azica & Pifca.
PARADAM1UM. Voyez. Vanarionensis.
PARADEISUS. Voyez. Paradisus.
PARADENI. Voyez Pardene.
1. PARADIS. Ce nom a trois différentes lignifications.
1. Il fignifie le Paradis Terreftre : ce lieu de délices
où Adam fut placé presque immédiatement aptes fa
création.
2. Il a été enfuite appliqué au féjour des bienheu-
reux.
3. Il y a eu une ville de Syrie nommée Paradis , Se
quelques autres endroits auxquels il tenoit lieu de nom
propre. La première ôc la troifiéme fignification font du
reffort de la géographie ■> la féconde eff un objet de la
foi.
DU PARADIS T E RRESTRE.
2. PARADIS. Ce terme vient du chaldéen DT19, Par-
dès , dont les Grecs onr fait na/:«<ÎWoç , ôc les Latins
Paradijus. Ce mot dans fon origine fignifie un Verger ,
& non un jardin. Il fe trouve en trois endroirs du texte
hébreu ; 1. au fécond livre d'Esdras, c. 1. v. 8. où Néhe-
mie prie le roi Artaxerxès de lui faire donner des lettres
adreflées à Afaph , gardien du verger du roi , afin qu'il
lui fafle donner le bois néceffaire pour les bâtimens qu'il
alloit entreprendre. Dans cet endroit Paradis eft mis
pour milieu rempli d'arbres propres à bâtir. 2. Salomon,
dans l'Eccléfiafte , c. 2. v. 5. dit qu'il s'eft fait des jar-
dins & des Paradis , c'eft-à-dire , des vergers. 3 . Dans
le Cantique des Cantiques , c. 4. v. 13. il dit que les
plans de ï'époufe font comme un verger rempli de gre-
nadiers. Les Grecs , non feulement les Septante ,
mais mêmeXénophon & les autres auteurs Païens, fe
fervent fouvent de ce même terme en ce fens-là : nous
en donnerons une preuve au mot Paradis N° 3.
Les Septante fe font fervis du mot napa'A/a-oç , en par-
lant du jardin d'Eden , Uapd^iiTov iv 'EAc. L'hébreu
l'explique par le mot 33 , Gan, Jamais lieu n'a tant exci-
té la cutiofité des hommes que celui-là. Chacun a vou-
lu deviner où il étoit. Je dis deviner , car le déluge a
caufé de grands changemens fur la furface de la terre ,
fans parler du changement que Dieu même y fit après
le péché d'Adam ce d'Eve. Les lieux où l'on veut le pla-
cer ne font nullement annoncés dans l'écriture. Il y au-
roit de quoi exercer un longue critique fur les opinions
bizarres que les écrivains ont eues touchant la fimation
du Paradis terreftre.
Les Séleuciens, Origene, Philon , &c. ont cru ■'que
le Paradis terreftre n'avoit jamais exifté, Se qu'on doit
expliquer allégoriquement ce qui en eftdit dans l'écriture.
Saint Auguitin , de Genef. ad L'ut. /. 8. c. \.& de Civ.
Dei, l. 13. c. 21. met en quefiion fi le Paradis eff fpi-
rituel , ou matériel , ou tous les deux enfemble î On l'a
mis fous le pôle ardique , dans la Tartarie , à la place
qu'occupe préfentement la mer Caspienne -, d'autres l'ont
reculé à l'extrémité du midi , dans la terre de Feu ; plu-
ficurs l'ont placé dans l'orient , ou fur les bords du Gan-
ge , ou dans l'ifle de Ceïian , faifant même venir le nom
des lnd.es du mot Eden , nom de la province où le Pa-
radis étoit fitué. On l'a mis dans la Chine, ôc même
par-delà l'A fie , dans un lieu inacceffible ; d'autres dans
PAR
l'Amérique , d'autres en Afrique fous l'équàtéur -, d'au
très à l'orient équinoxial; d'autres fur les montagnes de
la Lune , d'où l'on a cru fauffement que fonoit le Nil ;
la plupart dans l'Afie , les uns dans l'Arménie Majeure,
les autres dans la Méfopotamie, ou dans l'Affyrie , ou
dans la Perfe , ou dans la Babylonie , ou dans l'A-
rabie , ou dans la Syrie , ou dans la Paleffine. Il s'en
eft même trouvé qui en ont voulu faire honneur à no-
tre Europe ; & il y en a eu qui l'ont établi à Hesdin ,
ville d'Artois , fondés fur la reffemblance de ce nom
avec celui d'Eden.
Entre les fentimens des écrivains qui ont écrit avec
le plus de folidité 6c de réputation fur cette matière ,
il y en a trois qui méritent d'être diftingués.
I. Calvin , Scaliger , Huet , évêque d'Avranches , à
quelque différence ptès , dans la manière d'expliquer
les détails, conviennent de placer le Paradis terreftre
fur le fleuve que produit la jonction de l'Euphrate 6c
du Tigre , qu'on appelle aujourd'hui le fleuve des Ara-
bes, entre cette jonction 6c la divifion que fait ce mê-
me fleuve.avant que d'entrer dans la mer Perfique. Huet,
qui en a fait expreffément un traité , met ce Paradis fur
le bord oriental de ce fleuve , lequel étant , dit-il , con-
fidéré félon la dispofition de fon lit , 6c non pas félon
le cours de fon eau ,fe divifoit en quatre têtes , ou qua-
tre ouvertures différentes. Ces quatre branches font qua-
tre fleuves, deux au-deffus, fçavoir , l'Euphrate 6c le
Tigre, &deux au-deffous , favoir , le Phifon 6c kGe-
hon. Le Phifon eft , félon lui , le canal occidental ; 6c le
canal oriental du Tigre, qui fe décharge dans le golfe
Perfique. Quoique fon fyftême ne foit pas fatisfaifant ,il
mérite cependant d'être lu , parce qu'il contient une
multitude de chofes très-favantes.
II. D'autres favans , parmi lesquels on peut compter
D. Calmeront placé le Paradis terreftre dans l'Arménie ,
entre les fources du Tigre, de l'Euphrate, de l'Araxe
6c du Phafis, que ce favant Bénédictin croit être les
quatre fleuves défignés parMoïfe. Il n'y a nul doute à
l'égard de l'Euphrate : le Chidkel ( ou Chiddekel ) eft le
même que le Tigre , nommé auffi Diglito. Le Phafis
eft le Phifon : la reffemblance des noms eff fenfible. Que
l'Araxe foit le Gehon , on en trouve une espèce de preu-
ve , en ce que le mot grec Araxès fignifie impétueux , de
même que Gehon en hébreu. Le pays d'Eden , pourfuit-
il , étoit dans ce pays-là , autant qu'on en peut juger par
quelques veftiges qui en font reftés dans les livres faints.
Le pays de Chus eft l'ancienne Scythie fituée fur l'Ara-
xe. Hevila eft apparemment la Colchide , pays très-cé-
lèbre par fon or. On peut voir là-deffus fon commen-
taire fur la Genèfe > c. 2. v. 8. où il a effayé d'établir ce
fentiment par toutes les preuves qu'il a pu ramaffer. II
affure que les voyageurs qui ont été dans ces pays , ren-
dent témoignage de leur fertilité , 6c que c'eft encore au-
jourd'hui la tradition de ces peuples , que le Paradis
terreftre étoit dans leur province.
Avant que de venir au troifiéme fentiment, qui me
paroit préférable, je crois devoir propofer au lecteur
deux chofes , qui lui feront d'un grand fecours pour le
mieux entendre. Premièrement le texte même de l'écritu-
re, où il eft parlé du Paradis terreflre. En fécond lieu ,de
lire attentivement ce que j'ai dit à l'article Eden , qu'il
feroit inutile de répéter ici. Voici le paffage entier avec
les différences de l'hébreu , des Septante ôc de la vul-
gate.
Genef. c. 2. félon l'Hébreu.
V. 8. Et le Seigneur Dieu
planta un verger en E-
den, du côté de l'Orient ,
6c il y mit l'homme qu'il
avait formé.
V. 9. Et le Seigneur Dieu
fit auflî germer de la ter-
re routes fortes d'arbres
defirables à la vue , &
bons pour le manger , 5c
l'arbre de vi« au milieu
V. 8. LaVulgatedit:Etle
Seigneur Dieu avait plan-
té dès le commencement ,
un jardin de délices , ÔC
il y mit,&c. Les Septante
difent : un Paradis en E-
dem , du coté dt l'Orient.
PAR
PAR
du verger , & l'arbre de
la feience du bien & du
mal.
10. Et un fleuve fortoitd'E-
den pour arrofer le ver-
ger, & de-là il fe divifok
en quatre têtes.
1 1. Le nom du premier eft
Phifon ; c'eft lui qui tour-
noyé dans toute la terre
de Chavilah, où il y a de
l'or.
1 2. Et l'or de cette terre eft
bon : là eft le Bdellium Se
la pierre Shoham ( ou
Soham ; c'eft l'Onyx. )
1 3 . Le nom du fécond fleu-
ve s'appelle Gihon ( ou
Gichon ) ; c'eft celui qui
coule autour de toute la
terre de Chus.
14. Le nom du troificme eft
Chiddekel qui va vers l'o-
rient de I'AJJyrie.Enhn le
quatrième fleuve eft l'Eu-
phrate.
10. La Vulgate dit: Et un
fleuve for toit du lieu de
délices pour arrofer le
Paradis, qui de- là fe di-
vife en quatre têtes. Les
Septante : Un fleuve par-
toit d'Edem,pour arrofer
le Paradis , & de-là. il fe
divife en quatre commen-
cemens ( on four ce s. )
1 1. La vulgate dit : la terre
de Hevilath. Les Septan-
te Evilat.
1 3 . La vulgate dit : Le Ge-
hon c'eft celui qui tournoyé
autour de toute l'Ethio-
pie. Les Septante difent
auflî l'Ethiopie.
14. La Vulgate dit : Le troi-
fléme s'appelle leTigre qui
coule vers les Ajjyriens.
Les Septante vis-à-vis ,
Kartvctvri 'Aas-vpiuv.
Le P. Hardouin, toujours fertile en paradoxes , eft ce-
lui qui , à mon gré, a donné le plus grand jour au troilié-
me fentiment que nous allons rapporter. Mais je ne fais (i
ce paradoxe ne devient pas une espèce de vérité démon-
trée , quand on rafTemble les preuves. Son ouvrage fe Trou-
ve dans fon édition de Pline in folio, chez Coutelier ,
1723 , immédiatement après le iixiéme livre. On en a
une traduction Françoife , au 1 volume des traités géo-
graphiques Se hiftoriques, pour faciliter l'intelligence de
récriture fainte par divers auteurs célèbres , à la Haye
1730. Comme par-là, ce traité eft plus à la portée de
tous les lecteurs , je me contenterai d'en extraire les preu-
ves , Se je renvoie pour le refte au livre même.
III. Le troifiéme fentiment eft de ceux qui mettent le
Paradis terreftre dans la Paleftine. Si l'on explique,
comme les Hébreux, un Verger en Eden, cela s'accorde ;
nous avons fait voir qu'Eden étok en Syrie. Voyez. Eden.
Il eft vrai que du coté de l'Orient , ne s'y accorde pas fi
bien que lorsqu'il s'agit des pays fitués au-delà du Tigre ,
ou de l'Euphrate: auflî l'auteur delà vulgate (qui eft au ju-
gement du P. Hardouin le plus fidèle , Se le plus éclairé
de tous les traducteurs de l'écriture) a-t-il traduit Mik.-
kçderh , non point par ces mots du coté de l'Orient, com-
me il traduit en quelques endroits , mais par ceux-ci dès le
commencement ; ce qui marque , non la fituation , mais le
tems de la création du Paradis , antérieur à celui de la
création de l'homme. Il eft vrai que la vulgate dit : un
Jardin de délices , au lieu que l'hébreu Si le grec difent
un Verger en Eden , ou un Paradis en Edem; mais le P.
Hardouin fait voir que ce n'eft pas fans raifon. Il remar-
que que la lettre fervile 3 qui répond à notre prépofition
en ou dans , ne fignifîe là qu'un verger dans les délices ,
phrafe hébraïque , pour dire un Verger délicieux ; qu'en
échange il y a d'autres endroits de la Genéfe même, com-
me le 15 v. du chapitre fécond, le 23 Se le 24 v. du
chapitre III , où cette même lettre fervile eft négligée, Se
qu'on y lit non pas py3 33, Ghan beeden , mais Ample-
ment 31P 33, Ghan Eden, un verger délicieux , un Para-
dis de volupté. Il fait voir qu'Ifaïe , c. $1. v..i. emploie
le mot Eden pour lignifier délices.
Le dixième verfet'eft celui qui donne les plus grandes
difficultés. Si l'on rend Ghan beeden par un Verger en
Eden, il fcmblera que le fleuve fortoit d'Eden, nom gé-
néral du pays oùétoit ce verger ou Paradis Terreftre,
dans lequel il entroit pour l'arrofer ; mais fi Eden n'eft
pas un nom propre , Se que beeden fignifîe feulement
plein de délices, alors cela change les idées, Cette rivière
77.
a fa fource dans ce même Paradis; elle fort fignifîe Ample-
ment elle fort de terre. Cette rivière, félon Huet, eft
l'Euphrate Se le Tigre , joints enfemble dans un même
lit. Le P. Hardouin prétend que c'eft le Jourdain qui, en-
tre tous ceux de la Paleftine , eft proprement le feul fleu-
ve par excellence; les autres n'étant que des torrens , ou
des ruifleaux, & ne méritant pas le nom de fleuve. On
peut rappeller ici le j verfet du fécond chapitre de la
Genèfe , dans lequel on lit félon l'hébreu : Et une vapeur
s' élevait de terre , & arrofoit toute lafurface dit pays. Ce
mot de vapeur déplaît fouverainement au P. Hardouin ,
Se c'eft, fuivant lui, une faute groflîere. Car, ajoute-t-il ,
c'eft avec raifon que l'interprète de la vulgate a rendu le
mot hébreu IN Ed , par celui de fontaine, d'autant qu'il fe
trouve joint avec le verbe îTfï>, Schacah , qui fignifîe ar-
rofer, mot qui dans aucun endroit de l'écriture fainte ne
fe dit que d'une fontaine, ou d'un ruifleau , ou d'une ri-
vière qui coule dans des campagnes & y ferpente; au lieu
que le mot de vapeur, qui fe trouve trois fois employé en
d'autres endroits du même livre, ne fe trouve exprimé en
pas un feul par le mot IN. Salien dans fes annales ad diem
Mundi III. No. 57. apporte d'autres raifons folides, pour
prouver que le nfot de vapeur ne convient pas en cet en-
droit. Cette fontaine qui ferpentoit dans tout le pays,
pour l'arrofer, convient bien au Jourdain qui n'eft qu'une
fontaine, avant que d'entrer dans la merde Tibériade.
C'eft proprement au fortir de cette mer qu'il mérite le
nom de fleuve. Auflî vers fa fource Pline, /. j. fect. ij.
ne lui a-t-il donné que le fimple nom de fontaine, Jorda-
nis amnis oritur ex fonte Paneade. A l'égard de toute la
furface du pays , cela ne veut dire autre chofe , finon que
le Jourdain, par fes tours Se fes détours, arrofe beaucoup
plus de ce pays qu'il n'en arroferoit , s'il couloit en dtoite
îigne. Pline marque très-bien ces détours : mais nous voi-
ci à l'endroit qui a le plus égaré les commentateurs.
Et de-là il Je divifoit en quatre têtes. On convient gé-
néralement que ces têtes doivent être les fources d'autant
de fleuves. Huet, que ces lburces n'accommodoient pas,
traduit : & étoit en quatre têtes ; Se par ces têtes il entend,
ouverture , commencement , abord , ce qui fe préjtnte le
premier , l'entrée. Il avoit befoin de ce fens pour fauvet
fon fyftême, qui, afin de trouver quatre fleuves, en
prend deux en remontant, Se contre le fil de l'eau, Se
deux bras du même fleuve formés du Tigre Se de l'Eu-
phrate : depuis leur union jusqu'à la divifion de ces deux
bras qui vont à la mer , il place le Paradis terreftre , de
forte que deux fleuves fe prennent en remontant , & deux
en descendant. Il fe donne une extrême peine pour prou-
ver fon fentiment. Le P. Hardouin me paroît moins em-
barrafle. Le P. Nicolas Abram Jéfuite , dans fon phare de
l'ancien teftament ,/. 2. avoit déjà propofé ce fentiment.
Les paroles de la vulgate font , çr Fluvius egredieba-
tur de loco voluptatis , ad irrigandum Paradifum qui inde
dividitur in quatuor Capita. C'eft^-dire , Et le flciwe for-
toit du lien de volupté pour arrofer le Paradis qui de-là fe
divife en quatre Chefs, La grande difficulté vient de ce
que tous les interprètes entendent cette divifion , comme
fi c'étoit ce même fleuve dont on vient de parler , qui fe
partageât en quatre fources, Le moyen de trouver un
fleuve qui, coulant fur la terre, fe partage en d'autres
fources nouvelles ? Pour s'accommoder à cette idée, on »
fuppofé que ce fleuve fe perdoit dans la terre , & alloit
fortir enfuite ailleurs par quatre fources qui produifoient
amant de fleuves. L'Euphrate Se le Tigre font bien nom-
més par Moïfe. Le Phifon Se le Gehon ont fait plus de
difficulté; chacun les a expliqués à fa mode , Se Jofeph a
cru que le Gehon eft le Nil. Voyez. Gehon , N° i. où je
rapporte les divers fentimens des Savans fur ce fleuve.
Le P. Hardouin propofe un dénouement que voici.
Eft-il néceflaîre que le fleuve foit divife î L'écriture, fé-
lon la vulgate, ne rapporte point le qui au fleuve qui eft
trop loin , mais au Paradis même. C'eft le Paradis dont
toutes les beautés fe trouvoient réunies en ce feul en-
droit. Hors de-là (Inde) on ne les trouve plus que parta-
gées autour des fources de quatre fleuves qui font le Phi-
fon, le Géhon, le Tigre Se l'Euphrate ; il faut 1. favoir
qui font le Phifon Se le Géhon; i°. que les lieux où fjpnt les
fources de ces fleuves ont chacun une partie des beautés
du Paradis. Les voyageurs aflîirent que le pays , où font les
fources du Tigre Se de l'Euphrate, quoiqu'à préfem mal
Tem, IV. Fffff ij
780 PAR
cultivés, font d'une fertilité agréable. Au relie cette expli-
cation que le P. Hardouin donne à ces mots: Dividitur in
quatuor capita , eft ingénieufe , appliquée, non au fleuve,
mais au Paradis. J'ai touché quelque chofe des raiforts du
P. Hardouin cUtns l'article de Gehon, n. i. J'y renvoie le
Lecteur.
Que le Paradis terreftre ait été aux environs de la mer
de Tibériade, le long du Jourdain Se vers Damas, on le
peut prouver auflî par une tradition établie & fubfiftante
encore dans ces pays. On en trouve encore une autre es-
pèce de preuve dans le nom même de Genesar, que l'on
voit donné à des eaux dans le premier livre des Macha-
bées , c. luv. 6j, où il eft parlé de I'eau de Genesar,
& dans le nom de Genesareth employé par S. Luc, c.
j. v. ii. Stagnum Genefareth , I'Etang de Genesa-
reth. Terra Genesar en S. Mathieu, c. 14. v. 34. la
Terre de Genesar : car le mot Hébreu ~wn p , Ghan
Ascher , fignifiant un Verger heureux , un Verger déli-
cieux, les noms de Genefar Se de Genefareth qui figni-
fient la même chofe , avertifient de chercher là le Verger
délicieux, par excellence, ou ce Paradis de délices dont
ils portent encore des traces. On peut auilî dériver ce mot
Genefareth demtt?p>de forte qu'il fifhifiera un jardin
planté d'arbres-, car fTON , Ascher a veut dire bois , ou
lieu couvert d'arbres , tel qu'étoit le Paradis dans lequel le
Seigneur avoit planté toute forte d'arbres agréables à la
vue & au goût.
Genefar n'elt pas dans cette contrée le feul nom qui
conferve des traces de l'ancienne beauté du pays. La ville
de Capharnaum , appellée maritime , parce qu'elle eft fur
le bord de la mer ou du Lac de Tibériade , Se nom-
mée par S.Matthieu, la patrie du Sauveur, parce que
dans le rems de fa prédication , il y faifqit ordinairement
fa demeure , Matth. c. 4. v. 13. Cette ville , dis je , porte
dans fon nom une preuve de fa beauté Se de celle des en-
virons. Les deux mots"l«D, Caphar Se ay:, Ntihum, dont
fon nom eft formé , ne fignifie autre chofe que Village
agréable ou Maifon de campagne agréable, lien eft de
même de la ville de Naïm , dont le nom C»3 , Naim ,
veut dire belle, charmante; Se de Corozaïn , l'Hébreu
J'y fnno fignifiant comme un bijou à la vue , ou à l'œil;
Se enfin de Magedan , ville fituée fur la côte occidentale
de la mer de Galilée , & dont S. Matthieu fait mention ,
c. ij. v. 39. Ce nom formé de l'hébreu T3Q ,Meghed,
fignifie fruits délicieux Se agréables, ou délices Secharmes.
Il ne feroit pas jufte d'imputer au P. Hardouin d'avoir
cru que le Paradis terreftre n'ait eu précifément de beauté
que celle que ces lieux ont aujourd'hui naturellement.
Son fentiment paroît tout oppofé à celui-ci. Car, fi mal-
gré le déluge , Se divers autres accidens, ces lieux confer-
vent encore une fi grande beauté , Se des monumens fi
marqués de leur ancien état , que devoit-ce être dans les
tems heureux de l'innocence d'Adam ?
Quelques-uns ont/outenu que le Paradis terreftre
fubfifte encore à préfent, mais inaccefiîble aux hommes
depuis la chute de leur premier père. Ils allèguent l'au-
teur du livre de l'Eccléfiaftique , c. 44. v. 16. qui dit
qu'Enoch, ayant été agréable à Dieu, a été transporté
dans le Paradis , afin qu'un jour il faffe entrer les nations
dans la pénitence. Les pères Latins , qui ont lu dans le
texte de la vulgate le mot de Paradis , ont cru que ce
patriarche avoit été transporté dans le Paradis, c'eft- à-di-
re dans le ciel félon les uns, ou dans le Paradis terres-
tre félon d'autres. Mais les pères Grecs qui n'ont point lu
de leur tems le mot de Paradifus dans le texte grec de
l'Eccléfiaftique , n'ont point déterminé le lieu où Enoch
avoit été transporté. S. Jérôme a fouvent mis le nom de
Paradifus dans la vulgate, à l'imitation des Septante:
mais il ne fe trouve dans le texte hébreu de l'ancien tes-
tament , que dans les trois partages qui font marqués au
commencement de cet article. Pour l'ordinaire ce S. In-
terprète traduit l'hébreu p , Ghan par Paradifus : quoi-
que Ghan fignifie Amplement un Verger , un Parc , un
Jardin. Hieronym.m Amos , 8. Ambrof. /.de Paradifo ,
c. 3. Doroth. in Synopfi. hcn. Lj.e.j. Auth. Quseft. ad
Orthod. Qua?ft. 8j. Aug. contra Jul. /. G. Op. imp. n. 30.
Dans les livres du nouveau teftament, le mot de Pa-
radis fe met pour un lieu de délices où les âmes des
bienheureux jouiftent de la béatitude éternelle : ainfi Jé-
sus-Christ dit au bon Larron, vous ferez, aujourd'hui
PAR
avec moi dans le Paradis , c'eft-à-dire dans le féjour dc«
bienheureux. S. jPaul, i.Corinth. c. 12. v. 4. parlant de
lui-même, ditqu'i/ connaît un homme qui a été ravi jus-
que dans le Paradis , oh il a entendu des paroles qu'il
n'eft pas permis de publier. Enfin Jefus-Chrift dans l'Apo-
calypfe, c. 1 1. v. 6. 7. dit qu'/Y donnera au vainqueur à,
•manger du fruit de l'arbre de vie qui eft au milieu du Pa-
radis de fon Dieu; faifant allufion à l'arbre de vie qui
étoit dans le Paradis terreftre. Les Juifs appellent d'ordi-
naire le Paradis , le Jardin d'Eden, & ils fe figurent
qu'après la venue du Meffie , ils y jouiront d'une félicité
naturelle au milieu de toutes fortes de délices : en atten-
dant la réfurrection Se la venue du Meflîe , ils croyent que
les âmes y demeurent dans un état de repos. * Luc. ci}.
î\4J.
La plus grande partie de cet article , eft tirée du dic-
tionnaire de D. Calmet au mot Paradis.
3. PARADIS, ville de Syrie : Pline, /. j.c. 23.1a
nomme dans cet ordre : La tétrarchic nommée Mammis-
ca , Paradis, Pagres, Sec. en latin, Tetrarchiam que
Mammisca appellatur, Paradisum , Pagras , Pinare-
tas , Seleucias prêter jam diclam duas , Sec. Etienne le
géographe dit rtepaJWoç ttc'^/ç ïvpiaç. Ptolomée , /. 5. c.
i$. met ce même lieu dans la Laodicene, canton de la
Syrie. 11 faut fe fouvenir que les Grecs ont donné le nom
de Paradis à des lieux où ils voyoient beaucoup d'arbres
qui faifoient un bel effet à la vue , Se il y a apparence que
c'eft quelque chofe de pareil qui a donné le nom à cette
ville. Strabon, /. 16. p. 756 , parlant d'un Canton de la
Syrie, dit jusqu'à la fource de l'Oronte, qui eft près du
Liban Se de Paradis, Se du Mur- Egyptien , au voifinage
du territoire d'A pâmée : Strabon, /. 16. p. 763. parlant
ailleurs de la plaine de Jéricho , dit qu'il y avoit de fon
tems un palais Se un Paradis du Baume , ibi & regia eft &
Balfami Paradifus : il entend par Paradis un verger, un
lieu planté d'arbres; Se les arbres dont il s'agit ici,&
dont il donne la defeription , produiraient ce fameux bau-
me de Jéricho dont je parle ailleurs. Il faut remarquer
que le mot de Paradifus employé dans ces deux partages
de Strabon , fe prend en premier lieu pour une ville de
ce nom , Se il eft nom propre. Dans le fécond il eft pris
pour un lieu planté d'arbres Se fermé apparemment , afin
d'empêcher que le baume qu'il produifoit, ne fût au pilla-
ge. Sans le témoignage d'Etienne qui dit pofitivement
que Paradis étoit une ville de Syrie , ne trouvant point ce
nom ainfi qualifié ailleurs, j'aurois été dispofé à croire
qu'il s'agiflbit, non pas d'une ville, mais d'un verger ou
d'un parc.
Quelques auteurs ont voulu fe fervir de ce nom pour
prouver que le Paradis étoit en ce pays, c'eft-à-dire, près
de la fource de l'Oronte. Quoique cette preuve favorife
le troifiéme fyftême pour lequel je panche, j'avoue qu'el-
le eft fans force ; autrement elle feroit concluante pour la
Sicile, pour la Cilicie , pour la Perfide ; par tout là , com-
me on va voir, dans les articles qui fui vent, il y a quelque
rivière ou village, ou lieu , à qui le nom de Paradifus a
été donné; mais il faut fe fouvenir de ce que j'ai remar-
qué de 1 ufage que les autres Grecs ont fait de ce mot.
La ville de Paradis de Syrie eft la même que celle dont
il eft parlé dans l'article Paradisus. n. 1.
4. PARADIS, abbaye en Suifie, au bord du Rhin, au-
deftus de Schafthotifej à une lieue de Dieffehofen. C'eft
une abbaye de filles , de l'ordre de Ste Claire. Cette mai-
fon eft riche Se a une grande étendue. On lui a donné le
nom de Paradis à caufe de fon agréable fuuation. * Etat
& Délices de la Suijfe , t. 3 . p. 171.
5. PARADIS. Voyez. Vogelberg.
6. PARADIS DE NOBUNANGA. Voyez. Anzu-
QUIAMA.
1. PARADISUS, ville de Syrie : Ptolomée, /. j.r.
1 $. la place entre Scabiofa , Laodicia Se Ibruda. Diodore
de Sicile nomme cette ville Triparadisus , Se la met
dans la Hnute-Svrie. * L. 18. c. 39.
2. PARADISUS , fleuve de Syrie félon Martianus Ca-
pella : ce fleuve couloir près de la ville Germanicia. Pli-
ne , /. j . c. 27. met dans la Cilicie un fleuve nommé Pa-
ra disus , Se Ortelius, Thef. foupçonne que ce pourroit
être le même que celui de Syrie. * De Euph. 1.6. c. 9.
3. PARADISUS, fleuve de Cilicie. Voyez. Par ad i-
sus > "• *•
PAR
PAR
781
4. PARADISUS j village de l'ifle de Sicile , félon
Etienne le géographe.
;. PARADISUS, lieu de la Perfide , félon Ortelius,
Tbef. qui cite Siméon le Méraphrafte , dans la vie de Ste
Acepfime. Xenophon , de Exped. I. 2. parle de ce lieu
qu'il mec aux environs du Tigre. Il femble auflî que Dion
de Prufe , Or au 77. en fade mention.
PARyECII , peuples dont faic mention un partage des
conftitutions des apôtres, lib. 7. c. 46. qui leur donne
deux évêques nommés Aquila 8c Nicetas.
PAR/ELOS, montagne de l'Attique, près de Mara-
thon , félon le Lexicon de Phavorinus.
PARyETAC A , ville de Médie , félon Etienne le géo-
graphe -, mais il y a apparence qu'elle étoit feulement dans
la Parauacene , aux confins de la Médie. Voyez. Parjïta-
CENE.
PAR/ETACE. Voyez. Par^tacene
PAR/ETACENE , contrée d'Afie. On donnoit ce
nom , félon Prolomée , /. 6. t. 4. à toute la partie de la
Perfide qui touchoit la Médie. Strabon , /. 2. p. 80. 8c l.
1 1. p. 524. dit que la Parsetacene 8c la Codée joignoient
la Perfide , & s'étendoient jusqu'aux Portes Caspienncs ;
& Pline, /. 6. c. 26. étend la Para;tacene au-delà des Por-
tes Caspiennes. Les habitans de cette contrée, nommés
Parœtacx 8c Parœtaceni , étoient des montagnards adon-
nés au brigandage.
PAR^TONIUM , ville d'Egypte , Prolomée , /. 4. c.
$. la place dans le nôme de Libye , entre Apis & Pitbys
extrem.i. Strabon, /. 17. p. 798. dit que cette ville avoir
un port, & que quelques-uns l'appelloient Aritmonia,
Etienne le géographe dit la même chofe. Juftinien , à ce
que Procope , Mdif. I. 6. c. 2. nous apprend, fit fortifier
ce lieu, pourarrêter les incurfions des Maures. Cette ville
a été épiscopale, comme il paroîtpar le concile d'Alexan-
drie, tenu l'an 362, auquel Gains ex Par&tonio fouferi-
vit. Titus , évêque de cette même ville , fouferivit à celui
de Nicée , de l'an 3 2j. * Hardiùn. Collect. Conc. •
PARAGENIT/E, peuples du Péloponnèfe : Pline,/.
4. c. 6. les met dans l'Achaïe.
PARAGONTICUS SINUS , golfe , fur la côte de la
Caramanie, félon Ptolomée, /. 6. t. 8. Ortelius croit que
c'eft le même golfe qu'Arrien, 2. Peripl. p. 21. appelle
Tcrabdon. Ptolomée place les lieux fuivans dans le golfe
Paragontique :
Canthapis L'embouchure du fleuve
Agris , Samidaches ,
Combanx La fource de ce fleuve ,
Gogana , Tifa ,
Salari, L'embouchure du fleuve
Magida , Caudiaces ,
Samydace » Bagia extrema
Le Port de Cyiz,a
Alambatera extremum.
PARAGOTES, peuples de la France équinoxiale. Ils
habitent presque à l'occident , mais un peu vers le nord
& au bord occidental du Marony, & fur lacôre delà
mer.
PARAGOYA, ou Paragoa , ifie de la mer des In-
des, entre les Philippines & l'ifle de Bornéo. Elle e/t iî-
tuée presque nord-ett 8c fud-elt par les dix degrés de la-
titude feptentrionale. On dit que fa longueur eftà peu près
de cent lieues, 8c fa largeur de vingt en différais endroits.
Cette ifle, peu fertile & mal peuplée, ne laifie pas d'avoir
un roi particulier, tributaire pourtant du roi de Bornéo.
A l'extrémité de cette ifle , du côté qu'elle regarde les
Philippines , il y a un fort qui appartient aux Espagnols ,
avec un certain territoire aux environs. Les habitans de
cette ifle diftillent du riz, dont ils font du vin meilleur que
celui de Palme. * Atlas , Rob. de Vaugondy.
PARAGU AR1, bourgade de l'Amérique méridionale,
fur le bord méridional de la rivière des Amazones, à l'efl
de Traquatoha , un peu au-deffus de l'embouchure du
Tefé. C'eft une des fix miflions defiervies par des million-
naires Carmes Portugais. Elle eft fituée dans un lieu éle-
vé à l'abri des inondations, 8c vis-à-vis la principale bou-
che de L'Yupura. Latitude auftrale 3 degrés 20min. Pa-
raguari eft précifément ce que de l'Ifie appelle Village
d'or, 8c qu'on nomme Cuajaris dans l'acte de prife de
poueflion par Texeira , au nom de la couronne de Portu-
gal, dos Cuajaris, fronte das bocaynas dorio do Ouro.
Cette rivière d'or eft la même que l'Iquiari. Voyez, ce
mot.
1. PARAGUAY, grand pays de l'Amérique méridiona-
le, dont il n'eft pas aifé de marquer au jufte l'étendue.
Il tire fon nom de la rivière Paraguay ; les meilleures car-
tes que nous ayons du Paraguay , nous ont été données
par les Jéfuices ; mais ils y ont eu moins d'égard à ce qu'on
doit appeller proprement Paraguay, qu'à ce qui forme la
province de leur compagnie, qui porte ce nom, & qui
obéit à un feul provincial. Cette province comprend qua-
tre gouverneniens: celui duTucuman, celui de Santa
Crux de laSierra, celuidu Paraguay particulier, 8c celui de
Rio de Plata. Ces quatre gouvernemens font fournis pour
le militaire au viceroi du Pérou ; pour le civil à l'audien-
ce royale du los Charcas; 8c pour le fpirituel , à l'arche-
vêque de Chuquifaca , ou la Plata, capitale de los Char-
cas ; car chacun de ces quatre gouvernemens a un évêque
fuffragant de l'archevêque. Les Jéfuites de la province de
Paraguay ont des maifons, des collèges & des Doctrines j
ces Doctrines font des bourgades peuplées de plufieurs
mille Indiens que les Jéfuites ont ramafles, civilifés &
infirmes de manière qu'ils en ont fait d'habiles ouvriers,
de bons chrétiens, 8c des gens fi fociables que tous leurs
biens font en commun: ils font braves foldats, 8c fujecs
très-fidèles.
La première de leurs cartes , dédiée au Père Vincent
Carafe, a été inférée dans le grand Atlas de Jcàn Blaeu ,
la féconde de l'année 1722, a été dreflee à l'occafion
de la relation hiftorique des miffions de Lorchi quitus;
compofée par le P. Jean Patrice Fernandès, 8c imprimée
à Madrid in quarto, en 1 726 ; la troifiéme eft de 1 année
1732, 8c a paru en 1733 , avec la defeription chronolo-
gique du grand Chaco, imprimée in quarto, àCordoue
du Tucuman , par le P. Pierre de Lozano.
Je me bornerai dans cet article au Paraguay propre ,
qui ne renferme que les gouvernemens du Paraguay par-
ticulier , & de Rio de la Plata. Or dans ce fens le Para-
guay n'a de bornes marquées au nord , que le grand fleu-
ve des Amazones ; à l'orient il eft terminé par le Brefil
8c par la mer du nord ; au midi par les terres Magellani-
ques; à l'occident par le Tucuman , le grand Chaco , la
province de los Charcas, 8c celle de Sainte Croix de la
Sierra.
Le gouvernement particulier du Paraguay , dont la ville
de I'AlTomption elt la capitale , comprend tout ce qu'ar-
rofe le fleuve Paraguay , dont la fource n'eft pas bien con-
nue , jusqu'à fa jonction avec le Parana : ainfi il eft termi-
né au fud par cette jonction ; il a peu d'étendue à l'occi-
denr , parce que les Chiquites , qui appartiennent au gou-
vernement de Sainte Croix de la Sierra , s'avancent fore
près de fes bords ; à l'orient il n'clî borné que par le Bre-
fil ; mais la Guayranie, qui faifoit autrefois partie du Pa-
raguay, eft aujourd'hui conteltéc par les Portugais, qui
prétendent qu'elle elt du Brefil , 8c ils font même en pos-
feflîon des riches mines d'or & de diamant qu'on y a dé-
couvertes. Il y a des commillaires nommés de part 8c
d'autre pour vuider ces différais. Les Espagnols avoienc
autrefois plufieurs villes dans cette province , 8c fur tout
Villarica, dans la Guayranie , 8c Xerez ; mais il ne refte
plus que Villa 8c I'AlTomption. C'eft dans un canton
de cette province , nommé Maracayu , que vient la
meilleure herbe du Paraguay , qui fait la plus grande ri-
cheffe de ce pays.
Dans le reflbrt de ce gouvernement il y a une infinité
de peuples , dont les plus connus font les Payaguas, les
Yembales , les Guaycurus, les Yavas.
Le gouvernement de Rio de la Plata commence au con-
fluent du Parana 8c du Paraguay , 8c n'eft terminé que par
les terres Magelianiques au fudj à l'orient il l'efl par la
mer du Nord, quoique les Portugais disputent aux Espa-
gnols toute cette côte, à laquelleils ont donné le nom de
Capuania del Re , où ils n'ont cependant d'établi (Te ment
que la colonie du S. Sacrement & l'ifle de Ste Catheri-
ne. A l'occident cette province elt afTez bornée par le Tu-
cuman ; fa capitale elt Buenos-Ayres. Voyez, ce mot. Les
autres villes font S. Jean de Corriemes , immédiatement
au-deffous du confluent des deux grandes rivières donc
j'ai parle : Stafé , afTez près du Parana , du côté du Tucu-
man, parles 3 2d. de latitude auftrale, & la fortereffs
n%X PAR
du Monte-Video , du côté du Brefil, fur le bord de Rio
de la Hâta, environ à 30 lieues espagnoles , au-deffous de
la colonie du S. Sacrement. Mais le long de l'Uruguay ,
grande rivière qui vient du nord-eft, ÔC fe décharge dans
Rio de la Plata, par les 34 d. fud.
Outre les mines de la Guayranie, dont j'ai parlé, il y
a dans le Paraguay , vers la ville de Santa-Fé,une lagune,
où l'on trouve des perles. 11 y a auili en quelques endroits
des mines de fer \ mais on n'y a point encore travaillé}
du refte tout ce pays eft fort pauvre , à l'exception des vil •
les de Buenos- Ayres & de Santa-Fé , qui commercent
avec le Pérou : on y connoît à peine les espèces d'or ôc
d'argent. Tout le trafic s'y fait par échange, & il n'y a
que les principaux du pays qui y mangent du pain de fro-
ment , ôc qui y boivent du vin : la nourriture ôc la boiffon
ordinaire des autres fe tire du maïs, du manioc & du
miel , avec ce que peuvent leur fournir la chaffe ôc la pê-
che. Le pays, lorsque les Espagnols y entrèrent, avoit
beaucoup de cerfs, de fangliers, de chevreuils, debu-
fles-, les Jéfuires ont peuplé les vaftes plaines qui font en-
tre l'Uruguay, la mer ôc Rio de la Plata , de taureaux ôc
de vaches : on y a aufli laiffé courir des moutons , des co-
chons & des chevaux , ce qui eft encore une grande res-
fource pour la vie & pour le commerce
Les premiers Espagnols, qui s'établirent dans le Para-
guay , firent une grande fortune avec l'herbe , dont j'ai
déjà parlé , & on en fait encore un. trafic confidérable.
L'herbe du Paraguay, eft la feuille d'un affez grand ar-
bre , ôc cette feuille reffemble allez à celle qu'on appelle
Coca au Pérou ; mais elle eft beaucoup plus eftimée; de
forte que c'eft au Pérou même que s'en fait le plus grand
débit : on dit qu'elle a le goût & l'odeur de la manne ter-
reftre-, les naturels du pays la nomment caoQ caa , &
c'eft peut-être ce nom qui a fait croire à quelques-uns que
c'étoit le Cha on le Thé des Chinois ; les autres vertus
qu'on lui atribue , font de délafler & de foutenir à un
point, qu'un homme, en travaillant tout un jour, peut
fe paffer de manger , pourvu que de trois en trois heures
il boive une taffe de caa -, de nettoyer l'eftomac, de réveil-
ler & d'animer les fens, en forte qu'on puiffe long-tems
veiller fans en être incommodé. Les Espagnols ont préten-
du y trouver un remède à tous leurs maux , & l'on ne fau-
roit douter qu'elle ne foit un excellent fpécifique : ce
qu'il y a de fingulier dans cetre feuille , c'eft qu'elle
produit fouvent des effets tout contraires, comme de pro-
voquer le fommeil à ceux qui ont des infomnies , ôc de
guérir la léthargie , de nourrir ôc de purger. Ceux qui
y font acoutumés ne peuvent plus s'en paffer , ni en
prendre modérément , quoiqu'elle les defféche , les en-
yvre, & leur caufe toutes les incommodités que pro-
duifent les liqueurs les plus fortes prifes avec excès 11
y a peu de pays au monde , où il y ait plus de rivières
Ôc de lagunes, ôc la plupart font remplies de Caymans,
dont quelques-uns font d'une grandeur Ârd'unegroffeur
extraordinaire. Il en eft de même des vipères & des fer-
pens , dont on dit des chofes qui paroiffent incroyables.
On y voit des lions & des tigres en quantité , auffi-
bien que des caméléons , des finges , des renards , ôc plu-
lieurs autres animaux inconnus dans nôtre hémisphère.
En général le pays n'eft ni beau, ni fertile, ni commode
pour voyager -, & en bien des endroits l'air n'eft pas fort
fain. ,
2. PARAGUAY , rivière de l'Amérique méridionale ,
dont la fource n'eft pas bien connue , & qui , fe joignant
avec leParana, vers les 27 d. de latit. aulhale, pour
former ce qu'on appelle Rio de la Plata , où elle perd fon
nom. 11 eft certain que cette rivière fort du lac Xa-
rayez , environ par les. 19 d. 30 m. fud ; mais on prétend
qu'elle vient de beaucoup plus loin. D. Martin del Barco,
archidiacre de Buenos-Ayres, dans fon hiftoire du Para-
guay, écrite en vers espagnols, ôc intitulée Argentine,
place cette fource dans le lac Doradn ,• mais ce lac paffe
aujourd'hui pour fabuleux : l'auteur de la defeription
chronologique du grand Chaco , que j'ai déjà cité, dit
qu'un Espagnol , nommé Jean Garcia , natif de l'Affomp-
tion du Paraguay, ayant été plufîéurs années esclave par-
mi les Payaguas , revint dans fa patrie au commencement
de ce fiécle; qu'il raconta que dans un voyage qu'il avoit
fait avec les fauvages fur le Paraguay , après qu'ils eurent
traverfc le lac des Xarayez, ils arrivèrent à une grande
PAR
montagne, fous laquelle coule la rivière; qu'ils s'enga-
gèrent fous cette voûte , avec la précaution de porter des
flambeaux allumés, pour fe garantir de certaines chauves-
fou ris , nommées Andiras , qui fe font cantonnées en
cet endroit, font d'une grandeur énorme, & fe jettentavec
furie fur les pafîans, quand ils ne fe font pas prémunis,
comme ceux-ci avoient fait ■■, qu'ils furent trois jours a
paffer cette ténébreufe caverne , ôc qu'ayant encore na-
vigué pendant quelque tems, toujours fur la même rivière
ils arrivèrent à un lac , dont ils ne virent point l'autre ex-
trémité.
Cette rivière en reçoit beaucoup d'autres-, c'eft elle
qui a donné fon nom au pays du Paraguay. Les naturels
du pays l'appellent Rivière couronnée.
1. PARAIBA , province ou capitainerie de l'Améri-
que méridionale , au Brefil , dans fa partie orientale :
elle eft bornée au nord parla capitainerie de Rio Grande,
à l'orient par la mer du Nord , au midi , par la capitaine-
rie de Tamaraca , Se à l'occident par les peuples appelles
Tiguares ôc Petiguares. Cette province a pris fon com-
mencement des François, que les Portugais en chaflerent
en 1 j 84. Ces derniers y ont depuis bâti une ville ôc quel-
ques bourgades, ôc planté beaucoup de cannes de fucre.
Du port Francèfe, en fuivant la route vers le nord, on
rencontre un cap appelle Capo Bianco, fur la hauteur de
10. d. 45. m. au fud de la ligne. Il y a de cet endroit deux
lieues jusqu'à la rivière de Paraiba, qui donne le nom à
cette province. La ville de Paraiba eft fituée au côté méri-
dional de cette rivière, au fond d'une ance, à trois lieues
de la mer ou environ. Voyez. Paraiba, n° 5. Dès cette
ville la rivière commence à faire un coude vers le nord-
oueft. Sur la rive droite , en montant, on voit un moulin
à fucre avec les maifons, & un peu plus haur fur l'un ôc
fut l'autre rivage des magafins de marchands, & quel-
ques maifons. En montant encore , lus haut, on trouve
fur la rive droite un petit village , où il y a trois moulins ,
avec leurs marais à cannes, ôc plus haut encore un autre
village , dont les habirans s'emploient principalement à
cultiver des racines , qui leur tiennent lieu de bled. L'au-
tre cap de cène province, qui eft vers le nord-eft , s'ap-
pelle Punta de Lucena. Au devant de ce cap font quel-
ques rochers, derrière lesquels il y a une bonne rade
pour de petits bâtimens. Tout le terroir de cette provin-
ce eft affez fertile , ôc il s'y trouve , en plufieurs endroits ,
beaucoup d'arbres de Brefil, dont le bois eft propre aux
teinturiers. Les fauvages nommés Petiguares l'habitent,
& font en guerre continuelle avec d'autres fauvages
voifins qu'on appelle Tiguares. * Rob. de Vaugondy ,
Atlas. Corn. Diét. De La'ét , Defc. des Indes Occid. /.
16. c. 2.
2. PARAIBA, ville de l'Amérique méridionale, au
Brefil , dans la capitainerie de Paraiba , à l'embouchure
de la rivière de Paraiba , qui lui donne fon nom. Elle eft
fituée fur la rive méridionale d'une ance qui fe trouve à
l'embouchure de la rivière , à trois lieues de la mer ou
environ. Les navires y peuvent monter finement, ôc y
charger fans danger fix ou fept cens caiffes de fucre.
Cette ville étoit autrefois ouverte ; mais préfentement
elle eft environnée d'un léger rempart , élevé depuis que
les Portugais ont commencé à craindre les Hollandois
qui s'en rendirent maîtres en 1 65 j , ôc fur qui les pre-
miers la reprirent peu après. On la nomme quelquefois
Nojfa Senora das Nieves. * Rob. de Vaugondy, Allas. De
La'e't , Defc. des Indes Occid. /. 1 6. c. 2.
3. PARAIBA, rivière de l'Amérique méridionale, au
Brefil , auquel elle donne fon nom à une capitainerie ôc
à une ville. Son embouchure eft affez large vers l'eft,
déclinant un peu vers le fud-eft ; ôc au dedans de fon
entrée eft une longue ifle, toute couverte d'arbriffeaux
épais. Enfuite elle monte vers l'oueft, & on y trouve
quantité de bancs de fable ôc de rochers qui font qu'on a
befoin d'un bon pilote pour y naviger. * Rob. de Vau-
gondy , Atlas. De La'èt , Defc. des Indes Occid./. 16.
c. 2.
PAR AL AIS, ville de la Cappadocc, dans la Lycao-
nie : Prolomée , lib. $. cap. 6. la place entre Iconium ôc
Corna.
Cette ville étoit épiscopale. Libanuf, fon évêque, affi-
lia au concile de Chalcédoinc tenu l'an 4; 1 , & Eufcbius
PAR
PAR
à celui de Nicée l'an 32/. *Harduin. Collecr. Con«. t. 1.
p. 310. t. i.p.6$.
PARALAT/£. Voyez, Scythe.
i.PARALIA, contrée de l'Inde, en deçà du Gange,
félon Arrien, 2. Perifl.p. $ 3 . Pcolomée , /. 7. c. i.qui
parle auiïï de cecte contrée , Ôc y place les lieux fui-
vans ,
Chaheris ,
Sabura.
L'embouchure du fleuve Chaberif.
2. PARALI A , tribu de l'Attique , félon Etienne le géo-
graphe. Les membres de cette tribu étoient appelles Pa-
jralii.
PARALLELE , fubftantif masculin : un parallèle ,
mot géographique emprunté de la géométrie. Euclide
appelle lignes droites parallèles les lignes qui étant pro-
longées fur un même plan, non-feulement ne fe rencon-
trent jamais , mais encore ne s'approchent ni ne s'écartent
jamais davantage l'une de l'autre, quand on les prolonge-
roit à l'infini. Si cela étoit autrement , elles ne feroient
pas parallèles. La preuve de leur parallélisme fe fait par
le moyen de deux perpendiculaires que l'on tire fur ces
deux lignes parallèles. La partie de la perpendiculaire ,
qui fe trouve entre les deux parallèles, doit néceffaire-
ment être égale à la partie de l'autre perpendiculaire,
qui eft entre les deux parallèles, à quelque diflance
que ce foit. Ceci accordé, on conviendra qu'entre l'é-
quateur Ôc chacun des pôles , on peut tracer à volon-
té un nombre très-grand d'autres cercles qui rous fe-
ront parallèles à l'équateur ; c'eit à-dire que chaque
point de leur circonférence fera également éloigné de
l'équateur -, car c'eft de l'équateur que fe comptent
les degrés des parallèles. Comme il y a 90 degrés de-
puis l'équateur , jusqu'à l'un des pôles , on pourroit
tracer 90 cercles parallèles fur les globes dans cet es-
pace; mais cela feroit incommode. On fe contente de
les marquer de dix en dix degrés.
Au mot Climat. On peut voir ce que c'eft que les
parallèles de climat.
Tous les méridiens fe réunifient au pôle ; par con-
féquent ils ont un centre commun , qui fera le centre
du globe terreftre , s'il eft exactement rond. Il n'en eft
pas de même des parallèles, chacun a fon centre par-
ticulier pris dans quelque partie de l'axe du globe ter-
reftre.
Tous les parallèles qui peuvent fe tirer depuis l'équa-
teur , jusqu'à l'un des pôles, font inégaux entre eux. Cela
eft aifé à concevoir par une expérience familière : fi
on coupe une moitié de citron ou d'orange par tranches;
ôc que ces tranches foient coupées avec tant de précau-
tion ôc de jufteffe, que chacune d'elles ait par -tout la
même épaiffeur, ces tranches iront toujours en dimi-
nuant jusqu'à la dernière. 11 en eft de même des parallè-
les qui font des feétions du globe conçues de la mê-
me manière.
Quoique les parallèles foient inégaux , ils font par-
courus par le Soleil ôc par les autres corps céleftes
lumineux dans le même espace de tems. Si on tourne
un flambeau autour d'un globe, toutes fes parties ex-
pofées à la lumière la recevront en même tems ; ôc
le flambeau ne mettra pas plus de tems à éclairer les
parties voifines du milieu où eft le plus grand cer-
cle , qu'il n'en mettra à éclairer les parties les plus
voifines du pivot , où eft le plus petit cercle : 11
l'on fuppofe le mouvement de la terre dans l'hypo-
thèfe de Copernic , il elt aile de comprendre qu'en
tournant une boule, on y trace des lignes femblables
aux parallèles , que nous imaginons fur le globe ; ôc
qu'enfuite on faife rouler cette boule , hs grands cer-
cles ôc les petits auront mis égal espace de tems à
arriver au but , où la boule doit s'arrêter. Ils auront
fait précifément les mêmes tours.
Mais tous les parellèles ne jonifTent pas de la lu-
mière du Soleil, dans une égale mefure , ôc dans une
égale durée, ôc c'elt cecte différence qui a donné lieu
aux climats , comme on peut voir au mot Climat.
Tous les lieux fitués fous un même parcllcle font
égaux pour la latitude , ôc jouiffent du même cli-
mat , en prenant ce dernier mot dans le fens géo-
s. 7
graphique , ôc non pas comme le peuple l'entend,.
Madrid en Espagne, Bourfe en Turquie , Samarcand 0
en Tartarie , Peking à la Chine, &lecapNabo à l'ex-
trémité orientale de Niph'on au Japon , font fous le
même paréllcle , à très-peu de différence , c'eft-à-di-
re à peu près à la même diflance de l'équateur.
PARALLUS , ville épiscopale d'Egypte. Il en eft
fait mention dans le concile d'Ephèfe, Ortelius , The-
faur. auquel affifta Athanafïus , évêque de cette ville,
l'an 431. * Harduin. Collecl. Conc. t. 1. p. 1427.
PARALOS , ou Paralus , ville de la Thcffalie ,
félon Etienne le géographe. Thucydide, /. 3. p. 91.
en parle auffi.
PARAMARIBO , bourg de l'Amérique méridiona-
le, dans là Guiane, fur la rivière de Surîname , à cinq
lieues au-deflus de fon embouchure. C'eft la capitale
de la colonie Hollandoife. Le gouverneur y fait fa
réfidence. Latir. feptent. j degrés 49 minutes.
PARAMBOLl, fiége épiscopal, fous la métropole
de Boftra , félon Ortelius, Thcfaur. qui cite Guillau-
me de Tyr. C'eft apparemment la même ville qui
eft nommée Parembole ou Caflra par Schelftrate dans
fes antiquités eccléfiaftiques , t. 2. dif, $. c. 3. p. 364.
ôc qu'il place en Egypte. Voyez, Parempolis.
PARAMICA. Voyez. Sepontia &Segontia. ,
PARAN , une des principales villes de l'Arabie Pé-
trée. Elle étoit à trois journées de chemin à l'orient d'E-
lath , proche du fameux défert auquel elle a donné fon
nom. Ptolomée la nomme Phara. * Hifi. univerf. faite
par une fociété de gens de lettres.
PARANA , grande rivière de l'Amérique méridiona-
le, dont la fource eft au Brefil , dans un pays qui n'eft pas
encore bien connu. Elle coule presque toujours au fud-
oueft jusque vers les 27 deg. de latitude auftrale , où elle
fait un grand coude , prend fon cours à l'oueft , ôc fe joint
au Paraguay à l'endroit où a été bâtie la ville de Corrien-
tes; au-deffous du confluent on trouve un havre qu'on
appelle portd'Ytati. Tout ce qui eft au nord de Parana
eft du gouvernement du Paraguay particulier ; tout ce
qui eft au-de(Tous eft de celui de Rio de la Plata. Ainfi il
n'y a point proprement de province de Parana. Le fleu-
ve de Parana avant que de recevoir le Paraguay , eft déjà
groffi d'un très-grand nombre de rivières, dont plufieurs
font fort coniïdérables , comme l'Yguacu , le Guibay , le
Parana-Pané , ôc l'Anemby , qui coulent toutes dans la
Guayranie ou qui y ont leurs fources. Voyez, Rio de
la Plata.
PARANTE PIACABA , montagnes de l'Amérique
méridionale , au Brefil , dans la capitainerie de Saint Vin-
cent. Ces montagnes font droites ôc fpacieufes , & la
montée qui eft de deux ou trois heures en eft affez diffici-
le. Elle eft taillée entre les arbres en manière de degrés }
& elle a cent ou cent cinq pas de largeur. Du haur de
ces montagnes , le chemin qui mené à San Paulo , tire
premièrement vers le fud, ôc enfuite droit à l'oueft par
des montagnes ôc par des forêts , pendant l'espace de fix
ou fept lieues. * Corn. Diâr. De La'èt. Defcr. des Indes
Occid. /. 1 j. c. ij.
PARANAIBA , ou Paranayba, rivière de l'Amé-
rique méridionale , dans la partie occidentale du Brefil-.
Voyez. Xingu.
PARANIENSIS , nom d'une colonie de Syrie, félon
Ortelius , Thcfaur. qui cite Onuphre.
PARAPAMENI. Voyez. Parim/e.
PARAPAMISADES. Voyez. Paropanisus.
PARAPIANI, peuples d'Afie : Pline, 1.6. c. 23. les
met aux environs de l'Arachofie.
PARAP1TINGA. Voyez, an mot Rivière.
1. PARAPOTAMIA , ville de la Phocide, félon Pau-
fanias , /. 10. c. 3. ôc Etienne le géographe. Strabon , /. 9.
p. 424. n'en fait qu'une bourgade voifine de Phaneotas ,
fur le bord du fleuve Cephife. 11 ajoute que fes habit-ans
font nommés Parapotamii.
2. PARAPOTAMIA , pays de l'Arabie , au voifinage
d'Apamée, félon Strabon, /. 16. p. 753.
PARASANGA. Voyez, Mesures Itinéraires.
PARASANGL£ , peuples de l'Inde , félon Pline, /;
6. c. 20. Le père Hardouin lir PARASANGit.
PARASIA , contrée de l'Afie : Polybe, /. f.r. 44. la
place au voifinage de la Perfide ôc de la Médie ; & Strà-
784 PAR
bon dit que les Parafa ou Parraafii étoient des peuples
de Médie qui habitèrent pendant quelques tems avec
les Anariaci.
PARAS1NUM, ville de la Cherfonnèfe Taurique :
Pline,/. 2. e. 96. dit qu'on trouvoit dans cette ville
une terre qui guériflbit toutes foires de bleflures. Un
feul manuferit lit Parafinum , & écrit en marge Cha-
racena : ce qui a porté quelques favans à croire qu'il faut
lire in Civhate Characenâ , pour in Civitate Paraftno.
Mais l'autorité d'un feul manufciit ne fuflît pas pour en
contrebalancer tant d'autres. Ptolomée , /. 3. c. 6. place
dans la Cherfonnèfe Taurique & dans les terres , une ville
nommée Parrofia : ce pourroit être la même que Pa-
rafinum.
PARASIUM , ville d'Italie \ Ortelius , Thefaur. dit ,
fur le témoignage de Léander , que la ville de Crème fut
bâtie des ruines de Paraftum en 95 1.
PARASOPIAS, pays de Grèce, dans la Theflalie,
félon Strabon , qui le place entre ï'Afopus ôc le Sperchius,
au defliis d'Hérsclée.
PAR ASTALABA , ville royale des Bulgares , empor-
tée par l'empereur Jean Zimisces, qui la nomma Joan-
nipoli, félon Ortelius, Thefaur. qui cite Curopalate ôc
Cedrene; mais ce dernier écrit Perftlabas , &la diftingue
en grande Ôc petite. Vignier , dans fa bibliothèque hifto-
rique, dit que les Moscovites nomment cette ville Pere-
talaw. Il paroît par Curopalate, qu'elle ne devoit pas
être éloignée de Rhodoftolon.
PARATAC/E , peuples d'Afie , félon Arrien, de Ex-
ped. Alex. I. 4. Voyez, Va rata cène.
PARATANT1CENE. Voyez. Arcticene.
PARATIANjE , ville de la Mauritanie Céfarienne ;
l'itinéraire d'Antonin la met fur la route de Lemna à
Hippone , entre Ruficadesôc Culucitana , à cinquante mil-
les de la première & à vingt-cinq milles de la féconde.
PARATONIUM. Voyez. Paratonium.
VARAUJEôc PARAvœi.Voyez, JEviauzs.
PAR A VAS, ou Par ares , nom que des relations de
voyageurs & les cartes géographiques ont donné aux peu-
ples qui habitent dans la presqu'ifle en-deçà du Gange ,
fur la côte de la Pescherie : Davity même les étend jus-
que dans l'ifle de Manar au fud eft de la presqu'ifle des
Indes orientales , Se rapporte diverfes particularités qui
ne s'accordent guère avec les mémoires que l'on a aujour-
d'hui de ce pays-là; de forte que de l'Ifle, qui, dans fa
carte des Indes publiée en 1705 , avoir placé les Paravas
entre le cap Comorin & les Maravas , ne fait point men-
tion de ces peuples dans la carte qu'il nous a donnée des
côtes de Malabar & de Coromandel en 1723.
PARAUN A. Corneille , Ditt. dit : rivière de l'Amé-
rique méridionale, au Brefil. Elle coule anez avant dans
les terres, & va mêler fes eaux avec celles de Rio Gai -
buio , qui fe joint enfuite à la rivière de Saint François.
De l'Ifle ne marque point cette rivière dans fa carte de la
terre ferme.
PARAXIA, contrée de la Macédoine, félon Ptolo-
mée , /. 3. p. 78. voici la defeription qu'il en donne :
Ampelus extrema , Patalenes Cherfonefi dorfum,
Derris extrema » Canaftraum Promont.
Torone , CaJ]andria ,
Toronaici Sinus intima , Chabrii Fluv. Ofiia ,
Egonis Promomorium.
PARAY LE MQNI AL, Paredum Monaehale,\\lk
de France , en Bourgogne , dans le Charolois , fur la ri-
vière de Bourbince, prieuré de l'ordre de fainr Benoît,
fous le vocable de Notre-Dame & de Saint Jean-Bapti-
fte , fondé en titre d'abbaye , félon quelques-uns environ
l'année 965, Se félon d'autres en 973, par Lambert , com-
te de Châlcns , dans un lieu qui s'appelloit le Val d'Or :
cetre abbaye fut unie en 999, à celle de Clugny , Se ré-
duite en prieuré en 1 100. Il y a un prieur chuftral Se des
religieux , paroifle du diocèfe d'Atitun , & de l'archiprê-
rré de Charole , fous le vocable de Notre Dame, avec
fociété de prêtres ou mépart confidérable : l'office fe fait
à faint Nicolas : religieufes de la Vifitation établies en
1616, &Urfulines en 1644, collège établi en 16 18, Se
régenté par les Jéfuites jusqu'en ij6t\ hôpital fervi par
des religieufes : mairie : grenier à fel : féconde ville des
PAR
états du Charolois. * Garreau , Dcfc. de la Bourgogne ,
éd. 1734. p. 560. Voyez, Pareide.
PARAYSÔ , nom d'une campagne , en Portugal ,
dans la province d'AIgarve , aux environs de Silves. Cec-
te campagne eft toute charmante ; elle eft plantée de
beaux jardins & de petites forêts de bons arbres fruitiers j
de forte qu'on la regarde comme un petit paradis terre-
ftre ; c'eft ce qui lui a fait donner le nom qu'elle porte 3
qui veut dire paradis. * Délices de Portugal, p. 8 12.
PARBARA i ville de la Parthie : Ptolomée } /. 6. c.
5. la place entre Sindaga Se Myfia.
PARBOSENA , ville aux environs de la Cappadoce,
félon Antohin , itiner. qui la met fur la route de Tavia
à Sebafle , entre Corniaspa & Sibora , à vingt-cinq milles
de l'une Se de l'autre.
ï. PARC. Ce mot fignifie une grande étendue de ter-
res , entourée de murailles, & couverte d'arbres , le plus
fou vent de haute futaie , où les princes ôc les grands Sei-
gneurs font conferver desbêres fauves pour le divertis-
fement de la chafle , comme font le parc de Vincennes,
le parc de Saint Germain , le parc de Fontainebleau , le
parc de Verfailles , Si autres.
2. PARC , fe dit aufll de diverfes clôtures ; ï° D'un
pâtis entouré de fofles , où l'on met les bœufs pour les
engraHTer : 20 De l'endroit où l'on place l'artillerie , les
munitions ôc les vivres , quand l'armée eft en campagne.
30 D'une clôture faite de haies, où l'on enferme les
moutons en été , quand ils couchent dans les champs. 40
D'une pêcherie conftruite fur le bord de la mer, Se de
certains grands filets qu'on y tend, pour y retenir les
poiflbns que la marée a apportés.
3 . PARC ( Le ) , prieuré de France , dans la Norman-
die ; au diocèfe d'Evreux , près d'Harcour. Il fut fondé
en 1 2 j 7, par la maifon d'Harcour , Se il eft de l'ordre de
faint Auguftin.
4. PARC ( Le ) , terrein ou canton de la Bafle-Terre ,
à la Guadeloupe , vers le côté méridional de l'ifle. Ce
terrein eft renfermé entre des falaifes de difficile accès.
5. PARC, ou le Parc aux Dames , abbaye de l'Ifle
de France, dans le Valois, élection de Crespi, à une
lieue de la ville de ce nom. C'eft une abbaye de filles de
l'ordre de Cîteaux , fondée en 1 20; , par la fameufe Elco-
nore , comtefle de Valois.
6. PARC AUX DAMES , autre abbaye près de L011-
vain. Voyez, Louvain.
7. PARC DE MOULINS , bois de France, dans le
Bourbonnois, Se dans la maîtrife des eaux& forêts de
Moulins. Il n'eft que de trois cens arpens.
8. PARC (Le), abbaye de l'ordre de Prémontré, à un
quart de lieue de Louvain. Outre ce qui en a été dit à l'ar-
ticle de Louvain , le père Martenne rapporte dans fon
fécond voyage lirréraire, qu'il y a trente" religieux réfidens
dans la maifon, ôc vingt dans les cures; que cette ab-
baye eft très-bien bâtie , ôc qu'il y a plufieurs manu-
ferits dans la bibliothèque , entre autres les actes du
concile de Bâle.
PARCA , ville desJazyges Métanaftes , félon Ptolo-
mée , /. 3. c. 7. qui la place entre Trijfum Se Candanum.
PARCE , bourg de France , dans l'Anjou , fur la ri-
vière de Sarte , à demi- lieue du château de Peschefeul ,
à deux lieues de Sablé Se de Malicorne , à quatre de la
Flèche , ôc à fept du Mans. Ce bourg eft confidérable ,
ôc prend même le nom de ville. On n'y voit qu'une feu-
le églife, qui eft fous l'invocation de faint Martin. Elle
eft belle Se fort ornée au dedans ôc au dehors. Il y en
avoit une plus ancienne , dédiée à faint Pierre : elle fut
détruite par les Anglois. On n'a pas laine de conferver
deux cures , & deux curés qui font leurs fonctions alter-
nativement dans la même églife. Les ornemens y font
magnifiques , ôc les lions du lutrin méritent les regards
des curieux par la beauté de leur travail. La maifon du
curé de faint Martin paroît un grand château. Les mai-
fons du bourg font bâties fur une espèce de roc , ôc ont
la vue fur de grands jardins, qui s'étendent jusqu'à la ri-
vière. Le territoire de Parce eft fort fablonneux , & pro-
duit d'aflez bons vins. * Corn. Diâ. fur des mémoires
dreftés fur les lieux en 1706.
PARCHAU, fur l'Elbe, dans le duché de Magde-
bourg.
PARCHIM , ville ôc bailliage d'Allemagne, dans le
cercle
PAR
PAR
cercle de la Baffe-Saxe, au duché de Mekelbourg, fur
l'Elde, petite rivière , entre Neuftadt Se Lubitz , à qua-
tre milles de la fource du Varnow. Elle cil grande Se
affez belle pour le pays. Mais ion principal avantage , c'eft
d'être le fiége d'une cour de juffice de la cour Se de la pro-
vince, où l'on juge quantité de caufes importantes , ce
qui y attire tous ceux que leurs affaires appellent à ce
tribunal. Ce mot fe prononce comme fi on écrivoit PaR-
kim. * Zcyler , In fer. Saxon. Topogr. p. 192. Mémoire
particulier.
PARCY , dans le duché de Magdebourg , au cercle de
Holte , appartenant aux barons de Piorho. Il y a un canal
conltruit de l'Elbe dans la Harel par 1 Yhle Se la Strem-
mc en 1 743 .
i. PAP^COUL , ou Parcoux , bourg de France , dans
le Périgord , fur la rive gauche de la Drone.
z. PA&COUL , bourg de France , dans la Saintonge ,
diocèfe de Saintes , parlement de Bordeaux , intendance
delà Rochelle, élection de Saintes , a jij habitans. *
Dit}, aniv. de la France.
PARDENE, contrée de la Gédrofie. On donnoit le
nom de Pardene à tout le milieu de la Gédrofie , félon
Ptolomée, l.6.c. 21.
PARD1NES, village de France, dans l'Auvergne,
diocèfe de Clermont , à fept petites lieues de la ville
épisc opale, Se à deux d Iffoiie, élection de cette derniè-
re ville. Ce village é.oit compofé de trente maifons
avant le 22 Juin 1753 ; mais le fuir de ce jour-là, il y
en eut 22 englouties dans les entrailles de la terre, après
qu'on eut entendu des mugiffemens fouterreins , Se qu'on
fe tut apperçu que la terre s'entr'ouvroit , Se formoit des
fentes. Outre ;es h...: ..uifons de refte, l'églife a auffi
été fée. Le village eft maintenant pays plat, les
rochers ayant été emmenés dans le creux de la terre. Il
y a un lac fur la montagne voifine. * Relation de 1755.
PARDO , ou el Pardo . m'aifon royale du roi d'Es-
pagne, dans la Caftille nouvelle, à deux lieues de Madrid,
fur le chemin de l'Escurial. C'eft un grand bâtiment car-
ré , flanq.ié de quatre tours, Se compofé de quatre grands
pavillons, joints les uns aux aunes par des galeries , fou-
tenues par des colonnes. La principale façade a au-devant
une place fort belle Se fort longue , Se l'on entre dans la
maifon par une façon de pont qui conduit à un beau
portail élevé jusqu'à la corniche du bâtiment , Se où l'on
voit deux ftaaies à la hauteur du fenêtrage. Les cham-
bres font embellies de beaux tableaux. On y voit entre
autres les rois d Espagne, vêtus d'un façon finguliere. Il
y a un jardin bien entretenu , & un parc fort étendu.
Du Pardo on découvre un couvent de Capucins qui eft
au fommet d'une montagne. * Délices d'E\\agne ,p. 25 1.
1. PARDOU (Saint ), bourg de France , en Auver-
gne , élection de Clermont.
2. PARDOU ( Saint ) , bourg de France, dans le Poi-
tou , élection de Niort.
1. PARDUBITZ, ou Pardowitz , bourgade du
royaume de Bohême, dans la partie orientale du cercle
de Bechin , fur une petite rivière , nommée Lublow ,
aux confins du marquifat de Moravie. * Jaiîlot , Atlas.
2. PARDUBITZ , ville royale du royaume de Bohê-
~mc , au cercle de Chrudim , fur le bord de l'Elbe, avec
un château.
PARE AT/F, peuples du Péloponnèfe, dans l'Achaïe,
félon Pline , /. 4. c. 6. mais le père Hardouin fondent
qu'il faut lire Paroreatx.. Voyez. Parorea.
PAREDES DE NAVAS , petite ville d'Espagne , au
royaume de Léon , avec titre de comté en faveur de la
maifon de Manrique , d'où il a pane dans celle de la
Cerda. Il y a un monaftere de religieufes de l'ainte Bri-
gitte,
PAREIDE-LE-MONIAL, abbaye de France, dans
ïa Bourgogne , au diocèfe de Châlons, en latin Paredum.
C'eff une abbaye d'hommes de l'ordre de Clugny. Lam-
bert , comte de Châlons , la fit bâtir fur fon propre ter-
rein , de concert avec faint Mayole , abbé de Clugny , qui
y contribua auiïi , & voulut qu'elle ne fût foumife à au-
cune églife ni monaftere. Mais Hugues , fils du comte
Lambert, & Evêque d'Auxerre , voyant que cette abbaye
ne pouvoit fubfifter par elle même Se fans appui , em-
ploya l'autorité du roi Robert Se d'Henri , duc de Bour-
gogne, pour l'unir à l'abbaye de Clugny , vers l'an 999 ,
1*$
du rems que faint Odillon en étoit abbé. Le même Hu-
gues y prit 1 habit de religieux des mains de faint Ger-
main , qui lui fuccéda à l'evèché d'Auxerre : il étoit le
grand oncle de faint Hugues , abbé de Clugny , & ii
mourut religieux de l'abbaye de Parcide , où il fut in-
humé. On confervoit dans cette abbaye le corps de faine
Gratus,évêquedeChalons-fur-Saone, & confeffeur de
Jefus Chrilt ; mais les Cal vinifies le firent brûler durant
les troubles du royaume. Voyez. Paray.
PAREMBOLA , ou C^ena Parembola, ville dit
Pont , ou de l'Arménie , félon la notice des dignités de
l'Empire, fect. 27. Le concile d'Ephèfe fait aulfi men-
tion de cette ville.
PAREMPHIS , ville d'Egypre, félon Etienne Te géo-
graphe. Elle eft aufiî connue par une médaille qui fe
trouve dans le tréfor de Goltzius.
PAREMPOLIS, ville d Egypte : l'itinéraire d'Anto-
nin la met fur la route de Cereu à Hierafycaminon, entré
Contra Suenem Se Tzjtzj. , à feize milles de la première ,
Se à deux milles de la féconde. Quelques manuferirs Ii-
fent Parembolis.
PARENETA , contrée d'Arménie , au pays des Cha-
lybes , ou dans celui de Moffynéces. C'eft Strabon , /. n.
p. 528. qui en parle.
PARENNES , bourg de France , dans le Maine , éle-
ction du Mans.
PARENTIUM, ville d'Italie, dans l'Ifirie. Ptolo^
mée , /. 3. c. 1. la place entre l'embouchure du fleuve
Formion & la ville de Pola. Pline , /. 3. c. 19. Etienne le
géographe Se l'itinéraire d'Antonin connoifibient cette
ville. Elle a confervé fon ancien nom \ car on la nom»
me aujourd'hui Parenz,o. Voyez, ce mot.
PARENZO, ville épiscopale d Italie , dans l'Iffrie,
fur La côte delà mer Adriatique, dans une péninfule,
vis-à-vi^ l'iflè San-Nicolo , entre les embouchures des ri-
vières de Quiet'o Se de Lemo. On y voit quelques euiri-
ces fort élevés , & un affez beau dôme ; Se au dehors on
trouve des fépultures antiques. Cette ville n'ert guère
peuplée à caufe du mauvais air. Elle a dans fon voiffna-
gc quelques petites ifies qui forment fon port. Celle de
San-Nicolo , qui eft la principale , a un couvent de reli-
gieux Se une tour ronde fort ancienne qui fervoit de pha~
re au port, où l'on prend des mariniers appclLs l'ejfi,
pour conduire les navires à Venife. La ville de Parenzo
fe fournit aux Vénitiens le 1 5 de Juillet 1 267. Elle a dans
fon reffort les lieux appelles Maggio , Frata , Abrigo ,
Foscolin , Se Ville-Neuve. * Magin , Carre de l'Iftrie.
Davity, Iffrie.
PAREON , ville de l'Europe, félon Jornandès, qui
la met fur la côte du Pont-Euxin. * Ortclms , Thefaur.
PAREPAPHITIS , contrée delà Caramanie : Ptolo-
mée, /. 6. c. 8. la place au-deffous du pays des Agdenitesi
Se au deilus de celui des Ara Se des Charadrœ. Le texte
grec ne connoît point cette contrée.
PARETACENI. Kov^Par^taca.
PARGA , ou la Parga, ville forte des états de Ve-
nife, côte d'Albanie, fur un roc , vis-à-vis l'fle de Cor-
fou. Ses habitans font partie Grecs, partie Albanois ;
mais les foldats de la garnifon font pour la plupart Ita-
liens.
PARGE : Ortelius, Thefaur. qui cite Phlegon, de
Longœuis, dit que c'étoit la patrie d'une femme nommée
Ab'oatia Sabina.
1. PARIA , iflede la mer de Phénicie : Pline, /. $.c.
5 1. la place vis-à-vis de Joppé. Elle donnoit le nom aux
peuples Uctpiavoï > Pariant , dont parle Jofeph. * Ant.
Jud'. 1. 14. c, 17.
2. PARIA, lac de l'Amérique méridionale, au Pérou 4
dans l'audience de los Charcas , au nord occidental de la
ville de Potofi. On l'appelle autrement Lac de los Au-
lagas. On y trouve beaucoup d'ifles; mais il n'y a aucun
émiffaire, de forte qu'il y a apparence qu'il fe décharge
dans la mer du Sud par quelque conduit fouterrein. *
Corn. Diction. De Laét , Defcriptiôn des Indes occi-
dentales , /. 1 1. c. 4.
3. PARIA , côte du continent de l'Amérique , la plus
proche de l'ifle de la Trinité. Ce fut Chrifiophe Co-
lomb qui la découvrit à fon troifiéme voyage en 1498 <
6 il la nomma Paria. C'eft la première terre ferme qui
a été découverte dans le Nouveau Monde. Elle borne
Ttm. IV. G g g g g
786
PAR
PAR
à l'occident le golfe de la Baleine , qu'on appelle aufll
le golfe de Paria, ôc qui l'épate l'ifle de la Trinité delà
province de Gumana , ou Comana.
PARIADES , montagne d'Afie , félon Pline , /. ;. c.
27. Les manuferits varient beaucoup fur l'orthographe
de ce nom. Les uns lifent Pariadrus , d'autres Paria-
dres , d'autres Paryadis : la plupart des exemplaires im-
primés portent Parphariades , & le père Hardouin veut
qu'on life Faryadres , comme l'orthographe la plus ap-
prochante des anciens manuferits. Strabon , /. 1 t. p.
497. qui écrit Paryadra , dit que cette montagne fait
partie du .mont Taurus , ôc la met , comme Pline ,
dans l'Arménie , pofition dont le père Hardouin ne
convient pas entièrement. C'eft la même montagne que
les anciens ont aufli connue fous le nom à'Aba , à Abus
ÔcàcCipotet, aujourd'hui Caicol.
PARICANE , ville de la Perfide, félon Etienne
le géographe , qui dit qu'elle donnoit fon nom aux peu-
ples Paricanii. Hérodote , /. j.»° 93. écrit Parycanii;
ôc Pline , /. 6. c. 16. aufli-bien que Pomponius Mêla,
/. i.c. 2. placent ces peuples aux environs de la Sogdia-
ne ; mais rien n'empêche que ce ne foient les mêmes
peuples dont parle Etienne le géographe -, car il y a eu
des rois de la Perfide qui ont étendu leur domination
jusqu'à la Sogdiane.
PARIDION, ville de la Carie, félon Pline, /. ;.
c. 28. Pomponius Mêla , /. 1. c. 16. écrit Pandion.
PARIENNA , ville de la Germanie. Ptolcmée, /. 1.
c. 11. la place entre Arficua ôc Set nia. 11 yen a qui
veulent que ce foit préfentement Frideck en Siléfie.
1. PARIENSIS, fiége épiscopal , dans la Pifidie:
c'eft le concile de Nicée qui en fait mention. * Ortel.
Thefaur.
2. PARIENSIS , fiége épiscopal d'Afrique , dans la
province proconfulaire. On trouve parmi fes évêques ,
Félix Farienfis. * Harduin. Collect. conc. tom. 3. pag.
749-
PARIET/E , peuples delà Paropanifade. Ptolomée,
lib.6. cap. 18. dit qu'ils en occupoient la partie méri-
dionale
PARIETINA, ville d'Afrique. Anconin , itbter. la
met dans la Mauritanie Céfarienfe, fur la route de Tin-
gis aux Ports divins , par la mer , entre Cobluca ôc ad
Jex Infulas , à vingt-quatre milles de la première , ôc à
douze milles de la féconde.
PARIETIN^E, ville d'Espagne, félon Antonin , qui
la place fur la route de Laminium à Saragoce , entre Li-
bijofi Se Saltici , à vingt -deux milles de la première,
ôc à quinze milles de la féconde.
PARIGIA. Voyez. Patigra.
î. PARIGNE, bourg de France, dans le Maine,
élection de Mayenne.
2. PARIGNE LÉVÊQUE , bourg de France, dans
le Maine , élection de Château du Loir.
I ARILLA ( La) , ou Santa , ville de l'Amérique
méridionale, au Pérou, dans l'audience de Lima,
dans la vallée ôc fur la rivière de Santa , au bord de
la mer , à vingt lieues de Truxillo , ôc à foixantede Li-
ma. Le port ett entre la ville & cette rivière , dans une
baie allez à couvert des vents. Il y a dans la ville cent
cinquante familles d'Espagnols , avec plufieurs Indiens
& Nègres. On pafTe la rivière de Santa fur cer-
tain"; fruits d'arbres , qui reffemblent à des courges, plats
des deux cotés Ôc ronds presque à la manière des bou-
cliers. Les Indiens , en les enfilant avec une corde ,
les accommodent enfemble comme des radeaux ; ôc c'eft
li-defllis qu'ils mettent les inarchandifes, les hommes
ôc leurs hardes. Les Sauvages en nageant tirent après
eux ces espèces de radeaux , ôc les autres bêtes de charge
nagent auprès. * Corn. Dict. De Laët , Defcr. des Indes
occident. 1. 10. c. 20.
PARIMA. Voyez. Rio Blanco.
PARIM/E&Parapameni, peuples d'Afie. Ils fu-
ient fubjugués par Alexandre , félon Orofe , /. 3. r. 18.
#"2 3.ArrienappellecespeuplesPARAPAMisADES.PVy<?s.
ce mot.
PARIN , contrée de la Tartane , proche la grande
muraille de la Chine , au-delà des maifons de plaifance
de l'empereur , du côté du nord. Son territoire eit d'une
bonté médiocre. 11 eit fournis à plufieurs princes qui ont
été autrefois alliés à la maifon impériale de la Chine.
* Hift. générale des Huns , par M. de Guignes, t. 4.
p. 138.
1. PARINACOCHA, grand défert de l'Amérique
méridionale , au Pérou , dans l'audience de Lima. 11 eft
entre la bourgade d'Ayavire ôc la mer du Sud , ôc oc-
cupe trente-deux lieues de pays , félon Herrera. Gar-
cilaffo , Hift. des Incas , /. 3. c. 9. en fait mention , &
i'appelle 1 arihuana Cocha , c'eft à dire , le lac aux moi-
neaux , parce qu'en un endroit du déferr de cette pro-
vince , il y a un fort grand lac, ôc que dans la langue
du pays, Cocha , veut direlawzfrou un marécage , &
Parihuna les moineaux -, de forte que des deux noms on
n'en fait qu'un , quand on veut defigner cette province
qui eft grande, fertile ôc abondante en or. Les Espa-
gnols la nomment Parin-Cocha par fyncope. * Atlas ,
Rob. de Vaugondy. De Laët , Defcr. des Indes occiden-
tales ,1. 1 1. c. 2.
2. PARINACOCHA , bourgade de l'Amérique mé-
ridionale , au Pérou , dans l'audience de Lima , vers la
fource de la rivière d'Abancay , à l'orient feptentrional
de los Lucanes. On y a ouvert un chemin qui conduit
jusqu'à la vallée Pasca , ôc même jusqu'à la mer. * Atlas ,
Rob. de Vaugondy.
3. PARINACOCHA, bourgade de l'Amérique mé-
ridionale, an Pérou, dans l'audience de Lima, à l'o-
rient feptentrional de la ville de Lima. * Atlas , Rob.
de Vaugondy.
PARINATES. Voyez. Tarinates.
PARIO. Voyez, Vahwm.
PARIR^F, , peuples de la Caramanie , que Pline , /. 6.
c. 23. met aux environs du fleuve Nabrus. Le père Har-
douin prétend, qu'au lieu de Farira , il faut lire Fafîrx.
DESCRIPTION DE LA VILLE DE PARIS.
Cet article eft entièrement de M. l'abbé de Laval.
PARIS , ville capitale du royaume de France , la plus
belle ôc la plus grande de l'Europe. Elle eh fituée au
quarante-huitième degré cinquante minutes de latitude ,
ôc au vingtième degré de longitude, à dix lieues au-
deflbus de Melun , & à vingt-huit au deiïus de Rouen.
On lit dans le fixiéme livre des commentaires de Cé-
far , le premier des auteurs anciens qui en a parlé ,
qu'il transféra l'aflcmblée générale de la Gaule dans la
ville de Lutece des Parifiens , Lutetia Parijierum. Céfar
la nomme Oppidum ; ainfi , en prenant ce mot pour ex-
primer une petite ville, on ne fauroit au moins réfu-
ter à Paris le nom de ville, déjà la capitale d'un peu-
ple , avant que les Romains en euflent fait ia conquête.
11 falloir que cette ville fût importante par fa fitnation
ôc par la facilité d'y vivre , pour qu'on y tînt une a>
femblée générale de la Gaule. Les habitans ne méri-
toient pas moins de confidérationqueleur ville : ils don-
nèrent une preuve de leur valeur. On lit dans le fep-
tiéme des commentaires: Labienus s'étant approché de
Lutece, les habitans mirent le feu à la ville, rompi-
rent les porjts , quittèrent le marais , Ce campèrent fur
les bords de la Seine, vis-à-vis de Lutece , ayant la ri-
vière entre eux ôc le camp du général Romain , ôc ils
montrèrent une grande valeur.
Strabon & Ptolomée , qui ont écrit depuis Céfar , dé-
corent auffi Lutece du nom de ville. Quelques écrivains
peu inftruits de l'antiquité, font dériver le nom de Lu-
tetia , que porte encore aujourd'hui la ville de Paris .
de Ltttum qui lignifie de la bouc , comme fi les Ro-
mains l'avoient nommée Lutece ; mais ils ont parlé de
Lutece , conformément au nom qu'elle portoit lorsqu'ils
s'en font emparés. Lutetia eit ou gaulois ou celti-
que , ôc n'avoit aucun rapport avec le latin -, c'eft pour-
quoi on peut dire avec vérité que Lutetia ne vient pas
plus de Lutum , que Farifii ou Farrhifii , de Paris ,
fils de Priam. L'Aine , dans fa diflertation fur les qua-
tre déeffes, filles de Cadmus , rapporte que Leucothoc
avoit fon culte à Paris , & que c'eft delà que cette
ville tiroit fon nom de Lutece. On ne' doit pas plus
s'arrêter à ce fentiment qu'à celui de ceux qui Ce font
imaginés, d'après une infeription gravée au 'rems de
l'empereur Tibère , fut une pierre qui fut trouvée en
171 1 , fous l'églife métropolitaine de Notre-Dame , fur
laquelle on lit ces mots Naitt* Farifiaci , que les ha-
PAR
bitans de Lùtece n'éroient que des nauronniers. On
n'ignore pas que les nauconniers ou mariniers étoient
fore confidérés dans les villes de commerce.
Sous l'empire de Tibère , Lutece n'avoit point encore
changé Ton nom en celui de Paris ; ainfi le Naut& Pu-
rifiaci doit s'entendre des nautonniers de la province
des Parifiens, qui, formant un corps de communauté
à Lutece , avoient confacré un monument pour confer-
ver à la pollérité la mémoire de quelque événement
fingulier. Toute l'infetiption peut fervk de preuve fut
ce que j'avance ; en voici les paroles :
Tib. C «s A RE
Au g. Jovi Optumo
M A X U M O
Naut/e PaRisiaci
PuBLICE POSUERUNT.
Ou bien pour quelques actions de grâces de quelque
bienfait , obtenu après un ou plufleurs facrifices offerts à
Jupiter fous le règne de Tibère.
Les rivières de la Seine & de la Marne arrofant le pays
.des Parifiens, ils n'eft pas étonnant qu'il y eût un corps
de mariniers pour l'utilité du commerce par eau. L'in-
feription ne porte point Nantie Lutetiaci , les nau-
tonniers de Lutece. Si on y lifoit ces mots , cela ne
fignifieroit encore que la communauté des Nauton-
niers de Lutece. Les Lutéciens étoient les habitans de
la capitale du pays des Parifiens: on ne faut oit le ré-
voquer en doute-, mais ce qui eft inconnu jusqu'à pré -
fent , ôc qui mérite bien une recherche ; c'eft le tems
où le nom de ce pays eft devenu celui de la capitale.
La déeffe Ifis , félon certains auteurs , étant la prin-
cipale divinité, fous la protection de laquelle étoient
les peuples qui reconnoiffbient Lutece pour leur capi-
tale , l'étymologie la plus vraifemblable de Pari/ii ,
vient de w*pa ôc d'iir/ç, peuples fous la protection d'I-
fis;mais fur quelle autorité peut-on fe fonder, puisque
nous n'avons point d'auteur plus ancien que Céfar,
qui nous parle des Parifiens , ôc qu'il ne dit rien de
l'origine ôc du culte de ces peuples ?
L'empereur Julien , cherchant un afyle dans les Gau-
les, choifit Paris pour y faire la demeure ordinaire. 11
eft probable que ce fut dans ce tems qu'on bâtit le pa-
lais des Thermes ou des Bains , dont on '«voit encore
les reftes à la Croix de fer, rue de la Harpe. Clovis,
après avoir tué Alaric, roi des Vifigoths, y fît fa réfi-
dence en jo8, félon l'abbé de Longuerue , dans fa
defeription de la France , part. i. p. ix. Ce palais
étoit fur la montagne , aux environs du lieu où l'on
a bâti depuis le collège de Sorbonnc. Saint Louis ,
dans fes lettres , témoigne que ce lieu étoit ante Pa-
latium 'l'hermarum , devant le palais des Thermes ,
d'où l'on voit qu'il fubfiftoit encore alors , de manière
à mériter la dénomination de palais.
Le rois de Neufirie , Mérovingiens , demeuroient
aux environs de Paris , & habitoient plufieurs mai-
fons qu'ils avoient dans des bourgades ; mais on ne
voit pas qu'ils demeuraflent ordinairement dans l'en-
clos de la ville. Ceux de la race des Carlovingkns
demeurèrent rarement à Paris. Robert , frère du roi
Eudes , étant comte ou gouverneur de Paris , s'en
rendit le maître abfolu , ôc laiffa fa fucceflion à fon
fils Hugues le grand. Ces princes avoient un palais
dans cette ville, dans l'endroit où l'on rend la Justi-
ce. Auprès il y avoit une chapelle dédiée à S. Bar-
thelemi , où Hugues Capet , avant que de parvenir à
la couronne , établit , pour y faire le fervice , les
moines de S. Magloire , qui étoient errans , ayant été
chaffés de Bretagne par les Normans. Hugues Capet ,
qui fut comte de Paris, ayant été élu roi en 987, &
n'ayant presque d'autre domaine que celui dont il
avoit hérité de fon père, continua à réfider à Paris,
comme il avoit fait avant que de monter fur le trô-
ne , ce qui a été fuivi par fes fuccefTeurs ; ainfi il y
a plus de fept cens quarante ans que Paris eft con-
tinuellement la capitale du royaume & la réfidence
des rois; c'eft ce qui l'a fait parvenir au point de
grandeur où elle eft aujourd'hui par le moyen des
PAR 787
grands fauxbourgs qui furent bâtis Au midi , & au
feptenttion de la Seine , ôc qui demeurèrent tout ou-
verts plus de deux cens ans après la mort de Hugues
Capet. Ce fut Philippe Augulle , qui le premier fit
fermer de murailles ces fauxbourgs , ce qui forma
deux nouvelles villes , l'une du coté du midi , qui
fut nommée l'Univerfité , parce que les maîtres, qui
y enfeignoient les feiences , s'y étoient établis avec
leurs écoliers , quoiqu'il n'y eût point alors de collè-
ge fondé. Celui de Sorbonne eft le plus ancien ; cet-
te enceinte fut confidérablement augmentée fous le
règne de Charles V , dit le fage , qui enferma les
églifes de S. Paul , de S. Germain l'Auxerrois , de S.
Euftache, de S. Martin, de S. Nicolas des Champs»
ôc quelques autres, dans la nouvelle enceinte qu'il fit
faire. Du tems de Louis XIII, on enferma les Tuile-
ries Ôc S. Roch dans la ville , & on fit bâtir les
portes de la Conférence , de S. Honoré , de Riche-
lieu Ôc de Montmartre , lesquelles font détruites de-
puis quelques années ; celle de la Conférence en 1730»
Ôc celle de S. Honoré en 1732.
On lit dans l'édition de la defeription de Paris par
Germain Brice, imprimée en 17 17: « Qu'on peut har-
„ diment affurer qu'il n'eft point de ville dans toute
,, l'Europe qui contienne un fi gtand nombre d'ha-
,, bitans , puisque , félon l'exacte recherche de plu-
,, fieurs perfonnes verfées dans ces fortes de choies ,
,, on a trouvé qu'il y avoit encore plus de fept cens
i} cinquante mille perfonnes malgré les diminutions
„ confidérables arrivées dans ces dernières années de
,, guerre , de maladies ôc de difettes extrêmes cau-
„ fées par l'affreux hiver de 1709, entre lesquelles on
,, doit mettre cent cinquante mille domeftiques. ,, Ce
même auteur affine qu'on compte à Paris vingt qua-
tre mille mai fons; mais n'y a-t-il point un peu d'exag-
gération dans cet auteur ? Avant 1709, Paris étoit
beaucoup moins grand qu'aujourd'hui : on avoit for-
mé des projets pour fon aggrandidement , qui n'ont
été exécutés que depuis : les maifons qu'on bâtit au-
jourd'hui font plus élevées que la plupart des an-
ciennes que j'ai vues. Cependant on ne compte à
préfent , avec une étendue de plus d'un tiers , que
vingt-trois mille dix-neuf maifons. Ce que j'avance eft
appuyé fur la recherche exacte que M. Turgot, prévôt des
marchands & M. de Marville , lieutenant général de po-
lice , en ont fait faire par Paquier, exemt de police.
Ces maifons font contenues dans huit cens dix rues.
Il y a quatte-vingt-huit culs de facs , quatorze carre-
fours , quinze cimetières , vingt- un cloîtres, treize
cours qui fervent de paffage , fix enclos , treize faux-
bourgs, quarante trois fontaines, deux pompes, dix
halles, quatorze marchés, vingt-neuf places , quator-
ze ponts , vingt-quatre quais dans la cité , feize dans
la ville , huit dans l'univerfité , dix dans les fauxbourgs ,
cinq dans les lieux exceptés. Dans les ving-trois mil-
le dix-neuf maifons , on y comprend quatre abbayes
d'hommes, quarante-deux couvens d'hommes, douze
féminaires , huit abbayes de filles , quarante-quatre
couvens de filles, quinze communautés, ving-fix hô-
pitaux. La confommation de 1737, 173 S Se 1739,
en bœufs à été par chaque année à cent-dix huit mille
trois cens foixante ôc douze , à vingt-fix mille quatre
cens vingt-cinq veaux , à quatre cens quatre-vingr-
dix-huit mille cinq cens ôc un moutons , à quatorze
mille fix cens quatre-vingt-fix porcs. Année commu-
ne on brûle quatre cent cinquante mille voies de
bois j mais depuis le premier Avril 1739, jusqu'au
premier Avril 1740, on en a brûlé cinquante-huit
mille voies de plus, à caufe de la ligueur ôc de la
longueur de l'hiver qui a été de plus de quatre mois
de gelée. On n'en brûla , en 1709, que trois cens
foixante & fept mille. La voie de bois eft de qua-
tre pieds de haut fur quatre de large , ôc chaque bû-
che eft de trois pieds ôc demi de long. En avoine on
y confomme vingt mille muids : le muid eft Je dou-
ble de celui du bled. En foin , fept millions de bet-
tes ; en bled cent mille muids. Toute cette prodi-
gieufe confommation ne me fera pas conclure que
les habitans montent à un million , ainfi qu'on l'a
avancé dans les étrennes mignones ; je crois qu'en les
Tom. IV. G g g g g ij
788 PAR
réduifant à fix à fept cens mille , c'eit le jufte milieu entre
le trop & le trop peu. Le nombre des baptêmes de
173 9, a été à dix neuf mille fept cens quatre- vingt
ôc un. Celui des mariages à quatre mille cent huit ,
& les morts à vingt-un mille neuf cens quatre-vingt-
fix. Je ne dis rien fur l'article des vins & autres li-
queurs ; je n'ai pu en être afiez inftruit pour en faire
part au Public.
Le Louvre doit être regardé comme le principal or-
nement de la ville de Paris. Il fut commencé ou ré-
tabli en 12 14, fous Philippe-Augufte , ôc hors de la
ville , à l'extrémité de la varenne du Louvre. Près du
château, on bâtit fur la rivière une grofle tour nom-
mée la tour du Louvre. Elle défendoit l'entrée de la
rivière, conjointement avec celle de Nèfle, qui étoic
vis-à-vis. Ce fut dans la tour du Louvre que Ferrand,
comte de Flandre, fut mis en prifon après la bataille
de Bovines, que Philippe-Augufte gagna fur ce com-
te , fon feudataire , qui s'étoit révolté contre lui.
Cette grofTe tour fervit depuis à garder les tréfors de
quelques rois & fut renverfée lorsque François I fit jetter
les fondemeris des ouvrages qu'on appelle le vieux
Louvre. Henri H, fon fils.emplova les architectes les
plus renommés de fon teins , pour rendre ce bâti-
ment auflï régulier que magnifique. Ce qu'on nomme
particulièrement le vieux Louvre , confiée en deux
corps de bâtimens qui forment un angle intérieur ,
dont les faces font décorées d'une très-belle archi-
tecture. Tout l'édifice eft à trois étages. Le premier
ell orné de [l'ordre corinthien ; le fécond du compo-
rte ; ôc le troifiéme eft un attique. Les avant-corps
font avec des colonnes cannelées , ôc le refle eft en
pilaftres du même ordre que les colonnes. On eftime
fur-tout la proportion des fenêtres : elles fe trouvent
dans le fécond étage , ôc font enfermées dans un
chambranle, ôc couronnées d'un fronton triangulaire
ôc rond alternativement. L'attique a aufli fes orne-
mens particuliers , qui font des trophées d'armes en bas-
reliefs , adoflés aux côtés des chambranles des fenêtres ,
avec des lampes antiques fur les entablemens. Le toit
qui couvre cet édifice eft brifé , ôc l'on voit dans la fale
des cent Suides, qui eft élevée de trois marches plus
que le rez-de-chaudée , une espèce de tribune foute-
nue par quatre cariatides gigantesques. Cette fale fer-
voit autrefois à donner des feftins , ôc la reine Cathe-
rine de Medicis y faifoit audi repréfenter la comédie Ôc
danfer des ballets , pour amufer la cour de fon tems.
Voici l'infeription qui fut gravée fur du marbre au des-
fus des portes par ordre du roi Henri II :
Henricus II. Chrxflianiff. vctufîate colldpftim ref.ci
cœp.A Pat. Francisco I.R. Chriflianijf. mort ni SanEiijf.
Parent, memor , pieiuis, filins abfolvh. Ami. Sal. Chrifti
MDXXXXVIU.
On lit ces mots fur l'une des deux portes des côtés:
Virtuti Régis inviclijjlmi.
Et fur l'autre:
Donec totum impleat orbem-
Le Roi Louis XIII a fait élever le gros pavillon du
milieu couvert en dôme carré. Il eft de la même or-
donnance que le vieux Louvre , fi ce n'efl que , com-
me il elt plus élevé que le refie , on a mis fur l'atti-
que des cariatides qui foutiennent un fronton , & co-
piées de celles de la fale des cent Suides. Sous ce pa-
villon eft le grand veltibule qui fert aujourd'hui d'en-
trée au Louvre , du côté des Tuileries , fur lequel eft
une chapelle entre les deux escaliers , qui conduifent
aux appartemens d'en haut. Ce grand vefiibule eft fou-
tenu de deux rangs de colonnes couplées, d'un ordre
ionique compofé. Enfuite de ce pavillon du milieu , on
fît continuer en même tems le corps de logis , où eft
à préfent Facadémie françoife , & commencer le pavil-
lon du côté de la rue de S. Honoré. La cour qui fe
trouve au milieu de ce vafte bâtiment, eft de foixante
ôc trois toifes en carré , dont Louis le Grand a fait
élever presque trois parties , qui ne font pas encore ache-
PAR
vées , ôc où il ne laide pas de paroître beaucoup de ma»
gnificence. Les quatre faces font compofées de huit
corps de logis , qui enferment cette grande cour. L'ar-
chiteéture, de la manière qu'elle eft commencée, eft de
trois ordres de colonnes, avec des piedeftaux. Le pre-
mier eft corinthien , le fécond ôc le troifiéme font
compofites ; & ce qui donne une grande apparence
à tout cet ouvrage , c'eft qu'au lieu de toit , on a fait
régner fur les combles une terrade avec une baluftrade,
dont les piedeftaux feront chargés de trophées.
La grande façade du Louvre , qui eft à l'orient , du
côté de Saint Germain l'Auxerrois , eft compofé d'un
premier étage fimple , pareil à celui des autres façades
de l'ancien bâtiment, ôc elle a au-de(Tus un grand or-
dre de colonnes corinthiennes couplées , & de pilafires
de même. Cette façade , longue de quatre-vingt-fept toi-
fes ôc demie , fe partage en trois avant-corps , un au mi-
lieu , & deux aux extrémités. L'avant-corps du milieu eft
orné de huit colonnes couplées, & terminé par un grand
fronton , dont la cimaile eft de deux feules pierres d'une
grandeur prodigieufe , qui ont chacune cinquante qua-
tre pieds de longueur , huit de largeur , quatorze pou-
ces d'épaideur. Entre ces trois avant-corps , font , com-
me on la remarqué , deux perifiyles de colonnes corin-
thiennes couplées pour une plus grande folidiré , qui
fe communiquent par un petit corridor , pratiqué dans
l'épaideur du gros mur , au-delTus de la porte carrée du
milieu. Ces colonnes , qui font cannelées, ont trois pieds
fepr pouces de diamètre , ôc forment deux grands perifiy-
les de douze pieds de largeur, fur vingt-fept toifes de
longueur chacun , dont les plafonds font d'une grande
beauté , non-feulement par la hardiefTe des architraves
de douze pieds d'étendue qui les foutiennent , mais en-
core par les fculptures, ôc par la propreté avec laquelle
tout cet ouvrage a été exécuté.
Dans l'intérieur du vieux Louvre, on voir l'apparte-
ment des bains de la reine-mere , qui eft de plein pied ,
avec la fale des cent Suides , & compofé d'un grand nom-
bre de chambres , dont les plafonds font enrichis de
très-belles peintures. Dans celles qu'on a bâti les der-
nières, au-dedous delà galerie d'Apollon , en retour-
nant fur le petit jardin du côté delà rivière, Frances-
co Romanelli , Italien , a peint des plafonds ôc des
lambris d'une excellente manière ; mais rien n'égale en
richede d'ornement le petit cabinet de ce même appar-
tement qurdonne fur la rivière, où rout paroît d'une
magnificence exquife , jusqu'au parquet, qui eft d'une
marqueterie très bien travaillée. La fale des antiques ,
qu'on trouve proche de ce cabinet, eft incruftée de divers
compartimens de marbre rare, avec des niches ornées
de colonnes audi de marbres les plus précieux , dans les-
quelles on confervoit les ftatues antiques qui font pré*
fentement à Vcrfailles. La fale particulière des bains
attire l'a»dmiration des curieux, par la beauté des orne-
mens qui s'y trouvent, par les colonnes de marbre , avec
leurs chapiteaux de bronze doré , par les balnftrades de
même , par le plafond enrichi de fujets peints de ta-
pis en camaieu fur des fonds d'or , ôc par tout ce qui
peut rendre un lieu très-brillant. La galerie d'Apollon,
qui eft dans l'appartement d'en haut , conferve encore
de grandes beautés , quoiqu'elle ait été presque route
confumée par le feu en 1 66 1 . On l'a rétablie autant qu'on
a pu dans fa première magnificence. Feu le Brun, pre-
mier peintre de fa majefté , a donné tous les dedeins
des ouvrages que l'on y voit. Il a peint dans le grand
cartouche , qui fe trouve au milieu du plafond, le fo-
leil tiré dans fon char, avec tous les attributs qui lui
conviennent. Les autres cartouches qui accompagnent
celui-ci , repréfenrent les quatre faifonsde l'année, dans
des bordures très-riches. Le lieu où l'on conferve les
tableaux du roi , eft adodé à la galerie d'Apollon. Quoi-
que la plus grande partie des beaux ouvrages qu'il conre-
noit autrefois , ait été transportée à Verfailles, il y re/te
encore quantité de chofes dignes de l'attention des
connoideurs.
Les académies françoifes, des belles lettres, des in-
feri prions ôc des feiences , ont chacune un appartement
dans le vieux Louvre , où elles tiennent leurs adem-
blées. Ceux qui compofent celle d'architecture , ôc celle
de peinture , ont aulïï dans le vieux Louvre un lieu cta-
PAR
bli pour leurs conférences. Sur le bord de la rivière,
au coin de la rue du petit Bourbon, eft le garde-meu-
ble du roi, dans une vieille maifon nommée autrefois
l'hôtel du petit Bourbon. On y voit une quantité de
riches tapiflèries anciennes Se nouvelles , dont les plus
belles ont été faites fous le règne de François I. Les batail-
les Se les triomphes de Scipion, faits pour Henri II, font
de ce nombre. Ces deux tentures font enfemble cent vingt-
deux aunes en vingt-deux pièces. Les tapifferies du des-
fein de Raphaël , l'ont l'hiftoire de Jofué, de quarante-
trois aunes en huit pièces ; Pfiché , en vingt-îlx de cent fix
aunes ; les actes des apôtres , en dix pièces de cinquante-
trois aunes ; Se l'hiitoire de faint Paul , de quarante-
deux aunes , en fepe pièces. Le roi en a fait faire plu-
fieurs aux Gobelins , enrichies d'or Se d'argent , fur les
defleins de le Brun. 11 y en a une quantité fi grande, qu'on
en compte jusqu'à vingt-quatre mille aunes. On con-
ferve quantité d'anciennes armes dans une chambre
particulière , & entre autres celles que François I avoit
à la fameufe journée de Pavie , où l'on voit fur la cui-
raffe les coups qu'il reçut, avant que de fe tendre aux
Espagnols. M.dcMarigni , furintendaht des bâti mens du
roi , qui , par fon goût Se fon zèle pour les arts , ren-
dra fon nom immortel, a entrepris de faite achever le
vieux Louvre : on y travaille actuellement fous les or-
dres , Se bientôt on aura la fatisfaction de voir ce fu-
perbe palais achevé.
Les premiers fondemens du palais des Tuileries fu-
rent jettes l'an 1564p.tr l'ordre delà reine Catherine
de Medicis , en un lieu fort négligé , où pendant long-
tems on avoit fait de la tuile. Llle prit pour exécuter
fon deffein Philibert de Lorme Se Jean Bulan , tous deux
François, Se les plus habiles de ce tems. Il ne fut com-
pofé que du gros pavillon carré du milieu , de deux
corps de logis , qui ont une tétrade du côré du jar-
din , Se de deux autres petits pavillons qui les fuivent.
Ces cinq pièces , qui formoient ce palais , avoient de !a
régularité Se de la proportion. Les faces des deux cô-
tés , qui regardent la cour , ou la principale entrée par
la place du caroufel, font décorées d'une architecture
de très-bon goût. Le gros pavillon du milieu , couvert
en dôme carré , elt orné de trois ordres de colonnes
de marbre : favoir de l'ionique, du corinthien, Se du
compofite , avec un attique encore au-deffus. Les co-
lonnes du premier ordre font bandées & ornées fur les
bandes de diverfes fculptures, travaillées fur le marbre.
Du côté du jardin ces mêmes ordres ne font que de
pierre. Dans la reftauration que Louis XIV fit faite de ce
palais en 1664 , furies defleins de Louis le Vau , dont
François d'Otbay a eu toute la conduite , on ajouta à
ce pavillon le troifiéme ordre , avec un attique , afin
que l'exhauffement repondît à tout le relie. Ce palais
fe trouve à préfent dispofé de cette forte.
Toute la face de l'édifice efi compofée de cinq pa-
villons, Se de quatre corps de logis, de cent foixante-huit
toifes trois pieds de longueur, dont l'architecture eft
traitée diverfement; ce qui n'empêche pas que le tout
enfemble n'ait une gtande & magnifique apparence,
qui embellit infiniment toutes les vues du jardin des
Tuileries , dont l'étendue a été distribuée d'une manière
Il ingénieufe, que dans un espace de trois cens foixante
toifes de longueur, fur cent foixante-huit de largeur,
on trouve tout ce qu'on peut fouhaiter dans les plus
charmantes promenades. On y a fait des changemens s
qui n'ont pas peu contribué à le rendre plus agréable ,
foit par Tait avec lequel il efi: defilné , foitpar les mor-
ceaux de fculpture des plus grands maîtres , dont les
uns font hiftoriques, & les autres myrologiques. On y
entre en fortant du château, & on traverfe une espla-
nade bordée de groupes de figures de marbre blanc fur
des piedefiaux, & de deux grands vafes fort bien fcul-
ptés. Du côté de la rivière, on y voit un chafieur qui
fe repofe avec fon chien : à l'autre bout , du côté de
S. Roch , efi un dieu Pan , ayant un Faune derrière
lui. Ce dieu eft repréfenté jouant de la fiute ; la deli-
cateffe de l'ouvrage prouve tout l'art de l'ouvrier. Au
milieu font quatre Hamadryades ou divinités des bois ,
avec leurs attributs. Les trois du côté de la rivière font
de Coutlou , Se les trois autres font de Coizevox. De
l'esplanade on descend dans le parterre defiîné par allées
PAR 789
qui aboutiffent tant à la grande , qu'aux contre-allees :
les defleins en font très-bien entendus : ce font des
compariimcns de différentes espèces , avec des fleurs
fuivant la faifon , entre lesquelles on remarque trois jets
d'eau, bordés de gazon. Tout ce parterre eft orné par
. les figures de l'enlèvement d'Orithie par Borée , d'E-
née qui fauve fon pere Anchifc , chargé de Ces dieux
Pénates , Se fon fils Ascagne ; d'un côté Se de l'autre par
l'enlèvement de l'Occafion par le Tems , Se par Arie
qui , après s'être percé le fein , préfente à fon mari,
Perus le poignard , en lui difant qu'il ne fait point de'
mal. Ce jardin eft enfuite divifé en plufieurs allées , qui
fe rapportent à trois principales bien plus longues Se
plus larges que les autres. Celle du milieu eft de cent
foixante-cinq toifes de longueur , Se large de feize , plan-
tée de maronniers d'Inde ; il y avoit autrefois des ifs
entre deux: elle eft accompagnée de deux contre-al-
lées, qu'on voit remplies du plus beau monde de Paris
dans les heures de la promenade. Les deux autres, pa-
rallèles à celle-ci , ont un peu moins de largeur , Se font
formées feulement par des tilleuls. Entre ces trois gran-
des allées , Se dans les espaces qui fe trouvent jusqu'aux
terraffes, on avoit dispofé des bosquets & des boulin-
grins de toutes fortes de figures, avec des pièces de
gazon rondes Se ovales , creufées en pente douce , en-
tourées de maronniers ; mais il ne refte plus que les
pièces de gazon , Se même entre les allées & la rerraffe
du côté de faint Roch , il y en a de magnifiques qui
forment des tapis. Il y avoit une fale des feftins, Se
fort près de-là un théâtre découvert , dont les décora-
tions étoient formées par des ifs Se par des maronniers
d'Inde. En 1 7 1 6 tout cela fut détruit pour y confiruirc
un mail fermé par un grille de fer, qui en faifoit l'en-
ceinte. Notre Augufte Monarque Louis XV alloit pren-
dre fa recréation dans ce mail dans le tems de fa mino-
rité , qu'il demeura à Paris. Il y avoit au milieu une
fa!e de billard. On y avoit planté auffi des allées d'ar-
bres. Depuis que le roi eft retourné a Verfailles, on a
défait le mail Se on a continué les allées pour la pro-
menade, la terraffe du côté de la rivière eft un grand em-
bellificment pour les Tuileries; fa longueur eft de deux
cens quatre-vingt fix toifes , & fa largeur de quatorze.
Cette terraffe eft plantée de deux rangées d'ormes &
d'ifs entre deux , Se eft revêtue d'une très-belle maçon-
nerie, & ornée d'avant-corps Se de boffages du côré
du grand chemin ; Se d'espace en espace on trouve de
grands perrons dispofés pour descendre commodément
dans des allées de traverfe, qui coupent toute l'éten-
due du jardin. On y voit d'un côté les plus beaux bâtimens
de la ville, Se de l'autre, les Invalides & la rivière,
une campagne terminée par les montagnes de Meudon
Se de S. Cloud. C'eft avoir parlé de la terraffe du côté
de Saint Roch , que d'avoir décrit celle du côté de la
rivière. Les allées de ce jardin font terminées par un
treillage , au-devant duquel font plufieurs figures, dont
la première à main droite eft Annibal , qui compte dans
un boiffeau les anneaux des chevaliers Romains , après
la bataille de Cannes. A main gauche on voir Jules Cé-
far , le premier des empereurs Romains. A droite Se
à gauche on voit les génies des quatre faifons, en for-
me de thermes : aux deux exttémités font deux prê-
treffes vêtues à l'antique, & copiées d'après l'antique.
C'eft ainfi qu'on entre dans une fort belle place en fer
à cheval , au milieu de laquelle eft un baffm oétogone,
d'une grandeur confidérable. Dans les côtés , au pied
des deux terraffes , on remarque fur quatre piedefiaux
le Nil, le Rhône, la Seine & le Tibre, avec les attri-
buts qui les diflinguent. Ces morceaux font de Cou-
ilou Se de Coizevox. Sur les deux bouts des terraffes, en
face des Champs Elyfées , on voit d'un côté Mercure à
cheval , Se de l'autre la Renommée : on les a fait ve-
nir de Marly. On fort enfin par un pont tournant
coupé en deux parties, qui fe rejoignent pour com-
muniquer avec les Champs Elyfées.
Au-delà des Tuileries , eft une place dans laquelle
on a élevé la ftatue équeftre de Louis XV , ai>deffus ,
fur le bord de la rivière eft le Cours de la reine. Ce fut
Marie de Medicis qui le fit planter , comme on le voir
à préfent , pour fervir de promenade. 11 eft long de
dix-huit cens pas, Se compofé de trois allées, que for-
PAR
790
ment quatre rangées d'ormes , qui font enfemblé vingt
toifes de largeur. Celle du milieu eft plus large que
les deux autres , Se fix carofies peuvent y rouler de front.
Le milieu du Cours eft marqué par une grande espla-
nade ronde , autour de laquelle les rangées d'arbres con-
fervent leur lymmétrie &lcur diftance,& les extrémités
étoient ci-devant terminées par deux grandes portes de fer,
appuyées fur des corps de maçonnerie ruftique , au haut
desquels étoient quelques figures couchées ; mais la
grille du côté des Tuileries a été ôtée& on l'a détruite.
Le palais des Tuileries communique au vieux Lou-
vre , par le moyen de la grande galerie, qui a de lon-
gueur deux cens vingt-une toifes , fur quatre toiles cinq
pieds de largeur. L'architecture de cette galerie n'eft
pas égale par- tout. Depuis le gros pavillon qui fait le
coin jusqu'au premier pafTage, qui en marque le mi-
lieu , elle eft en pilaftres compofites , cannelés & cou-
plés , d'une grandeur gigantesque. On regarde particu-
lièrement les huit derniers de ces pilaftres , où l'on trou-
ve que les chapiteaux font d'un meilleur goût Se d'une
proportion plus élégante. La lettre H à la place de
la rofe dans le chapiteau , fait connoître que cet édifice
a été élevé fous le règne de Henri IV. Tout l'entable-
ment de cette partie de la galerie , eft couronné de fron-
tons angulaires Se fphériques alternativement , dont les
tympans font enrichis de fculpture , qui repréfente les
airs , les feienecs Se d'autres femblables. Dans la même
fuite , après le petit dôme fous lequel fe trouve le pas-
fage , eft un gros ouvrage de maçonnerie de la même
hauteur ; mais d'une ftructure fort (Impie. Tout le refte,
jusqu'au vieux Louvre, eft d'un defiéin aflez fingulier ,
orné de petits pilaftres couplés , chargé de quantité de
fculpture , dont la plus grande partie n'a pas été achevée,
non plus que le dedans de cette longue galerie , qui eft de
deux cens vingt-une toifes, depuis une porte jusqu'à
l'autre , Se de quatre toifes cinq pieds de largeur.
Pioche du guichet, on trouvoit deux églifes , dont
l'une Saint Nicolas du Louvre , defi'ervie par des cha-
noines, Se l'autre Saint Thomas du Louvre, avec un
chapitre dans la rue de ce nom, font aujourd'hui réu-
nies fous un même titre. Dans l'églife de Saint Louis
du Louvre, bâtie à la place de celle de S. Thomas,
qui tomba par un accident imprévu en 1739, pendant
qu'on y tenoit le chapitre. Il y eut plufieurs chanoines
écrafés fous les ruines. Melin de Saint Gelais , poëte
célèbre fous le règne de Henri II , y a été enterré.
L'origine de l'églife de Saint Germain l'Auxerrois ,
paroifle du Louvre , eft peu connue. Le bâtiment de
cette églife , tel qu'on le voit à préfent, eft de diffé-
rens ficelés. Il y a dans le chœur de la ftructure qui
paroît du quatorzième. La nef eft plus moderne , Se
peut avoir deux à trois cens ans d'ancienneté. Le bâ-
timent eft aflez régulier dans fa manière gothique Se gros-
fiere , Se toutes les parties fe répondent aflez bien : mais
la lumière y manquoit presque par-tout -, Se cela ve-
noit en partie des vitres qui étoient peintes en apprêt,
Se de ce que l'on avoit imprimé les voûtes d'un azur
presque noir , que l'on avoit enrichi de fleurs de lis d'or.
On a regratté l'églife, on n'y voit plus l'azur Se les fleurs
de lis. Un rang de chapelles règne tout autour de ce bâ-
timent , avec un double corridor fort bien voûté. Le
grand autel eft orné de quatre anges de bronze , de
grandeur naturelle , Se de quelques vafes. Les piede-
ftaux & les appuis de la baluftrade font de marbre ,
Se les baluftres de bronze aflez bien fondu. Le foleii
d'or eft chargé de quantité de pierreries, de même que
le petit dais où l'on expofe le Saint Sacrement. C'eft un
préfent de la reine Anne d'Autriche , mère de Louis
XIV. A côté de la chapelle du Saint Sacrement eft le
tombeau du chancelier Etienne d'Aligre, mort en 1677.
Il y eft repréfente en marbre avec fon père , appelle
auili Etienne , qui avoit été garde des fceaux. L'ouvrage
eft de Laurent Manier. Ifrae'l Silveftre, defllnateur ex-
cellent ; Jean Revol , fecrétaire d'état ; le chancelier
François Olivier ; Pomponne de Bellievre , chancelier
de France ; Nicolas de Bellievre , préfident ; Se Pom-
ponne de Bellievre, premier préfident du parlement-,
Paul Phelipeaux , Seigneur de Pontchartrain, fecré-
taire d'état; François Picart , célèbre prédicateur ; Pier-
re Seguin , grand connoifleur pour les médailles ; Fran-
PAR
çois Malherbe , célèbre Poëte ; Charles- Annibal Farbot }
célèbre juriscoufulte; Louis le Vau , premier archite-
cte du Roi ; Claude Balin , orfèvre ; Jean Varin, gra-
veur général des monnoies de France \ Gui Patin , cé-
lèbre médecin ; Martin des Jardins, excellent fculpteur ;
Jacques Stella , peintre habile ; Jacques Sarrazin , ex-
cellent fculpteur; Claudine-Bouzonet Stella , qui a laifl'é
des eftampes d'après les tableaux de Pouflin fort efti-
mées -, François d'Oibai, fameux architecte ; NoëlCoy-
pel, peintre eftimé; Guillaume Sanfon , géographe or-
dinaire du roi , Se fon fils , Nicolas ; Denis Dodarr ,
médecin du roi ; Louis Berin , fameux deflinateur , font
lesperfonnesdiltinguées dans les différens genres , dont
les corps repofent dans cette églife. Concino Concini ,
maréchal d'Ancre , Florentin d'origine , y a été enter-
ré ; mais il en fut exhumé par le peuple , qui exerça de
grandes cruautés fur fon cadavre. Sa femme , Leonora
Galigay, fut condamnée par arrêt du parlement à avoic
la tête tranchée Se brûlée en place de Grève. Le chapitre a
été réuni depuis peu à celui de l'églife mérropolitaine.
Le quartier de Saint Honoré a été appelle ainfi de
la rue de ce nom , l'une des plus grandes de Paris ,
dont l'extrémité donne dans la rue de la Feronnerie.
C'eft dans cette dernière qu'on trouve une longue
rangée de maifons , bâties d'une même fymmétrie ,
qui appartenoient au chapitre de Saint Germain
l'Auxerrois ; c'eft dans cette rue que Henri I V
fut a fia finie par Ravaillac , le Vendredi 14 Mai
16 10. La première chofe remarquable qu'-on diftin-
gue enfuit e , eft la croix du Tiroir. Elle eft au coin
de la rue de l'Arbrefec , appuyée fur l'angle d'un
pavillon , dont la maçonnerie eft aflez belle. Son
nom a fort varié dans les anciens titres, tantôt c'eft
la croix du Traihouer ou Traiboir , Trayoir , tantôt
la croix du Tr'wuer ; ou Tiroir ou Tirauer , ou
Tiroer. Le fief de Therouenne s'étendoit jusqu'à 1»
rue Saint Honoré ; Se Sauvai prétend , dans fon li-
vre des antiquités , que c'eft de ce fief qu'eft venu le
nom de la croix. Duchesnc , Anùq. de Farts , Cbap.
1. prétend que c'eft parce qu'on y tiroit les bêtes. C'eft
là que fe fait la décharge des eaux'd'Arcueil , qui panent
fous le pavé du Pont- neuf. En avançant dans la même rue,
on trouve l'églife des pères de l'Oratoire. L'ordre corin-
thien y eft obfervé en grand Se en petit , d'une manière
aflez correcte Se aflez exacte. Le grand autel fe trouve à
l'extrémité, dans un efpace vouré en manière de dôme.
Le tabernacle de cet autel eft une coupole fort élevée »
acompagnée de quatre portiques, foutenus chacun de
fix colonnes compofites , d'un très beau marbre de
Sicile , dont les proportions font fort régulières. Il a
été inventé par Louis Abel de Sainte Marthe, géné-
ral de la congrégation de l'Oratoire. Dans une cha-
pelle de cette églife, à main gauche, du côté du
grand autel , on voit en marbre blanc le tombeau du
cardinal de Bcrulle , inftituteur de cette congrégation
en France. Il y eft repréfente à genoux , Se fon épita-
phe , gravée au-devant de ce tombeau , fait connoître
qu'il mourut l'an 1619, en célébrant la Méfie, âgé
de 55 ans. L'ouvrage eft de François Anguier.
Cette congrégation a fourni des hommes illuftres
dans tous les genres. Leur bibliothèque eft confidé-
rable Se remplie de manuferits , parmi lesquels eft
un exemplaire hébreu Se famaritain du Pentateuque.
Un peu plus haut , de l'autre côté de la rue , on
voit l'églife de Saint Honoré. Sur l'autel , qui eft orné
d'un morceau d'architecture corinthienne , il y a un
aflez bon tableau , peint par Champagne qui fait voie
la préfentation de notre Seigneur au temple. Les
chanoines, qui defiervent cette églife, ont des reve-
nus confidérables. Le Cardinal du Bois , premier mi-
niftre de France, mort le 10 Août 1712, y eft en-
terré fous le grand autel, & fon maufolée eft dans
la première chapelle en entrant à main droite. Le Pa-
lais royal , qu'on découvre enfuitc , a été bâti de fond
en comble , pour fervir de logement au fameux car-
dinal de Richelieu , Se fut nommé de fon tems hôtel
de Richelieu , Se enfuite Palais cardinal. 11 confifte en
un grand nombre d'appartemens , féparés par des
cours , dont les deux plus confidérables fc trouvent
au milieu. La première Si la plus petite eft entou;
PAR
rée de bâtimens , ornée de boiTage , avec des corps
d'architecture rultique aux principales entrées. La
féconde , plus grande que l'autre , n'en a que de trois
côtés. Elle eft feparée du jardin , qui elt dans le fond ,
par une fuite d'arcades qui foutiennent une galerie
découverte , pour la communication des deux ailes.
Comme ces arcades ne font fermées qu'avec des
grilles de fer , on a dans cette féconde cour la vue
du jardin. Le bâtiment de ce côté-là eft un peu plus
orné que celui de la première. L'ordre dorique en
pilaftre y eu; obfervé au fécond étage , foutenu d'un
premier à rez-de-chaufiée , compofé d'arcades, entre
lesquelles on a mis des ornemens de fculpture , qui
font connoître que le cardinal de Richelieu étoit
amiral de Fiance. Les appartemens de ce palais font
fort fpacieux , Se toute la cour y a logé pendant la
régence de la reine Anne d'Autriche. Les nouveaux,
que l'on a faits dans l'endroit où les académies de
peinture Se d'architecture étoient logées autrefois ,
font beaucoup plus commodes Se plus beaux que
les anciens. Ils confident en un grand corps de logis,
qui termine à la rue de Richelieu. La face de ce bâ-
timent eft ornée de deux ordres d'architecture , à co-
lonnes engagées d'un tiers de l'ionique & du co-
rinthien, avec un petit attique au-defius. Le petit
jardin qui eft devant eft d'une belle dispofition , avec
un jet d'eau au milieu , Se quantité de grands oran-
gers Se d'arbuftes tout à l'entour. Il eft féparé du
grand jardin par une grille de fer , dispofée en demi
cercle , au travers de laquelle on peut en avoir la
vue. Feu M. le duc d'Orléans a fait changer le grand
balTin » qui étoit du côté de la rue neuve des Petits-
Champs , Se l'a fait mettre dans le milieu du jardin.
Ce prince a augmenté fon palais d'un grand commun ,
du côté de la rue des Bons-enfans. M. le duc d'Orléans
d'aujourd'hui l'a confidérablement embelli : l'aile qui ,
avec ce grand commun , forme une très-belle cour ,
eft d'un goût fingulier Se recherché. A peu de dis-
tance de-là , vis-à-vis la rue de Richelieu , eft l'hô-
pital des Quinze-vingt , que Saint Louis fit bâtir en
1254, pour trois cens gentilshommes aveugles, qu'il
ramena de la Terre fainte , où ils avoient perdu la
vue en combattant contre les Sarrafins. Les antiquai-
res prétendent que la ftatue de ce faim roi, qu'on
voit fur la porte de cette églife, a beaucoup de l'air
de fon vifage. Plus haut de l'autre côté , eft l'églife
paroiflîale de Saint Roch , qui a été extrêmement
aggrandie. Elle eft de cinquante deux toifes de lon-
gueur , fut dix-fept de largeur Se quinze toifes de
hauteur ; on y monte par plufieurs degrés qui con-
duifent à un perron de vingt pieds de long, fur foixan-
te-dix huit de largeur. C'eft de là que s'élève le por-
tail , à la hauteur de treize toizes & demie , en s'é-
tendant fur quatorze toifes Se denjf de largeur. Dans
les bas-côtés de la nef, on trouve cinq chapelles de
chaque côté ; il y en a quatre dans la croifée , dont
les quatre piliers du milieu font ornés de quatre pa-
naches , où on a fculpté les quatre évangéliftes , au-deffus
desquels eft un entablement qui foutient une calote en cul
de four, aufli fculptée. Le chœur eft compofé de neuf
arcades, qui font fermées par des grilles de fer; le
fanctuaire & le grand autel font de marbre ; les deux
bas-côtés du chœur font diftribués en quatre chapel-
les de chaque côté. La chapelle de la Vierge eft en
forme ovale , avec un bas-côté au pourtour , à la fui-
te de laquelle fe trouve la chapelle de la commu-
nion. La chaire qu'on y a poféc en 1759 > c^ 'a feule de
Paris, «Se peut-être du royaume, qui foir'en forme de tri-
bune carrée. La dorure , les ornemens Se l'escalier en font
magnifiques. Les perfonnes de réputation, qui font inhu-
mées dans cette églife , font François Se Michel An-
guier frères, fculpteurs eftimés ; Pierre Corneille; ma-
dame des Houlieres -, Pierre Klignard , premier- pein-
tre du roi; André le Noftre, habile defllnareur pour
les jardins ; en dernier lieu madame la princefie de Conti,
fille de madame de la Vallicre , dont voici l'épitaphe.
D. O. M.
HIC
Jacere voliilt
Serenijfima Maria- Anna Bcrlonia
PAR 791
Serenijfimi Armand. Litd. Borbonii Sang, Reg. Principis
DE CONTI
Uxor Vida a,
Aulà relicl â ,
Quant forma, ingenio , moribus , ornaveraL
Urbem
Omni virtutum génère
Decoravit ,
In exceljo culmine.
Modtfta , fimplex , facilis ,
In omnes munijlca , erga p.utperes prodiga ,
In Deum pu m > " ,
Vixit
Infpem bnfnortalitath futur x.
Pompam omnem tumuli
Vetuit.
Tlebeioque funere voluiffet efferri,
Ni in ipfofafiûs contemptit
Fajium extimuijfet.
Obiit ,
Die Maii tertiâ , Ann. MDCCXXXIX. JEtaûs fiu 74;
Lud. dfar de la Baume le Blanc de la Vallicre ,
Dux & Par Franclx,
Tabulis fuis connubialibus hœres infiitutus
à Serenijfima
Principe ,
HOC,
Qjiahcumquc , non tam grati animifuï
Quam reUgiofiJfimi obfequii
Monument um,
Mœrens lugensqiie
Pofuit.
L'Eglife des Jacobins , qu'on rencontre enfuite , eft
remarquable par une chapelle qui eft à main gau-
che du grand autel , où le tombeau du maréchal de
Crequi , mort en 1687, eft élevé en marbre blanc.
L'autel elt orné d'une architecture de marbre , com-
pofée de deux colonnes ioniques , avec un entable-
ment Se un fronton de même. Le couvent des Feuil-
lans, qu'on trouve dans la même rue, eft trèi-bien
bâti , Se a toutes les commodités que l'on peut defi-
rer. L'églife fut commencée en 1601 , & le roi Hen-
ri IV y mit la première pierre. Le roi Louis XIII
en fit faire le portail l'an 1624. Il eft compofé de
deux ordres d'architecture , de l'ionique Se du
eorinthien , dont les colonnes font couplées Se can-
nelées avec un attique , qui forme un troifiéme corps,
Entre les chapelles particulières de la nef de cette
églife, qui eft allez bien ornée, on diftingue celle de
Rofteing. On y voit plufieurs tombeaux de ceux de
cette maifon , Se les curieux y admirent trois colon-
nes compofites , d'une espèce de marbre antique très-
rare , qui eft blanc Se noir , par plaques. A côté du
grand autel , dans une chapelle à main droite , eft le
tombeau de la princefie de Guemené. Sur le pilier t
entre deux chapelles , vis-à-vis la chaire du prédica-
teur, on a placé le tombeau d'Henri de Lorraine,
comte d'Harcourt , Se d'Alfonfe Louis de Lorraine,
dit le chevalier d'Harcourt , fon fils. Ce monument
ne renferme point les corps de ceux qui y font repréfen-
tés , Se il n'a été érigé que pour conferver leur mé-
moire. Le cloître de ce couvent elt orné de quantité
de peintures, qui repréfentent la vie de Saint Bernard,
Se de vitres en apprêt, où l'on voit l'hiftoire de Jean
de la Barrière , réformateur de cet ordre. La premiè-
re porte qui donne fur la rue Saint Honoré, fait fa-
ce à la place de Louis le Grand : cette porte fut éle-
vée en 1676. Quatre grandes colonnes corinthiennes
en font l'ornement , avec un entablement Se un fron-
ton qui compofent un morceau d'architecture , où il
y a de la beauté dans l'ordonnance. Le couvent des
Capucins n'eft éloigné de celui des Feuillans que d'un
fort petit espace. Leur églife fut bâtie par les ordres
de Henri III, Se le père Ange de Joyeufe, qui mou-
rut en KÎ08, y fut enterré vis-à-vis le grand autel.
Son épitaphe eft gravée fur une tombe de marbre
noir. Le pere Jofeph le Clerc du Tremblay , mort
PAR
792,
cardinal défigné en 1638, y eft auffi enrerré fous une
tombe de marbre noie.
Le monaftere des filles de l'Affomption eft un peu
plus avant du même côté. Ces religieufes demeuroient
autrefois dans la rue de la Monellerie, proche de la
Grève , où elles étoier.t hospitalières. On les nora-
moit iHaudrietus , à caufe d'Etienne Haudri, écuyer
du roi Saint Louis, qui les avoit fondées pour loger
Se pour feivir les pauvres malades. Cette commu-
nauté vint s'établir en 1622, dans l'endroit où elle
eft préfenremenr. C'étort une place vuide qui s'éren-
doit jusqu'aux foffés de la ville. Le cardinal Fran-
çois de la Rochefoucaud travailla avec grand foin à
î'établiffement de cette maifon, Se il introduisît par-
mi ces religieufes la règle de Saint Auguftin , qu'el-
les fuivent aujourd'hui. Leur églife , qui demeura long-
tems imparfaite, fut enneremeut achevée l'an 1676.
Ce bâtiment eft un dôme de foixante-deux pieds de
diamètre dans œuvre , fans aucun accompagnement.
Le comble eft d'une extraordinaire grandeur , par rap-
port à tout le refte. Il eft terminé par une petite
lanterne appuyée fur des confoles fans nombre. Le
portique , fous lequel on paffe pour entrer dans l'in-
térieur , eft foutenu de colonnes corinthiennes , Se
élevé fur huit degrés. Le dedans de cette églife eft
de figure ronde , orné de quatre arcades , entre les-
quelles on a dispofé des pilaftres corinthiens cou-
plés. Ces pilaftres foutiennent la grande corniche qui
Tegne rout à l'entour. La voûte du dôme eft em-
bellie d'un grand ouvrage de peinture qui repréfente
l'Affomption de la Vierge, avec de grandes rofes de
couleur d'or , en manière de culs de lampe , enfer-
mées dans des o&ogones doubles. Le principal autel
eft décoré d'une fort jolie menuiferie, feinte de mar-
bre.
La pépinière , où l'on voit au printems des fleurs
très-curieufes de toutes fortes d'espèces , eft presque
à l'extrémité du fauxbourg. Elle appartient au roi ;
Se elle a été faite pour fournir aux Tuileries les fleurs
Se les arbuftes dont on a befoin pour garnir les par-
terres. On y voit auffi un très-grand nombre d'o-
rangers qu'on y entretient avec foin. L'entrée du grand
cours eft peu éloignée de l'endroit où étoit aupara-
vant la porte de S. Honoré. Le fauxbourg, qui por-
te ce nom , a pour paroiffe l'églife de la Magdeléne ,
près de laquelle e(l un monaftere ce filles de l'ordre
de faint Benoît. La moitié de la ville eft enfermée
de ce côté-là par une promenade rrès-agréable , for-
mée de quatre rangées d'ormes fans aucune interrup-
tion. Vis-à-vis du monaftere de l'Affomption eft ce-
lui des filles de la Conception. Ce font des religieu-
fes du tiers ordre qui l'occupent. L'hôtel de Vendô-
me étoit autrefois au lieu que Ton appelle aujour-
d'hui la place de Louis le Grand. Cette place eft de
foixante Se dix-huit toifes de largeur, avec quatre-
vingt- lîx de profondeur. La ftarue équeftre du roi e(l
pofée au milieu , fur un piedeftal de marbre fort éle-
vé. Elle a vingt pieds de hauteur avec le cheval, Se
a été fondue d'un feul jet Se d'une feule pièce. Le
roi Louis XIV y e(l repréfente en habit à la ro-
maine , fans felle Se fans étriers , avec l'air de majes-
té qui lui étoit fi naturel. Cet ouvrage eft du fieur
François Girardon. On lit autour du piedeftal cette
inferiprion , compofée par l'académie royale des bel-
les lettres , pour lors des médailles.
LUDOVICO MAGNO DECIMO QUARTO,
FRANCORUM ET NAVARRE REGI
CHRISTIANISSIMO
Vidtori perpetuo ,
Religionis vindici ,
Jufto , Pio , Felici , Patri Patri* ,
ErgaUrbem munificcntiiTimo,
Quam Arcubus , Fontibus, Plateis,
Ponte lapideo, Vallo ampliflimo,
Arboribus confito ,
Dccoravit ,
Innumeris beneficiis cumulavit:
PAR
Quo imperante fecurè vivimus , neminem
Timemus.
Statuait» hanc Equcfirem , quam diu oblatatn
Rectifavit ,
Et civium amori ,
Omniumque votis indulgens ,
Erigi tandem paffuseit.
PR^FECTUS ET EDILES,
Acclamante populo , lani pofuere
Optimum Principem Deus Server*
Chriftianiifimus Se Ecclefia: primogenitus ,
Religionis antiquaevindex,eam domi forisque propagavit
Edicto Nannetenfi, quod olim temporum
Infelicitasextorferat, fublaro.
Haneticorum factionem à Pâtre afflictam
Et exarmatam , honoribus , dignitatibus ,
Publicis officiis fpoliatam , fine bello
Extinxit ;
Templa profana? novitatis evertir.
Pravi cultûs reliquias abolevit ;
Ad uniracem Catholicam reverfisne fidei
Morumque doctrina , Se ad pic vivendum
Subfidia deforent, providit.
Dociles pracmiis conciliavit , egentes
Sublevavit ,
Omnes clementiâ Se manfuetudine in officia
Continuit.
Trecentas Ecclefias à fundamentis erexit,
Ornavit ;
In extremam Afiam , Episcopos Se Sacerdores,
Qui Chriflum gcntibusannunriarent,
Mifit & libcraliuîmè fovit ;
Chriftianos toto Oriente ab infidelium injuriis
Sccnros pra:ftitit.
Loca Sanctaut Chriftianis peregiinis paterent
Majeftate nominis effecit ;
Sepulcrum Domini pretioifunis donariis
Decoravit ;
Captivos Chriftianos , etiam hoftes, ex Barbaricâ
Servitute liberavitj
Argentoratenfi Ecclefiœ
A Clodovxo Se Dagoberto fundatœ
Sacra Patria & Episcopum poft annos clii.
Reddidir.
Electorem Archiepiscopum Eeclefis
Trevirenfi Cux ,
Et Surdiam Moguntina? , reftirui procuravir.
Infanos fingularium certaminum furores
Sanctiffimis legibus,
Inexorabi^ue feveritate compreïïir.
Domos alendis Se educandis pauperibus
Conftruxit&ditavit :
Ampliffimè fibi tegnate vifus eft ,
Cùm Religionem fanctiffimam Se caftiffimam
Potefiate , Legibus , Exemplo , Jufiitiâ ,
Liberalirate , défendit, fiabilivit , firmavir.
Arma femper fumpfit invitus, pofuit
Volens,
Chriftiani Orbis quaterpacator.
IIlo régnante & auspice , Scientiis, Artibus,
Commercio floruit Gallia.
Viros doctrina infignes ubique munificentiâ
Profecutus '
Scientiarum , Numismatum , Pictnrac ,
Architeclonices Academiam inftituit ;
Gallicam Academiam adoptavit ■>
Cunctas conrnbernales habuit ;
Easque difficillimis temporibus
Liberalitate fovit.
Peritiflîmos artifices tam exteros quam fuos
Donis invitavit , excitavit pranniis.
Navalibus copiis utramquelndiamGallis
Apcruir.
Interno Mari Qçeanum junxir.
Lkigiofas
PAR
PAR
Litigiofas ambages foro fummovir.
Regnum emendavit legibus, moribus ornavitj
Superiorum judicum deleéhi non femel in
Provincias miflb , quod infcriorum vel
Errore velcorruptelâpcccatum fuerat
Correxit , ac tenuiores
A potentiorum injuriisvindicavir.
Extruxir arces auc munivit plus ce.
Hoftium terrores, imperii firmamenra ,
Novos portus fecit , veccres ampliorcs
Tutioresque reddidit.
Milites fenio aut vulnere invalidos
Non indecoro dedic frui otio,
Ac domo excepic Regiœ pari.
Nautas annis auc vulneribus graves
Honeftâ miffione dimifit,
Certumque ftipendium conftituit.
Sancyrianas sdesalendis ac educandis
Nobilibus puellis dicavir.
Rerum moderator ,
Sibi ipfe Confiliarius , Quarflor , Adminifter ,
Quieris , quam dat , vix particeps ,
Tôt tantaque negotia fulunuir foins.
Aditu facilis , comis alloquio, patens femper
Precibus,
Sarpè votis occurrens >
Pater Patrie ,
Omnes caritate ac providentii cornplexus,
Quantus milirice , tantus domi ,
Unumviétoriarum laborumque fruétum
Quxfivit,
, Felicitatem Populorum»
A vi&orîis regnum puer quinquennis
Auspicatus eft.
Annum xvi ingreflus, exercitibus prarfuit -,
Fortunam victoriamque comités duxir ,
Licentiae militum frama injecit ,
Disciplinamque militarem reftituir.
Hoftes terra marique tricenis praeliis fudit ;
cccl. Urbes munitas cœpit ;
Bataviam unâ dilate victoriis peragravit ;
Germanke , Hispanix, Batavia;
Totiusque ferè Europa: conjurarx
Pluribus in locis , maximèque diverfis ,
Conatus reprefllt ;
ValiduTimas Urbes expugnavit , exercitus
Delevit ,
Victis pacem dédit ,
Socios 8c fœderatos défendit , fervavit.
Arma Othomanica Germanorum cervicibus
Imminentia, cœfis ad ArrabonemTurcis ,
Depulir.
Cretam obfeflam navium & copiarum
Subfidiis diu fuftentavit ;
Mare à prxdonibus pacavir.
Afia, Africa , America fenferequid Marte
Poffct.
Imperii fines longé latèque propagavit.
Naves cxx. trirèmes xl.
Nantarum prarter rémiges lx. milliai
Bellum latè divifum arque disperfum ,
Quod conjunxerant reges potentiffimi ,
Et fusceperant intégra: genres ,
'Mira prudenriâ 8c felicirate confecir,
Regnum , non modo à belli calamitate , fed etiam
A metu calamitaris , défendit.
Europa , damnis fatigata , conditionibus ab eo
Latis tandem acquievir,
Er cujus virrutem 8c confilium armata
Timuerat , ejus manfuetudinem 8c xquitatem
Pacata miratur 8c diligir.
Jules-Hardouin Manfart , furintendant des bâtimens ,
a donné les defleins extérieurs de cette place.
Le couvent des Capucines qui étoit dans la rue
S. Honoré , proche l'endroit où étoit l'hôtel de Luxen-
bourg , fupprimé pour en faire la rue , fut transféré
791
derrière la place de Louis le Grand l'an 1086, & <e
roi, pour dédommager ces religieufes d'une très-incom-
mode maifon qu'elles occupoient , leur en fit bâtir
une des plus régulières & des plus magnifiques de
Paris. Leurs cellules font toutes boifées, & les cloî-
tres, vitrés par tout. L'Eglife eft petite , mais fort
claire. La porre eu ornée d'un corps d'architedure
compofite formé par deux colonnes, avec un enta-
blement 8c un fronton fous un grand aie : on y li-
foir cette infeription C. H. O. Salvciton fié invoca-
tione Sanlii Ludovici : mais cela eit changé, 8c on y
a fublhtué deux anges tenant un rouleau fut lequel
on lit , Paveie ad Sanbtuaruim meitm. Le tombcait
de Louife de Lorraine, reine de France, femme de
Henri III, fondatrice de ce monafiere, eit dans le
chœur des religieufes , 8c couvert d'un fimple mar-
bre noir. Deux chapelles , vis-a-vis l'une de l'autre ,
méritent attention. Charles , duc de Crequi , pair de
France, mort le 13 Février 1687, a été enterré
dans la ptemiere qu'on trouve à main gauche. Elle
eft incrullée de marbre par tout, 8c l'Autel a pour
ornement un corps d'archireéhuc d'ordre corinthien
de marbre de Barbançon , où il y a un tabjeau qui
reprefence le marryre de S. Ovide , dont ces reli-
gieufes ont le corps. Vis-à vis de cet autel, le duc de
Crequi é(l repréfenté à demi couché fui un tom-
beau de marbre noir, avec une immortalité qui lui
foutient la tête, 8c un génie pleurant a fes pieds.
Des deux côtes du grand foubaflement qui porte le
tombeau on voit deux vertus de marbre blanc , de
même que les autres figures. Tout cela eft placé fous
une espèce d'arc ou de ceintre, enrichi de rofaces de
bronze doré , 8c d'autres ornemens de même matiè-
re , auffi-bien que les armes du duc , des lampes
aiuiques, des têtes de mort, avec des ades de chau-
ve-fouris , des pentes 8c des fêtions de fleurs , &
d'autres chofes, qui ne contribuent pas peu à la beau-
té de ce monument. L'autre chapelle , qui eu direc-
tement vis-à-vis, eft celle de François Michel leTel-
Her, marquis de Louvois, qui mourut fubitement à
Verfailles le \6 de Juin 169 1. Son corps, qui fut
mis d'abord en dépôt dans Féglife des Invalides, fur
enfuite rapporré dans cette chapelle, où eft Ion tom-
beau. 11 n'y en a aucune plus richement décorée.
Les marbres les plus rares y ont été employés par-
tout. Un grand bas- relief doré à feu, eft pofe fur
l'aurel , 8c repréfenté norre Seigneur porté dans le
tombeau. Dans le fond de cette chapelle, visa-vis
de l'autel, on voit le marquis de Louvois en habit
de chevalier de l'ordre du Saint Esprit, dont il étoit
chancelier, appuyé fur le bras droit, 8c couché fur
un grand tombeau de marbre noir. Anne de Souvré
Courtenvaux, fa veuve, y parok au fli en marbre noir;
mais d'une attitude différente 8c fort bien imaginée.
Les accompagnemens de ce rombeau font très-riches.
On a placé deux vertus de bronze de grandeur na-
turelle de chaque côté du grand focle qui le fou-
tient ; favoir la prudence 8c la fidélité , défignées par
les attriburs qui leur conviennent.
Le quartier de la Bute S. Roch peut fuivre celui
de S. Flonoré. Il a été appelle ainfi à caufe d'une
haute bute de terre voifine de l'églife de S. Roch ,
qu'on a applanie depuis quelques années , pour bâtir
planeurs maifons grandes & fpacieufes qu'on y rrou-
ve en diverfes rues. La bibliothèque du roi , qui étoit
dans ce quartier , eft à préfent dans la rue de Riche-
lieu , où étoit autrefois la banque royale. Les dehors
n'ont rien de beau : les dedans font d'une architec-
ture fimple , mais régulière : les fales font très-com-
modes pour l'arrangement des livtes : elles font or-
nées d'une fort belle menuiferie. Cette bibliothèque
avant d'être fixée à l'endroit où elle eft à ptéfent,
avoit fouvent été déplacée. Charles V l'avoir placée
dans une des tours du Louvre, appellée pour cette
raifon la tour de la Librairie ; la garde en fut confiée
à Gilles Mallet, valet de chambre , 8c depuis maître
d'hôtel du roi. Antoine des Eflards lui fuccéda : Jean
Maulin & Garnier de S. Yon le fuivirenr l'un après
l'autre. Elle fut difilpée fous Charles VII; Louis XI
commença à la réparer. Charles VIII l'augmenta.
Tom. IV. Hhhhh
PAR
794
Louis Xli la transféra a Llois, où Charles d Or-
léans en avoir établi une : il y réunit celle que Jean ,
comte d'Angoulême, avoit amallée à Angouléme ; l'en-
richie de celle des Visconti Ôc Sforce , ducs de Milan,
ôc des livres qui avoient appartenu au célèbre Pé-
trarque. François I la transféra à Fontainebleau , ôc
créa une charge de bibliothécaire en chef dont Guil-
laume Budé fut le premier pourvu, vers l'an 1C22.
Pierre du Château , ou Châtelain , lui fuccéda ; Pienc
deMomdoré l'eut après; enfuite Jacques Amiot; après
lui le célèbre préfident de Thou. Cette bibliothèque fut
pillée : Jean Gofielin , qui avoit fuccédé à Matthieu
la Bife, en laifla une note fur un manuferit intitu-
lé les Marguerites Hïftoriales par Jean MafTue. Hen-
ri I V fir transporter la bibliothèque de Fontaine-
bleau à Paris, ôc la plaça dans le collège de Cler-
mont , & François de Thou , qui n'étoit âgé que de
neuf ans , fut pourvu de la charge de bibliothécaire :
après qu'il eut été décolé , cette place fut donnée à
Jérôme Bignon , auquel fuccéda fon fils , nommé aus-
fi Jérôme Bignon. La bibliothèque fut transférée au
cloître des Cordeliers , enfuite rue de la Harpe en
une maifon appartenante à ces religieux. Cette biblio-
thèque, par les foins de ceux qui en étoient chargés,
devint immenfe. En 1666, M. Colbert la fit approcher
de lui , & la fit mettre dans deux maifons qui lui
appartenoient rue Vivienne. M. Bignon s'étant démis de
fa place, elle fut donnée à Camille le Tellier , appel-
lé l'abbé de Louvois, auquel fuccéda l'abbé Bignon qui,
en 1721 , fit transporter la bibliothèque dans la rue
de Richelieu où elle eft à prefent. L'Abbé Bignon
obtint la furvivance en faveur de fon neveu ; c'eft lui
qui occupe à préfent cette charge. Les rois avant tous
ces arrangemens, avoient eu des bibliothèques -, mais
ils en avoient dispofé par leur teftament en faveur
de qui ils jugeoient à propos, comme on peur le
voir par l'exemple de S. Louis ôc de Philippe le Bel.
Le roi Jean avoir auffi une bibliothèque ; mais ce n'é-
toit point une richefle de l'état , comme aujourd'hui.
Les libraires font obligés , par les privilèges que le
roi leur accorde pour limpreffion des livres, d'en
fournir la bibliothèque. Le roi ne néglige rien pour
l'enrichir de ce qu'il y a de plus rare, foit dans le
royaume, foit dans le pays étranger; on ne fauroit
en fixer le nombre au jufte ; mais on peut dire que
c'eft la plus belle & la plus confidérable qu'il y ait ,
foit «n livres imprimés, foit en manuferits hébreux,
grecs, arabes, fyriaques , latins, françois , chinois,
éthiopiens , danois , indiens , chaldéens , arméniens ,
famarirains, turcs, perfans , &c. On peut afiurer qu'il
y a peu d'étrangers qui viennent la voir , fans trou-
ver des livres en leurs langues. Chaque année là voit
plus nombreufe que la précédente. On pourroit mê-
me avancer en quelque façon chaque jour. C'elt as-
fez pour fatisfaire les curieux fur le nombre des vo-
lumes qui devient indéfinifiable par les augmentations
presque quotidiennes. Les eftampes y ont auffi leur
place, & le recueil en devienr pareillement le plus
confidérable du royaume , & je ne fais s'il y en a de
plus riche en Europe. Ce fut en 1722 qu'on y pla-
ça les deux magnifiques globes de Cotonelli , prefen-
tés à Louis XIV par le cardinal d'Etrées en 1685 ,
& qui quelques années auparavant avoient été appor-
tés de Marli dans une des fales du Louvre. Une fin-
gulicre rareté qu'on y voit encore , eft le tombeau
de Childeric I, roi de France. J'en rapporte la de-
feription telle qu'on la lit dans le mémoire hiftorique
fur la bibliothèque du roi , qui fert de préface au pre-
mier volume du catalogue de l'édition du Louvre qu'on
met entre les mains du public. Ce fut en 1 667 , que
ce ptécieux monumenr pafla du cabinet du Louvre
dans la bibliothèque du roi , le plus ancien que nous
connoiifions de la monarchie françoife. Il fut décou-
vert à Tournay en 1653 , en travaillant à la répara-
tion d'une églife,avec un fqueletre dune grande per-
fonne : on trouva cent médailles d'or des premiers
Empereurs Romains , environ deux cens médailles d'ar-
gent , une épée dont l'acier fe réduifit en poudre aufii-
tôt qu'il prit l'air ; mais le pommeau , la garniture du
fourreau , qui étoient d'or , étoient encore entiers ; il
PAR
y avoit auffi une hache ou francisque, un javelot,
un graphium avec fon ftilet , le tout garni d'or , des
agrafes & des attaches pareillemenr d'or , des fila-
mens d'or qui étoient des refies d'habits , une figure
en or d'une tête de bœuf , quantité d'abeilles ou
mouches, auffi toutes d'or, ôc émaillées, au nombre
de pius de trois cens , & un globe de cryftal : enfin
ce qui perfuada que c'éroit là le tombeau du roi
Childeric , ce fut un anneau de fin or qu'on y trou-
va , ôc où le bufte de ce prince efl gravé en creux,
avec cette infeription autour Cbilderici Régis. Cette
riche dépouille fut donnée à l'archiduc Léopold, qui
étoit pour lors gouverneur des Pays-Bas; éc après fa
mort, Jean-Philippe de Schonborn , archevêque de
Mayence , l'obtint de l'empereur ; comme cet électeur
avoit de grandes obligations au roi , il crut , dit dora
Mabillon , qu'il ne pouvoit mieux témoigner fa re-
connoiflânee à fa majefté , qu'en lui faifant préfent
de ces précieux reftes du tombeau d'un de fes prédéces-
feurs, ôc il envoya exprès en 1665 , le fieur Dufres-
ne à la cour, pour les lui préfenter. Il eft cepen-
dant à obferver , que tout ce qui s 'étoit trouvé dans
le tombeau de Childeric , ne fut pas apporté en Fran-
ce , ôc qu'à en juger par le détail où eft entré Jac-
ques Chifflet là dellus , ôc par ce qui eft à la biblio-
thèque du roi , il doit en être refté chez l'empereur
ou ailleurs , un certain nombre de médailles , d'abeil-
les ôc autres pièces d'or ou d'émail.
La rue neuve des Petits-Champs, qui commence
vers Péglife des Capucines , aboutit à la place des Vic-
toires , où eft élevée une ftatue pédeftre du roi. Cet-
te place , où cinq rues viennent fe terminer , eft de fi-
gure ronde de quarante toifes de diamètre, & en-
tourée de bâtimens de même fymmétrie , dont les fa-
ces font ornées d'une architecture ionique en pilaftres ;
cet ordre eft foutenu fur des arcades chargées de bos-
fages. La ftatue de fa majefté eft au milieu de la pla-
ce fur un piedeftal de marbre blanc, veiné, de vingt-
deux pieds de haut, en y comprenant un foubafle-
ment de marbre bleuâtre , dont les angles font en
corps avancés fur ce grand piedeftal. Le roi eft repré-
fenté dans les habits dont on fe fervir à Rheims dans
la cérémonie de fon facre. 11 a un cerbère à fes pieds,
ôc la victoire derrière lui montqe fur un globe. Elle
femble d'une main mettre une couronne de laurier
fur fa tête , & tient de l'autre un faisceau de palmes
& de branches d'olivier. Toutes ces chofes enfemble
font un groupe de treize pieds de haut d'un feul jet.
Ce monument a été doré par tout , & on lit ces
mots fous la figure du roi , Viro immortali. Pour fer-
vir d'accompagnement à cette riche ftatue, on a mis
fur les quatre corps avancés du foubafiement du pie-
deftal quatre captifs ou esclaves diverfement habillés,
& dans àes attitudes différentes. Ils font auifi de
bronze , & ont douze pieds de proportion. On les voit
attachés au piedeftal avec des groffes chaînes, ôc au-
tour d'eux , on a dispofé des armes ôc d'autres chofes
fymboliques , qui marquent les avantages que la France
a remportés fur plnfieurs nations , fous le règne de
Louis le Grand. Tous ces ouvrages font de bronze ,
de même que les quatre grands bas-reliefs de fix pieds
de long fur quatre de haut , qui occupent les faces
du piedeftal. On a encore placé deux autres bas-re-
liefs fur le grand foubafiement dans des cartouches
entourés de feuillages ôc de feftons. Pour donner un
plus grand air de magnificence à ce monument , on
a mis huit confoles de bronze de quatre pieds de
haut , qui femblent fourenir la corniche du piedeftal.
Les armes de France entourées de palmes ôc de bran-
ches de laurier , avec la devife du roi , font pofées
aux quatre faces fur la même corniche au pied de la
ftatue. L'espace , qui eft autour du piedeftal , jusqu'à
neuf pieds de diftance , eft environné d'une grille de fer
à hauteur d'appui , ôc pavé de marbre de différentes
couleurs. Le premier des quatje bas-reliefs montre la
préféance de la France fur l'Espagne en 1662. Le'
fécond , le partage du Rhin. Le troifiéme , la prife
de la Franche-Comté en 1668. Le dernier, la paix
de Nimégue. On a encore pofé deux autres bas-re-
liefs fur les faces du grand foubafiement, dans des
PAR
PAR
cartouches entourés de feuillages Se de guirlandes -,
l'un marque la destruction de l'héréfîe, 8c l'autre l'a-
bolition des duels. Tour l'ouvrage eft accompagné
d'inferiptions latines 8c françoifes. La première eft la
dédicace Ôc le fujet de tout l'ouvrage.
Les bas-reliefs des colonnes étoient remplis d'inferi-
ptions françoifes 8c latines , qui annonçaient les victoi-
res de Louis XIV , & défignoient les nations éloignées ,
qui, frapées du bruit de fa grandeur, lui avoient en-
voyé des ambafladeurs. Mais de ce grand nombre d'in-
feriptions , il n'en refte que fix qui font fur le piedeftal.
Les colonnes ont été détruites : on les a données aux
Théatins , qui s'en font fervis pour leur églife.
La dédicace de cette place fe fit le 28 Mars 1686.
Le duc de la Feuillade y invita les plus grands feignenrs
du royaume. Il fit fraper des médailles , fur lesquelles
le roi eit représenté avec cette légende , Ludovieiis Ma-
gnus. Sur le revers on voit la repréfentation du monu-
ment avec ces paroles : Patri Exercituum & duttori
femper felici. Dans l'exergue on lit : Unus inter proce-
res pofitit in areâ publicâ Lutetia. Les devifes font de
François-Séraphin Régnier des Marais.
Le palais Mazarin , rue neuve des Petits Champs j
étoit mis au nombre des plus beaux bâtimens de Paris;
il étoit , en général, rempli de toutes fortes de curio-
fités 8c des chofes les plus rares. C'en: à préfent l'hô-
tel de la compagnie des Indes ; & l'hôtel Mazarin eft
dans la même rue , à côté de celui de Pontchattrain.
On trouve, dans la rue Sainte Anne , la maifon des Nou-
velles Converties , bâtie des charités deplufieurs perfon-
nes pieufes , à la fondation de laquelle le maréchal de
Turenne a beaucoup contribué. Celle des filles de Saint
Thomas , de l'ordre de fainr Dominique , eft dans la
rue de Saint Auguftin. Aflez près de là eft le couvent
des Auguftins déchaufles , dits communément les Puits
Pères. Louis XIII , qui fe déclara leur fondateur par
les lettres patentes du mois de Décembre 1629, véri-
fiées en parlement le 2j Juin 1633 , en la chambre des
comptes le- 13 Juillet 1633 , à la cour des aides le 2
Août 1633 , ik aux requêtes de l'hôtel le 6 Avril 1636,
mir la première pierre de l'églife le neuvième de Dé-
cembre 1629 , après la bénédiction qu'en fit François de
Gondy , archevêque de Paris , que le roi accompagné
des Seigneurs de fa cour& du corps de Ville, la plaça
au pilier de l'entrée du côté du fanctuaire, 8c de celui
de l'évangile, avec un marbre noir , fur lequel on lit:
D. O. M.
Lttdovicus XIII. Dei gratta Francorum & Navarra
Rex Cbrifiianiffimus , Inviilus , & ubique vi'clor , tôt vi-
iloriarum cœliths partarum , profligat&que hœrefeos non
immemor in infigne pietatis monumentum F. F. Augitfii-
nianis discalceatis conventûs Parifienfis , hoc Templum
erexit Dei Par&que Virgini Maria fub titulo deViclo-
riis dicavit anno Domini i6i^idie nonâmenfis Ducm-
bris, Rcgni XX.
Cette églife a été plus d'un fiécle fans être élevée plus
haut que la corniche , avec une chapelle de chaque côté
après la croifée ; mais le 23 Août 1737, la première
pierre du portail fut bénite 8c pofée avec une table d'ai-
rain, fur laquelle on a gravé les paroles fuivantes :
D. O. M.
Anno fahttis 1737 > die ver à 23 Aitgufti , pofi cente-
fimitm & jerè oUavum annum incœpti œdificii Ecclefm
Auguftimanorum discalceatortim Conventûs regii Pari-
fienfis fub LudoviCQ XIII, Gallu & Navarra Rege , qui
proftratà & capta Ritpellâ pro gratiis à Deo acctptts ,
lapidem primarutm Regiâ, ut decebat , pornpâ , &pietate,
manu proprià , fundavit fub titulo Dom.ru noftra de Vt-
cloriis , anno 1629 , die noria. Decembris.
Nunc, régnante Ludovico XV ', ejus Pronepote ,prima-
rius lapis angularis frontis ejusdem Ecclcjiœ , in dexterâ
parte-, ad pcrfccTionem tanti operis ab Illuftrijfimo &
Revcrcndijfimo D. D. Hyaclmko le Blanc , Episcopo
Joppenfi , Benedichts , collocatus in fundamentïs cccncn-
toq.te firmatus fuit , ajjiftemibus PP. Guillelmo 4 Sanclâ
79ï
Anna Provinciali , & Mïchaele Angelo à Sanctà Ca-
tharinâ Vicario Priore. Le Duc , architecte , en donna
les premiers defleins , que Silvain Carthaud , architecte
de M. le duc d'Orléans , a continués. Au-deflus de la
grande porte on lit fur une table de marbre :
D. O. M.
Virgini Deipar*
Sacrum
sub TITULO
DE VICTORIIS.
Le portail eft compofé de deux ordres ; le premier
eit l'ionique , le fécond eit le corinrhien. Jean-Bapti-
fte Lulli , furintendant de la mufique du roi , a été
inhumé dans fa chapelle le 23 Mars 1687. Sa veuve
y a fait élever un beau maufolée avec un bufte de bron-
ze.
L'hôtel de Soiflbns, qui efl dans ce quartier, n'effc
confidérable que par fa grande étendue. L'hiftoire de
Charles VI, roi de France, nous apprend que Louis s
duc d'Orléans , à qui cette maifon appartenoit , l'avoir
donnée pour y renfermer des filles pénitentes , qui y
demeurèrent jusqu'à ce que la reine Catherine de Mé-
dicis ayant trouvé ce terreirt propre pour bâtir , fit trans-
porter ces religieufes dans la rue Saint Denys , au mê-
me endroit où étoit une chapelle confacrée à faint Geor-
ge, qu'elles occupenr encore aujourd'hui. Dans un coin
de la cour de cet hôtel , on remarque une colonne de
cent pieds de haut , dans l'épaifleur de laquelle on a
prariqué un escalier. On dit que cette princefie , qui
cherchoit fort à connoître l'avenir, la fit bâtir rout ex-
près afin d'examiner les aftres , & qu'elle y montoic
fouvent avec un favant de ce tems. Cette colonne a été
confervée; & fur le rerrein de cer hôtel démoli en 1749,
on a élevé une halle pour les grains.
L'églife paroiffiale de Saint Euftache , une des plus
grandes 8c des plus confidérables de la ville ,
n'eft qu'à quelques pas de cet hôtel. Ce n'étoit d'a-
bord qu'une chapelle , fous l'invocation de Ste Agnès ,
qui dépendoit du chapitre de Saint Germa/ri l'Auxerrois.
Le bâtiment , comme on le voit aujourd'hui , fut com-
mencé vers l'an IJ30; il eit très-grand. Un double cor-
ridor , foutenu de quantité de piliers fort preffés , avec
des chapelles , fe trouve tout à l'entour. Le grand au-
tel eft orné d'un corps d'architecture corinthienne de
quatre colonnes de marbre. Aux fêtes du S. Sacrement,
on y voit un petit dais, donné par la reine Anne d'Au-
triche , garni de quantité de pierreries d'un prix fore
confidérable. La chaire du prédicateur eft afiez bien tra-
vaillée. Feu M. Colbert , miniftre d'état , a fait de grands
biens à cette églife, fa paroifle. 11 mourut le 6 Septem-
bre 1683, 8c on l'y voit repréfenté à genoux derrière
le chœur , fur un tombeau de marbre noir. Un ange
lui tient un livre, dans lequel il femble faire fes priè-
res. 11 y a outre cela deux vernis , la Fidélité 8c la Pié-
té. Toutes ces pièces font d'un très-bon goût. Cet ou-
vrage eft de l'invention de le Brun. Le marquis de Sei-
gnélai eft dans la même chapelle. Marin Cureau de la
Chambre, favant médecin ; François de la Moite le
Vayer, de l'académie françoife ; Amable de Bourzeis;
Antoine de Furetiere , auteur du dictionnaire ; Jean
de la Fontaine, po'ete célèbre; Marie Jars de Gournai,
favante de fon tems ; Jean Homberg , médecin de S. A.
R. M. le duc d Orléans régent; Benferade, le maréchal
duc de la Feuillade , Nicolas Sanfon , géographe , Char-
les de la Fofle , habile peintre , font les pei tonnes di-
ftinguées , dont les corps rcpofenr dans cette paroifle.
La rue Saint Denis , l'une des plus fréquentées de
la ville , commence au grand Châtelet , qui eft à l'extré-
mité du pont au Change. C'eft en ce lieu que fe rend
la juftice civile 8c criminelle de la prévôté de Paris.
Son bâtiment eft très-ancien , & plu/leurs prétendent
qu'il y refte encore une partie des ouvrages que fit con-
ftruire Céfar, pour tenir les peuples des environs fous
l'obéiflance des Romains. Ce refte ne peut confifter
qu'en quelques tours , qui paroiflent très-anciennes du
côté de la boucherie. Cette boucherie étoit autrefois
la feule de toute la ville. Elle appartenoit à une com-
Tom.IV, Il hhhhij
6 PAR
PAR
niunauté de bouchers , dont le crédit étoit fi grand ,
fous le règne de Charles VI , qu'il arrivoit fouvent de
fort grands desordres , lorsqu'ils étoient mécontens. Us
avoient à leur tête un nommé Caboche , écorcheur de
bêtes ; Se les principaux d'entre eux , au rapport de Ju-
venal des Urfins , étoient les Gois, les Tiberi , les Luil-
liers, Se les Saintions. C'eft apparemment de cette com-
munauté de bouchers que l'églife paroifliale de Saint Jac-
ques de la Boucherie , qui eft près delà , a reçu fon
nom. Plus avant dans la même rue de Saint Denis , on
trouve l'hôpital de Ste Catherine. Les religeufes de cet
hôpital font obligées de loger trois jours les pauvres
fervantes qui font hors de condition , Se de faire enter-
rer les corps de ceux que l'on trouve morts en divers
endroits de la ville , Se qu'on expofe quelques jours au
Châtelet, afin qu'on les reconnoifle. Sur la porte de cet
hôpital on a pofé en 1704 , une figure en marbre de
fainte Catherine, faite Se donnée par Thomas Regnau-
din , fculpteur de l'académie. L'églife de Ste Opportu-
ne e fi fort près de-là : c'étoit autrefois un prieuré de
filles , qui dépehdoit de l'abbaye d'Almeneche. C'eft
aujourd'ui une églife collégiale deflervie par des cha-
noines au nombre de neuf, qui ont un chevecier, le-
quel eft auifi curé. François Connan , jurisconfulte re-
nommé , y eft enterré. Derrière cette églife eft une pe-
tite place appellée la Place Gatine , du nom d'un bour-
geois qui tenoit chez lui des aflemblées d'Hérétiques ;
fa maifon fut rafée par arrêt du parlement du 30 Juil-
let 1571 , Se il fut lui-même brûlé à la Grève. A l'en-
droit où avoit été cette maifon , on fit élever une croix,
où l'on repréfenta des évêques & des pères de l'églife
en bas relief, & qui fut depuis transportée dans le ci-
metière des Saints Innocens , où elle eft encore. Ce
cimetière eft le lieu public de Paris , où l'on enterre les
morts depuis près de mille ans. Il eft entouré d'un cor-
ridor voûté où font quelques vieilles épiraphes. Le tom-
beau le plus fingulier que l'on y voie , eft celui de Ni-
colas Flamel Se de Pernelle fa femme : ils n'y font pas
enterrés. Ils y font repréfentés l'un Se l'autre à genoux,
& Notre Seigneur au milieu de faint Pierre Se de faint
Paul, avec des figures d'anges, & des caprices gothiques.
Comme ce Flamel avoit amaflë de grandes richefles ,
les chimiftes ont prétendu qu'il avoit trouvé la pierre
philoibphale, Se ceux qui ont l'entêtement de s'attacher
à la recherche du grand-œuvre , prétendent que les fi-
gures chimériques de ce tombeau renferment de grands
myfteres. Nicolas le Fevre , précepteur de Louis XIII ,
favant fort eftimé , & François-Eudes de Mezerai , qui
a compofé une hiftoire de France fort eftimée , y font
enterrés. La fontaine des Innocens , qui eft au coin de
la rue aux Fers, attire l'admiration de tous ceux qui fe
connoiffent en cette forte d'architecture. 11 n'y a rien
de plus beau ni de mieux exécuté que les bas -reliefs qui
s'y voient. Us repréfentenr des Nayades dans diverfes
fituations & d'un goût exquis. Cette fontaine eft embel-
lie d'une architecture corinthienne en pilaftres. Jean
Gougeon , célèbre fculpteur , qui avoit donné rous fes
foins à ce travail, eut la gloire de recevoir les éloges les
plus flateurs du cavalier Bernin , qui n'étoit pas pro-
digue de louanges.
L'églife du Saint Sépulcte, bâtie en 1326, pour les
pèlerins du faint fépulcre de Jérufalem , qu'on logeoit
autrefois quelques jours, eft un peu plus loin de l'au-
tre côté de la rue. C'eft à préfent une collégiale , dont
les chanoines font à la collation du chapitre de Notre-
Dame : il y a cinq canonicats. Les Filles Pénitentes ,
dont on a déjà parlé , font entre cette églife & l'églife
paroifliale de Saint Leu , où il n'y a rien de considéra-
ble que le tombeau de Marie De/landes , mère de Chré-
tien de Lamoignon , premier président au parlement de
Paris. Ce morceau de fculpture eft du deflein Se de
l'exécution de Girardon. Son petit-fils aîné a voulu
être enterré avec elle. L'hôpital de Saint Jacques,
qui eft de l'autre côté, vis-à-vis la rue aux Oues ,
fut fondé en 13 17 , par quelques bourgeois de Paris ,
qui ayant été à Saint Jacques en Galice , achetèrent des
héritages dans la rue Saint Denis , proche la porte aux
peintres , où ils firent conftruire cet hôpital avec 1 églife,
après avoir payé quarante livres au chapitre de Saint
Germain l'Auxerrois, & cent foixante-dix au curé de
Saint Euftache , pour l'amortilTement de ces lieux , qui
étoient fitués dans l'étendue de ces deux paroiffes.
Jeanne de France , fille unique du roi Louis X , die
Hutin , reine de Navarre, Se femme de Philippe,
comte d'Evreux , pofa la première pierre de cette égli-
fe, en préfence de Marguerite fa mère, duchefle de
Bourgogne , de la comtefîe de Flandres , de la femme
du dauphin de Vienflbis, qui y mirent aufli chacune
une pierre. Cette cérémonie fut faite l'an 1321 , & le
18 Mars de l'année fuivante , Jean de Marigny, évê-
que de Beauvais , bénit la chapelle , Se y chanta la pre-
mière méfie. Quelque tems après on y établit une con-
frérie , qui dans la fuite devint très-confidérablc, eii
forte que l'on y compte aujourd'hui jusqu'à vingt-huit
eccléfiafliques , fous le titre de bénéficiers, dont les uns
font tréforiers , les autres chanoines , Se les autres cha-
pelains , avec des enfans de chœur. Autrefois tous les
lundis d'après la fête de faint Jacques le Majeur } tous
les confrères s'aflembloient en cette églife , pour aflifter
à une proceflion folemnelle, tenant un bourdon d'une
main & un cierge de l'autre : mais cette cérémonie ne
fubfifle plus. Le revenu de cet hôpital, applique aujour-
d'hui aux Invalides , étoit autrefois employé à loger les
voyageurs qui paflbient pour aller à Saint Jacques en
Galice. M. le duc d'Orléans régent , y avoit placé les
chevaliers de Saint Lazare ; mais ils s'en font retirés par
un arrêt du confeil , Se les affaires du chapitre ne font
point encore réglées pour inftruire le public fur l'état
des bénéfices de cette églife.
On trouve enfuite l'hôpital de la Trinité , dont la
première fondation eft due à deux nobles Hommes ,
gens d'armes , l'un nommé Buellem Escuacol, qui eft
un nom Allemand , l'autre , à Jean de la Paslée , jre-
res charnels de mère feulement , lesquels ayant acheté
dans la rue Saint Denis deux arpens de terre à franc-
aleu , pour lors hors delà ville, y firent conlhuire
un hôpital , pour recevoir Se héberger les pèlerins qui ,
revenant de leurs voyages , en trouvoient les portes fer-
mées , parce qu'ils arrivoient trop tard. Les fondateurs
obtinrent de l'évêque de Paris permifiîon de bâtir une
chapelle pour le foulagement des pauvres pèlerins, Se
qu'elle feroit deflervie par trois religieux de l'abbaye
d'Herminieres , pour y célébrer par chacun jour la mes-
fe , matines à trois leçons , vêpres & compiles ; chofe qui
a toujours ainfi duré & continue J 'uccejjivement. Auxquels
religieux ils firent bâtir , fur partie du furplus des deux
arpens de terre , logement compétent , & du refte de l'au-
tre place étant fur lesdites rues Saint Denis & Darne-
tal , ils les firent conftruire en maifons mannables , & les
baillèrent à cens & rente à des particuliers , afin que
le revenu fcrv'ù tant à la nourriture des religieux qu'à
leur entretennement & exercice de ladite hospitalité , ou-
tre par-deffus autres revenus qu'ils auroient donnés &
ajfignés en autres lieux pour l'entretennement d'icelle hos-
pitalité. L'an 1544 , le dix-fept Décembre fut fait la vi-
fite de l'état du corps d'hôtel , étant joignant l'églife du
prieuré de la Trinité, appelle vulgairement les Poispi-
lés , trouvé commode pour y loger les petits enfans ; en
conféquence du règlement général qu'on fit fous Fran-
çois I pour tous les pauvres de Paris, en les divifant
en plufieurs maifons , afin de remédier par-là aux ma-
ladies contagieufes , qui pour l'ordinaire infectoient la
ville , il fut ainfi ordonné par un arrêt de la cour du
parlement donné au mois de Janvier 154J , que les en-
fans, parmi les pauvres gens , qui n'avoient pas moyen
de les nourrir, étant au-deflus de l'âge de feptans, fe-
roient fegregés d'avec leurs pères Se leurs mères , & mis
en un lieu pour y être nourris , logés & enfeignés en
la religion chrétienne ; Se quant aux autres , étant au-
deflous de fept ans , Se les filles pareillement , ils de-
meureroient encore fous la charge de leurs pères Se mè-
res, jusqu'à ce qu'auttement y eût été pourvu , Se quant
à ceux qui auroient père & mère , feroient mis en l'hô-
pital du Saint Esprit , aflis en la place de Grève , en
la manière accoutumée-, pour 'aquelle chofe effectuer ,
furent drefies certains articles politiques, qui furent homo-
logués par ladite cour le pénultième jour de Juillet 1 J47,
Se fut avifé qu'en toute ladite ville n'y avoir lieu plus
commode pour loger les fusdits enfans qui avoient pete
& mère , que ledit hôpital de la Trinité , & même pour
PAR
PAR
coucher jeunes enfans , grande fale ainfi haute & éle-
vée. Ces enfans porcenc des robes bleues , & font coé'f-
fés de petits bonnets de même couleur. Ils font inftruits
& nourris dans cet hôpital , jusqu'à ce qu'ils foient en
âge d'être mis en apprentiflage. Il faut qu'ils foient au-
jourd'hui orphelins de père ou de mère fans aucune
incommodité. Le nombre eft fixé à cent garçons 8c
trente- fix filles. Les ouvriers qui viennent montrer 8c
enfeigner ces enfans , font pour leur récompcufe reçus
maîtres à Paris, & les enfans jouiflent de la qualité de
fils de maîtres. L'églife fut rebâtie l'an 1598. De l'autre
côté, 8c presque vis<à-vis de cec hôpital , eft l'églife de
Saint Sauveur, qui doit fa fondation à faint Louis. Ce
pieux monarque avoir fait bâtir en cec endroit une pe-
tite chapelle , où il faifoit fes prières , lorsqu'il alloit à
Saint Denis à pied , ce qui lui arrivdit fouvent. Ce mê-
me prince fit auffi bâtir le monaftere des Filles-Dieu ,
qui eft plus bas du même côté. Le grand autel de leur
églife eft orné de quatre colonnes corinthiennes de mar-
bre. Ces religieufes font de l'ordre de Fontevrault. L'hô-
tel de Saint Chaumont , dont une communauté de re-
ligieufes, qui étoient à Charonne , eft en pofleffion de-
puis un aflez long tems , fe trouve presque vis-à-
vis des Filles-Dieu. La nouvelle porte de Saint Denis
eft magnifique. On l'a élevée près des fondemens de
l'ancienne , qui étoit très- incommode. Elle a foixante-
douze pieds de haut 8c autant de large. L'ouverture qui
fait la porte en a vingt-quatre , 8c de chaque côté elle
eft accompagnée de pyramides chargées de trophées
d'armes , attachés dans l'épaifieur de l'ouvrage , fous le
piedeftal desquels on a pratiqué une petite porte pour
aider à la grande du milieu. Un grand bas-relief, qui
eft fur le ceintre, repréfente du côté delà ville le pas-
fage du Rhin. La priie de Maftricht eft repréfentée du
côté du fauxbourg. Le deflusde cette porte eft découvert
à la manière des anciens arcs de triomphe que l'on voir
à Rome. On lit les infcriptions fuivantes :
LUDOVICO MAGNO ,
QUOD DIEBUS V1X SEXAGINTA
RHENUM , WAHAL1M, MOSAM ,
ISALAM SUPERAVIT-,
SUBEGIT PROVINC1AS TRES ■>
CEPIT URBES MUNITAS
QUADRAGINTA ;
EMENDATA MALE MEMORI
BATAVORUM GENTE ;
PR/EFECTUS ET /EDILES P. C. C.
ANNO. D. M. DCLXXII.
Du côté du fauxbourg ,
LUDOVICO MAGNO ,
QUOD TRAJECTUM AD MOSAM
XIII. DIEBUS CEPIT ;
ANNO. D. M. DCLXXII.
C'eftle favant François Blondel , qui en a donné le des-
fein.
La maifon des pères de la Miffion de faint Lazare eft
dans le fauxbourg. C'étoit autrefois un hôpital deftiné à
loger ceux qui étoient affligés de ladrerie ; mais cette ma-
ladie ayant cette dans les derniers rems , la maifon de
Saint Lazare tomba entre les mains du père Vincent de
Paul , inftituteur de la Miffion , qui en a fait le chef
d'ordre de toute fa Congrégation. Ce fur le fept de
Janvier 1632 , que le prieur 8c les religieux qui occu-
poient cette maifon , en firent une donation. L'arche-
vêque de Paris en fit l'union comme d'un bénéfice étant
à fa collation, par fes lettres du dernier Décembre 1631,
& le papeUtfbain Mil la confirma par fes bulles du
ir Mars rej y. Les lettres du roi furent enregiftrées le
17 Septembre 1632. L'inftitut eft d'aller dans les vil-
lages inftruire les pauvres Payfans , 8c d'enfeigner aux
jeunes clercs les cérémonies de l'églife. Ainfi , dans le
tems des quatre ordinations de l'année, tous c ux qui
fe préfentent à l'archevêché pour recevok les ordres ,
797
doivent p3fTer onze jours à Saint Lazare pour y être
inftruits, 8c ces millionnaires font obligés de les nour-
rir tous gratuitement pendant ce tems. Mais à préfent ,
ils font payer ceux qui ne font pas du diocèfe de Paris.
Leur maifon eft très-fpacieufe, 8c ilspofledenr plufieurs
terres qui font à l'entour. Les fœurs de la Charité furent
établies en forme de communauté , fous le titre de Ser-
vantes, des pauvre s^nalades , après vingr ans défiai ; 8c
ce fut en 16/5 , que Vincent de Paul, inftituteur de
la congrégation de la Miffion , leur donna des règles.
Cette communauté fut confirmée par lettres patentes
du roi en 1657, 8c enregiftrées au parlement en 1658.
Le faint fiége les approuva en 1668. Elles fervent les
pauvres dans le royaume de France 8c dans celui de
Pologne.
L'églife paroiffiale de Saint Jacques de la Boucherie ,
qui eft au commencement de la rue Saint Martin , a
une tour fort élevée qui a été bâtie à plufieurs repri-
fes. Elle fut finie en 152^ , 8c a coûté en totalité jS^
liv. On eftime fort le crucifix qui eft fur la por;e du
chœur de cette églife. Il eft de Sarazin. Nicol.is rl.i-
mel 8c Pernelle fa femme , & Jean Fernel , premier mé-
decin du roi Henri II, y font enterrés. Enfuite on
trouve l'églife de Saint Méderic , nommée communé-
ment Saint Merri , 8c dans le quinzième fiécle Saint
Marri. C'étoit anciennement l'églife de faint Pierre ; mais
depuis la mort de Saint Merri , natif d'Autun en Bour-
gogne, de l'ordre de fainr Benoîr, elle en a pris le
nom. C'eft une collégiale deiïervie par fix chanoines
8c un chevecier , qui en eft auffi curé. Us dépendent de
l'églife métropolitaine , 8c font obligés de marcher avec
elle dans les procédions où ils font mandés. Dans la
nef de la chapelle de paroi (Te , on ttouve dans une
chapelle un tableau de mofaïque , qui repréfente la
Vierge 8c l'enfant Jefus , avec quelques anges. On lit
ces mots au-defibus: Opus Magijlri D av'idis Florentini.
Anno M. CCCC. LXXXXV1. Jean du Ganay , chan-
celier de France , alors premier préfident du parlement,
en fit préfent à fa chapelle à fon retour d'italie : il y
eft enterré. Simon Arnaud de Pomponne , mort miifi-
ftre d'état, y repofe pareillement \ Catherine l'Avocat,
fa femme y a fait conftruire un tombeau , dont l'ou-
vrage eft de Barthelemi Raftrelli , Italien. Simon Ma-
rion , avocat général au parlement, qui fe dirtingua par
fafeience, & Jean Chapelain de l'académie françoife ,
y font auffi enterrés. Derrière Saint Merri , on trouve
la jurisdiclion des Confiais, établie en ift>J, par édit
de Charles IX. La ftatue du roi , en marbre blanc , eft
fur la porte. Du même côté de Saint Merri , en des-
cendant , on rencontre l'églife de Saint Julien des Mc-
neftriers ; c'étoit auttefois un hôpital pour les joueurs
de violon : ils y ont un chapelain qui a droit de porter
l'aumufle dans le chœur de la métropole : ce font au-
jourd'hui les Doctrinaires qui y font l'office tous les
jours. Le chapelain n'y officie que tous les jours de fête
de la communauté des joueurs de violons. Plus bas on
va à Saint Nicolas des Champs : c'étoit anciennement
une chapelle de Saint Jean ; c'eft à préfent une paroifie
des plus confidérables -, on efiime beaucoup les anges
qui font une partie de l'ornement du grand autel : ils
font de Sarazin. Les grands hommes qui font enterrés
à faint Nicolas des Champs, tant au cimetière qu'à
l'églife , font Guillaume Budé -, Henri 8c Adrien de Va-
lois, père 8c fils ; Magdeléne de Scuderi -, Théophile
Viaud ; François Milet , connu fous le nom de Francis-
que ; l'abbé Maffieu , de l'académie des infcriptions &
belles lettres , 8c Pierre Gaffendi. A côté de Saint Nico-
las des Champs, on trouve le célèbre prieuré de Saint
Martin , de l'ordre de Clugni ; c'eft ce prieuré qui don-
ne le nom à la rue. C'eft à Henri I qu'on en doit la
reftauration en 1060: c'étoit pour lors une abbaye dans
laquelle vivoient des chanoines réguliers. Philippe 1
en ayant fait une donation à faint Hugues, abbé de
Clugny , ce ne fut plus qu'un prieuré. Cette maifon
eft entourée de hautes murailles crénelées , fourenues
de tours d'espace en espace, qui en marquent la fei-
gneurie. Le fanétuaire de cette églife 8c le point rond
font fort anciens : le refte n'eft pas de la même antiqui-
té. Le grand autel a été deffiné par François Manfaid.
La première pierre en fut pofée au mois de Novembre
PAR
798
1624, &on y dit la méfie le jour de Pâque , 4 Avril
1627. Il eft bâti à la moderne, orné de quatre colon-
nes corinthiennes de marbre deDinan. L'églife eft dé-
corée par un lambris de menuiferie, avec des ordres
d'architecture j on a placé dans la nef quatre grands
tableaux de Jean Jouvenet , Se dans les ailes quatre
autres, dont un de Caze , un autre de le Moine,
achevé par Raftoir , un troifiémdipar Reftou , Se le
dernier par Vanloo. La maifon clauftrale a été com-
mencée le 13 Juin 1702 , Se continuée le 2 Avril 1739.
C'eft une des plus grandes & des plus fpacieufes : elle
a 62 toifes de longueur fur dix de large, environ 42
ou 4; pieds de hauteur ; au milieu de ce bâtiment on
v©it un avant-corps, qui forme un pavillon de fept
loifes & demie de face , dans le fronton duquel font les
armes du roi ; aux deux côtés font deux ailes qui ont
chacune vingt-deux toifes de longueur , fur cinq de lar-
geur ; dans le fronton de face , du côté de l'églife , font
les armes de M. le Dauphin ; dans celui en retour font
celles de Saint Martin, de l'autre côté celles de Clugni,
& celles de l'abbé de Saint Albin , prieur commenda^-
taire. La face eft couverte d'ardoife , & a cinquante-
fept toifes. Le rez-de-chauffée eft diftribué en perifty-
les voûtés, pour conduire à un grand escalier hors
d'oeuvre , dont les marches de la première rampe ont
onze pieds de longueur. En chapitre eft une chapelle
de la Vierge , Se un escalier pour conduire de l'églife
au dortoir , à la facriftie , à la bibliothèque , à l'infir-
merie , & à la chapelle. La première pierre fut pofée
avec folemnité , pendant que dom Anroux étoit prieur
clauftral. On y mit un rouleau de plomb , fur lequel
on a gravé ces paroles : L'An 1702 , le 15 Juin,
Clément XI, Souverain "Pontife; Louis XIV, Roi de
France ; Louis Dauphin ; Emmanuel Théodore de la
Tour d! Auvergne , Cardinal de Bouillon , Abbé de
Clugni; Henri Oswalde de la Tour d'Auvergne , Coad-
juteur ; Jules-Paul de Lionne , Prieur Commendataire
de ce Prieuré; & Dom Denis Anroux, Prieur Clauftral;
cet édifice a été commencé , duquel Monfeigneur le Dau-
phin , dr Madame Louise- Adélaïde de Savoie , Du-
•chefie de Bourgogne, ont pofé la première pierre, par
les mains de Meffire Louis de Crujfol , Marquis de
Florenfac , Maréchal des Camps & Armées du Roi ,
l'un des Seigneurs attachés à la personne de Monfei-
gneur le Dauphin ; & de Dame Catherine -Françoife
d'Arpajon , Comtejfe de Rouffi , Dame d'honneur de
Madame la Duchejje de Bourgogne.
Le bâtiment a été recommencé en 1739 , fous la
conduite de Lhuillier de la Tour , architecte. On a
mis fous la première pierre de petites médailles d'or
de faint Benoît.
La porte de Saint Martin eft un ouvrage de cinquante
pieds de hauteur Se de largeur. L'architecture efl en
boffages ruftiques vermiculés , avec des fculptures au-
defius des ceintres , & un grand entablement dorique ,
compofé de mutules au lieu de triglifes , fur lequel
eft un attique , où du côté de la ville on lit :
LUDOVICOMAGNO,
VESONTIONE SEQUANISQUE
BIS CAPTIS,
ET FRACTIS GERMANORUM ,
HISPANORUM BATAVORUMQUE
EXERCIT1BUS,
PR^FECTUS ET EDILES. P.
c. c.
ANNO. R. S. H. M. DCLXXIV.
Du côté du fauxbourg on lit celle-ci.
LUDOVICO MAGNO
QUOD LIMBURGO CAPTO,
IMPOTENTES HOSTIUM MINAS
UBIQUE REPRESS1T ,
PR^FECTUS ET ^DIL. P.
C. C.
ANNO. M. DC. LXXV.
PAR
Les deffeins de la porte font de Pierre Bulet , Se les
fculptures ont été faites par quatre différens maîtres
habiles , favoir Desjardins , Marcy , le Hongre & le
Gros.
Le fauxbourg a l'églife de Saint Laurent pour pa-
roiffe. Ce fut autrefois une abbaye de l'ordre de faint
Benoît. ( Saint Domnole fut un des abbés ; l'on y con-
ferve fes reliques.) La porte eft afiez belle, Se le
maître autel , orné de ftatues , eft d'un deflein fingu-
lier. Le lieu où fe tient la foire, appellée de faint
Laurent , en eft fort peu éloigné -, Se on l'ouvre pré-
fentement dès le premier de Juillet. Les loges , que
les marchands y occupent, appartiennent aux pères
de Saint Lazare. Vis-à-vis eft le couvent des Recol-
lets. Leur bibliothèque eft afiez belle. Derrière ce
monaftere , on trouve le grand hôpital de Saint Louis.
Il fut fondé par Henri IV , pour ceux qui étoient
attaqués de pefte. Cet hôpital eft compofé de quatre
grands pavillons aux quatre coins , avec autant de
portes pour y entrer. Ces pavillons font accompa-
gnés d'offices ; Se dans leur féparation , il y a quatre
fales Se d'autres lieux pour la commodité des mala-
des. Dans la féconde cour eft une fontaine , avec un
grand baflîn de pierre , d'où l'eau coule dans la cour de
derrière , Se va fe rendre dans deux lavoirs , faits de
pierres fort larges , pour y laver la lefiive. Du côté
de la ville font les offices , les cuifines , les apparte-
nons des officiers de la maifon ; Se les logemens des
religieufes qu'on y envoie de l'Hôtel Dieu pour avoir
foin des malades , lorsqu'il y en a. Du côté du fep-
tentrion , hors de l'hôpital , eft un cimetière fermé
de murailles , où l'on enterre les corps de ceux qui y
meurent. La première pierre fut pofée à l'églife le 13
de Juillet 1607 , Se l'édifice fut continué jusqu'en
1610. Au-defiusde la porte on lit fur un oiarbrenoir
cette infeription en lettres d'or:
D. O. M. S.
Henricus IV. Francia & Navarre Rex Chriftia-
nijfimus , domï forisque pace alla fruens , quam Dei
virtute & fuâ inviÙli dexterà fibi & regno peperit ,
curam fuam in omnes Reipublicx partes maximas ,
minimas pariter extendens , inter tôt ftupendarum fub-
jlrullionum moles , quibus Majeftate'/n Imperii Gallici
in dies amplificat , inftaurato Ptochotrophio Urbis cog-
nito defuijfe haclenhs Nofocomium , .: qu& res ingenti ci-
vibus incommodo ac periculo vertebat opus novum in
valetudinarii ufum à fundamentis excitavit , inque ejus
fabricam memorandâ in omne avum liberalitate tanta
parem incœpto pecuniarum vim unâ donatione contulit%
œdem infuper hanc in honorem D. Ludovici progeni-
toris fui , qui pro Chrifti fervatoris gloriâ , adverfuf,
infidèles bcllis féliciter geftis in Africà, demum morb»
peflilcnti mortalitatem exuit , dedicatam, de ejus nomine
dici voluit ; documentum fubditis quod jam nunc Lu-^
dovico filio , exempla fua & fuorum majorûm propo-
nat imitanda anno Domini 1608^ Regni fui 15). Or»
envoie aujourd'hui les religieufes de l'Hôtel-Dieu dans
cet hôpital , pour y prendre Fair Se pour fe repofer.
En remontant dans la ville par la même porte,
on vient à la rue neuve de Saint Méderic, près de
cette églife ; Se delà on entre dans la rue Sainte
Avoye , qui a pris fon nom d'un couvent de religieu-
fes , que Saint Louis fonda autrefois pour de vieilles
femmes infirmes. C'eft aujourd'hui une maifon de re-
ligieufes Urfulines. Le temple fe trouve à l'extrémité
de cette rue qui en porte le nom. Dans la fouille
qu'on a faite pour l'embranchement de l'égout qui eft
au bout , on a retrouvé les jambages de l'ancienne
porte du Temple pour entrer dans la ville. Le Tem-
ple retient encore le nom des chevaliers Templiers,
à qui il appartenoit autrefois. Dans le teins que les
Sarafins envahirent presque toute la ralefiine , ces
chevaliers , dont l'initiait étoit de conduire Se d'es-
corter les voyageurs aux lieux faints , prétendirent
devoir être exemts de cette fervitude, à caufe des
périls qu'il y avoit à efluyer. Les grandes ricliefies ,
qu'ils amaflei enc alors , corrompirent , dit-on, tellement.
PAR
PAR
leurs mœurs , qu'ils fe plongèrent dans toutes fortes
de diflblucîons Se de crimes, ce qui porta Philippe
le Del, qui regnoit en France, à prendre laréfolu-
tion de les exterminer dans tout le Royaume. Il en
obtint le confentement du pape Clément V , avec
lequel il s'aboucha à Poitiers, Se en rît brûler à petit
feu cinquante-fept à la pointe de l'Ifle du Palais où
eft à préfent la place Dauphine. Par cette expédition
le Temple demeura aux rois , qui y riment leur cour,
Se qui en firent enfuite un don aux chevaliers hospi-
taliers de Saint Jean de Jérufalem. Ces chevaliers en
ont fait leur maifon provinciale du grand Prieuré de
France. Ce lieu eft fort fpacieux , entouré de mu-
railles antiques, foutenues de tours. La grande porte,
qui donne fur la rue, eft au milieu d'une longue fa-
ce de bâtimens , accompagnée d'un ordre dorique ,
à colonnes ifolées. Comme le Temple eh; un lieu
de franchife , quantité d'ouvriers qui ne font pas maî-
tres , s'y retirent , Se font exemts de la vifite que
les jurés des communautés de la ville font ordinaire-
ment chez ceux de la profefîïon. L'églife des rcligieu-
fes de Sainte Ehi'abeifi , qui ont leur couvent vis à-
vis du Temple, fut commencée Fan 1628, & la
reine Anne d'Autriche y mit la première pierre. Elle eft
ornée d'un portail, où il y a deux ordres d'architec-
ture en pilaftres , le dorique Se l'ionique : le de-
dans eft embelli de ce premier ordre. Les pères de
Nafareth ont leur Eglife du même côté , un peu plus
avant, Se doivent leur fondation à M. le chancelier
Seguier.
L'Hôpital des Enfans Rouges eft dans ce même
quartier, rue Portefoin. Il fut fondé l'an 1554, par
Marguerite , reine de Navarre , fœur de François I,
pour des enfans orphelinsaoriginaires de Paris. Quel-
ques auteurs rapportent au contraire que , félon leur
initiait , ils ne doivent point être de Paris , mais des
lieux circonvoifins. François I voulut que ces enfuis
portaffent des robes rouges, parce que c'eft fous la cou-
leur de rouge Se de feu que la charité eft repréfenrée
dans l'écriture. Les Carmes ont un couvent dans la
rue nommée des Billetes. C'étoit la maifon d'un Juif,
qui perça de plufïeurs coups de couteau une hoftie
confacrée. Cette fainte holtie fut recueillie par une
vieille femme , qui étoit allée par hafard chez ce
Juif, qui la porta au cucé de l'églife de Saint Jean,
dans laquelle elle eft confervée avec beaucoup de
vénération. Ce malheureux fut brûlé vif, Se on don-
na fa maifon aux Auguftins , qui après y avoir de-
meuré long-tems , la cédèrent aux Carmes, qui en
font aujourd'hui en poitcïiion. Le favant Papirius
MaflTon eft enterré dans leur églife ; & le cœur de
François-Eudes de Mezerai , hiftoriographe de France,
y eft aulli. La rue des Billcttcs donne d'un bout dans
celle de Sainte Croix de la Bretonnerie. Cette der-
nière a pris fon nom d'un couvent que l'on y rrou-
ve , & .qui fut fondé par faint Louis en 1268. Il y
mit des religieux de l'ordre de Saint Auguftin. Plu-
iîeurs perfonnes de piété leur ayant fait du bien , ils
vivent à préfent de leur revenu. La meuuiferie de
leur autel eft affez belle , Se on eftime beaucoup un
bas-relief de marbre placé fur les chaifes des religieux.
L'hôtel de Guife , bâti par les princes de cette il-
luftre maifon , eft peu éloigné de là. Il occupe un
grand terrein. La porte elt à l'antique , accompagnée
de deux groffes tours rondes. La chapelle fe trouve
fur la grande porte. C'eft aujourd'hui l'hôtel de Soubi-
fe : les changemens que les feigneurs de Rohan y ont faits,
font très-confidérables , depuis qu'il eft à eux. Les ap-
partemens font d'une grande magnificence ; la porte
d'entrée eft à préfent du côté de la rue- Paradis : el-
le eft dans un enfoncement de forme circulaire , Se
décorée de chaque côté de groupes de deux colon-
nes corinthiennes , avec leurs couronnemens en res-
fault ; fur lesquels on a placé les figures d'Hercule
Se de Parlas, ouvrage de Couftou le jeune Se de
Bourdy. Le milieu, en attique , elt occupé par les
armes de Soubife. On a mis encore des trophées
de diverfes fortes d'armes fur les côtés , pour fervir
d'accompagnement. La cour eft embellie d'un péris-
tyle fouteua de colonnes couplées , d'ordre compo-
799
fite , avec des pilaftres qui y répondent pour tonner
un corridor, à la faveur duquel on va à couvert
tout autout. 11 règne fur l'entablement continu une
baluftrade , avec des piedeftaux fur les colonnes ;
elle eft terminée par une façade d'architecture pla-
quée fur le vieux bâtiment, pour en cacher la diffor-
mité. Cette façade eft formée par une décotation de
huit colonnes opplécs d'ordre tompofitc à rez de-
chauffée entre les^cllts font trois ouvertures ceintrées,
qui conduiient dans le veltibule au bas du grand es-
calier. Le même nombre de colonnes , mais d'ordre
corinthien , forme un fécond ordre fur le premier :
le tout terminé par un grand fronton, dans le tym-
pan duquel font les armes de Soubife exécutées par
Lorrain , fculpteur habile ; on a placé deux figures à
demi couchées fur le fronton , Se des groupes de gé-
nies fur les encoignures , qui font un fort bel effet.
Pour accompagner ce morceau d'architecture, ou pour
le raccorder avec le périftyle qui enferme toute la
cour , on a encore ajouté de chaque côté des groupes de
colonnes du même ordre , avec leurs entablemcns ,
fur lesquels on a placé les figures des quatre faifons,
avec les attributs qui les diltinguent , d'une propor-
tion un peu plus grande que nature. Le cardinal de
Rohan a fait élever un hôtel dans une partie de la
maifon , dont la principale entrée fe trouve du côté
de la vieille rue du Temple. Cet édifice eft décoré
fur le jardin d'un ordre dorique à rez-de-chaufiée ,
avec un corps avancé dans le milieu , formé de qua-
tre colonnes : l'ordre ionique règne au-deffus, Se un
attique au troifiéme , terminé par un fronton accom-
pagné de trophées. Le jardin de cet hôtel n'a rien
de remarquable. Il eft public. Vis-à-vis de cet hôtel,
où l'on a fait de grands changemens par-tout, de-
puis la mort de mademoilelle de Guife , eft l'églife
des pères de la Mercy , dont le pottail eft foutetiu de
colonnes ovales. On y voit le tombeau du Maréchal
de Themincs , Se celui de l'ancienne famille de Bia-
cy , àlaquclle ces religieux doivent en partie leur fon-
dation, leur églife ayant été bâtie fur une chapelle
fondée par des anciens de cette maifon. Leur initiait
eft d'aller en Barbarie racheter les captifs chrétiens ,
comme font les Mathurins.
Le couvent des Blancs- Manteaux eft une maifon de
religieux de l'ordre de faint Benoît , dont l'églife a
été rebâtie depuis peu. Elle eft ornée en dedans de
pilaftres corinthiens Se d'une grande corniche qui règ-
ne tout a l'cntour. Le fond de l'églife eft retminé
par une tribune , foutenue de quatre colonnes torfes
de menuiferie , qui étoient autrefois à l'autel de l'an-
cienne églife, Se qui font dispofées de forte qu'elles
forment un corps d'architeéture d'un affez beau des-
fein. Jean le Camus, lieutenant civil fort eftimé , y
eft enterré. Son maufolée occupe la première arcade
du chœur, qui eft tout revêtu de marbre, avec des
ornemens de bronze d'oré , Se les attributs de la ju-
ftice dans des cadres. La figure de ce magifirat eft de
marbre blanc ; elle a été faite par Mazere. La rue où
eft ce couvent aboutit à la vieille rue du Temple ,
dans laquelle eft l'hôpital de Saint Anaftafe , djt de
Saint Gervais , parce qu'il fut fondé l'an 1171 , dans
l'enclos de l'églife paroiffiale de ce nom, par Guerin
Maffon , Se fon fils nommé Harcher, qui donnèrent
une maifon, qui étoit à eux, pour loger les pauvres.
Foulques , foixante-deuxiéme évêqne de Faris , mit dans
cet hôpital quatre religieufes de l'ordre de faint Au-
guftin, avec un maître Se un procureur , pour en avoii'
foin ; Se Pierre de Gondi , Cardinal , Se auffi évêque
de Paris , augmenta leur nombre. Leur première cha-
pelle fut dédiée en l'honneur de faint Anaftafe : mais
ces religieufes n'ayant pas affez de logement dans l'en-
droit qu'elles occupoient , cet hôpital fut transféré
dans la vieille rue du Temple -, on y reçoit tous les
jours tous ceux qui fe préfentent à la porte , Se an
leur donne à fouper Se à coucher. De cette rue on
paffe dans celle de Saint Louis, à l'extrémité de laquel-
le on entre dans celle du Calvaire , où eft le couvent
des religieufes du Calvaire, fondé en 1636, par le
crédit du père Jofeph le Clerc , Capucin très confi--
déré du cardinal de Richelieu; fon cœur y a été
800 PAR
porté , amft qu'il l'avoir demandé ; les religieufes le
gardent dans leur rribune ; elles ont aufli celui de
Jean-François-Paul de Gondi , mort cardinal , & le
corps de Philippe de Cospeau , évêque de Lizieux ,
dans le chœur de leur églife. On en peut lire les épi-
taphes. Leur églife eft alTez propre. A côté du grand
autel font deux chapelles, ornées de colonnes corin-
thiennes de marbre. La rue des fi^s du Calvaire ,
qui commence au coin de cette maflfn religieufe, va
jusqu'au rempart , d'où on voit la poire de Saint Louis ,
dont le bâtiment eft ruftique : elle a été bâtie en l'hon-
neur de faint Louis , par l'ordre de Louis XIV. On
y lit cette infeription :
LUDOVICUS MAGNUS
AVO
DIVO LUDOVICO
ANN. R. S. H. M. DC. LXXIV.
C'eft un peu après cette porte , en venant vis-
à-vis la rue des filles du Calvaire , qu'on trouve le
réfervoir dans lequel on garde l'eau , pour rincer le
grand égout général , afin de garantir la ville de ce
côté de la mauvaife odeur qui dominoit jusqu'au bas
de Chaillot , où les immondices fe déchargent dans la
rivière. La ville, pour réuflir dans un projet fi utile,
a acquis deux arpens de marais appartenais au grand
prieuré de France : elle les a fait entourer de murs ;
la principale entrée eft fur le bord du grand chemin
qui conduit à Menil Montant. On y voit trois corps
de bâtimens détachés , dont l'architecture eft fort Am-
ple. Celui du milieu eft pour ferrer le foin , Se pour
la manœuvre des machines du puits qui y eft renfer-
mé. Celui du côté du rempart eft pour loger le con-
cierge ; l'autre , qui eft du côté des marais , eft pour
coucher les domeftiques , & pour les écuries , tant
des chevaux rravaillans , que des chevaux malades.
On y a conftruir deux fort belles glacières à l'ufage de
la ville , au-deflus desquelles eft un angar deftiné pour
ferrer tour ce qui eft néceffaire concernant le travail
du réfervoir , dont la longueur eft de trente-cinq toi-
fes cinq pieds quatre pouces, fur dix-fept toiles cinq
pieds quatre pouces de largeur -, la profondeur d'eau
eft de fept pieds huit pouces, il eft revêtu de murs
& de contre-murs. Il eft garni dans le fond d'un maflif
de maçonnerie , fur lequel il y a une forte épaiffeur
de glaize fous une forme de fable qui la couvre avec
un pavé de grès ; le mur intérieur eft couronné d'u-
ne tablette de pierre. Le réfervoir contient vingt-deux
mille cent douze muids d'eau. Dans le fond on a ob-
fervé une retraite d'un pied de large , dont la furfa-
ce fert de repaire ou de marque pour ne point vui-
der toute l'eau , Se en conferver toujours huit pouces
fur la furface du pavé, vers le milieu, du côté du
rempart. Il y a un balcon faillant fur l'eau , au bord
duquel font deux clefs , qui descendent jusqu'à deux
fou papes , pour les ouvrir, afin de laiffer couler l'eau
dans régeur. Une des foupapes a dix-huit pouces d'ou-
verture , Se fe raccorde fur un tuyau de fer de même
diamètre , qui fort par un aqueduc voûté fur l'ali-
gnement droit de l'égout : l'autre foupape n'a que fix
pouces de diamètre ; elle eft auffi raccordée fur un
tuyau de fer qui a fa fortie dans le foffé le long du
rempart, afin de le netroyer jusqu'à la rivière, à cau-
fe des égouts de la rue Sainr Claude Se de la Roquet-
te qui s'y déchargent. Aiivfi on n'éprouve point les
desagrémens de la mauvaife odeur, foit à droite,
foit à gauche , depuis l'entrée de la rivière dans Pa-
ris, jusqu'à fa fortie; les deux clefs s'ouvrent avec
des tourniquets ; il y a une décharge de fuperficie qui
vient aboutir dans le grand égout. Comme les eaux
de? fources de Belleville n'auroient pas fuffi pour four-
nir h quantité d'eau néceflaire , pour remplir le ré-
fervoir , on a conftruir un puits de douze pieds de
diamètre, dont le deffus du rouet, qui porte la ma-
çonnerie , eft de fix pieds plus bas que la futface des
baffes eaux de la rivière , mefurées fur celles de 173 1.
Les fources qui s'y rendent font fi abondantes , qu'el-
les y entretiennent toujours près de dix-fept pieds de
PAR
profondeur d'eau. Aux deux côtés du puits on a bâti
deux machines hydrauliques , compofées chacune d'un
rouet , d'un arbre debout , Se d'un autre couché avec
fa lanterne , de deux manivelles de bronze , qui font
mouvoir fix corps de pompes afpirantes Se refoulan-
tes de neuf pouces de diamètre ; lorsque ces machi*
nés font en mouvement , par le moyen de deux che-
vaux de chaque côté , elles donnent foixante Se quin-
ze coups de pifton par minute ; Se les piftons en forft
fi fidèles , que fur la levée de quatorze pouces , ils
rendent dix-huk pintes Se demie d'eau , mefure de
Paris, par chaque coup de pifton ; Se par confequent
fept mille muids d'eau par vingt-quatre heures. Ces
machines , auifi fimples que folides , font de la corn-
pofition de M. Petitot , ancien fecrétaire du gouverne-
ment de Lyon, qui a fait celle des Invalides. L'an-
cien égout général prenoir fon origine au bout de la
rue du Calvaire , au Marais , Se lie conrinuoit en tra-
verfant lesfauxbourgsdu Temple, de Saint Martin, de
Saint Denis, de la nouvelle France, de Montmartre,
des Porcherons , de la Ville-l'Evcque , du Roule , les
Champs Elyfées,& le bas de Chaillot, jusqu'à la ri-
vière. Cet égout n'étoit formé que dans une tranchée
fouillée dans des marais, fans aucune maçonnerie, ni
pavé , ce qui a beaucoup contribué à fon encombre-
ment & à faire regonfler .les eaux dans Paris ; ce fut
en 1737 que la ville prit la réfolution de reconftrui-
re ce grand égout général dans toute fa longueur , Se
la plus grande partie dans un terrein nouveau , pour
conferver un écoulement aux eaux descendantes des
dirférens embranchemens qui aboutiffent à l'égonr gé-
néral , Se en même-tems pour éviter , autant qu'il fe*
roit poflîble , les fouilles à travers les vafes Se les ter-
res infeétées, Beaufire le fils-, architecte du roi , maître
général , controlleur , inspecteur des bâtimens de la
ville , fut chargé de lever les plans , de marquer les
profils généraux , Se les nivellemens , pour examiner
la pente actuelle , Se celle qu'on pourroit régler. La
longueur, fuivant le plan général , a été arrêtée à trois
mille cent fix toifes depuis fon commencement , à la
fortie de l'égout de la vieille rue du Temple , jusqu'à
la rivière , près Se au-deflus de la Savonnerie. Le ni-
vellement a été fait plufieurs fois, Se vérifié avec la
dernière exactitude. Il a été trouvé dix-fept pieds on-
ze pouces dix lignes de pente depuis le fond de l'é-
gout du Calvaire à fa chute dans le grand égour , jus-
qu'à la furface des baflès eaux de la rivière de Chail-
lot obfervée en 1719. Cet égout a été conftruit en
maçonnerie dans toute fa longueur , avec dalles de
pierre en canivau au fond , pofées fur des plates-for-
mes de pierre, au lieu de maflif, à caufe de l'abon-
dance des fources qui l'auroient empêché de faire corps.
Les murs des deux côtés ont quatre à cinq pieds de
haut ; les couronnemens fervent de trotoir pour mar-
cher le long de l'égout , Se pour en faciliter le net-
toyement. On a pris un espace de trente-fix pieds de large
fur toute la longueur ; le vuide de l'égout en prend fix
pieds, l'épaifleur des murs cinq ; les raluts fix de chaque
côté ,Se les chemins au-deflus ont chacun fix pieds de lar-
ge; les taluts ont été réglés pour leur hauteur & leur
pente fur la proportion de la diagonale du carré. On
a abandonné l'espace de l'ancien égout aux proprié-
taires des marais . en échange du terrein qu'on leur
a pris pour les nouveaux ouvrages. Il y a deux pon-
ceaux avec des escaliers de pierre pour descendre dans
l'égout Se des gargouilles pour l'écoulement des eaux.
Les lignes font droites d'un ponceau à un autre , &
fous chacun d'eux il y a une banquette pour que les
balayeurs n'ayent point le pied dans l'eau. Ceux des
ponceaux , qui n'étoient qu'en charpente , ont été re-
faits en pierre; on a raccommodé les uns; on a élar-
gi les auttes , pour la commodité des voitures publi-
ques. Il y a quatorze vannes espacées à peu près éga-
lement, pour retenir les eaux qu'on lâchera par éclu-
fées , pendanr qu'on nettoyera l'égout , ou qu'on y fe-
ra quelques réparations, ou pour fournir de l'eau, s'il
arrivoit quelque incendie aux environs de ces quartiers-
là. La première de ces vannes eft fous l'extrémité de
la voûte de l'égout du Calvaire, pour empêcher que
les eaux n'y entrent en fortant du réfervoir. La féconde
eft
PAR
efl au-deffus , & près rentrée de h partie voûtée,
en descendant la barrière du Temple. La troiliéme
fous l'extrémité de la partie voûtée près la barrière.
La quatrième, près & au-deffus de la chute de l'em-
branchement de l'égout de la Croix. La cinquième ,
près & au-deffus du ponceau Saint Martin. La fixié-
rne , près & au-defliis du coude que forme l'aligne-
ment de l'égout, près la voirie dufauxbourg S. Denis.
La fepriéme , près & au-deffus du ponceau de la rue
de la Nouvelle France. La huitième , près & au-des-
fus du ponceau de Montmartre. La neuvième, près
& au-deffus du ponceau du chemin de la grande pin-
te. La dixième, près & au-deffus du ponceau de la ri e
de l'Arcade , derrière la Ville -l'Evêque. La onzième ,
environ au milieu de la largeur , entre les ponceaux de
la Magdeléne & celui du fauxbourg S, Honoré. La dou-
zième, près & au-deiïus du ponceau du Roule. La trei-
zième , près & au-deflus du ponceau de l'avenue des
Champs Elyfées. La quatorzième , & la dernière , près
& au-deffus de l'entrée de la partie voûtée , au mur des
Fermiers généraux , à la ruelle de Chaillor. Les four-
ces qu'on a trouvées, en fouillant les terres, font d'un
forr bon fecours pour l'égout : elles le rafraïchiffenc
continuellement par une nouvelle eau; on leuralaiflé
des barbacannes dans les aiîifes courantes pour les y re-
cevoir, On a pofé les deux inferiptions fuivantes :
DU REGNE DE LOUIS XV.
De la quatrième prévôté de meffire Michel-Etienne
Turgot , chevalier , marquis de Sommons , feigneur de
Saint Germain fur Eaulne , Vaterville & autres lieux,
conj ciller d'état ; de l'échevinage de Pierre-Jacques Eou -
cicault , éctiyer , confcillcr du roi , quartinier; Charles
l'Evêque , écuyer ; Louis- Henri Ver on , écuyer , confeil-
ler du roi & de la ville ; Edme-Louis Meny , écuyer,
avocat au parlement , confcillcr du roi , notaire ; étant,
Antoine Mariait , écuyer , avocat du roi& delà ville ; J.
B. Julien Taitùout , chevalier de l'ordre du roi , gref-
fier en chef; Jacques Boitcct , chevalier de l'ordre du
roi , receveur.
Le grand égout général de Paris , qui n'étoit formé
que par une tranchée , a été commencé en pierre en
1737 , dans un nouveau terrein , depuis la rue du
Calvaire , au Marais , jusqu'à la rivière près Chail-
lot , ainfi que fes embrancijcmens , les pompes & le
réfervoir pour laver cet égout, qui a été achevé en
1740.
De la cinquième prévôté de Meffire Michel-Etien-
ne Turgot , chevalier , marquis de Sousmons , çj-c.
De l'échevinage de Louis le Roi de Foteuil , écuyer,
ccnfeiller du roi , quartinier ; Thomas Germain , écuyer,
orfèvre ordinaire du roi ; Jean-Jofcph Sainfray , écuyer,
confeiller du roi & de la ville, notaire; Michel l En-
fant , écuyer : étant , Antoine Moriau , écuyer , pro-
cureur &• avocat du roi cr de la ville ; J. B. Julien
Taitùout , greffier en chef ; Jacques Boucot , chevalier
de l'ordre du roi , receveur.
Cet ouvrage a été exécuté fur les dejfeins & fus la
conduite de M. J. B. Augitjlin Beaufire , confeiller ,
architeele du roi, maître- général , controlleur-infpethur
des bâtimens d.e la ville.
Seconde Infcription :
Les 12 14 & 16 Juillet 1740.
Le Roi , la Reine & mo?feigneur le Dauphin allant à
Compiégnc , font venus vifîter le réfervoir & les ouvra-
ges du grand égout , ont vu enfuite leau du réfervoir
entrer dans l'égout , & y couler avec une grande ra-
pidité.
Leurs Majeflés & monfeigneur le Dauphin , s' étant
arrêtés à la grille du fauxbourg Saint Martin , ont vu
t effet des vannes & la force de l'écoulement de l'eau.
Infcription propofée :
Le 1 2 Juillet le Roi partant de Choifi-le-Roi , les \^la
Reine, & \6 fuivans , monfeigneur le Dauphin, des-
cendant de Yerfâillfs par Paris pour aller à Compié-
PAR 8oî
gne , font venus vifîter le réfervoir & lef ouvrages dit
grand égout, ont vu la f ortie & l'écoulement rapide
de l'eau du réfervoir dans l'égout.
Leurs Majeflés & monfeigneur le Dauphin , conti-
nuant leur chemin par le fauxbourg de Saint Martin ,
fe font arrêtés à la grille pour examiner l'effet des van-
nes & l'impétuojïté de l'eau.
La rue Saine Louis cft une des plus belles de Pa-
ris , par fa largeur & fa longueur. La plupart des mai-
fons en font grandes & bien bâties, particulièrement
l'hôtel de Boucherai , dont les appartemens font fpa-
cieux, avec un jardin d'une très-grande étendue. Les
filles du Saint Sacrement occupent une grande mai-
fon près de cet hôtel. Il y en a plufieurs autres d'u-
ne fort agréable fymmétrie jusqu'à la Place Royale.
Toutes les maifons de ce grand quartier , nommé
communément le Marais, excepté le Temple, & vm
fort petit nombre d'autres édifices , font des ouvra-
ges du dix-feptiéme fiécle. Le terrein qu'elles occu-
pent, étoit autrefois rempli de grands marécages, cau-
fés par les débordemens de la Seine. Ces marécages
qui s'étendoient jusque dans cet endroit , furent con-
vertis depuis en jardins , qui fourniffoient la ville de
Paris d'herbes potagères. Plufieurs rues de ce beau
quartier fe terminent à la rue de Saint Antoine , l'u-
ne des plus longes ôc des plus belles de la ville ,
dellinée aux cortèges & aux entrées des ambafiadeurs,
qu'on va prendre avec les carroffes du roi , dans une
fale du couvent des religieux de Picpus , ou dans une
maifon près de ces religieux. Ce fut par cette rue
que la feue reine Marie-Thercfe d'Autriche fit fa
première entrée le 16 d'Août 1660. Dans les fiécles
précédens les rois y faifoient leurs courfes de bagnes,
leurs joutes & leurs tournois, qui ont ceffé en Fran-
ce depuis le malheureux accident arrivé à Henri II ,
l'an 1 j 5-9. La place de Grève, par où l'on peut di-
re que cette grande rue commence , efl une des plus
remarquables de Paris. C'étoit anciennement un grand
terrein inutile, furlequel la rivière jettoit quantité de
fable & de gravier , ce qui lui a fait fans doute donner
le nom qu'elle porte ; mais depuis que le pavé de
Paris a été rehauffé , 8c que l'on a fait des quais
pour renfermer la rivière dans fon lit , ces fottes d in-
ondations ont été moins incommodes. La place de
Grève étoit la feule où l'on donnoit des fpeétaclts
publics de réjouiflances. Voyez. Pont Neuf. On y faic
un feu d'artifice tous les ans la veille de la fete de
faint Jean-Baptifie. C'eft aufiî dans cette place qu'on
exécute la plupart des criminels , qui font condamnés
à mort. Sa face principale efl. occupée par l'hôtel de
Ville , grand bâtiment orné d'une architecture qui fe
fent beaucoup du gothique , quoiqu'il foit revêtu de
colonnes corinthiennes, élevées fur des piedeflaux „
qui foutiennent des corniches en avant-corps , de un
baluflre régnant fur le comble. Par la lecture des re-
giflrcs de l'hôtel de Ville , on conclura qu'avant fi*
confiruction dans l'état où il efl, il y en avoit déjà
un à la même place , quoiqu'il foit certain d'ailleurs
que l'hôtel de Ville n'a pas toujours été où il efl au-
jourd'hui. L'infcription fuivante , gravée fur une lame
de cuivre, qui efl enfermée dans la première pierre
du bâtiment, prouve que ce fut fous le règne de
François I que fut édifié fur un plus grand espace
l'hôtel de Ville.
Jaila f uer tint hxc fundamenta anno Domini M. D.
XXXIIl. Die XV. menfîs Julii fub Francisco I. Fran-
coritm Rege Chrijlianijfimo & Petro Viole , ejusden*
Régis confïliario ac mercatorum hujusce civitatis Par-
rhifu prxfeélo , adilibus , confulibus ac cabinis Ger-
vafto Larcher , Jacobo Bourfier , Claudio Daniel , ç$\
Johanne Bartholomœo
Ces mêmes regiflres prouvent clairement que ce ne
fut point François I , qui pofa la première pierre ,
mais le corps de ville en cérémonie. L'ouvrage fut
continué fous Henri II , fon fucceffeur. On fe fervic
d'un Italien nommé Dominique Cortone , qui n'éroit
pas des plus entendus dans les proportions de la bel-
le architeéture. L'ouvrage fut fini en i6oj fous la
prévôté des marchands de François Miron, qui étoit
en même tems lieutenant civil. Sur la porte de l'hô-
Tom. IV. I i i ii
Soi PAR
tel de Ville, on a placé la ftatue équeftre du roi
Henri IV, à demi-bofie , en couleur de bronze, fui-
un fond de marbre noir i l'ouvrage elt de Pierre
Biard ; il a voulu imiter le cheval de Marc Aurele du
Capitole : on lit au-deflus de la porte l'infcription
fui van te:
SUB LUDOVICO MAGNO FCELICITAS URBIS.
La cour eft petite, entourée de bâtimens, foute-
nus fur des arcades, dont l'oruonnance elt d'un goût
médiocre & d'une maçonnerie maflive -, fous un arc
du fond, on a placé une ftatue de bronze de Louis
XIV , habillé à la romaine. L'ouvrage elt de Coyze-
vox ; elle eft élevée fur un piedeltal de marbre blanc,
dont les faces font chargées de bas- reliefs, qui repré-
fentent divers fujets à la gloire de ce prince, avec
l'infcription fuivante :
LUDOVICOMAGNO,
VICTORIPERPETUO,
SEMPERPACIFICO,
ECCLESl/E ET REGUM DIGNITATIS
ASSERTORl,
PRyEFECTUS ET EDILES
STERNUM HOC FIIlEI ,
OBSEQUENTLE, PIETATIS
ETMEMORIS ANIM1
MONIMENTUM FOSUERUNT
ANNOR.S.H.
M. DC. LXXXIX.
L'arc eft orné d'incruftations ou de placages de mar-
bre & de deux colonnes ioniques, dont les chapiteaux ,
les foubaffemens ik les autres fculptures font de métal
doré. Ilyavoit auparavant une autre figure de marbre
de même hauteur, qui étoit de Guerin : elle a été don-
née au préfident de Fourcy , alors prévôt des marchands.
Les inferiptions gravées en lettres d'or fur une frife de
marbre, qui règne autour de la cour , font la mémoi-
re ces principaux événemens du règne de Louis XIV
& de Louis XV.
Pour rendre l'entrée de la Grève plus commode , l'on
a percé un chemin depuis le Ponr Notre Dame jusqu'à
cette place , le long de la rivière , & il a été revêtu
d'un beau quai de pierres de caille , où l'on a fait un
trotoir de fix pieds de large , qui elt presque tout por-
ré fur une vouffure , ouvrage d'une grande hardiefie ; ce
qui élargit le quai fans rétrécir le lit de la rivière. Ce
quai elt nommé le Quai Pelletier, à caufe qu'il a été
entrepris fous la prévôté de Claude le Pelletier, ci-
devant controlleur général des finances.
PAR
beaux morceaux d'architecture que l'on puifle voir. Il
eft compofé des trois ordres grecs l'un fur l'autre , le
dorique , l'ionique & le corinthien , dont les propor-
tions font fi régulières, qu'il n'y a rien de plus achevé ni
de plus parfait dans les ouvrages modernes les plus
fomptueux. Ces trois ordres enfemble font une fabri-
que de vingt-fix toifes de hauteur , qui offre à la vue
un très-grand objet ; ce magnifique portail fut achevé
en 1617. Ce fur Louis XIII qui y mit la première pier-
re. Le corps de l'églife eft allez bien bâti dans le goûc
gothique ^elle a fes voûtes tout à fait élevées , avec des
bas-côtés ik des chapelles tout à l'cntour; mais l'intérieur
en eft trifie & fort obscur. Derrière le chœur , dans une
chapelle à main droite , eft le tombeau de Michel le Tel-
lier, chancelier de France, mort le 30 d'Octobre 1685.
Son maufolée elt tout de marbre, orné de feuillages &
d'autres chofes femblables de bronze doré. Il a été con-
duit par Mazeline & Utrclle , fculpteurs de l'académie.
Matthieu de Longuejoue, ficur d'Iverny, éveque de Sois-
fons ik garde des fceaux ■■, Philippe de Champagne,
peintre fameux -, Charles du Fresne , fieur du Cange ,
auteur du gloflaire ; Charles-Maurice le Tellier , arche-
vêque de Reims ■■, le chancelier Louis Boucherar ■■, Pierre
Durier -, Roi Marin de Gomberville ; Abraham-Nicolas
Amelot de la Piouflhye ; Claude le Pelletier, controlleur
général des finances & Paul Scarron font enterrés dans
cette églife. En foirant, on paile devant le cimetière Saint
Jean; l'hôtel de Pierre de Craon , qui voulut faiie as-
faffiner le connétable Olivier de Clilïbn , fous le règne
de Charles VI , étoit autre ois en ce lieu. Pour puni-
tion de cet attentat , fa mailbn fut entièrement détruite,
& on donna la [lace qu'elle occupoit à la paroifte de
Saint Jean -, pour en faire un cimetière , qui a été con-
verti depuis en un marché public , l'un des plus grands
de toute la ville. Enluite après quelques pas, on trou-
ve à main droite la rue de Joui , dans laquelle font les
hôtels d'Aumont & de Fourcy. L'architectiue du pre-
mier eft fort eftimée. L'hôtel de Fourcy eftunbânmenc
gothique , qui a toutes les commodités qu'on peutdefi-
rer. En reprenant le chemin de la rue Saint Antoine ,
on découvre l'hôtel de Beauvais , dont la face eft ornée
de quantité_de moulures & de boflages , avec trois bal-
cons. De l'autre côté eft l'églife du petit Saint Antoine,
qui eft très-obscure. Elle a fervi autrefois à un hôpital ,
& appartient aujourd'hui à une communauté de cha-
noines réguliers , qui fervoient les malades dans le
tems qu'il y en avoir. Cet hôpital étoit deltiné pour
une espèce de maladie épidémique , appelle le feu Saine
Antoine, qui a duré en France pendant quatre ou cinq
fiécles. L'hôtel de Saint Paul eft à l'extrémité d'une pe-
tite rue qui s'y termine. On croit que les rois, avant
François I, y ont demeuré. D'autres prétendent que le
palais des Tournelles fut ainfi nommé avant qu'il eut
été rebâti par le même roi , qui y fit mettre quantité
Delà Grève, après avoir pafTé fous une arcade, on
vient à l'églife de Saint Jean. C'étoit une chapelle dé-
pendante de Saint Geivais, bâtie, comme on la voit , fous de petites tours fur les murailles. Cet hôtel n'a rien qui
le règne de Charles le Bel en 1326. La voûte qui fou- mérite une attention particulière. L'églife qui apparte-
noit aux Jéfuites , l'une des mieux décorées de Paris,
elt dédiée à faint Louis. L'infcription gravée fur la pre-
mière pierre qui fut pofée par Louis XIII , accompagné
de François de Gondy , premier archevêque de Paris,
en eft une preuve fans réplique :
tient les orgues, elt d'un trait tout à fait hardi, ad-
miré de tous les architectes , à caufe de fon étendue.
L'hôpital du Saint Efprit , qui a fa principale entrée
dans la Grève , en a une -autre du côté de cette églife,
ôc renferme des Enfans Bleus. Il fut établi vers l'an
1362, par les charités de plufieurs perfonnes pieu fes ,
qui , touchées de la mifeie d'un grand nombre d'en-
fansqui mouroient de faim , achetèrent une maifon Se
une grange en la place de Grève , proche 1 hôtel du
Dauphin, où eft à préfent l'hôtel de Ville , pour y re-
tirer ôc nourrir ces malheureux orphelins. Après qu'ils
y eurent fait conftruire une chapelle , ils obtinrent de
Jean de Meulan , évêque de Paris, la permiffion d'y
établir une confrérie du Saint Efprit , pour exciter les
fidèles à vouloir contribuer à l'entretien de cet hôpital.
L'an 1406, les adminiltrateurs de cette confrérie, fi-
rent bâtir l'églife que l'on voit préfentement. Elle fut
bénite l'an 1415 , le quatre Août, par Gérard de Mon-
tagu, évcqne de Paris , ôc dédiée le 16 Juillet IJ03.
Cet hôpital où on ne reçoit que des enfans légitimes ,
natifs de Paris , s'eft beaucoup accru depuis ce tems.
L'églife de Saint Gervais, qu'on trouve un peu plus avant ,
eft une des plus anciennes paroines de Paris. Son por-
tail eft magnifique , & confidéré comme un des ph;s
D. O. M.
S. Ludovico
QUI TOTUM ORBEM IN TEMPLUM
EE1 ARMIS , AN1MOQUE DtSTINAVIT
Ludovicus XIII.
HOC TEMPLUM EREXIT :
UT QUEM GALLIA COLUIT UT
REGEM , AMAVIT UT PATREM ,
HIC VENERETUR UT C/ïLITEM.
ANNO M. DCXXVH.
Elle eft bâtie à la moderne, avec un grand dôme à pans
qui s'élève au-deiïus , ik que l'on voit de fort loin i
c eft le premier qu'on a lait à Paris ; elle a éré finie en
1641. Toute l'architecture , qui paroît dans cet édifice ,
elt de l'ordre corinthien. Le portail n'eft plus à un
point de vue fi avantageux , depuis qu'on a conftruit la
fontaine vis-à vis de la Culture Sainte Catherine : ce
PAR
portail eft compofc de trois ordres l'un fur l'autre ,
de deux corinthiens & d'un compofite , dont les co-
lonnes font engagées dans le mallif du bâtiment envi-
ron de la quatrième partie. Cette fabrique fait à peu
près vingt-deux toifes de hauteur , fans comprendre
plufieurs degrés , fur lesquels tout l'ouvrage eft élevé.
Dans la frife du premier ordre , on voit par cette au-
tre infeription , fur un carreau de marbre noir , que
le cardinal de Richelieu a donné de quoi élever ce
frontispice.
S. Ludovico REGI ,
LUDOVICUS XIII. REX BASILICAM :
Armandus CARDINALIS DUX Dfc
Richelieu, basilics frontem
p. 1634.
Ail-dedans eft une galerie qui règne fur toutes les chd-
pelles , de même qu'une baluftrade de fer fur la grande
corniche , à la faveur de laquelle on peut aller tout
autour de l'églife. Le grand autel eft orné de deux ordres
de colonnes corinthiennes de marbre noir de Gènes ,
dont les chapiteaux Se les foubafïemens font de bronze
doré , avec un attique fur le corps du milieu , au haut
duquel on a mis un grand crucifix. La Vierge eft d'un
côté , faint Jean de l'autre , & la Magdeléne aux pieds.
Les autres figures, qui fervent d'ornement à cet autel ,
font faint Charlemagne , faint Louis , faint Ignace ëc
faint François Xavier. Le tabernacle étoit d'argent , en-
richi de feuillages & d'ornemens de vermeil. Cet autel pa-
roiflbit encore embelli dans les grandes fêtes d'un très-
grand nombre de reliquaires , de vafes d'argent , de chan-
deliers 8c de girandoles.Toutes ces" pièces étoient d'atgent
ou de vermeil. On y voyoit un grand foleil de vermeil ,
enrichi de diamans ôc de grottes perles d'un très-grand
prix , orné de huit petits chérubins d'or. Toutes les
chapelles font ornées de corps d'architecture , avec des
colonnes de marbre. A côté du grand autel , à main
gauche, fous une des arcades, eft le cœur de Louis
XIII, fourenu par deux anges d'argent de grandeur na-
turelle , fous une couronne de vermeil ; la draperie des
anges , le cœur &r quelques autres ornemens font aufli
de vermeil. Quatre bas-reliefs de marbre, qu'on voit
fur les jambages , dont l'arcade eft foutenue , repré-
fentent les quatre vertus cardinales dans des ovales.
On y lit les inferiptious fui van tes du côté le plus pro-
che de l'autel :
AUGUSTISSIMUM
Ludovici XIII.
JUSTI REGIS ,
BASlLIC/E HUJUS
FUNDATORIS
MAGNIFICI
COR
ANGELORUM HIC
IN MANIBUS ,
IN COELO
IN MANU DEI.
Et de l'autre côté on lit fur une table de marbre blanc ,
en lettres noires :
Serenissima
Anna Austriaca
Ludovici xiv.
regis mater
et regina regens
PRjCDILECTI
CONJUGIS SUI
CORDI REGIO
AMORIS HOC
JlONUMENTUM POSUlT
ANNO salutis
M. DC. XL1II.
Sous l'arcade du côté de l'épitre , eft le cœur de Louis
XIV , foutenu comme celui de Louis XIII. On lit fur le
côté le plus proche de l'autel :
Régi s^culorum
1mmortali
Ludovicus XtV.
ÎRANCI^t ET NAVARRE REX
PAR 803
REBUS , BELLO ET PACE
PER ANNOS TRES ET SEPTUAGINTA
FORTITER ET RELIGIOSE GEST1S
ORBIS SUFFRAGIO MaGNUS ,
COR SUUM
PATERNO EXEMPIo
HAS PIANDUM AD ARAS
DEPONI MORIENS JUSSIT,
DIE PRIMA SEPTEMBRE
ANNO CHRISTI
M. DCC. XV.
vtTATIS LXXVH.
De l'autre côté , vis-à-vis , on lit :
Ludovico magno
justi filio
Philippus ,
aurelianensium dux,
justi nepos ,
Imperium gallicum
pro ludovico xv. regens ,
HOC
REGIARUM VIRTUTUM TROPH^UM
AD POSTER1TATIS
MEMORIAM F.T EXEMPLUM
DIGNA UTROQUE MUNIFICENTIA
CONSECRAVIT>
ANNO CHRISTI
M. DCC XX.
Sous la coupole , du même côté , eft le fomptueux mo-
nument de Henri de Bourbon , prince de Condé , fous
lequel eft fon cœur, ainfi que celui de Louis de Bour-
bon fon fils, mort en 1686 , fur lequel on lit : Ici eft
le cœur de très-haut , très-puijfant & très-magnanime
Prince, Louis de Bourbon , Prince de Condé, Premier
Prince du Sang , décédé à Fontainebleau le 2 Décembre
1 686, âgé de 65 ans & trois mois. On y a pofé dans la
fuite celui de Henri-Jules de Bourbon , fur lequel on lit :
Ici eft le cœur de très-haut , très-puijjant & très-magna-
nime Prince , Henri- Jules de Bourbon , Princede L'onde,
premier Prince du Sang , âgé de 65 ans huit mois &■
deux jours, décédé à Paris le premier Avril 1709}
celui de Louis de Bourbon , fur lequel on lit : Ici ejt le
cœur de très-haut , très-puijjant & magnanime Prince,
Louis de Bourbon , troifiéme du nom , Prince de Con-
dé, Prince du Sang , décédé à Paris le 4 Mars 1710,
âgé de 41 ans 4 mois & 23 jours ; celui de M. le duc ,
fur lequel on lit : Ici eft le cœur de très-haut , très-puis-
fant& très-excellent Prince , Monfcigneur Louis-Hen-
ri , Duc de Bourbon , Prince de Condé , Prince du
Sang , Duc d'Enghien & de Guife , Pair & Grand-
Maître de France , Gouverneur & Lieutenant Géné-
ral pour le Roi en fes Provinces de Bourgogne & Bres-
fe , Chevalier Cemmendcur des Ordres du Roi , &
Chevalier de la Toifon d'Or , décidé à Chantilly le
Mercredi 27 Janvier 1740, à midi & un quart , âgé
de 47 ans /inq mois dr neuf jours. Toute l'arcade pio-
che de la magnifique chapelle des princes de Condé ,
du côté de l'épitre, eft très- bien ornée en marbre. Sur
une table de marbre noir encadrée dans une bordure
ovale de cuivre doré, il y a une infeription latine à
la mémoire de ces deux princes.
On voit quatre vertus de bronze, de grandeur na-
turelle aïïifes fur des piedeftaux avec des bas-reliefs
auffi de bronze, qui repréfentent des triomphes tirés
de l'ancien teftament. Aux deux côtés de l'ouverture ,
font deux génies , dont l'un tient un bouclier où font
les armes de Bourbon , & l'autre une table fur laquelle
on a gravé une infeription.
Dans la même chapelle , au lieu d'un tableau dans
le milieu de l'autel, on a mis un crucifix de bronze,
avec faint Ignace à genoux fur un fond de marbre de
Dinan. Ces figures font à demi-relief & allez bien des-
finées. Sur le fronton paroiflent deux grands anges aus-
fi de bronze , qui tiennent un nom de Jefus enfermé
dans un foleil, dont les rayons font dorés. De l'autre
côté de la chapelle des princes de la maifon de Condé ,
dans le pilier de la croifée , auprès de la bakiftrade
Tem. IV. 1 i i i i ij
PAR
804
qui enferme le fandtuaire , eft le cœur de M. le duc du
Maine. On lit fur une table de marbre noir , enca-
drée dans une bordure de marbre de couleur :
ICI
Eft le cœur de très-haut, très-puijjant
& très-excellent Prince ,
LOUIS AUGUSTE DE BOURBON,
DUC DU MAINE,
Prince légitimé de France , par la Grâce
de Dieu , Prince Souverain de Dvmbes ,
Pair de France , Duc d'Aumale , Comte d'Eu,
Commendeur des Ordres du Roi,
Lieutenant Général defes Armées ,
Colonel Général des Suijfes & Grifons ,
Gouverneur & Lieutenant Général
pour Sa Majefté ,
Dans fes Provinces
Du haut & bas Languedoc ,
Grand Maître & Capitaine
Général de lArtillerie de France ,
Décédé en [on Château de Sceaux ,
Le quatorze Mai de l'année I73<S>
Agé de C6 ans.
Priez. Dieu pour lui.
La bibliothèque de cette maifon étoit avantageufement
placée & fort ornée -, les livres y étoient au nombre de
plus de vingt-deux mille volumes, dont plufieurs ve-
noient du cardinal de Bourbon , qui en laiffa grand
nombre par fon teflament. On eftime entre autres un
martyrologe formé d'un recueil presqu'infini d'eftam-
pes qui reptéfentent les faints de l'année , avec les prin-
cipaux événemens de leurs vies. 11 y en a beaucoup
qui font des plus grands maîtres. Gilles Ménage &
Daniel Huet, évêque d'Avranches , avoient aufli don-
né leurs livres pour augmenter cette bibliothèque. 11 y
avoit pareillement une très-belle fuite de médailles,
augfltentée de celles du père de la Chaife , confefleur
du roi. Entre les plus illuftres qui ont patu avec éclat
en différens genres dans cette compagnie , on compte
les PP. Claude Menellrier , qui a donné de grands
échucifTemens fur le blafon ; Daniel de qui nous avons
une très bonne hiftoire de France ; Louis Bourdaloue ,
célèbre prédicateur; Gaillard, autre prédicateur; de la
Rue , célèbre par fon érudition , &c.
Vis-à-vis de cette ancienne demeure des Jéfuites eft
la rue de la Couture ou de la Culture Sainte Cathe-
rine , appellée ainfi d'une églife de ce nom , que l'on y
trouve. La porte eft ornée d'architecture en pilaftres ,
entre lesquels il y a des ftatues & des bas-reliefs au-
deffus , qui font un très-bel effet , avec un portique
foutenu de deux colonnes de la même ordonnance.
Elle fut bâtie du rems de fiiint Louis , aux dépens de
quelques officiers de fa maifon , qui faifoient entre eux
une espèce de confrérie. On y voit les tombeaux de
Pierre d'Orgemont , chancelier , qui vivoit fous le rè-
gne de Charles V , & celui de René de Birague ,
Cardinal , auflî chancelier de France. Il jnourut l'an
1 $8} , & le roi Henri III lui fit l'honneur d'afiîfter à
fes funérailles. Son tombeau eft en entrant dans une cha-
pelle à main droite. Les chanoines réguliers de l'or-
dre de faint Augultin, de la Congrégation de Fran-
ce , occupent cette maifon depuis très - long-rems.
La Place Royale doit fon commencement à plufieurs
particuliers, qui la firent conftruire en 1604. Les mai-
fons qui la forment font toutes d'une même fymmé-
trie, & elles ne furent achevées qu'en 1630. Cette
Place occupe le même lieu qui avoit fervi de jardin
au palais des Tournelles, fitué du côté du rempart,
où François I , & quelques rois fes prédéceffeurs avoient
tenu leur cour. Catherine de Médicis le vendit à plu-
fieurs particuliers, qui élevèrent les maifons que l'on
y voit à préfent ; & la rue des Tournelles , qui règne
proche du rempart, en a retenu le nom. La Place Royale
eft parfaitement carrée & compofée de trente-fix pavil-
lons élevés d'une même ordonnance, dont la maçon-
nerie eft de brique , avec des chaînes de pierres de
taille , qui régnent fur une fuite d'arcades fort baffes ,
(bus lesquelles on peut aller à couvert tout à l'entour.
PAR
Dans l'espace qui eft au milieu , on a laiffé un grand
préau, enfermé dans une paliffade de fer. C'eft-là qu'on
a placé la ftatue équeftre de Louis XIII. Elle eft fur
un piedeftal de marbre blanc, avec des devifes, dont
voici les deux principales :
POUR LA GLORIEUSE ET IMMORTELLE
MÉMOIRE
DU
TRÈS- GRAND ET TRÈS -INVINCIBLE
LOUIS LE JUSTE , XIII.
DU NOM, ROI DE FRANCE.
Armand, cardinal duc de Richelieu, fon principal
Miniftre, dans tous fes illuftres & généreux defleins,
Comblé d'honneurs & de bienfaits par un fi bon maître
Et un fi généreux monarque, lui afait élever cette ftatue
Pour une marque éternelle de fon zèle
Et de fareconnoifiance, 1639.
Sur la face du côré des Minimes :
Ludovico XIII. Chriftiamjfimo Galliœ & Navarr* Régi
Jufto , pio , fœlici , vitlori ,
Triumphatori ,
Semper augufto ,
Armandus Cardinalis
Dux Richelius
Pracipuoritm Regni onerunt
Adjutor
Et adminifler ,
Domino opiwiè merito , Principique
Munificentiffimo ,
Fidei fuœ devotionis ,
Et oh innumera bénéficia immenfosque honores fibi collatos
Perenne grati animi monimentum
Hanc Statuam Equeftrem Ponendam curavit
Anno Domini 1639.
La figure du cheval eft un des beaux ouvrages qu'on
puifle voir. Le fameux Daniel Ricciarehi , de la ville de
Volterre -, en Toscane , disciple de Mictrll Ange , l'a-
voir fait , à la follicitation de Catherine de Médicis,
pour Henri II. La figure du roi eft de Biard , qui n'a
pas répondu à la beauté du cheval. On a dit que le
cheval , fur lequel eft monté Henri IV , au milieu du
Pont-Neuf, conviendroit à Louis XIII , & que celui
de Louis XIII conviendroit à Henri IV. Ce magnifique
ouvrage, qui regarde d'un côté la rue Saint Antoine,
a de l'autre les Minimes. Ces pères furent établis en
cet endroit l'an ijoo. Leur églife eft affez claire. Le
grand autel eft d'une architecture corinthienne , dont
les colonnes font de marbre de Dinan , cannelées , d'une
manière fort propre. La chapelle du duc de la Vieuville,
diftinguée parmi celles de cette églife, eft ornée de
quantité de marbres & de tombeaux , où l'on voit des
figures couchées. A peu de diltance de ce couvent eft un
hôpital , appelle la Charité des femmes , qui fut fondé
l'an 1629 , par la reine Anne d'Aurriche , fous le nom
de la Charité de Notre-Dame. Les religieufes , qui fer-
vent les femmes malades , font de l'ordre de Saint Au-
gufiin, de font un quatrième vœu, touchant l'hospita-
lité. Les premières religieufes de cet hôpital y firent
profeffion le jour de la fête de faint Jean-Baptifte de la
même année. Cette maifon eft compofée de plufieurs
corps de logis , d'une chapelle & d'une fale , où font .
vingt-huit lits pour les malades.
Le monaftere des filles de la Vifitation de Sainte Ma-
rie c(l au-deffus de la maifon qu'occupoient les Jéfui-
tes, du rrfême côté. Le terrein qu'elles occupent eft fort
refferré , 6V leur églife n'eft pas grande -, mais elle eft
très-réguliere, & il y paroîtun goût d'architeéture très-
délicat. C'eft une coupole raifonnablement élevée , fou-
tenue en dedans de quatre arcs , entre lesquels il y a des
pilaftres corinthiens , avec une grande corniche , qui
règne tout au tour. L'autel principal eft dans un espace
particulier , vis-à-vis de la porte , & il ne reçoit la lu-
mière que d'une ouverture , pratiquée fort ingénieufe--
ment au milieu de la voûte. Ce couvent , qui n'a été
établi qu'en 1 <î 1 9 , eu1 fort proche de la Baftille , qui
PAR
fut autrefois une porte de la ville , bâtie en 1360 , fous
le règne de Charles VI. Cette fortereffe eft compofée de
huit grofles tours rondes fort élevées, jointes l'une à
l'autre par des maiîîfs de même hauteur ik de même
épaiffeur , dont le deflus eft en rerraffe. Entre ces tours
on trouve une cour , qui fert de promenade aux per-
fonnes les moins refTerrces. La Baftille eft la prifon or-
dinaire de ceux qui font foupçonnés de quelque crime
d'état.
La porte Saint Antoine , qui eft à côté de la Baftille ,
8c qui conduit au fauxbourg de même nom, fut bâtie
fous Henri II , pour fervir d'arc de triomphe à ce mo-
narque. On l'a fort embellie depuis peu d'années, en
abbatant une autre vieille porte qui en étoit proche. On
a accompagné celle-ci de deux nouvelles ouvertures ,
de la même largeur 8c de la même hauteur , qui ren-
dent le chemin plus facile , 8c l'entrée plus libre aux
carroffes 8c aux charrois. La largeur de toute la face des
trois ouvertures , 8c des mafllfs entre deux , eft de neuf
toifes , fur fept à huit de hauteur. On regarde avec
plaifir, dans l'ancienne porte, deux neuves couchés
fut une espèce de fronton anale. La plus belle face elt
du côté du fauxbourg , embellie de boffages , 8c d'un
grand entablement dorique , qui règne fur tout l'ou-
vrage. Il eft encore furmonté par un attique , en ma-
nière de piedeftal continu , avec deux obélisques aux
extrémités , 8c la ftatuedu roi au milieu. Celles d'Apol-
lon 8c de Cerès font couchées fur le fronton. Il y a
outre cela deux autres ftatues dans des niches entre les
trois ouvertures des portes. Dans les tympans des fron-
tons , qui couronnent les portes du côté de la ville ,
on a mis en relief une copie de la médaille que la ville
a fait fraper à la gloire de Louis XIV , où il elt re-
préfencé d'un côté , avec ces mots pour la légende :
Ludovicus Magnus
Francorum & Navarrx Rex.
PP. 1671.
Sur le revers de la même médaille on a repréfenté
une Vertu affife, 8c appuyée fur un bouclier, daas
lequel font les armes de la ville , avec cette autre lé-
gende :
Et au-deffous ,
Félicitai Urbis.
Lutetia.
Les autres inferiptions font : premièrement ,
Paci
Vttlricibus Litctovïci XIV. armis ,
Felicibus Anna confdiis ,
Augufiis M. Tbereji/z nuptiis ,
AJJlduis Julii Cardinalis Maz.arin'1
Curis
Paru,fundat<e, aternum
Firmata ,
Prafetfus Urbis JEdilesque
Sacr avère :
An no 1660.
Secondement ,
Ludovico Magno ,
Ouèd Urbem auxit , ornavit ,
Locupletavit ,
Prafettus & ^Ediles P. G
Ann. R. S. H.
1672.
Troifiétnement , fur le côté qui regarde le fauxbourg ,
on lit :
Ludovicus Magnus ,
Promotis Imperii finibus
Ultra Rbenum , Alpes
EtPyreruos
PAR 8oj-
Pomœrium koe more prisa
Propagavit :
Ann.R.S. H. 1670.
Quatrièmement , du côté de la ville ,
Ludovicus Magnus
Et vindicatas Conjitgis auguj?<e
Dotales Urbes
Valida munitione cinxit ,
El hoc vallum civium deliciis
Defiinari jujfit.
Ann. S. R. H. 1671.
Entre la porte 8c le baftion on a fait une rampe de
quaranre-huit pieds de large , pour rendre l'accès du
rempart plus facile aux carroffes qui vont au Cours. Le
cours, qui enferme la moitié de la ville , comme on l'a
déjà marqué , vient fe terminer en cet endroit. Il eft
compofé de trois allées , formées de quatre rangées d'ar-
bres , dont celle du milieu eft large de foixante pieds ,
8c les contre-allées de dix-huit à vingt chacune. C'eft
à préfent la promenade la plus fréquentée de Paris.
C'eft en fortant de la ville, par-deffus le rempart,
qu'on rencontre le premier des fept corps de gardes
établis par M. Turgor, prévôt des marchands , en 173 j ,
pour la fureté de jour 8c de nuit, foit du rempart , foit
des environs. A l'entré du fauxbourg eft une large es-
planade ronde , à l'extrémité de laquelle on a placé fur
des piedeftaux ruftiques , deux grandes ftatues d'Her-
cule 8c de Minerve , aflifes fur des trophées d'armes.
Ce fauxbourg confifte en plufieurs rues très-longues ,
dont la principale eft au milieu. Les deux, qui lui font
parallèles , font celles de Charenton & de Charonne , qui
conduifent aux villages qui portent ces noms. L'abbaye
Saint Antoine eft fort avant dans la grande rue. On
commença de bâtir cette maifon l'an 1 1 93 , &: elle fut
achevée fous le règne de faint Louis , qui aflîfta à la
dédicace de l'églife , avec la reine Blanche de Caftille ,
fa mère. L'ordre de Cîteaux y avoir déjà été établi ,
à la follicitation d'Odon de Sulli , évêque de Paris , 8c
les religieufes fuivent encore cette même règle. Leur
églife n'a rien qui puiffe attirer les curieux. Aux côtés
de l'autel font les tombeaux de deux princeffes , Jeanne
8c Bonne de France , filles du roi Charles V. A l'entrée
de lafue , qui fe rrouveau deffusde cette abbaye, eft la
manufacture des glaces de miroirs. On y en a fait dequa-
tre-vingt-dix-huitpouces, ce qu'on n'avoir jamais vu avant
cet utile érabliffement. On fond les glaces à Cherbourg,
8c en quelques-autres lieux ; mais on les polit en cette
maifon. On y met i'étain& le vif argent-, 8c plus de qua-
tre cens hommes font employés à ce travail. Lorsque la
reine Marie-Thérefe d'Autriche fît fon entrée en 1660 ,
on lui avoir dreffé un fuperbe trône, près de l'endroit
où l'on voyoit l'arc de triomphe. Comme cet endroit eft
le plus haut de tout ce quartier on y avoir placé ce fom-
prueux édifice. Quoiqu'il ne fur encore élevé qu'à la
hauteur des piedeftaux des colonnes, on pouvoir juger ,
par la beauré du modèle , qui n'éroir que de plâtre , que
c'auroit été un des plus riches morceaux d'architecture
de toute l'Europe. Ce modèle étoit un grand ouvrage
à deux faces , ouvert de trois portes , entre chacune
desquelles étoient deux colonnes corinthiennes, 8c deux
aux extrémités , fur l'épaiffeur , qui toutes enfemble
faifoient le nombre de huit à chaque face. On avoir mis
fur les entablemens de grands rrophées d'armes , avec
des captifs enchaînés. Le deffus de tout l'ouvrage étoit
une plate-forme, au milieu de laquelle éroir un amor-
tiffement , furmonté d'un grand piedeftal , où la ftaruc
du roi à cheval étoit placée. Il a été détruit il y a plu-
fieurs années. Un peu au-delà du modèle eft le cou-
vent des Picpus, qui fut commencé en 1594. Vincent
Maffart , ou Muffaid , Parifien , en a éré le fondateur ,
&c réforma le tiers-ordre de Sainr François , que l'on
nomme ordinairement les Pénitens , qui n'éroient au-
paravant que pour les féculiers ; il en fit une régie par-
ticulière , 8c s'établir dans le village de Picpus , dont
ces religieux ont reçu le nom que le peuple leur a donné ,
malgré tous leurs foins à garder celui de Pénirens. Leur
jardin eftembelli de grottes de rocailles 8c de coquillages,
%o6
PAR
PAR
d'un travail fort agréable. Près de ce couvent il y en
a un autre de religieufes , appellées ChawineJJes Régu-
lières de Saint Augujiin. Du même côté , en prenant le
chemin de la ville , on paffe devant Rambouillet , dont le
jardin eft fort grand Se allez bien entretenu. Tout proche
eft une autre maifon , nommée Reuilli. Le favant Dom
Mabillon rapporte, dans fa diplomatique, que les rois
de la première race avoient un palais en cet endroit.
Il n'eft refté aucun veftige de ce palais. Le couvent des
Filles Angloifes eft dans la rue de Charemon , aufli
bien que f hôpital des Enfans trouvés. Cet hôpital a été
fondé par le chancelier d'Aligre , mort en 1677. Elisa-
beth Luillier, fa femme, a continué ce pieux deflein & ,
après avoir fait de grands biens à cette maifon , elle a
été enterrée dans un caveau quelle avoir fait conftruire
dans une chapelle de l'églife de cet hôpital, appellee
la Chapelle de Notre-Dame de Mi] 'encorde. Les entans
trouvés font élevés Se inftruits par les fœurs de la Cha-
rité. Les couvents de Notre-Dame de Bon-Secours, de
la Magdeléne , Se des Filles de la Croix , font dans la rue
de Charonne. Un peu plus bas eft l'églife de Ste Mar-
guerite, qui a été érigée enparoiflè , pour la commodité
des habitans du fauxbourg, en 1711- EUe a commence
par être une chapelle, fous le même titre, en 1625 ,que
M. de Gondy donna la permjifion au feigneur de Reuil-
ly, d'élever fur le terrein,qui avoit été deftiné pour ce fu-
jet. Elle devint enfuite une fuccurfale de la paioiffe de
Saint Paul. On y baptifoit, on y donnoit la commu-
nion paschale , mais on n'v marioir pas. Cette eglife eft
aujourd hui rebâtie à neuf , Se beaucoup plus grande
qu'elle n'étoit auparavant. En fortant de Sainte Mar-
guerite , on va droit aux Filles Hospitalières de la Ro-
quette. Cet hôpital n'eft deftiné que pour des femmes
malades, dont les religieufes prennent un grand foin.
Ces religieufes fuivent la même régie que les Hospita-
lières de la Place Royale : la fale , où font les fem-
mes malades , tient à leur églife , qui eft dédiée a Saint
Jofeph. Elles ont une grande cour , plantée d'une allée
d'ormes forr longue. Il y a auffi un couvent de religieu
d'hui les deux princes les fils. Les Céle^s ont leuf
couvent tout proche de l'Arfenal. Quel°iues aureurs di-
fent que ce heu avoit été occupé aupaiavanc Pai *es
Carmes de la place Maubert , qui l'abandonnèrent afin
d'être plus près de lUniverfité , où ils alloient étudier
pour obtenir des degrés. Le nommé Jacques Marcel ,
ayanr acheté cette place en 1 3 18 , y établit les Celeftins ,
nouvellement venus d'Italie , dans une haute réputation
de fainteté de vie & d'auilérité. Le roi Charles V leur
donna de très-grands biens. Il fit conftruire l'églife » &
y mit la première pierre. Cette églife eft tout-à-fait go-
thique , Se n'a rien que de fimple Se de grofller pour fa
ftrudure. La chapelle , dit.e d'Orléans , eft toute rem-
plie de tombeaux. A l'entrée de la porte à main gauche ,
eft une grande colonne torfe de marbre blanc , ornée
de feuillages Se de moulures , prife dans le même bloc ,
ainfi que le chapiteau qui eft d'ordre compofite. Sur
ce chapiteau l'on voit une urne de bronze , qui renfer-
me le cœur du connétable Anne de Montmorenci , mort
le 1 2 de Novembre 1567, des bleffures qu'il reçut à la
bataille de Saint Denis , contre les Proteltans. Ce mo-
nument eft fort fingulier , Se on tient que celui qui a fait
la colonne y a travaillé plus de quinze ans. Au milieu
de cette chapelle eft le tombeau de Louis, duc d'Orléans,
frère de Charles V , qui fut affaffiné par l'ordre de Jean,
duc de Bourgogne , fon coufin , en fortant du palais de
la reine Ilabeau de Bavière , qui, étoit dans la rue Bar-
bette , derrière l'hôtel de Guife. Ce tombeau n'a rien
de magnifique. On y voit feulement la repréfentation
en marbre de quatre perfonnes couchées, favoir de Louis,
duc d'Orléans , de Valentinede Milan, fa femme, morte
de douleur deux ans après lui , de Charles , duc dOr-
léans , fon fils aîné , père de Louis XII, Se de Philippe ,
comte de Vertus, fon frère. A l'extrémité de ce tombeau,
du côté de l'autel, eft le cœur de Henri II, dans une
urne de bronze doré , que les trois grâces foutiennent
fur leurs têtes : elles font de marbre. Le cœur delà rei-
ne Catherine de Médicis eft dans ce même monument ,
avec trois inferiptions au bas. Le piedeftal eft d'une ex-
fes à Popincourt , qui n'eft pas éloigné de la Roquette. cellente imagination en trépied , foutenu fur trois pâtes
L'hôtel de Lesdiguieres, qui étoit à côté de l' Arfenal, eft ^e lion, orné de feuillages, de masques, de guillochis
préfentement dans la rue de ce nom.
La première chofe remarquable que l'on trouve quand
on rentre dans la ville , eft l'Arfenal : il fut bâti par
Charles V en même tems que la Baftille. Ceft dans ce
lieu que l'on fondoit autrefois l'artillerie pour la de-
fenfe du royaume, & l'on y garde encore les poudres
& les canons. Au milieu de ce château étoit une tour
qu'on appelloit la Tour de Billi. Le tonnerre étant
tombé deffusle 19 de Juillet 1538, mit le feu à plus
de deux cens caques de poudre qu'on y confervoir.
Outre que cette tour fut ruinée jusqu'aux fondemens,
la violence du feu fut telle , que les pierres furent em-
portées jusqu'à l'églife de Saint Antoine des Champs ,
& jusqu'à des endroits de la ville fort éloignés. Les fon-
deries furent bâties au mois de Juillet 1549, par ordre
de Henri IL La grande porte de l'Arfenal eft ornée de
quatre canons au lieu de colonnes, Se ces canons font
le même effet , parce qu'on leur a donné les mêmes
proportions du renflement Se de la diminution. Elle fut
élevée fous le règne de Henri IV , & on y lit ces deux
vers latins fur du marbre noir ; le poète Borbonius en
fut l'auteur.
JEtna bxc Henrico vulcania tela mïniftrat ;
Ttla Giganuos debellaiura furores.
Tout l'espace contenu dans l'Arfenal eft diviféen plu-
fieurs parties , dont la plus grande eft pour le jardin qui
règne fur le foffé& fur la rivière , d'où l'on a une vue très-
étendue. Le refte confifte dans des cours qui vont l'une
dans l'autre , bordées de bâtimens d'un feul côté, dont
la ftructure eft trcs-fimple. Les dedans ont de la beau-
té, & fur-tout la grande fale dont le célèbre Mignard
a peint le pkifond. Ce plafond eft long de vingt-qua-
tre pieds , Se compofé de dix-huit figures , donr la
grandeur eft de fix pieds. La France triomphante en
eft le fujet. Louis-Augufte de Bourbon , légitimé de
France , duc du Maine , grand - maître de l'artillerie ,
occupoit les appartenons de l'Arfenal : ce font aujour-
& de cartouches. A l'autre extrémité du tombeau du
duc d'Orléans on a élevé une colonne de marbre blanc ,
de laquelle il fort des flammes. Elle repréfenre la co-
lonne de feu , qui conduifit les Israélites dans le déferr.
C'étoit la devifede François II, avec ces mots pour ame ,
LUMEN RECTIS.
Cette colonne eft accompagnée de trois amours, qui
tiennent des flambeaux renverfes. Le piedeftal fur lequel
on l'a élevée eft Triangulaire , Se d'un beau deffein. Sur
les trois faces on lit des inferiptions , qui marquent que
le roi François II , dont le cœur repofe dans ce mo-
nument , avoit époufé Marie Smart , reine d'Ecofle ,
qui eut la tête tranchée par l'ordre d'Elifabeth, fa confine,
reine d'Angleterre. Charles IX, fon frère , qui lui fuccé-
da , fit élever ce monument , & le cœur de ce Monarque
y eft auftî enfermé. Sous les fenêtres à main droite , du
côté de l'autel , eft le tombeau de Bonne de Milan ,
fœur puînée de Valentine , femme de Louis , duc d'Or-
léans. Tout proche eft celui de Philippe Chabot, ami-
ral de Fiance , Se fur la même ligne eft celui de Henri
Chabot , duc de Rohan. On y voit les effigies de l'un Se
de l'autre , parfaitement bien repréfentées. Près de la
porte , qui conduit de cette chapelle à la nef, on dé-
couvre le tombeau de Louis de Coffé , duc de Briffac.
Il y a une colonne de marbre blanc , chargée de cou-
ronnes Se de chiffres , avec une corniche , fur laquelle
eft un vafe doré. Les maflifs des côtés de cette colon-
ne, font ornés de tables de marbre de Namur, avec
des épitaphes fur le devant du piedeftal. Ce qu'on diftin-
gue le plus dans cette chapelle l 'eft la belle pyramide
du duc de Longueville. Elle eft chargée de nophées,&
accompagnée de quatre vertus,de marbre blanc. Sur le
piedeftal font deux bas-reliefs dorés à feu , qui repré-
sentent les principales actions de ce prince , pour qui
on a élevé cette pyramide. 11 y a auifi plufieurs tom-
beaux dans la nef : celui des ancêtres du duc de Gévres
eft très-confidérable. On y voit des ftatues de marbre.
PAR
PAR
en habit du tems , fort bien travaillées, fur-tout celui
du duc de Tremes, fon pere. La régie des Céleftins leur
défend de manger de la viande , à moins qu'ils ne foient
malades , ou éloignés de leur maifon t au moins de deux
lieues. Ils tiennent beaucoup de l'ordre de Cîteaux , dont
ils font fortis. Leur maifon eft fort commode , ik ils
ont un petit cloître conftruit d'une manière très-pro-
pre. Il cft orné de colonnes corinthiennes , ik fort bien
voûté.
La paroifle de Saint Paul , qui eft celle de tout le
quartier , étoit la paroifle royale du tems que les rois
occupoient l'hôtel de Saint Paul , ou le palais des Tour-
nelles : on croit que c'étoit une chapelle bâtie au milieu
d'un cimetière, deftiné pour enterrer les religieufes de
l'abbaye deSte Aure , inllituées par faint Eloy , Evêque
de Noyon , dans l'endroit où font à préfent les Bar-
nabites. La ville s'étant beaucoup augmentée de ce côté-
là , on érigea cette chapelle en paroifle. On y garde
la charte de fauve Aure. Le bâtiment de cette égiife ,
qu'on trouve dans une rue qui aboutit au bord de la
Seine , fut élevé fous le règne de Charles VI. Il eft d'u-
ne maçonnerie maffive & épaifle ; les voûtes en font
baffes ik écrafées , & les jours mal entendus , ce qui fait
que le dedans éd. trille & fombre. Le tombeau d'Anne,
duc de Noaillcs , mort en 1678 , ett dans la chapelle
du Saint Sacrement. Ce duc eft repréfenté en marbre
à demi couché , fou tenu par l'espérance qui lui montre
une couronne de gloire , qu'elle femble lui offrir. Les
charniers de cette égiife font très-fpacieux , & ont des
vîtres où toute l'hiltoire de faint Paul eft peinte. On
y trouve trois chapelles. Le maréchal de Biron , décollé
au mois de Juillet 1601 ; Robert Cenalis , évêque d'A-
vranches; Nicole Gilles, auteur d'annales & de chroni-
ques de France ; François Rabelais , fi connu par Ces
ouvrages; Jean Nicot, ambalTadeur de France en Por-
tugal , auteur d'un dictionnaire latin ik françois; Fran-
çois Manfart , fameux architecte ; Jules Hardouin Man-
iait , fon neveu ; Jean Desmaretz de Saint Sorlin , poè-
te ; Godefroi Herman , très-habile dans les langues fa-
vantes ; Adrien Baillet, auteur du jugement des favans , &
d'une vie des Saints très-recherchée; Pierre-Silvain Régis,
de l'académie royale des feiences, eft, avec ceux que
je viens de nommer , enterré dans cette paroiffe. Alfez
près delà eft le couvent des filles de \ Ave Maria,
dans une rue qu'on nomme la rue des Barrées. Ces re-
ligieufes , qui font de l'ordre de Ste Claire , vivent dans
la plus grande auftérité. Saint Louis avoit établi des
Béguines dans cette maifon , c'eft-à-dire , des religieufes
de Ste Beghe, Flamande d'origine, qui portoient une
co'éffure dont leur vifage étoit presque caché. Sous le
règne de Louis XI , la reine Charlotte de Savoye y in-
troduifit le Tiers-Ordre de Saint François, avec la ré-
forme : Et le roi Charles VIII , fon fils, fit bâtir poul-
ies religieux la maifon voifine , qui n'eft féparée de celle
àcs religieufes, que par le pafïage qui mené à l'églife.
Ce font des Cordeliers qui y célèbrent l'office divin. On
y voit le tombeau de Dom Antoine , roi de Portugal ,
qui, s'étant retiré en France, mourut l'an 1595, &
celui de Clande-Catherine de Clermont , femme d'Al-
bert de Gondi, duc de Retz, morte en 1603. Cette
dame, illuftre par fon favoir , poffédoir fi parfaitement
les langues, que la reine Catherine de Médicis la char-
gea de répondre publiquement en latin aux ambaffa-
denrs de Pologne, lorsqu'ils vinrent demander le duc
d'Anjou pour leur roi , ce qu'elle fit avec l'admiration de
tous ceux qui l'entendirent. Sur la porte de ce monafte-
re réparée depuis quelques années , on a mis la ftatue
de Saint Louis, & celle de Ste Claire, toutes deux
d'un fort habile fculptcur. On va de-là au bord de la
rivière traverfer le Pont-Marie, appelle ainfi de Chrifto-
phe Marie, qui en jetta les premières fondations en
1615. Le pont eft de pierres de taille, &compofé de
cinq arches , foutenues fur quatre piles & fur deux cu-
lées; il eft couvert de maifons occupées par différens
ouvriers, & il ne fut achevé qu'en 163 f. Mais une par-
tie de ce pont fut emportée la nuit au mois de Mars
1658, & quantité de pet fonnes y périrent. On a réta-
bli les àcux arches , mais on n'y pas élevé de maifons :
rifle Notre-Dame , où ce pont conduit , a pris fon nom
de l'églife cathédrale , dédiée à la Ste Vierge , à laquel-
le cette îfle appartient en propre. Toutes les maifons
qu'on y voit ont été bât.cs dans le dernier fiécle. Ce
n'étoit auparavant qu'une prairie aflez baffe , qui fer-
voie de promenade au peuple. Il y avoit une verrerie à
la pointe qui regarde le mail , ik au milieu de la prai-
rie une petite chapelle dédiée à Saint Louis, an même
endroit où eft à préfent la paroifle qui porte ce nom.
Le bâtiment de cette égiife fut élevé en 1664 ik fini en
17 14. La grande porte eft fous un portique, compo-
fé de quatre colonnes doriques ifolées, avec un enta-
blement ik un fronton. Antoine de Vyon d Herouval,
auditeur des comptes , très-eftimé des favans , y a fon
tombeau. Philippe Quinaut , connu par fes opéra , y
cft enterré. Toute l'ifle eft revêtue dans fon enceinte
d'un quai de pierres de taille très-folide , conftruit avec
une fort grande dépenfe , à caufe qu'il eft fondé par
tout dans l'eau de la rivière. Entre les maifons qu'on
y peut diftinguer ,il y en a quelques-unes que l'on pour-
roit comparer à des palais , rant elles font magnifiques ,
fur-tout celles qui font fituées à l'extrémité du côté de
l'orient , où la Seine fe divife en deux bras pour for-
mer l'ifle. La maifon de feu M. Lambert de Torrigny ,
préfident en la chambre des comptes , mort prévôt des
marchands en 1729, eft une des plus remarquables.
Tout proche , de l'autre côté de la rue Saint Louis ,
eft la maifon de feu M. le Ragois de Bretonvilliers ,
auffi préfident en la chambre des comptes. La fitua-
tion en eft fort heureufe. Cette maifon a été bâtie
directement à la pointe de l'ifle Notre-Dame , de for-
te qu'elle eft entourée des deux bras de la rivière. Elle
occupe un terrein fort étendu. Son pere fit faire le
quai qui environne la pointe de l'ifle tout de pierres de
taille fur pilotis , dans un endroit où la rivière eft
très-profonde 8c très-rapide, & il employa huit cens
mille francs à cet ouvrage , & aux feules fondations de
cet édifice. En fortant de là , on trouve le Quai Dau-
phin, nommé autrement le Qttai des Balcons , parce
que toutes les maifons qui le bordent ont des balcons
aux fenêtres. Toutes les rues qui partagent l'ifle font
droites cV: aboutiflent à la rivière.
On fort de cette ifle par le pont de la TournelJe ,
l'un des trois qu'on y a bâtis pour y ."rriver. Il eft de
pierres de taille , avec un trotoir de chaque côté pour
les gens de pied. On lui a donné ce nom à caufe d'u-
ne tour carrée , qui fe trouve fur le bord de la rivière de
l'autre côté de l'ifle Notre-Dame, & dans laquelle on en-
ferme ceux qui font condamnés aux galères, en attendant
que la chaîne parte : on lit cette infeription gravée fur un
marbre noir , attaché à la première pile du côté de la
pointe orientale de l'ifle :
DU REGNE DE LOUIS XIV.
DE LA PREVOTE DE MESSIRE
ALEXANDRE DE SEVE,
PRÉVÔT DES MARCHANDS ,
CE PRESENT PONT
A ÉTÉ BÂTI.
Ces deux vers font plus bas :
JEdiles recréant fuhmerfimï fium'ine P on terni
Non ejt officii , fed pïetatis opus.
16 j 6.
La Porte de Saint Bernard, qui fe trouvé à peu de
diftance du pont de la Toutnelle, a pris fon nom du
collège des Bernardins , qui eft dans le voifinage. Cette
Porte, bâtie depuis peu d'années, a feulement huic
toifes de large , avec deux ouvertures & une pile ait
milieu. La hauteur de tout l'ouvrage en a un peu plus.
Un grand attique , en manière de piedeftal , règne fur
un entablement très-bien travaillé, & les fiiccs de cet
édifice font remplies de deux grands bas-reliefs fort
eftimés. Du côté de la ville le roi Louis XIV eft re-
préfenté , répandant l'abondance fur fes fujets, & au-
defliis fur l'attique,on lit en grands caractères creufes
dans la pierre :
8o8 PAR
LUDOVICO MAGNO
ABUNDANTIA PARTA,
PRAF. ET y£DIL. PONI
CC
ANN. R. S. H. M. DC. LXXIV.
Sur la face qui regarde le fauxbourg , on voit ce
monarque habillé en divinité antique, tenant le gouver-
nail d'un grand navire qui vogue à pleines voiies , &
on lit fut l'attique ces autres paroles : '
LUDOVICI MAGNI
PROVIDENTI/E
PR^F. ET .EDIL. PONI
CC.
ANN. R. S. H. M. DC. LXXIV.
Sur les piles au-defibus de l'importe , on a placé des
vertus , qui ont du rapport à l'hiftoire que contiennent
les deux bas-reliefs. La rue de Seine , l'une de celles
de ce fauxbonrg, conduit à celle de Saint Vi&or,où
l'on trouve la fameulé abbaye qui porte ce nom. Cette
maifon eft fort ancienne. Louis le Gros , roi de Fran-
ce h y fit élever 'de grands bâtimens, Se lui donna des
biens très-contlderables : il fit conftruire une églife en
1 1 1 3 , dans le même endroit où il relie encore une cha-
pelle ancienne derrière le chœur. Guillaume de Cham-
peaux, archidiacre de l'églife de Paris, Se depuis évê-
que de Châlons , fut le premier qui inftitua la congré-
gation de faint Viétor , fous la règle de faint Augu-
ftin. Les jardins de cette maifon font fort fpacieux ; Se
ce qu'elle a fur-tout de confidérable , c'eft une biblio-
thèque, l'une des plus amples Se des plus nombreufes
de Paris. Elle eft compofée de tous les livres dont on
peut avoir befoin pour quelque forte d'étude que ce
puifïe être. On y compte plus de trois mille manu-
ferits , qui font confervés avec grand foin dans un ca-
binet particulier , à l'extrémité de la même bibliothè-
que , qui eft ouverte tous les lundis , mercredis Se fa-
medis, à toutes les perfonnes ftudieufes. Elle a été don-
née à cette condition par Henri du Bouchet , confeil-
ler au parlement , qui mourut l'an 1654 -, fonbufteen
marbre blanc eft près de la poire. L'églife fut rebâtie en
1517 fous François I , Se elle n'eft pas encore entière-
ment achevée. On a vu fortir de grands hommes de
cette abbaye, entre lesquels on compte Hugues , Ri-
chard , Adam , Pierre Comeftor , ou le Mangeur , Léo-
nins, Jean Picard, Jean-Baptifte de Santeul , Louis
Maimbourg, Isma'el Bouillaud. L'hôpital de la Pitié,
qui fait une partie du grand Flôpital général, eft fitué
au-delà de Saint Victor , Se vis-à-vis le Jardin royal
des funples, 11 confifte en pluficurs grands corps de lo-
gis , cours , dortoirs & fales , Se fut fondé vers l'an 161 z ;
l'églife eft allez belle, 3c dédiée fous le titre de Notre-
Dame de Pitié, On ne reçoit dans cet hôpital que des
filles de Paris , au-deflus de deux ans , Se on les occu-
pe à divers ouvrages , dont on tire une partie de leur
fubftance. Derrière la Pitié eft l'hôpital de la Miféri-
corde , fondé par Antoine Seguier , préfident à mor-
tier au parlement de Paris. Cette fondation eft pour
cent pauvres filles orphelines , qui doivent être de Pa-
ris, âgées de fix à fept ans. Elles peuvent y demeurer
jusqu'à vingt cinq ; on leur apprend à travailler au mé-
tier qui leur convient davantage, & pour lequel elles
témoignent avoir de l'inclination. Après ces deux
hôpitaux , on trouve le Jardin du roi.
Louis xiii, par éditdu mois de Janvier \6i6 ,
regiftré en parlement au mois de Juillet de la même
année , établit le Jardin royal des plantes , Se en mê-
me-tems la furinrendance à la charge de premier méde-
cin ; mais elle en fut féparée par une déclaration du 3 1
Mars 1718, & le titre de furintendant fut changé en
celui d'intendant en 1731. Le roi voulant prendre un
foin plus particulier de ce jardin , Se veiller à tout ce
qui pourroir contribuer à fa perfection , le mit dans le
département du fecréraire d'état de fa maifon , Se de-
puis on y a fait des dépenfes très - confidérablcs , tant
pour rafïembler de toures parts un grand nombre de
plantes, que pour la conftruéHon des ferres néceflai-
PAR
res pour les conferver : ce Jardin a de grands avan-
tages par fa fituation, Se par la dispofition particuliè-
re du tetrein : il eft défendu des vents du nord par une
éminence , qui règne tout le long de la partie fepten-
trionale du jardin-, ce monticule, d'où l'on découvre
une bonne partie de la ville , Se une campagne fort
agréable , eft dans l'enceinte même du jardin , Se il eft
couvert d'arbres Se d'arbuftes toujours verds, & des au-
tres plantes qui aiment les lieux élevés, Se dont quel-
ques-unes refufent de croître dans les plaines, ou dans
les vallons ; dans une autre partie du jardin, on trouve
un endroit* profond Se humide , deftiné aux plantes
aquatiques. 11 y a cinq grandes Se magnifiques ferres , où
par le moyen deplufieurs poêles, on entretient une cha-
leur continuelle , Se où il fe trouve actuellement plufieurs
milliers de plantes étrangères , comme les cafles , les
ananas, les camphriers, les fandragons, &c. Outre ces
ferres chaudes , il y a deux grandes ferres fioides , pour
conferver les orangers , les palmiers , les myrtes , les
lauriers , Se on peut dire que c'eit le jardin le mieux
fourni qu'il y ait en Europe. Il s'y fait chaque année
plufieurs cours de botanique , de chymie Se d'anatomie ,
où peuvent affilier tous les particuliers qui délirent s'in-
ftruire dans quelques unes de ces feiences ; le public eft
averti par des affiches du tems où commence chacun
de ces cours , Se ils font ordinairement très-fuivis. On
y compte jusqu'à huit Se neuf cens étudians. Les dé-
monftrations de botanique fe font dans le jardin & à la
campagne aux environs de Paris , les opérations de chy-
mie fefont dans un laboratoire bien fourni d'inftrumens
Se de drogues , qu'enfuite on diftribue charitablement
aux pauvres. Les leçons Se les démonftrations d'anato-
mie fe font dans un amphithéâtre qui eft fort grand.
11 y a encore au Jardin du roi un très-beau cabinet
d'hilloire naturelle qu'on augmente tous les jours , Se
qui furpaflera dans peu les collections les plus compler-
tes Se les plus magnifiques cabinets de l'Europe. 11 con-
tient de plus que les cabinets ordinaires deux herbiers,
celui de M. de Tournefort , Se celui de M. Vaillant ,
qui font très-complets Se très-bien confervés-, des livres
de botanique Se d'hiftoire naturelle, Se des defleins de
plantes , faits par d'exçellens maîtres. Les officiers du
Jardin du roi font un intendant, trois profefleurs, l'un
pour la botanique , l'autre pour la chymie, Se le troi-
fiéme pour l'anatomie -, trois démonflrateurs, favoirun
pour chacune de ces feiences , un garde du cabinet d'hi-
ftoire naturelle , Se un peintre Se deffmateur.
On descend de la vers l'Hôpital général , appelle la.
Sdlpctricrc. Cette grande maifon, qui renferme plus de
fix mille perfonnes , paroît de loin comme une pe-
tite ville, à caufe de la quantité Se de la diverfité de
fes bâtimens : l'églife eft dédiée à faint Denis. Son plan
eft compofé d'un dôme octogone , de dixtoifesde dia-
mètre, percé par huit arcades, qui aboutillent à qua-
tre nefs de douze toifes de long chacune. Ces nefs for-
ment une croix , Se dans les angles font quatre chapeU
les à pans , le tout ayant jour fur le dôme. L'autel fe
trouve au milieu, ce qui fait qu'il peut être vu de trois
côtés. Le portique ou veftibule, par où entrent les per-
fonnes de dehors , eft orné fur le devant de quatre co-
lonnes ioniques, avec un attique au-defiiis. De chaque
côté de ce veftibule il y a un gros pavillon à plufieurs
étages, couvert d'ardoifes, où logent les eccléfiaftiques
qui delTervent cette églife , Se qui adminiflrent les fa-
cremens aux pauvres malades. En montant un peu plus
haut , au fortir de la Salpétriere , on trouve une gran-
de place, où l'on tient le marché aux chevaux tous les
mercredis Se les famedis. La maifon des Gobelins eft
presque la dernière du fauxbourg Saint Marcel, qui
étoit autrefois un quartier entièrement féparé de la vil-
le , dans le tems que Paris étoit bien moins étendu qu'il
ne l'eft préfentement. On y a vu plus de huit cens
ouvriers en capiflerie > en broderie, en orfèvrerie , en
peinture , en fculpture ; Se généralement en tout ce qui
peut fervir à la fplendeur & à la magnificence. Quoi-
que le nombre en foit fort diminué, on ne laiiTe pas
d'y voir encore quantité de choies trcs-curieufes.^/fî,
Gobelins.
L'églife de Saint Marcel , qu'on trouve dans ce faux-
bourg , a été fondée par Roland, comte de Blaye,
neveu
PAR
PAR
80
neveu de Charlemagne. Cette égiife étoit autrefois fons
Je titre de faint Clément ; mais le corps de faint Mar-
cel , évêque de Paris , y ayant été trouvé , elle en prit
le nom , qu'elle a toujours confervé depuis. Ceft une
des quatre collégiales dépendantes de l'archevêché : elle
eft compofée de quatorze chanoines , Se de dix-fept
chapelains ; le fameux Pierre Lombard , furnommé le
Maître des fentences , eft enterré dans le chœur de cette
égiife. Les bacheliers en licence font obligés d'aflifter
au fervice folemnel qu'on dit pour lui tous les ans : ceux
qui y manquent font condamnés à une amende. Le cou-
vent des Cordelières eft dans ce quartier : Thibaut VII ,
c jmte de Champagne Se de Brie , le fonda première-
ment à Troyes , d'où il fut transféré à Paris peu de
teins après. Marguerite de Provence , femme de faint
Louis , fit commencer l'églife , & Blanche fa fille, veu-
ve du roi de Caftille, qui s'y fit rcligieufe, donna de
grands biens pour l'augmenter. Elle fit bâtir le cloître ,
eu font encore fes armes en divers endroits. Ces reli-
gteutés font hofpitalieres , Se fuivent l'ordre de S. Fran-
çois , à peu près comme les Cordeliers du grand cou-
vai;. Saint Médard , elt la paroiffe de tout ce quar-
tier. M. Parru, célèbre avocat y eft enterré, auffî bien
que M. Nicole , auteur des Effais de morale. On trouve
enfuite l'églife de Saint Hyppolite, proche de laquelle
eft une vieille maifon , bâtie du tems de faint Louis , où
ce faint roi alloit paner quelques heures folitairement pour
faites fes prières. Entre l'endroit où étoient la porte Saint
Marcel , Se celle de Saint Victor, qui ont été abbatues ,
on découvre la maifon des pères de la Doètrine Chré-
tienne, Se celle des religieufes Angloifes. Ces pères de
la Doctrine Chrétienne furent établis en 1628 , dans
l'hôtel de Verberie: ils ont une bibliothèque publique.
L.. belle vue que ces maifons offrent, eft tout ce qu'el-
les ont de confidérabîe. L'une Se l'autre étoient bâties
fur un cerrein extrêmement élevé , qui donnoit à la
jue une pente roide Se desagréable -, mais on a applani
cette rue en coupant beaucoup de terres , Se le foflë de
la ville s'eft rempli de maifons , qui embelliffent fort
ce quartier. Sur le même fofle , on trouve l'églife de S.
André des "Ecoflbis , dans laquelle on a élevé un mo-
nument , pour y mettre la cervelle de Jacques II , roi
d'Angleterre.
Le quartier de PUniverfité , l'un des plus anciens de
Paris, occupe un très grand espace, qui fait -presque
la quatrième partie de la ville : il en étoit même fépa-
ié autrefois comme un lieu particulier, avec lequel la
communication n'étoit pas tout-à-fait fi libre -, parce
que les écoliers faifoient fouvent des tumultes, qu'il
n'étoit pas aifé d'appaifer. Philippe Augufte, avant fon
départ pour la Paleftine , ordonna qu'on enfermât tout
ce quartier de murailles, ce qui fut exécuté en 1190.
Jl fut entouré de foffés profonds Se de murs très-foli-
des, foutenus de tours d'espace en espace avec des por-
tes , qui étoient autant de petites fortereffes , à la fa-
veur desquelles ou pouvoir fe défendre vigoureufe-
ment , avant qu'on eût inventé l'artillerie. Il ne res-
te plus de ces murailles , que quelques pans à demi
ruinés derrière le collège de Navarre , fur les foffés
de faint Viétor. Elles ont été presque toutes abbatues,
& on a comblé les fofles , fur lesquels on a élevé
quantité de maifons , qui rendent ces endroits , au-
trefois déferts Se dangereux, fort habités Se fort fré-
quentés. L'Univerfité , dont on atttibue la fondation
à Charlemagne , a choifi cer empereur pour fon pa-
tron , Se le jour de fa fête les exercices ceffent dans
tous les collèges, afin que les profeffeurs fe puiffènt
trouver au collège de Navarre , pour entendre fon
panégyrique , que l'on prononce en latin au milieu
de la méfie. Elle étoit anciennement fi nombreufê*&
fi remplie d'écoliers , que Juvenal des Utfins afflue
que toutes les communautés étant allées en proces-
fion à pied chacune à fon tour , à Saint Denis en
France , ville éloignée de Paris de deux lieues , pour
demander à Dieu la guérifon du roi Charles VI tom-
bé en démence , Puniverfité voulut s'acquiter du mê-
me devoir. Dans le tems que les premiers de la pro-
ccfllon entroient dans l'églife de Saint Denis , le rec-
teur , qui étoit le dernier , n'étoit pas encore forti des
Mathurins t où avoit été marqué le rendez-vous. De
cent collèges qu'on pouvoit compter autrefois , il n'y en
a que onze où l'on tienne les baffes claffes. Ce font
ceux de Navarre, du Pleffîs, d'Harcourt, de Mazarin, de
Louis Grand où on a runi téous les bourfiers j de BeaiH
vais , du Cardinal le Moine , de la Marche , de
Lizieux , de Montaigu , des Graflïns : les autres
font loués à des particuliers. Les quatre facultés qui
partagent Puniverfité, font la théologie, le droit, là
médecine! Se les aits. Elle avoit autrefois fa juris-
diction particulière , Si cela fe vérifie par une épita-
phe qui eft dans le cloître des Mathurins. Deux éco-
liers convaincus d'un crime digne de mort , furent
exécutés par fentence du prévôt de Paris, Se PUni-
verfité , fe trouvant bleffée par cette fentence , cefi'a
de continuer Ces exercices, qu'elle ne voulut point
reprendre jusqu'à ce que le prévôt eût ramené aux
Mathurins les corps des deux écoliers , qu'il fur obli-
gé d'aller détacher du gibet de Moiitfaucon , où ils
étoient demeurés pendus depuis plus de quatre mois^
Se de les baifer à la joue en les détachant. La facul-
té des arts, qui donne fes leçons dans les dix coF-
léges dont on a parlé eft divifée en quatre nations ,
qui ont chacune pour chef un procureur qu'elles cli-
fent tous les ans, de même que les trois facultés fu-
périeures , ont chacune un doyen , Se ces trois doyens ,
avec ks quatre procureurs , compofenr le tribunal du
reclcur , qui en eft le préfident Se le chef , Se que
l'on élit tous les trois mois. Les quatre nations , font
celles de France , de Picardie , de Normandie Se d'Al-
lemagne. La dernière a été mife à la place de la na-
tion d Angleterre , qui en fut ôtée , à caufe âes cruel-
les guerres que les François eurent contre les An-
glois.
Le collège des Bernardins qui a donné fon nom à
la rue, eft d'une ancienne fondation, Se appartient à
l'ordre de Cîteaux.^Le pape Benoît XII qui étoit de
cet ordre, femble avoir voulu s'immortalifer en fai-
fant bâtir ce collège avec toute la magnificence pofft-
ble : les murs qui dévoient faire la principale clôture,
Se qui font demeurés encore fur pied , paroiffent
d'une épaiflêur Se d'une folidité furprenante. Le cha-
pitre eft très -bien voûté de même que la facriftie.
L'édifice de l'églife eft regardé comme une des plus
belles gothiques qu'il y ait en France. Les voûtes en
font très élevées Se parfaitement bien entendues. Les
chapelles qui régnent de chaque côté font claires, Se
ont de la proportion avec le reffe de l'églife. La mort
de ce Pontife fut caufe qu'on laiffa ce grand ouvrage
imparfait. A côté de la facriftie eft un petit escalier
à vis fott induftiieufement imaginé : deux perfonnes y
peuvent monter Se descendte en même-tems fans fe
voir. Ce font deux tempes en limaçon fur un noyau
ménagées l'une fur l'autre , dans une même cage de
figure ronde. Guillaume du Vair , évêque de Lifieux
Se garde des fceaux , qui avoit été maître des requê-
tes Se premier préfident au parlement de Provence j
Paul Peferon , qui nous a laiffé l'antiquité des tems
rétablie Se juftifiée , ouvrage fort eftimé , Se contra
lequel on a beaucoup écrit , y font enterrés.
En fortant des Bernardins, on trouve à main gau-
che l'églife de Saint Nicolas du Chardonner , appelles
ainfi à caufe que le premier bâtiment fut polé dan3
un lieu inculte Se fauvage , & tout rempli de char-
dons. Les chanoines de faint Victor à qui ce terreir|
appartenoit, le donnèrent vers l'année 1243 pour y
bâtir une parolffe. L'intérieur eft orné d'une architec-
ture compofite en pilaftres, dont les chapiteaux font
d'un deffein patticulier. Entre les perfonnes diftinguées
par leur mérite , dont les corps repofent dans cettô
égiife , on compte Jean de Selve , premier préfident
du parlement; Jetôme Bignon , avocat général : fofi
bufte de marbre eft de Girardon ; Jérôme Se Thierry,
fes fils ; le fameux le Brun , premier peintre du roié
Le Séminaire qui eft à côté de cette égiife, eft: le plus
ancien de tout Paris. La porte de cette maifon a quel-
que chofe de beau dans fa fingularité. Le collège dit
Cardinal le Moine fut fondé par Jean le Moine, originaire
de CrecyenPicardie,qui,par fon mérite fingulier, parvint
à la dignité de cardinal , & à celle de légat d'Avignon. Il a
été enterré dans la chapelle de ce collège, où les exercices
Xim.1V. Kkkkk
810 PAR
fe font avec une grande exactitude. Cette chapelle à
le titre de paroifle pour le collège. Turneb, Bu-
chanan Se Muret, trois des plus grands hommes de
leur îiécle , y ont enfeigné en même-tems. Tout pro-
che eft le Séminaire des Bons-Enfans , dirigé par les
pères de la million de Saint Lazare. Ils y ont en
penfion de jeunes eccléfiaftiques , qui apprennent d'eux
les cérémonies de l'églife. La place Maubert , qu'on
trouve au bas de la rue Saint Viétor , a tiré fon nom,
fuivant le rapport des hiftoriens, d'Albert le Grand,
qui fut en fon tems l'ornement Se la gloire de l'U-
niverfité de Paris. Ayant enfeigné quelque tems à Co-
logne , il vint à Paris , & le nombre de fes écoliers
devint fi grand , qu'il fut obligé de donner fes leçons
dans cette place, qui en a été appellée Place Mau-
bert , comme qui diroit place de maître Aubert. Ceft
aujourd'hui un des plus grands marchés de la ville :
ce marché fe tient tous le mercredis & les famedis:
au milieu de cette place eft une fontaine qu'on a éle-
vée des matériaux d'une autre , qui étoit autrefois fur
le quai des Auguftins. L'Ange de bronze , que l'on
voyoit deffus , étoit pofé fur une autre fontaine , qui a
été abbarue dans la Grève. Les Carmes , qui ont leur
couvent dans ce lieu- là, ont été originairement fon-
dés par faint Louis , qui les avoit amenés de la Pa-
leftine. La reine Jeanne , femme de Philippe le Long,
leur laiffa de rrès-grands biens par fon teffament de
l'année 1349, Se entre autres chofes , fa couronne ,
garnie de pierreries d'un fort grand prix -, la fleur de
lis d'or qu'elle avoit reçue le jour de fon couron-
nement, fa ceinture parfemée de groffes perles, Se
toute fa vaifTelle d'argent , avec quinze cens florins
d'or, qui en ce rems-là montoient à une fomme fort
haute. Tout cela fut employé pour le bâtiment de
leur églife Se de leur couvent où il n'y a rien de re-
marquable. Ils ont fait rebâtir depuis plufieurs années
leur grand autel d'un deffein fort fingulier. On y voit
quantité de colonnes de pierre peinte en marbre, Se
quelques figures. La chapelle de la Vierge, où efl la
dévotion du Scapulaite » eft d'une aflez belle menui-
ferie , ornée de colonnes corinthiennes. Oronce Fine,
Se le père Sébaftien Truchet , célèbres mathématiciens,
y ont leur fépulcure. En montant plus haut , on va
au collège de Navarre. Il fut fondé l'an 1304 par
la reine Jeanne de Navarre , femme de Philippe le
Bel , comme le font connoître deux inferiptions gra-
vées l'une fous la ftatue de ce roi , & l'autre fous
celle de la reine , placées à chaque côté de la
porte i
PHIL1PPUS PULCHER
CHRISTIANSSIMUS , HUJUS
DOMUS FUNDATOR.
JOANNA FRANCIS ET
NAVARRE REG1NA ,
CAMPANILE BRIjEQUE COMES
PALATINA,
HAS iEDES FUNDAVIT»
1304.
Ces vers fe trouvent encore gravés au milieu :
D extra potens , Lex &qua , Fid.es tria lilia Regum
Francorum , Cbrifto Principe , ad aflra fer tint.
Les illuflres, qui ont le plus brillé dans ce collè-
ge, font Pierre d'Ailly, archevêque de Cambray , Se
cardinal j Nicolas Oresme , qu'on croit avoir traduit la
bible le premier en françois ; Jean Gerfon , dont le
vrai nom eft Charlier ; Jean Textor , Jean Major ,
Almainus de Caftroforti , Papillon, Gelin, de Villers
& Pelletier , Jean de Launoy, Céfar Egaffe du Boulai,
Jacques Bénigne Boffuet, précepteur de monfeigneur
le Dauphin. L'an 1684 la ville fonda à perpétuité un
panégyrique pour le roi , qui eft prononcé tous les ans
dans une des fales de ce collège. Celui de Boncourt
en eft tout proche. La fondation de l'églife de Saint
Etienne du Mont, fituée audeflusde cesdeux collèges, eft
PAR
fi ancienne qu'on n'en connoît pas le tems. Le bâtiment*
tel qu'on le voit aujourd'hui , fut entrepris fous le rè-
gne de François I, & ne fut achevé que long-cems après.
La reine Marguerite de Valois mit la première pier-
re au grand portail le 21 Août 16 10. Quatre colon-
nes compofites , dont il eft accompagné , en font la
principale décoration : elles font bandées & engagées
dans le vif du bâtiment. Le dedans de l'églife eft af-
fez éclairé Se aflez propre. Il y a des arcades qui portent
des galeries de communicarion , Se qui tournent autour de
chaque pilier avec beaucoup d'artifice La tribune fur la
porte du chœur eft un ouvrage hardi , aufli-bien que les
petits escaliers pratiqués pour y monter. Le crucifix
Se les figures , qui l'accompagnent fur la même por-
te, actirent par leur beauté l'attention de tous ceux
qui s'y connoiffent. Le petit autel du Saint Sacrement
mérite aufli d'être remarqué. Il y a un bas-relief en
marbre, repréfentant notre Seigneur en prière, dans
le jardin des Olives. Toutes ces chofes font fort admirées
des curieux La chaire du prédicateur eft d'une excellente
menuiferie , Se ornée de fculpture Se de bas-reliefs. Une
grande ftatue de Samfon femble foutenir tout le corps
de cet ouvrage , autour duquel on a placé des vertus
aflifes, avec des bas-reliefs entre deux, & un petit
ordre d'architecture , qui fait un très-bel-effet. Sur le
dais de cette chaire, on voit un ange qui tient deux
trompettes , avec lesquelles il femble avertir les fidè-
les. Cette églife conferve les cendres de plufieurs grands
hommes. , dont voici les plus célèbres. Blaife Vigenai-
re ; Jean-Baptifte Morin , profeffeur royal de mathé-
matique ; Blaife Pascal ; Antoine le Maître de Sacy ,
dont nous avons un recueil de plaidoyers ; Jean Ra-
cine , de l'académie Françoife ; Charles l'Abbé , com-
mentateur de la coutume de Paris ; Euitache le Sueur,
très-habile peintre-, Pierre Petit, médecin tiès-favantj
Piecre Barbay , fameux profeffeur de philofophie ; Mi-
roir , docteur de la maifon de Navarre ; Jean Gallois,
abbé de Saint Martin , qui a long-rems travaillé au
journal des favans ; Jofeph Pittou de Toumeforr.
Dans le paffage qui conduit de cette églife à celle de
fainte Geneviève , on voit un Chrift dans le tombeau,
fort eftimé. Clovis , que l'on croit être le premier
fondateur de cette féconde églife, la dédia à Saint
Pierre Se à Saint Paul , dont elle a long-tems porté
le titre -, elle fut par la fuite dédiée à Ste Gene-
viève. Il y mit des chanoines féculiers ; mais com-
me leur conduite n'étoit pas régulière , Louis le
Jeune les obligea de prendre la règle de S. Augu-
Itin , Se y fit aller douze chanoines réguliers de Saint
Vi&or. La règle de faint Auguftin s'y eft toujours confer-
vée depuis , Se cette maifon eft devenue la première
de cette congrégation en France. L'abbaye de Sainte
Geneviève a été fouvent ruinée par les Normands
Se par les Danois , dans le tems qu'elle étoit hors de
la ville i mais les Parifiens , dont le zèle a toujours
été fort grand pour leur patrone, réparoient presqu'aus-
fi-tôr les dommages que ces barbares y avoient cau-
fés. L'an 1483, le vendredi 7 de Juin, à neuf heu-
res du foir , le tonnerre tomba fur le clocher , bâti il
y avoit plus de neuf cens ans. Les cloches furent fon-
dues , Se ce clocher , qui étoit couvett de plomb , fut
confumé entièrement. Le corps de fainte Geneviève eft
derrière le grand autel • dans une châfle, foutenue par
quatre colonnes ioniques d'un marbre extraordinaire.
Les deux de devant font de grofle brèche, qui eft un
marbre fort eftimé. Le tombeau de Clovis, premier
roi chrétien , eft dans le milieu du chœur. Il y eft
repréfente couché , revêtu de fes habits royaux. On y
lit :
CLCJDOWEO MAGNO
REGUM FRANCORUM PRIMO
CHRISTIANO,
HUJUS BASILIOE FUNDATORI,
SEPULCHRUM VULGARI OLIM LAPIDE
STRUCTUM ,
ET LONGO JEVO DEFORMATUM
ABBAS ET CONVENT. MELIORI OPERE ,
CULTU ET FORMA RENOVARUNT.
PAR
PAR 8e t
L'Autel eft ifolé , ôc l'on peur tourner rour aurour.
Le petic tabernacle eft de marbre blanc, en forme de
dôme odtogone, avec quatre portiques foutenus de
petites colonnes compofires de brocatclle grecque an-
tique , donr les chapiteaux font de bronze doré a feu ,
très-bien cifelés, avec des figures d'anges fur les pie-
defiaux. Le corps de ce tabernacle eft fait de diver-
fes pierreries de rapport, comme de lapis, d'agate ôc
autres femblables. Tour l'ouvrage eft foutenu fur un
pied en cul de lampe , d'un marbre bleu extrêmement
rare. De chaque côté fout les ftatues de faint Pierre
ôc de faint Paul, d'un métal particulier, Se de cou-
leur de bronze. 11 y a dans la nef quelques chapel-
les allez belles , ôc ornées de colonnes de marbre , ain-
fi que le jubé pofé fur la porte du chœur avec un
attique. La menuiferie des orgues eft bien travaillée.
Le tombeau de fainie Clotilde , femme de Clovis , eft
auprès des marches du grand autel. Dans une cha-
pelle , à côté de la facrifiie , eft le maufolée de Fran-
çois , cardinal de la Rochefoucaulr , dont la figure en
marbre blanc eft à genoux fur un tombeau de mar-
bre noir ; ôc fur le devant on voit les armes de l'ab-
baye de Sainte Geneviève , dont ce cardinal étoit ab-
bé. Proche la porte , par laquelle les religieux paflent
pour aller au chœur , il y a des arcades ou niches,
dans lesquelles font des figures de terre cuite , qui
repréfentent Jesus-Christ dans le tombeau, ôc res-
fuscité. Ces figures font admirablement bien deiîinécs:
elles font de Germain Pilon. Dans la cave de cette
églife efl le tombeau de fainte Geneviève , fait de fim-
ple marbre , ôc fans aucun ornement. Il n'y refte rien
du corps de cette fainte qui a été mis dans la châs-
fe. René Descartes , le plus favant ôc le plus illuftre
philofophe de ces derniers fiécles , y a été apporté par
l'ordre de Louis XIV ; le cœur de Jacques Rohaulr y
a été dépofé. On couitruit à prélénr une nouvelle égli-
fe , à laquelle on travaille avec rant d'ardeur qu'on
espère la voir bientôt achevée. Le couvent eft fort
beau j le jardin eft agréable. La bibliothèque , qui oc-
cupe le defius d'un des quatre grands corps qui for-
ment tout le bâtiment de cette abbaye , eft très-cu-
rieufe , ôc remplie d'une infinité de livres, rangés dans
des armoires d'une très-belle menuiferie. Sur le devant
font des bulles des hommes illuftres de l'antiquité , ôc
de quelques perfonnes diftinguées du dernier fiécle ,
moulés fur de bons originaux. On y conferve une gran-
de quantité de belles eitampes. A l'extrémité de cette
bibliothèque, on entre dans un cabinet particulier,
où les curieux onr de quoi fe fatisfaire fur routes for-
tes de rares curiofités. On y conferve un medaillier dont
monfeigneur le duc d'Orléans lui a fair préfent. Le
collège de Montaigu , ou des Capets , eft dans ce mê-
me quartier. Il a été fondé en 13 14, par Gilles Ay-
celin , archevêque de Rouen , forti de l'ancienne mai-
son de Montaigu dite de Liftenois. Le chapitre de
Noue Dame, ôc les pères Chartreux , en font les ad*
miniftrateurs. Le fameux Erasme , de Rotterdam , a
fait une partie de fes études dans ce collège, auiîi-bien
que Jean Calvin: on y entretient de pauvres écoliers
qui y vivent fous une discipline forr févere. Jean Stan-
dont en a été autrefois principal. L'Eglife de Saint
Hilaire qui eft la paroifle d'une partie de ce quartier,
eft d'une ancienne fondation.
On va de là dans la rue Saint Jacques , qui com-
mence au petit Châtelet, à l'extrémité du petit Pont.
Le petit Châtelet eft une manière de forterefie anti-
que, compofée d'une grofle matTe de bâtiment ouver-
te dans le milieu, qui fervoit autrefois de porte à la
ville , aum-bien que le grand Châtelet , dans le tems
qu'eile n'avoir point d'autre étendue que Pifle du Pa-
lais. Ce bâtiment fut réparé par le Roi Robert. On y
diftingue encore des culs de lampes , fur lesquels on
avoir élevé autrefois des tours qui ont été abbatues
pour faire une terrafle , qui ferr à préfent de prome-
nade aux prifonniers. La première chofe remarquable,
qu'on rencontre en montant vers la porte où finit la
rue S. Jacques , eft l'églife de S. Severin. On ne peut
douter qu'elle ne foit forr ancienne , puisque le patron
dont elle porte le nom , en a été le fondateur. Il vi-
Toit du tems du grand Clovis, qui, fur le bruit de
la fainteté de fa vie , le fit venir de Savoyc , où il
croit Abbé, pour le guérir d'une fièvre dangereufe,
dont il fut délivré par Ces prières. Pendant le féjour
que ce faint abbé fit à Paris , il demeura dans l'endroit
où l'églife de Saint Severin a été bâtie. Ce n'étoit alors
qu'une foiitude, au milieu de laquelle il y avoir une
petite chapelle dédiée à faint Clément. Il n'y a pas
long-tems quelegiand aurel de cette paroifle eft achevé.
Il eft orne de huit colonnes compofites de marbre ,
qui font dispofées fur un demi-cercle , ôc qui foutien-
nent une coupole coupée, avec quelques ornemens de
bronze doré. Anne-Marie, mademoifelle de Montpen-
fier , fille aînée de Gafton-Jean-Baptifle , duc d'Orléans,
a fait une pairie de la dépenfe de cet autel ; c'eft pour-
quoi on y voit fes armes dans des lozanges fur les cô-
tés. Entre les perfonnes diftinguées par leur mérite ,
qui y font enterrées , on compte Jacques de Billi , fa-
vant d'une profonde érudition ; Etienne Pasquiet , ave*
cat général de la chambre des comptes , dont nous
avons quelques ouvrages ; Scevole ôc Louis de Sainte
Marthe , fi connus par leur mérite , Gilles Perfonne
de Roberval , 'géomètre ôc mathématicien , ami de
Gaflendi ; Louis Moréri , dont le diciionaire hillori-
que porte le nom , ôc un feigneur de la maifon des
comtes de Frife Orientale , mort à vingt-trois ans. De
l'autre côté , à l'extrémité de la rue Galande , eft une
ancienne églife nommée Saint Julien le Pauvre , qui
fut autrefois un hôpital. L'églife de Sainr Yves eft un
peu plus haut. Elle fut bâtie l'an 1347, par les foins
d'une célèbre confrérie de Bretons qui étoit alors à Paris,
ôc qui y faifoit faire le fervice divin tous les jours par
des eccléfiaftiques gagés. En avançant dans la même
rue on trouve le couvent des Mathurins ou Trinitai-
res. Il fut fondé par faint Louis ; ôc Robert Gaguin,
miniflrc ôc général de l'ordre , fit bâtir l'églife dans
le même lieu , où du tems de la première fondation
de ces pères , il fe trouvoit une vieille chapelle , dans
laquelle on confervoir le corps de faint Mathurin, ce
qui les a fait nommer Mathurins. Depuis quelque
tems on a embelli cette églife confidérablemenr. Le
grand autel eft orné de quatre colonnes d'un marbre
très-rare ôc très-précieux , d'une brocatclle jaune mar-
quetée de couleur de feu , plus grande que toutes cel-
les que l'on a pu voir de cette espèce. Les carrières
en font perdues. Ces quatres belles colonnes furent
données par les Trinitaires d'Espagne , à un général
de l'ordre, lorsqu'il faifoir fa vifite dans ce royaume.
Le petit tabernacle de cet autel eft enrichi de colon-
nes d'un marbre fingulier, aufli d'une espèce de bro-
carelle rrès-rare. Les chapelles qui font du côté gau-
che ont aufli pour ornement des colonnes de marbre
d'une aflez belle ordonnance. Les chaifes des religieux
font d'une menuiferie dont les panneaux fe trouvent
couverts de tableaux qui repréfentent rhifloire de Jean
de Matha leur inftituteur. Le chœur de cette églife
eft féparé de la nef par fix colonnes ioniques , qui fou-
riennent une corniche double, fur laquelle il y a des
figures d'anges , qui tiennent en leurs mains des in-
ftrumens de la paflion. Le refte de cette églife eft re-
vêtu d'une menuiferie chargée de fculptuie. Ces reli^»
gieux , avant qu'on les appellât Mathurins ou Trini-
taires , porroienr le nom de Frères Anes , parce que
lorsqu'ils étoient obligés de voyager, il leur étoit dé*
fendu d'aller aurrement que fur des ânes , fuivant leur
inftitution faite l'an 1198, fous le pontificat d'Inno-
cent III. En 116J, il leur fut permis de fe fervir de
chevaux. Ils font de l'ordre de la Sainte Trinité , de
la Rédemption des Captifs, & leur principal inflitut efl:
d aller racheter des esclaves chrétiens des mains des
infidèles. Robert Gaguin , miniftre & général de l'or-
dre, aureur des annales de Fiance, eft enterré dans le
chœur ,• Sacro Bosco , marhématicien de réputation ,
dont le traité de Sphera munâi a été traduit en di-
verfes langues ; le fameux Cujas, jurisconfulte, y font
aufli enterrés. On pane enfuite devant l'églife de Saint
Benoît, dont on tient que faint Denis, évêque de
Paris , a été le fondateur , & qu'il la mit fous l'invo-
cation de la Sainte Trinité. C'étoit d'abord une ab-
baye fous le nom de Saint Benoît ôc de Sainte Bal-
que, Elle eft occupée par des chanoines , qui dépen-
Tom. IV. Kkkkk ij
8i2 PAR
PAR
tient de Notre-Dame, où ils font obligés de fe trou-
ver les joins des grandes proceffions. 11 y a fix cha-
noines Se douze chapelains , qui font , auffi-bien que
le ciné , à la nomination des chanoines. Le bâtiment
eft fort fimplc Se fort greffier. Le chœur a été en-
tièrement refait , & décoré en dedans d'un ordre d'ar-
chitecture en pilaftres corinthiens. René chopin, avo-
cat au parlement de Paris ; Claude Se Charles Perrault,
qui ont laifié de bons ouvrages; Gérard Audran, cé-
lèbre graveur; Jean Foi Vaillant, l'un des plus grands
«antiquaires de fon fiécle; Se le chancelier de Sillery ,
font enterrés dans cette églife.
De l'autre coté de la rue eft une petite place , à
l'entrée de laquelle il y a une fontaine. Cette place eu;
appellée la Terre de Cambrai , à caufe qu'on y trouve
un collège de ce nom. Le Collège royal s'y trouve auffi.
Jl doit fa fondation à François I, qui inftitua la plu-
part des lecteurs, nommés depuis profefleurs en droit
Se en médecine, qui font dans ce collège. Il fit venir
les plus habiles gens qu'il put trouver pour y enfeigner
les mathématiques, la philofophie ,1a langue grecque,
la latine, la fyriaque& l'hébraïque. 11 avoit deflein d'y
faire élever un grand bâtiment ; mais les guerres qu'il
fut obligé de foutenir fur toutes les frontières du royau-
me, ne lui permirent pas de l'exécuter. Ce bâtiment ne
fut commencé que fous la régence de Marie de Mé-
dicis. Louis XIII , fon fils, qui n'avoit encore que neuf
ans , y mit la première pierre ; mais ce travail fut in-
terrompu , Si il n'y eut qu'un côté de fait , tel qu'on
le voit , au même endroit ou fut autrefois le collège
de Treguier. Les profefleurs , au nombre de dix-neuf ,
font gagés du roi , Se font une espèce de corps fépa-
ré de l'univerfité , à laquelle ils ne laiflcnt pas d'être
fournis. Il n'en; pas permis au recteur de les dépofer ,
ni de leur défendre la chaire , ce qu'il peut faire à
tous les auttes. Vis-à-vis du collège royal , l'on trouve
la Commenderie de Saint Jean de Latran , qui dépend
de l'ordre de Malthe. C'en; un grand espace rempli
de ma'ifons très-mal bâties , où logent toutes fortes d°ar-
rifans,qui ne font pas maîtres, Se qui peuvent tra-
vailler, fans être inquiétés par les Jurés de la ville , parce
que cette Commenderie eft un lieu de franchife. Dans
1 églife appellée Saint Jean de Latran , eft le tombeau
de Jacques de Souvré , grand prieur de France. Il eft
tout de marbre, d'un defiein particulier. On y voit
deux thermes fortant de leurs gaînes , qui font cannelées.
Ces thermes foutiennent un entablement , fous lequel
on voit la figure de ce-grand prieur , couchée fur un tom-
beau de marbre noir. Les deux corps qui portent l'entable-
ment Se le fronton , dans lesquels les deux thermes fe
trouvent nichés , font d'une espèce de marbre fort rare ,
nommée Brèche antique. Prèsdc-là eft la place du Puits
Certain, au haut de la rue S. Jean de Beauvais. Elle eft re-
nommée par le puits que l'on y voir. Ce puits fut bâti
vers l'an 1556 par Robert Certain , pour lors curé de
l'églife de Saint Hilaire, & nommé premier principal
du collège de Sainte Barbe. Cette églife a été bâtie
dans la cenfive du chapitre de Saint Marcel ; Se comme
ce chapitre avoit autrefois droit de jufticc haute , moyen-
ne Se baffe dans tout ce quartier , c'étoit au Puits Cer-
tain que fe faifoient ordinairement les punitions cor-
porelles , en exécution des fentences de la même ju-
risdiction. En rentrant dans la rue Saint Jacques , Se
montant un peu plus haut, on arrive au collège du
Pleffis , nommé autrefois le Collège de Saint Martin ,
à caufe que fon premier fondateur, appelle Geoffroi du
PleJJîf , fecrétaire du pape Jean XXII, avoit beaucoup
de vénération pour ce faint. Le cardinal de Richelieu,
pour éternifer fa mémoire , lui fit reflituer fon ancien
nom, &onl'appella/e Collège du Flejfis de Richelieu. Il
laiffa une fomme confidérable pour le faire rebâtir ma-
gnifiquement , Se embellir de logemens fpacieux , qui
le rendent un des plus beaux de l'univerfité. Les do-
cteurs de Scu-bonne ont la direction de ce collège , &
ils y mettent le principal Se les régens. Le Collège de
Louis le Grand, ou de Clermont , ci- devant occupé par
les Jéfuites , Se dans une partie duquel l'on a transféré
celui de Beauvais au mois d'Octobre 1763 , lequel étoit
auparavant rue Saint Jean de Beauvais, eft à cinquan-
te ou foixante pas de celui du Pleffis. Guillaume Du-
prat , évêque de Clermont , s'étant trouvé au concile
de Trente de la part de la France , fit une liaifon par-
ticulière avec quelques Jéfuites qui fe trouverenr à l'as-
femblée du même concile. Cette liaifon lui infpira le
defir de les amener en France pour inftruire la jeunefle.
Il les logea pendant fon vivant dans fa maifon , Se leur
laifla par fon teftamenr une fomme confidérable , qui
leur fervit à acheter une maifon qu'on nommoit la
Cour de Langres, & qu'ils appelèrent le collège de
Clermont , à caufe que leur bienfaiteur étoit évêque de
la ville de ce nom. Le roi Henri 111 y mit la pre-
mière pierre, fur laquelle on a gravé cette infeription ;
RELIGION1S AMPLIFICAND^ STUDIO,
HENRICUS III. CHRISTIANISS. REX
FRANCIS ATQUE POLONL£ IN
AUGUSTISS. JESU NOMEN PIETATIS
SU JE MONUMENTUM, HUNC PRIMUM
LAPIDEM , IN EJUS TEMPLI FUNDAMENTUM
CONJEC1T :
ANNO DOM1NI i;8z.
DIE 20. APRILIS.
Ce bâiiment contient une très -grande quantité de
logemens Se de chambres , le tout rempli jusqu'aux
moindres efpaces , Se ménagé avec beaucoup d'induftiie.
La chapelle de ce Collège efi petite Se obfcure. On y
voyoit dans les fêtes folemnelles un devant d'autel
de feuillages d'argent fur un fond de cuivre doré , avec
un cartouche d'argent en bofle & deux crédances de
même , Se un autre d'une riche broderie d'or , fort re-
levée fur un fond d'argent , avec plufieurs pièces d'or-
fèvrerie , Se d'autres chofes d'un très-grand prix. 11 y
a un très-grand corps de bâtiment au fond du jardin,
allez près du petit collège de Marmoutier, qu'on a joint
à celui-ci pour l'augmenter, de même que le collège du
Mans, que le roi avoit donné à ces pères. C'eft dans ce
bâtiment qu'une partie de leur bibliothèque étoit placée.
Elle étoit une des plus belles Se des plus nombreufes de
Paris , par la quantité Se par la qualiré des livres qui
s'y trouvoient. Ils ont eu des profefleurs d'une haute ré-
puration. L'églife de Saint Etienne des Grès eft un peu
plus haur , du même côté. Elle paffe pour une des plus
anciennes de Paris. On prérend que faint Denis, évê-
que de Paris , en eft le fondateur ; c'eft une collégiale
compofée d'un chevecier Se de douze chanoines , dont
fix font à la nomination de deux chanoines de No-
tre-Dame. On dit que faint François de Sales y pronon-
ça les trois vœux que font les religieux. Vis-à-vis
eft le grand Couvent des Jacobins , nommés originai-
rement les Frères Prêcheurs , de l'ordre de faint Do-
minique. On rapporte fa fondation au tems même de
ce faint, qui vivoit en l'année 12 17, fous le pontifi-
cat d'Honoré III. Dans le tems de l'héréfie des Ar-
riens, il envoya à Paris deux de fes religieux , qui fe
logèrent dans un prieuré de Saint Jacques , nommé le
Parloir des bourgeois. C'eft le même lieu où eft aujour-
d'hui ce couvent. Ces pères furent enfuite nommés
Jacobins , à caufe de la rue S. Jacques , où il a été bâti.
Le grand autel de l'églife eft orné de colonnes corin-
thiennes de marbre de Dinan. Au deflus de la porte
de la facrillie , on voittin grand tableau du Valentin , qui
repréfenre la naifiance de la Vierge. Les connoiffeurs
le regardent comme un des plus beaux qu'il y ait en
France. La chapelle du rofaire,qui eft à côté du grand
autel, eft d'une aflez belle menuiferie. Cette églife, en
général , eft aflez mal conftruire ; mois il y a un grand
nombre de tombeaux , dont plufieurs font de princes du
fang royal. Celui de Humbcrt , dernier prince fouve-
rain de Dauphiné, mérite qu'on le diflingue. Ce prince
ayant perdu un fils unique encore enfant , qu'il laifla
tomber malheureufement par une fenêtre, en conçut
un tel chagrin , qu'il réfolut de quitter le monde , Se
prit à Lyon l'habit de l'ordre de faint Dominique , après
avoir donné fa principauté à Philippe de Valois , à la
charge que tous les fils aînés des rois de France por-
teroient à l'avenir le nom de Dauphin. Il gouverna le
mona itère de Paris , Si fut fait patriarche d'Alexandrie. Le
tombeau de ce prince eft entre l'autel Se le chœur. On y
PAR
PAR
compte vingt-deux tombeaux de princes Se de prince/Tes
du fang , paiticulierement de la maifon de Bourbon. Les
hommes diftingués par leur mérite, qui y font enter-
rés , font Thomas Campanella , Nicolas Coëffeteau ,
Jean Paflerat , Se le fameux perc Alexandre , auteur d'u-
ne hiftoire eccléfiaftique. Saint Thomas d'Aquin , l'an-
ge de l'école, a enfeigné la théologie dans ce couvent.
La grande clafle, où il donnoit des leçons , fut rebâtie au
commencement du dernier fiécle.
Au fortir des Jacobins on entre dans le fauxbourg
Saint Jacques, où .après avoir parte devant le couvent
de filles de la Vifitation de Sainte Marie , qui n'ont
pour églife qu'une grande fale fotc ferrée Se fort ob-
ïcure, on vient à Saint Jacques du Haut- Pas, paroifle
de tout ce quartier. La porte de cette églife eft embel-
lie d'un ordre dorique , de quatre grofles colonnes ifo-
lées » qui foutiennent un entablement Se un fronton ,
avec un attique au-deflus. Les voûtes des bas-côtés font
très-hardies , ptincipalement les deux premières en en-
trant. Elle efl la fépulture de Jean-Dominique Caflîni ,
grand aflronome. Le Séminaire de Saint Magloire eft
presque contigu à Saint Jacques du Haut-Pas. C'étoit
autrefois une abbaye de l'ordre de faint Benoit , qui
fut fondée originairement, au lieu où efl: à préfent l'é-
glife de Saint Barthélémy. Interrompus par le bruir que
leur caufoit la proximité du palais , ils fe transportèrent
en 1 138 à la place où eft ce Séminaire. Il y avoit alors
une petite chapelle dédiée à faint George. L'an IJ49
ces religieux furent transférés en divers monafleres de
leur ordre, Se on mit en leur place des Filles Péniten-
tes , qui n'y demeurèrent pas long-tems. Les percs de
l'Oratoire y furent introduits l'an 1620, & gouvernent
aujourd'hui cette maifon. On trouve enfuite le cou-
vent des Urfulines & celui des Feuillantines. Le pre-
mier fut fondé en 1607, par mademoifelle de Sainte
Beuve. L'inflitut de ces religieufes eft d'inftrnire gra-
tuitement les jeunes filles , S: de leur apprendre, non-
feulement à lire & à écrire, mais encore à faire des
ouvrages qui leur conviennent pour les faire fubfifier.
L'églife efl petite, Se h reine Anne d'Autriche y mit
la première pierre le 22 de Juin 1620. L'autel eft d'un
allez beau deflein , orné de colonnes de marbre de Di-
nan. Les Feuillantines établies en 162 1, font de» l'or-
dre de faint Bernard, de la réforme du bienheureux
Jean de la Barrière. Il n'y a pas long tems que leur églife
a été rebâtie de neuf. L'autel de cette églife eft orné
de colonnes rudenrées compofites , de pierres de taille
proprement travaillées , Se le tableau , qu'on voit au
milieu , eft une copie de la fainte famille de Raphaël.
Tout proche font les Bénédictins Anglois , dont l'égli-
fe .quoique petite , a des embellifiemens qui ont de quoi
contenter la vue. Elle eft ornée de pilaftres en-dedans,
& l'autel eft accompagné de colonnes Se de figures qui
font un allez agréable effet. La menuiferie des chailès
des religieux eft fort bien imaginée. Ce font des An-
glois d'origine , que la religion obligea vers le milieu
du dernier fiécle de venir chercVier un refuge en France.
Les chapelles de chaque côté du chœur font ornées de
tableaux allez bien peints; l'un eft la fainte Vierge tenant
l'enfant Jefus fur fes genoux ; l'autre , faint Benoît en
méditation. Ces deux tableaux font de la propre main
de Madame Palatine, fœur de madame : elle a été abbeffe
de Maubuiflbn. Le corps de Jacques II , roi de la Grandi
Bretagne, Se celui de Louife-MarieStuart fa fille , font
en dépôt dans une chapelle vis à-vis la porte. De l'au-
tre côté font les Carmélites , dont l'églife eft très-an-
cienne. Le corps du bâtiment , tel qu'on le voit , fut
élevé, félon quelques uns, fous le règne de Robert le reli-
gieux. Cette maifon étoit autrefois un prieuré de l'ordre
de S. Benoit , fous le titre de N.D. des Champs. C'étoit
dans cette églife qu'on mettoit autrefois en dépôt les
corps des rois, pendant tout le tems que les compa-
gnies fouveraines Se inférieures alloient jetter de l'eau
bénite , d'où ils étoient conduits à Notre-Dame , en-
fuite à Saint Lazare , où on faifoit une flatiou pour fe re-
pofer. L'an 1604, on y mit des religieufes Carmélites
de la réforme de fainte Thérèfe , que le cardinal de
Berulle alla chercher lui-même en Espagne , dans le
tems que cette réforme faifoit un fort grand bruit , à
caufe de l'auftérité de fes ftatuts. C'eft la première
8l3
maifon de cet ordre qu'on ait vu en France. L'églile,
quoique d'une ftrucrure groffiere , eft très- richement
décorée pour ce qui regarde le dedans. L'autel princi-
pal de cette églife fort exhauflé, eft un corps d'archi-
tecture de quatre colonnes corinthiennes de marbre >,
dont les chapiteaux , les foubaflemens Se les médaillons
font de bronze doré à feu. Le tabernacle de cet autel
eft tout daigenr. L'arche d'alliance y eft figurée , Se
l'on voit fur le devant un bas-relief d'un admirable
travail. Ces religieufes ont un grand foleil d'or enrichi
de quantité de pierreries d'un fort grand prix. Toutes
les chapelles font magnifiques , Se fur-tout celle de la
Magdeléne , dont le tableau de le Brun , eft très-
cftimé. La ftatue en marbre du cardinal de Berulle ,
fait un des omemens de cette chapelle ; elle eft de Sa-
razin. Cette églife eft décorée de tableaux d'un très-
bon goût & des meilleurs maîtres , entre autres celui
de la falutation angélique , peint pat le Guide pour
la reine Marie de Médicis. Toute la voûte de cette
églife eft de Champagne. On y admire particulière-
ment un crucifix, accompagné de la Vierge Se de faint
Jean , defliné avec tant d'art , qu'il femble que ces fi-
gures foienc fur un plan perpendiculaire , quoiqu'elles
foientfur un plan horizonral. Gérard des Argues a don-
né le trait pour la perfpcclive , Se Champagne l'a très-
heureufement exécuté. La baluftrade , qui fépare la nef
du chœur de cette églife , eft formée par quatre gran-
grande colonnes d'un très- beau marbre, chargées de
flammes de bronze doré. Le crucifix , placé fur la porte ,
eft auflî de bronze , Se regardé comme une pièce rare.
Antoine de Varillas , hiftorien , y eft enterré. Sœur
Louife de la Miféricorde , dans le monde duchefle de
la Valliere , repofe dans le cloître de ces religieufes.
On y a apporté le cœur du grand Turenne. Le duc
de Montaufier Se Julie d'Angennes de Rambouillet,
fon époufe, y repofent aufli. « La chapelle fouterrei-
» ne de l'églife paroît d'une grande antiquité : elle fai-
» foit partie d'un temple de Mercure , Se fi l'on en croit
» quelques auteurs, la figure que l'on voit au haut du
» pignon de cette églife , eft une ftatue de ce dieu. *
Effai Hifi. fur Paris.
Le Val de Grâce , l'un des plus fuperbes édifices qu'on
ait élevé dans le dernier fiécle , eft fitué de l'autre cô-
té des Carmélites , Se occupé par des religieufes de
l'ordre de faint Benoît , qui avoient été fondées autre-
fois près du village de Bievre , à trois lieues de Paris,
en un lieu appelle le Val profond , & fort incommo-
de à caufe des marécages. Louis XIII leur ayant accor-
dé la permiflïon de s'établir à Paris, la reine Anne d'Au-
triche fit venir , d'un monaftere de Lyon , Margue-
rite d'Arbouze pour y mettre la réforme, Se les fit lo-
ger en 162 1 , au fauxbourg Saint Jacques, dans une
vieille maifon que l'on nommoit l'Hôtel de Valoir ,
qui fut abbatue pour faire place aux ouvrages que l'on
a exécutés depuis ce tems-là. Cette princefle, croyant
ne pouvoir rendre affez d'actions de grâces à Dieu pour
l'heureufe naiflance de Louis XIV, dont elle accou-
cha le y Septembre 1638 , après vingt-deux ans de
flériiiré , fit jetter les fondemens du Val de Grâce. Le
roi y mit lui-même la première pierre , dans laquelle
on enferma une médaille d'or du poids d'un mdre trois
onces, fur laquelle ce jeune prince, alors âgé de fept
ans , eft repréfenté entre les bras de la reine fa mè-
re , avec cette légende autour :
Anna, Dei gratia , FrancoRum et
Navarre regina.mater Ludovic*
xiv. Dei gratia , Francis et
Navarre régis cristianissimi.
Sur le revers le portail eft repréfenté avec cette in-
feription:
Ob C-RATIAlvt DIÙ DÉSIDERATI
REGIS ET SECUNDI PARTUS
QUINTO SEPTEMBRIS 1638.
On entre d'abord dans une grande cour, féparéede
la rue par une paliflade de fer , aux extrémités de la-
814
PAR
PAR
quelle font deux pavillons carrés. A droite Se à gau-
che cette cour eft bornée d'un ouvrage de maçonne-
rie , orné de colonnes ruftiques. Le grand portail eft
au fond de cette cour, élevé fur feize degrés. Il eft
en portique , foutenu de quatre grofles colonnes co-
rinthiennes ifolées i il y a des niches de chaque côté,
Se l'on y a placé les ftatues de faint Benoît Se de fainte
Scholallique en marbre blanc , avec les aimes de Fran-
ce Se d'Autriche , dans le tympan , foutenu par deux
Anges. Sur la frife de ce portique , cette infeription
eft en grofles lettres d'or de relief:
JESU NASC£NTI VlRGINlQUE MaTRI.
La face de tout ce portail eft de deux ordres de co-
lonnes corinthiennes Se compofues , avec tous les or-
nemens qui peuvent leur convenir. Le fécond eft en-
gagé dans le vif du bâtiment. Toute l'églife eft or-
née d'un ordre corinthien en pilaftres rudentés. Le pavé
eft divifé en grands compartimens de marbre de différen-
ces couleurs , adonis à la beauté des panneaux qui font à
la voûte. Cette voûte eft d'une pierre blanche comme
le marbre, Se enrichie d'ornemens par tout. De cha-
que côté de la nef, on voit trois chapelles, féparées
l'une de l'autre par deux grand pilaftres. Us foutiennent
la corniche qui règne autour de l'églife i fur laquelle
pofent les arcs de la voûte. Le grand autel eft directe-
ment fous la coupole, à l'extrémité de la nef, de la-
quelle il n'eft féparé que par une grille de fer doré.
Quatre grandes arcades fupportent cette coupole, Se
le grand autel eft placé fous celle du fond. Il eft décoré
de fi x grofles colonnes torfes compofues, de marbre de
Barbançon noir, veiné de blanc. Ces riches colonnes
font élevées fur des piedeftaux auflî de marbre, & char-
gées par tout de palmes & de feuillages de bronze
doré. Elles font fur un grand focle rond, élevé envi-
ron de trois pieds , èv un baldaquin formé par fix con-
foles eft pôle deflus. Ces conlbles s'aflemblent au mi-
lieu pour foutenir un petit plafond, qui fait unamortis-
fement fort agréable terminé par une croix : chacune
porte fur l'entablement d'une colonne , avec des
foubaflemens de marbre , fur lesquels font des anges
qui tiennent des encenfoirs ; & fur les mêmes enta-
blcmens s'appuient des feftons de palmes , aux-
quels font fuspendus de petits anges . qui tiennent des
rouleaux où font écrits des verfets du Gloria in ex-
Celfis Deo. Les grands anges, les petits Se le balda-
quin font d'or bruni , Se les chiffres qui font dans le
dé des piedeftaux , les bafes , les chapiteaux , les mo-
dillons Se les rofes de bronze qui font dans les com-
partimens du plafond de la corniche , font dorés d'or
mat. Sur l'aurel , qui eft entre des colonnes , l'Enfant
Jésus eft repréfencé en marbre blanc dans la crèche ,
accompagné de la fainte Vierge Se de faint Jofeph. La
peinture de la coupole eft bien digne d'arrêrer long-tems
les curieux. Ce grand ouvrage repréfente la gloire des
bienheureux dans le ciel , qui font dispofés par groupes :
les prophètes , les martyrs , les vierges Se les confefleurs
s'y font reconnoitre par une marque particulière , ainfi
que les rois, les patriarches , les chefs d'ordres , les pères
de l'églife , faint Benoît Se fainte Scholallique , dans
les parties les plus baffes. Au plus haut la vue fe perd
dans les espaces infinis, qui ne font paroître que des
objets confus Se mal formés , à caufe de Téloignement
& d'une grande lumière qui en fort. Toute cette belle
peinture eft à fresque , Se de Pierre Mignard : dans la
frife fous la grande corniche qui règne autour du dô-
me, on lit cette infeription en grandes lettres de bron-
ze doré :
Anna Auflriaca D. G. Francorum Regina,
Rcgniquc Rcilrix , Cuifubjecit Deus omr/es bojfef ,
Ut conderet domum in nomine fuo.
Eccl. A. M. DC. L.
A droite Se à gauche du grand autel , font deux gril-
les d'une grandeur extraordinaire , qui occupent les
vuides des arcades , l'une Se l'autre travaillées avec une
exrrême délicatefi'e. Celle qui eft à droite fépare de l'é-
glife le chœur des religieufes. Il eft grand & revêtu d'u-
ne très-belle menuiferie. De l'autre coté eft une cha*
pelle tendue de deuil , au milieu de laquelle eft un lie
de velours noir, élevé fur quatre ou cinq degrés, où
l'on avoir mis le cœur de la reine mère Anne d'Autri-
che , de la feue reine Se de plufieurs autres princefles;
mais depuis quelque rems on a pratiqué fous cette cha-
pelle une espèce de caveau qu'on a incrufté de mar-
bre, Se dans lequel tous les cœurs de ces princefles
ont été placés. Il faut y ajouter le cœur de tous les en-
fans de France, tant mâles que femelles décédés jus-
qu'à préfent. Parmi les richefles que la freriftie ren-
ferme, il y a un foleil d'or émaillé de couleur de feu»
garni de diamans fur les arrêtes des rayons , fur le cer-
cle Se fur la croix , foutenu par un ange , qui a les
bords de fa robe auflî enrichis de diamans. Les dehors
de l'églife méritent qu'on les confidere à caufe de l'ar-
chitecture & des ornemens qui font autour de la cou-
pole. La hauteur en patoït fort grande. Elle eft cou-
verre de plomb avec de grandes bandes dorées , &
fur le plus haut il y a une baluftrade de fer autour
de la petite lanterne , Se ouverte de tous côtés , fuc
laquelle eft une grofle boule , & la croix au defllis :
tout cela brille de loin par la dorure -, Se par quelque
endroit qu'on puifle entrer dans Paris , cette coupole
eft fi groffe Se fi élevée , qu'il eft aifé de la diftinguer.
Le couvent des Capucins, qui eft près du Val de
Grâce, fut bâti l'an 163 1 ,Se fert aujourd'hui de no-
viciat. Ces pères ont un troifiéme couvent dans le
quartier du Marais. Dans la rue de la Bourbe , qui eft
vis-à-vis des Capucins, Se qui perce dans la rue d'En-
fer , on trouve le monafiere des religieufes Bénédicti-
nes réformées de Port Royal. La reine Anne d'Autri-
che les fit venir l'an 1625 , de la fâmeufe abbaye de
Port Royal des Champs, près de Montfort Lamauri ,
où elles ctoient en très-grand nombre , pour les éra-
blir au lieu qu'elles occupent préfentement , Se qu'on
appellcit alors l'Hôtel de Clagny. Leur églife eft fore
perite , bâtie très-proprement Se avec art. Une épine
de la couronne de Notre Seigneur , que l'on dit que
l'on y conferve , y attire un grand concours de dévo-
tion. On prétend auflî y avoir une urne des noces de
Cana, fur laquelle on voit en caractère carré la lettre
3 de l'alphabet hébreu : à l'extrémité du fauxbourg Saine
Jacques, à l'entrée de la campagne, eff un magnifi-
que bâtiment appelle ÏGbjirvuioire , qui a été élevé
pour loger les mathématiciens qu'entretient fa ma-
jefté. Voyez. Observatoire.
En entrant dans la ville , par la rue d'Enfer , on
trouve d'abord la maifon des peres de 1 Oratoire, ap-
pellée l'inllitution : elle leur fert de noviciat, Se fut
fondée l'an 165-0, par M. Finette, fecrétaire de Ga-
fton de France, duc d'Orléans, oncle de Louis XIV}
l'églife en eft affez bien bâtie. Dans la chapelle de la
Vierge, paroît un tombeau de marbre noir, où le
cardinal de Bertille eft repréfente à genoux. Le même
Pinette le fît faire pour y enfermer un bras de ce car-
dinal. A peu de diftance de-là , en descendant, eft le
couvent des Chartreux. Il eft de la fondation de faîne
Louis , qui , les ayant d'abord établis au nombre de fix
dans le village de Gentilli, leur accorda le vieux châ-
teau de Vauvert , qui , félon ce qu'en ont écrit les
hiftoriens de ce tems . étoit habité par les diables, à
quoi ils ajoutent qu'ils faifoient de fi grands désordres,
que la porte qui y conduifoit fut bouchée par ar-
rêt du parlement. C'eft par cette raifon que la rue,
qui eft devant, eft encore nommée la rite d'Enfer.
Mais pour n'avoir égard qu'à la vérité , en rejettant ces
fables , il faut revenir aux vieux titres dans lesquels on
lit via inferior , qui ne fignifie rien autre chofe que la
rue baffe , parce que cette rue eft plus baffe que la rue
Saint Jacques , qu'on appelloit auparavant via fuperior,
la rue haute. C'eft auflî pour cette raifon que l'églife
paroiflîale de Saint Jacques eft nommée du Haut Pas,
ab alto Pajfu. Ces peres occupent un terrein, qui eft
plus grand qu'aucun autre desmaifons religieufes de la
ville Se des faux bourgs de Paris. Ourre les cellules qui ont
chacune un jardin particulier , il y a un fort grand clos
de plufieurs arpens de terre , qui environne route la
maifon : les ftales des religieux font très bien travaillées :
la menuiferie en eft ornée de pilaftres corinthiens Se de
PAR
fculptures. Entre les fenêtres font plufieurs grands rà-
bleaux d'excellens peintres , qui repréfentent l'hiftoire
du nouveau teftamenr. Le petit cloître , qui eu à côté
de Téglife , eft orné d'une architecture dorique en pila-
ftres , avec des tableaux dans les arcades , ou eft peinte
l'hiftoire de faint Bruno , par le Sueur. 11 y a des car-
touches entre deux , dans lesquels la vie de ce faint eft
décrite en vers latins. Les vitres de ce petit cloître font
dans une bordure de fleurs peintes en aprêt , au coin de
laquelle eft un camayeu qui repréfenre un père du dé-
fert. Leur réfectoire eft fort clair , ôc ces pères n'y man-
gent que les fêtes, les di manches & les jeudis. Les autres
jours ils prennent leurs repas en particulier dans leurs
cellules dispofées en carré autour du cimetière , & com-
pofées de quatre ou cinq petites chambres de plein pied
boifées par tout , ôc fort Amplement meublées. Ce fut
de cette maifon que Henri III partit le 2j Mars 1586,
avec foixantc des nouveaux pénitens dont il étoit l'infti-
tutcur, pour aller à pied proccfTionnellement à l'églife de
Notre-Dame de Chartres, d'où ils revinrent deux jours
api es. Jean des Cordes, homme d'une profonde éru-
dition , y eft enterré. Tout proche de ce monaftere eft
un petic couvent de Feuillans, fous le titre de l'Ange
Gardien. Il fut établi en 1653. Après qu'on a paflé par
l'endroit où étoit la porte de Saint Michel qui a été abba-
tue pour donner plus d'ouverture à ce quartier qui étoit
trop refferré , on entre dans la rue de la Harpe , où la
Sorbone eft la première chofe remarquable qui fe pré-
fente. Avant que le cardinal de Richelieu eût pris foin
d'embellir cette maifon , ce n'étoit qu'un vieux collège
d'une, rtruéhire fort fimple , quoique le lieu fût en ré-
putation depuis long-tems. Robert de Sorbone , natif
d'un village appelle Sorbone, qu'on croit communé-
ment être celui qui eft proche de Sens , aumônier du roi
faint Louis, en a été le premier fondateur, l'an 1255.
Le cardinal de Richelieu , qui cherchoit à immortalifer
fon nom, fit rebâtir ce collège de fond en comble , ôc
n'épargna aucune dépenfe pour le rendre magnifique. La
place.qui eft devant la porte de l'églife eft carrée. D'un côté
elle a un grand corps de logis de maçonnerie en boflage
ruftique , à deux étages , où font les écoles de théologie.
Le vaifleau eft grand ôc élevé , Se l'on s'en fert quel-
quefois pour des thèfes de conféquence , 8c pour d'au-
tres actes publics. A main droite de cette place eft la cha-
pelle du collège de Cluny , qui en occupe presque une
face entière. La coupole de l'églife de Sorbone eft ac-
compagnée de quatre campanilles ôc de ftatues , avec
des bandes de plomb doré , ôc une baluftrade de fer fur
Je plus haut, autour de la petite lanterne, qui fait le
comble de tout l'édifice. Le portail dont les propor-
tions font très-juftes, ôc les points de vue admirable-
ment bien ménagés , eft orné de colonnes corinthiennes.
Le fécond étage eft feulement en pilaftres compofues.
En haut ôc en bas dans les entre-colonnemens, il y a
quatre niches où l'on a placé des ftatues fort bien tra-
vaillées. Celles qui fe trouvent fur les dehors de l'é-
glife, & dans l'intérieur, entre les pilaftres corinthiens,
qui foutiennent la voûte , ont aufli de la beauté & re-
préfentent des apôtres ôc des anges grands comme le
naturel. Ces figures font de pierre de tonnerre , qui ne
font guère moins belles que le marbre. Sur la porte de
l'églife , du côté de la place , on lit cette infeription :
DEO OPT. MAX.
ARMANDUS CARDINALIS DE RICHELIEU.
Le dedans de cette églife eft d'une médiocre gran-
deur. Le pavé eft de marbre , ôc la coupole a quelques
peintures aflez belles. On eftime fur-tout les quatre do-
cteurs de l'églife latine, qui font entre les arcades qui
la foutiennent. On ne peut rien voir de plus magnifi-
que que le grand autel. Il eft compofé de fix colonnes
corinthiennes de marbre de Gauchiner, dont les bafes
ôc les chapiteaux font dorés à feu , auflî bien que les
modillons ôc les rofes qui font dans la corniche.
Les colonnes du milieu forment un avant corps, cou-
ronné d'un fronton , ôc fur lequel il y a deux anges.
Entre les autres colonnes, qui font en retour des deux
côtés, on a placé deux excellentes figures de marbre,
«lont l'une repréfente la Vierge , ôc l'autre faint Jean
PAR 81?
l'Evangélifte. Un grand attique, où l'on a encore placé
des anges , règne fur tout ce bel ouvrage. A la place du
tableau on a mis un grand crucifix de marbre blanc »
fur un foifd noir. Le Père Eternel dans une gloire , ac-
compagné des anges en adoration , eft peint au haut dé
ce même autel dans le fond qui fe trouve fous l'Are
de la voûte. Le tabernacle eft de marbre blanc , enrichi
de vafes , de bas-reliefs , ôc de quantité d'ornemens de
bronze doré. Le tombeau du cardinal de Richelieu eft
élevé au milieu du chœur , en marbre blanc. Ce car-
dinal y eft repréfente à demi couché , foutenu par la
religion, & il a à fes pieds la feience , qui répand des
larmes. Deux génies, qui font derrière, tiennent les
armes de Richelieu , ornées du chapeau de cardinal k
& du cordon du Saint Efprir. Ce morceau de fculpture
qui eft du célèbre Girardon , pafiê , parmi les connois-
feurs , pour un chef d'œuvre. Au milieu de la maifon »
où font logés les docteurs , eft une cour carrée , Ion*
gue , toute environnée de bâtimens , une partie de la*
quelle eft plus élevée que l'autre , ce qui donne un air!
de grandeur ôc de majefté au fuperbe portique de l'é-
glife , qui termine cette cour. 11 eft élevé fur quinze
degrés , ôc formé par dix grofles colonnes corinthiennes ,
ifolées , ôc détachées du corps du bâtiment de plus de
fix pieds. Ces colonnes foutiennent un entablement cou-
ronné d'un fronton , dans le tympan duquel font les
armes du cardinal , avec deux ftatues de chaque côté
fur des acroteres. Toutes les moulures de l'architecture
font arafées, afin qu'elles ne fafient qu'une feule table
avec la frife , pour faire place à cette infeription :
Armandus Joannes Car à. Dux de Richelieu ,
SorbonA Provifor , adifiçavit Domum
Et exaltavitTemplitm Santium Domino. 1642.
La bibliothèque de cette maifon eft une des plus belles
de Paris. Elle eft dans un lieu grand , élevé ôc fort
clair , ôc occupe le deflus de deux grandes fales , dans
lesquelles on foutient des thèfes. Entre les manuferits ,
qui y font en aflez grand nombre , on fait voir un
Tite-Live en deux volumes in folio, d'une vieille tradu-
ction françoife , dédiée au roi Jean , [enrichis de migna-
tures à la tête de chaque chapitre, ôc de vignetes fur
les marges , qui font très-bien peintes, où l'on voit ce
bel or-couleur, dont on a perdu le fecret depuis deux
fiécles. Il eft d'un admirable brillant , fans s'écailler, ce
qui vient de la détrempe qu'on mettoit deflbus, & dont
on ignore la compofition. Il eft bon d'obferver que
l'impreflion a commencé dans cette maifon avant qu'Ul-
ric Gerin fe fût établi rue Saint Jacques , au folcil d'or»
Ce fut en 1470, fous le règne de Louis XI, qu'Ulric
Gerin vint , avec Martin Crantz ôc Michel Friburger.
Guillaume Fichet , & Jean de la Pierre , fécondèrent
ces nouveaux Imprimeurs, ou, pour mieux dire, ces
premiers Imprimeurs en France.
Après que l'on eft rentré dans la rue de la Harpe , en
traversant la place qui eft devant la Sorbone , on
trouve le collège d'Harcourt , dont la porte eft en vous-
fure , ornée de boflages ; avec un grand entablement
& un attique au-deflus. La baie ou l'ouverture eft en-
tourée d'un chambranle, avec une corniche qui porte
deflus. Ce collège a été fondé en 1280, par Raoul d'Har-
court, chanoine de l'églife de Paris. Plus bas eft l'é-
glife paroifllale de Saint Côme, où font plufieurs vieux
tombeaux, accompagnés d'épitaphes. Elle a été bâtie
en 1212, par Jean, abbé de Saint Germain des Prés.
Elle eft à la nomination de l'Univerfité. Claude Tor-
guel d'Espence, docteur de la maifon de Navarre, donc
M. de Thou fait de grands éloges, y eft enterré , auflî-bier»
que Pierre du Puy , confeiller ôc bibliothécaire du roi.
La maifon de Saint Côme , où les^chirurgiens s'aflem-
blent pour faire des opérations anatomiques, eft tout
proche de cette églife. Le lieu où elles fe fonteft très-
propre & très-commode. Il eft dispofé en amphitéarre ,
avec plufieurs bancs , mis en degrés les uns fur les au-
tres, d'où un très-grand nombre de perfonnes peuvent
voir facilement tout ce qui fe fait. Comme ce lieu eft
percé tout à l'entour , la lumière, dont on a befbin,
fe communique par tout. La porte de cette fale eft or-
8i6 PAR
née d'un ordre ionique ; ôc de quelques fculptures ,
avec cette infetiption , gravée fur du marbre noir:
Ad cœdes bominum Prisca Amphitbeatra patebant ;
Utlongum ditcant vïvere , nqftr a patent.
On iit cette féconde fur la porte de la fale où fe font les
afiemblées ôc les vifites des pauvres :
Hic probat Ingenium , DoUrina , ferma , Dextra ,
Ut certa ad cives prodeat indefalus.
Dans la même rue de la Harpe font les ruines du pa-
lais de l'empereur Julien , qu'on nommoit le palais ou
la maifon des Thermes. Le père Mabillon , dans fon
excellent livre de re diplomatica , die qu'il y a de l'ap-
parence que Chiïdebert , ôc quelques rois de la pre-
mière race , ont demeuré en cet endroit, qu'ils y te-
naient leur cour ; ce qu'il conjecture , à caufe de quel-
ques Chartres qu'il trouve datées dans le palais des
Thermes. Louis le Débonnaire y relégua fes deux fœurs
Gifla ôc Rottude , à caufe de leurs galanteries. Ces rui-
nes le voient dans une maifon qui a la Croix de Fer
pour enfeigne. On y remarque plufieurs vieilles arcades >
qui font le témoignage d'une haute antiquité, ôc dans
le fond une espèce de fale , dont la voûte , fans cor-
dons , eft fort exhauflee & fort hardie. La voûte de ce
qui refte de cet ancien édifice eft fi bien liée & fi fo-
lide» qu'on a apporté deflus aflez de terre pour en faire
un petit jardin , où croiflent des fleurs & des arbres; en
forte que ceux qui demeurent dans l'hôtel de Clugny ,
vont s'y promener comme fur une terrafle folide que
l'on auroit faite exprés. L'hôtel de Clugny , qui efi der-
rière cette maifon , appartient à l'abbaye de ce nom ,
& fut bâti par le cardinal d'Amboife , fort aimé de Louis
XII fon prince , entre les bras de qui il mourut à Lyon
le 25 de Mai içto. Cet hôtel efi un ouvrage gothique
des plus grands ôc des plus entiers qu'on voie aujour-
d'hui fur pied, A l'extrémité de la rue de la Harpe , en
tournant à gauche , on entre dans celle de Saint André
des Arcs » où eft l'églife paroifliale de ce nom. Ce n'é-
toit autrefois qu'une petite chapelle, au milieu d'un
champ, planté de vignes & d'arbres fruitiers. Quelques
antiquaires croient que cette églife a été appellée Saint
André des Arcs , à caufe d'un grand jardin qui étoit
proche de là , où les écoliers alloient fouvent s'exercer
à tirer de l'arc A côté du grand autel eft une belle fi-
gure de marbre blanc , qui repréfenre une Espérance
affligée. Ceft un monument drefle à la gloire d'Anne-
Marie Martinozzi , princeiïe de Conti , dont la charité
étoit fi ardente pour les pauvres, qu'elle vendit fes
pierreries pour nourrir ceux de Berry , de Champagne
ôc de Picardie, pendant la famine de 1662. Elle mou-
rut le 4 de Février 1672, après fix ans de veuvage,
âgée feulement de trente-cinq ans. Ceft un des ouvrages
de Girardon. Louis-Armand de Bourbon , prince de
Conti , fon fils , repofe avec elle , & depuis la maifon
de Bourbon Conti en a fait le lieu ordinaire de fa fé-
pulture. Louis-Armand de Bourbon , prince de Conti ,
fon arrière petit-fils , ôc Louife-Diane d'Otléans , prin-
ceiïe de Conti, y font enterrés. On y difiingue encore
le tombeau de Chriftophe de Thou, ôc de Jacques-
Augulte, fon fils. L'ouvrage eft de Girardon. André
Duchesne, favant hiltoriographe; Piètre d'Hozier, gé-
néalogifte ; Louis Coufin , de l'académie françoife; Ro-
bert de Nanteuil , excellent graveur ; Sébaftien le Nain
de Tillemont , y font enterrés : ce dernier fut exhumé
de Port Royal des Champs, lorsqu'on le détruifit en
1710, pour être rapporté avec fes ancêtres. M. Joli
de Fleuri , ancien procureur général , y eft auiîi enter-
ré. Le collège de Prémontré eft dans la rue Haute-
Feuille. Les religieux de cet ordre peuvent y venir étu-
dier pour obtenir des degrés dans l'Univerfité. L'églife
qu'on a réparée depuis peu d'années, eft revêtue d'u-
ne fort jolie menuiferie , de même que l'autel , dont
le tabernacle ôc le retable font d'un deflein aflez bien
imaginé. Tout proche eft le grand couvent des Cor-
deliers , qui fut bâtie vers l'an 1217 , lorsque faint
François vivoit encore à Aflife en Italie. Quelques re-
ligieux du nouvel ordre, dont ce faint étoit ttnftitu-
PAR
teur , étant venus en France en ce rems , furent logés
chez des bourgeois , ôc en 1250, Eudes, abbé de Saint
Germain des Prés , leur donna le lieu où ils font pré-
fentement. Leur églife, que faint Louis avoii fait bâ-
tir , fut confirmée , avec une partie de leur couvent ,
l'an 1580 par un incendie, qui ruina plufieurs tom-
beaux de princes & de princefles du fang Royal , qui
étoient dans le chœur. La communauté des Cordeliers
eft une des plus nombreufes de Paris. Il y a toujours
quantité d'étudians , qui viennent , de divers endroits
du Royaume , fe faire pafler docteurs en théologie
dans cette maifon. Le nouveau cloître, que ces pères
ont fait bâtir , eft carré, & contient près de cent cham-
bres , toutes très propres ôc très-claires. Au milieu eft
un petit jardin , orné d'un parterre ôc d'une fontai-
ne. Les quatre corridors , qui compofent ce cloître ,
font voûtés. Deux célèbres confréries ont été établies
dans leur églife; l'une pour les pèlerins deJérufalem,
ôc l'autre du Tiers-Ordre. Elles ont leurs chapelles
féparées. Certe églife eft le lieu de la fépulture des
grands hommes qui fuivent : Nicolas de Lira , hom-
mes favant ; Jean Scot , appellée le docteur fubtil ,
le précepteur de faint Thomas ôc de faint Bonaven-
ture; Alexandre de Aies, nommé le docteur irréfra-
gable; le prince de Carpy, gouverneur de Piémont,
enfuite duc de Briflac ; le colonel Forlick ; François
de Belleforcft, hiftorien ; Louis de Luxembourg, com-
te de Saint Paul , qui eut la tête tranchée dans la Grève;
Dom Antoine, Roi de Portugal, mort en 1 595.
Les quatre portes par lesquelles on entroir de la
ville dans le fauxbourg Saint Germain , favoir la por-
te à laquelle on donnoit le nom du fauxbourg , la porte
Dauphine, ôc celles de BuiTi Ôc de Nèfle, ayant été
abbatues , tout ce grand quartier eft devenu un des plus
grands de Paris , & peut être comparé aux plus bel-
les villes de France , tant pour la quantité de magni-
fiques maifons qui le compofent , que pour la mul-
titude du peuple qui s'y rencontre. L'air y eft ttès-pur
& très-fain , ôc la quantité de jardins , qui accompa-
gnent ces maifons , ne contribuent pas peu à les faire
rechercher comme une demeure très-agréable; aulTi les
étrangers , qu'on y voit toujours en fort grand nom-
bre , le préfèrent à tous les autres. Ce quartier a pris
fon nom de l'abbaye royale de Saint Germain des Prés,
fondée par le roi Chiïdebert, fils du grand Clovis.
L'églife a eu d'abord le titre de faint Vincent, enfui-
te celui de fainte Croix, & en dernier lieu celui de
faint Germain , où le corps de cet évêque de Paris fut
porté à faint Vincent , dans la chapelle de faint Sym-
phorien , ôc enfuite' transféré dans la grande églife du
monafiere, fous le règne de Pépin. L'on y expofe la
châfle de ce Saint le 28 Mai , jour de fa fête. Cette
châfle eft d'argent doré , ornée de quantité de pierre-
ries ôc d'émaux , d'un ouvrage gothique fort bien tra-
vaillé. Ce qui refte du bâtiment, que Chiïdebert a fait
élever, eft la porte principale, au bas de l'églife, ôc
le gros clocher qui eft deflus. Les ftatues des rois ôc
des reines, qui font aux côtés de cette même por-
te , font d'une exécution très-groifiere. Le clocher pa-
roît avoir été bâti à deux reprifes fort différentes de
ftructure ôc de deflein : le bas, jusqu'à l'endroit où
font les cloches, eft d'une haute antiquité; le refte eft
beaucoup moins ancien. Les deux cloches , que ren-
ferme ce clocher, ôc qu'on ne fonne qu'aux grandes
fêtes, ont un fon mélodieux, ôc fe font entendre de
fort loin. L'églife eft ornée d'un grand nombre de ta-
bleaux fort eftimés; le chœur eft décoré d'une me-
nuiferie très-propre. Dans le milieu on y voit le tom-
beau de Chiïdebert , dans lequel on a réuni ce qu'on
a retrouvé de la reine Ultrogote , fa femme. On y a
gravé les inferiptions fuivantes fur les faces des côtés,
qui font de marbre noir:
REGI SJECULORUM.
Francorum ReHor , pr&clarus in agmine Di/flor,
Cuji/s & Allobroges metuebant folvere Leges ;
P acus & Ar ver nus ,BritomtmRex , GothusyIberus ,
Hic faits eft , diclns Rex Childebertus boneftus ;
Cvndidit banc aidam Wiucwiinomine claram
Vir
PAR
Vir pietate ehens, probitatis munere pollens ,
Templa Dei ditans , gaudebai dona repenfans ;
Mdlia mendias folidorum dans & egenïs ,
Gaz.arum cumules fatagebat condere Cœlo.
Ex vetuit. prisci fepulchti apud Aimoin. de Geit. Franco-
rum, /. z.c. zç).
JETERN1TAT1.
ULTROGOT HA CHILDEBERTI
Chrifiianiffrmi Régis conjux ,
Nutrix Orphanorum , confolatrix
Affiidorum ,
Pauperum & Deifervorum
Suflentatrix ,
Atque fidelium adjutrix Monachorum.
Ex vira Sanctx Batil. c. j.
Hic cum chariffimo con'y.ige diemillum expeftat,
Quo laudabunt eos in portis opéra eorum ,
Ambob. Opt. Fundatorib. ex humili
Situ cum lap. fepulchr. tranflatis
Fidelijf. alumni hujus Régal. Abbatia,
Ascetœ Benedittini
Tofi reflitut. in melïor. formant
Bafilicam & Chorum
Ornaùus monum. Pofuer.An. Dom. 16/6. 10. Kal. Jan.
Qui & ipforum anniverfaria.
Abfunt à fepuhhro paterno Crodecendis & Croberga
Regia Virgines , qu/z in eâdem Bafilica. , fed ignotis to-
culis requiescunt. Ne tamen fepeliat oblivio , quibus
immortalitatem peperit incorruptio , vivat hic quoque cum
piijfimis parentibus dulcijfîmœ Sobolis Augujtum nemen
& perennis memoria.
Entre les anciens tombeaux , qu'on trouva en fouil-
lant , il y en avoit quatre principaux de chaque côté:
celui deChilperic, de Fredegonde , de Clotaite II Se
de Berrrude. On les transporta proche la clôture de fer
qui enferme le chœur. On découvrir encore en fouil-
lant aux enviions du fanctuaire deux rangées de très-
beaux tombeaux entre lesquels on distingua celui de la
reine Blitilde Se du roi Childeric II. Sur le tombeau de
la reine il y avoit un petit coffre de pierre, où on a
prétendu qu'étoit Dagobert leur fils , allatîiné avec eux
au bois de Bondi , en revenant de la chalTe , par Bodil ,
gentilhomme , qui fut piqué d'avoir été condamné au
fouet fans avoir égard à fa noblefle. L'infcription qu'on
lut fur une pierre leva les doutes qu'on auroit pu avoir
avec justice , en trouvant ces tombeaux. Il y avoit en gran-
des lettres Childer. Rex. Ces corps ont éré auffi pla-
cés dans le chœur. Les corps de Childeric Se de Fre-
degonde fon époufe, après avoir été découverts, font
comme les autres placés à côté du grand autel. Le
tombeau de la reine Fredegonde elt original Se le feul
en France refté de la première race ; l'examen en fera
convenir. C'elt une tombe plate , ornée d'une espèce
de mofaïque compofée de pierres, ou de mafiies rap-
portés de diverfes couleurs , avec des veines de cuivre
coulées entre deux , pour faire la différence des petits
ornemens. Cette reine eit repréfenrée le feeptre à la
main, dont l'extrémité elt terminée en double fleur de
lis : fa couronne elt ornée de la même manière. On
trouva une petite croix de cuivre avec une lampe de
même métal ; on y lifoit cette infeription en lettres ro-
maines , gtavées en creux , enlacées enfemble :
Tempore nullo , volo
Hinc tollantur ojfa Hilperici.
En dedans on lifoit diltinctement en caractères peints
Prccor ego Hilpericus
Non auferantitr hinc oj]a mea.
PAR 817
Mais on découvrit trop tard ces inferiptions -, ainfi on
ne put point remédier à la confufion , dans laquelle les
oflemens fe trouvèrent les uns avec les autres. Aux pieds
du roi Childebert on lit une épitaphequi fut faite poul-
ie cœur du duc de Vemeuil , fiis naturel de Henri
IV.
On a inhumé affez proche Louis-Céfar de Bourbon,
comte de Vexin , légitimé de France , fur la tombe du-
quel elt une épitaphe.
La première pierre qui fut pofée pour les fondations
du grand autel, tel qu'il elt à préfent , porte cette in-
feription :
Anno reparata falutis M. dccxiv. die xxin. A.tguft.
EminentiJJ. Princeps DD. C&far Eftrœus , S. R. E.
Cardinalis Episcopus Albanenfls , hujus Rcg.ilis Mona-
Jlerii SanUi Germant à Pratis Abbas , primum pofuit
lapidera hujus Altaris , quod Deo Opt. Max. ohm à
S. Gcrmano in honorem J. Crucis , & S. Vincentii Mart.
tum ab Alexandro Papa III. addito S. Sttphani titU'
lo confecratum , ad locandum ejusdem S. Germant re-
liquias magnijkentiiis , hoc anno renovari curarunt Rt
P. D. A> nu If us de Loo, Prier , esterique ejusdem Mono.'
ficrii Ascetœ Benedittini è Congre gatwne S. Mauri.
Cet autel elt fur un plan elliptique, ou ovale régulier,
avec fix colonnes espacées , de manière que les reli-
gieux étant au chœur peuvent voir aifément de leurs
chaires la table du facrifice Se dans la nef. Un grand
ange , accompagné de deux autres petits , entourés de
feitons Se de guirlandes portent la fuspenfion du faint
Sacrement, Se femble vouloir la descendre fur l'autel.
Dans l'endroit où paffe le plus grand diamètre de l'o-
vale , on a placé deux enroulemens en confoles de
marbre veiné, fur lesquels font pofés deux anges à
genoux , de métal doré, de hauteur naturelle, qui por-
tent fur leurs mains la châfle de faint Germain, évê-
que Se patron de la ville de Paris. C'elt un ouvrage en
forme d'églife gothique , de quatre pieds ou environ de
longueur, haut à proportion. Tout le corps de cet édi-
fice elt de vetmeil , enrichi de quantité de pyramides
Se d'ornemens recherchés Se finis. On a employé qua-
rante-deux marcs deux onces d'or pour la couverture ,
Se pour une lame qui couvre la caille dans laquelle les
reliques du faint font enfermées , qui elt doublée d'une
autre lame d'argent , Se deux cens cinquante marcs d'ar-
gent , pour tout le rctte de l'ouvrage. On y compte cent
l'oixante Se huit pierres précieufes , Se cent quatre vingt-
dix-fept groffes perles. L'or dont on s'eft fervi , a été
tiré de l'ancienne châlle , donnée autrefois par Odon
ou Eudes , comte de Paris, depuis roi de France. Dans
la chapelle de faint Cafimir , on a érigé un monument
à la mémoire de Casimir, roi de Pologne , mort en
France. On le voit du côté de l'évangile. Ce prince étoic
abbé de cette maifon. Ce monument a été exécuté par
Jean Thibaut , frère convers de cette maifon , habile
dans l'art de jetter le métal. DomMabillon elt l'auteur
de l'épitaphe qu'on lit fur la bafe.
^ÎTERNjî MEMORIA
Régis orthodoxi;
H E I C
Pojl emenfos virtutum ac glor'u gradus omnes
Quiescit nobili fui parte
Johannes Cafïmirus ,
Pulonia acSuecu Rex ,
Alto de Jagcllonidum fanguine , familia Vafatenfi
Poftremus ;
Quiafummus
Litteris , armis , pietate ,
Multarum gentium linguas addidicit , quo illaspropcnfius
Sibi devinciret. Septemdecim prœliis collatis cum hofle
Signis totidtm uno minus vicit ,
Semper invictus ;
Moscov'uas , Suecos , Brandeburgenfes , Tartaros ,
Germanos armis ,
Cefacos , aliosque rebelles gratiâ ac benefîciis
7om.IV. LU 11
8i8 PAR
Expugnavit ,
Vitloriâ Regem eisfe pr&bens , clementiâ Patron ;
Denique lotis viginti^ Imperii annis fortunam
Virtute vincens ,
Aulam habuit in caftris , Palatia in tentoriis ,
Speclacula in triumpbis :
Liberos ex legitirno connubio fuscepit , queispofteà orbatus
Eft , ne , fi fe majorent reliquijfet , non ejfet ipfe maximus ;
Si» Minorent ftirps degeneraret , par & adjortitudinem
Rcligio fuit , nec fegnius cœlo militavit
QJUAM SOLO.
Hincextruïla monafteria& NofocomiaVarfovU
Calvinianorumfana in Lithuaniâ excifa , Sociani regn9
Pulfi-, ne Cafimirum haberent Regem ,
Qui Cbrftum Deum non haberent.
Senatus à variis fefiis ad catholicœ fidei communionem
AdduEius ,
Ut Ecclefiœ legibus continerentur ,
Qui jura popalis dicerent.
Unde illi prœclarum
ORTHODOXl NOMEN
Ab Alexandro vu. inditum.
Humant denique glori&faftigium prœtergrejfus ,
Cùm nibil praclariùs agerepojjet ,
Imperium fponte abdicavit anno m. dc. lxviii.
Tùmporrà lacryma , quas nulli excujjerat ,
Omnium octtlis manarunt ,
Qui abeuntem Regem , non fecits atque abeuntem Patremt
L U X ERE.
Vitœ reliquum in pietatis officiij mm exegiffet ,
Tandem auditâ Kamenecix expugnatione ,
Ne tant£ cladijuperejjet ,
Caritate Patria vulneratus occubuit
xvn. Kal. Jan. m. dc. lxxii.
Regium cor Menât his hujus cœnobii ,cui Abbas profiter at ,
Amoris pignus reliquit , quod illi tjtboc tumulo
Marentes condiderunt.
Le cœur eft dans ce monument, Se le corps en a été
transporté en Pologne. Dans la même chapelle eft en-
terré Pierre Danez, évêque de Lavaur. Jean Grollicr
repofe aufli dans la même églife. On lit Ton éloge dans
M. de Thou. Il y a encore quelques autres tombeaux
fort bien decorés , & delà main des meilleurs mairies-,
mais outre celui d'Olivier & Louis de Caltelan , qui eft
de Girardon , celui de Ferdinand de Furftemberg ,
neveu du cardinal , qui eft de Coyfcvox , il y en a en-
core un , où font inhumées plusieurs perfonnes de la
maifon de Douglas d Ecofîe. Dans la chapelle de faint
Symphoticn , on peut lire l'épiraphe de faint Germain
qui y a été enterra: elle eft de la compofition du roi
Chilperic : on y reconnoïtra que ce prince avoit du
goût pour la belle littérature. La voici telle qu'on la
lk:
Ecckfîtzfpeculum , PatrU vigor, ara reorum ,
Et Pater & Medicus , Paftor amorque gregis ,
Germanu s virtute , Jide , corde, ore beatus ,
Carne tenet tumulum , mentis honore polum.
Vir cui dura nibil nocuerunt fata Jepulchri ,
Vivit enim , nam mors quem tulit ipfa timet.
Crevit adhuc poilus jitfius poft fttnera. Nam cul
Ficlile vasfuerat, gemma Juperba micat.
Hujus opem ac meritum mutis data verba loquuntur ,
Redditus C cœcis prœdicat credies.
Hic vir Apoftolicus rapiens de Carne Tropbœum ,
Jure triumphali confidet atee Throni.
On fait les fonctions curiales dans cette chapelle pour
ceux feulement qui font logés dans l'enclos de l'ab-
baye. La réforme y a été établie en 163 1. La biblio-
thèque eft une des plus belles du royaume. Il y a des
manuferits d'une haute antiquité. Le zèle que les Bé-
nédiétins ont en général pour les lettres, les a enga-
gés à ouvrir cette bibliothèque à ceux qui veulent y
venir travailler. Cette maifon a produit une infinité de
PAR
grands hommes. On a fait de fort beaux bâtimens dans
l'enclos qui étoit autrefois fort négligé , mais qui eft au-
jourd'hui un quartier très-peuplé , à caufe des privi-
lèges qu'ont ceux qui y demeurent, de travailler fans
être maîtres. On a gravé fur la première pierre l'in-
feription fuivante de la compofition de dom Michel
Félibien :
ANNO DOMINI m. dcc. xv.
SS. D. N CLEMENTIS XI. PAPJE XV.
Regni Ludovici Magni lxxii.
Galli à tôt a in pace compofitâ }"
Profelici Abbatialis admimfirationis inchoatione
Primum hujus œdificii lapidem pojuit
Illitjtrijftmus EcclefiA Pr inceps
DD. HENRICUS DETH1ARD DE BISSY ,
Meldenfium Ep'ucopus , S. R. E. Cardinalis ,
Dcfignatus httjusce S. Germant à pratis Regalis Monaflerii
Ord. S. Beneditii è Congrégation e S. Maiiri ,
Abbas Commendatarius.
AdflanùbusR. P. Dom Diony/io de Sainte Marthe Priore,
Cxtcrisque cœnobii Jupra LX. Monachis ;
Prxfente ac probante RR. P. Domno Carolo Petey de
l' Hoft aller ie Congre g. S. Maiiri prmpofito gênerait
unà cum fuis R. R. P. P. Senioribus affijientibus
D. Carolo d'Ifard , & D. Mauro Audren.
VICTORE THEODORICO DAILLY, totius operii
Architetto , die XI. menfis Aprilis,
M. le cardinal de BifTy a fait conftruire un marché,
dans une grande partie du terrein de la foire : il y a
deux grandes portes fur lesquelles on a gravé des in-
feriptions en lettres d'or , lut des tables de marbre
noir. L'hiftoire fait mention 'de plufieurs lièges foute-
nus par l'abbaye de Saint Germain , qui étoit autrefois
hors de la ville , & expofee aux incurfions des Barba-
res. Les Normands ou les Danois l'ont pillée & brûlée
trois ou quatre fois. Elle étoit entourée de foflés pro-
fonds ôc d'épaiiTes murailles , qui d'espace en espace
étoient fortifiées de tours rondes , qu'on a abbatues pour
y faire quantité de maifons qu'on voit à prèiènt tout à
l'entour.
Le palais d'Orléans, autrement nommé le Palais de
Luxembourg , parce qu'il eft dans un lieu où étoit un
ancien hôtel de ce nom , frit un des plus grands &
des plus confide râbles ornemens de tout le quartier dc
Saint Germain. La reine Marie de Médicis., veuve du
roi Henri IV , a fait bâtir ce magnifique palais. 11 eft
compofé d'une grande cour carrée , au fond de laquelle
eft le plus grand corps de logis , accompagné aux ex-
trémités de quatre pavillons , & d'un avant-corps au
milieu qui en fait comme un cinquième, orné de co-
lonnes , fous lequel la principale entrée fe trouve. Avant
que d'y arriver , on monte à une cour pavée de marbre ,
qui occupe toute la largeur de lagrande cour pavée & ter-
minée par une balultrade de marbre blanc foutenue , de
piedeftaux , fur lesquels il y avoit autrefois de très-
belles ftatues, qui furent vendues à l'inventaire de Ma-
rie de Médicis , avec les autres meubles de cette rei-
ne. Cette grande cour eft bornée par deux galeries un
peu plus balles que le refte du bâtiment , foutenucs cha-
cune fur neuf arcades -, à la faveur desquelles on peuc
aller à couvert fous de grands corridors très-bien voû-
tés. La face extérieure de. tout ce palais eft en galerie
découverte , ou en terraffe , avec une manière de dô-
me ou de coupole au milieu , dont le dedans eft orné
de colonnes corinthiennes de marbre blanc : la grande
porte fe trouve fous ce dôme qui fait face à la rue de
Tournon. A chaque extrémité des galeries des côtés ,
& des deux terrafles qui font fur le devant , il y a en-
core deux grands pavillons carrés qui les terminent, &
qui font une même ligne avec toute la face du bâtiment.
L'architedure de tout ce palais eft en pilaftres couplés,
excepté autour de la grande porte, Se du côté du jar-
din fur le devant du petit dôme du milieu , qui fert de
chapelle , où font des colonnes. Les ordres qu'on y a
PAR
PAR 819
obfervés font le toscan Se le dorique, avec un atti- pelles, & celle du chœur font d'un très-beau marbre,
que au -deffus ; Se fur les quatre gros pavillons , qui font Le monaftere des filles du Saint Sacrement , qui eft
aux angles du principal corps de logis , on a ajouté dans la rue Canette , a été fondé par Marguerite de
l'ionique au dorique Se au toscan pour troifiéme or- Lorraine , féconde femme de Gafton de France, duc
dre , ce qui les rend plus élevés que tout le relie. Tous d'Orléans. Le grand autel eft d'une jolie menuiferie,
les combles font chargés d'une balultrade , foutenuede peinte en marbre avec divers ornemens dorés , qui font
piedeltaux : cetee baluftrade règne. par tout d'une même un fort bel effet. La rue Pot de Fer aboutit dans celle de
îymmétrie , avec des frontons aux places principales , Vaugirard , auiîi-bien que la rue CafTette , & c'eft dans
fur lesquels il y a des ftatues couchées , qui foutien- cette première que fe trouve le couvent qu'on appelloit
nent des couronnes. La grande galerie, qui eft à main ci-devant le Novicat des Jéfuites. L'églife eft petite,
droite en entrant , embellit extrêmement ce palais : elle mais parfaitement bien entendue pour l'architecture. La
a été peinte par le fameux Rubens , qui fut occupé deux première pierre fut pofée par Henri de Bourbon , fils
ans entiers à ce travail : l'hiftoire allégorique de Ma- naturel d'Henri IV , alors évêque de Metz Se abbé de
Saint Germain des Prés, connu depuis fous le nom de duc
de Verneuil.
D. O. M.
rie de Médicis y eft repréfentée en vingt -qua-
tre grands tableaux larges de neuf pieds , Se hauts de
dix , placés fur les trumeaux entre les fenêtres : on en
voie deux autres plus grands à l'extrémité de la même
galerie. Le jardin étoit autrefois rempli de petits bois
& d'allées couvertes ; mais les gratis hivers l'ayant rui- S. Francisco Xaverio Indiarnm Ap.ofloU anno Cbrifti
né, il a été long tems affez mal entretenu. Il y a quel- M. DC. XXX.
rues années que l'on commença à le rétablir, en y Pontificatûs Urbani oc7a.vi anno feptimo , Regni Liidov'vcï
plantant de nouveaux arbres , Se en y dreffant des al- deeimi tertii anno vigefîmo ,
îées nouvelles. L'hôtel de Condé , qui eft dans la rue Gêner alatûs R. P. Mutii Viteleschi anno decimo quarto ,
autrefois nommée rue neuve Saint Lambert , à préfent JEdïs faciendtt
rue de Condé , Se qui fut autrefois occupé par les ducs Primum Lapidem pofuit , S» P. Henricus de Bourbon ,
de Retz , du nom de Gondi , appartient préfentement Ep'ucopus Metenfis ,
à la maifon de Bourbon Condé. Les appartemens en S. R. I. Princeps , Abbat S. Germant , Decimo Aprilif,
font fort bien dispofés , & ornés de meubles très-
fomptueux. Le jardin, dans une étendue médiocre, a Le portail eft embelli d'un ordre dorique en pilas-
tout ce que l'art Se la nature peuvent produire en- très , avec un ionique au-deffus. Le dedans a un or-
femble de fingulier & de beau: on y voit des cabinets dre dorique fort régulier, dont les métopes font rem-
de treillages faits à la manière de Hollande, avec beau- plis de ciboires, de calices, de lampes, d'encenfoirs ,
coup d'induftrie. A l'entrée de chaque allée, paroît un de cloches, de chandeliers, Se de plufieurs autre»
petit arc de triomphe du même ouvrage. Ce jardin pen- chofes qui fervent aux cérémonies de la religion. Le
dant l'été eft rempli d'orangers & de jasmins, qui en grand autel eft aujourd'hui de marbre avec quatre
rendent la promenade fort agréable. magnifiques colonnes de marbre d'Egypte données par
Le petit hôtel de Bourbon eft dans la rue de Vaugi- Louis XIV , Se deux ftatues de marbre blanc , qui
Tard, qui paffe devant le palais de Luxembourg. C'é- repréfentent S. Ignace, Se S. François Xavier. Le
toit autrefois l'hôtel d'Aiguillon, que le cardinal de 'fanctuaire eft d'un très-beau marquetage de marbre ;
Richelieu fit embellir avec beaucoup de dépenfe , pour l'autel eft du deffein de Manfard , Se le grand tableau
là ducheffe d'Aiguillon , fa nièce. Tout proche , Se du du fameux Pouflîn. La grande chapelle à côté de l'é-
même côté , eft le couvent des religeufes du Calvai- glife , où ces pères tenoient la congrégation , eft en-
re , de l'ordre de faint Benoît, fondé en 1610, par richie d'une menuiferie dorée, avec des tableaux d'es-
la reine Marie de Médicis. Leur églife Se leur maifon pace en espace , Se un plafond qui repréfeme l'as-
n'ont rien de confidérable , non plus que celle des rc- lomption de la Sainte Vierge.
ligieufes du Précieux Sang , établies en 1638 dans la
même rue, où l'on trouve auïîï le couvent des Carmes
Déchauffés, vis-à-vis des murs du jardin de Luxem-
bourg. 11 fut fondé en 161 1 , par les libéralités de
L'églife de faint Sulpice , paroiffe de tout ce vafte
quartier , étoit autrefois un bâtiment fi ferré , qu'il
pouvoir à peine contenir la douzième partie des pa-
roiilîens : mais on entreprit , vers le milieu du der-
quelques bourgeois , qui donnèrent une petite maifon nier fiécle , le grand Se fuperbe édifice qu'on voit à
fuuée en ce lieu à des religieux Carmes venus d'Italie , préfent, Se dont on a fait une des plus magnifiques
pour apporter en France la réforme , que fainte Thé
rèfe avoit faite en Espagne , de l'ordre du Monr-Car-
mel. Les premiers fondemens de cette maifon furent
jettes en 1615, Se la reine Marie de Médicis mit la
première pierre à leur églife. On y a gravé ces pa-
roles :
MARIA MEDlCvEA MATER FUNDAMENTUM
HUJUS ECCLES1/E POSU1T.
1613.
églifes du royaume, mais avec de grands défauts, de
l'aveu de tous les connoiffeurs.
Cette églife fut commencée en 16*46. Gallon, duc
d'Orléans, y mit la première pierre ; mais ce premier
bâtiment ne fut pas jugé fuffifant , on en recommen-
ça un autre en 165 c ; la reine Anne d'Autriche y po-
fa la première pierre. Il fur interrompu en 1674, &
on l'a repris en 1720 , Se la première pierre a été
pofée par M. le duc d'Orléans régent : depuis ce tems
l'ouvrage n'a point été interrompu. La nef a cinq ar-
cades de chaque côté qui ont chacune trois toifes.
Le grand autel eft orné de colonnes corinthiennes , de elle a cinquante pieds de large en total, & ai
marbre de Dinan, & de quelques figures qui repréfentent toifes Se demie de long. Les maflifs font ornés de pi-
les faints principaux de l'ordre de ces pères. Tout laftres corinthiens, qui foutiennent une grande cornir
l'ouvrage de l'églife eft d'un ordre ruftique ou toscan, che embellie de toute forte d'ornemens. Toutes les
Au milieu eft un dôme peint dans le fond , qui fait longueurs dans œuvre , à prendre depuis le nud du
voir l'enlèvement du prophète Elie , dans un chariot de mur du portail , jusqu'au pied du degré montant dans
feu , laiffant tomber fon manteau à Elifée, fon disciple, la chapelle de la Vierge, qui borde le rond point,
qui tend les bras pour le recevoir. Cette églife a deux réunies en total , font deux cens quatre-vingt un pieds,
chapelles remarquables. La première à main gauche , Le periilyle a quarante cinq pieds de longueur , de-
fous le dôme, efl confacrée à la fainte Vierge, dont puis le degré pour entrer dans l'églife , jusqu'à la
on voit une excellente figure en marbre blanc: elle eft pointe de l'angle du jambage de la grande porte dans
affife tenant fon divin enfant. Cette figure paffepourun œuvre, fur quatre-vingt-feize pieds dans œuvre, de-
des plus beaux morceaux de fculpture qu'il y ait en puis le nud d'un mur à l'autre. Le grand portail s'é
France ; les draperies en font affez légères , mais trop tend fur vingt-neuf toifes de large , Se s'élève à 1;
d'un ordre compofue. Les baluftrad*s de ces deux cha- fermé par une baluftrade dont les tables font de
Tm. IV. Lllll ij
820 PAR
PAR
marbre , & les baluftres de cuivre. Ce chœur eft pa-
vé de marbre , Se les piliers font ornés de figures de
pierre de Tonnerre travaillées par Bouchardon. La
première pierre du grand autel a été pofee par le
cardinal d'ilcio , pour lors nonce du pape en France,
Se qui n'étoic point encore cardinal. On y lit une
infeription qui marque que ce fut en 1732, que cet-
te cérémonie fut faite. L'autel & les degrés pour y
monter font de marbre : la pierre d'autel eft percée
à jour : on y voit entre deux glaces une urne ciné-
raire antique d'Egypte , dans laquelle font renfermées
les reliques. Le tabernacle repréfente une arche d'al-
liance , ornée de pierres précieufes Se de plufieurs an-
tiques très-curieufes : il y a un propitiatoire foutenu
par deux anges adorateurs , fur lequel on expofe le
faint Sacrement fous un dais à jour. Tout cet ouvrage
eft fous l'arcade de la coupole de la croifée , & il efl
couronné par un baldaquin fuspendu , doré en dehors
& en dedans. La chapelle de la Vierge, dont les de-
grés bordent le rond point , a fix toifes Se demie de
profondeur dans œuvrç , fur huit de largeur : elle eft
de .figure ovale : elle a dix-fept toifes Se demie d'é-
lévation depuis le pavé jusqu'au point milieu , fous la
coupole qui repréfente une gloire, dans laquelle on
voit la Vierge peinte à fresque par le Moine. Toute
cette chapelle eft magnifiquement ornée : la figure
de la vierge eft d'argent : la draperie en eft dorée ,
les portiques font de bois d'Acajou , venus de la
Cayenne : les deux facriuies font auiïi très-ornées.
11 y a bien des perfonnes illuftres enterrées dans cet-
te églife, entre lesquelles on compte Claude Dupuy,
un des plus favans hommes du royaume ; Michel de
Marolles , abbé de Villeloin -, François Blondel , ha-
bile mathématicien ; Pierre Miche , plus connu fous
le nom d'abbé Bourdelot , que la reine Chriltine de
Suéde fit venir à Stockholm , pour lui apprendre la
philofophie •> Barthélémy d'Herbelot , auteur de la bi-
bliothèque orientale ; dom Gaetano Julio Zumbo,
gentilhomme Sicilien , qui a laifie deux ouvrages de
fculpture , dont les figures font colorées au naturel
& une tête anatomique -, Marie de Jumelle de Bar-
neuille, comteffe d'Aunoy , connue par plufieurs ou-
vrages d'esprit ; Rover de Piles , de l'académie royale
de peinture Se de fculpture ; Elizabeth-Sophie Cheron ,
habile pour le portrait ; Jean Jouvenet,peintre excellent ;
le maréchal de Coetlogon ; le comte de Gergy, am-
bafiadeur de Fiance à Venife ; la duchefle de Laura-
guais , Se plufieurs autres. 11 y a fous cette églife un
très-grand bâtiment très-utile pour les catéchismes ; on
a trouvé une fource intarifïable , dont on a tiré par-
ti, en y conftruifant un puits qui eft d'un très grand
fecours. La maifon du Séminaire de faint Sulpice eft
tout proche de l'eglife. C'elt un bâtiment très fpacieux,
Se folidement conftruit. La chapelle en eft fort belle :
le plafond , peint par le Brun , repréfente l'Affomp-
tion de la Vierge. L'endroit où fe tient la foire de
faint Germain eft dans le voifinage de faint Sulpice,
à l'extrémité de la rue de Tournon. Ce lieu fut brû-
lé la nuit du 16 au 17 Mars 1762. On y a recon-
ftruit quelques cabannes pour l'ouverture de la foire de
1763. Elle commence le lendemain de la Chandeleur
Se continue jusqu'à la Semaine Sainte. Le couvent des
Prémontrés eft à l'entrée de la grande rue de Sève,
dans un carrefour où fix autres rues viennent abou-
tir. L'eglife eft petite, Se fort Amplement bâtie. La
reine mère Anne d'Autriche y mit la première pierre
en 1661. Plus avant eft l'Abbaye aux Bois, de l'or-
dre de Cîteaux , transférée de Picardie à Paris. La
menuiferie de l'autel eft bien travaillée, & d'un des-
fein niiez régulier. Proche de là , on trouve l'hôpital
des Petites Maifons, appelle ainfi à caufe que ceux
qui font dénués d'esprit y font enfermés chacun dans
une petite chambre grillée , avec des barreaux de fer.
On y nourrir aufli plufieurs vieilles gens. Cet hôpital
étoit autrefois une maladrerie , dépendante de l'abbaye
de Saint Germain des Prés. Il fut rebâti vers l'an 1^7
par ordre de Meilleurs de Ville , & ce font les corn-
miffaires des pauvres , qui en ont l'adminiftration.
L'églifc eft belle, & l'on y fait l'office avec beau-
coup d'exactitude. L'Hôpital des Incurables eft fitué
dans la même rue. On y traite avec grand foin plu-
fieurs malades de l'un Se de l'autre fexe. Les fales , où
les lits fe trouvent placés , font voûtées folidement ,
Se les appattemens dispofés de telle forte , que ceux
des hommes de ceux des femmes , font dans une éga-
le diltance de l'eglife qui eft au milieu. Cette églife,
dédiée à Notre-Dame , eft adminiftrée par un prêtre
qui a titre de curé , Se qui y fait l'office avec plu-
fieurs autres prêtres. Cet hôpital contient dix arpens
de terre, & fut fondé l'an 1634, par le cardinal de
la Rochefoucault , dont le bufte eft au milieu de la
fale des hommes. Proche le marchepied du grand au-
tel de l'eglife eft une tombe de marbre, fur laquelle
font gravés ces mots : Hk conditum eft pericardium ,
cum parte viscerum EminentiJJimi cardinalis Francisci
de la Rochefoucault , hujus Nosocomïi Fundatoris , qui
ohiit anno R. S. H. 1645, 16 Kalendas Martii, &ta-
tis Jua 87.
En continuant de jpiarcher dans la rue de Grenel-
le , proche la rue du Bac , on voit une nouvelle fon-
taine , dont le corps du bâtiment repréfente la décora-
tion du trône de la ville , afllfe au milieu des riviè-
res de Seine Se de Marne , couchées Se appuyées fur
des urnes, repréfentant les fources d'où eiles partent.
La ville, revêtue d'une draperie qui reffemble entiè-
rement à celle dont les anciennes divinités font ha-
billées, porte fur fa tête une couronne murale ; les
deux rivières , accompagnées des attributs qui leur con-
viennent, font bordées de glaçons, dont la chute for-
me un bel ornement. Ces groupes de figures font d'un
marbre blanc bien choifi. Cet ouvrage , en forme ova-
le , s'étend fur quatorze toifes quatre pieds Se demi
de largeur, Se s'élève depuis le rez-de chauffée à la
hauteur de quarante-deux pieds neufs pouces. Il eft
coupé par un avanr corps de râbles de refend, avec
une importe & une frife ornée de fculpture; au de-
vant de la partie circulaire on remarque une table de
maibre noir. Voici l'infcription qu'on y lit:
DU REGNEDE LOUIS XV.
De la cinquième prévôté de mejfire Michel-Etienne
Turgot , chevalier , marquis de Sommons , &c. Con~
feiller d'état ; de l'échevinage de Louis-Henri Veron ,
écuyer , conseiller du roi & de la ville ; Edme-Louis
Meny , écuyer , avocat au parlement , conseiller du roi,
notaire ,• Louis le Roi de Feteuil , écuyer , conjeiller du
roi , Quartinier ,• Thomas Germain , écuyer , orfèvre du
roi : étant , Antoine Moriau , écuyer , procureur &
avocat du roi & de la ville; Jean-Baptifte Julien Tait-
bout , greffier en chef\ Jacques Boucot , chevalier de
l'ordre du roi , receveur.
Cette fontaine a été conftruite fur les dcjfeins d'Ed*
me Bouchardon , Jculpteur du roi , né à Chaumont en
Bafjigny ; toutes les ftatues , bas-reliefs & ornemens
ont été exécutés par lui.
Au-deffous, Se aux deux retours, font pofés qua-
tre mascarons de bronze , dont les deux , qui font au
devant , diftribuent l'eau ; les deux , qui faillent dans
les retours , ne font que pour l'ornement. Au-des-
fus du focle s'élèvent , fur deux piedeftaux , avec bafes
Se corniches , quatre pilaftres dans le maffif du bâti-
ment , Se autant de colonnes, de dix pouces de dia-
mètre, d'ordre ionique, ifolées, groupées Se canne-
lées. Le tout eft couronné d'un entablement orné de
corniches, d'architraves, avec des avirons liés en fau-
toir, avec la frife, & d'un fronron fur le tout, donc
la table intérieure préfente un cartouche, furmonté
d'une couronne de fleur de lis, pour l'écuilbn des Ar-
mes du roi , affermi fur des jonchées de lauriers liées
en lacs. Dans le renfoncement, qui eft entre les co-
lonnes, il y a dans un chambranle d'architecture une
grande table de marbre noir, fur laquelle on lit une
infeription latine , dans laquelle on remarque cette
noble fimplicité dans l'expreffion , qui forme le vrai
fublime. On y reconnoît la modeftie , qui eft le prin-
cipal caractère de fon auteur.
DUM LUDOVICUS XV.
Popitli amor & par eus optimus ,
Publica tranquillitatis affertor ,
Gallici Imper ii finibus innocuè propagatif,
Pace Germanos 3 Ruffbsque inter
PAR
PAR 82ï
Et Ottomanos , féliciter conciliatâ ;
Gloriosè fimid & pacifies regriabat ,
Fontern hune civium utilitati
Urbisque ornamento
Confecrarunt
Prœfecluf & édiles. Anno Domini
1759-
Les côtés circulaires de mur , font de râbles de re-
fend , avec une importe fous une plinte profilée , Se
une fïife ornée de fculprure. On y a percé deux por-
res ceintrées : celle à droite eft pour introduire dans
l'intérieur de la fontaine : celle à gauche eft à l'ufa-
ge des dames religieufes Récollettes , qui ont cédé à
Ja ville le terrein qu'occupe cet édifice. Au-defliis font
figurées deux croifées feintes, ornées de chambranles
d'architecture , dans lesquelles font repréfenrées les ar-
mes de la ville en bas-relief. Sur les tables de pierre,
qui font au-deffus „ faillent des rofeaux liés en fautoir.
Aux deux côtés on apperçoit quatre niches , avec des
archivoltes, dont les extrémités portent fur des im-
polies. Dans chacune des niches font , en pierre de
Tonnerre , les génies des quatre faifons , de grandeur na-
turelle , avec Jes attributs qui les défignent , fur des
piedeftaux. Au-dcffous font auflî , en pierre de Ton-
nerre, quatre bas-reliefs de jeux d'enfans, qui répon-
dent , avec leurs attributs, aux génies des quatre fai-
fons. Entre les quatre niches Se les croifées feintes,
il y a des avant-corps couronnés d'un entablement ,
dans la frife duquel , à l'aplomb du milieu , fortent
les chiffres du roi. Le deffus de l'entablement de tout
l'édifice eft couronné d'un actotere enrichi d'avant-
corps , plintes profilées , Se de tables de relief. L'in-
térieur de cette fontaine eft compofé d'un puifard ,
pour recevoir l'écoulement des eaux d'aqueducs Se
fouterreins pour l'entrée Se la fortie i\cs tuyaux. Au
rez-de- chauffée on trouve un réfervoir de plomb, ar-
mé de fer , pour l'ufage du public. Au-deffus du ré-
fervoir eft une cuvette , ou récipiend des eaux qui
arrivent à cette fontaine , foit pour être distribuées à
ceux qui en viennent chercher , foit pour la commo-
dité des maifons du quartier auxquelles là ville en ac-
corde. L'extrémité de l'intérieur de cette fontaine eft
couverte d'une voûte, avec des dalles de pierre par
deffus. Il y a des pierres d'une beauté très-rare, com-
me celles qui fervent de piedeftal Se de couronne-
ment aux colonnes. La coupe mérite l'attention des
connoiffeurs.
Dans cette même rue on trouve l'abbaye de Pan-
themont, pour des religieufes de l'ordre de Cîteaux.
Elles doivent leur première infiitution à Jeanne-Ché-
fart de Matel , & portèrent d'abord le nom de filles
du Verbe Incarné. Leur fondatrice obtint des lettres
parentes en 1643 par la protection de la reine Anned'Aiv-
triche , & elles s'établirent dans cet endroit , fous leur
premier nom. En 1671 les religieufes de l'abbaye de
Panthemont , au diocèfe de Beauvais , y furent réunies ,
& donnèrent leur nom à cette maifon. Leur églife ,
nouvellemenr bâtie , eft d'une forme finguliere Se ex-
cite la curiofité. Le portail eft ornée de deux colon-
nes qui portent un petit fronton ceintré, furmonté
d'un autre de forme triangulaire. L'intérieur de l'égli-
fe eft en forme de croix. En entrant on fe trouve au
pied du maître autel Se fous le dôme , orné de ban-
deaux en faillie , Se percé de huit ctoifées ; le chœur
des religieufes eft derrière le grand autel. La grille en
eft baffe Se laiffe voir la partie fupérieure de ce chœur.
Toute l'architecture du bâtiment eft de l'ordre ionique.
L'Hôtel Royal des Invalides fe trouve au bout de
cette rue. Ce palais eft un des plus beaux de l'Europe. On
en jetta les premiers fondemens le 30 Novembre
1671 , dans la plaine de Grenelle. C'eft une des plus
belles inrtitutions du règne de Louis XIV.
Ce bâtiment eft carré , & occupe un terrein de 17
arpens. On y rrouve quatre grandes cours d'une même
forme , enrourées de bâtimens réguliers à quatre éta-
ges. Au milieu de ces cours, il y en a une cinquiè-
me auffi grande que les quatre autres enfemble. Elle
eft enfermée par deux rangs d'arcades l'une fur l'autre,
qui forment des galeries fort étroites , pour aller à cou"-
-vert autour. Les combles des édifices font enrichis de
trophées d'armes. La porte de la chapelle fe trouve
au fond de la grande cour, Se vis-à-vis la principale
entrée. C'eft par là que l'on entre dans la partie de
l'églife deftinée pour ceux de la maifon. Cette partie
fait une espèce de nef décorée d'un ordre corinthien
en pilaftres avec des bas côtés Se des galeries au-des-
fus, d'où l'on voit en perspective une partie de la
nouvelle églife. L'autel eft magnifique Se d'un deffein
très-correct. Six grofi'es colonnes torfes Se gtoupées
trois-à-trois Se entoifrées de pampres, d'épis de blé,
Sec. foutiennent fur leurs enrablemens quatre faisceaux
de palmes , qui s'élèvent Se fe réunifient enfemble
pour porter un baldaquin qui couvre le grand autel
Se qui eft terminé par un globe furmonté d'une ctoix.
L'autel Se tous fes ornemens font dorés. La voûte dur
fanétuaire eft décorée de deux morceaux de peinturé
faits par Noël Coypel. Le dôme a 30 toifes depuis le
pavé jusqu'à la clef de fa voûte , & fon ouvetture circu-
laire eft de to pieds de diamètre. Il eft éclairé par douze
fenêtres. Les douze apôtres , avec les inftrumens de
leur martyre peints fur la première voûte font de Jean
Jouvenet , Se la gloire , qui eft dans la féconde voûte >
eft de Charles la Foffe , auffi-bien que les quatre évan-
gélifies qui font entre les arcs doublaux qui portenc
ta maffe du dôme. Les fix chapelles ont chacune en
marbre la ftatue du faint ou de la fainte à qui elles
font dédiées.
Celles de la chapelle de la Ste Vierge Se de Ste-
Thérèfe , qui font dans le croifée font de Corneille
Van Cleve Se de Paul Manière. Les quatre autres
chapelles font dédiées aux quatre pères de l'églife la-
tine. Les voûtes de ces chapelles font divifées en fix
cattouches dans lesquels on a repréfenté les princi-
pales actions du faint dont l'enlèvement eft repréfen-
té dans le fond de la voûte. Celles de S. Jérôme Se
de S. Ambroife ont été peintes par Boulogne l'aîné 5
celle de S. Auguftin par fon frère, Se celle de S.
Grégoire pape par Corneille. Toutes ces peintures font
à fresque Se d'un très-beau deffein. Les ftatues qui
rempliffent les niches font très-bien travaillées. Les bas-
reliefs Se tous les ornemens en général font achevés-.
Le pavé eft de marbre blanc , divifé par des com-
panimens de diverfes couleurs , très-bien rapportées*.
La principale porte de cette églife eft du côté de la
campagne. Sa façade eft de i8 toifes d'étendue. Elle
eft élevée fur un perron de plufieurs marches , Se or-
née d'un grand ordre dorique avec un corinthien au-
deffus. La forme extérieure de l'édifice eft un carré
fur les angles du quel on a placé les pères de l'églife
groupés deux à deux. Au milieu s'élève la tour qui
forme le dôme; elle eft ornée de deux ordres de co-
lonnes , de fenêtres Se de diverfes fculptures , Se au-
tour règne une baluftrade accompagnée de feize fta-
tues de faints. Le dôme élevé qui couronne l'édifice
& qui a environ cinquante toifes depuis le rez-de-chatrc-
fée , jusqu'à- l'extrémité de la croix , eft couvert de
plomb Se décoré de fculptutes Se de dorures dont
l'éclat furprend.
La maifon eft vafte Se remplie d'officiers ou de fol-
dars eftropiés : on y admire principalement le gtand
ordre Se l'exacte discipline qui s'y obfervent.
Au haut de la rue du Bac eft le Séminaire des
Mifllons étrangères. C'eft de là qu'on envoyoit dans
les Indes des eccléfiaftiques zélés pour ptêcher l'é-
vangile aux infidèles. Le fruit qu'ils y faifoient étoic
grand , fi l'on en juge par les relations. Mrs de Saine
Sulpice leur ont fuccédé. Du même côté de la mis-
fion eft un monaftere des filles de la Vifitation, qui
font venues s'établir en ce lieu en 1673, en quittaht la
rue Montorgueil , où elles avoient une chapelle, lors-
qu'elles furent admifes Cn 1660. L'hôpital des Conva-
lescens eft de ce même côté. Il fut fondé l'an i6j2
par Angélique Faure , époufe de Claude de Bullion ,
furintendant des finances, pour huit pauvres coin a-
lescens fortis de la Charité qui peuvent y demeurer
huit ou dix jours, afin d'y tétablir leur fanté , Se de
reprendre leurs forces. Pendant ce tems les religieux
de la Charité leur font des inftrucljons Se des caté-
chismes. La chapelle eft dédiée fous le titre de l'As-
fomption.de J* fainte Vierge. Les Récollettes, qui
o22, PAR
{ont de l'autre côté > dans la même rue du Bac , ont
fait élever depuis peu d'années une nouvelle églife ,
où il n'y a rien que de très fimple , de même que
dans le petit couvent des percs Récollets , qui en eft
fort proche , & nouvellement bâti. On trouve eniuite
!»■ noviciat des Dominicains réformés. Quoique le car-
dinal de Richelieu ait beaucoup contribué à la fon-
dation de ce couvent , il eft demeuré long-tems im-
parfait & fort ferré. Depuis Tannée 1681 ces pères
ont fait élever de fond en comble une nouvelle mai-
fon , qui confifte en plufieurs dortoirs , avec tous les
appartenons néceffaircs à une communauté nombreu-
se. Ils ont aufli fait bâtir une nouvelle églife ornée en
dedans d'un grand ordre corinthien en pilaftres , avec
des chapelles de chaque côté. L'autel principal eft une
espèce de baldaquin , compofé de deux groupes de
quatre colonnes compofités , élevées fur des piédes-
taux de marbre, avec un grand ceintre de menuiferie
dorée , fur lequel eft une ligure de Notre-Seigneur ,
qui reffuscite. Le tombeau de Philippe de Montaut II
du nom, duc de Navailles , maréchal de France , eft
derrière cet autel, dans un espace qu'on a ménagé ex-
près. Ce tombeau eft embelli de figures de bronze
doré, &c de plufieurs ornemens, fur des inferiptions
de marbre. Suzanne de Baudean de Neuillan , veuve
de ce maréchal , a fon tombeau de l'autre côté , &
décoré de la même manière. Martin , fculpteur , a
exécuté ces ouvrages d'après les deffeins de le Brun.
Hyacinte Serroni » premier archevêque d'Alby, y eft
enterré. Cet ordre a fourni dix-neufs confeffeurs de
nos rois. L'hôtel de Luynes, nommé auparavant V hô-
tel de Chevreufe > eft dans la rue Saint Dominique ,
vis-à-vis l'églife des Dominicains , qui lui donne un
fort beau point de vue. Cet hôtel fut bâti pour Ma-
rie de Rohan , ducheffe de Chevreufe, qui eut tant
de part aux affaires de fon tems. Les dehors & 1 e
jardin en font très-beaux.
A l'extrémité de cette rue on voit l'hôpital de la
Charité , qui a une de fes entrées par la grande rue
de Taranne. Les religieux, qui le gouvernent, furent
établis à Paris l'an 1602. Marie de Médicis fut leur
fondatrice, & leur donna de quoi acheter une maifon
vers la rue appellée depuis la rue dcsPetits Auguftins.
La reine Marguerite , ducheffe de Valois , ayant pris
cette maifon l'an 1606 en acheta une autre, avec
quelques jardins , fituée dans la rue des Saints Percs, cV la
donna en échange aux religieux de la Charité. C'eft
à l'endroit de cette maifon qu'on a conftruit l'hôpi-
tal. Peu de rems après on commença à bâtir l'églife ,
& les infirmeries pour les malades. Cette églife , dé-
diée fous le titre de faint Jean-Baptifte , eft très-bien
entretenue. L'ordre des religieux , qui la deffervent ,
fut inftitué par le bienheureux Jean de Dieu , & ap-
prouvé comme une Société l'an 1520 par le pape Léon
X , qui leur donna la régie de faint Auguftin. Outre
les trois vœux ordinaires de la religion , ils en font
un quatrième , de donner leurs foins au foulagement
des pauvres malades. Les prêtres font rares parmi eux,
êc ne peuvent parvenir à aucune fupériorité dans leur
ordre. Cette églife poffede un offement confiderable
du bienheureux Jean de Dieu , que la reine Anne d'Au-
triche obtint de Philippe IV, fon frère , dans leur en-
trevue au mariage du roi. Devant la chapelle de la
Vierge, vis-à-vis de l'autel, eft un tombeau élevé, fur
lequel eft la ftatue d'un homme à genoux, en habit
long , & fur le devant font gravés ces mots :
Ici git Meffire Claude Bernard , dit le pauvre
Prêtre, qui décéda le 25 Mars 1641.
L'hôpital , où font les malades , eft compofé de cinq
grandes infirmeries. Depuis le printems jusqu'à l'au-
tomne on en fait une fixiéme, pour les pauvres qui
font attaqués de la pierre. Cet hôpital n'a été établi
que pour des hommes, qui ont chacun un lit feparé.
C'eft dans cette maifon que l'on reçoit les novices des
religieux de la Chatité, pour tous les couvens de la
province de France. Celui-ci eft le plus nombreux. La
rue de l'Univerfité eft fort longue , & n'eft appellée
ainfi qu'à fon extrémité , du côté du pré aux Clercs. Le
long des] hautes murailles de l'abbaye de Saint Germain ,
on la nomme la rue du Colombier , à caufe qu'il y avoir
PAR
un grand colombier dans la ferme des religieux de cet-
te abbaye , qui s'eft trouvé autrefois en cet endroir.
Plus avant , & au milieu , elle eft appellée la rue Ja-
cob. Cette longue rue eft remplie de belles & gran-
des maifons. La rue, où les petits Auguftins ont leur
couvent , termine d'un bour à celle du Colombier ,
& de l'autre à la rivière. Leur maifon n'a rien de con-
fiderable. Le grand autel de l'églife eft d'une menuife-
rie feinte de marbre, ornée d'architecture, & de plu-
fieurs ftatues de terre cuite. La Reine Marguerite de
Valois , première femme de Henri IV, a été une des
principales bienfaictrices de ce monaftere. Ce fut elle
qui fit bâtir la chapelle , qui eft en coupole , à main
droite , à côté du grand autel. On y lit cette mferip-
tion , gravée fur un marbre :
Le 11. Mars 1608. la Reine Marguerite ,
Duchejfe de Valois , petite-fille du grand roi
François ^feeur de trois rois & feule reftée
De la Race des Valois , ayant été vi/îtée &
Secourue de Dieu , comme Job & Jacob; & lors
Lui ayant voué le vœu de Jacob , & Dieu
L'ayant exaucée , elle a bâti 6" fondé ce Monaftere ,
Pour tenir lieu de l'autel de Jacob , où elle veut
Que perpétuellement f oient rendues allions de
Grâces , en reconnoijjance de celles qu'elle a reçues
De fa divine bonté. Elle a nommé ce Monaftere
DelaSainteTrinité, & cette chapelle , des Louanges^
Où elle a logé les pères Auguftins Déchaujfés.
Ces derniers mots de l'infcription doivent s'enten-
dre des Petits Pères qui fonr déchauffés, &qui, après
avoir demeuré quatre ans en cette maifon , la cédè-
rent aux Auguftins de la réforme de Bourges. Porbus,
un des plus excellens peintres de fon fiécle , 8c Ma-
thieu Iforé d'Airvaur, archevêque de Tours, y font enter-
rés. L'hôtel de la Rochefoucault, autrefois l'hôtel de
Liancourr , eft dans la rue de Seine , derrière le collège
Mazarin. La rue Mazarine eft parallèle àcelle de Seine.On
la nommoit auparavant la rue des FoJJés de Nèfle, à
caufe d'une porte de ce nom , qui fe trouvoit a l'ex-
rrémité, du côté de la rivière, proche de laquelle il
y avoit une haute tour , qu'on a renverfée lorsqu'on
a jette les fondemens du collège Mazarin. Au fortir
de la rue des Foffés Saint Germain , où eft le théâtre
de la Comédie Françoife, on entre dans la rueDau-
phine, pour fe rendre fur le Quai des Auguftins, qui
commence au Pont Saint Michel , & qui finit au Pont
Neuf. Cette rue , qui n'étoit auparavant qu'un grand
espace rempli de jardins & de vieilles mafures , au
travers desquelles on la perça, fut appellée rue Dau-
phine , à caufe qu'on la bâtiffoit dans le tems de la
naiffance de Louis XIII. A l'extrémité il y avoit une
porte de la ville, qui fut abbatue en 1673. Les grands
Auguftins ont leur couvent fur le Quai. Ils vinrent à
Paris vers l'année 1270, fous le nom d'Hermites de
faint Auguftin , & furent logés d'abord près de la rue
Monrmarrre , dans une rue qui en a été appellée la
rue des vieux Auguftins. Ils célébroient l'office di-
vin dans l'églife de Sainte Marie Egyptienne, lorsqu'ils
demeuroient dans ce quartier. Ces religieux s'établi-
rent enfui-e dans la rue des Bernardins , au lieu où
eft à préfent l'églife paroiffiale de Sainr Nicolas du
Chardonnet , & enfin , ils s'affocierent avec des péni-
tens , qu'on nommôit Sachets, à caufe qu'ils étoient
vêtus d'une manière de Sac. Saint Louis les avoit pla-
cés en ce lieu-là, fur le bord de la rivière. Les Au-
guftins, à qui ces pénitens cédèrent la place, pour
fe disperfer en diverfes maifons religieufes, commen-
cèrent à y faire bâtir leur églife , & elle ne fur mife
en l'état où elle eft préfentement que fous le regne
de Charles V, dit le Sage. L'infcriprion , qu'on lifoic
au pied de la ftatue de ce prince , placée à main gau-
che, à l'enrrée de la grande porte, ferr de preuve.
Primus Francorum Rex Delphinus fuit ifte
Exemplar morum , Carolus ditlus ; Boue Chrifte,
Mer ces juftorum , dilexitfortiter ifte:
Hic patet, exemplum, tibi nam complevit honore
Hoc pr&fens Templum : Deo ditetur honore.
L'églife ne fut dédiée qu'en 1 45 } , fous le règne de
Charles VII , par Guillaume Charrier , évêque de Pa-
ris. Le grand autel eft des plus modernes, & n'a été
PAR
achevé qu'en 1678. Il eft orné de huit colonnes co-
rinthiennes de marbre de Saravêche , dispofées en cul
de four ou en demi cefcle. Elles foutiennent une cou-
pole coupée dans le fond de laquelle le Père Eter-
nel , accompagné de plufieurs anges , eft repréfenté
en fculprure. La menuiferie du chœur elt très-belle,
& la tribune qui fépare la nef du chœur eft embel-
lie de colonnes corinthiennes de marbre de Dinan.
Deux chapelles, dont l'une eft dédiée à la fainte Vier-
ge , & l'autre à S. Nicolas de Tolentin , font placées
fur le devant de cette tribune. La chapelle des che-
valiers du S. Esprit eft dans cette églife : c 'étoit l'en-
droit où l'on faifoit les cérémonies des grandes pro-
motions ; mais à préfent c'eft dans la chapelle de Ver-
failles , 6c les Auguftins reçoivent l'offrande. Henri III
avoit choifi cette chapelle, lorsqu'il inftitua l'ordre du
S. Esprit en ij 78 , 6c y fit la première fonction le pre-
mier Janvier. On le voyoit par une infeription qu'on
a ôtée.
On lit dans le journal de ce prince, que cette cha-
pelle fervoit à la fameufe confrérie des Pénitens, fur-
nommés les Blancs battus. Elle étoit compofée des plus
grands feigneurs de la cour, 6c particulièrement des
favoris. L'habit étoit blanc , d'une forme bizarre &
finguliere. Le roi étoit I'inftituteur de cette confrérie.
Les aflemblées extraordinaires du clergé , fe tiennent
ordinairement dans les fales de ce monaftere. Les per-
fonnes de mérite qui y font enterrée: , font Guy du
Faur, fieur de Pibrac ; Jean-Baptifte Sapin, conseiller
au parlement; Remy Belleau , poète célèbre; Jacques
de Sainte Beuve , excellent cafuifte. Ils ont dans leur
cloître en terre cuite un faint François d'Affife de
Germain Pilon. La chambre de Juliïce s'y eft tenue
en 1716, fur l'abus dans les finances. Entre plu-
fieurs grandes maifons qu'on trouve le long de la ri-
vière , en avançant vers le Pont Royal , on doit
distinguer l'hôtel de Conti , qui apartenoit autrefois aux
Ducs de Nevers , de la maifon de Gonzague. Henri
de Guénegaud , fecrétaire d'état , l'ayant acheté , il y
fit faire des augmentations très confidérables. Feue Ma-
dame la Princeffe de Conti , mère de monficur le prin-
ce de Conti , échangea cet hôtel avec lui , contre la
belle maifon du Boucher. L'entrée a toutes les appa-
rences d'un fomptueux édifice. La porte eft couverte de
beaucoup d'ornemens, 6c on la regarde comme un ou-
vrage parfait en ce genre. Les dedans de cet hôtel ont
des beautés qui répondent aux grandes apparences des
dehors. On eftime uaiticulierement la chaDelle.
Le collège Mazarin elt dans l'endroit où étoit au-
trefois la porte de Nèfle. La face de devant eft ter-
minée par deux pavillons carrés 6c ornés de pilaftres
corinthiens avec des vafes fur les combles. Us forment
dans un demi-cercle qui fe trouve entre deux une place
au milieu de laquelle eft la porte de la chapelle, dont
l'architecture eft eftimée. C'eft une espèce de porti-
que , compofé de quatre colonnes corinthiennes 6c de
deux pila 1res aux angles qui foutiennent un fronton,
fur lequel on a placé des groupes. Ces ftatues repré-
sentent les quatre évangéliftes , 6c fur les corps moins
avancés font les pères de l'églife grecque 6c latine.
Ce portique communique aux deux pavillons par des
corps de bâtimens plus bas que le refte , ornés d'un
ordre ionique avec une baluftrade qui cache le toit. Le
dôme de l'églife qui fe trouve au milieu eft enrichi aux
dehors de bandes de plomb doré, qui répondent aux
pilaftres dont il eft décoré , de feftons & de feuilla-
ges, de même fur l'ardoife taillée en écailles de pois-
fon, 6c d'autres fortes d'ornemens. Le dedans de l'é-
glife eft embelli de grands pilaftres corinthiens fous ce
dôme , & de petits du même ordre dans les chapelles
6c dans le vefiibule. Le dôme eft rond en dehors , 6c
ovale en dedans , ce qui paroît fingulier. A côté de
chaque autel , il y a auifi des colonnes de marbre du
même ordre. Le tombeau du cardinal Mazarin , élevé
de quelques pjeJs , eft dans un espace à côté du grand
autel : il y eft* repréfenté à genoux en marbre; 6c aux
faces de ce tombeau , font trois vertus de bronze , as-
fifes dans des attitudes bien imaginées. Cet ouvrage eft
de Coyfevox. La figure du cardinal eft très-bien re-
ptéfencéc. On lit cette épkaphe :
PAR 823
D. O. M.
Et perenni MemorU Juin Ducis
Mazarini S. R. Ecclefi* ,
Cardinalis ,
ltalitt ad Cabale , Germanie ad
Monafterium , totius denique
Orbis Chriftiani ad montes
Pyr&neos pacatoris.
Qui citm res Gallicas , Ludovico Magno
Adhuc impubère , felicijfimè
Adminifirafjèt , atque illum jam
Adultum & regn'i curas capescentem ,
Fide , confilïo , ac indefejjô
Labore juvafiet ,
Deprejfis undique Francia hoftibus
Ip/isque fam& Ju& amulis , virtutum
Spletidore , bénéficias , clementiâ ,
Deviflis ac devint lis placide ,
Et piè ob'v.t Anno
R. S. M. dc. lxi.
JEtatis lix.
Templum hoc & Gymnafium ad
Educationem Nobilium adolescentium
Ex iv. Provinciis Imperio
Gallico recens addilis
Oriundorum extrui
Tefiamento jujfît
Et magnifiée dotavit.
François d'Orbay a donné tous les deffeins de l'églife ,
& c'eft à fon habileté qu'on eft redevable de toutes les
perfections qu'on y remarque. On lit fur la frife du
frontispice du côté de la rivière :
Jul. Mazarin. S. R. E. Card. Bafilicam Se Gymnas.
E. C. A. M. DC. LXI.
Le dedans du collège eft très fpacieux & compofé
de trois cours & d'un jardin. La première eft octogone,
6c ornée de chaque côté de deux portiques -, l'un con-
duit à l'églife , 6c l'autre fert d'escalier pour monter à
la bibliothèque. La féconde cour eft très-grande. Il y
a deux magnifiques bâtimens , dont l'un eft expofé au
midi , l'autre au levant. Les claffes font de plein-pied
avec cette cour. La troifiéme cour eft celle des cuifî-
nes , à côté de laquelle eft le jardin. La bibliothè-
que , compofée d'un nombre prodigieux de volu-
mes, occupe un des pavillons qui avance fur le quai.
Elle eft très-bien dispofée , 6c les armoires font d'une
menuiferie ornée de colonnes 8c de fculptures. Cette
bibliothèque eft publique deux fois la femaine. L'inten-
tion du cardinal Mazarin, qui a fondé ce collège, a
été qu'on y entretînt foixante gentilshommes de quatre
nations différentes, favoir, vingt des provinces d'Ar-
tois, Cambray, Flandres, Hainaut 6c Luxembourg;
quinze d'Alface , Strafbourg , pays d'Allemagne &
Franche-Comté ; quinze de Pignerol 6c les vallées y
jointes. Cafal ayant été rendu au roi de Sardaigne, le
roi a fubftitué à la place de ces provinces , celles de
Breffe , de Bugey &Gex par déclaration du roi du zi
Avril 1724. Ces places font actuellement à la nomi-
nation de M. le duc de Nevers. Les docteurs de la
maifon 6c fociété de Sorbonne , fupérieursde ce col-
lège , en nomment le grand maître , le procureur &
le bibliothécaire : les profeffeurs 6c autres officiers de
ce collège font à la nomination du grand maître, à
l'exception du fous-bibliothécaire que le bibliothécaire
nomme. Il y a de plus un profeffeur de mathémati-
ques, qui n'eit point dans les autres collèges, 6c deux
profeffeurs de rhétorique , dont l'un entre le matin 6c
l'autre le foir. Le' tableau du grand autel eft d'Alexan-
dre Veronèfe , les petits tableaux dans des ronds font
de Jouvener. L'hôtel de Lauzun devenu l'hôtel de la
Roche fur -Yon depuis la mort de ce duc , 6c l'hôtel
de Bouillon font entre le collège Mazarin Se les Théa-
tins. Ces religieux qui n'ont que cette feule maifon en
France, y vinrent l'an 1644, & le cardinal Mazarin
s'étant déclaré leur fondateur, leur lailTa en mourant
82,4 PAR
cent mille écus dont ils fe fervirent pour commencer
leur églife , qui eft demeurée long-tems imparfaite :
l'entreprife furpafToit la fomme léguée. Elle eft à pré-
fent finie. On y garde le cœur du cardinal Maza-
rin. Le corps du père Quinquet & celui d'Edme Bour-
fault , repofent dans cette églife. Ils ont été nommés
Théatins , à caufe de Jean Caraffe , évêque de Théate ,
qui inftitua leur ordre en IJ24, fous le titre de Clercs
Réguliers. Le Pont Royal , qui eft fort peu éloigné des
Théatins, a été bâti en i68j , en la place du pont
Rouge , qui n'étoit fait que de bois. Ce pont eft fou-
tenu de quatre piles Se de deux culées , qui forment
cinq acches entre elles. Les deux extrémités du même
pont font en trompe , pour en faciliter l'entrée aux
carroffes Se aux groffes voitures. Il y a des trotoirsdes
deux côtés pour la commodité des gens de pied. Sa lon-
gueur eft à peu près de foixante Se douze toifes. Sa
largeur eft de huit , quatre pieds , desquelles on a pris
neuf pieds pour chaque trotoir , fans compter deux
autres pieds pour l'épaifTeur des parapets. Dans le mas*
fif de la première pile du côté du Louvre , on a en-
ferrée plufieurs médailles, qui furent pofées avec cé-
rémonie le x$ d'Octobre i68j. La plus grande eft d'or,
Se pefe un marc fept gros , Se vingt-quatre grains. D'un
côté eft la tête de Louis XIV avec ces mots :
LUDOVICUS MAGNUS
Rex Chriftïanijfimus.
Ceux ci font de l'autre;
Urlls
Ornamento
Et
Commodo
Tons ad Luparam
Conftr.
Ann. M. dc. lxxxv.
Cette grande médaille a été mife dans une boé'te de
bois de cèdre, longue de quatorze pouces , Se large de
dix , avec douze autres d'argent , dont chacune mar-
que quelque action particulière du roi , &c qui pefent
toutes enfemble fix marcs une once fix gros. Au fond
de la boé'te eft une table de cuivre doré d'or moulu ,
large de cinq pouces, & longue de neuf, fur laquelle
eft i'infeription fuivante en lettres de relief :
LUDOVICUS MAGNUS
Rex ChriftianiJJimus ,
Devitlis hojhbus ,
Tace Europx indiUà ,
Regu Civitatis commodo intérims ,
Pontem Lapideitm
Lignco & caduco
Ad Lit\ aram fnbftituit ;
Ann. m. dc. txxxv.
Pour conferver cette boé'te , on l'a mife dans une au-
tre de plomb foudé -, ces deux bo'étes , qui n'en font
qu'une, ont été incaftrées dans une grande pierre de
quatre à cinq pieds de long , fur trois de large, pofée
à la neuvième affife de la troifiéme pile.
Le Pont Neuf, par le milieu duquel on trouve une
entrée dans l'ifle du Palais, offre à ceux qui le traver-
fent une vue charmante. Elle s'étend d'un côté fur le
Louvre , qui fait une longue fuite de fuperbes bâtimens
aux bords de la Seine , Se de l'autre fur un grand nom-
bre de fomptueux édifices , avec le Cours de la reine ,
qui borne cette vue, Se le Mont Vaiéiicn qui s'élève
au-deffus. Tout cela foi me enfemble une agréable per-
fpective dans l'éloignement. Ce grand ouvrage fut en-
trepris fous le règne d'Henri III , qui en fit jetter les
premiers fondemens l'an 1578. D'abord on commença
à travailler avec un fort grand empreffement aux qua-
tre piles, du côté de la rue Dauphine: elles furent éle-
vées à fleur d'eau dès la première année ; Se les troubles
qui furvinrent ayant fait discontinuer ce travail , le pont
demeura imparfait jusqu'en 1604 , que le roi Henri IV ,
le fit achever. Sa largeur eft de douze toifes, en y
PAR
comprenant les parapets. La route du milieu eft de
cinq , Se le refte ell occupé par les trotoirs. Sur cha-
que avant-bec il y a une avance en demi-cercle , de
l'épaifleur de la pile Se tout autour ; dans les longueurs
du ponr , règne une corniche portée fur de grandes con-
foles foutenues par de très-beaux masques.
La ftatue équeftre de Henri IV eft au milieu du
pont relie y fut érigée le 25 d'Août 16 14 ; mais tout ne
fut entièrement terminé qu'en 1635. Cette figure a été
élevée fur un piedeftal de marbre de figure oblongue.
Les bas-reliefs repréfentent les principales actions de
ce grand prince ; aux quatre angles du piedeftal, fur
un embrafement de marbre Turquin , font autant d'es-
claves attachés , qui foulent à leurs pieds des armes
antiques de différentes espèces : Francheville , originai-
re de Cambray , les a deifinés Se jettes. La figure du
cheval a été faite à Florence : il eft de Jean Boulogne,
né à Douay , élevé de Michel Ange di Buona Rota:
les connoiffeurs prétendent que ce cheval eft d'une fi-
gure trop maffive & trop épaiffe, pour être de batail-
le. La figure du roi eft de Dupré ; la dépenfe du pie-
deftal Se des ornemens a monté à trente mille écus.
Cômell, grand duc de Toscane, fit préfentdu che-
val à Marie de Médicis , pendant qu'elle étoit régente.
Le chevalier Pescholini , agent extraordinaire du grand
duc , le préfenta à Louis XIII & à fa mère ; le vais-
feau dans lequel cette figure fut embarquée , fit nau-
frage contre des rochers, Se on eut beaucoup de peine
à le tirer de la mer. Louis XIII mit la première pierre
aux fondations du piedeftal ; le duc de Liancourr , gou-
verneur de Paris , Se plufieurs autres perfonnes de dir
ftinction étoient à cette cérémonie. Voici 1 infeription
qui eft dans le ventre du cheval :
A LA GLORIEUSE ET IMMORTELLE
MÉMOIRE
DU TRES - AUGUSTE ET TRES -INVINCIBLE
HENRI LE GRAND,
QUATRIEME DU NOM,
ROI DE FRANCE ET DE NAVARRE.
Le féréniffime grand duc de Toscane , Ferdinand , mû
d'un bon zèle pour la poftérité , fit faire & jetter en
bronze , par l'excellent fculpteur , Jean de Boulogne ,
cette ftatue repréfentant à cheval fa majefté très-chré-
tienne , que le féréniffime grand duc Côme II du nom
a fait élabourer par le fieur Pietro Taca , fou fculpteur ,
Se l'envoya en très-digne préfent , fous la conduite du
chevalier Pescholini , agent de fon alteffe féréniffime , à
la très-chrétienne Se très-augufte Marie de Médicis,
reine régente en France après le décès de ce grand roi ,
fous le règne du très-augufte Louis XIII du nom , roi
de France Se de Navarre , par le commandement très-
exprès duquel Se de ladite dame reine fa mère , étant.
Mrs de Verdun, premier préfident en la cour de par-
lement de Paris ; Nicolaï , premier préfident en la cham-
bre des comptes -, de Bellievre , procureur général de
fa majefté ; de Mesmes , lieutenant civil j le Fevre , pré-
fident ; du Moulin , de Gaumont , Gaudefroy , Vallé ,
Hotman , Aimeras , de Donon , Se le Gras , tréforiers
généraux de France audit Paris ; Miron , préfident aux
requêtes , prévôt des marchands ; des Neaux , ClapifTon ,
Huot , Pasquier , échevins ; Perot , procureur du roi
pour la ville ; tous commiffaires , ayant l'intendance de
la conftruction du Pont Neuf de Paris , ont au milieu
d'icelui , préfent le fieur Pierre de Francheville , pre-
mier fculpteur de leurs majeftés , fait dreffer Se pofer
avec folemnité ladite ftatue fur le piedeftal à cette fin
érigé. Affiftans à ce , meffieurs de Liancourt , gou-
verneur de Paris, lesdits de Mesmes , lieutenant civil ,
le prévôt des marchands , Se les échevins de ladite
ville.
L'an mil fix cens quatorze ,
le vingt-troifiéme jour d'Août.*
Millotet, avocat général au parlement de Bourgogne,
a fait les inferiptions fuivantes. Sur la principale on
lit:
ERRICO
PAR
ERRICO 1111.
Galliarum Imper atori
Navarr. R.
LUDOVICUS XIIL Filius ejus ,
Opus incho. & intermijfum pro
Dignitate pietatis & imperii plenilts
Et ampliùs abjolvit.
Emin. D. C. Richelius ,
Commune votum Populi promovh,
Super illufl. viri de Bullion ,
Bouthillier , P. JErarii F. faciendum
Curaverunt ,
M. DC. XXXV.
Au-deffus eft cette autre :
Quisquis h&6 leges , ita legito
Uti optimo Régi precaberis,
Exercitum fortem , populum
Fidelem ,
Imperium fecuntm ,
Et annos de noftris ,
B B. F
Le premier bas-relief repréfente la bataille d'Arqués,
gagnée par Henri IV.
Le fécond la victoire d'Yvry , contre les Ligueurs \
ces heureux fuccès lui fervirent infiniment pour fes
grands deffeins.
La bataille d'Arqués :
Genio Galliarum S. & inviclififimo
R.
Qui Arquenfis pralio magnas
Conjuratorum copias parvâ
Manu fudit.
Pour la victoire d'Yvry :
Viclori triumphatori feretrio ,
Terduelles ad Evariacum cx.fi ,
Malis vicinis indignantibus ,
Et favemibus
Clementiff. ' Imper.
Hispano Duci optima reliquit.
L'entrée triomphante de ce prince dans Paris eft
marquée par cette infcription gravée fur la face du cô-
té de la rivière :
N. M. Régis ,
Rerum Humanarum Optimi ,
Qui fine c&de urbem ingrejjus
Vindicatâ rebellione ,
Extinclis fattionibus ,
Gallias optatâ pace compofuit.
La prife d'Amiens, fur les Espagnols, eft ainfi ex-
primée :
Ambianum Hispanorum fraude
Intercepta , Errici M. virtute
A fier ta ,
Ludovicus XIIL M. P. F.
Iisdem ab hoflibus fiepiùs fraude ,
Acfcelere tentants ,
Semper jufiitiâ & fortitudine
Superior fuit.
La prife de Montmélian, en Savoye , eft conçue en
ces termes :
Mous y
Omnibus ante fe Ducibus Regibusque
Frufirà petitus ,
Errici M.felicitate fub imperium
Redaclus ,
Ad Aternam fecuritatem ac
Gloriam
Gallici nominis.
PAR 82/
Ces deux infcriptions font fous fes bas-reliefs qui re-
gardent la Samaritaine, du côté du feptentrion. Sur là
grille de fer qui renferme ce monument , on lit :
Ludovicus XIIL P. F. F.
ïmperii, virtutis , & fortune
ObfequentiJJ]
Uœres , LL. D. D.
Richelius C.
Virfupra titulos & confilia
Omnium
Rétro priniipum , opus abfolvendum
Cenfuit,
N. N. 1. 1. V. V. De Bullion, Bouthillier,
S. A. P. Dignitati & regno pares 3
JEre, Ingenio , Cura ,
Difiicillimis ttmporibus P. P.
Après la ftatue équeftre de ce grand roi , on trouve la
Samaritaine au bout de ce pont , du côté de Saint Ger-
main l'Auxerrois : elle a été confti uite fous le règne
d'Henri IV , à la féconde arche. La lettre de ce prince
écrite à M. de Rony , le 23 Août 1604, le prouve
fans réplique : on la trouve dans les mémoires de ce
grand minilhe ; en voici les paroles : Mon ami , fur ce
que j'ai entendu que le prévôt des marchands & éche-
vins de ma bonne ville de Paris font quelque réfifiance
a Lhulaer Flamand , de pofer le moulin Jervant à fin
artifice en la deuxième arche du Pont - Neuf, du coté
du Louvre , fur ce qu'ils prétendent que cela empeche-
roit la navigation , je vous prie les envoyer quérir & leur
parler de ma part , leur remontrant en cela ce qui ift
de mes droits ; car à ce que j'entends , ils les veulent
itfitrper , attendu que ledit Pont eft fait de mes deniers
& non des leurs. Ce bâciment fut détruit en 1712,
parce qu'il périffoit, Se il fut entièrement reconihuit
vers la fin du mois d'Août 1715 , fur les defieins de
Robert de Cofte ; mais gn n'y a pas rétabli des orne-
mens qui attiroient les regards de tous les curieux en
partant fur le Pont Neuf: on y voyoit fur le cadran des
heures une aiguille qui marquoit le cours annuel du fo-
leil , Se une autre , en marquant les diffétens phafes
de la lune pendant le mois , en marquoit aulîi le cours
annuel. Cet édifice contient une pompe foulante Se as-
pirante, pour élever les eaux dans les greniers d'où elles
partent , pour descendre dans la groffe conduite qui
aboutit au vieux Louvre , d'où tes branches fe féparent
pour fournir l'eau : 1. au refervoir conllruit en 1720,
vis-à-vis le Palais Royal -, 2. au jardin des Tuileries ;
3. dans différentes maifons appartenantes au roi. La nou-
velle a été faite avec plus de goût Se plus d'art que
l'ancienne. Le frère Nicolas , religieux Auguftin , a
rectifié les défauts qui étoient dans l'intérieur du bâti-
ment, pour*en rendre la vifite plus facile à faire jus-
qu'à la rivière. Les façades des côtés font percées de
cinq fenêtres , qui font paroître une difiribution de trois
étages , quoiqu'il n'y ait véritablement qu'un rez-de-
chauffée , un étage Se le comble. La face du côté du
pour n'a que trois croifées. La porte d'entrée eft ptife
dans ce qui en formoit une quatrième , parallèle à celle
dont on tire le jour pour contribuer à éclairer le rez-
de chauffée. Ces croifées font feparées par un avant-
corps en boffage ruftique vermiculé Se ceintré au-deffus
du cadran , qu'on a placé dans un renfoncement , donc
le bas eft rempli par un groupe qui repréfente Jefus-
Chrift, avec la Samaritaine, auprès du puits de Jacob.
Dans le milieu , au deffus du ccintre , on a élevé un cam-
panile de charpente, revêtu de plomb doré, où font
les timbres de l'horloge , 8c ceux qui compofent le car-
rillon, qui joue à toutes les heures : on a pratiqué,
dans la pile qui foutient la féconde arche , une forge
qui fert pour travailler les fers qu'on emploie pour
l'entretien de cette pompe.
Ce fut fur ce pont, qu'en 1739, les 29 & 30 Août,
la ville donna une fête à l'occafion du mariage de ma-
dame Louife-Elizabeth de France, Se de don Philippe
Infant , & grand amiral d'Espagne, qui fut folemnifé
par un feu d'artifice Se des illuminations , dont on n'a
point encore trouvé d'exemples en pareille circon-
ftance.
Tom, IV. M m m m m
826
PAR
PAR
La Place Dauphine , qui eft à la pointe de l'ifle du
Palais , vis-à-vis le cheval de bronze , eft de figure py-
ramidale. Les maifons qui la forment , furent élevées en
1606 , peu d'années après la naiffance de Louis X11I,
Se on l'appella Place Dauphine , à caufe du titre de
dauphin que ce prince avoit alors. Ces maifons font
bâties de briques , avec des cordons de pierres de taille,
toutes d'une même fymmétrie. On a ouvert de ce côté-là
une entrée pour le Palais. Cette place Se les quais
qu'elle a de chaque côté , favoir le Quai des orfèvres
Se celui des Morfondus , ont été pris dans un grand ter-
rein , qui faifoit autrefois une partie des jardins du pa-
lais , lorsque les rois y tenoient leur cour. Ces jardins
étoient dans une pofuion fort agréable.
L'églife de Notre-Dame , métropolitaine de Paris ,
eft très-ancienne. Elle porta d'abord le nom de faint
Denis , qu'elle reconnut pour fon fondateur -, mais ayant
été rebâtie vers l'an j 22, fous le règne de Childebert ,
fils de Clovis, elle fut dédiée à la fainte Vierge , dont
elle a toujours confervé le nom depuis ; le roi Robert,
ne trouvant pas que ce bâtiment eût affez de magnifi-
cence, en entreprit un nouveau , Se il ne fut achevé
que fous le règne de Philippe Auguftc. L'architecture
en eft gothique , aufli belle que bien entendue. Cette
églife eft très-confidérable par fa grandeur Se par fa
folidité. Les vontes ont dix-fept toifes de hauteur. La
largeur de la nef eft de vingt-quatre -, Se la longueur en-
tière de foixante Se cinq, à la prendre depuis la porte
jusqu'aux parties les plus éloignées derrière le chœur.
On ellime beaucoup les deux grands vitraux ou rofes
des deux extrémités de la croifée, enrichis de vitres
peinres en aprêt , dont les couleurs font très-vives Se
d'une variété merveilleufe. Les bas-côtés ou corridors
font doubles dans tout le tour , Se féparés par un rang
de greffes colonnes. Les chapelles , en grand nombre ,
font toutes dans une jufte proportion , fur-tout dans la
nef, où elles reçoivent plus de clarté que celles qu'on
voit derrière le chœur , à caufe que les voûtes en font
plus exhauflees. Une grande galerie règne fur ces mê-
mes bas-côtés , tout autour de l'églife. Les deux gros-
fes tours carrées , qui font fur le devant de la même
églife, Se qui font une manière de frontispice fur les
trois ouvertures des grandes portes , ont trente-quatre
toifes de hauteur. Le deffus eft en rerrafle. Ces tours
renferment de fort belles cloches, dont la plus groffe
du poids de quarante-quatre milliers, fut fondue deux
fois en 1688. Les dehors de ce grand Se fompruetix
édifice ontauffi leur beauté particulière, principalement
derrière le chœur , où l'on voit plufieurs pyramides dé-
licatement travaillées , enrichies de feuillages , de tê-
tes Se de figures entières. Elles font placées à l'extré-
mité des arcs-boutans , qui pouffent la voûte du chœur.
Les portes font chargées de quantité de fculpturcs , qui
repréfauent des faims, des anges & des patriarche's de
l'ancien teftament. On diftingue entreautres chofes vingt-
huit figures des rois , plus grandes que le naturel , fur
une même ligne, qui occupent toute la largeur du froii-
tispice. Tout le corps de l'églife Se des galeries eft
couvert de plomb. Les dedans en font obscurs ; mais
le chœur l'eft moins que tout le refte , à caufe que l'on
a mis du verre blanc à la place de l'ancien » qui étoit
coloré Se fort épais. Il eft orné de tableaux de la main
de Jouvenet, repréfenrant la vie de la Vierge. Le grand
autel étoit comme celui de toutes les cathédrales du
royaume , c'eft-à-dire , enfermé entre quatre colonnes
de cuivre , qui foutenoient des pentes Se des rideaux.
On en a conftruit un qui eft tout différent Se d'un meil-
leur goût. Louis XIII fe l'étoit ptopofé par un vœu ;
mais une^ entreprife de cette conféquence étoit aufli
d'une exécution ttop difficile pour qu'on pût l'entre-
prendre aufli promprement qu'on l'auroit fouhaité. La
première pierre en fut pofee le lundi fept Décembre
1699:1a fouille, qu'on fut obligé de faire pour cette
opération , desabufa de ce qu'on avoit cru jusques-là que
ce grand bâtiment avoit été conftruit fur pilotis Au
milieu de la première aflife des fondations creufées jus-
qu'à l'eau , on plaça une pierre carrée , creufe d'un
demi pied en tout fens , dans le vuide de laquelle on
mit d'abord une couche de charbon broyé , Se par des-
fus une lame de cuivre doré , où font gravées ces paroles •
LOUIS LE GRAND ,
Fils de Louis le Juste , Se petit- Fils
D'Henry le Grand ,
Après avoir dompté l'Héréfie
Rétabli la vraie Religion dans to ut fon
Royaume, terminé glorieufemcnt
Plufieurs grandes guerres par Mer
Et par Terre ,
Voulant accomplir le Vœu du Roi
Son père,
Et y ajouter des marques de fa piété,
A fait faire dans la Cathédrale de Paris
Un Autel avec des ornemens
D'une magnificence au-deiïus du
Premier projet,
Et l'a dédié au Dieu des Atmées ,
Maître de la Paix & de la Victoire ,
Sous l'invocation de la Sainte Vi:rge ,
Patrone & protectrice de fes Etats ,
L'an de N. S. 1699.
Par deffus cette lame , on remit du charbon broyé ,
Se fur ce charbon on plaça quirr. „-,édailles , uned'or,
du poids d'un marc un gros, qui repréfentoit d'un côté
Louis XIII en bufte , avec cette infeription autour :
Ludovicus XIII. Franc. & Nav. Rex.
Et de l'autre côté Notre-Dame de Pitié, avec un
Chrift mort fur fes genoux, & le roi Lon is Xi. qui
lui préfente fa couronne Se fon feeptre , avec ces
mots :
Aram vovit M. DC. XXXVIII.
Cette autre légende étoit autour:
Se & Regnum fub B. Marie tutelâ
confecravït.
La féconde médaille aufli d'or pefe un marc jufte :
elle repréfente Louis XIV en bufte, av:c cette in-
feription autour:
Ludovicus Magnus , Rex Chrijîianijfimus.
Et fur le revers on y a repréfente l'autel fur le mo-
dèle qui a paru quelques années de fuite , du deffèin
de Jules Hardouin-Manfart, alors furintendant desbâ-
timens , formé de quatre colonnes torks, d'ordre com-
pofite , pofées en demi-cercle , qui ponoient un demi-
baldaquin , avec ces mots au bas :
Aram pofuit M. DC. XCIX.
Et cette autre infeription autour :
Votam à Pâtre nuncup mira folvit.
Les deux autres médailles qui font d'argent , de la mê-
me grandeur que celles d'or , repréfenteot les mêmes
chofes. Celle de Louis XIII pefe cinq onces un gros.
Celle de Louis XIV , cinq onces jufte. Les quatre mé-
dailles font rangées à côté l'une de l'autre , les deux d'or
font vers l'évangile , Se les deux d'argent vers l'épure ;
on remit du charbon broyé , Se fur ce charbon une pla-
que de plomb taillée en carré , de la grandeur de l'ou-
verture , qu'on fit entrer à force. Les travaux oiv é é
interrompus jusqu'en 1708, qu'en a recommencé le
quatrième de Novembre , Se ont été finis le 2 1 Avril
1714. Le dimanche 22,011 chanta le Te Dam pour
la paix de Raftadt. Le 2; , on célébra une nieffe pon-
tificale, Se le cardinal de Noailles a fondé à cette oc-
cafion une meffe folemnelle à pareil jour. Le fond du
chœur eft terminé par une grande niche , ou enfon-
cement circulaire , revêtue comme tout le relie ; elle
eft furmontée d'une gloire fur fon ceintre, au milieu
de laquelle eft un triangle entouré de grands nuages
de chérubins Se de rayons fort étendus , qui brillent
d'une très-riche dorure . La figure de la Vierge eft au
PAR
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827
milieu de la niche , alîife au pied de la croix , qui rient
un Chiiil appuyé fut les genoux. Ce groupe de maibre
cil d'un contour Se d'une. correction toute particulière.
Cet ouvrage elt de Couitou l'aîné ; l'autel des renés cil
au bas. A droite eft la figure de Louis XIII à genoux ,
revêtu de fes habits royaux, offrant fon feeptre Se fa
couronne. Couitou le jeune l'a travaillée : elle cil fort
reflemblante. Louis XIV elt a peu près dans la même
attitude ; Se quoiqu'il foit de Co> Ccvox , très-habile dans
fon art , il n'a pas réuffi pour la rellèmblance. Ces
deux figures font pofees fur des piedeftaux de marbre.
Sous les arcades de chaque côté en descendant de l'au-
tel des fériés , on remarque fix anges de métal , de gran-
deur naturelle, qui portent les inltrumensde la palfion.
Il y en a trpis de chaque côté , Se ils font pofés fur des
manières de cul de lampe , ornés de feuillages, & cou-
vrent les jambages qui portent les arcs du rond point.
Le grand autel occupe à peu près le milieu du fan-
âuaire , dont le devant eft orné d'un bas relief doré Se
de marbre choifr. Aux deux extrémités on a placé deux
anges adorateurs* La croix d'argent & les fix chan-
deliers font de Claude Balin , fameux orfèvre. Le
fancluaire eft parqueté de maibre , à cornpartimens de di-
verfes couleurs, élevé de quelques pieds plus que touc
le refte du chœur , dont il eft féparé fur le devant pat-
une baluftrade circulaire auffi de marbre, dont les ba-
lultres font de bronze doré. Les fraies fonr d'une ri-
che menuiferie, fort ornées de fculptures , avec un cou-
ronnement avancé , foutenu de confoles , qui régnent
également par tout : les bas-reliefs qu'on y voit repré-
fentent les points principaux de la vie de la Ste Vier-
ge , dans des cartouches* de différentes figures , entou-
rés de bordures, Se d'autres accompagnemens très bien
exécutés. La chaire archiépiscopale , Se celle vis a vis,
font d'une très-belle forme : la porte principale , & les
ouvertures fous les arcs autour du fancluaire, font fer-
mées pat des grilles de fer doré : le defiein en eft beau ,
mais il y a plus de travail qu'il ne faut pour la perfe-
ction : toute létendue du chœur eft d'un parquet de
marbre bien diverhfié. Au pied du fancluaire font les
entrailles de Louis XIV, dans un petit caveau fermé
d'une pierre de maibre, autour de laquelle il y a une
bande de marbre blanc en forme de cercle , fur la-
quelle on lit : H)c j.icent visetra Kegis ckrtftumijjimi
L;:dovic; XIV. Les arcades font revêtues de lambris de
maibre blanc à panneaux de maibre de Languedoc ,
ainfi que les gros piliers du fancluaire, qui ne font
point chargés de menuiferie. Tous ces lambris font
couverts de beaucoup d'ouvrages de fculpture de mé-
tal doré , repréfentant des trophées d'éghfe , Se grand
nombre de fujets fymboliques. En forçant du chœur ,
on trouve deux chapelles , dont celle de la Vierge eft
la plus décorée par lesornemens de fculpture, qui en
font la beauté. La figure de la Vierge, tenant 1 En-
fant Jefus dans fes bras , eft de maibre & fort bien tra-
vaillée. Le cardinal de NoaiiLs a voulu être enterré
vis-à vis : on y a conliruit un caveau , dais lequel on
a mis fon corps. 11 ell fermé par une grande tombe
de marbre noir , fur laquelle on a gravé fon épitaphe.
La chapelle de faint Denys , apôtre de Paris , ell de
l'autre côté : la figure de marbre eft auffi d'une belle
exécution. Ce faim évêque y elt repréfenté à l'antique.
Toute cette églife eit à prélènt d'une grande propre-
té , par les foins Se les depénfçs confidérables que le
cardinal de Noailies y a faites. La famille de ce prélat
y a une très belle chapelle , dans laquelle elle a choifi
fa fépulture. La famille de M. de Vintimille, fucces-
feut de M. de Noailies, y a auffi une très-belle cha-
pelle à côté , où ell pareillement fa fépulture. Il y a
dans cette églife un très-grand nombre de tableaux ,
dont la plupart font des meilleurs maîtres. Il y a fept
lampes d'argent qui brûlent toujours devant la chapelle
de la Vierge. Vis-à vis elt la ftatue à cheval de Phi-
lippe IV , dit le Bel , armé & caparaffonné félon la
manière de fon tems. Ce prince eft repréfenté tel qu'il
croit lorsqu il entra dans1 cette égli e pour \ rendre grâ-
ces à la fainte Vierge du fuccès de la célèbre bataille
de Mons en Puelle , qu'il gagna le 18 Août 1304,
contre les Flamands. Le grand tableau qui eft tout
proche, & qui fait voir Louis XIII à genoux en man-
teau royal, au pied d'un Chrift détaché de la ci ou,
eit un vœu que ce roi fit dans une dangereufe mala-
die. Le chapitre ell compofé d'un doyen, d'un chan-
tre, des archidiacres de Paris, de Jolàs Se de Brie,
d'un fouschantre, d un chancelier, d'un pénitencier Se de •
cinquante &ç un chanoines. Il n'y a point d'églife cathédrale
en Europe où lefetvice divin fe faffe avec pius de ré-
vérence Se plus de pompe. On conferve dans la fircri-
ftie de cette métropolitaine plusieurs reliquaires fort
riches , Se entre autres le chef de faint Philippe , qui eft
d'or enrichi de pierreries très confidérables, & fou-
tenu par des anges de vermeil. C'elt un préfent de Phi-
lippe Augulte. Tous les ans , le jour de la peirecôte ,
on expofe un ornement de fatin cramoifi , dont toute
la broderie eft de perles , parmi lesquelles il y en a
d'affez grofîes. La reine Ifabeau de Bavière donni cet
ornement, pour obtenir de Dieu la guérifjn du roi
Charles VI [on mari , qui étoit tombé en démence.
Derrière leglife de Notre Dame, il y en a une fort
ancienne , que l'on nomme Saine Denys du Pai , à
caufe du premier martyre qu'on y fit foufflir à ce faine,
qui fut mis en cet endroit dans un four chaud. Oa tient
qu'il en fortit miraculeufement , fans en avoir reçu au-
cune incommodité. On remarque très facilement dans
la nef la figure coloflale de faint Chriltophe. Elle a été
faite en 141 3 aux dépens d'Antoine des Effars, cham-
bellan du roi , Charles VI , qui ell repréfenté à côté ,
habillé à la manière de fon tems. On y dit la meffe
une fois l'année le jour de la fête Je ce faint. La chiffe
de faint Marcel eft derrière le chœur. Elle eft en for-
me de petite églife gothique, & ornée de pierres pré-
cieufes. L'églife de Saint Jean le Rond , actuellement
démolie, étoit contigue à celle de Notre Dame. C é oit la
paroilTc de tous ceux qui demeurent dans ce cloître.
Les chanoines ont leur logement particulier Us vivoient
autrefois en communauté comme des religieux , Se alors
il n'étoit pas permis aux femmes d'y demeurer ; mais
depuis qu'ils ont été logés féparément , ceux qui
avoient des appartemens de refte ont été autorifés à
les louer , ce qui a in.trod.tiit indifféremment toutes for-
res de perfonnes dans ce cloître. L'Hôtel-Dieu , qui
cil auprès de Notre Dame , eft le premier Se le plus
grand hôpital de tout Paris. Il y a quantité de fales ;
Se comme on y reçoit fans exception tous les pauvres
malades , on y en a vu jusqu'à cinq mille. Ils font trai-
tés avec un grand foin, Se fervis par des religieufes de
l'ordre de faint Auguftin, dont on ne peut affez louer
le zèle pour les malades. Le bâtiment eft fi reffer-
ré , à caufe que l'espace où il fe trouve elt borné de
rues de tous côtés, qu'on a été obligé de l'étendre fur
la rivière , Se de bâtir une grande fale fur une voûte
fort longue , fous laquelle coule l'eau. Il y a des fales
fé parées , où l'on met ceux qui font attaqués de la même
maladie , afin d'empêcher que le mal ne fe communique.
La fale qui eft du côté du petit Pont , dont le dehors
elt orné de figures, fut fondée vers l'an ijjj, par le
cardinal Antoine Duprat , chancelier de France. On
croit que la première fondation de ce grand hôpital a
été faite par faint Landry , vingt-neuvième évêque de
Paris , qui vivoit fous le règne de Clo\ is II en 660.
Vis-a-vis la principale porte, à l'entrée du parvis de
Notre Dame , étoit une g#ande ftatue de pierre fort
haute, qui repréfentoit un homme tenant une bo'étc
à fa main , & un ferpent à côté de lui. Cette boëte
cv ce ferpent donnent lieu de croire que c'étoit la fta-
tue d'Esculape , que l'on préfume avoir eu quelque
temple en cet endroit. De l'autre côté de 1 Hôtel-Dieu
elt un hôpital des Enfans trouvés. C'elt là qu'ell le
bureau des adrniniftratéurs. Autrefois quand on trou-
voit des enfans expofés dans les rues, on les portoit
en une mai fon près du palais archiépiscopal; Se tous
les hauts julticiers de la ville étoiem obligés de payer
de certaines taxes pour fubvenir à leur entretien. Le
pere du fireuil , dans fon li-re des antiquités de Pa-
ris , dit que l'abbaye de Saint Germain des Prés, donc
il étoit religieux , étoit rasée pour ù part à cent cin-
quante livres. Tout ce quartier, qu'on appelle la Ci-
té , ell rempli de petites rues & d'un grand nombre
d'églifes fort anciennes. Saint Criftophe, étoit àl'oppofite
de faine Jean le R ond ; Se l'églife de fainte Geneviève des
Tom. IV '. M m m m m ij
8a8
PAR
PAR
Ardens étoit dans la rue Notre-Dame. Elles ont été
détruites pour aggrandir le terrein de l'hôpital des En-
fans trouvés , fur lequel on a fait construire un fort
beau bâtimenr & une églife peinte en forme de crèche.
Sainte Marine eft la paroifle de l'archevêché j c'eft au
curé de cette paroifle qu'on renvoie les mariages or-
donnés par fentcnce de l'ofiîcialité. François Miron,
furnommé le père du peuple , lieutenant civil Ôc pré-
vôt des marchands , y eft inhumé. Saint Pierre aux
Bœufs : S. Landry ; dans cette féconde églife repofent les
corps du chancelier Boucherat, de fa famille, & de
François Girardon, fculpteur célèbre. Ste Croix delà
Cité , faint Pierre des Arcis , faim Martial , dont l'é-
glife eft tombée par fon ancienneté , & dont la cure
a été réunie à celle de faint Pierre des Arcis; fainte
Magdeléne , faint Germain le Vieux & faint Barthé-
lémy , font d'autres paroifles de ce quartier. L'églife de
Saint Germain le Vieux , dédiée autrefois à faint Jean
Baptifte , prit le nom de faint Germain , après qu'on
y eut mis en dépôt les reliques de ce faint. On les y
apporta de l'abbaye de Saint Germain des Prés , qui
étoit en ce tems hors de la ville , par la crainte qu'on
eut qu'elles ne fuflent enlevées par les barbares ; Ôc
quand on les reporta dans cette abbaye , le roi Pépin ,
qui regnoit alors, aida lui-même à foutenir fur fes
épaules la châffe où elles étoient enfermées. Saint Bar-
thélémy , qui eft la paroifle du Palais , fut d'abord un
prieuré de l'ordre de faint Benoît , dédié à faint Ma-
gloire. Les religieux l'ayant abandonné en 1138, l'é-
glife fut érigée en paroifle , dont le territoire s'éten-
doit autrefois Jusque dans la rue Saint Denys , & S. Leu
S. Gilles en étoit une annexe. On a vu un curé titu-
laire de ces deux bénéfices, que la grande diftance a
fait féparer. L'églife eft obscure , & le grand autel eft
d'une menuiferie d'un aflèz joli deffein. Dans une cha-
pelle , qui eft à main droite , on lit fur un marbre
blanc , d'une beauté extraordinaire , l'épitaphe de Clau-
de Clercelier , fort eftimé pour fon érudition : il y a
une figure plus grande que nature , qui repréfente la
religion , au pied de laquelle eft un petit génie , en-
touré de lunettes d'approche , d'inftrumens de mathé-
matiques, &'une fphere derrière lui. Il tient une tête
de mort qu'il regarde attentivement , ôc au bas eft un
cartel où font ces paroles :
Optima Philofopbia mortis mtditaùo.
Louis Servin , avocat général du parlement de Pa-
ris , y eft aufli enterré» On fit deux vers à fa louange;
Efi faits in tumulo ; Servinus proh ! jacet ingens.
In mundo fcivit fcibile qtûdquid erat.
On trouve un peu au-deflus de faint Barthélémy
l'églife des Barnabites , annexe de l'archevêché de Pa-
ris , qui font des religieux de la Congrégation de faint
Paul. La maifon où ils fe font établis , étoit un prieuré
de l'ordre de faint Benoît , fous le titre de faint Eloy.
Ils portent le nom de Barnabites , à caufe que leur
général a toujours demeuré dans le collège de faine
Barnabe à Milan , depuis qu'ils s'y établirent en 1/91 ,
fous François I , Roi de France.
Le Palais , qui a été autrefois la demeure de nos
rois , fut abandonné aux officiers de juftice par Philip-
pe le Bel , qui voulut rendre le parlement fédentaire.
Ce parlement avoit été jusque-là ambulatoire; ôc ce
fur Pépin , père de Charlemagne , qui inftitua cet au-
gufte corps. Philippe le Bel , pour donner plus d'espa-
ce à ce fomptueux édifice , fit bâtir la plupart des cham-
bres, & tout l'ouvrage fut achevé en 13 13. Cepen-
dant il eft certain qu'il y avoit de grands bâtimens
avant ce tems. Clovis y avoit tenu fa cour ; & faint
Louis , qui y fit un plus long féjour que les autres rois ,
y avoit fait faire plusieurs grands ouvrages. La grande
fale a été bâtie fur le plan d'une autre très-ancienne , dans
laquelle les ftatues des rois de France, de grandeur
naturelle, étoient placées tout à l'entour. C'étoit le
lieu où les rois recevoient les ambafladeurs. Ils don-
noient des feftins publics à certains jours de l'année ,
& même on y faifoit les noces des enfans de France-
Un hiftorien de ce tems rapporte qu'au mariage d'I-
fabelle de France , avec Richard II , roi d'Angleterre ,
il y eut un fi grand concours de peuple , que plufieurs
perl'onnes furent étouffées, & que le roi Charles VI,
père de cette princeffe , y courut risque de la vie. Cet-
te fale , qui fut réduite en cendres au commencement
du dernier fiécle , eft préfentemenr voûtée de pierres
de taille , avec une fuite d'arcades au milieu , foute-
nues de gros piliers, autour desquels il y a des bou-
tiques occupées par des marchands. L'ordre dorique
règne tout à l'entour en pilaftres. A un des bouts eft
une chapelle , dont les environs font embellis de do-
rure. La grand'chambre eft à côté de la grande fale ,
& fut bâtie fous faint Louis *, qui y donnoit les audien-
ces publiques. Louis XII la fit réparer comme elle eft.
Le plafond eft compofé de culs de lampes. Les autres
chambres font beaucoup plus belles : ôc même dans
quelques-unes , il y a des plafonds dorés ôc peints avec
beaucoup de dépenfe. La féconde & la troifiéme des
enquêtes , & les chambres des requêtes , font des mieux
ornées. La tournelle , qui eft la chambre où l'on juge
les criminels , îeft celle où couchoit faint Louis. La cour
des aides eft une jurisdiction féparée du parlement ,
qui tient Ces féances dans trois chambres particu-
lières , ornées de très-beaux plafonds. La face du bâ-
timent qui donne du côté du perron du mai , eft d'u-
ne maçonnerie enrichie de fculptures d'un bon deflein*
La chancellerie eft dans la galerie des prifonniers.
Le lieu où eft à prefenr la Sainte Chapelle , étoit
anciennement une petite églife , fous l'invocation de la
Sainte Vierge ; mais faint Lo.uis voulant élever dans
fon palais un monument de fa piété, pour y placer
les reliques que les Chrétiens doivent respecter ,
comme étant les plus précieufes , fit conftruire l'églife
que nous voyons encore aujourd'hui. Elle eft d'une
délicatefle furprenante ; les voûtes en font très-élevées ,
& les vitraux paflent avec juftice pour être des plus
beaux qu'on puifle voir , à caufe de leur grandeur ôc
de la variété des couleurs qu'on y remarque. On y a «
repréfente des hiftoires de l'ancien & du nouveau te-
ftament. Le verre en eft d'une telle force , qu'il a ré-
fifté jusqu'à préfent à toutes les injures du tems. Ce
bel ouvrage fut achevé en 1 247 , & ce ne fut que le 16
Avril 1 248 , que la dédicace en fut faite par le légat
du pape , affifté de plufieurs évêques . en l'honneur de la
fainte couronne d'épines & de la fainte croix. Le même
jour & en même tems , l'archevêque de Bourges ,
aflîfté aufli de plufieurs évêques , confacra l'églife de
la baffe Sainte Chapelle , en l'honneur de la Ste Vier-
ge , comme elle étoit auparavant. C'étoit dans cette
chapelle que fe faifoient toutes les fondions curialcj
pour toute la maifon du roi , & pour ceux qui demeu-
roient dans l'enclos du palais. Saint Louis fit Mc Mat-
thieu , qui en étoit alors titulaire , le maître chapelain
de fa chapelle , pour être fupérieur de plufieurs autres
chapelains qu'il y fonda. Matthieu eft enterré dans le
cimetière de la Sainte chapelle , où l'on trouve fa
tombe , fous laquelle meflïre Bochart de Champigni ,
dernier tréforier , a demandé d'être par fon teftament.
On appelle aujourd'hui tréforier le maître chapelain ,
ôc chanoines ceux qui étoient Amplement chapelains.
Ainfi le clergé de la Sainte Chapelle confifte à préfent
en un tréforier , qui a , comme les évêques , la qua-
lité de confeiller du roi en tous fes confeils , & le pri-
vilège d'officier pontificalement , à l'exception de por-
ter la crofle. Douze chanoines , & fix chapelains per-
pétuels , que le roi nomme comme les chanoines. La
mufique eft compofée d'un maître qui a la qualité de
celui de la mufique du roi , de huit chapelains ordi-
naires prêtres , de douze clercs , de huit enfans de chœur.
Cette églife ne dépend que du faint fiége. Le tréfo-
rier a un grand vicaire , un officiai , un promoteur ; &
comme il eft curé primitif des chanoines , des chape-
lains , tant prêtres que clercs , ôc de toutes les person-
nes qui demeurent dans l'hôtel de la tréforerie , ôc qui
dépendent de la Sainte Chapelle , comme paroifle , il
nomme un vicaire perpétuel pour faire les fonctions
curiales. Le grand tréfor de la Sainte Chapelle eft au-
deflus du grand autel , dans une châffe. Les reliques ,
dont l'inventaire eft compofé , font la fainte couronne
PAR
d'épines, un morceau confidérable de la vraie croix,
le fer delà lance qui fervit à percer le côré de Jefus-
Chrift , l'éponge rrempée dans le fiel & le vinaigre
qu'on préfenta , lorsque Jefus-Chrift demanda à boire ,
les menottes dont il fut lié dans le jardin des olives ,
les langes dont il fut enveloppé dans fon enfance , le
linge dont il fe ceignit pour laver les pieds des apô-
tres , un morceau de la pierre de fon fépulcre , & plu-
fieurs autres.
Dans la facriftie il y a trois grandes armoires , dans
lesquelles on voit des vafes facrés très - précieux ,
des reliquaires enrichis d'or & de pierres très-eftimées,
des morceaux de la vraie croix , & entre autres un , qui
eft dans une croix appellée de la victoire , parce qu'elle
vient de Conftantin -, on l'expofe tous les vendredis
de carême , & les fêtes de la croix ; on la donne à
baifer aux rois toutes les fois qu'ils viennent au Palais.
On y remarque de plus le chef de faint Louis , que les
cnfans de ce prince onr mis dans un bufte d'or maflîf.
On y conferve encore les chefs de faint Blaife, de faint
Clément , une partie de celui de faint Jean-Baptirte ,
& celui de faint Siméon, quia porté Jefus-Chrift en-
tre fes bras , lorsque la fainte Vierge le préfenta au
temple.
Il y a outre cela dans la cour du Palais une cha-
pelle très-ancienne en l'honneur de faint Michel , dans
laquelle Philippe Augufte , aïeul du roi faint Louis ,
fut baptifé. Les Chevaliers de l'Etoile y avoient une cha-
pelle en l'honneur des trois rois : l'ancienneté de cette
chapelle , fubfiftante encore aujourd'hui fous le nom
de faint Michel , a fait croire à plufieurs auteurs que
1 eglife bafle de la Sainte Chapelle étoit fous le titre des
trois rois : mais je parle d'après les archives que ces
écrivains n'ont pas confultées. Le commandant du guet ,
que le roi nomme pour ce commandement , fait célé-
brer folemnellement l'office le jour de la fête de faint
George , auquel il affilie avec tous les officiers du guet.
M. Boileau des Préaux , fi connu par fes po'êfies ,
a été baptifé & enterré dans la bafle Sainte Chapelle. Sa
tombe eft en entrant dans le chœur , du côté -tle l'é-
vangile. M. le premier préfident Portail , eft enterre
dans la cave des chanoines. Le fameux Germain Pilon,
fculpreur du roi , y repofe pareillement -, il y a de lui
dans la haute Sainte Chapelle une image de la fainte
Vierge fort eftimée.
La chambre des comptes eft dans la cour du Pliais ,
vis-à-vis de la Sainte Chapelle ; c'eft une jurisdiction
fupérieure, où fe rendent les comptes de toutes les
finances. On conferve dans ce même lieu les archives
& les anciennes chartes de la couronne. Ce bâtiment,
qui a paffé dans fon tems pour un édifice de confé-
quence, fut élevé par les foins du roi Louis XII, dont
la devife , qui eft un porc-épic , avec ces paroles :
Continus & Eminus ,
fe voyoit en plufieurs endroits \ mais le 28 Octobre
1737 , le feu y ayant pris , on l'a rebâti à neuf, & a
été entièrement achevé au mois d'Avril 1740. Dans
plufieurs des chambres il y avoit quelques tableaux an-
tiques, très-curieux , qui repréfentoient au naturel des
princes & des princefles du fang royal de la cour de
Charles V , & de quelques autres rois , dont on ne
voit point ailleurs les portraits. La cour des monnoies,
qui étoit au-deflus de la chambre des comptes , a été pla-
cée depuis peu au bout de la nouvelle cour du palais
qui regarde la place Dauphine. L'hôtel du Bailliage
eft devenu la demeure des premiers préfidens , afin d'ê-
tre plus proche du Palais pour le fervice de la jufti-
ce > & le bailli y a toujours fon logement & fon fiége.
Avant que d'y entrer , on pafle fous une arcade qui
fert de communication à cette chambre. Cette arcade
eft fort eftimée à caufe des masques qui s'y trouvent.
Ils font copiés d'après les antiques de Rome que l'on
cftime le plus.
Saint Denys de la Chartre , fitué au bout du Pont
Notre-Dame , eft un prieuré de l'ordre de faint Benoît.
Quelques-uns tiennent que ce faint apôtre de la Fran-
ce y fut mis chargé de chaînes dans un cachot obscur ,
lorsqu'il Yint apporter la foi & l'évangile en France.
PAR 829
La reine Anne d'Autriche a fait mettre les figures qui
font fur l'autel de cette églife. C'eft une dépendance
de Saint Martin des Champs. Le prieur & les religieux
de Saint Martin cédèrent à Louis le Gros , ôc à la rei-
ne Alix, fa femme, en 1 1 3 3 , Montmartre , pour y fon-
der l'abbaye de filles qui y eft encore à préfent.
Le Pont de Notre-Dame eft le plus ancien & le pre-
ier qu'on ait bâti de pierres. Il fut achevé tel qu'on
mier
le voit à préfent en 1507 , fur les defleins d'un cor-
delier nommé Joannes Jucmdus, originaire de Véro-
ne , qui entreprit l'ouvrage aux frais de l'hôtel de ville.
Il eft chargé de chaque côté de maifons ornées fur le
devant de grands thermes d'hommes & de femmes qui
portent des corbeilles pleines de fruits fur leurs têtes.
Entre deux il y a des médailles où font repréfentés
tous les rois de France , chacun avec un vers latin qui
lui convient. La coutume a été long-tems de faire pas-
fer fur ce Pont les reines de France dans leurs premiè-
res entrées à Paris, & on l'ornoit magnifiquement.
Quelques hiftotiens rapportent que quand Ifabeau de
Bavière fit la fienne , le Pont de Notre-Dame fut cou-
vert d'un bout à l'autre d'une espèce de pavillon de
taffetas bleu , femé de fleurs de lis d'or. Ils ajoutent
que par le moyen d'une machine fort extraordinaire ,
un ange prit fon vol des tours de Notre-Dame , & lui
vint mettre une couronne d'or fur la tête. Au milieu
de ce Pont , on a drefle deux machines qui élèvent
l'eau de la rivière, pour la commodité des quartiers
de la ville qui en font éloignés. La porte que l'on a
bâtie pour y aller , eft d'ordre ionique , embellie de
quelques ornemens qui font un fort bel effet. Ces
vers de feu M. de Santeuil , y font gravés en lettre*
d'or fur un marbre noir :
Sequana cum primum, Regina allabitur Urbi
Tardât précipites ambitiofus aquas.
Captus amore loci, curfum obliviscitur , anceps ,
Quoflitat , & dulces neffit in Urbe moras.
Hinc varios implens fluttu fubeunte candies»
Fons fieri gaudet , qui modoflumen erat.
Anno m. dc. lxxvi.
Le petit Pont a été plufieurs fois détruit & refait.
En 1*06, il tomba dans la rivière. On le rétablit ôc
il fubfifta jusqu'en .1394, qu'on le bâtit de pierres des
amendes de quelques Juifs. Il y avoit des maifons fur
ce pont \ mais elles furent détruites par un incendie le
27 Avril 1718. On l'a rétabli depuis, fans y mettre
de maifons. A côté du pont Notre-Dame , 6c fur le
même canal , on trouve le pont au Change , appelle
ainfi , à caufe qu'il y avoit autrefois un grand nom-
bre de changes ou de changeurs dans les maifons qui
étoient deflus. Ces changeurs faifoient une manière
de bourfe en cet endroit. On l'a auflî appelle autre-
fois le Pont aux oifeaux , apparemment à caufe dc
quelques oifeliers qui étoient logés deflus. Ce pont ,
qui étoit de bois, ayant été confumé en 1639, par
un furieux embrafemenr , on le rebâtit de pierres de
taille , & on éleva deflus deux rangs de maifons dou-
bles à quatre étages , avec tant de folidité , que ces
maifons , dont les faces font auflî de pierres de taille ,
font occupées par des marchands , qui ont leurs ma-
gafins du côté de l'eau , & leurs boutiques fur le de-
vant. A l'un des bouts, fur une maifon qui fait face
à toute la route du pont , on voit la ftatue du Roi
Louis XIV, à l'âge d'environ dix ans, couronné de
laurier par les mains d'une victoire. Cette figure eft
élevée fur un piedeftal , à l'un des côtés duquel Louis
XIII , eft réprefenté , & à l'autre Anne d'Autriche ,
tous deux de bronze de grandeur naturelle. Ces fta-
tues font fort reflemblantes , 6c pofées dans une ar-
cade , fous laquelle font des captifs à demi - relief. A
l'autre bout du pont, on a fupprimé quatre maifons
pour dégager l'entrée du quai de l'horloge qui étoit
rrop étroite : M. de Caflîni eft l'auteur du méridien
qu'on y voit -, le ftyle en eft très-bien orné & très-
bien doré; les mois de l'année y font gravés fur une
table de marbre blanc incruftée dans le mur. On élar-
git en 1737, le quai de l'horloge, & on y conftrui-
fit un trotoir en faillie. Le quai de Gêvres conduit à
3°
PAR
PAR
couvert depuis ce pont jusqu'à celui de Notre-Dame.
Ce quai eft foutenu fur des voûtes prifes dans le lit
de la rivière , 8c le trait en eft d'une hardielie extra-
ordinaire. A 1 autre bout du pont au Change , au coin
du quai des Morfondus, eft l'horloge du Palais, dont
le cadran eft orné de quelques figures de terre cuite.
C'eft fur cette horloge qu'on règle les féances du par-
lement -, 8c quand i! y a quelque réjouifiance publique,
on fonne la groffe cloche pendant tout le rems que
durent ces réjouiflanecs ; ce fut au fignal de la même
cloche que commença le cruel maflacre des Calvinis-
tes le 24 d'Août IJ72 , fous le règne de Charles IX.
Cette horrible boucherie dura tant que cette cloche
fe fit entendre. Celles de l'hôtel de ville 8c de la Sa-
maritaine formèrent auffi. Le pont S. Michel eft auffi
proche du Palais à l'oppofite du pont au Change. 11
y a grande apparence qu'il a pris fon nom de la pe-
tite églife de S. Michel , qui eft dans l'enclos de la
cour du Palais , vis-à-vis de la rue de la Calandre. 11
eft chargé de maifons bâties de brique & de pierres
de taille. Il n'étoit auparavant que de bois ; mais ayant
été emporté par un grand débordement de la rivière,
fous le règne de Louis XIII , il fut rétabli peu de
tems après tel qu'on le voit aujourd'hui. On en a en-
core conftruit deux de pierres dans l'enceinte de l'hô-
tel Oicu. L'un eft tout- à fait dans l'intérieur de cet
hôpital , & on a référvé une partie de l'autre pour la
commodité du paffage des gens de pied qui vont à
léglife de Notre-Dame.
En 1760, on a conftruit On nouveau Boulevard,
qui ceint les fauxbourgs S. Germain, S. Jacques, 8c
S. Marcel. Il paro'ù que le plan eft de le faire join-
dre l'autre. C'eft une promenade charmante , 8c qui
fait un très-bel ornement à la ville.
Tout le monde convient que S. Denis a été le pre-
mier éveque de Paris -, mais le fentimenr de ceux qui
vouloient que ce fût S. Denis l'Aréopagite, évêque
d'Athènes , n'eft pas foutenable. 11 s'agit d'un S. De-
nis qui vivoit dans le troifiéme fiécle , tems auquel
presque tous les auteurs modernes ont fixé Pétablifle-
ment de l'églife de Taris. Depuis ce S. Denis jusqu'à
M. de Beaumont , archevêque de cette ville , on comp-
te cent dix-fept prélats, dont il y en a (jx que 1 égli-
fe révère comme faims , dix qui ont été honorés du
chapeau de cardinal , & quelques-uns qui ont été chan-
celiers de fiance.
Philippe- Aûgufte ,en riii, chargea la prévôté de Pa-
ris d'une rente de vingt livres Parifis payable tous les
ans à l'évêque & au chapitre de cette ville , à caufe
des Halles , du petit Châtelet , 8c même de la plus
grande partie du Louvre, édifices bâtis dans leur fei-
gneurie. Autrefois fi tôt que l'évêque de Paris étoit
mort , le roi s'emparoit de tous les meubles de bois 8c
de fer qui fe trouvoient dans' fes maifons -, èx cet évé-
que a été fujet à cette redevance jusqu'en 1143 , que
l'évêque Thibaud , voyant que Louis VII avoit be-
foin d'argent pour le voyage d'Outremer , fe prévalut
de l'occafion , 8c acheta cette fervitude à force d'ar-
gent 8c de prières. Avant M. de Perefixe , les arche-
vêques de Paris n'avoient aucune jurisdidion fur le
fauxbourg de S. Germain , qui étoit entièrement fou-
rnis à l'abbaye de S. Germain des Prés : en 1668,
M. de Perefixe prétendit que ce fauxbourg devoit être
fujet à la jurisdiclion ordinaire comme le refie de la
\ ille : ce fut le fujet d'un procès entre ces deux pré-
lats : mais le 20 Septembre 166%, ils pafferent une
transaction par laquelle il fut décidé que le fauxbourg
S. Germain feroit fujet à la jurisdiclion de l'archevê
que , à la charge que le prieur de l'abbaye feroit vi-
caire général de l'archevêque. Outre la jurisdiclion
l) «rituelle, l'aixhev'ê'quë de Paris a une juftice qui s'a-
} clic la Temporalité. Elle eft exercée par un juge qui
connoît des appellations des fentences rendues en ma-
tière civile par les officiers des juftices des terres de
l'archevêché.
L'évêque de Paris étoit confeiller né du parlement;
& dans les aiTemblccs du clergé , il ne cédoit le pas
qu'aux archevêques de Sens dont il étoit fuffraganc.
Enfin cet évêché fut érigé en archevêché par le pa-
pe Grégoire XIV, fur la requifirien de Louis XIII,
par une bulle du 13 Novembre 1622. On lui donna
pour fuffragans Chartres, Meaux , & Orléans. Depuis
ce tems-là on y a ajouté Blois qui fut érigé en évê-
ché en 1608 , par le pape Innocent XII. Le Roi Louis
XIV érigea en 1674, au mois d'Avril le fiége ar-
chiépiscopal de Paris, en duché- pairie , fous le titre
de S. Cloud.
L'archevêchéde Paris eft divifé en trois archidiaconés ,
qui font , le grand archidiaconéde Paris .celui de Jofas,
8c celui de Brie. Ils font fubdivifés en fept doyen-
nés , fans y comprendre la ville , les fauxbourg 8c la
banlieue de Paris. Ces doyennés font Montmorenci ,
Chelles , Corbeil , Lagny , Champeaux , Mont-lehery 8c
Châteauforr.
Il y a dans ce diocèfe vingt trois chapitres, dont
treize font dans Paris-, trente & une abbayes, dont
quatre d'hommes, 8c fix de filles font dans Paris -, foixan-
te-fix prieurés, dont il y en a onze dans la ville, faux-
bourgs 8c banlieue de Paris -, cent quatre-vingt-quatre
monafteres ou Communautés féculieres , dont cent vingt-
quatre font dans la ville, fauxbourgs 8c banlieue de Pa-
ris ; quatre cent foixante quatorze cures , deux cens cin-
quante fix chapelles, dont quatre-vingt-dix font dans
la ville, fauxbourgs 8c banlieue, Tans y comprendre
celle de Notre-Dame. Trente-quatre maladreries, dont
cinq font dans la ville, fauxbourgs cV banlieue.
On voit dans Paris un grand nombre de juftices
ou jurisdidtions. Le reffort de quelques unes s'étend fort
loin dans le royaume ; il y en a même qui font uni-
ques , 8c qui n'ont d'autres limites que celles de la Fran-
ce. Ces jurisdiétions font le parlement qui eft le pre-
mier , 8c celui du royaume , dont le refibrt eft le plus
étendu ; le grand confeil ; la chambre des comptes ;
la cour des aides; la cour de monnoies; le bureau
des finances, &c la chambre du domaine; la juris-
diclion des eaux 8c forêts ; la maîtrife particulière des
eaux 8c forêts -, la connétablie 8c maréchaufiee de
France; 1 amirauté; le bailliage du Palais; le Châte-
let ; 1 élection , le grenier à fcl ; la juftice de la Va-
renne cfu Louvre , celle de l'hôtel de Ville ; la juris-
diclion des Juges Confuls.
Les finances ont dans le gouvernement de Paris le
même objet 8c les mêmes fources que dans les autresj
c'eft-à-dire le domaine, les aides, les tailles 8c les ga-
belles. fans compter les fubfides extraordinaires, telles
que font la capitation , le dixième 8c les autres.
Le commerce , que la ville de Paris fait avec les au-
tres villes de France, eft fi grand 8c fi étendu, qu'il
échappe à l'exaclitude de ceux qui voudroient favoirpré-
cifément à quoi il pourroit monter. Le feul commerce
que cette ville fait avec les étrangers en modes , c'eft-
à-dire en étoffes d'or, d'argent 8c de foie, en rubans»
en galons d'or & d'argent, &c. égale le commerce en gros
qui fe fait à Lyon. Il y a outre cela des manufactu-
res d'étoffes de toutes fortes , de glaces , 8c de pres-
que toutes les chofes que l'on emprunte du fecours
de l'art pour la commodité 8c l'utilité de la vie.
On ne néglige rien pour l'avancement des arts 8c
des feiences. Tous les Rois de la branche des Bour-
bons fe font fait comme un devoir de les favorifer.
Outre l'Univerfité 8c les collèges qui en dépendent,
l'érabliffement de diverfes académies a encore favorifé
les feiences 8c les arts. La plus ancienne eft l'acadé-
mie françoife, qui doit fon établiffement au cardinal
de Richelieu. L'académie royale des infcriptioils 8c
belles lettres fut établie en 1 66"3 , fous le titre d'aca-
démie des inferiptions 8c médailles ; mais un règlement
qui fut fait en 1716, porte qu'elle doit être appellée
l'académie des inferiptions 8c belles lettres. L'acadé-
mie royale des feiences fut projetée peu de tems après
la paix des Pyrénées. Elle eut d'abord un objet plus
. étendu que celui qu'elle a préfentement ; car elle em-
bralToit l'hiltoire , les belles lettres , les mathématiques
& la phyfique. Peu de tems après on la réduifir aux
mathématiques, eV puis on v ajouta la phyfique, à
caufe de la connexion qu'elles ont entre elles. L'aca-
démie de fculpture 8c de peinture doic fon établifle-
ment 8c fes progrès à plufieurs miniftres que leur ap-
plication aux plus importantes affaires de l'état n'a pas
empêché de jetter des regards favorables fur les beaux
PAR
arts. L'académie royale d'architcèture fut établie en
1671 , par les foins de M. Colbert.
Le gouvernement de Paris, Se celui de Vide de
Fiance, ctoient anciennement unis Se n'en formoient
qu'un. Ils furent desunis pour la première fois en 151$;
en IJ33 ils furent encore réunis. Ils ont été féparés
depuis , Se le font actuellement. Il fut réglé en 1 64 1
que le gouverneur de Paris marcheroit aux Te Deum
après le premier préfident du parlement. Dans le gou-
vernement de Paris , il n'y a qu'un lieutenant général
dont la charge fut créée par édit du mois de Février
1692. Les châteaux de cette ville, font le Louvre,
les Tuileries, la Baftille, Se l'Hôtel Royal des Inva-
lides. Le capitaine du château du Louvre Se celui
des Tuileries ne reçoivent l'ordre que du roi. De-
puis 17^2, ces deux palais ont chacun une garde com-
pofée de bas officiers des Invalides. Le château de la
Bafiille a un capitaine gouverneur, un lieutenant de
roi qui eft indépendant du gouverneur , Se foixante
hommes de guerre ou mortes- payes à pied françois.
Cette troupe ayant été réformée il y a quelques années
ony afubftitué un détachement d'Invalides.L'hôtel Royal
des Invalides a auffi un gouverneur , un lieutenant de
roi , Se un major ,
L'air de Paris, Se des environs, eft un peu groffier,
Se cependant fort fain : la bonté des eaux de la Sei-
ne , Se de la fource de Rongis , qui pane fur l'aque-
duc d'Arcueil , ne contribue pas peu à la famé des habi-
tans. Celle de la Seine fur-tout eft bonne dans les fiè-
vres ardentes , Se les maladies d'cbftruûion. C'eft aux
eaux de Gonneffe qu'on attribue l'excellence du pain
qu'on fait dans ce bourg, Se qui eft d'un fi grand
ufage à Paris.
Le terroir des environs de cette capitale eft plein
& uni , entrecoupé pourtant de quelques montagnes
Se collines. Les principales font Montmartre , le mont
Valéiien, celles de Saint Cloud , de Meudon Se de
Saint Germain en Laye. Du côté de la France les ter-
res font graffesj Se produifent quantité de bon fro-
ment -, mais de l'autre côté elles fonr fablonneufes ,
marécageufes Se humides. Cependant tout le pays eft
cultivé avec beaucoup de foin Se d'induftrie. On re-
cueille , année commune , dans l'élection de Paris ,
quatorze mille muids de vin , dont la plus grande
partie fe confomme fur les lieux. Les marais qui font
aux environs de cette ville font les mieux cultivés du
royaume.
De tous les conciles qu'on tint en France , par les
foins de faint Hilaire de Poitiers contre les Ariens,
celui de Paris eft un des plus confidérables : on le
tint en 362 Se mieux félon d'autres en 360. Les évê-
ques de France s'affemblerent en 555 à Paris au fujet
de Saffaraque , qui en étoit évêque. Il fut convaincu
de pluficurs crimes, dépofé Se relégué dans un mo-
saftere, pour y faire pénitence. Sapaudus d'Arles pré-
fida à ce concile en J57. Probien de Bourges en cé-
lébra un contre ceux qui ufurpoient le bien des égli
fes. Le roi Gontran aflcmbla en 573 le quatrième
concile de Paris , pour terminer le différent^ entre
Chilperic Se Sigebert , mais fans aucun effet. On y
condamna feulement Promotus qui faifoit les fonctions
épiscopales à Châteaudun , de la dépendance du dio-
céfe de Chartres. Celui-ci fut fuivi d'un autre deux
ans après , contre Prétextât de Rouen : Chilperic l'ayant
perfuadé de s'avouer coupable , il le fit condamner à
être exilé dans Ofle , près de Coutances. De quaran-
te-cinq prélats , il n'y eut que Grégoire de Tours qui
prit le parti de fon confrère. Le cinquiérne concile
de Paris fut convoqué en 6 14 par les foins de Clo-
taire II , pour la réforme des abus ; foixante Se dix-
neuf évêques y affilièrent. En 825 on en tint un au-
tre fur la queftion des images. L'empereur Louis le
Débonnaire ordonna en 828, la convocation de qua-
tre conciles pour l'année d'après. Us furent célébrés à
Mayence, à Paris, à Lyon & à Touloufe; le prince
' dreffa les articles qu'on y devoit traiter , Se en con-
firma les décrets dans celui de Wormes , tenu en 829
en préfence des légats du pape Grégoire IV. Les ac-
tes de celui de Paris font les feuls qui nous font re-
ftés i. c'eft le fixiéme : le feptiéme fut tenu en 847
PAR 851
pour achever les réglemens qui n'avoient pu être ter-
minés au concile de Meaux l'année précédente. Il y
en eut encore pour l'arlaire d'Ebbon de Rheims. Hen-
ri I, voulant faire couronner fon fils Philippe I, as-
fembla les prélats en 1059. H y avo" déjà affemblé
un autre concile contre Bérenger , qu'on place en 1050.
Giraud, cardinal d'Ortie, légat du faint fiége , en cé-
lébra un en 1073. Manaffés de Rheims, Richard de
Bourges, Se plufieurs autres prélats affembks à Paris
en 1091 , ou en 1092, excommunièrent ceux qui
avoient ufurpé les biens de l'abbaye de Compiégne.
Othon de Frifingen parle d'une aflemblée d'évêques,
tenue en 114; à Paris, où Hugues d'Amiens, arche-
vêque de Rouen , disputa contre Gilbert de la Porée
évêque de Poitiers.On y en célébra un autre contre le mê-
me en 1147. Philippe-Augufle fit tenir en 1186 Se
1187, des conciles à Paris, pour délibérer fur les
moyens de fecourir la Terre-Sainte. Dans le dernier on
lui accorda la dîme , dite Saladine , parce que les de-
niers en dévoient être emplovés contre le Sultan Su-
ladïn. Les légats du pape célébrèrent en 1 1 96 , un
concile dans la même ville, pour contraindre Philippe:
à quitter Agnès de Meranie. En 1202 , on en tint un
contre l'hérétique Eberad , Se en 1210, contre quel-
ques hérétiques , qui avoient puife leurs erreurs dans
les écrits d'Amauri. On y défendit la lecture d'Aiillo-
te. Robert de Courçon , légat du faint fiége , tint ce-
lui de 1212. Contait, autre légat, aflcmbla un con-
cile en 1223, contre les Albigeois. Les cardinaux Ro-
main Se Pierre en célébrèrent un autre pour le mê-
me fujet en \tx$. La chronique de Saint Denis par-
le d'un concile tenu en 1284, par Jean Cholet, légat
du faint fiége , Se d un autre que Gérard Se Benoît
tinrent dans fainte Geneviève en 1 290. La dernière
édition des conciles fait mention d'une aflemblée te-
nue à Paris en 1310, une de la province de Sens en
1314, une en 1323 , où Guillaume de Melun préfidai
une autre fort confidérable en 1329, pour les libertés
Se la jurisdiètion de léglilè gallicane-, une en 1379,
fur l'élection d'Urbain VI Se de Clément VII. Spon-
de Se les autres annaliftes parlent d'un concile tenu à
Paris en 1394, après la fauffe élection de l'anti pape
Pierre de la Lune. Il y avoit un grand nombre de
prélats qui s'affemblerent encore pour le même fujet
en 1398 i Jean de Nauton , archevêque deSens,pré-
fida au concile de Paris de l'an 1429, pour la réfor-
me de l'office divin , des minifires de l'églife , des ab-
bés , des religieux. Le cardinal Antoine Duprat , ar-
chevêque de Sens , Se chancelier de France , préfida au
concile de fa province , tenu à Paris depuis le 3 Fé-
vrier 1528, jusqu'au 9 Octobre, contre les héréfies
de Luther Se de Calvin. Le cardinal du Perron, ar-
chevêque de Sens, affembla fes fuffiagans à Paris en
1612 Se condamna le 15 Mars le livre d'Edmond
Richer , intitulé de Ecclefiœftkâ & politicâ poteftate.
Jean François de Gondy , premier archevêque de Pa-
ris, afiêmbla un concile en 1640, où le libelle in-
titulé l'Oprat Gaulois , fut cenfuré. Jean Simon , évê-
que de la même ville , y publia des ordonnances fy-
nodales en 149;. Etienne Poncher en 15 14; Eufla-
che du Bellay en 1557 ; le cardinal Henri de Gondy
de Retz en 1608, Se 1620, Se pluficurs délibérations
des affemblées du clergé , qui s'y tiennent ordinaire-
ment de cinq en cinq ans.
PARISIEN (rivière au) rivière de l'Amérique fep-
tentrionale , dans la Louïfiane. C'eft une petite rivière
qui vient de l'cft, Se qui fe rend dans le Miffiffipi,
à la bande de l'eit , à vingt lieues au noid de la ri-
vière a la Roche , Se à quatre lieues Se demie de
la rivière a la Mine de plomb.
PARISIENE, contrée de la Gédrofie. Ptolomée,
/. 6. c. 11. la place au midi de la Paradene. Ses inter-
prètes lifent Parisene , ou lieu de Parisiene.
PARIS1I , peuples de la Gaule , dont Céfar , Bel.
Gai. I. 6. c. 3. fait mention. Il dit qu'ils confinoient
aux Senones , Se fait entendre que les Parifti étoienr
en alliance avec les Senones , loin de donner à penfer
qu'ils leur euffent été fournis , comme Sanfon l'a dit
dans fa remarque fur la carte de l'ancienne Gaule, il
en fait un peuple en chef, ce que Strabon, /. 4. p. 194.
832, PAR
Ptolomée , /• 2. c. 8. & Pline , /. 4. c. 18. ont auffi fait
après lui. Du côte gauche de la Seine , ils étoient bor-
nes par les Carnutes, les Senones ôc les Mcldi; ôc à la droi-
te de la même rivicre ils s'étendoient jusqu'aux pays des
Mcldi , des Silvanetli , des Bellovaci , ôc des VeloeaJJes
ou Rotomagenfes : une partie de ces peuples étoit com-
prife fous la Gaule Celtique ou Lyonnoife, ôc l'autre
partie fous la Gaule Belgique -, ainfi ceux d'entre les
PariJIi qui fe trouvoient à la gauche de la Seine étoient
Celtes -, & ceux qui habitoient à la droite de ce fleuve
étoient Belges -, de forte que les peuples Parifli peuvent
être appelles moitié Celtes & moitié Belges.
Dans les hiftoriens du moyen âge leur pays fut ap-
pelle Pagus Parlflacus , Ager Parifwrum , ôc Pari-
fiacus terminus. Aujourd'hui on le nomme leParisis ;
mais il s'en faut de beaucoup qu'il ait la même éten-
due qu'autrefois : on ne donne communément au Pa-
Bisis que la cinquième partie du terrein qu'occupoit
anciennement le pays des peuples Parifli , quoique dans
le fond il n'y ait rien de fixe dans les bornes du Pa-
rifis.
Les anciennes cartes , les chartes de l'églife de Pa-
ris , ôc les plus anciens écrivains de France , marquent
dans le pays des Parifli un certain nombre de châ-
teaux , dont voici les principaux.
B.
Braia , ou par corruption Bria-Comltis-P.oberti , Brie,
Biaye , ou Bray-Comte Robert.
Brucrix , ou Bruericum Caflrum, Bruleres-le-Châ-
tel, ou Brieres-le - Château.
C
Capro/ïci ou Caflrum & Caflellania Caprojïa , Che-
vreufe.
1. Caflra , ou Caflrafub monte Letberici , Chartres,
ou Chaftres fous Mont-Leheri.
2. Coffra on Caflra in Bria , Chartres ou Chaftres en
Brie.
Caflrum forte , ou Caflellum forte , Châteauforr.
Cauda , Cauda in Bria , ou Caflrum Cauda , la
Queue.
Confluentes Ifarœ & Sequana , Confluentes ad San-
ilam Homrlnam , ou Confluent Santta Honorine , Con-
flans , ou Conflans Sainte Honorine.
Corbollum , Corbogllum , Corbolium , ou Caflrum Cor-
bollum, Corbeilou Corbeuil.
F
Fajfatum Bacaudarum , Caflrum Bacaudarum , Lo-
cui Foffatenfis , ou Monafterium Santli Mauri de Fos-
fails , Saint Maur des Fortes. On dit aufli Saint Maur-lès-
Fofles.
G.
Gomedum Caflellum , Gomed Caflrum , ou Caflrum
Gumed, Gomets-le-Châtel.
Gornaeum , Gornelum , ou Caflrum Gornaii , Gour-
nay.
L.
Lluriacum , Livirlacum , Liveriacum , Liberiacum ,
ou Lluriacum in Alneto , Livry en l'Aunay.
Lufarchu , ou Lufarca Villa , Lufarche.
M.
Malllacus , ou Marliacus Burgus, Marly-Ie-Bourg.
Marliacum , ou Malllacum Caflrum , Marly-le-Cha-
flel.
Malus repaflus , ou Caflrum de Malo repaflu , Mau-
repas.
Mons Gains , ou Caflrum de Monjai, Montjay, Mon-
gay , ou Mongé.
Mons Letberici , Mons Libériens , Mons Leberii , ou
Mons Leberl, Mont-Leheri.
Mons Maurentlacus , Mons Moranclacus , ou Am-
plement Moranclacum , Montmorency , ou Morancy.
T.
Torclacum , ou Turciacum , Torcy.
lurnomlum .Tornomium , Torneni , Turnonni , ou Tur-
mmll Caflrum , Tournan , ou Tournan en Brie.
V
Villa Petrofa , Villa Pucrorum , Villa Périt , Villa
Plrorum ou Villa Pirofa , Villepreux , ou Villepe-
reux.
PAR
Quant aux villages que les anciennes chartes mettent
dans le pays des Parifli , voici ceux dont de Valois a
trouvé les noms dans les archives de l'églife de Paris ,
ôc dans celles des plus anciens monafteres.
Albertl Villare , Albervillare , ou Aubervillare , Au-
bervilliers.
Alnetum , Aunay.
Alpecum , Alplcum , Alplccum, ou Auplcurn , Aupec ,
le Port Aupec , ou le Pec.
Altogllum , Altollum , ou Altollum , Auteuil.
Andeliacum , ou Andelelum , Andely ou Andilly.
Antoniacum , Antogni ou Antoiny,
AquaBona , Eau-Bonne.
Arcollum , ou Arcoleum, Arcueil.
Argentogilum , Argent ollum , Argentolium , ou Ar«
gantogllum , Argenteuil.
Aflnaria, , ou Asneriœ, Anieres.
Atte'u , Aties.
Atteiok , ou Atteola , Aitioles , Etiolles , ou Etioulle.
Auiliacum , ou Aiilllacum , Attilly.
Avellacum, ou Orliacum, Orly.
ÂWenvilla , Eaurainville.
Axona, Exona, ou Axfona , Effone.
B.
Balbiniacum , Baubigni , ou Bobigni.
Ballolium, ou B al tolum y Bailleuil , Baillel, ou Bail-
ler.
Balneola , ou Balneoh , Baigneux.
Balneolum , ou Bagnolia , Baignolet.
Bedolltum , ou Baalai , Beloy en France.
Bcvera , Beveris , Blbara> ou Bevra, Bievre.
Bigargium, ou Gargis, , Garges , ou Garches.
Bogivallls , Bougival , ou Buzenval.
Bonogllus , Bonogllum , ou Bonolium-ad-Matronam
Boneuil , ou Bonœil.
Bonogllus , Bonogllum , ou Bonolium ad Crodoldum î
Bonvel.
Bonns, , ou Bonna , Bonnes.
Borda , ou Borda , la Borde.
Bralacum , ou Briacum, Bry.
Bretescla , la Bretêche , ôc fouvent Saint- Non de la
Bretêche.
Brltlnlacum , Bretiniacum, ou Brltannlacum , Bre-
tigny.
Broda , ou Brucla , la Brofle.
Bruer'u , les Biuieres.
Bungeiœ, Bonz.eiœ , Bonz.U, ou Bondla, autrefois Bon-
zies, aujourd'hui Bondis.
Burgus-Regina , Bourg-la-Reine , autrefois Briguer.
Busclacum , ou Bosciacum Sanbli Georgli , Boifly
Saint George.
BusciacumSanïli Martini , Boiffi Saint Marrin.
Buxeus vie us , Buxiacus , ou Boxiacum , Bouffi , ou
Boifi.
C.
Cala, Kala , Villa Calenfis , Cbela , ou Cbxlœ, Chel-
les , ou Chelle.
Calllacum , Chailli.
Callcellum, Cbailloelhtm 8c Challoel, Chailleau , ou
par corruption Chalior.
Campl , Champs , ou Champs-Moteux.
Campiniacum, ou Campanlacum , Champigni.
Campiplantarium , ou Campiplantum , Champlanr.
Campus^ lupi, Chantelou , ou Champ de lou.
Cannaberia , Chenevieres.
Cantriacum , Clntrium , ou Sintrium > Sentri , ou
Cintri.
Cantus-Lupi, Chantelou.
Capella Sanili Audoënl, Saint Ouen , ou Saint Ouyn.
Capella Milonis , la Chapelle Milon.
Capella SanU.1 Dionyfli, la Chapelle Saint Denis.
Capriacum, Chevry.
Caput vilU, Chaville.
Carenton , Carento , ou Carentonlum , Charenton.
Carollvenna , ou Carolivena par corruption , pour
Karollvenna , Chalevane , ou Chalevaine.
Carrona , Cbarrona , ou Charrorma , Charonne.
Caflanetum ,
PAR
Caflanetum , ou Caflcncium , Chafteney.
Cajiellio , Chaftillon.
Caticantum, Cachant.
Catolacum , Catulliacus , ou Catolacenfis vieil S , la
ville de Saint Denis en Fiance.
Captonacum , Chatou.
Caveriiacum , Chavenay.
Cebrantum } Ceverenium , Scurenum , ou Ceuren ,
Seura.
Cella - ultra - Sarnaium , ou Amplement Cella , la
Celle.
Centeniacum , Centeny.
Centummtces, autrefois Centnois, enfuite Cennois ,
aujourd'hui par corruption Sanois.
Chesnetam , la Chesnaye , ou le Chesnay.
Cicon'wU , CeognoU , CuegnoU , Ciac'onelU , Sognolles ,
ou Sougnolles.
Civiliacum , Chevilly.
Clippiacum , Clichi.
Clippiacum , ou Clippiacum in Alneto , Clichi en l'Au-
lav , ou Clichi l'Aulay.
Cobreum , Couberon.
Collis-Longus , Coulon.
Columba , Coulombes.
Combclli , Combeaux ou Combaux.
Combis Villa , ou Cons , Con-la-Ville , ou Combs
la Ville.
Conchœ , ou Conchu , Couches.
Confluentes lf ara £r Sequan& , Confiant, Confians ,
ojl Confians Sainte Honorine.
Confluentes Matrone & Seqinmx, , Confians , ou Con-
fiant.
Corcorona , Gsurcouronne.
Cormilia, CormeliA , ou CormeliA Parijîenfes , Cor-
meilles ou Cormeilles en Parifis.
Corquetenœ , Croquetaines.
Coryletum , Codreium , Coudreium ou Coldreium ,
Coudray.
Criftoilum, Crijlolium , ou Crifloill, Creteil , ou Cre-
teuil.
Crociacum , ou Croci , Croici , ou Croifli.
Crona , ou Crosna , Crône.
Curia , ou Curtis-Bardi , autrefois Corbaart , au-
jourd'hui Coubert.
Curtis-Nova , la Cour-Neuve.
Curvena , Couvres , ou Couve.
Curva-Via , Courbe-Voie , ou Courvoie.
D.
Darentiacum , Darenci.
Diogilum , Dulium } ou Duolium , Dueil , Deuil ,
ou Dieuil.
Domunuim , Dosmuntum , Dosmuntum ou Dolmons ,
Domont.
Domus , Ecelefia de Dom'ibus , Villa Domorum ,
Domus fupra Secanam , ou Manfiones , Maifons.
Donna-Petra, Damni Petra , Damna , ou Domna
Petra, Dampierre,
Donnus Medardus , ou Ecelefia de Donno Medardo ,
Dommart , ou Dammart.
Dravernum , Dravel , ou Dravellum,'Ds.ç.\çï , Dre-
vel , ou Drovet.
Drionnum, ou Drionnus Viens , Tnennon , o*/ Tria-
non.
E.
Edera , Jerre.
Erbelium , ou Herbel'eum , Herbelay , Erblay , ou
Aibely.
Ereniacum , ou Erigni , Eragni.
Ermon, Ermon.
Escuina, Iscuina , Escuem » ou Escuen , Escouen.
Eitriacum, Aiureum, Jureum, Everiacus , ou Eu-
riacitJ-vicus-fupra-Secanam, Euri > ou Every.
F.
FabarU> ouFaveria, Favieres , ou Saint Sulpice de
Favieres.
FabarU in Briegio , ou Faver'u ôc Faver'u in Brut ,
Ta vicies.
Ferrari** ouFcrreria, Ferrieres.
.V. Fcrreolits, on ad S. Içrrcolum, Saint Forge!.
PAR 833
FerroU , FerreoU, FerrioU , ou Ecelefia de Ferredis ,
Ferrollcs.
Floriacum i Fleury.
Fontanetum , Fonrenay.
Fontanetum-Floridum, ou adrofas, Fontenay le Fleu-
ry » ou Fontenay aux rofes.,
Fontanetum. juxtà Brias , Fontenay près de Bris.
Fontanetum fuprà nemus , Fontenay fur le Bois ( de
Vincennes.)
Fontanetum Vwe-comitis , ou Comitis , Fontenay le
Vicomte , ou le Comte.
Fontenetum , Fontanetum juxtà Luparas , Fontane-
tum juxtà Marolium , ou Fontanetum in Francià
Fcntenay-Mareuil , ou Fontenay en France.
Fooiellum , Foetcllum , ou Mala-Noda , Malnoe , oit
Malnoux.
Forgitz , ou Ecelefia de Forgiis , Forges.
FoJJx, Fofles.
Francorum-Villa , ou Franconvûla , Franconville.
Fraxinus , ou Fraxini , Fresne.
G.
Gauni/Ja , Gonejfa , Gonijfa , Gonsscha , Gonneffia ,
ou Gonnejfa , Gonneffe.
Gentiliacum , ou Gentiliacus , Gentilly , ou Jantilly.
Gerciacum , Gerfy.
Gevifiacum , Givifiacum , ou Juvijïacum Juvifi , eu
Juvify.
Gif, ou Giffum , Gif.
Gomedus Villa , ou Gometi Villa, Gomets la Ville.
Gometi Caflrum , Goraets le Chaftel.
Gragiacum , Gragi , ou Gregiaeum , Grégi.
Granchia , Granchia Régis , la Grange le Roi.
Graulidum , Groolaium, ou Groela , Grôlay.
De Grejfibus ( Villa ou Ecelefia) Grès.
Guidoms-Curia , ou Curtis, Guiencourt , ou Guiaivi
court.
Giinfanœ-Villa , ou Gonfenvilla 3 Gonfainville.
H.
Herivallis , Herivaux.
Htrmeri& , Hermieres.
Holles , ou HolU, Houilles.
Hoffeia-, la Houffoie.
I.
Jaheniacum y Jahenni , Villa-Gehenrii , ou Gehanni,
Jagny en France.
Joiacum , ou Joviacum , Jouy en Joias.
Joi , ou Jaiacum , Jouy.
S. Jonii Viens , ou Sanllus Jonius , Saint Yon.
Joviacenfis Pagus, ou Joiacenfîs Pagus , Jofas.
IJfiacum , Ifly.
Juriacum , Ivry.
L.
Laiacum , Lay.
Lardiacitm , Lardy.
Latiniacum , Laigni.
Leugnœ , ou Lognia in Briâ , Lognes.
Lic'u , Lices.
Limariacum , Lemarais, par corruption le Marais
1. Limogu , ou Lemoveca. , Limoges.
2. Limogia 5 Limos, ou Limoves , Limons, o« Li-
mours.
Limolium , Limogilum, Limoilum, ou Limuel , Li-
meil , o« Limeuil.
Linais , Linois, Ecelefia S. Mederici de lÀnarïis ,
Linas, o« Linois.
Lifigni , Lifignïacum , Liciniacum , ou Lifiniacum >
Lefigny.
Lzm* , Z-ff/Vj- , !.«/« j ou Kj//^ Le wg<c , Levis , c«
Levés.
Loanàum , ou LoW , Louans , ok Louens.
Locus-Sanclus , Lourfaing , Lieurfains , o« Lieu-
faint.
Longus-Pens , LongpoiV.
Ludovilla, Ou Lodovilla , Ledeville , c« Lodeville.
Lapera, , ou Loures , Louvres en Parifis.
5. Lupi-Vicus , Saint Leu-les-Taverni.
Lupicina , Lup\cen& , hupxcian& , ou Loveceru , Lou-
venciennes o« Louciennes.
M.
Maciacumy ou Matiacum , Maflfy.
Xow. ZK. N n n n n
854 PAR
Magrieiuvt , ou Magneium de Exarto , ou de Exar*
tis , Magny les Effares , ou Magny l'Effarr.
Maisnile Auberti, ou Manfeomle Alberici , le Mesnil-
Aubry,
Malliacum Villa , Marly , ou Marly la Ville.
Malus-Campus , Manchan , corrompu de Mau-
champ.
Mala-Manfto , Mal-Maifon.
Malus-respetlus , Mauregard.
ManaJJlacum , Menecy, ou Manecy.
Mandrx , Mendies.
Manftones , Maifons.
Alarcocix, ou Marcociacum , Marcouffis, ou Mar-
co ufly.
Marleium , ou M.dliacum , Marly.
MarUacum-Burgiis , ou Malliaeum, Marly le Bourg,
ou Marly le Chaftel.
Marolium, Marenil.
Marolium , Marogilum , ou Maroilum , Mareuil.
Medea Curia , Maincourt.
MerroU, Marolles.
Mesneium S. Dionyfti , Mesnïle S- Dionyfd , ou Mais-
rid'utm , Mesnil-Saint-Denis.
Mintriacus , ou Mitriacum , Mitry.
Modunum , Modun , Med,o , Molditn , Met'wfedum ,
ou Meliofedum , Meudou.
MoiJJiucitm , ou Moijftacum Episcopi , Moifly l'Evê-
que.
Molerui , les Molieres.
Molignum , Moulignon.
Monaficriolum ad Leones, Monftreuil aux Lions.
Monafteriolum in Valle Galliœ, Monffreuil en Vau de
Gallie.
Moncelli, ou Monde elli , Monceaux.
Monceo , Monfout.
Monci , Montiacum , ou Mondcum mviim , Moncy le
neuf, o« Moncy en Parifis.
Mons-Abrem , Tliowx - Abreni , TWowx - Ver anus , ou
Mons-Verani , Mont -Eurain, ou Mont-Eurin.
Mons-Eftivus , Montivier.
Mons-Falconis , Saint Jean de Mont-Faucon.
Morts -Fermolius, ou Mons-Firmolius , Montfermeuil ,
cm Montfermeil.
Mons-Gemellus , Longjumeau, par corruption pour
Montjumeau.
Mons-Gironis , Mongeron.
Mon s- Mer car ii , Martis , ou Martyrum , Mont-
Martre. .
A/o«/ - Melianus , Monmeliant , Montmelian , o«
Monmélian.
Mons-Rubeus , ou Mons-ruber , Mont-Rouge.
Mons-Taxonis , ou Mons-Taxonum , Mont-Teffbn.
Morts -Valeriani , le Mont-Valérien.
Montiniacum , ou Monianiacum , Montigny.
Morcencum , Aîorcenc, ou Murcent , Morfan , o«
Morfang.
Muscella , ou Moijfelles , Moiffclles.
N.
Nemptodorum , Nemtodorus , Nanturra , Naneto-
àorum , Ncmetodorum , Nammetodurum , Nantodoritm ,
Namtuerre , ou par corruption , Metodorum , Man-
terre , cm Nanterre.
Nemits Arsc'û , ou Boscus Arcifi , Bois d'Arcis.
Nonna-Vdla , ou Nonnevilla , Nonneville , Nain-
ville , ou Nonnainville.
Nooreium , Nouray.
Norvilla, Norville.
Nova-Villa , Neuville , ou la Neuville.
i . Nuvigentum , ou Noviemum , Saint Cloud.
2. Novigentum , ou Nogentum , Nogcnt fur Marne,
i. Noviliacus , Novitiacum , Nobiliacum , Nuilli ,
Nudliatum fuper Matronarn , Nu'dliacum, Nulliacum
ad Placitwm , Neuilly , e# Nully.
2. Noviliacus t Nully , <?m le Port de Neully.
Novum-Monafterium , Neufmonftier.
i. Niuetum, ou Nucetum majus , Noifi le Grand.
2. Nucetum , Nuceium minus , ou Nucetuïum , Noifi
le Petit.
3 . Nucetum , Noifiacum , Nuciacuri , ou Nucetum
ficcum, Noifilefec.
PAR
o.
Ocina, Ocines , ou Vr/ini , Ourfines, ow Urfines.
Orator'uim , ou Oratorium Ferraru , Ofoi , oa Ofoic
la Ferriere.
Orceium , Orfay.
Ormeia , Ulmeum , ou Ulmetum , Ormay.
P.
Paciacum , Paci , cm Pafli.
Palatiolum , ou Paleifol , Palefeau , ow Palaifeau , par
corruption pour Palefieul , e;i Palaifieu.
Paretum , ou Perez. , Paray.
Pari/îum , Ville Parifis , ow Ville Parifi.
Pentinum, Pentin, o// Pantin.
.Pmvz ivù-tf , fïffrf , ou fïx<a , Pierre- Fite , par cor-
ruption Pierre -Frite.
Petra-Lata , Pierre-Laye , oz< Pierre-Lée.
Piwwj1 , ou Ad-Pinum , le Pin , o« Au-Pin.
Piscofi , Piscot.
Plejjiium Comitis , le Pleflîs.
Pomponia, ou par corruption Pompona , Pompone.
Pons- quadrants , Pont-carré.
Popim-Curtis , Popincourt.
Pratella , Praeria , ou Preslu , Prefles , om Prelles.
Puteoli, Pizeux, Puifeux , o« Puifieux en France.
Q.
Quadrari& , Qiiadrarïa , ou Lapicidina S. Dinoyfli ,
Carrières , oj; Carrière S. Denis.
Quadrar'u ad Carentonem , les Carrières près Cha-
renton.
Quadraria ad Pinciacum , Carrières lès Poifly.
Qiiadrariœfub Silvâ , Carrière fous le Bois.
Quintiacum , Quincy.
(Juintiacum Magnum , ou Majus , Quincy le Grand.
R.
Reschia , Rasche , c« Villeras.
iîîV/ , ou Ri£ , Ris.
RocconisCurtis , ou Roquencort , Rocquencourr , o«
Roquancourt.
Romana-Villa , Romainville.
Romiliacum , Reuilly lès Paris, autrefois la Grange de
Reuilly.
Rooneium , ou Roosneium , Rony.
i. RuJJiacum, Rusciacum , ou Rujfiac um , Roifil en
France.
2. Rojfiacum, ou Roijjlacum , Roiffi en Brie.
Rotoialum , Rogoialum , Riogilum , Rioilum , Ruoi-
htm, Ruolium, Ruel , pour Rueuil , o« Rue-il.
Rotidus , ou Rutula , le Roulle , autrement le Haut
& Bas-Roulle.
Rungiacum , Rongy , o« Rungy.
S.
Sabiniacum , ou Saviniacum , Savigni fur Orge.
Salices , la Saufaye.
Salix , Saux.
Sarcella , Cercelle , om Sercelle.
Sarcloi , Sarclay.
Sarnaium , Cernaium , Sarneia Se Sarneium , Sernay
la Ville.
Sarries , Serris , o« Serry.
Sartoris Villa , ou Sartorum Villa , Sartouville , m
Sertrouville.
Savegium , ou Suciacum , Sucy.
Savara , Saura > Sevra , Sépara , ou ^pfr^ , Sievre ,
om Sevré.
Senlic'u , Senlices.
Servon , Servon.
6b?yr , ou Sofiacum , Soify fur Seine , par corruption
Choify.
Solurra , Soulare.
i . Spinetum , Espinay.
2. Spinetum , Spinoliumfufrà Ordeum , ou Spinolium
ad Urblam , Espinay fur Orge.
Spinolium , Espinoletum , ou Spinoletum S. Genovefœ ,
Spinolium in Briegio , & Spinogilum , Espinay en Brie ,
ou Espinay fur Senar.
Spinogelum , ou Spinogilus , Espineuil fur Seine , ou
Espincuil lez S. Denis.
Stagnum , l'Eftang.
Suciacum, Sucçiacum, Suhiacus Se Sulciacum , Suci
en Brie, par corruption Suffy , & Sufy.
PAR
SuriSM , Sorisna , Soresna , ou Surcnnx, , Surênes.
T.
Taberniacum , Taverni.
Taurïnïacum , "toriniacum , Torigniacum , ou Tore-
gni , Torigny.
Telliacum , Telleium , ou Tilleium , Tilly ou Tillay.
Theodaxium, Teodax'ium , Theodofîum , ou Teodo/ium,
Tiais, par corruption Tierr, Tiers & Quier.
Tors , Stors » Toutes , ou Store.
Torta-fagus , Torfou, ou Tourfou.
Trœppœ, Trappes.
Trimilidum , Tremulidum , Trcmulitum , ou Trem-
bleium , Tremblay.
limon , Turnos , ou Vicuus Sanbli Prxjcfti , Saint
Prix.
V.
Valenton , Valento , ou Valentonium , Valenton , ou
Valanton.
Vallès , Vaux.
Vallis-Crifoms , Va^is-Crejfon , ou Val-Creffbn , Vau-
creffon.
Vallis- Joth , Vallis-Jocofa , Vallis -G au dii , ou F^/-
/o//f , Vaujour.
Vallis-pro fonda, Val-profonde.
Vallis Santta, Mar'u t ou fimplement Vallis. le Val,
ou l'Abbaye du Val.
Varennœ , Varennes , ou la Varenne S. Maur.
Vemar , ou Vemarùum , Vemars.
VenvA , Vanna , Se Venva , Venves.
Ver magnum , Ver le grand.
Ver parvum , Ver le petir.
Ver es , Vête.
Verneles , Verneaux , ou Verneau.
Vemulellum , ou Vernolellum , Vernouller.
Verjaliœ , ou VerfalU , Verfailles.
Vicenx, Vicennœ, Vicienes, Vincennes.
Vkinix, Voiiins.
Vilero y ou Vileron, Villeron.
"Villa ad Silvam , la Ville du Bois.
Villa-Abbatis , Villabbé.
Villa-Cereris , Viceour 3 Viceors , par corruption Hui-
fous, ou Huit- fous.
• Villa-Crana y Ville-Crêne.
Villa-Dei , la Ville Dieu.
Villa-Epis copi , la Ville-l'Evêque.
Villa' Juin a , Villa- Judea , Ville- Juive , par corrup-
tion pour Ville-Juite.
Villa- Jufta , Ville- Juft.
Villa S. Laurentd prope Tarifws , aujourd'hui le faux-
bourg de S. Laurent dans Paris.
Villa- Magnonis , ou Villa- Magnulfi , Ville-Menou.
Vûla- Mejjlum y Ville-Moiflbn.
Villa Mumbla , ou VilU-Mobils , Ville-Monble.
Villa-Nova , Ville-Neuve.
Villa-Nova ad Afinos , Ville aux Anes , ou Ville-Neu-
ve aux Anes.
Villa-Nova Comitis , Ville-Neuve-le-Comte.
Villa-Nova Régis , Ville Neuve- le-Roi.
Villa -Nova SanUi Georgii , Ville -Neuve Saint
George.
Villa Perfîtpia , Ville-Pesque , ou Ville-Pesche.
Villa-Pifla , Ville-pinte.
Villa-Regis , Ville-Roi.
Villa-Tigniofa , Ville-Taneiife.
VUlariurn , Villaria , ou Villare , Villiers.
Vdlaris , Villers , ou Villiert.
Villare- A dm , Villers- Adam , ou Villiers Adam.
Villare Bellum , Villiers le Bel.
Villare Siccum, Villier le Sec.
VillulaS. Laz,ari , Villa S. Lazari, ou laVillcteS.
Ladre , la Villete S. Lazare.
Vbiolia , Vinoliiim , ou Vigneuf, Vigneuil , ou Vi-
gneuls.
Viriacitm, ou Verïacum , Viri , par corruption Vi-
Vitrarix , Vitreriœ , Verrerie , ou Vedrar'u , Verrières.
Vitriacum, Vitti.
Ulmechan, Ormeçon , ou Ormefon.
Ulmcutm , Orraoy.
PAR 835*
PARISOT , bourg de France , dans le Rouergue »
élection de Ville-Franche. Il y a dans ce bourg un
prieuré de mille livres de revenu.
PARISUS, fleuve de la Pannonie, qui, félon Stra
bon, /. 7. p. 313. fc rendoit dans le Danube. Ortelius
juge que c'e/t le même qu'il nomme dans un autre en-
droit Mari/us , & que nous appelions aujourd'hui Ma-
risc.
PARITAC/E &Paritaceni. Voyez. Par/etaca.
PARIUM, ville de l'Ane Mineure. Strabon, /. 13.
p. 58S. Ptolomée, /. ;. c. 2. & Pline , /. 5. c. 32. en
font mention. Le dernier lui donne le titre de colonie
romaine , & dit que c'elt la même ville qu'Homère ,
B . v. 3 3 j . nomme Adraftca. Cependant Strabon & Etien-
ne le géographe font deux villes à'Adrafîea Se de Pa-
riurn. Le titre de colonie romaine eft plus certain. Il lui
eft donné dans le Digefte, /. 50. lit. 5, de Cenfibus ,
auiFi bien que dans deux inferiptions recueillies par
Spon , p. 173. tk dans une de ces inferiptions , on voit
que l'empereur Marc-Aurele fut le fondateur de cette
colonie. La ville de Parium étoit bâtie fur la côte de
l'Hellespont , Se avoit un bon port.
PARK , abbaye , dans les Pays Bas , proche de Lou-
vain. Elleellde l'ordre de Prémontre, & fut fondée en
n 29 , par Godefroi le Barbu, duc de Brabant.
PARKOL , lac dans la Tartarie , dans le pays de
Hanci, au midi de la montagne de Neige. " Hijt.
générale des Huns , par M. de Guignes.
PARLAENSIS , fiége épiscopal de la Pifidie, félon le
père Hardouin. On trouve fur d'anciennes médailles
Colonia Augufta Pamaïs. Cette ville a été épiscopale ,
comme il paroît par le concile de Conftantinople tenu
l'an 381 , auquel Patricius Purlaenfis fouferivit. * Har-
duin. collecE conc. t. 1. p. 816.
PARLY , village de France , au diocèfe d'Auxerre ,
à trois lieues ou environ de la ville épiscopale du côté
du couchant. Ce lieu efl: nommé Parliacum Se Pallic-
cum , dans les titres de l'églife d'Auxerre. Jean , qui en
étoit éveque fur la fin du dixième fiécle, donna l'au-
tel de Parly à fon chapitre. On y reconnoit faine Sé-
bastien pour patron. Le dictionnaire univerfel de la Fran-
ce place ce village en Champagne , Se au diocèfe de
Langres ; les auteurs ont été trompés par le nom de
l'élection de Tonnerre dont il eft i mais ordinairement la
contrée où eitfitué Parly s'appelle la Vallée d'Aillant.
Si le po'éte Grognet , fous François I , n'étoit pas de
Toucy , il a du être natif de ce village , où le nom de
Grognet a toujours été fort commun.
PARMA. Voyez, Parme.
PARMASIA. Voyez, Parrhasia.
1. PARME (La), rivière d'Italie. Elle a fa fource
dans les montagnes de l'Apennin , qui fépare le Parme-
fan d'une portion de Toscane , où eft' Pontremoli ; delà
elle ferpente vers le nord-eft , Se peu loin de fa fource
elle reçoit le ruifleau de Parmosa, d. paffe au cou-
chant Se allez près de Moflale , vis-à-vis de Torchiara ,
Rocca , où même un peu plus bas elle tourne vers le
nord-nord-oueft , palTe à la capitale du pays à laquelle
elle donne fon nom, Se y reçoit la Baganza , autre ri-
vière aufli confidérable qu'elle. Elles coulent enfuite vers
le nord , dans un même lit , paflTent à Colorno , dont
je parle en fon lieu , & vont fe jetter enfemble dans
le Pô , entre Cafal Maggiore , qui eft du Cremonèfe ,
Se Viadana, qui eft du Mantouan.
2. PARME, ville d'Italie , dans le duché de même
nom , dont elle eft la capitale. Elle eft très-ancienne s
Se a toujours confervé fon même nom. Les Romains
avant Se après Augufte , Se les Italiens d'aujourd'hui
la nomment Parma. Elle eft fituée dans une plaine
fur la Voie Flaminia , à 1 2 lieues fud-eft de Crémo-
ne , à 14 fud-oueft de Manroue , 26 nord-oueft de
Modene, i2fudeft de Milan. Selon Gemclli Carreri,
elle eft au 44 deg. 30 min. de latitude, au 44 deg.
50 min. félon Mrs de la Hire Se des Places. Elle eft de
8 deg. 27 min. 30 fec. plus orienrale que l'Obferva-
toire de Paris. Elle fut faite colonie Romaine en même
tems que Modene. Tite-Live , /. 39. c. $$. dit, après
avoir parlé d'Aquilée : La même année Modene Se Pai-
me devinrent des colonies romaines : on distribua à deux
raille hommes dans le champ qui avoit été anciei
Tom. IV. N n n n n ij
836 PAR
ment aux Toscans, & en dernier lieu aux Boïens ,huk
arpens pour chacun à Panne , Se cinq à Moclene. Clu-
vier , ltal. Ant.p. 273. remarque que l'année, où cette
colonie fut établie , cil la cinq cent foixante & neu-
vième de Rome , 8c la cent quatre-vingt-quatrième
avant l'ère chrétienne , fous le confulat de M. Claudius
Marcellus Se de Quintus Fabius Labeo. Cette ville
fouffrit beaucoup durant le Triumvirat. Cicéron fait un
trifte portrait des infâmes cruautés qu'y exercèrent les
gens du parti d'Antoine : il en parle avec une extrême
horreur dans fa quatorzième Philippique , c. j. Au-
gurte en dédommagea cette ville par des bienfaits écla-
tans : il y envoya de nouveaux colons , Se par recon-
noifîance elle en prit le furnom de Juua Augusta
Colonia , comme on peut voir par cette infeription
inférée au recueil de Gruter, p. 492. n. j.
Patr. Col. Jul. Aug. Parm.
Patr. Municipiorum Forodruent.
et foro novanorum.
Cicéron, Fhilipp.14. parlant des Parmefans , dit que
c'étoient les meilleurs caractères, les plus honnêtes gens
du monde ôc les plus attachés à l'autorité du fénat ,
& à la dignité du peuple Romain. Strabon, /. j. p.
216. met Parme entre les villes illuftres, fituées auprès
du Pô , ou en-deçà , Se la nomme avec Plaifance ,
Crémone, Rimini , Modene Se Bologne. Pline , /.
5. c. ij. fe contente aufli de la nommer entre les
villes de la huitième région d'Italie , ( qui pour le dire en
paflant, fe trompe d'un degré vingt minutes, fur la
latitude de cette ville , qu'il ne fait que de 33 deg. 30
min. au lieu de 34 deg. 50 min. ) Ptolomée, /. 3. c. 1.
dis-je , la nomme très-bien dans fon rang , entre les
villes de la Gaule , furnommée Togata. L'itinéraire
d'Antonin nomme cette ville dans trois routes différen-
tes ; mais il cft fi peu d'accord avec lui-même que nous
croyons abfolument inutile de mettre ces routes fous les
yeux du lecteur.
Les états de cette ville font d'autant plus importans
aujourd'hui , que plufieurs puiffances s'en disputent le
haut domaine , & des fouverains , tant de 1 Italie que
de l'Empire, ont employé Se emploient encore à pié-
fent toutes fortes de moyens pour faire décider cette
queftion en leur faveur. Je ne puis me paffer de l'hi-
ftoire pour éclaircir cette difficulté. D'ailleurs cette ma-
tière ne fera pas aufii éloignée de la géographie qu'elle
paroîtlêtre; mon plan elt de marquer les divers maî-
tres qu'a eu un pays. Je ne m'en écarte donc point, en
marquant les diverfes révolutions de Parme eV de Plai-
fance ; car ces deux villes ont eu à peu près le même
fort.
Elles eurent l'une Se l'autre une deftinée commune
avec les autres villes de l'Emilie , après la deftruction
de l'empire d'Occident. Celui d'Orient , qui avoit con-
fervé une ombre de fouveraineté en Italie, la voyoit
enfin réduite à une portion de ce que nous appel-
ions aujourd'hui le royaume de Naples , Se à l'exar-
chat de Ravenne. Les Lombards , peuple venu du fond
de la Germanie , s'étoient fait dans l'Italie un royau-
me qui ne fubfifie plus aujourd'hui , quoique le pays
qu'ils occupoient en porte encore le nom. Ils ne cher-
choient qu'à s'aggrandir. Rome , Bologne , Parme ,
Plaifance, Ferrare, Se quantité d'autres villes qui ne
fe fentoient pas affez puiffantes pour fe garantir feu-
les Se féparément de l'invafion des barbares , s'érigè-
rent en républiques indépendantes, Se formèrent en-
tre elles une ligue dont le pape étoit le chef & le
protecteur. Voilà la première origine de l'autorité tem-
porelle du faint fiége fur ces villes, pour ne point
citer ici la donation de Conftantin , tant de fois allé-
guée Se rejettée.
Les Lombards ayant voulu abforber ces villes , com-
me ils avoient fait l'exarchat, Pépin, roi de France,
força Aftolphe, leur roi, à rendre ces villes au faint
fiége. Parme Se Plaifance furent comprifes dans la
rellitution. Charlemagne ayant vaincu les Lombards Se
renverfé le trône de leur monarchie, fit une nouvel-
le donation au faint fiége , Se fe régla fur celle de Pé-
pin , qu'il amplifia Se qu'il confirma ; Parme , Plaifance
PAR
& toute l'Emilie en étoient. Les fchismes , Se les au-
tres maux que l'Italie avoit foufferts, donnèrent lieu
à quantité de petits tytans , de fe former une domi-
nation qu'ils tâchèrent d'aggrandir Se d'affermir. Plufieurs
de ces nouvelles dominations pafferent à peine à la
troifiéme génération : mais l'invafion des Viscontis à
Milan fut celle qui eut les plus dangereufes fuites pour
la liberté de l'Italie.
Les Plaifantins qui avoient éprouvé qu'ils ne pou-
voient fe maintenir fous l'obéiffance du faint fiége ,
parce que les papes, qui réfidoient alors à Avignon , ne
pouvoient les défendre de l'ufurpation des Viscontis ,
pour qui rien n'étoit facré, Se qui bravoient tous les
droits qu'ils pouvoient violer impunément. Dans une
aflemblée générale de la ville , tenue le 7 O&obre 1339
ils réfolurent de députer quelqu'un de leurs citoyens,
avec le caractère d'orateur, au pape Benoît XII pour
lui faire connoître en leur nom qu'ils avoient perdu
l'espérance de vivre en paix Se en fureté dans leur
ville , fi on ne cédoit le gouvernement de Plaifance,
& fi on ne mettoit la ville &*fon territoire fous la
protection des Viscontis. Dans le même tems Jean Se
Luchin envoyèrent auffi à Avignon au même pape
des ambaffadeurs , avec ordre de s'unir aux Plaifan-
tins.. Le pape, touché du malheureux état où fe trou-
voit la Lombardie , Se l'Etat Eccléfiaftique depuis le
tems de l'empereur Frédéric II , fe rendit aux inftan-
ces des Plaifantins Se des Viscontis, Se nomma ceux<i
fes vicaires perpétuels , à condition qu'eux Se leurs
fuccefi'eurs payeroient tous les ans au faint fiége dix
mille florins, ou, comme difent quelques-uns, parce
qu'ils y comprennent quelques autres villes, cinq mil-
le florins d'or. II voulut que dans l'inveititure on in-
férât la claufe qui lui conlervoit le fouverain domai-
ne , à quelque titre qu'il lui appartînt , five ex Dona-
tione yfive ex Prœtcriptione , vel alïo titulo qucwmque.
Ce mot de prefeription marque que dès ce tems-là
il y avoit déjà une longue poffeflion en faveur du
faint fiége. Galeas II , & Bernabo, neveux de Jean &
de Luchin , pofféderent à même titre qu'eux les vil-
les de Parme & de Plaifance.
Le concile de Confiance tenu en 1414, ordonna
d'un confentement unanime qu'on exécuteroit la con-
ftitution de Charles IV , empeteur, qui étoit préfent
au concile. Cette confiitution ordonnoit que les royau-
mes, les provinces, les villes, que quelques perfonnes
que ce puffent être, même empereurs, rois ou papes, au-
roient , ou par témérité , ou par violence , ou par
fraude , aliéné ou envahi fous le pontificat de Gré-
goire XI , Se après fa mort , jusqu'au tems de ce dé-
cret, feroient refiitués au faifit fiége, on à toute au-
tre églife qui en auroit été dépouillée : caffant Se an-
nulant toutes fortes de concertions, démembremens, Sec.
Il eft vrai que le concile excepta les concefiions
& les aliénations antérieures au pontificat de Grégoi-
re XI, ce qui étoit favorable au droit des Viscontis,
à qui l'inveAiture avoit été donnée fous Benoît XII.
lis ne purent pourtant jouir de l'exception , parce que
le concile n'avoit ratifié ces concefiions antérieures
qu'à condition que ceux qui poffédoient ces fiefs, n'en
fuilent pas déchus avant le pontificat de Grégoire XI ,
Se qu'ils euffent payé Se payaflent encore le cens ou
les redevances dues en vertu de leurs invertiturcs. Or
Galeas Se Bernabo étoient dans le cas de l'exclufion,
ayant ceffé de payer les cens Se redevances depuis l'an
1376, dans lequel le pape Grégoire, trop facile, les
remit en poffeflion de Parme & de Plaifance jusqu'au
tems où le concile donna fa confiitution.
Les Viscontis, jaloux les uns des autres , fe détruifi-
rent mutuellement ■■, Se cette famille étant éteinte , le
Milanez pafla à François Sforce qui n'avoit pour ti-
tre que fon mariage avec une fille naturelle de Phi-
lippe-Marie Visconti.
Pendant une longue viciflïtude de Maîtres à Plaifan-
ce , Parme avoit eu aufli fes révolutions. Après la
mort de Jean-Marie , Parme , fecoua le joug des Vis-
conti , en fe foumettant volontairement à Otton Terzo
&à Pierre Roffi , qui, appelles par le peuple, & re-
connus pour fouverains en 1404, en reçurent les clefs
de la ville , Se le bâton de commandement , après
PAR
S'être juré l'un à l'autre une union fraternelle ; mais
ils violèrent bientôt ce ferment. Deux mois après Terzo
chafla Roffi , 6c tous ceux qui le favori foient. Nico-
las , marquis d'Elt , dont Terzo tramoit feerctement
la perte, le fit aflaffiner -l'an 1409. Son fils, enfant
d'environ trois ans , fut reconnu par les Parmefans
pour fon fuccefleur , par les foins de Charles Foglia-
ni , fon aïeul materne!. Mais les Parmefans abbatirent
les armoiries qu'avoient élevé les Viscomi 6c les Tcr-
zi. Le marquis d'Eft gouverna Parme l'espace de 27
ans, 6c l'an 141 2, il y fonda les facultés de droit,
de philofophie , 6c de médecine , avec la permilïion
6c l'autorité du pape. L'an 1420, Philippe- Marie s'em-
para de cette ville ; mais ce ne fut pas pour long-
tems ; car il fe trouve que le marquis d E/l la pos-
féda depuis pendant plufieurs années. Cependant ce
marquis , après vingt-fept ans de jouifiance , la remit
à ce duc , qui en jouit jusqu'à fa mort.
Lorsque Louis XII voulut s'emparer du Milancz,
dont il étoit 1 héritier légitime , le faint fiége rentra
en poffefiïon de Parme 6c de Plaifiincc.
Après la mort de Philippe-Marie, dernier de la
maifon des Viscor.tis , les Plaifantins fecouerent la do-
mination des Milanoisj & comme ils ne fe fentoient
pas allez forts pour tenir tête à leur ancienne rivale,
ils prirent le parti 'de fe donner à la république de
Venife , qui mit dans Plaifance une bonne garnifon.'
Mais François Sforce , qui n'étoit pas encore duc de
Milan , attaqua la place , & chafla les Vénitiens.
Les Parmefans de leur côté avoient les mêmes vues.
Mais François Picinnini , général des Milanois, ayant
intercepté quelques lettres de Rofll , arrêta par-là l'ef-
fet de leurs délibérations. Parme demeura fous la dé-
pendance de la nouvelle république de Milan , 6c
pafla bientôt après avec elle au pouvoir de François
Sforce, qui opprima cette» république naiflhnte & tou-
tes les villes qu'elle avoit alors fous fa domination.
Ce prince, 6c Galea-Marie fon fils, trouvant Par-
me 6c Plaifance fous le joug des Viscontis , en joui-
rent comme eux , fans trop s'informer à quel titre
l'acquifition en avoit été faite. Sous ces deux princes,
ni le pape , ni l'empereur ne fongerent à réclamer ,
l'un les deux villes qui lui appartenoient , l'autre le fou-
verain domaine de l'Empire fur le Milanez. On n'é-
toit alors occupé que de la rapidité des conquêtes de
Mahomet II , 6c le pape 6c l'empereur travailloient à
réprimer les vaftes progrès d'un ennemi qui les me-
naçoit également. Il ne fut donc point queftion d'in-
velliture de part ni d'autre ; François Sforce laiiTa ces
états indépendans du pape 6c de l'Empire à Galéas-
Marie l'an 1466.
Ce fils fuivit le même plan de politique que fon
père , gouverna despotiquement , & fut aflaffiné au
bout de dix ans , laiflant un fils Jean-Galeas , qui n'a-
voit que huit ans , 6c qui demeura fous la tutelle de
Louis le More, fon oncle, frerc de Galeas-Marie, 6c
fils de François. Louis s'empara de route l'autorité,
empoifonna fon neveu , 6c fe pourvut d'une invefti-
ture de l'empereur Maximilicn , qui en accorda enfui-
te une pareille à Louis XIl , roi de France, qui s'en
étoit déjà emparé, en fe faififlant de Louis le More,
qui mourut prifonnier en France.
Louis XII, s'emparant du Milanez, crut que Parme
8c Plaifance étoient membres du duché , & s'en faifit
en 1499. L'inveititure , accordée à ce roi par Maxi-
milien, eft de l'an 1 J05 , 6c fut fuivie quatre ans
après d'une féconde peu différente.
Malgré ces actes, Maximilicn 6c le pape Jules II,
voyant avec chagrin les François en Italie , fe liguè-
rent entre eux , 6c la confédération fut lignée folem-
nellement à Rome , dans l'églife de Sainte Marie del
Popolo le j Oétobre 151 1. Un des articles de ce trai-
té portoit que Jules devoit recouvrer tous les fiefs
envahis au préjudice du faint fiége : Parme 6c Plai-
fance s'y trouvèrent comprifes. De fon côté Jules s'o-
bligea d'entretenir à fa folde 400 chevaux , 6c 2000
hommes de pied, 6c de fournir tous les mois 1000
écus d'or. Il tint parole , 8c dès l'année fuivante il fe
trouva avoir à fes frais 800 gendarmes , 6c 8000
hommes de pied. La bataille de Ravenne fut donnée;
PAR 837
Maximilicn , fils de Louis le More , fut mis par or-
dre de Jules II , en po."cffion du Milanez , 6c les vil-
les de Plaifance 6c de Parme furent foumifes au faine
fiége.
Jules II, mourut en 1 5 1 5 , 6c eut pour fuccefleur
Léon X, 6c deux ans après Louis Xil , roi de Fran-
ce, eut pour fuccefleur François I . qui descendoit corn*
me lui de Valcntine de Visconti , 6c avoit les mêmes
droits. fur le Milanez. Dès la première année de fon
règne il fe reflaifit de ce duché, 6c obligea Léon X,
à lui céder Paime 6c Plaifance. Le pape, qui n'étoit
pas en état de lui réfifter , fe contenta que tout le fel
pour le Milanez fût tiré de Cervia, au profit du pa-
pe. En outre il tâcha de mettre fes droits à couvert
par une bulle de la même année. La défaite de Fran-
çois I , devant Pavie , entraîna la perte du Milanez, Se
tut caufè que Parme 6c Plaifance revinrent au faint
fiége l'an 152 1 : c'étoit une des conditions de la ligue
faite contre François I. Charles V accorda à Maxi-
milieu Sforce l'invefiiture du Milanez en 1525, fans
y comprendre ni Parme, ni Plaifance, ni même faire
mention d'aucune prétention que l'on eût qu'elles dé-
pendifTcnr de ce duché.
Les hiftoriens qui font mention de cette ligue de Léon
X & de Charles V , s'accordent à dire qu'une des con-
ditions fut que Parme 6c Plaifance relteroient au faint
fiége, 6c qu'il les pofléderoit avec les mêmes droits
qu'il les avoit poflédées auparavant. Cette dernière ex-
prefllon ne décidoit rien. Le faint fiége qui prétend
avoir la propriété de ces villes de plein droit , l'enten-
dit favorablement à fes prétentions; 6c dans la fuite
les flateurs de Charles V , lui trouvèrent un autre feus.
Léon X, Hadrien VI, 6c Clément VII , jouirent à pur
6c à plein de cette reflitution , & les guerres que ce der-
nier eut avec Charles V , ne nuifirent point aux droits
du faint fiége , qui pofledoit encore ces deux villes en
1 J4j , 6c tous les états qui en dépendent. Paul III oc-
cupoit alors le faint fiége : c'efl à ce pontife que com-
mence la maifon des ducs de Parme 6c de Plaifance.
Etant jeune , 6c dans une dignité qui ne décidoit pas
aflez fon état,& le JaifFoir encore dans l'incertitude s'il
fe marieroit, ou s'il prendroit les ordres facrés, il eut
une de ces occafions, qui déterminent aifément un jeu-
ne homme. Une fille de qualité , de la maifon du Ruffi-
ni , le fit refoudre au mariage ; mais comme la légation,
dont il étoit alors revêtu , étoit un obftacle à ce ma-
riage, 6c qui! falloit opter 6c renoncer à l'un ou à l'au-
tre , il prit le parti de conferver cette dignité , 6c de
tenir le mariage fecret ; il en eut deux fils, Pierre-
Loitjr , 6c Alexandre Farnefe , 6c une fille nommée
Confiance. Leur mère mourut avant que le mariage
fut publié : leur père fe donna entièrement à l'égli-
fe, parvint au cardinalat, 6c enfin fut élu Pape. Il
n'oublia point fes enfans dans ces différens états.
Ses ancêtres avoient prêté divetfes fouîmes aux pa»
pes , 6c la chambr^npoftoliquc ne s'étoit pas preffée
de les acquitter. Sa famille pofledoit Nepi , 6c Fras-
cati. Ce dernier lieu étoit d'autant plus à la bienfénn-
ce des papes , qu'étant aux portes de Rome , 6c in-
dépendant de leur autorité temporelle , il fervoit de
retraite à tous les mal-intentionnés. Paul III le céda
au faint fiége à perpétuité, & éteignit les dettes 6c
les prétentions que fa famille pouvoit former fur le
faint fiége ; mais il lui procura un dédommagement
avantageux : il fit entendre que la fureté 6c le bien
du faint fiége demandoient qu'on donnât pour ton-
jours l'inveititure de Parme 6c de Plaifance à un prin-
ce qui y réfidât actuellement, 6c qui fe reconnût vaflal
du faint fiége ; qu'ainfi on effaceroit les préjugés que
pouvoit occafionner la longue ufurpation des Vis-
contis 6c des Sforces. L'affaire fut examinée dans un
confiltoire , 6c à la réferve de deux ou de trois car-
dinaux elle pafla d'un confentement unanime. En con-
formité de ce décret on donna le 1 2 d'Août de la mê-
me année 1545, l'inveftiture des états de Parme Se de
Plaifance à Pierre Louis Farnèfe, 6c à fes descendans
mâles à perpétuité. Ce prince , premier duc de Par-
me, avoit deux fils-, Oérave qui avoit alors vingt ans,
8c Alexandre , qui étoit encore au berceau ; ils furent
compris avec lui dans l'inveftiture 6c acquéroient par-
838
PAR
PAR
l.i un droit actuel en vertu de cet acte. Charles V
ne fit pas alors la moindre démarche pour traverfçr
un établiffement qui auroic dû dépendre de lui, fi
Panne oc Plaifance euffertt été alors regardées comme
des Fiefs de l'Empire ou du Milanez. Pierre-Louis ar-
riva à Plaifance, Se en prit poffeffion aux acclamations
du peuple qui voyoit avec joie un fouverain par la
préfence duquel il esperoit fe voir délivré de la ty-
rannie des nobles. En effet il érigea un tribunal , où
toutes les femaines il rendoit juftice , Se donnoit au-
dience , écoutant les plaintes de tous fes fujets fans
diftinction. Il fortifia la ville de Plaifance, l'entoura
d'une muraille au lieu du foffé de terre qu'il y avoit
auparavant. 11 fit commencer une citadelle qu'on y voit
encore ; Se pouffa l'ouvrage avec tant de foin , qu'en
trois mois la muraille fur élevée jusqu'au cordon , -avec
de grands Se vaftes foffés. Les nobles piqués de voir
qu'il arrêtoit leurs ufurpations le firent affaffiner le 10
Septembre 14) 7. Charles V fut foupeonné d'être com-
plice de cet afùlïinar.
Le marquis de Gonzague , gouverneur du Milanez
pour Charles V , Se ennemi juré des Farnèfes, en étoit
complice Se la ville refta au pouvoir de Charles V ,
tant qu'il continua de gouverner l'Empire.
Octave ne fuccéda d'abord qu'au duché de Parme,
& en fit hommage au faint fiége. Son mariage avec
Marguerire, fille naturelle de Charles V , lui fit ren-
dre Plaifance , Se les lieux qui en dépendent. Philip-
pe II les lui rendit à condition qu'il refteroit dans
le château de Plaifance une garnifon espagnole , qu'Oc-
tave entretiendroit , Se qu'il enverroit à Milan ion
fils unique nommé Alexandre.
Le prince Alexandre, qu'Octave avoir été obligé d'en-
voyer à Milan , s'attacha à l'Espagne & au fervice de
Philippe II. Il devint un des plus grands capitaines
de fon fiécle , Se Philippe le regardoit , avec juftice ,
comme un des plus fermes appuis de fa couronne.
Octave , profitant d'une oeccafion auffi favorable , fit
demander à Philippe la reftitution du château de Plai-
fance ; Se après de longues conteftations il l'obtint ;
mais il mourut peu après en 1586. Alexandre, fon fils
& fon fucceffeur , jouit paisiblement des duchés jusqu'à
fa mort, qui arriva l'an 1592.
Rainuce, fon fils aîné , lui fuccéda , Se l'année fuivan-
te , au mois de Septembre , rendit l'hommage public ,
Se prêta le ferment de fidélité par fon ambafiadeur à Ro-
me. Le bruit des inveftitures fecrettes étoit déjà répan-
du : il en fut averti , & fâché qu'on le foupçonnât du cri-
me de félonie envers le faint fiége , il écrivit deux lettres
fort vives fur ce fujet. L'une , qui eil toute de fa main ,
adreffée au pape Clément VIII , & l'autre, qui eft beau-
coup plus longue, eft adiefiee au commiffairede la cham-
bre apoilolique. Dans ces lettres , il dételle ces faux
bruits comme injurieux à la mémoire de fon père , à
celle de fon aïeul, & à fa propre Réputation , & com-
me préjudiciables au fouverain domaine du faint fié-
ge, qu'il reconnoît lui même fans aucune ambiguité
Se fans aucune reftriction. Ces lettres furent publiques:
ni l'Espagne , ni l'Empire ne firent aucune démarche
pour défendre leurs prétendus droits. C'étoit le rems
de montrer ces inveftitures, fi elles euffent été réelles.
Rainuce paya exactement le cens d'année en année au
faint fiége, Se mourut dans les mêmes fentimens qu'il
avoit fait éclater durant fa vie. Odoard , fon fils , lui
fuccéda en KÎ22, & fit prêter au pape le ferment de
fidélité dès la même année.
Il n'eut pas pour l'Espagne le même attachement
qu'Alexandre fon aïeul avoit eu ; il fit une ligue avec
Louis XIII , roi de France , contre Phlippe IV , roi
d'Espagne, reçut des troupes françoifes dans les villes
de Parme Se de Plaifance. Odoard fit armer fes fujets ;
en un mot , la rupture éclata. Philippe s'unit avec l'en>
pereur Ferdinand III , feigneur fouverain du Milanez ,
Se par conféquent intéreffé à défendre le fief Se le
feudataire. Si l'Empire Se l'Espagne avoient regardé
Parme Se Plaifance comme deux fiefs du Mila-
nez, ils dévoient parler fur ce ton là : mais non; ils
s'adrcflerent au pape Urbain VIII , qui , fe conformant
à leurs defirs , envoya deux brefs coup fur coup >
Odoard, & , voyant que le duc, fans égatd pout \i
première remontrance'^ pour la féconde , ne vouloir
pas renoncer à fes engagemens, il joignit l'autorité aux
exhortations ; Se , pallant plus avant , comme fon
fouverain feigneur , il le traita en feudataire con-
tumace, publia contre lui un monitoire rigoureux, Se
y fit inférer les deux brefs , pour faire connoître à tout
le monde la manière gracieufe dont il avoit averti le
duc en qualité de père commun, Se que ce n'était que
par néceffité qu'il lui parloir en fouverain. Le pontife ,
aigri par les ambaffadeuts d'Espagne & de Vienne ,
voulut en venir au dernier remède ; mais le gouver-
neur de Milan fit plus qu'Urbain ne vouloit : il fit
piller le pays du duc de Parme par une armée. Le duc
n'ayant pas tué des François les fecours qu'il en atten-
doit , s'accommoda avec les Espagnols pat le moyen des
Florentins; mais le pape fe vengea d'Odoard par l'af-
faire de Caftro. Voyez. Castro. Odoard étant mort en
1646, Rainuce II lui avoir fuccédé ; ce fut proprement
fous lui que fe fit l'invafion de Caftro , rapportée dans
l'article cité. Il mourut l'an 1693. Odoard , fon fils aîné,
étoit mort avant lui , Se avoit laifle une douanière , la
princeffe Dorothée de la maifon Palatine. François ,
frère d'Odoard & fucceffeur de Rainuce, l'époufa ; Se
leur mariage ayant été ftérile , il s'attacha à l'éducation
d'une princeffe nommée Elizabcth , qui étoit née du
premier mariage. C'eft la même que le roi d'Espagne
époufa enfuite.
François Farnèfe, duc de Parme , n'ayant point d'en-
fans , Se voyant fon frere Antoine peu dispofé au ma-
riage , fouhaita qu'après l'extinction de fa famille , l'In-
fant D. Carlos , fils de la princeffe Elizabeth , pût re-
cueillir fa fucceifion ; Se comme on voyoit le duché de
Toscane prêt à manquer de fucceffeurs dans la mai-
fon de Médicis , par l'état infirme du grand duc , donc
le mariage étoit ftérile, S9 qu'enfin le plus proche
héritier étoit le duc de Parme Se de Plaifance , la Fran-
ce fut la première à propofer de foi mer, en faveur
de don Cailos, un état de ces trois duchés. Une ré-
folution prife à Rome , de réunir à la chambre apos-
tolique tous les fiefs qui lui feroient dévolus à l'ave-
nir , fembloit un obftacle à ce projet , dans lequel
la cour de Londres étoit entrée. L'empereur profita
de cette difficulté , ranima fes prétentions , confentit
de donner à l'Infant une inveftiture éventuelle, que la
France Se l'Angleterre acceptèrent. Par-là elles lui ac-
cordoient une fupériorité territoriale que l'Empire n'a-
voir pas auparavant fur les deux duchés de Parme Se
de Plaifance. Ce pas fait, l'empereur agit en fouve-
rain envers l'Infant. François étant mort au mois de
Février 1727» Antoine fon frere lui fuccéda, & épou-
fa une princeffe de la maifon de Modene. La cour
de Vienne compta bien que ce mariage rendroit inu-
riles les inveftitures éventuelles promifes , Se qu'elle
ne laifferoit pas d'avoir gagné , en les accordant ,
une reconnoiffance publique de fes droits fur ces
états ; mais l'événement ne répondit pas à fes espé-
rances. Le duc Antoine , dernier duc de Parme de
la maifon Farnèfe, mourut au mois de Janvier 1732.
La duchefiè Henriette feignit d'être enceinte, Se fous
ce prétexte la fucceflïon de don Carlos fut retardée.
Enfin l'illufion fe diffipa , Se ce prince jouiffoit pour
lors des deux duchés , en attendant la mon du grand
duc , qui le devoir mettre en poffeffion du grand du-
ché de Toscane. Cette mort eft arrivée. 11 a conquis
les royaumes de Naples Se de Sicile, Se a cédé en
1735 fes droits fur les duchés de Parme , Se de Plaifance
à la maifon d'Autriche qui en a joui jusqu'au rraiic
d'Aix la Chapelle de 1748, fuivant lequel les deux duchés
de Parme, Se de Plaifance avec celui de Guaftalla ont
été cédés à don Philippe , infant d'Espagne , frere de
don Carlos. IL n'eft pas néceffaire de marquer ici
ce qui a porté toute la maifon de Bourbon & cel-
le de Savoye , à s'unir contre l'empereur , pour
avoir fatisfaction des outrages faits à Staniflas , roi de
Pologne , beau-pere du roi très-chrétien , par l'empereur
Se fes alliés , Se des traverfes fuscitées à l'Infant don Car-
los", pour empêcher ou retarder la prife de pofleiïion
de fes états en Italie, Se pour d'autres griefs amplement
déduits dans les raanifeftes de ces puiffances. * Dtfcr-
PAR
PAR
taùon hiftoriqiu fur les Duchés de Parme & de Plai-
sance, in 40 à Cologne, en 1722.
La ville de Parme eit grande, & a quatre milles de
circuit. Elle eit partagée en deux parties par la rivière
appellée la Parma , qui fe jette dans le Pô a trois lieues
au-dcflbus de la ville. Cette rivière n'elt pas navigable.
L'abord de Parme eit fort agréable , Se la ville cil belle.
Les rues en font droites Se larges : comme elle eft en
plaine, il n'y a ni à monter ni a descendre. L'air y eit
fi pur, que plusieurs de fes habitans ont vécu cent vingt
Se cenc trente ans. Je ne fais où l'auteur des voyages
historiques de l'Europe a trouvé que Parme eit parta-
gée en trois parties par la rivière, fut laquelle on a con-
finât des ponts pour leur communication. Ces trois
parties le réduifent à deux. La ville même , ou fa prin-
cipale partie , eit au midi de la rivière. Parmi un allez
grand nombre d'églifes, de couvens, Se d'édifices re-
marquables , il y a la cathédrale , dont l'évêque eit
fuffragant de Bologne depuis quelque tems ; auparavant
il l'étoit de Ravenne. L'abbé de Commanville a fait un
fi grand nombre de fautes au fujet de Parme dans fa ta-
ble alphabétique des archevêchés & évêchés , que nous
croyons devoir en épargner la réfutation au lecteur.
Baronius fait mention des évêques de Parme dès les
premiers fiécles de l'Eglife. Il eit vrai que le premier
évêque , dont on fâche le nom , c'eit Gratiofus , qui
fouferivit à l'épitre du concile romain tenu fous le pa-
pe Agathon , l'an 680 ; mais Parme avoit des évêques
depuis long-rems. Valentinien ayant pris en affection la
ville de Ravenne vers l'an 426 , lui accorda , ou pro-
cura d'extrêmes faveurs. Réfolu de reconnoître les bien-
faits de Dieu qui venoit de favorifer fes armes , il en
marqua fa reconnoifiance à l'églife de Ravenne, Se à
l'archevêque Jean, qui occupoit alors ce flege. Si l'on
en croit le Roïïi , on garde encore à Ravenne le diplô-
me , par lequel cet empereur foumettoit à ce fiége les
évêques de l'Emilie , Se nommément ceux-ci : Satjenx ,
Cajcnœ , Forum Fopuli , Forum Livii , Faventia , Fo-
rum Comelii, Bononix. , Mutina, Regii , Parmœ > Pla-
centia, Brixelli ,Vicohabentu, Hadriœ, Se tous les mo-
nafteres , &c. Bologne étoit elle-même comptée entre
les évêchés fufFragans de Ravenne , lorsque Grégoire
XII , dont elle étoit la patrie , l 'érigea en archevêché au
feiziéme fiécle. Parme fut un des fiéges que l'on attacha
à cette nouvelle métropole. * Rubeis , Hiit. Ravenn.
1. 2. p. 97.
Le dôme de la cathédrale eit peint par le Corrége.
Cette églife eit à trois nefs > fur des piliers fort hauts.
Le baptiftère eit un édifice ifolé Se octogone. L'églife
de faint Jean eft aufîï très-digne d'être vue ; celle de la
Steccata eft remarquable par fon archi-ecttue , Se par-
la beauté de fes peintures. Aux Capucins eft le tombeau
d'Alexandre Farnèfe , duc de Parme , & gouverneur des
Pays-Bas. Il eft enterré à l'entrée de la porte , comme
il l'avoir ordonné par fon teltament par humilité.
Le palais eft fort grand , Se peut loger commodé-
ment plufieurs princes. On y voit une fale de cent pas
de long, Se de cinquante de large. Les appaitcmcns
font ornés de peintures exquifes. 11 s'y trouve des piè-
ces originales des plus fameux maîtres de l'Italie. Les
écuries font belles. Le grand théâtre eft une chofe
rare; quoique d'une grandeur extraordinaire, on y
eft entendu de par tout , quelque bas qu'on y parle.
* Voyez. Miffbrt, t. 3. p. 4. Adijjon , p. 275.
Le palais dont on vient de parler , eft au midi de
la rivière , qui le fépare de la citadelle , où eft un afièz
bel édifice. C'eft un carré aufïï long que la forterefie ,
& il y a quatre ballions ; deux le long de la rivière ,
un troifiéme du côté de la campagne , Se le quatrième
vers la ville Se le jardin de la cour , qui eft borné au
nord Se à l'orient par le rempart, qui fait l'enceinte,
au midi par la citadelle , dont un fofle le fépare ; au
couchant par une rue qui fe termine à la porte de Ste
Croix , qui eft au nord. Cette même partie de la ville
a encore une autre porte; mais à l'occident, elle porte
le nom de S. François. La partie méridionale de la vil-
'le a trois portes -, celle de S. Barnabe à l'orient , celle
de S. Michel au midi , Se la porte neuve au couchant.
Le palais Se la citadelle communiquent par un pour
qui a quatre arches. Les deux autres ponts , par lesquels
39
les deux parties de la ville fe communiquent , ont cinq
arches. ,
Outre les écoles ordinaires de l'univerfité , il y a un
grand Se beau collège , qu'on appelle le Collège des No-
bles. Les écoliers de toutes nations y peuvent être ad-
mis, pourvu qu'ils ayent la noblefie requife pour être
chevaliers de Malthe. On leur enfeigne toutes fortes d'e-
xercices, & ils y font routes fortes d'études, mais en
payant plus ou moins; les penfions font différentes à
proportion du nombre des maîtres qu'ils occupent, lis
mangent enfemble dans une espèce de réfectoire; il y a
des chambres pour deux cens foixante élevés', pour-
leurs profefleurs , officiers Se domeltiques.
Il y avoit dans le palais des ducs de Parme , une bi-
bliothèque rrès-nombreufe , où l'on trouvoit quantité
de bons manuferits, Se un cabinet de médailles très-
bien rempli ; mais don Carlos , roi de Naplcs , en quit-
tant Parme, fit transporter à Naples la bibliothèque &
le médaillier. Cette ville eft la patrie du poëtc Caffius
Se du célèbre Macrobe.
Le duché de Parme eft borné au nord par le Pô , qui
le fépare du Crémoneze , qui eft du Milanez. Il confi-
ne par l'angle du nord-eft au Mantouan. Il a à l'orient
Se au fud-eit le duché de Modene , Se pour voifins au
midi , le pays d'auprès de Pontremoli , qui eft du du-
ché de Toscane , Se l'état de Gènes ; Se au couchant il
aie duché de Plaifunce. Voila pour le duché de Par-
me , ou le Parmefan proprement dit , qui eft un pays
délicieux Se très fertile.
Les états du duc de Parme font plus étendus , Se
comprennent
Les duchés de
f Parme ,
\ Plaisance,
^* GlJASTALLA.
Les états de
ç Busseto,
c Val di taro.
La principauté de ^ Novellara..
Il réclame le duché de Castro , Se le comté'de Ron-
ciglione; Si j'ai marqué au mot Castro, fur quoi
fon droit eit fondé. Voyez, les autre* articles.
Je ne parle point ici de l'ifle de Ponza » fur la côte
de Naplcs , ni des autres fiefs que le duc de Parme pos-
fede ou doit polléder , dans ce royaume.
Entre les duchés de Parme Se de Plaifance , font les
états de Pallavicini Se de Landi , que les cartes ont
coutume de diitinguer de ces duchés , parce qu'autre-
fois ils faifoient deux petits états féparés. Le premier
contient le marquifat de BulTeto , & B01 go San Domino ,
ville épiscopale. L'état de Pallavicini appartient au duc
de Parme entièrement. Celui de Landi eit partagé entre
le duc qui y poflede Borgo di Val de Taro, Se le prin-
ce de Doria qui y jouit de Bardi. .
Table Géographique de l'Ftat de Parme & de
Plaisance.
Les Villes & Bourgs du Duché de Parme font
Parme , capitale Se évê-
ché ,
Colorno ,
Baganzola ,
Mezzans di Rondini ,
Coltaro,
Torricella ,
Roccabianca ,
Si fia ,
San Secondo ,
Saragna ,
Fontanellato,
C. Guelfo ,
Noccto ,
Colta Mezzana ,
Tabiano,
Gallinella ±
Varano de Marchefi ,
Medefano,
Madregole ,
Vaiano de Melagri ,
Rocca Lanzone,
Foinuovo ,
Fcllinp ,
Torchiara Rocca ,
Sala,
Guardafone,
Rofièin , comté,
Cornegliano ,
Caleftano ,
Vigulone ,
Belvédère ,
Belfovte,
Moflale»
840 PAR
L'État de Pallavicini comprenoit
Buffeto , marquifat , Gibello.
Burgo San Domino , évêché , Coite Maggiore ,
.Monticello , Fiorenzula.
Le duché de Plaisance. Voyez, Plaisance.
La principauté de Landi ne contient que trois lieux
remarquables ,
Borgodi-ValdiTaro.y uducdeparm
Compiano_, J
Bardi , ^. Au prince Doria.
Robbe donne au duc de Parme Massa , duché -,
Carrara , principauté ; Fosdinuovo , marquifat. Ces
trois petites feigneuries font un état poffédé par le duc de
Mafia , qui eft de la maifon de Cibo.
PARMECAMPI , peuples de la Germanie. Ptolomée ,
1.1. c. 11. les place fur le Danube.
PARMESAN. Voyez. Parme.
PARMISSUS. Voyez. Permessus.
PARMONGA , vallée de l'Amérique méridionale,
au Pérou , dans l'audience de Lima, au nord de cette
ville , entre le lac de Bonbon à l'orient , 8c la côre de la
mer du Sud à l'occident. Les bois font fi épais dans cette
vallée, & le pays eft fi défère, qu'il femble qu'on ne
l'ait jamais habité. Tout ce qu'on y trouve aujourd'hui de
remarquable , ce font lesruines d'un palais ou d'un châ-
teau , qui paroît avoir été bien fortifié , & qui étoit peint
en dedans. Garcillafib de la Vega , /. 6. c. 3 2. rapporte
que cette vallée qu'il appelle Parmunca , 8c celles qui
font au-voifinage furent jointes au royaume de Cusco ,
par l'inca Pachacutec, après quelcCuraca Chimu eut
été fubjugué. L«s incas faifoient grande eftime de cette
vallée , où ils avoient fait bâtir le château dont je viens
de parler. * Atlas , Rob. de Vaugondy. De La'ét , Defc.
des Indes occidentales, 1. 10. c. 21.
PARNAC , bourg de France , dans le Berri , fur la
petite reviere d'Abloux , élection de Blanc. K y a dans
ce bourg une commendet ie peu confidérable , & une foi-
re le lendemain de la S. Martin.
PARN ASII DITOCHTHONES , peuples qui , com-
me les Troglodytes , habitent fous terre, félon Ortelius ,
Thefaur. qui cite Euftathe , in Dionyjium ; mais ce der-
nier ne dit point en quel pays du monde habitoient ces
peuples.
PARNASUS. Voyez Parnassus 8c Paropami-
st;s.
1. PARNASSUS , ou Parnasus , fclon Ptolomée ,
/. 3. c. 1 j. montagne de la Phocide, confacrée aux Mu-
fes , à Apollon & à Bacchus. On la nommoit ancienne-
ment Larnassus , félon Etienne le géographe. Presque
tous les po'etes donnent deux fommets à cette monta-
gne. Lucain , /. 5. v. 73. dit:
. . . Parnajfits gemino petit &ther a colle ,
Morts Phœbo Bromoiqiiejacer.
Et Ovide , Metamorph. I. 1. v. 3 16.
Mons ibi verticibus petit arduus aflra duobits ,
Nomme Parnaffus ,fuperatque cacumine aubes.
Ce fut fur cette montagne qui tiroit fon nom du hé-
ros Parnaffus , fils de Neptune 8c de la nymphe Cléodo-
re , que Deucalion 8c Pin ha fe retirèrent du tems du dé-
luge , félon les poètes ; 8c c'eft vers le lieu où étoit la
ville de Delphes , aujourd'hui Caflri , que l'on peut ju-
ftifier le nom de Biceps , ou les deux fommets qu'on a
donnés à cette montagne. En général le nom de Biceps
ne lui convient pas, puisque c'eft une grande montagne
qui a plufieurs croupes en divers endroits. Mais il eft
vrai qu'au-deffus de Delphes , elle en a deux confidéra-
bles , qui cachent la vue des autres, & de l'entre-deux
desquelles fort la fontaine Caitalienne , dont l'eau fai-
foit devenir po'etes , 8c inspiroit de l'enthoufiasme à
ceux qui en buvoient. Spon , t. 2. p. 37. rapporte
PAR
dans fon voyage de Grèce, que cette fontaine coule en-
viron cent pas, dans la pente du rocher , où elle fait de
belles cascades. Au fond de cet entre-deux du rocher ,
ajoute-t-il , nous apperçumes trente pieds au-deffus de
notre tête une ouverture dans le roc , par où nous jettâ-
me's des pierres. C'étoit une grotte où il y avoit de l'eau ,
& ce devoit être l'antre des nymphes que les poètes ap-
pelloient Antrum Corychtm ; du moins n'en trouve-t-
on point d'autre qui puiffe avoir été ce lieu là. L'eau
de la fontaine eft excellente , le foleil pouvant à peine
y donner un quart d'heure en tout le jour , à eau le de
la hauteur de la roche , qui eft derrière 8c aux deux cô-
tés. Trente pas au-deflbus de la fource de cette fontaine,
il y a un bain carré , à trois ou quatre degrés taillés
dans le roc , où apparemment l'on faifoit entrer l'eau
de la fontaine. Spon fut curieux de vifiter la cime
de deux croupes du Parnaffe , où il ne trouva que des ro-
chers auiTi anciens que le monde , fans aucun bâtiment.
Il y a feulement , dit-il , proche delà une dixaine de
hutesde bergers, 8c ils donnent à ce lieu le nom à'Alo-
na. Enfuite , pourfuivant fon chemin fur le Parnaffe ,
en tirant vers le nord, il avança cinq ou fix mi lies dans
des fonds de vallons 8c de bocages de pins très-agréa-
bles , 8c propres à la folitude que demande la poëfie.
Du refte , c'eft un pays fec 8c ftérile. Après ces vallons
notre voyageur entra dans une plaine de fept ou huit
milles de tour , où il y avoit quelques terres labourées,
en forte qu'il avoit peine à croire qu'il fut fur une
haute montagne. Il s'arrêta quelques tems auprès d'une
belle fource , qui pouffe deux ou trois bouillons de la
groffeur de la tête-, & fait en fortant un ruiffeau de
fept à huit pieds de large , qui roule deuxou'troiscens
pas parmi les cailloux , 8c va fe jetter dans un étang
au milieu de la plaine. Les Grecs appellent cette fon-
taine Drofenigo. L'eau en eft fraîche, & fort bonne à
boire. Elle coule toute l'année ; mais elle a moins d'eau
au printems, qu'en toute autre faifon. L'étang fe dé-
borde de tems en tems par les pluies 8c par l'abon-
dance de cette fontaine. 11 fe décharge par un autre
ruifieau qui en fort, 8c va s'engouffrer par une ou-
verture étroite fous le rocher. On tient que c'eft la
même eau , qui fot t au-deffous de Caftri , 8c qui fait
la petite rivière Sizalisca. Cette plaine s'étend jusqu'au
pied du Liacoura , qui eft ordinairement couvert de nei-
ge toute l'année; ce qui lui a fait donner par le poëte
Panyafis dans Strabon , le nom de NiçÔutci. Il y a de cet
endroit encore pour deux bonnes heures à monter jus-
qu'au fommet ; de forte que le Parnaffe eft une des plus
hautes montagnes du monde. On le découvre aifément
de la fortereffe de Corinthe , qui en eft éloignée de
plus de quatte-vingt milles. S'il étoit détaché des mon-
tagnes voifines comme le mont Athos , il paroîtroit en-
core de plus loin. Il a de tour une grande journée de
chemin , 8c n'eft habité que vers le bas ■■, parce que c'eft
une montagne fort féche 8c fort froide. Le Parnaffe a
au midi la montagne de Cyrphis, que les Grecs d'à
préfent appellent Stiva , à caufe d'un village de ce nom
qui eft au-deffus. Au levant il a la montagne d'Hélicon »
cV le village de Daulia ; au nord la plaine qui eft au-
tour du village de Turcochori , où étoit autrefois Ela-
tea , 8c la rivière Cephiffus , 8c au couchant la plaine
de Salona.
2. PARNASSUS, ville de la Galatie. L'itinéraire
d'Antonin la met fur la route d'Ancyi e à Céfarée , en
paffant par Nyffa , entre Aspona , 8c NyJJa à vingt-deux
milles de la première, 8c à vingt-quatre milles de la
féconde.
3. PARNASSUS, ville épiscopale de la féconde Ga-
latie. rtheognnftus , fon évêque , fouferivit au concile de
Conftantinople , tenu l'an 870. * Hurduin. colleér.
conc. t. 5. p. 928.
1. PARNAU, ou Pernau, ville de l'empire Rus-
fien, dans la Livonie , fur la petite rivière de Parnau
ou Parnou , qui lui donne fon nom. Cette ville qui eft
partagée en vieille 8c en neuve , a eu rang parmi les
villes anféatiques, quoiqu'elle n'eût presque point d'au-
tre commerce que celui du bled. Elle a un château bâ?
ti de bois , auffi-bien que fes maifons 8c fes églifes. Elle
a été fouvent prife 8c reprife par les Suédois , les Po-
lonois 8c les Moscovites. Ces derniers s'en rendirent les
maîtres
PAR
PAR
maîtres en 1617 , & l'ont confervée depuis ce tems. *
Olearius , Voyage de Moscovie, 1. 1. p. 49.
2. PARNAU , ou Parnou , rivière de l'empire Rus-
fien , dans la Livonie. Elle a fa fource dans une grande
forêt, auprès de la petite rivière de Beca , 8c du châ-
teau de Weiflenftein. Elle fe charge dans fa courfe des
eaux dts rivières de Fêla & de Pernkeia, après quoi
elle va fe jetter à Parnau dans le golfe de Riga. * Olea-
rius , Voyage de Moscovie, 1. i.p. 49.
PARNAY , bourg de France, dans le Maine, élection
de Laval.
PARNES , montagne de l'Attique , au-deffus d'£-
leufis , 8c dAcharnœ. Stace, Theb. 1. 12. v. 620. dit:
Dives & JEgaleos nemorum Pamesque benignus
Vitibus , & pingui melior Lycabejjus olivâ.
Le fommet de cette montagne étoit couvert de bois ,
8c rempli de bêtes fauvages ; 8c le bas étoit planté d'ar-
bres fruitiers 8c de vignes. Athénée, /. 5. écrit Pametha,
pour Pâmes. * Cellar. Géogr. ant. 1. 2. c. 1 3 .
PARNESSUS , montagne de la Médie, au midi de la
Baéliiane, félon Denis le Périégete , v. 737. Voyez. Pa-
ropamisus.
PARNETHA. Voyez. Parnes.
PARNI , peuples de la Margiane. Ptolomée , 1.6.
c. 10. les place au-deflbus des Maflagetes ; 8c Strabon,
/. 1 1. p. 508. dit que les Nomades que l'on trouvoit à la
gauche , en entrant dans la mer Caspienne , étoient ap-
pelles Da& par les Romains, 8c furnommés Parni.
PARNO, Parnon ouParnos, montagne du Pé-
loponnèfe, félon Paufanias , /. 2. c. 38. Sylburge croit
que c'eft le ment Partheniiis > qui féparoit les Argïvi
des Tcgeates.
PAROCZLO , bourgade delà Haute-Hongrie, fur
la rivière d'Agria , appellée Egeiwize par Robert de Vau-
gondy , Atlas. Il place certe bourgade au midi oriental
de la ville d'Agria. On croit que c'eft l'ancienne Partis-
cum.
PARODANA , ville ou bourgade de la Perfide. Pto-
lomée, /. 6. c. 4. place ce lieu dans les terres, entre
Cinna , 8c Tœpa.
PAROECOPOLIS , ville de la Macédoine. Ptolo-
mée ,/. 3. c. 13. la place dans la contrée appellée Sin-
tique , entre Trifiolus 8c Héraclée de Sintique.
PAROET/EA , contrée fur le bord de la mer Rouge ,
félon Etienne le géographe.
PARON , ville dont fait mention Ortelius, Tbefaur.
qui cite Hyginus , in Ariïophil.
PARON AT^£ , peuples de laTriphylie. Strabon , /.
S. p. 346. qui en fait mention, fait entendre qu'ils ne
fubfiftoient plus de fon tems , qu'ils avoient habité les
montagnes aux environs de Lepreum 8c de Maciftus , &
qu'ils s'étendoient jusque fur le bord de la mer. Cafau-
bon prétend qu'au lieu de Paronat^c, il faut lire Pa-
roreat^. F0yes.ce mot.
PARORANIA, fiége épiscopal, premièrement fous
la métropole de Rhodes. La notice de Nilus Doxapa-
trius dit qu'il fut ôté de la dépendance de cette mé-
tropole ; 8c la notice de l'empereur Andronic Paléo-
logue le vieux lui donne le quatre-vingt-quatorzième
rang parmi les métropoles foumifes au Patriarchat de
Conftantinople.
PAROPAMISAD/E. Voyez, Paropamisus.
1. PAROPAMISUS, montagne d'Afie, 8c qui, fé-
lon Arrien , in lad. c. 2. faifoit partie du mont Tau-
rus. Elle donnoit fon nom à une contrée , appellée Pa-
ropamisaoarum Regio. On lit dans les anciens écri-
vains Paropamisus 8c Parapamisus. Strabon 8c Pli-
ne font pour la dernière orthographe ,• Arrien 8c
Quintc-Curfe pour la première , que fuivent presque
tous les modernes. Le nom des peuples fe trouve auffi
écrit Paropamisad/e & Parapamisad,£ ; mais Pto-
lomée change une lettre , au lieu de Paropa-
misad^e, il dit Paropanisad^e , 8c dans Denis le
Périégete, on lit Parpanisi , par contraction pour
Paropanisi. Arrien, in In die. c. z.& in exped. Alex.
I. j. c. 3. & Strabon , /. n. nous apprennent que les
Macédoniens , pour faire plaifir à Alexandre , donne-
■renc à cette montagne le nom de Caucafe. Cependant
84I
Quinte-Curfe, Arrien , Strabon 8c Ptoloméedifiinguenc
ce Caucafe du Paropamifus ; car dans la description
de cette contrée ils font mention de l'une 8c de l'au-
tre de ces montagnes. Mais ils différent entre eux par
rapporta la fituation. Saumaife , in Salin, p. J54. ex-
pofe ainfi cette différence. Selon Ptolomée ces monts
Caucafes ont à l'Orient l'Imaus & à l'occident le Pa-
ropamifus ; de forte que les peuples Paropamisad^e
avoient ce Caucafe à l'orient; au contraire félon Am-
mien Marcellin , /. 23. c. 29. les Paropamisad^
avoient le Caucafe à l'Occident. 11 eft clair que l'ex-
trémité du mont Taurus, du côté qu'il regarde l'In-
de , étoit nommée Paropamifus , 8c que la partie de
cetre dernière montagne, par où paffa Alexandre, fut
appellée Caucafe : comme Alexandre entroit dans la
Baétriane pour pourfuivre Beflus , il femble qu'il pas-
fa à la gauche , 8c qu'il y a par conféquent faute dans
la carte de Ptolomée. Strabon , /. 15. confirme cette opi-
nion. Proche de l'Inde, dit-il, font les Paropanifades ,
au deffus desquels eft le mont Paropamifus. Et un peu
plus bas il ajoute : Les Baéhiens font à la gauche de
l'Arie & des Paropanifades , par le pays desquels
Alexandre rraverfa le Caucafe pour paffer dans la Bac-
triane. Ptolomée, /. 6. c. 18. dans fa defeription du
pays des Paropanifades donne à ces peuples les lieux
fuivans :
Parfiana ,
Barzaura ,
Artoarta ,
Baborana,
Catifa ,
Niphanda ,
Dralloca,
Gauzaca,
Naulibis.
Parfia ,
Locharna ,
Daroacana,
Carura, ouOrtospana,
Tarbacana ,
Bagarda ,
Arguda.
* Cellar. Geogr. ant. /. 3. c. 22.
2. PAROPAMISUS ou Parofanisus , fleuve delà
Scythie , félon Pline, /. 4. c. 13. Le père Hardouin
croit que c'eft aujourd'hui l'Oby.
PAROPANISUS. Voyez, Paropamisus, n° i.& 2.
PAROPINI. Voyez, Paropus.
PAROPUS, ville de Sicile, félon Ptolomée, /. 1.
c. 24. qui la place fur la côte feptentrionale , près
d'fJimerœ, vis-à-vis 1'iflc Uftica. Ce font les Paropi-
ni de Pline, /. 3. c. 8. & Fa^el juge que cette ville
eft préfentement Golifano.
PAROREA, Paroreia ou Paroraia, ville de
l'Arcadie , félon Paufanias , /. 8. c. 27. & Etienne le
géographe. Le même Etienne le géographe 8c Héro-
dote, /. 4. n. 148. nomment les habitans de cette
ville Paroreata. Le dernier écrit pourtant dans un au-
tre endroit Paroreets.. Quelques manuferits de Pline,
/. 4. c. 6. portent Parcau , orthographe qu'Ortelius a
fuivie ; mais le père Hardouin prétend que c'eft une
faute 8c veut qu'on life Paroreat^e.
PAROREAT^. Voyez, Parorea.
PARORE1 , peuples de la Macédoine , félon Pli-
ne , /. 4. c. 10. Strabon, /. 7. p. 516, les met dans
l'Epirc , 8c Etienne le géographe place dans la Ma-
cédoine une ville qu'il nomme Paroreia 8c Paroraia.
1. PAROS , ifle de l'Archipel 8c l'une des Cycla-
des. Elle eft fituée entre l'ifle de Naxie , à l'orient ,
& celle dAntiparos, à l'occident. Pline, /. 4. c. 12.
a bien remarqué la grandeur de l'ifle de Paros, en as-
furant qu'elle n'eft que la moitié de celle de Naxos
ou Naxie , à laquelle il donne 75 miiles de tour; fur
ce pied Paros n'en doit avoir que 36 ou 37, mefure
ordinaire du pays. On lui donne 4 lieues de long
ou environ, fur trois de large, ce qui revient presqu'au
même. On y compte environ ijoo familles taxées
ordinairement à 4500 écus de capitation ; mais en
1700 , on leur en fit payer 6 8c 7 mille pour la
taille réelle. Il eft vrai que cette ifle eft bien cultivée : on
y nourrit beaucoup de troupeaux ; le commerce y con-
fifte en froment , orge , vin , légumes , fefame 8c toile
de coton. Avant la guerre de Candie on y recucilloit
beaucoup d'huile ; mais l'armée Vénitienne brûla tous
les oliviers de Paros en 9 ou 10 ans qu'elle y féiour-
na. Cette ifle eft pleine de perdrix 8c de pigeons fau-
T«m. IV. O o o 0 o
842 PAR
vages. La viande de boucherie y efl. bonne , &c les
cochons n'y manquent pas ; on y mange, de même que
dans les autres ifles , d'excellens petits moutons nour-
ris dans les mai Ions avec du pain & des fruits. Les
melons y font délicieux. Il pleut peu dans cette ifle -,
Se le coton , la vigne Se les figuiers périroienc fans
les rofées qui font très-abondantes. * Tourn'efort , Voy.
du Levant, 1er. 5.
Les habitans de Paros ont toujours paffé pour gens
de bon fens, Se les Grecs des ifles voifines les pren-
nent fouvent pour arbitres de leurs difféiens. Cela
rappelle le fouvenir du choix que les Milcfiens firent
autrefois de quelques fages Paricns pour mettre une
forme de gouvernement dans leur ville ruinée par-
les féditions. Ces Pariens vifiterent la campagne de
Milet, Se nommèrent adminilhateurs de la ville les
Habirans dont les terres leur parurent mieux culti-
vées ; perfuadés avec raifon que ceux qui prenoient
grand foin de leurs biens » ne négligeroient pas les
affaires publiques.
Sainte- Marie elt le meilleur port de l'ifle : la plus
grande flotte y peut mouiller en fureté Se plus com-
modément que dans celui d'Agoufa qui en efl tout
près. Le port de Parechia n'elt que pour de petits
bâtimens. On eflime fort le port de Drio ou Tréon,
où mouille ordinairement la flotte des Turcs. La rade
de -Drio , qui eft à la partie occidentale de Pille , laifle
Naxie à fou levant, Se Nio à fon midi. Le plus oriental
des écueils , qui font au milieu de cette rade , n'a
qu'environ 50s pas de long ; l'autre en a près de
8©o, Se le fud-oueft en elt le traverfier. Vis-à-vis de
ce dernier écueil , dans la plaine au pied d'une colli-
ne , coule une belle fontaine à quatre fources éloi-
gnées feulement de huit ou dix pas les unes des au-
tres. Ces fources forment d'abord un petit ruifîeau
partagé en trois rigoles , où les Turcs ont pratiqué
depuis quelques années des réfervoirs pour s'y baigner
6e pour y faire leurs ablutions. Ces rigoles vont fe
rendre dans la mer ; Se quand on fait aiguade , l'eau
parte dans les barils par le moyen des gouttières de
cuir bouilli qu'on appelle des Maniqites.
La ville de Paros ou Parechia efl un des principaux
endroits de cette ifle. Voyez l'article fuivant. Les autres-
endroits les plus confidé tables, font Nausa ou Agou-
sa , qui efl; un fort ruiné , bâti dans la mer, Se fur
les mafures duquel fe voient les armes de Venife;
Costou , Lephchis , Marmara , Chepido Se Dra-
goula font des villages. Les trois derniers font à Ke-
phalo, quartier de l'ifle fort connu par le fort Saint
Antoine , dont Barberoufle ne vint à bout , que par-
ce que les foldats y mouroient de foif. Venier , fei-
gneur de l'ifle, qui j l'avoit défendue fi vigoureufement,
fe fauva à Venife , où il avoir fait paffer fa femme Se les
enfans. Le fore efl démoli , Se il n'y refte plus que le mo-
naflere de S. Antoine. On fe fert aujourd'hui du mar-
bre des carrières de ce quartier , Se fur-tout celles de
Marmara, d'où on l'apporte par bateau à Parechia -, au
lieu que celui des anciennes carrières n'y peut venir que
par charroi , voiture fort rare dans les ifles de l'Archi-
pel.
2. PAPvOS , Paris , ou Parechia , ville de l'Archi-
pel , la principale de l'ifle de Paros , fur la côte occi-
dentale , vis-à vis de l'ifle d'Antiparos. On lui donne qua-
tre lieues de long ou environ, fur trois de large, ce qui
revient presque au même. Elle efl bâtie(^) fur les rui-
nes de cette ancienne Se faineufe Paros , la plus gran-
de, félon Etienne le géographe, Se la plus puiffante des
Cyclades. Lorsque les Perfes , fous les ordres de Da-
rius, raflèrent en Europe pour faire la guerre aux Athé-
niens , Paros embrafla le parti des Afiatiques ( b) Se leur
fournit des troupes pour la bataille de Marathon. Mil-
tiade, couvert de gloire après cette grande journée,
obtint des Athéniens une puiffante flotte , Se les aflura ,
fans vouloir déclarer à quoi il la deflinoit , qu'il mene-
roit cette armée dans un pays , d'où elle rapporteroit
de glandes richefles fans beaucoup de peine. Paros fut
afliégée par mer & par terre ( c) : les habitans, voyant
leurs murailles ruinées, demandèrent à capituler ; mais,
ayant apperçu un grand feu du côté de Mycone, ils s'i-
magiuerent que c'étoit le lignai dequelqucs fecours que
PAR
leur faifoit donner Datis, un des généraux des Perfes.
Ils ne voulurent plus alors entendre parler de capi-
tulation , & c'eft ce qui donna lieu au proverbe : tenir
Ja parole à la manière des Pariens. Cependant Milriade
qui appréhendoit la flotte des ennemis, brûla toutes fes
machines Se fe retira promptement a Athènes. Héro-
dote qui a décrit ce fiége avec foin , rapporte que Mil-
tiade , désespérant d'emporter la place , confulta Timon ,
prêtrefle du pays, laquelle lui confcilla de faire quelque
cérémonie fecrette dans le temple de Cerès proche de la
ville. Le général fuivit fon avis ; mais ayant voulu fran-
chir l'enceinte du temple , il fe caffa une jambe : la cé-
rémonie apparemment ne réuflit pas; il fut contraint de
lever le fiége ; le fénat le coadamnad'en payer les frais :
on le mit dans les prifons d'Athènes pour l'obliger de
fatisfaire à cette dette publique, & il y mourut de fes
bleflùres. Ce fiége ne laiffa pas d'être fort glorieux aux
Pariens , quoiqu'on les traitât de gens fans parole-, car
Miltiade qui n'avoir pu les foumettre , étoit le plus grand
capitaine de fon tems. Après la bataille de Salamine ,
Thémiftoclc, quoique occupé au fiége d'Andros (d) ,
exigea des contributions de Paros , & la rendit tribu-
taire d'Arhenes; parce que cette ville étoit une de celles
quiavoientle plus favorifé les Afiatiques. Voilà ce qu'il
y a de plus certain dans l'hifloire grecque , touchant
l'ifle de Paros. Si l'on veut remonter au delà delà puis-
fance des Athéniens, on trouvera encore quelque chofe
de confidérable qui regarde cette ifle. ( a ) Tournefort ,
Voyage du Levant, let. 5. ( b ) Herod. 1.6. (c) Corn.
Nepos, in Miltiad. (d) Htrodute , 1. 8.
Peut-être que Séfoflris, ce grand roi d'Egypte, qui
fe faifoit appellcr le roi des rois , Se le feigneur des
feigneurs , reçut la foumiflion de Paros, de même que
de la plupart des Cyclades , c'efl-à-dire de quelques
autres de l'Archipel, rangées presque en manière de
cercle autour de la fameufe Delos. Les Phéniciens pos-
féderent ces ifles, puisqu'ils furent les premiers maî-
tres de la mer de Grèce ; mais il efl mal-aifé de c> n-
cilier Thucydide Se Diodore de Sicile , fur le tems où
les Cariens s'établirent dans ces ifles. Thucydide pié-
tend que Minos en chaffa ces peuples, Se Diodore
avance qu'ils n'y étoient venus qu'après la guêtre de
Troye , Se qu'ils avoient obligé les Cretois de s'en re-
tirer. Etienne le géographe allure que les Arcaniens
fe mêlèrent avec les Cretois , Se qu ils donnèrent le
nom d'un de leurs généraux , appelle Paros , à l'ifle
dont nous parlons ; car auparavant elle ponoit celui
de Minos , fuivant la remarque de Pline , /. 4. c. 1 2.
Selon Apollodore, /. 3. c. 14, ce fut dans cette ifle
que Minos apprit la mort de fon fils Androgée , tué
dans l'Attique , où il s'étoit diflingué dans les Jeux pu-
blics. Ce malheureux père facrifiant aux Grâces à Pa-
tos , fur fi pénétré de douleur , qu'il jetta fa couron-
ne par terre » Se ne voulut pas jouer de la flûte. Eti-
rymédon , Chryfès , Nephalion Se Philolaus , autres
enfans de Minos , s'étoient retirés à Paros, lorsqu'Her-
cule y pafla , pour aller chercher , par ordre d'Eury-
flhée , la ceinture d'Hippolyte, Reine des Amazones.
* Diodor. Sic. 1. 1. Thucyd. 1. j. Diodor. Sic. 1. j.
Il efl certain auffi que Paros ne refufa pas les pro-
pofitions de Xerxès , fils de Darius , lorsque ce prince
fit demander aux ifles de Grèce la terre Se l'eau, puis-
que de tous les infulaires il n'y eut que les habitans
de Melos, de Siphnos Se de Seriphos qui ne voulu-
rent pas lui accorder fa demande. Les habitans des
autres ifles abandonnèrent les Athéniens, Se, ne recon-
nurent leur domination qu'après que l'orage fut diflî-
pé. Diodore de Sicile , /. 15. remarque qu'elles furent
ravagées, malgré la flotte des Athéniens, deflinée pour
les mettre à couvert des infultes d'Alexandre, tyran
de Pherée , qui furprit Se battit cette aimée. Il paroït,
par ce fameux monument d'Adulé, décrit fi exactement
par Côme d'Egypte , Topog. Chrift. de Mundo , /. 2. Se
fi bien illuflré par dom Bernard de Montfaucon , que
les Cyclades , Se Paros par conféquent, ont été fous la
domination des Ptolomées, rois d'Egypte; car ce mo-
nument dreffé fous Ptolomée Evergétc III , fait men-
tion de ces ifles. De la domination des Egyptiens elles
tombèrent fous celle d'Athènes. Mithridate fut le maî-
tre des Cyclades. Après fa défaite les Romains réitèrent
PAR
maîtres d'Athènes 8c de l'Archipel. * Hérodote , /. 8.
Les empereurs Grecs ont poffédé l'Archipel à leur
tour jusqu'au tcms que Marc Sanudo, noble Vénitien,
fut fait duc de Naxie par Henri , empereur de Con-
ftantinople. Ce nouveau duc unit à Naxie Paros, 8c
plufieurs autres ifles voifines. Paros en fut démembrée
par Florence Sanudo, duchefle de l'Archipel , qui la
donna pour dot à Marie , fa fille unique , époufe de Gas-
pard de Sommerive, qui prétendoit, avec raifon , à tout
le duché de Naxie ; mais il fut obligé de fe contenter de
j^iros , ne pouvant réfifter à François Crispo, qui , après
avoir fait aflafliner Nicolas Carcerio , s'étoit emparé du
relie du duché. Quelques années après , Paros pafla
dans l'illuftre maifon de Venier , par le mariage de
François Venier , noble Vénitien , avec Florence de Som-
merive , fœur aînée de Courfin de Sommerive , dont
elle hérita. François Venier fut legrand-pere de ce fa-
meux Venier , qui ne céda l'ifle de Paros à Barberous-
fe, capitan bâcha fous Soliman 11, que parce qu'il fe
trouva fans eau à Kephalo , dans le fort de Saint An-
toine. Leunclave , Supplem. An. fait mention d'un Grec ,
appelle Jacques Héraclide & Bafilique , qui fe faifoit
descendre des princes de Valachie , 8c qui portoit le
nom de marquis de Paros. Les Valaques le firent mou-
rir en ij6j ; mais il n'y a pas d'apparence qu'il ait pos-
fédé cette ifle , puisque les Turcs la prirent fur les Vé-
nitiens.
Quant au château de Paros , ou Pare cm A , fes mu-
railles ne font bâties que de vieux marbres. La plupart
des colonnes y font pofées de travers , & ne montrent
que leur diamètre : celles qui font relevées fupportent
louvent des corniches d'une grandeur furprenante. De
quelque côté qu'on fe tourne , on ne jette les yeux que
fur des architraves , ou des piedeflaux entremêlés de
grandes pièces de marbre , employées autrefois à de plus
beaux ouvrages. Pour faire la porte d'une écurie , qui
cft ordinairement celle de toute la maifon , on drefie
deux bouts de corniches , dont les moulures font admi-
rables: on pofe de travers fur ces pièces une colonne ,
pour fervit de linteau , fans s'embarrauer fi elle efl: d'é-
querre 8c de niveau. Les gens du pays , qui trouvent
ces marbres taillés , les aflemblent comme ils l'entendent »
& même les blanchiflent fouvent avec de la chaux. On
trouve une quantité prodigieufe d'inferiptions autour
de & ville j mais elles font fi mal traitées , qu'on n'y con-
noît plus rien. Les François, les Vénitiens 8c les Anglois
ont emporté les plus confidérables, 8c l'on cafle tous
les jours, pour la clôture des champs, les plus belles
pièces qu'on découvre ; frifes , autels , bas-reliefs , rien
n'échappe à l'ignorance brutale des Grecs. On ne voit
dans cette ifle que de miférables faifeurs de falieres 8c
de mortiers , au lieu de ces grands fculpteurs 8c de ces
habiles architectes qui ont autrefois rendu le marbre de
cette ifle plus célèbre que celui des ifles voifines ; car
il n'eft pas moins commun à Naxie 8c à Tine ; mais on
y manqua dans un certain tems d'habiles gens pour le
mettre en œuvre 8c en réputation. * Pline , lib. 4.
c. 12.
A trois milles du château de Paros on voit d'anciennes
carrières, où il ne refte que des tranchées couvertes de
rejets 8c recoupes aufli fraîches que fi on y avoit travaillé
depuis peu. La mandragore 8c le faux dictame y naifient
par tout. Les plus anciennes carrières du pays font à un
mille au-delà, au-defius du moulin du monaflere de S.
Minas. Dans l'une de ces carrières eft un bas relief an-
tique fur le marbre même ; qui , naturellement dans cet
endroit efl; presque raillé aplomb, au fond d'une grande
caverne qui fert de bergerie , 8c d'où l'on tiroit appa-
remment ce beau marbre , à la faveur des lampes. Il
efl très-vraifemblable que la montagne où efl cette ca-
verne efl le mont Marpefe , dont Servius 8c Etienne le
géographe ont fait mention. Ce bas- relief a quatre pieds
de long , 8c fa plus grande hauteur efl: de deux pieds
cinq pouces. Le bas efl équarri : le haut efl; aflez régu-
lier , parce qu'il fallut s'accommoder à la figure du ro-
cher. Quoique cet ouvrage ait été fort maltraité par le
tems , il paroît néanmoins que c'eft une espèce de bac-
chanale , ou , fi l'on veut , de noce de village, à vingt-
neuf figures d'un aflez bon goût, mais d'une mauvaife
compofition. De vingt de ces figures , les fix plus graii-
PAR 845
des ont dix-fept pouces de haut ; ce font des Nymphes
qui danfent un branle : il y en a une autre aflife fur la
gauche, &c qui femble fe faire prefler pour danfer. Par-
mi ces figures paroît la tête d'un Satyre à longue bar-
be , qui rit. A droite font placées douze figures plus pe-
tites , qui femblent n'être accourues que pour voir la fê-
te. Bacchus efl: aflis tout au haut du bas-relief avec des
oreilles d'âne , & une bedaine d'ivrogne , entouré de fi»
gures de différentes attitudes , & d'un air tout à fait ré-
joui , fur-tout certain Satyre , placé de front , avec des
oreilles 8c des cornes de bœuf. Les têtes de ce bas-re-
lief n'ont jamais été finies ; c'eft le caprice de quelque
fculpteur, qui fe divertiffoit en faifant charger fon mar-
bre , 8c qui écrivoit au bas de fon bas-relief AAAMA2
0APT2H2 NYM*AI2 , c'eft-à-dire , Adamas Odryfès x
drejjé ce monument aux Nymphes du pays. Ancienne-
ment les dames s'appelloient des Nymphes , comme nous
l'apprend Diodore de Sicile , /. 3. & Barthius , Anïmad*
ad Stat. part. 1. démontre aflez bien que ce nom étoic
confacré pour celles qui n'étoient pas mariées. * Ath.
Deipn. I. 5. Steph.
Le marbre de Paros devint fi fameux, que les plus
habiles fculpteurs n'en vouloient pas employer d'autres :
on prétend cependant que celui d'Italie eft plus com-
mode pour les ftatues , parce qu'il eft moins fujet à
s'écailler. * Plin. 1. $6. c. 5.
Le cadi, les confuls de France, d'Angleterre 8c de
Hollande , font leur réfidence à Parechia , où l'on élic
tous les ans deux confuls.
La Panagia ou Madona , qui eft hors de la ville de
Parechia , efl la plus grande & la plus belle églife de
l'Archipel 1; ce n'eft pourtant pas beaucoup dire. C'eft
le rendez-vous de tous les Chrétiens qui font dans
l'ifle.
Parmi les chapelles de la ville on eftime celle de fainte
Hélène ; à la vérité c'eft grand dommage que le marbre
de Paros, dont toute la Grèce a été embellie, foit fi
mal employé. Rien n'eft fi ridicule que de voir, au lieu
de fculpture , de méchans plats de fayance enchafles
dans cette belle pierre, pour orner le frontispice des
chapelles j c'eft comme fi l'on enchaflbit un caillou dans
de l'or. On compte jusqu'à feize monafteres dans
Paros. «
Archiîochus, ce fameux auteur de vers ïambes , fe dî-
ftingua parmi les grands hommes de Paros. Horace a
raifon de dire que la rage infpka ce poëte. Ses vers
furent fi piquans, que Lycambas , qui l'avoit attaqué „
fe pendit de défespoir. Archiîochus vivoit du tems de
Gygès , roi de Lydie , ôc fut contemporain de Romu-
lus.
Nous ignorons le nom d'un excellent homme de Pa-
ros, qui drefla le plus beau monument de chronolo-
gie qui foit au monde , 8c que l'on voit préfentement à
Oxfort, autour du théâtre Scheldonien. C'eft fur ce
marbre que M. de Peirefc avoit fait acheter au levant,
avec plufieurs autres qui tombèrent entre les mains du,
comte d'Arondel , que l'on voit gravées les plus célè-
bres époques grecques , depuis le règne de Cecrops ,
fondateur du royaume d'Athènes , jusqu'au magiftrat
Diognéte , c'eft-à-dire, la fuite de mil trois cens dix-
huit années. Ufleritis croit que cette chronologie fut
écrite deux cens foixante-trois ans avant Jesus-Christ.
Ces époques, qui n'ont pas été altérées comme les ma-
nuferits , nous apprennent la fondation des plus fameu-
fes villes de Grèce , 8c l'âge des plus grands hommes
qui en ont été l'ornement. Par exemple , nous favons
par ces marbres qu'Héfiodore a vécu vingt-fept ans
avant Homère , 8c que Sapho n'a écrit qu'environ deux
cens ans après ce poè'te. Ces marbres fixent les magi-
ftrats d'Athènes , & nous font d'un grand fecours pour
les guerres de ce rems. Ce n'eft pas ici le lieu d'entrer
dans un plus grand détail.
3. PAROS. Voyez. Pharos.
PAROSPUS, fleuve de l'Inde. Pline % î. 6. c. 23.
dit que c'eft un des fleuves navigables qui fe jettent dans
le Cophes.
PAROSTA , ville de la Cherfonnèfe Taurique , fé-
lon Ptoîomée , /, 3. c. 6, qui la place dans les terres ,
entïePoftigia ôcCimmerium. Niger dit : Quelques-uns 1$.
nomment Parasinum. Voyez, ce mot,
Tvm. IV. O 0 o o o ij
44
PAR
PAR
PA.viVvRON, contrée d'Àtie , dans l'^Eolide , félon
Etienne le géographe , qui die qu'on la nomme aulfi
ferme , ôc que c'elt .où mourut Thucydide. Ortehus ,
Thcj. après Hermolaus, a juge que c'elt la même con-
fiée que Strabon ôc Mme appellent Perperene , où étoit
une ville de même nom. Voyez. Perperene Civi-
tas.
PART ARUS, montagne de la Laconie , félon Pline,
/. 4. c, 5. jui elt le feul qui en parle.
PAR1ECAI, bourg de France , dans le Blaifois ,
élection de Romorentm.
PARPODLSUM» ville de Thrace. Antonitï,, itiner.
la met fur la route de Vimuiacium a Nicomédie , entre
Sadame ôc Ojiudiz.um, a dix-huit milles de la pre-
mière, & a trente-deux milles de la féconde. Au lieu
de Parpodizjum , Simler lit Tarpodiz.um.
PARRACOTES,ou Paragotes , peuples de l'A-
mérique , dans la France équinoxiale , fur la cote fep-
rcntrionale de la Guiane. Robert de Vaugondy, Atlas ,
les place entre la rivière de Surinam & celle de Ma-
rony , ôc met au-defibus d'eux les Supayez, du côté du
midi.
PARRHASIA, ou Parrhasie , ville de l'Arca-
cie. Homère, va Catalog. v. 115. Paufanias, /. 8. c.
i-.ôc Etienne le géographe en font mention; ôc le
dernier ajoure qu'on la nommoit aulh Parmafia. Quel-
ques maniu'crits de Pline, /. 4. c. 6. portent Par rhafie ,
ôc d'autres Parrhafi.z. Strabon , /. 8. p. 336. appelle le
peuple Parrhafii. Vibius écrit Parafa \ ôc ce nom elt
encore plus corrompu dans Orofius, où on lit Para-
phafii, Papphafii&c Parphafii. 11 y avoir une montagne
de même nom , félon Hefyche , ôc c'elt des neiges de
cette montagne dont entend parler Ovide , Faji. I. z.
v. ij6. dans ce vers:
Attaque Cyllcne , Parrha/rœqtie nlves.
Et Stace , Thebaïd, t. 7. v. 163. nous apprend qu'il y
avoit auiïi une forêt , à laquelle cette montagne donnoit
fon nom.
PARRH ASH , peuples de l'Inde , au delà du Gange ,
fclon Quinte-Curfe. Voyez. Parasia.
PARRHA4INI J/o^Parrhasii.
PARRODUNUM , ville de la Rhétie , félon la noti-
ce des dignités de ['Empire , feëi. 59. Lazius ôc Velfer
croient que c'eft la même ville qui elt appellée Partha-
rutm dans l'itinéraire d'Antonin.
PARSANGUES. Voyez. Mesures Itinéraires.
PARSARGAD/E, lieu où les rois de Perle avoient cou-
tume de donner leursfeftins , félon Appien, in Mithrida-
tic. K^^-Pasargada-, car c'elt ainfi fans doute qu'il
faut écrire.
PARSENTI MONTES , montagnes d'Afie : elles fai-
foient partie du Mont Taurus. Strabon , Epitom. 15. qui
écrit Parfueti , les met au voifmagedu fleuve Indus. Il
elt à croire que ce font les mêmes que Ptolomée appelle
Parfueii Montes ; l'es interprètes écrivent Paructï.
PARSIA, ville d'Afie. Ptolomée , /. 6. c. 18. la don-
ne aux Paropanifadcs , & la place entre Naidibis ôc Lo-
ebarna.
PARSIANA , ville d'Afie , chez les Paropanifadcs , fé-
lon Ptolomée , /. 6. c. 18.
PARSII. Voyez. Pabii.
PARSIR/E. ^«.GarsidvC.
PARSIS. Voyez. Easis.
PARSTRYMONIA, lieu dans la dépendance de la
Thrace, félon Tite-Live , 1.42. c. $1. Ortclius, TheJ.
foupçonne que ce lieu pouvoir être au voilinage du fleuve
Strymon.
VARSVZTl. Voyez. Parsenti.
PART-DIEU ( La ) , mai fon de Chartreux , en Suifle,
au canton de Fribourg , dans le bailliage de Gruyère ,
près de la petite ville de la Tour de Trême. * Etat &
Délices de la Suifle , r. 3. p. 50.
PARTA, ville de la Perfide. Ptolomée, /. Ce. 4.1a
place dans les terres , entre l'oace ôc Mammida.
PARTALIS. K^î, Parthalis.
PARTENAY , Parùnïacum , ou Tcrtinacuhvi , ville
de Fiance , dans le Poitou , où elle elt lajcapitale d'un pe-
tit pays , appelle la Gatitie. Elle elt fituée fur le Thoue ,
au penchant d'un coteau, entre Touars au feptenttion
Ôc Saint Maixant au midi , a fix lieues de chacune de ces
places , & a 7j fud ouetr. de Paris. Cétoit autrefois une
baronnie, qui, dans ces derniers tems, faifoit partie du
duché de la Meilleraie ; mais depuis quelques années elle
a été reunie au domaine de la couronne, ôc aujourd'hui
c'elt une jurisdiction royale , relevant directement du roi.
Cette villea unmaire perpétuel, unpetit chapitre, dont
l'eglife porte le nom deSainte Croix, un couvent de Cor-
deliers , un de Capucins , & une maifon de filles de l'U-
nion Chrétienne. On voit encore les relies de l'ancien
château au bas de la ville. Ci-devant on fabriquoit à Pal'-
tenay des étoffés de lame ; mais ce commerce elt entière-
ment tombé. Il n'y relte plus que celui des beftiaux ôc des
bleds : l'un & l'autre elt fort confidérable, mais particu-
lièrement le premier. * Pigaaiol, Defc. de la France , t.
5. p. ut.
PARTENIENSIS, fiége épiscopal d'Afrique , dans U
Mauritanie Sitifenfe, où Rogatuselt dit P artenienjls epis~
copits.
PARTENKIRCH, bourg d'Allemagne, dans la Ba-
vière, dépendant de l'évêque de Freifingen, fur la rive
droite du Loyfach , vers les confins duTirol , à quatre
milles au fud-elt de Fueffen, ôc de la rivière de Lech. *
Zeyler, Bav. Top. Atlas, Rob. de Vaugondy.
PARTENSTEIN , bourg de la Haute-Autriche, au
quartier de Niche, fur le Danube.
PARTH/EUS. Voytz. Taurus.
PARTHALIS REG1A, ville de l'Inde , en-deçà du
Gange, vers l'embouchure de ce fleuve, félon Time, /.
6. c. 18. Presque tous les manuferits portent Rcgia Par-
thalis ; ôc c'elt une erieur, dit lepere Hardouin , d'avoir
mis Regio pour Regia dans les exemplaires imprimés. Le
manuferit de la bibliothèque de Colbert lir Protalis pour
Parthalis. MaisSaumaife,//z>W.;».p. 992 & 993. fait bien
une plus grande faure, lorsqu'il s'avife de lire , fans être
appuyé d'aucun manuferit, Régia Proclaïs. Voyez, te re-
marque cinquante -feptiéme du père Hardouin, parmi
fes notes Ôc corrections fur le fixiéme livre de Pline.
PARTHANUM, ville de la Vindelicie. L'itinéraire
d'Antonin la met fur la route de Lauriacum kVeldidcna ,
entre Adpontes Terfeninos ôc Veldidena, à vingt milles du
premier de ces lieux , & à vingt-trois milles du fécond.
Simler dit que c'elt préfentement Parter/kirch , bourg de
la Bavière. Koj^Parrodunum. ,
PARTHAX. Voyez. Cylistanos.
PARTHEMONT, abbaye de filles près de Mar-
feille, en latin Partheno Majjilienfis .
PARTHENAI. Voyez, Partenay.
PARTHENI, peuples de l'illyrie, félon Pline , /. 3.
c. 22. Polybe , /. 2. c. 1 1. Pomponius Mêla , /. 2. c. 3.
& Dion Catlius , /. 41. p. \j6. écrivent Parthini. Nefe-
roit-ce point , dit Ortelius, le même peuple qu'Appien
appelle Pertheneta. Voyez. Parthos.
1. PARTHENI A, ville de l'illyrie, félon Polybe, /. 2.
Jules Céfar, de Bel. Civ. I. 3. c. 41. la nomme Oppidum
Parthinorum. On croit que c'eft aujourd'hui Prœja.
2. PARTHENIA , bourgade au voifinage du Pont,
félon Etienne le géographe.
PARTHENIAS, fleuve du Péloponncfe. Strabon ,
/. 8. p. 3J7. dit qu'il traverfoit Epina, ville de l'Elide ; &
félon Paufanias , in Eliac. il couloit dans le pays desHar-
pinnates.
PARTHENICON, lieu de l'Afie Mineure, félon Xc-
nophon , Cyriacor. I. 7. Ortelius , Thefaur. foupçonne
que ce pourrait être le P arthenium de Pline.
PARTHENICUM , ville de la Sicile. L'itinéraire
d'Antonin la met fur la route de Lilybtum à Tyndaride ,
le long de la mer , entre Aqua Segefiana ôc Myccara , à
douze milles du premier de ces lieux , ôc à huit milles du
fécond.
PARTHENIE, ville de l'Afie Mineure, félon Pline,
/. f. c. 29. Cétoit , dit le père Hardouin, unemonragne
ou un rocher environné delà mer. Nicander. in Thcriac.
p. 44. donne la defeription de ce rocher d'une manière
pourtant un peu obscure.
1. PARTHENlUM , promontoire dans la partie oc-
cidentale de la Chcrfonnèfe Taurique. Ptolomée, /. 3.C
6. place ce ptomomoke enite Symbolorum Portus ôc Cher-
Joncfus. Niger dit que ce promontoire eft appelle Rofa-
PAR
PAR
pbar par les habirans du pays. Sur ce promontoire il y
avoit , félon l'omponius Mêla , /. 2. c. i. une ville nom-
mée Cberronefus.
z. PARTHÉNIUM, promonroirede Lydie, félonie
Scholiaffe Nicander, inTberiac. cité par Onelius , Tbe-
Jditr.
3. PARTHENIUM , ville de l'Arcadie. C'efl Pline ,
/. 4. c. 6. qui en t'aie mention. Elle tiroir apparemment (on
nomdela montagne Partbenius . f/c/y££.PARTHENius.Or-
relius , Thef. croir que c'eft de cette ville Paribenium
qu'Etienne le géographe entend parler au mot to&pictuoi.
4. PAPvTHENIUM, ville de Thrace , félon Etien-
ne le géographe.
j. PARTHENIUM, ville de la Myfie, auxenvirons
de la Troade. Pline, /. 5. c. 30. la met au voifinage de
lucide Se de Tbymbre.
6. PARTHENIUM, ville de l'Euboée, félon Etien-
ne le géographe.
PARTHENIUM MARE. Macrobe , /. 7. Saturnal
donne ce nom à la mer Méditerranée qui baigne l'Afie Se
I'Afriquedans l'endroit où ces deux parties du monde fe
joignent.
1. PARTHENIUS , fleuve de l'ifle de Samos. On le
nomma auili Imbrafus, félon Qrtelius , Thef.
z. PARTHENIUS, fleuve de l'Afie Mineure , félon
Pcolomée, /. 2. c. 1. Etienne le géographe parle de ce
fleuve, aufli-bien qu'Arrien, Peripl. i.-p. 14&, i y. qui
le donne pour borne entre la Bithynie Se la Paphlagonic.
Les Grecs, félon Tournefort, Voyage du Levant, t. z.
lettre i<5. ont confervé le nom de cette rivière, car ils la
nomment Partheni ; nom qui lui fut donné , foit des
prairies qu'elle arrofe , foit à caufe qu'on adoroit Diane
fur fes bords. Mais les Turcs l'appellent Dolap. Cette ri-
vière n'efl pas bien grande , quoique ce fût une de celles
que les dix mille appréhendoient de pafler.
3 . PARTHENIUS , fleuve de Cilicie , près de la vil-
le d'Anchiala , félon Suidas.
4. PARTHENIUS , montagne du Péloponnèfe. Pom-
poniusMéla, /. l. c.j.Ôi. Tite-Live, /. 34. f. 26. font:
aulïï mention de cette montagne j& Virgile, dans fa dixiè-
me églogue , parle des bois qui ecoient fur cette monta-
gne :
.... Non me ulla vetabunt
Frigora Partbenios canibus circumdare fallu s .
5. PARTHENIUS , promontoire au voifinage d'Hé-
raclée , félon Etienne le géographe.
6. PARTHENIUS. Voyez. Par^etonium.
PARTHENORUSA. Voyez. Samos.
1. PARTHENOIE, ifle de la mer deThyrrene, fé-
lon Ptolomée f /. 3. c. 1. C'efl aujourd'hui Palmofa ,
félon Léandre ; Bétente, Bentilies ou Ventotiene, félon
d'autres. Cette différence vient de ce que !a deferiptien
que Ptolomée donne des ifles du golfe de Naples , ne ré-
pond pas jufle à la fituation préfente des lieux.
2. PARTHENOPE. Voyez, Naplls.
1. FARTHENOPOLIS, ville de Macédoine, fclon
Etienne le géographe. 11 en efl fait mention dans le con-
cile de Chalcédoine , qui la met dans la première Macé-
doine. Le père Hardouin appelle cette ville Parthiivpo-
lis , appuyé fur une notice grecque.
^ 2. PARTHENOPOLIS, ville delà Bithynie , félon
Tline , /. 5 . c. 3 2. qui fait entendre qu'elle ne fubfiftoit
plus de fon terns.
3. PARTHENOPOLIS, villedelaMœfielnférieure.
Pline, /. 4. c. 11. la met parmi les villes du pays qu'a-
voient occupé les Scythes Aroteres ; Se Eutrope ,1.6. c.
8. la compte parmi celles que Lucullus fubjugua fur ie
Pont.
4. PARTHENOPOLIS , ville de la Carie. Il en efl
parlé dans le concile de Chalcédoine.
PARTHES. Voyez. Parthia.
PARTHIA , à préfent I'Arach , contrée d'Afie,
bornée au nord par laGrande Médie, & par l'Hyrcanic,
à l'orient parl'Arie: au midi par la Caramanie Défei te ,
Se à l'occident parla Parayiacène , ou , félon Ptolomée,
l.6.c. j. par la Médie. Cette contrée, dit Etienne le
géographe, efl appellée par les Grecs Partby^a Se Pàr-
ibyene ; Se par les Latins Parthiene , Se le plus fouvent
Parthia. Les peuples font nommés P<w/?y<tt parles Grecs,
Se Pa,:bipai les Latins. Les premiers fe fervent pourtant
84r
aufll quelquefois du nom Parthi. Dion Ca.'fius , /. 40, p.
i2j. Se Plutarque, inCraJJb & Antonio, en ont ufé.
Sous les rois de la Perfide, Se ceux de Syrie , la I arrhie
étoit regardée comme peu déchoie , Se les Macédoniens
méprifoient ce pays à caufe de fa flerilité , qui ne lui
fourniflbit pas de quoi faire fubfifler leur armée. Arîfacc s
Fut le fondateut de l'empire des Partîtes. Cet empire fe
rendit fi puifiant , qu'il tint long-rems tête aux Romains.
II fut établi environ deux cens cinquante ans avant Jefus-
Chrifl, &dura plus de quatre cens ans fous fes fucees-
feurs, qui prirent le nom A'Arfacides , nom qui fut auiïï
donné aux peuples qui leur étoient fournis. L'empire des
Parthes finit vers l'an 227, fous le règne d'Artaban qui
fut tué par un Perfe, qu'on difoit fils d'un cordonnier , Se
qui avoit pris le nom d'Artaxerxès que portoient les an-
ciens rois Perfes.
Ptolomée partage la Parthie en différentes portions.
Celle qui joignoit l'Hyrcanic s'appclloit Comisfne: celle
qui étoitau midi de laComifene, s'appelloit j arthiene
ou Parthie propre. Une autre portion fenommoir Cho-
ROANE,-une autre la Parant. nicene , &nne autre la Ta-
eiene. Ces noms ne font guère connus, non plus que
ceux des villes Se des bourgades que Ptolomée place dans
ces provinces, & qu'il fait monter au nombre de vingt-
cinq ; favoir,
Ambrodax ,
Oenunia ,
Suphtha,
Araciana ,
Dordomana ,
Hecatompylon ,
Sindaga ,
Parbara,
M y fia,
Charax ,
Apamia ,
Spha,
Rhagita.
Caripraca ,
Rhoara ,
Semina,
Marriche ,
Taflachc ,
Armiaria,
Choana,
Pafacarta ,
Rhuda,
Simpfimida,
Artacana,
Appha,
PARTHLEI, peuples de la Macédoine. Ptorbmée,
/. 3. c. 1 3. leur donne une ville nommée Eriboea.
PARTHICOrOLIS. F^Parth/enopolis i.
PARTHINI. Voyez. Partheni.
PARTHINORUM URBS. Voyez. Parthfnia.
PARTHISCUS. Voyez Parthisus.
1. PARTHOS, ville d'illyrie, félon Etienne le géo-
graphe , qui cite Apollodore. Elle dennoit le nom aux
peuples Partheni j & Parthos pourrôit bien être la
même ville que Parthenia.
2. PARTHOS, ville de l'Afrique propre. Appien ,
de Bell. Pun.p. 21. dit qu'elle fut prife par Scipion. 11
paroït qu'elle ne devoir pas être éloignée de la ville de
Cilla.
PARTHUSI , peuple de h Sufiane, félon Pline , /. 6.
c. 27.
PARTHYENE , cnnrréequi faifoit partie de l'empiie
des Parthes. C'efl Ptolomée , /. 6. c. 5. qui fait mention
de cette contrée. Voyez Parthia.
PARTISCUM. Ptolomée , /. 3. c. 7. nomme ainfi la
dernière des villes qu'il donne aux Jnzyges-Métanafles.
Niger prétend que c'efl aujourd'hui Cccbometb en Hon-
grie j mais Lazius prétend que ce foit Paroczlo. Voyez.
ce mot.
PARTZ, château fitué dans la Haute- Autriche, au
quartier de Haus. Il appartient au comte de Weiflcn-
woif.
PARU, fort de l'Amérique méridionale . fur le bord
feptentrional de la rivière des Amazones , un peu au-
deffus de l'embouchure de celle de Xingu. Ce fort a été
nouvellement bâti par les ;s, fur les ruinesd'un
vieux fort que les Hollandois y ont eu. * Relation d'un
voyage en Amérique , parM, de la Condamine.
PARUETUS. Voyez. Parsenti.
PARUS. Voyez. Paros.
PARUT/E , peuples de l'Arie. Ptolomée , /. 6. c. 17.
les dit voiilnsdcs Paropanifades. Ses interprètes, ai: lieu
de ParuiA , lifcnt Parauti.
PARVUS, Parva, Parvum, adjectif laiin qui fi-
gnifle Petit Se Petite.
$$6 PAS
PAS
Les anciens ont appelle Parvum Littus , ou le Petit
Rivage , un lieu maritime , fur la côte d'Ethiopie, &
que Ptolomée , /. 4. c. 7. place dans le golfe des Barbares.
Ils ont aufli appelle Parvum Littus, félon Ptolo-
mée , /. 6. c. 7. un lieu de l'Arabie Heureufe , dans le
pays des Adramites , entre la ville Erith^ Se le port de
Cane.
PARYADRES. Voyez. Pariades.
PARYCANII. Voyez. Pa ricane.
PARYM./E, peuples d'Afie.Juftin en fait mention, /. 12.
■v. 5. Ils dévoient être quelque part vers le Mont Caucafe.
PARYMNA , lieu deplaifance, dans l'ifle de Cypre :
c'efi Siméon le Métaphrafte qui en parle dans la vie de
faint Spiridion.
PARYSTIUM. Athénée, /. 1. loue une forte de vin
appellée Paryftium du nom du lieu où il croiflbit. Or-
telius croit que ce lieu étoit dans laTroade, au voifi-
mge de la ville de Pitane.
1. PAS, forte de mefure qui fe prend de l'espace,
qui eft entre les deux pieds d'un animal, quand il marche.
Voyez, Mesures Itinéraires.
2. PAS : ce mot fe dit par extenfion d'un paflage étroit
ëe fortifié , comme le Pas de Suze , le Pas des Thermo-
pyles &c autres -, & fur la mer i! fignifieun détroit entre
des terres, comme celui qui ell entre Calais Se Douvre ,
Se qu'on appelle le Pas de Calais. Voyez. Détroit.
3. PAS, bailliage de France, dans l'Artois. Il rele-
voit autrefois de la prévôté royale^de Beausquene , mem-
fcre du baiiliage d'Amiens. Mais aujourd'hui il dépend du
comté de Saint Paul , avec lequel il fut cédé à la France
par le traité des Pyrénées. * Longuerue , Defcription de
la France , part. 2. p. 93.
PAS-DES ÂNES. Voyez, dans cette lifte, l'article Pas-
de-Grave.
PAS DE LA BARRE , lieu de France , dans le gou-
vernement de Foix, à une lieue au-dedous de la ville de
Foix. Selon le témoignage de Guillaume de Puy-Laurenr,
en fon hilloire des Albigeois , le comte de Foix reconnut
tenir du comte de Touloufe toute la terre dit Pas de la
Barre en bas , dans l'évêché de Touloufe. * Longuerue ,
Defcription de la France , part. 1. p. 21 f.
Le PAS DE LA BICHE , lieu de France , dans le Poi-
tou , auprès de Civeaux , paroiffe de l'élection de Poi-
tiers , fur la Vienne. On croit bonnement que Clovis
paffa cette rivière à gué à la fuite d'une biche qui fortit
des bois exprès, pour venir fervir de guide à ce prince.
Au voifinage , on voit dans un grand champ un nombre
prodigieux de tombeaux de pierres. La tradition du pays
veut qu'ils ayent fervi à inhumer les corps des François
qui furent tués à la bataille de Vouillé , où Clovis défit
entièrement les Vifigoths. Ce qu'il y a de confiant , c'efi
que dans quelques-uns de ces tombeaux qu'on a ouverts ,
on y a trouvé de vieilles armes confumées par la rouille.
* Piganiol, Defc. de la France , t. j. p. 103.
PAS COMMUN. Voyez. Mesures Itinéraires.
PAS DE CALAIS, détroit entre les côtes de France
& celles d'Angleterre. Voyez. Calais.
PAS DIEU. Voyez, au mot Sainte , l'article Sainte
Croix.
PAS GÉOMÉTRIQUE. Voyez. Mesures Itinérai-
res.
PAS DE GRAVE , petit bras de mer , fur la côte
occidentale de la Fiance , en Guienne. C'efi propre-
ment la bouche méridionale de la Gironde , entre la
Tour de Cordouan Se la côte de Medoc. La bouche fep-
tentrionale de cette même rivière eft nommée le Pas-
des-Anes. Elle eft entre la Tour de Cordouan Se la côte
de la Saintonge.
Le PAS DE S. LUCIUS , lieu dans le pays des
Grifons , dans !a feigneurie de Meyenfeld. C'efi un dé-
filé important, dans les montagnes, à l'entrée du pays.
* Etat & Délices de la Sut/Je , t. 4. p. 8 1 .
PAS DE-SUZE. Voyez. Suze.
PASACARTA, ville delà Parthie. Ptolomée , /. 6.
c. 5. la place entre Cboana Se Khuda.
PASAGE , ville de l'Inde , en-deçà du Gange , félon
Ptolomée, /. 7. c . 1.
PASAR, ville des Chorasmiens, félon Ortelius,
Tbefaur. qui cite Cedrene Se Zonare.
PASARGADA, ville de k Perfide, fclon Pline , /.
6.c. 23. Etienne le géographe, qui écrit Passargad^ »
rend ce mot par Perjarum Caflra, le camp des Perles.
Dacier croit que Cyrus le Grand la fit bâtir , parce qu'il
avoit défait dans ce lieu Afiyage & acquis le royaume
par fa victoire. Plutarque , in Artaxer. dit que le roi
Artaxerxes s'y fit facrer félon la coutume par les prêtres.
Ptolomée nomme cette ville Pafacarta. On trouve
encore quelques veftiges de ce nom dans celui qu'elle
a aujourd'hui > car , félon le père Lubin , on la nomme
Darabegerd , ou comme les Arabes , Valafegerd.
PASARNA, ville de la petite Arménie. Ptolomée;
/. $. c' 7- 'a place dans la préfecture Laviniane , à queL
que diftance de l'Euphrate.
PARS ARRACHA , ville de Perfc, félon Ptolomée ;
/. 6. c. 4.
PASC-^E , peuples de la Sogdiane , félon Ptolomée ,
/. 6. c. 12. qui les met auprès des monts Oxii. Ses in-
terprètes , au lieu de Pascœ , lifent Pafïc&.
PASCAMAYO , vallée de l'Amérique méridionale ,
au Pérou , dans l'audience de Lima , entre la vallée de
Zanaaunord, Se celle de Chimo au midi. Cette vallée
ei\ la plus fertile Se la plus peuplée de tout le pays. Ses
habitans avoient bâti plufieurs temples , dans lesquels ils
facrifioient à leurs idoles. Aujourd'hui ces temples font
pofledés par des religieux Se des prêtres. On fait dans
cette vallée beaucoup de draps de coton. Les vaches,
les chevies Se les pourceaux y profitent fort. * Corn.
Dict. De Lait , Defcription des Indes occidentales,!.
10. c. 9.
IASCOUR, ville du pays d'Yefib, ou de Kamats-
chatka , félon la relation des Hollandoisdu Cafiricoom.
* Le père de Cbarkvoix. Mémoires Manufcrits.
PASCUARO , Pasquaro, ou Mechoacan, ville
de l'Amérique feptentrionale , au Nouveau Mexique ,
dans l'audience de Mexico , fur le bord occidental du
lac de Mechoacan, vis-à-vis de Valladolid, où l'on a
transféré l'évêché , qui avoit d'abord été établi à Pascua-
ro , que l'on regardoir alors comme la principale ville
du pays. Pascuaro eft maintenant ruinée. * Atlas , Rob.
de Vaugondy.
PASI. VoyezV k^r\.
PASIANI, peuples d'Afie. Strabon, /. 11. p. 511.
dit qu'ils furent du nombre de ceux qui enlevèrent la
Bactriane aux Grecs.
PASIACUS. Voyez. Axiaces.
PASIC£. Voyez. PascvE.
PASICANA , ville de l'Inde , en-deçà du Gange. Pto-;
lomée, /. 7. c. 1. la donne aux Caspir^ei.
PASINI CASTRUM.Kov^Charax,w. 10.
PASIPEDA , ville de l'Inde , en-deçà du Gange. Pto-
lomée, /. 7. c. 1. la place fur le bord du fleuve, en-
tre Pisca Se Suficana.
PASIR A, bourgade de îaCarmanie. Arrien,z'« lndic.
p. 341. dit qu'elle étoit à foixante ftades de la mer.
PASIRIS, ville de la Sarmatie Européenne, félon
Ptolomée , /. 3. c. 5. qui la place fur le bord du fleuve
Carcinite , entre Torocca Se Hercabum.
PASITIGRIS. Voyez. Tigre.
PASLEY , ou Paslay , ville d'Ecofle, dans la pro-
vince de Cunningham , à quinze lieues d'Edimbourg.
Elle ei\ plus grande que Renfrew. Le Cartl'arrofe ; Se
elle éroit autrefois fameufe par une belle abbaye de
l'ordre de Clugni. Cette ville donne le titre de baron à
la famille d'Abercorn, qui eft une branche de celle
d'Hamilton.
PASMASIUS, campagne de la France, félon Orte-
lius , Thefaitr. qui cite Surius.
PASPANENSIS, fiége épiscopal de la Lycaonie. Il
en eft parlé dans le concile de Conftantinople tenu
fous Je pape Damafe I. * Ortel. Thef.
PASSA, ville de Thrace, félon Etienne le géographe.
Voyez. Pastos.
PASSAD/E , peuples de l'Inde , au-delà du Gange.
Ptolomée, /. 7. c. 1. les place fur le bord de ce fleuve.
Ses interprètes lifeni PaJJal.c; Se c'efi ainfi qu'écrit Pline,
/. 6. c. iç.Orofe, /. 3. c. 19. Pafiidœ , Se dit que ces
peuples furent fubjugués par Alexandre. Voyezï>AlAi.&.
PASSAGARDiE. Voyez Pasargada.
1. PASSAGE. Voyez.Tp.A3Ecrvs.
2. PASSAGE. Voyez. Passaje.
PAS
3. PASSAGE. Corneille , Dicl. dit , fans cirer de ga-
rnir, que c'eft un bourg ou village de l'Anatolie, avec
un porr, fur la côte de l'Archipel. Il ajoure que ce lieu
a cri ainfi nommé , à caufe que c'e t là qu'on s'embar-
que ordinairement pour faire le trajet jusqu'à l'ifle de
Scio, qui eft vis-à-vis, à quatre lieues delà, au
couchant.
PASSAGE DE BELLE ISLE. Voyez, au mot DÉ-
ïroit , l'article Détroit de Charles.
PASSAGE DE BROUWER. Voyez, au mot Dé-
troit , l'article Détroit de Brouwer.
PASSAGE-DU-CANCEAU , détroit de l'Amérique
fepcentrionale , dans la Nouvelle France. Il eft entre la
côte de l'Acadie à l'occident , Se Lille du Cap Breton
à l'orient.
PASSAJE, ou Passage, ville d'Espagne , dans le
Guipuscoa, vis-à-vis d'un bourg nommé Lesso, à un
quart de lieue de Saint Sébaftien , tirant vers Fontara-
bie. Cette petite ville eft le lieu où le roi d'Espagne
tient l'escadre qu'il entretient fur l'Océan. * Délices d'Es-
pagne , p. 80 & 81.
PASSAIS , Paffagicn/îs Tr atlas , archidiaconé du dio-
cèfe du Mans.
PASSALA , port des Mylafféens , félon Etienne le géo-
graphe. Pline, /. 5. c. 31. place P affala, dans le golfe
Céramique.
PASSAL/E. Voyez. Passade & Pazal^.
PASSALON , ville d'Egvpte , félon Ptolomée , /. 4.
c. 5. Villanovanus dit que c'eft la ville Pefla de l'itinérai-
re d'Antonin ; mais Ortelius , Thefaur. n'en demeure pas
d'accord. Il femble qu'il aimeroit mieux dire avec Sim-
ler, que Passalon feroit la même ville que celle qui
eft nommée Peseta , dans la notice des dignités de
l'Empire.
PASSANDA , lieu fortifié dans la M) fie Afiatiqne ,
félon Etienne le géographe , qui place ce lieu dans le
voifinage de la ville Adramyttium Se de celle de Ci-
fthene.
PASSAO , cap de l'Amérique méridionale, au Pérou,
dans l'audience de Quiro. Au-defTous eft un petit port
que les Espagnols appellent communément et Porteto
Quand François Pizarre fit fon premier voyage au Pérou ,
il avança dans ces quartiers, où il trouva beaucoup
d'or Se d'émeraudes qu'il enleva aux Sauvages. * Atlas,
Rob. de Vaugondy. Cor». Di£t. De Lae't , Defc. des In-
des occ 1. 10. c. 8.
PASSAPRUM. Ortelius, Thefaur. dit: Athénée, /.
1. appelle ainfi une forte de vin du nom du lieu qui
le produifoic. Ortelius ne cite pourtant que Natalis,
l'interprète d'Athénée , parce que dans le rexre grec ,
il y a une petite lacune. Le mot Paffaprum y elt tronqué :
on y lit feulement ces trois lettres Uxtt.
PASSARIA. Voyez. Passerg.
PASSARO, ou Passero. Voyez.au mot Cap l'arti-
cle Cap de Passaro,
PASS ARON , lieu de l'Epire , dans la Moloffide. De
toute ancienneté , dit Plurarque, in Pyrrho , les rois
d'Epire avoient accoutumé de tenir une afTemblée dans
ce lieu •, Se après avoir fait un facrifice à Jupiter Mar-
tial , ils prêtaient ferment à leurs fujets , Se recevoient
le ferment d'eux.
PASSAROWITZ , petite ville de la Servie , fur la
Morave, remarquable par le traité de paix fait en 171 8 ,
entre les Turcs & les Impériaux.
PASSARVAN, ou Passa roewan , ville des Indes,
dans l'ifle de Java , fur la côte feptentrionale, à fix lieues
de la ville de Panarucan , fur le bord d'une rivière agréa-
ble. C'étoit une ville royale du tems que lesHollandois
y firent leur premier voyage. La principale marchan-
dife qu'on y trouve , c'eft le fin Se petit garnitre , fruit
à peu près femblable aux fraifes. Les marchands Quil-
lins l'eftiment beaucoup , parce qu'ils en font des grains
de chapelets ou de bracelers. On y fait auffi des toiles de
coton qu'on porte à Bantam , où on les échange pour des
nurchandifes de la Chine. Quant à la province de Pas-
sarvAn ou Passarqewan. Voyez, l'article Java. *
1 . Voyage des Hollandois aux Indes orientales , p. 3 3 4.
Se fuïv.
PASSAI! , ou Passaw, ville d'Allemagne, dans la
Baffc-Bayicre, fur le Danube, au confluent de l'Inn Se
PAS 847
de l'Illz, vers le 48 degré 30 minutes de latitude. Les
Latins modernes la nomment Patavia , Paffdvia , Pa-
tavium , Paflavium , Se Balava Cafira. Ce dernier nom
eft lefeul qui foit légitime , parce qu'il tire fon origine
d'une cohorte des Bataves qui eut là fes quartiers d hi-
ver affignés fous l'empire d'Antonin. Auffi voyons-nous
dans h notice de l'Empire fub dispofttione virifpedabilis
Ducis Provincial. RbetLeprimœ Crfecunda, qu'il y avoit
un tribun de la première cohorte des Bataves , en un lieu
nommé Bâta va. Ce fentiment eft adopté par Mégifer ,
dans fa chronique de Carinthie; par le Scholiafte d'Eu-
gippe cité par Zeyler. Depuis ce tems , ce lieu fut nom-
mé Batavorum Castra , le Camp des Bataves , oa
Amplement Batava : les habitans ont dit d'abord Bat-
taw par une rerminaifon appropriée à leur langue , Se
en onr fair enfuire P a flan , par le penchant qu'à la lan-
gue allemande de changer les deux t en deux/, comme
de Chatti elle fait Hajfî, les Heffos, & ainfi de quantité
d'autres mots. Paffau n'eft ni la Petorio de Tacite , ni le
Boiodorum de Ptolomée, comme plufieurs l'ont cru.
Il y a un évêché à Paffau, qui, félon plufieurs a été
détaché de Laureacum.
La ville de Paffau eft fituée en long , à caufe d'une
montagne qui la gêne. Zeiler nomme cette montagne
D aldechtigen Berge : cette ville s'étend d'orient en oc-
cident l'espace d'environ onze cens pas , 8c eft environ-
née de rivières ou de montagnes , qui lui font une
enceinte naturelle. Elle eft immédiatement foumife à
fon évêque. La cathédrale, qui eft fous l'invocation de
fiiint Etienne, premier martyr , a été bâtie des libérali-
tés de Plectrude ( Pluiraitd ) fille de Grimoald ( Grein-
holds ) duc de Bavière Se femme de Pépin d'Herftal , mai-
re du palais des rois de France , laquelle fe joignit à fori
pere pour cette dépenfe. Près de cette églife il y a le
palais épiscopal &c la cour du chapitre. Les autres églifes
de Paffau font celles de Saint Paul , de Saint Michel , de
Sainte Croix, ou le monaftere de Niederburg, bâti
pour des filles de qualité, par Utel, duc de Bavière ,
vers l'an 739. Gifellc , fœur d'Henri II, empereur, Se
femme d'Etienne , roi de Hongrie , y eft enterrée. L'em-
pereur Frédéric 1 donna cetteabbaye à l'évêque de Paffau
& à S. Etienne , à la charge d'une redevance annuelle,
Se fe réferva pour foi Se fes fucceffeurs certainsdroits.
Les Jéfuites ont un collège en cette ville ; hors de la vil-
le Se au couchant, eft l'églife de Saint Nicolas , avec
une maifon de chanoines réguliers de l'ordre de faint Au-
gullin : vers le midi., dans la ville nommée Inftadt, eft
l'églife de fainte Gertrude. Sur la montagne de Saint
George eft une for tereffe nommée Ober Haufz. , dont
on jetta les fondemens en 1 1 19 Au pied de la montagne
eft une autre foi tereffe fort ancienne, nommée Undet
Haufz. ; l'une Se l'autre appartiennent à l'évêque. Cette
montagne eft dans l'angle que forment llltz Se le Danu-
be en fe rencontrant; l'Iltz la fépate d'iltzftadt.
L'évéché dePaffau eft entre la Bohême, la Baflè-Baviere
«Scia Haute-Autriche. Le Danube le coupe en deux parties
inégales , mais fertiles Se fort peuplées. Il fut fondé par
Théodon 111 , duc de Bavière, après qu'Attila eut ruiné
la ville de Lorck ( La uriacum ) dont le fiége archiépis-
copal, c'eft-à-dire,Ia dignité de métropole, fut transféré
à Saltzbourg. C'eft ainfi qu'en parle d'Audifret , que la
mort enleva en 173 3, en Lorraine, où il réfidoit depuis
très-long-tems de la p.art du roi très-chrétien. Il pourfuit
ainfi : Erchenfrid en fut le premier évêque , 8e Théo-
don lui fit donation du domaine de la ville : fes fucces-
feurs prirent durant un long espace de tems la qualité
d'archevêques de Lorck , prétendant qu'en poffédant fon
diocèfe , ils dévoient auffi en avoir le titre: Hundius
fait mention dans fon hiftoire de Saltzbourg , d'un grand
différent qu'eurent fur ce fujet Hérold, archevêque de
Saltzbourg ,8c Gérard , archevêque de Lorck ou de Pas-
fau. Comme les fuites en pouvoient être funeftes à l'é-
glife , le Pape Agapit II interpola fa médiation , & ter-
mina leur querelle; de forte qu'ayant divifé le Norique
en deux parties , illaiffa l'occidentale à Herold, Se don-
na l'orientale à Gerald Chriftian. Un des fucceffeurs de
Gérard au dixième fiécle ,s'abftint le premier de prendre
le titre d'archevêque. L'empereur OrtonlII, confirma
tous les privilèges de fon églife, à laquelle il unir l'ab-
baye de Kremsmonster, le monaftere de Mathafe Se
848
PAS
PAS
la chapelle d'Oetingcn ; Se pour rendre cette confirmation
plus fblemnellc , il l'exeaita lui & fes fuccefleurs de tout
fervice des ducs de Bavière Se autres puiflans feigneurs,
lui accordant tous les droits régaliens Se ceux que les
empereurs poftédoient dans la ville Se hors la ville de
Paflau ; fes fuccefleurs augmentèrent leur domaine , Se
particulièrement Ulrick , frère de Conrad, comte de
Hall Se de Wafierbourg , qui vivoit au commencemenc
du treizième fiécle.
Le chapitre de Paflau eft compofé de vingt-quatre
chanoines capitulaires , parmi lesquels il y a trois digni-
tés , qui font celles de prévôt , de doyen Se de euftode.
Paflau efl remarquable par le traité qui s'y fit en ij/2.
pour pacifier les agitations qui troubloient alors l'em-
pire d'Allemagne ; Se comme chacun y garda ce qu'il
avoit acquis , ce traité a pafle en proverbe. Quand dans
une querelle un parti a été fore maltraité , Se que l'on
fait ceffer les hoftilités, fans autres réparations , on
dit : Ccfl l'a Transaction de Pajfau , chacun garde ce
qu'il a reçu.
Les autres villes de cet évêché font Obernberg ,
fur llnn , dans la Haute-Bavière , proche de Reicher-
lberg , où l'évêque fait fa réfidence ordinaire, & Eber-
sperg, fur le ruifleau de Traun , à deux milles de Lintz,
dans la Haute- Autriche.
PASSA VA, forterefie de laMorée,dans la provin-
ce de Maina , près de la plage du golfe de Colochine,
fur le cap de Matapan , à l'oppofite de Chielefa & du
port de Vitulo. Le généraliflime Morofini s'en rendit
maître en 168/ , Se la fit démolir. Elle étoit d'une fi-
gure irtéguliere en toutes fortes de façons, Se elle ne
valoit pas la peine qu'on y laiflac une garnifon. D'ail-
leurs elle étoit inutile ; car il y avoit dans le voifinage
un partage étroit , où l'on pouvoir avec peu de monde
arrêter Se combattre une nombreufe milice. * Coronelli ,
Defcr. de la Morée, p. 89.
1. PASSAVANT , petite ville ou gros bourg de Fran-
ce , dans l'Anjou , fur la rivière de Layon , à trois
lieues de Montreuil-Bellay. Elle porte le titre de com-
té , & appartenoit dans ces derniers tems au duc de
Rouanez , de la maifon de Goufficr. Sa juftice s'étend
fut quinze paroifles. La terre vaut environ trois mille
livres de rente : Se il y a cent fiefs qui en relèvent. La
paroifle eft des plus petites , Se ne contient que foixan-
te-quatre feux. * Piganiol, Defcr. de la France, c. 7.
p. 155.
2. PASSAVANT, ville de France, dans la Cham-
pagne , au diocèfe de Châlons. 11 y a une prévôté roya-
le reflbrtiflante au bailliage de Langres. Son terroir elt
allez abondant en grains Se en vins.
3. PASSAVANT, forêt de France, aux confins de
la Lorraine, de la Champagne Se du comté de Bourgo-
gne. Le roi en céda la moitié au duc de Lorraine , par
le traité de Paris, en 1718.
4. PASSAVANT , ville de France , dans la Franche-
Comté , au bailliage de Baume , à fix lieues de Befan-
çon , du côté de l'orient feptentrional , & au midi de
Baume- les-Nonnes. * Jaillot , Atlas.
PASSER. Voyez. Fluctus Passeris.
1. PASSERG , Passaiua , rivière de Prufie. Elle a
fa fource aux confins du cercle d'Hockerland S: de l'Er-
meland , près d'Hoenftein. Son cours eft du nord au
midi , en ferpentant. Elle fépare le cercle d'Hockerland
de la partie orientale du Palatinat de Marienbourg ; en-
fuite elle traverfe le milieu de ce palatinat ; Se après avoir
mouillé Braunfberg , elle va fe jetter dans le Frisch-
Haff, auprès de Paflerg , bourgade à laquelle elle don-
ne fon nom.
2. PASSERG , bourgade de la Prufle , dans la par-
tie occidentale du cercle de Natangen , fur la rive orien-
tale de la rivière de Paflerg , près de fon embouchure
dans le Frisch-Haff.
PASSEWALCK ouPasewalck, anciennement Poz-
dewalck, petite ville d'Allemagne, dans la Poméra-
nie, aux confins de l'Ukermarck , dans les états de l'é-
lecteur de Brandebourg. Elle eft fituée fur le bord oc-
cidental de la rivière d'Uckcr , entre Prenflow & Tor-
gelow. La rivière d'Ucker , qui h baigne , donne aux
habirans la commodité de faire pafler leurs denrées jus-
que dans le Hafï, & de-là dans la mer Baltique. Cette
ville a deux paroifles, favoir Sainte Marie ou Notre-
Dame , Se Saint Nicolas ; deux autres églifes t qui font
celle du Saint Esprit Se celle de Saint George, & un
couvent. On y brafle une bière fort vantée , nommée
Pafenelle, que l'on transporte en beaucoup de lieux. Sec-
cerwitz en parle ainfi :
Fertile Paswaleum , fuccos cui tradidit igni
lpfa Ceres coquere & pingues diftendere cellas
Neclare , quo nullum P orner ano rure Colonï
Suavuts Hyblœi forbent de more liquoris.
11 y a une prévôté qui a fous elle dix paroifles. Ce
lieu a fait naître bien des querelles , lorsque la Pomé-
ranie Se la Marche avoient des fouvetains différens.
Comme il eft aux confins, il fe trouvoit à la bienféancede
l'un& de l'autre, & chacun prétendoit que cette ville lui
appartenoit. Mais la maifon de Brandebourg pofledant
l'un Se l'autre préfentement , a retranché cette ancienne
pomme de discorde : on peut voir l'hiftoire de ces con-
teftations dans Zeyler, PomeranU , Topogr. p. 78.
PASSID/E. Voyez. Passade.
PASSIGNANO, petite ville de l'Etat de l'Eglife , dans
le Perugin , fur le bord feptentrional du lac de Perugia,
auquel on donne aufli quelquefois le nom de cette ville.
Saint Jean Gualbert eft honoré à Paflîgnano , où il mou-
rut en 107J , dans un monaftere qu'il y avoit fait bâtir.
C'eft le fondarcur de la congrégation de Val-Ombreu-
fe, dont Finftitut fut approuvé l'an iojj , par le pape
Viétor II, au concile de Florence , Se par Urbain II en
1090. * Ma gin , carte du Perugin.
PASSIRAL , bourg de France, dans la Saintonge ,
élection de Saintes.
1. PASSY. Voyez. Pacy.
2. PASSY , ou Pacy, Paciacum, gros village de
France , au-deflbus Se près de Paris , fur la rive droite
de la Seine , entre cette rivière Se le bois de Boulogne.
On remarque dans ce village plufieurs maifons jolies
Se propres. Celle de M. le duc d'Aumont eft remar-
quable par l'art avec lequel on a tiré parti du terrein
fur lequel elle eft fituée. Celle qui eft fur le chemin de
Verfailles , Se fur le bord de la rivière , eft grande ,
belle & bien fituée. La cure eft deflervie par les Barna-
bites , qui ont une maifon dans ce village. * Piganiol >
Defc. de la France , t. 2. p. 2 & 69 c.
Les eaux de la fontaine minérale de Pafly font rrès-
falutaires pour les embarras du bas-ventre. M. du Clos
en fit autrefois l'analyfe, Se trouva qu'elles contenoient
peu de fel vitriolique , peu de particules de fer , Se
beaucoup de matières plâtreufes. Aujourd'hui félon Le-
mery le fils , elles ne font plus plâtreufes Se parois-
fent compofées d'un esprit vitriolique , Se d'une ma-
tière tetreftre qui renferme un fel acide , Se qui eft
jointe à une poudre très-fine de roui Hure de fer.
PASTACA , ou Pastaza , rivière de l'Amérique
méridionale , au Pérou. Sa fource eft formée par la
jonction de plufieurs torrens au levant du volcan de
Sangay , Se prenant fon cours vers le fud , elle fe jet-
te dans la rivière des Amazones à plus de 100 lieues
au-deflîis duNapo. La rivière de Paflaca a trois bou-
ches." La largeur de la principale eft de 410 toifes,&
presque aufli large que le Maragnon. * Carre de la ri-
vière des Amazones par M. de la Condamine.
PASTERIS , ville d'Egypte , félon Etienne le géo-
graphe.
PASTO , ou San Juan de Pasto , ville de l'A-
mérique méridionale , dans le Popayan , au midi oc-
cidental de la ville de Popayan. La ville de Pafto eft
fituée dans une belle Se agréable vallée qu'arrofe une
rivière fort claire , Se où l'on voit une infinité de ruis-
feaux Se de torrens qui s'entrecoupent. Cette vallée
s'appclloit anciennement Atris , Se étoit aflez peuplée
de ïauvages , que le voifinage des Espagnols a obligés
de fe retirer dans les montagnes. Elle eft ceinte de rou-
tes parts d'un haut terroir qui s'élève partie en colli-
nes, Se qui s'enfonce en partie dans une plaine. Les
Espagnols y ont plufieurs cenfes où ils nourriflent du
bétail. Ils fement du maïs Se du froment le long des
bords de la rivière. Les villages de Malama , Asgual,
Tucurres, Capuyes, Iles, Gualmatal, Funes , Cha-
pal,
PAS
pal , Malos , Pialcs , Pupialcs , Turca Se Cumba . avce
leurs cafliqucs , avoient anciennement le nom com-
mun de Paftos , ou las Paftos , Se c'eft delà que la
ville de Pafto a pris le fien. Toute cette région eft un
peu froide, ou du moins fort tempérée , Se même plus
froide en été qu'en hiver , félon qu'ils distinguent les
faifons ; ce qui a lieu aufli dans la ville de Pafto. A
neuf lieues de cette ville pafTe une rivière que les Es-
pagnols nomment Rio Caliente , Se qui s'enfle fi
fort en hiver, qu'on ne la peut traverfer que fort
difficilement. 11 y en a une autre appelJée Angasmayo
qui traverfc la contrée de los Paftos. Elle bornoit vers
le nord le royaume du Pérou du tems de l'empire
des Incas, comme le fleuve du Maule , qui eft dans
le Chili , le terminoir du côté du fud. * Atlas , Rob.
de Vaugondy. Corn. Dict. De Laët, defci iption des Indes
occidentales, /. 9. c 16. Elle eft au 303 d. delongit.
à 1. d. 30. m. début.
PASTONA, ville fur le bord de l'Euphrate, félon
Pline, /. y. c. 24 qui h met au voifinage de Meli-
tenc de Cappadoce. Quelques manuferits lifent Sar-
tona.
1. PASTOS, ville de Thrace , félon Pline , /. 4.C.
1 1. Le père Hardouin prétend qu'il faut lire Datos.
Voyez. Dathus.
2. PASTOS ou Los Pastos. Voyez. Pasto.
PASTOUR ou Pastori , village de la Palefline,
dans la tribu de Juda , à une demi-lieue de Bethléem ,
du côté de l'orient. On prétend que c'eft de ce vil-
lage qu'étoient les pafteurs qui furent avertis de la
naiflance du Sauveur, Se qui allèrent l'adorer à Beth-
léem. On trouve à l'entrée une espèce de puits ou de
citerne , qu'on appelle le Puits de la Vierge. Les ha-
bitans de ce village font en petit nombre Se fort pau-
vres. De ce village on descend dans le champ où l'An-
ge apparut aux Pafteurs. Ce champ eft entre l'orient
Se le feptentrion de Bethléem. C'eft une agréable Se
vafte plaine , bien cultivée , entourée de montagnes
médiocrement hautes , qui forment une belle vue. Cet-
te plaine eft fans doute abondante en pâturages durant
l'hiver, Se la commodité de ces pâturages y arrêtoit
les pafteurs avec leurs troupeaux. Le calvinifte Mat-
thieu Berault a ctu avoir fait une découverte admira-
ble à propos de la veille , que faifoient en cet endroit
ces bons pafteurs. Il le tient pour une forte preuve que
le Fils de Dieu n 'eft point né le 2 j de Décembre ,
comme l'églife l'a toujours cru ; parce que , dit-il , les
nuits font alors trop froides pour veiller dehors , Se
pour y tenir les rroupeaux. 11 conclut delà , que Jefus-
Chrift doit être né dans un autre tems , comme , par
exemple, au mois de Septembre , Se que dans celui de
Décembre , il faut mettre fon Incarnation & fa Con-
ception ; mais il ne favoit pas qu'au mois de Septem-
bre , il n'y a point encore dans le pays de pâturages
pour les troupeaux ; que la terre eft toute brûlée des
ardeurs du Soleil ; Se qu'elle ne pouffe point d'herbes
qu'elle n'ait été abbreuvée des pluies qui ne commen-
cent qu'au mois d'Octobre , Se aflez fouvent au mois
de Novembre ou même en Décembre -, que c'eft fur
la fin de Décembre que les pâturages font bons, Se
qu'il fait en ce tems-là des journées Se des nuits û tem-
pérées qu'on peut les paner à l'air. Si ces pafteurs étoient
comme les Arabes Se les Turcomans d'aujourd'hui , ce
qui eft très- probable , après avoir pafie de même qu'eux
l'été fur le haut des montagnes les plus élevées, ils
étoient venus en ce lieu pour y paffer quelques jours
de l'hiver , & ils avoient loué ce champ pour y faire
paître leurs troupeaux , Se leurs maifons étoient des ten-
tes ouvertes de tous côtés. Scaliger a donné dans le même
panneau que Matthieu Berault. * Relation d'un voyage
de la Terre Sainte, 1688. Le Père Nau , voyage de
la Terre-Sainte, p. 431.
Le lieu où étoient ces heureux pafteurs s'appelloit
Ader , Se dans la Genèfe il eft nommé la Tour du
Troupeau. Voyez. Ader. On y voit à préfent les
reftes d'une grande chapelle , que fainte Hélène y avoit
fait bâtir. Sa longueur eft de 46 palmes , Se fa largeur
de 17. Ce n'eft qu'une nef fans ailes, enfoncée en
terre , peu haute , Se dont la moitié de la voûte fub-
fifte encore. Tout cela reflemble plus à une cave qu'à
PAT 849
une églife. Aufli pourroit-il fe faire que ce ne l'croir
là que le dehors de celle qui y étoit autrefois. On
voit à main gauche des ruines de bâtimens afiez re-
marquables. Cette chapelle étoit dédiée aux faints Pa-
ftcuts , qui allèrent adorer le Sauveur dans fa crèche.
Saint Bernard , Serm. G. de Nat. dit qu'ils étoient
trois ; mais la tradition potte qu'ils furent cinq, Se
qu'après avoir vécu quelque tems dans cette foi vive,
que récriture loue en eux a ils moururent , Se furenc
enterrés dans ce lieu-là même.
PASTRANA, ville d'Espagne, dans la nouvelle
Caftille , prèsdeFuente Duegna, fur le Tage. C'eft le
chef-lieu d'un duché de même nom. Paftrana eft, à
ce qu'on croit, l'ancienne Paterniaua. * Délices d'Es-
pagne , p. 340.
PASUMENA TERRA : Volaterranus , Se Leander
difenr que Strabon donne ce nom à ce canton de la
Toscane , appelle communément il Cafentino. Voyez
Casentin. Cependant Xilander , dans fa traduction
latine de Strabon , rend ces mots y7\ 7ra<ni/jt.îvx , qui
répondent à Pafumena Terra , par Trafymenus , Se
Buonaccioli , dans fa traduction italienne , fait la mê-
me chofe. Voyez. Trasymenus. * Ortelius , Ther
faur.
PAT^ETA , village d'Ethiopie : Ptolomée , /. 4. <•,
7. le place à l'orient du Nil, entre Gerbo Se Pon-
teris.
1. PATAGA , ville de l'Ethiopie, fous l'Egypte,
félon Pline, /. 6. c. 19.
2. PATAGA. Voyez. Amorgos.
PATAGONS, peuples de l'Amérique méridionale,
dans la terre Magellanique. Leurs bornes du côté du
nord ne fonr guère connues : on les étend ordinai-
rement jusque vêts la rivière de los Camarones, Se
d'autres les pouffent jusqu'à la rivière de la Plata : du
côté de l'orient ils font bornés par la mer du Nord ,
au midi par le détroit de Magellan , Se à l'occident
par la Cordelliere de los Andes. Ce pays s'appelloit
Chiqua , avant que Fernand Magellan l'eût nommé
le pays des Patagons , quand il vit des geans au porc
de S. Julien. En 1582, le roi d'Espagne ordonna
qu'on bâtit fur la pointe du détroit, Se a fon entrée»
quelques forts , pour empêcher le paflage aux vaiffeaux
des autres nations , qui auroient voulu entrer par-là
dans la mer du Sud , pour aller au Pérou. Diego de
Valdés exécuta ce commandement. Il y mena une
peuplade d'Espagnols , Se nomma la ville Se la forte-
reffe Saint Philippe ; mais on ne les put garder à cau-
fe du froid exceflif qu'on reffent dans ces quartiers.
Près du détroit du côté de la mer du Sud , il y a
deux ifles, Talke Se Caftenuve, dont les habitans s'as-
femblent par lignage, chacun faifant fa demeure à
patt. Les habitans du pays font d'une taille gigantes-
que. Les Espagnols, qui étoient avec Magellan, ne
leur venoient que jusqu'à la ceinture ; Se l'un d'eux ,
qu'il mit dans fon navire , mangeoir en un feul re-
pas toute une corbeille de biscuit, Se avaloit d'un feul
trait autant de vin qu'en pouvoit tenir un feau. Il y
en a d'autres moins grands , mais fort gros , Se ayant
la tête de la longueur d'une demi-braffe. Ils fonr vail-
lans, Se fur-tout très-jaloux. A l'arrivée de Magel-
lan , ils firent monter leurs femmes fur des animaux
femblables à des ânes, Se les tirèrent à l'écart. 11$
s'occupent à la chaffe , Se mènent avec une lefle de
petites bêtes qu'ils attachent à quelque bois. Les gran-
des bêtes venant pour jouer avec les petites , ces gens
qui font à l'écart les tuent à coup de flèches. Ils vi-
vent de chair crue, de racines de capar, dont ils font
leur pain, & de pinguins. Ils fe peignent le vifagede
jaune , les cheveux de blanc , Se font couverts de peaux
d'animaux proprement coufues. Us coupent leurs che-
veux à la manière des moines -, mais ils les laiffent un
peu plus longs , les lient avec une corde faite de co-
ton , Se fichent leurs flèches dans le nœud. Les habi-
tans des ifles de Talke Se de Caftenuve habitent en
des cavernes qui font fous terre , Se les autres n'ont
point de demeure fixe i mais avec leurs peaux ils font
des cabanes qu'ils transportent d'un lieu en un autre.
Ils couvrent leurs morts d'un peu de fable , & fichent
tout à l'entour des dards Se des flèches. Les corps fca;t
Tom. IV. P p p p p
8yo PAT
enveloppés dans des peaux , & on met au cou de quel-
ques-uns une espèce de Patenôtres, faites de coquil-
les luifantes comme des perles. Quand l'un d'eux eft
mort , ils dilènt que dix ou douze diables fautent Se
danfent autour de fon corps ; qu'il y en a un nom-
me Setebos , plus grand que les autres , Se un autre ap-
pelle Çbûeule , qui rit Se fait une grande fête. Ils as-
sirent qu'ils les voient avec deux cornes à la tête , des
cheveux longs jusqu'aux pieds , &c jettant le feu par la
gorge. Ils redoutent fort ce Setebos , & n'en honorent
ni n'en craignent aucun autre. L'air de ce grand pays
eft différent , félon fon éloignement du Pôle Antarc-
tique ou de la ligne ; mais en général il eft plutôt
froid que chaud. Plufieurs grandes rivières l'arrofent,
dont les eaux font claires, Se vont fe décharger dans le dé-
troit. Cette côte de 400 lieues depuis la Plata jusqu'au
détroit de Magellan n'a point d'arbres , ou en a très-
peu , quoique le nord de la Plata en foit couvert. En
revanche le pays des Patagons abonde en pâturages , &
nourrit beaucoup de bétail , Se nommément des bœufs,
Se des vaches à l'infini, que perfonne ne daigne s'appro-
prier, tant il eft facile d'en avoir au befoin. Ces animaux
ne fout pas naturels au pays , mais viennent de ceux
que les Espagnols avoientapportésdeBuenos-Ayres. Il y a
auili des troupeaux de chiens marchant par milliers pour
fe défendre des taureaux. Les Espagnols n'ont pas de plus
grands ennemis que ces Patagons. * Voyage autour du
monde par George Anfon,c. 7. Atlas , Robert de Vau-
gondy. Davity , Amérique méridionale, p. 143 &fuiv.
Corn. Did.
1. PATALA , ville des Indes, dans l'ifle de même
nom , que forment les embouchures du fleuve Indus ,
félon Ptolomée , /. 7. c. 1 . Arrien Se Strabon écrivent
Pattala; & c'eft peut-être la même ville que Pline,
PAT
que n'en a Bantam , Juhor &c Pahan , ni aucun autre
de fes voifins. Les habitans , entre autres les Siamois Se
les Chinois, font bons mariniers, félon la mâtine de
ce pays-là ; les belles rivières qui y font, leur donnent
moyen de s'exercer dans cet art. Ce n'eu pas qu'ils
ne foient tous naturellement parefleux Se fainéans,
particulièrement les Malais, qui ne vivent que de la
culture de la terre Se de la pêche, Se qui font fort
mauvaife chère , la plupart ne buvant que de l'eau ,
Se ayant une extrême averfion pour les boiflbns for-
tes. D'un autre côté ils font adonnés aux plaifirs de
la chair : ils époufent ordinairement deux ou trois
femmes ou davantage , Se ils ont en outre autant de
concubines qu'ils en peuvent nourrir. Leurs biens con-
fiftent pour la plupart en domaines & en esclaves , à
qui pour leur entretien ils donnent par mois une cer-
taine portion très-médiocre de poiflbn Se de riz. Tous
les arts Se métiers font exercés par les Chinois , & le
commerce eft aufli entre leurs mains Se entre celles
des Meltilols ou fadeurs , qui trafiquent beaucoup fur
mer, Se qui font toujours en route , foit fur les côtes
voifines, foit dans les terres. Ils y portent toutes for-
tes de marchandifes de la Chine , qu'ils achètent à Pa-
tane , entre autres des porcelaines, des poêles , des chau-
drons , toutes fortes de ferrures , des viandes féches Se
fumées , du poiflbn fec & falé , diverfes fortes de toi-
les Se autres marchandifes. Pour retour ils apportent
plufieurs fortes de bois , qui fervent à la conitruction
de leurs maifons, des rottangs ou cordages de brou
de noix de cocos , avec quoi ils lient enfemble Se af-
fermiflent les toits de leurs bâtimens , du riz , de pe •
tirs pois verds, de l'huile de noix de cocos, diverfes
fortes de fruits Se de peaux , comme bufles , bœufs ,
vaches, boucs, cerfs, lapins, lièvres Se autres, que
/. 2. c. 73. nomme Patalis, Se à laquelle il donne un les payfans ont foin de raflcmbler dans lafaifon. Quel-
quefois ils vendent à la charge de livrer en certains
teins le poivre qui croît au royaume de Patane , &
dans quelques autres lieux voifins. Ce poivre eft fort
bon , mais il eft un peu plus cher qu'à Bantam. Ils
vendent auffi des faroy-boura , c'eft-à-dire des nids d'hi-
rondelles que les payfans vont chercher dans les creux
des rochers , le long des côtes de la mer. C'eft un
fort bon mets , qui eft eftimé des princes Se des grands
feigneurs. On les porte jusqu'à la Chine , où l'on ne
croit jamais en avoir aflez, quelque quantité qu'il y
en ait dans les marchés.
Le terroir du royaume de Patane eft très-fertile ; on
y ttouve en abondance du riz, des bœufs , des chèvres,
des oies , des poules Se des paons , dont on met les
plumes de la queue , pour ornement , autour des vian-
des qu'on fert aux grands feigneurs. L'air du pays eft
très-fain, quoiqu'on ne foit pas éloigné de la ligne
port fameux. Voyez, l'article fuivant,
2. PATALA , ifle des Indes , à l'embouchure du fleu-
ve Indus, félon Pline, /. 6. c. 20. qui la nomme aufll
Fatale. Elle eft appellée Patalena par Ptolomée, /.
7. c. 1. Pattalena par Strabon, /. ij. p. 701,6c Ar-
rien , de Exped. Alex. p. 319. nous apprend qu'on la
nomma aufli Delta, à caufe de fa figure triangulaire.
On trouve dans Q. Curce un pays nommé Patha-
tlA.
PATALENA. Voyez. Patala , n° 2.
PATALIS. Voyez. Patala Se Patavitanus.
PATALUS , ifle voifine de la Carie , félon Etienne le
géographe.
1. PAT AN , ville des Indes, au royaume de Cam-
baye , fur la côte occidentale , entre Chevar Se Corimar.
C'eft une grande ville , où il y avoir autrefois un bon
commerce. On y fait beaucoup d'étoffes de foie. Elle
a une forterefle & un beau temple, où il y a beaucoup équinoxiale, & qu'il y fafie extrêmement chaud. L'été y
de colonnes de marbre. On y adoroit les idoles ; mais
il fert préfentement de mosquée. * Atlas , Robert de
Vaugondy. Tbevenot , Voyage des Indes, p. 92.
2. PATAN , ville des Indes, dans les états du Mo-
gol , au royaume de Necbal , au nord de la ville de
Necba, vers la fource de la rivière de Gader. * Atlas,
Robert de Vaugondy.
1. PATANE ou Patany , royaume des Indes , dans
la presqu'ifle de Malaca , fur la côte orientale , entre
le royaume de Siam , au nord , Se celui de Pana , au
commence en Février, Se dure neuf mois : pendant
tout ce rems le même vent règne. L'hyver eft dans les
mois de Novembre , Décembre & Janvier : alors il
pleut fans ceflè , Se le vent de nord-efl fouffle a'ec
véhémence. On laboure la terre avec des bufles ou des
bœufs , Se l'on y feme le riz , qui produit en abon-
dance. Il y mûrit des fruits tous les mois de l'année;
mais il y en a de bien meilleuts les uns que les au-
tres. Les oies Se les cannes y font fi fécondes , qu'el-
les pondent des œufs deux fois le jour. Il y a une
midi. Victor Sprinkel, qui en 16 16, fut premier corn- multitude incroyable de bêtes fauvages Se de chafle,
mis de la compagnie générale des Indes orientales, dans entre autres des raureaux , des cerfs, des lièvres, des
poules fauvages, des hérons, des tourterelles, dont
quelques unes ont de fi belles plumes, qu'on a delà
peine à les distinguer des perroquets. Les plus dange-
reux animaux , font les tigres & les guenons. Ces der-
niers gâtent extrêmement les fruits. On voit des trou-
pes d'élephans fauvages dans les bois ; mais ils ne font
de mal à perfonne. Pour les prendre , on mené dans
les bois un grand éléphant privé. Dès qu'un éléphant
fauvage l'apperçoit , il fe met en pofture pour fe battre
contre lui. Quand ils fe font approchés, ilsembarrafl'ent
leurs trompes l'une dans l'autre pour fe jetter à rerre.
Pendant qu'ils fe tiennent ainfi , les gens qui font dé-
fîmes pour cette forte de chafle , s'approchent Se lient
enfemble les deux jambes de derrière de l'éléphant fau-
vage, qui fe fentant lié, n'ofe remuer, de peur de
la ville de Patane , a écrit qu'ayant été appelle à l'as
fcmblée des états , il vit une lifte générale de toutes les
villes, bourgs Se villages, par où il paroiflbit qu'on
pouvoir mettre fur pied cent quatre-vingt-mille hom-
mes en état de porter les armes ; mais que ces gens-
là ne font ni guerriers , ni adonnés aux exercices de
l'art militaire. De ce nombre d'hommes il en demeure
dans la ville de Patane , fauxbourgs Se banlieue , plus de
dix mille , dont un tiers eft de Malais ou de Mores;
l'autre tiers eft de Chinois ou de Meftifs , Se l'autre
tiers de Siamois , dont la plupart habite le plat
pays , Se le cultive. * Atlas , Robert de Vaugondy ,
2. Voyage de Jean Neck^&ux Indes orientales, t. 2.
p. 188.
Le royaume de Patane a plus de vaifleaux fur mer
PAT
PAT
tomber ,'& dans ce: état on le domre par la faim. Il
y. a encore quantité de pourceaux fauvages, qui gâ-
tent beaucoup le riz ; de forte que les payi'ans font
obligés de veiller la nuit pour le garder. Quand ils
ont tue quelques-uns de ces animaux , ils font une
forte & l'y enterre afin que perfoiitie n'en mange -,
car il y a beaucoup de Mahometans patmi einfr Les
étrangers n'ofent même en manger qu'en cachette.
Le royaume de Patane relevé de l'empereur ou roi
de Siam , à qui il paye tous les ans pour tribut une
fleur d'or » qui peut valoir cinquante écus ou deux
cens francs. Quand on manque à payer ce triby, le
roi de Siam le met en état de fe faire rendre jufti*
ce , & de réduire les vaffaux à leur devoir ; car com-
me le royaume de Patane n'a pas plus de cinquante
ou foixante lieues de pays , les habitans ne fauroient
lui réfiller. Ce* royaume eft fameux par fes révolutions
& par l'état prêtent de fon gouvernement. On dit que
l'es peuples , laffés d'obéir à des rois qui les maltrai-
toienr , fecouerent le joug-, Se qu'ayant fait descendre
du trône celui qui regnoit alors , ils y firent monter
à fa place une princelïe , à qui ils donnèrent le titre
de reine , fans lui en donner l'autorité. Ils firent choix
des plus habiles d'entre eux pour gouverner en fon nom
&: fans fa participation y car elle n'entre point dans le
feciet des affaires , Se elle doit fe contenter des res-
pects & des hommages que chacun lui rend extérieu-
rement comme à fa fouveraine : ils ne lui laiflent pas
même le choix de fes premiers officiers , mais ils ne lui
refuient jamais rien de tour ce qui peut contribuer à
fes plaifirs. Rien rîe l'empêche de s'y abandonner toute
entière Se fans referve : car s'il ne lui eft pas permis
de fe marier , il ne lui eft pas auifi défendu d'avoir
<les galans : elle en a autant qu'il lui plaît, Se elle, a
même de quoi leur faire des préfens confidérables. Il
y a un fonds qui eft defiiné pour fournir à la dépen-
sé de fes habits , Se à l'entretien de fa maifon. Elle
demeure ordinairement dans Patany , qui eft la ville
capitale de fon royaume. La fleur d'or , qu.'§n paye
tous les ans au roi de Siam, fe préfente 'toujours au
nom de la Reine , * Hiftoire naturelle & politique du
royaume de Siam, p. 315.
2. PATANE, ou Patany, ville des Indes, dans
la presqu'ifle de Malaca , fur la côte orientale du royau-
me de Patane , dont elle eft la capitale. Cène ville eft
fituée dans une ifle nommée Pulo Tikon ou Tikos.
Elle a un fauxbourg Se un bon port , d'où les habitans
vont trafiquer en divers endroits des Indes orientales,
& quand ils fe trouvent les phis forts en mer, ils en-
lèvent Se pillent tous les vaifîeaux qu'ils rencontrent ,
aura-bien les Chinois que les autres ; mais tout ce-qui
entre dans leur port eft en fureté. Le fauxbourg de Pa-
tane e ft fort long , mais étroit. La ville eft de même
étroite' & longue. Du côté de la terre elle eft "environ-
née d'un marais, cV bien clofe à la manière du pays ,
c'eft-à-dire, d'une paliflade de grandes poutres carrées,
feulement un peu dégroffîes par les côtés, bien»enfon-
cées en terre avec le belin , comme on fait aux pilotis,
& fe touchant. Ces poutres paroiflênt aufli hautes au-
defïus de la terre que le paroït le grand mât d'un vais»
l'eau, depuis le haut pont jusqu'à la hune.. Du côté de
l'eau , il y a une petite rivière qui coule le long de
tout le derrière de la ville. Entre les villes des Indes
orientales, on peut compter Patane pour une des plus
belles , des plus fortes & des mieux pourvues de canon.
Les Siamois ont trois pagodes dans .cette ville , & les
Mahometans n'y ont qu'une mosquée. Les maifons de
la vifle font faites de bois & de rofeaux, bien percées
& bieh bâties. Le palais royal, & les appartemens du
grand-maître , font environnés d'une forte paliflade , qui
les fépare du refte de la ville.' Les habirans ont le teint
cendré. Ils font bien proportionnés dans leur raille ,
orgueilleux & fiers; ce que leur démarche Se leur train
font'afïez.connoître, fur-tout parmi les gens riches,
qvii ne foirent jamais qu'ils ne l'oient fuivis d'une trou-
pe de domclliques. Ils font néanmoins familiers & civils
dans leurs discours , aufli-bien avec les étrangers qu'a-
vec leurs compatriotes* Leurs vêtemens ne font pas ma-
gnifique?. Les maris font extrêmement jaloux de leurs
femmes ; ils ne permettent pas à Jeurs meilleurs amis
8j"i
de les voir , non-plus que leurs filles. Il y a tant de
Chinois à Patane , qu'ils furpaflent en nombre les natu-
rels du pays. La reine les eftime beaucoup. On parle
quatre langues dans cette ville , le patanois, le fiamois,
le malais Se le chinois , de même que la plupart des
autres villes des Indes. Les Malais lifent à la manière
des Juifs , de droite à gauche. Les Siamois écrivent
comme on fait en Europe, Se leurs caractères font à
peu près comme la lettre romaine. L'adultère eft puni
de^ mort à Patane , Se dans les autres pays voifins , prin-
cipalement parmi les nobles & les officiers de la cou-
ronne. Le père du criminel , ou fi le père eft mort , le
plus croche de fes païens eft obligé de faire l'exécution i
mais le coupable choifit le genre de fupplice dont il veut
mourir. Quoique ce vice foit fi féverement puni , il n'y
en a pourtant point qui foit plus commun. Pour le
commerce entre deux perfonnes non mariées , il n'eit
pas regardé comme un crime. + Voyage d'Olivier dt
Noort autour du monde , p. 1 04.
PATANS , peuples des Indes, dans les états du
Grand Mogol. Bernier , Lettre d'Etat, p. 278 , dit dans
fa relation de l'Indouflan , que ces peuples, fortis
autrefois de leur pays , fitué du côté du Gange , vers
Bengale , fe rendirent extrêmement puifTans à Deh-
li , Se firent pluficurs rajas ou princes des environs leurs
tributaires ; mais les Mogols , peuples de la grande Tar-
tarie , s'étanr emparés des Indes vers l'an 1401 , ces
Patans furent obligés de chercher des retraites vers les
montagnes, loin de Dehli Se d'Agrn. Ils fe font habitués
dans ces montagnes, où quelques uns d'entre eux font
demeurés petits fouverains, comme rajas , mais avec
peu de forces. Ces Patans font fiers Se guerriers , ^jus-
qu'aux moindres d'entre eux, fuflent- ils valets exporteurs
d'eau , ils ont encore lj cœur extrêmement haut , difanc
fou vent comme par jurement : Qjteje ne pitijje- jamais être
roi de Dehli , fi cela' ri 'eft ainfi ! D'ailleurs ils mépri-
fent les Indiens , les Gentils & les Mogols -, Se haïflenc
fur tout mortellement ces derniers ; car ils fe fouvien-
nen ttoujours de ce qu'ils ont été autrefois , avant que
les Mogols les euflènt chafles de leurs grandes princi-
pautés.
PATARE , ou Patara , ville d'Afie, dans la Ly-
cie , dont elle étoit la capitale, félon Tite-Live , /. 37.
c. 15. Elle avoir un temple célèbre , dédié à Apollon
Pataréen. Ce remple , dit Pomponius Mêla, /. 1. c. 15.
étoit auffî riche que celui de Delphes ; Se l'oracle des
deux- remples pafl'oit pour mériter la même et éance.
Horace , /. j . od. 4. dit :
. . . Qui Lycia tenet
Dumeta , natalemqiie Silvam ,
Deliits & F ut ar eus Apollo.
On ne confultoit l'oracle de Patare que dans les fm
mois de l'hiver : durant les fix mois d'été, l'oracle
étoit à Delphes. C'eft ce que Virgile explique dans l'E-
néide, /. 4. v. 143.
. . . Vbi hibernant Lyciam , Xantique FlucntA
Deferit , ac Delum maternam invifit Apollo.
La ville de Patare étoit fituée dans la péninfule , qu'E-
tienne le géographe appelle la Cherfonnèfe des Lyciens.
C'étoit, félon Tite-Live, /. 37. c. 17. Sel. 38. c. 39.
une ville maritime qui avoir un port. Ptolomée Phila-
delphe , après avoir accru cette ville , la nomma Ar-
fino'é de Lydie , du nom de fa femme ; mais cette ville
ne laifTe pas de conferver toujours fon ancien nom ,
fous lequel elle fut plus connue que fous celui d'AR-
sinoe. Ce fut autrefois un évêché fufTragant de Myre.
Saint Léon Se faille Paregoire y reçurent la couronne
du marryte , vers le troifiéme ou le quatrième fiécle.
Cette ville fut le lieu du premier exil de faint Silvere ,
pape , Se fut anffi le lieu de la naifïance de faint Ni-
colas , évêqUe de Myre. * Strabon, 1. 14. p. 666. Bail'
let , Topogr. des Saints , p. 370.
PATARES ANGUSTI^E , nom qu'Ammien Mar-
cellin , /. 22. c. 8. donne au Bosphore Cimmérien. An
lieu de Patares , quelques manuferits portent Pateres.
La fi^nifîcation de l'un n'eft pas, plus connue que celle
Tara. IV. P p p p p ij
8ya
PAT
de imite. Voyez, au mot Bosphorb, l'article Bospho-
re Cimmérien.
PATARNE, ville de la Sarmatie Afiatiquc : Ptolo-
mée, l.f.c. 9. la place entre l'embouchure du fleuve
Mjrubïus , ôc celle du grand Rhombims.
PATAVIA , nom latin de la ville de Paffau. Ve'lfer
croit que c'eft la même ville qui eft appellée Batavit ,
dans la notice des dignités de l'Empire. Voyez. Pas-
sau.
PATAV1SSENISUM VICUS.Oti trouve dans le di-
geite , /. $0. tit. deCenfibus , que l'empereur Sévère don-
na à ce village le droit de colonie. Un manufcrit , dit
Ortelius,.r^/. porte P otaviffenfmm pour Patayijfen-
(ium.
PATAV1TANUS PORTUS, port de l'Inde, félon
Martianus Capella, ïnGeomctr. Ortelius, Thef. foup-
çonnc que Patavitanus ell là pour Patalitanus , ôc qu'il
eft queftion du port que Pline, /. 2* c. 73. appelle Pa-
talis.
1. PATAVIUM, nom latin de Padoue. Voycz.ï>A-
£>OUE.
2. PAJAVIUM , ville de Bithynie : Ptolomée , /. y
c. 1. la place dans les, terres , entre Gallica Ôc Prufa.
Quelqu'un, dit Ortelius, Thef. a écrit que cette ville s'ap-
pelle préfemement Polme. Elle a été épiscopale. Ste-
fhanus , fonévêque , affûta au concile tenu à Rome l'an
503. * Harduin. Collect. Conc. t. 2. p. 988.
PATAWOMEK.E , ou Patowmek , rivière de l'A-
mérique feptentrionale , dans la Virginie. Elle a fon
embouchure large de fix ou fept milles , ôc porte des ba-
teaux cent cinquante milles loin. Dans cet espace elle
reçoit plusieurs rivières ou ruiffeaux , qui s'y rendent
des collines ôc des montagnes voifines. Ces collines ne
font pas moins abondantes en arbres fruitiers & autres ,
que la rivière l'eft en poiffons. Le long de l'une ôc de
l'autre rive il y a quantité de villages. * De Laet , defe.
des Indes occidentales , 1. 3.C 14. Corneille, Dict.
PATAY, ou P att a y , ville de France , dans la
Beauffe , diocèfe de Chartres, élection de Châteaudun,
eft nommée quelquefois en latin Patavium, que de
Valois dit être fon véritable nom fans altération , ôc
quelquefois Pataiitm ou Pateium. On trouve dans des
lettres de l'an 1191, fous Philippe Augufte , qu'il y
avoit des moines de Saint Florentin de Bonncval qui de-
meuroieiit à Patay , ôc qu'il y avoit un prieur ; dans
d'autres lettres de l'an 1221 , la paroiffe de Patay elt
dite fittiée fur le territoire de Saint Pierre le Puellier
d'Orléans^ dans d'autres, il efl dit qu'il y a en ce lieu
un prieuré dépendant de l'abbaye de Bonneval. Il eft
effectivement nommé dans le pouiller de Chartres , &
le revenu y efl marqué de 850 liv. La cure y efl dite
du titre de faint André , ôc avoir quatre cens commu-
nians. 11 y a un château , appelle Lignerolles. Ce lieu
eft tout à l'extrémité du diocèfe de Chartres , en tirant
vers Orléans. Le fameux comte de Dunois, ôc la pucelle
d Orléans, y remportèrent en 1429, fur les Anglois une
vict-oire aflëz complette, qui commença à rétablir les
affaires de la France. Ils y firent prifonnier Talbor ,
leur plus grand capitaine. Le Dictionnaire univerfel de la
France a marqué mal que Patay eft du diocèfe de Blois.
* Manufcrit de^ Lebeuf
1. PÂTÉ, royaume d'Afrique, dans le Zanguebar ,
fur la côte de Mélinde. Il eft botné au nord par le
royaume de Jubé, à l'orient par la mer des Indes, au
midi par le royaume de Sion , ôc à l'occident par le
pays des Maracates. La capùale eft bâtie dans une îfle
de même nom , qui ferme la baie de Formofa, du côté
dti midi. Cette ville eft à un degré de latitude méridio-
nale. * Robert de Vaugonui , Atlas.
2. PÂTÉ , ifie d'Afrique. Voyez. Pat£ , n. 1.
PATE1DES , mot corrompu de celui de Pimpleidf.s.
Voyez. Pimpla.
PATENIS1R , ville des Indes, à une demi-journée,
de Diu , dans le royaume de Guzurate. Elle a un beau
port de mer, ce qui la rend riche ôc de grand trafic.
11 s'y fait force tapis de foie figurés , ôc des plus exquis
des Indes, que l'on transporte à Bengale, Malaca . Pe-
gu , ôc autres lieux. On y fait auffi c\<:s draps de coton
de différentes couleurs . dont pruOeurs pays fe viennent
fournir. Ceft leur principal habillement. Cet article eft
PAT
tiré de Corneille ; mais il me paroît fuspecr. , patee que
les relations ni les cartes modernes ne connoifîent point
cette ville.
PATENS. Corneille , Dicl. dit : ville de Perfe , dans
l'Hierac. Contarini l'appelle Ncthas en fon voyage. Elle
eft affez belle ; arroféede pluiieurs eaux vives, & abon-
dant^ en toutes fottes de fruits. Lorsqu'on arrive à
cette ville , on laifle à main droite deux hautes monta-
gnes , qui font fort pointues. L'une a fur fa cime une
groffe tour , que Cha-Abas , roi de Perfe , fit bâtir en
mémoire de l'avantage qu'un de fes fauccus remporta
dans^ce lieu , fur un aigle qu'il attaqua , & qu'il ab-
battit après un combat opiniâtre. Cette tour , qui eft pat
eu bas de forme octogone, & bâtie de brique, a huit
pas ou environ de diamètre : mais en montant elle
perd infenfiblement cette forme & fa grofleur. Dans le
haut elle eft percée de rant de fenêtres , que le jour y
entre de tous côtés. Ceux qui la voient ont peine à
comprendre comment on a pu porter tant de matériaux
en un lieu fi élevé.
1. PATENSEN , petite ville de Félectorat d'Ha-
novre.
2» PATENSEN (Bailliage de), dans la principau-
té de Zell.
PATEPATANE, bourg des Indes, au royaume de
Guzurate , à neuf lieues de Goga. On y fait quantité
de coton & de toiles. * Màndefla , Voyage des Indes ,
1. 1. p. 193.
PATER ( Saint ) , bourg de, France , dans la Tou-
raine.
PATERIA, nom d'une ifle déferre, dont Pline, /.
4. c . 1 2. fait mention. Il paroît qu'elle devoir être au voi-
finage de la Cherfounèfe de Thrace.
PATERNIANA, ville de l'Espagne Tarragonnoife :
Ptolomée , /. 2. c. 6. la donne aux Carperaus. On la
nomme préfenrement Pallranœ. Voyez Pastrana.
1. PATERNO, bourg de Sicile, dans le Val De-
mone , avec titre de principauté. Il eft fitué an pied
du mqpr Etna , du côté du midi occidental , près de la
dviere Jaretta. * Robert de Vjngondi , Atlas.
2. PATERNO , château d'Italie , dans la Campagne
de Rome, vers la côte de la mer Méditerranée, entre
là ville d'Oflie à l'occident, ôc l'embouchure du Nu-
mico à l'orient. * Magin , Carte de la Campagne de Ro-,
me.-
PATER NOSTER, ifles de la mer des Indes, au
midi de hfle des Célèbes. On lent a donné le nom de
Pater noficr , à caufe d'un grand nombre de rochers
qui les environnent, &*qui s'entrefuivenr comme des
patenôtres enfilées. Ces ifles s'étendent d'orient en oc-
cident. Elles produifent quantité de grains ôc de fruits,
& elles ont un grand nombre d'habitans. * Robert de
Vuugondi , Atlas.
1. PATERNUM, ville de la première Cappadoce.
Il en efl parlé dans le concile de Chalcédoine. * Ortel.
Thef.
2. PATERNUM , ville d'Italie, dans la grande Grè-
ce, fur la côte occidentale , vers le cap appelle aujour-
d'hui ùtpo Dell' Alice , dans l'endroit où commence le
golfe de Tarente. On ne peut douter que Paiernum.
n'ait été un. des plus anciens évêchés d'Italie, puisque
fon évêque Abundantius fut un des trois légats que le
pape Agathon envoya au concile de Conflantinople. La
commune opinion efl qu'après la deflruction de cette
ville par les Sarazins , le fiége épiscopal fut transféré à
Vmbriatico. Aujourd'hui même la ville de Ziro eft la
réfidence de l'évêque à'Umbnutico. * Italia Sacja. t.
10. p. 1 58. BaroniuJ , ad an. 680.
PATERON. Voyez. Phaterunesos.
PATHALIA. Voyez. Patala.
PATHISSUS, fleuve "de la Dacie , félon Pline, /.
4. c. 11. Ceft le Tibiscus de Ptolomée , /. 3. c. 7. ôc Le
Parteisius d'Ammien Marcellin , /. 17. p. .08. aujour-
d'hui on le nomme la Tcifj'e. Voyez, ce mot. ôc le Tibia.
Voyez. Tibiscus.
PATHMETICUM. On appelloit ainfi, félon Ptolo-
mée, /. 4. c. J. ÔC Pomponius \kla , /. 1. c. 9. la qua-
trième embouchure du Nil PliTie, /. 5. c. 10. & Am-
mien Marcellin écrivent Phatniliatm. ÔcStrabon,l. 17.
p. 802. Vhutnicum. Le père Hardouin dit qu'on nom-
PAT
me préfentement cette embouchure le Bras de Mi-
GNY.
PATHMOS. Voyez. Patmos.
PATHOS. Voyez. Paltos.
PATHURES , ville de Méfopotamie , d'où étoit Ba-
team. Voyez, Pethor.
i. PATI, o« Patti , golfe de Sicile, fur la côte
feptentrionale. Environ vingt milles à 1 oueft quart fud-
oueft de la pointe de Mélazzo , eft celle du cap Car-
vao ou Calvas : entre les deux il y a un grand en-
foncement que l'on appelle le golje de Pati , dans le-
quel du côté de Mélazzo , il y a une grande plage de
fable. On pourroit mouiller dans cette plage , proche
le château de Mélazzo du côté du nord-ouelt , pour les
vents de nord eft, eft Se ûid-eft ; mais on y efl à dé-
couvert de tous les autres, Se la mer y doit être extrê-
mement grofte. Dans le fond de ce golfe il y a plufieurs
villes & villages le long des côtes. Le plus voiiîn de
Mélazzo s'appelle Santa Lucia , enfuite Olivero , Lon-
tindaro , Pati & Guifa , qui eft au-deflus du cap Calvao*
* Michelot , Portulan de la Méditer, p. 126.
2. PATI , 4vi!le de Sicile , fur la côte feptentrionale
de l'ifle , dans le golfe de Pati. Elle eft à cinq ou fix
milles du cap de Calvao , fur unegrofie pointe , à 32
deg. 50 min. de long. & à 38 deg. 18 min. de latit»
Cette ville fut bâtie auprès des ruines de Tindaro, par
le comte Roger , lorsqu'il eut vaincu les Sarazins. C'eft
la borne du reffort de Mefline. Boniface IX, qui fut
élevé au pontificat en 13S9, y fonda un gvêché fous
la métropole de Mefline. Le fauxbourg de cette ville
s'étend le long de la plage , qui lui fert de port. Après
qu'on a pafle ce fauxbourg , on entre dans Pati , qui eft
au milieu d'une petite prairie , ce qui rend fa fituation
fort agréable ; Bar. elle eft environnée de collines Se de
jardins. Les rues de la ville font fort propres. On y voie
de beaux édifices. L'églife cathédrale eft bien ornée, Se
confidérable par fon maître- autel , Se par le nombre de
fes chapelles, où l'on voit briller les peintures & le
marbre. La plupart des rues aboutiflent à la place , qui
eft remarquable pour fa grandeur. Le château elt hors
de la ville ; & il y a une petite forterefle qui regarde le
bord de la mer , d'où la ville eft éloignée d'une bonne
mousquetade. * Corn. Dicr.
3. PATI , ville des Indes , dans lifte de Java , à cing
lieues de Japara , vers l'oueft , Se à trois lieues de la ville
de Dauma. * Voyage des Hollandois aux Indes orienta-
les , p. 337.
1. PATIENTIA. Voyez, au mot Fort, l'article le
Fort Patientia.
2. PATIENTIA. Voyez, au mot cap , l'article Cap
de Patience.
PATIGRA , ville de Médie , félon Ammien Marcel-
lin , /. 23. c. 6. Un grand nombre de manuferits lifent
Patigran.
PATILA , lieu de Perfe , au voifinage de la ville de
Schiras. C'eft le lieu où fe donna la bataille entre Ti-
mur- Bec Se Chahmànfour. * Petis de la Croix , Hiftoire
de Timur-Bec, /. 3. c. 25.
PATINA. Voyez, Pastina.
PATIORUS , ville de Sicile : Ptolpmée , /. 3 . c. 4,
la place dans les terres, entre Mena: Se Aflbrus. On
croit que c'eft préfentement Palaz.z,uolo , dans le val de
NotOi
PATIS , ville de l'Ethiopie, fous l'Egypte , félon Pli-
ne , /. 6. c. 29.
PATISCHORES, peuples de la Perfide ; c'eft Stra-
bon , /. 1 y. p. 727. qui en fait mention.
PATISTAMA , ville de l'Inde , en-deçà du Gange.
Ptolomée , /. 7. c, 1. la place fur le bord de ce fleuve ,
entre Syrnifica (Syrnis ) , & Tifapatingat
PATMOS, ou Pathmos, ifle de l'Archipel , fituée
entre les iflesde Nicaria Se de Samos; la première au
nord occidental , & la féconde au nord oriental ; Se en-
tre les ifles de Naxie & de Narcio , la première an midi
occidental , la féconde à l'orient. * Robert de Vaugon-
dy , Atlas.
Patmos eft confidérable par fes ports ; mais fes ha-
bitans n'en font pas plus heureux. Les corfaircs les ont
contraints d'abandonner la ville qui étoit au port de la
Seala, Se de fe retirer à deux milles Se demi, fur la
PAT 8/3
montagne , autour du couvent de Saint Jean. * Tour*
nef on y Voyage du levant , lettre 10. p. 168.
Ce couvent , qui eft comme une citadelle , a plit'-
fieurs^ tours irrégulieres : il eft très-folidement bâti fur
là crête dune roche fort élevée : on dit que l'empe-
reur Alexis Comnene étoit le fondateur de ce mona-
ftere : la chapelle eft petite Se peinte à la grecque,
c'eft-à-dire- d'un mauvais goût : on y garde le corps
de S. Chriftodule , c'eft-à dire ferviteur de Chrift. On
croit que ce fut à la perfuafion de ce faint que l'em-
pereur fit bâtir la maifon. Le couvent a fix mille écus
de revenu : la vaiflelle de l'églife eft aflez belle , mais
il n'y a rien de plus rare que deux grofles cloches qui
font au-deflus de la porte de la maifon : car c'eft une
chofe bien particulière dans le Levant que de grofles
cloches. Comme les Turcs ont de la vénération pour
S. Jean, ils laiflent jouit les Caloyers de Patmos de
cet avantage : il y a plus de roo Caloyers dans ce
monaftere -, mais il n'y en refte que 60. Les autres
vont faire valoir les fermes qu'ils ont dans les ifles
voifinçs.
L'ifle de Patmos eft un des plus médians écueils
de l'Archipel : elle eft découverte , fans bois , Se fort
féehe , quoiqu'elle ne manque pas de roches ni de
montagnes , dont la plus élevée s'appelle Saint He-
lie. Jean Cameniate , qui étoit du nombre des es-
claves , que les Sarazins firent à la prife de Theffa-
lonique , fa patrie , Se qu'ils conduifirent en Candie «
aflure que tous ces malheureux réitèrent fix jours à
Patmos , Se qu'ils n'y trouvèrent pas d'eau à boire.
Cette ifle eft pleine de perdrix, de lapins, de cailles,
de tourterelles , de pigeons , de beefigues : elle ne
produit que peu de froment Se d'orge-, le vin y vient
de Santorin ; car on n'en recueille pas plus de mille
barils dans Patmos. On y pratique la caprification fur
les figuiers ; mais il y en a peu : ainfi tout le négo-
ce de l'ifle confifte dans l'induftrie des habitans , qui
avec une douzaine de caïques , ou plufieurs antres
petits bateaux , vont chercher du bled en terre-ferme,
Se même jusque fur les côtes de la mer Noire , pour
en venir charger des bâtimens François.
L'ifle de Patmos n'a que 18 milles de tour s on en
pourroit bien compter le double , fi l'on parcouroit
tous les recoins de cap en cap \ c'eft pourquoi on doit
exeufer Pline , qui lui donne 30 milles de circonfé-
rence. Patmos eft éloignée de 60 milles des ifles de
Cos , de Stampalie Se de Mycone : elle eft à 44 d.
1 3 m. de long. & à 3 7 d. 20 m. de lat. Il n'y a guère plus
de 300 hommes dans Patmos, Se l'on y peut bien
compter 20 femmes pour un homme. Elles font naturelle-
ment aflez jolies j mais le fard les défigure d'une manière à
fairehorreur. 11 eft furprenant que, dans un fi pauvre pays*
les maifons foient mieux bâties Se plus folides que
dans les ifles où il y a plus de commerce : les cha-
pelles fur-tout font toutes voûtées & couvertes fort
proprement , Se l'on ne voit dans l'ifle que de ces for-
tes de bâtimens : on en compte plus de 250. Quoi-
que l'évêque de Samos fe dife évêque de Patmos, on
ne laifle pas d'y faire venir tel évêque que l'on juge à
propos , quand on y veut faire facrer des papas.
Pour les affaires civiles , elles y font réglées par un
ou deux- adminiftrateurs , que l'on élit tous les ans :
ils font chargés de faire payer la capitation , qui eft;
de 800 écus , Se la taille réelle qui monte à 200 t
fans compter les préfens qu'il faut faire au Capitan
Pacha Se à fes officiers, qui viennent exiger les droits
du grand feigneur. Il n'y a ni Turcs ni Latins dans cet-
te ifle : un Grec y fait la fonction de confiai de France,
quoiqu'il n'ait ni pouvoir ni patentes. De Tour-
nefort dit que celui qui avoit cet emploi lui aflura que
depuis trois générations de père en fils ils avoient tou-
jours pris cette qualité. Des reftes de la magnificence
de cette ifle on ne trouve que trois ou quatre bouts de co-
lonnes de marbre fur le port de la Scala : elles pa-
roifient d'un bon goût, Se font afiurément des plus
anciennes de l'Archipel. Dans le veftibule de l'églife
de S. Jean , l'on voit une infeription qui n'eft; pas li-
fible , non plus qu'une autre qui eft dans la nef.
La maifon qu'on appelle XApocalypje eft un pau-
vre hermitage, qui dépend du grand couvent de S>
8/4
PAT
PAT
Jean. On croit que ce fut dans ce lieu que faint Jean
écrivit l'Apocaly pfe : cela peut être vrai -, car ce faint
Evangeiiùe aiïure qu'il a été dans l'ifle de Patmos : il
y fut exilé pendant la perfccution de Domitien , qui-
commença l'an y] après la mort de Jefus-Chrift.
Cet hermirageelt à mi-côte d'une montagne , fitùéè
entre le couvent Se le port de la Scnla. On y encre pat
une allée fort étroite, taillée à moitié dans le roc, Se
qui conduit dans la chapelle qui n'a que huit ou neuf pas
de long , fur cinq de l^rge; la voûte en eft belle, quoi-
que d'un ceintre un peu gothique ; à droite elt la grotte
de faint Jean , dont l'encrée haute d'environ 7 pieds,
eft partagé* en deux par un pilier carré. On faic re-
marquer aux étrangers tout au haut de cette entrée
une fente dans la roche vive, Se ces bonnes gens
croient que ce fut par-là que la voix du S. Esprit fet
fir entendre à faint Jean : la grotte eft baffe Se n'a
lien de particulier. La citerne de la maifon eft à gau-
che de la chapelle , au bas de la fenêtre.
Lero refte entre le fud-eft Se l'eft-fud-eft : Lipfo à
l'eft : Calimno au fud-eft : Nicaria au nord-oueft :
Arco entre le noid eft c^l'eft-nord-efi.
1. PATNA, ville des Indes, fur le bord du Gan-
ge , du côté du couchant , à 10? d 1 5 m. de longit. Se
à 2j d. 55 m. de larit. C'eft une des grandes villes des
îndes . Se des plus fameufes par fon commerce. Elle
n'a guère moins de deux coffes de longueur. Les mai-
fons n'y font pas plus belles que celles de la plus grande
partie des autres villes des Indes : elles font presque
routes couvertes de chaume Se de bambonc. Elle 'a un
grand château avec des boulevards Se des tours. Il y
a des jardins , des pagodes Se d'autres bâtimens afiez
magnifiques. On a bâti cette ville fur une hauteur à
caufe des grandes inondations du Gange; de forte que
quand l'eau eft médiocrement haute , il faut monter
en divers endroits vingt , trente , ce quelquefois qua-
rante degrés de pierre. Du côté de la terre il y" a un
bon nombre de redoutes Se de tours qui fervent plus
à l'ornement qu'à la défenfe. D'un bout de la ville à
l'autre , Se dans toute fa longueur règne une grande
rue pleine de boutiques, où il le fait un grand né-
goce de toutes fortes de marchandifes, Se où l'on trou-
ve de fort habiles ouvriers. Cette rue eft coupée à
droite Se à gauche par plufieurs autres, dont les unes
finiffent du côré de la campagne, Se les autres vers
le, Gange. Il y a à 1 extrémité de la ville , & dans l'en-
droit le plus élevé , une grande place pour le mar-
che, un très-beau palais où le Nadab demeure &e un
grand Kettera , cù fe trouve quantité de peuples de
divexfes nations , ainfi que toutes fortes de marchan-
difes. On fait dans cette ville une espèce de potetie
d'une odeur agréable , Se presque auilî mince que du
papier. On s'en fert dans le férail du Mogol , Se dans
les palais des Princes. La compagnie Hollandoife a une
loge à Patna , à caufe du négoce du falpêtre qu'elle
fait rafiner dans un gros village appelle Choupar , à
dix lieues de cette ville ; Se auffi fur la rive droite du
Gange , Se les François y ont un comptoir. Cette ville eft
la capitale du royaume auquel elle donne fon nom.
* Tavernier , Voy. des Indes, /. ri f. 8. De- Graaf,
Voy. des Indes orient.
2. PATNA, royaume des Indes, dans les- états du
.grand Mogol, félon Tavernier , qui dit que ce royau-
me eft petit Se que la ville de Patna eft fa capita-
le. Cependant le père Catiou , dans fon hiftoire gé-
nérale du Mogol , p. 361 , donne la ville de Patna pour
capitale du royaume de Bear.
PATOS-, petite ifle d'Afie , dans la mer otientale,
une des ifies des Larrons. Elle eft au vingt-cinquième
degré trente minutes de latitude méridionale.
PATR/4Z,eville du Péloponnèfe , fur la côte occi-
dentale de J'Achaie, près de l'embouchure du fleuve
Glaucus , fclon Paufanias, /. 7. c. 18. Pline dit qu'el-
le étoit bâtie fur un très-long promontoire , à l'op-
pofite de l'Etolie Se du fleuve Evenus. Son premier
nom fut A. oc ou Aroa. Lorsque Patreus l'eut aggran-
die, elle prit le nom de fon bienfaicleur , en . çonfer-
vant néanmoins fort ancien nom ; car ils fe trouvent
joints cnfemble fur les médailles, avec le titre de Co-
lonie romaine. Nous avons une médaille d'Auguftcfur
laquelle' on lit : Col. A. A. Patrenf. ce qui lignifie Ço-
lonta Augufla Aroé Patrenfis. Les écrivains de l'hi-
ftoire Byfantine nomment cette ville Patra veteres ,
pour la diftinguer d'une autre ville que Gregoras Se
Nicetas appellent Patra hovit , dans la Theflalie.
PATR/EUS , village d'Afie : Scrabon , /. 1 1. p. 494.»
le met fur le Ijord du Bosphore Cimmérien , à cent
trente ftades du village Corocondame , où finiffoit le
Bosphore.
P A T R AS, Pair a , ville du Péloponnèfe ou Mo-
rée, capitale du duché de Clarence. Elle eft fur
la mer, au 39 d. 3 2 m. de longit. & 38 d. 20 m. de latir.
11 y <i un archevêque Grec. Les Turcs l'appellent Ba~
dra Se Balabatra. Elle a eu plufieurs noms ancienne-
ment ; celui de fa fondation»etoit Apoa: celui de Pa-
tras lui eft venu de Pat ras, fils de Prcu gênas, qui en
fut le reftaurateur. Lorsqu'elle fut foumife à l'Empire
Romain , elle fut nommée Cvlonia Augufta Aroe Pa-
trenfis. Augufte lui accorda le droit de bourgeoifie ro-
maine. Elle n'eft qu'à un quart de lieue dé 1a mer ,
fur une éminence qui touche une montagne allez hau-
te au nord. Cette montagne s'appeyoit«ancienncmcnr,
Cyr'enea , fuivant Wheler. Au lieu le plus élevé de la
ville il y a une fortereffe qu'on affure être dans le même
lieu où étoit celle des Romains. Il y avoit dans cette
fortereffe une Diane fui nommée Laphria, Se le mo-
nument du héros Eurypilus , fils d'Evemon , qui s'é-
toit trouvé au fiége de Troye. Il y avoit auffi dans la*
même citadelle le temple de Minerve Panachaïde ,
c'eft-à-dire Protectrice de l'Achaïe , dont Panas étoic
la ville la plus confidérable. Sa ftatue étoit d'or Se
d'yvoite. On croit que la ville de Pâtrâs s'étendoic an-
ciennement jusqu'à la mer , parce que dans les champs
voifins il fe trouve encore a:!ez de démolitions pour
connoîrie que tout ce quartier a été bât;. C'efl la que
devoir êcre le temple de Cvbèle & d'Atys , que Pau-
fanias dit avoir été dans le plus,bas de la ville; Se
on croit qu'il étoit affez proche d'une églife fous ter-
re, que les Grecs appellent l'école de S. André, où l'on
voit une pièce d'une belle fiife de marbre antique, A
cent pas de là il y a une manière de Cirque ou Sta-
dïum des Grecs. C étoit le lieu où ils faifoient les jeux,
Se les courfes. Les côtés éroient un rang d'arcades qui
paroiffoienc de loin quand on y arrivoit par mer. 11
y avoic autrefois un théâtre, Se quantité de temples,
dont parle P-aufanias dans fa defeription de la Grèce;
mais on n'en peut aujourd'hui trouver les ruines. Des
mosquées qui n'ont aucune marque d'antiquité, &.
qu'on voit au bazar ou mai chu des Turcs, tiennent la
place des temples de Jupiter Olympien Se d'Apol-
lon. Il y avoit auffi proche d'un port un temple dé-
dié à Neptune , & un autre à Cérès. Ce dernier étoit
remarquable par une fontaine, qui n'en étoit (eparée
que par une muraille. On y alloit confulter l'événe-
ment des maladies , ce que l'on faifeit en fuspenT
dant un miroir avec une ficelle. Le, derrière du mi-
roir touchoit l'eau , Se la glace nageoit deffus. On re-
gardoit alors dedans , & l'on y voyoit différentes ima-
ges , félon que le malade devoir guérir de fon mal
ou en mourir. L'oracle du "marché étoit une' ftatue de
Mercure , 6c une autie de Vella : il falloir les encen-
fer , Se allumer les' lampes qui pendoient tout à l'en-
rour. Enfuite on dédioit à la droite de l'autel une mé-
daille de cuivre du pays , Se l'on interrogeoit la fta-
tue de Mercure fur ce que l'on vouloir favoir ; il fal-
loir après cela s'en approcher de fort près-, comme
pour écouter ce qu'elle prouonceroir , Se s'en aller de
làr hors du marché , les oreilles bouchées avec les
mains. La première voix que l'on entendoir en les
ôtant de deffus étoit Lr réponfe de l'oracle. La ville
avoit plufieurs autre temples, favoir de Venus, de
Minerve , de Diane Limnatide Se de B^cchus , fur-
nommé Calydonien , à caufe que fa ftatue avoit été
apportée de Calydon qui- étoit une petite ville vis à-
vis d'Aroa. C'etolt ainfi que la ville de Parias s'ap-
pclloit dans le premier tems de fon origine. Elle avoic
eu ce nom d'un mot Grec , qui fignifte la culture de
la terre , que fes habitans avoient enfeignée les pre-
miers aux Grecs. Triptolf mus vint l'apprendre d'Eume-
lus, roi du pays, Se h porta en Attique. Dans l'églife
PAT
{L'cttce à faint Jean , faine George Se faint Nicolas, &
qui cil la métropolitaine on voir quarre colonnes io-
nique de marbre, Se une pierre, qui étant frotée con-
tre une autre, répand une tort mauvaife odeur trois
eu quatre pas à l'entour. Les Grecs , qui atribuent
ceia a un miracle , difent que le juge qui condamna
S. André étoit aflis fur cette pierre, lorsqu'il prononça
la fenrence de mort contre cet Apôtre. Le négoce des
habitans efl de foies qui le font dans la Moiée, ik
dont on charge plus de trois cens balles tous les ans*
On enlevé aufli delà des cuirs, Se des cordouans,
à bon marché , du miel , de la cire , de la laine , Se
du fromage. Les arbres des montagnes voifines portent
de la manne ; mais les habitans ne la recueillent pas.
Les Juifs , qui font environ le tiers de la ville , éta-
blirent des vieillards entre eux pour juger leurs diffé-
rons , Se ont quatre fynagogues. Les Turcs y ont fix
mosquées , Se il y en a une où efl: pendue vers le
toit une chaîne de fer doré ; ils difent que cette chaî-
ne fut caufe qu'on pilla la ville, lorsqu'ils la prirent
fur les Vénitiens , parce qu'ils croyoienr qu'elle étoit
d'or , Se par conséquent que les habitans étoient fort
riches. A demi lieue de la ville font les jardins de
Tatras. Ce lieu efl. appelle Glycada, d'un mot grec
qui veut dire doux, parce qu'il y vient des citrons,
des oranges Se des grenades , d'une douceur très-agréa-
ble. Quatre ou cinq citrons n'y valent qu'un fou ,
quoiqu'ils foient de la grofieur des deux poings. La
chair en efl douce , & fe mange comme une pom-
me , mais le peu de fuc qui efl au milieu efl aigre.
Les oranges font aufli groffes que celles du Portugal.
La chair en efl amere , ÔV le fuc fort doux. Les cèdres
dont ont fait l'aigre de cèdre, s'y trouvent aufli. Le
lieu où croiffent ces divers arbres efl allez bas Se à
couvert des vents , Se quelques ruiffeaux l'arrofent fans
grand artifice. On y admire fur-tout un fameux cy-
près , dont le tronc a dix-huit pieds de circonférence,
il étend fes branches à vingt pieds de diamètre. Une
douzaine- d'autres cyprès qui font à l'entour , ne lui
fervent que de luflre , quoiqu'ils foient fort grands.
Sur le chemin de Patras à Glycanas efl le monaflere
d' Hicrocomium , où il y a environ douze Caloyers ,
Se une églilé dédiée à Panagia , c'efl-à-dire à la faill-
ie Vierge. Elle efl bâtie à la grecque, avec quelques
petites colonnes d'ordre ionique , tirées des débris de
la forrerefle d'Achaia , à dix milles de Patras , com-
me il paraît par une pancarte de leur couvent. Entre
ce monaflere Se la ville, on découvre un ancien aque-
duc , dont il refle encore plufieurs arcades debout ,
fous lesquelles pane un petit ruiflèau. II efl incertain
fi c'efl la rivière Milichus dont Paufanias fait men-
tion. Il y en a deux ou trois autres femblables de ce
même côté , que l'on paiTe fans pont Se fans plan-
che. Les Vénitiens ont pris Patras en 1687, Se l'ont
gardée jusqu'en 1716. L'air en cit mal fain. Cette
ville etoit nommé Neoparria par les Italiens , du tems
des derniers empereurs Grecs. C'efl delà que les rois
d'Arragon ont pris le titre de ducs de Neo Patrie ,
à caufe du droit qu'ils prétendoient y avoir par les
rois de Sicile , qui n'en ont néanmoins jamais joui ,
puisqu'elle fut vendue il y a près de trois fiécles par
ces princes aux Vénitiens. * Sport, Voyage de Grèce,
t. i.p. 5.
PATRASIS, ville d'Aile fur le Pont-Euxin, félon
Etienne le géographe , qui cire Hécatée.
PATRIA, petite ville de la Campanie, dans le
royaume de Naples, au fud du lac de Patria, par où
le Clanio , vulgairement Lagno, fe décharge dans la
mer Tyrrhénienne. Au nord de cette embouchure efl
Torrcdi Patria , qui efl un refle du fépulcre de Sci-
pion l'Africain. C'efl là qu'étoit le Liternum , ou le
Linternum des anciens ; car Silius Italiens le nomme
de deux façons. C'étoit une ancienne, colonie romai-
ne , qui fut fort augmentée par Augufle. Le grand
Scipion s'y exila lui-même ; Se comme en fe plaignant
de Rome , il difoit quelquefois Ingrata Patria nec
qttidem offa mca habes , Se que ces paroles furent gra-
vées fur fon tombeau, dans la fuite des tems toute
l'infcription étant effacée , excepté le mot Patria , on
a don-né ce nom à la tour , à la ville , au lac , Se mê-
PAT Ssï
me à la rivière , qui efl encore marquée dans les der-
nières cartes Rio Clanio overo Patria. Le Lac de Pania
efl presque à égaie diflauce de Pouzzol Se du Vulrur-
na. La ville de Patria a été épiscopalc ; mais ce n'efl
plus aujourd'hui qu'une grofle bourgade. Le làc de
Patria s'étend presque au nord, le long de la côte
de la mer , en dedans des terres , l'espace d'environ dix
milles ; mais il a peu de largeur. * D. Mattheo Egïl'w,
Lettre à Langlet du Frenoy.
PATRIARCHAT, titre de dignité dans l'églife,
Se que l'on a donné aux évêques des premiers lièges
épiscopaux. Ce mot Patriarchat vient du grec na-rc/ao-
yjfc , en latin Patrum Princeps , c'efl-à dire le prince des
p'eres. Il ne commença à la vérité à être en ufage que
long-tems après le concile de Nicée ; mais la chofe
même fubfifloit auparavant , puisque ce concile approu-
ve la discipline de l'ancien gouvernement eccléfiafli-
que , en ordonnant que l'évêque d'Alexandrie éten-
drait fa jurisdiction fur l'Egypte , la Libye Se la Pen-
tapole , parce que , dit ce concile , l'évêque de Ro-
me en ufôit de la même manière. On voit par là que
dès les premiers commencemens de l'églife il v avoit
des patriarches diltingués des métropolitains. Ces der-
niers avoienr la jurisdiction fur une province; mais
le patriarche exerçoit la fienne fur-tout un Diocefe ,
en donnant à ce mot le fens le plus étendu qu'il peut
avoir , c'efl-a-dire en y renfermant plufieurs métropo-
les ; en forte qu'il étoit le métropolitain des métro-
politains. On fait que les apôtres choifirent dans pres-
que toutes les provinces les villes métropoles pour le
fiége des métropolitains -, & comme on ne, peut dou-
ter qu'ils n'euflent établi un grand nombre de métro-
politains dans les provinces d'Egypte , de Libye Se de
Pentapole, il s'enfuit que le concile de Nicée confir-
ma la jurisdiéton du fiégc d'Alexandrie, tant fur les
métropolitains , que fur les évêques de ces provinces.
Il en efl de même du fiége d'Antioche, dont le conci-
le de Nicée confirma la jurisdiction fur tout le diocè-
fe d'Orient , comme le témoigne le premier concile de
Conflantinople , can. 2. qui adjuge à l'églife d'Antioche
l'honneur de la primatie fur tous les évêques Se mé-
tropolitains d'Orient, conformément à la dispofition du
concile de Nicée. A l'égard de la jurisdiction du pa-
triarchat de Rome, il ferait ridicule de vouloir la re-
itreindre à la province de Rome, comme quelques-uns
l'ont prétendu; ce feroit contredire le concile de Ni-
cée, qui n'adjuge à l'évêque d'Alexandrie la jurisdiction
fur plufieurs provinces , que parce que l'évêque de Ro-
me en ufoit de la même façon fur les diverfes provin-
ces de l'Occident. * Scbe/ffrate, Antiq. ecclef. t. 2.
Differt. 6. c. 2.
Les hifloriens anciens , & les géographes , avoient
divifé le monde en trois parties , lavoir l'Afie ou l'O-
rient, l'Europe ou l'Occident, & la Libye. Les apôtres
fe conformant à cette divifion , réfolurent d'établir une
églife principale dans la première ville de chacune de
ces parties du monde. Dans cette vue , faint Pierre ,
qui avoit déjà inflitué une églife à Antioche, capitale
de la Cœléfyrie , Se la ville la plus confidérable de l'O-
rient, y établit Evod évêque à fa place, Se fe rendit à
Rome , la capitale du monde , où il fixa fon fiége. Ayant
ainfi fondé ces deux églifes dans les deux principales
villes de l'Afie Se de l'Europe , il fongea à en fonder
une autre dans la ville la plus confidérable delà Libye.
Pour cet effet, il y envoya faint Marc, qui annonça la
foi à cette troifiéme partie du monde , Se établit la prin-
cipale églife à Alexandrie. Pendant ce tems-là , les au-
tres apôtres créoient des évêques dans la plupart des
villes où ils préchoienr l'évangile ; mais les trois fiéges,
dont il vient d'être parlé , eurent conflamment le pre-
mier rang fur tous ceux qui furent créés dans la fuite.
Quoique ces trois patriarches décidaflent chacun dans
leur diflricL les affaires de plus grande importance , on
ne doit pas les regarder comme égaux entre eux : l'églife
de Rome, où faint Pierre Se faint Paul avoient prêché
l'évangile , eut toujours le premier rang ; elle fut la
principale églife , & le centre de l'unité facerdotale. Son
évêque efl appelle , par le concile d'Ephèfe , le gardien
de la foi; Se le concile de Chalcédoine , appelle l'églife
de Rome la première de toutes les églifes.
%$6 PAT
Dans la fuite on accorda à l'évêque de Conftantino-
ple le titre de patriarche , aiuTi bien qu'à celui de Jé-
rufalem.
Ces cinq patriarchats , qui font Rome , Conftanti-
nople, Alexandrie , Antioche & Jérufalem, font lesfeuls
qui ayent été connus dans la divifion du gouvernement
politique de l'églife i car quoique la qualité de patriar-
che ait été donnée à quelques métropolitains, comme
à celui d'Aquilée , ou de Grade , transféré depuis à Ve-
nife, à celui de Bourges , qui fe dit patriarche des Aqui-
taines , & à d'autres archevêques, on ne la leur a donnée
que par honneur , fans leur attribuer la jurisdicton pa-
triarchale : en effet , il n'y a pas un de ces derniers qui
ayent des métropolitains fous eux.
Les bornes précifes de ces patriarchats feroient d'au-
tant plus difficiles à marquer, que la divifion des dio-
cèfes , & des provinces eccléfiaftiques a été , la plupart
du tems , réglée fur la divifion faite dans l'état civil par
les divers princes , qui l'ont fouvent changée félon leur
bon plaifir ; le concile de Chalcédoine , can. 17. or-
donna même que la dispofuion eccléfiaftique , à cet
égard , fe conformeroit à la dispofition civile. A parler
néanmoins généralement , le Patriarchat de Rome
étoit compofé de toutes les églifes d'Occident , & éten-
doit fa jurisdiclion fur toutes les métropoles fuivan-
tcs.
Dans l'Ita-
lie.
'Rome,
|Milan ,
'Ravenne ,
JAquilée,
Syracufe ,
'Calaris.
I
Achrida ,
Sardique.
Dans l'an- f Marcianopolis
cienne s Tomi ,
Dacie. CZarmizcgetufa.
Dans 111
lyrie occi-
dentale.
Dans la
Gaule.
Dans l'Es-
pagne.
{Syrmium
Laureacum ,
Salona.
.Arles,
Vienne ,
1 Narbonnc .
Aix,
1 Ambrun,
iTreves ,
1 Reims,
^Lyon ,
iRouen,
■Tours,
■Sens ,
IBefançon .
'Bourges,
Bordeaux,
* Eaufe.
■ Se ville,
Carthage ,
i Tolède ,
Tarragone ,
1 Emerita Aug.
Bracara Aug.
■Lucus Aug.
' Carthage ,
Le fiége du plus
ancien évêque
de la Numi-
DIE.
Le fiége du plus
ancien évêque
de la Mauri-
tanie Cesa-
riense & de
la Maurita-
NlE-TlNGITA-
NE.
Dans l'A-J Le fiége du plus
frique.
I
ancien eveque
de la Mau-
ritanie Siti-.
fense.
Le fiége du plus
ancien évêque
de la Byza-
CÉNE.
Le fiége du plus
ancien évêque
de la province
de Tripo-
li.
Dansl'Il-
ly rie orien-
tale.
•Theflaloniq.
Corinthe ,
, Athènes ,
' Patrae ,
iNicopolis ,
fDyrrachium;
Lariffe,
•Scupi.
Dans la
Grande
Bretagne.j
'Londinum,
Dorovernum
autrement
Cantuaria.
' Carleona ,
Eboracum.
Suivant les anciennes notices le Patriarchat db
Constantinople, après avoir été augmenté en dif-
férens tems , fe trouva compofé d'un grand nombre
de provinces eccléfiaftiques détachées des autres patriar-
chats ; favoir :
Dans la
Thrace ,
province
d'Europe.
Dans la
province
deThrace.
Dans la
provinee
d'Harmi-
monte.
Dans la
province
de Rhodo-*
pe.
Dans la
Scythie ,
au-delà du
Danube.
PAT
Héraclée ,
Panium ,
: Cœlos ,
ÏCallipolis , Dans la
ICyla , province
[Aphrodifia, d'Afie.
Theodofiopol.
kChcrfennefus,
JDrufipara ,
'Lyfimachia ,
Byzia .
^Selymbria,
Arcadiopolis.
Philippopolis,
IDiocletiano-
polis ,
IDiospolis ,
Nicopolis.
-Hadrianopo-
lis,
iMefembria,
'Sozopolis ,
I Plotinopolis ,
Develtus ,
-Anchialus.
■Trajanopolis ,
Maximiano-
polis,
I Abdera ,
, Maronia ,
) JEnus ,
Cypfela 4'
.Topirus.
"Scythia,
Chrefonus,
Bosphorus ,
Zicchia.
Dans
l'Helles-
pont.
Ephéfe ,
*"Hypa:pa,
Trallis ,
Magnefia,
EIa?a , Pacatiane
Adramytium ,
Affum ,
Gargara,
Maftaura,
Brullena ,
Pitane,
Myrrhina ,
Euaza ,
Areopoîis,
Temnus ,
Algiza,
Aureliopolis,
Dans la jNyffa,
province NMetropolis,
d'Afie. iValentiniapol.
Aninetum ,
Pergamus ,
Ana?a,
Priene ,
Arcadiopolis ,
Nova-Aula ,
/Egea,
Andera ,
Sion ,
Fanum Jovis ,
Colophon ,
Lebedus ,
Teos ,
Erythrx ,
Anrandius ,
^Pepere ,
Cuma.
Dans la
première
' Phrygie <( Aliona ,
"Aulium ,
Naulochus ,
1 PaLropolis ,
I Phocsa ,
Bargaza ,
| Thymbria ,
' Clazomene ,
Magnefia ,
^Smyrna.
(Cyzicus,
Germa,
Poemanium ,
Occa , '
Bares ,
Andrianotherc,
Lampfacus ,
Abydus,
Dardanum ,
^ Ilium ,
Troas ,
Melitopolis ,
Adiiana ,
Scepfis ,
Pionia ,
Pratconefus ,
Ceramus ,
. Parium ,
l Therms.
Laodicea ,
Tiberiopolis ,
A fan a x
Itoana,
Ancyra ,
Cidiffi ,
Egara,
Pelte,
Apira ,
Cadi ,
Tranopolis ,
Sebafta ,
Eumenia ,
Tremenithyri,
Dioclia,
Dans la
féconde,
Phrygie
Pacatiane.
Dans la
Phrygie,
Salutaire.
Trapezopolis ,
Silbium ,
llufi ,
Nea,
Chsretapa ,
Coloffa ,
Sinnai,
Philippopolis ,
Themifonium *
Sanis ,
Acmonia ,
Theodofio^olis ,
Bleandrus ,
l Athanaffusv
.Hierapolis,
iDionyfiopolis ,
kAnaftafiopolis,
r Mofynus ,
.Attudi.
*Synnada ,
Dorylxum ,
Polybotus ,
I Nacolia ,
Midaium ,
{Hipfus ,
iPrymnefia ,
! Myrum ,
I Êucarpia ,
Lyfias ,
Auguftopolis ,
■Biyfum.
Otrum,
PAT
PAT
Dans la
Phrygie
Salutaire.
kOtrum ,
Stedrorium , Dans l'ifle
Cinaborium, de Lelbos.
Amadafla ,
Cocyaium ,
'Prœpeniflus,
Docimarum ,
'wAmorium »
.Mitylene >
I Methymna ,
(Tenedos,
.Profelene.
Dans la
province
de Lydie.
Dans la
province
de Carie.
Dans la
province
des ifles
Cyclades.
f Sardis,
Philadelphie ,
I Trypolis ,
Thyatyra ,
Septe,
Gordus ,
Hircanis >
Trallis ,
Silandus ,
Maronia ,
Apollinis-Fa
num ,
Moftena ,
Apollonia,
Attalia,
Bana,
Blxandrus,
Hierocxfarea,
Acraffus ,
Daldus ,
Stratonicias
Satala ,
Maitaura ,
Cerafa ,
Gabala,
Heraclea,
Areopolis,
. Hellène.
" Aphrodifias,
Stauropolis,
Cybira ,
Heraclea- Sal-
baci ,
Apollonias ,
Heraclea- La-
tini ,
Taba: ,
Antiochia ,
Harpafa ,
Neapolis,
Orthofias,
Alabanda ,
Srratonice,
Alinda ,
Amyzon ,
Jaflus ,
Bargyla ,
Halicarnafllis,
Loryma ,
Gnidus ,
Myndus ,
Ccramus,
Anaftafiopo-
. Hs,
Erifi ,
Milecus.
•Rhodus,
Samos ,
Chios ,
LCos ou CooSj
|Naxus ,
Paros ,
iThera ,
'Delos,
Tenus ,
Melos ,
• Carpathus.
Dans la
province \
de Lycie.
I
Dans la
Pamphy-
lie.
Dans la
féconde
Pamphy-
lie.
r Myra ,
Maftaura ,
Telmifllis ,
Limyra ,
Araxa ,
Podala?a ,
Sidyma ,
Olympus ,
Zenopolis ,
Tlos,
Corydalla ,
Caunus ,
Acrafius ,
Xanthus >
Marciana ,
Chôma ,
Phellus ,
Antiphellus,
Phafelis ,
Aucanda ,
Eudocias ,
Patata ,
Nefus ,
Balbura ,
Oeneanda ,
Bubon ,
Calinda,
(. Rhodia.
Sida ,
Aspendus ,
Etene ,
jErymne,
Caflus ,
Semneum,
Carallus ,
ICotana ,
Coracefium,
ISyedia,
Lyrba? ,
ColybrafluSj
'Selga.
fPerga? ,
Termeflus ,
Eudoxias ,
Maximianopolis ,
Palacdpolis ,
Penrenefus ,
Diciozanabrus ,
Ariafïiis ,
Selcucia ,
Colobrafllis ,
Coracefium >
Senna ,
Trimopolis ,
Pugla ,
Adriana.,
Attalia ,
Magidis,
Olbia ,
Corbafa ,
Lyfinia ,
Cordylus ,
Lagania ,
Panemoticus «
Geone ,
Commacum ,
Silvium ,
Pifinda,
Talbonda ,
1» Unzela.
Dans la
Pifidîe.
Antiochia ,
Sagalafius ,
Sozopolis,
Tymandus ,
Eudoxiopolis
[Ncapolis,
Apamea,
iTitiafius ,
JBaris ,
lAdrianopolis
/Limenopolis
\Laodicea ,
jSeleucia ,
lAdada,
JMallus,
ISiniandus ,
[Metropolis,
'Paralaus ,
Bindeum ,
Philomclium
Proilama ,
Gortenus.
Dans la
, féconde
Arménie.
Dans la
première
Galatie.
Dans la
' féconde
Galatie.
Dans la
m m
Icon
Lyfira,
Onafade .
Amblada,
Honomada ,
Laranda ,
Barattha ,
Deibe ,
Hyda ,
Sabathra ,
Lycaonic S Canna ,
Berinopolis ,
lliftrum ,
Perrhe ,
Arana ,
Ifaura ,
Hydmaurus ,
Mifthium.
Corna ,
Pappa.
Dans le
PoncPolé
mon ia que.
Dans
l'Heleno-
pont.
Dans la
Paphlago-
nie.
Dans la
première
Cappado-
ce.
noriade.
Dans la
féconde
Cappado-
ce.
*Caîfarea ,
Therma ,
Gamuhana ,
Ciscifîa ,
'Thecdofiopo-
lis ,
.Thyana.
.Doara ,
Cybiftra ,
Fauftinopolis,
Safimi ,
I JuAinopolis ,
Afuna , Dans la
•MociiTus.
Bithynie.
Dans la
troifiéme
Cappado-
ce.
Dans la
première
Arménie.
.Nazianzum
Colonia,
'Painaflus ,
i Doàra ,
.Sebafia.
8/7
"Arc a ,
Comana,
Aiabiflus ,
| Cocufum ,
Ariarathia.
| Amafa ,
Zelona ,
Sophcne ,
.Diosponthum.
■Ancyra ,
Tabia ,
I Juliopolis ,
Aspona ,
I Berinopolis ,
China ,
-Analtafiopolis.
■PefTînns ,
•OreilUis ,
(Petenifns,
•Trocmi.
.Neocjcfarea ,
Trapezus ,
iCtrafus ,
iPoiemonium ,
Comana Pontica
•Ptyufa.
'Amafia ,
■ Amifus .
ÎSinope,
klborea ,
Andrapa,
•Zcla.
.Gangra ,
Juniopolis,
|Sora ,
|Pompeiopolis,
Amalbis,
•Dadibta.
Claudiopolis ,
LHcraclca Ponti ,
'Tium,
[Cratia ,
Prufa.
Nicomediai
Chalcedon ,
Prufa ,
Pianetum ,
Hellenopolis ,
Bafiiinopolis,
Apollonias ,
Hadriana ,
Carfarea,
Adfia ,
Patavium ,
Dablis ,
Neocarfarea ,
Cius.
Sebartopolis ,
Nicopolis, Dans]a
féconde
Satala ,
fBeiifle ,
Melitcne.
Nicxa ,
Apamea
y Linoe ,
Bithynie. / ~ j
J L Gordus.
Le Patriarchat d'Alexandrie comprenoit les
provinces cV les métropoles qui fuivent ,
Tom. iv. Qqqqq
8*8 PAT
PAT
Dans l'E-
gypte pre-'
miere.
Dans la
première
Augu -
ftamnique.
Dans la
féconde
Augu-
flamnique.
Dans la
féconde
Egypte.
'Alexandria ,
Hermopolis ,
Metelis ,
Coprithis ,
^Sais ,
Letus,
[Naucratis ,
[Andropolis,
Nicium ,
, Onuphis ,
ITava ,
lOeopatris ,
[Maieotis ,
Menelai Ci-
vitas ,
Schedia ,
Phthenoti ,
' Nitria.
Dans la
province ■
d'Arcadie.
Dans la
première
Thébaïde.
Dans la '
féconde ■/
'Pelufium ,
Sethraeies,
Tanis ,
iThmuis,
[Rhinocorura,
jOflracina ,
jPhacufa,
\Caffium ,
Aphnxum, Thébaïdc#
IHephxnus ,
Panxphyius ,
IGerrum ,
Thennefus ,
Sela.
•Leontopolis,
Atribis,
Onii ,
I Babylon ,
'Bubailus ,
kPharbanhus ,
[Heliopolis ,
Scenae ,
Thou ,
'Antithou.
Dans la
province
dArcadie
•Cabafa,
Phragonea ,
Pachnemunis,
lElearchia ,
|Diospolis ,
.Sebennythus,
JCynus,
'Bufyris ,
Paralus ,
Xoes ,
•Butus.
rOxyryneus ,
) Heraclea ,
(.Arilnoë.
Dans la
Libye de
la Penta-
pole.
Dans la
féconde
Libye.
■Theodofiopolis,
Aphroditopolis ,
, Memphis ,
Clisma ,
iNilopolis,
rParallus ,
Thamiate ,
•Cynopolis.
•Antinoë ,
Hermopolis,
Cufa ,
['Lycopolis ,
' Oafis ,
kHipfde ,
f Apollinis Civita*
parva ,
Anranim ,
" Panopolis.
Ptolemais,
This ,
Coptus,
Tentyra ,
Maximianopolis,
Latopolis ,
Hermonthes,
Thebais ,
Therenunthis ,
Phylaî ,
Thoi ,
Ombi ,
Tathyris ,
Diospolis.
'Ptolemais ,
Sozufa ,
Lemandus ,
Boreum ou Bo-
ra?um ,
| Cyrene ,
Tenchyra
Bérénice,
Ticelia ,
AptuchiFanum,
Erythra .
Barce ,
Hydrax,
Dirthis ,
Palebisca ,
.Olbia ,
.Darnis ,
Parœtonium ,
. Antipyrgus,
Antiphra ,
) Marmarica ,
Zagylis ,
-Zygris.
Dans la rAdana,
< Malins ,
LZephyrium,
première
Cilicie.
Dans la
féconde
Cilicie.
"Anazarbus ,
Mopfueftia ,
[ALgx ,
l'Epiphania ,
Irenopolis,
ÏFlaviopolis ,
Caftabala ,
Alexandria ,
.RofTus.
Dans la
première
Phœnicie
Dans
llfautie.
Dans
l'Euphra
tenfe.
,Seleucia ,
Celenderis ,
Anemurium ,
Lamus ,
Antiochia ,
Selenus ,
I Jotape ,
Diocaîfarea ,
Philadelphia,
Domitiopolis, Dans la
Titiopolis , Phœnicie
Hierapolis , du Liban
<Charadra ,
Lauzadae ,
Nephelis ,
Daliscandus ,
Claudiopolis ,
Germanico-
polis ,
Sbide ,
Ceftrus ,
Olbus,
Libyas ,
Hermopolis ,
Irenopolis ,
l Sebafte.
•Hierapolis,
Cyrrhus ,
.Samnofata, „ ,,.
r>. ,. . ' Dansl A-
IDohche, , . n,
l^ . . rabie Pe-
IGermamcia ,
1-7 tree.
JZeugma ,
SPerre ,
jEuropus,
lUrima,
fCa:farea,
f Sergiopolis ,
F Sura ,
^-Marianopolis.
Tyrus ,
Sidon ,
Ptolemais >
Beritus ,
Byblus ,
Tri polis ;
c Arca ,
Orthofia ,
Botrys ,
Aradus ,
Antaradus ,
Porphyrium ,
Paneas ,
. Sycaminon.
Le Patiuarchat d'Antioche renfermoit les mé-
tropoles , archevêchés & évêchés qui fuivcnt , favoir :
Dans
rOsrhoc-
ne.
Dans la
première
Syrie.
Dans la
féconde
Syrie.
'Antioche ,
Séleucie ,
IBerrœe,
Chalcis ,
lOnofarta ,
Gabbus ,
Paltus.
^pamea ,
)Arethufa ,
kEpiphania ,
Larifla ,
Mariama,
Dans la f Baphanea ,
féconde -\ Seleucia ,
Syrie. ^-Balanea.
Dans la
Théodo-
riade.
Dans la
première
Cilicie.
■Laodicca ,
Gabala,
Paltos ,
' Balana'a.
"Tarfus ,
iPompeiopolis,
Sebafte ,
Augu fia,
.Conçus ,
Dans la
Méfopo-
tamie.
•Edefla ,
Carra: ou Car:
ra,
iCircefia ,
iNicephorium
jBathnar ,
[Callinicus,
Marcopolis ,
Himerius,
"Daufara.
•Amida »
Nifibis .
.Rhefina ,
< Martyropo-
lis,
ICaschara ,
Cepha ,
.Minizus.
f Damascus ,
Laodicea ,
Heliopolis,
Abyla,
Jabruda ,
Palmyra ,
Arlana ,
yEmefa ,
Danaba ,
Alalis,
Euarius ,
Comoara ,
Abyda ,
Corada ,
. Sarracene.
f Boflra,
I Adra ,
Medava ,
Géra fa,
Nibe,
' Philadelphia,
Efbus,
Neapolis,
Philippopolis,
J Conftantine,
Dionyfias ,
Maximianopolis,
Avara,
Elana ,
Caeotha ,
Phaeno ,
Zerabena •
Erra ,
Anitha ,
. Parembola.
Conftantina ,
Citium ,
Amathus,
Curium ,
Paphos ,
Arfinoë ,
Dans Pis Lapithus,
le de Cy-^ Thamaffus ,
pre.
Chytrus ,
Tremithus >
Soli,
Ledra ,
Tiberiopolis ,
Cartcriopolis ,
l Carpafia.
Les métropoles & provinces qui compofoient le pa-
triarchat de Jérufalem , font :
PAT
PAT
8J9
Dans la
première
Paleftine.
<
Hiernfalem ,
Dora ,
Anripacris ,
Diôspolis ,
Jamnia ,
Nicopolis,
Sozufa ,
Majuma ,
Joppe ,
Ascalon ,
Gaza ,
Raphia ,
Sycamazon ,
Lidda ,
Gerara ,
Anthedon ,
Eleutheropol
Neapolis ,
Elia ,
Sebaftc ,
Petra ,
Hiericho ,
Libias ,
Azotus ,
Zabulon ,
A radia ,
!
Baschar ,
Archelais.
Scvthopolis ,
Peila ,
Caparcotia ,
Gadara ,
Dans la ÏCapitolias ,
féconde < Maximinianopol.
Paleftine. jTiberias ,
Mennith ,
Hippus ,
Amathus , ou
A mata,
Petra ,
Auguftopolis,
Arindela ,
Arad,
■ Ariopolis, .
\ Eluza ,
Zoara ,
Sodoma,
Phenon ,
Pharan ,
Aila,
[ Metrocomia.
PATRIAS , village de la Perfide, félon Ortelius , Th.
qui cite Simon le Métaphrafte , dans la vie de fainte
Acepfime.
• PATRîCA, petite ville d'Italie, dans la Campagne
de Rome, environ à trois lieues d'Oftie du côté de lo-
rient , 8c à peu près à deux lieues d'Ardea , du côté
du couchant. Elle eft fituée à deux milles de la côte.
* Magin , Carte de la Campagne de Rome.
PATRICIA. Voyez Cordoue , n°. i.
PATR1CII PUKGATORIUM. Cambden , Hibern.
Comitat. Douegal. dit : La rivière de Liffer forme vers
i\ fouree une espèce de lac , au milieu duquel eft une
ifle , où l'on voit près d'un petit monaftere une caver-
ne étroite , mais fameufe par les fpeétres qu'on pré-
tendoic qui y apparoiflbient. Quelques écrivains avoient
même imaginé ridiculement que c'étoit Ulyfie qui avoir
creufé cette caverne , lorsqu'il alla aux enfers. On la
nomme dans la langue du pays Kllanu Frugadory ,
c'eft-à-dire , Y Ifle du Purgatoire. On lui avoir donné le
nom de Purgatoire de S. Patrice , parce que , fé-
lon une fable répandue dans le pays , faint Patrice ,
ou quelque abbé de même nom , avoir obtenu du ciel
que les peines qui font réfervées aux impies dans l'au-
tre monde feroient repréfentées dans cette caverne.
PATRIDAVA,ville de la Dacie : Ptolomée, /. 3.
c. 8. la place entre Triphulum 8c Carfidana. Quelques
manuferits portent Patridana pour Patridava \ 8c La-
zius veut que ce foit aujourd'hui Pettersdorf.
PATRIMOINE DE SAINT PIERRE , province
d'Italie, dans les états du pape. On l'appelle Patrimoi-
ne de faint Pierre , parce que l'empereur Conftantin la
donna au faint fiége pour l'entretien de l'églife qu'il
fît bâtir en l'honneur de faint Pierre, & pour celui
des papes. Sa plus grande étendue , du nord au fud ,
eft d'environ trente-cinq milles, 8c de quarante deux
de l'eft à l'oueft. Elle a pour bornes an feptentrion par-
tie de l'Orviétan & partie de l'Umorie -, la Sabine & la
Campagne de Rome à l'orient ; la mer au midi , 8c le
duché de Caftro à l'occident. On la divife en trois par-
ties, qui font le Patrimoine Particulier de Saint
Pierre, le duché de Bracciano, 8c l'état de R on ci-
glione, que les ducs deParmerévendiquenr.Kc^fî. Ron-
ciglione. Cette province eft fertile en bled & en vin ,
8c elle fournit beaucoup d'alun. * la Forêt de Bourgon ,
Geogr. hift. t. 1. p. 391. Ma gin , Carte du patrimoine
de faint Pierre.
Le Patrimoine farticulier de Saint Pierre
environne les deux autres parties de la province , fi l'on
en excepre la partie méridionale du duché de Bracciano
qui touche la mer. Ses principaux lieux font :
Viterbe ,
Montefiasconc ,
Volléno ,
Vitorchiano ,
Oi ta , Orti , ou Ortie ,
Citta Caftelane ,
Porto.
Fiano ,
Nepi,
Sutn ,
Capranica >
Corneto ,
Civita Vecchia,
* Magin , Carte du Patrimoine de faint Pierre.
PATRINGTON , ville ou bourg d'Angleterre , dans
l'Yorkshire, à l'embouchure de l'Humber, du côfé du
nord, à quatre lieues de la ville d'Hul. Cambden , veut
que ce foir la ville Praetorium d'Antonin. Les habitans
vantent l'agréable fituation de leur ville 8c la commodi-
té de leur port. Il fe tient un marché dans ce lieu.
PATROCLE, ifle de Grèce, fur la côte de l'Atti-
que : Paufanias , 1. 1. c. 1. qui la met près de Laurium,
dit qu'elle étoit petite 8c déferte. 11 ajoute qu'on la
ilommoit Patrocli Infula; parce que Patrocle , général
des galcrcs d'Egypte, la furprit Se la fortifia, lorsqu'il
fut envoyé au fecours des Athéniens par Ptolomée , fils
de Lagus. Etienne le géogr. connoit aufii cette ifle.
1. PATRON , Patrone & Padron , ville de
la Sourie , fur le bord de la mer , encre Gibel 8c Tri-
poli , près du promontoire , nommé par les anciens
géographes, la face de-Dieu, par les pilotes modernes
Capo Pagro , 8c par les matelots de Provence , le Cap
Pouge. Les voyageurs 8c les géographes modernes n'ont
presque point parlé de cette ville , qui doit fa fonda-
tion à Itobale, roi de Tyr, allié d'Achab , roi de Jé-
rufalem. Son nom ancien eft Botrys ou Botryum, d'où
cil venu le mor corrompu de Patron. Les révolutions
que cette ville , plus ancienne que Rome 8c que Car-
rhage , a fouftèrtes , feroient la matière d'une hiftoire.
Sous les empereurs chrétiens , elle étoit épiscopaJe, com-
me il eft prouvé par des aétes de différens conciles ,
où il eft fait mention de l'évcque de Botrys. Aujourd'hui
on ne voie plus à Patron que quelques reftes d'une vieil-
le églife 8c d'un monaftere entièrement ruiné, auffi-
bien que la ville. Il n'y refte plus rien qui puifle faire
connoïtre que c'ait été un lieu confidérable. Elle eft
nommée Botrus dans les tables de Peutinger. Strabon la
nomme Bofira. * La Roque , Voyage de Syrie , r. 1. p.
207. Mandrell. Voyage d'Alcp à Jérnfalem, p. yy.
2. PATRON , région du mont Liban , du côté du
midi , eft ainfi nommée de la ville de Patron , ancien-
nement Botrys. C'eft un pays fort agréable : les terres y
font bonnes & bien cultivées : unfeigneur Maronite y
commande fous l'autorité du bâcha de Tripoly. * La
Roque , Voyage de Syrie , t. 1 .
PATRONIDE, ville de la Phocide , entre Tirora &
Elatée , félon Plutarque , in Sylla , qui eft le feul an-
cien qui en fade mention. Ce fut auprès de cette ville
qu'Hortenfius joignit Sylla, qui étoit allé au-devant de
lui avec fon armée.
PATROUISSA , ville de la Dacie. Ptolomée , /. j,
c. 8. la place entre Napuca 8c Salinx. Quelques manu-
fciits lifent PatruiJJa pour Patroitijja. Lazius croit que
c'eft aujourd'hui Brajfoua , autrement Cronfiat.
PATTALA 8c Pattalena. Voyez. Patala.
PATTI. Voyez.PATi.
PATUMOS , ville de l'Arabie , félon Hérodote , /.
2. n. 158. qui la place un peu au-deflus de Bubaftus*
Etienne le géographe en fait aufii mention*
PATUNG, ville de la Chine, dans la province de
Huquang , au département de Kingcheu , fixiéme mé-
tropole delà province. Elle eft de 7 deg. 30 min. plus
occidendale que Peking , fous les 30 deg. 59 min. de
latitude feptentrionale. * Atlas Sinenfis.
PATYCOS, ville d'Italie : Etienne le géographe la
donne aux Brutiens , 8c la place dans les renés. C'eft
aujourd'hui la ville de Paule, félon Gab. Bani.
PATZENICA, ville du Peloponnèfe , dans la Man-
tinée, félon Ortelius, Thef. qui cite Cbalcondvle.
PATZINAO£. Ortelius dit : Peuple delaScythie,
du nombre de ceux qu'on appelle Baftlii. Ils habkoient
au-delà du Danube , dans des plaines qui s'étendent de-
Toiv. IV. Q qq qq ij
86o PAV
PAV
pais le Borilthène jusqu'à la Pannonie. Suidas appelle ce
peuple Patzjnaciu. Othon de Frifingue écrit mal- à-pro-
pos Pecenati pour Patzjnacz. Selon Cédrene , ce peuple
éroir divifé en treize tribus, qui compofoient une nation
fi nombreu le , qu'aucun autre peuple Scythe ne pouvoit
lui réfifter : il ajoute qu'une de ces tribus fe nommoit
Belanarnin , Se une autre Pagumanin.
PAU , ville de France , dans le Beam , dont elle eft
regardée comme la capitale , quoiqu'elle ne foit pas bien
ancienne , Se qu'elle n'ait commencé à devenir célèbre
que fous les derniers feigneurs de Beam , qui étoient
des deux maifons de Foix Se d'Albret. Elle eft bâtie fur
une hauteur, au pied de laquelle paffe le Gave Bear-
nois. Cette ville elt petite , mais très-jolie en ce qu'el-
le contient. 11 y a au bout de la ville un château, où
le roi Fleuri IV naquit le 13 Décembre 1557. C'étoic
la demeure des princes de Beam : fes jardins & fon
parc font encore dignes de la curiofité des voyageurs.
Ce fut Henri d'Albret qui commença le bâtiment de ce
château , dans lequel il établit fa réfidence. Cette pré-
rogative n'a pas empêché les villes de Bcarn , qui font
plus anciennes que Pau , de conferver le droit de pré-
séance fur elle dans l'affemblée des états du pays. Les
Capucins furent établis à Pau par Henri IV, qui leur
donna fa bibliothèque. Quant à I'établiffement du parle-
ment de Pau, voyez, l'article Bearn. A ce parlement
font unies une chambre des comptes & une cour des
aides. Pau eft du diocèfede l'Escar Se fituée à 167 lieues
fud-oueft de Paris, longit. tydeg. 6 min. Util. 43 d.
ij min. ' Piganiol , Defcr. de la France , t. 4. p. 444.
Longueruç , Defcr. de la France , p. 210.
On voit à Pau une flatue pédeftie de Louis XIV qui
eft dans une place carrée , laquelle a un cul de fac. Les
avenues en font très-belles. Ce font des grands chemins
fort larges, bien alignés , à perte de vue , Se bordés de
chaque côté de beaux arbres , avec beaucoup de contre-
allées. * Mém. drejfésfur les lieux.
PAUCA , ville de l'ifledeCorfe. Ptolomée, /. 3. c. 2.
la place fur la côre occidentale , entre l'embouchure du
fleuve Locra Se celle du Ticarius. Pinec nomme cette
ville Pavonitt.
PAUCURA , province de l'Amérique méridionale,
dans la terre ferme , au Popayan. Elle ert très-fertile ,
& on y entre au fortir de celle d'Arma. Le terroir rap-
porte du maïs , Se des fruits en abondance. On n'y
trouve pas autant de mines d'or que dans la province
d'Arma. Les fauvages y parlent un langage tout diffé-
rent, li y a plufieurs toirens Se une petite rivière qui la
traverfe. * Corn. Dict. De Laè't. Defc. des Indes occ.
L 9. c ix.
PAUDI , bourg de France , dans le Berry , élection
d'Iffoudun , avec un château : il eft à deux lieues d'Is-
foudun , Se à égale diftance de Varan.
PAVESAN ou Pavese , contrée d'Italie , dans le Mi-
lanez, entre le Milanez propre au nord , le territoire de
Bobbio au fud , le Lodefan à l'eft, Se Laumeline à l'oueft.
Ce territoire eft fi fertile , qu'on l'appelle communé-
ment le jardin du Milanez.. Les armes des alliés en ont
fait la conquête fur l'empereur à la fin de l'année 1733,
& il y a apparence qu'elle fuivra le fort du Milanez.
Les principaux lieux de cette contrée font,
Pavie , Certofa ,
Voghcia.
PAVESIN , bourg de France , dans le Forez , élection
de Saint Etienne.
1. PAVIE , Pavia, ville d'Italie, fur le Tefin. Elle fut
fondée par les Gaulois,quclquetems après qu'ils eurent bâ-
ti Milan. Ils en furent chaffés par les Romains ; .Se ceux-
ci furent chafles par les Goths , vers le milieu du cin-
quième fiécle. Odoacre l'ayant ruinée de fond en com-
ble en 476", ou 477, accorda aux habitans une immu-
nité de cinq ans, avec permiflion de rebâtir leur ville,
qui avoit porté jusqu'alors le nom de Ticinum. Us la
rebâtirent au même endroit , & la nommèrent Papia ,
comme qui diroit Piorum Patria , afin d'exprimer l'a-
mour pour la patrie qu'eurent ceux qui fe transportè-
rent jusqu'à Ravenne , pour implorer pour elle la mi-
féricorde du vainqueur. Elle devint dans quelques an-
nées fi belle & fi magnifique , qu'Alboin , roi des
Lombards, s'en étant rendu maître en $6% , la choifit
pour le lieu de fa réfidence , & pour la capitale de fon
royaume. Elle perdit ce titre avec Didier , dernier de
fes rois, que Charlemagne fit prifonnier en 774. La
ville de Pavie reçut depuis plufieurs autres disgrâces.
Otton I la maltraita fort en 9 ji. Elle fut presque toute
réduite en cendres par un embrafement en 1034. Les
guerres de les habitans } contre ceux du Milanez , pen-
ferent la détruire en 1059. Elle devint enfuite la proie
de plufieurs tyrans , avant que de tomber fous la puis-
fance des ducs de Milan ; mais les François, comman-
dés par le vicomte de Lautrec , voulant venger en 1527
l'affront qu'ils avoient reçu deux ans auparavant, par
la perte de la fameufe bataille de Pavie, où le roi Fran-
çois I fut fait prifonnier > faccagerent tellement cette
miférable ville , qu'elle n'a pu fe remettre dans fon
premier luftre. On ne diroit pas aujourd'hui à la voir ,
qu'elle auroit été le féjour de plus de vingt rois , Se la
capitale de leur royaume. Pour voir Pavie, il n'y a qu'à
la traverfer par la grande rue ; ce qui eft à droite Se à
gauche eft triftement habité. * La Forêt de Bourgon ,
Geogr. hiftor. t. 2. p. 453. Adijfon , Voyage d'Italie,
p. 3 t.
Vis-à-vis de la cathédrale, qui eft une vieille églife
balle , obscure , & bâtie tout de travers , il y a une fla-
tue équeftre de bronze, que l'on foupçonne repréfenter
Antonin Pie. On appelle communément cette ftatue Re-
gifole i mais perfonne ne peut dire à quelle occafion ce
nom lui a été donné ; on fait feulement qu'on l'appel-
loit ainfi dès le rems de Platine , qui croit qu'elle fut
apportée de Ravenne, lorsque cette ville fut prife Se
faccagée par le roi Luitprand. Paul Jove, Hifl. L 2j.
affine positivement qu'elle eft d'Antonin ; mais je ne fais
s'il en étoit bien informé >de même que de ce qu'il ajoure
que Lautrec en fit préfent à un de fes folciats nommé
Hôtefle , parce que ce foldat avoit le premier monté à
la brèche. Une pareille ftatue n'eft guère un préfent à
faire à un foldat. Du refte la bride , le poitrail , les épe-
rons & les étriers font des pièces nouvellement ajou-
tées. Dans la même églife on montre une espèce de
mât de navire que le peuple croit être la lance de Ro-
land le furieux. Ce fut, dit-on, le même roi Luitprand,
qui apporta de Sardaigne à Pavie le corps de fainr Au-
guftin dans un cercueil d'argent , ëc qui l'enterra dans
l'églife de faint Pierre, au Ciel -doré , aujourd'hui oc-
cupée par des Auguftins. Ce prince qui eft enterré dans
cette églife , cacha ce corps , de peur qu il ne fût mal-
traité par les barbares qui ravageoient alors l'Italie. On a
été long-tems à découvrir l'endroit où il avoit été mis; •
mais on l'a découvert depuis quelques années , Se on a
des preuves certaines que c'eft le véritable corps de ce
Saint. Au coin d'un des cloîtres de la maifon des Au-
guftins eft le tombeau d'un duc de Suffolk, Se d'un duc
de Lorraine, qui furent tués tous deux dans la fameufe
bataille de Pavie. Ce monument leur a été dreffé par-
un Charles Parker eccléfiaftique , comme l'apprend l'in-
fcripfion qu'on y lit. Il y a plufieurs autres églifes : fa-
voir Sainte Marie, conftruite par la reine Rodelinga ;
Sainte Agathe , fondée par le roi Pertharite -, te monaftete
de Sainte Claire , bâti par le même roi Se par Théo-
delind'e fa femme -, celui de Saint Anaftafe , dont Luit-
prand a été le fondateur-, celui de Sainte Sabine, fon-
dé par l'évêque Pierre; l'églife de Saint Jean-Baptifte,
que fonda la reine Condiberte, & celle des Domini-
cains. * Vie du pape Grégoire H.
Outre la place qui eft devant l'églife cathédrale , il
y en a une autre bien plus grande. On la paffe pour aller
au château qui fut bâti par Jean Galeas Visconri , pt emier
duc de Milan , Se qui enveloppoit autrefois dans Ces mu-
railles un grand quartier de la ville. Ces murailles ne
fervent plus à préfent à fa défenfe. Il y a un large fos-
fé à fond de cuve , & un grand corps de logis , entre
deux hauts pavillons bâtis en façon de tours. C'eft-là
le principal logement. On voit derrière une grande
tour défendue par un baftion des murailles de la ville ;
mais ces murailles font aujourd'hui en très- mau vais étar.
En fortant de Pavie, on paffe le Tefin fur un pont,
long de trois cens quarante pas communs. Il a été fait
par Jean Galeas. De côté & d'autre on a ménagé une
galerie , où l'on marche à couvert du foleil Se de la.
PAV
pluie. On pafle ce pont pour aller au grand fauxbourg,
où l'on voie la belle églife du Saint Esprit , Se le grand
collège du pape. Chailemagne y fonda une fameufe
univerfité en 79 1 , & la dora d'un revenu fort confi-
dérable. Enfuite plufieurs grands perfonnages y établi-
rent des collèges, entre lesquels ceux du pape , du car-
dinal Borromée , des Grifons , des Manans Se des Jé-
fuites,font les plus célèbres. C'cft dans cette univerfité
que les jurisconfultes Baldus, Jafon & André Alciat ,
ont fleuri. Le tombeau de Baldus eft dans l'églife des
Cordeliers. Celles des Jéfuites , des Carmes , de Saint
François Se de Saint Martin font très-eftimées ; la pre-
miere pour l'architecture , la féconde pour les chapel-
les, la troifiéme pour les tombeaux, & la quatrième
pour les cloîtres.
Pavie a l'avantage d'avoir donné la naifiance au pape
Jean XVII , qui monta fur le fainr fiége en 1003 , Se
ne garda cette dignité que cinq mois. Le célèbre Boë-
ce etoit aiuTi de Pavie. Son corps eft enterré dans l'égli-
fe de Saint Pierre , Se on y lit une très-belle épitaphe
qui en fait tout l'ornement. Théodoric l'ayant retenu pri-
sonnier dans une des tours de la ville , appellée la tour
de Bo'c'ce , lui fit couper la tête , fur un fimple foup-
çon qu'il eut que ce grand homme, qui étoit con-
ful , & puiflant dans le fénat , avoit entretenu corres-
pondance avec l'empereur Juftin. Pavie avoir au fil don-
né la naifiance à Jérôme Cardan , dont les ouvrages
contiennent des volumes in Folio, Se de Jacques Me-
nochius, père du célèbre Jean-Etienne Menochius , Jé-
fuice.
La Chartreuse de Pavie eft un monaftere ma-
gnifique , fitué entre Pavie Se Milan , à cinq milles de
la première. L'églife en eft fomptueufe : la voûte eft
ioutenue au dehors Se au dedans par quantité de colon-
nes ; Se letoîr, qui eft couvert de plomb, eft accom-
pagné d'une galerie ou corridor qui règne tout à l'entour.
Le portail eft tout de marbre blanc , Se tellement orné Se
enrichi de ftatues , qu'il femble comme impofïible d'y
ajouter aucun embelliflemenr. Le corps de l'églife eft
d'une architecture presque gothique ; mais les chapelles
& les autels ne cèdent point à ce qu'il y a de plus ri-
che Se de mieux travaillé dans les plus belles églifes.
Jean Galeas , fondateur de cette églife, y a fon tombeau.
11 eft de marbre , de même que la ftatue qu'on voit au-
deflus. Comrnines dit dans fes mémoires que le religieux
qui lui faifoit voir laChartreufe , traitoit Jean Galeas
de fainr, parce qu'il étoit bienfaiteur du couvent. Le
chœur eft d'une beauté dont rien n'approche : le pavé
même fe fait admirer. Les murailles font de marbre,
Se ornées de colonnes aufii de différentes couleurs. Le
grand Autel eft fuperbe , Se rien n'eft comparable aux
figures , qui font une partie de fes embelliflemens. Il eft
enrichi d'un tabernacle fait de pierres précieufes, d'o-
nix , d'agathe, & d'autres. Entre les chapelles , celle de
l'Aflbmption de la Vierge ne peut être vue fans être
admirée , tant pour la quantité des tableaux Se des or-
nemens de marbre qui y font , que pour la fculpture.
La maifon , qui eft très-grande, a toutes fortes de com-
modités. La cour eft entourée d'une galerie d'un mille
de circuit , foutenue d'un nombre infini de colonnes ,
Se couverte de plomb , ainfi que les cellules des re-
ligieux. Outre le tombeau de Jean Galeas , qui eft dans
la nef de l'églife , on y voit les ftatues de Ludovico
Mirolin , l'un des anciens ducs de Milan , Se de fa fem-
me . qui ont été enterrés en ce lieu. Les armoires de
la facriftie font d'une fculpture aufii agréable qu'extraor-
dinaire. On y voit quantité de belles reliques , Se beau-
coup d'argenterie, avec un devant d'autel d'y voire, fur
lequel font ciièlées diverfes hiftoires. Ce fut dans ce
monaftere que François I fut mené d'abord , lorsqu'il
eut été fait prifonnier. Dans le rems qu'il entra dans
l'églife , les religieux chajitoient ce verfet d'un pfeau-
me : Coagulatum eft fient lac cor eorum ; ego verà le-
gem tuam meditatus fum ; Se ce prince chanta avec eux
à haute voix le verfet fuivant : Bonum mihi quia hu-
milia/h me , ut discam juftificatienes tuas. * Corn. Dict.
2. PAVIE, ville de France , dans le Bas-Armagnac,
au diocèfe d'Ausch , dans le comté d'Afiarac.
PAUJAS , bourg de France, dans l'Armagnac, au
diocèfe d'Ausch.
PAU 861
PAV1LLI , Paviliacus, bourg de France , dans la
■ Normandie , au pays de Caux. Il eft fitué à une de-
mi-lieue au-deflus de Baientin , à quatre de Rouen , à
trois d Yvetot , Se à une de Bouville Se de Limaifi , dans
un vallon , fur la petite rivière d'Enne > nommée aufii
Sainte Auftreberte. Pavilli a le titre de baronnie , avec
haute juftice Se château ; fon églife paroifiiale eft fous
l'invocauon de Notre-rDame. Il y a aufii un petit prieu-
ré clauftral , fous le titre de fainte Auftreberte , defler-
vi par de grands Bénédiélins , qui dépendent de l'ab-
baye de Cormeillcs. Ils pofledeiu à Pavilli le tombeau
& quelques reliques de fainte Auftreberte , qui vivoic
du tems de faint Philibert. On tient dans ce bourg un
gros marché le Jeudi , Se l'on y débite beaucoup de
lins, de toiles , & quantité de poules de Caux , de grains
Se d'autres denrées que produit le territoire. La Baron-
nie de Pavilli a vingt- neuf fiefs nobles dans fa dépendan-
ce, & le patronage de fix paroifies, qui font Pavilli 4
Sainte Auftreberte , Goupiliere , Ancrekerville , Eman-
ville Se Aufouville. * Corn. Did. fur des mémoires dres-
fés fur les lieux.
1. PAUL (Rivière de Saint). Voyez. Mesurado.
2. PAUL ( Saint ) , ville de France , dans la Proven-
ce , à deux lieues de Nice , oueft , Se à trois d'Amibes.
3. PAUL ( Saint ) , petite ville de France , en Artois ,
à neuf lieues de S. Orner. Elle a le titre de comté.
4. PAUL (Saint), ville de l'Amérique méridionale , dans
le Brefil. Elle eft habitée Se gouvernée par des brigans
de différentes nations , qui vivent en forme de républi-
cains, indépendans du roi de Portugal, auquel néan-
moins ils payent un tribut en or. On ignore leur reli-
gion Se leurs loix par l'impofiibilité de pénétrer chez
eux.
;. PAUL (Saint ) , abbaye de France , dans la Franche-
Comté , diocèfe de Befançon.
6. PAUL ( Saint ) , monaftere fort riche , dans la Ca-
rinthie , en Allemagne. Il dépend de l'archevêché de
Saltzbourg.
7. PAUL DE FENOUILLEDE( Saint), petite ville
de France , en Languedoc , capitale du canton de Fe-
nouillede , au diocèfe d'Alet.
8. PAUL - TROIS - CHATEAU ( Saint) , Aitgufla
Iricaflinorum , ville de France, au Bas-Dauphiné , dans
le duché de Valcnrinois. Elle eft la capitale du Tricafti-
nois : fon évêque eft fuffragant de 1 archevêque d'Arles.
Elle eft fituée fur le penchant d'une colline limitrophe de
la Provence , à une lieue du Rhône.
1. PAULA , Paola , ouPaule, ville d'Italie , au
royaume de Naples , dans la Calabre Citérieure , à trois
cens pas ou environ de la mer. Baudrand s'eft trompé
dans la pofition de cette ville , car il la met à deux milles
de la côte. Cette ville appartient au marquis Spinelli ,
prince de Francavilla, un des plus confidérables barons
du royaume. Elle n'eft célèbre que par la naifiance de
faint François, fondateur de l'ordre des Minimes, con-
nus à Paris fous le nom de Bons- Hommes. Il faut un
peu monter pour arriver du bord de la mer au terrein
fur lequel la ville eft fituée. Elle eft médiocrement
grande : mais les maifons fonr bâties proprement. Il y
a des rues larges, bien percées , bien pavées, ornées
de fontaines, avec des églifes très propres. Il y a des Jé-
fuites, des Auguftins , des Cordeliers, des Capucins &
des Dominicains. Les Minimes font à un mille hors de
la ville , au nord-eft , Se c'eft le lieu de la dévotion du
pays, c'eft-àdire l'églife de Saint François de Paule.
Pour y aller, après avoir traverfé une bonne partie de
la ville , on tourne fur la gauche dans un chemin beau ,
large Se bien entretenu , partie entre des collines bien
cultivées , Se partie pratiqué dans la pente de la mon-
tagne. On trouve à moitié chemin une petite place
carrée , coupée dans la montagne , au coin de laquelle
on a pofé une ftatue de faint François , en marbre blanc
Se fort bien faite : elle eft fur un très- beau piedeftal.
Le chemin tourne alors un peu fur la droite , Se on dé-
couvre le couvent. On trouve d'abord un veftibule
magnifique , décoré de trois grandes arcades , féparées
par des pilaftres couplés , Se accompagnées de rous les
autres ornemens de l'architecture. Il y a au-deflus des
logemens deftinés pour les perfonnes de confidération
qui vont faire leurs dévotions dans ce ianctuaire , qui
862,
PAU
PAV
eft extrêmement fréquenté par toutes fortes de perfon-
nes , & fur-tout par les nouvelles mariées. Au bout du
vèft'ibule cil l'églife , qui n'eft pas belle : mais elle eft
en grande vénération , parce qu'elle a été bâtie par le
faint même. Quoique petite , elle a une nef Se deux
collatéraux , le tour voûté Se dans le goût gothique le
plus pefant & le plus mauvais. Le chœur, où les re-
ligieux pfalmodient , eft derrière- l'autel , qui eft à la
romaine, fort fimple Se fort propre. La chapelle de
la Vierge eft au bout du collatéral gauche : elle eft bien
ornée & bien propre; mais plus obscure que le refte de
l'églife , qui l'eft déjà beaucoup , parce qu'il a fallu cou-
per la plus grande pairie de l'emplacement dans le vif
de la monragne , ce qui rend cette églife humide. La
chapelle de faint François eft au bout du collatéral droir.
Elle eft très belle Se route tapiffée des vœux qu'on y
porte tous les jours. On garde dans cette chapelle di-
verfes reliques du faint. On y voie un bufte d'argent
doré , très-riche Se très bien fait, qui représente le faint,
Se dans lequel il n'y a qu'une dent, qu'il donna à fa
fœur quand il alla en France , à la follicitation de Louis
XI. On fait que ce faint y mourut , Se qu'il fut enterré
au PleiIïs-les-Tours ; mais les Huguenots le brûlèrent
pendant les troubles de religion. On en ramaffa quel-
ques oflemens , qu'on donna aux Minimes de France ,
qui en envoyèrent une partie à ceux de Paula. * Labat ,
Voyage d'Italie , 1. 5. p. 194 Se fuiv.
Le bâtiment des religieux eft double. Celui que le faint
a fait bâtir eft encore fur pied. Il eft petit , bas , très-
fimple. 11 fert à préfenr pour les novices , à qui il eft
une leçon de l'humilité, de la pauvreté Se de la (Im-
plicite dont leur père fâifoit une profefTion très-étroire.
On en a bâti un autre depuis quelques années : il a
communication avec le premier : il eft plus grand; mais
fort fimple , peu propre , Se point du tout orné. Ce cou-
vent eft fitué à mi-côte dans une montagne , où il y a
plufieurs ravins, qui incommodent quelquefois cette
iainte maifon. Le terrein de l'églife Se des deux cou-
vens a été coupé en partie dans les cuifles de la monta-
gne ; cela eft caufe qu'il n'y a que de petits morceaux
de jardins féparés les uns des autres. On voit dans quel-
ques-uns des figuiers , des orangers Se des citronniers en
pleine terre : dans quelques fonds il croît des légumes
Se des vignes en beaucoup d'endroits. La terre , quoi-
que maigre , ne laifie pas d'être féconde , ce qu'on at-
tribue à la chaleur continuelle du climat , aux pluies
qui y font affez ordinaires , à caufe du voifinnge de la
»ner , Se aux rofées abondantes , qui fupléent aux pluies
lorsque celles-ci manquent. Ce couvent eft fans contre-
dit le chef-d'ordre des Minimes : il eft riche , Se poffe-
de quantité de terres aux environs. 11 reconnoît pour
fon fondateur le prince de Francavilla.
Le château dePaulc eft au-defïus de la ville , dans un
enfoncement, entre deux collines, & il écraferoit une
bonne partie de la ville , s'il tomboit. C'eft une forre-
refle antique, flanquée de tours, avec un folle Se un
pont-levis. La cour eft carrée: un des côtés, qui regar-
de la mer, eft ouvert, Se fermé feulement d'un mur
à hauteur d'appui, & fondé fur le rocher escarpé. Les
apparremens font vaftes Se peu éclairés, à caufe de la
chaleur.
Le pays des environs de Paule eft fort haché , Se
cependant très-fertile Se très-bien cultivé. Les herbes
ordinaires , qui croiffent dans les chemins Se dans les
haies, font la lavande, le thim , le ferpolct , le bau-
me commun , & autres plantes odoriférenres , Se pro-
pres à la médecine , qu'on cultive ailleurs avec peine ,
& qui viennent là en dépit des propriétaires. Au/ïï les
chèvres Se les moutons du pays ont un goût Se un fumet
merveilleux.
i. PAULA, bourg d'Italie , dans la Campagne de Rome,
dans les marais Pontins , près de la côte de la mer. Il eft
fitué fur un petit lac ou golfe , qu'on appelle Porto de
Paula \ Se il y a une tour auffi nommée Torrc de Pau-
la. * Mapjn , Carre de la Campagne de Rome.
PAULAR, chartreufe d Espagne , dans la Nouvelle
Cafiille , à fix lieues de Ségovie , vers le levant.
PAULHAC , bourg de France, dans l'Auvergne , cle-
"cLion cV évêché de Saint Flour.
PAULIACUS, lieu de France : Aufone en parle par-
le dans fafixiéme épitre ad Theon. v. 14. Vinet dit que
'ce lieu fe nomme encore aujourd'hui Pauliac : il le pla-
ce dans le Médoc , fur lé bord de la Garonne.
PAULIAGUET, ville de France, dans 1 Auvergne ,
diocèfe de Saint Flour.
PAULIANISTES, peuples de la Romanie , furies
confins de la Bulgarie. Ils habitent entre des montagnes ,
au nord du mont Rhodope , Se ils s'y maintiennent
dans l'exercice de la religion catholique. * Robert de
Vaitgondy , Atlas.
PAU LlEN ( Saint ) , bourg de France , en Auvergne ,
élection de Brioude.
PAULIN , bourg de France , dans le Haut- Langue-
doc, au diocèfe d'Aloy , avec titre àg vicomte.
PAULIN - CELLE , bailliage de la principauté de
Schwattzbourg-Radclftac, dans le landgraviat de Thu-
ringe , au cercle de la Haurë-Saxe.
PAULINI PR^DIA, lieu d'Italie, dans le Frioul;
c'eft Pline le jeune, Epifiolar. 1. 4. Epifl. 19, qui en
fait mention.
PAULITALIENSIS , fiége épiscopal , au voifinage
de l'Illyrie , félon Ortelius, Thejaur. qui cire Marcel-
linus Cornes.
PAULMY, château de France, dans la Totuaine ,
fur une éminence, entre Loches Se Preuilly , avec ti-
tre de vicomte. 11 y a un parc fermé de murailles ,
dont l'enceinte eft de deux lieues. 11 fut commencé en
1449 par Pierre le Voyer , vicomte de Laulmy , Se l'on
peut dire qu'il eft merveilleux par fes étangs ,fesprés,
fes bois Se fes allées. La terre y eft applanie en plate cam-
pagne en quelques endroits , Se en d'autres elle eft re-
levée en petites collines chargées de taillis Se de bois
de haute futaie. Plus près du château eft un grand pay-
fage , abondant en toutes fortes de plantes Se en bons
aibres. Le premier corps de logis qui s'offre en venant
de ce grand domaine , a de largeur quarante pas , Se eft
compofé de cinq à fix étages , fort bien proportionnés
& embellis au-delTus d'une galerie plombée, Se couverte
d'ardoife , de même que tout le refte du bâtiment , qui
eft enrichi par le deflus de pointes pyramidales. Ses dé-
fenfes font deux grandes tours rondes , dont l'une eft
entière , couverte d'ardoifes , plombée Se relevée en neuf
étages fur les caves Se fur les prifons. Ce château , l'un
des plus remarquables de la Touraine , fut entrepris la
même année que le parc. Le refte du château eft pres-
que tout vieux , & il y a encore une fale qui porte le
nom de vieille , Se un autre corps de logis appelle Châ-
teau- Gaillard , où font peintes les armoiries & les allian-
ces de la maifon de Paulmy, dont le nom , félon quel-
ques-uns , vient des palmes qui avoient honoré les gran-
des actions des premiers feigneurs de Voyer. La cha-
pelle , qui eft le petit maufolée de ces feigneurs , fut
rebâtie en 1479 parle même Pierre le Voyer , en 1 hon-
neur de faint Nicolas. 11 v a un petit chapitre compo-
fé d'un doyen Se de quatre chapelains , à la collation
des feigneurs du lieu. * André du Chêne , Arriq. des
villes de France. Piganiol, Defcr. de la France, t. 7.
p. 67.
PAULON , fleuve de la Ligurie , félon Pomponius
Mêla, /. i.c. 4. au lieu de Fanion : Pline, /. 3. c. 5.
écrit Padoau nominatif: auffi n'eft-ce pas du Pô dont
il eft queftion , mais d'une rivière nommée préfente-
ment Paillon. C'eft celle à l'embouchure de laquelle
eft bârie la ville de Nice.
PAUNA , ville d'Italie, chez les Samnites, félon
Strabon, /. 5. p. 250. Il dit qu'elle étoit fi peu coniidé-
rable , qu'elle ne méritoit presque pas le nom de ville.
PAUNTON. Corneille, Dict. dit : Ville d'Angleterre,
dans le comté de Lincoln , fur le Witham ; mais l'état
préfent de la Grande Bretagne ne mettant Paunton,
ni parmi les villes , ni parmi les bourgs où l'on tient mar-
ché, il eft à croire que ce do» être un très-petit lieu.
Corneille ajoute que c'eft une ville ancienne , qu'on
prend pour Ad Pontem d'Antonin. Tout le monde
n'en convient pas. Voyez, au mot Ad , ce quia été dit
fur l'article Ad-Pontem.
PAVOASAN, ville d'Afrique, dans l'ifle de Saint
Thomé , au fud-eft , fur le bord de la mer , au 25 à.
30 min. de long. Se au 50 dcg. de latitude méridionale,
avec une forterefle compofée de quatre baftions fans
PAU
PAU 863
difficile d'y remédier, faute de lumière. On trouve en-
viron à moitié une image de la fainte Vierge , devant
laquelle un hermite entretient une lampe allumée , Se
quand on approche de l'extrémité , on apperçoic une
fofle , & un chemin couvert large & paliffadé. Cette for-
terefle eft fur une petite éminence , qui domine toute
la ville , 6c qui commande le port , qui , pour être na-
turel , ne laine pas d'être affez bon. Toutes les maifons ,
excepté celles du gouverneur & de quatre ou cinq parti- petite pointe de lumière, comme une foîble bougie,
culiers, & quatre églifes, qui font de pierres, font de qui augmente infenfiblcment à mefure qu'on avance,
bois, à deux étages, 6c couvertes de planches. On La longueur de cette allée fouterreine elt de plus d'un
compte dans cette ville fix à fept cens feux, peuplés mille. Pour fa hauteur on n'elt pas d'accord. Elle peut
d'environ deux mille blancs, hommes, femmes & en- avoir trois toi fes de large, enforte qu'il y peut paner
fans, Portugais, Espagnols, François 6c Italiens; car deux carrofles. Cependant on fe tient toujours le plui
tout le monde y eft bien venu, pourvu qu'on fafle fer- proche du mur qu'il elt poflible, 6c on fait fagement.
ment de fidélité au fouverain , qui eft le roi de Portu- On prend la droite, c'etl-àdire la montagne, quand
gai, & que l'on vive félon les loix du pays. Il y a un on fort de Naples, & la gauche, c'eft-à-dire le côté de
cvêque fuffraganr de Lifbonne , 6c un chapitre , dans la mer , quand on y va. C'eft une loi obfcrvée par tous
lequel on voit des chanoines blancs , mulâtres 6c noirs. les voituriers, 6c qui empêche le desordre. Dès qu'on
Cela fait un mélange auquel il faut êtte accoutumé ,
pour n'y pas trouver une difformité choquante. * La-
bat , relation de l'Ethiopie occid.r. f. p. 332.
PAVOLOSCZ , ou Pawolocz , Pawoioczia , ville
de Pologne, dans le Palatinat de Kiow, fur la rive gau-
che de la rivière Rofiawica : c'eft une place fortifiée.
PAVONARE , nom que l'on donne aujourd'hui à
deux petites ifles , fituées dans le canal deConfiantino-
ple, à l'entrée de la mer Noire. On les nommoit an-
ciennement InfuU Cyanex. Voyez. Cyanées.
PAVOS , village de Portugal , fur le bord du Tage ,
entre Lifbonne au fud-oueft , 6c Santaren au nord-elt.
Il n'efl remarquable que parce que quelques-uns croient
y trouvet l'ancienne jerabrica , que le plus grand nom-
bre des géographes placent à Alanguer. * Buitdrand ,
1705. Carte de Portugal par Robert.
PAUREUS : c'eft un des noms qu'on donnoit an-
ciennement au Caicus , rivière de l'Afie Mineure, dans
la My fie. Voyez, Caicus.
PÂUS , village de l'Arcadie. Il ne fubfiftoit plus du
cems de Paufanias , /. 8. c. 23. On voyoit feulement fes
ruines au voifinage de la forêt Sorona.
PAUSA , petite ville 6c bailliage de Saxe , dans le
Voigtland , appartenant à l'électeur.
PAUSIC/E, peuples de la Perfide , félon Hérodote ,
1. 3. n. 92.
1. PAUSILYPE , promontoire d'Iralie , fur la côte du
royaume de Naples ,environ à une demi lieue de l'ifle de
Nizita. Entte les deux , la côte elt de moyenne hau-
teur , remplie de grandes maifons; mais la plupart aban-
données: le long de cette côte il y en a plufieurs aby-
mées fous l'eau. On en voit encore les murailles à fleur
d'eau 6c fous l'eau , & il y a plufieurs roches fort au
large ", c'eft pourquoi les navires doivent s'en éloigner du
moins d'un mille. Au bout de la pointe de Paufylipe ,
où l'on commence à découvrir la ville de Naples, en
allant le long de la côte , on trouve pareillement plu
entend quelqu'un , on prend le côté deftiné à la route
que l'on fait; les voituriers crient aile Montagne ou
alla Marina , pour faire connoître de quel côté ils
font , 6c ainfi on paffe paifiblcment fans fc voir 6c fans
noife.
Croira qui voudra la fable qu'on débite , que ce fut un
Romain, nommé Cocceius , qui fit faire ce grand ou-
vrage en quinze jours , 6c qu'il y employa cent mille
hommes. Quoi qu'il en foit , on y pafle depuis bien des
fiécles : les tremblemens de terre fi furieux & fi fréquens
dans le pays l'ont respecté , 6c il n'a rien refTenti de
ce qui a bouleverfé les environs.
Sur le haut de l'entrée de la voûte de cette grotte
à main gauche, on montre le tombeau de Virgile , qui
mourut a Brunies , d'où il voulut qu'on apportât fon
corps en ce lieu , auquel le roc fert de voûte 6c de
muraille , qui diminue peu à peu presque jusqu'à la
fin à la hauteur de trois toifes. 11 s'élève enfuirc en ma-
nière d'entonnoir , ce qui fait que la lumière éclaire
davantage les deux extrémités. Alfonfe premier , roi de
Naples 6c d'Arragon fit faire deux foupiraux qui ne
donnent que très-peu de jour. Il élargit le chemin , &
facilita l'entrée de cette caverne , qui étoit affreufe
à caufe des ronces 6c des épines qui y croient. Pierre
de Tolède , viceroi de Naples , fous Charles V , répara
6c aggrandit confidérablement ce grand ouvrage. Après
qu'on eft arrivé au bout de la grotte , on marche plus
de cent pas entre de hautes murailles pratiquées dans
le rocher , qui finit au village de For"grote.
2. PAUSILYPE, Monte di Posilypo, & en latin
T 'aufilypus , elt une montagne du royaume de NapJes,
dans la Campanie , ttès-délicieufe , fertile en vins déli-
cats 6c en toutes fortes d'excellens fruits. Elle regarde
d'un côté la mer de Pouzzol 6c de l'autre la ville de
Naples , dont elle forme le petit golfe , en s'avançant
dans la mer, vis-à-vis lapetkeifle de Nifida, qui fem-
ble en avoir été détachée. Vedius Pollio y avoit une très-
fieurs piliers , tours ou maifons abymées , ck quelques belle maifon de plaifance au bord de la mer. On en
roches à fleur d'eau 6c fous l'eau , qui s'avancent en-
viron 400 toifes au large , à quoi il faut avoir égard
quand on va à Naples. On reconnoît cette pointe par
une gtande maifon bâtie fur le haut , 6c qui elt fort
blanche. On peut cependant ranger les dangers appa-
rens de cette pointe , à Aeux longueurs de cables. On
voit des reltes fuperbes , avec de grandes voûtes , bâ-
ties en partie de briques , 6c en partie de pierres. Il la
légua à Augufte , au rapport de Dion. Pas loin delà
étoient les réfervoirs de Lucullus , quoi qu'en dife CIu-
vier, 6c un temple odtogone de Neptune , que le vul-
gaire appelle l'école de Virgile ; d'autres l'ont cru un pe-
y trouvera ttois ou quatre brafles d'eau , 6c un peu après tit Panthéon , mais fans aucun fondement. Vis-à-vis eft
douze & quinze. Le Pàusilypum-Villa de Pline, /. un écucil que les poètes ont appelle Euploca , qui
9. c. 53. étoit fur ce promontoire, qui a ainfi confer- veut dire heureufe navigation; aujourd'hui la Cajola à
vé fon ancien nom. Le nom de Pausilype vient , félon caufe de fa figure qui refïembe à une cage. Cluvier
l'opinion commune , des mots grecs Pauos, repos , & fait mention d'un autre écueil , nommé Limon ; c'eft ap-
Leipein , biffer , abandonner ; parce qu'avant qu'on eût paremment celui où les vaiffeaux qui viennent des pays
taillé la grotte qu'on y traverfe aujourd'hui , le chemin fuspects de maladie font leur quarantaine ; il eft entre
de Naples à Pouzzole étoit très-mauvais, 6c qu'il fal- , Pofilypo & Nifida.
loit fatiguer extrêmement & abandonner le repos pour Sannazar a fon tombeau dans l'églife des Servîtes de
franchir cette montagne. * Michelot , Portulan de la Paufilype , derrière le grand autel : c'eft un très-beau
Méditerranée, p. 119.
La Grotte de Pausiiype, eft un chemin creu-
fé dans la montagne , 6c qui la perce de part en pair.
Ce chemin elt trille & ennuyeux , à caufe de fon ob-
feurité ; mais il eft plus court de deux tiers que fi l'on
étoit obligé de monter & de descendre la montagne.
D'ailleurs il eft uni , & on y eft à couvert quand il
pleut ; mais on y eft étouffé par la pouffieie , 6c il faut
fe coller contre lewrtur , pour n'être pas heurté par ceux
qu'on rencontre dans la même route; & s'il arrive
quelque accident aux voitures 6c aux chevaux , il eft
monument en marbre, & l'ouvrage d'un frère Scrvire ,
excellent feuipteur. Il confiite dans une urne avec un
bas relief très-bien travaillé ; mais on n'y voir que de
petits Bacchus ou de petits amours. Le bufte de Sanna-
zar eft au-deffus : aux deux côtés font de magnifiques
ftarues , au bas desquelles on a mis les noms de David
6c de Judith , fans cela on les prendroit pour un Apol-
lon 6c une Pallas ; car elles ont rous les fymboles de ces
divinités païennes. * Le père de Charlevoix , Mémoi-
res Manufcrirs.
PAUSINUS, fleuve de l'illyrie, félon Pline, /. 3.
8^4 PAX
PAY
c. 1 1 . on du moins félon quelques exemplaires imprimés
de cet auteur. Mais le père Hardouin die que tous les
manuferits , au lieu de Paufinus Flumen , portent Civ'uas
Pajïni, Se que Flumen fe rapporte au mot fuivant.
PAUSTERII , montagnes de l'Achaïe , félon Phavo-
rih , Lcxtc.
PAU SU U£, ville d'Italie , dans le Picenum , félon
la carte de Peutinger. Pline , /. 3. c. 13. appelle le peu-
ple Paufulani, Se Cellarius, Geogr. ant. I. 1. c. 9. qui
cite Holftenius , dit que la ville Monte Del l'Olmo
a été bâtie fur les ruines de celle de Pàufulx.
PAUTALITORUM , peuples dont parle Ortelius ,
Tbef. Us habitoient la ville de Pautalia , que Ptolomée ,
/• 3. c. 11, place dans la Thrace. On lit fur l'infcrip-
tion d'une médaille de l'empereur Sévère ce mot nAT-
TAMA. Cependant les interprètes de Ptolomée , au lieu
de Pautalia , lifent Pautalia. Voyez, Vanta lia.
PAUTZKE , Putzko , ou Pardubitz, Putiscum,
petite ville de la Prune Polonoife, dans laPomerelle,
à neuf ou dix lieues à l'occident feptentrional de Dant-
zig , fur le Pautzkerwick. Elle fut prife en 1626, par-
les Suédois, qui en fureur chaffés Tannée fuivante par
les Polonois , à qui elle appartient encore. Le territoire
de cette ville eft borné au nord Se à l'orient par la
mer Baltique , au midi partie par ceux des villes de
Dantzig& de Mirchaw , Se à l'occident par la Pomé-
ranie.
PAUTZKER-WICK , Putiscanus Sinus. On donne ce
nom à cette partie de la mer Baltique, qui forme un
golfe , fur la côte de la Pruffe Polonoife, depuis le bourg
d'Heila, jusqu'à l'embouchure de la Viftule. Selon le
plus commun fentiment, ce golfe eft le Ginus Clyli-
penus de Pline , Se que Ptolomée appelle Vene-
dicus.
PAUUS, nom d'une forêt de la France, félon l'au-
teur de la vie de faint Léonard.
PAUXIS , détroit & fort de l'Amérique méridionale ,
fur le bord feptentrional de l'Amazone. Le fleuve dans
cet endroit e(l refferré dans un détroit de 90; toifes de
large. Le flux Se le reflux de la mer y parvient , quoi-
qu'on compte depuis Pauxis jusqu'à la mer plus de deux
cens lieues. Il y a dans le fort un commandant avec
quelques troupes Portugaifes. * Relation d'un Voyage en
Amérique , par M. de la Condamine.
PAUZERENSIS,fiégeépiscopal d'Afrique. On igno-
re de quelle province il étoit. On trouve feulement
que dans la conférence de Carthage , Flavianus eft dit
episcopus Pau^erenfïs , n° 1 87 Se 201.
PAWHATAN, ou Powhatan , rivière de l'Amé-
rique feptentrionale, dans la Virginie. Elle a été ainfi
appellée du nom d'un caflique qui a commandé dans
le pays par où elle pafTe. Cette rivière , qui arrofe une
ville de fon nom , eft presque vis-ù-vis de l'embouchure
qui donne entrée à la mer dans le golfe de Chefa-
peack , Se descend du côté de l'occident. Sa fource eft
dans les montagnes de Monacans. Après avoir couru plus
de cent milles portant des navires , dans tout cet espace,
elle va fe décharger dans ce golfe par une embouchure
de trois milles. Son canal eft pourtant étroit , à eaufe
des baffes qui font d'un côté & d'autre le long de fes
rivages. La quantité de cataractes & de rochers empê-
che qu'on ne la monte plus haut. Dans fa courfe elle
fe grolïït de plufieurs ruiffeaux ik de la rencontre de
quelqr.es rivières , dont l'une qui s'appelle Chicaha-
mania eft au-deffus de Jacobipolis , colonie des Anglois.
Les rivages de Pawhatan font habités de divers peuples.
Les éturgeons y abondent , Se roures les eaux qui s'y dé-
chargent font poiffonneu fes. * Corn. Dict. De Laët ,
Defc. des Indes Occ. I. 3. c. 14.
PAWTUNXUT, petite rivière de l'Amérique fepten-
trionale, dans la Virginie. Elle efl profonde de feize à
dix-huit brades , Se très-poiffonneufe. Les Acquitana-
fes, les Pautuxunts , 8c les Mattapiniens ont leurs ha-
bitations le long des bords de cette rivière. A trente
milles de-là , il en fort une autre dans le golfe que les
Anglois appellent Bolus , de la couleur de fon terroir.
Elle eft navigable, mais fes rivages font inhabités Se
déferts. * De Lact, 1. 3. c. 14.
PAX,Paxi , ou Paxo, bourgade de Hongrie, fur
la rive droite du Danube , entre Bude Se Tolna ou
Tulna , vis-à-vis la pointe d'une iflc , qui fe trouve dans
le fleuve , félon M. le comte de Marfilly , dans fa carte
du cours du Danube.
PAX-AUGUSTA. Voyez. Badajos.
PAX-JULIA , ville de la Lufitanie. On ne peur dou-
ter que ce ne foir préfentement la ville de Beja , où l'on
a déterré une très -grande quantité de monumens an-
tiques. On y voit encore trois portes de la ville , qui font
d'architeéture romaine. Dans les degrés de l'églife cathé-
drale , on lit cette infeription mutilée:
.... Pax Juli. . . .
. . . .Q. Petron. . . .
L'infcription fuivante fe lit toute entière dans la plac»
du marché :
L. AeliO. AuRELIO. CoMMODO
imp. ces. /eli.
Hadriani Antonini. Aug.
Pu. p. p. Filio.
Col. Pax. Julia. d. d.
Q. Petronio Materno.
C. Julio. Juliano. II. Vir.
VAXAL , ou Paxi , nom de deux ifles que Polybe,
/. 10. & Pline , /. 4. c. 11. mettent entre les i /les de
Leucade Se de Corcyre. Elles font à cinq milles de la
dernière de ces ides , Se on les nomme aujourd'hui
Paxu Se Antipaxu. L'ifle de Paxu peut avoir douze
milles de tour , avec un port des plus fûrs , mais aban-
donné par la crainte qu'on a des corfaires. Antipaxu
eft moindre Se n'a point de porr. Le terroir de ces
ifles , quoiqu'inhabitées , eft fort abondant en pâturages :
la première a du côté du levant une plaine très fertile ,
des vignes Se toutes fortes d'arbres fruitiers. * Corn. Dict.
Corovic, itiner.
PAXU. Voyez, Pax^.
PA Y A MOGO , place d'Espagne, dans l'Andaloufie,
environ à quat^ lieues au midi de Moura , à deux
lieues d'Algueria , vers la fource de la Chanca. Cette
place , qui eft importante , étant aux frontières du Por-
tugal , eft forte par fa fituation , Se défendue par qua-
tre bons baftions.* Délices d'Espagne , p. 448.
PAYASSES , Païasse , ville des états du Turc , dans
la Caramanie , fur le golfe d'Alexandretre , au nord
de la villede ce nom, qui en eft éloignée de quatre heures
de chemin. * Paul Lucas, Voyage de l'Afie Mineure,
t. 2. p. 284.
A demi-lieue de cette ville , il y a dans la mer une
groffe roche , Se entre la roche Se la terre une grande
hauteur d'eau. Les gens du pays font perfuadés que la
baleine rejetta Jonas en cet endroit , malgré la com-
mune opinion qui veut qu'elle l'ait jette au port de Jufta ,
dans la Paleftine. Le long de cette côte depuis Alexan-
drette, jusqu'aux Payaffes & au-delà, le chemin eft fi
étroit Se fi preflé par la montagne, qu'il faut que les
chameaux Se les chevaux mettent le pied dans la mer
en plus d'un endroit. 11 n'y a point cependant d'autre
paffage en venant des côtes de Syrie pour aller àCon-
ftantinople. On a bâti des magafins fur le bord de la
rade , qui fait le port des Payaffes , où abordent les
galères & les faïques turques. On y fabrique même
de ces fortes de vaiffeaux , à caufe de la commodité du
lieu qui eft défendu d'un château fermé de doubles mu-
railles. Ce château eft à un demi mille de la ville ,
dans laquelle il y a une belle mosquée , un grand kan
Se un beau bazar couvert , outre plufieurs autres grands
édifices , Se quantité de beaux jardinages, qui en ren-
dent le féjotir agréable. * Corn. Dict.
PAYEKOU , peuple de la Tartarie. I! s'étoit établi
vers les rivières de Toula Se de Selinga. Tantôt il fe
révoltoit contre les Turcs , alors maîtres de la Tarta-
rie, Se fe foumettoit aux Chinois; tantôt il fc révoltoit
contre les derniers Se retournoit fous la domination
des premiers. * Voyez. l'Hiftoire géniale des Huns ,
par M. de Guignes , /. 1 1. p. 428 , 45 3. /. ili.jp. 7 ,
PAYERNE,
PAY
PAYERNE , Paterniacus y ville de Suifle , dans le
canton de Berne , fur le bord de la Broyé , au milieu
d'une belle campagne , & le chef-lieu d'un gouverne-
ment auquel elle donne fon nom. Cette ville eft peti-
te , mais jolie. La Broyé coule devant l'une de fes deux
portes , ôc on la palîc fur un pont de pierre , à un coin
duquel on voit cette infeription :
Jovi O. M.
Genio Losi
FORTUNE
Reduci Ap-
pius Augus-
tus dedica.
* Etat & Délices delà Suijje , t. 2. p. 339.
Marius ou Maire , évêque de Laufanne , bâtir ou ré-
tablit Payerne en J9J , & y fonda une églife. Dans la
fuite, Berthe, reine de Bourgogne, environ l'an 96a,
y fonda une riche abbaye de Bénédictins , à laquelle
elle attacha de grands revenus , leur donnant la fei-
gneurie de la ville ôc les exemtant de toute juiisdi-
ction , quelle qu'elle fût, de rois, de princes, d'évê-
ques , ôc de celle des papes même. Le gouvernement
de ce monailere fut donné à faint Odilon , abbé de
Clugny , qui l'unit à fon abbaye de Clugny , dont 1 ayer-
.ne fur toujours membre ; de forte que depuis ce tems ,
il y eut en ce même lieu un prieuré conventuel , qui
étoit à la collation libre de l'abbé de Clugny , ôc où
il devoit y avoir trente moines, félon un règlement
fait en 1326. Guilliman dit qu'il y a des actes anciens
de leglife de Laufanne , qui attellent que Marius , évê-
que d'Avranches, avoit bâti une églife à Payerne, dans
la quatorzième année du roi Gontran Mérovingien en
575.* Longuerue , Defcription de la France, partie 1.
pag. 16 7.
Les Bernois prirent Payerne fur les Savoyards en
1536 , chaiTerent les religieux , & établirent à leur pla-
ce un adminiftrateur , qui en retire les revenus. Les
bourgeois choifirent leur chef de juftice. Ce privilège
vient de ce que Payerne , dès le tems qu'elle étoit fous
la domination des ducs de Savoye , fit un traité d'al-
liance défenfive avec ceux de Berne. * Etat 0/ Déli-
ées de la Suijje , t. 1. p. 340.
Il y a à Payerne deux grands temples , tout proche
l'un de l'autre , favoir l'ancienne églife patoiliïale ôc
leglife de l'abbaye. Ce dernier a été abandonne a eau le
de fon obscurité , ôc on en a fait un grenier. On peur
encore voir la hauteur de la voûte ôc la grandeur des
colonnes qui la foutiennent. On dit que le roi de Bour-
gogne Rodolfe II , y eft enfeveli avec Berthe fon épou-
fe , fondatrice de l'abbaye j mais quelque recherche qu'on
fade , on ne voit aucune trace de tombeau , ni la moin-
dre infeription. Il eft vrai qu'on y a tout renverfé, quand
on y a bâti le grenier. Le clocher a été confervé ôc on
fe fert encore de fa fonnerie. Il paroît par divers mo-
numens de l'hiftoire que les derniers rois de Bourgo-
gne ont aimé le féjour de cette ville. On dit que Ro-
dolfe, le premier de ces rois , en fit fa réfidence en 888.
Les habiians de Payerne font renommés pour leur adres-
fe à dreiïer des chiens de chaffe.
Le Gouvernement de PAYERNE n'a pas le titre
de bailliage , quoiqu'il en vaille bien un , par fa bon-
té. C'eft un pays uni , formé de grandes campagnes ,
de champs ôc de prés : fon terroir elt très fertile & il
eft renommé particulièrement pour fes bons pois blancs.
I. PAYS , partie plus ou moins grande du globe
terreitre , h*bitte par un peuple ou par plufieurs na-
tions différentes , mais confidérées fous une même no-
tion. On dit de l'Afrique que c'eft un pays brûlé par-
les ardeurs du foleil ; que la France ell un pays où les
lciences & les beaux arts ont fait de très-grands progrès de-
puis le règne de François premier 3 que la Hollande ell
un pays coupe de canaux , évc.
On appelle Pays des petits cantons dont plufieurs
font enlemble une province , comme le pays de Çaux,
Ôc quelques autres , compofent h Normandie. Quel-
quefois on fousentend le njot pays , comme quand on
dit Amplement le Vimeu , le Pvuthku , &c.
PAY 86$
Pays fe prend quelquefois pour la patrie ; on dit,
par exemple, pays natal, aimer fon pays , quitter le pays ,
avoir l'accent de jon pays.
On appelle le Plat Pays en termes de guerre, la cam-
pagne où^ il n'y a ni villes , ni fortereffes ; exemple : de
dépit de n'avoir pu forcer cette ville , il s'en vengea en ra-
vageant le plat pays.
Un pays plat e/t autre chofe. C'en; un pays qui n'eft
qu'une vafte plaine , fans montagnes ni hauteurs bien
remarquables. Le Bas-Poitou ôc l'Aunis font des pays
plats dans ce fens là.
En France on appelle Pays d'Etats les provinces où les
impositions fe font par l'afiemblée des états de la provin-.
ce ; Pays d'Eledion , celles où il y a des généralités ôc
des élections établies ; ôc Pays d'Obédience, les provinces
où le pape nomme à certains petits bénéfices. On dit
au\T\ Pays Coutitmler , de celui où l'on fuit une coutume
provinciale & locale , ôc Pays de Droit écrit , de ce-
lui où l'on fuit le droit Romain. On appelle prover-
bialement Pays de Cocagne , un pays où l'on fait bon-
ne chère ôc où l'on ne travaille guère. On a dir le
pays Latin dans le fens propre, pour lignifier la par-
tie de l'Italie appellée le Latiumt & on le dit figù-
rément pour lignifier à Paris le quartier de l'Uni verfité.
Les gens de mer appellent P^ys-Somme le fond où U
y a peu d'eau. Ils dilcnt aufli Bas-Fond pour lignifier
la même chofe.
Le mot Pays n'eft qu'une traduction du mot Pagus;
comme les mots Paien ôc Payjan viennent de Paga-
nus. Voyez, Pagus.
2. PAYS, illes de la mer des Indes, au fud des iiles
Marianes. Elles ne furent découvertes qu'en 1697, com-
me nous l'apprenons par une lettre du père le Gain, Jé-
fuite. Ces iiles font au nombre de trente deux. Il y en
a trois qui ne font habitées que par des oifeaux -, mais
les autres font peuplées. On les nomme :
Pays ,
Falait ,
Lamululutup ,
Caruvaruvong ,
Saraon ,
Ylaru ,
Yaropie ,
Làmuliur,
Valavyay ,
Tavas ,
Satavan ,
Saypen,
Cutac ,
Tacaulap ,
Yfaïuc ,
Rapiyang,
Piraulop,
Tavon ,
Ytai,
Mutacufan »
Pic,
Piylu ,
Piga ,
Olatan ,
Lamurrec ,
Palu ,
Pue,
Cucumyat ,
Piyaîucunung
Les trois qui ne font habitées que par des oifeaux font :
Piculat ,
Lettres édifiantes
Hulatan ,
Tagian.
t. i.p. 11
4. '&fuh
Lamurrec eft la plus confidérable de toutes ces if.es.
C'eft où le roi de tout ce pays tient fa coût -, les chefs
de routes ces habitations lui font fournis. La premiè-
re çonnoifiânce que l'on a eue de ces ifi-s a été un
coup du hazard. Le père Paul le Clain . Jéfuite , étant
arrivé à la bourgade de Guivam , dans Tille de Samal,
la dernière & la plus méridionale des Pintados orien-
taux , où il faifoit la vifite des maifons des Séminai-
res , avec le provincial de la province , il y trouva
vingt-neuf des habitans de ces iiles Pays, que les vents
delt qui régnent farces mers, depuis le mois de Dé-
cembre jusqu'au mois de Mai , y avôiént jettes à trois
cens lieues de leurs iiles. Ils s'étoient embarqdés fur de
petits vaiffeaux au nombre de trente-cinq , p. ur paffec
a une iile voiline , qu'il leur fut importable de gagner,
ni aucune autre de leur connoiffance , à caufe d'un vent
violent qui les emporta en haute mer , où ils voguè-
rent foixante ôc dix jours , fans pouvoir prendre ter-
re , jusqa'à ce qu'enfin ils fe trouvèrent à la vue de
la bourgade de Guivam, où un Guivamois, qui étoit
au bord de la mer, leur fervit de guide, ôc les fit en-
Irai. IV. Ri rrc
866 PAY
PAY
trct- au port le 28 de Décembre 1696. Il en étoit mort
fix pendant leur courte. Les habitans, accourus fur
le rivage, leur apportèrent du vin ôc des rafraîchiffe-
mens. Ils mangèrent des cocos , des racines appellées
Pahvari; mais ils ne voulurent point de riz, le prenant pour
des vermifièaux. On fit venir deux femmes que la tem-
pête avoit autrefois jettées fur la même côte de Guivam,
& qui , fâchant un peu la langue de ce pays , leur fervi-
rent d'interprètes. Ce fut par ce moyen qu'on apprit
qu'il confiftoit en trente-deux ifies. La ft maure de leurs
petits vaifleaux ôc la forme de leurs voiles , qui font
les mêmes que celles des Marianes , firent juger que les
ifles Pays n'étoient pas fort éloignées de ces dernières.
Le père le Clain dit que c'eft une des ifles Pays qu'on
découvrit de loin en 1686. Les uns l'avoient appellée
la Caroline , du nom de Charles II , roi d'Espagne , ôc
les autres l'ifle de Saint Barnabe , parce qu'on la décou-
vrit le jour de la fête de cet Apôtre. Elle fut encore
vue en 1 696 , par un vaifleau que la tempête obligea
de changer de route , en allant de Manille aux Ma-
rianes. Le gouverneur des Philippines avoit fouvent
donné ordre au vaifleau qui va presque tous les ans
auxMarianesde chercher cette iflejmais ces ordres avoient
toujours été inutiles. Au rapport de ces étrangers , ces
ifles, jusqu'alors inconnues, font extrêmement peuplées.
Quand on leur demanda quel étoit le nombre des ha-
bitans , ils prirent un monceau de fable ôc de pous-
fiere , pour faire entendre la grande multitude d'hom-
mes qu'on y trouve. Quoiqu'ils fuffent à demi nuds,
îls avoient des manières ôc un certain air de grandeur,
qui faifoient connokre qu'ifs avoient des fentimens. Il
fe trouvoit parmi eux un chef d'habitation avec fa fem-
me qui étoit fille du roi. Le mari avoit le corps peint
de certaines lignes dont l'arrangement formoit chverfes
figures. Les autres hommes de la troupe avoient auflî
quelques lignes , femblables , les uns plus , les autres
moins. Mais les femmes ôc les enfans n'en avoient point.
Le tour & la couleur de leur vifage approchent aflez
du tour ôc de la couleur du vifage des habitans des
Philippines. Les hommes n'ont point d'autre habit qu'u-
ne espèce de ceinture qui leur couvre les reins ôc les
cuifles , ôc qui fait plufieurs tours. Ils ont fur leurs
épaules plus d'une aune ôc demie de grofle toile , dont
ils fe font une espèce de capuchon qu'ils lient par de-
vant, ôc qu'ils laiflent pendre négligemment par der-
rière. Les hommes ôc les femmes font habillés de la
même manière • excepté que les femmes ont un linge
un peu plus long , qui descend depuis la ceinture jus-
qu'aux genoux. Leur langue eft différente de celle des
Philippines , ôc même de celle de ifles Marianes. Leur
manière de prononcer approche de celle des Arabes.
La femme qui paroiflbit la plus confidérable avoit plu-
fieurs anneaux ôc plufieurs colliers d'écaillé de tortue ,
ou d'autre matière qui étoit inconnue , & qui reflèm-
bloit aflez à de l'ambre gris. Pendant les foixante ôc
dix jours qu'il avoient été fur l'eau à la merci des
vents . ils avoient vécu du poiflbn qu'ils prenoient , ôc
ne buvoient point d'autre eau que celle que la pluie
ler.r fourniflbit. Comme ils n'ont point de vaches dans
leurs ifles , ils voulurent s'enfuir, quand ils en virent,
auflî bien que quand ils entendirent aboyer un petit
chien. Ils n'ont point non plus de chats , ni de cerfs,
ni de chevaux , ni généralement aucune bête à qua-
tre pieds : ils n'ont même guère d'autres oifeaux que
ceux qui vivent fur la mer. Ils ont cependant des
poules dont ils fe nourriflent , mais ils n'en mangent
pas les œufs. Malgré cette difette de tant de chofes,
ils font gais ôc contens de leur fort. Ils ont des chants
&c des danfes aflez régulières. Us chantent tous enfem-
ble , ôc fout les mêmes geftes , ce qui a quelque agré-
ment. Il n'a point paru qu'ils enflent aucune connois-
fance de la divinité , ni qu'ils adoraflent les idoles. On
n'a remarqué en eux qu'une vie toute barbare. Tout
leur foin efl de chercher à boire ôc à manger. Ils ont
une grande déférence pour leur roi ôc pour les chefs
de leurs bourgades ou habitations. Ils n'ont point
d'heures réglées pour leurs repas ; ils boivent ôc man-
gent en quelque tems ôc en quelque endroit que ce
foit , lorsqu'ils ont faim ou foif, & qu'ils trouvent de
quoi fe contenter. Mais ils mangent peu à chaque fois,
ôc ils ne font point de repas aflez fort pour fuffirc à
toute la journée. Leur civilité ôc la marque de U
respeél confifle à prendre la main ou le pied de ce-
lui à qui ils veulent faire honneur, & à s'en frace*
tout doucement tout le vifage. Ils avoient parmi kurs
petits meubles quelques feies faites , non de fer , mais
d'une grande écaille qu'on appelle dans le pays Tatla-
bo , &c qu'ils aiguifent en la frotant contie certaines
pierres. Ils avoient aulfi une feie de fer de la lon-
gueur d'un doigt, & ils parurent fort étonnés a l'cc-
cafion d'un vaifleau marchand qu'on bâtiflbit à Gui-
vam , de voir la multitude des inftrumens de charpen-
terie dont on fe fervoir. Ils n'ont point ce métaux dans
leur pays. Leurs armes font des lances ou des traits
faits d'oflemens humains. Ils font naturellement fort pa-
cifiques. Lorsqu'il arrive entre eux quelque querelle, elle
fe termine par quelques coups de poing qu'ils fe don-
nent fur la tête ^ ils ont cependant du feu & de la vi-
vacité. Ils n'ont pas tant d'embonpoint que les habi-
tans des ifies Marianes > mais ils font bien proportion-
nés ôc d'une raille à peu près fcmblable à celle des
Philippinois. Les hommes ôc les femmes laificnt croî-
tre leurs cheveux , qui leur tombent fur les épau-
les.
PAYS-BAS , Bclgium , contrée de l'Europe , com-
pofée de dix-fept provinces, fituées e>ne l'Alle-
magne , la France ôc la mer du Nord. Le nom de Pays-
Bas, appelle en allemand Nidderland , ôc en flamand
Nederlarid, a été donné à ces pays, a caufe de leur
fituation à l'égard de l'Allemagne , ôc parce qu'ils font
dans un terrein fort bas, ôc cnplufieuis endroits plus
bas même que l'Océan. Ces provinces des Pays-bas,
poflédées long tems par plufieurs feigneurs, furent en-
fin réunis par l'Empereur Charles V , de la maifon
d'Autriche, qui joignit à ce que les pères lui aboient
laiffé le duché de Gueldres , le comté de Zutphen ôc
les feigneuries d'Uttccht, d'Over-lflel ôc de Gronin-
gue. Ces dix-fept provinces ainfi unies dans un feul
corps, étoient les duchés de Brabant, de Limbourg,
de Luxembourg & de Gue dres ; le marquifat d'Anvers,
appelle le Marquifat du Saint Empire ; les comtés de
Flandres , d'Artois , de Hainauh , de Hollande , de
Zeclande , de Namur ôc de Zutphen ; ôc les feigneu»
ries de Frife , de Malines , d'Utrecht , d'Over-lflel &
de Groningue * Longuerue , Defc. de la France , part.
2. p. 3.
L'empereur , duc de Brabant , prenoit les titres de
toutes ces provinces , tant des grandes que des peti-
tes ; c'eft à caufe des dix-fept titres qu'il portoit qu'on
a compté dix-fept provinces des Pays-Bas. Cette divi-
fion néanmoins n'étoit pas jufle , par rapport au gou-
vernement ; car le Marquifat du Saint Empire étoit
tellement uni ôc confondu avec le Brabant , qu'Anvers,
en quoi confifle le marquifat , étoit chef de l'un des
quatre quartiers du duché de Brabant ; ôc le comté de
Zutphen, joint à la Gueldres, ne faifoit qu'un des
quartiers de ce duché. D'un autre côté la châtellenie
de Lille faifoit , avec le bailliage de Douay ôc d'Or-
chies , une province féparée de la Flandres. Charles
V , outre cela ayant ôté à la France Tournay & le
Toumefis , voulut que cette ville ôc Ces dépendances
fiflent une province. Enfin Valenciennes , quoiqu'eu-
clavée dans le Hainault , en étoit cependant féparée.
Sous Philippe II , roi d'Espagne , les habitans des
provinces des Pays-Bas fe révoltèrent ôc ils ne pu-
rent eonferver que les neuf plus méridionales ; les huit
autres qui font au nord fecouerent le joug des Espa-
gnols ôe formèrent une république qui efl la plus puis-
fante de l'Europe. On les nomme les «Provinces-
Unies ; ôc les autres furent appellées les Pays-Bas
Catholiques, parce' que les Espagnols y maintinrent la
religion catholique ; au lieu que dans les provinces-
unies le Calvinisme devint la religion dominante. Voyez.
au mot Province , l'article Provinces-Unies. Voyez.
aufll Pays-Bas Catholiques.
Les PAYS-BAS CATHOLIQUES font finies du côté
du midi , & font nommés Catholiques , parce que la reli-
gion catholique y efl; feule reçue dans la plus grande
partie des provinces. Les Hollandois ayant fait des
conquêtes en Brabant ôc en Flandres, ôc les François
PAY
PAY
s'étant rendus maîtres de l'Artois 8c de plufieurs pla-
ces voifines de la France en d'autres provinces , Je relie
qui étoit demeuré au roi d'Espagne , fut nommé le
Pays Bas Espagnol , & ce Pays-Bas Espagnol ayant été
cédé à la maifon d'Autriche par les traités d'ÎJtrecht,
de Radltat & de Bade, on nomme ces provinces les
Pays-Bas Autrichiens, ou le cercle de Bourgogne, par-
ce que les pays obéilTans à la maifon d'Autriche com-
pofent aujourd'hui ce cercle; le rerte qui ell fournis à
la France ôc aux Etats Généraux étant entièrement fé-
paré de ce cercle. En traitant de chaque province,
nous marquons ce qui eft fujet aux différentes puis-
fances. * Longuerue , Description de la France , part.
2. p. 47.
Voici la divifion des dix-fept provinces des Pays-
Bas , félon Sanfon. Je la donne fans aucun change-
ment pour les raifons que j'ai dites ailleurs.
TABLES DES DIVISIONS DES
dix-fept Provinces des Pays-Bas.
Les duchés de
Les comtés de
Les dix-
sept Pro-
vinces
des Pays-
Bas font,
Brabant,
Limbourg,
Luxembourg ,
, Gueldres.
^Flandres ,
V Artois,
\Hainault,
pfNamur ,
yHoilande,
/Zeelande ,
(^Zutphen.
Le Marquisat du St<
Empire.
Les Seigneuries de
Dans les \
Pays-Bas
Jontericla-
• vés
L'arch
VECHÉDE
L'evf.ché
DE
Anvers^
'Malines,
|Utrecht ,
.Ove-r-Iflel ,
Groningue ,
Wdt-Frife.
c_ < Cambray.
Liège.
Le du-
ché DE
Brabant
fedivijeen
Brabant HollandoiS'
Limbourg Espagnol.
Le du-
ché de
Lim-
bourg ,
fe divije en
Limb. Hoilandois.
r Bruxelles,
Louvain ,
Aerschot,
Sichem ,
Tillemonr ,
Dielt,
Halem,
Lcuwc-
Landeti ,
Hannuy ,
Judoigfie,
Gemblours,
Nivelle,
Vilvorden ,
Liere ,
Herentals,
Santvliet,
Hochftrate ,
i Turnhour.
f Brabant Espagnol. * Arendonck ,
Scherpenheuvel ,
Moll,
Walheim ,
Wavre ,
Genape ,
Vueren ,
Anche,
Cantecroy ,
Perv/ys ,
Sombref,
Le du-
ché DE
Luxem-
bourg fe
divife en
Luxembourg Espa-
GNOLi
Tiliy.
Reuez ,
Heuerle ,
Gaeibeck ,
Lew,
GeftaViromponti
L'ummen.
Maftricht ,
Boisleduc ,
Breda ,
Berg op Zoom j
[Grave,
JLillo,
lMeghem ,
iHelmont ,
Endohoven,
[Ravenftein t
[Steenbergen,
iCuyck ,
[Oirschot ,
Oofterwyck,
Eerfel ,
Oudenbos ,1
Rofendal.
'Limbourg,
Kcrpen ,
Lomcrfum j
[Oepen,
fBalen ,
.Walhorn ,
J Mont zen ,
'Herue ,
Spremont ,
Argenteau ,
'Nouagne.
'Wych,
-alcra ,
= auquemont ,
R olduc ,
1 Schurlack ,
Honsbrouck.
pBaltogne , g
Arlon ,
Chiny ,
Marche ,
Roche 4
Rochefort,
Durbuy ,
Salme ,
S. Wyt ,
Homfalife ,
Hoefingcn ,
Clervaux ,
Diekry ,
'iane,
Bidburg ,
Dudelftorf,
Keyel ,
:.chter ,
WalTerbillick ,
Greven Macheren,
îlemich ,
Virton ,
Neuchaflel ,
Herbemonc,
Orçhimont,
Villance ,
Bohemale ,
Hotton ,
c.çch ,
Brandenbourg i
Mersche ,
La Rochette ,
Ltnftre ,
Soleurre ,
Bettir.gen ,
Breitbach.
Tarn. IV. R r r r r ij
868 PAY
Luxembourg Fran-
(, cens.
Betuwe.
Veluwe.
Le du-
ché de i
Gueldres »
fe dïvife
en
Gueldres.
I
ZUTPHEN.
.Luxembourg ,
Thionville ,
Montmedy ,
[Tuoix,
IDamvilliers ,
.Merville ,
' La Ferré ,
Konings Machers
Rodembach ,
•Esche.
■Nimegue ,
Bommel,
jTiel,
Buren ,
iCulenbourg ,
Linden ,
Batenburg,
•Fort de Schenk.
/^Arnhem ,
V Hardeiwick ,
lElburg,
J~ Hattem ,
JWageningen ,
/ifeloort ,
(^Rofendacl.
iRuremonde ,
Gueldres,
Venloo ,
iWachcendonck,
IStralem,
.Erkclens ,
[Stephanwert,
Montforc,
Kcflcl ,
•Brey.
< Zutphen.
PAY
Dans les Terres.
{
La Flan-
dre
Francoi-
se , oujont
Gand,
Bruges ,
Courtray ,
Ooudenarde ,
Aloft,
Ç Flandre Espagnole, j Oftende,
• Damme ,
Dixmude,
Deynfe,
Ninove,
Gramont ,
l Rupelmonde.
Le COM-
TÉ DE /
Flan-
DREfe
divife en
Flandre Hollan-
doise.
I Flandre Françoise.
'L'Esclufe ,
Hulft,
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iBiervliet >
'Ifendick ,
Sas de Gand,
•Oofterburgh.
.Caflandria ,
Philippine ,
|Terneufe ,
.Middelbourg,
fBouchoute,
.Doel.
fLille,
Tournay *
Douay ,
Cartel ,
Ypres ,
Bailleul ,
Roulers ,
Vers la Mer.
Le comte d'Artois , oh font
Armcntiercs,
LaBaflee ,
L'Esclufe,
Orchies ♦
S. A m and,
Lannoy ,
Warnefton,
Commines ,
Warwick,
Menin ,
Eftayre,
. PoperinguG.
/'Dunkerque,
V Gravelines,
^Berg S. Wï-
ii nock ,
• J Fumes ,
/Bourbourg,
(__Mardick.
. Arras ,
S. Orner ,
Ayre,
Be thune,
Hesdin,
Lens ,
Bapaumcs,
S. Venant ,
S.Pol.
Lillers,
Pernes .
Lifbour
Renty ,
Blangis ,
Frellîn ,
Douriers ,
La Broyé ,
Auxy le Châtean »
Avesne le Com-
<
Hainault Espagnol.
Le com
té de Haï/
nault ■
fe divife en
.Hainault François.
te,
Bucquoy ,
Pas ,
Oyfy,
Alleux ,
Riquebonrg,
La Gorguc,
Epinoy.
"Ath,
Binche ,
Fontainel'Evéque»
I Ligne,
[Beau mont ,
|Le Rœulx ,
JSoignies,
kBraine le Comte 1
lEnghien,
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jLeiïines,
f Chimay ,
Chievres ,
.S. Ghrflain.
'Mons ,
Valenciennesj
iBavav ,
IMaubeuge ,
JCondé ,
'Bouchain ,
.Prcequencour,'
iLandiecies,
ÏLe Quesnoy ,
'Avesnes ,
Marienbourg ,
kPhilippeville.
PAY
PAY
869
Le comté di Namur.
Sud Hollande.
Le com-
té DE
HoLLAN-
de/<? divi-
fe en
Nort-HollAnde. )
'Namur ,
LCharlcroi j
'Bouvines ,
ICharlemont ,
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f D01 drecht 3
Harlem ,
Dclft ,
Leyden ,
Amfterdam ,
Gouda ,
Rotterdam ,
Gorcum,
\ Schiedam ,
Schoonhoven ,
S. Gravefande ,
S.Germiydenbcrg,
Heusden ,
Worcum ,
Viaiien ,
Woerden ,
Oudewater ,
Yfelftcin.
Le com-
té de
L'Isle de Zuyd-Beve- rGocs,
land. < S. Martin ,
uyningeii.
{Go
SA
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<
rZiriczée,
L'Isle de Schouwen. / Brouweishaven,
LVyanen»
S Tolen ,
L'Isle de Tolen. 1 S. Manensdycfc.
'ISLE DE NoRT-BeVE"
LAND.
L'Isle de Wolfers-
DE
{
Beveland.
DYCK.
Ci
Asperen ,
I Hockelem ,
1 Leerdam ,
1 Weesp ,
_/Muyden ,
P^w/Sud-HollANDe -\Klundert ,
font encore JWillemftadt ,
La Haye ,
KatwyckopZée »
Noriwyck.
Le comté deZutphen.
) Sabbinge.
(•Zutphen ,
Doesbuig,
Grol ,
Borckelo ,
Lochem ,
Dotekum ,
J Brevoord ,
Lichtenforde,
S. Heerenbeig C.
Anhott ,
Werdt ,
Burch ,
Baer ,
.Eybergen,
Le Marquisat du S. Emp. An- , .
vers. \
{_BrieI ,
VOORN ,
\ Goerée.
LesIs-1 ^oeree,
les de 10vERFLAKÉE"£Somerdyck»
Sud- JPutten, <Geervliet,
Hol- ]
lande JBeyerland ,S Beyerland ,
font I '
Kordyc k, S Kordyck ,
5 •
•Iselmonde. \ Iftlmonde.
Al.knaer
Horn ,
Enckhuyfen,
Edam ,
Munickedàm>
Mcdcmbiick,
Purmerendt ,
Nort-Hollanbe , ou<^ Beverwyck.
La Seigneurie de' Malines.
{
Malines.
La Seigneurie d'Utrecht.
Sallant.
West-Frieslande.
Vorraet ,
Schermer ,
Beemfler ,
Egmont ,
Petten,
Schagen t
Ninckeh
Utrecht ,
Amersforc ,
Montfort ,
Wyckte Duerfted,
Rhcnen,
Bieukelen ,
\ Kronenburg
Abcoude ,
Kainrick ,
Coekcnge,
VreeSwick,
Ameronge.
Devenrer ,
Campen ,
Zwol,
Haffelc ,
Stcenwyck,
BJoczyll ,
Kuynder ,
Vollenhove »
Swartzfluys ,
Giamsbergue,
Hardenberg ,
. Oramen.
<
Le comté j
de HoL-i Les IslesI
LANDe/<?\ DE LA
divifeen Nort-
J HoLLAN
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l
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Eyerlandt,
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Schelling,
Grind ,
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.Eno.
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gneurie
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Issel fe
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TWENTE.
Olterland.
("L'Isle dsValcheren."
I
Middelburg ,
(Fleflingue,
Veere, 9
' Armuyden ,
Ramekens.
Drente.
■Oldenzael,
Enschede,
'Goer ,
'Diepenheim,
Ottmarfum ,
"Denecham.
/"Covorden ,
iMeppel,
lRuynen ,
i£ Arfen ,
JValteschans,
/Holeschans ,
(^Groningue.
870 PAY
PAY
La Seigneurie de Groningue.
■Dclfzyll,
Dam ,
Winschooten ,
iBourtang ,
|Bellingwold ,
.Boon,
jLange Aker j
'Milwolde ,
Winschooter ,
Soltcamp,
•Bourtang.
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ft
*• Y
Leewarden,
ockum ,
Jitmershorn.
Westergoe.
La Sei-
gneurie
deWest-
Frije.
r«Franeker ,
Harlingen,
Sneck,
, Bolswaerr ,
'Slooreti ,
,Sraveren ,
Hindelopen ,
Worcum ,
M,
'Mackum.
rSlyckenborg .
Sevenvolden. J Hcerenveen,
LSonega.
L'Isie d'Ameland.
L'IstE DE ScHIERMON-
KOOGH.
^Hollum.
" Cambray ,
p- L'Archevêché de
\ Caceau-Cambrefis
Cambra y.
y Crcvecœur ,
[_ Prémont.
• Liège ,
Dinant ,
Tongres ,
Huy ,
Dans les
Bouillon ,
Pays-Bas .
S. Hubert ,
font encla-^
Chiney ,
yés
Spa,
Franchimont,
Borchworm ,
S. Tron ,
Borchloen ,
Vifer ,
L'Eveché de Liège en \
Souverainet é àfon évé i
Bvlfen ,
Haflclr ,
* fiée.
Stockem ,
Mafeyck ,
Horn ,
Hamont ,
•
Wert ,
Peer ,
Bray ,
Herck ,
Chaftellet,
Tiruyn ,
Foffé ,
Couvin ,
{
Fumay ,
Rcvin.
PAYS DE CUYCK, contrée des Pavs-Bas, dans
I étendue des Provinces-Unies, fur laMeufe, au-deflus
de Kaveitcin. C'étoit autrefois un comté libre & in-
dépendant , tant des ducs de Brabant , que des com-
tes ou ducs de Gueldres. Herman , comte de Cuyck ,
ayant tue Florent, comte de Hollande, fut condam-
ne comme criminel, par l'empereur Lorhaire, l'an
ii 28, & cet empereur le priva du titre de comte &
de tous fes honneurs. Gérard , comte de Gueldres
qui avoit réduit Herman par la force des armes, lui
Enfla 8c à fes fucceffeurs la feigneurie utile de ce pays,
s'en réfervant le haut domaine. Les feigneurs de ce
pays tâchèrent fouvent de l'affranchir du joug des com-
tes 8c des ducs de Gueldres ; Se Othon , Seigneur de
Cuick, fe reconnut feudataire de Jean II, duc de Bra-
bant ; ce qui n'empêcha pas ceux de Gueldres de réu-
nir ce pays à leur domaine , où il demeura jusqu'à ce
que Charles , duc de Bourgogne , s'étant emparé du
duché de Gueldres , il en détacha le pays de Cuick,
& l'unit au Brabant. * Longuerue , Defcr. de la Fran-
ce, part. 2. p. $j.
L'empereur Charles V donna le pays de Cuyck en
engagement à MaAimilien d'Egmont, comte de Buren,
dont Guillaume , prince d Orange , époufa la fille 8c
unique héritière. Par- là les princes d'Orange de la
maifon de Naffau ont eu la feigneurie de Cuyck, jus-
qu'à Guillaume, roi de la grande Bretagne ; 8c cette
feigneurie de Cuyck fait aujourd'hui partie de la fuc-
ctflïon d'Orange.
PAYS ENTRE-DEUX-MERS. Voyez l'article En-
tre-deux Mers.
PAYS ENTRE-SAMBRE ET MEUSE , contrée des
Pays-Bas, Se dont le nom défigne la Situation. Ce
pays obéit pour la plus grande partie à l'évêque de
Liège ; mais il reconnoît aufli d'autres princes. Il eft
environné des provinces de Champagne , de Hainault,
de Namur 8c de Luxembourg. On l'appelloit autre-
fois le pays de Lomme , en latin Tagus Lommenfîs ,
Laumenfts , Lummcnfis , 8c Lomacenfîs. Il dépende ic
du royaume de Lorraine ou d'Aufirafie, 8c il croie
entre le Hainault 8c la Hasbanie , dont la nouvelle
Hasbaye n'elt qu'une partie. Les évêques de Liège y
devinrent de puiffans feigneurs temporels < lorsque ,
fur la fin du neuvième fiécle , l'empereur Arnould ,
roi de Lorraine & de Germanie, donna à Franco,
évêque de* Liège 8c à fon églife l'abbaye de Lobbe,
à laquelle appartenoient alors cent cinquante-trois vil-
lages , 8c entre autres Tuin , où l'évêque Notker fit
faire une fortereffe pour la defenfe de l'abbaye 8c de
la marche épiscopale , c'eft-à-dire du pays qui éroit
fous la feigneurie temporelle de l'évêque de Liège.
Elle fut depuis augmentée par le don 8c la vents que
fit à l'églife de Liège Baudouin , dit Hierufalcm , com-
te de Hainault 8c de Flandres , de la ville de Couvin,
8c de tout ce qui en dépendoit , depuis la Meufe jus-
qu'aux confins des terres de Chimay , de Beaumont
8c de Rtimigny. Les principaux lieux de ce pays
font,
Tuin ,
Le FofTé ,
Fleurinnes,
Couvin ,
Fumay ,
Revin ,
Mariembourg,
Philippeville.
* Longuerue , defcr. de la France, part. 2.1 p. 131.
PAYS DE NUITS. Voyez. Nuitz.
PAYS D'OUTREMER, Tr ammarin* partes 8c VU
tramarma regio : On donnoit ce nom autrefois à ces
régions de l'Afie qui font près de la mer Noire 8c de
la mer Méditerranée. On y comprenoit l'Arménie,
l'Anatolie, la Syrie , l'Arabie 8c l'Egypte , pays fitués au-
delà de la mer par rapport à l'Europe. Ce nom a été
fur-tout en ufage du tems des Croifades pour la con-
quête de la Terre Sainte.
PAYS RECONQUIS. Voyez, Boulenois.
PAYS REUNIS , nom que l'on donne à un grand
nombre de fiefs , divifés en fiefs relevans des évê-
chés de Metz , Toul 8c Verdun , en fiefs compris
dans la Baflé-Alface , 8c en fiefs mouvans des comtés
de Chini. Ceux qui ont été réunis dans l'étendue des
trois évêchés font le duché de Deux-Ponts, les com-
tés de Veldentz, de Sarbruck, de Sar-Albe, de Sar-
bourg, de Saverden , de Bitc 1 & de Morangc; les ba-
ronnies de Crehange 8c d'Oieiitein ; Scies feigneuries
d'Otwdler, de Boufleviller 8c d'Ochfenitein , avec plu-
fieurs autres terres fituées en Lorraine. Ceux qui pos-
fédoient ces états dévoient en faire les reprifes des évê-
ques IMis peine de cominife; mais, pendanr un espa-
ce de plus de cent ans ces évêques > ayant négligé les
PE
droits dépendans de leur églife , leurs va/Taux profite-
renr de cette négligence , Se ceffcrenr de faire les re-
ptiles. Cela avoit diminué confidérablemenc le domai-
ne de ces évêchés. Mais , comme c'étoient des prin-
cipautés eccléfiaftiques de l'Empire, indivifiblcs & im-
prelcriptibles de leur nature, cédées à la France par
le traité de Munfter, les cvêques eurent recours au
roi , comme à leur feigncur fouvcrain , pour avoir rai-
fon de ces aliénations, Se pour obliger leurs vaffaux
de reconnaître leur églife , Se de leur rendre la foi &
hommage-, quoique, par la plénitude de leurs droits,
ils puflent rentrer dans ces fiefs, comme étant tombés
en commife. Le roi approuva cette requête , & par
arrêt du confeil d'état du 25 Oclobre 1679, il éta-
blit une chambre compofée d'un certain nombre d'of-
ficiers du parlement de Metz , pour prendre connois-
fance des ufurpations & aliénations faites des biens
Se droits des évêchés de Metz , Toul Se Verdun.
Voyez, à l'article Metz la fuite de cette grande affaire.
* D'Audifret , Géogr. anc. Se mod. t. 2. p. 362.
PAYS DES TENEBRES, contrée de la grande
Tartarie , dans la partie la plus fcptentrionale de cet-
te grande région. On lui a donné le nom de Ténè-
bres , à caufe que pendant la plus grande partie de
l'hiver, les grands brouillards qu'il y fait empêchent
que le foleil n'y paroifie. On n'y a point de nuit en
été. Il s'y trouve beaucoup d'hermines Se de renards
qui ont la peau extrêmement fine. Les habitans font
beaux Se de grande taille -, mais ils font pâles , ont l'es-
prit groflier , & vivent presque comme des bêtes. Ils
portent en été leurs pelleteries dans les pays voifins,
Se ces fourures vont même jusqu'en Ruiîïe , où l'on
en fait commerce. Ces peuples ne reconnoiffent ni roi
ni prince. * Al.trco Paulo, 1. 3. c. 49.
1. PAZ, ville de l'Amérique méridionale, au Pé-
rou , dans l'audience de los Charcas , vers la fource
de ia rivière de Choqueapo , qui lui donne fon nom ;
car on appelle cette ville tantôt du nom la Paz, Se
tantôt de 'celui de Choqueapo. Elle eft fituée à l'oc-
cident du lac de Titicaca, Se elle a unévêché fuffragant
de la métropole de la Plata.
2. PAZ ou la Paz , port de l'Amérique feptentrio-
nale , dans l'ifle de faint Domingue. Voyez. Port-de-
Paix, nom fous lequel ce port eft connu préfente-
ment.
PAZAL^E , pauples de l'Inde , quelque part au voi-
finage du Gange, félon Artien, in lndic. Ortelius,
Thef. croit que c'eft le même peuple que Pline appelle
Passal^€. Voyez, ce mot.
PAZOUPERHIN , bourgade de la Perfe , dans le
Khoraffan , proche de la ville de Thous , où eft le fé-
pulcre de l'Iman Riza , que les Perfans appellent or-
dinairement Maschad-Mocaddes, c'eft-à-dire le Saint
Sépulcre. C'eft le lieu qui a donné le nom à la mê-
me ville , que nos géographes appellent communément
Mexat , par corruption du mot Maschad. * D' Herbe-
lot , Bibliot. or.
PAZUS , ville de l'Afie mineure , vers la fource du
fleuve Sangarius. Il s'eft tenu un concile dans cette vil-
le , félon Ortelius , Thef. qui cite Callifte Se Socrate.
Au lieu de Pazus , Baronius , Annal, écrit Pepuzus ,
&: Sozomene lit Gaz.us ; mais peut-être eft-ce une
faute.
PAZZI , ville de la presqu'ifle de la Romanie , fut-
la mer de Marmora, proche de l'ifthme à deux ou
trois lieues de Gallipoli. Elle le nommoit anciennement
Pailya. Elle fut premièrement épiscopale , fous la mé-
tropole de Trajanopolis , Se dans la fuite elle fut éle-
vée elle-même à la dignité de Métropole. * Baudrand,
Diét. éd. 1677.
P E.
1. PE , ville Se forterefle de la Chine , dans la pro-
vince de Peking, au département de Paoting, fécon-
de métropole de la province. Elle eft d'un degré 30 m.
plus occidentale que Peking, fous les 39 d. 36m.de
latitude feptentrionale. * Atlas Sïnenfis.
2. PE eft un grand lac que le P. Martini Jéfuire,
auteur de l! Atlas Sinen/ts, place en Yeffo, ou Kamat-
PEC 871
fchatka. M. Beflin , dans fa carte de ce grand pays ,
qui a été faite pour l'hiftoire du Japon du P. de Char-
levoix , en met un dans la pointe occidentale , qui ter-
mine au fud le détroit de Kamatschatka , & marque
une petite ifle au milieu ; mais il ne lui donne point
de nom. * Le P. de Charlevoix , Mém. manuferits.
PE , (Saint) , bourg de France, en Gascogne, au pays
de Labour.
PEAL , bourg d'Angleterre. Voyez. Pyl.
PHAMU. Voyez. Panopolis.
PEAN , ville de Corée, fur la merde la Chine,
capitale de la province de Peando , une des plus çpn-
fidérables de ce royaume. La ville étoit grande &: peu-
plée , bien fermée de murailles de pierres , aflez bas-
fes à la vérité , n'ayant guère que dix pieds de haut,
mais fi larges , que deux cavaliers y pouvoient mar-
cher de front. En 1592, les Japonois avant conquis
la Corée, Se fe doutant bien que les Chinois entre-
prend roient de les en chaffer , en firent leur place
d'armes, Se le grand amiral Tsucamidono , roi de
Fingo, qui avoit fait presque feul cette conquête, s'y
établit avec l'élite de fes troupes. Les Chinois &e les
Coréens ne tardèrent pas en effet à l'y attaquer. Il
les battit plufieurs fois, les chaffa même de la ville
qu'il avoit abandonnée, n'ayant pas allez de troupes
pour la garder. Enfin les Chinois , qui appréhendoient
qu'il ne lui vînt du fecours , parlèrent de paix , ik
elle fut conclue à des conditions très-honorables pour
les Japonois.* Le P. de Charlevoix , hiftoke du Ja-
pon , t. 1 .
PEANDO, province maritime de Corée, du côté
de la Chine. Voyez l'article précédent.
PEAPOLIS. Voyez. Artaunum : c'eft la même vil-
le, félon Ortelius, The/.
PEAUDOR , établiffement francois fur la rivière de
Gambie. On y trouve beaucoup d'or Se les Euro-
péens y commercent avec les Maures.
PEBLIS. Voyez Peebles.
PEBRaC, Piper acum, abbaye de France, dans
l'Auvergne , au diocèfe de Saint Flour , fur les bords
de la rivière de Diege , près de Langeac , au midi , à
la gauche de l'Allier. Ce n'étoit d'abord qu'une prévô-
té , que le pape Urbain II érigea en abbaye vers l'an
1097. Elle eft de l'ordre de faint Auguftin & de la ré-
forme. Sa fondation eft mife à l'année ioô"2, & faint
Pierre de Cavanon , archiprêtre de Langeac , en eft dit
le fondateur. Elle étoit autrefois du diocèfe de Cler-
mont, Se aujourd'hui de S. Flour.
PECAIS , ou Peccais , bourg de France , dans le Bas-
Languedoc, fur la bouche occidentale du Rhône, à
une lieue d'Aigues-mortes , & à pareille diftance de la
mer Méditerranée. Ce bourg, qui a un bon fort pour
fa défenfe Se pour celle de fes falines, eft confidéra-
ble par la grande quantité de fel qu'on y fait. Le fort
eft fitué fur le bord du canal de Boucdigue, du côté
de l'occident. La feigneurie de Pecais fut acquife par
Philippe le Bel en 1 290, de Bermond, feigneur d'Uzès
& d'Aimargues , qui céda au roi fa part des falines. Louis
Hutin , fils Se fucceffeur de Philippe le Bel , acquit ce
qu'un Lucquois , nommé Zagni, avoit à ces falines ; de
forte que le tout fut alors réuni au domaine royal. * At-
las, Rob. de Vaugondy. Longuerue , Defcr. de la Fran-
ce , part. 1. p. 257.
PEGE-LE-ROBERT, bourg de France, dans le Mai-
ne, diocèfe du Mans, parlement de Paris, intendance
de Tours , élection du Mans. Il a environ 707 habi-
tans. *Dicl. universel de la France.
PECENATI. Voyez. Patzjnac.€.
PECH , ou Pechia , ville des états du Tutc 3 dans la
partie occidentale delà Servie, fur le Drin blanc, à l'o-
rient occidental de Prisrend. C'eft le lieu de la refi-
dence du pattiarche Grec. * Atlas , Robert, de Vaugondy.
1. PECHANG, montagne de la Crîine , dans la
Province de Queicheu, au voifinage de la ville de Tung-
gin. * Atlas Smenfis.
1. PECHANG , montagne de la Chine , dans la
province de Kiangfi , au voifinage de la ville de Fung-
fin. 11 y a dans cette montagne une chute d'eau qui
tombe de cent perches de haut. C'eft ce qui lui a fait
872-
FED
PED
donner le nom de Pcchang, qui fignifie cent perches.
* Atlas Sinenjis.
3. PECHANG, montagne de la Chine, dans la
province de Fokien , au voifinage de la ville de Cian-
glo. Cette montagne s'étend , non-feulement jusqu'aux
confins de la province de Kiangfi : elle entre même as-
fez avant dans cette province. * Atlas Sinenfts.
PECHECAL , nom que les Indiens donnent aux
grandes pluies & aux inondations qui arrivent chez eux
dans un certain tems de l'année. Ce font des débor-
demens caufés par les grandes pluies 3c par la fonte
des neiges qui font fur les montagnes. Le plat pays en
eft inondé , 3c les rivières en font enflées comme le
Nil, lorsqu'il fe déborde en Egypte. Cette inondation
arrive tous les ans aux Indes pendant les mois de Juillet,
Août , Septembre 3c Octobre.
PECH1A , ville. Voyez. Pech.
PECHINI , peuples d'Ethiopie , fous l'Egypte : Pto-
lomée , /. 4. c. 8. les place entre le fleuve Aftapodes 3c
le mont Garbatus.
PECHLARN, ville d'Allemagne, dans la Bafle-Au-
triche , fur le Danube , à deux milles au-deflbus d'Ips,
3c à un mille & demi de Melck , à l'embouchure de
l'Erlaph , dans le Danube. La reflemblance du mot
Erlapb , avec celui à'Arelape , ou Arlape , fait croi«
re que Pechlarn eft YAreUpe des anciens. Ce mot vient
par corruption A' Ara Lapidea. Comme le Danube y
eft fort large , les Romains tenoient une flotte en cet
endroit. Pechlarn fut la réfidence des anciens Margra-
ves d'Autriche , &c c'étoit avec Melck les deux prin-
cipales fortereffes du pays. On prétend que le nom mo-
derne eft corrompu de Pr^cclara , épithéte que l'on
donnoit à cette ville •, je ne donne cette étymologie
que pour ce qu'elle vaut. Après les courfes des Ava-
res, faint Wolfang , évêque de Ratilbonne, mit en ce
lieu 3c aux environs des Bavarois pour le cultiver. D'au-
tres difent que l'empereur Otton II , donna ce lieu à
perpétuité à l'évêché de Ratilbonne , à qui il appar-
tient encore. Il eft au midi du Danube. Vis-à-vis de
l'autre côté du fleuve , eft un village nommé le Petit
Pecklarn. Voyez. Ara lapidea, 3c Arlape. * Zey-
ler , Aultr. Topogr. p. }i.
PECHO , fortereffe de la Chine , dans la province
de Chenfi, au département d'Iunchang, première for-
tereffe de la province. Elle eft de 9 d. 28 m. plus
occidentale que Peking , fous les 38 d. 16 m. de la-
titude feptentrionale. * Atlas Sinenfîs.
PECKENCOUR , ou Pequincourt , bourgade des
Pays-Bas, dans le Hainault, à deux lieues deDouay.
C'étoit autrefois une ville clofe. * Ditl. Géogr. des
Pays-Bas.
PECKFELD , bourgade d'Allemagne, danslaCarin-
thie , environ à trois lieues de Villach , du côté de l'o-
rient méridional. On croit que c'eft l'ancienne Pœdi-
ciim. Voyez, ce mot.
PECQ (le) " bourg de l'ifle de France , fur la Sei-
ne , près du château royal de Saint Germain en Laye.
Il y a dans ce lieu un pont de bois pour traverfer la
rivière.
PECTONES, & Pectonium. Voyez. Pictones, Se
PlCTONlUM.
PECTORA. Voyez. Stethe.
PECUI, montagne de la Chine, dans la province
de Suchuen , près de la ville de Pingchai. On a ob-
fervé que quand la neige qui tombe l'hiver fur le
fommet de cette montagne fe fond , l'année eft abon-
dante : c'eft tout le contraire, lorsque la neige fe con-
ferve jusqu'à la faifon de l'été. * Atlas Sinenfis.
PEDA, ou Pede, ville d'Italie, dans l'Aufonie, fé-
lon Etienne le géographe. Tite-Live, /. 2. c. 39, qui
écrit Pedum, la met dans le Latium , &c il dit que
Coriolan s'en empara. Plurarque , in Coriol. en parle
fous le nom de ville des Pédaniens-, 3c Pline > /. 3.
c . 5. met les Pédaniens , Pedani , au nombre des peu-
ples dont les villes étoient tellement péries , qu'on n'en
voyoit pas même les ruines. On croit communément
que Peda étoit entre Tivoli 3c Paleftrine félon Batr-
drand , c'eft un lieu appelle Hoileria de l'Ofa.
PEDACHTON , ville archiépiscopale , dont il eft
fait mention dans la notice de Léon le Sage , qui la met
fous le patriarchat de Conftanunople.
PED^US , fleuve de l'Ile de Cypre : Ptolomée, /.
5. c. 14. place fon embouchure fur la côte orientale
de l'ifle , entre le promontoire Padalium Ôc Salamis.
Au lieu de Pedaus , les interprètes de Ptolomée lifenc
Pediœns.
PEDALIENS , peuples anciens des Indes. Cœlius ,
/. 23. c. 29. qui en parle , dit qu'ils étoient fi perfuadés
que la juftice faifoit la félicité de l'homme , qu'ils ne de-
mandoient rien avec plus d'ardeur à Dieu dans leurs
facrifices &c dans leurs prières , que l'avantage de ne
s'éloigner jamais de l'équité. * Corn. Diét.
1. PEDALIUM : c'étoit un promontoire de l'ifle de
Cypre, félon les exemplaires latins de Ptolomée ,/. 5.
c. 14. Quelques-uns néanmoins portent Pedafutm. Mer-
cator appelle ce promontoire Cabo de Griego , & Etien-
ne de Lufignan le nomme Grée. On ne trouve point le
mot Pedalium dans les manuferits grecs de Ptolomée.
Ammocoftus eft dans fa place.
2. PEDALIUM , ville de l'Afie Mineure , fur le Pont-
Euxin, près de Sinope, félon Ortelius , Thefaur. qui
cite Appien.
PEDANI. Voyez. Peda.
PEDASA , ville de la Carie, félon Strabon, /. 13.
p. 611. Etienne le géographe cV Nicander : le premier
appelle Pedafis le territoire où cette ville étoit fituée ,
Pline , /. j. c. 29. au lieu de Pedafa écrit Pedafum ; 8c
Athénée dit que Cyrus donna cette ville à fon ami Py-
thareus.
PEDASIS. Voyez. Pedasa.
PEDASUM. Voyez. Pedasa.
PEDASUS. Voyez. Adramytte.
PEDATRIT^, peuples de l'Inde, félon Pline, /.
6. c. 20. Quelques manuferits portent Palatita.
PEDEMONTE , bourg d'Italie, au royaume de Na-
ples , dans la terre de Labour , vers les confins du com-
té de Molifie. Magin , Carte de la terre de Labour ,
écrit Piedimonte , 3c place ce lieu au nord oriental
d'AIifi. Le nom de Pédemonte lui a été donné à caufe
de fa fituation au pied d'une montagne. * Corn. Dict.
PEDENA , ville d'Italie , dans l'Iitrie, à quinze mil-
les des Alpes & des frontières d'Allemagne, affez près
de la fource de la rivière d'Arfa , du côté du midi oc-
cidental. On croit que c'eft la première ville de ces
quartiers qui ait été honorée d'un fiége épiscopal. Elle
eft ancienne, mais mal peuplée. L'empereur, à qui
elle appartient , l'a annexée à la Carniole. Son évêché
eft fous la métropole de Colite. * Magin , Carte d«
l'Iftiie. Corn. Dkft.
PEDENUCI, paroifle des Grifons , au comté de
Bormio , dans la vallée intérieure. Cette paroiffe entre
autres lieux comprend celui de Fréel ou Fera Valle , où
il y a des mines de fer. On y voit aufli un champ où il ne
fe trouve jamais aucune fleur. On dit dans le pays qu'il
y eut autrefois en cet endroit, du tems de S. Ambroife ,
un grand combat contre les Ariens, que l'on en a trou-
vé quelques veftiges, 3c qu'on y a déterré des armes de
diverfes fortes & des offemens humains d'une taille gi-
gantesque. * Etat & Délices de la Suijfe , r. 4. p. 1 3 9.
PEDERNACH , montagne d'Allemagne, dans l'é-
leétorat de Trêves. Elle eft dans le Hundsruck , proche
du Rhin , 3c au voifinage de la ville de Boppart. *
Baitdrand , Dict. éd. 1705.
PEDERODIANENSIS, fiége épiscopal d'Afrique.
Il eft fait mention de ce fiége , dans la notice épiscopale
d'Afrique , qui le place dans la Bizacène , ce nomme
fon évêque Adeodar.
PED1ADIS , courrée d'Afie. Elle faifoit partie de la
Bactriane , 3c le fleuve Oxus la traverfoit , félon Poly-
be, Hilt. I. 10.
PEDIAS, municipe de l'Attique , Selon Etienne le
géographe. Les habitans étoient nommés Pediaci : Ari-
ftote , Foluic. c. 5. 3c Plutarque, m Solone , en font men-
tion.
PEDICUL1 , peuples d'Ital c , félon Pline , /. 3 . c. 1 1.
Strabon, 1.6. p. 277. écrit Poidicli , & Appien Policli
par corruption. Ces peuples habitoient la plus grande
partie de la terre de Barri. Fline leur donne trois vil-
les , favoir :
Radia
PEE
PEG 8y§
Rudia y Egnatia , Barium.
Ce peuple , que Pline appelle Pediatli , eft le même
que Ptolomée appelle Peucetii. Pline leur donne la ville
de RitdU , que Ptolomée donne aux Salentini.
PED1ÉES, ville de la Phocide, félon Hérodote,
/. 8. n. 33.
PED1ES , ville de la Carie : Etienne le géographe eft ,
je crois , le feul qui la connoifle.
PEDIEUS. Voyez. Ped^us.
PEDIR , royaume des Indes , dans l'ifle de Sumatra,
au ii4dcg. ij. min. de long. & $ deg. 30 min. de
latit. Il prend fonnom de fa ville principale , appellée aufli
Pedir , à l'eft & à dix lieues d'Achem. C'étoit autrefois
le royaume le plus confidérable de l'ifle ; mais préfente-
ment c'eft le royaume d'Achem , qui eft le plus confidéra-
ble; car le roi d'Achem a fournis, non feulement ceux
de Pedir & de Pacen, mais encore tout le pays fep-
tentrional. Les campagnes de Pedir produifent abondam-
ment du riz & des fruits. * Voyage des Hol. aux Indes
or. p. 276.
PEDNA , ifle aux environs de celle de Lesbos , fé-
lon Pline, /. j. c. 31.
PEDNELISSUS, ville de la Pamphylie , dans JaPi-
fidie, félon Polybe, l.$. ». 73- & Ptolomée , /. ;. c.
4. mais les interprètes de ce dernier Lilént PlctcniJJus.
Strabon écrit Petnelijfus ; Etienne le géographe Petni-
UJfus , & Siméon Bonfius a remarqué que e 'étoit cette
ville que Cicéron appelle Pindenijjus.
PEDNOPUM , village , dans le nome de Libye :
Ptolomée, /. 4. c. j. le place entre Jamais &c Climax.
PEDO, Pedonenfis Civitas : Cette ville fe trou-
ve nommée dans Calfiodore , Variar. ad Theodoriolum
V. S. Il fe pourroit faire que ce feroit la même que
celle qu'Etienne le géographe nomme Peda. Voyez, ce
mot.
1. PEDONIA , village du nome de Libye : Ptolo-
mée, /. 4. c. 5. le place entre Gatabathmus parvus ,
& Pnig&us.
2. PEDONIA , ifle de la mer d'Egypte , félon Pto-
lomée, l.if.c. j. c'eft celle que Strabon nomme Sidonia.
PEDRACA DE LA SIERRA , bourg d'Espagne ,
dans la Vieille Caftille, au bord de la rivière de Du-
raton , au voifinage de Sepulveda , au nord. Ce bourg
eft célèbre par deux endroits : premièrement pour avoir
été la patrie de l'empereur Trajan \ en fécond lieu %
pour être défendu par un château , dans lequel Fran-
çois, dauphin de France , & Henri fon frerc , enfans
du roi François I , furent détenus prifonniers l'espace
de quatre ans. Ce château eft extrêmement fort , & l'ac-
cès en eft très-difficile.
On ne fait fur quel fondement on dit ici que
l'empereur Trajan étoit né à Pedraca de la Sierra -,
pour cet effet il faudroit que ce fût le nom moderne
d'Italica , qui, félon Eutrope & d'autres hiftoriens, étoit
la patrie de cet empereur. Mais il s'en faut que les géo-
graphes s'accordent fur ce point. Le père Hardouin &
pluOeurs autres favans croient qxi'Italica s'appelle Se-
villa laVeja , & Molet croit que Pedraca de la Sierra eft
la Mctercofa de Ptolomée.
PEDRO ( San ) , petite ville d'Espagne, dans la Vieil-
le Cafiille, fur la rivière d'Atlanza.
PEDROS , ou Villa r Pedroso , bourgade d'Espa-
gne , dans l' Andaloufie , au nord de Seville. Il y en a qui
la prennent pour l'ancienne Augustobriga. Voyez, ce
mot. * Délices d'Espagne , p. 210.
PEDUM. Voyez. Peda.
PEDYLI , peuples de la Gaule Narbonnoife , félon
Strabon , /. 4. p. 1 85 i mais Cafaubon prétend qu'il faut
lire Medulli.
PEEBLES, ville d'Ecofle, & la capitale delà province
de même nom , autrefois Twcdal. Elle eft fituée agréa-
blement, entre la Twede &c le Péebles-, & elle fe di-
itingue par fes trois ponts, fes trois églifes & trois por-
tes. Elleeftàfept lieues fud-eft d'Edimbourg.
PEEL : on nomme ainfi de grands marais du Bra-
bant Hollandois. Voyez. Péeland. * Dict. Géogr, des
Pays-Bas.
FÉELAND , petit pays , dans le Brabant Hollandois.
Il a pris fon nom du grand marais de Péel, dont il eft voi-
fin , & qui le fépare du pays de Keflel , qui eft la Hau-
te-Gucldres. La principale place du Péeland eft Helmonti
* Longuerue , Defcr. de la France, part. 2. p. 56.
PÉENE , marquifat, dans la Flandre Teutone , dans
la châtellenie de Cafiel. * Ditl. Géogr. des Pays-Bas.
PÉER, petite ville fie comté de l'évêché de Liège,
dans le comté de Lootz. * Ditl. Géogr. des Pays-Bas.
PEGADiE , contrée des Indes , chez les Orites , à ce
que croit Ortelius , Thefaur. qui cite Philoftrate.
1. PEGvE, ville de l'Achaïe , dans la Mégaride,
félon Ptolomée , /. 3. c. 14. Pline , /. 4. c. 3. & Suidas
écrivent Pagœ.
2. PEGJE, ville de l'Hellespont , félon Ortelius qui
cite Nicetas.
3. PEG/E , ville de l'ifle de Cypre : Etienne le géo-
graphe, qui en fair mention , la place dans la Cyrenie.
PEGAN, maifon de plaifance , en Allemagne , dans
la Misnie. Elle eft fur l'Eliter , & appartient à la bran-
che de Saxe Zeitz. Elle eft à quatre lieues de Lcipfick.
PEGASA. Voyez. Pedasa.
PEGASEUM STAGNUM, étang d'Afie , au voifi-
nage d'Ephefe, félon Pline, /. $.c. 29. Selon Ortelius,
Thefaur. Feftusa dit qu'on s'étoit imaginé que cet étang
étoit forti de défions les pieds du cheval Pégafe, & que
c'étoit de-là que les Mufes avoierjt été appellées Pégafi-
des \ mais Ortelius fait dire à Feftus une chofe à laquelle
il n'a apparemment jamais penfé. On lit à la vérité dans
cet ancien , que les Mufes furent appellées Pégalides de la
fontaine qu'on feignoit être fortie de deflbus les pieds
de Pégafe, &c ce qu'il ajoute fait entendre qu'il veut
parler de la fontaine d'Hippocrène. C'ert tout ce que
dit Feftus : on n'y voit pas un mot de l'étang Pégafée.
Ortelius auroit-il cru que cet étang , qui devoit être quel-
que part dans l'Ionie , étoit la même chofe que la fon-
taine d'Hippocrène, qui étoit dans la Béotie 2 On ne peur
pas l'en foupçonner : il vaut mieux dire qu'un défaut
d'attention lui a fait faire cette béTue.
PEGAU , ville de Misnie , avec un château fur l'El-
iter , dans le cercle & à quatre lieues de Lcipfick.
PEGE , ville de l'Afrique intérieure. Pline, /. 5. c. j.
la met au rang de celles que fubjugua Corn. Balbus.
PEGELASUS. Voyez. Pigelasus.
PEGIA , nom d'une ville dont il eft fait mention
dans l'hilloire Miscellanée. Ortelius foupçonne qu'elle
pouvoir être aux environs de la Propontide.
PEGIAN , petit pays de la Turquie d'Afie , dans la
partie orientale delà Natolie, vers l'Euphrate, furies
confins de l'Aladulie; où étoit autrefois une partie de
l'Arménie Mineure. Il n'y a aucune place de conféquen-
ce dans ce pays. * Baudrand, Dict. édit. 170J.
PEGNA CERRADA, montagne d'Espagne, dans
la Biscaye , Se plus particulièrement dans la petite pro-
vince d'Alava. Elle eft fituée près de Trevigno , au mi-
lieu de plufieurs montagnes fort hautes , avec un châ-
teau extrêmement fort. * Délices d'Espagne , p. 97.
PEGNA DE LOS ENAMORADÔS , lieu d'Espa-
gne au Royaume de Grenade. De la ville de Loxa , en
traverfant une branche du mont Orospeda pour aller
à Séville, on voit à côté du chemin, près des fron-
tières de l' Andaloufie , dans le voifinage d'Archidona,
un rocher que deux amans malheureux ont rendu cé-
lèbre. Les Espagnols l'appellent la Pegna de los Ena-
morados , c'eft-à-dire le rocher des amoureux. Voici ce
qu'on raconte à ce fujet. Dans le tems que les Maures
étoient encore maîtres de Grenade, ils firent prifonnier
dans une bataille un chevalier chrétien fort bien fair,
auquel le roi donna la liberté , à caufe de fa beauté, de
fon bon air & de fa politefle , le retenant en même- tems
dans fon palais à fon fervice. Avec le tems la fille du
roi trouva le cavalier tellement à fon gré , & plut aufli
fi fort au cavalier, qu'ils fe promirent une foi mutuel-
le , & cherchèrent les moyens de fe dérober au roi ,
pour aller s'unir en liberté fur les terres des Chrétiens.
Malheureufement le complot fut découvert , tk on les
pourfuivit comme ils fuyoient. Ces pauvres amans , ré-
duits à l'extrémité , fe fauverent fur ce rocher , qui eft
fort haut & fort escarpé ; mais bientôt Ce voyant en-
veloppés de tous côtés, par un peloton de cavaliers
Maures, & ayant à craindre la fureur du roi ôc les
Tom. IV. Sffff
PEG
8 74
fupphces qu'il leur préparait , ils s'embrafferent tendre-
ment , ôc fe précipitèrent du haut du rocher , voulant être
unis dans la mort , comme ils l'avoient été dans la
vie. En mémoire de ce trifte événement , on a planté
une croix fur ce rocher. * Délices d'Espagne , p.'$ 1 3.
PEGNA-GOLOSA, montagne d'Espagne , au royau-
me de de Valence. Elle eft abondante en toutes fortes
de plantes rares, & d'herbes médicinales , que les mé-
decins vont tous les ans recueillir avec foin. La ville
d'Adz.eneta , ou Adz.enera , elt bâtie fur cette monta-
gne. * Délices d'Espagne , p. 569.
PEGNA-MACOR , ville de Portugal , dans la pro-
vince de Bcira , au midi de Sabugal , ôc à l'orient de
Cobilhana. Cette ville eft défendue par un château;
mais elle n'a qu'une fimple muraille pour fortification.
Le château en récompenfe eft extrêmement fort. Il eft
fitué fur une hauteur très-escarpée , d'où il commande
la ville. De trois côtés il eft bordé de précipices , ôc
n'eft acceffible que du côté de la ville , où la pente eft
un peu moins rude. On a commencé à couvrir la ville
de quelques ouvrages. * Délices de Portugal , p. 734.
PEGNA DE SAN ROMAN , montagne d'Espa-
gne , au royaume de Léon. La ville de Saldagna eft
bâtie au pied de cette montagne. *■ Délices de Portu-
gai> V- ÏS2>-
PEGNA (S. Jean de la) , abbaye de Bénédictins non
réformés de la congrégation de Tarragonnc , en Espa-
gne , dans l'Arragon , au voifinage de la ville de Jacca.
Elle eft magnifique , ôc les comtes du pays y avoient
leurs fépuhures.
PEGN AFIEL , Penr.a Fidelis , ville d'Espagne , dans
la Vieille Caftille , fur le bord du Douere , au-deflbus
deRoa. Cette place eft la capitale d'un marquifat , dont
les aînés des ducs d'Ofiune portent le titre. Ces fei-
gneurs y ont un beau palais au bas de la montagne , &
au-deflus il y a un château fortifié par l'art ôc par la
nature. Le terroir eft fort fertile. On y fait d'exceliens
fromages, eftimés les meilleurs que l'on fafle en Es-
pagne. 11 s'eft tenu dans cette ville un concile l'an 1302.
* Délices de Portugal, p. 192.
PEGNAFLOR , ville d'Espagne , dans l'Andalonfie ,
fur la rive droite du Quadalquivir. On croit qu'elle eft
l'ancienne llipula magna de Turdetains. * Délices de
Portugal , p. 417-
PEGNARANDA , ville d'Espagne , dans la Vieille
Caftille , à 14 lieues fud oueft d'Olmedo. Elle eft la
capitale d'un duché , auquel elle donne fon nom , ôc
elle eft fituée entre des montagnes fertiles en bled , en
vin ôc en divers fruits > particulièrement en châtaignes.
Sanfon ni de l'Ifle ne font aucune mention de cette
ville. Il y a deux autres villes de ce nom en Espagne ,
l'une dans l'Eftramadure , érigée en comté par le roi
Philippe III en faveur de la maifon de Bracamonte ,
d'où il a pafle dans celle de Velasco del Freno. L'autre
dans le royaume de Léon , à trois lieues au fud-eft d'Al-
be de Tormés , avec titre de duché , érigé par le même
roi en faveur de la maifon de Zuniga. * Délices de Por-
tugal, p. 172.
PEGN AS DEPANCORVO, montagnes d'Espagne ,
dans la Vieille Caftille, fur le chemin de Miranda à
Burgos. Ces montagnes font très-hautes ôc fort droites.
Elles prennent leur nom d'un vieux château , nommé
Pancorvo , ôc qu'on trouve à côté du chemin. * Délices
de Portugal, p. 171.
PEGN1TZ, rivière d'Allemagne , dans la Franconie.
Elle tire fa fource d'un bourg qui porte fon nom , qui
eft au midi de Bareith. Après avoir baigné Harrein-
fteiu , Herspruck , Lauf , & la ville de Nurenberg , dont
elle rraverfc le territoire , elle va fe perdre dans la ri-
vière de Rednitz. * Jaillot , Atlas.
PEGU , plus communément Pegou ( Le ) , royaume
d'Afie , fur la côte occidentale du royaume de Benga-
le , à l'embouchure des rivières d'Ava ôc de Pegu. Il faut
diftinguer le royaume de Pegu proprement dit , le royau-
me de Pegu aveefes acquifitions , ôc le royaume de Pegu
perdu dans celui d'Ava.
Le royaume de Pegu proprement dit eft borné au nord
par les royaumes d'Aracan & d'Ava , à l'orient par le
Haut & le Bas-Siam , qui le termine auflî au midi jus-
qu'à la mer -, & la mer , après l'avoir baigné à l'occident,
PEG
fc retire elle-même vers le couchant , & lui forme une
côte méridionale ; enfuite elle achevé de le borner à
l'occident. Ses principales villes fcr.t Pegu , Siriam ,
Martaban, Marmolan , Pangelin , Mcio, Ôc i'ifle de
Negrailles, ou Naigrais. Ce royaume elt ancien , & la
famille de Breflagu Kan jouifloit du trône depuis plu-
fieurs fiécles. Ses prédécefieurs avoient accru leur do-
maine, ôc lui-même commandoit à n uf royaumes vers
l'an 1318. 11 les faifoit gouverner par des licutcnans.
Celui du Tangut fe révolta. Le roi marcha contre lui ,
ôc périt en combattant. Le rebelle s'empara du trône,
marcha contre Martaban , qui avoir l'on roi particu-
lier , gendre du feu roi , prit la ville , ôc fit mou-
rir ce prince. Le royaume d'Ava étoit alors par-
tagé entre plufieurs rois, vaflaux du Pegu. La ville
de Prom étoit la réfidence d'un de ces rois : il la prit ,
ôc fit périr le roi & la reine. 11 fe rendit maître de mê-
me de la ville de Mehntey , au royaume d A\a , ôc con-
quit ainfi de fuite les royaumes de Pegu , de Marta-
ban , de Prom , de Melintey , d'Ava , de Calani , ôc de
Bacam , occupés par des princes qui y avoient une
fouveraineté fubordonnée à celle de Pegu. Brama de
Tangut , c'eft ainfi que s'appelioit ce conquérant , fut
tué par un Péguan , nommé Xemin de Zaran , qui fe
plaça fur le trône, & en fut renverfé par Xemindoo,
qui y monta, ôc en fut à fon tour renveifé par Chau-
migren , parent de Brama. Celui-ci le fit mourir , ôc fe
rendit maître de plufieurs villes qui pafibient pour les
capitales d'autant de royaumes. Ces villes étoient A va,
Cavelan, Cablan , BaKan, ou Bacam , Tangran ,
Prom, Jangoma, Lanran , Trucon ôc Siam. Il
gouvernoit ces villes par fes parens ôc par [es officiers.
Ce fut fous ce règne que furvint la fameufe guerre
pour l'éléphant blanc du roi de Siam, qui fut vaincu
en cette occafion , ôc fon royaume devint une annexe
du Pegu pour quelque tems. Enfin après bien des ré-
volutions, le royaume de Pegu eft tombé fous la puiiTan-
ce du roi d'Aracan , qui poiTede les royaumes de Tan-
gut, d'Aracan, d'Ava ôc de Pegu -, ôc parce que le fou-
verain de tous ces états téfide à Ava , il en porte le nom.
Ce vafte empire eft peu connu des Européens; il ne
laifie pas d'être très-peuplé , ôc le commerce y eft très-
abondant. Cependant , foit que quelque intérêt prive les
marchands d'Europe de la liberté d'y trafiquer, foit que
ceux qui y vont ne communiquent pas au public ce
qu'ils y apprennent de fon hiftoire ôc de fon état , il n'y
a guère de pays dans l'orient dont nous foyons aiiftî mal
inftruits que de celui-là. Les cartes géographiques défi-
gurent tellement le pays d'Ava , de Pegu , eVc. que le P.
Duchats , miflîonnaire Jéfuite , dit qu'il ne le reconnoît
point. Voici le rapport que firent quatre Chinois , qui
étoient d'un corps'de trente mille , qui pour fuir les Tat-
tares , traverferent l'Ava ôc le Pegu. Le P. Gouye, Ob-
fervations phyfiques & mathématiques. Nous partîmes
de la ville de Junnan, ôc, après dix-hnit'jours de mar-
che , nous entrâmes dans le territoire de Juncham. De
Juncham à Tiennotheou nous mîmes quatre jours; de
Tiennotheou au dernier village de la Chine, nous mî-
mes cinq jours. Là nous nous embarquâmes fur une ri-
vière plus large ôc plus rapide que celle de Siam , ôc en
vingt jours nous arrivâmes à la ville d'Ava. Les quatre
ou cinq premiers jours fe font dans un pays défert, en-
fuite nous trouvâmes tous les jouts une ou deux peupla-
des fur le bord de la rivière. Les maifons étoient de bam-
bous ; les habitans fe cachoient dans les bois auffi-tôt
qu'ils nous appercevoient. Le commerce eft libre entre
Ava ôc la Chine. Nous fûmes par eau dans un mois à
Pegu ; de Pegu nous vînmes par terre en quinze jours
au royaume de Siam.
Comme il n'y a point de relation que je fâche, où un
homme digne de foi ait marqué , en témoin oculaire , le
cours de la rivière de Pegu , je m'abfliens de le décrire. Je
dirai Amplement qu'elle eft différente de celle de Siam ôc
de celle d'Ava , ôc qu'elle n'a rien de commun avec le
lac de Chiamai , que certains géographes femblent n'a-
voir placé que pour en faire la fource imaginaire des ri-
vières qui les embarraflbient.
Les principales richefles de ce royaume font le riz , la por-
celaine , le musc , la lacque , l'or , l'argent ôc les pierreries.
La Ville de Pegu , fituée au royaume , & fur une rivie-
PEI
PEK
rede même nom, a été long-tems la capitale d'un grand
empire , lorsqu'elle eroic la réfidence des rois de Pegu ,
qui avoienr fous leur domination tant d'états voifins. La
rivière la partage en deux villes , que l'on distingue par
les furnoms de Vieille Se de Nouvelle. Dans la vieil-
le ville font les marchands , les artilans , &c. La nouvelle
étoit la demeure des rois & de leur cour. C'eft préfente-
ment le lieutenant , ou vice-roi , qui en occupe le palais ,
qui efl en même-rems une citadelle. Les foffés font pleins
.d'eau; Se pour empêcher que quelqu'un ne s'avife de les
rraverfer , & de furprcndrcla place , on a eu foin d'y en-
fermer des crocodiles , que l'on y nourrit. Les maifons
.de la vieille ville ne font la plupart que de bambous,
à la manière du pays ; mais les magazins font voûtés ,
pour conferver les marchandifes contre le feu. Il s'y fait
un grand commerce , particulièrement de rubis qu'on
rire, félon Sheldon , d'une montagne entre Sirinan Se
Pegu. Si l'on en croit le même auteur , les Péguans font
de tous les Indiens les plus corrompus dans leurs moeurs,
fort mal propres, bafanés , mais allez bienfaits.
PEGUNTIUM , ville de la Dalmatie. Ptolomée . /.
2. c. 17. la place fur la côte entre Epetium Se OnsMm.
i^line, /. 3. c. xi. écrit Pigunti^. On croit que c'eft
préfentement Almiza.
PEGUSA. Voyez Gnide.
PEHIANG , ville de la Chine, dans la province de
Peking, au département de Chinting, quatrième mé-
tropole de la province. Elle efl: de 2 deg. 20 min. plus
occidentale que Peking , fous le 38 deg. 5 min. de lati-
tude feptentrionale. * Atlas Sinenfts.
PEHO , ville de la Chine, dans la province de Kin-
(\ , au département de Hanchung , troifiéme métropole
de la province. Elle efl: de 7 deg. 44 min. plus occiden-
tale que Peking , fous les 33 deg. jo min. de latitude
feptentrionale. * Atlas Sinenfts.
1. PEHO A , ifle de la Chine, dans la province d'Ho-
nan , au midi de la ville de Teng. Elle efl formée par
les eaux du Tan, qui fe partagent en deux bras , Se fe re-
joignent enfuite. Le nom de Pehoa fignifîe l'ifle de tou-
tes fortes de fleurs. Il y a dans cette ifle un palais ou une
maifon de plaifance. * Atlas Sinenfts.
1. PEHOA , montagne de la Chine , dans la provin-
ce de Quantuug , au voifinage de la ville de Hoeilai. Elle
tire fon nom des fleurs qu'elle produit. On y en voit
perpétuellement de diverfes fortes , fuivant les différen-
tes faifons de l'année. * Atlas Sinenfts.
3. PEHOA, ifle de la Chine, dans la province de
Peking & dans le fleuve In , au voifinage de la ville de
Paoting. * Allas Sraenjîs.
PEICENTES. Voyez, Picentia.
PEJENDE, lac de Finlande , dans la Tâvafiïe. Son
étendue du nord au midi elt d'environ quinze milles.
Il communique avec divers lacs voifins , entre autres avec
le lac de Rotzlain , par le moyen duquel fes eaux fe dé-
chargent dans la rivière de Kymen , qui les porte dans
le golfe de Finlande. * Robert de Vaitgondi , Atlas.
PEIM ou Pein , province du royaume de Khoren ,
dans la Tartarie. Elle a cinq journées d'étendue. On
pêche du jaspe dans une de fes rivières. Il y a beaucoup
de foie dans cette province , & en outre tout ce qui efl
utile à la vie. Dans ce pays , lorsqu'un mari efl nbfent
vingr jours , la femme peut fe remarier , Se le mari épou-
fer une autre femme. * Hifl. génér. des Huns par M.
de Guignes, t. 11.
PEINA , Poynum Cafirum, petite ville d'Allemagne ,
au cercle de la Baffe Saxe , dans une plaine , avec un
château fur la montagne , dans l'évêché de .Hildesheim ,
fur le ruiffeau de Fufe , qui fe perd dans l'Aller à Zell.
Elleefl à trois milles de la ville de Brunsvrick. Cette ville
avec le comté qui en dépend , fur acquife à l'évêché par
Jean, trente-unième évoque de Hildesheim , qui mourut
Tan 1 26 1. C'elt auprès de Peina à Siversbxtfen Se à Grofs-
Steinwedel , que l'an 1 jj 3 . fe donna la fameufe bataille
entre l'électeur Maurice de Saxe Se le margrave Albert
de Brandebourg. L'éleéteur y Rit tué , de même que le
duc Charles Victor de Brunswick. On fit à ce dernier
cette épitaphe :
Carolus hic Vittor , deviElo conditur hofle,
Nascens Vitlor erat ; ViElor erat morisns.
* Braschuts , de Episc. Germ. c. 11. p. 107.
*>7S
PEINE , petite rivière de France , dans le Languedoc.
Elle coule dans le diocèfe d'Agde , mouille Pezenas ,
Se fe jette un peu au-deffous dans l'Eraur.
PEIPUS, appelle par les Moscovites Czuds-Kow ,
grand lac , aux confins de l'Eithonie , de la Livonie Se
l'ingne : il reçoit les eaux de diverfes rivières, aufli-bien
que celles du lac de PlsW , Se fe décharge dans
la rivière de Velikarzeka , qui en cet endroit prend le
nom de Narva ou Nerva , laquelle porte fes eaux dans
le golfe de Finlande. * Robert de Vaugondy , Atlas.
PEIRELADE, petite ville d'Espagne, dans la Catalogne,
au pied des Pyrénées , vers les frontières du Rouflillon'
PEIRUS. Voyez. Pierus.
PEISO, lac de la Pannonie. Pline, /. 3. c. 24. dit
qu'il joignoit la Norique. Aurelius Viétor , de l'édition
de Schottus , appelle ce lac Pclfo ; Se Jornandès , Rer.
Ger. c. 5 2 , le nomme Lacus Pelfodis. C'eft aujourd'hui
le lac de Neuzidler-Zée , aux confins de la Hongrie Se
de l'Autriche.
PE1TS , petite ville d'Allemagne , dans la Baffe-Lu-
face, fur la rive droite de la Sprée, à deux lieues au-
deffus de Cotbus. Elle efl: petite , mais forte. Il y a des
mines de fer aux environs. La maifon de Brandebourg
poffede cette ville depuis 1461, Se le margrave Jean
de Cuflrin l'acheta en 1570.
PE1UM , lieu fortifié, dans la Galatie: Strabon, /.
1 2. p. 567. donne cette place aux Toliltoboges , de mê-
me que celle de Blucium; il ajoute que l'une étoit la
réfidence du roi Dejotarus , Se que l'autre étoit defti-
née à garder fes tréfors.
PEKELI , province de la Chine , Se celle qui tient
le premier rang entre les quinze qui compofent ce fa-
meux empire. Elle tire fon nom de la ville impériale
de Peking , qui fignifie le Palais Royal du feptentrion ,
pour le diltinguer de celui du midi , qui s'appelle Nan-
king. Il y a près de dix-huit fiécles que les empereurs
de la Chine tiennent leur cour dans cette province. Les
bornes du Pekeli du côté du nord font la grande mu-
raille ; & cette partie de l'ancienne Tartarie , qui efl:
entre la muraille & le défert de Xamo ou Golie, Se du
côté du nord efl: le pays de Leaotung-, à l'orient il a un
bras de mer nommé Èanghai , qui fait la péninfule de
Corée, Se qui bat la côte de la Chine qui lui efl: oppo-
fée. Au midi & au fud-eft il joint la province de Xan-
tung , qui en efl féparée par le fleuve Guey ; la rivière
Sâfranée le borne au fud-oueft , Se du côté du couchant
il n'en; feparé de la province de Xanfi que par des mon-
tagnes qu'on nomme Heng.
Cette province , qui a la figure d'un triangle rectan-
gle , a eu divers noms. On l'a appellée entre autres Jeu
Se Ki. Elle a huit grandes villes, dont chacune en a
d'autres dans fa dépendance. Il y a dans le Pekeli quatre
cens dix-huit mille neuf familles, compofées de plus
de trois millions quatre cens cinquante mille perfonnes »
fuivant les regiftres du dénombrement de l'Empire : il
paye tous les ans pour tribut à l'empereur fix cens un
mille cent cinquante-trois facs de riz, de bled Se de mil,
deux cens vingt-quatre livres de foie crue, à vingt onces
à la livre ; quarante-cinq mille cent trente pièces d'étof-
fe ; treize mille fept cens quarante-huit livres de coton;
huit millions fept cens trente-fept mille deux cens qua-
tre-vingt quatre bottes de foin ou de paille, pour l'écu-
rie de l'empereur -, Se cent quatre-vingt mille huit cens
foixante & dix quintaux de fel, à cent vingt-quatre li-
vres le quintal , fans parler de divers autres droits. Ce-
pendant le Pekeli efl une des provinces les moins fer-
tiles de la Chine. Son terroir , quoiqu'affez uni , efl flé-
riie Se plein de fables : mais , comme , par ordre de l'em-
pereur, on y apporte de toutes les provinces de l'em-
pire toutes fortes de denrées , rien n'y manque.
La température de l'air y efl très faine Se très-agréa-
ble ; le froid Toutefois s'y fait fentir plus vivement que
l'élévation du pôle ne femble le devoir permettre £
puisqu'elle efl à peine à la hauteur du quarante-deu-
xième degré. Les fleuves y font pris de glace d'une
fi grande épaiffeur pendant quatre mois, que les cha-
riots Se les chevaux chargés de fardeaux très-lourds mar-
chent deffus , Se les bateaux ne peuvent paflèr ; Se ils
font obligés de refler quatre mois dans le lieu où la
glace les furprend , ce qui arrive toujours vêts la mi-
Tom. IV. Sffff ij
%76
PEK
PEK
Novembre. Il y pleut rarement : mais la rofée y efl fi
abondante , que la terre paroït humide tous les matins.
Si-tôt que le foleil paroït , cette humidité fe diiîîpe >>
Ôc il fe fait une pouffiere fi fine , qu'elle gâte & falit
tout, lorsqu'il fe levé le moindre vent.
On voyage fort commodément par terre dans le Pe-
keli. On fe fert d'un chariot qui n'a qu'une roue > ôc qui
eft fait de façon , qu'il n'y a place au milieu que pour
un homme qui s'y tient comme à cheval : deux autres
perfonnes peuvent fe placer de chaque côté. Le ehartier
pouffe par derrière , Ôc fait avancer le chariot avec des
leviers de bois. La fureté ôc la vîteffe fe trouvent dans
cette voiture. Le peuple de cette province eft moins
policé que ceux des autres quartiers de l'empire. Il eft
aufTi plus ignorant ôc moins propre aux arts ôc aux feien-
ces : mais il eft plus belliqueux , comme le font tous
les Chinois feptentrionaux. On trouve dans le Pekeli
des chats tout blancs , qui ont le poil ôc les oreilles
pendantes. Les dames les aiment extrêmement. Mais ils
ne prennent ni rats ni fouris.
TABLE GÉOGRAPHIQUE DU PEKELI,
Première province de la Chine.
Noms.
Peking ou
XuHtien ,
Xuny ,
Changping,
Leanghiang ,
Mieyun ,
Hoaijo ,
Kugang ,
Jun-geing,
Tunggan ,
Hiangho ,
Tung, ©
Sanho ,
Vucing,
Paoti ,
Cho , ©
Fangxan ,
Pa,0
Vengan ,
Taching >
Paoting ,
Ki,0
Jotien ,
Fungjung -,
Cunhoa,
Pingko ,
Que.
Paoting »
Muonching,
Ganfo ,
Tinghing ,
Sinching .
Tang,
Poyc,
Kingru ,
Jungching,
Huon,
Hiung ,
Khi,e
Xinçe ,
Tunglo ,
Gan , 0
Gaoyang ,
Singan ,
Ye,0
Laixui.
Longit.
Première Métropole.
Latit*
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39
39
40
39
39
39
39
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Seconde Métropole.
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1
1
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1
2
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2
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p-
p-
p-
Noms,
Hokien ,
Hien ,
Heuching ,
Soning,
Ginkieu ,
Kiaoho ,
Cing ,
Hingci ,
Cinghai ,
Ningcin ,
King, 0
Ukiao,
Tungquang ,
Kuching ,
Cang , 0
Nanpi ,
Jenxan ,
Kingyun.
Chinting ,
Cingking ,
Hoclo ,
Lingxeu ,
Khoching ,
Loching ,
Vukie ,
Pingxan ,
Heuping ,
Ting , 0
Sinlo ,
Ki0
Nancung,
Sinho •
Caokiang ,
Vuye ,
Cyn , 0
Ganping ,
Jaoyang ,
Vukiang,
Chao, 0
Pehiang ,
Lungping ,
Caoye ,
Linching ,
Canhoang,
Ningcin ,
Xin, 0
Hengxui,
Yuenxi.
Xunte ,
Xaho,
Nanho ,
Pinghiang ,
Quangçung ,
Kiulo ,
Thanxan ,
Nuikieu ,
Gin.
Quangping,
Kiocheu ,
Fihiang ,
Kiçe ,
Hantan ,
Quangping ,
Chinggan ,
Gnei,
Longit. Latit.
Troifiéme Métropole.
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Quatrième Métropole.
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1
1
3
2
1
1
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38
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Cinquième Métropole,
Sixième Métropole.
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Latit.
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Septième Métropole.
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Hoa ,
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Huitième Métropole.
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1 :
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0
0.
Ciengan ,
1 :
20
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3
0.
Vuning ,
1 :
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0.
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1 :
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0.
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1 :
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0.
Loting.
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Ville Militaire.
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Cités Militaire?.
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Paogan.
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0
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Grandes Forterefles.
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2 :
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39
30
0.
Tiencin.
0 :
5°
38
5*
0.
Petites Forterefles.
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3
: 6
40
5°
P-
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0.
Jungping.
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39
48
0.
PEKING ou Xuntien , ville de la Chine, là capi-
tale de l'empire , & le fiége ordinaire des empereurs. Les
Tartares la nommèrent Chambalik ou CaMbalet,
c'eft-à-dire , la Cité du Sa gn air. Voyez. Cambalu. Le
nom de Xuntien veut dire obéijfante au Ciel, Se celui
de Peking fignifie la Cour du Septentrion , afin de la
distinguer de Nankin, autre ville très-confidérable ,
dont le nom fignifie la Cour du Midi , Se que l'on avoit
appellée ainfi , parce que l'empereur y réfidok , comme
dans la ville la plus belle de l'empire, la plus com-
mode Se la mieux fituée-, mais les irruptions continuel-
les des Tartares , peuples inquiets & belliqueux , obli-
gèrent les empereurs à transporter leur cour dans les
provinces du Nord , afin d'être toujours en état de ré-
fiftet à l'ennemi , avec le grand nombre de troupes
qu'ils tiennent ordinairement auprès de leur perfomic.
On choifit pour cela Péking , fituée à 40 deg. d'éléva-
tion, dans une plaine abondante Se peu éloignée de la
grande Muraille , Se qui , par le moyen de la mer
orientale & du grand canal du midi , communique avec
plufieurs belles provinces*'id'où elle tire en partie fa
PEK 877
fubfiftance. * Le père le Comte , Mémoires fur l'état pro-
fane de la Chine, t. 1. Lettre 2.
Cette ville , dont la figure étoit parfaitement carrée,
avoit autrefois quatre grandes lieues de tour ; mais
les Tartares , en s'y plaçant , obligèrent les Chinois
de fe loger hors des murailles, où ils bâtirent en peu
de tems une nouvelle cité , qui étant plus longue que
large fait avec la ville une figure irréguliere. Ainfi Pe-
king eit compoféede deux villes; l'une nommée la Ville
des Tartares , parce qu'il n'y a qu'eux qui s'y puiffent
établir ; l'autre appellée la Ville des Chinois , auifi gran-
de & beaucoup plus peuplée que la première. Toutes
deux enfemble font fix grandes lieues de tour, de trois
mille fix cens pas chacune. Ces mefures font fort juftesi
& ont été prifes au cordeau par ordre exprès de l'em-
pereur. Les portes de la ville font extrêmement éle-
vées, & enferment une grande cour carrée environnée
de murailles , fur lesquelles on a bâti de beaux falons
tant du côté de la campagne que du côté de la ville.
Les murailles de Peking font de briques, hautes d'en-
viron quarante pieds , flanquées de vingt en vingt toi-
fes de petites tours carrées en égale diflance , & très-
bien entretenues. Il y a de grandes rempes en quelques
endroits , afin que la cavalerie y puifle monter. * Let-
tres édif. t. 7. p. 145.
Peking eil fi peuplé, qu'il y a continuellement dans les
rues une multitude innombrable de perfoimes : il y a
toujours de l'embarras dans les grandes rues ; & les gens
de marque font obligés de fe faire précéder par des ca-
valiers pour écarter la foule. Cette ville, quelque gran-
de qu'elle foit, ne poinroit contenir tout ce monde, fi
les Chinois n'étoient accoutumés à loger beaucoup plus
à l'étroit que les Européens. A voir les chevaux , les
mulets, les chameaux, les chariots , les chailès, les pe-
lotons de 100 & de 200 perfonnes qui s'afiemblent
d'espace en espace pour écouter les difeurs de bonne
aventure , on croiroit que toute la province eit venue
fondre à Peking pour quelque fpedacle extraordinaire.
Les villes d'Europe ne font en comparaifonque des fo-
litudes , fur*tout fi on confidere que le nombre des fem-
mes furpafle de beaucoup celui des hommes ; Se que
cependant dans cette prodigieufe multitude qui parojt
au dehors , on n'y en rencontre presque jamais aucu-
ne. Ce qui augmente encore la foule , c'efi que de
tous les lieux voifins il fe rend tous les jours à Peking
un très-grand nombre de payfans , qui apportent une
infinité de chofes pour les ufages ordinaires de la vie.
Comme il n'y a point de rivière dans la ville, le trans-
port des denrées muhiplie les voituriers, Se les bêtes
de charge. Ainfi tous les matins , lorsqu'on ouvre les
portes de la ville , Se les foirs. quelque tems avant qu'on
les ferme , il y a une fi grande foule d'étrangers qui
entrent ou qui fe retirent, qu'on eil presque toujours
obligé d'attendre long-tems fans pouvoir pafler. D'ail-
leurs la plupart des ouvriers travaillent dans les mai-
fons des particuliers. Ils courent continuellement pour
chercher de l'ouvrage , & même jusqu'aux forgerons
qui portent avec eux leurs infirumens , leur enclume
Se leur fourneau pour les ouvrages communs , à quoi
l'on peut ajouter que toutes les perfonnes, même cel-
les qui font d'une condition a flèz médiocre , fortenr or-
dinairement à cheval ou en chaife , fuivies de plufieurs
domefiiques , Se que , quand un mandarin marche , tout
fon tribunal le fuit en cérémonie ; de foire que c'efl
une espèce de proceflîon. Les princes du fang , Se les
feigneurs de la cour paroifienr aulTi accompagnés d'un
gros de cavalerie ; Se , parce qu'ils font obliges de fe
rendre presque rous les jours au palais , leur train eft
capable de eau fer de grands embarras.
Les rues de cetre grande ville font presque toutes ti-
rées au cordeau. Les plus grandes font larges d'envi-
ron fix vingt pieds , Se longues d'une bonne lieue ,
bordées presque toutes par des maifons marchandes,
dont les boutiques ornées de foie , de porcelaines Se
de vernis , font une agréable perfpeclive. Les Chinois
ont une coutume qui contribue encore à i'embellifie-
ment de leurs boutiques : chaque marchand place de-
vant fa porte , fur un petit piedtftal , une planche hau-
te de fept à huit coudées , peinte , vernie & fouvent
dorée, fur laquelle il écrit les chofes dont il trafique.
878 PEK
PEK
Ces espèces de pilaftres rangés des deux côtés des mai-
ions , & presque dans une égale diftance , font une co-
lonnade qui a quelque chofe de fmgulier. Cela elî
commun a presque toutes les villes de la Chine. Ce-
pendant le peu de proportion des rues avec les mai-
ions qui font écrafées ôc mal conftruites; la boue &
la poufliere qu'on y trouve , diminuent la beauté de
ces rues. La Chine , û policée en toute autre matiè-
re , ne fe reconnoît pas en celle-ci. L'hiver ôc l'été
font également incommodes pour ceux qui fortent , ôc
c'elt en partie pour cela qu'on eft obligé d'aller à che-
val ou en chaife. La boue gâte les bottes de foie donc
on fe fert , & la poufîiere s'attache aux étoffes , fur-
tout aux fatins qu'on prépare a l'huile pour leur don-
ner plus de luftre. Cette poufîiere enveloppe conti-
nuellement la ville d'un gros nuage qui pénètre dans
les maifons , ôc qui s'infinue dans les cabinets les mieux
fermés -, ôc malgré toute la précaution qu'on peut pren-
dre pour s'en défendre , les tables ôc les meubles en
font toujours couverts. On tâche de diminuer cette
incommodité par l'eau qu'on jette continuellement dans
les rues ; mais on ne laide pas d'en fournir beaucoup
pour la propreté &c pour la famé. Les petites rues
courent toutes de l'en; à l'oueft , & divifent en des
ifies égales & proportionnées tout l'espace qui eft en-
tre les grandes rues. Les unes Ôc les autres ont leurs
noms particuliers. La plus belle elt appellée Cham-gan-
Kiai , c'eft-à-dire la rue du repos perpétuel. Elle va de
l'eft à l'oueft : elle elt bordée du côté du nord par les
murs du palais de l'empereur , ôc du côté du fud par
divers tribunaux ôc palais de grands Seigneurs. Cette
rue , qui a plus de trente toifes de largeur , elt fi fa-
meufe , que les favans l'emploient dans leurs écrits
pour défigner toute la ville.
De tous les bâtimens qui compofent cette capitale,
le feul qui mérite proprement d'être confidété, eft le
palais impérial. 11 eft fitué au milieu de la ville des
Tartares , ôc regarde le midi , i'uivant la coutume de
cet empire , où l'on voit rarement une ville , un palais,
ou la maifon d'une perfonne confidérable , qui ne foit
tournée du même côté. 11 elt entouré d'une double en-
ceinre de murailles , l'une dans l'autre » en forme de
carré long. L'enceinte extérieure eft une muraille d'u-
ne hauteur ôc d'une épaiffeur extraordinaires ; enduite
dedans & dehors d'un ciment ou chaux rouge, ôc cou-
verte d'un comble ou petit toit de briques verniffées
d'une couleur jaune dorée. Sa longueur , depuis la por-
te du fud jusqu'à celle du nord , eft de deux milles
d'Italie ; fa largeur d'un , & fon circuit de fix. Cette
enceinte a quatre portes ; favoir une au milieu de cha-
que côté , ôc chacune eft compofée de trois portes ,
dont celle du milieu ne s'ouvre, que pour l'empereur
feul : les autres fervent à ceux qui entrent au palais,
ou qui en fortent , ôc font ouvertes depuis la pointe
du jour, jusqu'à ce qu'on forme la retraite; il faut
pourtant en excepter les portes méridionales qui ne
font qu'entr'ouvertes , à moins que l'empereur ne forte
ou ne rentre. Du tems des rois Chinois , la garde de
chaque portail étoit de trente foldats avec leur capi-
taine ôc dix eunuques ; mais à préfent il n'y a que
vingt Tartares avec leur officier. La garde eft en tout
de trois mille hommes qui font diltribués par com-
pagnies & par escouades ; car outre les portes qui
viennent d'être marquées , il y en a plufieurs autres ,
auifi - bien que divers tours qui environnent la mu-
raille intérieure. Les éléphans ne font point aux por-
tes , comme l'ont dit les pères Alvare Semedo ôc Mar-
tini : ils font dans leurs écuries ou plutôt dans leurs
palais. On les loge dans une cour fpacieufe , au mi-
lieu de laquelle il y a une belle ôc grande fale , où
ils font leur demeure pendant l'été. L'hiver on les mer
dans des fales féparées, mais plus petites, & dont le pavé
eft échauffé avec des fourneaux ; fans quoi ils ne pour-
roient fupporter la rigueur du froid de ce climat. On
ne les tire de leur logement que quand l'empereur fort
pour quelque fonction publique. L'entrée de ces por-
tes eft défendue aux bonzes des pagodes , aux aveu-
gles, aux boiteux , aux eftropiés, aux gueux, à ceux
qui ont des balafres , des goitres , ou qui ont le nez
ou Jes oreilles coupées , & enfin à tous ceux qui ont
quelque difformité confidérable. La muraille intérieu-
re , qui entoure immédiatement le palais , eft extrême-
ment haute ôc épailfe , bâtie de grandes briques toutes
égales &: embellies de créneaux bien ordonnés. Elle &
du nord au fud un mille ôc demi d'Italie , près d'un
demi en l'autre fens , Ôc cinq milles moins un quart de
circonférence. Elle a quatre portes avec de grandes
voûtes ôc arcades. Celles du fud ôc du nord font tri-
ples , comme les portes de la première enceinte , &
celles des côtés font fimples. Sur ces portes, ôc fur
les quatre angles de là muraille s'élèvent huit tours ,
ou plutôt huit fales d'une grandeur extraordinaire , &
d'une très-belle architecture; elles font verniffées au
dedans d'un beau rouge , femé de fleurs d'or , & la
couverture elt de tuiles verniffées de jaune. Sous les
rois Chinois vingt eunuques faifoient la garde à cha-
cune de ces portes ; à préfent les Tartares y ont mis
vingt foldats ôc deux officiers. L'entrée eft permife à
tous les mandarins des tribunaux qui font au dedans
du palais , Ôc à tous les officiers de la maifon du roi;
mais elle eft défendue à tous lesauttes, s'ils ne mon-
trent une petite table de bois ou d'yvoire , dans la-
quelle leur nom ôc le lieu où ils doivent fervir fuient
marqués avec le cachet du mandarin de qui ils dé-
pendent. Cette féconde muraille eft environnée d'un
profond & large foffé , revêtu de pierres de taille &
plein d'excellens poiffons. Chaque porte a un pont-
levis pour traverfer le folîé , à la réferve de celle du
fud qui l'a plus au dedans. Dans le grand espace par
lequel les deux murailles font féparées, il y a plufieurs
palais , les uns ronds, les autres cariés. Ils ont tous des
noms conformes aux ulages & aux divertiffemens aux-
quels ils font deltinés. Dans le même espace , du côté
de l'orient, & joignant la première muraille, coule une
rivière qu'on traverfe fur plufieurs ponts, tous faits en-
tièrement de marbre , à la réferve de l'arcade du mi-
lieu , qui eft un pont-levis de bois. Tous les autres
ponts qui fe trouvent en nombre dans ce palais , font
bâtis de la même foire. Du côté de l'occident où l'es-
pace eft beaucoup plus large , il y a un lac fort pois-
fonneux , long d'un mille ôc un quart d'Italie , Ôc fait
en forme de viole. On le traverfe à l'endioit le plus
étroit qui répond aux portes des deux murailles. Il y
a un beau pont dont les extrémités font ornées d'arcs
de triomphe à trois arcades chacun , élevés , majeltueux,
ôc d'une belle architecture. Marc Paulo , /. 1. c. 6.
fait mention de ce lac qui eft environné de palais &
de maifons de plaifance , bâties partie dans l'eau ôc
partie en terre ferme. Le milieu eft garni de barques
très-propres , dont l'empereur fe fert , quand il veut
prendre le plaifir de la promenade , ou de la pêche.
Le refte des deux espaces de l'eft & de l'oueft , que
le lac , ni les palais détachés n'occupent point , eft di-
vifé en rues larges & bien proportionnées , qu'habi-
tent les officiers ôc les artifans qui fervent dans le pa-
lais. Du tems des empereurs précédens il y avoit dix
mille eunuques : la maifon qui règne préfentement
a mis à la place de ces eunuques des Tartares & des
Chinois de la province de Leaohem, qui par une
grâce particulière font confidérés comme Tartares.
* Corn. Dict. Ambaffade des Hollandois à la Chine.
Le père Maguûlans , nouvelle relation de la Chine 1
c. 17. & fuiv.
Le palais de l'empereur a vingt appartement qui vont
en ligne droite du midi au feptentrion ; ôc entre l'en-
ceinte extérieure de ce palais ôc la muraille méridio-
nale où eft la porte de la principale ville, il y a un
très-grand espace dépendant du palais , ôc dispofé ain-
fi : Quand on entre par la porte de la ville, on fe trou-
ve dans une fort grande rue , qui s'étend le long de
la muraille de la ville, ôc après qu'on l'a traverfée,
on entre dans un terrein carré, environné d'une balu-
ftrade de marbre. Au delà il y a une féconde rue or-
née de part ôc d'autre de deux arcs de triomphe. On
ne peut aller dans cette rue ni en chaife , ni à che-
val : il faut descendre au premier arc de triomphe ,
& marcher à pied jusqu'au-delà du fécond ; pareequ'on
manqueroit au respect dû au premier appartement du
palais , qui eft de l'autre côté de la rue , dans une di-
ftance égale de ces deux arcs. Ce premier appartement
PEK
PEK 8
79
appelle Taî Cïmmûen , c'eft-à-dire portail de grande feptiéme appartement. Le huitième eft après une
tre cour ; c'eft une fale qu'on appelle la / fm
du milieu. La fale drivante, précédée d'une n
cour, s'appelle la fale do ha fottveraine Concorde*, &
fait le neuvième appartement. Ceft dans cette fale,
& dans les deux autres bâties de chaque cora ■ qiie
l'empereur vient deux fois le jour traiter des affaires
de tout l'empire , avec fes Colas ou conleiliers d'ecar,
& avec les mandarins des fix tribunaux fuprêmes.
Quand on a pafle une autre cour , on trouve le dixiè-
me appartement avec un beau portail fort élevé Se
qu'on appelle le portail dit Ciel clair or net. Il a au
milieu trois grandes portes, auxquelles on monte par
trois escaliers, de plus de quarante degrés chacun, Se
qui ont à leurs côtés deux petites portes. On entre enfui-
te dans une cour fpacieufe , que termine l'onzième ap-
partement , nommé la demeure du Ciel clair OT net,
Ceft le plus riche, Se le plus magnifique de tous.
On y monte par cinq escaliers d'un marbre très-fin ,
chacun de quarante-cinq degrés , Se ornés de para-
pets, de colonnes, de baluftrades , Se de phifieurs pe-
tits lions; Se fur le haut, de chaque côté, de dix
grands lions de bronze doré. Au milieu de la cour ,
à une diftance proportionnée de ces escaliers , on voie
une tour, auiîi de bronze doré, ronde, finiffant en
pohtte & haute de douze ou quinze pieds , avec àçs
portes, des fenêtres, Se quantité de petites figures tra-
vaillées fort délicatement -, Se des deux côtés deux grands
brafiers de bronze doré , où l'on brûle des odeurs la
nuit Se le jour. Ceft dans ces appartenons que demeu-
re l'empereur , avec les trois reines. La première ,
nommée Hoam heu , ou l'impératrice , demeure avec
lui dans le quartier du milieu ; la féconde habite dans
le quartier oriental , Se la troifiéme dans le quartier
occidental. Les deux quartiers joignent celui du mi-
lieu. Les fils de ces trois reines font tous légitimes ,
avec cette différence, que ceux de la première font
préférés aux autres dans la fucceftion de l'empire. Il
y a encore dans cet appartement, & dans les fuivans,
jusqu'à deux ou trois mille concubines , félon la vo-
lonté de l'empereur. Elles s'appellent Cum-niu , ou da-
mes du Palais. Celles que le roi aime le plus font nom-
mées Fi, ou presque reines. Il leur donne, quand il
lui plaît , des joyaux , qu'elles mettent à leur tête , ou
fur leur poitrine , Se une portière de fatin ou de damas
jaune, ce qui les fait refpccter par toutes les autres.
Tout ce qui regarde le fervice de l'empereur, des rei-
nes Se des concubines, Se le gouvernement du palais,
Se de la maifon royale, étoit fait autrefois par dix
mille eunuques ; mais les Tartares étant devenus maî-
tres de l'empire , n'en réferverent que mille pour le
fervice intérieur du palais. Après l'onzième apparte-
ment on trouve une cour , terminée par le douzième,
qui eft appelle belle & agréable maifon du milieu ; c'eft
le fécond logement de l'empereur. 11 eft fuivi d'une cour,
Se du treizième appartement , ou troifiéme logement
de l'empereur appelle maifon qui reçoit le Ciel. On voit
au-delà un vafte jardin , qui fait le quatorzième ap-
partement , Se fe nomme Jardin Impérial. De- là , après
avoir traverfé phifieurs cours, Se d'autres grands es-
paces, on arrive au dernier portail de l'enceinte inté-
rieure, qui fait le quinzième appartement , & on l'ap-
pelle portail de la myftérieufe valeur. 11 eft compofé
de trois portes , Se de trois grandes ventes , qui fou-
tiennent une fale fort élevée, toute peinte, dorée, ■&
couronnée de petites tours , Se de divers ornemens au
fommet du toit. En fortant delà , on traverfé le forte
fur un beau Se large pont , bâti de grandes pierres de
marbre , au-delà duquel on trouve une rue qui va de
l'elt à l'oueft , Se qui eft bordée du côté du midi par
le forte . & du côté du nord par divers palais Se tri-
bunaux. Au milieu, Se vis-à-vis du pont, il y a un por-
rail de trois portes, un peu moindre que lesprécédens,
Se c'eft le feiziéme appartement. On l'appelle portail
fort élevé du fud. 11 eft fuivi d'une cour, ou d'un ter-
rein large de trente toifes du fud au nord , Se long de
l'eft à l'oueft d'un quart de mille italique. L'empereur y
exerce fes chevaux : ainfi il n'y a point de pavé, com-
me dans les autres cours, dans les rues Se dans les
pureté , confifte en trois grandes portes avec trois voû-
tes fort longues Se fort larges , au-dertus desquelles il
y a une très-belle fale. Ces portes ne s'ouvrent que
quand l'empereur veut forcir. Au-delà de ce premier
appartement , on trouve une valte cour ornée des deux
côtés de portiques Se de galeries foutenues par deux
cens colonnes , qui font une agréable perfpective. Cet-
te cour , large de la portée de deux traits d'arc , Se lon-
gue de plus de deux portées de mousquet , eft termi-
née du côté du nord par la fameufe rue du Perpétuel
Repos , qui continue au travers de deux portes qu'on y
voit de chaque côté. Tout cela eft encore hors des
deux enceintes du palais , Se ne lui ferc que de vefti-
bule Se d'avenue. En continuant d'aller en droite li-
gne du nord au fud, on voit au milieu de la murail-
le extérieure , qui borde la rue du Perpétuel Repos ,
du côté du nord , le fécond appartement Se le fécond
portail qui devroit plutôt être appelle le premier , puis-
que toutes les perfonnes du palais font obligées d'y pas-
fer ; il eft compofé de cinq portes , trois grandes qui
ne s'ouvrent que pour l'empereur Se deux petites à
côté peu élevées au deffus du rez-de-chaurtée, parlés-
quelles partent tous ceux qui entrent ou qui fortent ,
même les plus grands feigneurs. Au defliis de ces por-
tes Se de toutes les autres s'élève une grande fale , or-
née de quantité de colonnes , avec leurs bafes Se leurs
chapiteaux dorés , & peints par dehors d'un vernis
vermeil , Se par dedans d'un vernis or Se azur. Cet
appartement elt fuivi d'une cour beaucoup plus gran-
de que la précédente , Se qui eft bordée à l'orient
Se à l'occident de fales Se de chambres avec leurs
portiques Se leurs galeries , comme toutes les autres
cours dont on a parlé. Après celle-ci on trouve le
troifiéme appartement appelle le Portail du commen-
cement. 11 elt fuivi comme les autres d'une cour qui
, aboutit au quatrième appartement nommé la 'tour, ou
le Portail du Midi. C'eft le premier de la muraille
intérieure. 11 eft compofé de trois valtes voûtes Se
d'une fale au-dertus , mais plus grande Se plus éle-
vée que celle du troifiéme appartement. Elle a des
deux côtés deux murailles en forme de corridors ou
de galeries qui s'étendent vers le midi l'espace d'une
portée de mousquet , Se qui , à leurs extrémités au
nord Se au fud , font terminées par quatre pavillons,
ou fales femblables à celle du milieu , mais plus pe-
tites. Leurs toits font hexagones ou à fix pans, Se
couronnés de chiens de bronze doré. Cet appartement
ett fuivi d'une cour pareille aux autres Se du cinquiè-
me appartement qu'on appelle le fuprême portail. Il
elt fermé de cinq grandes portes auxquelles on mon-
te par cinq escaliers de trente degrés chacun. Avant
que d'y arriver , on traverfé fur cinq ponts un profond
forte plein d'eau. Tous ces ponts ont leurs parapets ,
balufhes , colonnes, pilaftres, Se perrons, avec des
lions Se d'autres ornemens , le tout d'un marbre
très blanc Se très-fin. Après cela on trouve une corn-
ues vafte, artbrtie des deux côtés de portiques Se de
galeries , avec des fales Se des chambres très-belles &
très-riches. Cette cour aboutit au fixiéme appartement
nommé la fuprême fale impériale. On y monte par
cinq escaliers chacun de quarante-deux marches d'un
marbre très-fin. Celui du milieu , par lequel l'empe-
reur feul a droit de pafler , eft d'une largeur extraor-
dinaire. Les deux plus vo:(îns , par où partent les
grands feigneurs cv les mandarins , font moins larges ;
& les deux autres, qui font encore plus étroits, fer-
vent aux eunuques Se aux officiers du palais. On dit
que cette fale étoit , fous les rois Chinois , une des
merveilles du monde , Se que les voleurs qui fe fou-
levcrent durant les dernières révolutions la brûlèrent
avec une grande partie du palais, quand ils abandon-
nèrent Pcking par la crainte des Tartares. C'eft par
les mêmes Tartares que fût bâtie celle qu'on voit à
préfenr. Ils fe contentèrent d'imiter à peu près l'an-
cienne. Cefl dans cette fale que l'empereur reçoit
dans fon trône les foumiflîons de tous les grands fei-
gneurs & des mandarins de lettres Se d'armes. Après
cette fale impériale Se la cour qu'on trouve enfuite ,
il y en a une autre apptllée la file très-élevée. Elle fait le espaces dont il a été parlé
Au milieu de la muraille
880 PEK
feptentrionalc de ce terrcin , il y a un grand portail
de cinq portes , tout femblable aux autres. On l'ap-
pelle le portail de dix mille ans , Se il fait le dix-fcp-
tiéme appartement. Plus avant , on trouve un vaile ter-
rein ou parc , entouré de hautes murailles , où le roi
tient des fangliers , des ours , des tigres , chacun dans
une loge. Au milieu de ce tertein s'élèvent cinq col-
lines d'une hauteur médiocre. Celle du milieu èft plus
élevée : les quatre autres , qui font plus petites , deux
à l'eft Se deux à l'oueft , s'abbaiffent avec une égale pro-
portion. Elles ont été faites à la main, de la terre
qu'on a tirée du foffé Se du lac , Se elles font jusqu'au
fommet couvertes d'arbres, ranges avec fymmétrie, cha-
cun avec fon piedeftal , rond ou carré , dans lesquels
on a pratiqué des trous qui fervent de retraires aux
lièvres Se aux lapins , dont les montagnes font plei-
nes. 11 y a auffi fur ces montagnes, Se dans cet en-
clos , quantité de cerfs , de dains Se de chevreuils , Se
fur les arbres , diverfes espèces d'oifeaux domeftiques.
L'empereur va de tems en tems fe divertir dans ce lieu
à entendre chanrer ces oifeaux , Se à voir fauter Se
courir routes ces bêtes. Au nord , Se à deux grandes
portées de mousquet de ces montagnes , il y a un bois,
au bout duquel , joignant la muraille de ce parc , on
voit trois maifons de plaifance , d'une grande fym-
métrie, avec de beaux escaliers , Se des terraffes qui fer-
vent de communication. Cet ouvrage , véritablement
royal , compofe le dix-huitième appartement, Se s'ap-
pelle les pjLiis Royaux de la longue vie. Un peu plus
loin , on trouve un portail femblable aux autres , qu'on
nomme le portail fort élevé du nord ; il fair le dix-
neuviéme appartement. On entre enfuite dans une lon-
gue Se large rue , ornée de chaque côté de palais Se
de tribunaux. Au-delà de cette rue s'élève un portail
à trois portes, conftruit dans l'enceinte extérieure,
Se appelle portail du repos du nord. C'eft le vingtiè-
me Se dernier des appartenons qui ferment le palais
du roi par une ligne droite au midi.
Outre ce palais , deftiné pour la perfonne de l'em-
pereur, il y en a à côté vingt autres particuliers, dont
la beauté , la grandeur Se la richeffe font remarqua-
bles. Ils font dans l'enceinte intérieure du palais royal ,
dont ils font féparés par deux murailles ; Se ils font
divifés entr'eux par d'autres murailles de même fa-
brique. Entre les deux enceintes , il y a encore divers
palais , Se quantité de temples d'idoles , dont quatre
font plus fameux que les autres. On les nomme auffi
falaiSy à caufe de leur grandeur, de la multitude de
leurs appartemens , Se de la beauté de l'architecture.
Le premier , dédié aux étoiles , que nous appelions Car-
tes du nord , & que les Chinois nomment le Feu , s'ap-
pelle le palais de la grande Lumière. Us difent que
cette conftellation eft un dieu qui a le pouvoir de
donner une longue vie. Il n'y a aucune image dans fon
remple , mais feulement une toile , entourée d'un ri-
che cadre , Se fur laquelle eft écrit : A l'Esprit & au
Dieu Peteu. Ce temple eft au-dedans de la muraille
intérieure : les trois autres font fitués entre les deux
enceintes. L'un s'appelle le palais du très-haut & fou-
verain empereur. Ceft le temple du fameux Se fidèle
capitaine déïfié , que l'on appelloit Çhtan-ti. Les Chi-
nois lui demandent la fanté , une longue vie , des en-
fans , des richeffes , des honneurs , Se d autres biens pas-
fagers. Les deux autres temples ou palais s'appellent,
l'un temple de la tète de Bœuf y parce que l'idole eft
une tête de bœuf, avec fes cornes ; l'autre fe nomme
le temple des Lama. Ce dernier eft fitué à l'orient du
lac , fur une montagne en pain de fucre , faite à la
main t avec des roches qu'on y a fait conduire à
grands frais du bord de la mer , quoiqu'il y ait plu-
sieurs journées de diftance. Ces roches font la plupart
creufées Se percées par le choc des vagues : les Chi-
nois fe plaifent à voir ces ouvrages ruftiques de la na-
ture. Elles font dispofées de telle forte , qu'elles repré-
fentent de hautes pointes de rocher , des fonds escar-
pés Se des précipices , ce qui fait que d'une diftance
médiocre , il femble que ce foit une montagne fauva-
ge faite par la nature. On voir au plus haut une tour
ronde à douze étages, bien proportionnée, Se d'une
hauteur extraordinaire, Autour du plus haut étage, il
PEK
y a cinquante cloches , que le vent fait fonner & mou-
voir le jour Se la nuit. Le temple qui eft grand Se ma-
gnifique , eft fitué au milieu de la pente , du côté du
midi , les cloîtres Se les cellules des Lama s'étendent
à l'orient Se à l'occident. L'idole eft fur l'autel , dans
le temple, en forme d'un homme tout nud , qui n'eft
adoré que par les Lama Se les Tartares occidentaux ,
les Orientaux Se les Chinois ayant en horreur cette
nudité. L'empereur , outre ces temples , qui font dans
fon palais , en a fept autres , où il va facrifier une fois
tous les ans. Le premier de ces fepr temples , appelle
le temple du Ciel , eft fitué à un demi mille de la por-
te principale de la ville , un peu à l'orient , & il eft
entouré d'une muraille ronde , de près d'un mille de
circuit. Une parrie de cet espace eft occupée par de
très-beaux édifices , & le refte par des bois frais Se
épais , dont les arbres font d'une grande hauteur. Il
a cinq portes du côté du midi -, trois au milieu , qu'on
n'ouvre que quand le roi vient facrifier -, & deux à
côté, qui font toujours ouvertes. Du fud au nord, il
a fept appartemens féparés , dont fix font des fales Se
des portails , auffi grands Se auffi magnifiques que ceux
du palais du roi. Le fçptiéme eft une vafte Se haute
fale ronde , toute peinte par dedans d'azur & d'or ,
Se couverte de tuiles verniffées d'azur , elle eft foute-
nue fur quatre -vingt deux colonnes, Se îeprélente le
Ciel. Le roi , accompagné de tous les grands fei-
gneurs Se mandarins de fa cour, facrifieau ciel dans
ce temple au jour Se au moment qu'arrive le folfti-
ce d'hiver , Se il offre en facrifice des bœufs , des porcs,
des chèvres , Se des moutons. 11 fait cette cérémonie
avec un grand appareil , & beaucoup d'humilité , ne
portant ni or , ni pierreries , ni même la couleur jau-
ne. Le fécond , appelle le temple de la Terre , eft fi-
tué vers l'oueft , dans une diftance qui répond à celle
du premier temple. Quand on couronne le roi , il va
dans le temple de la terre , où il facrifie au dieu de
la terre. Il prend enfuite un habit de laboureur , Se
avec deux bœufs à cornes dorées, & une charrue ver-
niffée de vermeil , à filets d'or , il laboure quelque
peu d'un champ enfermé dans l'enclos du temple. Pen-
dant qu'il eft occupé à ce travail , la reine , avec les
principales dames , lui préparent un dîner fort fimple»
qu'elle lui apporte, Se ils mangent enfemble. Les an-
ciens Chinois établirent cette cérémonie, afin que leurs
rois fe fouvinffent que leurs revenus venoient des fueurs
du peuple , Se qu'ainfi ils ne dévoient point faire de
dépenfes fuperfiues. Au feptentrion de ces deux tem-
ples , il y en a trois autres qui leur font femblables.
Celui qui eft du côté du nord, s'appelle le temple Sep-
tentrional du Ciel. Le roi y facrifie au tems du folfti-
ce d'été. A l'équinoxe du printems , il facrifie dans ce-
lui qui eft du côté de l'eft , appelle le temple du Soleil^
ce qu'il fait à l'équinoxe d'automne dans le temple oc-
cidental , qu'on appelle le Temple de la Lune. Le fixié-
me temple , fitué dans l'ancienne ville , s'appelle le
Temple de tous les Empereurs pajfés. C'eft un grand Se
magnifique palais, avec grand nombre d'appartemens ,
de porrails, de cours Se de fales. On y voit dans de
riches trônes , les ftatues de tous les empereurs de la
Chine , bons & mauvais , durant plus de quatre mille
cinq cens ans. Ce remple eft fitué au milieu d'une des
plus belles rues de la ville , qui , des deux côtés des
portes du temple , eft traverfée par deux arcs de triom-
phe à trois portes. Tous ceux qui paffent par cette rue,
de quelque qualité qu'ils fuient , mettent pied à terre
par refpect,quand ils arrivent à cesarcs,qui font élevés Se
majeftueux, marchent à pied jusqu'à ce qu'ils ay ent paûe le
frontispice du temple. Enfin le fepticme temple eft appelle
leTemplede l'Esprit qui garde les mur aille uW eft près des
murailles, en dedans , du côté de l'oueft. Ce n'eft pas
le roi qui y facrifie ; mais cette fonction eft comp-
tée parmi les facrifices royaux , tant pareeque le prin-
ce en fait la dépenfe , qu'à caufe qu'il nomme ceux
qui doivent facrifier en fa place. Toutes les villes de
l'empire ont un pareil temple, dédié à l'esprit qui les
garde.
La ville de Péking a dans fa dépendance vingt-fix
villes , qui font :
Péking ,
PEL
PEL 881
Péking , ou Xuntien ,
Paoti ,
Xuny ,
Cho 0 ,
Changp'ing,
Fangxan ,
Leanghiang,
Pa0>
Micyung»
Vengan ,
Hoaijo,
Taching ,
Kugangj
Paoting,
Jungcin'g,'
Ki©,
Tungan ,
Jotïen >
Hiangho ,
Fungjung,
Tung @ >
Cun'hoa ,
Sanho ,
P'ingko ,
Vuci'ng»
Que.
PELA. Voyez. Pelé.
TEL AGE , ille de la Propontide. Il en eft parlé
clans les conftitutions de l'empereur Emmanuel Com-
nène.
PEL AGI A , ifle confacrée à Saturne : A venins, Or a
Mark. v. 164, fait entendre qu'elle étoit voifine des
colonnes d'Hercule. Ne ferok-ce point, dit Ortelius,
rifle Scombraria ?
PELAGI/E , ifles de la mer Méditerranée , entre la
Sicile & l'Afrique : Ptolomée, /. 4. c. 3. les mer au
nombre de trois , favoir ,
Coffira , Glauconis Infida t Melite-,
Ortelius , Thefaur. prétend qu'il y avoit cinq ifles,
qui portoient le nom général de Pelagia InfuU ; mais
comme il cite Ptolomée , on voit aifément qu'il fe
trompe. Son erreur vient de ce qu'il a fait plus dé-
tention à la carte de Ptolomée , qu'à la defeription
écrite. Dans la carte on voit cinq ifles , entre l'Afri-
que & la Sicile ; mais dans la defeription par écrit ,
Ptolomée place deux de ces ifles fur la côte d'Afri-
que.
PELAGNISI, plus communément Pebg'/î, ifle de
l'Archipel au nord de celle de Sciro , Se au levant du
golfe de Salonique. Elle eft environnée de quelques
petites ifles : les anciens l'ont appellée Halonejus. M.
de l'ifle dans fa carte de la Grèce 1 appelle Lanio , ou
Felagifi.
PELAGONES. Voyez Telagonia, n" 1.
1. PEL AGONI A, contrée de la Macédoine. Stra-
bon , /. 7. p. 317, dit qu'on la nomma Tripolitis à
caufe de fes trois villes. Ptolomée, /. 3. c. 13, ne
lui donne pourtant que deux villes ; favoir AâaritHS
êc Stobi; mais il faut y ajouter la ville Pelagonia ,
capitale du pays, félon Tite-Live, /. 4J. c. 29» II y
6 apparence que cette dernière ville fut ruinée du tems
de la guerre de Macédoine ; car depuis Tite-Live au-
cun écrivain n'en fait mention. Les habitans de la Pé-
lagonie étoient appelles Pelagones , Se ils fe trou-
vent quelquefois nommés ? zones , parce que leur pays
étoit quelquefois compris dans la Pa*onie. Cellarius ,
dans la carte de l'ancienne Grèce , place la Pélagonie,
au midi du Mont Ha:mus . entre la Mygdonie Se la
Pasonie.
2. PELAGONIA , ville de la Macédoine , dans la
Pélagonie. Voyez, l'article précédent.
3. PELAGONIA, contrée de la Sicile, félon Etien
ne le géographe ; mais Cafaubon juge qu'il y a faute
dans cet endroit.
PELAGOSA , ille du golfe de Venife : elle eft fi-
tuée vers le milieu du golfe, & vers le midi occidental
de l'ifle Agufta. * Robert de Vaitgondy , Atlas.
1. PELAGUS, nom dont les Grecs ufoient pour
défigner la mer, Se que les Latins reçurent dans leur
langue > quoiqu'il femble dans fa propre lignification
vouloir dire la Haute-Mer. Ptolomée néanmoins don-
ne ce nom à toutes les mers particulières. Voyez, l'article
Mer.
2. PELAGUS , forêt de l'Arcadie : Panfanias , /. 8.
r. 11. dit qu'elle étoit plantée de chênes : il la pla-
ce fur le chemin de Mantinée à Tégée , ôc ajoute qu'el-
le faifoit la borne entre les Mantinéens Se les Té-
géens.
PELAMYDIUM, nom d'un des fauxbourgs de
Conftantinople , félon Oïtclius, qui cite Cedrène.
jPELANA. Voyez. Pellana.
PELARGI. Voyez. Pelasgi & TyrRheniA.
PELASGI, ancien peuple de la Grèce, qui habita
d'abord dans l'Algie , Se qui tiroir fon nom du roi
Peiasgus, fils de Jupiter Se de Niobé. Après la fixié-
me génération ils laiflerent le Péloponnèfe & fe trans-
portèrent dans l'Hémonie , appellée depuis la Thefla-
lie. Les chefs de cette colonie furent Acharus , Phthius,
Se Peiasgus , fils de Neptume Se de Larifle. Après
avoir chaflé les habitans du pays , ils s'y établirent &
le partagèrent entre eux , donnant à chaque portion le
nom d'un de leurs commandans. C'eft delà que font
Venus les noms de Phthiotide, d'AcHAYE & de Pe-
lasgiotide. Après la cinquième génération , dans cet-
te féconde demeure , les Curetés , lés Leleges , Se di-
vers autres habitans les chafferent , une partie fe fau-
va dans l'ifle de Crète , Se une autre dans quelques-
unes des ifles Cyclades ; quelques-uns fe retirèrent fuc
le Mont Olympe , Se dans le pays voifin ; d'autres dans
la Bœotie, dans la Phocide, Se dans l'Eubée ; il y en
eut qui paflerent en Afie , Se qui s'emparèrent d'Une
partie de la côte de l'Hcllespont Se des ifles voifines ,
entre autres de celles de Lesbos. Mais la plus grande
partie alla dans le pays des Dodonéens , leurs alliés»
Se y demeurèrent jusqu'à ce que , devenant à charge
au pays par leur grand nombre , ils furent confeillé»
par l'oracle de paffer en Italie, appellée alors Satur-
niens traverferent la mer Ionienne ; Se laiflerent à l'em-
bouchure du Pô ceux qui n'étoient plus en état de les
fuivre. Ces derniers bâtirent une ville qu'ils nommè-
rent Sfin& du nom de l'embouchure du Pô , fur le
bord duquel ils avoient pris terre. Ils fe firent d'abord
craindre de leurs voifins , fe rendirent maîtres de la
mer : mais par la fuite ils furent chaffés de leur vil*
le, dont les Romains s'emparèrent , Se cette partie des
Pelasges cefia d'êrre connue en Italie. A l'égard de ceux
qui avoient pénétré dans les terres, ils paflerent les
montagnes, arrivèrent dans l'Umbrie, voifine du pay*
des Aborigènes , Se s'y rendirent maîtres de quelques
bourgades : mais en ayanr été chafles par les naturels
du pays, ils paflerent chez les Aborigènes avec les-
quels ils firent alliance. Cette alliance caufa un grand
changement en Italie. Les Pelasges Se les Aborigènes
fe trouvèrent aflez forts pour s'emparer d'une partie
de l'Umbrie , & de la ville de Crotone , dont ils fi-
rent une place d'armes ; même pour chafler les Sicu-
les , qu'ils obligèrent de pafler dans 1 ifle voifine ap-
pellée Sicanie, Se à laquelle ils donnèrent leur nom.
Ces premiers progrès des Pelasges furent fliivis d'au-
tres encore plus grands. Ils conquirent plufieurs vil-
les ; ils en bâtirent de nouvelles, Se devinrent fort puis-
fans dans le pays. Mais cette fortune ne fut pas de lon-
gue durée : affligés de diverfes calamités, Se fatigués
par les guerres continuelles qu'ils avoient fur les bras;
un grand nombre d'entre eux repana en Grèce, Se fc
disperfa en divers endroits : il n'en refta que très peu
en Italie , où ils fe maintinrent avec l'aide des Abo-
rigènes. Une grande partie des villes que ces peuples
avoient pofledées furent envahies par les Tyrrhéniensa
qui commencèrent à s'établir alors dans l'Italie. *■ Dio-
nif. Halicam. 1. i.p. x^Se feq.
PELASGIA, nom qui fut donné pendant long-rema
au Péloponnèfe. La Toscane , Se diverfes autres contrées
que les Pelasgi habitèrent , furent au/fi appellées Pe-
lasgia. Voyez. Pelasgi Se Pelasgiotis.
PELASG1CUM ARGOS : c'eft un des noms qui fuc
donné à la Theflalie. Elle en a fou vent changé, com-
me Pline , /. 4. (. 7. nous l'apprend Celui-là lui fufc
donné lorsqu'elle fut habitée par les Pelasgi, peuplée
de l'Argie. Voyez. Pelasgi»
PELASGICUS SINUS, golfe de la Theflalie, fut
la côte de la Phthiotide, félon Ptolomée, /. 3.C. 1 jrPline,
/. 4. c. 8. nomme ce golfe Pagasicus , du nom de la villa
Pagafa.. D'autres l'ont appelle Jolciacus Se Demetria-
cus . du nom de deux autres villes qui y étoient fi-
tuées.
PELASGIOTIS, ou Pelascis* contrée de la Thés-
falie , dont elle faifoit la quatrième partie , félon Stra-
bon , /. 9. pé 450. Son nom venoit des anciens peuples
Psi.as«i, qui l'avoient habitée. Elle s'étendoic ancien*
Tom. IV. Ttttt
882 PEL
nement jusqu'à la mer ;, mais dans la fuite la partie ma-
ritime de ceite contrée fut comprife fous la Magnéfie.
Les peuples s'appelloient Pelasgiot^e , Se Pcolomée,
i. }. c. i6,leui" donne les villes fuivantes :
PEL
Villes maritimes.
Villes dans les terres.
Magnifia ,
Sepias ,
Mantium ,
Jolcof.
Dolicha,
Azorium ,
Pytrmim ,
Gonnus,
Arrax ,
llegium ,
Scotyfa ,
Lariffa ,
Phaera?.
PELASGIS. Voyez. Pelasgia, Peiasgiotis, Pe-
XASGI.
PELAUQUE, Corben, & Beidat , bois de Fran-
ce , dans la maîtrife de l'ifle- Jourdain. Il elt de foixan-
te Se quatorze arpens quarante-cinq perches.
i.PELE, ou Pela, Etienne le géographe donne ce
nom à deux villes de la Theffalie , dont 1 une obéis-
foit à Eurypyle Se l'autre à Achille.
2. PELE , ifle fur la côte d'Ionie , proche de la
ville de Clazomène , félon Pline , /. 32. c. 2.
PELECANIA , lieu de la Bœotie , entre les fleuves
Cephife Se Melana : Théophrafte , /.4. c. 11. dit qu'il
y croifibit de beaux rofeaux.
PELECAS, ou Pelecantes , montagne de l'Afie
mineure, au voifinage de LVEolie, félon Polybe , /. j.
». 77.
PELECES. Etienne le géographe , in verbo Ev^vpi-
fa.), donne ce nom à une partie de la tribu Léonti-
de. Au lieu de Peleces , Phavorin écrit Pelex.
PELECUS , ville de la Libye , félon Etienne le géo-
graphe.
PELEGRINO , montagne de la Sici , dans 1 Va1
de Mazzara , fur la côte feptentrionale , près de la vil-
le de Païenne. Son ancien nom n'étoit pas Erota , com-
me le dit Corneille , qui cite Maty ; mais trtta ,
Eirtla , ou Erllm, , comme écrivent Polybe & Diodo-
re de Sicile. Cette montagne eft confidétable pour fa
hauteur , Se pour avoir fervi de retraite à fainte Ro-
falie , fille d'un roi d'Espagne. Elle vécut plufieurs
années dans une caverne , fous un rocher femblable
à la grotte de la Sainte Baume , en Provence. Après
qu'on a monté trois grands milles , on arrive à cette
caverne , & à l'entrée on trouve la maifon des pères
de l'Oratoire , qui deffervent la chapelle que l'on a
faite de cette caverne au fond de laquelle eft la figu-
re de la fainte. Ce lieu eft fermé de grilles de fer. On
voit à côté une fource , dont on dit que l'eau opère
de fréquens miracles. Il y a plufieurs tombeaux dans
cette grotte , & tous les dimanches on voit un grand
concours des habitans de la ville de Palerme qui y
. vont (a) en dévotion. Au deffus de ce rocher eft une
tour ronde , qui reflemble au Pilon de la Sainte Bau-
me de Provence , quoiqu'elle n'ait pas été bâtie pour
le même fujet , mais feulement pour y mettre garni-
fon de quelques foldats qui gardent les côtes de la
mer. Tous les foirs, lorsqu'ils n'ont appeiçu durant le
jour aucun vaiffeau corfaire, ils allument le feu d'as-
furance. Si au conttaire ils en ont découvert quel-
ques-uns, ils allument des feux qu'on peut nommer
feu de défiance , afin qu'on fe tienne fur fes gardes.
Il y a plufieurs hermitages aux environs de la fainre
caverne , & une belle galerie au lieu le plus proche
de la mer , où la montagne fe trouve escarpée en fa
çon d'une muraille fort haute; ôe l'on voit delà avec
plaifir tout ce qui fe paffe fur la mer. On a élevé
proche de cette galerie couverte , la figure de fainte
Rofalie : elle eft d'une hauteur fi prodigieufe , que
ceux qui partent le long des côtes de la mer , la peu-
vent voir aifémenr. Le corps de cette Sainte ayant été
trouvé dans cette grotte, fous le rocher, fut transpor-
té delà dans l'églife métropolitaine de Païenne , qui
l'a reconnue pour fa Patrone, Se qui célèbre fa fête
avec grande pompe le 4 de Septembre. 11 y va une
affluence de monde incroyable de, toutes les parties du
royaume. Atlas , Robert de Vaugondy. Corn. Dict. J011-
vin- de Rochefort , Voyage d'Italie &.de Malthe.
PELENAR1A, ville de l'Ethiopie, fous l'Egypte,
félon Pline , /. 6. c. ly. \Jn manuferit confulté par Or-
telius , Tbef. portoit Planaria pour Pelenuria.
PELENDONES, peuples de l'Espagne. Pline, /. 3.
c. 3. les comprend fous les Ccltiberes, Se ajoute, /. 4.
c. 20. que le fleuve Durius avoir fa fource chez eux.
Ptolomee, /. 2. c. 6. leur donne trois villes, favoir :
Vïfontium y Augufî ' obriga ,
Savia.
Une ancienne infeription , rapportée par Grnter , p.
1 1 1. n. 5. fait mention de ces peuples , Se écrit Pel-
lendones , au lieu que Pline Se Ptolomee difent Pe-
lendones.
Genio toci
Pellendones
Areacon.
PELERIN ( Le ) , bourg de France , dans la Breta-
gne , au bord de la Loire, à quatre lieues au-deffous
de Nantes , & à cinq au-defius de Paimbœuf. Ce bourg
elt confidéiable. Les bâtimens remontent la rivière jus-
que-là , Se on les y décharge pour porter les mar-
chandifes à Nantes. Ceft auffi le lieu où fe fait le ra-
doub des vaiffeaux , & où on les met en état de des-
cendre jusqu'à Paimbœuf, où on les charge des mar-
chandifes qui viennent de Nantes fur des gabarres.
PELERINAGE, nom que l'on donne à certains voya-
ges qu'on fait par dévotion. 11 vient du latin Pere-
grinativ , Se on l'a appliqué à ces voyages de dévotion ,
parce que le voyageur eft étranger dans les pays par
où il paffe. Les pèlerinages ont été autrefois en grand
ufage chez toutes les nations : ou prenoit même avec
certaines cérémonies l'habit de pèlerin, qui conillloic
particulièrement dans un bourdon 8e dans une escar-
celle. L'églife avoir fort approuvé la dévotion des fidè-
les pour certains pèlerinages fort longs , comme de
Rome , de Jérufalem , de Saint Jacques en Galice , Se
autres; mais aujourd'hui elle les condamne plus qu'elle
ne les approuve , parce que l'efprit de libertinage eft
le plus fou vent l'unique caufe de ces voyages.
PELERINE ( La ) , bourg de Fiance,' dans le Mai-
ne , élection de Mayenne.
PELESII , peuples qui ne font connus que par une
ancienne infeription d'une médaille recueillie dans le
tréfor deGoltzius, & où on lit ce motnEAHsinN.
PELEST1NI, peuples d'Italie, félon Pline, /. 3. r.
'14. qui les place dans l'Umbrie. On croit qu'ils habi-
roient dans le quartier , appelle aujourd'hui Plefteia ,
Se où eft la bourgade Piobigo. ' Or tel. Thef.
PELESTOTHRE. Voyez. Saiamis.
1. PELETHRON1UM, montagne de la Theffalie,
au voifinage du mont Pélion , félon Etienne le géogra-
phe. Lucain , Pharjal.l. 6. v. 386. parle des cavernes
de cette montagne dans ces vers :
Illtc Semiferof Ixionidas Centauroi
Fœtu Pelethrumii nv.be s e itdu in antr'tS.
2. PELETHRONIUM , ville de la Theffalie , fur la
montagne Pelethronnim , félon Ortelius qui cite Stra-
bon , /. 7. p. 299. 11 n'eft pas certain néanmoins que
le Pelethionium de Strabon foit une ville. Voici en en-
tier le paffage de cet ancien géographe : Altos item cul-
p./t , qui de Gereniii & Acajeno , de Ithaca Pago feu
Gtria, Pelethromo in Pelio, Glaucopio Athenis fclfa
fcnpfcrmt.
PELEX. Voyez. Peleces.
PEL1 , ifle delà Chine, dans la province d'Huquang,
prèsde la villede Chikiang. Elle elt formée par les eaux
du fleuve Kiang , & on lui donne cent ftades : du moins
c'eft ce que lignifie fon nom On prétend que c'éroir
autrefois un amas de quatre-vingt-dix neuf petites if.es ,
PEL
qui à mefure que les fables fe font accrus, Se que les
eaux fe font diminuées, font venues à ne plus for-
mer qu'une feule ifle, mais d'une grande étendue. *
Atlai Sinenfis.
PELIA, rivjere de la Toscane, félonies origines de
Caton. Ortelius , Thefaur. die d'après Léander que cette
rivière s'appelle aujourd'hui Paglia.
PELIAC£ RUPES. Voyez. Pelion.
PELIALA , ville de la Méfopotamîe. Ptolomée, /.
k.c. 18. la place entre Rh&fana Se Alvanis.
PELIAS , ifle fur la côte de Sicile , aux environs du
promontoire Drepanum , cité par Ortelius , Thefaur.
Il y a apparence que c'efl celle qu'on nomme préfen-
rement Colombara, vis-à visdeTrapani, & près de la
côte. * Atlas , Robert de Vaugondy.
PELICARO ; village du royaume de Naples , dans
la Balîlicate , fur la rivière de Sino. On croit que c'efl
l'ancienne Héraelée.
PEL1CE (La), Pellicea , abbaye d'hommes, en
France , de l'ordre de faim Benoît , dans le Maine , au
diocèfe du Mans , fur les confins du Perche , proche
la Ferté-Bernard , fondée l'an 1205, par Bernard delà
Ferté. L'abbé jouit de ;ooo liv.
PELIEU , ville de la Chine , dans la province de
Quangfi , au département de Gucheu , cinquième mé-
tropole de la province. Elle efl de 7 deg. 40 minutes
plus occidentale que Péking, fous les 23 deg. 35 min.
de latit. feptentrionale. * Atlas Sinenfis.
PELIGNI , peuples d'Italie. Strabon , /. j. dit que le
Sagrus les féparoic des Marrucini, Il n'eîl pas sûr ,
dit Cellarius, Geog. ant. I. 2. c. 9. qu'ils s'étendiiTent
jusqu'à la mer , & l'on fait feulement qu'ils avoient un*
pott à l'embouchure du fleuve Aiernus , qui leur étoit
commun avec les Marrucini Se les Veflini, Mais Cella-
xius n'avoit pas pris garde apparemment que Ptolo-
mée, /. 3. c. I. donne deux places maritimes aux Peli-
gni , favoir , Sari Fluvii OJiia , Se Orton. Dans les
terres ils avoient, félon Ptolomée , deux villes qui
croient Çurfelinium Se Sulmo , à quoi on peut ajouter
une troifiéme ville que Pline nomme Super Equum.
Les Peligni eurent la gloire d'avoir Ovide pour com-
patriote , comme il le dit lui-même , Amor. lib. 3.
Eleg. 15.
Mantua Virgilio gaudet , Verona Catullo ,
P cligna dicar gloria Gentis ego.
PELINjEUS. Voyez. Pellen^um.
PELlNNA.Foy^ Pellene.
1. PELION, Pelms, ou Pelios , montagne de la
Thefïalie , dans la partie orientale de la Magnéfie. Elle
s'étendoit le long de la Péninfule qui formoit le golfe
Pélasgique. Les poètes ont feint que le mont Pélion fut
mis fur le mont Ofïa par les Géans , lorsqu'ils voulu-
rent escalader le Ciel. C'efl ce que décrie Virgile dans
ces vers, Georg.l. 1. v. 281.
Terfunt conati imponere Pelio Ojfam ,
Scilicet atque Offg, fronàofum involvsre Olympum.
Et Horace, /. 3. Od. 4.
Fratresque tendentes opaco
Pelion impofuijfe Olympo.
On difoit que les Géans, anffi bien que les Centau-
res, avoient leur demeure dans cette montagne. Son
nom moderne eflPETRAS, félon Tzetzès, Chtliad, 6.
n. s.
2. PELION , ou Pelium , ville de la Thefïalie. C'efl
Homère, Catalog. qui en fait mention.
3. PELION , ou Pelium , ville de l'Illyrie, félon
Etienne le géographe. Voyez, l'article fuivant.
4. PELION , Pelium ou Pellium, ville des Daflaré-
tes. Tite-Live, /. 31. c. 40. dit qu'elle étoit avanta-
geufement fituée pour faire des courfes dans la Macé-
doine. Ortelius , Thefaur. a tort par conféquent de la
mettre dans la Macédoine. 11 n'ell pas le feul néan-
moins qui donne les Dafïarétes pour un peuple de la
Macédoine. Il y a apparence que c'efl la même ville
PEL 889
qu'Arrien , in Alcxandro , appelle Pcllion , Se qu'il pla-
ce fur le fleuve Erigon. Ce pourroit être aufïï la même
ville qu'Etienne le géographe place dans l'Illyrie , car
cet auteur étend l'Illyrie jusque dans ces quartiers.
y. PELION, ou Pelium nemus. C'efl Quintilien , L
5. c. 10. qui fait mention de cette forer.
PELISTHIM. Voyez. Palastina.
1. PELLA, ville de Macédoine , cV. qui devînt ca-
pitale de ce royaume ( a ) , après que celle d'Edefîc eut
ceflé de l'être. Pella étoit fituée aflea près de la mer ,
aux confins de l'Emathie. Hérodote, /. 7. c, 123. la
met dans la Bottieide , contrée maritime ; mais il a tort.
Et Ptolomée,/. 3. c. 13. a raifon de la placer dans
l'Emathie. Tite-Live, /. 44. c. ult. en donne la de-
feription. Le conful , dit-il , étant parti de Pydna , ar-
riva le lendemain devant Pella , qui avec raifon étoit
la capitale du royaume. Elle efl fur une élévation qui
regarde le couchanc d'hiver : des marais aufïï peu ac-
cefTiblcs en été qu'en hiver , à caufe de leur profon-
deur , l'environnent Se forment des lacs avec l'eau dont
ils regorgent. Dans ces marais même efl fituée la for-
terefle ; elle repréfente une ifle , Se efl bâtie fur une
élévation qui n'a été faite qu'avec des peines infinies ,
& qui fondent la mer, Se n'ell point du tout gâtée par
l'eau du marais qui l'entoure. De loin elle paroîr être
jointe à la ville : elle en efl néanmoins féparée par une
rivière qui coule enrre les murailles de l'une Se de l'au-
tre. Il y a feulement un pont de communication , en
fotte que pour l'afliéger on ne trouvoit accès d'aucun
côté. La rivière , qui couloir entre la ville Se la forte-
refle » fe nommoit Ludias, Loedias ou Lydius. Au lieu
de Pella , Pomponius Mêla , /. 2. c. 3. écrit Pelle , Se
lui donne les titres de Maxima Se d'Illu/Irii. Il ajoute
qu'elle devoir* fa grandeur à Philippe, vainqueur de là
Grèce , Se à Alexandre , vainqueur de l'Afie. Philippe
y avoit été élevé. En cette confidération , de petite
qu'elle étoit auparavant, il l'accrut tellement, qu'il en
fie une grande Se belle ville. Tite-Live., /. 51. c. 42.
l'appelle Vêtus Regia Mucedonum , parce qu'elle avoit
toujours été la demeure des rois de Macédoine depuis
Philippe, fils dAmyntas, jusqu'à Perses. Pline, /. 4.
c. 10. lui donne le titre de colonie Romaine; Se on a
une médaille d'Augulle ( b) , où ce même titre lui efl
donné. On y lit cette infeription , Col. Jul. Aug. Pell.
c'eil-à-dire , Colonia Julia Augufta Pella. Dans la fuite
elle déchut beaucoup de fa première fplendeur. Présen-
tement on nomme ce lieu rÀ n-tka-ritTia. , c'eft-à-dire , les
petits Palais. Sophien croit que Jenizar eil l'ancienne
Pella (c). Comme Alexandre étoit né dans la ville de
Pella, Juvenal , Satyr. 10. v. 168. pour défigner ce
prince , fe fert de ces mots de PelUus Juvenis.
Umts PelUojuveni nonfufficit or bis.
* ( a ) Cellarius , Geogr. ant. 1. 2. c. 1 3. ( £ ) Patin , p.
19;. ( c ) L. Holften , ad Ortel.
2. PELLA, ville de delà le Jourdain 'ta). Pline, /. 5.
c. 18. la mec dans la Décâpole, Se la loue à caufe de
fes belles eaux. Etienne la place dans la Célé-Syrie.
Tout cela n'a rien d'incompatible, non plus 'que ce
que d'autres difent , que Pella étoit dans la Pérée ,
dans la Batanée, dans le pays de Bafan (b). Peut-être
aufïï que quand Jofephe , Antiq. I. 13. c. 23. parle
de Pella, dans le pays de Moab, il veut marquer la
ville dont nous parlons, laquelle étoit fituée dans la
Pérée, dans la Batanée, dans le pays de Bafan, que
les profanes appellent quelquefois Célé-Syrie, Se dans
le pays qui appartenoit aux Ammonites, frères & al-
liés des Moabites ; à moins qu'il ne confonde Pella avec
Abyla du pays de Moab , nommé dans Moïfe Abel-
Sathim ( c) Se dans Jofephe , Antiq. I. 4. c. 7. Sel. $.
c. 1. de Bel. l.f.ç. 3. Abyla. Pella étoit entre Jabes Se
Gérafa , à fix milles de Jabes ( d ). Elle étoit aufïï du
nombre des dix villes connues dans les géographes, Se
même dans l'évangile, Mutt. IV. 2j. Marc. V. 20.
fous le nom de Décâpole. Jofephe, Antiq. I. 13. c\
23. raconte que les Juifs, fous le règne d'Alexandre
Jannée,étoient maîtres de Pella, & qu'ils la ruinèrent ,
voyant que fes habitans ne vouloient pas embrafler leui
Tvm. IV, T t x 1 1 ij
884 PEL
PEL
loi & leurs cérémonies. Les premiers Chrétiens ayant phe , au lieu de Pellene , dit Pellma. Elle croit fituée
appris de notre Sauveur , que la ville & le temple de
Jérufalem feroient détruits , fe retirèrent à Pella ( e ) ,
lorsqu'ils virent que le feu de la guerre contre les Ro-
mains commençoit à s'allumer. Saint Epiphane , de pon-
derib.& menfur.p. 171. dit que les disciples furent
avertis en révélation par un ange de s'y retirer. Cette
ville étoit du royaume d'Agrippa , qui n'entra point
dans cette guerre , fi ce n'eft pour aider les Romains
au fiége de Jérufalem. Je foupçonne que Pella tire fon
nom d'Abyla ou Abela. Il y a plus d'une ville du nom
d'Abyla ; mais celle dont je veux parler eft nommée dans
les géographes, Abyla delà Batanée , 8c dans l'écriture ,
Abel des vignes. Polybe , H'ift. /. 5. diftingue Abyla de
fur les confins du territoire de Sicyone. Gcnifie la nom-
me Cercobe ; le Noir l'appelle Zaracha , Ôc les habitans
Diacopton.
PELLENENS1S, fiége épiscopal , dans l'Euphraten-
fe : c'eft le concile de Carthage qui en fait mention. *
Ortel. Thefaur.
PE LLENII , peuples d'Italie , félon Lycophron cité par
Ortelius , Tbef. C'étoit une colonie de Grecs fortis de la
ville de Pellene en Achaïe.
PELL1DI , peuples de l'ifle de Sardaigne. Tite-Live,
/. 39. c. 40. les appelle Pellidi-Sardi.
PELLINA. Voyez. Pellene.
PELLlPAR10RUMVICUS,villagede la Judée. Guil-
Pella , puisqu'il dit qu'Antiochus le Grand prit Pella , hume de Tyr , /. 4. fait entendre qu'il étoit aux environs
Kamos , Géphros , Abyla , Gadara , &c. Etienne le géo- de Jérufalem
graphe dit que la ville de Pella a eu pour fondateur
Alexandre le Grand , apparemment en mémoire de la
ville de Pella , en Theflalie , où il avoit pris naiflance.
Abyla & Pella furent dans la fuite villes épiscopales de la
féconde Palefiine. Jofephe,^ Bello,l. i.c. 3. p. 833.
dit que Pella étoit une des fept toparchies de la Judée;
mais ailleurs, /. $. de Bello , c. 4. il la nomme Bet~
lephtepha; & Pline , /. 5. c. 14. lui donne le même nom.
On ne fait où étoit Betlephtepha. Le nom de Pella n'eft
pas dans l'écriture. * (a) D. Calmet , Dict. hift. t. 2. p.
167. (b) Epiphan. de Harref. 1. 1. p. 116. (c) Num.
33, 49. ( d ) Eufeb. ad vocem 'Ap/<r&i£. ( e ) Enjeb. Hift.
Eccl. 1. 3.C j.
3. PELLA, ville de la Theflalie, félon Etienne le
géographe , qui en met aufli une dans l'Achaïe. Il con-
noît encore une ville 8c une montagne de même nom
dans l'Ethiopie.
PELLACONTA, fleuve de la Méfopotamie, félon
Pline , /. 6. c. 16. Le père Hardouin remarque que ce
fleuve fe jettoit dans l'Euphrate presque cinq cens ftades,
au deflus de Séleucie. Il ajoute qu'il étoit aufli éloigné
de Bahylone, du côté du nord, que le fleuve Palla-
copas en étoit éloigné du côté du midi. Cependant Ar-
fien , de Exped. Alex. I. 7. ». 11. dit que le Pallaco-
pas étoit à près de huit cens flades de Babylone. Or-
telius confond ces deux fleuves.
PELLACOPAS, fleuve de la Méfopotamie. C'eft
plutôt un des lits de l'Euphrate, ou un canal creufé de
main d'hommes , ôc qui n'a point de fource. Arrien ,
de Exped. Alex. I. 7. n. 21. en donne une ample de-
feription.
PELLAEUS PAGUS. Alexandre, félon Pline, /. 6.
c. ij. donna ce nom au canton où étoit fituée la ville
d'Alexandrie qu'il bâtit à l'embouchure du Tigre , & qui
fut depuis nommée Charax.
PELLANA , ville de la Laconie. Paufanias, /. 3. c.
21. dit qu'il y avoit deux chofes remarquables dans
cette ville , favoir le temple d'Esculape & la fontaine
Pellana. On rapporte , ajoute-t-il , qu'une fille étant
allée pour y puifer de l'eau , & y étant tombée , on
trouva fon voile dans une autre fontaine, appellée Lan-
ce A. Polybe , /. 4. n. 81. nomme cette ville Pellene ôc
Tripolis , félon Ortelius , Thefaur. qui fe trompe. Poly-
be ne dit pas Pellene 8c Tripolis , mais Pellene en
Tripoli.
PELLANA Se Pallene, Tille de l'Arcadie , félon
Pline , /. 4. c. G.
PELL AON ! ville d'Italie , au delà du Pô. Pline , /. 3 .
c. 1 9. qui en fait mention , dit qu'elle ne fubfiftoit plus
de fon tems.
1. PELLENA , ville de l'Argie, félon Ortelius,
Tbef. qui cite Hefyche.
2. PELLENA. Voyez. Vivariense Monaste-
rium.
1. PELLEN/EUM , ou Pellenvïus Mons, monta-
gne de l'ifle de Chios , félon Pline , /. 5. c. 51. & Etien-
ne le géographe , in verbo nî'hmct. Denis le Periégéte ,
verf- 5î5' fait auflî mention.de cette montagne , ôc
Strabon, au lieu de Pellemais , dit Pelinms.
2. PELLEN^UM, ville de la Pelasgiotide , félon
Ortelius, Thefjur. qui cite Tite Live, /. 36. c: 10. mais
je trouve que Tite-Live écrit Vellln&um.
PELLENE , ville de l'Achaïe Propre. Ptolomée , /.
3. c. 16. la place dans les terres. Etienne le géogra-
PELLISSE ( La ). Voyez. Pelice.
PELL1UM. Voyez. Pelion.
PELLORIA. Voyez. Azotus.
PELO , montagne de la Chine , dans la province de
Quangfi , près de la ville de Hiaxe. Cette montagne eft
très agréable & toute couverte d'arbres fort vieux. * Atlas
Sinenjis.
1. PELODES , nom grec , qui fignifie Va/eux. On l'a
donné à quelques golfes , à caufe que leur fond étoit de
vafe.
2. PELODES , port de l'Epire , félon Strabon , /.
7. p. 3 24. Ptolomée , /. 3 . c. 1 4. le place entre le golfe des
Buthrotori, & les promontoires Thyamis.
3 . PELODES , nom d'un golfe , fur la côte de la Sufia-
ne , félon Ptolomée , /. 6. c. 3.
PELON , fiége épiscopal , au voifinage de la Syrie
Creufe. La notice du patriarchat de Jérufalem met ce fié-
ge fous la métropole de Scythopolis.
PELONTIUM , ville de l'Espagne Tarragonnoife. Pto-
lomée , /. 2. c. 6. la donne aux Lungones.
PELOPE , village de la Lydie. Etienne le géographe
le met aux confins de la Phrygie.
PELOP1A. Voyez. Péloponnèse &Thyatira.
PELOPIS. Paufanias, /. i.c. 34. dit qu'on donnoit ce
nom à de petites ifles du Péloponnèfe , vis-à-vis de Mé-
thana , 8c que ces ifles étoient au nombre de fept.
PELOPONNESE , Peloponnefus , aujourd'hui la Mo-
rée. C'eft une grande presqu'ifle, qui faifoit la partie mé-
ridionale de la Grèce, & qui étoit jointe à la feptentrio-
nale par l'ifthme de Corinthe. Ce pays n'eut pas toujours
le même nom : il fut appelle Appia fous le règne d'Ap-
pius ; Pe lasgia fous celui de Pelasgus : Argos fous celui
d'Argus, & enfin Péloponnèfe fous Pelops. J'ai décrit fes
révolutions à l'article Grèce. Voyez. Grèce.
Le Péloponnèfe a été divifé par les anciens , fuivant le
nombre de fes peuples & de fes villes ; ce qui a beaucoup
varié , les peuples ayant changé , & les villes n'ayant pas
toujours été les mêmes. Ptolomée, /. 3. c. 16, y com-
prend même la Corinthie & la Siconie ; mais Pomponius
Mêla , /. 2. c. 3. partage cette péninlule feulement enfix
contrées principales , qui font :
L'Argolide,
La Laconie ,
La Meflenie ,
L'Elide ,
L'Achaïe ,
8c l'Arcadie.
PELORIAS. Voyez. Pelorus.
PELORIS , ifle dont fait mention Phavorinus dans fon
Lexicon.
PELORUM , fleuve d'Ane , dans l'Ibérie , félon Dion
Caflius, /. 36. p. 29.
PELORUS, Pelorum, Peloris &Pelorias. Cor-
neille , Dïll. dit: L'un des trois caps de la Sicile, qui eft.
au feptentrion de l'Italie. Eft-ce la Sicile qui eft au fepten-
trion de l'Italie ? Eft-ce le cap Pelorus ? Ni l'un ni l'au-
tre ; car la Sicile eft au midi de l'Italie , & le promontoi-
re Pelorus à l'occident. Ce promontoire forme la partie
la plus orientale de la Sicile , du côté du nord , 8c il dé-
fend en quelque manière lepalùçe du Fare de Mefline.
Les Grecs 8c les Latins lui ont donné le même nom. De-
nis le Périégete , v. 472. dit que le promontoire Peloris
regarde l'Aufonie -, 8c Polybe , /. 1. r. 42". qui écrit Pelo-
rias, dit que c'eft le promontoire feptentrional. Ovide ,
Silius Italicus , 8c divers autres auteurs parlent de ce
PEL
promontoire. Le premier dit , Metamorph. lib. 13.
v. 726.
PEM 885-
• • • • •
at Arclon
JEquorïs expertemfpeclat Boreanque Pehros*
Et Silius Icalicus, /. 14.V. 79.
Celfus arcnofo tollit fe mole Pelorus.
Servius fait une remarque fur ces vers de Virgile , M'
ticui. I. 3. v. 410, 411.
Aft ubi digrejfum SicuU te admoverit or*
Ventus , & angujli rarestent clauftra Pelorh
Il dit, que félon Salufte , le promontoire Pelorus fut ainfi
nommé d'un pilote qu'Annibal tua, croyant qu'il le ira-
hiflbit. J'ai pourtant lu , ajouter il , que ce promontoire
avoit le nom de Pelorus avant cette époque. Quoiqu'il en
foit, on dit qu'Annibal répara fon erreur , en faifant éle-
ver au bord de la mer une ftatue qu'il fît appeller 1 elore,
du nom de ce malheureux pilote. Onl'appelleaujourd nui
Cabo de la Torre di Faro , à caufe de la tour du Fare de
Mefline, fituée à l'extrémité de ce promontoire, fur une
longue pointe allez bafle.
PELSO. Voyez. Peiso.
PELT/£ , ville de la Grande Phrygic. Strabon , /. 1 1. p.
J77. Prolomée, /. j. c. 2. & Etienne le géographe, par-
lent de cette ville , de même que Xénophon, de exped.
Cjrï , /. 1 . On l'appelle préléntement Feltï , à ce que dit
Leunclavius. Cette ville écoit épiscopale : Tbeodorui , fon
évèque, nommé tpiscopus Peltarum,tifliL\z au fynode de
Ti Lille , in Trullana fynodo.
PELTENI, peuples de la Lycaonie, oude quelque con-
trée voifine , félon Pline ,L <.c. 27. Ils font placés au mi-
di des CydiJJes par Ptolomée , /. f . c. 2. mais fes interprè-
tes écrivent Spelteni pour Pclteni.
PELTINUS CAMPUS , campagne de l'Afic Mineure ,
aux environs de la Lydie. Strabon , /. 1 $. fub finem , dit
que de fon teins on l'appelkit Pbrygia. Campus. Peut-être
l'ancien nom venoit-il de celui des peuples Pelteni, qui
habitoient dans ces quartiers. Voyez. Pelteni.
PELTU1NATES, peuples d'Italie , félon Pline, /. 3. c.
12. Sur une ancienne infciiption rapportée par Gruter,p.
443. ils font nommés Peltuini.
PELU . ifle de la Chine, dans la province de Nan-
king, fur le fleuve de Kiang.au midi delà ville de Kian-
gnin. Cette ifle eft célèbre , parce que ce fut dans fon voi-
finage que les armées des provinces méridionales furent
taillées en pièces fous la famille Sunga. * Adas Sinen-
PELU A , villcdel'lllyrie. L'itinéraire d'Antoninla met
fur la touteàc Sirmiumk Salon jc, entre Salvia 8c Aequum ,
à dix-huit milles de la première , & à dix-fept milles de
la féconde. Il y a des exemplaires qui lifent Peham pou*
Pelua.
PELUIM. Voyez. Pelua.
1. PELUS, ifle voifine de celle deChio , félon Etien-
ne le géographe.
2. PELUS, montagne de la Toscane. Il en cft parlé
dans les origines de Caton. Baudrand , Diit. croit que c'eft
aujourd'hui la montagne Paglia , entre le Tibre, le Ga~
rigliano , 8c le lac de Perugia.
3. PELUS, torrent de la Sicile, félon Ortelius, Tbef.
qui cite Stobée.
PELUSIACUM OSTIUM. Voyez. Pelusium.
1. PELUSIUM , ville de la Bade-Egypte, à l'embou-
chure du bras le plus oriental du Nil , 8c le plus voifin de
laPaleftine. Elle étoit comme la clef de l'Egypte du côté
de la Phénicie 8c de la Judée. Ezechiel , c. 3 o. v. 1 $ & 1 6.
en parle fous le nom de Sin , 8c il l'appelle h force de
l'Egypte y ou le rempart de l'Egypte. L'Hébreu iï», qui
lignifie de la bouc , revient fort bien au grec Pelufiwn ,
qui dérive de Felos , 8c qui a la même fignification. Les
Septante ont lu Sais , au lieu de Sin , dans l'endroit cité
d'Ezechiel. Strabon , /. 1 7. p. 802. dit que la ville de Pelu-
fium étoit environnée de lacs, qu'on appelloit Baratbra,
& de quelques marais. Il la place à plus de vingt ftades de
la mer , 8c il donne à fes murailles un égal nombre de fta-
des de circuit. Elleelt mifedans l'Auguftamnique par Am-
mien Marcellin , /. 22. c. 16. qui veut qu'elle ait été bâ-
tie par Pelée ; mais tout le monde n'en convient pas Elle
fut fouvent affiégée 8c prile, quoique difficilement. On
s'attaquoit d'autant plus a cetie place, qu'elle donnoit , à
ceux qui en étoient les maîtres , l'entrée libre dans l'Egvp-
te. L'embouchure la plus oiientaledu Nil prenoit fon nom
de cette ville. Lucain dit :
. . . dividui pars max'ima Nili
In vada decurrit Pelufia ifeptimus amnis.
Claude Ptolomée , mathématicien célèbre , étoit de
Pclufium ; mais il fixa fon féjour à Alexandrie. Il vivoic
dans le fécond fiecle. Les ouvrages qu'il a laiiïe s lui ont
acquis une giande réputation. La géographie fur-tout lui
doit beaucoup. Pdufinm eft aujourd hui Be'bais , village.
Voyez, ce mot. Ccrte ville étoit épiscopale. Duro'.hcus , fon
évêque, affilia au concile de Nicéede L'an 325, & P.incra-
tins à celui de Séleucie , l'an 359. Elleaéteenfuite métro-
pole. * D.Calmet , Dicl.
2. PELUSIUM, port delà Theflalic , félon Etienne le
géographe.
PELUSIUS MONS , montagne de l'Egypte. Si.néort
le Métaphraile en parle dans la vie de faint Epima-
que.
PELYSS , Pelyssa , ou Pissen, perite ville de la Bas-
fe-Hongrie , proche du Danube, entre Strigonie ou
Gran au nord , Bude ou Onen a l'orient , 8c Albe Roya-
le au midi , à peu près a égale diftance de chacune de ces
places. Elle elt le chef-lieu d un comté , auquel elle don-
ne fon nom.
PE MANG , montagne de la Chine, dans la province
d'Honan , au nord de la ville de ce nom. Cette montagne
eft très-grande : elle s'étend jusque dans les pays de Jeu-
di, de Cung 8c de Mengein. * Allas Sinenfis.
1. PEMBA , ifle de la mer des Indes, pioche de la côte
orientale d'Afrique , vis-à vis la baie de Saint Raphaël,
fur la côte de Melinde. Elle eft fituée à 4 deg. 50 min. de
latitude méridionale , fous les 56 deg. 30 min. de longi-
tude, vers l'orient méridional de la ville de Monbaza.
L'ifle de Pemba a le titre de royaume. * Atlas , Robert de
Vaugondy .
2. PEMBA , ou Pembo . province d'Afrique, au royau-
me de Congo , où elle a le fixiéme rang. On la nomme
autfi le Marquifat de Pemba. Elle eft au centre de l'état,
& de petite étendue à la vérité , mais considérable par l'a-
vantage qu'elle a d avoir toujours été le berceau , le trô-
ne & le fépulcre de tous les rois de Congo , foit Chré-
tiens , foit Idolâtres. Le nom de Pemba fe donne aulfi à
la ville de Banz.a , capitale , où réfide le viceroi , ou ,
pour parler plus jufte , le gouverneur générai du marqui-
fat. * Labat , Ethiopie occidentale , t. 1 . p. 37.
PEMBR1DGE , bourg d'Angleterre , dans la pro-
vince de Hereford. On y tient marché public. * Etat
préfent de la Grande Br. tagne , /. 1 .
1. PEMBROKE , ville d'Angleterre , au pays de Gal-
les , capitale du Pembrokeshire , à cent quatre-vingt-
quinze milles de Londres : elle eft fituée fur une longue
& étroire pointe du havre de Milford , la mer , à cha-
que marée, mouillant les murailles de la ville. Elle en-
voie deux députés au parlement. Pcmbrokc a deux pa-
roifles , & eft fortifiée d'un château , dans lequel Henri
VII naquit. Cette ville étoit autrefois un Comté Palatin ,
8c porta toujours ce nom-là jusqu'au règne de Henri
VIII : mais depuis ce tems là les comtes de Pembroke
n'ont été que titulaires. * Etat préfent de la grande
Bretagne , t. 1. p. 144.
2. PEMBROKE. Voyez, au mot Cap, l'article Cap
de Pembroc.
PEMBROKESHIRE .province à l'occident de celle
de Carmarden , dans le diocèfe de Saint David. Elle a
quatre-vingt-treize milles de rout , 8c contient environ
quatre cens vingt mille arpens, 8c quatre mille trois cens
vingt-neuf mailbns. La mer l'environne presque de tous
côtés. Elle eft fertile par-tout •, mais à l'eft le pays eft le
plus agréable. Une partie fut peuplée par les Flamands
fous le règne de Henri I. Cette province contient qua-
rante-cinq paroilTes, neuf villes de marché , 8c cft fameu-
fc pour fon grand havre , appelle Milfordhaven , dont
886 PEN
PEN
j'ai parlé à fon article. Au lieu de bois on fe fert , poul-
ie chauffage , de Culm : c'eft la poufliere du charbon de
terre, qu'on mêle avec du limon ou de la boue', on
en fait de groffes balles qui brûlent fans faire presque
de fumée , & chauffe fort bien. C'eft le meilleur chauf-
fage pour brûler de la chaux , fécher l'orge pour faire
la bière. * Etat préfent de la Grande Bretagne , t. t.
p. 143.
PEME , ville d'Egypte. L'itinéraire d'Antonin la met
entre Memphis ôc Ifiu , à vingt milles de la première ,
ôc à égale diftance de la féconde. Un manuferit porte
Pêne au lieu de Peme > ôc Jérôme Surica voudroit lire
Pempte , avec Etienne le géographe. Ne feroit-ce point ,
dit Ortelius , Tbef. la même ville qui eft appellée Pea-
tnum dans la notice des dignités de l'Empire ?
PEMMA , ville de l'Ethiopie , fous l'Egypte , félon
Pline , /. 6. c. 29.
PEMOLISSA ôc PEMOLIT1S. Voyez. Pimousena.
PEMSEY , bourgade d'Angleterre , dans la province
de Suffex , aux confins de Pevenfey Mershe,& de Ha-
ftings Râpe , vers l'embouchure d'une rivière qui fe jette
dans la mer , & qui forme un havre en cet endroit. Ce
havre, qui porte le même nom que la bourgade, eft
celui où Guillaume le conquérant fit fa descente pour
la conquête de l'Angleterre. L'hiltoire dit qu'il avoir une
flotte d'environ neuf cens voiles. L'état préfent de la
Grande Bretagne, t. 1. p. 118. appelle ce havre Pe-
venfey.
PEMTE , ville de l'Egypte , félon Etienne le Géo-
graphe.
PEMTEGOUET. Voyez. Pentagouet.
PENAFIEL. Voyez. Pegnafiel.
PENA-GARCIA , petite ville de Portugal , dans la
province de Beira. Elle eft fituée fur les confins de
l'Eftramadure Espagnole. Philippe V la prit en 1704,
mais il fe retira à l'approche des alliés.
PENALVA , ville de Portugal , dans la province de
Beira. Elle eft fituée fur une colline , à trois lieues de
Coimbre, ôc défendue par un château. Ses habitans ,
qui ont droit de députer aux états, font au nombre de
fix cens. De rifle, Sanfon , & le père Placide ne font
aucune mention de cette ville. * Corn. Diét. Defcr. Su-
Ynaria del Reyno de Portugal.
PENAMACOR. Voyez. Pegnamacor.
PENARENSIS URBS, ville de Syrie. Surius en par-
le dans la vie de faim Jean le Syrien. Peut-être ce mot
Penarenfis eft-il corrompu de celui de Pinarenfis , for-
mé de celui de la ville Pinara.
PENAUT1ER , ville de France , dans le Languedoc ,
recette ôc diocèfe de Carcafibne. Voyez Podium Nau-
farium. Penautier eft une ancienne baronnie ; on y voit
"une très-belle maifon de campagne fur la rivière de
Fresquet.
PENCALA. Voyez. Peucella.
PENDARACHI, ou Penderachi. Voyez, Héra-
CLÉE , 11. 2J.
PENDELI, ou Penteli , montagne de l'Attique,
dans le voifinage d'Athènes, qu'on voit de-làau nord-
cft. Au pied de cette montagne eft un monaftere du mê-
me nom , l'un des plus célèbres de toute la Grèce. Il eft
compofé de plus de cent Caloyers , & d'un plus grand
nombre d autres perfonnes, qui ont-làdes revenus fort
confidérables. Ils payent tous les ans de carach ou de
tribut fix mille livres pefant de miel pour la mosquée
neuve que la fultane, mère de l'empereur Mahomet IV ,
a fait bâtir à Conftantinople ■■, ils font obligés d'en four-
nir encore autant , à raifon de cinq piaftres le quintal.
Ils ont rarement moins de cinq mille eflains d'abeilles,
outre beaucoup de terres labourables , ôc des troupeaux
de brebis , ôc d'autre bétail , avec de grands vignobles ,
& quantité d'oliviers. La fituarion de ce monaftere eft
fort agréable pendant l'été , à caufe qu'il eft entre les
croupes de la montagne , d'où fortent plufieurs ruiffeaux
qui fc rendent dans des réfervoirs, pour conferver du
poiffon , ôc pour faire tourner les moulins. Ce couvent
eft environné de différens arbres qui le garantifiént de
l'ardeur du foleil pendant l'été , ôc lui fourniffent du bois
pour fe chauffer pendant l'hiver. Il y a une affez belle
bibliothèque , dont la plupart des livres font manuferits,
ôc ils confiftent en un grand nombre de volumes des
pères Grecs. Wheler^ voulant voir les carrières de mar-
bre blanc & les grottes de congélations creufées dans les
côtés de la montagne, il monta environ demi lieue au
nord du couvent , Ôc ayant traverfé un petit ruiffeau ,
qui n'en eft pas éloigné , il trouva beaucoup de caver-
nes ou petites cellules , incruftées àz congélations
dignes d'écre vues. * Webler > voyage d'Athènes , /. j.
p. 265.
Quelques-unes brillent comme des diamans ; ôc quand
on les rompt , elles fe lèvent en feuilles comme le
talc ; d'autres paroiffent comme des verdures ou bois
éloignés. Il descendit dans une d'environ vingt bras-
fes , par un chemin étroit ôc obJcur , où il y a une
fontaine , qu'on dit être fi fraîche l'été , qu'il eft im-
polfible d'y tenir la main quelques momens. On croie
que les anciens chrétiensavoientaccoutumé de fe cacher là
pendant le temsde la perfécution. Cette montagne eft un
rocher entier de marbre blanc , ôc on y voit les car»
rieres d'où on le tiroit pour les bâtimens d'Athènes ,
ôc ainfi on ne doute point que ce ne foir la monta-
gne Pentelicus , dont Paufanias vante fi fouvent le mar-
bre. A une lieue ôc demie de Pendely il y a un villa-
ge appelle Gevi/îa , ou Cefifia. Héiode Atticus y avoit
une maifon de plaifance. Ce village eft fitué fur un
ruiffeau qui vient du mont Pendely , ôc qui tombe dans
le Cephilus. On y découvre quelques anciennes mu-
railles de marbre proche d'une mosquée.
Spon , Voy. de Grec. t. 2. p. 70 , qui a anflî
été fur les lieux nous a donné une petite differtatiort
pour fauteur d'Athènes ancienne & moderne. L'auteur ,
dit-il , a pris la montagne de Saint George (Agios Geor-
gios) pour le mont Pentelicus , où eft le monaftere de
Medelly ou. Pendeli , ôc le mont Pentelicus pour l'An-
chesmus. Mais il fe trompe -, car Agios Georgios , n'eft
point le Pentelicus, puisqu'il ne s'y trouve aucun en-
droit d'où l'on ait tiré du marbre ; ce qui eft facile à voir
parce que c'eft une montagne très-petite & fans arbres,
ôc que l'on peut voir route d'un coup d'œil , lorsqu'on
eft au-deffus. Aufli Paufanias dit que l'Anchesmus eft
une montagne, qui n'eft pas à la vérité bien grande;
ôc il femble qu'il veuille dire par-là qu'il doute fi on
la doit appeller une montagne plutôt qu'une éminen-
ce ou un rocher. Strabon tout exacT: géographe qu'il
eft, en faifant mention des montagnes de l'Attique,
ne parle point d'Anchesmus , qui ne méritoit pas le nom
de montagne par fa petitefïe. Mais ce n'eft pas delà ,
pourfuit Spon , que je tire mon plus fort argument :
il faut quelque chofe de plus folide. Je dis donc que la
monragne qui eft fur le chemin de Raphly à Athènes,
un peu fur la droite , ou, fi l'on veut, celle où eft le
monaftere de Medelly , que de la Guilleriere ap-
pelle le mont Anchesmus , à deux lignes d'Athènes ,
eft fans contredit le Pentelicus par deux raifons que
l'on ne peut contefter. L'une eft le nom même de ïew
teli qui lui refte à préfent ; car ce ne font que les
Francs, ou quelques-uns du vulgaire parmi les Grecs
qui prononcent Mendely ou Medelly , qui n'eft pour-
tant que le même mot corrompu. En fécond lieu, le»
carrières d'où l'on a autrefois tiré le marbre pour les
temples d'Athènes , font une autre preuve. On les trou-
ve une demi-lieue plus haut que le couvent : ainfi ce
que j'avance n'eft pas une fimple conjeelure , mais une
chofe de fait.
f ENDENYS , château d'Angleterre , dans la provin-
ce de Cornouaille. 11 eft fitué fur la côte occidentale
^du golfe de Falmouth, dont il défend l'entrée, avec
le château du Mozeca , qui eft fur la côte oppofée.
* Atlas, Rob. de Vaug.
1. PENE. Voyez. Peine.
2. PENE ou Penne, ville de France, dans le Lan-
guedoc , recette d'Alby. Elle eft fituée près de l'Avey-
rou , avec un bon château. Elle n'a qu'une rue qui va
haut & bas ainfi que fon fauxbourg.
3. PENE, rivière d'Allemagne: elle a fa fou rce dans
le duché de Mecklebourg , un peu au deffus de Gruben-
hagen. Son cours eft de l'occident à l'orient en ferpen-
tanr. Après avoir traverfé deux lacs, elle entre dans la
Poméranie,où elle baigne Demmin, Loitz , GutskoW,
ôc Anclam : enfuite elle va fe joindre à la branche
occidentale de l'Oder, qui prend le nom de Veneou
PEN
PEN
Tfin 8c baignant Laffan & Wolgalis, entre lesquelles
elle forme un grand lac , elle va le décharger dans la
mer Balrique , vis-à-vis de l'ifle de Ruden. * Atlas , Rob.
de Vaug.
a. PENE, petite ville de France dans l'Agenois, fur
la rive gauche du Lot , avec un château autrefois très-
fort.
PENE DI BILLI, bourgade d'Italie, dans le duché
d'Urbin, vers les confins des terres du grand duc ,
dans le pays de Monte-Feltro , au midi de S. Léo ,
dont elle eft éloignée d'environ cinq milles. Le pape
Pie V y établit en 1/71 la réfidence de l'évêque de
Monte-Feltro. * Magin , carte du duché d'Urbin.
Baudrand , Did. éd. 170J.
PENEDA, village de Portugal, dans la province de
Tra los Montes , fur le bord de la rivière de Cavado ,
près de fa fource , un peu au-deffous de Montalegre.
On la place environ à douze lieues de Braga du co-
te du nord oriental. Il y en a qui prennent ce villa-
ge pour l'ancienne ville Pinetus.
PENESE, Balestra , ou BalistA : c'eft une par.
lie du mont Apennin entre l'état de Gènes 8c le val
de Taro. Voyez. BalistA. * Baudrand, Dict. éd. 1705.
PENEST^E , peuples de la Theflalie , félon Ortelius,
Tbef. qui cite Etienne le géographe 8c Athénée , /. 6.
PENEST^-ILLYRII , peuples de l'Illyrie. C'eft
Tite-Live, /. 44. c. il. qui en fait mention.
PENETES, Penetale , monaftere de France dans la
Haute-Bretagne , aux extrémités du diocèfe de Rennes ,
Geugr. de Legen.
1. PENEUS, fleuve de la Theflalie, au travers de
laquelle il couloir % félon Scrabon , /. 9. Pomponius
Mêla , /. 2. ç% 3 . dit qu'il féparoit la Theflalie de la
Phthiotide, & Ptolomée , /. 3. c. 13 veut qu'il fépa-
rât la Theflalie de la Pelasgiotide ; mais ces deux géo-
graphes entendent feulement parler de la Theflalie pro-
pre que Strabon appelle Theflâliotide. Ce fleuve avoit
ht fource dans le mont Findus ; il couloit d'orient en
occident en ferpentant ; 8c après s'être accru des eaux
de diverfes rivières, il fe rendoit dans la vallée de
Tempe , pour aller enfuite fe jetter dans le golfe Ther-
maïque , entre le mont Olympe 8c le mont Ofla. Le
Penée eft célèbre chez les poètes qui ont feint que
Daphnc , fille de Perlée , fut métamorphofée en laurier.
Cela vient du grand nombre de lauriers qui étoient
fur fes bords. On y en voit encore aujourd'hui une
grande quantité. Il a perdu fon ancien nom. On l'ap-
pelle préfentement Selambria. Voyez. Selambria.
2. PENEUS, rivière du Péloponnéfe , dans l'Eli-
de. Elle avoit fon embouchure fur la côte occidenta-
le, entre la ville Cyllene 8c le Promontoire Chelona-
ta , félon Strabon, /. 8. p. 338. Thevet 8c Niger di-
fent que le nom moderne de cette rivière eft Igliaco.
3. PENEUS , fleuve de la Sicile , félon Ortelius, qui
cite le Scholiaile de Théocrire.
4. PENEUS. Strabon, /. n. p. 531, dit que ce
nom fut donné à l'Araxe, fleuve de l'Arménie , à cau-
fe de la reffemblance qu'il avoit avec le Pénée de
Theflalie.
PENG , ville de la Chine , dans la Province de
Suchuen, au département de Chingtu, première mé-
tropole de la province. Elle eft de 12. d. 49 m. plus oc-
cidentale que Peking , fous les 31. d. 4jm.de latitude
feptentrionale. * Atlas Sinenfts.
PENGCE , ville de la Chine , dans la province de
Kiangli , au département de Kieukiang , cinquième mé-
tropole de la province. Elle eft de 10 d. f 4 m. plus oc-
cidentale que Peking, fous les 30. d. 43 m. de latitude
feptentrionale. * Allas Siwnfa.
PENGLY , lac de la Chine. Voyez. Poyang.
PENGXAN , cité de la Chine, dans la province de
• Suchuen , au département de Muicheu , féconde gran-
de cité de la province. Elle eft de 12 d. ;6 m. plus oc-
cidentale que Peking, fous les 30 d. 20 m. de latitude
feptentrionale. Atlas Swenfis.
PENGXUI, ville de la Chine, dans la province de
Suchuen , au département de Chungking , cinquième
métropole de la province. Elle eft de 9 d. 30 d. plus
occidentale, que Peking, fous les 29 d. 57 m. de la-
titude feptentrionale. * Atlas Sinenfîs.
887
PENICH , ou Penick, bourgade d'Allemagne, dans
la Haute-Saxe , au marquifat de Misnie , fur le bord de
la rivière de Mulde , entre Rofsburg au nord, 8c Hoens-
tein au midi , environ a trois milles d'Allemagne de la
ville d'Altenbourg , en tirant vers le levant. On y fait de
belle poterie.
PENICHE , ville de Portugal , dans l'Eftramadure >
au nord du Tage , fut le bord de la mer , à l'occident
d'Atouguia , & à douze ou quatorze lieues de Lifbonne.
Elle eft fituée dans une presqu'ifle environnée de rochers
de tous côtés, 8c qui fait un cap auquel elle donne te
nom. Cette presqu'ifle eft féparee du continent par un
canal de cinq cens pas de large , qui eft guéable lors-
que la marée eft baffe , mais qui fe remplit entière-
ment dans le tems de la pleine mer ; tellement que Pé-
niche devient alors une ifle, où Fon ne peut aborder
qu'avec des bateaux. La mer forme en cet endroit un
port fort bon 8c très-important. 11 eft fortifié de fix
pans de murailles , auxquelles on a attaché trois baftions
8c deux demi-baftions. La ville eft fermée de bonnes
murailles couvertes de quatre tenailles. Outre tous ces
ouvrages , Péniche 8c fon port font encore défendus
par une bonne citadelle 8c par un fort carré, que
Philippe II fit bâtir après la conquête de Portugal.
Cette place a un gouverneur avec une gamifon de
trois cens hommes. * Délices de Portugal, p. 74J.
PENIEL. Voyez. Phanuel.
1. PENINSULE. Voyez. Presqu'isle.
2. PENINSULE : Pline, /. 4. c. 18, donne ce nom
à la partie de la Gaule Lyonnoife qui s'étend vers l'oc-
cident , 8c avance dans l'Océan. Il lui donne fix cens
vingt-cinq milles de circuit, en commençant à comp-
ter aux confins des Ofismii , dont le pays fe terminoit
à peu près dans l'endroit où eft aujourd'hui la ville
de S. Malo. Pline ajoute que Fifthmc de cette pénin-
fule avoir cent vingt-cinq milles de largeur.
PENISCOLA ou Penoscola , ville d'Espagne , au
royaume de Valence, furie bord de la mer, au nord
d'Oropefa. Cette ville eft fituée le plus avantageufe-
ment du monde, fur une pointe déterre, extrême-
ment élevée , qui avance dans la mer , 8c qu'on nom-
me le cap Forbar. Comme Peniscola eft outre cela
environnée de la mer de trois côtés , tous ces avan-
tages la rendent merveilleufement forte. Elle eft inac-
celfible par mer 8c d'une approche bien difficile par
terre \ car de ce côté-la , ce n'eft qu'une langue de
terre baffe , 8c une plage d» fable. * Délices d'Espa-
gne y p. 570. Michelot , Portulan de la Méditer, p. 36.
La pointe de Peniscola eft à vingt-deux ou vingt-trois
milles au nord-eft quart de nord de celle d'Oropefa.
On peut mouiller du côté du nord de Peniscola pouf
les vents de nordoueft, oueft 8c fud-oueft : on y eft
par 6, 8, ôc 10 braflès d'eau fond de fable vafeux. II
femble qu'on pourroit égalemenr mouiller du côté du
fud de Peniscola ; mais le fond n'en vaut rien. De plus
vers le fud de cette pointe, environ à un quart de lieue,
il y a fous l'eau une roche dangereufe qu'il faut évi-
ter , lorsqu'on vient du côté du fud , 8c qu'on veut
aller mouiller devant Peniscola.
PENIUS, fleuve qu'Ovide, de Ponto , /. 4. Eleg.
10. v. 47. met au nombre de ceux qui fe déchargent
dans le Pont-Euxin. Voyez, l'article Pityus.
PENKRIDGE, bourg d'Angleterre, dans leStaffors--
hire , environ à une lieue de Staffbrd du côté du mi-
di. Il s'y tient un marché. On croit que ce bourg eft
l'ancien Pennocrucium. Voyez, ce mot. * Etat préferjt
de la Gr. Br. t. i.p. 1 1 o.
PENNA ou Penna de Francia. Voyez. Lancia;
n° 3.
PENNA ESCRITTA , bourg d'Espagne, dans la
vieille Caftille. Voyez. Ergavica.
1. PENNAFLOR. Voyez. Pegnaflor.
2. PENNAFLOR , bourg d'Espagne , dans les Aftu-
ries, environ à quatre lieues au fud-oueft d'Oviedo.
Voyez. Laberris. * Jaillot , Atlas.
PENNAMAYOR , abbaye d'hommes, ordre deCî-
teaux , de la congrégation de Caftille en Espagne, au
diocèfe de Lugo , dans la Galice.
PENNAS ou las V ta Ai. Voyez. , au mot Cap , l'ar-
ticle Cap de las Penas*
888 PEN
PENNE, PENNELOCOS ou Pennelocus : l'iti-
néraire d'Antonin mec une ville de ce nom fur la route
de Milan à Mayence , en pafiant par les Alpes Penni-
res : il la place entre Tarnad& Se Ubiscus , à treize
milles de la première Se à neuf milles de la féconde :
fclon Simler , c'eft préfentement Neiwenftadt , en fran-
çois Villeneuve.
PENNENSES. Voyez. Pinna Se Valuensis.
PENNINUS MONS : on a donné ce nom à une
partie des Alpes. Voytz. , au mot Alpes l'article Al-
pes Pennines.
PENNOCRUCIUM, ville d'Angleterre : l'itinérai-
re d'Antonin la met entre Uxacona Se Etocetum , à dou
ze milles de l'une Se de l'autre de ces places. Cambden
donne pour certain que c'eft préfentement le bourg de
Penkridge dans la Stafforshire.
PENNON , Penon , Pegnon , ou Pignon d'Alger,
fortereffe d'Afrique, au royaume d'Alger : le roi Fer-
dinand, irrité des courfes que faifoient les Corfaires fur
les côtes d'Espagne & dans les ifles voifines , fit faire
un fort dans une petite ifle qui eft devant le port d'Al-
ger & le nomma Pegnon , à caufe qu'il éroit fur un
roc. On battoit aifément de cet endroic les maifons de
la ville i de forte que Celim-Beni-Tumi , prince d'Al-
ger , fut contraint de faire une trêve pour dix ans avec
le roi d'Espagne , Se de lui payer tribut. Barberoufle
ayant tué Celim , & s'étant rendu maître d'Alger Se
d'autres endroits de cette province , fit une tentative fur
ce fort , & ne le put prendre : fon frère en vint a bout,
parce que les vivres manquoient dans la place, & qu'il
en fut averti par un traître. Martin de Vaigas qui en
étoit gouverneur , & qui s'étoit toujours défendu avec
habileté & courage , voyant les Turcs monter à l'aflaut
donna lui-même l'exemple à lagarnifon : il fe battit en
defesperé : mais il eut un bras coupé , fut pris , Se le
fort fur fournis : Barberouffe offrît a de Vaigas de le
faire capitaine de fes gardes, s'il vouloir embrafler le Ma-
hométisme.*$urfon refus, il le fit mettre à mort. * Mar-
mot, defeription de l'Afrique,/. y. e. 41.
PENNON DE VELEZ , place important d'Afri-
que , dans une ifle ou plutôt dans un écucil de la mer
Méditerranée , à fept cens pas de la ville de Bedze ,
nommée par les Espagnols Vêlez de la Gomera ,
dont elle eft féparée par un canal. Elle eft au t $ d
20 m. de longit. Se au $6 d. 25 m. de latit. bom
Pedie de Navarre, amiral du roi catholique, voulant
en i;o8, arrêter les pirateries des habirans de Vêlez
de la Gomera , réfolut de bâtir cette fortereffe fur ce
roc, que la mer environne de tous côtes. La fituation
étoit d'autant plus avantageufe , que ce roc fe trouvoit
fort élevé , escarpé par tout , & de fi difficile accès ,
qu'on n'y monte que par un ientier étroit , où un hom-
me peut à peine grimper. 11 établit fur le haut une
forte tour à chaux Se à fable , & après l'avoir mifeen
état de défenfe , il planta defl'us quelques canons. A
mi-côte , il fit creufer une citerne , pour recueillir les
eaux de la pluie \ Se le gouverneur qu'il y mit tiroii fur
les maifons de la ville , fi on ne lui envoyoit pas ce qu'il
demandoir. Le feigneur de Vêlez demanda du fecours
au roi de Fez, pour fe délivrer de cette ferviiude : la
place fut affiégée , & on la battoit des deux montagnes
voifines. Mais la défenfe que firent les Espagnols , obli-
gea les Barbares à lever le fiége. Le Pennon demeura
ainfi entre les mains des Espagnols l'espace de qua-
torze ans. Un Espagnol ayant tué le gouverneur qu'il
foupçonnoit d'avoir commerce avec fa femme, remit
cette place au pouvoir des Maures, en 1522, & de
tous les Chrétiens qui compofoient la garnifon , on
n'épargna que le traître. Les Espagnols tentèrent deux
fois inutilement de reprendre le Pennon. Ils le prirent
pourtant de vive force en 1564, fous le règne de Phi-
lippe II. Depuis ce tems-là cette place leur eft Tou-
jours demeurée : ils y tiennent une fi bonne garnifen,
& ils ont foin de la fournir tellement de vivres Se
de munitions , qu'ils courent risque de la conferver
long-rems. * Marmol , / a. c. 67.
PENRETH, ou PenritH, bourg d'Angleterre,
dans le Cumberland. 11 eft fitué aflez près du con-
fluent des rivières Ulles & Loder. On y tient un mar-
ché , Si il y t beaucoup de tanneurs : c'eft dans ce
PEN
lieu qu'eft le retranchement Rend , que ceux du pays
appellent la Table du roi Artus. On croit que c'eft le
Voreda de l'itinéraire d'Antonin. * Etat préfent de la
Grande Bretagne , t. I. p. 53. Blaew , Atlas.
PENRYN , ville d'Angleterre, dans la province de
Cornouaille , proche du havre de Falmourh , fur le
bord dune pente rivière qui a fon embouchure fur la
côte occidentale du golfe. On y tient marché, Se elle
envoie deux députés au parlemenr. * Blaew , Atlas.
Etat préfent de la Grande Bretagne , t. 1. p. jo.
PENSACOLE, baie, Se port de l'Amérique fepren-
trionale , fur la cote de la Floride Espagnole, environ
à dix lieues à l'occident de l'ifle Dauphine , ou Mas-
facre. Cette baie fut premièrement découverte par
Pamphile de Narvaez qui y entra pendant fa malheu-
reufe expédition de la Floride. Diégue de Maldonado,
un des capitaines de Ferdinand de Soto, y entra anfli,
Se lui donna le nom de port d' ' Anihuri. En ijj8D.
Triftan de Luna la nomma port de Ste Marie, & en
1693 y ajouta le nom de Galve , en l'honneur du comte
de Galve, viceroi du Mexique. Les Espagnols ne le
connoiflent encore que fous le nom de Ste Marie de
Galve. Celui de Penfacole qui étoit celui des Sauva-
ges de ce pays-là, lesquels ont été détruits par d'au-
nes Sauvages eft demeuré parmi eux à la province à
laquelle ils donnenr une grande étendue. En 1696 D.
André de Arriola , ayant été nommé premier gouver-
neur de cette province, bâtit dans la baie un forr fous
le nom de forr de S. Charles, que les François pri-
rent en 1719, fous la conduite de M. de Serigny, ca*
piraine de vaideau. 11 fut repris la même année par
les f-spagnols , & M. de Champmelin s'en rendit le
maître presqu'auffitôt , le démolit en bonne partie ; mais
une des conditions de la paix qui fe fit l'année fuivan-
te entre la France , & 1 Espagne fur la reftirution de
cette place aux Espagne ls. La baie de Penfacole feroic
un très bon port, fi les vers n'y perçoient pas les vais-
feaux , Se fi fon entrée avoit un peu plus d'eau. Cet-
te emrée eft à l'extrémité occidentale de l'ifle de Ste
Rofe; elle eft fi étroite, qu'il n'y peut entier qu'un
vaifTeau à la fois. " Le père Char levoïx , Hiftoire de la
France.
PENSATEM1DOS ou Peusarcemidos , ville d'E-
gypte. L'itinéraire d'Antonin la place fur la route de
Pelufe a Memphis , entre Antinou & Mufon , à huit
milles de la première , Se à trente-quatre milles de
la féconde. La norice des dignités de 1 Empire porre :
Po'Janemis Se Pojarieundos. Mais Surira n'approuve au-
cune de ces leçons. Il prétend qu'on doit lire nEOS
APTEMIAOS c'eft a dire la Caverne de Diane.
PENSL-N, ville d'Allemagne : Corneille, Di3.
qui cite les mémoires Se plans géographiques, dit :
j enfen dépend de l'électeur de Mayence , Se n'eft pro-
prement qu'un grand bouig fermé, qu'on n'a pas vou-
lu laifler ouvert , à caufe qu'il eft fur le partage. Il y
a peu de rues Se de maifons, Se l'on y voir quantité
de jardinages.
1 ENSFORD , bourg d'Angleterre dans la province
de Sommerfef : il adroit de tenir marché public. *ttat
préjeni ae la Grande Bretagne, t. 1.
PENSILVAN1E, province de l'Amérique feprentrio-
nale , bornée au nord pai le pa\s des Iroquois; à l'o-
rient par le ncuveau Jerfey; au midi pai le Mariland ,
Se à l'occiden parle pas s des Oniafon'ke. Elle s'étend
depuis le quarantième , jusqu'au quarante deuxième de-
gré de latitude ; Se la largeur eft à peu près égale , fe
trouvant comprife entre le 294 d. ro m. & le 302-
d. de longitude. * Atlas , Robert de Vaugondy.
la propriété Se le gouvernement de cette province
furent donnés par Charles II, roi d'Angleterre, à
Guillaume Pen , chevalier , Se de la feéte des Trein-
blrurs , en confidération des fer vices de Guillaume Pen,
fon père comme il paroïr par la parente de ce prin-
ce , d.vée du 2 Avril 1681. Le terroir de ce pays,
quoiqu'inégnl , eft bon en général. L'air en eft doux Se
pur. La meillei rc partie de l'hiver il y fait moins froid
qu'en Angleterre -, mais depuis le mois de Décembre
jusqu'au mois de Mars il v a quelquefois de rudes ge-
lées accompagnées d'ordinaire d'un rems ferein. Il y
croît des noyers, des cadres, des cyprès, des chârai-
gniers ,
PEN
gniers, des peupliers , des arbres quiportent de la gom-
me , des frênes , des hêtres ôc diverfes foires de chê-
nes. Les fruits qui croiffent dans les bois font des meu-
res noires ôc blanches, des châtaignes, des noix, des
prunes, des fraifes, des framboifes, du vaciet, & des
raifms de diverfes fortes. Ce pays eft bon pour le fro-
ment > l'orge, l'avoine, le feigle , les pois, les fèves ,
ôc toutes fortes de légumes. Le gibier y eft abondant.
Il y a des élans aufli gros que de petits bœufs , des
daims plus petits que ceux d'Angleterre, des lièvres,
des lapins ôc des écureuils. Les oifeaux domeftiques
font les coqs d'Inde , les faifans , les coqs de bruiere,
les pigeons & les perdrix. La terre eft arrofée de di-
verfes fources , ôc de quantité de rivières , qui abon-
dent en poiffons , comme éturgeons, alofes, anguilles
ôc autres. On y trouve aufli beaucoup, d'oifeaux fau-
vages , comme cygnes , oies grifes de blanches ,; canards
Se autres. Il y a encore beaucoup de plantes médeci-
«àles , ôc d'autres que l'on cultive pour l'ornement ou
à caufe de leur agréable odeur. * Amérique Angloife
p. 115 & fuiv. Etat préfent de la Grande Bretagne ,
. r- 3- P. i<*4-
Les naturels du pays font généralement grands ôc
bien proportionnés ; mais ils ont le teint bazané. Ils
font naturellement civils ôc hospitaliers. Ils croient un
Dieu ôc l'immortalité de l'ame. Ils difent que c'eft un
grand roi qui les a faits ; qu'il habite du côté du mi-
di , dans un très-beau pays ; que les âmes des bons
iront auprès de lui , après la mort , & y vivront heu-
reufement. Leur gouvernement eft monarchique ôc hé-
réditaire ; mais on tire la généalogie du côté de la
mère : par exemple , les enfans du roi ne fuccéderont
pas > mais fes frères du côté de la mère , ou les en-
fans de fes fœursj car les filles ne fuccedent point à
la couronne.
Quand les Anglois arrivèrent dans le pays , ils acqui-
rent celui dont ils prirent pofleflion , & fe le firent
céder folemnellement par les princes indiens, qui fi-
rent une ligue avec eux La partie de la Penfilvanie ,
habitée par les Anglois , eft divifée en fix contrées > fa-
voir ,
Philadelphie ,
Buckingham ,
Chefter ,
Ncwcaftle,
Kent ,
Suficx.
L'intérieur du pays eft habité par dix nations d'In-
diens , qu'on dit être au nombre de fix mille âmes.
PENTACHIRA , lieu d'Afie. Ortelius , qui cite Ni-
cétas , dit que ce lieu étoit -au voifinage du Méan-
dre.
PENTACOMIA, ou Pentacomias , fiége épisco-
pal de la province d'Arabie. La notice de Léon le fage
je mer fous la métropole de Boftra.
PENTACONTORICON , lieu voifin de Conftan-
tinople , félon Pierre Gilles , dans fa defeription du
Bosphore.
1. PENTADACTYLUS, montagne d'Egypte, pro-
che du golfe Arabique, félon Pline, /. 6. c. 29. Pto-
lomée , /. 4. c. 5 qui en fait aufli mention , la place
près de Bérénice. On lui avoir donné le nom de Pente-
dactylus , à caufe qu'elle s'élevoit en cinq pointes ou
fommets.
2. PENTADACTYLUS, montagne de l'ifle de Cy-
pre. C'eft Siméon le Métaphrafte , qui en parle dans
la vie de faint Spiridion.
PENTADEM1T/E, peuples de l'Afie propre, dans
la grande Phrygic. Ptolomée , /. j. c. 2. les place au
midi des Trimeaothurita.
PENTAGI, ou Pentagioi , ville ruinée, dans la
Livadie, à l'entrée du golfe de Salone. Spon , Voyage
de Grèce, r. 2. p. 26, croit que c'eft l'ancienne vil-
le Oeanthea , quePaufanias, /. 10. c. 38, place dans
le golfe Criflœus, enrre Amphilfa & Naupactus. lire-
marque uniquement qu'il y avoir un temple confacré
à Venus, ôc un autre confacré à Diane, dans une fo-
rêt épaiffe plantée de cyprès & de pins. Les fonde-
mens de la ville paroiffent fur une petite presqu'ifle,
qui eft presque environnée de deux petites baies. Vers
le milieu il y a une petite églife grecque , où l'on voie
PEN 889
un petit autel, ou le piedcftal d'une ftatue avec la
dédicace à Jupiter Restaurateur, par Auruntius No-
vatus.
I. O. M. Res-
titutori
Auruntius
Novatus. P.
Hors de l'enceinte il y a une autre petite églife,
appellée Agios Joannis ; ôc tout proche on voit di-
verfes caves ou grottes creufées dans les rochers, donc
l'une eft réfervée pour fervir de fépulcre. Aux côtés
on a pratiqué cinq enfoncemens pour metrre autant
de corps. On appelle cette grotte le fépulcre de Pen-
tagioi , ou des cinq faints ; ce qui a donné le nom à
ce lieu, Pentagioi ne lignifiant autre chofe que cinq
faints. * ffheler y Voy. de Zante à Athènes, ;. 1.
/. i.p. $6.
PENTAGRAMMA , ville de l'Inde , en-deçà du
Gange : Ptolomée, /. 7. ci. la place furie bord de
ce fleuve.
1. PENTAPOLE , en grec rurraW/ç. Ce nom,
qui veut dire cinq villes , a été donné à plufieurs con-
trées , où il y avoit un pareil nombre de villes prin-
cipales.
2. PENTAPOLE, contrée de l'Afie Mineure. Héro-
dote , /. 1 . n. 1 44. dit qu'elle étoit habitée par les Do-
riens, Ôc qu'elle avoit auparavant été appellée Hexa-
pole.
3. PENTAPOLE , contrée de la Phrygi* Pacatiane ,
félon Ortelius , Thefaur.
4. PENTAPOLE , contrée d'Egypte. Une des cinq vil-
les qui s'y trouvoient , s'appelloit Ticelia. Il en e(l fait
mention dans le concile de Chalcédoine.
;. PENTAPOLE, ville de l'Inde, au-delà du Gange,
tftolomée, lib. 7*. cap.. 2. la place dans le golfe du Gan-
ge , au-delàde l'embouchure de ce fleuve , appellée Cirra
Deorum.
6. PENTAPOLE , contrée d'Italie à laquelle il paroît
qu'on donna ce nom dans le moyen âge. Elle fur donnée
aux papes par les rois de France Pépin ôc Charlernagnc.
Louis le Débonnaire, dans fes lettres de l'an 817 , expli-
que en général ce qu'on entendoit par la Pentapole. C'é-
toit Ri mini , Pcfaro, Fano , Senogallia , Ancone, Huma-
na » Gefi , Urbino , Eugubio , ôc d'autres villes ; de forte
que la Pentapole comprenoit tout ce qu'on appelle à pré-
fent la Marche d'Ancone. Magin dit que les cinq villes
qui compofoient cette Pentapole étoienc:
Pefaro, Fano, Humana, Ofimo , Ancona.
La Pentapole du Jourdain : l'Ecriture Sainte
Sag. jo , 6. donne ce nom à cinq villes de la Paleftine ;
favoir :
Sodome , Gomorrhe , Adama, Seboïm, Segor.
Cescinq villes étoient condamnées à périr entièrement ;
mais Loth obtint la confervation de Segor, autrement ap-
pellée Bala; Sodome , Gomorrhe , Adama ôc Seboïm fu-
rent confumées par le feu du ciel ; ôt en la place où elles
étoient fituées fe forma le lac Asphaltitc , ou le lac de
Sodome.
La Pentapole de Libye , contrée d'Afrique, dans la
Cyrenaïque. Elle fur nommée Pentapole , à caufe de fes
cinq villes principales, dont Pline, /. 5.C. y nous a coa-
fervé les noms. La Cyrenaïque , dit-il , ou la Pentapole,
eft principalement célèbre par fes cinq villes qui fonr Bé-
rénice , Arfinoé , Ptolemaïde , Apollonie , ôc Cyrène. Se-
lon Ptolomée , /. 4, c. 4. la Cyrenaïque étoit plus grande
que la Pentapole. Il met dans cette dernière province lès
lieux fuivans :
Bérénice , ou Hespcrides ,
L'embouchure du fleuve Lethon ,
Arfinoé, oiiTcucbira ,
Ptolemaïs ,
Aufigda ,
Le Temple d'Aptuchus , .
Tom. /K.Vuuuu
9°
PEN
PEP
Le promontoire & la fortereffe de Phycits ,
Apollonia ,
Le port de Nauftathmos ,
Erythron ,
Cherfîs ,
Le promontoire Zephyrïum ,
Darnis.
Pour diftinguer cette Pentapole des autres contrées qui
avoient le même nom , Jofephe , de Bell. I. 6. c. 38. l'a
appcllée \z Pentapole de Libye. Les géographes orientaux
la nomment Vag' & Vagiat , Se la comprennent dans l'E-
gypte. C'en1 cependant, "dit d'Herbelot, Bibl. Orient, une
contrée qui en eft entièrement féparée , 8c qui s'étend
entre l'Egypte ôc le pays de Bat ca , en Afrique. En un mot ,
c'eft la Pentapolis des anciens qui reçut des évêques du pa-
triarche d'Alexandrie l'an 223, de l'Egire, félon Ebn
Amid. D'Herbelot ajoute : Le livre intitulé Soiar-alaba
Albathareka , qui font les vies des patriarches d'Alexan-
drie , fait mention de cinq villes de Vag' , qui ont donné
lieu aux Grecs de l'appeller Pentapolis. Ces cinq villes
font Barcah , Faran , Cai rouan on Cyrène , Tharabolos
Garb , ou Tripoli de Barbarie, ôc Afrikiah, ville qui don-
ne le nom à la province d'Afrique proprement dite , d'où
l'Afrique entière a tiré le lien.
La Pentapole des Philistins , contrée de la Pale-
ftine ôc proprement le pays des Philiftins. Ces peuples
avoient plufieurs villes , depuis Joppé Jusqu'aux confins
de lEgypte , foit fur le bord de la mer , foit dans les ter-
res -, mais il y en avoir cinq qui étoient les villes principa-
les du pays , & qui furent nommées les cinq principautés
des Philiftins: elles avoient entre elles une alliance réci-
proque , ôc formoient comme une espèce de république.
Les cinq villes , qui avoient fait donner à ce pays le nom
de Pentapole, font fort connues ; mais leur pofition fouf-
fre quelque difficulté. L'écriture jTainre dit : La terre de
Canaan , qui efl partagée entre les cinq princes des Phili-
flins , /avoir celui de Gaz.a , celui d'Az.ot , celui d'Asca-
Ion , celui de Geth & celui d'Accaron. Elle donne auffi
leurs bornes , depuis le fleuve d'Egypte , jusqu'aux con-
fins d'Accaron vers l'Aquilon. Mais dans le livre des Rois ,
ces cinq places font nommées dans l'ordre fuivant ; Azot ,
Gaz.a y Ascalon , Gath , Accaron , ce qui fait qu'on ne
peut pas décider quelle étoit leur véritable pofition du
midi au nord. Jofephe , Ant . I. 6. c. 1 . ni faint Jérôme ,
inAmos,6, 2. ne nous donnent aucun éclairciffement ,
ils augmentent même en quelque manière la difficulté ,
chacun d'eux plaçant ces villes dans un ordre difTérenr.
Le premier commence par Gitta ou Gath , ôc continue
enfuite par Accaron , Ascalon , Gaza ôc Az.ot. Saint Jé-
rôme dir, Gaz.a, Ascalon, Az.ot , Accaron , Geth. Ce
dernier ordre eft celui qu'ont fuivi la plupart des cartes
géographiques •, mais elles ne font mention ni d'Accaron
ni de Geth , peut-être parce qu'elles ne fubfiftoient plus
depuis long-tems. Ptolomée , /. j. c. ij. dans fadeferip-
tion de la Paleftine de Judée , avance ainfi du nord au
midi ,
de Nafingue, fituée fur le bord de la mer. On cueille
dans le territoire de cette ville, une herbe appcllée
Sehaieh , dont les racines font auffi fines que du fil. De
cette herbe mêlée avec de l'huile, l'on fait une teinture
rouge qui ne fe déteint point. Cette hetbe eft rare. * Ma.-,
nujerits de la Bibliothèque du Roi.
PENTELE , village de l'Attique, dans la tribu An-
tiochide , félon Lucien, Jup. Tragœd. ôc Etienne le géo-
graphe.
PENTELEUM , ville du Péloponnèfe. Plutarque,f/z
CLoraen. en fait une des trois villes que prit Cléomene,
à caufe qu'elles étoient dans le parti des Achéens. Peut-
être cette ville étoit-elle dans l'Arcadie où fe trouvoit la
montagne Pentelia.
PENTELI. Voyez. Pêndeli.
PENTELIA , montagne de l'Arcadie. Le fleuve La-
don y avoit fa fource, félon Héfyche. Ne feroit-ce point;
dit Ortelius , Thef. la même montagne qu'Athénée ap-.
pelle Pentelophus ?
PENTELOPHUS. Voyez. Pentelia ôc Quinque Col-
les.
PENTENESSENSIS , fiége épiscopal , dans la Pam-
phylie , félon le concile de Contlantinople de l'an 381 ,
auquel fouferivit Mydus PenteneJJenJïs. * Harduin. Col-
kct.Conc. r. 1. p. 816.
PENTEN1SSUS. Voyez. Petenisus.
PENTHIAD^E , peuples dont fait mention Etienne le
géographe.
PENTHIEVRE , ancien comté, dans la Bretagne,
érigé en duché ôc pairie par Charles IX , l'an 1 ^69 , en
faveur de Sébaftien de Luxembourg, comte de Penthie-
vre & de fes hoirs tant mâles que femelles. Les lettres
patentes d'éreétion fuient tmegiitrées an parlement de
Paris le 15 de Septembre de la même année 1569. Cette
pairie appartient aujourd'hui à M. le duc de Pcnthievre,
dont le père, M le comte de Touloufe, l'avoir acquife
de Marie-Anne de Bourbon , légitimée de France, prin-
cefle de Conri. Cette duché-pairie eft compofée des ter-
res fuivantes :
Guingamp ,
Moncontour,
la Roche-Esr.ard
Lambale ,
Lanizu ,
Jugon.
Joppc ,
Jamnetorum Portus ,
Azotus ,
Gazxorum Portus ,
Ascalon ,
Anrhedon.
* Cellar. Geog. Ant. 1. 3 . c. 13. Jofué , 13, 3 .
PENTASCINUM , lieu d'Egypte. L'itinéraire d'An-
tonin le place entre Ca/fium ôc Pehtfe , à vingt milles de
la première, ôc à pareille diftancedela féconde. Au lieu
de Pentascinum , Surita lit Pentaschoenon.
PENTAUFIDUS, lieu d'Italie, félon l'itinéraire d'An-
tonin , qui le place fur la route de Bénevent à Tarente ,
enrre Sub Romula ôc Vcmtfia , à vingt-deux milles de-la
première , & à dix-huit milles de la féconde. Au lieu de
Pentaufidus, Surita lit Pontem Aufidi, Ôc c'eft la véritable
manière de lire : Antonin lui-même nomme ce lieu Pons
Aufidi , dans la route de Bénevent à Hydrunte.
PENTE , fleuve d'Angleterre , félon Ortelius , Thef.
qui cite Bede. Sur le bord de ce fleuve il y avoit une mai-
fon de campagne , nommée hhacefier.
PENTEH POLI , grande ville de l'Inde , au royaume
* Piganiol, Defc. de la France , t. 5 . p. 2 1©.
PENTHILE , ville de Lefbos , félon Etienne le géo-
graphe. Un manuferit porte Penthole.
PENTINA. Voyez. Corfinium.
PENTINUS. Numefianuscité par Gesner, deTetrace
Ave , dit : Hic prope Pentinum radiées Apennini nidi-
ficat.
PENTLAND, ou Picatland Fyrth , détroit entre la
pointe la plus feptentrionale de l'Ecoffe & les if es Or-
cades. Ce détroit n'eit pas fort long , & il eft affez large ;
mais il efl dangereux parce qu'il eft plein de petits écueils.
On veut que fon nom latin foit Pillicum Erelum , ôc
qu'il vienne de celui des Pietés , anciens habitans de l'E-
coffe. * Blaciv , Atlas.
PENTOLE , ou Pentolen , village de la BafTe-Hon-
gjrie. Quelques-uns croient que c'eft l'ancienne Poten-
tiana
PENTRI , peuples d'Italie , dans le Samnium. Tite-
Livc , /. 9. c. 3 1. qui en parle, dit que leur capitale fe
nommoit Bovianum.
PENTZL1N, dans la principauté de Guftrow , en
Allemagne.
PENZANCE , bourg d'Anglererre , dans la provin-
ce de CornouailleS; Il a droit de tenir marché public. *
Etat préfent de la Grande Bretagne , t. 1 .
PEOM1STA, nom que Curopalate donne au mot
Brochotus. Voyez. Brochotus.
PEORIAS, nation Illinoife, dans la Nouvelle Fran-
ce. KoyecPiMiTEoui ôc Illinois.
PEPARETHUS, ifle de la mer vEgée, fur la côte de
la Macédoine , félon Ptolomée , /. 3. c. 13. qui y place
une ville de même nom. Elle produifoit d'excellent vin
ôc de ucs-bonnes olives. Pline, /. 14. c 7. dit que le
médecin Apollodore , confeillant le roi Ptolomée tou-
chant le vin qu'il devoit boire, préféra celui de Pepa-
PEQ
rethus. Ovide , Metam. I. 7. v. 470. fait l'éloge des
olives de cette ifle:
Et Gyaros , nitidtque ferax Peparethos Olivœ.
Ortelius , Thefaur. dit que les géographes moder-
nes appellent cette ifle Lemene , Saraquino & Opula.
PEPERENSIS. Voyez. Perperene Civitas.
PEPER1NA, ifle fur la côte de l'Inde-, Ptolomée,
/. 7. c. 1 . l.i place dans le golfe Camicolpus. Caftâld ,
à ce que dit Ortelius , nomme cette ifle Qualpenea.
PEPHNON , ou Pephnos , ville de la Laconie ,
félon Etienne le géographe. Paufanias , /. 3.C. 26 qui
en fait une ville maritime , la met à vingt ftades de
Thalami , & ajoute qu'il y avoit au devant une peti-
te ifle fort femblable à un rocher , & qui s'appelloit
de même nom.
PEPUZA , ville de Phrygie. Elle donna fon nom
aux Hérétiques appelles Pépuziens. Ces Hérétiques ,
dit faint Epiphane , H,tref. 48. feil. 14 avoient une
grande vénération pour un certain lieu de Phrygie,
où fut bâtie autrefois la ville de Pépufa. Elle étoit en-
tièrement détruite du tems de S. Epiphane. La notice
d'Hiérocles attribue cette ville à la phrygie Capatiane,
Se lui donne le dix-huitiéme rang.
PEPYLYCHNUS , fleuve qui bornoit la Macédoi-
ne du côté du midi, félon Ptolomée, /. 3.C. 13. Une
ancienne édition confultée par Ortelius , Thcjaur. por-
toit Elidiinum pour Pepilichnum. Il paroît qu'un peu
plus bas Ptolomée appelle ce même fleuve Celydnus.
Cailald , dans fa carte de la Grèce , nomme ce fleuve
Salnich.
PEQUER , félon Corneille : Pécher, félon l'Atlas de
de Wit -, Se Pak[r , félon de l'Ifle , Atlas; ville de l'A-
rabie Heureufe au royaume de Fartaque , félon quel-
ques uns , & au royaume de Carefen , félon d'autres.
Cette ville , félon Corneille , qui cite Davity , cft fi-
tuée au bord de la mer. Son port eu: d'un grand abord
pour les match andifes qu'on y apporte de Cambaye ,
de Chiaul, de Baticala & de Malabar. Ce font des draps
de coton dont ceux du pays s'habillent , des grenats
enfilés , & plufieurs aimes pierres de valeur , avec
beaucoup de fucre , de riz Se des épiceries de toutes
fortes. Ces marchands des Indes emmènent avec eux
des chevaux.
PEQUEY , ifle de la Chine , dans la province d'Hu-
quang , au voifinage de la ville d'Hoangcheu. Elle eft
formée par les eaux du fleuve Kiang. On rapporte
au fujet de cette ifle une hifloire qui a du merveil-
leux. Un foldat ayant été jette dans le fleuve par fes
ennemis , une tortue le porta de l'autre côté du fleu-
ve , en îeconnoiflance de ce qu'il l'avoir nourrie pen-
dant long-tems , Se lui avoit enfuite donné la liberté.
C'eft-là la fable : voici la vérité. Il fe trouve dans
cet endroit des tortues d'une grandeur prodigieufe. 11
y en a aufll d'une petite espèce fort jolie , Se qui ne
font pas plus grofles que les plus petits oifeanx. On
fe fait un plaifir d'élever ces dernières dans les maifons
où on les garde par curiofité.
PEQUIGNY , Pincimùaium , ville de France ,
dans la Picardie, élection d'Amiens, fur la Somme,
trois lieues au-deflbus d'Amiens. Elle cfl remarquable
par la mort de Guillaume, furnommé Longuc-Epée ,
duc de Normandie, qui y fut tué; Se que les caba-
les de Thibaut , comte de Chattres , furnommé le Tri-
cheur , firent périr. Cette ville étoit afiez confidérable
du tems des guerres des Anglois , dont l'armée y fut
défaite entièrement. Il y a à Pequigny une églife col-
légiale dédiée à faint Martin. Les canonicats font à la
collation du feigneur. Près de cette ville , qui aujour-
d'hui n'efi proprement qu'un bourg, on tient marché
Se foire. Il s'y trouve de la terre propre à brûler : on
la panage en mottes, que ceux du pays appellent Tourbes.
* Corn. Diet. André du Chêne , antiquité des villes de
France.
Pequigny a donné fon nom à des feigneurs qui
étoient Vidâmes d'Amiens , à caufe de cette terre. Leur
maifon a fondu dans celle d'Ally , dont la branche
ainéc a porté la terre de Pequigny dans celle d'Al-
bert.
PER 89I
PEQUIN. Voyez, Peking Se PeKeli.
1. PER A, ville, & royaume des Indes, fur la cô-
te occidentale de Malaca, entre Queda, Se Malaca,
Latit. 4 d. 30 m.
Cette ville qui eft à l'embouchure d'une rivière as-
fez large, dépend du royaume d'Achem, quoique dans
le pays des Malais. Le pays fournit quantité d'étaim
dont la plus gtande partie fe trouve dans les fables,
Se au fond des rivières qui l'on fait rouler avec el-
les. On l'aflemble , & en le purifiant on le rend fort
beau. D'où l'on peut inférer qu'il y a des mines d'é-
taim.
z. PERA. Voyez, Constantinople.
PERADAMIENS1S, fiége épiscopal d'Afrique dans
la Byzacene , félon la notice d'Afrique , qui fait mentiort
de Germanus Peradamien/îs. * Harduin. CollecL Conc
t. 1. p. 872.
i.PER^EA; ce mot vient du Grec Peram, qui û-
gnifie au-delà. On le donne à diverfes contrées Se à
divers lieux, qui étoient au-delà de la mer, au-delà de
quelque fleuve , ou au delà d'une autre contrée.
2. PER./EA , contrée au-delà du Jourdain , à l'o-
rient de ce fleuve ; ce qui a fait dire à Jofephe , de Bel.
I. 1. c. j. vj V7ilp UfS'dmv Uipalet : c'eft-à-dire, la Pérée
qui efl au-delà, du Jourdain. Quelquefois la Pérée fe
prend dans un fens étendu pour tout le pays que les
Ifrae'lites pofféderent anciennement au-delà de ce fleu-
ve , & dont une partie tomba entre les mains des Gen-
tils. C'eft dans ce fens que Jofephe, /. 4. c. 25. appelle
Gadara, métropole de la Pérée; mais la Pérée pro-
pre étoit la partie méridionale, qui comprenoit les tri-
bus de Ruben & de Gad. Selon Jofephe , /. 3. c. 4. la
longueur de cette contrée étoit depuis Macheronte jus-
qu'à Pella, Se fa largeur depuis Philadelphie jusqu'au
Jourdain. Il donne enfuite des limites plus précifes,
Se dit que la Pérée étoit bornée au nord par Pella , à
l'occident par le Jourdain , au midi par le pays des Moa-
bites, Se à l'orient partie par l'Arabie Se la Silbonitide,
partie par la Philadelphie Se Gerafa , où fe joignoient les
limites de l'orient & du nord. Elle étoit comme ren-
fermée entre trois fleuves , l'Arnon au midi , le Jabok
au nord , & le Jourdain au couchant.
3. PER^EA , ou Per^ea Rhodiorum , contrée d'A-
fie, qui faifoit partie de la Carie. C'étoit une contrée
maritime , vis-à-vis de l'ifle de Rhodes , & à laquelle
on donna le nom de Pérée des Rhodiens , parce que ces
peuples s'en rendirent maîtres anciennement. Le périple
de Scylax paroît faire mention de cette contrée , dans
fa deicription de la Carie , p. 38. Se il la nomme Rho-
diorum Regio; mais il n'y met pas la ville de Gaunus ,
que Strabon , /. 14. y renferme. Ce dernier dit que les
Cariens avoient fecoué le joug des Rhodiens ; mais que
les Romains les forcèrent de retourner fous l'obéiflance
de leurs anciens maîtres. Il appelle indifféremment ce
pays Rhodiorum Per&a Se Rhodia Coniinentis. Quant aux
bornes qu'il lui donne , elles étoient telles en avançant
de l'orient : Dœdala , lieu ou village , faifoit le com-
mencement , & le mont Phanix la fin. Ce mont appar-
tenoit aux Rhodiens , Se étoit par conféquent compris
dans la Pérée.
4. PER/EA , petit pays d'Àfie , fur le bord du Tigre,,
félon Etienne le géographe.
;. PER^EA. On donnoit ce nom , félon Etienne le
géographe , à un canton du territoire de Corinthe. Les
habitans s'appelloicnt Per«i.
6. PER^EA , petite ville de Syrie : c'eft encore Etienne
le géographe qui en fait mention.
PER^ETHEI, peuples de l'Arcadie : Paufanias, /. 8.
c. 4. dit qu'ils tiroient leur nom de la ville Perœthus , qui
ne fubfilloit plus de fon tems , mais parmi les ruines de
laquelle on voyoit encore le temple du dieu Pan.
PERALADA , ou Perelada , bourgade d'Espagne,
dans la Catalogne , à quelques lieues à l'orient de la
ville de Rofe. Corneille lui donne le nom de ville.
* Atlas, Rob. de Vaug.
PERALANCIA. Voyez. Palantia.
PERANTADES. Voyez, Sarmatie.
TERANTIA , ville de l'^Etolie , félon Ortelius , qui
cite Paufanias.
Tm. IV. Vuuii u ij
892
PER
PER
FERASIA. Voyez. Casïabala, n° z. ôc Para-
sia.
PERASINUM. Voyez. Parasinum.
1. PERASTO, petite ville ou bourgade de la Tur-
quie , en Europe , dans la Romaine , fur le bord de
la mer de Marmora , environ à quinze lieues de Gal-
lipoli , vers le nord oriental. De rifle , Atlas , ap-
pelle ce lieu Saint George, ou Periftafis.
z. PERASTO , gros bourg de la Dalmatie , dans
le territoire de Cattaro , au nord occidental de la vil-
le de Cattaro , fur le bord du canal de ce nom. Il ap-
partient à la république de Venife. Ses habitans pas-
fent pour être braves ôc belliqueux. * Coronelli , car-
te de la Dalmatie.
PERATH , nom que quelques-uns ont donné à l'Eu*
phrate.
PERATICI , hérétiques ainfi appelles du nom d'un
lieu : S. Clément d'Alexandrie ( 1. 3 . Stromatum ) en
parle.
PERAULT, village de France, dans le Languedoc,
à une lieue de la ville de Montpellier. Près de ce
village il y a un foffé où l'eau qui le ramaffe, quand
il pleut, bouillonne continuellement, ck: conferve fa
froideur ordinaire. On appelle ce foffé en langage du
pays Loii-Boulidoii-de-Perault. En été ce foffé fe des-
/eche , & quand on y met de l'eau de fontaine , elle
bout dans Titillant. D'ailleurs quand il pleut , à trente
pas à droite ôc à gauche de ce foffé, on voit bouillir
dans les ornières du chemin l'eau qui y croupit. On
a obfervé que l'eau de ce foffé fe chargeoit d'un aci-
de volatil , qui lui eft communiqué par une vapeur
qui fort de pluiieurs crevaffes qui font dans le fond de ce
foffé , ce qui elt prouvé par la couleur rouge que cette
eau communique à la teinture de fleurs de mauves,
8c par toutes les expériences qu'on peut faire fur cet-
te matière. Les gens du pays s'y baignent en été
pour des douleurs de rhumatisme , & s'en trouvent
fort bien. Quand le foffé eft fec , ôc qu'on mec To-
rcille fur les crevaffes , on entend un bruit confidéra-
ble des eaux jailliffantcs } ôc c'eft le vent qui en fort
qui fait bouillir l'eau, ôc qui lui porte l'acide volatil
dont elle eft chargée. * Piganiol, Defcr. de la France,
t. 4. p. 2.19.
PERÇA. Voyez. Thrace.
PERCÉ , petite province de la Carie. Elle étoit fe-
parée par la mer Carpathienne de l'Ifle de Rhodes,
à laquelle elle a autrefois appartenu. * Hift. Univerf.
d'une fociété de gens de Lettres.
PERCEIANA , ville d'Espagne : l'itinéraire d'Anto-
nin la met fur la route de l'embouchure du fleuve
Anas à Emerita , entre Contribuia ôc Emerita , à vingt
milles de la première, ôc à vingt-quatre milles de la
féconde. Quelques manuferits portent Periciana ôc Per-
teiane pour Pcrceiana.
1. PERCHE, Perticiim , province de France,
& l'une des plus petites du royaume , puisqu'elle eâ
contenue toute entière dans l'étendue de quinze lieues
de longueur , fur douze de largeur. Elle elt bornée au
nord par la Normandie-, à l'orient par le Timerais ôc
le pays Chartrain ; au midi par le Dunois , le Vendc-
mois ôc le Maine ; ôc à l'occident par la rivière de
Sarte. Ce pays a pris fon nom d'une grande forêt ap-
pellée Perticus SAtus , dont il elt fait mention en plu-
fieurs auteurs jusqu'à l'an ioco. Le terrein eft en gé-
néral inégal : celui des hauteurs ne vaut presque rien ,
& eft fouvent inculte , fervant de pâturages aux mou-
tons ôc aux vaches. Les vallons au contraire , ôc les
terres plates rapportent des chanvres ôc des foins en
quantité. On y recueille beaucoup de pommes , donc
on fait du cidre qui eft la boiffon commune. II y a
peu de vignes : le vin même qui en provient eft fi mau-
vais qu'on lui préfère le cidre. On trouve de la mine
de fer en plufieurs endroits. Au milieu de la forêt de
Bellcsme , fur le grand chemin de Bellesme à Mor-
ragne , il y a une fontaine minérale , nommée la Heffe,
dont les eaux font fenugineufes , ôc auffi falntaires que
celles de Pougues & de Forges. L'eau de la fontaine de
Cbesne-gallon eft de la même qualité, mais un peu
inoins force. * Longuerue , Description de la France,
part. 1. p. 98. Piganiol, Defcr. de la France , t. ;.p.
461.
L'hiftoire des comtes du Perche eft un peu embrouil-
lée. Selon quelques-uns, Agombert , ou Albert, étoic
comte du Perche vers l'an 840 ; mais on ne rappor-
te aucune filiation jusqu'à Yves de Bellesme , qui vi-
voit en 940. D'autres écrivains font commencer un
peu plus tard les comtes du Perche ; mais ils en don-
nent une descendance fuivie depuis Hervé qui vivoic
en 879, jusqu'à la comteffe Flelifende. Selon eux cette
maifon a toujours fait des alliances illuftres. Les rois
d'Angleterre n'ont pas même fait difficulté de donner
leurs filles en mariage à ces comtes. Enfin la comteffe
Helifende reilée feule de cette illufire maifon fut fous
la tutelle de Guillaume, évêque de Châlons , fon on-
cle , qui prit la qualité de comte du Perche , confor-
mément a l'ufage de ces tems-là , où les tuteurs pre-
noient les titres de leurs pupilles. Helifende fut éle-
vée à la cour du roi Philippe- Augufic , ôc à celle
de Loui s VIII, après la mort duquel elle paffa \c
relie de fes jours avec la reine Blanche de Caftil-
le , mère de faint Louis , à qui elle donna le com-
té du Perche , s'en refervant feulement l'ufufruir.
Après la mort d'Hehfcnde, Jacques de Château Gon-
tier prétendit que le comté du Perche lui appartenoit,
mais, pat un traité fait entre faint Louis ôc Jacques
de Château-Gontier, ce dernier céda les droits qu'il
avoir au comté du Perche , qui par cette ceffion fut
entièrement uni à la couronne de France; Voyez. Alen-
con.
La province du Perche , quoiqu'une des plus petites
du royaume, eft néanmoins de trois différens diocè-
fcs. La plus grande partie eft de celui de Séez , car
il y a quatre-vingt-dix-neuf paroiffes qui en dépendent ;
trente-huit dépendent de celui de Chartres, ôc onze
feulement de celui du Mans. On compte deux églifes
collégiales, favoir celle de Touffaints de Mortagne ,
& celle de Saint Jean de Nogenr. Il n'y a que trois
abbayes, qui font la Trape , les Clairets, & le Val
d'Arciffe.
Pour la Juftice, le Perche relevé entièrement du
pailemenc de Paris, & a fa coutume parriculiere ,
que le duc d'Alençon fit rédiger par autorité du roi en
1505 dans l'affemblée des crois ordres de la province.
Elle fut encore rédigée de l'autorité du roi en 15^8,
par meffieurs le Préfident de Thou , Faye ôc Viole ,
cunfeillers , dans l'affemblée des états de la province ,
tenue dans le chapitre de Saint Denis de Nogent. Les
lettres patentes du roi contiennent une claufe expres-
fe , que l'élection du lieu de Nogent ne pourroit nuire
ni préjudiciel" aux prérogatives ôc prééminences des
villes ôc fiéges de Bellesme ôc de Mortagne. Il y a un
bailli du Perche , qui a deux lieutenans : l'un à Mor-
tagne , & l'autre à Bellesme. L'un ôc l'autre connois-
fent de tous les cas atribués aux baillis ôc fénéchaux ,
ôc les appellations de leurs jugemens font portées dans
les caspréfidiaux au préfidail de Chartres, Ôc dans tous
les autres au parlement de Paris. Outre ces bailliages ,
il y a encore dans cette province une vicomte , donc la
juftice fe rend dans trois fit'ges , qui font Mortagne ,
Bellesme ôc la Perrière. Il n'y a eu pendant fort long-
cems dans le Perche qu'un fcul vicomte pour ces trois
fiéges ; mais Alexandre Croffet , qui éroic pourvu de
cecce charge , obtinc la permiiîïon de la partager ; ôc
en conféquence vendit l'office de vicomte , pour les fié-
ges de Bellesme ôc de la Perrière. Les appellations des
jugemens des vicomtes reffortiffent en matière civile au
bailliage d'où ils dépendent, ôc en matière criminelle
au bailliage ou au parlement , au choix des parties ,
pour ce qui eft du petit criminel ; car pour ce qui eft
des crimes graves, les caufes font toujours portées au
parlement. Outre ces juflices royales , il y en a plufieurs
confidérablcs qui appartiennenc à des feigneurs ecclé-
fiaftiques ou laïques.
Quanc aux finances , le Perche eft de la généralité
d'Alençon 5 car l'éleclion de Mortagne comprend pres-
que toute cette province. Cette élection fut établie par
Charles IX au mois d'Août 1572. Elle eft compofée
de trois fiéges, où les officiers rendent la juftice; Mor-
tagne , qui eft le lieu du bureau , ôc où les officiers
PER
doivent réfidence , Bcllcsme ôc Nogcnc le Rorrou. Il y
a une ruaitrife des eaux ôc forets à Mortagne, une à
Bellesme , & trois greniers à fel , qui font Mortagne,
Bellesme ôc Nogent le Rotrou.
11 s'y fait un commerce de bled ôc de beftiaux , qui
eft allez considérable. Le bled fe transporte à Alençon
fur des chevaux , lorsque la Bretagne en demande y
mais on le transporte à Chartres ou à Illiers , lors-
que la Beaufle ou Paris en manquent ; ce qui arrive
rarement. Les bcliiaux fe débitent dans les foires du
pays. Le beurre, les œufs ôc la volaille donnent lieu
auili à un commerce allez avantageux pour la provin-
ce. Le voifinage de Paris , qui n'eit éloigné que de trois
journées, eft tout-à-fait favorable au débit de fes pe-
tites denrées. Les manufactures les plus confidérables
du Perche , font celles des toiles qu'on fait à Morta-
gne , ôc celles des étamines qui fe fabriquent à Nogent
le Rotrou. Les toiles de Morragne font fortes ôc pro-
pres à faire des paillafles. On les transporte à Paris,
à Rouen & à S. Quentin. Ce commerce a été porté,
année commune , à la fomme de 2joooo livres. Les
étamines de Nogent le débitent dans le pays , uu font
transportées à Paris, à Tours, a Rouen, a Caen , en
Angleterre, en Hollande ôc ailleurs. Ce commerce en
tems de paix a produir plus de deux cens mille livres
par an. Le commerce du fer qu'on fabrique dans les
forges de la Frette , de Gaillon , de Randonnay & de
Brezolette , rapporte tous les ans plus de cinquante
mille livres. On Transporte ce fer à Paris, à Chartres,
6c dans d'autres villes voiftnes La manufacture des cuirs
étoit autrefois de quelque conliriération, mais elle eft
abfolument tombée. A Monrmii ail, dans ig Pcrehc-Gouer,
il y a une Verrerie oonfidérabk , qui feule fournir
toute cette province, fans compter un grand nom-
bre de voitures chargées de «eues qu'elle envoie à
Paris.
Le gouvernement militaire elt compris fous le gou-
vernement général d : ' : àne. Voyez. Maine.
On divife le Perche en quatre parties, le grand
Perche; le petit Vtrvht ou t'-.rcbe Goitet ; terre Fran-
coife. Voyez, au mot Terre, larticle Terre Fran-
çoise-, le Thimf.rais ou les Terres Démembrées.
Voyez. Himerais.
Le grand Perche eft proprement ce qu'on appelle
aujourd'hui le Perche. Ses villes ôc lieux principaux
font : ■
Mortagne, Bellesme, Nogent le Rotrou.
Le petit Perche a été fumommé le Perche-Gouet ,
de Guillaume Gouet , fixieme du nom , mari d'Elifa-
beth ou Euftache de Champagne, duel. elle de la Pouil-
le. Cette partie du Perche eft du gouvernement gé-
néral de l'Orléanois , ôc renferme cinq Batonnies , la-
voir ,
Brou, LaBafoche, Anton, Montmirail, Alluye.
i. PERCHE , forêt de France , dans la Norman-
die. Elle dépend de la maîtrife de Bf ;!csme, ôc con
tient trois mille huit cens quatre-vingt-quinze atpens.
La PERCHE ou le Col de la Perche. C'en l'un
des partages de France en Espagne , par les monragnes.
On entre du Rouffillon dans la Cerdaigne par le col
de la Perche. Le feu roi Louis XIV y fil bâtir une
forterefie , qu'il appella de fon nom le Mont Louis.
* Longittrue , Defcription. de la France, part. i. p.
it$.
PERCIS ou Perces , nom qu'Etienne le géographe
donne au Bâtis , fleuve d'Espagne , préfentement le
Guadalquivir. Voyez. B^tis.
PERCOTE, ville de la Troade -, Homère, Ilud.
B. fub fiaem , en parle, & Strabon , /. 13. p. 590. la
place entre Abydos ôc Lampfacus. Percote fut , félon
Plutarque, in Themfiocle., une des deux villes qu'Ar-
taxerxes donna à 1 hémiftocle , pour l'entretien de fes
meubles ôc de fes habits. On ne fauroit décider fi elle
étoit bâtie fur le bord de la mer , ou à quelque dis-
tance dans les terres. La plupart des anciennes places
de ces quartiers font fi peu connues , que ceux qui en
PER 893
veulent dire quelque chofe ne s'accordent point» vAft la
plainte que faifoit Strabon.
PERCRIS , lieu fortifié , près de Babvlone , félon
Cedrene, cité par Ortelius, Thef.
PERÇUS. Voyez. Perçus Ôc Pertusa.
PERCÛSA, ville d'Espagne : l'itinéraire d'Antonin
la place entre Toloum ôc Osca, à dix-huit milles de la
première, ôc à dix-neuf de la féconde. Surita lit Fer-
tufa pour Percitfa , fur la foi d'un manuferir. Ce lieu
conferve fon ancien nom. C'eft aujourd'hui Pertufas ,
bourg du royaume d'Arragon, fuil'Alcandro , à l'occi-
dent de Balbaltro.
PERCY , bourg de France, dans la Bourgogne , au
bailliage de Charolles fur l'Ourache. Il y a un prieuré
conventuel , de l'ordre de faim Benoit. Le bourg de
Percy eft le fiége d'un grenier à Sel. 11 députe aux crats
du Charolois. Son terroir eft maigre. On trouve dans
le voifinage plufieurs forges de fer , ôc un grand
étang.
PERDICES, lieu de la Mauritanie Sitifcnfe , fur la
route de Carthage à Céfarée , à vingt-huit milles de
QIU. Il y a apparence que c'eft de ce lieu donc étoit
évêque Silvanus , que la conférence de Carthage, «.
121. appelle Ep'ucopus Plebis Perdicenfis. Encfict la
notice épiscopale d'Afrique met dans la Mauritanie Si-
tifcnfe un fiége épiscopal , nommé Perdicenfis : fon
évêque étoit Viclorinus.
PERD1C1A. Etienne le géogtaphe donne ce nom à
un canton ôc à un port de la Lycie.
PEKE (Saint) , bourg de France, dans la généralité de
Paris , élection de Nemours.
PEREASLAW , Pereaslavia , ville forte & bien
peuplée de Pologne au Palatinat de Kiovie fur le Tti-
biecz. Elle a été cedée a la Ruflie.
IERECCO, ville de la Galilée, félon dom Cal~
met, Dut. qui cite Jotëphe , De Bel. I. 1. c. ly.
Reland croit qu'il faut lire Cipher-Ecco , {■^Campagne
d'Ecco ou à'Acco. La ville de Ptolémaïde fe nommoit
Acco. Ainfi Capher-Açco pouvoit n'être pas loin de-
là.
PERECOP, Percops ou Precop , ville de la pe-
tite Tartarie , dans l'ilthme de la Crimée. Pcrecop ,
qui veut dire terre foiîbyée , eft le nom que les Po-
lonois ont donné à cette ville ; les Tartares l'appellent
Ox ou Orkapy , qui lignifie la Porte d'Or Ceftdu
nom de Perccop que les habitans de la péninfule de
Crimée font appelles Tartares Percopites. Cette ville
n'eft pas forte, cependant le prince Gallitzin l'alfiégea,
avec deux cens mille Moscovites , fans pouvoir la pren-
dre. Galga Sultan, frère du Khan, & généralifîime de
fes armées , étant \ enu au fecours de Perccop , prie
au prince de Gallitzin vingt-fept pièces de canon , qui
font encore à Guflo , ville maritime de Crimée. " At-
las, Robert de V.v.tgondy , Corn. Dict. Ferrand , Re-
lit, de la Crimée.
1. PERECZAS, Peregias ouBeregsaz, petite vil-
le de la Haute-Hongrie, capitale d'un comté de mê-
me nom. Voyez, larticle qui fuir.
1. PERECZAS , comté de la Haute-Hongrie , bor-
né au nord par le comté d'Ungwar ; à l'orient par ce-
lui de Marmamoros , au midi par celui de Zatmar ; Ôc
à l'occident par celui de Zemblyn. Ses principaux lieux
font :
Pereczas , Vary , Monkatz , Bcne.
PEREGRINO. Voyez. Pelegrino.
PEREIA , contrée de la Theùalie , félon Etienne le
géographe.
PERE1TIBI, petit Lac de l'Amérique feptentriora-
îe , dans la Nouvelle-France, & dans la terre de La-
brador , quinze lieues au fud du Lac de Nikicon.
PEREKAM, beau château dans la Haute-Autriche,
au quartier de Mine] i il appartient au comte de Sug-,
ger.
PERELADA. Voyez. Teralada.
PERELEUM , lieu au delà de la mer Rouge, félon
Ortelius , Thef. qui cire Jean Moschus m Prato ftto
Spirituali.
PERELIUS. Voyez. Precius.
894 PER
PER
PERENDANESIORUM COLONIA , colonie de
la Dacie, félon Onuphre , qui cice Pcolomée. A la vé-
rité on trouve bien dans Prolomée, /. x.c. 8. des peu-
ples de la Dacie , nommés Prendavefîi , ou Predaven*
Jîi ; mais il n'y eft aucunement parlé de colonie. Voyez.
PrENDAVESH.
PERESIA.Kov^Pirasia.
1. PERESLAVLE , Pereschlaw, ou Preslaw-So-
Ieskoy , ville de l'empire Ruffien , dans le duché de
Rostow, fur la route de Moscow à Archangel , entre
Basma Nova au midi, & Imbilova au nord. Adam
Brand, Voyage de Moscow à la Chine, dit que cette vil-
le eft d'une beauté médiocre, mais néanmoins gran-
de , Se remplie de magnifiques maifons. Cependant le
Brun , Voy. p. 2 1 en parle bien différemment. PereflatJ-
SoleskfiV, dit-il, eft une affez pauvre ville, fituée fur un
lac. 11 ajoute qu'elle eft la capitale d'une province de
même nom. Aflez près de cette ville, félon Adam
Brand , il y a une eau dormante , d'où l'on tire de bon
fel, qui fe transporte en divers endroits. * Atlas, Robert
de Vaugondy.
2. PERESLAVLE , Pereslau , ou Peresiaw-Re-
zanski , ville de l'empire Ruffien , dans le duché de
Rezan , dont elle eft la capitale. Elle eft fituée fur le
bord méridional de l'Occa, au nord de Woronitz. +Re-
bert , carte de Ruffie , 17JO.
PERETA , ifte d'Italie , à douze milles de Raven-
ne , félon l'auteur de la vie de faint Romuald , cité
par Ortelius , Thcf. qui dit que Sigonius la nomme
Pereum.
PEREUIL , bourg de France , dans l'Angoumois ,
élection d'Angoulême.
PERG, dans la Haute-Autriche , quartier deMihel,
ancien patrimoine de comtes de ce nom.
1. PERG A , ou Perge, ville de la Pamphilie. Se-
lon Strabon , /. 14. p. 667. Ptolomée, /. $. c. 5. Se
Pline, /. j. c. xy. elle étoit dans les terres. Pompo-
nius Mêla, /. I. c. 14. la place entre les fleuves Ces-
tron & Cataractes , & il nous apprend qu'il y avoit
un temple de Diane Pergée , ainfi appelle du nom de
Cette ville. Ce temple, félon Strabon, étoit fitué fur
Une hauteur voifine de la ville. Ortelius , Thefaur.
dit , fur le témoignage de Sophien , qu'on la nomme
piéfentement Pirgi. Il eft fait mention de Perge dans
les actes des Apôtres, c. 13. v. 14. Comme elle n'é-
toit pas maritime, il faut, ou que faint Paul ait re-
monté le fleuve Ctftron , ou C&ftrus , pour y arriver ,
ou qu'il y foit allé par terre. La ville de Perge eft re-
nommée par la naiffance d'Apollonius, furnommé le
grand Uiométre, auquel Cardan donne le feptiémerang
parmi les esprit*- les plus fubtils. Il vivoit fous la cent
trente-quatrième Ol) mpiade , vers l'an 244 de Jefus-
Chrift, Se au commencement du règne de Ptolomée
Evergetes , roi d'Egypte. Cette ville étoit épiscopale.
On trouve dans le concile de Nicée tenu l'an 325 la
foufciiption de Catlincus Pcrgenfes , & Berenianus as-
fifta à celui d'Ephefe de l'an 43 1. * Harduin. Collect.
Conc t. i.p. 318, t. 1. p. 1350.
2. PERGA , bourgade de l'Albanie. Voyez. Parga.
PERGAMAR , ou Bergamo , petite ville des états
du Turc , dans la Romanie. Elle eft fituée fur la pe-
tite rivière de Bracz , qui fe décharge dans le lac de
Bouron. C'eft une ville épiscopale fous la métropole.
Voyez. Pergamum, n. 1. * Atlas, Robert de Vau-
gondy.
PERGAMEA. Voyez. Pergamum, «. 2.
PERGAMIA , lieu de l'ifle de Crète , où l'on voyoit,
félon Plutarque, le fépulcre de Lycurgue. Voyez. Per-
gamum , n. 2. * Ortel. Thcf.
1. PERGAMUM , ville de la Thrace , dans les ter-
res. Ptolomée, /. 3. c. n. la place entre Topiris Se
Trajanopolis. Elle porte aujourd'hui le même nom ,
'car elle s'appelle Pergamar.
2. PERGAMUM , ou Pergamea , ville de l'ifle
de Crète. Velleïus Paterculus dit qu'Agamemnon, ayant
été jette dans cette ifle par la tempête, y fonda trois
villes, Mycènes, Tégée & Pergame : cette dernière
en mémoire de fa victoire. Virgile , JEneid. I. 3. v. 132.
cependant attribue la fondation de cette ville à Enée,
à qui il fait dire:
Ergo avidus rnuros optata molior Urbis »
Pergameamque voco.
Plutarque , in Lycurgo , dit , après Ariftoxène , que
les habitans de l'ifle de Crète montroient le tombeau
de Lycurgue dans le territoire de Pergame, près du
grand chemin. Cette ville , félon Servius , étoit fituée
près de Lydonia ; mais étoit-elle à la droite ou à la
gauche ? Scylax, dans fon périple, p. 18. femble lever
la difficulté , en plaçant au feptentrion du territoire
de Pergame le temple de Diane , appelle Diclymn&um ,
que Strabon met proche de Cydonia.
3. PERGAMUM, ville de Lydie , félon Xénophon,
/. 7. p. 42 j. Un de fes éditeurs remarque à la mar-
ge que cette ville devoit plutôt être placée dans la
Myfie. Voyez, l'article fuivanr.
1. PERGAMUS, ou Pïrgamum, ville de l'Afie
Mineure ou Natolie , dans la grande Myfie , félon Stra-
bon, /. 13. qui dit que le fleuve Caïcus paffoit au tra-
vers. Elle fut la capitale des rois Attales, & celle du
roi Eumenes. Tite-Live , /. 29. c. il. rapporte que les
ambaffadeurs du Peuple Romain allèrent à Pergame
pour demander au roi Attale la ftatue de la grande
Déeffe. Et plus bas il dit que les ambaffadeurs Ro-
mains , ayant eu ordre de fe rendre auprès d'Eume-
nes, fe rendirent à Elara, Se pafferent de là à Per-
game , la réfidence du roi Eumenes. Il y avoit dans
cette ville un ancien temple dédié à Esculape. Mais le
principal ornement de cette ville fut la bibliothèque
royale , qui pouvoit être comparée à celle d'Alexan-
drie. Les rois d'Alexandrie Se de Pergame, dit Pline,
/. 3;. c. 2. fe donnèrent beaucoup de foins pour for-
mer des bibliothèques. Strabon, /. 13. en atribue la
gloire à Eumenes ; Se Plutarque , in Antonio , fait mon-
ter le nombre des livres à deux cens mille. *Tacit. An.
/. 3. c. 6$.
Le royaume de Pergame commença vers l'an 470
de Rome, fous Philetere, intendant des finances de
Lyfimachus , roi de Thrace. On afiure que ni lui , ni
Eumenes, fon neveu , & fon fucceffeur, ne prirent point
le nom de roi, Se que ce fut Attale I qui fe donna
cette qualité. Son règne fut de quarante-quatre ans.
Eumenes II qui lui fuccéda , en régna quarante. At-
tale fon frère fut fon fucceffeur , & mourut après avoir
gouverné vingt Se un ans comme tuteur d'Attale III
qui, mourant fans enfans , fit le Peuple Romain héritier
de fes états , cent cinquante-deux ans après que Phile-
tere eut jette les premiers fondemens de cet état. * Corn»
Dict.
Pergame devint depuis ce tems-là le fiége d'un évê-
ché , qui étoit d'abord fufiragant de Smyrne, Se eut
dans la fuite le titre de métropole.
La ville de Pergame eft encore connue aujourd'hui
par les Turcs Se par les Grecs, fous le nom de Per-
gumo. Elle eft à trente-quatre milles de Smyrne , Se
vingt de Thyatira, affife au pied d'une montagne qu'elle
a au nord , dans une belle plaine fertile en grains , où
paffent le lit amis Se le Caïcus , qui fe déchargent dans
la rivière d'Hermus. A côté de la ville pafie la petite
rivière , ou plutôt le ruiffeau rapide , appelle ancien-
nement Selinus , qui court au fud-eft , Se fe va rendre
dans le Caïcus. De l'autre côté du Selinus il y a une
belle églife, qui portoit le nom de Sainte Sophie, Se
qui eft convertie piéfentement en mosquée. Dans le
quartier oriental de la ville on voit les ruines d'un
palais ; c'étoit peut-être la demeure des rois du pays.
De toutes les colonnes qui enrichiffoient cet édifice,
il n'en relie que cinq belles de marbre poli , hautes de
vingt un pieds, & l'on en voit encore quelques unes
de rature côté de la rue. Vers la pointe méridionale
de la ville il y a aux deux côtés du grand chemin
deux petites collines artificielles, fur lesquelles étoient
deux petits forts , pour garder l'entrée de la ville , Se
au levant il y en avoit deux autres femblables. On
voit près de là un grand vafe de marbre de vingt Se *
un pieds de tour , gravé d'un bas- relief d'hommes à che-
val , fort bien travaillé. Le long de la montagne , vers
le fud-oueft , fe voient les ruines d'un aqueduc , qui
a encore fix arcades fur un ruiffeau , Ôc au midi de
PER
ces arcades il v en a fix autres , avec de grandes voû-
tes, que les Turcs appellent Kijfirai.Dc la , en tirant
encore plus vers le nid , on trouve les ruines d'un
théâtre , fut le penchant de la colline , d'où la vue
ed très-belle fur la plaine. Parmi les débris de mar-
bre on trouve une belle infeription ancienne , confa-
crée par le fénat 6e par le peuple de Pergame , à
l'honneur de Catius Antius Aldus Julius Qiiadratus ,
qui avoir été deux fois conful 6e proconful d'Aile ,
outre plufieurs charges Se emplois qu'il avoit eus dans
diverfes provinces particulières, Se autres places , com-
me en Candie 6e à Chypre, Eparque de Syrie, fous
l'empereur Trajan , & grand bienfaiteur de Pergame,
comme le porte l'infcription. * Span } Voy. du Levant,
t. i. p. 205.
Les Chrétiens de Pergame font aujourd'hui en pau-
vre état. Leur églife cathédrale de Saint Jean eit à
l'orient } mais entièrement ruinée. Elle a cinquante-
fix pas de longueur , fur trente deux de largeur. Les
Turcs ont pris les pièces des colonnes de la nef pour
mettre fur leurs tombeaux. Le corps du bâtiment n'é-
roit que de brique. La ville eit peuplée de deux ou
trois mille Turcs , Se il n'y a que douze ou quinze
miférables familles de Chrétiens Grecs qui cultivent la
terre. Il leur relie une églife dédiée à faim Théodore ,
évêque de Smyrne , fous le diocèfe de laquelle ils font
compris.
C'eit à Pergame qu'on trouva Pufage du parchemin.
Pline , /. 1 $. c. 11. fur le témoignage de Vairon , donne
à cette ville la gloire de l'invention d'une chofe qui
allure une forte d'immortalité aux hommes. CLuide
Galien , fameux médecin , 6e grand philofophe , étoit
de Pergame , ainfi que le rhéteur Apollodore , précep-
teur d'Augude. Cardan met Galien au nombre des
douze plus fubrils Espagnols dont on ait jamais par-
lé. Il vivoit dans le deuxième fiécle , fous l'empire de
Marc-Antonin le philofophe. Il mourut dans fa pa-
trie , âgé de foixante 6e dix ans. Quelques-uns veulent
pourtant qu'il ait vécu cent quarante ans.
PERGAMUM , ou Pergama : c'étcii le nom de
la forterefle de la ville de Ttoye. Elle étoit fituée dans
le lieu le plus élevé de la ville. Virgile en parle dans
divers endroits de l'Enéide.
PERGANTIUM , ville de la I igurie , félon Etienne
le géographe. C'eft aujourd hui Brcgar.çon , fur la côte
de Provence, vis-à-vis des ides d'Hières , car la Ligu-
rie s'eil autrefois étendue jusques-là. Voyez. Bregan-
ÇON.
PERGAZA , canton de l'Attique. Etienne le géogra-
phe dit que c'étoit une partie de la tribu Erechthéide;
Se ALYicn ajoute que c'étoit la patrie de Nicias. * Or-
tel. Thefaur.
PERG/E. Voyez. Perga.
PERGE , ville d'Afie , dans la Pamphilie. Voyez, Per-
ça 1.
PERGELL , ou Pregeix, vallée chez les Grifons fai-
fant la feptiéme communauté de la ligue de la Caddée,
ou maii'on de Dieu. Après avoir traverfé le mont Sep-
timer , on entre dans le pays dePergell, ou Pregell,
en latin Pragallia , ainfi appelle par les anciens . par-
ce qu'il étoit aux frontières de la Gaule Cifalpine. Quel-
ques uns néanmoins veulent que le nom latin foit frœ-
julia y 6e qu'il lui ait été donné parce que le pays eft
fitué au pied des Alpes Juliennes. C'eft une grande val-
lée, qui s'étend en long de l'orient à l'occident. El-
le a reçu de grands privilèges des empereurs , Se de
tems immémorial elle a été appellée Pays libre de l'Em-
pire ; auili fait- elle feule une communauté générale.
Elle eit partagée en deux jurisdiétions , qui font bor-
nées par un endroit, nommé la Porte. Les paroiffes
d'au-deflus de la Porte font Cafaccia , village au pied
du mont Septimer , 6e célèbre à caufe du corps de S.
Gaudence , qui y a été enterré. On avoit fondé en l'hon-
neur de ce faint un monaftere près de ce village. L'on
en voit encore les ruines auprès du grand chemin. Les
autres paroifles d'au-defius de la Porte font Piazza ,
Saint Caffiano , Stampa , Cultura , Sec. Celle d'au-des-
fous de la Porte font Soglio , en allemand Solg, ou
Soy , Caftafegna , Bondo , 6ec. * 'Etat & Délices de la
Suife, t. 4. p. J4.
PER
Le pays de Pregell eit afiez fertile Se fe reflenc
beaucoup de la douceur du climat de l'Italie. Les monts
Septimer 6e Majols , ou Malojus ,lui fervent de rempart
contre l împétuofité du vent de nord ; 6e la rivière de
Mera ou Maira , formée de deux branches qui fortenc
de ces deux montagnes, l'arrofe dans toute fa lon-
gueur, après quoi elle entre dans le comte* de Chia-
venue. Le matin il fe levé un vent d'orient qui fouf-
fle jusqu'à midi , où il s'en levé un d'oueft qui fourfle
jusqu'au foir.
1. PERGOLA, petite ville d'Italie , dans la partie
orientale du duché d'Urbin, fur une petite rivière qui
fe jette dans le Cefano , fi ce n'eft pas une des bran-
ches de ce fleuve. * Magin , Carte du duché d'Ur-
bin.
2. PERGOLA. Corneille dit : Petit bourg ou villa-
ge de l'ifle de Naxie , dans l'Archipel. 11 ajoute: Ce
lieu , près duquel on voit les ruines d'un ancien tem-
ple de Bacchus , étoit autrefois une ville que l'on ap-
pelloit Stïongyle. De Tournefort , t. 1. p. 84. qui
dans fon voyage du Levant donne une lifte des villa-
ges de l'ifle de Naxie , ne connoîc point celui de Per-
gola , à moins que ce ne foit celui qu'il nomme Pyr-
gof. A l'égard du temple de Bacchus , il étoit fur une
écueil , à une portée de fufil de l'ifle , rcut près du
château. J'ai parlé de ce temple dans l'article de l'ifle
de Naxie. Voyez, Naxie.
PERGUS ou Pergusa, lac de l'ifle de Sicile , à
cinq milles de la ville d'hnna , du côté du midi. Les
Poëtes difenr que c'eft près de ce lac que Pluton ra-
vit Proferpine. Comme les anciens ayoient beaucoup
de vénération pour le lac de Pergus , on croit que
c'efi de ce lac dont Claudien entend parler dans ces
vers :
. . '. . admittit in ahum
Cernenteis ocidos ; çr Lue pervius humor
Ducitirioffènfos liquida fubgurgite vifus ;
Imaqiic perjpicui prodïtjecreia profanai.
* Ovid. Mcram. /. j. v. 3 8y , 6e fuiv.
Ce hc a quatre milles de circuit , 6e au lieu qu'il
fe trouvoit autrefois au milieu d'une foret , aujoiudJmi
fes bords font plantés de vignes. On n'y voit point de
poiffons; mais on y ponrroit pécher une quantité pro-
digieufe de couleuvres.
On appelle aujourd'hui ce lac Coridan. Voyez, ce
mot.
PERIA. Voyez Pereia.
PERIADA, ville de l'Eubéc, félon Orteîius, The-
faur , qui cite Srrabon.
PERJAN , ville d'Afie, dans la Tartarie , dans la
projdnce ou royaume de Bedakchan, à deux journées
d'Endcrabe , du côté fle Siapouches , félon Petis de la
Croix. H:ji. de Timi/r-Bcc , L 5. c. 3.
PERIAPATAM, bourgade des Indes, à l'extrémité
occidentale du cap de Comorin , dans l'état de Tra-
vancor , entre Culechi , au nord occidental , 6e Top-
0 à l'orient. * Atlas , Kob. de Vaug.
PERIBOLUS, ou Periboeon; Denys de Byzance,
p. 10. dans fa defeription du Bosphore de Thrace dit 3
qu'après le bois d'Apollon on trouvoit le Pcribolus.,
où les Rhodiens attachoient leurs vaillcaux pour les
garantir des tempêtes. Il ajoute que de fon tems il en
demeuroit encore rrpis pierres, Se que le refle croit tombé
de vieillefiè. Le mot mp-'â^s? , Peribolus , 6c la de-
feription dontDenys de Byzance l'accompagne , femblent
dire que c'étoit un mole , une muraille , ou un quai
revêtu. Pierre Gylles , de Bosphoro Thrac. /. 2. c. 8.
juge que ce lieu eit le même que les pêcheurs nom-
ment aujourd'hui Rhodacinion; 6e il fonde ce ju-
gemerit, non feulement fur le rapport des noms , mais
encore fur la fitnation des lieux , Denys de Byzance
plaçant le lieu où les Rhodiens attachoient leurs vais-
feaux , précifement dans l'endroit appelle aujourd'hui
Rhodac'wion. On n'y voit préfentement qu'une grofie
pierre qui fort au-deffus de l'eau , 6e qui tient à d'au-
tres pierres qu'on jetta autrefois dans l'eau pour y fon-
der un mole qui formoit un port. Ce mot de Peribo-
lus efi grec 6c fignirk proprement une enceinte de
%$6 PER
PER
muraille. Les Grecs l'ont donné à divers lieux & on
le trouve dans Ezechiel pour lignifier un mur de ré-
paration.
PERlCANT , lieu de France , en Gascogne , dans
la Lomagne. C'eft une terre avec haute > moyenne &
bafle jultice , & qui relevé du roi.
PERICONNESUS, lieu aux environs de Byzance ,
félon Chalcondyle , Thejaur.
PERICTIONES, peuples de la Dolopie , félon
Ortelius , Thejaur. qui cite Orphée , in Argonaiu,
PERIDMETUM , ville de Thrace : c'eft Chalcon-
d\Je qui en fait mention. * Ortel. Thefaur.
' PERIÉ . ifie & village de France , dans le Poitou ,
élection des fables d'Olonne. L'ifle au milieu de laquelle
efl: le village fe trouve environnée d'un grand marais.
Les religionnaires commandés par le prince de Soubife ,
leur général, y furent défaits en 1611, par le roi
Louis XIII qui commandoit fon armée en perfonne.
-PERIERBIDI, peuples de la Sarmatie Afiatique , fé-
lon Ptolomée, /. $.c. 9.
1. PERIERES , ou PnrviERs , bourg de France , dans
la Baffe Normandie , avec bailliage & titre de vicomte.
11 eft fitué entre S. Lo , Coutances, Pirou & Caiem
tan , fur une petite rivière qui va tomber dans la Ca-
rême , au-deffous du prieuré de Bohoms. On y tient
un gros marché le famedi. * Corn. Dicc. fur des Mém.
dreffés fur les lieux en 1704.
Le bailli de Perieres efl, de robe longue , Se prend
la qualité de bailli , lieutenant général , civil & cri-
minel. Les fentences s'intitulent en fon nom , Se l'appel
eft: porté au parlement , lorsque les caufes ne font point
dans les cas préfidiaux -, & lorsqu'elles font préfîdiales,
elles font portées au préfidial de Coutances. Le bailliage
de S. Sauveur Landelin a été transféré àPériers pour
la commodité des plaideurs ; ainfî ce n'eft qu'un feul
& même bailliage fous deux noms différais. * Piganiol,
Def. de la France , t. 5 . p. 3 24.
2. PERIERES ouPeries, bourg de France , dans la
Normandie , à quatre lieues de Rouen , & à deux de
Lyon , entre Charleva! Se l'abbaye de l'Ifle-Dieu. Il
efl fitué fur la rivière d'Andelle. C'eft un titre de ba-
ronnie , qui appartient à l'abbaye des Bénédictins de S.
Ouen de Rouen. Ils ont par-là la feigneurie Se le pa-
tronage des paroifles de S. Etienne de Periez, deTran-
fieres, de Peruel, de Morville fur Andelle , Se de cel-
les de Fayelle , de Cantelou , de Lettre-guive , d'Au-
fouville & autres afllfes dans la campagne du côté de
Rouen. * Piganiol, Defcription de la France, tom. 5.
p. 324.
PERIET , abbaye de France, dans la partie de la Hau-
te-Alface qui dépend du diocèfe de Bâle , dans le Val
d'Orbe. Elle eft de l'ordre de Cîteaux , de la filiation de
Lutzel , de la même fondation Se en règle. Ses revenus
font de fept ou huit mille livres?* Piganiol , Defc.de
la France , t. 7. p. 394.
PERIGAN , bourg de France , dans la Saintonge ,
élection de Saintes.
PERIGNAC, Parigniacum , ou Periniacum , ab-
baye d'hommes , en France , de l'ordre de Cîteaux , %
liation de Bonnefons , dans l'Agenois , en Guienne , en-
tre le Lot & la Garonne, proche de Montpefat. Comme
la vallée de Montpefat eft fort étroite & environnée au
midi de montagnes d'où il découle fouvent des torrens ,
cette abbaye fe trouve fouvent incommodée de ce voifi-
nage. Ses bâumens réguliers étoient autrefois affez beaux;
mais il n'en refte plus rien: tout a été détruit dans les
guerres des Albigeois Se des Calviniftes& par les inon-
dations. On place fa fondation vers le milieu du douziè-
me fiécle , Se on l'attribue aux moines Se à l'abbé de Bon-
nefons , dont elle efl: fille en ligne de Morimon. Flan-
drine , dame de Montpefat, feeur d'une autre Flandrine,
dame du château de Montpefat , près Saint Martoire ,
dans le comté de Comminges , la dota de plufieurs biens-
fonds. Les autres feigneurs de Montpefat , très-puiffans
dans l'Agenois , furent auffi , à ce qu'on croit , fes bien-
faiteurs. Les Calviniflesqui achevèrent de la ruiner du-
rant les guetesde religion , en ont pillé les titres Se tout
ce qu'il y avoir de précieux.
PERIGNAN , L. Periniamts , ou Perinhanus , au-
jourd'hui Fleury , efl: à préfent une terre confidérablc ,
dans le Narbonnois. On lit dans 1 hiftoirede Languedoc ;
par dom Vaifiette, t. j. p. 418. qu'Aimeri IV reçut en
1228, en préience d'Hugues de Perignan Se de Rai-
mond , fes écuyers, l'hommage de Bernai d de Saine
Etienne , & dans les preuve* de la même hifloire , par
le même , t. 3 . p. 600 & 602. n. ccclxv. Se ccclxvii.
on trouve un accord en 1271, entre Aimeric Se Alma-
vic : on y nomme plufieurs châteaux ; celui de i erignan
efl du nombre : In caftris de Albaribus , de Ferr.ams &,
de Periniano ; Se dans l'aveu Se dénombrement d'Aime-
ri , vicomte de Narbonne , on lit: Item in Narbonefi»
caftra de Perinhano & de Parafuno. Cette terre a été
une baronnie-, mais en vertu des lettres paentes en forme
d'édit -, données à Verfailles au mois de Mars 1736 , le
roi a changé ton nom en celui de Fleury , avec titre de du-
ché Se pairie , en confidération des fervices que lui a
rendu le feucardinal.de fleury, oncle materneldu duc
de Fleury d'aujourd'hui , lequel fut îeçuduc Se prit féan-
ce en qualité de duc Se pair de France*, fit le fermenc
accoutumé , Se jura fidélité au roi , fuivant l'arrêt du par-
lement de Paris , le 10 Mai 1736. Cette terre étoit déjà
mouvante en plein fief, foi & hommage du roi avant
le changement de la dénomination. Les fiefs Se arriere-
fiefs qui en dépendent , font l'ifle d Ellec, diocèfe de Nar-
bonne , fénéchauflée de Carcaflbnne-, Rocofel , érigé en
marquifat par lettres- pat entes du mois de Septembre
1724 jCeilhe , le fort Se le château de Bouloc ; les fiefs
& arrière fiefs de Montegut, Bournac, Cantesmeles,
Pratnauffel , Douze , Pueck , Faulat , Lartentes , les Blan-
daftesdeGineflons , Salvaignac,la Blanquiere Se Delver-
dié ; Se la terre & feigneurie de Die , compofée des parois-
fes de Die , Valquieres , Vernafcbies ,Se Prades', le touc
fitué dans le diocèfe de Beziers, dépendant autrefois de
la fénéchauflée de Carcaflbnne , & qui ont été depuis
démembrés , pour faire partie des fénéchauffées de Be-
ziers Se Limoux. Les droits dudir duché Se pairie font
traités Se jugés en la cour du parlement de Paris en pre-
mière inflance. Les caufes Se procès , entre les judicia-
bles Se vaffaux , reffortiffent nuemenr par appel de ce
duché & pairie en la cour du parlement de Touloufe.
Les patentes d'érection portent diftraction Se exemption
du reffort de tous les autres juges Se jurisdictions où les
appellations des officiers des terres Se feigneuries de la
dépendance avoient coutume de reffortir, fans préjudi-
ce des cas royaux dont la connoiffance efl demeurée aux:
juges ordinaires.qui ont coutume d'en connoître. Tous
les enfans Se descendans mâles en ligne directe , nés Se à
naîtfe en loyal mariage de Jean-Hercule de Roffet , de
Rocofel , duc de Fleury jouiront à perpétuité , comme
feigneurs propriéraires du duché Se pairie de Fleury , du
nom , titre , qualité Se dignité de pair de France , fuivant
l'arrêt du parlement de Paris le 1 1 Mai 1736.
1. PERIGNE( La ) , abbaye de France , au diocèfe
du Mans. C'eft une abbaye de filles de l'ordre de faine
Auguftin. D'abord ce ne fut qu'un prieuré fondé par une
perfonne de la famille des Ufnges. Guillaume des Ufages
augmenta en 1393 , la fondation de quarante liviesde
rente , & obtint que ce prieuré feroit érigé en abbaye fous
le nom de Saint Louis. Le revenu de cette abbaye monte
à trois mille livres. Cette abbaye n'eft pas de l'ordre de
faiht Auguftin , mais de S. Benoît. * Piganiol, Defc. de
la France , t. j. p. 47J.
2. PER1GNE , bourg de France , dans le Poitou , éle-
ction de Saint Maixant.
PERIGNY , bourg de France , dans le pays d'Aunis ,'
à demi-lieue de la Rochelle.
PER1GORD ( Le) , province de France , qui a au
nord l'Angoumois ; au couchant la Saintonge , le Bafa-
dois & le Bordelois -, au midi il a l'Agenois ; à l'orient le
Quercy & le Limofin. Ce nom vient de celui des an-
ciens peuples Petrocorii , ou Petricorii, qu'on a corrom-
pu dans le cinquième fiécle en Petricordii. Ces peuples ,
qui font connus dans les commentaires de Célar , étoient
alors du nombre des Celtes , & Augufle les mit fousl A-
quitaine. Cette province ayant été divifée en deux fous
Valentinien I , les Petricorii fui enr attribués à la féconde,
Se eurent pour métropole Bordeaux -, leur capitale s'ap-
pelloitVESUNA , comme nous rapprenons de Ptolomée.
Mais dans le quatrième fi. clc , la ville quitta entière-
ment ce nom pour prendre celui du peuple Petricorii,
d'où
PER
PER
d'où on fie Petrïcordium 8c Petricoriwm, aujourd'hui
Périgueux. * Longuerue , Defcription de la Fiance , part,
i.p. 172.
Les Goths s'emparèrent du Périgord au commencement
du cinquième fîécle ; mais les Francs le prirent fur eux.
Les rois de Neuftrie Mérovingiens l'ont poflédé jusqu'au
tems du duc Eudes, qui fe rendit abfolu dans l'Aquitai-
ne , 8c ce fut Pépin , père de Charlemagne , qui conquit
le Périgord fur Gaifre , petit-fils d'Eudes. Les Carlovin-
giens , qui ont régné dans la France occidentale , ont eu
jusqu'au dixième fîécle le même pays 1 qu'ils gouvernoient
par des comtes qui n'étoient que de fimples officiers. Dans
Je même fîécle , Guillaume Taillefer, comte d Angoulê-
me, écoit auffi comte de Périgord , 8c il eut pour fucces-
feurfonfils Bernard, qui, fous les rois Louis d'Outre-
mer 8c Lothaire , &c fous les deux premiers Guillaumes ,
ducs d'Aquitaine , fe rendit véritablement propriétaire de
ces deux comtés , en reconnoiflant néanmoins le duc
d'Aquitaine pour fouverain. Le comte Bernard, qui mou-
rut fans enfans , eut pour fucceffeur au comté de Péri-
gord , Bjzou , comte de la Marche , fon beau-fiere ,
qui avoitépoufé fa fœur Emma. Cette comtefie, qui étoit
la véritable propriétaire du Périgord, étant mécontente
de fon mari , l'empoifonna ; cV pour venger ce prince ,
Guillaume II , duc d'Aquitaine , aiïiégea la ville de Péri-
gueux 8c la prit ; mais il conferva le comté de Périgord à
Helies, filsdeBozon. Depuis ce tems, il y eut deux comtes
de cette maifon , l'un en Périgord , & l'autre dans la Mar-
che , jusqu'à ce que ce dernier comté vint à la maifon de
Lufignan. Le Périgord demeura dans la race masculine
de les anciens feigneurs jusqu'au tems d'Archambaud ,
qui par arrêt de l'an 1 3 96 , fut banni du royaume comme
rébelle, & fes biens furent confisqués. Son fils , Archam-
baud le Jeune, ayant perfévéré dans la rébellion de fon
père, fut auffi banni, 6V fes biens furent confisqués par
un autre arrêt de l'an 1399. Charles VI donna le comté
de Périgord à fon frère Louis , duc d'Orléans , qui le
laifta à fon fils Chai les , auffi duc d'Orléans. Charles
ayant été fait prifonnier par les Anglois , & ayant befoin
d'argent , vendit l'an 1 437 , le comté de Périgord à Jean
de Blois , dit de Bretagne . comte de Penthievre , qui le
lniïaa fon fils Guillaume. Celui-ci n'eut qu'une fille nom-
mée Françoife , qui époufa Alain , fire d'Albret , bifaïcul
de Jeanne d'Albret, reine de Navarre. Jeanne apporta
tous l'es états en mariage à Antoine de Bourbon , père
d'Henri IV , qui , ayant fuccédé à Henri III , réunit à la
couronne le Périgord 8c tous fes autres biens patrimo-
niaux. La feigneurie utile 8c la juftice appartenoient à l'é-
glife collégiale de Saint Front , qui a été long-tems des-
fervie par des chanoines réguliers -, il y a même un arrêt
rendu l'an 1299 , par lequel les chanoines & l'églife de
Saint Front font maintenus au pariage de la feigneurie 8c
de la juftice de Périgueux avec le roi , duc d'Aquitaine.
Tous les biens de cette églife ayant été unis à la menfe
épiscopale , ces droits appartiennent aujoutd'hui à l'évê-
que de Périgueux , cofeigneur avec le roi , comme les
prédécefTeurs de ce prélat l'avoient été avec les ducs d'A-
quitaine. Philippe-Augufte prit Périgueux fur Jean Sans-
terre, roi d'Angleterre &c duc d'Aquitaine ; mais Henri
III , fils de Jean , reprit porTeffion de cette ville 8c de
tout le Périgord, en exécution du traité conclu avec faine
Louis l'an 1259. Philippe le Bel dans la guêtre qu'il fit
contre Edouard II , fe rendit maître de la ville de Péri-
gueux. Philippe de Valois convint avec Edouard III, lors-
qu'il lui fit hommage du duché de Guienne , qu'on ren-
droit au roi d'Angleterre , duc de Guienne , le Périgord -,
mais la guerre ayant recommencé entre les François 8c
les Anglois, on fut contraint décéder aux Anglois la ville
& cité de Périgueux en toute fouveraineté l'an 1360. Ce
traité fut rompu fous Charles V, qui reconquit la plu-
part des pays qu'on àvoit perdus fous le règne de fon pè-
re , 8c particulièrement Périgueux , qui fut réuni à la
couronne.
Le fénéchal de Périgord eft fénéchal de Périgueux,
Sarlat 8c Bergerac. 11 en cil auffi gouverneur particulier ,
fous les ordres du gouverneur de Guienne , comme les
fénéchaux 8c gouverneurs d'Agenois & de Condomois.
Sa charge eft d'épée , 8c la juftice fe rend en fon nom
dans les trois fénéchaufiees. Il commande lanoblefle lors
delà convocation du tan , 6c il a cent cinquante livres de
897
gages employés dans l'état des charges du domaine. Il y à
auffi un lieutenant du prévôt général de la maréchauflee
de Bordeaux, un afiefleur, un procureur du roi 8c un
greffier.
Le Périgord a trente -trois lieues de long, 8c vingt-qua-
tre de large. On le divife en Haut & Bas Périgord, ou
bien en blanc 8c en noir.
Dans le Haut Périgord appelle le Blanc , font :
Périgueux , Mucidan , Aubeterre.
Bergerac, Limeil ,
Dans le Bas-Perigord, ou Noir Périgord, ainfî
nommé , parce qu'il elt plus couvert de bois, font :
Sarlat , Caftillon , Domne, Terraflbn.
Les rivières les plus confidérables de cette province
font la Dordogne , la Vezere , llfie & la haute Vezere.
Ces trois dernières ne font navigables que par le fecours
des éclufes. Le terroir produit du leigle 8c de l'orge.
Il y a beaucoup de montagnes couvertes de noyers 8c de
châtaigniers ; mais le pays abonde fur-tour en mines d'ex-
cellent fer , dont on fait des canons , qui pafltnt pot r erré
auffi bons que ceux de bronze. On tiouve auffi plufieurs"
fources d'eau médecinale. L'air eft pur & fain. Les habi-
tans font vifs & belliqueux. 11 y a beaucoup de noblefle >
qui eft fort ancienne. * Piganiol , Defcr. de la France ,
t. 4. p. ;o;.
PERIGUEUX, Vcfitna, Vefunna , Petrocori , Fe-
troeorii , Chicas Pet, ocoriorum , ville de France , capi-
tale du Périgord, fur la rivière de Lille. La tour Vefune ,
le refte d'un amphitéatre 8c quelques autres monumens
font des preuves de fon ancienneté. L'ancienne ville étoit
d'une grande étendue, 8c fut ruinée en divers tems par
les Bai baies. Celle qu'on voit aujourd'hui eft ronde 8c
fermée départies 8c fortes murailles. L'églife cathédrale
eft remarquable par une autre pyramide élevée fur une
tour carrée en manière de clocher. La tour Vefune eft:
de forme ronde : fa hauteur va au-delà de cent pieds : l'é-
paifleur de fa muraille eft d'une toife , 8c elle eft aftez
entière. En-dedans elle eft enduite d'un ciment de chaux
& de tuiles : elle n'a ni portes ni fenêtres. On y entre
par deux fouterreins qui y conduifenr. On croit que
c'étoit un temple confacréà Venus. Les Dominicains, les
Cordeliers, les Auguftins & les filles de Sainte Claire ont
des maifons dans cette ville. 11 y a un collège , & l'Hô-
tel-Dieu eft fur le bord de la rivière de Lille , que l'on
pafte fur un beau pont pour aller dans les fauxbourgs.
* Piganiol , Defcription de la France, t. 4. p. jo'3.
Cette ville eft franche , 8c ne paye point détaille , 8c
la banlieue , qui a une aflez grande étendue , ne paye
point d'impofition.
L'évêché de Périgueux rapporte environ vingt-deux
mille livres de rente. Il eft fort étendu , 8c renferme plus
de quatre cens cinquante paroifles , dont le plus grand
nombre eft du gouvernement de Guienne , 8c le refte de
celui d'Angoumois. Cet évêché eft fort ancien , 8c on dit
que faint Front en a été le premier évêque, dans le qua-
ttiéme fîécle. L'abbaye de ce nom eft unie depuis fort
long-tems à l'évêché de Périgueux \ mais fon chapitre n'a
été uni à celui de la cathédrale que depuis environ foi-
xante ans. L'églife cathédrale , qui étoit dans la cité ,
fut ruinée par les Calviniftes : comme on n'avoit pu la
rebâtir qu'à moitié , on transporta lors de l'union des
deux chapitres le fervice dans l'églife collégiale de Saine
Front ; de forte que l'ancienne églife cathédrale n'eft plus
que l'églife paroiffiale de la cité. Le chapitre de la cathé-
drale confifte en quatre archidiacres, un chantre, un
fouschantre, un écolâtre, un théologal 8c trente-quatre
chanoines. Outre ce chapitre, il y en a encore un au-
tre dans le diocèfe -, c'eft celui de l'églife collégiale de
Saint Aftier.
Aimar Rançonnet étoit de cette ville. Il palTa pour
un des plus favans hommes de fon fîécle. Cujas lui dédia
en 1557, fes notes in Juin Paidi récent. Sent. Il fe fit
mourir lui même , de fe voir aceufé d'avoir eu commer-
ce avec fa fille. On n'a jamais vu une famille plus mal-
heuieufe que lafienne. Sa fille mourut fur un fumier,
Tem. IV. Xxxxx
898 PER
fon tils fut exécuté à more , Se fa femme mourut d'un
coup de foudre.
PERI MELE , ifle de la mer Ionienne, Se l'une des
cinq Echinades. Ovide en parle dans le huitième livre
de tes Métâmorphofes, v. J89.
Ut tamen ipfe vides, proc ni una recejfit
Infula grata rriihi ; Perimelen Navita dkit.
PERIMUDA. Voyez. Perimula.
PERIMULA , ville de l'Inde , au-delà du Gange. Pto-
lomée . /. 7, c. 2. la place fur la Cherfonnèfe d'or , &
Caftald la nomme Pat an e. Au lieu de Perimula Mien ,
écrie Perimuda, Se Tzetzès, Cbiliad. IL Hifi. 375. v.
459. fuit cette orthographe ; mais il en fait une ifle qui
produit des huitres. ytlien, Hi(ï. Anim. /. 1;. c. 8. dit
qu'on y pêchoit des perles. Pline , /. 6. c. 20. & /. 9. c.
35. donne le nom de Perimula à un promontoire de l'In-
de, aux environs de l'embouchure du fleuve Indus, du
côté de l'orient , & il ajoute auflî qu'il s'y pêchoit des
perles. Il dit auflî que fur ce promontoire il y avoit une
vxlk fort commerçante.
PERIMULUS, ou Perimulicus Sinus, golfe de l'In-
de , au-delà du Gange , félon Ptolomée , /. 7. c. 2.
PERINCARI , ville de l'Inde , en-deçà du Gange.
Ptolomée, /. 7. c. 1. la donne aux peuples Pandim>
ôc Orrelius , Thef. die que Callald l'appelle Pelagonga.
PERINE. Voyez, Parparon.
PERINGEN , bourg ou village d'Allemagne, dans
le duché de Bavière , près de l'Ifer , au-deflbus de Din-
gelfing. On y a trouvé desinferiptions qui font connoî-
tre que c'eft l'ancienne ville qu'on appelloit Tiberina
Caftra. Voyez, Tiberina Castra.
PERIMTHUS , autrement Héraclêe , ville de Thra-
ce , fur la Proponride , félon Ptolomée , /. 3. c. 1 1. Tzet-
zès , Chiliad. 3. ». 100. dit qu'Hercule la nomma ancien-
nement Mygdonia. L'itinéraire d'Antonin la place fur
la route de Dyrrachium à Byzance , entre Tirallum Si Cœ-
nophrurion , à dix-huit milles de la première , & à égale
diftance de la féconde. Voyez. Heraclée, n. 16.
PERIOECI, c'eft à dire , qui habitent tout à l'entour.
Ce mot eit grec rUp<Wc/. Il fignine en géographie des gens
qui habitent fous le même parallèle , c'eft à-dire, à mê-
me diitance du pôle Se de l'êquateur , mais toujours vers
le même pôle. Il n'efl pas nécefTaire qu'il y ait 180 deg.
de diiîance des uns aux autres. Le mot ne dit point cela ,
il fuffit d'être fous le même parallèle. Par exemple , les
habkans de Charleiiown dans la Caroline , de Mique-
nez au Maroc , de Candahar en Afie , &c. font Periœ-
ciens l'un à l'autre par rapport à ce qu'ils habitent fous
un même parallèle, quoiqu'à différentes diftances du pre-
mier méridien. Les peuples , qui font fous un même pa-
rallèle , ont le même été Se le même hyver : en un mot
les mêmes faifons , fauf pourtant la différence qu'y peu-
vent mettre les qualités du terroir plus haut ou plus bas,
ou plus fec ou plus humide, &c Ils onr les jours égale-
ment longs , Se les nuits de même ; c'efl-à-dire , que , fi
le plus long jour eft de vingt heures pour le peuple d'un
parallèle, tous les peuples, qui font Périœciens à fon
égard , ont le jour auflî de vingt heures dans le même tout
du foleil. Il en eit de même des nuits.
Si par Périœciens on entend ceux qui habitent fous un
même parallèle & fous un même méridien continué au-
delà du Pôle, de forte que les deux peuples qui font Pé-
riœciens l'un à l'autre, ayent précifément la même la-
titude, mais une longitude différente de 180 degrés,
alors on conçoit aifément que des peuples, qui ont en-
tr'eux ce rapport, doivent êtie oppofés pour le jour &
pour la nuit ; quoiqu'ils comptent la même heure , l'un
a midi quand l'autre a minuit. Il eit trois heures éga-
lement pour l'un & pour l'autre ; mais l'un compte trois
heures du matin, Se l'autre trois heures du foir ;&ainfi
de tous les autres inftans du jour Se de la nuit. En ce
fens ce qui eft au couchant d'un de ces peuples , eft à
l'orient de l'autre. Aux jours des équinoxes, le foleil fe
levé pour l'un de ces peuples quand il fe couche pour
autre.
PERIPHOSIUS , port de la Libye Intérieure. Ptolo-
mée , /. 4. c. 6. le place dans le golfe Hespérien , entre
PER
l'embouchure du fleuve Stachiris Se le promontoire CW-»
tharitm.
PERIPOLIUM , ville d'Italie, chez les Locres Epizé-
phyriens. Thucydide , /. 3. p. 240. nous apprend qu'elle
étoit fur le bord du fleuve Halex , aujourd'hui Alece. Or-
telius , Thej. dit que Gabriel Barri la nomme Amigdalia ,
Se qu'on l'appelle vulgairement Mendolia \ Magin ce-
pendant écrit Mendolaïa.
PER1PP11 TURRIS, lieu du Péloponnèfe, félon Po-
lybe , /, r. Il étoit quelque part au voifinage de l'A-
chaïe.
PERIRRHEUSA, ifle aux environs de l'Ionic \ c'eft
Pline , /. j. c. 3. qui en fait mention.
PERIS , abbaye régulière , ordre de Cîteaux , dans la
Haute Alface , frontière de Lorraine.
PERIbADYES, peuples de l'IUyrie. Strabon. l.7.p.
516. les place près des mines de Damaftium. Les manu-
ferits varient pour l'onographe de ce nom : il y en a qui
portent P<.ryjadyes Se d'autres Perifadies.
IER1SCII , c eit a-dire, ceux dont l'ombre fait lu
tourj ce qui ne convient qu'aux peuples finies fousl'équa-
teur. Ce mot eit pris aufli de la langue grecque nipia-mot.
J'explique au mot Ombre l'ufage que les géographes ont
fait des ombres , pour diitinguer les différentes parties de
la terre.
PERISIA.K^Perusia.
PERISTASI , ville des états du Turc , en Europe. Elle
eft: dans la Romame , fur la côre de la mer de Marmo-
ra, au midi d'Héiacliffa. De l'Ifle, Atlas , nomme ce
lieu Saint George Se Ptriflafis.
PER1STERE, ville delà Phénicie, félon Etienne le
géographe.
PERlSTERIDES,ifled'Afie, fur la côte de l'Ionie ,
proche la ville de Smyrne , félon Pline : elle fut nommée
Perïfierides , à caufe de la multitude de pigeons dont
elle étoit peuplée.
PER1TA , ville de l'Inde. Alexandre , dit Plutarque,
in Alexand. ayant perdu un chien appelle Perites , fit bâ-
tir en fon honneur une ville qu'il nomma de fon nom.
PERITHEORIUM, fiége épiscopal . dans la Macé-
doine , fous le patriarchat de Conftantinople , félon Or-
telius , Thef. qui cite Curopalate.
PER1THOED./E, municipe du territoire d'Athènes,
dans la tribu Onéïde. Etienne le géographe Se Héfyche
en font mention ; Se Plutarque >in Alcibiad. parle d'un
certain Hyperbolus, du bourg ou municipe Perithoide,
méchant homme qui fournit de fon tems une riche matiè-
re aux poètes comiques , qui le prirent tous pour l'objet
de leurs railleries Se de leurs invectives.
PERIZ/EL Voyez, Pherezéens.
1. PERLE { La ) , petite ifle de l'Amérique feptentrio-
nale , à la bande du nord de 1 ifle de la Martinique , pa-
roifie du Prêcheur.
2. PERLE ( L'anfe à) , anfe de l'Amérique feptentrio-
nale, fur la côte occidentale du quartier du nord de
1'ifle de Saint Domingue, à une ou deux lieues du Cap aux
Fous. Il y a dans cette anfe un bon mouillage pour les
vaifleaux.
PERLEBERG , ville d'Allemagne, dans la Marche
de Brandebourg Elle eft au confluent de la Perle & de
la petite rivière de Strepenitz , au nord de Wittemberg ,
Se à l'orient de Schnakenburg.
1. PERLES ( Banc de ). On donne ce nom à un banc,
dans la mer des Indes , entre la côte de la Pêcherie Se l'ifle
de Ceylan, mais plus près de la côte de la Pêcherie que
de l'ifle. Ce banc eft à l'oppofite de Tutucurin. * Atlas ,
Robert de Vaugondy.
1. PERLES (Banc de ) , banc de la mer des Indes, pro-
che de la côte occidentale de l'ifle de Ceylan , au midi
de l'ifle de Manar. * Atlas , Robert de Vaugondy.
3. PERLES ( ifles des). Voyez, au mot Isles , l'article
Isles Royales.
4. PERLES ( Ifles des), dans l'Amérique feptentrio-
nale , près de la côte de Guatimala : elles font en grand
nombre , & s'étendent du nord au fud , depuis l'embou-
chure de la rivière de Yairepa, jusqu'à la hauteur de
l'embouchure de Defaguadero. * Atlas , Robert de Vau-
gondy.
;. PERLES (Ifles des), ifles de l'Amérique fepten-
trionale , dans cet espace de mer qui fe trouve entre la
PER
Jamaïque au nord, Fifthme de Panama au midi, & la
côte de Guatimala à l'occident , à peu près à égale di-
ftance de ces trois endroits. De FIfle lui donne auffi le
nom de Serran a. * Atlas, Robert de Vaugondy.
6, PERLES ( rivière aux ) , rivière de l'Amérique fep-
tentrionale, dans la Louïfiane , entre le bras oriental du
Miflifllpi ôc la petite baie de Saint Louis. Elle fe jette dans
la mer , auprès des nouvelles cabanes de Colopifla» Les
Biloxis fe font retirés fur fes bords. Les perles qu'on y a
trouvées ne font pas d'une belle eau.
PERMESSUS, fleuve de la Bœtie. Strabon , /. 9. p.
407. dit que ce fleuve ôc celui d'Olmejus , qui avoient
tous deux leur fource dans l'Hélicon , joignoient leurs
eaux & fe jettoient dans le marais Copaïdes. Paufanias ,
/. 9. c. 29. écrit Terme/fus , Se Nicander, inTheria/Jis,
Parmejfus. Virgile parle de ce fleuve , dans fes Bucoli-
ques , Ed. 6. v. 64.
Tum can'u , errantem Permtjjî adfiumina Gallum.
PERMETANIA , contrée dont il eft parlé dans la vie
de faint Théodore l'Archimandrite. Ortelius 1 Thef. croit
qu'elle étoit quelque part dans 1 Afie mineure.
PERMI , peuples de la Sarmatie Blanche , félon Chal-
condyle , qui appelle Sarmatie Blanche la partie fepten-
trionale de la Sarmatie.
PERMIA WELIKI. Corneille , DM. dit : Ville capi-
taie du duché de Permski , en Moscovie , fur la rivière
de Wiflera , près de fon embouchure dans celle de Ka-
ma. La nouvelle carte de l'empire Rumen nomme cette
ville Permekky , & la place au confluent des rivières
Uflblkat ôc Kama , entre le Wolga ôc FOby , presque à
égale diftance de ces deux fleuves. Cependant Olearius ,
Voyage de Moscovie , /. 3. p. 1 12. a écrit que la rivière
de Vischora n'entroit dans le Kama qu'à quinze lieues de
cette ville. Il y en a une autre dans la même province
qu'on appelle la Vieille Pcrine ou Permice. Elle eft plus
méridionale de près de 8 degrés que l'autre.
PERMSKI, Permhkiu ouPermie , province de l'em-
pire Rulïien , dans la Moscovie. C'eft, dit Olearius , une
des grandes provinces de Moscovie. Elle eft éloignée de
la ville de Moscow de deux cens cinquante ou de trois
cens lieues d'Allemagne, vers le levant ôc le nord. Sa
ville capitale lui communique fon nom. Les habitans de
cette province ont un langage ôc des caractères tout par-
ticuliers : ils mangent des légumes au lieu de pain ; ôc
au lieu de tribut , ils envoient au grand duc des chevaux
6c des fourures.
PERN AMBUCO, capitainerie , dans l'Amérique mé-
ridionale , au Bréfil. Pern ambuco eft le nom que les Por-
tugais donnent à cette capitainerie , appellée Pernambu-
co par les Hollandois ôc les François. Le nom de Per-
nambuco eft celui que les naturels du pays donnoient au
port de Reciffe , où il y a un mole naturel qui s'avance
beaucoup dans la mer , ôc paroït un ouvrage de l'art. La
province de Pernambuco eft fituée entre les 8 & les 10
deg. de latit. auftrale. Elle efl bornée au nord par la ca-
pitainerie de Stamaraca ou Tamaraca , & celle de Sere-
gippe au fud , à l'orient par la mer , au midi par la ri-
vière de Saint François : elle n'a point de bornes réglées
à l'occident : elle s'étend fort loin dans la profondeur des
terres , où l'on trouve de très belles plaines. On compte
fur ces côtes jusqu'à fix ports de mer , dans l'espace de
cinquante lieues , depuis la rivière de Saint François qui
la fépare depuis la capitainerie de Seregippe , jusqu'à celle
de Saint Pierre. Quoique cette capitainerie foit d'une
allez grande étendue , elle n'a que deux villes, Olinde &c
Garafu. Sa longueur vers le fud , depuis la ville d'Olinde
jusqu'à la rivière de Saint François , eft d'environ cin-
quante lieues. Alagoa , lac dans les terres , à fept ou huit
lieues de la mer , eft au nord de cette rivière. Il y a dans
cet endroit cinq ou fix moulins à fucre , ôc fept ou huit
auprès de Porto Calvo , qui eft du même côté. Proche
delà , vers le nord , eft le village d'Una, avec quatre ou
cinq moulins , & un peu plus loin eft la grande bourgade
de Serrinhan , près de laquelle il y a douze moulins ,
qui rendent ordinairement fix ou fept mille arobes de fu-
cre, chacun pelant vingt-fept ou vingt-huit livres. En-
fuite on trouve la bourgade de Poyuca , fur une rivière de
même nom , ôc qui fe rend dans la mer » un peu au-defïiis
PER 899
du cap de Saint Auguflin. Le long de ce cap eft la bour-
gade de Saint Antonio de Cabo , dans la banlieue de la-
quelle il y a vingt moulins, qui font une gtande quan-
tité de bon fucre. Au-deflbus du même cap eft bâtie la cha-
pelle de Nueftra Senora de la Canddaria , où il y a un
chemin qui conduit aux campagnes appellées Cucure-
nas. Delà jusqu'à la ville d'Olinde , on compte cinq
«lieues, dans lesquelles font compris vingt deux moulins.
A neuf ou dix lieues de cette ville , vers le dedans du
pays eft fituée O Matta de Bra/il, bourgade fort peu-
plée. On y coupe quantité de bois de Brefil , qu'on porte
à la bourgade de Saint Laurent , où font fept ou huit
moulins , qui rendent beaucoup de fucre.* De haè't
Defcription des Indes occidentales, 1. ij. c. 24.
Cette province a été la première découverte. Vmeci:
Yannez Pinçon , Caftillan , qui avoit accompagné Chri-
ftophe Colomb à fon premier voyage , aborda le 26
Janvier à un cap de cette province, qu'il nomma le Cap
de Confolation , de que les Portugais ont depuis appelle
le cap de Saint Auguftin. Ce ne fut que le huit de Mars
fui vaut , que D. Pero Alvarez Cabrai , amiral de la flotte
port ugaife des Indes , fut jette par la tempête fur les côtes
du Brefil, dont fa nation lui attribue mal-à propos la
première découverte. Jean III, roi de Portugal , concéda
la province de Pernambuco à Edouard d'Albuquei que , à
condition de la peupler ôc defoumettre les habitans, ce
qu'il exécuta dans la fuite des tems. Les Hollandois s'en
étant rendus les maîtres , le roi Jean IV , aptes qu'elle
eut été reprife fur eux , la réunit au domaine. Jusqu'à
l'invafion , Olinde avoit été la capitale de la capitainerie,
mais cette ville a été presque entièrement détruite pen-
dant les guerres.
PERNAU. Fov^Parnau.
1. PERNE , ville delà Thrace. Etienne le géographe
la place à Foppofite de celle de Thafus.
2. PERNE , ifle fur la côte de Flonie. Pline, /. 2. c,
89. dit qu'un tremblement de terre joignit cette ifle au
territoire de la ville de Milet.
1. PERNES, Perns, , ville de France , dans l'Artois ,
fur la Clarence. C'eft la plus petite ville de la province»
Elle n'a guère que cinq cens foixanteck; douze habitans.
2. PERNES, bourgade de France , dans la Provence ,
audiocèfedeCarpentras. C'eft le lieu delà naifiance d'Es-
prit Flechier , évêque de Nîmes.
PERNIC1ACUM , ville de la Gaule Belgique. L'itiné-
raire d'Antonin la place fur la route de Castellum à
Cologne, entre Geminiacum ôc Ad'uaca Tongro-
rum, à vingt deux milles de la première de ces villes»
ôc à quatorze de la féconde. On croit que c'eft aujourd'hui
Perveis , bourgade dans le Biabant.
PERNICUM, ville de la Thrace ou de la Bulgarie,
félon Ortelius , Thef. qui cite Cédrene Ôc Zonare.
PERN1 ou Prenei , Perniacus , bourgade de Lorrai-
ne , & le chef-lieu d'une prévôté, dans le pays de Scar-
pone ou Charpaigne , entre la Meufe ôc la Mofelle. Elle
n eft point du Barois , mais du duché de Lorraine. Le duc
Matthieu I , ayant offenfé l'évêque Etienne de Bar , ce
prélat , aiîifté de fon frère Renaud , comte de Bar , atta-
qua Perni ; ôc comme il étoit prêt de le prendre , il fît la
paix avec le duc Matthieu , par l'entremife de fon frère
Renaud. Cet évêque vivoit du tems de faint Bernard ,
qui le loue comme un zélé défenfeur des droits de fort
églife. Louis XIII , s'étant emparé de la Lorraine, fît ra-
fer les fortifications de Perni, qui eft refiée une fimple
bourgade , & difiinguée feulement par fa prévôté 3c par
fon doyenné. L'églife paroiflîale eft dédiée aux apôtres
faint Pierre Si faint Paul. * Longnerue , Defc. de la Fran-
ce, part. 2. p. 147.
Le Doyenné de Perni eft borné au feptentrion ôc à
l'orient par le diocèle de Metz ; à l'occident par celui de
Verdun ; ôc au midi par le doyenné de Dieu-Louart. II
eft fitué entre la Dette , petite rivière qui l'arrofe au mi-
di, & le Maye qui le mouille au feptentrion. Dans ce
doyenné il y a vingt-huit cures , deux abbayes , une corn-
menderie de Saint Antoine le Viennois , un chapitre, huit
couvens ôc un hôpital.
PERNITZ A , ou Peternitza , bourgade de la Mo-
rée , fur le golfe de Lepante. Voyez. Bu R a, ». 1.
PERN1E, prieuré de France, dans la Franche Comté,
au diocèfe de Befançon. C'eft un prieuré conventuel, ea
Tgm. IV. X x x x x ij
PER
900
commende , dépendant de Saint Germain d'Auxerre , &
auquel le pape nomme. .
PEROE , fontaine de la Bœotie , félon Ortelius , qui
cite Paufanias , /. 9. c. 4. mais ce dernier lui donne le nom
de fleuve , 8c non celui de fontaine. On trouvoit ce fleu-
ve fur le chemin de Platée à Thebes. Hérodote , in Cal-
liope , qui le nomme Peron , dit qu'il avoit fa fource au
mont Cithéron , qu'il en descendoit par deux endroit»
différens , 8c qu'il formoit une ifle.
PEROIGNE , bois de France, dans l'Angoumois,
dans la maîtrife des eaux 8c forets de Mont-Maraulr. 11
contient quatre cens douze arpens.
PERONNE, Perona, ville de France, dans la Picar-
die , capitale du Santerrc , fur la rivière de Somme. C'eft
une place forte furnommée la Pucelle , parce qu'elle n'a
jamais été prife. Elle eft bâtie fur le bord feptentrional de
la rivière, à douze lieues au deflus d'Amiens, dans une
fituation très-avanrageufe , entre des marais , qui , avec
fes fortifications en font la plus forte place de la province.
Cette ville éroit célèbre dès le tems des premiers rois Mé-
rovingiens , qui y avoient un palais. Fortunat , dans la
vie de fainte Radegonde , dit qu'avant qu'elle époufât le
roi Clothaire I , elle étoit dans le palais de Peronne. Go-
vis II , ayant donné cette place à Erchinoald ou Archam-
baud , maire de fon palais, ce feigneur y bâtit un mo-
naftere pour des moines Ecoflbis. Le premier abbé fut S.
Wltan , neveu de faint Furcy , premier abbé de Lagny ,
dont le corps fut porté dans l'églife de Saint Pierre à Pe-
ronne, où il eft devenu depuis ce tems le patron de la
ville. * Longuenie , Defcription de la France, part. 1.
p. 60.
Peronne , après la mort de ce maire , retourna au do-
maine des rois. Herbert , comte de Vermandois , s'en em-
para, & en fit fa principale place ■-, c'eft pourquoi quel-
ques-uns l'appellent comte de Peronne : c'eft dans cette
forterefie qu'il enferma le roi Charles le Simple , où ce
malheureux prince finit fes jours. Les fuccefieurs d'Her-
bert jouirent de Peronne 8c de fes dépendances , jusqu'au
tems de Philippe Augufte. Voyez. Vermandois.
Peronne , Montdidier & Roye furent donnés en pairies
par le traité d'Arras , à Philippe , duc de Bourgogne ,
pour lui 8c fes fuccefieurs mâles , enfuite par le traité de
Conflans de l'an 1465 , confirmé par plufieurs autres.
Louis XI donna Peronne & fes annexes à Charles de Bour-
gogne , comte de Charolois , aux conditions du traité
d'Arras ; mais, après la mort de Charles, Louis XI , fe
faifit de Peronne 8c de toutes les villes de Picardie que
les Bourguignons tenoient. Marie de Bourgogne 8c fes hé-
ritiers avoient des prétentions fur ces places , auxquelles
Charles Quint renonça par le traité de Madrid , confirmé
par ceux deCambray , de Crepy 8c de Cateau-Cambrefis.
Le comte Henri de Naflau affiégea Peronne en 1 j 36 j
mais il ne put la prendre.
Cette ville a une collégiale , cinq paroifles & un col-
lège qui eft occupé par des religieux de la Trinité. L'é-
glife collégiale a été bâtie & dotée par Erchinoald , maire
du palais fous Clovis IL Elle eft fous l'invocation de Saint
Furcy , dont le corps répofe dans unechâfle fur le maître-
autel. Erchinoald n'avoit établi que quelques prêtres qui
furent érigés en chanoines par Louis XI. Cette collégiale
eft de foixante prébendes ; mais il y en a cinq qui ont été
amorties pour l'entretien des enfans de chœur , 8c trois
pour la fabrique. Les prébendes valent environ fept cens
liv. de revenu , 8c font toutes à la nomination du roi. *
Piganhl, Defc. de la France , t. 3. p. 149.
Le bailliage de Peronne, auquel la prévôté eft unie,
eft compofé d'un préfident , d'un lieutenant-général ,
d'un lieutenant criminel , d'un lieutenant particulier,
d'un afieffeur criminel, de quatre confeillers , d'un avo-
cat , d'un procureur du roi , d'un fubftitut 8c d'un greffier.
Les appellations reiïbrtiflenr au parlement de Paris , à
l'exception des cas préfidiaux dont l'appel eft porté au
préfidial de Laon. La ville de Peronne a fa coutume parti-
culière , quiert fuivic à Montdidier 8c à Roye. * Piga-
tnol , Defc. de la France, t. 3. p. 162.
On fait beaucoup de toiles aux environs de Peronne ,
8c on en débite tous les ans dans cette ville pour près de
cent cinquante mille livres.
PERONTICUM , ville de Thrace. Ptolomée , /. 5.
PER
f. 1 1. la place entre Tonzi &Ie promontoire Th'inia. C'eft
la même ville que Mercator appelle Verdifo.
PERORSI , peuples de la Mauritanie Tingitane', fé-
lon Pline , l,$.c. 1. Etienne le géographe écrit Pctorfi,
8c Agathamere , /. 2. Geogr. c. 7. Perorgi : c'eft une faute
dans l'un 8c dans l'autre. Ptolomée , /. 4 c. 6. place les
Perorft dans la Libye intérieure , loin de la mer, 8c dit
qu'ils étoient plus à l'orient que la montagne appellce le
chariot des Dieux. Selon le père Hardouin le pays des Pe-
rorfi comprenoit les royaumes de Zahanda 8c de Tefiet ,
entre le royaume de Maroc au nord, celui de Gualara
au midi , & l'océan Atlantique au couchant.
PEROSUS. Voyez. Pirossus.
PEROU , grande région de l'Amérique méridionale ,
dans fa partie occidentale , & qui eft bornée au nord par
le Popayan , à l'orient par le pays des Amazones , au mi-
di par le Chili , 8c à l'occident par la mer du Sud.
Dès l'année 1502 , Chriltophe Colomb, étant dans la
province de Honduras, qu'il venoit de découvrir, eut
des naturels du pays quelques connoifiânees du Pérou ,
c'eft-à-dire , d'un puiflant empire , abondant en or , qui
étoit du côté de l'orient , ce qui l'empêcha de tourner à
l'occident , comme il y étoit réfolu , 8c de découvrir
l'Yucatan 8c la Nouvelle Espagne. En 1 5 \ 2 , Vasco Nu-
gnezde Balboa étant dans la province d'Arien , 8c fc dis-
pofant à découvrir la mer du Sud , ce qu'il exécuta Fan-
née fuivante , eut les mêmes indications d'un Indien de
cette province ; mais fes démêlés avec Pedrarias Davila ,
qui lui fit enfin couper la tête en ij i6ou 1 j 17, l'empêchè-
rent de penfer à l'exécution de ce projet. Paschal de An-
dagoya découvrit une partie de la côte de la mer du Sud ,
& pénétra jusqu'à Cusco ; mais il ne tira pas un grand pro-
fir de ce voyage , qu'il avoit apparemment fait en fimple
aventurier. Enfin en 1524, Sernand de Lucques, qui avoit
été écolâtre de l'églife de Sainte Marie , l'ancienne du
Darien , François Pizarre, 8c Diego d'AImagro, tous
trois établis à Panama, firent entre eux, pour la conti-
nuation de ces découvertes , un traité , dont les conditions
furent que Pizarre, qui étoit homme de main, 8c qui
toute fa vie avoit voyagé , 8c fait la guerre aux Indiens ,
feroit chargé de l'exécution -, qu'A lmagro fourniroit tou-
tes les provifions, 8c feroit tous les préparatifs, & que
Sernand de Lucques feroit obligé à toutes les dépenfes
néceflaires. Pour cimenter leur afibeiation, ce dernier dit
la méfie , fépara l'Hoftie en trois , 8c après en avoir pris
une partie, donna les deux autres à fes aflbciés.
Pizarre partit de Panama vers la mi-Novembre de cette
même année avec un fetil navire , 8c gagna avecafTcz de
peine la province de Biru, limitrophe du royaumede Qui-
to. On prétend que le nom de Biru étoit celui d'un Indien;
8c que Pizarre , ou quelqu'autre Espagnol, lui ayant de-
mandé comment fe nommoit le pays , cet homme , qui
croyoit qu'on lui demandoit comment il s'appelloit , ré-
pondit Biru ; que dans la fuite on étendit ce nom, dont
on avoit changé les deux premières lettres, fans qu'on
fut comment , à tout le pays , qui fut découvert & con-
quis depuis le royaume de Quito jusqu'au Chili. Quoi
qu'il en foit, les Espagnols écrivent Peru, 8c prononcent
Pérou.
La longueur de ce pays eft d'environ fix cens lieues du
nord au fud , 8c fa largeur de cinquante , excepté en
quelques endroits , principalement vers le pays des Ca-
chapoyas , où il eft un peu plus large. C'eft une région
très-riche , 8c qui feroit aujourd'hui une puifiante mo-
narchie , fi elle n'étoit deftinée , comme les autres pro-
vinces de la domination espagnole , à enrichir fucces-
fivement les vicerois , les gouverneurs, & une infinité
d'autres officiers ; fi les habitans étoient moins adonnés au
luxe & à la fainéantife ; s'il n'y avoit point tant de mai-
fons religieufes , 8c fi les Indiens étoient traités avec plus
de ménagement.
Avant la découverte du Pérou , ce pays fe nommoit
l'empire des Yncas , & avoit des bornes plus étendues
que celles qu'on lui donne aujourd'hui. Il s'étendoit du
côté du nord, jusqu'à la rivière Ancasmayu, qui pafie en-
tre les confins de Quito 8c de Palto , 8c qui eft, à quel-
que chofe près, perpendiculairement fous la ligne équi-
noxiale. Du côté du midi , il étoit borné par la rivière
appellce Mauli , qui court I'eft-oueft au-delà du royaume
de Chili , avant d'arriver au pays des Araucos , qui eft à
PER
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pins de 40 degrés de la ligne au fud. Entre "ces deux ri-
vières on compte environ treize cens lieues par terre. Ce
qu'on appelle Pérou en a fept cens cinquante , depuis la
rivière Ancasmayu, jusqu'à la province des Chicas, qui
eit la dernière des Charcas. Cet empire paroît fort étroit,
il on le confidere de l'orient à l'occident : la plus grande
largeur, depuis la province de Muyn-Pampa , par les
pays des Chachapuyas , jusqu'à la ville de Truxillo , fituée
fur la côte de la mer , eft de fix-vingt lieues ; Se fa partie
la plus étroite , depuis le port d'Arica , juVqu'à la provin-
ce appellée Liiiaricoffa, n'eftque de foixante & dix lieues.
Telles étoient les limites de l'empire qu'avoient formé les
Yncas, & à la plus grande partie duquel on a donné le
nom de Pérou. * H'ifi. da Yncas , 1. 1. c. 8.
Selon la tradition du pays , les originaires du Pérou me-
noient une vie peu différente de celle des bêtes. Les uns
choififlbient des dieux conformes à leur brutalité , ren-
dant les honneurs divins aux chofes du monde les plus
viles ; les autres , qui n'adoroient rien , n'étoient occupés
uniquement que du foin de fatisfaire leurs paflïons. Les
uns Se les autres ne commencèrent à vivre en hommes
raifonnables, qu'à mefure que les Yncas les fournirent
& les forcèrent à recevoir les loix Se la doctrine qu'ils
avoient établies. C'en; alors que l'Etre fuprême fut adoré
dans le pays, fous le nom de Pachacamac. Ceux de la
vallée de ce nom lui avoient bâti un fort beau temple.
Cependant le foleil étoit regardé chez eux comme le
dieu fouverain , &l'aibitre de l'univers. On l'appelloit
Técebiracocha , en langage de Cusco , Se c'eft par fa feule
influence que, fuivanteux, toutes chofes furent créées.
Ils avoient en outre de la vénération pour plulieurs créa-
tures inanimées , Se foutenoient que le foleil avoit en-
fermé un esprit dans chacune de ces créatures ; ainfi que
le croient encore les Idolâtres du Pérou , Se tous les peu-
ples voifins. C'eft à ces esprits qu'ils attribuent le bon ou le
mauvais fucecs de leurs entreprifes. Sans le fecours d'au-
cun livre , Se par la feule tradition , ils ont confervé jus-
qu'à préfent , quoiqu'avec beaucoup de confufion , l'hi-
ftoire de leur origine. Ils difent qu'il vint chez eux des
parties feptentrionales du monde , un homme extraor-
dinaire , qu'ils nomment Choun ; que ce Choun avoit un
corps fans os Se fans muscles , qu'il abbaiflbit les monta-
gnes, combloit les vallées, Se fe faifoit un chemin par des
lieux inacceflîbles. Ce Choun créa les premiers habitans
du Pérou , Se leur afligna pour fubfiftance les herbes Se
les fruits fauvages des champs. Ils racontent encore que
ce premier fondateur du Pérou ayant été offenfé par
quelques habitans du plat pays , convertit en fables ari-
des une partie de la terre , qui auparavant étoit fort fer-
tile , arrêta la pluie, deffécha les plantes; mais qu'en-
fuite ému de compallion , il ouvrit les fontaines , Se fit
couler les rivières. Ce Choun fut adoré comme dieu ,
jusqu'à ce que Pachacamac vint du Sud. * Voyages de Co-
réal, t. 2. p. 89 Se fuiv.
Choun disparut à la venue de Pachacamac , qui étoit
beaucoup plus puiflant que lui , Se qui convertit en bêtes
fauvages les hommes que Choun avoit créés. Pachaca-
mac créa les ancêtres des Péruviens d'aujourd'hui, leur
apprit la manière de planter les arbres Se de cultiver la
terre. C'eft lui qu'ils ont depuis ce tems regardé comme
leur dieu, à qui ils ont bâti des temples, Se rendu les
autres honneurs divins. Pachacamac a été adoré de cette
manière jusqu'à la venue des Espagnols.
Ils difent qu'il leur apparoifloit en forme humai-
ne & que c'étoit fous cette forme qu'il rendoit fes
oracles aux prêtres. Il paroît qu'ils ont ouï parler d'un
ancien déluge univerfel , auquel il n'échapa que fort
peu de gens , qui fe cachèrent dans les creux des hau-
tes montagnes , où ils s'étoient pourvus de vivres. Les
Péruviens ajoutent , que pour voir fi les eaux avoknc
diminué fur la furface de la terre , on lâcha deux chè-
vres à plufieurs reprifes , mais que ces chèvres, n'ayant
pu trouver d'herbe à brouter , s'en retournèrent fort
mouillées dans la caverne, d'où ils comprirent que les
eaux n'étoient pas encore écoulées -, ce qui les fit res-
ter encore dans leur retraite. Ils les lâchèrent deux au-
tres fois après cela, & à la dernière ils comprirent,
par la boue qu'ils virent aux pieds des chèvres , que
les eaux achevoient de s'écouler. Alors ils descendi-
rent dans la plaine , où ils trouvèrent quantité de fer-
90I
pens que le limon de la terre avoir engendrés. Ils
croyoient auflî la deftruétion de l'univers , ôc qu'elle
feroit précédée d'une fécherefle extraordinaire; après
quoi l'air , échauffé par certe fécherefle exceflive , s'em-
braferoit de lui-même , allumeroit fucceflîvement tou-
tes fes parties, Se confumeroit les aftres. C'eft pour
cela que quand ils voyoient quelque éclipfe , ils chan-
toient des chanfons fort trilles , Se faifoient des la-
mentations, croyant que la fin du monde approchoir.
Ils croyoient non feulement la fin de toute la nature,
mais auifi fon renouvellement Se l'immortalité de la-
me. Ils attendoient la réfurredtion des corps : puis-
que , quand les Espagnols , nouvellement arrivés au
Pérou , allèrent chercher des tréfors dans les l'épulcres
des morts , les Péruviens les fupplioient de ne point en-
dommager les os de leurs pères , de peur que cela
n'empêchât leur réfurrection.
Les Péruviens enfeveliflbient leurs princes & les per-
sonnes diftinguées avec beaucoup de magnificence; ils
les plaçoient fur des fiéges élevés, Se parés le plus ri-
chement qu'ils pouvoient. Ils ornoient ces morts d'une
manière fuperbe , Se enfeveliflbient enfuite , auprès
d'eux deux de leurs plus belles femmes : car tous les peu-
ples de l'Amérique ont toujours pratiqué la polygamie, Se
les femmes étoient afiez folles pour fe disputer entre
elles à qui feroir enfevelie avec eux. On enterroic
encore avec ces grands deux ou trois domelliques,
qui s'offroient de même volontairement à la mort. Ils
ajoutoienr , pour les befoins de l'autre vie , beaucoup
d'or Se d'argent travaillé , la plus belle Se la plus ri-
che vaiflelle, des fruits, du pain, du maïs, Se autres
pareilles chofes. De tems eu rems on alloit fervir à
boire Se à manger au défunt , en lui foufflant la nour-
riture dans la bouche, par le moyen d'une farbacane,
craignant qu'il ne mourût de faim après fa mort. Ils
le pleuroient plufieurs jours, Se mettoient fa figure en
bois fur le fépulcre. L'artifan y apporroit Ces ouvra-
ges , Se le foldat y mettoit fes armes : tout cela pour
honorer la mémoire du défunt. Le deuil du roi où
Ynca duroit pendant toute l'année : le premier mois
fans relâche , Se dans le cours de l'année on le re-
nouvelloit tous les quinze jours. Quand les prêtres on
même les perfonnes diftinguées avoient à faire au fo-
leil quelque prière extraordinaire , ils montoient de
grand matin au lever de cet aftre, fur un hautécha-
faud de pierre deftiné à cet ufage. En quelques lieux
du Pérou , les portes des temples étoient du côté de
l'eft , principalement fous la ligne. Ils y pendoient des
toiles de coton peintes de diverfes couleurs. On voyoic
aiiffi dans les temples du Pérou deux figures de pierre
taillée qui réprefentoient deux boucs noirs , Se devant
lesquels on tenoit toujours un feu allumé. On y jettoit
du bois de fenteur. On voyoit encore dans ces tem-
ples des figures de ferpens; mais cela étoit plus ordi-
naire vers la ligne & aux environs de Cusco.
Pour les Guacas , dont j'ai parlé , les Péruviens les
vénéroient fous la figure de quelques pierres , Se les
regardoient comme les directeurs de leurs actions. Ces
faintes pierres étoient félon eux les vicaires ou les com-
mis de la divinité, qu'ils croient trop élevée au-des-
fus des hommes , pour s'occuper d'eux. Il n'étoit per-
mis qu'aux prêtres de s'approcher de ces Guacas : pour
cet effet ils s'habilloient de blanc , fe profternoient en
terre , tenant en leurs mains des linges blancs. C'eft
en cette pofture , qu'ils prioient les Guacas , mais dans
une langue non vulgaire Se non entendue du peuple.
Ils recevoient les offrandes que les dévots leur préfen-
toient, en enfouiflbient une partie dans le temple, Se
gnrdoienr 1 autre pour eux. Ces offrandes dévoient être'
d'or ou d'argent. S'il y avoit quelque chofe fort extraor-
dinaire à demander aux Guacas, ils leur offroienr des
animaux Se même des hommes, qu'ils ouvroient pour
juger par leurs entrailles , fi les Guacas leur feroient
propices Se fi leur colère étoit appaifée; s'ils accorde-
roient enfin , où s'ils leur refuferoient encore ce qu'ils
avoient demandé. Ceux qui faifoient les offrandes , qui
rendoient les vœux , ou qui venoient fupplier les Gua-
cas , s'abftcnoient du commerce des femmes , ne ces-
foient de crier Se de hurler toute la nuit. Ils couroienc
comme des extravagans, à l'honneur des Guacas, Se
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902
jeûnoient avant que de commencer leurs prières. Quel-
aues-uns fe couvroient les yeux , s'eftimant indignes de
voir les Guacas j il y en avoit même qui fe les arra-
choient par un excès de dévotion. Les Yncas, & les
gens diltingués , n'entreprenoient rien fans avoir aupa-
ravant confulcé ces Guacas par la bouche de leurs prê-
tres , qui oignoient la bouche Se la face de ces ido-
les , & leurs temples du fang des hommes & des bê-
tes qu'ils avoienr facrifiés. Outre les temples du So-
leil Se des Guacas , il y avoit encore en divers lieux
du Pérou des maifons de vierges, qui étoient comme
les Vénales Romaines. Elles faifoient vœu de chafteté,
vouoient leur virginité au foleil , & s'occupoient dans
ces couvens à filer , à coudre , à travailler en toile ,
en laine Se en coton. Ces ouvrages fervoient à l'ufa-
ge des temples Se des idoles. Quelques-uns même as-
fûrent que ces ouvrages étoient deflinés au feu, & qu'on
les brûloir avec des os de brebis blanches , pour en
jetter enfuite les cendres en l'air , en fe tournant vers
le foleil ,• ce qui fignifioit qu'on les lui avoienr confa-
cres. Pour revenir aux vierges dévouées au foleil,
elles étoient gardées par des prêtres uniquement defli-
nés à cette fonction , & aucune d'elles ne pouvoir for-
rir du couvent fous peine de mort. Si par malheur
elles devenoient enceintes , on leur faifoit fubir la mê-
me peine , à moins qu'elles ne vouluffent faire fer-
ment qu'elles dévoient leur groffeffe aux facrées in-
fluences du foleil : fecret infaillible pour fauver la mè-
re, l'enfant & le prêtre par le moyen duquel le foleil
avoit daigné opérer fur le corps de la veftale. Tous
les ans Se en automne , les Péruviens célébroient une
grande fête , lorsqu'ils faifoient la récolte de leurs grains.
La coutume croit pour lors d'élever au milieu de la
place deux grands mâts , tels que font nos mais en Eu-
rope. On mettoic au haut , autour d'un cercle orné
de fleurs certaines Itatues de forme humaine. Il y avoit
à certaine dillance quantité de Péruviens tous rangés
en bon ordre, qui battoient du tambour, &qui, en
faifant beaucoup de bruit , tiroient chacun à leur tour
fur ces figures , jusqu'à ce qu'elles fuffent abbatues. En-
fuite les prêtres apportoient une autre figure , que l'on
pofoit au pied d'un de ces deux mâts. On y facrifioit
quelque bête , ou même un homme , Se l'on frocoit
cette figure avec le fang de la victime. Si les Prêtres
appercevoient quelque marque dans les entrailles de la
victime , ils la déclaroient au peuple, Se félon que les
lignes paroiffoient bons ou mauvais , la fête s'achevoit
dans le plaifir ou dans la trilleffe. On y buvoit ample-
ment, on y danfoit, & l'on y jouoit à diverfes fortes
•de jeux en ufage dans le Pays.
Jofephe de Acofta rapporte qu'ils ne connoiffoient
aucune forte d'écriture , mais qu'ils ne laiffoient pas de
conferver la mémoire des choies paffées, Se de rendre
compte de tout ce qui s'étoit fait chez eux foit durant
la paix , foit durant la guerre. Cela venoit de ce qu'ils
avoient grand foin d'apprendre aux jeunes gens ce qu'ils
avoient eux-mêmes apris de leurs ancêtres. Ils fuppléoient
au défaut des lettres partie par des peintures groflîeres,
mais principalement par des (Juipos. Ces Quipos étoient
certains rcgiflres faits de cordelettes, dans lesquelles
divers nœuds Se différentes couleurs dénotoient diver-
fes chofes. Le jaune vouloit dire l'or , le blanc l'argent ,
Se le rouge des foldats. Pour ce qui regardoit la guer-
re , le régime politique , les tributs , les cérémonies ,
les loix Se les comptes des marchandifes, ils employoient
divers Quipos , & en chacun autant de nœuds gros Se
petits ; Se des cordelettes pendues les unes aux autres
exprimoient intelligiblement toutes les chofes. dont il
étoit important de garder le fouvenir, Ils avoient des
officiers appelles Quippa Camayo , qui étoient obligés
de tenir compte de ces Quipor, Se on leur ajoutoit au-
tant de foi , que nous en ajoutons aux notaires.
Les mères Se les reines même fervoient de nourrices
à leurs enfans. Les femmes, après être accouchées, re-
prenoient leurs exercices ordinaires qu'elles interrom-
poient rarement. Elles filoient Se tiffoient du coton aux
provinces chaudes , &c de la laine aux plus froides ,
mais feulement ce qui étoit nécefiaire pour leurs fa-
milles. Elles faifoient le plus fouvent des toiles carrées
Se félon la mode de leurs vetemens, qu'elles atta-
PER
choient avec des agraffes ; ce qui étoit caufe qu'elles
n'étoient point accoutumées à coudre. Elles haïffoient
tellement l'oifiveté , que même quand el!es fottoient en
public, ou vifitoient leurs voifins , elles filoient ou fai-
foient quelque autre ouvrage. Elles s'exerçoient encore
à l'agriculture ainfi que les hommes , qui de leur côté
faifoient les bottes & les fouliers, n'y ayant point d'ou-
vriers communs. Chacun étoit obligé de travailler pour
fon ufage , afin de ne pas manquer des chofes qui leur
étoient néceffaires.
Cette manière de vie réglée étoit due aux loix des
Yncas, qui gouvernèrent le pays avec fuccès, Se qui
fe difoient iffus du grand lac de Titicaca. Le premiec
de ces Yncas s'appella Manco Capac , Se eut de fa
femme un fils nommé Sicarocha , qui lui fuccéda. La
fucceffion du royaume venoit au fils aîné en droite
ligne : celui-ci venant à mourir , fon frère lui fuccé-
doit i après ce dernier le gouvernement retournoit au
fils aîné de fon frère aine : après lui au frère de ce
fils : enfuite aux enfans de ce fils ; Se ainfi de fuite.
La fucceffion fautoit , pour ainfi dire , de la ligne droite
à la ligne collatérale , & de la collatérale à la droi-
te. Llogue- Yupanghi fuccéda à Sicarocha ; Se le fils de
celui-ci , qui s'appelle it Mayta-Capac , aggrandit le
royaume du Pérou par la conquête de la province de
Cusco. Il eut pour fucceffeur fon fils Capac- Yupan-
ghu , qui fut fuivi de Marna- Cagua. Ce Matna-Cagua
eut plufieurs fils, entre autres Yahuar-Huacac Yupa-
jaghe , qui étoit un prince fort guerrier , Se qui rédui-
fit plufieurs états fous fa domination. Viracochu fon
fils lui fuccéda : à celui-ci fuccéda Pachachutec : Se
à Pachachutec fuccéda Coyan. Ce dernier fit bâtir la
fortereflè de Cusco que Tupac-Ynca-Yupanghi fit ache-
ver. Cet Ynca conquit auffi Xila& Quito , & fit com-
mencer le fameux chemin royal où il établit des pos-
tes de demi-lieue en demi-lieue, qui couroient auffi
vite à pied que nos polies à cheval , portant même les
voyageurs fur leurs épaules, comme on dit que cela
fe pratique encore au Congo ; car avant l'arrivée des
Espagnols au Pérou , il n'y avoit dans le pays ni che-
vaux , ni ânes , ni mulets , ni autres bêtes de charge.
On affine que cet Ynca laiffa cent cinquante fils après
lui , entre lesquels Guainacapac fon fucceffeur ne dé-
généra nullement du mérite de fes ancêtres. 11 admi-
niftra la juftice avec beaucoup de droiture, en paix ou
en guerre , maintint l'ordre Se la police dans l'état , &
réduifit le gouvernement fous une meilleure forme qu'il
n'avoitéré auparavant. Ilannulla les loix anciennes,chan-
gea les vieilles coutumes, Se leur en fubftitua de nou-
velles. Guainacapac eut , dit-on , encore plus d'enfans
que fon père , Se laiffa pour fucceffeur Guascar Ynca.
Guainacapac fur toujours forr respecté de fes fujets , qui,
pour lui mieux témoigner leur affection , travaillèrent
volontairement à perfectionner les deux grands che-
mins royaux qu'on peut regarder comme une merveille
de l'univers. Ce prince étant parti de Cusco pour faire
la guerre contre la province de Quito , fut obligé de
pafler par de hautes montagnes fort escarpées, & d'un
accès dangereux. Ses fujets , pour lui faciliter fon re-
tour, entreprirent avec une peine incroyable de lui ap-
planir les montagnes Se les rochers , Se de combler des
vallées de quinze Se vingt braffes de profondeur. Enfin,
après un travail immenfe ils firent un grand chemin
de 500 lieues. Les Espagnols le gâtèrent en plufieurs
endroits , pour rendre les paffages impraticables à leurs
ennemis , dans le tems des guerres qu'ils eurent en-
tre eux , ou qu'ils fournirent contre les naturels du Pé-
rou. Guainacapac ayant entrepis un nouveau voyage à
Quito , pour vifiter les provinces qu'il avoir conquifes ,
prit fa route à travers le plat-pays -, fes fujets travail-
lèrent avec le même zèle Se avec une peine inexpri-
mable à faire un nouveau chemin , en comblant les
vallées Se les marais. Ce chemin avoit quarante pieds
de largeur , Se des deux côtés de hautes murailles. Sa
longueur étoit de cinq cens lieues. Les murs fe voient
encore , & font même affez entiers en plufieurs en-
droits. Guainacapac bâtit plufieurs temples à l'honneur
du foleil , Se fit grand nombre de tambos (c'eft ainfi
qu'ils nommoient leurs magazins Se leurs arfenaux) ,
pour y amaffer des munitions pour la guerre, tant
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dans les montagnes que dans les plaines Se le long des
rivières. On en voie en plusieurs endroits des mines
adèz entières. Ces lieux étoient toujours remplis de
vivres Se d'armes , pour vingt ou trente mille hom-
mes , & il y en avoir de dix en dix lieues , ou tout au plus
ils n 'étoient qu'à une journée de diftance l'un de l'au-
tre. Au lieu de couronne Se de iceptre , les Yncas por-
toient pour ornement autour de leur tête des houpes
de laine rouge. Ces houpes leur couvroient presque les
yeux , cV ils y atta.hoient un cordeau , quand ils avoient
à commander quelque chofe. Lorsque lYnca avoit don-
né ce cordeau à quelque feigneur de fa cour , le peu-
ple étoit obligé de respecter ce ligne d'autorité , & d'o-
béir à tout ce que le feigneur lui commandoir, quel-
que extraordinaire que pût être le commandement.
Les Yncas étoient portés dans une voiture fort fem-
blable à la litière , ouverte par les côtés , Se couver-
verte de plaques d'or. Une centaine de feigneurs Se
de gentilshommes distingués la portoient fur leurs épau-
les ou la fuivoient ; mais fouvent l'Ynca étoit porté
fur un brancard. Il falloit bien prendre garde de ne
pas heurter ni la litière, ni l'Ynca; car il y alloirde
la vie. 11 n'étoit pas non plus permis d'approcher de fa
perfonne , ou de lui parler , fans avoir les mains gar-
nies de préfens. Il falloit lui en faire toutes les fois
qu'on vouloit avoir audience; Se quand on l'auroit
demandé dix fois en un jour , dix fois il auroit fallu
fe mettre en état de faire des préfens à l'Ynca. Il étoit
au Ai défendu de le regarder en face.
Quand l'Ynca avoit fait la conquête de quelque
province, il y faifoit de nouvelles colonies, Se trans-
portoit les anciens habitans en des provinces plus éloi-
gnées ; obfervant pourtant de faire ces transmigrations
en des climats qui fe renemblaffenr. Les impôts fe pré-
levoient avec équité : perfonne ne payoit au-delà de
fes moyens.
L'Ynca Guainacapac , ayant conquis la province de
Quito , y établit fon féjour pendant quelque tems.
C'eft en cette ville que naquit Atabaliba ou Atahua-
lipa , fils de Guainacapac , qui lui donna la fouverai-
neté de Quito; mais Guascar , autre fils de Guaina-
capac , ne voulut pas confentir à cette donation , &
fit ia guerre à fon frère , ce qui caufa dans la fuite la
perte de la monarchie des Yncas. Le mot de Guascar
fignifie corde ou cable , Se l'Ynca Guascar fut ainfi
nommé , parce que quand il naquit , fon père fit faire
un cable d'or fi gros Se fi grand , qu'à peine deux cens
hommes le pouvoient porter. Ce même Ynca avoit une
plaque d'or, delà valeur de vingt-cinq- mille ducats.
Elle échut en partage à François Pizarre , premier vi-
ceroi du Pérou. Toute fa vaiffelle Se fes vafes étoient
d'or. Les Yncas avoient établi à Cusco quantité de bou-
tiques d'orfèvrerie , pour y fabriquer toutes fortes de
vaiffeaux d'or & d'argent , de joyaux, de ftatues d'hom-
mes, de bêtes, d'oifeaux & autres figures ; Se quoique
les orfèvres du Pérou n'euffent pas l'ufage des inftru-
mens de fer comme nous, ils ne laiflbient pas de
faire ces ouvrages Se de les finit avec beaucoup d'in-
duftrie.
Guascar défit Atahualipa, le prit & le fit enfermer:
mais celui-ci s'échapa, recommença la guerre, vainquit à
fon tour Guafcar & le fit enfermer.
Ce fut dans ces circonftances , que François Pizar-
re entra dans le Pérou. Il profita de la diiîenfion qui
étoit entre les deux frères , Se conquit ce royaume. On
afliire que l'Ynca Atahualipa offrit pour fa rançon au-
tant d'or qu'il en pouvoir entrer dans une chambre de
2i pieds de long Se de 17 de large, & fi haute, qu'à
peine un homme de bout pouvoit atteindre du bout des
doigts à la hauteur du monceau d'or. Il offrit le dou-
ble en argent : le conquérant prit l'or. Chaque ca-
valier eut pour fa part douze mille Caftillans en or,
fans compter l'argent : chaque FantaiTm eut quatorze
cens cinquante Caftillans , fans compter l'argent. La
fomme qu'offroit Atahualipa pour fa rançon n'appro-
choit pas de ce que fon frère Guascar lui promettoit
de payer , s'il eût eu la vie fauve ; car ce Guascar pos-
fédoit tous les tréfors de fon père & de fes ancêtres;
niais Atahualipa , dans le tems qu'il traitoit de fa ran-
çon avec les Espagnols, le fit tirer des priions de Cus-
9°$
co , Se le fit mourir , de crainte que s'il tomboit en-
tre les mains des Espagnols , il ne fût caufe qu'ils de-
mandaflent une plus forte rançon. Mais toutes ces pré-
cautions d'Atahualipa ne le fauverent pas lui-même.
Dom Diegue d'Almagro le fit mourir fous quelque
prétexte aflez léger. Ces deux frères étant morts , la
couronne fut donnée à Manco Ynca , autre fils de Guai-
nacapac. Ce prince , qui n'avoit plus que l'ombre de
la royauté , fe fit appeller Manco Capac Puchuti-Yu-
pan , & fe reconnut vaffal du roi d'Espagne le 6
Janvier 1/J7. Dans la fuite ceux qui reftoient'de là
famille royale des Yncas , ne pouvant plus vivre fous la
fervitude, s'allèrent, dit-on, établir dans l'intérieur de
l'Amérique méridionale ; ils s'y emparèrent d'un pays
où l'on affûte qu'ils régnèrent encore avec beaucoup
de magnificence , Se qu'ils y conferverent les loix Se la
religion de leurs ancêtres. Telle fut la fin de l'Empi-
re des Yncas.
Le Pérou e/r à préfent peuplé d'Espagnols créoles,
Se d'Indiens naturels du pays dont une partie a em-
braffé la religion chrétienne , Se reconnoît la domina-
tion espagnole , & l'autre demeure dans l'aveuglement
Se fe maintient dans l'indépendance.
Il y a beaucoup d'autres chofes à remarquer dans
cette partie du nouveau Monde. On a obfervé que la
terre y produk fans pluie, & qu'il ne pleut jamais le
long de la côte , quoiqu'il pleuve à quinze Se vingt
lieues de la mer au-dedans des terres. A la vérité oïl
peut dire que cette difette de pluie rend effectivement
presque tout le pays inculte dans les hauteurs. 11 n'y
a que les feules vallées où coulent quelques ruiffeaux
venant des montagnes;, où il pleut & neige , d'où l'on
puiffe retirer quelque récolte , Se par conféquent qui
puiffent être habitées; mais dans ces endroits la terre
eft fi fertile , Se le pays d'ailleurs eft fi peu peuplé ,
que ces vallées fuffifent Se même fourniffent abondam-
ment à la nourriture des habitans. Les anciens Indiens
étoient extrêmement induftt ieux à conduire les eaux des
rivières à leurs habitations. On voit encore en plufieurs
endroits des aqueducs de terre Se de pierre feche , me-
nés Se détournés fort ingénieufement le long des co-
teaux par une infinité de replis : ce qui fait voir que
cespeuples, tout grofllers qu'ils étoient, entendoient très-
bien J'art de niveler. Pour ce qui eft des montagnes de
la côte , on y trouve de l'herbe en quelques endroits
peu expofés à l'ardeur du foleil , parce que les nua-
ges s'abbaiffent en hyver à leur fommet , & l'humectent
affez pour fournir le fuc néceffaire aux plantes. Plu-
fieurs ont voulu trouver la caufe du manque de pluie
au Pérou : mais leurs efforts ont été inutiles Se ce fe-
roit fatiguer le lecteur inutilement que de les rappor-
ter. Ne pourroit-on point attribuer cette caufe à la
différence des degrés de chaleur de la côte Se de l'in-
térieur des terres. Nous favons par expérience que la
chaleur , que le foleil communique à la terre , réfout
en pluie Se attire d'autant plus les nuages qu'elle eft:
plus vivement échauffée : or on fait que la partie in-
térieure du Pérou , qui eft presque toute dans la Zo-
ne torride , eft très échauffée dans les vallées , qui re-
çoivent pendant tout le jour des rayons presque per-
pendiculaires , dont l'action eft encore augmentée par
la grande quantité des rochers arides dont elles font
environnées , qui font réfléchir ces rayons de tous cô-
tés , Se qu'enfin cette chaleur n'eft point tempérée par
les vents. On fait encore que les hautes montagnes de
la Cordelière Se des Andes , presque toujours couver-
tes de neige , rendent le pays extrêmement froid en
certains endroits; de forte qu'à très-peu dediftanceen
trouve les deux extrémités contraires. Le foleil par fa
préfence caufe donc une violente dilatation Se une cha-
leur ardente dans les vallées pendant le jour, c'eft-à-
dire la moirié du rems ; Se pendant la nuit ou l'autre
moitié , les neiges circonvoifines refroidiffent fubitement
l'air qui fe condenfe de nouveau. C'eft à cette vicis-
fitude de condenfinion Se de raréfaction qu'on doit
fans doute attribuer , comme au premier principe , l'in-
égalité du tems qu'on remarque à Cusco , à Puno , à la
Paz Se ailleurs. Il n'en eft pas de même à la côte du Pé-
rou , où foufnent régulièrement les vents de fud oueft
Se de fud-fud oueft, qui venant des climats froids du
PER
9°4
pôle auftral, rafraîchifient continuellement l'air & le
tiennent toujours à peu près au même degré de con-
denfation. Bien plus , ils y doivent encore apporter des
parties falines , qu'ils ramaflent des fnmats de la mer,
dont l'air doit fe remplir Se s'épaiflir ; de forte qu'il a
plus de force pour fupporter les nuages , Se n'eit pas
allez chaud , ni 'en affez grand mouvement , pour en
agiter les parties , & par conféquent raflembler les pe-
tites gouttes d'eau & en former de plus grofles que le
volume de l'air auquel elles répondent ; Se quoique
ces nuages approchent fort de la terre , dans la faifon
où ils font moins attirés par le foleil, ils ne fe réfol-
vent pas pour cela en pluie : ainfi à Lima le tems eft
presque toujours couvert Se il n'y pleut jamais.
Les montagnes du Pérou font fameufes, & on les
diflingue en trois fortes : premièrement il y a la Cor-
dilliera de los Andes , qui eft une chaîne de montagnes
pleines de bois Se de rochers. En fécond lieu il y a les
montagnes qui font étendues le long des Andes : cel-
les-ci font très- froides & ont leur fommet toujours cou-
vert de neige , ce qui les rend inhabitables & incultes.
Enfin il y a les hautes Dunes qui s'étendent dans le
plat-pays du Pérou depuis Tumbez jusqu'à Tarapaca.
Il y fait très-grand chaud, Se l'on n'y voit ni eau,
ni arbre , ni verdure , ni quoi que ce foit qui ait vie,
fi ce n'eit quelques oifeaux de traverfe ; mais outre ce-
la il y a encore plufieurs lieux déferts dans le Pérou.
Entre les montagnes dont je viens de parler , il y a de
grandes plaines Se des vallées qui ne font expofées ni
aux vents ni aux orages, d'ailleurs fertiles Se pleines
de bois , où l'on peut chafler aux bêtes à quatre pieds
Se aux oifeaux. Les Péruviens des environs des monta-
gnes font beaucoup plus robuftes & plus laborieux que
ceux du Bas-Pérou & de la côte. Quoiqu'ils ne foient
pas encore tous civilifés félon nos manières , cependant
ils font Intelligens , traitables Se induftrieux. Ils habi-
tent en des maifons bâties de pierres , & dont les unes
font couvertes de terre Se les autres de chaume. Dans
les vallées il coule plufieurs rivières Se ruifleaux qui
arrofent le pays Se le rendent fertile. * Coreal, Voy.
aux Indes Occ. t. \.c. 4.
On voit errer dans ces montagnes des troupeaux fans
nombre de vicunnas. Ce font des animaux qui égalent
en vîtefië les chèvres des montagnes. -Ils n'ont point
de cornes , Se fe nourriffent dans les hautes montagnes
Se dans les lieux froids Se déferts , étant fi timides ,
qu'à la vue des hommes , & même des bêtes fauva-
ges, ils fuyent avec précipitation dans le fort des bois.
Leur laine efi très fine Se femblable au poil de caftor
ou à la foie , on s'en fert fur-tout pour les chapeaux.
11 y a aufii dans ces montagnes quantité de Guanacos
& de Pacos. Ce font deux espèces de brebis de celles
qu'on nomme communément brebis du Pérou. Elles
font un peu plus grandes que les brebis ordinaires ,
Se plus petites que les genifles , ayant le cou long com-
me les chameaux , les jambes longues , Se le corps pro-
portionné. Il y en a de blanches , de noires , de mi-
nimes Se d'autres bigarrées de diverfes couleurs qu'on
appelle Moromor. On les tue rarement , parce qu'on s'en
fert à transporter toutes fortes des marchandifes , com-
me du vin dans des outres , de l'argens vif aux mi-
nes de Potofi Se autres , Se de l'argent de Potofi à Ari-
ca qui en eft à foixante Se dix lieues. Elles vont par
troupes, quelquefois de trois cens, quelquefois même
de mille. Ce qu'il y a d'étonnant , c'eft que ces trou-
peaux d'animaux , chargés de deux ou trois mille la-
mes d'argent , qui valent quatre cens mille ducats ,
guidés par le chemin de quelque peu d'Indiens qui les
chargent Se déchargent, Se accompagnés d'un fort pe-
tit nombre d'Espagnols , couchent dehors fans garde
ni defenfe avec un fi grand tréfor , fans qu'on y trou-
ve jamais une lame à dire , tant les chemins du Pérou
font furs. La charge de chacune eft de cent ou de cent
cinquante livres , Se elles ne font que trois ou qua-
tre lieues par jour lorsque le chemin eft long. S'il n'eft
que d'un jour elles portent jusqu'à deux cens livres pe-
fant , Se font huit ou dix lieues. Les conducteurs les
arrêtent & déchargent leurs fardeaux aux lieux où ils
trouvent de l'eau Se des pâturages. Elles multiplient
beaucoup dans les montagnes, Se meurent dans laplai-
PER
ne par la trop grande chaleur. Celles qui n'ont qu'un
poil fort léger-, Se qu'on appelle Guanacos, font d'un
regard doux Se hardi , & s'arrêtent fouvent en chemin
pour contempler attentivement les paiians , en tenant
le cou tout droit. Quelquefois elle s'épouvantent touc
à coup Se courent fi vite vers les précipices des mon-
tagnes, qu'on eft obligé de les tuer à coups de fufil,'
pour ne pas perdre la charge. Il y a auiîi des Gua-
nacos fauvages. Les mâles font la fentinelle fur les co-
teaux des montagnes , pendant que les femelles pais»
fent dans les vallées; & quand ils appercoivent des
hommes de loin , ils hennifient presque comme des
chevaux , pour avertir les femelles qu'ils chaflent de-
vant eux en fuyant. Les fauvages les prennent aveo
des lacs Se des trebuchets. Leur chair eft bonne , quoi-
que grofliere , Se on la trouve plus délicate que celle
de l'agneau. Les brebis qui font couvertes de laine s'ap-
pellent Pacos. Cette laine eft de deux fortes : l'une
eft plus rude Se moins prifée , l'autre plus fine Se
meilleure. Le lufire de cette dernière imite celui de
la foie , & on en fait de.s tapis Se des tapiflenes d'un
très-bel ouvrage, qui durent long-tems. Les Pacos por-
tent aufii des fardeaux & fe laiïent à force de tra-
vail ; alors ils fe couchent à terre avec leur charge fans
qu'on les puifle faire relever ni par menaces ni par
coups. 11 faut pour cela que celui qui les conduit ,
s'arrête Se s'afleye auprès de ceux qui fe font couchés,
& les oblige à fe relever en les flatanr. Il y a force
finges Se guenons dans les Andes, & des perroquets
fans nombre. Aux lieux où ces hautes montagnes fe
féparent, elles ouvrent quantité de vallées, qij four-
nifiènt la plus faine Se la plus ancienne habitation du
Pérou. Elles font très-fertiles en froment Se maïs ; en-
tre autres celles de Xauxa , d'Andagiiaila Se d'Yuçai.
Ceux qui autrefois cultivoient les plaines demeuroient à
l'air le plus fouvent ou fous de larges arbres.
Le climat du Pérou eft très- dangereux aux Euro-
péens. Ils font fujets à avoir une fièvre que l'on ap-
pelle dans le pays Chaperonada, Se qui eft très-dan-
gereufe : on y eft encore fouvent attaqué d'une colique
violente : il y règne en outre une maladie mortelle qu'on
appelle Pafucos. Elle commence par des fueurs vio-
lentes qui détruifent toutes les humeurs du corps ! alors
les nerfs , les muscles Si les os fe roidifient tellement
que le malade ne peut faire aucun mouvement Se
meurt. Pour éviter ces maladies il faut éviter le foir
Se le matin de s'expofer trop au grand air, Se de fe
rafraîchir trop promptement , lorsqu'on fe trouve trop,
échaufté. 11 faut aufii obferver de ne pas fe lever du
lit les pieds nuds. Pour guérir cette maladie, on prend
de la graine de quiuna ; mais ordinairement elle eft
incurable.
Le Pérou , depuis qu'il eft fous la puiflance des Es-
pagnols , eft gouverné par un viceroi , qui porte le
titre de Gouverneur Se Capitaine General de
tous les Royaumes cr Provinces de l'Amérique méridio-
nales des Audiences de Lima , Chucifaqua , Quito ,
Panama , &c. de Viceroi du Chili, de la Province des
Amazones & de Terra fierma. Ses appointemens fixes
vont à quarante mille ducats, Se on fait monter infi-
niment au-delà fes autres émolumens, que quelques-
uns nomment tour du bâton. Plus de cent Corregi->
dors dépendent de lui. Il eft le chef de la juftice ,
& nomme à toutes les charges civiles Se militaires,
avec cette refiriclion , que les poutvus feront approu-
vés Se confirmés par la cour d'Espagne. On peut voir
à l'article Lima quelques autres particularités touchant
le gouvernement eccléfiaftique , civil Se militaire du
Pérou. J'ajouterai feulement ici que les Espagnols di-
vifent ce grand empire en trois parties qu'ils appellent
Audiences, Parlement ou Gouvernement, fa-
voir;
L'audience de Quito »
L'audience de Lima , ou de los Reyes.
L'audience de los Charcas , ou de la Plata.'
PEROUGES , ville de France , dans la Brefle, avec
titre de baronnie. Elle eft le fiége d'un grenier à fel,
Se elle députe aux afiemblées de la Brefle.
i.PERQVSE;
PER
PER
i. PEROUSE, Peru/îa ôc Perufum , ôc eu italien
Perngia , ville d'Italie , dans l'état de l'Eglife , dans
le Perugin auquel elle donne fon nom. Elle eft fituée
entre le Tibre à l'orient, ôc la rivière Genna à l'occi-
dent, à huit milles d'Affilé , fur une colline allez éle-
vée , & dont le Tibre arrofe le pied vers l'orient. Pe-
roufe eft fi ancienne , qu'on a recours aux fables pour
trouver fa fondation. Elle fut autrefois une des douze
principales villes de l'Etrurie. Voyez l'article Perusia.
Durant Jes guerres civiles entre Âugufte ôc Marc-An-
toine , elle fut ruinée par les foldats du premier. De-
puis s'étant récablie , elle foutint un fiége de fept ans,
contre Totila, roi des Goths , qui à la tin la prit, la
ruina , ôc pafla au fil de l'épée un grand nombre de
fes habitans. Les rois de Fiance, l'ayant conquife au
huitième fiécle , la donnèrent au S. Siège. Elle fut de-
folée durant les guerres des Guclphes ôc des Gibelins,
& les Balogni la tyranniferent quelque tems ■■, mais el-
le s'eft fi bien relevée , qu'on n'en voit aucune mar-
que. Elle elt grande, bien peuplée, bien bâtie, &: très-
pi op:e. On y voit quantité d'églifes , de monafteres &
de palais , avec une bonne citadelle bâtie par le pape
Paul ill , pour tenir en bride les habitans qui aft'ec-
toient un peu le gouvernement républicain. La cathé-
drale eft dediée à faint Laurent , ôc on prétend y con-
ferver la bague nuptiale de la fainte Vierge. A l'en-
trée de l'églife on voit la ftatue de Paul III, jettée en
bronze par Veilano de Padoue. Au milieu de la grande
p'.ace , il y a une fontaine qui jette de l'eau en abon-
dance. Cette eau vient d'un aqueduc qui elt au nord
de la ville, ôc que Jean Pifan a réparé ; la fontaine
tit ornée de différentes ftatues avec des baïïins de mar-
bre ôc de bronze , à quoi on prétend que la ville a
employé cent foixante mille ducats d'or. Sur la grande
place cil la ftatue en bronze du pape Jules III. L'églife de
Saint Pierre .appartenante aux Bénédictins , eft foute-
nue de colonnes de marbre , & on y voit , comme dans
la plupart des autres églifes de cette ville , des pein-
tures excellentes. Les rues font pavées de carreaux de
brique. L'évcque ne connoît point d'autre jurisdidtion
que celle du pape. L'univerfité elt affez célèbre , Ôc
fes trois collèges, l'un nommé des Bertolins, ôc les
deux autres de la Sapience , font affez fréquentés. Saint
Confiance, dit Bailiet, Topogr. des Saints , p. 37J. fut
évéque de Peioufe, vers la fin du troifiéme fiécle ,
ôc fut martyiifé apparemment du tems de Dioclétien.
Saint Félin & faint Giatignan , dont les corps ont été
transférés dans le Milanez , furent auffi martyrifés dans
cette ville, de même que faint Florent ôc Ces compa-
gnons. Enfin faint Herculan , évêque de Peioufe, y fut
tué par ordre de Totila , roi des Goths , après la pri-
fe de la ville en 546. * Magin , carte du Perugin.
Leander , Hetruria Mediterranea , p. 6j.
Le Lac de PEROUSE eft à plus de fept milles
de la ville du côté de l'occident , aux confins du Pe-
rugin. On le nommoic anciennement Lacus Trafumc-
mts. Les Italiens l'appellent Lago di Perugia, Il eft
presque rond , & a fix à fept milles de diamètre en
tout feus. On y voit trois ifies , favoir deux dans la
partie feptenuio'nale , nommées IJbla Majore ôc Ifola
Minore. Celle qui eil au midi , en tirant vers l'orient,
s'appelle lfola Polucfe : cette dernière , ôc V Ifola Mi-
nore , ont chacune un bourg affez confidérable. Le lac
de Peroufe eft rempli de poiffons de plufieurs fortes ,
dont on fait un giand trafic dans la province ôc aux
environs. * Magin , carte du Perugin.
i. PEROUSE (la) , bourg du Piémont , dans le Val
de Peroufe , fur la rive gauche de la rivière de Clufon ,
environ à deux lieues au-deffus de Pignerol. Ce bourg,
qui appartenoit au duc de Savoie, fut cédé à la Fran-
ce en 165 1 par le traité de paix de Quieiasque; mais
il fut rendu à fon ancien maître en 1698. * Atlas,
Robert de Vaugondy.
PERPERENE CIVITAS , ville de L'yEolide , félon
Pline, /. 5. c, 32. Ptolomée, /. ;. c. 2. la place dans
la Lydie,- & les notices grecques dans l'Afie Proconfu-
laire. Le P. Hardouin croit que c'en: la ville dont il
eft parlé au concile de Nicée tenu l'an 32;, auquel
fouferivit Pollionepïscopm P erper enfis .*■ Harduïn. Col-
'ïé&. Conc. t. 1. p. 3 18.
90?
PERPEZAT, bourg de France, dans l'Auvergne,
élection de Clermont.
PERPIGNAN, Pepinianum, ville de France,
dans le Roulïillon , dont elle eft aujourd'hui la capi-
tale, fous ie 42 d. 42. m. 10 fec. de latit. & à 33
d. 20 m. à I orient de la méridienne de l'Obfcrvaroi-
re. Elle a été bâtie dans l'endroit où étoit autrefois
une ville municipale , appellée Flavium Ebufum.
De Marca remarque qu'il étoit parlé de Perpignan
long-tems avant le comte Guinard qui la fonda en
1068, félon quelques-uns, puisqu'il en elt fait men-
tion dans une charte datée de la trentième année du
règne de Charles le Simple , ôc dans une autre de la
cinquième année du règne de Lothaire , petit-fils de
Charles le Simple, fans compter qu'en 1026, Beren-
ger , èveque d'Elue , avoir fait la confécration de l'é-
glife de Saint Jean de Perpignan. D'ailleurs Guinard
n'étoit point comte de Rouffillon en 1068, puisqu'il
ne le fut qu'après la mort de fon père Gifalbert II,
qui vivoit encore en 1102, tems auquel il fonda la
collégiale de Saint Jean de Perpignan. Toutes ces rai-
fons prouvent évidemment que Perpignan n'a pas été
fondé par le comte Guinard ; mais comme il augmen-
ta ôc embellit cette ville, on lui a fait l'honneur de
l'en regarder comme le fondateur. De Marca, /. 1.
p. 22. dit que c'eft perdre fon tems que de chercher
la véritable étymologie des noms de Perpignan & de
Rouffillon. * Marca, Hispan. /. 5. p. 22. Pigamol ,
Defcr. delà France,/. 7. p. 602.
La ville de Perpignan eft fituéefur la rive droite du
Tet , qui va fe jetter dans la mer à une lieue de- là. En
venant de France on traverfe cette rivière fur un pont,
dont la moitié eil de brique , & l'autre de pierre. Il- eft
fort long & aboutit au fauxbourg de Notre-Dame. Il y
a encore un autre pont , que l'on appelle le Pont-Neuf.
D'Albaret , premier préfident du confeil fouverain ôc
intendant , a obtenu un fonds de cent mille écus pour ré-
parer ces deux ponts & les bords du Tet : les deux tiers
de cette fomme feront pris fur la capitation , & l'autre
tiers fera levé fur la province par des impofitions. Une
très-belle chauffée d'environ 8jo toifes de longueur , ëc
fix de largeur , nommé chauflée du Vernet , vient
aboutir au Pont-Neuf : elle a été faite paf les ordres de
M. Bauyn de Jallais, alors intendant de Rouffillon. Le
fauxbourg de Notre Dame eft le feul qu'il y ait. à Perpi-
gnan, & dans lequel eft une églife fuccurfale, avec le fé-
minaire épiscopal. Le couvent desCapucins eftaffez près
de ce fauxbourg, & fur les glacis de la ville neuve. La
rivière du Tet , dirigeant fes eaux de ce côté-là , l'auroic
pu par la fuite endommager , ôc aller jusqu'à entamer
le grand chemin qui paffe le long de ce couvent : pour
éviter cet accident , M. de Jallais y fit faire en 1730,
un ouvrage en faffmages ôc en terre, dont il fit .faire en
même tems une belle promenade , bordée de deux ran-
gées de mûriers, que par reconnoiffance on appelle le
cours Jallais.
La Bajfe , petite rivière qui prend fon origine des four-
ces qui font du côté de Toulouges , à une lieue de Per-
pignan , arrofe une partie de la plaine de Rouffillon ,
aboutit enfin à une des portes de Perpignan , appellée
la porte de Ceret , ôc là fe partage en deux. Une pai-
rie traverfe par un canal , couvert en plufieurs endroits ,
une moitié de la ville, ôc emporte fes immondices: l'au-
tre partie baigne le pied des anciennes murailles, du côté
qui regarde la France : en forte qu il y a deifus une arca-
de de pierre fur laquelle il faut paffer pour entrer du faux-
bourg dans la ville par la porte appellée de Notre Da-
me , ou du Caftillet , parce qu'elle eft défendue par un
petit château , qui fert de prilbn pour les troupes , ôc for-
me un petit gouvernement, dont le gouverneur général
de la province eft revêtu.
Perpignan eft bâti partie dans la plaine, partie fur une
colline. Ses murs font de brique avec des chaînes & un
cordon de pierres de taille. Ils font très-hauts ôc très-
épais, ôc l'on y compte plufieurs baftions. Il y a quatre
portes principales ; celle de Notre Dame, par laquelle
on entre en venant de France; celle de Canet qui eft ex-
trêmement fortifiée par des ouvrages extérieurs ôc de
très-larges foliés que l'on paffe fur trois ponts de bois;
celle de Colioure qui eft murée, & celle de Saint Mar-
T«m. IV. Y y y y y
qo6 PER
trn ou d'Espagne. Entre cette dernière & la porte de
Notre-Dame , il y en a une cinquième, qui eft appellée
la porte du Sel. Elle conduit par un pont de pierres qui
traverfe la Baffe , à ce que l'on nomme la Ville-Neuve.
Elle fut commencée par l'ordre de Louis XIV , fur les
deffeins du maréchal de Vauban. Ceft un aggrandiffe-
ment du côté de la France , où il y a deux baftions. Les
remparts de Perpignan étoient autrefois affreux : à pei-
ne y avoit-il un chemin pour les rondes -, mais par les
foins du fieur de la Milice , major de la ville, ils font
devenus affez propres. On peut même en faire le tour
en carroffe. La ville n'eft pas trop bien bâtie ,' fur -tout
du côté de la citadelle , où cependant il y a des rues
affez bien alignées. Ce quartier n'eft habité que par le
menu peuple. Dans le cœur de la ville il y a quelques
rues affez larges ; cependant en général ce n'eft pas une
belle ville ; mais elle pourrait le devenir , fi on y prenoit
du goût pour les bâtimens. La rue qui conduit à la porte
Saint Martin eft nommée la rue des Orangers , parce qu'il
y en aVoit en pleine terre des deux côtés du canal de la
Baffe j mais la gelée les a fait mourir depuis quelques an-
nées. Il n'y a que deux places un peu grandes ; l'une ap-
pellée la Loge , devant l'hôtel de ville , l'autre nommée
la place de Saint Jean. Ceft dans cette dernière que font
la cathédrale 6c l'hôtel du gouverneur , que M. le duc de
Noailles avoit entrepris de faire bâtir magnifiquement j
mais ce deffein eft demeuré fans exécution.
Perpignan peut avoir ;j6 toifes de longueur mefurée
en ligne droite , depuis la porte de Canet ■■, jusqu'à celle
de Saint Martin , & 270 depuis l'hôtel de la Monnoie >
jusqu'à la porte Notre-Dame : elle contenoit , fuivant
un dénombrement fait il y a une vingtaine d'années ,
243 2 maifons , compris celles de la Ville-Neuve. L'églife
cathédrale porte le nom de Saint Jean ; mais avant que
d'en faire la defeription, il eft à propos de parler d'une
autre églife qui touche la cathédrale , 6c que Ton appelle
le vieux Saint Jean. Cette églife fut bâtie premièrement
en 8 1 3 i 6c ayant été ruinée par les Maures , fut réédifiée
affez grande , car elle avoit une nef & des bas côtés j &
Fut confacrée en 1026. La grande églife qui fert aujour-
d'hui de cathédrale à l'évêque 6c au chapitre d'Elne , fut
commencée en 1324, & Sanche , roi de Majorque, y
mit la première pierre , & l'évêque Berenger la féconde ,
ainfi qu'il paroît par deux inferiptions qu'on lit dans cette
églife, & qui font rapportées par de Marca, /. i.p. 21.
en ces termes ;
Première Inscription.
Lapis primus quern Illufirijfimits Dominus nofler San-
tlius Rex Majoricarum pofuit infundamento ifiius
Ecclefu , V. Kal. Madii , anno Domini M. CCC.
XXIV.
Seconde Inscription.
Lapis fccartdus quem Révère» dit s Domimts Beren-
garius Bajuli gratiâ DeiElnenfts Episcopus po-
fuit in fundamento iftius Ecclejîœ. V. Kal. Ma-
dii , anno Domini M. CCC. XXIV.
Cette églife ne fut achevée que fous le règne de Louis
XI 6c Charles VIII , qui étoient maîtres de Perpignan.
Ceft pourquoi l'on voit les armes de France à la clef de
la voûte, au-deffus du fanctuaire. On ne commença
pourtant à y faire l'office pour toujours qu'en IJ04.
Cette églife eft vafte & belle. La nef eft fort large & fans
piliers. Le chœur eft au milieu , 6c fon enceinte eft de
marbre blanc 6c rouge , 6c ornée de pilaftres. Cette en-
ceinte a par dehors environ fix pieds de haut ; mais,
comme l'on descend trois marches pour entrer dans le
chœur , elle paroît en dedans de deux pieds & demi plus
haute qu'en dehors. Comme cette enceinte eft peu ex-
hauffee , dès l'entrée de l'églife on voit aifément le maî-
tre autel , qui eft placé fur une espèce de eut de lampe
qui termine l'églife , & qui laiffe voir un rétable de mar-
ble blanc, orné de bas- reliefs , féparés les uns des autres
par des pilaftres chargés de figures de Grottogc. Ce réta-
ble eft très-eftimé , pour la matière & pour le travail. Au
milieu de ce rétable on voit une grande niche, où eft
PER
une figure de faint Jean, demi - coloffale. Quand on
expofe le Saint Sacrement , une machine fait retirer tour
d'un coup cette ftatue , 6c à fa place paroît un often-
foire ou foleilde vermeil , qui a plus de fix pieds de haut.
Il pefe plus de quatre cens marcs ; 6c lorsqu'on le porte
en proeeffionj il faut huit eccléfiaftiques des plus forts
pour le porter. Il ne manque qu'un portail à cette églife
pour fon entière perfection. Il y a encore , joignant la
cathédrale , mais du côté oppofé au vieux Saint Jean ±
une chapelle nommée du Crucifix : elle appartient au
chapitre , 6c les 'chanoines y font prêcher en leur pré-
fence tous les vendredis de Carême après midi.
Outre la paroiffe de l'églife de Sainr Jean , qui a droit
déporter les facremens par toute la ville, au choix des
malades , 6c de marier les habitans de quelque paroiffe
qu'ils foient , comme auffi d'enterrer les corps de ceux
qui ont choifi leur fépulture dans les caves de cette églife
ou dans fon cimetière , qui ett fort vafte , avec de beaux
charniers couverts en manière de cloître , il y a trois au-
tres paroiffes , qui font N. D. de la Réale , S. Matthieu &
S. Jacques. La première eft nommée de la Réale, parce
que ce fut un roi d'Arragon qui la fit bâtir. C'etoit une
abbaye de l'ordre de faint Auguflin , dont lès chanoines
ont été fécularifés. Tous les jours de Carême on y prêche
en catalan -, mais dans la cathédrale on ne prêche jamais
qu'en françois. Les Jacobins , les Carmes, les Cordeliers ,
les Auguftins , les pères de la Mercy j les Minimes * les
Carmes Déchauffés, 6c les Auguftins Déchauffés ont des
maifons dans cette ville. 11 y a quatre monafteres de fil-
les , favoir Saint Sauveur, les Dominicaines, les filles
de Sainte Claire , 6c les filles de la Congrégation de
Notre-Dame. Ces dernières parlent françois ; mais dans
les trois autres monafteres on ne parle que catalan. Les
filles de Saint Sauveur font même vêtues comme les reli-
gieufes d'Espagne , 6c n'admettent chez elles que des
filles de qualité. Il y a auffi plufieurs hôpitaux: un pour
les pauvres malades , un autre pour les vieilles perfon-
nes, pour les orphelins 6c orphelines, pour les enfans
trouvés & pour les pauvres mendians ; une maifon où
l'on renferme les filles débauchées ; 6c enfin l'hôpital du
roi pour les foldats malades.
Le corps de ville de Perpignan eft un des plus illu-
ftres qu'il y ait dans le royaume : il eft gouverné par
cinq confuls , tirés des trois états qui eompofent la
ville.
Le premier état eft celui de la nobleffe. Il y a à Per-
pignan deux espèces de nobles, les uns qui tiennent leur
nobleffe immédiatement du roi , 6c qui font appelles
Cavaillers j les autres font créés par la ville , en vertu
des privilèges qu'elle en a obrenus anciennement des rois
d'Arragon , 6c qui ont été confirmés par Louis XIV , par
un arrêt de fon confeil du 13 Septembre 1702. Le
confeil de ville , où ils font créés , ce peut fe tenir
chaque année que le 16 Juin. Ce jour-là les cinq confuls
en exercice, avec neuf exconfuls premiers 6c féconds
des plus anciens , peuvent dans les vingt-quatre heures
élire , à la pluralité feulement de dix voix fur quator-
ze , deux fujets qui , en forme de cette élection , 6c de
l'infcription qui en eft faite au livre de la matricule ,
jouiffent, eux 6c toute leur poftérité des droits de la no-
bleffe, tout comme fi le roi lui-même leur avoit conféré
l'armure 6c la qualité de chevalier, avec cette feule
exception qu'ils ne pourroient entrer aux états de Cata-
logne fans y être mandés. La nobleffe de cette forte de ci-
toyens eft reçue à Malthe en forme de la bulle magi-
ftraledu grand-maître, du 14 Juin 163 1. Ces deux es-
pèces de nobles ont alternativement 6c réciproquement
le pas & le rang l'une fur l'autre : elles remplirent tour
à tour les places de premier 6c de fécond conful , 6c
les autres charges de la ville affectées à la nobleffe.
L'année qu'un Cavailler eft premier conful , le conful
fécond eft un citoyen noble , 6c durant cette année , les
citoyens nobles ont le pas dans les confeils 6c par tout
ailleurs fur les Cavaillers , 6c réciproquement l'année
fuivante. Ces deux claffes de nobleffe font parfaitement
distinguées entre elles. Pour paffer de celle de citoyens
nobles à celle de Cavaillers , il faut néceffairement ob-
tenir du roi des lettres de Cavailler , comme il faut à un
Cavailler pour paffer dans une claffe fupérieure ; ces gra-;
dations étoient autrefois fréquentes en Catalogne.
PER
PER
Ceux qu'on appelle à Perpignan Maraderî y compo-
sent le fécond état de la ville, qui eit mitoyen entre la
nobleffe ôc ceux qui exercent les arts ôc les métiers.
Leur état étok anciennement de commercer en gros, ôc
c'eft pour honorer le commerce qui étoit autrefois fore
confidérablc en Rouffillon , que les rois d'Arragon leur
ont donné un rang ôc des privilèges très-honorables. Les
troifiéme ôc quatrième confuls fe prennent toujours du
corps des Mcrcuders ; c'eft auiîi le \G Juin que les con-
fiais Mercadcrs avec les exconfuls du même état peuvent
créer de nouveaux Mcrcaders. Les notaires roulent à
Perpignan avec les jyiercaders.
Le troifiéme état de la ville de Perpignan eft compofé
des artiftes , comme chirurgiens , orfèvres , peintres ,
&c. & de ceux qui exercent les métiers , ou de ceux
qui font appelles en catalan , Menejhrais : les ArtijUs
& Menefierals rempliffent alternativement la place de
cinquième conful, & forment les uns les autres des com-
pagnies de foldats, qui compofent un régiment, dont le
premier conful elt colonel né , les nobles, capitaines,
& les Mercaders, lieutenans.
L'habit de cérémonie des confuls eft une robe de
damas cramoifi , une fraife au cou ôc une haute toque de
velours noir. Leur cortège elt fomptueux : ils font pré-
cédés par quatre trompettes, enSuite par quatre haut-
bois à la catalane , qui ont tous des robes courtes de
taffetas rouge ; après cela viennent les cinq valets de
ville , vetus de longues robes de drap rouge , avec une
fraife au cou , deux d'entre eux portent de groffes maffes
d'argent , ayant devant eux l'huiïfier de la vilic en jufle-
au-corps , canne & épée. Dans les cérémonies lugubres
& durant le Carême , les confuls portent des robes de
foie noires ; ôc à l'ordinaire ils portent entre le jufte-au-
corps ôc la veffe une bande de velours cramoifi. Ils fié-
gent fous un dais à l'hôtel de ville.
Ce dais eft un refte de leur ancienne grandeur, d'autant
qu'ils avoient autrefois tout le gouvernement militaire
ëc politique de la ville ; qu'ils avoient les droits de lever
les troupes , d'impofer les fubfides , ôc de fraper mo-
noie au coin de la ville.
On n'a d'autre eau à Perpignan que celle de puits.
Les gens riches en font apporter de la fontaine qui elt
hors de la porte Saint Martin , ôc qui elt trop baffe
pour la faire couler dans la ville.
La citadelle elt fur la hauteur ôc commande la ville.
Elle paffe pout être une des plus fortes du royaume.
Une grande demi-lune, qui s'avance jusqu'au pied du
glacis , couvre la porte. La grande enveloppe eit de fix
battions , défendus d'un bon foffé ; ôc du côté de la
campagne il y a divers ouvrages extérieurs. Elle fut
commencée fous le règne de Charles V , ôc achevée
fous celui de Philippe lien M77, le duc d'Albe étant
pour lors gouverneur du Rouïïillon. Les armes de ce
duc font au frontispice de la porte , au-delfous de cel-
les du roi d'Espagne. Après cette enveloppe , on en
trouve une autre , qui elt l'ouvrage du chevalier de
Ville. Elle a aufii fix Dallions , qui dominent fur ceux de
la première enveloppe , ôc ils font défendus d'un foffé,
mais feulement du côté de la campagne. Sa place d'armes
elt un carré long, où quatre à cinq mille hommes
peuvent tenir en bataille. Toute la longueur à main
gauche eit occupée par un beau corps de caféines que
Louis le Grand fit bâtir. On en devoit confiante un fé-
cond le long du côté par où l'on entre. La façade du
fond , ôc celle qui elt à main droite , font occupées
par les anciennes cafernes. Après cela on monte un peu
pour entrer dans le donjon , qui a Un foffé revêtu de
pierres de taille , un peu en talus. Ce donjon eit un ou-
vrage carré, compofé de huit tours, aufli carrées,
dont quatre font aux angles , ôc les quatre autres fur-
ies côtés. Au milieu de cet ouvrage on trouve une
cour, où il y a une belle ôc grande citerne. A droite
eit le logement du gouverneur. La façade de la gauche
elt occupée par une fale d'armes très-longue. Dans un
retour hors d'oeuvre, que l'on ne voit point, eft l'ap-
partement du major. La façade par laquelle on entre ,
elt occupée par la chapelle. Il y en a deux* l'une fur
l'autre: celle qui elt au rez de- chauffée fert de magafin.
la haute eft grande, belle ôc voutee en forme d'églife.
A côté cil l'appartement des aumôniers : es font deux
90T
Auguflins Déchauffés qui defièrvent cette chapelle. Les
fomerreins de la citadelle font très-bons. Outre l'eau
de la citerne dont j'ai parlé, il y a un puits très-pro-
fond , d'où l'on tire l'eau avec une groffe roue , pour
l'ufage de la gaçnifon. Le pont de la porte du Secours
elt de bois , ôc très- long , à caufe du foffé de la citadel-
le ôc de ceux des ouvrages extérieurs. On fait remar-
quer à une des tours du donjon , un dextrochere de
pierre en faillie , tenant une épée haute , ôc les armes
de l'Empire à côté. On prétend que c'elt-là que l'em-
pereur Charles V , faifant la ronde de nuit , trouva la
fentinelle endormie, ôc la jetta dans le foffé. On ajoute
que ce prince demeura en faction jusqu'à ce qu'on revînt
pour relever la fentinelle. On croit que ce donjon a été
anciennement la demeure des comtes de Rouflîllon.
Le fiége épiscopal de l'évêché d'Elne eft fuftraganc
de l'archevêché de Narbonne. Il n'a point été transféré
à Perpignan : le pape Clément VIII n'y transféra en
KÎ04, que la réfidence de l'évêque , des dignités , cha-
noines & chapitre d'Elne , dans l'églife de Saint Jean ,
où il y avoit un chapitre de collégiale, compofé de
chanoines , dont l'évêque étoit déjà le chef immédiat
par l'union qui avoit été faite , long-tems auparavant »
de la dignité principale de cette églife à l'évêché, Pair
cette tranflation l'ancien chapitre de l'églife de Saint
Jean fut fu primé, fes revenus unis à la menfe du cha-
pitre d'Elne. L'évêque de Perpignan prend le titre d'in-
quifiteur, & en porte la croix ; mais il n en a d'autres
fonctions que celles que l'épiscopat donne en France.
On compte dans ce diocèfe environ cent quatre-vingt
paroiffes , fans parler de celles qui font de la dépen-
dance des abbayes d'Arles , de Saint Michel , de Cuzan
ôc de Saint Martin de Canigou , fur lesquelles les abbés
de ces abbayes ont une jurisdiction comme ép:scopale.
Il y a très-peu de patronages laïques dans ce diocèfe ,
ôc les bénéfices font à la nomination du pape pendant
huit mois de l'année , ôc à celle de l'évêque ou de l'abbé
dans l'étendue de la jurisdiction abbatiale, pendant les
mois de Janvier , d'Avril , de Juillet ôc d'Octobre. Lors-
qu'une cure vient à vaquer, ceux qui y prétendent, fe
préfeutent devant l'évêque ou l'abbé, dans la jurisdiction
duquel fe trouve la cure vacante , ôc l'examen fe fait
par le prélat aliïfté de quelques docteurs. Ils certifient
enfuite au pape qu'un N. . . a été jugé le plus digne ; ôc ,
fur ce certificat , le pape fait expédier des bulles. Le
concours fe fait de la même manière dans les mois de
l'ordinaire ; mais alors il ne faut point de bulles.
Le clergé de la cathédrale de Perpignan elt partagé en
deux corps , favoir le chapitre d'Elne ôc la communauté
de Saint Jean. Le chapitre d'Elne eft compofé d'un
grand archidiacre, de deux archidiacres, du facriltain
majeur, qui font les quatre dignités, ôc ce vingt-un
chanoines, dont Sept Sont fondes pour dire les grandes
méfies, feptpour faire toujours les fonctions de diacre,
& Sept pour faire celles de foudiacre. Le revenu du
grand archidiacre elt d'environ mille cinq cens livres i
ôc celui de chaque chanoine d'environ Sept cens livres.
L'habit de ces chanoines eit majeltueux , ôc confilteen
une grande robe noire , bordée d'un petit liSerage cra-
moifi, & fermée par devant par de grands lacs d'amour
de la même couleur , attachés fur l'étoffe avec de gran-
des houpes. Cette robe, Sur laquelle les chanoines ont
un rochet , eit ordinairement retrouffée, faifant deux
tours à leur ceinture & pendante par le côté. Ils ont
fur cette robe une fourure femblable à celle des bache-
liers de Sorbonne , Ôc dont les bords font encore lifc-
rés de cramoifi. Cette fourure qui le termine par der-
rière en espèce de coqueluchon , qui pend plus bas que
la ceinture , elt ordinairement rattachée fur l'épaule. Le
jour de Pâque ils quittent cette fourure pour prendre
de petits camails violets , ouverts'pardevant ôc doublés
de taffetas cramoifi. Le corps de la communauté de Saint
Jean eft de quatre curés ôc de 89 chapelains bénéfi-
ciers. Le revenu de plufieurs de ces bénéficiers eft plus
confidérable que celui des chanoines. Les curés fervent
chacun une Semaine. L'habit de chœur de ceux-ci eft
comme celui des chanoines, excepté que la doublure
ôc la fourure font violettes aufiî-bien que le liSerage;
Les chapelains bénéficiers ne portent hiver ôc été qu'un
petit camail ouvert pardevant , de couleur noire ôc dou-
Tem. IV. Y y y y y ij
9o8 PER
PER
blé d'étoffe de même couleur , hormis ceux qui font
docteurs en théologie, qui le doublent de violet. -Ces
deux corps ont chacun leur bourfier, qui portent une
grande bourfe pendue au côté. Celle du bourfier du
chapitre eft de velours cramoifi, Se l'autre de velours
violet. Ces bourfiers payent aux chanoines Se aux cha-
pelains le droit d'aififtance à tous les offices ; Se cette
rétribution eft payée en une espèce de monnoie de cui-
vre qu'ils font fraper exprès , Se qu'ils nomment Païoffe.
Cette monnoie a une espèce de cours dans la ville ;
car les marchands la prennent en payement , & en la
rapportant au bourfier , il la reprend & donne des es-
pèces frapées au coin du roi. Les chanoines Se la com-
munauté de Saint Jean ont un droit de boucherie par-
ticulière , où tous les eccléfiaftiques , même les fimples
clercs ronfurés de la ville , & les communautés reli-
gieufes , peuvent aller fe pourvoir de viande , à meil-
leur marché qu'à la boucherie particulière de la ville.
Comme les fimples clercs font exemts de certaines en-
trées , il y en a une prodigieufe quantité à Perpi-
gnan.
Le chapitre de Notre-Dame de la Réale de Perpi-
gnan eft compofé d'un doyen qui a cinq cens livres
de revenu , d'un facriftain en dignité , qui a trois cens
livres , & de huit chanoines qui n'ont tout au plus que
deux cens cinquante livres chacun. Il y a auffi quelques
chapelains , qui ont depuis quatre-vingt jusqu'à cent
vingt livres tout au plus*
Le roi nomme à l'évêché de Perpignan Se aux béné-
fices confiftoriaux qui font fitués dans ce diocèfe. Cette
nomination fe fait en vertu d'un induit accordé parle
pape Clément IX , à Louis le Grand Se à fes fucceffeurs,
donné au mois d'Avril 1668.
Pierre, roi d'Arragon , érigea une univerfité à Per-
pignan en 1349. Elle eft compofée de trois facultés. Le
recteur eft pris dans toutes les trois pi eft élu tous les
ans aux Rois. Cette place eft affez lucrative. Les chai-
res de philofophie& de théologie font données au con-
cours.
Quant au gouvernement civil & militaire de Perpi-
gnan , voyez, l'article Roussillon.
PERRANTHES, nom que l'on donnoit, félon Ti-
te-Live, /. 38. c. 4. à une colline escarpée , qui com-
mandoit la ville Ambracia, dansl'Epire.
PERRAY (Rivière du), rivière de l'Amérique fep-
rentrionale> dans la Nouvelle France. Son cours, qui
eft affez long , eft fort interrompu de cataractes. Elle
communique du lac d'Alemipigon à la rivière deMon-
fipi. Elle a pris fon nom du fient" du Perray , officier
François, qui le premier eft descendu à la baie d'Hud-
fon.
PERRAY NEUF (Le), Perretum novum , Porre-
àium , abbaye d'hommes , en France , de l'ordre de Pré ■
montré , dans l'Anjou , au diocèfe d'Angers , à une lieue
au midi de Sablé , près de la rivière de Sarte. Elle fut
fondée l'an 1 ijo, par Robert de Sablé , rroifiéme du
nom , Se par Pierre de Brion , dans un lieu appelle ,
le Bois Rerwu , autrement le Gant. Pierre de Brion ne
contribua que d'un tiers pour cette fondation , Se Ro-
bert de Sablé donna le refte. Cette abbaye fut trans-
férée au Perray-Neuf en 1209, par Guillaume des Ro-
ches , & Marguerite de Sablé , fa femme , qui en au-
gmentèrent confidérablement le revenu. On lui donna
le nom de Perray-Neuf , par rapport au Perray aux
Nonains , dont l'abbaye eft plus ancienne que celle-ci.
C'eft encore pour diftinguer ces deux abbayes que celle
du Perray-Neuf eft appellée le Perray-Blanc , à la dif-
férence du Perray aux Nonains, où il y avoir ancien-
nement des Bénédictins » ou Moines noirs. Le revenu
de l'abbé du Perray-Neuf eft d'environ deux mille cinq
cens livres. * Piganiol, Defc. de la France, rom. 7.
p. 91.
PERRAY AUX NONAINS ( Le ), abbaye de Fran-
ce , dans l'Anjou , à une lieue Se demie d'Angers. C'eft
une abbaye de filles de l'ordre de Cîteaux. On prétend
qu'elle fut fondée pour des Bénédictins, à la place des-
quels on mit dans la fuite des religieux de l'ordre de
Cîteaux. Cette abbaye ne jouit guère que de deux mille
livres de rente. * Piganiol, Defcription de la France,
t. 7. p. 89.
PERRE, ville d'Afie , aux environs du mont Tau-
rus, L'itinéraire d'Antonin place la ville de Perre fur
la route de Mélitene à Samofare , entre Lacotena & Sa-
mofate , à vingt-fept milles de la première & à vingt-
quatre de la féconde. Selon la notice de Léon le Sage ,
Perre fut une ville épiseopale , dans l'Euphratenfe, fous
la métropole d'Hierapolis.
PERRECCHO , ville de la Galilée, félon Jofephe ,
/. 2. C. 2J. ,
PERRECY, ouPersy, Fatriciacum. Cétoir , félon
Bailler , Topogr. des Saints , p. 375. une terre de Fran-
ce , dans le pays que nous appelions Charolois , au
diocèfe d'Autun , en Bourgogne. Elle fut donnée aux
religieux de faint Benoît par Eckard , que l'on appelle
comte de Bourgogne , Se mife entre les mains des moi-
nes de Fleury , qui y firent bâtir une églife , Se enfuite
un monaftere, réduit depuis en prieuré dépendant de
leur abbaye. On y a toujours confervé le monaftere des
religieux ; Se de nos jours M. Berrier , qui en étoit prieur
commendataire , y a mis une réforme très-étroite.
PERREULX, bourg de Fiance, dans le Beaujolois,
diocèfe de Lyon, parlement de Paris , intendance de
Lyon , élection de Villefranche. 11 a environ 734 ha-
bitans. * Dicl. Univerfel de la France.
1. PERRH^BI , peuples de laTheffalie, le long du
fleuve Penée , vers la mer. Ce fut , félon Srrabon , h
9. p. 439. leur première demeure. Chaffés enfuite par
divers peuples * ils fe reculèrent dans les terres toujours
le long du Penée , Se enfin ils furent tellement disper-
fés, qu'une partie fe rerira vers le- mont Olympe-, d'au-
tres vers le Pinde , & d'autres fe mêlèrent avec les La-
pithes Se avec les Pélasgiotes. Plurarque , in Flaminio ,
dit que les Perrhebes furent un des peuples que Fla-
minius déclara libres , après qu'il eut vaincu le roi Phi-
lippe.
2. PERRFLEB1, peuples de l'Epire, félon Ortelius ,
Thef. qui cite Ifiacius fur Licophron.
3. PERRFLEBI, peuples de l'Etolie. C'eft Pline, /.
4. c ■ 2. qui en fait mention.
FERRH^BIA , contrée de la Theffalie. Voyez Per-
RH>€BI, n. I.
PERRH^EBICUS MONS, montagne de la Theffa-
lie , dans la Perrhebie. Strabon , /. 9. p. 442. dir qu'il
y avoit auffi un village que l'on appelloit Perrlixiicus
Vie us.
PERRH/ESIUM. Etienne le géographe met cette
ville au nombre des douze principales de l'Etriuie. Voyez.
Perusium.
PERRHE , fiége épiscopal. Voyez Perre.
PElvRHIDiE. Ce nom eft donné par Etienne le géo-
graphe à une partie de la rribu Antiochide , que Pha-
vorin , Lexic. place dans l'Atrique.
1 . P E R R 1 N E , Perrina , ou Pétrin a , prieuré de
France , dans la Normandie , au diocèfe de Coutances ,
entre Saint Lo Se Carantan. Il eft de l'ordre des Ma-
thurins , Se fut fondé en njo, par Eitfiaria, femme
de Guillaume du Hommet, connétable de Normandie.
Il vaut 4000 liv. de revenu.
2. PERRINE , abbaye de France , dans le Maine ,
au diocèfe & proche la ville du Mans. C'eft une ab-
baye de filles, de l'ordre de faint Auguftin. C'étoit au-
uefois un prieuré fondé fous le nom de Notre-Dame ,
par un vidame du Mans. En 1393, la fondation fut
augmentée de quatre mille livres de rente par Guillau-
me des Ufages, chevalier, Se le prieuré fut érigé en ab-
baye fous le nom de Saint Louis. Il y a douze reli-
gicufes.
PERRUSSON , bourg de France , dans la Tourai-
ne, diocèfe Se intendance de Tours , parlement de Pa-
ris, élection de Loches. Il y a environ 790 habitans.
La cure eft à la collation de l'abbé de Beaulieu. *
Dicl. Umverfel de la France.
PERSA, ville qu'Etienne le géographe dit être fi-
ruée au voifinage de Samofate , Se près de l'Euphrate.
Ortelius , Thef. foupçonne que ce pourroit être la même
que Ptolomée appelle Porfîca.
PERSAC , bourg de France, dans le Poitou, éle-
ction de Poitiers.
PERSACRA , ville de l'Inde, cn-deçà du Gange.
Ptolomée , l.j.c.i. la donne aux peuples Nanich*.
PER
PER
PERS/E. Voyez. Pharush.
PERSAGAUUM URBS , ville de Perfe. Quinte-
Curfe, /. j. c. 6. dit qu'elle avoir été bâtie par Cyrus ,
Se que Gobarès, qui en étoit gouverneur, la rendit à
Alexandre.
PERSANTE , rivière d'Allemagne , dans la Pomé-
ranie Ultérieure. Elle prend fa fource fur les confins
de la Prufle royale , Se après un aflez long cours du
fud-eft au nord oueft , elle pane à Colbetg, d'où elle fe
rend dans la mer Baltique.
PERS ARMENII, peuples d'Afie, félon les écrivainsdu
moyen âge. Ortelius , Thefaur. qui cite Callilte ,dit que
ces peuples étoient appelles auparavant Habitans de la
Grande Arménie. La Grande Arménie , ou l'Arménie
Majeure étoit une province de Perfe. Voyez. Arménie.
PERSE , Perfis Se Perfia , royaume d'Afie. Voyez,
ces deux mots. Hérodote , /. 7. dit que l'ambafladeur
que Xerxès , roi de Perfe , envoya aux Grecs, leur vou-
lut faire croire qu'il tiroit fon origine de Perses , fils de
Perfée & d'Andromède ; félon Ammien Marcellin, les
Perfe^ étoient Scythes d'origine; Se fi nous en voulons
croire Pline, /. 6. c. 17. les Scythes appellent les Pcrfes
Corfari. Le nom de Perfes , en hébreu Parascbim ,
fignifie des chevaliers ; mais le nom propre de la na-
tion perfane elt Aïlam. On leur donna apparemment
le nom Paraschim {a) , à caufe de l'habitude où ils
étoient Se où ils font encore aujourd'hui d'aller pres-
que toujours à cheval. Ni Moyfe , ni les auteurs fa-
ciès , ne parlent des Perfes que vers le tems de Cy-
rus. Ezéchiel , c. 27. 10. met les Perfes parmi les
troupes du roi de Tyr : il en met aufli dans l'armée
de Gog , prince de Magog , c. 38. r. Judith dit, c.
16. 12. que les Perfes admirèrent fon courage, Se
Daniel parle fouvent du roi des Perfes qui devoit rui-
ner la monarchie des Chaldéens. Les Perfes (b) fe
nomment eux-mêmes Schai, pour fe difiinguer des
Turcs par rapport à la religion , ces derniers fe don-
nant pour la même raifon le nom de Sunni ; Se com-
me les Turcs fe plaifent à fe faire appeller Muful-
inans , de même les Perfes ne font pas fâchés qu'un
les appelle Kifdbachs , c'eft-à-dire Tètes routes. 11 v
en a qui difent que les Perfes Se les Parthes font le
même peuple -, d'autres prétendent que ce fonc deux
peuples dirretens : les uns Se les autres ont raifon.
Sans parler de la première origine de ces peuples ,
qui elt aflez incertaine , on les appclloit Perfes du tems
des prophètes, Se Parthes du tems de Jefus-Chrifi.
Quelquefois la Parthie , Se la Perfie ou Perfe , ont été
des royaumes différais, & quelquefois le nom de Per-
fe a été commun a ces deux états , parce que tous
deux ont été de tems en tems fujets à un même roi,
Se habités par un même peuple. Cette même raifon fait
que nous comprenons aujourd'hui fous le nom de Perfe
toutes les provinces qui font , ou qui étoient il n'y a
pas long-tems fous la domination du roi de Perfe. Ainfi
quand on parle de la Perfe , on y comprend tout le
pays qui s'étend du nord au fud-ouefi, depuis l'Eu-
phrate jusqu'à la ville de Candahar , fur les frontières
des Indes. En lui donnant pour borne la mer Caspien-
ne, on y comprend prefque la moitié de cette mer.
Sur quoi, Olearius dit que la Perfe contient plus de
vingt degrés en fa longueur , depuis 1 Euphrate jus-
qu'aux Indes ; mais il faut confidérer auili qu'un degré
de longitude fous le trente-troifiéme degré de latitude
fous lequel la Perfe elt fituée , n'eu; compofé que de
cinquante minutes au plus. * (a) Dom Calmct , Dicl.
(b) Olearius , Voyage de Perfe, /. 5. p. 359.
L'empire des Perfes étoit beaucoup plus étendu que
ce que nous appelions aujourd'hui la Perfe : il elt
certain que les rois de Perfe ont quelquefois fournis
presque toute l'Afie à leur domination. Xerxès fubju-
gua même toute l'Egypte , vint dans la Grèce , cV prit
Athènes ; ce qui fait voir qu'ils portoient quelquefois
leurs armes vidtorieufes jusque dans l'Afrique Se dans
1 Europe même. Perfépolis, Suze Se Ecbatane étoient
les trois villes où les rois de Perfe faifoient leur réfi-
dence ordinaire. Cyrus, qui eit regardé comme le fon-
dateur de la monarchie des Perfes , fit de Perfépolis la
capitale de tout l'empire des Perfes, comme le remar-
que Strabon, /. ij. Cette monarchie dura deux cens
909
fix ans fous douze rois , dont Cyrus fut le premier ,
Se Darius le dernier. Cyrus régna neuf ans depuis la
prife de Babylone, c'clt-a-diie depuis l'an du monde
3466 jusqu'en 347; avant J. C. J2f , Se avant l'ère
vulgaire ^29. Cambyfes , nommé Afluérus , régna fept
ans Se cinq mois. Il mourut l'an du monde 3482, avant
J. C. 618, avant 1ère vulgaire 522. Smerdïs , autre fils
de Cyrus , eut le gouvernement de l'Arménie Se de
la Médie. OropaLtès le Mage ufurpa le royaume de
Perfe : ce fut le faux Smerdis; mais cinq mois après
il fut tué par fept feigneurs qui avoient confpiré con-
tre lui. Darius, fils d'Hyftaspe , eft nommé Afluérus
dans l'hébreu du livre d'Efthef , Se Artaxerxès dans
le grec du même livre. Il régna trente-fix ans , de-
puis l'an du monde 3482 jusqu'en 3519, avant J. C.
481, avant l'ère vulgaire 485. Xerxès fuccéda à fon
père Darius , & régna douze ans , depuis l'an du mon-
de 3519 jusqu'en 3 531, avant J. C. 469, avant l'ère
vulgaire 47J. Artaxerxès, à Longue Mmu , fon fils,
régna 48 ans, depuis 3531 jusqu'en 3579, avant J.C.
421, avant 1ère vulgaire 425. Xerxès II fuccéda à fon
père Artaxerxès , Se ne régna qu'un an. Il mourut en
3580, avant J. C. 420, avant l'ère vulgaire 424. Secun-
dianus , ou Sogdianus , fon frère Se fon meurtrier, ne
régna que fept mois. Ochus, ou Darius le Bâtard,
régna dix-neuf ans, depuis l'an du monde 3581 jus-
qu'en 3600, avant J.C. 400, avant 1ère vulgaire 404.
Artaxerxès II , dit Mnemon ou à la belle mémoire,
régna quarante-trois ans. Il mourut en 3643, avant J.
C. 3J7 , avant l'ère vulgaire 361. Artaxerxès; dit O-
chus , régna vingt-trois ans , depuis l'an du monde 3643
jusqu'en 3666 , avant J. C. 334, avant l'ère vulgaire
338. Arfès régna deux ans Se quelques mois. Il fut
tué en 3668, avant J.C. 332, avant l'ère vulgaire 336.
Darius, dit Codomannus , fut vaincu pat Alexandre le
Grand en 3674, après fix ans de règne ; Se de la
ruine de la monarchie des Perfes on vit naître la troi-
fiéme monarchie du monde , qui fut celle des Grecs
en la perfonne d'Alexandre. La Perfe obéit quelque
tems aux Macédoniens , jusqu'à ce que les Parthes
s'étant foulevés contre Théodore , gouverneur de la
Badtriane , Arface fe fit reconnoître roi des Parthes
& des Perfes. Dans la fuite le feeptre des Parthes fut
transféré aux Perfes , par Artaxerxès qui tua Artaba-
ne IV, dernier roi des Parthes. C'eft ce même Artaxer-
xès que les Arabes nomment Ardfchir Babekan. Il
mourut en 242 de l'ère vulgaire. Le règne de Sapor,
fon fils, qui lui fuccéda fut de trente Se un ans. Hor-
misdas, fon fils, ne régna qu'un an , Se fon frère Va-
ranes en régna trois. Varanes II, fils du premier, furnom-
mé Naiscs, régna dix ans, Se Varanes II , fils du fécond,
furnommé Saganesme , ne régna que quatre mois. Nar-
sès , fils d'Hormisdas , qui en régna près de huit , mou-
rut au commencement du quatrième fiécle. Son fils
Misdate ou Hormisdas fut' fon fuccefleur , Se Sapor II.
fils de celui-ci , remplit le trône après lui. Ce fut un
cruel perfécuteur des Chrétiens : il fit long-tems éprou-
ver la puilTance de fes armes aux empereurs Confian-
ce, Julien Se Jovinien , Se mourut en 379 après un
règne de foixante Se dix ans. Artaxerxès II , fon frère,
lui fuccéda : il régna quatre ans, Se lailïa Sapor III
fon fils qui en régna cinq. Le règne de Varanes IV, fils
de Sapor III, fut d'onze ans. L'empereur Arcadius fit
Isdegerde , fils de Varanes , tuteur de fon fils Théo-
dore. Il régna vingt Se un ans , Se de fon tems la foi
chrétienne fleurit dans la Perfe. Varanes V, fon fils, fut
fon fuccefleur, Se laifl'a Isdegerde II, nommé par d'au-
tres Varanes VI, qui mourut en 458 après avoir régné
dix-fept ans. Perofe , grand capitaine, lui fuccéda, Se
mourut en la guerre contre les Huns, laiflant fon frè-
re Valens pour fon fuccefleur. A celui ci fuccéda fon
neveu Cabade , fils de Perofe; mais fes cruautés l'ayant
rendu odieux , on mit à fa place fon frère Zambar ,
Se après lui, félon quelques-uns régnèrent Saha Se
Adaana. Cabade ayant trouvé moyen de remonter fur
le trône régna jusqu'en j 3 2. Cosroès I fuccéda à fon
père Cabade. Il fut vaincu par Jufiinien, général de
l'armée de l'empereur T:bere , Se avant été chaflé de
la Perfe, il mourut d'affli&ior, en 580. Hormisdas II,
fon fils , fut depofé pour fa tyrannie , Se mis en pri-
PER
910
Ion après avoir été aveuglé. Cosroès II, fon fils , qui le
fie mourir l'an ;88,fit la paix avec l'empereur Mau-
rice, après la more duquel il rit une cruelle guerre aux
empereurs Phocas ôc Heraclius , ufurpa la Syrie , la Pa-
lcftine , &: plufieurs aunes terres de l'empire des Ro-
mains, ôc ayant pris la ville de Jerufalem, il emporta
la croix de Jefus-Chrift en Perle. Il perfecuta horri-
blement les Chrétiens ; il fut enfin mallacré avec Me-
darle fon plus jeune fils , qu'il avoit déclaré fon fuc-
cefleur au royaume , par Sitoès qui étoit 1 aïné. Siroès
qu'il avoit eu de Marie , fille de 1 empereur Maurice ,
reftitua aux Romains la croix & les autres chofes qu'on
leur avoit prifes, ôc fiubaptiféà l'inftance d Heraclius.
Il laifla pour fuccefleur l'on fils Adefir , que barbaras,
qui ufurpa le royaume, tua dans la première année de
fon règne. Apres lui régnèrent Siahiiar qui fut maflacré
presqu'auffi-tôt , ôc enfuite Cosroès, fils de Kobad,
qui en peu de rems eut la même destinée. Baraina , fil-
le de Cosioès, leur fuccéda avec fon fils Bornaïm. Elle
eut pour fuccefleur Hormisdas III, auquel fuccéda une
autre fille de Cosroès, nommée Azurmi, qui régna
avec fon frère Ferochzad. Ils périrent en la féconde
année de leur règne. Enfin Jedasgird régna , & ayant
été vaincu par le Calife Omar, il fut tué cn632:ainfi
le royaume de Perfe fut réduit fous la puifiànce des Sar-
rafins. Cette fervkude dura jusqu'en 1258, qu'il recom-
mença à fleurir fous fes propres rois. Haalon ou Hai-
llon recouvra par les armes le royaume de Perfe, 6c
détruifir Babylone. Il époufa une femme chrétienne,
appellée Doucoscaro , iffue , dit on, du fang des Ma-
ges qui adorèrent Jesus-Christ. Abbaga, l'on fils lui
fuccéda en 1265. 11 défit le Soudan d'Egypte^ qu'il
chaffa de l'Arménie , ôc lorsqu'il fe préparoit pour at-
taquer la Syrie , il fut tué en i28;.Tangador, fon fils,
régna après lui. On le nomma Nicolas en le baptifant^
ôc il prit le nom de Mahamet après qu'il eut embras-
fé la religon Mahométane. Argon, fon neveu , l'ayant
nié, fut élevé à la royauté ^en 1187. Regayre , fon
frère ôc fon fuccefleur, fut étrangle par les fiens en
1295, ôc fon parent Baydon fut mis en fa place. Ce
dernier fut tué par Caflan , fils d'Argon , qui , étant
desenu roi, fournit la ville de Damas, ôc chaflà le
Soudan d'Egypte de toute la Syrie. Il mourut en 1304.
Après lui régnèrent Cambaga , Coibandes, frère de
Caflan , fils à\)ne femme chrétienne , qui le baptifa ,
& le nomma Nicolas ; mais après la mort de fa mè-
re il fe fit Mahométan , & laifla pour fuccefleur un fils
que l'hifloire n'a point nommé , & après lequel ré-
gna le Parthe Cempfa. Le célèbre Tamerlan conquit la
Perfe vers l'an 1396. Son filsTzochi, ou Trochi , qui
lui fuccéda , régna vingt-deux ans. Tzochi II qui tint
dix-huit ans l'empire après lui , eut pour fuccefleur
Travire, dernier roi de la lignée des Tartares. Après
fa mort le Turc Ufum-Caflàn s'empara du royaume
de Perfe. Ceux qui lui fuccédeient furent Lucuppe ,
furnommé Chiotzeihal , Julanete , Bayfingir , Ruftan,
Agniat, Carabe. Acuante, qui régnèrent jusqu'en 1514.
Ismaël Sophi , fils de Xeque-Aidar , de la race d'Ali,
voulant venger la mort de fon père , pourfuivit Far-
rock Yacar , roi de Xirvan , fon meurtrier , ôc l'ayant
défait s'empara de fon royaume. L'année fuivante il fe
rendit maître de Tauris , & des autres villes de la Per-
fe ; ôc en 1510 il prit Babylone , autrement Bagdet ,
Suze , ôc tout le royaume de Kufiflan. En 151 1 il con-
quit le royaume d'Usbek ôc celui de Korafan , ôc eut
pour fils Tahamas , qui lui fuccéda eu 1524, & laifla
l'empire en \j-6 à Ismaël II, fon fils, qui ne régna
qu'un an & deux mois. Mahamet-Chodabende, fon frè-
re, régna fept ans quoiqu'aveugle , ôc eut pour fucces-
feur en ij8y le grand Cha-Abas , qui étendit confi-
dérablement les limites de fon empire , ôc conquit en-
tre autres les royaumes de Babylone ôc de Kandahar,
qu'il laifla à fon petit-fils Scha Sephi. 11 mourut en
1629. Le règne de Scha Sephi fut de douze années,
ôc rempli de cruauté. Il fut père d'Abas , qui lui fuc-
céda en 1642 âgé de treize ans. A celui-ci fuccéda un
autre Scha , ou Cha-Sephi , qui changea fon nom en
celui de Soliman, ôc mourut en 1694. Son fils aîné,
Sultan Uflcin , régna après lui ; c'eft fous fon règne
qu'ont commencé les troubles inteitins , qui ont affli-
PER
gé la Perfe dans ce fiécle , ôc dont les Moscovites &
les Turcs ont lu profiter.
La Perfe eft fituée dans la Zone tempérée. Le mont
Taurus la coupe par le milieu , à peu près comme
l'Apennin coupe l'Italie , ôc il jette fes branches çà ôc
la dans diverfes provinces , où elles ont toutes des noms
particuliers. Les provinces que cette montagne couvre
du nord au fud font fort chaudes : les autres , qui ont
cette montagne au midi , jouiflent d'un air plus tem-
péré. Comme la Perle n'a pas par-tout la même tem-
pérature d'air , les rois changeoient de demeure fuivant
les faifons. En été ils faifoient leur réfidence à Ecba-
tane, aujourd'hui Tauris; en hiver à Suse , au prin-
tems & en automme à Perfépolis ou à Babylone. *
OUarius , voyage de Perfe , /. ;. p. ^44. Ôc fuiv.
Le terroir eit généralement fablonneux ôc fténle dans
la plaine : presque par-tout on le trouve parfemé de
petites pierres rouges , & il ne produit que des char-
dons ôc des ronces , donr on fe fert au lieu de bois
dans les lieux qui en manquent. Il n'y a que la pro-
vince de Kilan qui ne participe point de cette iténli-
té : on peut auiîî excepter les pays où les montagnes
forment des vallons; la terre y eft très-bonne ; auiîï c'eil
dans ces endroits que font lîtués la plupart des villa-
ges. Les Perlans font adroits a conduire dans leurs jar-
dins , par des canaux oe la largeur de quatre pieds , les
eaux qui coulent des montagnes. Us en conduifent en-
core dans leurs terres labourables; Ôc pour donner à
la terre l'humidité que le ciel lui refufe , ils enferment
d'une levée d'un pied de hauteur des pièces de champs
de quinze ou vingt toifes en carré; ils y font dégorger
leurs canaux fur le foir , Ôc le lendemain matin ils
font écouler les eaux ; de forte que la terre , qui a été
ainfi humectée , recevant les rayons du foleil presque
à plomb , produit enfuite en abondance. Il y a peu
de rivières dans toute la Perfe, & même il n'y en à
aucune de bien navigable dans toute fon étendue. La
plus grande, qui porte quelques radeaux, eft l'Arras,
ou l'Araxe des anciens , qui paflè par l'Arménie. Les
autres au lieu de groflïr , comme font celles des au-
tres pays , à mefure qu'elles s éloignenr de leur four-
ce , diminuent, ôc tariflent enfin par une infinité de
canaux , qui conduifent l'eau pour arrofer les terres.
Comme il n'y a point de forêts en I erfe , ôc que
le bois y manque, auflî-bien que la pierre, toutes les
villes généralement, à la réferve de quelques maifons,
font bâties d'une terre ou espèce d argile fi bien paî-
trie, qu'elle fe coupe aifément en manière de gazons*
Les murailles fe font par couches , à proportion de la
hauteur qu'on leur veut donner; ôc entre deux cou-
ches , qui font chacune de trois pieds de haut , on met
deux ou trois rangs de briques cuites au foleil. Les bâ-
timens qu'on fait de la forte font allez propres. Après
qu'on a élevé la muraille , le maçon l'enduit avec du
mortier fait de cette argile , mêlée avec de la paille ;
ce qui rend ces murailles fort unies. Il couvre tout ce-
la d'une espèce de chaux , mêlée de verd de Mosco-
vie , qu'il broie avec de la gomme. Il frotte enfuite le
mur avec une broflè , ce qui le rend damasquiné ôc
argenté , ôc le fait paroître comme du marbre. Les mai-
fons des pauvres font plus groflieres. Au milieu de
chaque mai fon il y a un portique de 20 ou 50 pieds
en carré , au milieu duquel eft un étang plein d'eaué
A chaque coin de ce portique eft une chambre pour
prendre le frais ; & derrière il y a une chambre dont
le plancher eft couvert d'un tapis. Aux deux côtés dit
portique il y a plufieurs chambres qui communiquent
l'une à l'autre. Les maifons des grands feigneurs font
plus fpacieufes. Il y a quatre portiques , ôc deux cham-
bres à côté de chaque ; de forte qu'il y en a huit qui
entourent une grande fale qui eft au milieu. Les mai-
fons de Perfe font en général bafles ôc couvertes d'u-
ne terrafle : elles ont peu d'apparence en dehors : mais
elles: fontaflez enjolivées au dedans. Toutes les murail-
les font ornées de peintures. Ils ont beaucoup de fe-
nêtres : leurs vitrages font de verre de toutes fortes
de couleurs. Tous les plus beaux meubles font dans le
corps de devant. Dans le logement intérieur , nommé
le haram , ou quartier des femmes-, il n'y a que des
meubles médiocres, parce que peifonne n'y va. Les
PER
PER
Perfans , ainfi que tous les autres Orientaux , ignorent
l'ufage des lits élevés de terre Ils couchent fur le
plancher couvert d'un tapis avec un matelas & une
couverture piquée. L'été ils paffent la nuit à l'air fur
leurs terraffes -, ôc comme les femmes y couchent aus-
û , on a obtenu que les Moullahs , qui vont chanter
fur les Mosquées ne montent point le matin fur les
tours aux Minarets.
Les rieurs que produit la Perfe n'ont ni l'éclat, ni
la variété des nôtres. Dès qu'on a parle le Tigre , en
tirant vers ce royaume , on ne trouve que des rofes
& des lis, ôc quelques autres petites fleurs du pays.
Il y a beaucoup de rofes , ôc les Perfans en diftilent
une grande quantité , de même que de la fleur de na-
ble , 6c ces eaux fe transportent dans toute l'Afie du
côté de l'Orient. Il y a des pommes , des poires , des
oranges , des grenades , des prunes , des cerifes , des
abricots , des coins , des châtaignes , des nèfles , des
melons , des piftaches , des amandes , des figues ,
quelques noifettes 6c quelques noix. Les feules pro-
vinces de Guilan 6c de Mazandran fourniffent de l'hui-
le 6c des olives. Mais il n'y a point de province qui
ne produife du coton. L'arbre vient en buiffon de la
hauteur de deux ou trois pieds : il a des feuilles femblables
à celles des vignes, quoique beaucoup plus petites, ôc
porte au bout de fes branches un bouton de la gros-
leur d'une noix , qui , dans fa pleine maturité , s'ou-
vre en pltifieurs endroits , 6c pouffe le coton par les
fentes de fon brou. Le climat eft fur-tout admirable
pour la vigne. Il y a entre autres trois fortes de vins
qui font excellens. Celui de Schiras , comme le meilleur,
eft gardé pour le roi , 6c pour les grands de la cour j
celui d'Yesd eft fort délicat , & on le transporte à
Lar 6c à Ormus. Le vin d'Ispahan ne fe fait que d'un
feul raifin fort doux à la bouche , 6c qui , prenant
enfin à la gorge , l'échauffé beaucoup, fi l'on en man-
ge trop. On met le vin dans de grands pots de ter-
re cuits au four^ les uns vernis par dedans, 6c les
autres enduits de graifle de queue de mouton , fans
quoi la terre boiroit le vin. Quelques-uns de ces pots
tiennent jusqu'à un muid ; les autres n'en tiennent que
la moitié. Presque tous les jardins des Perfans font
remplis de mûriers blancs 6c noirs : on les plante fi
ferrés , qu'à peine un homme peut-il paffer entre les
arbres ; mais on les taille en forme de buiffoh > ôc on
ne les laiffe pas croître au-delà de cinq pieds 6c de-
mi i afin que l'on puiffe atteindre à toutes les bran-
ches. Dès qu'au ptintems ces arbres commencent à
pouffer leurs feuilles , les Perfans commencent à faire
éclorre les vers à foie. La foie fait le premier com-
merce de route la Perfe ôc de presque tout l'Orient.
On prétend que la Perfe en produit tous les ans
vingt mille balles, chaque balle pefant deux cens fei-
ze livres. On n'en emploie pas plus de mille balles
dans le pays. Le reffe fe vend en Turquie , dans les
Indes , en Italie , aux Anglois ôc Hollandois , qui
trafiquent à Ormus. La Perfe produit affez de racines;
mais il y croît peu de légumes, ôc on n'a pu encore
y faire venir des pois. On prend des turquoifes à
trois ou quatre journées de Mesched , dans une mon-
tagne nommée Pirouskou. La vieille roche eft gardée
pour la feule maifon du roi. Il eft libre à tout le
monde d'acheter des turquoifes de la nouvelle ro-
che. Les perles fe pèchent près de l'ifle de Bahren ,
dans le golfe Perfique, ôc le roi fe réferve celles qui
font d'une certaine groffeur. Ce n'eft que depuis quel-
ques années qu'on a découvert des mines dans les mon-
tagnes. Ces mines font presque toutes de cuivre, 6c
les Perfans en font avec affez d'induftrie des uftenfiles
de ménage , n'ayant point d'étaim , celui qu'on appor-
te du dehors fervant à étamer leur vaiffelle de cuivre.
Le plomb vient de la province de Kerman ; le fer ôc
l'acier de Casbin 6c de Korafan , qui en fourniffent
une quantité.
Les bêtes , que l'on emploie en Perfe pour le fer-
vice, font les chevaux, les mulets, les ânes 6c les
chameaux. Les chevaux font de taille médiocre , plus
petits que les nôtres, fort étroits, mais très-vifs Se
très-légers'. Il y a de deux fortes d'ânes ; ceux du pays ne
fervent qu'à porter des charges : on monte le6 autres
911
qui font de race d'Atabie. Il fe trouve aufli en quel-
ques endroits de la Petfe des lions , des outs , des léo-
pards, 6c des porcs-épics. Il y a quantité de carpes
ôc de brochets dans la rivière d'Arras , ôc encore de
plus belles truites ; mais dans les autres rivières il n'y
a guère qu'une forte de poiffbn , qui eft une espèce de
barbeau. On voit en Perfe les mêmes espèces doi-
féaux qui font en France, à l'exception des tailles ;
on y trouve aufli toutes fortes d'oifeaux de marais ôc
de proie. Les Perfans ont une bete appellce once
qui a la peau tachetée comme un tigre , mai:» qui eft
fort douce & piivée. Un cavalier la pure en trouffe
à cheval j ôc quand il découvre une gazelle il fait
descendre l'once, qui eft fi légère, qu'en trois fauts
elle fe jette au cou de la gazelle qu'elle étrangle avec
les dents.
Les Perfans font d'une taille médiocre : Xénophon
dit qu'ils étoient la plupart gros 6c gras; ôc Am-
mien Marcellin au contraire die que de fon tems ils
étoient maigres ôc fecs. Ils le font encore aujourd'hui;
mais ils font forts ôc robuftes. Ils ont le vifage oli-
vâtre , le poil noir , Ôc le nez âquilin. Les hommes
fe font raïer la tête tous les huit jours , contre ,1a
coutume des anciens Perfes qui hiffbient croître leurs
cheveux, comme font encoie aujourd'hui les Seid ,
c'eft à-dire, les parens de Mahomet qui, a ce qu'on
dit, en ufoit ainfi. Ils fe font ainfi râler le menton;
mais ils laiffent croître les moullachcs. Il n'y a que cer-
tains religieux appelles Pyhr , qui fe laiffent croître la
barbe au menton & aux joues. Ces gens font en gran-
de vénération , à caule de leur fainteté apparente , qui
confifte principalement en 1 abilinence. Ils aiment les
cheveux noirs ôc fouffrent les blonds ; mais ils ont une
grande averfion pour les roux. Ils les peignent quand
ils pèchent en couleur. Us fe peignent auffî les mains i
ôc fur tout les ongles d'une couleur rouge , tirant fin-
ie jaune ôc fur l'orangé. Leurs habits n'ont point
de proportion avec leurs corps. Ils portent des cafa-
ques Ôc des veftes larges «Se lâches , ôc femblables aux
habits des femmes. Leur co'éffure , que les Turcs nom-
ment tulban ou turban , eft faite de toile de coton ,
ou , de quelque étoffe de foie fine ôc rayée de diffé-
rentes couleuts , ôc qui fait plufieurs tours. Celle de
leurs prêtres eft blanche & tout leur habillement eft
de la même couleur. L<fs plus grands feigneurs du
royaume portent des bonnets fourrés , ôc comme ils
font presque tous rouges , les Turcs appellent les Per>
fans Kijîiùasch , c'eft à dire , têtes rouges. Les Perfans
ont ordinairement une tunique de coton , ou de foie
de plufieurs couleurs , qui descend jusqu'au gras de
la jambe. Les extrémités fe paffent fous le bras gauche,
ôc on fe ceint d'une écharpe qui fait plufieurs fois le
tour du corps. Les riches mettent une belle ceinture
fur cette écharpe. Le roi & les perfonnes de qualité
mettent fur la tunique une mandille fans manches ,
qui ne va que jusqu'aux hanches. Quand ils fonent ,
ils mettent fur ces habits une vefte de foie de diver-
fes couleurs, ôc ouvragée d'or. Leurs chauffes font des
caleçons qui descendent jusqu'à la cheville du pied.
Leur chemife eft de toile de coton , fouvent rayée de
rouge. Leurs bas font fort larges, ôc la plupart verds,
ce qui offenfe les Turcs de voir que les Perfans met-
tent à leurs pieds la couleur que Mahomet mettoic
à fa tête. Leurs fouliers font fort pointus , ôc ont le
quartier très-bas. Les Perfancs n'ont point de turban.
Leur front tft couvert d'un bandeau de trois doigts
de large , d'or émaillé , chargé de rubis , de diamans
ou de perles , ôc la bordure qui leur pend fur le front
eft d'écu d'or de Venife , qui fait une espèce de fran-
ge affez agréable. Leurs cheveux, qui font treffés, pen*
dent par derrière. Leur tête eft couverte d'un bonnet
brodé d'or , environné d'une écharpe richement bro-
dée, Se dont une partie voltige par derrière. Elles ont
des colliers de perles ; leur velle de deffous eft de bro-
card d'or ou d'argent. Elles mettent pardeffus des es-
pèces de juffes-au-corps fourrés de martre. Elles onc
des manches l'hiver , &• n'en ont point l'été. Elles ne
mettent point de bas , parce que leurs caleçons des-
cendent jusqn'au-deflbus de la cheville du pied. L'hi-
ver elles mettent des brodequins richement brodés. El-
PER
912
les fc fervent , comme les hommes , de pantoufles de
chagrin. Elles ufent d'une certaine poudre pour pein-
dre en rouge le dedans de leurs mains , la plante de
leurs pieds ôc les extrémités de leurs ongles. Elles fe
-noirciiîent les yeux avec de la tutye. Les yeux bleux,
gris , ou cendrés , ne font pas les plus beaux félon
«lies , ce font les noirs. * Etat préfent du royaume
de Perfe.
Les Perfans font extrêmement propres en leurs
meubles ôc en leurs habits , où ils ne fouffriroient
pas la moindre tache. Ils ont l'esprit vif, ôc le juge-
ment bon. Ils s'appliquent à l'étude , & réunifient prin-
cipalement dans la poe'fie. Leurs inventions font ri-
ches, & leurs penfées belles, fubtiles ôc pleines. Ils
ont la réputation de ne pas dire toujours la vérité ,
en quoi ils ont bien changé de ce qu'ils éroient du
tems d'Hérodote , qui dit que les Perfes avoient un
foin particulier de faire apprendre à leur jeunette à
monter à cheval , à bien tirer de l'ace , «Se à dire la
vérité. Ils font fidèles dans leurs amitiés , ôc ils font
des fraternités qui durent toute leur vie, 8c qu'ils
préfèrent aux liaifons du fang Se de la naiflance. A
confidérer quelques-unes de leurs démarches , on les
jugeroit chartes ôc amis de la pudeur -, mais tout cela
n'efl qu'à l'extérieur : non conténs d'époufer plufieurs
femmes ôc d'avoir plufieurs concubines , ils courent
encore après les proflituées : aufli n'y a-t-il point de
ville dans la Perfe , à la réferve d'Ardebil , où l'on ne
voie des lieux de débauche fous la protection du ma-
giilrat. * Olcarms , Voy. de Perfe, l. 5. p. y 68. &
fuiv.
La dépenfe du ménage chez les Perfans eft fort mé-
diocre pour la cave ôc la cuifine , fi ce n'efl dans les
familles où le nombre des femmes l'augmente. Ceux
qui ne fe contentent pas d'eau pure y mêlent du dus-
chab ôc du vinaigre. D'autres boivent du vin fans
fcrupule , quoique la loi le défende. Ils fe perfuadent
que ce péché leur fera pardonné , pourvu qu'ils ne
faffent pas eux-mêmes le vin. L'ufage de l'opium efl
fort commun. On en fait des pilules de la groffeur
d'un pois , ôc on en avale 2 ou 3 tous les deux ou
rrois jours. On cherche par-là à s'afloupir ôc à s'en-
yvrer. 11 n'y a presque point de Perfan de quelque
condition que ce foit , qui ne prenne du tabac en pou-
dre ôc en fumée. En le prenant de cette dernière fa-
çon , ils boivent une certaine eau noire qu'ils appel-
lent Cahiva , faite d'un fruit qu'on leur apporte d'E-
gypte. Elle a une faculté rafraichittante. On croit qu'el-
le éteint la chaleur naturelle , ôc on en ufe parce
qu'on n'aime point à fe voir chargé d'enfans.
Quand un jeune homme veut fe marier , il s'infor-
me des qualités du corps & de l'esprit de la fille qu'il
a deflein d'époufer , parce qu'il ne lui eft pas permis
de la voir. S'il efl content du rapport , il fait faire la
demande par quelques-uns de fes amis. Si la recherche
ne déplaît pas , on traite de la dot que donnent les pa-
ïens'du marié. Elle fe conflitue en argent, que le
fiancé envoie à la fiancée peu de jours avant le maria-
ge , comme une récompenfe au père ôc à la mère du
foin qu'ils ont eu d'élever leur fille , ou bien il lui pro-
met certaine fomme d'argent , ou une quantité de foie
ou d'étoffes , payable en cas de divorce. La loi permet
au mari de tuer l'adultère avec la femme , quand il les
trouve en flagrant délit, & le juge récompenfe d'une
vefle neuve celui qui fait une exécution de cette na-
ture.
On ne fait plus nourrir les enfans parmi les femmes ,
ôc les pères ne les éloignent plus d'eux jusqu'à l'âge de
quatre ou cinq ans , comme l'on faifoit anciennement.
On ne les exerce point non plus à tirer de l'arc & à
monter à cheval ; mais on les envoie à l'école pour ap-
prendre à lire ôc à écrire , n'y ayant presque point de
Perfan , de quelque condition qu'il foit , qui ne fâche
l'un ôc l'autre. Les metzid ou mosquées qui fervent pour
la prière , fervent aufïï pour les écoles. II n'y a point
de ville qui n'ait aurant de metzid qu'elle a de rues ,
chaque rue étant obligée d'entretenir un metzid avec
fon molla, qui efl comme le principal du collège, ôc
le califa , qui efl comme le régent. Tout le monde écrit
fur le genou , parce qu'on n'a point en Perfe l'ufage des
PER
tables , ni celui des (iéges. Leur papier efl fait avec des
haillons de foie ou de coton. Leur encre eft fort
épaifle.
Les Perfans ont leur langue particulière, qui tient
beaucoup de l'Arabe , ôc point du tout du Turc. On y
trouve plufieurs mots étrangers , comme allemands ôc
latins. Elle eft affez facile à apprendre, parce qu'elle a
fort peu de verbes irréguliers. Tout ce qu'elle a de dif-
ficile, c'eil la prononciation du gofîer. La plupart des
Perfans apprennent avec leur langue, celle des Turcs,
qui eft devenue fi familière à la cour , qu'à peine y en-
tend ton quelqu'un parler perfan. On ne connoït ni
l'hébreu, ni le grec, ni le latin; au lieu de ca, langues
favantes, ils ont l'arabe, qui eft chez eux la même
chofe que la langue latine en Europe. L'alcoran & tous
fes interprètes s'en fervent , auih-bien que ceux qui
écrivent des livres de philofophie & de médecine. Ou-
tre ces deux feiences , les Perfans étudient encore l'arith-
métique , la géométrie , l'éloquence, la poeâe, la
phyfique , la morale , l'aftronomie , l'aftrologie ôc la
jurisprudence. Ils apprennent toutes ces chofes dans
leurs collèges ou univerfités , qu'ils appellent Me-
dreffa.
Le royaume étant monarchique ôc despotique , la vo-
lonté du monarque fert de loi. Quelques écrivains don-
nent aux rois de Perfe de la dernière race le titre de
Sophi ; ôc les rois même , particulièrement ceux qui ont
du zèle pour leur religion , prennent plaifir à ajouter
cette qualité à leurs titres, en mémoire de Schich Sofi ,
ou Sephi , premier inftituteur de leur fecle. Les Perfans
croient que Monus-Ali , coufin ôc gendre de Maho-
met , fut établi l'héritier de la grandeur de fon oncle
ôc de fon prétendu esprit prophétique, au préjudice
d'Omar, à qui les Ottomans attribuent ces prérogati-
ves ; ôc c'eft fur ce différent que ces deux nations fe
portent une haîne irréconciliable. En qualité de fils de
prophète , le roi fe dit le chef de la religion , ôc les
Perfans tiennent qu'il ne peut être damné , ni même
jugé , quelque mal qu'il fafTe : aufli ne fe fcandalifent-
ils point, s'il n'obferve pas le ramazan , & s'il boit du
vin. Ils le regardent comme impeccable ôc exemt de
toutes les obfervations légales , en vertu de fa qualité
de fils de faint , iflii de prophète.
Le royaume eft héréditaire ; les enfans légitimes fuc-
cedent -, ôc à leur défaut on appelle au trône les bâ-
tards ôc les fils de concubines , qui font préférés aux
plus proches païens collatéraux. Si le roi ne laifie poinc
d'enfans mâles , on a recours au plus proche parent du
côté paternel. Ce font comme les ptinces du fang ;
mais la figure qu'ils font en Perfe eft bien trifle. Ils font
ordinairement fi pauvres , qu'ils ont de la peine à vi-
vre. Les fils du roi font encore plus malheureux. Ils
ne voient jamais le jour que dans le fond du ferrail ,
d'où ils ne forcent pas du vivant du roi. Il n'y a que
celui qui lui fuccede qui voie le jour ; car aufli-tôt qu'on
l'a mis fur le trône, il fait ôter l'ufage de la vue à
fes frères , en leur faifant paffer un fer rouge devant les
yeux.
Ce font les miniftres de la religion Mahdmétane qui
tiennent le premier rang à la cour de Perfe. Ils pren-
nent le pas fur les officiers de la couronne , ôé ils ont
la préféance dans le confeil , dans les feftins publics ôc
dans les audiences que le roi donne aux miniftres des
princes étrangers. Le premier pontife de Perfe s'appelle
Sadre-Cajfa , c'eft-à-dire , le pontife principal. Il efl le
chef de l'empire pour le fpirituel ; mais il ne s'occupe
qu'à gouverner la confeience du roi,&à régler la cour
ôc la ville. d'Hispahan, félon les régies de l'alcoran. 11
commet le fécond pontife pour avoir foin du refte du
royaume. Il eft tellement révéré, que les rois prennent
ordinairement les filles des Sadres pour femmes. On lui
donne la qualité de navab , qui veut dire vicaire du roi
ôc de Mahomet ; ôc il n'y a que lui , le Sadre Elman-
Alek , & l'Etmadoulet , qui ayent ce titre. Le Sadre-
Cajfa a des vicaires dans routes les villes capitales des
provinces ; ce font comme des évêques , qui ont foin du
fpirituel & de la juflice , que nous appellerions Ecclé-
(ïaftiques. Les gouverneurs ne peuvent rendre de juge-
ment fans leur décifion , qui s'appelle Tetfa. La féconde
perfonne dans le fpirituel , s'appelle Sadre-Elman-Akk,-
PER
PER
Il elt proprement comme le coadjuteur du Sad/e-Cajfa :
il fait dans tout le royaume ce que le premier pontife ne
fait que dans la maifon du roi , & dans le diftrict d'is-
pahan. Il eft outre cela l'aflefleur du Divan-Begui , qui
ne peut rendre aucun jugement fans fa participation ,
& il a , comme le premier Sadre , des vicaires dans tous
les tribunaux du royaume. Le troifiéme pontife de Per-
fe, Ce nomme Akpnd , ou bien Chiek, -Alijlam , c'eft-à-
dire , le favant par excellence , le vieillard , ou le véné-
rable de la loi de Mahomet. Ce juge eft proprement le
premier lieutenant civil , qui connoît des caufes des pu-
pilles , des veuves, des contrats Se des autres matières
civiles. Il efl: de plus le chef de l'école du droit ; il en don-
ne des leçons le mercredi Se le famedi , Se il a des fubfti-
tuts dans tous les tribunaux du royaume, qui avec ceux
du fécond Sadre , font tous les contrats. Le quatrième
pontife eft le Kaz.i , qui peut pafler pour le fécond lieu-
tenant civil. Il connoît des mêmes caufes , fait les mêmes
fondions ,Sc a dans chaque tribunal deux fubftituts qui
terminent les petits différens dans les cabarets de café ,
ôc que les gouverneurs appellent toujours pour les con-
fulter dans les caufes d'importance. Outre ces quatre
pontifes le roi a une espèce de grand-aumônier , appelle
fiche- Nahmaz.. Il fait dans la maifon du roi la prière,
les circoncirions , les mariages , les enterremens & toutes
les autres fonctions de religion. Il eft de plus comme le
théologal de l'empire ; car c'eft lui qui fait les conféren-
ces de religion , à la différence des deux lieutenans ci-
vils , dont les conférences ne font que fur les matières
de droit.
Il y a fix miniftres d'état dans la Perfe. On les appelle
Rhona-Dolvet , c'eft-à-dire , les colonnes qui foutiennent
l'empire. Le premier eft le grand-vifir, appelle Etma-
doulet , c'eft-à-dire . l'appui de la puiffance. Il eft le chan-
celier du royaume , le chef du confeil , le furintendant
des finances: il prend foin des affaires étrangères Se du
commerce , Se toutes les gratifications Se les penfions
ne fe payent que par fon ordre. Il a fous lui fix vifirs ou
fubftituts qui lui aident à manier les finances , qui font
du confeil du roi , Se qui ont féance aux feftins & aux
audiences publiques. Outre cela , il a fous lui deux fe-
crétaires qui expédient tous les mandemens de la cour.
Le fécond miniftre d'état , ou la féconde colonne de l'em*
pire, s'appelle Kortchi-Bachi. Il n'eft plus maintenant
que la féconde perfonne du royaume , au lieu qu'il étoit
autrefois la première , Se le général des armées ; mais
le roi donne préfentement le commandement de fes trou-
pes à qui il lui plaît. Il eft encore le chef des cavaliers
nommés Kortchis , qui font deftinés pour couvrir les
frontières; Se il ne quitte jamais la cour , que lorsqu'on lui
donne le commandement des armées : ce que le roi ne
fait pas volontiers; car il eft obligé de lui faire fa mai-
fon, Se de lui donner fa vaiffelle d'or , Se une partie de
fes gardes , quand il le met à la tête de fes troupes. La
troifiéme colonne de l'empire eft le Koukr-Agafi , ou
chef des troupes d'esclaves. C'eft un corps compofé de
gens de qualité , qui fe difent esclaves du roi. Ceux qui
veulent parvenir aux grandes charges, doivent paffer par
cette milice. La quatrième colonne eft le Tefantkfchi-
Agaft , ou le général de l'infanterie, qui n'eft compofée
que de deux mille carabiniers à pied. C'eft proprement
un régiment des gardes. La cinquième colonne eft le
Tepchi-Bachi, ou grand -maître de l'artillerie. Il a fous
lui quatre mille hommes, commandés par quatre colo-
nels qui fe tiennent debout aux côtés du roi les jours
de cérémonie. La fixiéme colonne eft le Divan- Begui ,
ou furintendant de la juftice. Il a tous les huiffiers du
palais à fon fervice. Ses ordonnances font respectées
dans tout le royaume , Se on appelle à fon tribunal des
jugemens rendus par les gouverneurs. Entre les autres
grands officiers on compte l'EchikAgafî-Bachi, qui eft
le grand-maître des cérémonies ; le Na^ir ou premier
maître de l'hôtel de la maifon du roi ; le Vaki-Anevir ,
qui eft le feul fecrétaire d'état ; le Monagden-Bachi ,
qui eft le premier-mage , ou le grand aftrologue ; le Ha-
kim-Bacbi , ou premier médecin , qui eft responfable de
la mort du roi , & dont la vie paye toujours pour celle
du prince ; le Meheurdar , ou garde des fceaux ; le Mï-
rakpr-Bachi , ou grand écuyer ; le Mir-Chekjr-Bachi ,
ou grand veneur ; le Rekjb-Katia-Jgaji , ou maître de la
91?
garde robe ; le Vakrniat-Vifiri, ou le payeur des legs pieux ;
le Koulam-Vifiri , ou le payeur des troupes esclaves ; le
Moucheruf , qui donne la paye aux officiers Se aux com-
menfaux ; le Mehmondar-B.ichi , ou introducteur des
ambafladeurs ; le Kodafa , ou chef de l'ordre des i>o-
phis dont le roi eft le grand maître , ce qui fait que
beaucoup d'étrangers appellent mal a- propos ce prince
le grand Sophi. On compte encore parmi les grands du
royaume fix fortes de Khans ou de gouverneurs , favoir
les Valis, les Beguler-Beguis , les ColBeguis , les Vi-
firs , les Sultans Se les Derogats. Tous ces feigneurs
font Megdeles-Rou , c'eft à-dire , qu'ils ont tous leurs
places aux feftins du roi ; il en faut pourtant excepter le
grand maître de la maifon du roi Se le maître des céré-
monies , qui ne s'affeient jamais au feftin royal , l'un ne
devant pas détourner les yeux de deffus la perfonne du
roi , Se l'autre ayant foin de faire fervir.
L'ufage des feftins publics eft bien ancien en Perfe,
puisque le livre d'Efther fait mention de la fomptuofité
du banquet d'Affuérus ; mais ceux qu'on y fait mainte-
nant font plutôt des feftins d'audience que des banquets
de réjouiffance. C'eft dans ces feftins que le roi traite
des affaires d'état , Se qu'il donne audience aux miniftres
des princes étrangers. Il y en a d'ordinaires qu'on fait
les jours de grande fête , Se d'extraordinaires , qui font
comme une convocation des états pour quelques affai-
res preffantes; mais dans quelque tems qu'on les faffej
ils font toujours fomptueux Se fuperbes , car on y éta-
le tout ce qu'il y a de plus précieux dans la maifon du
roi.
On peut dire que toute la Perfe eft du domaine du
roi; car fi les feigneurs poffedent des terres, ce n'eft
que par gratification du prince , qui les leur ôte pour
les réunir à fon domaine , quand ces feigneurs tombent
dans fa disgrâce. Les enfans même de ceux qui font
demeurés fidèles n'héritent de ces terres que fous le
bon plaifir du roi. Il n'y a de finances extraordinaires
que les tailles Se les aides. Les tailles font réelles. Le
roi retire environ quinze fols , monnoic de France , de
chaque arpent. Cet impôt produiroit bien des millions ,
fi la Perfe étoit comme la France. Le tribut des Chrétiens
n'eft pas comme celui des terres. Ils payent par tête fept
livres dix fols jusqu'à l'âge de quinze ans exclufivement ,
& quinze livres depuis celui de vingt ans. Les douanes de
la Perfe font celles du Golfe Perfique , de Guilam , du
tabac Se de l'huile de Naphte. On tire un tribut fur la
pêche du poiffon au Guilam , fur la Momie qu'on tire
dès puits en certains endroits de la Perfe ; fur le poids
des marchandifes , fur le pied fourchu , Se fur les lieux
de débauche. 11 y a dans chaque ville un vifir qui recueil-
le ces droits. Les troupes de la maifon du roi , qui effc
compofée de quatorze mille hommes, font entretenues
fur les terres du domaine. On donne une contrée à un
colonel, Se quelques villages à un capitaine, à condi-
tion qu'ils en tireront la paye de leurs cavaliers , qui
retirent chacun cent écus par an. Les généraux font
pourvus de gouvernemens pour leur entretien , Se les
princesquife retirent en Perfe , les ambafladeurs Se les
hôtes qui font tous entretenus à la cour , font défrayés
fur les terres du domaine qui fourniflent aufli à la dépen-
fe de la maifon du roi. On compte que ce prince , tous
frais faits , touche tous les ans huit cens mille tomans ,
qui font huit millions de livres.
Le royaume de Perfe étant vafle, Se tous fes veifins
étant d'une fecte mahométanç, différente de celle des
Perfans, le roi pour couvrir fes frontières , eft obligé
d'entretenir des troupes nombreufes. En y joignant celles
de la maifon du roi , le nombre de ces troupes peut
monter à cent cinquante mille cavaliers , fans y com-
prendre les garnifons des villes qui font dans le cœur du
royaume. Tout cela eft entretenu fur le domaine Se fur
les biens que le roi y réunit. Je ne parle point d'infan-
terie. Le roi de Perfe n'en a pas, parce qu'elle ne pour-
roit foutenir les fatigues des déferts Se des montagnes
dont la Perfe eft remplie. On ne fe fert point d'artil-
lerie pour la même raifon. On n'en a pas befoin pour dé-
fendre les villes qui n'ont ni murailles ni fortifications ,
Se quelques châteaux qui font fur les frontières n'au-
roient pas de réfiftance. Le roi de Perfe n'a pas non
plus de force fur mer. Il ne tiendroit qu'à lui d'être le
tom.IV. Zzzzz
PER
5>i4
maître du golfe d'Ormus , de la mer d'Arabie & de la
mer Caspienne ; mais les Perfans n'aiment point la na-
vigation ; ils en ont même tant d'horreur , qu'ils appel-
lent Nacoda, c'eft-à-dire , Athées, ceux qui expofent
leur vie fur un élément fi peu affuré.
La religion des Perfans d'aujourd'hui efl le màho-
métisme -, mais il y eft tellement partagé qu'il y a pres-
qu'autant de différentes croyances, qu'il y a de différen-
tes conditions. Les gens de cour qui font inftruits , ne
croient ni à Mahomet ni à l'alcoran ; mais ils profeffent
cependant le mahométisme. Les Perfans font regardés
par les autres Mahométans comme des hérétiques. La
conteftation regarde le fucceffeur de Mahomet. Les Per-
fans foutiennent que c'en: Ali ; les Mahométans préten-
dent que c'en: Omar : l'interprétation de l'alcoran eft
différente de part & d'autre. Leurs cérémonies de re-
ligion font aufll différentes. Les Perfans fe moquent de
la fupet ftition que les Ottomans ont pour la couleur ver-
te. On prétend qu'Amurat ayant envoyé un ambaffa-
deui à Cha-Abbas , pour fe plaindre de ce qu'il aban-
donnoit cette couleur à la profanation des Chrétiens ,
Cha-Abbas répondit : J'empêcherai cette couleur d'être
piofanc'e par les Chrétiens, quand Amurat.aura empê-
ché que la verdure des prairies foit profanée par les
animaux qui y paiffent.
Il y a encore aujourd'hui en Perfe beaucoup de ces
anciens Perfans, qui n'ont pas voulu changer la religion
de leurs pères en celle de Mahomet ; mais ce peuple
fia plus rien de la politeffe , du favoir & de la valeur
de Ces ancêtres. Il gémir dans une dure fervitude : on
lui interdit les arts libéraux ; on ne lui permet d'exercer
que les plus méchaniques, comme de laboureurs, de
jardiniers & de porte-faix : on l'emploie aux travaux pu-
blics les plus vils & les plus pénibles. L'esclavage rend
ces peuples timides, fimples, ignorans & groffiers. Ils
ont retenu l'ancien idiome perfan ■■, ils l'écrivent avec
les mêmes caraderes dont on ufoit anciennement. Cette
langue eft toute différente de celle des Perfans moder-
nes j mais peu de perfonnes parmi eux la favent lire
& écrire : ils n'ont pas occafion de l'apprendre > n'étant
dcltinés ni aux affaires ni au commerce. Leur croyance
eft contenue dans des membranes que leurs mages ou
prêtres leur lifent dans de certains tems. Ces membranes
ne contiennent que des fables Se des traditions fuperfti-
tieufes : toute leur habileré confine à cacher ces mem-
branes, & il femble qu'ils fe font un point de religion
de ne les montrer à perfonne. On ne fait de leurs myfteres
& de leur croyance que ce qu'on en peut apprendre de
leurs mages , qui ne font guère plus éclairés que ceux
qu'ils enfeignent. Les Perfans modernes les appellent Ga-
vres ou Guebres , c'eft-à-dhe , idolâtres. Ils les aceufent
d'adorer le foleil &. le feu. Ces Gavres n'ont cependant
point d'idoles , & ils ont en horreur ceux qui les ado-
rent. Ils rendent leurs hommages au foleil , parce qu'ils
le regardent comme la créature la plus parfaite après
l'homme. Ils difent que Dieu y a établi fon trône, & que
c'elt ce trône qu'ils faluent. Ils ont aufli beaucoup de
respeét pour le feu comme étant le plus pur des élé-
mens. Les mages, au lieu de baptême &c de citeoncifion,
préfentent les enfans au foleil , & ils les croient fanétifiés
par cette cérémonie. Ils croient un paradis qu'ils placent
dans, la fphere du foleil. Ils croient un enfer qu'ils di-
fent être une prifon fouterreine , humide , puante, rem-
plie d'animaux carnaffiers , de ferpens , & de toutes for-
tes d'infeétes , fur-tout de grenouilles & de corbeaux
pour lesquels ils ont beaucoup d'averfion. Us appellent
les corbeaux les meffagers du démon , & les grenouilles
les muficiennes des damnés. Les Gavres , pourconnoî-
tre e]uel fera le fort des morts, portent les cadavres
hors de la ville , les dreffent contre une muraille , la
face tournée vers l'orient. Les mages & les païens du
mort fe tiennent à l'écart pour examiner la curée que
les coi beaux en font. Si ces oifeaux mangent d'abord
l'œil droit, c'eft une marque de prédeftinarion : on joue ,
on danfe , on fe divertit à leurs funérailles : fi c'eft l'œil
gauche , c'eft une marque qu'ils ne font ni affez purs
pour être admis dans la fphere du foleil , ni affez im-
purs pour être condamnés à la prifon obscure de l'en-
fer. Us doivent demeurer quelque tems dans la moyenne
région de l'air , pour y fouffrir le froid , & de là dans la
PER
fphere du feu , pour y être purifiés. On pleure aux fu-
nérailles de ceux-là. Si les corbeaux mangent les deux
yeux , les mages jugent que le mort eft damné , patee
que n'ayant plus d'yeux , il ne peut plus voir la lumière
du foleil : les funérailles de ce dernier font plus lu-
gubres.
La Perfe contient treize provinces , favoir :
r
Send.
VI. AÏOrknt.
{Sarufan ,
Candayl ,
Debil.
j-Guadel , Titz , Ma*
Makeran. J kran ,
\Fihr , Chalack.
Sitziflan.
<
Sabluftan.
I
IV. Au Nord.
m Au Midi:-
«Bechfabath , Buft , Sa-*
rentz , j
Sarvan , Afbe , Me-
mtnd ,
'Rabel Emir , Kanda-
har ,
iCufeechanna , Grées ^
Curvan ,
Duke , Alunkan.
.Balbachi , Herat ,
Thun ,
Choraflan. ^Choraffan, Mesched,
INifabur , ôc Nicha-
bour.
Eftarabad. Ç Efiarabad , Damkan ;
i Amul.
.Firuz-Kuh , Sukar
Abad.
Mafanderan, ÎMionikielIe, Giru ,
ouTabriftan, yTalarapeskt , Saru ;
Ciarman ,
•Ferh-Abad, Eskiref.
Schirwan. 5^rbenr? Baku>
i bcharaacie.
Adirbeitzan.{^'febn>Tauris'
•-Soltania.
•Cafbin , & Caswin J
Sawa , Kom ,
Frak-Atzem J f as<ih3n VHemf a" >,
1 Ispahan , Capitale de la
Perfe ,
Zulfa, Yezd.
'Sus,Ardgan, Ramhor-
nous ,
Chufiftan. ^jAhawas, Skabar, Ban->
der Rik ,
rBander Bakel.
'Kafiron , Aftakar , Schi-;
ras,
'Farfiftan, & jBenarou Firus , Abat;
Fars <Daragierd , Lar , Ban-
der ,
Bander - Kongo , Or-
mus , Ifle.
v\rn^n çBermafir, Kirman;
Kirman. j Jasques > Kuheftek.
Ï>ER
PER
PERSE , prieuré de France , au diocèfe de Rhodez.
Son revenu eft de deux mille livres. Il n'y a point de
prieure de ce nom dans le Roucrgue.
PERSEA , fontaine du Péloponnèfe. Paufanias , /. 2.
c. 16. dit qu'on la voyoit au milieu des ruines de My-
cènes.
PERSEI SPECULA, lieu élevé, dans l'Egypte, félon
Hérodote, /. 2. n. ij.&Strabon, /. 17. p 801. Ce lieu
croit entre les embouchures Héracléotique ôc Bolbici-
que. Euripide , in Helena , en parle auffi.
PERSEIDA, ouPerseis, ville de la Macédoine. Ti-
te-Livc , /. 39. c. 54. dit que Philippe la fit bâtir en
l'honneur de fon fils Perfée.
1. PERSE1GNE, forêt de France, dans la maîtrife
des eaux ôc forêts de Château du Loir. Elle contient dix
mille quatre cens onze arpens ôc quatre-vingt fept per-
ches.
2. PERSElGNE, Perfegnia , abbaye d'hommes, en
France , de l'ordre de Cîteaux , dans le Maine , au dio-
cèfe du Mans , dans la forêt de même nom , erflre Alen-
con au couchant , ôc Bellesme au levant. Elle fut fon-
dée le ié Juillet u 4; y par Guillaume Talvas , comte
de Bellesme , de Ponthieu ôc d'Alençon. * Piganiol ,
Defc. de la Fiance , t. /. p. 473.
PERSELIS , rivière des Indes , aux états du Mogol.
Elle prend fa fource dans les montagnes qui font la fé-
paration du grand Thibet , d'où coulant aufud oueft, elle
traverfe le royaume de Gor , dont elle baigne la capitale,
l'état de Raja Ribron , & va fe précipiter dans le Gange,
entre Mirapour ôc Bénares. * Mandeflo. Robert > Atlas.
PERSENBERG , ou Porsenberg , bourgade d'Alle-
magne, dans la partie occidentale de la Baffe -Autriche ,
près de la rivière d'Usper, ôc à demi lieue au nord du
Danube. Lazius croit que c'eft YUsbium de Ptolomée , /.
i.c. \i.* Jaillot , Allas.
PERSEPOLIS , ou Pers^epolis , ville de la Perfide.
Ce mot , qui elt gtec, ôc qui veut dire , Ville des Perfes ,
n'eft pas le premier nom que cette ville a porté. Elle
s'appelloit anciennement Elymaïs , qui fignifie auffi Ville
des Perfes ; Elam , veut dire la Perfe. Ce pays fut par la
fuite nommé Phar as ; ôc la ville Pharas-Abad, qui fi-
gnifie auffi Ville des Perfes. Les Grecs ont exprimé ville
des Perfes dans leur langue , & ont dit , Perf polis. Voici
la relation que le Brun nous a donnée des ruines de cette
célèbre ville.
La plaine où étoit autrefois cette fameufe ville eff une
des plus belles de toute la Perfe , même de tout l'O-
rient. Sa longueur eft de dix-huit à dix-neuf lieues, &
fa largeur en divers endroits de deux à trois ôc jusqu'à
fix. Le fleuve Arax ow Ben demir ,ôc plufieurs ruiffeaux
l'arrofoient d'un bout à l'autre. Dans l'enceinte de cette
ville , il y a entre mille ôc quinze cens villages , fans
compter ceux qui font dans les montagnes , tous ornés
de jardins ôc plantés d'atbtes. L'entrée de cette plaine du
côté de l'occident, eft un boyau de montagnes de roche
vive , escarpées & fort hautes. Il eft long de quatre
lieues ôc large de deux milles ; & il y a au milieu des
butes très-élevées, dont le fommet eft plat ôc uni. On
croiroit qu'elles ont été faites exprès , fi l'on n'y voyoit
par-tout le roc vif, ôc fi leur tour ôc leur grande élé-
vation n'annonçoient que c'eft l'ouvrage de la nature. Il
eft probable que les corps de garde avancés de I'erfé-
polis étoient pofés fur ces hautes butes ; & que ce font
eux dont Alexandre eut tant de peine à fe rendre maî-
tre. On n'en peut voir les ruines , parce que les butes
font trop élevées : mais on découvre deçà & delà celles
de plufieurs édifices fitués fur les montagnes qui for-
ment cette gorge qu'on vient de décrire. A l'occident
& au feptentrion, les abords de Perfépolis font munis de
pareils déniés , & de pareilles butes prodigieufes par
leur hauteur, de forte qu'il n'y a point d'endroit fur
la terre fi bien fortifié par la nature. L'ancien palais des
rois de Perfe, que les habitans appellent Cbil-Minar ,
c'eft-à dire , quarante colonnes , eft fitué au pied de cette
montagne. Les murs de ce fuperbe édifice qui a la mon-
tagne à l'orient , font encore de bout. Le frontispice
a 600 pas du feptentrion au midi , ôc 390 de l'orient
vers l'occident jusqu'au roc , fans qu'il y ait de ce côté-
là aucun endroit par lequel on puifle monter. Quand
on eft arrivé à la montagne , où le mur n'a que peu de
9 iJT
hauteur , on arrive au haut , en grimpant entre quel-
ques morceaux de rocher. Cette courtine a 410 pas de
longueur au nord , ôc 2 1 pieds de hauteur en quelques
endroits; quoique cette hauteur aille à 30 pieds en d'au-
tres jusqu'à la montagne , où l'on voit encore un coin
de muraille ôc une entrée pour en gagner le haut. On
trouve auffi du côté occidental divers rochers , qui s'élè-
vent vers le nord jusqu'à ce qu'ils foient de niveau avec
le mur, ôc qui s'étendent quatre-vingt pas à l'cft, com-
me une plate-forme devant ce mur. 11 femble qu'il y a
eu autrefois un escalier en ce lieu , ôc quelques bâti-
mens au-delà de cette courtine , ces rochers étant fort
polis de plufieurs côtés. On trouve fur le haut de cet
édifice une plate-forme de quatre cens pas qui s'étend
du milieu du mur de la façade jusqu'à la montagne *
ôc le long de ce mur des trois côtés un pavé de deux
pierres jointes enfemble , qui rempliffent un espace de
huit pieds de large. Une partie de ces pierres ont huit ,
neuf & dix pieds de long fur fix de large-, mais les au-
tres font plus petites. Le principal escalier eft à cent foi-
xante cinq pas du bout du côté feptentrional , au lieu
qu'il elt à fix cens de celui qui eft du côté du midi. Cet
escalier a deux rempes qui s'éloignent l'une de l'autre
de quarante deux pieds par en bas. Sa profondeur eft de
vingt-fept pieds fept pouces , jusqu'au mur d'où procè-
dent les marches qui font auffi longues que l'escalier a
de profondeur, à cinq pouces près. Ces marches n'ont
que quatre pouces de hauteur , ôc quatorze de profon-
deur : ainfi il eft d'une grande commodité. Il y en a
cinquante-cinq du côté qui eft au nord , ôc cinquante-
trois au fud qui ne font pas fi entières que les autres.
Lorsqu'on eft parvenu à cette partie de l'escalier, on
trouve un perron, qui a cinquante quatre pieds quatre
pouces de large, proportionné à la largeur de l'esca-
lier , ôc dont les pierres font très-grandes. Les deux tem-
pes de cet escalier font féparées par le mur de la faça-
de , de forte qu'elles s'éloignent l'une de l'autre jusqu'au
milieu, ôc fe rapprochent du milieu jusqu'en haut, ce
qui fait un bel effet , qui répond à la magnificence du
refte de l'édifice»
La partie fupérieure de cet escalier a quarante-huit
marches de part ôc d'autre , parmi lesquelles il s'en trou-
ve d'endommagées, quoiqu'elles foient taillées dans le roc»
On trouve dans le haut Je cci escalier , un aune per-
ron entre les deux rempes , lequel a foixante-quinze pieds
de large, auffi pavé de grandes pierres , dont quelques-
unes ont treize à quatorze pieds de long ôc fept à
huit de large.
Dans l'intérieur de ces antiquités on voir , en droite
ligne à quatre pieds de diffance de la façade, deux
grands portiques Ôc deux colonnes. Le fond du porti-
que elt couvert de deux tables de pierres , qui en rem-
pliffent les deux tiers ôc le tems a détruit la troifiéme.
Le fécond eft plus enfoncé en terre que l'autre de cinq
pieds. Ces portiques ont vingt deux pieds ôc quatre pou-
ces de profondeur, ôc treize pieds & quatre pouces de
largeur, On voit en -dedans fur chaque pilaltre, une
grande figure taillée en bas-relief, ayant vingt-deux
pieds de long des pieds de devant jusqu'à ceux de der-
rière , ôc quatorze de haut. Les têtes de ces animaux font
entièrement détruites ; ôc leur poitrine ôc les pieds de
devant font en faillie , ôc fortent du pilaftre : les cotps
en font auffi fort endommagés. Ceux du premier porti-
que font tournés vers l'escalier , ôc ceux du fécond,
vers la montagne. On voit au haut de ces pilaftres des
caractères qu'on ne fatuoit diftinguer , tant ils font pe-
tits ôc élevés. Le premier portique a encore trente-neuf
pieds de haut ôc le fécond vingt-huit. La bafe des pi-
laftres a cinq pieds deux ponces de hauteur. Les ani-
maux , dont on a parlé , font taillés fur trois pierres
jointes enfemble. Il eft difficile de dire ce qu'ils repré^
fentent.
Les deux colonnes qu'on voit entre les deux porti-
ques , font ce qu'il y a de plus endommagé parmi ces
ruines. Elles font de marbre blanc ; les chapiteaux ôc les
autres ornemens d'en haut font parfaitement beaux ,• les
baies font presque toutes couvertes de rerre. Elles font
à vingt-fix pieds du premier portique , ôc à cinquante-
fix du fécond ; elles ont quatorze pieds de tour & cin-
quante-quatre de haut. Deux foffés , ôc des pièces ren-
Tom. IV. Z z z z z ij
9i6 PER
venées , montrent qu'il y en avoit deux autres entre cel-
les-ci Se le dernier portique. A cinquante pieds du meme
portique , vers le fud , il y a un abbreuvoir taillé d'une
feule pierre , lequel a vingt pieds de long , fur dix fept
ôe cinq pouces de large , élevé de trois pieds Se demi
au-deflus de terre. Delà à la muraille , il y a un espa-
ce de cent cinquante pas , où l'on ne trouve que des
pièces rompues : delà jusqu'à la montagne > il n'y a que
des tas de pierres.
En avançant des portiques vers le fud , on trouve à la
diftance de cent foixante-douze pieds , un autre escalier
à deux rempes , l'une à l'eit , l'autre à l'oueft. Le mur
a environ fix pieds neuf pouces de hauteur ; mais il elt
presqu'entierement ruiné au milieu. Il s'étend quatre-
vingt trois pieds à l'eft , Se il paroît aux pierres de des-
fous qu'il a été orné de figures en bas-relief. Ce: es-
calier eil à demi enterré. Il y a auiîî de petites figures
fur les deux côtés de la muraille du milieu, qui avan-
ce jusqu'au bas de l'escalier. La rempe occidentale a
vingt huit marches , Se l'autre où le terrein eft plus éle-
vé, n'en a que dix-huit qui ont dix-fept pieds de long
Se treize pouces de haut , fur quatorze Se demi de large.
Il y a plufieurs de ces marches qui font endommagées ,
quoiqu'elles foient taillées dans le roc. On voit au bout
du perron de cet escalier une autre façade , fur la-
quelle il y a trois rangs de petites figures. Celles du
rang le plus élevé font btifées depuis la tête jusqu'à la
ceinture : le rang du milieu , qui s'eft le mieux confer-
vé , eft endommagé, Se dans le rang du deflbus on ne
voit que les têtes -, le refte eft fous terre. Ces figures ont
deux pieds neuf pouces de haut, Se le mur, qui a en-
core cinq pieds trois pouces d'élévation , a quatre-vingt-
dix-huit pieds d'étendue depuis la première marche jus-
qu'au coin à gauche, où eft un autre escalier, dont il
refte encore treize marches , de la largeur & de la pro-
fondeur de celles dont il vient d'être parlé. Sur le refte
du mur intérieur , qui règne à côté de l'escalier , il y a
un autre rang de demi-figures , Se au bout de cet esca-
lier eft un autre mur , qui s'étend quatre-vingt dix pieds
au-delà du perron. Le coin tourne un peu au fud , Se
ne pafie pas outre , parce que le terrein , qui eft élevé ,
fe trouve de la même hauteur. Ce bout-là donue en
droite ligne un peu au-delà des dernières colonnes, qui
s'étendent vers les montagnes. En retournant à la rempe
de l'escalier , qui eft à l'oueft, on rencontre un mur qui
a quarante-cinq pieds de long , Se prend au bas de l'es-
calier ; puis il y a un espace de foixante-fept pieds jus-
qu'à la façade occidentale. Ce côté là eft fernblable au
précédent : il a de même trois rangées de figures , avec
un lion qui déchire un taureau, ou un âne qui a une
corne au front. Entre ces deux animaux Se les figures
on a ménagé un carré rempli de caractères, dont les
plus élevés font effacés. De l'autre côté , il y a un pa-
reil carré , dont les caractères font entièrement effacés.
Les figures font auffi moins endommagées de ce côté-
ci, où le terrein eft moins élevé. Il y a vingt- cinq mar-
ches en cet endroit. Le mur , qui règne le long du per-
ron à l'oueft , s'étend jusqu'à la façade , Se n'a pas de
figures au delà de l'escalier.
Lorsqu'on eft parvenu au haut de cet escalier , en-
tre les deux rempes, on entre dans un lieu ouvert,
pavé de grandes tables de pierre , auffi larges que la
diftance qu'il y a de l'escalier aux premières colonnes,
qui en font éloignées de vingt-deux pieds Se deux pou-
ces. Ces colonnes font placées en deux rangs , cha-
cun de fix ; mais il n'en refte qu'une qui foit entière,
avec huit bafes ou piedeftaux , Se quelques débris des
autres. Elles régnent le long du mur de l'escalier à
autant de diftance l'une de l'autre , que la première
eft éloignée àes degrés. On en trouve fix rangs d aunes
à foixante dix pieds huit pouces de ces dernières. Cha-
que rang eft compofé de fix. Ces tiente-fix colonnes
font auffi éloignées de vingt- deux pieds deux pouces.
Il n'en refle que fept entières-, mais toutes les bafes
des autres font encore dans leur place , la plupart fort
endommagées. De celles qui lubfiftent , une eft au
premier rang , une au fécond , deux au troifiéme , Se
une à chacun des autres. Entre ces colonnes Se les
premières on trouve quelques greffes pierres d'un édi-
fice fouterrein. 11 y avoic outre cela à foixante Se dix
PER
autres pieds huit pouces de ces rangs" de Colonnes à
l'oueft , vers la façade de l'escalier , douze autres co-
lonnes en deux rangs, Se dont il ne relie que cinq,
trois au premier , Se deux au fécond. Elles étoient éloi-
gnées les unes des autres comme les précédentes ; mais
les bafes des fept qui manquent ne font plus vifibles»
Se même celles qui fubfiftent , font en partie rompues.
La terre y eft couverre de plufieurs pièces de colon-
nes, Se des ornemens donc elles étoient couronnées,
parmi lesquels il y a des pièces de chameaux à ge-
noux. On voit même encore fur le haut d'une de
ces colonnes un de ces animaux en cette poftute , Se
afiez entier. Au fud de ces colonnes eft l'édifice le
plus élevé de ces ruines ; en avançant à l'eft vers les
montagnes on trouve, deux autres rangs de colonnes;
chaque rang de fix , Se dont il relte encore quatre ou
cinq bafes, qui paroifiënt un peu au-deflus de la fu~
perficie de la terre avec plufieurs pièces de colonnes
Se des monceaux de pierres. En avançant encore à
l'eft, vers les montagnes, on trouve plufieurs ruines
de bâtimens. Elles confident en paflàges , en fenêtres
Se en portiques , qui font ornés de figures en dedans.
Ces ruines s'étendent quatre-vingt quinze pas de l'eft
à l'oueft, cent vingt-cinq du nord au fud, & font à
foixante pas des colonnes Se des montagnes. Au mi-
lieu de ces ruines la terre eft couverte de pièces de co-
lonnes , Se d'autres pierres. Ces colonnes étoient au
nombre de foixante Se feize. Il n'en refte que dix neuf
dans leur affiéte. Le fut eft fait de trois ou quatre
pièces jointes enfemble , fans parler de la bafé ni du
chapiteau.
Le bâtiment le plus élevé eft fur une colline , à
cent dix-huit pieds des colonnes , Se du côté du fud.
Le mur de la façade , qui a cinq pieds Se fept pouces
de haut de ce côté-là , n'eft compofé que d'une feule as-
fife de pierres , entre lesquelles il y en a qui ont
huic pieds de large. Ce mur a cent treize pieds d'é-
tendue de l'eft à l'oueft. On voit au devant du mi-
lieu de cet édifice quelques fondemens de pierre , qui
en faifoient une partie , fans qu'on puifle comprendre
à quoi ils ont fervi , puisqu'on n'y trouve pas la moin-
dre marque d'escalier. On apperçoit en dedans & en
dehors des pierres qui ont fervi a l'édifice, & un ca-
nal ou conduit , qui fervoic a faire écouler les eaux.
A cinquante-trois pieds de cette façade , qui n'a ni figu-
res ni ornemens , & dont on ne peut bien diftinguer
l'entrée , parce que les ruines en font en partie cou-
vertes de terre , on trouve à la droite un escalier ,
qui a encore fix marches entières , Se dont celles du
haut font entièrement détruites. Ces marches ont fix
pieds & un pouce de long, quatre pouces de haut,
Se un pied Se demi de large. Sur les petites ailes de
cet escalier on voit à droite & à gauche des figures ,
auffi-bien que fur les pierres qui en font proches ; Se
fur le perron qui eft au haut , il y a une pierre de
cinq pieds de long, Se de fept de large. Il y avoit
une rempe femblable de l'autre côté , & on trouve
encore deux marches élevées, oppofées l'une à l'au-
tre. La première de ces rempes eft au nord , Se la
féconde au fud ; Se l'on voit fur le perron , qui eft
entre deux, deux pilaftres de portiques, qu'un trem-
blement de terre y aura apparemment jettes. Tout le
refte du bâtiment , qui conhftoit en grands Se petits
portiques, eft abfolumenc détruit. Ils étoient compo-
sés de grofles pierres , parmi lesquelles il s'en trouve
qui font percées comme des fenêtres , Se ils étoient
remplis de figures en bas relief. Le terrein de ces rui-
nes contient cent quarante fept pieds de long, Se eft;
à peu pi es carré. Il y avoit auffi un escalier à deux
rempes au fud , de la grandeur Se de la forme du pre-
mier , dont on voit encore de part Se d'autre les qua-
tre dernières marches. Entre les deux rempes , dont l'u-
ne eft à l'eft & l'autre à l'oueft , il y a une façade de
cinquante-cinq pieds de long , fans compter les côtes
de l'escalier , où le mur eft plus bas , & n'a que deux
pieds fept pouces de haut au deffus du rez de-cliaus-
fée. Le terrein qui eft à l'eft eft plus élevé que les
murs de côré , & eft à peu près carré en dedans ,
avanr cinquante-quatre pieds Se demi d'un côté , Se
cinquante-trois Se demi de l'autre, avec une grande
PER
PER
colline de fable au milieu. Les plus grands de ces por-
tiques ont cinq pieds deux pouces de profondeur. La
muraille a trois pieds d'épaifleur , Se vingt-deux à vingt-
trois de hauteur jusqu'à la corniche. On ne fauroit
concevoir à quoi ce bâtiment a fervi ■> ni comment
on y montoit , car il n'y a pas la moindre trace d'es-
calier.
On trouve au nord deux portiques Se trois niches
ou fenêtres murés ; Se au fud un portique Se quatre
fenêtres ouvertes, larges chacune de cinq pieds neuf
ponces , Se hautes de onze pieds, y compris la cor-
niche. 11 y a à l'oueft deux autres portiques qui ne
font point couvres , Se qui ont deux ouvertures ; Se
à l'eft il y en . un troifiéme, avec trois niches ou
fenêtres murées Six de ces ouvertures font fans cor-
niche , & il n'ai refte qu'une demie à l'eft. On voit
de part Se à'àifre, fous les deux portiques qui font
au nord , la fkire d'un homme Se celles de deux fem-
mes; les unes & les autres paroifient feulement jus-
qu'aux genou), les jambes étant couvertes de terre.
Sous un des prtiques , qui font à l'oueft , on voit un
homme combattant contre untaureau , qui a une cor-
ne au front. L'homme tient la corne de la main gau-
che , tandis cu'il enfonce de la droite un poignard
dans le vente du taureau ; de l'autre côté l'homme
tient la corn de la droite , & enfonce le poignard
de la gauche. 11 y a dans le fécond portique un hom-
me debout , qui tient de la main gauche la corne
d'un daim , k qui lui enfonce de la main droite un
poignard dais le ventre. Le daim reflemble presque à
un lion quiauroit une corne au front, & des aîles
fur le dos. es mêmes repréfentations fe trouvent fous
le portique qui eft au nord, à la réferve qu'au lieu
du daim il a un véritable lion , que l'homme tient
par la crinice. Ces deux figures font en terre jusqu'à
mi-jambe. Es deux côtés du portique , qui eft au fud,
on voit un omme avec un ornement de tête, en fa-
çon de couînne ; il eft accompagné de deux femmes,
dont l'une li tient un parafol fur la tête, Se l'autre
un certain rnement à la main. Au-defius de ce por-
tique , en ddans, il y a trois niches différentes, rem-
plies de caicfceres. Sur les pilaffres du premier por-
tique, qui int fonis de leur place, Se qu'on trouve
a côté du d<nier escalier dont nous avons parlé , on
voir deux hoimes , tenant chacun une lance , 1 un des
deux mains ,3c l'autre de la gauche ; mais il n'y en
a qu'un d'ener. Derrieie cet édifice fe trouve un au-
tre bâtimenti peu près femblable ; mais plus long de
trente-huit jeds avec une niche ou fenêtre bouchée,
Se une autr ouverte , Se deux portes élevées à droite
Se à gauche dont celle, qui eft à l'eff, eft rompue, &
l'autre , qui ft à l'oueft , a encore vingt-huit pieds de
haut, Se poît toute d'une pièce, ayant trois pieds
fepe pouce de large , Se cinq pieds quatre pouces
d'épaifleur. 1 y a fur le haut de cette pierre trois ni-
ches ou t;les féparées , remplie1; de caractères , Se
une quatrine au- défions, qui femble avoir été tail-
lée après ï autres. On en trouve de femblables dans
d'autres niies ou fenêtres , aufii-bien que fous quel-
ques-uns es portiques , dont les pilaflres font d'une
feule pierre comme les corniches. Les niches ou fe-
nêtres desnurailles font auflî taillées d'une feule pier-
re -, Se il 'a au fud de ces fenêtres deux rempes d'es-
calier, L'u: à l'eft, Se 1 autre à l'oueft, dont il refte
les cinq nrches les plus élevées ; Se les aîles , aufii-
bien que mur qui les fépare, font chargées de pe-
tites figus eV: de feuillages en partie fous terre. A
cent piedde-la au fud , on trouve les dernières rui-
nes de cefameux édifices. Elles confident auiïî la plu-
part en iniques Se en enclos. Entre ces ruines Se
les precémtes , il y a un escalier ruiné. Il étoit à
deux rems, l'une au nord, Se l'autre au fud. Il en
refte enec les fept maiches les plus élevées, Se on
voit qu'il. oit orné de figures Se de feuillages. A l'eft
de cet eslier font des partages fouterreins , où per-
fonne n'e entrer , parce qu'on dit que pour peu
qu on ava:e , la lumieie s'éteint d'elle-même. Cela
nempêchapas le fieur le Brun d'en faire l'épreuve
d.v\s la copagnie d'un Ierfan réfolu. On y descend,
dit-il , ent des rochers, Si l'on y trouve deux che-
917
mins, celui qui conduit à l'eft eft élevé de fix pieds,
Se large de deux pieds quatre pouces à l'entrée , Se
un peu plus avant d'un pied, fept à huit pouces.
Apres avoir avancé vingt-fix pas, la voûte fe trouve
fi bafie, qu'il faur fe coucher fur le ventre pour pé-
nétrer encore l'espace de dix pas ; enfuite elle a la
hauteur de fix pieds ; mais après avoir fait quelque
pas , on ne trouve plus qu'un conduit étroit , qu'il
eft impoffible de pafler , & qui doit avoir fervi au-
trefois pour l'écoulement des eaux. Le partage qui eft
à l'oueft , eft de même praticable au commencement :
on y trouve un chemin qui conduit du côté du nord
mais il devient enfin fi bas , qu'un homme couché fur-
ie ventre ne peut y pafler. Le Brun fit ces deux tenta-
tives , fans que la lumière qu'il avoir portée , s'étei-
gnît : il paroît que ces voûtes avoient été faites pour
la conduite des eaux.
L'édifice au fud dont nous avons commencé à par-
ler, & qui fait partie des dernières ruines, avoit 160
pieds d'étendue du nord au fud, Se 191 de l'eft à
l'oueft. Il en paroît encore dix portiques ruinés , fept
fenêtres Se quarante enclos , où il y a eu des bâti-
mens, dont on voit encore les fondemens Se des bà-
fes rondes au milieu, fur lesquelles il y a eu des co'
lonnes au nombre de trente-fix en fix rangs : ces pier-
res ont trois pieds , cinq pouces de diamètre. Tout ce
terrein eft couvert de grandes pierres , fous lesquel-
les il y avoit autrefois des aqueducs. On voit à l'en-
trée de ce bâtiment deux pierres élevées, comiiK au
précédent, Se fur lesquelles il y a des caractères vifi-
bles. Il y avoit un autre édifice à l'oueft de la façade
de celui-ci ; mais il eft entièrement détruit. Il ne res-
te plus qu'une place carrée , vis-à-vis des portiques
dont il vient d'être parlé , Se dont la muraille a en-
core près de deux pieds de hauteur au-deflus du rez-
de-chauflee. On voit aurtî le long de cette muraille
le haut des figures dont elle étoir ornée ; elles avoienc
chacune une lance, Se n'étoient guère moins grandes
que nature. Le terrein qu'elle enferme ne contient
plus que quelques pierres rondes, qui ont fervi de
bafes à -des colonnes de la grofieur des précédentes , Se
à onze pieds de diftance les unes des autres; il pa-
roît qu'il y en a eu trente fix. Devant ce dernier édi-
fice il y a une grande colline de fable , qui règne le
long des portiques , avec plufieurs monceaux de pier-
re ; Se à côté de ces ruines , à l'eft , on trouve les dé-
bris d'un escalier, femblable à celui du mur de la fa-
çade , Se à la partie inférieure duquel on voit enco-
re douze marches , & quinze au-defilis du perron ou
du paillier , chacune ayant fix pieds , deux pouces de
large. Les aîles de cet escalier four ornées de petites
figures ; le mur , qui en fépare les deux rempes , Se qui
a encore huit pieds de haut , a des figures presque
aufii grandes que nature; mais les pierres en font fore
endommagées. On voit fur le devant un lion combat-
tant contre un taureau , Se quelques pierres rompues^
fur lesquels il y avoit des caractères. 11 y a des lions
femblables fur les aîles de l'escalier , mais plus petits;
on y voit des caractères Se des figures presque gran?
des comme nature. On en voit de même de l'autre
côté des murs , avec des figures de femmes presque
toutes effacées. Le principal escalier de ce bâtiment
étoit à l'oueft , de l'endroit le plus élevé près du
grand édifice. Il étoit pofé directement devant le mur,
Se large par le bas , fe rétféciflant par degrés en mon-
tant. 11 a deux rempes comme les autres, l'une a
l'oueft , l'autre à l'eft. Cette dernière a vinge-fept pieds
de haut , Se celle qui eft à l'oueft , a vingt-trois mar-
ches , dont le tems en a détruit huit , quoiqu'elles
ayent toutes été taillées dans le roc. Lorsqu'on eft par-
venu au perron de la première rempe , on trouve la
féconde divifion de l'escalier à côté du mur ; de l'oueft
à l'eft , elle à trente marches presque toutes entières ,
ayant quatre pieds trois pouces de large, Se un pied
trois pouces de profondeur. La rempe qui étoit à l'eft,
Se femblable à l'autre , eft presque entièrement détrui-
te. On trouve entre ces deux rempes une étendue ou
place de cent dix-fept pieds, à compter du mur du
perron, le long duquel les bâtimens s'étendoient à
huit pieds de diftance. 11 y avoit des colonnes entre
PER
918
cet édifice élevé 8c les portiques dont on a parlé ;
mais il ne refte des vertiges que de quatre , avec
deux pièces des bafes , qui paroiflent encore au-deflus
de la terre. On trouve quatre portiques parmi ces der-
nières ruines, & fur chaque pilaftre de ces portiques,
il y a en dedans une figure d'homme & deux de
femmes , qui lui tiennent un parafol au-deflus de la
tête. Il y avoit dé pareilles figures fur ceux qui font
à l'oueft , & fur ceux qui font à l'eft. Sous les deux
autres portiques on voyoit deux hommes armés de
lances ; 8c dans les niches qui fe trouvent de part 8c
d'autre , on voit diverfes figures d'hommes , la plu-
part fort endommagées. Entre ces ruines 8c les der-
niers édifices qui font vers la montagne, on trouve
quelques pilaftres, ornés de figures à peu près fem-
blables , finon qu'une des femmes au lieu de parafol,
tient un inftrument courbe àu-deflus de la tête de
l'homme. On voit des pièces femblables à la main de
divers autres figures , qui femblent être derrière quel-
que grand perfonnage. Ce pourroit être des queues
de cheval marin dont les perfonnes diflinguéesfe fervent
encore dans ce pays-là pour chafler les mouches. On
trouve auprès de ces édifices deux pierres fort élevées ;
mais tout le refte eft: presque fous terre. On voit à
une petite diftance au nord deux portiques avec leurs
pilaftres , fur l'un desquels il y a la figure d'une hom-
me , & celle de deux femmes , dont l'une lui tient le
parafol au-deflus de la tête ; 8c au-deflus de ces fem-
mes il y a une figure avec des aîles, qui s'étendent
jusqu'au côté du pottique. Le deflbus du bufte de
cette petite figure femble fe terminer en feuillages
des deux côtés , avec une espèce de frifure. Il y a fur
le fécond pilaftre un homme aflis dans une chaife,
tenant un bâton à la main , 8c un autre débout der-
rière lui , tenant la main droite fur fa chaife , 8c de
l'autre quelque chofe qu'on ne fauroit diflinguer. La
petite figure qui eft au-deflus tient une espèce decer-,
cle de la main gauche , 8c montre quelque chofe de
la droite. On voit fous ce portique trois rangs de pe-
tites figures, toutes les mains élevées-, 8c fur untroi-
fiéme pilaftre qui refte encore, font deux femmes,
tenant un parafol fur la tête d'un homme. La terre
eft aufli couverte de plufieurs pièces de colonnes 8c
d'autres antiquités , entre lesquelles il y a trois bafes
vifibles. Ces portiques ont neuf pieds de profondeur
ôc autant de largeur , 8c font enfoncées de quelques
pieds en terre. On pafle de cet endroit aux dernières
ruines des édifices , qui font du côté de la monta-
gne. On y trouve deux portiques fous chacun desquels
il y a un homme aflis dans une chaife, tenant un
bâton de la main droite , 8c de la gauche une espèce
de vafe , 8c derrière lui une autre figure qui tient
au-deflus de fa tête un inftrument femblable à une
queue de cheval marin , 8c qui a un linge dans l'au-
tre main. On apperçoit trois rangs de figures au-deflbus
de celle-ci ; tenant les mains élevées, favoir quatre
dans le premier rang , 8c cinq dans chacun des deux
autres. Elles n'ont que trois pieds 8c quatre pouces
de hauteur •■, mais la figure qui eft aflife eft plus gran-
de que nature. Au-deflus de cette figure on voit plu-
fieurs rangs d'ornemens de feuillages dont le plus bas
eft chargé de petits lions, 8c le plus élevé de bœufs,
8c au-deflus de ces ornemens parok une petite figure
aîlée, qui tient de la main gauche quelque chofe qui
îeflemble à un petit verre , 8c elle fait un figne de-la
droite. Ces portiques ont douze pieds cinq pouces de
largeur , fur dix pieds quatre pouces de profondeur.
Les pilaftres en font compofés de fept pierres , &
ont l'épaifièur de cinq à fix pieds. Les plus élevés font
de vingt-huit à trente pieds. On voit fur les deux
qui font au nord , un homme aflis avec une perfon-
ne derrière lui , 8c derrière celui-ci deux autres hom-
mes , tenant à la main quelque chofe qui eft rompu.
Au-devant de celui qui eft aflis, il y en a deux au-
tres dont l'une a la main à la bouche , comme pour
faluer , 8c l'autre tient un petit fceau. Au-dcflus de
ces figures il y a une pierre remplie d'ornemens ; 8c
au-deflbus du perfonnage aflis, on voit cinq rang
de figures, qui ont trois pieds de haut : ce font des
foldats différemment armes. On trouve dans un de
PER
ces portiques, à l'eft, un homme combattant contre
un lion , 8c dans un autre , un homme combattant
contre un taureau. Sous les deux qui font à l'oueft
on voit des lions , dont il y en a an avec des ailes.
Ceux qui font à l'eft 8c à l'oueft font beaucoup plus
bas que ceux du nord 8c du fud , & les figures font
en terre jusqu'aux genoux. Les autres portiques font
enfoncés de même. Ils avoient neu:* niches ou fenê-
tres de chaque côté. Elles font presque toutes détrui-
tes ; on voit pourtant qu'elles n'étoitnt point percées
d'outre en outre , à l'exception de ctlles qui font au
nord, dont les trois du milieu font encore entières
8c percées , de forte qu'on peut pafle au travers. Les
pilaftres 8c l'architrave en font preque d'une feule
pierre , mais les corniches en fouit ronpues. Ces por-
tiques ont trois pieds cinq pouces de profondeur , 8c
quatre pieds dix pouces de largeur. Gi trouve entre
ces édifices plufieurs pièces de colonne, de bafes 8c
d'ornemens, qui pourroient fe monterau nombre de
trente ou quarante. Les dernières doit nous avons
parlé, fe montent à cent dix-neuf , lesqielles ajoutées
aux foixante 8c feize premières, font e nombre de
cent quatre-vingt-quinze.
Les premières grofles pierres de rocher, qu'on trou-
ve à côté de ces édifices au nord , foni des pilaftres
de deux grands portiques , dont l'un éoit égal aux
deux qui font à l'escalier du mur de la façade ; l'au-
tre eft orné de deux figures d'homme;, armés de
lances , d'une grandeur extraordinaire , c tenant aus-
fi un inftrument femblable à une quèc de cheval
marin. Il y avoit deux autres pilaftres, m peu plus
loin à l'oueft vis-à-vis des premiers , ccnme il pa-
rok par le peu qui en refte. On trouvedeux autres
portiques au nord , pareils à ceux qui ébient à l'es-
calier de la façade. Quoiqu'ils foient tomes en rui-
ne, on diftingue encore les animaux qui Soient tail-
lés deflus. Il y a aufli une grofle pièce d pierre en-
foncée dans la terre 8c qui reflemble à 1 tête d'un
cheval , d'où l'on peut conclure que les atres pilas-
tres ont aufli été ornés de têtes femblable & de plu-
fieurs figures de bêtes. On trouve de pli à côté de
ces ruines beaucoup de débris de colonne 8c d'autres
pièces d'architecture -, mais on ne fauroitrien diflin-
guer parmi celles qui font au nord.
Il nous refte à parler des deux anciens imbeaux des
rois de Perfe , qui fejtrouvent dans la montagne ,
l'un au feptentrion 8c l'autre au midi, a façade du
premier , qui eft taillé dans le roc , 1 un beau
morceau d'architecture rempli de figure & d'autres
ornemens. Ils font tous deux de la mê,e forme 8c
ont environ 70 pieds par en bas. La irtie de ce
tombeau fur laquelle font les figures , a .0 pieds de
large ; la hauteur en eft à peu près fenlable à la
largeur par en bas -, 8c le rocher s'étend is deux cô-
tés à la diftance de foixante pas. Le Em eut la
curiofité de pénétrer dans le tombeau queft au mi-
di. Comme l'enttée n'a que 2 pieds de mteur , il
fallut qu'il fe traînât fur le ventre. Il troui une voû-
te de 46 pieds de large 8c de 20 pieds de ofondeur.
Cette cave eft repartie en trois caveaux qicommen-
cent à la moitié de fa profondeur , 8c qi ont fept
pieds de haut , jusqu'à la voûte. On appçoit plu-
fieurs pierres dans ces caveaux, fur-toutlans celui
qui eft à gauche. On dit qu'ils contenoientleux tom-
bes couvertes de pierre en demi rond. Il a appa-
rence qu'elles auront été rompues à deflei, chacun
ayant eu la liberté d'y entrer en différens ms.
Il ne refte aujourd'hui aucune trace decette fu-
perbe 8c célèbre ville , fi ce n'eft que les rochs , qu'on
trouve de côté 8c d'autre , donnent lieu d croire ,
qu'il y a eu des bâtimens au de-là de l'errinte des
murailles de l'édifice royal dont on a vu ' deferip-
tion. Les Perfins difent , 8c il paroît par .1rs écrits
que cette ville avoit une grande étendue ; qelle étoit
fituée dans la plaine ; 8c que les ruines qon y voit
encore aujourd'hui font celles du palais g anciens "
rois de Perfe, des ruines duquel Corneill le Brun
nous a laine une exacte defeription. On oit qu'el-
le s'étendoit le long de la montagne 8c qi'lle avan-
çoit confidérablement dans la plaine.
PER
A deux lieues de ces ruines, dans un lieu de la
montagne nommé Nafci-Ruflan , on voie quatre tom-
beaux de perfonnes confidérables entre les anciens
Perles. Ils font presque femblables à ceux de Perle-
polis , fi ce n'en: qu'ils font taillés beaucoup plus haut
dans le roc. Vis à-vis du premier de ces tombeaux ,
eft un petit édifice carré , dont chaque face a vingt-
fepr pieds de largeur Se beaucoup plus de hauteur.
L'ouverture eit au nord vis-à-vis du tombeau ; il y a
quatre fenêtres de chaque côté , Se plufieurs ouver-
tures en long. Dans la partie occidentale de cette
montagne , Se à deux cens trente pas de ces quatre
tombeaux , il y a deux tables avec des figures taillées
dans le roc ; 6e à 21 j pas plus loin, on trouve deux
petits temples , voifins l'un de l'autre , Se qui n'ont
que fix pieds de hauteur fur cinq de largeur. On
trouve encore divers tombeaux dans la montagne ,
aux environs de Naxi Rufian.
11 paroït que le palais de Perfépolis avoit été bâ-
ti par les rois dé la première race , puisqu'on n'y
trouve rien qui n'amené la première antiquité la plus
reculée.
Alexandre le Grand , ayant pafie l'Araxe , ren-
contra 800 Grecs auxquels les Perjes de ce diftric"t
avoient coupé , aux uns les mains , aux autres les
pieds , les oreilles ou le nez. Cette inhumanité l'irrita
au point qu'il affiégea fur le champ Perfépolis , en
donna le pillage à fes foldats » à la referve des tréfors
du palais , qui étoient immenfes , & la fit brûler. Il
paroït qu'elle fut reparée depuis; car il eft dit dans le
x livre des Macbabées , qu 'Antiocbus étant entré dans
Perfépolis % avoit voulu piller le temple , Se fe rendre
maître de la ville par furprife : mais le peuple cou-
rut aux armes Se força Antiocbus de s'enfuir. Dans
le premier on y trouve la même chofe , fi ce n'eft
qu au heu de Perfépolis , on lit Emaïde.
PEKSEUS, ville de PArtique , avec un port de
même nom , félon Etienne le géographe.
PERSHORE , bourg d'Angleterre, dans la province
de Worcefter. On y tient marché public. * Etat préfent
de la Gr. Bret. t. 1.
PERSIA , ou Persis , grande région d'Afie , qui
donna anciennement le nom à l'empire des Perfes,
mais qui eft bien déchue. Voyez. Perse. Ce pays eft
connu dans 1 écriture fainte fous le nom de Paras ,
qui fignifie également la contrée Se le peuple ; Se d'où
ont été formés par les Grecs Se par les Latins les
noms Persis , Persia Se Perses. On l'appella encore
anciennement Elam , à caufe d'Elymus , ou Elam ,
fils de Sem, qui fut, félon Jofephe , ant. I. 1. c. 7.
père des Elyméens , de qui font fortis les Perfes. S.
Jérôme, in Jerem, c. 25. v. 25 dit qu'Elam eft une
contrée de la Perfe au-delà de Babylone. Quelques
Auteurs profanes donnent encore un autre nom à la
Perlé. Ils l'appellent Aib&ménie , du nom d'un de fes
anciens rois , qui , félon Hérodote , fut père de Cam-
byfe. Ptolomée, /. 7. c. n. qui fe fert du nom Per-
sis , dit que ce pays étoit borné au nord par la Mé-
die ; à l'orient par la Caramanie ; au midi par une
partie du golfe Perfique , depuis l'embouchure de l'O-
roate , jusqu'à celle du fleuve Bagrada -, & au couchant
par la Sufiane. Il lui donne les places fuivantes •>
,Taoce extrema ,
Rhogomanïs Fluv. Oflia ,
Fontes Fluvii ,
Cberfonefus extrema ,
' Jonacapolis ,
■ Brifoanœ Fluv. Oflia,
1 Fontes Fluvii ,
Auflnz,a ,
Bagradx Fluv. Oflia t
'Fontes Fluvii.
PER,
919
Sur le golfe Perfique.
Dans les Terres.
-Ozoa ,
Tanagra ,
iMarrafium ,
(Aspadana,
Axima ,
"Poryospana,
Dans lesTerres.<
• Perfépolis,
Niferge ,
Sycta ,
Arbua , 1
Cotamba,
Poticara ,
Ardea ,
jCauphiaca,
[Batthina ,
ECinna ,
IParodana ,'
fTa?pa ,
Tragonice ,
kManona ,
IChorodna ,
[Corra ,
[Gabra ,
[ Orebatis Civitas ;
Toace ,
Parta ,
Mamniida ,
Uzia ,
Pafarracha,
Gab«.
,-Tabiana ,
Ifle fur la côte de la Per-} Sophtha ,
fique. i Aracia , ou Alexândri
** Iniïila.
PERSIANME AQU/E. Apulée, /. 3. F'oridorum,
dit que ces eaux faifoient du bien aux malades , &
Ortelius , Tbefaur. croit qu'elles étoient quelque part
aux environs de Carthage.
PERSICETA , ville d'Italie ; Ortelius , Tbef. qui
cite Paul Diacre , la met dans l'Emilie.
PERSICUM , lieu fortifié , dans l'Afie mineure ,
aux environs de la Lycie, ou peut-être dans la Lycie
même. Diodore de Sicile , /. 20. c. 27. dit que Pto-
lomée, roi d'Egypte , prit ce lieu par compofi-
tion.
PERSICUM MARE. La mer Perfique & la mec
Rouge font deux noms fynonymes dans Hérodote, /.
4. n. 59. Se dans Strabon , /. 16. La mer Rouge fe
prend néanmoins dans un fens bien plus étendu que
la mer Perfique. On a appelle autrefois Mer Rouge,
ou Mer Erythrée, cette partie de l'Océan Indien,
qui mouille lArabie Heureufe au midi, Se qui forme
deux grands golfes , l'un à l'orient de l'Arabie appel-
lé le golfe Perfique, Se l'autre à l'occident nommé
le golfe Arabique, qui retient encore à prefent le nom
de Mer Rouge. Voyez. Persicus Sinus.
PERSICUS SINUS , grand golfe d'Afie , entre la
Perfe Se l'Arabie , Se qui communique à l'Océan In-
dien. Strabon , /. 16. p. 765. dit que le Golfe Per-
sique eft auffi appelle la Mer Persique , Se qu'on
lui donnoit encore le nom de mer Rouge , parce qu'on
entendoit par mer Rouge non- feulement la partie de
l'Océan Indien , qui mouille l'Arabie au midi ; mais
encore le golfe Perfique Se le golfe Arabique. Les
Perfes , félon Pline , /. 6. c. 16. habitèrent toujours le
bord de la mer Rouge , ce qui fit qu'on donna le
nom de golfe Perfique à cette partie de la mer Rou-
ge , qui féparoit la Perfe de l'Arabie. Plutarque , in
Lucullo , donne encore un autre nom à ce golfe qu'il
appelle Mer Babylonienne.
PERSID^E PYL^. Voyez. Susid^.
PERSIS. Voyez. Persia & Perse.
PERSTALABAS. Voyez. Parastalaba.
PERTA, ville de la Galatie , félon Ptolomée, L
$. c. 4.
PERTENSIS , fiége épiscopal de la Lycaonie, félon
des notices grecques. Croton , fon évêque , affilia au con-
cile tenu à Rome l'an ^03. * Harduin. Collecfc. Conc.
t. 2. p. 987.
PEKTERBIDI, ancien peuple delà Sarmatie afiatfc
que, félon Ptolomée , /. j.c. 9.
PER
PER
Q 2-0
PERTH ville d'Ecoffe, dans le Pertshire, dont roi ayant acquis les droits du comte d'Avelîin , fit dé-
cile eft la capitale. Cette ville, bâtie fur le Tay , clarer par fon confeil l'an 1 3 3 3 , ^u'il n'éroit pas obligé
s'appelle communément S. Johnston. Ceft une ville de faite hommage à l'abbé , ni à fe reconnoître fon vas-
des plus importantes de l'Ecofle ; le parlement s'y eft fal. Depuis ce tems , les comtes de Provence auxquels
même affemblé plnfieurs fois. Les vaiffeaux montent les rois de France ont fuccédé , ont eu la fouverainecé
jusqu'à la ville en pleine marée. Elle fut bâtie par un de Permis , ôc la moitié de la juflice ordinaire avec
roi d'Ecoffe, après l'inondation de l'ancienne ville de l'abbé de Mont-Major. La ville de Permis eft une des
Perth , dont la fituation n'étoit pas éloignée de celle meilleures de la province. Elle a droit d'entrée aux états
d'aujourd'hui. La ville de Perth donne le titre de corn- ôc aux afiemblées des communautés. L'églife paroiiîiale
l'aujourd'l
le , au chef de l'ancienne famille de Drummond.
PERTHENETiE. Voyez. Partheni.
PERTHES , bourg de France, dans^ la Champa-
gne , élection de Vitry. Ce bourg eft très-ancien. Il a
donné le nom au pays de Pertois , dont il étoit au-
trefois la ville capitale -, mais depuis qu'Attila l'a dé-
truite , elle n'a pu fe rétablir. Il y a dans le bourg
de Perthes une mairie royale, reflbrtiiTante au baillia-
ge de Vitry-le-François.
PERTSHIRE , province d'Ecoffe , au fud & à l'eft
d'Athol. Elle fe divife en deux parties , l'une qui por-
te proprement le nom de Perth , ôc l'autre celui de
Gowry. Perth eft au midi , & Gowry eft au nord de
Perth. Cette province eft fertile en bled ôc en pâtu-
rages i mais la partie qu'on appelle Gowry eft la plus
fertile.
PERTIA , ou Perusia. Ptolomée, /. 3. c. 1. don-
ne ces deux noms à une ville d'Italie , dans l'Umbrie ,
& qu'il place entre Juficum ôc Senùnum.
PERTICIANENSES-AQU^L, lieu de Sicile. L'i-
tinéraire d'Antonin le place fur la route d'Hyccara à
Drepamtm, en prenant le long de la côte. Il étoit à
feize milles de Parthenicum , ôc à dix-huit de Dre-
pamtm.
PERTICUS , nom d'une forêt de la Gaule Lyon-
noife , félon Ortelius , Thef. qui cite Aimoin.
PERT1NESCA. Corneille donne ce nom latin à la
ville de Buren, dans le canton de Berne. Il devoit di-
re Petmesca , & il ne fe feroit pas ttompé.
PERTOIS , pays de France , dans la Champagne ,
Tagus Pertifus. Il s'étend le long de la Marne , aux
environs de Vitty , entte la Champagne proprement
dite ôc le Batrois. Il eft fait mention de ce pays ,
dans les capitulaires de Charlemagne. Son nom lui
vient de Perte, ou Perthes, bourg qui fubfifte enco-
re aujourd'hui , ôc fa capitale eft Vitry-le-François.
On veut que ce pays ait eu autrefois fes comtes , dont
le plus ancien , qui foit connu , eft appelle Signaze , ôc
dit père de fainte Manehoult. Le Pertois eft arrofé
de plufieurs rivières , dont la principale eft la Marne,
qui commence à y porter bateau. * Longnerue , Defcr.
de la France , part. 1 . p. 40.
PERTORUM , ville épiscopale de la Lycaonie , fé-
lon la notice de Léon le Sage. Ceft la même que
Terienfis.
1. PERTUIS; ce nom fignifie en françois petit
trou. Il n'eft guère ufité aujoutd'hui dans le langage
ordinaire. On s'en fert pourtant encore pour défigner
un détroit de mer , fur-tout fur les côtes de Poitou.
PERTUIS , ville de Ftance , dans la Provence
eft deflervie par quatre moines de Mont-Major , ôc par
dix prêtres fous un vicaire perpétuel. Il y a aufli dans
cette ville des prêtres de l'Oratoire , des Carmes , des
Capucins , des Clarifies & des Urfulines. Il fe tient à
Pertuis un gros marché de bled. L'air qu'on y respire
eft très-fain , ôc fon territoire eft des plus abondans de
la province. * Longuerne , Defcription de la France ,
part. 1. p. 37j.
PERTUIS-D'ANTIOCHE , détroit de l'Océan , dans
la mer de France , entre l'ifle de Rhé , au nord , & l'ifle
d'Oléron , au midi. * Atlas , Robert de Vaugondy.
PERTUIS-BRETON, détroit de l'Océan, dans la
mer de France , entre la côte du Poitou ôc de l'Aunis »
au nord , ôc l'ifle de Ré au midi.
PERTUIS DE M AUMUSSON, détroit de l'Océan,
dans la mer de France , entre l'ifle d'Oléron au nord ,
Ôc la côte de Saintonge au midi& à l'occident.
PERTUIS-ROSTAIN , ou PERTuis-RosTANG,pas-
fagedans une montagne du Dauphiné , ôc qui fépare le
Briançonnois de l'Embrunois. Ceft une roche percée ,
au-deffus de laquelle on voit à l'entrée une dédicace
faite à Augufte , en ces termes : Divo Cïsari Augu-
STO DEDICATA , SALUTATE EAM.
PERTUS , village qui donne fon nom à un partage de
France , en Espagne , dans les Pyrénées , ôc qu'on nom-
me le Col de Pertus. Voyez, au mot Col , l'article Col
de Pertus.
1. PERTUSA. Kov^Percusa.
1. PERTUSA , fiége épiscopal d'Afrique, dans la Pro-
vince Proconfulaire. Son évêque , Manialis , episcopus
Pertufenfis , fut condamné dans le concile de Baga.
L'itinéraire d'Antonin met Pertufa , fur la route d'Hip-
pe«e.à Carthage , entre Unuca ôc Cartilage , à fept mil-
les de la première , ôc à quatorze de la féconde.
PERVEIS , bourgade du Brabant , entre Gemblous ôc
Judoigne , dans le quattier de Louvain. Ceft une baron-
nie fort ancienne. Voyez. Perniciacum * Dicl.géogr. des
Pays-Bas.
PERVENCHERES , bourg de France , dans le Per-
che , élection de Mortagne.
PERVERS, village deHainault, à deux lieues de Con-
dé , ôc à quatre de Valencienne.
PERUGIN , ou Perousin , territoire d'Italie , dans
l'Etat de l'Eglife, ôc auquel la ville de Péroufe, qui en
eft la capitale , donne fon nom. Il eft borné au nord
par le duché d'Urbin, à l'orient par l'Umbrie , au midi
par l'Orviétan , ôc à l'occident par la Toicane. La plus
grande étendue de ce pays du feptentrion au midi , ne
paffe pas yingt-huit milles-, & on ne lui en donne pas
plus de trente du levant au couchant. Le Tibre qui le
viguerie ôc recette d'Aix. Cette ville ôc fon territoire coupe du nord-nord-oueft au fud , eft la feule rivière
d'importance qu'on y trouve: les autres font la Caina , la
Genna , la Cava , le Neftore , le Nefo , le Marte. On
compte trois villes dans le Perngin , favoir :
étoient autrefois dans le comté de Forcalquier , comme
fitués au nord de la Durance. Néanmoins la feigneurie
directe ôc utile de Pertuis , a long-tems appartenu aux
abbés du Mont-Major ou Monte-Maïor , près d'Arles,
parce que les anciens comtes de Provence , Bofon ôc
Guillaume , avoient donné cette place ( Cafirum de Per-
tufio ) à ce monaftete. Il y «ut en divers tems des juge-
mens rendus contre les comtes de Forcalquier , qui vou-
loient s'approprier Pertuis , dont ils s'emparèrent plu-
fieurs fois. Ces différens , qui avoient été renouvelles par
Guillaume de Sabran , qui fe difoit comte de Forcal-
quier , furent terminés l'an 1 1 1 2 , par l'arbitrage de Jean
Boffan , archevêque d'Arles , qui adjugea la feigneurie ôc
la juftice à l'abbé par indivis avec le comte , qui devoit
faire hommage à l'abbé , en s'avouant vaflal par une re-
connoiffance publique, & outre cela s'obligeant à lui
payer une redevance. Robert , roi de Naplcs ôc comte
de Provence , condamna Bertrand des Baux , comte d'A-
vellin, comme ayant caufe du comte de Forcalquier,
à reconnoître la fupçriorité de l'abbé. Mais le même
Péroufe , Caftiglione-del-Lago , PalTignano.
* La Forêt de Bourgon , Géogr. Hift. t. 1. p. 409.
PERVICIACUM. Voyez. Perniciacum.
PERUS. Voyez. Pierus.
PERUSIA , ville d'Italie , dans la Toscane. Ptolomée ,
/. 3. c. 1. la place dans les terres, entre FefuUôcAre-
tium. Tite-Live, /. 10. c. 37. la met au rang des trois
plus fortes villes de l'Etrurie ; ôc elle étoit peuplée ,
puisque le même hiftorien ajoute que Fabius tua dans
l'Etrurie , qui s'étoit révoltée , quatre mille cinq cens Pé-
rufiens , outre dix-fept cens quarante qu'il fit prifonniers.
Eutrope la nomme Perufium , ôc il paroît que c'eft cette
même ville qu'Etienne le géographe appelle Perrtfion.
Son nom moderne eft Pcrugia,
PES
PES
PESARO, ville d'Italie, dans le duché d'Urbin, le
chef lieu d'une Seigneurie à laquelle elle donne le nom.
Cette ville , nommée anciennement Pifaitrum , eft dans
une agréable iituation , fur une hauteur , au-deflous de
quelques petits coteaux, à l'embouchure de la Foglia,
dans la mer Adriatique. Pefaro , que l'on croit colo-
nie Romaine , fut détruite par Totila , &c rétablie quel-
que tems après par Bélifaire , plus belle qu'elle n'étoit
auparavant. Elle elt encore aujourd'hui en bon érat ,•
c'eit la plus grande du duché d'Urbin. L'air en eft allez
pur ; cependant il eft dangereux , pendant les mois de
Juillet &c d'Avril. Rien n'eft fi agréable que les petits
coteaux qui environnent Pefaro ; c'eft un mélange ré-
jouifiant de pâturages, de vignobles & de vergers. Les
olives en font admirables ; mais les figues furpaflent les
autres fruits en bonté 6c en réputation. La meilleure
viande n'y coûte que trois Bayoques la livre, qui eft de
dix huit onces. Le pain & le vin font encore à meilleur
marché à proportion , & ainfi du refte. La mer & les
rivières y fourniffent toutes fortes d'excellent poiflbn :
ainfi à tous égards , cette ville jouit abondamment des
commodités de la vie. Elle eft paffablement bien fortifiée,
quoiqu'un peu à l'antique , Se les maifons font com-
munément allez jolies. On n'y trouve aucun ancien mo-
nument. Il y a une fort belle fontaine dans la grande
place, 8c une ftatue du pape Urbain VIII , fous le pon-
tificat duquel cette ville Se tout le duché d'Urbin furent
réunis à l'Etat Eccléfiaftique. Pefaro aveit donné la nais»
fance au pape Clément XI , qui y a fait bâtir une églife ca-
thédrale très-magnifique. L'évêché elt fuffragant de l'ar-
chevêché d'Urbin. * La Forêt de Bourgon , Geogr. Hift.
t. i. p. 414. Adijfon , Voyage d'Italie , p. 30.
La Seigneurie de Pesaro s'étend aux environs du
golfe de Venife , entre le territoire de Fano & Ja Ro-
magne. Elle a parte avec fa capitale des maifons de Ma-
latelta Se de Sforce , dans celle de Rovere , Se de cel-
le-ci au S. fiége en 163 1.
PESCARA , anciennement Atermvm , ville d'Italie ,
dans l'Abruzze Citérieure , à l'embouchure d'une riviè-
re de même nom , qui fe jette dans le golfe de Venife,
Se qui elt l'Aiernus des anciens. Elle elt environ à fix
milles de Civita du Chien , à huit milles de Civita di
Penna , à l'orient , «Se à douze milles d'Atri , en tirant au
midi oriental. Elle a un evêché qui a été transféré à Atri.
Pescara elt une ville fortifiée Se défendue par un château.
Cette ville appartient à la maifon d'Avalos , avec titre de
marquifat, & c'eit une des meilleures places qu'il y ait
dans le royaume de Naples , fur le golfe Adriatique. *
Magm , carte de l'Abruzze Citérieure.
PESCHA. Voyez, Argyrutum.
PESCHERIE , ou la côte de la Pescherie. On donne
ce nom à la partie méridionale de la péninfule de l'Inde i
Se c'eft précisément au cap de Comorin que commence la
côte de la Pescherie , fi fameufe par la pêche des perles.
La côte forme une espèce de baie , qui a plus de quaran-
te lieues, depuis le cap de Comorin jusqu'à la pointe de
Ramanancor, où Tille de Ceylan ell presque unie à la
terre-ferme par une chaîne de rochers que quelques Eu-
ropéens appellent le Pont d'Adam. 11 elt certain que la
mer dans fa plus grande hauteur n'a pas plusque quatre à
cinq pieds d'eau dans cet endroit ; de forte qu'il n'y a que
les chaloupes qui puillent palier entre les intervalles de
ces rochers. Toute la côte de la Pescherie elt inabordable
aux vaiffeaux d'Europe, parcelle la mer y brife terrible-
ment , & il n'y a que Tutucurin où les navires puiflent
paner l'hiver , cette rade étant ouverte par deux ifles qui
en font la fureté. Comme la côte de la Pescherie eft re-
nommée par tout le monde , on s'imagineroit y devoir
trouver plufieurs grofles Se riches bourgades ; il y en
avoir autrefois un grand nombre •, mais depuis que la
puiflance des Portugais s'elt affoiblie dans les Indes, Se
qu'ils n'ont plus été en étar de protéger cette côte , tout
ce qui s'y trouvoit de confidérable a été abandonné & dé-
truit. Il ne refte aujourd'hui que de miférables villages ,
dont les principaux font Tala , Manapar, Alandaley ,
Pumicael Se quelques autres. Il faut pourtant excepter
Tutucurin , qui eft une ville de plus de cinquante mille
habitans , partie Chrétiens , partie Gentils. Quand les
Portugais. parurent dans les Indes, les Paravas, qui
font les peuples de la côte de la Pescherie , gémiffoiew
92.Î
fous la domination des Maures , qui s'étoient en partie
rendus maîtres du royaume de Maduré. Dans cette ex-
trémité leur chef réfolut d'implorer le fecours des Portu-
gais, Se de fe mettre avec toute fa cafte fous leur pro-
tection. Les Portugais qui ont toujours eu beaucoup de
zèle pour TétabliiTement de la religion chrétienne , la
leur accordèrent, mais à condition qu'ils embrafleroie ne
le Chriftianisme , à quoi les Paravas s'obligèrent. Dès
que ce traité eut été conclu , les Portugais chafierent
les Maures de tout le pays , Se y firent divers établiffe-
mens. Alors S. François Xavier employa tous fes foins à
convertir les habitans de cette côte : il y bâtit des églifes
que les Jéfuites ont depuis cultivées avec foin. La liberté
qu'avoient les Paravas fous les Portugais de trafiquer
avec leurs voifins les rendoient riches Se puiiTans ; mais
depuis que cette protedtion leur a manqué , ils fe font
vus bientôt opprimés & réduits à une extrême pauvreté.
Leur plus grand commerce aujourd'hui vient de la pêche
du poillon qu'ils transportent dans les terres , Se qu'ils
échangent avec le riz Se les autres provifions néceiTaires à
la vie , dont cette côte eft presque entièrement dépour-
vue , n étant couverte que de bois épineux & d'un fable
aride Se brûlant. * Lettres Edif. t. 5 .p. 79 Se 98.
Toute la côte de la Pescherie appartient en partie au
roi de Maduré, Se en partie au prince de Marava, qui a
fecoué depuis peu le joug de Maduré , dont il étoit tribu-
taire. Les Hollandois voulurent il y a quelques années
s'accommoder avec le prince de Marava de fes droits fur
la côte de la Pescherie , Se fur le pays qui en dépend. Ils
lui envoyèrent une célèbre amballade , avec de magnifi-
ques prefens. Le prince reçut les préfens Se donna des
espérances, dont on n'a vu jusqu'à préfent aucun effet.
Les Hollandois , fans être maures de la côte , ont fou-
vent agi comme s'ils l'étoient. 11 y a quelques années
qu'ils enlevèrent les églifes des Paravas, pour en faire
des magafins , & les maifons des millionnaires, pour y
loger leurs fadeurs. Les Jéfuites furent obligés de fe reti-
rer dans les bois , où ils fe firent des hutes.
Le commerce des Hollandois elt confidérable fur cette
côte : outte les toiles qu'on leur apporte de Maduré , &
Se qu'ils échangent avec le cuir du Japon Se les épiceries
des Moluques , ils tirent un profit confidérable de deux
fortes de pêches qui fe font fur la côte, favoir celle des
perles Se celle des xanxus. Les xanxus font de gros co-
quillages , femblables à ceux avec lesquels on a coutume
de peindre les tritons. Il elt incroyable combien les Hol-
landois font jaloux de ce commerce. 11 iroit de la vie
pour un Indien qui oferoit en vendre à d'autres qu'à la
compagnie de Hollande. Elle les acheté presque pour
rien , Se les envoie dans le royaume de Bengale , où ils
fe vendent fort cher. On feie ces coquillages félon leur
largeur : comme ils font ronds Se creux quand ils font
fciés , on en fait des braffelets , qui ont autant de luftre
que le plus brillant yvoire.
La compagnie de Hollande ne fait point pêcher les
perles pour fon compte : elle permet à chaque habitant
du pays d'avoir autant de bateaux que bon lui femble }
mais elle exige foixante écus pour chaque bateau , ce
qui lui fait un produit confidérable. Autrefois oli com-
mençoit cette pêche fans examiner fi le tems Se le lieu
étoient favorables : mais à préfent l'on s'y prend de cette
manieie.
Vers le commencement de l'année , la compagnie en-
voie dix ou douze bateaux , au lieu où l'on a defiein de
pêcher. Ces bateaux fe féparent en diverfes rades , & les
plongeurs pèchent chacun quelques milliers d'huîtres
qu'ils apportent fur !e rivage. On ouvre chaque millier à
part , Se on met aulli à part les perles qu'on en tire. Si
le prix de ce qui fe trouve dans un millier monte à un
écu , ou au delà , c'eit une marque que la pêche fera en
ce lieu-là très-riche Se très-abondante ; mais fi ce qu'on
peut tirer d'un millier n'alloir qu'à trente fols , comme
le profit ne pafferoit pas les frais qu'on feroit obligé de
faire, il n'y auroit point de pêche cette année là. Lorsque
l'épreuve réuflit , Se qu'on a publié qu'il y aura pêche , il
fe rend de toutes parts fur la côte au tems marqué une
affluence extraordinaire de peuple Se de bateaux , qui
apportent toutes fortes de marchandifes. Les commiflai-
res Hollandois viennent de Colombo , capitale de l'ifie
de Ceylan , pour prefider à la pêche. Le jour qu'élis doii
lom, IV- A a a a a a
PES
5>22,
commencer , l'ouverture s'en fait de grand matin par un
coup de canon. Dans ce moment tous les bateaux partent
Se s'avancent dans la mer, précédés de deux grofles cha-
loupes Hollandoifes , qui mouillent l'une à droite , Se
l'autre à gauche , pour marquer les limites du lieu de la
pêche, &auffi-tôt les plongeursdechaque bateau fe jettent
à la hauteur de trois , quatre ou cinq braflés. Un bateau
a plusieurs plongeurs qui vont à l'eau tour à tour. Aufii-
tôt que l'un revient l'autre s'enfonce. Ils font attachés à
une corde , dont le bout tient à la vergue du petit bâti-
ment , Se qui eft tellement dispofée , que les matelots
des bateaux , par le moyen d'une poulie , la peuvent ai-
fément lâcher ou tirer , félon le befoin qu'on en a. Celui
qui plonge a une groffe pierre attachée au pied , afin
d'enfoncer plus vite & une espèce de fac à fa ceinture
pour mettre les huîtres qu'il pêche. Dès qu'il eft au fond
de la mer , il ramaffe promptement ce qu'il trouve fous
fa main , Se le met dans fon fac. Quand il trouve plus
d'huîtres qu'il n'en peut emporter , il en fait un mon-
ceau , Se revenant fur l'eau pour prendre haleine , il
retourne enfuite , ou envoie un de fes compagnons le
ramaffer. 1 our revenir à l'air , il n'a qu'à tirer fortement
une petite corde différente de celle qui lui tient le
corps : un matelot qui eft dans le bateau , Se qui tient
l'autre bout de la même corde , pour en obferver le mou-
vement , donne auffi-tôt le fignal aux autres , Se dans
ce moment on tiie en haut le plongeur , qui pour reve-
nir plus promptement , détache ,s'il peut , la piètre qu'il
avoir au pied. Les bateaux ne font pas fi éloignés les uns
des autres , que les plongeurs ne fe battent affez fouvent
fous les eaux , pour s'enlever les monceaux d'huîtres
qu'ils ont ramaffés. Les requins , qui font affez fréquens
dans ces mers , enlèvent quelquefois le plongeur Se fes
huîtres. Comme les gens de cette côte s'accoutument dès
l'enfance à plonger & à retenir leur haleine , ils s'y ren-
dent habiles , &: c'eft fuivant leur habileté qu'ils font
payés. Avec tout cela le métier eft fi fatiguant , qu'ils ne
peuvent plonger que fept ou huit fois par jour. Il s'en
trouve qui fe laiffent tellement transporter à l'ardeur de
ramaffer un plus grand nombre d'huîtres , qu'ils en per-
dent la refpiration Se la préfence d'esprit ; de forte que
ne penfant pas à faire le fignal, ils feroient bientôt étouf-
fés , fi ceux qui font dans le bateau n'avoient foin de les
retirer, lorsqu'ils demeurent trop long-tems fous l'eau.
Ce travail duie jusqu'à midi , Se alors tous les bateaux
regagnent le rivage.
Quand on eit ai rivé , le maître du bateau fait transpor-
ter dans une espèce de parc les huîtres qui lui appartien-
nent, Se les y laiffent deux ou trois jours afin qu'elles
s'ouvrent , Se qu'on puiffe tirer les perles. Lorsqu'on les a
tirées & bien lavées, on a cinq ou fix petits baffins de
cuivre percés comme des cribles , qui s'enchaffent les uns
dans les autres , enforte qu'il refte quelque efpace entre
ceux de deffus év ceux de deffous. Les trous de chaque
baffin font différens pour la grandeur: le fécond baffin
les a plus petits que le premier , le troifiéme que le fé-
cond , Se ainfi des autres. On jette dans le premier baffin
les perle^ grofles Se menues, après qu'on lésa bien la-
vées. S'il y en a quelqu'une qui ne paffe point , elle eft
cenfée du premier ordre : celles qui reltent dans le fé-
cond baffin font du fécond ordre, & de même jusqu'au
dernier baffin , qui n'étant point percé reçoit les femen-
ces de perles. Ces différens ordres font la différence des
perles, Se leur donnent ordinairement le prix , à moins
que la rondeur plus ou moins parfaite » ou l'eau plus ou
moins belle , n'en augmente ou diminue la valeur. Ils ont
toute liberté de vendre leurs perles à qui ils veulent.
Toutes les perles qu'on pêche le premier jour appartien-
nent au roi de Maduré , ou au prince de Marava , fuivant
la rade où fe fait la pêche. Les Hollandois n'ont point la
pêche du fécond jour , comme on l'a quelquefois publié :
ils ont affez d'autres moyens de s'enrichir par le commer-
ce des perles. Le plus courr Se le plus sûr eft d'avoir de
l'argent comptant , car pourvu qu'on paye fur le champ ,
on y a tout à fort bon marché.
Il règne pour l'ordinaire de grandes maladies fur cette
côte au tems de la pêche, foit à caufe de la multitude
extraordinaire du peuple qui s'y rend de toutes parts Se
qui n'habite pas fort à fon aife , foit à caufe que plu-
fieurs fe nourriffent de la chair des huîtres qui eft indi-
PES
gefte Se malfaifante, foit enfin à caufe de l'infection de
l'air: cat la chair des huîtres, étant expofée à l'ardeur
du foleil , fe corrompt en peu de jours , Se exhale une
puanteur qui peut feule caufer des maladies contagieu-
fes.
PESCHESEUL , château de France , dans le Maine ,
fur la paroiffe d'Avoife , bourg qui en eft éloigné d un
bon quart de lieue. Ce château, l'un des plus beaux de
cette province , eft à quatre lieues de la Flèche , a deux de
Sablé , à fept du Mans, Se a été appelle ainfi , à caufe
quecelui qui eneft feigneur a feuldroit dépêche dans une
fort grande étendue de la rivière de Sarte, qui forme une
presqu'ifle en ce lieu-là , ce qui en rend la fituation admi-
rable. On diroit que la nature a pris plaifir à former Se à
embellir cette presqu'ifle. La Sarte y fait un tour en ma-
nière de fer à cheval , de forte qu'avec une muraille de
trois quarts de lieue de long, on y fait un enclos de cinq
à fix lieues de circuit. Toute cette presqu'ifle elt entre-
coupée de grands bois taillis Se de pâturages ■■, on y
voit de bellesôc valtes prairies des deux côtés de la riviè-
re. C'eft un des plus beaux pays de chaffe qu'on puiffe
imaginer. Toute forte de gibier y abonde, Se quoiqu'on
faffe pour exterminer les cerfs, il y en revient toujours.
Le roi Charles IX y alloit chaffer tous les ans. Le châ-
reau , qui eft un fief, avec titre de Sirerie , eft bâti au mi-
lieu de quatre beaux jardins , & presque entouré d'un
grand bois , percé de tous côtés en allées , au bout des-
quelles on trouve par tout la rivière, qui n'eft féparée de
ce château que par un jardin. * Corn. Dict. Mémoires
drejjés fur les lieux en 1706.
PESCHIERA , Pesciera , ou Pesquaire , Ardelica,
ville d'Italie , dans le Veronois, à l'extrémité occidentale
du lac de la Garde , en tirant vers le midi. Cette petite
ville , placée à l'endroit où le Menzo fort du lac de la
Garde, eft très-bien fortifiée. Le Menzo qui pahe au
milieu de la ville remplit fes foflés. L'enceinte peut avoir:
un mille de tour. On y voit cinq baftions , une demi-lune
du côté du lac , Se du côté du Mantouan un château ceint
des murailles de la fortereffe , avec un cavalier. Peschiera
dépendoit du Mantouan avant l'an 1441 , qu'elle fut
prife par les Vénitiens , & unie au territoire de Vérone.
On y entretient une bonne garnifon. * Magin , carte du
Veronois. Corn. Dict. LœJJelr , voyage d'Italie.
PESC1A, Famtm Martis , petite ville d'Italie, dans
la Toscane, au Florentin, fur une petite rivière qui
porte fon nom , entre Lucques au midi occidental , Se
Piftoia au nord oriental. Outre leglife de la Pieve , ou
paroiffe , dont le curé a jurisdiction presque épiscopale
fur un petit reffort de feize villages par concefiion du
pape Léon X, de l'an 15 19 , il y a diverfes autres églifes
dont la plupart ont été peintes par Benoît Pagni , ori-
ginaire de Peschia , Se élevé de Jules Romain. Cette
ville a été érigée en évêché ces dernières années. La ri-
vière de ce nom a fa fource au-deffus de Crespoli, & va
du nord oueit au fud-eft , fe jetter dans le lac de Fucec-
chio. * Magin , carte du Florentin.
PESCLA, ville d'Egypte, félon la notice des dignités
de l'Empire : feroit-ce, dit Ortelius , Thefaur , la même
ville que l'itinéraire d'Antonin nomme Pesclis ? Voyez.
Pesclis & Passalon.
PESCLIS , ville d Egypte , que l'itinéraire d'Antonin
place entre Tutsis Se Corte , à douze milles de la pre-
mière , Se à quatre de la ££conde. Voyez Pescla Se Pas-
salon.
PESEGUEIRO , félon Corneille , DiU. Pesqueira ,
félon Jaillot, Atlas , Se Perigueira, félon de l'Ifle ,
Atlas -, ifk fur la côte occidentale du Portugal , dans la
baie de Sinis ou Sines , entre cette ville au nord , Se le
bourg de Villa Nova de Milfontes au midi. Il y a quel-
ques petites ifles aux environs que l'on comprend toutes
fous le nom d'ifle de Pesqueiro.
PESENAS, ou Pezenas, ville de France, dans le
Languedoc, (a) au diocèfe d'Agde, à quatre lieues de
Befiers , fur la petite rivière de Te in ou Peyne , qui fe
jette un peu au-deffous dans YErau ou YArau , nommée
autrefois Araur. Pefenas eft une ville fort ancienne :
Pline , /. 48. c. 8. en fait mention. Il la nomme Pifcen*,
&loue la laine des environs', la teinture qu'on lui don-
noit & les étoffés qu'on en faifoit qui duroient plus que
les autres. Pierre des Vaux de Cernay , dans fon hiltoire
PES
des Albigeois , appelle cette ville Pefettatura. Elle eft une
des plus célèbres du Languedoc par fa belle fituation.
S. Louis l'acquit en 1 16 1 , de deux feigneurs qui en
éroient propriétaires, Se il l'unit au domaine royal. C'é-
toit une châtellenie (b) que le roi Jean érigea en comté
l'an 1361 , en faveur de Charles d'Artois. Ce comté
entra enfuite dans la maifon de Montmorenci , Se le
connétable de ce nom y fit bâtir la Grange des Prés , la
plus belle maifon du Languedoc. Le même comté pafla
à M. le prince de Condé à la mort du dernier duc de
Montmorenci fon beau-frere , Se il eft depuis échu en
partage aux princes de Conti , cadets de la maifon de
Bourbon-Condé. * (a) Longuerue, Defc. de la France ,
part. i. p. 24S. (h) Piganiol, Defc. de la Fiance, t. 4.
P. 375-
II y a dans cette ville , où l'on a quelquefois tenu les
étacs de la province , une églife collégiale , un collège
de prêtres de l'Oratoire Se quelques couvens. On y voit
quelques maifons allez belles. Le poulain eft une grande
machine qu'on fait fortir dans toutes les rejouiflanecs pu-
bliques : il eft habillé de bleu avec des fleurs de lis
d'or ; il danfe ; les fauts qu'on lui fait faire font affez rc-
jouiflans , Se il fait femblant de mordre tous ceux qu'il
rencontre.
C'eft à Pefenas que mourut Se fut enterré Jean-Fran-
çois Sarafin , fecretaire des commandemens du prince
de Conti, Se un des plus beaux efprits du dix-feptiéme
fiécle. Montreuil , dans une de fes lettres, dit qu'il n'y
a nulle différence entre la pierre qui eft fur fon tombeau
Se celle qui eft fur celui d'un cordonnier qui le touche.
PESENDARjE, , peuples de l'Ethiopie , fous l'Egypte :
Ptolomée , /. 4. c. 8. les place au midi des Ethiopiens
Elephantophages.
PESEN1K, ou Boesneck , petite ville de la Thu-
linge , dans la principauté de Saxe Salfeld.
PESICI , peuples de l'Espagne Tartagonnoife. Pline,
/. 4. c. 20. les place dans une péninfule, Se le père
Hardouin dit que cette péninfule fe nommoit Corufia ,
Se qu'elle étoit fur la côte feptenttionale de la Galice. Au
lieu de Pefici , Ptolomée , /. 2 , c. 6. écrit P&jicï. Il leur
donne deux places , favoir :
Flavionavia Se JVx/i fîuv. Oflïa.
PES1NE , ou Pesines. Voyez. Arabyza.
PESL/E. Voyez. Passaion.
PESME , bourg de France , dans la Franche-Comté ,
diocèfe de Bcfançon , & bailliage de Gray , fur le Lou-
gnon. Il y a en ce lieu un prieuré , dépendant de l'ab-
baye de Saint Germain dAuxerre, mentionné dès le
douzième fiécle dans une bulle du pape Anaftafe IV.
Il etl de foi t petit revenu, quoique la chapelle de Saint
Paul , appellée des Tombes , lui foit annexée.
PESOL , en italien Lago Pefole , lac d'Italie , au royau-
me de Naples , dans la Bafilicate. Il eft au pied du mont
Apennin , Se la rivière Brandano y a fa fource. Les an-
ciens le nommoient Aqu* Penfdes. * Ma gin , Carte de
la Bafilicate.
PESSAN , ou Pessans , Pe/Janum , bourg de France,
dans le Bas Armagnac , élection d'Aftarac. Il y a une
abbaye d'hommes de l'ordre de faint Benoît , & donc
l'abbé jouit de deux mille livres de revenu.
PESSELIERE, baronnie de France, dans le Berry,
élection de Bourges. Sa paioiffe eft un écart de Jalo-
gne. Il y a un ancien château' fitué à fix lieues de Bour-
ges , Se à ttois de Sancerre. L'étendue de cette baron-
nie comprend la paroiffe de Jalogne , Se une partie de
celle de Groiffe. 11 y a à Pefleliere une petite chapelle
fous l'invocation de faint Clair. Elleeltà la nomination
de l'abbé de Saint Satur , Se ne rapporte que cent livres
de rente. Il fe tient quatre foires à Pefleliere ; favoir le
premier de Juin , le jour de faint Barthelemi , le jour
de faint Luc , Se le lundi avant la femaine fainte.
PESSIDA, ville de la Libye Intérieure. Ptolomée , /.
4. c. 6. la place fur la rive feptentrionale du Niger. Ses
interprètes lifent Pefide pour Peffia.
PESSINUS , Se en françois Pejfinunte , ville des Gala-
tes Toliftoboies , ou Toliftoboges , dont elle étoit la mé-
tropole, félon Plin* , /. $. c. 32. Cependant Ptolomée ,
/. j. c. 4. leur donne Germa , ou Therma Colonia , pour
capitale \ mais peut-être que depuis le tems de Pline on
PET 925
transporta une colonie Romaine à Germa , ce qui pue
lui faire avoir la préféance fur Peffiniinte. Srrabon , /. 12.
p. J67. dit que c'étoit un entrepôt : Se Paufanias, Attic.
c. 4. la place au pied du mont Agdiflus , où on vouloie
qu'Atys eût été enterre. Strabon a la vérité appelle Din-
dymos la montagne au pied de laquelle étoit bâtie Pefli-
nunte , Se dit que ce fut ce qui occafionna le nom Din-
djmene qu'on dunna à Cybele. Mais peut être que la
même montagne étoit connue fous deux noms differens ;
du moins ce devoir être deux montagnes , ou jointes en-
femble, ou très-voifines, puisque la ville de Peffinunte
étoit bâtie au pied de l'une & de l'autre. Comme Stra-
bon , t. il. p. $6-/. dit que les habitans du pays don-
noient à Cibèle le nom d'Angidiffe , il fe peut faire que
celui A'Agdifie eft employé par contraction dans Paufa-
nias. Strabon ajoute que le fleuve Sangarius couloit au-
près de Peflînunte. Cette ville étoit célèbre par fon tem-
ple dédié à Cybèle, Se par la ftatue de cette faufTe
divinité, qui fut transportée à Rome par Scipion Na-
fica, comme nous l'apprend Ammien Marccllin , /. 22.
c. 9. édu. Val. Dans la fuite, PeiTinunte devint une mé-
tropole eccléfiaitique, titre que lui donne la notice de
l'empereur Andronic Paléologue le Vieux.
PESSIUM, ville des Jazyges Métanaftes. Ptolomée,
/. 3. c. 7. la place entre Candanum Se Partïscum.
^f 1. PEST, comté de la Haute- Hongrie, le long de
la rive orientale du Danube, il eft borné au nord par le
comté de Novigrad , à l'orient par ceux de Hervecz &
de Zolnok , au midi par celui de Bath , & à l'occidenc
par le Danube. Les Impériaux s'en rendirent maîtres en
1686, Se depuis ce tems, il a toujours fait partie du
royaume d'Hongrie. Il n'a aucun lieu considérable que
la ville de Peft , qui en eft la capitale.
2. PEST, ville de la Haute-Hongrie, Se la capitale
du comté de même nom. Elle eft bâtie fur la rive orien-
tale du Danube, un peu au-deffus de la ville de Bude,
qui elt de l'autre côté du fleuve, Se à trente lieues fud-
eft de Prefbourg. Peit eft une ville d'une médiocre
grandeur, Se d'une figure à peu près carrée. Elle a beau-
coup foufferr pendant les guerres -, cependant elle s'eft
rétablie , & le nombre de fes habitans eft plus grand
que jamais. On s'y elt retiré plus volontiers qu'à Bude ,
avec qui elle communique par un pont de bateaux ,
parce que fa fituation , moins élevée que celle de Bude,
elt plus commode pour décharger les marchandifes que
l'on y apporte fur le fleuve. On y voir une affluence de
ces gens que l'on appelle communément Egyptiens Se
Bohémiens. Ils difent qu'ils profeflent la religion grec-
que , lorsqu'ils font dans des pays Chrétiens ; ailleurs ils
font Païens, ou plutôt ils ne font d'aucune religion,
car ils n'ont point d'idoles. Ils adorent cependant un
Dieu , mais ils lui rendent un culte tout-à-fait ridicule.
Leurs demeures ordinaires font des tentes , où ils achè-
tent Se partagent ce qu'on leur va vendre en cachette.
Leur profeflion eft de prendre à la dérobée ce qu'ils peu-
vent attraper. * Tollii Epift. Itïn. "p. 200.
PESTI , ou Pf sto , bourgade d'Italie, au royaume
de Naples, non dans la Principauté Ultérieure, comme
le dit Corneille , mais dans la Principauté Citérieure ,
fur la côte , environ à huit milles, au midi de l'embou-
chure de la rivière Selo. C'eft le Ptftum de Pomponius
Mêla, Se la ville Po/îdoma de Pline. Voyez. Pjestum Se
Posidonia. * Magin , Carte de la Principauté Cité-
rieure.
PESTRAYA ORDA . c'eft-à-dire , tribu Pie. On pré-
tend qu'il y a dans la Sibérie un peuple, ainfi appelle
par les Rufles , parce que ceux qui lecompofent ont,
dit-on, de grandes taches noires fur tout le corps, Se
dans levifage, à peu près comme les chevaux, ou au-
tres beftiaux pies ; mais comme aucun voyageur digne
de foi n'en fait mention , on peut affluer que c'eft une
fiction. * Hifl.génér. des Tatars.
PESURI , peuples de la Lufitanie , félon Pline, /. 4.
c. 11. Quelques manuferits portent P,efiiri;Se une an-
cienne infeription, rapportée par Gruter , p. 162. les
nomme Pxfures.
PETAGUEI , pays de l'Amérique méridionale , au
Brefil. 11 a le pays de Dele au nord , la mer à l'orient ,
la capitainerie de Rio Grande au midi , & la nation des
Tupuyes au couchant. De l'Ifle marque fur fa carte du
Tm- IV. A a a a a a ij
PET
924
Brefil que ce pays eft riche en mines d'argent , Se que
quoiqu'enclavé , aufli bien que le pays de Dele , dans
la capitainerie de Siara , ni l'un ni l'autre n'appartien-
nent aux Portugais.
i . PETALIA , ville de PEuboée , félon Strabon , /.
io. p. 444.
2. PETALIA , ville du Péloponnèfe , félon Xéno-
phon , /. 3. A la marge du livre on lit Eptalium; Se
Ortelius , Thef. croit que c'eft ainfi qu'il faut lire.
PETALIA. Pline , /. 4. c. 1 2. donne ce nom à quatre
ifles qui font à l'entrée du détroit de l'Euripe. Ces qua-
tre ifles ou écueils tiroient apparemmenr leur nom de
la ville Petalia. Voyez, ce mot , n. 1.
PETANE. VoyezViTAXZ.
PETAO, petit peuple de l'Amérique feptentrionale ,
dans la Louïfiane , fur la route que tint le fieur de la
Salle pour aller de la baie de S. Louis aux Cenis.
PETAPA , bourg de l'Amérique feptentrionale , dans
la Nouvelle Espagne , près de la côte de la mer du Sud ,
dans l'audience de Guatimala. 11 eft regardé comme un
des plus agréables lieux qui dépendent de cette audien-
ce, à caufe d'un lac d'eau douce qui en eft proche, Se
qui lui a occafionné fon nom. Petapa eft un cempo-
fé de deux mots indiens , dont l'un , qui eft Pet , ligni-
fie une natte , Se l'autre , qui eft Taph , veur dire de
l'eau ; Se parce qu'une natte eft la principale partie du
lit des Indiens , Petapa veut dire proprement tui litl
d'eau , parce que l'eau de ce lac eft unie , douce Se
calme. On trouve dans ce lac quantité de poiffons , par-
ticulièrement beaucoup d'écrevifles Se de mojarras , qui
eft un poiffbn femblable au mulet , Se de même goût,
mais qui n'eft pas fi gros. Le bourg a pour habitans en-
viron cinq cens Indiens , avec lesquels les Espagnols
demeurent librement. Il y a dans ce lieu une famille
confidérable parmi les Indiens , qu'on dit être descen-
due des anciens rois du pays , Se que les Espagnols ont
honorée du nom de Guzman. C'eft toujours quelqu'un
de cette famille qu'on fait gouverneur de Petapa. Quoi-
qu'il ne puifle porter l'épée , il jouit de plufieurs beaux
privilèges. 11 peut nommer d'entre les habirans ceux qu'il
lui plaît pour le fervir dans fes repas , pour avoir foin
de fes chevaux , Se pour faire généralement tout ce qu'il
ordonne, fans que d'ailleurs il puifferien faire lui-mê-
me, foit pour la police du bourg, foit pour l'admini-
ftration de la juftice , que du confentement d'un reli-
gieux , qui demeure en ce lieu , Se qui a aufli un fi
grand nombre de perfonnes obligées de le fervir , qu'il
y peut vivre avec autant de magnificence qu'un évêque.
Le tréfor de l'églife eft confidérable. Il y a plufieurs
confréries qui ont toutes de beaux ornemens. Les In-
diens y exercent la plupart des mériers nécefiaites dans
une république bien établie, Se l'on y trouve les mê-
mes herbages Se les mêmes fruits que dans la ville de
Guatimala , pour laquelle les habitans de ce bourg font
obligés de faire la pêche s en forte qu'il y a un certain
nombre d'Indiens de Petapa qui ont charge d'envoyer
tous les mercredis, vendredis Se famedis , la quantité
d'écrevifles Se de mojarras , que le corregidor Se les au-
tres magiftrats leur ordonnent pour chaque femaine.
Le jour de Saint Michel, patron du lieu, il s'y tient
une foire. Il s'y tient aufli tous les jours, fur les cinq
heures du foir, un Tianguet on marché, où il n'y a
que les Indiens du bourg qui trafiquent enfemble. * Tho-
mas Gage, Relation des Indes occidentales, part. 3.
c. 4.
PET AU, Petaw ouPettau, Pitlabio, Pœtario ou
Poetarium. Voyez, Pettaw.
TETAVONIUM, P&taonium , ville de l'Espagne
Tarragonnoife. Ptolomée , /. 2. c. 6. la donne aux Su-
peratii. L'itinéraire d'Antonin la met fur la route de Bra-
cara à Afturica , entre Ven'uitia Se Argenùolum , à
vingt-huit milles de la première , Se à quinze de la fé-
conde. Morales croit que c'eft préfentement Vaneza.
Voyez ce mot.
PETCI ( Le royaume de ) , dans la Corée. C'eft le
même pays que l'on appelloit autrefois Maham. Ce
royaume étoit fort fujet aux révolutions, Se les rois
étoient toujours chancelans fur le trône. Ils étoient tous
tributaires du roi delà Chine, qui à la fin s'eft emparé
de ce pays. Les habiians cultivoient les feiences. Ils
PET
avoient adopté la doétiine des Samenéens , mais on ne
voyoit point parmi eux de bonzes. Tao-Su-Kicou-Tai
avoir dans ce pays un temple où l'on alloit facrifier. *
Hijloire générale des Huns , par M. de Guignes , /. 1.
PETEGEM, abbaye de Clarifies , dans la Flandre,
au diocèfede Malines, à un mille d'Oudenarde , fur la
gauche de l'Escaut.
PETELIA , ou Petilia , ville d'Italie , dans les ter-
res, chez les Brutiens, félon Pline, l.x.c. 10. & Pto-
lomée, /. 3. c. 1. Virgile , JEne'ïd. I. x,v. 402. attribue
fa fondation à Philoététe le Troyen :
Par va Philotletœ fubnixa Petilia mur 0.
Elle ne demeura pas toujours dans cet état de médio-
crité , car elle devint dans la fuite métropole , ou du
moins l'une des principales villes des Brutiens. Strabon
dit au commencement du fixiéme livre , p. 254. que la
ville Petilia étoit regardée comme la capitale des Lu-
caniens, Se que de fon tems elle étoit affez peuplée.
Il ajoute qu'elle étoit forte, & par fa fituation , Se par
fes murailles. Elle étoit voifine de Crorone , puisqu'elle
avoit été bâtie dans le lieu où eft aujourd'hui Strongo-
li, où l'on a trouvé d'anciennes inferiptions : dans l'une
on lit ce mot Petilia , Se dans une autre celui-ci : Keip.
Pelilinorum. Elle eft fameufe dans fhiftoire, Se on la
compare à la ville de Sagunte , tant pour fa fidélité
envers les Romains, que pour fes desaftres, ce qui a
fait dire à Silius Italicus , /. 1 2. v. 43 1.
Fumabat ver fis incenfa Petilia teclis,
Infelix fidei , mifcr&que fecunda Sagunto.
PETELINUS LUCUS. C'eft le bois Pétilien , où PIu-
tarque , in Camillo , dit que Camillus transporta le tri-
bunal , lorsqu'il fe fut apperçu de l'effet que la vue du
Capitole produifoit fur les juges de Marcus Manlius Ca-
pirolinus. Ce bois devoit être près de Rome , à la gau-
che du Tibre, puisque Tite-Live, /. 6. c. 10. le place
hors de la porte nommée Flumentana Porta.
PETENG , montagne de la Chine , dans le Chanfy ,
du côté de l'orient , à fept lieues de diftance de Tatum-
fou. On avoit bâti une fortereffe fur le fommet , où
l'empereur Kaoti , qui étoir pourfuivi par les Turcs , fe
retira. * Hjfioire générale des Huns , par M. de Guignes,
/. 1.
PETELINI, Petelleni. Voyez. Petelia.
PETEN1SUS, ville de la Galatie , félon Ptolomée,"
/. y. c . 4. Ses interprètes lifent Pemeniffus , Se Simler
croit que c'eft la même ville que l'itinéraire d'Antonin
appelle Parnafum.
PETEON , village de la Bœotie. Strabon , /. 9. p. 410.
la place dans le territoire de Thebes , près du chemin
qui conduit à Anthedon. Etienne le géographe fait une
ville de Peteon.
PETERBOROUCH , Pctuaria, ville d'Angleterre,
dans le Northamptonshire, fur le Nen. Elle a le titre
de comté. C'eft un des fix évêchés qui furent établis
par Henri VIII, après qu'il eut fupprimé tous les cou-
vens. * Etat préfent de la Grande Bretagne , tom. 1.
P- 95-
PETERHEAT, petite ville de l'Ecoffe feptentrio-
nale , dans la province de Buchan. C'eft un port de mer
où le Prétendant débarqua en 1715 avec le comte de
Marr.
PETERKOW , Petricow, Petricovie , Pietro-
kow, Petrilow, Petricovia, petite ville de Pologne,
dans la partie orientale du palatinat de Siradie , fur une
petite rivière qui fe jette dans la Pilcza. * Atlas , Rob.
de Vaugondy.
PETERLINGEN. Voyez. Petershausen , Abbatia
Peter shufana.
PETEROA , montagne de l'Amérique méridionale,
au Chili , dans la Cordiliere. C'eft un volcan , au nord
de celui de Chillan,& au midi des villes de San Jago
Se de Mendoza. * Atlas, Robert de Vaugondy.
PETER ON. Voyez. Poteron.
1. PETERSBOURG ou Saint Petersbourg, ville
capitale de la Ruflie , eft fituée en Ingrie, fous les 54
deg. 60 min. de latitude , & les 47 deg. ;8 min. de Ion-
PET
PET
gitude , à 250 verftes de Novogorod. Elle eft compo-
fée de plufieurs ifles que forme la rivière de NeWa, à
un quart de lieue de France de Ion embouchure: on
peut commodément la divifer en cinq parties.
En descendant la Newa , au-dciTus de la ville, l'on
voit à la gauche une partie de Peter/bourg , qui eit con-
nue fous le nom de Liteina Storona ; c'eft-à-dire , le
côté de la fondetie : en descendant par cette partie de la
ville du nord au fud oueft , on arrive à l'endroit où la
rivière de Newa fe divife en trois bras ; deux grands ,
dont l'un tourne vers la droite en ligne courbe; l'au-
tre gardant la ligne droite, ôc un petit qui coule vers
la gauche ; ces bras de la rivière forment différentes ifies.
La première, vers la droite , s'appelle l'ifle de Saint Pe-
terfbourg , derrière laquelle fe trouve l'ifle des Apothi-
caires ; ces deux ilîes compofent la deuxième partie de
la ville.
Un peu au -deflbus eft l'ifle Bazyle , formée par les
deux grands bras de la Newa , & qui compofe la troi-
fiéme partie de la ville.
Le petit bras de la rivière , que l'on appelle auflï la
Fontaka, avec le grand bras qui garde la ligne droite,
forme à gauche deux autres grandes ifies :1a plus pro-
che du grand bras s'appelle l'ifle de l'Amirauté. Der-
rière elle la Moika , qui fort de la Fontaka avec la Ne-
wa , forme une autre grande ifle , qui compofe la cin-
quième partie de la ville.
C'eft fur l'ifle de Saint Peterfbourg que fut bâtie,
par Pierre le Grand , la première maifon , qui eft de
bois , & que l'on voit encore , parce qu'on l'a fait en-
tourer d'une muraille de briques, ôc couvrir d'un fé-
cond toit , pour la cenferver comme un monument.
D'abord le projet de ce prince éroit de bâtir toute la
ville dans cette ifle ; en conféquence , il y fit conftrui-
re , dans la partie orientale , une églife de bois, qui fut
dédiée à la Sainte Trinité, ôc le palais pour le fénat ,
ôc autres tribunaux :1a noblefle vint y faire bâtir le long
delà rivière, ôc y fixer fon domicile; mais ce monar-
que , ayant dans la fuite changé de deflein, fit transpor-
ter toute la noblefle fur l'ifle de l'Amirauté, & fur l'ifle
Bazyle , fur lesquelles furent conftruites une infinité de
belles maifons , ôc vafles édifices; dans cette dernière,
qui s'étend bien loin dans le golfe Finnique , on voit
actuellement le magnifique palais du fénat , &c autres
tribunaux, qui y furent transférés de l'ifle de Saint Pe-
terfbourg : l'académie impériale avec fon obfervatoire,
la bibliothèque , ôc le fameux hôtel occupé par les ca-
dets ; c'eft un corps qui fut établi l'an 1701 ,ôc qui eft
compofe de trois cens foixante gentilshommes , tant
Ruiïiens qu'Allemands, où on les inftruit dans toute
forte d'exercices Se de fervices. On a percé dans cette
ifle différens canaux de communication de la i;iviere à
la mer, pour la commodité des maifons.
L'ifle de l'Amirauté eft celle où fe trouvent les pa-
lais des fouverains de Ruflîe ; celui d'été en occupe la
pointe feptentrionale , vis-à-vis l'ifle de Saint Peters-
bourg, ôc cil borné au midi ôc à l'orient des canaux,
de forte qu'il fetoit tout entouré d'eau , s'il ne tenoit
par le quai à une place publique , d'où , en descendant
le long de la rivjerc , l'on rencontre le vafte bâtiment
de l'Apothicairerie , une des mieux fournies de l'Euro-
pe : le palais d'hiver de Pierre le Grand , enfuitc le pa-
lais de l'impératrice Catherine , ôc au deflbus un chan-
tier, pour la conftruction des vaifleaux, vafte & com-
mode , & aufli bien forrifié que celui pour la con-
ftruction des galères , qui fe trouve encore plus loin
au-defibus , & dans la même expofition : les canaux
qu'on a pratiqués dans cette ifle la rendent aufll com-
mode qu'agréable, puisque par leur moyen l'on peut
aborder en bateau à presque toutes les maifons.
La citadelle eft au centre de la ville , ôc environnée
de tous côtés de la Newa, dans laquelle elle fut bâtie ,
c'eft-à-dire, entre les trois ifies dont nous venons de
parler, ôc plus près de celle de Saint Peterfbourg. Elle
a fix baftions , revêtus de bons murs , dont la hauteur
eft de trente pieds jusqu'aux remparts. Elle ne renferme
que le logement du commandant , les cazernes néces-
faires pour la garnifon , ôc l'églife cathédrale de Saint
Pierre, où font enterrés [l'empereur Pierre le Grand ,
9*ï
le malheureiwc prince fon fils, l'impératrice Catherine,
ôc l'impératrice Anne.
Les quais des deux ifies , l'Amirauté & Bazyle , revê-
tus de bois , ont coûté des fommes immenfes. Us font
butés, ôc avancent dans la rivière, de manière que les
vaifleaux y abordent facilement : la beauté en répond à
la commodité, ôc ils forment un des plus beaux orne-
mens de la ville. C'eft le plus beau coup d'œil du mon-
de, que l'entrée de la ville du côté de la mer ; quan-
tité de beaux hôtels , des palais ôc autres édifices , la
plupart d'une architecture à l'italienne , qui garniffent ces
quais des deux côtés de la rivière dans l'espace de plus
d'une verfte ôc demie , forment une perfpeétive aufll ma-
gnifique qu'agréable.
Il n'y a de maifons bâties en pierres que celles qui bor-
dent ces deux grands quais ; presque toutes celles de la
ville font en bois. Mais après l'incendie de 1737, on
a défendu de bâtir en bois.
Ces trois ifies, qui forment aujourd'hui la ville , n'é-
toient que des marais impraticables avant que Pierre le
Grand eut choifi cet endroit pour y faite un établifle-
ment. Ce monarque , s'obftinanr à peupler un lieu qui
paroi/Toit n'être pas deftiné pour des hommes, ne fut
point rebuté des grandes difficultés qu'il rencontra ; ni
les inondations qui ruinèrent fes ouvrages, ni l'ingrati-
tude du rerrein , ni l'ignorance des ouvriers, ni la mor-
talité même, qui fit périr environ deux cens nulle hom-
mes dans les commencemens de cet ctabliflemént, ne
purent lui faire changer de réfolution ; il fuimontatous
les obftacles, ôc vint à bout de faire des chemins, de
fécher ces marais , ôc d'élever des digues , pour jetter les
fondemens de la ville de Peterfbourg, qui fut commen-
cée en 1703 , fuivarit le plan qu'il en avoit tracé lui-
même. La noblefle , le clergé ôc la bourgeoifie , fu-
reur obligés d'y venir bâtir leurs maifons, à ptoportioa
des biens en fonds de terre qu'ils poflédoient en Ruflle :
les étrangers ôc les ouvriers y furent attii es par des pri-
vilèges ôc des bienfaits : l'on a toujours continué depuis
ce tems à bâtir. Ce qu'il y a de furprenant néanmoins,
c'eft que dans une ville aufll nouvelle, on y trouve,
comme dans la plus ancienne ville de l'Europe, tour ce
qui contribue à rendre les villes célèbres ôc fréquentées ;
le commerce , les arts ôc les feienecs y font en vigueur ,
ôc bien cultivés; l'on y trouve toutes fortes d'ouvriers &
de marchandiles , des académies ôc des collèges; la po-
litefle même , qui met de la différence entre les nations,
s'y fait fentir. Les étrangers grofliffent encore le nom-
bre des habitans, qu'on fait monter à cent cinquante
mille.
La police y eft aufll très bien obfervée. Elle eft com-
mi(e à un lieutenant général, qui eft ordinairement un
homme de diltinclion , ôc qui a fa chancellerie , où
tous ceux qui entrent ôc fortent de la ville doivent
faire voir leurs pafleports. Ontientdes gardes au bout
de chaque rue pendant la nuit : cette garde eft fournie
par les habitans tour à tour, ôc à chaque bout de rue
il y a des chevaux de frife , qui fe baiflent la nuit, &
que la garde ouvre aux pafians , qui doivent porter une
lanterne, fans quoi on les arrête. Ces gardes ont des
machines de bois, avec lesquelles ils font grand bruit
à la première alarme, laquelle fe communique à toute
la ville dans un inftant : ils font obligés aufll de ctier
l'heure. Par cette fage police l'on peut marcher par la
ville toute la nuit en fureté.
L'on peut juger , par la fituation de Peterfbourg ,
combien le commerce y eft confidérable. Cette ville eft
l'entrée de la Ruflle ôc delaMoscovie, où elle verfe, &:
d'où elle reçoit fi aifément , par le moyen des grandes
rivières ôc des canaux qui y aboutiflent. Aufll y a-t-il
beaucoup de négocians à Peterfbourg, pour qui a été
conftruite , dans l'ifle Bazyle, une bourfe femblable à
celle d'Amfterdam.
Comme la rapidité ôc la profondeur de là rivière ne
permettent point de bâtir de ponr pour la communica-
tion des trois ifies, il y a une infinité de bateaux de
différente espèce, qui y fuppléent : presque toutes ks
perfonnesde condition y ont les leurs. Ceux des dames,
qu'on appelle barges , fe diftinguent par la magnificence ,
ôc parce qu'ils fonr couverts. Il y en a un grand nombre
à louer pour la commodité de ceux qui n'en ont pas à eux.
92,6 PET
Tous les jours il part un bâtiment à voile , nommé
Buyer , pour Cronftot , qui eft le port de mer pour
les vaifleaux de guerre , les vaifleaux marchands , Se
par-là on a une communication aifee & importante au
commerce.
Comme la rivière eft extrêmement large & profon-
de , les gros vaifleaux marchands abordent jusque ibus
les fenêtres des mailbns ; les vaifleaux de guerre le pour-
raient auflï , fi les eaux n etoicnt pas trop baffes à l'em-
bouchure de la rivière dans la mer ; mais cela met la
ville à couvert des bombardemens du côté de la mer ;
dans ces endroits bas n'y ayant que quelques paffages ,
on les a marqués, pour que les pilotes ne fanent point
de méprife ; c'eft aufli ce peu de fond qui oblige de fe
fervir de careles pour faire fortir de la rivière les vais-
feaux de guerre, lorsqu'ils ont été lancés à Peterlbourg,
Se qu'on les conduit à Cronftot , où on les arme Se
équipe.
En 1720 , la ville fut inondée pour la première fois ,
Se depuis ce tems elle a été fujette aux inondations
dans presque tous les mois d'Octobre : les vents , qui
dans ce tems foufflent du côté de la mer , dont les eaux
gonflées arrêtent la rivière à fon embouchure , en font
indubitablement lacaufe.
2. PETERSBOURG , château d'Allemagne , dans
la Weftphalie , au-delà de la rivière de Haza , près de
la ville d'Osnabrug, à main droite de Ste Gertrude.
Ce fur le cardinal de Wartenberg , qui le fit bâtir pour
fervir de défenfe à la ville d'Osnabrug , Se les éveques
y font ordinairement leur réfidence. Ils y paflbient la
nuit dans le tems qu'il ne leur étoit pas permis de la
paner à Osnabiug. C'cft une affez petite fortereffe \
mais elle eft régulière. Il y a rrois baftions Se deux
demi -lunes. Lesfoflés font larges & remplis d'eau. On
y trouve deux portes , l'une pour entrer du côté de la
ville d'Osnabrug derrière Saint Jean , l'autre pour en
fortir avec divers pont-levis. A chaque porte , il y a
un baftion entouré d'eau ôc féparé de la citadelle. Au
dedans font des bâtimens pour la gamifon & pour les
munitions néceflaires. Ces bâtimens font dans une grande
cour baffs , au milieu des remparts qui étant fort éle-
vés les couvrent entièrement. Ce château a été démoli
depuis par les bourgeois , & changé enfuite en jatdins.
De ce lieu-là on découvre toute la ville d'Osnabrug,
Se les environs qui font extrêmement agréables * Joly ,
chanoine de Paris , Voy. Osnabrug. Corn. Dict.
3. PETERSBOURG, ou Lanterberg, Mans Se-
renus, dans le duché de Magdebourg , au cercle de Saal.
C'étoit autrefois un monaftete qui fut fécularifé & chan-
gé en bailliage en 1540.
4. PETERSBOURG, petite ville de Bohême, avec
un beau château , dans le cercle de Raconitz.
1. PETERSHAGEN , ville d'Allemagne, dans la
principauté de Minden , fur le Wefer , à deux lieues
au-deflus de la ville de Minden. Elle eft défendue par
un château où les évêques de Minden faifoient leur
réfidence ordinaire. C'eft dans cette ville que la chan-
cellerie du pays eft établie.
2. PETERSHAGEN , bourgade d'Allemagne , en
Weftphalie , fur le Wefer , dans la principauté de Min-
den. Elle n'eft remarquable que parce que c'étoit la réfi-
dence del'évêquede Minden avant la fécularifation de
ce fiége -, c'eft d'ailleurs fort peu de chofe. * Hubncr ,
Geogr. p. 504.
PETERSHAUSEN , abbaye d'Allemagne, tout joi-
gnant la ville de Confiance. Son abbé a rang entre les
princes de l'Empire, & eft un des prélats du banc de
Suabe. Elle fut fondée pour les Bénédictins l'an 98c.
Elle eft féparée de la ville de Confiance par un pont
fur le Rhin & avec d'autres maifons y forme un faux-
bourg qui a fes fortifications. * Zeykr , Suev. Topog.
•p. 23.
PETERSHOFF , maifon de plaifance de Pierre le
Grand, empereur de Ruflîe , enlngrie, à fix lieues de
Saint Peterlbourg , fur la Newa.
PETERSWALDAU , château fitué dans le duché de
Schweidnitz , en Siléfie. Il appartient^ aux comtes de
Premnirz.
PETER VARADIN. Voyez. Petri-Varadin.
PETHERTON , Pederthon ou South-Pether-
PET
ton , bourg d'Angleterre , dans le Somcrtshire , fur le
Pedred. On y tient marché. * Etat préfent de la Grande
Bretagne , t. 1. p. 104.
PETHOR , ville de la Méfopotamic , Se d'où étoit
natif le mauvais prophète Balaam. L'hébreu appelle cette
ville Fethura ou Pathura ; Ptoloinée la nomme Pacho-
ra , & Eufebe , Pbathura. 11 la place dans la Haute-
Méfopotamie. Nous croyons , dit dom Calmet , Diff.
qu'elle étoit vers Thapfaque , au-delà de l'Euphrate. S.
Jérôme dans fa traduction du livre des nombres, c. 22.
v. ;. a omis ce nom. Il dit .Amplement : Vers Balaam y
qui demeuroit fur le fleuve des Ammonites. Il lifoit au-
trement que nous dans l'hébreu. Les Septante "portent :
A Balaam , pis de Beor : Pathura , qui demeure fur
le fleuve du pays de fon peuple. * num. 11. j.
PETI , canton de la Chine , dans la province de
Chenfi , diftrict de King-Yang-Fou. * Hifloire géné-
rale des Huns , par M. de Guignes , /. 1 1.
PETIGLIANO, ou Pitigliano , villed'Italie , dans
le Siénois , aux confins du duché de Caftro, près de
la petite rivière lente , à l'orient de Soana , Se au midi de
Sorana. Cette place qui a quelques fortifications avoit
autrefois ks propres comtes de la maifon de Sforce, qui
la vendirent au grand duc de Toscane , vers le milieu
du dernier fiécle. * Magin , Carte du Siénois.
PETIGUARES , peuples de l'Amérique méiidiona-
le , au Brefil , dans les terres , à l'occident de la capi-
tainerie de Parayba, Se au midi des habitations des Fi-
guares. Le meilleur bois du Brefil eft dans le quartier
des Pétiguares. Ces peuples ont été long-tems amis des
François , & s'éroient même alliés avec eux par maria-
ges ■> mais en 1584, Diego Florez ayant pris Parayba
au nom du roi d'Espagne , chaffa les François Si mit
garnifon dans la forterefie. Les fauvages nommés Via-
tan , demeuraient pioche des Pétiguares; mais cette na-
tion quoique nombre ufe a été entièrement détruite.
* Atlas , Robert de Vaugondy. Corn. Dict. De Laét ,
Defcr. des Indes occ 1. 15. c. 3.
PETILIA. Voyez. Petelia.
PETILIAN.È, heu de la Sicile. L'itinéraire d'An-
tonin le met fur la route de Meflinc à Lilybea , entre
Sela ou Sophiana; & Agrigentum, à vingt-fept milles
de la première de ces places , Se à vingt milles de la
féconde.
PETINA , Bereum. Jornandès nomme ainfi deux
lieux aux environs de la Thrace , Se quelques manu-
ferits portent en un feul mot Petinnabera. Ce mot , dit
Ortelius, Thef. ne feroit-il point corrompu de deux au-
tres , favoir de Retiaria Se de Béroé ?
PETINESCA, Pranestica , Petinesta Se Pire-
nestica. Les différens manuferits d'Antonin , itiner.
nomment ainfi une ville qui fe trouvoit fur la route de
Milan à Mayence , en prenant par les Alpes Pennines.
Elle étoit entre Aventicum Helvetiorum Se Salodurum ,
à treize milles de la première , & à dix de la féconde.
Simler veut que ce foit préfentement la ville de Bu-
rcn.
PETING, ville de la Tartarie, dans le pays d'Igour
au nord. Elle avoit fous fon diftricl: les trois villes de
Kin-Muon , de Pouloui Se de Luntal. * Hifl.génèr. des
Huns , par M. de Guignes , /. 1 1.
PETIRGALA , ville de l'Inde, en-deçà du Gange,
félon Ptolomée , /. j.c. 1.
PETIT-BOURG, château de France, dans le gou-
vernement de l'Ifle de France. C'eft une maifon très-
agréable Se meublée magnifiquement. Elle appai tenoir
autrefois à madame de Montespan. Louis XIV y cou-
choit en allant de Verfailles à Fontainebleau. Louis
XV y féjoumoit aufli s mais elle a été démolie depuis
quelques années. * Piganiol , Defc. de la France , t. 2.
p. 648.
PETIT MORIN , rivière de France , dans la Brie.
Elle parte à Montmirail. Voyez, Morin.
PETIT-PARADIS, lieu de l'ifle de S. Domingue,
à la côte occidentale du quartier du Nord , entre
l'ance à Perle & le port à Pimont.
PETIT PERIGNY , bourg de France , dans la Tou-
raine , élection de Loches. Il y a un château avec ti-
tre de châtellenie.
PETIT-ROI , rivière Se habitation de l'ifle de la
PET
PET
Martinique, à une demi-lieue au fud-oueftdu bourg du
Preschenr. Le nom de Peùt-Roi vient de celui d'un
des premiers maîtres de l'habitation.
PET1TARUS, rivière quelque part aux environs de
l'Etolie. C'eft Tite-Live,/i 43. qui en fait mention.
PETIVARES, fauvages de l'Amérique méridionale ,
dans la partie feptentrionale du Brefil , où ils poiTe-
dent une fpacieufe contrée. Ils ne font pas fi cruels ,
ni fi farouches que leurs voifius , Se ils fouffrent vo-
lontiers que les étrangers les fréquentent. Oeil une na-
tion guerrière. Ils font de moyenne taille , & fe mar-
quent tout le corps d'une façon qui leur efi particu-
lière. Ils fc percent les lèvres avec une corne de chè-
vre, & mettent de petites pierres vertes dans les trous ,
qu'ils s'y font faits , ce qui leur paroît un grand orne-
ment. Ces peuples n'ont aucune religion , Se prennent
autant de femmes qu'ils en peuvent nourrir -, mais il
n'eft pas permis aux femmes d'epoufer plufieurs maris»
fi ce n'eft que le premier leur permette publiquement
d'en prendre un fecend qu'elles choififfent alors à leur
gré. Ils ne font aucun ulage des habits , vivent de ra-
cines Se de chafle. Pendant la groffeffe des femmes ,
le mari ne tue aucune bête femelle , craignant de faire
mourir l'enfant que fa femme porte. Lorsque la femme
eft accouchée , le mari fe met au lit, Se fes autres fem-
mes ont foin de lui. Quand ces fauvages vont à la
guerre, les femmes portent les vivres fur leur dos
dans des corbeilles, Se s'il arrive qu'ils fartent des pri-
sonniers, ils les tuent Se les mangent. Leurs villages font
fort peuplés. Ils ont chacun leurs champs féparés , qu'ils
ont foin de cultiver. * Corn. Dict. De Lan , Defc.des
Indes occ. 1. 16. c. 4.
Comme de rifle , dans fa carte du Brefil , ne con-
noît point les Petivares , je foupçonne ou que ce font
les mêmes que les Petiguares , ou que ce font les ha-
bitans du pays de Petaguei qui demeurent effeétive-
ment vers le nord du Brefil. Il y a d'autant plus d'ap-
parence à cela que de Laër, qui parle des Petivares ,
ne fair aucune mention du pays de Petaguei.
PETKUM, feigneurie enOit Frife, dans le baillia-
ge d'Embden.
PETNELISSUS. Voyez. Pednelissus.
PETOR. Voyez. Pethor.
PETORSI , peuples de la Libye. Etienne le géogra-
phe dit qu'ils habitoient un grand pays, Se qu'ils étoient
nombreux. Ce font les mêmes peuples que Pline appelle
Perorsi. Voyez, ce mor.
PETOVIO, Poetovio, Petevio, Petavio, Pe-
tobio , génitif onïs , Se P/Etovium, ville de la Hau-
te-Pannonie. Tuve, Hîftor. I. 3. c. 1. dit que la trei-
zième légion avoir fon quartier d'hiver à Petovio ; Se
Ammien Marcelin, /. 14. c. 37. qui écrit Petobio ,
dit que cette ville étoic dans la Norique; mais Ptolo*
mée , /. z.c. 15. la place dans la Haute-Pannonie. La
pofïtion que lui donne l'itinéraire d'Antonin Se la rable
de Peutinger fait juger que c'eft aujourd'hui la ville de
Petau ou Pettau, fut la Drave. Selon les anciennes
inferiptiom la véritable orthographe du nom de cette
ville cil Poetevio ou Poetovio. Voyez, le Recueil de
Grittcr , p. 266. n. 5. p. 529. n. 5. p. 553. n. 8. p. 766.
n. 2.
PETOUNE, ville de la Tartane Chinoife, dans la
province de Kirin , fur la rivière de Songari, à quaran-
te-cinq lieues au nord-oueft , Se au-deffous de Kirin. *
Atlas , Robert de Vaugondy.
1. PETRA. Ce mot en grec Se en larin veur dire
une roche , un rocher , ou une pierre. On l'a appliqué
à différens lieux , à caufe de leur fitnation fur un ro-
cher , ou parce qu'ils étoient environnés de rochers ,
ou parce qu'ils avoient quelqu'autre rapporr à un ou plu-
fieurs rochers.
2. PETRA , ville de la Paleftine. Voyez, l'article fui-
vant.
3. PETRA, ville capitale de l'Arabie Pérrée. Elle
eft attribuée à la Paleftine , dans les anciennes notices
eccléfiaftiques , Se étoit capitale de ce qu'on appelioit la
troifiéme Palefline. Eufébe& iaint Jérôme étendent auffi
quelquefois la Palefline jusqu'à la mer Rouge ÔV jusqu'à
Elarh, ville fituée fur cette mer, de forte qu'elle com-
prenoit & l'idumée Se l'Arabie Pétrée. Mais il n'en
ctoit pas de même dans les fiécles précédent L'ancien
nom de Petra ctoit, dit-on , Rektm , ou comme Jo-
fephe , Antiq. I. 4. c. 4 «y 7. & Eujeb. Se Hïeronym, ad
Arkem, lifent Arké , ou Arkémé, ou Arkcm. Jo-
fephe , Amiq. I. 4. c. 7. p. 1 17. dit que la ville de Re-
kem tue fon nom d'un roi de Mad.an, nommé Re-
kem. C eft celui dont parle Moïie , nièm. 31,8. Mais
on ne trouve nulle part dans l'écriture Rcken, , com-
me un nom de ville. Dans le quatrième l.vre des Rois,
'" -%4J Ir c , d^u>Aniafias> roi de Juda , ayant
pris d ajjaiu Sela ( le rocher , k pierre , ) il lui donna
le nom de Jcttehel quelU porte, dit l'auteur, encore
aujourd hm. On croit communément qu'il veut parler
de la ville de Petra , capitale de l'Arabie Pétrée ; mais
cela n'eft pas certain. Amaiïas put prendre d'aiïaut un
rocher, Sela , où les Iduméens s'étoient retirés, Se
donner enfuite à ce rocher le nom de Jecrehel ouJe-
ctahel, c'eft a- dire , l'obétjjance dit Seigneur. Le nom
de Petra , en grec , lignifie une roche , & il fut appa-
remment donné à cette ville , à caufe de fa fituation
fur un rocher , ou parce qu'elle eft environnée de ro-
chers , ou parce que la plupart de fes maifons font , dit-
on , creufées dans le roc. Elle eft auffi nommée dans
les anciens Agra , ou Hagor , d'où eft venu le nom
àes Agréens, ou Agaréniens. Mais je ne trouve pas non
plus ces noms dans l'écriture , à moins que ce ne foit le
Sela qu'on ttouve dans le quatrième livre des Rois ,
ebap. 14. v. 7. Se dansjfaïe , 16 , n Se 42. 1 1. Stra-
bon, /. 16". dit que Petra étoit la capitale des Naba-
théens, que les Minéens Se les Gerréens y apporroient
leurs parfums , pour les débiter ; que la ville étoit fi-
tuée dans une plaine remplie de jaidins , Se arrofée
de fontaines, mais toute environnée de rochers. Pline,
/. 6. c. 28. en parle à peu près de même. Le géogra-
phe de Nubie, Nubiens, Climat, part. c. dit eue la
plupart des maifons étoient creufées dans le roc. Hé-
rodien , /. 5. p. ;z8. l'appelle Atra , Se dit qu'elle eft
affife fur la pointe d'une montagne très haute, & que
c'étoit la capitale des Agaréniens. Quelques géographes
croienr qu'il y avoir plufieurs villes du nom de Petra.
Jofephe, Antiq. I. z.c. 2. /. 4. c. 4. p. 1 10. parle de
Petra, fituée dans le pays des Amalecires , qui eft la
même que Rekemi mais il la confond avec Petra , fi-
tuée dans le pays des Madianites. Enfin , je crois qu'il
faut dUiinguer Petra ou Sela , dans le pays de Moab,
ou dans l'idumée orientale, laquelle fut depuis appel-
lée Jectahel, de l'autre Petra, nommé Rtkem , fituée
dans l'idumée méridionale , ou l'Arabie Pétrée , ou dans
le pays des Amalecites. Strabon, /. 16. fixe cette der-
nière à quatre journées de Jéricho, à cinq du bois de
Palmiers , qui eft fur la mer Rouge. Pline , /. 6. c.
28. la place à fix cens milles de Gaze, Se à cent vingt-
cinq milles du golfe Perfique ; mais Cellarius Se Reland
croient qu'il faut lire à cent vingt cinq milles de Gaze ,
Se fix cens milles du golfe Perfique. Ortelius , Tbefaur.
met une ville Petra dans l'Arabie Heureufe ; mais il
n'y en a jamais eu de ce nom. Cette ville , que quel-
ques-uns appellent Herac ou Karac, eft fur les frontiè-
res de la Paleftine , au bord de la rivière de Safla , qui
fe rend dans la mer Morte. Sa fituation eft au 30 deg.
30 minutes de latitude Se au 53 deg. 30 minutes de
longitude.
4. PETRA, lieu de l'Elide. Paufanias, /. 6. c. 24.
le place au voifinage de la ville Elis. Il dit que le fé-
pulcre de Pyrrhon , fils de Piftocrate , étoit dans ce
lieu.
5. PETRA , lieu de la Cappadoce. C'eft Théophra-
fle, ///?. Pantar. /. 8. qui en fait mention.
6. PETRA , ville de laColchide, au pays des La-
ziens. PetrÉe, dit Procope , Perficor. I. 2. c. iy Se 17.
n'étoit autrefois qu'un village fans nom , fur le rivage
du Pont-Euxin ; mais il devint une ville confidérable ,
fous l'empereur Juftinien , qui le fortifia St l'embellir.
Le même hiftorien dit que ce ptince ayant donné la
charge de capitaine des Laziens, à un homme de for-
tune appelle Jean, Se fiunommé Tzibès, cer homme
qui n'avoir guère d'autre mérite, qu'une adrefle ex-
traordinaire à inventer de nouvelles fortes d'impofi-
ri'dris, lui perfuada de bâtir dans la Lazique , la ville
de Petra , où il pût demeurer comme dans une ci-
28
PET
PET
tadel-le , pour enlever tous les biens de ces miférables
peuples. .Juftinien n'eue pas fait ce qu'il fouhaitoit ,
qu'il ne permit plus aux marchands d'acheter ailleurs du
fcl , & d'autres provifions neceflaires , pour les porter
dans la Colchide. 11 y établit outre cela un monopole ,
& fe rendit feul arbitre du commerce , achetant tout ,
Se le revendant au prix qu'il lui plaifoit. Les peuples
à la fin , lafles de ces violences , fe donnèrent à Cos-
roès , qui vint avec une armée pour prendre cette ville.
11 y avoir alors à Pétrée une garnifon Romaine. Cos-
roès y envoya Aniavéde avec des troupes , pour la
prendre d'aflaut. Averti de l'approche des ennemis ,
le gouverneur défendit à fes foldats de fortir de la place ,
& même de fe montrer au haut des murailles , & leur
commanda de fe tenir proche des portes avec leurs ar-
mes, fans faire de bruit. Cette rufe trompa les Per-
fes, qui ne voyant, ni n'entendant point de gens de
guerre , s'imaginèrent que la ville étoit abandonnée , ôc
y drefferent auffi tôt les échelles ; mais les Romains fi-
rent alors une furieufe fortie fur les Perfes, qu'ils mi-
rent en fuite. Cosroès ne fe rebuta point par cet échec.
Il aifiégea la place dans les formes , & le gouverneur
ayant été tué , il la prit de cette manière. Pétrée étoit
entièrement inacceffible, tant du côté de la mer, que
de celui des rochers. Il n'y avoit qu'une avenue très-
étroite, entre deux montagnes. On avoit élevé de ce côté-
là un grand mur, depuis une montagne jusqu'à l'autre,
éc on avoit conftruit deux tours d'une pierre dure , &
capable de réfifter au bélier. Les Perles minèrent une
de ces tours , & après avoir détaché plufieurs pierres
des fondemens , les étayerent 8c mirent le feu aux étais.
La tour tomba alors , & la garnifon , qui ne pouvoit
plus fe défendre , capitula.
7. PETRA. Baudrand après Niger croit que c'eft au-
jourd'hui Laciii , bourg de l'Albanie , fur la côte de la
Macédoine , fuivant Céfar & Lucain :
Quemqne vocat Collem Taulantius in cola Pc tram
lnfedit Cafiris.
8. PETRA , forterefle de la Macédoine. Tite-Live ,
/. 44. c. 32. & Plurarque , in JEmilio , font entendre
qu'elle étoit au voifinage de la ville de Pythium.
9. PETRA, ville de Sicile. Ptolomée , /. 3. c. 4. la
place dans les terres , entre Enna &c Megara. Dans
l'itinéraire d'Antonin , elle eft nommée Pétrins , &
placée fur la route d: ' Agrigentum à Lilybxum , entre
Comiciana & Pyrama , à quatre milles de la première ,
& à vingt-quatre delà féconde. Siliits Italiens l'appelle
Petr&a -, mais il fousentend le mot Urbs. Le nom des
habitans étoit Petrini , félon Pline, /. 3. c. 8. &
Cicéron, Frum. Orat. c, 39. Niger dit, qu'on nom-
me préfentement cette ville Petra-Patria ; mais Léan-
der en fait deux lieux différens , l'un appelle Petralia
in Monte &c l'autre Petralia-Sottana.
10. PETRA , ville de la Piérie. Voyez. Tetra , n. 8.
11. PETRA, ville dans lifte de Metelin. De Tour-
nefort , Voyage du Levant , lettre 9. nous apprend que
Petra n'elt plus aujourd'hui qu'un méchant village,
avec un port. Il y avoit à Petra de grandes richeflcs ,
quand elle fur pillée par le capitaine Hugues Crévclie-
res , l'un des bons hommes de mer , qui depuis long-
tems enflent paru dans l'Archipel. Il avoit trouvé moyen
d'armer un gros navire , & douze ou quinze bâtimens
de toutes grandeurs , avec lesquels il s'étoit rendu fi re-
doutable , que dans toute la Turquie , on ne parloit que
de Ces exploits. En 1676 , le 12 de Mars, il entreprit
fon expédition la plus hardie , & celle qui fit le plus de
dépit aux Turcs : 800 de ces aventuriers débarqués à
Metelin , fur le foir traverferent fans bruit trois lieues
de pays , & vers le minuit escaladèrent le rempart de
Petra par deux endroits , avec de grands cris. Les Turcs
effrayés , n'eurent que le tems de fauter du lit , & de
fe fauver tout nuds où ils purent. Les maifons de-
meurèrent pendant trois heures à la discrétion de ces
pirates , qui après le pillage , retournèrent avant le jour
à leurs vaiffeaux, avec cinq cens esclaves, fi chargés
d'argenterie , de riches veftes , de tapis de foie , & d'é-
toffes précieufes de toutes fortes , fans les pierreries &
i'or monnoyé , dont les foldats s'étoient accommodés,
que Crévelieres lui-même , qui gardoit la rade avec
fon vaifleau, fut furpris de voir tant de richeffes.
12. PETRA ACHABRON , ville delà Galilée Su-
périeure, félon Joiephe , de Bel. I. 2. c. 25. Voyez, au
mot Charabé,
13. PETRA DESERTI, ou Sela. Voyez. Petra,
». 3.
14. PETRA DIVISA. Le premier livre des Rois,
c. 11. v. 28. donne ce nom au rocher , ou à la mon-
tagne du défert de Mahon. On appella Rocher de
Séparation, ou Petra Divifa, le rocher que Saù'I
côtoyoit d'un côté * tandis que David le côtoyoit de
l'autre > pour s'empêcher d'être pris.
15. PETRA MAR1CORUM , château de la Ligu-
rie , félon Ortehus. On croit que c'eft aujourd'hui Pie-
tra Marizzi. Voyez, ce mot.
16. 3 ETRA SANGUINIS. Procope dit , Goth. I.
1. c 28. Les montagnes de la Lucanie, qui s étendent
jusqu'au champ Bruticn, s'approchent fi fort l'une de
l'autre, qu'elles ne laiflent que deux pas, dont l'un
fe nomme en latin Petra Sanguïnis , la Pierre du Sang,
& l'autre eft appelle par ceux du pays halula.
PETR.E TRACHINI/E, montagnes qui environ-
nent le territoire de la ville de Melis , dans la Trachi-
nie , contrée de la Pthiotide , félon Hérodote. Voyez.
Trachinia.
PETRjEON , ville des Laziens , nommée aufiï Ju-
ftiniana, du nom de l'empereur Juftinien. Il parok
que c'eft la même que Petra. Voyez, ce mot , n. 2.
1. PETRALIA, bourg de Sicile, dans le Val Dé-
molie , dans les terres , au midi du mont Madonia , fur
une petite rivière de même nom , au midi oriental de
Polizzi. Ce lieu eft compofé de deux bourgs féparés,
dont l'un eft le haut Petralia & l'autre le bas. Ce bourg
eft l'ancienne Petra. Voyez. Petra , n. I. * Atlas ,
Robert de Vaitgondy.
2. PETRALIA , rivière de Sicile , aux confins du
Val de Mazara , qu'elle fépare du Val Demone & du
Val de Noto. Elle a fa fource dans la monragne Ma-
donia , à l'orient de la ville de Polizzi. Son cours eft
du nord au fud en ferpentant ; mais elle ne conferve
pas fon nom jusqu'à la mer •■, car après avoir reçu les
rivières Pillizaro , g. & Rcfuttana , d. elle fe perd dans
la rivière nommée Fiume Salfo , qui a fon embou-
chure fur la côte méridionale de l'ifie , près d'Alicata.
* Atlas , Robert de Vaugondy.
PETRAMALA , bourg du royaume de Naples,
dans la Calabre Citétïeure. Il n'eft pas fort éloigné
de la mer Inférieure. On le trouve entre Amantea ,
au nord occidental , & Martorano', au midi oriental.
On croit que c'eft l'ancienne Cleta. Voyez. Cleta. *
Magin , Carte de la Calabre Ultérieure.
PETRAS. Voyez, Pelion.
PETRAYA, maifon de plaifance du grand duc de
Toscane , près de Florence. En fort an t de cette ville
par la porte de Prato , on trouve deux maifons de
plaifance du grand duc , affez voifines l'une de l'au-
tre. La première, qui fe nomme Petraya , eft fur une
élévation médiocre , qui fait partie de la montagne
Morelloj c'eft un agréable féjour pendant le prinrems.
On y trouve de fort belles peintures , qui repréfen-
tent quelques actions de Cômc I , & de Ferdinand
II , grands ducs de Toscane. Les jardins font en terras-
fes. Du côté du fud, il y a un vignoble très renommé.
La partie occidentale de la colline où eft ce vignoble ,
eft occupée par des Carmes réformés , de la congréga-
tion de Mantoue , & dont l'eglife eft dédiée à fainte
Lucie , appellée Della Castellina. C'eft le noviciat.
de ces religieux. * Labat , Voyage d'Italie , t. 7. p. 237.
1. PÉTRÉE. Voyez. Arabie.
2. PÉTRÉE ( La ) , abbave de France , dans le Ber-
ry. Elle eft de l'ordre de Cîteaux. André de Chauvigni
en fut le fondateur en 1445. Elle a deux mille livres de
revenu.
PETREI & Petrenses. Voyez. Petra , n. 9.
PETRENSIS FUNDUS, lieu de l'Afrique propre.
Ammien Marcellin , /. 29. c. y qui en rapporte la rui-
ne , dit qu'il avoit été bâti en forme de ville par le
feigneur de Salmace , frère de Firmus.
PETRESSA. Voyez. Pvtho.
PETRI ANA,
PET
PET
PETRIANA, ville de la Grande Bretagne * ïclon
la notice des dignités de l'Empire. C'eft préfentemenc
Petril , félon Cambden.
PETRIDAVA. Voyez. Petrodava.
1. PETRINA Se Pétrin i. Voyez, Petra , n. il.
2. PETRINA , lac de la Morée , dans la Sacanie,
au midi d'Argos, Se à une aflbz petite diltance du gol-
fe de Napoli. On le prend pour le lac Lern^c des an-
ciens. Voyez, Lerna , ». 2.* De IVu , Atlas.
3. PETRINA , bourgade de la Morée , dans la Sa-
canie, fur le bord méridional du lac de même nom.
* De Wît , Atlas.
PETRINIA, petite ville de la Croatie. Elle a pris
fon nom de la petite rivière Petrinia, qui fe rend dans
la Kulpe, fur laquelle elle eftfftuée. Elle fut bâtie par
Affan Bâcha en 1J92. L'année fuivante elle futalfié-
gée en vain par Robert d'Eggenberg , prife Se rafée le
35 Juillet IJ94, par l'archiduc Maximilien. En i;y;,
comme les Turcs la rebâtiffoient , le même Eggenberg
la prit Se y mit une garnifon. Les Turcs vinrent l'y
ameger en Septembre 1596, Se furent repouflés avec
perte par Jean Sigismond d'Ebcrftein : malgré cela, ils
firent au mois de Novembre une nouvelle tentative
fur cette place , dont ils furent encore obligés de laitier
la jouiffance aux Chrétiens. Les Turcs, qui lî repri-
rent quelque tems après , la fortifièrent en 1702, mais
l'empereur la leur a enlevée Se la poiTede aujourd'hui.
* Atlas , Rouen de Vaugondy. Der Donauftratid , p.
92.
Chraftowitz , autre fortereffe dans le voifinage , au
confluent de l'Oder Se de la Kulpe , a toujours eu fa
part du bonheur ou du malheur de Petrinia. Leurs ré-
volu; ions font les mêmes.
PETRINUM SINUESSANUM, lieu d'Italie, dans
la Campanie. Horace, /. 1. epft.5. v. f. en fait men-
tion dans fes épures. Quelques-uns veulent quecefoit
une montagne qui commandent la ville de Sinuefle , où
il y a maintenant une ville avec citadelle, appellée com-
munément Rocca di Morue Dracone , Se qui fe trouve
en effet auprès des ruines de Sinuefle. D'autres difent
que c'étoit un village du territoire de Sinuefle , vil-
lage qui étoit célèbre , non par la bonté de fes vins ,
mais par la quantité qu'il en produifoir.
PETRI-VARADIN , ou Peter-Varadin , ville de
la Baffe-Hongrie , dans le duché de Sirmium, fur la rive
droite du Danube , entre Belgrade Se Illok. On l'ap-
pelle encore Petrowar Se Peter-Wardein , tous
noms qui lui ont été donnés par rapport à fa conftru-
ction , Se qui lignifient qu'elle eft comme un château
de pierre. Les Turcs en ont été maîtres fort long-rems.
En 1688, ils conftruifirent , près de cette place, un
pont de bateaux fur le Danube , pour le paffage de
leurs troupes ; Se le grand-vifir y demeura fort long rems
campé , après qu'il eut été défait proche de Mohacs.
Depuis ce tems l'empereur a repris Pétri- Varadin fur les
Turcs, & le poiTede actuellement. * Atlas , Robert de
Vaugondy.
PETROA , lieu de la Bithynie , félon Orrelius ,
Thefaur. qui cite Cédrene. Ce lieu étoit au voifinage de
Nicée.
PETROCHOUS, lieu de la Bœotie. Plutarque, in
Sylla , le met aux environs de Thurium.
PETROCHUS. Voyez, Petrachus.
PETROCOR11 , peuple de la Gaule , dont Jules Cé-
farfait mention parmi les Celtes , Se qu'Augufte comprit
depuis dans l'Aquitaine. Ils habitoient les pays que ren-
ferment les diocèfes de Périgueux Se de Sarlat ; car Sar-
lat a été tiré de l'ancien diocèfe de Périgueux. Dans Pli-
ne, /. 4. c. 19. qui dit Antobroges , Tarneqae Amne
discreti à Tolofanis Petrogori ; au lieu d' Antobroges , il
faut lire Nitiobriges , Se mettre une virgule après To-
lofanis; car ce font les Antobroges , ou plutôt les Ni-
tiobroges, aujourd'hui l'Agenois que la rivière de Tarn
féparoit des Touloufains , Se non pas les Petroguri , ou
Petrocorii, qui ne touchent ni au Tarn, ni aux Tort
loufains , l'Agenois fe trouvant entre deux. Le nom mo-
derne de ces peuples eft corrompu de l'ancien. On les
appelle préfentement Perigourdins ; le pays fe nomme
Périgord , Se leur capitale Périgueux. *Samfo?>} Re-
marque fur la carte des Gaules.
PETRODAVA , ville de la Dacie , félon Ptoloméc *
/. 5. c. 8. qui la place entre Carfidauu Se Uipianiim ; les
interprètes lifent Pei rou an a.
PETROMANTALUM, ville de la Gaule Lyonnoi-
fe. L'itinéraire la met fur la route de Cxfarom..gus à Lu-
tetia , entre Cxfaromagus Se Brivanifara , a dix-fept
milles de la première , Se à quatorze de la féconde. Sa
pofition , dit Orrelius , thef. tombe aux environs de la
ville de Pontoife. Le père Briet Se Baudrand croient que
c'eft aujourd'hui Magny, petite ville du Vexin Fran-
çois.
PETRONEL. Corneille , Dïtl. dit : Ville de Hon-
grie, fituée à l'endroit où la rivière de Marck fe jette
clans le Danube. Edouard Brcwn , médecin Anglois ,
dans fon voyage de Vienne à Lariffe, p. 34. dit : On croit
que c'eft Petronel qu'on appelloit autrefois Carnun-
tum. Voyez, ce mot. Il ajoute qu'il y a trouvé une très-
grande quantité de médailles , d'infeription , Se de vieux
reftes d'un ancien aqueduc, ou plutôt d'un très-beau
bâtiment , qu'il avoir pris pour un temple de Janus ;
mais qu'on lui avoit dit être un arc de triomphe, érigé
en mémoire d'une grande victoire, que Tibet e avoit
remportée fur les Pannonicns Se les Dalmatiens , la
neuvième année de Notre Seigneur. L'empereur Anto-
nin le Philofophe demeura trois ans à Carnuntum,
pour y donner les ordres néceffaires , par rapport à la
guerre qu'il avoit entreprife contre les Marcomans ;
Se ce fut aufli le lieu où les légions , qui croient en
Allemagne , élurent Sévère pour empereur. Attila,
roi de Hongrie, ruina entièrement cette belle & an-
cienne ville. On y voit encore des marque; de fon an-
cienne grandeur ; car quoique l'herbe croifte à préfenc
dans l'endroit où étoit Carnuntum; cependant en ob-
fervant un peu les chofes de près , on remarque les ion-
demens des maifons, aufli bien que les rues : Je tour
tems on y a trouvé une grande quantité de monnoies
romaines, Se on en trouve encore aujourd'hui en fi
grand nombre , qu'il n'y a point de mitérable payfan
qui n'en ait.
PETRONELL , ifle dans la Ba r Autriche , avec un
château Se un bois appartenais aux maifons de Traun
Se d'Abensberg.
PETRONIA , rivière d'Italie. Feftus dit qu'elle fe
jettoit dans le Tibre , Se qu'elle fervoit à prendre les
Augures.
PETROPOLIS, ville dont il eft parlé dans le Code
Théodofien , th. l$.de Operib. publicis.
1. PETROSACA, lieu de l'Arcadie, félon Paufa-
nias , l.%; c. \z. qui le place à quarante llades de la
fontaine OJfa. 11 ajoute qu'il étoit aux confins des
Mégalopolites Se des Mantiniens.
2. PETROSACA , contrée de l'Arabie. C'eft Etienne
le géographe qui en fait mention.
PETROSSA , ifle fur lacôte de la Cilicie, félon Etien-
ne le géographe Se Suidas.
PETROWITZ , feigneurie fur la rivière d'Olfa, dans
le duché de Teschen , en Siléfie.
PETTAN , ou Patan. Voyez. Patan.
PETTAW , ou Petau, ou Pettau» Petovia , an-
cienne ville d'Allemagne, au «ercle d'Autriche, dans
la Baffe-Stirie , fur la Drave , à quarante-trois lieues
fud de Vienne. Elle eft nommée Duji par les Wcndesou
Sclavons , qui font en grand nombre dans le voifinage.
Cette ville eft ancienne , Se fubfiftoit du tems des Ro-
mains , qui l'ont connue fous le nom de Petovïo , diver-
fement orthographié. Voyez, Petovïo. On en peut voir
les antiquités dans l'ouvrage de Lazius , de la républi-
que Romaine , Reip. R.fol. 161 , ^Si.Jeq. 489 , 541 ,
5J9, j 93 , j9f. Elle eft à la frontière de la Baffe Sti-
rie , à quatre bons milles au fud-oueft de Rackelfpurg ,
fur la Drave , qui étoit anciennement la borne des Ro-
mains. Ammien Marcellin , /. 14. c. 37. la donne à U
Norique , mais Ptolomée , /. 2. c. \$. la met dans la
Haute Pannonie. 11 y a près de tteize cens ans (à pré-
fent près de quatorze cens ans ) qu'elle avoit un évê-
que. Elle eft petite , mais affez joliment bâtie. Il y a deux
couvens, l'un de Dominicains, Se l'autre de Frères Mi-
neurs; une églife paroiflîalc , qui eft un joli édifice;
un hôpital avec fon églife. La maifon du bailliage dans
la ville appartient à la cour. Mais la ville eft gouvei-
Tçm, IV. B b b b b b
PEV
93°
née par un magiftrat , compofé de juges 8c de confeîl-
lers -, les juges ont haute 8c baffe juftice. Après que le fié-
ge épiscopal y eut été éteint, avec le rems cette place
fur disputée par le roi de Hongrie , qui vouloir l'atta-
cher au duché de Zagrab , par l'archevêque de Saltz-
bourg , 8c par les princes de Stirie. Ottocare , roi de
Bohême & duc de Siirie , en chaffa le comte Etienne
de Zagrab , qui l'avoit prife , 8c l'occupoit au nom du
roi de Hongrie. Bêla , roi de Hongrie , vint au fecours ,
& l'affiégea ; mais une excommunication lancée par le
pape l'obligea de laiffer cette ville à l'archevêque de
Saltzbourg, qui s'en accommoda avec les princes de
Stirie , fe réfervant la plus grande partie de la jurisdi-
crion, tant fur la ville que fur le territoire. 11 vint un
troifiéme cofeigneur , favoir le feigneur de Petau , de
la maifon de Stuberg , qui eut le château , avec une
partie de la jurisdicrlon.
PETTELER, fort des Pays-Bas, dans le Brabanr
Hollandois , proche de Bois-le-Duc. * Ditt. géogr. des
Pays- Bas.
PETTEN, village de la Nort- Hollande, proche du
Zyp , fur la mer du Nord. * Dili. géogr. des Pays-
Bas.
PETTERBOROUG. Voyez. Peterboroug.
PETTERSHAUSEN. Voyez Petershausen.
PETUAR1A , ville de la Grande -Bretagne, dans le
Notthumberland. Ptolomée , /. 2. c. 3. la donne aux
peuples Fàrifî. Quelques-uns difent que c'eft préfente-
menr Peterborn3 8c d'autres difent Beverley ou Bo-
iverlac.
PETULA , 8c félon d'autres Pietola , village d'I-
talie , au voifinage de Mantoue. 11 n'eft remarquable que
parce qu'il eft au lieu où éroit Andes, patrie de Vir-
gile.
PETULANTES, peuples qu'Ammien Marcellin, /.
20. c. 4. &fuiv. nomme avec les Celtes , comme s'ils
étoienc de la même nation.
PETUNS, ou Petuneux , peuples de l'Amérique
feptentrionale , entre les trois lacs, Huron, Erié 8c
Frontenac. Cette nation fauvage étoit autrefois puis-
fante , mais elle a éré détruite. Elle avoit vingt -huit
tant bourgades que villages. Le père Jofeph de la Ro-
che d'Aillon fut leur premier apôtre. Le dernier de leurs
villages étoit à une journée des Iroquois , 8c fe nom-
moit Ovaroronon.
PETUSIA , lieu dont parle Martial , /. 4. Epigr. jj.
dans ces vers :
Turgentisque lacus Petit faque ,
Et parvA vada pur a Vetontjfe.
PETZARES , petit peuple de l'Amérique feptentrio-
nale , dans la Louïfiane , aux environs de la route que
le iîeur de la Salle tint pour aller de la baie de Saint
Louis aux Cenis.
PETZORA, province au nord de la Moscovie. Elle
s'étend le long de la mer Glaciale , vers le levant 8c le
feptentrion. La rivière de Petzora , qui lui donne le
nom , entre dans la mer , auprès du détroit de Wei-
gats , au-deffous de la ville de Pufteozjero , par fix em-
bouchures. Les montagnes que les Moscovites appel-
lent Zimnopoias , c'eft-à-dire la ceinture de la terre ,
8c que l'on croit être les monts Riphées 8c Hyperbo-
rées des anciens, couvrenr fes deux rives, &nourris-
fent les plus belles zeblines 8c les meilleurs oifeaux de
proie de tout le monde. La ville eft fort petite •, 8c le
froid eft fi grand dans cette province , que les rivières ,
qui n'y dégèlent qu'au mois de Mai , commencenr à ge-
ler de nouveau au mois d'Août. Les Samojedes font
dans le voifinage de cette province. * Oleariits, Voyage
de Moscovie, 1. 3. p. 115.
PEVAS(Les) , peuple de l'Amérique méridionale,
qui occupe une bourgade qui porte le même nom ,
fur le bord feptentrional de la rivière des Amazones ,
au-deffous de l'embouchure du Napo. On a raffemblé
dans cette bourgade des Indiens de diverfes nations
donr chacune parle une langue différente. C'eft aujour-
d'hui la dernière des miffions espagnoles , fur les bords
de l'Amazone. * Voyage en Amérique , par M. de la
Condamine.
PEX
VEVCJE , nation Scythe , vers le Danube , félon Zo-
fime , cité par Ortelius , Thef.
PEUCALEI. Voyez. Peucelaitis.
1. PEUCE, ifle à l'embouchure du Danube, félon
Ptolomée, /. j. a 10. & Pomponius Mêla, /. i.c.j.
Ce dernier dit que c'eft la plus connue 8c la plus gran-
de des fix ifles qui font à l'embouchure de ce fleuve.
2. PEUCE, ou Teuca , montagne de la Sarmatie
Européenne. Ptolomée , /. 3. e. 5. dit que c'étoit une de
celles qui renfermoient la Sarmatie.
PEUCEESSA , ifle de la mer Atlantique , félon Or-
telius , qui cite Orphée , in Argonaut. Cambden croie
que c'eft des ifles d'Albion dont il eft queftion ; mais
aulieu dePEucEESSA , il voudroit lire Leuceessa.
PEUCELA. Voyez. Peucelaitis 8c Masoga.
PEUCELAITIS, ou Peucelaotis , contrée de l'In-
de, qu'Arrien, /. 4. c. 22. place entre les fleuves Co-
phenès 8c Indus. Elle tiroir fon nom de celui de fa
capitale , que le même hiftorien dit être fituée près de
l'Indus. Strabon, /. 15. 8c Pline, /. 6. c. 17. connoiffent
cette ville , mais ils ne fe fervenr pas de la même or-
thographe : le premier écrit PeucoLtis, &le fécond Peu-
colais. Il y a apparence que c'eft la même ville qu'Ar-
rien, in Indic. c. 1. dans un autre endroit , appelle
Feucela. Les habitans font nommés Peitcolaiu pat Pli-
ne , /. 6". c. 20,
PEUCELLA , fleuve dePhrygic. Paufanias, /. 10. c.
32. dit que les peuples qui habitoient fur fes bords
descendoient des Azahes , peuples de l'Arcadie , 8c
qu'il y avoit chez eux une caverne , où étoit un tem-
ple confacré à la déeffe Cybèle.
PEUCENTINI. Voyez. Peucetii.
PEUCES. Pline, l. 4. c. 12. donne ce nom à une
des bouches du Danube , qu'il appelle Primum Oftium.
Cette même embouchure eft appellée par les autres géo-
graphes Hier on , c'eft-à-dire facrée.
PEUCEST/E, peuples qui , félon Suidas, firent ir-
ruption dans les terres du royaume du Pont , avec
les Hernies 8c les Goths. Ils habitoient près de l'iflc
Peuce. Ptolomée, /. 3. c. 5. les nomme Peucini.
PEUCETII , peuples d'Italie , appelles aufli Pediculi
par les Latins , cV Audanii par les Grecs , félon Stra-
bon , /. 6. p. 277. mais Cafaubon prétend qu'au lieu
d' Audanii il faut lire Daunii. Ils habitoient au nord
du golfe de Tarente , c'eft-à-dire une partie de la
terre d'Ocrante 8c la cerre de Barri. Leur pays eft nom-
mé Peucetia par Denis d'Halicarnaffe , /. i.p. 9. & par
Pline , /. 3 . c. 11. Etienne le géographe , au lieu de Peu-
cetii, die Feucctiantes
PEUCETI/E, peuple delaLiburnie, félon Callima-
que , ciré par Pline , /. 3. c. 21. qui die que leur pays, 8c
celui de quelques aucres peuples , écoic de fon tems com-
pris fous l'Illyrie.
PEUCII , lieu au-deffus de la ville de Chalcédeine »
félon Nicétas , cité par Orrelius , Thef.
PËUCINI, peuple de la Sarmatie Européenne , fé-
lon Tacite , de Morib, German. c. 46. 8c Ptolomée , /. 3.
c. 5. Ce dernier les place à l'embouchure du Danube.
Voyez Peucest-e.
PEUCOLAIS. Voyez. PeuceiaÏtis.
La PEULE , ou la Puele , Pabula, pays de France ,
dans la Flandre. Il eft un des cinq quartiers qui compo-
fent la châtellenie de Lille. Il s'étend entre la Deule 8c
l'Escaut. L'abbaye de Chifoin en eft le chef-lieu.
PEWSUM, bailliage de la principauté d'Oft-Frife.
Son châceau a été entièrement détruit durant les derniers
troubles.
PEXA , lac de la Chine , dans la province d'Hu-
guang, au voifinage delà ville de Ninghiang, fur la
montagne de Xepi. Ce lac eft de quarance ftades. Il
en fore quatre ruifleaux , dont l'un forme la rivière Lieu :
les autres vont fe perdre dans le fleuve Juping. * Atlas
Sinenfis.
1 . PEXE , montagne de la Chine , dans la province de
Quangfi , au midi de la ville de Clencheu : une de fes
pointes , nommée Tocieu , eft fi élevée qu'elle fe perd
dans les nues. * Atlas Sinenfis.
2. PEXE , montagne de la Chine , dans la province
de Xenfi , près de la ville de Leangtang. Cette monta-
gne eft grande 8c très-célèbre. Une tradition veut que
PEY
PEZ
LeangHocjus > général d'un grand nom parmi les Chi-
nois , s'y trouvant afliégé par les Tartares, & n'ayant
point d'eau pour donner a fou armée, fit un facrifice
a cette montagne, qui auffi-tôt produifit une (burce fuf-
fifante pour desaltérer Ces gens. * Atlas Sinenfis.
PEXINA, rivière d'Espagne, dans le royaume de
Grenade, félon Corneille qui nous apprend qu'elle fe
décharge dans la Méditerranée , au-deflus & à l'orient
d'Adra. Les diverfes cartes de ce royaume marquent
cette rivière fans la nommer.
PEXING, cité & forterefle de la Chine, dans la
province d'Iunnan, où elle a le rang de première gran-
de cité militaire. Elle cil de 16 deg. 8 min. plus occi-
dentale que Péking, fur les 26 deg. 44 min. de latitude
feptentiionale. La cité de Pexing eft indépendante des
autres villes de la province, & comme dans les villes
militaires , les foldats y habitent mêlés avec les bour-
geois. * Atlas Sinenfis.
PEXUI , ville de la Chine, dans la province de
Chenfi , au département de Sigan, première métropole
de la province. Elle eft de 7 deg. f6 min. plus occi-
dentale que Pcking » fous les 36 deg. 36 min.delatiu
feptentiionale. * Atlas Sinenfis.
PEYNE , bourg d'Allemagne, dans l'évêché de Hil-
desheim , fur la petite rivière de Fuile. Ce bourg étoit
autrefois chef d'un comté.
PEYRABOUT , paroiile de France , dans la Marche.
Elle eft fituée dans un pays de montagnes ôc de ro-
chers. Les terres font peu propres au feigle , mais on y
le me beaucoup de bled noir ôc d'avoine. Il y a un ha-
meau appelle Defaux , où le terrein eit beaucoup meil-
leur.
PEYRAC DE MINERVOIX .ville de France , dans
le Bas-Languedoc , au diocèfe de Narbonne.
1. PEYRAT, paroiile de France, dans la Marche,
élection de Guère t. Elle eit fituée partie en plaine ,
partie en monticules. Les terres font bonnes pour le
feigle, le bled, l'orge ôc l'avoine. Les pacages ôc les
foins font bons ôc fuffifans pour la nourriture des be-
ftiaux qu'on élevé , & dont on fait un bon commerce
aux foires de Chénérailles , ôc autres du voifinage. Il
y a dans la paroiile de Peyrat un bois de haute futaie
qui eit confidétable ; on le nomme le bois de la Vau-
îeille. Les religieux Bernardins de Bon Lieu font en
partie feigneurs de cette paroiile , de laquelle dépen-
dent :
Le Frefle , La Vaureille ,
Cherchaud , Vauzille ,
Le pont de Beaulieu.
1. PEYRAT , ville de France , dans la Marche , éle-
ction de Bourganeuf.
3. PEYRAT, bourg de Fiance , dans le Limoufin >
élection de Limoges.
1 . PEYRE , baronnie de France , dans le Bas-Langue-
doc , recette de Mende. Il y a dans ce lieu deux pa-
roifles : l'une fous le vocable de S. Léger , ôc l'autre fous
celui de S. Sauveur.
z. PEYRE , bourg de France, dans le Poitou , éle-
ction de Poitiers.
PEYREHOURADE, Petra-Forata, ville de Fran-
ce , dans le pays des Landes , élection de Latines , au
confluent de l'Âdour ôc du Gave , vis à-vis l'abbaye d'Ar-
ronne. Cette petite ville eft le chef lieu du vicomte
d'Aort , que d'autres appellent Orthez.
PEYRESC , lieu de France , dans la Provence , re-
cette de Guillaume. Ce lieu a donné le nom au lavant
de Peyrefc , qui en étoit feigneur, ôc qui a excellé dans
la phyiîque. Il y a dans l'étendue de la paroiile de Pey-
refc une caverne, d'où fort tous les foirs un petit vent
qui augmente jusqu'à minuit, ôc qui diminue depuis
minuit jusqu'au lever du foleil , qu'il tombe entière-
ment. On dit qu'il y a aulTi dans la même caverne des
pierres molles comme de la boue , qui dès qu'elles font
élevées de terre, deviennent de très-durs cailloux.
PEYRET, ou Eaux de Peyret , fontaine minérale,
en France, dans le Languedoc, à un quart de lieue de
la ville d'Uzès. Elle eit infipide, & la noix de galle
ne lui donne aucune teinture. On n'en tire par l'éva-
931
poration que quelque peu de marne ou de terre blan-
châtre , approchante de lacérufe, ôc qui demeure pres-
que toute fur le filtre. Comme cette matière lui donne
quelque qualité dclficative, elle eit bonne extérieurement
pour la gale , ôc intérieurement pour lagonorrhée;&:
comme elle n'eit pas chargée de fels acres , elle rafraî-
chit ôc paffe allez bien , lorsqu'il n'y a point de grand
embarras dans les entrailles. * Pigamol , Defcription de
la Fiance , t. 4. p. 116.
PEYRILLAT , bourg de France , dans le Limoufin ,
élection de Limoges.
PEYROULLES, Caftrum de Petrolio , lieu de Fran-
ce , dans la Provence , recette de Caftellane.
PEYROUSE (la), Petrosa t abbaye d'hommes, en
France de l'ordre de Cîteaux , filiation de Clairvaux
dans le Férigord , au diocèfe , ôc a fix lieues au nord
de Périgueux, fur la Dronne, à deux lieux au nord de
Brantôme. Cette abbaye fondée en 1 1 j 3 , fut renverfée
ôc pillée par les Calviniftes durant les Troubles. Elle
commence à fe rétablir.
i.I EYROUX , bourg de France dans le Poitou, élec-
tion de Poitiers.
z. PEYROUX (Les), paroifie de France, dans la Mar-
che. Elle eft fituée en plaine. Les terres produifent du
feigle , du bled noir , de l'avoine , de l'orge ôc du millet.
Les pacages & foins y font bons Ôc fuffifans pour la nour-
riture des beltiaux , dont on fait quelque commerce. Les
habitans qui font allez à leur aife, cultivent avec foin
leurs terres.
PEYRUIS, lieu de France, dans la Provence, au
diocèfe de Sifteron , avec jultice royale. On prétend que
fon ancien nom eft Viens Petronii ; ce qui a donné lieu
de croire que c'étoit la patrie du fameux Pétrone. Ce
fentimenr eft autorife par une infeription qu'on trouva
dans le territoire de Peyruis en 1560.
PEYRUSSE, Petrocia , ville de France , dans le
Rouergue , ôc le fiége d'un bailliage , qui s étendoit au-
trefois jusqu'aux portes de Rhodez. Cette ville eft fituée
fur la croupe d'une montagne , au pied de laquelle paffe
la Diége , petite rivière qui va fe jetter dans le Lot, près
de Cadenac. Peyrufle pafie pour une des plus anciennes
villes du Rouergue. L'ancienne églife eft hors de la ville.
Le cimetière eft tout joignant. Il eft rempli de maufoléeS
anciens, avec des armes. Il y en a un entre autres où l'on
voit une mitre , une croffe ôc les armes de Médicis. Il y
a dans cette ville un maire ôc trois confiais. D'anciens
actes témoignent qu'il y avoir autrefois cinq confiais ,
tous gentilshommes , ôc que le premier portoit le nom
de Médicis , ce qui a fait dire que les grands ducs de
Toscane étoient originaires de Feyruffe. Le château ap-
partient au roi. On a bâti auprès la grande églife
paroilfiale , où il y a une communauté de prêtres, qui
deflervent les obits Ôc les chapelles fondées , qui font en
grand nombre. Auprès de l'ancienne églife on voit un
rocher d'une hauteur prodigieufe, dans lequel il y a un
ancien temple , où les païens faifoient leurs facrifices.
On l'appelle aujourd'hui la Sin agogue. A la cime de ce
temple on voit deux grofles tours. On ne fauroit com-
prendre comment on y a pu monter les matériaux, puis-
qu'on ne fauroit y grimper fans péril de la vie. Le faux-
bourg qui eft au pied de la montagne , a un hôpital ôc
une chapelle dédiée à Notre-Dame de Pitié. C'eft un fa-
meux pèlerinage , où il s'eft opéré , dit-on , divers mira-
cles. Dans la même paroifie il y a une autre églife dé-
diée à faint Quentin , qu'on appelle Gaillac. On y voie
aulfi des tombeaux fort anciens. Elle eft deflerviepar un
vicaire, & on y fait les fonctions canoniales. Ci-devant
il y avoit dans la ville un prieuré de Bénédictins : mais
il a été uni à l'abbaye de Figeac. Près de Peyrufle on
trouve quantité de mines , que la tradition veut être
d'argent. Quand on y jette des pierres, on eft très- long-
eons avant d'entendre qu'elles parviennent au fond. On
a remarqué que quelques-unes de ces mines fe font bou-
chées d'elles-mêmes , ôc que d'autres fe fonr ouvertes
aulfi d'elles mêmes.
PEZ-AUGUSTA. Voyez Pax-Juua.
PEZENAS. Voyez. Pesenas.
PEZENNE (Sainte) , bourg de France, en Auvergne,
élection de Riom.
PEZINATL Voyez. Scythje.
Tom. IV. B b b b b b ij
932.
PFE
PFO
PF.
PFADELBACH , bourg de l'Allemagne dans la Fran-
conie avec un château.
i.PFAFFENHOFEN, ville d'Allemagne, dans la
Haute-Bavière, fur rilme, & au paffage de Munich à In-
golftat, entre Geifenfeld ôc Reichershofen , au départe-
ment de Munich. Elle a elle-même une jurisdicrion , fous
laquelle font compris les bourgs de Hohenwart , & de
Geisenfeld,quatre monafteresou couvens, neuf châteaux,
trois maifons de gentilshommes , dix-neuf Hoffmarcben ,
&c quelques villages & autres lieux. * Zeyler , Suev. ro-
pogr. p. 43. 11 s'y eft donné en 1745 , un combat très-
opiniâtre.
2. PFAFFENHOFEN , village d'Allemagne, dans le
duché de Wurtenberg , fur la rivière de Zaber , qui fe
jette dans le Neckre. Corneille en fait une ville.
5. PFAFFENHOFEN , petite ville de la Baffe- Alface
dans le comté de Lichttenberg.
1. PFiEFFlKEN , bourg de Suiffe , dans le canton de
Zurich, au midi de Kybourg , fur le bord d'un petit lac.
Jl ne faut pas le confondre avec un autre Pf,cffiken ,
qui eft un village avec un château appartenant à l'abbaye
d'Einlilden , & qui eft fitué vers l'extrémité méridionale
du lac de Zurich , vis-à-vis de Rapperschwyl. * Etat çr
délices de la SuiJJe. t. 2. p. 46.
2. PF/EFFIKEN , village de Suiffe, dans le canton
de Zurich. Voyez, l'article précédent.
1. PFALTZ, les Allemands nomment ainfi le Pa-
iatinat. Vt/yei ce mot.
2. PFALT2T. Quelques-uns écrivent Phaltz , châ-
teau d'Allemagne, dans le Bas-Palatinat , fur une ifle
au milieu du Rhin , entre Bacharach ôc Caub. On le
nommoit autrefois Pfaltz-Grevestein ; mais, com-
me remarque Zeyler , Suev. topogr. p. 1 1. on dit finale-
ment Pfaltz. Ce lieu a été deftiné pour percevoir les
droits de paffage. Ce château , dit il , eft petit , mais joli ,
Se bâti folidement fut la roche. Son nom ne veut dire
que le château du comte Palatin , c'eft le fens du nom en-
tier Pfaltz.-Greveftein ; ainfi ceux-là fe trompent , qui
croient , au rapport de Maty ôc Miffon , que ce châ-
teau a donné fon nom au Palatinat. Le nom de Pfaltz
eft de plufieurs fiécles plus ancien que le château.
PFEDERSHE1N, petite ville de l'éveché de Wormes.
1 . PFEFERS , ou ad Favarias, Thermo, Fabarienjes ,
FabarU, bains en Suiffe , au comté de Sargans. A demi-
lieue de l'abbaye de Pfefcrs , il y a deux montagnes , en-
tre lesquelles la Taminne a creufé fon lit d'une profon-
deur prodigieufe , ôc où elle fe précipite à travers de
rochers affreux, avec un bruit épouvantable. C'eft-là que
font, dans l'endroit le plus profond du vallon , les bains
tant vantés de Pfefers. Ils furent découverts dans le trei-
zième fiécle du tems de l'empereur Frideric II , par un
chaffeur du pays, qui cherchoit des nids de corbeaux de
bois , à travers les rochers. Au commencement on n'y
pouvoir descendre qu'avec des cordes comme dans un
puits. Dans la fuite on y a confirme un chemin, com-
pofé de ponts de bois , attachés les uns au bout des au-
nes , ôc fuspendus entre ces rochers. On y avoir auffi
fcâti des bains Se des hôtelleries. Tous ces édifices ayant
été confumés par le feu au mois de Décembre 1629;
l'année fuivante l'abbé de Pfefers fit bâtir d'autres bains
Se d'autres hôtelleries , dans un endroit plus agréable cV
plus éclairé , au-deffous de la fource. 11 fit tailler des che-
mins dans le roc , fit mettre des ponts de bois dans les
endroits où le terrein manquoit , Ôc fit faire un aqueduc
pour conduire l'eau de la fource dans les bains. Enfin cet
endroit eft à prélent très-commode ôc très-agréable.
L'eau eff extrêmement claire , fans goût ni odeur.
Elle fort toujours au commencement du mois de Mai ,
& tarit entièrement vers le milieu de Septembre. On a
remarqué qu'après un hiver pluvieux , l'eau fort de meil-
leure heure, en petite quantité néanmoins, & à peine eft-
elie tiède •> mais quand elle fort tard , elle tarit tard auffi.
On fait à peu près quand elle doit paroître : c'en eft un
figne ou pronofiic , quand on voit venir dans le grand
baffin du bain de petites ampoules d'eau , des feuilles de
hêtre, des fruits fauvages ôc une petite écume. L'eau
coule enfuite tout d'un coup avec un grand bruit , ÔC en
telle quantité , qu'elle pourroit faire tourner un moulin.
Cette eau charie les esprit les plus fubtiles de foufi e , de
nitre. de vitriol ôc de divers métaux, entre autres de
l'or. Elle eft chaude au fécond degré , ôc propre pour
diverfes maladies , foit en bain , fuit en boiffon. Elle eft
bonne contre les obftructions du cerveau ôc d<rs nerfs ,
contre les maux de tête , l'épilepfie , l'apoplexie, la fur-
dité , la foibleffe de la vue , la paralyfie , lé tremblement
des nerfs, les obftructions des viscères, les fièvres in-
vétérées, les fiftules, les ulcères ôc autres maladies.
2. PFEFERS, abbaye de Suiffe , au comté de Sargans ,
fur une haute montagne. Cette riche abbaye qui eft de
l'ordre de faim Benoît , fut fondée vers l'an 720. Ses ab-
bés portent le titre de princes de l'Empire , depuis que
l'abbé Rodolf, né comte de Montfort, reçut cet hon-
neur de l'empereur Henri VI, en 1198. L'abbé eft fei-
gneur de tout le pays d'alenrour > mais les Cantons , fei-
gneurs fouverains du pays , ont droit d'infpection ôc de
protection fur cette abbaye ôc fur fes terres. Quoique
fituée fur une haute montagne, cette abbaye eft dans un
terrein uni, au milieu d'une belle plaine , partie couverte
de bois , partie entrecoupée de prairies. La ftructure de
cette maifon eft fort belle. L'ancien bâtiment fut confu-
mé par le feu le 29 d'Octobre 1665 ■> mais il a été rebâti
avec plus de magnificence qu'auparavant. Il ert incrufté
de marbre noir , rayé de blanc , depuis le rez-de-chauffée
jusqu'au toit. On commença cet ouvrage en 1673 , ôc il
fut achevé en 1677.
PFEFER. Quelques-uns écrivent Pf^tter , petite
rivière d'Allemagne , en Bavière. Elle a fa fource affez
près d'Abach , qui eft fur le Danube, ôc après avoir ar-
rofé quelques villages , elle va fe perdre dans ce fleuve ,
au-deffous de Ratisbonne, & au-deffus de Straubingen.
A l'orient de fon embouchure eft un village de même
nom , que quelques-uns croient avoir été une place
nommée pat les Romains Vetera Castra. II y a bien
plus d'apparence que la rivière ait donné fon nom au
bourg. La reffemblance de quelques lettres n'eft que trop
fouvent le fondement d'une conjecture plus fpécieufe
que folide. * Zeyler , carte de la Bavière.
PFEFFINGEN , château de Suiffe , dans les terres de
l'évêque, titulaire de Bâle, prince de Porentru. Ce châ-
teau fitué à trois lieues de Bâle , eft bien bâti ôc bien for-
tifié. * Etat & délices de la Suijje, t. 3. p. 267.
1. PFlN , Fines ou ad Fines , petite ville ou bourg de
Suiffe , dans la fouveraineté de Tourgaw , mais qui avec
fon territoire fait un bailliage dépendant du canton de
Zurich. Pfin n'eft pas grand: en récompenfe il eft bien
bâti ôc forr agréable. On le trouve au bord de la Thour,
dans le voifinage de Stein ôc dans une campagne fertile
en bled, en vin ôc en fruits. La ville de Zurich y en-
voie un bailli pour le gouverner , ôc il y a un château
où rélide ce bailli. On prétend que l'origine du nom de
Pfin vient de ce que Cecinna , lieutenant de Vitellius ,
ayant battu les Suiffes ou Helvétiens, près de Bade., avec
le fecours des Grifons ouRhétiens, l'an 69 de Jefus-
Chrift -, ces derniers prirent de-là occafion de s'étendre
dans la Suiffe , ôc s'avancèrent jusqu'à Pfin , où ils éta-
blirent leurs bornes ou leurs frontières. Les Romains en
firent une place forte pour fervir de barrière centre les
attaques des Germains & des Helvétiens. On voit en-
core les murailles de l'ancienne ville ôc quelques autres
monumens des Romains, particulièrement des anneaux
ou bagues , ôc des médailles qu'on déterre dans les vi-
gnes du voifinage. Dans le XVI fiécle, cette place ap-
partenoit aux comtes dEberfiein, dont le dernier, nom-
mé Othon , fe noya à Anvers l'an 1576. Un gentilhom-
me,nommé Wambold, du duché de Deux-ponts, acheta
Pfin des héritiers de la maifon dEberfiein ; mais les hé-
ritiers des Wambolds vendirent cette place à MM. de
Zurich. Vis-à-vis de Pfin , de l'autre côté du Thour , on
voit Velleberg, qui eft un ancien ôc fort château. * Etat
& délices de la Siùjfe , t. 2. p. 37. & t. 3. p. 163.
2. PFIN. Voyez. Pêne, 3-
PFIRTH. Ko^cFerrette.
PFOERTON , Porta , petite ville avec un château ,
dans la Baffe-Luface en Allemagne.
PFORTEN , Porta cœli , ancien monafiere d'Alle-
magne, dans le duché de Brème, autrefois célèbre, au-
jourd'hui fécularifé.
PHA
PH;E
PFORTZHEIM , Phorca Pjorjîmium , ville d'Alle-
magne , dans la Suabe, au marquiSar de Bade-Dourlach ,
fur la rivière d'Entz qui y reçoit celle de Nagolc, aux
frontières du CraichsgoW. Ses environs font d'un côté
des prairies & des montagnes par où l'on va à la foret
Noire , 6c de l'autre côté des terres labourées & des jar-
dins. Irenicuss'eft imaginé que Phorcys , venu deTroye,
en a été le fondateur. J'ai remarqué ailleurs que c'a été
autrefois une folie afléz générale de vouloir donner aux
villes une origine Troyenne. Beatus Rhenanus dit plus
vraifemblablement que l'ancien nom étoit Orcynheim ,
nom tiré delà forêt Hercinie, nommée Orcynie par quel-
ques anciens , 6c que le fondement de ce nom efl Porta
Harcïtiia ou Hercinia , parce que cette ville efl à l'en-
trée de la forêt Noire. La ville efl bien bâtie , & a an-
ciennement appartenu aux ducs de Suabe ; mais après
la mort de Conradin , dernier duc de cette maifon,
elle vint à celle de Bade, & efl aujourd'hui à la bran-
che de Dourlach. Elle a été quelque tems du Bas Pa-
laiinat fous la régence de Heidelberg , comme le re-
marque Zeylcr. On y voit, dit cet auteur, un ancien
château , Se dans 1 eglife font les tombeaux de quelques
margraves de Bade. Le célèbre Jean Capnion étoit né
en cette ville. Baudrand , éd. 1705 , dit qu'elle a été au-
trefois au duc de Wurtenberg, qu'elle efl à deux milles
d'Allemagne 6c à l'orient de Dourlach , à huit milles
de Haguenaw, à fept de Heidelberg , & à fix de Spire.
Elle a beaucoup Souffert des dernières guerres. * Zeyler y
Suev. Topogr. p. 61. Hubuer , Geog. p. 447.
PFREIMBD, ville d'Allemagne, au cercle de Baviè-
re , dans le Nord-gow , fur un ruijfeau de même nom ,
qui a fa fource dans la Bohême au village de Profti-
borz , & qui traversant d'orient en occident le Palatinat
de Bav.ere 6c le Landgraviat de Leuchienberg , tombe
dans le Nab à Pfreimbd. La ville efl petite 6c mal bâtie ;
mais elle a un beau château de même nom hors de l'en-
ceinte. La ville , le château 6c le bailliage appartiennent
au Landgrave de Lcuchtenberg -, elle efl la capitale de
ce petit pays , 6c efl au duc de Bavière, à qui ce Landgra-
viat a été teftitué en I7i4,parlapaix deRaitadt. * Zey-
ler , Bavât. Topogr. p. 43.
Corneille ayant fait un article de cette ville , copié
de Maty , en fait un nouveau , comme s'il y avoir deux
villes de ce nom •, l'une au Landgtaviat de Leuchemberg ,
l'autre au Landgraviat de Leuhtenberg. C'eft une mé-
prife.
PFU LENDORFF , ville impériale d'Allemagne , dans
le Hegow icanton de la Haute-Suabe, fur la rivière d'An-
delsoach, qui tombe dans celle d'Ablac, 6c va fe per-
dre avec die dans le Danube ; la place eft petite avec un
petit fauxbourg. Son contingent du mois romain étoit
autrefois de cent quatre guides -, mais on l'a modéré
d'un tiers, & il ne monte plus qu'à (><) guides, douze
creutz. Li religion dominante y efl la catholique. Quel-
ques-uns croient que c'efl la Bragodurum de Ptolo-
mée. EIL a eu fes comtes particuliers. Le dernier étoit
Rudolph, qui mourut en 1180; fa fille Itha époufa
Adelben III. comte de Habsbourg. * Zeyler , Suev.
Topog. 62.
PFUNGEN , village de Suifïe , au canton de Zurich,
dans le bailliage de Kybourg, fur la rivière de Ta?/}. La
Seigneurie de ce village appartient à la ville de Wmter-
hour. Il y a à Pfungen un vieux château célèbre pour
ivoir été la réfidence de Gottfried ou Godeftoy , duc de
Suiabe, ves l'an 700 , Se celle de faint Pirminius , évê-
qie de Meaux en France. * Etat Çr délices de la Suijfe ,
t.i. p. 46.
P H.
PHABENTIA. Voyez. Faventia.
>HABIA. Voyez. Fabia.
'HABIRANUM , ville de la Germanie, dans fa par-
tiela plus Septentrionale, félon Ptolomée , l.i.c.n.
quila place entre Tecclia 6c Treva. On croit que c'efl
préntement la ville de Brème ; mais c'efl fans preuve.
HABRIS. Voyez. Fabris.
HAC1UM , ville de Theflalic : Tire-Live , /. 33 c.
13. lit qu'elle fut prife 6c pillée par Philippe, roi de
Jvlacdoine , 6c enfuite par Bœbius , /. 36. c. 13.
PIACUSSA , village d'Egypte & le chef-lieu du
933
nôme d'Arabie , félon Ptolomée, /. 4. c. j. qui lui
donne le titre de Métropole. Les interprètes de Ptolo-
mée Hfent Phacufa , 6c Strabon , /. 17. p. 80;. écrit
Phaccufa. Ne feroit ce point , dit Ortelius , le même
lieu que Guillaume de Tyr , /. 14. c. 14. nomme Pha-
cus ?
PHADANA. Ortelius , Thefaur , dit que Sozomene
6c Callille nomment ainfi le lieu où Jacob rencontra Ra-
chel , 6c ouvrit le puits pour abbreûvef fon troupeau;
Ce lieu efl nommé Haian ou Charan dans l'Ecriture
Sainte. * Genef. 29. 4.
PHADAS1A. Voyez. Padasia.
PHADISA ou 1 hadisana , petite ville de la Tur-
quie , en Afic , dans la Narolie , au pays d'Amafie ,fur la
côte de la mer Noire 6c du golfe d'Amafie, près de
l'embouchure de Caalmacn. Elle étoit anciennement
de la Paphlagonie , 6c connue fous le nom de Chadi/ia
ou Chadifta. * Baudrand , Ditl. éd. 1705.
PHADIZANA, lieu fortifié, dans la Cappadoce,
félon Arrien , i.Peript.p. 16 , qui le met à cent cin-
quante ftades du fleuve Phigamuntes , 6c à dix de la
ville Polemonïum. Ortelius, Thefaur. Soupçonne que ce
pourroit être le même lieu qui efl nommé Chadesia
par Apollonius.
PH/EACES , peuples de l'Iilyrie , dont fait men-
tion Pomponius Mêla , /. 2. c. 3.
PH/EACIA. Voyez. Corcyra.
PH^ACIS. Voyez. Oasis.
PH/ECASIA , Pline , /. 4. c . 1 2. donne ce nom à l'une
des ifles Sporades \ mais le P. Hardouin prétend qu'au
lieu de Pb&cafia il faut lire Nicafia , comme lifent
Etienne le géographe & Suidas. 11 ajoute qu'elle fe nom-
me préfentement Rachia.
PH/£D/£,lieu delà Sicile, entre MefTinecx: Leontium.
1. PH/EDRIA , vdlage de l'Arcadie, félon Paufanias,
/. 8. c. 35.
2. PH/EDRIA. Ortelius, Thefaur qui cite Suidas,
dit qu'on nommoit ainfi un rocher, au voifinage de
Delphes. C'eft ce même rocher que Diodore de Sicile
nomme Ph/Edriades Petr/ï.
PH/EDRIADES PLTKjê. Voyez. Ph^dria , n9 2.
PHi£DRUS, rivière d'Egypte : riutarque inlfide 6c
Ofïride , dit qu'elle fut delfechée par I fis.
PH/ENAGORA. ^o>«. Phanagoria.
PHvENIANA. Voyez. Febiana.
PH/ENICHA, ou Phoenica. Voyez. Bizabda.
PH/ENON. Voyez. Phennesus.
PH^SANA , ville d'Arcadie , fur le fleuve Alphée ,
félon Ortelius , Thef. qui cite Pindare , in Olympitis.
1. PH/ESTUM , ou Ph^stus , ville de l'ifle de Crè-
te . Voyez. Festo. Diodore de Sicile , l. $. c. 79. dit
qu'elle fut bâtie par Minos^ fur le bord de la mer. Ce-
pendant Strabon , /. 10. p. 479. 6c Pline,/. 4. c. 12. la
mettent dans les terres \ le premier dit même qu'elle en
étoit éloignée de vingt ftades , 6c qu'elle étoit à foixante
ftades de Gortyna. Denis de Périegete , v. 88. con-
firme ce Sentiment.
Juxta facram Gortinem & Meditcrraneam Phaeftum.
2. PH/ESTUM , ville de la Macédoine : Ptolomée ,
/. 3. e. 1 3. la donne aux Eftiotes. Ceft apparemment la
même que Tite-Live, /. 36. c. 13. dit qui fut prife par
Barbius.
PFL£SUL/£ , ou FesuljC. Voyez. FiESoti.
PH/£TELINUS , fleuve de Sicile, félon Vibius Se-
quefter , dont voici le partage : Sicilufluvius , juxta Pe-
loridem , cenfnis Templo Diana. Au lieu de Ph&teli-
nus , quelques manuferits portent Fxcelenus. J'aimetois
mieux, dit Ortelius, Thef. lire Facelinus, parce que
la Diane qui étoit adorée dans ces quartiers s'appelloit
Diana Facelina. De l'ifle , dans fa carte de l'ancienne
Sicile nomme ce fleuve Mêlas ou Facelinus , met fon
embouchure à l'orient du temple de Diane Faceline , Se
pour nom moderne lui donne celui de Nuciti.
PH^ETI ALUCI , lac de l'Artique. Wehler , dans fon
voyage d'Athènes , /. 3. p. 223. dit qu'en rodant autour
de la baie qui s'étend au nord , depuis Porto-Lione 6c
le détroit de Salamine , il arriva à un petit lac d'eau
falée Se bicumineufe , qui fe décharge dans la mer par
PHA
934
uiipeut courant que Paufanias , /. \.c. 16. appelle Scbi-
rus. 11 ajoute qu'on appelloic autrefois ce lac Pbœtialuci,
donc Paufanias t'aie les limites des Athéniens & des Eleu-
iiniens , 8c non pas de l'Attique 8c d'Eleufis , comme
l'interprète ou l'imprimeur de Paufanias fe l'eli imaginé.
Il y a auffi la une montagne au nord 8c un village des-
fus qui s'appellent l'une 8c l'autre Scirus.
Wehler auroit bien fait de nous dire en quel endroit
de Paufanias il a trouvé le mot P^tialuci, il m'au-
roit épargné la peine de l'y chercher inutilement.
PH/EUNTA, ville du Péloponnèfe , félon Diodore
de Sicile, /. ij. Elle dévoie être quelque part vers
l'Argie.
PHAG1US , ou Phegius. Voyez. Fagius.
PHAGRES, ville de la Thrace: elle étoir, félon Thu-
cydide , au pied du mont Pangarus , au-delà du fleuve
Strymon. Strabon, /. 7. p. 331. 8c Etienne le géogra-
phe en parlentauffi. l'oyez, Niphagr^e.
PHAGRORIUM , nom d'une ville dont parle Etien-
ne le géographe. Elle écoi t peut-être en Egypte , où Stra-
bon,/. 17. p. 805. met une ville nommée Phagrorio-
tolis, & un nôme Phagroriopolites.
PHAGUS , fleuve du Péloponnèfe , dans l'Elide , fé-
lon Paufanias , /. j. c. 7. Quelques manuferits portent
Buphagus 8c Puphagus. 11 y a apparence que la véri-
table orthographe eft Buphagus , puisque c'etoit , félon
Paufanias , /. 8. c. 27 , le héros Buphagus qui avoit don-
né fon nom à ce fleuve.
PHAGUS ,<t>»yoç. Ce mot en grec 8c en latin ligni-
fie un Hêtre. Homère , /. 9. v. 354. l'emploie pour dé-
signer le lieu au dehors de la ville de Troye, jusqu'où
s'avança Hector avec fa troupe.
PHAGYTRA, ville de l'Inde , en-deçà du Gange:
Ptolomée, /. 7. c. 1. la donne aux M&joli , 8c la place
dans les terres. Ses interprètes lifent Pharythra , au lieu
de Phagytra.
PHAHATH MOAB, nom d'un lieu, dans la terre
des Moabites, félon le premier livre d'Esdras, c. 2 , 6 ,
3,4, & 10, xo.
PHALACHTHIA , ville de Theffalie , félon Ptolo-
mée , /. 3. c. 13.
1. PHALACRA , ville d'Afrique , dans la Cyrénaï-
que. Ptolomée , /. 4. c. 4. la place entre Cœnopolis 8c
JMarabïaa.
x. PHALACRA. VoyezlDA, n° 1.
PHALACRA. Voyez. Ida.
PHALACRINA , village d'Italie , dans le pays des
Sabins, au-delà de Keatx. Suétone , /. 8.c. 3. dit quec'eft
un petit village 8c le lieu où naquit l'empereur Vefpa-
fien. Ortelius , Thefaur. fur le témoignage de Marins
Victorinus, dit qu'on croit que c'eit préfentement S.
Silveflrï in Ploalacrino. Au lieu de Phalacrina , l'itinc-
laire lie Palacrinum.
PHALACR1UM. Voyez. Falacrium.
i.IHALACRUS, mot Grec qui veut dire chauve.
On l'a donné à divers lieux , fur-tout à desfommctsde
montagnes qui étoient dépouillés d'arbies.
2. PHALACRUS, lieu des Indes : /Bien , Animal.
L 8. c 15. dit que ce lieu fut ainfi nommé , parce que
îe poil 8c les cornes tomboient aux animaux, lorsqu'ils
goûtoient de l'herbe qui y croiflbit.
3. PHALACRUS, ou Falacrus , ville d'Egypte.
L'itinéraire d'Antonin la met fur la route de Coptus à '
Bérénice , entre Arifto 8c Apollonus , à vingt cinq mil-
les de la première 8c à vingt trois de la féconde.
4. PHALACRUS , montagne aux environs de la
Cappadoce , félon Ortelius , Thefaur. qui cite Cons-
tantin Porphyrogénéte : Ccdrène 8c Curopalate difent
que c'eft un lieu fortifié.
PHAL^ECI , ou Fal,£Ci. Voyez, Falisques.
PHAL£SL£, ville de l'Arcadie : Paufanias, /. 8.
c. 3 $. dit qu'elle étoit à vingt ftades du temple de Mer-
cure , bâtie près de Bclemina.
PHALAGNl, ville de l'Arabie Heureufe : Ptolomée
îa place dans les terres , entre Alvare 8c S aima.
PHALAGRA, ville dans la péninfule de Pallenes,
félon Ortelius, Thefaur. qui cite Ifacius fur Lycophron ;
êc il ajoute que Phalagra pourroit être corrompu de
FhUgra. Voyez. Pallena.
PHALANA. Voyez. Phalanna.
PHA
1. PHALANNA, ville de la Perrhebie , félon
Etienne le géographe. Lycophron écrit Phalanum
2. PHALANNA, ville de l'ifle de Crète: Etienne
le géographe dit que Phagiadès le Péripatéticien étoit
natif de cette ville.
PHALANN^A, ville de l'ifle de Crète. Elle étoit
différente de la précédente, félon Etienne le géogra-
phe.
PHALANTIADE. Voyez, Tarente.
PHALANTUS , montagne de l'Arcadie. Paufanias,
/. 8. c. 3j. dit qu'on y voyoitde fon tems les ruines d'une
ville qui apparemment avoit eu le même nom.
PHALANUM. Voyez. Phalanna, n°. 1.
PHALARA, ville de Theffalie , fur le golfe Malia-
cus, félon Tite Live, /. 36. c. 29. qui dans un autre
endroit, /. 3;. c. 43. la nomme Phalarus. Pline, /.
4. c. 7. 8c Etienne le géographe écrivent auffi Pba-
lara.
1. PHALARIENSES. Voyez, Falarienses.
2. PHALARIENSES , peuple de la tribu /Eantide ,
félon Ortelius, Thefaur. qui cite Hefyche.
PHALARIS, ville de la Toscane, chez les anciens
Falisques, félon Caton , dans le livre des origines. De-
nis d'Halicainaffe , Strabon & Ptolomée écrivent Pha-
lerium. Voyez. Falere qui eft la même ville.
PHALARIUM. Voyez. Ecnomus.
LHALAR.NA , ou plutôt Phalasarna , comme
litCafaubon, dans Strabon, /. 10. p. 479. Ond.Thef.
dit que c'eft l'extrémité de l'ifle de Crète du côté du
couchant -, mais tous les anciens s'accordent à en faire
une ville. Pline , /. 4. c. 1 2. 8c Polybe , Excerpt. Lé-
gat, écrivent Fbalafame , ou Pbalafarna au nominatif
lingulier. Strabon, /. 10. p. 479. le périple de Scylax,
p. 17. 8c Dicéarque, in Creta , difent , Pbalafarna au
nominatif pluriel. Le dernier parle de cette ville en
ces termes. On dit qu'il y a dans 1 ifie de Crète une
ville nommée Phalafarna , fituée à l'occident de cette
ifle ; qu'elle a un port qu'on peut fermer , 8c in tem-
ple de Diane Diétynne. On croit que c'eft préfentement
le bourg de Contarini.
PHALARUS, fleuve de la Bœotie. Paufanias,/. 9.
c. 34. dit que ce fleuve fe jectoit dans le lac de Ce-
phife.
PHALASARNA. Voyez. Phalarna.
PHALASIA, promontoire de l'Eubée, Polomée , l.
3. c. 15. le place entre la ville Soreus > ot Oreits 8c
le promontoire Dion.
PHALBINI. Voyez. Phalagni.
PHALC1DON , ville de Theffalie , félon Ortelius ,
Thefaur. qui cite Polyen, /. 4.
IHALECUM. Voyez. Phalycum.
PHALEGANDROS. Voyez. Philocandros.
PHALEMPIN , abbaye de chanoines régulées , dans
la Flandre Wallone , au quartier de Caremban , entre
Lille 8c Douay ,à trois grandes lieues de l'une 8c :1e l'autre
de ces deux villes. * Ditl. Géogr. des Pays-Bas.
PHALERIA. Voyez, Fhalore.
PHALER1UM. Voyez. Phalaris.
PHALERNA 8c Opheltina , nom de deux tribu»
que Diodore de Sicile, /. 19. dit avoir été ajoutée à
la Pouille. Ortelius , Thefaur. croit que ces deux mots
font corrompus ; 8c qu'au lieu d' Opheltina , il faut lire
Ufentina , 8c qu'au lieu de Phalema , il faut lire Pha-
lerina.
i.PHALERUM, ancien port de l'Attique, nomnv
auparavant Thanos , félon Suidas. C'étoit , dit la Gui-
leticre , Athènes anc. & nouv. p. 109. le port de la vils
d'Athènes, avant que Thémiftocle eût entrepris defo-
tiricr celui de Pirée. 11 n'y a plus à Phalere que deuc
ou trois méchantes cabanes déferres 8c ruinées par Is
armateurs chrétiens. L'ancrage y eft bon, 8c on y mouife
à dix 8c douze braffes. Sur le rivage il y a des pus
cxcellens, où les vaiffeaux vont faire de l'eau. Del à
Athènes il n'y a que cinq quarts de lieue, 8c c'efllà
que la ville eft le plus près de la marine. Selon Wchlr,
Voy. dAihenes , /. 3. p. 208. k port appelle ancin-
nement Phalere , fe nomme aujourd'hui fimpleirnc
Porto. On y voit encore un petit port avec une pîtie
des murailles qui le fermoient ; mais il eft préfenteienc
fi rempli de fable 8c de bancs, qu'il n'y peut entreque'
PHA
PHA
«te petites barques. Le fort eft tout à découvert aux
vents de ûid en été , & aux vents d'aval en hiver , 8c
les vaifleaux qui y mouillent l'ont forcés de fe tenir au
large , parce qu'il n'y a pas de fond ; en forte que les
Athéniens eurent raifon d'abandonner ce port , pour
retirer leurs vaifleaux dans le Pirée. On voit tout proche
les ruines d'une ville & d'une forterefle qui comman-
doit le port de Phalere.
2. PHALERUM, ville de la Theffalie , félon Sui-
das 8c Etienne le géographe. Les habitans de cette ville
font appelles Phalerenfes par Strabon -, 8c Ortelius ,
Thefaur. croit que cette ville Pbalcrum eft la même
que Phaleria 8c Phalore.
PHALESINA , ville de Thrace : Pline , /. 4. c. n.
qui en parle , femble la mettre fur la mer de Thrace.
PHALGA , village qu'Etienne le géographe place à
moitié chemin, entre la ville de Séleucie , dans la Pié-
rie 8c celle de la Méfopotamie.
PH ALIGATHEUS , nom de lieu donné à deux hom-
mes, l'un nommé Théophanès& l'autre Çhryfantus , fé-
lon d'anciennes médailles rapportés, par Golrzius ,Thef.
PHALIGES , peuple d'Ethiopie , fous l'Egypte. C'eft
Pline , /. 6. c. 30 qui en fait mention.
PHALIS, ville d'Egypte , où Ofiris étoit adoré, fé-
lon Tzetzès fur Lycophron. Ortelius, Thefaur. remar-
que pourtant que le grec porte Phelais , 8c non Phalis.
PHALISCA. F^FaLERE.
PHAL1SCI. Voyez. Falisques.
PHALIUM , lieu que Plutarque , in qiuft. Gr&c'u ,
femble placer dans la Bithynie.
PH ALO , contrée , fur la côte de la mer Méditerra-
née , vers l'orient , félon Ortelius , Thefaur. qui cite
Diétys de Crète , dont il rapporte le partage de cette
forte : delata delà ad Kegïomm ejus Pha!on.;m mmïne ,
&c . mais au lieu de Phalonem. , on lit Palliochin , dans
l'édition de Dictys de Crète , /. 6. par Robert Etienne.
PHALORCHIA. Ortelius , Thefaur. qui cite Séra-
pion , dit que c'eft le nom d'une contrée , où l'on fait
un ufage fréquent du nafitort , ou creffon alenois ,
au lieu de poivre.
PHALORE , ville de la Theffalie , félon Lycophron
& Etienne le géographe: Tite-Livc , /. 36. c. 13. 8c
/. 32. c. iy. écrit Phaloria & Phaleria : & Ortelius,
Thefaur. ïbupçonne que ce pourroit être la même que
Phalerum. Voyez, ce mot.
PHALTI , dans le fécond livre des Rois , c. 23. 16.
il eft parlé de Phalti , comme d'une ville. On y fait
mention d'Hellès de Phaltj , l'un des forts de David ;
& dans le premier livre des Paralipomènes , c. 1 1. 27.
ce même homme eft nommé Hellès Phalonitès ; mais ,
dit dom Calmer , Dift. nous ne connoiflons , ni la
ville de Phalti , ni celle de Phalon.
PHALTZ , ville d'Allemagne , fur la Mofelle.
Voyez, Pfaltz.
PHALTZBOURG , petite ville de France , entre
l'Alface cX la Lorraine, au pied des montagnes de Vau-
ges , à deux lieues de Saverne, près de la rivière de
Zinzel , avec titre de principauté. Elle eft défendue
par un ancien château , (Se fes fortifications la font re-
garder, comme un pofte important «Se néceffaire pour
la communication des trois évechés de Metz , Toul 8c
Verdun , avec l'Alface. Le bois de la principauté de
Phaltzbourg comprend vingt buiflbns de foixante à
foixante - dix moyens arpens , dépendans de la maîtrife
de Metz. * Piganiol. Defcr. de la France, t. 7. p. 462.
La Principauté de Phaltzbourg eft presque toute
compofée de châteaux qui dépendent de l'ancienne fei-
gneurie de Lutzelbourg , aliénée ou démembrée du
domaine de l'évêché de Metz. Ce château de Lutzel-
bourg fut engagé l'an 1 344 , par Ademar de Monteil ,
évêque de Metz , à Bourkar ,feigneur de Feneftrange ,
l'évêque s'étant refervé le droit de rachat perpétuel
& la feigneurie directe. Quelque tems après , le fei-
gneur de Feneftrange n'eut plus que moitié à Lutzel-
bourg , dont l'évêque Théodoric de Boppart promit
de le faire jouir l'an 1381. Dix ans après , Raoul de
Couci , évêque de Mets , paya 1200 florins à Frédé-
ric de Blenkenheim , évêque de Strasbourg, pour dé-
gager Lutzelbourg engagée par Théodoric de Boppart :
cependant la moitié de cette Seigneurie éroit polTédée
9îS
par âes propriétaires qui en faifoient hommage aux
évêques de Metz ,8c ils en donnèrent leur aveu l'an
140J , à Raoul de Couci. Les évêques de Strasbourg
retenoient toujours une partie de Lutzelbourg , que
l'évêque Guillaume de Dieft s'obligea de rendre à l'évê-
que de Metz par deux aétes de l'an 1421 8c 1434.
Dans le même fiécle , les évêques de Metz ont été
reconnus par ceux qui tenoient les fiefs de Lutzelbourg ,
«Se qui rendirent aux Prélats les mêmes devoirs jusqu'à
l'an 155 1 , du tems que le cardinal de Lenoncourt étoit
évêque de Metz-, mais la feigneurie deSarebourg ayant
été démembrée pour toujours de l'évêché , les ducs
de Lorraine eurent aufli le haut domaine fur Lutzel-
bourg , 8c fur Ces villages. Ils firenr bâtir un château à
Phaltzbourg qui n'étoit pas fort , quele duc Charles
céda à la France, l'an 1661 , parle traité de Vincen-
nes , comme faifant partie du chemin royal d'Alface.
La ceffion de Phaltzbourg fut fans aucunes dépendances,
car le Roi ne devoir avoir qu'une demi-lieue de large
en fouveraineté. L'an 1 680 , après la paix de Nimé-
gue , le duc Charles qui étoit en Allemagne , n'ayant
pas voulu accepter le rraité , Louis XIV demeura en
poffeflion de toute la Lorraine, 8c fit conftruire cette
année à Phaltzbourg une très-belle forterefle , pour être
maître du paflage des montagnes de Vauges , qui fepa-
rent l'Alface de la Lorraine. Cette place lui eft demeu-
rée par le traité de Vincennes de l'an 1 661 , 8c par
celui de Ryswic -, mais, comme elle n'avoit aucune dé-
pendance , on a obtenu par le traité de Paris de l'an
1 7 1 8 , que le duc de Lorraine cédât à la France Luf-
zelbourg , 8c toute la terre de Phatlzbourg , à qui les
ducs àc Lorraine ont donné le nom de principauté , 8c
on a dédommagé le Duc par un équivalent.
PFIALYCUM ,lieu du territoire de Mégare, félon
Ortelius , Thefaur. qui cite Théophrafte , & remarque
que cer ancien , dans un autre endroit , appelle ce mê-
me lieu Phalecum.
PHAM1Z0N,& Phamizonium. Fcv^Phazemo-
NITIS.
PHAMOTIS. Voyez, Phomotis.
1. PHANA , ville d'Italie , félon Etienne le géo-
graphe. Ortelius croit que c'eft la même que Fanum
Fortiwœ. Voyez, Fano » ». i.
x. PHANA , ville de l'Etolie , félon Paufanias , /. 10.
c. 18.
PHANACA , ville de la Médie : Ptolomée , /. 6.
ci. la place dans les terres , entre Alicadra 8c Na-
z.ada.
1. PHAN^E, ifle proche de la côte de l'Ionie , fé-
lon Pline , /. j. c. 31.
1. VHANJE.Voyez, Phan^a.
PHAN/EA , promontoire de l'ifle de Chios , félon
Ptolomée , /. j. c. 2. Strabon , Thucydide 8c Etienne le
géographe l'appellent Phan/ea -, &Servius, auflî-bien
que Vibius Sequeiter , le nomme Phaneus. Quel-
ques-uns difent que le nom moderne eft Cabo Mafli-
cho : d'autres difent Panale.
t.lHANAGORIA, villede laSarmatie Afiatiqueï
Strabon ,/. 1 1. p. 49 j , 8c Ptolomée , /. 5. c. 9. la placent
fur le Bosphore Cimmérien. Thevet dit qu'on la nom-
me aujourd'hui Matriga.
2. PHANAGORIA , ifle fur la côte de la Cher-
fonnèfe Taurique , félon Etienne le géographe. Voyez.
Themiscyra.
PHANARI KIOSC: Grelot , p. 4;. & fuiv. dans
la relation de fon voyage de Conftantinople , dit : Au
forrir du golfe de Nicomédie , aujourd'hui le golfe de
Smith , on entre dans la mer de Chalcédoine , que les
anciens appelloicnt l'Océan Chalcédonien. Au milieu de
cette petite mer , qui n'a pas plus de dix lieues d'étendue ,
on trouve un grand fanal ,au bout d'un promontoire, qui
eft proche des ruines de Calcédoine. Sur ce promontoi-
re , il y a une belle maifon de plaifance du grand-
feigneur , appellée Phanari Kiosc , ou abri du fanal.
Ce mot Kiosc en langue nuque , lignifie une galerie
couverte : aufli tout ce Kiosc du fanal , de même que
presque tous les autres , ne font faits que de plufieurs
colonnes dispofées en carré, avec des galeries tout autour,
qui font couvertes d'un très grand toit aflez bas , en for-
me de pavillon. La fituation de ce Kiosc eft fort agie,*-
93* PHA
bie. Il cil d tns le plus haui d'un fore beau jardin , qui
cil le plusJlégulier de tous ceux qui fe voient en Tur-
quie : aufli a-t-il plufieurs allées tirées au cordeau, Se
quelques parterres allez bien entendus , au lieu que
la plupart des autres jardins du grand-feigneur ne
font qu'une confulion d'arbres plantés çà & là , fans
aucun ordre. Toutes ces allées abominent au Kiosc
ou pavillon , d'où l'on a fort belle vue. On découvre
de cet endroit la meilleure partie de là ville de Con-
ftantinople , du grand Serrail Se de Galata. L'agréable
-dispofuion de ce lieu , engagea Soliman II d'y faire
bâtir ce Kiosc , pour y aller fe divertir avec une partie
de fes fultanes. Il y alloit fouvenc fe délaffer des fati-
gues de la guerre.
Le fanal qui eft proche de ce Kiosc , fert aux vais-
feaux qui arrivent de nuit à Conitantinople , ou aux
barques qui veulent donner fond proche de cette côte.
PHANARION , cap de la Romanie , nommé par
les anciens Panïum Promontorium. Les Grecs moder-
nes , accoutumés à terminer presque tous leurs noms
en dpicv y de çuvoç , qui fignifie un phare , ou fanal ,
ont formé le mot Phanariiim. Il y a en effet fur la
pointe la plus élevée de ce cap une tour octogone, au
haut de laquelle on allume toutes les nuits du feu pour
guider les barimens. Le cap Phanarion eft à l'entrée du
Bosphore de Thrace , du côté de la mer Noire.
1. PHANAROEA , lieu fortifié , dans la Cappa-
doce , félon Strabon , /. 12. p. 547. Se Pline , /. 6. c. 3.
Ce dernier dit que Phanaroea fe trouvoit à la fource
du Thermodon.
2. PHANAROLA , ville de la Phocide , félon Tite-
Live, /. 32. c. t8. qui dit qu'elle fut prife par les Ro-
mains. Mais les meilleures éditions , au lieu de Phana-
roea portent Phanotea : ainfi il fe pourroit bien faire
que cette ville feroit la même que Phanoteus. Voyez
ce mot.
PHANASPA , ville de Médie : Ptolomée , /. 6. c. 2.
•la place dans les terres , entre Phafaba Se Curna.
PHANDANA , ville de la grande Arménie , entre
ThaufiaSe Zaruana , félon Ptolomée , /. j, c. 13. Au
lieu de Phandana , quelques-uns de les interprètes li-
fent Phandalia.
PHANDRIUM , ville au voifinage du pays des
Locres Se du Pinde : c'eft Ortelius qui en fait mention
fur le témoignage de Chalcondyle.
PHANEAS , ville de Syrie , félon l'infcription d'une
médaille , rapportée par Goltzius. Ortelius , Thefaur.
foupçonne que c'eft la même ville que Paneas. Voyez
ce mot.
PHANENA , province de la grande Arménie , fé-
lon Strabon , /. 1 1 . p. £ 28 : mais , au lku de Phanena ,
Cafaubon croit qu'on pourroit lire Sophena.
PHANESII. Voyez Satmali.
PHANEUS. VoyezV-HA-ujEA.
PHANOS. Voyez Phalerum.
PHANOTES , lieu fortifié , dans l'Epire : Tite-Live ,
/. 45. c. 16. qui en fait une ville , dit que les habi-
tans , fans attendre qu'on les attaquât , allèrent au de-
vant d'Anicius , pour fe foumettre aux Romains.
PHANOTEUS , ville de la Phodice , félon Etienne
le géographe , Se Polybe , /. 5. n. 95. Strabon, /. 9.
f. 416. femble la nommer aufli Panopeus. Thucydide ,
i. j. écrit Phanotis : d'autres écrivent Panotia , à ce
que dit Etienne le géographe. Cette ville eft encore
nommée Panope par Hcfyche , & il y a grande appa-
rence que c'eft la même qui eft appellée Phanorea , ou
Fhanota , par Tite-Live.
PHANTIA , ville delaTroade. Etienne le géogra-
phe dit qu'elle avoit été bâtie par les Cuméens.
PHANTUR1TES NOMUS. Voyez, Phathures.
PHANUEL , ville au-delà du Jourdain, près le Tor-
rent de Jabok. Voici l'occafion du nom de Phanuel ,
ou Panucl ou Peniel. Jacob , revenant de la Méfopota-
mie , s'arrêta fur le torrent de Jabok , Se le lendemain
de très-grand matin , après avoir fait paffer tout fon
monde , il demeura feul , Se voilà un ange qui luttoit
contre lui jusqu'à ce que l'aurore parût. Alors l'ange
dit à Jacob : Laiffez-moi aller , car l'aurore commence
à s'élever. Jacob répondit : Je ne vous laifferai point
aller , que vous ne m'ayez donné votre bénédiction.
PHA
L'ange le bénit au même lieu , Se Jacob nomma cet
endroit Phanuel , difant , J'ai vu Dieu face à face. Se je
n'ai point perdu la vie. Dans la fuite, les Ifraclkes bâtirent
une ville dans ce lieu-là , Se elle fut donnée à la tribu
de Gad. Gédéon , revenant de la pourfuite des Madia-
nites , renverfa la tour de Phanuel , Se fit mourir tous
les habitans de cette ville , qui lui avoient refufé quel-
que nourriture , pour lui Se pour fes gens , & qui lui
avoient même répondu d'une manière infuhante. Jéro-
boam , fils de Nabat , rétablit la ville de Phanuel. Jo-
fephe , Antiq. /. 8. c. 3. dit que ce Prince y bâtit un pa-
lais. * D. Calmet , Dici. Hift. t. 2. p. 137. Genef. 32.
24. Judw. 8.111. Reg. 12.
PHANUM. VoyezFAHVM.
PHANUM APOLLIN1S , fiege épiscopal de la Ly-
die , félon le concile de Chalcédoine. Voyez au mot
Apollon , l'article Apollinis Fanum.
PHANUS. Voyez Phalerum.
1. PHARA , ville d'Afrique , brûlée par les foldars
de Scipion , félon Strabon , /. 17. p. 832. Le commen-
taire d'Hirnus Panfa , de Bel. Afr. n. 87. dit la même
chofe , mais il nomme cette ville Parada.
z. PHARA , ville de la Cappadoce. Ftolomée, /.17.
c. 8. la place dans la Sargaurafenc.
i.PHARyï , ville de F Achaïe propre , félon Poly-
be, /. 2. n. 41. Si. Etienne le géographe , qui connoît
dans la même contrée une ville nommée Pher&. Il
fe pourroit fort bien faire que cette dernière feroit la
même que Pharx.que Ptolomée,/. 3. c. 16. appelle
aufli Phera. Il la met dans les tenes ; mais fuivant l'or-
dre dans lequel Strabon , /. 8. p. 388 , qui écrit Phara ,
place cette ville , elle ne devoir pas être bien éloignée
de la mer.
2. FHAR.E. Voyez Pherje.
3.PHARi£, ville de l'ifle de Crète , félon Etienne
le géographe , qui dit que c'étoit une colonie des
Mefléniens. Pline , /. 4. c. 12. fait aufli mention de cette
Ville.
4. PHAR/E , ville de la Béotie : c'eft Etienne le
géographe qui en parle.
PHARAMBARA , ville de Médie , Se dans les ter-
res : Ptolomée , /. 6. c. 2. la place entre Tigrana Se Ta-
chajara.
• PHARAMIA , ville d'Epypre , fur le bord de la
mer , près de l'embouchure de Nil , appellée Carabeix ,
félon Guillaume de Tyr , /. 1 1 . c. 31, Dans un autre en-
droit,/. 19. c. 23. cet auteur dit que la première em-
bouchure du Nil , du côté de la Syrie , Se qu'il appelle
Carabes, fe trouve entre deux anciennes villes mari-
times de l'Egypte , favoir Pharamia Se Taphium.
1. PHARAN , défert de l'Arabie Pétrée ( a ) au mi-
di de la Terre promife , au nord & à l'orient du golfe
Elanitique. Codorlahomor Se fes alliés , étant venus
faire la guerre aux rois de la Pentapole , ravagèrent le
pays jusqu'aux campagnes de Pharan. (b ) Agar, étant
chaffée de la maifon d'Abraham , fe retira dans le dé-
fert de Pharan , où elle demeura avec fon fils Ifmael.
( c) Les Ifrae'lires , étant décampés de Sinaï , vinrent
dans le déferr de Pharan. ( d ) C'eft de ce défert que
Moyfe envoya des hommes , pour confidérer la Terre
promife; (e ) par conféquent Cadés eft dans la folitu-
de de Pharan , puisque c'elt de Cadès que ces hommes
furent envoyés. (/) Moyfe femble mettre la monta-
gne de Sinaï , dans le pays de Pharan , lorsqu'il dit
(g) que le Seigneur parut aux Ifra'élites fur le mont de
Pharan. Abacuc femble dire la même chofe : ( h ) Deits
ab Aitftro veniet , & Santlus de Monte Pharan. Da-
vid , perfécuté par Saiil , fe retira au défert de Pharan :
près du Maon Se du Carmel. (i ) Adad, fils du Roi d'f-
dumée , fut porté, étant encore tout enfant , dans l'E-
gypte. ( kj) Ceux oui le portoient vinrent de FIdumée
orientale , dans le pays de Madian ; delà , dans le pays
de Pharan , Se enfin en Egypte. La plupart des demeures
de ce pays étoient creufées dans le roc. ( / ) C'eft- là où
Simon de Gérafa , ramaffoit tout ce qu'il prenoit fur
fes ennemis. *(a) D. Calmet , Diclr. Hift. t. 2. p. 163.
(b) Genef. 14. 6. (c) Genef. 21. n.(d)Num. 10.
12. (e) Num. 13. 3. (f)Nitm. 13. 27. (g) Deut. 33.
2. (h) Abac. 3. 3. (i) I. Reg. 25. 1. 2. (U III. Reg.
11. 18. ( /) Jofeph.dc Bel. /. j. e. 7.
x. PHARAN ,
PHA
PHA
2. PHARAN , ville de l'Arabie Pcrrée , fituée à trois
journées de la ville d'Elac , ou Ailat , vers l'orient. C'efl:
cette ville qui donnoit le nom au défert de Pharan.
* Eufeb. in Pharan.
PHARANGIUM, forterefle de la Perfe-Arménie :
Procope , /. i. c. 2.5. dans fbn hiftoire de la guerre
contre les Perles, dit qu'il y avoit des mines d'or aux
environs , Se que Cavade , à qui le Roi de Perfe en
avoit donné la direction , livra le fort de Pharangion
aux Romains , à la charge qu'il ne leur donnerait rien
de l'or qu'il tiroir des mines. Procope dit plus bas ,
/. 2. c. 29. que le fleuve Boas prend fa fource dans
le pays des Arméniens qui habitent Pharangion , pro-
che des frontières des Tzaniens.
PHARASTIA , ville de Médie , dans les terres , fé-
lon Ptolomée , /. 6. c. 2. qui la place entre Phafaba Se
Curna : fes interprètes lifent Pbarafpa pour Pha-
raftia.
PHARATHA , ville de l'Arabie-Heureufe : Ptolo-
mée , /. 6. c. 7. la place dans les terres.
PHARATHON , ou Pharatus , ville* de la Pale-
stine , dans la tribu d'Ephraïm , dans la montagne
d'Amalec. Abdon , Juge d'ifraël , étoit de Pharathon ,
& il y fut enterré. Bacchides , félon Jofephe , Ant. I. 1 3.
c. 1. fit fortifier cette ville , dont il efl aufli parlé dans
Je premier livre des Machabées , c. 9. v. 50. Mais elle
efl: nommée Phara dans le latin. Etienne le géogra-
phe met Pharathus dans la Galilée , Se Goltzius
rapporte une médaille de l'Empereur Claude, fur la-
quelle on lit ce mot <I>A[>ATONEITfiN. * Judic. 12. tfi
PHARATHONEITON. Voyez. Pharathon , qui
efl: le même lieu.
PHARATHUA. Voyez Phrati.
PHARAX. Voyez. Charax.
PHARAZANA , ville de la Drangiane , félon Pto-
lomée , /. 6. c. 19.
PHARB/EITHES. Ptolomée,/. 4. c. 5. donne ce
nom à un nôme de l'Egypte. Sa capitale étoit Phar-
èœtbus. Voyez, ce mot.
PHARB.ETUS , ville d'Egypte , Se la capitale d'un
nôme auquel elle donnoit le nom , félon Ptolomée ,
/. 4. c. 5. Etienne le géographe parte aulfl de cette
ville qui étoit épiscopale : car dans le concile de Nicée
de l'an 525 , on trouve Arbetion Pbarb&ti. + Harduin.
Collect. Conc. t. i.p. 313.
PHARBELUS, ville qu'Etienne le géographe donne
aux Eretriens. Ortelius , Thefaur. croit quelle pouvoir
être quelque part dans la Theflalie.
PHARCIDON , ville de la Theflalie , félon Etienne
le géographe , qui cite Théopompe. Un manuferit con-
fulté par Ortelius , porte Pbarcedon pour Pharcidon.
PHARE , nom que l'on donne communément aux
tours bâties fur les hauteurs des côtes ou des ports
de mer , Se où l'on allume du feu pour guider la nuit
les vaifleaux. Les étymologifles , dit Dom Bernard de
Montfaucon , dans fa differtation fur le phare d'Ale-
xandrie , ont tâché de découvrir l'origine de ce mot.
ïfidore prétend qu'il vient du grec <pîk , qui veut
dire lumière , Se de ôpâiv , qui fignifie voir. Le Liceti
en donne une autre étymologie , qui ne vaut pas
mieux. Ifaac Voflîus, in Melam , p. 205. cherche dans
Je grec l'origine du nom de l'ifle de Pharos. De çtthuv ,
luire , dit-il , vient parepç , de çsmpoç, ç*poç , Se cite
ce vers d'Homère :
'AiyVTlTU TTfùTtàpOl^i <£>O.f>0V Si ï KlX.XtlW.WI.
L'ifle s'appelloit donc<ï>apsç , Pharos , fept ou huit
cens ans avant qu'il y eût ni tour ni fanal , puisque ce
fut Ptolomée Philadelphie , qui fit bâtir le phare de
cette ifle. Voyez Pharos. Cela fait voir que les éty-
mologiites de profeifion cirent quelquefois des étymo-
logies fans confulter la railbn. Il' efl donc certain , à
îî'en pas douter , que le phare d'Alexandrie a pris le
nom de l'ifle de Pharos. Ce nom égyptien devint depuis
appellacif. On appella la tour , le phare d Alexandrie ,
pour la distinguer des autres tours faites fur le même
modèle Se pour le même ufage , qui furent aufli ap-
pelles Phares. Ces tours , dit Hérodien , qu'on bâtit
fur les ports pour éclairer les navires qui abordent la
937
nuit, font ordinairement appelles phares, c'efl a-dne,
qu'elles prirent le nom de la première qui avoit éié bâtie,
Se qui fervit de modèle aux autres , comme le fuper-
be tombeau , fait par Artemife pour le roi Maufole ,
donna le nom de maufolée à tous les tombeaux que leur
magnificence rendit célèbres. * Mémoires de Littérature
de l'Académie Royale des Infcriptions & Belles-Lettres,
t. 9. p. 286.
Grégoire de Tours prend le mot de phare en un au-
tre fens. On vit , dit il , un phare de feu qui fortit de
l'églife de Saint Hilaire , & qui vint fondre fur le
roidovis. Il fe fert aufli de ce nom pour marquer un in-
cendie. /// mirent , dir-il , le feu à l'églife de Saint Hi-
laire , & firent un grand phare , & fendant que l'é-
glife bruloit , ils pillèrent le monaftere. Ce nom fe trouve
fouvent dans cet auteur au même fens. On appella pha-
res, dans des tems poftérieurs, certaines machines où
l'on mettoit plufieurs lampes ou plufieurs cierges qui
approchoient de nos luflres. Anaftafe le bibliothécaire
dit que le pape Silveftre fit faire un phare d'or pur , Se
que le pape Adrien 1 en fit faire un en forme de croix,
fuspendu dans le presbytère, où l'on mettoit mille trois
cens foixante dix chandelles ou cierges. Il fe fert en cet
endroit du mot de phare , pour marquer ces grands lu-
minaires : ce nom fe trouve aufli au même fens dans
plufieurs auteurs ou contemporains d'Anaflafe, ou plus
modernes. Léon d'Oflie , dans la chronique du Mont-
Caflin , dit de l'abbé Didier :ïl fit faire un phare > ou une
grande couronne d'argent, du poids de cent livres, d'où
s'élevoient douze petites tourelles, Se d'où pendoient
trente-fix lampes. Ce mot phare a été encore pris dans
un fens plus métaphorique. On appelle quelquefois
phare tout ce qui éclaire en inflruifant, Se même les
gens d'esprit qui peuvent éclairer les autres. C'efl dans
ce fens que Ronfard difoit à Charles IX :
Soyez, mon phare , & gardez, d'abîmer
Ma Nef qui nage en fi profonde mer.
Revenons aux phares pris dans la lignification la plus
ordinaire. La navigation , dit dom Bernard de Monrfau-
con , Differtation fur le phare d'Alexandrie , dans les
mémoires de littérature de i Académie , s'étant perfec-
tionnée , les porrs furent munis de tours, tant pour les
défendre , que pour fervir la nuit à guider ceux qui al-
loient fur mer , par le moyen des feux qu'on y allu-
moir. Ces tours étoient en ufage dès les plus anciens
tems. Leschès , auteur de la petite Iliade , poëce fort an-
cien , Se qui vivoit dans la trentième Olympiade ,
en mettoit une au promontoire de Sigée, auprès du-
quel il y avoit une rade où les vaifleaux abordoient. La
table iliaque faite du tems des premiers empereurs re-
préiènte cette tour , Se l'infcription qui efl à côté fak
voir que c'efl fur l'autorité de Leschès qu'elle a été des-
fmée. Il y avoit des tours femblables dans le Pyrée d'A-
thènes Se dans beaucoup d'autres ports de la Grèce. Ces
tours étoient d'abord une ftructure forr Ample \ mais
Ptolomée Philadelphe en fit faire une dans l'ifle de Pharos
fi grande & fi magnifique , que quelques-uns l'ont inife
parmi les merveilles du monde. Elle communiqua fon
nom à toutes , Se leur fervit de modèle , comme nous
l'avons déjà dit. Hérodien nous apprend que toutes
étoient de la même forme. Voici ladefeription qu'il en
fait, parlant de ces catafalques qu'on dreflbit aux funé-
railles des empereurs : Il y a , dit-il , trois ou quatre éta-
ges les uns fur les autres , dont les plus hauts font tou-
jours de moindre enceinte que les plus bas, de forte que
le plus haut efl le plus petit de tous. Tout le catafalque
efl remblable à ces tours qu'on voit fur les ports , Se
qu'on appelle phares , où l'on met des feux pour éclai-
rer les vaifleaux , Se leur donner moyen de fe retirer en
lieu fur. * Thucydid. I. 8.
Hérodien fait entendre que tous les phares étoient
faits à l'imitation de celui d'Alexandrie. Suétone le die
expn (Tément de celui d'Oflie , bâti par l'empereur Clau-
de. Voici fes termes : Il fit faire au port d'Oflie une
très-haute tour fur le modèle du phare d'Alexandrie,
afin que les feux qu'on y faifoit puflent guider la nuir les
navires qui alloient en mer : AltijjimamTurrim in exem-
plum Alcxandrini Phari , ut ad noiïurnos ignés cur-
fum n'avigia dirigèrent.
Tom. IV. Cccccc ,
PHA
938
On fie encore d'autres phares en Italie. Pline parle
de ceux de Ravenne & de Pouzzol. Suétone fait aufli
mention du phare de i'ifle de Caprée , qu'un tremble- .
ment de terre fit tomber peu de jours avant la mort de
Tibère. Il ne faut pas douter qu'on n'en ait fait encore
bien d'autres. Capitolin met entre les ouvrages faits par
Antonin le pieux , Phari reftiuuio , Caiet& Portus : Ca-
faubon croit qu'on doit ôter la virgule après rejlttimo ,
&■ l'entendre ainfi : le rétablijjement du phare du port
de Gaieté. Mais fi l'on confîdere bien le texte de Ca-
pitolin , cette conftruction paroîtra forcée. D'ailleurs ,
comme on ne fait pas s'il y avoit anciennement un
phare à Gaïete , ne diroit-on pas plus vraifemblable-
mentque cet empereur, qui rétablit le port de Pouzzol,
comme une infeription nous l'apprend , aura auffi. ré-
tabli fon Phare?
Denys de Byzance , géographe, cité par Pierre Gilles,
de Bosphor. Tkrac. I. 2. c. zi. fait la defeription d'un
phare célèbre, fitué à l'embouchure du fleuve Chryfor-
rhoas , qui fe dégorgeoir dans le Bosphore de Thrace.
Au Commet de la colline , dit-il , au bas de laquelle coule
le Chryforrhoas, on voit la tour Timée d'une hauteur
extraordinaire, d'où l'on découvre une grande plage de
nier , & que l'on a bâtie pour la fureté de ceux qui
navigeoient , en allumant des feux à fon fommet pour
les guider : ce qui écoit d'autant plus néceflaire que l'un
6c l'autre bord de cette mer eft fans ports, & que les
ancres ne fauroient prendre à fon fond -, mais les Bar-
bares de la côte allumoienr d'autres feux , aux endroits
les plus élevés des bords de la mer , pour tromper les
mariniers 6c profiter de leur naufrage, lorsque fe gui-
dant par ces faux fignaux , ils alloient fe brifer fur la
côte. A prefent , pourfuit cet auteur , la tour efl à de-
mi ruinée , 6c 1 on n'y met plus de fanal.
Quoique Hérodien diie que les phares reflembloient
aux catafalques , cela ne doit s'entendre que pour le
nombre des éiages. Les catafalques étoient toujouts
carrés , & la forme des phares écoit indéterminée. Un
beau médaillon de Commode, du cabinet de M. le Ma-
réchal d'Etrées , nous repréfente un port qui a un phare
tout rond , à quatre étages , dont le premier eft
grand & large, le fécond moindre, le troifiéme 6c le qua-
trième vont auffi en diminuant. Le phare de Boulogne
fur mer éroir octogone.
Le PHARE d ALEXANDRIE. Voyez. Pharos.
Le PHARE DE BOULOGNE SUR-MER étoit un
des plus beaux monumens de la magnificence romai-
ne. 11 eft détruit il y a environ un fiécle ■-, mais il s'en
eft trouvé par bonheur un deflein fait , lorsque le phare
fubfiftoit encore -, c'efl: fur ce deffein , 6c fur quelques
autres mémoires , que nous en ferons l'hiftoire. Il pa-
roît certain que c'efl ce phare dont parle Suétone dans
la vie de l'empereur Caïus Caligula. Ce prince, qui ,
entre autres mauvaifes qualirés, avoit une vanité qui al-
loit jusqu'à la folie , fit ranger fon armée en bataille fur
les bords de l'Océan , 6c fit dreffer fes balifles & fes
machines , comme pour attaquer une armée. Perfonne
ne pouvoir s'imaginer quelle expédition il vouloit faire
fur ce rivage, où il ne paroifToit pas un ennemi. Ilcom-
manda tout d'un coup que tous fe miflent à ramaffer des
coquilles , que chacun en remplît fon casque 6c fon fein,
difant que c'étoient des dépouilles dignes & du Capi-
tule 6c du Mont Palatin ; 6c voulant laifler une marque
de fa viétoire , il fit bâtir une très-haute tour pour fer-
vir de phare , 6c guider par les feux qu'on y mettoit les
vaiffeaux qui alloient fur la mer voifine : Et indicium
vicloriœ altijfimarn turrim excilavit , ex qua , ut ex
pharo , notlibus ad regendos navutm curfus ignés emi-
carent. Caligula avec fon armée étoit au lieu où fe
faifoit le paffage des Gaules dans la Grande Bretagne ;
il étoit venu là comme pour faire la guerre dans cette
ifle : uaytip iv tm BpiTctvvta. ç-pctniicuv , dit Xiphilin.
11 n'y avoit point fous les empereurs d'autre lieu
pour ce trajet que Gejforiacum ou Boulogne ; c'eft donc
ce phare dont nous parlons que Caligula fit bâtir , puis-
que l'hiftoire ne fait mention d'aucun autre phare fur
cette côte. * Dom Bernard de Montfaucon , differta-
tion fut les Phares , dans les mémoires de littérature de
l'Académie Royale, t. 9. p. 293.
Cette tout fut bâtie fut le promontoire ou fur la fa-
PHA
laife , qui commandoit au port de la ville. Elle étoit
octogorie. Chacun des côtés avoit , félon Bucherius,
vingt- quatre ou vingt-cinq pieds. Son circuit étoit
donc d'environ deux cens pieds , 6c fon diamètre de
foixante-fix. Elle avoit douze entablemens ou espèces
de galeries qu'on voyoit au dehors , en y comprenant
celui d'en bas. Chaque entablement , ménagé fur l'é-
paifleur du mur de deffous , faifoit comme une petite
galerie d'un pied 6c demi : ainfi ce phare alloit toujours
en diminuant , comme nous avons dit des autres , 6c
cette diminution fe prenoit uniquement fur l'épaifieur
du mur. Au plus haur de la tour on mettoit ces fanaux t
qui fervoient de guides à ceux qui alloient fur mer.
La ftructure de ce phare de Boulogne étoit à peu
ptès la même que celle du palais des Thermes , rue de
la Harpe à Paris. Voici ce qu'en difent ceux du pays
qui l'ont obfervé de plus près. Les rangs de pierre &
de brique y étoient diverfiiîés avec un certain mélange
de couleurs , ménagé de manière qu'il rendoit l'aspect
plus agréable. On voyoit d'abord trois rangs d'une pierre
delà côtej de couleur de gris de fer ; enfuite deux lits
d'une pierre jaune plus molle , & au-deflus deux lits
de brique très-rouge , épaifie de deux doigts , longue
d'un peu plus d'un pied , & large de plus d'un demi ; la
fabrique continuoit toujours de même.
Ce phare étoit appelle depuis pluficurs fiécles Tur-
rii Or dans ou Turris Ordenfis. L'auteur de la vie de
faint Folquin, écrivain ancien de l'abbaye de Samt Ber-
lin , l'appelle Pharus Oràrans ,• mais Grdrans paroît-là
une légère corruption à'Ordans; les Boulonnois l'appel-
loient la Tour d'Ordre, i lufieurs croient avec afiez d'ap-
parence que Turris Ordans ou Ordenfis s étoit fait de
Titrris Ardens , la Tour Ardente , ce qui convenoit par-
faitement à une rour où le feu paroiffoit toutes les nuits.
Eginard nous apprend que l'empereur Charlemagne
ayant l'an 810 , fait préparer une flot te fur l'Océan , dans
le port de Boulogne , s'y rendit: lui-même l'année d'a-
près pour la vifiter ; qu'il rcltaura le phare qu'on y avoit
bâti anciennement , pour éclairer ceux qui alloient fur
mer ■■, 6c qu il ordonna qu'on y feroit des feux la nuit.
Pharumque ibi , ad Naviganiium curfus dirigendos ,
antiquitùs confiitutum, reftauravit , £7" in fummitate ejus '
notlurnum lumen accendit. Les Anglois , après avoir pris
Boulogne, firenr bâtir autour du phare en 1 J45 , un
petit fort avec des tours i en forte que le phare faifoit
comme le donjon de la forterefle.
Cette partie de k falaife ou de la roche, qui avan-
çoit du côté de la mer, étoit comme un rempart qui
mettoit la tour 6c la forterefle à couvert contre la vio-
lence des marées 6c des flots. Mais les habitans y ayant ,
ouvert des carrières , pour vendre de la pierre aux
Hollandois 6c à quelques villes voifines , tout ce de-
vant fe trouva à la fin dégarni, & alors la mer, ne
trouvant plus cette barrière , venoit fe brifer au-deflbus
de la tour, 6c en détachoit toujours quelque pièce :
d'un autre côté les eaux qui découloient de la falaife
minoientinfenfiblement la roche, 6c creufoient fous les
fondemens du phare 6c de la forterefle. De forte qu'en
1 644 , le 29 de Juillet la tour 6c la forterefle tombèrent
en plein midi. C'efl encore un bonheur qu'un Boulon-
nois , plus curieux que fes compatriotes , nous ait con-
fervé la figure de ce phare ; il feroit à fouhaiter qu'il
fe fût avifé de nous inftruire de même fur fes dimen-
fions.
Le PHARE DE DOUVRE , en Angleterre. Com-
me le Phare de Boulogne sur mer, dit dom Bernard
de Montfaucon, Diffèrtation fur les phares , dans les
mémoires de littérature de lAcadémie Royale , t. 9. p.
299. éclairoit les vaiffeaux qui paflbient de la Grande-
Bretagne dans les Gaules , il ne faut point douter qu'il
n'y en eût un pareillement à la côte oppofée , puisqu'il
y étoit auffi néceflaire pour guider ceux qui paflbient
dans I'ifle. Quelques-uns ont ctu que le phare bâti par
les Romains était cette vieille tour, qui fubfifle encore
aujourd'hui au milieu du château de Douvre , fur une
éminence. Sa hauteur eft de 72 pieds , fa longueur de
36 du nord au fud, 6c fa largeur.de 3,3 de l'eft à l'ouefl.
Les trous ronds faits à deflein fur les rrois côtés , 6c les
fenêtres en arcades qu'on voit fur les quatre, donnent
à penfer qu'elle avoit été faite pour découvrir de loin.
PHA
PHA
On voit de là toutes les côtes de France , Se une vafte
étendue de mer tout autour, Selon toutes les apparen-
ces , cette tour fervoit de fanal pour éclairer la nuit
ceux qui paflbient des Gaules dans la Grande-Bretagne.
Dans la fuite les Chrétiens en firent une églife , Se avec
quelques bâtimens qu'ils y ajoutèrent , ils lui donnèrent
la forme d'une croix. La tour étoit bâtie de briques
longues de (eue pouces, larges de douze, épaiffesd'un
Se demi , Se quelques-unes d'un Se trois quarts. Les coins
de la tour fembient avoir été bâtis au commencement
de ces fortes de briques , quoiqu'à préfent ils foient pour
la plupart de pierres de taille, fur- tout aux endroits où
les briques étoieut tombées. On voit aufli de ces bri-
ques parfemées dans les murailles de l'églife , Se plu-
fieurs arcades en font entièrement bâties. Les fenê-
tres rondes n'étoient que fur trois côtés de la tour, parce
que le côté de l:ouclt , qui regarde l'ifie , n'avoit rien à
découvrir. Ce qui faifoit douter fi cette tour eft vérita-
blement un phare, c'eft qu'elle n'a qu'un étage , au lieu
que les autres en avoient plufieurs , Se que celui de Bou-
logne en avoit jusqu'à douze. On pouvojt dire à la vé-
rité que les étages de deffus avoient été ruinés , ou que
l'éminence fur laquelle eft bâtie la tour de Douvre ,
étant beaucoup plus élevée que lafalaife de Boulogne,
il n'avoit pas été nccellaire de la fane fi haute, ni à
plufieurs étages. Enfin après quelques recherches on a
reconnu que l'ancien phare de Douvre n'étoit pas celui
dont nous venons de parler -, mais un autre qu'on a dé-
couvert en fouillant dans un grand monceau de mazu-
res, tout-à fait femblable à celui de Boulogne, fans
aucune différence ; ce qui fait juger que celui qui eft
encore aujourd'hui fur pied v.e. fut fait que quand l'ancien
eût été ruiné. Les gens du pays appellent ce monceau de
ruines , la Goûte du Diable , fans qu'on en puifl'e favoir
la raifon.
PHARE-MOUSTIER. Voyez, au mot Fare , l'article
FARE MoUSTJER.
PHAREA. Voyez, Pharis.
PHARGA, viliede lArabie Déferte. Ptolomée, /. j.
c. 19. la place au voifinage de i'tuphrate.
PHARGALUS. Voyez. Pharsalus.
PHAR1A , Se Iharit/e. Voyez: 1 haros , 2.
PHARID1 , <i>ap;<fï , nom que Théophrafte donne à
Pifle des Lotophages , félon ce pafiage rapporté par Or-
telius , Tbefaur. In injula Lotophagia , Pbagia , Fhar't-
di vocata , larga copia Celtis.
PHAR1G<£ , bourg de la Phocide. Plutarque , in
Thocione , qui en parle , dit qu'il étoit au pied du mont
Acrorion , qu'on appelloit de fon tems Galate.
• PHARIG1UM , promontoire de la Phoadc , que
Strabon ,/. 9. p. 425 , place entre Marathon Se le port
de Mychus. 11 y avoit au pied de ce promonrone , un en-
droit où les vaifleaux pouvoient mouiller en fureté.
PHARION, fleuve de l'Arménie. Pline, 1.6. c. zj.
dit que c'eft un des plus confidérables de ceux qui iè
jettent dans le Tigre. Mais le père Hardouin foutient
qu'il y a faute dans toutes les éditions de Pline , Se qu'au
lieu de Pharione , il faut lire Nicephorione.
PHARIS , ville de la Laconie, félon Etienne le géo-
graphe ; c'eit la même que Polybe , /. 4. n. 77. nomme.
PHARIT/E. Kov^Pharos.
1. PHAR1UM , $<*pi'a>v , ville de l'Illyrie , félon Etien-
ne le géographe , qui met auifi une vilie de ce nom dans
la Perrhébie.
2. PHARIUM, fleuve deCilicie. Suidas Se Xénophon
en font mention. Comme quelques exemplaires de ce
dernier portent à la marge -i-apoç , Pfaros . Ortelius , Tbe-
faur. foupçonne que c'elt du fleuve Sarus dont il eft
queftion.
PHARMACES. Voyez, Pharnaces.
PHARMACIE SINUS, golfe d'Europe, fur le
Bosphore de Thrace , félon Nicephore Callifte , cité par
Pierre Gilles , de Bospbor. Thrac. I. 1. c. 1 y. qui dit
que ce golfe fe nomme aujourd'hui Therapia.
PHARMACOTROPHI, ouPhaurmacotrophi ,
peuples d'Afie, félon Pomponius Mêla, /. t. c. 2. qui
en fait une nation Scythe. On n'eft pas d'accord fur le
nom de cette nation. Ifaac Voflius à qui ces noms Phar-
macotrophiou Phaurmacotrophi étoientfuspects,
veut qu'on life Harmatotrophi ; mais ce changement
939
eft lui-même d'autant plus fuspect , que les anciennes
éditions de Pomponius Mêla, au lieu d'un peuple en
font deux , Se au lieu de Pbarmacotrophi lifent Farta-
nt , Cotropbi , ou Faxiani , Cotropbi. Dans un pareil
embarras , le plus fur eft de laifler les chofes comme
elles font : c'eft s'expofer à fe tromper que de vouloir dé-
cider au milieu de l'obscurité.
i.PHARMACUSA,iflc delà mer Egée , félon Pli-
ne, /. 4. c 12. Suétone, /. 1. c. 4. Se Plutaque , in Cœ-
fare. Etienne le géographe qui écrit Pharmacussa , la
place au deffus de Milet, & dit que c'eft dans cette ifle
que fut tué Attalus. On prétend que c'eft aujourd'hui
l'ifie Parmosa. C'eft auprès de 1 ifle Pharmacufa que Ju-
les Céfar fut pris par des pirates.
2. PHARM ACUSA. Etienne le géographe met deux
ifles de ce nom proche de celle de Salamina -, Se Stra-
bon , /. 9. p. 395-. dit que ce font deux petites ifles,
dans la plus grande desquelles on voyoit le tombeau de
Circé.
PHARMALUS, fiége épiscopal, dont il efb fait men-
tion dans le concile d'Ephèfe, où on lit ces mots : Per-
rebius tpiscopus l'barmali. Sylburge croit que Pbarmali
eft là pour Pbarfali.
PHARMATENUS, fleuve de la Cappadoce. Arrien,
dans fon périple de la mer Rouge , p. 17. met cent cin-
quante ftades du fleuve Mélanthiusau fleuve Pbarma-
tentts , Se cent vingt ftades de ce dernier à la ville
Fharnacea.
PHARMICAS , fleuve de Birhynie , félon Pline , /. y.
c. 3 2. Au lieu de Pharmicas , le P. Hardouin lit Phar-
macias.
PH ARMUTI ACUS. Voyez, Thermutiacus.
PHARMUTIS.Ky^ Pharnutis.
PHARNACEA.IVy^ Cerasus.
PHARNACES, peuples d'Ethiopie , félon Pline , /.
7. c 2. qui dit après Damon , que la fueur de ce peu-
ple caufe la phthilie à ceux qu'elle touche. Quelques ma-
nuferits portent Pharmaces pour Pharnaces.
PHARNACIUM, ville de Phrygie , c'eft Etienne le
géographe qui en parle.
PHARNACOTIS , fleuve que Pline, /. 6. c. 23.
place quelque part dans l'Inde , aux environs de l'indus.
PHARNASCA. Voyez. Apamée, n. 1.
PHARNUTIS , fleuve de Bithynic. Suidas dit qu'il
arrofoit la ville de Nicée ; mais dans un autte endroit ,
au lieu de Pharnutis, il écrit Pharmutis.
PHARODENI, peuples de Germanie. Ptolomée ,
l. 1. c. 11. dit qu'ils habitoient après les Saxons,
depuis le fleuve Chalufus , jusqu'au fleuve Suevus. Peu-
cer veut que les Pbarodeni de Ptolomée foient les Suar-
dones de Tacite. Voyez Suardones.
PHAROS , ifle d'Egypte, vis-à-vis d'Alexandrie. Pli-
ne, /. 5. c. 31. lui donne le titre de colonie de Jules
Céfar , Colonia Cœfaris Diclatoris. Ortelius , Tbef. dit
qu'on la nomme aujourd'hui Farion , Se qu'elle eft
appellée Magrab par les habirans du pays , Se par les
Arabes M.igar Akcfandria \ c'eft-à-dire le Phare d'Ale-
xandrie \ parce que fur le promontoire de cette ifle , il y
avoit un phare de même nom. Ce phare bâti par Pto-
lomée Philadelphie , étoit fi grand Se fi magnifique , que
quelques-uns l'ont mis parmi les merveilles «lu monde.
Ammien Marcellin Se Tzetzès , dit dom Bernard de
Montfaucon , dans faDiffirtation fur le Pbare d' Ale-
xandrie .attribuent ce grand ouvrage à Cléopatre, reine
d'Egypte, Se d'auttes à Alexandre le Grand. Mais tous
ces auteurs font invinciblement réfutés par les témoi-
gnages de Strabon , de Pline , de Lucien , d'Eufebe , de
Suidas , Se de plufieurs autres , qui difenr que Ptolo-
mée Philadelphe en fut l'auteur 5 Se Jules Céfar , dans
fon l'vre de la guerre d! Alexandrie ,dit qu'il avoit été bâti
par les rois d'Egypte. Ce qui eft caufe qu'on a douté
qui étoit le fondateur de cette tour , c'eft que So-
ftrate , qui en eft l'architedte , y grava profondément
cette infeription :s lùççuroç Kvifioc As^/ps: c^ ®to7i
(ro-nvla-iv vTTtf) twc ■nXwJt^ofj.ivwv ; Softrate Cnidicn , fils de
Dexipbane , aux dieux jauveur s , en faveur de ceux
qui vont fur mer: Et ne doutant pas que le roi Ptolo-
mée feroit irrité d'une telle infeription , il la couvrit d'un
enduit fort léger , qu'il favoit bien ne pouvoir pas rc-
fifter long-tems aux injures de l'air , Se y mit le nom
Tem. IV. Ccccccij
PHA
94°
de Ptolomée. L'enduit & le nom du roi tombèrent dans
quelques années, Se l'on n'y vit plus que l'infeription
qui en donnoit toute la gloire a Softrate. Pline a pré-
tendu que Ptolomée , par modeflie ou par grandeur
d'ame , magnanimitate , voulut que Softrate mît ion nom
fur la tour , fans qu'il fût fait mention de lui ; mais
ce fait n'eft nullement croyable, Se cette conjecture de
Pline n'a nulle vraifemblance. * Aiém. de lïtlér. de
VAcad. Royale des lnfcr. r. 9. p. 272.
Cette tour fut donc bâtie dans 1 ifle de Pharos , qui
n'eft éloignée de la terre ferme que de fept ftades , ou.
d'un bon quart de lieue. Il s'éleve là deffus une queftion
à l'occafion d'Homère, qui fait dire à Ménélas, dans
fon Odyflée, qu'elle eft éloignée de l'Egypte d'une jour-
née entière d'un vaifTeau , allant le vent en poupe.
Quelques anciens ont pris cela pour une énorme bé-
vue. Ils difent qu'Homcre fe trompe en cet endroit :
d'autres prennent fon parti. Hérodote dit qu'une bonne
partie de la Baffe-Egypte eft un préfent que le Nil a
fait peu à peu aux Egyptiens. Ce fleuve , dit-il , dans
les débordemens , traîne un limon , qui , repouffé par-
les flots , s'arrête toujours fur les côtes , Se aggrandit
infenfiblement la terre aux dépens de la mer. Sur cela
Pline , qui paroit avoir puifé ceci dans Hérodote , quoi-
qu'il ne le cite pas , tâche de juftifier Homère , en di-
fant , que depuis ce tems-là k Nil . en traînant toujours
fon limon , a enfin approché la terre de l'ifle de
Pharos. Mais, fi depuis le tems de Ménélas , jusqu'à
Ptolomée Philadelphe , la terre a gagné fur la mer l'é-
tendue d'une grande journée , quoiqu'il n'y ait guère
plus de mille ans de l'un à l'autte , d'où vient que dans
deux mille ans écoulés depuis Ptolomée , jusqu'à nos
jours , la terre n'a presque rien gagné fur la mer , quoi-
que le Nil traîne toujours du limon à fon ordinaire.
D'habiles gens du fiécle pafle ont défendu ce grand
Poëte en une autre manière. Ils prétendent, que quand
il ell dit que l'ifle de Pharos eft éloignée d'une journée
de l'Egypte , il entend cela du Nil , qu'il appelle tou-
jours JEgyptus :
risf/V y 'Aiytlrrroio JW'têcç 7raia/Jt.uo
AJtk viïwp Ihbnç.
Le fens eft donc , félon eux , que l'ifle de Pharos eft à
une journée loin de la principale embouchure du fleuve
/Egyptus , qui eft le Nil ; ce qui eft vrai , félon Hé-
rodote j qui dit que c'elt celle qui coupe le Delta en
deux patties.
L'ifle de Pharos étoit donc éloignée du continent de
fept ftades , ou félon Céfar , de 900 pas , ce qui revient
presqu'au même. Elle etoit plus longue que large. Sa
plus grande longueur étoit oppofée d'un côté à la terre ,
Se de l'autre à la pleine mer. Elle devint péninfule dans
la fuite ; les rois d'Egypte la joignirent à la terre par une
chauffée, & par un pont qui alloit de la chauffée à l'ifle ;
en forte que du tems de Strabon elle étoit , félon cet
auteur , presque terre-ferme. Elle avoir un promon-
toire , ou une roche , contre laquelle les flots de la
mer fe brifoient. Ce fut fur cette roche que Ptolomée
Philadelphe fit bâtir de pierre blanche la tour du phare,
ouvrage d'une magnificence furprenante , à plufieurs
étages voûtés , à peu près comme la tour de Babylone ,
qui étoit a huit étages , ou, comme Hérodore s'exprime ,
à huit tours l'une fur l'autre. C'eft ainfi qu'il faut ex-
pliquer le wohvûpctpcç de Strabon , Se non par mul-
tis fafligiis ,à plufieurs faîtes ou à plufieurs fommets ,
comme a traduit linterpréte : de même que quand nous
lifons dans Hérodote , que les maifons de Babylone
ctoienr Tpuipotpoi , ou mpcipctpci , nous entendons qu'el-
les étoient à trois ou quatre étages.
Le géographe de Nubie , qui écrivoit il y a environ
600 ans, parle de la rour du phare , comme d'un édifice
qui fubfiltoit encore de fon rems. Il l'appelle un can-
délabre^ caufe du feu Se de la flamme,qui y paroifToient
toutes les nuits. Il n'y en a point , dit-il , de femblable
dans tout 1 Univers ; clleefl bâtie de pierres très-dures,
jointes enfemble avec des ligatures de plomb. La hau-
teur de la tour , pourfuit-il , cfl de 300 coudées , ou
de 100 ftaturcs , c'efl-à-dire de 100 hommes. Selon la
defeription du géographe de Nubie , il falloit qu'elle
PHA
fût fort large en bas , puisqu'il dit qu'on y avoit bâti des
maifons. En effet , un Scholiafte de Lucien , manuferic
cité par Ifaac Voflius , ad Pompon. Mclam , p. 105.
allure que pour fa grandeur , elle pouvoit être com-
parée aux pyramides d'Egypte •, qu'elle étoit carrée;
que fes côrés avoient près d'une ftade de long , Se que
de fon fommet on découvroit jusqu'à cent milles loin.
Le même géographe ajoute que la partie d'en bas qui
étoit fi large , occupoit la moitié de la hauteur de cette
tour ; que l'étage , qui étoit au-deflus de la première
voûte , étoit beaucoup plus étroit que le précédent : en
forte qu'il laiffoit une galerie où l'on pouvoit fe pro-
mener. Il parle plus obscurément des étages fupérieurs,
Se dit feulement qu'à mefure que l'on monte , les
escaliers font plus courts, Se qu'il y a des fenêtres de
tous côtés pour éclairer les montées.
Les Arabes Se quelques voyageurs , ont bien rap-
porté des fables fur ce phare. Ifaac Voflius en a adopté
quelques-unes fur la foi d'un manuferit , compofe par
un auteur qui s'en étoit rapporté aux bruits populaires.
L'extraordinaire hauteur de cette tour faifoit que
le feu qu'on alluinoit au-deflus , paroifloit comme une
lune : c'elt ce qui a fait dire à Stace :
Litmina noflivaga tollit Pharos annula Luna.
Mais quand on le voyoit de loin , il fembloit plus pe-
tit , Se avoit la forme d'une étoile allez élevée fur l'ho-
rifon , ce qui trompoit quelquefois les mariniers ^qui ,
croyant voir un de ces altres qui les guidoient pour
la navigation , tournoient leurs proues d'un autre côté ,
& alloient fe jetter dans les fables de la Marmari-
que.
1. PHAROS, ou IssaPhAros ,iflede la mer Adria-
tique, fur la côte de l'Illyrie , félon Pline , /. 3. c. 21.
qui dit qu'on la nommoit auparavant Paros. Le perc
Hardouin retranche cette ifle dans le Pline qu'il nous
a donné. On lifoir autrefois : Injulœ ejus Sinus cum
oppidis , prêter fupra figmficatas , Abfirtium , Arba ±
Tragurium , Ijfa Pharos , Paros ante ; il fupprime en-
core ces derniers mots : Tragurium , ljfa Pharos , Pa-
ros ante. Cependant Diodore de Sicile , /. 15. Strabon ,
/. 7. p. 315. Se Polybe , /. j. n. 108 , font mention de
cette ville. Ptolomée , /. 2. c. 17. l'appelle Tharia :
on la nomme préfentement Lefma , Lexina , ou Lisna ,
la plupart de ces auteurs y mettent une ville nommée
Pharos : Se Etienne le géographe dit qu'il y avoir
Un fleuve de même nom.
3. PHAROS, ou Pharus , nom d'un fleuve que
Xénophon , de Cyri Exped. I. 1. place aux environs
de la Cilicie & de l'Euphrate. Au lieu de Pharos ,
quelques manuferits portent Pfarus ; Se Ortelius croit
que la véritable orthographe eft Sarus.
4. PHAROS , ifle fur la côte d'Iralie , vis-à-vis de
Brundufe. Pomponius Mêla , /. 2. c . 7. en fait men-
tion. On l'appella Pharos , à caufe du phare qui y
fut élevé pour guider les vaiffeaux.
/.PHAROS, famille chez les Ifraélites, Les enfans
de Pharos revinrent de Babylone , au nombre de deux
mille cent foixante Se douze. Les Hébraïfans lifenr
Pharhos. * I. Efdr. 2. 3. 8. 3. ic. 2j. & IL Efdr.
1 1. 25. Sec.
PHARPHAR. Dom Calmet Ditl. dit : Pharphar
eil un des deux fleuves de Damas , ou plutôt c ett un
bras du Barrady ou du Chryforrhoas , qui arrofe la
ville Se les environs de Damas : Numquid non me-
liores fttnt Abana Ç? Pharphar Flitvïi Damasci ,
omnibus aquis Ifrael ? Le fleuve de Damas a fa fource
dans les montagnes du Liban : étant atrivé près de la
ville , il fe partage en trois bras , dont l'un traverfe
Damas. Les deux autres arrofent les jardins qui font
tout autour ; puis fe réunifiant , ils vont fe perdre à
quatre ou cinq lieues de la ville , du côté du nord.
Voyez, ce qui a été dit de ce fleuve a l'article Lapfar.
PHARPHARIADES. Voyez. Taurus.
PHARRHASSII. Voyez, Pra .ana.
1. PHARSALUS , ville de Theflalie , que certaines
cartes attribuent mal à propos à l'Eftiotide , puisque
Strabon,/. 9. la range parmi les villes de la Pbiiotide ,
Se que Polybe , /. /. n. 99. la joint avec Perm Se La-
PHA
PHA
V'ijfa. Ce voifinage efl prouvé par la fuite de Pompée ,
qui après la bataille de Pharfale , fe retira vers Larifla ,
comme la ville la plus voifine , où il n'entra pas néan-
moins. Selon Etienne le géographe le nom de cette
ville s'écrit de deux façons différentes , de forte qu'on
ci dit Pharsalus & Pharralus. Tacite , hi(l. I.
fo. dit Pharsalia : mais c'efl fans fondement que
Tzetzès Se Lycophron écrivent Phargalus. Le fleuve
Enipus arrofoit îa ville de Pharfale ; Se ce fleuve , qui
fe jettoit dans VApidanus , étoit différent de VEpinus
de Macédoine. La fameufe bataille de Pharfale fe don-
na auprès de cette ville. Appien , /. 2. Civil, p. 778. dit
que l'armée de Pompée étoit campée entre la ville de
Pharfale & le fleuve Enipée ; ce qui femble contredire
ce que Strabon , /. 9. avance , que l'Enipée arrofoit la
ville de Pharfale ; mais comme il y avoit deux villes
de Pharfale , la nouvelle Se la vieille , il y a apparence
qu'elle étoit bâtie fur le bord du fleuve , Se que l'au-
tre en étoit un peu éloignée. La bataille s'étant don-
née , auprès de la vieille 1 harfale , appellée PaUophar-
Jalus , par Eutrope , /. 6. c. 16. & Palœpharfalus par
Tite-Live , /. 44. c. 1. c'étoit celle-là fans doute , qui
fe trouvoit à quelque diflance du fleuve. Cette ville
s'appelle aujourd'hui Pharfa.
2. PHARSALUS , ville de la Pamphylie. Voyez.
Phaselis.
3. PHARSALUS , lieu de l'Epire , félon Céfar,
/. civ. c. 6. qui dit , qu'il y arriva avec fa flotte , Se
qu'il y débarqua fes foldats, Quelques manuferits } au
lieu de Pharsalus , portent Pharsalia, Se d'autres
Pal^stina ; Se c'efl de cette dernière façon qu'écrit
Lueain , /. j. v. 460 , en parlant de la flotte de Céfar.
Lapfa Paleflinas uncis confixet arenas.
Un auteur moderne dit que le manuferit de Chalcis ,
au lieu de ces mots qui appellatur Pharfalus , qu'on
lit communément dans les commentaires de Cefar ,
porte qui appellatur PuUfie ; ce qui joint avec le témoi-
gnage de Lueain , fait une espèce d'autorité. * Paulta
Marfus.
•PHARURIM , lieu proche du temple de Jérufa-
lem. Jofias ôta les chevaux que les rois de Juda avoient
donnés au foleil , à l'entrée du temple du Seigneur ,
près du logement de Nathan Melechtunuque , lequel
logement étoit a Pharurim.
j. PHARUS. Voyez. Phare.
2. PHARUS. Ortelius, Thefaur. qui cite Curopa-
late , dit que les mariniers nomrnoient ainfi un heu à
l'embouchure du Pont-Euxin. 11 devoit être vers le
Bosphore Cimmérien , félon l'hifloire Miscellanée : Se
peut-être y avoit-il un phare dans ce heu.
3. PHARUS, ou Turris Pharis. Suétone , /. 3.
c. 74. appelle ainfi le phare qui étoit dans 1 iile de Ca-
prée. 11 ajoute que cette tour tomba un peu avant la
mort de Tibère.
4. PHARUS , fleuve de Cilicie , félon Suidas.
PHARUSII , peuples de la Libye , félon Strabon ,
/. 17. & Etienne le géographe. Pomponius Mêla , /. 3,
c. 10. les met au-deflus des Nigrkes , Se les étend jus-
qu'à l'Ethiopie. Pline , /. c. c. 8. dit que ces peuples
étoient Perfes d'origine , Se qu'ils accompagnèrent Her-
cule , lorsqu'il entreprit de paficr dans le jardin des
Hespérides. Denis le Periégete , v. 2ij. les nomme
Phaurusii ; mais Ptolomée , /. 4. c. 6. diflingue les
Pharufù des Phaurufii. Il place ceux-là au nord du
mont Sagapola , Se ceux-ci au feptentrion du mont
Ryfladius , entre les fleuves Durarus & Stachire.
PHARYBUS. Voyez. Helicon , n. 1.
PHARYCADUM , ville de la Macédoine , dans
l'Eftiotide , au confluent des fleuves Pénée Se Curia-
lus , félon Strabon , /. 9. p. 458. Quelques manuferits,
au lieu de Pharycadum , portent Phorcadum.
PHASyELE , tour carrée , qu'Hérode avoit fait bâtir
en l'honneur de fon frère à Jerufalem. Elle avoit qua-
rante coudées en carré Se en hauteur. Au-deflus de
cette hauteur , il y avoit des portiques , foutenus d'arc-
boutans , & du milieu de ces portiques s'élevoit une
féconde tour , ornée de beaux appartenons Se de bains
magnifiques , ayant au-deflus des parapets Se des redou-
941
tes. Toute fa hauteur pouvoir être de quatre-vingt-dix
coudées. * Jofephe , Ant. /. 16. c. 9. Dom Calmet, Dict*
Jofephe , de Bel. I. 6. c. 6.
PHASELIS , ville de la Palefline , à trois lieues du
Jourdain , dans une campagne fur le torrent de Ca-
rith. Jofephe , Antiq. I. 1. c, 16. Se l. 17. c. 9. dit
qu'Hérode la bâtit en l'honneur de fon frère , au nord
de Jéricho. 11 ne dir rien qui montre qu'elle ait été
bâtie au-delà du Jourdain , comme on le fait croire
aux voyageurs. La campagne où cette ville étoit fituée
eu appellée Phafelidis Convallis , par Pline, /. 13.
c 4. êvil la donne pour une des plus fertiles du pavs. *
Dom Calmet, DicL. Sanurus de Secretis Fidelium Cruels.
PHASCA , ville de la grande Arménie , félon Pto-
lomée,/. f. c. 1 3. Ses interprètes lifent Tasca.
PHASCENIUM. Voyez. Fescennia.
PH ASCUSIS , lieu d'Egypte, félon Ortelius , Thefaur.
qui cite le fécond tome des œuvres de S. Aihanafe.
11 ajoute : pffit-être Phascusis efl-il-là pour Pha-
cussa. Voyez ce mot.
PHASE. Voyez. Phasis.
PHASELICUM. Voyez Pamphylia.
1. PHASELIS, ville de la Lycie. Plutarqueen parle
dans la vie d'Alexandre. Strabon , /. 14. p. 666 , la met
aux confins de la Pamphylie , près d'une montagne
appellée Climan , & dit qu'elle étoit très-confidérable ,
ayant trois ports Se un lac. Ptolomée , /, j, f, 3, la
place auflî dans la Lycie ; mais Pline , Se Etienne le
géographe la mettent dans la Pamphylie. Ce dernier ,
dit qu'on la nomma premièrement Pirgitfja , & enfuite
Pharfalus. Elle n'entroit point en communauté avec les
Lyciens : elle fubfifioit d'elle même. Cette ville étoit
épiscopale. Parmi les évêques qui fouferivirent à la
lettre adreflee à l'empereur Léon , on trouve Arifto-
demus Phafeïuamts , Se Fronton. Son autre évêque
aflîfta au concile de Chalcedoine , tenu l'an 4; 1. Har-
duin. Colle'ct. Conc. t. 2. 756. t. 2. 370. Phafeiis
étoit du tems des Romains une retraite de Pirates que
Servilius détruifit pendant que Pompée tenoit la mer
avec une nombreufe flotte. Ce fut à ces pirates que les
Romains durent la découverte de ces vaifleaux fi lé-
gers. On les appelloit Phafeli du nom de leurs inven-
teurs. Notre mut Brigantim répond à celui de Phafeli.
2. I HASELIS , marais de la Pamphylie , félon Or-
telius , qui cite Eufthate.
3. PHASELIS , nom d'une ifle ,dont Suidas fait men-
tion , fans dire en quel endroit du monde elle cfl fi-
tuée.
4. PHASELIS. Platine , de tuenda Valetud. I. 7. qui
cite Apulée , dit que c'efl le nom d'une ifle voifine dtl
mont Olympe , Se que c'eft de cette ifle que le faféole,
fore de légume, tiroit fon nom.
PHASELUSS/E , nom qu'Etienne le géographe
donne à deux ifles dAfrique , voifines du fleuve Sirius.
PHASGUA, montagne au-delà du Jourdain, dans
le pavs de Moab. Les monts Nebo , Pasga Se Abarim ne
font qu'une même chaîne de montagnes , près du mont
Phegor, vis-à vis de Jéricho, fur le chemin de Liviade à
Esbus ou Efebon. Voyez. Eufeb. Se Hieronym. in Nebo
Se Abarim.
PHAS1ANUM-MARE. Voyez Pontus-Euxinus.
1. PHASIS .fleuve de la Colchide ,Se qu'Hérodote ,
/. 4. c. 45 . Se Platon,?« Ph<edone,ont donné pour la borne
entre l'Afie Se l'Europe.D'autres l'ont pris pour le Philbn,
un des quatre grands fleuves du Paradis terreltre. Les
Turcs l'appellent Fachs , Se les gens du pays le nom-
ment Rione. Le Phafe eft un des grands fleuves d'A-
fie , qui traversent la Mengrelie , pour fe rendre dans
la mer Noire. Le père Archange Lamberti , Rclat. de
la Mengrelie , p. 46. Se k chevalier Chardin , Voyage
de Paris à Ifpahan , qui tous deux ont parcouru les
bords de ce fleuve , depuis fon embouchure jusqu'à fa
fource , difent qu'il court d'abord fort rapidement
dans un lit étroit , Se que fouvent il el't fi bas , qu'on
le pafle à gué. A la vérité .lorsqu'il efl arrivé à la plai-
ne , fon cours efl fi imperceptible , qu'on a de la peine
à remarquer de quel côté il court. Ses eaux ne fe
mêlent point avec celles de la mer , parce qu'étant plus
légères que celles-ci , elles nagent au-deflus. L'eau du
Phafe efl trouble , épaiflfe Se de couleur de plomb : ce-
942.
PHA
PHE
pendant elle eft fort bonne à boire , fur-tont fî on ia t. 9. te père Hardouin fupprime ce nôme dans fon éd-î-
laide repofer quelque teins. Les anciens y vuidoient tion de Pline.
leurs vaifieaux 8c les rempliflbient de cette eau, qu'ils PHATN1TICUM. Voyez. Pathmeticum.
regardoient comme facrée, & comme importante pour PHATURA. Voyez, Pethor.
le fuccès de leur navigation. Le Phafe qui a fon cours PHATURES , ville 8c canton d'Egvpte , dont patf*
d'orient en occident , fe décharge dans la mer, par lent les prophètes Jérémie , c. 44, 1 , 15. & Ezechiel ,
deux embouchures féparées par une ifle qu'il forme, c. 29, 14, 30, 14. On n'en fait pas bien la fituation,
Elles font éloignées de fa fource ou de Cotatis d'envi- quoique Pline , /. 6. c. 29. 8c Ptolomée , /. j. c. 9. en
ton quatre vingt-dix milles. Dans cet endroit , le Phafe parlent fous le nom de Phturis : il paroît feulement que
a un mille de largeur , & fon lit a plus de foixante Phatures étoit dans la Haute-Egypte ■, Ifaïe , c. 1 1 , 11.
brafles de fond. Chardin dit qu'il a à fon embouchure la nomme Petros ou Patros , & c'efl. le pays de Phetnt'
plufieurs petites ifles toutes couvertes de bois. Il ajoute fim , descendant de Mizraïm , dont parle Moïfe.Eze-
qu'on trouve divers iflets en remontant le fleuve, ce chiel les menace d'une ruine entière. Les Juifs s'y étoient
qui en rend la navigation comme impoflible aux grands retirés malgré Jérémie , & le Seigneur dit par Ifaïe qu'il
vaiffeaux , qui font obligés de s'arrêter à trois ou qua- les en ramènera. Voyez. Pathures. * Genej. 10. 14.
rre milles de l'embouchure. Sur la plus grande de ces PHATUS^£ , lieu fortifié , dans la Méfopotamie.
ifles , au de/Tus de laquelle le Phafe a un demi mille de Zofime , /. 3. le place à trois dations de Dara , 8c Orte-
largeur, on voit du côté de l'occident ks ruines d'une lius croit que c'eil le même lieu qu'Ammien Marcellin ,
fukan Murât fit conltruiie en 1578,
fortereffe que le
ou pour mieux dire ce fut le généraliiîime de ks
armées , nommé Muffafa , du tems des grandes guer-
res entres les Turcs 8c les Perfans. Cet empereur Turc
avoit entrepris de conquérir les côtes feptentrionales
de orientales de la mer Noire. Son entreprife n'alla
pas au gré de fes deffeins. 11 fit remonter le Phafe à
/. 24. c. 1 . appelle Anathan Mummentum.
PH ATYR. Voyez Pethor.
PHAU , ville de l'Idumée. Il en eff parlé dans le tren-
tième chapitre de la Génefe , v. 34. Ceff dans cette ville
que faifoit fa demeure le roi Adar.
PHAUDA, ville de laCappadocePontique. Strabon,
/. 12. p. 548. la met dans la contrée appellée Sidene.
fes galères. Le roi d'Imirette avoit dteffé de greffes Ortelius croit que c'eff la même que Chadisia. Voyez,
embuscades au lieu où le fleuve eft le plus étroir. La ce mot.
fortereffe du Phafe fut prife 8c rafée en l'année 1640 ,
par l'armée d'Imirette , groflie de celle des princes de
Mingrelie &c de Guriel. J'ai fait , dit Chardin , tout le
tour de l'ifle du Phafe , pour découvrir ks ruines du
temple de Rea, qu'Arrien dit qu'on y voyoit de fon
rems: il n'en refte aucun vellige. Cependant les hifto-
riens affurent que ce temple étoit encore en fon en-
tier dans le bas Empire , Se qu'il avoit été confacré au
culte de Jefus Chrift du tems de l'empereur Zenon.
On cherche auffi inutilement les ruines de l'ancienne
Sehafle , que les géographes onr placée à l'embouchure
du Phafe ; mais les rraces de cette ville font entière-
ment perdues comme celles de Colchos. Tour ce qu'on
y remarque de conforme à ce que les anciens onr écrit
de cet endroit de la mer Noire , c'eft qu'il y a beau-
coup de faifans , 8c qu'ils font plus gros , plus beaux
8c d'un goût plus exquis qu'en aucun autre endroit.
Martial dit que les Argonautes apportèrent de ces oi-
feaux en Grèce où on n'en avoit jamais vu auparavant ,
8c qu'on leur donna le nom de faifans , parce qu'on les
avoit pris fur le bord du Phafe. Ce fleuve fépare la
Mingrelie de la principauté de Guriel 8c du petit royau-
me d'Imirette. La côte eft par-tout un terrein bas ,
fablonneux , 8c chargé de bois fi épais , que la vue dé-
couvre à peine fix pas en dedans. Les ifles que l'on trou-
ve dans le Phafe font habitées , 8c chaque mai fon a
ttne petite barque faite d'un tronc d'arbre creufé. Cefleu-
ve reçoit plufieurs petites rivières entre lesquelles on en
remarque trois affez confidérables à la droite , favoir
YHippus appelle par les gens du pays Scheni-Shari ,
le Glaucus , appelle Abascia, 8c le Sicamen , ap-
pelle maintenant Tachur.
2. PHASlS.villc de Médie, félon Nicolas Nicolaï, qui
dit que c'efl: le nom que l'on a donné autrefois à la ville
de Tauris ; mais dit Orreliusje ne connois aucun auteur
qui ait placé une ville , nommée Phafis dans la Médie.
3. PHASIS , fleuve de Pille de Taprobane ; Ptolo-
mée, /. 7. c. 4. met l'cmbouchuie de ce fleuve fur la
côte appellée le grand rivage. Etienne le géographe parle
auffi de ce fleuve.
PHASTEA , ville qu'Etienne -le géographe donne
aux Peuples Saci ou Saxi.
PHATAREI , peuples de laSarmatie Afiatique , fé-
lon Pline , /. 6. c. 7.
PHATERUNESOS , nom d'une ifle déferre , dont
Pline , /. 4. c. 1 2. fait mention. Elle devoit être au voifi-
nage du Cherfonncfe de Thrace. Quelques manuferits ,
au lieu de Phaterunefos *, portent Pateronncjos , fans
doute pour Pater on- Nef os , & c'efl l'orthographe que
fuit le père Hardouin.
PH ATMICUM 8c Phatnicum. Voyez. Pathmeticum.
PHATNITES , nôme d'Egypte , félon Pline,. /. ;.
PHAUNENA , province de l'Arménie , félon Stra-
bon , /. 1 1. p. j 28.
PHAUNITE, conrrée delà Grande-Arménie. Stra-
bon , /. 1 1. p. 528. dit que ce fut une de celles qu'Ar-
raxias & Thariadas enlevèrent aux Médes.
PHAVON/E , peuples de la Scandinavie. Ptolomée j
Vib. 1. cap. 11. les place avec les Phirm.fi fur la côre
orientale.
PHAURA , ifle de I'Artique. Elle étoit, félon Stra-
bon , /. 9. p. 398. au-devant du promontoire Zofler.
PHAU RUSH. Voyez Pharusii.
1. PHAUSIA, lieu du Cherfonnèfe des Rhodiens,
c'eft-à-dire, dans la partie de la Carie oppoféeà l'ifle de
Rhodes, félon Pline , /. 3 1. c. 1.
2. PHAUSIA , ville de Médie. C'efl Pline, /. 6. c. j4;
qui en fait mention.
3. PHAUSIA , ouPhausya , ville de la Grande-Ar-
ménie. Ptolomée , /. 5. c. 13. la place entre Sogocara 8i
Phanâana.
PHAZ , owV kxVoyez Ophir.
1. PHAZACA , ou Phasaca , ville de Médie , que
Ptolomée , /. 6. c. 2. place dans les terres , entre Gau-
z.ania 8c Pharaspa. Au lieu de Phazaca , le manu-
ferit de la bibliothèque palatine porte Phasaba;
2. PHAZACA , ou Phasaca , lieu de l'Ethiopie ,
fous l'Egypte , félon le manufciitde la bibliothèque pala-
tine: au lieu de Phazaca le texte grec potte Azania.
PHAZANIA, conrrée d'Afrique, au-deffus de la
Petite-Syrte , félon Pline , /. $.c. $. qui dit que les ha-
bitans s'appelloient Phazan'u. Selon le père Hardouin,
la contrée Phazania comprenoit une partie du défert du
Biledulgeiid , 8c la partie la plus méridionale du royau-
me de Thunis.
PHAZANII. Voyez. Phazania.
PHAZEMON. Voyez. Phazemonitis.
PHAZEMONITIS , contrée du Ponr. Elle s'étendoic
félon Strabon, /. 12. p. 560. depuis le fleuve Amy-
fus jusqu'à celui à'Halys. Pompée changea le nom de
cetre contrée en celui de Mecalopolis , 8c du bourg
Phazemon il fit une ville qu'il appella Neapolis. Etien-
ne le géographe écrit Phamiz.on, pour Phazemon , 8c
place cette ville près de l'Amyfus , vers le midi.
1. PHEA, ville de PElide , félon Homère & Etienne
le géographe. Strabon, /. 8. p. 342. connoît non-feu-
lement cette ville , mais il y joint encore un promon-
toire de même nom. Cependant au lieu de Phea, il écrie
Phcia , ainfi que Thucydide , /. 7. c. 31.
2. PHEA, fleuve du Péloponnèù. Strabon dit qu'il
étoit peu confidérable.
3. PHEA , ville de Theflalie , félon Ortelius , qui cire
Hefyche.
PHEACIE. Voyez. Corcyra.
PHEBOL , ifle de la mer des Index , près du golf;
PHE
Arabique. Ariftote en parle , & Apulée en faic mention
après lui. Ortelius, Thefaur. qui dit queStobee écrie
Phobea pour Phebol, foupçonne que cette ifle pour-
roit être la même que Pline appelle Dioscoridu. Voyez.
ce mot.
PHECADUM , ville de la Macédoine , félon Tite-
Live , /. 3 i. c. 41. Il y a apparence que c'eit la même
qu'il nomme plus bas , /. 32. c. 14. Pheca, & qu'il
place entre Gomphi Se le Pas Etroit , (tances AngujU)
qui féparoit la Theflalie de l'Athamanie.
PHECENvE. Fbyf^FtcANA.Ceft le nom delà mê-
me ville fous une orthographe diriérente.
PHECOZELETARUM REGIO. Siméon le Méta-
phralte , in vita S. Menœ, parle d'une contrée de ce nom.
Ortelius foupçonne qu'elle pouvoit être au voifinage de
l'Egypte.
1. PHEG^EA. Selon Etienne le géographe on donnoit
ce nom à une partie de la tribu Aegeïde.
2. PHEG/EA. Etienne le géographe appelle encore
ainfi une partie de la tribu Pandionirie.
3. PHEG./EA , ville de lArcadie. Etienne le géogra-
phe qui cite Charax , in Hellenicor. 3. /. 4. dit qu'elle
fut fondée par le roi Phégée , fiere de Pjfibconéé.., &
qu'il lui donna l'on nom. Elle s appelloit auparavant Ery-
manihus , Se depuis on la nomma Psophis. Voyez, ce
mot.
PHEGIUM, ou Phegius. Voye z. Fagius.
PHEGOR , nom d'une monragne , félon Ortelius ,
Thefaur. qui cite Itidore. Delà , ajoute-t-il, vient le nom
de Baal-Phegor , n. 2j. 3 c7 j Dut. 4, $.Jojké , 22 ,
17. c'eit-a dire , Baal fur la montagne de Phegor. Beel-
Phegor fignifte, félon Suidas, le lieu où Saturne éroit
adore. Bcel-Phegor , die dom Calmet , elt le dieu Phe-
gor ou Phogor. Dans une diiïertation qu'il a faite à la
tête du liv. des Nombres , p. 20. il a voulu montrer
que c'eit le même dieu Adonis ou Orus adoré par les
Egyptiens & par la plupart des peuples d'Orient. L'écri-
ture dit que les Ifrafc'lites , étant campés au défert de
Sen , fe laiflerent aller à l'adoration de Beel-Phegor ;
qu'ils participèrent à les facrifices , & qu'ils tombèrent
dans l'impudiciré avec les filles de Moab. Et le Plal-
mille , racontant le même événement , dit que les Hé-
breux furent initiés aux myfteres de Becl-Phegor , &
qu'ils participèrent aux facrifices des morts. Phegor ou
Pe-On , dit dom Calmet, eft le même qu'OR ou Orus ,
en retranchant de ce mot l'article PÉ , qui ne fignifie
rien. A l'égard d'ORus , dit-il , c'eit le même qu'Ado-
nis , ou Ofuis. On célébroit les fêtes d'Adonis comme
des funérailles , Se l'oncommettoit dans ces fêres mille
diflolutions , lorsqu'on difoit qu'Adonis , qu'on avoir
pleuré mort , étoit vivant. Ainïi dom Calmet elt bien
éloigné de dire que Phegor fuit une montagne.
1. PHEGUS. Voyè.z,VàAcès.
2. PHEGUS, Etienne le géographe dit qu'on appelloit
ainfi une partie de !a tribu Eretthéïde.
PHEIA. Voyez, Phea.
PHELESS/EI , peuples d'Italie 1 félon Etienne le géo-
graphe , qui les place aux environs de la Japygie , Se
dans le voifinage des Umbres.
PHEL1CIA. Voye . Philf.cia.
PHELICUS. Voyez. Philicus.
PHELIDIS, Phelidii lNsuLA,ifle d'Italie-, P.Vi-
ctor , Defc. Rorru , la met dans la neuvième région de
Rome.
PHELLEUS , monragne de l'Attique , félon Etienne
le géographe, Suidas, & Platon, ïn Critia , fait men-
tion de certains champs appelles Phellei.
PHELLI A , fleuve de la Laconie. C'eit Paufanias , /.
3. c. 20. qui en fait mention.
PHELL1NA, ville d'Afrique, félon Diodore de Si-
cile,/. 10. c. 58. qui dit que les habitans du voifinage
étoient appelles Asphodelodes.
PHELLONE. Voyez. Phalti.
PHELLOÉ , ville de l'Achaïe. Paufanias, /. 7. c. 16.
qui la met au voifinage dVEgira , dit que s il y a un lieu
dans la Grèce qui puifle être dit arrofé d'eaux cou-
rantes, c'eit Phelloé. 11 ajoute qu'on y voyoit deux
temples , l'un confacré à Bacchus , Se l'autre a Diane.
La itatuede Diane étoit d'airain , & dans l'attitude d'une
PHE 943
perfonne qui tire une flèche de ion carquois, celle de
Bacchus étoit de bois peint en vermillon.
î. PHELLUS , ville de Lycie, oppolee à Antiphel-
lus , ou plutôt, comme dit Pline, /. ;. c. 28. dans
1 enfoncement, ayant Antiphellus a loppofue; car
Phellus étoit à quelque diltance d.ns les terres, au
lieu qu'ANTiPHErnjs étoit fut le rivage. Le périple de
Scylax, p. 39. donne un port à Phellus ; mais ou ce
port itùk ccLu d'Anriphellus, ou il n'étoit pas conti-
gu à la vilie. A la vérité Strabon , /. 14 p. 666. fem-
ble mettre l'une Se l'autre de ces villes dans lès terres-
mais on ne peut le dire que de 1 hillis Se s'il y place
Antiphellus , ce n'eu qu'a caufe du voifinage de ces deux
places. Elles étoient toutes deux episcopales , fuivant la
notice d Hieroclès.
2. PHcLLUS, ou Phello , ville du Péloponnèfe,
dans l'Eiidc. Stiabon , /. 8. p. 334. la met au voifinage
d Olympia
3. PHELLUS , montagne d'Italie. Le grand érymo-
logilte , qui en paile, dit qu'on y voyoit beaucoup de
pelles , forte darbie d'où découle la poix.
PHELLUS A , ifle que Pline , /. 5. c. 3 1. place quel-
que part aux environs de celle de Lefbos. Elle tiroit
Ion nom de 1 arbre du liège , qui y croifloir en abon-
dance : 4>t?i?\os , Phellus , fignifie l'aibre du liège.
PHEMI/E , ville de l'Aînée , contrée delaBoétic,
félon Etienne 1 géographe , quj cite Hellanicus.
PHENEBETHIS.K^î.Phoenebithis.
1. PHENEUS, lac ou étang de lArcadie. C'étok
dans ce lac que le fleuve Ladon prenoit fa fource , fé-
lon Paufanias , /. 8. c. 20. Ovide atribue aux eaux du Phe-
neus une venu merveilleufe. Si on en buvoit la nuit elles
donnoient la mort ; mais on pouvoit en boite le jour fans
aucun péril.
Efi Lacus Arcad'œ , Pheneum dixere priores :
Ambiguis fiupettus aquii , quas nocte timeto ;
NoUe nocent potx, fine noxa luce bibuntur.
2. PHENEUS, ou Pheneum, ville du Péloponnè-
fe , dans lArcadie, pioche de Nonacns , félon Strabon,
/. 8. C'eit entre ces deux villes que fe trouve le ro-
cher d'où coule l'eau du Stix Virgile, Aimid L 8.
v. i6j. fait entendre que Pheneus fut la demeure d'E-
vander , Se celle de fes ancê.res. Plutarque , in Cleo-
men. Paufanias, /. 8. c. 14. & Etienne le géographe,
font aufli mention de cette ville , Se le premier parle en-
core d'une ancienne Phcneon , qui avoit été détruite
par une inondation. Le lac Se la ville portent aujour*
d'hui le nom de Feneo.
PHÉN1CIE, province de Syrie (a), dont les limi-
tes n'ont pas toujours été les mêmes. Quelquefois on
lui donne l'étendue du nord au midi . depuis Onho-
fie jusqu'à Pélufe ( b ). D'autrefois on la borne , du côté
du midi, au mont Carmel & à Ptolémaïde(c). Il eft
certain, que depuis la conquête de la Paleitine par les
Hébreux, elle étoir afiez bornée, Se ne polledoit rien
dans le pays des Phihitins, qui occupoiem presque tout
le pays depuis le mont Carmel , le long de la Méditer-
ranée , jusqu'aux frontières de 1 Egypte. Elle avoit aufll
très-peu d'étendue du côtéde la terre, parce que les Krac-
litcs , qui occupoient la Galilée , la reOérroient fur la
Méditerranée. Ainfi , lorsqu'on parle de la Phénicie, il
faut bien diltinguer le tems. Avant que Jofué eût fait
la conquête de la Paleitine , tout ce pays étoit occupé
par les Chananécns , fils de Cham , partagés en onze
familles , dont la plus puiiïante étoit celle de Chanaan ,
fondateur de Sidon , Se chef des Chananéens propre-
ment dits , auxquels les Grecs donnèrent le nom de
Phéniciens. Ce furent les feuls qui fe maintinrent dans
l'indépendance , fous Jofué , fous David, fousSalomon ,
Se fous leurs fuccefleurs. Mais ils furent afiujettis par
les rois d'AflVrie , Se par ceux de Chaldée. Us obéirent
en fuite fucceflivement aux Perfes , aux Grecs Se aux
Romains , Se aujourd'hui la Phénicie eft foumife aux
Othomans, n'ayant point eu de rois de leur nation, ni
de forme d'état indépendant , depuis plus de deux nulle
ans ; car les rois que les Aflyriens les Chaldéens, les
PerleS Se les Grecs y ont quelquefois biffés , étoient leurs
tributaires, & n'exetçoient qu'un pouvoir emprunté. Les
PHE
944
principales villes de Phénicie croient Sidon , Tyr , PtcW
lémaïde, Ecdippe , Sarepta , Bérythe , Biblis, Tripoli ,
Orthofie, Simire, Arade. Les Phéniciens poffédoient
auffi anciennement quelques villes dans le Liban. Quel-
quefois les auteurs Grecs comprennent toute la Judée
fous le nom de Phénicie (d). Dans les anciennes noti-
ces eccléfiaftiques on diftingue la Phénicie de deffus la
mer, ôc l'a Phénicie du Liban. La première contient
les villes de Tyr, de Bérythe, d'Arcé, Gégarta, Pa-
néas , Triérii, Sidon , Biblos , Orthofia , Arade, Gonaï-
ticus , Saltus , Ptolémaïde -, Tripoli , Botrys , Entarade,
Politiane ; ôc la Phénicie du Liban contient Edeffe,
Abiia, Jurtinianopolis, Gonaïticus Saltus, Laodicée,
Damas , Palmyre , Salaminias , Eliopolis , le canton des
J'ambrudes, le canton des Magludes, le canton orien-
tal. On voit par-là combien grande étoit alors l'éten-
due de la Phénicie. Voici les principaux lieux que Pto-
lomée, /. j. c. ij. place dans cette contrée :
'L'embouchure du fleuve Elutherus ,
Simyria ,
Orthofia t
Tripolis ,
[Theuprofbpon y ou la face de Dieif»
\ Botrys ,
IByblus ,
iL'embouchure du fleuve Adonius >
Sur le bord de JBerythus ,
la mer. ~\L'embouchure du fleuve Lcontes,
ÏSidon >
YTyrus ,
[ Ecdippa ,
Ptolemaïs ,
Sycaminon ,
Le mont Carme l ,
Dora ,
.L'embouchure du fleuve Chorfeuf.
Ç Arca ,
Dans les ter- j PaUobiblus , ou la vieille Bibhts ,
ECS. J Gabala,
(^ Cxfarea Vania.
* ( a ) Dom Calmet , Dift. ( b ) Vide Hcrodot. 1. 4. c.
39. & 1. 7. c. 89. (c) Strabon, l. 16. Hicroaym. ad
If aï. 29. ôc ad Amos 8. (d ) Vide Keland , Pakcrt. 1. 1 .
c. 9. p. ;o.
PHENICIENS. Hérodote, /. 4. c. 104. dit que les
Phéniciens habitèrent d'abord fur la mer Rouge , ôc
■que de-là ils vinrent s'établir fur la Méditerranée , en-
tre la Syrie ôc l'Egypte. Cela , dit dom Calmet , Ditt.
peut alternent fe concilier avec Moïfe , qui les fait ve-
nir de Cham, qui peupla l'Egypte ,ôc les pays voifins.
Le nom de Phénicie ne fe trouve point dans l'Ecriture
dans les livres écrits en hébreu, mais feulement dans
ceux dont l'original eft grec, comme les Machabées,
& les livres du Nouveau Tertamcnr. L'hébreu lit tou-
jours Chanaan. On peut voir ce que nous avons dit fur
l'article Chanaan. Cependant faint Matthieu, ij , 22.
qui écrivoit en hébreu ou enfyriaque, appelle Chana-
néenne une "femme que faint Marc , 7 , 26. qui écrivoit
en grec , a appellée Syrophénicienne , ou Phénicienne
de Syrie , parce que la Phénicie faifoit alors partie de la
Syrie , & pour la difiinguer des Phéniciens d'Afrique
ou des Carthaginois. On dérive le nom de Phéniciens,
ou de palmiers, appelles en grec Phoinix , qui font
communs dans la Phénicie, ou d'un Tyrien , nommé
Phcrnix, dont parle la fable, ou de la mer Ronge , des
bords de laquelle on prétend qu'ils étoient venus. Phœ-
nix fignifie quelquefois rouge, d'où vient Punïceus, ôc
Phœnicair color. D'autres le font venir de l'hébreu Pin-
chas, ou Phinées ; d'autres de Bené-anak(rt ) , filsd'A-
nak , ou descendus des Enacim. On fait que les Géans,
fils d'Enak , étoient très-fameux dans la Palefiine. On
atttibue aux Phéniciens plufieurs belles inventions. Par
exemple l'art d'écrire ( b ) :
Fh&nices prïmï , famxf credhur , au ';
Manfuram rudibus voeem fignare figuris.
PHE
On dit de plus qu'ils ont les premiers inventé la navi-
gation, le commerce , l'aftronomie , les voyages de long
cours ( c). Bochart a montré, par un travail incroya-
ble, qu'ils avoient envoyé des colonies, ôc qu'ils avoient
laiffé des vertiges de leur langue dans presque toutes les
ifles ôc toutes les côtes de la Méditerranée. Mais la plus
fameufe de leurs colonies eft celle de Carthage. On croit
qu'à la venue de Jofué plufieurs fe retirèrent en Afrique
( d), ôc en d'autres lieux. Procope dit que l'on trouva à
Tingis en Afrique , deux colonnes de marbre blanc , tires-
fées près de la grande fontaine , où l'on lifoit en caractères
Phéniciens : Nous femmes des peuples qui avons pris la.
fuite devant le Voleur Jefu , fils de Navc. On peut voir»
ajoute dom Calmet , notre differtation fur le pays où fe
fauverent les Chananéens , &c. imprimée à la tête de
notre commentaire fur Jofué. * ( a ) Vide Bochart.
Chanaan. 1. 1. c. 1. (b) Lucan. 1. 3. v. 22. (c) Dionyf.
v. 904. ( d ) Procop. Vandalicis, 1. 2. c. 10.
PHENNESUS, Ph^non. Orrelius, Thef dit qu'il
paroît par l'hiftoire Tripartite, ôc par un partage de
Nicéphore Callifte , que c'eft le nom d'un lieu où il y
avoit des mines métalliques , ôc où l'on envoyoit quel-
quefois les Chrétiens , ad Phennefia & Proconefia me-
talla.
PHENUSTUS , Fenustus &Phenutus , fiégeépis-
copal d'Arabie , fous la métropole de Boftra. Il y a ap-
parence que Phenutus ert la véritable orthographe ; c'eft
du moins celle que fuit la notice de Léon le Sage. Ce
fiége épiscopal étoit au même lieu où fe trouvoient les
mines dont nous avons parlé dans l'article précédent ,
&: qu'on appellok Mctalla Phmufia. C'ert le fentiment
du P. Hardouin.
1. PHER^E, ville de l'Achaïe propre , félon Ptolo-
ritée , /. 3.C. 16. qui la place dans les terres; mais elle
n'étoit pas éloignée de la côte , à en juger du moins
par la narration de Strabon , & par le rang qu'il donne
à cette ville. Ce dernier géographe . ruiflï-bien que Po-
lybe & Pline» au lieu de Pher«, lifent Phaiue. Voyez,
Phar/e. ,
1. PHER^£, ville du Péloponnèfe , fur le golfe de
Merténie , au-delà du fleuve Pami fus , félon Strabon,
/. 8. p. 360. ôc Ptolomée , /. 3. c. i<5. Paufanias , Meffcn.
e. 31. dit que cette ville étoit à près de fix rtades de
la mer , ôc il écrit Phares pour Pher& , félon le diale-
cte dorique , qui change ordinairement l'e en a. Poly-
be, Légat. n.$). écrit Phara au nombre fingulier; Ôc
Strabon ajoute que le fleuve Nedâ a fon embouchure
dans la mer , auprès de Pher*. Cheramidi ert fon nom
moderne, félon Sophien.
3.PHER/E, ville de la Macédoine. Ptolomée, /. 3.
c. 13. & Tite-Live, /. 33. c. 6. la placent dans la Pé-
lasgie; mais Paufanias, /. t. c. 1 3. ôc Cicéron , /. 1. de
Divinat. c. i$. la mettent dans la Theffalie. Strabon
dit qu'elle étoit à l'extrémité de la Pélasgiotide , du côté
de la Magnéfie.
4. PHER/E , Fera , ou Fere , ville d'Afie , dans la
Sérique , félon quelques manuferîts d'Ammien Mar-
cellin , /. 23. t. 6. Mais de Valois croit qu'il faut lire
Ser>£ » parce que SeRj£ étoit la capitale de la Séri-
que.
j. PHERyE , ville de la Bœotie , félon Homère , Ca-
talog. Strabon, /. 9. p. 405. dit que c'étoit un des
quatre villages qui fe trouvoient dans le territoire de
la ville appellée Tanagra. Pline, /. 4. c. 7. fait anJîi
mention de cette ville , mais il ne dit rien qui puifle
donner la moindre idée de fa fituation.
6. PHER/£. Etienne le géographe mer une ville de
ce nom dans la Japygie , une autre dans l'Etolie , ôc une
troifiéme chez les Parthyéens.
7. PHER/C , ville de la Laconie , félon Paufanias Se
Pline : c'ert la même que nous avons placée fur le golfe
de Merténie. Voyez. Pher.£, n. 2.
PHER.EA, ville de l'Arcadie, félon Strabon. /. 8,
p. 3^7. qui la place au deffus de Dyme.
PHERENDIS , ville de la Grande-Arménie. Ptolo-
mée , /. ;. c . 1 3. la met à l'orient du Tigre , entre SU ôc
Ti^ranocerta.
'PHEREPUM, ville au voifinage de l'Euphrate, fé-
lon Nicécas , cité par Ortclius , Thef.
PHERETIANI,
PHE
PHI
PHERETIANI, peuples de la Liguric , dont il eft
parlé dans les origines de Caton , citées par Ortclius.
.11 en rapporte ce partage : Pheretiani ob adjetlos Colo-
nos Gemi£ oppido reliquere Amni proximo & Regioni no-
men Pheretiani. Ne feroit-ce point du fleuve Feritor
dont il feroit queftion dans ce partage î Voyez. Feri-
tor.
PHAREZEENS, anciens peuples qui habitoient la
Paleftine , & qui étoient mêlés avec les Chananéens.
Il y a même allez d'apparence , dit dom Calmet , Dicl.
qu'ils étoient eux-mêmes Chananéens, mais que n'ayant
point de demeure fixe , & vivant à la manière des Scy-
thes Se des Nomades, disperfés tantôt en un lieu du
pays , & tantôt dans un autre , ils furent pour cela qua-
lifiés Phéréféens , c'eft-à-dire épars , disperfés. Phéra-
zot fignifie des hameaux, des villages. Les Phéréféens
n'habitoient pas un endroit fixe de la terre de Cha-
naan. Il y en avoir au-deçà Se au-delà du Jourdain,
dans les montagnes Se dans les plaines. En plusieurs
endroits on met Chananaum Se Pherefœum , comme les
deux principaux peuples du pays. Il eft: dit que du
tems d'Abraham Se de Loth , Genef, 13, 7. le Chana-
néen & le Phéréféen étoient dans le pays. Les Ifracli-
tes de la tribu d'Ephraïm fe plaignant à Jofué , c. ij ,
ij. qu'ils étoient trop reflerrés dans leur parcage, il
leur dit d'aller , s'ils vouloienr , dans les montagnes des
Phéréféens Se des Rephaïms, Se d'y défricher du ter-
rein pour le cultiver. Salomon, III. Reg. 9, 20, 21
Se II. Par. 8 , 7. afTujettit Se rendit tributaires les relies
des Chananéens & des Phéréféens, que les enfans d'Ifraë'l
n'avoient pu exterminer. Il eft encore parlé des Phéré-
féens au tems d'Esdras , après le retour de la captivité
de Babylone ; Se pluficurs Ifraëlites avoient époufé des
femmes de cette nation. I. Esdr. 9 , 1.
PHERINUM, ville de la ThelTalie, félon Tite-Li-
ve, /. 32. c. 14.
PHERITO. Voyez. Feritor.
PHERME ou Ferme , montagne d'Egypte , dans le
déferr de Sécé. C'eft dans cette montagne que demeu-
roit faim Paul hermite , à ce que nous apprend Sozo-
mène, /. 6. c. 29. dans fon hiiloite de l'Eglife. Cal-
lifte Se Palladius parlent aufli de cette montagne ;&
Ortelius dit que Philon le Juif , in Vita contemplât.
fiemble en donner la defeription , quoiqu'il ne la nom-
me pas.
PHERMUTIACUS. Voyez. Thermuthiacus.
PHERONIA , ville de l'irte de Sardaigne. Ptolomée,
/. 3. c. 3. la place fur la côte orientale , entre l'em-
bouchure du fleuve Cxdrus Se la ville d'Olbia.
PHERR ACI A , ville de la Colchide , félon Strabon ,
/. 11. p. 499. mais Cafaubon Se Ortelius croient que
ce paflage de Strabon eft corrompu, Se qu'au lieu de
Pherracia , il faut lire Pharnacia.
PHESCENNIUM, ville d'Italie, dans l'Etrurie ,
félon Ortelius, qui cite les origines de Caton. Fescen-
nia eft la même ville que Phescennium. Voyez. Fes-
CENNIA.
PHÉS-DOMIM , ou Aphez-Dommim ( a ) , lieu de
la Paleftine , dans la tribu de Juda , entre Soco Se Aze-
ca. Voyez, Aphez-Domim. Le texte de la Vulgate lit: in
finibus DommimmWzu d'ApHEZ-DoMiM (b). C'eft-là
où l'armée des Philiftins , dans laquelle étoit Goliath ,
s'affemWa. Une autre fois les Philiftins s'affemblerent
encore à Pbes-Domim, depuis que David fut reconnu
roi. Ce fut dans cette occaflon qu'Eléazar Se Semma,
deux héros de l'armée de ce prince , arrêtèrent feuls
toute l'armée ennemie , s'étant portés au milieu d'un
champ femé d'orge (( ). 11 y en a qui croient que le
vrai nom de cet endroit eft Dommim ou Dammin ,
qui fignifie le Jang. * {a) D. Calmet , Dict. (b)l.
Reg. 17 , 1. ( c ) I. Par. 11, 13, 14.
PHESTI , lieu d'Italie , dans IcLacium, à cinq ou
fîx milles de Rome. C'étoit autrefois l'extrémité du ter-
ritoire de cette ville -, ce qui fait que du tems de Stra-
bon les prêtres y faifoient les factifices nommés Ambar-
valia j comme dans les autres lieux qui étoient aux
frontières des Romains. * Strabon , 1. j. p. 230.
PHESTUM, ville de ThelTalie , dans l'Eftiotide , fé-
lon quelques éditiojus de Tite-Live ; mais les meilleures
portent Pb&ftum , qui eft la véritable orthographe;
Voyez. Ph^stum.
PHETA , lieu dont l'eau a la qualité de rendre les
femmes peu fécondes , félon Athénée , cité par Ortc-
lius.
PHETROS , la même que Pathros Se Phath. Voyez.
l'article Phathures.
PHETRUSIM , cinquième fils de Mizraïm , peupla
le canton nommé Phathures ou Phatros , dans la Haute-
Egypte. Voyez. Phathures.
PHEUGARUM , ville de la Germanie , entre Tuîu
furgium Se Canduum , félon Ptolomée , /. 2. e. 11
On croit que la ville de Halberftadr , dans la Saxe ,
a été bâtie de fes ruines.
PHIA , ville du Péloponnèfe. Elle fut un fujet de
querelle entre les Laconiens Se les Mefleniens, félon
Etienne le géographe, qui cite Homère, Iliad. H.
v. 135. C'eft une ville maritime del'Elide, félon Thu-
cydide , /. 2 & 7. Se il y avoit un promontoire de mê-
me nom. Cette ville eft nommée Pheia par Strabon,
/. 8. p. $4$. Voyez. Phea.
1. PHI AGI A, ville ou bourgade de l'Attique. Elle
eft attribuée par quelques-uns à la tribu Egéïde, Se
par d'autres à l'Aiantide ; mais une infeription donc
parle Spon la met fous l'Hadrianide.
2. PHIAGIA , bourgade de l'Attique , dans la tribu
Pandionide , fclon Etienne le géographe.
1. PHIALE , Wah. Ce mot qui fignifie une coupe
plate , remplie jusqu'au bord , a été donné à plufieurs
lacs ou réfervoirs d'eau , à caufe de leur figure ronde, Se
de leur refiemblance à un baffin plein d'eau.
2. PHIALE ou Thiala , fontaine ou lac très-célè-
bre au pied du mont Hermon , & d'où le Jourdain
prend fa fource. Jofephe , de Bell. I. x.c. 18. raconte
qu'à cent vingt ftades de Céfarée de Philippes, fur le
chemin qui va à la Trahchonite , on voit le lac de
Phiale , lac parfaitement rond comme une roue, Se donc
l'eau eft toujours à pleins bords , fans diminuer jamais
ni augmenter. On ignoroit que ce fût la fourcç du Jour-
dain , jusqu'à ce que Philippe Tétrai que de Galilée le
découvrit d'une manière à n'en pouvoir douter , en jet-
tant dans ce lac de la menue paille , qui fe rendit par
des canaux fouterreins à Panium , d'où jusqu'alors on
avoit cru que le Jourdain tiroit fa fource. * D. Calmet ,
Dict. .
3. PHIALE, ou Phiala , lieu d'Egypte, dans le
Nil, Se dans la ville de Memphis. Tous les ans, die
Pline, /. 8. c. 47. on y jettoit une coupe d'or & une
coupe d'argent le jour de la naiflancedu dieu Apis.
4. PHlALE, lieu d'Egypte , dans la ville d'Alexan-
drie. On donnoit ce nom au lieu où l'on ferroiu le bled ,
qu'on amenoit d'Egypte fur des bateaux , par le canal
que l'on avoit creufé depuis Chérée jusqu'à Alexandrie.
Mais comme le peuple étoir accoutumé à excirer dans ce
lïeu de fréquentes féditions , Juftinien, pour arrêter le
cours de ce desordre , fit enfermer ce lieu d'une forte
muraille. * Procop. ,/Edif. 1. 6. c. 1.
5. PHIALE, ou Phiala. Pline, /. 5. c. 9. appelle
ainfi la fource du Nil.
1. PHI ALI A, ville du Péloponnèfe, dans l'Arca-
die , félon Ptolomée, /. 3. c. \6. qui la place entre He-
r&a Se Tegea. Etienne le géographe & Paufanias , /. j.
difent qu'on la nomme aufli Pbigalea. Elle eft appellée
Phugalaia par Polybe , /. 2. Se Phigalia par Athénée ,
l.y.c. 6. Niger prétend qu'on l'appelle préfentemenc
Davia.
2. PHIALIA , ville de Bithynie. C'eft Etienne le geo-
graphe qui en fait mention.
PHICARI, ou Phycari, peuples de l'Inde. Ils habi-
toient fur le mont Caucafe , félon Pline, /. 3. qui die
qu'on trouvoit chez eux une pierre précieufe d'un verd,
qu'on nommoit Callais.
PHICEUM , monragne de la Bœotie, félon Etienne
le géographe Se Apollodore , /. 1 . c. 29. Héfiode Se Plu-
tarque écrivent Phicion, pour Pbiceum. C'eft la mon-
tagne où demeuroit le Sphinx. Ffly^MoABEN.
PHICOLA. Voyez. Fichola.
PH1CORES, peuples d'Afie. Pomponius Mêla, de
Bosfh.Trac.l. 2. c. 1 3.1esmetaunombre des Méotiques,
qui habitoient entre le Bosphore & le Tanais,
Tom. IV. Dddddd
94* PHI
PHil)AL1/£, golfe de l'Europe, fur le Bosphore
de Thrace , aux environs de Byzance. C'eft Suidas
qui en paile. Pierre Gilles, p. 16. dit qu'on nomme
préfentement ce golfe Sarantacopa , 6c que c'eft le mê-
me que l'on a appelle anciennement Portus Mulie-
rum.
PHIELA , lieu voifin de Conftantinople, fuivant Pier-
re Gilles , dans fa defcription du Bosphore.
PHIGALEA. Voyez. Fhialia.
PHIGAMUS , fleuve de la Cappadoce. Arrien , /. 6.
n. 83. en parle dans fon périple du Pont-Euxin \ il met
quarante ftades entre Oenoe & le fleuve Phigamus.
PH1GASEUS , ou Phigasensis , peuple d'Arcadie ,
félon Hérodote, /. 6. c. 7. qui donne le furnom de
Fhigafeus à un certain Cléandre , du nom de fa pattie.
PHIGIA , ville de l'Arabie-Heureufe. Ptolomée , /.
6. c. 7. la place dans les terres , entre Saphtha & Ba-
DAIS.
PHIGOUS , peuple de Attique , dans la tribu Ere-
éthéïde ; 6c c'eft le même peuple qu'Harpocration appelle
Phigousion.
PHI H AHIROTH, ou Pihachiroth. Les Hébreux,
dit dom Calmet , Dicl. étant partis de Socoth , vin-
rent à Etham. Alors le Seigneur dit à Moïfe : Dites aux
enfans d Ifiraél qu'ils retournent , & qu'ils aillent camper
vis-à-vis de Phi-Habiroth , entre Magdalum & la mer ,
vis-à-vis de Bel-Sephon. Le terme Phi-Hahiroth fe peut
expliquer par le défilé deHiroth, ou la bouche de Hi-
roth. Moïfe , dans les Nombres, c. 3 3 , 8. le nomme Am-
plement Hiroth; Eufebe , auffi-bien que faint Jérôme,
dans le livre des lieux hébreux , l'appellent de même.
D'autres traduifent : Vis-à-vis les creux ou lesfojjës , Syr.
Les Septante dans l'Exode traduifent: Vis-à-vis le vil-
lage , d'autres vis-àvis le défilé de la Liberté , ou le dé-
filé de la Sécher effe. Nous croyons, ajoute dom Calmet,
que Hiroth efl la même que la ville d'Heroum ou d'He-
roopolis, fituée à l'extrémité ou à la pointe de la mer
Rouge , ou bien la ville de Phagroriopolis , placée par
Strabon , /. 17. vers le même endroit, 6c capitale du
canton Phagroriopolite.il y a beaucoup d'apparence que
Phi-Hahiroth marque le défilé qui étoit près d'Heroum.
Ceft au-delà de ce défilé que les Hébreux allèrent cam-
per fur la mer Rouge. * Exod. 13 , 20 , 14,2.
1. PHILA, ifle de la Libye. Elle étoit formée par les
eaux du fleuve Tfiton , &on y voyoitlavilledeNyfa ,
dans laquelle on ne pouvoit entrer que par un feul en-
droit , appelle Porta Ntfia, les portes de Nyfa. Diodore
de Sicile, /. 3. c. 68. & Ariftide , Oratione Mgyptiaca ,
nous ont donné une belle defcription de cette ifle, & Etien-
ne le géographe la décrit d'après Hérodote, dont les
exemplaires portent néanmoins Phla pour Phila; mais
il y a apparence que c'eft une faute de copifle ; car tous
les autres auteurs écrivent Phila.
2. PHILA. Voyez. Phil^e.
3. PHILA, ville de Macédoine, à moitié chemin,
entre Dium ck Tempe, fur un rocher , au bord d'un fleu-
ve, qui femble être l'Enipée, fuivant la narration de
Tite-Live , /. 44. c. 8. Cependant Etienne le géographe
dit que la ville de Phila avoit été bâtie fur le bord du
Jîeuve Pénée , par Démétrius , fumommé Gonatas , fils
d'Antigonus , & qu'il la nomma Phila , du nom de fa
mère. Ceft aujourd'hui Fello , petite ville de Macé-
doine. .
4. PHILA. Voyez. Stoechades.
1. PHILADELPHIE, Pbihdelphia, on Pbiladelphea,
ville de l'Ane -Mineure, à vingt-fept milles de Sardes vers
le fud-eft,& à quatre-vingt-dix de Smyrnc , au pied du
Tmolus , d'où la vue efl très-belle fur la plaine. Stra-
bon, vers la fin de fon treizième livre, femble mettre
cette ville dans la Myfie : F oft Lydos , dit-il ,futit Mjjî
& Urbs Tbiladelpbea , terr&moùbus obnoxia ; mais ce
même géographe ajoute que les bornes de la Phrygie ,
de la Lydie , de la Carie & de la Myfie font tellement
mêlées du côté du midi , qu'il feroit bien difficile de les
diftinguer. Ptolomée, Etienne le géographe 6c toutes
les notices épiscopales, mertent cette ville dans la Lydie.
Elle tiroir fon nom , félon Etienne le géographe , d'At-
talus Philadelphe, frère d'Eumenes, fon fondateur. Les
habitans s'appelloient Pbiladelphei 6c Pbiladclpbcni. La
ville de Philadelphie fut célèbre , entre autres par fes
PHI
jeux publics *, & George Wheler, Itiner. p. jij. rap-
porte une infeription , ou entre autres chofes on lit :
KOINA ACIAC EN
*IAAAEA*IA.
C'efl-à-dire , les fêtes communes de l'AJte à Philadel-
phie , ou l'ajfemblée folemnelle pour les jeux de l'Afie à
Philadelphie. * Spon , Voyage du Levant , t. 1. p. 207.
Cette ville efl dès le premier fiécle de l'églile un fié-
ge épiscopal. Du tems que faint Jean l'évangélifle écri-
vit fon Apocalypfe , l'ange ou l'évêque de Myfie , étoit
un très-faint homme. Voyez Apoc. 3,7,8,9, &c. On
ignore fon nom. Auréolus & de Lyra croient que c'é-
toit faint Quadrat , disciple des apôtres. * Vide Halox.
in vit. Quadrati.
Les Grecs confervent l'ancien nom de Philadelphie ;
mais les Turcs l'appellent AUahscbeyr , ou Allachars ,
comme qui diroit la ville de Dieu. Lorsqu'ils vinrent:
pour s'emparer du pays , les habitans fe battirent 6c fe
défendirent vigoureufement. Les Turcs , pour leur don-
ner de la terreur , firent un retranchement par une mu-
raille touted'os de morts, liés enfemble avec de la chaux.
Les habitans furent forcés de fe rendre-, mais ils firent leur
capitulation plus douce que celle de leurs voifins. On
leur laifia quatre églifes qu'ils ont encore , favoir Pa-
nagia , Saint George , Saint Théodore , 6c Saint Taxiar-
que , qui efl le même que Saint Michel. Il y a dans
Philadelphie fept ou huit mille habitans, entre lesquels
on peut compter deux mille Chrétiens.
2. PHILADELPHIE , autrement Rabbat ou Rab-
bat-Ammon •, ( Rabbat filiorum Ammon ) AmmAna ,
ou Rabat-Amana. C'étoit la capitale des Ammoni-'
tes , fituée dans les montagnes de Galaad , vers les four-
ces du fleuve Arnon. Elle efl quelquefois attribuée à
l'Arabie , parce qu'elle étoit aux confins de la I érée Se
de l'Arabie. Ptolomée, /. j. c. 15. la place dans la Cœ-
léfytie , de même qu'une médaille rapportée par Span-
heim, p. 896. Etienne le géographe dit que Philadel-
phie efl la troifiéme ville confidérable de la Syrie, qu'elle
fe nomma premièrement Ammana , enfuite Allaite ,6c
enfin Philadelphie, du nom de Ptolomée Philadelphe.
Polybe, /. 5. c. 71. a aufîi confervé le premier nom
de cette ville , car il l'appelle Rabat-Amana , & la met
dans l'Arabie. Eufebe la place à dix milles de Jazer ,
vers l'orient. Il efl afïez vraifemblable que cette ville
fut occupée par le roi Og , puisque du tems de Moï-
fe, on y montroit encore fon lit de fer , long de neuf
coudées , 6c large de quatre. Elle fut du nombre des
villes de la Décapole , 6c de delà le Jourdain. Jo-
fephe, de Bel. I. 3. c. 2. étend la lérée ou la région de
delà le Jourdain , depuis ce fleuve jusqu'à Philadelphie.
Voyez. Rabbat-Aaimon. Saint Ignace le martyr avoir
apparemment prêché l'évangile à Philadelphie ; c'eft à
l'églife de ce lieu qu'il écrivit fa lettre intitulée -.Aux
Philadelpbiens. * Dent. J-, il. Pline , 1. ;. c. 18.
3. PHILADELPHIE, ville de la Cilicie. Ptolomée,
/. 5. c. 8. la place dans les terres, entre Domiiiopolis 6c
Seleucia aspera. Quoique cette ville fût bien moins con-
fidérable que les deux précédentes, elle ne laifTa pas d'être
épiscopale. La notice du patriarchat de Jérufalem la met
fous la métropole de Séleucie , 6c l'appelle Philadelphie
Parva, Philadelphie la petite.
4. PHILADELPHIE , ville d'Egypte, félon Etienne
le géographe.
5. PHILADELPHIE , ville de l'Amérique feptentrio-
nale , capitale de la Penfylvanie , au 30 deg. 40 min.
de longitude , 6c à 39 deg. 50 min. de latitude. Elle a
deux milles de long , entre la rivière de Laware 6V celle
de Schuyskil , & un mille de large : elle a une grande
rue le long de chaque rivière , Se une au milieu , qui
efl la plus grande de toutes, 6c qui va d'une rivière à
l'autre. Cette rue à cent pieds de latge -, une autre coupe
la ville dans fa largeur , comme la précédente la coupe
dans fa longueur, & elle efl de la même largeur. Toutes
les autres qui font parallèles à ces deux-ci , ont cinquante
pieds de largeur. Philadelphie eft aujourd hui une des
plus belles, des pins riches & des plus brillantes villes
que les Anglois ayent dans le Nouveau Monde. * Le
pire de Charlevoix, Mémoires manuferits.
PHÏ
PHÏ
VHILJE , ville d'Egypte , proche de la cataracte chi
Nil , félon Ptolomée , /. 4. c. 5. Il y avoit auflï une ifle
de même nom , 8c c'eft dans cette ifle que la ville étoit
bâtie, félon Sénéque ,/. 4. Qu&ft. Nat. c. 2. Le Nil après
s être répandu dans de valtes déferts, 8c y avoir for-
mé divers marais, fe raffemble au-deffus de Phil/E,
ifle escarpée de tous côtés. Deux bras du fleuve font
cette ifle , 8c' fe réunifiant au-deflbus , ne forment plus
qu'un feullit, qui eft le Nil& qui en porte le nom. Cette
ville a été épiscopale. Dans le concile d'Alexandrie tenu
l'an 362, on trouve la fouferiprion de Marcus Philo-
rum episcopus.* Harduin. Collect. conc. tom. 1. p.
730.
PHILENORUM , ou Philenorum Vicus. Voyez.
au mot Ar/e , l'article Akje Philenorum.
PHILENORUM AR/£. Voyez, au mot Ar* , l'ar-
ricle Ar^e Philenorum.
PHILi£UM , ville de l'ancienne Germanie. Ptolo-
mée , /. i.c. 11. la place dans le climat le plus fepten-
trional. Quelques-uns veulent que ce foit la ville de Gro-
ningen ; mais ce ne font que les interprètes qui écrivent
Philœum ou Phileum , le texte grec porte Phlatm.
PHILAIDE , peuple de la tribu /Egéïde , félon
Etienne le géographe.
PHILANORIUM, lieu de l'Argie , félon Paufanias ,
/. 2. c. 36.
PH1LARCHI , peuples d'Afie, que Srrabon , /. 2. p.
130. joint avec les Scenites. Il dit qu'Us habitoient le long
de l'Euphrate& dans la Syrie.
PHILE Se Phileas, petite contrée du territoire de
Byzancejcar c'eft ainfi fans doute qu'il faut rendre ces
rrois mots d'Etienne le géographe : Phy.'eas , Regiuncu-
la Byz>anlii. Nicétas fait auffi mention dt cette contrée ;
8c Ortelius dit avoit lu dans Godefroi Willehardouin ,
que cectecontrée étoit fur le bord du Pont-Euxin. Etien-
ne le géographe ajoute que quelques-uns écrivent Phi-
leas 8c d'autres Phineas.
PHILEATINA , marais près de la côte du Pont-Eu-
xin , à l'occident folltitial de Byzance , félon Zozime
dans fon hilloire nouvelle,/, i.c. 34.
PH1LECIA, ville de la Germanie. Ptolomée, /. 2.
c. 11. dit qu'elle étoit près du Danube , entre Medojla-
vium 8c Rhoboditmtm. Au lieu de Philecia , fes inter-
prètes écrivent Philicia.
PHILEMPORUS , lieu aux environs de Byzance. Si-
méon le Métaphralk en parle dans Ja vie de faint Daniel
Stylite.
PH1LENE. Voyez. Phyle.
PHILENORUM , ville de la Bœotie , dans l'Arnée ,
félon Etienne le géographe, qui dit qu'elle tue fon nom
de Philenor l'Etolien.
PHILEROS, ville de la Macédoine. Pline, /. 4. c.
10. la met dans les terres. Le père Hardouinditqui- quel-
ques manuferits au lieu de Phyleros Lient Pyloros;
8c il croit cette dernière orthographe la meilleure.
PHILETA , ville aux enviions de la Carie , félon Or-
telius , qui cite Conftantin Porphyrogéiiete.
PH1LETO. Voyez. Megalopolis.
I. PHILIA , ifle de l'Egypte, aux confins de l'Ethio-
pie , proche de la ville de Tacompfon , félon Etienne
le géographe.
2". PHILIA, promontoire de Thrace, fur le Pont-
Euxin. Ptolomée, /. 3. c. 11. le place près de Philo-
polis. Cette Philopolis efl différente de celle que Pom-
ponius Mêla, /. 2. c. 2. appelle Fhileas , 8c qui étoit
au voifinage.
PHILIAD/E , bourgade de l'Attique. Elle prenoit fon
nom de Philarus , fils d'Ajax , 8c étoit la patrie de Pifi-
ûrate. Etienne le géographe la met dans la tribu JEgéï-
We; mais félon le marbre des treize tribus , rapporté par
Spon, Lijle de l'Attique , il la faut ranger fous l'Oe-
néïde. A Athene», ajoute t-il , chez le frère de Capitan-
ki , on lit l'infctiption fuivante :
AirHIS ANAPON ENIKA
TAriAHS KTH2IOY 4>IAIAH2 EXOPHrEI
AT2IMAXIAH2 EniAAMNIOS HYAEI
XAPIAAO-i A0KP02 EAIAAIKE EY0TKPITOS
HPXEN.
947
C'eft-a-dire : La tribu JEgcïâe des hommes a eu la
vilioire : Evagidès ,fils de Ctefias de Philiada, a préfidé
aux jeux : Lyjïmachidès Epidumnien a eu foin de la mu-
Jtque: Cbarilaus Locrien a récité : Euthycritus a été Ar-
chon.
Fulvius Urfinus a cité cette infeription » fans mar»
quer le lieu où elle étoit dans fes images dès hommes
illuftrcs.
PHILICUS, ifle que Ptolomée , /. 7. c. 4, range au
nombre des treize cens foixante 8c dix-huit , qu'il dit être
au-devant de l'ifle de Taprobane. Ses interprètes lifent
Phelicus.
1 . PHILIPPES , Philippi , ville de la Macédoine , fé-
lon quelques uns , 8c de la Thrace , félon le plus grand
nombre. Cette ville eft célèbre, premièrement par fou
fondateur, Philippe de Macédoine, qui, trouvant ce
lieu avantageux pour faire la guerre aux peuples de la
Thrace , le fortifia : fecondement par la bataille qui fe
donna fur fon territoire , où Caflius & Brutus perdi-
rent la vie ; 8c en troifiéme lieu par l'épître que faint
Paul adrefla à fes habitans. Avant que Philippe la for-
tifiât , elle fe nommoit Datus , 8c encore auparavant on
la nommoit Credines , félon Appien, Civil. I. 4. p. 650.
qui nous apprend qu'elle étoit fituée fur une colline es-
carpée , dont elle occupoit tout le fommet. Les Romains
y établirent une colonie. Ce titre lui eft donné dans
les actes des apôtres, c. 16. v. 12. dans Pline , /. 4. c .
11. & fur plufieurs médailles. Saint Paul y prêcha l'an
$ 2 de l'ère commune , 8c y convertit quelques perfoil-
ncs , entreautres une marchande de pourpre , nommée
Lydie. Il y délivra du démon une fervante , qui avoit
un esprit familier, qui la faifoit deviner plufieurs cho-
fes , 8c qui produifoit un grand profit à fes maîtres.
Ceux-ci émurent toute la ville contre faint Paul , 8c
les magiftrats le firent arrêter , fouetter 8c mettre en
prifon : mais le lendemain on le renvoya aveeexeufes,
ayant appris qu'il étoit citoyen Romain. Le fleur Lucas ,
Voy. t. 2. p. icc. qui a vu les ruines de cette ville, dit
qu'étant parti de Drame, il marcha cinq heures, au
bout desquelles il arriva au commencement de ces rui-
nes , que les Grecs d'aujourd'hui appellent Pbibppipi;
c'eft -à-dire , la terre de Philippes. On trouve d'abord le
château qui elt à main gauche. On l'a bâti fur une mon-
tagne ; il elt très-vafte , & fes murailles font encore pres-
que toutes entières. Sur différentes éminences qui en-
tourent la montagne & le château, s'élèvent plufieurs
autres forte reffes qui y ont des correspondance?. Diver-
fes grandes murailles eri dépendent , 8c s'étendent jus-
que dans la plaine. Lorsqu'on eft arrivé dans la place
de Philippes , on trouve des monceaux de pierres de
taille & de marbre, fans qu'il paroiffe aucun vertige de
bâtiment. Enfuite on rencontre un grand nombre d'édi-
fices , feulement à moitié abbatus. Il eft aifé de s'apper»
cevoir qu'ily a eu , parmi de beaux temples bâtis de mar-
bre blanc , de fuperbes palais , dont les relies donnent
encore une haute idée de l'architecture ancienne, 8c
plufieurs monumens magnifiques. Après avoir marché
une heure 8c demie dans ces ruines , nous trouvâmes ,
ajoute le fleur Lucas-, une groffe pierre d'environ vingt
pieds de haut , 8c de quatre pieds fur chaque face. Elle
paroit avoir fervi de piedeftal. Sur un des côtés, il y avoit
une infeription en lettres majuscules ; mais elles font
absolument rongées, 8c on ne peut découvrir que ces
deux lignes qui étoient les deux premières :
C. VIBIVS CF. COR. QVARTVS.
MILLE c. V. MACEAQNIO.
2. PHILIPPES (Césaree de). Voyez. Cesarée de
Philippes.
3. PHILIPPES ( L'isle de Saint). Voyez. Fuego.
4. PHILIPPES (Saint ) , ville de l"Amériqne Sep-
tentrionale , dans la Nouvelle Espagne. Son terroir nour-
rit beaucoup de beltiaux.
PHILirPEUS FONS, fontaine de l'Arcadie. Elle
étoit , félon Paufanias , /. 8 c'y. près du village Nes-
tanes.
1. PHILIPPI, nom latin de la ville de Philippes en
Macédoine. Voyez. Philippes & Philippici campi.
z. PHILIPPI , ou Thessali/£ Philippi. Etienne 1*
Tom. IV.Dddàd dij
94B PHÏ
géographe dit qu'on donna ce nom à la ville de Thébes
en Theflalie.
PHILIPPI INSULA, i/le du golfe Arabique, félon
Srrabon, /. 16. p. 773.
PHILIPPICI CAMPI.C'eft ici un des articles de la
géographie , où les favans fe font le plus exercés. La
difficulté venoit de ce qui eft dit dans ces vers de Vir-
gile, Georg. I. i.v. 484. & feq.
Ergo interfefe paribus concurrere telis
1 Romanas actes , iterum vider e Philippi:
Nec fuit indignum Sitperis , bis fanguine noftro
Emathiam & latos H&mipinguescere campos.
On demandoit en quel fens Virgile avoit pu dire que
la ville de Philippes a vu deux fois les armées Romaines
fe livrer entre elles de fanglantes batailles. Le père Catrou
dans fes notes critiques , t. i.p. 124. dit : Que Philip-
pes a vu l'action décifive , où Oétavien & Antoine vain-
quirent Brutus 6c Caflius , 6e vengèrent l'aflaflinat de
Jules Céfar ,• mais quelle autre fois encore la ville de
Philippes a-t-elle été témoin d'une autre bataille ? 11 eft
confiant que la ville de Philippes, placée par tous les
géographes anciens dans la Thrace , n'a pu voir l'action
de Fharfale , où Jules Céfar fut vainqueur de Pompée.
La ville & les plaines de Phatfale font dans l'endroit
de la Macédoine le plus voifin de la Theflalie, & Vir-
gile affure que deux fois la Macédoine , ou la Theffalie,
fut engraiffée du fang romain :
Bis fanguine noftro
Emathiam , & latos Hami pinguescere campos.
Il y avoit environ quatre-vingt lieues de diftance en-
tre Philippes 6e Pharfale , c'eft-à-dire , toute l'étendue
de la Macédoine jusqu'en Theflalie. Comment donc
Philippes a-t elle pu voir la bataille de Pharfale fe don-
ner fous Ces yeux ? Un favant critique de notre tems tran-
che le nœud , & prétend que les deux batailles , dont Phi-
lippes fut témoin , furent les deux combats confécutifs ,
que Brutus & Caflius livrèrent contre Octavien & con-
tre Antoine , à la vue de Philippes. Delà , dit-il , les ex-
preflions de Virgile:
Paribus concurrere telis
Romanas acies iterum vider e Philippi.
*
En effet , la bataille qu'on appelle de Philippes , con-
fifta en deux actions. Dans la première Caflius , qui fe
crut vaincu , quoique fou parti eût eu l'avantage , fe fit
tuer par Pindare fon affranchi. Dans la féconde , qui fe
donna quelques femaines après , Brutus, défait 6e vaincu
fe fît aufli donner la mort. Voilà , dit ce critique , les
deux batailles que vit Philippes , iterum vidsre Phi-
lippi.
Un autre interprète plus ingénieux encore , évite ha-
bilement la difficulté. Il prétend que l'iterùm , qui met
feul de l'obscurité dans le paflage , ne tombe pas fur
videre Philippi , mais fur concurrere telis ,• 6e voilà, fé-
lon lui , le fens du poète : La ville de Philippes a vu
les Romains je battre pour la féconde fois , avec des ar-
mes pareilles. Rien de plus clair , dit il,- Philippes n'a
pas vu deux fois les Romains fe battre ; mais elle a vu
les Romains fe battre la féconde fois qu'ils fe battirent.
Sans doute toute la difficulté feroit anéantie par ces
fyftêtnes , s'ils étoient foutenables. Mais il paroit que le
bis 6e qnel'iterirm du paflage que nous examinons , tom-
bent fur la bataille de Pharfale 6e fur celle de Philip-
pes, Se que Virgile fait donner l'une & l'autre en Ma-
cédoine ou en Theflalie , précisément au même lieu de à
la vue de Philippes. Voici , ajoute le pere Catrou , la
preuve de ma prétention.
Lucain & Manilius, qui ont écrit depuis Virgile,
fetvent de commentaire au texte que nous examinons.
Ces deux écrivains parlent plus nettement encore que
Virgile des deux batailles de Pharfale & de Philippes,
qui, félon eux, furent livrées précifément au même
lieu, à entendre la chofe à la rigueut des tei mes. Lu-
cain s'exprime de la forte : il apoflrophe la Theflalie , &
lui prophétife qu'elle fera le théâtre de deux combats
PHI
décififs , l'un de Jules contre Pompée , l'autre d'0£ta«
vieil de d'Antoine contre Brutus ôe Caflius:
Quo non Romanos violabis vomere Mânes ?
Ame nova ventent acies , feelerique fecundo
Pr&ftabis nondumficcos hoejanguine campos.
Manilius efl encore plus formel que Lucain , & fes
vers marquent expreflément les batailles de Pharfale &
de Philippes , données à la lettre au même lieu. Voici fes
paroles:
Necplura aliàs incendia Mundus
Suflinuit , quam citm Ducibus jurata cruentis
Arma Phiïipp&os implerunt agmine campos.
Voilà pour la bataille de Philippes. Puis il ajoute ce
qui fuit par rapport à la bataille de Pharfale :
Vix etiam ficca miles Romanus arena
Ojfa virûm lacerosque prihs Juper adftit'u artus ','
Imperiumque fuis confixit viribus ipjum;
Perque patris pater Auguflus vefligia vicit.
On voit ici les offemens des Romains péris à la batail-
le de Pharfale, foulés aux pieds de ceux qui combatiitent
à la bataille de Philippes. On y voit Augufle vainqueur
fur les traces de Jules fon pere , Perque patris pater Au-
guftits vefligia vicit.
Qu'on ne dife point au refte , que ce font ici des exa-
gérations ordinaires à des po'étes qui fe donnent la li-
berté de feindre. i°. 11 n'y a point ici de lieu ni de ma-
tière à la fiction. Il s'agit d'un fait hiftorique, fur lequel
quatre poètes, à peu près contemporains, conviennent
enfemble. Ces poètes font Virgile , Lucain, Manilius &
Ovide. En effet , celui-ci parle le même langage que les
autres, en ces termes :
Pharfaliafentiet illum ,
Emathiique iterum madefient c&de Philippi.
20. Tous quatre établiffent Philippes, 6e Philippes en
Theflalie , ou en Macédoine , Emathii , pour l'endroit
précis des deux batailles de Jules &d'Octavien. 50. lln'eft
pas croyable , que tous quatre foient convenus à affilier,
par une exagération égale, que la ville de Philippes en
Thrace, diftante de quatre-vingt lieues de Phatfale , ait
été témoin des deux batailles ; Se qu'ils fe foient copiés
fi fervilement. Il paroît donc certain que ces deux ba-
tailles fe font données à la vue d'une ville nommée
Philippes , qui étoit dans les campagnes de Pharfale.
L'hiftoire vient au fecours des poètes , 6e les auto-
rife. Florus , au chapitre fixiéme du livre quatrième ,
parlant de la bataille de Pharfale , lui donne un nom
bicnextraordinaire.il l'appelle la bataille de Philippes,
Philippicis Campis , dit-il , Urbis , Imperii, Generis Hu-
mant jata commiffafunt. Il fait trouver une Philippes en
Theflalie , prdio fumpta Thejjalia eft. C'étoit pour la ba-
taille qu'il appelle de Philippes. Nous verrons bientôt
qu'il a eu raifon.
Il y a plus. Au chapitre fuivant , en décrivant la ba-
taille de Philippes, c'eft-à-dire , celle que gagnèrent
Octavien 6e Antoine, il la place précifément au même
lieu que la bataille de Pharfale : Eamdem illam , qu&
fatalis Cnœo P ompeio fuit , arenaminfederant.C'eftàunc
fur le même terrein , dans les mêmes plaines , qui furent
fatales à Pompée , que les chefs de la bataille de Phi-
lippes fe livrèrent le combat. Etienne le géographe fe
joint aux auteurs que j'ai cités, 6e cette réunion fait une
autorité. Cet écrivain donc reconnoîr en Theffalie une
ville de Philippes , toute différenre de celle qui étoit'^P
Thrace. Celle-ci porta d'abord le nom de Crenides , Se
celle-là fut d'abord nommée 7 'he ba. tToutes deux dans
la fuite prirent le nom de Philippes , itàvàmctv Q'ihm-
770/ net) ai &ri$cti , dit Etienne le géographe. Dès-là nous
fommes au large. Du moment que nous trouvons une
ville de Philippes dans la plune de Pharfale , nous
comprenons comment la bataille de Pharfale a pu s'ap-
peller, par Florus , la bataille de Philippes, & comment
quatre po'etcs ont pu dire , que Philippes avoit vu deux
fois les Romains fe battre au même lieu. Or , félon le
PHI
PHI
même Etienne le géographe , cette ville de Philippes
eft en Theflalie , aufli-bien que Pharfale , <&ixi-7i7roi xa)
ai &H^oti eurs-efrictç. En effet , dans les cartes anciennes
de la Grèce , on rrouve une ville du nom de Thebœ ,
c'eft-à-dire cerre Thebes qui eut aufli le nom de Philip-
pes , félon Erienne le géographe , placée dans la plaine
même de Pharfale. Que faut-il de plus pour nous con-
vaincre que Pharfale , Se que Philippes onr pu voir
les deux batailles & de Pharfale & de Philippes fe don-
ner précisément au même lieu ?
Aufli Servius, fur cet endroit de Virgile, place la fee-
ne des deux batailles , que livrèrent Jules Octavien Cé-
far , proche d'une ville de Philippes , en Theflalie. Voici
Ces paroles : Civitas eft Thejfalix. ( Philippi ) in qua pri-
mo Cœfar & Pompeius , pqfteà Auguftus 0" Brutuî cum
CaJJïo dimicaverunt. Il n'efl: point ici queflion de la
ville de philippes en Thrace. Paul Diacre fe joint aux
autres auteurs latins , & prétend qu'à la bataille où
Brutus & Caflius furent vaincus , Octavien Céfar cam-
poit dans la plaine de Pharfale. A la vérité on pour-
roi t nous objeéter, que félon Virgile même, le mont
Haemus fut engraiffé du fang répandu devant Philippes,
trlatos Hxmipinguescere campos. On fait d'ailleurs que
l'Humus eft de Thrace. Mais peut-on prouver , dira t-
on , qu'il s'étende jusqu'en Theflalie ? Certainement Ser-
vius l'ailure, Hxmus Mons Theffalia. Quelques-uns
méprifent fon autorité ; mais il fuit celle de l'auteur
qu'il commente. Virgile au fécond livre des Géorgi-
ques , fou pire fans doute après la Theflalie , Se non pas
après la Thrace , lorsqu'il s'écrie: O qui me gehdis in
Vallibus Hœmi fiftat ! Horace de fon côté joint l'Har-
mus avec le Pinde en Theflalie, aitt fuper Pindo ,geli-
dove in Hxmo. Soit vérité, foit tradition poétique,
l'Hxmus eft fouvent attribué à la Theflalie , Se c'eft aflez
pour nous.
A la vérité, Appien fans délibérer met la bataille
d'Augufte contre Brutus dans les champs de Philippes
en Thrace , Se afliire que la ville nommée Philippes
qui vit cette importante action , fut l'ancienne Crénides:
mais il étoit Egyptien, & n'écrivoit que fous Adrien;
ainfi fon autorité n'efl nullement comparable a des Ro-
mains contemporains. Au reite , il paroit incontefla-
ble que Virgile Se les trois autres poëtes qui l'ont fuivi ,
ont mis les deux batailles de Pharfale Se de Philippes au
même lieu. •
Quelqu'ingénieux Se quelque probable que paroifle
le fyflême du père Catrou , il ne faut pas cependant l'a-
dopter comme une vérité. i°. Il ne l'appuie que fur le
paflage des poètes qui ordinairement n'ont que leur
imagination pour guide. 2°. Il rejette le témoignage
d'Appien comme étranger Se poflérieur : mais Plutar-
que , in Bruto , dit que Brutus avoit déjà réduit fous
fon obéiflance la plupart des peuples des environs de
Philippes ( de Thrace ) ; que s'il refloit quelque ville ou
quelque prince à fubjuguer , Caflius Se lui achevèrent
de les réduire Se aflujettirent tout le pays jusqu'à la mer,
vis-à-vis de l'ifle de Thafos ; que Brutus furprit Nor-
banus campé dans les détroits , près d'un lieu appelle
Symbolon , qu'il campa avec Caflius dans ce lieu , vis-
à-vis du camp de Céfar& d'Antoine ; & que tout l'es-
pace , qui étoit entre les deux armées , fut appelle par-
les Romains la Plaine de Philippes. Or il n'y avoit,
comme on fait, ni villes ni princes à réduire aux en-
virons de Pharfale : l'ifle de Thafos n'efl point fur la côte
de la Theflalie, mais fur celle de la Thrace ;& Sym
bolum eft au voifinage de Philippes de Thrace ; il ne
relie donc aucun doute fur la ville , à la vue de laquelle
fe donna la bataille en queflion. Dion Caflius fe joint
à Appien & à Plutarque. Il dit, /. 47. p. 347 & 348. pour
défigner la ville près de laquelle fe donna la bataille:
Philippi Oppidum eft Pangxo S?" Symbolo adjacens. Sym-
bolum autem vocatur ifle Locus à Gratis , quia is Mons
alio in mediam terram fe extendenti committitur : cflque
is Locus intra Neapolim & Philippos , quorum Oppido-
rum illud quidem ad Mare, è région e Thafi , fuuni
efl : hoc vero in Campo inter Montes. Il n'efl; pas pos-
fible de transporter tous ces lieux dans la Theflalie.
Si les hifloriens Grecs font contraires au père Catrou ,
les Latins ne lui font pas favorables. Suérone place les
autels qu'élevèrent les légions victoiieufes après la ba-
949
taille de Philippes : Et ingrejfo, dit Suétone en parlant
de Tibère , primant expeditioriem , ac per Macedoniam
ducente exercitum in Syriam , accidit , ut apud Philip-
pos facratœ olim viclricium Legionum Ar<z , Jpontc jubi-
tis collucerent ignibus , &c. Si ces autels élevés près de
Philippes fe trouvent fur la route de Tibère, qui mené
par terre fon armée de la Macédoine dans la Syrie,
où fera cette ville de Philippes, finon dans la Thra-
ce? Et quelle apparence y auroit il à la placer dans la
Theflalie , qui étoit diaméttalement oppofée à la route
que tenoit Tibère? L'admiration qu'avoit le père Ca-
trou pour Virgile , Se l'envie qu'il avoit que ce poe'te
parût aufli exadt qu'un hiflorien , l'ont féduit , & lui ont
fait avancer un fyflême faux .comme s'il eût été véritable
PHILIPPEV1LLE , Philippopolis , ville de France [
dans le Hamault , à dix lieues fud-eft de Mons, & à
cinquante fud-efl de Paris. Ce n'étoit autrefois qu'un
bourg appelle Corbigni , fur le fond du pays de Liège.
En 1555, Marie, reine d'Hongrie, feenr de Charles V
& gouvernante des Pays Bas, le fit fortifier, & lui don-
na le nom de Philippe II , fon neveu , avec promené de
donner en récompenfe à l'état de Liège Herflal Se plu-
fieurs autres lieux du Brabant. Cependant les Liégeois
ne purent obtenir l'exécution de ce traité : en vain ils
firent appuyer leurs plaintes de la France. Louis XIV
reçut au traité des Pyrénées le transport des places de
Marienbourg Se de Philippeville, qui lui fut fait par-
Philippe IV , roi d'Espagne ; Se enfin il eut du roi Char-
les II, Charlemont Se la terre d'Agimont, les Liégeois
n'ayant plus fait d'inftances ni de pourfuites pour leurs
anciennes prétentions. * Longuenie, Defc. de la Fiance ,
part. 2. p. 134.
Quoique Philippeville foit une petite place, elle efl très-
forte : Louis XIV y fit faire quantité de travaux. Elle
efl fituée fur une hauteur , dont la pente eft aflez douce ,
Se on y entre par deux portes différentes. C'eft un pen-
tagone irrégulier , compofé de cinq grands baflions ,
dans deux desquels font des tours baflionnées de. la fa-
çon du maréchal de Vauban. Il y en a une autre re-
tranchée en forme de réduit. Le devant des courtines
efl; couvert de tenaillons à flancs , les uns plus grands
que les autres, à caufe de l'irrégularité des côtés. Cette
place efl enfermée d'un grand foflë , dans lequel eft une
cunette qui règne le long des baflions. Dans ce foffé font
cinq demi-lunes , une vis-à-vis chaque front. Quelques-
unes de ces demi-lunes font irrégulieres , toutes retran-
chées d'un réduit au milieu , & flanquées, à chaque angle
rentrant de la contrescarpe , de lunettes qui font des es-
pèces de petites demi lunes de chaque côté de la grande
qu'elles accompagnent. Tous ces ouvrages font enve-
loppés de foflés, d'un chemin couvert Se de fon glacis ,
au-delà duquel font placées dix petites redoutes pen-
tagonales, qui donnent fur la campagne , Se empêchent
les approches. Chacune de ces redoutes eft entourée
d'un petit fofle Se d'un chemin couvert. Les dedans de
la ville font diflribués en plufieurs rues, tirées au cor-
deau, aflez larges, bien percées, Se qui aboutiflent toutes
à une grande place pentagonale , un peu irréguliere.
On compte dans Philippeville deux cens dix-huit feux ,
Se environ huit cens habitans. Il y a un curé qui eft
nommé par le roi , & qui jouit de fept cens cinquante
livres de revenu, mais dont cent cinquante font pour
l'organifte del'églife paroifliale. Les deux vicaires font
à deux cens livres de gages chacun. Il y a aufli un cou-
vent de religieufes Recolledtines. Les officiers de ju-
ftice font un prévôt , un procureur du roi Se un greffier.
La jurisdiclion de Philippeville s'étend fur treize cens
Journels de terres labourables , qui ne produifent qu'à
force de fumier Se de chaux; Se fur mille vingt-trois Jour-
nels de prairies. Il y a quantité de mines de fer & autres à
une demi-lieue fur les terres de Liège -, Se aux environs
de la ville on trouve quantité de carrières de pierres
brunes , qui fervent comme la pierre de taille, Se qu'on
emploie aufli brutes pour la maçonnerie commune. Les
carrières de marbre font fur les terres étrangères. II ne
paflè point de rivière par cette ville. Il y a feulement
deux ruiffeaux : celui de Jaimagne, fur lequel on pour-
roit établir une manufacture de cuirs de toute espèce ;
Se celui de Bridou , fur lequel on pourroit établir une
manufacture de carfées ou ferges. Ce qui feroit d'une
9*o
PHÎ
PHI
grande utilité , & empêcheroit les espèces de fortir du
royaume. * Tiganiol , Defc. de la France , tom. 7. p.
Z67.
PHILIPP1ENS ( Les ). Ce font les habitans de la ville
de Philippes en Thrace. Ils furent toujours fort recon-
noiflans de la grâce de la foi qu'ils avoient reçue de Dieu
par le moyen de faint Paul. Ils Taffifterent en plufieurs
occafions , & lui envoyèrent de l'argent pendant qu'il
étoit dans l'Achaïe , Philip. 4 , 16. Lorsqu'ils furent qu'il
étoit prifonnier à Rome, Philip. 1, 12, 13. ils lui dé-
putèrent Epaphrodite, leur évêque , pour lui rendre tou-
tes fortes de fervices. Epaphrodite tomba malade , &
faint Paul pour tirer d'inquiétude les Philippiens, qui
avoient fu fa maladie, le leur envoya dès qu'il fut gué-
ri, & leur écrivit la lettre que nous avons encore au-
jourd'hui adreflée aux Philippiens. Saint Paul y loue
leur libéralité , 8c marque beaucoup de reconnoifïance
de l'attention qu'ils avoient eue pour le fecourir dans les
befoins où il s'étoit trouvé.
Ces Philippiens font bien différens de ceux de Phi-
lippopolis. Ce font les habitans de la ville de Philippes,
aux confins de la Macédoine 8c de la Thrace , ville bâ-
tie par Philippe, père d'Alexandre le Grand, au lieu
que Philippopolis étoit bien plus vers le nord de la
Thrace.
PHILIPPINE , forterelîe des Pays-Bas , dans la Flan-
dre Hollandoife , fur le bras occidental de l'Escaut ,qui
fépare le territoire de Biervliet de celui de Terre-Neufe.
Elle eft environ à une lieue au nord du fas de Gand, 8c
elle tire fon nom de Philippe II, roi d Espagne, qui
la fit bâtir.
Le comte Guillaume de Nafîau la prit le 1 1 Septem-
bre 1633 , après trois jours d'attaque. Peu de tems après
les Espagnols l'affiégerent ; mais le comte Guillaume
leur fit lever le fiége par ce ftratagême. Il fit venir de
Biervliet plufieurs bateaux vuides , fur lesquels il mit
foixante tambours , qui de nuit à l'approche de Phi-
lippine battoient différentes marches-, ce qui caufa une
fi grande alarme parmi les Espagnols , qui croyoiem que
ces bateaux étoient remplis de troupes, qu'ils fe retirèrent
avec quelque confufion. Après leur retraite, le comte
Guillaume fit fi bien augmenter les fortifications de
cette place , qu'en 1635, les Espagnols furent encore
obligés de lever le fiége qu'ils y avoient mis, avec perte
de plus de mille hommes, outre quatorze on quinze
cens bleflés. Depuis ce tems , les états généraux des Pro-
vinces-Unies font reftés en pofleffion de cette forterefle,
qui leur a été laiffée par le traité de Munfter. * Janiçon ,
Etat préfent des Provinces-Unies, tom. 2. p- 360 8c
fuiv.
Le rempart a environ une demi-lieue de circuit : il
eft flanqué de deux baftions du côté de la campagne ,
8c environné d'un fofle large 8c d'une contrescarpe. En-
tre les deux battions , il y a une demi-lune par laquelle
on pafle pour entrer dans la ville. Du côté de l'eau il y
a un fort à quatre baftions, qui eft dans l'enceinte de
la place, & entouré d'un bon fofle. Sur le bord de l'eau
eft une redoute , pour couvrir une éclufe qui fert à
inonder tous les environs.
Cette ville eft petite , & ne renferme que trois rues ,
environ foixante-dixmaifons 8c quatre-vingt habitans,
fans les femmes & les enfans , 8c fans Ia-garnifon qui eft
logée dans des cazernes & fous les ordres d'un comman-
dant & d'un major de la place. L'églife eft deflervie par
un miniftre de la clafle de Walcheren. Les Catholiques
n'y ont point de chapelles , 8c vont entendre la meflè à
Aflenedeouà Bouchoute. La maifon de ville eft fur la
place, vis-à-vis le château, & n'a rien de remarqua-
ble. Le château fert de demeure au commandant. Le
magafin eft aflez confidérable 8c fous la direction d'un
commis du confeil d'état.
La régence confifte en un bailli établi à vie par les
Etats-généraux, en un bourguemaitre& quatre échevins,
qui font changés ou continués tous les ans par les dé-
putés de leurs hautes puifTances. Le fecrétaire eft éta-
bli à vie par les magiflrats , 8c eft auflî ordinairement le
receveur de la ville. Ces magiffrats exercent la juftice
civile 8c criminelle , 8c leur jurisdiction qui eft fort pe-
tite ne s'étend que jusqu'à celle du fas de Gand. On ap-
pelle de leurs fentences au confeil de Flandre.
PHILIPPINES, ifles de la merdes Indes, au-delà
du Gange, presque vis-à-vis les grandes côtes des riches
royaumes de Malacca , Siam , Camboia , Chiampa ,
Cochinchine, Tunquin 8c la Chine. Le fameux Ferdi-
nand Magellan appella Archipel de Saint Lazare la mer
où ces ifles font fituées , parce qu'il avoir mouillé l'an-
cre en 1 J2 1 , le famedi de devant le dimanche de la pas-
fion , que les Espagnols appellent communément le ven-
dredi de Saint Lazare. Le général Louis Lopez de Villa-
lobos leur donna en iy 43 , le nom de Philippines, en
l'honneur de 1 hilippe II , 8c félon d'autres elles n'eu-
rent ce nom qu'en 1564 , lorsque le général Michel Lo-
pez de Legaspi alla en faire la conquête. On les appelloit
anciennement ManioU. Voyez ce mot. * Gemelli Carrerit
Voyage autour du monde , t. 2. c. 6.
Les vaifleaux qui viennent de l'Amérique aux Philip-
pines, lorsqu'ils découvrent la terre, doivent néceflàire-
ment voir une de ces quatre ifles ; Mindanao, Leyte 4
Ibabao ou Manille , depuis le cap du Saint Esprit , parce
qu'elles forment une espèce de demi-cercle de fix cens
milles de longueur. Manille eft au nord- eft, Ibabao &
Leyte au fud-eft , & Mindanao au fud. Al'oueft on trou-
ve Paragua ,qui, après Manille & Mindanao , elt la plus
grande , 8c avec laquelle elle forme un triangle , donc
la pointe , qui eft du côté de Bornéo , appartient au roi
de ce nom, & l'autre au roi d'Espagne. Au milieu de cette
espèce de triangle , outre les cinq ifles qui viennent d'être
nommées , il y en a cinq autres grandes 8c bien peuplées ,
favoir Mindoro', Panay, l'ifle des Noirs , Cebu 8c Bool ,
enforte que l'on ne compte dans cet Archipel que dix
ifles grandes 8c dignes de remarque, ainfi que Ptolo-
mée l'a mis dans fa géographie.
Entre ces dix ifles, il y en a encore dix autres moin-
dres , qui font pareillement habitées , 8c fe trouvent
dans la route que font les vaifleaux pour la Nouvelle Es-
pagne. Leurs noms font Luban , Mérinduque , Ifla de
Tablas , Romblon , Sibugan , Masbatc , Ticao , Capul «
Catanduanes hors du détroit. Il n'eft pas facile de don-
ner une relation diftinde àcs autres petites ifles en par-
tie habitées 8c en partie défertes -, mais que les Indiens
connoifient bien , à caufe des fruits qu'ils y vont cher-
cher. Je dirai feulement , que vis à-vis Manille du côté
du nord , entre le cap de Boxeadorc< celui de lEnganno,
à vingt quatre milles de terre , on trouve les petites ifles
qu'on appelle de Los Babuyanes , dont la première eft
habitée par des Indiens Chrétiens qui payent tribut, 8c
l'autre par des Sauvages qui font proche des Lequios 8c
de l'ifle de Formofa. Auprès de Paragua , vis-à-vis de
Manille , il y a trois ifles qu'on appelle de Los Calamia-
nes 5011 en trouve enfuite huit ou neuf toutes habitées*
Retournant après vers le midi , à quatre-vingt-dix milles
par delà LosCalamianes, vis-à-vis de Caldera , qui eft
une pointe de Mindanao , on trouve Taguima 8c Xolo
avec plufieurs autres petites aux environs. Les ifles de
Cuyo font entre Calamianes 8c Panay , dans la province
d'Otton 8c de Maras. L'ifle du Feu eft pioche de celle des
Noirs -, Bantayan , proche de Cebu ; Pangla touche pres-
que à Bool ; Panamao, Maripipi , Camiguin , Siargao 8c
Pannon fe trouvent entre Mindanao 8c Leyte ;& enfin
une quantité d'autres dont il feroit difficile de fixer le
nombre ; ce qui fait voir l'erreur de ceux qui difent que
le nombre des Philippines n'eft que de quarante. Car
s'ils n'entendent parler que des grandes , il n'y en a pas
tant , 8c fi c'eft de toutes en général , il y en a beaucoup
davantage.
Toutes ces ifles font fous la zone torride , entre
l'équateur 8c le tropique du Cancer : car la pointe de
Mindanao, qu'on appelle Sarragan, ou le cap de Saint
Auguftin , fe trouve à la latitude de 5 deg. 30 min. Los
Babuyanos & le cap d'Enganno font au 20; l'Embocade-
ro de S. Bernardin , au 3 , & la ville de Manille au 14 8c
quelques minutes. La longitude, félon le meilleures car-
tes , eft entre le 1 3 2 8c le 145 degré , quoique Magellan
ait mis les Philippines au cent foixante-tmiéme ; mais
tout le monde ne commence pas à compter du même
point.
Il y a plufieurs opinions fur l'origine de ces ifles. Les
uns difent qu'elles ont été formées dès le commencement
du monde ; d'autres après le déluge \ 8c d'autres veulent
qu'elles foient l'effet de quelque inondation particulière ,
PHI
ou de tempêtes , de tremblemens de terre , de feux na-
turels & autres accidens qui font ces fortes de change-
mens dans la terre & dans la mer ; d'autres enfin veu-
lent que les ides fe forment par un affemblage de matière
& par les changemens naturels de ces deux élémens, fur-
tout par les fleuves qui enlèvent le terrein d'un endroit
ôc Importent à un autre , ou par ces fuperfluités dont les
fleuves font toujours chaigés , ôc que la mer par le mou-
vement de fes eaux raffembie ici & là , ce qui avec le teiris
forme des ifles. On peut appliquer toutes ces caufes non-
feulement aux ifles des mers orientales , mais encore a
celles de tout le monde, & fur-tout aux Philippines , où
il y a beaucoup de volcans & de fources d'eau chaudes
au haut des montagnes. Les tremblemens de terre y font
fi fréquens ôc fi terribles dans certains tems , qu'à peine
Jaiflent-ils une maifon debout. Les ouragans, que les In-
diens appellent Baguyos , font fi futieux, qu'outre les
desordres qu'ils caufent en mer , ils déracinent fur terre
les plus grands arbres , & chaflent une fi grande quantité
d'eau dans les terres , qu'elle inonde des pays entiers. Le
fond entre les ifles eft plein de féches , fur-tout proche
de la terre ferme ; de forte qu'il y a beaucoup d'endroits
où les vaiffeaux ne peuvent aborder , ôc font obligés de
chercher les canaux qui communiquent d'un endroit à
l'autre. Tous ces indices fuffifent pour faire conjecturer
que s'il y a eu quelques-unes de ces ifles, quiayentété
jointes à la terre , ce n'a été que par les accidens dont
nous venons de parler , qu'elles en ont été féparées.
Quand les Espagnols y entrèrent , ils y trouvèrent
trois fortes de peuples, les Mores Malais étoient maîtres
des côtes, ôc venoient , comme ils le difoient eux-mê-
mes , de Bornéo ôc de la terre ferme de Malacca. De
ceux-ci font fortis les Tagales , qui font les originaires
de Manille ôc des environs , comme on le voit par leur
langage qui eft fort femblable auMalais, par leur couleur,
par leur taille , par l'habillement dont ils fe fervoient,
lorsque les Espagnols y entrèrent, Ôc enfin par les cou-
tumes ôc les manières qu'ils ont prifes des Malais &: des
autresnations des Indes. L'arrivée de ces peuples dans ces
ifles a pu être fortuite ôc caufée par quelque tempête ,
parce qu'on y voit fouvent arriver des hommes dont
on n'entend point le langage. En 1690, une tempête
y amena quelques Japonois- 11 pourroitbien fe faire aufli
que les Malais feroient venus habiter ces ifles d'eux-mê-
mes , foit pour le trafic , foi: parce qu'ils avoient été
bannis de chez eux ; mais tout cela eft incertain.
Ceux qu'on appelle Bifayas & Pintados, dans la pro-
vince de Camerinos, comme aufli a Leyte, Samar ,
Panay ôc autres lieux, viennent vraifemblablemcnt de
Macaflar, où l'on dit qu'il y a plufieurs peuples qui fe
peignent le corps, comme ces Pintados. Pierre Fernan-
dezdeQuiros, dans la relation de la découverte des
ifles de Salomon en 15 95 , dit qu'ils trouvèrent à la
hauteur de dix deg, nord , à 1800 lieues du Pérou , à
peu près à la même diftance des Philippines , une ifle
appellée la Magdeléne , habitée par des Indiens bien
faits, plus grands que les Espagnols , qui alloienr nuds,
ôc dont le corps étoit peint de la même manière que ce-
lui des Bifayas.
Il eft probable que les habitans de Mindanao , Xolo ,
Bool & d'une partie de Sebu , font venus de Ternate.
Le voifinage , leur commerce ôc leur religion femblcnt
l'annoncer.
Les Noirs qui vivent dans les rochers ôc dans les bois,
dont l'ifle de Manille eit couverte , différent entièrement
des autres. Ils font barbares , fe nourriftent de fruits, de
racines, de chaffe , ôc n'ont d'aune gouvernement que
celui de la parenté , tous obéiffans au chef de la famille.
Il ont choifi cette forte de vie par amour pour la li-
berté. Cet amour eft fi grand chez eux ; que les Noirs
d'une montagne ne permettent point à ceux d'une autre
de venir fur la leur ; autrement ils fe battent cruelle-
ment. Ces Noirs s'étant alliés avec des Indiens fauvages ,
il en efl; venu de la tribu des Manghians , qui font des
Noirs qui habitent dans les ifles de Mindoro ôc de
Mundo. Quelques-uns ont les cheveux crépus , comme
les Nègres d'Angola ; d'autres les ont longs. Les Samba-
les , autres Sauvages , portent tous les cheveux longs,
comme les Indiens conquis. Lorsque ces Noirs fe voient
pourfuivis par les Espagnols , ils font fignal , par le
PHI 9St
moyen de certains petits morceaux de bois , aux autres
qui font épais fur la montagne , de s'enfuir au plutôt.
Leurs armes font un arc , des flèches , une lance courte
Ôc unent ou couteau attaché à la ceinture. Ils empoifon-
nent la pointe des flèches, qui quelquefois fera de fer
ou de pierre bien aiguifée ; ils la percent dans l'extré-
mité, afin qu'elle fe rompe dans le corps de l'ennemi
& qu'étant ainfi rompue , on ne puiffe s'en fervir contre
celui qui l'a tirée. Ils portent toujours à leurs bras pour-
leur detenfe un bouclier de bois , long de quatre palmes
ôc large de deux. Tout ce qu'on laie de leur religion ,
c'eft qu'ils ont dans leurs cabanes quelques petites fiâ-
mes mal faites. Les trois autres nations , dont il a été
parlé auparavant , paroiffent avoir quelque inclination
aux augures auffi-bien qu'aux fuperfiitions de Mahomet ,
par la Correspondance qu'ils ont avec les Malais ôc
avec ceux de Ternate.
L'opinion la plus reçue veut que les Noits ayent été
les premiers habitans de ces ifles , qu'étant poltrons na-
turellement , ils ayent laiiTé prendre les côtes à ceux
qui font venus de Sumatra , Bornéo , Macaflar ôc au-
tres endroits , ôc fe font retirés dans les montagnes.
Aufli dans toutes les iûcs où font ces Noirs & ces hom-
mes fauvages , les Espagnols ne poffedent que les côtes;
encore pas par-tout, comme depuis Maribelles jusqu'au
cap de Boliano , dans l'ifie même de Manille , où dans
l'espace de cinquante lieues de rivage , il n'y a pas moyen
de descendre , de crainte des Noirs. Tout l'intérieur ds
l'ifle eft aufli occupé par ces fauvages , contre lesquels
quelque armée que ce fût feroit inutile dans l-'épaifleuc
des bois , & à peine de dix habitans de l'ifle , le roi en
a-t-il un qui foit fon fujet. Les millionnaires vont dans
les bois prêcher à quelques-uns , qui ne font pas d'un
caractère fi farouche : ôc qui leur bâtiffent une églife ôc
une cabane; mais fur le moindre foupçon ils brûlent l'é-
glife, la cabane & tout ce qu'il y a dedans > ôc fe re-
tirent dans le plus épais du bois. On prétend que cet
esprit de défiance eft entretenu par les Indiens Ciné-
tiens , qui , pour avoir eux feuls le gain de la cire que
les Noirs recueillent dans les bois, leur ont mis dans
la tête d'éviter le joug des Espagnols , qui leur fero
payer tribut. îenc
11 y a encore deux autres fortes de peuples , moins
polis que les premiers, & moins barbaresqueles féconds.
Les uns font appelles lluyas ou Thinghians, c'eft-à-dire j
habitans des montagnes: les autres fe nomment Zam-
bales ôc Igolottes ; ils ont commerce avec les Tagales
ôc les Bifayas. Quelques-uns d'eux payent tribut , quoi-
qu'ils ne foient pas Chrétiens , ôc l'on ctoit qu'ils font
métifs des autres nations baibares. Au refte, il eft pos-
fible que quelques habitans de la Chine , du Japon ,
de Siam , de Camboya , ôc de la Cochinchinc aient paiïé
aux Philippines.
Ces ifles font riches en perles , fur-tout du côté de
Calamianes , de 1 intados ôc de Mindanao , en excel-
lent ambre gris, en coton ôc en civette exquife. 11 y a
beaucoup d'or : les montagnes en font pleines ôc les ri-
vières en charient beaucoup. On en ramaffe en tout en-
viron pour deux cens mille pièces de huit tous les ans ;
ce qui fe fait fans le fecours du feu ni du mercure ,
d'où l'on peut conjecturer quelle prodigieufe quantité
on en tireroit , fi les Espagnols vouloient s'y attacher ,
comme l'on fait en Amérique. Le premier tribut que les
provinces dllocos ôc de Pangafinan rendirent au roi en
or , montaà la valeurdecent neuf mille pièces de huit ;
parce que les Indiens s'appliquoient à chercher l'or
avec plus de foin qu'aujourd'hui , dans la crainte qu'ils
ont qu'on ne le leur enlevé. La province de Paracale
en a plus qu'aucune autre , auffi-bien que les rivières de
Boutuan, de Pintados, deCatanduanes, de Mafbate ,
ôc de Bool ; ce qui faifoit qu'autrefois un nombre in-
fini de vaifleaux , en alloit trafiquer à Cebu. Les provin-
ces de Bifayas ont une grande quantité d'ambre , de
civette &: de cire.
Le climat des Philippines eft généralement chaud &
humide. La chaleur n'y eft pas fi fenfible qu'aux jours
caniculaires en Italie ; mais elle eit bien plus incom-
mode à caufe delà fueur qui affoiblit. L'humidité y eft
plus grande , parce qu'il y a beaucoup de rivières , de
lacs ôc d'étangs , ôc qu'il tombe d'abondantes pluies la
PHI
plus grande partie de l'année : de forte que quoique le
foleil Toit vertical deux fois l'année au mois de Mai
Se d'Août , & qu'il darde des rayons violens , la chaleur
n'eft pas fi grande qu'elle rende le lieu inhabitable , com-
me les anciens philofophes ont cru que cela étoit fous
la zone tûrride. J'ai obfervé quelque chofe de fur-
prenant , dit Gemelli Carreti, c'eft qu'en cet endroit
premièrement il pleut Se il éclaire , Se puis quand la
pluie eft ceflee , on entend le tonnerre. Dans les mois de
Juin , Juillet & Août , & une partie de Septembre , ré-
gnent les vents de fud & de l'oueft , qui caufent de fi
grandes pluies , que les champs font fi inondés , qu'il
faut fe fervir de petits bateaux pour aller d'un lieu à un
autre. Depuis Octobre jusqu'à la moitié de Décembre ,
règne le vent du nord , Se depuis le mois de Décembre
jusqu'au mois de Mai, régnent les vents d'eft &d'eft-fud-
eft. 11 y a ainfi deux faifons ou monçons , qui régnent
dans ces mers , la feche & belle qu'on appelle la brife,
Se l'humide & l'orageufe, nommée vandavale.
On remarque encore que dans ce climat les Euro-
péens ne font point fujets à la vermine , quelque fales
qu'ils portent leurs chemifes -, au lieu que les Indiens en
font tout remplis. On n'y connoît point la neige. On
n'y rafraîchit point les liqueurs : il y en a cependant qui
le font avec du falpêtre -, mais cela eft dangereux pour
la fanté. On ne peut pas dire certainement qu'il fafle
jamais froid dans les Philippines : auiïi n'y connoît-on
point le changement d'habits , à moins que ce ne foit
quand il pleut.
Ce mélange d'humidité Se de chaleur ne rend pas l'air
fort fain , Se empêche en quelque façon la digeftion ;
il incommode les jeunes gens nouvellement venus d'Eu-
rope , plus que les vieillards. L'auteur de la nature y
a pourtant pourvu, en leur donnant des mets plus fa-
ciles à digérer. Le pain ordinaire n'eft que de riz, Se
n'a pas tant de fubftancc que celui d'Europe ; les pal-
miers , que l'humidité dominante du terroir fait croî-
tre en abondance, fourniflent l'huile, le vinaigre, Se
le vin. Il y a au refte de toutes fortes de viandes. Les
perfonnes riches fe nourrifient de gibier le matin , Se
de poiflbn le foir. Les pauvres ne mangent guère aime
chofe que du poiflbn mal cuit , & de la viande les jours
de fête. La grande rofée qui tombe dans les jours fe-
reins contribue à rendre l'air mal fain , & il en tombe
une fi grande quantité , qu'en fecouant un aibre , il fem-
ble que ce foit une pluie qui tombe. Cependant cela
n'incommode point ceux qui font nés dans le pays : ils
y vivent jusqu'à quatre-vingt Se cent ans -, mais les Euro-
péens accoutumés à de meilleures vivres , Se ayant l'e-
flomach plus robufte, ne s'y trouvent pas bien. D'un au-
tre côté , le terroir eft agréable Se fertile. En tout tems
Se en toutes faifons les herbes croiflent , les arbres fleu-
fiflent , Se donnent en même-tems des fruits Se des fleurs,
foit fur les montagnes , foit dans les jardins ; Se les vieil-
les feuilles tombent rarement avant que les nouvelles
foient venues. C'eft pourquoi les Thinghians , c'eft-à-
dite , les habitans des montagnes , n'ont aucune demeure
particulière , mais fuivent toujours l'ombre des arbres ,
qui leur fervent de toit , Se leur donnent à manger. Lors-
que les fruits font finis , ils vont dans un autre endroit ,
où il y en a d'une autre espèce. Les orangers , les ci-
tronniers & les autres arbres d'Europe, donnent du
fruit deux fois l'année. Si l'on plante un rejeton, il
eft arbre portant fruit l'année fuivante.
Les anciens habitans des Philippines ont reçu leur
langage Se leurs caractères des Malais, de la terre fer-
me de Malacca, à qui ils reffemblent aufli par le peu
d'esprit qu'ils ont. Dans leur écriture , ils fe fervent de
trois voyelles , quoiqu'ils en prononcent cinq différen-
tes , Se ils ont treize conformes. Ils commencent à écrire
par le bas, Se montent toujours en haut, mettant la
première ligne à gauche , Se continuant vers la droite.
Avant que l'iifage du papier eût été introduit, on écri-
voit fur la partie polie de la canne, ou fur des feuil-
les de palme , avec la poinre d'un couteau. Aujourd'hui
les Indiens des Philippines ont entièrement oublié leur
ancienne écriture , Se ils fe fervent de l'Espagnol. 11 y
a tant de langues, qu'on en compte fix dans Manille
favoir celle des Tagales , de Pampaga , àes Bifayas,
des Cagayans , d'Iloccos , Se de Pangafinan. Celles des
PHI
Tagales & des Bifayas font celles qu'on entend le
plus communément. On n'entend point la langue des
Noirs, ni celles des Zambales, Se des autres nations
fauvages.
La première loi, chez les habitans des Philippines,
eft de respecter Se d'honorer leurs ancêtres , fur-tout
le père Se la mère. Le chef de chaque nation, #vec
plufieurs anciens , étoit juge en toutes fortes de cau-
fes , Se l'on déterminoit ainfi les caufes civiles : on ap-
pelloir les parties : l'on faifoit ce que l'on pouvoir pour
les engager à s'accommoder , & fi l'on ne pouvoir y
réuflîr , on les faifoit jurer qu'ils feroient contens de la
fentence qui feroit donnée -, après quoi on examinoit les
témoins. Si les preuves étoient égales , on partageoit la
prétention \ autrement on prononçoir en faveur de ce-
lui qui en avoir le plus. Si celui qui étoit condamné étoit
mécontent , le juge devenoit fa partie : il lui ôtoit une
bonne partie de ce qui lui avoitété adjugé, & la'prenoit
pour lui : il payoir enfuite les témoins du demandeur ,
& il ne laifioit au mécontent que la moindre partie
de ce qu'il auroit pu avoir. Dans les caufes criminelles,
on ne donnoit point de fentence de mort par voix ju-
ridique , à moins que le mort Se le meurtrier ne fuflent
des gens pauvres. Quand quelqu'un n'avoir point d'ar-
gent pour fatisfaire à la partie offenfée , le dato ou le
chef, Se les principaux de la nation venoient avec des
lances , & tuoient le criminel , qui éroit attaché à un
pilier. Mais fi le mort étoit un des principaux , toute
la parenré faifoit la guerre à celle du meurtrier , jus-
qu'à ce que quelque médiateur propofât la quantité d'or
qu'on promettoit pour répararion. Si l'on convenoir ,
la moirié de la fomme étoit donnée aux pauvres , Se
l'autre à la femme , aux enfans , & aux païens du dé-
finir.
On voit paître dans les campagnes tihe grande quan-
tité de buffles fauvages , comme ceux delà Chine. Les
forêts font pleines de cerfs , de fangliers , & de chè-
vres fauvages, femblables à celles de Sumatra. Les Es-
pagnols y ont apporté de la Nouvelle Espagne , du
Japon Se delà Chine, des chevaux & des vaches qui ont
fort multiplié , ce qui n'eft pas arrivé à l'égard des bre-
bis , à caufe de l'humidité exceflive de la terre. Dans
les montagnes on rrouve un nombre infini de linges ,
parmi lesquels il y en a quelques-uns d'une grandeur:
monftrueul'e ; les civettes font très-communes. 11 y a
aufll diverfes aunes fortes d'animaux, parmi lesquels il
s'en rrouve qui font particuliers aux Philippines.
Ce fut Ferdinand Magellan, Portugais, qni décou-
vrit ces ifles. Il avoit déjà été informé de ce quiregar-
doit cet Archipel, par les relations de fon ami, Fran-
çois Serrano , qui les avoit reconnues le premier , par
le chemin d'Orient. Il propofa à Manuel , roi de Por-
rugal, de faire la conquête de ces ifles j & fur le refus
de ce roi, il offrit à Charles V, de les lui foumerrre.
L'empereur lui donna cinq vaifleaux bien équipés. Ma-
gellan partit de Saint Lucar le io Août 15 1 9 , trouva
le détroit ou cap auquel il donna fon nom: enfin il
découvrit la terre d'Ibabao, qui dépend des ifles Phi-
lippines.
La première de ces ifles qu'il rencontra fut Humit-
mm , petite ifle inhabitée , près du cap de Guiguan.
On l'appelle aujourd'hui la Encantada. Les premiers
Indiens qui allerenr le trouver furent ceux de Silohan ,
qui font préfentement incorporés dans le gouvernement
de Guiguan. Magellan donna à cette ifle le nom de Beit-
nas Senales, Se à tout l'Archipel celui de Saint Laz.a-
re. Le jour de la Penrecôte on dit la première méfie
dans le pays de Boutuan , Se on en prit pofiemon au
nom de Charles V , comme roi d'Espagne. Le feigneur
de Dimaflava , parenr du roi de Boutuan , Se de celui
de Cebu , contribua beaucoup à cette expédition , par-
ce qu'il fit entrer les vaifleaux dans le port le 7 d'A-
vril. Ce feigneur , le roi Se la reine de Cebu , fe firent
baptifer , avec environ cinq cens perfonnes , Se le len-
demain le roi Se fes fujers prêtèrent ferment de fidélité
à la couronne d'Espagne.
Le vendredi 16 d'Avril Magellan fut battu Se tue
dans la première rencontre qu'il enr avec les principaux
de rifle de Matan, frontière de Cebu , qui n'avoit pas
voulu fe foumçtue ; & le premier de Mai , le roi de
Cebu ,
PHI
PHI
Cebu , dans un repas, fit couper la tête à vingt-qua-
tre des principaux officiers de la flotte. A cette nou-
velle , les Espagnols fe retirèrent fur leurs vaifleaux Se
s'enfuirent. Cette escadre futdisperfée : il n'y eut qu'un
vaifleau qui retourna en Espagne rendre compte de ce
qui s'étoit pafle. Il y arriva le 7 Septembre 1522.
On fit un nouvel armement. Dom François Garcias
Jofrede Loayfa , chevalier de Malthe , Se Sébaflien Ca-
no , qui étoit nommé pour lui fuccéder en cas de mort ,
partirent de la Corufla en 152; , avec une flotte de fept
vaifleaux. Ils arrivèrent au détroit de Magellan en Jan-
vier 1526 , y perdirent un vaifleau, Se en Sortirent dans
le mois de Mai , pour entrer dans la mer du Sud. Au
mois de Juin une grande tempête fépara les vaifleaux
les uns des autres , Se en fit périr la meilleure partie.
Le dernier de Juillet le général Loayfa mourut, Se
quatre jours après ion fuccefleur , Sébaflien Cano , Se
plufieurs autres le fuivirent. Ceux qui reflètent mirent
pied à terre à Mindanao le deux d'Octobre , &, ne pou-
vant pafler à Cebu , ils prirent la route des Moluques ,
où ils furent reçus du roi de Tidore le dernier de Dé-
cembre 1526. Mais ce roi , Se celui de Gololo , furent
fi menacés par les Portugais, pour avoir reçu les Es-
pagnols de la flotte de Magellan , qu'ils prirent les qua-
tre fadeurs que le vaifleau de la Trinité y avoit laiflés ,
avec l'équipage du vaifleau, Se arrêtèrent toutes les
marchandises. Ce fut le fujet d'une guerre entre les
Espagnols & les Portugais.
Pendant ce tems , le marquis Del Vafle arma trois
vaifleaux dans la Nouvelle Espagne , Se les envoya fous
le commandement d'Alvaro de Savedra fon parent. Il
partit le 27 d'Octobre 1527, Se fe trouvant le 6 de
Janvier à 1 1 deg. de latitude , il reconnut quelques ifles
des Larrons , Se arriva enfuite à Mindanao par les 8
deg. Il racheta quelques Chrétiens qui étoient reliés
d'un vaifleau de la flotte de Loayfa , qui avoit échoué
à Sanguil; puis , paflant aux Moluques , il livta combat
aux Portugais. Delà il entra dans Tidore, où il trouva
les Espagnols, qui s'étoient fortifiés fous le commande-
ment de Ferdinand de la Torre. Ayant remis fon vaifleau
en état , il partir fur la fin de Mai pour retourner à la
Nouvelle Espagne ; mais après avoir pafle quelques-
unes des ifles des Larrons à l'élévation du 14 deg. il
Fut repoufie premièrement à Mindanao , Se delà aux
Moluques , d'où il étoit parti.
Dans ces entrefaites il fe fit un traité entre les Cou-
ronnes d'Espagne Se de Portugal , à l'avantage de cette
dernière ; Se les Espagnols qui refloient dans les Molu-
ques , les abandonnèrent volontiers , à condition qu'on
leur donneroit le paflage franc en Espagne.
Cependant le premier de Novembre 1542 , Ruyz
Lopez de Villa-Lobos partit du port de la Nativité,
par ordre du vice roi du Mexique , pour aller conquérir
les Philippines ; mais il ne put même pas découvrir ces
ifles , Se mourut de chagrin.
On ne fongea plus à la conquête des Philippines
pendant dix ans , à caufe des mauvais fuccès que les
premières tentatives avoîent eus. Au bout de ce tems
le roi Philippe II , à la perfuafion du père André de
Urdaneta , Auguflin , ordonna au vice-roi du Mexique
d'y envoyer quatre navires Se une frégate, avec quatre
cens hommes , fous le commandement de Michel Lopez
de Legaspi , natif du Mexique» Il voulut aufli que le
pete André , Se quatre aurres religieux de fon ordre ,
y allaflent. Au mois de Janvier 155-5, cette flotte arriva
aux ifles des Larron:» , le 1 3 de Février à l'ifle de Leyta ;
Se , paflant enfuite heureufement le détroit , elle alla
mouiller dans le port de Cebu le 27 Avril. Elle avoit
été guidée par un Maure de Bornéo , qui connoiflbit
ces ifles. Elle entra paifiblement dans Cebu ; mais les
Espagnols , voyant que le Tupas qui y commandoit ,
les amufoit de belles paroles , pillèrent la place.
Le premier de Juin Philippe de Salzedo partit fur
l'amiral, avec le père André Urdaneta , pour découvrir
un chemin par où il pût retournera la nouvelle Espagne,
où il arriva le 3 d Octobre , mais il trouva que don
Alfonfo de Arellana y étoit arrivé deux mois auparavant
avec fa patache , Se qu'il avoit l'honneur d'avoir dé-
couvert le premier cette route.
Le Tupas de Cebu Se fes fujets s'étoient rendus à
9 H
l'obéilTance du roi d'Espagne , Se avoîent piom.s de lui
payer tribut ,- mais pendant qu'en 1 jj6 , Legaspi batis-
foit la ville de Cebu , les Portugais tentèrent de l'en
empêcher fous divers prétextes. Il en donna avis au
viceroi du Mexique, qui lui envoya en 1567, deux
cens hommes de iecours , fous le commandement de
Jean Se Philipe Salzedo , fes neveux ; de forte que Gon-
faîvo de Pereyra étant venu enfuite avec la flotte por-
tugaife , pour chafler les Espagnols , fut obligé de fe
retirer honteclfement.
En 1570 , Legaspi reçut , pour la première fois, des
lettres du roi , qui approuvoieut tout ce qu'on avoit fait
dans les ifles dont on le faifoit général , Se lui ordon-
noient d'en pourfuivre la conquête. Les Espagnols arri-
vèrent en 157 1, à la ville de Manille, Se la Subjuguèrent,
fans effufion de fang. Le 24 de Juin on commença la
ville, Se on ouvrit commerce avec la Chine ; de forte
qu'en Mai 1572, il arriva plufieurs marchands de
Chiapa pour négocier. Legaspi mourut au mois d'Aoûc
de la même année ; Se Guido de Labazarris lui ayant
fuccédé au gouvernement , il continua la conquête de
l'ifle, & donna plufieurs fiefs aux foldats de mérite, fiefs
que le roi confirma dans la fuite. En 1574,1a veille de
faint André , Limahon, Corfaire Chinois, alla à Ma-
nille avec une flotte de foixante Se dix barques, Se il
fut repouflé.
Le roi envoya pour gouverneur , au mois d'Août
1575 , don François de Sande , alcade de l'audience
du Mexique. Ce fut lui qui entreprit la fameufe expé-
dition contre ceux de Bornéo , dans laquelle le roi fut
vaincu , Se fa cour pillée. Il obligea les ifles de Mindanao
Se de Xolo à payer tribut. Ce gouverneur Se fes fuc-
cefleurs pourfuivirent cette conquête. Le marquis Sre-
fano Rodriguez de Figueora entreprit en 1 597 , avec la
permiflîon du roi , la conquête de Mindanao à fes pro-
pres dépens. Il fit aufli la guerre , du côté de Tampe-
can , aux rois de Malaria , de Silongan , de Buayen , Se à
Buhifan, pere de Corralr , roi de Mindanao ; mais il
mourut, dans l'entreprife, par les mains d'Obal, oncle
du roi de Mongeay ; Se 1 e gouverneur de Manille envoya le
colonel D. Juan Roquillo pour continuer cette conquête.
Le général Juan Chaves , avec une bonne armée
compofée en partie d'Indiens, s'empara le 6 Avril 1635 ,
du pays de Samboangan , Se y conflruifit un fort. Le
fui tan roi de Mindanao demanda la paix qui fut conclue
le 14 Juin 1645, avec le capitaine don François Atien-
za y Banes , gouverneur du fort de Samboangan , par
commiflion de don Diego Faxardo , gouverneut de
Manille. Les principaux articles furent : Que le fuhan
Se fes vaflaux dévoient être amis du roi d'Espagne»
comme le roi d'Espagne devoir être le leur ; que fi à
l'avenir l'un des deux fouverains fe fentoit léfé , on
s'en donneroit avis réciproquement , afin d'en avoir
fatisfaction ; que la paix ne pourroit être rompue que fix
mois après ; que les fujets des deux côtés pourroient
aller Se venir fans aucun empêchement , avec la per-
miflîon de leur roi Se du gouverneur de Manille.
Don Sébaflien Hurtado de Corcuèra , gouverneur
Se capitaine général de Manille , conquit l'ifle Se le
royaume de Xolo , en 16*38, avec quatre-vingt barques
Se fix cens Espagnols, outre quantité d'Indiens. La paix
que l'on fit avec ces infulaires , fut rompue peu de tems
après par l'imprudence de Gaspar de Moralcz. On la
renouvella le 4 d'Avril 1646, à condition que le roi
de Xolo payeroit tous les ans un tribut de trois xoangas ,
ou barques de huitbrafles de long , chargées de riz. Le
capitaine don François d'Atienza étoit dans ce traité
ambafladeur pour l'Espagne ; Bàtiocan Se Atancaya Da-
ran l'étoient pourfultan Korabat , roi de Mindanao, mé-
diateur. Les Hollandois afliégerent Xolo le 27 Juin 1648 ,
mais ils furent repoufles. Le roi de cette ifle rompit
enfuite la paix, Se fit tant de ravages fur les Espagnols
avec fa flotte , qu'il eft enfin demeuré prince abfolu
de fon royaume j Se qu'étant en paix avec l'Espagne ,
fes fujets trafiquent avec les Philippines.
Par le moyen de ces diverfes conquêtes , Se de quel-
ques autres dont elles ont été fuivies , outre la grande
ifle de Luçon , les Espagnols pofledent aujourd'hui neuf
ifles confidérables & plufieurs autres petites, avec une
partie du Mindanao. Le gouvernement efl divifé en
Tom.lV. Eeeeee
PHI
9*4
vintu aic->. îes , dont il y en a douze dans la feule ifle
deLuçon. L'archevêque de Manille a trois évoques fuffra-
gans : celui de CagaÏan , dans le nord de l'ifle de Lu-
ton ; celui de CAMARiNEZ,dans la pairie de l'eit delà
même Ole, Se celui de Cebu dans une ifle dutnêmc nom ,
dont dépendent les autres ifles voifines. Il y a dans ces
quatre ciiocèics fept cens pardifies, ik plus d'un million
de Chrétiens , beaucoup mieux inftruits qu'on ne l'eit
communément dans plusieurs patoilles de l'Europe. Ces
paroifles font deflervies la plupart pat des Auguftins, par
des religieux de S. François, & par des Jél'uites, qui
ont convetti tous ces peuples à la foi de Jesus-Christ ,
& qui les ont fournis à la monarchie espagnole. * Lettres
édif. /.n. p. 139.
Les Nouvelles Ihilippines , ou les Iïles de
Palaos. Ce font des ifles de la mer des Indes, fituées
entre les Moluques , les anciennes Philippines, & les
Mariannes. On en compte jusqu'à quatre vingt-fept ,
qui forment un des plus beaux Archipels de l'Orient ,
renfermé au nord Se au fud , entte la ligne Se le tropique
dii Cancer ; à l'eit Se à l'ouelt , entre les Mariannes &
îes Philippines. C'eit une des plus curieufes découvertes
qui ayent été faites en ces derniers tems. Ces ifles ont
été découvenes par une aventure affez extraordinaire.
Un des chefs de la nation , s'étant embarqué avec fa
femme , fille du roi du pays , & un grand nombre d'au-
tres perfonnes , pour parler d'une ifle dans une autre
affez éloignée , ils furent furpris d'un de ces violens
ouragans qui défolentfouvent ces mers. Ils fe foutinrent
pendant plus de deux mois , en ramant de toutes leurs
forces contt e le vent qui les pouffoit vers l'Occident \
mais fe ttouvant epuifés par la faim & par la violence
du travail , ils s'abandonnèrent à la merci des vents ,
qui les portetent à la pointe de 1 ifle de Samal, une des
plus orientales des Philippines. * Lettres édif. t. 6. épit.
prélim.
Comme ils ne s'étoient pas imaginés qu'il y eût au
monde d'autres terres que leurs ifles , ils furent très-
furpris de fe trouver dans un pays nouveau , & au
milieu d'une nation qu'ils ne connohToient pas. La
première vue des Espagnols les effraya : ils fe jetterent à
leurs pieds , comme pour demander la vie ; mais la
crainte fe changea bientôt en joie, quand au lieu de la
mort qu'ils apptéhendoient , ils virent avec quelle bonté
on leur préfentoit toutes fortes de rafraîchiflemens. On
étoit dans l'impatience de connoître ces étrangers , & de
fçavoir d'où ils venoient , lorsque deux femmes , qu'un
femblable accident avoit autrefois jettées dans l'ifle de
Samal , reconnurent parmi ces nouveaux hôtes quelques-
uns de leurs parens , de qui elles furent aufîi reconnues ,
■Se par leur moyen on queitionna ces étrangers. Ils ra-
contèrent dabord leur aventure , enfuite ils apprirent
ce qui regardoit leur pays. On fçut le nom , le nombre ,
l'étendue & la fituation de leuts ifles. Avec les lumières
qu'ils donnèrent , on dreffa une carte géographique
d'une manière toute nouvelle. Voici comment on s'y prit.
On ptia les plus habiles d'arranger fur une table au-
tant de petites pierres qu'il y a d'ifles dans leur pays ,
& de marquer autant qu'ils pourroient le nom , l'éten-
due ■& la diitance de chaque ifle. Ils le firent , & c'eit
fur cette carte , ainfi tracée par ces Indiens , & qui a été
gravée , qu'on connoît ces nouvelles ifles , dans les-
quelles les Européens n'ont point encore pénétré.
Si l'on ajoute foi aux relations que ces étrangers ont
faites de leur pays , il doit y avoir un peuple infini ; car
quand on les interrogeoit fur cet article , ils prenoient à
pleines mains le fable qui étoit à leurs pieds Se le jet-
toient en l'air , comme pour direqu'on compteroitauffî-
tôt ces grains de fable que la multitude du peuple. Ces in-
fulaires étoient grands, bien faits , avoient le naturel aifé
& doux , & ne manquoient pas d'esprit. Ils ne fe font
jamais de violence les uns aux auttes : le meurtre Se
l'homicide leur font inconnus , Se cefl un proverbe
parmi eux , qu'un homme n'en tue jamais un autre.
Ainfi ils ne fçavent ce que c'eit que les guerres fanglan-
tes ■■> Se fi dans un premier mouvement ils ont quelques
querelles entre eux , ce qui arrive de tems en tems, ils fe
donnent quelques coups de poing fur la tête , & fe re-
concilient presque aufîi-tôt. Cela n'empêche pas qu'ils
a'ayent dw armes affez femblables à celles dont on fe
PHI
fert dans les ifles Mariannes. C'eft une espèce de javelot
qui n'eit pas armé de fer , comme les nôtres , mais de
quelque offement du corps humain , qu'ils fçavent ai-
guifer Se monter d'une manière affez propre.
Ces peuples font à demi nuds ; la chaleur du pays
ne leur permettant pas d'être fort couverts. Les per-
fonnes de qualité fe peignent le corps poui fe diitin-
guer du peuple. Les hommes Se les femmes laiffent croî-
tre leurs cheveux , qui leur flottent fur les épaules. La
couleur du vifage eit a peu près la même que celle des
Indiens des Philippines ; mais leur langue elt entièrement
différente de toutes celles qu'on parle dans ces ifles es-
pagnoles ,'& même dans les ifles Mariannes. Leur pro-
nonciation approche de celle des Arabes.
On préfume que ces nouvelles ifles doivent être abon-
dantes en or , en ambre & en drogues , parce qu'elles
font à peu prés fous les mêmes parallèles que les Molu-
ques, d'où l'on tite les noix muscades & les plus pré-
cieufes épiceries. Cependant il parok par la relation des
habitans , qu'il n'y a aucuns métaux. Il n'y a point d ani-
maux à quatre pieds ; ainfi on ne fe nourrit que de
poiffon , d'oifeaux de mer ou de volailles , dont on ne
mange point les ceufs. Ces peuples n'ont point de tems
fixe pour manger : ils n'ont en cela d'autte régie que
leur appétit. Leurs divertiffemens les plus ordinaires
font le chant Se la daufe , dont les pas font mefurés
& fort réguliers.
Quoique ces peuples nous paroiffent baibares,il ne
laiffe pas d'y avoir parmi eux une efpéce de politeffe , Se
même un gouvernement réglé. Chaque ifle obéit à fon
chef, qui elt lui même fournis au roi du pays. Ce prince
tient fa cour dans l'ifle de Falu , qu'on appelle auifi La-
rriuircc. Cette multiplicité de noms eit apparemment la
caufe pour laquelle on ne reConnok , fur la carte que
l'on a dreffée de leur pays , presque aucuns àes noms
qui fe trouvent dans les relations imprimées ; ou bien
peut être que les infulaires ayant prononcé d'abord les
noms de leurs ifles, plufieurs furent déguifés par les
Espagnols.
Ces étrangers racontèrent qu'une de leurs ifles n'eit
habitée que par une espèce d'amazones, c'eft-à dire
de femmes qui font une république , où elles ne fouf-
frent que les perfonnes de leur fexe. La plupart font
mariées ; mais les hommes ne les viennent voir qu'en
une certaine faifon de l'année ,*& après quelques jours
ils retournent chez eux , emportant avec eux les enfans
mâles , qui n'ont plus befoin de nourrices. Toutes les
filles reitent , Se les mères les élèvent avec un grand
foin.
Quoiqu'on n'ait entendu parler de ces ifles en Europe
que dans ce fiécle , il y a long-terfis que du haut des
montagnes de Samal , on avoit découvert de groffes
fumées de ces côtés-là -, ce qui atrivoit ordinairement
l'été , quand ces infulaires mettoient le feu à leurs terres
ou à quelques forêts pour les défricher. Ces groffes
fumées que les pêcheurs de Mindanao Se des autres ifles
avoient auifi remarquées , lorsqu'ils s'étoient avancés
en haute mer , avoient fait conje&urer , qu'il y avoit
des terres à l'eit des Philippines: mais on n'en avoit
eu de connoiffance certaine que quelque tems avant
que les infulaires , dont on vient de voir l'aventure ,
euffent abordé à l'ifle de Samal , & voici de quelle
manière. Le frère du roi de ces nouvelles Philippines ,
dans un voyage de mer , avoit été jette fur la côte de
Carragan , dans la grande ifle de Mindanao. Les pères
Auguilins Espagnols , qui ont une belle miiîïon fut
cette côrc , reçurent ce prince avec honneur, lui firent
amitié ; rinitruifirent des principes de la religion chré-
tienne , Se le baptiferent ; ce qui lui caufa tant de joie ,
qu'il ne fongea plus à retourner dans fon pays. Cepen-
dant le roi, inquiet de ce que fon frère avoit disparu ,
équipa une flotte de cent petits bâtimens , qu'il envoya
dans toutes les ifles de fâ dépendance, pour en ap-
prendre des nouvelles. Un de ces petits bâtimens , fur-
pris de la tenipête, fut encore pouffé fur la côte de
Carragan , dans l'endroit où le frère du roi avoit abor-
dé. Ceux qui le cherchoient , étant descendus à terre le
reconnurent d'abord : ils fe jetterent à fes pieds , lui
expoferent le fujet de leur voyage , l'inquiétude où étoit
le roi fon frère, & le conjurèrent les larmes aux yeux
PHÎ
de retourner en fou pays. Le prince les écouta avrc
tranquillité , les remercia de la peine qu'ils s'étoient
donnée , Se leur déclara qu'ayant trouvé la perle de
l'évangile , Se le plus précieux tréfor qui foit au mon-
de , il avoir réfolu de le conferver chèrement , Se pour
cela de pafler le refte de fes jours parmi les Chrétiens ,
qu'ils les prioir d'affurer le roi ion frère , qu'il étoit
content , Se qu'il fe portoit bien ; mais qu'étant Chré-
tien , il ne pouvoir demeurer à fa cour , ni s'expofer à
perdre fa foi , bu du moins à en alrérer la pureté.
LesJéfujtes des Philippines regardant te découverte
de ces nouvelles ifles , comme un effet de la provi-
dence pour la converfion de ceux qui les habitent , ils
réfolurent d'y aller établir une nouvelle miifion ; mais
ils échouerenr dans leur tentative: le vaiffeau fut fub-
mergé. Le roi d'Espagne , à la follicitation du pape , fit
équiper un vaiffeau, qui porta deux miifionnaires à la
vue d'une des nouvelles Philippines >le 30 Novembre
17 10. Le père Duberon Se le pereCortil, (c'en; le
nom des deux Jéfuites ) avoient mené avec eux un Pa-
laos , nommé Moac , qui avoir été baptifé à Manille , Se
qui devoit leur fervir d'interprète. Les manières affa-
bles des infulaires engagèrent les pères à débarquer
dans l'ifle , pour y planter une croix , Se reconnoîrre de
plus près le génie des habirans. Comme leur deileip étoit
de revenir le même jour à bord , afin d'aller à la décou-
verte des aunes ifles , ils n'avoient porté avec eux que leur
bréviaire, une étole& un furplis , & n'éroient accompa-
gnés que du Palaos , Se de quelques Espagnols. Peu
après leur débarquement , le vaiffeau fut jette par des
brifes dans des courans qui l'emportèrent fort au large ,
Se qui ne lui permirent plus d'approcher de l'ifle. Amfi
ils retournèrent à Manille, & les deux pères, dépour-
vus de tout , furent abandonnés à la merci des infu-
laires. * Lettres édif. 1. 11. Epître Prêlim'm.
L'année fuivante , le père Serrano , l'un des miifion-
naires, qui avoir fait le voyage d'Europe , pour folliciter
le pape Se le roi d'Espagne , à s'intéreffer pour la conver-
fion des habkans des nouvelles Philippines , le père
Serrano, dis- je , fe mir en mer , pour aller au fecours
des deux miifionnaires qu'on avoir été forcé d'aban-
donner. 11 partit de Manille le 15 de Décembre avec
un autre Jéfuite , Se l'élite de la jeuneffe du pays , qui
fe faifoit un plai'ûr d'avoir part à une œuvre fi fainte ;
mais le troifiéme jour de leur navigation , le vaiffeau
fut brifé par une violente tempête, & tout l'équipage
périt , à la réferve de deux Indiens Se d'un Espagnol ,
qui échappèrent de ce naufrage . Se qui allèrent en
porter la nouvelle à Manille.
C'étoit pour la quatrième fois qu'on tentoit de
pénétrer dans les ifles de Palaos, ou nouvelles Philip-
pines. Le peu de fuccès des entreprifes a ôté presque
toute cfpérance de réuflîr dans ce projet , du moins par
la voie des Philippines, Il ne relteroit plus qu'à faire
une tentative du coté des ifles Mariannes , qui fonr plus
à portée.
PHILII'PIS. Orrelius , qui cite Sénéque , dit qu'il
femble que ce foit un lieu où il y avoit beaucoup de bois
dansl'Attique. Il ajoute qu'un manuferit qu'il a confùl-
té, écrit Philipis , pour Pbilppis.
1. PHILIPPOPOLIS , ville de Thrace , félon Prolo-
ngée , /. 3. c. 1 1 . qui la place dans les terres , Se l'appelle
encore Trimontium Se Adrianopolis •> mais c'eft
mal-à-propos que ce géographe confond aiufi la ville de
Fhilippes , avec celie d'Adrien. Philippopolh étoit bâtie
fur le fleuve Hebrus. Elle reconnoifloit Philippe , fils
d'Amyntas , pour fon fondareur , où plutôt pour fon
ïeftaurateur ; ;& elle étoit déjà célèbre lorsque la ville
de Philippes , ( Philippi ) , commença à faire figure dans
le monde. Philippopolis efl dans la Romanie , province
delà Turquie en Europe , à 25 lieues d'Andrinople , & à
7J de Conflantinople. Il y réfide un fangiac , & fon
archevêché efl fuffragant de Conflanrinople. Elle n'a
point aujourd'hui de murailles ; mais elle efl bâtie fur
trois petites montagnes, qui fe tiennent presque, Se
font fur la même ligne. C'efl apparemment fur ces hau-
teurs qu'étoient autrefois fes foi tereffes. Elle a au Ponent
la Marife , qui baigne le pied de fes maifons. Cette riviè-
re , qui efl l'Hebrus des anciens , y porte toute fotte de
bateaux ,Se par conféquent la plupart des commodités
PHI i)St
de îa vie. De l'autre côté eft un fauxbourg afiez gund ,
avec lequel on communique par un beau ponr de bois.
Il y a environ cenr vingt maifons de Juifs-, mais en gé-
néral les bourgeois font presque tous Chrétiens. Il y a
jusqu'à fix églifes , Se c'efl , dir Paul Lucas , la feule ville
de Turquie où j'aye vu une cloche qui fonne les heures
du jour. Elle efl dans une tour bâtie fur une des trois
montagnes. * Paul Lucas , Voyages , t. 2. p. 1 88.
Paul Lucas ajoute que ce fut auprès de cette ville „
qu'Augufle Se Antoine défirent Brutus & Caffius ; mais
il fc trompe: la ville de Philippi ( Voyez. Philippes ) ,
étoit aux confins de la Macédoine Se de la Thrace , au
lieu que Philippopolis étoit vers le nord de la Thrace.
Il eft vrai que PomponiusMéla,/.2.c. 2. Pline,/. 4. c. 1 ri
Se d'autres anciens géographes, mettent Philippi, ou
Philippes , dans la Thrace , parce qu'elle étoit à notre
égard au-delà dufleuve Strymon,qui lépare la Macédoine
d'avec la Thrace ; mais cela s'entend de la Macédoine
proprement dite , Se non pas de ce royaume pris dans une
fignification plus étendue. Zanchius fe trompe d'une au-
tre façon , lorsqu'il dit fur le premier chapitre de l'épïtre
aux Philippiens , que la ville de Philippes éroir au deçà
du Strymon , du côté de la Macédoine , Se qu'il cite Pli-
ne , c . 10. /. 4. pour appuyer fon opinion. Premièrement
il s'eft trompé en menant le c. 10. au lieu du c. 1 1. En
fécond lieu , Pline dir expreffémenr dans le c. 11. que
Philippes efl au-delà du Strymon , du côté de la Thrace.
Pomponius Mêla la met de même , entre le Strymon &
le Neflus, /. 2. c. 2. Les cartes deSophianus, &. des autres
géographes , la mettent au même endroit. Tout cela fait
voir que Zanchius s'eft trompé , Se marque en même-
tems que Philippopolis efl une autre ville que Philippi ,
ou Philippes. En effet Philippopolis efl fituée fur l'Hé-
bre , au lieu que Philippes eft fur le Strymon Se le Ne-
flus ou Neflus ; Philippes eft affez proche de la mer , &
Philippopolis en eft fort éloignée. Leunclavius , c. 33.
Pandetl. Tm cicar. dit que Philippopolis a été bâtie par
l'empereur Philippe , & cite un auteur grec anonyme
pour le prouver ; mais il fe trompe , Se fon auteur aufli ;
car Pline parle de Philippopolis, Se dit qu'elle a été ap-
pellée de ce nom par celui qui l'a bâtie. Or Pline eft more
long-terns avant que l'empereur Philippe fût au mon-
de , fi c'eft Philippe père d'Alexandre le Grand , ou
Philippe le père de Perfée , dernier roi de Macédoine ,
qui lui a donné le nom de Philippopolis, c'efl ce que
j'ignore. * Befpier , Rem. fur Ricaut , t. 2. p. 7 1 j.
2. PHILIPPOPOLIS , ville d'Arabie. Il en efl fait
mention dans le concile de Chalcédoine. Ne feroit-ce
point cette ville que la notice des patriarchats d'An-
tioche,& deJérufalem appelle Philippopolis , Se qu'elle
met fous la métropole de Boflia.
PHÏLIPPSECK, château fortifié en Vetéravie,à trois
lieues de Butzbach.
PHILIPS-NORTON , bourg d'Angleterre, dans la
province de Sommerfet. 11 a droit de tenir marché
public. * Etat préjent de la Grande-Bretagne , r. 1.
PHILIPSTAD, ville de Suéde, dans la partie orien-
tale du Vcrmeland : elle efl de difficile accès par fa
fituation , entre des marais Se des étangs. * Atlas.
Robert de Vaugondy.
PHILIPSTOWN , ville d'Irlande. Voyez. Kingstwon.
PHIL1SBOURG , ou Philipsbourg, ville impciiale
d'Allemagne , fur la rive orientale du Rhin , a l'em-
bouchure de la rivière Saltza , dans ce fleuve , au midi
de Spire , à l'orient de Landeau , Se au nord occidental
de Bruchsal. Ce n'étoit autrefois qu'un village , appelle
Udenheim. Jean George, comte Palatin, y fit bâtir
un palais pour l'évêque de Spire , en 1 3 1 3 , Se Pévêqus
Gerhard l'environna de murailles en 1343. Philippe-
Chriflophe de Sotteren , évêque de Spire & Archevê-
que de Trêves, ayant fortifié ce lieu de fept baftions,
lui donna le nom de Philisbourg , en Latin Pbilippo-
burgum. On y ajouta plufieurs ouvrages, Se tout cela ,
joint au terroir marécageux des environs , en a fait une •
place très-forte & très -importante. Elle tomba entre
les mains des Impériaux en 1633 , par la lâcheré dit
gouverneur; Se les Suédois qui les en chafTerenr le ij
de Janvier de l'année fuivante, la remirent au pouvoir
du roi de France Louis XIII. Les rigueurs de l'hiver
ayant empêché qu'on n'en achevât les fortifications , ,
Tm. IV. Eeeeeeij
SS6 PHÏ
PHI
les Impériaux la furprirent la nuit du 23 Janvier i^JJi
Louis de Bourbon , alors duc d'Anguien , après avoir
défait les Bavarois à Fribourg , reprit Spire & Fhilis-
bourg au mois de Septembre 1644. Le roi Louis XIV
la fit enfuite fortifier régulièrement. Les Allemans 8c
leurs alliés la tinrent long-tems bloquée , & l'ayant
enfin aflïégée le 16 Mai 1676, la prirent par capitu-
lation le 16 de Septembre fuivant. Louis, Dauphin de
France , la reprit fur eux le premier de Novem-
bre 1688, & elle leur fut rendue en 1697 , par le traité
de Ryswick: en 1734 les François la reprirent encore ,
& l'ont rendue par la paix de Vienne.
PH1LISCUM , ville de Syrie , fur l'Euphrate : Pline,
/. y c. 26. la donne aux Parthes.
PHILISTHSI , peuples de la terre de Chanaan.
Voyez. Philistins -
PH1LISTIM. Voyez. Philistins.
PHILISTINS FOSSS. Pline , /. 3. c. 16. donné
ce nom à l'une des embouchures du Pô , 8c dit qu'on
l'appelloit autrement Tartarum. Elle a confervé ce
dernier nom , félon le père Hardouin , qui afflue qu'on
Ja nomme aujourd'hui Tartaro.
PHILISTINS, (a) peuples venus de l'ifle de Caphtor ,
dans la Paleftine , (/>) 8c descendus des Caphtorims , qui
font fortis des Chasluims , enfans de Mizraïm , comme
Moïfe nous l'apprend \ (t) 8c par conféquent originaire-
ment fortis de Mizraïm , père des Egyptiens. Le même
Moïfe dit ailleurs (d) que les Caphtorims , fortis de
Caphtor , chalTerent les Hévéens qui demeuroient
depuis Hazerim jusqu'à Gaza , 8c qu'ils s'établirent
dans ce pays. Ce n'eft donc que depuis les Hévéens
ou Charaéens , que les Philiftins font venus dans la
Paîelh'ne , 8c qu'ils ont occupé le pays dont ils ont
été maîtres fi long-tems. On ne fait point précifément
l'époque de leur fortie de Tifle de Caphtor -, mais il
y avoit déjà long-tems qu'ils étoienr dans la terre de
Chanaan ; lorsqu' Abraham y vint l'an du monde 2084,
avant Jefus-Chrift 19 17, avant l'ère vulgaire 192 1.
Nous avons effayé , ajoute dom Calmet , de montrer
dans l'article de Caphtor ou Caphtorim , que ce mot
marque Fine de Crète. Le nom des Philiftins n'eft point
hébreu. Les Septante le traduifent ordinairement par
Allophyli , étrangers. Les Pélethéens 8c les Cérethéens
étoienr auflï Philiftins ;8c les Sepranre traduifent quelque-
fois Cérethim (e) par Kpvnui, Cretois. Voyez ce que nous
avons dit fous l'article Pheleti , & fous Cerethi. Les
Cafiuims ou Cafluchims , pères des Caphtorims , de-
meuroient originairement dans la Pentapole Cyrénaï-
que, félon le paraphrafte Jonathan, ou dans le canton
Pentaschenite de la Baffe Egypte, félon le paraphrafte
Jérofolymitain. Nous trouvons dans la Marmarique la
ville d'Axilis ou d'Azylis ; 8c dans la Libye voifine de
l'Egypte, Sagylis ou Satylis: tout cela dans Ptolomée.
Ces noms ont un rapport fenfible avec Cafluim. Ce pays
eft firué près de l'Egypte , oîi tous les enfans de Mizraïm
ont eu leur demeure; il eft alfis vis à-vis l'ifle de Crète.
Strabon , /. 17. p. 837. ne met que mille ftades de di-
stance , entre le port de Cyrène ex celui de Crète ,
nommé Criou Metôpon , ou Front de Bélier. Le com-
merce étoit autrefois grand entre la Cyrénaïque 8c l'ifle
de Crète , comme il paroît par Strabon 8c Pline. Il y a
donc beaucoup d'apparence que les Cafiuims envoyè-
rent de la Cyrénaïque des colonies dans cette iffe, les-
quelles pafferent delà fur les côtes de la Paleftine. Ce
fyftcme me paroît le plus probable de tous ceux qui ont
été propofés jusqu'ici. Outre la conformité qui eft entre
les noms de Cérethim & des Cretois, il s'en trouve
beaucoup entre les mœurs, les armes, les divinités,
les coutumes des Philiftins & desCfétois, ainfi qu'on
If peut voir dans la differtation de dom Calmet , fur
l'origine 8c les divinités des Philiftins, imprimée à la tête
du premier livre des Rois. Les Philiftins étoient déjà
puiffans dans la Paleftine dès le tems d'Abraham , puis-
qu'ils y avoient des rois, 8c y poiTédoicnt plufieurs
villes confidérables. Quoiqu'ils ne fuffent point de la
race de Chanaan , & qu'ils ne fuffent point exprimés
parmi les peuples dévoués à l'anarhême , Jofué ne laiffà
pas de donner leur pays aux Hébreux (/) , 8c de les
attaquer par le commandement du Seigneur, parce qu'ils
©ecupoient un pays , qui étoit promis au peuple de
Dieu (g ) ; mais il paroît que les Philiftins reprirent les
conquêtes de Jofué. Sous les Juges, fous Saiil , &au
commencement du règne de David , ils avoient des
rois ou des fatrapes , qu'ils appelloient Sazenim ; leur
état étoit divifé en cinq petits royaumes ou fatrapiesj
& ils opprimèrent les Ifra'élites pendant le gouvernement
du grand-prêtre Heli 8c de Samuel , 8c pendant le règne
de Saiil , ( pendant environ cent vingt ans , depuis l'an
du monde 2848 , jusqu'en 296c ). Il eft vrai que Tam-
gar, Samfon, Samuel & Saiil les défirent quelquefois ;
mais ils n'abbattirent point leur puiffance. Ce fut David
( h ) qui les fubjugua. Ils fe révoltèrent environ deux
fiécles 8c demi après contre Joram ( i ) qui les fournit
de nouveau. Ozias les contint auffi dans le devoir pen-
dant tout fon règne ( k ). Durant les malheurs du règne
d'Achaz , les Philiftins firent le dégât dans les terres
de Juda (/ ) ; mais Ezechias , fils 8c fucceffeur d'Achaz ,
les affujettit (m). Enfin ils fe mirent pleinement en li-
berté fous les derniers rois de Juda ; 8c nous voyons
par les menaces que leur font les prophètes lfaïe, Amos ,
Sophonie, Jérémiecx: Ezéchiel, qu'ils avoient fait mille
maux aux Ifiaè'lites , & que Dieu devoit châtier leur
eruauré par les plus grandes calamités. Affaradon , fuc-
ceffeur de Sennachérib , affiégea Azoth , 8c la prit ,
par les armes de Thafthan , général de Ces troupes( n).
Pfammiticus , roi d Egypte , prit la même ville , après
un fiége de vingt-neuf ans , fuivant Hérodote , /. 2*
c. 1 5-7. 8c c'eft le plus long fiége de ville que l'on con-
noiffe. Pendant le fiége de Tyr, qui dura treize ans,
Nabuchodonofor employa une partie de fon armée à
foumettre les Ammonites , les Moabites , les Egyptiens,
& les autres peuples voifins des Juifs (0). Il y a affez
d'apparence que les Philiftins ne lui réfifterent pas , 8c
qu'ils lui demeurèrent aflujettis avec les autres peuples
delà Syrie, delà Phénicie 8c de la Paleftine. Ils tom-
bèrent enfuite fous la domination des Perfes ; puis fous
celle d'Alexandre le Grand , qui ruina Gaze (p), la feule
ville des Phéniciens qui ofa lui réfifter. Après la per-
fécurion d'Anthiocus Epiphanes , les Asmonéens dé-
membrèrent petit à petit diverfes villes du pays des
Philiftins qu'ils affujetrhent à leur domination. Try-
phon , régent du royaume de Syrie , donna à Jonarhas
Asmonéen, le gouvernement de tonte la côte de la
Méditerranée , depuis Tyr jusqu'à l'Egypte ( q) ; 8c par
conféquent tout le pays des Philiftins. Le nom de Pale-
ftine eft venu des Philiftins , quoique ces peuples n'en
poffédaffent qu'une affez petite partie. * (a) D. Calmet,
DicL. ( b ) Amos ,9,7. Jerem , 47 , 4. ( c ) Genef.
10 , 13 , 14. ( d) Dent. 10, 23. {e ) Ez.ech. Zf , 16.
Sophon. 11, 5 , 6. (/) Exod. 1 5 , 4; , 46 , 47. ( g )
Jofué, 13, 2 , 3. {h) II Reg. 5 , 17 , 8 , 1,2, &c.
( i ) II Par. 21, 1 6. ( £ ) II Par. 16 , 6,7. Ozias com-
mença à régner en 3194. (/) UPar.iS, 18. (m) IV Reg.
1 8 , 8. (») If ai. 20,1. (0) Jof. Ant. 1. 1 o. c. 1 1 . ( p ) Strab.
I.16. Arr'ian. 1. 2. de Exped. Alex, (q) I Mach. 9 , 59.
PHIL1US. Koy«. r-Htius 1.
PHILLIS, contrée de la Thrace , aux environs du
mont Pangée , félon Hérodote , /. 7. c. 1 12. Quelques
manuferits de cet hiftorien , 8c ceux d'Etienne le géo-
graphe, portent Phullis pour Phillis.
PHILLYRA , fleuve du Péloponnèfe , dans l'Arca-
die , félon Ortelius , Thef. qui cite Callimaque , Hym.
in Jovem.
PHILO, lieu à l'extrémité de l'Egypte. Il en eft parlé
dans l'hiftoite eccléfiaftique de Théodore ; mais l'in-
terprète latin , au lieu de Philo , écrit Pheno. Nefe-
roit-ce point, dit Ortelius, Thef. la ville que Ptolomée
appelle PhiL/£ ? Voyez, ce mot.
PH1LOBOETUS, montagne de la Bœotie , dans la
plaine d'Elatée, félon Ortelius , qui cite Plutarque ;
mais Plutarque , in Sylla , dit Amplement qu'il y avoic
dans la plaine d'Elatée une éminence , où Hortenfius 8c
Sylla campèrent. Cette éminence étoit très-fertile , cou-
verte d'arbres , 8c au pied couloit un ruiffeau. Plutar-
que ajoute que Sylla, dans fes commentaires, vantoit
extrêmement la fituation de ce i eu. Au refte , le texrc
grec porte ^iXc^ouark , Ph'ilokoeotos , 8c non Philoboe-
tus. Dacier , dans fa tradutlion de Plutarque , écrie
Pbiloboiote. Polia?nus , in Panimene, l. ;. fait de Philo-
boeotus un lieu fortifie.
PHI
PHÏ
PHILOCALIA, lieu fortifié dans la Cappadoce, fut
îe Pont-Euxin , avec une rivière de même nom , félon
Pline , /. 6, c. 4. Arrien , dans fon périple du Pont-
Euxin, p. 17. met Philocalia , ou Pbilocalea, entre
Argyria ôc Coralla , à quatre-vingt-dix ftades de la pre-
mière , ôc à cent de la féconde. Il y a faute dans Pto-
lomée , dit le père Hardouin -, car Ptolomée écrit Kuxd-
^nt , au lieu de QiXokolMici.
PHILOCANDROS , ifle delà mer Egée, & l'une des
Cycladcs , félon Ptolomée , /. 3. c. t'y. Pline,/. 4. c.
Ji. ôc Etienne le géographe écrivent Pholegandros,
ôc la mettent parmi les ifles Sporades. Hefyche écrit
Phlegandros. On la nomme aujourd'hui Policandro:
elle efl entre les ifles de Milo ôc de Sikino.
PH1LOCRENE , petite ville de Birhynie , félon Nicé-
phore Grégoras ,cirépar Ortelius , Tbef.quï croit qu'elle
éroit aux environs de Nicée. Chalcondyle en fait une
place maritime.
PHILOMELIUM , ville de la Grandc-Phrygîe , félon
Strabon, /. 12. p. 577. Ptolomée , /. 5.C. 2. & Etien-
ne le géographe. Pline , /. j. c. 27. fait feulement men-
tion du peuple qu'il nomme Philomelienfes. Dans le
premier concile de Conftantinople , p. 957. il efl fait
mention de Theofebius Pbilomclienfis , Ôc fon fiége elï
placé dans la Pifidie.
PHILOMOLPHUS, ville de l'Afie-Mineure , félon
Ortelius , Thef. qui cite Nicétas.
PHILONIS PAGUS, village d'Egypte. Strabon, /.
jy. p. 8oy. le met entré le Nil ôc le golfe Arabique.
1. PHILONIS VICUS, village d'Afrique. 11 eft pla-
cé par Ptolomée, /. 4. c. 4. dans la Cirénaïque , ôc
dans les terres.
2. PHILONIS VICUS , village de Libye. Ptolomée,
/. 4. c . y lui donne auflî le titre de nôme.
PHILONIUS PORTUS , port de l'ifle de Corfe. Pto-
lomée , /. 3. c. 2. le place fur la côte méridionale,
près d'AusTA. Léander & Niger difent que c'efl aujour-
d'hui Porto-Veiho, ôc d'autres le mettent à Porto F avo-
rte. Un écrivain , dit Ortelius , a cru que le Pbilonius
Tonus de Ptolomée , ôc le Navonius d'Antonin ,
étoient le même : pour moi , je n'en crois rien , ôc je
juge que ce font des lieux différens.
PH1LOPATRIUM, lieu dont fait mention Cédre-
ric. Il pouvoir être au voifinage de Byzance. * Ortel.
Thef.
1. PHILOS. Voyez. Phlius I.
2. PHILOS, ifle que Pline, /. 6. c. 25. place fur
la côte de la Perfide. Elle étoit, dit Ortelius, dans le gol-
fe Pcrfique.
PH1LOTERA, ville dans le voifinage des Troglo-
dytes, félon Etienne le géographe. Ortelius juge qu'elle
pouvoir être aux environs du Caucafe , fur le Bosphore
Cimmérien.
PHILOTERIA, ville de Syrie. Polybe, 7. j.». 70. la
met fur le lac de Tibéliade.
PH1LOTHEI. FVy^ Bytiiaria.
PHILQXENI-LATOMLE. Mien, Variar. lu.
c. 44. dit qu'on donna le nom du poëte Philoxcne aux
Laromies de Sicile. Voyez. Latomi/e..
PH1LYRES , peuples qui habitoient fur le Pont-Eu-
xin, félon Etienne le géographe, ôc Valerius Flaccus
Apollonius, /. 2. mec dans le Pont-Euxin une ifle , ap-
pellée Philyrida, qui pouvoit tirer fon nom de celui
de ces peuples, ou leur avoir donné le fien;& il y a
apparence que ce font les maifons des Philyres , qu'Ovi-
de , Metam. I. 7. appelle Phii.yrea Tecta. * Ortel.
Thef.
PHIN, Voyez. Pfin.
PHINA , ville de la Macédoine , dans la Piérie, fé-
lon presque tous les exemplaires imprimés de Pline ,
/. 4. c. 10. Quelques exemplaires porteur Pigna;&
Je père Hardouin foucient qu'il faut lire Pydna. C'efl.
•ainfi en effet qu'écrivent Strabon , in Excerp. I. 7. p.
330. & Etienne le géographe. Cette vilie eft encore ap-
pellée KvS'm par Théagene , cité par Etienne le géogra-
phe , ôc Cydne par Pomponius Mêla , /. 2. c. 3.
1 . PHINEUM , lieu de la Cappadoce , dans le Pont ,
félon Etienne le géographe & Suidas.
2. PHINEUM , lieu qucThéophrafte, Hifl. Plantar.
7. 3. c. i. mec dans l'Arcadie.
9?7
PHINICHA, petite ville d'Afie , dans l'Anatolte-,
félon Sophicn. Elle eft fur la côte du Montefcli , en-
tre Parera ôc Sataiia, à vingt ou vingt-deux lieues de
l'une & de l'aucre. Cette ville , nommée Aperrce. par
Ptolomée , Apyrx. par Pline , ôc par d'autres Apbcrx.
ôc Aptrœ, n'eft plus préfentement qu'un méchant vil-
lage.
PHINNI. Voyez. Fenni.
PHINON , ou Phunon , ftation des Ifraê'Iites , dans
le déferr.
1. PHINOPOLIS, ville de Thrace , félon Pline,
/. 4. c. 11. Ptolomée , /. 3. c. 11. ôc Etienne le géo-
graphe. Les deux premiers la placent à l'embouchure
du Pont-Euxin.
2. PHINOPOLIS, ville de Bithynie. Elle ne fubfi-
floit plus du tems de Pline, /. 5. c. 32. Les meilleurs
manuferits , au lieu de PhinopoJÉJ, portent Spiropo-
lis , ôc le père Hardouin croit que c'efl ainfi qu'il faut
lire.
1. PHINTHIA, fontaine de Sicile. Pline, qui en
parle d'après Appien , dit que tout ce qui y étoit jette
furnageoit. Elle étoit apparemment au voifinage de la
ville Pbintbia. Voyez, l'article fuivant.
2. PHINTHIA , ville de Sicile, félon Ortelius, qui
cice les lettres de Phalaris , Epifl. 148. Ptolomée , /. 3»
c. 4. qui écrit Phithia , la place dans les terres , entre
Ancrina ôc Gela ; Diodore de Sicile la nomme Phin-
thias , au génitif Pbintbiadis , ôc Pline, /. z.c. 8. en
appelle les habitans Phintienfes. L'itinéraire d'Antonin
connoît auflî cette ville , dont il corrompt pourtant le
nom , écrivant Plintis pour Phintis. Il la met fur la
route à'Agrigentum à Syracufe , en prenant le long de
la mer , ôc la place entre Dœdalium ôc Refugium Cha-
hs , à cinq milles de la première de ces places , & à
dix-huir milles de la féconde. Cette pofition fait juger
qu'elle étoit précifément dans l'endroit où efl aujour-
d'hui Alicata , ôc où l'on découvre effectivement un
grand nombre d'antiquités. Diodore de Sicile, /. 22.
c. 2. en fait pareillement une ville maritime ; ce qui
contredit Pline ôc Ptolomée qui la placent dans les
terres.
PHINTONIS INSULA , ifle de la mer Méditerra-
née , entre la Sardaigne ôc l'ifle de Corfe , fclon Pli-
ne, /. 3. c. 7. ôc Ptolomée, /. 3. c. 3. Les uns croient
que c'efl aujourd'hui Ifola ai Figo, l'ifle de Figo , ôc
d'autres la prennent pour Ifolt Ro/fa.
PHIR-/LSI , peuples de l'ifle de Scandinavie. Ptolo-
mée , /. 2. c. 1 1. qui en fait mention les place avec les
Pbavonœ, dans la partie orientale. Turnebe, dit Orte-
lius , voudroit qu'on lut Fr mei pour Pbirœ/î; mais Ho-
toman , in Francogal. rejette absolument cette opinion
comme tres-éloignée de la vérité.
PHIRORY-ABAD , ville de l'Inde , fituée à l'endroic
où le Calini fe joint au Jaoun. Tamerlan la prit en 1 398.
Les habitans , qui étoient Ghebres ou Guebres fe voyanc
preflés de toutes parts , brûlèrent leurs femmes ôc leurs
enfans , pour n'être occupés que du foin de fe défendre.
* Hifloire générale des Huns , par M. de Guignes, t.
5-V- 5°-
PHIRSTIMUS , ou Phrystimus , fleuve de la Per-
fide , ôc dont l'embouchure étoit fur le golfe Perfique,
félon Pline, /. 6. c. 23. Le père Hardouin veut qu'on
life Heratemis , au lieu de Phritimus que portent
les exemplaires imprimés: il fonde cette correction fut
un partage d'Arrien , in Indicis , p. 583. dont l'autorité
lui paroït préférable , & qui met à fept cens cinquante
ftades de l'embouchure du Sitacos une rivière qu'il nom-
me 'Hpûn/niç.
PHISCON MONS , montagne d'Italie , dans la Tos-
cane , félon Ortelius , qui cite un fragment de Caton. Il
ajoute que Mariantis Viétorius veut que ce foit aujour-
d'hui Monte Fiasconc.
PHISERA. Voyez. Fisêra.
PHISON , fleuve du Paradis terreftte. Voyez. Phasis ,
». 1.
PHITERNUS , fleuve d'Italie. Ptolomée, /. 3. '• r-
le met dans le pays des Ferentini. Pline, /. y. c.Vt. ÔZ
Pomponius Mêla , /. 2. c. 4. le nomment Tifermts. Col-
lenutius Ôc Léander difent que le nom moderne eft For-
9*8 PHL
loro: Mazzella l'appelle Salino , & Olivier veut que le
nom de ce fleuve foit préfentemenc Eiz,ano.
PH1TIUSA , ifle de la mer Egée, au voifinage du Té-
loponnèfe, félon Pomponius Mêla , /. 2. c. 7. Pintauc
écrit Pityufa , parce que fon nom vient du grec n/™«-
«•« , qui lui a été donné à caufe de la quantité de pins qu'el-
le produit. Pline , /. 4. c. 1 2. nomme effectivement cette
ifle Pityufa.
PHITOM, ouPhiton , ville d'Egypte. C'eft une de
celles que les Hébreux bâtirent à Pharaon , pendant le
tems de leur fervitude. Dom Calmet croit que cette ville
eft la même qne Tathumos , dont parle Hérodote , /. 2.
Se qu'il place fur le canal que les rois Necho Se Da-
rius avoient fait pour joindre la mer Rouge au Nil , Se
par-là à la Méditerranée. On trouve auffi dans les an-
ciens géographes un bras du Nil , nommé Pathmeticus ,
Phatmycus , Phatnimv ou Phaniticus. Brocard , Defc.
Terra, Santlx. , dit qucPhitom Se Ramefle font à cinq
lieues au-defïus de la divifion du Nil , & au-delà de ce
fleuve ; mais cela n'a aucun fondement dans l'antiquité.
Get auteur fe contente de rapporter ce que l'on difoit
de fon tems dans l'Egypte. Marsham veut que Phitom
foit la même que Pélufe ou Damiette. * Exod. 1 , 1 1 .
Strab. Ptolom. Plin. Sec.
PHIUM. Voyez. Fium.
PHIZUM. Voyez. Phasis t.
VU.lk.V9yez.Vmi».
PHLADIR.TINGA, nom qu'Hermannus Contractais
donne à une ville de la Hollande , à l'embouchure de
laMeufe, &appellée vulgairementViAERDiNGEN. Voyez.
ce mot.
PHLAGUSA , ville delà Cherfonnèfe, voifine de la
ville de Troye , & où l'on voyoit le tombeau de Prote-
filaiis. Cette ville avoit un port nommé Crater , félon
Hygin, in Cratère , cité par Ortelius.
PHLANEIA , bourgade de lAtrique, dans la tribu
Cécropide , félon Phavoi inus , Lcxic.
PHLANON. Voyez. Flammona.
PHLANON1CUS-SINUS. Voyez. Flanaticus Si-
nus , qui eft le même golfe.
PHLAVIOPOLIS, Voyez. Flaviopolis.
PHLEGANDROS, ifle déferre , dont parle Héfy-
che. Voyez. Phalegandros.
PHLEGRA , ville de la ThefTalie , félon Martianus
Capella , cité par Ortelius. Ce fur , félon les poètes, dans
les champs voifins que les Géans combattirent contre les
dieux , Si qu'ils furent foudroyés. Solin fait aufTi men-
tion de cette ville. Voyez. Phlegr/ei campi.
i.PHLEGRiEI-CAMPI, campagnes d'Italie, aux en-
virons de Capoue& de Nola, félon Polybe, /. 2.». 17.
Voyez. Forum-Vulcani.
2. PHLEGR.EI CAMPI, campagnes de la ThefTalie,
au voifinage de la ville Phkgra, Voyez, ce mot. Ifacius
Tzetzès met ces campagnes dans la Thrace , & Etien-
ne le géographe les place dans la Cherfonnèfe de Thra-
ce. * Ortelius y Thef.
PHLEGYA, ville de laBceotie, félon Etienne le géo-
graphe.
PHLEGY/E , peuples de la ThefTalie. Srrabon dit que
dans la fuite ils furent nommés Gvrtonnii.
PHLEGYANTIS. Voyez. Andreis.
PHLEUM. Voyez. Phil^um & Flevum.
PHLIARUS. Voyez, Hoplias.
PHLIAS , nom d'une ifle que Polybe, /. 4.», 9. place
tux environs de l'Etolie.
PHLIASlA. Voyez. Phlius i.
1 . PHLIUS , ville du Péloponnèfe , dans la Sicyonie ,
félon Ptolomée, l.x.c. 16. qui la place dans les terres.
Strabon , /. 8. p. 382. dit que la ville d'Arxthyrée, que
l'on appelloit de fon tems Phliafia, étoit dans une con-
trée de même nom , près de la montagne Cœloflà -, que
dans la fuite les habirans changèrent de place, & allèrent
à trente ftades de ce lieu bâtir une ville , qui fur appel-
lée Phlius. C'eft ce qu'Etienne le géographe ne diftingue
point. Il dit fimplemeut que Phlius ou Phlïunte s'appel-
la anciennement Aranthia Se Arxthyrea. Ortelius dit
qu'elle paroît nommée Rupela dans Chalcondyle.
2. PHLIUS, ville maritime du Péloponnèfe, dans
l'Argie, félon Ptolomée, /. 3. c. 16. qui la met entre
PHO
Nauplia navale Se Hermione. Elle eft appellée Foica
par Pihct , Se Yri par Sophien.
3. PHLIUS , ville du Péloponnèfe , dans l'Elide, fé-
lon Pline, qui la met à cinq milles de Cyllene. Ortelius
dit qu'elle cil différente des deux villes précédentes -,
mais le père Hardouin foutient que c'eft la même qui efl
placée dans la Sicyonie par Ptolomée & par Strabon.
PHLOEON , lieu de l'ifle de Samos , félon Plutar-
que , in Quœftton. Gr&cis.
PHLORYIA , ville de la Mauritanie Céfarienfe. Pto-
lomée , /. 4. c. 2. la place dans les tertes.
PHLOSSA , lieu dans le terriroire deSmyrne , à ce
qu'il paroît par un pafiage de Suidas , in voce Theocri-
tus.
PHLYA , bourgade de l'Attique. Elle étoit delà tribu
Ptolémaïde , félon le marbre des treize tribus , rapporré
par Spoh , Lifte de l'Attique , Se félon Héfyche: ainfi
Etienne le géographe , Se d'autres écrivains qui la met-
tent fous la tribu Cécropide , peuvent s'être trompés.
Cette ancienne bourgade qui eft dans leMefoia, entre
Rafti Se le cap Colonne ,conferve encore fon nom. C'é-
toit la patrie du po'éte Euripide ; mais il y a eu trois poè-
tes célèbres de ce nom. Paufanias fait mention deplufieurs
temples Se autels qui étoient à I hlya , entre autres de
ceux d'Apollon , de Diane , de Bacchus Se des Euméni-
des. A Athènes, ajoute Spon, dans l'églife Agioi Apo-
ftoli 3 on lit cette infeription :
2EAETP0
ÉENONOS
*AT2TS
PHLYENSES, peuples de l'Attique , habitans de la
bourgade Phlya , dans la tribu Cécropide , félon Etienne
le géographe , Se dans la tribu Ptolémaïde , félon Héfy-
che.
PHLYGADIA, montagne qui s'étend entre l'Illyrie 8c
la mer Adriatique , félon Srrabon , /. 4. p. 207. On la
nomme aujourd'hui Fncz. Voyez, ce mot.
PHLYGON1UM, ville de la Phocide. Paufanias,
/. io.-c. 3. Se Etienne le géographe en font mention. Au
lieu de Phlygon'utm , Amafeus lit Polygonïum.
PHLYIA. Voyez. Phlya Se Phlyenses.
PHOBEA. Voyez. Phebol.
PHOBUS, mot grec qui veut dire Crainte. Il fut
donné à un lieu de l'ifle /Egiala , félon Paufanias , /. 2,
c. 7.
ï . PHOGE , ifle fur la côte de l'ifle de Crète. Pline ,
/. 4. c. 12. la place dans le promontoire Sammonium.
2. PHOC/E , ville de l'Achaïe , félon Ortelius , qui
cire Ptolomée. Cependant Ptolomée , /. 3. c. 15. la
place dans la Bœotie , entre Anthedon Se Oeui Sinus
intima.
3. PHOCiE. Ortelius, qui cite Agatarchides , dit
que ce nom a été donné aux Ethiopiens.
PHOŒA. Voyez. Phocée, n. 1.
PHOCAICUM L1TTUS. Ce nom fe trouve dans le
recueil des inferiprions de Smith , fol. 24. ». 7. Antoine
Auguftin , Dialog. 5. de Nummis ant. l'entend du rivage
de Marfeille , Se de celui d'Emporia:.
PHOCAIS, territoire d'Afie. Thucydide, /. 8. p.
616. paroîr le placer vers l'embouchure du Caycus,
du côté de Mitylene.
PHOCARIA, ifle de la mer Egée, fur la côte de
l'Attique , félon Pline , /. 4. c . 1 2. Elle tiroit fon nom ,
ou des Phocéens, ou de Phocas , qui veut dire un veau
marin.
PHOCARUM INSU LA , ifle fur la côte de l'Arabie.
Strabon , /. 16. p. 773. la place au voifinage de l'ifle des
Tortues , &de celle des Eperviers. Elle étoit ainfi nom-
mée , à caufe de la quantité de veaux marins qu'on y pê-
choit. Stiabon ,/. 16. p. 776. femble encore mettre une
ifle de même nom fur la même côte , près du promon-
toire des Nabatéens.
PHOCEAS , ville de Sicile. Thucydide, /. 5. p. 34J.
la met dans le territoire de Leomiitm.
1. PHOCÉE , ville de l'A^e-Mineure. Ptolomée , /.
5. c. 2. la place dans l'Eolide, parce qu'elle étoit en-
deçà du fleuve Hermus , qu'il donne pour borne entre
l'Eolide Se l'Ionie. Pomponius Mêla, /. 1. c. 17. Pline ,
PHO
PHO
l. y . c. 29. Se Etienne le géographe la mettent dans l'ionie,
mais aux confins de cette contrée. Phocée étoit en effet
une ville de l'ionie , comme le dit clairement Hérodo-
te , /. 1. c. 142. Tite Live , /. 37. c. j 1. nous apprend
que cette ville , qui étoit bâtie en long , fe trouvoit au
fond d'un golfe , Se qu'elle avoit deux ports , tous deux
fort fûrs. Celui qui s'étendoit vers le midi s'appelloit
Nauftathmos , parce qu'il pouvoit contenir un grand
nombre de vaifieaux ; l'autre s'appelloit Lamptera. Au
lieu de Phocœa , Pomponius Mêla, /. 2. c . 3. écrit Pho-
cïs. Cette ville n'étoit éloignée de Smyrne que de vingt
milles , Se même il y en a deux voifines l'une de l'autre ,
qui portent le nom de Foglia Vecchia Se Foglia Nova ,
félon Spon, Voyage du Levant, t. i.p. i8o\ La vieil-
le étoit la fameufe ville de Phocée , Se n'eft préfente-
ment qu'un miférable village. Elle tirait apparemment
fon nom du mot Phocas , qui fignifie un veau marin ,
parce qu'il fe pêche près delà quantité de ce poiffon »
Se même dans tout le golfe de Smyrne. Un médaillon de
l'empereur Philippe femble le confirmer par fon re-
vers , où il y a un chien qui cft aux prifes avec un de
ces Phocas , Se le mot «tnKAlEflN à l'entour , qui veut
dire que c'eft une médaille des Phocéens. Peut-être que
le chien eft pour annoncer que la puiffance des Pho-
céens fur terre eft égale à leurs forces maritimes j ou
bien pour exprimer leur fidélité à l'empereur: le poiffon
femble défigner leur ville. Spon ne paroît pas lui-mê-
me trop attaché à ces conjectures ; Se il laiffe la liberté
d'en juger. Phoc&enfes étoit le nom des habitans , &
Thocaic us étoit le poffeifif, comme on le voit dans ce
vers de Lucain , /. 3 . v. y 8 3 .
Pbocaicis Romana Ratis vallata Car'mis.
Phocaic'u eft là pour Maflilienfibns , parce que la
ville de Marfeille eft une colonie de Phocéens. A la
vérité, Lucain fe fert auflï ailleurs du nom Phocicus ,
qui n'appartient qu'aux habitans de la Phocide , dans la
Grèce , mais Saumaife en a repris ce poëte dans fes re-
marques fur Solin , p. 66,
2. PHOCEE , Phoe&a , ville de la Carie , fur le mont
Mycale ; c'eft Hermolaiis qui en fait mention dans fes re-
marques fur le chapitre trente du cinquième livre de
Pline.
1. PHOCENSES , peuples de la Grèce , félon Stra-
bon , /. 8. p. 3 3 2 & 3 36. qui les place entre TEtolie &
l'ifthme de Coriuthe. Ils habitoient la Phocide. Voyez.
ce mot.
2. PHOCENSES, ou Pocenses» peuples d'Italie,
dans l'Etrurie , entre Sienc Se Lucques , fi on s'en rap-
porte à un édit du roi Didier , & à un fragment de l'iti-
néraire d'Antonin , dont le commentateur Annius dit
qu'on voit encore dans le même quartier une petite ville
Se un lac appelles Phocekius, * Ortel. Thef.
PHOCI , nation voifine des Ichthyophages , félon
Agatarchides, cité par Ortclius.
PHOCIAS , fleuve de la Theffalic , félon Vibius Se-
quefter •, mais au lieu de Phocias , Simler lit Phoeaix.
PHOCIDE , contrée de la Grèce , entre la Bœotie ,
& la Locridc. Elle avoit anciennement des bornes beau-
coup plus étendues. Strabon , /. 9. dit qu'elle étoit bor-
née au nord par la Bœotie , Se s'étendoit d'une mer à
l'autre , c'eft-à-dire , depuis le golfe de Corinthe, jus-
qu'à la mer Eubée.Denys le Périégete affure que la Pho-
cide s'eft autrefois étendue jusqu'aux Thermopy les:
'EXko/mvh (ïa>fiiw Si , kolto. çofxo, Gtf>y.07Tv\oa)v.
Mais les Phocéens perdirent de bonne heure cette
partie de leur pays , Se furent refferrés dans des bornes
plus étroites.
Deucalion commença à régner dans la Phocide , au-
tour du mont Parnafle , du tems de Cecrops. Les Pho*
cidiens formèrent une république.. Leur pays avoit pour
principaux ornemen» le temple de Delphes & le mont
Parnafie. Les Phocidiens s'aviferent de labourer des ter-
res confacrées à Apollon , ce qui étoit les profaner.
Auifi-tôf les peuples d'alentour crièrent au facnlége : les
uns de bonne foi , les autres pour couvrir d'un pieux
prétexte leurs vengeances particulières. La guerre qui
9*9
furvint à ce fujet s'appella facrée , comme entreprife par
un motif de religion , & dura dix ans comme celle de
Troye. On déféra les profanateurs aux Amphi&yons,
qui compofoient les états-généraux de la Grèce, Se qui
s'affembloient tantôt au* Theimopyles , tantôt à Del-
phes. L'affaire ayant été discutée , on déclara les Pho-
céens facriléges , & on les condamna à une groffe amen-
de. Un d'entre eux , nommé Philomèle , homme auda-
cieux , Se fort accrédité , les révolta contre ce décret.
Il prouva , par des vers d'Homère , qu'anciennement la
fouverainetédu temple de Delphes appartenoit auxPho-
cidiens.Mais il fallut foutenir la révolte par les armes. Les
Athéniens Se les Spartiates fe rangèrent du parti des
Phocidiens, qui , voyant leurs fonds épuifés , enlevèrent
tout ce qu'ils trouvèrent dans le temple de Delphes ; Se
par-là trouvèrent le moyen de foutenir la guerre, aux
dépens de la divinité qu'ils avoient ofïenfce. * Toureil t
Préface Hift. p. 94. Olympiad. 106. an. 2.
Les dévots d'Apollon crièrent alors plus que jamais au
facrilégc.On en vint fouvent aux mains. La fortune fe
rangea tantôt d'un parti , tantôt de l'autre. Les Phoci-
diens réduifirent enfin les Thébains à appellcr à leur fe-
cours Philippe qui prit leur defenfe. Ce prince n'eut qu'à
paroître , pour terminer une guerre qui duroit depuis
dix ans , Se qui avoit également épuifé l'un Se l'autre
parti. Les Phocidiens desefpérerent d'abord de refifter à
un tel ennemi. Les plus braves obtinrent la permiflîon de
fe retirer dans le Péloponnèfe. Le refte fe rendit à dis-
crétion, &rils furent néanmoins traités fort inhumaine-
ment. Philippe fauva cependant les apparences , & vou-
lut avoir fur qui fe disculper. Dans ce deffein il convoqua
les Amphictyons , les établit , pour la forme , fouve-
rains juges du crime des Phocidiens -, Se fous le nom de
ces juges , dévoués à fes volontés, il ordonna qu'on rui-
neroit les villes de la Phocide ; qu'on les réduiroit tou-
tes en bourgs de foixante feux au plus , Se que ces
bourgs feroient à une certaine diftanec l'un de l'autre ;
que l'on proferiroit irrémiffiblement les facriléges , Se
que les autres ne demeureroient poffeffeurs de leurs
biens qu'à la charge d'un tribut annuel , qui s'exigeroic
jusqu'à la reftitution entière des fix mille talens enlevés
dans le temple de Delphes. Cela faifoit une fomme
d'environ fix millions d'écus , ou dix-huit millions de
livres. On ne doit point être furpris que le butin impie
des Phocéens montât fi haut. 11 y avoit dans le temple
de Delphes des richeffes immenfes qu'on y envoyoit de
toutes les nations de la terre. Le vainqueur ne s'oublia
pas pour prix d'une victoire qui ne lui coûta que la pei-
ne de fe montrer : outre la réputation de prince reli-
gieux , de fidèle allié , il eut encore les Thermopy-
les , l'unique paffage qui menât de Macédoine en Italie.
* Diodor. Oros. 1. 3. c. 12. Toureil , Remarques fur la
Harangue touchant la paix, p. 122.
Avec le tems , les Phocidiens parvinrent à fe rétablir ;
car chaffés en qualité de profanateurs exécrables , ils
rentrèrent avec le titre d'infignes libérateurs. Une œuvré
de religion réhabilita de la forte ceux qu'une action fa-
crilége avoit dégradés. On les avoit exclus pour avoir
pillé de leurs propres mains le temple de Delphes : or»
les y replaça pour l'avoir fauve du pillage des Gaulois ,
commandés par Brennus. * Toureil , Remarques fur la
Harangue touchant la paix , p. 122.
Les principaux lieux que Ptolomée place dans la Pho^
cide font :
r Cyrrha,
Places Maritimes. / Crijfat
\ Amicyrrba.
Dans les terres.
Pythia ,
Delphi,
Daulis ,
Elatia ,
Egofthenia ,
Bulia.
ï. PHOCIS. Voyez. Phocide,
2. PHOCIS , canton de l'Arcadie , félon Dioscoride,'
/. 3. c. 48. qui dit que c'eft où croît la Panacée.
$6q
PHO
PHO
3.PHOCIS. Pomponius Mêla , Lue. 17- nomme
ainfi la ville de Phacée, dans l'Ionie. C'eft une faute.
]1 faut lire Phocœa , comme lifent Strabon , Etienne le
géographe , Hérodote , Xénophon , & en un mot tous
les écrivains anciens.
PHOCLIS , ville de l'Aracfiofie. Ptolomée , /. 6. c.
xo. la place entre Axola ôc Aricaca.
PHOCRA , montagne de la Mauritanie Tingitane.
Ptolomée , /. 4. c. 1. l'étend depuis le petit Atlas jusqu'au
promontoire Byjadium. Ortelius croit que c'eft la mê-
me montagne que Jean Léon nomme mons Ferreux , ôc
qu'il dit être appellée vulgairement Gebelelhadich. Ara-
mien Marcellin met dans la Mauritanie Céfaricnfe une
montagne qu'il appelle auiîi mons Ferreus ; mais c'eft
une montagne différente , qui touche la ville de Tubu-
fuptits.
VHOCVSJE , nom de deux ifles, que Ptolomée , /.
4. c. 5. place dans la mer d'Egypte. Ortelius croit que
ce font les mêmes qu'Etienne le géographe appelle Phj-
cujfie.
PHOCUSSA , iflc de la mer Egée , & l'une des Spo-
rades , félon Pline , /. 4. c. 1 2. Au lieu de Phocujfa t> le
père Hardouin lit Phacujfa , parce qu'Etienne le géo-
graphe ôc Suidas écrivent ainfi.
PHODA , ville de l'Arabie-Heureufe. C'eft Pline,
/. 6. c. 28. qui en fait mention.
PHOEBvEA PALUS, lieu marécageux, fur la côte
de l'Argie , ôc que l'on nomma dans la fuite Marais Sa-
jromde , félon Paufanias , /. 2. c. 30.
PHOEBATIS , ville de la Macédoine , félon Orte-
lius , qui cite Polybe -, mais Polybe , /. 5. n. ic8. fait en-
tendre que Phocbatis étoit une contrée où fe trouvoient
les villes Antipatria , Cbryfondïon ôc Gertus.
PHOEBE , ifie de la Propontide , félon Pline , /. j.
c. 32.
PHOEBEUM. Tite-Live , /. 34. c. 38. met un lieu de
ce nom dans le Péloponnèfe , aux environs de Sparte ,
& il dit que ce lieu étoit tout ouvert & fans murail-
PHOEBI-PROMONTORIUM , promontoire d'A-
frique, dans la Mauritanie Tingitane. Ptolomée , /. 4. c
i.le met dans la mer d'Ibérie, entre Alybe Columna
ÔC Jagath.
PHOEBI-VADA , lieu d'Italie , célèbre par la beauté
de fes eaux , fclon Martial.
t. PHOEBIA , ville du Péloponnèfe. Paufanias , /. 9.
c. ij. la donne aux Sicyoniens.
2. PHOEBIA. Voyez. Rhegigm.
PHOEMîUS. FflJ'tfî.ToEMPHOEMBIUS.
PHOENEB1TIS , «otrejSufl'ç , village que Suidas , met
dans une préfecture , qu'il nomme Pan&politane. Etien-
ne le géographe , qui écrit <î>wê&iô« , le met en Egypte ;
Se faint Epiphane dit que c'étoit un lieu maritime , ôc la
patrie de l'hérétique Valentin. * Ortel. Thef.
PHOENICjEUM , montagne de la ville de Corin-
the , félon. Etienne le géographe.
i . PHOENICE. Voyez. Phenicie.
2. PHOENICE , ou Phoenica , ville de l'Epire ,
félon Tite-Live , /. 29. c. 1 2. ôc Polybe ,l.x.c.$. Srra-
bon , /. 7. nous donne fa fituation. Il dit qu'elle étoit
au-deffus du golfe voifin de Buthrotum. Cellarius , Geog.
Ant. L 2. c. 13. dit que comme la table de Peutin-
germet un espace de cinquante-fix milles entre Phoenïce
ôc Buthrotum, il faut qu'il y ait erreur dans cette table,
ôc qu'on ait mis Buthrotum pour Panormus , ce que
confirment les chiffres de Ptolomée. Ainfi Phoenïce étoit
dans la Chaonie , où la met effectivement Ptolomée ,
/. 3.C. 14. Cependant fi elle eût été aufii voifine de Bu-
throtum. que le dit Strabon , elle feroit trouvée dans la
Thesprotie. L'itinéraire d'Antonin écrit Poenïce pour
Phoenïce \ c'efi une faute.
3- PHOENICE. Hérodote , /. 4. c. 38. met un lieu
ou une iflede ce nom , fur le golfe Mariandynus, en
Bithynie -, ôc Ortelius foupçonne que ce pourroit être la
même ifie dont parle Etienne le géographe au mot
Bî<r/èiKoç ; mais Berkelius prétend qu'il y a faute dans
Etienne le géographe , & qu'il faut lire Phoebe , & non
Phonice.
4. PHOENICE. Voyez, Phoenissa.
5 . PHOENICE , ifie de la mer Méditerranée , fur
la côte de la Gaule , & l'une des plus petites ifles ap-
pellées Stoechades. Pline , /. 3. c. $. parle de cette ifie ,
Ôc la joint avec celles de Sturium ôc de Phila. Ces trois
ifles font aujourd'hui Ribaudas , Langouftier & Ba-
queou. Phoenïce , Sturium ôc Phila font effectivement
trois petites ifles d'entre les Stoechades ■> mais il n'eu:
pas vrai qu'elles aient pour nom moderne ceux qu'on
leur donne ici. Chacun s'accorde à dire que Sturium elt
aujourd'hui Ribaudon ; quant aux autres deux , leur nom
eft inconnu. Langouftier n'eft pas une ifie , mais un fore
bâti fous le cardinal de Richelieu.
6. PHOENICE, ifie de la mer Egée , & l'une des
Sporades. Elle s'appella enfuite Ios, félon Pline, /. 4.
c. 1 2. Voyez, Ios. Le nom de Phœnice lui avoit été don-
né, à caufe des palmiers qu'elle produit.
7. PHOENICE. C'eft l'un des noms que Ton donna
à l'ifle de Tenedos , félon Pline,/, r. c. 31.
PHOENIC1US, montagne de la Bœotie. Strabon,
/. 9. p. 410. la met dans le territoire de Thebes,
PHOENICODES. Voyez Phoenicusa.
PHOENICON , ville d'Egypte. L'itinéraire d'A mo
nin la met fur la route de Coptos à Bérénice , entre CoptoS
ôc Didyme , à vingt- quatre milles de la première , Ôc à
égale diltance delà féconde. Cette ville eft aufii connue
dans la notice des dignités de l'Empire , Secl. 20. ôc
Ortelius croit que c'eft la même ville qui efbnommée
Hydreuma par Pline.
1. PHOENICUM, c'eft à-dire, lieu planté de pal-
miers. Procope, Hifioire de la guerre contre les Perjes »
dit : Lorsque l'on a paffé les frontières de ht Paleftine ,
on trouve la nation des Sarafins , qui habitent depuis
long-rems au pays planté de palmiers, ôc où il ne croît
point d'autres arbres. Abocarabe qui en étoit le maître ,
en fit don à Juftinien , de qui en récompenfe il reçut le
gouvernement des Sarafins de la Paleftine, oùilfe ren-
dit fi formidable, qu'il arrêta les courfes àes troupes
étrangères. Aujourd'hui, ajoute Procope, l'empereur
n'eft maître que de nom de ce pays , qui eft planté de
palmiers, & il n'en jouit pas en effet 5 tout le milieu qui
contient environ dix journées de chemin, étant entiè-
rement inhabité , à caufe de la fechereffe ; ôc il n'a rien
de confidérable que ce vain titre de donation faite par
Abocarabe , & acceptée par Juftinien.
2. PHOENICUM , ville de l'Arabie-Heureufe. Pto-
lomée , /. 6. c. 7. la place fur la côte du golfe Elani-
tique , entre les villages Hïppos ôc Ahaunathi.
PHOENICUM INSUL.E. Voyez, Pélagie.
PHOENICUM NEMUS, bois de l'ifle de Chios,
félon Euftathe cité par Ortelius.
PHOEN1CUS MONS, montagne de la Lycie. Stra-
bon, /. 14. p. 666. dit qu'on la nomma auûl Olym-
pus.
1 .PHOEN1CUS-PORTUS , port de la Lycie. Il étoit ;
félon Tite-Live, /. 37. c. 1 j . à moins de deux milles de
la ville Patara.
2. PHOENICUS ou Phoenicis-Portus , port de
l'ifle de Crète , félon Ptolomée , /. 3. c. 17. qui le mec
fur la côte méridionale. Etienne le géographe y joint
une ville de même nom ; mais Ptolomée donne à la
ville le nom de Phénix , que l'on rend communément
en françois par celui de Phénice. Le port de Phénice,
dans les'acfes des apôtres , c. 27, 1 2. eft dit firué au venc
d'Afrique ôc au couchant feptentrional; mais au lieu de
ces deux mots , le Syriaque a traduit au midi ; ôc en ef-
fet dans les cartes de géographie , l'Afrique eft au midi
de Phénice ; mais il ne s'enfuit pas que le port foit fi-
nie au midi. Le venr d'Afrique qu'il regarde d'un côté
eft entre le midi ôc le couchant, qu'on nomme encore
aujourd'hui dans cette mer Libeccio , ôc c'eft le même
mot qui eft dans le grec i c'eft- àdire vent de Libye 01»
d'Afrique: nous l'appelions dans l'Océan fud-oueft.
Quanc à la pofition au couchant feptentrional , il y a
dans le grec & dans le latin Çorus , qui eft un mot latin :
c'eft le vent qu'on nomme dans l'Océan nord oueft ,
ôc dans la Méditerranée Maeftro. Il falloir , félon cette
fituation , que le port de Phénice ne fût pas droit , mais
en forme d'arc. On croit que ce port s'appelle aujour-
d'hui Finichia.
3. PHOENICUS PORTUS , port defAfic Propre,
dans l'Ionie. Thucydide, /. 8. p. /78.1e met au pieddu
promontoire
PHO
PHO
promontoire Mimas. C* le même port que Tîcc Live
appelle le premier port du territoire d'Erytbrœ.
4. PHOENICUS PORTUS, port du Péloponnèfe ,
dans la Meffénie. Paufanias, /. 4. c. 34. dit qu'il étoit
près du promontoire Acritas , Se que l'iile Oemjfa étoit
dans le voifinage.
j. PHOENlCUS.ou Phoenicïs-Portus, port du
nôme de Libye , félon Ptolomée , /. 4. c. J.
6". PHOENlCUS PORTUS, port de la Sicile. Pto-
lomée, /. 3. c. 4. le place fur la côte orientale, près
du promontoire Pacbynus.
7. PHOENICUS PORTUS , port de l'iile de Cyrhe-
re , félon Xénophon, /. 4. Grœcor. cité par Ortelius.
PHOENICUSA, ifle de la mer Méditerranée, au
nord de la Sicile , Si. l'une des iiles Eoliennes , félon
Strabon, /. 6. Pline, /. 3. c 9. Se Etienne le géogra-
phe. Elle eft firuée entre les ifles VaLania Se Ericufa ,
mais bien plus près de celle-ci que de la première. Pto-
lomée, /. 3. c. 4. la nomme Pbœnicodes. Le nom mo-
derne, félon Olivier , SiciL Ant. I. 2. p. 414. eft Fe-
iicur. Atlas y Roberc de Vaugondy écrie Feucudi.
PHOENICUSSiE, ville de Syrie. Etienne le géo-
graphe la donne aux Phéniciens. Il met au/fi deux ifles
de ce nom dans le golfe de Carthage.
P HOEN1SSA , nom que Polyen , / 8. c. 16. donne
à la Nouvelle-Carthage, en Espagne. Quelques manu-
ferits portent Oindra, qui ell apparemment la véritable
orthographe , s'il eft vrai , comme le dit Etienne le géo-
graphe, que l'ancienne Carthage ait été appellée Oî-
iwra.Le traducteur de Polyen ayant rendu mal-a-propos
<bciutr<ïa. par Pbœnic'u, Ortelius qui l'a fuivia fait de Phœ-
nicia , Pbœnice , ce qui ell faute fur faute.
PHOENIUM. Ortelius dit qu'Antigonus, in Mirabil.
donne ce nom au lieu où 1 eau du Styx fort du rocher.
C'ell le même lieu que Pline nomme Pheneus. Voyez,
ce mot.
1. PHOENIX. Voyez Phoenicus Portus. n. 2.
2. PHOENIX , lieu fortifié , dans l'Afie propre , fur
la côte orientale du golfe de la Doride. Ptolomée ,
/. j. c. 2. le place entre Crejfo Portas Se Pbusca. Etien-
ne le géographe le dit voifm de Rhodes.
3. PHOENIX, montagne de L'Afie propre, dans la
Doride, félon Ptolomée, /. y. c. 2. De l'ifie la mar-
que entre le golfe de Cérarnie Se celui de Doride.
4. PHOENIX. Etienne le géographe fait entendre
qu'il y avoit un fleuve de ce nom , dans l'Afie propre,
au voifinage de la ville de Phœnix , dans la Doride.
5. PHOENIX, port de Lycie, félon Onelius , oui
cite Zonare.
6. PHOENIX , bourg d'Egypte. Pallade , in Vtta
Chronli , dit qu'il y avoit une communauté de deux
cens hommes près de ce bourg.
7. PHOENIX, ville d'Italie ou de Sicile. Appien,
in Bel. Civil. I. 5. p. 75 J- la met proche du promon-
toire Coccynum , dont la fituation n'eil point connue.
8. PHOENIX , fleuve de Theffalie , félon Pline , /. 4.
c. 8. & Lucain , /. 6. v. 374. Vibius Sequefter , p. 536.
dit qu'il fe jettoit dans le fleuve Apidanus
9. PHOENÎX, petite rivière de l'Achaïe propre,
félon Paufanias, /. y.c. 23.
PPIQENUS MONS, montagne des Gaules , près de
la ville Baiuca ( Bayeux ). Surins , dans la vie de faint
Vigor , dit que de fon tems on nommoir cette monta-
gne Chrismatus. * Ortelius , Thef.
PHOETI/E ou Phoete^e , ville de l'Acarnam'e, félon
Etienne le géographe. Pol\be , /. 4. n. 63. la met dans
l'Etolie. D'ans un endroit il la nomme Phœtex , Se au
livre y. "• 7- '' 'â nomme Pbœtum. Voyez. Phvt^îum.
PHOEZORUM , lieu de l'Arcadie, félon Paufanias,
/. 8. c. 11.
i.THOGOR, montagne célèbre , au-delà du Jour-
dain, qu'Eu febe , in Abarim. place entre Hékbon Se
Liviade. Les monts Nébo , Phas^a & Phogor étoienr
près l'un de l'autre , & ne formoient apparemment que
la même chaîne de montagnes. 11 ell aflez croyable que
Phogor prenoit fon nom de quelque divinité de ce nom ,
qui y étoit adorée ; car Phegor ou Phogor, ou Bée!
Phegor , éroit connu dans ce pays. Vtyez, Num. XXV.
5. Deut. IV. 5. Pfeaum. CV. 28. * Dom Calme t , Di-
ctionnaire.
9S1
2. PHOGOR , ville de la tribu de Juda , qui ne fe
lit plus ni dans l'hébreu , ni dans la vulgate, nuis feu-
lement dans le grec , Jofué, XV. 60. Eufèbe dit Qu'elle
étoit près de Bethléem , & faint Jérôme ajoute que
de fon tems on l'appclloit Paora.
PHOLEGANDROS. Voyez. Philocandros.
1. PHOLOE , montagne du Pcloponnèfe, félon Pom-
ponius Mêla , /. 2. c. 3. Pline , /. 4. c. G. qui met cette
montagne dans l'Arcadie , y joint une ville de même
nom. Quelques-uns croient que cette montagne s'ap-
pelle aujourd'hui Xirià. Voyez ce mot.
2. PHOLOE , montagne de la Theflalie , félon Or-
telius, qui cite Placide Lutatius, fur le troifiéme livre de
la Thébaïde , & Quintus Calaber , /. 7. qui dit que
c'eft le lieu où Hercule tua le Centaure.
PHOMOTHIS, village delà Maréotide. C'efl Pto-
lomée , /. 4. c. 5. qui en fait mention. Ses interprètes, au
lieu de Phomothis , écrivent Pbamothis.
PHORA , ville de la Grande Arménie , félon Pto-
lomée, /. y. c. 13. qui la place entre Tasca Se Mxpa.
PHORAGA , ville de l'Ane. Ptolomée , /. 6. c. 17.
la place entre Goduna Se Chatrische. Le manuferit de
la bibliothèque Palatine porte Pborava pour Pboraga.
PFÎORB/E, ville de la Theflalie. Erienne le géogra-
phe, qui en parle, la donne aux Achéens.
PHQRBANTIA. Ptolomée , /. 3. c. 4. met une ifle
de ce nom fur la côte de la Sicile. Elle a auffi été nom-
mée Bucinna. Voyez, ce mot.
PHORBANTIUM , montagne de laTrœzène , fé-
lon Etienne le géographe, in verbo<bcféaà , qui ne di-
ftingue point dans quelle Tiœzène elle eft fituée , mais
apparemment qu'il enrend parler de celle de Theflalie.
PHORCA , marais d'Italie , à cinq cens ftades de
Rome, félon Ifacius fur le Lycophron. Onelius croit
que ce marais éroit dans le pays des Maries.
PHORCADUM. ^«.Pharycadum.
PHORCYNIDOS ANTRA MEDUSEE , caverne
que Silius Italiens , /. 2. v. 59. met dans la Marmari-
que. Lucain , /. 9. v. 626. parle des champs de Médu-
fe Phorcvnide. Le nom de Phorcynide avoit été donné
à Méduie , à caufeque fon père s'appelloit Phorcusou
Phorcys , félon Apollodore , /. 1. c. 2. & /; 2. c. 4.
PHORCYNUS j port de l'ifie d'Iihaque. Homère „
OdyJ. V. vers 96. y place l'antre des Nymphes, appel-
les Naïades. Mais Strabon , /. 1. p. f 9. dit que de fon
tems on ne voyoit aucun veflige de cet antre'des Nym-
phes. Il vaut pourtant mieux , dit-il , en attribuer la
caufe aux changemens qui ont pu arriver, que d'accu-
fer le poè'te d'ignorance ou de menfonge.
PHORIAM1 , lieu de l'Elide , près de Parthenium.
Etienne le géographe dit que ce lieu étoit propre à dres-
fer une embuscade.
PHORIEA , village de l'Arcadie. C'eft Etienne le
géographe qui en fait mention.
PHORIST/E, peuples d'Afie, félon Pomponius Mê-
la, /. 1 . c. 2.0icelius croit qu'ils pourroient étreScythes.
Ifaac Voffius , qui veut deviner le plus fouvent , au
lieu de Pboriflx ou PborÇit&, a forgé le mot Petropboritx ,
nom inconnu , Se que l'on ne peut recevoir.
PHORMANI, ville d'Italie. Etienne le géographe
eft le feul qui la connoiffe ; à moins que par Pbormiani
il n'entende la ville Pborm'u. Voyez. Formi/E.
PHORM1ANUM. Scneque, 1. Suaforiar. appelle
ainfi la maifon de campagne que Cicéron poflédoit au-
près de Formia , & dans laquelle il fur tué , à ce que
dir Eu febe , in Cbronx'n . V..ye .. FoRMiiC.
PHORMIO. Voye: Formio.
PHORMISII, peuple de l'Attique. On ignore de
quelle tribu il étoit. C eft Dinarchus, Orat. contra De-
rfiolfhen. qui fair mention de ce peuple. Leur bourg s'ap-
pelloit Phormi^ium.
PHORM1SIUM. Kov^Phormisii.
PHORNAUS. vil'e delà Bétique. Ptolomée, /. 2.
c. y. la donne aux Turdérains. On croit que ce pour-
roit être préfenrement Hornacos , bourg de l'Eftrama-
dure , fur l'Almonre.
PHOROBRENTATIUM, ville de la Libye, félon
Etienne le géographe.
PHORONICUM, nom que Paufanias , /• 2. c. 16.
C\ Etienne le géographe donnent à la ville d'Argos, ca-
Tom. iKFffff*
$6% PHR
pitale de l'Argie, dans le i eloponnèfe. Elle fut premiè-
rement nommée Phoromcum du nom de fon fondateur
Phoroneus , fils d'Inachus.
PHORONT1S , ville de l'Afie-Mineure , dans ia Ca-
rie , félon Pline, /. y. c. 2.9.
PHORUM , *«p«c Aiy-tiv , c'eft-à-dire , le port desVo-
leurs y port de l'Attique. Strabon , l. 9. p. 39j.lemet
au voilînage de l'ifle Pfyttalia.
PHORUNNA, ville de Thrace , félon Etienne le
géographe qui ciie i 'olybe.
PHOSrHORlUM. Etienne le géographe nomme
ainfi le port de la ville de Byzance. Ortelius , Thcf.
qui cite Euftathe, dit que par corruption on prononça
Bosporum. Jean Tzetzès lit Pros-phortum ; 8c la notice
des dignités de l'Empire écrit Prosphorïamtm.
PHOSTONIA. Ceft le nom que donne Suidas à
l'une des ifles Halcyonides. Ortelius dit qu'au lieu de
Phoftonia , il lit Pbthonïa , dans un autre écrivain qu'il
ne nomme point.
PHOTIjÉ , ville épiscopale de la Phrygie-Salutni-
re. Niceta, fon évêque , eft du nombre des évêques
qui foufcrivircnt au concile de Conftantinople, tenu
l'an 870.* Harduin. Collect. Conc. r. j. p. 925.
1. PHOTICA, ville d'Italie, félon Siméon le Mé-
taphrafte , in Peregr'm. SS. Pétri & Pauli.
2. PHOTICA , ou Phutice, fiége épiscopal, dans
la province de l'ancienne Epite , fous la métropole de
Nicopolis, félon la notice d'Hieroclès.
PHOTIN/PUM, ville de Theffalie. Ceft Etienne le
géographe qui en parle d'après Hécatée.
PHOVIBAGIN A , ville de la Galatie. Ptolomée, /. 5.
c. 4. qui la donne aux Troemi, la place entre Cari/fa
8c Ditdttfa. Ses interprètes lifent Phubatena pour Pho-
l'ibagina.
PHRAASPA& PHRAATA. Voyez. Praaspa.
PHRA ATA , ville des Médes , félon Appien , p. 1 jS.
dans les guerres des Parthes.
PHRADRA , ville de la Drangiane. Etienne le géo-
graphe dit qu'on l'appelloit aufli Prophthafia. Mais Plu-
tarque , /. 1. de fortuna Alexand. met Prophthafia dans
la Sogdiane. Pline , /. 6. c. 17. place aufli Prophthafia
dans la Drangiane , 8c Ammien Marcellineli fait de mê-
me , apparemment à l'imitation de Ptolomée. Cepen-
dant le texte grec de Ptolomée,/. 6. c. 19. lit Prosphtha-
fia pour Prophthafia. A l'égard de la ville que Pline ,
l. 6. c. 25. appelle Prophthafia Oppidum Zariasparum ,
Ortelius , Thefaur. n'avoit ofé décider fi c'étoit la mê-
me que Prcphthafia Drangarum. Le père Hardouin a
été plus hardi. 11 dit que la ville de Prophthafia de la
Drangiane étoit une colonie des Zatiaspes, peuples de la
Bachiane.
PHRAGANDyE , peuples de la Thrace, aux confins
de la Macédoine , à ce qu'il parok par un paflage de
Tite-Live , /. 26. c. 1$.
PHRAGONIS, ville épiscopale d'Egypte. Agatlms
Phragonii fouferivit au concile tenu à Alexandrie l'an
362 , & Nefiorintts à celui de Chalcédoine de l'an 4; 1.
* Harduin. Collect. Conc. tom. 1. pag. 730. tom. 2.
P- 59-
PHRANGI , peuples d'Italie, voifins des Alpes , fé-
lon Etienne le géogtaphe. Ortelius , Thefaur. croit qu'ils
appartenoient plutôt à la Gaule Celtique qu'à l'Italie.
Voyez. Barang/E.
PHRAORTUS. Voyez. Praaspa.
PHRATERIA. Voyez. Frateria.
PHRATI, ville de la Bactriane. Ptolomée , L (,. c.
1 1. îa place fur l'Oxus. Ses interprètes , au lieu de Phra-
tï , lifent Pharatrua.
PHREARRI , bourgade de l'Attique , dans la tribu
Léontidc , félon Etienne le géographe. Suidas 6V Héfy-
chc écrivent Phrearïi. C'étoit la patrie du Grand Thé-
miftode.
PHR E ATA , ville de la Cappadoce , dans la Garfau-
rie , félon Ptolomée , /. y. c. 6.
PI1REGDIACUM. Voyez. Bebriacum.
PHRES, Preti & Phretes , peuple de Libye. Ceft
Etienne le géographe qui en parle.
PHRETOMANORUM TJRBS , ville d'Italie , chez
Jes Samnites. Diodoie de Sicile , /. 19. f. 1 n. dit que
PHR
Q. Fabius s'en rendit maitréfOrtelius fïhef. croît que
Phretomanorum eft là pour Fercntanorum.
PHR1CIUM , ou Fricium , montagne de la Locri-
de , félon Strabon , /. 13. p. 621. Etienne le géogra-
phe place une montagne de même nom au-deffus des
Thermopyles ; 8c Tite-Live, /. 36. c. 13. met dans le
même quartier une ville auffi nommée Phricium.
PHRICONIS, ville de l'Eolide , félon Etienne le
géographe.
PHRIGIDOS. K^^Frigidus , n. i.
PHR1XA , ville du Péloponnèfe , dans la Triphylie ,
félon Strabon , /. 8. p. 343. Se Polybe , /. 4. n. 77. Etien-
ne le géographe dit qu'on l'appella dans la fuite Pkx-
Jîus.
PHRIXIUM, ville d'Afie. Strabon, /. i.p. 45. là
met aux confins de la Colchide 8c de l'Ibérie. Il ajou-
te, /. 1 1. p. 499. que de fon temson la nommoit Idees-
sa , 8c qu'elle étoit affez bien fortifiée.
PHRIXUPOLIS. Voyez. Phrixium.
i, PHRIXUS, ville de Lycie, félon Etienne le géo-
graphe.
2. PHRIXUS , port de l'Afie , dans le Bosphore de
Thrace, près de fon embouchure dans le Pohr-Euxin ,
félon Denys de Byzance , de Thracic. Bosph.p. 11. 8c
Etienne le géographe.
3. PHRIXUS, fleuve de l'Argie. Pàufahias , 7, 2. c.
36. dit qu'il recevoit les eaux de l'Erafinus, & qu'il
alloit le jetter dans la mer , entre Terncnium 8c Lerna.
PHRUDIS , fleuve de la Gaule Belgique. Ptolomée ,
/. 2. c. 9. place fon embouchure entre celle de la Senne
8c le promontoire Itiu.ru. Les uns croient que Phru-
dis eft aujourd'hui la Sambre. Les autres la prennent
pour la Somme.
PHRUGUNDIONES, peuples de la Sarmatie Eu-
ropéenne. Ptolomée, /. l.c.$. les place au-deffous des
Sulanes , 8c au-deffus des Avarini , près de la fource de
la Viftule.
PHRUR/ESUM i montagne de la Mauritanie Cé-
farienfe , félon Ptolomée , /. 4. r. 2.
PHRURENTANI , peuples d'Italie. Ceft Etienne
le géographe qui en fait mention. Ne font-ce point , die
Ortelius , Thefaur. les Forentani de Pline. Voyez, ce
mot.
PHRURI, peuples Scythes, félon Denys le Pétié-
gete , v. 752. Euftathe dit qu'au lieu de Phruri , quel-
ques uns écrivent Phrynos. Ces peuples étoient voifins
de la mer Caspienne.
1. PHRURIUM , mot grec qui fignifie un lieu for-
tifié , où Fon tient gatnifon. On l'a donné à quelques
lieux fortifiés ou par la nature ou par l'art , & où il
y avoir garnifon.
2. PHRURIUM, promontoire de l'ifle de Cypre;
fur la côte méridionale , félon Ptolomée , /. j. c. 13.
Lufignan 8c Mercator l'appellent Cabo-Blanco.
3. PHRURIUM, ville de l'Inde, en-deçà du Gan-
ge. Ptolomée , /. 7. c. 1. la donne aux Arvarnes , 8c dit
qu'elle étoit dans les terres.
PHRYGES, fleuve de l'Afie Mineure , félon Pline,
/. y.c. 29. qui dit qu'il fe jettoit dans l'Hermus; qu'il
féparoit la Phrygie de la Carie ; 8c qu'il donnoit fon
nom à la Phrygie. On doute s'il eft différent du fleuve
Phrygius , dont Tite-Live , /. 37. c 37. 8c Appien,
Syr. p. 171. font mention. Strabon, /. 13. confond le
Phrygius , avec l'Hyllus, que Pline diflingue.
PHRYGI, peuples de l'Illyrie , au voifimge des
monts Cérauniens , félon Strabon.
PHRYGIA , grande contrée de l'Afie Mineure , fur
les bornes de laquelle tous les auteuts ne font pas d'ac-
cord. Pline, /. j. c, 32. étend la Phrygie autour de
la Troade 8c la borne au nord par la Galatie ; au midi
par la Lycaonie , la Pifidie , 8c Mygdonie •, 8c à l'orient
par la Cappadoce. Mais toute la Phrygie ne fe trouve
pas renfermée dans ces bornes ; car elles ne compren-
nent pas la Phrygie de l'Hellespont , qui étoit la partie
la plus confidérable de la Troade. Elles ne compren-
nent pas non plus la Mygdonie , qui , félon Etienne le
géographe , faifoit partiede la Grande Phrygie; quoique
l'on puiffe avec encore plus de raifon la ranger fous
la Phrygie Epictete de Strabon, à laquelle elle touche.
La faute de Pline vient de ce qu'en marquant lesbor-
PHR
nés de la Phrygie du côté du midi , il joint la Mygdo-
nie avec la Lycaonie Se la Pifidie ; quoique deux chapi-
tres plus haut,<r. }v. il l'eue jointe avec d'autres pays.
Il y a donc dans la description de Pline, un dérange-
ment qui vient , ou de la négligence de l'auteur , ou
de celle des copiées. * Cellar. Geogr. ant. 1. 3. c. 4.
La Phrygie eft divifée dans les anciens auteurs en
Grande Se en Petite; pourquoi Tite-Live, /. 37. c. 54
er;5. en parlant de ce pays, dit: Phrygïa utraque ,
l'une Se l'autre Phrygie. Dans un autre endroit il dit ,
en parlant des terres que les Romains ôterent à Antio-
chus, Se qu'ils donnèrent à Eumènes : Ils ajoutèrent
en Afie les deux Pbrygies : l'une qui eft fur l'Helles-
pont, Se Uautre qu'on appelle la Grande Phrygie. Sua-
bon Se Ptolomée connoiiïent aulîî deux Phrygies ; mais
Ptolomée, /. 5. c. 2. place dans la Grande Phrygie des
villes qui fe trouvoient renfermées dans les bornes qu'il
donne à la Petite , Se Strabon varie pour les noms , ap-
pellanr la Petite Phrygie : tantôt Phrygie de l'Helles-
pont , tantôt Phrygie Épittete ; c'eSt-à-dire , Phrygie ac-
quife. Quelquefois il paro'it distinguer ces deux noms :
quelquefois il les confond , comme s'ils figniiîoienr la
même chofe ; Se quelquefois il femble renfermer la Phry-
gie Epiclete dans la Grande Phrygie. Le pays , dit-il ,
/. 2. qui eft en-deçà du fleuve Halys , contient la Bi-
thynie , la Mœfie & la Phrygie qui eft fur l'Hellespont ,
CT dont la Troade fait partie. ... Er dans les terres ,
ajoute-t-il, cette Phrygie , dont la G.illogrece , appellée
Galatie , l'Epitlete, la Lycaonie & la Lydie font partie.
Mais Strabon étend trop loin les bornes de la Grande
Phrygie -, car il y comprend la Lydie Se la Lycaonie , que
les autres géographes en féparent. Il eft certain que les
Gallogrecs s'emparèrent d'une partie de la Phrygie. Mais
pour ce qui eft de l'Epictete que Strabon joint ici avec
la Grande Phrygie , ailleurs il la comprend fous le nom
de Petite Phrygie , celt-à-dire, fous le nom de la Phry-
gie, qui étoit fous l'Hellespont. Le fleuve Gallus , dit-
il, /. 12. p. 543. prend fa fource près de Modra ,
dans la Phrygie qui eft fur l'Hellespont ; Se c'eft celle
qui eft appellée Epictete. Il ajoute un peu plus bas ,
en parlant de la Phrygie fur l'Hellespont, qu'autrefois
on l'appelloit Petite Phrygie ■■, Se que les rois Attales la
nommoient Epictete. Enfin , il dit dans un autre en-
droit , p. $71. que la Grande Phrygie eft celle dont Mi-
das étoit roi, Se dont les Galates occupèrent une par-
tie Se que la Petite Phrygie étoit fur l'Hellespont , de
même qu'au voifinage du Mont-Olympe , Se qu'on ap-
pelloit Epictete. On voit par-là que la Petite Phrygie
écoit compofée de deux parties : l'une étoit fur l'Helles-
pont , Se en tiroir fon nom ; l'autre éloignée de l'Hel-
lespont , Se s'étendoit du côté du Mont-Olympe. Cel-
le-ci avoir été foumife au roi Prufias, &fut cédée aux
rois Attales ou à Eumènes ; ce qui fut caufe qu'ils la
îjommerent Epictete. Ainfi l'Epictete dans un fens éten-
du' étoit la même que la Petite Phrygie ; mais l'Epiclete
proprement dite étoit distinguée de la Phrygie de l'Hel-
lespont.
Euftathe remarque fur le 810 vers de Denys le Pé-
riégete, qu'il y avoit trois Phrygies: i°. la Grande
Phrygie , qui étoit le royaume de Midas ; i°. la Petite,
qui étoit fur l'Hellespont & aux environs de l'Olympe :
3°. la Phrygie Epictete. Cette distinction eft jufte par
rapport au nombre ; mais il paroîtqu'Euftathe fe trom-
pe , en joignant la Phrygie qui c([ au voisinage du mont
Olympe avec celle qui étoit fur l'Hellespont , & en la fé-
parant de l'Epictete : quoique félon Strabon, la Phry-
gie aux environs de l'Olympe Se l'Epictete foient la
même chofe : ce qiii paroît par les villes que Strabon
place dans l'Epictete , qui font Azani , Nacolea , Cota-
cium , Midaium , DoriUum Se Cadi. Cependant Stra-
bon ne femble pas s'accorder en cela avec lui-même ;
car dans le livre fécond il met ces villes dans la Gran-
de Phrygie.
PHRYGIA EPICTETOS , ou la Phrygie Epicte-
te. Voyez. Phrygie.
PHRYGIA HELLESPONTIACA, ou la Phrygie
sur l'Hellespont. Voyez. Phrygie. Lanotice d'Hié-
rocîcs met les évéchés fuivans dans cette provin
ce : '
PHT 963
Cyzique , Métropole
Proconefus ,
Exoria ,
Barispe ,
Parium ,
Lampfacus ,
Abydus ,
Dardanum ,
Ilium,
Troas ,
Samandrus ,
Polichna ,
Pœmanentus,
Artemea ,
Receta ou Recita ,
Bladus,
Scelenta ,
Molis ,
Germa;,
Aptaus ,
Cerga ,
Sagara ,
Adriani Se Thers ,
Herœ ,
Pionia,
Coniofine ,
Argiza ,
XiusTradus, [da,
Mandacada ou Mandacan-
Ergafterion ,
Mandra; ,
Hippi,
Cifïderon ,
Scepfis.
PHRYGIA-PACATIANA, ou Capatiana , pro-
vince de l'Afie Mineure. Elle eft connue dans les no-
tices eccléfiaftiques, Celle d'Hiéroclèsy met les évêchis
qui fuivent :
Laodicée ,
Hierapolis,
Mofyna ,
Allyda,
Trapezopolis ,
Colaffa; ou Colafae ,
Ceretapa ,
Themofonius ou Theones-
mius ,
Valentia ,
Sanaus ,
Coniopolis ,
Sitopolis ,
Crafus,
Lunda 1
Molpe ou Moite ,
Eumcnia ou Eumenea ,
Siblia ,
Pepufa,
Briana ,
Sebarte,
Il uza,
Acmona ,
Adii ,
Jucharatax ,
Dioclia ,
AriStium ,
CidiSTis ou Cidiffus ,
Apia ,
Eudocias,
Azana ,
Tiberiopolis ,
Cadi,
Theodofia ,
Ancyra ,
Synaos ,
Temenothyrœ,
Tanopolis ,
Pulcherianopolis.
PHRYGI A-PAROEI A , c'eSt-à-dire , Pu rygie-Mon-
tueuse, contrée de l'ASie Mineure, dans la Grande
Phrygie. Ortelius croit que c'eft la même contrée que
Ptolomée appelle Pamphylie.
PHRYGIA-SALUTARIS, province d'Afie , dans la
Grande Phrygie. La notice d'Hiéroclès y met vingt-deux
évêchés , qui font :
Encarpia ,
Hierapolis ,
Oftrus ,
Scectorium ou Sectorium ,
Bruxus ,
Cleros-Horines ,
Cleros Polemicos , ou Po-
litices,
Debalacia , ou Dcbalicia ,
Lyfias ,
Synada ,
Piymnefus >
Hipfos ,
Polygotus ,
Docimium, métropole »
Merus ,
Nacolia ,
Doryllium , ou Doryleum ,
Medaium ,
Demu Libanon , ou Plebis
Libaonum , ou Lycao-
num ,
Demu ou Plebis Auraclia ,
Demu ou Populi AlamalTi,
Demu ou Populi Propnia-
fa , ou Prypniafa.
PHRYGIA CAMPtJS. Voyez, Peltinus.
PHRYGIE. Voyez. Phrygïa.
PHRYGIUS Se PHRYX. Voyez. Hyllus.
PHRYXI TEMPLUM & LUCUS , temple Se bois
facré, dans la Colchide , félon Pomponius Mêla, /. 1.
c. 19.
' PHTHEIROS.^cLatmus.
PHTHELEON, ville de Grèce. Pomponius Mêla,
/. 2. c. 3. la place fur le golfe Pegafeus. L'édition d'Ox-
ford , au lieu de Phtheleon , porte PteUon.
PHTHEMBUTI, nôme d'Egypte, félon Ptolomée ,
/. 4. c. j. Ses interprètes lifent Phthemphuthi ,& Pline
écrit Phihemphu. Sa métropole étoit Tava.
Tm. IV. Ffffff ij
964 PHU
PHY
PHTPiLNEGIUS. Voyez. Phthenotes.
PHTHENOTES, nôme d'Egypte, 8c dont la capi-
tale ctoit Butos > félon Ptolomée , /. 4. c. j. Goltzius
raporte une médaille qui fait mention des Phthenoti.
Ortelius ajoute que dans le fécond tome des œuvres de
faim Athanafe, il eft parlé de Phthenegii , peuples
d'Egypte. Ce pourroit bien être le même nom fous
une orthographe différente.
PHTHER1GIUS MONS , montagne de Syrie, au
nord de la ville Rbodus. Le fleuve Piapes coule aux
environs , félon le témoignage de Jean Moscus , in
Frato fpirit. cité par Ortelius , Thef.
PHTHEROPH AGI. Voyez. Phthirophagi.
1. PHTH1A, ville de Grèce, dans la Phthiotide, fur
le golfe Maliacus. Pline , /. 4. c. jAa. donne comme une
des plus célèbres villes de la 1 hthiotide. Pomponius
Mêla, /. 1. c. 3. Etienne le géographe & d'autres au-
reurs la connoiffent. Procope, sEdif.l. 4. c. 3. dit que
de fon tems la ville de Phthie ne paroiflbit plus , 8c
que le tems qui détruit tout , n'en avoit laifle aucun
veftige ; ce qui ne favorife pas le fenriment de ceux qui
prétendent qu'on la nomme préfentement Pharfala.
2. PHTHIA, port de la Marmarique. Ptolomée,
/. 4. c. $. le place entre la Grande Chetfonnèfe 8c
PHUBIA , ou Phoebia , ville des Sicyoniens , félon
Paufanias , /. 9. c. 1 j.
PHUCUM. ^«.Pheneus.
PHULA. Ortelius , qui cite Nicéphore Callifte , dit
que c'eft une ville épiscopale unie avec Sugda, autre
ville épiscopale. La notice de Léon le Sage nomme
cette ville Phulli , & la met au rang des archevêchés
fournis au patriarche de Conftantinople. Elle fait auiïi
une ville archiépiscopale de Sugda, qu'elle appelle
Sugdia.
PHULPHINIUM. Voyez. Fulfinium.
PHUMANA , ville de la Babylonie. Ptolomée, /.
j.c. 20. la place dans le voifinage de l'Arabie Défer-
te , entre Chuduca 8c Gif a. Ses interprètes , au lieu de
Fhumana, liiént Chumana.
PHUNDUSII , peuples de la Germanie. Ils habi-
toient, félon Ptolomée, /. 2. c. il. à l'occident des
Chali.
PHUPHAGENA, ville de la Petite Arménie. Pto-
lomée , /. 5. e. 7. dit qu'elle étoit dans l'intérieur du
pays , vers les montagnes , entre Arane 8c Mardara.
$ç.$ interprètes lifent Phuphatena.
PHUPHATENSIS, fiége épiscopal de l'Ifaurie. II
en eft parlé dans le concile de Nicée. Ortelius croit que
Paliurus. On veut que ce port s'appelle aujourd'hui Pa- Phuphatenfis eft le nom r.ationaj de Phuphatena. Voyez
triarcha,
3. PHTHIA, ville d'Aile , au voifinage du Pont-Eu-
xin. Euftathe , in Dionyf. dit qu'elle avoit été fondée
par des Phthiotides Achéens.
PHTH1NOPOLIS , ville de Thrace , félon Ortelius ,
qui cite Sextus Rufus. Il croit que c'eft la même ville
que Ptolomée appelle Phinopolis. Voyez, ce mot.
PHTHINTHIA , ville de Sicile, félon Ptolomée,
/. 3. c. 4. qui la place dans les terres. Ortelius croit que
ce font les habitans de cette ville que Pline , /. 3. c. 8.
appelle Pthinthienfes. La chofe n'eft pourtant pas cer-
taine, parce que Diodore de Sicile parle d'une ville de
Sicile qu'il nomme Phintiada , 8c qu'il place fur la côte
de la mer.
PHTHIOTIS, contrée de la Macédoine. Polybe, /.
3. c. 15. la nomme Phthia , 8c Ptolomée y place les
villes fuivantes :
Sur le golfe
Pelasgique.
Dans les terres.
Pegafa,
Deme trias ,
Pojîdium Promontorhim ,
Larijfa ,
Echinus ,
Sperchia ,
Thebx. Pbthiotidis ,
Sperchii Fltw. Ofiia.
Nartachium ,
Coronia ,
Meïitara ,
Ere tri a. ,
Lamia ,
Heraclia Pbthiotidis.
PHTHIRA , montagne de la Carie , félon Etienne
le géographe. Euftathe en parle fur Homère, p. 368.
& Ifacius fur Lycophron. Suidas la nomme Pthiro.
PHTHIROPHAGI, peuples qui habitoient fur les
bords du Pont-Euxin , félon Pomponius Mêla. Stra-
bon , /. n. p. 499. dit qu'ils avoient été nommés ainfi
à caufe de leur malpropreté.
PHTHONIA. Voyez. Phosthonia.
PHTHONTHIS, village d'Egypte. Ptolomée, /. 4. c.
5. le place dans les terres.
PHTHURIS , ville de l'Ethiopie , fous FEgypte ,
félon Pline , /. 6. c. 29. Ptolomée , /. 4. c. 7. écrit
Pkthur. H en fait un village qu'il place fur la rive
occidentale du Nil, entre Autoba 8c Piftre.
PHTHUTH, fleuve de la Mauritanie Tingitane, fé-
lon quelques exemplaires latins de Ptolomée , /. 4. c.
1. d'autres portent Tuth , comme dans le tfrxte grec.
Pline met dans la même province un fleuve & une
contrée , qu'il appelle Fut. Voyez. Phut.
PHTIMA. Voyez. Sicem.
PHUBATENA. Voyez. PhovibaginA.
Phaphagena.
PHUPHENA, ville de la Petire Arménie, dans les
terres & au voifinage des montagnes, félon Ptolomée,
/. 5. c. 7. qui la place entre Ifpa 8c Arane. Ortelius a
remarqué après bimler , que cette ville étoit appellée
Empœna dans l'itinéraire d'Antonin.
PHURGISATIS, ville de la Germanie. Ptolomée,
/. 2. c. 11. la place fur le Danube , entre Abdunum 8c
Coridorgis.
PHURNITA, ville de Libye. Cert Etienne legéogra-
phe qui en fait mention.
PHUSCA. Voyez. Physcus.
PHUSIANA, ville de l'Aflyrie , dans les terres,
félon Ptolomée, /. 6. c. 1. qui la place entre Gomara 8c
Ifone.
PHUSIPARA , ville de la Petite Arménie, entre
Cianica 8c Eujimara , félon Ptolomée, /. j. c. 7.
PHUT, contrée & fleuve d'Afrique, dans la Mau-
ritanie. C'eft Jofephe, /. i.c. 7. qui en fait mention.
Voyez. Put 8c Phthuth.
PHUTI, ou Phuté. Jofephe, /. i.c. 7. ditquePhu»
té , l'un des quatre fils deCham , peupla la Libye, &
nomma les peuples de fon nom Phucéens. Il y a encore
aujourd'hui , ajoute-t-il , un fleuve de la Mauritanie
qui porte ce nom , 8c plufieurs hiitoriens Grecs en par-
lent, comme ils font auiTr du pays voifin qu'ils nom-
ment Phuté ; mais il changea de nom depuis , à caufe
d'un des fils de Mesré , appelle Libys.
PHYCARII , peuple Afiatique que Pline, /. 37. ç.
8. met dans la Sarmatie.
PHYCOCLE , ville d'Italie, dans la Romandiole,
appellée aujourd'hui Cervia. Ortelius, qui cite Lean-
der, dit qu'il e(l parlé de cette ville dans les privilè-
ges de leglife de Ravenne. Rubaeus, dans fonhifioire
de Ravenne, la place à quinze milles de cette derniè-
re ville , 8c Sigonius , qui la met feulement à douze
milles, écrit Ficocl/£, au lieu de Phycocle. Cette
ville a été épiscopale. Bonus, fon évêque , aiTifta l'an
649.au troifiéme concile de Latran , & Gerontiusau
fécond concile Romain l'an joi. * Harduin. Collect.
Conc.
PHYCTEUM , ville du Péloponnèfe.
PHYCUM , lieu du Péloponnèfe, félon Etiennele
géographe, qui le met près du promontoire Tana-
rum.
PHYCUS , promontoire 8c forterefie de la Cyrénaï-
que. Ptolomée , /. 4. c. 4. les place entre Aptuchi Fa-
num 8c Apollonïa. Strabon , /. 17. p. 865. dit que le
promontoire eft fort peu élevé, mais qu'il s'étend beau-
coup du côté du nord. Outre ce promontoire & la
forterefie à laquelle il donne le titre de bourgade ,
ou de petite ville , il connoît encore dans le même
quartier un fort, nommé Phycus. C'eft apparemment
ce qui a fait que Synefius a appelle ce promontoire Na-
vale. Marins Niger dit que les mariniers Italiens le nom-
PHY
PHY
ment Calo de Caréna , & les Barbares Kaxafen. Il eft
connu dans Marmol fous le nom d Araz. Aitjeri. * Or-
tel. Thef.
PHYCUSS/E, ifles de la Libye , félon Etienne le
géographe. Athénée, /. i. qui cite Ortclius , Thef, écrit
Phicuss^c. Voyez. PhocvsjE.
PHYGADUM 1NSULA , c'eft-à-dire, I'Isle des
Exii-És , ifle que Strabon, /. 2. donne aux Egyptiens.
PHYGAL^EA. Voyez. Phialia.
THYGELA , ville de l'Ionie. Pline, /. 5. c. 29. &
Pomponius Mêla, /. t. t. 17. difent qu'elle fut bâtie
par des fugitifs. Strabon , /. 14. p. 639. Etienne le géo-
graphe qui l'a fuivi , & Suidas , ne dérivent pas ce
nom deQuyàç, qui veut dire un exilé , un fugitif ; mais
de Uuyuv , forte de maladie , dontlescompagnons d'Aga-
memnon furent attaqués, & qui les obligea de demeu-
rer dans ce lieu : aufli ces auteurs n'écrivent-ils pas Phy-
cela , mais Pigela. Dioscojride , /. 5. c. 12. fait l'éloge
du vin de Phygela. Selon le père Hardouin , le nom mo-
derne de cette ville cil Figela.
PHYGOS. Voyez, Phagus.
PHYLE, Phila ou Phylon , bourgade de f Afri-
que, voifine de Decelia ou Decelea. Cornélius Nepos ,
Thrafibulo , c . 2. l'appelle Caftellam mumtijfimum ; Se
Diodore de Sicile, /. 14. c. 33. qui en parle dans les
mêmes termes , ajoute que ce lieu étoit à cent ftades
d'Athènes. Etienne le géographe place Phyle dans la
tribu Oenéïde. Cela , dit Cellarius , Geogr. Antiq. I. 2.
c. 1 3. fait naître une difficulté. Il s'agit de favoir fi Phy-
le étoit bien près de Decelia , dans la partie orientale
de l'At tique ; car la tribu Oenéïde s'étendoit plutôt du
côté du couchant. Orofe, /. 2. c. 17. lit Philene pour
Phyle ■-, mais c'eft une faute. Les habitans font appelles
Phylash pat Ariflophane, Suidas & Xénophon.
1. PHYLACE , ville de la Theflalie , dans la Phthio-
tide , au voifinage des Maliens, félon Strabon, /. 9. p.
453. & Etienne le géographe, lien efl fait mention dans
l'Iliade, B. v. 696. On ne fait fi elle étoit fur la côte,
ou dans les terres.
2. PHYLACE , lieu du Péloponnèfe. Paufanias , Ar-
cad. c. ult. dit que c'eft où le fleuve Alphée prenoit fa
fource.
3. PHYLACE, ville de la Moloflide , félon Tite-
Live, /. 45. c. 26. Elle étoit différente de celle de Thes-
falie.
4. PHYLACE , ou Phila Ciï , ville de la Macédoi-
ne, dans la Piérie , félon Ptolomée , 2. 3. c 13.
PHYLACENSII, peuples de Phrygie. Ptolomée,
/. 5. c. 2. les place au-deflbus des Moxiani , Se au-
deflus des Hieropoluœ.
PHYLAMUS. Ortelius dit : Lieu d'Italie , chez les
Dauniens, à ce qu'il paroit par un partage de Lycophron ,
que Scaliger fon interprète rend de la forte : Ad Aufoni-
temexflruxerit Phylamurn s mais , ajoute Ortclius , à la
marge on lit Pyramos.
PHYLARCHI , Arabes qui habitoient au voifinage
del'Euphrate, & dans la Syrie , félon Strabon , /. 2. p.
130.
PHYLASH. Voyez. Phyle.
PHYLE. Voyez. Phile.
PHYLIST11M. Voyez. Palestina & Philistins.
PHYLIT/E , peuple de l'Inde, en-deçà du Gange.
Ptolomée, /. 7. c. 1. les place avec les Bittigi, au
voifinage du fleuve Nanaguna. Quelques exemplaires
portent Phylit^e pour Philit^c.
PHYLLE1US. Ortelius, qui cite Apollonius,/. 1.
Argonautar. dit qu'on donnoit ce nom à une monta-
gne, à une ville Se à une contrée de la Piréfie , dans la
Macédoine.
PHYLLIS. K*v^Psillis.
PHYLLOS. Quelques-uns difent que c'eft une con-
trée de l'Arcadie. Stace , /. 4. v. 44. en parle dans fa
Thébaïde, Se dit qu'elle abonde en bétail, pecorofa-
que Phylloï.Un manuferit de Stace confulté par Orte-
lius, portoit Phillos pour Pbyllos. Voyez l'article fui-
vanr.
PHYLLUS , ville de la Theflalie. Strabon, /. 9. p.
43 y. dit que c'eft dans cette ville qu'étoit le temple de
Jupiter Phylléen. Ortelius croit que c'eft la ville Phyl-
leius d'Apollonius. 11 croie aufli que c'eft la même que
9®S
Stace appelle Phyllos. Il s'embarafle peu du témoi-
gnage de Placidus , qui lui eft contraire. Placidus , dit-il ,
eu un grammairien, Se ces fortes de gens ne font pas
fort exa&s en fait de géographie.
PHYRCUS , lieu fortifié dans la Grèce. C'eft Thu-
cydide , /. 5. p. 379. qui en parle.
PHYRITES , fleuve de l'Ionie , au voifinage de la
ville d'Ephèfc, félon Pline, /. 5. c. 29. Quelques ma-
nuferits, au lieu de Phyrites , portent Pyrrhites, Se
le pere Hardouin juge que c'eft la véritable orthogra-
phe.
PHYRO CASTRUM , lieu fortifié dont parlent Ce-
drene Se Curopalatc. Ortelius foupçonne que ce lieu
pourroit être dans l'Arménie.
PHYS/E. Ortelius , qui cite Orofe , /. 6. c. 2. dit que
les Grecs donnoientee nom à certains lieux de la Mœo-
nie , & qu'il appelle torr\d& Voragines.
PHYSC/E, ville de la Macédoine. Ptolomée , /.
3. c. 13. la place dans la Mygdonie, entre B&rus Se
'Terpillus.
PHYSCE ou Physca , ville de la Mœfie-Inférieu-
re , félon Ptolomée, /. 3. c. 10. qui la place entre les
embouchures de l'Axiacus Se du Tyras. Niger dit qu'on
l'appelle préfentement Chofabct.
PHYSCELLA , ville de la Macédoine. Pline , /. 4.
c. 10. la met fur le golfe Mecybern&ur. Pomponius
Mêla , /. 2. c. 3. fait aufli mention de cette ville.
PHYSCIA. Voyez Physcus.
1. PHYSCUS , ville de l'Afie-Mineure , danslaDori-
de , fur la côte , vis-à-vis de l'ifle de Rhodes , félon
Diodore de Sicile , /. 14. Se Strabon , /. 14. p. 652. Ce
dernier dit qu'elle avoit un port. Elle eft nommée Phys-
cia par Etienne le géographe, Se Phusca par Ptolo-
mée , /. 5. c. 2.
2. PHYSCUS , ville des Ozoles de la Locride. Plu-
tarque en parle dans fes queftions grecques.
3. PHYSCUS, ville de la Carie, félon Etienne le
géographe.
4. PHYSCUS, ville de la Macédoine, in Macédo-
nien. C'eft Etienne le géographe qui en parle , d'après
Théagenes.
5. PHYSCUS. Etienne le géographe donne ce nom à
un port de l'ifle de Rhodes.
6. PHYSCUS, fleuve dont fait mention Etienne le
géographe , qui cite Sopharnelus , in Cyri adscenfu.
7. PHYSCUS , fleuve aux environs de l'Aflyrie , à ce
qu'il paroît par un paflage de Xénophon , /. 2. de Cyri
Èxped. cité par Ortelius.
8. PHYSCUS, montagne d'Italie , dans la Grande-
Grèce , près de Crotone , félon Théocrite , Id. 4.
PHYSI A , ifle au voifinage de Cyzique , félon Etienne
le géographe : inverbo bUCikcç.
PHYT/EUM, ville de l'Etolie, félon Etienne le
géographe , qui cite Polybe. Voyez. Phoeti.<£.
PHYTALID/E. Ortelius croit que c'eft le nom d'une
tribu de l'Afrique. Il fe fonde fur un paflage de Plutar-
que , in Thefeo; maisPlutarque & Paufanias difent feu-
lement que les Phytalides étoient les descendans de
Phy talus , à qui Cérès avoit donné l'intendance des faints
myïteres , pour le récompenfer de l'hospitalité qu'il
avoit exercée à fon égard , l'ayant reçue fort humaine-
ment dans fa maifon.
PHYTEUM , ville du Péloponnèfe , dans l'Elide, fé-
lon Etienne le géographe. Thucydide,/. 3. p. 244. la
nomme Phythia.
PHYTONIA , ifle de la mer deTyrrhene. Pompo-
nius Mêla , /. 2. c. 7. la joint avec les ifles qui font en-
deçà du Tibre. C'eft une faute que Pintaut a remarquée,
Se dont il charge les copiftes. Phytonia, nommée Pin-
ton par Martianus Capella Se par Pline, Se Phinton
par Ptolomée , étoit une des ifles qui fe trouvent au-delà
du Tibre.
PHYXIUM , ville du Péloponnèfe, dans l'Elide. 11
en eft parlé dans Polybe ,/.;.«. 9 y,
PHYZANIA , contrée d'Afrique, félon Ptolomée ,
Quadripart. I. 2. Ortelius foupçonne que Phyzani a elt
la même chofe que Phazania,
q66 PIA
PL
PI , ville de la Chine, dans la province de Suchucn,
an département de Chingru , première métropole de
la province. Elle eft de 1 3 deg. 1 5 min. plus occiden-
tale que Péking, fous les 36 deg. 46 min. de latitude
jfeptentrionale.* Atlas Sinenfis.
P'1 , ville ôc fortereiïe de la Chine, dans la provin-
ce de Nanking , au département d'Hoaigan, huitième
métropole de la province. Elle cil de o deg. 46 min.
plus orientale que Péking, fous les 35 deg. 6 min. de
latitude feptentrionaie. * Atlas Sinenfis.
PIACUS, ville de Sicile, félon Etienne le géogra-
phe.
PIADA, ville de la Sérique. Ptolomée, /. 6. c. 16.
la place entre Damma ôc Asmiraa. Mercator la nom-
me Peim.
PIAD./E , peuples de la Sérique. Ils habitoient , fé-
lon Ptolomée, /. 6. c. 17. au voifinage des Dannœ, ÔC
s'étendoient jusqu'au fleuve Oechardus. Les interprètes
de Ptolomée lifent Pial^e , au lieu de Piad^e.
PIADEN A , bourgade d'Italie, dans la partie fep-
tentrionaie du Cremonèfe, vers les confins du duché
de Mantoue , entre l'Oglio & le Delmona. Ce lieu eft:
connu principalement pour avoir donné la naiffance à
Jean-Babtifte Platine. Il y naquit vers l'an 1420. Nous
avons de lui une vie des papes , écrite avec aiïez de
fiel. Il mourut à Rome en 1481. * Ma gin , Carte du
Cremonèfe.
PIALA, ville de Cappadoce , dans le Pont Galati-
que. Ptolomée , /. 5. c. 6. la place dans les terres , entre
Etonia ôc fleur amis.
PIAL/E. Voyez. Piada.
PIALIA , ville de ThefTalie, au pied du mont Cerce-
tius , félon Etienne le géographe.
PIANEZA , ville d'Italie , dans le Piémont , avec un
château , fur la rive de Dora elle eft , à trois lieues de
Turin.
PIANORO, bourgade d'Italie, dans l'Etat de l'E-
glife , au Boulonois, fur la rivière Saucuna , environ
à huit nulles au midi de la ville de Boulogne. * Magin ,
Carte du Boulonois.
PIANOSA. J^v^Planouse.
PIAOLO , montagne de la Chine , dans la province
d'Iunnan , aux environs de la ville de Nangan. Il y a
dans cette montagne une riche mine d'argent. * Atlas
Sinenfis.
PIARENSI1 , peuples de la Mifie -Inférieure , en
Europe , félon Ptolomée , /. j.c. 10.
1. PIAS1DA, Peiseida ouPisida, rivière de l'em-
pire Ruiïïen, dans la Tartarie Moscovite. Elle prend
fa fource dans le lac d'Efey ; & après avoir rraverfé un
pays auquel elle donne fon nom , elle va fe perdie
dans la mer Glaciale , environ à trente lieues de l'em-
bouchure du fleuve Jenifea. Atlas , Robert de Vau-
gondy n'a pas connu le cours entier de cette rivière.
C'eft l'auteur de la nouvelle carte de l'empire Ruiïien
qui le donne ; mais il nomme cette rivière Pasina.
2. PIASIDA , pays de l'empire Ruiïien , dans la Tar-
tarie Moscovite. On n'en connoît pas bien les bornes.
On fait feulement qu'il eft traverfé par la rivière qui lui
donne fon nom.
1. VlhSTAL , peuples voifinsdu Pont-Euxin , félon
Etienne le géographe.
2. PIAST/4E , peuples de la Macédoine. C'eft encore
Etienne le géographe qui en fait mention.
PIAVE , rivière d'Italie, dans l'état de Venife. Elle
naît dans le Tirol , aiïez près de la fource de la Dra-
ve. Après avoir arrofé Pieve di Cadore , Belluno ôc
Tiifago, elle fe partage en deux bras, dont l'un , qui
prend le nom de Sile , paiïe à Trevifo , & va fe jetter
dans le golfe de Venife, un peu au-delà de l'embou-
chure de la rivière Zera; l'autre , qui eiï le pluscon-
fidérable , ôc qui conferve le nom de Piavc , va pareil-
lement fe jetter dans le golfe de Venife, entre Pun-
ta de Lio Maggior , ôc Puma di Gefole , autrement
P tinta délia Piave. Dans fa courfe cette rivière en re-
çoit plufieurs autres moins confidérables , entre autres
ceiles de Padola, d. d'Anfie , d. Boite, d. Colmeda ,
. d. ôc Rimonta ,g. Léandre croit que la Piave eft VAnaJJits
des anciens. Mais û le Varramus eft aujourd'hui le
PIC
Muzonella, le fentiment de Léandre eft faux, puisque
félon Pline XAnaffus reçoit le Varramus , alors YAnas»
jus fera la Stella. * Magin , Carte du domaine de Ve-
nife.
PIAZZA, viile du royaume de Sicile, dans le Val
de Noto , entre Caftro Giovanne au nord occidental,
ôc Calta Girone, fur la route de l'une de ces deux vil-
les à l'autre. * Atlas, Rob. deVaugondy.
PIAZZA- VECCHIO , château ruiné en Sicile , dans
le Val de Noto , près de la ville de Piazza , du côté
de l'occident. * Atlas , Rob. de Vaugondy.
PIBERI, ouPiperi, ifle delà dépendance du Turc,
près de la côte de la Macédoine , entre Monte Santo
au nord, ôc l'ifle Lanio ou Pelagifi au midi. Niger la
nomme Limene ; ôc on prétend que c'eft l'ancienne Pe-
p A rethus. Voycz.cc mot. * Atlas, Robert de Vaugon-
dy.
PIBRAC, bourgade de* France, dans le Haut-Lan-
guedoc , ôc diocèfe de Touloufe. C'eft une ancienne
baronnie.
PIC. Nom que l'on a donné à quelques montagnes
fort élevées ôc qui fe terminent en une feule pointe.
II a été occafionné par leur reiïemblance à un outil de
fer nommé pic, dont on fe fert pour fouir la terre,
ôc qui n'a qu'une pointe.
PIC D'ADAM. Voyez. Adaus-Pic.
i.PIC DI LUGO, lac d Italie, dans l'Umbrie , entre
le lac de Rieti à l'orient ôc celui délie Marniore , avec
lesquels il communique par deux émiffaires. Ce lac
nourrit de très bons poiffons , ôc entre autres des trui-
tes ôc des tanches fans arrêtes. L'eau de ce lac couvre
de pierres en peu de jours le bois qu'on y plante. *
Magin , Carte du Patrimoine.
2. PIC DI LUGO, bourgade d'Italie, dans l'Umbrie ,
fur le bord feptentrional du lac de même nom, à l'une
des embouchures de la rivière Foflïella , dans le lac. *
Mazin , Carre du Patrimoine.
PIC DE TENER1FFE. Voyez. Teneriffe.
PICARA , province de l'Amérique méridionale ,
dans le nouveau royaume de Grenade. De La'et , Dcfc.
des Indes occid. I. 9. c. 12. dit qu'elle s'étend le long de
la province de Pozo vers le levant. Elle eft fort grande
ôc très-fournie d'habitans, qui ont le même langage,
que ceux de Pacura. Les grandes montagnes des Andes
la ferment du côté de l'orient.
PICARDIE , province de France. C'étoit le boule-
vard du royaume , avant les conquêtes que Louis XIII
Se Louis XIV ont faites dans les Pays-Bas , fur les fron-
tières desquels elle s'étend en longueur. Elle eft bornée
au feptentrion par le Hainault , l'Artois ôc la mer 5 au
levant par la Champagne; au midi par l'ifle de France;
& au couchant, par la Normandie ôc le canal de la
Manche.
Le nom de Picardie n'eft pas ancien , ôc ne fe trouve
nulle part avant la fin du treizième fiécle , où Guillau-
me de Nangis a appelle ce pays Picardie. Le nom de
Picard étoit en ufage cent ans auparavant. Plufieurs veu-
lent que ce nom ait été donné à ces peuples , parce
qu'ils portoient des piques pour armes ; ce qui néan-
moins n'eft attefté par aucun ancien ; en outre , l'on ne
voit pas que ces gens-là fe foient plutôt ôc plus fouvent
fervi de piques que les autres , ôc qu'un piquier ait ja-
mais été appelle un Picard. Ce nom a commencé à
être en ufage à Paris, ôc fur-tout dans l'Univerfité , où
la nation des Picards étoit connue fous Philippe-Augu-
fte. Ainfi il eft plus probable que c'eft-là, où l'on a
inventé ce nom de Picard que l'on a donné à ceux du
même pays, à caufe de l'humeur prompte ôc colère ,
qui eft ordinaire à ceux qui fe piquent aifément. A
quoi il faut ajouter, que Matthieu Paris, parlant de
la grande fédition arrivée Fan 1229 à Paris , entre les
bourgeois ôc les clercs, ou écoliers de l'Univerfité, dit
que les auteurs de ce trouble furent ceux qui étoient
voifms de la Flandre , & qu'on appelloit communément
Picards: Qui feminarium tumultuofi certaminis move~
runt erant de partibus conterminis Flandriœ , quos com-
muniter Picardos nominamus . * Longueruc , Defc. de
la France , fart. i.p. J4.
La Picardie , ayant été conquife par Clodion , tomba
fous la domination des rois de France. Ce prince établie
PIC
PIC
à Amiens fon fiége royal. Mérovée lui fuccéda , 8c
Childeric fon fils la garda aulîi comme a capitale de
fon empire. Grégoire de Tours lui donne pour fucces-
feurs Charade ou Cararic , à qui Clovis fr trancher la
tête de même qu'à fon fils:ainfi la Picarde tomba en
partage à Clotaire, fils de ce premier oi chrétien,
8c fut fous la domination des rois de Fraice , jusqu'à
Louis le Débonnaire, qui y établit en 82; des comtes
qui devinrent fi puiflans qu'ils étoient preque fouve-
rains. Philippe d'Alface , comte de Flandr , après la
mort de fa femme Elifabeth , comtefle de \ermandois ,
de laquelle il n'avoir point d'enfans , retitt le comté
d'Amiens qu'elle lui avoit apporté en maiage , & rc-
fufa de le rendre à Aliénor de Vermandoi , comteffe
de Saint Quentin , fœur cadette d'Elifabeth, étant fil-
les l'une Se l'autre de Raoul premier , funommé le
Vaillant , comte de Vermandois , 8c d'Alx , fille de
Guillaume IX , duc de Guienne. Philippe-Aigufte dé-
clara la guerre à Philippe d'Alface, Se pa, le traité
qu'ils conclurent , il fut convenu que Philbpe d'Al-
face , 8c Aliénor jouiroient fuccelfivementde cette
province , Se qu'après leur mort , elle appâtiendroit
au roi. En 1455 , Charles VII engagea toutes 'es villes
fit uées fur la rivière de Somme au duc de Bongogne
pour quatre cens mille écus. Louis XI les rtira en
1463 , 8c depuis ce tems , la Picardie n'a plus ce alié-
née. * Piganiol, Defcription de la France, t|m. 3.
p. 121.
Cette province comprend:
L'Amiénois ,
Le Boulenois ,
Le Ponthieu ,
Le Santerre ,
Le Vermandois ,
Le Soiflonois ,
Le comté de Senlis ,
La Thiérache ,
Le Pays-Reconquis ,
Le Beauvaifis,
Le Noyonnois ,
Le Laonnois ,
Le Valois.
Cependant le Beauvaifis, le Soiffonnois , lecomté^e
Senlis Se le Valois ont été attribués au gouvernemnt
de rifle de France ■, 8e l'on a joint le comté d'Artois m
gouvernement de Picardie.
Les principales rivières qui arrofent cette provinc ,
font la Somme , l'Oyfe , la Canche, l'Authie, la Ls,
l'Aa, la Scarpe 8e la Deule ; voyez, ces différais nais
dans leur ordre. Il y a en outré trois chofes fingulices
à remarquer , par rapport à l'hiftoire naturelle. Ce fint
deux fontaines minérales 8c les iiles flottantes prèsde
Saint Orner. La fontaine de Verbcrïe , près de Comjie-
gne, donne une eau froide 8c infipide , qui partiepe
d'un fel femblable au fel commun. Celle de Boulone
efl à deux ou trois cens pas de cette ville , furlecle-
min de Calais. On l'appelle la Fontaine de Fer. ^e
mérite n'en eft connu que depuis peu d'années. L'qu
en efl: claire, fort légère & pafle fort vite , fans lis-
fer aux buveurs d'autre goût que celui du fer. Ele
coule toujours également par un feul petit jet , qui n'it
pas plus gros que le robinet d'un tonneau. Cette eu
eft fi claire 8c fi limpide, que rien ne peut la rende
trouble , pas même les plus grandes pluies. Il y a beai-
coup de fer : l'alun 8c le foufre n'y font pas fi déve-
loppés , ni lî fenfibles. La noix de Galle ne la chan;e
guère davantage que la royale de Forges. Ces eaix
font bonnes contre les maladies d'obftruétion , 6c fort
capables d'émoulTer les pointes d'un acide tres-actit
Les ifles flottantes qui font entre la ville de Saint Orne:
& l'abbaye de Clairmarèts méritent d'être remarquées
Ce font des ifles qui flottent fur le marais, 8c que
l'on fait aller de coté 8c d'autre à peu près comme
un bateau. Comme il y a dans ces ifles des pâturages
excellais , ceux du pays y mènent paître leurs befliaux
8c ont grand foin d'en tenir les aibres fort bas, afin
qu'ils ne donnent point do piilc aux vents, 8c que
par ce moyen ces ifles n'en foient point le jouet.
La Picardie en général eft un pàysplairi &afTezuni.
Elle produit beaucoup de grains, des fruits de toutes
espèces, 8c beaucoup de foin, fur-tout le long de la
rivière d'Oyfe , mais point de vin. La fotêt de Creci
efl la plus grande qu'il y ait du côté d'Amiens. Le
9f>7
bois eft rare 8c cher dans ce canton , & les gens peu
aifés n'y brûlent que des tourbes. Ceft une espèce de
terre noire qui fe forme dans les marais , où l'on la
trouve à trois pieds en terre. On la tiré avec une bê-
che pointue, fermée de manière que chaque tourbe
prend en méme-tems les dimenfions qu'elle doit avoir.
Elles ont la figure d'une brique, neuf pouces de loug
fur trois pouces de large 8c un pouce 8c demi d'épais-
feur.^ Le feu qu'on fait avec ces tourbes eft puant
8c pâlit le vifage. On trouve dans le Boulenois
deux mines de charbon de terre ; mais il n'eft pas à
beaucoup près aufli ardent que celui d'Angleterre On
y trouve aufli des carrières de pierres de Srinkal. Cette
pierre eft dure, 8c de plufieurs couleurs. Elle elt d un
très-bon ufage, & très-propre pour les tevetemens des
places , 8c pour les ornemens d'architecture.
Les Picards confervent encore aujourd'hui la valeur 8c
le courage que Céfar éprouva dans les Belges. Ils préfè-
rent le fervice de la cavalerie à celui de l'infanterie pour
lequel ils ont moins de goût. Généralement parlant , les
Picards font paieffeux par tempérament , &: laborieux
par néceflité. Ils demeurent volontiers dans l'état où ils
fe trouvent , 8c l'on en voit peu qui fortent de leur fi-
tuation. Ils ne font ni afiez patiens ni allez fouples pour
faire fortune. Leur œconomie leur en tient lieu. Us font
finceres , libres , brusques , attachés a leurs opinions , 8c
fermes dans leurs réfolutions. La bonté de leur cœur ne
doit pas prévenir contre la folidité ni contre la beauté
de leur efprit. La Picardie a produit des écrivains cé«
lèbres.
On compte quatre cvêchés dans le gouvernement de Pi-
cardie, tel qu'il eft aujourdhui: Amiens & Boulogne font
fuffragans de d'archevêché deRheims : Arias 8c S. Orner
en Artois font fous la métropole de Cambray. 11 y a deux
fénéchauflees , fix bailliages , vingt prévôtés, cinq fiéges
de l'amirauté , quatre makrifes des eaux 8c forêts , 8c au-
tant de juftices de feigneurs qu'ils y a de terres ou fiefs
feigneuriaux. Il n'y a point de village en Picardie , donc
les feigneurs n'ayent haute , moyenne 8c baffe juftice j
mais aucune de ces juftices ne reflortit directement au
parlement. Dans ces différentes jurisdidions la juftice
eft rendue conformément à différentes coutumes, félon
les cantons où les juridictions l'ont fuuées.
La proximité de la mer , les rivières navigables , les
canaux, 8c l'induflrie des habitans , rendent le commerce
qui fe fait en Picardie un des plus c on fidé râbles du
royaume. Les manufactures 8c fabriques occupent 8c
font fubfifler grand nombre de perfonnes de tout fexe
8c de tout âge , à la ville & à la campagne. La prin-
cipale fabrique eft appellée Sayeterie ; parce que le fil
fait de Fiyete , ou de laine peignée 8c filée au petit
rouet , fait feul la chaîne de ces étoffes , qu'on appelle
ferges de Crevecœur ou d'Aumale , bouracan , camelots,
raz de Gènes , raz façon de Châlons , ferges façon de Nis-
mes , ferges façon de Seigneur , qui font toutes dépure
lain. . On en fait encore plufieurs autres où la laine eft
employée avec la foie , le fil de lin 8c le poil de chèvre ,
telles que font les camelots façon de Bruxelles ,lcs plu-
ches ; raz de Gènes , avec un fil de foie tort autour de
la chaîne , étamines façon du Mans Se du Lude. Ces
dernières ne font façonnées que dans Amiens 8c Ab-
beville. Les laines dont on fe fert dans ces manu-
factures font pour la plus grande partie du crû du pays,
On en tire aufli de Brie , du Soiflonnois , d'Artois , du
Nord, d'Irlande , Se quelques bouchons d'Angleterre
pour les ouvrages les plus fins. En 1665 , on établit à
Abbe ville une manufacture de draps. Voyez, Abbe-
vit-LE , Amiens , Saint-Quentin , 8c Péroné.
Le fonds des terres eft fi bon , que les grains font le
principal commerce du pays. Le commerce des lins
eft aufli très-confidérable. Le Ponthieu , le Verman-
dois en prod^ifent abondamment , outre celui qui fe
confume dans les manufiictures du pays, on en envoie
beaucoup à Rouen Se en Bre-agnc. La graine de ces
lins fait aufli partie du commerce de cette province.
On en envoie en Normandie Se en Bretagne pour la
transplanter, parce qu'elle dépérir, fi l'on ne la chan-
ge de terroir. Les marchands de Normandie achètent
tous les ans cinq à fix mille poulains dans les gouver-
nemens de Calais 8c de Boulogne : ils les mettent
9^8 PIC
PIC
dans les pacages de la Baffe-Normandie , Se les Ven-
dent enl'uke Tous le nom de chevaux normans. On
transporte des mines du Boulenois beaucoup de char-
bon de terre en Artois , en Flandie , par le canal de
Calais Se par la rivière d'Aa, pour les corps de garde,
pour les briqueteries , pour les fours a chaux , Se pour
les forges des maréchaux. 11 fort auffi de la toile du
Boulenois beaucoup de beurre qu'on transporte en
Artois , en Champagne , ôc même jusqu'à I aris. 11 y à
dans la foiét de la Fér-e plufieurs verreries où 1 on
fabrique routes fortes d'ouvrages de terre , que l'on
transporte à Paris & ailleurs ; mais la manufacture des
glaces eft infiniment plus utile. Elle eft au milieu de
ce: e forêt , dans le château de S. Gobi». Le volume
des glaces qu'en y fait n'eu borné que par la difficulté du
poli ; car il efl: impoffibïe qu'un ouvrier puiffe polir
des glaces qui auroient plus de foixante pouces de
large. On en a vu fortir de cette manufacture qui
avoient cent cinq pouces de hauteur , fur foixante de
largeur- Pour les polir on les envoie à Paris , faux-
bourg S- Antoine jc'efi là qu'elles acquièrent leur der-
nière perfection.
Les côtes de la mer fourniffent abondamment de
très-bon poiffon frais de toute espèce , dont environ un
tiers efl confumé dans le pays ; un tiers en Flandre ,
en Artois i& un autre tiers à Paris. Les ports de Bou-
logne, d'Eftaples, ôc de Saint Valeri font par an pour plus
de quatre cens mille livres en harengs Ôc en maquereaux.
Cette province efl fi riche que toutes les autres du
royaume y envoient ôc y débitent une partie de leurs
dentées. Les Anglois y apportent auffi beaucoup de
marchandifes.
Outre les harengs & les maquereaux , on pêche fur
les côtes de Picardie des vives, des foies, des barbues,
des turbots, des limandes, des fletes , des carlets, Sec.
tous d'une excellente qualité.
Quant au gouvernement militaire de Picardie , il
comprend les lieutenances générales de Picardie Se
d'Artois; fix lieutenances de roi , lavoir celie du Bou-
lenois , de Ponthieu , de Vermandois , du pays de San-
terre , Se deux pour le pays d'Artois , avec un grand
nombre de gouvernemens particuliers. Les gouverne -
mens particuliers de la lieutenance générale de Picardie
font la ville & citadelle de Calais , le fort de Nieulay ,
Aides , Boulogne ôc le pays Boulenois. Le gouverne-
ment de ce dernier pays elt dépendant du gouverne-
ment de Picardie. Les autres font la ville ôc citadelle
de Montrcuil , S. Vallery fur Somme , Abbeville ,dom
les maires & échevins ont le commandement , fuivant
d'anciens privilèges ; mais en tems de guerre le roi y
établit un commandant. Enfin ce font Dourlens , la
ville ôc citadelle d'Amiens, Saint Quentin, la ville &
château deHam , Guife , la Ferté , Ribemont Ôc Marie.
La lieutenance générale de Santerre comprend les gou-
vernemens de Péronne , de Roye , ôc de Montdidier.
Dans la lieutenance générale d'Artois font les .gou-
vernemens de S. Orner, d'Aire, du fort de S. François
d'Aire, de Béthune, d'Hesdin , de la ville ôc citadelle
d'Arias, & celui de Bapaume.
Le détail de ces gouvernemens particuliers dispenfe
de mettre ici les noms des places fortifiées de cette
province. Au lieu de cette répétition , il vaut mieux
remarquer que les habitans du Boulenois forment un
corps de troupes , dans lequel tous ceux qui font en état
de porter les armes font engagés. Ces troupes ont plus
d'une fois dans ces dernières guerres fignale leur valeur
& leur fidélité. Elles confiflent en fix régimens d'Infan-
terie de dix compagnies chacun , dont les officiers font
nommés par le gouverneur, ont commiflîon du roi , de
même que ceux des troupes réglées de faMajeflé, ôc
roulent fuivant leur ancienneté avec les officiers des
armées du roi. La cavalerie efl de cinq régimens , de
quatre compagnies chacun. 11 y a encore une compa-
gnie de carabiniers de trente maîtres ôc deux compa-
gnies de dragons auffi de trente maîtres chacune. Tou-
tes ces troupes compofent un corps de trois mille hom-
mes , ôc ont un infpcéteur particulier , commis par
fa Majefté.
On compte jusqu'à fept duchés-Pairies dans la Picar-
die: favoir.
Guife t Bournonville,
Crouy poix ,
Magneers, Saint Simon.
Chaun:s ,
Il y a dais le département de Picardie ôc d'Artois un
prévôt gérerai établi à Amiens , avec un lieutenant ,
un affeffeu: , un procureur du roi ôc un greffier : à
Abbeville un lieutenant, un affeffeur , un procureur
du roi & un greffier : à Arras un lieutenant , un affef-
(Teur , un procureur du roi ôc un greffier , & à Bou-
logne de nême.
La Picadie efl ordinairement divifée en haute, moyen-
ne Se baffi. La haute renferme le Vermandois ôc la Tié-
rache :1a moyenne comprend le comté d'Amiens ôc le
pays de Janterre , Se la baffe efl compofée du Boule-
nois , du pays reconquis , du comté de Ponthieu Se
du Vimei.
P1CAJV1LLE, bourg de France, dans la Norman-
die , dioèfe de Coûtances , élection de Valognes. C'eifc
une gra.'de paroiffe où efl fitué le bourg du Pont ï'Ab-
bée , qu'appartient aux religieux Prémontrés die Blanche-
Lande.Le château de IIsle-Marie appartient aux hé-
ritiers lu maréchal de Bellefons , qui font en partie
ftigneirs de cette paroiffe. Les chanoines de la Sainte
Chapdey ont un fief, ôc la meilleure partie des dix-
mes. Jette paroiffe efl presque par tout bordée de
marai , & l'on y a fait plufieurs pacages pour y arriver
par ou. Le terrein elt fort bon pour les légumes.
PLELLO , ville dans la Natolie , fur la mer noire ,
entr< Pemderachie 6\. Samaftro. Ce A l'ancienne Fsyl-
liumàe Ptolomee. Voyez. Psylium.
PCENA REGIO. Voyez. Picemhm.
1-CENDACA, ville de l'Inde, en-deçà du Gange.
Ptcomée , /. 7. 0. 1. qui dit qu'elle étoit dans les terres,
la ionne aux Arvari.
. PICENTIA , ville d'Italie. Strabon , /. j. p. if ï.
Pcnponius Mêla, /. 2 c. 4. ôc Pline, /. 3. c. y. en font
la capitale des Picentins. Pline donne à entendre que
cere ville étoit dans les terres , ôc Strabon nous ap-
pend que les habitans de Picentia furent chaffés de
leir ville , pour avoir piis le parti d'Annibal. C'eft la
v;le licentum d Etienne le géographe; ôc Léandre.de
n:me que Mazella , difent qu'on la nomme préfen-
tenent Vicentia. Voyez. Picentinorum gens.
x. PICENTIA , ville d'Italie, dans le Latium , félon
Dnis d'Halicarnaffe , /. 5. qui la met près de Fiden<& 1
mis Gelenius, fon interprète, au lieu de Ficentia écrit
Fiulia. Elle étoir au - delà de l'Anio , ce que croie
Otelius.
'ICENTINORUM GENS, Ficentini Se Pktntis ,
pépies d'Italie. Ils habitoient fur la mer de Toscane ,
deaiis le promontoire de Minerve , qui les féparoic
de la Campanie , jusqu'au fleuve Silarus , qui étoit la
bene -entre les Picentins ôc les Lucaniens. Dans les
teres ils s'étendoient jusqu'aux limites des Samnites ÔC
de Hirpini ; limites qui nous font néanmoins abfolu-
mmt inconnues. Les Campaniens occupèrent ancienne-
mnt lepays ; ce qui efl caufe que Strabon, c. j. extrême
er donnant les bornes de l'ancienne Campanie la faic
plis grande que la nouvelle ; car il l'étend jusqu'au
ficive Silarus. Mais il appelle Fktntes , ces peuples
qiun peu au-deffus il avoit appelles de leur vérita-
bli nom Ficentini : Pofl Campanos , dit-il , & Samnuas
usine ad Fentanos fnper Tyrrhenum mare Picentinorum
geii habitat , avulfa à Piccntinu ( Picentibus ) qui ad
//adriaticum mare habitant , à Romanis tr an s duel a
id Picentinum Sinum , qui mine Pœ/lamts nominatur ;
t plus bas il dit : Picemum ( Picentinorum ) Caput fuie
?icentia. Pline , /. 3. c. j. ôc 1 3. eft plus exact à diflin-»
mer les noms de ces peuples dans cette occafion. 11 ap-
pelle Fiantes les habitans du Ficenum , fur la mer
Supérieure 3 Se nomme Ficentini ceux que les Romains
transférèrent des bords de la mer Supérieure fur ceux
de la mer Inférieure , entre la Campanie & la Lucanie.
Ptolomée diftingue pareillement les Ficentini des Fi-
centes ou Ficeni ; mais il fe nompe, en ce qu'il at-
tribue aux premiers Nola , Nuceria , Sapi , Oftia ÔC
Surrentum , lieux que tous les anciens mettent dans la
Campanie. Pomponius Mêla , /. 2. c. 4. fe trompe
encore davantage , en attribuant à la Lucanie tous les
lieux
PIC
PIC
lifux qui fe trouvent depuis le Golfe Pœfïanus & la
ville de même nom, jusqu'au promontoire de Minerve,
fans en excepter même ce promontoire. * Cellarius ,
Ant. Geogr. /. 2. c. 9.
1TCENTINUM . Pez.entinum ou Percentinum , ville
de la Pannonie : l'itinéraire d'Antonin la met fur la
route d'Aemona à Sirmium , en paflant par Siscia.
Elle étoit entre Inicerum 6c Leuconum , à vingt-cinq
milles de la première de ces deux villes, 6c à vingt-fix
de la féconde.
PICENUM, contrée d'Italie, à l'orient de l'Umbrie ,
& connue auffi fous le nom d'Agcr Picemis. Céfar ,
Civ. I. 1. c. 12. dit qu'il faifoit des levées dans tout le
Picenum, & Pline, /. 3. c. 15. appelle le Picenum la
cinquième région d'Italie. Ciceron , in Catil. 2. 2. pro
àullu ,c. 19. & alibi. Sallufte , Catil. bel. c. 27. 30. 42.
CT 57. & Tite-Live, /. 22. c. 9. fe fervent presque tou-
jours du nom de Picemis Ager. Tacite, /. 3. c. 42. en ufe
de la même façon , Quà Picemis Ager, dit- il , Hadria
allmutr, 6c Silius Italicus , /. 8. v. 425. dit:
Et qui Picea& fimulat telluris alumnos.
Les habitans de cette contrée étoient appelles Picen*
ter. Ils étoient différens des Picentini , qui habitoient
fur la cote de la mer Inférieure , quoique la plupart
des écrivains grecs appellent auïïi les premiers nmrayKf.
Ce peuple étoit fi nombreux , que Pline , /. 3 c. 18. fait
monter à trois cens foixante mille le nombre des Pi-
cemes , qui fe fournirent aux Romains. Les bornes du
Picenum proprement dit s'étendoient le long de la
côte depuis le fleuve Aefits jusqu'au pays des Prœtu-
tiani. Dans un fens plus étendu, le Picenum compre-
noit le pays des Prœtutiani Se le territoire de la ville
Hadria. On prétend que Picenum venoit de Ficus , en
françois Pivert , parce qu'un oifeau de cette efpéce
conduifit ces peuples , lorsqu'ils laifferent la Sabine pour
venir s'établir dans ce pays. Voici les places que Prolo-
ngée met dans le Picenum :
969
Sur le bord de la mer.<
Dans l«s terres.
Caftrum ,
Cupra Marïlima ,
Truenti Fluv. ofiia ,
Potentia ,
Numana ,
Ancona ,
Trajana ,
Urbs Salvia ,
Septempeda ,
Cupra Montana ,
Firmum ,
Hadria.
PI-CHAN ; c'étoit un petit royaume dans la Tar-
tane orientale , du tems des premiers Khans. Sa capitale
étoit Pi-chan-tching: il y avoit alors cinq cens fa-
milles , trois mille cinq cens perfonnes , cinq cens
foldats. Il étoit éloigné de cinq mille li de Signanfou , de
quatre mille deux cens quatre- vingt-douze, vers le nord-
eft du gouvernement chinois , de mille trois cens qua-
rante , vers le fud-eft, du royaume de Ou-tcha , de mille
quatre cens cinquante» vers le nord de Koume, 6c de
trois cens quatre-vingt , vers le nord-eft , deChao-tche
ou Yeiken. * Hift. générale des Khans , par M. de
Guignes , t. 2.
PICH ANGES , annexe de la paroiffe de Gémeau,
dans la Bourgogne , diocèfe de Dijon. Ce lieu eft fitué
fur le chemin de Langres , à quatre lieues de Dijon ,
dans un pays affez uni.
P1CHAR , petit peuple de l'Amériqnefeptentrionalc ,
dans la Louïfiane , aux environs du pays que traverfa
le fieur de la Salle , pour aller de la baie de S. Louis
au Cénis.
P1CHERIE, petite ville de France, dans le Haut-Lan-
guedoc , diocèfe de Carcaffonne
P1CHINCHA , montagne de l'Amérique méridio-
nale dans l'audience de Quito , 6c au pied de laquelle
eft bâtie la ville de Quito. C'eft une pointe de la Cor-
delière , & fur laquelle il y a un volcan, ainfi que fur
la plupart dés autres. Celle- ci eilà deux mille quatre
cens trente-quatre toifes au-deffus de la mer. MM,
Bouguer & de la Condamine , dans leur voyage au
Pérou , pafferent trois femaines fur le fommet du Pi-
chiucha.
PICHITON. Voyez. Pizzicitone.
P1CHTLAND. Voyez. Pentland.
PICIANTES, peuple d'Italie, félon Etienne le géo-
graphe. Piciantcs r , dit Ortelius, ne feroit-il point cor-
rompu de Picentes?
PICIE , fortereffe de la Chine , dans la province
de Queicheu. Elle eft de 13 degrés 6 minutes plus
occidentale que Peking,fous les 26 degrés 30 minutes
de latitude Septentrionale. * Atlas Sinenjîs.
PlCINy£,lieu d'Italie, entre Rome 6c Noie. C'eft
l'endroit où Sylla reçut la féconde ambaffade du Sénat ,
qui le prioit de ne point marcher à main armée contre
la ville de Rome. Ortelius remarque qu'un ancien in-
terprète écrit Tiripa. * Plutarch. in Sylla.
PICIS MONS , montagne d'Italie. Jotnandès dit que
c'eft celle où le fleuve Natifo prend fa fource. Le
Biondo 6c Leandre appellent préfentement cette mon-
tagne Vefone. * Ortel. Thef.
PICKERING , bourg d'Angleterre , dans le comté
d Yorck. 11 a droit de marché. * Etat préf. de la Gr.
Bret. t. 1. p. 126.
PICNESII , peuple de la Haute-Myfie , félon Pto-
lomée , /. 3. c. 9. Ses interprètes écrivent Ficcnfii. Ce
pourroit être les Picenfes d'Ammien Marcellin.
PICO , ifle de l'Océan , & l'une des Açores. Elle eft
à 349 degrés 30 minutes de long. & 3 8 degrés 35 mi-
nutes de latit. à trois lieues fud-eft de Faial.à quatre
lieues fud-oueft de Saint George , ( a ) 6c à 12 lieues fud-
oueft quart à l'oueft de Tercere. Son circuit eft d'environ
if lieues, Ôc on l'appelle Pico à caufe d'une haute monta-
gne qui y eft nommée le Pic , patee que c'eft le terme
que les Portugais donnent à toutes les montagnes fai-
tes en fotme pyramidale. Quelques-uns croient que cette
montagne fut pafle en hauteur le Pic de Ténériffe(£ ).
Elle eft toute remplie de concavités 6c de cavernes obscu-
res, 6c jette quelquefois des flammes fort loin. Au pied
de cette montagne , vers l'orient, on voit une fontai-
ne d'eau douce , qui de tems en tems pouffe des eaux
chaudes & des pierres ardentes, avec tant de violence,
qu'elle les porte jusqu'à la mer par des lieux penchans.
Elle y a entraîné une fi grande quanrité de ces pierres,
qu'il s'en eft formé un haut promontoire, nommé vulgai-
remenr Mijlerios , 6c qui fe trouve éloigné de cette fon-
taine d'environ douze mille pas. Les lieux les plus re-
marquables de cette ifle font :
Pico,
Lagoas ,
Sainte Croix
Nesquin ,
Saint Sébaftien ,
Saint Roch ,
Plaia,
La Magdeléne.
Les habitans fnbfiftent du rapport que fait la terre
qu'ils cultivent , & du bétail qu'ils entretiennent. L'ifle
eft fertile en diverfes fortes de vivres, 6c produit de
meilleur vin que toutes les autres Açores.EUe produit un
bois (c) qu'on nomme Teixo , qui eft auffi dur que du
fer , 6c qui étant mis en œuvre , eft plein d'ondes
comme le camelot , 6c auffi rouge que l'écarlate , avec
un beau luftre. Il a encore cette qualité , que plus il
eft vieux , plus il eft beau ; ce qui le rend tellement
précieux , que perfonne n'oferoit en abbatre , fi ce
n'eft pour le roi , ou par la permiffion de les officiers.
( a ) 1 . Voyage des Hollandais aux Indes orientales ,
p. 439. (b) Ortel. Theatr. Orbis. {c) 1. Voyage des
Hollandois aux Indes orient, p. 437.
PICO, ou Sierra de Pico, montagne d'Espagne ,
aux confins de la vieille 6c de la nouvelle Caftille, 6c de
l'Eftramadure. C'eft proprement la partie méridionale
de deux chaînes de montagnes, appellée Sierra d'Avi-
la , 6c Sierra de Tablada , qui fe joignent en cet en-
droir.
PICO , ou Puerto de Pico, bourgade d'Espagne ,
dans la Vieille-Caftille , près de la montagne de même
nom , fur la rive gauche du Tonnes 6c près de fa
fource , au midi de Villa-Franca. De l'ifle place ce lieu
au royaume de Léon; mais il fe trompe, puisque ls
Tom. IV. Ggg ggg
PIC
97°
Tonnes a fa fource dans la Vieille-Caftille. * Sanf n ,
Robert de Vaugondy , 175 1.
PICO-SACRO, montagne d'Espagne, dans la Ga-
lice , entre la ville de Compoftelle & celle d'Orenfe.
Elle eft faite en forme de pyramide , & l'on tient qu'on
y a découvert autrefois des mines d'or. * Baudrand ,
Diét.
P1COLMAYO 1 rivière de l'Amérique méridionale.
Elle prend fa fource dans la province de los Charcas ,
près de Potofi , baigne la ville de la Plata , & après
avoir traverfé la province de Chaco , & une partie de
celle de la Plata, elle fe jette quelques lieues au-des-
fous de l'Aflbmption, dans la rivière de Paraguai.
PICONIA , nom de la fontaine qui fournifloit à Ro-
me l'eau appellée Aqua-Marcia , félon Pline , /. 3 1. c.
3 1 . Le P. Hardouin prétend qu'au lieu de Picoma, il faut
lire Pitonia.
PICOS FRAGOSOS. C'eft le nom que les Portugais
donnent à des montagnes qui font proche le cap de
Bonne Espérance , ce qui veut dire pointes âpres 8c
rudes. Il femble que ces montagnes qui s'élèvent au-
près du cap des Aiguilles portent leur fommet jusque
dans les nues. On voit au pied de ces monts courir une
grofle rivière qui vient du dedans du pays. * Davïty ,
Afriq.
PICQUIGNY. Voyez. Pequigny.
PICR A , UiKpà. , nom grec qui fignifie amer. Diodore
de Sicile, /. 17. c. 49. le donne à un lac d'Afrique
qu'Alexandre trouva fur fa route, lorsqu'il alla con-
sulter l'oracle de Jupiter Ammon, & ce Lac-Amer,
félon le même hiftorien , étoit à cent ftades des villes
qui portoicnt le nom d'Ammon. Voici le paflage en
queflion : Ac primùm ad amaram ( ut nominant ) palu-
dem devenu. Inde ftadia centum emenfus , urbes Ham~
monis nomme célèbres prétérit.
PICT^E , hôtellerie fur la voie Latine , à deux cens
dix ftades de Rome , Strabon , /. 5. p. 237.
L'itinéraire d'Antonin connoît aufli ce lieu : il l'ap-
pelle Ad PiUas , 8c le place fur la même voie , entre
Roboraiia & Compitum , à dix fept milles du premier
de ces lieux, & à quinze milles du fécond.
PICT AVI. Voyez. Pictones.
PICTAVIA. Voyez Augustoritum & Poitiers.
PICTES, Pitliy anciens peuples de la Grande-Bre-
tagne , mais dont l'origine eft aflez obscure. Voyez, l'ar-
ticle Ecosse. Lorsque les Romains attaquèrent la Gran-
de-Bretagne , les Pict.es occupoient la partie orientale
de l'ille, depuis la Tine jusqu'à l'extrémité feptentrio-
nale. Sous les premiers empereurs Romains il ne fe
pana dans la Bretagne rien de remarquable où les Pietés
paroiiTent avoir eu part. Mais Julien , à qui Confiance
fur la fin de fon règne avoit donné le gouvernement
de l'Occident , inftruit des courfes que les Pietés ôc
les Ecoflbis faifoient en Bretagne , envoya Lupicinus
pour les réprimer ; mais il le rappella bientôt. Sous Va-
îentinien I , l'on commença à attaquer les Piétés. Ces
peuples , de concert avec leurs voifins /ayant attaqué la
Province Romaine, Nectaridius , gardien des côtes , le
duc Buchobaudes , Sévère 8c Jovin entreprirent de les
foumettre. Ce fut encore inutilement , car ils furent dé-
faits tour à tour. Enfin Théodofe l'Ancien y ayant été
envoyé, augmenta les terres des Romains d'un grand
pays qui appartenoit aux Pict.cs. Dans la fuite les Pietés
remuant encore , on envoya contre eux Maxime , qui ,
dans le deflein de conquérir toute l'ifle , fit alliance
avec les Piétés , 8c , avec leur fecours , il fe rendit maî-
tre du pays des Ecoflbis; mais lorsqu'il voulut tomber
fur les Piétés mêmes, il lui furvint des affaires qui
l'en détournerenr. Stilicon , tuteur d'Honorius , en-
voya Victorinus en Bretagne pour réprimer les Piétés ,
qui depuis la mort de Théodofe recommençoient à
faire des courfes dans la Province Romaine. Les 1 iétes,
voyant que Victcrinus vouloit les traiter avec hauteur ,
rappellerent les Ecoflbis, qu'ils avoient aidé aux Ro-
mains à chafler : & ces deux nations s'étant réunies , fe
firent céder tout le pays au nord de l'Humber , dont
les Pietés 8c les Ecoflbis fe mirent en pofleflion. Vers
l'an 5 1 1 , les Pietés s'érant alliés des Saxons aifiégerent
Aréclutc; mais Arthur fit lever le flége , ravagea leur
pays d'un bout à l'autre, 8c l'auroit entièrement rui-
PID
né , fans l'inrerceflion des évêques. Depuis l'irruption
des Anglo-Saxons, la Bretagne avoit été partagée entre
les Bretons ou Gallois, les Ecoflbis, les Piétés 8c les
Anglo-Saxons. Les Pietés & les Ecoflbis habitoient la
partie feptentrionale de- l'ifle. L'Esca 8c la Twede , 8c
les montagnes qui font entre ces deux rivières , les fé-
paroient des Anglois. Les Pict.es étoient à l'orient, les
Ecoflbis à l'occident. Le mont Grafbain étoit leur borne
commune , depuis l'embouchure de la Nyfle jusqu'au
lac Lomond. Alberneth étoit la capitale des Piétés ,
8c Edimbourg étoit encore à eux. Ils ne fe contentèrent
pas de ces terres. En 670 , ils attaquèrent Egfrid , roi
de tout le Northumberland, qui les battit & les con-
traignit de lui céder une partie de leur pays pour avoir
la paix. Peu de tems après ils eurent leur revanche ,
& s'emparèrent d'une province de la Bernicie. Mais l'an
840 , ayant perdu deux grandes batailles contre Kneth ,
roi d'Ecofle , le vainqueur qui vouloit venger la mort
de fon père qu'ils avoient tué , 8c dont ils avoient
traité le corps avec indignité , agit envers eux de la
manière la plus inhumaine. 11 les extermina tellement ,
que depuis ce tems il n'eft plus refté que la mémoire
de cette nation; c'eft par la deftruétion des Pietés que
Kneth eft regardé par les Ecoflbis comme un des prin-
cipaux fondateurs de leur monarchie.
PICT1ACA-SILVA , forêt de France. Il en efl parlé
dans la vie de S. Avit , prêtre, cité par Ortelius , Thef.
Voyez. Pitiacus.
PICTONES, peuples de la Gaule Aquitaniqne. Ils
étoient connus dès le tems de Céfar, qui , lorsqu'il vou-
lut faire la guerre aux Venetes , raffembla les vaifleaux
des Pitiones , des Santones 8c des autres peuples, qui
étoient en paix. Vercingetorix fe joignit avec les Pitio-
nes, 8c divers autres peuples, pour s'oppofer aux Ro-
mains -, 8c les princes de la Gaule ordonnèrent aux Pi-
ctones de fournir huit mille hommes, lorsqu'il fur que-
flion de faire lever le flége de devant Alife. Strabon
dit que la Loire couloit entre les Pitiones 8c les Nam-
netes ; il met les Pictones avec les Santoncs fur l'Océan ,
& il les range au nombre de vingt quatre peuples qui
habitoient entre la Garonne & la Loire , & qui étoient
compris fous l'Aquitaine. Pline, /. 4. c. 19. met pareil-
lement les Pittones parmi les peuples d'Aquitaine. Lu-
cain, /. 4. v. 43 6. fait entendre qu'ils étoient libres:
Pictones immunes ftibigunt fua rura.
Ptolomée écrit Pettones , & ajoute qu'ils occupoient
la partie feptentrionale de l'Aquitaine le long" de la
Loire , 8c le long de la côte de l'Océan. Il leur donne
deux villes , favoir.
Augujloritum, 8c Limonum.
Sanfon , dans Ces remarques fur la carte de l'ancien-
ne Gaule, dit que les Pictones font les peuples desdio-
cèfesde Poitiers , Maillezais & Luçon , qui ont été au-
trefois tous compris fous lediocèfede Poitiers. * Ha-
dr. Valefïi, Not. Gall. p. 448.
PICTONIUM, promontoire de la Gaule, dans,
l'Aquiraine. Ptolomée, /. 2. c. 7. le place entre l'em-
bouchure du fleuve Canentellus 8c le port Sigor. Le
texte grec porte Peclonium au lieu de Pillonium. Mer-
cator nomme ce promontoire Vornoc. Clufius dit que
c'eft Talmondo -, félon toutes les apparences c'eft la
pointe des fables d'Olonne.
PICUENTUM , ville de l'Iftrie. Elle eft placée par
Ptolomée, l. x. c. 1. dans les terres, entre Pucinum
8c Alvum. Quelques exemplaires portent Fiquentum.
Leander dit qu'on la nomme préfentement Pwguento.
Voyez. PlNGUENTE.
PICUL1A. Ko>^Picentia.
PIDA , ville de la Cappadoce , dans le Pont Ga-
latique. Ptolomée , /. 5. c. 6. la met dans les terres,
entre Pleuramis 8c Sermuta.
PIDDLE , petite rivière d'Angleterre , dans le Dor-
fetshire. Son cours qui eft fort court , eft du nord au
fud-eft. Après avoir arrofé la ville de Wareham au
nord , elle fe rend dans la mer à la baie de Pool.
PIE
PIE
PIDEN , ville de l'Ethiopie, fous l'Egypte, félon
Pline , /. 6.c. 29.
P1DIBOTAS , ville de l'Ethiopie , fous l'Egypte.
Ceft Pline qui en parle , /. 6. c. 29.
PIDO. Le lexicon de Phavormus donne ce nom à
un peuple de l'ifle d'Ithaque.
PIDORUS , ou I'iuor, ville de Macédoine, dans
la Chalcidie , fur le bord occidental du golfe Singiti-
que. Il eft parlé de cette ville dans Hérodote, /. 7. n.
122.
PIDOSUS, ifle fur la côte de la Carie. Pline , /. j.
c. 31. dit qu'elle n'étoit pas éloignée d'Halicarnafle. Il
fait entendre pourtant qu'elle étoit hors du golfe Cé-
ramique.
PIDRI, ville d'Egypte, dans I'Ambrene, au voifi-
nage de la ville Héliopolis, félon Siméonle Métaphra-
fte , dans la vie de S. Théodore l'Archimandrite.
PIED , forte de mefure. Voyez, Mesures itinérai-
res.
PIE-DI-LUCO , c'eft ainfi que Léander, Ducato di
Spoleco, p. 99. verfo , écrit le nom d'un lac d'Italie,
dans l'Umbrie , autrement dans le duché de Spolete \
d'autres écrivent Pic-diLugo. Voyez, au mot Pic, l'ar-
ticle Pic-di-Lugo.
PIEDIMONTE , bourgade confidérable d'Italie, au
royaume de Naples , au pied d'une des plus hautes
montagnes de l'Apennin , où il y a une bonne fabrique
de draps. L'évêque d'Atife y fait fa demeure , depuis
que fa ville épiscopale a été presque entièrement ruinée.
L'une Se l'autre font dans la Terre de Labour, vers. les
confins du comté de Moliffe. * Le père de Charte-
voix , mémoires manufcrits.
PIEHAI , petit lac de la Chine , dans la province de
Chekiang, près de la ville de Caihoa. On le nomme
Piehai , à caufe des écreviffes blanches qu'il produit.
Piehai en langue chinoife veut dire une éctevifle blanche.
* Atlas Sinenjts.
PIELA , bourg de l'ifle de Cypre , à deux heures de
chemin de Larnica , fur la route de cette ville à Fama-
goufte. Le Brun dit, dans fon voyage au Levant, t.i.
p. 47y. qu'il trouva à Piela les relies d'un grand bâ-
timent, ôc quatre petites églifes à l'antique. On y voit
un ruiffeau d'eau courante, qui vient des montagnes
voifines , Se qui fait que ce bourg ne manque jamaisd'eau.
PIEMONT , contrée d'Italie , bornée au nord par le
Vallais , à l'orient par le duché de Milan , au midi par
le comté de Nice Se par la feigneurie de Gènes , Se à l'oc-
cident par le Dauphiné. Cette contrée qui a le titre de
ptincipauté eft une des plus confidérables, des plus fer-
tiles Se des plus agréables de toute l'Italie. Le nom de Pié-
mont que l'on rend en latin par celui de Pedemontium n'eft
guère ufitéque depuis fixa feptfiécles. 11 a été occafionné
parlafituationdu pays au pieddes Alpes maritimes, Cot-
tiennes & Grecques , an milieu desquelles fe trouvent le
Piémont. Autrefois cette contrée faifoit pattie des plai-
nes de la Ligurie : dans la fuite elle fit partie de la Cifal-
pine ; enfuite devint une portion du royaume de Lom-
bardie. Sa longueur peut ctrede cent vingt mille pas, & fa
largeurd'environ quatre-vingt-dix mille. Le Pô , le Tana-
ro , la Doire, la Sture , le Bello , & la'Bormia pas-
fent au milieu de ce pays , fans parler de près d'une
vingtaine d'autres rivières qui l'arrofent.
On croit que le Piémont fut premièrement habité par
les Umbriens , les Etrusques Se les Liguriens : les Gau-
lois , qui entrèrent en Italie , fous la conduite de Bren-
nus Se de Bellovèfe, s'établirent en partie dans ce pays ,
qui dans la fuite fut occupé par divers peuples & partagé
entr'eux.Les Liguriens, fui nommés Statielli, habitèrent la
partie orientale. Les Vagenni ou Bagienni leur fuccéde-
rent dans le pays qui eft entre le Pô Se le Tanaro. Les Tau-
rini s'établirent entre le Pô Se la petite Doire , Doria Ri-
paria , Se s'étendirent dans la fuite jusqu'aux Alpes. Les
SalaJJî , divifés en fupérieurs & inférieurs habitèrent en-
tre les deux Doires. Enfin les Libici , Lebui ou Lebetii ,
occupèrent cette partie de la Gaule Cifalpine, qui for-
me les territoires de Verceil Se de Biele, entre la grande
Doire , Doria Baltea Se la Sejîa. * Theatrum Pedemon-
tii ,t.\.p. 1 .
Les montagnes qui entourent le Piémont abondent en
mines d'or , d'argent, de cuivre Se de fer : les rivières pro-
971
duifent des poifions excellens, Se les forets noiuriflent
quantité de bêtes fauves , dont la chaffe clt réfei vée au
prince. La terre en outre eft extrêmement fertile ; ce qui
a fait de tout tems que le pays a été très-peuplé. Aufll voit-
on qu'anciennement il y a eu dans cette contrée un grand
nombre de villes , dont la fituation eft connue , Se dont
la plupart fubfiftent encore aujourd'hui ; de ce nombre
font :
Taitrinaurum Augufta , Turin ,
Eporedia, Ivrée,
VercelU Libitorum , Verceil ,
Augufta Pretoria , Aoufte ,
A fia Pompeia , Afti ,
Alba Pompeia , Albe ,
Segufium on Secufium , Suze ,
Carrea Potentia , Chieri ,
Augujla Bagiennorum , Benne,
Ceba , Ceva,
Verricium ou Variez. , Verrue ,
Bardum , Bardo ,
Ocella ou Ocetlum , Uffeglio ,
Cottia , Coazze ,
Salutiœ , Saluées ,
Carifiium , Cairo ,
Morts- Jovis , Mont- Jouet ,
Potlentia , Pollenzo , ville ruinée.
Les anciennes villes dont on connoît le nom , mais
dont on ignore la fituation , font :
Forum Julii ,
Forum Vibii ,
Iria ,
Amilitx.
Entre les anciennes villes du Piémont , Turin \
Aoufte, Verceil, Afti , Jorée , Se Albe, eurent l'avan-
tage de recevoir de bonne heure l'évangile Se d'avoir des
évêques Se ce ne fut que plufieurs fiécles après que Mon-
dovi , Salaces Se Foffano eurent le même avantage.
Tous ces évêques furent d'abord fuffragans de l'archevê-
que de Milan ; mais comme la ville d'Aoufte pafTa fous
la domination des derniers rois de la Bourgogne Cis-Ju-
rane , fon évêque fut fait fuffragant de l'archevêque de
Tarantaife , à qui il eft encore aujourd'hui fournis. De-
puis l'an 15 15 , l'évêque de Turin a été élevé à la
dignité archiépiscopale , & les évêques d'Ivi ée , de Mon-
dovi Se de Foffano reconnoiffent fa métropole. Les
autres évêques de Piémont , ont continué à reconnoî-
tre la jurisdidtion de l'archevêque de Milan , à l'ex-
ception de celui de Saluées, qui dépend immédiatement
du pape.
Outre les villes épiscopales, il y en a beaucoup d'autres
décorées du titre de cités ducales , Se qui font plus
confidérables que la plupart des villes épiscopales des
autres pays. Charles Emmanuel, premier du nom , choi-
fit douze de ces villes pour en faire les capitales d'au-
tant de provinces , afin que la juftice pût être admi-
niftrée avec plus d'ordre dans le Piémont. Ces dou-
ze villes furent :
Turin ,
Savigliano ,
Ivrée ,
Chieri ,
Afti,
Biele ,
Verceil ,
Suze ,
Mondovi ,
Pignerol ,
Saluées ,
Aoufte.
La plupart de ces villes font fortifiées , Se il y
a encote diverfes autres fonereffes Se châteaux où l'on
tient garnifon pour la fureté du pays. A l'égard des
petites villes & des bourgs , dont les uns font tout
ouverts , Se les autres fermés de murailles , on en
fait monter le nombre à mille. Ils font fi voifins les
uns des autres , que l'on pourroit dire en quelque ma-
nière que le Piémont n'eft pas une contrée , mais
une ville de trois cens mille pas de circuit. Ce pays
rapporte prodigieufement à fon fouverain. Lorsque
Henri IV , roi de France , demanda au duc Char-
les Emmanuel I , quel revenu il tiroir de fes états ,
le duc ne craignit point de dire : Je tire ce que je
Tom. IV. G g g g g g ij
* Magin
97a PIE
pu. s de la Savoy e , & du Piémont j'en tire ce que je
veux.
La. grande fertilité du pays fait que dans quelques en-
droits les habitans font un peu parefleux , 6c s'adon-
nent beaucoup aux plaifirs de la table. Cependant
en général ils aiment le travail , ils font indu-
ftrieux ; ils cultivent également l'art militaire 6c les
belles lettres, principalement ceux qui forcent de leur
pays. On loue encore les Piémontois fur leur poli-
teffe pour les étrangers , fur leur fidélité pour le fou-
verain. Mais on reproche aux habitans de Turin le
défaut de fincérité 6c la fainéantife : un grand babil à
ceux de Chieri : une diflimulation extrême à ceux de
Biele : l'humeur queteJleufe à ceux de Mondovi : une
grande rufticité a ceux du Val d'Aoufte : une extrême
fiupidité à ceux du marquifat de Saluées 6c de la
province de Coni , qui font naturellement fujets
aux gouetres. Au ici te un des plus grands avantages du
Piémont , c'eft d'avoir une noblefle nombreufe 6c des
plus diftinguées. On y trouve plufieurs familles qui ti-
rent leur origine de quelques rois ou de quelques prin-
ces fouverains ce qui faic que la cour de Turin a tou-
jours été une des plus brillantes de l'Europe.
On ne fouffre point d'autre religion dans le Pié-
mont que la catholique romaine : aiilll y compte-t-on
plus de trente abba)es ; outre un grand nombre de
prieurés , de riches commenderies , 6c d'autres béné-
fices.
PliEMONTE, ville d'Italie, dans l'Ifliie , dans les
terres , entre les rivières Dragonna 6c Quiéto , au mi-
di de Portolo , 6c au nord de Grifignana.
Carte de l'Iftrie.
PIENGIT.4L , peuples de 1a Sarmatie , en Europe.
Ptolomée , /. 3. c. 5. les place avec les Biejft , au
pied du mont Carpatus
P1ENNE , abbaye de France , dans le Berry. Elle eft
en régie, 6c à la nomination du roi.
PIENSIS, ou Pientio lîége épiscopal d'Afrique,
dans la province Proconfulaire. Parmi fes évêques , on
trouve Fclix Pienfis. * Harduin. Collect. Conc.
P'IENXIAO, fortereffe de la Chine, dans la pro-
vince de Queicheu , au département de Chinyuen ,
quatrième métropole de la province. Elle eft de pdeg.
50 min. plus occidentale que Péking , fous les 27 deg.
20 minutes de latitude feptentrionak. * Atlas Sinen-
fis.
PIENZA , Corfimanum , ville de la Toscane , dans
le Siénois, vers les confins de l'Etat de l'Eglife , en-
tre Monte Pulciano 6c S. Quirico. Ce n'étoit autre-
fois qu'un bourg appelle Corignano ; mais le pape Pie
II, qui étoit originaire de ce lieu, lui ayant donné fon
nom , en fit une ville épiscopale. François George Sié-
nois fut l'architecte. 11 bâtit la cathédrale, le palais
épiscopal , les murailles 6c les fortifications de la ville,
6c le palais du gouverneur 6c du public. * Magin,
Caire du Siénois. Corn. Dict.
PIEPHIGI, peuples de la Dacie. Ptolomée, /. 3.
C. 8. dit qu'ils habitoientau midi des Senfii.
PIERA , fontaine du Péloponnèfe , dans l'Elide. Elle
étoit, félon Paufanias , /. 5. c. 16. dans la campagne
que l'on trouvoit en allant de la ville Olympia , dans
l'Elide.
PIERES, peuples voifins de la Macédoine. Pline,
/. 4. c. 10. les met dans la Macédoine, même auprès
des Treres 6c des Dardan'u Hérodote , /. 7. & Thu-
cydide , /. 2. p. 168. parlent auffi de ces peuples,
qui étoient les habitans de la Piérie. Voyez. Pieria ,
n. 1.
PIERGO , ou Pirgo , rivière de l'Albanie, avec
une ville de même nom. Cette rivière a fon embou-
chure à l'entrée du golfe de Venife, entre le Port-
Cheviaft , Si Porro-Novo. On ctoit que c'eft la riviè-
re JEas de Strabon. Voyez. ALas. Robert de Vaugondy ,
Atlas , qui appelle la ville Pirgo, nomme la rivière
Pallona. * Cor;?. Dict.
1. PlEilïA , contrée de h partie orientale de la Ma-
cédoine , fui le golfe Theimaïque. Ptolomée, /. x.c.
PIE
Sur la côte.
Dans les terres.
.Lydii fluv. oftia t
Pid/ni ,
\ Ahacmonis fluv. ojlia ,
| Dium Colonia ,
Pbarybifluv. oftia ,
'Penei fluv. oftia.
■ Pbylactz ,
.ValU.
Strabon, Excerpt. I. 7. fine, donne des bornes dif-
férentes à la Piérie. 11 ne la commence du côté du midi
qu'au fleuve Aliacmon , 6c la termine du côté du
nord au fleuve Axius. Il nomme les habitans Perio-
T/€.
2. PIERIA , contrée de Syrie, dans la Séleucide,
dont elle faifoit partie. Elle nroit fon nom du mont
Pierius , ou Pieria , que les Macédoniens avoient ainfi
nommé à l'imitation du mont Piérius , qui étoit dans
leur patrie. Voyez, Pieria, n. 5. On ne peut point dire
quelle ville maritime Piolomée, /. j. c. if. donne à
la Piérie ; car dans fa defeription de la Syrie, il fe
contente de rapporter tout de fuite les lieux qui font
le long de la côte , depuis la Cilicie jusqu'à la Phénicie,
fans diftinguer ceux qui appartiennent a la Piérie , à la
Séleucide , 6c à la Cafiotide 11 donne feulement à la
Piérie quatre places dans les terres , favoir :
Pinara , Pagrœ , Syriœ , Pyla.
3. PIERIA, ville de Macédoine, félon Suidas, in
ver bo Kphuv.
4. PIERIA , montagne de Thrace, félon Ortelius,
qui cite le fcholialle d'Apollonius. C'eft fur cette mon-
tagne que demeuroit Orphée ; 6c ce pourroit être la
même que le mont Pangée.
y. PIERIA, montagne de Syrie, ainfi appellée à
l'imitation d'une montagne de même nom en Grèce.
Cette montagne donnoit le nom à une contrée , qui
faifoit partie de la Séleucide. Strabon . /. i G. p. 751. die
qu'elle s'étendoit du midi au nord , 6c alloit fe join-
dre avec le mont Amanus. Ortelius foupeonne que
ce pourroit être la même montagne , que Guillaume
de Tyr, /. 4. c. 10. appelle Mortana Nigra.
6. PIERIA, lieu du Péloponnèfe, au voifinage de
Lacédemone , félon Etienne le géographe , in verbo
"S-OLilùÇ.
7. PIERIA , ville de la Bœotie. C'eft Jean deTzet-
zès , qui en fait mention. 11 ajoute que dans la fuite
elle fut appellée Lyncos , Avyy.oç.
8. PIERIA, montagne de la Bœotie, félon Jean
Tzetzès , ciré par Ortelius.
9. PIERIA. Voye Sileucia.
10. PIERIA SILVA, forêt de la Macédoine, dans
la Piérie. Tite Live , /. 44. c. 43. dit que ce fut dans
cette foret que fe fauva Perfée , après avoir été battu
par les Romains.
PIERICUS SINUS. On appelloit ainfi , félon Thu-
cydide, /. 2-. p. 168. un espace de terre qui fe trouvoit
dans la Piérie , entre le mont Pangée 6c le bord de
la mer.
P1ERIOT.E. Voyez. Pieria, n. 1.
PIERIUS. K*>«. Pierus.
PIERORUMMURI , murailles de la Macédoine , au
voifinage du mont Pangée. Ortelius , qui cite Héro-
dote , dit que ces murailles étoient au nombre de
deux , l'une appellée Niphrage , 6c l'autre Pergame. Je
ne fais de quelle édition Onelius s'eft fervi: celle de
Gronovius appelle ces murailles Mûri Pierum , 6c
porte, /. 7. n. 112. qu'on nommait l'une Phagra , 6c
l'autre Pergamus. Voici le partage en queftion : Xer-
xcs fecundo loco tranftit mur os Pierum , quorum uni
nomen eft Phagra. , alteri Pcrgamo.
1. PIERRE. Mot qui fignifie un corps dur, qui ne
fe liquifie point, 6c que la na'urca formé d'une terre
fimple, fans beaucoup d'altération ; ce mot, dis-je, a
15. la borne au nord par le fleuve Luriias , & au midi été employé dans la géographie, pour défigner des
par le fleuve Penée. Il y met les places fuivantes : forts , des châteaux & des tours bâties fur des rochers.
Des villes même en ont pris le nom, ainfi que di-
PIE
vers autres lieux. Il ell parle dans l'écriture fainte de
diverfes pierres ou rochers remarquables , par quel-
ques événemens particuliers. Les Hébreux ont donné
quelquefois le nom de pierre ou de rocher aux rois .
aux princes, Se à Dieu même. Jofeph dans l'Egypte
devint la pierre d'Ifracl. * Genef. 49 , 24.
z. PIERRE , lieu de France, dans la Lorraine , au
diocèfe de Toul. C'en: une annexe de la paroiffe de S.
Chriftophe , 8c c'étoit autrefois une paroiffe en titre.
On trouve dans fon territoire le prieuré de Saint Ni-
colas de la Rochotte , fondé vers la fin du onzième fié-
cle , par Lutuphle , doyen de l'cglife de Toul. L'évê-
que Pitou en fie la dédicace. Son revenu eft de cinq
cens livres. Il fut uni à l'abbaye de Saint Léon en 1537.
Il y a auffi un hermitage dédié à fainte Reine. Il cil
bâti fur un rocher , au bord de la Mofelle.
3. PIERRE, ou la Pierre, paroiffe de France,
dans la Haute-Normandie, avec titre de baionnie. Elle
cil fituée près de l'abbaye de Saint Victor en Caux ,
un peu au-deffous de la fource d'une petite rivière ,
nommée la Scie. * Cor». Dicl.
4. PIERRE ( rivière de la ) , rivière de l'Amérique
ieptentrionale , dans l'Ole de Saint Domingue , à la
côte occidentale du quartier du nord de l'ifle , près &c
au midi du port à Piment , Se des falines de Cori-
don.
5. PIERRE ANGULAIRE (la). Ceft celle qu'on
met à l'angle du bâtiment, foit qu'on l'explique de celle
qui fe met au fondement de l'édifice , ou de celle qui
fe met au haut du mur. Jesus-Christ eilla pierrean-
gulaire , qui a été rejettéepar les Juifs , mais qui ell de-
venue la pierre angulaire de l'Eglife , Se Piètre qui
réunit la fynagogue Se la gentiiité dans l'union d'une
même foi, d'un même baptême , d'une mêmeéglife. *
Dom Calmet, Diél.
6. PIERRE DE BOHEN , ou Asen-Bohen. La fron-
tière de la tribu de Juda palfoit cie l'Aquilon à Beth-
Araba, Se montoit à la Pierre de Bohen ou Boen,
fils de Ruben. * Jofu é, 1 y , G ; 18, 17.
7. PIERRE-BRUNE, montagne de France , dans le
Limoufin , à fix lieues de Limoges. Cette montagne eil
très-haute. Le fieur de Rodez y trouva en 1703 , quel-
ques mines de plomb Se d'étaim , qui n'ont pas réuffi.
8. PIERRE-BUFFIERE , petite ville de France , dans
le Limoufin , à quatre lieues de Limoges , fur le che-
min de Brive. Elle a le titre de première baronnie
du Limoufin , titre qui lui elt néanmoins disputé par-
la baronnie de Laftours. Elle a été autrefois poffédée
par des feigneurs du nom de Pierre Buffiere , dont la
maifon étoit très-confidérable; mais qui eil à préfent
éteinte. Elle appartient préfentement aux héritiers du
feu marquis de Sauvebœuf. * Pïganiol , Defc. de la
France, r. 6. p. 365.
9. PIERRE CHASTEL, chartreufe de France aune
lieue de la ville de Bellay , bâtie fur la pointe d'un ro-
cher, dans une fortereffe, qui fert de clef à la France pour
paffer en Savoye. Elle a été fondée par Bonne de Bour-
bon en 1592, en exécution du teftament de fon ma-
ri. Les ducs de Savoye l'ont toujours fort confidérée.
Ceft là qu'ils ont donné commencement à l'ordre mi-
litaire de^l'Annbnciade , Se autrefois lorsqu'on y rece-
voir un chevalier, on lui donnoit l'habit de Chartreux,
qu'il portoit tout le jour de fa réception , Se il affi-
ftoit ainfi à l'office. * Voyage de Martenne.
10. PIERRE-CLOS , paroiffe de France , dansla Bour-
gogne , diocèfe de Mâcon. Elle ell fituée dans des
montagnes incultes. Le pays eil couvert du côté de
Mâcon , Se il y a un petit vignoble. Le ruiffeau de
Gosne paffe par cette paroiffe , & y fait tourner quel-
ques moulins.
11. PIERRE-COURT, paroiffe de Fiance, dans
la Haute -Normandie, au diocèfe de Lifieux, entre Ber-
nay , Lifieux Se Cormeilles, près de Marolles. Cette
paroiffe a un château à titre de marquifat.
12. PIERRE DU DESERT, c'eft la ville de Petra.
Voyez. l'article Petra.
13. PIERRE DE DIVISION. Ced le rocher où
David Se fes gens étant affiégés par Saiil , on vint dire
à ce prince que les Philillins a voient fait irruption dans
PIE 97
le pays j ce qui 1 obligea d'abandonner fon cmicpilfe
* I. Keg. 23 , 28 , Sec.
14. PIERRE-ENCISE , ou Pierre-Scize, Petra-
Scijfa , château de France, Se prifon d'état, dans le
Lyonnois, proche de la Sône , vis-à-vis de Lyon. C'é-
toit autrefois la demeure des archevêques de Lyon ;
mais comme il étoit un peu trop éloigné de la cathé-
drale , ils en firent bâtir un autre auprès de cette égli-
fe , Se celui de Piene-Encife fut fort négligé. Louis
XIII , ayant trouvé à propos d'y mettre garnifon,
don Alphonfe du PleiTis - Richelieu , archevêque de
Lyon Se cardinal , en céda la propriété à ce prince ,
moyennant la fomme de cent mille livres , qui fut
employée à l'cmbelliffement du nouveau palais archi-
épiscopal. 11 y a dans ce château un capitaine entrete-
nu , une compagnie de trente hommes d'infanterie , un
lieutenant Se un fergent. * Piganiol, Defc. delà Fian-
ce, t. 6. p. 2J2.
1;. PIERRE D'ETHAN (la), rocher dans lequel
Samfon demeura caché, pendant qu'il faiibit la guerre
aux Philillins. * Judic. 15 , S.
16. PIERRE D'EZEL(la). Ceft la pierre, ou le
rocher, duquel David devoir attendre la réponfe de
fon ami Jonathas. * I. Keg. 19, 20.
17. PIERRE-FITTE , bourg de France, dans l'Or-
léanois , éleélion d'Orléans.
18. PIERRE-FONDS , Vetri-Fons , ville de France ,
en Picardie , au duché de Valois , élection de Crépy.
Il y a une prévôté , un bailliage Se une châtellenie.
Le château qui eft fur un rocher, vis-à vis de la forêt
de Guife , étant échu aux rois de France , devint une
place de bonne défenfe , Se fut rebâti fur fes anciens
fondemens par Louis , duc d'Orléans , comte de Va-
lois , vers l'an 1 300. Il n'écoit pas encore achevé, lorsque
ce prince fut affaffmé à Paris , rue Barbette , au Marais :
ainfi l'ouvrage demeura imparfait Se le château eft de-
puis tombé peu à peu en décadence.
La châtellenie Se la prévôté de Pierre-Fonds reffor-
tiffent au fiége préfidial de Senlis , Se s'étendent d'un
côté jusqu'au Bourget en Parifis, & d'un autre jus«
qu'auprès de Rheims en Champagne. Les environs de
Pierre Fonds font fort agréables.
19. PIERRE ( fort Saint ) , fort d'Afrique , au midi
du Sénégal , fur la rive gauche du Falemé , & a l'ex-
trémité méridionale du royaume de Galam, à un lieu
appelle Kainura. En 1714, le fieur Brue , après avoir
achevé le fort de Mankanet , fit conftruire celui de
Saint Pierre. * Carte du cours du Sénégal & du Falemé t
drejfée fur les lieux , par M. Compagnon.
1. PIERRE- FORT, bourg de France, dans l'Au-
vergne , élection de S. Flour.
2. PIERRE-FORT , feigneurie de France , Se l'un
des anciens fiefs du Barrois. Cette terre, de même que
celle de l'avant-garde , fut comprife dans la donation
que le cardinal de Bar fit à René d'Anjou. Le château de
Pierre-Fort fut bâti en 1514» pour Pierre de Bar, par Re-
naud de Bar, fon frère , évêque de Metz. Pierre de Bar le
laiffaà fon fils Henri, feigneur de Pierre-Fort, dontlefils,
Pierre mourut fix mois après Henri , Se eut pour fuc-
ceffeur fon coufin germain Everard , comte de Deux-
Ponts , fils de fa tante , qui vendit peu après tout ce
qui venoit de cet héritage à Robert , duc de Bar. La
terre de Pierre-Fort fut donnée en fief au comte de
Naffau-Sarbruck ; mais il y renonça l'an 1448, Se il
ceffa d'être vaffal du duc de Bar, qui étoit René d'An-
jou , roi de Sicile. Néanmoins , ce duc de Lorraine ,
héritier du duché de Bar , ne prit pas paifiblement pos-
feffion de Pierre-Fort ; car ce château tomba entre les
mains de Charles, duc de Bourgogne, qui l'unit à fon
duché de Luxembourg ; Se ce fut le fujet de la guerre ,
dans laquelle le duc de Lorraine fut dépouillé pour un
rems de fes états , Se le duc de Bouigogne perdit la
vie ; car Commines dit au chapitre II du quatrième liv.
de fes mémoires , que les Lorrains prirent fur le duc
de Bourgogne, Se râlèrent une place, appellée Pierre-
Fort , aflife à deux lieues de Nanci , qui étoit du du-
ché de Luxembourg, Se qu'ils l'avoient envoyé défier
devant Nuz, c'ell-à-dire, lorsque le duc de Bourgo-
gne afiiégeoit Nuz ; car quoiqualors le véritable pro-
priétaire du duché de Bar fût René d'Anjou , le duc
PIE
974
de Lorraine , fon petit-fils, étoit fou héritier , & jouis-
foit d'une partie du pays. * Longuerue , Defc. de la
France, paru. 2. p. 186.
3. PIERRE-LATTE , bourg de Fiance, dans le
Dauphiné , diocèfe de Saint-Paul-Trois- Châteaux , éle-
ction de Montelimar. Ce bourg qui appartient à M.
le prince de Conti , eft fitué auprès d'un rocher , au
milieu d'une plaine. Il y a dans le château un gouver-
neur fans appointemens du roi.
4. PIERRE D'ODOLLAM (la), rocher où il y
avoit une caverne, dans laquelle David fe retira quand
les Philirtins allèrent camper dans la vallée de Ra-
phaïm. * I. Parai. 11, 1 j.
$. PIERRE, ou Rocher-d'Oreb. C'eft où Gédéon
fît mourir Oreb , prince de Madian.
6. PIERRE-PERCÉE , ancien château de France,
au comté de Salines. Henri de Salmes, fils de Fré-
déric , & petit - fils d'Henti , comte de Salmes , fit
fi mal (es affaires , qu'il fut contraint de vendre à Jac-
ques de Lorraine , évêque de Metz , le château de
Salmes & celui de Pierre- Percée . qui étoit un franc-
alcn. Ce château de Pierre-Percée avoit déjà été 1 éti-
ré des mains des ufurpateurs , par Etienne de Bar ,
évêque de Metz , vers l'an 1 140 ; mais il avoit été peu
après aliéné de nouveau. Il ne demeura guère aux évê-
ques de Metz ; car Henri 8c fes descendans furent fei-
gnems de Salmes & de Pierre Percée , dont ils fai-
foient foi 8c hommage aux évêques de Metz. Les fei-
gneurs de Salmes durant long-tems ne refuferent pas
de s'acquitter du devoir de vaffal. Les descendans
d'Henri de Salmes, qui vivoit en 1258, jouirent de
Salmes & de Pierre-Percée , appellée en allemand Lan-
geflein. Voyez Salmes. * Longuerue , Defc. de la Fran-
ce, part. 2. p. 214.
PIERRE-PERTUIS, Pierre-Pertus. Voyez. Ter-
menez.
PIERRE PONT, village de France, dans le Bar-
fois , diocèfe de Toul , étoit autrefois une fortereffe.
Flodoard en parle fous l'année 937, en difant Gifle-
bert 8c les Lorrains vinrent au fecours de Hugues 8c
Heribeit , contre le roi Louis d'Outremer , 8c pri-
rent le château de Pierre-Pont. Cette fortereffe a fait
J'apanage de quelques cadets de la maifon de Bar,fa-
voir d'Erard, fils de Thibaud II, comte de Bar; de
Thibaud , fils d'Erard ; 8c d'ifabelle , fille de ce dernier
Thibaud. * Hifl. de Toul.
PIERRE-PORT , ou comme quelques-uns l'appel-
lent , Pierre-Pertuis , Petra-Pertufa. C'eft un paffa-
ge célèbre du mont Jura , pratiqué dans le roc. 11 a
quarante fix pieds de traverfe , fur vingt ou vingt-cinq
de haut, entre Bienne 8c la fourec de la Brife , dans
le val de Sergow , à une journée 8c demie de Bâle.
Cet ouvrage eft généralement attribué à Jules Céfar ;
mais il paroît par l'infcription gravée au-deffus , qu'il
n'a été fait que fous les empereurs fuivans , par un
duumvir d' Aventicum , aujourd'hui Avanches, ou Wif
fiisburgen en allemand, pour ouvrir une communica-
tion libre entre les Helvétiens, les Séqnaniens 8c les
Rauraciens, fitués au-delà de ce paffage par rapporta
V Aventicum. Voici l'infcription qui fe lit fur ce roc :
Nu.MINlB. AUGUST.
. . . Um ....
Via Facta ter
Ursom paternum
II. Vir. col. Helvet.
* Notes fur un ancien manuferit de la bibliothèque de
M. de Coibéron , premier préfident au confeil fou-
verain d'Alface.
PIERRE DU SECOURS , c'eft le lieu où les Phi-
lirtins prirent l'arche du Seigneur. * I. Res*. 5,1.
PIERRE DE ZOHALETI I , ou Zoheleth. Ado-
nias immola des béliers , des veaux , 8c toutes fortes
de victimes gvaffes , auprès de la pierre de Zohalcth.
C'étoit , difent les Rabbins, une pierre qui fervoit
aux exercices des jeunes gens, qui éprouvoient leur
force à la rouler ou à la jetter ; car on ne convient pas
tout-à-fait de fon ufage. Voyez. Zach. 12, 3. Une pierre
d'épreuve. * I, Reg. 1,9.
PIE
PÏERRECARD, ou Perrigard , rocher deSuis-
fe ■. dans le Haut-Vallais , au département de Siders ou
Sierre, près du village de Saint Euphémie. 11 y avoit
anciennement fur ce rocher un château fort , mais il
eft démoli depuis long-tems. * Etat & Délices de la
Suffi , t. 4. p. 192.
PIERRES, ou les Pierres , Petrœ, abbaye régu-
lière d'hommes , de l'ordre de Cîteaux , en Fiance, dans
le Berry , diocèfe de Bourges , près de Culant , à une
lieue au levant de la Châtre. Elle eft fille d'Aubepier-
re, 8c fondée par Raoul, prince de Deols,
PIERSHILL , village des Pays-Bas , dans Pille de
Beyeiland , au voifinage de Korndyck. * Ditiiomiaire
Géographique des Pays-Bas.
1. PIERUS , fleuve de l'Achaïe propre. Il uavetfoir,
dit Paufanias , /. 7. c. 22. le territoire de la ville Pha-
Ri€ , 8c c'eft , je penfe , ajoute-t-il , le même qui coule
au travers des ruines de la ville Olenus , 8c que les
habitans de la côte appellent Pirus. Strabon , /. 8. p.
342. qui écrit Peirus , dit qu'on nommoit auffi ce fleuve
Teutheas , 8c qu'il fe jettoit dans l'Acheloiis.
2. PIERUS , ville de Theffalie , félon Ortelius , qui
cite Pline , /. 4. c. 8. mais Pline ne dit point que ce
foit une ville. Il fait entendre au contraire qu'il parle
d'une contrée, qui s'étend depuis PiiERyE jusqu'à la
Macédoine. Le peie Hardouin qui l'entend auffi d'une
contrée , prétend qu'il faut lire Pieris au lieu de Pie-
rus.
3. PIERUS, montagne de la Theffalie, félon Pli-
ne, /. 4. c. 8. Paufanias, /. 9. c. 29. la place dans
la Macédoine , & dit qu'elle tiroit fon nom de Pierus,
qui y établit le culte des Mufes , fous le nom de Pié-
rides. Quelques-uns veulent, ajoute-t il , que Pierus
ait eu neuf filles , auxquelles il donna le nom des
neuf Mufes. Rien n'eft plus connu que la fable des neuf
Piérides, filles de Pierus, roi de Macédoine, qui fu-
rent changées en pies, pour avoir fait un défi aux Mu-
fes. Voyez, les métatnorphofes d'Ovide,/. 5. fab. 5.
Je me contenterai de dire ici de quelle manière cette
fable a été racontée par Antonius Liberalis , Metamorph.
c. 9. Jupiter , dit il, ayant eu commerce dans la Pié-
ric avec Mnemofyne , il en eut les Mufes. Pierus ré-
gnoit alors dans l'Emathie fa patrie , 8c avoit neuf
filles, qui oferent défier les Mufes à chanter, de forte
qu'on vit fur l'Hélicon un combat de mufique. Or
quand les filles de Pierus chantoient, des nuages ob-
feurciffoient tout , 8c rien n'obéiffoit à leur voix : au
contraire, celle des Mufes anêtoit le ciel, les ailres ,
la mer , les fleuves ; 8c l'Hélicon , attendri de plaifir ,
s'élevoit jusqu'au ciel , jusqu'à ce que Pégafe l'en
empêcha , par le confeil de Neptune , en frapant du
pied la cime de cette montagne. Au refte , parce que
des mortelles avoient eu l'infolence d'entrer en dispute
avec des déeffes, les Piérides fuient changées par les
Mufes en des oifeaux , que les hommes appellent en-
core aujourd'hui du nom de colymbes , plongeurs.
Thucydide, /. j. p. $}i. appelle cette montagne Pie-
rius.
4. PIERUS , lac de Theffalie , félon JEWcn , Htft.
Animal. I. 3. c. 37.
P1ESENBORG , beau château dans la Raffe-Autii-
che , il y a des jardins magnifiques, 8c appartient aux
comtes d'Abensborg 8c de Traun.
P1ESTI , c'eft le Paeftum des anciens, où on voit les
plus belles antiquités de toute l'Italie ; il eft à deux
lieues d' Agropoli. Voyez. Pjestum.
PIETON , riche commenderiede Naples dans lss Pays-
Bas , fur les frontières du comté de Namur.
PIETRA-MALA , village d'Italie , aux confins de la
Toscane , 8c de l'Etat de l'Eglife. Kircher dit qu'il a
obfervé que vers le village de Pietra-mala , Pair étin-
celle quelquefois pendant la nuit. Miffon raconte quel-
que chofe d'auffi curieux. J'ai vu , dit-il , proche de
ce village , à un quart de lieue de la route de Flo-
rence à Boulogne , une flamme auffi pure que celle d'un
fagot de menu bois fec , fans aucune odeur , 8c qui
s'élève continuellement au milieu d'un chemin fort dur
8c pierreux , fans qu'il y patoiffe aucune ouverture.
Les très-grandes pluies éteignent cette flamme , mais elle
renaît un moment après plus fort qu'auparavant -, 8c
PIG
les pluies médiocres l'irritent Se la rendent plus belle
ôc plus vive. On appelle dans le pays cette flamme Fno-
go del Legno. Pour voir ce phénomène , il faut laiffer
les chevaux à PietraMala, & aller à pied jusqu'à l'en-
droit en queftion. Un peu en-deçà , ajoute Miflbn ,
entre Pietra-Mala ôc Loyano , au village de Scari-
Calaffino , font les limites de Toscane j les armes du
grand duc fe voien.t fur un côté du poteau , ôc de
l'autre côté font celles du pape.
PIETRA-MAR1ZZI, bourg d'Italie , dans le duché
de Milan , fur le Tanaro , à une lieue au-deffous d'A-
lexandrie. Il eft maintenant réduit en village , & l'on
croit que c'eft l'ancienne Petra-Maricorum. * Buii-
drand , Dict. éd. 1705.
PIETRA-PELOSA , ville d'Italie, dans l'Iftrie , dans
les terres , fur un roc, à cinq milles au midi occiden-
tal de Pinguente , Ôc au voiflnage de Sdrigna.
PIETRA-SANTA, ville d'Italie , dans la Toscane ,
entre l'état de la république de Lucques ôc la prin-
cipauté de Mafia. C'eft aujourd'hui une ville épiscopale ,
cV l'on croit que c'elt l'ancienne ville appellée Lucus
Feroni$. * Magin, carte de la Toscane.
Il n'y a jamais eu d'évêché à Pietra-Santa. La Mar-
tiniere Se Hubner fe font trompés en ce point.
PIETERKOW. Voyez Peterkow.
PIETROVIN, village de Pologne dans le territoire
de Lublin. Plufieurs hiftoriens Polonois racontent que
S. Stanislas , évêque de Cracovie , ayant acheté ce village
d'un gentilhomme nommé Piotrek fans en avoir confta-
té l'acquifition par un acte public , Boleshs II , roi de
Pologne , faifit cette ocçafion pour le perdre. 11 engagea
les parens de Piotrek déjà mort à redemander la terre.
L'évêque affirma avoir acheté ôc payé la terre , ôc
nomma des témoins , mais qui par crainte n'oferent
dépofer en fa faveur. Dans cet embarras le faint fe
transporta au lieu où Piotrek étoit enterré ,il le tou-
cha du bout de fa croffe , ôc lui ordonna de fe lever ,
ôc de le fuivre. 11 le mena devant le roi. Ce mort
reprocha au prince fon injuftice , condamna la com-
plaifance de fes parens , ôc rentra enfuire dans le tom-
beau , où il rendit derechef l'esprit. Un miracle fi
avéré auroit dû convertir Boleslas , il n'en fut que plus
endurci , ôc cet endurciffement le porta à maffacrer lui-
même le pontife au pied des autels. * DlugoJJ. p. 290,
PIEVE , ville d'Italie , dans l'état de Venife, fur la
Piave , entre Trifago ôc Belluno. On l'appelle ordinaire-
ment Pieve di Cadore , parce qu'elle eft la capitale
du Cadorin. * Magin , carte de l'état de Venife.
PIEVE D'INCINO , bourg d'Italie , au duché de
Milan , près du Lambro, à deux lieues de Corne , vers
le midi. On prend communément ce bourg pour l'an-
cienne ville Forum Lïcinii. * Baudrand , Dict. édit.
170;.
PIEUX (les), bourg de France, dans la Normandie ,
au diocèfe de Coutances , élection de Valognes. Ce
bourg a titre de baronnie.
PIEXAN , ville de la Chine , dans la province de
Suchuen , au département de Chungking , cinquième
métropole de la province. Elle elt de 10 d. ^7 m. plus
occidentale que Peking , fous les 29 d. jj m. de latitude
feptentrionale, * Atlas Sinenfis.
PIEXE , lac de la Chine , dans la province de Nan-
king , entre les villes de Hoaigan ôc de Yangcheu. A
l'entrée de ce lac , du côté du midi , eft la ville de
Caoyeu. * Atlas Sinenfis.
1. PIEYANG, ville de la Chine , dans la province
de Honan , au département de Nanyang , feptiéme
métropole de la province. Elle eft de 4 d. 15 m. plus
occidentale que Peking , fous les 33 d. 57 m. de latitude
feptentrionale. * Atlas Sinenfis.
2. PIEYANG , petite ville de la Chine , dans le pays
de Laotung , au département de Tieling. Elle eft de
j d. 47 m. plus orientale que Peking , fous les 38 d.
44 m. de latitude feptentrionale. * Atlas Sinenfis.
PIFANO ( capo de San ) , cap de l'ifle de Chypre.
Voyez, Crusocco.
PIGELA5US , ville de la Carie , félon Etienne le géo-
graphe.
PIGINDA , ville de la Carie. C'eft Etienne le géo-
graphe qui en fait mention.
PIG 97/
PIGNAN , bourg de France dans la Provence , entre
le Luc au nord ôc Hieres au midi , dans le diocèfe de
Frejus. 11 y a un chapitre de chanoines réguliers , de
I ordre de Saint Auguftin , fous le titre de l'Afiomption
de .la Sainte Vierge. Ce chapitre étoit fondé dès le
fixieme fiecle. 11 eft compofé d'un prévôt , de cinq
autres dignités , ôc de douze chanoines , outre plufieurs
autres eccleliafiiques. Le prévôt eft feigneur du bourg.
II y a encore des Cordelieis & des Urfulines , outre
quatre chapelles, hors des murs. L'air de ce bourg eft
tres-fain ôc la campagne fort-belle. Elle eft arrofee de
plufieurs ruiffeaux ôc fontaines qui font tourner plu-
fieurs petits moulins , dont les uns fervent à fouler des
draps , les autres à battre du cuivre , ôc d'autres à faire
du papier. Le terroir eft fort abondant.
PIGNEL. Voyez. Pinhel.
PIGNEROL , Pinarolium , ville d'Italie , dans le
Piémont, à l'entrée de la vallée de Péroufe,fur la ri-
vière de Chiufon , ou Clufon. Ce n'étoit autrefois
qu'un méchant bourg , que Thomas , comte" de Sa-
voye , commença de faire fortifier pour la fureté du
Piémont , dont il défendoit l'entrée. La ville eft petite j
mais fort peuplée. Elle paffa en 1040, ou 1042, dans
la maifon de Savoye , par le mariage d'Alix , fille de
Mainfroi , marquis de Suze , avec Amédée II , comte
de Maurienne. François I s'en rendit maître en 1^36,
& la conferva par le traité de Câteau-Cambrefis ,
à caufe des prétentions qu'il avoit contre le duc de
Savoye ; mais il fut dit que ces prétentions fetoient ré-
glées dans trois ans , ôc que ce tems expiré , la place
feroit rendue au duc Charles IX. Preffé en i;6i , d'exé-
curer ce traité, il remit à Emmanuel Philibert Turin,
Quiers , Chivas Ôc Ville neuve d'Alt ; mais il retint
Pignerol , qu'Henri III rendit contre l'avis de fon
confeil au duc de Savoye l'an 1574. Ses Succeffeurs
la conferverent jusqu'en 1630 , qu'elle fut prife le
20 Mars par le cardinal de Richelieu. On convint par;
le traité de Ratifbonne du 3 Octobre de la même
année , qu'elle feroit rendue au duc de Savoye. Ce traité
fut confirmé par celui de Quierasque du 6 Avril 163 1.
La garnifon en fortit le 20 Septembre ; mais par un
traité fecret du 30 Mars , conclu à Quierasque , le
duc de Savoye avoit entièrement cédé cette place au
roi. Cependant il feignit de la remettre en dépôt pour
fix mois par le traité de Mitefleur du 19. Octobre
1631 , pour ne pas donner d'ombrage aux Espagnols.
Enfin il déclara par le Traité du ; Juillet 16} 2, qu'il
la remettoit au roi en toute propriété Ôc fouveraineté.
L'empereur prétendit que le duc de Savoye n'avoit pu
vendre cette ville au roi de France , patee que c'étoit un
fief de l'Empire ; mais tous les jurisconfultes allemans
demeurant d'accord que les princes ôc autres vaffaux
de l'Empire peuvent aliéner leurs fiefs fans le confente-
ment de l'empeieur , l'Empire céda depuis à la Franco
par les traites de Weftphalie tous les droits qu'il y
pouvoit avoir. D'ailleurs la plus grande partie des doc-
teurs des plus célèbres univerfités d'Italie, foutiennent
que Pignerol eft un franc-aleu ; parce que fi c'eût été
un fief de l'Empire , Alix de Suze n'auroit pu faire
donation en 1078 , à l'abbaye de Pignerol , qu'elle
fonda en 1064 , d'une partie du domaine de cette ville >
qui confiitoit en la moitié du château de Pignerol Se des
villages des Portes , Touron , Malavor , Villars, Villarer,
Pragelas ôc autres. Cette abbaye qui étoit de l'ordre de
faint Benoît a été érigée en évêché en 1749. Pendant
que Pignerol demeura entre les mains des François,
ils la fortifièrent fi bien , qu'elle pafibit pour une des
meilleures places de l'Europe , & fervoit même de
prifon aux criminels d'état -, mais ils la démolirent
avant que de la rendre au duc , en exécution du traité
de 1696. La citadelle avoit été bâtie avec foin furie
fommet de la montagne, Se outre cette citadelle il y avoit
le château de Peroufe qu'on avoit bâti à l'entrée de
la vallée de ce nom , pour empêcher les approches
qu'on auroit pu faire de ce côté-là ; enfin on avoit
conftruit au deffus de Pignerol le fort de Sainte Bri-
gitte , qui tint quinze jours en .1693 , contre les efforts
des Alliés. Ils bombardèrent enfuite la ville de Pigne-
rol ; Se voilà à quoi fe bornèrent les deffeins qu'ils
PIL
976
avoient formés contrecette place. * D'Audifrel , Géogr.
anc. & mod. t. 2. p. 405. La Forêt de Boiirgon , Géogr.
Hift. t. i.p. 4S8-
La Banlieue de PIGNEROL comprend Riva ,
Baudenasco , Biacosco fupérieur , Cofta gtande 8c fon
finage, les villages de l'Abbaye , & le Valdelemie avec
leurs finages ; le village 8c fort de la Péroufe, Pinna-
che, Villars , les Poires, le grand & petit Diblon , avec
routes les terres fituées dans la vallée de la Péroufe ,
qui font fur le côté gauche de cette vallée en allant
de Pignerol à Pragelas , 8c au-delà de la rivière de
Chiufon.
PIGNEY , ou Piney , Pigneium , ville de Fran-
ce , dans la Champagne , élection de Troyes. Ce n'é-
toit autrefois qu'une baronnie , qui fut érigée en duché
par le roi Henri III, au mois de Septembre i$j6 ,8c
depuis en pairie au mois d'Octobre ij8i , en faveur
de François de Luxembourg, 8c de l'es enfans maies 8c
femelles. Cette duché-pairie étanc tombée dans une
des branches de la maifon de Montmorency , par le ma-
riage de Magdeléne -Charlotte - Bonne - Thérefe de
Clermont , fille de Charles - Denis de Clermont-Ton-
nerre , 8c de Marguerite - Chailotte de Luxembourg,
avec Henri de Montmorency , comte de Bouteville en
1661 , ce dernier obtint du roi des lettres - parentes
au mois de Mars de la même année , portant transla-
tion de ce duché en fa perfonne , avec confirmation
de duché-pairie , 8c il fut reçu au parlement en cette
qualité le 2 2 de Mai 1661. Il prétendit depuis avoir rang
avant tous les ducs , dont les érections font poité-
rieurcs ; 8c ce fut le fujet d'un grand procèi , qui a
été décidé par l'édit du roi de l'an 171 1, par lequel
il n'a rang que du 22 de Mai 1662. * Pigamol , Defcr.
de la France , t. 3. p. 333.
PIGNISUS , lieu de la Galatie ; Scrabon , /. 12. p.
568. le met au voifinage de la Lycaonie.
PIGN1US : Ortelius , qui cire Gyraldi , in Hercule ,
dit que ce fut par le moyen de l'inondation de ce fleuve
qu'Hercule nettoya l'érable du roi Augias. Voyez. Augl/e
Stabulum. Ce fleuve éroit dans le Péloponnèfe , 8c il fe
pourroit faire que ce feroit le même que le Peneius.
PIGNOL , village du pays des Grifons , dans la Li-
gue haute ou grife , 8c dans la communauté de Schams.
Ce village eft affez confidérable , 8c on y trouve de
bons bains. * Etat & Délices de la SuiJJc, t. 4. p. ij.
PIGRETEM FLUVIUM. On trouve ce nom , dit
Ortelius , dans les exemplaires latins de Xénophon ;
mais le texte grec porte Tigris , 8c non Pigris.
PIGRUM MARE. Voyez. , au mot Mer , l'article
Mer Baltique.
PIGUNTI.E. Voyez, Pecuntium.
PIHACHIROTH Voyez. Phi Hairoth,
1. PILA : ville de la PalefHne : Ululate , Habitatores
Fila , Sophon. 1. i.I. L'hébreu porte : Habitatores
Matbtès ou Habita ns de la Dent Macheliere , ou
Habitant du Mortier. ( a ) Macbtès fe mec pour une
dent macheliere, dans l'Hiftoire de Samfon,où il eft
dit que ce héros but de l'eau que Dieu lui fit forrir
d'une dent macheliere , ou d'un rocher qui en avoir
la forme. Le lieu , où cela arriva , conferva le nom
de Lecbi ou de Macbtès > 8c il eft aflez croyable que
c'eft à ce lieu que Sophonie adreffe ces paroles : Jet-
tez des cris de douleur , Habitans de Machtès. Philis-
tins , Habitans de Macbtès , vous allez être ravagés.
Voyez, l'article Lechi. D'autres inrerprétes (b) croient
que Macbtès fignifie dans l'endroit cité de Sophonie ,
la ville de Jérufalem , qui eft nommée dans un fens
figuré , le Mortier , dans lequel dévoient être broyés
8c mis en poudre tous ceux qui s'y renconneroienr ,
au tems de fa prife par Nabuchodonofor.S. Jérôme fem-
ble croire que Macbtès étoit un quartier de Jérufalem ,
près de la fontaine de Siloé. Ce quartier pouvoir être
nommé le Mortier, à caufe de fa profondeur. Le Rab-
bin Salomon l'explique de Tibériade , à caufe qu'elle
éroir fituée dans l'endroit le plus creux du pays. Le
Chaldéen l'entend de la ville de Cédron. (a) D.Cal-
met. Dicr. {b) Sanil. Tain. Ribera , &c.
2. PILA , montagne de France , aux confins du
Lyonnois 8c du Forez , dans l'élection de Saine Etienne,
entre Saint Chaumont , Condrieu , Saint Etienne 8c
PIL
Argental. Cette montagne s'étend en long du midi oc-
cidental au nord oriental. * Sanfon , Carte du Lyon-
nois.
3. PILA ; mot perfan qui fignifie porte. Les Perfans
appellent ainfi cerrains paflages forr étroits qui fe trou-
vent dans de très-hautes montagnes , qui féparent la
province de Gilan ou Kilan de la Perfe. * Hijf. générale
des Tatars.
FILA TERREE : Vairon , cité par Ortelius, donne
ce nom au globe de la Terre.
P1LACA , rivière d'Italie , dans la Calabre ulrérieure.
Elle a fon cours du nord au fud,& fon embouchure
dans la mer Ionienne , m>n près du cap délia Colonne ,
comme le dit Corneille , après Maty ; mais entre Cabo di
Riz.z.uto 8c Cabo di Jacopini. * Magin , carte de la
Calabre ulcér.
PIL/E. Voyez. Pylje.
P1LARTES. Voyez. Pylartes.
1. 11LATE ( le Mont de). Voyez. Frakmont.
2. P1LATE ( la Plaine de ). Voyez l'article fuivant.
3. PILATE (le Trou de ) -, c'eft un partage , dans
l'ifle de Saint Domingue , entre des montagnes. Ce
paflage communique du Porr Sainr François 8c de la
côte du nord de l'ifle à la rivière d'Artibonite. Il y a
aux environs de ce trou une belle plaine , qu'on appelle
la Plaine de Pilate. Elle eft arrofée de la rivière,
nommée les trois Rivières.
l'ILAlJ ou Fillau , village de Pruffe,dans le Sam-
bland,a l'entrée du Frisch-Hawen. Il eft remarquable
par fa douane , 8c par fon port , d'où en remontant la
Piegel , on remonte à Konigsberg , qui n'en eft qu'à
fept milles par eau : car par terre la route eft plus
longue Quand de cetre ville on vienr au Pilau à un
mille de Konigsberg , on entre dans une épaille forer
de lapins, qui dure trois milles jusqu'à Fotckbeim , 8c de
la un mille jusqu'à Fischhaufen ; de-là un mille au village
de Lochfteu , où eft un château , 8c enfin un bon mille
de-la jusqu'au Pilau , toujours au travers des bois. Le
Pilau n'eli habité que par des pêcheurs, & on y pêche
l'elturgeon en quantité. Auprès du village eft une mon-
tagne ronde , couverte de bois , fur laquelle eft une
jolie maifon , où demeure le commis de la douane ;
devant elt une place verte , d'où l'on voir tout le port,
8c fur le mole la forterefle jusqu'en pleine mer. Tous
les vaifléaux qui arrivent doivenr envoyer au commis.
Le mole dont on vient de parler eft une hauteur d'une
terre fablonneufe, d'une centaine de pas de largeur , qui
s'avance comme un bras, 8c au bout de laquelle il y
a un fort avec garnifon , pour arrêter tout ce qui
paffe , à moins qu'on ne foit en état de la forcer , com-
me fit Guftave Adolphe, roi de Suéde, en 1626. Le
port eft beau 8c grand, 8c appartient au roi de Prufle,
à qui la douane de ce village apporte un bon revenu.
On y amafle beaucoup d'ambre aux environs , fur-tour
après les tempêtes.* Zcyler , Pruff. Topog. p. 42.
PILCOMAYO , ou Rio Filcomayo, grande rivière
de l'Amérique méridionale. Elle prend fa fource dans
la province de los Charcas : du milieu des montagnes
qui font au nord du Potofi , elle reçoir enfuite la petite
rivière de Cachimayo ,qui pafle auprès de Chuquifaca ,
capitale de la province ; rraverfe rout le Chaco , au
fortir duquel elle fe partage en deux branches qui fe dé-
chargent à fix lieues de diftance l'une de l'autre dans
le Paraguay; l'une fous le nom d'Uruguay, neuf lieues
au-deflbus de l'Affomption ; 8c l'autre , qui garde le
nom de la rivière ,fix lieues plus bas , vers les 26 d. de
latitude fud. * Le P. Cbarlevoix , Hift. du Para-
guay.
1. PILE , bourgade de l'ifle de Chypre , dans la partie
méridionale de l'ifle , fur un cap de même nom. On
croit que c'eft l'ancienne Tbroni. Voyez. Throni.
2. PILE. Voyez. Pyl^ 8c Pylos.
PILE DE SAINT MARS , monument ancien , en
France , dans la Touraine , à une lieue au-deffus de
Langeai, près du château de Saint Mars. C'eft un pilier
de briques fi dures, qu'on le dir à l'épreuve du canon.
La tradition veut que ce foit Céfar qui l'ait fait bâtir ,
de même que celui du port de Pile , fur les limites
de la Touraine 8c du Poitou. * Figaniol , Defcr. de la
France, t. 7. p. 44.
PILE ATI,
PIL
PILEATI , peuples compris au nombre des Goths ,
félon Orcelius , qui cite Jornandès , & qui leur donne
le titre de gêner of a Gens ; mais Jornandès dit feule-
ment que Dicenus choifit parmi les Goths les plus no-
bles Se les plus prudens , à qui il enfeigna la théolo-
gie , leur confcillant de s'adonner au culte de quelques
divinités , Se d'avoir des oratoires. Jornandès ajoute
que Dicenus fit de ces gens -là des prêtres , à qui il
donna le nom de Pileati , à caufe de la coëffure donc
ilsfe couvroient la tête dans les facrifices, Voici le paflage
en queftion : Elegit namque [ Dicenus ] ex eis [ Gothis ]
tune nobilijjmos prudentiorcs viros , quos Tbeologiam
injlruens , Nurnina qu&dam & Sacella venerari fuafit ,
fecuque Sacerdotes , nomen Mis Pileatorum contra-
dens , ut reor , quia opertis capitibus Tiaris , quos Pileos
alio nomine nuncupamus > litabant ; ainfi le nom de
Pileati n'a aucun rapport à la géographie.
PILE MELLARou Saint Sauveur ;Pila-Mei.i.ariÀ :
abbaye de filles , au diocèfe de Cordoue en Espagne.
PILERA , rivière de Pologne. Voyez. Filtra.
PlLESCH. ^«.PiTESK.qui eftla vraie orthographe;
PILEUM , village d'Italie, dans la Pentapole, félon
Paul Diacre , cité par Ortelius. Cependant on ne lie
pas dans Paul Diacre que Pileum ou Pilleus fût dans
la Pentapole : il dit feulement que lorsque l'armée de
Liutprand eut du défions pour la féconde fois » Liut-
prand étoic dans la Pentapole: Rcge , dit-il, in P enta-
poli demorante. * Longobard. 1. 6. c. 54.
PILGRAM , ville royale de Bohême , dans le cercle
de Buchen. Cette ville ell remarquable par le goût
qu'ont naturellement fes habitans pour les feiences &
la littérature.
PILGRI, Voyez. Peligni.
PILIER , ifle de France, fur la côte de Bretagne, à
l'embouchure de la Loire. On a bâti dans cette ifle
une tour pour défendre l'entrée de la rivière aux cor-
faires.
PILIERS ( le Cap des ). Voyez. Désiré i.
PILLAC , bourg de France , dans l'Angoumois , élec-
tion d'Angoulême.
PILNITZ, ancien château royal dans la Misnie , fur
l'Elbe , à cinq lieues de Dresde.
1, PILON ( Le ) i nom que l'on donne en France à une
petite plage , fur la côte de Provence , vers le cap de
la Garoupe.du côté du nord efi. On y peut mouiller,
lorsque les vents font à l'eft-nord-eft. Il y a quatre à cinq
bradés d'eau , fond d'herbes vafeux. On peut même
porter des amarres à terre , prenant garde de ne pas
trop s'approcher de la côte , près de laquelle il y a quel-
ques roches aux environs. * Miche lot , Portulan de la
Méditerranée , p. 82.
2. PILON , petit royaume de la Tartane dans le pays
d'Igour. 11 avoit pour capitale Kien-ton Kouetching dans
la montagne Lien-chan à l'orient. Sous les premiers
Khans on y comptoit 227 familles , 1387 perfonnes &
422 foldats : il étoit à 8680 li de Signanfou , à 487 fud-
oueft du gouvernement Chinois.''' Hift. génér. des Huns,
j. PILON, autre petit royaume de laTartarie^aufli dans
le pays d'Igour. Sa capitale étoit nommée Fan Kin-Loui-
Ka-tching. Sous les premiers Khans on y comptoit 461
familles, 11 37 perfonnes, 350 foldats. Il étoit éloi-
gné de 8710 li. de Signanfou. A l'orient ce pays
confine à celui de Jou-lie-fu , au nord aux Xiong Non,
à l'occident au royaume de Kio , Se au midi à celui
d'Igour. *HiJl. génér. des Huns, par M. de Guignes.
1. if.
PILORUS, ville qu'Etienne le géographe place dans
la Macédoine , aux environs du mont Athos, Ortelius
foupçonne qu'il y a faute dans Etienne le géographe ,
Se qu'il faut lire Pidorus , à quoi il y a grande apparence.
Voyez. Pidorus.
PILOUTU , ville de l'Inde dans la province de
Sinde : elle eft fituée fur une haute montagne. Son ter-
roir abonde en dattiers Se en jardinages: l'Inde pafie
auprès. * Manuscrits de la bibl. du roi..
PILSEN , ville de Bohême , en latin Pelfina , &
PeliÀna. Elle eft aflez belle , Se fituée aux frontières
du haut Palatinat de Bavière , dans un cercle dont elle
eft la capitale , Se qu'on appelle Pilsner Krais , entre
deux petites rivières , favoir la Mifa Se la Watta , qui
PïL 577
fe réunifient ait-deflbus de cette ville. Au couchant
Se au midi elle cil; defenduepar un boulevard , accom-
pagné d'an bon foflé ; au dedans du foffé il y a de bonnes
murailles , avec des tours Se des baftions. Comme le
fond eft de roche, il eft difficile de la miner. Il y avoit
d'aflez beaux fauxbôurgs; mais durant le fiége de 16 18 ,
ils furent biûlés entièrement , Se la ville entière a beau-
coup fouffert dans les différentes guerres de Bohême,
ayant été prife , reprife , Se incendiée plufieurs fois.
* Zcyler , Boh. Top. p. 8 1 .
PILSNA, Pilsno, ou Pilczna, ville de la petite
Pologne , dans le palatinat de Sandomir , aux confins
de celui de Cracovie , fur une petite rivière qui fe
jette dans la Wiftule. 11 y a dans cette ville une fort
belle éghfe. * Atlas , Robert de Vaugondy.
Le Territoire de PilsnA comprend entre autres
places :
Zarnowitz ,
Sechow ,
Lezâizko.
Przezlau ,
Zaclycin,
PILTEN jOuPïltyn , ville du duché de Courlan-
de , fur larivierede Windaw , entre Goldinge Se le fort de
Windaw. Vers l'an 1 2 1 9 , waldemar , roi de Dane-
marck, ayant conquis la plus grande partie delà Livonie,
Se la Courlande , voulut établir un évêché dans
fes quartiers , fous la métropole de Lunden ; Se com-
me les Danois étoient en différent fur le lieu où l'on bâ-
tiroit un château pour la réfidence de l'évêque , il or-
donna de le conftruire dans l'endroit où le Pilten ,
c'çil-ï-due , garçon envieux danois , étoit debout. C'eft
de-là que le diocèfe eut le nom de Pilten. Quoique la
Livonie , & l'évêché de Courlande fuflent établis mem-
bres de l'empire Germanique , les chofes demeurèrent
dans leur état jusqu'en 1 j 59 > que le dernier évêque
de Pilten , épouvanté de l'irruption des Moscovites,
vendit les deux évêchés de Pilten Se d'Oefel à Fride-
ric II , roi de Danemarck, qui les donna eh apanage
à fon frère Magnus , duc de Holftein. Comme ce prin-
ce étoit luthérien , il fécularifa cet évêché , Se con-
féra de grands domaines à la noplefie , & à fes dome-
ftiques , qui cultivèrent , Se fournirent fi bien le pays de
bétail , en y introduifant le commerce , qu'ils le ren-
dirent une des plus confidérables provinces de ces quar-
tiers. * Defcr. de la Livonie , Lettre 15.
Lorsque Godhard > dernier grand maître de l'ordre
Teutonique , fournit la Livonie à la Pologne , il fut
ftipulé que le roi Sigisinond Augufte joindroit le pays
de Pilten au duché de Courlande ; que Magnus , duc
de Hojfteih , fe contenteroit du château de Sounen-
bourg , en échange de l'évêché de Courlande , Se que
le grand-maître Godhard jouiroit de l'évêché de Cour-
lande Se du refte de la Courlande.
Après la mort du duc Magnus, arrivée en 1583 ,
Godhard , duc de Courlande , propofa à ceux de Pil-
ten de fe fou mettre à fon gouvernement Se de fe réu-
nir à la couronne de Pologne : fur leur refus les Po-
lonnois prirent les armes ; le roi de Danemarck fe
préparait à défendre ceux de Pilten , lorsque Geor-
ge Frideric , margrave de Brandebourg Se duc de
Prufie » ménagea un accommodement. Il fut dit que
le pays de Pilten feroit rendu au roi de Pologne; Se
comme les habitans avoient depuis plufieurs années
embraiïé la confeflîon d'Aufbourg, on conferva la re-
ligion en fon entier. D'autre pair , le roi de Pologne
devoit payer au roi de Danemarck la fomme de
trente mille écus. Le margrave de Brandebourg comp-
ta l'argent , pour lequel on lui donna en hypothèque
la ville de Pilten. En 1617 ,on transporta l'hypothèque
à la margrave de Brandebourg- Anspach , fœur de Chré-
tien , duc de Lunebourg Se de Brunswick. Mais un
gentilhomme de Courlande, nommé Maydel , ache-
ta ce domaine de la margrave , en acquittant l'hypothè-
que , Se la jouiflance lui en fur confirmée par le roi
de Pologne , fous le titre de Srarofte de Pilten.
Depuis ce rems , la maifon de Courlande a tâche
de recouvrer fon droit , Se de faire valoir fes préten-
tions fur cette province , par la voie de droit. Elle A
T9m.IV. Hhhhhh
978 PIL
obtenu plufieurs décrets favorables dans les cours de
juftice , & dans les diètes de Pologne. Mais une par-
tie de la noblefle de Pilten refufa opiniâtrement de s'y
foumettre: les uns vouloient dépendre immédiatement
de la couronne de Pologne , 8c travailloient à ériger
une cour de juftice entre eux, 8c dont on pounoit
appeller au roi de Pologne. Les autres , qui étoient d'un
fentiment plus favorable , vouloient bien reconnoitre la
jurisdisetion du duc -, mais ils lui lioieht tellement les
mains , 8c rognoient fes droits de telle forte , qu'ils
ne lui laiflbient que le nom de fouverain. Ce différent
a duré plufieurs années , & à coûté des fommes
uès-confidérables aux ducs de Coui lande ., outre que
cette aPaire a été une fuite continuelle de brouille-
ries : car quand le pays étoit menacé de guerre , ou d'in-
vafion , ou de quartiers 8c de taxes par la Pologne ,
la noblefle étoit bien aile alors de fe foumettre au
duc , 8c de rechercher fa protection.
Dans la guerre entre la Pologne & la Suéde en 16$ 6,
les Suédois prirent des quartiers dans le pays de Pil-
ten, comme province de Pologne. Jacques, duc de
Couilande , le foulagea de ce pefant fardeau , en
payant une iomme d'argent aux Suédois -, 8c le fit jouir
de l'avantage de la neutralité , qui fut cependant vio-
lée quelque tems aptes par les Suédois. La paix ayant été
conclue en 1660 , la noblefle de Pilten fe fournit
au duc par le traité de Grobin , à des conditions très-
avantageufes , en attendant qu'on obtînt le confente-
ment du roi de Pologne. Maydel garda la ville 8c le
bailliage de Pilten , & le duc ayant racheté tous les au-
tres domaines engagés, obtint, par un acte de la cou-
ronne 8c de la république de Pologne , la fouveraine-
tédetoute laprovince, qu'il conferve encore aujourd'hui.
Quelques gentilshommes mécontens prirent néanmoins
occafion de plufieurs claufes de cet acte, & de diffé-
rentes explications qu'ils y donnoient , pour en fus-
pendre l'exécution. D'un autre côté , les Polonois ,
qui étoient bien aifes de tenir l'affaire en fuspens, fa-
vorifoient ces mécontentemens , 8c enfin le clergé
réclama le pays de Pilten , comme un évêché dépen-
dant du fiége de Rome. En effet à la faveur des lettres
monitorinles du pape , on établit un évêque fur la
partie de la Livonie , qui appartenoit à la Pologne,
& fur Pilten , 8c il intervint un acte de la républi-
que de Pologne , qui nommoit des commiffaires pour
examiner le différent , ôV en remettre la décifionau roi.
Lorsque les commiffaires furent arrivés à Pilten , 8c
qu'ilseurent fait citer les parties devant eux , les nobles pro-
tégèrent contre la procédure , comme étant directement
contraire à leurs privilèges , & à l'accord fait entre le Da-
nemark 8c la Pologne. Alors ils prirent tous le parti du
duc , fortirent de Pilten , après avoir laiffé dans la ville un
lieutenant colonel , avec quelques troupes. Les com-
miffaires ne laifferent pas de décider en faveur de l'é-
vêque ; mais la fentence ne fut point exécutée. Le roi
Jean III , à qui la république avoir remis la déciflon
finale de l'affaire, s'en tint toujours à délibérer, &
mourut fans confirmer la fentence ■> de forte que l'af-
faire elt demeurée indécife. Cependant les ducs de
Courlande fe font maintenus dans la pofleflion de cet-
te province , Se y ont établi une cour de juflice , qui
juge des différens de la noblefle 8c du bourgeois. Dans
toutes fortes de caufes 8c de procès on eft obligé de
comparoîrre devant cette cour , qu'on appel'e la Cour
de première ïaftance , parce qu'on appelle delà au
duc.
Comme la noblefle de Pilten a joui pendant un
grand nombre d'années, dans un pays fi fcirle, des
douceurs de la paix , elle a eu le rems & le moyen
de s'enrichir, à la faveur d'une espèce d'indépendan-
ce. Le voifinage de la mer lui eft d'un grand avan-
tage. Elle a la commodité de faire débiter fes den-
rées, 8c principalement le froment que le pays pro-
duit en abondance , 8c qui eft fort recherché par les
Hollande^ à caufe de fa bonté. Tous les ans ils vien-
nent le prendre avec leurs vaiffeaux & l'achètent argent
comptant. Il n'y a point aujourd'hui de différence en-
tre la noblefle de Couilande, de Semigalle & de Pil-
ten. Leurs biens, leurs terres & leurs familles font mê-
lés enfemble par des alliances réciproques ; de forte
PIN
qu'elle ne fait plus en quelque manière qu'une mê-
me nation.
Voici le nom des fortereffes que Matthias Strubycz,
Livoma. Ducat. Defcr. c. 4. § 1. met dans le pays de
Pilten :
Pilten ,
Edwalen ,
Hafenpot ,
Angermont,
Irven ,
Dondangen ,
Neuhaus ,
Ambothen ,
Dalfe,
Sacke.
PILTZA , Pitzia , 8c PilcA , rivière de Pologne.
Elle a fa fource aux confins du palatinat de Cracovie
8c de celui de Sandomir , près de la fortereflè de Pilcza ;
& elle va fe perdre dans la Wiftule , à quelques mil-
les au-deflus de Varfovie , proche de la ville de War-
ka. * Andr. Cellar. Defc. Polon. p. 181.
PIMBES , ou Pimbou , bourg de France , dans la
Guicnne, au Turfan, fur le Gavas , entre les villes
d'Aire 8c de Pau. 11 y avoit autrefois une abbaye de
même nom , Beata Maria de Pimbo. Cet! préfente-
ment une églife collégiale. * Atlas , Robert de Vau-
gow'.y.
PIMBEUF, ville 8c port de mer de France, fur la
côte de Bretagne , à fept lieues de Nantes , fur la Loi-
re ; c'eft là où les vaiffeaux trop confidérables pour pou-
voir monter jusqu'à Nantes , ont coutume de déchar-
ger leurs maichandifes.
FIMEVILLE , bourg de France, dans l'Anjou,
élection de la Flèche.
PIM1TEOUI , petit lac del'Amérique feptentrionale,
dans la Nouvelle France. Ce n'elt qu'un élargiflèment
affez peu confidérable de la rivière des Illinois , qui
n'a guère que deux à trois lieues de long , fur une
lieue de largeur , à quinze lieues ati-deflous du rocher.
Les Peorias , nation Illinoife , ont eu long - tems
une affez grofle bourgade au-deflbus du lac Pimiteoui,
à l'entrée d'une belle 8c large prairie qui eft fur la
droite. Depuis quelques années harcelés (ans cefe par
les Outagamis ou Renards, ils fe font retirés aufli bien
que les Illinois du rocher , fur le Mifliflipi auprès des
Kaskas Kias.
PIMOL1SA , lieu de la Cappadoce , dans le Pont.
Etienne le géographe, qui le place en-deçà du fleuve
Halys , dit que ce lieu étoit fortifié , & qu'il donnoit le
nom à la contrée Pimolifene. Voyez 1 article fuivant. Cé-
drene qui écrit ri!i//oA<Vs-a , ajoute que ce lieu étoit
figue fur un rocher. .
PIMOLISENA , contrée de la Cappadoce , dans
le Pont , aux environs du fleuve Halys , félon Srtabon ,
/. 12. p. 561 8c 561. qui dit qu'elle prenoit fon nom
d'une fortereflè royale , appellée Pimolis^e , 8c qui
étoit détruite de fon tems.
P1MPLA , Pimpleius, ou Pimpleus , montagne
que divers géographes joignent avec l'Hélicon, 8c qu'ils
difent avoir aufli été confaciée aux Mufes ; ce qui fait
qu'Horace , /. î.Od. 26. en s'adreilant à fa Mufe t'appelle
Fimplca dulcis; 8c ce qui afaitdire à Catule, Carm. ioj.
Pimpleumfcanderemontem. Mais peut -être , dit Cella-
rius , Geogr. ant. I. 2. c. 1 3. feroit-il plus naturel "de
placer cette montagne dans la Piérie , province ce
la Macédoine > parce que Strabon , /. 10. p. 471.
dit que ce furent les Thraccs qui confacrerent aux
Mufes la Piérie 8c les monts Olympe , Pimpla 8c Li-
bethrus : mais que de fon tems les Macédoniens pos-
fédoient tous ces lieux, à moins qu'on ne diiè que,
comme il y eut dans !a Macédoine 8c fur l'Hélicon
des antres des Libéthrides , confacrés aux Mufes.de
même les Thraces purent confacrer dans les deux en-
droits deux montagnes nommées Pimpla , & deux fon-
taines chacune fous le nom de Pimpleius. Feflus , /. 14.
remarque que les Mufes furent appellées Pimpleides , du
nom d'une fontaine de Macédoine, qui avoit étéainfi
nommée à caufe de la légèreté de fes eaux.
PIMPRAMA , ville qu'Amen, de Expid. Alex.
/. 5. n. 11. place vers la fource du fleuve Indus.
1. PIN .abbaye de France , dans le Poitou, à deux lieues
de Poitiers , entre cette ville & Montreuil Bonin , dans
ur.e belle vallée, fur un ruifleau qui va à Poitiers. C'eft
PIN
une abbaye d'hommes de l'ordre de Cîteaux j filia-
tion de Pontigny. Elle fut fondée en 1 1 20 , fous le
nom d'abbaye de S. Benoît du Pin par Géraud de Sa-
la. Ticio de Bares fut l'un de fes plus illuftres bien-
faiteurs. Elle eft en régie , ôc vaut en tout fix mille
livres de rente. Ses bâtimens font neufs ôc beaux.
2. PIN , bourg de France > dans le Perche , au dio-
cèfe de Scez.
3. PIN , montagne de la Chine, dans la province
de Suchuen , près la ville Guei. Cette montagne eft
fi élevée qu'on lui donne communément jusqu'à foi-
xante ftades de hauteur. C'eft dans cette montagne que
prend fa fource le grand fleuve Kiang. * Atlas Sinen-
fis.
4. PIN , ville & fortereffe de la Chine , dans la
province de Channton , au département de Cinan ,
première métropole de la province. Elle eft d'un de-
gré 22 min. plus orientale que Péking, fous les 37
PIN 979
nés , par les Aetiches , ôc par les Perhebes. Elle fépa-
roit la Macédoine , la Theffalie & l'Epire. Le Pinde ,
dit Strabon , /. 9. eft une grande montagne , qui a la
Macédoine au nord . les Perhebes au couchant ; les
Dolopes au midi, ôc qui étoit comprife dans la Thes-
falie. Pline, /. 4. c. 1. la place dans l'Epire. Pour
accorder ces deux auteurs , il fuffit de dire que le
Pinde étoit entre l'Epire ôc la Theffahe , ôc que les
peuples qui l'habitoient du côté de l'Epire étoient
réputés Epirotes , comme ceux qui 1 habitoient du cô-
té de la ihelTalie étoient appelles Theflaliens. Tite-
Live , /. 3 2. nomme cette montagne Lyncus , ôc Chal-
condyle, de même queSophien.difent que le nom mo-
derne eft Mezzovo.' Ctlïarius , Geogr. ant. /. 2.
c. 13.
2. PINDUS , ville de Grèce , dans la Doiide , félon
Pomponius Mêla, /. 2. c. 3. Strabon /. 9. nous ap-
prend qu'elle étoit au bord d'une rivière de même nom
deg. 40 min. de latitude feptentrionale. * Atlas Sinenf. laquelle fe perdoit dans le fleuve Céphife
5. PIN , ville ôc fortereffe de la Chine , dans la
province de Quangfi , au département de Lieucheu ,
féconde métropole de la province. Elle eft de 9 deg.
3 min. plus occidentale que Péking, fous les 24 deg.
21 min. de latit. feptenuionale. * Atlas Sinenf.
PIN FERRAND, abbaye de France, dans le Berry.
Elle eft de l'ordre de S. Benoît, & fut fondée en 1 145.
Son revenu eft de quinze cens livres. Cette abbaye s'ap-
pelle Pui-Ferrand. Voye z, ce mot.
P1NACA. Voyez. Sarasa.
PlNAMUS , ville d Egypte , félon Etienne le géogra-
phe.
1. PINARA , ville d'Afie, dans la Lycie. Strabon,
qui la met dans les terres au pied du montCragus, dit
que c'étoit une des plus grandes villes de la Lycie ; Etien-
ne le géographe la place mal- à-propos dans la Cilicie.
Il ajoute qu'elle étoit bâtie fur une montagne. Dans
un autre endroit , in voce 'ApTv/butiçoç , il dk qu'une
partie des Xanthiens h.ibitoient une colline ronde fur
une montagne , qu'ils avoient nommée leur ville Pi-
jjara , ôc que dans la langue des Lyciens nivetpu
fignifioit un chofe ronde. Je crois , dit Cellarius ,
Geogr. ant.l. 3 . c. 3. que Pinaia étoit bâtie fur une
colline, au pied du mont Cragus. 11 y avoir, félon
Strabon , fur le mont Cragus une ville de même
nom, c'eft-à-dire , nommée auffi Cragus: ainfi il n'y
a pas d'apparence que la grande ville de Pinara fut
fur la même montagne. Les habitans de cette ville
étoient appelles Pin arit^c.
2. PINARA, ville de laCœlefyrie, dans la partie
feptentrionale, fur le Gindarus-, caria Cœlefyrie s'é-
tendoit jusques-là, félon Pline,/.;, c. 23. Ptolomée,
/. /. C. 15. là place dans la Piérie de Syrie.
PINARIA , ifle de la mer Egée , félon Pline, /. 4.
C. 12. qui la place fur la côte de l'Etolie.
PlNARITvE. Voyez. Pinara, n. 1.
PINARUS. Voyez. Pyramus.
PINCIAN.E. Voyez. Segesta.
PINCO , rivière de l'ifle de Candie , dans le territoi-
re de Canée. Elle court en furpentant du midi au nord,
& elle a fon embouchure dans la met à l'occident de
la ville de Canée. * De Wït, Atlas.
PINDARUS. Voyez. Pyramus.
PINDASUS, montagne que Pline, /. ;. c. 30. met
dans la Myfie Afiatique. Paufanias , /. 2. c. 26. dit
qu'Archias, fils d'Ariftcchmus fut bleffé à la chaffe fur
cette montagne, ou du moins dans un lieu d'un même
nom , apud Pindafum.
PINDE. Voyez, Vwvvs.
PINDENISSUS, ville de Cilicie, chez les Eleu-
thérocilicicns. Cicéron , /. $. ad Atticitm dit qu'elle
étoit près du mont Amanus ; & ailleurs , Ep'ift. /. 2. ad
Cdium, il ajoute qu'il prit cette ville. Voyez. Elheu-
THERO-ClLICIA , ÔC PeDNELISSUS.
P1NDICITORA , ville del'Ethiopie , fous l'Egypte ,
félon Pline , /. 6. c. 29.
1. PINDUS, montagne de la Grèce, ôc célébrée
par les poètes, parce qu'elle étoit confacrée aux Mufes.
Ce n 'étoit pas proprement une montagne feule, mais une
chaîne de montagnes , habitée par différens peuples de
l'Epire ôc de la Theffalie, entre autres par les Athama:
3. PINDUS, fleuve de Cilicie : Strabon, /. 14.
p. 676. le met près de la petite ville Iffus.
4. PINDUS rivière de lEpire , ou de la Macédoi-
ne , félon Florus , /. 2. c: 7. mais les meilleures édi-
tions, au Jieu de Pindus , portent Aolis. Cette rivière
rouloit fes ondes par des fauts ôc à travers des ro-
chers.
$. PINDUS, montagne de Thface , à ce qu'il pa-
roît pas un paffage de Séneque , in Hercule furente.
6. PINDUS. Voyez Thràcis.
PINEPTINI , fauffe embouchure du Nil Ptolomée,
/. 4. c. j. la place entre l'embouchure Sébcnnytique
ôc la faillie embouchure qu'il nomme Diotcos.
FINES. Corneille dit : Ifle fituée à 28 deg. de lati-
tude au-delà de la ligne équinoxiale, vers le midi. Elle
éroit autrefois inhabitée. En 1589, une flotte de qua-
tre navires anglois , allant aux Indes orientales, fut
battue vers l'ifle de Madagascar d'une tempête , qui
ayant écarré , ou fait périr trois de ces bâtimens ,
poufia le quatrième , qu'on appelloit le Marchand ln~
dien , vers un rivage rempli de rochers. Chacun tâ-
cha de fe fauver dans l'esquif, où un homme ôc qua-
tre filles ne purent fe jetter , de forte qu'étant demeu-
rés dans le vaiffeau,ils n'eurent pour tout tecours que
quelques planches fur lesquelles ils gagnèrent terre
dans cette ifle , quand le vaiffeau fut brifé. Il n'y trou-
vèrent aucunes bêtes fauvages ; mais il y avoit quanti-
té d'arbres fruitiers ôc un grand nombre d'oifèaux qui
pondoient des œufs en abondance. L'homme n'avoic
que trente ans , ôc les femmes étoient la fille du ca-
pitaine du vaiffeau , fes deux fervantes ôc une escla-
ve Maure. Il devint le mari de toutes les quarre , ôc
en eut une fi nombreufe poftérité, qu'en 1667, il fc
trouva dans cette ifle onze à douze mille perfonnes.
Aucun navire n'y étoit abordé depuis ce naufrage, &
enfin l'an 1667,1m vaiffeau Hollandois , fai faut voya-
ge au-delà du cap de Bonne-Espérance , vers l'orient ,
fut pouffé par un vent impétueux a la rade de cette
ifle. Les gens de ce vaiffeau y étant entrés furent é-
tonnés d'y trouver des habitans qui profeffuienr la
religion chrétienne. Ils apprirent d'eux l'événement du
naufrage ; ôc c'eft d'une lettre d'Amfterdam du 19
Juillet 1668, que ce mémoire a été tiré.
C'eft dommage que le mémoire en queftion ne nous
ait pas marqué le degré de longitude , comme celui
de latitude»
1. PINETUM, ou Pineta, lieu d'Italie, à trois
milles de la ville de Ravenne , félon Jornandès , de
reb. Get. c. y 7. Ortelius dit que ce lieu fe nomme en-
core aujourd'hui la Pineda , & qu'il y a un grand can-
ton entre Ravenne ôc Ferrai e , planté de pins.
2. PINETUM, lieu d'Italie, dans la Toscane, fé-
lon Servius, cité par Ortelius.
PINETUS, ville d'Espagne. Ptolomée,/. 2. c. G.
la donne aux Call&ci Bracarii. L'itinéraire d'Anronin
la met fur la route de Bracara à AJturica , entre Ad
aquas ôc Roboretum , à vingt milles de la première ,
Ôc à trente-fix de la féconde. On croit que c'eft Peneda,
village du Porrugal.
PINEUM , ville de la première Myfie. 11 en eft par-
lé dans la notice des dignités de l'Empire , Sett. 30.
Tom. IV. H h h h h h ij
980 PIN
PIN
P1NEY , ancienne baronnie de France , en Cham-
pagne , maintenant duché-pairie. Voyez. Pigney.
1. PINGCHA1, forterefle de la Chine, dans la pro-
vince de Queicheu , au département de Tunggin ,
dixième métropole de la province. Elle eft de 8 degrés
58 min. plus occidentale quePéking, fous les 28 deg.
23 min. de latitude feptentrionale. * Atlas Sïnen-
fis.
2. P1NGCHAI , forterefle de la Chine , dans la
province de Suchuen , au département de Jungning ,
autre forterefle delà province. Elle eft de 9 deg. 36
min. plus occidentale que Péking, fous les 29 deg. 16
min. de latitude feptentrionale. * Atlas Sinènfis.
PINGCHEU, forterefle de la Chine, dans la pro-
vince de Queicheu , au département de Tucho , hui-
tième métropole de la province. Elle eft de 10 deg.
44 min. plus occidentale que Péking , fous les 16 deg.
2 min. de latitude feptentrionale. * Atlas Sïnenfis.
PINGCHUEN , ville de la Chine, dans la province
de Junnan , au département de Tali , féconde métro-
pole de la province. Elle eft de 17 deg. 10 min. plus
occidentale que Péking, fous les 25 deg. 43 min. de
latitude feptentrionale. * Atlas Sïnenfis.
PINGCIANG, ville de la Chine, dans la provint
ce de Quangfi , au département de Suming, neuviè-
me métropole de la province. Elle eft de t2 deg. 17
min. plus occidentale que Péking, fous les 23 degrés
6 minutes de latitude feptentrionale. * Atlas Sïnen-
fis.
PINGFA , forterefle de la Chine , dans la province
de Queicheu , au département de Queiyang , premiè-
re métropole de la province. Elle eft de 11 deg. 57
min. plus occidentale que Péking , fous les 16 degrés
o minutes de latitude feptentrionale. * Atlas Sinèn-
fis.
1. PINGHIANG, ville de la Chine, dans la pro-
vince de Kiangfi , au département de Ivencheu , on-
zième métropole de la province. Elle eft de 3 deg. 46
min. plus occidenrale que Péking, fous les 28 degrés
28 min. de latitude feptentrionale. * Atlas Sïnen-
fis.
2. PINGHIANG, Pingianum, ville de la Chine,
dans la province de Péking , au département de Xun-
te , cinquième métropole de la province. Elle eft de 2
deg. 44 mm. plus occidentale que Péking, fous les 37
deg. 37 min. de latitude feptentrionale. * Atlas Sïnen-
fis.
PINGHO, ville de la Chine, dans la province de
Fokien , au département de Changcheu , troifiéme mé-
tropole de la province. Elle eft de o deg. 7 min. plus
orientale que Péking , fous les 24 deg. 37 min. de la-
titude feptentrionale. * Atlas Sïnenfis.
PINGHU , ville de la Chine , dans la province de
Chekiang, au département de Kiahing, féconde mé-
tropole de la province. Elle eft de 4 deg. 20 min. plus
orientale que Péking, fous les 30 deg. 54 min. de la-
titude feptentrionale. * Atlas Sïnenfis.
PINGJANG , ville de Corée , dans la province de
Kinki , félon le père Martini , qui , après avoir dit que
la Corée eft divifée en huit provinces , ajoute : Celle du
milieu s'appelle Kinki ; c'eft-là qu'eft la ville de Ping-
jang , fi célèbre 8c fi fameufe, où les rois tiennent
leur cour.
PINGJAO, ville de la Chine , dans la province de
Channfi , au département de Fuencheu , cinquième
mérropole de la province. Elle eft de 5 deg. 36 min.
plus occidentale que Péking, fous les 38 deg. 10 min.
de latit. feptentrionale. * Atlas Sïnenfis.
Près de lingjao , dans les montagnes , il y a une chute
d'eau ou cataracte , dont le bruit s'entend à plufieurs
flades , 8c qui ne cède guère aux fameufes cataractes
du Nil.
PINGKIANG , ville de la Chine, dans la province
de Huquang, au département d'Yocheu , feptiéme mé-
tropole de la province. Elle elt de 4 deg. 20 min. plus
occidentale que Péking, fous les 29 deg. 1; min. de
latit. feptentrionale. * Atlas Sïnenfis.
PINGKO , ville de la Chine, dans la province de
Péking, au département de Xuntien, première métro-
pole de la province. Elle eft. de o deg. 26 min. plus
orientale que Péking, fous les 39 deg. 55 min. de
latit. feptentrionale. * Atlas Sïnenfis.
P1NGLANG, forterefle de la Chine, dans la pro-
vince de Queicheu, au département de Tucho, hui-
tième métropole de la province. Elle eft de 10 deg.
30 min. plus occidentale que Péking, fous les 26 deg.
1 5 minutes de latitude feptentrionale. * Atlas Sïnen-
fis.
1. PINGLEANG, montagne de la Chine , dans la
province de Suchuen , au voifinage de la ville de Pao-
ning. Au fommet de cette montagne on voit une
grande plaine , bordée par les autres montagnes de ce
quartier, 8c qui lui fervent comme de rempart. * Atlas
Sïnenfis.
2. PINGLEANG, Pingleanum, ville delà Chine,
dans la province de Xerifi , où elle a le rang de qua-
trième métropole. Elle eft de 9 deg. 41 min. plus oc-
cidentale que Péking , fous les 37 deg. 12 min. de latit.
feptentrionale. Son territoire eft tout coupé de mon-
tagnes agréables à la vue, & très-fertiles, ce qui fait
qu'il abonde en toutes chofes néceflaires à la vie. On
remarque entre autre dans la ville de Pingleang trois
temples dédiés à des héros, 8c un magnifique palais
bâti par la famille de Taminga j car un des rois de
cette famille fit fa demeure ordinaire dans cette ville.
L'empereur Yvas unit le territoire de Pingleang à la
province d'Yung. Sous la famille Hana , la ville s'ap-
pelloit Janti ; la famille Sunga la nomma Kingyven,
c'eft-à dire, la fource du fleuve King , parce qu'elle eft
bâtie à la fource de ce fleuve. Les autres familles lui
donnèrent le nom de Pingleang, à caufe de la tempé-
rature de l'air qu'on y respire. Il y a dix villes dans le
territoire de Pingleang, favoir :
Pingleang ,
Cungfin ,
Hoating ,
Chiny ven ,
Kuyven ©,
* Atlas Sïnenfis.
King €> ,
Lingt'ai ,
Choangleang ,
Lungre ,
Cingning.
PINGLI , ville de la Chine , dans la province de
Xenfi , au département de Hanchung , troifiéme mé-
tropole de la province. Elle eft de 7 deg. j8 min. plus
occidentale que Péking, fous les 33 deg. ^7 min. de
latitude feptentrionale. * Atlas Sïnenfis.
1. PINGLO, Pinglum , ville de la Chine, dans la
province de Quanfi, où elle a le rang de quatrième mé-
tropole. Elle eft de 7 deg. c min. plus occidentale
que Péking, fous les 26 deg. 25 min. de latitude fep-
tentrionale. On l'a bâtie fur la rive orientale du fleuve
de Ly, qui traverfe le territoire de Pinglo, en coulant
dans des vallées très-étroites 8c très-profondes , 8c dans
plufieurs endroits entre des pierres 8c des rochers. On
prétend que dans fon cours on rencontre jusqu'à trois
cens foixante précipices ou cascades -, ce qui fait qu'il ne
peut porter bateau. Sous la famille de Cina le terri-
toire de Pinglo dépendoit du pays de Queilin : celle
de Hana lui donna le nom de Cangçu : celle de Tanga ,
celui de Locheu , 8c celle d'Iuena l'appclla Pinglo. Il y
a huit villes dans ce territoire & toutes font renfermées
de montagnes. Ces villes font :
Pinglo ,
Cungching,
Fuchuen ,
Ho,
Liepu ,
Sieugin ,
Junggan© ,
Chaoping.
2. PINGLO, petite forterefle de la Chine, dans
la province de Xenfi , au département de Changyn ,
forterefle du fécond rang dans la province. Elle eft de
11 deg. 40 min. plus occidentale quePéking, fous les
3j deg. 12 min. de latitude feptentrionale. * Atlas
Sin< nfis.
3. PINGLO, ville de la Chine, dans la province
de Channfi , au département de Pingyang, féconde
métropole de la province. Elle eft de 6 deg. 3 1 min.
plus occidentale que Péking, fous les 36 deg. 10 min.
de latitude feptentrionale. * Atlas Stne?ifis.
PIN
i. PINGLU, foiterefle de la Chine, dans la pro-
vince de Chenu* , au département d'Iunchang , première
forterefle de la province. Elle eft de 10 deg. 10 min.
plus occidentale que Péking , fous les 39 deg. o min.
de latitude feptentrionale. * Atlas Sinenfis.
2. PINGLU foiterefle delà Chine , dans la province
de Channfi ,au département de Gueiyven , première foi-
terefle de la province. Elle eft de 5 deg. 50 min. plus
occidentale que Péking, fous les 40 deg. ij min. de
latitude fcptentrionale. * Atlas Sinenf.
1. PINGNAN, ville delà Chine, dans la province
de Quangfi , au département de Cincheu , fixiéme
métropole de la ptovince. Elle eft de 7 deg. 36 min.
plus occidentale que Péking, fous les 24 deg. 5 min.
de latitude feptentiionale. * Atlas Sinenfis.
1. PINGNAN , forterefle de la Chine , dans la pro-
vince de Queicheu • au département de Tunggin , fi-
xiéme métropole de la province. Elle eft de 9 deg.
20 min. plus occidentale que Péking , fous les 28 deg.
48 minutes de latitude feptentiionale. * Atlas Sinen-
PINGPA , forterefle de la Chine , dans la ptovince
de Queicheu. Elle eft de 10 deg. 14 min. plus occi-
dentale que Péking , fous les 27 deg. 9 min. de latit.
fcptentrionale. * Atlas Sinenfis
PINGSA, forterefle de la Chine, dans la province
de Queicheu , au département de Lungly , quatrième
cité militaire de la ptovince. Elle eft de 10 deg. 59
min. plus occidentale que Péking, fous les 16 deg.
o min. de latitude feptentiionale. * Atlas Sinen-
fis.
PINGTEN, forterefle de la Chine, dans la pro-
vince de Queicheu , au département de Tunggin, fixié-
me métropole de la ptovince. Elle eft de 9 deg. 5
min. plus occidentale que Péking , fous les 28 deg.
4c minutes de latitude feptentiionale. * Atlas Sinen-
fis.
1. P1NGTING , foiterefle de la Chine , dans la
province de Queicheu , au département de Tucho ,
huitième métropole de la province. Elle eft de 10
d. 20 min. plus occidentale que Péking , fous les 16
deg. 26 min. de latitude feptentiionale. * Atlas Si-
nenfis.
2. PINGTING , ville& forterefle de la Chine, dans
la province de Channfi , au département de Taiyven ,
première métropole de la province. Elle eft de 3 deg.
55 min. plus occidentale que Péking , fous les 38 deg.
1$ minutes de latitude feptentiionale. * Atlas Sinen-
fis.
1. PINGTU , montagne de la Chine , dans la pro-
vince de Suchuen, près de la ville de Furigta. C'eft
une des foixante 6c douze montagnes , dont fait l'éloge
le livre chinois, appelle Toafu. * Atlas Sinenfis.
2. PINGTU , ville &c forterefle de la Chine , dans
la province de Channton , au département de Laicheu ,
fixiéme métropole de la ptovince. Elle eft de 2 deg.
58 min. plus orientale que Péking, fous les 36 deg.
2.6 minutes de latitude feptentiionale.* Atlas Sinen-
fis.
PINGUENTE, bourg d'Italie, dans l'Iftiïe , vêts
la fource du Quieto , environ à vingt milles de Capo
d'Iftria , vers le levant oriental. C'eft l'ancienne Picuen-
tum. Voyez, ce mot. * Magin , Carte de l'Iftrie.
PINGUS , fleuve de la Mœfie , en Europe. Pline ,
/. 3. c. 26. le met chez les Dardant. Le père Hardouin
dit qu'il fe jette dans la Morave.
PINGXAN , ville de la Chine, dans la province de
Péking , au département de Chinting » quatrième mé-
tropole de la province. Elle eft de 3 deg. 24 min. plus
occidentale que Péking, fous les 38 deg. 33 min. de
latitude feptentiionale. * Atlas Sinenfis.
P'INGXUN', ville de la Chine, dans la province de
Channfi , au département de Lugan , quatrième métro-
pole de la province. Elle eft de 3 deg. jj min. plus
occidentale que Péking , fous les 36 deg. 56 min, de
latit. fcptentrionale.
1. PINGYANG , ville de la Chine, dans la province
de Channfi , où elle a le tang de féconde métropole.
Elle eft de 5 deg. 58 min. plus occidentale que Pé-
king, fous les 37 deg. 19 min. de latitude feptentrio-.
PIN 98Î
nale. Pîngyang eft fituée fur la rive orientale du fleuve
Fuen , qui vient de Taiyven , ôc qui porte bateau. Elle
eft dans un pays enrrecoupé de montagnes & de plai-
nes , 6c le terroir eft fertile. Il n'y a pas un pouce de
terre qui ne foit cultivé , fi ce n'eft dans quelques mon-
tagnes hériflées de rochers. L'air y eft très-fain ; & il
y a peu de contrées où l'on trouve tant de villes & r'e
villages. Quoique cette ville n'ait que le fécond tang
parmi les métropoles de la province , elle ne cède à
la première métropole ni pour l'ancienneté, ni pour la
beauté , ni pour le nombre des habitans \ de forte qu'el-
le eft regardée comme une des principales villes de
l'empire. Le roi Javus, qui regnoit deux mille trois
cens cinquante-fept ans avant la naiflance de Jefus-
Chrift , avoit fon palais dans cette ville. A l'occident
& au midi , fon territoire eft baigné par le fleuve Cro-
ccus, & le Fuen de même que l'Hœi le traverfent.
L'empereur Yvus mit ce territoire , fous la dépendance
de la province de Kicheu. Anciennement il appartint
aux rois Cyn , enfuite à ceux de Han , puis à ceux de
Caho. Les familles impériales de Cina Se de Hana le
comprenoient dans l'étendue de la province de Ho-
tung ; la famille Tanga donna à la ville le nom de Cin-
cheu ■■, celle d'Utai Pappella Tinchang ; la famille Tar-
tare connue fous le nom d'Yvon , l'appella Cinning ,
Se la famille de Taminga lui rendit l'ancien nom de
Pingyang, qui lui avoit été donné par l'empereur Ivus.
Cette métropole a dans fon territoire trente - deux
villes, qui font:
Pingyang,
Ganye ,
Siangling ,
Chaoching ,
Hungt'ung ,
Feuxan ,
T'aiping ,
Yoiang ,
Hia ,
Venhi ,
Jeching ,
Pinglo ,
Kioyao ,
Fuenfi ,
Juiching ,
Kiang ,
P'u,
Juenkio ,
P'u©,
Hoe,
Lincin ,
Kie© ,
Yungo ,
Yxi,
Hiangnîng ,
Cie0,
Van Civen ,
Taning ,
Hocin ,
Xeleu ,
Kiai e ,
Yungho.
2. PINGYANG , ville de la Chine , dans la province
de Xenfi , au département de Fungciang, féconde mé-
tropole de la ptovince. Elle eft de 9 deg. 29 min plus
occidentale que Péking, fous les 36 deg. 25 min. de
latitude feptentrionale.
3. PINGYANG, ville de la Chine, dans la pro-
vince de Chekiang, au département de Yencheu ,
onzième métropole de la province. Elle eft de 4 deg.
4 min. plus orientale que Péking, fous les 27 deg. 10
min. de latit. feptentrionale.
P'INGYN , ville de la Chine, dans la province de
Chantung au département d'Yencheu, féconde mé-
tropole de la province. Elle eft de o deg. 25 min. plus
orientale que Péking, fous les $6 deg. 2j min.de la-
titude feptentrionale.
PINGYVE , ville de la Chine, dans la province de
Queicheu , où elle a le rang de troifiéme cité militai-
re. Elle eft de iod. 32 min. plus occidentale que Pé-
king , fous les 27 deg. o min. de latitude feptentrio-
nale. Sous la famille Cina , le territoire de cette ville
appartenoit atu princes de Kiuchung. Aujourd'hui la
ville de Pingyve a dans fa dépendance deux forterefles
qui font :
Yangy & Loping.
1. P1NGYVEN, ville de la Chine, dans la province
de Channton , au département de Cinan , première
métropole de la province. Elle eft fous le même de-
gré de longitude que Péking, fous les 37 deg. 28 min.
de latitude feptentrionale.
2. P1NGYVEN, ville de la Chine, dans la province
582 PIN
de Quant :ung , au département de Chaocheu, cinquième
métropole de la province. Elle eft de o deg. 30 min.
plus occidentale que Péking , fous les 24 deg. 20 min.
de latitude feptentrionale.
PINHEL , Pinellum, ville du Portugal, dans la
province de Tra-los-Montes , au midi du Douro , au
confluent de la Coa, ôc d'une autre petite rivière nom-
mée Rio Pinhel. La ville de Pinhel eft capitale d'une
Comarca. On prétend qu'elle a été bâtie par les an-
ciens Turdules. Elle jouit de grands privilèges qu'elle
a reçus des rois de Portugal. * Délices de Portugal ,
p. 720.,
PJNNA, ville d'Italie. Ptolomée, /. 3.C 1. la don-
ne aux Vejiini. Silius Italicus , /. 8. v.$i6. l'appelle Pin-
na Virens , Ôc Vitruve , /. 8. c. 3. la nomme Pinna Ve-
fiina. Le nom moderne eft Penna, ou Permaâi S. Gio-
vanni , ou Civtta de Penna. Les habitans font nommés
Pinnenj'es par Pline , /. 3. c. 12.
PlNNENBERG, Pinneberga , bourg & forterefle
du Hoiftein , dans la Stor marie , au comté de Pinnen-
berg, à deux milles de Hambourg. Cette place eft afiez
forte , le général de Tilly fut blefle en 1627. Les Sué-
dois s'en emparèrent en 1644. Lès Danois effayerent de
la reprendre \ mais ils furent repoufies par Helm-
Wiangel. Les premiers la rendirent à ceux-ci en 1645.
Les Suédois s'en rendirent encore maîtres dans la guerre
que Charles Guflave fit au Danemarck ; mais ils l'aban-
donnèrent à l'arrivée des troupes de l'empereut , du
roi de Pologne , ôc de l'électeur de Brandebourg. *
Rutgeri , Hermanid. Daniae Defcript. p. 1140.
Le comté de Pinnenberg eft borné au nord par la
préfecture de Steinberg : à l'orient par celles de Sege-
berg , de Tremsbuttel , de Steinhorlt & de Trittow ;
au midi par le fleuve de l'Elbe ; 6c au couchant par le
territoire deCrempen. Ce comté a tantôt appattenu
à la maifon de Hoiftein , tantôt aux comtes de Schau-
wenburg. Après la mort du dernier de ces comtes» il
retourna par droit de fuccefîîon à la maifon de Hoi-
ftein , c'eft-à dire , au roi de Danemarck, & au duc
de Schlcswic. Autrefois ce comté étoit partagé en trois
préfectures ou bailliages, qui avoient chacun leur bailli,
lavoir celui de Pinnenberg , celui de Hatsburg , ôc celui
de Barmftede , & ces trois baillis dépendoient du bailli
général , appelle Droft. Après la mort du dernier com-
te Otton , le comté de Pinnenberg fe trouvant hypo-
théqué , Chriftian IV , roi de Danemarck , eut en par-
rage les bailliages de Pinnenberg, 6c de Hatsburg, à
la charge de payer les deux tiers des dettes ; 6c le bail-
liage de Barmftede pafla à Frideric IV , duc de Schles-
wic 6c deHolftein, avec l'obligation de payer le refte
des dettes. Ce prince ayant échangé fa portion pour
d'autres domaines que lui céda le comte de Rantzaw,
le château de Barmftede & fon bailliage furent éri-
gés en comté par l'empereur, fous le titre de comté
de Rantzaw. * Rutgeri , p. 1 1 3 2 & fuiv.
PINON , ville de la Dace. Ptolomée, /. 3. c. 8. la
place entre Phrateria 6c Arnutruim. Le nom moder-
ne eft Pbi/fona, félon Niger ; 6c Wynez., félon Lazius.
1. PINOS, ifle de l'Amérique feptentrionale, fur
la côte méridionale de l'ifle de Cuba , entre le cap Co-
riente 6c les Hermanos. Elle n'eft féparée de l'ifle de
Cuba que par un détroit peu profond. Sa longueur eft
de dix lieues , & fa largeur de fix ou fepr. Quelques mon-
tagnes selevent dans le milieu de cette ifle, qui eft
plate par tout ailleurs , 6c inhabitée. Elle eft remplie
de bocages, fournie d'eau douce, 6c abondante en bé-
tail, à caufe de la bonté de fes pâturages -, ce qui fait
que les Espagnols la vont vifiter en certains tems. *
Atlas , Robert de Vaitgondy. De Laè't , Defc. des Indes
occ. 1. 1. c. 14.
2. PINOS. Voyez. CotoAGRt.
PINS ( ifle des ) , petite ifle de la province de Hon-
duras , dans l'Amérique feptentrionale. Ce fut la pre-
mière terre que Chriftophe Colomb apperçut , lors-
qu'il découvrit cette province dans fon quatrième voya-
ge en if 02, les Infulaires la nommoient Guanaja,
ôc comme elle eft accompagnée de plusieurs autres
ïflcs , CoLmb la nomma los Guanajos. Cependant il
changea le nom de la première, Ôc l'appella l'ifle des
Pins , parce qu'elle étoit toute couverte de ces arbres.
PIO
Elle eft à douze lieues du cap de Honduras ,& de la
ville de Truxilo. * Le père de Charlevoix , Hift. de S.
Domingue , t. 1.
PINSEN .fort du Brâbânt Hollandois , près de Berg-
op-Zom.
PINSERAIS , Pagus Pinciàfenfis ou Pinciacus , petit
pays de France , au diocèfe de Chartres , du côté de
Poifiy qui en eft la ville principale. 11 n'en eft fait
mention que lorsqu'il s'agit des chofes eccléfiaftiques
du diocèfe de Chartres : ainfi on n'en connoît guère
bien aujourd'hui les bornes. Un des archidiaconés
de Chartres porte le nom de Pinferais.
PNSKO , ou Pinsîc, Pinscum, ville du grand du-
ché de Lithùanie , dans le palatinat de Brzescie, ôc
le chef- lieu d'un territoire auquel elle donne fon
nom. Elle prend elle-même fon nom de la petite
rivière fur laquelle elle eft bâtie , ôc qu'on nomme
Pinsk. Cette ville étoit fort grande , bien peuplée ,
ôc très - marchande ; mais les Cofaques l'ont telle-
ment ruinée, à ce que dit Corneille , DifL qui cite
Audiffret , qu'on n'y trouve plus que quelques maifons
écartées les unes des autres. Mais André Cellarius ,
fur le témoignage de Paftorius , donne une autre caufe
de la ruine de cette ville. Il dit , Dejcr. Polonia, ,
p. 297. que Pinskp , étant tombée entre les mains des
Cofaques , par la trahifon des habitans , les Lithua-
niens l'ayant reprife , là réduifirent en cendres , & en
paflerent la plus grande partie des habitans au fil de
ï'épée , afin que cette févérité fervît d'exemple pour
retenir les autres villes du duché dans leur devoir.
PINTERVILLE , village de France , dans la Nor-
mandie , au diocèfe d'Evreux , dans le doyenné de la
Croix , fur la rivière d'Eure , proche de Louviers. L'hi-
ftoire des archevêques de Rouen fait foi que plu (leurs
de ces prélats y ont réfidé quelquefois : c'étoit une de
leurs maifons de plaifance. On a des actes d'Aimerie
Guenaut de l'an 1338, qui font datés du manoir de
Pinterville. Ce même archevêque y mourut le 17 Jan-
vier 1 342 , félon la chronique de Rouen , chez le père
Labbe , t. 1. Bibliothèque manuscrite. L'hiftorien mo-
derne d'Evreux, p. 223. remarque que les archevêques
de Rouen n'y ont point fait l'ordination , fans la per-
miflîon de l'évêque diocèfain , ou au chapitre de lat
cathédrale d'Evreux , lorsque le fiége étoit vacant. On
voit par là l'erreur grofliere du dictionnaire univer-
fel de la France , qui marque ce lieu dans le diocèfe
de Rouen.
1. PINTIA : Ptolomée, /. 2. c. 6. place deux villes
de ce nom dans l'Espagne Tarragonncife II donne l'une
aux Callaici-Lucenfii , & l'autre aux Vaccei. Charles
Clufius ôc Mariana, /. 10. c. 7. prétendent que cette
dernière eft aujourd'hui Valladolid -, d'autres la met-
tent pourtant un peu à côté de cette dernière ville.
Villeneuve dit que l'autrePintia eft Cbcrogy ( Cbiroge) ;
mais Surira veut que ce foit Pennafiel. L'itinéraire
d'Antonin, qui ne connoît en Espagne qu'une ville dit
nom ! de Pincia , la met fur la route &A(iurica à S?.r-
ragofie , entre Pela ôc Rjuda , à vingt quatre milles
de la première , & à vingt fix de la féconde.
2. PINTIA , ville de Sicile. Elle étoit, félon Ptolomée;
/. 3. c. 4. fur la côte méridionale, entre l'embouchu-
re du fleuve Mazara , ôc celle du fleuve Soffius. 11 y avoic
un temple dédié à Pollux, félon Claudius Arerius,qui
dit que le nom moderne eft Polhtci. Léander appelle
fon Territoire Terra di Pulici , ôc ajoute qu'on y trouve
quantité d'anciens monumens.
PINTON. Voyez. Phttonis Insuia.
1. PINUM. Voyez. Pinon.
2. PINUM. Voyez. , au mot Ad , l'article Ad PinumV
PIOBICO , bourg d'Italie, au duché d'Urbin , art
confluent du bras occidental du fleuve Cantiano , ôc
de la rivière Menatoio , entre San Angelo in Vado ôc
Cagli. Il y a un château. * Magin , carte du duché
d'Urbin.
PIOMBA , rivière d'Italie , dans l'Abruzze ultérieure.
Elle a fa foutee au mont Apennin , ôc fon cours du
midi occidental au nord oriental. Son embouchure eft
fur là. côte de la mer Adriatique. Cette rivière eft le
Matrînus des anciens. * Magin , carte de l'Abruzre
ultérieure.
PIO
PIP
PIOMBINO , ville d'Italie , fur la côte de la Toscane,
& la capirale de la principauté de même nom. A cinq
millesaufud oueft de la pointe du cap Baratte elt lai oin-
te du cap Piombin , 8c celle qui s'avance le plus en mer.
Elle forme avec l'ifle le paffage appelle communément
le canal de Piombin : au bout 8c tout près de cette
pointe il y a un gros écueil 8c quelques autres moin-
dres auprès. La ville de Piombino eft de l'autre côté de
cette pointe , vers le fud-eft , environ deux milles. Cette
ville elt forte petite , mais affez bien fortifiée , quoi-
que à l'antique. Sa forterefïe eft bien entendue. Les rois
d'Espagne y ont tenu garnifon depuis 1548 , quoiqu'elle
dépendit de fon prince particulier. L'empereur Charles
VI, en s 'emparant du royaume de Naples, fe faifit de
cette fortereiîe , que le nouveau roi de Naples lui a
enlevée. On conjecture que c'eft la ville Populonium des
anciens , c'eft-à-dire la petite Populonie ; car la grande ,
des ruines de laquelle la petite avoir pris naillance , etoit
à trois milles de Piombino , vers le port de Baratte. *
Micbelot , Portulan de la Méditer, p. 100. PjLiurucrn ,
Mercilr. Italie, p. ;49»
La Principauté de PIOMBINO eft une petite con-
rrée le long de la mer, entre ie Siénois 8c le Pilon.
Elle fit autrefois partie de la république de Pife . d'où
elle vint à la maifon d'Appiani , qui en prit le titre de
prince , 8c l'a confervé jusqu'en 1605 , que Jacques
VII, prince de Piombino , étant mort fan* enfans maies ,
l'empereur Ferdinand II remit cette principauté a Phi-
lippe IV, roi d'Espagne, l'an 163 i.Ge ptince la vendit
trois ans après à Nicolas Ludovifio , qui avoir époufé
la petite -fille par femmes , de Jacques , fe réfervant le
droit d'avoir toujours garnifon espagnole dans la for-
terefie de Piombino comme cela s'éroit pratiqué depuis
1548. La maifon de Ludovifio étoit fort connue à
Boulogne , avant qu'Alexandre Ludovifio eût été élevé
à la première dignité de l'églife , le 9 de Février 162 1 ,
fous le nom de Grégoire XV. Cette ptincipauté a
paffé enfin dans la maifon de Buoncompagno qui la
pofTede actuellement fous la protection du roi de
Naples. * La Forêt de Bourgon , Géogr. Hift. t. 1.
A cinq milles au fud-fud-eft de la pointe du cap
Baratte , eft celle du cap de Piombin , 8c c'eft celle
qui s'avance le plus en mer , & qui forme avec l'ifle
d'Elbe ce paffage , qu'on appelle communément le Ca-
nal de Piombin. Vers le milieu du canal , y a deux
groffes ifles , presque rondes , fur le haut des-
quelles eft une tour de garde. Elles ont environ uh
mille de tour ; 8c elles font fort hautes. Proche de la
première , qui s'appelle Palmaria , il y a un écueil hors
de l'eau. On peut néanmoins ranger ces ifles, & même
paffer entre deux , mais avec prudence. Du cap Piom-
bin au cap Troyail y a environ 20 milles vers le fud-
eft : entre les deux il fe fait un grand enfoncement
d'environ 1 3 milles en certains endroits , avec des pla-
ges & un bas terrein, rempli de marécages & d'étangs.
On appelle ce lieu la Plaine de Calva-Vetleta. 11
y en a une autre du côté du fud eft , dans un autre
enfoncement , nommé Scalino. * Micbelot , Portulan
de la Méd. p. ico.
PION, montagne au voifinaged'Ephèfe, félon Pline,
/. y. c. 29. Paufanias,/. 7. p. 406. qui la met dans le ter-
ritoire d Ephèfe , exalte fa fertilité. Ceft dans cette mon-
tagne que fut enterré Timothée , disciple de l'Apôtre
faine Paul , félon Orrelius , qui cite Freculphe.
PIONCET, abbaye de France , au diocèfe de Valen-
ce. Elle eft de l'ordre de C'ireaux , 8c fut fondée en
1137. Aujourd'hui elle eft en commende , 8c vaut trois
mille livres à l'abbé.
PIONI/E , petite ville de la Myfie Afiatique , fur le
fleuve Caycus, félon Pline, /. j. c. 30. & Paufanias ,
/. 9. c. 18. C'eft fans doute la même que Strabon,/.
13. p. 610. appelle Piorria,8c qu'il place au voilînage
de l'Etolie. Le concile de Chalcédoine , qui fait men-
tion de cette ville, la met dans la province de l'Hel-
lespont. Ce font les habitans de Pionu que Pline,/. 5.
c. 30. appelle Pianitie.
PIONITVE. Voyez. Piowje.
PIONSAT , bourg de France , dans le Bourbonnois ,
élection de Gannar. C'eft uneparoifle fitnéeen plaine,
983
dans la montagne de Niut. Le terroir y eft bon.
11 y a un commerce de beitiaux , qui eft confidérable. 11
s'y tient un fort beau marché toutes les femaines , &
deux foires par an. On y trouve beaucoup de bois tail-
lis Se quelques futaies.
PlOU , petit peuple de l'Amérique feptentrionale ,
dans la Louifiane , aux environs de la route que tint la
troupe du ficur de la Salle, pour arriver de la baie de
S. Louis aux Cénis, dont il eft voifin.
PIPA, montagne de la Chine, dans la province
de Queicheu , au midi de la ville de Xecien. * Atlas
Sinenfis.
1. HPELY, rivière des Indes, au royaume de Ben-
gale. Elle court , en ferpentant , du nord occidental au
midi oriental. Elle a fon embouchure fur la côte occi-
dentale du golfe du Gange , entre l'embouchure de ce
fleuve , 8c la rade de Balaffor. Cette rivière a fi peu
de profondeur , que les vaiiïeaux Hollandois font obli-
gés de mouiller l'ancre à deux lieues de la côte où ils
font comme en pleine mer, fans aucun abri, 8c ex-
pofés aux gros tems , pendant que les vents de fud y
régnent. Mais durant le mois de Novembre & les trois
fuivans, les vents de nord eft, qui foufflent alors , ra-
menant le beau teins , la rade fe trouve fort bonne , & elle
eft propre pour les plus grands vaifleaux.Ceux qui font
petits vont ancrer vers le Gange, 8c derrière l'ifle de
Gale. * Atlas , Robert de Vaugondy. Scbouten , Voy.
aux Indes orient, p. 1 46.
Les légers bàtlmen's , même les yachts, peuvent auifi
pendant le vif de l'eau remonter 8c descendre la rivière
de Pipcly i mai> ils vont quelquefois toucher à des bancs
qui font au-delà de l'embouchure de la rivière, & ils
ont bien de la peine a fe relever. 11 y a beaucoup de
difficulté à y conduire la chaloupe ou le canot , fur-
tour quand la mer eft grofie 8c que les brifans redou-
blent leur force Ils jettent fouvent les bâtimens hors du
canal que l'on ne trouve pas aifément , ôc l'on eft quel-
quefois en danger d'être fubmergé.
2. PIPELY , ville des Indes, au royaume de Ben-
gale, dans les terres, & dans une très-belle plaine,
fur le bord d'une rivière de même nom , à qua-
tre ou cinq lieues au deftus de fon embouchure. Cette
ville eft d'une médiocre grandeur , 8c paffablemenc
peuplée ; mais elle n'eft pas murée. Les principales mai-
fons, les pagodes 8c les autres grands édifices, font
accompagnés de grands espaces , de galeries , de jar-
dins, de carrés, de peloufes 8c de vergers.
Les Maures y poffedent les plus belles maifons ,
aufiî bien qu à Ougli. Celles des Benjanes 8c des Gen-
tivesne font ordinairement bâties que de bouzes de va-
che 8c d'argille mêlées enfemble , c'eft-à-dire , les plan-
chets 8c les murailles , pour les garantir du feu ; mais
elles font couvertes de rofeaux , de bambouc 8c de
feuilles de cocos.
Toutes ces maifons des Idolâtres font poféesfurdes
monceaux d'argille, qui font encore plus hauts à Pipely
que dans les autres lieux , à caufe des débordemens
d'eaux qui arrivent fouvent pendant la monfon des
pluies , fi bien que quelquefois toutes les terres en
font inondées , 8c il fe perd beaucoup de gens & de
bétail.
P1PER.IA, Pyperia, ville archiépiscopale d'Aile*
La notice du pairiarchat d'Antioche en fait men-
tion.
PIPERNO, petite ville d'Italie, dans la Campa-
gne de Rome, au nord des Palus Pontides, en tirant
vers l'orient , près de la fource du Baudino ou de
l'Aufente. Cette ville , qu'on nomme aufli Priverm
Novello, eft bâtie fur une montagne, ou haute colli-
ne ; ce qui fait voir que ce ne peut être l'ancienne Pri-
vernum, qui étoit dans la plaine, à deux milles au-
delà, (ur la route d'Agnani , où l'on trouve encore
des veltiges d'anciens édifices. Quelques-uns difent
q ie P ivernum fut nommée Piperno , parce qu'en édi-
fiant celle ci des débris de l'autre, on trouva dans le
lieu où eft aujourd'hui Piperno , un arbre qui porte
le poivre: d'où vient , ajoute t on , que la ville a mis
cet arbre dans l'écu de fes armes , avec la tête de Ca-
mille . portée par un lion. D'autres croient que Pi-
perno s'eft dit par corruption pour Privermirn : 82
984
PIR
PIR
prétendent que l'arbre dont il s'agit n'eft point un poi-
vrier , mais un laurier : particularité dont ils tirent de
grandes conféquences , en faveur de la bravoure des
anciens Privematï. L'évêché de Piperno fut réuni à ce-
lui de Terracina ( par Honoré III ) , à caufe de fa
pauvreté , ob indecentem pai/pertatem , dit Favonius
Léo. La chaire épiscopale fe garde dans le chœur de
l'ancienne cathédrale.* Leander , Latium Méditer, p.
^\.Mï[fon, Voy. d'Italie, t. 2. p. 8.
Ils ont dans l'églife de Saint Benoît une célèbre ima-
ge de la fainte Vierge , peinte par faim Luc. On dit
qu'elle réfifta au feu , pendant le fac de Privemum i
elle eft le grand objet de la dévotion de Piperno , avec
S. Sébaftien Si S. Thomas d'Aquin.
Les lis Se les narcifiés croiffent, dit-on, naturelle-
ment fur le coteau de Piperno, nommé Colle rojjo.
On y trouve auffi une certaine terre fine , qu'ils ap-
pellent Buccaro , Se qui eft très-bonne pour faire de
la poterie. Du haut de ce coteau , on découvre la [re-
dite ville de Maenza , Rocca Gorga , Rocca Secca,
Asprano, Profedi, Sonnino, & quelques autres peti-
tes villes du voifinage , qui font comme autant de co-
lonies qui fe formèrent des débris de l'ancienne Priver-
mtm.
En Tortant de Piperno, on trouve des coteaux fa-
blonneux , tout remplis de ces diverfes lottes d'ar-
briffeaux qui font verds en toute faifon. Il y a beau-
coup de lièges dans le bois où l'on entre enfuite. Cet
arbre reffemble fort au chêne verd , & on poturoit le
prendre pour une espèce de chêne , car il porte du
gland. Quand on ôte à cet arbre fon écorce , loin de
l'offenfer , on le fortifie , & il eu reproduit bientôt une
autre.
PIPERNO VECCHIO, petite ville d'Italie, dans
la Campagne de Rome, environ à deux milles de Pi-
perno. C'eft apparemment l'ancienne Privernum.
Voyez, ce mot. * Magin , Carte de la Campagne de
Home.
PIPLAS. Ortelius , qui cite Feftus Avienus , dit
qu'on donnok ce nom à fept ifles de la mer Médi-
terranée , vis-à-vis de Narbonne. L'édition d'Oxford
ne parle que de quatre ifles i & au lieu de Piplas ,
elle lit Triplas , faifant entendre qu'anciennement on
ne comptoir que trois ifles dans ce quartier : voici le
pafiage en queftion :
Nec longé ah iflo cespuis rupli Sinus
Aller debiscit , injidasqite quatuor ,
( At priscus ufus dixit bas ornnes triplas )
■Ambït profundo.
* Avïeni Ora Marit. v. 782. Se feq.
PIQUE, ou la Pique de Montvalier, montagne
la plus haute des Pyrénées. Elle termine le diocèfe de
Conferans , Se paroît , de quinze à vingt lieues , éle-
vée par deffus les autres montagnes , en forme de pi-
que. Son fommet eft au-deiTus de la moyenne région
de l'air. Il n'y tombe ni pluie ni neige, & l'on n'y
fauroit monter qu'après les grandes chaleurs de l'été.
On découvre delà la France & l'Espagne également ,
& l'on entend gronder fous fes pieds le tonnerre qui
eft affez fréquent dans ces montagnes. Il y fait froid
dans la canicule même, & l'on y trouve des oifeaux
qui viennenr fe repofer quelquefois fur les gens qui
y arrivent. Si l'on en prend quelqu'un en vie, il meurt
quelques heutes après qu'il a respiré l'air , qui convient
au refte des animaux. Ceux qui y montent font obli-
gés auffi , pour ne pas étouffer , d'avoir à leur nez ,
dès qu'ils font parvenus à une certaine hauteur , une
éponge ou linge trempé dans l'huile , afin d'épaiffir l'air
par ce moyen. * Corn. Dict.
P1QUENTUM. Voyez. Picuentum.
PIR-BUONO , lieu très-agréable dans la Perfe , à
deux lieues de la ville de Schiras , du côté du fud-
oueft , au pied d'une grande montagne. C'eft un her-
mitage où demeurent trois ou quatre dervis. Cesder-
vis cherchent toujours les lieux les plus beaux pour
s'y camper , & ils y tiennent tellement leur gravité ,
en fumant une pipe de tabac , que fi le roi veuoit ils
ne feleveroient pas pour le faluer. Ce qui embellit
cet hermitage, eft une grande fource d'eau qui arrofe
le jardin , Se quantité de beaux arbres qui font aux en-
virons. Elle donne un canal u'eau un peu plus loin
que la maifon des dervis, Se c'eft ce qui donna lieu
à Iman-Couli-Kan de faire tout proche un grand en-
clos pour un parc , qu'il remplit de quantité de bêtes.
C'étoit un plaifir de s'y aller promener du vivant de
ce feigneut , qui avoit foin de le bien entretenir i car
depuis fa mort on l'a négligé , Se toutes les murailles
en tombent en ruine. * Tavernier , Voy. de Perfe ,
1. 5. c. 2Î.
PIR^EA. Ortelius , qui cite Ifocrate, inPanegyr.&
Arcopag. dit que c'éroit une ville fituée au milieu delà
Grèce , & qui fervoit d'entrepôt.
i. PlR/EUS. C'eft le nom qu'on donnoit au port de
la ville d'Athènes, bâti par Thémiftocle. Le port de Pha-
lete , dit Cornélius Ncpos , in Ihtmijlocle , cap. 6.
ne fe trouvant ni affez grand , ni affez commode , on
fit, par l'avis de Thémiitocle , un triple port, Se on
l'entoura de murailles ; de forte qu'il égaloit la ville
en beauté , Se la furpaffoit en dignité. Thucydide , /.
1. p. 6t. dit auffi que le Pirée étoit triple, parce qu'il
y avoit trois ports , ou\ rages de la natute. Selon Pau-
fan ias , Auic c. 1. avant que Thémiftocle fût parvenu
au gouvernement de la république, le Pirée n'étoit
qu'un village. Les Grecs modernes l'appellent Porté
Draco , Se les Francs Pono-Lwne ; l'un Se l'autre à
caufe d'un beau lion de marbre trois fois plus grand
que nature, qui eft fur le rivage au fond du port.
Il eft affis fur fon derrière, la tête fort haute , percée
par un trou qui répond à la gueule ; Se > à la marque
d'un tuyau qui monte le long du dos , on connoît
qu'il fervoit à une fontaine , comme celui qui eft pro-
che de la ville. Je ne pus apprendre , ajoute Spon,
de nouvelles de celui qu'on dit être dans la citadelle,
fi ce n'eft qu'on ait pris un devant de cheval dans le
mur , au nord du château , pour celui d'un lion. Quel-
ques-uns attribuent à l'imagination frapée de ces lions,
le monftre dont une femme Turque accoucha à Athè-
nes dans la citadelle, l'an 1665 au mois d'Octobre.
Elle le porta neuf mois Comme un enfant. Quand il
vint au monde , il fauta auffi-tôt en terre., & commen-
ça à marcher , à crier Se à marmoter certains accens ,
qui approchoient de l'aboyement d'un chien. Il avoit
les oreilles droites comme un lièvre , & fon mufeau
reffembloit à celui d'un lion. Ses yeux étoient érinec-
lans : deux groffes dents lui fortoient de la bouche.
Ses pieds paroiffoient comme ceux d'un enfant , Se fes
mains comme des ferres d'un oifeau de proie. Enfin
on eut de la peine à pouvoir discerner fon fexe. Le
vaivode Se le cadis l'allerent voir trois jours après fa
naiffance, & ordonnèrent qu'on feroit une grande fos-
fe, Se qu'après y avoir jette ce monftre, on la rem-
pliroit de pierres ; ce qui fut exécuté le 8 d'Octobre.
* Spon , Defc. des Antiq. d'Athènes, t, 2. p. 341.
L'entrée du port eft étroite -, de forte qu'à peine y
poutroit-il paffer deux galères à la fois. Mais, quand
on eft dedans, il y a bon fond par- tout , fr ce n'eft
dans un de ces enfoncemens , qui étoit peut-être comme
une darfe pour les galères ,&qui eft presque tout comblé.
Il eft de bonne tenue & bien fermé ; Se quand même
les vaiffeaux feroient portés à terre par quelque tem-
pête, ils ne fe romproient pas, parce qu'il y a affez
d'eau Se qu'il n'y a point de rochers , ni de brifans
cachés; ce que l'on a vu par l'expérience de cinq vais-
feaux anglois , qui eurent tous leurs cables rompus dans
une nuit par une bourasque. Pline, /. 7. c. 37. dit
que ce port pouvoir contenir mille vaiffeaux ■> mais
Strabon, qui eft plus exact, ne dit que quatre cens.
A préfent que nos bâtimens font de grandes machi-
nes , quarante ou cinquante auroient de la peine à
s'y ranger. On voit le long du port quelques fonde-
mens de murailles . Se ceux d'une tour carrée vers l'em-
bouchure. Le tombeau de Thémiftocle eft près de-
la ; mais on n'oferoit affiner que ce foit un grand cer-
cueil de pierre , qui eft environ à cent pas du port m
proche de quelques grorres raillées dans le roc. Il ne
refte plus rien de la petite ville du Pirée, ni de ces
. beaux portiques, dont Paufanias fait mention. Le feul
bâtiment
PIR
bâtiment qui fubfifie, eft un magafin pour recevoir
les marchandifes , Se y payer les droits de la doua-
ne.
En revenant delà à Athènes, on voit presque tout
le long du chemin , les fondemens de la muraille , qui
juignoit le Pirée à la ville , Se qui fut détruite par
Sylla. On l'appelloit Macra-Teichi , c'eft à-dire les
longues murailles : car elles avoient cinq milles de lon-
gueur , puisqu'il y en a autant depuis le port de Pi-
rée jusqu'à Athènes. Environ à moitié chemin il y a
un puits avec quelques oliviers auprès: mais il eft trop
profond pour le perfuader que ce fût la fontaine qui
étoit pioche d'un petit temple dédié à Socrate. On ap-
pelloit ce chemin la rue du Pirée ; les côtés en étoient
habités ; mais à préfenr ce ne font que des champs Se
des oliviers.
1. PIRjEUS. Etienne le géographe donne ce nom
au porr de Corinthe.
3. PIRjEUS , peuple de la tribu Hippothoontide.
C'eft Etienne le géographe qui en parle.
PIR/£ENSES, bourgade de l'Attique, dans la Mé-
garide, félon Plutarque , in Qujifi.Grxc.
P1R/EUM. Voyez. Spir/Eum.
PIRAN ou Pirano, ville d'Italie , dans l'Iftrie,
environ à quatorze milles de Capo d'Iftria , en tirant
vers le midi occidental. Elle eft fur une petite pres-
qu'ifle formée au midi par le golfe Largone , Se au
nord par le golfe de Triefte. L'air y eft fort bon , & elle
contient environ fix mille habitans. Ses ports font beaux
Se toujours remplis de vaiffeaux & de galères. Les Vé-
nitiens en font les maîtres depuis 1583. * Magïn ,
Carte de l'Iftrie.
P1RASIA , ville de la Magnéfie , félon Etienne le
géographe. Ortelius croit que c'eft la même que Pire-
sia. Voyez, ce mot.
PIRATARUM HOM1NUM, 'AntyA Ùupctrdv. Pro-
longée, /. 7. c. 1. donne ce nom à un peuple de l'Inde ,
en-deçà du Gange. Il met deux places dans leur pays -y
favoir :
Olochera Se Mufopalle.
PIRCHENFELD, couvent qui a été fécularifé, dans
lediftrict. deNeuftadt, fur l'Aisch , dans le Haut-Bour-
graviar.
PIRE PENJALE , haute montagne du royaume de
Cachemire , Se l'une de celles qui forment fon enceinte
du côté du fud-oueft. Cette montagne eft toute couverte
de plantes , & dans le côté qui eft expofé au midi vers
les Indes , c'eft un mélange de planres indiennes Se euro-
péennes ; Se dans celui qui eft expofé au nord , on n'en
trouve que d'européennes. On y remarque avec éronne-
ment une fuite naturelle de générations , & de corrup-
tions dans les arbres. On en voit au bas de la montagne ,
dans des précipices où perfonne ne fut jamais , des cen-
taines tombés les uns fur les autres , morts & à demi-
pourris devieilleffe ■■, d'autres jeunes & frais qui renailknt
du pied de ceux qui font morts. On y en a remarqué quel-
ques-uns de brûlés, foit qu'ils euffent été frapés de la
foudre , foit que dans le cœur de l'été ils fe fuflent en-
flammés fe frottant les uns contre les autres , étant agités
par un venr chaud Se furieux. On admire entre autres
un torrent d'eau qui , descendant d'une montagne du
voifinage , par un canal fombre Se couvert d'arbres, fe
précipite tout d'un coup en bas d'un rocher droit Se es-
carpé , d'une hauteur prodigieufe , avec un bruit qui
étourdir les oreilles. Enfin on y reffent rrès-fouvent deux
vents tout contraires l'un à l'autre , ptincipalement en
approchant du fommer, comme fi cette montagne pous-
foit de rous côtés une exhalaifon de fes entrailles , qui ,
venant à fortir , formât un vent qui descend Se prend
fon cours dans les deux vallons oppofés. * Franc. Ber-
nier , Voy.de Cachemire, r. 1. lett. 9.
P1REMIL, bourg de France , en Anjou, élection de
la Flèche.
PIRENE. Voyez. Acrocorinthe.
PIRESIA , ville de la Theflalie , félon Etienne le géo-
graphe, qui dit qu'on lanommoit auparavant Asterion.
Il y a eu en effet dans la Theflalie une ville nommée As-
TERiiur. Voyez, Asterion , n. 2..
PlPv 985*
PIRET, Tompeiacutn , château de France , en Dau-
phiné , près de la ville de Vienne. 11 étoit fortifié ; mais
on le fit démolir en 163c.-" Bandrand , éd. 17c r.
PIRGO. Voyez.VuKGO.
PIRI , contrée de la Baffe -Ethiopie , au royaume de
Loango. C'eft , dit Dappcr , Defc. de l'Afrique , p. 3 20;
un pays plat , bien peuplé , Se plein de bois Se d'arbres
fruitiers. Il abonde en volaille , & on y trouve quelque
bérail. Leshabirans font toujours en paix, Se n'onr même
aucune connoiffance de la guerre. Ils font aimés de leur
prince, Se plus riches en terre que fes autres fujets. Leur
principale nourriture confifte en laitage , & en ce qulls
prennent à la chaffe.
PIRIACA, contrée de la Bœotie. Thucydide, /. 2.
p. Uj.dk qu'elle étoit habitée par les Oropes , peuples
fujets des Athéniens.
PIRIDIS , ou Pyridis Insul a , ifle de la mer Egée ,
entre la Dalmarie& l'Iftrie , félon l'itinéraire d'Antonin.
* limer. Maritim.
PIRIES, nomqu'Héfichedonneà l'ifle AsrERiA.Voyez
ce mot.
P1RINA, ville de Sicile, fur la route SAgrigentum
à Lilybeum , entre Petrine Se Panormus , à vingt-quatre
milles de la première, Se à égale diftance de la féconde,
félon l'édition de l'itinéraire d'Antonin par Simler , &
félon l'exemplaire du Vatican. D'autres n.anufcrits por-
rent Pyrama , Pirama , Pirma , ou Pirima.
PIRIOUS , peuples de l'Amérique , dans la France
équinoxiale. Ils habitent à trente lieues au- deffus delà
Cayenne , Se à feize lieues de la met.
PlRITO, nom dedeuxifles de l'Amérique feptentrio-
nale , dans le gouvernement de Venezuela. Elles font
féparées l'une de l'autre , Se à la même diftance de la
terre-ferme. Ces ifles fonr baffes , Se presque égales à la
mer ; ce qui eft caufe qu'elles n'ont point d'habitans. II
y a dans la terre-ferme, vis-à-vis de ces ifles, une pe-
tite rivière appellée Rio de Ermacito , Se dont les bords
font habités par des Caraïbes. *DeLaët> Defc. des In-
des occ. 1. 18. c. 17.
PIRITZ. Voyez. Pyritz.
PIRLAN , tribu Tartare , dont parle Petis de la
Croix , liv. 3. ebap. $$. dans fon hiftoire de Timur*
Bec.
PIRN. Voyez,??™.
PIROBORIDAVA , ville de la Mœfie-Inférieure, en
Europe. Ptolomée , /. j. c. 10. la place dans les terres ,
près du fleuve Hierafus. Dominique Niger dit qu'elle fe
nomme préfenrement Brauano.
PIROS, ou Pirot, petite ville de la Bulgarie, que
quelques-uns prennent pour l'ancienne Remisciana. Elle
eft fituée entre Niffa Se Sophie, la première au nord oc-
cidental, Se la féconde à l'orient méridional. On la nom-
me aufli Chercui. * Atlas, Robert de Vaugondy.
PlROSSUSouPEiROssus,lieudelaMyfie Afiatique,
félon Ortelius , Thejattr. qui cite Strabon , /. 1 3 . p. $ 89.
Mais cet ancien ne qualifie pas ainfi Pirossus : il dit feu-
lement que le mont Rhea étoit in Peirojfo : de forte que
Peiroffus pouvoir être un petit pays: Voici le paffage de
Strabon : Jam Khemontem , alii montes aiunt ejje in
PeiroJJô.
PIROU , ancien château de France, fur la côte de la
Baffe-Normandie, dans le Corantin , vis-à-vis des ifles
de Jerfey Se de Gerncfay. On compte au pied de ce
château dix-huit ou vingt niches de pierre, où l'on a
foin rous les ans de mettre des nids faits de paille ou de
foin , pout les oies fauvages , qui ne manquent pas
tous les premiers jours de Mars de venir la nuir faire
plufieurs rondes à l'entour, pour voir au clair de la
lune& des étoiles, fi ces nids font prêts. Les jours fui-
vans ces oifeaux viennent prendre poffeffion des nids
qu'ils trouvent les plus commodes, &fouventce n'eftpas
fans quelque combat entre eux à coup d'ongles Se de
bec , où il fe répand du fang ; ce qui fe fait avec tant de
bruir , qu'on ne s'entend presque point dans les appar-
remens du château , ni dans les mafures des environs.
Lorsque rous ces nids fonr pris , on en met d'autres fur
les parapets des murailles , Se ils ne demeurent pas long-
tems vuides. Comme ces murailles font extrêmement
hautes , les oies qui y couvent ont accoutumé , dès que
leurs petits font éclos , d'avertir en crianr qu'on vienne
Tom. IV. I i i i i i
?86
PIS
PIS
les descendre dans le foffé. Si on tarde à le faire , les mè-
res y descendent elles mêmes, étendent leurs ailes, ôc
reçoivent leurs petits à la descente, de crainte qu'ils ne
fe bleflenr. Chaque oie a ion mâle auprès d'elle, & quoi-
que ce foit des oies fauvages, aucun ne paroît dans les
campagnes voifines , pendant que l'on en voit des mil-
liers qui flottent fur les lacs de Pirou. Quand ils font
hors du château , on n'en fauroit approcher de fix cens
pas , fans qu'ils s'envolent j mais quand ils font dans
le château, ils ceffent d'être fauvages, ôc viennent pren-
dra du pain ôc de l'avoine à la main. Quelque bruit que
l'on faffe dans les cours , quand même on tirerait des
coups de fufil , ils ne s'effarouchent point, ôc couvent
depuis le commencement de Mars jusque dans le mois de
Mai. Lorsque les petits font affez forts pour les fuivre ,
ils les dérobent la nuit , & fe retirent dans les lacs voi-
fins, pour ne revenir que l'année fuivante. Les fpécuia-
tifs du pays augurent bien de la fertilité de l'année , tou-
tes les fois que ces oies fauvages viennent à Pirou eu
grand nombre. * Mélanges d'Hift. & de Littéral. iGyy.
Corn. DicL.
PIROUZNOUR , ville que Petis de la Croix , Hifl.
de Timur-Bec , l. 4. c. 23 . place fur le bord occidental du
Gange.
PIRUM , ville de la Dace s félon Ptolomée, /. 3. c. S.
Elle étoit entre Rhamidava ôc Zufidava. Quelques-uns
croient que c'eft Pixendorf , bourg de la Baffe-Autii-
che.
PIRUST/E , peuples de L'IIIyrie. Ils envoyèrent des
ambaffadeurs à Céfar pour faire leurs foumiflions. Quel-
ques exemplaires de Ptolomée , /. 2. c. 17. les nomment
Piruffe, ôc lesplacent du côté delà Macédoine. Strabon,
/. 7. p. 41 3. écrit Pyrijja , ôc Ortelius , Thef. croit que ce
font les Pyrœi de Pline, peut-être font-ce atfffi lesPyriJfœi
d'Appien. * De Bel. Gai. I. $. c. 1.
1 . PIS A , fortereffe des Perfarméniens. Ortelius , Thef.
qui cite le continuateur de Glycas , dit qu'elle étoit fur
l'Euphrate , ôc qu'elle fut prife par Emmanuel Com-
néne.
2. PISA , ou Piza. Voyez, Olympia , n. 1.
PIS./E , ville d'Italie , dans la Toscane. Plufieurs an-
ciens écrivains, tant Grecs que Latins j en ont parlé.
Pline,/. 3.C.J, la place entre les fleuves Aafer ôc Arnus.
Elle avoit été fondée par les Pifé, peuples du Pélopon-
nèfe, qui l'a voient nommée Alphée, du nom d'un fleu-
ve de leur patrie. C'eft du moins ce que dit Virgile , au
dixième livre de l'Enéide , v. 1 79.
Alphe& ab origine Pif a.
Urbs Etruscafolo.
On trouve la même chofe dans Rutilius , Itiner.
I. 1. v. j6$.
Alpheœ veterem contemplor originis Urbem ,
Quam cingunt geminis Arnus & Aufur aauis.
Il appelle Aufur le fleuve que Pline nomme Aufer.
Folybe , /. 2. c. 27. Ptolomée , /. 3. c.\. Lycophron ,
verf. 1 24 1 . & les autres Grecs écrivent Piffk pour Pif a ;
mais toutes les inferiptions romaines portent Pis^c. Elle
eut le titre de colonie Romaine , & elle a confervé fon
ancien nom. C'eft aujourd'hui la ville de Pise. Voyez,
ce mot.
PIS^EUS, montagne du Péloponnèfe, à ce qu'il pa-
roît par un paffage de Plutarque , in Parai. Grac. cum
Roman.
PISAN.Koj^Pise.
PISAOM , ville de la Pélagonie , félon Etienne le
géographe. Polybe , /. 5. c. 108. &c Orphée, in Argo-
naut. écrivent Pijfaum. Le premier dit qu'elle fut détruite
par Scerdilaî'das.
PISARO , ville d'Espagne , dans l'Eftremadoure, au
quartier de la Vera de Plaz.encia.EWt eft aflez confidéra-
ble, ôc dépend pourtant de la citéde Plazen ci A.Sa fitua-
tion eft au milieu d'un profond vallon , entre de hautes
montagnes , Se qui abonde en figues, en citrons ôc au-
tres fruits exquis.* Délices d'Espagne, p. 365.
P1SATELLO , rivière d'Italie , dans la Romagne.
Elle a fa fource au pied de l'Apennin. Son cours eft du
midi occidental au nord oriental'. Elle fe jette dans la ri-
vière Rigofa , environ à un mille de la côte du golfe de
Vcnife. C'eft le Rubicondes anciens. Voyez, Rubicon.
Pline met le Rubicon au nombre des fleuves qui fe jettent
dans la mer Adriatique -, ainfi fon nom moderne ne fau-
roit être Pifatello , puisque cette rivière ne fe rend pas
immédiatement dans la mer ; j'aimerois mieux dire que
le Rubicon eft le Luso. Voyez, ce mot. * Magin, Carte
de la Romagne.
PISATIS. Voyez, Olympia , n. 1.
PISAURUM, ville d'Italie, appelle? aujourd'hui
Pesaro. Voyez, ce mot. Ptolomée, /. 3. c. 1. qui la don-
ne aux Semnones , la place entre Fanitm Fortuna ôc Ari-
minum. Céfar , Civ. I. i.c. 1 i.fc rendit maître de cette
ville. Tite-Live , /. 39. c. 44. Velleïus Paterculus , /. 1.
c. 1 j. ôc d'anciennes inferiptions romaines lui donnent le
titre de colonie.
P1SAURUS, rivière d'Italie, dans le Picenum. Elle
donnoit le nom à la ville Pifaurùnt. Vibius Sequefter dit
qu'on la nommoit aufli Isaurus. En effet, on lit dans
Lucain , L 2. v. 406.
Crujlumutmqite rapax & junilo fapis Ifauro.
Mais peut-être la quantité a-t-elle obligé Lucain dédire
Ifauro pour Pijauro. Cette rivière s'appelle aujourd'hui
la Foglia , félon Magin , Carte de la Marche d'An-
cone.
PISAY , bourg de France , dans la Saintonge , élection
de Saintes.
PISCA , ville de l'Inde , en-deçà du Gange. Ptolomée ,
/. j.c. 1. la place fur le bord de ce fleuve , entre Para-
dabathra ôc Pafipeda.
PISCADORES, ou PEScADORES,c'eft-à-dire,ifles
du Pécheur. Robert de Vaugondy , Atlas , ne marque
qu'une iflede ce nom dans fa carte des Indes ôc de la Chi-
ne \ mais Dampier , Voyage autour du Monde , t. 2. p.
92. comprend fous ce nom plufieurs ifles. Il dit : Les
Piscadores font plufieurs grandes ifles défertes ôc fituées
près dé l'ifle Formofa, entre cette ifle ôc la Chine, à 23
degrés ou environ de latitude feptentrionale , Se presque
à la même élévation que le tropique du cancer. Les ifles
Piscadores font d'une raifonnabie hauteur , ôc ont beau-
coup de l'air des Dunes de Dorfetshire& de Wiltshireen
Angleterre. Elles produifent une groffe herbe courte , &
quelques arbres. Elles font paflâblemenr arrofées, &
nourrifient quantité de chèvres ôc quelque gros bétail.
Il y a beaucoup de hauteurs, ôc fur ces hauteurs de
vieilles fortifications ; mais elles ne fervent de rien à
préfent. Entre les deux ifles les plus orientales, il y a
un bon havre qui n'eft jamais fans vaifleaux. A l'occident
de la plus orientale de ces ifles , il y a une grande ville
ôc un fort qui commande le havre. Les maifons en font
baffes , mais bien bâties , ôc la place fait une belle per-
fpective. Il y a une garnifon de trois ou quatre cens Tar-
tares , qui , après trois ans de féjour , font envoyés dans
une autre place. A l'occident du havre de cette ifle , tout
proche de la mer , il y a une petite ville de Chinois ôc
la plupart des autres ifles ont des habitans de la même
nation , les unes plus , ôc les autres moins.
PISCENA, ville de la Gaule Narbonnoife, félon
Pline , l.$.c. 4. fur quoi le père Hardouin remarque que
c'eft prefentement la ville de Pezenas , au diocèfc
d'Agde.
PISCHOA , petit pays de la Grande-Tartane, dans le
Charasm , à l'orient de la ville d'Urgcns. 11 étoit au-
trefois très- peuplé , parce que le bras droit de la rivière
d'Amu paffant au travers , le rendoit très-fertile ; mais
depuis environ un fiécle, cette rivière s'eft retirée, ôc
a laiffé ce pays atide : presque tous ceux qui l'habi-
toient l'ont abandonné. 11 eft à préfent presque déferr.
*Hiftoire générale des Pîuns ,1. 11;. Hif .généalogi-
que des Tatars.
1. riSCINA , petite ville d'Italie , au royaume de
Naples, dans l'Abruzze ultérieure. Corneille qui cite
Maty , la met fur le lac de Celano ; mais Magin , Carte
de lAbruz.z,e ult. la recule à plus d'un mille de la rive
orientale de ce lac. Clément VIII transféra àPiscinala
réfidence de l'évêque de Marfi. Cet évêché , qui relevé
immédiatement du pape , étoit établi dès l'an 6co, L'an-
PIS
PIS
tienne réfidence de l'évêque étoit à Marruvhtm, dont
les ruines font au village de S. Benoît , fur la rive du
lac de Celano. * Commanville , Table des aun. Se évê-
chés.
2. PISCINA. Voyez. Frisquinge.
PISCIOTTA , bourgade d'Italie . au royaume de Na-
ples , dans la Principauté Citérieure , entre Cartel à Ma-
re de la Bruca , vers le nord , & Acqua délia Frcoglio ,
vers le midi. Elle eft fituée à l'embouchure d'une petite
rivière , à laquelle elle communique foiinom,ainfi qu'au
cap voifin. Pisciotta , félon Leander , eft le Buxentum
des anciens, Se la rivière eft, à ce qu'on croit, l'ancienne
Elea. D'autres cependant croient que Buxentum eR au-
jourd'hui Poiicastro. Cluvier a cru que Pisciotta n'en:
pas fort différente de l'antienne Velia. * Magin , Laite
delà Principauté Citérieure.
PISCO, ville de l'Amérique méridionale , au Pérou,
dans l'audience de Lima. Cette ville, qui étoit autre-
fois au bord de la mer, en cft à préfent éloignée d'un
quart de lieue. Ce changement arriva en 1681 , par un
tremblement de terre fi rude , que la mer fe retira d'une
demi-lieue, 8c remonta enfuite avec rant de violence,
qu'elle inonda presque autant de terrein au-delà de fes
bornes-, de forte qu'elle ruina la ville de Pisco, dont on
voit encore les mafures s'étendre depuis le ri\ âge jusqu'à
la nouvelle ville. Plufieurs curieux ayant fuivi la mer à
mefure qu'elle fe retirait , furent engloutis à fon retour.
Depuis ce rems, on a bâti la ville dans un lieu où le
débordement n'atteignit pas. Elle eft divifée par quar-
tiers réguliers. L'églife paroiffiale eft au milieu de la
ville fur une place de 1 étendue d'un quartier. Derrière
cette églife cil celle des Jéfuiies. Plus à l'efi , on trou-
ve celle de S. François , qui eft petite, mais fort pro-
pre. Au nord eiî l'hôpital de S. Jean de Dieu , & au
fud de la place, eft la Magdeléne, chapelle des Indiens,
âu-devant de laquelle il y a une petite place. Environ
trois cens familles compofent cette ville, & la plupart
font métifs , mulâtres Se noirs : les blancs y font le plus
petit nombre. 11 y a un corregidor Se un cavildo , pour
adminillrer la juftice , & fort fouvent un juge , pour
empêcher le commerce en fraude des pignes qu'on ap-
porte des minières. * Frezjer, Voy. de la mer du Sud,
t. 2. p. 5 20.
La Rade de PISCO peut contenir une armée nava-
le. Elle eft au nord, d'où il ne vient point de vent
dangereux dans ce quartier , qui efl: de 13 d. 40 min. de
latit. méridionale. On y eft à couvert des vents ordinaires
qui régnent depuis le fud-fud-oue/t jusqu'au fud e!h Si
l'on vouloit caréner , il faudroit entrer au fond de l'ance
de Paraca, où il n'y a point de mer ; Se il y a par tout
mouillage , depuis onze jusqu'à cinq braffes d'eau. Du
côté de l'ouelt , on trouve plufieurs petites ifles entre les-
quelles on peut paffer fans crainte ■■, mais ordinairement
il convient mieux de palier au dedans de celle de S.
Galland, & de langer la terre de Paraca pour gagner
au vent. On vient enfuite mouiller vers les maifons à
quatre ou cinq braffes d'eau. Parmi ces petites ifles , il y
en a une qui eft percée à jour en deux endroits , de ma-
nière qu'elle paroît comme un pont. Depuis les maifons
de Paraca , jusqu'à la ville de Pisco , il y a deux lieues de
plaine fablonneufecV: aride. On aime mieux mouiller de-
vantles maifons de Paraca, quoiqu'à deux lieuesde Pisco ,
que d'aller devant cette ville, patec que la mer efl fi
maie au rivage , qu'il eft presque impoffible d'y débar-
quer pendant la journée. On peur néanmoins quelque-
fois au matin mettre pied à terre avec un bon grelin Se
une bonne ancre -, mais c'eft toujours avec beaucoup de
peines & de risques. Les navires qui mouillent devant
îa ville font le bois Se l'eau demi-lieue plus au nord dans
la coulée où paffe la rivière de Pisco ; 8c ceux qui mouil-
lent à Paraca font l'eau dans le fable à une demi lieue au
fud-eft des maifons.
Les campagnes de Pisco , font presque toutes rem-
plies de vignes fort fertiles, 8c dont le vin eft très bon.
Certe feule ville en fournit Lima , & plufieurs autres en-
droits. Tous les vaiffeaux qui partent de Callao , ou pour
la côte du nord , ou pour celle du fud, vont prendre à
Pisco leurs provifions de vin & d'eau de vie ,- quelques
navires en chargent pour Panama , qu'on transporte en-
fuite par terre à Porto- Bello, 8c de-là à Carthagene. L'air
987
de Pîsço eft un des meilleurs de toute la côte; on y lait
la vendange dans les mois de Mars 8c d'Avril : on y trou-
ve les mêmes fruits qu'en Europe : ils font d'un goût
merveilleux : ceux qui font propres au pays font en abon-
dance; Cv on peut avancer fans témérité que Pisco eft
l'un des plus beaux endroits de toute la côte du Pérou.
* Feuillée , Journal des Obferv. 1. parr. p. 394.
1. PISÇOPIA, bourgade de l'ifle de Cypre , avec un
éveché Grec , félon Corneille , qui n% cite aucun garant.
Il ajoute que ce bourg elt fur la côte méridionale, entre
Bafio 8c Linliffo , 8c qu'on le prend pour l'ancienne Cu-
rias. Selon le Brun , Voyage au Levant , t. 2. p. 498. qui
au lieu de Pis copia écrit Biscopia , c'eft une belle plaine
unie, où l'on voit beaucoup d'anciennes ruines, Se qui
eft arrofée d'une belle rivière. Anciennement il y crois-
Toit beaucoup de cannes de lucre ; mais aujourd'hui elle
cil plantée d'arbres qui portent le coton. Voyez. Bisco-
riA.
2. PISÇOPIA , ville ancienne de Cypre, qu'on nom-
me préfentement Arnica , & dont las ruines fonteonnoî-
tie qu'elle a été autrefois très-confidérable.
Corneille, qui me fournir cet article, ne cite aucun
garant ; ce qui nie le rend fuspecr. D'ailleurs je ne con-
nois aucun ancien auteur qui ait mis dans l'ifle de Cy-
pre une ville nommée Piscopia. Quant à Arnica ou Lar-
neca , le Brun , dit que ce n'eft aujourd'hui qu'un mé-
chant bourg. Etienne le géographe fait mention de Pisco-
pia, ville épiscopale. Voyez. Biscopia.
3 . PISCOPIA , ifle de l'Archipel , entre celle de Lo-
lango ou Stanchio , & celle de Rhodes , près de 1 ifle
de Niffari , en tirant vers le nord oriental. C'eft l'ifle Te-
lus de Pline qui dit que Callimaque l'a nommée Aga-
thufà. * Atias, Robert de Vaugondy.
PISCURI. On donnoit ce nom , félon Strabon ,/. 1 r.
p 511. à des peuples d'Afie , qui, avec les Aparni
8c les Xanthii , étoient compris fous le nom commun
de DAvE.
PISE, Pif*, ville d'Italie, dans la Toscane, fur la
rivière d'Arno , à dix-fept lieues de Florence , dans une
plaine entièrement unie. Cette ville , qui eft très an-
cienne , a été la capitale d'une république , qui fe ren-
dit fameufe par fes conquêtes en Afrique , 8c dans
la Méditerranée , où elle s'étoit emparée des ifles Ba-
léares , 8c de celles de Corfê & de Sardaigne , qu'el-
le avoir conquifes fur les Sarrafins. Son port , à deux
lieues de l'embouchure de la rivière d'Arno dans la mer ,
étoit un lieu d'un très-grand commerce. Elle a au-
ttefois entretenu jusqu'à cinquante gaietés ; mais
les guerres civiles l'ayant affoiblie , les Florentins l'as-
fiegerent 8c la prirent en 1406. Elle n'a jamais pu fe
relever depuis. Elle eft encore à préfent fort déferte 4
Se malgré les foins que le grand duc fe donne pour
augmenter le nombre de fes habirans , fes belles rues,
presque routes tirées au cordeau , 8c bordées de rrès-
belles maifons, fonr couvertes d'herbe comme un pré.
C'eft dans la vue d'y attirer du monde que le prin-
ce y a établi l'arfenal de conftruétion de fes galères,
qu'il y a mis le chef d'ordre des chevaliers de Saint
Etienne, qu'il a augmenté le nombre des profeffeurs
de Puniverfité , Se qu'il n'épargne rien pour y attirer
d'habiles gens , un grand nombre d'écoliers. Cette at-
tention a déjà eu quelque fuccès Ce h'éroit qu'un éve-
ché -, mais vers la fin du onzième fiécle on l'éri-
gea en métropole. * Mijjon. , Voyage d'Italie , t. 2.
p. 317. 8c fuiv. Labat , voyage d'Italie, t. 2. p. 107
Se fuiv.
La cathédrale , qu'on appelle le Dôme , elt d'une
grande beauté , quoiqu'elle foit bâtie dans le goût go-
thique , qu'on appelle à la Titdesca. Elle a des pro-
portions fi juftes , elle eft fi claire , les ornemens
font difiribués fi à propos, elle cft fi propre Se entre-
tenue avec tant de foin , qu'on ne peut fe laffer de
l'admirer, quand on y eft Ses portes font couvertes
de bas-reliefs de bronze , qui repréfentent plufiei>rs hi-
ftoires de l'ancien Se du nouveau reflament , Se qui font
d'un cour exquis. Le pavé de l'églife eft de pierres rap-
portées de marbre de différentes couleurs. Il y a quel-
ques tombeaux magnifiques, des ftatues, des peintu-
res des meilleurs maîtres , avec un grand nombre de
colonnes de marbre , qui féparenc la grande nef
Tom. IV. I i i « i i U
88
PIS
PIS
des côcés , qui . aufli bien -que l'églife , font incruftés de
marbre, quoique les gens du pays, par une vanité
mal entendue, difent que les murailles font entièrement
de marbre. On dit que les chanoines de cette églife
étoient vêtus autrefois de rouge comme les cardinaux ,
mais aujourd'hui ils ont feulement le camail violet.
C'eft au côté droit du chœur de cette cathédrale ,
Se en dehors , qu'eft ce fameux clocher , ou cette tour
ronde penchante fi célèbre dans les relations de tous
les voyageurs. Elle eft de marbre , avec une rempe
fpirale, pratiquée dans l'épaiffeur du mur , Se par la-
quelle on monte fur là plate forme. Bien des gens s'i-
maginent que le hazard, ou la négligence d'avoir bien
affermi les fondemens de cet édifice , font caufe qu'il
penche confidérablement d'un côté. Si cela étoit, tout l'é-
difice pencheroit, Se cependant il n'y a que le côté qui
regarde la ville qui ait ce défaut. Celui qui regarde
l'églife eft bien à plomb : le vuide qui eft au milieu, Se
quirefTembleà unpuitseft a plomb de tous cotés ; de forte
qu'on ne doit taxer l'architecte qui l'a bâti ni de négligen-
ce ni d'ignorance ; mais convenir qu'il a voulu donner par-
là une preuve de fon habileté, & faire voir qu'il pouvoit
faire un édifice hors de fon à plomb , fans l'expofer
à tomber. Un moderne a prétendu que c'eft fa figure
ronde qui l'empêche de tomber , mais ce fentiment elt
ridicule Se contraire à l'expérience. La hauteur de
cette tour eft de cent quatre-vingt-huit pieds : l'esca-
lier en a cent quatre-vingt-treize. La plate-forme, ou
rerraiïe du haut cft environnée d'une baluftrade , du
bord de laquelle ayant jette un plomb à l'endroit qui
penche le plus , il s'eft trouvé que le plomb tomboit
à quinze pieds juftes du fondement.
Le cimetière de toute la ville eft au bout de l'é-
glife. On l'appelle le Campo Santo , comme dans tout
le relte de l'Italie. C'eft un grand terrein carré , e nvi-
ronnéde portiques , comme un cloître ,foutenu de co-
lonnes de marbre , couvert de plomb , Se dont les murs
fon peints à fresque par d'habiles maîtres. On pré-
tend que cinquante galères de Pife, qui étoient allées
au fecours de l'empereur Frédéric Barderouffe , à la
Terre Sainte en izi8, fe lefterent Se fe chargèrent
de la terre de Jérufalem à leur retour , Se que cette ter-
re fut mife dans le Préau de Campo-Santo. On voit
dans ce lieu quantité de tombeaux Se d'inferiptious.
On y en remarque une entre autres , que l'on a en-
chaflée dans la muraille fous un des portiques, Se qui
eft un décret de la ville de Pife. 11 eft ordonné par
ce décret , que , nunciata morte Claris , on en por-
tera le deuil pendant une année entière , Se qu'on s'ab-
ftiendra de tous divertiflcmens publics.
Le baptiftere , qui a cent quatre-vingt pas de tour,
fe voit à trente ou quarante pas de l'églife cathédra-
le , de l'autre côté delà tour penchante fur une même
ligne. C'eft encore un édifice confidér'able. Il eft rond ,
de beau marbre , Se voûté en coupe, comme le dô-
me de Saint Pierre de Rome. Il s'y fait un écho qui
augmente de beaucoup le bruit ; Se fî l'on frape un
coup , ou que l'on fafle un cri , le retentilTement en dure
aufti long-tcms que le tintement d'une cloche. On a
gravé fur une des colonnes de ce baptiftere que l'égli-
fe fut achevée en 1153.
L'Arno , qui eft une rivière confidérable , paffe dans
le milieu de la ville , Se la partage en deux parties
presque égales , qui font jointes par trois ponts ,
dont le plus grand, eft de marbre blanc. C'eft fur ce
pont que fe donne tous les ans le combat de mas-
fue , entre le peuple de deçà , Se celui dc-delà la ri-
vière. C'eft une coutume très-ancienne dans cette ville,
Se dont il n'eft pas aifé de démêler la véritable ori-
gine , parce qu'on la rapporte de trop de façons dif-
férentes. Ce combat a fouvent des fuites facheufes
que les grands ducs , Se même la république , n'ont pu ,
ou n'ont pas jugé à propos d'empêcher pour des raifons
dans lesquelles il n'eft pas permis d'entrer. Les com-
battais font armés de bonnes cuirafics , avec les bras-
fàrts Se les cuiflarts , le ensque en tête Se la vifiere baiftée.
lis ont pour armes de grofles maffues de bois très-dur,
& garnies de fer. Ils les tiennent entre leurs bras,
év fous des peines griéves il n'eft pas permis de les
prendre entre les mains. En cet état ils s'approchent
les uns des autres au fon des trompettes, Se destamr
bours , fe pouffent rudement , & le ftapent la tête
avec leurs maffues, Se tâchent de faire reculer le par-
ti contraire, Se de fe rendre maures du pont. Le par-
ti le plus foible eft obligé de céder : les vainqueurs
mettent des gardes au pont , Se les vaincus achètent
le droit d'y paffer. Ce combat pourroit être un refte
de ceux que les citoyens de Pife fe livroient les uns
aux autres , lorsqu'ils étoient divifés en plufieurs fa-
ctions , & fur-tout quand une pattieeut pris le parti du
pape, & l'autre celui de l'empereur, fous le nom deGuel-
phes Se de Gibelins. On prétend que l'architecte qui
a bâti leur tour penchante l'avoit faite à deffein de
leur faite connoître que leur république étoit auffi
prête à tomber , à caufe de fes ciivifions , qu'une
maifon qui penche eft prête à fe renverfer Se à écra-
fer ceux qui s'y trouvent , ou qui en font proche.
Le mauvais air dont on fe plaint à préfent à Pife,
Se qu'on regarde comme la caufe principale de ce qu'elle
eft fi dépeuplée , n'eft qu'une fuite de ce manque d'ha-
bitans ; car quoiqu'elle foit dans un pays affez plat
Se uni , il n'eft pourtant pas marécageux. Les marais
de Livorne en font bien éloignés ; mais l'air fe cor-
rompt à Pife , parce qu'il eft trop en repos , qu'il y
a peu de feu, Se peu de mouvement dans la ville. L'é-
poque de la dépopulation de Pife eft la conquête de
cette ville pat les Florentins: les grands, Se le peu-
ple fe voyant privés de leur liberté , aimèrent mieux
abandonner leur patrie que de la voir dans la fervi-
tude : ils fe retirèrent dans les états voifins , même
jusqu'en France Se en Espagne. Les épitaphes du Cam-
po-Santo en fourniffent des preuves. On y voit les noms
de quantité de familles établies dans ce tems là à
Pife , Se que l'on trouve à préfent à Rome , à Na-
ples , à Gènes , à Turin , à Marfeille , où elles por-
tent les mêmes armes que l'on voit fur les monumens
dti Campo-Santo.
La plupart des maifons confidérables de Pife ont
des tours. On remarque la même chofe dans plu-
fieurs autres villes bien moins confidérrbles que Pife.
MiiTon s'eft trompé , quand il a dit que ces tours
étoient des récompenfes que les villes donnoient à
ceux de leurs concitoyens- qui s'étoient distingués
par quelque fervice fignalé qu'ils avoient rendu à
leur patrie." Les villes ne faifoient point bâtir ces
tours à leurs citoyens ; elles permettoient feulement
à ceux qui avoient exercé la magiftrature d'en bâtir
fui " Jeur propre fonds, & à leurs dépens. C'étoit une
marque que le maître de la maifon où il y avoit une
tour , jouifToit de la qualité de patricc , ou que fes
ancêtres en avoient joui, quil étoit du corps du fénat ,
& qu'il avoit les privilèges & la nobleflè attachée
à cette dignité. Ces tours à Pife étoient dans le tems
des divifions des citoyens comme autant de forteres-
fes , où ils fe retiroient quand leur parti n'étoit pas
le plus fort. C'étoit du haut de ces tours qu'ils fe bat-
toient à coups de traits & de pierres. Elles fervent à
préfent à prendre l'air Se le frais, Se à jouir de la
vue du payfage des environs , qui eft charmant Se bien
cultivé.
La ville de Pife a encore fes anciennes murailles
défendues par quantité de tours hautes Se fortes avec
un fofle. Les Florentins s'en étant rendus maîtres, dé-
farmerent les habitans , prirent nombre d'otages, rui-
nèrent une partie des murailles & bâtirent trois forte-
refles. La plus confidérable, qu'on peut regarder com-
me une citadelle de conféquence , a été forrifiéc pres-
que de nos jours à la moderne par Julien de Saint
Gai , excellent architete Se médiocre ingénieur. Elle
eft près de la porte Saint Marc qui conduit à Flo-
rence. L'autre fort eft près de l'arfcnal ; & le troifié-
me eft fur le bord de la rivière. Ces deux derniers font
perirs & ne valent pas grand'chofe.
Le grand duc a établi à Pife la maifon chef d'ordre
des chevaliers de Saint Etienne , pape , dont il eft
le grand maître. Ces chevaliers portent fur leurs ha-
bits une croix à huit pointes de farin rouge, un cor-
don couleur de feu, Se une petite croix d'or fur leur
poitrine. Us ne font pas obligés au célibat, ni au
vœu de pauvreté. Ils n'ont que le vœu d'obéiffance ,
PIS
PIS
& celui de faire la guérie aux Infidèles, il y a
de bonnes commenderies dans cer ordre. Ceux qui ne
font point mariés ( il y en a même peu qui le foient )
ont droit de demeurer dans le palais de Tordre à Pi-
le , où ils font nourris & logés magnifiquement. Ils
four preuves de nobleffe à peu près comme les che-
valiers deMalthe, & font obligés de faire leurs cara-
vannes avant que de pouvoir pofléder des commenderies.
On voit dans leur églife quantité d'étendarts qu'ils
ont enlevés aux Infidèles. Côme 1 infticua cet ordre
en 156 1. La ftatue de ce prince eft dans la place vis-à-
vis l'églife des chevaliers.
L'univerfité de Pife , fondée en 13 39, eft confidéra-
ble. Les chaires des profefieurs ont de bons revenus
qui font payés régulièrement. Les profefieurs n'ont
pour l'ordinaire, en entrant, que cent ou fix-vingt
piaftres d'appointement. Ils augmentent tous les ans ,
Se arrivent enfin à quatre cens piaftres qui eft la hau-
te paye , fans compter les honoraires, $c le logement
dans le collège. Il y a cinq collèges : celui des loix
& celui de la fapience font les.plus fameux: c'elt le grand
duc qui nomme à toutes les chaires.
Il y a quatorze milles de Pife à Livorne. Le pays eft
plat , & la plus grande partie du chemin fe fait entre des
bois de chênes verds, de liège & de myrthes fauvages.On
dit que la mer couvroit autrefois ces forêts , tk qu'el-
le venoit à trois milles de Pife , jusqu'au lieu où l'on
voit une afiez grande églife à l'entrée du bois. On ra-
conte que faint Pierre étant à la pêche , il s'éleva
une tempête qui le pouffa jusqu'à cet endroit , &c
qui l'y fit échouer. On ajoute qu'il érigea un autel autour
duquel un pape fit bâtir l'églife quelques fiécles après.
11 s'eft tenu à Pife deux célèbres conciles.
Le Pis an eft ainfi nommé de fa capitale. Sa plus
grande étendue n'eft pas aujourd'hui de trente milles
du nord au fud ; mais celle de l'eft à l'oued va bien
à cinquante miiles. Le Florentin & la république de Luc-
ques lui fervent de bornes au nord , le Siénois à l'o-
rient , & la mer à l'occident. C'cft un des meilleurs
pays de la Toscane. Sa plus grande richeffe vient de
fes lièges. Ses principales villes font :
Pife,
Livorne ,
Voltere.
PISECK , ville de Bohême Voyez, Pysfck.
PISELLO, ou Cabo I'isello. Voyez, au mot Cap ,
l'article Cap de Piselio.
P1SIANECTEA. Voyez. Poecile.
PlSlD/£ , peuples de l'Afie-Mineure , félon Pline , /.
5. c. 2.7. Ce font les habitans de la Pifidie. On les
nomma d'abord Solymi. Voyez, Pisidia.
PISIDIA , contrée d'Afie , renfermée entre la Ly-
die, la Phrygie, laPamphylie & la Carie. C'étoit un
pays |fitué dans les montagnes, pour la plus grande par-
tie , & qui comprenoit l'extrémité occidentale du mont
Taurus, félon Pline,/, j. c. 27. & Strabon , /. 12.
Delà, dit Cellarius, Geogr. ant. /. 3. c. 4. ilnaît une
queftion afiez difficile à décider , favoir fi la Pifidie
doit être rangée dans la partie de l'Afie qui eft en-de-
çà du mont Taurus , ou dans celle qui eft au-delà.
Par le traire de paix fait entre Antiochus &c les Ro-
mains , l'Afie étoit partagée entre Anriochus &c les Ro-
mains, de manière que ce qui étoit en-deçà du mont Tau-
rus étoit aux Romains , & ce qui étoit au-delà apparte-
noit à' Antiochus. Les Romains eux-mêmes ont été la
caufe du doute qui fe trouve dans cette queltion -, car le
décret qu'ils rendirent à cette occafion ne parle point de la
Pifidie , &c ne preferit point les limites du pays qu'on ôtoit
à Antiochus, en-deçà du Taurus. Tite-Live , /. 38.
c. 39. en rapportant ce partage , dit feulement que la
Lycie ik le Carie jusqu'au Méandre, furent cédées aux
Rhodiens ; & que le roi Eumèncs eut l'une & l'autre
Phrygie , la Myfie , la Lycaonie , la Myliade & la Ly-
die. Cependant , félon le même Tite-Live , /. 37. c. 54.
les ambafladeurs de Rhodes dirent en plein férrat ,
que toute la Pifidie avoit été ôtée à Antiochus. D'ail-
leurs une chofe femble le décider ; c'eft que la Lycaonie ,
qui elt au-delà de la Pifidie, fur comprife dans la
partie qui étoit en-deçà du Taurus. Au refte , foit
que la Pifidie ait été à l'extrémité du Taurus , foit
959
qu'elle ait occupé une partie confidcrable de cette mon-
tagne , il eft certain qu'elle ne s'étendoit pas au-delà
du Taurus.
Les villes que Ptolomée, /. ;. c. 5. met dans is
Pifidie font :
Dans la Phrygie
de Pifidie.
S
l
Seleucia Pifîdu s
Antiochia ,
Amiqiutm Beudos »
Bar is ,
Conana ou Comona «
Lyfima 3
Cormafa.
Dans la Pifidie
propre.
,ProJrama ,
Aâaâa ,
Olbafa ,
\Dyrz,ela ,
1 Orbanajfa ,
Talbonda ,
C remua Colonia
[Commacum ,
\PUtcneJfiis ,
'Unz,ela }
Selge.
La notice de Léon le Sage y place les évêchés fui-
vans :
Antiochia ,
Sagalajfuf ,
Sozopolis ,
A pâme a ,
Cybira ,
Tyr&mim ,
Bar if ,
Adrianopolif ,
Portus ,
Laodicea Combufla ,
Seleucia ferrea
Bindeus.
Adadorum ,
Zarkelorum ,
Tiberias ,
Tomandus ,
Conana , .
Malus ,
Sinianduf ,
'l'itiajfitf ,
Metropolis ,
Pafporum ,
Par ailes ,
PIS1DON , port de l'Afrique propre. Ptolomée ,
/. 4. c. 3. le place entre Sabathra & Heoa. Marmol
dit qu'on l'appelle aujourd'hui Zoarat.
P1S1E , montagne de la Chine , dans la province de
Quantung , aux environs de Lincao. Cette montagne
eft fameufe dans le pays. On raconte qu'il s'y trouve
un certain animal très-rufé , qui a l'ufage de la raifon ,
ôc la figure d'un chien. On ajoute à cette fable qu'un
animal de cette espèce conduifit anciennement l'armée
des habitans des ifles par des fentiers inconnus , leur
facilita le moyen de fermer l'entrée du pays aux en-
nemis qui venoient de la Cochinchine , & leur donna
occafion de remporter une grande victoire. On a éle-
vé dans le lieu même un temple en l'honneur de cet
animal. * "Atlas Sinenfis.
PIS1LIS, ville de la Carie. Strabon, /. 14. p. 6ji.
la met entre le fleuve Calbis & la ville Caunus.
PISIN NUOVO , lieu d'Allemagne , dans la Baffe-
Camiole , près de la fource méridionale du Quieto.
Ce lieu Se celui qu'on appelle Pisin Vecchio com-
pofent un petit pays pofTédé par la maifon d'Autriche ,
qui en retire environ dix-fept mille florins de revenin
* Maçin , Carte de l'Iftrie. Sanfon , Atlas.
PISIN-VECCHIO. Voyez. Pisin-Nuovo.
PISINATES, peuples d'Italie, dans l'Umbrie, félon
Pline, /. 3.C. 14. Quelques manuferits portent Pijîates
pour Piftnatef.
1. PISINDA, ville de l'Afrique propre. Ptolomée ,
/. 4. c. 3. la place parmi les villes qui étoient entre
les deux Syrtes.
2. PISINDA, ville de la Pamphylie, dans la Car-
balie, félon Ptolomée, /. 5 c. 5.
PISINGARA, ville de la petite Arménie. Ptolo-
méedit qu'elle étoit éloignée de l'Euphrate , & qu'elle
étoit fituée vers les montagnes. Ses interprètes écrivent
Pefingara pour Pifw^ara.
'PIMNNUS, ou Pisinus. Voyez, Pissinus.
PIS
99o
PlSlNOE. Voyez. Sirenussj£.
PISIS , ville Se montagne de l'Arménie , ou de la
Sufiaue, félon Etienne le géographe.
PlSÏSTRATMNSULiE.Onappelloitainfi trois ifies,
fur la côcc de l'ionie , pioche dEphèfe , Se que Pline , /.
5. c. 3 1. nomme Ambwx, Myonnefos Se Diarrbeufa.
PIS1TANA URBS. Voyez. Pisitensis.
P1S1TENS1S, fiege épiscopal d'Afiique. Ambibius
eft qualifié Episcopus Plebis Fifnenfii dans !a conférence
de Carthage , c. 133. éd. Dupa. Balufe place cette vil-
le aux confins de la Bizacene & de la province de
Tripoli , parce que la table de Petitinger mec Pifida
entre Futia , ville de la Byzacene , & Sabrata , ville de
la province de Ti ipoli i mais le père Noris attribue
à la province Proconfulaire la ville Fifitana , Se ditqu'il
en eft fait mention dans le livre premier, c. 13. des
miracles de faint Etienne , attribué à Evodius. Ce qu'il
y a de certain , c'eft que Félix , adverfaire d'Ambibius ,
nommé au chapitre 135. de la conférence de Car-
thage , eft différent de Félix Ep'ucopus Pittienfis , donc
il eft parlé au chapitre 104; car l'un écoir prêtent &
l'autre abfent.
P1SONIS VILLA , maifon de plaifance , en Italie ,
près de la ville de Bayes. Tacite 1 An. I. ij. c. 52. die
que l'empereur Néron fe plaifoic fort dans ce lieu ,
Se s'y rendoit fréquemment. Ortelius, qui cite Ferd.
Lofredus , die que ce lieu fe nomme aujourd'hui Tru-
clio.
PISONIUM. Voyez. Posonium.
PISONOS > ville de la petite Arménie. L'itinéraire
d' Antouin lamec fur la route de Sébafte à Cocufon , entre
Ad Prœtorium Se Mditene , à vingt-deux milles de la pre-
mière , Se à égaie diftance de la féconde.
PISORACA , fleuve d'Espagne. Il en eft fait men-
tion dans quelques anciennes inferipeions. Ortelius ,
quicite Morales & Florianus , dit que ce fleuve fe nom-
me aujourd'hui Pifuerga.
PISPIRI, montagne d'Egypte, nommée aufli la Mon-
tagne d'Antoine. Il en eft parlé dans l'hiftoite ec-
cléfiaftique de Rufin , Se dans Ferculphe , cités par
Ortelius , qui ajoute que Palladius donne la deferip-
tion de cette montagne , in Cronio Presbytero.
PISSA , ville d'Italie , dans la Tyrrhénie , félon Ifa-
cius fur Lycophron. Pifia, dit Ortelius, ne feroit-il
poinc là pour Pisa.
P1SS£.UM. Voyez. Pisaom.
PISSANTINI, peuples de la Macédoine. C'eft Poly-
be, /. j. c. 108. qui en fait mention.
PISSOTIS .peuples de l'Afie , aux environs de Bac-
tra , à ce qu'il paroîc par un paffage de Plutarque ,
Hift. Plant. L 8.
PISSURI. Voyez. Piscuri.
PISSIRUS , ville de Thrace. Il y avoit dans cette vil-
le , félon Hérodote, /. 7. n. 109. un lac de presque
trente ftades de circuit , très-poiffonneux , & dont l'eau
étoit extrêmement falée. Les meilleures éditions por-
tent Pystirus au lieu de Pissyrus.
PISTAS, lieu de France. Oitelius qui cite le moi-
ne Aimoin Se Odon , abbé de Saint Maur , dit que
ce lieu étoit fur la Seine. On croir que c'eft le villa-
ge de Poiffy.
PISTENSIS ouPiscensis. Voyez, au mot Flumen ,
l'article Flumen Piscensis,
PISTICCIO , petite ville d'Italie , au royaume de
Naples, dans la Bafilicate. Elle eft dans les terres , en-
viron à dix milles de la côte du golfe, entre les riviè-
res Bafiento Se Salandrella , à peu près à égale dis-
tance de l'une Se de l'autre. Cette ville fut endom-
magée en 1688, par un tremblement de terre qui
renverfa la plupart de fes maifons. * Magin , Carte
de la Bafilicate.
PIST1RUM , ville de Thrace, félon Etienne le géo-
graphe , qui en fait un entrepôt. Ortelius foupçonne
que ce pourroit être la ville Pissyrus d'Hérodote.
Voyez, Pissyrus.
PISTOIE , ville d'Italie , dans la Toscane , entre
Lucques & Florence, à vingt milles dé l'une & de l'au-
tre, dans une plaine très-fertile. Elle a été autrefois
en république ; mais quand le grand duc fe rendit maî-
tre de Pife , les habitans de Piftoie lui préfenterent les
PIT
clefs de leur ville , & fe fournirent à fon obéiflance. Cet
te ville eft fermée de murailles , fortifiées de battions ,
mais on n'y fait poinc de garde. Quoiqu'elle foie as-
fez bien bâtie , que fes rues foient belles , longues Se
larges , Se pavées de fort grandes pierres commodes
pour marcher , elleeft peu peuplée. Il lui manque des ha-
bitans Se du négoce. La graine du pays la fait vivre;
mais elle n'eft pas capable de l'enrichir: aufli ne peut-
on pas voir une ville plus pauvre ni plus déferte, fur-
tout depuis qu'elle a perdu fa liberté. * Mémoires di-
vers.
L'églife cathédrale eft affez belle malgré le prover-
be qui dit : Cita Pifioyefe , cbiare Café , oscure Chiefe.
Il y a trente chanoines & fept dignités. On remar-
que deux baluftrades de marbre devant lt maître au-
tel ; mais ce qui eft plus confidérable, c'eft une cha-
pelle de Saint Jacques qui eft au bas de la nef, où
il y a plufieurs lampes pour honorer quelques reli-
ques du faint qui font confervées dans ce lieu& par
reconnoiffance des fecours qu'on prétend avoir reçus
par fon intercefïïon. L'autel eft tout couvert de la-
mes d'argent. On remarque dans cette chapelle une
oraifon en l'honneur de ce faint , qui y eft appelle le
premier des apôttesiTu qui primœcirm tenesinterapoftolos ,
imà qui eorum primus , Sec. Dans l'églife de l'Humili-
té , on voit les effigies entières de Léon X , Se de Clé-
ment VII, pape ; Se celles de Côme Se d'Alexandre ,
grands ducs de Florence. Son évêque eft fuffragant de
l'archevêché de Florence
La plaine , qui fe trouve entre Piftoie Se Florence
eft remplie de fruits de toutes fortes , & peuplée de
villes , de bourgades , de villages , de métairies , de
palais , Se de maifons de plaifance ; ce qui fait que
ce quartier eft un des plus beaux de la Toscane.
Clément IX, appelle Julio Rospigl'wfi , étoit de Pi-
ftoie, où il naquit dune famille très noble en 1599.
PISTORIA, viile d'Italie , dans la Toscane. Ptolo-
mée , /. 3. c. 1 la place dans les terres , entre Lucus Fe-
roniœ Colonia Se Florent ut. Pline , /. 3. c. 5. l'appelle Pi-
florium ; Se Antonin , Itiner. la nomme Ad Piflores.
C'eft aujourd'hui la ville de Pistoie Voyez, ce mot.
P1STRA ou Pistre , village de l'Ethiopie. Il eft mis
par Ptolomée , fur le bord occidental du Nil , entre
Pthur Se Pumythis.
PISTRENSIS VILLA , lieu de la Pannonie, félon
Ammien Marcellin, /. 29. c. 6. qui le place à vingt-fix
milles deSirmium. Lazius , Rtp.Rom. I. î.c. 2. dit que
ce lieu étoit fur le bord du Danube , Se qu'on le nomme
préfentemenr Vijiricia ■ Biftricz.
PISTRINUM , ville au voifinage de l'Illyrie , félon
Chalcondile , cité par Orelius.
PISTYRUSou Pystirus. Voyez, Pissyrus.
PISUERGA ou Pizuerga , Pijoraca, rivière d'Es-
pagne. Elle prend fa fource aux confins delà Vieille Ca-
ftille , à quelques lieues de la fource de l'Fbre, près
de Melgar. Elle pane à Valladolid, Se fe jette dans le
Duero à Simancas. * Délices d'assigné , p. 145.
PISUERTES. Voyez, Pitulali.
PISUET^E. Voyez. Pisye.
PISUM, lieu dont il eft parlé dans le Code Théodo-
fien , tit. 6 de Honorari'u Codicil.
PISYE ou Pitye , ville de la Carie, félon Porphy-
rogénete Se Etienne le géographe , qui la nomme aufli Py-
utijfa. Tiie-Live, /. 33.^. 18. appelle les habitans Pi-
fuetœ, Se dit qu'ils donnèrent du fecours aux Rho-
diens.
PITAIUM. Voyez. Pitaon.
PITANAT^. Voyez. Samnites.
P1TAN , province des Indes , dans les états du
Mogol , au-delà du Gange. Elle eft bornée au nord
par le mont Purbet ou de Naugracuc; à l'orient par
les royaumes de Laffa Se d'Afem ou d'Acham ; au mi-
di par la province de Jéfuat & par le royaume de Mo-
rang ; à l'occident par les provinces de Vatal $c de
Mévat. De l'Ifle donne à cette province le nom de Ra-
ja-Nupal , ou de royaume de Nccbal.
1. P1TANE , ville de FAfie- Mineure, dans la My-
fie , proche du Caycus, de l'embouchure duquel Stra-
bon , /. 13. p. 607. dit qu'elle étoit éloignée de tren-
te ttades. Le fleuve Evenus arrofoic cette ville. Etien-
PIT
r%-\
PIT
ne le géographe la mec dans l'EoIide. Elle étoit aux
frontières de certe dernière province, Se peut-être avoit-
elle été bâtie par les Eoliens. Ptolomée ,/.;.£-. 2. la pla-
ce entre Porofelene Se l'embouchure du Caicus. Vi-
truve, /. 2. c. 5. dit qu'on y faifoit des briques qui na-
geoienc fur l'eau ; ce qui eft appuyé du témoignage de
Strabon.
1. PITANE, fleuve de l'Aile -Mineure, dans l'Eo-
Iide , félon le texte latin de Ptolomée, /. j. c. 2. qui
porte que ce fleuve arrofoit la ville de Pitanc ; mais il
pourroit bien y avoir faute dans le texte de Ptolomée.
Strabon nomme Evenus le fleuve qui arrofoit les murs
de la ville de Pitane.
3. PITANE , lieu de la Laconie, fur le bord du Va-
filipotamos , où l'on en voit encore les ruines en venant
de Magula à Mifitra. La Guilletiere , Lacédémone anc.
& nouv. dit qu'il y a de l'erreur dans toutes les car-
res , qui ont voulu marquer la fituation de cette ville.
Elles en font une place éloignée de Lacédémone , tan-
tôt plus tantôt moins , félon le caprice des auteurs.
C'étoit un quartier de Lacédémone , ou tout au plus
un fiuxbourg décaché de la ville. Paufanias, qui eft
très-exact à nommer les villes de la Laconie, ne dit pas
un mot de 1 itane. Par ce filence il demeure fi bien d'ac-
cord que ce lieu doit être confondu avec Sparte , qu'il
parle d'un tribunal de Lacédémone, appelle la juri-
diction des Pitanates , où apparemment ceux du quar-
tier venoient répondre. Plutarque le marque allez dans
ion traité de l'exil par ces paroles : Tous les Athéniens
ne demeurent pas dans le Colytos , tous les Corinthiens
dans le, Cranaon , Se tous les Lacédémoniens dans le
Pitane. Le Colytos étoit un quartier d'Athènes ; le
Cranaon un fauxbourg de Corinthe; Se il n'y auroic eu
ni proportion ni jultefie dans la comparaifon de Plu-
tarque , fi le Pitane n'eue été dans la même proximi-
té de Lacédémone.
La première églife des Chrétiens fut autrefois bâtie
à Pitane , quand faint André annonça les vérités de
l'évangile à Lacédémone. Aufll tous les Grecs appel-
lent faint André l'apôtre de Mifitra, comme ils appel-
lent faint Paul apôtre d'Athènes.
Ménélas reçut la naiffance à Pitane. Entre plufieurs
témoignages , le chœur de la Troade d'Euripide le ju~
ftine , quand il fait des imprécations contre Ménélas ,
fouhaitant qu'il ne revienne jamais dans Pitane fa pa-
trie.
PITANUS. Quelqu'un a cru que ce nom étoit ce-
lui d'un fleuve de rifle de Corfe ; mais Ptolomée ne con-
noît dans la Corfe aucun fleuve appelle Pitanus. On a
voulu parler de Titanis Tonus , connu de cegéographe,
port fur la côte occidentale , entre Fifera , Se non pas
Pifera , Se Marianum. Voyez. Titanis Si Talabo.
PITAON , ville de la Carie , félon Etienne le géogra-
phe. C'eft la ville Pitaium de Pline , /. 5. c. 29.
P1TARA, ville d'Ethiopie, fous l'Egypte, félon Pli-
ne , /. 6. c. 29.
PITAREUIL , village de rifle de Chypre , dans les
terres. On le prend pour l'ancienne Epidarum,
1. P1TCHIBOUROUNI , peuples fauvages de l'A-
mérique feptentrionale , dans la Nouvelle-France, près
des côtes de la baie d'Hudfon. Ce peuple habite le long
d'une grande rivière , à laquelle il donne le nom.
2. PITCH1BOUROUNI , rivière de l'Amérique
feptentrionale , dans la Nouvelle France. Cette riviè-
re fe décharge dans la baie d'Hudfon , à la bande de
l'efl.
PITESK, bourg de laValaquie,fur la rivière de Telle,
aux confins de la Tranfylvanie. * De Wït , Atlas.
1. PITHA , ou Pithea , rivière de la Laponie Sué-
doife, qu'elle traverfe presque toute entière d'occident
en orient. Elle prend fa fource dans le lac Sagatoicr-
wi, Se fon embouchure fur la côte occidentale du gol-
fe de Bothnie , entre lesembouchures des rivières Luh-
lea Se Skelleftii. * Atlas, Rob. de Vaugondy.
2. PITHA , ou Pithea , province de la Laponie
Suédoife , appellée Laponie de Pithea. Elle tire fon
nom de la rivière Pitha ou Pithea qui la traverfe. Elle
eft bornée au nord par la Laponie de Luhlea, à l'orient
par la Bothnie occidentale, au midi par la Laponie
991
d'Uhma, Se au nord par la Norwege. Elle eft parta-
gée en diverfes petites contrées , qui font :
Nord-Wefterby , Wifierby ,
NalTa-Fielt, Arieplogsby ,
Weiterby , Graotreskby ,
Lochteby , ou Lochtari .
* Atlas , Robert de Vaugondy.
3. PITHA, ou Pithea, bourgade de Suéde , dans
la Bothnie occidentale , dans une ifle, à l'embouchure
de la rivière de Pitha , qui lui donne fon nom. 11 y a
tout auprès la vieille Pithea. C'eft une autre bourgade,
à l'embouchure de la même rivière, fur le bord fepten-
trional. * Atlas, Rob. de Vaugondy.
_ PITHECI-PORTUS , lieu voifin de Conftantinople ,
félon Pierre Gilles , dans fa defeription du Bosphore de
Thrace.
PITHECON PORTUS, c'eft-à-dire, le Port des
Singes , port de Libye, félon Etienne le géographe, qui
le met proche de Carthage.
PITHECUSA. Vye^lsARiME.
1. PiTHECUSS/L, ifle de la mec de Tyrrhene , fé-
lon Etienne le géographe. Ortehus croit que c'eft la mê-
me ifle que Pithecusa. Voyez. Inarime.
2. PITHECUSS^, ou Pithecusa. Diodore de Si-
cile , /. 20. c. 59. met trois villes de ce nom dans l'A-
frique propre. Il dit qu'on y rendoit un culte divin aux
finges , qui fréquentoient les maifons des habitans , Se
qui ufoient librement des provifions qu'ils y trou-
voient.
P1THENE , nom d'une ville quelque part dans le
inonde , félon Onelius , qui cite Héfiche.
P1THEUS , bourgade de l'Attique , dans la tribu Cé-
cropide. Elle prenoit fon nom du mot Pithos , qui lig-
nifie un tonneau , parce qu'anciennement il s'y en fai-
foit une grande quantité , félon Spon , Lifte de l'Atti-
que. Etienne le géographe écrit II/ôo? , pour niïùs.* Pha~
vorin , Lexic.
PITHIA , ville du Pont. Il en efl parlé dans la notice
des dignités de l'Empire, feU. 27.
1TTHIVIERS. Voyez, Pluviers.
PITHOLAI , promontoire de l'Ethiopie. Strabon ,
/. \6. p. 774. le place au voifinage du déttoic du golfe
Arabique.
PITHONABAST^E, ville de l'Inde, au-delà du Gan-
ge. Ptolomée , /. 7. c. 2. la donne aux Lefii. Ses in-
terprètes en font un entrepôt, Se lifent Thiponobaftï
pour Pithonobafta.
PITHONTS COME. Voyez, Pythonos.
PITHOS Voyez, Vitmzvs.
PITHYUSA , ancien nom de Milet , ville de Ho
nie , au rapport de Pline , Se d'Etienne le géographe.
Voyez, Miletus i.
PITIACUS , lieu de la France , au milieu d'une
grande folitude , aujourd'hui la Celle Saint Avi , félon
Ortelius. Surins parle de Pitiacus dans la vie de faine
Carilephe. C'eft le même lieu que Pitliaca.
PITIE , bourg de France , dans la Normandie , au
diocèfe de Rouen. Ce bourg, qui eft du paysdeCaux,
a droit de marché.
PITIÉ-LEZ-RAMERU ( La ) , abbaye de France,
dans la Champagne , au diocèfe de Troyes. Elle eft de
l'ordre de Cîteaux, Se en régie. Elle fut fondée en 1 160 ,
Se occupée d'abord par des filles. On y mit en leur pla
ce des religieux en 1440. Cetce abbaye n'eft que de
quinze cens livres de rente.
PITIGLIANO , ville d'Italie, dans la Toscane. Voyez,
Petigeiano.
PITINAS-AGER, tetritoire d'Italie, au delà de l'A-
pennin. Pline, /. 2. c. 103. dit qu'il étoit arrofé par /e
fleuve Novanus. Ce territoire tiroir fon nom de la ville
Pitinûm , fa capitale. Voyez, Pitinum.
PITINUM, ville d'Italie. Ptolomée, /. 3. c 1. la
donne aux Umbres , qui habitoient dans les terres , au
nord des Toscans. Elle donnoit le nom au territoire
appelle Phinas-Ager par Pline. Puvnrm fut une ville
épiscopale , comme il paroît par le concile romain renu
fous le pape Symmaque. Holuenius, Annot.m Ceogr.
Sacr. Car. à S. Paulo , p. 16. dit qu'on ignore fa vé-
ritable fituation ; qu'elle n'etoit pas éloignée du fleuve
Amiternus , & qu'on en trouve le nom Se des veftiges
PIT
992.
dans un lieu à un peu plus de deux milles d'Aquila ,'
appelle aujourd'hui Torre di Fitino.
PITIUSA. Voyez,Ovivs.
PITNISSA , ville de la Lycaonie , félon Etienne le
géographe. C'efl la même que Ptolomée nomme Pete-
Nisus. Voyez, ce mot»
PITORNIUS, fleuve d'Italie, félon Vibius Seque-
fter , p. 335. qui dit qu'il paffe au milieu du lac Fûci-
nus ( Lago di Celano ) fans mêler (es eaux avec celles
du lac. Quelques exemplaires défectueux de Pline , /. 2.
e. 103. nomment ce fleuve Juvencum. Dans les édi-
tions poftérieures, au lieu de Javericum on lit inveSius ,
qui n'elt plus un nom propre. Cette correction don-
noit quelque embarras. On s'étonnoit de ce que Pli-
ne, fi exact à nommer chaque fleuve de l'Italie, pas-
foit le nom de celui-ci fous filence. Mais le père Har-
douin a remarqué que Pline, /. 31. c 3. nomme ce
fleuve Picunium, ou Pitonium, ce qui approche un
peu du nom que lui donne Vibius Sequefler.
PITRES, village de France, dans la Normandie,
au diocèfe de Rouen , à quatre lieues de cette ville ,
vers le fud-eft , fur la petite rivière d'Ancelle , à la chute
de cette rivière dans la Seine. Oeil le lieu où l'on ra-
maffe les bois de la forêt de Lions pour les faire remon-
ter jusqu'à Paris dans de grands bateaux. Il y a un gre-
nier à fel. Le chapitre de la cathédrale de Notre-Da-
me de Rouen en ell feigneur en partie. Ce lieu efl ap-
pelle Pi/U dans la vie de faint Condé , moine du Cen-
tième fiécle. L'auteur , qui efl ancien , remarque que
le reflux de la mer fe faifoit reffentir jusqu'au lieu nom-
mé Pijias. En effet on voit qu'il ne remonte pas au-
delà du Pont-de-1'Arche , qui efl; presque vis à-vis
Pitres. Le même lieu efl très-célèbre dans l'hifloire de
France. Frodoard nous apprend que Charles le Chau-
ve y fit conftruire un pont. Les annales de faint Ber-
lin font mention à l'an 865 , du féjour que les Nor-
mans firent en ce lieu : le même prince y vint fou-
vent , & y convoqua des affemblées d'évêques 8c des
feigneurs de fes états. Il y en eut une l'an 80' 1 , qui
fut continuée encore l'année fuivante. En 864, il y
eut une autre aflemblée générale à Pitres, où Charles
reçut les dons annuels 8c l'hommage accoutumé de la
Bretagne. On regaidoit cette place comme très impor-
tante pour barrer les Normans. On trouve encore
une aflemblée ou concile de Pitres l'an 869. Dom Ma-
billon, ou dom Michel Germain, croit qu'avant les
courfes des Normans , ce lieu n'étoit pas du domaine
royal, mais que Charles le Chauve en fit l'acquifirion
pour arrêter ces barbares de ce côté-là , & que par là
il devint une terre du fife. Enfin ce lieu , & toute la
province, fut cédé aux Normans : il a été fouvent dé-
truit 8c rebâti , & n'eft plus qu'un fimple village.
PITSCHEN , Pitsca , petite ville de Siléfie , dans
la principauté de Brieg : quelques-uns écrivent Pitz,s-
chen. Cette ville , qui efl fort ancienne, efl: aux confins
de la Pologne , & pendant quelque rems elle a été la
réfidenec d'un évêque , avant que le féjout en eût été
fixé à Brcflau. En 1 588 , Maximilien, archiduc d'Au-
triche, ayant été appelle à la couronne de Pologne
par une partie de la diète , y paffa avec des troupes ,
fut battu , fe fauva en Siléfie , s'enferma à Pitfchen , y
fut aflîégé, fait prifonnier, & forcé de renoncer à fou
élection. Cette ville fut fort maltraitée à cette occafion :
tout y fut au pillage , & l'honneur des femmes & des
filles à la discrétion du foldat. Les troupes, confédé-
rées contre la maifon d'Autriche en 1627, pillèrent
cette ville de nouveau , & tout fut faccagé , fans en
excepter les églifes. * Zeyler , Silef. Topograp. pag.
171.
PITTACIUS AGER , territoire de l'ifle de Rho-
des, aa voifinage de Mitylene , félon Ortelius , qui
cite Diogcne Laerce , in Pittaco , & Plutarque , de He-
rodot. mal'i^nù,
PITTEA. Ortelius dit que c'efl une ville du Pélopon-
nèfe , près de TVzene , & cite Ovide , Metamorpb. I.
|j. v. 196. où on Vif :
Efl propè Pitthean tumulus Troez.ena , fine ullis
drditus arboribus . .
PIT
Orteliusajoute que peut-être Pitted eft la même ville
que Trezene. Il n'avoir aucun lieu d'en douter. Ovide
dans cet endroit donne à Trezene le furnom de Pit-
thée , parce que cette ville avoit été bâtie par Pitthée,
aïeul maternel de Théiée , comme Plutarque nous
l'apprend dans la vie de Théfée.
PITTEN, ville de la Baffe- Autriche , avec un châ-
teau , dans le quartier du Bas Wiene- Wald.
PITTHENSIS. Démoflhene, Adverjus Lacrùum,
donne ce fiunom à un certain Héliodore, du nom de
fa parrie. Ortelius foupçonne qu'il étoit du bourg de
Pithof. Voyez, Pithecs.
P1TTLINGEN , ou Putelange , feigneurie de Fran-
ce, dans la Lorraine Allemande, en-deça de la Sarre.
Putelange efl un des plus anciens fiefs mouvans de
l'évêché de Metz. Il a eu , il y a long-tems , fes fei-
gneurs vaflâux de l'évêché de Metz. Cette feigneurie
paila par mariage 8c héritage aux barons de Créange.
Les anciens comtes de Salines y avoient aufli des pré-
tentions ; mais ceux de la maifon de Créange demeu-
rèrent en poffeffion , ayant eu les droits de ceux de la
maifon de Bacourt par le mariage de Jean , baron de
Créange , avec Marguerite, fille de Frédéric, feigneur
de Bacourt, & ils devinrent propriétaires de Beau-
court, de Putlange , de Ravile, de Helfeange , de Tet-
tingen & de Tellingen, ce que ces feigneurs de Créan-
ge reconnurent devant la chambre de Metz en 1680 ,
avouant qu'eux 8c leurs ancêtres avoient tenu toutes
ces feignenries en fief des évêques 8c de l'églife de
Metz ; qu'ils avoient été comptés entre les principaux
vafiaux pour ces fiefs, & non pour leur baronnie,
aujourd'hui comté de Créange , qui ne relevoit que de
l'Empire. * Longuenie , Defc. de la France , part. 2 . p.
166.
P1TULANI , peuples d'Italie , dans l'Umbrie. Pline,
In. 3. chap. 14. qui les met dans la fixiéme ré-
gion de l'Italie , les partage en deux peuples , dont les
uns étoient furnommés Pifuertes , Se les autres Mcr-
gentinï. La ville de Pitulum n'étoit pas dans leur pays,
car Pline la place dans la première région.
PITULUM. ville d'Italie, dans le Latium. Elle eft
rangée par Pline , /. 3. c. j. au nombre des principa-
les villes du pays.
1. PIT Y A. Voyez, Visye.
1. VITYA.VoyeZ PlTYEJA.
PITYASSUS, ville de l'Afie-Mineure , dans la Pifi-
die, félon Strabon , /. 12. p. ^70. qui cite Artémi-
dore.
PITYE. Voyez. Pisye.
1. PlTYEJA , ville de la Troade , dans le Pityunte ,
au territoire de Parium, félon Strabon , /. 13. p. j88.
qui dit qu'au deffus de 'cette ville il y avoit une mon-
tagne qui portoit une grande quantité de pins. Il ajoute
que Pityeja étoit fituée entre Parium 8c Priapus. Quel-
ques manufetits au lieu Pityeja portent Pitya ; 8c c'eft
ainfi qu'écrivent les interprètes d'Apollodore , adl.i.
v. 93 2. qui difent que Pitya efl l'ancien nom delà ville de
Lampfaque , 8c qu'il lui avoit été donné parce que Phri-
xusy avoit caché fon tréfor. Unvw, chez lesThraces,
fignifioit un tréfor.
2. PITYEJA , ifle de la mer Adriatique , fur la côte
de la Liburnie, félon Ortelius, qui cite Apollonius , /.
4-
PITYNDA, ville de l'Inde, en-deçà du Gange. Pto-
lomée, /. 7. c. 1. la donne aux Mefoles, en fait leur
métropole , & la place dans les terres. Dans le livre
huitième il écrit Pityndra pour Pitynda. Le manuferit
de la bibliothèque Palatine porte auflî Pityndra.
1. PITYODES , montagne dont patle Ëuttathe fur le
fécond livre de 1 Iliade. * Ortel. Thef.
2. PITYODES , ifle de la Propontide. C'efl Pline , /.
5. c. 32. qui en fait mention.
3 . PITYODES. Etienne le géogtaphe dit qu'Alcman-
nus appelle ainfi les ifles PityaJJa.
PITYOESSA , nom que Plutarque , de Virtutib. Mil-
lier, donne à la ville de Lampfacus.
PITYONESUS , ifle fur la côte du Péloponnèfe ,
vis-à-vis d'Epidaure , à fix milles du continent , félon
Pline , /. 4. c. 1 2. Pytionefus veut dire l'ifle des Pins.
Quelques manuferits portent Scinthionefus. C'efl au-
jourd'hui
PIZ
PLA
jourd'hui l'ifle de Damala ,' félon le père Hardouin ,
Se félon d'autres , celle de Schilla.
PITYS, c'eft-à dire le Pin, lieudel'Ionie, ou de la
Carie, félon Hérodote , in Homero. Ne feroit-ce point ,
dit Ortelius, la même ville qu'Etienne le géographe
appelle Pitye ?
P1TYUNS. Voyez. Pitye ja.
i. PITYUS, ville fur le Pont-Euxin. Arrien , i.
Peripl. p. 18. la met à trois cens cinquante ftades de
Dioscuriade : il la donne pour la borne de l'Empire
Romain de ce côté-là , ce qui eft confirmé par le té-
moignage de Suidas. Pline , /. 6. c. 5. connoît aufli dans
ces quartiers une ville nommée Pityus , Se il dit qu'el-
le fut ruinée par les Henochii. Cette ville étoit épis-
copale , comme il paroîtpar le concile de Nicée , te-
nu l'an 32;, auquel fouferivit Stratophilus Pityumis.
* Hardu'w. Colleét. conc. t. 1. p. 316.
2. PITYUS , fleuve de la Colchide , félon Pline ,
l. 6. c. $. Le père Hardouin remarque qu'avant Her-
molaus , qui a introduit ce mot Pityus dans Pline ,
on lifoit Penius ; Se pour prouver que c'eft ainfi qu'il
faut lire, outre l'autorité de divers manuferits , il allè-
gue celle d'Ovide, /. 4. de Ponto , Eleg. ic. v. 47.
qui fc ferc du mot Penius :
Hue Lycus , bue Sagarïs , Penius que , Hypanisque ,
Cratesque
Infinie , & crebro vertice tort us Halys.
PITYUSA , ifle de la mer Egée , aux environs du
Pélopponnèfe , félon Pomponius Mêla , /. 2. c. 7. Pli-
ne , /. 4. c. 1 2. nous apprend qu'elle étoit dans le gol-
fe d'Argos , Se Ortelius remarque que l'on écrit indif-
féremment Fityufa Se PityuJJa.
VYIY\JSES,Pityitf<c, ifles d'Espagne, dans la mer Médi-
terranée. Les anciens ne comptoient que deux ifles Ba-
léares, favoir celles que nous appelions aujourd'hui
Majorque Se Minorque. Ils comprenoient fous le nom
de Pityufes les deux autres ifles qu'on appelle Yviça
Se Frumentara. Le nom dePityufe leur avoir été don-
né à caufe des pins qui s'y trouvoient en quantité. Au-
jourd'hui on ne s'arrête plus à cette diltinétion , Se
l'on comprend routes ces ifles fous le nom de Baléares ,
depuis qu'elles ont fait un royaume à part fous l'em-
pire des Maures. Etienne le géographe dit que les ifles
Pityufla: font nommées Pityodes par Alemannus. *
Délices d'Espagne , p. 581.
PIURA , ville de l'Amérique méridionale , au Pé-
rou, dans l'audience de Quito, à 62 lieues au midi
de Tumber , Se au nord de Lima. Latitude méridionale
j deg. 3 o min.
C'eft le premier établiflement que les Espagnols
ayent eu dans le Pérou , & dont François Pizarro fut
le fondateur en 153 1. Depuis cette ville jusqu'à Lima
eft une plaine féche , Se fablonncufe , Se où il eft
aifé aux voyageurs de s'égarer, tous les chemins étant
couverts de fable. Les Indiens qui habitent cet entre-
deux font bien différens de ceux qu'on voit depuis Piu-
ra jusqu'à Quito , les premiers ne font ni paiefieux ,
ni autant fujets à s'enyvrer. Ils favent Se parlent fort
bien la langue espagnole. * Voyage dans l'Amérique ,
par dom Anton, de Ulloa.
PIURI. Voyez. Pleurs.
P1XENDORF , bourg d'Allemagne , dans la Bas-
fe- Autriche, près du Danube, à fix milles d'Allema-
gne , au-deflus de Vienne. On croit que c'eft l'ancien-
ne Pirum Tortum d'Amonin. * Baud. éd. 1682.
V\ZA.Voyez,ViSA.
PIZENACI. Voyez. Scythe.
PIZZÎGHITONE , ouPicigiiitone, ville d'Italie,
dans le Cremonois , vers les confins du Cremasque,
fur la petite rivière de Serio , qui fe jette un peu au-des-
fous dans l'Adda. Cette place , qui a un bon château au
pied duquel pafle l'Adda, fur prife fui l'empereur par
les troupes alliées de France & de Sardaigne en 1733.
* Magin , Carte du Cremonois.
PIZZO , bourg d'Italie, au royaume de Naples,
dans la Calabre Ultérieure, dans la partie méridionale
du gclfe de Sainte Euphémie, à deux petites lieues de
993
Monte-Léone, vers le noid, On croit que c'eft l'ancien-
ne Napitia. * Magxn , Carte de la Calabrc-Ulr.
P L.
PLACE , bourg de France , dans le Maine , éleelien
du Mans.
1. PLACENTIA , ville d'Italie , dans la Gaule Cifaî-
pine, fur la rive méridionale du Pô. Elle fut bâtie , ainfi,
que Crémone , à la nouvelle que l'on eut qu'Annibal
avoir pafle l'Ebre, Se fe préparoit à porter fes armes
en Italie. Tite Live Se Velkius Paterculus lui donnent
dès-lors le titre de colonie Romaine. Dans la fuite ,
comme tant d'autres villes, elle eut le titre de munici-
pe. Cicéron , in Pifon. l'appelle P lac'entinam Munici-
pium , Se Tacite , Hifl. I. 2. c. 1 9. dit qu'elle étoit re-
commendable par fa force Se par fes richefles. C'efl au-
jourd'hui la ville de 1 laifance. Voyez. Plaisance. * P0-
lybius , 1. 3. c. 40.
2. PLACENTIA , ville d'Espagne, au royaume de
Caftille, félon Oitelius , qui cite Vafirus , Se dit que
cette ville retient fon ancien nom. Elle s'appelle en effet
Plafencia ; mais le mot d'ancien efl de trop : celui d'Am-
brotium , Ambrocius } ou Ambratia , n'eft pas même
d'une, grande antiquité. Je ne connois aucun ancien au-
teur qui en ait parlé, ^ov^Plasencia.
PLACIA, ville de Myfic, félon Pline,/. ; c. 32,
Après Cyzique, dit Pomponius Mêla , /. ï.c. 19. vien-
nent PLicia Se Scylace , deux petites colonies des Pe-
lasgiens , au-deffus desquelles s'élève le mont Olympe ,
ou le mont Myfius dans la langue du pays. Hérodote,
/. 1. écrit nXxxin, félon le dialecte ionien , Se Etienne le
géogtaphe écrit mdx». Denis d'Halicarnafie-,#/. 1. ap-
pelle les habitans Placiani,
PLACIADjC , municipe de l'Attique , félon Suidas.
Voyez. Plactiadj£.
PLACIAMI. Voyez. Placia.
PLACOENTA , village des Ciliciens , à fix ftades
de la ville de Thebes Hippoplacienne , félon Athénée ,
/. 1. qui place cette ville au pied du mont Placus, aux
environs de Troye.
PLACTIADi£, rribu de l'Attique. C'eft Favorinus ,
Lexic. qui en fait mention. Suidas écrit Placiadvï.
PLACUS , ou Placufius , félon quelques-uns, mon-
tagne au pays des Ciliciens , félon Héfyche , cité par
Oitelius. La Ville de Thebes Hippoplacienne étoit bâtie
au pied. Elle étoit au voifinage de Troye, félon Athé-
née , qui en parle Se met les Ciliciens dans ce quartier,
Voyez. Ciliciens.
PLAD/E. Voyez Besad^ï.
PLADAR/£l , peuples qu'Etienne le géographe place
au feptenttion, fans nous dire au feptentrion de quoi.
PLAGA.Voyez. Plage.
PLAGA , ou Plagia Calvifiana , lieu de Sicile. L'I-
tinéraire d'Antonin le met fur la route d'Agrigentum à
Syracufe , en prenant le long de la mer entre Refugium
Chalis Se Plagia AJefopotamia , à huit milles du pre-
mier de ces lieux , Se à douze milles du fécond. Sur
la même route , le même itinéraire place Plaga Me~
fopotamia , entre Plaga Calvïfiana Se Plaga Hereo ou
Cymba , à douze milles du premier de ces lieux , Se
à vingt quatre milles du fécond ; Plaga-Hereo ou Cym-
ba , ou entre Plagia Mcfopotam;a Se Refugium Apullï-
ni s , à vingt-quatre milles du premier de ces lieux St
à vingt milles du fécond; Plaga, ou Plagia Syracufis ,
à vingt deux milles au-delà de Refugium Àpollinis.
PLAGA , ou Plagia-Hereo , ou Cymba. Voyez,
Plaga Calvisiana.
PLAGA- MESOPOTAMIA. Voyez. Plaga-Calvi-
SIANA.
PLAG A SYRACUSIS. Foj^Plaga-Calvisiana.
1. PLAGE , mot qui vient du latin Plaga Se du
grec nxa.% , qui fignifie une chofe plate &unie. On
l'a employé en divers fens dans la géographie.
2. PLAGE fignifie en général une partie ou un
efpace de la terre , par le rapport qu'elle a avec quel-
que partie du ciel , comme par exemple avec les zones.,
avec les climats, ou avec les quatre grandes parties du
monde , le feptenrrion , l'orient ,1e midi , l'occident.
Dans ce fens ce nom veut dire presque la même chofe que
région : ainfi dire qu'une relie ville efl; vers telle plige
Tom. IV. K k k k k k
PL A
994
du ciel , c'eft comme fi l'on difoic qu'elle eft vers telle
région du ciel.
3. PLAGE a la même fignification que Rumbde venr.
Voyez. Rhumbs de Vent.
4. PLACE eft une mer baffe , vers un rivage éten-
du en ligne droite , fans qu'il y aie ni rades , ni ports ,
ni aucun cap apparent , où les vaiffeaux fe puiffent mettre
à l'abri.
PLAGE DE PAMPELUNE ; de l'ifle qui eft à la
pointe du cap Lardiez , au cap de la Moulte , ou de Saint
Tropez en France,fur la côte de Provence,Ia route eft de
cinq milles du nord-quart de nord eft. Entre les deux il
y a un enfoncement & une grande plage de fable qu'on
appelle Pampelune. On y peut mouiller par cinq , fix
à fept braffes d'eau , fond de fable vafeux , Se où les
anctes tiennent bien. On y voit près de la côte du
fud quelques magafins de pêcheurs. On peut auiîi
mouiller dans une néceffité avec des galères proche de
la petite ifte par 10 à 12 braffes d'eau , ayant une amarre
à terre. On y eft bien pour les vents de fud-oueft &
d'oueft ; mais on eft tout à découvert des vents d'eft
Se de fud-eft. Ces mouillages ne font bons que dans
la néceffité , lorsqu'on vient du côté de l'eft. * Miche-
lot , Portulan de la Méditer, p. 78.
PLAGE DE PISE , plage d'Italie , fur la côte de Tos-
cane. Toute la côte , depuis Via-Regio , où commence
la plaine de Pife , eft bordée de grandes plages de fable ,
où il fe trouve quelques pointes qui s'avancent fort loin
fous l'eau : mais principalement par le travers de l'é-
glife de Saint Pierre , où il y a un banc de fable qui
s'étend vers l'oueft environ neuf à dix milles , fur lequel
il n'y a que cinq à fix braffes d'eau , Se à fon extrémité
on trouve un autre banc auffî de fable , fur lequel il n'y a
que deux braffes d'eau. * Michelot , Portulan de la Mé-
diter, p. 97.
PLAGE ROMAINE , partie de la mer Méditerranée,
fur la côte de l'État del'Eglife. Elle eft appellée par ceux
du pays la Spiaggia Romana , Se s'étend depuis le mont
Argentaro à l'occident, jusqu'au mont Circello Se au
petit Golfe de Verracine. * Corn. Diér.
PLAGE DE TOURILLE , plage fur la côte de la
Catalogne. A cinq milles vers le nord , Se cinq degrés
vers l'eft de la pointe du nord du cap de Begu , font
les ifies des Medes : entre cette pointe & ces ifles eft
une grande anfe bordée d'une plage de fable , qui a deux
a trois milles d'enfoncement , Se qu'on appelle commu-
nément la plage de Tourille. On y peut mouiller lors-
qu'on a le vent à terre 5 cependant il ne faut point
trop s'approcher de la plage , fur-tout proche le cap
Begu , vis à-vis d'un petit vallon , où font quelques
magafins à pêcheurs. Pour le reconnoître , on voit
au - deffus le vieux château Se la tour bâtie fur le cap
de Begu , qui fe voit de l'autre côté. On mouille vis-
à-vis de cette plage à telle diftance que l'on veut ; car
à la petite portée du canon de terre , il y a dix , douze
Se quinze braffes d'eau, fond de fable vafeux. Vers le
nord-oueft du lieu où l'on mouille , il y a une petite
tour de garde Se quelques magafins de pêcheurs fur le
bord de la mer. Ce mouillage n'eft propre que lors-
qu'on va du côté de l'oueft. La pointe de Begu y met
à couvert des vents depuis le fud-eft jusqu'à l'oueft.*
Michelot , Portulan de la Méditer, p. 47.
TLAGENARUM , peuple aux environs de la Hon-
grie , félon Curopalate , cité par Ortelius.
PLAGEREUM, ou Cymba , lieu de Sicile, félon
quelques manuferits de l'itinéraire d'Antonin , qui le
placent entre Agrigentum Se Syracufe. D'autres manu-
ferits portent Plaga , ou Plagia Hereo , ou Cymba.
Voyez, Plagia Calvisiana.
PLAGES DU BREGAT , plages en Espagne , fur
la côte de la mer Méditerranée , dans la Catalogne.
Environ quinze milles vers l'eft de la pointe de Caftel-
Ferre.eft la montagne de Mont Joui qui eft proche de
Barcelone. Il y a entre cette pointe Se le Mont- Joui
une plaine couverte d'arbres & une longue plage de
fable , dont il y a des pointes qui s'avancent beau-
coup en mer , Se c'eft ce qu'on appelle les plages du
Bregat, en forte que .partant du cap de Caftel- Ferre,
pour venir à Barcelone , il faut faire un grand tour
pour éviter ces plages. * Michelot, Portulan de la Médi-
terranée , p. 47.
PLA
PLAGES DE CANET , plages de France, fur la mer
Méditerranée , dans le Rouftîllon , depuis la pointe
de Colioure jusqu'au cap de Lcucate , il y a trois ifles
plates , bordées de plages : de l'autre côté de ces ifles
font de grands étangs qui ont presque une lieue de large
en certains endroits. * Michelot , Portulan delà Médi-
terranée , p. 47.
1. PLAGIA , port de Ligurie , félon Ortelius , qui
cite l'itinéraire d'Antonin , Se dit que ce port étoit à
douze milles de Vintimile. Les manuferits ne font pas
d'accord fur cette manfion : dans les uns elle ne fe
trouve point marquée ; dans d'autres cet endroit eft
déchiré , Se il y en a qui lifent différemment les uns
des autres.
2. PLAGIA. Voyez, Plagia Calvisiana.
3. PLAGIA. Voyez, Plagiara.
PLAGIARA , ou Plagiaria, ville de la Lufitanie : l'iti-
néraire d'Antonin la met fur la route d'Olifïpo kEmeri-
ta , entre Bitdua Se Emerita , à douze milles de la pre-
mière , Se à trente milles de la .féconde. Quelques ma-
nuferits nomment cette ville Plagia jon en voit encore
préfentement les ruines , près du village ^de Botua $
dans l'Eftramadure.
PLAILLY village de France, au diocèfe de Senlis,
dans la Province , appellée l'ifle de France , au bas de
la haute montagne de Montmelian, Se presque fur les
bords de la forêt de Senlis , à fept lieues ou environ
de Paris. Ce lieu eft nommé Plaitleyacitm dans un
diplôme de Charles le Simple du commencement du
X fiécle , où ce prince rappelle Se confirme aux reli-
gieufes de Morienval, diocèfe deSoiffons,la ttoifiéme
partie des bois de cette terre, que Charles le Chauve
leur avoit donnée , Ann. Bened. t. 6. p. 642. Il eft
nommé depuis Plailiacum dans l'échange que Philippe
'Augufte fit en 1 19J , de quelques terres avec Richard de
Vernon. Il paroît auffi par l'hiftoire de l'abbaye de S.
Denis , qu'au treizième fiécle ce monaftere avoit des
biens à Plailly qu'il échangea en 1284; mais en 159; ,
cette maifon acheva d'aliéner ce qu'elle y poffédoit
fuivant le même hiftorien. Plailly eft fi tué dans un
agréable vallon. L'églife paroiffiale eft remarquable par
la très-belle fleche de pierre qui fert de clocher.
PLAIN ( le ) , autrement le Coutentin , nom que l'on
donne au fécond doyenné de l'archidiaconé du Cou-
tentin , qui eft le quatrième de l'évêché de Coutances.
Il contient vingt-deux paroiffes toutes dans le meilleur
terrein du pays.
PLAIN-BON , bois de France , au Bourbonnois,
dans la maîtrife des eaux &forêrs deMoulins.il eft de
quatre-vingt-un arpens.
PLA1N-MARCHAIS , ou Pla'in-Marchis , ancien
prieuré de l'ordie du Val des Choux, en France,au diocèfe
d'Auxerre, archidiaconé de Puifaye, furie territoire de
la paroiffe de la Vau. Cette maifon fut fondée en 1 248,
par Jean , baron de Touci : l'églife eft fous l'invocation
de S.Denis. Le prieuré étoit encore reconnu comme mem-
bre de l'Espau, l'une desmaifons principales de cet ordre,
en 1 469. * Mèm. manufe.
PLAINE , en latin Planifies. On appelle ainfi un
petit espace de pays plat, Se qui n'eft diftingué ni de
bois , ni de rivière , ni de haies. Par le mot de plaine
on entend à peu près ce que les Romains entendoient
par le mot Campus ; quelques - uns veulent pourtant
que. la plaine foit quelque chofe de moins qu'une
campagne. Il y a des plaines qui font célèbres par des
batailles qui s'y font données , & il y en a de fort
grandes fur des montagnes ; ainfi une plaine peut fe
trouver au milieu d'un pays de montagnes.
PLAINE ( la ) , Plana , bourg de France, dans l'An-
jou , élection de Montreuil-Belay.
PLAINE, &Haineau de S. Lange, lieu de France,
dans la Champagne, élc&ion de Bar- fur-Aube.
PLAINE DE PLAISANCE, plainede ïifie de S. Do-
mingue , vers la bande du nord. Elle eft fituée au milieu
des montagnes ,qui font au midi du port Margot, à qua-
tre ou cinq lieues de la mer, à la fource de la rivière
appellée les trois Rivières, à l'orient de la plaine de Pilate.
On dit qu'il y a des mines d'argent dans ces quartiers.
PLA1NE-SELVE , ou Pleine-Selve , FUna Syl-
va y abbaye de France. Voyez Pieneselvi.
PLA
PLA
PLAINES , quartier de la Guadeloupe, à deux lieues
du quartier de l'iflc à Goiaves. Le chemin de l'un à
l'autre eft fort escarpé. Quoique le terrein du quartier de
Plaines foit pierreux , les terres ne laifient pas d'y être
bonnes , bien peuplées ôc cultivées. Ce terrein eft divifé
en deux plaines par un gros cap, dont les pentes font
douces ôc de bonne terre. La plus grande de ces plaines
cil d'environ mille pas de large : elle eft arrofée d'une
rivière aflez grofle; la plus petite a environ fept cens pas
de large, fur douze cens de longueur.
PLAINPIED , abbaye de France , dans le Berry.
Voyez, Pleinpied.
i. PLAISANCE, ville d Italie , dans le duché de
même nom , dont elle eft la capitale , avec évêché fuf-
fragant de Boulogne. Cette ville eft au 27 dég. 1 8 min. de
longit. ôc 45 dég. ; min.de Iatit. Elle eft grande ôc belle ,
fituée dans un pays charmant , ôc bien cultivé. Elle a au
nord le Pô ; à l'orient la petite rivière de Refiuto , ôc à
l'occident celle de Trébia. Les Latins l'appelloient Pla-
centia ; ceux du pays la nomment Placenz.a , ôc on pré-
rend qu'elle tire le nom de Plaifance de fon agréable fi-
tuacion , ou de ce que fes magnifiques palais , fes rues
droites ôc fpacieufes en rendent le fé jour plaifant. Elle
eft à cinq ou fix cens pas de la rivière du Pô , qui fort à
fon trafic, & à fa défenfe de ce côté-là. On vante beau-
coup fes fortifications. Ses murailles, dit Corneille , font
d'une grande épaifleur , faites toutes de briques : elles
font entremêlées de quelques demi-lunes , ôc défondues
par de larges foliés , qui font pleins d'eau en plufieurs en-
droits , fi ce n'eft du côté de la citadelle , flanquée de
cinq baftions. Miflbn dit cependant que les fortifications
de Plaifance ne valent pas grand'chofe , encore qu'on fe
foit fait une coutume de les vanter beaucoup. La citadel-
le renferme une belle églife & une grande place où font
les logemens des officiers , & le grand palais du gou-
verneur. La fnàifon de ville eft à l'autre côté de la mê-
me place. La façade en eft foucenue par de hautes co-
lonnes , en façon d'une grande galerie. Sa cour eft fort
large , ôc les chambres qui l'environnent font admirées
pour leurs peintures, & pour lesftatuesde marbre qu'on
y voit. Il y a deux hautes tours. Celle de l'horloge eft la
principale. La grande place eft ornée d'un grand nombre
de fort beaux palais , ôc on eft furpris de la magnificence
de deux belles figures de bronze , qu'on y voit de deux
ducs de Parme , de l'illuftre maifon des Farnèfes. Ce font
les ftatues d'Alexandre Farnèfe , gouverneur des Pays-
Bas Espagnols , ôc celle de Ranuce I fon fils. On re-
garde ces deux morceaux comme quelque chofe de rare
pour la fculpture. * Mijfon , Voyage d'Italie , t. 2.
p. 7.
La ville eft traverfée d'un bout à l'autre par trois gran-
des rues: celle du milieu commence proche des deux
grands couvens de S. Barnabe Ôc de S. Barthelemi. Celle
où l'on voit la fuperbe églife des Jéfuites , finit dans la
grande place du Dôme, où eft l'églife cathédrale , ornée
d'une belle tour , du haut de laquelle on découvre le plan
& les environs de Plaifance. Les maifons qui font dans
cette place peuvent palier pour autant de palais , foute-
nus de grands portiques , fous lesquels on fe promené à
couvert de l'incommodité de la pluie , ôc des ardeursdu
foleil. La grande place du bourg renferme les belles
eglifes de S. Matthieu, de fainte Brigitte , de S. Antoine,
de S. Etienne , ôc le palais du prince Landi , l'un des qua-
tre plus beaux qui foient à Plaifance. Les trois autres
font le palais de Scotti , celui de S. Séverin , ôc celui de
Madame, élevé fur une éminence au bout de la ville, du
côté du Pô , où les jardins font très-agréables , à caufe
d'une petite rivière qui les arrofe , ôc qui en fait un
printems perpétuel. Ce palais a quatre grands corps de
logis, qui forment une cour-dans le milieu , l'églife de S.
Sixte eft tout proche. C'cft la plus belle de routes , fans
excepter celles des Dominicains , des Auguftins , ôc des
Carmes , qui font les maifons rcligicufes les plus remar-
quables de la ville , ôc qui ont chacune quelque chofe de
particulier , foit pour l'architeéhue , foit pour la fcul-
pture , foir pour la peinture.
11 n'y a que cinq portes qui forment Plaifance. En y
arrivant par la porte de S. Lazare , on voit à main gauche
l'églife du même faint , qui eft un lieu de dévotion ôc
de promenade pour les bourgeois de la ville. On pu fie
99$
dânS les fauxbotugs la petite rivière de Refiuto^dont une
partie entre dans un côté de la ville, où elle arrofe les
jardins du palais de Madame. On donne a Plaifance cinq
milles de circuit, en y comprenant les foflës , mais qua-
tre feulement dans l'enceinte de fes murailles. Le nom-
bre des habitans eft d'environ vingt-huit mille , entre
lesquels on compte deux mille cccléfiaftiqucs. Ra-
phaël Fulgofo & le pape Grégoire X naquirent à Plai-
fance.
Quant aux révolutions qu'a eu cette ville , voyez, l'ar-
ride Parme.
2. PLAISANCE, ville d'Espagne. Voyez. Plasencia.
3. PLAISANCE , bourg de France , dans l'Ar-
magnac , au diocèl'e d'Auch , élection d'Armagnac. Il
eft fitué près de l'Adour, à fept lieues de Tarbes , ôc à
huit d'Auch.
4. PLAISANCE, bourg de France , dans le Rouer-
gue , au diocefede Vabres. Il eft fitué près du Tarn, fur
les frontières de l'Albigeois , à quatre lieues de Vabres t
en tirant vers l'occident.
5. PLAISANCE , baie ce port de l'Amérique fepten-
trionalc , à la côte méridionale de Pille de Terre-Neuve:
elle a dix huit lieues de profondeur , ôc le port eft à fon
extrémité. L'entrée de la baie eft un goulet où il n'v a que
le partage d'un navire ; mais les plus grands vairteaux y
peuvent palier, ôc le port en peur contenir cent cinquan-
te, qui y font à couvert de tous les vents , ôc y peuvent
faire la pêche auili tranquillement que dans une rivière.
Le goulet eft précédé d'une rade , qui a une lieue ôc de-
mie d'étendue; mais qui n'eft pas a l'abri des vents du
nord-oueft,& du nord-nord-oueft , lesquels foufflenc
fouvenr dans ce parage , ôc y font presque toujours im-
pétueux. Ce qui rend le partage du goulet (i étroit , ce
font des rochers fort dangereux , qu'il faut lairter fur la
droite, & au-deiïïisdesquels les François avoient conftruic
le fort de S. Louis. Les courans y font violens , ôc por-
tent fur les rochers , deforte qu'on ne peur les remonter
qu'à la roue , c'eft-à-dire en portant du côté où l'on veut
aller , un ancre auquel on a attaché un cable qui tire le
vairteau.
Le port de Plaifance étoit au bas d'une montagne , qui
a un peu plus de fix-vingt pieds de haut , & fur laquelle
onavoitbâti une redoute. La grande grève qui a une
lieue d'érendue, eft entre deux aunes montagnes fore
roides , dont l'une , qui eft au fud-fud oueft, eft féparée
de la grève par un petit ruifleau lequel fort du goulet :
il forme une espèce de lac, qu'on appelle la peiiie Baie ,
ôc où l'on pêche quantité de faumons. La grande grève
peut contenir ôc fécher en même-tems la charge de
morues de foixante navires: il y en a une plus petite à l'u-
fage des habitans , qui font la pêche le long de la terre :
ôc fur toutes les deux , on peut fécher le poirtbn fans rien
craindre. Les grèves font des plages couvertes de galots
ou galets ou pierres plates.
Le long du petit ruifleau , dont je viens de parler , on
avoir drefle avec des feuillages & des branches de lapins
des espèces de cabanes , qu'on nommoit échafauds , où
l'on faifoit auffi fécher la morue dans des tems de pluie.
Les maifons des habitans en étoient allez proches , &
formoient une rue , qu'on appelloit le Bourg de Plai-
fance: rien n'étoit plus miférable , & chaque habitanc
n'y étoit pas logé plus au large , qu'on ne l'eft ordinaire-
ment dans un vairteau. D'ailleurs le pays ne pouvant rien
produire , il falloir faire venir ront de France , ou de
Québec. Le fort S. Louis rendoit les François maîtres de
toute la partie méridionale de Terre-Neuve, ôc des ifles
de S. Pierre, qui font vis- à vis,c\'où il y avoir encore des
habitans , aurti-bien qu'au Chapeau-Rouge , Ôc en quel-
ques autres endroits de la côte , comme le grand ôc le
petit Batin, le petit Nord & autres. Les Maloins faifoient
leur pêche au périt Nord. Le poirtbn y eft plus petit que
dans la baie de Plaifance; mais plus propre pourlecom-
merce de la Méditerranée & du Levant.
Ce port , un des plus beaux de l'Amérique , renoit en
échec toutes les colonies angloifes , établies fur la côte
orientale de l'ille de Terre-Neuve, ôc c'étoit une relâche
fuie iSc commode pourrons les vairteaux qui revenoient
de l'Amérique , ou qai alloient en Canada , & en reve-
noient. La première de ces deux raifons engagea fouvent
les Anglois à tâcher de s'en rendre les maîtres par la
Tom. IV. K k k k k k ij
996 PLA
PLA
force'; mais n'en ayant pu venir à bout , ils ont eu le
bonheur de fe le faire céder par le Traité d'Utrecht. * Le
père de Charlevoix , hift. de la Nouvelle Fiance.
6. PLAISANCE , montagne de l'ifle Espagnole , fur-
ie chemin du Cap François au Port de Paix , auprès de
laquelle il y a une affez grande paroiffedépepdantedu cap.
* Lepere de Charlevoix , hift. de S. Domingue.
PLAISANTIN , contrée d'Italie, avec titre de duché ,
Se qui fait partie des états du duc de Parme. Ce pays ,
qui eft fitué à l'occident du duché de Parme , eft borné
au nord Se à l'occident par le duché de Milan , & au midi
par l'état de Gènes. Plaifance eft fa capitale. On ajoute au
Plaifantin les petits états de Buffeto Se de Landi , qui
font trois parties avec le duché de Plaifance. Les autres
lieux principaux font Nébio Se San Stéphane Le Pô , la
Trebia , la Nura , Se quelques autres rivières arrofent le
Plaifantin , où l'on trouve des mines d'airain & de fer ,
6c des fontaines falées , dont on fait du fel fort blanc. Il
s'y fait de même que dans le Parmefan des fromages ex-
cellens, qu'on transporte dans toutes les parties de l'Eu-
rope.
PLAMUS, ville dont parle Etienne le géographe: il la
place dans la Carie.
PLAN , bourg de France , au comté deComminges. Il
y a dans ce bourg une juftice royale.
PLANA , petite ifie de l'Archipel , entre l'ifle Stam-
palia au nord , celle de Scarpante à l'orient , Se celle de
Candie au midi. * Berthelot , carte de la Méditer.
1. PLAN ARIA , ifle d'Italie, dans la mer de Li-
gurie j à foixante milles de l'ifle de Corfe , félon Pline ,
/. 3.C. 6. Ce nom lui avoit été donné à caufedefa figure;
car elle eft unie & baffe. Elle conferve encore fon nom ;
car on l'appelle aujourd'hui Pianofa , Se en François
Fkinouje. Voyez, ce mor.
2. PLANAPvIA. Pline, /. 6. c. 32. donne ce nom à
une des ifles Fortunées. Le père Hardouin dit que c'eft
l'JJle d'Enfer , ou l'ifeTenerijfe.
1. PLANASIA , ifle de la mer Tyrrhenienne , félon
Ptoloméc , /. 3. c. 1. Pline , /. 3. c. 6. connoît aufli. une
ifle de même nom , dans le même quartier -, & il paroît
que c'eft la même que quelques lignes auparavant il
avoit apellée Planaria. Voyez Planaria,». i.
2. PLANASIA , ifle fur la côte de la Gaule Narbon-
noife : Strabon , /. 4. p. 1 84. la place avec l'ifle de Lero ,
immédiatement après les Ifles Stœchades.
PLANAY. Voyez. Planf.y.
PLANCHE-MINIER, lieu de France, dansl'Angou-
mois. Il y a des mines de fer , dont on fait des munitions
de guerre pour Farfenal de Rochefort.
PLANCT^E. Voyez, Cyclopum Scopuli.
PLANCY , bourg de France , dans la Champagne ,
au diocèfe de Troyes , avec titre de marquifat. Il y a dans
ce lieu un chapitre fondé fous le nom de Saint-Laurent ,
avant 1200, par les feigneurs de Plancy. Ce n'eft que
depuis la paix des Pyrénées que Plancy a été érigé
en marquifat : il n'avoit auparavant que le titre de Ba-
ronnie.
PLANE, ifle de la Méditerranée , fur la côte d'Espa-
gne , près de la baie d'Alicante , enviton à une petite de-
mi-lieue à l'eft-fud-eft de Saint Paul. Cette ifle eft baffe.
Presque vers le milieu du partage qui la fépare du cap de
Saint-Paul, il y a fous l'eau une roche fort dangereufe ,
8c qui eft tant foit peu plus près de l'ifle que du cap. On
peut néanmoins paffer avec des vaiffeaux Se des galères
entre le cap Saint-Paul & cette ifle , rangeant un peu plus
le cap que l'ifle , pour éviter cette roche. Dans le milieu
de ce partage, il y a cinq à fix braffes d'eau , Se l'on voit
le fond , lorsqu'on parte dans cet endroit. Il y a aurti quel-
ques roches près de la pointe de Saint-Paul. L'ifle de Pla-
ne a une demi-lieue de long. Le bout de l'oueft eft le plus
haut ; & du côté du fud-eft , il y a deux gros écueils , Se
plufieurs autres petits, tant à fleur d'eau que fous l'eau.
Comme ils s'avancent très-loin , il faut paffer fort au lar-
ge , ou bien ranger la terre. * Michelot , Portulan de la
mer Méditerranée , p. 20.
PLANES1A, petite ifle delà côte d Espagne , aux en-
virons du promontoire Ferraria , félon Strabon , /. 3.
p. 1 f 9. Voyez, Ferraria , n. 3.
PLANGENSES , peuple de l'Umbrie , félon Pline ,
/. 3-f. 14.
PLANlA. Voyez. Osurtum.
PLANI BOBISTA , nom d'une ville , félon Ortelius ,
qui cite les conftitutions des empereurs d'Orient.llfoup-
çonne que cette ville étoit dans l'Epire.
PLAN1CENSES. Voyez. Pleninenses.
^ PLANIEZ ( l'ifle) , ifle de la mer Méditerranée, fur la
côte de France , dans la rade de Marfeille , environ cinq
milles vers le fud-oueft de la pointe du cap Cavaux , qui
eft le plus au fud-oueft de l'ifle Saint- Jean ou Pomegue.
On l'appelle Planiez', parce qu'elle eft unie Se baffe. Il y a
fur cette ifle une tour qui n'eft point habitée , & qui ne
fertque pour en donner la connoirtance. On peut parter
entre la terre Se cetre ifle, y ayant 40 à 4; braffes d'eau ;
mais il ne faut pas s'en approcher, fur -tout du côté du
fud-eft Se de l'eft , à caufe de quelques roches qui s'éten-
dent environ un mille , fur lesquelles il y a fort peu
d'eau , Se où la mer brife par-tout , lorsqu'il fait mauvais
tems. * Michelot , Portulan de la mer Méditerranée ,
p. 6;.
PLANIZZA , rivière de la Morée dans la Sacanie.
Elle prend fa fource au midi de Corinthe , & fe rend .
dans le golfe de Napoli. C'ettl' Inachus des anciens.
PLANONE, forêt de France , dans la Bourgogne , Se
dans la maïtrife des eaux & forêts d'Autun. Elle contient
cinq mille trois cens quatre arpens.
PLANOUSE (l'ifle de) , Planaria.iûe d'Italie , dans la
mer de Toscane, entre l'ifle d'Elbe, au Nord oriental ,
Se l'ifle de Corfe , au midi occidental. Elle eft à neuf
milles au fud-oueft , Se à cinq degrés vers l'oueft de la
pointe de la droite du cap de S. Pedro dans l'ifle d'Elbe.
L'ifle Planoufe eft fort baffe & remplie de bruscages.
Elle a environ quatre milles de longueur , Se une demi-
lieue de largeur. On la peut ranger du côté du nord Se
du notd-oueft ; mais du côté du fud , il y a plufieurs ro-
chers hors de l'eau , qui s'avancent plus d'un mille &
demi. On peut mouiller du côté de l'oueft Se du nord-
eft , fuivant le vent ; mais il faut être toujours prêt à fer-
per , Se tourner l'ifle vers la pointe du nord, qui eft affez
nette. On y peut faire du bois aifément : on mouille à un
quart de lieue de l'ifle par dix à douze brades d'eau. *
Michelot, Portulan de la mer Méditerranée , p. 102.
PLANTAINS (l'ifle des ) , ifle d'Afrique. Voyez, Tôt A
ifle.
PLANTAS, ou Plantats, petite rivière de Fran-
ce , dans le Gevaudan. On y ramafle fouvent de petites
perles.
PLAR/EI, peuples de l'Epire , félon Etienne le géo-
graphe. Les Plar^ei, PLARiicVPLERy€i,font le même
peuple.
PLARASSA, ville qu'Etienne le géographe place dans
la Carie.
PLARII.F^?.Plar^i.
PLASENCIA, ville d'Espagne , dans l'Eftramadure,
avec titre de cité épiscopale. Cette ville eft fort belle Se
très-bien bâtie, au milieu des montagnes , fur une hau-
teur , au bord d'une petite rivière nommée Xerte. Elle
eft défendue par un bon château. Les montagnes qui l'en-
vironnent ont leur cime toute blanche de neige , Se font
couvertes d'arbres fruitiers. Le vallon , qui eft tout joi-
gnant , n'eft pas moins fertile que le refte , Se l'on y re-
cueille du grain dont on fait du pain d'une blancheur &
d'une bonté merveilleufe. Alfonfe III, roi de Caftille ,
bâtit cette ville l'an n 80, à l'endroit où étoit autrefois
un village nommé Ambracius , Se y mit un evêché fuf-
fragant de Compoftelle , avec quarante mille ducats de
revenu, qui depuis fon tems ont monté jusqu'à cinquam
te mille. Cette ville appartenoit autrefois à des feigneurs
particuliers en titre de duché ; mais l'an 1488 les rois
Catholiques la réunirent à la couronne , donnant en
échange la ville de Béjar à ces feigneurs , avec titre de
duché. Elle a fous fa dépendance deux autres villes qui
fontaftez confidérables ; favoir Pifaro Se Xarahis. * Dé-
lices d' Espagne , p. 364.
La Vera de PLASENCIA eft un petit canton , dans
la partie feptentrionale de l'Eftramadure, ainfi appelle
du nom de la principale ville qui s'y trouve. C'eft un
pays de montagnes Se de vallées , très-agréable , très-dé-
licieux , Se le plus fertile de toute l'Espagne après l'An-
daloufie. Il a douze lieues de longueur , fur trois de lar-
geur ; Se quoiqu'il foit fort petit, fa fertilité y attire tant
PLA
A JL A
de monde , qu'on y compte jusqu'à dix-fept places bien
peuplées. Les campagnes y font couvertes de beaux jar-
dins , où croiflent d'excellens melons ; les champs y pro-
duifenc du grain en abondance \ Se l'on voit dans les val-
lons & dans les montagnes des forets d'arbres fruitiers ,
qui produifent avec abondance. Il s'y trouve auiîi quan-
tité d'arbrifleaux Se de plantes odoriférentes & médicina-
les , des romarins , des pommes de mandragores , que
les Espagnols appellent ùbollas deVillano, Se des len-
tisques qui portent le maltic. On y fait d'excellent vin ,
Se on y cultive le lin qui ett d'un très-grand rapport. Les
fontaines y donnent de belle eau vive Se les petites riviè-
res , qui ferpentent dans les vallons, nout rident des truites
fort délicates. Enfin tout eft riant dans ce petit pays. *
Délices d'Espagne , p. j 6 3 .
2. PLASENCIA , ville d'Espagne, dans laGuipuscoa,
dans la vallée de Marquina , au bord de la rivière de
Deva , à trois lieues au-delTous de Mondragon. Sa fitua-
rion elt fort agréable. On y fabrique routes fortes d'in-
îtrumens de guerre. * Délices d'Espagne , p. 87.
1. PLASS, abbaye d'hommes, ordre de Cîteaux , dans
le royaume de Bohême , au cercle de Pilfen.
2.PLASS,monaftere de religieux de l'ordre de Cîteaux,
dans le cercle de Raconitz , en Bohême.
PLASSAC , bourg de France , dans la Saintonge ,
élection de Saintes.
PLASSAY , bourg de France, dans la Saintonge , éle-
ction de Saintes.
PLASSENDAL, fort des Pays-Bas Autrichiens, fur
le canal qui va à Bruges , à une lieue d'Oficnde.
PLATA (la), ou Chuquisaca , ville archiépisco-
pale de l'Amérique méridionale au Pérou , capitale de
l'audience de los Charias, au nord-eft du Potofi fur la
petite rivière de Cachimayo, latitude méridionale, 19
deg. 32 minutes.
Les Espagnols , après avoir conquis tous les pays
qui s'étendent depuis Tumbez jusqu'à Cusco, penferent à
fubjuguer les nations plus éloignées. Ce fut pour exécuter
ce projet que GonzalèsPizarro partit en IJ38 de Cusco
avec un bon nombre d'Espagnols. Il combattit d'abord
quelques peuples avec fuccès. Mais quand il fut parvenu
aux Chuquifacas , il y trouva une réfillancefortopiniâtie.
Cependant , avec le fecours que lui envoya le marquis
don François Pizarro, fon frère , il vint à bout de les ré-
duire. L'année fuivante 1539, le même don François! i-
zarro jugea qu'il éroit à propos , tant pour afiiirer fes
nouvelles conquêtes , que pour en faire d'autres plus
avant , de bâtir une ville parmi ces nouveaux fujets. Il
en donna la commiflion au capitaine Pedro Anzures , qui
s'en acquitta fidèlement. Elle fut bâtie au même lieu
où étoit celle que les Chuquifacas avoient fi bien défen-
due ; Se on la nomma laPlata, l'Argent, à caufe des mines
qui font dans le voifinage.
Cette ville a quatorze mille habitans tant Espagnols
qu'Indiens , une cathédrale d'une belle architecture ,
grande , Se bien ornée en dorures & en peintures , plu-
sieurs monafteres d'hommes & de filles , un collège de
Jéfuites, & un hôpital entretenu aux dépens du roi Ca-
tholique , 6V gouverné par les frères de la Charité. Il y a
auiîi une univerfiré dont le recteur du collège eft re-
cteur né. L'évêché de la Plata fut érigé en archevêché
l'an 1608. * Relation del viage à la America méridional
de Ant. de Ulloa.
Ses SufFragans font :
La Paz de Chuquiaga ,
Santa Crux de la Sierra , ou de Baran~a ,
L'Afibmption le Paraguai ,
Saint Michel del Eftero.
La Trinité de Buenos-Ayres.
* Commainville , Table des évêchés , Sec. Table Chro-
nol.p. 143.
2. PLATA , ou Rio de la Plata , rivière de l'Amé-
que méridionale, au Paraguay. Elle gît par fon embou-
chure à 35 d. de latit. fud. On lui donne vingt & trente
lieues de large , à me Aire qu'elle approche de la mer , où
fon embouchure en a bien foixanre Se dix. Cette rivière
déborde en certains tems de l'année ; ce qui rend le pays
fertile. Pendant les débordemens les habitans fe mettent
997
dans des canots , Se errent de coté ou d'auttei Plusieurs
grandes rivières fe joignent à Rio de la Plata-, comme la
Parana , Rio Vermejo , Se autres. Les Espagnols qui
fe font établis fur la rivière de la Plata , ou aux environs,
comme à Buenos-Ayres , à Santa Fe, ou à l'Afiomption ,
ont remonté plufieurs fois jusqu'à la fource de cette ri-
vière , Se couru les bords du Paraguay & de la Parana ,
de forte qu'infenfiblemeut on s'en: frayé un chemin jus-
qu'au Potofi Se au Pérou. Cette route ett maintenant
très-fréquentée , Se le voyage peut fe faire en un mois.
Tout le pays elt fort beau le long de la côte, depuis Cabo
Frio , jusqu'à Rio de la Plata. Il y a entre autres beau-
coup de bois deBrefil&d'ébenc:du refteces côtes ne font
pas trop bien connues. * Fr. Coreal , Voy. aux Indes
occ. t. 1. p. 253.
Juan Dias de Solis découvrit le premier cette grande
rivière en I/IJ. Ayant été porté dans fon embouchure ,
il monta jusqu'à une ifle , qui eft fur le 34 d; 40 m.
de la ligne vers le fud. Il y vit plufieurs cabanes de
fauvages qui l'invitoient à descendre ; ce qu'il fit jn-
confidérémsnt , Se il fut tué Se mangé avec plufieurs
de fes gens par les fauvages. Le nom de Solis , qui
fut alors donné à cette rivière, lui demeura quelque
tems. En 1/26 , Sébaftien Cabot, qui avoir laifle les
Anglois pour aller aux Espagnols , fut envoyé pour
palier par le détroit de Magellan dans la mer du Sud,
Se delà aux Moluques ; mais la difett* des vivres ayant
porté Ces gens à fe mutiner , cette mutinerie l'obligea
d'entrer dans cette rivière, Se de la remonter environ
trente lieues , jusqu'à une ifle , à laquelle il donna le
nom de Saint Gabriel. Sept lieues plus haut , il trouva
une rivière qu'il nomma Saint Salvador, & trente
lieues encore plus haut , il en trouva une autre appellée
Zarcarana par les fauvages. Ce quartier étoit habité
par des fauvages d'une indufirie peu commune à ces
nations; ce qui fut caufe qu'il donna le nom de Saint
Esprit , ou de Cabot , à un château qu'il y fit bâtir.
Après y avoir laiflé une gamifon , il entra dans la
rivière de Parana, où il trouva plufieurs ifles , Se pafîa
plufieurs rivières qui fe déchargent dans ce grand canal.
Lorsqu'il eut monté deux cens lieues , il arriva à une
autre rivière que les fauvages appelloient Paraguay. Il
la remonta environ jusqu'à trente quatre lieues , laiiîanc
celle de Parana à main droite , Se il rencontra des
fauvages occupés à la culture des terres. Il perdit vingt-
cinq de fes gens dans un combat qu'il eut avec eux , Se
bâtit dans ce lieu un fort , auquel il donna le nom de
Sainte Anne. Ce fur dans ce fort que Diego Gardas
Portugais , trouva Cabot en 1^27 , & parce qu'ils recou-
vrèrent quelque argent des fauvages , Se qu'on n'en
avoit point encore apporté de l'Amérique en Espagne ,
ils appellerent cette rivière la rivière d'argent, ce que
fignifie Rio de la Plata. Cabot étant retourné en Es-
pagne , la découverte de cette rivière fut fuspendue
jusqu'en 1535, que Pedro de Mendoza y fut envoyé
avec onze navires Se huit cens hommes. Il monta dans
la rivière jusqu'à l'ifle de Saint Gabriel, commença de
bâtir une ville fur la rive gauche , en remontant la
rivière , Se qu'il appella Nueflra Sennora de Buenos
Aj/res. Il y perdit la plus grande partie de fes gens
par la famine : ce qui l'obligea d'envoyer fon lieutenant
Juan de Ayola , pour en traiter avec les fauvages. Men-
doza s'en retourna après cela ; mais il mourut en che-
min. Les Espagnols ne fe donnèrent pas beaucoup de
mouvement pour s'établir dans ce quartier jusqu'en
15 40 , qu'Alvaro Nunnez Cabeça de Vaca y arriva.
Le pays fe découvrit alors peu-à-peu , & fe peupla de
diverfes colonies espagnoles. * De Laét , Defcr. des In-
des occ. /. 14. c 2.
5. PLATA , ou Rio de la Plata , province de l'A-
mérique méridionale au Paraguay. Elle s'étend des deux
côtés de la rivière de la Plata , qui lui donne fon nom.
On la borne au nord par les provinces de Chaco , de
Paraguay Se de Parana ; à l'orient par Uruguay \ au midi
par le pays des Pampas y Se à l'occident par le Tuciimani
La Conception a été une de fes principales villes ;
mais elle e(t préfentement détruite. Les villes qui Aib-
fiitent font :
Buenos Ayres Corrienres ,
Santa Fé , Santa Lucia.
998
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PLA
4. PLATA , ifle de l'Amérique méridionale, au Pé-
rou , fur la côte de l'audience de Quiro , à 1 d. 10 m.
de larir. mérid. On la trouve à 4 ou / lieues du cap
S. Laurent ^ faifant route à l'ouefl-fud-eft Se un quart
d'oueft. Les Espagnols lui donnèrent le nom de Plata ,
api es que le chevalier François Drake eut pris le Ca-
cafoga , vaiflean dont la principale cargaifon étoit
d'argenterie , parce qu'il amena ce vaifleau dans cette
ifle , Se y partagea fon butin avec fon équipage. Llle
a près de quatre milles de long , Se un mille Se demi
de large , Se efl affez haute. Elle eit entourée de rochers
hauts cv escarpés, fi ce n'eft à un féal endroit du côté de
l'orient, Lefommet en eit plat & uni , le terroir fablon-
• neux & fec. Les arbres qu'elle produit font menus Se
bas ; Se il n'y a que trois ou quatre fortes d'arbres qui
nous foient inconnus, ils font fort couverts de moufle :
il y a de bonne herbe , Se principalement au commence-
ment de l'année : on ne trouve de l'eau dans cette ifle que
près de la mer du côté de l'orient. Cette eau coule lente-
ment des rochers , & il efl aifé de la recevoir dans des
vaifleaux. On y a vu force chèvres ; mais à préfent il n'y
en a plus , ni d'autres animaux de terre. Il y a quantité de
boubies Se de foîdats , qui font des oifeaux. L'ancrage eft
à l'orient , vers le milieu de Pifle , près de terre , à la lon-
gueur de deux cables de la baie fablonneufe. 11 y a près de
iS ou 19 brafles d'un fond bon Se ferme Se d'une eau
calme ; car la pointe de l'ifle qui elt au fud-efl met
à couvert des vents du ftid qui y régnent fans inter-
ruption. Depuis cette pointe jusqu'à un quart de mille
en mer , il y a un petit endroit où 1 eau efl baffe , & les
vagues font fortes , Se coupées durant le flux. La marée
efl; aflez grande , & coule aflez rapidement , foit en mon-
tant vers le fud , ou en descendant vers le nord. On peut
faire descendre dans la baie, près du lieu où l'on ancre -, Se
de cette baie on peut entrer dans l'ifle , mais on n'y
fauroit entrer que par-là. A la pointe du fud-efl , à la lon-
gueur d'un cable de terre , il y a deux ou trois petits
rochers hauts Se escarpés , Se un aurre beaucoup plus
gros du côté du nord-eft. 11 y a beaucoup d'eau tout au-
tour de l'ifle , fi ce n'eft à l'endroit où l'on ancre , Se
à la pointe du fud efl dont on a déjà parlé.
PLAT/£A,ou Platea , ifle fur la côte d'Afrique.
Le périple de Scylax, p. 45. le met fur la côte de la
Marinai ique ; mais Hérodote , / 4. c. 15 1. Se 156. qui
efl pour la première orthographe , femble la mettre fur
la côte de la CyrénaVque. Il eil difficile de marquer
au jufle la pofition de cette ifle , parce que Ptolomée
ne la connoît point.
. 1. PLATV££, ou Plates , ifle de l'A fie Mineure,
fur la côte de la Ttoade : Pline , /. j. c. 3 1. dit qu'elles
étoient au nombre de trois,
2. PLAT;£,£. Voyez. Platée.
PLATAG/E. Voyez. Amorgos.
PLATAMODES, lieu du Péloponnèfe: Strabon , /.
S. p. 348. le place à cent vingtflades de Coryphafium.
PLATAMONA , rivière des états du Turc en Eu-
«rope , dans le Comenolitari. Elle a fa fource dans les
montagnes de la Macédoine , à l'orient d'Ochrida ou
Hohori. Après avoir couru un aflez long efpace de
chemin du nord au fud le long des montagnes d'Ochri-
da , elle fait un coude & tourne tout d'un coup de
l'ouefl à l'efl. Elle traverfeenfuite le Comenolitari , cxrva
fe jetter dans le golfe de Salonique , entre l'embou-
chure de la rivière Cafloro Se la ville Stadia. Corneille
fait de cette rivière une ville& la place dans la Thefla-
lie , comme s'il y avoir aujourd'hui uneThefialie. Cette
rivière efl l'Aliacmon des anciens , Se non le Platamonits
de Phavorin, comme l'a cru de la Martiniere.
PLATAMONUS, nom d'un fleuve , dont fait men-
tion Phavorinus , Lexic.
PLATANE , village des Sidoniens , près de la ville
de Beryte. C'efl le lieu où Hérode làiffa fes deux fils ,
pendant qu'il faifoit examiner leur caufe. Ne feroit-ce
point , dit Ortelins , Thef. le même lieu qui efl appelle ail-
leurs Platanus. Voyez, ce mot.* Jofephe, anr. l.iG.c.ult.
PLATANENS1S , fiige épicopal de la Galatie , félon
Ortelins , Thef. qui cite le concile de Nicée.
PLATANEUS, fleuve de la Bithynie , félon Pline ,
/. 5. c. jz.
PLATANI, ou Platamo , rivière de Sicile , dans
le val de Mazzara. Elle a fa fource dans une monta-
gne , près de Caftro Novo. Dans fa courfe elle reçoit la
petite rivière de San Pietro ,d. la rivière Salso , g. celle
dcTurbulo , d. Se elle va le perdre dans la mer , où elle
a fon embouchure , fur la côte méridionale de l'ifle ,
enrre Cala del Panaro Se Capo Bianco. Cette rivière
efl le fleuve Camicus ouHalycus des anciens. * Rot.
de Vaugonay , Atlas.
ILATAN1STUNS ou Platanistus , ou promon-
toire de la Laconie : Paufanias , /. 3. c. 23. dit qu'il
étoit éloigné de quarante Ùades du promontoire ap-
pelle la Mâchoire d'Ane.
1. 1 LATANISTUS , ou Platamiston , fleuve de
l'Arcadie. llbaignoitla ville Lycofura , félon Paufanias,
/. 8. c. 39.
2. PLATAN1STUS , promontoire de l'Elide , "félon
Pline , /. 4. c. 5. Le père Hardouin remarque fur cet en-
droit de Pline que tous les manuferits portent PlatA-
nodes , Se il aceufe Hermoiaus d'avoir corrompu les
exemplaires de Pline en fubflituant Platamflus pour
le vrai nom , qui efl Platamdes. Le fentinent du père
Hardouin eft confirmé par le témoignage de Strabon,
/. 8. p. 348. quoique pourtant on life dans ce dernier
Platamodes Se non Platanodes.
3. PLATANISTUS, lieu de la Cilicie, fur le bord
de la mer , félon Strabon , /. 14. p. 66y.
PLATANIUS , fleuve de la Bœotie : C'efl Paufanias ,
/. 9. c. 2y. qui en fait mention.
PLATANUS , ville de la Phénicie , félon Etienne
le géographe Se Polybe,/. 5. n. 68. L'itinéraire d'An-
tonin en fait auflî mention ; mais il la place dans la Syrie ,
entre Antioche Se Laodicée. Voyez. Platane.
1. PLATE , petite ville d'Allemagne , au cercle de la
Bafîe-Saxe , dans le duchéde Mecklenbourg, fur la Stoer ,
entre Schwerin Se Neufladt , à deux milles de la pre-
mière Se à trois de la féconde.
2. PLATE , ifle fur la côte de la Troade , félon Pline,
/. J. c. 31. Voyez. Platia.
3. PLATE ( l'ifle ) ,ifle de France en Bretagne fur la
côte de l'évêché de Treguier , Se une des ifles que les
anciens ont appelle Siadœ.
1. PLATEA , ville d'Espagne. Martial ,/. 4. .Ep.55.
& l. 12. Ep. 18. en parle dans deux endroits. Dans
le premir il lui donne l'épithete de Sonans , à caufe
des boutiques de forgerons qui y étoient.
2. PLATEA , ville d Espagne , dans le royaume d'Ar-
ragon \ on croit que c'efl le Bourg de CaJ}e)un de las
Armas. A l'égard du titre d'évêché que Baudrand , Dicl.
lui attribue , je n'en trouve aucune trace dans les notices
épiscopales. Voyez. Castejon de las Armas. Il n'eft
pas plus aifé de décider fi cette Platea efl celle qui a
été connue de Martial. Voyez. Platea, n. 1.
PLATEA-INSULA , ifle que Pline , /. 4. <r. 12. met
dans la mer Egée , à foixante milles d'Aftypalaea. 11 efl: ,
je penfe , le feul qui faffe mention de cette ifle.
PLATEA-PETRA , lieu fortifié quelque part dans
l'Afie mineure , félon Ortelins , Thef. qui cite Cédrene.
Xylr.nder.au lieu de Platea- Pecr a traduit, Latum-Saxum;
Gabius lit dans Curopalate Lata-Petra , Se dans un
autre endroic Am'iqua-Petra qu'il place dans h Thrace
PLATÉE , Plaie a , Platœx. ou Plaua. Ville de la
Bœotie , dans les rerres, au midi de Thébes, aux confins
de l'Attique Se delà Megaride, fur le fleuve Afopus.
Ce fut ptès de cette ville que les Grecs gagnèrent une
fameufe bataille contre Mardonius , lieutenant Se beau-
frere de Xerxès , roi de Perfe , dans la 75 Olympiade,
l'an de Rome 27 j.
La ville de Platée étoit fort ennemie des Thébains, Se
fi dévouée aux Athéniens , que toutes les fois que les
peuples de l'Attique s'aflémbloient dans Athènes pour la
célébration des facrifices , le héraut ne manquoit pas
de comprendre les Platéens, da«s les vœux qu'il faifoit
à haute voix pour la république. Les Thébains avoient
deux fois détruit la ville de Platée. Archidamus roi de
Sparte , la cinquième année de la guerre du Pélopon-
nèfe, bloqua les Platéens , & les força de fe rendre
à discrétion. Ils auroient eu bonne compofition du
vainqueur \ mais Thebes unie avec Lacédémone de-
manda qu'on exterminât ces malheureux , Se le demanda
fi vivement , qu'elle l'obtint. Le traite d'Anralcidas ,
PLA
PLE
dont parle Xénophon , /. ;. les rétablit. Cela ne dura
pas ; car trois ans avant la bataille de Leucte , Thcbes
indignée du refus qu'ils firent de fe déclarer pour elle
contre Lacédémone , les remit dans le déplorable état
qu'ils avoient déjà éprouvé par fa barbarie. * Teureil ,
rem. fur la 2. Philip, t. 4. p. 177. Hérodot. /. 6. Tour cil ,
rem. fur Ja Harang. touchant la paix, t. 4. p. 121.
Thucyd. /. 5.
Dans le lieu même où les Grecs défirent Mar-
donius , on éleva un autel à Jupiter Eleutherien ou
libérateur; ôc auprès de cet autel les Platéens célé-
broient tous les cinq ans des jeux appelles Eleitthc-
ria. On y donnoit de. grands prix à ceux qui cou-
roient armés , & qui devançoienr leurs compagnons.
Quand les Platéens vouloient brûler leurs capitaines
après leur mort , ils faifoient marcher un joueur d'in-
ftrnmens devant le corps, & enfuite des chariots tout
couverts de branches de lauriers ôc de myrtes avec
pluficurs chapeaux de fleurs. Etant arrivés proche du
bûcher, ils mettaient le corps deffus, après qu'ils avoient
offert du vin &dulait aux dieux: après quoi, le plus
confidérable d'entre eux, vêtu de pourpre ,failoit retirer
les esclaves , ôc immoloit un taureau. Le facrifice étant
accompli , après avoir adoré Jupiter ôc Mercure , il
convioit à fouper les mères de ceux qui étoient morts
à la guerre , ôc offrant du vin dans une taffe , com-
me le portant au mort , il achevoit la cérémonie.
Ils faifoient chaque année des facrifices folemnels Ôc
des anniverfaires aux Grecs qui avoient perdu la vie en
leur pays pour la défenfe commune. Le feiziéme jour
du mois qu'ils appelloient Monafterion , ils faifoient
une proceifion , devant laquelle marchoit une trom-
pette qui fonnoit l'alarme. Il étoit fuivi de quelques
chariots chargés de myrte ôc de chapeaux de triom-
phe, avec un taureau noir, Ôc quelques nobles qui por-
toient des vafes à deux anfes pleins de vin , ôc de jeunes
garçons d'un état libre , qui tenoient des huiles de fen-
teur dans des phioles. Le prévôt des Platéens , à qui
il n'étoit pas permis de toucher du fer , ni d'être vêtu
que d'étoffe blanche toute l'année , venoit le dernier
portant une faie de pourpre , ôc tenant en une main
une buire , qu'il prenoit en l'hôtel de ville , Ôc en l'autre
une épée nue. 11 marchoit en cet équipage par toute
la ville jusqu'au cimetière , où étoient les fépulcres de
ceux qui avoient été tués à la bataille de Platée. Alors
il puifoit de l'eau dans la fontaine de ce lieu , en lavoir
les colonnes ôc lés images qui étoient fur ces fépulcres,
ôc les frottoit d'huiles de lenteur. Enfuite il immoloit
un taureau ; ôc après quelques prières faites à Jupiter &
à Mercure , il convioit au feftin général les âmes
des vaillans hommes morts , ôc difoit à haute voix fur
leurs fépultures : Je bois aux braves ôc vaillans hommes ,
morts autrefois en défendant la liberté de la Grèce.
i.PLATEIS , ifle de Lycie , félon Etienne le géo-
graphe.
2.PLATEIS , ifle du golfe Saronique , àcequ'ilparoît
par un paffage de Pline,/. 4. c. 12.
PLATIA , ifle de la Propontide. Ortelius dit qu'il en
eft parlé dans les constitutions de l'empereur Comnene.
Il ajoute que ce pourroit être l'ifle de Plate de Pline.
Voyez. Plate.
PLATI/E , ifles fur la côte de l'ifle de Crète , félon
Pline, /. 4. c. 12. qui les place au devant du promon-
toire Sammonium.
PLATINA , ou Platena , ville de l'Anatolie, dans
l'Amafie , entre la ville de Chirifon ôc celle de Trébi-
fonde. C'eft à ce qu'on croit l'ancienne Pbarnacea.
PLATINA , nom latin du bourg que les Italiens ap-
pellent Piadena. Voyez, ce mot.
PLATON-SAINTE-CROIX (le) , langue de terre,
dans l'Amérique feptentrionale , au Canada , dans le
gouvernement de Québec. Cette langue de terre , qui a
la forme d'un fer à cheval , eft à la rive du fud de S.
Laurent , un peu plus haut que la rivière de Jacques
Cartier. Elle a feize arpens de fuperficie, & eft fituée
au pied d'une petite montagne faite en amphitéatre,au
haut de laquelle eft On pays plat , où font de belles
campagnes de bled. Jacques Cartier avoir eu deffein
d'y bâtir une ville. On y fait une pêche d'anguilles très-
abondante. Le courant du fleuve les amené du lac Onta-
rio ou de Frontenac , qui eft à plus décent lieues, bu îcul
habitant en prend quelquefois jusqu'à trois milliers
dans une marée. Elles font communément plus grottes
que celles de France.
Si' a ÏTE ' pCtiCe Vilie de France ' dans le Pavs Mcffin.
PLATYPEGIUM, Platipegia, ou Platipedia , ville
de la Scythie de Thrace ; il en eft parlé dans la notice
des dignités de l'Empire , feci. 28.
1. PLA VE, ville d'Allemagne, avec un château au
cercle de la Baffe -Saxe , dans le duché de Meckel-
bourg , aux confins de la marche de Brandebourg , au
bord feptentrional de l'Elbe , & près d'un lac qui en
prend le nom de Plauer-Sée. Cette ville fut brûlée à
quelques maifons près en 1456 , par un Danois , qui
ayant eu querelle avec un des habitans, mit le feu a
une maifon pour fe venger. Elle eft fituée entre Waren à
l'orient , ôc Parchim au couchant, à quatre milles &
demi de la première , à quatre de la féconde , ôc à neuf
de Schwerin. * Mém. dreflésfur les lieux.
1. PLAWEN, ville d'Allemagne , dans l'éleétorat de
Saxe , au Voigtland , fur i Ertert , à un mille d'Olsnitz :
on y tient quatre grandes foires par an. Il y avoit ci-
devant une belle paroiflé fous l'invocation de S. Jean ,
un bon château fur une montagne d'où il commandoit
la ville, & que l'on appelloit Ratschaver , ôc une églife
avec un couvent de Dominicains , une jolie maifon de
ville ôc une école bien établie , de laquelle il eft forti
d'habiles gens. Les feigneurs de Reuffen , qui font entre
les états de l'Empire, fe qualifient encore de Plawen : ce
lieu en effet leur a appartenu autrefois. La chronique de
Bohême^ par Martin Boregk porte que l'an 449 ,
les Bohémiens prirent le château de Plawen, ne gardè-
rent point la capitulation , maffacrerent tous ceux qui
s'étoient rendus : ils démolirent le château , & mirent le
feu aux maifons: cela arriva le jour de la converfion
de.S. Paul , l'an i;48. La ville fut encore une fois brû-
lée par un accident. Le fauxbourg même fut confirmé:
on a depuis rebâti la ville ôc la paroiflé.* Zeyler, Saxon.
Super. Topogr. p. iji.
2. PLAWEN , petite ville de la moyenne marche de
Brandebourg , fur la Havel , avec un belle manufacture
de porcelaine dans le Havelfand.
3. PLAWEN, petite ville deThuringefur laGera; elle
relevé des ducs de Saxe.
PLAUZAT , ville de France , dans l'Auvergne , éle-
ction de Clermont.
PLEAU-LA-ROQUEBON (le), bourg de France ,
dans le Limoufin , au diocèfe de Tulle, fur le paffage du
Languedoc , dans le Limoufin.
PLEGER1UM , ville de l'Inde , fur le fleuve Choas*
phes , félon Strabon , /. 15. p. 697.
PLEGRA , ville de la Galatie dans les terres : Ptolo-
mee, /. 5. c. 4. qui la donne aux Paphlagoniens , la met
entre Zagira ôc Sacora.
PLEIBURG, petite ville d'Allemagne, au cercle d'Au-
triche , dans le duché de Carinthie , fur la rivière de
Feiftriz, fur une colline , au pied d'une haute montagne.
On l'appelloit auparavant Auffenftein , ôc elle apparte-
noit à une famille de ce nom , après l'extinction de la-
quelle elle vint à la maifon d'Autriche. Enfuite le comte
Jean Ambroife de la Tour la pofféda par engagement ,
d'autres difent par achat -, & il y fit bâtir un beau château.
Il eut pour héritiers fes coufins les comtes de la Tour ,
dont l'aîné la poffede encore. C'eft ainfi que parle Zey-
ler , CarinthUTopog. p. 96.
PLEINPIED , abbaye d'hommes . en France , de l'or-
dre de S. Auguflin , dans le Berri , à deux lieues
au midi de Bourges fur l'Auron , fondée par Richard ,
lix archevêque de Bourges , fous le titre de S. Mar-
tin.
PLE1SS , baronnie de la Siléfie. Voyez, PtEs.
PLEISSE (la) , rivière d'Allemagne , en Baffe-Saxe,
Ellea fa fourceà l'extrémité feptentrionaledu Voigtland ,
d'où ferpentant vers le nord dans la Misnie, elle baigne
Werga, g. Merau , d. Aldenbourg, d. Boni , Rota , ôc
fe jette dans l'Elfter à Leypfic , où elle donne le nom
au fort de Pleiflenbourg. * Zeyltr , Saxon. Sup. Ta-
bula.
PLEISSENBOURG. Voyez, Leypsic.
PLELAN , Plcbs-Lancï ou Plebs-Launi , autrefois
ïooo PLE
abbaye , & depuis paroifle Se prieuré de France en BalTc-
Bretagne près Redon, diocèfe de Vanne.
PLEMMYRIUM, promonroire de Sicile, fur la côre
orientale , vis-à-vis de Syracufe , dont il formoit le port,
Virgile , JEneid. I. $.v.6. 69 3 . & Thucydide , /. 7. par-
lent de ce promontoire. Etienne le géographe éciit Pie-
myrium. On l'appelle aujourd'hui Cabo di Mafia Olivie-
r itou A' Oliver 0. 11 y avoir fur ce promontoire un châ-
reau qui appartenoit aux Syracufains. Ortelius dit
que Fazell mer auprès de ce promontoire une ifle qu'il
appelle Plemmyria , fans citer aucun garant. A la vé-
rité Thucydide fait mention d'une petite ifle voifine
du promontoire Plemmyrutm ; mais il ne la nomme
point. Elle n'eu; point nommée non plus par Del'Ifte,qui
la place à la tête du promontoire , dans fa carte de la
Sicile.
PLENESELVE,&mieuxPLAiNE svivz.Plana Sylva,
abbaye d'hommes en France , de l'ordre de Premonrré ,
dans la Guienne, au diocèfe de Bourdeaux , à une lieue
au nord de Blaye. Elle fut fondée en 1 1 48 par Godefroy,
archevêque de Bourdeaux. Cette abbaye ne vaut que
douze cens livres à l'abbé.
PLEN1NENSES , peuples d'Italie , dans le Pice-
niim , Se que Pline, /. 3. c. 13. place dans la cin-
quième région. Ortelius dit que de plufieurs manu*
ferits qu'il a confultés , les uns portent Plynienjes ,
d'autres Plynïtenfes , d'autres Plmienfea Se d'autres Pla-
mnenfes.
PLENOS. Voyez. Plynus.
PLER A , ancienne ville d'Italie, dans le royaume de
Naples. On croit que c'eft aujourd'hui Gravina: l'itiné-
raire d'Anronin la met fur la route de Bénevent àTaren-
te, entre Silvuim & Sub Lupatia, à treize milles de la
première , Se à quatorze de la féconde. Quelques exem-
plaires portent Blcra pour fiera.
PLER./EI , peuples que Strabon. /. 7. p. 3 1 f met dans
la Dalmatie , fur le bord du fleuve Naro. Ortelius foup-
çonne 1csPlar«i d'Etienne le géographe , Se que ce
dernier place dans l'Epire , contrée limitrophe de la
Dalmatie.
PLEROSELENO , ville de l'Afie-Mineure , fur la
côte. /Elien en parle dans fon hiftoire des animaux.
Il fe pourroit faire que ce feroit la même que Pordo-
selene. Voyez ce mot.
1. PLESCOW, ou Pskow, Plescovia, ville de l'em-
pire RuiTien , dans la feigneurie à laquelle elle donne
fon nom , fur la rivière de Muldow , à fon embou-
chure dans le lac de Pleskow , à la droite à 59 lieues
de Riga , Se à 60 de Peterfbourg. Cette ville eft di-
vifée en quatre quartiers , dont chacun a fes murail-
les » Se elle eft défendue par un château bâti fur un ro-
cher. Les ducs de Livonie l'ayant prilé en 1241 , Ale-
xandre , grand duc de Moscovie , la remit en liberté ,
& elle y fut maintenue jusqu'en l'année i4i4,que
Vitolde , grand duc de Lithuanie, s'en empara. Elle fe-
coua le joug peu d'années après ; mais enfin le grand
duc Jean Bafile l'an 1509, trouva moyen de la réunir
à fa couronne avec la feigneurie de Pleskow. Etien-
ne Battori , roi de Pologne , l'afliégea en 1 J07 , Si fut
obligé de lever le fiége. Pleskow cft le fiége d'un ar-
chevêché du rite moscovite. * Atlas , Robert de Vau-
gondj. D'Audifret, Géogr. anc. & mod. tom. 1. p.
40 1.
2. PLESKOW ou Pskow , feigneurie de l'empire
Ruflien , entre le duché de la grande Novogorod , à
l'orient, l'Ingrie & l'Eftonie au nord, la Livonie au
couchant , Se le palatinar de Poloczk au midi. Cette
feigneurie , à laquelle on donne communément le ti-
rre de duché , a éré autrefois une république. Voyez
fes révolutions dans l'article précédent.
3. PLESKOW , ou Pskow , lac de l'empire Ruflien ,
aux confins de l'Ingrie Se de la Livonie, dans la fei-
gneurie de Pleskow. Il a fa décharge dans le lac de
Peipus , ou Czud-Kow. La Muldow Velikaraca ou Nar-
va , eft la principale rivière qu'il reçoit. * Atlas , Ro-
bert de Vaugondy.
PLES , Pless, ou Psczina, petite ville & châ-
teau de Silcfie , an bord feptentrionaï de la Wifhile,
aux confins de la Pologne, entre Oswieczin qui efl
en Pologne , & Strammem qui eft de la Siléfie , fur
PLE
la route de Cracovie à Vienne. Elle eft capitale d'une
baronnie de même nom. La rivière Se les marais qui
l'environnent lui tiennent lieu de fortifications qu'elle n'a
point. Le château eft un grand pavillon carré , où l'on
tient qu'il y a autant de fenêtres qu'il y a de jours à
l'an. Il eft à l'entrée de la ville dans une grande rue
qui s'élargir à mefure qu'on y avance , ce qui la fait
devenir une grande place , toute environnée de jolies
maifons occupées par des marchands. Les Catholiques
y ont leur églife , Se les Luthériens , qui y font en
plus grand nombre , y ont aufli leur temple. * Zey-
ler , Silef. Topog. p. 172. Joitvin de Rochefort, Corn.
Dict.
PLESSE, ou Pless en , ancien château Se feigneu-
rie qui donnoit le nom à une famille iilultre d'Allema-
gne qui eft éteinte. Ce château eft fitué dans les états
delà maifon de Brunswick, dans la principauté de Gru-
benhagen , entre Gottingen & Munden, fur une mon-
tagne , dont laLeine arrofe le pied, aux confins de,Hes-
fe. C'eft à préfent un comté. Les feigneurs de Plefle
croient puiflans. Beaucoup de gentilshommes du voifi-
nage & de bourgeois, relevoient d'eux pour les biens,
qu ils avoient à la campagne. Thierri III n'eut que
deux fils , Thierri IV , Se Gotschalk qui n'eut point d'en-
fans. L'aîné eut quatre fils , Gotschalk , Jean , Thierri
V Se François. Thierri V n'eut qu'un fils , Chriftophe ,
qui mourut l'an 1567 , avant fon pere , & ne laifla
qu'une fille , nommée Walbnrge. Thierri V mourut en
15 71, & comme il étoit le dernier, Guillaume, land-
grave de Helïe , en qualité de feigneur féodal , s'em-
para de la feigneurie Se de tous les droits Se prétentions
des feigneurs de Plefle. Walburge époufaen 1582 , Fran-
çois, comte de Waldeck , fils du comte Jean. * Zeyler,
Haft. & Viciniae Topog. p. 66.
1. PLESSIS , paroifle de France, dans la Norman-
die , diocèfe de Coutances , élection de Carentan. Il y
a dans cette paroifle un prieuré de Sainte Anne , ou
il y a une chapelle. Ce prieuré eft bon , fon territoire
étant d'une grande étendue. Il fe rient tous les ans dans
cette paroifle une foire le jour de la faint Jean , & les
droirs appartiennent au prieur. 11 y avoit anciennement
un château , bâti fur une hauteur. Il eft préfentemenc
ruiné , Se on ne voit plus que les vertiges des tours.
2. PLESSIS ( du ) , rivière de la Guadaloupe , au
nord de l'ance du Gros François. Elle arrofe le pied du
Morne, qui forme l'ance de ce côté là , Se fépare la
paroifle du baillif de celle des habirans. Cetre rivière
n'a que fi x lieues de cours. Ellea beaucoup de pente &
peu d'eau. Son partage eft toujours difficile, à caufe
des rochers Se des pierres , au travers desquels elle
coule. Son eau pafle pour être la plus faine de l'ifle.
Le chemin pour y descendre du côré de la rivière du
baillif , eft fort difficile Se très-roide , quoique fait en
ziguezague pour en adoucir la pente. L'autre côté de
la rivière a un chemin plus doux , quoiqu'il faille mon-
ter une falaife fort haute.
3. PLESSIS GR1MOULT (le) , bourg de France,
dans la Normandie , diocèfe de Bayeux , élection de
Vire. 11 y a un prieuré de chanoines réguliers , fon-
dé en 11 30. Il vaut environ dix mille livres, tant au
prieur qu'aux religieux.
4. PLESSIS MACE , ville de France, dans l'Anjou,
élection d'Angers. Elle tire fon nom de Macé ou Mat-
rhieu du Pleflis , qui en étoit feigneur , vers la fin du
onzième fiécle , Se qui y fit bâtir le château.
;. PLESSIS-LEZ-TOURS (le), maifon royale de
France , près de la ville de Tours. Ce fur Louis XI qui
la bâtit dans un lieu appelle auparavant les Montils.
Ce prince en rrouva le féjour fi agréable, qu'il y pafla
une partie de fa vie, Se y mourut en 1 483. Ce châ-
teau eft bâti de briques , Se a de beaux apparteniez
pour ce tems-là. Il eft fitué entre un grand parc & de
beaux jardins. Louis XI fonda en ce lieu une églife
collégiale Se un couvent de Minimes , qui eft le pre-
mier que ces religieux ayant eu en France. La fitua-
tion de ce couvent eft d'autant plus bfflle , qu'il eft
fur un canal de la rivière du Cher. Ce fut le même
roi Louis XI qui fit creufer ce canal. Ce lieu eft appel-
lé en latin, dans la géographie des Légendes, Ple/fia-
eum , Phjjhiumt Plexiacum , Plccnnm , Plexitimn Pa-
latium ,
PLE
Uùum, 8c Plicatitium. * Piganiol, Defcr. de la Fian-
ce, t. 7. p. 42.
PLESSUR , rivière du pays des Grifons , dans la
Jigue des dix Jurisdictions. Elle a fa fourcc dans la
montagne Screla , qui fépare le pays de Davos de ce-
lui de Schanfick : après êcre descendue de cette mon-
tagne . elle arrofe toute la vallée de Schanfick . Se te-
nant un cours aflez droit , elle va fe jetter dans le
Rhin au-deflbus de la ville de Coire. * Etat & Dé-
lices de la Suijfe , t. 4. p. 8ô\
PLESTINIAouPlestina, ville d'Italie, félon Ti-
te-Live, /. 10. c. 3. qui la donne aux Marfès.
PLETENESSUS. Voyez. Pednelissus.
PLETTENBERG, château fitué fur la Léene, dans
la Weftphalie, au comté de la Marck. Il donne fon
nom à une maifon comrale du cercle de Weftphalie,
qui y pofîede divers domaines, & eft partagée en deux
branches.
PLEUMARIS, ville de laCappadoce, dans le Pont
Galatique. Ptolomée, /. 5. c. 6. la place fur la cô-
te , entre Piala 8c Pida. Le manuferit de la bi-
bliothèque Palatine lie Pleuramis , au lieu de Pleuma-
ris.
PLEUMOSII , peuples de Gaule Belgique , dans la
dépendance des Nerviens. Comme Jules Céfar , /. j.
c. 39. eft le feul qui ait nommé ces peuples , & qu'il
ne dit rien qui puifle faire connoître où ils habitoient,
on s'en: exercé à les placer à fantaifie. Les uns ont
dit que c'étoient les habitans de la Flandre : les autres
les ont mis dans la Flandre orientale -, d'autres difent
que ce font les habitans de Courtray ; 8c les remar-
ques de Sanfon , fur la carte de l'ancienne Gaule , di-
fent que c'eft le pays de Peule , au diocéfe de Tour-
nay , dans la Flandre Wallone ou Gallicane.
PLEURON , ville de PEtolie. Homère en parle ,
Catalog. v. 146. & Strabon, /. 10. p. 45 1. donne fa fi-
tuation. Il dit qu'elle étoit bâtie dans un ter rein uni
&gras , au voifinage de Calydon. Il y eut une autre vil-
le de même nom ; ce fut la nouvelle Pleuron , qui fut
bâtie après que l'ancienne eut été détruite. La fituation
de celle-ci ne fut pas la même que celle de l'ancien-
ne \ car Strabon la met au pied du mont Aracymhus.
Pline , /. 4. c 2. qui fait mention de cette féconde
Fleuron , dit qu'elle étoit dans les terres.
PLEURONIA, canton de l'Etolie , ainfi appelle de
la ville Pleuron. On le nomma auparavant Curétide ,
parce qu'il étoit habité par les Curetés, anciens ha-
bitans de l'Etolie. * Strabon, 1. 10. p. 46;.
1. PLEURS, petite rivière de France , dans la Brie
Champenoife. Elle prend fon nom d'un village qu'el-
le arrofe , 8c elle fe jette dans la rivière d'Auge , à
deux lieues 8c demi de Sezanne.
2. PLEURS ,marquifat de France , dans la Brie Cham-
penoife , élection de Sezanne , fur une petite rivière à
laquelle il donne le nom. 11 y a dans ce lieu , érigé
en marquifat depuis la paix des Pyrénées, une collé-
giale dédiée à faim Rémi. Elle fut fondée en 1180,
pour fix chanoines , par Henri II , comte de Champa-
gne «Se par les anciens feigneurs de Pleurs. Il n'y a plus
aujourd'hui que quatre chanoines , qui ont cinq cens
livres chacun.
3. PLEURS, dans la langue du pays Piuri, bourg
d'Italie, au comté deChiavenne, l'une des dépendan-
ces des Grifons. Ce bourg avoir déjà dans les anciens
tems tiré fon nom des pleurs , que fa ruine avoir fait
verfer aux habitans , lorsqu'il avoir été abîmé par un dé-
bordement d'eaux , 8c par la chute de quelques rochers.
On l'avoir transporré dans un autre endroir au bord
de la rivière de Maira , près d'un châreau nommé Be/-
forte , à une lieue au-deuus de Chiavenne ; 8c l'on en
avoit fait un très-beau bourg, grand & bien peuplé ,
magnifiquement bâti, 8c orné de fomptueux édifices.
La beauté du lieu , la bonté du terroir , la pureté de
l'air , & la douceur du gouvernement , y avoient attiré
quantité de marchands qui y alloient ordinairement
paner les grandes chaleurs de l'été , 8c s'y divertir. Ils
y avoient bâti quantité d'hôcels magnifiques , mais en
16 1 8 , toutes ces beautés furent enfevelies. Le 25 d'Août
la montagne voifine fe détacha & tombant fur ce mal-
heureux bourg, l'abîma entièrement * de forte qu'il
PLE îooi
n'en rechapa pas feulement une perfonne pour por-
ter les nouvelles de cet affreux desaftre. 11 y périt i;oo
âmes , d'autres difent 2000. Ceux de Chiavenne, quoi-
que proches voifins, n'en furent rien que lorsqu'ils vi-
rent tarir leur rivière. Pendant trois heures il ne leur
vint pas une goutte d'eau, la montagne qui étoit tom-
bée ayant retenu la rivière , Se lui ayant fait prendre
un autre cours. On raconte qu'un habitant de Pleurs
alla criant par-tout que chacun eût à fe retirer , par-
ce qu'il avoit vu une montagne fe fendre , qui
alloit fe renverfer fur la ville & l'abîmer ; mais on, fe
moqua de lui. Une fille feulement qu'il avoit le crut ,
8c le fuivit ; mais étant hors du bourg , elle fe fou-
vint qu'elle n'avoit point fermé la porte d'une cham-
bre, où elle avoit quelque chofe de prix. Cela l'o-
bligea de rerourner fur fes pas, & futcaufe de fa mort :
à peine fut-elle rentrée dans la maifon , que la mon-
tagne fe renverfa. * Etat & Délices de la Suijje , t. 4.
P-W
11 y a divers villages qui faifoient ci-devant une com-
munauté avec Pleurs. Les principaux font Cilano, où
il y a un château ; Polino , Roncaglia , Se dans les
montagnes Davonio , Dafile » Catotto 8c autres. C'eft
dans ces montagnes que (e trouvent les mines de cet-
te espèce finguliere de pierre , dont on fait au tour
des pots & d'autres pièces de vaiflelle. Cette pierre
eft verdâtre , rirant fur le noir, huileufe, un peu mol-
le , 8c fi écailleufe , que quand on la manie , l'ccail-
le s'attache aux doigts ; c'en; une espèce d'ardoife. Il
s'en trouve trois mines dans ce pays : la première 8c
la meilleure eft celle des montagnes dont il vient d'ê-
tre parlé ; la féconde eft au-defius des bains de Mafe-
no , dans la Valteline; & la troifiéme , qui eft la moin-
dre, eft aufli dans le même pays. Il s'en trouve aufïï
dans la vallée de Verzascha , au bailliage de Locarno s
8c dans la vallée de Mallcnga. On a beaucoup de pei-
ne à tirer cette pierre des mines , dont l'ouverture eft
petite , n'ayant pour l'ordinaire que trois pieds de hau-
teur ; de forte que les mineurs font obligés de fe cou-
ler fur le venrre , prés d'un demi-mille , avec une chan-
delle attachée au front ; 8c après avoir coupé la pier-
re , ils la rapportent en cette même pofture fur
leurs hanches , qu'ils couvrent de couffins pour
ne la pas caffer. On levé ces pierres en rond , d'en-
viron un pied 8c demi de diamètre , 8c de douze ou
quinze pouces d'épaifleur ; après quoi on les porte à
un moulin à eau , où par le moyen d'une roue qui
fait jouer quelques cifeaux , avec une grande vîtefie ,
d'abord la grofle croûte en eft ôtée , puis elles font
polies , tant qu'enfin en appuyant le cifeau fur diver-
ses lignes on en enlevé divers pots, les uns plus grands
8c les autres moins, félon que la circonférence appro-
che du centre. On les garnit enfuite d'anfes Se d'autres
accompagnemens nécefiaires , pour fervir dans les cui-
fines. Cet ufage n'eft pas nouveau. Il étoit déjà con-
nu du tems des Romains, f'line, /. 36.tr. 22. dans fon
hiftoire naturelle , parle de cette pierre fous le nom de
pierre de Côme. 11 ne faut pourtant pas s'imaginer que
cetre pierre fe trouvât alors aux environs de Côme, ainfi
que l'a avancé Accola , /. 7. de Nat.fofd. on ne lui don-
na le nom de pierre de Côme, que parce que lesvafes qui
avoient été fabriqués à Chiavenne , étoient portés à Cô-
me » pour être delà diftribués dans toutes les parties de
l'Italie. Les Italiens les appellent Lavez.x.i ou Laveg-
gi, 8c les Allemands les nomment Lavetzjn ou La-
vetzj-Steinen . Ces pots bouillent plutôt que ceux de
métal \ demeurent toujours fort chauds; ne donnent
aucun mauvais goût à la liqueur, ni à la viande qu'ils
conriennent , 8c ne caffent jamais au feu. Cela ne leur
arrive que quand on les laine tomber , ou quand on les
heurte trop rudement -, encore en peut-on facilement
raiïembler les pièces & les lier enfembleavecdu fil d'ar-
chal -, de forte qu'ils fervent comme auparavant. On
dit qu'ils ne fouffrent point le poifon ; mais qu'en
bouillant ils le chaflent dehors -y pourquoi ils Con: fort
eftimés par toute la Lombardie 8c dans le relie de l'I-
talie. Il s'en fait un très-grand débit , 8c les anciens ha-
bitans de Pleurs en riroient jusqu'à fpixante mille du-
cats par an. Au refte , on ne fait pas feulement de cette
pierre des pots pour le feu ; mais auffi toutes fortes de
Tum, IV. LUI H
1 002 PLI
pièces de vaiflelle , des tafies à café , des foucoupes ,
des plats , & autres.
4. PLEURS ( le lac des ) , ou le lac Pépin : lac de
l'Amérique feptcntrionale , dans la Louïfiane. Ce lac
citronné par le fleuve de Mifiiflîpi , à quelques vingt-
cinq lieues au-deflus delà rivière Noire. Le père Hen-
nepin qui l'a découvert , lui donne fept lieues de lon-
gueur fur quatre de largeur. 11 lui donna le nom de
lac des Pleurs, à caufe qu'une partie des fauvages qui
l'avoient fait prifonnier y pleurèrent toute la nuit pour
faire confentir les autres à le tuer.
PLEVUM , ville de la Germanie , félon Ptolomée,
/. i.c. 11. 11 la place dans le climat ieprentrional.
PLEYSTEIN , ou Bleistain , ville & feigneurie
du nouveau palatinat de Bavière. Celî un fief de la
couronne de Bohême.
PLI BU R G. Voyez. Pleiburg.
PLIEOS, fleuve de l'ifle de Cypre , félon le grand
Etymologilte , cité par Ortelius , Thef. qui dit qu'ii ne
connoit en aucune façon le nom de ce fleuve.
1. PLIMOUTH ,'Plmuthtim , ville d'Angleterre,
dans le Devonshire , fur la côte méridionale, à l'em-
bouchure du Plim , qui lui donne le nom de Plimouth.
C'eft un des meilleurs Se des plus fameux ports d'An-
gleterre. Il y a trois forts , un château Se une cita-
delle bâtie par Charles II , avec une chaîne pour la fu-
reté du havre en tems de guerre. Ce fut de Plimouth
que le chevalier Drake fit voile en i;77> pour faire
le tour du monde. Cette ville a titre de comté. * Etat
préfent de la Grande Bretagne , t. 1. p. 56".
2. PLIMOUTH , ou la Nouvelle Plimouth , ville
de l'Amérique feptentrionale dans la nouvelle Angleter-
re , fur la côte orientale d'une baie que forme le cap de
Cod, vers le midi de Bolton. Ceux qui établirent
cette colonie , partirent du port de Plimouth en Angle-
terre au commencement de Septembre ij 20. Lorsqu'ils
curent paflé le cap de Cod le 9 de Novembre , le vent
contraire les empêchant de gagner le port , où ils pré-
tendeient aller , ils mouillèrent l'ancre dans une gran-
de baie formée par la courbure du cap. Etant descen-
dus à terre , Se cherchant de tous côtés un lieu com-
mode, ils trouvèrent quelques cabanes abandonnées;
mais à peine furent-ils avancés, qu'ils fe virent attaqués
par des fauvages qui prirent la fuite presque aufli-tôr.
Ce lieu ne leur plaifan't pas , ils entrèrent le 16 Dé-
cembre dans un autre havre vis-à-vis du cap , vers
l'oucit. C'éroit une baie beaucoup plus grande que la
première , avec un terroir très fertile tout à l'entour ,
Se qui comprenoit deux ides pleines de bois , Se d'autres
ifles déiertes. Il y avoit beaucoup de poiiïbn , Se quanti-
té d'oifeaux aquatiques. Ils n'y trouvèrent aucun habi-
tant , quoiqu'il y eût des campagnes qui paroifïbient
avoir été cultivées. Ils n'y virent point de rivières na-
vigables, mais feulement plufieurs ruiffeaux Se torrens
d'une eau claire & bonne à boite. La terre étoit d'une
fertilité merveilleufe en plufieurs lieux , &en d'autres il
y avoit du fable , Se même de l'atgille propre à faire des
pots. Il y avoit aufli de fort agréables bocages Se des
champs couverts d'herbes. Ce fut dans le continent ,
près de cette baie , qu'ils marquèrent la Nouvelle
Plimouth, au penchant d'une colline , qui avoit au-
trefois été cultivée par les fauvages. Dans la vallée
couloit un torrent , qui pouvoit feulement porter de
petits bateaux Se des chaloupes. Beaucoup de fontaines
Se de fources arrofoient la terre de tous côtés. On
commença par y placer dix neuf familles. Leurs mai-
fons furent bâties à double rang , vis-à-vis l'une de l'au-
tre , afin que ceux qui les habitoient puflent fe prêter du
fecours plus commodément. Au mois de Mars, ils appri-
rent par un fauvage qui favoit un peu d'anglois , que
ce pays s'appelloit Patuxes , Se qu'il y avoit quatre
ans quêtons ceux qui y demeuroient, avoient été em-
portés par une maladie extraordinaire , fans qu'il en
fût échapé aucun ; que proche de là habitoient les Mas-
sasoites , dont à peine foixante étoient propres à la
guerre i Se que vers le fud-eft on trouvoit les Nufites,
qui pouvoient être environ cent hommes. Peu de tems
après Maffafoit , Cacique des Provinces voifines ha-
bitées par lcsfnuvages; nommés Sagamos, vint avecfon
frère , &pluficurs autres fauvages ,qui contractèrent al-
PLO
liance avec les Anglois. Ce furent là les fondemens de la
nouvelle Plimouth, qui s'augmenta confidérablcment par
la venue d'autres habitans.qui éroient pour la plus grande
partie Brouviftes ou Puritains. * Atlas , Robert de Van-
gondy. De Laët , Defcr. des Indes occ. /. 3. c. 6.
PLINIENSES. Voyez. Pleninenses.
PLIN17E , lieu de Sicile. L'itinéraire d'Antonin le
met fur la route à'rfgrigentum à Syracuja , en prenant
le long de la mer. 11 étoit entre Dadalium Se Refu-
gium thalis , à vingt milles du premier de ces lieux ,
Se à dix- huit du fécond.
PLINTHINE, promontoire d'Egypte , félon Orte-
lius , Thefaur. qui cite Ptolomée Se Etienne le géogra-
phe -, cependant ces deux auteurs ne parlent en aucune
façon de promontoire , mais bien d'une ville. Ptolomée ,
/. 4. c. 5. la place dans la Marmarique, fur la côte du
nôme Maréotique. Strabon ,/. 17. p. 799. nomme cette
ville Flinthyna ; Se Hérodote , /. 2. c. 6. qui ne con-
noit que le golfe de Plinthine ( Plinthenetes Sinus )
dit que la longueur de l'Egypte fe prenoit le long de
la mer depuis le golfe jusqu'au lac Serbonide. Plinthi-
ne s'appelle préfentement la Tour des Arabes.
PLISCOBA , ville aux environs de la Bulgarie , félon
Ondius,Tbefaur .qui cite Cédrene,Zonare Se Curopalate.
PL1STIA , ville des Samnites , ou du moins dans leur
voifinage. Tite-Live, /. 9. c. 21. & 11. dit qu'elle fut
prife par les Samnites. Peut-être eft-ce la même ville
que Diodore de Sicile , /. 9. appelle Rliftica.
PLISTICA. Voyez, Plistia.
PLISTINA. Voyez. Trasimenus.
PLISTUS , fleuve de la Phocide : il avoit fon em-
bouchure dans la mer, près du port de Delphes , félon
Paufanias , /. 10. c. 8.
PLITANIi£ INSUL^ , ifles de l'Afie mineure , félon
Pline , /. j. c. 31. qui les place fur la côte de la Troade.
Ces ifles étoient au nombre de deux.
PLITENDANS , ville de l'Afie mineure , félon Tite-
Live , /. 38. c. 18. Il paroît qu'elle étoit dans la Galatie.
PLIZOGE, rivière d'Afrique , au pays des Nègres,
dans le royaume de Quoja. Elle fe jette dans la mer à
une lieue de Cabo-Monte , vers le nord , Se jointe à
l'embouchure 'de la Mavah , elle couvre toute la côte.
Quelquefois pourtant elle fe feche entièrement dans un
autre endroit, & fe dérobe incontinent dans un autre.
C'eit à quatre lieues au-deflus de l'embouchure de
cette rivière qu'elle forme un grand lac qui a bien deux
lieues de large dans les endroits les plus étroits , Se où ell
Pifle deMAssAGH. * Dapper, Pays des Nègres, p.253.
PLOAGUE,ou Puagora, méchant bourg de l'ifle
de Sardaigne , dans les terres , vers la fource d'une rivière
qui circule autour de Sallari. On le nomme en latin
Flubium ou Tlanatum. C'étoit autrefois le fiége d'un
évêché , qui a été uni à Torré par Alexandre VI. * Corn-
maïnv'ille , table des archev. Se évéchés, p. 190.
1. PLOCSKO , ville de Pologne , fur la rive fepten-
trionale de la Wiflule , au palatinat de Plocsko , entre
Wadiflaw & le lieu où la Wiflule reçoit le Bug. C'eft
le fiége de l'évêque Se palatin de Plocsko. Cette ville
qui efl bâtie fur une éminence , a des églifes magnifiques
Se riches. La plus confidérableeft dans le fauxbourg. Elle
appartient aux religieufes de la Magdeléne. Il y a dans le
château des Bénédictins , dont l'abbaye & l'églife font
également bien bâties. On y voit le chef de S. Sigis-
mond , que Sigismond III y dépofa , après avoir fait bâtie
l'églife fous l'invocation de ce faint. Les revenus du
chapitre de la cathédrale font égaux à ceux de l'évêque.
Le prévôt poflede entièrement le droit territorial , Se il
efl: le fouverain de la noblefle qui y cft établie , com-
me l'évêque efl: le fouverain du territoire de Pultausk,'
d'où les appels ne font point portés devant le roi. Les
Jéfuites ont à Plocsko le collège où ils inflruifent la
jeunefle. Il y a auffi un collège dans le château : il efl:
fous la direction du chapitre , qui nomme les profefleurs
& les tire de l'univerfité de Cracovie. Lévêché de Ploc-
sko fut érigé en 966. 11 efl: fous la métropole de Gnesne.
* Atlas , Robert de Vaugondy. Andr. Cellar. Defcr.
Polon. p. 598.
2. PLOCSKO , palatinat de la Grande Pologne. Il
efl borné au nord par le royaume de Prufle , à l'orient
PLO
par le palatinac de Mazovie , an midi par la Wiftule ,
& à l'occident par le palatinac d'Inowladiflaw. Il ren-
ferme les châtellenies de Plocsko , de Zaveren , de
Mlau Se de Stene. Sa ville principale efl: Plocsko. *
Kob. de Vaugondy , Atlas.
PLOEN, Plona , ville du duché de Holflein , ca-
pitale de la principauté du même nom , dans la
Wagrie. Elle efl: fituée fur le lac auflî nommé Ploen ,
qui l'environne presqu'entierement entre Kiel Se Lu-
bec, à quatre milles d'Allemagne de la première, &
à fix milles de la féconde. Cette ville eft fi ancienne ,
qu'on ignore fon origine. Elle éroit déjà célèbre dès
le tems que les Venedes , maîtres de la Wagrie , aflas-
finerent leur Prince Gotschalck , parce qu'il étoit Chré-
tien , Se reconnurent en fa place Crucon , qui étoit
idolâtre comme eux. Peu de tems après , Butue , fils
aîné de Gotschalck , s'empara de la ville de Ploen ;
mais les Venedes l'y aiîiégerent , le forcèrent par la
famine à capituler , Se le tuèrent avec tous fes gens
par l'ordre de Crucon , qui ne s'embarraiîa pas de violer
le traité, pour fe défaire d'un ennemi dangereux. Ce fut
dans la même ville , que le prince Schentepole , foutenu
par les habitans du Holftein , afliégea fon frère Canut ,
avec lequel il partagea enfuite le pays. Au tems de la
guerre que fe firent le duc Henri le Superbe , Se le
margrave Albert furnommé l'Ours , pour la pofleflion
du duché de Saxe, les habitans du Holflein prirent la
ville de Ploen Se la détruifirent. Mais Adolphe , comte
de Holflein , la répara & y fit bâtir une citadelle. En
nyi,S. Vicolin fit bâtir l'églife. Dans la fuite cette
ville ayant été fortifiée de plus en plus , Henri Bion, qui
avoit chafie du Holflein le comte Adolphe , s'empara
de cette place. En 1201 , elle pafia fous la puifiance
du duc Waldemar , qui avoit vaincu le comte Adolphe
III, & Adolphe IV, comte de Ploen Se de Holflein,
rendit la liberté à la ville de Lubec. En 1456, Ploen
fut toute réduite en cendtes. Elle eut à peu près le
même fort en 1534 , que les habitans de Lubec,
après avoir exigé de cette ville une grofie fomme d'ar-
gent, y mirent le feu. En 155 2 , elle fut fort maltraitée par
le feu du ciel , ainfi qu'en 1 574 , par un incendie fortuit
La pêche fait le ptineipal négoce des habitans , qui ne
pofledent presque ni champs ni prairies , leur ville fe
trouvant entourée par les eaux. Ploen n'a que deux por-
tes , qui répondent à deux ponts , par lesquels elle com-
munique avec le continent. * Herman'ni. Defcr. Da-
11 ix , p. 106.
La Principauté de PLOEN comprend le bailliage
de Ploen , Se tous les biens qui ont autrefois appartenu
aux abbayes de Reinfeldt Se d'Arensbock. Frideric II ,
roi de Danemarck , donna toutes les terres en fief avec
la principauté deSunderbourg à Jean duc de Schleswic Se
de Holflein , fon frère.* Hermanid. Defcr. Dania?,p. 106.
Le Lac de PLOEN , autrement le marais de Ploen,
environne presque entièrement la ville qui lui donne
fon nom. Ce lac eft proprement divifé en deux parties
qui communiquent J'une à l'autre par de petits canaux.
11 abonde en poiflbn de toute espèce. Ses anguilles fur-
tout font fameufes , Se on en fait commerce en diverfes
contrées du voifinage.* Hermanid.DeCc. Danix,p. 106.
i.PLOERMEL,ville de France, dans la Haute-Breta-
gne , recette & diocèfe de S. Malo , à dix huit lieues
de Rennes , à huit de Vannes , près de la rivière d'Ouefl
Se de Maleftroit. Cette petite ville qui députe aux états
de la province , a un gouverneur Se un fénéchal.
2. PLOERMEL , c'efl la même rivière que celle de
Mavah, ou Mafia , nom le plus ordinaire , Se on donne
au lac formé par cette rivière le nom de Plizoje Barbot.*
Côtes de Guinée par M. Bellin.
PLOETZKAU , château , Se bailliage d'Allemagne
dans la Haute-Saxe, en la principauté de Bernbourg , une
des quatre"partiesde celle d'Anhalt.*//«£w. Geog. p. 560.
PLOIMION , bourg de France , dans la Picardie,
élection de Laon.
PLOMBARIOLE , Plumbariola , monaflere d'Italie ,
dans le royaume de Naples à une lieue Se demie du
mont Canin.
PLOMBIERE , paroifie de France , dans la Bour-
gogne, au diocèfe de Dijon , dans un beau vallon , à
une lieue de cette ville , fur la rivière d'Ouche , dans
un pays de vignes , C'eft le paflage pour Semur Se pour
PLO 1003
foutes les autres ville de l'Auxois. Les granges de la
Cros Se de la Blanchifleiie , la papeterie de Bruant , h
métairie de Bourault Se d? Champmoron dépendent de
cette paroifle.
PLOMBIERES, PlumbarU , ville de Lorraine >
dans la Voge : elle eft fans murailles , mais les mon-
tagnes lui fervent de clôture. Davity , qui en parle
ainfi , dit qu'elle n'eft connue que par fes Bains. Elle eft
à deux lieues de Remiremont , à trois de Dampaire , à
quatre de Luxeulx , Se à douze ou quinze au-deflbus de
Langres. Plombières eft un lieu bas & étroit entre deux
hautes montagnes escarpées,fans rochers ni bois.Lesbainï,
qui le rendent renommé , font des eaux chaudes qui
fortent de ces deux montagnes. 11 y en a de trois fortes ,
favoir pour le bain , pour fuer Se pour boire. On y trou-
ve deux grands bains. L'un , qui eft couvert en figure
ronde , appartient aux chanoinefles de Remiremont,
comme dames Se patrones de ce lieu. On y descend
par trois ou quatre degrés , jusqu'à ce qu'on trouve
alTez d'eau pour s'y baigner. Il ne s'y baigne ordinaire-
ment que des femmes , à caufe qu'il eft particulier Se
à couvert. Le fond de ce bain eft pavé de pierre de liais.
Le grand bain commun eft de figure ovale Se à découd-
vert : on y descend de même par quelques degrés , Se
il eft auili pavé de pierre de liais. Il y a place pour
cent ou fix vingt personnes , Se chacun s'y baigne félon
fon mal , c'eft-à-dire , l'un le pied , l'autre les jambes
ou lescuifies,& les autres le corpsenrier.il faut pour
cela que ces derniers descendent jusqu'au bas, au lieu
que les autres demeurent aflis fur les degrés. Les lieux
deftinés pour y fuer font comme des guérites de bois.
Les malades y entrent nuds en chemifes , Se ils y reftenc
un espace de tems , fuivant l'ordonnance du médecin ,
qui eft préfent , jusqu'à ce qu'ils foient traverfés de
fuer Se très-foibles par le moyen de ces eaux , qui ,
étant au deflbus deux , exhalent leur vapeur au travers
des trous faits au plancher de la guérite. L'eau propre à
boire eft dans une autre diftance de là , Se fort de l'une des
deux montagnes par un petit robinet. L'acrimonie de cette
eau qui eft fort claire Se tiède , produit un limon blanc ,
qui fe recuit comme des feuilles de coquillages brifés.
Il y a dans Plombières une petite paroifie qui eft diviféc
en deux par un ruiffeau. La partie la plus confidéra-
ble eft du diocèfe de Toul , Se l'autre du diocèfe de
Befançon. L'églife paroifliale eft dédiée à fainte Anne,
& le chapitre de Remiremont eft patron de la cure. Il
nomme pour la deflervir un religieux du prieuré d'Hé-
rival , qui eft de la paroifie. On y voit encore un her-
mitage dédié à la fainte Famille , & un couvent de
Capucins , qui ne fubfiftent que par le moyen de ces
eaux , qui attirent fucceflîvement pendant fix mois de
l'année , une infinité de malades de toutes parts. On
vient à ces bains dans le ptintems, Se on finit de les
prendre dans les derniers jours de Septembre, quand
les gelées blanches commencent à refroidir l'air. * Mé-
moires drejjés fur les lieux , en 1705. Corn. Dict.
PLOTVÉ, ifles de la mer Ionienne. Pline , /. ^.c. 12.
dit qu'on les nommoic autrement Strothades , Se
qu'elles étoient au nombre de deux. On les appelle
aujourd'hui Strofadi Se Strivali.
PLOTHI.<£. On appelloit ainfi une partie de la tribu
./Egéide , félon Etienne le géographe. Démofthene ,
contra Ebulidem, furnommé Plothenjts , un certain Apol-
lodore , fans doute parce qu'il étoit de cette tribu.
PLOTINOPOL1S , ville de Thrace , fur le fleuve
Hébrus. Elle fut ainfi nommée par la femme deTrajan.
L'itinéraire d'Antonin la place à vingt -deux milles au-
deflbus de Trajanopolis. Voyez. Ploutin , qui eft le nom
moderne.
PLOUGASTEL ,lieu de France, dans la Bretagne,
au diocèfe de Saint Pol de Léon. Ce lieu eft entre Breft
& Landemeau. Il y a dans la cour de l'hôtellerie un puits
dont l'eau descend quand la mer monte , Se monte
quand la mer descend.
PLOUTIN ou Ploudin , bourgade de la Turquie, en
Europe , dans la Romanie , entre Andrinople , au nord ,
& Trajanopolis au midi , près de la Mariza , à la gauche.
C'eft l'ancienne Plotinopolis.
PLUBIUM , ville de l'ifle de Sardaigne : Ptolomée,
/. 3. c. 3. la place fur la côte feptcnttionale , entre Erre-
Tom. IV. L 1 1 1 1 1 ij
PLU
1004
banthtm Protnoniorium ôc Juliola Civitas. Niger croit
que c'eft aujourd'hui Saffari. On croit communément
que c'eft le bourg de Ploague , qui a été ci-devant le
fiége d'un évêché. Cependant Ploague , au lieu dette
fur la côte , fe trouve dans les terres 5 de forte que
s'il n'y a pas faute dans Ptoloméc , il faut dire que la ville
épiscopale de Plusium étoit différente de celle à la-
quelle Ptolomée donne le même nom.
PLUDENTZ, petite ville duTirol,dansle comté au-
quel elle donne le nom. Elle e(î fnuée dans une plaine
agréable , fur la rive droite de la rivière d'111 , près
de l'endroit où le ruiffeau d'Alfens fe jette dans cette
rivière. * Jaillot , Atlas.
Le Comté de PLUDENTZ, qui rire fon nom de
la petite ville de Pludentz , qui en eft le chef-lieu ,
eft fitué dans la partie occidentale du Tirol ,au nord du
Walgow , au midi du comté de Soxenberg , ôc à l'o-
rient du pays des Grifons. * Jaïllot , Atlas .
PLUGNOUX , bois de France , dans l'Angoumois ,
ôc dans la maîtrife des eaux ôc forêts d'Angoulême. Il
eft de trois cens quarante-fix arpens.
PLU1TALA. Ptolomée, /. 4. c. 6. donne ce nom à
l'une des ifles Fortunées. Quelques exemplaires portent
Pluitana. C'eft la même ifle que Pline, /. 6. c. 32.
appelle Pluvialia, ôc on la nomme préfentement rifle
de Fer.
PLU MBA RI A, ifle fur la côte d'Espagne. Ceft l'une
des deux ifles que Strabon , /. }.p. 159. met près du
promontoire Dianium.
PLUMBARII. Voyez. Medubricenses.
PLUMBEA. Voyez. Molybodes.
PLUME ( la ) , petite ville de France, dans le Bas-Ar-
magnac , élection de Lomagne. Il y a dans ce lieu une
juftice royale.
PLURA , grande ville du Pérou , à quarante milles
du pays, félon Corneille qui cite Dampier. Ce voya-
geur ne parle d'aucune façon de Phira , mais de Piu-
ra. Voyez, ce mot.
PLUS1ANUM. Voyez, Sivvisixvu.
PLUT1A, ville de la Sicile. Cicéron , AU,. 3. con-
tra Verr. en parle, &Ortelius dit qu'Aretias la nomme
Plaza.
PLUTIUM , ville des Tyrrhéniens , félon Etienne
le géogtaphe.
PLUTONIA. Voyez. CharoniA.
PLUTONIS-FLUVIUS, fleuve de la Libye , félon
Ortelius , qui cite Eschyle , dans fa tragédie de Pro-
méthée.
PLUTONIS HIATUS , lieu des Indes. JEYien , Hift.
Amm. I. 16. c. 1 6. le place dans le pays des Ariens.
PLUTONIUM , lieu aux environs d'Hérapolis de
Phrygie. Strabon, /. 14. c. 649. dit qu'on y voyoic
un bois facté , avec un temple dédié à Pluton ôc à
Junon , ou plutôt à Proferpine , comme quelques-uns
prétendent qu'on doit lire.
PLUVIALIA. Voyez. Pluitala.
PLUVIERS , petiteville de France , dans la Beauce ,
à fix lieues de Janville , à fept d'Eftampes , à huit de
Montargis, à neuf d'Orléans , & à dix-huit de Paris.
Quelques-uns écrivent Petiviers , ôc Piviers & Pu-
viers , Pituerium , Pithiver , Pithiverium , Caftrum
Piverts , ou Pitiveris , nom que cette ville a pris , à ce
qu'on croit communément , de la quantité de plufieurs
pluviers qu'on vit aux environs >ôc c'efl; pour cette rai-
fon que Robert Canal l'appelle Avïarium. Pluviers eft
fituée fur un petit ruiffeau qui fair tourner plufieurs
moulins, &près de la forêt d'Orléans. Il y avoir autrefois
un ancien château proche de l'églife de Saint George , ôc
dont on voit encore les ruines. Cette églife de Saint
George, qui eft collégiale, eft compofée d'un chantre ,
nommé par l'évêque d'Orléans , ôc de dix chanoines
qui font nommés par le chapitre. L'évêque d'Orléans
eft feigneur de cette ville. Le monaftere & prieuré de
Saint Pierre dépend de l'abbaye de Clunv. Il eft dans
un des fauxbourgs. Les religieux doivent faire deux fois
la femaine des aumônes générales aux pauvres paffans.
L'églife paroiffiale reconnoît faint Salomon pour fon
patron. 11 y a à Pluviers trois fauxbourgs , & quatre
portes où commencent quatre rues qui fe terminent à
une belle place , dans laquelle fe tient un marché tous
PO
les famedis. Cette ville eft le fiége d'une élection ôc d'une
châtellenie, de laquelle relèvent quarante-huit vaffaux
nobles. Le territoire produit du bled , dont il s'y fait un
grand commerce. On y recueille aufll des vins ôc du fa-
fran , & il y a de baffes prairies. * Corn. Dict. Sur des
mémoires drejjésjur les lieux en 17 16. Piganiol , Defcr.
de la France,t. 6. p. 94.
PLUVIERS LE VIEUX, village de France , dans la
Beauce , à une lieue de la ville de Pluviers. L'évêque
d'Orléans en eft feigneur , comme de la ville. * Piga-
tiiol , Defc. de la France , t. 6. p. 94.
PLYMILIMON, ou Plinillimon, montagne d'An-
gletet re , dans la principauté de Galles , dans le comté
de Cardigan , aux confins du Monrgomery-Shire. Les
rivières de Saverne ou Head , de Wye , ôc de Bydal ,
ont leurs fources dans certe montagne.
PLYMPTON , ville d'Angleterre , dans le Devons-
hire , à 90 lieues fud-oueft de Londres. Elle a un mar-
ché ôc envoie deux députés au parlement.
PLYNE/E, ifle fituée dans le Nil, félon Etienne le
géographe.
PLYNIENSES. ^«.Pleninenses.
PLYNUS. On rrouve ce nom dans Lycophron , &
Ifacius dit quec'étoit une ville de Libye, qui avoit don-
né la naiffance à Atlas. Peut-être eft-ce le même lieu
qu'Hérodote, /. 4. c. 168. appelle Plenos Portus , ôc
qu'il place dans la Marmarique.
PLYSENUM, lieu fortifié, dans la Thrace, félon
Procope , /. 4. JEâif. c. 1 1 .
PLYTHANI , peuples de l'Inde. Arrien , p. 29.
dans fon périple de la mer Rouge, dit qu'on appor-
toit quantité de pierres d'onix de leur ville , qu'on croit
avoir été nommée Plythana. Ce dernier nom ne fe
trouve pas dans cet auteut ; mais Ces commentateurs di-
fent qu'il a été oublié par les copiftes.
PNEBEBIS, ville de l'Egypte. C'eft Etienne le géo-
gtaphe qui en parle.
PNEVENTIA , ville d'Italie. Strabon, /. 5. p. 241.
la place dans le Picenum ; mais Xylander tient ce nom
pour fuspecl:. Il croir qu'il y a faute dans cet endroir ,
ôc qu'il pourroit être queftion d'une ville des peuples
que Pline appelle Pinnenses.
PN1GEUS , village de la Marmarique. Il étoit fur
la côte, félon Strabon, /. 17. p. 799. Ptolomée, /. 4.
c. 5, le place néanmoins dans les terres.
PNIGITIS. Les anciens ont donné ce nom à une cer-
taine terre à caufe du lieu où on la prenoit. Quelques
exemplaires de Pline, /. 3;. c. G. portent Pignitis ;
mais les meilleurs difent Pniguïs. Le père Hardouin re-
marque qu'Agricola dit que cette terre tiroit fon nom
du village Pnigeus , dans la Libye Maréotide ; mais que
d'autres le dérivoient de Uviyu , parce que ceux qui ava-
loient de cette terre , étoient en péril d'être fuffoqués. *
Galen. de fimpl. médic. 1. 9. c. 6.
PNUPIS, village de l'Ethiopie, fous l'Egypte. Pto-
lomée, /. 4. c. 7. le place fur la rive orientale du
Nil.
P O.
1. TO, Padus , EridamtSylc plus confidérable fleuve
d'Italie. Il a fa fource dans le Piémont , au marquifat
de Saluées, dans le mont Vifo , ôc il prend fon cours
d'occidenr en orient, en ferpentant. Après avoir paffé
la vallée du Pô , une partie du marquifat de Saluées.
& la province deQuiers, il entre dans le Montferrat,
traverfe le duché de Milan, coule entre le Crémo-
nois ôc le Parmefan, traverfe le duché de Mantoue,
entre dans l'Etat de l'Eglife , où il fe divife en deux
bras appelles Pô grande ôc Pô de Volana , qui forment
encore plufieurs autres branches , dont les plus confi-
dérables font nommées Pô di-Fornaci ôc Pô-di-Aria-
no: enfin il fe jerte dans le golfe de Venife par diver-
fes embouchures , dont voici les plus remarquables , en
les prenant du nord au midi.
Porto del Po ou délie Fornaci ,
Bocca Serrata ,
Bocca Trombona ,
Porto Padus Levante ,
Bocca Maefira,
Bocca délia Donzella ,
POB
Bocca di Arianoy
Sacca di Goro ,
Porto di Goro ,
Porto di Mez.ola ,
Porto del Abbate ,
Porto di Volana ,
Porto di Magnavacca ,
Bocca di Belloccbio ,
Porto Primaro volta del Abbate.
Ce fleuve, que fes débordemens rendent dangereux ,
arrofe diverfes villes Se bourgs dans fa courfe;favoir :
Villa-Franca , g. Polonghera , d. Carmagnole , d. Ca-
rignan , g. Moncalier , d. Turin , g. Chivas , g. Ver-
rue , d. Cafal , d. Bremme , g. Valence , g. Borgo-
Franco, g. Plaifance,d. Crémone , g. Cafal-Maggio-
re , g. Viadana, g. Breflello, d. Borgo Forre, g. San-
Benedetto , d. Figarolo . g. Stellata , d. Ferrara , g.
Ariano , g. Mezola , g. Bel-Riguardo , d. Comachio ,
g. Molimella, d.
Les principales rivières que le Pô reçoit font , le
Groezo , d. la Gambasca , d. le Torrent de Bronda , d.
le Ghiandon , g. le Torrent de Rifeco , g. le Tor-
rent de Sebial , g. la Vraita , d. le Clufon , g. la Mai-
ra , d. l'Otina , g. la Lemna , g. le Non , g. le Sangon ,
g. la Doria Baltia , g. la Gardina , g. la Seffia , g. la
Grana , d. le Tanaro , d. la Scrivia , d. la Gogna , g.
le Corone , d. le canal d'Abbogna , g. la Staffora , d.
le Terdoppio , g. la Copa, d. le Ticino , g. la Vera,
d. la Verfa , d. la Trebbia , d. la Nura , d. la Chiaven-
na, d. l'Adda, g. la Larda, d. le Tarro , d. la Parma ,
d. le Croftolo , d. l'Oglio , g. la Secchia , d. le Min-
cio, g.
2. PO , ville Se forte refTe de la Chine , dans la pro-
vince de Chantung , au département de Tungchang ,
troifiéme métropole de la province. Elle eft d'un deg.
24 min. plus occidentale que Péking, fous les 36 deg.
28 min. de latitude feptentrionale. * Atlas Sinenfis.
3. PO, fortereffe de la Chine, dans la province de
Suchuen , au département de Kienchang , cité militaire
de la province. Elle eft d'onze deg. $0 min. plus oc-
cidentale que Péking , fous les 27 deg. 3; min. de la-
tir. feptentrionale. * Atlas Sinenfis.
POANCÉ, ou Pouancé, petite ville de France,
dans l'Anjou , fur un étang des eaux duquel fe forme
la Verfée, qui fe perd dans l'Oudon, auprès de Se-
gré. Ménage croit que Poancé a été appellée ancienne-
ment Pudentiacum en latin. Elle porte aujourd'hui le
titre de baronnie , Se elle appartient à la maifon de Vil-
leroi. On y compte environ quatre cens vingt-huit
feux. * Piganiol, Defcription de la France, t. 7. p.
121.
POAOURINAGAOU, rivière de l'Amérique fep-
tentrionale. Elle a fon embouchure dans la baie d'Hud-
fon , à fept lieues au-deffus de celle de la rivière de
Penechiou Se Chiou. Les François l'ont nommée la ri-
vière de Bourbon.Elle fut découverte par Desgrozeliers.
Cette rivière eft très-belle , large d'une lieue à fon
embouchure ; Se habitée par les Mashkegonhyrinis, au-
trement Savanois. A cinq lieues en-dedans l'on trouve
deux petites ifles d'une lieue de tour chacune , où il
y a de grands arbres. Cette rivière n'efl qu'à cinq
lieues par terre de Penechiou Se Chiou , Se de fept par
mer. Toutecette côte a environ cent lieues de platin ,
ik. l'on ne trouve que neuf braffes d'eau , à fix lieues au
large. Elle eft même tout-à-fait dangereufe , lorsque
les vents de la mer régnent, principalement ceux^d'eft ,
eft-fud-eft , eft-nord eft , ce qui fait que les vaifleaux
qui viennent au forrNelfon , gagnent d'abord une fos-
fe qu'on appelle le Trou. Voyez, ce mot. A une lieue
dans cette rivière , Se fur la rive à (tribord , eft fi-
tué le fort Nelfon. Cette rivière prend fa fource d'un
grand lac qui fe nomme Michinipi , qui eft le vérita-
ble pays des Kricqs , d'où il y a communication aux
Affinibouëls , quoiqu'extrêmemenr éloignés les un-, des
autres.* La Potberie, Hiftoirede l'Amer, fept. p. 144.
ôe 168.
POBLET, ou Pobiedo, Populetitm, bourgade d'Es-
pagne, dans la Catalogne, au petit pays de Pradas.
POD ioo£
Cette bourgade eft fituée au nord-eft de Gineftar 3 dont
elle eft éloignée de trois à quatre lieues, fur une pe*
tire rivière qui va fe jetter dans l'Ebre. Il y a dans ce
lieu une riche abbaye de l'ordre de Cîteaux , bâtie
par Alfonfe, comte de Barcelone, premier roi d'Arra-
gon de ce nom. L'églife de cette abbaye eft dédiée à
faint Bernard. On y voit une chapelle fort riche , qui
étoit la fépulture ordinaire des rois 6e des reines d'Ar-
ragon. Ils y font enfevelis dans des tombeaux de mar-
bre. On compte de ce lieu vingt-quatre milles jusqu'à
Tarragone Se cinquante milles jusqu'à Barcelone. Il y
a dans le voifinage des mines d'alun & de vitriol. Cette
abbaye fut fondée l'an 115-3, non par Alfonfe, mais
par Raymond , comte de Barcelone. * Délices d'Espa-
gne , p. 593.
POCEVÉRA , ou Porzevera. Voyez. Porcife-
ra.
POCHUNG , montagne de la Chine, dans la pro-
vince de Xenfi , au voifinage de la ville de Cin. 11 y
croîr une herbe qui a la propriété de rendre fteriles
les perfonnes qui en mangent. * Atlas Sinenfis.
POCKFLIES , ou Pockflys , château dans la Baffe»
Autriche.
POCKLINGTON , bourg d'Angleterre, dans la
province d'Yorck. On y tient marché public. * Etat
préfent de la Grande Bretagne , t. 1 .
POCOFELT1S , fiége épiscopal d'Afrique. On ne
fait dans quelle province, mais Surgtntius , fon eve-
que, fouferivit au concile tenu à Arles , l'an 3 14. * Har-
duin. Collect. conc. t. 1. p. 267.
POCUTIE, ou Pokutie , contrée de la petite Polo-
gne, dans le palatinat de Ruffie , au nord de la Tran-
fjlvanie, &à l'occident de la Moldavie. Elle fait par-
tie du territoire d'Halicz. Elle fut vendue aux Polonois >
par Alexandre , vaivode de Valaquie, pour la fomme de
foixante marcs d'argent. On y trouve diverfes petites
villes Se fortereffes , Se elle eft arrofée par plufieurs ri-
vières dont la principale eft le Pruth. * Atlas , Robert
de Vaugondy. André Cellar. Defc. Polon. p. 328 Si
333-
POCZOP , ville de l'empire Ruffien , dans la Seve-
rie , fur la rive orientale de l'Ubiecz , vers fa fource ,
aux confins du duché de Smolensko. Cette ville étoit
une des plus opulentes de la Séverie, lorsqu'elle fut
prife Se réduite en cendres par les Polonois en 1564.
* Kojaloivicz, , Hift. Lithuan. p. 469.
PODALIA , ville de l'Afie Mineure , dans la Lydie ,
félon Etienne le géographe, qui la met près de Limgra,
Le concile de Conftantinople la place dans h Pifidie.
Elle doit cependant être plutôt attribuée à la Lycie ,. pro-
vince où elle eft placée par Pline , /. 5. c. 27. Se par
Ptolomée , /. j. c. 3. qui la nomme Podallia Mylia-
dis. En effet , la Myliade étoit une partie de la Lycie.
La notice de Léon le Sage Se celle d'Hierodès s'accor-
dent à mettre Podalia parmi les évéchés de la pro-
vince de Lycie.
PODAMICUS-LACUS. Voyez, au mot Constance,
l'article de lac de Constance.
PODANDO, nom d'un lieu félon Ortelius , Thef.
qui cire Cédrene Se Zonare, & le met près de la ville
Tbarfus. L'itinéraire d'Antonin la place fur la route de
Conftantinople à Antioche, entre Fauftinopolis Se
Nampirorone , à feize milles de la première Se à vingt-
fept milles de la féconde. On lit Pondando dans Cu-
ropalate : c'eft une faute ; car ce même auteur , dans un
autre endroit, écrit Podandi Claufurœ. Voyez, Poly ai* •
DUS,
PODARGI , peuples de la Thrace , félon Etienne le
géographe.
PODENMA1S, en Bavière, dans la régence de
Straubing , eft remarquable par fes mines de diffeicns
méraux Se la falubritc de l'air.
PODENSTEIN , petite ville d'Allemagne, dans le
cercle de Franconie, dans la partie orientale de l'évê-
ché de Bamberg , fur la petite rivière de Putlach , qui
fe jette dans le Wifent. * Jai'lot, Atlas.
PODERADOS, ville de Cilicie. La notice du pa-
triarchat d'Antioche , Se celle de l'évêque de Cathare,
la mètrent au nombre des cinq évêchés dépendans de
Tharfus , féconde métropole de ce patriarchat.
îoo6 POD
POE
PODHAlCE, Fedajecia, ville delà petite Polo-
gne , au palatinat de Rufiie , dans le territoire d'Ha-
liez, fur le Krepiecz, un peu au-deflus de Monafterzis.
Elle a d allez bonnes murailles pour fa défenfe. * And-
Cellar. Defc. Polon. p. 332.
PODIEBRAD , ville de Bohême avec un château ,
dans le cercle de Koeniggrcetz.
ï. PODIUM , mot latin, qui fignifie baluftrade ,
un appui , le lieu du théâtre où jouoient les mimes , ôc
la place deftinée au théâtre pour les confuls ôc pour
les empereurs. On Ta employé dans le moyen âge pour
fignifier un lieu qui eft fur le haut d'une montagne,
particulièrement lorsque cette montagne eft tellement
d'un des côtés voifins du lieu en queftion , que l'on
n'y puifle point monter -, à peu près comme ce que l'on
appelle fur le bord de la mer une falaife. Plufieurs
villes, bourgs ôc villages de France, entre autres du
côté de la Provence ôc du Languedoc , où la langue
latine a fubfifté plus long-tems, en ont emprunté leur
nom. C'eft de ce mot Podium que les François ont
leur mot Puy , qui veut dire la même chofe : comme
le Puy en Velay, Podium ; le Puy Ste Marie , Podium
Sanïli. Mariât, ; Puy Laurent, Podium Laurentii, ôc
tant d'autres. Ce mot eft différemment prononcé dans
la plupart des provinces. Dans le Languedoc ôc dans
les provinces voilines , on dit tantôt Puy , tantôt le
Pech ou le Puech ; en Berri on prononce Pie , en Poi-
tou le Peux , en Dauphiné Poet , ôc en d'autres lieux
Poch , Peu , Puis , Pi > ou Pif.
2. PODIUM, ou Podium Beat^Mari^, nom
latin de la ville du Puy en Velay. Voyez, au mot Puy ,
l'article le Puy , n. 2.
PODIUM CELSUM, nom latin d'un château du
diocèfe d'Alby, dont il eft parlé par Pierre, moine de
Vaux-Cernay, dans fon hiftoire de la guerre des Al-
bigeois. Catel dit que quelques-uns ont par corruption
appelle ce château Podium-Celfîs ôc Podium Cliquenum.
On le nomme vulgairement Pechcelsis. * Adr.Valef.
Not. Gai. p. 4j2.
PODIUM LAURENTII , nom latin de la ville de
Puy-Laurent , en Languedoc. Pierre , moine de Vaux-
Cernay , en parle dans fon hiftoire de la guerre des
Albigeois , /. 62. Il y en a qui écrivent Podium- Lau-
rentium. Voyez, Puy-Laurent.
PODIUM-NAUTERIUM, lieu de France, darrsle
Languedoc , près de Carcaffonne. C'eft Guillaume de
Puy -Laurent qui en parle dans fon hiftoire de la guerre
des Albigeois. Ce lieu fe nomme préfentement Pie-
Nautier pour Puy-Nautier.
PODIUM SORIGUER , nom latin d'un château de
France , dont fait mention Pierre , moine de Vaux-
Cernay, dans fon hiftoire de la guerre des Albigeois ,
(. 27. D'autres ont appelle ce château Podium-Sorica-
rium , c'eft-à dire , la montagne des fonds , à caufe
qu'on y voyoit une grande quantité de ces animaux. Ce
lieu s'appelle vulgairement Puy-Salguier. Voyez, ce
mot.
PODIUS-CERETANUS , nom latin de la ville de
Puicerda , en Espagne. Voyez. Puicerda.
PODKAMENALOUNGOUSI, peuple de la Sibé-
rie. 11 habite le pays qui eft entre la rivière de Jenisca
ô< celle de Lena , au nord de la rivière d'Angora. Ce
peuple eft une horde deTartaresqui font moins bafanés
ôc moins laids que les Kalmouks. Ils ont une taille plus
haute, font plus robuftes ôc plus actifs que les autres
peuples de la Sibérie. En été ils font tout nuds , ne cou-
vrant leurs parties que d'une ceinture de cuir large d'un
empan. Ils portent toujours un pot rempli de bois pour-
ri , qu'ils allument , pour que la fumée chafTe les mou-
cherons qui font fort incommodes dans ce pays. Ils ont
en général des cheveux noirs & fort longs, qu'ils lais-
fent pendre fur leur dos. En hiver ils portent des ha-
bits de peaux de cerf ou de rennes, le poil en dehors.
Leurs culotes, bas & fouliers font tout dune pièce ôc
de la même peau. Pour orner leurs habits , ils le bor-
dent en bas de peau de chien. Pour bonnet ils ont un
morceau de pelleterie. Ils font des cordes ôc du fil , avec
des peaux de poiffon. Ils vivent dans l'été de pêche ,
ôc dans l'hiver de la chafle. Ils avouenr un Dieu créa-
teur de toutes chofesimais ils ne l'honorent ôc ne le
prient jamais. Ils fe font des idoles qu'ils honorent ,
ou maltraitent , félon qu'ils croient en avoir fujet. * Hijt.
généal. deslatars.
PODLAQUIE , duché ôc palatinat de la petite Po-
logne. La Podlaquie eft bornée au nord partie par les
terres du royaume de Pruffe , partie par celles du grand
duché de Lithuanie -, à l'orient encore par la Lithuanie \
au midi par le palatinat de Lublin -, ôc à l'occident par
le palatinat de Mazovie. Par rapport au temporel , ce
pays eft gouverné par un palatin ôc par un caftellan ,
ôc pour le fpirituel il eft fournis à l'évêque de Lucko.
On divife ordinairement le palatinat de Podlaquie en
trois diftricts , qui font :
Drogieczin , Mielnick , Bielsk.
* Atlas , Robert de Vaugondy. And. Cellar. Defc. Po-
lon. p. 601.
PODOCE , ville des Indes , dans Pille Taprobane ,
félon Ptolomée , /. 7. c. 4. qui la met dans les. tetres.
L'exemplaire de la bibliothèque Palatine porte Poduce
pour Podoce. Cette ville eft auiïï nommée Poduce dans
Arrien , ciré par Ortelius, Thef.
PODOLIE, palatinat de la petite Pologne, borné
au nord par le palatinat de Volhinie; à l'orient par le
palatinat de Braclaw ; au midi partie par la Moldavie,
partie par la Pokucie ; ôc à l'occident par le palatinat de
RuiTie. Il ne manqueroit à ce pays , pour devenir un
des plus riches de l'Europe, que d'être délivré des cour-
fes des Barbares qui le ravagent continuellement. On
y trouve des marbres de diverfes couleurs , ôc de l'al-
bâtre , en plufieurs lieux. Les bœufs & les chevaux , dont
on fait commerce jusque dans les pays les plus éloi-
gnés , témoignent la bonté de la terre, qui eft arro-
fée par plufieurs rivières , entre autres par le Bogh du
côté du nord , & par le Niefter du côté du midi. Il v a
dans ce palatinat trois fénateurs du royaume, favoir le
palatin de Podolie , l'évêque de Kaminieck, ôc le caftel-
lan de Kaminieck. On divife communément ce palati-
nat en trois territoires , qui font celui de Kaminieck ,
de Tramblowa, ôc celui de Lahiczow. Les habitans
font guerriers , ôc les Barbares , auxquels ils font obli-
gés à tous momens de tenir tête , fortifient l'inclination
qu'ils ont pour les armes. C'eft encore ce qui fait
qu'on entretient dans le pays plufieurs fortereffes, afin
de le mettre en fureté. * Atlas , Robert de Vaugondy.
Andr. Cellar. Defc. Polon. p. 3 47.
PODOPERURA , ville de l'Inde , én-deçà du Gan-
ge. Ptolomée , /. 7. c. 1 . la donne aux Limyrices.
POEANTHE , ifle du Pont Euxin , près de l'embou-
chure du Phafe ôc du Zarange, félon Ortelius, qui
cite Orphée. Il ajoute: J'ai cru quelque tems que ce-
toit l'ille que Sigismond Herbeftein , Commentar. Mos-
covit. appelle Satabella , ôc j'étois dans cette erreur à
caufe du nom de Phafe , que tout le monde fait être
un fleuve de la Colchide ; mais il paroîc que le Phafe
de la Colchide eft différent de celui dont parle Or-
phée, qui le place au voifinage du Bosphore Cimmé-
rien.
POECILE , portique de la ville d'Athènes. C etoit
l'école des Stoïciens. On l'appelloit auparavant Pïfia-
nactea, félon Suidas, in voce Polemo , qui cite Plutar-
que , in Cimone , Se Diogene Laerce , in Zenone.
POECILE-PETRA, ville de la Cilicie , félon Or-
telius, qui cite Strabon. Cependant cet ancien ne dit
rien qui puifle faire penfer que ce foit une ville. Il
femblc que ce n'étoit qu'une roche , dans laquelle on
avoir taillé des degrés pour aller à Séleucie. Voici le pas-
fage de Strabon, /. 14. p. 670. Pofi Calycadnum eji
Petra Poecile dill a, eut incififiint gradus quà Seleu~
ciam itur.
POECILASIUM , ville de l'ifle de Crète. Ptolomée ,
l.x.c. 17. la place fur la côte méridionale. Mercator la
nomme Pentalo , ôc Niger l'appelle Sclwo.
POECILUS, montagne de l'Attique, félon Paufa-
nias, /. 1. c. 37.
POEDICLI. Voyez. Pediculi.
POEDICUM, ville du Norique , félon Prolomée,
/. 2. c. 14. qui la place au midi du Danube , entre Va-
POG
POG
cerium Se Virunum. Lazius , dit qu'elle croie pics de
Villac , dans la plaine de Pechfeldt.
POEEESSA. Voyez. Pjeeessa.
POEESSA. Voyez. Rhodus.
POELTEN (Saint) , ou S. Hippolyte , Fanum San-
cli Hippolyti , petite ville de la Baffe Autriche, fur le
Drafain. Elle fut prife en 1741 , par l'armée de France
joinre à celle de Bavière.
1. POEM/£NIUM , montagne de la Macédoime , fé-
lon Etienne le géographe.
2. POEM/ENIUM , lieu de la Paleftine , félon Or-
telius , qui cite Palladius, in Pofidon.
5. POEM.ENIUM , lieu de la Bithynie. C'eft Ni-
cetas, qui en fait mention. * Ortel. Thef.
POEM ANDRI A. Voyez. Tanacra Se Theb^.
POEMANENI. Voyez Poemaninu m , ». 2.
POEMANETINUS, fiége épiscopal, dans la pro-
vince de l'Hellespont. 11 en eft parlé dans le fixiéme con-
cile de Conftantinople. * Ortel. Thef.
1. POEMANINUM, campagne delà Myfie. Orre-
lius , qui cite Ariftide, dit qu'il y avoit un temple d'Es-
culape dans certe campagne.
2. POEMANINUM, petite contrée de l'ifle de Cy-
fique, félon Etienne le géographe , qui connoît auffiune
ville & une fortereffe de même nom. La ville eft fans
doute la même qui eft: qualifiée fiége épiscopal dans
le fixiéme concilede Conftantinople, fous le nom de Poe-
manetinus. Voyez, ce mot. C'eft auffi la même ville
qui eft nommée Poemanïi par la notice de Léon le Sa-
ge» Se P oem.inentus dans la notice d'Hieroclès. Ces
deux notices la mettent dans la province de l'Helles-
pont. Pline, /. j. c. 32. appelle les habitans de cette
ville Poemaneni.
POEMEN, montagne du Pont. Le fleuve Parthe-
nius y avoit fa fource , félon Etienne le géographe.
POEMEUM , lieu fortifié dans la Perrhebie , félon
Tite-Live, /. 44.
POEN/E-DEORUM. Ptolomée , /. 7. c. 1. dit qu'on
donnoic ce nom à des montagnes de l'Inde , en-deçà
du Gange, Se qu'on nommoit auffi Apocopi-Montes ,
Attoxotioi cpoi.
POENESSA. Voyez. P^eessa.
POEN1. Voyez. Carthage.
POENICA. Voyez Phoenice.
POEN IN j£ ALPES. Voyez, au mot Alpes , l'article
Alpes Pennises.
POENINUS-LACUS. Ptolomée, /. 3. c. 1. met un
lac de ce nom en Italie , près de la fource de la ri-
vière Doria ; mais aujourd'hui , dit Ortelius , on ne
trouve aucun lac en cet endroit.
POENONIA. Voyez. P^onia.
POEONES , peuples de Thrace. Voyez. Pannonia,
SyROPOENES, & PvEONES.
POEONID^E, , municipe de l' Atâque , dans la tri-
bu Léontienne , félon Suidas , qui remarque qiie ces
peuples différoient des Panienfes Se des Poeomdï , deux
aunes municipes des Arhéniens , dans la tribu Pandio-
nide.
POEONIDI. Voyez Poeonid^.
POETANION, ifle d'Espagne, au voifinage du
pays des Cempfi , félon Feflus Avienus, cité par Orte-
lius.
POETOVIO. Voyez Petovio.
POEUS , montagne de la Grèce. Strabon, /. 7. p.
}iy. dit qu'elle étoit vers la fource du fleuve Pé-
née.
POGEN , bourg de Bavière , fur le Danube , avec
titre de comté.
POGGIO , ou Poggio Casano , bourg d'Italie , dans
la Toscane, à dix milles de Florence , Se à égale di-
ftance de Piftoie. Ce bourg eft confidérable par une
maifon de plaifance du grand duc , qui y eft bâtie.
Ce palais eft fitué fur une colline , environnée de gran-
des plaines du côté du levant , du feptentrion Se du
couchant , Se à une affez bonne diftance des collines
de Carmignano , fi renommées par leurs bons vins. Il
fut commencé par Laurent de Médicis, furnommé le
Magnifique , père du prince Jean , qui fut depuis Léon
X, fouverain pontife. Ce pape continua le bâtiment,
& particulièrement ce qui regarde les ornemens, Se une
IOO7
parrie des peintures du grand falon , qui fut achevé par-
le grand duc François, Se tout ce qui reftoit encore
à faire fui vaut les deffeins qu'en avoit fait Julien de Saint
Gai , architecte: ce palais, fans être vafte , a un air de
grandeur. Il eft environné d'une prairie , renfermée
d'une forte muraille , affez large , pour qu'on s'y puifle
promener à découvert , & auffi haute que les apparre-
mens du premier étage. On y monte par des escaliers
doubles , à rempes cordonnées , qui donnent entrée dans
une terraffe à baluftrades , qui environne toute la cir-
conférence du jardin , Se qui a d'espace en espace des
loges couvertes , Se voûtées en cul de lampe , du des-
fein de Luc de la Robbia. Des loges on entre dans
le grand falon , dont la voûte , comme celles des lo-
ges , eft ornée de ftucs Se de fculptures , que Julien de
Saint Gai a faites fur les modèles qu'il avoit vus à Ro-
me. André del Sarto, Jacques Pontorno , & Francia
Bigio , l'ont enrichi de leurs ouvrages. On y voit
comme Céfar , étant en Egypte , reçoit les honneurs ,
les hommages, Se les préfens de plufieurs nations,
par allufion à ce qui arriva à Laurent le Magnifique ,
à qui les peuples & les princes étrangers fe faifoienc
honneur d'envoyer des préfens , Se qui en reçut même
de Gaitheo , foudan d'Egypte , qui entre autres chofes ,
lui envoya un giraffe, autrement un cameléopard , dont
Politien nous a donné la description dans fes mélan-
ges de littérature. On y voit une infinité d'autres ta-
bleaux , qui repréfentent des traits hiftoriques , tous fai-
fant allufion à quelque action d'un des ducs. Tomes ces
peinrures font des plus excellens maîtres. * Labat ,
Voyage d'Italie , t. 7. p. 232.
Des deux extrémités de ce falon on entre dans deux
galeries ', auxquelles le S. P. Ferdinand , fils aîné du
grand duc , faifoit Travailler dans le rems du voyage du
père Labat. C'eft par ces galeries que fecommuniquenr
les quatre j appartemens qui compofent ce palais. Le
grand falon , dont il vient d'être parlé , donne entrée
dans un autre d'une moindre grandeur , mais orné de
ftucs dorés , de peintures exquifes , de marbres Se de
meubles précieux. On a placé autour de cette grande
pièce , dans des médailles , les portraits àes glorieux
ancêtres du feu grand prince Ferdinand. Le tableau de
l'autel de la chapelle eft de George Vafari : il repréfente
Notre-Dame de Pitié.
Les écuries , qui font bâties magnifiquement , font
peu éloignées du palais. Elles ont chacune cent vingt
pas de longueur , Se au-deffus un corridor de même
longueur , qui donne entrée dans les chambres defti-
nées aux officiers du prince.
Après qu'on eft descendu de cette agréable colline ;
en paffant par des avenues , ou rangées d'arbres les
plus beaux Se les mieux entretenus , on trouve la mé-
nagerie , avec les logemens de l'intendant Se des do-
meftiques qui font fous fes ordres. On voit autour d'une
cour très-fpacieufe les érables où l'on met les différentes
espèces d'animaux que l'on y nourrit , avec une grande
pièce d'eau au milieu pour les abbreuver. Il y a des terres
dans cette vafte enceinte : on y fait de grandes récoltes
d'excellent riz , Se on a des inventions très-belles pour
le monder. En continuant de fe promener dans ces
belles allées , on arrive à un endroit nommé la Pavo-
niere , qui fert aujou rd'hui à courir les daims , qui font
en grand nombre dans cet enclos.
POGGIO IMPERIALE, maifon de plaifance, en
Italie , au duché d'Urbin , environ à deux milles de
Pefaro,du côté du couchanr , Se environ à égale diftance
du golfe de Venife. Ce palais fut bâti par Confiance,
feigneur de Pefaro , Se eft furnommé Impériale , parce
que l'empereur Frédéric III y mit la première pierre.
François-Marie de la Rovere , duc d'Urbin Se marquis
de Pefaro , l'aggrandit enfuite , Se l'orna de plufieurs
beaux bâtimens. * Magin , Carre du duché d'Urbin.
Davity , Erar du duché d'Urbin.
POGGIO- REALE, bourgade d'Italie , au royaume
de Naples , dans la terre de Labour. Elle eft fittiée
environ, à deux milles de Naples , du côté de l'orient
feptentrional. Quelques-uns croient que ceft l'ancien-
ne pALyEAPons. Voyez Pal/Eapolis. * M-tgi'i , Carte
de la terre de Labour.
POGLA , ville de la Pamphilie , dans la Carbalie i
ioo8
POI
POI
Il y a fur le territoire de cette paroifie un prieuré de
l'ordre de Grammonr, nommé Vieuxpou, dont il fera
parlé en fon lieu ■> &c qui tut fondé à la fin du xn ficelé.
Edme Pourchot , philofophe du xviii fiécle fi cé-
lèbre pat fes écrits, étoit natif de cette paroi^e.
POINTE, mot françois qui fignifie l'extrémité poin-
tue de quelque choie que ce foir. On l'a employé dans
la géographie comme dans la marine , pour défigner
une longueur de terre qui s'avance dans la mer. On
dit par exemple la pointe de l'eft , de L'ouefl , du fud ,
ou du. nord , pour dire la pointe d'une terre , qui re-
garde quelqu'une de ces différentes parties du monde.
Af'fez fouvent on prend le mot pointe, pour dire une
langue de terre , Se même un cap : il répond aux mots
Promontorio capo , ou Ponta des Italiens , & aux
mots fromontorio cabo , Se Puma, des Espagnols.
POINTE DE L'ALGALOGNE, pointe fur la côte
d'Italie , dans le golfe de Naples , à un mille vers l'eft de
Ptolomée , /. ; • c. $. la place entre Crejfopolis & Ment*
demium.
POGLISI : Niger donne ce nom à une montagne
de la Morée , & que les anciens appelloient Stymphalus.
Voyez. Stymphalus.
POGOARGAS , ou Pagoargas , ville d'Ethiopie ,
fous l'Egypte , félon Pline , /. 6. c. 29.
POGOIANA, petite ville des états du Turc , dans
la Macédoine, à quelques lieues au nord de Salonique.*
Atlas , Robert de Vaugondy.
POGON, Ueyov , c'eft-à-dire Barbe. Strabon, /. 8.
f. 373. nomme ainfi un port du Péloponncfe , qu'il
donne aux Troezéniens. Il dir que la petite ifle Celauria
çtoit au-devant. Hérodote , /. 8. c. 42. 6c Suidas , con-
noi fient auffi ce port. Il y a apparence que c'eft le même
port quePomponius Mêla, /. z.c. 3. appelle Pagonus
Portas , pour Pogonus Portus , comme on lit préfen-
rement dans les meilleures éditions de ce géographe.
POHAI (le royaume de ) , étoit fitué dans la Corée , 1 ifle Nizita. Elle eft fort haute , 6c au bout il y a une pe-
au nord. Il fut fondé par des Tarrares orientaux appelles tite ifle: on ne peut pafïer à terre d'elle qu'avec des bateaux.
Moko , lesquels étoient une branche des Niutch. Ils Surle haut de cette ifle il y a quelques ruines d'une tour,
étoient retirés dans des montagnes de la Tartarie nom- & du côté de terre eft encore un ancien temple qu'on ap-
mées Taipechan , fituées à l'orient du fleuve Lao où ils pelle l'école de Virg* Michelot, port, de la Médit, p. 1 19.
fe fortifièrent, Vouheou , impératrice des Lam, donne POINTE D'ARC ACHON , pointe ou cap, fur la
a leur chef nommé Kiempeyn , le titre de Khan du côte occidentale de la France, à l'embouchure du baffin
royaume deHin.&à Kickietchengsiang celui de Khan d'Arcachon .dans la mer de Gascogne. On l'appelloic
du royaume de Chin. Le premier , ayant refufé de fe anciennement Curianum Promontoratm. Aujourd'hui on
foumettre à cette impératrice , fut battu par les armées le nomme affez communément le cap Feret.
Chinoifes,& eut la tête tranchée. Tehong-siang étant POINTE DES BADINES , pointe fur la côte de
mort enfuite , fon fils Tientesgung lui fuccéda. Il fournit France , dans la mer Méditerranée, environ à trois
les PegucV prit le ritre de roi de Chin. Il fit alliance milles vers le nord -eft de l'ifle de Ribaudas , fur la
avec les Turcs. Son pays avoir environ cinq milles côte de Provence. Cette poinie fait le commencement
d'étendue ; plus de cent mille familles lui étoient fou- de la baie d'Hieres. Elle eft de moyenne hauteur, 6c
mifes , 6c il pofiedoit une grande partie de la Corée, il y a au bout de cette pointe tout proche de cette terre
Il fit quitter à fes peuples le nom de Moko pour prendre un ecueil. On peut mouiller cependant du côté du
celui de Pohai. Ce royaume fubfifta depuis 720 , après nord à demi-porrée de canon, vis-à-vis d'une plage,
J. C jusqu'à 926 , quelesKitonsen firent la conquête.* par cinq à fix brafles d'eau, fond de fable. Ce mouil
Hift. Gén. des Huns par M. de Guignes , 1. 1. p. 207,
POHEM , forterefle de Moscovie, dans la Tartarie ,
félon Corneille , Dicl. qui cite Maty , qui a trouve ce
nom dans la carte de Moscovie de San fon i mais com-
me Sanfon s'eft trompé dans cet endroit , il a entraîné
lage eft propre pour les vents de fud - fud - oueft Se
oueft , mais il ne faut pas s'y laiffer furprendre des
vents d'eft , auquel cas il faut aller mouiller à Capeau.
* Michelot , port, de la Médit, p. j6.
POINTE DE BUCHAM , cap d'Ecofle, fur la côte
avec lui tous ceux qui l'ont fuivi fans examen. C'étoit orientale. On l'appelle dans le pays Buchannejf. Voyez,,
Pelun qu'il falloir lire, Ôc nom Pobem. Cette forte- Buchan.
reiïe , ou petite ville , eft dans la Sibérie , fur la rivière
de Pelun , au nord occidental de Tobolskoy , entre
1 Oby ôc le Kama. * Carte nouvelle de l'tmpïre Rujfun.
PÔHINC, ville de la Chine, dans la province de
Channton , au département de Cincheu , quatrième
POINTE DES CELEBES , cap de l'ifle de Célebes,
dans la partie feptci-trionale de cette ifle , du côté de
l'orient , au royaume de Manado.
POINTE DE LESPIQUETTE( la), pointe fur la
côte de France , dans la mer Méditerranée , près du Gras
métropole de la province. Elle eft d'un d. 32 min. plus d'Aiguemorte. Entre cette pointe 6c le Gras d'Aiguë
orientale que Péking , fous le 37 d. 10 min. de lati
tude feptentrionale. *■ Atlas Sinenjîs.
POHLARN , petite ville d'Autriche , mais ancienne ,
dépendante de l'évêché de Ratisbonne.
POI , cité de la Chine , dans la province de Nanking ,
au département de Siucheu , quatrième grande cité
de la province. Elle eft de o d. 14 min. plus occi-
dentale que Peking , fous les 3; d. 26 min. de lati-
tude feptentrionale. * Atlas Sinenjîs.
POIGNAC , bois de France , dans la Haute-Marche ,
maîtrife des eaux & forêts de Gueret. Il contient cinq
cens cinquante huit arpens.
POIGNY , vieux château de l'ifle de France , aux
environs de Rambouillet. Il eft flanqué de quatre pavil-
lons: autrefois il appartenoit à la maifon d'Angennes;
aujourd'hui il eft entre les mains de M. le duc de Pen
morte il y a une entrée qui conduit au forr Pecaix
où font plufieurs falines. Sur la pointe d'Espiquette on
voit plufieurs cabanes de pêcheurs. Voyez. Pointe de
la Pinède. * Michelot , porr. de la Médit, p. 58.
POINTE DE MALALANGUE, pointe fur la côte
de Savoye , dans la Méditerranée. C'eft proprement
la pointe de l'eft de la baie de Ville-Franche. Elle eft
haute, & elle avance beaucoup en mer. L'extrémité en
eft baffe j 6c tant foit peu au dedans de cette pointe
Se vers l'ouelt il y a une roche presque à fleur d'eau,
où la mer brife quelquefois , mais elle n'eft pas loin
de terre. * Michelot , port, de la Médit, p. 84.
POINTE DE LA MAYRE , fur la côte d'Italie ,
à l'extrémité orientale de la côte de Gènes. De la cita-
delle de Sainte Marguerite à la pointe de la Mayre ,
il y a environ fept milles vers l'eft- fud- eft. Certe pointe
thievre. * Piganiol , Defc. de la France , t. 2. p. 672. eft forr groffe,& fait l'entrée du golfe de la Mayre,
2. POILLY , bourg de France , dans le Gâtinois ,
élection de Gien.
2. POILLY , village de France , dans le diocèfe de
Sens , au canton qu'on appelle la vallée d'Aillant ,
à quatre lieues d'Auxerre , vers le couchant, élection
de Joigny. C'eft une des terres que Saint Germain , évê-
que d'Auxerre , mort en 448 , donna à fon églife avec
celle de Marnay , qui en eft voifine : Fauliatumfeu Mar-
ciniacum.L'égliCe du lieu qui porte fon nom, étoir cé-
lèbre dès le IX fiécle , puisque Heric , auteur du tems ,
écrit qu'alors il s'y opéra plufieurs merveilles par l'in-
terceffion du fainr. L, 1. mit. S. Germ. c. 44. L'églife
d'Auxerre ne jouit plus de cette terre depuis long-tems.
qui eft affez profond , 6c c'eft où finit la côte de
Gènes. Près de cette pointe il y a un gros écueil hors
de l'eau.* Michelot, porr. de la Méditer, p. 97.
POINTE DE LA PINEDE (la ) , pointe fur la côte
de France , dans la Méditerranée, près de la pointe de
l'Espiquerte vers l'eft. C'eft une pointe baffe, bordée
de fable , auprès de laquelle il y a un bocage de pins , ce
qui a fait qu'on a appelle ce lieu-là la Pointe delà Pinède.
Ces arbres, Se les cabanes de pêcheurs qui font fur la
pointe de l'Espiquette , donnent la connoiffance de ces
deux pointes ; car comme le terrein eft forr bas , on
ne le peur voir à moins que d'en être fort près. *
Michelot , port, de la Méditer, p. 18,
POINTE
POI
POINTE DE POZILIPPE , pointe fur la côte d'Italie,
dans le golfe de Naples. De la petite ifle , qui elt à la
pointe de l'Algalogne , jusqu'à la pointe de Pozilippe ,
il peut y avoir une demi-lieue. Entre les deux , la côte
eft de moyenne hauteur , remplie de grandes maifons ;
mais la plupart abandonnées. Il y en a plufieurs le
long de cette côte , qui font abîmées fous l'eau. On en
voit encore les murailles à fleur d'eau 8c fous l'eau ,
Se plufieurs rochers fort au large ; c'eft pourquoi il faut
palier au large , du moins à un mille. Au bout de la
pointe de Pozilippe on commence à découvrir la ville
de Naples. En y allant le long de cette côte , il y a
plufieurs piliers, tours, 8c maifons abîmées ; ck quel-
ques roches à fleur d'eau & fous l'eau , qui s'avance
près de quatre cens toifes au large , à quoi il faut bien
faire attention , en allant à Naples. On reconnoît
cette pointe par une grande maifon , qui cft fur le
haut , 8c qui eft fort blanche. On peut néanmoins ran-
ger les dangers appareils de cette pointe , à deux lon-
gueurs de cables. On y trouvera trois à quatre brades , 8c
un peu après douze 8c quinze bralïes. * Micbelot , port,
delà Méditer.p. 119.
POINTE RICHE (la), pointe fur la côte de France,
dans la Méditerranée , environ quatre à cinq cens toi-
les vers l'eft-fud-eft du cap Couronne. Elle eft de moyen-
ne hauteur. Entre cette pointe 8c ce cap il y à un grand
enfoncement bordé d'une plage de fable , appellée la
Tlage de Verdun, où l'on pourroit mouiller eh cas de
befoin , lorsque les vents font à la terre. Au-deffus de
cette plage , à une grande portée de fufil , on voit le
village de la Couronne. Environ un mille vers l'eft de
la Pointe-Riche , il y a un écueil plat hors de l'eau ,
qu'on appelle le Ragnon , proche duquel il y a une
Madrague. Il y en a auiïi plufieurs autres le long de
cette côte , jusqu'au fond de la baie. Elles s'avancent
en mer environ fix à fept cens toifes ; mais on ne les
tend qu'en été. * Michelot , port, de la Médit, p. Gx.
POINTE DE SAINT PIERRE ( la ) : on donne au-
jourd'hui ce nom à la partie la plus orientale de l'ifle
de Cadix , fur la côte d'Espagne. L'origine de ce nom
vient d'un iflet fur lequel il y a une tour £V une cha-
pelle ou hermitage dédié à l'apôtre S. Pierre, qui, à
ce qu'on prétend , y a prêché autrefois. Ce lieu s'appel-
ïoit anciennement Heracluim , à caufe du fameux tem-
ple d'Hercule qui y étoit fitué. * Làbat , voyage d'Es-
pagne , t. 2. p. 47.
POINTE DESAINTSEBASTIEN(la):on donne
ce nom en Espagne à la partie la plus occidentale de
Cadix , & qui étoit autrefois Cronutm , à caufe d'un tem-
ple de Saturne , qui y étoit. On la nomme préfente-
ment la pointe de Saint Sébaftien , à caufe d'une cha-
pelfe 8c d'un hermitage dédié à ce Saint. On y va en
pèlerinage le 20 Janvier. Comme cet endroit eft éloi-
gné & défert , on prétend que le prétexte de dévotion
donne quelquefois occafion à diverfes aventures. * La-
bat , voyage d'Espagne , r. 2. p. 47.
POINTE DES SAINTES MARIES( la ) , pointe fin-
la côte de France , dans la Méditerranée , environ fix
milles vers l'eft , cinq degrés vers le fud de la pointe
de la Pinède. Il y a fur cette pointe plufieurs cabanes
deftinées pour Ja retraite des pêcheurs, qui ordinaire-
ment font la pêche de la mélette , 8c autre poifîbn
pendant l'été , & entre ces deux pointes eft l'entrée ou
le gras des Saintes Maties : il ne peut y entrer que
des bateaux , encore avec peine : il y a aufli une baie à
l'entrée ; mais ordinairement les tartanes , qui appor-
tent le poiiTon en ces lieux , ou à Arles , mouillent vis-
à-vis de la pointe. La ville des Saintes Maries eft environ
demi-lieue dans les terres : elle fe voit d'affez loin , 8c
paroît comme les voiles d'un vaiffeàu. * Michelot , port,
de la Méditerranée, p. 59.
Lorsqu'on navige le long de ces côtes , à une dirtan-
ce de trois à quatre lieues, on a peine à découvrir les
terres , parce qu'elles font extrêmement baffes ; mais on
découvre les clochers, les tours des villes 8c des villages,
8c les cabanes des pêcheurs , qui font fur le bord de
la mer. On peut néanmoins ranger à discrétion toutes
ces côtes avec un beau rems , principalement lorsque les
vents font à terre.
POINTE DES TIGNES ( la ) , pointe fur la côte
POI 1009
de France, dans la mer Méditerranée, à l'embouchure
de la rivière du Rhône, 345 milles à l'eft- quart-lud-
eftdu port de Cette , & à 1 3 milles au fud-eft quart de
fud de la pointe des Saintes Maries. 11 y a entre ces
deux pointes un grand enfoncement dans lequel on
peut mouiller dans une néceflîte , y ayant 536 biaffcs
d'eau, fond de vafe molle, 8c ou l'on eft à couvert
des vents d'eft 8c de fud-eft ; mais il faut bien prendre
garde de ne pas fe laiffer furprendre par les vents du
large ; car on ne pourroit doubler les pointes ni d'un
côté ni d'autre. Ce qu'on appelle ordinairement les 'lignes
ou Tignaux , font plufieurs baffes pointes de maré-
cages , & petits bancs de fable , qui font aux environs , 8c
qui s'avancent le plus au large de tout le golfe de Lyon.
C'eft le lieu où fe vient jetter la rivière du Rhône , <Sc
l'endroit le plus dangereux de ces côtes , à caufe des
bords de la mer , qui y font fort bas. * Michelot , Portu-
lan de la Méditerranée, p. jo.
1. POINTE ( la ) , on l'entrée du Port-Royal , dans
l'ifle de laJamaïque. Voyez. Port Royal. * Le père
de Charlcvoix. Hift. de S. Domingue , t. 2.
_ 2. POINTE, ou le Fort de la (la) Pointe
dans l'ifle Espagnole, entre Leogane & la rivière de
l'Efter : elle défend la rade de Leogane. * Le pere de
Charlcvoix , Hift. de S. Domingue, r. 2.
3. POINTE ( la ) , des Mangles ou des Roches ,
qui eft à l'entrée de la baie du petit Goave , dans la
même ifle Espagnole. * Le pere de Carlevoix , Hift. de
S. Domingue , t. 2.
POIRE ( le ) , bourg de France , dans le Poitou ,
élection des fables d'Olonne.
POISARTEMIS. Voyez. Pensatemidos.
POISEUX , paroiffe de France , dans le Nivemois ,
élection de Nevers. Elle eft fituée partie dans des vallons,
8c partie dans les montagnes : fes terres font propres pour
le froment l'orge 8c l'avoine. Les foins y font aufli abon-
dans. H s'y fait un petit commerce de beftiaux , 8c il y
a un fourneau , une forge 8c quelques bois taillis. Cette
paroiffe a titre de barohnie , mouvante de l'évêché de
Nevers. Le feigneur cft tenu de porter l'évêque le jour
de fon entrée.
POISSONNIERE ( la ) , château de France , dans
le Vendomois. C'eft la patrie du po'ete Ronfard.
POISSONS-BLANCS , peuples fauvages , dans l'A-
mérique feptentrionale , dans la nouvelle France. Ils ha-
bitoient autrefois au bord de la rivière de Maitabirofine,
& fort avant. Il font descendus vers fon embouchure ,
au cap de la Magdeléne , à deux lieues de la ville de
Trois-Rivieres , afin dé commercer plus aifément avec
les François.
POISSY , petite ville de lifte de France , au bord de
la forêt de S. Germain , à fix lieues de Paris , fur la
rive gauche de kSeine , une lieue au-deffous du confluent
de l'Oyfe avec la Seine. Ce lieu , qui eft fort ancien ,
lie fe nomme point en latin Fisciacum , 8c ne vient
point à Piscibus , comme quelques modernes l'ont cru \
mais il fe nomme Pinciacum , comme il eft marqué dans
les anciennes Chartres & dans Tes capitulaires des rois.
Le pays des environs s'appelle Pagus Pinciacenfis , 8c eri
françois le Pincerais , qui donne encore fon nom
à un des archidiaconés de l'églife de Chartres. Les an-
ciens rois ont quelquefois demeuré à Poiffy.Ils y avoient
un beau château , dès le- tems que celui de S. Germain
en Laye fut bâtie. Saint Louis y naquit 8c y fut baptifé ;
aufli prenoit il plaifir à fe qualifier Louis de Poissy.
Philippe-le-Bel,fonpetitfils fit bâtir la magnifique églife
& le mouaftere de religieufes de l'ordre de fainr Domi-
nique , qu'il dota de grands revenus. 11 y avoit aupa°
ravant une églife de Notre - Dame , que la reine
Confiance, femme de Robert , avoit fondée , 8c où
elle avoit mis des chanoines de la régie de fainr Au-
guftin. Les religieufes de faint Dominique ont fuccédé à
ces chanoines.Ôn a remarqué que Philippe Ie-Bel fit bâtir
l'églife au même lieu où étoit le château , &: que le
grand-autel fut placé au même endroit où éroit le lit de
la reine Blanche , lorsqu'elle accoucha de fainr Louis ;
ce qui eft caufe que cette églife n'eft point orientée com-
me elle devroit l'être. Ce prince n'ayant pu achever cet
édifice , le recommenda par fon teftament à fes fticcef-
feurs , &c il ne fut achevé qu'en 1530, par Philippe de
Tom. IV. M m mm mm
ïoio POI
Valois. Depuis ce tems ce lieu a toujours été en grande
vénération, Se le monaftere a été gouverné plufieurs fois
par des princefles. Plufieurs rois , princes Se princefles
yontleurfépulture. Madame de Chaunes.prieure de cette
maifon , faiiant en 1 687, réparer le chœurdesreligieufes,
on trouva dans un petit caveau une manière d'urne d'é-
tain , pofée fur des barres de fer : dans cette urne étoient
enveloppés d'une étoffe d'or & rouge , deux petits plats
d'argent , avec cette inferiprion fur une lame de
plomb : Ci gît le cœur du roi Philippe- le Bel , fondateur
de cette églife Se abbaye , qui trépafla à Fontainebleau le
29 Novembre 13 14. 11 s'y trouva aufîï plufieurs autres
tombeaux de princes Se princefles du fang. Le feu du ciel
tomba fur cette églife le 21 Juillet 1695 , & confuma en
moins de deux heures tout le comble , avec le beau
clocher ou pyramide , revêtue de plomb , qui avoit
quarante cinq toifes de haur. Outre ce fameux mona-
ftere, il y a encore à Poifly une églife collégiale, une
paroi fle, un couvent de Capucins, un d'Urfulines , Scan
hôpital , fous le titre de la Chanté , & qui eft gouverné
par des filles de faint Thomas. On tient tous les Jeu-
dis à Poifly un fameux marché de gros beftiaux qu'on
y amené pour la nourriture de Patis. Il y a encore un
marché ordinaire tous les Mardis Se Vendredis. Au
bout de la ville eft un pont , qu'on appelle le Pont de
PoiJJy : il eft renommé tant par fa largeur , qui ne cède
qu'à bien peu de ponts du royaume que par l'agré-
ment de la vue qui eft des plus charmantes & fort
étendue. C'eft au bas de ce pont qu'on prend les ba-
teaux pour descendre à Rouen. * Longuerue , Defcr. de
la France , part. 1. p . 16. Piganiol , Defcr. de la France ,
t. ip. 93.
On tint dans cette ville une aflemblée publique de
prélats, Se de quelques uns des fettateurs de Calvin.
Cette aflemblée qu'on appelle le Colloque de Poifly ,
commença le 4 Septembre 1561 ,en préfence de Char-
les IX , de Catherine de Médicis fa mère , ôc de toute
la famille royale , ôc finit le 25 Novembre de la même
année , fans aucun fruit.
POITEVINIEZE ( la ), bourg de France, dans l'An-
jou , élection d'Angers.
POITIERS , ville de France , capirale du Poitou. Elle
fut appel lée parles Latins Auguftoritum , du nom d'Au-
gufte fon fondateur. Cetre ville eft bâtie fur une colline,
à la rive gauche de la petite rivière de Clain. Poitiers
eft une très-grande ville -, mais elle n'eft pas peuplée.
Les Romains y érigèrent des monumens , dont les reftes
lui font encore honneur. L'Amphithéâtre étoit un des
plus remarquables. Il eft tellement ruiné , qu'on a peine
à reconnoître fa grandeur Se fa figure. Un peu au-
deflbus on trouve un grand arc conftruit de grofles
pierres de taille , qu'on croit avoir été un arc de triom-
phe. Il fert actuellement de porte à une rue qui va au
pont & à la porte de S. Cyprien. Les ruines du Palais-Ga-
lien font encore des reftes précieux d'antiquité. Voici
ce qu'en dit l'auteur de l'hiftoire d'Aquitaine. La ctm-
mune renommée fait brun d'un palais , lequel y fut
autrefois édifié , appelle le palais Galien & des Arènes ,
dont on peut conjetlurer par les veftiges qui encore appa-
roijfcnt, que ce fui un palais fomptaeux , & de grande
ftrutlure ; mais je n'ai trouvé abfolument qui l'a fait
faire. Toutefois on pourroit dire qu'il fut fait du tems
que Galienus étoit empereur de Rome , qui fut l'an de
fa lut t$j , & auffi le palais Galienne de Bourdeaux;
car les Jomptueux édifices qu'on faifoit es villes & ré-
gions , Cr provinces , étant Jous l'empire romain , prennent
communément leur nom des empereurs , qui lors étoient ;
& ledit Galienus tint fon empire en Aquitaine , com-
me il appert par l'hiftoire cr légende de M. Saint Cler , qui
fut martyrifé fous fondit empire. Et quant au lieu des
Arènes qui eft joignant ledit palais , c 'étoit le lieu , pour
faire jov.ftes & tournois. Et pour l'entendre eft à pré-
fuppofer que les Romains eurent les exercices & disci-
plines militaires. .. .& avaient places fablonneuf es qu'ils
appelaient Arènes, & près d'elles cavernes, & jojfes voû-
tées où Us exerf oient les lions , léopards , ours , & autres
bêtes cruelles , contre lesquelles les gens qu'on vouloit
envoyer en guerre , qu'ils appelaient Gladiateurs , fe
cvmbatt oient fur l'Arène , c'eft- à-dire fur le fable , tant
pour le pajjetcms des prit/ces , que pour les rendre plus
POI
hardis en guerre .... Et au regard des grands ar-
ceaux qu'on voit hors la ville de Poitiers , correspon-
dans à ce palais , c' étoient conduits & caftais pour faire
diftilerçr venir l'eau de quelque fontaine en iceluipalais.
Ces aqueducs , qu'on appelle aujourd'hui les Arceaux
de Periginy , font à un quart de lieue de la ville, du côté
de la porte de la tranchée. On voit au milieu de la ville
de Poitiers une grofie tour ronde , conftruite de grandes
pierres, ôc ornée par les dehors de plufieurs figures,
quon dit avoir été le château d'un homme de crédit ,
appelle Maubergeon. * Piganiol de la Force , Defcrip-
tion de la France , t. j. p. 94. ôc fuiv.
L'églife cathédrale eft dédiée à faint Pierre. Elle eft
fort longue ôc fort large. Si fon élévation répondoic
aux deux autres dimenfions , ce feroit fans contredit
une des plus belles églifes du royaume. Les antiquaires
y remarquent un ancien marbre blanc , long de fix à
fept pieds , d'un pied ôc demi ou environ en carré ,
Se fur lequel eft une infeription qu'on peut lire dans
le fupplément de la Diplomatique du père Mabillon.
Ce marbre fut tiré il y a quelques années de l'églife de S.
Jean , que la plupart des antiquaires croient avoir été
un temple d'idoles.
Après la cathédrale , l'églife collégiale de S. Hilaire
eft la plus confidérable de cette ville. On y remarque
le tombeau de Gilbert de la Poirée , qui avoit été tré-
forier de S. Hilaire , avant que d'être évêque de Poitiers ,
& qui voulut y être enterré. Ce tombeau , qui eft de
marbre blanc, a quatre-vingt trois pouces de long , fur
trois pieds de large , Se autant de profondeur. Il eft or-
né de deux rangs de bas- reliefs, qui repréfentent une
partie de la vie de Jefus-Chrift, depuis fon entrée dans
Jérufalem. Ce monument a été moitié brifé par les
Calviniftes , qui en tirèrent le corps du prélat , ôc le
jetterent au feu. Il eft élevé fur de bas pilaftres d'en-
viron deux pieds. Du côté oppofé, derrière le chœur,
eft le refte d'un ancien fépulcre , à peu près de la gran-
deur du précédent , Se couverr. Il eft d'une efpece de
pierre calcinée , tirant ftir le blanc , Se orné de quelques
figures en bas-relief. On prétend qu'il a la propriété
de confumer en vingt-quatre heures les cadavres que
l'on y renferme. Ce tombeau eft rompu en deux en-
droits. Dans une chambre qui eft à côté de l'orgue , ori
garde le berceau de S. Hilaire. C'eft la moitié d'une fou-
che de chêne , d'environ fix pieds de long , fur deux 6c
demi de diamètre , ôc creufée en forme d'auge. On met
dedans & on y attache les fols ôc les infenfés pouf
les guérir.
L'abbaye de Sainte Croix eft un monument de la piété
de fainte Radegonde , reine de France. On prétend que
l'églife d'aujourd'hui eft du tems de Charlemagne. La
nef fert de chœur aux religieufes , ôc les fiéges font ornés
chacun d'un rableau peint fur cuivre que le prince d'O-
range envoya à madame de Naflau /a fœur , abbefle
de ce monaftere. Une des plus faintes curiofités de
cette abbaye , eft la cellule de fainte Radegonde , Se que
l'on nomme le Pas de Dieu , à caufe du miracle qui
y arriva. Bandomine , qui avoit été élevée dès fon en-
fance avec fainte Radegonde Se qui la fuivit dans le
cloître , raconte que le 3 Août 390, cette fainte étant
en prières dans fa cellule ,vit un beau jeune homme tout
refplendiflant de gloire. Elle fut troublée de cette ap-
parition ; mais il la raflura,en lui difant qu'il étoit le
Chrift qui venoit pour la confoler , en l'affûtant qu'il
étoit toujours avec elle , Se qu'elle étoit une des belles
pierres de fa couronne. Jésus- Christ disparut , mais
il laifla l'impreflîon d'un de fes pieds dans cette cellule ,
& c'eft ce qu'on appelle le Pas de Dieu.
L'églife de Notre-Dame-la-Grande fut bâtie , à ce
qu'on dit , du tems de l'empereur Conftantin. Sur un
des murs extérieurs on voit la ftatue équeftre de cet em-
pereur , accompagnée de ces quatre vers :
Çhtam Conftantini pietas erexerat olim,
Aft Hoftis rabies ftravtrat iffigiem.
Reftituit veteres cupiens imitarier ufus ,
Vidus Eqùes /fampli Cœnobiarchapius.
Cette églife fut d'abord dédiée à S. Nicolas , évê-
que de Myre ; mais elle changea de npm à l'occa
POI
fion d'un miracle arrivé par l'inrercdïion de la Sainte
Vierge. •
Au milieu de la place royale eft une ftatue pédeftre
de Louis le Grand , en fine bronzé , fur un piedeilal
cubique, cantonné de thermes qui repréfentent des na-
tions. Sur le piedeilal font gravées quelques inferip-
rions à la louange du roi.
On compte dans Poitiers quatre chapitres , outre ce-
lui de la cathédrale i vingt-deux paroiffes , neuf cou-
vens d'hommes, douze de filles , fans compter les ab-
bayes ; deux féminaires, trois hôpitaux Se fix portes qui
font celles de Saine Lazare, de Rocheyeid, du Pont
Joiiben , de Saint Cyprien , qui ont chacune un pont
fur le Gain : la porte de la Tranchée étant fans eau ,
Se d'ailleurs d'un accès facile , on l'a fortifiée : la fixié-
me eft celle du Pont à char, où les carroflés ne peuvent
paiTer. Proche de la porte de Saint Lazare étoit un
vieux château, dont il relie encore quelques tours ron-
des Se des murailles d'une épaiffeur extraordinaire. On
croit que c'eft un ouvrage des Romains. A mille pas de
cette ville , en fortant par la porte du Pont Joubert,
on trouve une pierre de forme ovale , qu'on appelle la
Pierre levée , Se qui a environ vingt pieds de circuit.
Elle eft élevée fur cinq piliers qui ont chacun trois
pieds de haut. 11 y a à Poitiers un bureau des finan-
ces , un préfidial , une élection , une maréchauffee ,
une monnoie , une jurisdiction des eaux Se forets Se
nn corps de ville compofé d'un maire , de vingt-cinq
échevins , ôc de foixante Se quinze bourgeois. La charge
de maire donne le privilège de nobleffe. Cette ville eft
presque fans commerce. Ses habitans font naturelle-
ment pareffeux , adonnés aux plaifirs , d'ailleurs doux
Se fociables.
Ce fut près de Poitiers, entre Beauvoir Se Mau-
pertuis, que fe donna en 1556. une bataille fameu-
fe , entre les François Se les Anglois. Les premiers y
fuient défaits , Se le roi Jean y fut fait prifonnier.
L'évÊché de Poitiers , qui eft fuffragant de l'arche-
vêché de Bordeaux , fut établi vers l'an 260. 11 eft cé-
lèbre dans l'hifloire ancienne , tant profane qu'eccléfia-
ftique , ayant eu des évêques de grande réputation ,
Se entre autres le grand faint Hilaire. Cependant tout
ce qu'on dit des éveques de Poitiers , avant ce faint ,
n'eft point prouvé. Les Viligoths Ariens qui s'étoient
établis à Poitiers dans le cinquième fiécle y maltraitè-
rent les Catholiques , Se c'eft probablement ce qui en-
gagea l'évêque à fe retirer , dans une place nommée
éiatiatum , en françois Rais. C'eft pour cela que dans
les fouferiptions du premier concile d'Orléans , tenu en
k 1 1 , Adelphius , évêque de Poitiers eft appelle Episco-
■pus Ratiatenfis. C'eft dans ce pays qu'étoit le comté
d'Erbauges, en latin Herbatilicenjïs , qui étoit du Poi-
rou , comme l'affinent tous les auteurs anciens. Ce
fut Charles le Chauve qui donna en 85 1 , à Heris-
pée , prince des Bretons, tout le pays de Rais , Ratia-
tenfis , qu'il unit à la Bretagne Se au diocèfe de Nan-
tes, en forte qu'il ceffa de dépendre de Poitiets au tem-
porel Se au fpiriruel. L'évêché de Poitiers fut encore
diminué de moitié par le pape Jean XXII , lorsqu'il
érigea les nouveaux fiéges de Maillezais Se de Luçon.
Cet évêché vaut aujourd'hui environ vingt-cinq mille
livres de revenu. * Lcnguerue , Defc. de la France ,
part. 1. p. 148.
Saint Pierre le Grand eft l'églife cathédrale. Son cha-
pitre eft compofé d'un doyen , d'un grand archidiacre,
d'un chancelier , d'un prevôr , des archidiacres de Brian-
çon Se de Thouars , d'un foudoyen , d'un chahtre ,
d'un fouchantre , d'un théologal , Se de vingt-quatre
chanoines , dont les canonicats valent huit cens li-
vres de revenu. L'églife de Saint Hilaire le Grand a
.le roi pour abbé, Se la dignité de tréforier eft de
nomination royale. Les canonicats valent environ feize
cens livres de revenu. Le tréforier eft toujours chan-
celier de l'univerfité de Poitiers. Dans le chapitre de
Sainte Radegonde , le prieuré eft la première dignité,
Se le revenu des chanoines eft de fix cens livres. Le
chapitre de Notre-Dame a pour chef un abbé , Se le
revenu des chanoines eft de quatre cens livres. Dans
le chapitre de Saint Pierre le Puillier , les canonicats
POI ion
font de cinq cens livres de rente. Il y a quelques au-
tres chapitres dans le diocèfe , mais le revenu en eft
peu confidérable. L'abbaye de Saint Hilaire le Grand
de Poitiers étoit de l'ordre de faint Benoît , Se fut fon-
dée dans les premiers fiécles ; mais ayant été détruite
par les païens , elle fut rebâtie en 1 049 , par les foins
d'Agnès , comtefle de Poitiers. Elle a été féculariféc
Le tréforier a droit de porter la mitre. Elle eft immé-
diatement foumife au faint fiége , Se jouit de plufieurs
beaux privilèges. L'abbaye de Saint Cyprien, bâtie hors
des murailles de la ville de Poitiers, eft de l'ordre de
S. Benoit. Elle fut fondée par Pépin , roi d'Aquitaine ;
mais la plus grande partie de fes biens lui ont été don-
nés par Raoul , roi de France en 936. Elle vaut en-
viron neuf mille livres de revenu. Monder-Neuf de
Poitiers eft du même ordre , Se fut fondée par Guil-
laume Geoffroy, comte de Poitiers Se duc d'Aqui-
taine, en 1068. Guillaume, duc d'Aquitaine, Se fils
de Guillaume, la dota en 1077. Elle vaut cinq mille
livres de revenu. L'abbaye de Sainte Croix de Poi-
tiers eft du même ordre, Se pour des filles. Elle fut
fondée par fainte Radegonde , reine de France , Se
femme de Clotaire premier. Sa fœur , Agnès, en fut
la première abbefiè. Cette fainte reine ayant fait ap-
porter un morceau de la vraie croix , voulut que ce
monaflere portât le nom de Sainte Croix. Elle mou-
rut dans cette abbaye en 590. La Trinité de Poitiers
cil auifi de l'ordre de faint Benoît. Adeles , femme d'Elbe
II, comte de Poitiers Se duc de Guienne , la fonda
vers l'an 936-, car les lettres de confirmation du roi
Lothaire font de cette année. Il y a encore vingt- cinq
autres abbayes dans le relie de cet évêché. Poitiers
eft à 48 lieues nord pareil de Bordeaux, Se à 7zfud-
oueft de Paris, au 18 deg. y min. de longit. Se au 46
deg. 3 5- de latit.
POITOU , province de France , Se dont la capitale
eft Poitiers. Elle a foixante Se quinze lieues de lon-
gueur d'orient en occident , Se vingt-cinq de largeur
du midi au feptentrion. Elle eft bornée à l'orient par
la Touraine , le Berry Se la Marche : au nord par la
Bretagne Se l'Anjou : au couchant par la mer de Gas-
cogne , Se au midi par l'Angoumois Se la Saintonge.
* Piganioly Defc. de la Fiance , t. ;. p. 70.
Le Poitou Se fa capitale Poitiers ont pris leurs noms
des anciens peuples Piclones ou Piciavi, qui étoienc
célèbres entre les Celtes du tems de Jules Céfar , Se
enfuite Augufte les attribua à l'Aquitaine. Leur terri-
toire étoit de beaucoup plus grande étendue que n'eft
le Poitou , parce qu'il comprenoit celui des Cambo-
leélres Agesniates , qui leur étoient joints, comme
Pline l'affure -, les Poitevins s'étendoient en outre jus-
qu'à la rivière de Loire , qui les féparoit des Nanrois,
comme nous l'apprenons de Strabon. * Longuerue , Defc.
de la France , part. 1. p. 147.
Du tems qu'Ammien Marcellin faifoit la guerre dans
les Gaules fous Julien , la feule Novempopulanie étant
diftinguée de l'Aquitaine , il n'y avoit alors qu'une Aqui-
taine, dont le Poitou faifoit partie; mais fous l'empire
de Valentinien I , l'Aquitaine ayant été divifée en
deux, le Poitou fut attribué à la féconde, Se fournis
à la métropole de Bordeaux.
Les Vifigoths s'étant emparés de la féconde Aquitai-
ne, fe rendirent maîtres du Poitou, que les François
conquirent après la défaite d'Alaric , qui fut tué en ba-
taille par Clovis, dans les plaines de Voclade , aujour-
d'hui Vouillé, près de Poitiers.
Selon Grégoire de Tours Se d'autres écrivains an-
ciens, lorsque les fils de Clovis partagèrent l'Aquitai-
ne , le Poitou étoit fournis aux rois d'Auftrafie. Il le
fut enfuite à ceux de Neuftrie. On voit que le duc
Eudes en fut maître abfolu , Se s'y maintint malgré les
efforts de Charles Martel ; Hunaud, fon fils , l'imita ;
mais Pépin le Bref le conquit fur Gaifre , fils de Hu-
naud.
Sous la race Carlovingiene , le Poitou fur gouverné
par plufieurs comtes qui n 'étoient que de /impies gou-
verneurs. Enfin les rois de cette race ayant perdu leur
autorité , ce fut fous Louis d'Outremer, que Guillaume,
furnommé Tête d'Eroupes , fe rendit maître abfolu de
Tom. IV, M m m m m m ij
ioia POI
Poitiers , dont il fut fait comte par le roi Louis d'Ou-
tremer, auffi bien que de Limoges , d'Auvergne & du
Velay. Comme nous l'apprenons de la chronique de
Maillezais ce de celle du moine Aimar , il eut le titre de
duc d'Aquitaine, qui le rendit fupérieur à tous les au-
tres feigneurs des pays fitués entre la Loire Se la Ga-
ronne. Ses fucceffeurs acquirent enfuite les pays qui
font entre !a Garonne 8c les Pyrénées , avec la ville
de Bordeaux. Le dernier duc d'Aquitaine, nommé
Guillaume , comme fes prédécefleurs , eut une fille &
unique héritière , nommée Alienor ou Eléonore , qui
ayant été répudiée par Louis le Jeune , roi de France,
fon premier mari , époufa Henri , roi d'Angleterre ,&
lui apporta en mariage le Poitou avec fes autres grands
états , qui furent confisqués & conquis pour la plu-
part fur Jean Sans-terre , par Philippe-Augufte.
Alphonfe, fon petit-fils, frère de S. Louis, eut le
Poitou en partage , 8c Henri III , roi d'Angleterre, céda
cette province à la France parle traité de 1259. Phi-
lippe le Bel donna le comté de Poitou à fon fils Phi-
lippe , dit le Long , qui fut roi de France , V du nom.
Il ne laiffa que trois filles , pour l'aînée desquelles Eu-
des , duc de Bourgogne , demanda le Poitou ; mais
il ne put venir à bout de Ces prétentions ; & ce pays ,
avant été conquis après la défaite 8c la prife du roi
Jean par les Anglois, il leur fut cédé en toute fouve-
raineté par le traité de Bretigny. Après la mort du
roi Jean , Charles V , fon fucceffeur ayant recommen-
cé la guerre contre les Anglois , conquit fur eux le
Poitou , qu'il donna à fon frère Jean , duc de Berry ,
pour lui & fes fucceffenrs mâles. Le duc Jean n'eut que
des filles , 8c après fa mort , Charles VI donna le Poi-
tou à fon fils Jean , qui mourut jeune 8c fans enfansj
depuis ce tems , le Poitou n'a pas été féparé du do-
maine, ni donné en apanage à aucun prince.
Le Poitou eft divifé en deux évêchés, qui font Poi-
tiers 8c Lnçon. Voyez, ces deux articles.
Le gouvernement du Poitou eft du reffort du parle-
ment de Paris , 8c il n'y a qu'un feul préfidial , qui eft
d'une grande étendue : il eft établi dans Poitiers. On
compte , dans l'étendue de ce ptéfidial , cinq féné-
chauffées royales , y comprife celle de Poitiers , qui
eft unie au préfidial. Les quatre autres font :
POI
Chatelleraut ,
Montmorillon,
Sivrai ,
Fontenay.
Il y a trois fiéges royaux , favoir :
Niort, Saint-Maixent, Lufignan.
Et fix prévôtés royales :
Melle,
Uffon ,
Aunay ,
Parthenay ,
Chizé ,
Vouran.
Les deux dernières ont été unies depuis quelque
tems au domaine du roi. Les fénéchaux de Poitiers ,
de Chatelleraut , & de Sivray , font d'épée ,• 8c ceux de
Montmorillon 8c de Fontenay, font de robe longue.
Dans les fénéchauffées de Poitiers , Chatelleraut , Sivray
8c Fontenay, la juftice fe tend au nom du fénéchal; mais
dans les firnéchauffées de Montmorillon les fentences
ne font intitulées d'aucun nom. Au fiége royal de Niort,
qui eft dans la fénéchauffée de Poitiers, 8c à ceux de
Saint-Maixent, Melle, Uffon, Aunay & Chizé, qui
font dans la fénéchauffée de Sivray, les fentences s'in-
titulcnr au nom du fénéchal. Les droits de ces féné-
chaux font de préfider aux audiences , 8c de convo-
quer l'arriere-ban. Les appointemens ou gages du fé-
néchal de Poitiers , font de cent quatre-vingt-fept li-
vres dix fols fuie domaine. Il jouit auffi de trois cens
cinquante livres cinq fols fur la recette des tailles de Poi-
tiers. Les appointemens du fénéchal de Montmorillon
devroient être de vingt-cinq livres fur le domaine ; mais
l'engagifte ne prétendant pas être tenu des charges lo-
cales ■ ces gages ne fe payent point. Il ne paroît pas non
plus aucun fonds pour les appointemens du fénéchal
de Sivray, ni dans les états des charges locales, dont
le marquis de Dangeau eft tenu , ni dans les états de
finances, non plus que pour le fénéchal de Fonte-
nay. Saint-Maixent ne veut pas être de la fénéchaus-
fée de Sivray , il prétend être féparé. Cependant il en
eft, & l'on en a plufieurs titres. On y voit même que
le lieutenant général de Sivray alloit tenir les aflifes
à Saint-Maixent une fois l'an pendant trois joins , ce qui
a été négligé par crainte d'un grand procès , quoiqu'on
foir très-bien fondé.
Il y a aufli à Poitiers une jurisdiction confervatoi-
re des privilèges de l'univerfité , compofée d'un juge
confervatcur , 8c d'un affeffeur : une jurisdiction des
eaux 8c forêts , compofée d'un lieutenant particulier ,
d'un autre lieutenant , d'un garde- marteau & d'un pro-
cureur du roi : une jurisdiction confulaire pour les
marchands. Le fiége d'amirauté eft établi aux fables
d'Olonne , & le bureau des finances eft à Poitiers. 11
eft compofé d'un nombre confidérable d'officiers.
Toute la province du Poitou fe divife , par rapport
aux finances 8c aux importions , en neuf élections ,
qui font:
Poitiers, Fontenay le Comte ,
Chatelleraut , Les Sables d'Olonne ,
Saint-Maixent , Thouars ,
Niort, Mauléon ,
Confoulens.
Les habitans du Poitou , de même que ceux d'Au-
vergne , du Limoufin 8c de la Marche , ayant appris en
IJ49, que le roi Henri II avoit réfolu de mettre un
impôt fur le fcl, lui offrirent unefomme pour laquelle il les
exempta pour le préfenr de toutes fortes d'impofitions
fur le fel, faufaux fermiers de mettre furies frontiè-
res du Berry & du Bourbonnois , où la gabelle eft éta-
blie , tel nombre de gardes qu'ils jugeroient à propos ,
pour empêcher le verfement du fel dans ces deux pro-
vinces. Voilà la raifon pour laquelle le Poitou, l'Au-
vergne , le Limoufin 8c la Marche font appelles pays
rédimés. Les fermiers ont pris delà occafion de les
regarder comme pays étrangers , 8c de faire payer à leurs
habitans des droits d'entrée 8c de fortie , comme s'ils
étoient véritablement érrangers , quoiqu'ils fe trouvent
au Centre du royaume. A la gabelle du fel près , le Poi-
tou eft fujet à toutes les mêmes impofitions que les
autres provinces du royaume.
L'univerfité de Poitiers fut établie par Charles VII ;
en 145 1. Elle eft compofée des facultés des arts, de
théologie , de droit 8c de médecine. Outre cette uni-
verfité , il y a plufieurs petits collèges dans la plupart
des villes de cette province.
Il fe fair peu de commerce dans l'élection de Poi-
tiers. Il confiile principalement dans le débit des bas
8c des bonnets de laine qu'on y fait , 8c en peaux de
chamois qu'on apprête affez bien. On vend aux foires
qui le tiennent dans l'étendue de cette élection , quel-
ques beftiaux, des laines 8c des grains. On fabrique
à Parthenay des droguets dont le commerce étoit au-
trefois affez confidérable ; mais il eft fort diminué. Voyez.
fous le nom de chaque élection le commerce qui s'y
fait.
Il y a un gouverneur général & deux lieutenans de
roi pour le Haut-Poitou ; 8c un lieutenant général 8c
deux lieutenans de roi pour le Bas. Il y a auffi des gou-
verneurs particuliers pour la ville & château de Lou-
dun 8c pays de Loudunois \ à Poitiers , à Chatelle-
raut , à Lufignan , à Saint-Maixent , à Niorr , à Fon-
tenay-le-Comte, 8c au château de la Chaume. Outre
la maréchauffée générale , on comptoit en Poitou huit
maréchauffées provinciales établies à Poitiers , Chatel-
leraut , Montmorillon , Sivray , Niort, Thouars , Saint-
Maixent ; maïs le roi , parl'édit du mois de Mars 1720 ,
ayant éteint 8c fuppt imé les anciennes compagnies des
maréchauffées, en a créé de nouvelles , 8c par fa dé-
claration du 9 Avril de la même année, a établi à
Poitiers un prévôt général , dont la finance de la char-
ge eft fixée à quarante mille livres , un lieutenant , dont
la finance de la charge eft de quinze mille livres , un affes-
feur, un procureur du roi & un greffier. Il y a à Fon-
tcnay-le-Comte un lieutenant , un affeffeur , un pro-
cureur du roi 8c un greffiçr ; à Montaigu , un lieute-
POI
POL
nanr , un aflefleur , un procureur du roi & un greffier ;
à Monrmorillon, un lieutenant, un affefleur , un procu-
reur du roi Se un greffier
Le rerroir eft fertile dans des endroits , & peu dans
d'autres. Il y a quelques forets Se peu de montagnes.
On n'y remarque que deux rivières navigables , la Vien-
ne & la Sevré Niortoife. Le Clain a été autrefois na-
vigable de Poitiers à Chatelleraut. Cette navigation fe-
roit facile à rétablir Se d'une très-grande utilité pour
Poitiers. Il n'y a dans cette province qu'une fontaine mi-
nérale , qui ait quelque réputation : c'eft celle d'A-
vailles, dont l'eau eft limpide, Se de faveur un peu
falée.
On compte neuf petits ports de mer ou havres en
Poitou favoir:
Les Sables d'Olonne , Saint Benoît ,
Beauvoir, La Tranche ,
La Barre de Mons, Saint Gilles ,
Jard , Noirmoutier ,
L'Ille-Dieu.
Tous ces petits ports ne font que pour des barques»
excepté celui des Sables d'Olonne , où il peut en-
trer des navires de cent cinquante tonneaux tout au
plus.
Le POITOU eftdivifée en Haut Se Bas.
Le Haut POITOU eft la pattie orientale qui touche
à la Touraine Se au Berry.
Le Bas POITOU eft la partie occidentale qui con-
fine avec l'Océan & le pays Nantois.
i. POIX , Fifo. , bourg de France, dans la Picardie,
au bailliage d'Amiens , à quelques lieues d'Aumale ,
fur une petite rivière , nommée auffi Poix , Se qui fe
joint à la Selle. La terre de Poix fut érigée en duché-
pairie , en faveur de Charles de Blanchefort , fue de
Crequi , fous le nom de Crequi , par lettres du mois
de Juin itfji , vérifiées aa parlement le i y Décembre
1663. Cet:c duché - pairie s'éteignit à la mort de
Charles de Blanchefort , arrivée le 11 Février 1687 ,
qui ne lailla qu'une fille , Magdélene de Crequi : Par
le mariage de cette fille avec Charles Belgique-Hol-
lande de la Trimouille , la terre de Poix pafla dans
cette maifon , d'où elle eft fortie par le mariage de
Marie-Victoire de la Trimouille , avec Emmanuel-Théo-
dofe de la Tout d'Auvergne , duc d'Albret. Poix por-
te depuis fort long-tems le titre de principauté , quoi-
qu'il n'y ait jamais eu d'acte d'érection en principauté. Les
anciens feigneurs de ce lieu prenoicntla qualité de Do-
mini & Principes de Cafiello de Poix. Le plus ancien
titre que l'on trouve avec cette qualité eft de l'an 1259 ,
Se par un autre de l'an 1256, Vautier Tirel fe qua-
lifie par la grâce de Dieu , Seigneur de Poix * Pi-
çraniol , Defcription de la France, tom. 3. pag. 197 Se
ac8.
Il y a à Poix deux paroifiês Se un prieuré. Saint
Martin eft l'ancienne : il paroît même que c'étoit la
feule en 1127 -, un nommé Gilles qui en étoit alors
curé , figna feul à la fondation du prieuré. Saint Denis
eft une autre paroifle. Notre-Dame eft le prieuré oui
fut fondé en 1 127 , par Gautier du Tirel ; il étoit au-
trefois au fauxbourg , avant l'aggrandiflement de Poix.
Ce prieuré dépend de l'abbaye de Saint Germain de
Flay. Le fanctuaire en eft très-ancien , aufli-bien que
le portail. Une partie de la feigneurie de Poix appar-
tient au prieur commendataire. * Mémoires drejjés fur
les lieux.
Les peuples qui compofent la principauté de Poix ,
ont été appelles autrefois aux tournois fous le nom de P 0-
hiers, qu'on trouve dans les vers de Philippe Monke,&
dont Guillaume le Breton a fait le nom latin Poberi. C'eft
ce qu'on peut voir doctement par Ducange, en fon GIos-
faire fur le mot P chéri. Il y remarque auffi qu'Orde-
ric Vital • mal informé de l'origine des noms latins , avoir
appelle , il y a plus de fix cens , ans le château de Poix ,
Ca/fritm de Pice.
2. POIX, village de Flandre , dans le diocèfe de Cam -
bray , gouvernement de Landrecies. Ce lieu n'eft qu'à
une lieue du Quesnoy , à deux de Landrecies ; c'eft
un pays afiez fec. Au milieu du bois de cette paroi/Te
ioi 9
pafie celle des Chauffées-Bruneau , qui conduit de Ver-
mand à Bavay. L'églife paroilfiale eft du titre de Saine
Martin. Le célèbre Chaftelain , chanoine de Notre-
Dame de Paris, qui avoit vu cette terre poflédée par
un de fes proches parens, en trouva le château aflez
reflemblant à celui d'Amboife , proche Paris; c'eft un
bâtiment de briques , couvert d'ardoifes , cantonné de
petites tours carrées. Au bout du jardin eft une cas-
cade que fait la petite rivière d'Ecaillon , avec un bruit
terrible. La chapelle de ce château eft titrée de Saint Fran-
çois. Cette feigneurie eft de mille trente-deux men-
caudées de terres labourables , cent cinquante-fix men-
caudées de pâtures, vergers Se prairies. C'eft le nom
qu'on donne , en ces pays bas , à ce qu'ailleurs on ap-
pelle arpent ou journal. L'abbé Chaftelain croyoit qu'il
falloir éctire Poilx , Se non pas Poix
POKUCIE, Pokiicia, contrée de Pologne , fur les
confins de la Hongrie Se de la Tranfilvanie.
1. POL A , ville d'Italie, dans la partie méridiona-
le de l'Iftrie, fur la côte occidentale, au fond d'un
golfe afiez profond. C'eft une des plus anciennes vil-
les de l'Iftrie, Se elle a été république, comme on l'ap-
prend d'une infeription gravée fur la bafe d'une ftatue
de l'empereur Sévère, où elle eft appellée Respublica
Polenjls. Ce marbre eft à la cour du Dôme, Se on
faillit à la mettre aux fondemens du clocher qu'on y
à bâti. Ce dôme , autrement l'églife cathédrale , a été
élevé apparemment fur les ruines de quelque temple
païen; car on trouve auprès quelques reftes de colon-
nes, de chapiteaux, Se d'inferi prions antiques , Se un
petit baflïn de fontaine fort ancien , qui fert préfenre-
ment de bénitier. Pola , félon le po'éte Callimachus ,
a été une colonnie de la Colchide , qui pourfuivok
les Argonautes ; car ne pouvant favoir ce qu'ils étoient
devenus, ils n'oferent retourner vers leur roi , ce qui
donna le nom de Pola à la ville qu'ils bâtirent; Po-
la fignifiant en leur langue des Gens bannis , comme
le remarque Strabon. Les antiquités qui paroifient à
Pola font du tems des empereurs Romains. Proche de
la place il y un petit temple avec quatre colonnes co-
rinthiennes à la façade , Se huit aux côtés , Se une frife de
feuillages qui règne autour , Se qui eft fort bien exé-
cutée. Le peuple dit que c'étoit un temple de Diane j
mais mes yeux , dit Spon , me repréfenterent lachofe au-
trement. J'y vis fous le fronton l'infeription de fa dé-
dicace à Rome Se à Augufte: auffi les noms que don-
ne le vulgaire nous fervent peu à reconnoître les an-
tiquités. En voici deux autres exemples dans cette mê-
me ville. L'amphithéâtre , appelle l'Orlandine ou Mai-
fon de Roland , eft une espèce d'arc de triomphe qu'on
nomme la Porta dorata. Il fert maintenant de porte
à la ville , Se il n'en étoit pas autrefois un des moin-
dres ornemens. Il avoit été érigé en l'honneur d'un cer-
tain Sergius Lepidus par les foins de fa femme. Quant
à l'amphithéâtre, il eft à peu près de la grandeur de
celui de Rome , Se tout bâti de belles pierres d'Iftrie ,
à trois rangs de fenêtres l'une fur l'autre , Se il y en a
foixante & douze à chaque rang. L'enceinte en eft fore
entière; mais il n'y paroit aucuns degrés, Se l'on pré-
tend qu'ils étoient de bois. Palladius , dans fon archi-
tecture , en a donné le plan & les dimenfions , que je
n'entreprends pas de corriger. * Magin , Carte de PI-,
ftrie. Spon, Voyage de Dalmatie , r. 1. p. 48.
Les Vénitiens envoient un gouverneur à Pola , Se
il porte le titre de comte. Ils ont bâti une petite ci-
tadelle à quatre baftions, Se l'ont laiflee imparfaite. On
ne tient dedans que dix à douze foldats , qui craignenr
plus la famine que la guerre. Le vbifinage de Venife
fait leur fureté. Cette ville eft bien déchue de fon an-
cienne grandeur ; à peine y a-t-il huit cens habitans.
2. POLA, ifle de l'Amérique feptentrionale , fur
la côte orientale de la Floride. De Laët , Defcription:
des Indes occidentales , /. 1, e. lô, qui parle de cette
ifle, la place à 26 deg. 30 min. de latitude de nord.
Il ajoute que Ponce la découvrit dans fa navigation ,
& qu'au refte elle eft peu remarquable.
POLABINGI. Voyez. Stavi.
POLAQUES , nom que quelques uns ont donné aux
Polonois. Voyez. Pologne.
POL
1014
POLAQUlE , Polassie , ou Podlaquie. Voyez.
PoDLAQUIE.
POLATI ou Pulatie , peuples des états du Turc ,
en Europe, dans la Haute- Albanie. Ils habitent à To-
rrent du lac de Scutari , à l'occident des Hafft , au
nord du Drin-Noir, Se au midi des Clementi. Cor-
neille , Difl. qui cite des relations venues de ce pays-
là , dit qu'on divife ordinairement ces peuples en Haut
Se Bas-1jolati. Dans le pays qui eft occupé par les
premiers , on voit les ruines du château de GHonbovi-
cbio; Se chez les autres il y a deux vallées très-bien culti-
vées , où l'on voit les relies de la fortereffe de Mou-
ricchio. Comme ces peuples avoient autrefois un évê-
que dans la ville de Chiros , qui eft préfentement rui-
née , ils en ont obtenu un depuis 1654, Se cet évêque
eft fuffragant de l'archevêque d'Antivari. Les Polati pos-
fedent cinq petites villes , qui font en affez mauvais
état , & trente fept villages où il y a beaucoup de Chré-
tiens, tous fous la puiffance des Turcs. * Atlas, Robert
de Vaugondy.
POLATICUS-SINUS. Pomponius Mêla , /. 2. c. 3.
nomme ainfi un golfe de la mer Adriatique, entre
l'Iftrie & i'Illyrie. C'eft le même que Pline nomme Fia-
natic us Sinus. Voyez, Fianaticus Sinus.
POLE. On appelle ainfi deux points oppofés l'un
à l'autre , Se éloignés chacun de 90 deg. de l'équateur :
deux points où fe rencontrent tous les méridiens pos-
fibles, tant du ciel que de la terre. Ce mot vient du
grec 7ioXia , je tourne , c'eft en effet par rapport à l'a-
ction de tourner que ces deux points ont été nommés
ainfi.
Si on fuppofe une ligne droite qui paffe par le cen-
tre de la terre , Se qui de chaque côté foit prolongée
jusqu'au ciel , Se jusques aux dernières extrémités de
l'univers, de forte qu'elle coupe le plan de l'équateur
à angles droits, les extrémités de cette ligne marque-
ront les pôles du ciel dont l'un fera au feptentrion ,
Se l'autre au midi ; Se les points , où cette ligne for-
tira de la fuperficie du globe rcrreftre , feront les véri-
tables pôles de la terre. Comme c'eft autour de cette
ligne que ce font tous les mouvemens des étoiles fi-
xes , ces deux points peuvent être regardés comme deux
pivots autour desquels tourne inceflamment le ciel ;
fî on parle le langage de l'ancien fyftême , qui iuffit
pour ce moment- ci.
Il ne faut pas prendre à la lettre ces pivots , com-
me s'il y avoit réellement un aifiieu qui paffât au tra-
vers du globe. Cet aiiîïeu , que l'on appelle Axe en
géométrie , n'eft qu'un fecours que l'on prête à l'i-
magination , afin de lui faire concevoir avec moins
d'effort le véritable mouvement des corps céleftes.
Nous avons obfervé ailleurs que la ligne méridien-
ne chez les peuples, placés comme nous , en-deçà du
tropique , eft toujours tournée vers le point vrai du
feptentrion. Toutes les méridiennes que l'on trace fur
la circonférence du globe , dans l'espace déjà limité ,
vont également fe perdre enfemble dans un même poinr.
Nous avons obfervé que ce point eft également di-
flant par tout de la circonférence du cercle de l'é-
quateur. Il en réfulte que cette ligne méridienne tirée
de ce point , Se continuée jusqu'à l'équateur , eft un
quart de cercle de 90 degrés. Ainfi , quoique nous igno-
rions abfolument fi ce point du globe eft terre
ou mer , ou roche ou glace , on ne lailïe pas de le
remarquer avec la dernière précifion fur les globes
géographiques. Mais comme nous n'avons point de
voyageur digne de foi , qui ait été plus loin vers
le midi que fous le cercle polaire , Se au nord plus loin
que le 82 deg. Se quelques minutes, on ne doit point
s'arrêter au fyftême de Plancius qui fuppofe un pôle
feptentrional , où il place une montagne , & à l'entrée
une mer enfermée dans des terres , d'où elle fort par
quatre détroits. L'un aboutit au nord du Groenland , un
mitre à la nouvelle Zemble, le troifiéme au détroit
d'Ainan , Se le dernier au nord de l'Amérique , vers le
280 deg. de longitude dans une mer Glaciale. Ce qui eft
fingulier dans cette idée du pôle feptentrional , c'eft
que, quoique la mer Vermeille ne paffe pas le 34 deg.
de latitude, Plancius la met toute entière au-delà du
cercle polaire.
POL
Les mêmes régies qui font trouver fi jufie le pôle
du globe rerreftre , fervent à le marquer exactement
dans le ciel. Il n'a pas plu à Dieu de placer précifémenc
à ces deux points quelque conftellation remarquable
qui les distinguât : ainfi c'eft au calcul aftronomique à
les trouver ; mais ce calcul eft aifé , puisque chacun
de ces points eft de 90 deg. du cercle de l'équateur , en
fuivant une ligne qui coupe le plan de ce cercle à an-
gles droits, comme il a déjà été dit.
Le globe terrefire empêche par fa convexité qu'on
puiffe voir les deux pôles céleftes d'un même lieu : il
faudroit pour cela que l'on fur fitué fur la ligne droi-
te , qui paffe par le centre de la terre. Or il y a un
demi-diametre entre elle Se un homme fitué fous l'é-
quateur. Ceux pour qui le pôle feptentrional eft vifi-
ble, ne fauroient voir le pôle méridional, 8c ceux
qui font vers le pôle méridional ont le pôle fepten-
trional caché fous leur horifon.
Les gens de mer ont deux moyens pour favoir de quel
côté du ciel eft le pôle. Le premier , Se le plus an-
cien , eft la conftellation de l'Ourfe. Ces vers de Ma-
nille , Aftronom. I. 1. v. 27;. expliquent très bien la
doctrine que je viens de développer:
Atqui fulgentes Cdo confurgit ad ArUoS ,
( Omnia qu&fummo despetlant Sidéra Mundot
Ncc norunt obitus , unoquc in Vertice tantum.
In diverfafit& , C&lumque & fidera torquent )
Aéra fer gelidum tennis deducitur Axis ,
Libratumque gerit diverjo cardine Mundum ;
Sidereus circa médium quem volvitur orbis 3
JEtkereosque rotat curfus. Immotus at Me
In binas Arllos magni per intima Mundi ,
Fer que ipfum Terrœ direllus confiait Orbem.
Ncc vero è Soïidofiat robur corporis ejus ,
Nec grave pondus babet , quod omis fer at JEtheris
ulti :
Se d cum Aer omnis femper volvatur in orbem ,
jQuvquefcmel ccepit , totus_ volet undique in ipfum ,
Ouodcumque in Medio eft , circa quod cuncta mo-
ventur ,
Usque adèo eft tenue , ut verti non poffa in ipfum ,
Necjam inclinari , necfe convertere in orbem.
Hoc dixere Axem quia motum non habet idlum ,
Ipfe videt circa volitantia cuncla moverï.
Ce qui fuit regarde proprement l'unique pôle que
nous puilfions voir. Il y a dans fon voifinage deux
conftellations , que les anciens ont appellées la grande
Ourfe. Ils avoient remarqué que la grande, compofée
principalement de quatre grandes étoiles , qui refTem-
blent également à un chariot , Se de trois autres qui
font la queue , tourne autour d'un point qui eft le vrai
pôle. Ils la nommèrent Hélice tXum , du mot grec ixicru ,
circumvolvo. C'eft de ces fept étoiles qu'eft venu le mot de
Septentrion , que l'on a donné à cette partie du mon-
de. On nomme les quatre étoiles qui font le corps de
la grande ourfe , Flauftrum majus. Feftus Avienus , in
Aret. dit :
Fabula namque Vrfas , fpecies dat Flauftra v'ideri.
La fable y a mis deux outfes , Se la figure repré-
fente deux chariots : ainfi cette conftellation de la gran-
de ourfe étant la plus aifée à remarquer au premier
coup d'œil , on fe fervit d'elle affez long-tems pour
trouver un nord à peu près. Mais les Phœniciens , qui
étant navigateurs , avoient befoin d'un nord plus pré-
cis , lui préférèrent la Cynofure. Elle elt moins brillan-
te , Se frape moins -, mais on la préféra. Ce mot Cy-
nosure eft grec , Se fignifie la queue du chien. La
petite ourfe ne reffernble pas plus à une ourfe qu'à un
chien. On l'a même appcllée aufli le petit Chariot, Plau-
ftrum minus. Les Grecs quinavigeoient autour du Pc-
loponncfe Se de l'Archipel , fe fer\ oient de la grande our-
fe ; elle leur fuffifoit , parce q l'ils ne perdoient point
la terre de vue. Les Phœniciens qui s'abandonnoienc
davantage au large , faifoient attention à la petite. En
effet on obferva qu'elle a en fa queue une étoile f qui
n'eft éloignée que d'environ deux degtés Si demi du
POL
véritable point polaire , autour duquel elle tourne ;
mais le cercle qu'elle décrit eft û petit , qu'il eft im-
perceptible à la vue ; ôc on feroit porté à croire qu'elle
eft toujours en la même place, fi les inftrumens em-
ployés avec une précifion infinie n'avoient desabufé de
cette erreur ; c'eft cette étoile , la dernière de la queue
de la petite ourle , qu'on appelle TEtoile Polai-
POL ioij-
chc du pôle, on l'a choifie, parce qu'elle a quelque
chofe de fimple ôc de frapanr.
Ces deux pôles fervent à faire connoître que la fi-
gure du ciel eft ronde. Parce que les étoiles qui fonc
plus éloignées de l'un des deux pôles, font de plus
grands circuits que celles qui en font plus proche. Plus
elles font loin du pole & voifines de l'équateur , plus
le cercle quelles décrivent eft grand. Par exemple, la
cemture dOrion fait un grand circuit par cette rai-
fon. La grande ourfe en fait un moindre, parce qu'el-
le eft plus proche du pole J la petite ourfe en fait
un qui eft encore plus petit, & l'étoile polaire en fait
un fi petit , que , comme nous avons dit , les yeux ne
s'en apperçoivent presque pas. Cela ne feroit pas ainfi ,
fi la figure du ciel n'étoit pas fphérique.
Mais outre ces deux pôles du monde il y en a d'autres
que la géographie doit connoître ; ce font ceux de l'é clip-
tique. Si on fe fouvient de ce que nous avons dit à l'arti-
cle écliptique , il n'eft pas néceffaire de répéter ici qu'el-
le efi oblique à l'équateur, & qu'elle le coupe au commen-
cement des fignesdu bélier ôc de la balance. L'angle qui
fait cette fection , eft félon les plus habiles aftronomesde
13 deg. 29 min. ou 23 deg. 28 min. 41 fécondes. Ce-
la étant , fi au plan de l'écliptique on donne un
axe , qui le^ coupe à angles droits , on voit bien qu'il
ne fauroit être parallèle à l'axe de l'équateur ; mais
que la fection de ces deux axes fera la même que la
fection de deux plans. Ainfi le pole de l'écliptique fe-
ra diftant du pole de l'équateur de 23 deg.' 29 m. ou en-
viron , ôc décrira autour de lui ce même cercle que
nous appelions le cercle polaire, qui eft précifément
à cette même dlftance du pole du monde.
Je pourrois remarquer ici que chaque planette a
fes pôles ; mais ce détail appartient à l'aflronomie. Ajou-
tez à ce que nous venons d'expliquer ici, ce qui eft trai-
té aux mots Hauteur ôc Latitude
POLEMONIACUS. Voyez Pontus 2.
POLE MON IU M, ville de la Cappadoce. Ptolomée.
/. $. c. 6. la place dans le pont Polémoniaque , au-
defïus de Jafonium Prornontorium. Niger veut que ce foit
aujourd'hui Vatiza. Cette ville a été épiscopale. On
trouve dans le concile de Chalcédoine la foufeription
de Joannes Polcmor.ii , ôc dans celui de Conftantino-
ple tenu l'an 870 , on trouve nommé un Joannes , mais
différent du premier. * Harduin. Collect. conc.
POLENDOS, ifie déferre, dont fait mention Pline,
/. 4. c. 1 2. Ortelius foupçonne qu'elle étoit aux en-
virons du Cherfonnèfe de Thrace.
POLENTA. Voyez. Polentina-Plebs , Pollen-
TIA.
POLENTIA. Voyez. Pollentia i.
POLENTINA PLEBS. On trouve ce nom dans Sué-
tone , in Tïberio , qui veut défigner par-là les habitans
de Pollentia; mais comme il y a eu plufieurs vil-
les de ce nom , favoir l'une dans une des ifles Baléa-
res , une autre dans le Picenum , ôc l'autre dans les
Alpes ; voilà la difficulté de décider de laquelle Sué-
tone entend parler. 11 femble néanmoins qu'il doit être
queftion de celle qui fe trouvoit dans les Alpes. Ce
que Suétone ajoute un peu plus bas, du royaume de
Cottus, paroît le prouver. Ce royaume étoit dans le
quartier des Alpes appelle les Alpes Cottiennes. Voyez.
Pollentia n. 1.
POLENZO. Voyez Pollentia i.
POLESENS1S, fiége épiscopal , dont fait mention
Paul Diacre, Longobard. I. 3. où Un certain Hadrien
eft qualifié , Episcopus Polefenfîs. Ortelius foupeonne
qu'il eft queftion de Pola , ville de l'Iftrie.
POLESIE. Quelques uns ont donné ce nom à une
contrée de Pologne , connue fous le nom de Palati-
nat de Brzefcie. Voyez, au mot Brzescie , l'article le
Palatinat de Brzescie.
POLESII. Voyez Pollesii.
POLESIN ( le ). Quelques-uns écrivent la Pole/îne Se
Tondit auffi le Polefra , ou la Poleftne de Rovigo. C'eft
une province d'Italie , dans les états de Vcnife. Elle eft
ainfi nommée de fa capitale » Ôc de fa fituâtion entre
le Pô , l'Adige ôc l'Adigefto , qui en font une pres-
qu'ifle ; car Polesin ôc Prcsqu'Ifle (lénifient à peu
ou la Croifade: quoiqu'elle ne foit pas la plus pro- près la même chofe. Cette province eft fertile en bled,
RE.
Ces deux ourfes font l'une au-defius de l'autre, l'u-
ne ayant le dos tourné vers le dos de l'autre ,6c l'une
ayant la tête du côté où l'autre à la queue. La con-
ftellation du dragon les fépare même l'une de l'autre
par un grand tour que fait fa queue ; c'eft ce que re-
marque Manilius après les vers déjà cités , dont voici
la fuite. Il vient de parler de l'axe du monde, /. 1.
v. 194.
Summa tenent ejus miferis notijjima nantis
Signa , per immenfum cttpidos ducentia Pontitm.
Majorcmque Hélice Major decircinat arcum ;
Scptem illam StelU certantes luminefignant ,
Qita duce per flutlus Grajœ dant vêla Carinx.
Anguflo Cynojura brevis torqitetnr in orbe ,
Tarn [patio quam luce minor. Sed judice vincit
Majorent Tyrio ; Pœnis k&c certior aullor
Non apparentent Pelago qu&rentibus Orbem.
Nec paribus pofita funt frontibus \ Utraque caudam
Vergit in alterius roftro , [equiturquejeqitentem.
Has interfufus , circumque amplexus utramqiie
Dividit & cingit Stellis ardentibus Angiiis ,
Ne coeant, abeantque fuis àfedibus unquam.
Comme la petite ourfe a fept étoiles, auffi -bien que
la grande , le nom de Septentrion lui convient auffi , 6c
l'on peut dire que lorsqu'on la regarde , on eft tourné
vers le vrai nord. Voilà un des moyens que l'ancien-
ne navigation avoir trouvés pour connoître le fepten-
trion; mais quand le ciel eft couvert, un vaifTeau ,
pour feguider , ne peut plus employer ce moyen. L'ai-
mant eft venu au fecours des navigateurs. Cette pier-
re a la propriété d'avoir deux extrémités , dont Tune
fe tourne naturellement vers l'un des pôles , ôc l'au-
tre vers le pole oppofé ; pourvu que cette pierre foit
pofée fur quelque chofe , qui fe prête facilement à
cette inclination , 6c qui par un frorement trop diffi-
cile ne gêne point fà liberté : par exemple , une pierre
d'aimant pofée fur une table qui eft fixe , ne fe tour-
nera point d'elle-même. Le frotement qu'il faudroit
furmonter, l'en empêchera ■■, mais fi on la met dans un
plat de bois fur de l'eau , alors le frotement du liqui-
de étant plus aifé à vaincre , elle fe tournera vers les
deux pôles. Comme cette pierre communique la mê-
me vertu à des aiguilles de fer qu'elle a touchées , la
navigation a faifi avidement ce fecours, qui eft très-
grand : ôc c'eft ce qu'on appelle la boufible.
Ce moyen a pourtant une espèce d'imperfection. La
matière fluide , qui donne ce mouvement à l'aiguille
ne vient pas toujours du pole avec tant de précifion ,
qu'elle ne s'écarte fouvent de la méridienne. Cela fait
une variation qui eft différente félon les lieux , ôc qui
même change fouvent , ôc n'eft pas toujours la même
dans un même lieu, On a cherché divers fyftêmes pour
rendre raifon de ce Phénomène , ôc j'en marque le
plus vraifemblable au mot Variation. Revenons aux
pôles du monde dont il eft ici queftion.
Par ce que nous venons de dire , il eft aifé de voir-
pourquoi on a donné tant de noms au pole , vers le-
quel nous fommes placés. On l'appelle Septentrional,
à caufe des fept étoiles de Tourfe , Arffiqtte du mot
Arttos, qui veut dire une ourfe ; Boréal , à caufe du vent
Borée, qui fouffle de ce côté-là ; Aquilonaire , par une
même raifon.
Le pole qui lui eft oppofé eft appelle Méridional ,
parce qu'il eft à notre fnidi : Autarcique , parce qu'il
eft oppofé au pole arctique, Aufiral , à caufe du vent
Aufter , qui à notre égard vient du midi. Ceux qui
navigent entre l'équateur ôc ce pole , perdent norre
étoile de vue. Les pilotes fe fervent alors de quatre
étoiles dispofées en croix , ôc que Ton appelle la Croix ,
ïoi6 POL
POL
Se nourrit quantité de bétail , qui fait la plus grande
richciTe de fes habitans. Son étendue du nord au fud-
eft eft d'environ vingt milles, & celle de l'eft à l'oueft
eft de plus de cinquante milles. Le Padouan lui eft
contigu au feptentrion , le duché de Ferrare au mi-
di , le Dogadoou duché de Venife à l'orient , & le Vero-
nefe ou Veronois à l'occident ■-, Rovigo eft fa capitale. On
y trouve l'ancienne ville d'Adria , avec Lendenara , La-
badia Se Cavarzore , outre une vingtaine de villages.
Ce pays fut autrefois fujet aux ducs de Ferrare. En-
fuite les Vénitiens le conquirent , Se il leur demeu-
ra par la paix qui fe fit entre eux Se le duc Hercule
I. Leur année ayant été défaite à Ghiara d'Ade en
1509, parles troupes de Louis XII , roi de France,
le duc Alphonfe reprit ce pays dont les Vénitiens fe
rendirent maîtres encore une fois quelques tems après.
Ils l'ont toujours ppffédé depuis , Se la république
y envoie quelques nobles Vénitiens polir le gouver-
ner.
POLESIN-Di-ARIANO, pente contrée d'Italie ,
au duché de Ferrare. Elle eft bornée au nord orien-
tal par le grand bras du Pô > au nord par une bran-
che , qui fort du grand bras de ce même fleuve , à
l'orient par le golfe de Venife , & au midi par un bras
du Pô , appelle Pôdi-Ariano. Les deux principaux
lieux qui fe trouvent dans ce Polefin, font Ariano&
San-Bafilio. * Magin , Carte du duché de Ferrare.
POLESIN DE FERRARE, contrée d'Italie, au du-
ché de Ferrare , entre le grand bras du Pô au nord &
le Pô de Ferrare, ou de Volana, au midi. La ville de
Ferrare , Se celle de Francolino , en font les lieux les
plus remarquables.
POLESIN DE ROVIGO. Kc/j^Polesin.
PÔLESINO DI-SAN-GEORGIO, petit pays d'Ita-
lie, dans l'Etat de l'Eglife , au duché de Ferrare. Il
s'étend entre les deux petits bras du Pô , appelles le Pô
de Ferrare , ou de Valana , Se le. Pô d'Argenta , jus-
qu'aux marais appelles VaM-di-Comaccbio.
POLESWORTH, bourg d'Angleterre , dans la pro-
vince de Waiwick. On y tient marché public. * Etat
pré/eut de la Grande Bretagne , t. 1 .
POLETUM , fleuve de la Mauritanie Céfarienfe.
L'itinéraire d'Antonin le met fur la route de Tingis à
Carthage , entre Lemnœ , Se le lieu nommé Ad ira-
très , à trente milles du premier de ces lieux*, Se àfix
milles du fécond. Quelques exemplaires portent Po-
pletum Fhimen , poui Poletum Flumen.
POLEUR , ville de l'Inde , en-deçà du Gange. Pto-
lomée, /. 7. c. 1. qui la donne aux Arvarni , la place
dans les terres, entre Carige Se Picendaca.
1. POLI, bourg d'Italie , dans la Campagne de Ro-
me, environ à vingt milles au nord oriental de cette
ville, fur une éminence. Ce bourg qui a titre de duché,
appartient à la maiion de Conti , & efl bâti en forme
de galère. Le château du duc eft au bout comme à la
poupe. Il eft petit , mais alïez bien meublé ; Se il y a une
petite bibliothèque , avec une galerie de tableaux , où
l'on montre les portraits des papes que la maifon de
Conti a fournis à l'églife. * Magin , Carte de la Cam-
pagne de Romei
2. POLI, ifle de l'Inde. Elle eft éloignée de Can-
tou de deux mois de navigation. C'éft un petit royau-
me. * Hifl. générale des Huns , 1. 1 .
POLI A , ou Polis, ville des états du Turc, en
Afie, fur la route de Conftantinople à Ispahan, entre
les villages de Cargueflar , & celui de Bendourlour.
Cette ville , dont la plupart des habitans font Grecs,
eft bâtie au pied des montagnes. Ces montagnes font
très-hautes, Se continuent le long de la route pendant
deux journées de chemin. Elles font remplies de toutes
fortes d'arbres , qui font droits Se hauts comme des
fapins , Se traverfées de quantité de torrens , qu'il fe-
roit difficile de paffer , (ans les ponts que le grand vifir
Kuprigli y a fait bâtir. Comme dans toutes ces mon-
tagnes le terroir eft gras, il n'y auroir pas moyen que
les chevaux s'en puffent tirer, quand il tombe de gros-
fes pluies, ou quand les neiges viennent à fondre, fi
le même vifir n'eût eu foin de faire paver tous les mau-
vais chemins de ces montagnes jusqu'à Conftantinople.
Cela ne s'eft pu faire qu'avec une très -grande dépen-
fe , parce qu'il a fallu charier la pierre de fort loin ;
Se qu'il ne fe trouve pas un caillou dans toutes ces
montagnes. Entre la ville & les montagnes , il y a une
belle plaine, qui dure près de deux lieues : après cela
on pafTe une rivière qui arrofe cette plaine , Se qui
contribue à fa fertilité. C'elt un terroir excellent, Se
qui produit en abondance tout ce qui efl nécefTaire pour
la vie. On voit de chaque côté du chemin plufieurs
grands cimetières. C'eft la coutume des Turcs de fe
faire enterrer fur les grands chemins , Se ils croient
que les pafians font des prières pour lésâmes des dé-
funts. Sur chaque tombeau , on voit une colonne
de marbre, Se qui eft à moitié en terre. Il y en a une
fi grande quantité de différentes couleurs , qu'on peut
juger par-là qu'ily a eu un grand nombre de belles églifes
chrétiennes à Polia , Se aux environs. On dit , qu'il y a
encore une grande quantité de ces colonnes en plufieurs
villages de ces monragnes , & que les Turcs en abat-
tent toujours pour les mettre fur leurs tombeaux. Dans
ces mêmes montagnes , on voit une quantité prodigieu-
fe de colombes groffes comme des poules, & qui
font d'un très-bon goût. * Tavtrnier , Voyage de Per-
fe , 1. 1 . c. 2.
POLIBII , ifle que Ptolomée , /. 6. c. 7. place près du
golfe Arabique , fur la côte de l'Arabie, entre les ifles
Dœmonum Se Jeracum. Le manuferit de la bibliothè-
que Palatine porte Polbii pour Polibu.
POLICANDRO, Philocandros, ifle de l'Archipel,
Se l'une des Cycladcs , à l'orient de l'ifie de Milo , à
l'occident de celle de Sikine , Se au midi de celles de
Paros Se d'Antiparos. Il y a beaucoup d'apparence,
dit de Tournefort , Voyage du Levant , lett. 6. p. 95)-.
que Policandro eft l'ifie que Strabon & Pline nom-
ment Pholegandros. Outre la reffemblance des noms,
le premier de ces auteurs marque précifément que na-
vigeant d'Ios vers le couchant , on rencontre Sicenos ,
Laguja Se Pholegandros. Je crois que Lagufa eft le Car-
diotifla , méchant écueil , entre Sikino Se Policandro ,
fur lequel il y a une fameufe chapelle de la Vierge ,
où l'on va en célébrer les fêtes avec de grandes réjouis-
fances. Ce qu'Aratus dit de Polegandros dans Strabon
convient bien à Policandro , favoir qu'on l'appelloit
une ifle de Fer ■■, car elle eft route hériffée de rochers-.
Etienne le géographe qui cite le même pafTage d'Ara-
tus , affure qu'elle a pris fon nom de Pholegandros , l'un
des fils de Minos. * Atlas , Robert de Vaugondy.
Cette ifle n'a point de port. Il y a une cale , dont
l'entrée regarde le fud-eft. Le bourg , qui eft à trois
milles du côté du nord eft , afTez près d'un rocher ef-
froyable , n'a d'autres murailles que celles qui forment
les derrières des maifons , & contient environ cent vingt
familles du rit grec , qui en 1700 , payèrent pour la.
capitation Se pour la taille réelle 1020 écus. Quoique
cette ifle foit pierreufe , feche , pelée , on y recueille
afTez de bled Se de vin pour l'ufage des habitans. On y
manque d'huile , & l'on y fale toutes les olives pour
les jours maigres. Le pays eft couverr de tithymale,
arbtifTeau que l'on y brûle faute de meilleur bois.
L'ifie d'ailleurs eft allez pauvre , Se l'on n'y commerce
qu'en toiles de coton. La douzaine de ferviettes n'y
vaut qu'un écu ; mais elles n'ont guère plus d'un pied
en carré : pour le même prix on en donne huit qui
font un peu plus grandes, & bordées de deux côtés
d'un paffement.
On ne manque dans cette ifle ni de papas ni de
chapelles. Celle de la fainte Vierge eft affez jolie. Elle
eft finiée fur la grande roche , tout près des ruines de
Caftro , vieux château des ducs de Naxie, bâti fans
doute fur les ruines de l'ancienne ville qui portoit lenoni
dePolicandros , fuivant Ptolomée. il refledans cette cha-
pelle quelques morceaux de colonnes de marbre. Pour
la ftatue ancienne dont parle Thevenot , on affure qu'elle
a été fciée Se employée à des monrans de portes. On
y découvrit il y a quelques années le pied d'une fi-
gure de bronze , que l'on a fondu pour en faire des
chandeliers à l'ufage de la chapelle. L'ancien mona-
fterc des Caloyers ne fubfifte plus : celui des filles ,
dont l'églife eft dédiée à faint Jean Baptifte, ne renfer-
me que trois ou quatre religieufes. Au refte cette ifle
paroit affez gaie dans fa féchereffe. On dit qu'il y a
une
POL
POL
une fort belle grotte dans cette effroyable roche -, mais
on ne peut y entier que par bateau dans la bonace.
Cette roche eft le plus bel endroit de l'ifle pour la re-
cherche des plantes. On a fait fur cette roche les ob-
fervations fuivantes :
CardiorifTa décline de l'eft-nord-eft à l'eft.
Le Milorefte entre l'oueft-nord-oueft ôc l'oueft.
Polino , ou l'ifle Brûlée , eft entre l'oueft-nord-oueft
ôc lenord-oueft.
L'Argentiere eft en ligne droite derrière Polino.
Siphno eft entre le nord-oueft ôc le nord-nord-oueft.
Antiparos, entre le nord-eft ôc le nord-nord-eft.
Paros, entre le nord-nord eft ôc l'eft-nord-eft.
Naxos , entre le nord-eft ôc l'eft-nord-eft.
POLICASTRO, PaUocaJlrum, ville d'Italie, au
royaume de Naples, dans la Principauté citérieure, fur
la côte méridionale du golfe auquel elle donne fon
nom. Cette ville qu'on nommoit autrefois PaUocaftrum ,
Ôc qui , à ce qu'on croit , avoit été bâtie des ruines de
l'ancienne Bitxentum , ville de Lucanie , eft aujour-
d'hui dans un état fi déplorable , que fon évêque ,
fuffragant de Salerne, fait fa réfidence dans un bourg
de fon diocèfe. L'évêché de Policaftro étoit érigé dès
l'an joo , fous la métropole de Salerne * Magin , Carte
de la Principauté citérieure.
Le golfe de POLICASTRO s'étend fur la côte de
la Principauté citérieure , Ôc en partie fur celle de la
Bafilicate , depuis Torre Calabianca , à l'occident, jus-
qu'à Capo di Caftro Cucco, du côté de l'orient. La
ville de Policaftro , qui lui donne fon nom , eft au fond,
presque au milieu.
i . POL1CHN A , ville de la Troade , près de Palaescep-
fis, qui étoit, comme nous l'apprend Strabon , /. 13»
p. 603. au fommet du mont Ida. Il eft parlé de cet-
te ville dans Thucydide, /. 8. p. 571. ainfi que dans
la notice d'Hiéroclès, qui la place dans la province
de l'Hellespont. Les habitans de Polichna fon nom-
més Polichnxi par Pline , /. 5. c. 30.
2. POLICHNA, ville de Crète , félon Etienne le
géographe. Hérodote , /. 7. c. 170. nomme les habi-
rans de cetre ville Policbnius
3. POLICHNA, ville de l'Argie. Polybe, /. 4. n.
)6. dit qu'elle fur pf.Te par Lycurgtte.
4. POLICHNA, ville de Sicile, au voifinage de
Syracufe, félon Diodore de Sicile , /. 13 & 14.
POLICHNION , félon Denys de Byfance, ôc Fa-
num Europe Byzantinorum , félon Strabon ôc Po-
lybe. Aujourd'hui on nomme cette petite ville Jeron
Romelias , parce qu'elle eft fituée en Europe , dans la
Romelie. Elle eft au voifinage de Conftantinople * Pur.
Gylïuts, de Bosphoro Thracico , /. 2. c. 19.
POLIDIUM. Voyez. Polyde.
POLIDORORÛM CIVITAS, ville épiscopale de
l'Afie-Mineure , dans la Phrygie , félon Ortelius ,
qui cite le concile de Chalcédoine. Voyez, Polydo-
ra.
POLIGNAC, bourg de France, dans le Langue-
doc , au diocèfe & près du Puy , avec un château ,
dans une fituation qui en a fait autrefois*une place forte.
Ce bourg eft très ancien. Entre autres antiquités on
y voit une pierre où eft gravée la figure d'Apollon, &
qui eft accompagnée d'une infeription. C'écoit ancien-
nement une vicomte , qui avoit donné le nom à une
maifon très-ancienne , que l'on appelloit les Rois des
montagnes , du tems de la guerre des Albigeois.
POL1GN ANO, Polinianum ôc Pidinianum, ville d'I-
talie, au royaume de Naples, dans la terre de Bai i,
fur le golfe de Venife , à huit milles à l'orient de Ba-
ri. Cette ville avoit un port fur le golfe ; mais les
Vénitiens le comblèrent au commencement du feizié-
me fiécle. Son évêché qui fut établi au dixième fiécle ,
eft fous la métropole de Bari. * La Forêt de Bourgon ,
Geogr. Hift. t. 2. p. 563.
POL1GNY , petite ville de France , dans la Franche-
Comté , au diocèfe de Befançon & chef-lieu d'un bail-
liage & d'une recette. Elle eft fituée dans un pays de
grains & de vignobles , fur un petit ruifleau qui fe perd
dans le Doux. Poligny eft appelle Folemmaeum dans le
IOI7
partage de Lothaire, enrre Louis le Germaniq ie & Char-
les le Chauve , en 870. Dans le fiécle fiuvant il eft
nommé Poliniacitm, ou Polinci. Ceft un lieu ancien
qui étoit fitué dans le pays , ôc le comté de Warasch »
comme l'affiire dans une lettre datée de la 22 année
du règne de Charles le Simple , la comrefie Adelaïs ,
mère de Raoul , qui fut depuis roi'de France. Ce pays,
nommé Pagus IVarascus ou Warescus , avoit pris fon
nom des peuples JVarasci , qui faifoient parrie des Sé-
quaniens, ôc étoient établis fur le Doux , des deux
côtés de la rivière, comme nous l'apprenons de l'au-
teur contemporain de la vie de faint Salaberge , le-
quel vivoit dans le feptiéme fiécle. Poligny eft une des
plus jolies villes de la province , fon bailliage eft mou-
vanr du grand bailliage d'Aval. Il y a une collégiale
fondée en I4J7, par Jean, confeiller de Philippe le
Bon , duc de Bourgogne. Ce chapitre eft compofé d'un
doyen, d'un chantre ôc de douze chanoines. Il eft
exempt de la jurisdiction de l'archevêque. Il y a une
maifon de prêtres de l'Oratoire , quatre couvens de re-
ligieux , un couvent d'Urfulines , & une commenderie
de l'ordre du Saint-Esprit. On ne compte qu'environ
trois mille cinq cens perfonnes dans cette ville. * Piga-
' nïol , Dcfcr. de la France , t. 7. p. 570.
POLIMATR1UM, ou Polymartium, félon Or-
telius , qui cite le recueil des conciles , Ôc Mafia de Fa~
Usas \ mais Paul Diacre , Longobard. I. 4. c. 8» &
Olivier, Ital. Ant. I. 1. c. 3. après lui écrivent Po-
iiMARTiuM. C'étoit une ville d'Italie, ôc l'une de cel-
les dont les Lombards fe rendirent maures , ôc que
l'Exarque de Ravenne reprit; Elle fubfifte encore au-
jourd'hui. On la nomme par corruption Bomarzo ,
& quelquefois Bonmarzo. Voyez Bomarzo.
POLIMUR, ou Polimeur , ville des états du Turc ,
dans l'Anarolie, furie bord de la mer de Marmora,
au fond du golfe de Montagna, à l'occident d'ismch,
ou Nicée. * Atlas , Robert de Vaugondy,
1. POLINA , ou Pollona. Voyez. Aeas , n. 1.
2. POLINA, marais de la Hongrie, l'un des plus
grands du royaume , dans le duché de Sirmium , ôc
dans le comté de Valpo. On croit que c'eft le marais
Hiulca que décrit Flavius Vopiscus , va Probo , ôc où
l'empereur M. Aurelius Probus fut afiaftiné. Ce ptin-
ce érant venu à Sirmium , dont il prétendoit rendre
les environs fertiles, eflaya de defiecher un marais , ôc
d'en porter les eaux à la mer par le moyen des riviè-
res voifines. Les foldats qu'il employoit à ce pénible
ouvrage , rebutés du travail , fe fouleverent , le pour-
fuivirent jusque dans la tour de fer qu'il avoit fait bâtir,
ôc le tuèrent dans ce lieu.
POLINGEN , ou Pouligen. Corneille , Difl. eft
pour la première orthographe , ôc Jaillot, Atlas , pour
la féconde. C'eft un bourg de France , fur la côte mé-
ridionale de la Bretagne , près de l'embouchure de la
Loire , au midi de Guerrande , ôc à l'orient mé-
ridional du Croific. Il y a devant ce bourg un pe-
tit port de mer, ôc quelques falines dans le voifina-
ge
POLINO, ou I'Isle Brûlée, petite ifle de l'Ar-
chipel , ôc l'une des Cyclades. Elle eft fur la côte de
rifle de Milo , du côté de l'orient feptentrional. Cor-
neille, D ici. s'eft trompé , lorsqu'il a dit que cette ifle
étoit la Pr<cpejinthus des anciens. L'ifle Prapeftnthus eft
l'ifle Kimolo ou l'Argentiere : celle de Polino s'appel-
loit anciennement Polyagos. * Atlas , Robert de Vaugon-
dy.
POLIPERGA , nom d'une ville connue feulement
par une médaille recueillie dans le tréfor de Golt-
zius.
POLIRONE , ou San-Benedetto , Monafler'mm.
Santli Benedicli de Pado Lirone , abbaye d'Italie, dans
le Nlantouan , à douze ou quatorze milles au midi de
Mantoue , entre le Pô ôc le Liron , d'où lui eft venu
le nom de Polirone , corrompu de Palirone. Cette ab-
baye eft un des plus célèbres monafieres d'Italie. Elle
fut fondée par Thedald deCanoflc, marquis de Man-
toue , grand-pere de la comtefie Matilde , dotée par
Boniface , marquis de Mantoue , père de cette com-
tefie , ôc enrichie par les bienfaits de cette même com-
tefie qui y fut inhumée en 1 1 15. Cette abbaye fut d'aj
Tom.lV. Nnnimu
ïoi8 POL
bord pofledée par des Bénédictins de la congrégation
de Cluni ; mais depuis plus de deux fiécles les reli-
gieux de la congrégation du mont Caflîn y ont été instal-
lés. Ils pofledent de grandes terres , & font feigneurs
temporels & fpirituels des villages de Governolo & de
Quiftello. Us font auffi cures primitifs de trente-huit
paroiffes , tant du diocèfe de Mantoue , que de quelques
autres. Leurs terres font d'une très -grande- étendue »
& leur enclos feul a quatre milles de tour. Le mona-
ftere eft bâti fur les ruines du palais de la comtefle
Matilde , dont le tombeau étoit d'abord à l'entrée de
l'églife, à main gauche, entre le premier & fécond pi-
lier. Ce tombeau étoit fontenu par huit colonnes ,
qui en 1445 fe trouvèrent rompues par la pefanteur
du maufolée. On plaça le tombeau de cette comtes-
fe plus avant , toujours à la gauche , près de la mu-
raille , à côté de celui de faint Siméon , religieux de
ce monaftere. Pour mieux conftater la vérité, dans
le tems de cette tranflatîon , on fît en préfence de té-
moins l'ouverture du fépulcre , où l'on trouva un corps
de femme <incore tout entier. On ferma enfuite le fé-
pulcre , jusqu'à ce qu'Urbain VII, fit transporter à Ro-
me le corps de cette illuftre comtefle , & le fit met-
tre dans l'églife de Saint Pierre , où on lui éleva un
magnifique maufolée. C'eft la feule perfonne de fon fe-
xc qui ait fa fépulture dans la bafilique du prince des
apôtres. On a voulu honorer par-là la mémoire d'u-
ne princefic f qui , tant qu'elle vécut , protégea puiflanv
ment le faint fiége , & lui donna la partie de la Tos-
cane , appellée depuis le patrimoine de Saint Pierre.
Le tombeau que l'on voit encore aujourd'hui dans l'ab-
baye de Saint Benoît de Polirone , eft une urne de
marbre blanc , fur laquelle eft la ftatue de cette com-
tene à cheval 1 habillée en rouge , avec une grenade à
la main , & ces deux vers gravés fur le marbre.
Stirpe, opibus , fama , geftis & nomine qitondam
Inclyta Mathillaus hiejacet , Ajira tenet.
* Luèin, Abbatiar. Italie Not. Leibnitii , Scriptor. rer.
Brusvicenf. p. 701.
1. POLIS , 7ict\K , mot grec, qui répond proprement
à ce que nous appelions une ville. Ce nom a été donné
à diverfes villes quelquefois feul , quelquefois joint
avec un autre, dont il étoit tantôt précédé & tantôt
fuivi.
2. POLIS ,™\tt, village qu'Etienne le géographe dit
être dans les ifles> fans dire de quelles ifles il entend
parler.
3. POLIS , ttoA/« , village dans le pays des Locres
Ozoles. Thucydide, /. 3. p. 240. le donne aux peuples
J-/yai.
4. POLIS , 7ro'?.« , ville de l'Egypte, félon Etienne le
géographe.
POLISMA , petite ville de la Troade. Strabon , /.
13. p. 601. dit qu'elle étoit fur le bord du fleuve Si-
moente.
POL1TANORUM DINASTIA. On trouve ce mot
dans la chronique d'Eufébe ; mais un manuferit , con-
fulté par Ortelius , porte Diospolitanorum ; ce qui fait
penfer qu'il pourroit être queftion des Diospolitani ,
habitans de la ville de Diospolis , en Egypte.
POLITEIA, ville de l'Achaïe, félon Etienne le
géographe.
POLITICEORGAS, contrée de l'Ane propre, fé-
lon Pline, /. j. c. 30. qui dit qu'elle fut depuis ap-
pellée Aphrodifias. Pintaut lit Politke 8c Orgas , & en
fait deux différentes contrées; mais le père Hardouin
qui lit Politice-Orgas , dit que le furnom de Politice
avoit été donné à la contrée Orgas , pettrTa distinguer
d'une autre Orgas, qui étoit dans l'Attique, cVdont parle
Paufanias. Quoi qu'il en foit , cette contrée devoir , dit
Onelius, être quelque paît vers la Grande-Phrygie ,
car c'eit dans ce quartier que Strabon , /. 12. p. 576.
place Aphrodifias. Voyez. Aphrodisias , n. 15.
POL1TIO , Polizzi , Folitium , ville de la Sicile ,
dans le val de Mazzara , aux confins du Val -Démo-
lie, au pied du mont Madonia , à l'orient de Caftro-
Novo. Corneille met cette ville dans la vallée de De-
POL
mona , mais il fe trompe. * Atlas , Robert de Vau-
gondy.
POLITIUM, ville d'Italie. Diodore de Sicile , /. 19.
la donne aux Marrucini.
POL1TORIUM , ville d'Italie , dans le Latium , &
dans la première région, félon Pline, /. 3. c. j. Tite-
Live, /. 1. c. 33. dit que cette ville fut prife par le roi
Ancus. On ne fait pas au jufte fa véritable pofition.
POL1UM , lieu de l'ifle de Lefbos , félon Etienne
le géographe.
POLIZZI, ville d'Italie , en Sicile , dans la vallée
de Demona. On y compte aux environs de fept mille
âmes. On y voit un collège de Jéfuites. Six maifons
religieufes d'hommes, & deux de filles. Elle eft à 14
lieues fud-eft de Palerme.
1. POLLA , ville de Macédoine, félon quelques
exemplaires de Thucydide , /. 2. circa finem -, mais l'é-
dition de Francfort, chez les Wechels, porte Pellà
au lieu de Polia.
2. POLLA ( la ) , bourgade du royaume de Naples ,
dans la Terre de Labour. On croit que c'eft la Mar-
celliana des anciens. * Le père de Cbarlevoix , Mém.
manuferits.
1. POLLENTIA, ville de la Ligutie. Ptolomée,
/. 3. c. i.qui écrit Pôlentia , place cette ville dans
les terres. Pline, /. j.tf. 5. dit qu'elle étoit fituée près
des Alpes. Il la nomme Pollentia Garrea , & ajou-
te qu'elle étoit furnommée Potentia. Les habitais de
cette Pollentia font appelles Pollentina Plebs par
Suétone, in Tiberio. Selon Columelle , /. 7. c. 2. on
faifoit cas anciennement des laines noires & brunes de
Pollentia , ce qui a fait dire à Martial, /. 4. Epigr.
J57-
Non tantum pullo Ingénies vellere lanas.
Et à Silius Italicus, /. 8. v. 599.
.... Fusciaue fer ax Pôlentia villi.
Cette ville conferve encore fon ancien, nom. On
l'appelle préfentement Polenza. Elle eft au confluent
du Tanaro Se de la Stura. Voyez. PolentiNA-
Plebs.
2. POLLENTfA , ville d'Italie , dans le Picenum.
Tite Live , /. 39. c. 44. lui donne le titre de colonie
Romaine. Comme Pline, /. 3. c. 13. joint Pollen-
tini avec Urbs-Salvia, le père Hardouin en con-
clut que les habitans d'Urbs-Salvia (Urbifaglia) s'ap-
pelloient Pollentini , &qu'Urbs-Salvia étoit furnom-
mée Pollentia. Holftenius approche fort de ce fen-
timent: il fait à la vérité deux villes d'Urbs-Salvia & de
Pollentia ; mais il ajoute qu'elles étoient fi voifines ,
qu'elles n'en formoient pour ainfi-diie qu'une feule ;
ce que prouvent les ruines que l'on voit près d'Ur-
bifaglia.
3. POLLENTIA, ville que Strabon, /. 3. Pline;
/. 3. c. j. Ptolomée, /. 2. c. 6. & Pomponius Mêla,
/. 2. c. 7. mettent dans la plus grande des ifles Baléa-
res. Us lui donnent le titre de colonie Romaine. On la
nomme préfenttment Puglienza.
POLLENTINI. Voyez. Polentina Plebs & Pol-
lentia , n. 2.
POLLERV1N. Voyez. Pulorin.
POLLES1I , ville dont fait mention Etienne le géo-
graphe, fans rien dire davantage. L'édition des Aides
porte Polesii pour Pollesii.
1. POLLINA , fiviere de Sicile, dans le Val-Demo-
ne. Elle a fa fourcç aux confins du val de Mazzara ,
dans les montagnes de Madonia. Son cours eft du mi-
di au nord oriental , en ferpentant , & fon embou-
chure fe trouve fur la côte feptentrionale, entre le
cap de Cefalu & celui de Mai iàzo. Vers le milieu de
fa couife elle reçoit à la droite la rivière appellée
Fiume-di'Gcrace. La Pollina eft la rivière Monalus des
anciens. * Atlas , Robert de Vaugondy.
2. POLLINA, baronnie, dans la Sicile, au Val-
Demone , à l'occident de la rivière Pollina. Le chef-
lieu , qui porte le même nom , eft fur une élévation ,
au nord de la principauté de Caftelbuono, & au cou-
POL
POL
chant de la baronnie de Tufa. * Atlas , Robert de Vau-
gondy.
j. POLLINA, Appollonia, petite & ancienne ville
de la Turquie, en Europe, dans l'Albanie, avec un
archevêché grec. Elle eft à fix lieues de Durazzo.
POLLISA , ville d'Italie, félon Ortelius , qui cite
Phlégon, in Longavis. Xylander rend ce nom par Pol-
iïntia.
POLLSTORE , ville de la Baffe- Autriche , dans le
quartier de Manharts Berg. Elle eft petite , mais affez
belle, 8c appartient à la maifon de Lichtenftein.
POLLUP1CE, ville de la Ligurie. L'itinéraire d'An-
tonin la met fur la voie Aurélienne, qui conduit de
Rome à Arles , en paffant par la Toscane 8c par les
Alpes maritimes. Pollupice étoit entre Yada Sabatia 8c
Albingaunum , à douze milles de la première, 8c à
huit milles de la féconde. Quelques exemplaires por-
tent Pullopice, 8c d'autres Lollupice pour Pollu-
pice. Simler croit que c'eft aujourd'hui Final.
POLLUSTINI , peuples d'Italie. Pline , /. ?. c. j. les
place dans la première région. Ortelius croit que ce
font les habitans de Polusca , que le père Hardouin
appelle Pollustia , apparemment fur la foi de quel-
ques manuferits qu'il aura confultés.
POLNA , petite ville du royaume de Bohême, aux
confins de la Moravie , près de la fource de la Saza-
wa ; quelques-uns la mettent dans la Bohême propre;
d'autres difent que le château eft en Bohême 8c la
ville en Moravie. L'un 8c l'autre font affez bien bâtis :
on trouve fur le chemin de Prague des étangs fort
poiffonneux. Le terroir eft de terres labourables , de
pâturages, 8c la chaffe y eft très bonne. La paroiffe
& la maifon de ville font à remarquer. Entre le châ-
teau 8c la ville il y a un étang. * Zeyler , Bohem. To-
pogr. p. ;4.
POLNAW, petite ville de la Poméranie-Ulrérieu-
re , au duché de Wenden.
i. POLO, Pollo ou Pulla, ifle de la mer Mé-
diterranée, fur la côte orientale de l'ifle de Sardaigne,
près du cap Saroch , du côté de l'orient , à l'entrée du
golfe de Cagliari. * Carte de l'ifle de Sardaigne , chez.
Van Kneulen.
2. POLO, Pollo ou Pullo, cap de l'ifle de Sar-
daigne, fur la côte de l'ifle de Sardaigne, dans la par-
tie méridionale du golfe de Cagliari, à l'occident &
tout près du cap Saroch , qui n'en eft féparé que par
une petite baie. * Carte de l'ifle de Sardaigne , chez.
Van Kneulen.
j. POLO , ville de la Chine , dans la province de
Quantung , au département de Hoeicheu , quatrième
métropole de la province. Elle eft de 2 deg. 48 min.
plus occidentale que Péking, fous les 23 deg. 29
min. de latitude feptentrionale. * Atlas Sinenfis.
1. POLOCZKO, palatinat du grand duché de Li-
thuanie , dans fa partie feptentrionale. Il eft borné au
nord par les états de l'empire Ruffien , à l'orient par
le palatinat de Witepsk , par la Dwine , & au cou-
chant par la Livonie Polonoife. Il eft gouverné par
deux fénateurs du royaume , qui font le palatin 8c le
caftelan de Poloczko. Ce pays , qui eft défert 8c rem-
pli de bois , portoit anciennement le titre de duché ,
8c a eu long-tems des princes particuliers. On trouve
qu'Olech fut le premier. Lorsque fa poftérité s'étei-
gnit , le peuple fe gouverna lui-même, jusqu'à ce que
Michel, duc de Novogrod , l'eut affujetti. Boris, fon
petit- fils, embraffa le Chriftianisme, Se Heleb , l'un
de fes fucceffeurs n'ayant point laiffé d'enfans , les Po-
lociens érigèrent de nouveau leur pays en république.
Ce gouvernement dura peu de tems. Ciewciwilo , neveu
de Mingad , roi de Lithuanie, les obligea de le recon-
noître pour leur fouverain ; 8c Trognats , grand duc
de Lithuanie , l'ayant fait affaffiner , s'empara de cet
état qu'il réunit à la Lithuanie. Depuis ce tems , il n'en
a point été féparé. * D'Audifret , Géograph. anc. &
mod. t. 1. p. 380.
2. POLOCZKO ou Poloczk , Polochtm 8c Polocia,
ville du grand duché de Lithuanie , autrefois la capi-
tale du palatinat du duché de Poloczko, 8c aujour-
d'hui la métropole du palatinat de même nom. Cette
ville fuuée à cinquante milles au nord oriental de
IOI9
Vilna , fe trouve au confluent de la Duna 8c de la Po-
lotta, qui l'entourent en grande partie. C'eft une place
fortifiée , 8c qui eft défendue par deux châteaux. Elle
a été fujette à diverfes révolutions. Quelquefois on l'a
vue libre , 8c quelquefois elle a eu des maîtres ; mais
elle a toujours été fous la protection des rois de Po-
logne, auxquels elle a été conftamment fidelle. Le 16
de Février 1563 , les Moscovites s'en emparèrent , &
noyèrent dans la rivière tous les Juifs qui refuferent
d'être baptifés. En 1579 ,1e roi Etienne afliégea Polocz-
ko , 8c la reprit le 1 d'Octobre de la même année ,
malgré toute la réfiftanec que purent faire les Mos-
covites. Ce prince y établit un collège de Jéfuites. Le
czar Alexis s'étant rendu maître de cette ville en i<5j4,
la garda fort peu de tems. Les Moscovites l'ont enco-
re afliégée depuis , mais fans fuccès. + Chjtraus , Sa-
xon. 1. 24. p. 66i.Andr. Cellar, Polon. Defcript. p.
43*-
POLOGNE , Polonia, grand royaume d'Europe, bor-
né au feptentrion par la mer Baltique qui le féparé
de la Suéde ; à l'orient par la Tartane , & la Mosco-
vie ; au midi par le Pont-Euxin , la Valaquie , la Mol-
davie , la Tranfylvanie , & le Hongrie ; à l'occident
par la Poméranie, le Brandebourg, la Siléfie, 8c la
Moravie. Ce royaume étoit autrefois plus étendu. Per-
fonne n'ignore que la Siléfie , la Luface , la Poméra-
nie ne lui appartiennent plus. La Livonie d'abord con-
quife par les Suédois eft maintenant au pouvoir des
Ruffes , qui déjà auparavant s'étoient emparés des du-
chés de Smolcnsko, de Séverie, 8c de Czernichovie
Le palatinat de Kiow , une des plus riches portions
de l'Ukraine eft presque tout entier au pouvoir des
czars ; les vafles campagnes qu'il renferme , 8c qui font
le long du Boryflhene , depuis la Volhinie , & le pays
des Tattares d'Oczakow , jusqu'à la Ruine , & la pe-
tite Tartarie font habitées par les Cofaques , qui d'al-
liés, & presque fujets de la Pologne, en font deve-
nus les plus irréconciliables ennemis. Malgré ces per-
tes, la Pologne eft encore d'une grande étendue. Sa
longueur depuis l'extrémité du marquifat de Brande-
bourg, jusqu'aux frontières de Moscovie, efl de deux
cens quarante lieues polonoifes , dont chacune fait qua-
tre milles d'Italie. Sa largeur depuis le fond de la Po-
kucie jusqu'à Parnau en Livonie , eft de près de deux
cens lieues du même pays.
C'eft la plus grande partie du pays, appelle ancien-
nement Sarmatie : 8c dès le feptiéme fiécle , la nation
Polonoife étoit confidérable parmi les peuples que l'on
comprenoit fous le nom de Slaves ou Esclavons. Mais
il eft difficile de dire l'origine du nom de Pologne.
Plufieurs écrivains l'ont cherchée inutilement. Il paroît
tout fimple que le nom des Polonois ( Poloni ) vient
de celui des Bulani, anciens peuples Sarmates , dont
parle Ptolomée,/. 3.C 10. En effet , Poloni & Bu-
lani peuvent être regardés comme le même nom j
8c on peut d'autant moins en disconvenir , que les an-
ciens écrivains Allemands ont appelle les Polonois Bo-
lani ou Bolanii. * Harskpoch , de Repub. Polon.
I. 1. c. 1. 8c 1. i.c. 2.
Selon les écrivains du pays , la Pologne fut d'abord
gouvernée par des ducs , enfuite par des rois , puis
par des ducs , 8c enfin par des rois. On peut partager
ce tems en quatte claffes. La première dont l'hifloire eft
obfcure , & mêlée de fables, prend depuis Lech I , qui
vint en Pologne vers la fin du fixiéme fiécle , ou au
commencement du feptiéme ; 8c elle finit avec Popiel
II, qui gouvernoit la Pologne dans le neuvième fiécle.
On prétend , qu'il fut mangé des rats avec toute fa famil-
le , par un effet de la juftice divine , qui le puniffoit
du crime qu'il avoit commis , en empoifonnant vingt-
quatre de fes parens , dans le deffein de fe rendre maître
de leurs états. La féconde claffe commence à Piaft , la-
boureur, habitant de Kvuswik, qui fut choifi pour roi
de Pologne. On trouve dans cette claffe beaucoup plus
de lumière , fur-tout depuis Mieciflaw , qui fut le pre-
mier duc chrétien, dont le fils Boleflas I fut le premier
roi de Pologne. C'eft l'empereurOtchon III qui le créa
roi , en reconnoiffance de la réception qui lui fut faite à
Gnesne , lorsqu'il alla en Pologne pour un voyage de dé-
votion. Boleflas II perdit le titre de roi. Son frère UU-
Tm.IV. Nnnnnnij
loao POL
diflas , qui gouverna la Pologne , lorsqu'il eut abdique la
couronne , ne prit point le titre de roi , foit à caufe de
l'interdit que le pape avoir lancé , foit parce qu'il s'at-
rendoit que Boleflas pourroit retourner. Ce fut Przemys-
îas II , qui reprit le titre de roi , que fes fucceffeurs ont
confervé jusqu'à préfent. Sous ces deux claffes , la Po-
logne , foit qu'on la regarde comme un duché , ou com-
me un royaume, fut toujours héréditaire. Elle paffa tou-
jours des pères aux enfans , & jamais il n'y eut d'élection.
Quand la race ducale ou royale fe trou vaé teinte, la troi-
fiéme claffe commence à Jagellon, grand duc de Lithua-
nie , qui promit que lui & fes peuples , renonceroient
au culte des faux dieux , pour embraffer la religion
chrétienne , & qu'à l'avenir la Lithuanie feroir unie à la
Pologne. Il jura de plus qu'il ne montoit point fur le trône
de Pologne par droit de fucceffion , mais en vertu de la
libre élection des Polonois : ferment que tous fes fucces-
feurs ont été obligés de faire depuis. La quatrième
claffe comprend les rois, qui ont été choifis dans dif-
férentes familles , foit du pays , foit étrangères. Cette
claffe eftfameufe par fes différens interrègnes. Elle com-
mença à la mort de Sigismond Augufte , dernier de
la race des rois Jagellons. Les Polonois reftreignirenc
alors confidérablemcnt l'autorité royale , 6e ils l'ont en-
core reftreinte beaucoup depuis; de forte qu'aujourd'hui
la Pologne eft proprement une monarchie ariftocrati-
que , gouvernée fous le nom d'un roi par les évêques ,
& par les nobles. Les fils même du roi ne peuvent
parvenir à la couronne; 6e fi outre leur naiflance, ils
n'ont les fufFragesde la meilleure partie des nobles, qui fe
trouvent à la diète , l'étranger leur eft préféré. C'eft
une politique de la république de propofer plufieurs
candidats , quand ce ne feroit que pour faire voir la con-
dition libre du royaume.
Quand le Roi eft mort , on ne lui rend point les hon-
neurs funèbres , qu'il n'ait un fucceffeur élu , & fouvent
couronné. Ce doit être une des premières aérions du
nouveau roi. Pendant l'interrègne , l'archevêque de
Gnesne , primat du royaume , en a l'adminiftration. Il
convoque les diètes , ôc détermine le tems de l'élection ,
la quantité de jours qu'elle doit durer , Se le lieu où elle
doit fe tenir. C'eft ordinairement dans la plaine de Var-
fovie , entre les villages de Wola Se de Powascki. On y
dreffe des tentes pour les prélats, les fénateurs 8e autres
nobles. Ce lieu eft environné d'un gland foffé , & on n'y
peut arriver que par une feule porte. Tout à Pentour font
les pavillons des îbldats , Se la campagne eft couverte de
corps de garde. Avant qu'on s'y rende , on affilie à une
meffe fokmnelle que chante l'archevêque de Gnesne ,
pour invoquer l'affiftance du S. Efprit. Quand on eft fur
le lieu , on admet les ambaffadeurs , non pas félon le rang
des couronnes, mais fui vant l'ordre de leur arrivée. Ils
font conduits par le maréchal des ambaffadeurs que l'on
crée exprès pour cette cérémonie , Se qui leur porte auffi
quelquefois les réfolutions de l'aiïemblée. Tant que dure
la diète , il faut qu'ils demeurent dans les lieux , qui
leur ont été afïignés , à quelque diftauce de Varfovie , afin
qu'ils ne puiffent rien tenter contre la liberté des délibé-
rations. Tous les nobles font dispofés par palatinats.
Chacun a droit de fuffrage , auffi-bien que les villes de
Dantzick , de Cracovie , cV de Vilna. Les voix étant re-
cueillies,l'archevêque de Gnesne quipréfide , fait un dis-
cours, & dit tout haut: Je nomme roi de Pologne , 07*
grand duc de Lithuanie N.....& prie le roi célefle , qu'il
veuille aider dans une fi pefante charge ce roi , qu'il nous
a de tout tems ordonné par fa Providence , & qu'il lui
pl.tije que [on êletlionfoit heureufeàla république , mais fa-
lutaire principalement pour la Religion Catholique. En-
fuite il commande aux maréchaux de publier la nomi-
nation ; ce qui étant fait , il entonne une hymne en
aétion de grâce, au bruit du canon , des trompettes Se des
tambours. L'éleétion ayant été fignifiée au prince élu , il
fe hâte d'arriver à Varfovie , où après avoir fait ferment
dans l'églife de S. Jean , Se à genoux, d'obferver les condi-
tions que fes ambafladcius ont acordées , le primat lui
remet entre les mains le décrer de fon élection , figné Se
fcellé des fceaux des principaux feigneurs qui y ont affi-
fté. Les généraux publient alors à la porte, que le roi lé-
gitimement élu a accepté fon élection ; Se l'archevêque
entonne le Te Deum. Le fénat délibère enfuite avec le
POL
primat fur le jour du couronnement, que l'on envoie
lignifier aux particuliers de chaque province ; & le roi
élu leur écrit , parce qu'il ne peut encore dépêcher ni
des députés ni des ambaffadeurs. Les maréchaux ne tien-
nent point devant le roi élu leurs bâtons de cérémonie
levés , il ne peut faire aucune fonction royale, avant que
d'en avoir les enfeignes , qui font la couronne Se le feep-
tre; les chanceliers ne fcellent rien , que le roi défunt ne
foit inhumé, qu'ils n'ayent rompu leurs fceaux fur fa fé-
pulture, Se qu'il en ait été donné de nouveaux : ce qui ne
fe fait qu'après le couronnement. * Le Laboureur , traité
du royaume Se du gouvern. de Pologne , p. 4.
Le roi élu , en arrivant à Cracovie, pour fon couron-
nement, y fait une entrée royale. Il descend au château ,"
Ôc fe rend enfuite à l'églife cathédrale de S. Staniflas , où
le chapitre le reçoit avec les honneurs royaux. On chante
le Te Deum , Se quelques jours après , on fait la céré-
monie du facre. Auparavant , il faut qu'il aille dans un
char à un lieu de dévotion de la Ville , nommé Skalka ,
où S. Staniflas , évêque de la ville , fut en difant la meffe ,
martyrifé parles émiffaires du roi Boleflas en 1079. La
couronne royale , dont la Pologne avoit été long-tems
privée pour ce meurtre , ne lui ayant été rendue qu'à
cette condition. Delà le roi va à pied à l'églife cathédra-
le , ôc le lendemain il y retourne pour communier devant
le tombeau de ce faint martyr. Le jour fuivant eft celui
du couronnement. L'archevêque de Gnesne, dans l'églife
duquel la cérémonie fe faifoit autrefois , la fait , comme
primat du Royaume , dans l'églife de Cracovie. Il dit la
méfie folemnellement , affilié des principaux Evêques :
il donne la communion au roi , lui met fur la tête une
couronne d'or , lui donne le feeptre à la main droite ,
Se en la gauche un pomme d'or , avec la croix telle que
celle de 1 empereur. Le roi monte enfuite fur un trône
élevé , Se l'on chante le Te Deum , qui eft la fin de la cé-
rémonie.
Le lendemain du couronnement , le nouveau roi fait
une cavalcade par la ville , la couronne fur la tête. Le
peuple marche devant, Se il eft fuivi des évêques Se des
fénateurs, qui lui viennent faire ferment de fidélité. II
descend dans la place de Bracka , où il monte fur un trô-
ne dreffé fur un hautéchafaud. Le fénat s'affied autour de
lui , fur des fiéges plus bas , Se on lui préfente de nouveau
le feeptre , la pomme d'or Se 1 épée. Il fe levé , 6e tourne
cette épée vers les quatre parties du monde , après quoi
il donne l'acolade a ceux des nobles , qui fe prefen-
tent à genoux devant lui pour la recevoir , Se qui en-
fuite fe peuvent qualifier chevaliers dorés , c'cfl-à dire à
l'éperon d'or. Les magiftrats de la ville lui font aufli
le ferment de fidélité : après quoi il retourne au châ-
teau , où , félon la coutume , il tient table pendant plu-
fieurs jours.
On appelle au roi de tous les magiftrats des villes ôc
des provinces. Il elt l'unique interprète des loix , Se du
droit public. La fonction du fénat eft de lui donner con-
feil fans lui rien preferire ; comme celle du roi eft d'en-
tendre les opinions , Se de décider par lui-même. Les
édits fe propofent dans le fénat , & fe font dans le cabinec
du roi. Il reçoit les avis des autres; mais il n'y a que lui
qui donne les ordres. Le fénat eft le témoin , & non l'ar-
bitre des actions Se de la vie du roi , à qui rien n'eft inter-
dit que l'injuftice Se la violence. De plus , on ne peut
obtenir aucun titre d'honneur, ou de prééminence , ni
même aucuns biens, que parJa faveur Se par la libéralité
du roi : ainfi il eft le maure des loix , de l'honneur ,
des biens, Se de la vie de fes fujets , qui ne peuvent espé-
rer aucune dignité que par fes bienfaits. Par ce moyen il
peut quelquefois faire mouvoir, arrêter , Se régler l'état ,
comme, il le defire. Dans le fond cependant cesdroits lui
donnent plutôt le pouvoir de faire du bien à fes fujets ,
que du mal. Il ne peut lever ni fubfides ni tailles , quelque
befoin d'argent qu'il puiffe avoir. S'il parvient à la cou-
ronne avant qu'il foit marié, c'eft au fénat à lui choifir une
époufe , dont l'alliance ne puiffe être fuspecte : du moins
le roi elt obligé de faire agréer le choix qu'il pourroit
faire. La reine reçoit des préfens de la nobleffe Se des
communautés , après les cérémonies de fon mariage, Se
à fon couronnement , qui fe fait aufli dans Cracovie, par
l'archevêque de Gnesne. Après leur couronnement , le
toi Se la reine vont eu cavalcade ; mais on ne doit à la
POL
POL
reine aucun hommage , ni ferment de fidélité. La
reine a fes grands officiers comme le roi ; favoîr un grand
maréchal , qui porte le bâton levé devant elle , lin grand
chancelier ou fecréraire , un tréfoiier , un coupier ou
échanfon. Elle a auffi , à caufe de fon fexe , une grande
maréchale , qu'on appetoe autrement majordome. Son
douaire s'affigne par les états fur le revenu de pluficurs
caftellanies , jusqu'à la concurrence d'une fomme. C'eft
auffilacoutume que le roi accorde les charges à fa prière,
& que ceux qui en font pourvus lui fanent préfent d'une
ou de deux années du revenu, ce qui ne va point à la
charge du royaume. Les loix lui défendent, auffi-bien qu'au
roi, d'acquérir, foit par achat ouparconfiscation aucun
bien en fonds: ni dedans, ni fur les confins de la Pologne,
afin de leur ôter toute ocafion de lever des troupes contre
l'état , pendant l'interrègne , ou autrement. Les reve-
nus du roi étoient autrefois plus confidéiables : chaque
feu lui devoir quelque cens : aujourd'hui les nobles ôc les
eccléfiaftiques ont ce droit chacun fur leurs terres , ôc mê-
me celui des péages Se partages , dont il en demeure peu
au domaine royal , de forte que ce domaine royal ne con-
fiée guère aujourd'hui qu'en quelques œconomies : en
une part aux falines, aux mines d'or ôc d'argent ,& autres
métaux ; en quelques pêches , dont le droit lui apparte-
noit autrefois tout entier , avec la charte que quelques
rois ont eu l'autorité de défendre à la noblerte ■> enfin dans
le tribut des Juifs , qui peut être regardé comme quelque
chofe de confidérable , tant par leur grand nombre, que
par les charges énormes qui leur font importées. * Vie du
cardinal Commendon , /. 4. p. 439.
Les évêques tiennent le fécond rang dans la républi-
que, ôc ont la première féance au fenat , comme féna-
teurs nés, à l'exception de ceux de Rulfie , qui fuivent
la religion grecque, ôc qui font mi-partis de côté ôc d'au-
tre , à la droire & à la gauche du roi. Il y a toujours un
évêque qui eft chancelier ou vice-chancelier. Ils ont en-
core obtenu ce privilège , que l'un des référendaires fe-
roit eccléfiartique , ôc qu'on éliroit encore deux chanoi-
nes en chaque églife cathédrale de Gnesne ôc de Craco-
vie , ôc un dans toutes les autres , pour affilier a l'afTem-
blée qui fe tient tous les ans à Peterkau & à Lublin , afin
qu'ils jugent avec un pareil nombre de gentilshommes
les caufes des palatinats en dernier reflbrt. Les évêques
de Pologne ne font que quinze fous deux archevêques ,
celui de Gnesne ôc celui de Léopold. Ce petit nombre
fait que les évêchés font d'un grand revenu. Ils étoient
autrefois électifs , ôc chaque chapitre devoit choifir un
de fes chanoines ■, mais depuis Jagellon , la plupart des
églifes ont perdu ce privilège. C'efl aujourd'hui le roi
qui nomme , ou fait élire qui lui plaît , pour récompenfer
fes créatures ; mais il ne peut nommer que des gentils-
hommes du royaume , fi ce n'eu; qu'il farte agréer au fé-
nat l'étranger qu'il voudroit pourvoir.
La noblerte du royaume eft reprefentée par deux corps
presque également confidérables , qui fonr le fenat ôc
l'ordre des gentilshommes. Le fénat eft compolé de
grands & petits fénateurs. Leurs charges font à la no-
mination du roi , qui ne les fauroit donner qu'à des no-
bles Polonois , fans qu'elles foient héréditaires dansleurs
familles. Les grands fénateurs font les Archevêques de
Gnesne ôc de Léopold, & les évêques de Cravovie , de
Cujavic , de Vilna , de Posnanie , de I loczko , de
VVarmie , de Culm, de Lucko , de Premirtie , de Samo-
gitie , de Chelm , de Kiow , de Kaminieck ôc de Smo-
lensko. Les féculiers font le caltelan de Cracovie,les
palatins de Cracovie & de Posnanie , qui alternent en-
semble pour la préféance , ceux de Vilna , de Sandomir ,
de Kalisch ,de Troki , de Siradie , de Lencici , de Brzescie,
de Kiow jd'Inowladirtaw, de Rurtîc, de Wolhinie , de
Podolie , de Smolensko , de Lublin , de Poloczko , de
Bielsck , de Novogrod , de Ploczko , de Vitepsk, de Ma-
fovie , de Podlachie, de Rava , de Chelm , de Culm ,
de Mziflaw, de Marienbourg , de Bracklaw , de Pomé-
xanie , de Minsko , & de Czernicow : les caftelans de
Vilna , de Trocki , ôc le ftaiofte de Samogitie. Les petits
fénateurs font les cartelans , qui font les lieutenans
des palatins & les chefs de la noblerte , dans leurs ca-
ftellanies-, ils font divifesen grands & en petits cafte-
lans. Les officiers fénateurs , font les grands officiers
du royaume de Pologne ôc du grand duché do Li-
thuahîe , favoîr le grand maréchal du royaume , ôc lé
grand maréchal du duché ; les chanceliers , vice*
chanceliers de ces deux états : les deux grands ttéfo-
riers j le petit maréchal , ou maréchal de la cour du
royaume , ôc celui de la cour du duché. Le confeil ,
que les Polonois regardent comme le plus ferme appui de
la république , eft continuellement appliqué à veiller fur
la conduite du roi , afin qu'il n'étende pas fon pouvoir
plus loin que les loix ne le permettent. C'eft pour cela
qu'il y a toujours quatre fénateurs auprès de fa perfonne ,
qui fous prétexte de lui faire honneur & de l'affifter de
leurs confeils , font les espions de fa conduite. Le con-
feil , dont le grand-maréchal de la couronne efl le préfî-
dent perpétuel , régie toutes les affaires de l'état avec le
roi ; Ôc fans fon confentement , on ne peut établir des
impôts , créer des loix , faire la paix ou la guerre, ôc
battre de nouvelles monnoies. Cette charge de grand-
maréchal eft une des plus lucratives de la cour. Son pou-
voir y eft très-grand , &il n'y a aucun fénateur qu'il ne
précède. Il eft comme grand-maître de la mai fon du roi ,
comme grand-prevôt , comme grand-maître des céré-
monies , ôc comme juge ôc maître de la police .avec pou-
voir de faire des loix ôc d'exécuter fes arrêts même ca-
pitalement. Il ajurisdiélion fur tous les Officiers de la ta-
ble du roi , ôc fur toute la noblerte de la cour. Il juge
fouverainement les crimes qui s' y commettent , met le
prix aux vivres , reçoit les ambafiadeurs , prend foin de
leur Traitement , les conduit à l'audience, admet au fénat
ceux qui ont droit d'y entrer , & fait fortir ceux qui
n'en font point. Le grand maréchal de la reine n'eft
abfolu que dans fa maifon , dont il a la furinten»
dance.
L'ordre des gentilshommes eft comporté de toute la
noblerte de Pologne 6c de Lithuanie. Ce corps eft extrê-
mement puirtant , foit par fon nombre , foit par fes ri-
chef les. Il peut feul polleder toutes les chai ges & les biens
du royaume ôc du duché. 11 a le droit d'élire le roi , ôc
de lui preferire , lorsqu il eft élu , certaines conditions
nommées en Pologne , Patta Converti a , par lesquelles il
fait ferment fut les autels de conferver les droits & les
privilèges delà république. Lorsqu'on le convoque pour
marcher contre les ennemis , il ne peut être artemblé que
pendant l'espace de fix lemaines , avec cette différence
qu'on oblige la noblerte de Pologne d'aller trois lieues
hors du royaume , ôc que celle de Lithuanie peut n'en
pas fortir » fi elle veut. Chaque gentilhomme a droit de
vie ôc de mort fur les payfans , ôc l'on n'en peut arrêter
aucun, s'il n'eft convaincu du crime dont on l'accu fe. C'eft
de ce corps qu'on tire les nonces , qui font lesdeputés des
palatinats aux diètes. Le roi Cafimir III établit ces non-
ces, lorsque , cherchant les moyens d'avoir de l'argent
pour payer l'armée , il ordonna à tous les palatinats d'en-
voyer des députés à la diète. Ils n'y affilièrent enfuite que
pour recevoir les nouvelles conllitutions, ôc les faire pu-
blier dans leurs provinces \ mais fous le règne de Sigis-
mond Augufte , autorifés par la licence des religions nou-
velles , ils voulurent entrer en connoiflancede toutes leurs
affaires , ôc l'autorité qu'ils ufurperent les rendit pres-
qu'auffi puiflansque le fénat. Les fuccerteurs de ce prince
les ayant appuyés fous main , les ont maintenus dans
leurs prérogatives, afin de n'être pas moins abfolus par
eux dans les provinces, qu'ils tâchent de l'être dans le fé-
nat. Ils ont dans les diètes une chambre particulière où
ils s'affemblent , pour rapporter enfuiteau roi & au fénar.
les réfolutions qu'ils ont prifes. Ils ont un pouvoir qu'ils
ne peuvent excéder ; ôc un feul eft capable de rompre 1%
diète , fi fon fentiment eft contraire à tous les autres , ÔC
s'il y perfifte. La diète , qui eft l'affemblée générale des
états du royaume ôc du grand duché de Lithuanie, fe tient
deux années à Varfovie , ôc dans la troifiéme , on la con-
voque à Vilna , ou à Grodno , pour contenter les Lithua=
niens , qui murmuroient de ce qu'on n'en tenoit peint
dans leur pays. Elleconfille au fénat compofé d'environ
centcinquanteperfonnes.lorsquetous ceux qui ont droit
d'y être reçus , s'y rendent , ôc aux nonces , dont la cham-
bre eft compofée des dépurés des palatinats ôc terri-
roires. Leur nombre n'eft point réglé , ôc ils ont leur ma-
réchal à leur tête.
Le roi , le fénat & la noblerte , font les trois ordres
qui compofent la république ; les bourgeois qui habitent
POL
1021
dans les villes, Se les payfans qui demeurent dans la
campagne , ne font point compris dans les états ou
ordres du royaume , parce qu'ils n'ont aucune part au
gouvernement de la république , fi ce n'eft les trois
principales villes i favoir Cracovie pour la Pologne,
Vilna pour la Lithuanie , & Dantzick pour la Prune. Les
bourgeois des bonnes villes ont quelques prérogatives
par-deffus les payfans. Ce qu'ils poffedent eft abfolument à
eux , Se ils font eux-mêmes à eux , privilège que n'ont
point les payfans , qui ne peuvent fans la permiffion
de leur feigneur , fortir de fa terre pour paffer au fer-
vice d'un autre. Leurs maifons font de chetives cabanes ,
faites d'arbres chevillés : pour la plupart ils n'ont qu'un
feul endroit , où font avec eux les vaches Se les chevaux ,
ou du moins les veaux, les moutons qui y font rares Se de
peu de goût , les pourceaux & les poules. Leurs enfans
couchent fur la paille, Se la plupart nuds & fans che-
mife , à caufe de leur pauvreté. Ce n'eft pas que la Po-
logne n'abonde en beaucoup de chofes néceflaires à la
vie. On y recueille une grande quantité de miel Se de
cire , Se (es campagnes produifent allez de bled pour en
fournir aux royaumes du nord & aux Pays-Bas. Il n'y a
aucun pays en Europe , où les pâturages foient aufïï bons,
Se où le bétail foit en auffi grand nombre. Les étangs
donnent du poiflbn en quantité , Se les forêts font rem-
plies de toutes fortes de bêtes fauves. Si la Pologne étoit
une monarchie abfolue , peu de puiffances feroient capa-
bles de lui réfiftei'i mais le roi ne peut fe venger d'une
injure dans le premier feu de fa colère. Il faut que le fé-
nat compofé de tant de têtes , confente à la guerre , s'il
la veut faire , Se il ne s'y réfout que fort difficilement , à
caufe que le plus fouvent les prélats qui ont la première
voix , aiment mieux jouir en paix des grands revenus de
leurs bénéfices , que de les employer aux frais de la guer-
re. Les armées des Polonois font puiflantes quand ils en
affemblent , & leurs troupes font nombreufes. Quand la
république eft menacée de quelque danger prenant , il y
a toujours plus de cent mille gentilshommes prêts à mon-
ter à cheval. Us font vaillans Se guerriers, jaloux de leur
liberté Se de leurs droits , fouffrant difficilement que les
étrangers fe mêlent de leurs affaires. Cependant les fouve-
rains de Ruffie , depuis le commencement de ce ficelé ,
les tiennent comme en échec, Se leur donnent la loi, fous
prétexte de fecours Se de maintien des alliances. *■ Har-
thfioch, de Republ. Polon. /. i.c. i.
Leurs forces confiftent plus en cavalerie qu'en infan-
terie , Se il n'y a pas moins de variété dans leurs armes ,
que de bizarrerie dans leurs habits. Les uns font vêtus à la
mode du pays , les autres à la hongroife , quelques-uns à
la turque , ou à la manière des Tartares. Il y a des com-
pagnies armées d'un arc , d'une troufle & d'un fabre , Se
d'autres qui portent des boucliers Se des lances : quel-
ques-uns prennent le casque Se la cuirafle,& on en voit
qui fe fervent d'armes pefantes. Cette différence n'excite
pas moins leur courage dans les combats qu'elle donne
de frayeur à leurs ennemis. En général on peut dire que
les Polonois font robuftes Se de taille médiocre ; ils ont
le teint blanc Se la couleur vive & vermeille. Ils font
aflez polis : ils obéiflent volontiers à leurs magiftrats ;
mais on leur reproche , comme aux autres peuples du
nord , l'excès dans le boire Se dans le manger , ce qui eft
caufe que leurs feftins font quelquefois fuivis de querel-
les , & même enfanglantés. Les gentilshommes , pour
peu qu'ils foient aifés , entretiennent un grand nombre de
gens à leur fer vice , Se quelquefois au-delà de leurs reve-
nus : ils en ont même qui ne font obligés qu'à les fuivre
fans les fervir. Les dames, lorsqu'elles vont par la ville
ou à la promenade , font précédées par leurs valets , Se
fuivies de leurs femmes de chambre , & de leurs fervan-
tes. Les bourgeoifes même marchent rarement , fi elles
n'en ont quelques-unes après elles. Leurs maifons font
presque toutes couvertes de paille , Se bâties de bois , non
que la brique leur manque: mais comme leur pays eft
mal fortifié , & qu'il eft fouvent expofé aux courfes des
Turcs , des Tartares & des Moscovites, fitôt qu'ils favent
l'approche de leurs ennemis , ils mettent le feu à ces mai-
fons de peu d'importance , après en avoir enlevé ce qu'ils
avoient de plus précieux. Alors ils s'affemblent en corps
d'armée , pour faire tête à ceux qui viennent les attaquer.
Presque tous les Polonais , même les gens du commun ,
POL
font apprendre la langue latine à leurs enfans , & la plu-
part des gentilshommes, outre la langue esclavone , qui
leur eft naturelle, parlent allemand, françois , italien
Se espagnol. La langue polonoife eft un dialecte de l'es-
clavone j mais elle eft mêlée de plufieurs mots allemans.
Leurs vêtemens font fort riches: ils portent pour la plu-
part des bottines couleur de foufre, qui ont le talon ferré,
un bonnet fouré , & des veftes fourrées de zibelines, qui
ne leur vont que jusqu'à mi-jambe.Il y a de ces fourrures
qui vont jusqu'à mille écus ; mais ces fortes de veftes ne
paroiflent guère que dans les diètes , ou dans les fêtes de
cérémonie. Ils n'ont pour tout linge que des chernifes Se
des caleçons , Se ils portent les cheveux coupés jusqu'au-
deflus des oreilles. Ii fe rafent la barbe , à la réferve des
mouftaches qu'ils laiflent croître , pour donner de la ter-
reur à ceux qui ne font pas accoutumés à les voir. Us mar-
chent fort gravement , toujours le fabre au côté , qu'ils
ne quittent que pour fe coucher. Ce fabre eft foutenu par
une courroie de cuir, où ils portent leur mouchoir pen-
du , avec un couteau dans une gaine Se une pierre pour
l'aiguifer tous les matins. Us fe lavent le vifage Se le cou
avec de l'eau froide , quelque tems qu'il fafle. Dans tous
les mois de l'année on fe baigne en Pologne. Il n'y a point
de maifon de perfonnes de qualité qui n'ait des bains
particuliers , Se on en trouve de publics dans les principa-
les villes. On baigne les enfans deux fois le jour , fitôt
qu'ils font nés: ce qui fe continue plus de deux ans. Cela
eft caufe qu'étant endurcis au froid , dès leur plus tendre
jeuneffe » ils deviennent extrêmement forts. Ceux qui ne
font pas nobles, font habillés comme les nobles ,ficc n'eft
que leurs veftes Se leurs fourrures foint moins magnifi-
ques , &que leurs bottines font rouges ou bleues ; car il
n'y a que les gentilshommes qui ayent droit d'en porter
de couleur de foufre. Les dames font honnêtes , civiles ,
fimplesenleursmœurSj&pompeufesen leurs habits. Elles
portent une jupe aflez courte, d'une riche étoffe, avec une
espèce de jufte-au-corps de même , fourré de zibelines ,
qui descend fort bas , Se fur cela un nombre infini de
pierreries, tant en nœuds d'or émaillé , qu'en chaînes Se
autres façons. Elles ont auffi la tête parée de pierreries ,
Se un bonnet par deffus. Ce faite donne à penfer que les
mariages des gentilshommes Polonois leur caufent bien
de la dépenlé. Les fêtes des noces Se les funéraillesen cau-
fent auffi beaucoup. Il n'y a ni pauvre ni riche, qui , lors-
qu'il fe marie , ne donne pendant trois jours des feftins à
tous fes parens Se amis. Les enrerremens fe font avec
une pompe extraordinaire , Se font fuivis d'un grand fe-
ftin.
La juftice fe rend félon les ftatuts du royaume , que
Sigismond I fit rédiger en un cops en 1520. C'eft ce qu'on
appelle droit polonois ; Se quand il arrive certains cas
qui n'y font pas compris, on fe fert du droit faxon. En
15 78 , fous le règne d'Etienne Battori , il fut réfolu à la
diète de Varfovie , qu'on établiroit trois tribunaux fupé-
rieurs ; le premier à Petrikow , pour les affaires de la
grande Pologne Se de la Pruffe royale; le fécond à Lublin
pour celles de la petite Pologne , Se le troifiémeà Vilna
pour celles de la Lithuanie. Ces tribunaux font compofés
de nobles eccléfiaftiques choifis , comme je l'ai déjà re-
marqué ci-deflus , entre les chanoines des églifes cathé^
drales , Se de féculiers choifis dans les palatinats. Les
premiers font deux ans en exercice , Se les autres quatre.
Les Jugemens s'y rendent à la pluralité des voix , Se on
peut en appeller au roi. Ces tribunaux jugent en dernier
reffort les affaires civile de la noblefle. Un gentilhomme
ne peut être emprifonné ni jugé que par le roi & le fénat.
Il n'y a point de confiscation , & la profeription n'a lieu
que pour les crimes capitaux au premier chef , qui font
les meurtres , les aflaffinats , Se la conjuration contre l'é-
tat. Si le criminel n'eft point arrêté prifonnier dans l'a-
ction , il n'eft pas befoin de lever de troupes, ni de l'aller
invertir. Il eft cité pour fubir le jugement du roi Se du
fénat. S'il ne comparoît pas , on le déclare infâme Se
convaincu ; par là il eft proferit, Se tout le monde peut
le tuer en le rencontrant. Les magiftrats font obligés de
le faire chercher dans leurs diftriéts, Se de l'arrêter prifon-
nier, pour leréprefenter au tribunal du roi. La Pologne
qui obéit ponctuellement à fesloix, n'a point de pitié
pour ceux qui les offenfent,&fi un gentilhomme proferic
ne garde fon baia, ou l'arrête & on le punit. Les palatins,
POL
qui ont auffi leur jurisdiction , ne connoiffent que des af-
faires des Juifs -, & la juftice des maréchaux s'écend feule-
ment fur les officiers de la maifon du roi , fur les mar-
chands & fur les étrangers. Chaque ftaroftie a pareille-
ment fa jurisdiction dans l'étendue de fon terroir. On ap-
pelle des magiftrats des villes au chancelier , ôc la diète
en décide,quand l'affaire eft importante. * Le Laboureur ,
gouvernement de la Pologne , p. 41.
La religion catholique domine en Pologne , quoique
levoifinage des Allemans ait atiré beaucoup d'hérétiques
aux environs de Cracovie.Elle règne dans la Mazovie toute
en:iere,& il en eft presque de même de la Cujavie. La Li-
thuanie eft infectée de diverfes fectes , & on y trouve
grand nombre de Grecs, de Sociniens ôc d'Ariens. Il y a
dans la Ruffie Polonoife beaucoup d'Arméniens qui font
leur principale demeure à Léopold. La Podolie ôc l'U-
kraine font pleines de Rutheniens , qui fuivent la foi Ôc
les cérémonies des Grecs, fous le métropolitain de Kiow,
dont la jurisdiction eft foumife à celle du patriarche de
Conftantinople. Il y a auffi dans la Pologne plus de cin-
quante mille Juifs , qui vivent épars dans les villages , avec
liberté entière de pratiquer leur religion. Ils font vêtus
d'une robe courte ôc noire , avec de méchantes fraifes, &
ils fourniflent au roi ôc au fénat qui les protègent toutes
les fommes dont ils ont befoin dans les prenantes nécefli-
tés.
Plufieurs ont prétendu que la Pologne , fous fes pre-
miers'ducs comprenoit l'ancienne Sarmatie, &j une gran-
de partie de la Germanie : mais les plus anciens hiftoriens
d'Allemagne affûtent que la Pologne étoit bornée à l'o-
rient par la Ruffie , Se que la Ruffie en étoit féparée par
la Viftule. 11 paroît donc que l'ancienne Pologne com-
prenoit ce que nous appelions grande &c petite Pologne
avec une partie de la Mafovie , de la Siléfie ôc de la nou-
velle Marche.
Ce royaume, tel qu'il eft aujourd'hui, eft différem-
ment divifé par les géographes. En général on le divife
en Pologne ôc en grand duché de Lithuanie , parce que la
nation n'eft proprement çompofée que de deux peuples,
les PoUnois ôc les Lithuaniens , qui fourniffent chacun
Séparément un certain nombre de fénateurs, Se de grands
officiers. D'autres divifent ce royaume en trois portions,
la Petite Pologne , la Grande Pologne , ôc le Grand Du-
ché de Lithuanie. Cette divifion fe fuit ptincipalement
dans les diètes ; car , lorsqu'il eft queftion d'élire un ma-
réchal des nonces , on le prend premièrement dans la
petite Pologne , enfuite dans la grande Pologne, & enfin
dans la Lithuanie. On a encore égard à cette divifion
dans les différentes commiffïons , lorsqu'il s'agit de char-
ger quelqu'un d'une affaire qui regarde toute la républi-
que : ordinairement on choifit quelques coinmiffaires
dans la grande Pologne , d'autres dans la petite , ôc d'au-
tres dans la Lithuanie. On s'eft encore conformé à certe
divifion dans l'établiffement des tribunaux fupéricurs ;
car on en a mis un dans chacune de ces trois portions du
royaume. Enfin la Pologne fe divife en duchés ôc en
provinces , que l'on fubdivife en palatinats , terres ôc
diftricts. Voici , fuivant Sanfon , une table , ou une divi-
sion géographique de ce royaume.
TABLES ou DIVISIONS DE POLOGNE.
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Czaczanick.
rLampol ,
fur le J Kamimkkaj
, Nieftçr LRaskow.
POLONIT^. Voyez. Phaltî.
POLOSUS , ouPoloson , village de la Bœotie. Pau-
fanias , /. 9. c. 20. dit qu'on vouloic que ce fut dans ce
lieu qu'Aralante fixa fa demeure.
POLOTTA , petite rivière de la Lithuanie , dans le
Palatinat de Poloczk. Elle prend fa fource vers le nord ,
dans un lac , d'où,coulant vers le midi , elle arrofe la ca-
pitale où elle fe joint à la Duna. * Atlas, Robert de Vau-
gondy.
PÔLPA , ville de la Macédoine, félon Ortelius , The-
faur. qui cite Phlegon.
POLSTORF , bourg de la Baffe- Aurrichc.à fept lieues
de Newbourg. Cinquante-trois maifons de ce bourg fu-
rent entièrement dévorées parles flammes, le 21 de Juil-
let 1741.
1027
POLTZIN, dans la Poméranie ultérieure. Il y a de
bonnes manufactures de draps.
POLUNG , montagne de la Chine , dans la province
d'Iunnan , au couchant de la ville de Chinyvcn. Elle efl
formée par une grande quantité de collines, qui.s'élevant
infenfiblement les unes fur les autres, représentent affez
bien les vagues d'une mer agitée. Delà vient le nom qu'on
lui a donné ; car Polung fignifie la grâce de la mer. *
Atlas Sinenfis.
POLURA , ville de l'Inde , en-deçà du Gange. Ptolo-
mée yl.y.c. 1 . la place entre la première embouchure d%
ce fleuve du côté de l'occident , & fa féconde embou-
chure. Le manuferic de la bibliothèque Palatine porte
Palura.
POLUS. Voyez. Polusca.
POLUSCA , ville d'Italie , dans le pays des Volsques.
Ce fut félon, Tire Live , /. 2. c. 39. une des places que
Coriolan enleva au peuple, Romain. Elle étoit peu éloi-
gnée de Longula , aurre ville des Volsques. Denis d'Ha-
licarnafle , /. 6. p. 41 2. lit Polus pour Polusca. Il y a
apparence que c'eit unefautedecopifte;carau/. 8. p. 509.
il écrit lïoXva-Kii. Il appelle les habitans Poluscani >
mais Pline ,/. 3. c. 5, les nomme Iollustini &
Pollustii.
i'OLY^EGOSjifle que Pline, /. 4. c. 12. met au nom-
bre des ifles Sporades. Pomponius Mêla , /. 2. c. 7. con-
noît cette ifle ; & dans le tréfor de Goltzius on trouve
une médaille avec cette infeription : noAYAirmN. Le
père Hardouin dit q .e c'eft aujourd'hui l'ifle Polegafa ,
près de celle de Standia. L'ifle Polegafa , dont on parle
ici , eft fans doute la même que l'ifle Polino i car la plu-
part des géographes nous apprennent que Polino s'ap-
peîloit anciennement Polyœ^os. Corneille veut que Polya-
goi foit aujourd'hui l'ifle Falconara , mais il efl le feul de
ce fentiment.
POLYANDRIUM.Ko>^ Motrasti.
POLYANDUS, ville de la petite Arménie. Ptolomée,
/. ^ c- 7- la place dans la prélecture appellée Caraonie ,
entre Dalijandus (k Comana. Au lieu de Poly.indus , le
manuferft de la bibliothèque Palatine porte Padyandus.
La ville de Podandum de l'itinéraire d'Àntonin étoit dans
ces quartiers.
POLYANUS , montagne de la Macédoine , félon
Strabon, /. 7. p. 32.7.
POLYARA , ville de la Carie. C'eft Etienne le géo-
graphe qui en parle.
ÎOLY ARRIS. Voyez Taurus.
POLYBIANUM , vil'e de la Hâtite-Pannonie, félon
Lazius qui cite le livre des préfectures. Il ajoure que le
nom moderne eft Leybnicz. * Codex Prœftciura-
rum.
BOLYBOTI , fu'ge épiscopal d'Afie. La notice de
Léon le ^age le met parmi les évêchés de la féconde Ga-
larie. 11 eft encore parle de cette ville dans le concile de
Chalcédoine. Le peie Hardouin place ce liège dans la
Phrygie falutafae.
POLYCHALANDUS , fiége épiscopal de Lydie.
Ortelius dit que faint Epiphane parle d'un certain Phœ-
bus qui étoit évêqué deceliége,cS:qui afliita au concile de
Séleucie de l'an 3^9.
POLYCTOR1UM , lieu de l'ifle d'Ithaque , félon le
grand Etymologifle.
POLYDE, ville d'Italie. Solin,c. 2. qui parle de cette
ville, dit qu'elle fut bârie par lescompagnons d'Hercule.
Voici le paffage de cet auteur: Nam qms ignor atveldicia
vel condita à Comitibus Herculis Polyden , ab ipfo in
Campania Pom\às. Martianus Capella ,/. 6. de ltalia t
qui ne connoifïoir point en Italie de ville nommée Po-
lyde , a fupprimé ce qui la concernoit en copiant cet
endroit de Solin. Au lieu de dire à Comitibus Herculis
Polyden , flb ipfo in Campania Pomptios , il dit Ample-
ment ab Hercule Pompeios. C'eft ainfi qu'on lit dans les
manuferitsde Martianus Capella ; car dans les exemplai-
res imprimés la faure elt bien plus grande. Le pafiage y a
été entièrement corrompu par l'ignorance de l'éditeur.
Il lit : Ab Hercul Htrculianum ad radicem Vefnvii , à
quohaud procul V mpei"s. Il fait dire ainfi à fon aureur
unechofeà laquelle il n'a jamais penf ;car Martianus Ca-
pella s'étoit contenté de (opprimer ces mors: à Comitibus
Herculis Fvhden. Quelques manuferits , & même les
Tom. IV, O o o o 0 o ij
io28 POL
POM
meilleurs, portent Polyclen pour Polyden.Nc feroit-
ce point , dit Saumaife, la même ville qu'Etienne le géo-
graphe appelle Polieon , UoXi'iw ,Sc qu'on appclloit au-
paravant Siris. Le même géographe place la ville
de Siris , près de Métaponte , Se dit qu'on changea
fon nom pour l'appeller Polieon , du nom de Minerve
Poliade. Pline nous apprend encore que cette ville de Si-
ris avoit été appellée Heraclée. Strabon , /. 6. dit que
quelques-uns vouloient qu'elle eût été bâtie par les Rho-
diens,mais qu'Antiochus éciivoit que les Tarentins,
s'étant battus pour la propriété de cette ville , contre les
Thuriens Se Cléandrias , fugitif de Lacédémone , par
l'accord qu'ils firent entre eux ,1a ville de Siris fut adjugée
aux Tarentins. Il ajoute qu'elle fur dans la fuite nommée
Heraclée , Se , comme Etienne le géographe , il la met au
voifinage de Métaponte ; mais il éctit mal à propos
noxiïûv pour Uox'mov. Selon le même Strabon, Siris étoic
une ville d'Italie, fondée par lesTroyens , enfuite appel-
lée Polieon par les Chones, & enfin nommée Heraclée.
Ce dernier nom , félon Solin, lui fut donné par les com-
pagnons d'Hercule , tout cela femble dire qu'il faut lire
Polieon pourPolyden dans Solin. Le fcholiafte de Lyco-
phron change les tems où cette ville porta ces différens
noms. Il dit qu'elle fe nomma d'abord Polieon , enfuite
Heraclée, de enfin Siris ; Se Lycophron lui-même ne
s'accorde pas mieux avec Strabon touchant la fondation
de cette ville , tant eft grande la différence qui fe trouve
dans les origines delà plupart des villes. * Plinïan . Exer-
cit. in Solin. t. i.p. 57.
POLYDEGMON , montagne d'Italie. Ortelius , qui
cite Lycophron , dit que tous les fleuves d'Italie prennent
leur fource dans cette montagne.
POLYDEUCEA , fontaine de la Laconie , près de la
ville Théraphe. Quelques-uns veulent , dit Paufanias ,
/. z.c.io. que cette fontaine aie autrefois été appellée
Messeïdes.
POLYD1PSION. Voyez. Argos , «. 1.
POLYDORA , ifle au voifinage de Cyzique , félon
Etienne le géographe , Pline, & Diodore de Sicile. Voyez.
POLIDORORUM ClVITAS.
POLYDORI-TUMULUS, lieu de laThrace. Solin,
c. 20. p. 28. le place fur le mont ./Emus , dans la partie
qui étoic habitée par les Arotercs , Se Pline , /. 4. c. n.
femble le mettre dans le voifinage de la Ville Aœnum ou
JE nos.
POLYGIUM , ville de la Gaule Narbonnoife , félon
Ortelius, qui cite Sextus Avienus.
POLYMARTIUM. Voyez, Polimatrium.
POLYMEDIUM , village de l'Afie mineure , dans la
Myfie. Strabon ,/. 13. p. 606. dit qu'il étoit à quarante
ftades de Leéton. C'eft le même lieu que Pline,/. 5. c. 30.
place dans la Troade , Se qu'il appelle Polymedia.
POLYMELI. Voyez. Orchomene.
POLYPHAGI , peuples qui habitoient fur le mont
Caucale , félon Strabon , /. 21. p. y 06.
POLYPODUSA , ifle fur la côte de la Cnidie , félon
Etienne le géographe.
POLYPORUS , fleuve de la Troade : Strabon , /. 1 3.
p. 602. £^603. dit qu'on l'appelloit auifi Heptaporus.
POLYREN, ville de Me de Crète, félon Etienne
le géographe :Polybe,/. 4.». 53. & 6x, appelle les ha-
tans Polyrrhenii. C'eft la même ville qui eft appellée
Polyrrhcriutm par Pline, /. 4. c. 12. & Polyrrhenia
pai Ptolomée , /. 4. c. 17.
POLYRRHETHIUS , lieu voifin deConflantinople,
félon Pierre Gilles dans fa defeription du Bosphore.
POLYSTEPHANUS. Voyez, Tibur SC Pr>eneste.
POLYTELI A, ville de Méfopotamie, à ce qu'il paroit
par un partage de Pline, /. 6. c. 14.
POLYTIMETOS , fleuve de Scythie. Ptolomée ,
/. 6. c. 14. le place en-deçà de l'Imâiis. Arrien Se
Quinte-Curce le mettent dans la Sogdiane , auffi bien
que Strabon, dont l'interprète Xylander rend ce nom
par un nom appellatif , mulii pretii. Niger appelle ce
fleuve Arno.
POLYSELI-VILL A , lieu de Sicile , dont parle Théo-
phrafle , in Nicia. C'éroit une ferme où Démofthene , fé-
cond général de l'armée des Athéniens, envoyéeen Sicile
fous la conduite de Nicias , fut enveloppé & fait prifon-
aicr avec toute fon armée, après s'être défendu long-tems
avec courage. Plutarque appelle en cet endroit «wX«V »
ferme , ce que Thucydide nomme %«/>/oi> t« «w^à,
l*lv Tuyiov 7npiov , un lieu environné d'une muraille
féche. C'étoit proprement une ferme, comme on en voit
encore plufieurs de cette manière , ou une espèce de petic
bourg. Cette remarque eft de Dacier.
POM A , petit royaume de la Sibérie , fitué vers l'em-
bouchure du fleuve Jenifeu. Il eft borné au nord par la
mer Glaciale , Se eft éloigné de la Chine de quatotze
mille li. Ce pays a un mois de chemin d'orient en oc-
cident , Se cinquante jours du nord au fud. Il eft voifui
de celui des Kie-ko, Se les habitans refiemblent à ces
derniers pour la figure , quoiqu'ils ayent une langue dif-
férente. Les Turcs occidentaux s'en rendirent maîtres vers
le milieu du feptiéme fiécle. Ces peuples fe nourriflenc
du lait de leurs chevaux , Se ne montent point defïiis. Ils
aiment la chaffe , la pêche. Ils prennent des poiflbns ,
des cerfs, des espèces de caflors,des martres zibelines, en
mangent la chair & s'habillent des peaux. Ils cherchent
les prairies Se les rivières. Ils ont pour armes l'arc , la fie-
che , le fabre & la lance. Ils font des bateaux avec des
écorces d'arbres. Us ont peu de fer j leurs vafes font de
terre Se de cuivre. Tous les chevaux de ce pays font pies.
* Hifi. générale des Huns , /. 11.
POMAR , châtellenie de France , dans la Bourgogne,
au bailliage de Beaune. La métairie de l'Irville en dé-
pend. Il y parte une petite rivière nommée Vanderne ,
fut laquelle il y a deux ponts. Le village de Pomar eft fi-
tué fur la pente de la montagne. C'eft un vignoble , dont
le vin eft très- bon.
POMBEYRO (Sainte Marie de ) , abbaye d'hommes,
ordre de S. Benoît, en Portugal , dans la province entre
Duero Se Minho , à [une lieue de Quimara'ens. Elle fut
fondée l'an 1041.
POMBO , nom général dont on fe fert pour défigner
le fond du pays en Afrique, à l'orient du royaume de
Loango , au midi de celui de Micocco ou d'Anzico , &
au nord du royaume de Congo. * D'Anville , carte du
royaume de Congo.
*POMEGUE, Pomponiana, ifle de France, fur la côte de
Provence , près de î'ifle d'If. C'eft une des trois petites
ifles communément appellées Isles de Marseille ,
parce qu'elles en défendent le port, n'étant qu'à une lieue
de fon entrée. Elle n'a qu'un mille Se demi de longueur,
Se un demi-mille de largeur. Cette ifle forme une partie
du canal , qui eft entre les trois ifles de Marfeille. Il n'y a
qu'une tour où l'on envoie un détachement de la
garnifon d'If. Elle eft ftérile comme les autres ifles voifi-
nés.
POMERANIE , Pomerania, province d'Allemagne;
avec titre de duché. Elle eft fituée le long de la mer Bal-
tique, qui la baigne au nord , Se elle eft bornée à l'orient
parla Prufle&la Pologne , au midi par la Marche de
Brandebourg , Se à l'occident par le duché de Mecklen-
bourg. Le nom de Poméranie , n'eft point connu avant le
onzième fiécle. Le pays prenoit auparavant le nom des
Venedes& desSuévesqui l'habitèrent, Se enfuite celui
des Sclaves qui s'y établirent , Se prirent , à ce qu'on
croit, le nom dePoméraniens de leur habitation proche
de la mer Baltique. En effet Porno Maris fignifie en vieux
langage Sclave auprès de la mer. Ces peuples occupèrent
le rivage de la mer Baltique , depuis l'embouchure de la
Wiftule jusqu'à la CherfonnèfeCimbrique,ou presqu'ifle
de Jutland. Ce pays fut enfuite divifé en plufieurs prin-
cipautés qui eurent chacune leurs feigneurs particuliers :
la Vandalie& le duché de Mecklenbourg demeurerentà
Udon , fils aîné de Miftevon , roi des Vandales, Se la Po-
méranie fut le partage de Ratibor Se de Bogiflas. Le pre-
mier laifla huit enfans , qui furent tout maffacrés par
Magnus , roi de Danemarck , dans le duché de Schles-
wic,en 1048. Bogiflas fut père de Suantibor , à qui les
Polonois firent long tems la guerre , parce qu'il refufoic
de leur obéir ,• en mourant il partagea fes états entre fes
enfans qui fe firent Chrétiens, Se qui , après avoir fecoué
le joug de la domination des Polonois , enlevèrent l'iflc
d'Ufedom aux Danois. Wratiflas Se Ratibor eurent la
Poméranie citérieure , Se firent la branche de ce nom ; Se
Suantuopulce I & Bogiflas eurent la Poméranie ultérieu-
re ; mais Suantuopulce fut pris par Boleflas Crivoufte ,
duc de Pologne, Se mourut fans enfans en 1 120, de forte
POM
POM
que Bogiflas continua la branche de la Poméranie ulté-
rieure. Iljnourut en 1187, laiflant d'Anne , fille de Mie-
ciflas, duc de Pologne, Sambor 8c Meftovin II , qui eut
entre autres enfans Suantuopulce II,qui reprit fur les Da-
nois ce que fes ancêtres avoient perdu. Il fitauffi la guer-
re aux Polonois , qu'il refufa de reconnoïtre pour fes
fouverains. Lcscus le Blanc , duc de Pologne , mit tout
en ufage pour le furprendre ; mais Suantuopulce l'ayant
furpris lui-même dans le bain , le tua comme il vouloir
s'enfuir. Wratiflas Se Meftovin , fes fils , tâchèrent d'en-
lever aux chevaliers de Prude , les biens qu'ils avoient
prisa leur coufin. Enfuire Wratidas voulut priver fon
frère de ceux qui lui appartenoient,& le tint prifonnier
dans un château : celui-ci ayant trouvé moyen de fe fau-
ver en 1172 , appella à fon fecours Conrad , margrave
de Brandebourg , Se lui engagea la ville de Dantzick ;
mais, comme il fe préparait àjfaire la guerre à fon frère ,
il mourut fubitementeni27j. Meftovin enleva Dantzick
aumargrave de Brandebourg, Se enfuite, par l'accommo-
dement qu'il fit avec lui , il lui donna une fomme d'ar-
gent en dédommagement des frais qu'il avoit faits. Il
mourut en 1 29c ; Se comme il ne laifla que des filles ,
il inftitua fon héritier Prémiflas , duc de Pologne , au
préjudice de fes confins , de la branche de la Poméranie
citérieure , qui disputèrent cette fucceffion à Prémiflas.
Ils en vinrent aux hoflilités de part Se d'autre. Les cheva-
liers de Prude s'emparèrent d'une grande partie de la
Prude, Se tout ce qui écoit en-deçà de la rivière de Stolpe
demeura aux ducs de Poméranie de la branche citérieure.
* Schurzflàfch , Orig. Pomer. p. 8. D'Audifrct , Géog.
anc. Se mod. t. i.p. 232.
Cette branche venoit deWratidas Se de Ratibor , fils
de Suantibor, qui avoient eu en partage cette partie de
la Poméranie , comme il a déjà été dit. Ratibor enleva
Tripzée, Grim & Bardt aux princes de Rugen , cVreut de
Pribifiie , fille de Boleflas Crivoufte , duc de Pologne ,
Wratidas II Se Suantibor. Ce dernier mourut garçon , Se
l'autre fut presque toujours en guerre contre les Danois
Se contre Henri le Lion , duc de Saxe , qui avoir chaffé
Pribifias, duc de Mecklenbourg , de fes états : il obligea
en 1 164 les comtes Adolphe d'Holllein, Chriftian d'Ol-
denbourg , Renaud de Dithmarfe , Se Gunzelin de
Schwerin , de lever le fiége de Demmin , Se reprit fur
Henri le Lion les villes qu'il lui avoit enlevées. Il laifla
un fils unique, nommé Barthélemi , qui mourut fans en-
fans en 1 224. Wratidas II , frère aîné de Ratibor,fut bap-
tifé en 1 1 24 par Otton , évêque de Bamberg ; il fonda l'é-
vêchéjde Julin, Se fe rendit maître delà nouvelle Marche
de Brandebourg Se del'Ukermack jusqu'à Guftrovf . Cafi.
mir I Se Bogidas II qu'il eut d'Ide , fille de Canut , roi de
Danemarck, furent créés ducs de Poméranie par l'em-
pereur Fridéric I en 1 1 8 1 , au camp devant Lubec , Se ils
eurent dès-lors voix & féance aux ademblées de l'Empire.
La poftérité de Cafimir , qui fit fa réfidence à Demmin ,
finit en 1273 en Cafimir III fon petit-fils. Bogidas II trans-
féra l'évêché de Julin à CamiiV, Se Bogidas III, fon fils ,
fit la guerre à Albert , margrave de Brandebourg , & in-
troduifir le droit de Lubec dans fes états. Barnim I , dit le
Bon , qu'il eut de Vidave , fille de Jarophle , prince de
Rudîe , hérita de fon frère Se de fes coufins, Se fit la guerre
à Jean 1 , électeur de Brandebourg, au fujer de la nouvelle
Marche ; mais cette guerre fut terminée par le mariage
d'Hedwige , fa fille , avec cet électeur , auquel elle por-
ta en dot la ville de Prenskw , avec l'Uker-Mark. II laifla,
entre autres enfans Otton.qui eut en partagejlc duché de
Stetin , Se fit la branche de ce nom. Bogidas IV , qui eut
le pays compris depuis Demmin jusqu'à Anclam , avec
les villes d'Ufedom , Wollin , Camin Se Stargard , Se fut
le chef de la branche de Wolgaft.
Otton , duc de Stetin, fit la guerre au duc de Mecklen-
bourg , Se enfuire à Louis de Bavière , électeur de Bran-
debourg. Barnim le Grand , fon fils, lui fuccéda en 1 345.
Il remporta une grande victoire fur Louis , électeur de
Brandebourg, auprès dePrentzlow, en 1 392, Se enfuite
il reconnut cet électeur Se fes descendans pour [es fuc-
cefieurs, s'il mourait fans enfans ; ce qui fut confirmé par
l'empereur Louis de Bavière , dans la diète de Francfort.
Il mourut en 1 368 , laiffant d'Agnès , fille d'Otton , duc
dcBrunsvick, Bogiflas VII Se Cafimir III, morts fans po-
ftérité Se Suantibor qui lui fuccéda. Cafimir VI, fils de
1029
Suantibor , fut défait 'jen 1420 par Fridéric I , électeur
de Brandebourg, auquel il fut obligé de reftituer I'Uker-
Martk. 11 fut père de Joachim I , qui laifla d'Elifabeth,
fille de Jean , margrave de Brandebourg , Otton III, qui
mourut en 1404 , Se fut le dernier de fa branche. Sa fuc-
celfion fut fortement disputée par fes coufins de la bran-
che de Wolgaft , & par les margraves de Brandebourg ,
auxquels l'empereur Fridéric III en avoit donné l'mvcfti-
ture.
Bogiflas IV commença la branche de Wolgaft , Se en-
leva la ville de Stargard à Conrad , Jean & Waldemar ,
margraves de Brandebourg. Wratiflas IV fon fils s'em-
para de la principauté de Rugen en 1 3 25 , aptes la mort
de Wratiflas fon oncle , malgré les prétentions du roi de
Danemarck Se du duc de Mecklenbourg , qui furent
contraints d'y renoncer ; enfuite il fit ia guerre aux mar-
graves de Brandebourg, qu'il chada de Prenflow Se de
Pafevalck , Se après aux Polonois Se aux chevaliers de
Prude, auxquels il enleva les Villes de Stolpe , de Slage,
de Pugenwald Se de Belgardt. Il mourut en 1 325 , lais-
fant d'Elifabeth, fille d'Henri, duc de Breflaw, entre au-
tres enfans Bogiflas V Se Barnim IV , qui firent les bran-
ches de Poméranie orientale Se de Poméranie occiden-
tale.
Bogiflas V acquit le comté de Gutzkow à la mort de
Jean,dernier de fa race. 11 défit Louis le Romain, électeur
de Brandebourg , Se repiit fur lui plufieurs terres qui
avoient été incorporées à la marche de Brandebourg.
Wratiflas VII Se Bogiflas VIII continuèrent fa poftérité.
Le premier eut en partage les villes de Stargard , de Ca-
min , de Greifenberg Se de Treptcw ; Se le fécond celles
de Rugenwaldc , de Stolpe Se de Slage. Bogiflas IX qu'il
eut de Sophie, fille de Procope , marquis de Moravie ,
lui fuccéda en 1417. Il ne laiila qu'une fille nommée So-
phie, qui époufa Eric II , fon coufin , de la branche occi-
dentale ; Se tous les biens qu'il avoit eus de fon père, pas-
ferent à Eric II , fils de Wratiflas VII , qui fut roi de
Suéde, de Danemarck Se deNoiwvge;mais il fut chafté
par fes fujets , Se retourna en Poméranie , où il mourut
fans enfans. Les margraves de Brandebourg s'emparèrent
de fes états , dont ils prétendoient hériter : ce qui excita
une nouvelle guerre entre ces Princes , Se les ducs de Po-
méranie , de la branche occidentale.
Barnim IV , chef de cette branche, défendit l'ifle de
Rugen contre les ducs de Mecklenbourg , mourut en
136;, laiflant Bogiflas VI , mort fans enfans , Se Wra-
tiflas VI , père de Wratiflas VIII qui eut pour fa portion
l'ifle de Rugen , avec les villes de Bardt & de Stralfund,
Se Barnim Vipère de Barnim VII Se de Wratiflas IX les-
quels héritèrent en 14^1 , de l'ifle de Rugen Se des
villes de Bardt Se Stralfund , par la mort de Suantibor
III Se de Barnim VIII , leurs coufins. Wiatiflas IX fut
père de Wratiflas X à qui il donna la principauté de
Rugen , avec la feigneurie de Bardt ; Se d'Eric II qui
eut en partage la feigneurie de Wolgaft. Us s'unirent
contre Fridéric II , électeur de Brandebourg , qui préten-
doit hériter du duché de Stetin, vacant en 1494, par
latnort d'Otton III , en vertu de l'expectative qu'il avoit
obtenue de l'empereur Fridéric III, & qui étant entré dans
la Poméranie avec une puiflante armée , afiîégea Stetin ;
Wratiflas Se Eric fe jetrerent dans la marche de Brande-
bourg , en ravagèrent une grande partie. Ces hoflili-
tés auraient eu des fuites funeftes , fi Cafimir , roi de
Pologne , n'eût rétabli la paix entre ces princes en 147 1
Se il fut ftipulé par le traité que les ducs de Poméranie
pofléderoient le duché de Stetin en fief de l'électeur de
Brandebourg ; ce qui fut confirmé par l'empereur Fri-
déric III. Bogiflas X, furnommé le Grand , fils d'Eric II ,'
réunit toute la Poméranie fous fa domination , par la
mort d'Erdman Se de Suantibor IV , fes coufins de la
branche de Bardt : il refufa de faire hommage du du-
ché de Stetin à Albert, électeur de Brandebourg, qui
lui déclara la guerre. Elle finit en 1476, par le ma-
riage de Bogiflas , avec Marguerite , fille de l'électeur
Fridéric II , Se trois ans après il fit une transaction avec
l'électeur Albert , Se il fut dit que la paix devoit être
perpétuelle entre les maifons de Brandebourg Se de
Poméranie. George I , fon fils , acquit en 1J26, les fei-
gneuries de Lavrenbourg Se de Brtttow , que Sigismond ,
roi de Pologne , fon oncle , lui donna en fief de la
1030 POM
Couronne de Pologne ; Se pour empêcher que la fuc-
ceflion du duché de Poméranie ne donnât matière à
de nouvelles conteftations , il confentit que Sigismond ,
électeur de Brandebourg , jouhoit de ïmveftiture fimul-
tanée du duché de Poméranie , en attendant qu'il fût
vacant , & que lui ou fes descendans fuccéderoient à
l'électeur de Brandebourg , fi la pofiériré masculine de
Jean Sigismond venoit à manquer. Barnim X , fon
frère , abolit de concert avec le duc Philippe , fon ne-
veu, la religion Catholique dans la Poméranie, en
IJJ4, Se entra dans la ligue de Smalcad , en 1536.
Jean Frideric, fils de Philippe, çtoit éveque de Ga-
min , lorsqu'il fuccéda à fon père. Il préfida au nom
de l'empereur Maximilien II à raffemblée qui fe tint
à Stetin pour la paix en 1 J70 , Se presque dans le même
tems cet empereur lui confirma la fucceflîon de la nou-
velle Marche , fi la maifon électorale de Brandebourg
venoit à manquer. Bogiflas XIV, troifiéme fils de Bogis-
las XIII, fut le dernier duc de Poméranie. L'armée im-
périale entra dans fes états en 1627 , Se en tira dix
millions en trois ans ; les desordres Se les cruautés qu'elle
y exerça . obligèrent Bogiflas de fe mettre fous la pro-
tection de Guftave Adolphe, roi de i5uéde, qui chas-
fa les impériaux de la Poméranie en 1630 , Se mit
garnifon , du confentement de ce prince , dans Stetin.
Bogiflas mourut en io"37 , & pour exclure l'électeur
de Brandebourg du duché de Poméranie , qui lui étoit
dévolu , il fit un tefiament en faveur du roi de Suéde , du
confentement des états du Pays. La guerre , qui étoit
alors allumée dans toute l'Allemagne , empêcha l'élec-
teur George Guillaume de prendre pofleflîon de ce
duché , d'autant plus que les Suédois en étoient pres-
que les maîtres , Se qu'ils prétendoient le conferver.
Enfin après de grandes conteltations , il fut arrêté par le
dixième article du traité d'Osnabruck , que pour dédom-
mager la Suéde des places qu'elle devoit refiituer , l'em-
pereur & l'Empire lui céderoient en fief perpétuel Se im-
médiat de l'Empire toute la Poméranie citérieure , Se l'ifie
de Rugen , contenues dans les limites qu'elles avoient
fous les derniers ducs de Poméranie, Se de plus dans
h Poméranie ultérieure, les villes de Sretin , Garrz , Dam
& Golnow , Se l'Ifle de Wollin , avec la rivière d'Oder ,
Se le bras de la mer , appelle communément le Frisch-
Haff ; les trois embouchures de Pêne ou Pefin , de
Swine Se de Divenow , Se le rivage de l'un Se de l'autre
côté de l'Oder , depuis le commencement du territoire
royal , jusqu'à la mer Baltique, dont les commiffaires
de Suéde & de Brandebourg conviendroient à l'amia-
ble ; que le refle de la Poméranie ultérieure , avec 1 évê-
ché de Camin , demeureroit à l'électeur de Brande-
bourg ; que le roi de Suéde Se cet électeur fe fervi-
roient des titres , qualités & armes de Poméranie ,
fans aucune différence ; Se que fi la race masculine
de Brandebourg venoit à manquer , la Poméranie ul-
térieure & l'évêché de Camin appartiendroient à per-
pétuité aux feuls rois & couronne de Suéde, qui ce-
pendant jouiroient de l'inveftiture fimultanée , fans que
in maifon de Brandebourg pût prétendre aucun droit fur
les lieux cédés à la couronne de Suéde. Frideric Guil-
laume , électeur de Brandebourg , fe rendit maître de
la plus grande partie de la Poméranie citérieure pen-
dant la dernière guerre ; mais comme le roi très-Chré-
tien ne voulut écouter aucune propofition de paix à
Nimégue, fi la Suéde n'étoit rétablie dans tous les états
qu'elle avoit perdus , l'électeur de Brandebourg fut obli-
gé de lui refiituer la Poméranie citérieure, & lïflede
Rugen, par le traire conclu à Saint Germain en La,?
en t6jç). Pour lui donner néanmoins quelque dédom-
magement , on lui laiffa toutes les terres Se dépendan-
ces du duché de Stetin , qui étoient fituées au-delà de
l'Oder , avec le rivage oriental de cette rivière , Se les
villes de Dam Se de Golnow , qui lui furent données
en engagement pour cinquante mille écus, à condition
de rachat , en payont cette fomme. En 171 3 , le roi
de Prufle, profnanede la déroute des affaires de Char-
les XII , roi de Suéde , fe fit remettre Stetin en fé-
POM
réelle , le roi de Prufle n'ayant pas jugé à propos de
refiituer une ville qui étoit fi fort à fa bienféance.
La Poméranie eft divifée par l'Oder en Poméranie-
Citerieure , Se en Poméranie-Ulterieure, que
ronnommoitautrefoisloMÉRANiE-ORiENTAi.Ej&Po-
méranie Occidentale.
La Poméranie Citérieure, eft en-deçà de l'O-
der , S: s'étend le long de l'Oder , depuis la Marche
de Brandebourg jusqu'à la mer Baltique , & depuis les
frontières de Mecklenbourg jusqu'à l'Oder. On y trouve
les villes fuivantes:
Dans le territoire de
Stetin ,
Stetin ,
Dam ,
Uckerrnunde;
Gartz ,
Anclam ,
Demmiir.
Dans le territoire de f
Guftkow ,
Guflkow,
Wolgaft ,
L Gripswalde.
Dans le territoire de
Barth,
Barth ,
Damgarten ,
Tribefes ,
Stralfimd.
Quelques ifles entre f *"8.cn »
autres, J î"1'
L Wollin.
* Hubner , Géogr.
La Poméranie Ultérieure eft entre la mer Balti-
que , la Pruffe , la Marche de Brandebourg Se l'Oder.
Elle comprend les villes qui fuivent:
Dans la Poméranie j-Stargard,
propre, \ Camin.
Dans le
Caffubie ,
duché
de r Colberg ,
< Belgard ,
L Coflin.
Dans le
Wenden ,
duché des
Deux feigneuries , 5
Rugenwalde
Stolpe.
Lawenbourg,
Butau.
POMERANZA , bourg d'Italie , dans la Toscane ,
dans le territoire de Pifej près d'une petite rivière,
qui fe jette dans le Cecina. Ce bourg , qui eft envi-
ron à deux lieues de Volterra, eft appelle Le Pome-
rance par Magin , dans fa carte du Florentin.
POMERELLE, ou Petite-Pomeranie , Pome-
rellia , contrée de la Pologne , bornée au nord par la
mer Baltique , à l'orient par la Prufle , au midi par la
Pologne, Se à l'occident par la Poméranie-Ulterieure.
Les habitans de cette contrée fe donnèrent à Primiflas
II , roi de Pologne. Vers le milieu du treizième fié-
cle , il y avoit dans la Pomérelle deux palatinats , ra-
voir celui de Dantzick , Se celui de Succaw. Aujour-
d'hui la Pomérelle renferme les lieux fuivans :
Dantzick ,
Weixelmunde ,
Oliva,
Bromberg , ou Bidgofo ,"
Mewe,
Dirschau.
* Hartkenoch , de Statu Regni Polon. 1. 1. c. 6. Se 1. il
c. 3 . Hubner , Géogr.
POMERIEUX, bourg de France, dans l'Anjou;
tqueftre , moyennant une fomme d'argent qu'il paya aux élection de Chàteau-Gontier.
ennemis de la couronne de Suéde, qui avoient afliégé POMERIOL/E , village du diocèfe de Cambray. Il
cette place \ Se ce féqueftre eft devenu une poffeflion en eft parlé dans la vie de fainte Maxellenide ; Se à ce
POM
POM
que croit Ortelius, le nom moderne de ce village eft
Fomereidx.
POMESANIE , contrée du royaume de Prufle , dans
!e ceicle dHockerland. On a appelle Poméfanie la plus
grande partie de ce cercle , fans que fes bornes l'oient
bien diitinctes. L'évêquede Poméfanie avoitfa réfidence
à Rifenburg.
POMETIA , ou Suessa-Pometia , ville d'Italie,
Se la capitale des Volsqucs , félon Strabon , /. j. Denis
d'Halicarnafl'e , /. 6. p. 364. lui donne le même titre.
Cet auteur de même que Tite-Live , /. 1. c. j$. Sel.
2. c. 25. fe fert du nom de Suessa-Pometia. Pometia
eft un flirnom qui fut donné à cette ville pour la di-
ilinguer d'une autre SucJJa , qui étoit chez les Arunci ;
mais comme la capitale des Volsques étoit plus confidé-
rable que celle-ci, on la nomme quelquefois fimple-
ment Su es s a , Se quelquefois on ne la défigne que
par fon fur nom. Strabon , par exemple , dit que Tar-
quin le Superbe prit Suefja, entendant par ce mot
Suessa-Pometia ;& Tite-Live, /. i.c. 16. qui dans
les deux endroits déjà cicés écrit Sitcjfa-P 'ometia , dit fim-
plement Pometia dans deux autres endroits. De Pome-
tia , on fit PoMetinus Tite Live, /. 1. c. 55. en par-
lant des dépouilles foires fur les habitans de Pometia,
les appelle PometiNjï Manubi* ; Se par contraction,
il dit , /. 4. c. 25. Pomptinus Ager , en pariant du
territoire de cette ville. Strabon écrit nw^tc-r/oc ritjiov ,
Fomenùnits Campus, parce que la plupart des Grecs
écrivoient Fomemia pour Pometia , que quelques-uns
ont écrit PomtiaSc Pontia par contraction. Ce nomfe
conferve encore aujourd'hui dans les Marais Pon-
tins.
PQMMARE2T, bourg de France, dans la Gascogne,
élection des Lanes.
POMMEREAU , forêt de l'Ifie de France , dans la
maîtrife des eaux & forêrs de Villers-Cotterêts. Elle eft
de douze cens quatre-vingt-dix-neuf arpens treize ver-
ges.
1 . POMMERA YE ( la ) , bourg de France, dans l'An-
jou , élection d'Angers.
2. POMMERAYE (la) , bourg de France, dans le
Poitou , élection de Thouars.
3. POMMERAYE (la) , abbaye de France , dans la
Champagne , à deux lieues de Sens , fur la route de
Eray, vers le nord , au bord de la petite rivière d'Orou-
fe. C croit un monaftere de filles , fondé au douzième
iîécle, par Mathilde ou Mahauld, veuve de Thibaud,
comte de Champagne , Se qu'elle fournit à celui du
Paracltt . au diocèfe de Troyes , parce que le lieu où
elle fut construite avoit été cédé à la comtefle par
l'abbefle Heloïfe. Les abbefles furent tirées du Para-
clet dans ces premiers tems , Se l'abbefle de cette pre-
mière maifon devoir aller une fois l'an à la Pommeraye
y faire fa vifite. La comtefle Mathilde y fut enterrée
avec fon mari. Cette maifon étoit réduite à cinq ou
fîx relitùeufes fans discipline , lorsque madame Bathil-
de de Harlay, religieufe de Chelles , en fut nommée
abbefie. Elle transfera la communauté au fauxbourg de
Sens , la rebâtit entièrement , & la mit en état d'a-
voir jusqu'à foixante religieufes. Madame de Harlay ,
fa feeur lui fuccéda, Se fe démit enfuite entre les mains
du roi , qui donna cetre abbaye à madame de Crenant ,
dont le père Maitenne en fon premier voyage littérai-
re, p. 63. dit que par humilité & par respect pour fa
devancière, elle ne voulut jamais porter la crofle, ni
prendre la place d'abbefle tant qu'elle vécut. Ce reli-
gieux Bénédictin remarqua auflî qu'elles ne portoient
point de croix ni l'une ni l'autre, contre la coutume des
autres abbefles.
FOMMERET, rivière de France , dans le Coten-
lin. Cette petite rivière a fa fource à l'extrémité des
Landes des Bouillons ; Se après avoir paffé par Saint Si-
méon, Se par Languetot, à l'occident du bois de Bri-
quebec , elle va fe perdre dans la rivière d'Ouve. *
Corn. Dict. Mémoires marntfc.
POMMERFELDEN , beau château de plaifance ,
dans I'évêchc Se à huit lieues deBamberg, ep Allema-
gne.
POMM1ERSAIGR.ES, ou Grammont , prieuré
de France, dans la louraine, près de Chinon. 11 fut
fondé par Henri II , roi d'Angleterre. Le revenu du
prieur eft de douze cens livres , Se celui des religieux ,
qui ne font que deux , eft de cinq cens livres.
1. POMONA. On trouve ce nom dansSolin , donc
voici le paflage : Sed Thyle ( Thulc ) larga & diudna
Pomona copioja eft. J'avoue que cet endroit de Solin
eft fort obscur. H. Boëthius Se Buchanan veulent oue
par 1 omona Solin ait voulu parler de la plus grande
des i/les Orcades ; Se Cambden , qui eft de même fen-
timent, dit que Solin l'appelle Diutina , à caufe que
Ion y a les jours très-longs. Saumaife , Plinian.exer-
cit. p. ijo. n'y a point cherché tant de façon. Comme
il ne connoifloit point d'ifle nommée Pomona, il a
expliqué ce mot par l'abondance des pommes, à laquelle
on donne quelquefois le nom de la déeffe Pomone ; Se
comme l'épithete dhuina devenoit pour lors embarras-
fante , il l'a paflee fous filence.
2. POMON A , ou Mainland. C'eft ainfi qu'onnom-
me la plus grande & la plus confidérable entre les ifles
Orcades. Elle a environ neuf lieues de long du levant au
couchant , fur cinq de large du midi au nord. Kirkvall,
la feule ville qui foit dans toutes ces ifles eft fituée dans
celle-ci. Voyez, ce mot.
POMONAL, lieu d'Italie, à douze milles de Ro-
me , fur la voie qui conduit de Rome à Oftie , dans
le territoire d'une maifon de campagne , appellée So-
lonium. Tite-Live , /. 8. Se Plutatque , in Mario, met-
tent Solonium , entre Rome Se Oftie. * Feftus , de
verbor. fignif. 1. 14.
POMPADOUR, château de France, dans le Li-
moufin , à neuf lieues au midi de Limoges. C'étoit une
ancienne baronnie que le roi Louis XV a érigée en"
marquifat en faveur de madame d'Etiolés.
POMPALONA. Voyez. Pompelon.
POMPEIA-PALUS, marais d'Italie, dans la Campa-
nie, au voifmage de la ville Pompei, qui lui donnoic
fon nom. Columelle , /. io. v. 13;. dit qu'il y aYoit des
falines dans le voifinage :
Qua dulcis Pompeia Palus vlcina Salinis
Herculeis.
POMPEIA-TROPHjEA, lieu maritime, dans l'Es-
pagne Tarragonnoife , entre l'embouchure dé l'Iberus 8c
l'extrémité des Pyrénées , félon Strabon , /. 3. p. 156.
Pline, /. 3.C 3. met ce lieu dans les Pyrénées mêmes*
Mais peut-être y avoit-il deux lieux de ce nom, l'un
fur le bord de la mer, l'autre dans ies Pyrénées. Voyez.
Pampelune.
POMPEI AC , ou Poncy , Pompeiacum , petite ville
de l'Agenois.
POMPEII , ou Pompei , ville de la Mœfie. L'itiné-
raire d'Antonin la met fur la route du mont d'Or à Chal-
cédoine , entre Horea Margi & Naifum , à trente-trois
milles de la première , Se à vingt-quatre milles de la
féconde.
POMPEIAr\L£,poitde la Gaule Narbonnoife, félon
l'itinéraire d'Antonin, Itiner. Maritim. qui le place entre
Heraclia Caccabaria Alconis Se Telo Martius , à trente
milles du premier , Se à quinze milles du fécond.
POMPEIANI, peuples d'Italie. A ppien, de Bel. Ci-
vil. I. 1. p. 374. les met au nombre des ennemis du
peuple Romain. Je crois qu'il entend parler des habi=
tans de la ville de Pompeium. Voyez, ce mot.
1. POMPEII. Voyez Pompeium.
2. POMPEII VILLA, ferme ou maifon de campa-
gne en Italie , fur le lac Avertie. Elle appartenoit ap-
paremment au Grand Pompée ; & elle étoit , dit Orte-
lius , fur le témoignage de Ferd. Lofredus , dans Je lieu
qu'on nomme aujourd'hui Magnarello. Ne feroit-ce
point du furnom de Pompée , que ce lieu aurait pris le
nom de Magnarello, qui pourroit être formé de Ma<*
gnus , grand?
POMPEII, ancienne ville d'Italie, au royaume de
Naples , dans la Campanie, un peu plus loin de la mer
que ce qu'on appelle aujourd'hui Civita, & à la droite
de Sarnofiple, félon le fentiment d'Ambroife Léon,
dans fon livre de Agro Nolano. Encteufant la terre pour
planter des arbres , on a ttouvé quelques vertiges de
cette ville , laquelle fut enfevelie fous les cendres Se les
pierres qui fortirent du Vefuve au tems de l'empereuE
P O M
1032.
Titus. Pompeii étoir le Navale de Nola, de Nocera &
d'Acerra , au témoignage de Srrabon : le tems Se les cen-
dres, dont je viens de parler, ont tellement changé les
chofes , qu'il ne relie pas la moindre apparence que de ce
côté là il y air eu une rade propre à charger de gros bâ-
timens.Stace a pris occafion de cette ville de donner au
ikuve Sarno le nom de Pompeïanus.
Nec Pompeiani placeant magis otia Sarnu
* D. Matlheo Egitio, lett. à Langlet du Fresnoy.
POMPEIANUM , maifon de campagne de Cicéron,
en Italie , environ à douze milles de Naples , près de
Nola. Sallufte en parle dans fon oraifon contre Cicéron ,
& Cicéron lui-même en fait mention en plus d'un
endroit dans fes lettres à Atticus. Quelques-uns difent
que ce lieu fe nomme aujourd'hui S. Maria Annunciata,
Se d'autres le nomment Pomilianum. Voyez. Pomponia-
MUM.
1. POMPEIOPOLIS, ou SoLi , ville de Cilicie ,
entre les embouchures du Lamus Se du Cydnus , félon
Ptolomée, /. 5. c. 8. Pomponius Mêla, l.i.c, 13. l'ap-
pelle Soloe , Se dit qu'elle appartenoit aux Rhodiens.
Tacite , an. I. 2. c. 58. & Dion Camus, /. 36. p. 18.
nous apprennent qu'elle étoit fituée fur la côte ; Se le
dernier ajoute , qu'avant d'avoir le nom de Pompeio-
tolis , on la nommoit Sou. Leshabitans de cette ville
font appelles Solenses par Diogene Laerce, in So-
lone.
2. POMPEIOPOLIS , ville de la Galatie , dans la
Paphlagonie. Ptolomée, /. 5. c. 4. la place dans les ter-
res , entre Sacorfa Se Conica ; Se Etienne le géographe
dit , qu'ordinairement on écrivoit Pompeiupolis ; mais
que quelques-uns écrivoientPoMPEiopous Se Pompeio-
foutes.
3. POMPEIOPOLIS, ville de My fie , félon Orte-
lius , qui cite Cédrenc, Se l'hiftoire Miscellanée , où il
eft dit que cette ville fouffrit beaucoup d'un tremblement
de terre atrivé du tems de l'empereur Juftinien.
POMPELON , ville de l'Espagne Tarragonnoife.
Strabon, /. 3. p. 161. Se Ptolomée, /. 2. c. 6. la
donnent auxVascones. C'eft aujourd'hui la ville de Pam-
pelune, capitale du royaume de Navarre, llfemble qu'on
devoir écrire Pomp^lon , au lieu de Pompelon ; car
d'anciennes inferiptions , félon Andr. Schotus, ad
Antonin. îtiner. portent Pompelonenses. Il y en a qui
veulentque cette ville ait aufli été appellée Martua.
POMPIERRE, ou Pont Pierre, village de France,
dans la Lorraine, pays de Souloffe, à deux lieues de
Neuchâteau. Dom Ruinarr , dans fes notes fur Grégoire
de Tours, prétend que c'eft ce village que cer hiftorien
appelle Pons Petreus , au chapitre dix-huit du livre de
fon hiftoire , où il dit que fe fit la fameufe entrevue ,
dans laquelle le roi Gontran adopta Childebert, fon
neveu , en le déclarant fon fuccefteur Se fon héritier au
royaume de Bourgogne , au cas qu'il mourût fans en-
fans mâles. Mais comme il y a plufieurs autres lieux en
France dits Pont de Pierre ou Pierre Pont , cet article
mérite révifion.
POMPONE , village de l'Ifle de France, dans l'éle-
ction de Paris. Il y a un prieuré de mille livres de reve-
nu, & qui a appartenu aux Jéfuites d'Amiens.
POMPONIANA. Voyez, Stoechades.
POMPONIANUM, lieu d'Italie, apparemment dans
le territoire de Cumes, puisque Pline le jeune, /. 6.
Epift. ad Tacitiimfuum, dit qu'il n'étoit féparé de Sta-
ble que par un golfe. Ortelius foupçonne que ce pour-
roit-être le même lieu que Pompeianum.
POMPOSE , abbaye d'Italie, dans le duché de Ferrare ,
à trois quarts de lieue du bras méridional du Pô , appelle
Volane , à deux lieues de la mer. S. Guyon , natif de
Cafemar , à trois lieues de Ravenne , en fut fait abbé
l'an 998 , Se la gouverna pendant quarante-huit ans x
félon Bailler , p. 385. dans fa Topographie des Sainrs.
POMPT1N A-PALUS , marais d'Italie , dans le La-
tium , félon Pline , /. 5. c. 5. qui dans un autre endroit
écrit Pontida par contraction. Ce marais tiroit fon nom
de la ville Pometia. Voyez, ce mot.
POMPTINUS AGER. Voyez, Pometia.
PON
PONvE. Dans le concile de la première Galatie , tenu
fous l'empereur Léon , Euphanius eft qualifiéi'ow^ epis-
copus. * Ortel. Thef.
PONAMUS, fleuve d'Afie, aux confins des peuples
appelles Panda , félon Pline, /. 6. c. 23. Au lieu du
Ponamus , le P. Hardouin lit Pomanus,
PONANT, en Italien Ponente , terme dont on
fe fert fur les côtes de la Méditerranée , pour fignifier
l'Occident. Voyez Vents.
PONCE , Ponza ou Pontia ( l'ifle de). Tite-Livc
Se Pomponius Mêla écrivent Pontia, ifle de la mer
Méditerranée , fur la côte d'Italie , à l'entrée du golfe
de Gae'te. Elle gît à environ vingt cinq milles au fud-fud-
oueft du mont Cercelle. Elle a autrefois appartenu aux
ducs de Parme , Se eft à préfent de l'Etat Eccléfiaftique.
Elle étoir célèbre du tems des Romains par le malheur
de plufieurs perfonnes illuftres qu'on y avoit envoyées
en exil. Dans les premiers fiécles de l'Eglife , on y exila
aufli divers martyrs Se confefleurs. Anciennement elle
avoit été peuplée par les Volsques , Se avoit le titre de
colonie Romaine ; mais par la fuit£ , elle demeura dé-
ferre. Jérôme Zurita , Annal, Aragon, dit que les Gé-
nois battirent le ; Août 1435 , Alphc nfe V , roi d'Arra-
gon, Se le firent prifonnier avec fon frère Jean, roi
de Navarre. En 1583 , on bâtit quelques maifons dans
cette ifle dont le terrein eft aflez bon & l'air aflez fain.
Elle a environ douze à quinze milles de tour. Elle efl
très-haute principalement a la pointe du fud-oueft , Se
paroît de bien loin. On la reconnoît facilement par le
mont Cercelle Se par les autres ifles voifines. Elle eft
au milieu de deux autres ifles , dont celle de l'oueft
s'appelle Palmaria , Se celle de l'eft Senone. L'ifle de
Ponce reflemble de loin à plufieurs iflots , principalement
lorsqu'on vient du côté de l'oueft. Il y a une groflé tour
où les habitans fe retirent quand ils apperçoivent àcs
corfaires de Barbarie , qui rodent fouvent fur ces côtes,
* Michelot, Portulan de la Médit, p. m.
La rade de Ponce eft du côté du fud-eft de l'ifle;
On y peut mouiller , principalemenr avec des galères
Se autres moyens bâtimens. C'eft une aflez grande ance ,
où fur la pointe du fud-eft il y a un petit forr carré ,
armé de quelques pièces de canon. Au bout de cette
pointe il y a un gros écueil , entre lequel on pourroic
pafler dans un befoin, y ayant quinze à feize brades :
tout proche , fur la droite en entrant , il y a un autre
gros écueil plus haut , Se environné de plufieurs autres
petits. Mais presque entre ces deux rochers , Se au mi-
lieu du paflage , il y a fous l'eau une roche très dange-
reufe, Se dont les marques , lorsqu'on eft deflus le plus
haut , font de voir le premier écueil de l'ifle de Gabia,
par le bout de l'oueft de l'ifle de Senone , qui eft la
première marque ; Se pour l'autre , il faut voir l'extré-
mité du côté du nord-eft de ce gros écueil, le plus
voifin de la pointe où eft le forr , par l'écueil du large,
nommé la Bourre de Ponce , qui en eft environ à neuf
milles. Pour aller mouiller dans la rade de Ponce ,
lorsqu'on vient du côté de l'oueft , après avoir paffé
proche de l'ifle de Gabia, il faut aller chercher dire-
ctement le gros écueil > qui eft à la pointe du fort,&
le ranger à discrétion , pour éviter la Sèche de Ponce :
après qu'on l'a doublée , on conduit encore une autre
route. On mouille le fer de la droite par douze brades
d'eau, Se l'on porte une amarre à terre au-deflbus du
fort -y de cette manière on demeure affourché , Se les
aurres galères mouillent aux environs , Tellement qu'on
refte par fix à fept brades d'eau , fond d'herbe vafeux.
Au-delà du fort, il y a un grand enfoncement; mais
on y trouve fort peu d'eau , Se il ne convient guère
de pafler plus avant que la pointe où eft le fort. Dans
cet enfoncement du côté du nord-oueft ., il y a une
espèce de inifleau où l'on peur faire de l'eau ; mais
pendant l'été il tarit aflez fouvent. Aux environs de
ce fort Se en divers autres endroits , il y a plufieurs
concavités Se logemens fouterreins que quelques empe-
reurs Romains y avoient fait tailler dans le roc. On y
voit des bains curieux , foit par leur fituation , foit par-
la patience avec laquelle ils ont été faits. Aux envi-
rons du rivage de cette ifle flotte une grande quantité
de pierres ponces , ce qui pourroit faire croire qu'elle
tire fon nom delà. Au-dehors de ce gros écueil , qui eft
PON
PON
à la pointe du fort , en tirant vers le fud, il y en a un
autre plus gros presque joignant l'ifle. Voyez. Pon-
tia.
PONDADO. Voyez. Podando.
PONDAINS, ville de France , dans la Breffe , avec
titre de marquifat. Cette ville eft fituée fur la rivière
d'Ain , d'où elle prend fon nom. C'eft un gouvernement
particulier , dans la lieutenance générale de Breffe. Elle
députe aux affemblées de Breffe ; il y a un fort beau
château fur une éminence. Route de la meffagerie de
Beley à Bourg Se à Mâcon pour Dijon.
PONDEREYLE. Voyez. Pont de Vesle.
PONDICHERY, ou Pontichery , ville des Indes
orientales , fur la côte de Coromandel , au royaume de
Gingi , à la bande de l'eft de la presqu'ifledes Indes , en-
deçà du Gange. C'eft le plus bel établiffement que les
François ayentaux Indes. La ville étoitentourée d'un (os-
fé, d'une muraille flanquée de quatorze ba liions. La ville
eft grande , Se les rues font tirées au cordeau. Les mai-
fons des Européens font bâties de brique , ainfi que la
plupart de celles des habitans. Toutes les rues font
plantées d'arbres , ainfi que dans toutes les villes d'Aile.
Les pères Capucins y ont un couvent; & Mrs des
Millions étrangères , y ont aufli une maifon Se une
églife. En 1693 , les Hollandois fe rendirent maîtres de
Pondichery , qui étoit alors très-peu de chofe ; mais ils
reftituerent cette place aux François environ cinq ans
après. Les Anglois prirent Pondichery dans les guerres
de 1756, & la rendirent à la France , après en avoir
ruiné les fortifications & démoli les maifons des Eu-
ropéens , ainfi que la plupart de celles des Indiens. La
mémoire de M. Dupleix, ancien gouverneur de Pon-
dichery , eft toujours fort respectée dans l'Inde. * Lettres
Edif. t. 15. p. 19.
Après plufieurs obfcrvations des éclipfes du premier
fatellite de Jupiter , on a trouvé que la différence du
rems entre le méridien de Paris Se celui de Pondichery
étoit de cinq heures onze ou douze minutes qui valent
environ 78 degrés; Se par conféquent comme dans les
hypothéfes de l'Obfervatoire de Paris, la longitude de
Paris eft de 21 deg. 30 min. il faut conclure que la
véritable longitude de Pondichery eft de 100 deg. 30
min. Par-là, on peut voir l'erreur énorme qui s'efl gliffée
dans les cartes de géographie qui ont eu le plus de cours
en Europe , comme font celles de Sanfon Se Duval , où
l'on éloignort cette côte de plus de quatre cens lieues
qu'elle n'eft éloignée effectivement.
Pour ce qui eft de la latitude de Pondichery , on a
trouvé qu'elle étoit nn peu plus confidérable que cellç
qu'on avoit arrêtée dans les premières obfervations ,
où l'on n'avoit remarqué par la diftance du zénith à
l'équateur que 1 1 deg. $6 min. 28 fécondes. Peut-
ctre y a-t-il de l'erreur dans les chiffres.
PONDIGO , Pondico, ouFontico, ifle de l'Ar-
chipel , à la pointe feptentrionale de l'ifle de Négre-
pont. C'eft celle que les anciens appelloient Cicyne-
thus. Elle eft petite Se déferte. * Atlas , Robert de
Vaugondy.
PONBROPOLIS. Voyez. Phtuppopous.
PONESE (la), bourg de France, dans l'Anjou,
élection d'Angers.
PONEVATA. Voyez. Navata.
PONFERRADA, ville d'Espagne, dans la partie
feptentrionale du royaume de Léon , à quatorze lieues
au nord-oueft d'Aftorga, dans une vallée au milieu de
hautes montagnes. Cette ville , qui eft paffablement
grande , eft l' Interamnium Flavium des anciens. * Dé-
lices d' Espagne y p. 146.
PONGARDIVA , ou Pangardiva, ifle des Indes,
fur la côte feptentrionale de l'ifle de Ceylan , à la pointe
du royaume de Jafanapatan. Cette ifle , qui n'eft pas
d'une grande étendue , a environ neuf cens habitans, Se
l'on tient que les hommes font d'une taille presque gi-
gantesque. La chaffe Se la pêche font très-bonnes dans
cette ifle. Il y a beaucoup de cerfs , de biches , de bufles
Se de paons , Se fur la côte beaucoup de poiflbns. * Jean
Ribeyr 0 , Hift. de l'ifle de Ceylan, 1. 1. c. zs.
1. PON GO. Voyez. Gabon.
2. PONGO. C'eft le nom qu'on donne à un paffage
étroit qui fe trouve fur la rivière des Amazones ,
103 9
entre San-Jsgo Se Borja , précifément à l'endroit où
cette rivière , après un cours de plus de deux cens lieues
au nord, tourne à l'eft en fe creufant un lit entre deux
montagnes parallèles de rochers coupes presqueà plomb;
Ce mot Pongo, anciennement Puncu , fignifie porte
dans la langue du Pérou. Il y a plus d'un fiéele que
quelques Espagnols de San-Jago découvrirent ce pas-
fage , Se fe hafaidcrent de le franchir. Deux miflîon-
naires Jéfuites de la province de Quito les fuivirentde
près, & fondèrent en 15-39, la miffion de Maynas,
qui s'étend fort loin le long du fleuve.
PONGONE, félon Corneille, W. Se Robert de
Vaugondy , Atlas t rivière de l'Afrique , dans la Haute-
Guinée. Elle a fource dans le royaume de Melli , où elle
fort d'un grand lac. Elle court du nord au midi en fer-
pentant , Se elle fe jette dans la mer, entre le cap Vciga
Se le cap Tagrin.
PONLOUI , lac de la Tartarie, que quelques-uns
appellent le lac de Lop. Il a quatre cens lieues de cir-
cuit. C'eft dans ce lac que viennent fe jetter les fleuves
qui ont leurs fources dans la montagne de Tçung Ling ,
près d'Yu-Tien ou Khoten. A trois cens lieues de ce lac
eft un détroit entre les montagnes que l'on appelloit
anciennement Youmen-Kuan. On prétend qu'il eft éloi-
gné de huit cens Jieues de Hami. Tous les environs
font d'affreux déferts appelles Chamo ou Gobi. * Hiji.
générale des Huns , t. 11.
1. PONS, ou Pontes. Voyez, dans la lifte des Ponts,
l'article Pont de Trajan.
2. PONS , nom d'un lieu de la Scythic, félon Jor-
nandès, in Geticis , cité parOrtelius.
3. PONS, Pontes, petite ville de France, dans la
Saintonge, à quatre lieues de Saintes. Elle eft fur une
colline au pied de laquelle paffe la rivière de Seigne ou
Segne , fur laquelle elle a plufieurs ponts, d'où lui vient
fon nom. La ville de Pons , quoique petite, eft affez
célèbre. Elle étoit environnée de foires murailles, Se
commandée par un bon château , le tout fortifié à
l'antique. Les Huguenots qui s'en étoient rendus maî-
tres, Se qui la tenoient comme une place de fureté ,
y avoient ajouté des fortifications à la moderne > en
forte qu'elle pouvoit paffer pour une place forte. Mais
ils la rendirent après la réduction de Saint Jean d'An-
gely en 162 1 , à Louis XIII, qui la fit démanteler. Elle
fe divife en haute ville , qu'on appelle Saint Vivien , Se
en baffe que l'on nomme les Aires , ou Saint Martin,
Il y a trois églifes paroiflîales , trois couvens, rrois hô-
pitaux Se une commenderie de Malthe. * Longuerue ,
Defc. de la Fiance , part. 1. p. 161.
Pons a eu fes feigneurs qu'on appelloit Sires. C'eft
cette ville qui a donné fon nom à la plus noble famille
de la Saintonge : leurs prédéceffeurs y étoient fort
puiffans Se fort riches. La terre de Pons eft fort étendue t
puisque cinquante-deux paroiffes , Se plus de deux cens
cinquante fiefs nobles en relèvent Elle a toujours été
tenue par des feigneurs de la même maifon , de mâles
en mâles, jusqu'à la fin du feiziéme fiéele. Il y a feu-
lement eu quelques années durant lesquelles ils en ont
été dépoffedés par lautorité royale. Jacques , fire de
Pons, ayant été condamné comme criminel de lefe-
majefté ; Se fes biens ayant été confisqués au profit du
roi, par un arrêt du parlemenr de Paris, de l'an 1461,
fon fils Guy , qui époufa Ifabelle de Foix , fille de
Gallon , comte de Foix , Se d'Eléonor d'Arragon ,
obtint une révocation de ce qui avoit été fait contre
fon père , Se une abolition de fes crimes prétendus ?
Se il fut remis en poflèffion de fes biens , Se particuliè-
rement de la firie de Pons , dont il fit hommage au roi.
C'eft ce que fes fucceffeurs prouvèrent l'an 1^33,
contre le procureur du roi en Saintonge , qui vouloir
réunir Pons au domaine. Antoine , dernier mâle de la
maifon de Pons laiffa pour héritière Antoinette , ma-
riée à Henri d'Albret , baron de Mioffens , père d'Henri
d'Albret, comte de Mioffens & fire de Pons, qui eue
plulieurs enfans , dont il ne relie aujourd'hui aucune
pollérité masculine. L'ainé, Céfar-Fhcbus d'Albret,
maréchal de France , laiffa une fille , qui époufant lg
comte de Marfan , de la maifon de Lorraine , lui
donna en p;oprc tous fes biens, Se mourut fans enfans.
Le comte de Marfan devenu propriétaire des biens de
Tom, IV. P p p p p p
PON
I0*4 . . r A! â
la maifon dVilbret , a epoufe une féconde femme de
la maifon de Matignon , de laquelle il a eu deux en-
fans , dont l'aîné porte aujourd'hui le titre de prince
de lcns.
Guillaume de Nangisfait mention de la ville de Pons-,
dans la chronique, & rapporte que le feigneurde Pons,
nommé Renaud, alla trouver fainr Louis en 1242 , êc
fit en fa préfence hommage à Alphonfe , comte de Poi-
tiers, frère du roi. Voici la manière dont les fires de
Pons rendoient hommage. Le fue de Pons , armé de
toutes pièces , ayant la vifiere baiffée , fe préfentoit au
roi ôc lui difoit :Sire , je viens à vous four vous faire
hommage de ma terre de Tons , & vous fupphe de me
maintenir en la jouijfance de mes privilèges . Le roi le
recevoit , & lui devoit donner par gratification l'épée
qu'il avoit à fon côté.
L'on prétend qu'il fe tint un concile à Pons en 1 293 ,
ù Géofroi d'Archiac, évêque diocéfain, préfida, & que
PON
ou
le clergé y accorda des décimes extraordinaires à Phi-
lippe le Bel.
Quelques-uns qui ont voulu rechercher l'ancienneté
de cette ville, ont conjecturé qu'^£lius Pontius , neveu
de Pompée le Grand , en avoit jette les fondemens , ôc
qu'il lui avoit donné fon nom. Ils s'appuient fur quel-
ques médailles trouvées en fouillant les fondemens d'un
pilier , qui foutenoit le château du côté de la place des
Juifs , ôc fur l'une desquelles on lifoit cette infeription :
/Elius Pontius NeposPom. Mag. Tumul. Ils ajou-
tent d'autres témoignages tirés des vieilles chartes du
tréfor de cette vilie, ôc prétendent prouver que les
feigneurs de Pons font descendus de ce Pontius Ro-
main. Voici un de ces témoignages: Armandus Vlnerius
Tondus & Anabald.i uxor Dii volent. Un autre porte :
Alhinus Cojfeius Ton tins Filius Anab. UlneriD. A, Tont.
& Helbeida uxor hkjacent. * André du Chêne, Antiq.
des villes de France, p. 771.
PONS-^LII, ville de la Grande Bretagne, félon la
notice des dignités de l'Empire, fett.6$.
PONS-^ERARIUS. C'eft le nom que les Romains
avoient donné à un pont qu'ils firent bâtir fur le Rhône.
Ils lui donnèrent ce nom , parce qu'il futconltruit aux
frais du tréfor public. On en voit encore une pile au-
jourd'hui du côté de Beaucaire ; le Rhône a détruic le
relie , ainfi que le conjecture avec toute forte de vérité
l'hiftorien de la ville de Nîmes -, car on ne doit point
croire qu'il l'ait été par la vieilleffe , puisqu'on voit dans
ce pays des ouvrages de la plus reculée antiquité qui
n'ont point foufTert des injures du tems-
PONS-AUFIDI. Voyez. Pentaufidus.
PONS CAND1DUS , pont d'Italie , félon Ortelius ,
Tbef. qui cite la chronique de Cafliodore. Ce pont ,
ajoute-t-il, étoit au voifinage de Ravenne, & c'eft le
lieu où Théodoric défit Odoacre.
PONS FER RI, pont de Syrie. Guillaume de Tyr dit
qu'il étoit fur lOronte, à fept milles d'Antiochus. lien
eft aufiî fait mention dans Marcel Comès.
PONS LONGUS, pont d'Italie. L'itinéraire d'An-
tonin le met fur la voie Flaminienne, entre Corneli ôc
Sipuntir/n , à trente milles du premier de ces lieux & à
énaledinsnce du fécond.
^ IONS LUCANUS , pont d'Italie, au-delTous de
Tibur. Ortelius, qui en parle , cite Guillaume de Tyr ,
/. i8 c. 2.
PONSMANSUETIANUS,lieudelaPannonie.%^
MANSUETtANUsPoNS.
PONS MILV1US, Molvius ou Mulvius > pont
d'Italie , fur le Tibre , près de Rome. Ce pont eft célè-
bre dans 1 hiftoire , fur tout par la victoire que le grand
Conrtantin y remporta fur le tyran Maxence. Aujour-
d'hui ce pont n'a rien de beau : il eft vieux , fort fimple ,
allez mal bâti , ôc n'eft remarquable que par quelques
inscriptions que l'on y voit fur des tables de marbre,
& par une petite douane où les calèches qui paltent font
obligées de payer. Le pont ancien a été détruit. C'eft
fur fes fondemens qu'on a bâti celui d'aujourd'hui , à
qui on a donné le nom de Ponte Mole. De ce pont
à Rome il y a deux milles ou deux tiers de lieue. Tout
ce chemin peut être regardé comme le fauxbourg de
Rome, parce qu'on y voit des deux côtés presque
continuellement des maifons de plaifance qu'on appelle
Vignes, ôc entre autres celle du pape Jules III.* La-
bat , Voy. d'Italie, c. 3. p. 43.
PONS NEVLE, I ons Nevius ou Nobius , lieu
d'Espagne. L'itinéraire d'Antonin le met fur la route de
Bracara à Afturica , entre Timalinum ôc Uttaris , à douze
milles de la première de ces places , ôc à vingt milles
de la féconde. On croit que c'eft aujourd'hui Puente de
Neboa.
PONS SARVIX , ou Pons Saravi , ville de la
Gaule Belgique, fur la Sare. L'itinéraire d'Antonin la
met fur la route deLugdunum , capitale des Germanies ,
à Stralbourg , entre Divodurum ôc Strasbourg , à vingt-
quatre milles de la première, & à vingt-deux milles de
la féconde. Cette pofuion fait juger que ce doit être
aujourd'hui la ville de Sarbrug.
PONS SCALDIS. Voyez. ScAldis.
PONS SEPTLM1US. K<?j<*.Ponsorme.
PONS SOCIORUM, ville de laPannonie, felonl'iti-
néraire d'Antonin qui la met fur la route de Sopiana à
Aeincum , entre Sopians. Ôc Vallïs Cariniana , à vingt-
cinq milles de la première , & à trente de la féconde.
Lazius dit qu'on la nomme aujourd'hui Babolez.a.
IONS TILURI , lieu de la Dalmatie. L'itinéraire
d'Antonin , le met fur la route de Salonœ à Dyrrha-
chium , entre Salonœ ôc Tronum , à feize milles de la
première de ces places , & à douze milles de la fé-
conde.
PONS TRAJANI. Voyez, dans la lifte des Ponts ,
l'article le Pont de Trajan.
PONSORME , Tom Sepùmius , ou Septimus , an-
cien pont du Languedoc , au voifinage de Narbonne.
Ce pont, qui eft fort long, eft bâti dans un marais,
fur le chemin qui conduit à Beziers. Je tire cet article de
Baudrand, édit. 1681, qui cite Cartel. Corneille écrit
mal-à-propos Ponforme pour Ponsorme.
PONT , Tons, en italien Tonte , en espagnol , Titente,
en allemand , Bruck ou Tritck . & en anglois Bridge.
C'eft un bâtiment de pierre ou de bois , élevé au-deilus
d'une rivière, d'un ruifleau , ou d'un forte, pour la
facilité du partage. Il y en a aufll qui font faits de plu-
fieurs bateaux attachés enfemble , ôc couverts de plan-
ches , pour communiquer d'une rivière à l'autre. Les
ponts font marqués dans les cartes géographiques par
deux petites lignes droites ôc parallèles entre elles , au
travers des rivières. La commodité des ponts pour le
commerce, ôc leur importance pour la communication
d'un pays à l'autre , les a quelquefois fait forrifier de
châteaux ou de tours j & les peuples étant venus peu à
peu s'établir auprès de ces ponts , il s'y eft enfin formé
de grandes villes. Il y a néanmoins des villes plus an-
ciennes que leurs ponts. On reconnoît la plupart de
celles auxquelles les ponts ont donné naifiance par les
mots de Pont , Ponte , Puente , Bruck ou Bridge ,
joints à leurs noms , avec le nom de la rivière fur le
bord de laquelle elles font bâties. De tout tems on a
vu auïïî des ponts , qui n'avoient point de villes voi-
fines , ôc qui fervoient feulement pour l'ufage des
voyageurs , ou pour le partage des armées.
2. PONT , fortereffe de la Pannonie Inférieure, ou
plutôt de la Mœfie, près de la ville de Zane. Le fleuve
fe coupe en cet endroit pour entourer une partie de
fon rivage , après quoi il fe remet dans fon cours or-
dinaire. Ce n'eft pas de lui-même qu'il fait ce détour,
il y eft forcé par l'artifice des hommes. Voyez, dans cette
lifte des Ponts, l'article Pont de Trajan : on y voit
pourquoi ce fort a été appelle Pont , ôc pourquoi le
cours du Danube a été détourné en cet endroit-là. *
Trocop. 1. 4. /Edif. c. 6.
3. PONT. Voyez.Vomvs.
4. PONT , ou Alpont , paroifie du pays des Gri-
fons , dans la ligue de la Maifon de Dieu. Elle dépend
de la haute Engadine, ôc Campogafe. Campus Vafius
dépend de cette paroifle. * Etat & Délices de la Suijfe ,
t. 4. p. 61.
$. PONT. Les François donnent ce nom à une ville
de rifle de la Barbade, que l'on nomme aurti Saint
Michel, cv' que les Anglois ont appellée Bridge Town
ôc Indian Bridge. Elle eft fituée dans le fond de Car-
PON
PON
lifte , dans la partie méridionale de l'iflc , près de la
baie de Carlifte , qui elt large, profonde, alfuréepour
les vaiffeaux , 8c allez grande pour en contenir cinq cens
à la fois. La ville , dit le père Labat , dans fon voyage
de l'Amérique , eft belle 8c allez grande : fes rues font
droites, larges, propres & bien percées. * Ame ruine
Angloifc , p. 50.
Lesmaifons font bien bâties,dans le goût de celles d'An-
gleterre , avec beaucoup de fenêtres vitrées : elles font
meublées magnifiquement-, en un mot, tout y a un air de
propreté , de politefie 8c d'opulence, qu'on ne trouve
point dans les autre ides , 8c qu'il feroit difficile de ren-
contrer ailleurs. La maifon de ville eft très-belle & très-
bien ornée. Les boutiques, & les magafins des marchands
font remplis de tout ce qu'on peut fouhaiter de toutes les
parties du monde. On voit quantité d'orfèvres , de jouail-
ïiers , d'horlogers , 8c autres ouvriers , qui paroiflent-fort
à leur aife ; aufli s'y faiq-il un commerce des plus confi-
dérables de l'Amérique. On prétend que l'air de la ville
n'eft pas bon , 8c que le marais qui en eft proche , rend
le lieu mal fain ■■, mais la beauté du teint des habitans, fur-
tout des femmes, annonce le contraire. Tout y fourmille
d'enfaiis : car tout le monde eft marié , 8c les femmes font
fort fécondes. 11 eft vrai que le mal de Siam enlevé bien
des gens; mais cela leur eft commun avec les François ,
Hollandois , Portugais , & autres Européens qui ha-
bitent l'Amérique. Cette ville eft la réfidence du gouver-
neur , ou de fes députés, le fiége de la julticeck du bàflrn
du commerce , 8c il y a un grand nombre de marchands
ëc de fadteurs qui y ont ou des magafinsoudes boutiques
remplis de marchandises cPEurope pour échanger contre
celles que l'iflc produit. Du relie cette ville elt fort mal
firuée, étant plus baffe que les bancs de la mer ; ce qui
fait que les marées du printems forment autour une es-
pèce de marais on de fondrière , qui , quoi qu'en dife le
père Labat , rend cette partie de l'ifle plus mal faine que
le refte. On a bâti deux forts oppofésl'un à l'autre pour la
défenfe 8c pour la fureté des vaiffeaux, 8c au milieu règne
une plate-forme qui commande auiîi fur la rade. Tout
cela eft garni de gros canons.
1. PONT- L'ABBE' , bourg de France dans la Nor-
mandie , élection de Valognes , dans la paroifle de Picau-
ville , fur la rivière d'Ouve. On y pafle en bateau depuis
la ruine du pont, qui y étoit autrefois. Ce bourg à droit
de marché.
2. PONT- L'ABBÉ , bourg de France dans la Saintonge,
élection de Sainres.
PONT D'ADAM ou Adams-Brugiï, pont de la mer
des Indes entre les côtes de la Pêcherie , 8c de Coromau-
del, d'r!n quart de lieue de long , 8c qui joint à la terre
ferme l'ifle où eft Ramanancor, entre le royaume deMa-
duré au couchant , 8c l'ifle de Ceylan à l'orient , long. 99.
20. lat. 9.
Ce pont peut paffer pour une merveille : il n'eft pas
compofé d'arcades comme les autres-, ce font des rochers,
ou de grofles pierres qui s'élèvent deux ou trois pieds
au deffus de la furface de la mer , qui eft fort baffe en cet
endroit. Ces pierres ne font pas unies les unes aux autres,
mais elles font fépatées pour donner la liberté à l'eau de
couler. Les pierres font énormes à l'endroit des courans ;
il y en a qui ont 18 pieds de diamètre, d'autres en ont
beaucoup davantage. On voit des endroits où ces pierres
font fépatées par des intervalles de trois pieds jusqu'à dix>
& aux lieux où les barques partent , la largeur eft encore
plus grande. Si c'eft un ouvrage de la nature , comme il y
a lieu de le penfer , c'eft un des plus furprenans qu'on ait
jamais vus. Les Idolâtres difent que ce pont fut fabriqué
parles dieux , quand ils allèrent attaquer la capitale de
l'ifle de Ceylan. Le prince de Marava avoit accoutumé
de fe retiter dans l'ifle de Ramanancor quand il étoit
pourfuivi par les rois de Maduré : il faifoit mettre de
grofles poutres fur ces rochers qui font comme autant de
plates-formes, 8c il y faifoit pafTer fes éléphans, fon ca-
non , 8c fon armée. * Lett. édif. rcc. 1 j.
PONT-D'AINS , Voyez. Pondains.
PONT DE L'ARCHE, Pons-Arcus, Vom-Arcnenfisx
ouPons Arcitatus, petite ville de France, dans laFIaute-
Normandie,diocèfed'Evreux. Elle eft fituée trois lieues au-
dtflus de Rouen , à quatre d'Andely , à deux de Louviei s ,
10 S*
8c à, une d'Elbeuf, avec vicomte, bailliage, grenier a fel,
élection, maîtrife des eaux 8c forêts, 8c un bon château de
l'autre côté de fon pont de pierre , compofé àc vingt-
deux arches fur la Seine ; c'eft le plus long , 8c le mieux
bâti qui foit fur cette rivière : le reflux de la mer vient
jusques-là. Il eft fait mention de cette ville dansd'anciens
actes , Se l'on prétend qu'elle a été bâtie par Charles le
Chauve. Sa fituation la rend importante. Elle a de bons
foliés , des murailles flanquées de bonnes tours , & ren-
ferme dans fon enceinte une paroifîe de S. Vigor , un
couvent de Pénitens , 8c un monaftere de Bernardines. Il
va gouverneur , lieutenant de police, un maire, deux
échevins , 8c une maifon de ville. Son château , bâti dans
une petite ifle , elt de figure carrée , bien entretenu , 8c
bien logeable , flanqué de quatre tours. Au dedans il y a
une fort haute tout qui fert de donjon. Ce château elt fé-
paré de la prairie par deux petits ponts. Une chauffée
d'une très grande longueur commence au pied de la côte
du côté de Rouen. Elle eft bien pavée, revêtue de pierres
des deux côtés, & de diftance en diftance, il y a des ar-
ches , pour laiffer palier l'eau de la Seine , lorsqu'elle dé-
borde dans la prairie. Celle d'Eure s'y décharge un quart
de lieue au deflus du pont de cette ville , au midi de la-
quelle la forêt du pontde l'Arche commence, continuant
jusqu'aux environs de Louviers. Elle fournit quantité de
.bois à Paris & à Rouen. La ville du Pont de l'Arche eft la
première place qui fe mit fous l'obéiffance de Henri IV ,
après fon avènement à la couronne en 1589. L'abbaye
de BomPort n'en eft éloignée que d'une mousquetade. *
Corn. Dict. fur des mémoires drefTés fur les lieux
en 1702.
PONT- AUBERT , dans la Bout gogne , diocè fed'Au.
tun , parlement & intendance de Dijon, bailliage, gre-
nier à fel 8c recette d'Avalon. Il y a environ 271 habitans.
Cette paroifle elt fituée en plat pays , entouré de monta-
gnes de toutes parts. Le commendeur de Pont-Auberc
eft patron de cetre cure. Il y a une commenderie de l'or-
dre de Malthe ; elle dépend du grand prieuré de Cham-
pagne •, il y a en outre deux Chapelles qui s'amodient avec
le revenu de la commenderie. L'ordre de S.Jean deJé-
rufalemen eltcollateur. Oibigny , la moitié de Cham-
pigen ; 8c la métairie du Sault dépendent de Pont-
Aubert. 11 y a un fief à Oibigny.* Dict. Universel de la
France.
11 y a une manufacture de draps très-fins, façon d'An-
gleterre.
PONT AUDEMER, ville de France , dans la Nor-
mandie, diocèfe deLiiîcux/furla Rilleou Rifle ,àdouze
lieues de Rouen , à fept de Lifieux , 8c du Pont-1'Evê-
que,àtrois ou quatre de Cormcilles, à cinq d'Honfleur^
& environ à une lieue des abbayes de Préaux & de Cor-
neville. Elle a pris fon nom du pont qui elt fur la rivière
de Rille , 8c que bâtit autrefois un feigneur , nommé Au-
domer , ou Aumer : ainfi on ne doit point écrire cetre
ville le Ponteau-de-Mer , ou le Pont-eau-de-Mer , ni tra-
duire en Latin ,Ponticulus Maris y ou Pons aqiu marinx'y
mais Pons- A udemari. Cette place avoit été donnée an
roi de Navarre , Charles d'Evreux, par le roi Jean , l'an
1 $ 5 5 ; mais Charles III , roi de Navarre , céda fes pré-
tentions fur cette ville au roi Charles Vl,l'an 1 404; 8c en-
fuite les Anglois ayaiit conquis la Normandie, 8c même
la plus grande partie de la France , Henri , qui fe difoit
roi de France 8c d'Angleterre , réunit le Pont-Aude-
mer , 8c pluficurs lieux , au domaine de Normandie ; ce
qui fut confirmé par Charles VII , lorsqu'il eut chaffé les
Anglois de cette province. * Longuerue , Dcfcr. de la
France, p. 75.
Cette ville , qui a un bailliage , une vicomte , une éle-
ction , un grenier à fel , une maîtrife des eaux 8c forêts ,
elt au pied d'une montagne ,8c presque par tout environ-
née de prairies. La rivière de Rille la fépare du diocèfe
de Rouen. Elle elt fermée de murailles, a quatre portes,
8c l'on peut faire couler l'eau dans tous fes foffés. Il y a
de belles rues cv de grandes places publiques , où l'on
tient les marchés le lundi 8c le vendredi -, oV les foires , à
la faint Gilles , & le lundi gras. Ilya deux paroiffes: celle
de S. Aignan , dans le fauxbourg de Rouen ; celle de S.
Germain, dans le fauxbourg de Pont-1'Evêque. Ilya une
églife de Notre- D^nie, dite autrement le Sépulcre de
Tvm. IV. P p p p P P i)
10^6 PON
S. Ouen. On y trouve en outre les monafteres des Car-
mes , des Cordeliers , des Carmélites, des Urfulines , un
prieuré clauftral de chanoines réguliers de S. Auguftin ,
du titre de S. Gilles; un hermitage, & un hôpital. Son
éledion comprend cent cinquante-neuf paroiffes. Les
petites barques qui viennent de la mer , remontent avec
reflux près des eclufes de cette ville , où le' roi Louis le
Grand a fait creufcrSc revêtir de pierres un petit port, pour
le cours de la Rille , qui entre dans la Seine à la Roque.
Pont-Audemer a un gouverneur, un lieutenant de police,
lin maire, deux échevins, Se une maifon de ville. Son
commerce confilie principalement en bleds , en laines ,
Se en tanneries. Henri , roi d'Angleterre , fe dîfant
héritier Se régent du royaume de France , unit cette
ville au duché de Normandie. André de Villars , depuis
amiral de France , la furprit en 1592 pour le parti de la
ligue. *Com. Diét. fur des Mémoires dreffés fur les lieux
en 1704.
PONT-AUTOU , bourg de Normandie , avec un
pont fur la rivière de Rilte. il eft fitué dans une vallée,
cinq lieues au-deffus de Pont-Audemer , cV une lieue au-
deffous de Brionne, derrière le parc de l'abbaye du Bec.
Le vicomte de Pont- Audemery vient tenir fa jmïsdiction,
Se le bailli de la même ville fe qualifie bailli de Pont-Au-
tou. C'étoit autrefois un ville forte, qui s'étend oit jusqu'à
Autou, paroifTe fituée à un quart de lieue au-deffus dans
la même vallée, diocèfe de Lifieux, fur un ruiffeau, nommé
le Torrent , abondant en Pinpernos >. espèce d'anguille ,
courte, Se de bon goût. Ce torrent a fa fource dans la
Vallée , un peu au-deffus de la Neuville, & entre dans
la Ville, au-deffus de Pont-Autou.* Corn. Mém. manu-
feritf.
PONT-BEAUVOISIN , ou Pont-de -BeAuvoisin ,
ville de France , dans le Dauphiné , élection de Greno-
ble , fur la petite rivière de Giers ou Guyer , qui fépare
le Dauphiné de la Savoye , & divife cette petite ville en
deux. La partie occidentale eft du Dauphiné , & l'autre
eft de la Savoye. 11 y aune fontaine dont les eaux font fpé-
cifiques pour la fièvre tierce.
On croit qu'elle occupe la place de Labisco de l'inné >
raire d'Antonio.
PONT-DE-CAMARÉS , lieu de France , dans le
Rouergue , au diocèfe de Vabres , élection de Milhaud.
Il y a auprès de ce lieu àes eaux qui participent du vitriol.
Elles purgent & rafraîchifient. Elles ne font guère fré-
quentées que par les gens du pays ,fans doute à caufe de la
difficulté des chemins. * Mém. dreffés jur les lieux.
PONT-CHARR A , bourg de France , dans le Dau-
phiné. Ileft fitué vis-à-vis du Fort-Barraut , de l'autre côté
de l'Ifere. Proche de ce bourg, fur une côte , on voit un
monaftered'Auguftinsdéchauffés, appelle Villars-Bcnoît.
Ce couvent, qui eft le premier de la congrégation de
France , fut fondé l'an 1596 par Guillaume d'Avancon ,
archevêque d'Ambrun , & prieur commendataire du
prieuré de Villars-Benoît, dont il leur avoit cédé une
partie de la menfe, par la permiffion du pape Clément
VIlI,le25dedécembre 1595. Le père Matthieu Lorrain,
Se le père François Amet de Montargis , tous deux pro-
fès de la congrégation des Augùftins déchauffés d'Italie ,
en prirent poffeffion l'année fuivante, vers le mois de
juillet, du confentement d'André Firtzani, qui étoit alors
général de tout l'ordre des frères Hermites de S. Augu-
ftin: C'en; à préfent une maifon complette , Se affez bien
bâtie , d'où l'on découvre le fort de Monrmélian , Se la
belle vallée de Graifivaudan, fertile en vins, bleds, pâtu-
rages &bois, avec des mines de fer.* Corn.Did:. fur des
Mémoires dreffés fur les lieux en 1707.
PONT-CHARRAUD, bourg de France , fur les con-
fins de l'Auvergne , au diocèfe de Limoges , élection de
Combrailles.C'eft une paroiffe fituée dans un vallon en-
touré de montagnes , Se dont le terroir eft affez bon pour
le feigle & pour le bled noir. La petite rivière de Crufe
paffe a Pont-Charraud. Il s'y fait un petit commerce de
brebis& de montons. Les habitansvonttravailler dans les
provinces voifines. 11 y a dans cette paroiffe une forêt,
qui appartient à trois particuliers
PONT-DU-CHASTEL , oh'Pont i>u-Chateau ,
Pons Ciftelh. Petite ville de France , dans l'Auvergne ,
fur l'Allier. Comme cette petite ville eft plus proche
de ClermontqueMaringue, Se pat conféquent plus com-
PON
mode pour le commerce qui fe fait par eau , d'Auvergne à
Paris, la ville de Pont du Château devient tous les jours
plusconfidérable aux dépens de Maringue. La feigoeurie
de cette ville a appartenu au Prince Alphonfe , & après
lui aux dauphins de Viennois. Humbert Dauphin donna
lePont-du-Chaftel,c\: piufieursautres feigneuries, à Guil-
laume Roger , feigneur de Chambon Se de Saint Exu-
peri , le 2j feptembre 1 343.Cettedonationfut confirmée
par lettres du roi Philippe de Valois, données à Poiffy le
14 novembre 1663. Cette terre eft venue par fucceiîîon
dans la maifon de Montboiffier-Canillac, Se a été érigée
en marquifat. * Piganiol, Description de la France , t. 6.
P- 3 54-.
PONT-CHATEAU. Voyez Pont-du-Chastel.
FONT-AUX-DAMES , abbaye de France , de l'ordre
de Citeaux, diocèfe de Meaux. Hugues de Châtillon ,
Comte de Blois , Se depuis comte àeS. Paul , fonda cette
maifon 1 an 1236 pour des religieufes, Se fit venir les
premières de l'abbaye de S. Antoine de Paris. Ce mona-
flere fut d'abord établi proche du Pont de Couilly, fur la
rivière de Morin , d'où lui vient le nom de l'abbaye du
Pont Amplement , ou du Pont Notre-Dame, comme on
l'appelloit dans fon origine. Trois ans après , on le trans-
féra où il eft aujourd'hui , dans le village de Rues, quia
perdu par là fon nom. Le fondateur donna trois cens ar-
pens de bois dans la forêt de Crecy , Se obtint des com-
munautés des villages, qui y avoient leurs ufages , d'en
faire ceffion. Plufieurs feigneurs de Châtillon ,1e roi Char-
les le Bel, Se Jeanned Evreux , fon époufe , en font bien-
faiteurs.Lefondateur quimouiut ,le9 avril 1249, y fut
enterré dans le chœur , auffi-bien que Marie d'Avenes^,
fon époufe. Dans la même églife font auffi inhumées les
entrailles de Blanche, ducheffe d'Orléans, fille de Char-
les le Bd , Se deux autres enfans du même prince morts
au betceau. Cettcabbaye a eu des abbeffes d'un rang di-
ftingùe; fur-tout depuis le tems du concordat. Plufieurs
dames en ont auffi été tirées pour gouverner d'autres ab-
bayes ; mais la principale gloire de certe maifon confifte
dans la grande régularité , qui y a toujours été obfervée ,
Se qui s'y pratique encore. On y conferve plufieurs reli-
ques , dont les plus remarquables font de S. Eloy , de
fainte Godeberte , S. Trcfain,, fainte Fare, fainte Jule ,
fainteTelchide , tous faims & faintes de France. * Hifi.
Meld. & alla.
PONT-DU-DIABLE , pont dans la Suiffe, au canton
d'Ury, à une lieue de Gefiinen , le chemin conduit à un
pont de piètres d'une hauteur furprenante , d'une feule
arcade, Se dont les deux pieds repofent fur deux rochers
extrêmement élevés , au bas desquels coule la Reus parmi
des rochers On a de la peine à s'imaginer comment on a
pu bâtir là un pont. Auffi, dit-on dans le pays , que c'effc
un ouvrage du Diable; c'eft pourquoi on l'appelle com-
munément Teujjclsbruk^, c'eft-à-dire le Font du Diable ;
Se l'on rapporte une fable à ce fu jet. * Etat & Délices de
la Suffi , t. 1 . p. 4 1 3 .
FONT-ELIE. Voyez. Pontarlier.
PONT LEVEQUE , Tons Episcopi , petite ville.de
France, en Normandie , avec bailliage , vicomte, éle-
ction , maîtrife des eaux Se forêts , gouverneur , lieute-
nant de police , maire, & autres officiers de ville. Elle
eft fituée fur la Touque , à dix lieues de Ca'én , à fept de
Pont-Audemer , à quatre de Lifieux , à deux du bourg de
Touque , & à trois de Honfleur & de la met , Se toute
ouverte , fans murailles ni fortereffe. Son églife parois-
fiale, dédiée à faint Michel, eft bien bâtie, Se a dix piliers
de chaque côté de fa longueur. Elle eft affez belle , 8c
affez propre; mais plufieurs de fes ornemens font de-
meurés imparfaits. La Calone entre dans la Touque , au-
deffous du chœur de cette églife ,& une autre petite ri-
vière coule près de l'hôpital. Le monafiercùes religieufes
de faint Dominique eft dans la grande rue , qui traverfe
toute la ville , où l'on voit plufieurs ponts, & àes moulins
à eau. Cete ville eft renommée par fes bons fromages ,
dont on débite un grand nombre tous les lundis dans fon
gros marché. Les Foires de la faint Michel Se de la faine
Martin contribuent fort à faite valoir fon commerce. Son
territoire confille principalement en herbages Se en prai-
ries, ou l'on nourrit quantité de gros bétail; il y a auffi des
terres à grains, Se des arbres à fruits. Son élection com-
PON
PON
prend cent trente-huit paroiffes. * Corn, fur des Mémoi-
res dreffés fur les lieux en 1704.
PONT-EUXIN. Voyez. , au mot Pontus , l'article
PûNTUS EuXINUS.
PONT-FRAET, Ponte-Fraet,ou Pomfret, Pons-
Fratlus , ville d'Angleterre , dans l'Yorkshire. C'eft une
ville affez confidérable. Elle avoit autrefois un beau châ-
teau; mais il fut détruit dans les guerres civiles , fous le
règne de Châties I. Ce fut dans ce château que Richard
II fut affaifiné , après avoir réfigné la couronne à fon cou-
fin Henri. IV. Cette ville fe diftingue par fa régliffe. On
dit qu'elle a pris fon nom d'un pont de bois fur l'Are , Se
qui fe rompit dans le tems du paflagc de Guillaume , Ar-
chevêque d'York , neveu d'Etienne , roi d'Angleterre. *
Etat préfent de la Gr. Br. t. 1 . p. 130.
PONT- DU -GARD, Voyez. , au mot Gard , l'article
Pont du-Gard.
PONT-DE- GEN NES , bourg de France , dans le
Maine , élection du Mans.
PONT GIBAUD, bourg de France , dansl'Auvergne,
élection de Clermonr. Il y a auprès de cette ville le vil-
lage de Rore, où eft une mine d'argent ; mais qui n'eft pas
aflez abondante pour engager à la fouiller.il y a auflî une
fontaine d'eau minérale , aigrette Se vineufe.
PONT-G01NG , bourg de France , dans la Beauce ,
élection de Chartres.
PONT-DU -JAPON. Voyez, Niponbas.
1. PONT-LE VOI , bourg de France , dans le Blefois ,
par delà la Loire , à cinq lieues d'Amboife. Il y a dans ce
bourg une célèbre abbaye de Bénédictins. Voye z. l'article
fuivanr.
2. PONT-LEVOI , abbaye de France , dans le Blefois,
par delà la Loire, dans un bourg de même nom, autrefois
du diocèfc de Chartres , maintenant du diocèfe de Blois.
C'eft une abbaye de l'ordredeS. Benoit, fondée en îoyj ,
fous le nom de Sainte Al-irie ( Beata Maria de Tonte
Lcvio ou de Ponte Leviaco. ) Le fondateur fut Gelduin ,
feigneur de Pont-Levoi Se de Mont-Trichard. Il fir venir
des religieux de S.Florent deSaumur. Les Cal vinifies pri-
rent & détruifirent cette abbaye en 1562. Depuis cile a été
rebâtie, Se la réforme de S. Maur y a été reçue. Les Bénédi-
âinsy ont un collège Se une penfion célèbre. La menfe
abbatiale fut unie à l'évêché de Blois, lors de l'on érection.
PONT-L1EVE , ou Ponliéve, bourg de France ,
dans le Maine , élection du Mans.
PONT DE LA MAGDELENE (le). Du Mole de
Naplcs à la Tour Géomare , qui eft fur une baffe pointe ,
dans le fond du Golfe , la route elt presque le fud-eft-
quart du Sud environ dix milles ; entre les deux , c'eft
presque une côte unie &ba (le, bordée de plages de fable ,
ex: ornée de plufieurs villes & villages, dont leprem cr &
leplusvoifin de la ville de Napless appelle Cavalèril a; Se
tout auprès il paffe une petite rivière, fur laquelle il y a un
grand pont de pierre, appelle le Pont de la Magdeïene ,
qui eft proche de la Mer. * Micbclot, Portulan de la Mé-
dit, p. 121.
PONT- A - MOUSSON , MuJJlpontum , ville avec
titre de marquifat , dans le duché de Lorraine. Elle eft
fltuée des deux côtés de la Mofclle , qui la fépare en
deux villes , dont l'une ell du diocèfe de Metz , & l'autre
de celui de Toul. La première eft la plus ancienne :1a
féconde qui eft en-deçà de la rivière, eft la plus grande &
la mieux bâtie ; mais c'elt la plus nouvelle , puisqu'elle
n'a été fondée que dans le douzième fiécle par les comtes
de Bar , qui l'appellerent d'abord la Vdle Neuve dev int
Mon/on ou Mouflon. Voyez. Mon son. L'empereur Chât-
ie IV , qui dès l'an 1354, avoit érigé le Pont-à-Mous-
fon en marquifat , la créa enfuite cité de l'Empire avec
les prérogatives des autres cités. Il fit cette création à
Metz , Se la confirma en 1373 , déclarant qu'il n'en-
tendoit pas que l'honneur qu'il faifoit à cette ville dé-
truisît ou affoiblît les droits du comte ou duc de Bar ,
marquis de Pont , ou Pont- a- Mouflon. La pa'tîe de cet-
te ville, qui eft du diocèfe de Toul , contient ttois pa->
roiffes , Saint Laurent , Sainte Croix en Rus , & Saint
Jean-Baptifte. Le chapitre de la cathédrale de Metz ,
eft patron 8c décimateur de la paroifle de Saint Lau-
rent, le curé n'ayant qu'une penfion & le cafuel Le
chapitre de Sainte Croix de cette ville eft patron de la
paroifle de Sainte Croix en Rus. Ce chapitre fut fo.i>
I037
dé dans le tteiziéme fiécle par Thibaud , comte de Bar ,
Se augmenté dans le nombre de ces prébendes par les
fuccefleurs de ce prince. Il eft compofé d'un prévôt,
de fix chanoines Se de deux demi-chanoines. La pré-
bende elt de quatre cens livres , Se la demi prébende
de deux cens cinquante. Il y a une abbaye des pauvres
dames de Sainte Claire, fondée en 143 1 , par Mar-
guerite de Bavière, femme de Charles I, duc de Lor-
raine. Leur établiffement ne fut achevé qu'en 1444.
Sous le règne de René I , Pierre du Châtelet , évê-
que de Toul , a fondé le féminaire pour huit jeunes
clercs , dont deux doivent être nés fur les serres de
l'évêché de Toul , deux fur les terres de l'abbave de
Saint Martin , deux fur la terre de Sorey , & deux fur
celle du Châtelet. Le maître du féminaire a cent foi-
xante livres, Se les huit courtiers ont enfemble huit
cens quatre-vingt-dix livres, à prendre fur la grurie
de Pont-à-Mouflbn. Les religieux de Saint Antoine le
Viennois s'établirent à Pont-à-Mouffon , à la fin du
douzième fiécle , dans la partie de cette ville qui elt du
diocèfe de Metz. Mais comme leur maifon fut donnée
aux Jéfuires , dans le tems de la fondation de l'univer-
fité , ces religieux de Saint Antoine fe font retirés dans
la partie de la ville qui eft du diocèfe de Toul. Leur
menfe peut être de trois mille cinq cens livres. L'hô-
pital dédié à Je/us Circoncis elt adminiftré parles bour-
geois. Il y a une maifon de chanoines de Saint Augus-
tin , de la congrégation de notre Sauveur. Elle fut fon-
dée par M. de Maillane , évèque de Toul; ils élevenc
des novices , Se enfeignent les enfans. Leur revenu eft
d'environ dix-huit cens livres. Les Capucins s'établirent
dans cette ville en 1 6"o7 , par les foins du cardinal Char-
les de Lorraine. Les Carmes, qui font hors de la vil-
le, furent appelles en 1623 , Se les Minimes en 1632.
Outre l'abbaye des pauvres dames de Sainte Claire ,
on compte quarre maifons de religieufes de la congré-
gation de Notre-Dame, fondées en 1604, & qui pri-
rent la clôtute le 2 Juillet 1653 , les Carmélites fon-
dées en 1627 , Se les religieufes de la Vifitation de
Notre Dame. * Longuerue , Defc. delà France , part. 2.
p. 19c.
L'Université de PONT- A- MOUSSON fut fon-
dée en 1572, par Charles III, à la follicitation de Char-
les , cardinal de Lorraine, archevêque de Reims &
adminiilrareurde l'évêché de Metz. * Piganiol, Defc. de
la France, t. 7. p. 336.
Le marquisat de PONT-A- MOUSSON eft com-
pofé de deux chârcliemes , qui fom celle de Pont Se
celle de Mouflon. Il ne comprend néanmoins que le
Barrois d'au delà la Meufe ; Se c'eft ce qu'il faut feu-
lement entendre , quand Albert de Strafbourg , qui vi-
voitaiors, dit que l'empereur Charles IV avoit érigé
le Barrois de comté en marquifat. Auffi tous les em-
pereurs qui ont fuivi Charle IV , jusqu'à Ferdinand II ,
en donnant l'inveftiture des fiefs impériaux de Lorrai-
ne , n'ont fait mention que du marquifat de Pont.
Voyez, Bar. * Longuerue , Defc. de la France , part. 2.
p. 179.
PON T-ORSON , Pons Vrfionis , petite ville de
France , dans la Baffe-Normandie , fur la rivière de
Couesnon , aux confins de la Bretagne , à trois lieues
au fud-eit d'Avranches , Se à deux au midi du Mont-
Saint Michel. Cette petite place , qui elt fituée aflez avan-
tageufement, a long-tems fervi de boulevard contre
les Bretons. Robert , duc de Normandie, ayant la guer-
re avec Alain B-uoe-Torte , comte de Bretagne, y bâ-
tit un châreau, Se fortifia la ville-, mais le roi Louis
XIII, après la reddiriori delà Rochelle, voulant ôter
aux feigneurs de Montgommery , qui étoient Calvini-
ftes , toute occafion de foutenir ce parti , la fit entiè-
rement démanteler. * Piganiol , Defc. delà France,
t. 5 p. 240.
PONT-D'OUILLY , bourg de France , dans la Nor-
mandie , au diocèfe de Bayeux , élection de Vire. Il fe
tient un marché dans ce bourg , & il y a un paffage fur la
ri.icre d'Orne.
PONT-POINT , bourg de France , dans 1a Picardie ,
diocèfe deSenlis, parlement de Paris & intendance de
Scnlis.Ily aenviron673habitans.C'eituneprevôréroya.
lcreflbrtiffantedubailliagedeScnlis.il y a deux parois-
PON
1038
fes dans ce bourg ; l'une fous l'invocation de S. Pierre 8c
l'autre fous celle de Saint Gervais.- Les religieufes Cor-
delières du Moncel en font les daines ufufruitieres , le
roi s'en étant réfcrvé la propriété. * DM. universel de
la France.
PONT-DE-REMY , lieu de France , dans la Picar-
die , élection d'Abbeville, fur la Somme, à deux lieues
au-deflus d'Abbeville. Il y a fur cette rivière un pont qui
communique à une petite ifle dans laquelle on voit un
château. C'eft un paflage important. Au voifinage on
montre les reftes d'un camp de Céfar. 11 y a un prieu-
ré qui vaut deux mille livres de revenu , Se qui dé-
pend de l'abbaye du Bec. Le prieur nomme a la cure qui
vaut huiteens livre . * Atlas , Robert de Vaugondy.
PONT-DE-ROYAN , petite ville de France , dans
le Dauphiné , dans le marquifar de Royanez , dont el-
le eft le chef- lieu. Elle eft fituéeà l'orient de Romans ,
au midi de Saint Marcellin, à l'occident méridional de
Grenoble , 8c au nord de Die , mais bien plus éloignée
de cette dernière ville que des autres. 11 pafle à Pont-
de-Royan une petite rivière qui va fe jetter dans l'I-
tère fur la rive gauche. * Atlas , Robert de Vaugon-
dy.
PONT-SAINT ESPRIT, ville de France, au Lan-
guedoc, dansl'Ufegcou l'Ufegais. C'eft une place for-
te, fur la rive droite du Rhône, furlequel il y a dans
ce lieu un pont , l'un dés plus beaux de l'Europe , 8c
dont là corïftructionparoît merveilleufô, à caufe delà lar-
geur , de la profondeur Se de la rapidité du fleuve.
Ce pont a quatre cens vingt tôifes de long., fur deuxtoi-
fes quatre pieds quatre pouces de large. Il eft foutenu par
vingt-fix arches, dix neuf grandes 8e fept petites ; qui
font aux extrémités , Se forment les rempes. 11 fut com-
mencé en 1265 , Se Jean de Tianges, prieur de Saint
Pierre , en pofa la première pierre. Ce pont fut bâti
des offrandes que faifoient les fidèles à un petit ora-
toire dédié au Saint Esprit, 8c fameux par beaucoup
de miracles. Il étoit fuué à la tête du pont, au même
lieu où font encore les pères Blancs, établis par Phi-
lippe le Bel pour deffervir ï'éghfe& l'hôpital du Saint
Esprit , qui fut bâti par ordre de ce prince. Le pont
fut achevé environ l'an 1509. Le pape Nicolas V ,
accorde par une bulle beaucoup d'indulgences , à ceux
qui vont vifiter l'églife Se l'hôpital du Saint Esprit. Il
y a des revenus coniidérables pour l'entretien de l'hô-
pital Se du pont. Nos rois ont permis , afin qu'il fût mieux
entretenu , qu'on levât un droit fur le fcl qui pafle
'fous ce pont, ce qui monte à huit ou neuf mille livres
par an. Depuis que ce pont a été bâti , la ville s'efl ac-
crue Se a été nommée le Saint Esprit , ou le Pont-
Saint-Esprit , à caufe de ce fameux pont. Ce lieu
s'appelloit autrefois le Port , dont le nom eft demeuré
au monaflere de Saint Savournin , fondé fur le Rhône ,
dans un endroit , nommé le Port , à caufe de l'abord des
marchands Se des voyageurs. Aimar, qui a été le noi-
fiéme abbé de Clugny , établit fes moines dans le
monaflere de Saint Savournin vers l'an 050 , Se de-
puis ce tems , ce monaflere du Port eft devenu un
prieuré conventuel , qui eft à la collation libre de l'ab-
bé de Clugny. Le Pont-Saint-Esprit eft un paflage fort
fameux fur le Rhône , & c'eft le dernier qui foit au-
jourd'hui fur ce fleuve, n'y ayant au-deflbus que des
ponts de bateaux. Quatre baftions royaux font le plan
de la citadelle, Se renferment l'églife du Saint Esprit,
de laquelle la ville a pris le nom qu'elle porte au-
jourd'hui. * Longuerue , Defcr. de la France , part. 2.
p. 2; 9 & 260. Pigàniol , Defcr. de la France , t, 4.
p. 398.
Il y a au-deflbus du Pont-Saint-Esprit un territoire
de cinq à fix lieues de longueur le long du Rhône.
Ce territoire , pour le temporel , efl de la province de
Languedoc Se du reflbrt du parlementdeTouloufe.il
eft atifli du diocèfe d'Ufcz, pour les tailles 8c fubfi-
des -, mais pour le fpirituel il eft d'Avignon , dont il
dépendoit autrefois pour le temporel : car on ne voit
pas que les comtes de Touloufe, ni les autres feigneurs
de Languedoc , ayent eu aucune feigneurie directe 8c
utile fur ce territoire. Les comtes de Touloufe n'en
ont joui que parce qu'ils étoient marquis de Proven-
PON
ce , dont ils poffédoient une partie avec la ville d'Avi-
gnon.
PONT-SAINTE-MAIXENCE, ou SainteMaxen-
ce, Pons Santla Maxent'i£,ÇQï\iz ville, dans l'Ifle de
France, fur la rivière d'Oife , au diocèfe de Beauvais ,
à deux lieues de Senlis. Elle s'appelloit Amplement San-
cla Maxemia , du tems de l'auteur des Gcfles de nos
rois de la première race, qui dit qu'Ebroin , aufll-tôt
après ia mort du roi Childeric, vint à Sainte Maixeh-
ce , y tua les gardes du pont Se paffa au-delà du cô-
té d'Amiens. Il y a appaience que c'eft le plus an-
cien des paflages de l'Oife avec Pontoife, Se qu'il eft;
plus ancien que celui de Creil 8e de Beaumonr. Ce
pourroir être celui que tenoient les troupes Romaines
lorsqu'elles venoient de Beauvais ou d'Amiens à Sen-
lis. Une vierge chrétienne appellée Maxemia y endu-
ra le martyre dans le tems des perfécutions ; on mon-
tre encore le lieu hors la ville , fur la route de Senlis ,
à l'endroit où eft une chapelle fous fon invocation, Se
une fontaine. Cette chapelle a été rebâtie 8e dédiée
en 1 706. Les reliques de la fainte font confervées dans
Feglîfe paroîfllale de Saint Pierre d'un côté de l'au-
tel , 8e de l'autre celles d'un faint Clément apporté
des Catacombes de Rome, Cette églife de Saint Pierre
elt d'un genre de ftructure du feiziéme fiécle. Il y a
un pont fort caduc pour palTer en Picardie. La ville
eft fort peuplée 8e fort marchande. C'eft un gouver-
nement particulier du gouvernement militaire de l'Ifle
de France. Au bout du fauxbourg , qui eft vers l'orient ,
eft le Moncel , abbaye de l'ordre de Sainte Claire ',
du titre de Saint Jeîin-Baptifte. * L'Abbé Lebocuf.
PONT-SAINT-NICOLAS , ancien pont de France ,
dans le Bas Languedoc , fur la rivière de Gardon, à
une lieue d'Ufez , Se à deux de Nîmes , au nord de
cette ville. Ce pont , dont on eftime fort l'architecture, eft
un ouvrage des Romains.
PONT-SAINT PIERRE, Pons SanBi Pétri, bourg
de France , dans la Normandie , élection de Rouen >
à quatre lieues de cette capitale , & à trois d Ecouis
& d'Andely , au pied d'un bois & de la côte du prieu-
ré clauflral des chanoines réguliers des deux Amans.
C'eft le titre de la première baronnie de Normandie »
& il y a haute juftice. Cette baronnie comprend eii
feigneurie 8c en patronage les paroifles de Pont Saint-
Pierre , de Saint Nicolas , de Roumilly Se de
Pitre , toutes quatre fur la rivière d'Andclle. On tient
marché tous les famedisà Pont-Sainr-Pierre, qui a deux
paroifles , l'une appellée Saint Nicolas 8c l'autre Saint
Pierre. Le château eft dans un fond : il a plufieurs tour-
telles. * Corn. Dict. Mémoires drejfés far les lieux en
1704.
PONT-SAINT VINCENT, lieu de France, au du-
ché de Bar, dans le comté de Chavigny , Se dans le
bailliage de Nancy. Son églife paioifliale eft dédiée à
Saint Julien , Se il y a quatre chapelles en titre. Ca-
therine de Lorraine , abbefle de Remiremont , y a fou-
dé une maifon de Bénédictines, à laquelle on a uni
l'hôpital Se la chapelle des feigneurs, qui font les ducs
de Lorraine ; mais il n'y a plus qu'un religieux dans
cette maifon. L'hermitage de Sainte Barbe dépcndde cette
paroifle.
PONT SCROF, petite ville de Fiance, en Breta-
gne , dans le diocèfe de Vanne , fur la rive gauche du
Scrofe qui y pafle fous un pont , une lieue au-deflus ,
à l'orient.
PONT-DE-SE , Pons Sait, petite ville de France, dans
l'Anjou, parlement de Paris, diocèfe d'Anjou, inten-
dance de Tours, élection d'Angers, a environ ijoo
habitans. Ce font plufieurs ponts fur différens bras de
la Loire qui lui ont donné ce nom. Ce lieu s'appel-
loit autrefois Sans , Saura ou Sacium Se quelquefois
Sœ'ium ou Seium & en quelques titres Saiacum. C'eft
mal-à-propos qu'on le nomme Pons Cafaris. Cette pe-
tite ville eft un des plus importans paflages qui foient fur
la Loire. Elle fut donnée à l'abbaye de Fontevraud pat
Foulque de Nera, comte d'Anjou , &rpar Aremburgedu
Maine , fa femme. Cette donation fut confirmée par
Henri II , roi d'Angleterre 8c comte d'Anjou , qui y
ajouta la juftice & les péages. Charles , comte de Valois
& d'Anjou, Se Marguerite d'Anjou-Sicile, fa femme,
PON
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retirèrent cette ville de l'abbaye de Fontevraud en 1295 ,
moyennant trois cens feptiers de froment , Se foixante
Se dix livres de rente , qu'ils donnèrent en échange ,
l'abbaye fe réfervant les péages. Philippes de Valois ,
iîls du comte Charles , étant parvenu à la couronne
de France en 1518, y réunit le Pont de Se, comme
faifant partie du comté d'Anjou. Cette ville , qui ren-
ferme environ trois cens foixaute-feize faix eft défen-
due par un château. On dit que le pont de pierre ou
plutôt moitié pierre Se moitié bois , a mille pas de
longueur. Ce pont eft connu dans l'hiftoire par la dé-
faite de l'armée de la reine Marie de Médicis Se de ks
Confédérés, qui étant dans un lieu presque inacceffible
en 1620, fut néanmoins mife en déroute par celle de
Louis XIII, que commandoit le maréchal de Créqui.
Les Sanfon , dans leurs remarques fur la carte des Gau-
les, difent que le pont, qui eft appelle dans les com-
mentaires de Céfar, /. 8. c. 27. Pons Ligeris , eft
fans difficulté le Pont-deSé , où Dumnacus , chef
des Angevins , faifoit fa retraite , & où il fut battu par-
Fabius. * honguerue , Defcription de la France, part.
2. p. 101. Piganiol , Defcription de la France, t. 7.
p. 119.
PONTSUR-SAMBRE, ou Pont-Quarte-sur-
S ambre , feigneurie de France , dans la province de Hai-
nault. Les habitans de ce lieu font exempts de Mor-
temain ; il y a un revenu en Maflardarie de cinq cens
livres 'de France , Se autant de charges. Cette feigneu-
rie contient quinze cens quatre vingt-fix mencaiidées de
terres labourables , cent foixante-fept mencaudées en
pâtures ou vergers , trois cens Se quatre - vingt - fept
mencaudées en prairies ou marais; la mencaudée eft
de quatre-vingt feize verges , Se la verge de dix-fept
pieds trois quarts. Les habitans font commerce de hou-
blon , fromage Se fil de lin. La Sambre , qui y pafié ,
venant de Landrecy à Maubeuge , leur en facilite le
transport. Cette rivière y porte bateau , Se on pour-
roit y faire un gros commerce de grains , de charbon
& d'autres marchandifes. Elle fait la féparation de la
terre de Maubeuge d'avec celle de Bavay. 11 y a à Pont-
fur-Sambre un curé particulier , fans vicaire. Son re-
venu fixe eft une pottion de dîme, Se cent quatre- vingt-
dix-fept livres dix fols en argent , ce qui monte en tout ,
année commune , à trois cens foixante Se quinze livres
de France.
PONT-SUR-SEINE , Pons ad Sequanam , petite
ville de France , dans la Champagne , à fept lieues au-
deflfus de Troyes. Louis XIII démembra à perpétui-
té cette ville de fon domaine , Se la donna à Louife-
Marguerite de Guife , veuve de François de Bourbon
prince de Conti, en échange de la fouveraineté de Châ-
teau-Renaud , que cette princefie lui céda. Avant fa
mort elle traita de cette ville Se de fes autres domai-
nes, qu'elle vendit au furintendant Bouthillier deCha-
vigny. Celui ci y fit bâtir un château qui mérite l'at-
tention des curieux pour la beauté des bâtimens Se
des jardins.
PONT DE-SORGUE, place du comtat d'Avignon,
près de l'embouchure de la Soigne , dans le Rhône , un
peu au-deflus d'Avignon. Voyez. Sorgue 2. * Atlas , Rob.
de Vau^ondy.
PONT-DE TRAJAN , Tons Traja/ti. L'cmpereur
Trajan , pour conquérir la Dacie , fit faire un pont fur
le Danube , vers l'an 104 de J. C. Ce pont a été regardé
comme une merveille du monde. Il étoit porté fur
vingt piles de pierres de taille, dont chacune, fans y
comprendre les fondemens , avoit cent cinquante pieds
de haut , fur foixante de large. Il y avoit entre chaque
un espace de cent foixante dix pieds. Ce pont étoit
conftruit dans l'endroit le plus étroit , mais le plus
profond & le plus rapide du Danube. Pour le garder on
fit conftruire deux châteaux aux deux extrémités. L'em-
pereur Adrien, craignant que les Barbares ne fe ren-
difient maîtres des deux châteaux , Se n'enttaflenr dans
la Mœfie , fit détruire la partie fupérieurc. Elle étoit de
pierre, félon Dion Camus. DeMarfilly , après avoir exa-
miné à Rome la colonne de Trajan , fur laquelle eft
repréfenté ce fameux pont , & où tout le haut paroît
être en bois , reprend Dion Caiïîus d'avoir dit qu'il étoit
de pierre. Il relevé pareillement cet ancien de quelques
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autres erreurs dans lesquelles il eft tombé dans la de*
feription. Voyez, l'ouvrage de Marfilly fur le Danube ,
/. 2. part. 1.
Scion Procope , de JEdif. 1. 4. c. 6. Trajan fit bâtir
deux torts aux deux bouts du pont. L'un de ces forts
fut depuis nommé Pont , Se l'autre Theodora. Les
ruines du pont remplirent de telle forte le canal du Da-
nube , qu'il changea fon cours ; il fe coupa en deux , en-
toura une partie de ion rivage , aptes quoi il fe remic
dans fon canal ordinaire. Les deux forts ayant été rui-
nés , tant par la longueur du tems que par les irrup-
tions des Barbares , Juftinien fit réparer très-folidement
le fort du Pont , qui étoit au côté droit du Danube ,
Se afïura par ce moyen le repos de l'UKrie. Quant au
fort de Theodora, il le négligea, parce qu'il étoit
tropexpofé aux courfes des nations étrangères.
PONT-SUR-YONNE, petite ville de France , fur
les confins de la Champagne & du Gâtinois , dans
le diocèfe de Sens, à trois petites lieues de la ville
épiscopale, fur le rivage gauche de l'Yonne, qui lui
donne fon nom. Ce lieu n'elt pas Ci moderne qu'on l'avoit
cru. Il en eft fait mention dans la vie de faint Loup * ar-
chevêque de Sens , dont Duchêne a donné un frag ment.
II y eft nommé Pons Syriacus , Se dit être à la di ance
de fept mille pas de la ville de Sens. C'eft à l'occafion
de la cloche que le roi Clotaire II renvoya de Paris
à Sens. Cette observation faite par M. de Valois , en
fa notice, p. 54c. n'a pas empêché que le vrai nom
de Pont-fur-Yonne vienne de plufieurs ponts qu'il y
auroit eus en cet endroit fur la rivière d'Yonne, de même
qu'à Pont-fur-Seine on en comptoit douze. Son raison-
nement fuppofe que l'Yonne s'étend en différentes
branches, comme la Seine, ce qui eft faux : ainfi l'on
ne doit pas dire Pontes ad Icaunam , mais Amplement
Pons ad Icaunam. Le nécrologe manuferit du dixième
fiécle de la cathédrale de Sens , qui eft confervé à S.
Benoît fur Loire , appelle auffi ce lieu du nom de
Pons Syriacus j c'eft lorsqu'il rapporte l'étrange famine
de l'an 868 , en laquelle il dit qu'une femme de ce lieu ,
tua fon enfant , le mit en pièces , le fala , le donna à
manger à fa famille , Se en mangea elle même. Le nom
de Syriacus s' tù. confervé dans un prieuré qui eft pres-
que vis à-vis de Pont, au rivage droit delà rivière,
qu'on appelle Sures. Il en eft parlé dans le roman de
Girard de Rouffillon , fous le nom de Sixte.
Pont-fur-Yonne eft aujourd'hui peu de chofe. L'églife
appartient au chapitre de Sens , lequel nomme auffi à
la cure. C'eft une prévôté royale du reflbrt de Nemours.
Quelques hiftoriens modernes, comme Papyre Mafibn,
ont attribué à ce pont les afiemblées tenues à Pontyon
en Champagne, au diocèfe de Châlons , dansle neuvième
fiécle , trompés par le nom latin Pontigo. * Divers Mé~
moires.
PONT- VALIN, bourg de France, dans l'Anjou, dio-
cèfe d'Angers, parlement de Paris, intendance de Tours,
élection de la Flèche. Il y a environ 1400 habitans»
* Die t. univerf. de la France.
PONT DE- VAUX , ville de France , dans la Brefle ,
fur le bord de la rivière de Reflbuze.a fix lieues de Bourg, à
trois de Mâcon, à deux de Tournus Se de Beaugé>& à une
demi-lieue de la rivière de Sône , dont les bateaux re-
montent jusqu'aux portes de cette ville dans les grandes
eaux. Pont-de- Vaux a cent toifes de long , quatre-vingt
de large , Se cinq cens foixante de circuit. L'églife de No-
tre-Dame eft la feule paroifllale , Se eft unie au chapitre
de cette ville. L'Hôtel- Dieu eft allez bien bâti : il a envi-
ron dix-huit cens livres de rente , qui ferventà l'entretien
de douze lits. Le couvent des Cordeliers , non plus que
celui des Urfulines , n'ont rien de remarquable. Les fei-
gneurs de Pont-de-Vaux ont haute , moyenne Se bafle jù-
ftice fur cette ville, & fur cinq paroifles qui en dépendent.
Pont-de-Vaux n'étoit d'abotd qu'une petite feigneurie qui
fut érigée en comté , Se enfin en duché , en faveur de
Philibert- Emmanuel de Gorrevod en 1623. Cette mai-
fon étant éteinte , le duché l'eft aulfi. Il y a dans cette
ville un grenier à fel ; dont celui de Pont-de -Vefle eft une
dépendance. * Piganiol, Defcription de la Fiance , t. 3.
p. 5 24.
PONT-A-VESLE , bourg de France, en Picardie , fur
la rivière de Vefle , à fon embouchure dans l'Aisne , à
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quatre lieues de Rheiras , & à fix de Laon , vers le midi.
On y voit un beau pont de pierre àmoitié rompu. * Atlas ,
Rob. de Vaitgondy. Corn. Diâ.
PONT DE-VESLE , petite ville de France , dans la
Breffe , & chef-lieu d'un mandement de rneme nom , à
cinq lieues au couchant de Bourg, à dix au nord de Lyon ,
ôc à une au fud-eft deMâçon.EUc a pris fon nom du pont
qu'elle a fur la rivière de Vefle. Sa longueur depuis la
porte de Mâcon , qui eft au nord , jusqu'à celle de Lyon ,
qui eft au midi , elt de deux cens toifes de Paris ; mais
fa largeur d'orient en occident n'eft que de cinquante toi-
fes. Cette ville a le titre de comté. Ce fut Emmanuel
Philibert , duc de Savoye , qui le lui donna pour en faire
échange avec le comté de Donne, en Piémont. Il n'y a
qu'une feule paroifle à Pont-de- Vefle. L'Hôtel-Dieu fut
fondé en 1 308 , Ôc n'a que mille livres de revenu. Le fei-
gneura toute juftice.Ila payéau roi la finance de la charge
de maire ; & la fait exercer par commiflion. Quoique
cette ville ne foit pas fortifiée, elle a un gouverneur , qui
jouit de dix-huit cens livres d'appointement. * Piganiol*
Defcription de la France, ï. 3. p. 2.15.
FONT AC , ville de France , dans le Bearn , recette de
Pau.
PONTACUM. Voyez. Pontes.
PONTAILLIER, bourg de France.dans la Bourgogne,
aux confins des diocèfes de Dijon & de Befançon , avec
titre de châtellenie. Ce bourg confifteen deux paroifies »
favoir, celle de Saint Maurice ,& celle deSaint Jean-Bap-
tifte. La rue de Saint Jean dépend de l'évêché de
Dijon ; ôc le refte dépend de l'archevêché de Befan-
çon. La même rue de S. Jean elt de la recette de Dijon ,
èc le refte de celle d'Auxonne. Il y a un prieuré de chanoi-
nes réguliers , de l'ordre de fainte Geneviève » fondé en
1 246 avec un collège. Pontaillier eft au bas d'une colline,
entre deux bras de la Sône , dans un pays où l'on voit plus
de bois que de plaines.
POMTAIOATES, villedelaTartarieChinoife,dans
la province de Kirin , ôc à neuf lieues de la capitale , dans
une plaine fertile.
PONTAL i c'elt ainfi qu'on appelle le vafte canal qui
fert de port à Cadix ; car l'espace qui eft devant la ville ,
ôc qui s'étend jusqu'au port de Sainte-Marie, ne peut être
regardé que comme la partie intérieure ôc la plus faine
d'une baie , dont l'entrée eft entre Rota ôc la pointe de
Saint Sébaftien , ôc qui eft partagée en deux parties par les
rochers appelles los Puertos , ou les Pourceaux , & le
Diamant. L'entrée du port du Pontal paroît large d'envi-
ron 500 toifes. Elle eft défendue par deux forts, bâtis fur
deux pointes de terre ôc de rochers , qui s'avancent à la
mer, vis-à-vis l'un de l'autre. Le fort du côté de Cadix
s'appelle aufli le Pontal ; mais quand les Espagnols par-
lent de tous les deux , ils les appellent los Pontalès. Ce
fort par dehors a la forme d'un carré long. La mer fert de
foffés aux trois quarts de fon enceinte. La quatrième partie
eft couverte de deux battions , d'un foffé que la mer
remplit d'eau , d'une demi lune & d'un chemin couvert ,
palifladé. Il y a quelques batteries au dehors de ce fort, à
droite ôc à gauche. Le fort ,qui eft à l'oppofite, s'appelle
Matagorda. *L<z£tf/, Voyage d'Espagne, t. i.p. 250.-
PONTARCI, bourg de France, dans la Picardie, élec-
tion de Soiffons.
PONTARESINA , lieu du pays des Grifons, dans la
ligue de la Maifon de Dieu , dans la haute Engadine , à la
droite de l'In , du côté du Mont-Bemina. C'eft là qu'on
trouve le chemin qui conduit de l'Engadine à Puschiavo.
* Etat & Del. de la SuiJJe , u 4. p. 61.
PONTARLIER , Pons-Elaveris , autrefois Pont-
Elie, ville de France , dans la Franche-Comté , fur le
Doux, près du Mont-Jura , ou Mont-Joux , au paffage
le plus commode pour paffer de France en Suiffe. Il étoit
déjà très-important du tems de Céfar , qui le décrit au
premier livre de fes commentaires de la guerre des Gau-
les , c . 6. Ce paflage eft aujourd'hui défendu par un châ-
teau fitue fur un rocher , presque inaccefiible , à demi-
lieue de Pontarlier, & qu'on nomme le Château de
Joux,du Mont- Jura ou Joux. La ville de Pontarlier eft le
fiége d'un bailliage & dune recette. H y a une paroifle &
une familiarité , trois convens de rcligieufes , une maifon
où il y a eu autrefois quatre ou cinq Jéfuites , ôc en tout
environ deux mille fix cens foixante-quatre habitnns.
PON
* Langiurue , Defcription de la France , part. 2. p. 315.
Piganiol, Defcription de laFrance , t. 7. p. 570.
PONTAUBOLT , Pons Albatus ou Albado , lieu
de Fiance, dans la Baffe -Normandie , diocèfe ôc éle-
ction d'Avranches , intendance de Ca'én. Il y a dans ce
lieu un beau pont fur la Selune, Seine , au Ardée, ôc c'eft
un grand paflage pour la route de Bretagne.
PONTAVEDRA. Voyez. Pontevedra. '
PONTAULT , Pons Altus , abbaye d'hommes , en
France , de l'ordre de Cîteaux , filiation de Jouy , dans la
Gascogne, au diocèfe d'Aire, fondé l'an iij 1. Elle eft
dans une fituation agréable , à quatre lieues au fud-oueft
de la ville d'Aire , au bord de la